(Vingt
heures trente et une minutes)
Le Président (M.
Ouellette) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des
institutions reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Sécurité publique pour l'exercice financier 2016-2017.
M. le secrétaire, y
a-t-il de nouveaux remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Maltais (Taschereau) est remplacée par M. Bérubé (Matane-Matapédia) et Mme Roy (Montarville) est
remplacée par M. Spénard (Beauce-Nord).
Le Président (M. Ouellette) : Je veux souhaiter une bonne soirée à tous les
collègues : M. le député de Beauce-Nord, M. le député de
Matane-Matapédia, M. le député d'Ungava, M. le député de La Prairie et M.
le député de Vimont. M. le ministre, bonsoir.
Nous
débutons nos crédits. Nous en aurons pour cinq heures. On votera nos crédits
demain après-midi. C'est sur deux
jours cette année. Et nous allons débuter par des remarques préliminaires.
Déjà, votre collègue de Matane-Matapédia m'a indiqué qu'il ne ferait pas de remarques préliminaires et que son
temps sera imparti sur ses deux blocs que nous aurons ce soir. Mon collègue de Beauce-Nord m'a indiqué
qu'il fera des courtes remarques préliminaires, et le restant de son
temps imparti sera réparti sur son bloc qu'il aura, de questions, ce soir.
Nous allons
immédiatement débuter. On va procéder par discussion générale, normalement par
des blocs d'environ 20 minutes, et
incluant les questions et les réponses. Je vous informe que, puisque c'est les
crédits budgétaires et qu'on est ici
pour avoir un échange, je m'assurerai que les questions et les réponses seront
de longueur équivalente pour permettre
le plus d'échanges entre vous, M. le ministre, et les différents députés qui
composent la Commission des institutions.
Remarques préliminaires
Nous allons
immédiatement débuter par vos remarques préliminaires, M. le ministre.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui, merci, M. le Président. J'aimerais d'abord saluer mes
collègues à la fois du côté ministériel comme du côté des oppositions — il y a trois oppositions d'ailleurs qui sont
représentées ce soir — et les personnes qui les
accompagnent, et les gens du ministère de la Sécurité publique et des
organisations qui font partie de l'univers de la sécurité publique qui
sont ici présents ce soir.
D'abord, comme vous le savez, le
premier ministre m'a confié un nouveau mandat le 28 janvier dernier en me
nommant ministre des Affaires municipales et
de l'Occupation du territoire, ministre de la Sécurité publique et ministre
responsable de la région de Montréal. Dans
le cadre de mes nouvelles fonctions, le premier ministre m'a demandé d'évaluer
à l'intérieur des six premiers mois de mes
fonctions la possibilité de réunir ces deux ministères. Je tiens à préciser ici
qu'il ne s'agit pas de créer un
nouveau ministère par une simple fusion administrative, mais bien de créer une
nouvelle vision gouvernementale qui
va améliorer la livraison des services au bénéfice des citoyens avec synergie
et cohérence, et ce, avec la volonté
d'alléger la lourdeur administrative et de reconnaître l'autonomie municipale
et la véritable contribution des communautés locales en matière de
sécurité publique.
Cela
dit, aujourd'hui, il me fait plaisir d'être avec vous pour participer à cet
important exercice démocratique qu'est
l'étude des crédits budgétaires en lien avec mes responsabilités de ministre de
la Sécurité publique. D'ailleurs, à ce sujet,
j'ai l'intention de remplir cette fonction avec tout le sérieux que requiert
cette grande responsabilité. Dans le contexte international actuel et devant la transformation rapide des défis de
notre société, il est clair qu'il est important de s'assurer que soit en
place l'ensemble des conditions permettant de sécuriser notre vie en
communauté, tout en maintenant le sentiment
de sécurité des Québécoises et des Québécois dans leur vie quotidienne. Il est
de mon devoir de travailler avec l'ensemble
des partenaires qui oeuvrent tous et chacun, dans leurs sphères d'activité
respectives, à atteindre cet important objectif.
Je les remercie, ces partenaires, d'entrée de jeu, pour leur rigueur et
professionnalisme, et leur indique également que j'ai, dans mes fonctions,
le même souci des plus hauts standards pour les appuyer dans leurs tâches
importantes.
Ayant dit cela, il me
fait plaisir de rappeler qu'en matière de sécurité il ne faut pas agir qu'en
répression et en réaction mais qu'il faut
également... il est très important de ne jamais négliger le travail en amont.
Depuis que je suis entré en fonction en tant que ministre de la Sécurité
publique, j'imprime un virage important en matière de prévention, prévention de la criminalité et prévention
communautaire, et ce, dans toutes les sphères de la sécurité publique.
L'approche réactive, nécessaire,
efficace, présente quand même ses limites et n'enraie pas les problèmes en
amont. C'est pourquoi je crois profondément à cette approche préventive.
Le ministère
de la Sécurité publique en fait déjà beaucoup en la matière, mais on peut
toujours en faire plus. On peut surtout toujours faire mieux. Et, à cet
effet, le budget 2016-2017 prévoit une somme de 9 millions de dollars
sur trois ans pour la
mise en place de mesures pour la prévention de la criminalité. Même s'il est
difficile de quantifier de manière précise les impacts de ces mesures
préventives, le gouvernement est convaincu que chaque dollar investi en prévention nous permet de générer des économies en
aval. Le fait de travailler à enrayer des problèmes en amont contribue
assurément à réduire les coûts qui seraient liés à une pure approche coercitive
en matière de sécurité publique.
Maintenant,
avant d'entamer l'étude des crédits du ministère, j'aimerais dresser un bref
portrait des réalisations effectuées
au cours des derniers mois. Premièrement, un sujet qui a été amplement
médiatisé cette année, et ce, partout dans
le monde, est le phénomène de la radicalisation. À ce titre, le gouvernement du
Québec a été proactif et a dévoilé en juin 2015
le plan d'action gouvernemental 2015-2018 pour agir, prévenir et détecter
la radicalisation, dont une trentaine de
mesures sont sous la responsabilité du ministère de la Sécurité publique. Le
ministère a d'ailleurs établi un partenariat avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence,
créé par la ville de Montréal, afin d'étendre les activités de cette importante initiative à
l'ensemble du Québec. Et, à cet effet, le gouvernement apporte un soutien financier
au centre de 1,5 million de dollars.
Le ministère
de la Sécurité publique est également soucieux d'établir des liens avec des
partenaires étrangers qui vivent
cette même problématique et qui détiennent de l'expertise sur le sujet. C'est
pourquoi une déclaration commune a
été signée le 17 novembre 2015 avec le gouvernement de la Communauté
française de Belgique afin d'amorcer une coopération en matière de
prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent.
Sur un autre
sujet, dès mon arrivée dans mes nouvelles fonctions, le phénomène de
l'exploitation sexuelle prenait de
plus en plus d'ampleur. Il était urgent d'agir. C'est pourquoi j'ai annoncé en
février dernier la création du programme Prévention jeunesse, un
programme qui peut être déployé rapidement au sein d'une communauté afin de
lutter plus efficacement contre une situation compromettant la sécurité des
jeunes. Le gouvernement a donc agi non seulement rapidement sur une situation préoccupante et immédiate touchant Laval,
mais il s'est aussi doté d'un programme qui vient répondre à d'autres problématiques spécifiques
dans les différentes régions du Québec en fonction des besoins. L'objectif
du programme est d'accompagner les
intervenants locaux en mettant en place un corridor de services permettant un
meilleur échange d'information et la prise en charge rapide des
personnes à risque ou des victimes.
Sur une autre
note, j'aimerais vous parler de l'aide au milieu autochtone. Le
budget 2016-2017 prévoit le financement
d'actions permettant de répondre à plusieurs recommandations du rapport du
Protecteur du citoyen déposé en février 2016,
en lien avec les conditions de détention, l'administration de la justice et la
prévention de la criminalité au Nunavik. Par conséquent, dans le but
d'améliorer l'accessibilité de la justice en milieu autochtone, le ministère de
la Sécurité publique collaborera avec le
ministère de la Justice afin de mettre en oeuvre les recommandations du
rapport.
Par ailleurs, j'annonçais récemment la mise en
place de moyens visant à faciliter la dénonciation des gestes admissibles de nature criminelle qui auraient été
posés par un policier à l'égard des femmes autochtones. À cet effet, le
gouvernement a lancé une ligne téléphonique dédiée à ces dénonciations et a
mandaté et subventionné l'organisme Services
parajudiciaires autochtones du Québec afin d'accompagner les femmes autochtones
qui souhaitent déposer une plainte impliquant des policiers en
territoire québécois.
• (20 h 40) •
Par ailleurs,
j'ai exprimé mon intention de bonifier la formation offerte aux policiers à
l'École nationale de police du Québec
afin que ces derniers soient davantage informés et mieux outillés en matière
d'interactions avec les membres des communautés autochtones, notamment
avec les femmes autochtones.
Également,
tel que je l'ai mentionné précédemment, la prévention est un incontournable
afin de lutter contre la délinquance,
la criminalité et aussi contre des fléaux comme la violence conjugale et le
suicide. Comme l'ont démontré de
nombreux experts, pour être efficace, la répression — et là je parle de la criminalité en
particulier — doit être
simultanément accompagnée d'une approche préventive. C'est dans cette
optique que le gouvernement a déposé en décembre dernier le projet de loi
n° 64 sur l'immatriculation des armes à feu sans restriction et que des
consultations particulières se sont tenues
au cours des dernières semaines. Cet outil important permettrait d'assister les
policiers dans leurs opérations et
dans leur travail d'enquête. Le ministère de la Sécurité publique a travaillé
de concert avec le ministère du
Travail, de l'Emploi, et de la Solidarité sociale et le Directeur de l'état
civil sur des scénarios de faisabilité du fichier d'immatriculation et
une analyse rigoureuse de ses coûts. Parlant du Directeur de l'état civil, ce
dernier possède une expertise en la tenue de
registres, et ses infrastructures seront mises à contribution dans la
réalisation de ce projet. Ainsi, la solution
proposée s'inscrit dans la Stratégie gouvernementale en technologies de
l'information qui vise notamment le partage et la réutilisation des
outils développés dans le secteur public afin d'en réduire les coûts.
