(Dix
heures trois minutes)
Le Président
(M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission
des institutions ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Commission d'accès à l'information
des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice
financier 2017‑2018.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava) est remplacé par
Mme Vallières (Richmond); Mme Melançon (Verdun) est remplacée par
M. Bolduc (Mégantic); M. Ouellette (Chomedey) est remplacé par
M. Auger (Champlain); M. St-Denis (Argenteuil) est remplacé par
M. Huot (Vanier-Les Rivières); et M. Marceau (Rousseau) est remplacé
par Mme Léger (Pointe-aux-Trembles).
Commission d'accès à
l'information (CAI)
Le
Président (M. Auger) : Merci. Étant donné qu'une période de deux
heures est prévue pour ce volet, il n'y aura pas de remarques préliminaires. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes incluant les
questions et les réponses.
Comme
nous avons débuté nos travaux à 10 h 4, et qu'une période de deux
heures doit être consacrée à l'étude de ce volet cet avant-midi, y a-t-il consentement pour poursuivre nos
travaux au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à 12 h 4?
Consentement?
Des voix :
Consentement.
Discussion générale
Le
Président (M. Auger) : Consentement. Je suis maintenant prêt à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
Des voix :
...
Le Président
(M. Auger) : Pointe-aux-Trembles, excusez-moi.
Mme Léger :
C'est à Montréal quand même, là.
Le Président
(M. Auger) : Oui, oui, excusez-moi, je n'étais pas loin.
Mme Léger :
Merci, M. le Président. Alors, bonjour. Bonjour à vous tous. Alors, nous
commençons les crédits de l'accès à
l'information. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, M. le président de la
commission, je suis très contente de pouvoir vous parler pour faire
notre rôle, notre rôle important de questionner le gouvernement sur les crédits
de la Commission d'accès à l'information plus précisément.
Je
voulais d'entrée de jeu quand même dire que c'est toujours d'une très grande importance, l'accès à l'information dans notre société, et une société
démocratique qui se veut, dans le
fond, libre et démocratique dans le
grand sens du terme. La commission...
cet organisme-là est un organisme important et un organisme nécessaire pour
l'exercer, exercer le rôle du citoyen
aussi, le rôle des médias, le rôle des gens qui veulent avoir accès à l'information. Alors, c'est pour ça que je trouve important qu'on puisse aujourd'hui en parler puis avoir des réponses à nos
questions, évidemment. Je sais que la ministre y donne beaucoup d'importance, à la Commission
d'accès à l'information, alors je
vais avoir beaucoup de questions à lui poser aujourd'hui.
D'abord, d'entrée de
jeu, on attend une loi sur l'accès à l'information. Alors, est-ce que la ministre
peut nous dire quand est-ce que...
Parce qu'on la promet depuis très longtemps.
Alors, je voulais savoir quand est-ce
que la Loi sur l'accès aux documents dans les organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels va être déposée.
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme de
Santis : Merci beaucoup.
Alors, moi aussi, j'aimerais prendre le moment pour saluer tous mes
collègues, tous les représentants de l'opposition officielle et de la deuxième
opposition, et aussi M. Chartier et les membres de la Commission
d'accès à l'information. La loi sur l'accès à l'information est importante pas
seulement pour cette section qui détermine l'accès à l'information, mais
aussi la protection des renseignements personnels et de la vie privée.
Nous avons
présenté, publié des orientations pour un gouvernement ouvert en 2015, et ces
orientations, suite à ça, il y a eu
des consultations publiques, il y a eu un nombre important de mémoires qui ont été
reçus et personnes qui ont participé
aux consultations et il y a des éléments qui ont été apportés à notre
attention, lors des consultations, qui étaient très importants pour un
suivi, par exemple l'accès à des données pour des fins de recherche, un point
qui a été soulevé en particulier par le
scientifique en chef, et là il y a eu des travaux additionnels qui ont été
faits pour que, dans les modifications proposées à la loi sur l'accès,
on prenne note de cela aussi. Nous avons bâti un comité de travail, et il y a
eu des recommandations sur cet aspect de la loi sur l'accès.
Maintenant,
on voulait procéder avec un dépôt d'un projet
de loi. Malheureusement, il y a des faits au-delà de notre contrôle, et
à cause de la grève des juristes on n'a pas pu procéder de la façon qu'on a
voulue. C'est notre souhait, parce que nous
continuons à travailler là-dessus, et nous travaillons très étroitement avec
notre secrétariat. En effet, l'été dernier,
on a eu des rencontres toutes les semaines pour préparer un projet de loi. On
continue dans ces démarches, et on continue
aussi avec des démarches avec les autres partenaires dans le gouvernement pour
nous permettre de déposer ce projet
de loi, et nous espérons que dans les
plus brefs délais on pourra le faire. Pour moi comme pour vous, c'est un
projet de loi qui est très important. Je me souviens qu'en 2012 on parlait du
rapport quinquennal...
Le
Président (M. Auger) :
Juste un instant. En fait, juste une consigne : je vais me permettre
d'équilibrer le temps entre les questions et les réponses. Donc,
j'aimerais peut-être qu'on puisse procéder à une autre question. Mme la députée
de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Ma question
était très brève. Alors, je lui demande : Quand? Lors des consultations en
2015, on avait dit : À l'automne 2016.
Vous invoquez la grève des juristes. Là, on est rendu en avril. Alors, est-ce que
je peux avoir une réponse? Est-ce que, d'ici la fin de la session, le projet
de loi va être déposé?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Ce que je vous dis,
c'est qu'on travaille très fort pour qu'on dépose un projet de loi dans les plus brefs délais.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Pointe-aux-Trembles.
• (10 h 10) •
Mme Léger : Alors, ce que je comprends, c'est qu'on n'est pas
près de le dire, que d'ici la fin de la session, le projet de loi va
être déposé. Les plus brefs délais ne m'indiquent pas que c'est nécessairement immédiatement.
Est-ce que
la loi, particulièrement sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, va être touchée? Est-ce
que vous avez l'intention aussi de travailler sur ce projet de loi là?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Nous sommes en
train de créer des comités de travail pour un projet de loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Comme moi, je
suis sûre que vous réalisez qu'une loi en 1993 ne prévoyait pas les modifications à la technologie qu'on a vécue depuis et que même aujourd'hui on ne sait pas où cette technologie va nous amener. Donc, c'est très important que là aussi des travaux soient faits. Mais on
n'est pas rendu au même niveau de préparation
sur un projet de loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Il y a des choses à
discuter. Par exemple, présentement, cette loi prévoit une application
uniquement à des entreprises tel que ce mot est défini dans le Code civil. Donc, c'est quelqu'un qui donne des
services ou des biens. Vous savez que des renseignements privés appartiennent à chacun de nous. Donc, il
faut penser que peut-être il faudrait étendre l'application de cette loi aussi à des OBNL, à des organismes bénévoles, etc.,
mais c'est des choses qui devront être étudiées.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Je comprends, je comprends la complexité, mais ce
n'est pas à ce niveau-là, ma question, c'est de savoir : Est-ce que vous
avez l'intention d'avoir une loi sur la partie du secteur privé. C'est ça, ma question.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de Santis : Ce que je vous dis,
c'est qu'on travaille pour aussi faire des modifications sur cette loi.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée.
Mme Léger : Je voudrais
revenir... Je vais entamer sur le financement de la Commission de l'accès à l'information. Si on regarde toutes les dernières années, la Commission de l'accès à l'information, ses crédits ont été assez stagnants, et
même un petit peu... une petite baisse, cette année, on peut dire une petite
baisse. C'est assez semblable, mais il y a quand même
une baisse. Ça démontre quand même qu'il n'y a pas de volonté du gouvernement de vraiment avoir des investissements dans la Commission
de l'accès à l'information,
d'augmenter son budget. Alors, le travail de la Commission de l'accès à l'information, elle a des objectifs à atteindre, elle a un plan stratégique, qui lui
a été demandé, de 2014 à 2018, avec le type de ressources financières
qui lui sont allouées. Est-ce que vous croyez que les ressources financières qui lui sont allouées présentement
sont suffisantes pour permettre à ce que la commission puisse faire son
rôle adéquatement et d'arriver à ses objectifs de son plan stratégique 2014‑2018?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : D'abord, le budget pour 2017‑2018 est
5 991 000 $, et en 2016‑2017, c'était de
5 979 000 $, donc il n'y a
pas de baisse. La seule variation, c'est dans le budget d'investissement. Il
faut ajouter à cela, parce que peut-être
vous n'êtes pas au courant, dans le plan économique du Québec 2017, page B.307,
on indique clairement qu'il y a un montant
additionnel de 100 000 $ récurrent qui est octroyé à la commission
afin d'appuyer l'organisation dans sa mission de communication auprès
des différents publics qu'elle vise. Alors, il y a en plus un
100 000 $ récurrent qu'il faut ajouter à ce budget.
Il n'y a pas
eu de diminution dans le financement depuis quelques années. En 2014, il y a eu
une augmentation de 300 000 $. Le financement a été plutôt
stable, mais, cette année, il y a un investissement additionnel qui est fait.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée.
Mme Léger :
Est-ce que je peux poser la question au commissaire, M. le Président?
J'aimerais poser la question au commissaire,
au président de la commission. Est-ce que vous pensez être capable d'atteindre
vos objectifs stratégiques de 2014‑2018 avec les ressources que vous
avez?
Le
Président (M. Auger) : Ça me prend un consentement. Est-ce qu'il
y a un consentement pour que la réponse vienne du président?
Consentement?
Mme de Santis : Je consens.
Le
Président (M. Auger) : Consentement. Donc, dans un premier temps,
bien vouloir vous identifier, et, par la suite, vous pourrez répondre à
la question.
M. Chartier
(Jean) : Alors, Jean Chartier, président de la Commission d'accès.
Écoutez, Mme la députée, je vous dirais
qu'il est tout à fait exact, ce que la ministre indique, à l'effet que notre
budget, de façon formelle, n'a pas diminué comme tel depuis 2011, mais il n'a pas non plus augmenté. Et on a dû
assumer, à chacune de ces années-là, les coûts de système, c'est-à-dire les augmentations de conventions
collectives, les augmentations salariales et les augmentations de coût
de loyer, pour ne nommer que ceux-là. Ce qui fait en sorte qu'à l'heure
actuelle, alors qu'en 2011 nous avions 63 employés
en poste, à l'heure actuelle nous en avons... je crois que c'est 58. Oui.
Alors, que nous avions 63 employés en poste en 2012‑2013, à l'heure actuelle nous en avons 58 en poste. De
ces 58 là, il y a 3 employés qui sont en «sans solde», c'est-à-dire qu'ils sont en congé sans
solde, en réorientation de carrière à l'extérieur, mais qui sont inclus
dans ces 58 là. Donc, ce sont trois personnes qui ne sont pas là. Et j'ai six
employés qui sont en congé de maladie ou en congé
de maternité, que je suis dans l'impossibilité de remplacer tout simplement
parce qu'à cause de l'assumation des coûts de système depuis six ans...
Une voix : ...
Le Président (M. Auger) : Oui.
Juste un instant. Mme la députée.
Mme Léger : Je...
M. Chartier
(Jean) : Je suis dans l'impossibilité. Alors, pour répondre à votre
question : Est-ce que je suis capable de respecter les objectifs de
mon plan stratégique? Non.
Mme Léger :
Lorsque vous... Là, vous me parlez de 2012, que vous aviez 63 personnes.
Maintenant, 58. Bon, peu importe.
Mais ce qu'on sait, c'est que chaque député, en tout cas, on a dans nos
circonscriptions des gens qui nous indiquent...
On reçoit des lettres régulièrement du nombre des plaintes qui est alloué. On
voit aussi la promotion qu'on doit faire,
parce que vous avez un rôle aussi de promotion que vous-même, comme président,
devez faire avec vos équipes. Les
commissaires qui doivent répondre, avec le peu de commissaires que vous avez,
il faut qu'ils répondent à la demande. Il y a des deux ans, parfois plus de deux ans, en tout cas, de délai
d'attente. Et là, votre budget, il reste presque semblable, là. On le sait... Ce n'est pas pour
100 000 $, là, que même la ministre nous parle du
100 000 $. Alors, ça, ça ne vient pas... Ça ne vient pas régler les problèmes. Est-ce que,
demain matin, vous êtes capables de régler les problèmes d'attente puis
de plainte de tout ce qu'il y a à résorber?
Alors, moi,
je questionne la ministre particulièrement. Comment se fait-il que vous
n'obteniez pas du Conseil du trésor
du financement supplémentaire pour régler tous ces problèmes-là qui sont en
attente, permettre aux commissaires de faire
leur rôle de promotion, permettre aux commissaires de jouer leur rôle et
d'atteindre les objectifs qu'ils doivent avoir?
Vous
ne pouvez pas me dire aujourd'hui que vous êtes capable d'atteindre les
objectifs du plan stratégique avec aucune
augmentation. Il y a des demandes de plus en plus. Il faut une augmentation des...
pour aider à la commission à jouer son
rôle correctement. Alors, je comprends que la ministre peut me dire : Tout
est beau, tout est correct, on a... voici, puis voici un 100 000 $ supplémentaire. Je pense que la ministre
doit être capable de nous dire qu'il en faut, des ressources
supplémentaires pour donner à la Commission d'accès à l'information.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, il reste une minute à ce premier bloc de temps.
Mme de
Santis : Merci. J'aimerais souligner que, dans le dernier budget
Marois, on avait attribué comme budget de
dépense 5 751 000 $. Aujourd'hui, 2017‑2018, c'est 5 991 000 $.
C'est plus que 200 000 $ de plus. Et en plus de ça, vous parliez tout à l'heure de promotion, il y a
un 100 000 $ récurrent qui a été octroyé cette année, pour la
première fois, pour la promotion, pour la communication avec les
citoyens. Merci.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes.
Mme Léger :
30 secondes? Alors, la ministre nous dit aujourd'hui que le financement
est correct, le financement est
adéquat, que le financement... que la Commission de l'accès à l'information est
capable d'accomplir ce mandat, va atteindre
ses objectifs facilement parce que le budget est correct. Vous avez beau me
parler des autres types de budgets ou vous me dites : Ah! C'est
suffisant, il y a eu une petite augmentation, mais ce n'est pas suffisant.
Le
Président (M. Auger) : Merci, Mme la députée. Nous allons
maintenant poursuivre avec le gouvernement. Mme la députée de Crémazie,
pour un bloc d'échange de 16 minutes.
• (10 h 20) •
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président, Mme la ministre, permettez-moi aussi de saluer mes
collègues, membres de l'opposition.
Je suis bien contente d'être ici aujourd'hui, et
je vais commencer avec un sujet, Mme la ministre, qui me tient à coeur. Vous avez entamé une tournée de
sensibilisation sur la protection des renseignements privés auprès des
jeunes du Québec, là, qui se nomme Ce que tu publies, penses-y, tournée
d'une pertinence formidable.
Vous savez, moi, je suis maman d'une jeune fille
dans un comté où, évidemment, il y a beaucoup de jeunes familles, puis trois écoles secondaires, beaucoup d'écoles primaires.
C'est un sujet récurrent. Et je trouve que, dans le contexte, c'est
au-delà d'être pertinent, là, c'est nécessaire comme tournée.
Et on le
sait, là, les jeunes, nos adolescents sont extrêmement présents sur Internet,
très présents sur les médias sociaux
aussi. Internet, on n'a plus besoin de s'en persuader, c'est devenu un outil de
travail, un outil du quotidien, là, un outil social aussi qui est
essentiel, mais qui rend aussi nos jeunes très vulnérables, parce qu'ils sont
extrêmement présents sur Internet sans
nécessairement se douter de toute la question des impacts que ça peut avoir non
seulement sur leurs vies privées, au niveau du vol d'identité, plusieurs
choses que vous abordez dans votre tournée, mais aussi sur comment les informations qu'ils rendent
disponibles sur Internet peuvent être utilisées aussi contre eux dans certains
cas d'intimidation, de cyberintimidation. On
en a entendu parler à plusieurs reprises au cours des dernières années.
Donc, je pense que, je réitère, c'est particulièrement pertinent comme tournée.
Et j'aimerais ça que vous puissiez,
justement — je
pense que, là, vous avez fait plusieurs rencontres dans des écoles — nous parler davantage de cette tournée-là,
de ses impacts, des échanges que vous avez également avec les jeunes,
pour nous expliquer les retombées de ce travail.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Merci beaucoup, merci beaucoup, chère collègue. Cette
tournée, je la tiens énormément à coeur. Pour moi, la protection des renseignements personnels et de la vie
privée est très importante si je veux dire que je suis libre et que je vis dans une démocratie. Parce que, si
je n'ai pas une vie privée, je n'ai pas la liberté de choix et je n'ai pas
la liberté tout court, c'est inutile de parler de Charte des droits de la
personne, c'est inutile de parler de démocratie.
Quand il y a
eu la politique de jeunesse, qui a été annoncée, la politique jeunesse Québec
qui a été annoncée, avec l'appui du
secrétariat et la députée de Richmond, on a parlé un peu... qu'est-ce qu'on
pouvait faire pour rejoindre les jeunes en ce qui touche la protection de la vie privée. Ensuite, on a aussi
parlé avec le ministre de l'Éducation. Et, avec leur appui, on a
organisé cette tournée depuis le mois de novembre.
La tournée va
avoir lieu de novembre jusqu'au début juin. On espère rejoindre environ 60 à
70 écoles, environ 10 000 étudiants.
Pour ce faire, on a prévu un budget de 75 000 $ qui inclut les frais
d'un porte-parole. Le porte-parole, dans ce cas-ci, c'est Nicolas Ouellet, qui est un comédien qui a travaillé
sur Vrak et Radio-Canada. Il est bien connu pas les jeunes. Et, pour rejoindre les jeunes, souvent,
c'est important que le messager parle leur langue. Alors, on a choisi
quelqu'un qui parle leur langage. Ce montant
de 75 000 $ inclut tous les frais de démarrage d'un projet de cette nature-là,
tous les vidéos, capsules vidéo,
toute la paperasse, tous les frais de déplacement, etc. 75 000 $ pour
rejoindre environ 10 000 à 15 000 étudiants, je trouve
que ce n'est pas cher.
Maintenant,
c'est quoi, le message? Quand on va... D'abord, on avait... Avant de commencer
cette campagne, officiellement, on
était à Asbestos à la suggestion de ma collègue de Richmond, et je suis allé
parler aux étudiants. Et, je me rappelle,
c'était une journée en novembre, et j'avais tellement peur. J'avais devant moi
250 étudiants. Je vais leur parler de la protection des
renseignements personnels, moi. J'étais stressée. Je leur ai dit :
Écoutez, j'ai peur, je suis stressée, mais je vous demande de m'écouter parce que j'ai un message important.
Ça a tellement bien passé, ils étaient tellement engagés dans le message que je présentais à ce moment-là, que ça nous a donné la confirmation que c'était une très belle...
une bonne idée, un bon programme.
Et je me souviens, dans la conférence de presse
qui a suivi cette présentation, il y avait même une journaliste presque en larmes quand elle a dit : Mais
vous êtes venue parler aux jeunes de cela? Mais absolument! La vie privée,
les renseignements personnels, ces lettres, c'est l'identité d'une personne, il
faut la protéger. Alors, quand on rejoint le jeune,
on parle, oui, de la liberté et la liberté de choix, mais on parle aussi du vol
d'identité. Et on porte à leur attention des exemples, de réels exemples
où une stagiaire qui était avec moi l'année dernière a reçu un compte de carte
de crédit. Elle n'a jamais demandé pour cette carte de crédit. Elle n'a jamais
dépensé les 3 000 $ qu'on lui réclamait, et elle ne faisait pas
affaire avec la banque. Et, après enquête, elle a découvert que ces
renseignements-là ont été pris sur une clé USB qui avait été mise dans un
ordinateur public dans la bibliothèque de son école. Alors, ça, il y a des
choses à apprendre de ça. On parle comment se protéger contre ça.
Et on parle
aussi de la réputation, qu'est-ce que nous pouvons faire pour protéger notre
réputation. Et vendredi dernier, on
était à deux écoles à l'Outaouais, et on a rencontré en tout plus que
400 étudiants, et on a pu parler de l'exemple du joueur de l'Impact, le jeune joueur de
27 ans qui avait mis une photo de lui avec un pistolet avec un commentaire
pas très approprié. Et à cause de cela, il a
été suspendu de son équipe, et c'est possible qu'il ne pourra plus jouer parce
qu'il aura peut-être des problèmes s'il essaie de traverser la frontière
avec les États-Unis.
Ces choses-là,
les jeunes, ils savent comment utiliser le téléphone intelligent pour avoir
accès à des jeux, à des applications, mais on leur demande de prendre un
instant et réfléchir, qu'est-ce qu'ils font.
Maintenant,
le gouvernement, on peut avoir toutes les lois au monde qui parlent de comment
le consentement doit être libre et éclairé, etc., mais quand, pour avoir
accès à une application, on vous demande de cliquer «J'accepte», il y a très peu de contrôle que nous avons, sauf que
c'est notre obligation de sensibiliser les jeunes. Quand ils pressent...
ils cliquent sur «J'accepte», qu'est-ce que
ça veut dire, qu'est-ce qu'ils sont en train de donner, de donner comme droit
à des tiers vis-à-vis d'eux? Et ça les
laisse toujours très impressionnés quand je parle de l'activation de la
géolocalisation. Alors, je leur
demande : Est-ce que vous avez votre géolocalisation activée? Et tout le
monde dit : Oui, oui, oui. Alors, je dis : Est-ce que vous seriez très heureux de savoir que vos
parents sachent où vous êtes 24 heures sur 24? Non. Alors, je dis :
Mais vous faites connaître à des tiers qui
vous aiment beaucoup moins que vos parents où vous êtes, 24 sur 24. Et la
semaine dernière... toujours, immédiatement, ils vont désactiver, O.K.?
Mais ça, c'est simplement un exemple.
• (10 h 30) •
Alors, il y a...
pour continuer les démarches dans la sensibilisation, nous avons demandé au
ministre des Finances, et il l'a
accordé... il y a un montant supplémentaire de 100 000 $ récurrent
qui est octroyé à la Commission de l'accès à l'information. Et j'espère que la commission va continuer à rejoindre
les jeunes mais aussi les moins jeunes, parce qu'on ne peut pas
simplement parler avec les jeunes. Les moins jeunes aussi ont comprendre à quoi
ils donnent accès quand ils acceptent... Je
leur pose la question : Quand Snap est devenue une compagnie publique, est
arrivée à la Bourse à New York, et ça
a été évalué à 28 milliards de dollars, vous, vous ne payez rien pour
avoir accès à l'application Snapchat, comment vous croyez que cette évaluation a été faite, sur la base de quoi?
Qu'est-ce qui donne valeur à Snap? Et, quand on explique comment les données qu'eux donnent, auxquelles ils
donnent accès, sont utilisées, revendues, etc., là, ça les fait
réfléchir. Quand ils cliquent «j'accepte», ils cliquent «j'accepte à ce que
vous utilisiez mes renseignements».
On leur dit
aussi qu'on est capables de créer une virtuelle Rita avec les renseignements
qu'on donne, pas seulement les renseignements concernant mon code postal
et dans ma carte de crédit, aussi, avec chaque fois que je clique «j'aime» ou «je n'aime pas», tous ces
renseignements sont croisés, et on crée une Rita virtuelle à qui de la
publicité ciblée va être envoyée. Et
ça, c'est bien quand c'est uniquement des souliers et des chemises, mais, quand
c'est des idéologies ou des
politiques, ça devient plus important de savoir qu'est-ce qui est en train
d'être fait, particulièrement dans un monde où on parle de plus en plus
de fausses vérités ou de fausses nouvelles.
Alors, moi, je suis très contente qu'on rejoigne
ces jeunes. Je souhaite que la commission va continuer à les rejoindre et
rejoindre des personnes autres parce que la seule façon qu'on va se protéger,
c'est que chacun de nous prenne cette responsabilité.
J'aimerais
prendre un petit instant pour rappeler des pétitions et sondages en ligne, qui
ont été mis en ligne par, d'abord, le
parti de la deuxième opposition. Il y avait, l'année dernière, en ligne... Le
premier, c'était LesticketsdeBarrette.com, le deuxième, Ligne434.com. C'étaient des pétitions qu'ils ont mises en
ligne, mais elles n'ont pas été mises en ligne sur le site de l'Assemblée nationale. Donc, elles ne
pouvaient jamais être présentées à l'Assemblée nationale, mais on a
laissé croire que c'étaient des pétitions qui
pouvaient être présentées. Je ne crois pas que les résultats du site
LesticketsdeBarrette.com n'ont jamais été présentés non plus au ministre
de la Santé et des Services sociaux. Il y avait une politique de confidentialité, mais ce n'était pas complet. On
ne savait pas comment ces renseignements allaient être utilisés. Et sur
le site Ligne434.com, on demandait même le
revenu familial. Qu'est-ce qu'ils allaient faire avec ces renseignements-là?
