(Quatorze heures deux minutes)
Le Président (M. Ouellette) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude du volet Justice des crédits budgétaires du portefeuille Justice pour
l'exercice financier 2017‑2018.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Melançon (Verdun) est remplacée par M. Huot (Vanier-Les Rivières); M. Rousselle (Vimont), par M. Giguère (Saint-Maurice); M. St-Denis
(Argenteuil), par M. Morin (Côte-du-Sud); et M. Jolin-Barrette
(Borduas), par Mme Lavallée (Repentigny).
Le
Président (M. Ouellette) : Merci. On a changé de salle, et ça paraît, on a une salle comble. Au salon
rouge, ça paraît un peu moins.
Bonjour, tout le monde. Bon début de semaine. Mme la ministre, bien, être ici
lundi... Je sais que vous êtes dans
la flotte un peu à Maniwaki, là, ça fait que... Mais, les crédits obligeant,
vous êtes à Québec cette semaine.
Justice
Discussion générale
(suite)
On va débuter
les blocs en commençant avec l'opposition officielle. Si vous permettez, Mme la
députée de Joliette, Mme la ministre
m'a demandé un tout petit mot pour les citoyens de Maniwaki, qui sera pris sur
le temps du gouvernement, là, qui n'a pas rapport avec les crédits. Mme
la ministre.
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Alors, je tiens à saluer les collègues qui se joignent
à nous en ce lundi, saluer les gens,
les représentants des organismes qui sont derrière moi. Je souhaitais prendre
un petit moment simplement pour transmettre un message aux citoyens de
la Haute-Gatineau. Aujourd'hui, on est retenus pour les crédits budgétaires, demain aussi. Mais, depuis ce matin, il y a des
bénévoles, il y a des gens de la sécurité civile, du CISSS de l'Outaouais
qui sont à pied d'oeuvre pour procéder à certaines évacuations :
évacuation du Foyer Père-Guinard, évacuation de la Cité étudiante de la Haute-Gatineau, évacuation des écoles primaires Maniwaki
Woodland et Sacré-Coeur. Simplement remercier tous ces hommes et ces femmes qui travaillent très fort, remercier les
gens de la ville de Maniwaki, de la sécurité civile et vous dire, aux citoyens : Physiquement, je
suis ici, à Québec, je suis avec mes équipes dans le cadre de mes
responsabilités ministérielles, mais je suis de tout coeur et en pensée
avec vous.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis sûre que le message a été
entendu. C'est toujours déchirant, quand on vit des choses comme ça, de
ne pas pouvoir être dans notre circonscription.
Alors, j'aimerais débuter en terminant toute la
question, là, des propos, des déclarations qui ont été tenus par M. Francoeur jeudi dernier avec quelques
dernières questions, donc, à ce sujet-là à Me Murphy. Parce que je dois vous
dire que je reviens, oui, d'une fin de
semaine dans ma circonscription, et
puis il y a énormément de questions qui se posent, bien entendu, comme on en
a discuté jeudi dernier, par rapport à ces déclarations-là.
Alors,
j'aimerais savoir, Me Murphy — qui
prend place à l'instant, bonjour — donc,
jeudi dernier, vous avez invité M. Francoeur
à vous contacter pour qu'il puisse vous transmettre les informations dont il avait fait état dans une entrevue à la radio, est-ce que
M. Francoeur vous a contactée?
Mme Murphy
(Annick) : M. Francoeur
ne m'a pas contactée. Ce que j'ai, par
ailleurs, compris, moi, la semaine
dernière, c'est que M. Francoeur devait
contacter l'UPAC. Alors, je suis donc en attente ou de M. Francoeur ou de
l'UPAC.
Mme Hivon : Donc, vous, de votre propre chef, vous ne l'avez
pas non plus contacté malgré, on peut le dire, la gravité des
allégations qu'il a fait peser sur votre organisation.
Mme Murphy
(Annick) : Oui. Mais, en
fait, je pense que mes messages étaient quand même
assez clairs à son endroit la semaine
dernière. Écoutez, pour moi, la démarche, s'il se présente à
l'UPAC, pour moi, cette démarche-là, elle est importante. Si jamais
ressort de cette rencontre-là un dossier criminel, je pense
que c'est à l'UPAC de s'occuper de cet aspect-là
de ce que M. Francoeur aurait pu apporter. Par ailleurs, si M. Francoeur
désire me contacter, ça va me faire plaisir de le rencontrer.
Vous savez, comme je l'ai dit la
semaine dernière, des enquêtes policières, ce n'est jamais
terminé. Et, si on me soumet un
dossier, il me fera plaisir de réviser l'étude du dossier si telle étude a eu
lieu. Parce que, vous savez, là, on met tout au conditionnel, puis c'est important
pour moi de le faire parce que je ne le sais pas. Ce n'est pas des informations que j'ai, alors je mets tout
au conditionnel. Si, effectivement, il y
avait eu un dossier, ce dossier
pourrait être réétudié par les procureurs, des compléments d'enquête
pourraient être demandés, et il y aurait une suite des choses. Je me suis aussi
engagée à l'annoncer publiquement, alors je ne reviens pas là-dessus. Ça sera
ça.
Mme
Hivon :
Mais, jeudi dernier, l'appel que vous avez fait... D'ailleurs, le ministre de
la Sécurité publique lui-même, la ministre
de la Justice, vous avez tous fait un
appel à M. Francoeur, à dire : S'il y a quelque chose, contactez le DPCP. On n'a
pas dit : Contactez l'UPAC, on comprend que c'est pertinent aussi. Donc,
ce que je me demande, c'est : Dans
la mesure où il ne vous a pas
contactée, pourquoi vous, vous ne prenez pas les devants et vous ne le
contactez pas pour en avoir le coeur net et savoir ce à quoi il fait
référence?
Mme Murphy
(Annick) : Bien, écoutez,
je pense que mon message a été suffisamment clair pour M. Francoeur la
semaine dernière. Je pense que les citoyens ont compris cette situation-là.
Alors, s'il faut que je le répète, je le répète, là, je pense que je ne peux pas être plus claire, si M. Francoeur
désire me parler, il a tout le loisir de le faire. Alors, dans les
circonstances, je ne vois pas qu'est-ce que ça changerait, là.
Mme Hivon :
Et donc vous, vous n'avez pas envie de lui parler à ce point, compte tenu de ce
qu'il a dit, pour le contacter vous-même?
Mme Murphy
(Annick) : Écoutez, j'ai envie de savoir, là... Écoutez, je ne
comprends pas le but de votre question, mais il est certain qu'après les allégations qu'on a entendues la
semaine dernière bien sûr que j'ai le goût d'avoir le résultat de ce qui a été dit, quel qu'il soit. Bien sûr,
j'ai mentionné l'urgence, j'ai mentionné ma préoccupation profonde relativement
à ce que j'ai entendu la semaine dernière. Je
n'ai pas changé d'avis aujourd'hui, c'est la même chose. Je vais voir quel est
le déroulement, est-ce que M. Francoeur
va contacter l'UPAC? J'aviserai si M. Francoeur contacte l'UPAC. S'il ne
contacte pas l'UPAC, je verrai ce que
je vais faire. Je suis bien entourée, nous allons en discuter puis nous allons
voir. Mais il est certain que je ne vais pas laisser ces propos-là sans
suite.
Mme Hivon :
Puis, pour vous, la pertinence qu'il aille à l'UPAC, c'est pour potentiellement
faire état de gestes, donc, criminels
ou d'entrave à la justice qui auraient pu être posés par des... on est tous au
conditionnel, là, inquiétez-vous pas,
on l'est tous, donc qui auraient été posés par des procureurs. Juste pour
comprendre, ce n'est pas de dire : Voici ce qui est arrivé dans mon organisation, mais c'est
plutôt pour qu'il puisse aller porter plainte par rapport à des gestes qui
auraient été posés.
• (14 h 10) •
Mme Murphy
(Annick) : Bien, exactement. S'il s'est passé ce qu'il a dit, comme je
le disais la semaine dernière, c'est
très grave, et il y a peut-être lieu, effectivement, d'y avoir une enquête. Ça ne sera pas à moi de le déterminer, ça
serait plutôt à l'UPAC. C'est la raison pour
laquelle je pense que M. Francoeur... je ne sais pas si ça vient de lui,
mais qu'il a annoncé qu'il irait voir l'UPAC. Ça, c'est une chose.
Mais,
en ce qui concerne le dossier lui-même, là, si on ne parle pas
d'actes criminels ou si on ne parle pas d'entrave ou quoi que ce soit, le dossier lui-même, ce que
je dis aussi, c'est que c'est possible que nous puissions le réexaminer, le
réétudier, redemander des compléments
d'enquête ou demander des compléments d'enquête. Tout ça est possible, nous le
faisons. Et nous pouvons le faire dans
l'hypothèse où ce dossier-là, effectivement, a existé puis qu'on l'aurait étudié. Mais, jusqu'à maintenant, mes informations ne me permettent pas de savoir
que dans mon organisation existe un tel dossier. Mais, en même
temps, j'aimerais bien me le faire dire par les autorités, vous savez, oui.
Mme
Hivon : Justement,
très rapidement, là, sur les vérifications, on se comprend que,
quand on s'est vues jeudi, ça faisait
à peine quelques heures, donc, que ces déclarations-là, explosives, avaient été
faites. Donc, juste pour qu'on se
comprenne bien, est-ce que les dossiers, par exemple, de 2012 qui n'ont
pas mené à des accusations, qui sont fermés... est-ce que ces dossiers-là sont conservés, archivés? Est-ce que c'est
possible pour vous de retourner voir ou ce n'est pas possible?
Mme Murphy
(Annick) : Non, bien, ce
n'est pas possible. Comment ça fonctionne, pour l'ensemble
des dossiers que nous étudions, que
nous recevons, les dossiers que nous refusons, si tel était le cas, sont
retournés aux corps de police. Les dossiers ne sont pas conservés chez
nous, ce sont les poursuites que nous entamons qui sont conservées.
Mme Hivon : Donc, quand vous nous dites qu'à votre connaissance ce dossier-là n'est pas au DPCP, c'est que vous n'en avez jamais
entendu parler et qu'à la lumière des vérifications, je dirais, sommaires que
vous avez faites ce dossier-là ne dit rien pour l'instant aux gens de vos
équipes.
Mme Murphy
(Annick) : De mes équipes.
Mme Hivon :
O.K.
Mme Murphy
(Annick) : C'est ça.
Mme Hivon : Parfait. Dites-moi, en vertu du Code criminel... Parce que je
comprends que M. Francoeur, dans ses
propos, dans ses déclarations, dit qu'il y aurait eu filature et écoute
électronique, donc, de deux députés libéraux. Et, en vertu du Code criminel — l'article 196, je crois — lorsqu'une personne fait l'objet d'écoute
électronique, elle doit être avisée par la suite dans les 90 jours
qu'elle a fait l'objet d'écoute électronique, ce qui veut dire qu'en théorie
ces personnes-là sont avisées, qu'il y ait
accusation ou non, là, même si le dossier est fermé. Et donc, de ce que je
comprends, c'est le Procureur
général, donc, via le DPCP, qui doit donc aviser les personnes qui ont fait
l'objet d'écoute électronique.
Est-ce
que vous pouvez nous dire si vous avez consulté le registre à cette fin pour
savoir s'il y a eu, donc, un avis d'envoyé à, donc, ces personnes-là
pour les aviser qu'elles ont fait l'objet d'écoute électronique?
Mme Murphy
(Annick) : Non, je n'ai pas fait cette démarche.
Mme Hivon :
O.K. Est-ce que ce serait possible de la faire? Parce que j'imagine que ce
serait un moyen supplémentaire pour vous de voir s'il y a une trace de ce
dossier-là, puisqu'on dit qu'il y a eu, effectivement, écoute électronique.
Mme Murphy
(Annick) : Bien, écoutez, je peux consulter tous les registres que nous
avons, mais c'est comme d'aller à la
pêche. Ce que je proposerais plutôt, c'est que M. Francoeur nous donne l'information. Je pense que c'est de cette
façon-là qu'il est mieux de procéder. Nous autorisons beaucoup
de dossiers, nous examinons beaucoup de dossiers dans une année, et ça serait beaucoup plus facile si j'avais l'information de la bouche de la personne qui prétend cette chose-là. Alors, moi, c'est les raisons pour
lesquelles j'invite M. Francoeur à me contacter ou à contacter l'UPAC et à
donner cette information-là.
Mme Hivon : Mais vous convenez avec moi, il y a une forme de
registre, là. Je ne sais pas quel genre de forme ça peut être, mais il y a une consignation, sûrement, des avis qui sont
envoyés aux personnes qui font l'objet d'écoute électronique parce que
c'est la responsabilité pas de la police, mais du DPCP.
Donc,
je veux dire, comme responsable de l'organisation, ça pourrait être d'intérêt
pour vous de voir si, effectivement, par ce
biais-là... puisque les dossiers, de ce que je comprends, de 2012, ne sont
pas archivés... de pouvoir aller consulter pour voir s'il y a une trace
en lien avec un tel dossier.
Mme Murphy
(Annick) : Écoutez,
ça pourrait être possible, mais vous comprendrez que c'est un travail de moine,
là. Alors, il faudrait mettre les gens, faire des associations, voir
tous les liens.
Mme Hivon : Mais, je veux dire, on parle de députés libéraux,
il n'y en a pas 400 000,
là. Donc, je veux dire, c'est
consigné avec des noms, on avise des personnes. Donc, j'imagine, ce n'est quand
même pas une tâche si colossale que d'aller voir le registre.
Mme Murphy
(Annick) : Ça serait une chose possible à faire.
Mme Hivon :
O.K. Est-ce que vous pouvez vous engager à aller consulter le registre?
Mme Murphy
(Annick) : Non, je ne veux
pas m'engager à ça. Ce à quoi je m'engage, c'est à répondre à une situation
bien concrète qu'on pourrait me présenter. C'est à ça que je m'engage.
Mme Hivon : Est-ce que la ministre trouve qu'il y a
un intérêt à avoir cette information-là comme responsable du dossier?
Mme Vallée : M. le
Président, dans toute cette
affaire-là, je trouve... Et j'écoutais avec beaucoup d'attention les
questions posées par notre collègue
de Joliette, je comprends qu'elle soit préoccupée. Mais, en
même temps, il faut éviter de
politiser le travail qui est fait par le DPCP. Moi, ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est que, plus de quatre jours après les allégations, plus de quatre jours après les appels à la collaboration, les équipes de Me Murphy n'aient toujours pas eu un son de cloche de la part de
M. Francoeur, de la part de celui qui a tiré l'alarme dans les médias. Et,
encore une fois, je pense que l'invitation de Me Murphy, elle est très
claire, elle est sans équivoque.
Maintenant,
on a fait des allégations avec une portée très forte, des allégations qui
portent atteinte à l'intégrité et à l'indépendance
tant du DPCP et de l'UPAC. On a été informés jeudi, pendant même l'étude des
crédits, que le principal intéressé
s'est engagé à rencontrer l'UPAC. Permettons à l'UPAC de faire son travail.
Permettons, le cas échéant, à la DPCP
et à l'institution qu'est le DPCP de faire son travail. Et ça, pour
moi, c'est extrêmement important parce que c'est vrai que les allégations sont graves. Parce que, si
d'aventure ça s'est produit, il faut intervenir. Mais, si ça ne s'est pas
produit, ne tentons pas d'insinuer qu'il y a quelque chose. Je ne sais pas ce qui a motivé M. Francoeur à procéder de cette
façon-là, mais, chose certaine, on l'invite
fortement à communiquer avec les principaux intéressés, et Me Murphy et les
équipes sont là et attendent de ses nouvelles.
Le Président
(M. Morin) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, merci. Alors, je vais passer rapidement
à un autre sujet parce qu'on s'est
dit la semaine dernière : On
peut spéculer sur les raisons pour lesquelles il y a des fuites, pourquoi, par
exemple, M. Francoeur tient ces propos-là, on ne le sait pas. Beaucoup disent que le facteur
temps fait en sorte, que ce soit à l'intérieur de l'UPAC, des corps policiers
ou au DPCP, des fois, ça peut créer des frustrations.
Je voudrais
vous amener sur un dossier où le facteur temps semble en avoir créé, c'est
celui, donc, du reportage d'Enquête
concernant la SIQ. Je crois que c'est l'enquête Justesse. Et, dans ce
reportage-là, justement, on a un lieutenant enquêteur de l'UPAC à la retraite qui est venu dire que la raison pour
laquelle il parlait à la caméra, c'était, donc, pour rendre hommage, en quelque sorte, aux équipes
d'enquêteurs avec lesquelles il avait travaillé, qui s'étaient données corps
et âme dans une enquête excessivement
complexe. Donc, on se souvient, ça a été présenté comme le cas potentiellement
de plus grande fraude impliquant l'État,
donc un organisme de l'État, et cet enquêteur-là est allé, donc, jusqu'à parler
par rapport à sa frustration.
Parce qu'on a
appris récemment que la procureure qui était en charge, donc, au DPCP de cette
enquête-là avait quitté ses fonctions, est-ce que vous pouvez nous
confirmer ça?
Le Président (M. Morin) :
Oui, Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Oui. La procureure qui était en charge du dossier à
l'origine a quitté ses fonctions, mais le dossier appartient maintenant
à l'équipe de la grande criminalité et est géré par plusieurs procureurs.
• (14 h 20) •
Mme Hivon : O.K. Donc, la procureure qui était au dossier a
quitté, et puis là ça a été — c'est des choses qui arrivent, là — transféré, donc, à une équipe de procureurs
de la grande criminalité. Mais ce qu'on entendait, c'est que, donc, on devait recommencer parce que... bien,
recommencer, on se comprend, là, c'est-à-dire de nouveaux procureurs devaient se saisir du dossier.
Comment ça se
fait qu'une enquête aussi complexe que ça était entre les mains essentiellement d'une procureure? Parce que
ça nous met à risque si cette procureure quitte. Comme c'est le cas d'une
enquête aussi complexe, et on nous dit que ça a été potentiellement
la plus grande fraude de l'histoire du Québec, comment une seule procureure
pouvait s'occuper de ce dossier-là? Et
est-ce que ça ne met pas l'organisation à risque et ça ne crée pas des délais
supplémentaires dont tout le monde se plaint et qu'on pense pouvoir être
une des causes de ces fuites-là?
Le Président (M. Ouellette) :
Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Oui, M. le Président. En fait, c'était la procureure qui
menait le dossier, mais n'était pas
seule au dossier. Alors, c'était la procureure principale. Maintenant,
évidemment, elle a quitté, le dossier a été remis à la grande criminalité, mais les procureurs qui
étaient avec elle au moment, là, de l'étude sont également dans l'équipe
qui étudie ce dossier-là.
Mme Hivon :
...quand vous dites que c'est retourné dans l'équipe de la grande criminalité,
c'est qu'il n'était pas dans l'équipe de la grande criminalité quand
cette procureure-là s'en occupait?
Mme Murphy
(Annick) : C'est parce que
la grande criminalité existe simplement depuis le mois de décembre 2015.
Avant, c'était une procureure qui était dans
les équipes de criminalité organisée, mais qui n'a pas joint l'équipe de
criminalité organisée. Alors, nous
avons convenu qu'elle conservait le dossier à ce moment-là avec d'autres
procureurs autour d'elle. C'est une procureure de la région de Québec,
alors elle a donc continué.
Elle a quitté
le Directeur des poursuites
criminelles et pénales. Alors, dans
la révision que j'en ai faite avec mes collègues
chefs, nous avons décidé de remettre ce dossier-là à l'équipe de la grande
criminalité, qui se déplacera en temps et
lieu, mais qui va continuer le travail avec les procureurs qui étaient
associés, si vous voulez, au procureur qui menait le dossier à
l'origine.
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : O.K. Donc, évidemment, on avait discuté amplement, lorsque vous étiez
venue nous rencontrer, de la
restructuration des bureaux. Donc, ça nous ramène un peu à ça. Je comprends que
cette procureure-là, donc, elle avait ce
dossier-là, mais, n'étant pas associée au Bureau de la grande criminalité, elle
avait d'autres dossiers en même temps. Quand
vous nous aviez un peu expliqué comment les choses s'organisaient... donc, je
comprends que la procureure qui est responsable de ce dossier-là, elle n'était
pas affectée simplement à la grande criminalité, donc elle avait, comme
on peut dire, un «caseload» aussi à part.
Est-ce que ce n'est pas un facteur qui fait en sorte que ça prend du temps de
donner un dossier aussi complexe à une procureure qui a, par ailleurs,
d'autres dossiers à s'occuper?
Mme Murphy (Annick) : Tous les
procureurs...
Le Président (M. Ouellette) :
Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : ... — oui,
M. le Président — qu'ils
soient à la grande criminalité ou dans les régions, ont tous plus qu'un dossier à étudier. Tous les
procureurs ont des dossiers de moyenne, grande ou petite envergure à étudier.
À la grande criminalité, ils n'ont pas qu'un
seul dossier, ils en ont plusieurs. Parce qu'ils peuvent être quelques années en
étude avant de... alors ils ont tous plusieurs dossiers. Donc, ils ont tous un
«caseload». Et c'est la même chose pour les procureurs, ce qu'on appelle «en région» dans
notre jargon, et c'est la même chose pour eux. Alors, en fonction des dossiers, en fonction du nombre de dossiers qu'ils
ont, de l'ampleur des dossiers qu'ils ont, bien, leur «caseload» sera
plus ou moins grand en nombre de dossiers, si on veut. On tente d'équilibrer la
charge de travail pour l'ensemble des procureurs, et je pense que c'était le
cas dans le sien, là.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci. On va du côté du gouvernement. M. le
député d'Ungava.
M. Boucher : Alors, bonjour, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Vous allez me donner les premiers mots pour tous ceux, là — je
sais que c'est le cas dans votre comté, dans votre coin de pays — qui
sont victimes d'inondation, puis
c'est une période qui est difficile à passer. Heureusement, chez nous, on a été
épargnés de ça dans le comté d'Ungava, mais
je suis de tout coeur avec tous ceux qui sont victimes de ça et tous ceux qui
viennent en aide à ces gens-là, là, qui ne ménagent pas leurs heures à leurs
efforts pour passer ce moment difficile là qui nous amènera, j'espère, éventuellement vers un été radieux, là, qui
nous mettra tous ces souvenirs-là en arrière.
La
semaine dernière, Mme la ministre, j'avais commencé à vous parler un peu du dossier
des femmes autochtones. On avait trois, quatre minutes, puis trois, quatre
minutes, ce n'est pas assez pour parler d'un dossier comme ça. Puis je ne
veux pas répéter ce que j'avais dit parce
que je vais passer pour un vieux radoteux, puis je ne le prendrais pas parce
que je ne suis pas vieux, donc, mais je vais quand même reprendre
certains éléments, là, juste pour remettre le contexte.
Vous
savez que, chez les filles et les femmes autochtones, qui forment 4 % de
la population féminine canadienne, cette
tranche de la population là représente 16 % des femmes assassinées au
Canada, hein? C'est quatre fois plus et puis ce n'est pas rien. Et puis ça, on ne compte pas les gens qui sont
victimes, que ça soit d'agressions sexuelles, de voies de fait ou autres
formes d'agression. Donc, c'est quelque chose qui est important.
On
sait que, bon, en août 2016, le gouvernement fédéral a annoncé la mise sur pied
d'une commission d'enquête nationale
sur les femmes et les filles disparues et/ou assassinées, une commission qui va
enquêter, bon, sur les rapports entre
les femmes autochtones, sur les causes sociales, économiques, culturelles,
institutionnelles, historiques qui peuvent contribuer à perpétuer des genres de choses comme ça. Le Québec avait,
bon, apporté son entier support à cette commission d'enquête là, puis je
pense qu'on y participe activement aussi.
Malgré tout ça, le
21 octobre 2016, suite au reportage qu'il y avait eu concernant des choses
et des incidents à Val-d'Or, le gouvernement
du Québec avait décidé de créer sa propre commission d'enquête sous le thème,
bon, Écoute, réconciliation et
progrès, une enquête qui va être menée par le commissaire M. le juge Jacques
Viens, qui est un juge à la retraite
de la Cour supérieure. Puis le mandat particulier de cette commission-là va
être d'enquêter, puis de constater les faits, puis de procéder aux analyses
afin de faire des recommandations quant à des actions concrètes, efficaces,
durables à mettre en place par le
gouvernement du Québec et les autorités autochtones en vue de prévenir et éliminer
autant que possible, quelle qu'en
soit l'origine, la cause de toute forme de violence et de pratiques
discriminatoires, de traitement différent dans les prestations de
services aux autochtones du Québec, que ça soit les services policiers, les
services correctionnels, les services de
justice, les services de santé et services sociaux ainsi que les services de
protection de la jeunesse. L'enquête
va porter sur les 15 dernières années, puis le rapport est attendu, bon,
quelque part aux alentours du 30 novembre 2018 au plus tard. Mais
on verra à ce moment-là.
Malgré
tout ça, bon, le gouvernement n'a pas dit : Attendons le 30 novembre
2018, puis on verra après. On s'est mis
en action, et puis il y a des sommes qui ont été déployées et engagées par le
ministère de la Justice en 2016‑2017 pour prévenir puis lutter contre
ces formes de violence là dans les communautés autochtones.
En 2016‑2017, le
ministère a financé des initiatives, entre autres, visant à lutter contre les
violences sexuelles dans les communautés
pour un montant de 448 530 $ et également financé, par l'entreprise
du Programme de subvention pour
favoriser la recherche, l'information, la sensibilisation et la formation en
matière d'aide aux victimes d'actes criminels, cinq projets spécifiques
pour un montant de 167 190 $.
Entre
autres, bien, il y avait le CAVAC de Lanaudière où on a octroyé
40 000 $ pour une pièce de théâtre comme un outil de sensibilisation. Il y avait le
Regroupement Mamit Innuat, un montant de 7 500 $ pour connaître les
droits et mieux se défendre. Il y avait le Regroupement des centres
d'amitié autochtones du Québec, où, dans un programme appelé Victimes à nos droits, un montant de 50 000 $. La
Société Makivik, qui a produit des vidéos informatives sur le processus judiciaire et les services d'aide et de
support disponibles pour les personnes inuites victimes d'actes criminels
avec un montant de 40 210 $. Puis
le Comité de justice sociale d'Opitciwan, bon, pour une semaine de
sensibilisation et de prévention sur la violence familiale et conjugale,
un colloque sur la violence familiale qui s'est passé, bon, dans la communauté
d'Obedjiwan, avec un montant de 29 475 $.