Par ailleurs,
des travaux se sont poursuivis cette année afin d'accroître la sécurité globale
des établissements de détention
québécois, et plusieurs nouvelles mesures ont été mises de l'avant, notamment
la création d'une direction du renseignement,
la mise en oeuvre d'un nouveau processus de gestion centralisée des cas à
risque d'évasion, l'implantation d'un
nouvel outil de classement des personnes incarcérées, la sécurisation des cours
prioritaires par l'installation de toits grillagés, le renforcement du partenariat entre la Sûreté du Québec et
les Services correctionnels, et la réalisation d'un projet pilote sur la fouille systématique des
membres du personnel et les visiteurs. Ce projet a d'ailleurs connu un succès
et sera étendu graduellement à l'ensemble des établissements. Je me dois
également de souligner l'ouverture d'un nouvel établissement de détention
à Roberval à l'automne 2015, et, qui plus est, l'année 2016-2017 sera
aussi marquée par l'ouverture de trois nouveaux établissements de détention,
soit Sept-Îles, Sorel et Amos.
Il s'agit là, M. le Président, d'un survol
rapide de quelques-unes des réalisations du ministère de la Sécurité publique au cours des derniers mois. Vous me
donnez encore quelques minutes. Je pensais que j'étais en train d'écouler
mon temps. Alors, je vais...
Le Président (M. Ouellette) : Deux
minutes, M. le ministre.
M. Coiteux :
Deux bonnes minutes?
Le Président (M. Ouellette) : Oui.
M.
Coiteux : Alors, écoutez, parce que je parlais de l'ouverture des
nouveaux centres, alors ça me permet de donner quand même quelques
éléments supplémentaires. Vous savez, les nouveaux établissements dont je viens
de parler permettront l'ajout de
337 nouvelles places dans le réseau correctionnel, ce qui, bien sûr, va
contribuer à diminuer les problèmes
de surpopulation carcérale. Ces constructions permettront aussi l'amélioration
de la sécurité, autant pour les employés
que pour les personnes incarcérées, tout en consolidant les actifs
gouvernementaux en matière carcérale, car, on le sait, les anciens
établissements avaient, à toutes fins pratiques, atteint leur fin de vie utile.
Ces investissements s'ajoutent à ceux
effectués par le gouvernement pour le nouvel établissement de détention de
Roberval et l'occupation de
l'Établissement de détention Leclerc de Laval. Ceux-ci permettent donc d'offrir
des services correctionnels mieux adaptés pour répondre aux besoins actuels. Et j'imagine qu'on aura l'occasion de
discuter de ces questions lors de l'étude des crédits.
Alors, je
reviens à cette conclusion pour vous dire qu'il ne s'agit que d'un survol
rapide de quelques-unes des réalisations du ministère de la Sécurité
publique qui ont été effectuées au cours des derniers mois. Mais maintenant, M. le Président, il va me faire plaisir évidemment
de répondre aux questions des collègues pour cet important exercice de reddition de comptes qu'est l'étude des
crédits, et je salue d'ailleurs, d'entrée de jeu, l'importance de leur
contribution, et j'espère que nos
échanges se feront à l'enseigne du respect et dans le souci de mieux informer
nos concitoyens. Merci.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le ministre. Puisqu'il nous reste 30 secondes, j'en profiterais
pour vous demander, pour le bénéfice des multiples personnes qui nous
écoutent ce soir, de nous présenter les gens qui vous accompagnent, avec vous,
là, à votre table.
M. Coiteux : Bien, à la table, ici,
j'ai avec moi M. Denis Marsolais, sous-ministre au ministère de la
Sécurité publique, j'ai ici avec moi
Isabelle Migneault, qui est ma directrice de cabinet, et j'ai aussi avec moi
Alexandre, qui est attaché politique au ministère de la Sécurité
publique.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le ministre. J'ai fait un oubli quand j'ai présenté tous les
collègues tantôt, je veux reconnaître M. le député d'Argenteuil, et M. le député de Marguerite-Bourgeoys, qui se joindra à nous pour les crédits de demain, et M. le député de Mercier, qui sera un auditeur très attentif à nos crédits
ce soir. Je reconnais maintenant
M. le député de Beauce-Nord pour ses remarques préliminaires.
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci,
M. le Président. Alors, à mon tour de
souhaiter la bienvenue à tous ceux qui nous accompagnent, évidemment
M. le ministre, premièrement vous, M. le sous-ministre, Mme la chef de
cabinet ainsi que toutes les
personnes présentes. Je crois comprendre que la Sûreté du Québec est ici,
l'UPAC est ici, la Régie des alcools,
des courses et des jeux, Commission
québécoise des libérations conditionnelles, Bureau du Coroner, Commissaire à la déontologie policière,
École nationale de police du Québec sont tous présents, je crois.
Évidemment,
avec le peu de temps qu'on a, c'est ce que j'ai comme information, avec le peu de temps qu'on a, on
ne pourra pas adresser des questions à tout
le monde. Alors, on va s'en tenir à
notre plan de match et les questions qui nous tenaient à coeur.
Alors, sans
plus de préambule, M. le Président, mes préliminaires sont finis, en espérant avoir
des échanges positifs avec le ministre. Merci.
Le
Président (M. Ouellette) : M. le ministre, suite aux commentaires de M.
le député de Beauce-Nord, j'ai compris que certains
organismes ne seraient ici que pour la deuxième partie des crédits, demain, et
que, quand on a parlé du Bureau du coroner, de la régie des...
M.
Coiteux : Oui. Alors,
j'aimerais préciser à cet effet que
nous avons avec nous ce soir la Sûreté du Québec, l'UPAC, le Bureau des
enquêtes indépendantes. Et d'ailleurs je salue la présence de M. Martin
Prud'homme, qui est directeur de la Sûreté
du Québec, M. Lafrenière, directeur de l'UPAC, et Mme Giauque, je crois, elle
est ici également ce soir, qui dirige le Bureau des enquêtes
indépendantes. Les autres organismes seront là demain.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci. Ça répond à votre questionnement, M. le député de Beauce-Nord, pour le
temps de questions que vous aurez, pour la période de questions que vous aurez
ce soir.
Discussion générale
Donc, sans
plus tarder, je reconnais M. le député de Matane-Matapédia et porte-parole
officiel en matière de sécurité publique.
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. Je veux saluer le ministre. J'espère qu'il est heureux dans ses
nouvelles fonctions, que c'est le défi qu'il
souhaitait. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, qu'on avait demandé
un changement de titulaire au poste dès
juin 2014. Je veux saluer son entourage, saluer son équipe, saluer les
députés du Parti libéral du Québec, de la Coalition avenir Québec, de Québec
solidaire.
M. le
Président, j'aimerais obtenir l'assentiment du ministre pour poser ma première
question au commissaire de l'unité anticorruption.
M. Coiteux :
Il a mon assentiment, effectivement... pour qu'il puisse s'avancer pour pouvoir...
Le Président (M.
Ouellette) : M. Lafrenière, si vous voulez vous avancer. On va laisser
M. le député de Matane-Matapédia poser sa
question. Et, M. le ministre, vous allez avoir quelques questions. Et, avec la
permission du ministre pour répondre,
M. Lafrenière, vous vous identifierez et répondrez aux questions de M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Je veux d'abord souhaiter
au commissaire de l'UPAC renouvelé un bon mandat et lui souhaiter d'avoir les moyens et l'indépendance nécessaires de
mener à terme ses enquêtes. Et je suis convaincu que vous partagez ces
souhaits, M. le Président.
Et,
d'entrée de jeu, quant aux opérations de l'UPAC, j'aimerais poser la question à
M. Lafrenière, combien il y a d'enquêtes en cours, présentement, à
l'UPAC?
M. Lafrenière (Robert) : On a 30 enquêtes actives, des enquêtes
criminelles en cours, actuellement, et 16 enquêtes pénales.
M.
Bérubé :
16 enquêtes pénales.
M. Lafrenière (Robert) : Exact. Enquêtes pénales qui peuvent être de Revenu Québec, qui peuvent être de la loi sur
les contrats publics au niveau des faux, la loi de la corruption au niveau
des représailles. Alors, c'est le type d'enquêtes pénales qu'on a.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Alors, du nombre, combien touchent le financement des partis politiques?
Le Président (M.
Ouellette) : M. Lafrenière.
M. Lafrenière
(Robert) : Je n'ai pas cette statistique-là. Je ne garde pas de
statistiques là-dessus.
M.
Bérubé :
Vous n'avez aucune statistique là-dessus?
M. Lafrenière
(Robert) : Sur le financement politique, non.
Le Président (M.
Ouellette) : Bon... Oups!
M.
Bérubé :
Je m'adresse à vous, M. le Président.
Le Président (M. Ouellette) : Oui, mais... Non, mais c'est parce qu'on va aller
dans l'ordre aussi, pour les besoins de l'audio. Vous parlez au
président. Merci. Et je vous donne le droit de parole. M. le député de
Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le Président, sur 30 enquêtes, un ordre de
grandeur sur 30, il m'apparaît que c'est relativement simple de
déterminer si c'est plus un, 10 ou cinq.
• (20 h 50) •
M. Lafrenière (Robert) : Je refuse de répondre à cette question-là. Je
n'ai pas la réponse. Ce que je peux vous dire, c'est que c'est à peu près deux pour un au niveau des enquêtes de
niveau municipal ou provincial. Maintenant, bon, c'est toutes sortes d'enquêtes, on a vu dans le passé, où on a arrêté
des facilitateurs, on a arrêté des fonctionnaires,
des D.G. de ville, etc. Alors, il
faut s'en tenir à ça. Moi, je ne tiens pas de statistiques sur le financement politique
ou sur... quelconque façon.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le Président, je suis étonné, mais je prends la parole du commissaire. Si je suggère
un certain nombre de noms : Justesse, Mâchurer, Hexagone et
Modestie, est-ce que ça évoque quelque chose au commissaire?