Depuis, ils ont enlevé ces deux pétitions, mais
ils en ont ajouté deux autres, Libérauxremboursez.com, qu'Alain Dubuc a souligné n'est pas correcte parce que ce n'est
pas le Parti libéral qui a surfacturé quoi que ce soit, et Jeveuxunmédecin.com,
mais toujours laissant croire que ces
pétitions peuvent être présentées à l'Assemblée nationale, sauf que ce n'est
pas le cas. Mais il n'y a rien dans la politique de confidentialité qui
est sur le site qui indique où et comment ces renseignements vont être
utilisés.
Et, en plus,
Québec solidaire, eux, n'ont aucune politique de confidentialité sur la
pétition qu'eux ils ont mise en ligne.
Maintenant, j'aimerais bien que nous, en tant que partis politiques, nous
respections aussi une certaine obligation, si ce n'est pas légale, mais morale, qu'on explique, quand on demande des
renseignements personnels, pourquoi on les veut, qu'est-ce qu'on va
faire avec et quand on va les détruire.
Le Président
(M. Auger) : Une dernière minute. On peut reporter le temps, si
vous voulez, Mme la députée de Crémazie.
Mme Montpetit : Non.
Le Président (M. Auger) : Non?
Allez-y.
Mme Montpetit :
Non, je vais prendre la minute qui reste parce que je pense que vous l'avez
abordé quand vous dites qu'il faut
élargir le débat, les jeunes, c'est extrêmement important, effectivement, de
les former, mais je pense que c'est beaucoup
plus vaste que ça. Vous l'avez mentionné. Donc, effectivement, je nous invite
collectivement, comme législateurs, mais également au niveau de la
fonction publique, d'élargir ces questions-là de respect de la vie privée, et j'invite les gens aussi... Vous ne l'avez
peut-être pas souligné, mais, dans le cadre de votre tournée, il
y a le site Internet qui s'appelle pensesy.gouv.qc.ca, qui... Je ne
sais pas si, les collègues, vous avez eu l'occasion d'aller le voir,
mais c'est une publicité extrêmement pertinente puis extrêmement rapide qui met très, très, très rapidement
en perspective justement comment, en faisant un clic sur un «j'aime», en
donnant une petite information sur une page Facebook, on se dévoile énormément
et on donne à autrui la possibilité d'utiliser de l'information sur nous. Donc,
j'invite vraiment les gens, et pas que les jeunes, effectivement,
l'ensemble de la population, à aller consulter, aller voir cette publicité.
Le
Président (M. Auger) : Merci, Mme la députée de Crémazie. Nous
allons poursuivre pour un deuxième bloc avec l'opposition officielle.
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, pour 15 minutes.
Mme Léger : Oui, c'est
pour ça que ça va être très intéressant d'avoir la loi, pour qu'on puisse en
discuter davantage, de tous ces
renseignements-là, puis, je pourrais dire, les impairs de fournir nos
renseignements, particulièrement avec nos jeunes, là, qu'est-ce qu'ils
peuvent vivre ces dernières années.
Je veux
revenir sur la transparence du gouvernement. Alors, évidemment, c'est un point
important. Le premier ministre en a
fait grand vent, a quand même indiqué clairement que c'est important, le
gouvernement du Parti libéral, qu'il soit transparent. Le mandat du
premier ministre se voit particulièrement dans le document du Secrétariat à
l'accès à l'information et à la réforme des
institutions démocratiques, à la page 31, en bas : «Le mandat du
premier ministre sur la diffusion
proactive des renseignements contenus à l'agenda des membres du Conseil des
ministres fait régulièrement l'objet d'un
point à l'ordre du jour de diverses rencontres impliquant le cabinet de la
ministre responsable de l'Accès à l'information et à la Réforme des
institutions démocratiques et du SAIRID.»
Alors, c'est
sûr que je vais les consulter. J'ai déjà questionné Mme la ministre à ce
niveau-là, sur l'agenda de vos collègues.
Je pense que vous avez de la difficulté à faire respecter et à convaincre vos
collègues de l'importance que leurs agendas
soient mis à jour, que les activités, les rencontres, tout ce qui est agenda
public soit vraiment mis sur le site du gouvernement. J'ai plusieurs exemples, j'en ai... J'imagine que vous
avez dû faire l'exercice ce matin. Vous savez que j'étais pour vous poser cette question-là. Alors,
si vous avez vérifié, il y a énormément de manquements. Je ne sais pas
ce que vous allez faire avec vos collègues.
Je vous donne des exemples. Invitation de presse
du ministre des Transports, convoquant les médias pour le 18 avril 2017 afin de faire le point sur
l'affaissement de la chaussée de l'autoroute 25, bien, rien à son agenda,
du ministre, en date du
19 avril. Il a convoqué les médias le 18, le lendemain, il n'avait encore
rien à son agenda invoquant ça. L'avis aux médias de la ministre de
l'Immigration, de la ministre de l'Enseignement supérieur, du ministre de
l'Éducation et du ministre de l'Emploi pour
une annonce d'investissement important en francisation pour les personnes
immigrantes pour le 19 avril 2017, rien
à l'agenda du ministre de l'Éducation et de la ministre de l'Enseignement
supérieur en date du 19 avril. Une
autre. Une invitation aux médias du ministre délégué aux Affaires maritimes
pour une pelletée de terre symbolique lançant
le projet de construction du CHSLD des Chauffailles à Rivière-du-Loup pour le
20 avril 2017, rien à son agenda en date du 20 avril 2017. Invitation aux médias du ministre délégué
aux Affaires maritimes pour un investissement important pour les
infrastructures scolaires de la région du Bas-Saint-Laurent pour le
20 avril 2017, rien à son agenda en date du 20 avril 2017.
Et ainsi de
suite. J'en aurais encore plusieurs, Mme la ministre, de tous les manquements
de vos collègues par rapport à
l'agenda. Si on se dit clairement qu'on est un gouvernement de transparence,
quand on l'annonce, par le premier ministre,
qui est le mandat du premier ministre de le dire à ses ministres de mettre à
jour les agendas de leurs ministres... Je vous ai questionné à cet effet-là. Les gens vont voir les agendas, ils
veulent voir qui qui parle, ils veulent voir publiquement qu'est-ce que... le ministre, il rencontre qui.
Alors, je pense que c'est un devoir et c'est votre devoir, comme
ministre, de vous assurer... Alors, quand je
vous ai posé la question lors d'une période de questions, la réponse a été
difficile parce que je n'ai pas vu de
changement, le lendemain de cette question-là, chez vos collègues. Alors,
comment vous allez appliquer... Comment vous allez vous y prendre pour
que vos collègues puissent vraiment mettre à l'agenda leurs activités et les
rencontres qu'ils vont faire?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
• (10 h 40) •
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. D'abord, sur le site Transparence, il
n'y a pas seulement les rencontres publiques
qui sont dévoilées, il y a aussi les rencontres avec des personnes non
gouvernementales. Maintenant, je peux vous dire qu'au début du mois
d'avril il y a seulement deux cabinets qui accusaient un retard de quelques
jours dans la publication de leurs
rencontres non gouvernementales et cela a été corrigé. Ça, c'est plus important
parce que ce n'est pas des rencontres publiques. Là, on a fait énormément
de travail et énormément de progrès, et je peux vous dire qu'aujourd'hui
on est à jour.
En ce qui concerne les activités publiques, j'aimerais vous rappeler que Repérer, qui inclut toutes les activités publiques des ministres, est envoyé à tous les journalistes. Ce n'est
pas comme si ces rencontres publiques ne sont pas connues. C'est vrai,
et là il y a un travail additionnel que moi et mon équipe nous allons faire
pour s'assurer que ces rencontres publiques
soient aussi inscrites sur le site Transparence, mais, je répète, les
rencontres non gouvernementales sont à jour et il y a eu une amélioration
absolument importante qui a été faite.
J'aimerais
rappeler que les archives sur les rencontres publiques sont maintenues pour une
période de quatre ans. Pendant le gouvernement du Parti québécois, les rencontres publiques n'étaient pas du tout
archivées. Et, en plus, nous, on a mis
en place aussi cette obligation de publier les rencontres non gouvernementales, et on est les seuls en Amérique
du Nord de le faire, et, peut-être,
parmi un tout petit groupe dans le monde, de publier nos rencontres non gouvernementales. Merci.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée.
Mme Léger : Bon, je vois que
la ministre est satisfaite, la ministre est contente qu'on est un endroit dans
le monde... qu'on est transparents, que la ministre
nous dit. Vous me parlez des rencontres non gouvernementales, nous
dire : Nous allons faire mieux. Mais
quand je vois... Dans l'ensemble, ce
n'est pas que des rencontres non gouvernementales. J'ai juste nommé
quelques-unes... J'en ai quatre, là, que je... et plus. Alors, vous me
dites : Bien, c'est des rencontres publiques, ce n'est pas des rencontres
nécessairement non gouvernementales. Alors, arrêtez dans les nuances, là. Je pourrais dire, M. le Président... Votre mandat est
d'assurer que l'agenda des ministres soit à jour à tous les jours.
Alors, c'est votre mandat, ça fait partie de votre mission.
J'en ai
encore d'autres. J'ai celui du ministre de l'Agriculture, évidemment, et député
de Brome-Missisquoi. Il n'aurait
rencontré que deux groupes d'acteurs non gouvernementaux de 2015 à sa
démission. Sa dernière rencontre avait lieu
le 30 mars 2016. On est rendus en 2017. La ministre de l'Économie n'a pas
rencontré d'acteurs non gouvernementaux, comme dit la ministre, en décembre 2016 et janvier 2017, selon son
agenda. Pourtant, le 5 décembre 2016, elle a rencontré
Mme Stéphanie Cass, représentante de Mondelez Canada, selon un communiqué
de presse, entre autres. Je vous donne un exemple.
Alors, M. le Président, j'aimerais bien déposer
les agendas de ces ministres, qui étaient publics. Alors, j'ai un document, si vous permettez, qui donne tous les
agendas des ministres de toutes les dernières... particulièrement les
derniers jours. Alors, je déposerais ce document-là.
Document déposé
Le Président (M. Auger) : Donc,
dépôt des documents, oui, effectivement.
Mme Léger : Maintenant,
M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Auger) : Juste
un instant. Vous voulez avoir une réponse immédiatement?
Mme Léger :
Non, elle m'a répondu. Maintenant, tout est beau. Ça fait que je ne suis pas
satisfaite, pas du tout, M. le Président.
Alors, je
vais aller sur un autre point, c'est sur... Particulièrement, je veux revenir
sur les plaintes, particulièrement, que...
le délai des traitements des demandes. Si je regarde l'ensemble dans votre
document, le document des institutions
de l'Assemblée nationale du Québec, mais la Commission
d'accès à l'information, à la
page 4, on parle des délais moyens de traitement des dossiers juridictionnels clos par décision, sans
laquelle... qu'il y a eu remise. On parle de 908 jours, ce qui veut dire que les dossiers qui sont traités dans
un délai de zéro à un an, là, c'est 8 %,
et, si on se rend à plus de deux ans, c'est 59 %. En plus de deux
ans, les gens... leur dossier n'a pas été traité.
En même
temps, je regarde dans le nombre de commissaires que la Commission d'accès à
l'information a — tout à l'heure, vous avez parlé de l'ensemble
du financement, on avait pu discuter un petit peu — je crois que vous êtes
sept commissaires, six commissaires et le septième, vous, comme président, évidemment,
que vous agissez comme commissaire, vous
avez sept commissaires pour faire le travail de ce traitement des dossiers là.
Vous n'y arriverez jamais. Je
comprends qu'il y a un délai de deux
ans, là, près de 60 % ont un délai de deux ans. Alors, je m'adresse au
commissaire, M. le Président, le président de la commission. Comment vous allez être capables de faire face à
votre rôle, au niveau du personnel que vous avez, faire face au rôle accru
qu'on vous fait jouer à l'organisme en
matière d'accès à l'information,
en matière de renseignements personnels, avec six commissaires? J'imagine que,
pour faire... Si, aujourd'hui, là, on activait, là, la chose, là, combien de commissaires il faudrait pour y arriver,
pour enlever les délais? J'imagine que six, ça ne peut pas du tout être
suffisant.
Le Président (M. Auger) : Me
Chartier.
M. Chartier
(Jean) : Écoutez,
c'est difficile d'évaluer comme ça, mais je veux, effectivement, d'emblée, être du même avis que vous, à l'effet qu'il y a une augmentation
des délais qui est due évidemment à une augmentation des dossiers. Si vous regardez la réponse que nous
avons fournie à la question P-1, vous voyez que, sur l'ensemble
des activités, nous avons reçu, cette année, au cours de la dernière
année, 2 536 demandes par rapport à l'année dernière. L'année dernière, c'était
2 510, mais l'augmentation, elle est telle qu'en 2014‑2015
nous avions 1 800 dossiers. Nous avions reçu 1 800 et,
depuis deux ans, là, on est passés à 2 500 et à 2 536.
Alors, c'est
une augmentation très importante, et on a, effectivement, vous l'avez
mentionné, sept commissaires. Vous me
demandez combien il en faudrait pour... parce que, bien évidemment,
tous les dossiers traités à la commission commencent par en bas, les fonctionnaires, etc., et, pour que ces
dossiers-là finissent par être traités et que les citoyens aient des réponses, il faut qu'en haut les commissaires
puissent les traiter et qu'il y ait des commissaires. C'est difficile à
évaluer, mais je vous dirais qu'un minimum
de 10 commissaires, trois commissaires additionnels, serait nécessaire
pour venir à bout de cette affluence
de dossiers. La commission est toujours, je dirais... Et c'est un beau problème, mais est
toujours de plus en plus populaires. Le nombre de demandes que l'on reçoit
des citoyens augmente sans cesse. Jusqu'à
un certain point, c'est la preuve que
la commission est connue, que nos lois sont connues, que les citoyens
sont avides d'informations publiques, qu'elles viennent des organismes
publics, mais on manque de commissaires.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : M. le
Président, merci. M. le Président de la commission, vous avez l'opportunité d'ajouter des membres pour réduire les délais. Dans l'article 104
de la loi, on dit que «la commission se compose d'au moins cinq membres, dont un
président et un vice-président. Les membres sont nommés sur proposition du premier
ministre...» Vous pouvez faire l'ajout de nouveaux membres, la ministre
peut faire l'ajout de nouveaux membres, alors pourquoi on n'ajoute pas
des membres?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre? Me Chartier?
M. Chartier (Jean) : Vous posez
la question au président ou à la ministre?
Mme Léger : À la ministre. Pourquoi on n'ajoute pas des membres? La ministre
sait très bien, là, qu'il
y a des délais, là. Deux ans, ça n'a pas de bon sens. On comprend très
bien que deux ans de délais d'attente pour avoir des renseignements, d'avoir l'accès aux renseignements puis avoir... Alors,
c'est incompréhensible, et là, avec sept commissaires, quand, minimum, 10... Mais j'imagine qu'il doit
être gentil aujourd'hui pour atténuer les choses. Alors, on s'entend que
ça veut dire que c'est bien plus que ça.
Alors, la ministre, vous pouvez ajouter des commissaires. Pourquoi vous
n'ajoutez pas des commissaires?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, 1 min 30 s.
• (10 h 50) •
Mme de Santis : Il y a deux
commissaires qui ont été ajoutés par un gouvernement libéral en 2011. Il y a 300 000 $ qui a été ajouté au budget en
2014. Et il y a une situation exceptionnelle qui a fait qu'il y a un retard
dans le nombre de dossiers qui ont
été traités en 2016. Le fait qu'il y a eu la grève des juristes, une diminution
de travail par les juristes, ça a affecté énormément le «backlog» à la
commission. Et donc on est là aujourd'hui pour accompagner la commission
et de faire le nécessaire... que la commission pourra réussir à compléter son mandat ou à
réussir son mandat.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée, 30 secondes.
Mme Léger : J'ai une question. Allez-vous ajouter des
commissaires pour aider le président de la Commission d'accès à l'information de répondre à ces délais, outre exceptionnels?
L'année d'avant, il y en avait 2 194, etc. Il y en a énormément. C'est des délais
d'attente de deux ans. Allez-vous ajouter des commissaires?
Le Président (M. Auger) : 10
secondes, Mme la ministre.
Mme de
Santis : Nous allons faire
le nécessaire pour accompagner la Commission d'accès à l'information, pour
que la commission puisse...
Le Président (M. Auger) : Merci,
Mme la ministre. Nous devons poursuivre avec le deuxième bloc du gouvernement
pour 16 minutes. M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Premièrement, je suis heureux de vous rencontrer ce matin
après un long moment d'arrêt pour ma part. Donc, je suis très heureux de
vous revoir, M. le Président, très content de voir Mme la ministre, mes collègues
de l'opposition, l'opposition officielle et la deuxième opposition.
Écoutez, Mme la ministre, j'ai pu sentir un
petit peu tout à l'heure... Après l'intervention de l'opposition officielle,
vous sembliez vouloir intervenir. Donc, avant de commencer ma question,
j'aimerais vous laisser le temps d'intervenir sur... concernant la transparence.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Les agendas, je
veux... La députée de Pointe-aux-Trembles a dit que je jouais sur des mots ou que c'est des petites nuances quand on parle d'un
agenda qui touche les rencontres avec des acteurs non gouvernementaux et les rencontres
publiques. Les rencontres publiques sont connues, elles sont publiées dans Repères,
et les journalistes ont accès à ça tous les jours. Sinon, ça ne serait
pas des rencontres publiques.
Maintenant, les rencontres avec des acteurs non gouvernementaux,
ça, c'est autre chose. C'est des rencontres qu'autrefois
n'auraient jamais été rendues publiques. Il y a des exceptions. Pas toutes les rencontres
avec des acteurs non gouvernementaux sont publiées parce qu'il y a des
raisons de sécurité ou des raisons qui pourraient affecter notre économie, etc.
Il y a des exceptions. Et aussi ce n'est pas des rencontres quand le ministre
demande de rencontrer un acteur non gouvernemental, c'est quand un acteur non gouvernemental
demande de rencontrer un ministre.
Alors, il faut aussi comprendre que c'est ça. Et
donc je peux vous dire qu'on a eu plus que quatre... Je vous reviens dans une
minute.
Une voix : ...
Mme de Santis : Ça serait un nombre
important de... O.K., je vais vous le... O.K., il y a
20 000 activités publiques qui ont
été publiées, il y a 5 000 rencontres avec des acteurs non
gouvernementaux qui ont été publiées. À titre d'illustration, pour la période du 1er février 2015 au
31 juillet 2016, il y a eu 82 231 visites. De celles-ci, une
grande partie provient du Québec,
mais on a eu des visites aussi de l'international. Alors, ces renseignements-là
ont été très utiles aussi pour le Commissaire au lobbyisme pour détecter
des oublis quant au registre sur le lobbyisme.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Vimont? Non, Mme la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Oui, peut-être, je prendrais ça... On parle beaucoup de transparence, puis
c'est un... Moi, la première, dans le cadre des fonctions que j'occupe comme
députée aussi... Et la députée de Pointe-aux-Trembles le mentionnait, pour le premier ministre, c'est un
dossier vraiment majeur. Puis c'est lors de son discours inaugural,
d'ailleurs, pour prononcer son discours de la 41e législature, qu'il a
exprimé sa volonté — puis
je vais le citer, d'ailleurs — de «devenir le premier gouvernement
véritablement ouvert de l'histoire du Québec».
Donc, je
pense que c'est important de mentionner que, peu importent les critiques que l'opposition
officielle peut donner dans ce
dossier des agendas, je pense que la ferme volonté d'avancer est là, puis c'est
important de continuer de la maintenir,
justement. J'inviterais les gens à continuer à aller voir ces agendas,
justement, qui dénotent et qui démontrent aussi à quel point les ministres
sont ouverts et à quel point on en fait énormément, de ces rencontres,
aussi, et où on est très axés terrain, très ouverts à leurs demandes également.
C'est important
aussi, dans ces mesures de transparence, de noter toute l'importance qu'on accorde à en donner de plus
en plus. Donc, on parle de données ouvertes aussi. Vous allez voir, sur le
site... J'invite les gens à aller voir le site, comment il est bâti, c'est fort intéressant aussi. On note la progression
que vous avez mentionnée tout à
l'heure aussi par rapport aux
cabinets qui y participent. Je pense que c'est important pour la population de
bien comprendre aussi la complexité de tout cet exercice et de le mettre en
oeuvre. Nous-mêmes, hein, on le sait, parfois, pour avoir, dans nos propres agendas, des revirements de situation
très rapides aussi, donc nos agendas changent jusqu'au matin même de la journée qu'on est en train de vivre, alors il faut
être conscient de ça également. L'important, c'est que les informations soient ouvertes, et c'est notre gouvernement qui, le premier, l'a effectué aussi de façon aussi proactive. Donc,
très intéressant.
Puis avant de
redonner la parole à mon collègue de Vimont, je voulais aussi personnellement vous remercier
pour la visite que vous avez faite. Ma
collègue qui a posé la question tout à
l'heure concernant vos visites dans
les écoles pour les informations sur les renseignements personnels... Si les gens nous écoutent... Si
l'ensemble des députés peuvent tenter de vous inviter dans leurs écoles secondaires aussi... à quel point c'est non seulement intéressant pour les élèves qui y sont, mais pour les profs qui sont là aussi. Puis on veut, nous autres mêmes,
en sortant de cette rencontre, en savoir davantage, puis aller vérifier
nos propres informations, puis dire : Bon, bien, peut-être que je m'étale
un peu trop moi aussi, justement. Alors,
c'est fort important de le faire. Et ma fille qui était là, ma plus
vieille, justement, qui a pu participer à cette rencontre... C'est une sensibilisation
extraordinaire aussi à l'ouverture non seulement sur les renseignements personnels précis dont vous parlez, mais aussi sur
toute autre divulgation plus tard et cette ouverture qu'ils vont
chercher aussi, et, au-delà de tout ça, au
niveau plus macro, l'ouverture des jeunes face à la politique,
cette façon que vous avez de l'apporter
aussi, de grande proximité, de façon très chaleureuse... en est énormément.
Donc, j'invite, en fait, tout simplement à continuer cette tournée-là,
puis aux collègues à en faire autant, mais d'y participer surtout.
Alors, ce que
je voulais savoir, c'est comment... Pour que les gens comprennent bien, on
est-u capables de savoir un peu
comment ça fonctionne, les ministres, là, pour que l'agenda soit rendu public? Qu'est-ce qui se fait au juste? C'est un
système informatique? Pour connaître la complexité, là, de tout ça.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : D'abord, merci pour les commentaires. Sur la tournée,
j'aimerais dire à quel point ce n'est pas du tout partisan. Quand j'ai été à Chicoutimi, j'ai invité la députée de
Chicoutimi de se joindre à moi. Elle l'a fait, elle était avec moi lors de la conférence de presse
qu'on a donnée. Ici, on veut rejoindre les jeunes pour passer un message
qui est très important, et j'ai beaucoup apprécié que la députée de Chicoutimi
ait accepté de le faire avec moi.
La
complexité. Écoutez, moi, les détails sur exactement quel programme est là,
exactement quoi faire, ce n'est pas
moi qui a ces renseignements-là. J'ai quelqu'un dans mon bureau qui s'occupe de
ça, et mon attachée politique, elle communique
avec les personnes dans les différents ministères pour s'assurer que ce travail
soit fait. Et, quand on reçoit les
données pour la fin du mois, on travaille directement avec les personnes
responsables dans chaque ministère pour les encourager
de faire leur travail et s'ils ont des problèmes à le faire, parce qu'il y a
aussi des... Le problème, très souvent, c'est qu'il y a un changement de
personnel, etc., et ça remet des retards. Mais, nous, c'est comme ça qu'on
fonctionne.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Vimont, en vous rappelant qu'il reste sept minutes au bloc.
• (11 heures) •
M.
Rousselle : Merci beaucoup. On le sait tous, et ce, pour le
bénéfice justement des citoyens qui nous écoutent, l'accès à l'information, il a changé beaucoup. On
sait que ça a commencé en 1982 par des systèmes. Ça a été revu en 2006, on le sait tous, et suivi par un rapport
quinquennal. En 2008, d'autres modifications, en 2011 aussi. Mais le 23 avril
2014, le premier ministre disait à la population québécoise, justement, qu'il
souhaitait amorcer et instaurer au gouvernement et la fonction publique du Québec
un véritable virage vers une culture de la transparence. Et je sais que le
24 avril 2014, justement,
le premier ministre amorçait, justement, des mesures
concrètes comme la divulgation d'information avec les contrats publics, la divulgation d'information sur les comptes de dépenses des hauts fonctionnaires, la divulgation
des dépenses des ministères,
la divulgation des agendas de membres du Conseil des ministres — qu'est-ce qu'on a parlé un petit peu plus tôt — examiner
les lois concernées afin de permettre une meilleure divulgation des informations d'intérêt public.
Moi, Mme la ministre, j'aimerais que vous me disiez aujourd'hui... Pourriez-vous faire pour les gens qui
nous écoutent un bilan des mesures concrètes
qui ont été, justement, mises en oeuvre afin de renforcer la transparence? Parce qu'on sait que, depuis tout à l'heure, on parle de transparence, et c'est ça que les citoyens s'attendent de l'État et de la façon
de faire du gouvernement au niveau de la transparence puis de la loi de l'accès
à l'information.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de Santis : Merci beaucoup.
