(Dix-neuf
heures trente et une minutes)
Le Président (M. Ouellette) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des institutions reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Relations internationales et Francophonie pour l'exercice
financier 2017‑2018.
M. le secrétaire, il
y a sûrement des remplacements.
Le Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava) est
remplacé par M. Bolduc (Mégantic); Mme Melançon (Verdun), par M. Billette (Huntingdon);
M. Merlini (La Prairie), par M. Drolet (Jean-Lesage);
Mme Montpetit (Crémazie), par
M. Polo (Laval-des-Rapides); M. St-Denis (Argenteuil), par
M. Habel (Sainte-Rose); et M. Jolin-Barrette (Borduas), par
M. Charette (Deux-Montagnes).
Le Président (M. Ouellette) : Pour ceux qui nous ont suivis toute la journée au
salon bleu, nous avons terminé les
crédits de la Sécurité publique et, ce soir, nous faisons ceux des Relations
internationales. Nous allons d'abord débuter... Bien, je veux souhaiter la bienvenue aux collègues, que j'ai vus il n'y
a pas longtemps. M. le collègue de Deux-Montagnes, mon vice-président de la commission M. le député
de Verchères. C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je vous retrouve.
Mme la ministre, on a
commencé à prendre l'habitude de finir notre période de crédits, à la
Commission des institutions, ensemble. C'est
une très bonne habitude que je vous encourage à continuer pour les autres
années. Peut-être qu'on pourrait
faire ça plus de bonne heure une autre année, là. Mais je sais que vous n'avez
pas de contrôle sur notre horaire,
mais je pense que tout le monde est très content que nous en soyons à... il y a
quelques commissions qui roulent ce soir, mais que nous en soyons à la
dernière journée des crédits du budget 2017‑2018.
Remarques préliminaires
Nous allons
immédiatement commencer, Mme la ministre, avec vos remarques préliminaires.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. C'est un grand plaisir pour moi d'être ici ce soir. Je
pense que nous allons vous présenter une
vision de notre ministère, le ministère des Relations internationales et de la
Francophonie, qui est une vision très
positive de ce que nous allons présenter au cours des prochaines années. Et je
veux saluer évidemment la présence de mes collègues des oppositions
officielles.
Également,
je suis accompagnée de M. Jean-Stéphane Bernard, qui est sous-ministre,
M. Jean-François Hould, directeur
de cabinet, Mme Marie-Claire Ouellet, la chef du protocole et
sous-ministre associée à la Concertation de l'action internationale et au protocole, M. Michel Lafleur,
le sous-ministre adjoint aux Affaires bilatérales, M. Éric Théroux,
le sous-ministre adjoint aux Politiques et affaires francophones et
multilatérales, M. Daniel Cloutier, le directeur des ressources
financières, contractuelles et immobilières, M. Sébastien Imbeau,
directeur des ressources humaines, de la professionnalisation
et du cheminement de carrière, M. Alain Olivier, le secrétaire du
ministère, M. Michel Robitaille, directeur
général de LOJIQ. Et évidemment le ministère est appuyé par toute une équipe de
personnel dévoué qui travaille pour
le rayonnement du Québec sur la scène internationale. Également, je veux saluer
la présence de mes collègues députés, le député de Jean-Lesage, le
député de Vimont, le député de Lac-Mégantic et le député de Rivière-des-Prairies.
Depuis ma nomination à titre de ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, en avril 2014 — le temps
passe très vite — je me
suis mandatée de porter l'action internationale du Québec plus loin et
d'asseoir l'avenir du ministère sur
des bases solides. Un investissement significatif, je pense que cela a été noté
abondamment, dans notre action internationale et une nouvelle politique
tracent la voie de l'année qui s'offre à nous.
En
cette année de son 50e anniversaire, le ministère des Relations internationales
et de la Francophonie propose aux Québécois une action internationale à
la fois dynamique et concrète, fondée sur la doctrine élaborée par l'ancien ministre Paul Gérin-Lajoie, établissant le
principe que le Québec a la capacité d'agir à l'étranger dans ses domaines
de compétence. C'est dans un contexte
mondial marqué par... l'incertitude, dis-je, que le ministère a mené, au cours
de la dernière année, une action internationale axée sur les intérêts du
Québec et qu'il a développé sa nouvelle politique. D'ailleurs, cette nouvelle politique a été rendue
publique il y a quelques semaines et elle est le fruit d'une vaste
consultation. Et j'en suis très fière.
Pour appuyer cette
dernière, le ministre des Finances, mon collègue, a annoncé un investissement
additionnel de 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années
afin de renforcer notre action. Ces sommes serviront notamment à accroître la
présence et la visibilité du Québec à l'étranger, à mettre en oeuvre le volet
international des grandes priorités gouvernementales et à renforcer la diplomatie québécoise. La situation mondiale nous le commande, certes, mais l'investissement dans nos
relations diplomatiques est autant un geste garantissant la prospérité des
Québécois que l'affirmation de notre identité et de nos valeurs.
Bien
sûr, le débat autour des deux accords commerciaux majeurs que sont l'Accord de
libre-échange nord-américain, l'ALENA, et
l'Accord économique et commercial global Canada-Union européenne, là, qu'on nomme l'AECG, ou CETA, pour
ceux qui utilisent l'acronyme anglophone, ont dominé nos efforts de
représentation.
Depuis
l'assermentation du président américain, M. Trump, 10 missions
ministérielles ciblées ont eu lieu aux États-Unis et jusqu'à 20 autres missions
sont prévues d'ici la fin de l'année. Je serai d'ailleurs lundi prochain sur le
territoire américain. Depuis le début 2017,
le premier ministre a reçu au Québec les gouverneurs du Vermont, du New Hampshire et s'est entretenu avec ceux du Maine,
du Michigan, du Kentucky et de l'Indiana. Avec nos partenaires du
gouvernement fédéral canadien et de l'Ontario, nous avons fait pression auprès
des autorités américaines pour éviter la suppression de la Great Lakes
Restoration Initiative, menacée par des coupes budgétaires.
D'ailleurs,
M. le Président, vous êtes vous-même membre du caucus des élus des Grands Lacs
et des provinces de l'Ontario et du
Québec et vous avez aussi travaillé pour faire en sorte que les budgets pour
l'année 2017 ne soient pas abolis.
Nous allons continuer ce travail pour 2018, évidemment, les années à venir.
Nous avons également convaincu nos partenaires new-yorkais de surseoir à
l'application d'une clause «Buy America» à certains marchés publics de l'État.
Nous nous réjouissons aussi que le budget pour la protection des Grands Lacs,
évidemment, soit protégé cette année.
Le
ministère s'est doté de plans d'action pour les États-Unis et pour le Mexique
afin de mieux défendre les intérêts du
Québec à la lumière des priorités de la nouvelle administration américaine. Nos
huit représentations aux États-Unis et la
Délégation générale du Québec à Mexico travaillent de concert à cette fin. Par
ailleurs, sur le plan européen, nous avons également mené une action
diplomatique concertée pour représenter les intérêts du Québec au plus haut
niveau afin de convaincre nos partenaires européens de ratifier l'AECG ou le
CETA. Ainsi, le premier ministre et l'ensemble des membres du Conseil des ministres ont effectué 12 déplacements ministériels
dans les pays de l'Union européenne au cours de la dernière année. Je me suis rendue à Strasbourg, en février
dernier, au moment de l'approbation de l'AECG par le Parlement européen.
La ratification de l'AECG par les États membres de l'Union européenne sera un
exercice long et complexe.
Nous
suivons aussi de près la situation du Brexit et ses impacts. Avec ses sept
représentations en sol européen, le Québec continuera à exercer une
diplomatie d'influence en Europe pour favoriser l'adoption et la mise en oeuvre
de l'accord. Au Québec, nous accomplirons
aussi les étapes requises par la Loi sur le ministère des Relations
internationales et de la Francophonie pour que le Québec puisse se déclarer lié
à l'accord.
Au-delà des
États-Unis et de l'Europe, le Québec s'est investi dans d'autres régions du
globe qui sont prometteuses. Nous avons
amorcé le développement de relations avec Cuba et comptons ouvrir une
représentation du Québec à La Havane
d'ici l'été. En Chine, le Québec a approfondi sa présence avec l'ouverture de
l'antenne de Qingdao. Nous avons de
grandes ambitions pour notre présence sur le territoire chinois. La
représentation du Québec à Dakar, au Sénégal,
a aussi ouvert ses portes et déployé son action en Afrique de l'Ouest. Je crois
que le continent africain présente des
occasions exceptionnelles pour le Québec. Nous avons un réseau de contacts
important en Afrique francophone de par
notre action soutenue au sein de l'Organisation internationale de la
Francophonie ainsi que l'action menée au fil des ans par les organismes de coopération internationale du Québec. La représentation du Québec à
Dakar constitue d'ailleurs la tête de pont d'une présence québécoise
accrue.
• (19 h 40) •
Par
ailleurs, le Québec a accueilli des dirigeants politiques
de haut niveau au cours de la dernière année, qui ont tous rencontré le premier
ministre du Québec. Il s'agit du premier ministre de la République française à
l'occasion de la 19e Rencontre alternée des premiers ministres québécois et
français, du premier ministre du Conseil des affaires de l'État de la
République populaire de Chine lors de sa visite officielle au Canada et du
président du Mexique, qui a effectué une visite officielle à Québec, une
première depuis 25 ans.
En
2016‑2017, nous avons aussi poursuivi l'action du Québec
en francophonie, réitérant notre engagement en faveur de la mise en oeuvre des stratégies économique et jeunesse de la francophonie lors
du sommet d'Antananarivo. Le Québec
enverra aussi une délégation importante aux VIIIe Jeux de la Francophonie, à Abidjan, en
juillet prochain, et je ferai partie
de cette délégation. Le gouvernement
du Québec a également
collaboré étroitement avec l'UNESCO où le Québec est présent depuis 2006
au sein de la... délégation, dis-je, permanente du Canada pour organiser à Québec une conférence internationale de haut niveau sur Internet et la
radicalisation des jeunes à l'automne dernier, et cette conférence a été
un vif succès.
M. le Président, le
Québec continue aussi à porter haut et fort le message de la lutte contre les
changements climatiques. En 2016, j'ai
confirmé la contribution de 6 millions de dollars du gouvernement du
Québec au Fonds pour l'environnement mondial lors de la CDP 22 à
Marrakech. Le premier ministre a lancé le Programme de coopération climatique
internationale et l'Initiative jeunesse de lutte contre les changements
climatiques.
Nous
avons, il y a quelques jours, rendu publique notre nouvelle politique internationale.
C'est une politique, je le disais, qui est le fruit d'une vaste
consultation. Il y a trois orientations très simples, mais qui disent
tout : rendre les Québécois et les Québécoises plus prospères, contribuer
à un monde plus durable, juste et sécuritaire, promouvoir la créativité, la
culture et le savoir-faire de la spécificité du Québec. Cette nouvelle
politique internationale reconnaît en particulier
que la mobilité des personnes, dont les jeunes, est essentielle au
développement de la société québécoise et de sa prospérité. Et d'ailleurs, la semaine dernière, nous avons connu à
Montréal un grand moment avec ce qu'on appelle la grande rencontre des entrepreneurs de la
francophonie. Notre directeur général de LOJIQ est ici avec nous ce soir,
peut-être qu'on pourra l'entendre en parler
davantage. Ce fut un vif succès parce que des jeunes entrepreneurs de la
francophonie, 104 jeunes entrepreneurs et entrepreneures d'une vingtaine
de pays de la francophonie, sont venus s'inspirer ici du Québec et du dynamisme
de nos jeunes.
Donc,
M. le Président, nous sommes fiers de ce que nous avons accompli au cours de la
dernière année et nous allons avoir
les moyens d'aller encore plus loin, d'aller encore plus haut au cours de la
prochaine année. Et il me fera plaisir de répondre à... aux questions,
dis-je, de mes collègues de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. Je reconnais maintenant le député de Verchères.
M. Stéphane
Bergeron
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. D'abord, je tiens à vous saluer. Vous savez à quel
point j'ai grand plaisir à travailler
à vos côtés. Je veux saluer le personnel de la commission, saluer la ministre,
saluer son personnel politique, le personnel
du ministère des Relations internationales, qui fait un travail formidable pour
nous représenter sur l'ensemble de la
planète. Je veux saluer mon collègue de la deuxième opposition, son
collaborateur. Vous me permettrez de souligner au passage l'identité des personnes qui m'accompagnent. C'est une toute
petite équipe, mais ô combien compétente. Alors, à gauche, Quentin
Maridat, qui est conseiller et recherchiste aux relations internationales,
derrière moi, Pier-Olivier Fortin, qui est attaché parlementaire à mon bureau,
et j'ai le grand plaisir d'accueillir une stagiaire de la Fondation
Jean-Charles-Bonenfant, qui est à ma droite, Mme Ariane Godbout.
Vous savez,
c'est une belle façon de conclure les crédits que de conclure aux Relations
internationales. Pourquoi? Parce que,
traditionnellement — et je
sais de quoi je parle, puisque j'ai occupé cette fonction longuement au
Parlement fédéral — les Relations internationales, les affaires
étrangères sont un domaine qui revêt un caractère moins conflictuel. C'est toujours plus dans un esprit de
collaboration, dans un caractère moins partisan que le travail s'effectue au
niveau des relations internationales. C'est
probablement d'ailleurs parce qu'on est plus consensuels et moins partisans que
la ministre et moi avons été nommés à ces fonctions, à nos fonctions
respectives, mais c'est donc une belle façon de conclure l'étude de crédits. Bien sûr, il y a des désaccords qui peuvent
survenir ponctuellement, mais sur le fond, je pense que nous nous entendons tous et toutes, dans cette
salle, quant à l'importance de la présence internationale, du
rayonnement international du Québec. Et je
pense que, sur cette base, nous
pouvons travailler de façon constructive à tenter de faire rayonner le
Québec toujours davantage partout à travers le monde.
Comme je le disais, il peut y avoir des
désaccords. Nous avons vertement dénoncé, à certains moments, des coupures
drastiques effectuées au ministère des Relations internationales, qui ont pu hypothéquer
l'efficacité et le rayonnement du Québec à
l'étranger. Nous avons dénoncé, à l'occasion, des nominations qui semblaient
revêtir un caractère partisan et qui
peuvent apparaître quelque peu décourageantes, démotivantes pour le personnel
fonctionnaire du ministère des
Relations internationales, qui s'investit depuis nombre d'années pour
représenter le Québec à l'étranger. Mais on est capable de reconnaître également les bons coups. Lorsqu'on nous a
annoncé un réinvestissement, bien, c'est quelque chose qu'on doit saluer, et on va avoir l'occasion d'en
reparler dans quelques instants. Lorsqu'on nous parle de l'ouverture
d'un bureau à Dakar, c'est quelque chose qu'on doit saluer, puis on aura
certainement l'occasion d'y revenir également.
Alors, tout
cela pour dire que, lorsque la ministre a eu la délicatesse de nous inviter,
mon collègue de la deuxième opposition et moi-même, pour nous présenter
la nouvelle politique internationale du Québec, dans cet esprit de collaboration, on a échangé sur toute une série de
choses. Et je me suis permis... Je ne crois pas qu'il y ait lieu d'avoir
de réserve et chercher à garder la propriété
des bonnes idées lorsque l'objectif, c'est de faire rayonner le Québec. Et je
disais à la ministre que moi, je trouvais
important de capitaliser toujours davantage sur la présence, sur le territoire
québécois, de diasporas provenant de partout à travers le monde, sans
nécessairement avoir à composer avec les conflits de ces diasporas dans leurs
pays respectifs, mais ils ont des contacts et ils sont des relais pour le Québec.
Et il faut
apprendre également à travailler avec la diaspora québécoise à l'étranger, et
je lui disais : Pourquoi ne pas... tu sais, on ne roule pas sur
l'or, même si on ajoute un 100 millions sur cinq ans. Pourquoi ne pas
envisager la possibilité de nommer des
délégués honoraires? Donc, permettre de capitaliser sur la présence à
l'étranger de Québécoises et
Québécois qui pourraient servir de relais pour le gouvernement du Québec.
Alors, je pense que la ministre a compris que c'est dans un esprit de collaboration que je compte travailler.
C'est ce que je lui avais dit lorsqu'elle a eu la gentillesse de me
téléphoner après ma nomination comme porte-parole aux relations
internationales : C'est dans un esprit de collaboration que je compte
travailler.
Je regrette
parce que, comme je le disais, il arrive à l'occasion où on peut avoir des
désaccords, je regrette de n'avoir pas...
que notre formation politique n'ait pas été associée plus étroitement à la
réflexion puis à la construction de la nouvelle politique internationale
du Québec. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, et j'offre donc à la
ministre ma collaboration pour construire là-dessus pour la suite des choses.
Alors, si
vous le voulez bien, M. le Président, je garderais le reste de mon temps pour
le répartir sur nos deux blocs.
• (19 h 50) •
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
M. le député de Verchères. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci,
M. le Président. C'est un plaisir de
vous retrouver ce soir. Tout d'abord, mes premiers mots pour remercier également la ministre pour sa présence, pour se prêter à ce
jeu qui est important pour notre démocratie. Toujours un petit peu challengeant par moments que
de subir les questions de l'opposition, mais l'exercice lui-même, il est sain, il est nécessaire. Et, dans le cas du
ministère qui nous occupe ce soir, c'est certainement, comme le disait
mon collègue de Verchères, un des beaux
ministères du gouvernement du Québec, peu importe sa couleur au fil des
années. C'est un ministère qui a permis au
Québec d'exprimer sa spécificité, mais également assurer son développement, et
ce, à tous les points
de vue, autant économique, culturel. Bref, un beau ministère, une belle responsabilité
qui vous incombe. Et, naturellement, il y a des questions qui viennent
avec, mais ce sera un plaisir d'échanger sur cette base ce soir.
Aussi,
saluer les personnes qui vous accompagnent, des gens qui, au quotidien,
s'assurent du bon fonctionnement du
ministère. Saluer mes collègues députés de la partie gouvernementale, mon
collègue de Verchères également, les gens qui l'accompagnent aussi. Et ce soir je suis accompagné d'un stagiaire
qui est à sa toute première expérience à l'Assemblée nationale, donc,
David Beaudry-Bourbonnais, que je remercie également de sa présence. Bref, ce
sera un plaisir. Trois heures. Une belle façon, mon collègue de Verchères le
mentionnait, de conclure l'exercice des crédits.
Et,
avant de pouvoir questionner ou, sinon, dialoguer avec la ministre et ses gens,
peut-être souligner un beau geste. Et
encore une fois je reprends les mots de mon collègue de Verchères.
Effectivement, il y a quelques jours à peine, on a eu l'occasion de se rencontrer à la veille du dévoilement de la
nouvelle politique des Relations internationales du Québec. Et c'est certainement une belle façon de maintenir un contact
constructif parce qu'effectivement
c'est un ministère qui est, ma foi...
qui suit, dans le temps, une certaine logique, une certaine volonté de bien
faire, peu importe ses titulaires, là, au fil du temps. Donc, merci pour
ce geste, et ce sera un plaisir d'échanger avec vous.
Et,
M. le Président, je vous demanderais, dans la mesure du possible, de reporter
les minutes qui me restent pour les échanges avec la ministre.
Le Président
(M. Ouellette) : C'était déjà prévu, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci bien.
Discussion générale
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, chers collègues, de vos remarques préliminaires. On commence,
effectivement, immédiatement la période d'échange avec M. le député de
Verchères.
M. Bergeron :
Je vous remercie, M. le Président. Notre collègue de Deux-Montagnes a bien
signalé que les crédits sont un exercice très important. Il ne faut
jamais oublier que les Patriotes ont mené la lutte pour un gouvernement véritablement démocratique et responsable, faire
en sorte que ce soient les élus qui décident de l'attribution des
deniers publics, de l'argent pris à même les poches des contribuables. Alors,
ça, c'est une grande victoire des Patriotes. Et le gouvernement responsable, qui est un gouvernement qui doit rendre compte
aux élus de son administration... Et c'est un peu dans cet esprit que s'inscrit l'exercice des crédits. Et voilà,
donc, nous nous retrouvons donc dans cet exercice de crédits.
Mais
vous me permettrez de profiter de l'actualité pour poser une question, qui, je
pense, s'impose, puisqu'une décision
importante sera prise par la population de la France, qui revêt une grande
importance pour le Québec, traditionnellement, historiquement.
Les Français, les
Françaises seront appelés, ce dimanche, à se donner un nouveau président, une
nouvelle présidente. Le gouvernement du
Québec et le gouvernement du Canada, il n'y a pas si longtemps, s'étaient
longuement préparés à l'élection américaine
et à l'éventualité de l'élection de Donald Trump, qui s'est avérée être un
fait. Il a bel et bien été élu. Et depuis nous devons composer... Puis
la ministre faisait référence à la décision de couper dans les programmes concernant la santé des Grands Lacs, et
ça, c'est une décision qui a des incidences très importantes pour nous, notamment au niveau de la possible prolifération
des carpes asiatiques. Donc, il y a toutes sortes d'implications pour
nous, des décisions qui sont prises par
notre voisin du Sud. Et la présence internationale, et la présence tout
particulièrement aux États-Unis, du Québec
va revêtir une importance capitale, accrue, décuplée au cours des prochaines
semaines, des prochains mois, des prochaines années.
Alors, ma question,
fort simple, à la ministre : Comme nous nous étions préparés à une
éventuelle élection de Donald Trump, est-ce que le gouvernement du Québec se
prépare à une éventuelle élection de Marine Le Pen à la présidence de la
République française?