Alors,
j'aimerais, Mme la ministre, dans un premier temps, que vous me parliez un peu
de ces initiatives-là. Et puis, dans
un deuxième temps, bon, il y a une enquête au fédéral, il y a une enquête au
provincial, est-ce qu'on est en train de dédoubler ce que le fédéral fait, là? Que vous m'établissiez un peu la
différence puis la complémentarité, si jamais c'est le cas, entre ces
deux enquêtes-là.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
• (14 h 30) •
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, je remercie notre collègue de s'intéresser à la
question parce que tous les enjeux
qui entourent les femmes autochtones ont mobilisé beaucoup l'attention
publique, je dirais, l'automne
dernier, à l'automne 2016. Et puis on dirait que ce n'est plus dans les
médias, c'est comme si ce n'était pas présent, alors qu'au contraire ce sont des enjeux extrêmement importants. Nos relations avec les communautés autochtones sont des
enjeux d'importance, et les statistiques que notre collègue a mises
de l'avant d'entrée de jeu, ce sont des statistiques qui nous frappent
de plein fouet quant à la violence que subissent ces femmes-là dans leur
quotidien.
Et, dans ce contexte-là, on a fait
deux choses. En août dernier, on a adopté un décret miroir pour permettre à la commission d'enquête créée par le gouvernement fédéral de pouvoir avoir les pleins pouvoirs lorsqu'elle se penche sur
des enjeux de juridiction québécoise
qui relèvent de la compétence du Québec : éducation, santé, justice. Alors, ce qui a été
fait, c'est que le Conseil des ministres a adopté un décret pour permettre aux commissaires qui
avaient été nommés par le gouvernement
fédéral de pouvoir poser les
questions nécessaires pour permettre vraiment d'avoir une enquête globale qui était complète. Parce qu'il y a quand même
eu beaucoup d'efforts, il y a eu beaucoup
de mobilisation dans le cadre de
l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones. C'est une enquête
qui porte sur les femmes et les filles autochtones
disparues ou assassinées. Et on n'en parle pas beaucoup, mais il y en a,
des femmes autochtones disparues ou
assassinées au Québec. Elles sont là, elles sont présentes, et, bien
souvent, ce sont des citoyennes de nos circonscriptions.
Chez
moi, en Haute-Gatineau, on est toujours à la recherche de Shannon et de Maisy, deux
jeunes filles qui sont disparues depuis
bientôt neuf ans, deux adolescentes parties sans laisser de traces du jour au lendemain. Il n'y a personne qui
est insensible à la douleur des familles et à l'angoisse aussi que vivent ces
gens-là, et qu'est-ce qui fait que
tant de jeunes filles, tant de femmes autochtones sont victimes de
violence, sont assassinées ou disparaissent sans laisser de traces? Alors, il y a une enquête nationale, une
enquête fédérale qui a été créée.
Alors, on va participer, parce que pour nous c'est important, c'est important
d'avoir réponse à ces questions-là.
Mais,
en parallèle, on ne peut pas non plus être insensible aux signaux qui nous ont
été lancés dans la foulée du dossier
de Val-d'Or. Ils ont été plusieurs, des femmes, mais
aussi des hommes, des autochtones, des non-autochtones, à lancer le message qu'il y avait un grand besoin
de réconciliation, un grand besoin aussi de comprendre les relations qui
existent entre les autochtones et les non-autochtones.
J'en
profite pour souligner l'intervention
de notre ex-collègue Pierre Corbeil, maire de Val-d'Or, qui a milité pour qu'on puisse mieux
comprendre ces relations-là. Puis il faut vivre, il faut cohabiter de près avec
les communautés autochtones pour constater à
quel point il existe parfois des enjeux, une méconnaissance, des mythes qui
amènent parfois des comportements
différents. Ça, je l'ai vécu, vu que j'ai été 20 ans en
Haute-Gatineau, 20 ans à Maniwaki. Pendant des années, j'ai pratiqué... 12 ans à pratiquer et à représenter des
gens de Kitigan Zibi, représenter des gens du Lac-Barrière, et c'est
vrai qu'on ne les connaît pas bien, puis on gagne à se connaître.
Donc, dans ce
contexte-là, le gouvernement a aussi initié la Commission d'enquête sur les
relations entre les autochtones et certains
services publics au Québec. Donc, l'objectif — et ça s'intitule Écoute, réconciliation et
progrès — bien,
vise justement à comprendre, à renouer ou tisser de vrais liens et à avancer
positivement.
Donc, dans le cadre
de ces deux commissions d'enquête là, il y a eu des représentations aussi
faites par la procureure générale. Donc,
nous avons fait des représentations pour agir tant dans l'enquête nationale,
pour représenter les intérêts du Québec et être présents et pour,
également, obtenir un statut de participant dans le cadre de la grande
commission d'enquête nationale.
Il
y a beaucoup à faire, on a beaucoup à comprendre, et c'est ce qui a mené à
mettre sur pied... et à participer de façon
très, très proactive dans le cadre des deux commissions d'enquête. Il y a
beaucoup à faire. Puis, entre-temps — puis vous l'avez souligné — on ne reste pas inactifs, beaucoup de
travail qui se fait en étroite collaboration avec le Secrétariat aux affaires autochtones, une collaboration entre
le ministère de la Justice et le Secrétariat aux affaires autochtones pour
aussi être présents. Les projets auxquels
notre collègue a fait mention, M. le Président, sont des projets qui
s'inscrivent dans le cadre de l'appel
à projets du Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels. Alors, un grand appel
à projets, et il y a des projets
ciblés dans certaines communautés qui ont été présentés et qui ont été retenus
par le comité d'évaluation, donc, pour
sensibiliser les gens des communautés, sensibiliser aussi au besoin de parler.
Il y a beaucoup, beaucoup de silence qui entoure ces violences-là. Ça,
c'est ce qui ressort des échanges.
Et
on finance aussi les CAVAC, les centres d'aide aux victimes d'actes criminels,
qui sont présents, notamment dans la circonscription d'Ungava, et qui
viennent en aide aux victimes d'actes criminels sur le territoire.
En
plus de tout ça, on a aussi... ça a été financé à travers les budgets du
ministère de la Sécurité publique, mais le gouvernement a soutenu le financement d'une ligne téléphonique qui
est administrée par les services parajudiciaires autochtones pour
permettre aux femmes autochtones qui ont été l'objet de certaines violences,
que ce soient des violences sexuelles, que
ce soient des violences physiques, toute forme de violence, de communiquer avec
une personne afin d'être accompagnées au besoin dans le processus de
plainte pour vraiment établir ce lien de confiance là.
Parce
qu'on comprend que, pour toutes sortes de raisons, fondées ou non, le lien de
confiance n'est pas toujours évident.
Ce n'est pas facile pour une femme de dénoncer des agressions sexuelles. C'est
encore plus difficile pour une femme autochtone de les dénoncer, surtout
à des corps de police qui sont blancs. Il y a plusieurs raisons qui sont
sous-jacentes à ça. Alors, on tente d'assurer un suivi auprès de ces femmes-là.
Donc,
le financement avait été accordé pour la dernière année financière, il a été
reconduit cette année — alors, ça m'a été
confirmé — pour la
ligne téléphonique pour poursuivre l'accompagnement des femmes, puis on sent
que, dans le cadre des travaux des commissions d'enquête, il est
possible que ce besoin d'accompagnement soit présent.
Et
puis, dans la foulée de Val-d'Or, bien, évidemment, les gens du CAVAC étaient
présents, les gens de l'IVAC étaient
présents aussi. Alors, il y a eu une mobilisation de la part des équipes du
ministère de la Justice — et, d'ailleurs, je les
remercie — qui ont
été là, sur les lieux, pour soutenir les femmes à travers les problématiques.
Et on poursuit cette collaboration-là,
comme je le mentionnais, avec le Secrétariat aux affaires autochtones, on
soutient un certain nombre de projets, des projets au sein des
communautés, on accompagne les gens des communautés pour favoriser justement ce
rapprochement.
Alors, voilà.
Je ne sais pas si ça répond aux questions de mon collègue, s'il en a d'autres.
Mais, chose certaine, il y a beaucoup
de travail à faire. Mais il ne faut pas se laisser impressionner par,
justement, l'ampleur du chantier, il faut y voir. Puis là-dessus, bien, on est résolus à travailler en
collaboration et, disons, à tout mettre en oeuvre pour assurer cette réconciliation puis cette collaboration qui est si
importante entre les peuples autochtones et les non-autochtones au Québec.
Le Président (M.
Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Repentigny.
• (14 h 40) •
Mme Lavallée : Merci beaucoup.
J'aimerais poser des questions à la directrice du DPCP, s'il vous plaît.
Le Président (M. Ouellette) : Vous
pouvez poser votre question, Mme la députée. Mme la ministre aura peut-être une
réponse, qui sera complétée par Me Murphy.
Mme
Lavallée : Parfait, merci. Donc, on revient sur le dossier de la
semaine passée parce que c'est vraiment un dossier qui est préoccupant, autant la sortie de M. Francoeur que
le coulage d'information qui est sorti depuis des semaines dans les médias. Ce que je disais la semaine
passée, c'est que, de toute évidence, il y a quelque chose qui ne fonctionne
pas. Il y a des gens qui ont décidé de régler publiquement certains problèmes
parce qu'ils n'avaient possiblement pas confiance aux institutions actuellement
et qu'ils préféraient régler leurs dossiers de façon publique.
Je lisais, en
fin de semaine, un article de Brian Myles, dans Le Devoir, qui
disait, en parlant de M. Francoeur : «Ce policier d'expérience sait qu'il joue gros. Si ses déclarations
s'avèrent non fondées, les répercussions sur sa carrière seront catastrophiques. Il pourrait faire lui-même
l'objet d'une enquête pour méfait public.» Donc, c'est sûr qu'avec une phrase comme ça, moi, je me dis qu'une personne
comme lui qui a cette expérience-là, qui fait une sortie comme ça, il a
dû évaluer le risque qu'il prenait parce qu'effectivement il risque gros au
niveau de son travail.
Et, la semaine passée, j'ai relu le verbatim de
ce qui avait été mentionné aux crédits de jeudi dernier, et, à un moment donné, Me Murphy, vous avez fait une
sortie, une charge en règle contre les médias, certains parlementaires,
certaines personnes, puis là vous avez parlé d'insinuations. Vous avez
dit : Bon, certains parlementaires, certaines personnes «qui insinuent que l'analyse et l'orientation des dossiers par
des procureurs soient influencées ou dictées par des considérations de politique partisane et des interventions
inappropriées». Et, plus loin, vous dites que, «lorsque des insinuations
sans fondement laissent entendre que ce serment aurait été violé»... Parce que
vous parlez d'un serment, vous revenez
souvent sur les insinuations, des insinuations sans fondement. Sur quoi vous
basez votre affirmation de dire que ce qu'on dit, c'est sans fondement?
Mme Murphy (Annick) : ...
Le Président (M. Ouellette) :
Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Excusez, M. le Président. Parce que ce qui est dit n'est
pas démontré, on ne sait pas de quoi
il s'agit. Et, pour moi, le fait de soumettre publiquement une affirmation
aussi, pour moi, gratuite, excusez-moi, mais de dire que... Si le dossier en question, par exemple, pour m'exprimer
très clairement, était démontré, amené, discuté, proposé, si on dit de quel procureur il s'agit, de quel gestionnaire il
s'agit, qu'est-ce qui s'est passé et à quel moment ça s'est fait,
peut-être que la situation serait différente. Pour le moment, ce sont des
insinuations qui sont propagées dans le domaine
public, pour lesquelles il ne nous est pas possible de porter un jugement
concret, clair, puisque nous ne les avons pas. On se retrouve devant une situation où c'est à nous de chercher ce
dont il s'agit pour être capables de l'expliquer. C'est quand même spécial. En général, dans la vie,
quand on parle à quelqu'un ou on reproche quelque chose à quelqu'un, on
lui dit de quoi il s'agit. Alors, c'est ça, hein? C'est qu'on soumet, on
prétend des choses.
Vous savez,
quand on prétend qu'il y a eu une ingérence politique, vous savez concrètement
ce que ça veut dire. Ça veut dire
que, quelque part, moi ou quelqu'un d'autre dans mon organisation, y a
participé. Alors, vous savez, moi, je prends
ça très au sérieux. Il s'agit, dans les faits, de moi ou d'un de mes procureurs.
Quand on insinue, d'une certaine manière,
que nous avons accepté quelque avantage que ce soit ou quelque promesse — je
ne sais trop, là, on laisse toujours
ça vague — bien, on m'atteint, moi. On m'atteint, moi, comme
directrice, on atteint l'institution puis on atteint la confiance du public.
C'est ce qu'il y a de plus important.
Mais
concrètement une insinuation comme celle-là... C'est parce que
j'aimerais qu'on sorte un peu du virtuel et qu'on le manifeste très concrètement. Parce que, quand on dit ça, on
dit quelque chose qui devrait s'exprimer concrètement par
une situation concrète, et c'est de ça que j'aimerais qu'on parle. Et si, effectivement,
quelqu'un a quelque chose à reprocher, bien,
qu'il le fasse et qu'il le fasse clairement parce que c'est de mon organisation qu'il s'agit, parce que c'est de mes procureurs dont il s'agit et parce
que l'atteinte à la confiance des citoyens dans l'institution, elle est énorme.
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Oui, j'entends ce que vous me dites, mais c'est
quand même important. Lorsque vous dites que c'est des insinuations sans
fondement, alors qu'on parle d'un policier qui met sa carrière en jeu lorsqu'il
affirme ces choses-là, à ce moment-là, de dire
que c'est sans fondement... À tout le moins, il fait des affirmations. Mais de
qualifier les affirmations comme
étant sans fondement, il m'apparaît que c'est un peu lourd de conséquences.
Donc, on porte un jugement sur ce
qu'il a dit sans avoir la prudence de dire est-ce qu'il a raison ou est-ce qu'il n'a
pas raison. Mais de dire déjà que c'est sans fondement, je trouve ça un
peu dangereux. Non?
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
ministre.
Mme
Vallée : Vous savez, M. le Président, ce qui peut être dangereux, c'est de prendre comme étant des faits
avérés des insinuations, des insinuations
qui ne sont pas appuyées par des faits concrets, des éléments factuels, comme
dirait notre président. Ça, c'est dangereux parce que, ce
faisant, il y a des conséquences qui sont importantes pour la réputation des institutions. Qu'il s'agisse de
l'UPAC, qu'il s'agisse du DPCP, qu'il s'agisse d'autres organisations indépendantes — on parlait de la Vérificatrice générale la
semaine dernière — les
conséquences sont importantes pour les
institutions, pour notre démocratie. Et puis les conséquences sont importantes
parce qu'automatiquement on présume de la mauvaise foi des gens, alors
qu'en principe on devrait présumer la bonne foi. C'est là les conséquences qui
sont importantes.
Et moi, M. le
Président, je réitère la même chose. Je ne viens pas minimiser ce qui a été dit
en ondes, mais aujourd'hui, le 1er mai, ce
qui me préoccupe, c'est que la personne n'ait pas contacté la DPCP, devait
contacter l'UPAC, je ne sais pas si
ça s'est fait. On a eu une communication dans les médias jeudi après-midi à
l'effet que l'UPAC serait contacté,
je ne sais pas si ça a été fait. Mais on n'a pas contacté la DPCP et on a fait
des allégations qui sont très importantes, et j'entends Me Murphy qui nous dit : Moi, si quelque chose de
cette nature-là s'est produit au sein de mon organisation, je veux le savoir. Parce qu'au-delà de toute la
question de toutes les accusations criminelles qui pourraient en découler
il y a aussi l'organisation à l'interne, les enjeux que ça peut apporter pour
l'organisation.
Mais
nous, comme parlementaires, il faut faire extrêmement attention avant de
prendre pour du cash des allégations lancées
comme ça dans la sphère publique, il peut y avoir des motivations derrière
toutes ces manoeuvres. Je pense qu'on a
la responsabilité, nous, comme parlementaires — certains d'entre nous sommes des officiers
de justice — de
prendre une petite distance face à
tout ça puis aussi, aussi, de ne pas présumer de la mauvaise foi de nos
institutions. Alors, je fais bien
attention à mes commentaires, mais il y a aussi de ça. On a beaucoup attaqué
l'institution qu'est le DPCP au cours des dernières années au sein du
salon bleu, puis on l'a fait trop souvent sur la base d'allégations.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la députée de Repentigny.
• (14 h 50) •
Mme
Lavallée : Je dirais qu'autant le fait de prendre des allégations pour
avérées que le fait de déclarer qu'elles sont sans fondement est problématique. Dans les deux cas, on porte un jugement. Donc, la prudence est de tous
les côtés, pas juste d'un côté, parce qu'on a une personne qui met aussi
sa fonction en danger.
Je reviens sur autre
chose. Vous avez dit, Me Murphy : Jamais aucun procureur n'accepterait de
prendre une décision par complaisance ou par
servilité. Je voudrais savoir de votre part, parce que je ne vous ai pas posé
la question, combien de procureurs travaillent sous votre gouverne.
Le Président (M.
Ouellette) : Précisez votre question.
Mme
Lavallée : Combien de procureurs...
Le Président (M. Ouellette) : Hein, vous voulez avoir le nombre de procureurs
généraux ou en grande criminalité?
Mme
Lavallée : Qui sont sous...
Le Président (M.
Ouellette) : Ah! sous sa gouverne? Me Murphy.
Mme
Lavallée : Sous sa gouverne, c'est ce que j'ai dit.
Le Président (M.
Ouellette) : O.K. Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Au moment où on se parle, plus de 500.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Donc, lorsqu'on dit que jamais aucun procureur
n'accepterait de prendre une décision par complaisance
ou par servilité, on est sûr à 100 %
que jamais, dans l'organisation, quelqu'un pourrait avoir envie de déroger
de la voie au niveau des valeurs de
l'organisation. Donc, vous aviez parlé beaucoup du fait qu'on prêtait serment
lorsqu'un avocat, notaire, peu
importe... lorsqu'on fait un travail, on prête serment qu'on va faire notre
travail adéquatement puis qu'on va respecter les valeurs de l'organisation,
mais il se trouve que, dans certains groupes, il y en a qui prennent un chemin différent, puis on le les voit pas venir,
puis on est obligé de réagir. Quand vous dites : Jamais aucun procureur
n'accepterait de prendre une décision par
complaisance ou par servilité, vous êtes sûre de ce que vous dites. Donc, c'est
impossible que tous ces gens-là qui
travaillent pour vous... Vous avez le contrôle, l'organisation est faite de
façon telle que jamais on ne pourrait échapper... on pourrait perdre le
contrôle sur quelqu'un.
Mme Murphy
(Annick) : Je me porte garante...
Le Président (M.
Ouellette) : Me Murphy.
Mme
Murphy (Annick) : Si vous me permettez, M. le Président, je me porte
garante de mes procureurs et des agissements
de mes procureurs. Si jamais il y a une situation qui démontre qu'un acte
criminel a été commis ou qu'un geste
inapproprié aurait été porté, vous pouvez être certaine que je vais agir. Vous
pouvez être certaine que je vais agir. Je ne peux pas spéculer
présentement sur quoi que ce soit, mais vous pouvez être certaine que je vais
agir.
Vous
savez, en général, je connais mes procureurs. Je les connais, je sais...
D'abord, tous les procureurs prêtent serment,
tous les procureurs travaillent au bien public, travaillent avec tout le coeur
qu'ils démontrent jour après jour. Alors, oui, je me porte garante du travail
de mes procureurs. Mais, si jamais une situation particulière se présente,
comme je le disais tantôt, je vais agir.
C'est mon rôle, c'est mon devoir comme Directrice des poursuites criminelles et
pénales. Et, si jamais cette situation-là se présenterait, j'agirais.
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Merci. Sans douter de l'indépendance du DPCP, ma question
serait : Lorsque M. Francoeur a fait
cette sortie-là dans les médias, quelle a été votre réaction première?
Qu'est-ce qui vous a interpelée, mis à part le fait de dire... Quand on est responsable d'une
organisation comme ça, j'imagine qu'on se pose la question, de dire :
Est-ce que quelqu'un à quelque part
n'a pas été loyal, n'a pas fait le travail ou ça, ça ne vous est pas passé par
la tête, vous n'aviez aucun doute?
Mme Murphy
(Annick) : Très, très spontanément, M. le Président, très
spontanément, la réaction que j'ai eue, c'est : De quoi est-ce que M. Francoeur parle exactement? Alors, le
reste, vous le savez, vous m'avez entendue jeudi dernier. Alors, de quoi est-ce que M. Francoeur parle
exactement? C'est ça. Et j'attends, je vais le laisser prendre les opportunités
que nous lui avons tendues. Puis, s'il
rencontre l'UPAC, l'UPAC pourra documenter et faire la suite des choses, là, on
verra après.
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
députée de Repentigny. Ah! non, c'est terminé.
Mme Lavallée : C'est terminé.
Le
Président (M. Ouellette) :
On retourne à M. le député d'Ungava, qui n'avait pas terminé ses interventions
tantôt.
M. Boucher : Oui. Bien, j'avais
terminé sur ce sujet-là.
Le Président (M. Ouellette) : Oui,
sur ce sujet-là, mais...
M.
Boucher : Je vais commencer
sur d'autre chose. Écoutez, quand on prend, bon, les allégations de M.
Francoeur, c'est totalement
sans fondement, M. le Président. Pourquoi? Je ne dis pas que ce que M. Francoeur
a dit, ses prétentions, que ce n'est
jamais arrivé, que ce n'est pas ça. Mais, quand on y va à demi-mot, sans
répondre à ce qu'on dit en anglais le
«W-five», là, qui, quand, où, comment, quoi exactement, ce n'est pas
fondé, ça ne demeure que des spéculations, des suppositions, des... Je veux dire, M. Francoeur a amené quelque chose dans l'espace public, c'est à lui maintenant de faire le pas suivant et puis de démontrer tout ça, de dire :
Bon, voici, M. ou Mme Unetelle a fait ceci à tel moment, dans telle circonstance, avec telle autre personne. Me Annick
Murphy, la DPCP, l'a invité — je pense que ça ne peut pas être plus
clair que ça, plus clair, là, je ne sais pas
ce que ça pourrait prendre — à le contacter. Bon, semble-t-il que ça va
se faire auprès de l'UPAC. On verra ce que ça va faire, mais...
Puis je ne
suis pas en train d'attaquer la crédibilité, là, de M. Francoeur, c'est une
personne qui est respectable, je n'ai
rien à dire contre lui. Mais quand on dit des choses à propos de certains
groupes de personnes, bon, une personne appartenant à tel groupe aurait fait ceci, cela, mais sans plus de
détails, et puis ça a été bloqué à tel endroit, bon, on attaque la
crédibilité de nos institutions, le DPCP.
Puis ce n'est
pas la première fois qu'on fait ça du côté de la CAQ, M. le Président. Je peux
vous dire qu'il y avait le député de
Borduas, par exemple, qui avait demandé à la Commission des institutions
d'étudier un rapport d'enquête administratif
sur la gestion du dossier SharQc, ce qu'on appelle le rapport Lortie, qui avait
été fait par le Directeur des poursuites
criminelles et pénales. On voulait qu'il se mette le nez dans ça, venir
questionner, venir voir comment les décisions ont été prises, de quelle
façon, pourquoi, etc., puis un peu de venir contrôler, entre guillemets, le
travail du DPCP.
Je pense que
ce n'est pas notre rôle, M. le Président. On accorde tous une grande importance
à la bonne marche des opérations puis
on a tous confiance au DPCP autant qu'on peut avoir confiance, là, à l'UPAC ou
à tout autre corps de police du
Québec. Il faut laisser les institutions puis les corps de police faire leur
travail. Le tribunal populaire et puis les suppositions, les raccourcis... Bon,
vous allez peut-être me trouver ridicule, mais, tu sais, des fois, on entend
des choses qui reviennent presque
à : Ma table de cuisine a quatre pattes, mon chien a quatre pattes, donc
mon chien est sûrement une table de cuisine. Depuis des années qu'il me
le cache, enfin j'ai découvert son jeu.
Ça ne marche
pas comme ça dans la vie, M. le Président. Dans la vie, là, ça prend des faits,
vous le dites vous-même, des faits, des faits, des faits puis encore
d'autres faits. Quand tous ces faits-là sont avérés, démontrables, prouvables, amenables devant un tribunal, c'est transféré au
DPCP, qui regarde ça. Si jamais le DPCP dit : Oui, mais là, dans le coin,
là, il y a telle petite zone grise qui me
satisfait, ça me prendrait peut-être un complément d'enquête, vous savez très
bien vous-même, M. le Président, comment ça marche, ce n'est pas moi qui
va vous expliquer ça, donc les policiers vont retourner
à leurs chaudrons, comme on peut dire, puis ils vont venir éclairer cette
section de preuve là qui semble être plus
dans l'ombre un petit peu. Et puis, après ça, bien, il y aura un procureur ou
une équipe de procureurs, tout dépendant de la complexité du dossier, qui va s'asseoir et qui va dire : Bien,
voici, avec tout ce que j'ai en avant de moi, là, est-ce que j'ai ce qu'il faut pour déposer des accusations
contre M. Untel, Mme Unetelle ou même un groupe d'individus d'avoir commis tel acte et puis que j'ai des chances, de très bonnes
chances d'obtenir une condamnation hors de tout doute raisonnable? Pas rien qu'à voir, on voit bien. Puis on sait bien, lui,
il appartient à tel groupe, donc... Hein, comme mon chien qui a quatre pattes, donc c'est une table de
cuisine, c'est sûr et certain. Non, non, objectivement, prouver hors de tout doute raisonnable que telle personne a commis
tel acte, et puis, à ce moment-là, bien, la magistrature, le juge rendra
sa décision puis rendra la sentence qu'il juge appropriée si jamais il faut se
rendre jusque-là.