Alors, on a d'abord commencé avec la publication des agendas. Ensuite, il y a
eu une modification au Règlement sur la diffusion, la diffusion proactive de renseignements. Et vous avez mentionné là qu'en vertu de ce règlement-là les ministères
ou organismes doivent publier proactivement les dépenses, les
indemnités, les voyages, etc., et doivent
aussi publier les réponses qui sont données aux demandes à l'accès à
l'information et déposer les
documents qui sont remis suite à une demande d'accès à l'information sur leur
site. Donc, quand quelqu'un fait une demande
d'accès, il y a une réponse, et ça, ça doit être publié sur le site du
ministère ou de l'organisme. Mais pas tous les organismes sont
aujourd'hui assujettis à ce règlement.
Donc, ce que
nous avons fait, c'est que nous avons créé quatre comités de travail : un
pour les municipalités, un pour les
services de santé et les services sociaux, un pour l'éducation et un pour les
ordres professionnels. Et l'intention, c'est que nous allons publier des
règlements qui sont de la même nature que ce Règlement sur la diffusion, avec
des obligations similaires pour chacun de ces quatre secteurs-là :
municipalités, services sociaux santé, éducation et ordres professionnels.
Nous avons
aussi créé un portail unique. Il y avait un premier portail qui a été créé en
2012, mais on en a mis un qui est
plus performant et qu'on a mis sur pied avec la participation des
municipalités. Cinq municipalités ont participé en avril 2106 quand on a annoncé ce nouveau portail. Et le
portait, c'est donneesquebec.ca. C'est un portail que est, d'une
certaine façon, unique parce qu'il y a des
données qui parviennent des deux niveaux de gouvernement, le gouvernement
provincial et des municipalités. Depuis
avril 2016, il y a 13 autres entités qui se sont jointes à nous pour la
publication des données ouvertes, y compris trois qui viennent du civil.
Alors, il y a ça aussi qui est fait pour s'assurer que le gouvernement soit
plus transparent.
On a publié les orientations sur un gouvernement
ouvert en 2015. Il y a eu des consultations publiques. Comme j'ai dit au tout début, on a continué des travaux suite aux
mémoires et aux présentations qui ont été faites lors des consultations
pour qu'on soit aujourd'hui dans une position qu'on pourrait, dans les plus
brefs délais, déposer des modifications
substantielles à la loi sur l'accès à l'information. Si on regarde les
orientations, dans les orientations il y a des orientations qui prévoient que, dans chaque ministère, organisme, on
devrait avoir un plan triennal sur la
publication de documents et de jeux de données et préférablement en
format ouvert. Donc, ça aussi sera pris en considération quand on va voir les
modifications à la loi sur l'accès à l'information.
En même temps, nous sommes en train de
travailler sur des modifications futures à la loi sur l'accès aux renseignements... à la protection des renseignements
personnels dans le secteur privé, qui n'est pas accès à l'information comme tel, mais qui est très important pour la
protection des renseignements personnels parce que, même quand on
veut publier plus de données en format
ouvert, il faut se rappeler que la protection des renseignements personnels est
absolument essentielle et que tout ce qui sera publié sera publié dans un
format anonymisé. Alors, je peux aussi dire...
Le Président (M. Auger) : Il
reste 30 secondes à l'échange.
Mme de
Santis : O.K. Il
faut savoir que pour qu'on ait vraiment un gouvernement ouvert, ce n'est pas le travail uniquement
du SAIRID, de mon secrétariat, c'est un travail qui doit se faire d'abord avec
le Secrétariat du Conseil du trésor,
qui, lui, a fait connaître en 2015 sa stratégie Rénover l'État par les TI et où
là il parle de données ouvertes et d'une politique sur les données
ouvertes.
Le Président (M. Auger) : Merci,
Mme la ministre. Nous devons poursuivre avec la deuxième opposition. M. le député
de Borduas, pour un bloc de 23 min 30 s.
M. Jolin-Barrette :
Merci, M. le Président. À mon tour de vous saluer, de saluer la ministre, de
saluer Me Chartier, le président de la Commission
d'accès, de saluer l'équipe de la ministre également qui l'accompagne, les collègues de la partie gouvernementale, la collègue
de l'opposition officielle et un salut particulier au député de Vimont,
qu'on est très contents de retrouver parmi nous pour les travaux de cette commission.
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Également le député de Vanier-Les Rivières aussi, mais particulièrement...
Écoutez,
M. le Président, au cours des dernières semaines, notre formation politique, par le biais du député de Granby, a fait une demande de divulgation relativement aux baux de la SAQ. On a eu l'information à l'effet que
George Gantcheff et que Marc Bibeau possédaient, dans le fond, des ententes
commerciales, louaient des espaces à la SAQ : quatre baux dans le cas de
George Gantcheff et trois cas dans le cas de Marc Bibeau. Par contre, la SAQ a
refusé de divulguer le montant des loyers, à
quel prix est-ce que la SAQ loue chez M. Bibeau. Est-ce que vous trouvez
ça normal que la population québécoise ne sache pas combien d'argent est
investi par une société d'État dans les immeubles de M. Bibeau?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : J'aimerais
rappeler le député de Borduas qu'on est ici pour discuter des crédits. La
question posée, c'est une question très politique,
et je ne crois pas que je suis la personne à répondre à cette question-là
aujourd'hui.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, la ministre
doit répondre à la question. C'est tout
à fait pertinent, on parle d'accès à l'information, on parle d'une demande d'accès à l'information. Je lui demande : Est-ce qu'en vertu de la loi sur l'accès à l'information elle considère que c'est approprié de refuser de
dévoiler à quel montant la Société
des alcools du Québec loue ses locaux dans les immeubles appartenant à Marc
Bibeau?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je n'ai pas
d'autorité sur les personnes qui doivent répondre à cette question-là et je
vous suggère de poser la question à la bonne personne. Je ne suis pas la
personne à répondre à ça, je n'ai pas tous les éléments. Je m'occupe aujourd'hui
de répondre à des questions qui touchent les crédits.
M. Jolin-Barrette :
Est-ce que vous pensez qu'en vertu de la Loi d'accès la SAQ devrait divulguer
ces informations-là, à combien est-ce que la Société des alcools du Québec loue
ses locaux à Marc Bibeau?
Le
Président (M. Auger) : Mme la ministre. Et, pour la suite, M. le
député de Borduas,
peut-être vous adresser à la présidence pour vos
questions. Mme la ministre.
Mme
de Santis : D'abord, M. le Président, c'est au responsable d'accès à l'information à la SAQ de
justifier sa réponse. Moi, je n'ai
pas copie de la réponse qui a été envoyée, donc je ne suis pas en position de
dire que je pense ou je ne pense pas, et en plus ce n'est pas moi mais
le responsable d'accès à l'information à la SAQ qui devrait répondre.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas.
• (11 h 10) •
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, la ministre
est responsable de l'accès à l'information, c'est sa responsabilité ultime, c'est
elle qui est la ministre titulaire au niveau de la loi. La question qui se
pose, là, c'est qu'on a un individu, Marc Bibeau, qui a une entreprise, qui
fait affaire à l'État dans de multiples lieux, dans de multiples facettes avec
ses entreprises. Il loue des locaux à la SAQ, on refuse de divulguer le prix
payé par la société d'État. Parallèlement à ça, aujourd'hui on apprend que
Marc Bibeau et l'ancien premier
ministre étaient extrêmement près. Ça soulève la question des quotas à 100 000 $, M. le Président. Est-ce que la ministre est en accord
avec les quotas de 100 000 $ qui étaient fixés par ministre, qui étaient fixés par Marc Bibeau
avec le Parti libéral? Est-ce que
la ministre était d'accord, M. le
Président?
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas, on va revenir sur nos
crédits. Mme la ministre.
Mme
de Santis : J'aimerais
rappeler qu'on est ici à l'étude des
crédits. J'aimerais voir la réponse qui a été envoyée par le responsable d'accès à la SAQ pour justifier
sa réponse. C'est un contrat économique. Il y a des exceptions dans la Loi sur l'accès qui prévoient, dans certains cas,
que certains renseignements peuvent ne pas être divulgués, et j'aimerais
savoir si le responsable d'accès s'est fié sur une de ces exceptions-là avant
de répondre.
Je
crois que vous allez très loin dans les commentaires que vous faites aujourd'hui
dans cette salle. On est en train de
regarder, étudier les crédits, on a assez de choses sur la table.
Rappelons-nous que le rôle que vous jouez ici aujourd'hui est très important dans notre Parlement. On ne
peut pas dépenser l'argent du public sans que le législateur, les
députés... Nous avons cet exercice que vous
nous demandez à vous rendre compte de ce qu'on fait. Au lieu de faire ça, vous
posez des questions qui n'ont rien à voir avec le sujet.
Le Président (M. Auger) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît, de part et d'autre, nous allons revenir sur l'étude
des crédits actuelle sur l'accès à l'information.
Mme de
Santis : S'il vous plaît.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas, pour la prochaine question.
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, la réponse de la ministre
est extrêmement pertinente, et c'est ce que je fais présentement, j'exerce mon rôle de contrôleur de l'action gouvernementale, parce qu'en tant que
ministre de la Réforme de l'accès à l'information c'est important que
les Québécois aient accès aux données financières de l'État et sachent comment
leur argent est dépensé. C'est l'objectif principal.
La
ministre nous dit : Bien, écoutez, peut-être qu'il y a une exception dans
la loi puis c'est pour ça que la
SAQ n'a pas répondu à la question. Mais la
question qui sous-entend tout ça, c'est de savoir : Les contrats qui ont
été donnés à Marc Bibeau, est-ce qu'ils sont au juste prix du marché et est-ce qu'il y avait un retour
d'ascenseur là-dedans? C'est la question qu'on pose.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas...
Mme de
Santis : Écoutez...
Le
Président (M. Auger) :
Juste un instant! Juste un instant! Effectivement, là, pour la troisième fois, je vais vous redemander de revenir sur la pertinence des
crédits d'aujourd'hui, l'accès à l'information. Puis il y a
d'autres endroits pour certains autres sujets. Je vous demanderais de
reformuler votre question, M. le député de Borduas, en évitant d'aller trop
largement.
M. Jolin-Barrette : La question que je pose, M. le Président, dans le cadre des crédits de l'Accès à l'information... On est présentement
avec une Loi sur l'accès qui doit être réformée. Il y a beaucoup de gens qui la
critiquent pour dire que c'est plutôt une
loi de non-accès plutôt qu'une loi d'accès. Je souligne à la ministre
un élément fort important du fait qu'il y a
une entreprise détenue par un individu extrêmement près du Parti libéral dont on apprend aujourd'hui, hein,
qu'il avait des influences avec l'ancien premier ministre du Québec, M. le
Président...
Le Président
(M. Auger) : Je vous ramène à la pertinence, M. le député. Je
vous demande de faire attention.
M. Jolin-Barrette : Oui. Vous savez que les crédits sont très larges,
et la règle de la pertinence doit être interprétée largement.
Le
Président (M. Auger) :
Oui, je suis bien d'accord, mais il
y a large et large. Donc, M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
Ce que je veux savoir de la ministre, M. le Président, c'est que : Est-ce
que le fait de collecter de l'argent
par les ministres à hauteur de 100 000 $... Était-elle d'accord avec ces quotas-là qui auraient
pu avoir une influence sur les baux?
Le Président
(M. Auger) : M. le député. Mme la ministre, avez-vous un
commentaire?
Mme
de Santis : Le commentaire est le suivant : C'est très important
d'avoir accès aux renseignements, et je vais faire tout mon possible pour m'assurer qu'on travaille dans cette
direction-là, mais me demander de commenter sur un cas particulier, ça, ça ne fait pas partie de cet
exercice. Et en plus j'aimerais citer le député de Verchères, qui en 2011 a
dit : «Je souligne le caractère
particulièrement important, dans notre régime politique, de cette étude de
crédits. C'est le coeur même de ce pour quoi les Patriotes ont combattu, c'est-à-dire ce gouvernement responsable, où le gouvernement ne peut obtenir de deniers que par l'intermédiaire des
élus du peuple et il doit rendre compte de l'administration de ces
deniers aux élus de la population.» Fin de
citation. Est-ce qu'on peut retourner sur l'étude des crédits devant
nous au lieu de me poser des questions sur des cas précis?
Le Président
(M. Auger) : Ça va. M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, je constate que mes questions
dérangent la ministre, mais «contrôleur de l'action gouvernementale»,
c'est effectivement ce que je fais présentement. Vous savez, M. le Président,
lorsqu'on cite les Patriotes, je les connais
bien, ils sont dans mon comté, puis ces gens-là voulaient de l'imputabilité.
Puis c'est ce que ça prendrait au gouvernement libéral parfois,
davantage d'imputabilité.
Ceci
étant dit, M. le Président, il y a d'autres dossiers aussi qui touchent l'accès
à l'information, notamment celui des
transferts fédéraux en santé. On a demandé, sur l'entente des transferts
fédéraux en santé, que l'entente soit divulguée, notamment au niveau des montants. M. le Président, l'entente, on ne la
divulgue pas, on a uniquement un communiqué de presse. Pourquoi refuser de divulguer cette entente en santé entre le
fédéral et le provincial? Tout ce qu'on nous a répondu, c'est que ça pourrait nuire à la relation
fédérale-provinciale. Je pense que les Québécois ont le droit de savoir
comment leur système de santé est financé. Alors, pourquoi refuser de divulguer
cette information-là?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme de
Santis : Encore une fois, je crois que les questions devraient être
posées aux bonnes personnes. Ici, je ne peux pas commenter sur des cas
particuliers.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Est-ce que
la ministre pense que ça serait une bonne idée que les Québécois sachent le contenu de l'entente au niveau des transferts en
santé? Et ce n'est pas une question de relations intergouvernementales dans ce cas-ci, c'est une question d'accès à
l'information. On ne peut pas dire à toutes les questions que je vais
poser, M. le Président, «ça ne touche pas mon ministère». L'accès à
l'information, c'est elle qui est conseil pour l'ensemble du gouvernement.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : On est ici pour discuter l'accès à l'information dans son
sens large mais pas de cas particuliers. Alors, j'insiste, je n'ai pas les dossiers dont vous parlez devant moi,
et donc je ne peux pas commenter. Je ne vais pas commenter sur des
dossiers particuliers. Est-ce qu'on peut retourner à l'étude des crédits, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Est-ce que la ministre peut s'engager à consulter
le dossier et à nous revenir avec une réponse différée relativement à l'entente relativement aux transferts en santé?
Parce qu'actuellement on n'a aucune information. Puis je pense que c'est de l'information pertinente parce que c'est un
montant important, 3 % d'augmentation. La partie du budget en santé, c'est une partie importante,
savoir comment on va financer ça. Je pense que ça serait de la
transparence de l'avoir. Est-ce qu'on peut avoir un engagement de faire la
vérification?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Je ne peux pas m'immiscer dans le rôle du responsable à
l'accès des différents ministères et organismes. Encore une fois, je ne
vais pas commenter sur des cas particuliers.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Vous savez, un des problèmes avec la loi sur
l'accès à l'information, et c'est souvent soulevé par les journalistes, M. le Président, c'est le fait qu'avant
d'obtenir l'information ça prend un certain temps. Les journalistes font
une demande d'accès, il y a le premier 20 jours, ensuite il y a un
10 jours supplémentaire qui peut être
demandé, ensuite on peut répondre : Bien, écoutez, non, on ne vous
transférera pas l'information parce qu'on invoque une disposition de la loi pour le faire. Mais,
lorsqu'on veut donner de l'information publique, on veut renseigner les
gens, notamment par le travail
journalistique, on se ramasse dans des situations où, avant d'avoir accès à
cette information-là, le journaliste peut l'avoir un an plus tard.
Est-ce que,
M. le Président, la ministre trouve ça normal, ces délais-là, qu'on soit dans
une situation où il faut faire une contestation en plus, où il faut
aller en médiation, puis ensuite, si le dossier se retrouve devant la
commission en section juridictionnelle, bien, c'est encore plus long? Est-ce
que ce sont des délais qui sont, à son avis, appropriés?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
• (11 h 20) •
Mme de
Santis : Nous sommes préoccupés par le délai dans lequel les
renseignements sont fournis. Aujourd'hui, je crois que le message est
donné qu'on doit au moins répondre aux demandes dans le délai qui est prévu
dans la loi.
Maintenant,
vous avez souligné un cas où... Et ça nous préoccupe et c'est pour ça qu'on
veut modifier la loi sur l'accès à
l'information pour que, s'il y a une demande de révision, on ne peut pas, après
le fait, venir présenter des raisons pour
lesquelles les renseignements n'ont pas été fournis. Quand une demande est
faite à l'intérieur des délais précis, on doit donner toutes les
raisons, si les renseignements ne sont pas fournis, pourquoi les renseignements
ne sont pas fournis, et nous considérons maintenant
qu'après cela on ne peut pas ajouter aucune raison additionnelle. Ça, ça va
réduire les délais beaucoup. Mais il
y a d'autres choses qu'on prévoit
dans les dispositions qu'on espère proposer pour modifier la loi
sur l'accès pour s'assurer que les délais
soient réduits. Alors, c'est une préoccupation qu'on partage, et c'est la raison pour
laquelle on veut présenter un projet de loi sur l'accès.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais aussi, à la commission tout à l'heure, le président de la Commission d'accès nous disait : Écoutez,
peut-être que ça nous prendrait trois commissaires de plus
aussi pour améliorer le processus, l'efficacité
du processus. Est-ce
que c'est dans votre intention
d'augmenter le nombre de commissaires à la Commission d'accès à l'information de
façon à ce que les gens puissent
avoir accès plus rapidement et se fassent entendre plus rapidement?
Le
Président (M. Auger) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que nous allons accompagner la commission pour qu'elle
puisse réussir à répondre aux demandes qui sont faites.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'aimerais savoir qu'est-ce que ça veut dire, «accompagner la commission». Moi, je pose une question très claire, là. On a
parlé de trois commissaires supplémentaires pour réussir à avoir des
délais qui sont plus raisonnables. Est-ce que
la ministre s'engage à nommer trois commissaires supplémentaires,
à donner davantage de ressources à la Commission d'accès pour faire en
sorte que ça soit entendu plus rapidement? Parce que, lorsqu'on regarde la page 4 de l'étude des crédits, le délai
moyen des traitements de dossiers juridictionnels clos par décision dans
lesquels il y a une remise, c'est
906 jours. Ça, c'est trois ans. Le délai moyen des traitements de dossiers
clos par une décision dans lesquels
il n'y a pas eu de remise, 503 jours. 503 jours, c'est quasiment deux ans,
c'est un an trois quarts. Quand il y a de la médiation, c'est un an,
quasiment un an, 355 jours.
Bon,
on voit que les commissaires sont efficaces : délai moyen des délibérés,
42 jours. C'est assez rapide pour rendre
une décision, puis je les en félicite pour ça parce qu'ils ont le souci que le
justiciable, lui, reçoive sa décision le plus rapidement possible, surtout quand ça fait, supposons, trois ans qu'il
attend avant d'avoir sa décision. Mais quelqu'un qui fait une demande d'accès maintenant, il ne veut
pas l'avoir dans trois ans. Il faut moderniser, oui, mais il y a un
problème aussi au niveau du nombre de
commissaires. Est-ce que la ministre s'engage à désigner des commissaires
supplémentaires?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Je veux souligner que la médiation
a été un moyen effectif de réduire les délais
et que l'année 2016, malheureusement, on a perdu environ quatre mois avec
une grève de juristes qui a fait qu'on ne pouvait être aussi effectifs
qu'on l'était en 2015.
Quand je dis que je
veux accompagner la Commission d'accès à l'information, de la même façon que
j'ai accompagné en obtenant
100 000 $ de plus pour que la commission puisse faire ses
communications et une sensibilisation de
la population cette année, et c'est un montant récurrent, j'espère... et je
veux être là pour aider la commission à remplir son mandat. Je vais être
là pour la commission.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, M. le Président, ce que j'entends,
c'est que c'est un accompagnement, je vais être là, mais ce n'est pas
des ressources additionnelles. Donc, ça ne me satisfait pas comme réponse.
Mais je veux poser
une question importante à la ministre. Au ministère des Transports, on a appris
que le responsable de l'accès à
l'information, maintenant, est un ancien membre du personnel de cabinet du
ministre. On parle beaucoup de transparence, d'intégrité. Sans
préjudicier de la qualité de la personne, je veux bien que la ministre me comprenne, mais est-ce qu'il n'y a pas une
apparence d'une situation qui soulève des doutes que le politique, des
anciens employés politiques se retrouvent
responsables de l'accès à l'information d'un ministère, d'un ministère, par
ailleurs, qui n'est pas toujours le plus transparent possible? On l'a vu
avec une demande d'accès du Journal de Montréal où on a repoussé la demande pour la donner à un autre
média, finalement. Est-ce qu'il y a un malaise à ce niveau-là de la part
du ministère de l'Accès à l'information?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme de
Santis : D'abord, j'aimerais répondre à votre premier commentaire. Je
vais faire les annonces quant à mon accompagnement au moment opportun, je ne
vais pas le faire ici devant vous aujourd'hui.
Deuxièmement, l'affaire de la personne qui a été engagée au MAMOT, ça, c'est une question
que le MAMOT ou la personne qui l'a
engagée devrait répondre parce que cette personne, M. Dulude, a passé les
concours, il a tout fait d'une façon régulière et correcte pour obtenir
son poste. En plus, c'est un avocat, il doit respecter le code d'éthique des avocats. Il s'est engagé à faire preuve de
neutralité politique dans l'exercice de ses fonctions et il doit se
conformer aux règles d'éthique
applicables aux employés de l'administration publique québécoise en plus du code d'éthique du Barreau. Et
il a été engagé en toute indépendance par le MAMOT à travers, je crois, le secrétaire
général. Il n'y a pas eu aucune influence politique
dans ce choix-là. Alors, je suis désolée d'avoir votre réponse parce que
ça met cette personne dans une position délicate, quand la personne a
tout fait correctement pour se présenter pour ce poste. Il y a eu des concours,
il s'engage à respecter les codes d'éthique et d'agir en toute neutralité.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Borduas, quatre minutes.
M. Jolin-Barrette : Donc, ça ne soulève aucune question,
le fait que des anciens attachés politiques se retrouvent dans une situation où ils
sont responsables de l'accès à l'information. C'est ce que je comprends du
message de la ministre. Par contre...
Mme de Santis :
Le message, c'est que tout le monde a le droit de travailler, et, s'ils font
leur demande correctement, il n'y a pas vous ou moi qui va l'empêcher.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas une question, M. le Président, d'empêcher qui que ce soit de travailler. En tant que ministre
responsable de l'Accès à l'information, je pense que c'est de la juridiction de la ministre
de se prononcer sur la façon dont la
loi est appliquée et la façon dont les citoyens peuvent avoir accès, et ça
prend de la transparence. J'entends souvent la ministre dire : Ça
prend beaucoup de transparence, ça prend de la rigueur. Je suis d'accord avec
elle sur ce point-là, mais, au niveau
institutionnel, comment est-ce qu'on fait? Je lui ai demandé : Est-ce qu'elle avait un malaise relativement à cette façon de faire? Et ma
sous-question relativement à ça, c'est : Lorsqu'une demande d'accès est
reçue dans un ministère, est-ce que le cabinet ministériel est informé de la
demande d'accès à l'information?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, deux questions.
Mme de Santis : Le cabinet
ministériel n'est pas informé.
M. Jolin-Barrette : Pas votre cabinet ministériel, le cabinet
ministériel du titulaire du ministère dans lequel la demande d'accès est faite.
Mme de
Santis : Je ne peux pas
parler pour tout le monde, mais le processus, c'est que les ministériels ne
sont pas informés. Et il y a
une recommandation qui a été faite, dans les orientations sur le gouvernement ouvert, qui va
dans le sens qu'aujourd'hui on a un
article de loi où on parle de la personne ayant la plus haute autorité et que
ce n'est pas très clair. On veut s'assurer, dans le projet de loi sur
l'accès à l'information, que c'est clair que ça va être un sous-ministre ou le dirigeant parce qu'on pourrait imaginer, quand on
voit cette expression-là, que c'est le ministre, mais ce n'est pas du
tout le ministre. Le ministre n'est pas avisé d'aucune façon.
M. Jolin-Barrette : Donc, vous
nous confirmez qu'au sein du gouvernement actuel les demandes d'accès à l'information qui sont formulées ne sont jamais
portées à l'attention des ministres ou des employés politiques des
cabinets ministériels. Est-ce que c'est le cas, oui ou non?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de Santis : D'après notre
pratique, les questions ne sont pas amenées à la connaissance des ministères.
M. Jolin-Barrette : De personne
au sein des cabinets ministériels ni même du ministre. C'est la pratique ou
c'est la règle?
Mme de Santis : C'est la règle qu'on
essaie de faire respecter par tout le monde, oui.
M. Jolin-Barrette : Qu'on
essaie de faire respecter. Est-ce que...