Le Président
(M. Drolet) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Vous comprendrez évidemment que nous allons être un
peu, je dirais, en retrait de tout ce
qui se passe parce que nous voulons que les Français, évidemment, aillent aux
urnes et nous ne voulons pas nous immiscer dans les résultats de
l'élection. Évidemment, nous suivons la situation de près. Nous avons une délégation générale à Paris, qui est là depuis,
évidemment, de nombreuses années, qui suit de très, très près tout ce
qui se passe sur le plan politique là-bas.
Et nous allons évidemment... dimanche, lorsque les résultats seront sortis,
nous allons commenter.
Ce
que nous avons dit depuis le début, c'est que, le gouvernement du Québec, et je
pense que l'histoire a toujours montré
que c'était notre façon de penser, nous sommes en faveur du libre-échange, nous
sommes en faveur de l'ouverture des marchés. Nous avons notre vision
là-dessus, et ce que nous, nous disons, c'est que, s'il le faut, bien, nous
irons évidemment prendre le bâton du pèlerin
pour aller expliquer notre argumentaire là-dessus. Nous l'avons fait dans le
cas de l'AECG. On avait vu qu'il y avait de
la résistance au Parlement européen sur cet accord, qui est vraiment
important pour le gouvernement... non
seulement pour le gouvernement du Québec, pour le Québec et également pour le
Canada. Donc, notre priorité, c'est
vraiment de dire à nos amis français... Bien, l'ouverture des marchés, on a
toujours dit que c'était ce que nous proposons, nous en faisons la
promotion.
Et nous allons, bien
sûr, laisser la démocratie parler. Je pense qu'il serait inconvenu, ce soir, de
dire que nous appuyons tel candidat ou tel
candidat parce que ce n'est pas la chose que nous devons faire. Nous
devons avoir un certain devoir de réserve. Mais en
même temps je pense que les gens savent que le Québec a toujours fait la
promotion du libre-échange. Et, si jamais
il se produisait que la personne qui est élue n'ait pas la même vision, bien,
nous allons travailler très, très fort pour dire à quel point c'est
important non seulement pour le Québec, parce que ça ouvre un marché de 500 millions, l'accord de libre-échange, mais
aussi... 500 millions de personnes, mais aussi, c'est bon pour les
Européens et la France, qui est notre premier marché de ce côté-là. Et, si ça
ouvre les marchés publics, alors c'est important.
Le Président
(M. Drolet) : Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. Je veux que la ministre me comprenne bien, là. Il y a
deux choses. Il y a prendre position.
Et, de côté-là, je vous... en tout cas, je me dis qu'elle devrait se sentir
dédouanée dans la mesure où le premier ministre du Canada a lui-même
exprimé le souhait qu'Emmanuel Macron soit élu. Le chef de l'opposition à
l'Assemblée nationale a exprimé le souhait qu'Emmanuel Macron soit élu. Et le
premier ministre n'avait pas hésité à qualifier le chef de l'opposition de chef
d'un parti d'extrême droite et populiste, s'étant fait remettre à l'ordre assez
sèchement, d'ailleurs, par le premier
ministre français parce que l'extrême droite, si on la retrouve ici, vraiment,
il faut remettre ça en perspective
par rapport à ce qui se passe en France actuellement. Alors, justement, ça,
c'est une première chose, de se
prononcer par rapport à l'élection française. Et, comme je le disais, la
ministre devrait se sentir dédouanée.
Mais
ce n'est même pas ce que je lui demande. Je lui demande : Est-ce que le
gouvernement du Québec se prépare à
l'éventualité de l'élection de Marine Le Pen, chef du Front national, parti
d'extrême droite français, pour éventuellement réagir, le cas échéant?
Le Président (M. Drolet) :
Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Absolument que nos équipes se préparent, comme elles doivent le faire. En fait,
c'est leur travail de le faire. C'est
d'avoir une bonne connaissance de ce qui se passe sur le territoire, avoir des
contacts, développer ce réseau de
contacts, qui est si important, et comme on l'a fait aussi avant l'élection du
président américain. Nos délégations, nos bureaux aux États-Unis avaient
tout en main lorsque... Le lendemain de l'élection, nous étions en
visioconférence et on était capable
d'analyser, sur chacun des territoires, ce qui s'était passé, et comment nous
allions faire... comment nous allions
agir dans les prochaines semaines, dans les prochains mois. Alors, c'est clair
que notre déléguée générale, Mme Line Beauchamp, là-bas, et son
équipe se préparent.
Nous
allons évidemment respecter le choix des Français. Mais, encore une fois, je
pense que, si... Vous voyez, dans les
messages, l'AECG, l'accord de libre-échange, l'Union européenne, l'ouverture
des marchés, l'ouverture également sur
l'immigration, l'accueil des réfugiés. Je pense qu'on donne pas mal le bouquet
de ce que l'on pense. Mais en même temps, encore une fois, il faut être
un peu prudents, puis je pense qu'il faut avoir un certain devoir de réserve.
Mais soyez rassuré
que nous sommes prêts à toute éventualité, et nos équipes sur le terrain sont
vraiment, vraiment à pied d'oeuvre pour
développer tous les contacts possibles parce qu'il faut, dans ces situations...
quelle que soit la situation, il faut
développer des contacts sur... Et aussi la délégation générale, là, du Québec à
Paris a produit une analyse détaillée
sur le fonctionnement du Front national, donc sa structure, ses projets, ses
politiques. On est capables d'analyser dans
les détails les programmes, les projets. Puis la délégation connaît les
principaux dirigeants. Donc, elle serait prête à agir si jamais
Mme Le Pen était élue dimanche.
Le Président
(M. Drolet) : Merci, Mme la ministre. M. le député.
• (20 heures) •
M. Bergeron :
Alors, la ministre ne le dit pas, mais elle le laisse entendre clairement.
Donc, je comprends que le gouvernement du Québec ne souhaite pas
l'élection de l'extrême droite en France. Mais je me suis permis de le dire, puisque
la ministre ne veut pas aller jusque-là.
Puisqu'on parle de
relations avec la France, lors de la visite de Manuel Valls, le premier
ministre français, au Québec, outre le fait
qu'il ait ramené à l'ordre le premier ministre du Québec sur sa conception du
populisme et de l'extrême droite, qui
n'avait rien à voir avec ce qui pouvait se passer ici, il a dit : Je suis
un républicain, un démocrate, un homme de gauche. Je suis un fervent féministe, partisan de l'égalité entre les
femmes et les hommes. Et toute comparaison
avec les positions populistes m'est
insupportable. Respectez la France. Alors, le message était on ne peut plus
clair. Mais un des irritants que
Manuel Valls est venu soumettre à notre attention, c'est celui concernant l'application des ARM, par exemple, touchant les infirmières au CHUM. Et, pas plus
tard qu'il y a quelques jours, on a reçu de la part du président du
syndicat une indication qui était à l'effet que, si on n'appliquait pas la
classification adéquate pour les infirmières françaises travaillant au CHUM,
c'est parce qu'on n'avait pas l'argent pour le faire et que, si on devait
prendre de l'argent pour appliquer les bonnes classifications pour les
infirmières françaises, bien, il faudrait couper sur les services.
Alors,
puisqu'il s'agit d'un irritant avec le gouvernement français, la ministre ne pourrait-elle pas voir avec soit le Trésor, les Finances, la Santé pour qu'on puisse
régler rapidement cette problématique, qui constitue un irritant au
point tel que le premier ministre Valls a soulevé cette question? Et on le sait parce que
nous avons en main une lettre du chef de cabinet de Manuel Valls qui nous indique que la question a été directement abordée avec le premier
ministre. Le problème, c'est
que, depuis la visite du premier ministre français, il ne s'est rien passé.
Le Président
(M. Drolet) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme St-Pierre : Alors, sur la question de la reconnaissance mutuelle, je pense que le problème... cette situation-là ne
réside pas dans la reconnaissance du diplôme. La question réside dans la
question syndicale avec les autorités hospitalières, à quel échelon on les place. C'est
la compréhension que nous avons de la question. Mon collègue... Bien, je
montre le bureau, il n'est pas là, parce que
c'est son bureau habituel. Mon collègue le ministre de la Santé est très
au fait du dossier. Et, nous, évidemment,
ce que nous voulons faire, c'est bien
sûr faire en sorte que les Français
et Françaises qui viennent ici, à qui
on donne la reconnaissance du diplôme, l'équivalence, puissent être capables
de travailler dans leur formation. Je
pense que ça, c'est acquis. Cette reconnaissance mutuelle, évidemment, est un immense
succès, puisque c'est plus de 2 200 quelques personnes qui ont
obtenu leur reconnaissance depuis l'entrée en vigueur de l'accord.
Ce
dossier-là, évidemment, relève du... Je n'essaie pas d'envoyer la responsabilité
ailleurs, mais relève vraiment des autorités
hospitalières et du syndicat, comment on les place, là, dans l'échelon. Mais,
pour ce qui est de la reconnaissance de leur diplôme, ces infirmières
ont la reconnaissance de leur diplôme.
Le Président (M. Drolet) :
Merci. Donc, M. le député.
M. Bergeron : Une reconnaissance qui ne se traduit pas dans les faits, c'est
l'équivalent de ne pas reconnaître le diplôme.
Or, si le diplôme était bel et bien reconnu, le premier ministre Manuel Valls
ne se serait pas donné la peine de soulever
la question avec le premier ministre
du Québec. Alors, c'est donc dire
qu'on peut se gargariser de dire que le diplôme est reconnu, mais, dans
les faits, il ne l'est pas parce que les conditions de travail dans lesquelles
opèrent ces infirmières ne correspondent pas au degré de qualification qu'elles
ont, et donc elles méritent un traitement qui est différent de celui qu'elles obtiennent présentement. Or, on a réglé
pour la plupart des infirmières françaises dans le réseau, mais il reste
quelques poches de résistance, et le CHUM est l'une des poches les plus
importantes de résistance. Et je comprends
que la ministre nous dise que ça ne relève pas de sa responsabilité, mais j'imagine qu'ils se parlent à l'intérieur de ce Conseil des ministres, et, puisque c'est un irritant majeur avec notre principal
partenaire en Europe qu'est la France, je
pense que ça vaudrait la peine qu'on essaie de régler cet irritant, d'aplanir
les aspérités, et ce, le plus rapidement
possible.
Le Président
(M. Drolet) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre : Vous avez raison, et ce qu'on me dit, c'est que
le dossier des infirmières a été traité en priorité, et des ajustements
ont déjà été apportés. C'est ce qu'on me donne comme information. Le problème
actuel est un ajustement syndical. Mais sachez, et je prends l'engagement que
nous irons aux nouvelles pour savoir où on en est rendu, mais, vraiment, ça semble demeurer du domaine, là, entre l'employeur et le syndicat. Cependant, je reconnais ce que vous me dites. Je ne veux pas non plus dire que je n'ai pas la responsabilité dans ce dossier parce que c'est un dossier important. Il y a eu 1 040 infirmières
qui ont été reconnues depuis que l'accord est entré en vigueur, donc c'est
important.
Il
y a un autre dossier qui avait été abordé par M. Valls, et je vous
l'annonce, et on a travaillé très fort là-dessus, on continue à travailler fort pour essayer de
faire débloquer ce dossier-là, c'est le dossier des vétérinaires. Les
vétérinaires français qui viennent ici
peuvent enseigner à Saint-Hyacinthe, mais ne peuvent pas pratiquer la médecine
vétérinaire, et on est face à un
ordre qui ne veut pas faire de concession là-dessus. On travaille très fort
auprès de l'ordre professionnel pour leur
faire comprendre qu'on a tout intérêt à accueillir aussi dans l'ordre les
vétérinaires... de reconnaître la formation des vétérinaires français, puisqu'on leur permet d'enseigner la médecine
vétérinaire à Saint-Hyacinthe. Il y a une incongruité là-dedans.
Mais
je peux vous dire que, sur la question des infirmières, on va continuer... je
vais m'informer davantage. Ce que je dis, par contre, ce que je réitère,
c'est que leur diplôme au niveau de l'accord a été reconnu. Maintenant, les
conditions de travail, il faut aller plus loin là-dedans. Je le reconnais et je
vais faire mon possible pour qu'on puisse arriver à un dénouement de cette
situation-là.
Le
Président (M. Drolet) : On peut comprendre, Mme la ministre, que
vous allez donner suite naturellement au député de Verchères concernant
cette...
Mme St-Pierre :
Oui.
Le Président
(M. Drolet) : M. le député.
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. Je remercie la ministre de sa réponse puis je la
remercie d'avoir abordé la question
des vétérinaires parce que c'était le prochain point que je voulais aborder.
Effectivement, ça a été soulevé, ça a fait l'objet d'un long article dans Le Devoir. Les ministres
Matthias Feklet Jean-Marc Ayrault sont intervenus concernant
le dossier des vétérinaires, puis à sa face
même il y a quelque chose de totalement incompréhensible qu'on aille
chercher des vétérinaires français pour enseigner à nos futurs vétérinaires à
Saint-Hyacinthe, mais que ces mêmes vétérinaires qui enseignent à
Saint-Hyacinthe ne peuvent pas exercer la médecine vétérinaire sur le
territoire québécois. Mais voyons donc! Ça
n'a pas de bon sens. Ces gens-là enseignent à nos futurs vétérinaires qui vont
exercer sur le territoire québécois, mais ils ne peuvent pas eux-mêmes
exercer comme vétérinaires.
Mais, écoutez, à un
moment donné, je comprends qu'il y a des résistances corporatistes, mais, à un
moment donné, il y a une entente qui est signée entre deux États et que
conséquemment...
Une voix :
...
M. Bergeron :
...oui, et que conséquemment il y a lieu que nos corporations sur le territoire
se conforment à l'entente qui a été conclue entre deux gouvernements.
Et puis on pourrait parler également
de la situation des médecins. Les médecins français sont également
soumis à un stage d'adaptation,
imaginez-vous, un stage d'adaptation. Il y a-tu quelque chose d'immédiatement
opérationnel sur le territoire
québécois qu'un... de plus opérationnel qu'un médecin français? Alors, comment
se fait-il qu'on doive encore composer avec de telles résistances? Et ça
vient pour ainsi dire miner la crédibilité de l'accord sur la reconnaissance mutuelle parce que nos vétérinaires, quand ils
débarquent en France, ils peuvent exercer immédiatement. Nos médecins, quand ils débarquent en France, ils peuvent
exercer immédiatement. Comment se fait-il qu'on n'est pas capables
d'assurer la contrepartie, surtout qu'on a
un problème de disponibilité de médecins actuellement au Québec? Alors, de
grâce, il faut trouver un moyen de régler ça.
Le Président
(M. Drolet) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Écoutez, la question des vétérinaires, moi, j'ai rencontré l'ordre des
vétérinaires. Ma collègue ministre de
la Justice également rencontre les ordres professionnels. Si vous avez la
chance de les rencontrer, vous aurez peut-être plus de succès que nous.
Mais c'est... je pense que tout le monde dit la même chose, c'est absolument
non seulement incompréhensible, mais c'est gênant. Et, quand on nous demande
d'expliquer ça... Vous savez, ils ont une indépendance,
les ordres professionnels, c'est dans l'ordre des choses au Québec, des
institutions. Mais à un moment donné c'est
sûr qu'on fait face à des situations très gênantes, et on doit leur reporter le
fardeau sur les épaules parce que nous, on a tout fait. On les a rencontrés, on essaie de leur faire comprendre. Et
la balle est vraiment dans notre camp. On ne peut même pas dire aux Français : Bien, écoutez,
c'est parce que c'est de votre côté que ça ne marche pas. C'est de notre
côté que ça ne marche pas. Et, vous l'avez
si bien souligné, je l'avais dit avant, les vétérinaires peuvent enseigner à
l'institut à Saint-Hyacinthe et ils ne peuvent pas faire la médecine
vétérinaire ici.
Sur les médecins, mon
collègue... je ne peux pas dire M. Barrette, M. le ministre de la Santé
est vraiment sur ce dossier-là. Tout le
monde est conscient que là aussi il y a du travail à faire. On a aussi, dans la
nouvelle politique, comme vous l'avez
vu, l'intention de nommer trois émissaires dans trois domaines qui sont pour
nous des domaines fort importants pour
le Québec : un émissaire en changements climatiques, un autre sur la
question des libertés individuelles, et un troisième sur la question de
la mobilité. Un ou une.
Alors, la question de
la mobilité, on veut signer des accords avec d'autres pays également. On a dans
notre planche... sur notre planche à dessin,
on a l'Italie, on a la Suisse, on a la Belgique, on a le Maroc. Alors, on veut
avoir d'autres accords de reconnaissance mutuelle, et celui qui a été fait avec
la France, c'est vraiment la pièce maîtresse, et on veut se servir de ce
modèle-là pour leur dire : Écoutez, on est capables de continuer et
d'avancer là-dessus.
Alors,
évidemment, les irritants, ils sont peu nombreux, mais ils sont là, et un
irritant, c'est un irritant de trop parce que, quand même, cet
accord-là, c'est un succès pour plus de 2 200 quelques personnes. Mais il
faut travailler sur la question des vétérinaires. Les infirmières, ça, c'est
une question syndicale, mais on va garder un oeil là-dessus. Et la question des
médecins, c'est aussi une question qui relève du ministère de la Santé.
• (20 h 10) •
Le Président
(M. Drolet) : M. le député.
Mme St-Pierre :
Et de la corporation des médecins.
Le Président
(M. Drolet) : Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Bergeron : Bien, si
on veut conclure avec d'autres pays, peut-être
qu'on devra montrer patte blanche puis faire
en sorte qu'on puisse paraître comme
des vis-à-vis, des contreparties crédibles puis capables
d'appliquer les mesures. Puis, à un moment donné, il faudra peut-être qu'on
envisage, comme législateurs, de dire à certaines corporations qu'on est prêts à légiférer pour les amener à poser un
certain nombre de gestes. S'ils ne veulent pas les poser, bien, peut-être
que le Parlement devra s'organiser pour que ça soit fait.
Maintenant,
justement, on parle beaucoup de négociations avec d'autres pays. L'année dernière,
lorsqu'on a posé la question, on disait qu'il y avait le Maroc, il y
avait la Suisse, la Belgique. J'ai l'impression qu'on est un petit peu «back to
the future». On entend le Maroc, la Belgique, la Suisse. L'année dernière,
lorsqu'on a posé la question où est-ce qu'on
en était, on nous a répondu : Aucune démarche de négociation de nouvelle
entente bilatérale n'est entreprise, n'est
entreprise. Et là il y a eu une question qui a été posée par le chef de
l'opposition, et là le premier ministre a dit : Oui, oui, oui! On a déjà fait du travail là-dessus.
Alors, on a posé la question cette année : Qu'est-ce qui a été fait?
Alors, on n'a rien reçu comme réponse à savoir qu'est-ce qui a été fait.
Il n'y a aucune preuve qu'il y a quoi que ce soit qui a été fait. Ce qu'on nous
a dit, c'est qu'il n'y a aucune nouvelle entente qui a été conclue.
Alors,
ma question, simplement : Depuis l'année dernière, où on nous disait qu'il
n'y a rien qui a été entrepris, et aujourd'hui, où on nous dit qu'il n'y
a rien qui a été conclu, c'est-u possible de nous dire ce qui a été fait?
Le Président
(M. Drolet) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
On a évidemment eu un travail à faire. J'ai eu un travail à faire auprès du
Conseil des ministres, aller chercher
un mandat, expliquer ce que je voulais faire, ce qu'on voulait faire au
ministère des Relations internationales, ce que le gouvernement veut faire. Bon, il y a toutes sortes de
processus en marche. On veut, je l'ai annoncé dans la nouvelle
politique, on veut avoir une personne, un émissaire qui va être la personne qui
va être chargée d'aller conclure ces accords-là.
Est-ce que beaucoup, beaucoup de chemin a été fait? Non, je peux vous le dire.
Mais est-ce qu'on a l'intention de le faire d'ici la fin de l'année
2017? La réponse est oui, et j'ai bien l'intention d'accélérer.
Aussi,
il faut dire que tout ça passe aussi... On ne peut pas faire ça
unilatéralement, là, il faut le faire avec les ordres professionnels, là. Alors, évidemment, ces
accords-là ne seront pas de l'ampleur de l'accord qu'on a eu avec la
France avec 100 quelques professions et
corps de métier, mais il y a des professions sur lesquelles on pense qu'on est
capable d'avoir des accords assez rapidement.
Dans votre
intervention, vous n'avez pas parlé de l'Italie. L'Italie fait partie également
des accords qu'on aimerait signer avec des ordres professionnels tels,
par exemple, les ingénieurs. Mais nous avons la ferme volonté d'avancer là-dedans. Ce n'est pas quelque chose qui peut
avancer à vitesse grand V parce qu'il faut engager des dialogues, il
faut préparer le terrain, il faut que
j'aille chercher mes mandats, il a fallu que j'aille chercher mes mandats, et
tout ça. Donc, on va continuer. Et on
est là-dessus. Puis on va avoir quelqu'un pas parce que le ministère n'est pas
capable de le faire, mais, en même temps, accompagné par le ministère,
quelqu'un qui va être concentré uniquement sur cette question-là.
Le Président (M. Drolet) : M.
le député de Verchères, 45 secondes.
M. Bergeron :
Oui. Bien, merci beaucoup, M. le Président. On débordera sur le prochain bloc.