Le Président (M.
Ouellette) : M. Lafrenière.
M. Lafrenière (Robert) : Je ne peux confirmer ni infirmer le contenu de
nos enquêtes. Alors, je préfère ne pas répondre à ces questions-là.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : J'en
prends note. M. le Président, j'aimerais aborder la question de l'indépendance de la police face au gouvernement du Québec et revenir sur une question que j'ai déjà posée
l'automne dernier, mais je profite de la présence du ministre. Le commissaire à l'UPAC, on le souhaite le plus
indépendant possible. Ce n'est pas sans raison qu'on a proposé que sa nomination se fasse aux deux tiers des députés de
l'Assemblée nationale. C'est une proposition qu'on a faite en
novembre dernier, qui n'a pas été retenue
par le gouvernement du Québec pour des raisons qui nous échappent toujours.
Il nous apparaît que, pour de grandes institutions, la direction générale des élections, le Vérificateur général, le Protecteur du citoyen,
on a des institutions qui ont une totale indépendance, on aurait aimé que la lutte à la corruption en fasse partie.
Alors, aujourd'hui, le commissaire se retrouve juste à côté du ministre.
Mais ce n'est pas la première fois, parce
que,
le 23 septembre 2015, le ministre et le commissaire à l'UPAC ont fait une conférence de presse ensemble. Il m'apparaissait
pourtant que le commissaire avait déjà indiqué qu'on ne le verrait jamais
aux côtés d'un politicien. C'est arrivé également avec le député de Marguerite-Bourgeoys,
qui était ministre des Transports, M. le Président.
Alors, ma
question toute simple : J'aimerais savoir qui a eu cette idée, est-ce que
c'est le ministre qui vous a sollicité pour participer à
cette conférence de presse?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Parce qu'il y a plusieurs éléments dans les questions qui sont soulevées
par le député de Matane. Donc,
je vais prendre le premier aspect, puisqu'il parle du processus de nomination. Je pense que le
député n'est pas sans savoir qu'il y a eu une commission qui s'appelle
la commission Charbonneau — je pense qu'il n'est pas sans savoir ça, je pense qu'il n'y a personne au Québec qui n'est pas
sans savoir cela — et qu'il
y a 60 recommandations qui nous ont été présentées, 60 recommandations auxquelles le gouvernement a dit qu'il
allait donner une réponse à chacune d'entre elles. Et d'ailleurs il y a eu une
motion, qui a été votée à l'Assemblée nationale à l'unanimité, qu'il fallait
effectivement qu'on donne une réponse à l'ensemble de ces
60 recommandations. Il y en a une... pardonnez-moi de ne pas me rappeler
du numéro exact, mais il y en a une qui
touche précisément le processus de nomination à l'UPAC et qui dit qu'on doit
suivre le modèle du DPCP, mais qui
nous interroge aussi sur la question
de la durée du mandat et de la possibilité de renouveler ou non le mandat. Alors,
c'est dans cet esprit-là que s'inscrit notre réflexion.
Et c'est tout à fait légitime, là, de questionner : Est-ce que la durée de cinq
ans est la bonne durée? Est-ce que ça devrait
être sept ans, comme on nous le recommande? Est-ce que ça devrait être non
renouvelable? Moi, je pense que c'est une
idée qui a du sens. On va y réfléchir. Mais aujourd'hui on n'est pas là, aujourd'hui
on applique le processus de nomination tel que prévu dans la loi.
Le
Président (M. Ouellette) :
Et, pour le complément du questionnement de M. le député de Matane-Matapédia...
M.
Bérubé : Qui a sollicité
qui?
Le Président (M. Ouellette) : ...M.
Lafrenière.
M.
Lafrenière (Robert) : Alors,
comme je vous avais mentionné en novembre, quand on s'est rencontrés lors
de la séance de la Commission des institutions, le ministre... le ministère du Conseil
du trésor m'avait demandé de faire
un rapport, une étude sur toute la
problématique des technologies de
l'information, alors c'est ce qu'on a
fait. Je pense qu'on avait eu le
mandat en mars. Et ça fait partie de la loi sur la lutte à la corruption de
faire des recommandations au gouvernement. Alors, ce qu'on a fait, on a fait une étude
sérieuse, on a déposé le... On avait jusqu'au 30 juin. On a déposé au ministère
ce rapport-là avec les 13 recommandations. À partir de là, c'est le ministre
qui a le dossier en main, qui a le rapport
en main et qui en fait ce qui est bon pour lui, ce qui est bon pour la suite
des choses. Et, en septembre, j'ai été sollicité pour aller faire la présentation des recommandations, et le ministre
en a profité pour remettre l'avancement des travaux suite à ces recommandations-là.
Le Président (M. Ouellette) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Donc, M.
le Président, je comprends que le ministre a sollicité le commissaire à l'UPAC
pour participer à une conférence de presse conjointe. Il m'apparaît que... — mon opinion bien personnelle, mais je pense
qu'elle est partagée — pour un rapport de cette envergure, et
considérant l'intérêt que les médias et la population portent à vos travaux, je suis convaincu qu'il y aurait eu quand
même présence de médias et de beaucoup d'attention à vos travaux même sans le ministre, et il m'apparaît que c'est
imprudent. Et ça a été fait deux fois. J'imagine — on s'en est parlé l'automne
dernier — que
ça ne se reproduira plus.
Mais ce n'est pas pour rien qu'on compte sur
vous, M. le commissaire — je
passe par vous. La commission Charbonneau — elle a été évoquée — nous a laissés avec un sentiment de travail
inachevé, qu'il y a une impunité, et notre ultime recours pour obtenir la vérité, c'est le commissaire à l'UPAC et son équipe. Alors, les parlementaires de l'opposition officielle
et la population nourrissent beaucoup d'espoirs dans votre
travail, que vous allez avoir les moyens et l'indépendance nécessaires pour mener à terme vos enquêtes. Vous en avez identifié une trentaine,
dont certaines, vous l'avez indiqué, portent sur le financement des partis
politiques.
Alors, je
comprends que le ministre a décidé de solliciter le commissaire à l'UPAC. Je
veux faire remarquer au ministre, puis j'espère qu'il pourra me répondre là-dessus...
J'espère que le ministre réalise que, lorsqu'on pose des questions
sur l'indépendance du commissaire à l'UPAC,
ce n'est pas sans raison, parce que l'homme qui est à sa droite enquête potentiellement sur sa propre formation politique. Alors,
c'est assez inusité de se retrouver dans une situation comme celle-là, où... On est dans une situation
où on devrait tous pouvoir questionner de façon indépendante le commissaire à
l'UPAC, mais là... Bien sûr, j'ai obtenu l'assentiment du ministre pour poser
des questions, mais c'est assez inusité.
Le Président (M.
Ouellette) : Mais là vous allez avoir...
M. Lafrenière
(Robert) : ...
Le Président (M.
Ouellette) : Excusez, M. Lafrenière! Excusez, M. Lafrenière! M. le
ministre.
M.
Coiteux : Bien, parce que,
bien franchement, M. le Président, je trouve que le député de Matane-Matapédia fait de drôles de raccourcis, et, franchement, ça devient une grande
exagération. Que le président du
Conseil du trésor, en vertu
d'ailleurs de la loi qui forme l'UPAC, demande des recommandations à l'UPAC...
On essaie de voir comment on peut
améliorer notre gestion des contrats informatiques. On demande des
recommandations — je suis
président du Conseil du trésor à
l'époque, là, je ne suis pas ministre de la Sécurité publique — et on reçoit ce rapport, qu'on a demandé,
hein? Par ailleurs, ce n'est pas une enquête que l'UPAC décide de faire
sur les contrats informatiques, on demande des recommandations pour améliorer nos processus de gestion. C'était mon
rôle comme président du Conseil du trésor que de demander une telle chose. D'ailleurs, l'UPAC travaille aussi avec le
CSPQ pour améliorer les pratiques de façon générale. Donc, ça fait partie de leur rôle. Alors, il était
tout à fait normal que les médias aient accès à la fois au rapport puis à ce
que le gouvernement entendait faire.
Alors, ce n'est pas
parce que M. Lafrenière, qui est directeur de l'UPAC, est ici présent pour
répondre aux questions ce soir, et il est à
côté de moi, que ça remet en question son indépendance. Son indépendance, elle
est totale.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le Président, nous maintenons que ce n'était pas
approprié et que le ministre n'avait pas besoin de la présence du commissaire
à l'UPAC pour que lui-même puisse rendre public... D'ailleurs, il a un site
Internet où régulièrement il y a des communiqués, il y a des précisions qui sont
là. Je ne pense pas qu'il avait besoin d'être présent en même temps que le ministre. Et je comprends qu'il a voulu rendre public le
travail dont il est fier, manifestement, mais il m'apparaît que ce
n'était pas la chose à faire. Et je réitère que l'homme qui est à sa droite
enquête potentiellement sur sa propre formation politique. Alors, moi, je n'ai jamais
eu l'occasion de discuter en privé avec le commissaire à l'UPAC, mais, manifestement, le ministre
a pu rencontrer le commissaire pour préparer cette rencontre-là. Ils ne se sont
pas rencontrés assis à côté de la table.
Donc, cette indépendance-là, puis les enquêteurs, les policiers vous le diront,
il y a aussi l'apparence, et,
dans ce cas-là, nous, on le déplore.
Maintenant,
j'aimerais poursuivre sur un autre enjeu. À plusieurs reprises, le
commissaire à l'UPAC a parlé de l'indépendance nécessaire et des moyens
qu'il souhaitait avoir pour être indépendant de la Sûreté du Québec. Il l'a évoqué à plusieurs reprises, alors il m'apparaît que c'est le bon
moment pour savoir quel est l'état d'avancement des travaux, que le
commissaire puisse nous dire pourquoi il veut être totalement indépendant de la
Sûreté du Québec. Puis je suis convaincu que
ça va intéresser ses collègues qui sont là, les parlementaires, le ministre.