Mme de Santis : C'est la règle que
tout le monde devrait respecter.
Le
Président (M. Auger) : Une seconde. Juste une personne à la fois,
s'il vous plaît. Il reste 45 secondes. M. le député de Borduas.
• (11 h 30) •
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je veux savoir si cette règle est respectée par l'ensemble des
cabinets ministériels. Est-ce que la
ministre peut nous dire très clairement
si, oui ou non, l'information n'est pas communiquée aux cabinets ministériels
en aucun temps par chefs de cabinet, attachés politiques ou ministres?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : Ce n'est pas les chefs de cabinet ou les ministres, ou les
ministères ou les cabinets qui décident. Ces décisions-là sont prises
par le responsable de l'accès à l'intérieur du ministère.
M. Jolin-Barrette : Et ils ne
sont pas informés.
Mme de Santis : Ce n'est pas aux
politiques...
M. Jolin-Barrette : Et, M. le
Président, le cabinet n'est pas informé.
Le Président (M. Auger) :
Laissez répondre, M. le député.
Mme de
Santis : Et les cabinets peut-être vont avoir connaissance, à un
moment donné, qu'on fait les demandes, mais ce n'est pas eux qui
décident d'aucune façon.
M. Jolin-Barrette :
Quand sont-ils informés?
Le Président
(M. Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions pour ce
bloc.
Mme de
Santis : Ils sont informés après la décision...
Le Président
(M. Auger) : Nous allons poursuivre avec le gouvernement, merci,
pour un troisième bloc de 16 minutes. M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Je vous salue et je salue mes collègues du gouvernement
et de l'opposition. Mme la ministre
et votre équipe, bonjour. Tout d'abord, je voudrais juste... un petit
commentaire pour la question des concours
du personnel. C'est un décret qui a été adopté sous le PQ, en 2002, le
gouvernement péquiste, et c'était pour permettre
l'intégration du personnel politique dans un cadre de professionnalisme. Donc,
la réponse à la question du député de Borduas, juste pour fins
d'information, M. le Président.
Je voudrais revenir,
on a parlé abondamment, à plusieurs reprises, de la protection des
renseignements privés. Et il y a une
inquiétude là-dedans. Vous avez parlé aussi abondamment de la discussion que
vous faites dans les écoles, que je
trouve extrêmement louable parce que les jeunes sont souvent les plus
vulnérables. Et, même s'ils ne donnent pas leur âge, ils mettent toutes
sortes de photos qui, en fait, divulguent leur vulnérabilité dans la plupart
des cas.
Il
y a beaucoup, beaucoup de gestes qui peuvent être faits, des gestes simples,
puis je parlais des photos à titre d'exemple.
Il y a aussi des informations beaucoup plus larges qui sont très inquiétantes.
Un exemple de ça, en 2016, il s'est investi
dans le monde entier plus de 90 milliards de dollars pour la protection,
la cybersécurité sur les réseaux mondiaux. On ne parle plus de petits
éléments. On parle d'une somme astronomique qui a pour objectif de protéger
l'information et la divulgation des informations personnelles. Et je ne suis
pas certain qu'on progresse. Je crois qu'on recule.
Donc,
la stratégie que la ministre met sur la table, de rencontrer les jeunes, de
faire de la prévention, de mettre en place
des éléments fondamentaux pour permettre aux jeunes au moins de se prémunir de
certains risques, est fondamentale et,
je crois, va faire beaucoup plus de pas que les millions de dollars qui peuvent
être investis sur certaines activités dans beaucoup de cas, je dirais.
Une
autre chose qui est très claire, puis je pense que les médias en ont parlé
abondamment, c'est la sécurité des informations
personnelles. On pourrait parler de Target, on pourrait parler d'Apple, on
pourrait parler de Google même. Ça fait
que, quand la ministre tout à l'heure nous parlait du bouton «Accepte», je
crois qu'il devrait y avoir une éducation populaire large dans le sens où les jeunes ne se préoccupent pas de ça,
ils savent que, s'ils ne poussent pas le bouton, ils n'auront pas accès
à l'information qu'ils désirent, donc on y va allègrement, et ça crée des
problèmes à long terme qui sont majeurs.
Je dois aussi
mentionner que le nombre de fraudes, de données personnelles qui sont volées
via les différents systèmes de cartes de
crédit — et
personnellement, dans ma famille, on a été victimes justement de ces vols-là
dans les dernières années — c'est quelque chose qui est aussi en
forte croissance dans les milieux. Je vous donne un exemple où des membres de ma famille ont été pris en
Floride juste à remplir des réservoirs d'auto. Et, parce que la pompe à
essence transmettait l'information de façon
wifi à la station qui était juste à côté, il y a des gens qui interceptaient
l'information. Donc, dès que l'information
privée voyage sur le Net, il y a des gens très créatifs, M. le Président, qui s'acharnent à accéder à cette information-là
et à créer des problèmes très sérieux.
C'est un peu le
contexte, l'environnement dans lequel aujourd'hui on évolue, et vous nous
avez... On parle beaucoup de la protection des renseignements personnels, et je voudrais ici faire une mise en contexte.
Dans un contexte où l'évolution de la technologie se fait de façon de
plus en plus rapide, c'est inquiétant, c'est embêtant, et, moi, quand je
regarde ici, on nous dit qu'en juin 1993 la Loi sur la protection des renseignements
personnels dans le secteur privé a adopté une loi qui a été mise en vigueur
en janvier 1994. Sur le plan de l'électronique et des médias sociaux,
c'est une éternité. Cette loi avait
pour objet d'établir des règles particulières à l'égard des renseignements personnels détenus par les organisations du secteur
privé, et ce, en cohérence avec les droits conférés pour les articles 35 à 41
du Code civil du Québec, qui portent notamment sur le droit au respect de sa
privée et le droit d'accès pour un individu à ses propres renseignements. Tant et aussi longtemps que les
données étaient sur du papier, c'était... Même, on n'avait pas
d'appareils photo facilement disponibles,
comme aujourd'hui avec nos iPad ou nos téléphones cellulaires, où on peut photographier n'importe quoi ou presque instantanément, sans compter
le fait que l'information est déjà sur le Net, donc disponible.
Toute entreprise de biens et de services doit se conformer à cette
loi dès le moment où elle recueille, détient, utilise ou communique des renseignements
personnels. Encore là, il y a beaucoup, beaucoup de vulnérabilité à ce chapitre-là, surtout dans les PME, dans les entreprises où il n'y a
pas beaucoup de contrôle, où la plupart des gens travaillent de bonne foi, mais les sécurités des systèmes ne sont pas toujours présentes.
En
2006, la loi sur le secteur privé a fait l'objet d'une révision à la suite des recommandations de la Commission d'accès à
l'information dans ses rapports
quinquennaux de 1997 et de 2002. En 2011, la Commission d'accès à l'information a déposé un rapport intitulé Technologies
et vie privée, à l'heure des choix de société. En 2015, le gouvernement
a publié les orientations gouvernementales pour un gouvernement plus
transparent dans le respect du droit de la vie privée et la protection des renseignements
personnels. Le document d'orientation 2015 du gouvernement a bien su exposer les consultations... a su les exposer, et la consultation générale qui s'en est suivie a permis au public de
confirmer les grandes directions, puisque
cette partie du document a reçu des commentaires parmi les plus positifs. En
2016, la Commission d'accès a déposé
son sixième rapport quinquennal, intitulé Rétablir l'équilibre. Elle
portait son attention sur la conservation des renseignements personnels au sein des entreprises, les failles de
sécurité, la nomination d'un responsable et les délais pour donner suite
à une demande d'accès.
La
révision de la loi sur le secteur privé aura des impacts économiques sur les entreprises
privées présentes au Québec. D'ailleurs, le document d'orientation
énonçait : «Il importe que les impacts économiques soient mesurés avec ces
[dernières].» Un groupe de travail sera formé avec les cinq associations
représentatives du secteur privé afin d'évaluer
les impacts de la révision sur les entreprises, et le mandat du groupe de
travail consiste à soutenir la réflexion du SAIRID quant aux différents enjeux liés au respect de la vie privée et à la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, compte tenu des pistes de
solution déjà proposées notamment par la Commission
d'accès à l'information. Considérant
ces enjeux, identifier les grands secteurs d'activité assujettis à la loi
québécoise qui détiennent et utilisent des renseignements personnels, soutenir le processus de consultation de ces grands secteurs d'activité, et, en collaboration avec le MIDI, la politique gouvernementale sur l'allégement réglementaire et administratif sera prise en cours
de compte au cours des travaux portant sur la révision de la loi sur le
secteur privé.
On parle d'information locale, régionale, internationale et on parle d'une loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Comment ou quelles sont
les procédures que la ministre entend développer pour préparer ce projet
de loi là? Parce que,
pour moi, c'est très large, puis je voudrais voir comment vous allez
travailler, Mme la ministre.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : D'abord, cette loi aujourd'hui s'applique uniquement aux entreprises de biens ou de services, O.K.,
et ces entreprises qu'on demande de se conformer. La question doit se
poser : Est-ce que ça suffit que cette loi s'applique uniquement aux
entreprises de biens et services? Parce que la collecte de renseignements
personnels est faite par des entités qui ne
sont pas des entreprises de biens et services, même des organismes
communautaires, et on devrait s'assurer que toute entité qui collecte
des renseignements personnels est tenue à un certain standard.
Donc, il y a
toute une question à se poser. Il y a une réflexion à faire sur ça. Vous savez que les partis politiques ne sont pas tenus à
respecter cette loi et il n'y a rien, aucune... parce que le Code civil parle
de personnes et les partis politiques ne sont pas des personnes. Il n'y a
rien d'autre que la Loi électorale qui exige certaines obligations
concernant les renseignements personnels, et c'est uniquement en ce qui touche
la liste électorale. Ça, c'est simplement un exemple, c'est l'exemple qui me
vient en tête immédiatement. Alors, il y a une réflexion à qui ça devrait
s'appliquer.
Deuxièmement, on a le rapport de la CAI, dans son sixième
rapport quinquennal, qui fait certaines recommandations, et c'est des recommandations qui ont été faites
même, si je me rappelle bien, au cinquième, dans le cinquième rapport
quinquennal, en 2011. Et un qui est très important, c'est adopter des politiques
de confidentialité simplifiées qui vont présenter, en termes clairs et
compréhensibles, une vue d'ensemble des engagements de ceux qui demandent les renseignements en matière de protection de
renseignements personnels. Le grand problème aujourd'hui que nous
avons, c'est que, quand on veut avoir accès
à l'implication, par exemple, les politiques de confidentialité sont tellement difficiles à comprendre, écrites en toutes petites lettres que,
même moi, avocate, je n'ai pas la patience de lire et je ne sais pas que
si je lis, je comprends.
Donc, en termes d'obligations que nous avons en
tant que gouvernement, c'est de simplifier les politiques de confidentialité, et, tout à l'heure, je disais que les partis
politiques ne sont pas soumis à cette
loi, mais regardons les sondages politiques dont je parlais tout à
l'heure. Alors, lors de ces demandes, ces invitations à participer aux sondages
ou aux pétitions, il y a
des renseignements personnels qui sont collectés, mais il n'y a
rien qui gère, qui détermine comment ces renseignements devraient être
collectés, utilisés et détruits.
Dans le
sixième rapport quinquennal, il y a aussi une invitation à ce qu'on intègre les
principes de protection des renseignements personnels dès la conception
de leurs biens et services et l'appliquer tout au long du cycle de vie des renseignements. En anglais, on peut dire «private
by design», et donc il faut aussi penser à inclure ces obligations-là
dans une loi. Il faudrait ajouter l'obligation de déclarer les failles de sécurité. Quand? Comment? À qui? Est-ce que
toute faille de sécurité devrait être
déclarée? Ou est-ce que c'est seulement des failles d'une certaine importance ou valeur?
Mais ça, c'est difficile à déterminer. Mais ça, c'est des questions
qu'il faut répondre. Est-ce qu'on doit créer la fonction de responsable de l'accès et de la protection des
renseignements personnels à l'intérieur de chaque entité? Maintenant,
si on veut respecter cette promesse d'avoir
moins de réglementation, qu'est-ce
qu'on fait si on oblige à chaque
entreprise, parce que maintenant ce sont les entreprises uniquement qui
sont assujetties à la loi, mais chaque entité qui serait assujettie à la loi, d'avoir un responsable d'accès et de protection
de renseignements personnels à l'intérieur de l'entité? Et,
quand je pense à ça, je pense à mes petites,
petites, petites entreprises, parce
que 52 % des entreprises au Québec sont petites, petites, petites. Il y a
cinq employés ou moins. Quelle sorte d'obligation je leur impose, et comment je
pourrais faire autrement? C'est des questions qui devraient se poser.
Ce que nous
faisons maintenant, c'est qu'on met sur pied, et on est en train de le faire, des comités de travail pour explorer ces points-là et d'arriver avec des recommandations qu'on pourrait ensuite présenter en tant que modifications à la
Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé.
Le Président (M. Auger) : ...20
secondes. M. le député de Mégantic. Vous pouvez le reporter.
M. Bolduc : Ça répond bien, Mme la ministre. La question
pour moi, par exemple, puis je vais vous donner un exemple précis : les nuages, l'information nuagique, on ne sait même pas, on ne peut même pas dire où l'information est entreposée et qui la
contrôle.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Mégantic. Nous allons poursuivre pour un troisième bloc
avec l'opposition officielle pour 5 min 30 s. Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Tout un défi. Alors, oui, M. le Président. Je voudrais revenir sur les délais,
le traitement des demandes, particulièrement celui des dossiers d'enquête. Si
je regarde à votre page 4 de votre document, on parle d'un délai moyen de
traitement des dossiers d'enquête de 491 jours. Donc, c'est plus d'un an,
là, et on s'en va dans les deux ans pour des dossiers, juste d'enquête.
Il y en a une enquête, et ma question est au
président de la commission, M. le Président de la commission parlementaire.
Le Président (M. Auger) : ...
Mme Léger : C'est tous
des présidents de commission. Un article du Devoir qui révélait, au
début de juillet 2015, que le ministre de la Santé s'était servi de sa clé
d'identification personnelle au Dossier santé Québec, DSQ, pour accéder au
dossier médical personnel d'un membre de sa famille qu'il accompagnait à une consultation
dans un hôpital... Or, il est prévu que le ministre de la Santé peut accéder, dans
le fond, au DSQ, mais seulement dans le cadre de ses propres responsabilités de
ministre et non comme médecin, en vertu de la loi. Ce qui a fait qu'il y a eu
une enquête, que la Commission d'accès à l'information suit son cours. Et là on
parle de plus d'un an, là, on est presque à deux ans. Qu'en est-il de cette
enquête-là?
Le Président (M. Auger) : Me
Chartier.
M. Chartier (Jean) : Je puis effectivement
vous confirmer qu'exactement le dossier auquel vous faites référence est actuellement
en enquête. Je sais qu'il est, je vous dirais, sur le point de connaître un
dénouement. L'enquête a dû être réouverte récemment parce qu'il manquait des informations.
Elle a été réouverte. Il y a des gens qui doivent être rencontrés de nouveau.
Mais on est à quelques, je dirais, quelques semaines de la fin de cette
enquête-là.
Mme Léger : O.K.
M. Chartier (Jean) : ...pour
donner d'autres commentaires, là, étant entendu que nous sommes en enquête.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée.
Mme Léger : Est-ce que
vous trouvez normal qu'il y a tant de temps pour faire un type d'enquête?
M. Chartier (Jean) : Non.
Absolument pas. Et j'en suis presque gêné de devoir, en fait, rendre compte à l'Assemblée nationale de délais aussi longs, alors
que je suis le président d'un tribunal administratif et d'un organisme
administratif qui doit donner un service au citoyen. Oui, je... Non, ce n'est
pas normal.
• (11 h 50) •
Mme Léger :
Ça vient de me confirmer votre besoin d'aide, de soutien et de ressources, j'en
conviens. Je voudrais revenir sur
particulièrement la formation des responsables, là, dans les différents ministères,
les différents organismes. Effectivement,
là, on parlait de l'ex-conseiller, dans le fond, de votre collègue ministre au
MAMOT qui a été embauché. Vous avez dit que tout le processus d'embauche
a été comme supposément correct dans l'affaire, mais vous avez, au secrétariat,
particulièrement au Secrétariat de l'accès à l'information et de la réforme
institutions démocratiques, deux professionnels dont la description de la tâche est
incluse dans les activités de coordination du réseau des responsables à l'accès aux
documents. Donc, c'est eux qui ont à... qui s'occupent, dans le fond, de la coordination
du réseau des responsables. Me semble qu'il
y a... quand j'entends beaucoup de journalistes, particulièrement, et des
citoyens, mais je vois beaucoup de
médias qui font des demandes d'accès à l'information, je pense qu'il n'y a pas
un média qui n'a pas été... qui ne
nous interpelle pas en nous disant qu'on a de la difficulté à avoir accès à
l'information, qu'il y a des délais, on nous refuse. Alors, il y en a
beaucoup. Pourquoi?
Maintenant j'ajoute aussi le fait que les
responsables dans chacun des ministères, la responsabilité qu'ils ont...
Normalement c'est une personne qui est attitrée, responsable. Alors,
évidemment, c'était très questionnable, le fait
que, du milieu politique, quelqu'un a un poste comme celui-là, qui est
supposément neutre, vous l'avez bien dit et la ministre l'a bien dit, que la neutralité est importante. Alors, tout ça,
à mon avis, est très questionnable. Et je me suis posé aussi la
question : Quelle est la responsabilité de ces gens-là, qui en est
vraiment le responsable et comment ils sont encadrés,
comment ils sont formés? On sent que, d'un ministère à l'autre, ce n'est pas la
même réponse. Dans un organisme, ils
peuvent avoir accès pour tel document puis tout ça, mais dans un autre, pas du
tout, et on sent que ce n'est pas clair, les critères ne sont pas
clairs. Et lorsqu'on voit un ex-conseiller comme ça, c'est encore plus
questionnable et discutable.
Alors, ma
question est à la ministre, évidemment : Comment voyez-vous la formation
particulièrement de ces gens-là?
Comment vous pouvez avoir un critère... des critères égaux et que les gens
puissent avoir accès d'une façon correcte à l'ensemble des organismes?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, 30 secondes.
Mme de
Santis : Présentement, c'est le SAIRID qui fait la formation des
responsables à l'accès à l'information, mais c'est... la formation et ensuite un accompagnement. Ce n'est pas un
encadrement. Et, si on regarde les orientations qui
ont été publiées en 2015, il y a une emphase qui est mise aussi sur la
formation des responsables de l'accès à l'information qu'on prévoirait...
Le
Président (M. Auger) : Merci, Mme la ministre. Malheureusement,
c'est tout le temps que nous avions. Nous devons donc poursuivre pour un
dernier bloc avec le gouvernement pour 11 minutes. M. le député de
La Peltrie... La Prairie.
M. Merlini : Merci beaucoup.
La Prairie, oui, effectivement.
Le Président (M. Auger) : Ce
n'est pas dans le même coin, hein?
M. Merlini : Non, pas du tout.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, la ministre a parlé, et avec raison, de
l'importance de la protection des renseignements personnels et de la protection
de la vie privée, on a également, dans les
échanges qu'on a eus de matin, parlé de l'importance de la transparence au
niveau du gouvernement. Le premier ministre en avait fait un point important dans son allocution, sa première
allocution, le discours inaugural. Je voudrais parler des données ouvertes, et la raison est fort simple,
parce qu'il y a plusieurs administrations dans le monde qui ont adopté
une stratégie de données ouvertes et ils se
sont engagés à mettre en ligne leurs données dans des formats ouverts et sous
un format qui favorise la réutilisation, M. le Président, de l'information.
Alors, pour
les gens qui nous regardent, qui suivent nos travaux avec grande attention, Mme
la ministre, j'aimerais savoir
qu'est-ce que constitue une donnée ouverte, parce qu'on parlait... la collègue
de Crémazie, ce matin, quand elle vous a
questionnée au sujet de votre tournée, vous en avez parlé avec les jeunes, de
faire attention quand on clique un «j'aime» ou «j'accepte», ou des choses comme ça, le député de Mégantic aussi en a
parlé tantôt qu'une simple pompe à essence peut transmettre de l'information via wifi et peut être... voyons,
interceptée, voilà. Qu'est-ce que d'abord est une donnée ouverte,
aujourd'hui, pour vous, la ministre responsable?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme de
Santis : C'est intéressant. L'année dernière, je suis allée rencontrer
chaque ministre pour les encourager à publier plus de données en format
données ouvertes sur le portail donnéesquébec.ca, et en parlant avec les
différentes personnes, je me suis aperçu que
des gens pensaient que si on publie un document en PDF, que les renseignements
sur le document peuvent être croisés, réutilisés, etc., et il fallait leur
dire : Non. Les données ouvertes sont des données numériques. Maintenant, moi, je ne suis pas technique, je n'ai pas la
technologie. Ce que je sais, c'est que c'est une donnée numérique qui est diffusée d'une façon que les
données peuvent être croisées,
réutilisées et, par exemple, réutilisées pour qu'on les utilise dans
la création d'applications, comme il se fait... Sur le site, nous avons
plusieurs personnes qui ont publié des applications, comme Doctr, pour qu'on puisse utiliser cette application pour savoir quel est l'achalandage dans les salles d'urgence, auprès d'où vous êtes, à un moment donné. Et la publication de ces
données doit permettre la réutilisation, ce qu'on souhaite, gratuitement, et qu'il y a une licence associée avec
la publication de ces données ouvertes, qui garantit le libre accès et la
réutilisation des données. Alors, est-ce que je réponds à ta question?
Le Président (M. Auger) : M. le
député de La Prairie.
M. Merlini : Merci beaucoup, M.
le Président. En 2012, le gouvernement du Québec, par le Secrétariat du Conseil
du trésor, a décidé de se doter d'un portail de données ouvertes, et, en juin
2015, le ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la
Révision permanente des programmes et président du Conseil du trésor, le député de Nelligan, a dévoilé la stratégie
gouvernementale en technologies de l'information, qui se disait Rénover
l'État par les technologies de
l'information. Il y avait une mesure particulière, dans le plan du ministre, la
mesure 33, qui consistait à offrir un nouveau portail, dans le fond,
une mise à jour de ce qui avait été dévoilé en 2012, et c'est dans cet esprit
de gouvernement ouvert que ça a été établi,
et en se basant sur une plus grande collaboration avec les villes du Québec.
Bon, effectivement, il y a eu plusieurs
villes, dont Blainville, Longueuil, Rimouski, Shawinigan, qui ont déposé des
données ouvertes sur ce portail-là, et ce portail qui a été mis en ligne le
5 avril 2016. Alors, maintenant, il y a 12 nouveaux diffuseurs qui se
sont ajoutés à ce portail-là, dont trois de la société civile.
Alors,
pouvez-vous nous donner un court bilan, là, dans la direction dans laquelle
elle s'en va, les collaborations que vous avez actuellement, et
qu'est-ce que ça représente, pour les citoyens qui nous écoutent aujourd'hui,
d'avoir justement plus de villes qui
collaborent, plus d'acteurs de la société civile? Et vous avez donné une
définition quand même assez bonne de
quoi constitue une donnée ouverte, mais quelqu'un qui va aller sur le site
Données Québec, il va retrouver quoi aujourd'hui? Quel va être
l'avantage pour lui? Si vous pouvez me donner un petit bilan, là, d'où vous en
êtes présentement avec donneesquébec.ca?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme
de Santis : donnéesquebec.ca, c'était un nouveau portail, ce n'était
pas une mise à jour de l'ancien portail. C'est un nouveau portail qui offre beaucoup plus de fonctionnalités.
Maintenant, les cinq villes qui ont participé à la création du portail, ce n'était pas Blainville, qui s'est
jointe plus tard, c'étaient Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke et
Laval, et les cinq municipalités étaient avec nous quand on a lancé, en
avril 2016, ce nouveau portail. Aujourd'hui, il y a 12 nouveaux diffuseurs qui se sont ajoutés,
et les trois de la société civile sont CEFRIO, Éco-compteur et Circuit
électrique. Nous avons plus que 800 jeux de données qui se retrouvent sur
le portail, et ça a attiré plus que 81 000 utilisateurs et presque
650 000 vues.
Le
but, c'est... aujourd'hui on n'a pas... On est au tout début, parce qu'avec les
modifications qui ont été suggérées dans
les orientations sur un gouvernement ouvert et qu'on espère retrouver dans les
modifications à la Loi sur l'accès, chaque
ministère et organisme aura à préparer un plan triennal de diffusion de
documents et de données, la plupart dans un format ouvert, et le souhait, c'est que ces documents-là vont se
retrouver sur le portail qui a été mis en fonction l'année dernière, et l'idée, c'est d'avoir... c'est une
mine d'or que le gouvernement a, en termes de renseignements. En
anglais, on dit «information is power», et c'est tout à fait vrai, mais il faut
que ces renseignements-là soient disponibles aux Québécois, dans un format ouvert, pour que les Québécois peuvent créer
des applications que les jeunes peuvent imaginer. Ça va vers cette économie, innovateur... les
innovations qu'on veut retrouver dans
l'économie de demain. Alors, si on veut réaliser une stratégie
numérique pour l'économie, il faut absolument que le gouvernement donne
l'exemple en transférant les renseignements que le gouvernement a en format
ouvert disponible sur son site.