Mais, simplement dire, on a parlé du
Maroc l'année dernière, on en a parlé. Cette année, on en parle encore. Je
comprends, de ce que nous dit la
ministre, que l'intention est ferme, l'intention est là, mais qu'il n'y a pas
vraiment rien qui a été entrepris de concret jusqu'à présent.
Au-delà du
Maroc, la question du chef de l'opposition touchait également la Tunisie,
l'Algérie. On sait que nos concitoyens et concitoyennes du Maghreb,
actuellement, subissent des taux de chômage absolument démesurés. Il n'y a pas
de raison que, dans un pays où on est...
Le Président (M. Drolet) :
Merci, M. le député.
M. Bergeron :
...on est avec les taux de chômage avoisinant les six point quelques pour cent,
ils aient encore des taux de chômage qui avoisinent les 20 %.
Alors, on a quelque chose à faire là.
Le Président (M. Drolet) :
Merci, M. le député.
M. Bergeron : Il faut
absolument travailler très fort pour réussir à faire en sorte que...
Le Président (M. Drolet) :
Merci, M. le député de Verchères.
M. Bergeron :
Si vous voulez bien, M. le Président, on va le prendre sur le prochain bloc.
J'aimerais entendre la ministre sur cette question.
Le Président (M. Drolet) :
D'accord, merci. Mme la ministre. M. le député, oui.
M. Charette :
Tout simplement, effectivement, il y a possibilité pour la ministre de
répondre, mais après que le tour des interventions soit complété, de
préférence.
Le Président (M. Drolet) : Merci,
Mme la ministre. Vous pouvez répondre.
Mme St-Pierre :
O.K. Alors, il y a
des discussions qui sont entamées avec la Suisse. Je peux vous dire qu'on
est, nous aussi, très conscients. Je suis députée
d'une circonscription où j'en vois régulièrement, des gens qui
viennent me dire : On me dit de
venir ici, au Québec, on me dit de venir m'établir ici, puis je ne
suis pas capable de faire reconnaître... Entre autres, j'ai vu une
enseignante, elle était prête à s'en aller en Ontario parce qu'ici ça lui
prenait je ne sais pas combien d'années pour être capable de pouvoir enseigner.
Ça n'a pas de bon sens.
Donnons tous la main là-dessus parce qu'il va
falloir, à un moment donné, qu'on fasse comprendre à certains ordres professionnels... Et l'année dernière,
lorsqu'ils étaient tous réunis à Montréal, d'ailleurs, ça a été repris dans
un article de journal parce qu'il y avait
une journaliste dans la salle, ils étaient tous là, et on nous disait que
c'était quasiment de l'imagination, le fait que quelqu'un qui a un
diplôme soit chauffeur de taxi. Bien oui, ça existe. Et j'ai vu moi-même, j'ai rencontré un médecin algérien qui a été
obligé de faire son cours d'infirmière, sciences infirmières. Beaucoup de
respect pour les sciences infirmières, mais
le monsieur, il pratiquait la médecine dans son pays. Alors, il a été obligé
de... il revient ici, il n'est pas
même pas capable de pratiquer la médecine, puis il faut qu'il aille... Et,
pendant qu'il est à l'université, je lui demande : Bien, comment
vous gagnez votre vie? Bien, il dit, je suis préposé aux malades la fin de
semaine.
Ce n'est pas
ça qu'on veut, là, et ce n'est pas le message qu'on veut envoyer. Et, je vous
le dis, on travaille très fort, on
fait des rencontres. Notre message est clair, et on veut faire débloquer ce
dossier-là. Je vous dis : Ce dossier-là, on veut qu'il débloque. Et
on va ouvrir, d'ailleurs, je vous l'annonce en primeur, un bureau au Maroc pour
être capables d'être encore plus présents puis être capables d'aller sur le
terrain encore plus pour discuter de ces questions-là.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le député de Verchères. On s'en va à Mégantic. Heureux de vous
retrouver, M. le député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci, M. le
Président. Je dispose de combien de temps?
Le Président
(M. Ouellette) : Ah! 20 minutes.
M. Bolduc : 20 minutes?
Le Président (M. Ouellette) : À
moins que vous vouliez que la réponse soit sur votre temps.
• (20 h 20) •
M. Bolduc :
Non, non, M. le Président. Merci, M. le Président. On vous reconnaît ce soir,
il me fait plaisir d'être là aussi.
Je reconnais mes collègues de l'Assemblée, les collègues de l'opposition. Mme
la ministre et votre équipe, il me fait plaisir d'être ici ce soir.
Tout d'abord, je voudrais vous féliciter pour
votre nouvelle politique, qui est très intéressante, d'ailleurs, et, quand on... Ce que j'aime particulièrement, c'est
quand on dit : Rendre les Québécoises et les Québécois plus
prospères à travers la mobilité et jeunesse,
les relations commerciales et la prospérité responsable. Et vous nous avez
donné un aperçu, dans votre
introduction, des orientations. Ça sonne chez moi directement, puis je vais
m'expliquer pourquoi, parce que le comté de Mégantic, qui est adjacent
directement au Maine et New Hampshire sur une grande longueur, à peu près 125 kilomètres, a une industrie et une économie
qui est très, très orientée vers le secteur américain. Près de la moitié
des emplois du comté de Mégantic sont dans le secteur du bois, primaire,
secondaire et tertiaire.
En plus, il y
a les opérations forestières des forêts publiques, des forêts privées en grande
partie, tout près de 80 % de la
forêt privée, une vingtaine de pour cent de forêts publiques, et, en deuxième
lieu, il y a aussi une grande industrie dans le granit qui fait
énormément d'exportations sur le secteur américain, principalement à New York,
Washington et Chicago. Et, en troisième lieu, il y a une industrie
manufacturière très diversifiée qui, en vaste majorité, exporte sa production
vers le réseau américain.
Donc, pour moi, les relations internationales,
et pour l'importance que ça revêt dans le comté, c'est un enjeu fondamental, notamment celui de la forêt,
actuellement, et du bois d'oeuvre. C'est un enjeu particulièrement
sensible, puisque j'ai plusieurs productions de bois d'oeuvre dans le comté qui
avaient pour objectif directement le marché américain
et l'échange. Je dois expliquer un peu cet élément. L'échange qu'il y a entre
ma région du Québec et le Maine en échange de bois et de matériaux de construction, c'est quelque chose qui
n'est pas très visible, mais qui a une importance économique très
significative.
Je donne un
autre exemple : 75 % de l'industrie de transformation de bois de
feuillus, de bois franc pour utiliser le
terme courant, c'est du bois qui vient des États-Unis parce que la
qualité du bois de feuillus au Québec n'est pas encore développée au point où on
peut vraiment faire une transformation de haute valeur ajoutée. Donc, on
importe de façon significative l'érable et le chêne principalement, et du pin
aussi, des États-Unis pour la transformation dans le réseau québécois pour en
partie l'exporter par la suite vers les États-Unis.
Donc,
l'importance des relations internationales et la relation avec les États-Unis
dans le comté de Mégantic, c'est un
enjeu fondamental. C'est un enjeu de première importance. Et, pour y avoir
passé personnellement 14 ans de ma vie, je peux dire que j'en connais quelques petites parties. J'ai d'ailleurs
laissé tous mes enfants là, et mes petits-enfants, qui grandissent aux États-Unis.
Donc, ça revêt pour moi un enjeu encore plus important dans la vie de tous les
jours.
Il y a beaucoup, beaucoup d'ententes avec les États-Unis.
On en a parlé de quelques-unes. On a parlé d'une entente avec la région des Grands Lacs, du droit de l'eau. On a parlé de
la carpe asiatique. Les gens ne réalisent que mal l'enjeu que le problème de l'eau requiert aux États-Unis, et ils regardent au Nord, et on est riches. Quand je dis «on est riches» en eau, on ne regarde pas rien que les
Grands Lacs. Pour ceux qui ont déjà suivi depuis longtemps...
Rappelez-vous il y a quelques décennies, les Américains avaient parlé de
prendre l'eau de la Baie-James et de faire un canal pour l'emmener au
Mississippi.
Donc, ce
genre de débat là, qui à l'époque semblait un peu utopique, O.K., est encore aujourd'hui dans leur tête, parce que, rappelez-vous il y a quelques années,
quand le Mississippi était bas, ils avaient demandé de baisser le lac Michigan de huit pieds, donc deux mètres et demi,
pour alimenter le Mississippi et permettre le trafic des barges dans le
cours. Et c'était la troisième requête qu'ils faisaient à ce cours-là. Je crois
que M. le Président comprend très bien le vocabulaire que moi, j'utilise.
Donc, ça,
c'est un exemple de la, comment je dirais ça, de la
relation qui existe avec notre frère du Sud. Et il est très, très important
non seulement de se tenir debout, mais de maintenir avec eux
une relation égalitaire fondamentale. Le cas des Grands Lacs en est un
qui a une importance relative. Rappelez-vous du débat qu'il y a eu, c'est l'an
dernier ou il y a deux ans, avec la petite municipalité dans le Wisconsin qui
se sert de l'eau du lac Michigan et qui décharge via ses traitements d'égout dans le bassin de drainage du
Mississippi, qui a généré un tollé de controverse sur la simple base que
le bassin du Saint-Laurent est protégé et
maintenu dans son intégrité. Et on a découvert que, pour une raison de
comportements qui n'avaient pas été planifiés, mais qui faisaient que
l'eau de cette municipalité-là était prise dans le lac Michigan et qu'elle
était déversée via le système de traitement dans le Mississippi...
Donc, c'est
un exemple de relations qu'il faut surveiller de près et maintenir dans un état
que je dirais impeccable parce que ce
genre de situation là peut dégénérer relativement facilement, et tout le bassin de drainage des
Grands Lacs pourrait en être très conséquent. Donc, ça, c'est un enjeu.
Je me souviens aussi, pour avoir demeuré à
Chicago pendant quelques années dans les années 70, où le lac Michigan ressemblait plus à une usine de
traitement d'égout qu'à un lac, et heureusement pour nous et pour les Américains la moule
zébrée, qui était une de ces espèces envahissantes qui a nettoyé les Grands
Lacs... Quand je dis : Nettoyé les Grands
Lacs, c'est inimaginable pour ceux qui avaient vu la situation
dans le passé. Et maintenant, et maintenant, vous pouvez
aller au bord du lac Michigan, à Chicago, et l'eau est d'un... impeccable. On
peut voir le fond du lac à 30 pieds de profondeur. Donc, la relation avec les Américains sur les Grands Lacs,
sur les espèces envahissantes... Puis là je viens de mentionner la moule zébrée, il y en a
de nouvelles qui sont en chemin. La carpe asiatique représente probablement, pour nos réseaux
hydrographiques, un des plus grands risques. Et les Américains ont vraiment
fait des efforts considérables sur le canal
qui relie le lac Michigan, via les écluses, au Mississippi. Ils ont fait toutes
sortes de barrières et de filets pour retenir et empêcher la carpe
asiatique de pénétrer le réseau des Grands Lacs. Et, encore là, une autre
preuve d'activité où la relation avec les
Américains est fondamentale et très importante. La relation, comme je le disais, elle est
bonne. Elle a une certaine fragilité,
surtout en considérant l'ensemble des richesses dont on dispose. Donc, c'est un peu
un des enjeux des Grands Lacs que je voulais mettre sur la table.
Un autre des
enjeux, dont l'élection du président Trump nous a fait beaucoup
de va-et-vient et d'inquiétudes, c'est celui
de l'ALENA où on ne sait pas trop encore comment ça va se développer, quelle
direction ça va prendre. Et j'ai des amis
dans les États américains qui nous disaient, puis je vais essayer de l'interpréter
avec précision de l'anglais au français, ils nous disaient : La robustesse de la démocratie américaine et de
la Constitution va être vraiment mise à test sous la gestion de M. Trump. Donc, l'indépendance, encore là,
de l'exécutif, du législatif et de la justice sera mise à test. Et l'ensemble
des États américains... Et, pour moi, c'est quelque chose de très important
dans le sens où nos relations avec les États, individuellement,
ont une importance beaucoup plus grande maintenant qu'elles ne l'avaient dans
le passé justement parce que
M. Trump est à Washington. Et la plupart des États américains avec qui on
entretient des relations constantes nous supportent dans le développement et le maintien de la relation que nous avons avec
eux, comme on le voit souvent aussi dans
les entreprises. Et Mme
la ministre a parlé précédemment de
ces échanges ministériels là qui se produisent de façon intensive actuellement
justement pour assurer l'état du commerce et de l'économie qui se déroule actuellement.
Un autre
segment, pour moi, qui est extrêmement important, puis je vais l'expliquer de cette façon, c'est
celui de l'énergie. Il y a des enjeux extraordinaires qui sont en train de se
développer aux États-Unis. Et je vais vous illustrer quelques propos à ce
chapitre-là. J'essaie d'être bref parce
que c'est très complexe. Le premier,
c'est celui de la campagne électorale de M. Trump, qui disait qu'il allait
relancer l'industrie du charbon. Il faut savoir, pour ceux qui sont un
peu versés du côté énergétique, que la base
de production énergétique aux États-Unis est basée sur le charbon. Et c'est un peu
l'élément sur lequel M. Trump comptait pour relancer l'industrie du
charbon. Ce qu'il n'avait pas évalué, c'est que, malheureusement, la moyenne
d'âge de ces industries du charbon est de 55 ans. Et la fin de vie
utile d'une usine de charbon, de
production d'énergie, c'est 65 ans. Et, dans la décennie qui vient, la
moitié de ces usines-là vont devenir désuètes et vont devoir être
fermées. Donc, il va y avoir un problème assez sérieux.
• (20 h 30) •
Le deuxième
élément de ce débat énergétique là, c'est le fait que, maintenant, ça coûte la
moitié prix pour bâtir une usine
d'énergie au gaz naturel avec un cycle combiné, une efficience de 80 % de
rendements énergétiques. Et ça produit la moitié des gaz à effet de serre, donc une autre incidence. Donc, le rôle
de la politique américaine fédérale via les États américains est un enjeu très, très, très
important. Et toutes les relations qu'il nous faut établir et maintenir vont
avoir un effet direct sur l'économie du Canada et du Québec.
Un dernier
enjeu sur l'énergie, rapidement, c'est celui des centrales nucléaires. Peu de
gens comprennent. Je l'ai mentionné
hier soir, ils sont en train de démarrer quatre nouvelles centrales nucléaires,
une en Géorgie, une au Tennessee et deux
en Caroline. Et il y a, actuellement au département de l'Énergie, des unités
modulaires de 300 mégawatts qui sont pour approbation, et on
s'attend à ce qu'elles soient approuvées d'ici 2018, ce qui représenterait un
élément étalon pour la reconstruction d'une structure nucléaire sur le réseau
américain. Donc, ça, c'est important.
De plus, pour
ceux qui sont familiers avec le domaine énergétique américain, l'Université du Maine a mis, dans le golfe
du Maine l'automne passé, cinq éoliennes de 6 mégawatts chacune, donc
30 mégawatts d'éoliennes marines pour commencer à construire un
réseau d'énergie d'approvisionnement sur la côte Est américaine. Le Massachusetts
se prépare à en mettre des centaines actuellement au large de Cape Cod. Puis on
peut s'attendre à un changement très, très fondamental parce que, dans les
plans énergétiques aux États-Unis, on parle de mettre actuellement près de 300 000 mégawatts,
ça représente sept fois la production énergétique du Québec en éoliennes
marines, une grande partie dans le
golfe du Mexique et le reste le long de la côte atlantique. Donc, sur le plan
énergétique, juste pour vous faire penser à ça, non seulement le Northern Pass, c'est un gros enjeu pour nous, cette
ligne électrique là passe en partie sur nos comtés, mais ça représente une opportunité d'exportation
pour nous, mais aussi une possibilité de développer notre énergie
éolienne de façon extraordinaire. C'est l'intérêt de cet élément-là.
Je parlais
aussi dernièrement de la production de gaz à effet de serre, le Québec qui
produit tout près de 80 millions de
tonnes, le Canada, 760 millions de tonnes, les États-Unis,
6,6 milliards de tonnes. 1 % de leur production représente les
trois quarts de la production de gaz à effet de serre du Québec. Donc, chaque
capacité d'énergie propre que nous envoyons
aux États-Unis a un impact direct sur notre économie et sur notre capacité à
sauver le climat de notre secteur. Encore
un élément sur lequel nous travaillons, je vous donne l'exemple du Mass., où
ils ont actuellement déployé un peu plus
de 1 000 mégawatts d'énergie solaire, et ils me disaient dernièrement
qu'ils vont essayer de monter cette capacité-là à plus de
5 000 mégawatts d'ici 2020. Donc, encore là, une autre opportunité
extraordinaire.
Et finalement
je vais conclure ma discussion de l'énergie et des échanges américains avec
l'échange particulier que nous avons
avec le Massachusetts depuis un an où nous avons formé un sous-comité avec le Québec
qui nous permet de travailler
directement sur trois grands enjeux. Je vous les nomme. Le premier, c'est la
génomique, que la ministre nous parlait
aujourd'hui, qui emploie au Québec 36 000 emplois, et nous faisons
ces échanges directement avec le Mass. Il faut se rappeler qu'ils ont trois petites universités avec
lesquelles nous échangeons : l'université du Mass., MIT et Harvard.
Donc, nous avons une relation directe sur
une base régulière, la prochaine rencontre est déjà cédulée pour le mois d'août
2017, là, où on a de très beaux échanges.
On parle
aussi de cybersécurité. L'an passé, il s'est investi, dans le monde entier,
92 milliards en cybersécurité, et la
sécurité est en réduction dans le monde sur le plan informatique. Donc, je vous
mentionne cet élément-là aussi parce que vous voyez les opportunités économiques, les
opportunités de développement à tous les niveaux, qui se développent. Et
le troisième enjeu d'échange pour nous, c'est les changements climatiques. Et
je pourrais vous passer des heures là-dessus,
mais je pense que je vous ai donné une image assez large pour vous faire
comprendre qu'il y a énormément d'opportunités,
et nous disposons de ressources naturelles, au Québec, qui font l'envie de beaucoup des États du
Nord-Est qui sont très familiers avec eux.
Je vais
conclure cet échange-là, M. le
Président, en vous disant une autre
anecdote qui va vous donner une autre dimension
de la relation que nous avons avec nos frères américains, et mes enfants
surtout quand je dis ça, mais, lors du dernier
échange avec le Massachusetts, un des députés du Massachusetts mentionnait que,
dans une école en banlieue de Boston, ils avaient fait un inventaire des
noms francophones des enfants, et 24 % des noms des enfants étaient francophones. Et, s'il y a un 24 % de pères,
il doit y avoir aussi un 24 % de mères, ce qui fait que près de la moitié
des enfants dans la région de la banlieue de Boston avaient des descendances ou
des connexions canadiennes françaises.
Donc, ça fait un peu le tour d'introduction pour
le débat américain, mais c'est ce que je voulais vous dire ce soir. Merci.
Le
Président (M. Ouellette) : Merci, M. le député de Mégantic, pour ce commentaire de la politique
américaine. Mme la ministre aura l'opportunité sûrement de commenter lors d'un
prochain bloc. Nous allons maintenant aller à M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : Merci, M.
le Président. Peut-être
revenir sur des questions, effectivement, qui avaient été posées l'année dernière parce qu'elles sont d'un grand intérêt au niveau de la reconnaissance
des acquis. C'est un sujet qui est, ma foi, d'actualité plus que jamais
parce que le gouvernement, et c'est un avis bien, bien personnel, tente de
régler la question de la difficulté d'intégration en emploi par une fausse
bonne idée, qui est cette fameuse commission sur le racisme systémique. J'ai eu l'occasion de le dire, notre formation
politique a eu l'occasion de le répéter à quelques reprises, c'est
définitivement une mauvaise avenue pour tenter de résoudre un problème qui,
lui, est bien, bien réel, celui de l'intégration en emploi pour bon nombre
d'immigrants récents, mais, dans certains cas, de longue date aussi.
Une des très
belles formules qui avait été retenue par le gouvernement du Québec est cette
entente avec la France, donc, de reconnaissance autant de diplômes que
d'expériences professionnelles. En fait, ça fait quelques années que cette entente a été ratifiée. On a eu l'occasion
tout à l'heure d'entendre quelques explications. Il y a certes encore
quelques ratés, mais c'est quand même une
expérience qui s'est révélée être extrêmement prometteuse. Donc, c'est plutôt
dommage qu'on en soit au même stade, à cet
exercice de crédits, qu'on l'était l'année dernière pour ce qui est du
développement de nouvelles ententes avec
d'autres pays. Je sais bien qu'on peut dire qu'on y travaille fort, mais
n'empêche que le résultat de ce
travail-là se vérifie à travers des résultats concrets. On a eu l'occasion tout
à l'heure d'entendre la ministre parler de projets avec le Maroc, avec l'Italie, avec d'autres pays. Bref, les
mêmes pays, essentiellement, qui avaient été énumérés l'année dernière.
Est-ce qu'on
peut s'attendre à un échéancier précis à ce moment-ci? Est-ce qu'on peut
s'attendre à ce que l'année prochaine,
lors du prochain exercice des crédits, on puisse avoir des résultats plus
tangibles en matière d'ententes? Parce que là est la clé pour l'intégration en emploi des immigrants qui nous font
l'honneur de leur venue au Québec. Encore une fois, ça, c'est un discours qu'on a eu l'occasion de
répéter à bon nombre de reprises : on les reçoit en fonction d'une
expérience professionnelle personnelle, à
travers une qualification qu'ils ont obtenue dans leurs pays respectifs, ou
d'origine, plutôt, et, une fois rendus au Québec, malheureusement, tout
ce qui leur a permis de se qualifier n'est pas reconnu, d'où les exemples que
la ministre nommait elle-même, c'est-à-dire des gens extrêmement qualifiés qui
se retrouvent dans des emplois, dans des fonctions qui sont bien, bien loin de
leur champ d'expertise.