On en est où? Est-ce que ça va se faire?
Est-ce que le commissaire a fait une demande au ministre?
Et pourquoi on a besoin d'un corps de police distinct pour l'UPAC?
Le Président (M.
Ouellette) : M. le ministre.
M.
Coiteux : Bien, avant de
poser la question, il y a le raccourci qui... puis je veux que nos échanges
soient tout à fait
respectueux, mais le raccourci frôlait un peu la démagogie, honnêtement, je crois. Il est dans le mandat de l'UPAC de pouvoir formuler des recommandations au gouvernement sur demande du gouvernement, et auquel cas il y avait
une demande de recommandations pour améliorer les processus de gestion des contrats informatiques. Alors,
d'insinuer que ça remet en question
l'indépendance du commissaire, franchement, c'est un raccourci, et je le
répète, respectueusement pour le député de Matapédia qui veut faire des
effets de style là-dessus, qui est démagogique, franchement.
M.
Bérubé :
M. le Président? Question de règlement.
Le Président (M. Ouellette) : Non, M.
le ministre, vous ne pouvez pas prêter des intentions à M. le député de
Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
...
Le Président (M.
Ouellette) : Bien... Bon, donc je l'ai mentionné.
M. Coiteux :
Alors, si c'est perçu comme étant de prêter des intentions, je retire mes
propos.
Le Président (M. Ouellette) : Non, je vous dis, M. le ministre, de ne pas
prêter d'intentions à M. le député de Matane-Matapédia et d'être prudent
dans le choix de vos mots pour la réponse.
Et, pour la seconde question de M. le député de
Matane-Matapédia, relativement à un projet de loi ou à une...
M.
Coiteux : Ah! il y a très certainement, M. le Président, des travaux
en cours sur cette question-là. Les travaux sont en cours. On n'est pas
au stade de pouvoir déposer un éventuel projet de loi, mais les travaux sont en
cours.
• (21 heures) •
M.
Bérubé : M. le
Président, question de règlement. Ma question s'adresse au commissaire de
l'UPAC.
Le Président (M. Ouellette) : Mais
c'est la prérogative du ministre de répondre aux questions et, pour une
complémentarité, c'est aussi la prérogative du ministre de...
M.
Bérubé : C'est
noté.
Le Président
(M. Ouellette) : ...d'avoir
une réponse du commissaire à l'UPAC. M.
le ministre, si vous voulez
continuer.
M.
Coiteux : Alors, je poursuis
là-dessus. Il y a effectivement des travaux en cours sur cette question précise
du député. Par contre,
les travaux ne sont pas encore suffisamment avancés pour que je sois en mesure
de proposer à l'Assemblée nationale un projet de loi, mais les travaux
sont en cours.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le
Président, je repose ma question.
J'aimerais que le ministre permette au commissaire de l'UPAC de nous
expliquer pourquoi lui le demande, puis la revue de presse est abondante,
d'être un corps de police distinct et d'avoir davantage de pouvoirs sur
les enquêtes. Quelle information lui manque? Qu'est-ce qu'on peut changer pour
l'aider? Qu'est-ce qui est contraignant dans, je dirais, le lien qui l'unit à
la Sûreté du Québec?
Le Président (M. Ouellette) : M.
Lafrenière.
M.
Lafrenière (Robert) : En fait,
c'est une question opérationnelle, purement opérationnelle et non pas administrative, parce que ça va très bien au
niveau administratif avec la Sûreté du Québec et les autres corps policiers
qui sont présents à l'UPAC. Maintenant,
quand je veux avoir accès aux banques de données policières, ça ne m'est pas
permis, n'étant pas un corps policier, et
tout l'aspect d'échange de renseignements, quand tu n'es pas un corps policier,
c'est la Loi d'accès qui prime et c'est vraiment, vraiment, pour nous, un problème.
Il y a toute la question de la direction des
enquêtes. Là, je coordonne l'UPAC et les équipes désignées par le gouvernement, dont la Sûreté du Québec, une
soixantaine d'enquêteurs de la Sûreté du Québec, 11 de la police de Montréal,
il y en a de Longueuil, il y en a de
Châteauguay, etc., bien, ces gens-là, je coordonne, je ne dirige pas. Alors, il
y a une coordination qui se fait, ce
qui est un peu anormal dans le milieu policier, parce qu'on sait que c'est des
structures paramilitaires.
L'autre point,
c'est qu'avec les autres corps policiers étrangers — et j'étais hier à un colloque
pancanadien — les
gens veulent te donner de l'information,
mais ils disent : Nous autres, on va la donner à la Sûreté, on ne peut pas
te la donner à toi parce que tu n'es
pas un corps policier. Alors, c'était surtout ça. Et, quand on parle de
l'international, c'est exactement la même chose, on ne peut pas échanger
du renseignement, donc c'est problématique.
Les choses seraient beaucoup plus claires au
niveau autonomie si les policiers étaient prêtés, dans un premier temps, au commissaire et que le commissaire,
l'entité, et non pas le commissaire comme tel, l'entité, à ce moment-là,
devient autonome complètement.
Complètement, c'est faux, parce que j'ai toujours soutenu que le soutien devait
venir de la Sûreté du Québec. Je ne pense pas que ça serait de bien dépenser
l'argent des citoyens de commencer à faire des équipes de filature sans aucune expérience, de faire de
l'écoute électronique, et tout ça, alors que j'aime mieux payer en
sous-contraction à la Sûreté du Québec ce type de soutien là.
Alors, c'est
les raisons qui sont invoquées, c'est surtout une question d'accès aux banques
de données. Quand on parle du Système automatisé de renseignements
criminels, ce qu'on appelle le SARC, où tous les corps policiers versent de
l'information, les dossiers, les projets sont gérés dans cette banque-là, le
Commissaire à la lutte contre la corruption n'y a pas accès, ce qui n'est pas
normal.
Le
Président (M. Ouellette) :
M. le député de Matane-Matapédia, en vous rappelant qu'il vous reste sept
minutes.
M.
Bérubé :
Bien sûr. Si on me permet toujours de poser une question, est-ce qu'il y a un
projet qui est prêt, qui a été déposé au ministre à cet égard?
M.
Lafrenière (Robert) : Moi,
j'ai été consulté depuis un certain temps sur différents aspects d'un projet de
loi et j'ai donné mon opinion là-dessus, et ça reflète ce que je viens
de vous dire.
Le
Président (M. Ouellette) : Je
rappelle à M. le député de Matane-Matapédia que c'est son collègue de Verchères...
M.
Bérubé : Mais ça,
ce n'est pas à vous de faire ça, M. le Président.
Le Président (M. Ouellette) : ...et
la présidence qui a fait le projet de loi de l'unité anticorruption.
M.
Bérubé : Tout à fait. Alors, je sais que vous pouvez nous
informer sur plein de sujets, M. le Président, je n'en doute pas, je
connais votre intérêt pour le dossier.
On a évoqué récemment la question d'informations
sensibles qui se sont retrouvées dans certains médias, ma collègue de Joliette l'a évoqué hier. Alors,
est-ce que ça préoccupe l'UPAC? Est-ce que vous avez pris des mesures pour
s'assurer que les informations sensibles demeurent là où elles doivent être?
Et, si oui, vous en êtes où, là-dessus?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M. Coiteux : La question lui étant
adressée, je vais peut-être ajouter un complément par la suite, au besoin.
Le Président (M. Ouellette) : O.K.
M. Lafrenière.
M. Lafrenière (Robert) : Est-ce que
vous pouvez préciser de quel épisode vous parlez, parce qu'il y en a eu
quelques-uns?
M.
Bérubé :
TVA 18 heures, hier, Coalition avenir Québec a commenté un certain nombre
d'informations. Alors, je suis convaincu que ça s'est rendu à vos
oreilles.
Le Président (M. Ouellette) : M.
Lafrenière.
M.
Lafrenière (Robert) : Alors,
dans ce dossier-là, le 26 février 2014, on a demandé à un juge de
paix un mandat de perquisition pour
le lendemain matin. Et puis, le 27 février, nous avons exécuté ce mandat
de perquisition là. Quand on demande
un mandat de perquisition, on a une feuille annexée, qui sont tous les motifs
pour obtenir ce mandat-là. Et on a procédé à la perquisition. Quand la
perquisition est faite, on a 10 jours pour rapporter au juge de paix le fruit
de notre perquisition. Alors, c'est ce qui a été fait en date du 10 mars.
Le
10 mars, on a retourné les formulaires spécifiant ce qu'on avait saisi sur
les lieux. Et, le 1er avril, il
y a eu une première demande des médias, à savoir Sun Média et
Radio-Canada, pour avoir accès à ces informations-là, je
répète, les informations qui avaient été données au juge de paix suite à
notre perquisition, ce qui a été refusé. Et on nous a demandé de caviarder ce qui ne devait pas être vu pour ne pas nuire à notre
enquête en cours à ce moment-là, c'est ce qu'on a fait. Il y a eu trois autres rencontres en présence du juge,
soit le 1er avril, le 30 avril et le 19 juin, avant d'en venir à une entente, le 24 juillet, où les médias
ont pu avoir une certaine portion des documents qu'on a vus hier, justement ce que vous avez parlé. Le juge a permis que ces
documents-là, caviardés fortement, soient disponibles pour les deux médias
demandants — et
il a rescellé par la suite ce que nous, on appelle le paquet, là, le paquet
scellé, il a rescellé les informations — et c'est ces documents-là
qu'on a vus hier dans les médias.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci. Donc, ça vous préoccupe. Vous avez pris
des mesures à l'interne pour retrouver l'origine de ces fuites? Parce
qu'il y a peu de gens qui ont accès à ça, là.
Le Président (M. Ouellette) : M.
Lafrenière.
M.