• (15 heures) •
À un moment
donné, on ne peut pas, là, toujours entretenir une théorie du complot autour
de : Ah! telle affaire, ça a dû bloquer au DPCP. Puis la phrase
après : Ça a sûrement bloqué au DPCP. Donc, si ça a bloqué, c'est parce
que quelqu'un leur a dit de bloquer. Puis là ça déboule, là, puis, à chaque
fois qu'on y va, on en rajoute.
La semaine
dernière, il y avait la députée de Montarville, à la période de questions, qui
disait : Écoutez, moi, j'ai pleinement
confiance en nos institutions, j'ai pleinement confiance en le DPCP, mais le
DPCP a subi des pressions, mais le
DPCP doit obéir à des ordres. Bien là, quant à moi, c'est une attaque directe à
Me Murphy puis à son équipe. C'est-à-dire, bien, Me Murphy, là, elle est bien bonne, elle est bien compétente,
elle a toutes les qualités, mais elle est obligée de plier devant tel personnage, devant tel ordre. Ça ne
marche pas comme ça. Elle nous l'a dit elle-même, puis moi, je n'ai aucune
raison de ne pas la croire.
Écoutez,
amenez-moi un petit fil de début de preuve, puis je vais être le premier à
tirer dessus. Mais présentement il
n'y en a pas, de fil qui dépasse, tout ça me semble béton, hermétique. Et c'est
très bien comme ça, puis ça doit rester comme ça, puis on doit veiller à ce que ça reste comme ça. Puis jouer
avec ça, puis politiser des dossiers dans l'espace public en disant : Bien, écoutez, là, telle
chose s'est passée, donc, tu sais, il n'y a pas de fumée sans feu, c'est comme
ça, ça doit être comme ça, on sait bien, c'est telle personne, donc tu
sais bien que, hein, des raccourcis, ça ne marche pas.
On parlait, bon, d'un dossier qui est bloqué,
qui est bloqué très haut, qu'il y a de l'obstruction, qu'il y a de l'interférence. Peut-être, je ne le sais pas. Ça
se peut, peut-être. Écoutez, si M. Francoeur le disait, bien, il doit
donner des noms, il doit donner des faits, pas juste dire... Ça demeure des
suppositions. Puis une supposition, bien, moi, quant à moi, c'est sans fondement. Je peux vous
dire : Bien, aujourd'hui, dans tel pays, il se serait passé telle chose.
Ah oui? Ah! je ne peux pas le dire, par
exemple. Non, non, aujourd'hui, dans telle ville, à telle heure, il y a eu
telle affaire impliquant tel individu, ça fait que c'est comme ça qu'il
faut voir la situation.
Il y avait,
bon, un article de François Cardinal qui disait : Bon, on est passé, en
quelques jours à peine, du soupçon à
l'accusation, de l'accusation à la condamnation, et sans même l'ombre d'une
preuve. Le tribunal populaire, la semaine passée, a fait sa job, a fait son ouvrage. Puis, dans une démocratie, ça
ne doit pas marcher comme ça. Ça marchait comme ça au temps du far west, où un crime était commis, puis on prenait le
premier qui avait été vu dans les parages, puis on le pendait au premier arbre,
puis la justice venait d'être rendue, puis le shérif était applaudi, puis...
Mais, malheureusement, ce n'est pas comme ça que ça marche aujourd'hui.
Puis je dis «malheureusement», ça devrait être sûrement : Très heureusement, ce n'est pas comme ça que ça marche
aujourd'hui, hein? Les cow-boys disaient : «Shoot first, ask questions
later», hein, tire en premier puis pose des questions après.
Un élu, bon,
peut aussi insinuer en Chambre qu'un de ses collègues, le nommer sans le
nommer, à demi-mot... de s'être rendu
coupable de trafic d'influence. Un député laisse entendre qu'un membre du parti
au pouvoir a pu collaborer avec la
mafia. Lequel? Ah! on ne sait pas, mais c'est un de la gang. Il siège, il est à
quelque part. Donc, pointez votre doigt accusateur, là, puis...
Un policier
affirme que des enquêtes sont bloquées pour des raisons politiques. Un
commentateur radio soutient que les
propos de ce dernier sont vrais. C'est peut-être vrai, démontrez-le.
Démontrez-le, je vais être le premier à applaudir si c'est démontré. Mais, tant que ça ne l'est pas, ça
demeure dans le domaine du flou, de la supposition, des allégations, des tractations. Une source lui a dit que c'est vrai.
Bon, source? Bon, écoutez, mon frère, moi, hein, quelqu'un m'a dit que quelqu'un lui avait dit que c'était vrai. Ça
s'appelle du ouï-dire par chez nous. Puis, au tribunal, je peux vous dire que
ça ne tiendrait pas très, très longtemps devant les juges.
Donc, la
présomption d'innocence, ça existe encore pour tout le monde, que ça soit
envers les politiciens ou envers quiconque.
Le pire des truands en bénéficie comme la personne la plus en vue dans notre
société. C'est très bien comme ça. Et
surtout, surtout, surtout, il ne faut pas politiser puis prendre nos
institutions comme instruments politiques. On sait que maintenant, bon,
la CAQ a dans son équipe une ancienne procureure, que je qualifierais de
vedette du DPCP, Mme Sonia LeBel. Je veux dire, c'est une personne que je ne
connais pas personnellement, que je n'ai jamais rencontrée, je l'ai connue à travers les journaux puis les
médias. C'est certainement une personne irréprochable et puis au
comportement éthique, un exemple
d'éthique à suivre probablement, mais espérons qu'elle va être mieux informée,
puis qu'elle va être respectueuse de
l'indépendance judiciaire, puis qu'elle va expliquer à, j'allais dire, ses
nouveaux collègues, mais à son nouvel employeur comment les choses se passent. Il ne faut pas tout
politiser et il faut rester à l'abri de l'instrumentalisation politique
d'une institution comme le DPCP, par exemple.
Donc,
j'aimerais, là-dessus, là, peut-être avoir vos commentaires ou les commentaires de Me Murphy pour clore l'affaire,
parce que moi, je n'en reviens pas qu'on revienne encore là-dessus
aujourd'hui. C'est beau, là, de questionner, puis c'est notre travail, mais, à un
moment donné, là...
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Je
pense qu'on en a parlé abondamment.
Puis, comme on l'a mentionné, la porte est grande ouverte du côté du DPCP pour recevoir M. Francoeur.
Parce qu'au-delà des allégations qui
pourraient fort probablement être de nature
criminelle il y a aussi toute l'organisation du DPCP qui est écorchée, et je
pense que ça commanderait des échanges hors micro avec les principaux
intéressés si d'aventure il y a un fondement à tout ce brouhaha-là.
Maintenant, pour ce qui est de ce qui
se dit ici, en cette Assemblée, on oublie trop souvent nos valeurs puis nos
principes éthiques. Puis ça, on l'oublie, M.
le Président. On parle du code d'éthique et de déontologie, on en parle parfois
dans le cadre, justement, de ces enjeux-là,
mais on oublie tous... ou on oublie... certains semblent oublier qu'en tant que
collègues, en tant que membres de
l'Assemblée nationale, il y a quatre valeurs qui sont les nôtres. Et ça, c'est
collectivement qu'on en a décidé
lorsqu'on a mis en place ce code d'éthique et de déontologie, lorsqu'on l'a
révisé, en 2009 ou 2010, si je ne
m'abuse, le temps file tellement vite, il y a : l'engagement envers
l'amélioration des conditions sociales et économiques des Québécois, ça va de soi; le respect et la
protection de l'Assemblée nationale et de ses institutions démocratiques.
Alors, quand on laisse planer des insinuations, peut-être qu'on oublie
l'article 6.2°. Il y a le respect envers les membres de l'Assemblée nationale aussi, les fonctionnaires de
l'État et les citoyens. Et l'article 9 de notre code d'éthique prévoit que
les députés reconnaissent que le
respect de ces valeurs constitue une condition essentielle afin de maintenir la
confiance de la population envers eux et l'Assemblée nationale et, enfin, de
réaliser pleinement la mission de l'intérêt public qui leur est confiée.
Quand on fait tout un
émoi en période de questions suite à des allégations, lorsqu'on tente de
travestir cette Assemblée en tribunal populaire,
je ne suis pas certaine qu'on respecte les institutions démocratiques, puis
l'indépendance de ces institutions
démocratiques, puis la séparation entre l'État et le judiciaire, par exemple.
Je ne suis pas certaine, puis ça
vient me chercher. La semaine dernière, j'ai répondu à la question de la
collègue de Montarville, puis on m'a passé un commentaire, on m'a
dit : Stéphanie, tu tremblais quand tu as répondu.
Le Président
(M. Ouellette) : Je n'ai pas compris, Mme la ministre.
• (15 h 10) •
Mme Vallée :
On m'a dit : Stéphanie, tu tremblais quand tu as répondu. Je ne tremblais
pas de stress, de nervosité, je
tremblais de rage. Quand on attaque nos institutions démocratiques, ça vient me
chercher. Quand on attaque l'honnêteté des
hommes et des femmes qui travaillent au DPCP, ça vient me chercher. Je sais à
quel point ces gens-là font un travail et sont rigoureux.
Maintenant,
si d'aventure ce que
M. Francoeur allègue est fondé, qu'il fasse état des faits le plus rapidement
possible parce que le mal qu'il fait à l'institution est grave, puis ceux et celles qui boivent ses paroles font aussi mal à
l'institution. On a
une directrice qui est honnête, qui est droite et qui dirige des équipes
d'hommes et de femmes qui sont honnêtes et qui sont droits. Tout à l'heure, on a eu une question, puis, honnêtement, c'est préoccupant. On semble ne pas avoir confiance dans ces équipes-là, alors qu'ici, en cette
Chambre, on doit avoir confiance, c'est notre responsabilité en vertu de notre code d'éthique et de déontologie.
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
Mme la ministre. La présidence ne
peut que souscrire à vos préoccupations. Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, merci. Donc, j'aimerais juste terminer avec
Me Murphy sur la question, donc, de l'enquête Justesse, qui est maintenant
entre les mains du Bureau de la grande criminalité. Est-ce que
je comprends que cette enquête-là est donc formellement transférée au
DPCP avec une demande, donc, d'intenter des procédures?
Le Président
(M. Ouellette) : Me Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Oui, M. le Président. Je ne serais pas prête à dire ça. Mes équipes sont à pied d'oeuvre
en conseil et en enquête, et je ne suis pas prête à dire que nous avons reçu
une demande d'intenter des procédures.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Vous n'êtes pas prête à le dire ou vous ne pouvez pas le dire?
Mme Murphy
(Annick) : Non, je n'ai pas l'information, là, sur la demande
d'intenter des procédures.
Mme Hivon :
O.K. Vous n'avez pas l'information au stade où c'est...
Mme Murphy
(Annick) : Mais non, je sais que mes équipes travaillent.
Mme Hivon :
O.K. Parfait. Et vous ne pouvez pas nous donner d'échéancier, j'imagine?
Mme Murphy
(Annick) : Non, je ne peux pas donner d'échéancier. Vous savez, on
a eu cette discussion antérieurement...
Mme Hivon :
Je le sais. C'est juste important, pour les gens qui nous écoutent et qui se
posent des questions, que nous vous le demandions, car nous sommes la
voix des citoyens.
Mme Murphy
(Annick) : Oui, d'accord. D'accord. À ce moment-là, est-ce que je
pourrais... je l'ai déjà fait, mais juste
réitérer le fait que l'étude de ce type de dossier prend du temps? Prend du
temps d'abord parce que ce sont des dossiers d'envergure et parce qu'il y a beaucoup d'interactions entre l'équipe
d'enquête et l'équipe de procureurs. Alors donc, je le sais, comme je l'ai déjà dit en 2015, je me
rappelle avoir dit que, comme citoyen, il est certain qu'on trouve que c'est
long.
Mme Hivon :
Parfait.
Mme Murphy
(Annick) : Et j'abonde dans ce sens-là quand je mets, disons, ma toge
de citoyenne, oui, je trouve, effectivement, que l'étude d'un dossier,
ça peut être long.
Mme Hivon :
Donc, est-ce que, simplement, vous pouvez nous dire, factuellement, il y a
combien d'enquêtes de l'UPAC pour lesquelles, là, vous êtes associés,
que vos équipes travaillent?
Mme Murphy (Annick) : Non, je
ne vais pas répondre à cette question-là, M. le Président.
Mme Hivon :
Je vais maintenant aborder — j'imagine que vous vous en doutez — la question des répercussions de l'arrêt Jordan sur l'administration de la
justice criminelle. Donc, d'entrée de jeu, comme je l'ai dit vendredi, je dois dire que j'ai été stupéfaite d'apprendre que
95 % des dossiers en Cour supérieure à Montréal font l'objet d'une requête
en arrêt des procédures. Et, des chiffres,
donc, qui ont été avancés par la ministre à son homologue fédéral, il y aurait
un autre 40 dossiers qu'on sait
d'avance qu'ils ne pourront pas rentrer, donc, dans les délais parce qu'il n'y
a pas de date de disponible dans les délais qui sont impartis maintenant
par la Cour suprême.
Je dois dire
aussi que j'ai été surprise que cette information-là ne nous ait pas été
communiquée. Ça fait des mois qu'on
demande des états de situation, le plus de transparence possible, et je pense
que c'est un chiffre qui est absolument, évidemment, inquiétant et que les parlementaires devraient être en droit
de pouvoir savoir, connaître cette information-là pour pouvoir faire leur travail correctement.
Est-ce que la ministre peut nous dire combien, parmi ces causes, donc, autant
les 75 causes qui font l'objet de requêtes que les 40 causes qui ne
pourront pas être fixées dans les délais impartis... combien y a-t-il de causes de meurtres et de crimes contre la
personne qui sont concernées? Est-ce qu'on a cette information-là?
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : M. le
Président, je n'ai pas ce degré de
détail. L'information qui a été mise à jour vendredi m'a été transmise par la Cour supérieure. Donc, il s'agit, au 28 avril, de 76 requêtes pour des
dossiers qui sont actuellement devant la Cour supérieure, des requêtes
dans lesquelles on invoque l'article 11b de la charte. Et l'article 11b,
on le sait, c'est l'article
de la charte qui prévoit qu'un accusé a droit d'avoir un procès à l'intérieur
de délais raisonnables. Donc, dans
tout le Québec, c'est 76 dossiers. Dans le district de Montréal
seulement, ce sont 69. Je n'ai pas le détail de chacun
des dossiers, M. le Président. Cette information-là, je ne l'ai pas. Nous avons fait des demandes et formulé des
demandes pour l'ajout de juges, justement
pour permettre d'avoir plus d'hommes et de femmes qui auront la possibilité
d'entendre les dossiers. À court terme, ce qu'on a fait...
Une voix : ...
Mme Vallée : Non, mais, M.
le Président, c'est important...
Mme Hivon : Non, mais c'est parce qu'il y a une
proportionnalité à respecter dans les questions. C'est des questions
très précises que je pose.
Mme Vallée : Oui, très
précises, mais les explications...
Le Président (M. Ouellette) :
Vous aurez l'opportunité...
Mme Vallée : Bien oui,
mais les explications sont...
Le Président (M. Ouellette) :
Bien, vous aurez l'opportunité...
Mme Vallée : M. le
Président, avec votre permission,
c'est facile de faire des allégations comme ça, là, crier...
Une voix : ...
Le Président (M. Ouellette) :
Non, non, non. Ne bougez pas.
Mme Hivon : ...j'ai
demandé combien de causes de meurtres, ce n'était pas une allégation, là, du
tout.
Le
Président (M. Ouellette) : La question était précise, Mme la ministre. Je vais
laisser Mme la députée de Joliette
continuer.
Mme Hivon : Merci,
M. le Président. Je ne veux pas qu'on
soit dans un ton comme celui-là, là, mais c'est juste que j'ai beaucoup
de questions.
Une voix : ...
Le
Président (M. Ouellette) : Ça va, ne bougez pas.
Mme Hivon :
Alors, j'aimerais qu'on respecte ça.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc, justement, j'y viens. La ministre, oui, a annoncé son plan,
on l'a vu. Donc, ma question est plus
en lien avec le nombre de juges. La ministre a donc dit depuis quelques semaines que c'est
14 juges, donc, qui étaient requis
en Cour supérieure pour pouvoir faire face à, bien sûr, l'avalanche de
dossiers, et les délais qui sont excessivement longs, et pour pouvoir répondre, bien sûr, à l'arrêt Jordan. On a vu
vendredi, donc, qu'il n'y a pas eu d'engagement de la part
de son homologue fédéral pour de nouveaux postes. Bien sûr,
les six postes qui sont vacants, donc, qui sont des postes de juges qui sont partis, partis à la retraite,
vont être comblés. Je dois vous dire que de mon côté, comme j'imagine, c'est
le cas pour la ministre,
je suis plutôt abasourdie de voir que malgré le climat de crise, le gouvernement fédéral n'a toujours pas comblé les six postes vacants. On ne parle pas
de nouveaux postes, on parle de postes qui sont vacants, qui devraient être
remplis, comblés en toute urgence.
Mais
je comprends donc que ceci devrait se faire — c'est
ce qui a été dit — à
court terme, mais aucun engagement
pour les huit nouveaux postes de juges. Et
on apprend de surcroît qu'il va falloir que la loi sur le budget
soit passée, et que ça va prendre des mois, et qu'il va falloir en plus,
comme je l'avais mentionné en Chambre, qu'il y ait une loi pour modifier la loi fédérale pour venir créer ces
postes-là. Alors, j'aimerais savoir, puisque ces postes-là ne seront pas
comblés à court terme, quelles
mesures supplémentaires la ministre va mettre de l'avant pour éviter l'hécatombe qui
s'annonce, puisque, de son aveu même et d'une résolution unanime de
l'Assemblée, c'est 14 postes qui sont requis.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme Vallée : Là, M.
le Président, je pense qu'il faut
aussi peser nos mots. Notre collègue de Joliette utilise des mots-chocs, hécatombe et... Oui, c'est préoccupant, puis oui, on fait face à des enjeux importants au Québec.
Oui, il est important de combler les postes vacants depuis longtemps,
il est important de combler les trois postes. Les trois postes
de 2011 peuvent être comblés également.
Ma collègue s'est engagée à combler les six postes vacants à très court terme.
Alors, je ne peux pas donner une date pour
elle, puisqu'elle attend les recommandations de ses comités de sélection. Mais, lorsqu'on me parle de très court terme, ce que
j'en ai compris, c'est qu'on était dans l'intérieur de quelques semaines tout
au plus.
Ma
collègue s'est aussi engagée — puis
je crois que c'est là-dessus qu'on ne semble pas avoir bien saisi — rapidement, à répartir les 28 postes qui ont été créés par le budget.
Elle est très consciente des besoins de la Cour supérieure, et je vous dirais que vendredi, suite à une bilatérale avec
elle, suite à nos échanges lors de la FPT, suite à nos échanges formels et
informels, j'ai compris qu'elle saisissait mieux les enjeux auxquels le Québec
était confronté.
• (15 h 20) •
Le Président
(M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Alors, ce que je trouve préoccupant, c'est qu'alors qu'on sait que, dans
le nombre de nouveaux postes, il y en
a déjà 13 qui sont engagés et qui sont promis, le Québec n'a pas d'engagement
ferme comme celui-là et que ça va
finir dans encore des mois. Donc, c'est quelque chose qui ne me rassure pas, et
je voulais savoir si, pour pallier à
ça, il y avait d'autres mesures que la ministre entendait mettre de
l'avant — donc, la
ministre du Québec — pour
faire face à ce manque de juges à court terme?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme Vallée : Je pense qu'il est important que notre collègue
reconnaisse qu'il y a des mesures qui sont mises en place. On n'a pas attendu, là, on a mis des mesures en place pour
pallier à notre besoin. Donc, entre autres, on s'est assuré que des juges à la retraite soient attitrés aux
conférences de règlement à l'amiable, aux CRA, pour pouvoir dégager des juges et leur permettre de siéger. Alors, ce sont
des juges surnuméraires qui sont attitrés aux conférences. Bien, c'est des
juges retraités, là, pour qu'on comprenne
bien, donc des juges retraités de la Cour supérieure qui sont attitrés aux CRA.
Alors, le gouvernement du Québec a dégagé
une somme d'un peu plus... 1 016 000 $ — mais ça, c'est annuellement, là — et qui
va permettre de dégager des juges qui, actuellement, faisaient ce type de
conférences de règlement à l'amiable. Parce qu'en dehors il n'y a pas que les dossiers criminels, hein? Il y a les
dossiers criminels, mais aussi les dossiers en Cour supérieure et en chambre de la famille, il y a les
dossiers civils aussi. Alors, ce sont des sommes qui permettent de vraiment
traiter les dossiers et permettent de libérer des gens.
Maintenant,
en plus de ça, il y avait déjà, dès octobre, des recommandations, des mesures
mises de l'avant par la Table Justice
suite au plan d'action de la Table Justice. Donc, les membres de la
magistrature, autant de la Cour du Québec que de la Cour supérieure, se sont engagés à tout mettre en place pour
améliorer la gestion de l'instance. On sait que le tribunal est indépendant. Donc, ils se sont
engagés à faire ça. Et nous, de notre côté, on s'est aussi engagés à mettre de
l'avant certaines mesures comme le recours
aux mesures alternatives pour permettre de dégager les tribunaux. Maintenant...
Le Président (M. Ouellette) : Ça va aller à la prochaine question, Mme la
ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Le plan d'action, je l'ai lu. Et tout ce que la ministre dit, je le lis avec
beaucoup d'attention. Ma question
avait trait plus à comment combler à court terme le problème du fait que les
juges ne sauront comment répondre au problème du fait que les postes de
juges ne seront pas comblés demain matin.
Sur
un autre élément, est-ce que vous pouvez nous confirmer que le sujet du recours
à la clause dérogatoire n'a pas été formellement abordé lors de la
rencontre FPT de vendredi?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Le sujet de la clause dérogatoire a été abordé de façon, je vous dirais, de
façon... comment je pourrais... Bon, on en a
discuté entre nous, et je pense que c'est... Non, ce n'était pas à l'ordre du
jour de la rencontre. Je n'ai pas de cachette à faire, bien que ce
qu'ils se disent entre les ministres de la Justice, ça demeure quand même
confidentiel.
Parce
qu'autour de la table étaient présents les ministres de la Justice qui sont
aussi intervenus dans l'affaire Cody, alors
Cody... L'affaire Cody a été plaidée la semaine dernière à la Cour suprême. En
lien avec l'affaire Cody, c'est cette intervention pour demander à la
Cour suprême de venir préciser et de considérer certains éléments pour les
mesures transitoires à l'affaire Jordan.
Donc, Cody était la priorité, et nous attendons le délibéré, nous attendons la décision de la Cour suprême à
cet effet.
Mais,
ceci étant dit, je pense que, tous et chacun, on s'entend sur l'impact, puis peut-être
que je pourrais demander à Me Murphy de venir expliquer parce que
la clause dérogatoire, nous, on l'a analysée, ce n'est pas...
Le Président
(M. Ouellette) : ...question.
Mme Vallée : Et Me Murphy pourrait venir vous expliquer
ce qui, du côté du DPCP, constitue un enjeu important.
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
Mme la ministre. Si Mme la députée de Joliette a ce besoin-là, on répondra. Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci. Non, ça va. Je voulais savoir, effectivement, si ça n'avait pas été abordé formellement. Donc, je comprends que,
pour l'instant, c'est quelque chose qui n'est pas envisagé. Je comprends aussi qu'il n'y a
pas de nouveaux postes qui sont créés, et que 95 % des dossiers à la Cour supérieure font l'objet d'une requête en
arrêt des procédures, et qu'il y a plus de 820, au total — en
tout cas, en date du 20 avril — requêtes en arrêt des
procédures.
Au
dernier chiffre que nous avions — c'était en date de février — le nombre de requêtes qui avaient été, donc,
acceptées, c'était 38, donc, requêtes en
arrêt qui avaient été acceptées sur 65 jugements, ce qui faisait à peu
près, un peu plus de 50 % qui
avaient été acceptées. Je voulais savoir si on avait des chiffres à jour sur le
nombre de requêtes, donc, entendues, et acceptées, et traitées. Donc,
présentées, traitées et accordées.
Le Président (M. Ouellette) : Les chiffres que vous faites référence, Mme la députée de Joliette, ça avait été déposé?
Mme Hivon : Non, c'est des chiffres que j'ai obtenus dans un
article du Soleil qui faisait état qu'en date de février on avait
eu 65 décisions seulement, là, donc, sur à peu près... à ce moment-là, je
pense, c'était 600 ou 700 requêtes et qu'il y avait plus de 50 % qui
avaient été acceptées.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Vous savez, les décisions, il n'y a pas de... Actuellement, là, les décisions
nous parviennent des équipes du Directeur des poursuites criminelles et
pénales qui sont déployées sur le territoire. Il n'y a pas de registre, c'est-à-dire qu'il n'y a pas moyen, là, d'avoir
une... Les systèmes informatiques ne permettent pas, là... Il n'y a pas un
système d'informatique central, alors il
faut, manuellement, obtenir l'information. Donc, les chiffres que je vous donne,
il y a toujours parfois un jeu parce qu'au moment où on se parle peut-être
qu'il y a des décisions qui ont été rendues aujourd'hui,
peut-être qu'il y a des décisions rendues, donc... Vous savez, c'est toujours
approximatif, puis il faut toujours faire
attention, mais on avait préparé, en vue de la rencontre de vendredi, certaines
statistiques, là. Donc, en date du 24 avril, ça, c'est que j'ai de plus à jour. Vous
comprendrez que les équipes ont été pas mal occupées aussi à préparer la FPT de
vendredi et les crédits.
Le Président (M. Ouellette) : Allez-vous être en mesure de déposer ce que vous
allez nous indiquer, Mme la ministre?
Mme Vallée :
Bien, en fait, ce que j'ai, là, le document, je vais le déposer, mais pas
aujourd'hui parce que le document, c'est une page du cahier de notre rencontre
de vendredi, là, c'est un tableau que j'ai.