Donc, une
question bien simple : Est-ce que l'année prochaine, au prochain exercice
de crédits, on peut s'attendre à des
résultats concrets plutôt que la même réponse, qui était celle de l'année
dernière, de dire : On y travaille fort, mais sans plus?
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
• (20 h 40) •
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Merci pour cette question parce que je pense que c'est
effectivement une question très, très importante.
On l'a dit tout à l'heure, c'est bien beau, ouvrir les portes du Québec et dire
aux gens : Venez ici, mais, lorsqu'ils arrivent ici, si on n'est
pas capables de reconnaître leurs qualifications, bien, on a un problème.
Je vais vous
faire un petit... je recule un petit
peu. Cet accord qui avait été signé
avec la France en 2008, c'est un accord
qui a quand même porté fruit. On peut dire qu'il y a encore des choses à
faire, mais on peut parler également
du succès de cet accord. J'ai les statistiques très fraîches ici. Ça a facilité l'établissement et l'intégration
professionnelle de plus de
2 300 Français au Québec, dont 1 040 infirmières,
317 ingénieurs, 140 médecins, et 100 travailleurs sociaux,
et environ 300 Québécois en France, ce
qui constitue un succès sans précédent. Donc, je pense que ça, on doit se
réjouir de ces données-là.
Vous avez
raison, j'ai vraiment ce dossier-là à coeur. Quand vous dites : Est-ce
qu'on peut s'attendre que l'an prochain,
à l'étude des crédits, on ait des réponses plus concrètes?, je l'espère
ardemment. Je peux vous dire que nous travaillons,
comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, avec les ordres
professionnels, et, dans le projet de
loi n° 98, qui est à l'étude et qui est piloté par ma collègue la ministre de la Justice, on parle, dans ce projet de loi là, du
renforcement de la gouvernance et l'éthique au sein des ordres
professionnels, l'élargissement des pouvoirs du commissaire aux plaintes concernant les mécanismes de reconnaissance des
compétences professionnelles et l'amélioration de l'accès à la formation
et aux stages. Alors, du côté de ma collègue la ministre de la Justice, on est
là.
Sur la question des autres pays avec
lesquels on veut ouvrir, nous avons la ferme intention de le faire. J'ai
expliqué un peu tout à l'heure le processus : chercher un mandat... écrire
le mandat, aller chercher mon mandat au Conseil des ministres. Et là on est sur le
point d'évidemment nommer l'émissaire. C'est un des trois émissaires
que nous retrouvons dans la politique
internationale. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de le faire de
cette manière-là, puisqu'on connaît
le rôle des délégués. Ils sont sur des territoires, mais il
y a des dossiers sur lesquels on se
dit : Bien, c'est plus large, et
on devrait avoir — puis
la loi nous le permet, d'ailleurs — des personnes responsables de dossiers en
particulier. Et c'est un dossier, la
mobilité, qui est un des trois dossiers sur lesquels on veut porter notre
attention pour la prochaine année.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci.
Mme St-Pierre :
J'espère que l'an prochain, lorsqu'on va se retrouver lors de l'étude des
crédits, on sera capables d'arriver avec des ententes conclues ou sur le point
d'être conclues.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci, M. le Président. La ministre a fait référence à un projet de loi qui est
piloté par sa collègue de la Justice, mais, lorsque l'on lit
attentivement le projet de loi en question, oui, il est mentionné que, bon, les
ordres professionnels y seraient soumis, mais, dans les faits, ce n'est pas un
projet de loi qui est contraignant à l'endroit des ordres professionnels.
Et
vous avez mentionné un petit peu plus tôt l'exemple d'un médecin. Moi, je peux
vous dire que, parmi les cas les plus
déchirants reçus en circonscription au fil des années, c'est sans doute deux
médecins qui se sont présentés, une interniste
roumaine et un autre, dermatologue, qui, lui, était d'origine égyptienne. Et,
lorsque l'on regarde leurs parcours, c'est
absolument désolant. Les deux ont suivi au Québec les mêmes... en fait, ont
répondu aux mêmes examens que les étudiants québécois. Ils ont performé
avec des résultats absolument incroyables. Il y a eu un premier stage, dans les
deux cas, dans des hôpitaux, où les hôpitaux, par la suite, écrivaient des
lettres de recommandation comme quoi ils souhaitaient
les avoir parmi leur personnel. Et malheureusement, ensuite, c'est la fameuse
place en résidence ou en stage qui bloquait tout. Donc, ce sont des
situations qui sont extrêmement déchirantes.
Dans
le cas de la dame, elle est retournée pratiquer en Europe, et, dans le cas du
dermatologue d'origine égyptienne, il
évalue la possibilité d'aller sur le côté de l'Ontario parce que, là où le bât
blesse, c'est l'exemple ontarien. À quelques kilomètres de ma circonscription se retrouve la frontière ontarienne, et
les mêmes qualifications pour ce médecin seraient reconnues du côté
ontarien. Donc, on a des ordres professionnels qui semblent avoir une ouverture
nettement plus intéressante du côté ontarien. Mais, encore une fois, le
résultat, c'est qu'on se prive de talents réels.
Donc, il voulait...
lui, il avait choisi le Québec pour sa spécificité francophone. Ses deux filles
étudient à la polyvalente de ma circonscription. Donc, on est en présence d'un
père qui est extrêmement déchiré. Mais ce qui est ahurissant, c'est de dire : Cette formation, elle est reconnue à
quelques kilomètres, et on le prive de cette possibilité de travailler, et
surtout lorsqu'on sait le manque ou le besoin que nous avons en médecins,
autant spécialistes que généralistes. C'est
complètement ahurissant. Donc, oui, un projet de loi piloté par sa collègue, mais malheureusement ce projet
de loi là n'aura pas de pouvoir de contrainte réel sur les ordres professionnels, qui se doivent d'être disciplinés en la
matière.
Donc, quel est le
rôle de la ministre dans cette éducation auprès de ses collègues afin qu'on
puisse avoir des ordres professionnels nettement plus conscients de l'impact désastreux qu'ils ont
sur la vie de bon nombre de personnes qui ne demandent qu'à travailler
et à faire profiter la société québécoise de leur présence?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre : Ce que vous décrivez, je pense qu'on l'a tous
entendu, chacun et chacune d'entre nous, dans nos circonscriptions. Des exemples concrets, nous en avons plusieurs. Nous avons fait des
représentations, nous continuons d'en
faire. Ma collègue la ministre de la
Justice, qui est responsable des ordres professionnels, fait des
représentations auprès des ordres professionnels. Mais, à un moment donné, je
pense qu'il va falloir qu'on se dise que...
C'est
parce que les ordres professionnels ont le devoir de protéger le public. Leur
devoir, les ordres professionnels, ce
n'est pas de se protéger eux-mêmes. Et on dirait qu'à un moment donné il y a un
mélange, là, on ne comprend pas trop le rôle qu'on a. Protéger le
public, oui, en n'acceptant pas n'importe qui dans l'ordre professionnel, mais,
lorsque la personne est bardée de diplômes, qu'elle est capable de pratiquer sa
profession, il y a juste un mot : c'est scandaleux. Nous allons accentuer les pressions — d'ailleurs, vous allez nous aider à le
faire — sur les
ordres professionnels pour que ces
situations-là, on n'en retrouve plus parce que c'est inacceptable. On ne peut
pas dire : On ouvre nos portes, on ouvre les bras, venez chez nous,
puis, rendus chez nous, bien, après ça, le choix qu'ils ont, c'est d'aller
travailler dans d'autres provinces. En Ontario, on les accepte mieux.
J'ai
le cas encore... je la vois encore dans mon bureau de comté, mon bureau de
circonscription, cette enseignante-là,
qui enseignait au primaire, puis ici, c'était impossible, il fallait qu'elle
aille chercher, je pense, deux ans encore d'étude. La madame, là, il faut qu'elle gagne sa vie, puis
elle a deux enfants, puis il faut qu'elle gagne sa vie. Alors, son
choix, il est clair : il faut qu'elle s'en aille dans une autre province.
On va devoir
peut-être avoir plus de mordant. On le reconnaît.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci. Merci, Mme la ministre. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Charette :
En fait, c'est des paroles que j'accueille favorablement, avoir plus de
mordant. Je ne doute pas de la bonne
volonté de personne ici, bien au contraire, ce soir. Pour ma part, ça fait
quoi, un petit peu moins de 10 ans que je suis à l'Assemblée nationale à travers différentes fonctions, mais ce
discours-là, je l'ai entendu de tous les titulaires et de tous les
gouvernements qui se sont succédé, peu importe la couleur politique.
Donc, ce
n'est pas un reproche, mais n'empêche que le constat est le suivant : la
situation n'a pas évolué. Et
ce qui rend un petit peu plus absurde ces
drames-là, c'est que, dans le cas de médecins — je
reviens à cet exemple, mais on peut le partager avec bien d'autres
professions — c'est
que souvent ce sont des gens qui sont allés chercher leur spécialité dans de grandes universités
européennes. Tout à l'heure, je vous parlais d'un dermatologue d'origine
égyptienne de ma circonscription, mais sa spécialité, il l'a faite dans de
grandes universités reconnues d'Europe.
Donc, il
faut, vous dites, être plus tranchant. Il faudra l'être, définitivement, parce que,
sinon, on est en parfaite contradiction
avec les promesses que nous avons faites à ces gens que nous accueillons. Il y a
même des recours qui ont été pensés à
travers la Commission des droits de
la personne, il y a
différents recours qui se multiplient, mais le résultat demeure le même.
Donc, oui,
l'exemple avec la France, c'est un beau premier pas, mais il faut voir comment
le multiplier. Il faut voir, de notre
côté, avec nos ordres professionnels, comment faire en sorte qu'on les discipline davantage,
et on réglera une grande, grande partie du problème au niveau de la difficulté
qu'ont plusieurs immigrants de se trouver un emploi digne de leurs compétences
et de leur parcours.
Tout à l'heure, vous disiez... bon, il y a eu
cette entente avec la France, mais il y a possibilité de voir aussi à des
ententes spécifiques avec des professions en particulier. Vous avez nommé les ingénieurs.
C'est un autre ordre professionnel qui est
assez capricieux au niveau de sa sélection. Mais est-ce qu'il y a d'autres
professions à travers d'autres pays
qui ont été ciblées à ce moment-ci? Est-ce qu'il y a d'autres ententes
spécifiques, que ce soit en Italie, que ce soit au Maroc, mais avec des
corps de métier ou des professions qui sont déjà identifiés?
• (20 h 50) •
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Bien, en fait, je pense que la profession d'ingénieur est la première
profession qui nous vient en tête,
mais, bien sûr, il y a évidemment les médecins. Ça, vous... peut-être vous
faire sourire, mais il y a quand même une possibilité ici. C'est à
établir, les autres professions envers lesquelles on aimerait avoir des
reconnaissances.
Mais, pour
continuer un peu à faire du pouce avec ce que vous avez dit tout à l'heure, à
un moment donné, il y a un représentant
d'un ordre professionnel qui m'a dit lors d'une rencontre qu'on a faite :
Vous savez, le marché du travail ne peut
pas absorber les gens de notre profession que nous formons ici, pourquoi on
ouvrirait les portes davantage? Mais le marché du travail, ce n'est pas aux ordres professionnels de le
déterminer ou de décider du marché du travail, c'est à nous de l'ouvrir, le marché du travail, et ça, on est
capables de le faire. Et je pense qu'il faut aussi que, je le disais tout à
l'heure et je le répète, les ordres professionnels soient conscients que, oui,
ils doivent protéger leur profession pour ne pas mettre n'importe qui dans le
trafic...
Le Président (M. Ouellette) :
Une minute.
Mme St-Pierre :
...mais, en même temps, ils doivent également protéger... il faut qu'ils
protègent le public. Et protéger le
public, ça veut dire aussi de leur offrir plus de professionnels. Dans les
ordres, on regarde les ingénieurs, les comptables, toutes les questions
de technologies, ça, c'est avec la Suisse, notamment...
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Lesage.
M. Drolet :
Merci, M. le Président, de permettre à la ministre de répondre, peut-être, ou
d'argumenter sur ce que mon collègue de Lac-Mégantic a fait comme...
Le Président (M. Ouellette) :
Sur son commentaire, de M. le député de Mégantic?
M. Drolet : Son
commentaire du bloc.
Le
Président (M. Ouellette) : Des relations Québec-États-Unis? Mme la ministre, je ne sais pas si
vous aviez...
M. Drolet :
Massachusetts, exactement. Alors, Mme la ministre, voulez-vous prendre quelques
secondes pour peut-être...
Le Président (M. Ouellette) :
Vous avez sorti un communiqué aujourd'hui, là, dans lequel j'ai un intérêt.
Mme St-Pierre :
...mes notes. Oui. Alors, ce que mon collègue a fait tout à l'heure, il a
commencé à parler de la politique
internationale que nous avons lancée il y a deux semaines maintenant. Mais ce
que je peux dire, c'est que, sur les
questions énergétiques, nous sommes bien au fait de la situation là-bas. La
question du bois d'oeuvre, évidemment, nous
multiplions les efforts. Je pense qu'on a vu la table des partenaires, tout le
monde parle d'une même voix pour faire en
sorte qu'on ait un accord avec les Américains sur la question du bois d'oeuvre.
60 000 emplois en dépendent ici, au Québec. Et j'avais tout à l'heure, d'ailleurs, encore il y a quelques
heures, une rencontre téléphonique avec mon homologue fédéral, Mme Chrystia Freeland, et il y
a une détermination, évidemment, avec le gouvernement fédéral, de parler
d'une même voix.
Sur la question des Grands Lacs, on a eu
une très bonne nouvelle cette semaine, et je l'ai mentionné un peu rapidement dans mon discours d'ouverture, mais je
pense que c'est le fruit du travail de tout le monde, du travail que
nous avons accompli ici, au Québec, avec nos partenaires américains. Notre
président siège sur le caucus, il est au comité exécutif du Caucus législatif des Grands Lacs. Une lettre a été
envoyée avec ses collègues à l'administration américaine pour réitérer l'importance de maintenir les
budgets. Il y a une lettre qui a été cosignée par moi, ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie, par mon collègue, également, ministre de l'Environnement, qui a
été envoyée au secrétaire aux
Ressources naturelles du Vermont, le Commissaire du département de la
Conservation environnementale de l'État de New York. On l'a signée
ensemble. Cette lettre était destinée au Comittee of Appropriations du Sénat américain, de la Chambre des représentants. Notre
premier ministre a eu des contacts avec ses homologues et partenaires régionaux du Michigan, du Wisconsin, de l'Indiana,
également la ministre ontarienne. Donc, on a travaillé très, très fort.
Et notre délégation générale — j'en
profite pour parler de notre délégation à Chicago — a fait un travail extraordinaire. Notre Délégation du Québec à
Chicago... un travail extraordinaire auprès de tous ses contacts. Notre
délégué, M. Marquis, a un carnet de contacts absolument incroyable et, vraiment,
il a retourné toutes les pierres.
Donc, tout ce travail-là fait en sorte qu'on a
eu cette bonne nouvelle cette semaine, il y a quelques heures à peine, que le budget est maintenu pour 2017. Il y a une proposition de
diminuer pour 2018, mais il faut vraiment maintenir la pression. Et c'est en faisant ce travail
d'équipe là qu'on peut voir que, bien, ça porte fruit, puis c'est le travail
qu'on a fait tout le monde ensemble.
La politique
internationale a été bien accueillie. J'ai ici des titres d'articles de
journaux : La nouvelle politique internationale du Québec : à la pleine mesure d'un État fédéré. Ça a été publié dans LeDroit. C'est une
opinion qui a été publiée dans LeDroit en fin de semaine, qui est
signée par M. Nelson Michaud, qui est professeur titulaire à l'École nationale d'administration publique et qui a déjà
dirigé aussi l'école. Je dirais qu'il y a aussi la fédération des
municipalités du Québec qui a commenté également notre nouvelle politique. Le
monde des affaires : Un message d'ouverture qui profitera à la communauté d'affaires. Donc, je pense qu'elle a été très, très bien accueillie, j'en suis
très fière. Je remercie tous ceux et celles qui ont travaillé à son
élaboration. La Solidarité internationale, également, a salué. On a dit : Un
engagement renouvelé pour la Solidarité
internationale. Ça a été salué
par l'AQOCI, qui est l'association québécoise de coopération
internationale.
Donc, on est
vraiment, je pense, au bon endroit avec cette nouvelle politique là. Et, vers
notre partenaire américain, nous allons accentuer notre action non
seulement en termes de visites, de missions de la part des ministres, de mes collègues députés, de vous, les députés, sur le
territoire américain, mais aussi en termes de ressources. Nous allons
donner des ressources supplémentaires à nos
équipes sur le terrain pour qu'elles puissent vraiment travailler de façon
très, très, très active sur le terrain auprès de nos partenaires et de
tous nos contacts là-bas.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci. M. le député de Jean-Lesage.
M. Drolet : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, écoutez, M. le
Président, j'aimerais aborder la question...
un sujet important à l'international, c'est la lutte contre le radicalisme
religieux.
Chers collègues, vous êtes habitués à m'entendre
parler d'entrepreneuriat et du travail ou d'organismes communautaires, mais
c'est important pour moi d'intervenir sur ce sujet. En fait, dans le cadre de
mes fonctions de vice-président de la commission politique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie,
l'APF, j'ai été amené à m'intéresser
aux questions de radicalisme menant à des actes de violence.
J'ai déposé un premier rapport en avril 2016, lors de la séance de travail de l'APF à New York, puis un second
rapport au Madagascar en juillet dernier, et à peine il y a quelques
semaines, un troisième rapport à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Pourquoi
avoir mis à l'ordre du jour des travaux de l'APF la question
de la lutte contre le radicalisme menant à la violence? Parce que les pays membres de la francophonie ont récemment
connu une vague d'attentats terroristes : Paris, Bamako, Tunis, Ottawa, Bruxelles, Nice et,
plus récemment, Québec. Certes, les pays de la francophonie ne sont pas
les seules victimes d'actes des terroristes.
En fait, la très grande majorité des attentats ont eu lieu dans des pays du
Proche et du Moyen‑Orient. Ceci étant, les délégations représentées à la commission
politique de l'APF ont décidé d'aller de l'avant et de se saisir de cette question.
Avec l'aide du personnel de la Direction des relations interparlementaires, internationales et du protocole de l'Assemblée
nationale ainsi que de mon attaché politique,
nous avons fait des recherches et
consulté les experts afin d'établir l'état des connaissances sur ces enjeux. Nous avons notamment
rencontré M. David Morin,
coordinateur de l'Observatoire sur la radicalisation et l'extrémisme violent de
l'Université de Sherbrooke, afin de cerner
les facteurs qui peuvent contribuer à la radicalisation et au passage à la violence. Nous avons bien saisi
l'extrême complexité de l'exercice
d'identification des raisons expliquant qu'une personne a été endoctrinée par
un groupe extrémiste et pas une
autre, que tel individu radicalisé a commis un acte violent et non tel autre.
Bref, ce que nous avons réalisé, c'est que nous avons encore énormément
à apprendre sur ce phénomène.
• (21 heures) •
Par
conséquent, je suis particulièrement fier de la volonté de mon gouvernement,
exprimée en janvier 2016, de collaborer
à l'organisation d'une conférence internationale portant sur la lutte contre la
radicalisation des jeunes menant à la violence et à l'extrémisme par le
biais d'Internet. Cette conférence, à laquelle je suis heureux d'avoir assisté,
s'est déroulée du 30 octobre au 1er novembre
dernier au Centre des congrès de Québec et a porté plus spécifiquement sur
le thème Internet à la radicalisation des
jeunes : prévenir, agir et vivre ensemble. D'ailleurs, M. le
Président, vous avez été là aussi
avec moi lors de cette séance. Ce projet s'inscrivait dans le cadre de la
mesure 2.18 du plan d'action
2015‑2018 du ministère des Relations internationales et
de la Francophonie visant à cerner les pratiques exemplaires mises en oeuvre à
l'international et à établir des liens avec les intervenantes et les
intervenants concernés.
Au niveau
international, cette conférence répondait à un appel du précédent secrétaire
général des Nations unies, M. Ban
Ki-moon, à coordonner les plans d'action internationaux de la lutte à la
radicalisation et à favoriser le partage des meilleures pratiques. L'événement, qui a pris forme d'une réunion d'experts
de haut niveau, a attiré plus de 500 participants issus du gouvernement,
d'organisations internationales du secteur privé, du milieu universitaire et de
la société civile de plus de 70 pays. En accueillant à la Capitale-Nationale
cette importante conférence, le gouvernement du Québec a contribué de manière significative aux efforts
internationaux visant à contrer le phénomène de la radicalisation menant
à la violence tout en mettant de l'avant
l'expertise québécoise. Mais à cette date Québec était à l'abri de ce genre
d'attentats.
Ville
sécuritaire et des plus belles au monde... Mais souvenons-nous, M. le
Président, que le 26 janvier dernier à la mosquée de Québec... Alors
nous avons... Nous aussi, nous sommes dans le paysage de cette radicalisation.
Alors, Mme la ministre, j'aimerais
maintenant vous écouter sur les retombées de cette conférence, mais aussi pour
les actions que le gouvernement du Québec va mettre en oeuvre pour
contrer cette radicalisation.