Lafrenière (Robert) : Je
viens juste de vous faire la trame, là, ce n'est pas des mesures qu'on a
prises. On a cherché qu'est-ce que c'était et on a tout trouvé les dates
que je vous donne là, et tout ça, et c'était public, là.
Le Président (M. Ouellette) : Donc,
le...
M.
Bérubé : O.K. Donc,
ce n'était pas une grande...
Le
Président (M. Ouellette) :
Excusez! Non, M. le député de Matane-Matapédia.
Donc, c'était dans l'espace public
suite à une demande des deux médias, le mandat caviardé. M. le ministre, vous
aviez un commentaire additionnel?
M.
Coiteux : J'aimerais ajouter que bien entendu que ma préoccupation,
puis comme par ailleurs la préoccupation de la ministre de la Justice puis de l'ensemble du gouvernement dans des
cas comme ceux-là, c'est celui de l'étanchéité du processus qui va des enquêtes jusqu'à d'éventuels procès. Il faut
s'assurer de l'intégrité de tout ça. Alors, lorsque des documents se
retrouvent dans l'espace public de manière tout à fait légitime et autorisée
par les autorités judiciaires, il n'y a pas
d'enjeu. S'il devait y avoir des fuites qui ne correspondent pas à ce qui est
permis, évidemment, bien, il faut que les responsables fassent les
vérifications qui s'imposent.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
M. le Président, je veux quand même terminer sur une bonne note. Les
parlementaires ont tous salué le
travail du commissaire à l'UPAC depuis 2011 — d'ailleurs, le gouvernement l'a reconnu, il
a renouvelé le commissaire à l'UPAC — notamment l'aboutissement des
opérations Lierre et Joug. Ça a quand même pris du temps, puis je suis convaincu que l'UPAC
avait fait le travail qu'elle avait à faire. J'aimerais que, si c'est encore
possible, le commissaire à l'UPAC
puisse identifier s'il trouve ça long parfois, le travail du DPCP. Parce que
lui peut bien faire son travail, mais, si le DPCP tarde à porter des
accusations, ça crée des frustrations, manifestement, dans son équipe. Alors,
dans ces deux cas-là, il me semble qu'on a attendu au moins un an. Est-ce que
la bonne entente est là avec le DPCP?
Le Président (M. Ouellette) : Un instant, M. Lafrenière. M. le ministre, vous
avez un commentaire là-dessus?
M.
Coiteux : Bien, moi, je suis convaincu que, puis je viens de le dire,
la préoccupation d'un gouvernement, de tout
gouvernement dans une société démocratique, c'est de s'assurer que l'ensemble
du processus soit totalement intègre. Si on avait quelques doutes à cet
égard, vous pouvez bien penser qu'on pose des questions. Et, dans le cas précis
des documents qui se retrouvent dans
l'espace public, j'ai demandé à ce que des vérifications soient faites pour
s'assurer qu'ils étaient légitimement
dans l'espace public, et ça, c'est notre rôle, là, comme gardiens, là, de la
démocratie et de l'intégrité des institutions.
Le Président (M. Ouellette) : Et je nous rappelle, dans Joug et Lierre, qu'en
vertu de l'article 35.3° on doit être prudents.
M.
Bérubé :
M. le Président, ma question portait sur le DPCP...
Le Président (M. Ouellette) : Oui, mais vous avez aussi indirectement mentionné
le nom de deux opérations, donc...
M.
Bérubé :
Qui sont publiques.
Le Président (M.
Ouellette) : ...je vous recommande, M. Lafrenière, une certaine
prudence.
M.
Bérubé : Bien, M. le Président, je veux corriger quelque
chose, si vous le permettez : on n'est pas sur le contenu, les opérations ont été évoquées publiquement dans
un point de presse de l'UPAC. Alors, ma question, c'est sur le DPCP.
Le Président (M.
Ouellette) : Je ne présume pas de la réponse de M. le directeur de
l'UPAC...
M.
Bérubé :
Mais là on va manquer de temps pour l'avoir, par exemple.
Le Président (M. Ouellette) : Non, c'est sur mon temps, M. le député de
Matane-Matapédia. Je ne présume pas
de la réponse de M. le directeur de l'UPAC.
Je rappelle tout simplement aux parlementaires la règle de prudence qui nous guide en
ces questions et réponses. M. Lafrenière.
• (21 h 10) •
M. Lafrenière (Robert) : Moi, je peux vous dire que ça va très bien avec
le DPCP. On avait quand même une certaine
crainte, vous vous souvenez, quand la structure a été refaite par Me Murphy. Là
je profite de 50 à 60 procureurs qui sont dédiés au crime organisé,
qui sont dédiés aux crimes spéciaux, et quotidiennement on est en contact avec
ces procureurs-là, et on a un service impeccable.
Mais
c'est certain, comme j'avais déjà expliqué, que ça se cogne des fois : la
police trouve que ça ne va pas assez vite, les procureurs trouvent
souvent qu'ils n'ont pas assez de preuves, et, ça, c'est tout à fait normal.
Quand j'étais policier il y a
30 ans, c'était comme ça, et il
faut que ça soit comme ça, il faut
que les deux, dans l'équilibre, s'affrontent et fassent du travail pour arriver à des objectifs communs. Quand on
fait un ratissage un matin x, bien, à
ce moment-là, il faut que ça soit unanime entre les deux organisations
qu'on est rendus là et qu'il faut agir.
Alors, moi, je suis
très satisfait du service. Et je reviens au colloque où j'étais hier, où les
gens nous envient, à travers le Canada, d'avoir une équipe de procureurs dédiés
au Québec qui s'occupe de la corruption.
Le Président (M.
Ouellette) : Je vous rappelle, vous êtes encore agent de la paix, à ce
que je sache.
M. Lafrenière
(Robert) : Effectivement.
Le Président (M.
Ouellette) : Merci. M. le député de Matane-Matapédia,
20 secondes.
M.
Bérubé :
20 secondes. Je réitère le souhait que l'UPAC puisse faire son travail
avec tous les moyens d'indépendance nécessaires. C'est notre ultime recours
pour obtenir la vérité. Nous comptons beaucoup sur lui.
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
M. le député de Matane-Matapédia. Nous allons maintenant du côté... Je reconnais mon collègue le député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. M. le
ministre, sous-ministre, je veux saluer tout votre monde de votre cabinet ainsi que tous les gens du ministère,
les gens de la direction de la Sûreté
du Québec, de l'APPQ, de l'École nationale,
l'UPAC, les enquêtes indépendantes, j'espère
que je n'oublie pas personne, mes collègues de l'opposition
officielle et de la deuxième,
et mes collègues du gouvernement.
On est bien aux crédits, hein, M. le Président?
Parce que, tantôt, il semblait qu'on...
Le
Président (M. Ouellette) :
Vous êtes à la Commission des
institutions, M. le député de Vimont, je veux juste vous le rappeler.
M.
Rousselle : Non, mais
on était vraiment aux crédits. Parce que, tout à l'heure, je me sentais moins dans les crédits,
mais juste comme ça. Je vais vous parler, M. le ministre, qu'est-ce qui m'intéresse, c'est concernant les
Services correctionnels du Québec en
matière de sécurité. On sait qu'il y a eu des évasions, on en a eu une première
en mars 2013 à l'établissement de Saint-Jérôme, au moment que le
ministre en titre, c'était le député de Verchères, et puis, à la suite, après ça, il y en a eu un autre, toujours à l'établissement
de détention de Québec, le 7 janvier 2014, et, à ce moment-là,
c'était la ministre de la Sécurité publique
qui était en poste, qui est la vice-première ministre, qui a ordonné aussi
qu'une enquête administrative soit
réalisée relativement aux pratiques sécuritaires en vigueur à la Directiongénérale
des services correctionnels.
Le
30 octobre 2014, Me Michel Bouchard déposait un rapport, un rapport
que j'ai ici, là, qui est assez volumineux, et c'est un rapport d'enquête administrative duquel émanaient six
recommandations. Celles-ci donnaient lieu à une démarche de
renouvellement, parce que je pense que ça évolue aussi au niveau services
correctionnels, donc visant... utilement d'augmentations
en sécurité globale dans les établissements de sécurité du réseau. Rappelons
que, pour être efficaces, ces
mesures, comme il le mentionne dans son rapport... Parce que, je ne sais pas,
je ne vous lirai pas le rapport, là, mais il parle justement que les mesures, ces six mesures-là... il demande
justement que ces mesures-là fonctionnent ensemble. Donc, pour que ça
soit fonctionnel, il faut que ces six recommandations soient utilisées.
On sait aussi
qu'il faut s'actualiser parce que, là, maintenant, il y a l'effet des drones
qui... on en entend parler souvent, en
plus des hélicoptères. Puis, quand tu es à l'intérieur, bien, tu te cherches
toujours des manières pour obtenir soit de la drogue ou autre chose.
Donc, je sais
que, dans les actions proposées, c'était la création d'une nouvelle direction
de renseignement. Donc, je ne sais
pas où vous en êtes rendus là-dessus. Aussi, une implantation d'un nouvel outil
de classement des personnes incarcérées.
Parce que je pense qu'à un moment donné il y avait un problème là-dessus. Les
gens n'étaient peut-être pas classifiés
correctement à l'intérieur des murs. L'implantation aussi d'une fouille
systématique des membres du personnel et
des visiteurs. Je pense, avant, c'était peut-être aléatoire, mais là je pense
qu'ils ont changé ça, c'est systématique. Puis aussi l'acquisition de nouveaux types de véhicules cellulaires, parce
qu'à un moment donné je pense qu'il y en avait certains qui étaient
rendus désuets.
Donc, je
voudrais vous entendre où on est rendus avec le rapport Bouchard, où on est
rendus avec nos actions qu'on va poser, justement, pour régler ou
améliorer, justement, la sécurité de détention.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Bon, d'abord, je pense que c'est important de réitérer que
la sécurité globale, là, des établissements de détention, c'est un sujet
de préoccupation constant, une priorité pour le gouvernement, puis on cherche toujours les meilleurs moyens d'atteindre des
résultats.