Mme Hivon :
C'est exactement ce que...
Mme Vallée :
Oui, mais je vais dire les chiffres puis je vais les mettre dans le contexte.
Le Président (M. Ouellette) :
Non, non, mais... C'est ça.
Mme Vallée :
D'accord. Donc, les requêtes en matière criminelle — parce que, des 800 quelques requêtes dont
on fait état, il y a des requêtes en matière
pénale puis il y a des requêtes en matière criminelle — on avait, au 24 avril... Et ça, c'est des requêtes présentées depuis
juillet dernier, alors c'est quand même, là, les requêtes qui ont été
présentées dans le temps. Des requêtes, il y en avait, de ces 495 là, 62
qui avaient été accueillies, 124 qui avaient été rejetées.
Le Président (M. Ouellette) :
Ça, c'est les requêtes de nature criminelle?
Mme Vallée :
De nature criminelle. Et on a des requêtes dans lesquelles il y a eu un
désistement ou un plaidoyer de
culpabilité, il y en a eu 19. Parce qu'il y a ça aussi, parfois les gens
déposent des requêtes, mais ça ne veut pas dire qu'elles sont plaidées, au fond, ça ne veut pas dire que... Parfois,
c'est un outil de négociation. Et on a aussi six dossiers dans lesquels il y a un règlement en vertu de
l'article 810 du Code criminel. Il y a eu dans ces dossiers-là tout près d'une
quinzaine de requêtes qui ont fait
elles-mêmes l'objet d'une requête en irrecevabilité, puis on a des requêtes qui
ont fait l'objet d'un nolle prosequi suite à la requête. Donc, la
requête a donné lieu à un nolle prosequi de la part du DPCP.
Le Président (M. Ouellette) :
Vous en avez combien, de ça?
Mme Hivon :
Combien?
Mme Vallée : 75.
Le Président (M. Ouellette) :
75 nolle prosequi?
Mme Vallée : 75.
• (15 h 30) •
Mme Hivon : Des
nolle prosequi après requête...
Mme Vallée : Après requête.
Mme
Hivon : ...ou
parfois après ou sans?
Mme Vallée : Bien là, je vais demander à Me Murphy parce que,
là, là-dessus, là, ce n'est pas... Et puis, bon, la
balance, là, on a 195 dossiers qui sont en attente d'un résultat.
Le
Président (M. Ouellette) :
Je vous garde pour le prochain bloc, à moins que vous soyez capable de me
donner dans une minute les chiffres au pénal.
Mme
Hivon : 195, c'est
au pénal, ça?
Mme Vallée : Non, 195, ce sont les dossiers qui sont en
attente, c'est-à-dire qu'on n'a pas statué sur le dossier.
Le Président (M. Ouellette) :
Donnez-moi les chiffres au pénal, s'il vous plaît, Mme la ministre.
Mme Vallée : Attendez une
minute.
Le Président (M. Ouellette) : Le
président est intéressé de les avoir.
Mme Vallée : Donc, au pénal,
on avait 327 requêtes...
Le Président (M. Ouellette) : 327?
Mme Vallée : 327 requêtes en vertu de l'article
11b; accueillies, 40; rejetées, 32; qui ont été rayées, qui ont fait l'objet d'un désistement, issue indéterminée, bref,
123, donc il y en a 123 qui ont été écartées; et en attente d'un
jugement, 132. Il faut comprendre que ces
requêtes-là sont des outils de négociation aussi, là, dans les dossiers. Donc, ce
n'est pas parce que quelqu'un dépose une requête que nécessairement elle est
fondée.
Le Président (M. Ouellette) : Je
n'ai pas de nolle en pénal?
Mme Vallée : Il ne semble pas
y en avoir, non.
Le Président (M. Ouellette) : O.K.
Merci. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Alors, merci, M. le Président. Je voudrais remercier ma consoeur et mes
confrères, là, de me laisser la pole encore
une fois, c'est bien généreux de leur
part. Tantôt, on a parlé, bon, de l'arrêt Jordan un petit peu, puis de
ce qu'on appelait aussi la clause
«nonobstant», qui paraît être une solution séduisante et rapide pour venir
régler le problème. Mais vous parliez tantôt que
Me Murphy et son équipe avaient fait une analyse de ça, à savoir, bon, les
tenants et aboutissants, les risques, et
j'aimerais ça, avec votre permission, Mme
la ministre, que Me Murphy puisse
venir nous exposer le résultat de ses analyses, de ses recherches.
Mme
Vallée : Oui. En
fait, je vais laisser Me Murphy prendre place. Et c'est certain qu'il y a
eu une analyse, oui, de notre côté
aussi, mais l'impact était aussi à savoir : L'utilisation de la clause «nonobstant» aurait-elle un impact sur le volume de dossiers à traiter? Puis
quel impact? Parce que l'objectif, c'est aussi de permettre de traiter les
dossiers.
Vous
savez, la stratégie qui a été annoncée en décembre, les démarches mises de
l'avant par la Table Justice ont amené
un engagement, une mobilisation du milieu judiciaire pour, vraiment,
changer les façons de faire parce
qu'il y a des délais. Puis
l'objectif, ce n'est pas de retourner à un système où le temps qui file ne
compte plus parce que le temps qui
file compte, oui, pour l'accusé mais compte aussi pour les victimes, compte
aussi pour la société. Lorsqu'on dit : Justice doit être rendue en
temps utile, bien, c'est pour tout le monde, c'est pour l'ensemble de la
société. Utiliser la clause «nonobstant» viendrait démobiliser, à mon avis, les
troupes.
Mais, au-delà de ça,
il y a l'impact qu'il pourrait y avoir. Parce que, dans le passé, il y a eu des
exemples de situations où certaines
réorganisations, certaines décisions
législatives ont emmené un embourbement, si ce n'était pas un blocage du
système.
Alors,
là-dessus, je céderais la parole à Me Murphy, qui a
participé à nos échanges puis qui, elle, dans son rôle de Directrice des
poursuites criminelles et pénales, a aussi fait part de certaines préoccupations.
Puis, je dois vous dire, l'objectif de la stratégie, c'est de traiter annuellement 10 000 dossiers de
plus, c'est de permettre de traiter 10 000 dossiers de plus.
On a injecté des ressources, on a injecté plus de 573 personnes dans notre
système de justice.
J'entendais vendredi — et je
lui fais un clin d'oeil — notre
collègue Benoît Pelletier, notre ex-collègue Benoît
Pelletier, qui dit : Ah! Les juges, ça ne suffit pas, il faut aussi nommer
des ressources. Alors, Me Pelletier, on les a nommées, ces ressources-là, justement. C'est parce que ce ne sont pas
que les juges, c'est vrai, sauf que ça prend des juges sur le banc pour entendre les dossiers, ça prend des procureurs au
DPCP pour analyser les dossiers, pour plaider les dossiers, ça prend des greffiers audienciers, ça prend des gens dans
les salles de cour, ça prend des agents de probation, ça prend des
agents de sécurité aussi, ça prend des salles de cour.
Donc,
on a fait ça. On continue, d'ailleurs, on est toujours en action. Parce que je comprends. Lorsque ma collègue de
Joliette nous dit : Il faut continuer, il ne faut pas s'arrêter là, puis il
faut continuer de prendre des mesures, je suis tout à fait d'accord
avec elle. Et on est en constante action dans ce dossier-là avec nos équipes
puis nos partenaires de la Table
Justice, mais, pour ce qui est de la clause dérogatoire, selon nos analyses, c'est
une fausse bonne idée. Et je cède
la parole à Me Murphy.
Mme
Murphy (Annick) : Évidemment,
je n'ai pas, M. le Président, l'intention de donner un avis juridique sur
la validité ou l'opportunité d'une clause dérogatoire. Ce n'est pas
du tout de mon ressort et ce n'est pas mon intention aujourd'hui. Moi, surtout, ce qui me préoccupe, ce
sont les conséquences appréhendées d'une telle clause. Lorsque cette question a commencé à être discutée dans les
médias, nous nous sommes réunis, et j'ai eu plusieurs discussions avec les
procureurs de mon équipe, et nous croyons
véritablement qu'une loi qui prévoirait une clause «nonobstant», qui établirait
des délais judiciaires autres que
ceux qui sont prévus dans l'arrêt Jordan aurait des conséquences importantes
sur nos dossiers.
Pour
nous, ça nous paraît évident qu'une telle loi serait assurément contestée, ne
serait-ce que la juridiction qui peut
la déposer. Déjà, les constitutionnalistes ont des opinions divergentes sur la
juridiction qui peut le faire. On ajoute plusieurs questions à trancher
dans toutes les affaires, ce qui impliquerait une utilisation importante des
ressources judiciaires à des fins autres,
évidemment, que mener les poursuites elles-mêmes. On utiliserait des salles,
des juges, des procureurs, des
greffiers. Nous l'avons vécu sur une plus petite échelle, même si les
conséquences ont été énormes, lors de la contestation C-2 et la cause St‑Onge
Lamoureux, en capacités affaiblies, la possibilité que les tribunaux attendent
la décision d'un tribunal supérieur
avant d'adjuger à la pièce les contestations constitutionnelles. Dans le cas de
St‑Onge Lamoureux, neuf ans après encore le
projet de loi, nous sommes toujours à gérer les dossiers qui étaient liés à la contestation judiciaire. Indépendamment du succès
ou de l'insuccès d'une contestation de cette loi-là, les délais judiciaires
vont continuer à s'accumuler dans les
dossiers qui seront sur la glace, comme il est survenu dans la contestation de
C-2, et, évidemment, vous comprendrez
que ceci pourrait largement déborder et dépasser les plafonds dans les
différents dossiers.
Par
ailleurs, il n'est certainement pas acquis que les tribunaux acceptent de
qualifier de circonstance exceptionnelle au sens de Jordan, là, le débat constitutionnel, puisqu'évidemment, dans
une certaine mesure, il s'agirait d'une loi, il s'agirait donc que l'État en serait donc l'instigateur.
Donc, pour nous, la clause, pour nous, ne serait pas une solution pour
désengorger le système de justice, tout au contraire.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la ministre, un commentaire additionnel?
Mme
Vallée : En fait, comme je le mentionnais, M. le Président, je
pense qu'il y a actuellement un vent de changement qui souffle, qui est vraiment une mobilisation des acteurs
dans le système judiciaire, autant la magistrature que les équipes du DPCP qui ont mis en place un
tas de mesures pour permettre de traiter des dossiers de façon plus rapide,
de permettre aussi de donner plus de temps
aux dossiers problématiques. Je rappelle, même l'été dernier, il y a des termes
qui avaient été ajoutés avant même l'arrêt
Jordan. À la Cour du Québec, il y a des termes, pendant l'été, qui avaient été
ajoutés. On a recours aussi à certaines salles qui, auparavant, étaient
utilisées exclusivement pour la protection de la jeunesse à Montréal. On y a
maintenant recours pour traiter des dossiers.
Donc, il y a
vraiment une mobilisation qui est présente, et l'utilisation de la clause
dérogatoire pourrait aussi avoir un
impact démobilisateur à l'égard de ces gens-là parce que, pour une période
donnée, le temps ne compterait plus. Et ça, bien, il y a aussi des enjeux, c'est que, pendant
une période donnée, on suspend des droits constitutionnels. L'article 11b
existait avant Jordan. Des requêtes pour délai déraisonnable en vertu de
l'article 11b, il y en avait auparavant.
• (15 h 40) •
Évidemment,
l'arrêt Jordan a amené une mobilisation, puis certains nous disaient : Les
avocats sont aussi pris dans un
engrenage, c'est-à-dire leurs clients
leur demandent de déposer... Parce qu'on en a tellement parlé, on a tellement
publicisé cette affaire-là que les avocats
en défense, souvent, se font demander, de la part de leurs clients, de déposer
une requête Jordan, à défaut de quoi
il y aura une plainte en déonto. J'avais des échanges notamment avec la
bâtonnière, qui nous parlait de cette question-là. Donc, il y a des
impacts.
Mais
je tiens à réitérer notre engagement, l'engagement de notre gouvernement,
l'engagement de l'ensemble des partenaires
avec qui on travaille pour résorber cette situation-là, puis je pense qu'on a
posé des gestes qui sont importants, qui
sont majeurs. Et, au-delà de la politique, je pense qu'on doit les reconnaître,
ces gestes-là, puis on doit reconnaître aussi le travail qui se fait en continu pour s'attaquer aux délais parce
qu'il n'y a personne, personne qui souhaite que le simple écoulement du temps permette à quelqu'un
accusé d'un crime grave, d'un meurtre, d'une agression sexuelle, de s'en tirer sur la seule base de l'écoulement du
temps. Que la personne soit acquittée, c'est une chose. Mais que la personne
s'en tire parce que ça a pris trop de temps,
ça, je comprends le sentiment de frustration qui nous gagne tous et toutes.
Lorsque quelqu'un attend sept ans pour être entendu, être cité à procès,
ça n'a aucun bon sens.
Alors,
il faut maintenir la mobilisation des équipes et il faut poser les gestes. Et
ça, c'est le discours aussi... Puis je veux rassurer notre collègue de
Joliette, tout à l'heure, qui disait, bien, qu'il n'y a pas eu d'engagement de
la part du gouvernement fédéral. Moi, M. le Président, vendredi, là,
j'ai senti un changement important dans la compréhension qu'avait le gouvernement fédéral, et j'ai eu des
échanges avec ma collègue, et, pour le moment, je n'ai pas raison de douter de
son engagement à combler des postes à court terme. Et c'est important, puis je
le réitère, mon message : On a besoin
de 14 juges le plus rapidement possible, mais je comprends aussi que
certaines modifications législatives doivent être faites. J'appelle,
j'ose espérer que ces modifications législatives seront faites très rapidement.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Alors, Mme la ministre, puisqu'on parle des juges, on va
rester dans le cercle, si on veut, je vais vous parler des tribunaux administratifs du Québec, le TAQ, comme on dit
communément. Depuis avril 2014, 35 juges administratifs ont quitté le TAQ, puis 24 y ont été nommés, dont
17 seulement au cours de la dernière année. Les juges administratifs, bon, sont nommés selon bonne
conduite. Les départs sont donc essentiellement attribuables à des retraites
et à des décès, rarement pour raisons autres.
Il
y a eu un décret, bon, qui avait autorisé le nombre de juges administratifs à
97 à temps plein et 31 à temps partiel, incluant des postes de juges administratifs qui assurent des mandats de
gestion comme présidents, vice-présidents, présidents de commissions
d'examen des troubles mentaux, par exemple.
La
nomination des juges, c'est ça, au TAQ est conditionnelle à l'existence de
listes de personnes qui sont déclarées aptes
à être nommées juges. Ces personnes-là sont inscrites au registre de
déclaration d'aptitudes, puis la période d'inscription est valide pour une durée de trois ans. En date du
25 avril 2017, donc il n'y a pas très longtemps, la semaine dernière, il y avait 87 juges
administratifs à temps plein au tribunal et 24 à temps partiel.
Il
y a quatre concours de recrutement de personnes aptes qui ont été lancés ou
complétés au cours de la dernière année,
qui ont été menés conformément aux règlements. Trois de ces concours-là ont été
complétés au cours des derniers mois
afin de recruter des juristes, des avocats ou des notaires, des psychiatres,
des évaluateurs agréés, de même que des personnes qui pourraient être nommées au tribunal. Depuis la fermeture
des concours, neuf juristes, deux évaluateurs et trois psychiatres ont été nommés juges administratifs. De plus, un
concours de recrutement de médecins ouvert jusqu'à la fin de l'année 2017 a été lancé en janvier.
Cinq candidatures ont été reçues jusqu'à présent, puis le tribunal est confiant que des nominations
de médecins pourront se faire au cours des prochaines semaines ou mois.
Compte
tenu du fait, bon, que l'effectif des juges administratifs médecins est
décroissant depuis plusieurs années au tribunal
et que les précédents concours de recrutement, qui étaient ouverts sur des
périodes beaucoup plus courtes, n'avaient pas suscité tant
de candidatures que ça, on peut dire que les résultats présentement sont
encourageants.
Alors,
je veux savoir c'est quoi, les mesures qui ont été prises afin de répondre et
puis de combler les départs des juges au TAQ, au Tribunal administratif
du Québec.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Oui. Merci, M. le Président. Alors, il
a quand même... notre collègue
a quand même fait énumération, là, de
plusieurs démarches qui ont été mises de l'avant, mais je
vais laisser Me Natalie Lejeune, avec votre permission, donner plus de détails. Me Lejeune est à la barre,
est à la tête du TAQ, et il y a eu aussi d'autres démarches mises de l'avant par le tribunal pour combler les postes vacants,
surtout dans le domaine de la santé, les médecins et médecins psychiatres,
parce que ça constitue un défi de taille.
Le Président (M. Ouellette) : Me Lejeune, vous identifier parce que
c'est la première fois que vous allez prendre la parole. Je vous
retrouve avec beaucoup de plaisir.
Mme Lejeune
(Natalie) : Bonjour.
Le Président (M. Ouellette) : Et il
va vous rester 1 min 40 s pour répondre à cette...
Mme Lejeune
(Natalie) : ...belle question. Bonjour. Je suis Natalie Lejeune. Je
suis présidente du Tribunal administratif du Québec.
Alors,
effectivement, pour pouvoir nommer des juges administratifs dans un tribunal
qui est multidisciplinaire, il faut
tenir des concours, des concours qui sont assez longs, des examens écrits, des
entrevues et ensuite se placer sur une liste.
La liste des
juristes a été complétée en janvier. Une liste en évaluateurs agréés aussi où il y a
deux évaluateurs qui ont été nommés.
Une liste de psychiatres qui a été constituée où on a réussi à nommer quatre
psychiatres, ce qui était quand même un exploit, pour ne pas en avoir eu beaucoup
dans les dernières années. Mais ce qui était le plus grand défi, c'était de réussir à attirer des médecins. Alors,
en septembre 2016, on a revu l'entièreté du concours, les examens écrits,
les entrevues, pour ensuite proposer à la
ministre et au secrétariat des emplois supérieurs un modèle ouvert, c'est-à-dire ouvert du mois de janvier 2017 jusqu'en décembre, de manière à ce que, quand les médecins
sont prêts à appliquer, ils ne sont
pas trop avant le concours ou trop après le concours. Alors, on met des
entrevues et des examens écrits à la carte et ça fonctionne très bien. Alors qu'on n'a pas eu de médecins permanents
depuis 2011, on a maintenant une candidature de plus que ce que vous avez dit, M. le député d'Ungava, on est rendu à six candidatures, dont quatre ont
postulé à temps partiel et deux à
temps plein. Alors, comme les juges siègent à deux, c'est bien d'avoir des
listes de juristes en place et qui peuvent être nommés, mais ça nous
prend aussi leur complément pour pouvoir entendre tous les dossiers
d'indemnité.
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
Me Lejeune. Mme la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Peut-être la directrice du DPCP pourrait revenir, mais je
ne reparlerai pas de l'autre dossier.
Le Président (M. Ouellette) : Vous
posez votre question, Mme la députée.
Mme Lavallée : En novembre 2015, il y a eu une commission parlementaire où la directrice était questionnée concernant la coupure qui avait été annoncée par
le ministre des Finances. C'était une compression de 4,2 millions, et, à ce moment-là, vous avez mentionné que vous étiez... Je suis en
train de vous dire qu'on essayait de faire mieux avec ce qu'on a et je suis en train de vous dire que nous
sommes convaincus qu'on va faire mieux avec ce qu'on a. Donc, il n'y avait
pas nécessairement besoin de plus de juristes et plus d'argent, on
était capable de fonctionner dans le système. Et même la ministre
de la Justice, en mars 2016, avait
mentionné qu'elle était déterminée à améliorer le système de justice, et elle
était déterminée à renverser la vapeur en
matière de temps d'attente avant et pendant un procès malgré le resserrement
de 3,6 millions de dollars du programme Administration de la justice.
Donc, de
toute évidence, ce qu'on voit depuis des mois, c'est qu'il n'y avait pas un contrôle, là, on n'était pas capable de faire avec ce qu'on avait. Il a fallu engager en catastrophe
des procureurs au mois de décembre, à la dernière session, et il a fallu réinjecter de l'argent.
Donc, la coupure a fait mal. Ce que je vous demande actuellement, c'est
qu'alors que vous disiez en 2015 que,
la coupure, vous étiez capable de la prendre et de fonctionner quand même, ça ne fonctionnait pas, là, puisqu'on a eu besoin de réinjecter
de l'argent et d'engager rapidement des procureurs?
• (15 h 50) •
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
ministre.
Mme Vallée : Oui. Alors, M. le Président, je pense
qu'il faut rétablir les faits, là. On revient l'an dernier, il n'y a
pas eu de coupures dans le budget, c'est qu'on avait des dépenses anticipées qui
ont été comblées. Puis on le voit cette année, les sommes ont été attitrées au budget du DPCP, et ça, ça se
fait année après année. Alors, on avait prévu, on pouvait prévoir
que les sommes reviendraient du ministère des Finances au DPCP, ça a été le
cas. Alors, ce n'étaient pas des coupures, là, puis... M. le Président, ce
n'étaient pas des coupures.
Ceci étant,
en juillet dernier... Puis là je pense que tout le monde sait que nous
avons reçu, et le DPCP a reçu une décision qui est celle de l'arrêt
Jordan. Puis cette décision-là nous amenait à revoir les traitements des
dossiers, on a établi des plafonds qui, à partir du moment où ils sont rencontrés, on
présume que le délai est déraisonnable. Qu'est-ce qu'on a fait après
Jordan, là? Quelques jours après Jordan, on était tous sur un appel conférence
et on a demandé à Me Murphy et à tout le monde d'évaluer la question et de voir
ce qui était nécessaire en fait de ressources humaines pour répondre aux paramètres de l'arrêt Jordan. Et ça, là, le travail
s'est fait pendant l'été, un travail d'analyse rigoureux — Me
Murphy pourra expliquer, puis je vais lui passer la parole — pour identifier les besoins. L'annonce de
décembre dernier fait suite à cette analyse rigoureuse là. Il y avait eu
également préalablement un certain nombre d'embauches qui avaient été
faites.
Alors, ce
n'est pas agir en catastrophe, c'est d'agir avec célérité et de manière responsable suite à une décision de la Cour
suprême qui est venue chambouler les
pratiques en matière criminelle et pénale au Québec, au Canada.
Alors, l'analyse a été faite par la DPCP,
l'analyse a été faite par la Cour du Québec, par la Cour supérieure, ils ont établi les besoins en
fait de ressources humaines, et c'est à partir des chiffres donnés par ces
intervenants-là qu'on a pu aussi identifier
le nombre d'agents de sécurité, le nombre de greffiers-audienciers, tous les
autres travailleurs du milieu qui ont aussi été ajoutés, qui ont aussi
été ajoutés au système.
Mais deux choses. Il n'y avait pas de coupures,
on a répondu à un besoin important, et pas simplement une réponse comme je pourrais la qualifier, de
diachylon, pour ne pas faire de placement publicitaire. Alors, ce n'est pas une
réponse diachylon, c'est une réponse pérenne. Alors, non seulement il fallait évaluer les dossiers à court terme, mais aussi les
besoins à moyen et à long terme, et c'est ce qui a été fait. Alors, je vais
céder la parole à...
Le
Président (M. Ouellette) :
Ne bougez pas. Est-ce que ça répond à votre question ou est-ce que vous
avez besoin de plus d'explications de Me Murphy?
Mme
Lavallée : Bien, ça répond à
ma question, mais je vais quand même reposer la question.
C'est que vous avez mentionné en mars 2016 que, malgré le resserrement
ou la compression demandée, vous étiez capable régler le problème des délais de
cour, mais, de toute évidence, ce n'était pas le cas. Ici, on a le cas d'un
meurtre...
Une voix : ...
Mme
Lavallée : On a le cas d'un
meurtre d'une femme, un jugement qui a été rendu récemment, en avril de cette
année, dans lequel, naturellement, l'arrêt Jordan a été invoqué. La jeune femme, c'était Anuja Baskaran,
et un policier des services de police de la ville de Montréal
a dit qu'il était outré de cette situation-là. Le juge Boucher avait tranché que le droit constitutionnel de subir le procès dans le
délai raisonnable avait été violé. Et le juge avait aussi dit : La
couronne a fait des choix procéduraux
discutables qui ont contribué aux délais, a écrit le magistrat. Il indique que
la couronne a d'abord accusé l'homme de meurtre non prémédité puis a
changé. Donc, il y a des blâmes qui ont été portés envers la couronne.
Un autre accusé de meurtre obtient l'arrêt des procédures.
Ça, donc, c'est Ryan Wolfson, qui est accusé de meurtre, et, encore là, le juge Cournoyer dit : La poursuite
possédait les outils nécessaires pour juger l'accusé dans un délai raisonnable, mais elle ne les a pas
utilisés. Malgré l'insistance de l'accusé pour faire valoir son droit, elle ne
s'en est guère souciée.
Une autre procédure, l'ange Daniel, donc un cas où un homme
a agressé sexuellement une jeune femme pendant des mois. Le juge a estimé que la poursuite n'avait pas pris les mesures
minimales pour procéder avec célérité lorsque cela lui était possible.
En fin de
semaine, un autre, c'est les proches d'un jeune homme assassiné, il y a quatre
ans, qui attendent avec anxiété la
décision du tribunal qui doit déterminer lundi, donc aujourd'hui, si les trois
accusés pourront échapper à leur procès
en raison des délais judiciaires. La mère dit : Mon fils a été tué une
première fois, et la justice risque de le tuer une deuxième fois.
Devant tous
ces cas, il y a eu aussi un regroupement de femmes qui s'inquiètent de ce qui
se passe actuellement parce qu'on a
de la misère... dans les cas de violence conjugale, ils ont de la misère à
encourager les femmes à porter des accusations,
puis ces causes-là font en sorte qu'elles vont moins être portées... Donc, il
reste que la cour, les juges blâment le travail actuellement de la
couronne, des procureurs. Il y a un examen de conscience qui doit être fait.