Le
Président (M. Ouellette) : Conférence qui a été très courue, Mme la ministre, à laquelle j'ai
assisté, et on vous en félicite. Je
pense qu'on n'a eu que des bons commentaires et particulièrement pour la
participation de M. Robitaille et de sa gang de jeunes qui ont
énergisé l'assistance. Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Je saisis la balle au bond pour remercier aussi tous
ceux et celles au ministère qui ont
travaillé très, très fort pour le succès de cette conférence parce que nous
étions une toute petite équipe, et le défi
était absolument énorme, et ça a été relevé de façon impeccable. Cette
conférence, vous l'avez dit, a eu beaucoup, beaucoup, de succès. On attendait quelque 200 personnes, et je
pense que le nombre de personnes a été presque de 500. Nous avons eu plusieurs aussi dizaines de
journalistes, 80, autour de 80 journalistes qui ont couvert la conférence,
donc très, très, très bien accueillie.
Nous avons
présenté en première Nord-Américaine la pièce Djihad, qui a été écrite
par un Belge, c'est une équipe belge. Et celui qui a écrit la pièce est
un policier, d'ailleurs, de formation qui aujourd'hui travaille pour faire de
la sensibilisation auprès des jeunes contre
la radicalisation menant à la violence. D'ailleurs, on était très fiers la
semaine dernière. On a eu la nouvelle que,
dans le rapport annuel de la conférence de l'UNESCO, on souligne cette
conférence-là. Mme Bokova s'est dite très impressionnée par la conférence
qu'on a eue à Québec et, dans son rapport annuel, elle souligne le grand succès
de cette conférence.
À la fin de
la conférence, on a lancé l'Appel de Québec, et ainsi on invite la
communauté internationale à agir pour combattre
et prévenir la radicalisation menant à la violence. Donc, cet Appel de
Québec, on continue de le faire circuler. Nous voulons faire en sorte que des pays s'engagent à la lutte contre la
radicalisation menant à la violence en posant des gestes concrets, et ça
a été pour nous, je pense, un moment important.
On a démontré que nous étions inquiets par
rapport à cette situation de radicalisation menant à la violence, que nous avons mis en place, au Québec en 2015, un
plan d'action. Dans ce plan d'action là, il y avait des actions qui
étaient commandées aussi au ministère des Relations internationales. C'est de
là que vient l'idée de tenir une conférence à Québec.
Il y a eu d'autres gestes qui ont été posés, entre autres l'ouverture du centre
d'aide pour lutter contre la radicalisation menant à la violence, qui
est passé à Montréal.
Donc,
différentes sections dans le plan d'action qui a été rendu en 2015. On a eu
aussi pendant la conférence des gens de haut niveau. Je pense, entre
autres, au ministre Madrane de la Belgique, qui s'est dit absolument engagé lui
aussi dans la lutte contre la radicalisation menant à la violence.
Alors, moi,
je pense que ça a été un moment important pour le Québec. Le maire Labeaume, le
maire de Québec, le maire Labeaume a
été tout à fait impressionné. On a eu aussi la visite du maire de Montréal.
Moi, je pense que ce sont des moments
qu'il faut avoir assez souvent, mais évidemment je n'ose pas dire qu'on va en refaire une autre l'an prochain parce que
c'est beaucoup d'énergie. Mais, en même temps, j'invite... je
sais qu'on n'est peut-être pas écoutés ailleurs dans le monde ici,
mais qui sait? J'invite d'autres partenaires à vraiment saisir la balle au
bond et de faire en sorte qu'on ait
ces grandes rencontres. Les gens
disent : Bon, discuter et parler, ce n'est pas comme poser des gestes.
Mais discuter et parler, c'est partager de l'expertise, partager de
l'expérience, et on sait que personne n'est à l'abri.
D'ailleurs, on l'a vu de façon très triste ici,
à Québec, au mois janvier, qui était le fruit de quelqu'un qui s'est radicalisé et qui s'en est pris à des gens de
confessionnalité musulmane. Et on était absolument... Je pense que le
Québec a montré un grand élan d'amour auprès de la communauté lors de ces
tristes événements.
Alors, merci
d'avoir posé la question, de m'avoir amenée sur ce sujet-là. C'est un sujet qui
me tient énormément à coeur. Je pense
que le fait que nous ayons une représentation à l'UNESCO, c'est un plus aussi
pour le Québec. Ça a été un gain pour
le Québec sur le plan de la diplomatie, ça me permet de le dire. Sur le plan
diplomatique, c'est un gain pour le Québec d'avoir cette représentation
à l'UNESCO. Nous avons eu des rencontres directes avec la directrice générale, Mme Bokova. J'ai eu une rencontre avec elle
quelques semaines après la conférence. Donc, on a une bonne cote, je
dirais, auprès de nos amis de l'UNESCO. Puis on va continuer à travailler ce
créneau-là parce que, malheureusement, on ne réglera pas cette situation-là
d'un coup de baguette magique.
Mais vraiment il faut se donner tous les outils
et mettre notre expertise ensemble pour lutter contre cette radicalisation menant à la violence. La
radicalisation menant à la violence touche aussi beaucoup des pays africains.
Vous avez mentionné les actes terroristes qui se sont produits. On a eu des
Québécois qui ont perdu la vie dans ces actes terroristes là. Il y a aussi
toute une question d'espoir pour les jeunes, des jeunes qui n'ont pas de
travail, à qui on ne reconnaît pas le droit
d'exister. Bien, ces jeunes-là, il y en a d'autres qui les attirent en leur
disant : Bien, voici, le bonheur, il est de ce côté-ci. Puis le bonheur, bien, il n'est
pas là, puis le... ça les amène vers... à poser des gestes violents. Il faut
être conscient de ça.
Et la
secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie en est
très consciente. On pose des gestes aussi au sein de la francophonie. On
veut que cette question-là soit débattue au sein de la francophonie.
Nous avons
déposé, lors du dernier sommet à Madagascar, une résolution, qui a été adoptée,
sur les gestes qui devaient être
posés sur la radicalisation menant à la violence. Donc, c'est très large. Il
faut dire que personne n'est à l'abri. Il
n'y a aucune démocratie qui est à l'abri de cela. Puis nous, au Québec, on a
décidé de porter notre voix non seulement ici, mais aussi à
l'international.
Le Président (M. Ouellette) :
M. le député de Jean-Lesage, il vous reste 3 min 30 s.
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais continuer là-dessus parce que, Mme la
ministre, j'ai été très impressionné,
moi, de ce sommet-là qui a eu lieu à Québec, et particulièrement sur tout ce
qui est survenu par la suite. Et...
Mais je vous avais dit, souvenez-vous, suite au sommet, que j'interviendrais
personnellement parce que moi, à tous les ans, j'ai toujours le privilège... en tout cas, du moins, je me donne la
discipline de recevoir mes organismes communautaires de tout mon comté. Et ça, c'est une pratique que
je fais parce que je crois que c'est de leur rendre hommage au travail qu'ils font sur le terrain et faire en sorte
qu'ils reconnaissent les besoins de nos gens de notre comté à tous les
niveaux.
Et après
avoir écouté cela, et après avoir écouté une madame que son fils était
radicalisé, qu'elle a dit elle-même : Écoutez, ce n'est peut-être pas personne de tous vous qui sont ici, les
scientifiques, mais peut-être, sur le terrain, soyez attentifs parce que peut-être que c'est proche de
vous que cette action-là peut arriver... Alors, j'avais pris bonne note
de cela. Et je me suis dit... Lors de la
soirée des organismes communautaires, je me suis dit : Il y a
400 personnes dans la salle,
pourquoi je n'interviendrais pas là-dessus pour dire que, cette fois-ci... Je
ne fais jamais de politique normalement, je les remercie, mon monde. Mais là, cette fois-ci, je me suis dit... Par
l'expérience que j'ai prise lors de cela et de ce que j'ai vécu aussi par les rapports que j'ai faits avec
l'APF, je me suis dit : Pourquoi je n'interviendrais pas là-dessus puis
que je ne leur dirais pas? Puis j'avais fait
venir justement le responsable des communications, ou du moins comme cela, du
centre de radicalisation de Montréal, qui
était là. Alors, j'ai pris le temps de m'adresser à mon monde en leur disant
merci, et tout ça, puis leur dire : Écoutez, je vais vous parler
d'un sujet particulier que vous n'êtes pas habitués d'entendre, la radicalisation. Mais, oui, ils avaient entendu
dans les journaux, et tout ça, mais, à Québec, là, hein, c'était loin, ce
n'était pas chez nous que ça arrive cela. Et
là j'ai pris le temps de leur dire et de dire : Écoutez, j'aimerais ça
vous en parler parce que vous
êtes sur le terrain à tous les jours, et c'est ce que j'ai entendu de cette
madame-là, qui m'a dit : Messieurs les scientifiques, mais messieurs... les gens qui sont là, écoutez,
c'est proche de nous. Alors, j'ai dit à ces gens-là ce qui en était. J'ai
dit : Soyez attentifs parce qu'à tous les jours, vous côtoyez des gens
avec certaines difficultés, et peut-être que ces gens-là auront besoin d'un clin d'oeil parce que cette
lutte-là que l'on a à faire, là, avec l'expérience que j'ai prise, je peux
vous dire que j'en suis passionné maintenant
et je trouve que c'est proche de nous, et justement, justement, c'est au mois
de novembre 2016, ce que je vous dis là, janvier 2017, ce qui est arrivé chez
nous, ici. Alors, je n'étais pas loin de mon propos, hein?
Alors, voilà pourquoi, Mme la ministre et tout
le monde, qu'on en est conscient, de l'importance de cette radicalisation-là. C'est à tous les jours, et moi,
je compare ça même au suicide parce que je me dis : Il faut être
toujours prêt à cela proche de nous, on a
toujours des fils, des fois, qui nous disent, ou des gens proches de nous...
j'en ai eu une d'ailleurs l'année
passée et qui... j'ai eu à intervenir pour justement un message qui m'avait été
dit. Alors, je pense que c'est important de reconnaître cet aspect-là de
notre société d'aujourd'hui.
Et, s'il vous
plaît, prenez-en conscience, chers collègues de l'opposition et chers
collègues, de prendre le temps, parce
que c'est un par un qu'on va y gagner, parce que c'est absolument majeur, et,
quand je parle à tous les pays de l'APF et quand je regarde ça, ça semble être insurmontable. Mais je pense
qu'il faut le faire avec chacune de nos personnes qui sont proches de
nous. Alors, merci, M. le Président.
• (21 h 10) •
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le député de Jean-Lesage. M. le député de Verchères.
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. Alors, on a fait grand cas, au cours des dernières
minutes, de l'UNESCO et du strapontin
accordé au Québec à l'UNESCO. Malgré les réinvestissements, il faut déplorer le
fait qu'il y a un poste de moins à notre représentation puis que
Mme Miville-Dechêne est pour ainsi dire laissée à elle-même à la
délégation à l'UNESCO. Et je dois dire que
le gouvernement du Canada ne nous fait pas de cadeaux, hein? La location du
local, c'est plus de 100 000 $ par année, alors il n'y a pas
de quoi pavoiser.
Très
rapidement, M. le Président, j'aimerais qu'on parle des crédits. Les crédits de
la représentation du Québec à l'étranger
sont passés de 57 millions, un peu plus de 57 millions en 2013‑2014,
à 48 millions en 2014‑2015, 47 millions en 2015‑2016, 40 millions en 2016‑2017 pour
remonter à 79 millions, près de 80 millions, en 2017‑2018. Lorsqu'on
regarde clairement les budgets de dépense, M. le Président, on parle de
42 millions en 2013‑2014, 41 en 2014‑2015, 39 en 2015‑2016, 37 en 2016‑2017
et on est à 47 en 2017‑2018.
Alors, les
chiffres sont pas mal moins spectaculaires lorsqu'on on regarde les budgets de
dépense, et pour cause puisque,
lorsqu'on regarde les budgets d'investissement, on voit qu'on est passé de
17 millions en 2013‑2017 à presque rien en 2014‑2015, même chose
2015‑2016, et encore moins 2016‑2017 à 34, près de 35 millions en 2017‑2018.
Or, ma
question, M. le Président : Est-ce que cette somme inclut le fruit de la
vente d'équipements, d'installations à l'étranger
ou c'est simplement des budgets neufs, des crédits neufs, qui sont octroyés
pour l'achat, la rénovation, l'installation au niveau de nos représentations
à l'étranger?
Le
Président (M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Je voudrais savoir à quelle page vous êtes, exactement.
Le Président
(M. Ouellette) : ...référence au cahier des crédits?
M. Bergeron :
Oui, bien sûr.
Le Président
(M. Ouellette) : Ou au budget? Parce que, normalement...
Mme St-Pierre :
Vous êtes au budget d'investissement?
Le Président (M. Ouellette) : Ne bougez pas, ne bougez pas. On va vous fournir
la référence, Mme la ministre.
M. Bergeron :
À la page 152, on voit que la différence entre les crédits et le budget de
dépense, ça nous amène à un budget d'investissement de l'ordre d'à peu
près 35 millions. Alors, ma question est fort simple : Ce
35 millions de dollars de budget d'investissement, est-ce que ce sont des
crédits neufs, et est-ce qu'ils tiennent compte du fruit des ventes
éventuellement?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Alors, vous êtes à la colonne «Budgets d'investissements», c'est ça? Vous êtes
à la colonne «Budgets d'investissements», 35 millions. Bon, ça, c'est ce
qui a été prévu pour l'achat du nouvel édifice à Paris.
M. Bergeron :
O.K., mais vous nous aviez parlé, informellement, d'un fruit de la vente.
Mme St-Pierre :
Oui.
M. Bergeron :
Alors, le fruit de la vente, est-ce qu'il sera réinvesti dans le réseau ou
est-ce qu'il ira dans le fonds consolidé du gouvernement du Québec?
Mme St-Pierre : Non, ce n'est pas le fruit de la vente, c'est...
il va y avoir la vente de la bâtisse de Pergolèse. Il va y avoir un achat, et, entre la vente et
l'achat, bien, on a prévu un certain montant d'argent. Mais vous comprenez
que c'est un peu difficile pour moi de...
M. Bergeron : C'est 35 millions, c'est 35 millions d'argent neuf pour l'achat de la bâtisse, et ça,
ça ne tient pas compte de l'argent qu'on va faire sur la vente de
l'autre édifice.
Mme St-Pierre : Par
exemple, on a ici 35 millions, si on vend la bâtisse, c'est vraiment une hypothèse, là, si on vend la bâtisse 15 millions,
bien, il va rester 20,5 millions de disponibles.
M. Bergeron :
O.K. Donc, le fruit de la vente...
Mme St-Pierre :
...c'est-à-dire de rester... c'est-à-dire ça va être moins le fruit de la
vente.
M. Bergeron : O.K. Donc, il va rester des sommes pour d'autres investissements dans le réseau? C'était l'objet de ma question.
Mme St-Pierre :
Non, pas nécessairement.
M. Bergeron :
Pas nécessairement?
Mme St-Pierre : Bien, c'est parce que c'est prévu, un
budget de 35 millions de dollars, et, s'il y a une différence
entre la vente et l'achat, bien, on a un montant de réservé, et ça se peut que
ce soit moins.
M. Bergeron :
Mais...
Mme St-Pierre :
Pouvez-vous prendre la parole?
Le Président (M. Ouellette) : Ne bougez pas, là, on pourrait peut-être
avoir une explication. Mme la ministre, vous voulez donner la parole à
qui juste avant?
(Consultation)
M. Bergeron : On
peut-u bouger, là, parce que...
Le Président
(M. Ouellette) : Ce ne sera pas long.
M. Bergeron :
C'est-u pris sur mon temps, là, cette attente-là?
Le Président (M. Ouellette) :
Pardon?
M. Bergeron :
C'est-u pris sur mon temps, ça?
Le Président (M. Ouellette) :
Ah! ça sera sur le mien.
Mme St-Pierre :
La différence...
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre : C'est sûr que, s'il y a une économie qui est
faite, elle va aller au fonds consolidé. Par exemple, vous, vous avez... vous voulez vous acheter une
nouvelle maison, puis votre nouvelle maison que vous voulez vous acheter, elle
coûte 550 000 $. Vous vendez votre maison actuelle
300 000 $, bien, il vous reste 250 000 $ à dépenser.
M. Bergeron : Je comprends,
mais cet argent-là ne restera pas dans le réseau, ça va aller au fonds
consolidé.
Mme St-Pierre :
Oui.
M. Bergeron :
O.K.
Le Président (M. Ouellette) :
Donc, est-ce que l'explication est satisfaisante, M. le député de Verchères?
M. Bergeron :
Bien, ce qui aurait satisfaisant... parce que, quand on nous a parlé de cette
vente-là, on nous disait : On va
faire une bonne affaire parce qu'on va avoir un fruit de la vente, mais je
comprends que le fruit de la vente, en bout de piste, ce n'est pas le
réseau qui va en bénéficier...
Le Président (M. Ouellette) :
Ça va au fonds.
M. Bergeron :
...c'est l'ensemble des opérations du gouvernement du Québec qui va en
bénéficier.
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
Mme
St-Pierre :
Ce n'est pas le réseau qui va en bénéficier. C'est-à-dire, on a fait Londres,
on a fait Munich, on est train de
faire Mexico. Là on va faire Paris, et tout ça se fait dans les règles,
c'est-à-dire on vend puis on achète, puis on essaie de rester dans des budgets qui sont raisonnables. Mais je ne vois
pas pourquoi on se dirait : Bien, on va absolument dépenser
35 millions plus la vente de la maison, ce qui pourrait nous amener à des
chiffres astronomiques, là.
M. Bergeron : Ce que je dis simplement, Mme la ministre, c'est que, s'il reste des sommes au terme de l'opération puis que ça reste dans le ministère,
bien, ça permet de faire des aménagements dans le reste du réseau. Alors, c'était
ce que je croyais, mais je constate que ce n'est pas le cas.
Alors, M. le Président, si vous me permettez, on
va allez voir le budget d'investissement pour la délégation à Rome. On parle de la nomination de
Mme Marianna Simeone, qui est la nouvelle déléguée, depuis le 6 mars 2017,
pour une rémunération d'à peu près 107 000 $. Et il y
avait en poste Mme Daniela Renosto qui, manifestement, demeure en poste à la délégation de Londres... de Rome,
pardon, pour une rémunération de 140 000 $ annuellement. Alors,
Mme Renosto, qui est l'ancienne
déléguée, qui reste en poste, qui est moins rémunérée que l'actuelle déléguée,
elle fait quoi maintenant à Rome?
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Mme Renosto est chargée... elle demeure... d'ailleurs, elle était déjà
embauchée avant... Lorsqu'elle a été nommée
déléguée à Rome, elle travaillait déjà au sein de la délégation à Rome. Alors,
évidemment, elle a continué à exercer
des fonctions au sein de la délégation à Rome. On va tenir une grande
conférence à Québec sur la sécurité alimentaire
l'automne prochain. Alors, on l'a chargée de ce dossier-là, et elle va
continuer à travailler au sein de la délégation.
Mme Simeone va, elle, de son côté,
développer davantage le volet économique, affaires économiques de la
délégation.
Sur la
question de la rémunération, bien, ce n'est pas moi qui négocie les
rémunérations des délégués généraux et des délégués.
Le Président (M. Ouellette) :
M. le député de Verchères.
• (21 h 20) •
M. Bergeron : Merci,
M. le Président. Pour le bureau de Dakar, vous avez défini ou du moins qualifié
le bureau de Dakar comme tête de pont
pour l'Afrique, mais ce n'est qu'un simple bureau. Si ça doit être une tête de
pont, peut-être que ça devrait
devenir éventuellement une délégation générale. Qu'est-ce qui empêche qu'on en
ait fait une délégation générale?
Mme St-Pierre :
C'est ce qui va arriver, on est d'ailleurs... je peux vous l'annoncer ce soir,
mais demain je vais confirmer que le
bureau de Dakar au Sénégal va devenir une délégation générale. On a les
possibilités budgétaires pour le faire cette année, c'était dans nos
plans. On voulait tout d'abord ouvrir un bureau pour voir comment les choses
se... comment ça allait. On a commencé
petit, à l'intérieur des budgets que nous avions, et nous allons donner à ce
bureau-là le statut de délégation. Ensuite,
on entend également ouvrir ailleurs en Afrique. On va parler du Maghreb et on
va parler également de la Côte d'Ivoire.
M. Bergeron :
Alors, M. le Président, on pourra dire que ça aura été dit à l'étude des
crédits, alors que c'était...
Le Président (M. Ouellette) :
Grâce à vous, monsieur.
M. Bergeron :
Bien, c'était prévu à un autre moment puis je pense que c'est une excellente
nouvelle. Alors, M. le Président, dans le même esprit, on a un bureau...
Pardon?
Mme St-Pierre :
Je croyais vous l'avoir dit dans notre rencontre hier.
M. Bergeron :
Bien, j'en suis très heureux. Peut-être que ça m'a échappé, mais c'est une très
bonne nouvelle. Dans le même esprit,
M. le Président, le bureau à Washington revêt une importance décuplée compte
tenu de ce qui se passe au sud de la
frontière. Est-ce qu'il est question éventuellement de transformer le bureau de
Washington en délégation générale?
Mme St-Pierre :
Le bureau de Washington demeure sous la responsabilité de la délégation
générale de New York. Il va y avoir l'ouverture d'un bureau en
Pennsylvanie, à Philadelphie. Tous les bureaux aux États-Unis vont voir une augmentation de leur personnel. Je pense que
c'était... Ça, c'est la chose à faire, c'est-à-dire. On ne commencera pas
à saupoudrer partout, on va augmenter le nombre de personnes dans les bureaux
déjà existants.