Dans le sillage des recommandations de Me Michel
Bouchard, mais aussi dans le sillage des travaux qui se faisaient en même temps, là, en parallèle, puis de façon convergente
dans certains cas, il y a des choses qui ont été faites depuis, là, qui... ça vaut la peine de les
mentionner. D'abord, effectivement, il y a eu création d'une nouvelle direction du renseignement,
qui vise à favoriser la collecte, l'organisation, le traitement, l'échange de renseignements
sur des personnes ou des groupes qui
menacent la sécurité, les stratagèmes, les activités illicites. Alors, ça,
c'est une chose qui a déjà été faite.
Une chose
très importante aussi, ça a été l'implantation d'un nouvel outil
de classement des personnes incarcérées. Parce que toutes les personnes incarcérées ne présentent pas les mêmes risques,
et, en fonction de leur classement, bien, on peut notamment déterminer à quels endroits ils peuvent se
trouver à certains moments et à quels endroits ils ne devraient pas se trouver
à certains moments. C'est important parce qu'il
y en a qui peuvent se trouver dans une cour avec certaines configurations qui ne présentent pas de risque,
mais, s'ils présentaient un risque particulier, ils ne se trouveraient pas, en
vertu de cette nouvelle... de l'utilisation de ce nouvel outil de classement.
Donc, ça, c'est un exemple.
Vous en avez parlé, M. le député de Vimont, de
la fouille des membres du personnel. Elle est systématique maintenant. Il y a un projet pilote qui est en
cours pour qu'on puisse éventuellement juger des résultats puis éventuellement
le déployer dans l'ensemble des
établissements de détention. Évidemment, ça vise à réduire le nombre d'objets
interdits, qui vont être interdits,
illégaux, d'empêcher leur entrée dans les centres de détention puis leur
circulation dans les centres de détention.
Il y a eu acquisition de nouveaux types de
véhicules cellulaires. Donc, ça donne des moyens de transport plus sécuritaires à l'intérieur des établissements et
autour des établissements de détention. Ça répond d'ailleurs aux besoins
particuliers, comme par exemple les escortes
médicales. Il y a eu également la poursuite des travaux et tenue de projets
pilotes qui visent à trouver une technologie
répondant aux besoins de la Direction générale des services correctionnels
dans la lutte contre l'introduction d'objets
illégaux ou interdits, par exemple les cellulaires, les drones, les drogues. Il
y a eu sécurisation de certaines
cours extérieures par l'installation de toits grillagés. Il y en a un certain
nombre qui ont déjà été grillagés, il y en a d'autres qui vont l'être.
Demandez-moi pas de vous indiquer où, pour des raisons de sécurité, bien entendu, on ne va pas annoncer ça à personne, mais
ça fait partie de nos travaux pour assurer une plus grande sécurité. Maintien de zones d'exclusion aérienne temporaires
pour plusieurs établissements de détention également, qui a été mis en place. L'amélioration et le renforcement du
partenariat établi entre les Services correctionnels du Québec et la Sûreté
du Québec. Puis, de façon générale, parce que tout ça nécessite aussi de la
formation, donc, on a mis sur pied des programmes de formation spécifiques en gestion de
crise, qui sont implantés dans les centres de détention, dans plusieurs domaines, là, qui touchent à l'introduction des
mesures dont je viens de parler. Alors, il n'y a jamais une seule mesure
qui donne tous les résultats, c'est en
conjuguant toutes ces mesures-là qu'on accroît la sécurité de nos centres de
détention.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci. Je voudrais toujours laisser... garder sur
ce sujet-là. Le plan de lutte de l'intimidation. Dans le rapport, on le voit, on le voit comme quoi
qu'il y a un problème à l'intérieur des murs, que ça soit au niveau des
gardiens de prison ou entre les détenus.
Est-ce que vous avez... Dans ce plan-là de réorganisation, est-ce qu'il y a un
plan qui va toucher spécifiquement la lutte contre l'intimidation?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Oui. Bien, il y a des programmes généraux qui sont déjà en
place et il se fait beaucoup, beaucoup de formation à l'intérieur des
services correctionnels, là. Donc, oui, tout à fait.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Vimont.
M. Rousselle : Je reviens
avec les drones parce que je le sais que c'est d'actualité, là, puis les gens
qui nous écoutent, ils doivent vraiment
vouloir savoir, là, les drones, on a fait quoi, vraiment, là. Oui, vous avez
parlé tantôt qu'on a installé, justement, des filets anti-intrusion ou
des choses vraiment pour empêcher qu'ils rentrent à l'intérieur, mais savez-vous si on a dans notre plan d'action
quelque chose qui va toucher que ces drones-là vont être localisés à proximité
des établissements de détention?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
• (21 h 20) •
M.
Coiteux : Bon, la première
chose à dire, c'est que, lorsqu'apparaissent des nouvelles menaces à la
sécurité des établissements, on en tient compte dans nos plans puis dans nos
approches, parce que c'est évidemment quelque
chose qui nous préoccupe puis c'est quelque chose sur lequel on agit déjà.
Maintenant,
c'est une nouvelle menace. Alors, les drones, il y a six ans on n'en parlait
pas, personne, parce que ce n'était
pas un enjeu. Ça devient un enjeu, effectivement. Alors, outre le fait qu'on a grillagé certaines
cours, ce qui rend l'introduction de
matériel illicite, illégal, par le biais des drones pas mal plus compliquée qu'avant,
outre le fait qu'il y a des zones d'interdiction aérienne aussi autour des
établissements, il y
a d'autres mesures qui sont mises en
place : l'utilisation de caméras
de surveillance, j'ai parlé de l'aménagement d'un certain nombre de cours
extérieures avec toit grillagé, mais, de façon générale, il y a aussi
l'implantation et le développement de la direction du renseignement
correctionnel pour effectuer l'analyse du renseignement correctionnel et le maintien des liens efficaces avec les partenaires externes,
parce qu'on travaille avec des
partenaires en la matière. On a créé un registre de compilation des événements
liés aux drones, on a déposé une
analyse sur la menace que posent les drones. Il y a des projets pilotes, actuellement, liés à la détection des appareils
cellulaires, ça a un lien, parce que souvent les appareils cellulaires sont
introduits par des drones. Du moins, c'est
une menace potentielle, ce n'est pas dit que souvent, mais c'est une menace
potentielle, c'est le type d'instrument qui pourrait être introduit. Il
y a l'introduction de projets
pilotes, dans certains établissements de détention, relativement aux fouilles systématiques, c'est important. Puis il y a, de
façon générale, la sensibilisation du personnel pour porter une attention
particulière à la présence possible de drones et à l'importance de prendre les
actions nécessaires pour éviter l'introduction
de matériel illicite. Maintenant, on travaille en étroite consultation et
collaboration avec d'autres services correctionnels
à travers le Canada, mais aussi ailleurs dans le monde, pour qu'on puisse se
doter des meilleures approches en partageant les expériences des uns et
des autres.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Vimont.
M. Rousselle : Vous avez bien
raison, parce que le problème n'est pas juste au Québec, là, c'est un problème
mondial, on s'entend bien.
Aussi, on
parlait de cellulaires tantôt, dans le rapport aussi je l'ai vu. Dans le
rapport, on parle aussi... On a-tu pensé à des brouilleurs d'ondes ou
quoi que ce soit? Parce que, souvent, les gens qui veulent s'évader ou qui
veulent communiquer avec l'extérieur, ils ont des téléphones. Parce que c'est
bien beau, on essaie que ces téléphones-là ne rentrent
pas à l'intérieur, mais malheureusement il y en a toujours qui s'introduisent.
Est-ce qu'on a pensé à quelque chose pour tout simplement nuire, que les
téléphones à l'intérieur ne soient pas utilisables?
Le Président (M. Ouellette) : C'est
une question, M. le ministre.
M.
Coiteux : Je vais peut-être donner un commentaire général, puis
ensuite peut-être un complément d'information pourra être donné par M. Marsolais. Mais le commentaire général est
le suivant : il faut regarder l'ensemble des technologies qui peuvent être efficaces en la matière, mais il
faut faire attention à certaines choses. Par exemple, on ne voudrait pas
brouiller nos propres communications à
l'intérieur des centres de détention, ce qui nuirait à l'ensemble de la
sécurité des établissements. Donc, il
faut le faire, mais il faut le faire pour faire mieux, hein? Donc, on tient
compte également de l'impact que telles technologies pourraient avoir sur nos
propres systèmes de communication. Mais je peux laisser M. Marsolais
ajouter un complément sur ce qu'on fait en la matière.
Le
Président (M. Ouellette) :
Mais c'est définitivement une
question qui est récurrente, M. le ministre, parce que, les deux derniers crédits, je pense que ça
avait été soulevé par des députés qui assistaient à nos crédits.
M. Marsolais, pour la réponse complémentaire.
M.
Marsolais (Denis) : Écoutez,
pour compléter la réponse... D'abord, bonjour, tout le monde. Pour compléter
la réponse du ministre concernant les
brouilleurs d'ondes, il y a, là aussi, par la Direction des services correctionnels,
des analyses qui se font. Il y a diverses technologies qui existent actuellement, et ce qui se fait, c'est : on essaie de
comparer l'efficience et l'efficacité de chacune des technologies pour choisir la
bonne. Mais, durant cette analyse-là, il
y a d'autres façons, d'autres facettes de vérifier ou de
limiter l'introduction des... l'utilisation des cellulaires dans les prisons, notamment il
y a une politique
de fouilles qui est faite. Évidemment, je ne vous ferai pas état de
la politique de fouilles, mais il y a des fouilles systématiques
qui se font de façon régulière. Il y a aussi des patrouilles du périmètre de
sécurité des établissements dans des
endroits stratégiques qui se font aussi de façon sporadique. Il y a des
sections des cours extérieures grillagées qui ont été ajoutées, et ce qui limite l'introduction par les airs, par
la voie des airs, par les drones notamment, l'introduction de cellulaires. Il y a des appareils, comme on vous l'a
expliqué tantôt, dans deux sites actuellement... dans deux centres de détention et dans la nouvelle
prison, ils seront équipés de ça, d'appareils rayons X qui détectent à l'entrée les cellulaires. Et il y a l'extraction par la Sûreté du Québec des données contenues dans les téléphones cellulaires saisis
dans les établissements de détention. Alors, globalement, encore une fois,
c'est une foule de méthodes ou de façons d'intervenir
pour limiter l'introduction des cellulaires dans les prisons, une seule façon à
elle seule ne peut pas faire en sorte
d'avoir de bons résultats, mais l'ensemble de ces mesures font en sorte qu'on a des résultats
satisfaisants. Je vous remercie.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Vimont, en vous rappelant qu'il vous reste 3 min 40 s.