Qu'est-ce que vous allez mettre en place pour
arrêter cette hémorragie-là, rassurer les personnes? Parce que même si, dans un des cas, les gens vont en appel,
lorsque les gens vont en appel, il reste que, pour la famille, les proches
qui vivent ça, ça étire le deuil, ça étire la peine et ça ne finit plus. Puis
je pense que, là, il faut intervenir, donc je vous demanderais quelles sont les mesures que vous avez l'intention de
prendre pour que les procureurs puissent faire face aux conséquences de
Jordan.
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
ministre.
Mme Vallée :
Tout à l'heure, quand j'ai fait état de notre code de déontologie, le respect
des institutions, pour moi, là, on en
a encore un bel exemple. Notre collègue fait état, là... elle pose des
questions sur un lot de dossiers qui sont actuellement pendants. Ça, c'est des dossiers, là, qui, en vertu de
notre règlement de l'Assemblée... on ne devrait même pas parler ici. La décision du juge Boucher a été
portée en appel par la Directrice des poursuites criminelles et pénales. La dernière décision à laquelle ma collègue a fait
état, le juge Cournoyer a annoncé ce matin qu'il reportait sa décision au 8 mai.
Ma collègue
ne fait pas état, par contre, de toutes les décisions qui ont été rendues et
qui rejetaient des requêtes en arrêt
de procédures dans des dossiers graves. Ça, elle n'en fait pas état, des
dossiers qui sont clos, là. Elle parle des dossiers qui sont pendants, mais elle ne parle pas des dossiers qui sont
clos. Ça, elle n'en fait pas état. Ma collègue fait un heureux mélange, là, avec des déclarations que
j'ai faites en mars 2016 et l'arrêt Jordan, qui a été rendu en juillet 2016.
Juillet 2016. Donc, en mars, Jordan n'avait
pas été rendu, là. Puis je comprends que ma collègue est praticienne du droit,
mais peut-être pas en droit criminel, puis
je comprends. Mais, avant Jordan, là, il y en avait, des requêtes pour arrêt
des procédures, mais les plafonds n'étaient pas les mêmes. L'analyse de
ce qui était un délai raisonnable et un délai déraisonnable,
ce n'était pas les mêmes. Les paramètres de Jordan, là, sont à des
années-lumière de ce qu'était une analyse de délai raisonnable avant le
8 juillet 2016, ce n'est pas la même chose.
• (16 heures) •
Alors, on a
fait face à une situation exceptionnelle, et tout le monde s'entend, la Cour
suprême a voulu donner un électrochoc
au milieu judiciaire de partout à travers le Canada. Puis je rappellerais,
Jordan, là, ce n'est pas une décision du
Québec. Ce n'est pas une décision du Québec, mais c'est venu, oui, revoir les
paradigmes, et c'est à la lumière de ça qu'on a évalué les besoins et
qu'on a ajouté des ressources.
Maintenant,
M. le Président, il faut faire attention. Ce n'est pas parce qu'on a une immunité puis ce n'est pas parce qu'on est ici qu'on peut laisser des sous-entendus
comme la collègue le fait à l'égard du travail du DPCP. Puis je
sais d'ores et déjà que
la directrice ne commentera pas les dossiers qui ont été énumérés par ma collègue,
puisque ces dossiers-là sont des
dossiers actifs, puis on ne devrait même pas en parler ici. Je suis même
étonnée, M. le Président, que vous ne l'ayez pas souligné, on ne peut pas parler des dossiers qui sont actifs.
C'est dans notre règlement,
respectons ça. Il y a des délais qui courent. Certains dossiers font l'objet
d'une analyse de la part des procureurs. Il ne nous appartient pas de
nous substituer au tribunal, et il faut être
rigoureux. C'est facile, là. Je comprends qu'on veut faire le clip puis je
comprends qu'il
y a une bataille, là, de ce côté-là à savoir qui va prendre toute la place, là,
mais quand même, là... Et je ne vise pas ma collègue de Joliette, mais c'est parce que, là, on attaque et on
entre dans des dossiers qui sont pendants, puis on n'est pas supposés. On n'est pas supposés faire ça.
Est-ce qu'on peut sortir des dossiers qui sont pendants, puis travailler, et
parler de façon plus générale, mais ne pas entrer dans les domaines?
Puis
je l'ai mentionné tout à l'heure, il n'y a personne qui veut que l'écoulement
du sang serve de sauf-conduit à
quelqu'un qui a commis un meurtre, qui a commis des agressions sexuelles. Puis,
si on n'utilise pas la clause dérogatoire, c'est justement pour éviter des délais supplémentaires pour les
victimes. Puis, si on demande des juges supplémentaires en Cour supérieure, là, c'est justement pour les
victimes d'agression sexuelle puis de meurtre parce que ces dossiers-là sont
plaidés devant la Cour supérieure, M. le Président. Donc, là, à un moment
donné, là, il y a des limites.
Le Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. C'est terminé pour le
bloc, Mme la députée de Repentigny.
On va prendre une
pause de cinq minutes et on revient très bientôt.
(Suspension de la séance à
16 h 2)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M.
Ouellette) : On reprend nos travaux. Nous en étions à... On va aller,
oui, on va aller sur la Rive-Sud de Québec, dans le comté de Montmagny. M. le
député.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Côte-du-Sud, c'est Montmagny—L'Islet—Kamouraska,
c'est grand.
Le Président (M.
Ouellette) : Oui, mais ça, vous allez avoir le temps de nous
l'expliquer dans votre bloc, M. le député de Côte-du-Sud—Montmagny—L'Islet.
M.
Morin : Oui. Merci, M. le Président. Mme la
ministre, les gens de la commission,
mesdames messieurs du ministère
de la Justice. Mon collègue,
tout à l'heure, le collègue d'Ungava, vous a parlé d'effectifs au Tribunal administratif du Québec. Moi, je vais vous parler de technologies de l'information et des communications, mais surtout de
visioaudience. Naturellement, quand
on parle de visioaudience, c'est certain que ça favorise la célérité, ça
diminue les frais de déplacement, ça facilite la participation à
distance d'un expert, ça limite les remises d'audience, ce qui est très
important.
Mars
2016, le tribunal se dote d'orientations institutionnelles en matière de
demandes de visioaudiences. Il faut toujours
que je fasse attention quand je dis visioaudience, je suis porté à dire
visioconférence, on n'est plus habitué à ça. Mais, au palais de justice
de Montmagny, c'est un nouveau palais, là, puis on est très ferré en
visioaudiences.
Une voix :
...
M.
Morin : Oui, on est très fiers de notre palais de justice, M.
le Président. Puis la ministre est venue le visiter, portes ouvertes, et elle a apprécié. On sait que
ces orientations ont entré en vigueur le 1er avril 2016. Décembre 2016, le tribunal adopte des orientations
institutionnelles en matière d'utilisation de technologies de l'information en
audience.
Donc,
rapidement, je suis rendu à ma question, j'aimerais savoir de la ministre si le
Tribunal administratif est en recherche et développement pour améliorer
en continu cette efficacité tant recherchée.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Donc, justement, la
visioaudience, c'est un outil technologique qui est mis à la disposition de différents tribunaux. Notre
collègue parlait du palais de justice de Montmagny, qui a été rénové et qui est
doté de salles qui vont, justement,
permettre d'utiliser cette technologie-là, mais le Tribunal administratif
aussi, le TAQ, le Tribunal
administratif du Québec, aussi, a mis de l'avant un certain nombre de projets
pour lui permettre de bien gérer les dossiers.
Et,
là-dessus, M. le Président, avec votre permission, je vais recéder à parole à
Me Lejeune, Me Natalie Lejeune, pour
qu'elle nous explique plus en détail les mesures qui ont été mises en place au
TAQ et puis pour répondre à la question de notre collègue de Côte-du-Sud avec plus de détails et de précision.
Puis je reviendrai au besoin sur les mesures qu'on a pu prendre notamment dans les palais de justice du
Québec qui vont faciliter le travail de tous ceux et celles qui oeuvrent
un peu partout sur le territoire. Mais, pour ce qui est du TAQ, je céderais la
parole à Me Lejeune.
Le Président (M.
Ouellette) : Oui, oui. Mais je reviens, là, parce que M. le député de
Montmagny...
Mme Lejeune
(Natalie) : Alors, si vous me permettez...
Le Président (M.
Ouellette) : Oui, Me Lejeune.
Mme
Lejeune (Natalie) : ...au tribunal, on est un tribunal itinérant. Nos
bureaux sont à Montréal et à Québec, et
on se déplace chaque année dans approximativement 200 salles d'audience, et on
visite autour de 65 villes. Alors, quand on est capables de planifier
nos déplacements, on se rend partout dans la province.
Ce
qui devient plus compliqué, c'est lorsqu'on a des dossiers qui sont urgents. On
entend des dossiers de Code de la
sécurité routière où les policiers peuvent suspendre un permis de conduire
sur-le-champ, par exemple, pour 90 jours pour de l'alcool ou de la grande vitesse, et, si on veut laisser au
citoyen un recours efficace, il faut entendre le plus rapidement possible. Alors, on a développé non
seulement un dossier numérique pour les juges, mais également un réseau où on peut faire entendre les gens qui se font
prendre par la police à l'intérieur d'un délai d'une semaine, ce qui nous
permet d'avoir un juge assis à
Montréal ou à Québec pour entendre toutes les causes. Si on a quelqu'un de
Gatineau, quelqu'un à Val-d'Or,
quelqu'un à Roberval, on est capables d'entendre tous les dossiers dans la même
journée avec un mode efficace de visioaudience.
Le Président (M. Ouellette) : Bon.
Donc, ça va. Oui, Mme la ministre.
• (16 h 20) •
Mme Vallée :
Mais, M. le Président, ça permet quand même... Parce qu'on parle d'utilisation
de la technologie, les préoccupations
du TAQ, les besoins d'efficacité, bien, c'est partout, c'est dans l'ensemble de
notre système. Donc, il y a eu un
certain nombre de projets qui ont été déployés au cours de l'année dans les
palais de justice du Québec, donc au-delà
du TAQ. Et, en Abitibi-Témiscamingue, on a mis en place un processus au cours
de l'été 2016, un projet d'utilisation
de la visioconférence pour des mesures d'urgence dans le Nord-du-Québec. Les
visioconférences ont été implantées
dans tous les palais de justice de l'Abitibi-Témiscamingue, puis ça permet de
mieux structurer l'utilisation de la
visioconférence en Abitibi, autant par le personnel des services de justice que
les partenaires, par exemple la DPJ.
Et il y a une
section sur le site Internet du ministère qui est dédiée aux avocats du
Nord-du-Québec, qui comprend une
série d'outils et toute la documentation qui est nécessaire pour l'utilisation
de la visioconférence, ça a été aussi adapté puis ça a été rendu disponible aux avocats de l'Abitibi-Témiscamingue.
Donc, le ministère de la Justice accompagne les avocats pour leur permettre d'utiliser leurs propres équipements, là.
Alors, on essaie, là, de permettre aussi l'utilisation de la visioconférence à partir des équipements des
avocats. Donc, l'objectif, là, c'est probablement en août 2017, là, donc
au courant de l'été.
Mais oui, le
déplacement en salle d'audience est une possibilité, mais, en raison des
grandes distances entre les territoires,
on pense que, dans certains cas, l'utilisation de la visioconférence est dans
l'intérêt des citoyens, dans l'intérêt des
témoins, dans l'intérêt des victimes. Donc, il y a certaines choses qui peuvent
se faire par visioconférence puis il y a des choses aussi simples que le
contact entre l'avocat et son client, qui peut être facilité par la
visioconférence.
Alors, on a
aussi mis en place, au palais de justice de Montréal, un système de
visiocomparution entre Bordeaux et Montréal.
On parlait des délais, bien, vous savez qu'en raison des travaux routiers à
Montréal le déplacement des détenus entre
Bordeaux et le palais de justice de Montréal contribuait largement à des
retards importants, parfois dans les auditions, et tout ça, bien, évidemment,
ça a un effet domino sur l'ensemble des dossiers. Donc, on a mis en place — et ça
a été annoncé en octobre dernier — un lien de visioconférence, donc, qui permet
aux prévenus qui sont mis en état d'arrestation sur l'île de Montréal
puis qui ne sont pas assujettis à la cour municipale d'effectuer leur première
comparution par visioconférence à partir de Bordeaux. Donc, pas de déplacement,
pas de perte de temps, et les avocats peuvent aussi rencontrer leur client avant la comparution. Il y a des visioparloirs
qui ont été installés au palais de justice de Montréal pour permettre cette communication privilégiée
entre l'avocat et son client et aussi de permettre la visio entre les avocats
à partir de leur bureau et de
l'établissement de Bordeaux, ce qui est encore plus efficace dans bien des cas.
Donc, c'est en place depuis le 11 octobre dernier.
Les
partenaires sont satisfaits. Ça, ça a donné lieu... Puis ça, c'est une
illustration, M. le Président, là, du travail de collaboration entre les
intervenants du milieu de la justice, du milieu judiciaire, parce que, pour ce
projet-là, c'était un comité de travail
auquel avaient participé les équipes du ministère de la Justice, les équipes du
ministère de la Sécurité publique, le
Barreau du Québec, l'association des avocates et des avocats de la défense du
Québec, l'association des avocats et
avocates de la défense de Montréal, la Commission des services juridiques et le
DPCP, et la magistrature, alors un travail de concertation qui a permis de mettre en place ces dossiers-là. Puis,
depuis octobre, pour vous donner une idée, 5 500 comparutions qui
ont été effectuées par vidéoconférence.
Le Président (M. Ouellette) : Ce
service-là, Mme la ministre, c'est juste à Bordeaux?
Mme
Vallée : Oui, à Bordeaux. Et évidemment, là, il y a
Rivière-des-Prairies aussi, excusez-moi, Rivière-des-Prairies aussi qui est muni de quatre visioparloirs puis
deux salles de visiocomparution. Donc, ça aussi, ça permet de réduire les
délais.
Alors, vous
savez, réduire des délais, là, réduire des délais dans le système de justice,
ce n'est pas une solution, c'est une
série de mesures qui vont nous permettre de changer nos façons de travailler,
puis d'être plus efficaces, et d'éviter des coûts aussi. Parce que derrière tout ça, au-delà des coûts qui sont
rattachés aux délais, au-delà des délais en soi et des coûts sociaux rattachés aux délais, il y a aussi
les coûts de transport de ces détenus-là, le déplacement pour les avocats.
L'avocat qui doit se déplacer à la prison
prend de son temps. Alors, beaucoup d'efficience dans ces mesures-là. Et je
remercie le collègue de sa question.
Le Président (M. Ouellette) : Merci.
M. le député de Côte-du-Sud.
M.
Morin : Oui. Oui, M. le Président. Merci de vos questions. Vous
êtes un bon partenaire. Ce n'est pas un domaine qui m'est bien connu, tout ça. Mais là j'aimerais, Mme la ministre, vous
parler d'aide juridique. On sait que c'est créé depuis plus de 40 ans, le réseau de l'aide juridique, qui
est un service public qui reconnaît le libre
choix du bénéficiaire dans le cadre
d'un système mixte d'avocats permanents et d'avocats ou de notaires de la
pratique privée. Ces deux groupes d'avocats et les
notaires se partagent les dossiers des bénéficiaires. Le réseau des avocats du
secteur public comptait 378 avocats et
avocates au 31 mars 2016 en plus des avocats de pratique privée. Et ça, c'est
près de 2 000 avocats de pratique privée qui réclament des
honoraires d'aide juridique sur une base annuelle.
L'aide
juridique, on le sait, est offerte selon deux volets, soit un accès gratuit ou
un accès avec une contribution qui
varie entre 200 $ et 800 $ selon, naturellement, une grille
d'accessibilité qui est basée sur le salaire et selon la taille du
ménage.
Il
y a aussi la Commission des services juridiques, qui est chargée d'appliquer la
Loi sur l'aide juridique et sur la prestation
de certains autres services juridiques. Ce chapitre porte sur les services
rendus à la suite d'ordonnances en matière de droit criminel, ce qui a
été ajouté en 2010 pour couvrir les mégaprojets. Cette commission veille à ce
que l'aide juridique soit fournie aux
personnes financièrement admissibles, évidemment tout en s'assurant de la
gestion efficace des ressources. Il y a, semblerait, que j'apprends, 11
centres régionaux qui fournissent les services d'aide juridique sur le
territoire du Québec.
Mme
la ministre, j'aimerais, de vous, savoir quels gestes qui ont été ou qui vont
être posés pour encore améliorer de façon plus pertinente l'aide
juridique, un service vieux de 40 ans et plus.
Le Président (M. Ouellette) : On a un nouvel intervenant, mais il reste
1 min 45 s. Je sais qu'on n'a pas le temps bien, bien, hein?
Mme Vallée :
Peut-être qu'on pourra y revenir, M. le Président. Alors, on a un nouveau
visage à l'étude des crédits. Parce que,
pendant plusieurs années, les collègues ont pu recourir à l'expertise de Me
Denis Roy, qui a pris sa retraite
l'été dernier. Donc, je tiens à le souligner parce que Me Roy, bien, c'est un
petit gars de Montmagny. Alors, c'est un petit gars de Montmagny.
Des voix :
...
Mme
Vallée : Non, le prédécesseur de Me Yvan Niquette, qui a pris
la barre de la Commission des services juridiques depuis le mois d'août
dernier.
Alors,
on a haussé les seuils d'admissibilité à l'aide juridique. C'est entré en
vigueur le 1er janvier 2016. Cette hausse-là
avait comme objectif de... Elle avait été annoncée, puis c'est pour permettre à
une personne seule qui travaille 35
heures par semaine au salaire minimum d'avoir accès à l'aide juridique et
d'indexer, évidemment, annuellement cette somme-là parce que le salaire minimum... On est le 1er mai aujourd'hui.
Alors, le salaire minimum fait l'objet d'une hausse habituellement à tous les 1er mai. Alors,
maintenant, on permet à une personne seule qui travaille au salaire minimum
d'avoir accès à l'aide juridique. Donc, ça,
c'est quand même une augmentation, là, qui a vraiment contribué à un rattrapage
historique, je vous dirais, en matière... Bon.
Le Président (M.
Ouellette) : On se reprendra au prochain bloc, Mme la ministre. Et on
l'a vu, on ne l'a pas entendu, on l'entendra au prochain bloc. Mme la députée
de Joliette.
• (16 h 30) •
Mme
Hivon : Oui. Merci beaucoup. Juste très, très rapidement, on
ne fera pas le débat ici sur la clause dérogatoire, mais je voulais simplement dire que, d'une part,
de dire que ça va bloquer les tribunaux, je voudrais juste dire qu'en ce
moment d'avoir 800 requêtes Jordan à
traiter, c'est quand même quelque chose qui augmente... en plus de tout ce
qu'on vit comme délais dans les
tribunaux. Et je pense que, tantôt, ma collègue de Repentigny l'exprimait très
bien, à savoir qu'il y a une anxiété
incroyable qui est créée chez les victimes, chez les familles des victimes. On
le voit aujourd'hui, oui, il y avait
une décision d'une requête en arrêt des procédures dans une cause de meurtre
qui devait être rendue, c'est reporté
d'une semaine. Ça fait des semaines que cette cause-là est en délibéré. Donc,
ça embourbe et ça crée énormément de problèmes et d'anxiété déjà dans le
système.
Et
l'argument de démobiliser les troupes, je dois vous dire qu'il me surprend
beaucoup parce qu'on entend à quel point
les troupes sont dédiées, à quel point les gens sont professionnels, et c'est
aussi ma perception. Alors, je vois mal pourquoi de dire que, pendant un an ou 18 mois, on va essayer de se
donner un peu de sérénité, justement, pour pouvoir préserver les victimes dans tout ça et de concilier
les droits de chacun, ce qui est notre rôle à nous comme législateurs, et on a le droit de le faire. Je vois mal comment ça, ça devrait démobiliser les troupes. Je pense
qu'au contraire ça devrait leur
permettre d'agir en toute sérénité et permettre aux réformes de se faire et aux
changements de pouvoir donner leurs résultats.
Je
voulais venir à la question des nolle prosequi tantôt, c'est-à-dire, pour les gens qui nous écoutent, des arrêts de procédures qui sont demandés par le DPCP, donc,
lui-même, et non pas, donc, après un jugement comme tel. Je
voulais comprendre parce que
le chiffre que la ministre nous a donné tantôt... Elle nous a dit qu'il y avait
eu 75 nolle prosequi en matière
criminelle. Dans le cahier des renseignements particuliers, à la page 204, on parle qu'il y en
a eu 117. Alors, je voulais comprendre ce qui expliquait la différence.
C'est la question 65 de nos questions à la page 204.
Est-ce
que les nolle prosequi... De moi, ce que je comprenais, ils ne faisaient pas
suite à une requête Jordan, mais est-ce
que c'est parce qu'il y en a une
partie qui fait suite à une requête Jordan et une partie qui ne fait pas suite?
Donc, nous préciser combien il y en
a. Et, bien sûr, on a tous vu celle qui concernait M. Luigi Coretti parce
qu'elle a été très médiatisée, celle
de M. Coretti. Donc, si c'est possible, peut-être, de nous dire combien il y a
d'autres de ces arrêts de procédures, de ces nolle qui ont été pris pour des
causes de l'UPAC.
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
ministre.
Mme
Vallée : Juste brièvement. Je comprends que ma collègue a
référé à la clause dérogatoire. Je vous dirais, c'est pour les raisons
mises de l'avant par notre collègue que nous sommes intervenus dans Cody. Ça a
été le choix d'intervenir dans l'arrêt Cody
plutôt que de recourir à la clause dérogatoire. Alors, on peut avoir des
opinions différentes, mais l'objectif de l'intervention dans Cody, c'est
pour ça.
Maintenant,
je vais céder la parole à Me Murphy. Il y a effectivement des requêtes en nolle
prosequi qui s'inscrivent dans le
cadre d'une requête Jordan, mais il y en a qui s'inscrivent aussi dans le cadre
des activités générales. Alors, je cède la parole à Me Murphy.
Le Président (M. Ouellette) : Me
Murphy.
Mme Murphy
(Annick) : Oui, M. le Président. Alors, les chiffres que je vais vous
transmettre sont en date du 24 avril. En date, donc, du 24 avril, au total, en
termes de nolle prosequi — je parle, pour toute la question des affaires
criminelles — il
y en avait 134. De ces 134...
Mme
Hivon : C'est
depuis juillet?
Mme Murphy (Annick) : Depuis le tout
début.
Mme
Hivon : Depuis
Jordan?
Mme Murphy
(Annick) : Oui. Il y a
donc 75 nolle qui ont été déposés suivant une requête Jordan et 59 nolle
qui ont été présentés de façon
volontaire par le Directeur des
poursuites criminelles et pénales. Je
pourrais vous présenter une certaine ventilation des dossiers pour
lesquels on a présenté un nolle prosequi. Sur les 134...
Le Président (M. Ouellette) : Mme la
députée de Joliette, sur la ventilation.
Mme
Hivon : Peut-être, simplement nous dire UPAC, crimes contre la
personne puis les autres si c'est possible.
Mme Murphy
(Annick) : Oui. Bien, écoutez,
en capacités affaiblies, 99; une conduite dangereuse; 18 fraudes, qui
n'ont pas nécessairement à voir avec les fraudes de l'UPAC, là — vous
avez parlé du dossier Coretti; trois vols simples
et 13 dossiers d'infraction contre la personne, là, voies de fait simples,
voies de fait sur un agent de la paix, un contact sexuel, une introduction par effraction, etc., là. Donc, ça,
c'est une ventilation sommaire des 134 requêtes que nous avons
présentées.
Mme
Hivon : Merci.
Est-ce que ce serait possible de déposer cette ventilation?
Le
Président (M. Ouellette) :
Est-ce que c'est possible de faire parvenir au secrétariat, à un moment donné, là, parce que...
Mme Murphy (Annick) : Oui.
Mme
Hivon : Ça n'a pas
besoin d'être un document que vous avez, avec vos notes, mais juste l'information.
Mme Murphy
(Annick) : D'accord.
Moi, je n'ai pas de problème. Je vais quand
même, peut-être, dire publiquement,
là, que ce que je viens de donner comme information, c'est une information
que nous colligeons manuellement.
Nous n'avons pas de système, malheureusement, pour faire des extractions ou des requêtes pour
avoir cette information-là. L'information n'est pas
nécessairement saisie. Ce n'est pas possible pour nous de l'avoir non plus de
la magistrature, des greffes. Donc, je voulais faire cette réserve. Puisque nous
le faisons manuellement, il est possible que ce ne soit pas tout à fait exact, dans le sens où il y a peut-être des
requêtes qu'on aurait faites qui ne sont pas indiquées dans notre registre. Mais, évidemment, on tente
qu'il soit le plus exact possible, là. Je voulais faire cette mise en garde, elle
sera sur le document que je vais vous transmettre, M. le Président.
Le Président (M. Ouellette) : Puis,
dans vos 134, Me Murphy, il y a ceux de l'UPAC?
Mme
Hivon : Oui, c'est
ça.
Mme Murphy (Annick) : Bien, tous
dossiers confondus, là. Alors, je n'ai pas indiqué UPAC, là, sur...
Mme
Hivon : ...dire il y en a combien qui sont dans les...
j'imagine, dans les cas de fraude, combien qui sont des dossiers...
Parce qu'il y avait celui de M. Coretti.
Mme Murphy
(Annick) : Oui, je pense
qu'on pourrait le faire. Et, évidemment, ça va prendre quelques jours...
Mme
Hivon : Oui? C'est
beau, vous nous le donnerez...
Mme Murphy
(Annick) : ...puis on va pouvoir vous le transmettre, oui.
Mme
Hivon : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Ouellette) :
C'est beau. Vous transmettrez les informations demandées au secrétariat quand elles seront
prêtes, Me Murphy, en tenant compte, dans les 134, des dossiers touchant
l'UPAC. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Ouellette) : Oui,
c'était sur le temps du président.