M. Bergeron :
Ce qui est également une bonne idée.
Mme St-Pierre :
De façon importante, très importante même.
M. Bergeron :
Ça, on en avait effectivement discuté dans notre rencontre, puis je vous avais
dit que j'étais tout à fait d'accord
à ce qu'on accroisse la présence du Québec aux États-Unis, mais n'est-il par
particulièrement important d'être physiquement
et formellement présent dans la capitale fédérale américaine, compte tenu de ce
qui se passe présentement?
Mme St-Pierre :
Bien, on l'est. Le bureau est très efficace. C'est une équipe qui travaille de
concert avec la délégation générale du
Québec à New York et c'est la façon dont on a organisé le travail là-bas. On a
l'intention de vraiment solidifier
notre présence et de l'augmenter, comme j'ai dit tout à l'heure. D'ailleurs, en
parlant d'Atlanta, l'Atlanta qui avait eu
un statut de délégation et qu'on avait ramené à un petit bureau va revenir dans
son statut de délégation. C'est de donner plus de ressources, 35 %
de nos réinvestissements cette année dans notre réseau international va aller
aux États-Unis.
M. Bergeron :
Alors, je comprends qu'il n'y a pas d'intention de la part du gouvernement de
raffermir la présence dans la capitale fédérale américaine...
Mme St-Pierre :
Oui, on va ajouter des ressources à Washington. Mais votre question,
c'était : Pourquoi ne pas en faire une délégation?
M. Bergeron :
Oui. Mais je comprends que ce n'est pas le cas, là. Il n'y a pas de volonté de
ce côté-là.
Par
rapport à la crise des réfugiés, là, on voit un accroissement je ne dirai pas
anormal, mais plus important de réfugiés provenant de la frontière américaine.
Quelles dispositions ont été prises pour faciliter leur accueil, faire en sorte
que cet accueil soit plus humain, pour lutter, et ça, je pense que c'est
important contre les éventuels réseaux de passeurs? Est-ce qu'on réagit à la
situation qui a cours présentement à notre frontière avec les États-Unis?
Mme St-Pierre :
Bien, en fait, c'est un dossier qui relève de ma collègue la ministre de
l'Immigration. Quand ils arrivent
ici, on connaît la situation, c'est-à-dire, à partir du moment où ils passent
la frontière, ils deviennent des réfugiés. Ma collègue est en contact
avec son homologue fédérale. Moi-même, j'ai rencontré la consule américaine sur
cette question-là pour parler de notre souci
par rapport à ces gens qui arrivaient ici en masse. Puis évidemment on suit
avec attention les mouvements de ces demandeurs d'asile puis on va s'assurer
que les services offerts à ces personnes vulnérables sont en tout temps
disponibles.
M. Bergeron : C'est bon.
Mme St-Pierre :
Hébergement d'urgence, aide financière de dernier recours, aide juridique, cours de français à temps
partiel. On est là, mais bien sûr il faut aussi être conscient que c'est une situation
qui est...
M. Bergeron : Merci
beaucoup.
Mme St-Pierre : ...qui est un peu inusitée, là, par rapport à ce qu'on a connu dans les autres années. Notre frontière est
poreuse, on le sait.
Le Président (M. Ouellette) : M.
le député de Verchères.
M. Bergeron : Merci,
M. le Président. Où est-ce qu'on en est avec le dossier de Raif Badawi?
Mme St-Pierre : On a toujours le dossier de Raif Badawi en tête. Nous
continuons de dénoncer la situation, nous continuons
d'en parler avec nos vis-à-vis à Ottawa. À chaque fois que nous avons des
rencontres diplomatiques, nous en parlons.
Le premier ministre lui-même aborde la question dans ses rencontres
bilatérales, que ce soit ici, ou que ce soit à Montréal, ou même lorsque
nous étions au sommet à Madagascar, il a eu des discussions avec des chefs
d'État sur la question de Raif Badawi, il a
même parlé directement lors du sommet à la rencontre... Lorsqu'il
y a eu le sommet des chefs d'État, il
a été question de Raif Badawi, le premier
ministre a pris la parole sur ce
dossier-là. Toutes les tribunes que nous avons, nous en parlons. Nous tentons de faire dénouer cette situation-là.
C'est une situation inacceptable, il a une femme et trois enfants. Sa femme et ses trois enfants sont
ici, au Québec. Et nous saisissons toutes les occasions pour
essayer de trouver une solution. Mais
vous savez ce qu'on nous fait comme réponse? C'est qu'il n'est pas citoyen
canadien. Bon, alors, on essaie de trouver la clé pour être capables
d'ouvrir la porte pour le faire sortir de son pays et l'amener ici.
Le Président (M. Ouellette) : M.
le député de Verchères.
M. Bergeron : Vous savez, M. le Président, que l'Arabie
saoudite est demanderesse pour joindre les rangs de l'Organisation internationale de la Francophonie.
Je me suis déjà retrouvé dans une situation analogue où je travaillais pour la libération de William Sampson, qui était
emprisonné, torturé et condamné à mort en Arabie saoudite, et l'Arabie
saoudite, à ce moment-là, était demanderesse pour adhérer à l'Union interparlementaire.
Et nous avions utilisé cette demande d'admission
à l'Union interparlementaire comme
levier pour essayer de faire pression sur l'Arabie saoudite. Alors,
j'ose espérer que l'Arabie saoudite n'aura
pas une «free ride», si vous me permettez l'expression, pour entrer à l'OIF
sans qu'on ait réglé la question de Raif Badawi.
Si vous me le
permettez, M. le Président, j'aimerais parler des groupes de travail sur... de coopération... toute la question de la coopération bilatérale. L'année dernière, on s'était
donné la peine, dans les livres de crédits, de nous fournir le détail des projets. Rien de cela cette année.
Alors, je regrette que la transparence, du côté du ministère,
ait été moindre cette année du côté de
la coopération bilatérale et je me permets de regretter également
que, si la plupart des budgets se maintiennent ou sont augmentés, il y a
eu une réduction significative du côté du Groupe de travail sur la coopération Québec-Bavière :
on est passé, en 2015, de 52 000 à 21 000 en 2016 et à 6 578
en 2017. Vous savez à quel point les relations
entre le Québec et la Bavière m'importent. Je suis un peu déçu de
cela. Et je profite de l'occasion pour dire qu'il y a également une
réduction substantielle des budgets — on parle de près de
200 000 $, si je ne m'abuse — de l'Office Québec-Amériques pour la jeunesse. Alors, je m'explique mal, alors qu'on accroît les budgets du ministère,
qu'il y ait des réductions de ces natures pour ces groupes.
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre : M. le
Président, si vous me permettez, je
passerais peut-être la parole à M. Robitaille parce que les offices vont connaître un
changement assez majeur avec des nouveaux programmes qui vont venir du SAJ, du
Secrétariat à la jeunesse, et la nouvelle politique qui a été lancée avec des
sommes supplémentaires, des programmes supplémentaires. Je pense qu'on est capables de vous rassurer là-dessus,
M. le député. Est-ce que vous me
permettez de passer la parole à M. Robitaille?
Le Président (M. Ouellette) :
Oui. Est-ce que, M. le député de Verchères, vous voulez avoir la réponse?
M. Bergeron : Oui.
Le
Président (M. Ouellette) : Bon, bien, donc, M. Robitaille, vous identifier, pour qu'on puisse
suivre, puis...
• (21 h 30) •
M. Robitaille
(Michel) : Donc, les budgets
des Offices jeunesse internationaux du Québec, qui, comme vous le savez, regroupent quatre offices : l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, créé en 1968, qui célèbre son 50e
anniversaire l'an prochain, l'Office Québec Wallonie Bruxelles pour la
jeunesse, l'Office Québec-Amériques pour la jeunesse, l'Office Québec-Monde. Nos budgets globaux vont augmenter de façon
assez importante en 2017‑2018, puisqu'on
va passer à 10 millions de dollars, alors qu'ils étaient à 8 millions en
2016‑2017, principalement dû à la création prochaine... il y aura... et puis ça a été noté lors de l'étude
des crédits avec le premier ministre, la création du programme
Québec volontaire.
Et le groupement de l'ensemble des
offices fait que les sommes consenties sont maintenant vues de façon
plus globale. Donc, au bout de la ligne,
avec effectivement, aussi, les montants qu'on a reçus pour l'Initiative
jeunesse pour la lutte contre les
changements climatiques, qui a été annoncée lors de la CDP22 à Marrakesh...
nous amène 170 000 $ par année de plus, et qui touche
l'ensemble des territoires, plus précisément, dans ce cas-là, l'Afrique
francophone subsaharienne, les Antilles.
Donc, on profite d'un accroissement de la mobilité. Nos chiffres 2016‑2017
démontrent un accroissement de la mobilité, et nous entrevoyons pour
2017‑2018 un accroissement significatif aussi.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci. M. Robitaille. M. le député de
Verchères.
M. Bergeron :
Alors, M. le Président, fort intéressant, mais on ne retrouve pas ça dans les
cahiers budgétaires. En fait, on nous
annonce plutôt une baisse de 200 000 $ pour l'Office Québec-Amérique
pour la jeunesse. Alors, je serais intéressé peut-être d'avoir davantage
d'informations, que la ministre pourra fournir à la commission. Et je n'ai pas
de réponse concernant Québec-Bavière.
La
ministre, dans les remarques préliminaires, a parlé du travail qui a été fait
par le ministère au niveau de l'AECG et du Partenariat transpacifique.
Or, lorsqu'on a posé la question, justement, concernant ce qui a été investi
pour les négociations, dans les deux cas, la
réponse fut : Pas une cent, zéro. Alors, s'il y a eu tant de travail qui a
été effectué par le ministère pour les négociations de l'AECG et du FPT,
comment se fait-il que, lorsqu'on pose la question quant à savoir qu'est-ce que ça a impliqué comme dépenses,
il n'y a pas un sou qui nous est imputé pour ces négociations, les deux?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
C'est parce que ça relève du ministère de ma collègue, Mme Anglade, ma
collègue du Développement économique et du Commerce extérieur.
M. Bergeron :
Il n'y a pas rien qui a été fait par les gens du ministère?
Mme St-Pierre :
Bien, ce qui a été fait par nous a été fait au sein du ministère par les
équipes du ministère, par nos
spécialistes du ministère, qui sont payés à même la masse salariale du
ministère. Nous, on n'a pas embauché à l'extérieur.
M. Bergeron :
O.K. Puis il n'y a pas eu de déplacement en Europe ou en Asie?
Mme St-Pierre :
Oui, il y a eu des déplacements, il y a eu plusieurs déplacements, mais...
M. Bergeron :
Mais c'est parce que c'est marqué zéro, là. Est-ce qu'on peut faire...
Mme St-Pierre :
Bien, c'est-à-dire... c'est parce que ce n'est probablement pas calculé dans la
case AECG. Mais, si vous allez voir
les déplacements que... les missions que j'ai faites dans la dernière année,
vous allez voir les missions... j'en ai fait une en janvier à Bruxelles,
mais c'était dans le cadre de l'AECG. Strasbourg, la mission à Strasbourg...
M.
Bergeron :
Oui, mais, Mme la ministre, je suis obligé de vous dire que la réponse aux
questions, là... ventilation, par mois, des
crédits alloués, ventilation des dépenses liées à la négociation, à la
signature, incluant les salaires des
négociateurs, les frais de déplacement et d'hébergement, c'est zéro pour l'AECG
puis le Partenariat transpacifique.
Mme St-Pierre :
Ah! de mon ministère à moi.
M. Bergeron :
Oui, mais, quand il y a des gens de chez nous, des Relations internationales,
qui voyagent pour ça, comment ça se fait que c'est marqué zéro?
Mme St-Pierre :
Bien, ça aurait peut-être dû être écrit... parce que, moi, quand je suis allée,
le premier ministre y est allé
également. On est allés pour l'AECG, on est allés à Strasbourg. C'est des
dépenses qui sont les dépenses de mes déplacements,
de mes missions. On ne l'a pas tagué, passez-moi l'expression, AECG, mais c'est
des dépenses qui touchent les
négociations de... La mission... Quand on fait une mission, on fait la mission
principalement. J'en ai fait principalement pour l'AECG, mais la mission comportait aussi plusieurs volets. Par
exemple, quand je suis allée à Bruxelles, en janvier, j'ai rencontré le ministre Madrane sur la
radicalisation menant à la violence. Ce n'était pas juste sur l'AECG. Quand je
suis allée à Strasbourg, principalement, on
y allait pour... au Parlement européen pour le vote. Mais j'ai fait aussi
d'autres rencontres sur d'autres volets et d'autres responsabilités que
j'ai au ministère. Mais le négociateur, M. Pierre Marc Johnson...
Et toutes les dépenses reliées à l'AECG, la négociation, tout cela, ça ne vient
pas de chez nous, ça venait du ministère du Développement économique.
M. Bergeron :
Peut-être que ça aurait été une bonne idée, Mme la ministre, de simplement,
dans le cahier des renseignements, nous
donner cette information-là plutôt que de simplement mettre bêtement zéro parce
que ça ne fait pas très crédible, lorsqu'on
dit qu'on a fait beaucoup de travail pour l'adoption de l'AECG puis pour
l'avancement du Partenariat transpacifique, de nous dire qu'il n'y a pas
une cent qui a été dépensée ni dans un cas ni dans l'autre.
Mme St-Pierre :
...de dire de vous faire faire la recherche sur ce qui a été dépensé dans la
dernière année sur l'AECG. On va aller chercher les informations au ministère
de ma collègue. Pour ce qui est de la Bavière, on me dit que votre information
n'est pas nécessairement à jour, qu'il y a une question d'appel de projets...
M. Bergeron : Bien, c'est ceux
qui nous ont été donnés.
Mme St-Pierre :
...mais que les budgets n'ont pas...
M. Bergeron : C'est ce qui nous
a été donné, Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Oui, mais là on me donne d'autres informations.
Des voix :
...
Le Président (M. Ouellette) :
Juste vous nommer, pour les besoins de l'audio, puis répondre à la question, s'il
vous plaît.
M. Bernard
(Jean-Stéphane) : Oui,
Jean-Stéphane Bernard, sous-ministre du ministère. En fait, il n'y a pas eu de diminution dans la coopération avec la Bavière.
Ce qui peut... On voit, à différents moments, les versements, mais en
fait les montants sont stables au niveau de cette coopération-là. Puis on
appuie pour... D'ici 2018, 110 000 $, en fait, a été donné, a été
octroyé pour la réalisation de 17 projets innovants entre le Québec et la
Bavière. Mais il n'y a pas eu de diminution.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le député de Verchères. Mme la ministre, pour l'AECG.
M. Bergeron : ...
Le Président (M. Ouellette) :
Oui?
M. Bergeron : M. le Président,
on voit bien 17 projets, mais ce qui est marqué à côté, c'est
6 578 $.
M. Bernard
(Jean-Stéphane) : En fait,
c'est que les versements se font à différents moments. Le 6 000 $
auquel vous référez, je l'avais tantôt, ça
avait été versé avant le mois de février. Puis après ça, au mois de mars, il y
a eu un autre montant de, je pense, 34 000 $ qui a été versé.
Donc, les versements se... Donc, le 9 078 $ que vous... dont vous mentionniez, c'est ce qui a été versé au
28 février 2017. Mais, en mars 2017, il y a 33 000 $ qui a été
versé. Puis il y a un autre montant d'un peu plus de 50 000 $,
je crois, qui va être versé prochainement. Donc, en fait, le montant total...
Le Président (M. Ouellette) :
...vous allez arriver à 110 000 $.
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
...le montant total n'a pas varié.
M. Bergeron : Pouvez-vous nous
fournir ces informations-là?
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
Oui.
M. Bergeron : Parce que ce
qu'on a sous les yeux ne traduit pas ce que vous nous dites.
M. Bernard (Jean-Stéphane) :
O.K. On va vous le fournir.
Le
Président (M. Ouellette) : Et vous ferez suivre au secrétariat ces montants-là et aussi les
dépenses du AECG, là, quand ils seront connus et récupérés pour l'année.
Merci. M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : M. le
Président, j'ai l'impression qu'on a passé la journée, vous et moi, ici, hein,
au salon bleu, hein?
Le Président (M. Ouellette) :
On est arrivés très tôt ce matin.
M. Rousselle : Oui,
effectivement. Je voudrais saluer la ministre et son équipe, côté ministériel,
mais aussi l'opposition officielle et la
deuxième opposition. Écoutez, moi, je voudrais, là... Tantôt, j'entendais
parler de la jeunesse. Moi, je sais
que le gouvernement du Québec accorde une grande importance à notre jeunesse.
Donc, la Politique québécoise de la jeunesse assigne cinq objectifs
autour de l'entrepreneuriat. Un, c'est d'encourager, justement, la culture entrepreneuriale chez les jeunes, soutenir le
démarrage d'entreprise pour les jeunes, faciliter aussi la reprise
d'entreprise, soutenir les jeunes entrepreneurs agricoles et faciliter aussi
l'accès de... aux jeunes décisionnels à préparer la relève.
Et
pour réaliser, justement, ces objectifs, le gouvernement, il faut qu'il
établisse l'apport de plusieurs partenaires.
Donc, pour y arriver, on a investi 15 millions de dollars annuellement
dans le programme Créneau carrefours jeunesse, un projet offert aux jeunes par l'entremise des
carrefours jeunesse-emploi du Québec. L'entreprise met en oeuvre des
projets concrets d'entrepreneuriat avec des
jeunes des écoles secondaires. Mais aussi, un autre, c'est le Défi
Osentreprendre, qui est assez important, qui reconnaît aussi
l'entrepreneuriat jeunesse dans toutes ses formes. Et aussi je voudrais parler de l'organisme La Tablée des chefs, une autre
belle chose qui met en oeuvre des projets pour développer l'autonomie et
la compétence, justement, culinaire chez les jeunes. Et aussi la Fondation de
l'entrepreneurship.
Moi, je voudrais vous
en venir avec, enfin, Les Offices jeunesse internationaux du Québec. Je sais
qu'il y a eu un grand rassemblement jeudi
dernier à Montréal, et puis justement ça a regroupé, je vous dirais,
18 pays vraiment très intéressants. Des gens qui venaient de
partout, là, je regarde, du Bénin, du Burundi, Cameroun, de la France, d'Haïti.
Bien
sûr qu'il y avait des jeunes du Québec
et du Canada. Sénégal, Tchad, Togo, Wallonie-Bruxelles. Écoutez, il y a des jeunes de partout, et c'est ça que je trouve intéressant, justement, c'est des jeunes qui viennent de partout... venir
parler justement d'entrepreneurship.
Et
je savais aussi que vous étiez là, et vous étiez aussi avec Mme Michaëlle
Jean, qui était là, puis je pense
que vous participiez d'ailleurs
à une table ronde là-bas. Et je voudrais juste vous citer parce que
je trouve que cette citation-là... en tout cas, je la trouve belle : «Le gouvernement
du Québec croit fermement que le développement économique du Québec, comme tout l'espace francophone, repose sur la
pleine participation des jeunes à nos sociétés. Cet événement, qui constitue une participation concrète du Québec à
la mise en oeuvre de la stratégie jeunesse et de la Stratégie économique pour la Francophonie, représente une vitrine extraordinaire
pour le savoir-faire de la jeunesse et de l'entrepreneuriat francophone. Je suis convaincue que de fructueuses
retombées ressortiront de ces journées d'échange et de réflexion», a
indiqué Mme St-Pierre. Mme St-Pierre... Mme la ministre.
Vous
étiez là. J'aimerais vous entendre, justement, parce
que, sûrement, ça doit être une
expérience extraordinaire d'avoir des
jeunes de partout. Surtout qu'il y
avait Mme Michaëlle Jean qui
était là. Ça devait sûrement être très intéressant. Donc, si vous
pouvez nous en dire quelques mots.
• (21 h 40) •
Mme St-Pierre : Merci
beaucoup. Je pense
que vous avez raison, c'était pas mal intéressant. Je me suis rendue à l'ouverture, la semaine dernière, et j'avais l'impression que j'étais avec des
gens qui étaient en train de découvrir quelque chose d'extraordinaire. Et moi aussi, je découvrais quelque
chose de fantastique, c'est-à-dire cette énergie de jeunes qui venaient
de 20 pays de la francophonie, qui étaient au nombre d'une centaine et
qui, ensemble, parlaient d'entrepreneuriat, de la jeunesse entrepreneuriale, comment devenir entrepreneur, comment faire en sorte
qu'on puisse passer à travers toutes les étapes de la création, de
l'idée à la fondation d'une entreprise.
Et
j'ai participé à deux tables, effectivement. Une table où on parlait
principalement des différents organismes au Québec qui font de l'aide à l'entrepreneuriat jeunesse. Et aussi une
autre table, c'étaient des femmes, des jeunes femmes entrepreneures qui nous parlaient de leurs défis,
de leur passion aussi d'avoir fondé leur propre entreprise, mais de
leurs défis et aussi de leurs inquiétudes. Alors, c'était assez enrichissant.
Pour
ce qui est de la soirée d'ouverture, Mme Jean a fait un discours
absolument extraordinaire, puisqu'elle a parlé de cette énergie qui se dégage dans la francophonie. On a lancé en 2014,
à Dakar, au Sénégal, une grande stratégie de la francophonie, Stratégie
économique de la francophonie. On se dit qu'on peut faire des affaires en
français, on peut faire des affaires au sein
de la francophonie. Les pays de la francophonie doivent se mettre ensemble non
seulement pour parler de la langue
française, mais aussi faire des affaires en français. Alors, on travaille
là-dessus. Et ça, c'est un geste concret qui a été posé.