M. Rousselle : Trois minutes.
Regardez, je voulais aborder un autre sujet, mais on peut-u...
Le Président (M. Ouellette) : On
peut définitivement...
M. Rousselle : Oui, s'il vous
plaît.
Le
Président (M. Ouellette) :
...M. le député de Vimont. On mettra ça sur votre prochain bloc. Et je
reconnaîtrais mon collègue de Beauce-Nord.
M.
Spénard : Merci,
M. le Président. Alors, j'ai oublié
de saluer mes confrères députés tout
à l'heure. Alors, je vous
salue.
Moi, M. le Président, il y a une affaire qui me chicote beaucoup au ministère de la Sécurité publique, j'en avais d'ailleurs parlé à la Commission
de l'administration publique, là, lorsqu'est venu le temps. C'est le Plan Nord.
Et je m'explique. Le Plan Nord,
pour vous, le gouvernement, ça a l'air à être juste le Plan Nord
des mines, alors que, pour moi, le Nord-du-Québec, c'est une place où
qu'il y a encore du monde qui vivent, dans le Nord-du-Québec.
Il y a eu un
rapport du Protecteur du citoyen dévastateur au mois de février dernier en ce qui
concerne les conditions de détention
des personnes autochtones. Il y a eu, écoutez-moi bien, M.
le Président, et je vous le donne à
titre d'information, et on est en
train de vouloir ériger un registre
des armes à feu à la grandeur du Québec,
il y a eu à Kuujjuaq cinq Inuits
de 15 à 20 ans qui se sont suicidés
dans les trois derniers mois, et on fait effort à grands frais de dire qu'en
rationalisant, en créant un registre
des armes à feu, on va protéger le public, on va protéger tout le monde, alors qu'on n'est même pas capable
de s'occuper de notre population qui vit au nord du 55e parallèle. Je comprends
que le Plan Nord, pour vous, c'est les mines puis les ressources naturelles, mais il y a du monde, là-bas, M. le ministre, et j'aimerais qu'on en tienne
compte.
Le rapport du
citoyen est dévastateur, et ce n'est pas le premier. Le rapport du citoyen est
dévastateur quant à la condition de dignité humaine que ces personnes
ont à faire face suite à leur incarcération, puis on sait qu'il y a des
problèmes, surtout à Puvirnituq. Le rapport du citoyen mentionnait que, dans
des petites cellules, des petites cellules de deux personnes, ils étaient
jusqu'à sept et huit personnes. La seule douche à l'intérieur du poste où ce
qu'il y a des cellules, du poste de
cellules, la seule douche qu'il y a à l'intérieur, ça sert de garde-robe pour
les effets personnels des détenus ou
des prévenus. Il n'y a même pas d'eau pour prendre une douche, la toilette ne
fonctionne pas, et ça, c'est une toilette
commune pour les hommes et les femmes, la mixité. Et là on nous parle de... Je
ne sais pas où est-ce qu'on en est rendu, mais qui va parler des
personnes qui demeurent au 55e parallèle?
L'affaire que
j'ai vu que... Ça, ça m'a surpris. Alors, écoutez, des actions immédiates en
cours de déploiement suite au rapport
du Protecteur du citoyen... Alors, je vais vous citer c'est quoi, les services
immédiats, moi : «...le ministère de
la Sécurité publique exigera désormais que les agents de services
correctionnels qui séjourneront dans les lieux de garde de Kuujjuaq,
de Puvirnituq ou de Kuujjuarapik
remplissent un rapport à la suite de chacun de leurs séjours.» Ça, c'est des
actions immédiates pour s'occuper de notre monde dans le Grand Nord. Alors,
c'est le fun.
• (21 h 30) •
M. le
Président — je
m'adresse à vous, je m'adresse à vous — il y a eu des rapports dévastateurs, et ce
n'est pas le premier. Depuis 1996
qu'il y a des rapports dévastateurs. Il y a même, dans le rapport du citoyen, depuis
2014 le projet d'agrandissement de la prison...
pas la prison, ce n'est pas un établissement de détention, c'est au poste de
police. Depuis 2014, le projet
d'agrandissement est inscrit au neuvième rang dans le cadre de planification
des infrastructures carcérales. Le
projet n'est pas retenu, etc. Étant donné la situation, le protecteur considère que l'agrandissement devrait être
jugé prioritaire.
Alors, on
s'aperçoit dans les... Parce que, là, on va parler de crédits, là, M. le Président, on va parler de crédits, parce
qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui ont parlé de crédits ici. Alors,
depuis le 24 avril 2015, la liste et le coût des travaux effectués au quartier cellulaire de
Puvirnituq : aucun. Des travaux prévus au quartier cellulaire de Puvirnituq
pour l'année en cours : aucun! Alors,
quand est-ce, M. le ministre, qu'on va être capables de dire au reste du Canada
puis au monde qu'on est capables de
s'occuper de notre population même si elle vit au nord du 55e parallèle
puis arrêter de passer pour un peuple de colonialistes?
Alors, moi,
je vous pose la question : Où sont les crédits, suite aux nombreux
rapports des comités de citoyens, pour
cette population-là qui est en demande d'aide constante, que... Je ne vous
parle pas des suicides ailleurs, je vous ai juste parlé les cinq à
Kuujjuaq en trois mois, pour des enfants entre 15 et 20 ans, M. le
ministre, c'est inacceptable. Moi, je considère
ça comme inacceptable en tant que citoyen québécois, en tant que citoyen
canadien. Alors, qu'est-ce qu'on fait pour ça, à part de remplir un
petit rapport à chacun de leurs séjours?
Le
Président (M. Ouellette) :
Donc, merci de m'adresser la question, M. le
député de Beauce-Nord. M. le ministre, vous avez une possibilité de réponse de
six minutes.
M.
Coiteux : Oui. Je vais
commencer de mon côté, puis ensuite je vais demander à M. Longtin de donner des
compléments d'information.
La question
était vaste parce qu'elle touche
l'ensemble de la problématique des populations autochtones, notamment au Nord-du-Québec. Et il est vrai qu'il y a des
problématiques extrêmement sérieuses qui interpellent l'ensemble de notre
société et qui n'interpellent pas, du côté
du gouvernement du Québec, que le ministère de la Sécurité publique mais qui,
oui, interpellent le ministère de la Sécurité publique. Et le député de
Beauce-Nord a parlé du cas assez dramatique de Puvirnituq, et, suite au rapport de la Protectrice du citoyen, il y a un
certain nombre d'actions immédiates qui ont été faites pour apporter des correctifs immédiats à certains
aspects qui pouvaient être corrigés immédiatement, de la situation, mais
il y a d'autres mesures que j'appellerais,
là... qui se sont déclenchées depuis lors. Et puis le problème de fond va
nécessiter une approche qui va
au-delà du ministère de la Sécurité publique. On doit travailler notamment avec
le ministère de la Justice, parce que c'est une problématique
d'incarcération d'un très grand nombre de personnes dans des conditions difficiles, et on doit se poser la question aussi
du fonctionnement de la justice dans le Nord, du pourquoi du grand nombre
de peines et d'incarcérations.
Je vais
demander à M. Longtin, si vous voulez bien, de compléter ça, qu'est-ce qu'on a
fait dans l'immédiat suite au
rapport, qu'est-ce qu'on a fait depuis le rapport. Et là on travaille pour
répondre à l'ensemble des recommandations du rapport, et je pense qu'on
va avoir plus de détails, là, maintenant.
Le
Président (M. Ouellette) :
Oui, M. Longtin. Je nous rappelle qu'il y a un plan d'action qui sera produit
pour le 31 mai, que la Commission des institutions attend
impatiemment. M. Longtin, pour la réponse.
M. Longtin
(Jean-François) : Donc, essentiellement, quand on a parlé d'actions
immédiates, c'est que, dans le rapport
du Protecteur du citoyen, il y avait plusieurs... il y avait quand même
30 recommandations, donc, qui touchaient plusieurs thèmes, que ce soient la salubrité, les conditions de
détention, l'administration de la justice, donc un ensemble d'éléments qu'on devait traiter. Effectivement,
les premiers éléments sur lesquels on s'est centrés rapidement, c'était au
niveau de la salubrité, entre autres, et des
conditions de détention. Parce que ces conditions de détention là sont liées,
sont sous la responsabilité de
l'Administration régionale Kativik, donc c'est avec eux qu'on a pris contact
rapidement pour convenir d'un modèle de lien, de rapport pour prendre
des actions immédiates.
Donc, il y a
eu des actions qui ont été prises à la fois pour, entre autres, l'entreposage
de matériel, literie et autres, pour
s'assurer de la qualité des repas et de bien d'autres choses, tout ça, bien
sûr, dans les conditions qu'on connaît au Nord-du-Québec. Techniquement, juste parler de l'approvisionnement en
eau, il y a un problème, actuellement, encore existant à Puvirnituq, mais qui est un problème pour la communauté
également. La station de pompage, actuellement, a vécu un bris, et ils doivent s'approvisionner à
même la rivière, et ça crée des délais même dans la communauté. Donc,
tout ça dans la considération, là, d'une région nordique, mais des actions
immédiates ont été prises.