• (12 heures) •
Le Président
(M. Auger) : M. le député, trois minutes.
M. Merlini :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, l'information, et les données qui seront
de plus en plus complètes et de plus en plus détaillées, c'est votre souhait,
va aussi permettre dans le fond d'analyser et d'évaluer les services publics
qui sont offerts.
Mme
de Santis : Les données
ouvertes ont un rôle à jouer pour l'économie. O.K. On a parlé d'innovation, etc. Mais les données ouvertes, c'est aussi un moyen
d'être beaucoup plus transparent et pour atteindre une démocratie qui sera encore plus saine. Et alors, cette transparence aidera peut-être
à diminuer un certain cynisme que la population a vis-à-vis
les gouvernements et pourra encourager les citoyens
à s'informer beaucoup plus de comment, par exemple, les budgets,
un jour, devraient être en format ouvert sur ce site. Ça va permettre plus
facilement de faire une analyse de tous les renseignements qu'on reçoit dans des documents
qui sont grands comme ça et pas faciles toujours à digérer. Alors,
ça, déjà vous imaginez qu'est-ce que ça peut faire pour, «you know», quelle
force ça va amener aux citoyens. Alors, c'est ça, le souhait.
Le Président
(M. Auger) : 1 min 30 s, M. le député de La Prairie.
M. Merlini : Merci
beaucoup, M. le Président. À ce moment-là, le site qui est présentement en ligne, avez-vous
commencé à recueillir non seulement les données mais aussi les commentaires des
gens par rapport à la qualité des données
qui sont là, pour voir à améliorer le site? Et est-ce que ceux qui
l'utilisent, les villes que vous avez mentionnées tantôt, est-ce qu'ils
ont déjà offert une certaine évaluation ou des certains commentaires pour
orienter l'action future de ce site.
Mme
de Santis : La responsabilité du site est du dirigeant principal de
l'information qui se trouve au Conseil du trésor. Et nous travaillons avec lui et avec le Conseil du trésor pour
s'assurer qu'un nombre important de données vont être déposées sur le site et s'assurer aussi que ce
n'est pas quelque chose statique. Ça va évoluer et ça va devenir
meilleur. Mais je ne peux pas répondre directement à la question, parce que je
ne suis pas responsable pour le maintien du site. Et donc je n'ai pas reçu les
commentaires qui seraient nécessaires pour que je puisse répondre à votre
question.
Documents déposés
Le
Président (M. Auger) : Merci. Donc, en terminant, je dépose les
réponses aux demandes de renseignement de l'opposition, et je vous
remercie pour votre collaboration.
La
commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle procédera à
l'étude du volet Institutions démocratiques des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 4)
(Reprise à 19 h 31)
Le
Président (M. Bergeron) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La
Commission des institutions reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission s'est réunie afin de procéder à l'étude du volet Institutions
démocratiques des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif
pour l'exercice financier 2017‑2018.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava) est
remplacé par M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine) et M. St-Denis
(Argenteuil) est remplacé par Mme Nichols (Vaudreuil).
Réforme des institutions
démocratiques
Discussion générale
Le
Président (M. Bergeron) : Je vous remercie. Étant donné qu'une
période de deux heures est prévue pour ce volet, il n'y aura pas de remarques préliminaires. Nous allons procéder
à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes que nous adapterons au fur et à
mesure selon les circonstances,
incluant les questions et réponses. La mise aux voix des crédits sera
effectuée à la fin de l'étude de ce volet.
Alors,
nous serions prêts à commencer avec la représentante, la porte-parole
de l'opposition officielle, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonsoir à tout le
monde, à tous les collègues, à Mme la ministre et toute son équipe du
cabinet et du secrétariat. Bien sûr, je veux saluer mes collègues députés de la
partie ministérielle et mon collègue de la deuxième opposition,
ainsi que Simon Therrien-Denis, le recherchiste qui m'accompagne ce
soir.
Alors,
dans un premier temps, j'aimerais aborder, compte tenu que, dans les derniers mois, c'est un dossier qui a beaucoup
retenu l'attention, la question de la révision de la carte
électorale, c'est-à-dire le processus de révision. Je pense qu'on a tous été pris dans cette tourmente que
nous avons vécue dans, je dirais, les éléments nouveaux qui sont
apparus, là, dans le deuxième dépôt, donc,
du rapport de la commission électorale, avec un scénario qui n'avait pas du tout été envisagé, qui était celui, donc, de la disparition... en
fait, la fusion, le redécoupage qui avait pour effet de faire disparaître la circonscription
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et moi, lors du débat, j'ai dit qu'il y avait
visiblement un vice dans la manière de faire les choses parce que ce que ça voulait dire, c'est qu'en théorie, si un scénario comme celui-là peut
arriver de manière un peu inopinée,
ça veut dire que chacun d'entre nous et toutes les populations
concernées devraient, à titre préventif, aller se faire entendre devant la commission, parce qu'on veut s'assurer que, si
notre scénario ou notre comté n'est pas touché, qu'on n'y touchera pas.
Alors,
évidemment, ça pose des problèmes importants pour donner une chance égale à
tout le monde de se faire entendre,
et j'avais donc émis l'hypothèse que, lorsqu'il y a différents scénarios qui
peuvent être envisagés, peut-être que ce qu'il faudrait, c'est que les
différents scénarios soient mis sur la table. Et j'aimerais savoir si la
ministre a fait une réflexion par rapport à ce qui s'est passé avec cet
épisode-là.
Le Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Moi aussi, j'aimerais vous saluer
tous et toutes ce soir, y compris les gens du SAIRID, les représentants
des deux partis d'opposition, et tous mes collègues, et tous ceux et celles qui
nous accompagnent.
Oui, j'ai réfléchi,
et, comme vous savez, j'ai maintenu ce qui, je crois, est important, c'est que
la CRE est indépendante. Et je n'ai émis aucun commentaire autre que dire qu'on
allait se tenir aux décisions de la CRE.
Cela dit, j'aimerais
apporter à l'attention de tout le monde que la loi existante aurait permis à la
CRE d'agir autrement. La loi existante dit
qu'après un an de la tenue des élections il y a un rapport préliminaire qui est
présenté par la CRE et qu'ensuite il y a une période de six mois pour
faire des consultations publiques. Le rapport préliminaire a été déposé le
17 mars 2015, et seulement... 2015, oui, et seulement quelques mois
plus tard, déjà, on est partis avec des consultations publiques en mai 2015.
La
loi prévoit qu'après cette première communication, ces premières consultations
avec le public, la CRE pourrait revenir
pour faire des consultations supplémentaires et ajouter aux six mois quatre
mois additionnels pour des consultations. Rien n'aurait empêché la CRE de revenir avec des propositions
différentes pour consultation auprès du public avant le dépôt de leur deuxième rapport. Et cela aurait
empêché tout ce discours qui a eu lieu après le rapport du deuxième
rapport. Et donc on aurait eu la chance de faire des représentations sur
différents scénarios.
Après
le dépôt du deuxième rapport, il y a eu des... Alors, on l'aurait suivi de la
même façon. Mais vous voyez que déjà, dans la loi, on aurait prévu une
façon d'aborder ce problème.
Mme Hivon :
Donc, je comprends que la ministre n'entend pas proposer ou réfléchir avec ses
collègues des autres partis pour amener des changements. Ça, je pense
que c'est... parce que ça ne s'est jamais vu.
Parce
que ce qui arrive, c'est que la tradition est qu'on dépose, donc, une carte des
nouvelles délimitations, et donc, après,
on est pris, quand le deuxième... Il y a les consultations, donc la durée des
consultations, je veux bien qu'elle puisse être plus longue, plus courte, mais le fait est que, quand le deuxième
rapport arrive, il n'y a pas un nouveau processus qui est prévu, d'une part, et on peut tout à fait ne
rien avoir entendu sur des nouveaux scénarios. Nous, évidemment, on est satisfaits de l'issue ultime parce qu'il y a eu un
changement. Mais évidemment il y a des gens qui vont dire : Oui,
mais on aurait pu passer à côté, puis il y a des choses qui n'ont pas pu être
discutées.
Donc,
est-ce que je dois comprendre de ce que la ministre nous dit qu'elle n'a aucune
intention de rouvrir la loi pour éviter
ce qu'on a vécu, donner des consignes plus claires pour faire en sorte que le
processus soit encore plus, je vous dirais, équitable pour l'ensemble
des citoyens du Québec?
Le Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Ce que je dis, c'est que la CRE aurait pu agir
différemment en vertu de la loi existante. Elle a décidé de ne pas le faire. On aurait eu, avec une
addition de quatre mois à la période des consultations avec le public,
la possibilité qu'ils nous reviennent et
demandent à discuter d'autres propositions. Parce qu'ils ne l'ont pas fait au
passé, ça ne veut pas dire qu'ils ne devraient pas le faire dans l'avenir.
Cette possibilité-là existe déjà dans la loi.
Mais, ayant
dit cela, il n'y a aucune loi qui est là pour toujours. Il y a toujours une
évolution pour chaque loi. Donc, nous
allons poursuivre les analyses, s'il y a lieu, on... ferons les annonces au
moment opportun. Mais ce que je veux dire aussi, c'est que, s'il y a un véritable intérêt de tous les partis de
revoir le processus, on aura toujours la chance de le faire avec le
Directeur général des élections et au comité consultatif où des sujets de cette
nature-là peuvent s'aborder.
Alors, je ne
suis pas... je ne dis pas qu'on ne
pourrait pas faire cela. Si c'est un sujet que tous les partis
voudraient discuter, voilà un endroit où on pourrait en discuter.
• (19 h 40) •
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Il y a deux autres questions en lien avec, donc, ce processus-là
de révision de la carte électorale. Je pense que les gens de la Mauricie
ont vécu durement la perte d'une circonscription, comme auparavant les gens du Bas-Saint-Laurent—Gaspésie ont vécu durement la perte d'une
circonscription. Et je pense qu'il y a aussi une réflexion à faire, si
on veut un Québec correctement représenté dans ses régions.
Il y a aussi
une réflexion à faire, à se dire : Comment on est capables de trouver un
meilleur équilibre dans les principes qui guident notre loi et notre carte
électorale? Alors, ça aussi, je pense que ça mérite une nouvelle ronde de réflexions, à la lumière, je vous dirais, de ce
qu'on vient de vivre, cette fois-ci, et de ce qu'on a vécu à la dernière
ronde de révision de la carte électorale.
Parce que je pense que c'est une réelle préoccupation, de savoir comment on va
pouvoir continuer à avoir une véritable représentation de nos régions à
l'Assemblée nationale si ça continue comme ça.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis :
Je suis d'accord avec vous qu'il faut réfléchir sur ces sujets-là. On a un
grand territoire, la densité de la population n'est pas la même à
travers ce territoire, et il y a certaines difficultés auxquelles il faut faire
face à cause de ça.
Maintenant, si on accepte que le Québec occupe
tout ce territoire, il faut reconnaître certaines réalités. Je suis d'accord avec vous, il faut avoir une réflexion
là-dessus. Mais, quand vous parlez des difficultés qu'on a vécues avec
le dernier processus, si on compare ça à
l'avant-dernier processus, ceci a été vécu avec beaucoup plus de calme. Sauf
que, c'est vrai, il y a eu des moments très
difficiles pour certains comtés, et malheureusement, chaque fois qu'il faut
refaire une carte électorale ayant
toujours le même nombre de comtés, il y aura des perdants et il y aura des
personnes qui vont réagir à cela. Sauf que, je suis d'accord, à un
moment donné, il faut parler des sujets que vous mettez sur la table, parce que
la Loi électorale est très importante pour notre démocratie au Québec.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci. Et justement, abondant dans le même sens, je pense que ces réflexions-là
doivent se faire dans le calme. Donc,
c'est sûr que, quand on vit un peu les psychodrames comme on vit, ce n'est pas
le bon moment pour aborder les
réformes qu'on pourrait faire. Mais je pense que, justement, là, on est loin de
la prochaine fois, et c'est le temps de vraiment commencer à y réfléchir
tout le monde ensemble. Je suis convaincue de ça.
Et ça m'amène
sur ma dernière question à ce sujet-là. On est tous conscients que, dans les
10 dernières années, il y a deux
gouvernements minoritaires, ce qui fait en sorte que les révisions arrivent
plus rapidement qu'avant puisqu'elles sont
aux deux gouvernements et non pas dans une période fixe de temps. Ma collègue
la députée de Taschereau avait déjà soulevé
la question auprès d'un de vos prédécesseurs dans ce poste, le leader actuel du
gouvernement, à savoir si on ne pouvait
pas envisager une période de 10 ans pour les périodes de révision, plutôt
que deux gouvernements, pour justement se
donner le temps de se dire que c'est un exercice qui est très, très lourd,
laborieux, avec son lot, je dirais, de difficultés. Donc, est-ce que
c'est quelque chose que vous envisagez aussi, de pouvoir revoir la période pour
la révision?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Je crois que c'est un sujet pour le comité consultatif. Mais
il faut faire attention parce que 10 ans aussi peut être problématique, dépendant quand les élections ont lieu.
Il faut réfléchir un peu plus loin pour déterminer quelle serait la
meilleure formule. Mais ça, c'est un sujet à être abordé par le comité
consultatif.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Maintenant, j'aimerais aborder le sujet des postes, des nominations aux
deux tiers de l'Assemblée nationale. C'est un sujet que nous avons abordé
récemment, lors d'une interpellation de mon collègue de la deuxième opposition. Moi, je veux revenir sur le sujet du nouveau
processus qui a été mis en place, c'est-à-dire que maintenant il y a,
donc, un avis qui est publié sur le site, donc, du secrétariat lorsqu'il y a
des appels, des vacances à combler. Alors,
j'aimerais que la ministre nous dise... parce qu'on sait qu'il y a
plusieurs vacances, là, je pourrai y revenir, il y a quand même
énormément de postes qui sont vacants, donc j'aimerais
savoir est-ce que la ministre a reçu... Combien de candidatures ont été soumises à travers ce
processus-là, ce nouveau processus d'appel de candidatures, pour les
postes à combler aux deux tiers?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Malheureusement, je ne peux pas répondre à la question parce
que ce n'est pas moi qui
reçois les candidatures, c'est le Secrétariat aux emplois supérieurs qui reçoit
les candidatures.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Alors, la ministre n'est pas... Qui est
responsable de ce processus-là de combler, donc, les postes aux deux
tiers pour les postes qui relèvent, donc, de la ministre, donc les personnes
désignées par exemple?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je m'excuse, je
n'ai pas entendu la question très clairement, on était en train de me dire que
nous savons qu'il y a environ une
soixantaine de candidatures qui ont été reçues pour les postes qui sont
disponibles. Alors, ce renseignement-là, je peux vous le donner, c'est
un renseignement que nous avons reçu du Secrétariat de l'emploi supérieur. Et
je m'excuse infiniment, je n'ai pas entendu la question.
Mme Hivon : Il n'y
a vraiment pas de problème.
Donc, une soixantaine pour l'ensemble des postes à pourvoir depuis que ça existe. Est-ce que
c'est possible de nous donner le détail, de nous soumettre, ça n'a pas besoin
d'être ce soir, si vous ne l'avez
pas, mais poste par poste, si c'est possible, par exemple, Commission
des droits de la personne, Commissaire
au lobbyisme? On sait qu'il y a plusieurs postes qui vont être à pourvoir. Est-ce que
c'est possible de nous donner le
détail? Parce que c'est sûr que 60, ça peut quand même
apparaître peu pour des postes qui sont quand même intéressants, puis il y en a quand même beaucoup qui
sont vacants présentement. Donc, est-ce que c'est possible d'avoir le détail?
Mme
de Santis : Ce n'est pas moi
qui contrôle le site. Je ne sais pas si je peux obtenir ces renseignements. Si je peux, je vais vous le soumettre, mais pour l'instant je
n'ai pas de réponse.
Mme Hivon : Parce
que, dans ma compréhension, quand ça
a été annoncé, en novembre 2015, c'est vraiment votre prédécesseur à ce poste-là, donc, responsable de
la Réforme des institutions
démocratiques, qui avait annoncé cette réforme-là, parce que, de ce que je comprends, c'est votre responsabilité
ultime, bien que ça puisse passer par le Secrétariat aux emplois
supérieurs. Mais, vu que ces nominations-là, ce processus-là, c'est vraiment la
responsabilité de vous, votre responsabilité, est-ce que c'est possible...
Mme de
Santis : Ce n'est pas ma responsabilité.
Mme Hivon :
Ce n'est pas votre responsabilité, le processus pour pourvoir ces postes-là?
Mme de
Santis : Ce n'est pas ma responsabilité.
Mme Hivon :
Ce n'est pas vous qui les pourvoyez, mais le fait de dire... On a fait une
interpellation de deux heures, ça
m'apparaissait quand même votre responsabilité de savoir comment on fonctionne, le fait de... Le processus qu'on
veut mettre de l'avant, le vote en Chambre,
la soumission des noms, tout ça, ça m'apparaissait être de votre responsabilité.
Mme de
Santis : Ce n'est pas de ma responsabilité. Je suis responsable des
lois où certaines dispositions apparaissent,
mais ce n'est pas ma responsabilité, le processus est en dehors de ma
responsabilité. On m'informe, moi, je pose des questions, mais je ne
suis pas responsable.
Mme Hivon :
Vous n'êtes pas responsable du choix de chaque personne, ça, je comprends ça,
mais le processus en lui-même pour
pourvoir les postes aux deux tiers, le poste de Vérificateur général, je veux
dire, toutes ces lois-là sont sous
votre responsabilité. Le Directeur général des élections, le Vérificateur
général, ces personnes-là qu'on choisit aux deux tiers sont sous la
responsabilité de la ministre responsable des Institutions démocratiques.
Mme de
Santis : Le Directeur général des élections, peut-être...
Le
Président
(M. Bergeron) : En moins d'une minute, Mme la ministre.
Mme
de Santis : ...mais le Vérificateur général, non. Alors, le
Vérificateur général, je n'ai aucun pouvoir vis-à-vis de lui en vertu de
quelque loi que ce soit. Alors, non.
Le
Président
(M. Bergeron) : Alors, nous reviendrons dans un
prochain bloc, à moins que vous vouliez entamer tout de suite le bloc
suivant, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Donc, en fait, ce que la ministre nous dit, c'est que c'est la responsabilité
du premier ministre uniquement, le processus, donc, ce qui est décidé comme
manière de fonctionner pour la nomination.
• (19 h 50) •
Mme de Santis : Chaque loi prévoit
un processus. Je suis responsable pour m'assurer, en vertu de cette loi, que le processus est respecté, mais le quotidien, dans ce processus-là,
ce n'est pas moi qui le gère. Je ne suis pas le chasseur de têtes,
mais... O.K.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Alors, j'imagine qu'on doit s'en réjouir. Pour l'échange du parti ministériel, Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci
beaucoup, M. le Président. À mon tour de saluer, bien
sûr, la ministre,
avec l'équipe de sous-ministres qui accompagnent, avec l'équipe de cabinet, bien sûr,
qui est là. Je veux saluer mes collègues
de la banquette gouvernementale et, bien sûr, les députés des
oppositions.
Bien, justement, moi, je vais continuer un peu
ce sur quoi la députée de Joliette avait entamé la discussion, c'est-à-dire l'interpellation que nous avons eue
le 17 mars dernier. En effet, le 10 février dernier, le député de
Borduas avait proposé... avait soumis une correspondance à la ministre, dans
laquelle il souhaitait que le premier ministre soumette trois noms à la discussion pour chaque nomination visée par la loi constitutive
de certains organismes, organismes qui sont le Commissaire à la
Commission d'accès à l'information, le Commissaire à Commission de la fonction
publique, le Commissaire à la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse, le Commissaire à l'éthique
et à la déontologie de l'Assemblée nationale, le Commissaire au
lobbyisme, le Directeur général des élections, le Protecteur du citoyen ainsi
que le Vérificateur général du Québec.
Alors, lors
de cette interpellation, à laquelle j'ai participé, ce fut un deux heures en
compagnie, bien sûr, des députés des
oppositions et de la ministre, et à laquelle participait aussi le député de
La Prairie, il y a eu différents échanges, et, à ce moment-là, j'étais... je disais déjà au député de
Borduas qu'il y avait des inconvénients dans la façon de procéder. Et je
voudrais y revenir un petit peu, ce soir,
parce que je pense que c'est important pour ceux qui suivent nos travaux,
bien sûr, puis qui n'ont pas été avec nous
le 17 mars, puisque c'était en pleine journée — là, on est le soir, je ne sais pas si on
attire plus de gens à l'écran. Mais, quand
même, il y avait des inconvénients trop importants pour les passer sous
silence, ne serait-ce que le risque de blocage, le risque d'atteinte à
la confidentialité. Et on se disait qu'afin de pourvoir ce genre de poste là il
était très important qu'on garde la confidentialité des candidatures qui
pouvaient être déposées.
Il y avait aussi un autre risque, qui celui-là
faisait, je pense, l'unanimité, c'était de vouloir demeurer à l'abri de
considérations partisanes. Et, en ce sens-là, j'entends bien la ministre
lorsqu'elle dit qu'elle n'est pas responsable, justement, là. C'est aux emplois supérieurs, hein, de faire le processus
et le procédé pour pouvoir arriver avec les bonnes personnes.
Je veux
surtout souligner une chose. C'est qu'à l'intérieur de la lettre qui a été
envoyée à la ministre par le député de Borduas
on indiquait que c'était la responsabilité du premier ministre de proposer un
candidat pour un poste, et ce poste était celui du Commissaire à
l'éthique, et on avait donc rectifié la chose en disant qu'à l'article 62
du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale la
nomination du Commissaire à l'éthique se fait à la suite d'une proposition conjointe du premier ministre et du
chef de l'opposition officielle après consultation auprès des chefs des
autres partis autorisés représentés à
l'Assemblée nationale. Par la suite, et c'est ce que vous aviez bien expliqué
lors de cette journée, la nomination est faite, donc, et entérinée par
l'Assemblée nationale aux deux tiers de la Chambre.
Moi, ma
question, c'est la suivante : Au moment où on se parle, quelles sont les
principales raisons qui empêchent, à ce jour, de pouvoir nommer le nouveau
commissaire au lobbying?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis : D'abord j'aimerais
dire que la pratique qui s'est développée, c'est que le premier ministre va voir les autres partis politiques pour
s'assurer qu'un candidat qui va être proposé à l'Assemblée nationale fait
consensus. Quand il fait une proposition, et si les autres partis peuvent avoir des raisons de ne pas appuyer le
candidat... et, si c'est le cas, le premier ministre retire cette candidature et doit revenir avec un deuxième candidat. Ce
n'est pas vrai que, quand il vient
avec une proposition, c'est... en anglais on dirait «take or leave
it». Il y a toujours l'obligation pour le premier ministre de trouver un candidat qui
va obtenir le consensus. Donc, il y a cela qui est la pratique actuelle.
Maintenant, vous avez expliqué pourquoi on
n'était pas tout à fait d'accord avec la proposition dont il y a eu l'interpellation,
la proposition du député de Borduas qui veut que le premier ministre, au lieu
de venir avec une proposition, vienne
avec trois propositions. Alors là, on pourrait avoir des situations où la situation
de partisanerie serait encore plus accrue
et on pourrait se retrouver avec trois candidats, chaque parti appuyant un
candidat. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là? Il faut retirer les trois et venir avec trois autres. La
collaboration des partis est très, très importante pour pourvoir aux
postes au sein des institutions concernées.
Maintenant, lors de l'interpellation, on a dit
qu'on était prêts à procéder avec des nouvelles façons de consulter les partis d'opposition, parce que nous
avons des préoccupations, des préoccupations parce qu'on n'obtient pas assez de candidatures et on voudrait que tout le
processus soit amélioré pour favoriser la prise de la meilleure
décision. Alors, nous avons consulté les
oppositions sur des nouvelles modalités durant les dernières semaines. Et nous
serons en mesure de faire des annonces sous peu.
Ayant dit cela, ça ne
veut pas dire qu'on s'arrête uniquement avec ça. Nos évaluons aussi d'autres
moyens supplémentaires qui pourraient être utilisés pour faire connaître les
postes à pourvoir en plus que la publication sur le site Web des emplois supérieurs. C'est l'appel
d'intérêt public sur le site du gouvernement du Québec auquel vous avez
fait référence ainsi que la députée de Joliette.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Donc, si je comprends bien, il y a des discussions qui sont amorcées avec les
partis d'opposition, qui semblent bien aller à voir... On est sur une
bonne piste.
Mme
de Santis : Oui, on est sur une bonne piste. Ça va apporter, on
espère, une amélioration au processus. Mais on ne s'arrêtera pas là
parce qu'il y aura d'autres discussions qui vont suivre.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Verdun.