Et, dans l'offre des
offices, et je vais passer la parole au directeur général des offices, dans
l'offre de stage, il y a différents types de
stages. Vous avez des stages de coopération internationale. Vous avez des
stages d'étudiants qui vont aller
perfectionner leur domaine de formation. Mais vous avez aussi un volet très,
très important sur l'entrepreneuriat. On veut développer davantage la
culture entrepreneuriale au Québec. Et on veut que les jeunes entrepreneurs
aillent chercher aussi de l'expertise ailleurs et évidemment en amener ici pour
voir ce qu'on fait ici, mais aller chercher de l'expertise ailleurs.
Ce
qui a été dit par Mme la secrétaire générale, la semaine dernière, au sujet de
la venue de ces jeunes, c'est qu'il y
a aussi des moments un petit peu difficiles parce qu'on a appris qu'il y a une
difficulté à obtenir les visas. C'est long, c'est compliqué. Il y a des jeunes qui n'ont pas pu venir, qui ont été
très déçus, qui n'ont pas pu venir parce que les visas ne sont pas
arrivés. Et je veux saluer le travail de M. Robitaille parce que les visas...
il a travaillé d'arrache-pied pour ceux... pour que ceux qui ont obtenu leur
visa obtiennent les visas et qu'ils puissent vraiment venir ici avoir cette
expérience-là. Alors, on est vraiment très heureux des résultats de cette
grande rencontre. On espère qu'on va en avoir d'autres.
Mais
je pense que cette première édition est quelque chose qui... Ils sont retournés
chez eux et, j'en suis convaincue, avec
un sentiment extraordinaire de : Oui, je peux faire quelque chose non
seulement pour moi, mais aussi pour mon pays puis pour les jeunes de mon
pays. Et c'était très beau de voir le feu dans leurs yeux. Vraiment, là, je
pense qu'on a fait la... on a changé la vie de ces jeunes-là, puis ça nous
donne le goût de continuer puis le goût de le faire encore.
Alors,
si vous permettez, M. le Président, j'aimerais ça que notre directeur général
en parle davantage parce que lui, il a passé, jour et nuit, cinq jours
avec eux. Il a travaillé plusieurs semaines et plusieurs mois avec son équipe
pour la réalisation de la grande rencontre,
mais je pense qu'il peut parler davantage des résultats, à la fin, comment les
jeunes ont témoigné. Si vous permettez.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député... Oh! pardon. Oui, oui,
je vous en prie, monsieur.
M. Robitaille (Michel) : Merci
beaucoup. Alors, effectivement, cette grande rencontre, c'était une première organisée en collaboration avec la Jeune
Chambre de commerce de Montréal, avec une forte participation francophonie, comme on l'a dit, 20 pays. Et on voyait cet événement-là
non pas comme une fin en soi, mais un point de départ pour une mise en oeuvre concrète de la Stratégie économique de la francophonie. Vous savez que
le Québec est souvent leader en francophonie, et on voulait affirmer ce rôle-là,
démontrer à ces jeunes, qui venaient des quatre coins du monde, quelle
était la culture entrepreneuriale du Québec.
Au programme, en plus des ateliers dont on a
fait mention, on les a emmenés sur le terrain pour voir des entreprises québécoises,
petites et grandes, qui, dans tous les secteurs, ont réussi. Et on a également
voulu faire des mariages entre entrepreneurs
du Québec, du Canada francophone, parce qu'il y avait aussi des
entrepreneurs du Canada francophone,
du Sud. Et nous allons poursuivre nos démarches grâce à notre mobilité. Nous
allons être au Africa Web Festival, à Abidjan, cet automne. Nous serons,
comme nous l'avons fait à Marrakech l'automne dernier, au prochain sommet de la Conférence des parties, qui se
tiendra à Bonn, avec des entreprises dans le secteur du développement durable. Et on va le faire en
duo.
Ce qui est
merveilleux dans notre relation et dans notre mobilité jeunesse, c'est qu'on
profite de nos forces, par exemple avec la France, où on a une complémentarité, une
mobilité qui est mature. Et on va aller ensemble en pays tiers.
Donc, c'est la solidarité de la
francophonie, pour nous permettre d'aller avec des Français, avec des gens du
Maghreb, du Sud, à des événements,
et ça, on va le multiplier. La ministre a parlé de cette table ronde avec des femmes
entrepreneures. Alors, il y a un prochain rendez-vous en Roumanie, un sommet pour des femmes entrepreneures en francophonie.
Et nous allons mettre sur pied avec nos partenaires... Parce qu'il faut
dire que Les Offices jeunesse internationaux du Québec travaillent avec des
partenaires solides : l'Office franco-québécois pour la jeunesse à Paris,
le Bureau international jeunesse à Bruxelles et des partenaires mexicains.
Donc, nous travaillons ensemble et nous faisons
front commun pour constituer des cohortes de jeunes entrepreneurs, dans ce cas-là, pour participer à de grands événements
et toujours situer le Québec comme leader dans
ces mouvements-là. Et il y a même eu, au
terme... Et je vous invite tous à aller sur YouTube. On a déposé aujourd'hui la vidéo, elle ne fait que quatre minutes, qui
donne les témoignages de ces jeunes-là, qui disent ce que ça a fait. Il y a
même eu des signatures de contrats qui ont été faites en fin de séjour,
donc très positif. Et encore une fois le Québec s'est distingué par son
leadership dans ce secteur-là.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Je vous remercie, M. Robitaille. M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : J'avais parlé justement que vous avez promené un
peu partout... parce que je regarde, justement, comme je vous disais tantôt, des jeunes qui viennent de 18 pays
différents. Mais je remarque aussi que les entreprises, elles ont des formations tellement différentes et
variées. Comme je vois quelqu'un du Bénin... agroalimentaire du Bénin.
Par contre, je vais voir, à un moment donné, sérigraphie qui vient du Québec.
D'autres, ça va être la métallurgie. Donc, est-ce que vous allez dans des
entreprises québécoises? Est-ce que vous avez fait des choses comme ça ou c'est
un échange qui se fait, justement, sur place? Ou ça n'a aucun rapport? C'est
qu'on parle vraiment d'entreprises...
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. Robitaille.
M. Robitaille
(Michel) : Oui. Alors, non,
ça a effectivement un rapport. Comme je l'ai dit, il y avait une journée
entière consacrée à des visites terrain pour justement aller voir les
entreprises qui sont en développement durable, en numérique. L'agroalimentaire,
effectivement, est important. Et le développement durable, lutte aux
changements climatiques était au coeur aussi
de nos discussions. Donc, tout ça, c'est très, très concret. Il y a eu des
ateliers où des experts venaient, par
exemple, montrer comment bâtir son entreprise, comment capitaliser sur des
échecs, parce que ça aussi, c'est important en entreprise, et ensuite
aller sur le terrain. Et c'est ce qu'on fera, comme je vous le disais, à
travers les futures missions qu'on va organiser pour aller voir ce qui se passe
dans le Sud, en Afrique, en Europe et en Asie.
D'ailleurs,
la mobilité jeunesse, en 2016‑2017, il y a 4 200 jeunes Québécois qui sont allés
dans 88 pays. Et on note cette année une augmentation sur l'Asie,
avec la Chine, augmentation en Afrique significative, et ça se passe donc au Sénégal et dans d'autres pays. Donc, je
pense que notre présence en Afrique, avec la délégation qui s'est
ouverte et qui deviendra délégation générale, va nous permettre d'accroître
cette présence-là, qui est très importante, puisque, quand on regarde le développement qui se fait actuellement en Afrique, il y a
des opportunités extraordinaires, et nos jeunes entrepreneurs peuvent être
là pour en profiter.
• (21 h 50) •
Le
Président
(M. Bergeron) :
Merci, M. Robitaille. M. le député de Vimont.
M. Rousselle : ...minutes, à
peu près?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Il vous reste trois minutes, M. le député.
M.
Rousselle : O.K. Bien,
je voulais vous parler un petit peu d'Haïti.
Donc, on va passer rapidement...
Écoutez, comme... certains le savent ici que
j'ai travaillé de 2005 à 2006 en
Haïti pour les Nations unies... et des policiers, justement, canadiens,
dont certains étaient Québécois. Nous avons bâti une école là-bas parce qu'on
parle de jeunesse. Bien, on a réalisé qu'en Haïti justement, pour aller à
l'école, bien, ça te prenait de l'argent. Donc, grâce à des policiers... Actuellement, il y a 125 étudiants qui
étudient encore grâce au travail de policiers canadiens. Et je voulais le
souligner parce qu'actuellement il y a des pompiers de Montréal qui ont été
faire des agrandissements à cette école. Et maintenant, il y a même un métier qu'ils vont même pouvoir
apprendre, la couture, là-bas. Et ça, c'est grâce justement à des... avec
des gens, là, qui
proviennent du Québec, qui proviennent du Canada puis qui vont faire des belles
choses là-bas. Et, je sais, nous, on
a une belle relation avec Haïti parce que... D'ailleurs, juste dans ma
circonscription, à Vimont, j'ai beaucoup de gens qui proviennent justement de ce beau pays, parce que
moi, je l'ai... C'est sûr, tu vas en Haïti une fois, je pense que c'est
pour la vie, tu l'aimes vraiment, ce pays-là.
J'aimerais
rapidement... parce que vous n'aurez pas beaucoup de temps à m'accorder
là-dessus, mais je voudrais voir un
petit peu les actions qu'on a avec Solidarité internationale en Haïti, voir
qu'est-ce qu'on fait actuellement là-bas.
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre, 1 min 30 s.
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Merci, M. le député. Vous avez raison de dire que c'est
un beau pays. C'est un pays
magnifique, et on a vraiment... C'est un pays prioritaire pour nous. Quelques
statistiques. En 2016‑2017, dans le
cadre du Programme québécois de développement international, ce qu'on appelle
le PQDI, on soutient 10 projets de développement en Haïti, qui totalisent 630 000 $. À la suite
de l'ouragan Matthew, en octobre dernier, on a octroyé une aide
exceptionnelle de 500 000 $ pour soutenir les interventions d'urgence
de six organismes québécois de coopération internationale,
et, de ce montant, 100 000 $ ont été accordés par le biais du volet
Aide d'urgence dans le PQDI. Dans le cadre
du programme Québec sans frontières, c'est un programme de stages qui se
fait... des appels de stages qui se font auprès de jeunes Québécois, on
a soutenu deux projets de Solidarité internationale impliquant la participation
de 18 Québécois et Québécoises pour une
valeur de 100 000 $. Et on soutient aussi 11 projets, en
culture, en éducation, en santé dans le cadre de notre coopération
bilatérale avec Haïti pour un total de 90 000 $.
Donc, c'est un pays qui a besoin de nous, bien
sûr. On a une grande population québécoise qui est d'origine haïtienne, une
importante population québécoise d'origine haïtienne. Et, sur les 88 pays
où se rendent les jeunes des offices
québécois pour la jeunesse, bien, Haïti est au quatrième rang. Alors, il y a un
intérêt aussi pour nos jeunes de se rendre en Haïti pour aller faire du
travail, là-bas, de coopération.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : Merci, M. le
Président. C'est mon dernier bloc. Le temps passe malheureusement trop vite.
Quelques petites questions, sans doute en rafale. Revenir sur la relation très
importante Québec-États-Unis. On l'a évoqué précédemment, un contexte
particulier, un nouveau président qui a des visées extrêmement protectionnistes
qui mettent à mal plusieurs acquis dans nos
relations, notamment au niveau du bois d'oeuvre. Je lisais, il y a
quelques instants à peine, un article de La Presse
canadienne qui mentionnait qu'il y a plusieurs entreprises maintenant
américaines... font pression sur leur
propre gouvernement pour exempter ces taxes supplémentaires sur le bois
d'oeuvre parce que ça vient augmenter
leurs coûts de production. Donc, ils risquent de perdre, à leur tour, des
clients, de devoir congédier aussi des employés.
Bref, le fait que des Américains ou des entreprises américaines s'invitent dans
le débat peut certainement être profitable pour nous.
J'étais curieux de savoir quelle était votre... ou
vos intentions par rapport à ce conflit probable. On sait que le Québec a adopté un régime forestier. On peut
conclure maintenant que le prix du bois est celui du marché. Donc,
quelle est votre stratégie pour éviter le
drame auquel on s'attend en termes notamment de pertes d'emplois et voir s'il
n'y a pas des alliances qui peuvent être faites avec des États
américains pour qui le bois québécois est très, très important pour leurs
propres entreprises?
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. C'est une excellente question parce que c'est un
dossier qui, évidemment, pour nous, est majeur. Le bois d'oeuvre au
Québec, ça représente 60 000 emplois. 90 % de nos exportations
de bois d'oeuvre vont vers les États-Unis.
Alors, évidemment, la semaine dernière, vous avez vu, lorsque ça a été annoncé,
la taxe... lorsque la taxe a été annoncée,
vous avez vu que nous étions tous là. C'est ma collègue, évidemment, du
ministère du Développement économique qui a
la responsabilité de ce dossier-là, mais on travaille en étroite collaboration
avec elle. Nos bureaux et nos
délégations aux États-Unis sont également très actifs sur ce dossier-là. Nous
avons annoncé des mesures pour les
entreprises québécoises via Investissement Québec. Je pense que ça, ça a été
évidemment... C'est ça, on parle de garanties
de prêts. Il va y avoir également des mesures pour permettre aux travailleurs
d'absorber le choc, s'il y en a. On ne le
souhaite pas. On souhaite un règlement. Notre négociateur,
M. Raymond Chrétien, est au dossier. Alors, on travaille très,
très fort également avec le gouvernement fédéral, les autres provinces. Les
partenaires sont là.
On était presque certains que les États-Unis
iraient avec cette taxe la semaine dernière. Ça a été corroboré. Maintenant, ce qu'il faut, c'est être capable
d'arriver à un accord. C'est ce qu'on souhaite. Mais je pense que les
travailleurs québécois, les travailleurs qui
travaillent dans le domaine, sont aussi très conscients des efforts que nous
faisons. On a été salués pour avoir été proactifs et avoir été là, au
moment de l'annonce, avec la table des partenaires.
Le Président (M. Ouellette) :
M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : M. le Président,
je comprends...
Mme St-Pierre :
...mobilisé. Vous avez vu d'ailleurs notre premier ministre, en fin de semaine,
qui était aussi avec des travailleurs dans ce dossier-là. On ne lâchera
pas le morceau, là.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je comprends qu'il y a des mesures d'aide qui sont
prévues pour les entreprises québécoises,
mais l'objet de ma question était plutôt au niveau américain, compte tenu des
relations établies avec bon nombre
d'États. Le Québec a une relation privilégiée avec plusieurs États américains,
notamment de la côte Est. Donc, c'était
de voir si, au niveau des gouverneurs, sénateurs, s'il y avait des démarches
particulières qui étaient entreprises, compte
tenu que, déjà en territoire américain, des entreprises américaines se
manifestent pour venir à la défense de ce bois d'oeuvre, notamment, québécois, bois d'oeuvre de qualité, mais à un prix
qui leur permet de maintenir des emplois de qualité également de leur
côté. Donc, au niveau diplomatique, est-ce qu'il y a des approches
particulières de faites également?
Mme St-Pierre :
Absolument, sur le terrain, notre bureau à Atlanta est très actif dans le
dossier. Il va y avoir, à Toronto au
mois de juin, une rencontre de l'association des gouverneurs du sud-est des
États-Unis. Le premier ministre sera présent à cette rencontre-là, qui
va se tenir à Toronto. On a fait des contacts avec nos partenaires du Vermont,
le gouverneur du Vermont, le gouverneur du
New Hampshire, d'ailleurs, qui est venu à Montréal récemment, le
gouverneur du Maine, M. LePage. Il y a eu un appel du premier ministre au gouverneur du Kentucky. Il
y a eu la mission de la vice-première ministre aussi au Kentucky. Alors, on est en contact avec
nos partenaires américains et on est aussi conscients qu'on doit vraiment, vraiment
maintenir la mobilisation. Tout ça
passe par la mobilisation, et tout le monde est très mobilisé.
Le Président
(M. Ouellette) : M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Compte tenu de cette nouvelle donne qui va nous accompagner encore pour
quelques années, est-ce que la configuration
ou la reconfiguration du réseau aux États-Unis en prend compte? Je sais qu'en
2015 il y avait eu cette décision,
notamment au niveau de Washington, de fermer le volet commercial. Est-ce
qu'aujourd'hui on songe à le rouvrir
ou c'est à travers un déploiement différent qu'on arrivera à bien défendre nos
intérêts commerciaux également sur le côté des États-Unis?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
• (22 heures) •
Mme St-Pierre :
La question est pertinente parce que le dossier du bois d'oeuvre... Il y a le
dossier également de l'accord de
libre-échange États-Unis... Canada,
États-Unis, Mexique. Comme je l'ai
dit tout à l'heure, on va augmenter nos ressources
sur le territoire américain de notre côté, le ministère des
Relations internationales. Et, pour
le volet économique, ma collègue
du ministère du Développement économique et du Commerce extérieur a annoncé, dans sa
stratégie d'exportation, des ressources également sur le territoire
américain. Donc, grosso modo, on va avoir environ, je dirais, autour de 32, 33 personnes supplémentaires sur le territoire américain très,
très, très bientôt,
35 % des ressources qu'on va déployer à travers le monde, supplémentaires,
vont aller aux États-Unis. Donc, c'est pour apporter de l'appui à nos bureaux, nos délégations là-bas. Le bureau
d'Atlanta va redevenir une délégation. On va ajouter du personnel dans
tous, tous nos bureaux. Plutôt que d'ouvrir des bureaux partout, on va ajouter
du personnel dans nos bureaux.
Le Président
(M. Ouellette) : M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : C'est gentil. Il y a quelques
jours à peine, il y a cette nouvelle politique internationale qui a
été déployée. Il y a un concept intéressant qui a pu être exploré, là, au cours de la dernière, sinon des deux
dernières années. Je ne me souviens
pas si le terme est exact, celui de «diplomatie territoriale», c'est-à-dire, oui, il y a tout le volet qui est fait à l'étranger qui est nécessaire,
mais également cette belle initiative de permettre à notre corps
consulaire présent au Québec de bien mesurer le potentiel économique
québécois. Donc, il
y a eu cette tournée de réalisée notamment
dans le Nord, mais également
à travers tout le potentiel du fleuve Saint-Laurent également,
donc une belle façon, je pense, de faire
connaître notre potentiel. Est-ce
qu'il y a d'autres initiatives de
cette nature-là qui sont prévues? Et, si oui, auprès de quels groupes et
pour mettre en valeur quel type de ressources, sinon de potentiel au Québec?
Le Président
(M. Ouellette) : Oui.
Mme St-Pierre : Bien, en fait, ces deux expériences-là étaient
des bancs d'essai, mais on voulait voir comment notre corps consulaire allait réagir, et ils ont réagi très bien.
Ils ont même dit à quel point ça a été profitable pour eux.
À court terme, il n'y a pas de projet sur la planche à dessin.
Cependant, autre chose aussi que nous faisons, c'est que
nos délégués lorsqu'ils viennent... nos représentants, nos délégués, lorsqu'ils viennent au Québec ou même ils
viennent... lorsqu'on les fait venir au Québec, on les envoie en
région, et ça, c'est très, très,
très bien accueilli également. Dès la
semaine prochaine, je pense,
on en a deux, celui de New
York et celle de Boston, qui vont être dans
la région de... c'est Québec... c'est la région de... ils vont être dans...
enfin, ils vont être au Québec pour... et ils rencontrent des chambres de
commerce, ils rencontrent des gens d'affaires. Et ça, c'est quelque chose qu'on veut aussi accentuer, montrer ce qu'eux peuvent leur offrir lorsqu'ils
sont sur leurs territoires, c'est-à-dire
que nos délégués aillent à la
rencontre des gens d'affaires leur dire : Voici, quand vous venez chez
nous, ce qu'on peut vous offrir.
On
a mis en place aussi à New York ce qu'on appelle un accélérateur d'entreprises.
C'est-à-dire une entreprise, une petite entreprise qui n'a pas vraiment
les moyens d'avoir toutes les ressources pour développer sa stratégie de commercialisation va avoir l'aide de la délégation
générale. Ils ont choisi des entreprises pour les aider à accélérer
leurs exportations, et ça aussi, c'est une expérience qu'on a commencé à mener
qui semble porter fruit également.
Alors,
le corps consulaire aussi vient d'être réuni ici à Québec. À chaque année, on
les réunit à Québec pour leur faire...
on passe toute la journée avec eux pour leur parler des projets que nous avons.
Il faut maintenir le contact avec le corps consulaire parce qu'on a un
corps consulaire très important.
Et c'est
important aussi de les amener à sortir de Montréal et de Québec et d'organiser
des missions comme on l'a fait
ensemble avec eux. Bien, je pense que ça leur donne aussi l'occasion de
rencontrer leurs collègues du corps consulaire, mais également, quand
c'est bien organisé, une mission bien planifiée, bien organisée, bien, c'est
concentré et c'est très profitable pour eux.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Pour le même sujet rapidement.
Donc, il n'y a pas d'autres initiatives de pareille nature parce que les idées ne
sont pas développées ou par manque de moyens ou de temps? Pourquoi ne pas
reprendre une formule qui a aussi bien réussi, là, au cours des
dernières années?