Mme
Hivon : Merci. Et ça, ça m'amène... C'est ça, quand on a
posé la question, dans la réponse, là, à la page 204, vous dites que vous n'avez pas de système,
donc, qui permet... mais là — et
c'est très apprécié — pour
éviter de faire des demandes d'accès
à l'information qui se multiplient, vous avez pris l'initiative
de mettre, donc, périodiquement le nombre
de requêtes Jordan. Donc, ça, je vous en remercie. Est-ce que ça serait
possible de mettre, quand vous le faites, ce que la ministre nous donnait tantôt comme information, combien sont traités, combien sont accordés et rejetés? Parce que ça permettrait... Là, moi, je fais le calcul
puis je vois qu'il y a à peu près 50 % des requêtes, avec les chiffres qui ont
été donnés, qui sont accordées. Donc, quand
la ministre dit : Elles ne le sont pas toutes, effectivement, il y en a peut-être
50 % quand je fais l'examen.
Vous pouvez
nous donner la réponse tantôt, si c'est faisable, mais c'est sûr que ce serait,
je pense, quelque chose qui serait fort apprécié de tout
le monde pour permettre de voir l'évolution
des choses. Puis de mettre le nombre de nolle prosequi aussi parce que ça permet d'avoir un tableau plus complet.
Donc, si c'est des données que vous tenez... Comme j'imagine que vous
les tenez, si c'était possible de les rendre disponibles sur le site, ce serait
très...
Mme Murphy (Annick) : Je vais voir
ce que je peux faire. C'est sûr qu'on a préparé pour la présentation aujourd'hui... C'est sûr que ça demande énormément... Vous savez, nos équipes sont dédiées, ça
demande... Vraiment, c'est
du calcul manuel puis... En tout cas,
je vais voir ce que je peux faire
puis je pourrai transmettre la réponse à
ce moment-là.
Le
Président (M. Ouellette) :
Transmettre la réponse au secrétariat. Merci, Me Murphy. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Ce serait apprécié parce que j'imagine, si la
consigne est donnée... Je ne vous dis pas que c'est simple, là, mais, si la consigne est donnée, les gens,
dans leurs dossiers respectifs, savent quand il y en a une, quand elle est
reçue ou non, mais...
Mme Murphy
(Annick) : ...c'est qu'on
remplit... C'est un registre, mais, quand on veut interroger le registre, il faut mettre des humains puis tout faire ce genre de
calculs là. Quand je dis que c'est onéreux, là, c'est ça que ça veut dire.
On a mis les gens au travail pour aujourd'hui, mais enfin je vais voir si on a
une continuité puis on peut faire ça.
Mme
Hivon : Je suis certaine que la ministre
serait prête à vous donner les crédits pour que vous ayez une ressource qui puisse regarder ça pour la
bonne marche, n'est-ce pas, de la justice et... Bon, voilà.
Mme Vallée : Bien, en fait,
ce n'est pas tant moi que le président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Ouellette) : Oui,
oui. Bien, le message est passé. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci. Écoutez, je termine, là, sur Jordan. Quand, justement,
il y a eu un arrêt des procédures dans la
cause de Luigi Coretti de votre propre chef, je comprends qu'il n'y avait
pas eu de requête, hein, en arrêt dans ce cas-là. Donc...
Mme Murphy (Annick) : Oui. Pardon,
je m'excuse, il y avait une requête. Il y avait une requête.
Mme
Hivon : Il y avait
une requête, puis il y a eu un nolle prosequi. C'est beau.
Mme Murphy (Annick) : Je peux vous
expliquer comment on fait ça.
Mme
Hivon : Non, mais
je ne veux pas le détail.
Mme Murphy (Annick) : O.K.
Mme
Hivon : Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas, c'est
juste qu'il me reste un bloc et un tiers. Donc, c'est très stressant, tout ça. Je voulais juste... À ce moment-là, le porte-parole du DPCP, parce que ça avait soulevé beaucoup de
questions, avait dit : On agit comme ça parce qu'on n'a pas le choix de
prioriser les dossiers et, donc, d'aller où on pense qu'on a le plus de chances de pouvoir obtenir des condamnations.
Je comprends que, dans ce cas-là, on estimait qu'il y avait des chances
que la requête soit accordée.
Deux
questions à cet égard-là. Un, on a eu, là, donc, l'information dans une lettre
à la ministre fédérale qu'il y avait 40
dossiers à la Cour supérieure de Montréal qu'on estimait à risque parce qu'on n'était pas
capable, donc, de leur donner des dates
dans les délais de Jordan. Pour la Cour du Québec, quelle évaluation
vous faites du nombre de dossiers qui
sont à risque? Donc, en ce moment, on sait qu'en tout, là, on a ces 800 requêtes
là, mais il y en a combien qui sont à risque? Parce que vous voyez
l'écoulement du temps.
Puis, deuxièmement,
comment vous priorisez? Parce qu'on a vu des causes de meurtre tomber, une
cause d'agression sexuelle qui a fait beaucoup
de bruit, il y a une dizaine de jours, ce qui, évidemment, scandalise beaucoup la
population. Donc, on se demande comment ça se fait que ces
causes-là de crimes contre la personne ne peuvent pas être priorisées à
tout prix?
Le Président (M.
Ouellette) : Me Murphy.
• (16 h 40) •
Mme
Murphy (Annick) : Oui.
Alors, il est certain que nous priorisons les dossiers. Mais, évidemment,
nous ne sommes pas seuls dans le système
de justice, et il y a, par
exemple, la disponibilité, il y a les dates, effectivement,
qu'on peut nous offrir ou qu'on ne
nous offre pas. Mais nous priorisons tous les dossiers comme les crimes contre
la personne, bien entendu, et ce sont des dossiers qui, pour nous, sont
les plus importants.
Vous
me demandez les dossiers à risque. Je vous répondrais simplement, comme on l'a
fait dans le document, que nos
dossiers à risque, pour le moment, c'est les dossiers dans lesquels nous avons
des requêtes en arrêt des procédures. Je vais vous expliquer puis je vais vous dire ce qu'on fait aussi. C'est
que, pour nous, faire une évaluation d'un dossier à risque est extrêmement exigeant. Et ce serait très
onéreux pour nous de faire cet exercice-là parce qu'il faudrait d'abord,
évidemment, sortir tous les dossiers, là,
prospectifs dans les mois ou l'année, là. Dans votre question, vous parliez de
l'année prochaine...
Mme
Hivon :
...
Mme
Murphy (Annick) : ... — c'est ça — et là ça veut dire d'ouvrir chacun des
dossiers et de faire une analyse, une
appréciation en fonction du nouveau cadre Jordan. Alors, de faire ça peut
prendre des heures. Non seulement des heures, mais peut prendre des jours dans un seul dossier. Ça nécessite, entre
autres, parfois de récupérer des procès-verbaux de la cour pour voir... Parce que, vous savez, dans le
nouveau cadre, on calcule nos délais, on calcule les délais attribuables
à la défense. En fonction de ça, on aura
notre délai total puis on doit décider qu'est-ce qu'on devrait retirer de ça.
Donc, bref, pour nous, ce n'est pas possible, c'est beaucoup trop
onéreux.
On
veut mettre nos gens, puis on met nos gens au travail... Vous savez, on parlait
de 800 requêtes pour le DPCP, là, c'est
plus qu'une requête par personne. Ça ne se calcule pas comme ça, mais c'est
juste pour montrer l'effort immense que
ça nous demande comme organisation pour faire face à cette situation
présentement parce qu'en même temps qu'on plaide les dossiers Jordan on tente aussi de faire en sorte que, tous
nos dossiers que nous autorisons depuis le 1er juillet, on les
rende à terme dans le nouveau cadre Jordan.
Ce
que nous faisons, ce que les chefs, chacun des chefs, dans les différentes
régions, font pour être en mesure de ne pas perdre, entre guillemets, de dossiers, c'est qu'ils vont, dans leur
structure qui est en place, évaluer les dossiers qui viennent à court terme, donc sortir les dossiers,
là, des trois prochains mois ou des quatre prochains mois et agir dans ces
dossiers-là avec les procureurs. Donc, de
mettre des procureurs sur ces dossiers-là, de voir comment ils peuvent faire en
sorte d'activer, de les mettre au rôle si
c'est possible, de devancer si c'est possible, d'avoir des contacts avec les
avocats de la défense pour avoir des
admissions. On a créé des formulaires, on a créé des lettres types pour
accélérer. On met des techniciens juridiques en place dans chacun des
bureaux. Eux appellent les victimes ou les témoins pour s'assurer qu'ils sont présents. On met énormément de choses
en place pour, évidemment, s'assurer qu'on ne perde pas nos dossiers.
Alors, on doit
travailler de cette manière-là parce que, comme je le disais, ce ne serait
vraiment pas possible d'analyser nos dossiers de l'année prochaine. Mais on se
rend compte que ça porte fruit. Je n'ai pas... Et j'espérerais pouvoir vous le
transmettre et, si c'est le cas, je le ferai, là, dans l'envoi si vous me le
permettez, M. le Président...
Le Président
(M. Ouellette) : Oui.
Mme Murphy
(Annick) : Mais nous, nos premiers chiffres nous permettent de dire
que le travail que nous faisons... Et ce
n'est pas seulement le DPCP, la magistrature est à l'oeuvre également, l'ensemble
des partenaires est à l'oeuvre, et ça
nous permet de dire que nous voyons qu'il y a moins de dossiers présentement
dans le système de justice, nous
constatons que les dossiers sont réglés de plus en plus rapidement. Nous avons
instauré le programme de la meilleure offre
dans certains districts, ça fonctionne très bien. Alors, il y a des initiatives
comme celle-là que nous sommes à analyser et que... Par exemple, bon, nous allons décider si on l'étend à tous les
districts ou si on ne le fait pas, bon, alors... Mais nos chiffres
commencent à nous indiquer que nos efforts portent fruit.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci, Me Murphy. Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon :
Merci. Alors, moi, ça va mettre fin à ce chapitre sur Jordan, je vous remercie.
J'ai juste une question, si la ministre pouvait, si elle l'a, nous
donner à la commission le détail, crimes contre la personne, meurtres pour les
causes, donc, qui font l'objet de requêtes et les 40 autres à la Cour
supérieure si c'était possible.
Et puis j'ai
juste une dernière demande à faire à Me Murphy. Nous, là, pour notre
travail, vous voyez le temps qu'on a passé à vous poser des questions.
C'est une année exceptionnelle, mais il y a toujours énormément d'intérêt à poser des questions à
la Directrice des poursuites criminelles et pénales. Mais on a beaucoup
d'intérêt pour d'autres sujets que je
vais commencer à aborder. Donc, on aimerait beaucoup que vous acceptiez d'être
entendue une fois par année pas dans
le cadre de l'étude des crédits. On a fait plusieurs demandes de mandats
d'initiative, et est-ce que vous accepteriez que la commission puisse vous entendre une fois par année, ce qui ferait
en sorte que l'étude des crédits ne
serait pas prise en otage, en quelque sorte, par toutes les questions qu'on veut vous poser et qu'on serait capables
d'aborder d'autres dossiers aussi?
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : M. le Président, je pense que... Oui, mais c'est mon privilège de répondre
ou de prendre la question. Puis les
décisions... les mandats d'initiative, on le sait tous, ce sont les députés membres de
la commission qui décident s'il y a lieu ou s'il n'y a
pas lieu d'aller de l'avant avec le mandat
d'initiative. D'ailleurs,
je sais que c'est dans le cadre
d'un mandat d'initiative que Me Murphy avait été entendue il y a un petit peu
plus d'un an.
Ceci
étant dit, je le prends sur du temps gouvernemental, là, je ne veux pas prendre
de temps à ma collègue. Un deux minutes, même pas. Notre collègue disait tout à
l'heure... la députée de Joliette disait : Il y a la moitié, 50 % des
requêtes qui sont accueillies. Ce n'est pas tout à fait exact parce que,
lorsqu'on prend les chiffres que j'ai donnés tout à l'heure, 62 requêtes
accueillies, c'est 13 % des requêtes qui sont accueillies. Et, si on
ajoute, par exemple, les nolle prosequi, les 75 nolle prosequi, ce sont
28 % des dossiers. Il y a une différence entre 50 % et 28 %, M.
le Président.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : ...la ministre, elle tient compte de celles qui
n'ont pas été plaidées encore. Donc, évidemment, il faut prendre celles qui ont été plaidées, mais je
suis d'accord que c'est un petit peu moins si on prend les nolle prosequi.
Mais moi, je prenais 62 accueillis, 124 rejetés. Mais on pourra faire ce débat
de chiffres là...
Mme
Vallée : Il y a des désistements. Je pense, un désistement, ça
démontre qu'il n'y avait pas lieu de... Alors, tout ce que j'ai identifié tout
à l'heure explique les chiffres. Ce n'est pas tout à fait exact de dire que
c'est 50 % qui sont accueillis.
Le Président (M. Ouellette) : Tout dépendant où on place le point puis la
virgule. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Exact. Je vais faire tous ces calculs-là ce soir dans le détail. J'avais dit
environ.
Oui,
alors je voudrais parler de la réforme en droit de la famille parce que nous
avions, justement, proposé un autre mandat d'initiative pour faire en
sorte que, de manière non partisane, tous les députés puissent se pencher sur
les conclusions du rapport d'Alain Roy et du
comité consultatif sur la réforme du droit de la famille, ce qui, encore une
fois, n'a pas été accepté et qui
aurait pu dégager la ministre, qui a fort à faire, on n'en doute pas, de ses
autres mandats, donc, dans ses autres
mandats. Donc, ça a été refusé. Mais, par ailleurs, la ministre nous avait dit qu'en
2017 — c'est
d'ailleurs dans son plan — qu'il y aurait une consultation qu'elle
entamerait sur cette question-là, et on n'a rien vu passer. Donc, on
voulait savoir si c'était à l'ordre du jour de faire une consultation. Et on
est toujours disponibles pour faire un mandat d'initiative pour que les
parlementaires se chargent du suivi du rapport.
Le Président (M.
Ouellette) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, on a un petit peu revu notre
approche au niveau du droit de la famille, et je pense que j'ai eu l'occasion de le réitérer à plus d'une occasion. On a
choisi plutôt d'y aller par étapes, plutôt que de faire une grosse réforme en raison du temps, en raison
aussi du temps qui est mis à la disposition des commissions et en raison
de certains dossiers qui étaient plus
urgents. Je sais qu'il y avait énormément d'attentes quant aux dossiers
d'adoption, qu'on a remis sur la
table l'an dernier, l'automne dernier avec le projet de loi n° 113. Alors,
on l'aborde sous cet angle-là. Il y a
24 heures dans une journée, je dois vous avouer, et on a quand même plusieurs
mandats importants. On sera appelés, j'imagine,
sous peu, là, à se pencher sur le projet de loi n° 113. On a eu des
consultations fort intéressantes, il y a eu des commentaires qui ont été formulés aussi lors des consultations tant par
ma collègue de Joliette que par notre collègue de Borduas, j'en ai pris
bonne note. Donc, on aura la chance de discuter de l'adoption, et qui sera une
première étape.
Alors,
c'est comme ça que je l'aborde. J'aimerais ça vous dire, M. le Président :
Ah oui! Je vais déposer ci, je vais déposer
ça. Si on met de côté la session en cours, il va nous rester deux sessions
parlementaires, et l'expérience m'apprend que j'ai peut-être été un petit peu trop optimiste quant à la
possibilité d'entreprendre plusieurs chantiers en même temps. Il y a quand même une limite de temps, et il faut aussi
savoir mener à bien ce que l'on dépose devant l'Assemblée nationale. Puis je vous rappellerais, M. le Président, le
rapport de Me Roy nous a été remis, il y a tout près de deux ans, puis c'est
un rapport qui est quand même très utile.
Puis c'est un outil de référence en soi sur des questions, donc il nous sert
dans le cadre d'un certain nombre de réflexions qui sont en cours.
Puis
la dernière réforme du droit de la
famille, là, qui était quand même sommaire, qui n'était pas globale, avait pris cinq ans pour certains petits enjeux. Donc,
on aborde la question de 113, la question de l'adoption, on va aborder certains enjeux.
Nous regardons avec beaucoup d'attention, puis j'en avise ma collègue,
là, la question de la délégation d'autorité parentale, il y a
eu des commentaires qui ont été formulés, notamment par Me Roy, lors des
consultations. Donc, on est à l'étude, puis on
pourra en discuter lorsque le projet de loi n° 113 sera déposé. Donc, à
l'intérieur de 113, on pourra toucher à certains enjeux importants.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Vous comprenez que la
réponse vous a été gracieusement fournie par M. le député de
Côte-du-Sud.
M. Morin :
Avec plaisir.
Le Président (M. Ouellette) : C'est ça. Mais je le sais, que c'est avec
plaisir. Mais à vous la parole, M. le député.
M.
Morin : Oui. Bon, merci, M. le Président. J'aurais aimé avoir
un complément d'information sur l'aide juridique. Tantôt, on était bien partis, et le temps nous a,
comme on dit par chez nous, brakés. Et ensuite j'aurais une petite
question — j'avais
envie de dire — à
100 $ à Me Murphy.
Mme
Vallée : Pour l'aide juridique, pour poursuivre un petit peu,
comme je le mentionnais, là, on a haussé les seuils d'aide juridique le 1er janvier 2016. Donc, on a haussé, là,
de 17,75 % les seuils d'admissibilité. Donc, je vous ai parlé tout à l'heure d'une personne seule qui
travaille au salaire minimum à 35 heures-semaine, qui a un revenu, à peu
près, annuel de, grosso modo,
19 200 $, cette personne-là a accès à l'aide juridique gratuitement.
On s'étonne, mais, jusqu'à l'an
passé, ce n'était pas le cas. Puis, pour une famille qui est formée de deux
adultes et deux enfants, dès qu'ils ont un revenu de 31 485 $
et moins, ils sont admissibles à l'aide juridique.
Ça,
M. le Président, là, pour des gens chez nous, dans mon comté, pour des gens
dans le comté de notre collègue de
Côte-du-Sud, pour des gens dans le comté d'Ungava, ça fait toute la différence.
Parce que, dans nos comtés, dans nos communautés rurales, les revenus ne
sont pas très, très élevés, et ça fait vraiment toute la différence d'avoir
cette accessibilité-là au volet gratuit de l'aide juridique. Parce qu'il y a
aussi le volet contributif qui existe.
Et,
pour faire un petit topo, là, la répartition par matières, on a à peu près
53 % du volume de l'aide juridique qui est en matière civile, puis 47 % en matière criminelle et pénale.
Et les mandats qui sont accordés sont répartis... 46,5 % des mandats sont attribués à des avocats de la
permanence, des avocats qui travaillent pour la commission des services d'aide juridique, et on a 53,5 % des mandats
qui sont accordés à des avocats qui pratiquent en pratique privée parce que le
citoyen, le bénéficiaire d'aide juridique a droit d'avoir les services qui lui
sont rendus par l'avocat de son choix.
Je ne sais pas si
ça...
M. Morin : O.K.
Merci. Oui, ça éclaire ma lanterne.
Mais là c'est Me Murphy que j'aimerais poser une question bien simple...
Le Président (M.
Ouellette) : On n'aura pas l'opportunité de l'entendre? Bon, bien,
c'est correct.
M. Morin :
Oui. Je m'excuse, monsieur, de vous avoir...
Le Président (M.
Ouellette) : Donc, posez votre question, M. le député de Côte-du-Sud.
M.
Morin : Oui. Me Murphy, depuis tantôt, là, que je me questionne
puis j'essaie de décortiquer le mot. J'ai fait du latin puis du grec dans ma jeunesse, mais ça fait 60 ans. Donc,
j'essayais de décortiquer qu'est-ce que ça veut dire puis comment ça
marche, prosequi, juste pour...
Mme Murphy
(Annick) : Nolle prosequi, ça veut dire un arrêt des procédures.
M. Morin :
Simplement?
Mme Murphy
(Annick) : Oui.
M. Morin :
Prosequi, arrêt de procédures. Pourquoi ce n'est pas arrêt de procédures, bon,
juste pour que...
Mme Murphy
(Annick) : Non, mais ça peut être arrêt de procédures.
M. Morin :
Oui? Ah! Donc, pour décortiquer le mot, ça vient d'où?
Mme Murphy
(Annick) : Ah! non, là, sincèrement, vous me posez cette question...
M. Morin :
Non? C'est parce que c'est mon classique qui fait en sorte que j'essayais de
décortiquer.
Mme Murphy (Annick) :
En fait, c'est vous qui devriez répondre, si je comprends bien.
M. Morin :
Oui, mais j'ai essayé de répondre, mais je n'étais pas capable. Mais c'est
«arrêt de procédures».
Des voix : ...
Mme Murphy (Annick) :
Comment ça fonctionne, bien, bien, après l'analyse que le procureur fait, on a
une directive. Il fait une analyse,
c'est dans les cas les plus manifestes. Le procureur, c'est dans son pouvoir
discrétionnaire d'arrêter les
procédures. Dans notre organisation, nous avons une directive qui fait en sorte
que le procureur doit discuter de cette question-là avec son procureur en chef. Et, à partir du moment où on
décide d'arrêter les procédures, il y a donc un arrêt des procédures qui est déposé au greffe de la cour qui arrête les procédures. Généralement, nous
le déposons au greffe de la cour. Il peut arriver que l'arrêt des procédures
soit déposé directement à la cour, mais, généralement, il est déposé au
greffe de la cour. Et, à ce moment-là, ça arrête les procédures.
M. Morin :
O.K. Complètement?
Mme Murphy
(Annick) : Oui.
M. Morin :
O.K.
Le Président (M. Ouellette) : Et, en complétant votre réponse, Me Murphy, un
nolle prosequi peut amener, dans une période d'une année, un redépôt des
procédures.
Mme Murphy
(Annick) : Absolument, oui.
Le Président (M.
Ouellette) : O.K. Donc, ce n'est pas tout à fait terminé, le fait que
vous déposiez un nolle prosequi dans un dossier.
Mme
Murphy (Annick) : Ce n'est
pas tout à fait terminé. C'est-à-dire que oui, c'est ça, ce n'est pas tout à fait terminé, il y a la possibilité
que nous puissions reprendre les procédures dans l'année.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Mon passage à cette commission m'aura servi. Merci.
Le Président (M. Ouellette) : Bon, c'est bon. C'est que ça pourrait être quelque chose qu'on pourrait amener au caucus rural. M. le député d'Ungava.
M. Boucher :
Combien de temps encore?
Le Président (M.
Ouellette) : Ah! pour vous, pas beaucoup de temps, mais il reste
encore 6 min 30 s.
M.
Boucher : Ah! ce n'est pas beaucoup
de temps, effectivement. Vous savez, mon collègue de Côte-du-Sud réclamait son droit à l'audi alteram partem, il voulait être
entendu, donc c'est fait.
Le Président (M.
Ouellette) : Vous allez lui expliquer ce que vous venez de dire, M. le
député d'Ungava?
M.
Boucher : Oui, je vais lui
expliquer ça dans l'oreille tantôt. Je vais vous parler d'un autre sujet, Mme la ministre, les Centres de justice de proximité, qui ont pour mission d'offrir de
l'information juridique qui est gratuite à l'ensemble de la population sans égard au revenu des citoyens. Vous savez,
bon, bien que les seuils à l'aide juridique ont augmenté, vous l'avez dit vous-même tout à l'heure, parfois ça peut être un frein à dire : Bien là, je suis dans
telle situation, c'est-u correct, j'ai-tu le droit de ça?
Aller consulter un avocat, des fois c'est une grosse marche à franchir.
Il y a six,
présentement, des CJP, des Centres de justice de proximité qui sont en
opération au Québec : un au Bas-Saint-Laurent, un à Québec, un à Montréal, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et en Outaouais.
Il y en a deux nouveaux qui sont en phase d'installation, un qui sera en Montérégie et un dans la plus belle région,
j'allais dire, au monde, mais je vais dire, au Québec, le Nunavik, dont
l'ouverture est prévue en 2017.
Vous
savez, au Nunavik... Je vais vous raconter une petite anecdote. Cette semaine,
je reçois un groupe d'étudiants — mercredi prochain — qui vient de Kangiqsujuaq, au Nunavik, avec
une de leurs professeurs qui est une Inuite,
qui est une dame qui doit avoir autour de 54, 55 ans. Cette dame-là est née
dans un igloo. Ce n'est pas parce que ses
parents étaient — comment
dire? — des
fondamentalistes ou des gens qui voulaient le retour à... C'était comme normal,
c'était comme ça, on vivait dans des igloos.
Dans une vie d'être humain, passer de l'igloo à l'ère spatiale, c'est quand
même spécial.
La justice, souvent,
là-bas, est perçue comme la justice des blancs. Tu sais, plaider coupable, non
coupable... Tu sais, quelqu'un commet une
infraction, commet un crime, puis son avocat dit : Tu vas plaider non
coupable. Là, il va dire : Oui,
mais je l'ai fait, je l'ai frappé, moi, le gars, tu sais. Non, non, mais il
faut que tu plaides non coupable, là. Voyons, c'est quoi, cette affaire-là? Tu sais, les Inuits, traditionnellement,
ne mentent pas, ils disent la vérité. Je l'ai frappé parce qu'il le méritait. Je le haïssais puis je lui ai
réglé son compte. Non, non, non, tu sais, il faut que tu dises non coupable au
juge, puis on verra plus tard. C'est tout un processus, là, qui est étranger
pour eux autres, puis je pense, là-dessus, les Centres de justice de proximité
vont être bien.
Du côté civil aussi, hein? Souvent, bon, les
gardes d'enfants se règlent sur un coin de table. Les pensions alimentaires, oubliez ça, c'est quelque chose
qu'on ne connaît pas du tout. Les divorces, bon, on est marié encore avec
notre première conjointe, bien que c'est
peut-être avec la troisième qu'on est présentement, puis il n'y a pas vraiment
de formalisme dans ça.
Puis
les centres, bon, ont été créés. Maintenant, il fallait savoir c'est quoi, leur
utilité réelle, puis comment c'est reçu
dans la population. Il y a un sondage qui a été mené, puis on disait que les
Centres de justice de proximité avaient un taux de satisfaction générale de 82,3 %. Je pense que, si les
gouvernements avaient ça comme score, tout le monde serait heureux, peu importe le parti. 90 %
des répondants recommanderaient le CPJ à quelqu'un qu'ils connaissent pour
des besoins d'information. Plus de la moitié des répondants affirment que leurs
besoins en termes juridiques ont été totalement
comblés, tandis que 36 % disent que ça a été seulement partiel. Dans
81 % des cas, les répondants estimaient que les consultations
faites aux CPJ les ont aidés dans la résolution de leurs problèmes.