• (20 heures) •
Mme Melançon :
D'accord. Moi, il y a une chose qui me titillait, je vais dire ça comme ça,
lors de l'interpellation, et je le
dis en tout respect, c'est lorsqu'on envoie une lettre à une ministre sur le
processus de nomination des personnes désignées
par l'Assemblée nationale puis qu'on fait un point de presse ou un communiqué
de presse en même temps. Je ne suis pas certaine que ce soit dans toute
la collaboration qu'on souhaite fonctionner. Alors, cela étant dit, M. le Président, j'espère que les prochaines discussions
qui auront lieu avec les oppositions se feront dans un réel esprit de...
Une voix :
Collaboration.
Mme Melançon :
...collaboration, exactement, pour arriver vraiment à des fins... parce que
c'est tout à fait sérieux, lorsqu'on
parle de nominations, des postes à combler de ce niveau. Et rappelons-nous une
chose : si on entre dans quelque partisanerie
que ce soit, personne ne va y gagner vraiment. Alors moi, je veux rappeler et
je veux souligner le travail de la ministre
en ce sens-là parce que je suis certaine que c'est ce qu'on souhaite obtenir,
les meilleures personnes, et, si on commence
à jouer sur ces postes-là, ce qui m'inquiète profondément, c'est toute cette
capacité d'attraction pour les postes, comment est-ce qu'on va faire
pour intéresser les gens à venir déposer avec beaucoup d'intérêt, parce que ce
sont des emplois... On le sait, nous-mêmes, là, à titre d'élus, les heures
qu'on y passe. Ce soir, il est 20 heures, nous sommes ensemble en
commission, mais c'est tellement agréable.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Mme Melançon :
On s'en reparlera la semaine prochaine. On débute l'étude des crédits, et c'est
bien de le faire ainsi. Et moi, je veux juste ouvrir à cette
collaboration-là — je
vois le député de Borduas sourire — et je le dis sans... Ah! il prend des notes. C'est bien, c'est très
bien. C'est agréable. Alors, merci, Mme la ministre, et peut-être... Je ne
sais pas si vous avez fixé un échéancier.
Est-ce qu'on s'est donné beaucoup de temps? Je ne sais pas où est-ce qu'on en
est rendus exactement, peut-être,
parce qu'il y a des gens qui sont préoccupés. On sait qu'il y a, donc, des
postes... Il y a des gens qui ont annoncé qu'ils étaient pour quitter.
Est-ce que vous avez des échéanciers possibles? Je ne le sais pas.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Ce qui est important, c'est d'avoir la collaboration de
tous les partis à l'Assemblée nationale parce que les postes à combler sont des postes névralgiques, des postes très
importants pour l'administration, pour le bon fonctionnement du
gouvernement. Donc, d'abord, comme vous avez dit, ce qui est important, c'est
qu'on collabore ensemble. Et malheureusement
on n'attire pas les candidats parce que qui voudrait se retrouver dans des
positions où ils seront attaqués de tous côtés dans n'importe quoi
qu'ils vont faire et pour des raisons partisanes ou politiques? Alors, il y a très peu de personnes qui voudraient
assumer des postes de cette importance et se retrouver dans des situations
aussi fébriles. Alors, nous espérons avoir
des bonnes candidatures. Et, comme j'ai mentionné dans le passé, et
rementionné, j'aimerais bien que, si les
partis d'opposition connaissent des personnes qui seraient intéressées à être
candidates, qu'ils les invitent à
déposer leur candidature. Nous sommes véritablement à la recherche des
meilleures personnes. C'est ce qu'on souhaite, tout le monde. Et donc,
si vous avez des personnes à recommander, faites-le.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, M. le Président. Je me souviens aussi que la journée de
l'interpellation, on a parlé de l'importance que les députés en Chambre...
qu'il y ait deux tiers des gens qui puissent, bien sûr, entériner lesdites candidatures, et vous aviez dit dans votre
discours : C'est important que ce soient les deux tiers justement pour
venir appuyer la personne qui sera
nommée, qui sera mise en poste. Malheureusement, on a nommé... Il y a eu une...
On a entériné, en Chambre, avec le
parti de l'opposition... pour un poste, et il y a des gens de la CAQ qui se
sont abstenus en Chambre. Moi, ce que
je veux voir avec vous, Mme la ministre, c'est de pouvoir juste me rappeler,
les postes, actuellement, là, qui sont à pourvoir, dans quel laps de
temps on va devoir les combler.
Mme
de Santis : Les deux plus importants qui... On a eu deux personnes qui ont indiqué qu'elles
démissionnent. Nous avons le Commissaire au lobbyisme qui démissionne en juin
et nous avons le Commissaire à l'éthique qui va démissionner en septembre. Et
donc c'est très important qu'on comble ces deux postes-là.
Mme Melançon :
Ce serait donc... pardon, M. le Président.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Je vous en prie, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Ce serait donc important,
d'ici là, qu'on se soit entendus avec les partis d'opposition pour pouvoir
combler ces postes-là le plus rapidement possible, j'imagine?
Mme de
Santis : Écoutez,
c'est le premier ministre qui va faire les recommandations, donc c'est
lui qui va faire l'approche aux
partis d'opposition et leur faire des propositions. Alors, je ne
suis pas là pour dire que, s'il n'y a pas de proposition, c'est la faute des
partis d'opposition, c'est qu'on aimerait bien avoir leur collaboration pour
qu'on ait les meilleurs candidats et qu'on
peut procéder pour faire des propositions, et, quand les propositions vont être faites,
que tout le monde va réagir dans un temps opportun.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Donc, si je vous entends bien, Mme la ministre, actuellement, il y a quand
même des banques qui sont ouvertes pour que les gens puissent, s'il y a
des gens qui sont intéressés à pourvoir ces postes-là, déposer leurs
candidatures encore aujourd'hui?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : J'invite les
personnes qui sont intéressées d'aller sur le site Web des emplois supérieurs,
où on explique c'est quoi, les postes
qui sont disponibles, et, s'il y a un intérêt,
de déposer leurs candidatures, et je peux leur assurer que tout ça est tenu très confidentiellement. Il y a des
politiques de confidentialité vis-à-vis ces candidatures-là, et donc ils
seraient protégés vis-à-vis au moins de l'aspect de confidentialité.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, M. le Président. Donc, si je comprends bien, actuellement, il y a
peut-être des gens qui sont à
l'écoute, qui peuvent être intéressés, alors on va en profiter pour faire du
recrutement et on va les inviter à venir déposer leurs candidatures.
Juste en
terminant, Mme la ministre, puis je ne sais pas si vous l'avez avec vous, mais
la durée des postes qui sont actuellement à pourvoir, est-ce qu'on a ça
avec nous?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Vous avez cité un nombre de postes qui doivent être approuvés
aux deux tiers, mais chaque loi est différente.
Il y en a qui sont cinq ans, il y en a qui sont sept ans. Est-ce qu'il y a
d'autres... Cinq et sept, oui, de mémoire.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Ça comprend... Donc, merci beaucoup, Mme la ministre. Merci d'avoir éclairé ma
lanterne.
Une voix : ...
Le
Président
(M. Bergeron) : On peut le rajouter sur le prochain
bloc, M. le député de Vimont. On va le rajouter sur le prochain bloc. M. le député de Borduas, je vous voyais piaffer d'impatience,
c'est maintenant votre tour. Le bloc du deuxième groupe d'opposition
s'amorce à l'instant.
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. À mon tour de vous
saluer. Piaffer d'impatience? J'étais excité, mais pas tant que ça, de prendre la parole.
Permettez-moi de saluer Mme la ministre, de saluer les gens qui
l'accompagnent, de saluer les collègues de
la partie gouvernementale, ma collègue de Joliette, ainsi que M. Aubry,
qui m'accompagne ce soir.
Donc, ce soir, on fait l'étude des crédits de la
réforme des institutions démocratiques. D'entrée de jeu, M. le Président, je suis très heureux d'apprendre qu'on
lit les correspondances que j'envoie au cabinet de la ministre, mais
aussi du côté de la partie gouvernementale.
Mais je peux vous dire que je n'ai pas reçu d'accusé de réception à ma lettre,
par contre, donc ça fait quand même...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Non? Vous nous l'avez envoyé? Mes excuses, M. le
Président. Oui, j'ai une lettre? Ah! bien oui, c'est vrai, mes erreurs, c'est vrai, mea culpa. Mais, M. le
Président, je dois vous dire, par contre, que je n'étais pas d'accord avec ce qui est écrit dans cette
lettre-là. Donc, j'ai fait de l'amnésie sélective, M. le Président. Mais c'est
vrai, je me souviens, c'étaient quand même
des mots durs, dans cette lettre-là, de réplique, un peu, par rapport à notre
position.
• (20 h 10) •
Des
voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, oui! On nous taxait de vouloir faire de
la partisanerie avec ce processus-là que l'on proposait, un processus qui vise à bonifier le mode de nomination des
personnes qui sont désignées à l'Assemblée nationale. On a eu la discussion longuement en interpellation. La députée de Verdun
nous a également dit ses arguments par rapport au fait que la ministre
allait proposer dans les prochaines semaines une nouvelle proposition. Je veux dire à la ministre
que, de notre côté, on ne lâche pas notre
positionnement à l'effet qu'on considère toujours que c'est préférable
d'avoir plus d'une candidature de façon à avoir le meilleur candidat
possible.
Cela
étant dit, je veux discuter avec la ministre d'un autre élément qui touche les personnes
désignées. Je veux vous parler de la
Protectrice du citoyen. Il y a quelque temps, l'ancienne Protectrice du citoyen, qui est désormais sénatrice, avait suggéré que sa juridiction soit étendue à Hydro-Québec. Or, à ce jour, ce n'est toujours pas le cas, et probablement que la ministre a des cas, dans son bureau de circonscription, comme les collègues de la partie gouvernementale ainsi que
la collègue de l'opposition officielle, où il
y a des citoyens qui souhaiteraient
avoir ce recours-là de pouvoir s'adresser à la Protectrice du citoyen, parce qu'Hydro-Québec, en soi, c'est l'État dans
l'État, et ils ne répondent pas aux demandes de la Protectrice du citoyen, et parfois il y a certains
cas qui mériteraient d'avoir l'éclairage de la Protectrice du citoyen.
Donc, je veux savoir de la ministre, M. le
Président : Est-ce qu'elle compte élargir les pouvoirs de la Protectrice
du citoyen pour qu'elle ait juridiction sur Hydro-Québec?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Alors, la question de l'assujettissement d'Hydro-Québec a
été soulevée auprès de la Commission des institutions, je crois, c'était
en 2014, et la recommandation de la Commission des institutions était que le gouvernement du Québec envisage d'élargir le mandat
du Protecteur du citoyen afin d'y assujettir Hydro-Québec, sous réserve que la démarche se fasse à coût nul et en
complémentarité avec le mandat actuel de la Régie de l'énergie. Lors de l'audition de la Commission des institutions, le 9
septembre 2014, la Protectrice du citoyen a affirmé que les coûts
estimés de l'assujettissement d'Hydro-Québec
seraient d'environ 463 000 $ pour la première année et de
413 000 $ pour les années subséquentes.
Alors, c'est un enjeu qui a plusieurs dimensions, et nous souhaitons avoir des
échanges avec le Protecteur du citoyen
concernant ceux-ci dans le cadre de la modernisation de sa loi, qui est un
sujet qui est en train d'être étudié parce que sa loi a besoin d'être mise à jour, modernisée. C'est une loi qui
remonte à 1969 ou environ. Et il y a aussi des questions qui touchent
son régime de retraite, etc., qui doit aussi être mis à jour.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Deux questions pour la ministre. Les recommandations
de la Commission des institutions datent
déjà de 2014. Je comprends qu'il y a un aspect financier à ce niveau-là, mais
il y a un aspect aussi plus fondamental relativement au respect des droits des citoyens qui font affaire avec
Hydro-Québec, et, vous le savez, ce n'est pas toujours facile faire
affaire avec Hydro-Québec lorsqu'on est un client et ce n'est pas toujours
facile d'avoir du service.
Deuxièmement,
oui à la réforme de la loi sur la Protectrice du citoyen, mais quand allez-vous
la réformer? Si vous souhaitez
traiter de cette question-là au moment où vous allez réformer la loi, à quand
on peut s'attendre à ce que vous réformiez la loi?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Nous avons déjà entamé les travaux pour revoir la loi qui
concerne le Protecteur du citoyen. C'est en train d'être fait.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
Quel est votre échéancier?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme de
Santis : Je ne peux que vous dire : les meilleurs délais.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Vous savez, Mme la ministre, ça peut dire bien
des choses, les meilleurs délais. Vous, votre objectif personnel, quel
est-il : au printemps, à l'automne, dans deux ans?
Mme de
Santis : ...
M. Jolin-Barrette :
Vous, votre objectif personnel pour réformer cette loi-là : au printemps,
à l'automne, dans deux ans?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis : Vous
comprenez qu'il y a plusieurs lois sur lesquelles on veut procéder, et donc je
ne peux pas vous donner un «timeline»
qui est clair. Je veux aussi dire que le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles a récemment élargi les pouvoirs de la Régie de
l'énergie, et peut-être cette question pourrait aussi lui être posée.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : C'est intéressant, M. le Président, que la ministre
aborde la question de la Régie de l'énergie parce que vous savez que les
décideurs administratifs qui sont à
la Régie de l'énergie sont désignés. En fait, il n'y a pas de critère de
sélection puis il n'y a pas de critère de renouvellement de ces juges
administratifs là. Et, dans le fond, j'ai déposé
un projet de loi, le projet de loi n° 792, qui vise à mettre des critères
de sélection au niveau de la compétence et également au niveau du
renouvellement, en fonction du travail effectué pour les juges administratifs.
Donc, même si la régie a réformé quelque chose, il y a déjà un manquement à ce
niveau-là. Est-ce que la ministre est en faveur que désormais les gens qui sont nommés juges administratifs le soient en
fonction de leur compétence, de leur expérience, et qu'il y ait des
critères de renouvellement et de sélection?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je peux vous dire que ce qui est en place pour la
Commission d'accès à l'information, qui, d'une certaine façon, est sous
ma juridiction, il y a déjà ces critères-là en place. Alors, moi, je peux
parler uniquement...
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
Pour les autres tribunaux administratifs, êtes-vous favorable à cela?
Mme de
Santis : Je crois bien que les personnes qui sont dans des postes dans
le gouvernement devraient certainement être compétentes et qualifiées, ce que
j'assume est le cas.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
Donc, je comprends que vous êtes favorable à une réforme.
Mme
de Santis : Je crois que les personnes qui assument ces postes sont
compétentes parce que le choix doit se faire sur leurs compétences et
leurs qualifications.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. J'invite, comme lecture de chevet, à lire le
rapport Noreau sur la justice administrative et à lire les exemples qui
sont cités dans le rapport Noreau.
Je
veux qu'on aborde un autre sujet, celui de la réforme du mode de scrutin. Donc,
vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que les trois partis
d'opposition à l'Assemblée nationale ont proposé de travailler à avoir un mode
proportionnel mixte régional relativement au mode de scrutin. On a posé une
question au mois de février dernier à la ministre,
M. le Président, et on nous a répondu qu'on ne voulait pas changer le mode de
scrutin. Je voudrais savoir est-ce que
la ministre a cheminé dans son idée. Est-ce qu'elle est ouverte à étudier cette
réforme du mode de scrutin là? Parce qu'il y a de nombreux pays dans le monde qui n'ont pas un mode de scrutin
nominal à un tour et qu'ils ont un mode de scrutin proportionnel mixte.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme le ministre.
Mme
de Santis : Vous savez, quand je regarde le taux de participation en Allemagne,
qui a le mode de scrutin proportionnel,
et je compare ça au taux de participation aux élections ici, au Québec, on voit
que c'est presque similaire. En 2012, au Québec, le taux de
participation était 75 %, en Allemagne, en 2009, 71 %, en 2014, au
Québec, 71 %, en Allemagne, 72 %. Alors, je ne vois pas là qu'il y a
une plus grande participation des électeurs aux élections.
Maintenant, vous
savez, il y a eu des démarches qui ont commencé au Québec depuis très longtemps
sur un nouveau mode de scrutin. On a
commencé à parler de cela en 1966 quand l'Union nationale a eu la majorité des
sièges même si l'Union nationale n'avait
reçu que 41 % des votes et le Parti libéral, 47 %. Ensuite, il y a eu
les premières élections où le Parti
québécois a eu des sièges, mais ils ont eu très peu pour le nombre d'électeurs
qui ont voté pour eux et ils ont mis un nouveau mode de scrutin à
l'intérieur de leur plateforme politique. En 1984, ils avaient la possibilité
de faire des modifications importantes et
tout était là pour qu'ils le fassent. Ils ne l'ont pas fait. En effet, en 2012,
avant les élections, ils l'ont retiré de leur plateforme électorale. Ce
que je ne comprends pas, c'est...
M. Jolin-Barrette :
Je veux juste rappeler à la ministre que moi, je suis à la CAQ, et les chicanes
qui se sont passées entre le parti de la ministre puis le Parti québécois...
• (20 h 20) •
Mme de Santis : Vous parlez de trois
partis qui se sont unis pour présenter un front commun. Alors, moi, je
dis : Je ne comprends pas ce front commun.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, c'est la situation actuelle. Mais,
pour clarifier la situation, je peux dire à la ministre : Mme la ministre, la CAQ souhaite réformer le mode de
scrutin. Est-ce que vous êtes favorable à la position de la CAQ de réformer le mode de scrutin? On ne
s'occupera pas du Parti québécois ni de Québec solidaire, on va juste
s'occuper de la CAQ. On vous fait une
proposition, là, pour faire en sorte que l'ensemble des Québécois... que leur
vote compte dans chacune des
circonscriptions puis qu'on ne se
retrouve pas dans une situation où, bien, les gens ont l'impression que
leur vote n'est pas reporté et que, lorsqu'ils se retrouvent dans des circonscriptions
où il y a une forte majorité, bien, ces
gens-là aient une voix également. C'est un peu l'objectif du mode de scrutin
proportionnel mixte. Est-ce que
vous êtes en faveur avec ça pour, dans le fond, donner davantage de légitimité et aussi avoir une plus grande
représentation des idées des Québécois
à l'Assemblée nationale, une pluralité, un pluralisme politique?
Est-ce que vous êtes en faveur de cela?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis : Je crois que nous
avons une belle représentation des différentes opinions de l'électorat du Québec
déjà à l'Assemblée nationale. Ici, je vois qu'il y a le Parti québécois, il y a la CAQ, il y a Québec
solidaire. Je crois qu'on représente les idées d'un grand nombre de Québécois
dans l'ensemble. Maintenant, vous proposez... Est-ce que vous avez mis ce
nouveau mode de scrutin dans votre plateforme électorale et est-ce que
vous proposez le faire prochainement? Quand on parle d'un...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, juste pour renseigner la ministre,
là, on a fait un congrès de la CAQ là-dessus.
Donc, si la ministre veut assister à nos congrès, ça va nous faire plaisir de
l'inviter.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Au Québec,
quand il y a eu la dernière étude sur un nouveau mode de
scrutin... Et tout ça, ça a duré de 2002 à 2008, où on a commencé avec des
états généraux, on est allés à un avant-projet de loi, on est allés en
étude par le Directeur général des élections
et on est allés à son rapport. Quand on a étudié cela, les gens n'ont pas
accepté qu'il y ait deux types de
députés. Il y a un député qui représente un territoire et un député qui ne
représente pas un territoire. Le député
qui ne représente pas le territoire, il va être loyal à quoi? Nous, quand on se
lève dans l'Assemblée nationale, on dit toujours : Le plus important rôle qu'on a, c'est de représenter nos
électeurs et nos citoyens dans nos comtés, mais, quand on ne représente
pas un comté, un territoire, on ne peut pas faire cela.
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je vous dirais qu'il existe
environ 28 pays dans le monde qui ont un mode de scrutin proportionnel mixte et je pense que ces parlementaires-là
représentent également leur population. Donc, je pense qu'il y a
différentes façons de voir les choses, puis il y a surtout une façon... ici, on
a toujours fait la même façon traditionnelle.
Parfois, on peut améliorer les choses, et je comprends que le Parti libéral
veut rester campé sur sa position. Mais il y a un autre sujet...
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis : Je ne crois pas que
je suis campée sur la position. Il y a eu six référendums au Canada, cinq, ça a été refusé. En Ontario, ils ont choisi facilement
le statu quo. Dans les autres référendums, c'était la même chose. Le seul qui a
passé, c'était à l'Île-du-Prince-Édouard récemment où seulement 35 % des gens ont voté, et, à ce
moment-là, tout le monde dit : O.K., on ne sait pas quoi faire avec ça,
et, probablement, ils ne vont pas procéder. C'était dans la plateforme électorale au fédéral. Ils ont fait
leurs consultations. Ils sont arrivés à la conclusion que la population n'en
voulait pas, un système qui était compliqué. On veut un système simple, un
système qui nous assure...
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Bien là, M.
le Président, il ne faut pas prendre
les Québécois puis les Québécoises pour des niaiseux, hein? Partout dans le monde, il y a des endroits où le mode
de scrutin proportionnel mixte existe. Je pense que les Québécois
sont assez intelligents pour réussir à comprendre ce système-là.
Il ne faut pas penser que... être paternaliste avec la population. Et
les Québécois, à ce sujet-là, n'ont jamais été consultés. Et le fédéral...
Mme de Santis : ...
Le
Président
(M. Bergeron) :
...Mme la ministre. M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : N'ont pas été consultés par référendum.
Et le fait que le Parti libéral fédéral ait rejeté un de ses principaux engagements électoraux, que le
premier ministre du Canada a répété ad nauseam, que ça allait être les
dernières élections de l'histoire, bien, ils vivront avec les conséquences
associées à cela.
Mais il y a un point que je veux
apporter avec la ministre, un dossier. Je veux connaître sa position sur la
réforme de la Loi électorale relativement aux courses à la chefferie. Actuellement, un candidat qui fait campagne dans une
course à la chefferie n'a pas de plafond au niveau
des dépenses électorales qu'il peut effectuer pour la course à la chefferie.
S'il ne rembourse pas un prêt qu'il
se fait, la seule conséquence à ça, c'est une amende d'environ 5 000 $. Est-ce que la ministre des Institutions démocratiques serait prête à
réformer la Loi électorale de façon à faire en sorte que les individus qui
se présentent à la tête d'une formation
politique ne puissent pas s'acheter une chefferie s'ils ont énormément de
sources de revenus ou ils ont beaucoup de dollars à leur disposition?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Ça, c'est une question qui
pourrait être discutée au comité consultatif, et je vous encourage de la
soulever à cet endroit.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je veux connaître la position de
la ministre relativement à ce dossier-là parce que c'est fondamental puis c'est à la base de notre démocratie aussi, la
possibilité que n'importe quel individu puisse se présenter à la tête d'une des formations
politiques, M. le Président. Il faut avoir une égalité des chances et l'argent
ne doit pas être un facteur
contributif au fait d'être élu à la tête d'une formation politique. Et ça
soulève la question, à savoir qui peut
se présenter à une course à la chefferie, parce qu'actuellement les règles font
en sorte que... la simple amende fait en sorte que ça ne découragera pas
le fait de ne pas respecter la Loi électorale.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je suis d'accord avec vous quand vous dites qu'on n'achète
pas des positions avec l'argent. Et donc
je crois qu'on devrait en discuter au comité consultatif et obtenir un
consensus là-dessus. Si on a le consensus, on va procéder pour qu'on
arrive à la solution que vous suggérez.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je veux savoir de la
ministre : Est-ce qu'elle considère qu'avec la loi actuelle que
nous avons, avec les dispositions de la loi que nous avons, ça permet justement
ce que j'ai exposé, le fait qu'un individu peut, en quelque sorte, s'acheter la
chefferie d'un parti?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je ne vais pas... Vous faites des suppositions, là. Je
crois que le sujet est sérieux et devrait être discuté au comité consultatif. Le comité consultatif existe pour qu'on
puisse avoir des discussions sur des éléments qui touchent les élections et la Loi électorale.
Alors, je vous propose que vous veniez, vous faites une demande, que ce
soit discuté, on va en discuter. Je ne suis pas là pour vous dire que je suis
en désaccord avec vous, mais je crois que c'est nécessaire qu'on prenne du temps pour en discuter, puis ce n'est pas ici
que cette décision va être prise. Alors, retournons aux études des
crédits.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, oui, sur un autre sujet, le suivi des recommandations de la
commission Charbonneau. Vous savez qu'il y a
un comité indépendant du suivi des recommandations de la commission
Charbonneau qui a été sévère envers le
gouvernement, et ce comité d'experts là disait : Écoutez, il y a eu
certaines recommandations qui ont été
mises en oeuvre, mais il y en a beaucoup qui n'ont pas été mises en oeuvre.