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Ce n'est pas par manque de moyens, c'est que les deux premiers sujets qui nous
sont venus à l'esprit, ça a été notre Stratégie maritime et le Plan Nord.
On est aussi dans le domaine de l'électrification des transports, ça pourrait peut-être être un domaine qu'on pourrait
explorer. Mais les deux vraiment premiers domaines qui nous sont venus en tête, ça a été ces deux grands projets parce
que, lorsqu'on les rencontre et qu'on rencontre des gens du corps
consulaire, ou des ambassadeurs, ou des
dignitaires qui viennent ici, au Québec, les deux premiers projets dont on leur parle, c'est le Plan Nord
et la Stratégie maritime, notre économie bleue. On parle aussi de notre lutte
contre les changements climatiques et l'électrification des transports. Ce sont
vraiment les trois grands thèmes qu'on développe avec eux.
L'hydroélectricité, c'est très attrayant.
Lorsqu'on parle d'hydroélectricité puis qu'on parle de nos barrages hydroélectriques, il y a de la lumière qui
s'allume — là, ce
n'est pas un mauvais jeu de mots — dans leurs yeux, et je pense que ça, c'est vraiment quelque chose qu'il faut
refaire éventuellement, d'amener... parce qu'on ne va pas tous les jours
voir, visiter un barrage, là, dans la région de la Baie-James, et de le faire
en groupe, bien, c'est rentable.
Le Président (M. Ouellette) :
M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Très certainement. Merci, M. le Président. Parce que le temps file, malheureusement,
quelques autres petites questions rapides.
Mon collègue
de Vimont a rappelé à juste titre l'importance de la coopération, et, pour nos jeunes Québécois, le monde n'a plus de frontières. Donc, il y a
un appétit réel pour tout ce qui est coopération et solidarité internationale.
Peut-être nous parler rapidement du Programme québécois de développement international. C'est un programme
qui, depuis 20 ans, a fait ses
preuves, qui est renouvelé encore une fois cette année, on le devine, avec des
orientations particulières ou on poursuit essentiellement avec les mêmes
budgets et les mêmes orientations que pour l'année passée?
Mme St-Pierre :
Bien, on travaille en étroite collaboration avec un organisme que vous
connaissez très certainement qui s'appelle
l'AQOCI, et c'est cet organisme-là... On travaille en collaboration avec
l'organisme, et c'est cet organisme
qui élabore ces orientations, et les organismes qui sont au sein de l'AQOCI,
bien, ce sont ces organismes-là qui
reçoivent l'argent que nous transférons à l'AQOCI. On ne choisit pas nous-mêmes
les projets de coopération. Il y a le programme, ce dont j'ai parlé tout
à l'heure, le PQDI, et on a le programme Québec sans frontières. Je pense que
de parler de pays de la francophonie, de
parler de pays d'Afrique subsaharienne fait partie de... c'est dans notre écran
radar. Haïti est un... vous l'avez vu tout à l'heure avec les chiffres que j'ai élaborés concernant Haïti, qu'il y a
vraiment beaucoup d'investissements
qui sont faits en Haïti.
Alors, on se concentre dans certaines régions du
globe puis on demeure sur les mêmes projets, les mêmes orientations. On veut aussi qu'il y ait
toujours la notion d'égalité entre les hommes et les
femmes qui se retrouve sous-entendue dans les projets, l'égalité entre
les hommes et les femmes, la défense des droits et libertés. Il faut toujours
que les valeurs aussi soient... viennent en appui à ces projets-là.
Le Président (M. Ouellette) : M.
le député de Deux-Montagnes, deux minutes.
M. Charette : Peut-être une dernière question rapide. Si on parle de
coopération, l'espace de choix de coopération pour le Québec, ça demeure l'espace francophone. On a évoqué rapidement
tout à l'heure la question de l'Arabie saoudite. Lors du dernier sommet, il y a
quelques mois à peine, on connaît les intentions, les souhaits de l'Arabie
saoudite de se joindre à cette organisation. C'est un pays qui n'a certainement pas le meilleur bilan en matière de respect des droits de l'homme,
qui est pourtant une valeur chère, là, pour les pays membres de la
francophonie. Quel a été le rôle du Québec dans toutes ces négociations?, parce
qu'il a fallu trancher à savoir si on
acceptait cette candidature ou pas. Je pense que le bon choix a été fait
de ne pas s'empresser à l'accepter. Mais quel a été le rôle du Québec auprès
des autres pays et gouvernements membres par rapport à cette question en
particulier?
Le Président (M. Ouellette) :
Une minute, Mme la ministre.
• (22 h 10) •
Mme St-Pierre :
Seulement?
Le
Président (M. Ouellette) : Oui. Mais non, mais là ce sera une minute là, puis M. le député de
Laval-des-Rapides va vous donner une petite minute,
1 min 30 s. En tout cas, prenez le temps de répondre, Mme la
ministre.
Mme St-Pierre :
C'est parce que, oui, ça a été un processus. Il faut comprendre comment
fonctionnent les sommets dans la
francophonie, ça fonctionne par consensus. Donc, il n'y a pas de vote. Il faut
arriver, à force de discussions, de persuasion,
de négociations de corridor, à faire avancer notre point de vue. Alors, c'est ce qui est arrivé lors du
dernier sommet, et le grand leader de cette
action-là pour faire en sorte qu'on repousse la demande de l'Arabie saoudite,
ça a été le premier ministre parce qu'on ne croyait pas que c'était
pertinent, étant donné les valeurs dont l'Organisation internationale de la
Francophonie fait la promotion. On ne croyait pas pertinent d'accueillir
l'Arabie saoudite comme membre observateur.
Alors, on a réussi à convaincre les autres partenaires de mettre en veilleuse
la demande de l'Arabie saoudite, de
faire en sorte qu'il y ait une mission qui se rende là-bas
pour parler, discuter des libertés individuelles, de l'égalité entre les hommes et les femmes, et la
question va certainement revenir lors du prochain sommet à Erevan, mais d'un point de vue... d'un point où on était à...
l'Arabie saoudite entrait comme observateur. Et le résultat qu'on a eu,
bien, le résultat qu'on a eu, c'est le fruit
du travail que notre premier ministre a fait auprès des délégations pour en arriver
à ce consensus de dire : Ce n'est pas
le moment. Il faut que cette candidature-là soit analysée davantage. Ce n'est
pas prêt. Ils ne sont pas mûrs pour entrer dans l'Organisation
internationale de la Fracophonie.
Le
Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Le dernier bloc de ces crédits 2017‑2018,
mon collègue d'à côté, le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais interpeler la ministre sur les relations
Québec-Cuba et, par la suite, Québec‑Mexique,
à défaut d'avoir un «Cuba libre» avec nous pour terminer les crédits de cette
année. Ça aurait été très agréable, mais je vais quand même essayer
d'attirer l'attention du public...
Une voix : ...
M. Polo : Effectivement. Je
vais tester les connaissances d'espagnol de la ministre, si vous permettez.
Une voix : ...
M. Polo : (S'exprime en espagnol).
Le Président (M. Ouellette) :
Vous n'aurez pas plus de café, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Non, je le sais, je
le sais, je le sais.
Le Président (M. Ouellette) :
Mon espagnol n'est pas trop bon.
M. Polo : Je lui ai dit que
c'était un plaisir de faire ces crédits avec elle ce soir en sa présence.
La raison et
le sérieux de mon propos, M. le Président, c'est que, depuis que j'ai le
privilège d'être député, l'un des
aspects de mes responsabilités qui m'ont permis de découvrir, si on peut dire,
l'étendue de l'impact qu'on a comme député
non seulement ici, à l'Assemblée nationale, comme membre du gouvernement, mais
également de faire rayonner le Québec
à l'international, c'est bien sûr les missions, le travail que fait le Québec
au niveau international depuis des années de promotion, tant au niveau
culturel, économique, social, et autres, coopératif. Ce travail-là donne des
fruits, porte des fruits pas seulement au niveau économique, mais bien sûr
également dans tous les autres aspects de notre société.
J'ai un intérêt particulier, M. le Président. Je
vais vous expliquer pourquoi. Étant fils d'immigrant, étant né également dans un pays d'Amérique du Sud, la
Colombie, ayant immigré au Québec alors que j'avais six ans, ma langue maternelle, c'est l'espagnol, mais, au-delà de
cela, j'ai toujours eu une curiosité pour l'ensemble de l'Amérique
latine. Et d'ailleurs, lorsque j'étais à
l'université, j'ai eu l'occasion de faire un échange universitaire alors que
j'étudiais aux HEC Montréal. Et puis
à l'époque, il y a presque 20 ans, j'ai décidé d'apprendre une quatrième
langue, qui est le portugais. J'ai passé
six mois au Brésil à l'époque, et donc ça m'a permis de connaître un peu plus
sur le terrain un autre géant de notre continent,
de notre hémisphère, et de mieux comprendre, justement, les réalités de ces
pays-là, qui sont très différentes des
nôtres parce que, quand vous lisez, là, les nouvelles sur le Brésil au cours
des dernières années, vous allez comprendre qu'il y a eu beaucoup
d'instabilité politique et économique, là, dans ce pays-là.
Ceci dit, tout ça, tout ce bagage-là, avant même
d'être arrivé en politique, j'avais également aidé à organiser trois missions commerciales conjointement avec le
gouvernement du Québec, notamment en Colombie. Et la première fois où j'ai eu l'occasion de partir en mission
commerciale avec le ministre de l'Économie de l'époque, c'était à
l'automne 2015, et nous avons passé 48
heures en Colombie, justement,
avec le ministre de l'Économie de
l'époque, l'ancien député de Verdun, et ça m'a permis de voir de quelle
façon, justement, tout le travail que la ministre nous a expliqué ce soir de promotion, de représentation, de tisser des liens,
de construire des liens, de développer des liens, des fois, ça part de
zéro complètement. C'était le cas pour la
Colombie où c'était la première fois depuis au-delà de 20 ans qu'un ministre du
Québec visitait ce pays-là accompagné d'une quarantaine d'entreprises du Québec.
Et l'autre expérience qui a beaucoup
marqué, si on peut dire, mes trois ans d'expérience comme député sur le
volet international, c'est l'automne dernier
ou, enfin, à la fin de l'été dernier, lorsque j'ai eu le privilège
d'accompagner le premier ministre et
la ministre des Relations internationales lors d'une première mission
gouvernementale, parce que c'est comme ça qu'il faut les appeler lorsque
c'est le premier ministre qui dirige une mission, c'est une mission
gouvernementale, et c'était la première fois
qu'un premier ministre du Québec mettait les pieds sur le sol Cubain. Le moment
était propice, et tout ça. J'ai eu
l'occasion de le souligner le mardi soir de cette semaine-là lorsque toute la
délégation du Québec a été reçue à
l'Ambassade du Canada, à La Havane, en présence de la ministre et j'ai à ce
moment-là pu constater, et les entreprises ont constaté... les
entreprises nous ont remerciés et nous ont félicités de l'accueil qu'ils ont eu
lors de cette mission-là. Mais, dans mon mot à moi, là, lorsque j'ai eu
l'occasion de m'adresser aux participants ce soir-là, j'ai tenu à féliciter le travail de la ministre parce qu'il
faut comprendre non seulement le succès ou le résultat de cette mission-là,
mais comprendre tout le travail qui a été
fait en amont pour en arriver là. Tout un travail de diplomatie, tout un
travail de rencontres, que ce soit ici, au Québec, que ce soient des visites ou des
rencontres avec l'Ambassade de Cuba à Ottawa, avec les consuls successifs, parce
qu'il y a eu différents consuls au cours des dernières années, à Montréal
notamment, la visite... Et je vais laisser peut-être la ministre, à ce moment-là, élaborer sur comment
s'est développée cette relation-là, ce lien de confiance.
Et
pourquoi je parle de lien de confiance, M. le Président? Parce que, depuis le début de l'année, si je ne me
trompe pas, ce sont deux délégations
cubaines, deux délégations chapeautées par des officiels du gouvernement cubain qui ont visité Québec, notamment
une délégation sur le secteur de l'énergie nous a visités en plein milieu de
l'hiver, qui ont goûté, si on peut
dire, aux qualités ou, si on peut dire, à la beauté de notre hiver québécois,
aux changements climatiques, disons-le comme
ça. Et par la suite, tout récemment, il y a de cela deux ou trois semaines, une
délégation chapeautée par la vice-ministre du Transport de Cuba, qui était également
accompagnée d'un grand nombre de représentants, mais tout ce travail-là a débuté par justement un souci de la part
de la ministre de s'intéresser à ce pays-là, à cette île, à ce
peuple qui est très fier des
sacrifices qu'ils ont eu à faire au courant du dernier siècle, notamment,
et que nous avons constaté en présence du premier ministre de quelle
façon justement il était important d'aborder des nouveaux partenaires,
partenaires tant au niveau diplomatique, économique,
culturel, et autres, de les aborder avec respect, de les aborder justement
avec un soin de bâtir et de
développer une relation qui soit gagnante mutuellement, O.K., de les aborder
avec justement cette sensibilité de respecter la décision ou les décisions qui ont été
prises par le peuple cubain et d'offrir à ce moment-là notre soutien,
notre collaboration, notre accompagnement, si on peut dire, au peuple
cubain, au gouvernement cubain, aux différentes instances cubaines
dans cette nouvelle voie qu'ils sont en train d'entreprendre ou dans cette
nouvelle étape, nouveau chapitre de leur
histoire qu'ils sont en train d'écrire, les Cubains, et de les accompagner en
respectant justement leur façon de faire.
Et
donc je commencerais tout d'abord, M. le Président, si vous le permettez, en
invitant peut-être la ministre à nous expliquer
un peu comment s'est développée cette relation et où elle voit, donc sa vision, où elle voit et comment elle
voit cette relation se développer, se
consolider, en tenant pour compte qu'il y a déjà des acteurs québécois, des
entrepreneurs, des acteurs québécois qui
font des démarches pour saisir justement l'opportunité que le premier ministre
a créée suite au travail et à la
table mise par la ministre de justement démontrer cet intérêt fort de la part
du Québec à tisser des liens non seulement d'amitié, mais des liens
commerciaux avec un intérêt mutuel de développement conjoint. Merci beaucoup,
M. le Président.
• (22 h 20) •
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Merci. Merci, M. le Président. Merci, cher collègue, de me donner l'occasion de
me parler de ce dossier parce
qu'effectivement c'est un dossier que j'affectionne beaucoup. Les Québécois
affectionnent aussi beaucoup les
Cubains. Et, lorsqu'on a vu que les relations diplomatiques entre les
États-Unis et Cuba étaient rétablies sous Barack Obama, nous avons décidé de saisir l'occasion pour voir s'il était
possible de faire nous-mêmes une ouverture, une percée diplomatique.
On sait que le Canada
n'a jamais abandonné sa relation diplomatique avec Cuba. L'ambassade est là
depuis toujours. Et les Cubains savent que
le Canada n'a jamais également été en faveur de l'embargo sur ce pays. Donc, on
avait déjà quand même des bonnes cartes dans notre manche parce que la
réputation du Canada à Cuba est excellente. Les Québécois également y vont beaucoup pour les plages et le tourisme. Mais
il y a quand même, on s'est dit, des choses à faire pour nos entreprises québécoises. Et il y a de l'expertise
également que nous pouvons partager parce que, sur le plan scientifique, ils ont quand même... ils sont quand
même assez poussés sur des questions de... entre autres qui touchent la
science du cerveau. Et là-dessus on peut faire des partenariats également.
Alors, on a commencé
la relation de façon très, évidemment... petit à petit. Ça a commencé par une
première mission d'exploration où on est
allés voir s'il était possible de peut-être faire en sorte qu'on puisse aller
plus loin. On a entretenu des échanges avec l'ambassadeur de Cuba, qui
est basé à Ottawa, également le consul général, qui nous a beaucoup aidés. On a eu la visite ici, au Québec,
de l'équipe de baseball. Alors, je pense que ça, ça a été aussi un
événement qui a montré la passion que les
Québécois ont non seulement pour le baseball, mais aussi pour les Cubains. Et
la visite, je dirais, du premier
ministre, la première visite officielle d'un premier ministre du Québec en
territoire cubain, je pense, est venue comme sceller cette amitié.
Et c'est par la suite
que nous avons entrepris des démarches pour ouvrir un premier bureau. Et ce
premier bureau sera ouvert dans quelques mois. Nous avons eu, la semaine
dernière, la lettre qui confirme que les autorités cubaines nous autorisent à
ouvrir un bureau sur le territoire. Il y a des domaines où on peut échanger de
façon très concrète tout notre secteur coopératif. C'est une économie, là-bas,
qui est en transformation. Tout notre secteur coopératif les intéresse
énormément. L'Institut de tourisme et d'hôtellerie a déjà signé des accords
avec les autorités cubaines. Alors, il y a des choses
vraiment intéressantes qu'on peut faire là-bas. Et je pense que c'est... ça va
être une belle histoire qu'on va raconter.
Le Président (M. Ouellette) : Trois minutes, M. le député de Laval-des-Rapides. J'ai dit que je laisserais une minute à la ministre pour faire
ses remerciements d'usage. Ça fait qu'il vous en resterait deux.
M. Polo :
Merci, merci. Bien, effectivement, merci beaucoup, Mme la ministre. Et personnellement
j'ai eu l'occasion d'accompagner le premier ministre et la ministre
sur les 24, 48 heures qui ont passé. Mais j'ai également pu être présent avec les entrepreneurs
lorsqu'ils ont fait des visites industrielles, comme par exemple le grand
chantier industriel et le grand port en eaux
profondes de Mariel qui est en construction, qui est en développement à
l'extérieur de La Havane. On a
également pu voir de quelle façon une entreprise canadienne dans le domaine de
l'énergie non seulement s'est
établie, mais s'est grandement développée justement à Cuba, de comprendre aussi
le langage économique et les façons de faire commerciales des Cubains.
Ça a ses particularités, ça ne fonctionne pas avec les mêmes codes qu'on peut
retrouver en Amérique du Nord.
Ceci
dit, ils honorent toujours leurs engagements à ce niveau-là, et c'est d'autant
plus important justement d'avoir une
présence sur le terrain avec une présence québécoise sur le terrain parce que,
justement, dans ces pays-là, ça pourrait être le cas dans d'autres pays où on transige un peu
moins avec certains autres pays, il
faut justement avoir cette
intelligence du terrain, cette connaissance des façons de faire. Et ça ne se
limite pas uniquement à connaître la langue ou à savoir comment s'exprimer
auprès de nouveaux partenaires, mais de bien comprendre justement la dynamique
locale.
Et,
quand on parle de Cuba, et je pense que la ministre l'a mentionné dans ses propres mots, c'est un
contexte économique, un système économique
différent au nôtre et justement où les instances gouvernementales jouent un
rôle primordial. Et je pense que les
bienfaits, nous l'avons constaté, de la visite du premier ministre et de tous
les échanges que la ministre a faits
depuis maintenant plus de deux ans démontrent justement notre bonne foi et
notre intérêt important à justement accompagner nos entreprises et à
développer des liens solides avec Cuba.
Alors,
moi, je termine en félicitant la ministre d'avoir eu cette vision, d'avoir
persévéré, d'avoir travaillé avec acharnement
et de pouvoir justement aujourd'hui ouvrir encore plus grandes les portes de ce
marché qui est justement en attente et souhaite avoir des partenariats
pour justement développer cette nouvelle page de son histoire. Félicitations,
Mme la ministre!
Le Président (M. Ouellette) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Mme la
ministre, je vous garderais un petit
30 secondes pour remercier les gens qui vous accompagnent, qui ont
travaillé fort puis qui vont sûrement travailler très fort cette année.
Mme St-Pierre :
Oui. Merci, M. le Président. Je pense qu'effectivement le mot «merci» n'est pas
superflu. Je veux vraiment remercier
toute l'équipe parce que c'est une équipe extraordinaire, qui travaille sans
relâche, qui ne compte pas ses heures
et qui est là pour faire progresser le Québec et faire rayonner le Québec
davantage. Alors, je suis très fière de l'équipe. Et merci de m'avoir
accompagnée ce soir. Il est 10 h 30. On pourrait en parler encore
plus...
Une voix :
...
Mme St-Pierre :
Non? O.K.
Le Président
(M. Ouellette) : Non, non. On reviendra l'année prochaine.
Mme St-Pierre :
Alors, et merci beaucoup d'avoir si bien dirigé les travaux.
Le Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Avant mon petit laïus de
la fin, je veux en profiter pour remercier
le secrétariat de la commission. On termine 34 heures de crédits. C'est
17 % de tous les crédits qui se passent à la Commission des
institutions. Et merci au secrétaire, merci à Vicky, à Janick, à Marie-Astrid
aussi, qui font un travail extraordinaire
pour nous permettre de pouvoir être où on est aujourd'hui. Merci aux collègues.
Je veux remercier plus particulièrement
le député de Champlain et le vice-président de la commission, le député de
Verchères, qui ont fait en sorte qu'on a pu être en mesure de faire les
34 heures de crédits.
Le
temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Relations
internationales et Francophonie étant écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Adoption des crédits
Le programme 1, intitulé
Affaires internationales, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le Président
(M. Ouellette) : Sur division. Finalement, l'ensemble des crédits
budgétaires du portefeuille Relations internationales et Francophonie pour
l'exercice financier 2017‑2018 est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Documents déposés
Le Président (M. Ouellette) :
En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
La
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Bonne
soirée à tous et soyez prudents.
(Fin de la séance à 22 h 29)