Parce que
souvent, bon, c'est beau, les tribunaux, les avocats, mais, des fois, on peut
régler nos problèmes entre nous puis, quand on est bien informés,
dire : Bien là, regarde, il y a telle situation, tu ne pouvais pas faire
ça. On peut négocier ça entre nous.
79,6 % des répondants disent que l'information a été utile. Je sais qu'il
y a un autre sondage qui est à venir.
Pensez-vous,
Mme la ministre, que ces bons résultats là au sondage vont vous inciter ou
permettre d'étendre ce service-là à plusieurs régions?
• (17 heures) •
Mme Vallée :
C'est notre volonté d'étendre les services des Centres de justice de proximité
un peu partout sur le territoire du
Québec. Les sondages nous confirment qu'il s'agit d'une bonne initiative. Parce
que les Centres de justice de
proximité, c'est un endroit où les gens peuvent obtenir de l'information
juridique gratuite. Pas du conseil, pas de la représentation, de l'information. Ça, c'est la base, en fait, d'accès à
la justice d'être informé. D'avoir une certaine connaissance de notre
système, c'est une des clés de l'accès à la justice. Et, actuellement, comme on
le mentionnait, il y en a six qui sont en opération, ça va très bien.
Moi, je suis
plus familière avec le Centre de justice de proximité de l'Outaouais parce que
j'entretiens des liens avec eux. J'y
réfère souvent, et mes équipes au bureau de circonscription y réfèrent souvent
des citoyens. Parce que pour nous, députés, les Centres de justice de
proximité, c'est aussi un outil parce que, bien souvent, on a des citoyens, des
citoyennes qui cognent à notre porte qui ont
une foule de questions, puis ce n'est pas dans tous les bureaux de comté où on
a des gens qui sont familiers avec les
différents termes, avec le système, avec la Régie du logement, avec la
protection de la jeunesse. Donc, de
référer nos citoyens aux Centres de justice de proximité, c'est aussi un plus
dans le service aux clients, le service à la clientèle, l'expérience
client que nous donnons.
Alors, ce qui
nous a amenés à identifier, entre autres, le Centre de justice de proximité qui
sera mis en place sous peu au Nunavik, c'était justement les besoins
d'information. Lorsque, l'an dernier, je me suis rendue dans votre circonscription — la circonscription de notre collègue — pour une visite et des échanges avec les
intervenants du milieu judiciaire, ce
que j'entendais le plus, c'était le manque d'information adaptée. Et le Centre
de justice de proximité, c'est déjà
un premier pas qui n'est pas... Parce qu'obtenir de l'information dans le cadre
d'un dossier judiciarisé, ce n'est pas nécessairement la meilleure façon
de se familiariser avec la justice et de l'apprivoiser.
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée :
C'est mon tour. Juste un petit propos à propos de la réforme du droit de la
famille. J'ai assisté à la commission parlementaire avec mon collègue de
Borduas, la commission parlementaire qui concernait le droit sur l'adoption, des modifications sur l'adoption
coutumière, et je me souviens de l'intervention de Me Roy, qui a manifesté
son impatience puis qui nous mettait en
garde de vouloir faire des changements par morceaux au niveau du droit de la
famille. Moi, j'ai lu le document présenté
par Me Roy l'été passé. Et j'ai lu ce document-là avec grand intérêt, et
je pense que nous sommes rendus là
dans cette réflexion. Nous avons eu Mourir dans la dignité, je pense que la
réforme du droit de la famille aurait
dû être traitée comme ça. Ce n'est pas parce qu'il reste un an et demi dans
cette législature-ci qu'on n'aurait pas pu commencer et finir dans la
prochaine législature.
Mais ce
document-là n'amenait pas à avoir des débats partisans, mais c'était vraiment
de voir une réforme qui est saluée par beaucoup de monde, et dont plusieurs...
Plusieurs gens ont travaillé pendant deux ans sur ce document-là. Et c'est énormément de temps, puis c'est décevant
lorsqu'on a l'impression que, le document, on a l'impression qu'il va être
tassé ou tabletté alors qu'on a investi du
temps et que ces gens-là sont arrivés
à des consensus unanimes. Donc, je trouve ça malheureux. Mais, bon,
c'est le choix de la ministre de décider si elle veut aller plus loin dans
cette proposition-là. Mais je pense que ça pourrait être un travail intéressant
et surtout positif.
Je vais parler maintenant du dossier de la
réforme de la justice administrative. Il y a une équipe composée de Martine
Valois, France Houle et Pierre Issalys qui a été faite concernant toute la
législation relative au domaine de la justice
administrative. Notre système de justice est basé sur l'indépendance et
l'impartialité. À l'heure actuelle, neuf des 15 tribunaux
administratifs n'ont pas de processus de sélection, de nomination et de
renouvellement entièrement indépendant et ne
sont donc pas à l'abri de toute intervention politique, et je sais que la
ministre est très sensible à ça. La loi n'exige aucune compétence particulière, n'impose aucun critère de
sélection et ne prévoit pas d'appel de candidatures dans la plupart des
tribunaux administratifs. La durée des mandats, d'environ un à cinq ans, et le
renouvellement sont également flous.
Pourtant, il est nécessaire de mettre en place des processus de sélection et de
renouvellement des mandats en toute
indépendance des influences politiques. C'est essentiel pour maintenir la
confiance du public envers le système de
justice. Il est donc primordial que les juges sélectionnés soient compétents,
intègres et doivent posséder les connaissances et l'expérience requises
dans le domaine où ils évolueront.
Le 15 mars
dernier, mon collègue de Borduas a déposé un projet de loi, n° 792, Loi
sur la procédure de sélection et de
nomination des décideurs administratifs indépendants et de renouvellement de
leur mandat. D'ailleurs, les mêmes personnes
qui ont travaillé sur le rapport Noreau, Pierre Issalys, Pierre Noreau et
Martine Valois, ont écrit dans Libre opinion, dans Le Devoir, le 12 avril
dernier et sont revenus sur le sujet, Le débat sur la justice administrative
n'a que trop tardé à s'engager, et ils ont un paragraphe que j'aimerais
lire : «Aussi convient-il de saluer le récent dépôt devant l'Assemblée
nationale, par le député de Borduas, du
projet de loi n° 792[...]. Cette initiative rappelle l'urgence et la
gravité des questions dont traite ce
projet de loi. Techniquement très soigné, ce texte constitue une bonne base de
discussion. Nous souhaitons que son
dépôt annonce l'ouverture prochaine d'un débat public et parlementaire. Ce
débat aura pour enjeu la crédibilité d'importantes institutions publiques.
Il est plus que temps de l'aborder avec lucidité, inventivité et hauteur de
vue.»
Ça fait trois ans que le rapport Noreau a été
déposé. Qu'est-ce que la ministre entend faire à ce sujet?
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Dans un premier temps, simplement parce que notre
collègue a fait référence aux travaux de Me Roy, comme je l'ai mentionné à notre collègue de
Joliette, les travaux de Me Roy et du comité consultatif sur le droit de
la famille, ce n'est pas un document
qui est tabletté, c'est un document qui sert d'outil de référence pour les
différents dossiers, pour les
différentes questions. Donc, je pense que c'est faux de prétendre...
On peut avoir une opinion quant à la façon d'aborder la réforme sur le droit de la famille, et puis je
vous dirais qu'on peut discuter avec d'autres experts en droit de la famille
qui le voient autrement, mais, bref, on a
pris l'orientation qui est celle d'aborder d'abord la question
de l'adoption. Et puis je
consens qu'on doit... il y a probablement plein d'autres sujets qui pourraient aussi faire
l'objet d'une révision, mais on le fera en temps et lieu.
Maintenant,
pour ce qui est de la justice administrative,
dans un premier temps, je pense qu'il faut quand même recadrer, là,
certaines choses. Il y a des nominations actuellement qui suivent déjà un
processus qui est rigoureux, un processus qui est indépendant et qui s'inscrit
dans un cadre, une procédure de recrutement et de sélection qui est déjà prévue par règlement. Et là on parle de la Régie
du logement, du Tribunal administratif du travail, du TAQ, le Tribunal administratif — on a vu Me Lejeune ici, qui est sa
présidente — la
Commission québécoise des libérations conditionnelles et le Bureau des présidents des conseils de
discipline, alors ces organismes-là ont des nominations qui sont encadrées par
règlement.
Il y a
actuellement en cours — et le premier ministre l'a mentionné — une révision des processus de nomination qui a été annoncée la semaine dernière, mercredi
dernier, lors de l'étude des crédits du premier
ministre. Le gouvernement souhaite vraiment que les personnes qui sont intéressées... Et puis
on parle, là, de titulaires d'un emploi supérieur, il y a un
certain nombre de processus, en général, de nomination
qui seront revus, il y a une révision des processus de nomination qui est en cours. Et il y a
une chose, par contre, qui est importante, c'est qu'il est... en tout cas,
il y a certains bémols, là, qui sont apportés quant au projet de loi du
collègue de Joliette.
Maintenant,
je pense qu'il ne faut pas oublier qu'il y a
un chantier actuellement... Excusez, pas le député de Joliette. Excusez-moi, désolée, le député
de Borduas, je suis désolée, que je salue. Je sais qu'il est avec un...
• (17 h 10) •
Le Président (M. Ouellette) :
Avec sa fille.
Mme Vallée : Avec sa
nouvelle petite chouette.
Le Président (M. Ouellette) :
Petite fille.
Mme Vallée :
Sa petite fille. Alors, on le salue. On pense à lui et sa conjointe. J'espère
que tout va bien.
Bref, comme je l'avais mentionné à notre collègue de Borduas,
il y a aussi une réflexion sur l'organisation de la justice administrative qui est en
cours actuellement. J'ai donné mandat aux équipes, l'an dernier, de procéder à
cette réflexion-là. C'est une réflexion qui
est très transversale, pour utiliser un mot du jargon, c'est-à-dire que les tribunaux
administratifs ne relèvent pas tous du ministère de la Justice, il y a des
tribunaux administratifs qui relèvent d'autres ministères, d'autres collègues. Alors, on a lancé un chantier. C'est un
comité interministériel qui va se pencher sur cette question-là pour
revoir l'efficacité, entre autres, de notre justice administrative.
Alors, vous comprendrez que la démarche du collègue de Borduas
est peut-être un petit peu trop en avance. Je pense qu'il suffit, dans un premier temps, de voir l'organisation de la
justice administrative. Mais une chose est certaine, c'est que le processus de nomination qui est en
cours, c'est quand même pour la Régie du logement, pour le TAQ. C'est un
processus qui est indépendant, c'est un processus qui permet de recruter des
gens qui sont identifiés comme étant compétents
par un groupe entièrement indépendant. Et il n'y a pas de discrétion,
c'est-à-dire on ne peut nommer en dehors de cette liste-là. Donc, ces gens-là ont procédé à des examens, ont
procédé à des entrevues, ont été assujettis à des entrevues, et leurs compétences, leurs connaissances ont été
évaluées par des gens qui sont complètement indépendants du politique et
qui vont dresser une liste des personnes qui sont aptes à être nommées au
tribunal en question.
Donc, pour ce qui est des autres organismes que je n'ai pas
énumérés, tout ça va s'inscrire dans la réflexion sur l'organisation de
la justice administrative qui est en cours actuellement.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Merci. Dès votre arrivée en
poste, M. le premier ministre vous a confié le mandat d'étudier le rapport Noreau afin de mener à la réforme de la
justice administrative. Ça fait trois ans que le rapport Noreau a été déposé.
Trois ans plus tard, vous en êtes rendus où?
Est-ce qu'on est encore à la réflexion ou on est à l'action? Parce qu'il y
avait des choses qui étaient intéressantes
qui étaient sorties de ça. Puis ce qu'on voit, les groupes qui avaient
travaillé dans le rapport Noreau, ils disent que,
là, il est temps, qu'ils saluent le projet de loi du député de Borduas puis
qu'il faut agir actuellement pour assurer une certaine indépendance. Est-ce que
vous allez agir?
Le Président
(M. Ouellette) : Bien, oui, M. le Président va transmettre votre
question à Mme la ministre.
Mme Vallée : Oui. Alors, M. le
Président, je pense, il y a des petits bémols, là. Puis je comprends, là, que
du côté de la deuxième opposition, on prétend que j'ai eu une lettre mandat, je
n'ai pas eu de lettre mandat du premier ministre, là, de m'occuper du rapport Noreau, là. Ce n'est pas
tout à fait comme ça, on m'a demandé de regarder l'organisation de la justice administrative. Et c'est ce que je fais,
c'est le mandat que j'ai et c'est le mandat qui a cours actuellement. Et les
équipes sont à pied d'oeuvre depuis mars
dernier, et on devrait revenir avec quelque chose. Ceci étant dit, M. le
Président, il y a énormément de dossiers
qui sont actifs actuellement, et on y voit. On y voit.
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la députée de Repentigny.
Mme Lavallée :
Prochain thème, je voulais aussi revenir sur la réforme du droit de la famille.
Je ne suis pas sûre que Me Roy
serait content qu'on se serve de son document juste comme d'un document de
référence. Parce qu'il nous avait mis
en garde lors de la commission parlementaire sur la Loi sur l'adoption, la
réforme sur la Loi sur l'adoption, il nous
avait mis en garde de travailler la réforme par blocs, et qu'il fallait voir la
réforme dans sa globalité. Mais je vais passer à mon autre sujet, qui
est les victimes d'agression sexuelle.
Le Président (M. Ouellette) :
En 35 secondes, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Ah! déjà?
Le Président (M. Ouellette) :
Déjà.
Mme Lavallée :
La prescription. Mon collègue a déposé un projet de loi pour permettre à des
femmes victimes d'agression sexuelle
avant 2013 de pouvoir bénéficier de certaines aides. Est-ce que vous avez lu ce
projet de loi là? Puis est-ce que vous avez l'intention d'en prendre
note?
Le Président (M. Ouellette) :
En 20 secondes, Mme la ministre.
Mme Vallée : Oui, j'ai lu le projet de loi, M.
le Président, puis j'ai déjà identifié... On a eu des échanges aux crédits
provisoires, notre collègue de Borduas et
moi. Il y a des amendements substantiels qui ont été apportés au Code civil en
2013. Donc, ça ne fait pas tout à fait
quatre ans. Je pense que c'est en novembre 2013. Novembre 2013, effectivement.
Ça ne fait tout à fait quatre ans. Il n'y a
pas un état de droit civil qui a une abolition totale de la prescription.
Alors, je vous dirais que les
changements qui ont été adoptés en 2013, ils sont quand même substantiels. Ils
ont été adoptés à l'unanimité à
l'époque. Je pense que c'était le député de Saint-Jérôme, à l'époque, qui avait
posé la question que notre collègue pose. Le député de Saint-Jérôme, M. Duchesneau, à l'époque, avait
posé cette question-là. Parce que je sais que la deuxième opposition milite depuis longtemps pour l'abolition totale
de la prescription, cette question-là avait fait l'objet d'échanges en commission parlementaire, et il avait été
décidé, pour les raisons que je plaide depuis déjà trois ans, de ne pas aller
avec une abrogation de la prescription totale.
Le
Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Le temps de votre réponse est gracieuseté du
collègue d'Ungava, à qui je donne la
parole. Je pense que vous aviez un commentaire, M. le député d'Ungava, et c'est
pour ça qu'on vous a...
M. Boucher : Écoutez, si on me
dit que j'ai un commentaire, je...
Le Président
(M. Ouellette) : Vous
avez un commentaire? Vous m'aviez demandé du temps tantôt,
je vous en donne, là.
M. Boucher : Je dois en avoir. Écoutez, Mme la ministre, c'est bien intéressant, tout ça. Moi, je voudrais vous parler de
la transparence puis de la communication publique. Vous savez que la
communication avec le public, c'est primordial,
puisque ça contribue à la fois à maintenir puis renforcer la confiance du
public envers notre institution, puis permet
de faire connaître le fonctionnement du système judiciaire criminel,
puis la fonction des procureurs, puis les règles, puis les normes que
les procureurs sont tenus de respecter.
Souvent, les
gens, bon, écoutent ça à travers la télé, ils lisent ça distraitement dans le
journal le matin entre les toasts puis le café, puis on dit : Bon,
bien, écoute, un tel est libéré. Tel autre, il a, bon, un nolle prosequi. Telle
autre situation, mon voisin vient de se faire arrêter hier soir
pour violence conjugale, puis je le croise sur le trottoir ce matin.
Comment ça se fait, tout ça? Donc, c'est important d'offrir de l'information à
la population en général.
Il y a
eu des orientations de la ministre de
la Justice qui prévoyaient que les
procureurs aux poursuites criminelles
et pénales devaient, dans l'exercice de
leurs fonctions, favoriser la diffusion de l'information sur le système de
justice puis être ouverts aux
demandes faites par les médias, notamment en expliquant le déroulement du
processus judiciaire.
Il
a été inclus, bon, un plan stratégique, une orientation spécifique visant à
accroître la confiance du public envers le DPCP, puis ce volet, bien, passe par une communication qui est
claire, détaillée et compréhensive pour tous les citoyens. Quand on comprend ce qui se passe, quand on
comprend l'ambiance dans laquelle les choses se passent, souvent, bien, on est moins porté à acheter des affaires comme la
théorie du complot ou des injustices qui, en réalité, n'en sont pas. C'est
la façon de faire.
• (17 h 20) •
Bon, on avait
parlé l'année dernière des lignes directrices concernant la publication des
motifs d'une décision de ne pas
porter d'accusation criminelle dans certains dossiers, dont les dossiers
d'enquête indépendante. Généralement, bon, les motifs d'une décision de ne pas porter d'accusation ne doivent pas
être rendus publics parce qu'il
s'agit d'une opinion juridique qui est faite par un avocat. Puis, en
principe, ça doit rester confidentiel, d'autant plus que, dans d'autres considérations comme la sécurité puis la vie
privée de témoins puis de victimes, la présomption d'innocence, l'obligation
de ne pas porter atteinte à la vie privée ou
à la réputation de personnes suspectées puis d'autres règles de confidentialité
prescrites par la loi doivent être
respectées. Les lignes directrices qu'on a adoptées expliquent ce qui peut
permettre la publication d'un motif
d'une décision de ne pas porter d'accusation dans la plupart des dossiers
d'enquête indépendante, c'est-à-dire
qu'une personne décède ou subit des blessures graves par arme à feu lorsqu'un
policier a utilisé une arme à feu lors d'une intervention policière ou
lors de sa détention par un corps de police.
On sait que,
bon, des communiqués de presse ont été émis depuis le dépôt de ces lignes
directrices là avec le DPCP concernant
la publication des motifs d'une décision de ne pas porter d'accusation.
40 communiqués ont été faits dans le cadre d'enquêtes indépendantes puis 18 autres communiqués ont été
faits dans le cadre des lignes directrices. Bon, il arrive que les médias demandent aux procureurs d'exposer
publiquement les motifs de décisions qu'ils rendent, particulièrement
lorsqu'ils décident de ne pas déposer d'accusation.
Je crois
comprendre que, bon, dans la dernière année, vous avez commencé à faire part
des motifs. Je voudrais que vous m'en disiez plus à ce sujet-là, là,
puis que vous m'expliquiez ça un petit peu.
Mme Vallée :
Merci. Alors, je comprends qu'il s'agit d'une question peut-être plus dirigée à
Me Murphy et qui fait suite un petit peu à ce qu'elle expliquait la
semaine dernière, jeudi dernier, de l'importance de communiquer avec le public, de démystifier le travail du DPCP et de
démystifier aussi le processus d'analyse des dossiers tout en s'assurant
aussi de conserver la confidentialité d'un
certain nombre d'éléments, évidemment. Il y a des orientations qui sont données
aux procureurs aux poursuites... et pénales
par la ministre de la Justice, et l'objectif, c'est que les équipes du DPCP non
seulement fassent tout le travail habituel,
mais en plus qu'ils favorisent la diffusion de l'information sur le système de justice parce que ce sont des acteurs importants
de notre système de justice, et ils doivent aussi démontrer une certaine
ouverture face aux demandes qui leur sont
formulées pas les médias pour expliquer certaines décisions, expliquer aussi le
déroulement du processus judiciaire.
Et depuis son
entrée en fonction... Me Murphy, en fait, dès son entrée en fonction,
avait une vision de la façon dont cette directive-là, cette
orientation-là devait être mise en oeuvre dans le cadre des activités du DPCP,
une vision qui... Vous en avez fait état, M.
le député d'Ungava, vous avez fait état des communications faites par le DPCP
depuis la dernière année, il y en a
eu plusieurs, plusieurs communiqués, plusieurs prises de position publiques
suite à des dossiers hautement
médiatisés. Alors, les porte-parole des équipes ont été sur les lieux, mais il
y a aussi beaucoup d'information, beaucoup de travail qui se fait aussi
même auprès des jeunes.
Alors, je
vais céder la parole à Me Murphy pour expliquer davantage son plan. Parce
que, la semaine dernière, il y a eu
des échanges, mais tout ça s'inscrit dans une vision globale du rôle du DPCP
pour assurer un rôle de communication, pour assurer la confiance du
public dans l'institution.
Le Président (M. Ouellette) :
Me Murphy.
Mme Murphy (Annick) : M. le
Président, depuis deux ans au DPCP, nous faisons de réels efforts pour communiquer de façon plus claire, plus transparente avec le public, avec le citoyen pour
que les gens comprennent ce que nous
faisons, le travail que nous faisons. Ce n'est pas évident. Dans les rencontres
que j'ai avec les journalistes, c'est toujours
ce qu'on nous dit. Ce n'est pas facile d'expliquer le travail d'un procureur.
Alors, c'est tout un défi. Puis c'est un défi pour nous aussi parce que — puis là je le dis peut-être un peu à la
blague — quand ça
va bien puis quand on a le goût
d'expliquer les choses, on n'est pas nécessairement sollicités, là. Tu sais,
c'est quand ça va mal qu'on nous sollicite pour aller expliquer les choses, et j'aimerais bien être en mesure de
trouver une manière d'être capable d'expliquer le travail des procureurs, la fonction, la mission du DPCP
aux citoyens afin qu'ils comprennent ce que nous faisons. Il y a énormément
de questions qui se posent, et nous tentons, tant bien que mal, d'y répondre.
Les
procureurs le savent, c'est un message que nous avons envoyé à l'ensemble de
notre organisation, c'est d'être présents s'ils étaient sollicités pour
participer aux émissions. Par exemple, bon, je parlais d'Isabelle Richer,
je pense, la semaine dernière. Je ne sais
pas si j'en parlais ici, c'est un exemple. Plusieurs procureurs sont allés à
son émission ou en tout cas... Alors
donc, pour moi, et surtout avec tout ce qui se passe présentement, je considère
que la communication et nos
interventions publiques deviennent un enjeu fondamental. Et nous allons tout
faire au DPCP pour améliorer cet aspect-là, et on prend sur nous cette
responsabilité-là parce que c'est à nous à expliquer le travail qu'on fait.
Alors, dans
ce contexte-là, j'ai demandé à mes responsables
de réfléchir à des manières peut-être différentes, des choses que nous n'avons jamais faites jusqu'à
maintenant qui pourraient être utiles pour l'ensemble de la société, et on a
donc élaboré un plan de communication,
d'intervention publique. J'en faisais un peu état la semaine dernière quand je
disais que nous réfléchissions à la possibilité d'inviter les parlementaires,
d'inviter les journalistes, et là je rajouterais aujourd'hui d'inviter les policiers également à
nous rencontrer dans un contexte de table ronde ou dans un contexte de portes ouvertes. Ceci est à finaliser avec les
gens chez moi, mais je pense qu'il y a là une réponse que nous pourrions donner
aux besoins exprimés par la population de comprendre par les questions qu'on
entend, les questions à l'Assemblée nationale,
les questions par le biais des journalistes ou par le biais des policiers. Je
pense qu'il est donc important pour nous
de participer à cette éducation, mais, ceci dit, tout en... tu sais,
pédagogique, là. Et donc les gens sont enthousiastes chez nous, les gens
veulent faire ça. Il ne nous reste qu'à le mettre sur pied et à procéder.
Alors, j'espère que, l'année prochaine à
pareille date, on sera capables de dire qu'on a fait du chemin dans ce domaine-là et que le DPCP... bien qu'aujourd'hui
tout le monde sait qui est le DPCP, alors que ce n'était pas le cas il y a
deux ans. Je pense qu'il faut le dire, mais
je pense que c'est plus que ça. Ce n'est pas simplement d'entendre le Directeur
des poursuites criminelles et pénales, mais
bien de comprendre notre fonction dans la société. Et je pense que ça ferait
en sorte que beaucoup de réponses ou de questions ne seraient plus nécessaires
à ce moment-là.
Le Président (M. Ouellette) :
Tenez-vous des statistiques annuelles de vos communications médiatiques?
Mme Murphy
(Annick) : Bien, j'ai les statistiques pour 2016‑2017. Nous avons
produit 30 communiqués en matière
d'enquêtes indépendantes. Nous le faisons de façon systématique maintenant. Et
nous avons produit 18 autres communiqués,
et ça, c'est en lien avec les nouvelles lignes directrices. Les nouvelles
lignes, je devrais arrêter de dire «les nouvelles», elles sont en place depuis maintenant un an et demi, près de
deux ans. Donc, en fonction de ces lignes directrices, nous avons émis des communiqués explicatifs. Nous
sommes allés même plus loin. Je vous rappelle Val-d'Or, et nous allons
refaire cet exercice-là.
Alors, il y a
plusieurs façons de communiquer publiquement. Il y a donc nos communiqués,
comme vous venez, M. le Président, de le dire, mais il y a aussi la
présence des procureurs qui expliquent. Et je pense que ça a été, dans l'ensemble, apprécié par la population que les
procureurs expliquent la démarche qu'ils ont, le processus qu'ils ont et le
résultat, et c'est quelque chose que nous
allons certainement répéter à un certain moment quand nous allons juger qu'il
est dans l'intérêt public de le faire.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Ouellette) :
M. le député d'Ungava.
M. Boucher : Les dernières
minutes qu'il reste...