Donc, qu'est-ce que vous répondez aux allégations
que le gouvernement peut faire mieux et qu'il doit faire mieux relativement au
suivi des recommandations de la commission Charbonneau?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
• (20 h 30) •
Mme
de Santis : D'abord, j'aimerais indiquer que le comité a salué la
réforme du financement politique, ce sur lequel j'ai un certain contrôle. Je peux vous dire aussi qu'en ce qui
concerne les recommandations qui touchent l'éthique, immédiatement après le dépôt du rapport, j'ai rencontré
les partis d'opposition pour déterminer s'il y avait un consensus. On
voulait procéder, mais, parce qu'il y avait aussi le rapport du Commissaire à
l'éthique qui était sous étude à la Commission
des institutions, on a décidé d'attendre que le rapport du commissaire soit...
pas entendu, mais étudié et que la Commission des institutions nous
revienne avec un rapport sur leur étude, ce qui a été fait au début avril.
Depuis, j'ai rencontré à nouveau les partis d'opposition, et on est en train de
préparer un projet de loi où on aura à la fois les recommandations de la commission Charbonneau en ce qui touche les
questions d'éthique plus les recommandations du commissaire qui a eu un
certain consensus à la Commission des
institutions pour qu'on présente un projet de loi avec tout cet ensemble et qu'on procède dans les meilleurs
délais. Alors, nous, on est en train de faire ce qui est nécessaire pour
rencontrer les exigences et les demandes et répondre aux recommandations de la
commission Charbonneau.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Borduas, il vous reste
moins d'une minute.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
rappellerais à la ministre, sur le financement des partis politiques, ça fait
suite également aux amendements que nous avons proposés en juin l'année passée
aussi.
Mme de
Santis : On est au-delà de ce qui était proposé par la commission
Charbonneau parce qu'on a aussi donné plus de pouvoirs d'enquête au
Directeur général des élections. On a modifié pas seulement une disposition quant
à la prescription, mais une autre qui touche les contributions non conformes, qui ne faisait pas partie des recommandations de
la commission. Alors, ensemble — parce que je préfère dire ça — ensemble,
on a fait que le projet de loi n° 101 soit le meilleur que ça pouvait être
à ce moment-là.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Je vous remercie, Mme la
ministre. M. le député de Vimont, pour le deuxième bloc du gouvernement.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Avant de commencer, je voudrais vous remercier
des bons voeux, que vous m'avez envoyés par la poste, de rétablissement.
Donc, merci beaucoup.
Mme la ministre, collègues du gouvernement, collègues de l'opposition, première et deuxième, moi, je veux vous parler du Code
d'éthique et de déontologie. Toute ma
vie, j'en ai eu un, comme policier, les avocats en ont, les notaires. Je
pense que c'est une règle, de nos jours, qui est très importante.
Notre code,
nous autres, d'éthique et de déontologie à l'Assemblée nationale a été
voté d'une manière unanime en 2010,
et les dispositions sont rentrées en vigueur à partir du
8 décembre 2010 au 1er janvier 2012. Ce code contient des
mesures, justement, applicables aux députés ainsi qu'aux membres du Conseil
exécutif, tant dans l'exercice de leurs fonctions comme députés mais aussi
comme ministres. Il détermine aussi, également, les mécanismes d'application et
de contrôle et que le Commissaire à l'éthique et à la déontologie est
responsable, justement, de son application.
Le Commissaire
de l'éthique, on le connaît tous, M. Jacques Saint-Laurent, lui, a été
assermenté le 6 janvier 2011, et
lui, il a été nommé, justement, unanimement par les députés de l'Assemblée
nationale et pour un mandat de cinq ans, donc, sur proposition conjointe
du premier ministre et du chef de l'opposition officielle. Et ça, c'est après,
justement, consultation des partis de l'opposition, et tout, et ça prenait
l'approbation, justement, des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale. Trois ans après avoir entré en vigueur du code et
tous les cinq ans, le commissaire doit faire un rapport absolument. Et
ce rapport-là, bien, c'est la mise en oeuvre du code, sur l'opportunité puis de
le modifier.
On le sait tous que la déontologie et l'éthique,
surtout l'éthique, ça se modifie avec le temps. L'éthique, ça se modifie avec le temps, vous le savez. Juste vous
rappeler, puis je le sors souvent, un chauffeur de camion, avant, conduisait,
et ça, on recule bien avant certaines personnes qui étaient ici, mais conduisait
bien souvent avec une bière entre les deux
jambes. Aujourd'hui, je veux dire, c'est criminel. Comprenez-vous? Donc, ça a
évolué, le temps, puis ce n'est pas fini d'évoluer, ça va toujours évoluer. Et justement le 24 février
2015... bien, je ne sais pas si on va revenir avec la bière, mais j'espère que non, mais le commissaire déposait,
justement, un premier rapport en 2015, puis ce rapport couvrait, là, du 6 janvier 2011 au 31 décembre 2014. Ce
rapport contient 23 recommandations qui font suite, justement, aux
recommandations et aux constats du commissaire.
Suite au
dépôt du rapport à des consultations particulières qui ont eu lieu en séances
publiques, et ce, à compter du 14 avril
2015, cinq séances ont eu lieu, et ça, une douzaine de personnes ont été
entendues, et entre autres le commissaire, le 26 mai 2015, et le
jurisconsulte, là, lui, a été entendu le 3 juin 2015. Plusieurs
séances de travail ont eu lieu entre 2015 et
2017 avec les partis d'opposition. Le président de la commission a déposé, justement,
son rapport le 5 avril 2017. Pourriez-vous
me dire, Mme la ministre, c'est quoi, les prochaines étapes à accomplir dans le
processus d'étude de ce rapport du commissaire?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. D'abord, comme je le disais tout à
l'heure, on a des recommandations de deux
sources : on a des recommandations du rapport Charbonneau, rapport de la
commission Charbonneau, et nous avons des
recommandations du rapport du commissaire. Et l'intention, c'est de procéder
avec un projet de loi qui va incorporer les recommandations qui font le consensus entre les différents partis ici, à
l'Assemblée nationale, dans les meilleurs délais.
Maintenant,
en ce qui touche la commission Charbonneau, il y a la recommandation 46,
interdire les annonces dans le cadre d'activités de financement public,
la recommandation 57, interdire aux ministres et à leur personnel de solliciter des contributions politiques auprès des
fournisseurs et des bénéficiaires de leur ministère, la
recommandation 58, resserrer les règles
relatives aux dons, avantages et marques d'hospitalité, et la
recommandation 59, prévoir la suspension temporaire d'un député
poursuivi pour corruption ou collusion. J'ai discuté de ces recommandations
avec les partis d'opposition — et, quand je dis «partis d'opposition»,
j'inclus aussi Québec solidaire — et on semble avoir un consensus sur
ces recommandations, donc on pourra procéder à l'inclure dans un projet de loi.
Maintenant,
en ce qui touche le rapport du commissaire, le rapport du commissaire a été
étudié à la Commission des
institutions. Et la Commission des institutions, dans leur rapport qui a été
émis en avril, on indique là-dedans si, à l'intérieur de la commission,
il y a eu unanimité ou s'il y a eu une différence d'opinions entre les membres
de la commission. Et on sait très bien que,
sur la commission, il y a des membres des différents partis d'opposition et le
parti du gouvernement. Malheureusement,
Québec solidaire n'a pas participé aux délibérations de la Commission des
institutions. Mais ce que j'ai fait, suite au dépôt de ce rapport, encore une
fois je suis retourné aux partis d'opposition et à Québec solidaire et j'ai voulu déterminer lesquelles des
recommandations sur lesquelles il y avait un consensus. Et Québec
solidaire semble être d'accord avec les positions qui ont été prises par la
majorité ou par tout le monde à la Commission des institutions.
Alors, les
recommandations qui ont fait consensus au sein des partis politiques pour la
mise en oeuvre incluent la recommandation 1 du commissaire, qui
permettrait aux candidats éventuels à une élection de demander un avis au commissaire; la recommandation 6, qui vise à
clarifier que le commissaire peut exiger des renseignements concernant
les intérêts détenus par des élus à
l'extérieur du Québec; la recommandation 8, qui vise à éviter le dépôt de
deux déclarations d'intérêt couvrant
la même période pour les députés réélus; la recommandation 9, qui vise à
prévoir l'obligation pour les députés d'aviser le commissaire en cas de
changement dans leur situation; les recommandations 10 et 11, qui visent à
permettre au commissaire de ne pas publier,
mais uniquement, uniquement pour des motifs sérieux et sur demande des
renseignements du sommaire de la déclaration d'intérêt; la
recommandation 13, qui vise à prévoir la possibilité d'un remboursement encadré des frais liés à
l'établissement d'une fiducie ou d'un mandat sans droit de regard par un élu;
la recommandation 15, qui vise à établir
un cadre déontologique lorsque le membre de la famille immédiate du membre
du Conseil exécutif détient des intérêts
dans une entreprise dont les titres sont transigés à une bourse; la
recommandation 18, qui vise à rendre
obligatoire la formation en éthique et en déontologie pour les élus et leur
personnel; la recommandation 19, qui vise à protéger contre les
représailles les personnes qui communiquent confidentiellement des informations
au commissaire ou qui collaborent avec lui;
et la recommandation 20, qui vise à donner au commissaire un pouvoir de
sanction pour certains manquements déterminés.
Quant aux
autres recommandations, il n'y avait pas le consensus requis, sauf qu'on a
discuté d'un mécanisme en réponse à la recommandation 16 du
commissaire, un mécanisme qui serait semblable au mécanisme qu'on retrouve à l'article 294.1 du règlement de l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire que la Commission des institutions entend chaque
année le Commissaire d'éthique comme la
commission le fait présentement pour le Directeur général des élections et le
Protecteur du citoyen.
Alors, c'est comme ça qu'on a procédé jusqu'à
maintenant. Mais il y a des choses qui ont été discutées à la Commission des institutions et qui sont des
recommandations où il n'y a pas le consensus ou l'unanimité mais où on
devrait avoir plus de discussions. Et je
crois que même si ça ne fait pas partie d'un projet de loi qu'on pourrait
déposer maintenant, c'est nécessaire
qu'on ait des discussions sur les mandats sans droit de regard pour qu'on
détermine plus clairement quelles devraient être les règles qui
s'appliquent parce qu'aujourd'hui il n'y a pas de règles précises qui
s'appliquent à un mandat sans droit de regard.
La même chose
pour si quelqu'un arrive avec une fortune à des centaines de millions de
dollars ou à des milliards et que
c'est une fortune basée sur une entreprise qui n'est pas sur la bourse, cette
personne n'a aucune obligation de mettre ça dans un mandat sans droit de
regard. Peut-être qu'il y a une discussion à avoir là-dessus. Et il y a
d'autres points à continuer à discuter.
Comme on sait et comme j'ai toujours dit, une loi évolue, et donc il faut qu'on
continue un dialogue, même après qu'un projet de loi soit déposé.
• (20 h 40) •
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci. Vous y avez touché un petit peu... Parce
que, depuis quelque temps, au cours des dernières années, il y a eu des
enjeux liés, justement, avec certains des avoirs de députés, justement,
particulièrement les règles entourant les fiducies sans droit de regard.
Voulez-vous me dire exactement c'est quoi, la position du gouvernement à cet
égard?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : J'ai dit qu'à la Commission des institutions on n'a pas eu un
consensus sur quels règlements mettre
en place pour un mandat sans droit de regard. Et, s'il n'y a pas de consensus,
on ne va pas procéder parce que, sur un sujet qui touche le Code
d'éthique et de déontologie, c'est absolument nécessaire qu'il y ait un
consensus pour qu'on procède. Et, comme j'ai
dit tout à l'heure, ça ne veut pas dire que... si on dépose un projet de loi et
des dispositions touchant le mandat
sans droit de regard n'est pas inclus dans le projet de loi, il faut quand même
continuer à avoir des discussions pour qu'on arrive à un consensus
éventuel parce que toute loi est toujours en train d'évoluer.
Et il y a une autre chose qu'on pourrait
discuter : Est-ce que les chefs des partis devraient avoir l'obligation, comme les ministres du Conseil exécutif, de mettre les actions qu'ils ont sur une bourse
dans une fiducie sans droit de regard?
Parce que rappelons-nous qu'aujourd'hui cette obligation
n'existe pas pour les chefs de parti. Et donc ça, c'est une autre
discussion qu'on devrait avoir.
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, on a parlé, justement,
concernant le processus d'étude du rapport,
justement, du commissaire. En ce qui a trait, justement,
aux recommandations de la commission
Charbonneau en matière d'éthique, c'est quoi, les prochaines étapes à accomplir
là-dedans?
Mme de Santis : Comme j'ai expliqué,
les...
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme
de Santis : Je m'excuse, je vais trop vite.
Le
Président
(M. Bergeron) : Je vous en prie.
Mme
de Santis : Comme j'ai expliqué, il y a quatre recommandations de la
commission Charbonneau qui vont être incorporées dans le projet de loi
qu'on espère pouvoir déposer dans les meilleurs délais. Il y a une
recommandation qui touchait la fusion de
postes, la fusion du poste de Commissaire à l'éthique avec le Commissaire au
lobbyisme avec la Commission municipale. Et là, à part Québec solidaire,
je crois que nous avons un consensus que ce n'est pas une recommandation qu'on pourrait poursuivre. D'abord,
les municipalités, chacune a un code d'éthique, et ça va être très difficile de marier tout ça avec le code d'éthique
qui ne touche que 125 députés à l'Assemblée nationale. Et la raison
que cela a été suggéré, c'est que la Commission municipale n'a pas la même
facilité de procéder avec une enquête que le Commissaire
à l'éthique, par exemple. Si ça, c'est la raison qui voulait que les trois
soient fusionnés, alors faisons quelque chose pour permettre à la
Commission municipale de pouvoir faire leur enquête.
Aussi,
si on regarde le Commissaire à l'éthique et le Commissaire au lobbyisme, le
Commissaire à l'éthique se préoccupe
de 125 députés; le Commissaire au lobbyisme, aux lobbyistes et les
activités de lobbyisme. Il semble qu'il y a un certain conflit quand on fusionne les deux ensemble. Et en plus le
Commissaire à l'éthique, lui, son mandat, c'est seulement au niveau du
gouvernement au niveau provincial. Le Commissaire au lobbyisme, lui, son mandat
ne touche pas seulement le gouvernement
provincial mais aussi les municipalités. Alors, fusionner tout ça, ça nous semblait
être un peu improbable. Et donc je ne
crois pas qu'on va procéder avec cette fusion. Mais ça, c'est la seule
recommandation qui touche l'éthique où on a une opinion qui est
différente de celle de la commission Charbonneau.
M. Rousselle :
Merci.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Vimont. Non, ça va? Mme
la députée de Crémazie.
• (20 h 50) •
Mme Montpetit :
Ça va être moi. Merci, M. le Président. Merci de me passer la parole.
Collègues, Mme la ministre, question qui porte principalement sur le réseau de
la santé. Vous savez, comme adjointe du ministre de la Santé, j'ai été particulièrement mise à profit, dans le fond, dans toute
la réforme sur le réseau de la santé, entre autres au niveau de la loi n° 10, la loi n° 20.
Vous savez que, bon, depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur la transparence
et l'éthique en matière de lobbyisme
en 2002, bon, l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux était
exclu sur les champs d'application. Puis là il y a plusieurs changements,
donc je vais me permettre de lire un peu davantage mes notes pour qu'on s'y
retrouve tous.
En
2015, donc, on a adopté la loi n° 10, donc la Loi modifiant l'organisation
et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, et à ce moment-là le réseau de la santé,
évidemment, a connu une importante réorganisation. Et, depuis l'entrée en vigueur de cette loi,
l'ensemble des activités de lobbyisme effectuées auprès des dirigeants, du
personnel des hôpitaux, des CIUSSS sont donc visées.
Le
15 octobre 2015, le Commissaire au lobbyisme indique publiquement que les
activités de lobbyisme exercées auprès
du réseau de la santé et des services sociaux feront l'objet d'une inscription
au registre au lobbyisme. Et, dans les deux semaines qui suivent, donc
le 27 octobre 2015, lors de l'étude détaillée du projet de loi n° 20
au niveau de la Commission de la santé et
des services sociaux, donc dans la Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de
médecine spécialisée, on proposait de rétablir l'exclusion du réseau de la
santé et des services sociaux du champ d'application de la loi actuelle.
L'amendement avait, à l'époque, été rejeté par l'opposition.
Lors
de la proposition du projet de loi n° 56, donc de la Loi sur la
transparence en matière de lobbyisme, il a été décidé, comme ça avait été le cas pour l'adoption initiale de la loi en
2002, de ne pas assujettir le réseau de la santé et des services sociaux ni celui de l'éducation à la loi,
alors que, dans le cadre de l'étude sur l'assujettissement des
organismes à but non lucratif, le
Commissaire au lobbyisme a reproposé d'assujettir les réseaux de la santé et de
l'éducation à la loi.
Donc, à travers tous
ces changements — j'en
reviens puis je vais vous laisser le temps d'élaborer là-dessus, peut-être qu'on n'aura pas le temps, mais on
pourra y revenir — pourquoi,
lorsqu'il a été préparé, dans le fond, le projet de loi n° 56, il a
été décidé de ne pas viser les réseaux de l'éducation et de la santé
spécifiquement?
Mme de
Santis : Combien de temps il reste?
Le
Président
(M. Bergeron) : Il reste 40 secondes. Est-ce que
vous voulez qu'on le prenne sur le...
Mme de
Santis : Oui, s'il vous plaît. Comme ça, je peux donner une réponse
complète.
Le
Président
(M. Bergeron) : Oui, bien sûr.
Mme de
Santis : Merci.
Le
Président
(M. Bergeron) : Vous préférez ne pas répondre maintenant?
Mme de
Santis : Exactement. Je vais répondre lorsqu'on revient.
Le
Président
(M. Bergeron) : À la bonne heure. Alors, on va passer maintenant
au premier bloc de l'opposition officielle. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je trouve juste ça un peu particulier parce que, quand j'ai posé des questions à la ministre
sur le processus de nomination des personnes désignées, elle me disait que ce
n'était pas vraiment de son ressort, mais quand les collègues de la
partie ministérielle lui ont posé des questions, sont venus sur l'interpellation, elle a parfaitement répondu.
Donc, je veux juste revenir sur cette question-là. Je
comprends que, là, la ministre
dit : On peut avoir des discussions pour voir comment on peut améliorer
les choses. Elle faisait référence, d'ailleurs,
aux processus qui sont distincts dans chacune des lois. Elle
parlait de la Commission de l'accès à
l'information, donc, par exemple, qui a son propre processus, et je l'avais soulevé et je veux revenir
sur ce sujet-là. J'avais soulevé, lors de
l'interpellation... il y a vraiment un mécanisme qui est unique. Donc, c'est la seule
loi qui prévoit ce mécanisme-là qui dit
qu'il doit y avoir la publication d'un avis de recrutement dans des quotidiens,
donc, du Québec, ensuite la création d'un comité de
sélection qui détermine l'aptitude d'un candidat selon des critères précis
prévus par règlement, puis troisièmement on soumet une liste de candidats jugés
aptes au président de l'Assemblée nationale qui est valide pour cinq ans. Donc, je voulais savoir si la ministre
envisage de faire en sorte que ce processus-là puisse être appliqué
pour d'autres nominations de personnes qui doivent être votées aux deux tiers
de l'Assemblée nationale.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Les commissaires sont des juges, et la façon qu'ils sont sélectionnés, c'est un mode
calqué sur le mode de choix des
juges. Alors, c'est très particulier pour la commission, je ne sais pas si
ça serait applicable dans tous les cas. Je ne suis pas responsable, par
exemple, pour la Commission sur la fonction publique ou beaucoup d'autres
personnes qui sont sur cette liste de personnes qui doivent être nommées avec
l'approbation de deux tiers des votes à l'Assemblée nationale.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : En
fait, effectivement, ce processus-là
ne se retrouve pas pour Commission de
la fonction publique ni Commission
des droits de la personne, alors qu'évidemment ces postes-là ont aussi des fonctions qu'on
pourrait juger similaires à des
postes de juge. Donc, il n'y a pas une symétrie. Puis moi je pense que, de
l'autre sens, ce n'est pas parce qu'on
a un processus comme celui-là pour cette commission-là qu'on ne peut
pas imaginer que ça puisse être pertinent d'avoir un comité de sélection, d'avoir quelque chose qui soit plus
organisé pour les postes, vous l'avez dit vous-même, qui sont très importants, donc, et qui requièrent la nomination
aux deux tiers. Donc, je comprends que ce n'est pas une avenue qui est
du tout envisagée, d'avoir un processus, je dirais, plus encadré que l'idée de
fournir un nom, et donc que les choses se fassent de manière informelle.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : Je peux vous dire
qu'au ministère de la Justice on est en
train de regarder comment
améliorer le processus pour la nomination
de juges et des juges sur des tribunaux. Mais moi, je peux parler uniquement
des personnes qui sont nommées en vertu des lois pour lesquelles je suis
responsable. Je suis responsable pour la loi sur l'accès à l'information et je suis heureuse de pouvoir dire qu'il y a
un système en place, pour le choix des commissaires, qui
répond en grande partie aux inquiétudes des
gens autour de cette table, qui sont ici. Mais je ne peux pas répondre pour les
choix de personnes qui sont assujetties à d'autres lois, lois sur lesquelles je
n'ai aucune compétence.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc, la ministre ce soir, juste pour que je comprenne bien, elle
est en train de nous dire que la question du processus, donc,
de soumettre un nom, deux noms, trois noms... Tantôt, elle a répondu à une question complète de la députée de Verdun sur précisément la
question de soumettre un nom, deux noms ou trois noms, c'est elle qui a
répondu au collègue de Borduas quand il a écrit là-dessus, elle semblait avoir
totalement la compétence et la responsabilité de répondre là-dessus, mais quand moi, je lui pose des questions,
soudainement ce n'est pas de sa responsabilité. Donc, je suis un peu perplexe à savoir qui est responsable
d'encadrer cette espèce de processus là des nominations aux deux tiers
par l'Assemblée nationale quand c'est elle
qui répond aux lettres, quand c'est elle qui est là pour une interpellation,
quand c'est elle qui répond aux collègues de la partie ministérielle.
Mme de
Santis : Je m'excuse, vous allez un peu loin. Les lettres n'ont pas
été signées par la députée de Verdun.
Mme Hivon : Non,
par vous. C'est pour ça que je dis que c'est vous qui êtes responsable.
Mme de
Santis : O.K., oui. Je suis responsable pour certaines personnes qui
sont nommées, mais je ne suis pas responsable pour le Vérificateur général,
par exemple. La loi exige qu'un autre ministre est responsable, pas moi.
Quand
on parle du processus grosso modo, c'est qu'on dit que, dans la plupart de ces
lois ou dans toutes ces lois autres qu'une, les propositions sont faites
par le premier ministre. Et c'est ce même processus qu'on retrouve dans les lois qui sont
applicables. Quand on parle du fait qu'on croit que, par exemple, dans mon cas,
pour le Commissaire au lobbyisme ou
le Commissaire à l'éthique, quand on propose trois personnes, ça ne fonctionne
pas. On ne croit pas que c'est une façon à procéder. Et je peux parler
pour les postes pour lesquels j'ai une certaine responsabilité. Je ne comprends
pas tout à fait votre questionnement. Je ne peux pas parler pour tout le monde.
Mme Hivon :
Non, mais il y a quand même plusieurs de ces nominations-là qui sont dans des
lois qui relèvent de votre responsabilité.
Mme de
Santis : Oui, oui. Lesquelles? Lesquelles?
Mme Hivon :
C'est ça. C'est de ça que je parle.
Mme de Santis :
Commission d'accès à l'information, Commissaire à l'éthique.
Mme Hivon :
Lobbyisme.
Mme de
Santis : Et lobbyisme.
Mme Hivon :
Exact.
Mme
de Santis : Et Protectrice du citoyen. Mais, les autres, je ne suis
pas responsable. Et, pour ces quatre-là, je peux répondre, mais pas pour
les autres.
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Parfait. Merci beaucoup. Donc, si on en vient aux lois, justement, ou aux
réformes des lois qui relèvent de vous, la
question de la réforme de la loi sur le lobbyisme, évidemment, on comprend que
c'est un projet de loi qui est déposé
depuis maintenant presque deux ans, et on aimerait savoir quelle est
l'intention de la ministre, quelle priorité elle accorde à ce
dossier-là. Et est-ce qu'elle a l'intention ou non d'assujettir les organismes
à but non lucratif aux obligations de la loi sur le lobbyisme?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
• (21 heures) •
Mme de
Santis : O.K. Alors, il faut comprendre que le lobbyisme est une
activité démocratique, une activité démocratique qui est saine, mais, comme il
s'agit d'exercer une influence sur des titulaires de charge publique, la
transparence est de rigueur. Le lobbyisme, une activité de lobbyisme est une
activité de lobbyisme, que ce soit exercé par
une entreprise, par un OBNL, par un individu. Une activité
est lobbyisme est une activité de lobbyisme, et il n'y a pas du bon lobbyisme et du mauvais lobbyisme.