Le Président (M. Ouellette) :
...
M. Boucher :
Oh! vous me stressez. Parlez-moi des programmes que vous tenez auprès des
écoles primaires en cinquième année.
Mme Murphy
(Annick) : Oui. Nous sommes très fiers de ce programme-là. C'est un
programme éducatif qui s'adresse aux
élèves de cinquième année, vous venez de le dire. Il traite, donc, du
fonctionnement du système judiciaire, des conséquences sociales et
légales de la criminalité, de l'absentéisme scolaire, de l'intimidation, des
préjugés, des stéréotypes, du racisme, etc.,
bon, de la pression des pairs, de la consommation, et ça vise à renseigner les
jeunes ou les enfants sur le système
de justice et les aider à prendre des décisions, des bonnes décisions. Comment
ça se passe? C'est que ce sont des
procureurs volontaires qui se présentent dans les écoles, à deux ou à trois, et
qui présentent ce programme-là sur une période de 17 ou
18 rencontres.
Alors, on est victimes de notre succès, on n'a
pas suffisamment de procureurs — ce n'est presque pas une blague — pour
aller répondre à la demande. C'est extrêmement intéressant, les procureurs sont enchantés de faire ça. Je
dois dire que, pour nous, aussi ce qui est intéressant, c'est qu'on ne peut pas, comme un avocat de la défense, aller donner
des conseils juridiques, compte tenu de la mission que nous avons et des fonctions que nous avons. C'est un
peu notre façon pro bono aussi de
donner directement à la société, et je dois dire que la réponse des
procureurs, elle est exceptionnelle. Nous
avons évidemment, des commissions
scolaires et des professeurs, énormément
de commentaires positifs. Et nous sommes allés en France, qui... La France a récupéré notre programme,
l'a adapté pour eux. Donc, c'est un franc succès que nous espérons
continuer encore pour de longues années.
Le
Président (M. Ouellette) : Merci, Me Murphy, pour... Mme
la députée de Joliette,
pour votre dernier bloc.
Mme Hivon : Merci,
M. le Président. Alors, je réitère
mon offre à la ministre de la Justice, qui est très occupée et qui semble nous dire qu'elle met de côté, donc,
l'idée de la réforme globale du droit de la famille... que nous réitérons
la possibilité que nous fassions un mandat
d'initiative et nous puissions, comme
parlementaires, dans cette commission-ci, nous pencher sur les conclusions, donc, du rapport
et faire ensuite des recommandations. Je
pense que, comme ça, ça ne
fait pas en sorte que le temps, donc, de la ministre soit pris et qu'elle ne
puisse pas vaquer à ses autres occupations. Puis,
en même temps, ça nous permettrait de faire un travail non
partisan pour faire avancer cette question, qui est fort importante, parce que
les réalités familiales ont énormément évolué. Oui, on a très hâte de discuter du
dossier d'adoption et on espère qu'il va revenir bientôt, mais, évidemment,
il y a beaucoup d'autres enjeux.
Et, parlant
des autres enjeux, il y avait aussi toute la question de la réforme de la législation
sur les copropriétés à la suite aussi
d'un autre rapport qui avait été déposé. Donc, est-ce que la ministre
peut nous dire si elle prépare présentement
un projet de loi sur la réforme de la copropriété et quel est son échéancier?
Le
Président (M. Ouellette) : La réforme s'en vient. Mme la ministre.
Mme Vallée : Dans le dossier de la copropriété, il y a eu plus
qu'un rapport, là, au fil des ans, qui ont été soumis, il y a eu plusieurs avis. Je
dirais qu'il n'y a pas une unanimité
sur la façon d'intervenir, il y a quand
même un certain nombre de
gestes qui ont été posés.
Il y a
du travail d'information. Je
pense qu'en matière de copropriété, bon, il y a la réforme législative, mais il y a aussi
toute l'information. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a
énormément de gens qui achètent des immeubles en copropriété
sans comprendre et sans connaître les
tenants et aboutissants de la copropriété. Même si on a déjà des
dispositions dans le Code civil, il y a encore beaucoup de... Je
dirais, la copropriété devient une
façon plus accessible d'acquérir des immeubles, mais, en même temps, elle comporte quand même son lot de
conséquences. Il y a un site de la Chambre des notaires qui
a été mis en place, auquel on a collaboré,
lacopropriété.info, qui a été mis en ligne il y a près de deux ans... On
me fait signe d'arrêter. D'accord, oui, je suis désolée, je suis
désolée.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc, je
comprends qu'il n'y a pas d'échéancier ou de projet qui est en gestation sur
cette question-là.
Mme Vallée :
En fait, il y a un travail de réforme
législative qui est en cours. Mais de donner un échéancier,
je ne fais plus ça.
Mme Hivon :
Parfait.
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci. Alors, juste pour faire suite aux
nombreuses discussions qui ont eu cours en lien avec la justice administrative,
l'année dernière j'avais demandé à la ministre, donc, quelle suite elle
entendait apporter, là, au rapport Noreau,
si elle entendait présenter une loi-cadre pour s'assurer de l'indépendance des
juges administratifs, là, dans le processus de nomination. Donc, elle
m'avait dit qu'il y aurait un travail qui se ferait par le Secrétariat aux
emplois supérieurs. Je comprends que ce
travail-là est amorcé et que c'est large parce qu'elle m'avait expliqué que ça
comporte l'ensemble des tribunaux,
pas juste le TAQ, pas juste ce qui est de son ressort à elle, mais l'ensemble
des tribunaux qui relèvent de différents ministères.
Donc, j'ai juste une
question à deux volets. Quand ce rapport-là, donc, piloté par le Secrétariat
aux emplois supérieurs — je comprends que ça s'appelle le Comité de
recrutement, renouvellement et mobilité — devrait être remis?
Puis
le deuxième volet, c'est qu'on m'a informée qu'il y avait eu des comités constitués,
donc, à l'automne, un comité
directeur puis un comité technique, et qu'on a nommé des responsables en lien
avec cette question-là, mais qu'il n'y
a jamais eu de rencontre, de réunion. Donc, est-ce que c'est dans la volonté de
la ministre que ces comités-là puissent se réunir et faire leur travail
de révision?
Le Président
(M. Ouellette) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Il y a deux choses. Le comité piloté par les emplois supérieurs, c'est vraiment
pour l'attraction et le recrutement des membres des tribunaux
administratifs. Parce qu'il y a un défi. Tout à l'heure, Me Lejeune parlait des
enjeux pour le recrutement de médecins, il y
a des défis. On s'est rendu compte, lors de certains concours, qu'il y avait
peu... dans certains secteurs, notamment en
matière de santé, il y avait peu d'intéressés pour les concours qui étaient
ouverts. Alors, le comité auquel on
fait référence, piloté par le Secrétariat aux emplois supérieurs, c'est
vraiment pour l'attractivité, je
dirais, à la justice administrative. Et, oui, ça interpelle le ministère de la
Justice, mais ça interpelle aussi, par exemple, la Société de
l'assurance automobile, ça interpelle plusieurs joueurs. Alors, ça, c'est une
chose.
Puis
oui, il faut relancer le comité. Je ne vous cacherai pas qu'il y a eu des
activités qui ont été un petit peu au ralenti
au cours des derniers mois, on en a parlé, en raison de la grève des juristes
de l'État. Donc, c'est sûr que certains travaux ont été au ralenti, mais l'intention est de poursuivre ce travail-là.
Mais il y a aussi une réflexion sur l'organisation de la justice
administrative.
Mme Hivon :
...les autres comités, là?
Mme Vallée :
Alors, ça, la réflexion sur l'organisation de la justice administrative, c'est
en marche. Il y a un certain nombre d'étapes de ce travail-là qui a été
mis en place.
Mme Hivon :
Il va y avoir des rencontres éventuellement? Parce que je pense qu'on vous
réitère tous que ça devrait être une grande priorité.
Mme Vallée :
L'objectif, évidemment, à très court terme, là, c'est d'engager toute la
réflexion, notamment avec, bon, ce
qu'on appelle le comité de gouvernance puis le comité de réflexion, là. Donc,
ça devrait se faire de façon incessante, là...
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Incessante. Parfait.
Mme Vallée : Imminente.
Mme Hivon :
Non, «incessante», c'est parfait. Je ne sais pas, entre «imminente» et
«incessante», laquelle est la plus rapide, mais je vais aller...
Mme Vallée : Je dirais
imminente.
Mme Hivon : On en
a déjà discuté.
Le Président (M. Ouellette) :
Ça pourrait être avant Noël.
Mme Hivon : C'est
bon, ça pourrait. Donc, on a déjà eu de longues discussions sur ces mots-là
dans un autre dossier, donc, oui, ce qui était imminent... Et voilà.
Donc, je
voudrais maintenant lui poser une question en lien avec les victimes d'actes
criminels. Dans la foulée de la
diffusion de l'émission J.E., la ministre avait annoncé — et ça avait réjoui beaucoup de gens — donc, qu'elle allait émettre une directive pour que les parents
d'enfants assassinés par un conjoint puissent donc être considérés comme des
victimes. Mais la ministre n'est sans doute
pas sans savoir que les groupes aimeraient que ce ne soit pas limité aux cas
où le meurtre ou l'assassinat a été, donc,
perpétré par un parent, mais par toute personne, que donc les parents d'un
enfant qui a été tué, que ce soit par
le conjoint ou non, puissent être considérés comme victimes parce que ça crée
une certaine forme d'injustice.
Est-ce que la ministre peut nous dire si elle va
revoir sa directive pour permettre qu'il n'y ait pas cette discrimination, en
quelque sorte?
• (17 h 40) •
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Vous savez, il y a énormément
de demandes concernant le dossier de l'indemnisation des victimes
d'actes criminels. Les parents d'enfants assassinés par un conjoint ou une
conjointe — plus
rarement une conjointe, mais plus souvent un
conjoint — s'assimilent, dans le fond, à une attaque
contre l'autre parent. Et c'est dans ce contexte-là que j'ai transmis à la présidente de la CNESST la
directive de reconnaître ces parents-là comme victimes. J'ai décidé de ne
pas porter en appel parce qu'il y avait eu une décision... tout ça s'inscrit,
là, dans le cadre d'une décision de la Cour supérieure
qui a été rendue le 15 septembre dernier dans le dossier de
Mme Brillant. Et, dans ce contexte-là, j'ai pris la décision, comme Procureur général, de ne pas le
porter en appel, et j'ai demandé à la direction de l'IVAC de changer la politique qui traite de la notion de victime pour
reconnaître les parents d'enfants assassinés par leur ex-conjoint comme victimes parce que c'est eux qu'on visait dans ces
drames horribles là. Et là je pèse mes mots parce que l'assassinat d'un enfant, peu importe par qui, c'est un drame, j'en
conviens, c'est horrible, c'est probablement la chose la plus terrible à
laquelle l'être humain peut faire face, que l'assassinat de ses enfants.
Ceci étant
dit, il y a énormément de demandes formulées pour être reconnu à titre de
victime au sens de la loi. La loi limite la notion de victime, limite
aussi les crimes, et ça, ça amène des conséquences aussi financières...
Le Président (M. Ouellette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Donc, je comprends que cette question-là est regardée plus globalement, puis il
n'y a pas de réponse à court terme par rapport à ça.
Mme Vallée :
C'est parce que, si on le fait... Et là c'est dans un contexte d'une décision,
puis c'est vraiment... Je dois vous
dire que, dans le contexte de cette décision-là, c'est vrai que c'est l'autre
parent qui était visé, c'est à l'autre parent qu'on tenait à s'en
prendre en lui enlevant, en lui retirant ce qu'il a ou elle a de plus cher.
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
O.K. Ça m'amène au suivi du rapport de la Protectrice du citoyen. Donc, je me
demandais, on avait compris que la ministre allait déposer, donc, les suites
qu'elle allait donner au rapport dans les mois qui suivaient. Donc là, ça fait quand même six mois. Est-ce
qu'elle peut nous dire quand elle va déposer? Je l'ai vue dire que c'était
incessant ou imminent, mais donc est-ce
qu'on peut avoir un échéancier? Puis est-ce que les groupes de victimes vont
être consultés par la ministre? Est-ce qu'ils ont été consultés? Est-ce qu'ils
vont être consultés pour qu'elle amène les meilleures réponses au rapport de la
protectrice?
Mme Vallée : Il y a un
plan d'action qui a été préparé pour répondre aux préoccupations de la
Protectrice du citoyen. Dans le dernier
budget — puis là
j'espère qu'on va voter favorablement, en faveur des crédits parce que, dans
nos crédits, on prévoit des bonifications,
justement, pour les victimes d'actes criminels — donc, dans le dernier budget, il y a
un montant de 54 millions sur cinq ans, qui a été annoncé, qui est prévu
justement pour donner suite au rapport, il y a des sommes qui sont prévues dans
nos crédits.
Alors,
en gros, là, de façon... Et on va l'annoncer, c'est très bientôt. Évidemment,
j'espère que les crédits seront votés ici, là, qu'on votera
favorablement, mais notre plan d'action vise, entre autres, à réduire les
traitements des demandes, à améliorer
l'accompagnement, l'information des services qui sont offerts, puis offrir des mesures temporaires, mettre en place des mesures temporaires pour les
victimes, à partir du moment où on établit l'admissibilité à l'indemnisation,
assurer le traitement d'un plus grand nombre
de demandes. Donc, ça, ce sont les grands... Je vais me réserver le fin détail,
mais je veux simplement mentionner à notre
collègue que le plan d'action... et là on est vraiment dans les derniers
détails et les autorisations requises pour aller de l'avant, mais on a
pris avec le plus grand sérieux...
Le Président (M. Ouellette) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Est-ce que les groupes de victimes ont été associés à ce plan d'action?
Mme Vallée : En fait, le travail s'est fait de concert avec le Protecteur du citoyen. Parce que c'est le Protecteur du citoyen qui a émis ses recommandations, son rapport,
alors le travail pour les suites à donner s'est fait en étroite collaboration avec le Protecteur du
citoyen, qui, de son côté, avait été en lien avec certaines personnes, certains
groupes.
Le Président (M. Ouellette) : Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc,
il n'y a pas eu de nouvelle consultation de la part du ministère.
Mme Vallée : Il n'y a pas eu de grande consultation. Le travail s'est fait en étroite collaboration avec le Protecteur du citoyen pour répondre à ces préoccupations.
Mme Hivon :
D'accord.
Le Président (M. Ouellette) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Le ministère
de la Justice du Québec a
reçu, de ce que j'ai lu, de l'argent neuf qui découle d'une stratégie
fédérale pour les victimes d'actes criminels. Est-ce que la ministre
peut nous dire, cet argent-là, il a été affecté à quoi?
Le Président (M. Ouellette) :
Vous faites référence à...
Mme Hivon : Parce qu'il y a une stratégie
fédérale pour les victimes d'actes criminels et il y aurait un montant
qui serait alloué, donc, au Québec. On peut donner le temps de chercher, j'ai...
Mme Vallée : ...il me vient quelque chose en tête, mais je
veux juste m'assurer que je ne confonds pas deux programmes.
Le Président (M. Ouellette) :
Deux programmes ou deux chèques.
Mme Hivon : ...savoir combien il y a eu d'argent, puis à quoi
il a été affecté. Et puis, pendant qu'on cherche cette information-là, puisque je suis dans mes dernières minutes, que chaque minute est
précieuse, c'est un sujet que j'aborde souvent,
là, les fonds spéciaux et les surplus, mais là je veux vraiment
m'arrêter au Fonds des registres du ministère
de la Justice.
Mme Vallée : ...
Mme Hivon : Oui.
Mme Vallée : ...le programme pour les victimes d'actes
criminels, là, si ma mémoire est bonne, c'est dans le cadre de la semaine des victimes d'actes criminels.
C'est pour financer des initiatives de certains organismes, ce sont des petits
montants qui se déclinent un peu partout en
région. Et je me souviens parce que j'ai signé un document
en lien avec ça il n'y a pas tellement longtemps...
Mme Hivon : ...
Mme Vallée : Aussi, il y a un autre programme... Parce que c'est ça,
il y en a quelques-uns. Alors, il
y a un programme dans le cadre de la semaine des victimes, mais il y a
aussi une entente Canada-Québec qui est en lien avec adapter les services
aux personnes victimes en fonction de diverses clientèles, et ça, c'est un
montant de 649 000 $, qui permet de...
Une voix : ...
Mme Vallée :
649 203 $, et ça permet de soutenir le projet Enfants témoins et les
projets de visioconférence dans neuf palais de justice pour offrir des
sessions de formation aux intervenants qui travaillent auprès des victimes pour
accroître leur compréhension de la Charte canadienne des droits des victimes
puis clarifier...
Le
Président (M. Ouellette) : ...Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci beaucoup pour l'information. Et, oui, ma dernière question, c'est qu'on
voit que, dans le fonds des registres, donc notamment le Registre des
droits personnels et réels mobiliers, on prévoit des résultats, donc des surplus de 109 millions pour la prochaine
année. Alors, évidemment, on sait que les gens paient pour consulter le
registre, inscrire au registre. Alors, ça apparaît un peu comme une taxe
déguisée. Comment on peut en être rendu à avoir 110 millions de surplus
dans un fonds qui devrait être à peu près égal à ce qui est demandé, donc, aux
utilisateurs?
Le Président
(M. Ouellette) : Votre référence, Mme la députée de Joliette? Ce
sera sur mon temps.
Mme Hivon :
Je suis dans le budget de dépenses, Budget des fonds spéciaux, dans les
documents budgétaires, à la
page 110, Fonds des registres du ministère de la Justice. Donc, résultats
probables, 2016‑2017, 111 millions de surplus. Et prévision des
résultats, on est encore à 109,5 millions.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Ouellette) : Merci, Mme la députée de Joliette. La réponse
sera sur le temps de la présidence.
Des
voix : ...
Mme Vallée : C'est ça. En fait, c'est un surplus cumulé de 109 millions, et puis la plupart de ces revenus-là sont générés par le Registre des droits personnels et réels mobiliers. Le
Registre des lobbyistes, lui, est financé à travers le fonds des
registres, et il y a également... Juste un instant...
Mme Hivon :
Le sens de ma question, c'est que, normalement, un fonds spécial, ça ne doit
pas accumuler énormément de surplus, c'est là pour fonctionner, évidemment,
pour faire ses frais, donc on charge un frais. Par exemple, quand
vous achetez une voiture, vous les consultez, bon, tout ça. Mais là on se rend
compte qu'il y a des surplus énormes. Alors, évidemment, je
me demande comment ça qu'on a accumulé autant de surplus et comment ça se fait
que ces surplus-là ne sont pas... Soit qu'on
diminue les montants qu'on demande aux utilisateurs... Que fait-on de ces
surplus-là?
Mme Vallée : Bien, ces fonds-là, c'est sûr que c'est des
surplus cumulés qui sont là, mais on les utilise pour un certain nombre de projets du ministère de la Justice. Lorsqu'on a, par exemple, des modifications à des registres qui sont en
lien avec les modifications législatives, on a quelques idées en tête. Mais
le fonds va pouvoir servir aussi à soutenir financièrement un certain nombre de dépenses qui sont associées avec le
projet que nous appelons le projet TOJ, donc Transformation organisationnelle de la justice, qui porte sur les registres.
Donc, il y a actuellement un chantier en cours. Ça permet aussi de soutenir un certain nombre de
capsules d'information, de la publicité. Donc, il y a quand même
plusieurs dépenses du ministère de la Justice qui
peuvent être financées à travers le Fonds des registres. Donc, ce n'est pas une
taxe déguisée, ce sont des frais qui vont permettre d'être mis au
bénéfice des citoyens.
Alors,
quand je vous parlais tout à l'heure, là, du projet TOJ, c'est vraiment
un projet qui vise à moderniser, entre
autres, les registres du ministère
de la Justice. Certains datent d'un
certain nombre d'années, je pense, au début... Je vous dirais que certains registres n'ont pas beaucoup
évolué ou certains trucs n'ont pas beaucoup évolué depuis nos débuts en pratique, la
députée de Joliette et moi.
Le Président
(M. Ouellette) : Merci, Mme la ministre. Donc, pour le dernier
bloc du gouvernement, pour cinq minutes. M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère :
Merci, M. le Président. Si vous me permettez, je vais prendre quand même
quelques secondes, avant de commencer
pour avoir une pensée pour les citoyens de mon comté et de la Mauricie qui
vivent présentement, là, des inondations,
entre autres, à cause de la rivière Saint-Maurice. Je voudrais remercier les
secouristes, les bénévoles qui sont sur le terrain depuis vendredi
passé. Donc, ce soir, je retourne à Shawinigan pour les accompagner.
Mme
la ministre, je vais parler de l'aide juridique, du Service de garde
téléphonique. Donc, en vertu de la Loi sur
l'aide juridique, la Commission des services juridiques doit donner à la
population un service de consultation téléphonique à tout moment lorsqu'une
personne est en état d'arrestation, soit 24 heures sur 24, sept jours sur
sept. On sait que, depuis 2002, il y a eu amélioration des services en
collaboration avec les centres régionaux de l'aide juridique. J'aimerais ça savoir, premièrement, est-ce que
c'est tous les citoyens québécois qui ont droit à cette aide? Et puis nous
expliquer un peu le fonctionnement de ce service téléphonique là.
Le Président (M. Ouellette) : On va peut-être finir par l'entendre, c'est la troisième fois
qu'on l'amène en avant.
Mme Vallée : Je
pense que je vais céder la parole à Me Niquette, qui s'est préparé pour cette
étude des crédits avec beaucoup de minutie. Alors, Me Niquette.
Le Président (M. Ouellette) : Me Niquette, étant donné que là vous avez
l'opportunité, vous vous présentez, et répondre à la question qui vous
est posée.
M. Niquette
(Yvan) : Je vais essayer de prendre ma meilleure voix, comme on me la
donne. Yvan Niquette, nouveau président de la Commission des services
juridiques.
Sur la question du Service
de garde téléphonique, juste de brèves références pour vous rappeler que c'est
un service de garde qui a été instauré suite
à l'arrêt Brydges en 1990, confirmé par la suite par l'arrêt Bartle. Ce que ça
fait, c'est que ça répond à
l'obligation constitutionnelle qui est faite à l'État de fournir un service de
consultation téléphonique, lors d'une arrestation en matière criminelle
et pénale, à toute personne, et ce, sans égard à l'admissibilité à l'aide juridique, à toute personne en état d'arrestation.
À l'origine, c'est la Commission des services juridiques qui a mis sur
pied le service. Mais depuis, en collaboration avec les centres régionaux,
c'est le Centre communautaire juridique de Montréal qui en assure le
fonctionnement.
On peut vous
dire que, depuis 2002, ce service-là a répondu, bon an, mal an, à plus de
20 000 appels des citoyens, encore
une fois, là, admissibles ou non à l'aide juridique, qui étaient en état
d'arrestation. Ce service-là est chapeauté par le Centre communautaire juridique de Montréal pour ce qui est des soirs,
la nuit et la fin de semaine, mais, en période de jour, chaque centre
régional assure le service.
Pour le
Centre communautaire juridique de Montréal, ça représente, là, la participation
de neuf avocats, et on est fiers de
dire que ce service et la prise d'appels se fait, là, dans un délai maximum de
15 minutes. Ça fait un peu le tour du service qui est offert.
Le
Président (M. Ouellette) : Bien, c'est merveilleux parce qu'il va nous rester
1 min 59 s. Je vais vous laisser une minute, M. le député
de Saint-Maurice, puis je vais donner une minute à la ministre pour remercier
ses équipes.
M. Giguère : ...annuellement?
M. Niquette (Yvan) : ...23 000
l'an dernier, là. Le plus exact possible, c'est 23 600 appels. Et,
peut-être pour compléter, on a des affiches
de nos services qui sont disponibles dans tous les services policiers à travers
le Québec. C'est une ligne 1 800.
Le
Président (M. Ouellette) : Merci. Mme la ministre, je vous donne la dernière minute, remerciez vos
équipes, parce qu'on va voter sur vos sept programmes, même si Me Murphy
a été très, très, très sollicitée.
Mme Vallée : M. le
Président, justement, je sais que nos crédits ont eu une couleur toute
particulière cette année — les crédits du ministère de la Justice — mais je tiens quand même à remercier tous
les gens qui sont derrière moi, là,
qui sont ici présents et tous ceux et celles aussi qui sont restés au bureau puis
qui ont collaboré à la préparation des
crédits. Parce que ce sont des heures et des heures de travail pour colliger
l'information, préparer la documentation, et tous les gens derrière moi ont travaillé énormément au cours des
dernières semaines, les gens aussi à mes côtés, l'équipe de mon cabinet, l'équipe du bureau de la
sous-ministre et les représentants des organismes, Me Niquette, les gens du
TAQ, les gens de la commission des
droits de la personne et de la jeunesse. Là, j'en oublie et je n'aime pas ça.
Alors, je veux juste simplement leur dire un gros merci du fond du
coeur.
Le
Président (M. Ouellette) : Ceux qu'on aura oubliés, bien, on se reprendra demain soir dans le
programme 5.
Adoption des crédits
Donc, le
temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Justice étant
écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Activité judiciaire, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Ouellette) : Sur division. Le programme 2, intitulé Administration de la
justice, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Ouellette) :
Sur division. Le programme 3, intitulé Justice administrative, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Ouellette) :
Sur division. Le programme 4, intitulé Accessibilité à la justice, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président
(M. Ouellette) : Sur division. Le programme 5, bien, c'est
demain. Le programme 6, intitulé Poursuites criminelles et pénales, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Ouellette) : Ah! vous n'aurez pas d'argent, Me Murphy. Le programme 7, intitulé
Indemnisation et reconnaissance, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Ouellette) :
Sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et la commission ajourne ses travaux à mardi le
2 mai, à 10 heures, où elle procédera à l'étude des crédits
budgétaires du volet Loi professionnelle du portefeuille Justice. Bonne fin de soirée.
Merci.
(Fin de la séance à 17 h 59)