Alors,
est-ce qu'on veut assujettir les OBNL à la loi? Maintenant, le projet de loi n° 56 assujettit tous les
OBNL à la loi. Suite à ça, on a entendu ce
que le public disait, et donc on a demandé au Commissaire au lobbyisme de faire
une étude qui était plus approfondie
pour voir s'il pouvait faire des recommandations sur quel OBNL assujettir, quel
OBNL ne pas assujettir, si on devrait
le mettre de côté, si on devrait inclure tout le monde. Il a procédé avec des
consultations et il a entendu 50 groupes, 54 groupes,
100 documents ont été déposés, dont 62 mémoires. Ensuite, il a déposé
un rapport et son rapport a été déposé en juin 2016, et il a été entendu
par les membres de la Commission des institutions sur son étude le
28 septembre 2016.
Mme Hivon :
En fait, ma question, moi, c'est la position de la ministre, parce que, oui, il
y a eu un long processus, le
commissaire s'est repenché sur le dossier, mais lui-même a dit, le
28 septembre 2016, puisque je l'apprends au moment où elle est rendue dans le processus, que la
question de l'assujettissement des OBNL n'était pas, de son aveu même,
une priorité pour ne pas faire avancer le
projet de loi. Donc, on a eu des discussions, là, parce qu'effectivement la
ministre consulte les oppositions, ce qui
est quelque chose qui est apprécié, mais publiquement, je pense que c'est
intéressant, au moment de l'étude des
crédits, de savoir où en est la ministre. Est-ce qu'elle a pris une décision
par rapport à ça aujourd'hui, ou non? Si elle est toujours en réflexion
ou si elle a une orientation aujourd'hui à communiquer?
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la ministre.
Mme
de Santis : Il y a cinq recommandations qu'il a faites dans son
rapport et suite à ça, j'ai rencontré d'autres organismes communautaires
et pour avoir une meilleure compréhension du sujet, et on est aujourd'hui
toujours en réflexion. Une décision n'a pas
encore été prise. On sait qu'il y a un enjeu important avec le registre qui
doit être modernisé. On comprend que
d'autres éléments dans le projet de loi n° 56 peut-être devraient aussi
être réétudiés pour le simplifier, et le
commissaire a lui-même dit que, dans sa forme actuelle, on ne pourrait pas
procéder avec le projet de loi n° 56, nonobstant l'inclusion ou l'exclusion des OBNL. Donc, on est
train de prendre le temps pour compléter notre réflexion pour déterminer
comment nous allons procéder avec les modifications à la loi sur le lobbyisme.
Mme Hivon : Ça
m'amène...
Le
Président
(M. Bergeron) : Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci, M. le Président. Ça m'amène à la question de l'échéancier. On sait qu'il
y a aussi — tantôt, la
ministre a répondu assez longuement à un de ses collègues — il y a aussi la question du dépôt que l'on
attend aussi, qui a été annoncé, là,
donc, dans les intentions de la ministre, d'un dépôt sur la révision du code
d'éthique pour faire suite aux recommandations,
notamment, de la commission Charbonneau. La ministre, elle l'a expliqué tout à
l'heure, elle attendait, donc, les
travaux de la Commission des institutions qui s'est penchée sur l'autre
travail, donc, du commissaire. Est-ce que la ministre est en mesure de nous donner un horizon, donc, pour le dépôt
de ce projet de loi là sur l'éthique? Est-ce qu'elle pense le déposer avant la fin de la présente
session? Est-ce que ça va aller à l'autre session, à celle d'automne? Et
lequel va avoir priorité dans les travaux? Est-ce que ça va être de revoir la
loi sur l'éthique ou la loi sur le lobbyisme?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : C'est sûr qu'on va déposer
le projet de loi sur les modifications au code d'éthique avant qu'on procède avec un projet de loi qui touche le
lobbyisme. C'est très difficile de vous dire exactement quand ça va être
déposé, mais on fait toutes les démarches
pour qu'on le fasse vraiment dans les meilleurs délais. Mais je ne peux pas
vous donner un «timeline» à ce moment-ci. Si je pouvais, j'espérerais le
faire avant la fin juin.
Mme Hivon : Maintenant, j'aimerais savoir, dans les cahiers des renseignements, dans la liste de tous les
comités, donc, qui existent, on parle d'un groupe de travail sur l'encadrement
des activités de lobbyisme et les autochtones, et j'aimerais comprendre à quoi
vise ce comité et quelle est la problématique particulière en lien avec les
autochtones.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de
Santis : M. le Président, je vais demander à M. Jean-Philippe
Marois, qui est responsable du SAIRID, de répondre à la question.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Y a-t-il consentement pour permettre à M. Marois de répondre à la
question?
Une voix : ...
Le
Président
(M. Bergeron) :
Je vous en prie.
M. Marois (Jean-Philippe) :
Alors, bonsoir. En vertu de la loi actuelle, les communautés autochtones ou les
titulaires, ceux qui pourraient être des titulaires de charges publiques dans
les communautés autochtones ne sont pas assujettis à la loi sur le lobbyisme.
Au moment du dépôt de la loi n° 56, cette situation-là a été perpétuée,
c'est-à-dire que le projet de loi n° 56 a prolongé cette situation-là, et,
à ce moment-là, le gouvernement a demandé qu'il y ait une discussion ouverte avec les communautés
autochtones quant à la façon dont on pourrait aborder cette question-là
avec eux, la question de l'assujettissement
à la loi sur le lobbyisme. Donc, c'est un petit groupe de travail, là, avec
certaines communautés autochtones, là, qui s'est réuni, de mémoire, une fois ou
deux, là.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette, il vous reste moins de deux minutes.
Mme Hivon :
Oui. O.K. Donc, l'idée, ce serait, j'imagine, d'avoir... d'avancer pour que ça
puisse être intégré éventuellement
dans le projet de loi sur le lobbyisme, qui est là à l'heure actuelle, si ça
fait quand même un certain moment que cette préoccupation-là ou cette
volonté-là de discuter de l'enjeu est présente?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre. Oh! pardon, M. Marois?
M. Marois
(Jean-Philippe) : Disons que l'encadrement de ce type d'activité là
est actuellement discuté, abordé. Ça fait partie des enjeux qui sont
abordés dans ce comité-là.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Est-ce que la ministre a quelque chose à ajouter, à savoir si c'est dans son
intention d'essayer de pouvoir bénéficier du projet de loi pour amener
cet enjeu-là, aussi nécessaire, dans le projet de loi?
Mme de Santis : J'aimerais
ajouter : quand les travaux seront complétés, on va en discuter.
Mme Hivon : O.K.
Peut-être rapidement, en terminant, quand Mme Raymonde Saint-Germain a
quitté, donc l'ancienne Protectrice du
citoyen, elle a fait une sortie, quand même, qui a été remarquée sur la
question de la prime, donc, de départ
que les mandarins... dont ils pouvaient bénéficier. Je comprends que la
ministre va me dire qu'elle n'est pas responsable
de tous les mandarins de l'État. Je comprends ça. Mais, pour les personnes qui
sont sous sa responsabilité, donc les
personnes comme la Protectrice du citoyen, les commissaires qui sont sous sa
responsabilité, est-ce que c'est quelque chose qu'elle est prête à regarder?
C'est-à-dire, l'idée que, quand quelqu'un quitte pour un autre emploi, de
surcroît quand c'est dans la fonction
publique ou quand c'est, encore une fois, un paiement, donc, d'un autre ordre
de gouvernement ou qu'il y a une
assurance de salaire, est-ce qu'elle est envisage, donc, de revoir les règles
en ce qui concerne les primes de fin de mandat?
Le
Président
(M. Bergeron) :
En quelques secondes, Mme la ministre.
Mme de
Santis : C'est le Secrétariat des emplois supérieurs qui devrait
répondre à cela. Mais je peux vous dire que, dans les modifications qu'on aimerait apporter à la loi qui concerne le
Protecteur du citoyen, il y a là peut-être l'opportunité d'en discuter.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Je vous remercie beaucoup. On va passer au dernier bloc du parti ministériel.
Mme la députée de Crémazie.
• (21 h 10) •
Mme Montpetit :
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur un point. J'ai abordé, dans la
dernière partie du temps qui m'était
alloué, la question de
l'assujettissement des réseaux de la santé et de l'éducation aux règles d'encadrement de lobbyistes. Peut-être juste avant de passer la parole à mon collègue
de Vimont, je voudrais juste voir si la ministre a quelque chose à
ajouter sur la question du projet de loi n° 56.
Mme de
Santis : Oui, et la santé.
J'aimerais souligner que, dans son étude sur l'assujettissement de tous les
OBNL aux règles d'encadrement du lobbyisme de juin 2016, le Commissaire au lobbyisme écrit
que «si l'on se ramène en 2002, lors
de l'introduction d'une première loi encadrant les activités
de lobbyisme, il était sans doute prudent de ne pas couvrir dans un premier temps les établissements du réseau de la santé ainsi que les commissions scolaires et les établissements du réseau de l'éducation.
Le champ d'application de la loi, qui englobait les niveaux parlementaire, gouvernemental
et municipal, embrassait déjà très large, et l'inclusion des réseaux n'aurait
fait qu'ajouter aux défis de taille qui se posaient dans le contexte
d'un changement profond de culture.»
Mais donc il
a dit : C'était quelque chose de normal, peut-être, en 2002, mais il
continue et il dit clairement
que c'est incohérent d'exclure les réseaux
de la santé et de l'éducation à l'application de la loi sur le lobbyisme, et qu'il y a d'importantes
sommes d'argent qu'on retrouve dans ces réseaux, et il n'y a
aucune explication valable ou raison valable de les exclure quand il y a des activités de lobbyisme qui se feraient vis-à-vis
des titulaires de charges publiques dans les réseaux de la santé et services sociaux et de l'éducation. Donc, un élément à considérer, si on procède avec des modifications à la loi sur le lobbyisme,
c'est que, contrairement à ce qu'on trouve aujourd'hui dans le projet de loi n° 56, on trouverait l'inclusion de ces deux
secteurs dans un nouveau projet de loi. Cette possibilité existe.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la députée de Crémazie.
Mme Montpetit : Je vous
remercie. C'est une excellente réponse.
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie : Merci,
M. le Président, Mme la ministre. Je salue mes collègues également. Je vais revenir sur le projet de loi n° 56 et les OBNL, les organismes à but non lucratif,
même si la députée de Joliette a abordé le thème. Je n'irai pas en détail par rapport à tout le contexte
parce que déjà ça a été passablement répondu par vous. Mais il y a
un élément dont j'aimerais avoir un
peu plus d'information. On sait que le commissaire avait proposé une modification quand même assez importante du projet
de loi pour devenir le projet de loi n° 56, la Loi
sur la transparence en matière de lobbyisme, et un des changements importants, c'était d'inclure les organismes à but
non lucratif à l'intérieur, donc les obligations au niveau du lobbyisme,
en matière de lobbyisme, et, à cet effet-là, je sais qu'il y a eu de la
consultation, il y a eu des mémoires.
D'ailleurs, vous en avez fait état dans la réponse à la députée de Joliette. Il
y a eu des documents qui ont été déposés,
une consultation assez importante, et finalement un rapport du commissaire qui
est arrivé avec des recommandations sur le sujet. Mais ce que j'aimerais
que vous nous disiez, pour le bénéfice des téléspectateurs, sûrement, qui sont
très nombreux à nous écouter, est-ce que
vous avez, dans les rencontres avec les représentants des OBNL, pu identifier
quels sont les éléments ou les thèmes qui
les questionnent ou qui les préoccupent par rapport à la possibilité d'être
assujettis aux obligations d'un projet de loi?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Mme la ministre.
Mme de Santis : Merci. D'abord,
j'aimerais que tout le monde sache qu'au Canada, au fédéral, Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouveau-Brunswick,
Nouvelle-Écosse, Ontario, Saskatchewan, Terre-Neuve, et la ville de Toronto, partout, les OBNL sont assujettis à
leurs lois sur le lobbyisme. Ici au Québec, ce n'est pas quelque chose
de nouveau ou exceptionnel, ou différent qu'on propose. C'est le cas déjà à
travers le Canada, sauf ici.
Maintenant,
quelles sont les raisons qu'on ne veut pas être assujettis? Alors, il y a des
organismes communautaires, et on peut
le comprendre, qu'ils n'ont pas nécessairement, à l'intérieur de ces organismes
communautaires, le personnel pour
pouvoir se préoccuper de l'inscription, etc., et ils ont peur, si les
inscriptions ne sont pas faites dans les délais ou d'une certaine façon,
qu'il y aura des pénalités, etc. Alors, tout ça les préoccupe énormément.
Mais
il y a aussi un argument qui est fait par les OBNL en général, parce qu'eux,
ils disent : Nous, nous ne sommes pas
là pour le profit, donc il n'y a aucune raison qu'on devrait s'inscrire en tant
que lobbyistes, même si techniquement nous
faisons des activités de lobbyisme. On ne le fait pas pour le profit, on le
fait pour le bien commun. Maintenant, ça, ça indique qu'il y a... on fait une distinction entre ce qu'est un bon
lobbyisme et un mauvais lobbyisme. Mais est-ce qu'on devrait vraiment penser dans ces termes-là? Aussi,
regardons la loi, le titre de la loi. Le titre de la loi, c'est la
transparence et l'éthique dans le... c'est
la transparence, et donc ce qu'on veut, c'est que les activités de lobbyisme
soient transparentes, parce qu'on
essaie d'influencer des titulaires des charges publiques. Et ce n'est pas
uniquement pour de l'argent, ça peut être pour des contrats, pour des
politiques, pour autre chose, et donc il y a toute cette réflexion à faire.
Maintenant,
j'accepte qu'il y ait des organismes communautaires, comme il y a des petites,
petites entreprises — je
parle très souvent des toutes petites
entreprises — qu'on ne
veut pas qu'elles se retrouvent en dessous d'une tellement grande réglementation qu'on les étouffe. Alors, il
faut prendre cela en considération aussi. Et alors ce que je veux faire,
c'est prendre le temps pour arriver à une
conclusion, si, oui ou non, on va procéder à inclure les OBNL ou si on ne le
fait pas. Mais, comme je vous ai dit, à travers le Canada, c'est
toujours le cas, qu'ils sont assujettis.
M. Chevarie : M. le Président.
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie :
Oui, rapidement. Le projet de loi n° 56, il a été présenté à l'Assemblée
nationale le 12 juin 2015. Il y a eu les consultations qui ont
débuté à l'automne 2016.
Mme de Santis : 2015.
M. Chevarie : À
l'automne 2015. O.K. merci de la précision. Et le principe n'est pas
adopté actuellement.
Mme de Santis : Non.
M. Chevarie : Vous êtes encore
en consultations.
Mme de Santis : Ça a été déposé,
mais, quand il y a eu tellement de réactions de la part des OBNL, mon prédécesseur a demandé au commissaire de faire une
étude plus approfondie sur l'inclusion des OBNL à la loi. Et depuis on
n'a pas procédé au-delà de simplement le simple dépôt.
M. Chevarie : Merci.
Le
Président
(M. Bergeron) :
M. le député de La Prairie.
M. Merlini : Merci, M. le
Président. Pouvez-vous m'indiquer le temps qu'il nous reste?
Le
Président
(M. Bergeron) :
Il vous reste un peu moins de 11 minutes.
• (21 h 20) •
M. Merlini :
Merci beaucoup, M. le Président. La ministre tantôt... Bien, j'aimerais revenir
sur la réforme du mode de scrutin
parce que la ministre a dit tantôt qu'effectivement ce n'est pas... L'idée de
réformer le mode de scrutin au Québec,
ce n'est pas quelque chose qui est arrivé le 7 décembre 2016, là,
lors d'une conférence de presse, c'est quelque chose qui remonte à un temps où nous étions plus jeunes et peut-être,
vous et moi, nous n'avons pas compris à ce moment-là, dans les années 60, l'importance de cet
enjeu-là, qui revenir à chaque fois
que les résultats électoraux ont donné des nombres de
députés qui ne correspondent pas nécessairement au vote exprimé, et ça alimente
les débats et ça sert de motivation à ceux qui réclament continuellement ou toujours
une réforme de mode de scrutin.
Les résultats
des élections générales de 1966, par
exemple, à la suite de laquelle
l'Union nationale a été appelée à former
le gouvernement — d'où
notre jeunesse, là, M. le
Président — avec un pourcentage de suffrages inférieur à
celui exprimé en faveur du Parti libéral, oui, oui, a relancé le débat à
ce moment-là. Il y a eu les élections
générales d'avril 1970, là aussi, qui ont provoqué des distorsions
non moins importantes entre l'expression du vote populaire et le nombre de
sièges que se partagent les partis politiques.
Alors, finalement,
le 17 juin 1970, les parlementaires ont investi la Commission de l'Assemblée nationale, pas juste la Commission des institutions, mais bel et bien la Commission de l'Assemblée nationale, du mandat d'étudier le système électoral.
Malheureusement, aucun consensus sur le mode de scrutin n'ayant pu être établi
lors des travaux de la commission,
le gouvernement de l'époque a opté pour le statu quo. En 1971,
l'année suivante, la même commission, la
Commission de l'Assemblée nationale, a mis sur pied un comité afin d'étudier le mode
de scrutin. Dans son rapport d'étape, qui a été produit en 1972, donc la
commission a quand même passé un an à en faire ce travail, le comité n'a
formulé aucune recommandation formelle. Il a plutôt sollicité un nouveau mandat
afin d'étudier en profondeur les trois formules qui avaient été étudiées à
cette époque-là, soit un système mixte, un vote unique transférable et une représentation proportionnelle modérée. Alors,
craignant qu'un système de représentation proportionnelle ne génère que de l'instabilité politique, et la ministre
en a fait référence plus tôt, le gouvernement a décidé de ne pas donner suite au projet
de réforme du mode de scrutin en 1972.
Mais
sept ans plus tard, en 1979, le ministre
responsable de la Réforme électorale
et parlementaire a déposé un livre vert à ce moment-là portant sur la réforme de mode de scrutin à l'Assemblée nationale. Le projet de réforme de mode de scrutin est alors reporté après les élections
générales de 1981. Alors, on voit que les parlementaires de cette
époque-là, de ces époques-là, ont quand même
entamé des processus importants de réflexion, mais voyaient la nécessité de
quand même aller chercher le plus large consensus possible.
En 1983, l'Assemblée nationale a demandé à la Commission de la représentation électorale d'étudier le mode de scrutin
majoritaire et nominal à un tour, celui qui prévaut encore aujourd'hui, de même que les modes de scrutin qui furent précédemment
proposés. Au terme de sa démarche, la CRE conclut qu'un changement de mode de
scrutin s'impose. Alors là, on a un
organisme indépendant qui fait une recommandation, de dire : Ça serait le temps, le moment est
venu d'avoir ce changement-là. Alors, la CRE a recommandé une proportionnelle territoriale,
qui est un mode de scrutin inspiré de la
représentation proportionnelle régionale modérée, que j'avais énumérée plus
tôt. Le rapport de la CRE sera étudié
en commission parlementaire. Alors, encore une fois, on prend qu'est-ce qu'un
organisme indépendant fait et on a étudié
ça en commission parlementaire à l'automne 1984. Toutefois, ni les députés
ministériels ni ceux de l'opposition ne donneront leur aval à la recommandation d'instaurer la proportionnelle
territoriale. Alors, encore une fois, la sagesse du travail parlementaire des députés a fait en sorte
que, non, on n'a pas retenu la recommandation, même si ça venait d'un organisme indépendant. Alors, à ce moment-là, le
gouvernement de l'époque a renoncé au projet de réforme de mode de
scrutin.
14 ans plus tard, on se retrouve encore une
fois avec des élections générales, en 1998, alors que le parti qui a recueilli le plus grand nombre de votes au
suffrage populaire forme l'opposition, ce qui a relancé à nouveau le débat
sur une réforme du mode de scrutin. Le Parti
québécois avait inscrit à son agenda politique l'idée d'une proportionnelle
compensatoire, tandis que notre
parti, le Parti libéral du Québec, a adopté une résolution proposant une
réforme de mode de scrutin pour introduire des modalités de vote
proportionnel.
On avance
dans le temps. En décembre 2001, la Commission des institutions, notre noble
commission, s'est donné un mandat d'initiative. Alors, même en 2001, on
en prenait, des mandats d'initiative, et ce mandat-là, d'initiative, portait sur la réforme du mode de scrutin. En
2002, le gouvernement de l'époque met sur pied le comité directeur sur
la réforme des institutions démocratiques
afin de concevoir et de préparer et de tenir des états généraux sur la réforme
des institutions démocratiques. Alors là, on sort du cadre parlementaire et on
en fait des états généraux.
Dans le rapport qu'il a rendu public en
mars 2003, à la suite des états généraux, le comité directeur a formulé 14 recommandations. La première se lisait comme suit : «Que le
gouvernement prenne acte de la volonté populaire très ferme de réviser le mode de scrutin actuel en
soumettant aux Québécoises et aux Québécois la possibilité d'adopter par
référendum, et ce, avant la fin de la moitié
du prochain mandat gouvernemental, un mode de scrutin de représentation
proportionnelle régionale...»
Le gouvernement de l'époque a décidé de confier
à un expert renommé des modes de scrutin, le professeur Louis Massicotte, le
mandat de produire une étude détaillée sur le mode de scrutin mixte
compensatoire. Ensuite, le gouvernement s'est inspiré du rapport du professeur Massicotte
afin de proposer un mode de scrutin mixte compensatoire contenu dans un avant-projet de loi qui remplacerait, à ce
moment-là, la Loi électorale. En
décembre 2004, le ministre délégué à
la Réforme des institutions
démocratiques soumet son avant-projet de loi visant à réformer la Loi électorale. Le projet gouvernemental prévoit un mode de scrutin mixte compensatoire
fixant à 77 le nombre de députés représentant une circonscription
électorale, et à 50 le nombre d'élus à partir de listes.
À l'hiver 2006, cet avant-projet de loi a été
l'objet d'une large consultation par, cette fois-ci, une commission parlementaire spéciale qui, elle, était épaulée par un comité de citoyens. Cette commission
a visité la plupart des régions du Québec et la consultation a duré près de sept semaines, M. le Président. Au total, 379 personnes et organismes ont fait
entendre leurs points de vue devant la commission, 1 170 citoyens ont
exprimé leurs opinions par le site Internet et 371 mémoires ont été reçus à
ce moment-là.
La Commission
spéciale sur la Loi électorale, dans son rapport de 2006, a recommandé que le mode de scrutin majoritaire et nominal à un tour soit réformé et modernisé et que cette
réforme soit accompagnée d'une réforme des travaux parlementaires aussi, qui est quand même important
aussi parce que ça fait partie de notre système de démocratie parlementaire.
En 2006, à la
suite, encore une fois, de ces travaux, le gouvernement a confié au Directeur
général des élections le mandat
d'analyser les modalités d'un éventuel mode de scrutin mixte compensatoire,
parce que c'est bien de dire qu'on veut faire une réforme et qu'on veut changer le mode, mais, dans
l'application, comment ça va fonctionner, une élection mixte compensatoire, comment le Directeur général des
élections doit travailler en fonction de ce nouveau mode. Le rapport du DGE a été rendu public en décembre 2007.
Donc, il faut souligner que le DGE a pris une année à faire cette analyse-là
et a présenté les effets des modalités d'un
scrutin mixte compensatoire sur la proportionnalité des résultats, la
représentation des régions, la
représentation des tiers partis, ainsi que sur la représentation des femmes et
des minorités ethnoculturelles.
Alors, tous ces travaux sur la réforme de mode
de scrutin, ça a été... ces travaux-là ont été nombreux, mais malheureusement, à ce jour, il n'a pas été
possible de dégager un consensus entre les différents acteurs, que ce soit
les groupes d'intérêts, les experts, les
partis politiques, même les professeurs d'université. Alors, considérant
l'importance et l'ampleur d'une telle
réforme, l'adoption d'un nouveau mode de scrutin doit faire l'objet, je crois,
M. le Président, d'un très, très
large consensus. En très peu de temps, Mme la ministre, j'aimerais savoir,
selon vous, quels sont les avantages de notre système actuel uninominal
à un tour.
Mme de Santis : Ce que je veux dire,
c'est...
Le
Président
(M. Bergeron) :
Oui ou non, Mme la ministre?
Des voix : Ha,
ha, ha!
Mme de Santis : Il n'y a aucun
système, aucun mode de scrutin qui est parfait. Ça résulte toujours d'un compromis social et politique entre différents
éléments. Aujourd'hui, la plupart des Québécois et des Canadiens
choisissent la stabilité et l'efficacité. Et
alors, si le choix va être différent dans un avenir, pour le présent, c'est le
système que nous avons qui nous offre la stabilité et l'efficacité.
Merci, M. le Président, et merci à tout le monde.
Adoption des crédits
Le
Président
(M. Bergeron) : Je vous remercie, Mme la ministre. Le
temps alloué à l'étude du volet Institutions démocratiques des crédits
budgétaires du portefeuille Conseil exécutif étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Le programme 6,
intitulé Accès à l'information et Réforme des Institutions démocratiques,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président
(M. Bergeron) :
Adopté sur division.
Document déposé
Je vais maintenant déposer les réponses aux
demandes de renseignement de l'opposition. Je vous remercie de votre
collaboration.
La commission
ajourne ses travaux au mercredi 26 avril 2017, à 15 heures, où elle
procédera à l'étude du volet Conseil exécutif des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif.
Bonne fin de soirée à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 21 h 30)