Des actions
étaient en cours aussi, parce qu'au niveau de la prévention du suicide, au
niveau du classement, du travail
qu'on fait avec les gens là-bas, bien sûr, on s'assure que nos intervenants
là-bas, les agents de services correctionnels soient en mesure d'offrir les services auxquels les personnes ont droit,
et ils les offrent. En matière de prévention du suicide, on fait du dépistage systématique. On s'assure que
des gens soient même capables de faire des interventions, on a donné de la formation en secourisme. Et, quand on parle
d'actions immédiates, c'est de maintenir et consolider des choses qui
étaient déjà là et surtout de le faire en lien avec l'Administration régionale
Kativik.
Mais, bien
sûr, au niveau du plan d'action à court, moyen... surtout à moyen et long
terme, on parle, entre autres, de la
situation Puvirnituq, c'est ce qui a été soulevé. Dans les faits, quand on
parle de surpopulation ou de surprésence de gens dans... à Puvirnituq, au quartier cellulaire de police, entre
autres, il y a trois grands axes sur lesquels on peut travailler, dans
le fond. On doit travailler sur soit par des vols nolisés plus fréquents où, à
ce moment-là, de par la présence de gens, on
va prendre les gens dans le Nord-du-Québec puis on va les ramener à Amos ou à
Saint-Jérôme pour essayer de réduire
le nombre de personnes qui sont là, soit avec le ministère de la Justice,
collaborer pour voir par les systèmes de visiocomparution ou autres, réduire le nombre de
personnes qui sont appelées à être présents au Nord-du-Québec. Donc, c'est
des actions qu'on doit prendre ou, bien sûr, une solution immobilière. Une
solution immobilière, on y réfléchit actuellement.
Il y a des choses qu'on regarde, mais tout ça devra se faire, bien sûr, avec la
communauté, et on va s'assurer avec l'Administration régionale Kativik,
avec le KRPF de travailler cette solution-là ensemble.
Le Président (M. Ouellette) : En
complément pour la prochaine minute.
M.
Coiteux : Si je peux... et je vais vous laisser un peu de temps, parce
que vous avez peut-être une autre question, mais... Et d'ailleurs je travaille en étroite collaboration avec le
ministre des Affaires autochtones, avec la ministre de la Justice pour la problématique plus générale de la
pauvreté et des conditions particulières des nations autochtones dans le
Nord, notamment.
Le Président (M. Ouellette) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Beauce-Nord, il reste 11 minutes.
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. C'est une réponse, en tout cas... C'est une réponse qui
est comme une réponse qui est vague,
qui ne dit rien. Par contre, le ministère de la Sécurité publique demeure
responsable de s'assurer que les personnes
incarcérées sous sa responsabilité soient traitées conformément à la loi et aux
normes applicables. Et moi, je
vous dis qu'à Puvirnituq ça ne respecte même pas la Charte des droits et
libertés. Ça ne respecte même pas la dignité humaine,
alors qu'on a passé une loi sur la maltraitance des animaux. On est rendus
assez loin quand on n'est pas capables de faire respecter la dignité
humaine de nos personnes incarcérées dans notre champ de compétence dans le
Nord.
Ensuite de
ça, je suis bien d'accord qu'il y avait 39 recommandations dans le Protecteur du citoyen. Ça, je suis bien d'accord avec ça. Sauf que la recommandation n° 1... «Que le
ministère de la Sécurité publique, en concertation avec le ministère de la Justice, accorde dès à présent la
priorité [du] projet d'agrandissement du quartier cellulaire du palais de
justice de Puvirnituq», ça, c'est la recommandation n° 1 du rapport du citoyen. Alors, qu'est-ce qu'on voit dans l'étude des
crédits? Les travaux prévus au quartier cellulaire de Puvirnituq pour l'année
en cours, c'est bien écrit «aucun».
Alors, quand
vous me parlez des recommandations, il faut voir la gradation des recommandations. Évidemment, il y a
des recommandations de fournir des débarbouillettes puis des serviettes
propres. Il y a des recommandations de fournir
du savon. On est rendus là dans les recommandations de la Protecteur
du citoyen. Écoutez-moi
bien un peu, là, tu sais, ça ne tient
pas debout! J'ai honte! J'ai honte qu'on traite du monde comme ça. Et la recommandation n° 1, c'est ça. Mais comment se fait-il que la recommandation n° 1... Là, si je comprends bien, la recommandation n° 1, bien, là, c'est les infrastructures. Bien écoute, là, là on va fournir des
serviettes, du savon, puis de l'eau, puis une champlure, puis ça va faire l'affaire. Alors, je ne sais pas, moi, il n'y a
aucuns travaux d'investissement au quartier cellulaire de Puvirnituq. Ça,
c'est dans votre livre des crédits, à la page 179, M. le ministre.
Le Président (M. Ouellette) : M. le...
Non, mais...
M.
Spénard : Je
m'adresse à vous, M. le Président.
Le
Président (M. Ouellette) :
Oui! Je le sais que vous vous adressez à moi. Je m'adresse à vous, M. le député de Beauce-Nord, en vous disant
que, la réponse qui a été fournie par M. le ministre et par M. Longtin, vous
devez prendre la réponse. Vous pouvez
faire l'interprétation que vous en voulez, mais vous ne pouvez pas revenir sur
la réponse qu'ils vous ont faite. À vous d'interpréter la réponse.
• (21 h 40) •
M.
Spénard :
Oui. M. le Président, c'est parce qu'ils sont en train de mettre en oeuvre les
recommandations de rapport, mais ce
sont des recommandations de soins de base. Écoutez, M. le Président! Alors, je
ne peux pas me contenter d'une
réponse qui me dit qu'écoutez on livre des serviettes puis des
débarbouillettes, puis on essaie d'avoir de l'eau, tu sais, alors que la première recommandation du
Protecteur du citoyen, recommandation n° 1, c'était le projet
d'agrandissement, alors qu'on ne retrouve aucuns crédits dans le cahier
de crédits pour l'an prochain.
Alors, moi,
je pose la question au ministre : Quand va-t-il mettre en lumière la première recommandation du rapport du citoyen en ce qui concerne les personnes
autochtones au nord du 55e parallèle?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Bon, alors, d'abord,
juste un petit élément, bien, de rappel, là, le rapport de la Protectrice du citoyen est du mois de février, et les crédits, rendus là,
sont pas mal établis, n'est-ce pas? Maintenant, la solution immobilière dont M. Longtin a parlé tout à l'heure, elle est, à l'heure actuelle, considérée sérieusement. Alors, il y a
un processus avant de lancer de la
construction dans le domaine des infrastructures au Québec.
C'est vrai partout, c'est vrai au sud, c'est vrai au milieu, c'est vrai
au nord. Elle est considérée.
Ce qu'on a
posé, c'est des gestes immédiats pour soulager la situation
dans l'immédiat, ce qui ne veut pas dire qu'on ne va pas faire autre chose, et c'est tout à fait considéré. La recommandation
n° 1, on ne l'esquive pas, là, on la regarde très attentivement. Puis vous savez qu'on a une date qui s'en
vient, au mois de mai, où on va présenter un plan.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Beauce-Nord, en vous rappelant qu'il
reste sept minutes.
M.
Spénard :
Quatre minutes?
Le Président (M. Ouellette) : Sept.
M.
Spénard : Sept. Ah
bien! Il en reste en masse.
Le Président (M. Ouellette) :
Questions et réponses.
M.
Spénard : Questions
et réponses, merci beaucoup.
Le Président (M. Ouellette) : Oui.
Adressées à la présidence, merci.
M.
Spénard : L'autre
chose, j'ai de la misère à m'enlever de l'idée, là, qu'il y a du monde, dans le
nord, qui vivent là puis qu'on a une
certaine responsabilité avec eux autres. Et je rappelle au ministre que cinq
suicides en trois ans à Kuujjuaq, là... en trois mois, à Kuujjuaq, là,
je vous dis que c'est effarant pour des enfants, là, entre 15 et 20 ans,
là. Disons qu'il y avait la moitié d'enfants là-dedans.
L'autre chose
que je vois, c'est que ce n'est pas le premier rapport, ce n'est pas le premier
rapport que vous avez en ce qui
concerne la situation, qu'on laisse aller sur les conditions de détention au
Nunavik. Ce n'est pas... La première fois...
Il y a eu des rapports. Puis la Protectrice du citoyen, ici, dit : Depuis
2014, depuis 2014, ce projet d'agrandissement est inscrit au neuvième rang, au neuvième rang, puis,
depuis 2014, ça n'a pas grouillé. Et on s'aperçoit : aucuns crédits en
2015, aucuns crédits en 2016-2017. Mais ça
vous prend quoi, M. le ministre, pour dire : On va commencer à s'occuper
de notre monde avant de s'occuper de la
radicalisation avec les autres pays? C'en est, de la radicalisation qu'on fait,
ça, envers le peuple autochtone, M.
le ministre. C'en est, ça, parce qu'on ne s'en occupe pas, on ne fait
absolument rien pour eux.
Alors, moi,
je vous dis que, depuis 2014, le Protecteur du citoyen vous avait averti, le
Protecteur du citoyen avait averti le
ministère de la Sécurité publique, mais, encore, aucuns travaux, aucuns travaux
l'an passé, aucuns travaux l'an prochain, il n'y a rien, sauf les
débarbouillettes, puis les serviettes, puis le savon.
Alors, quand
allez-vous prévoir les travaux pour l'agrandissement et pour les conditions de
détention qui soient humaines pour tout le monde au Québec?
Le Président (M. Ouellette) : Je
prends votre questionnement, M. le député de Beauce-Nord...
M.
Spénard : Surtout
dans le nord, M. le Président.
Le Président (M. Ouellette) : Bien,
c'est sûr, et je prends aussi que...
M.
Spénard : Bien oui,
mais, si je vous regarde, il ne m'écoutera pas!
Le
Président (M. Ouellette) :
Oui, je comprends que vous me regardez puis je comprends aussi que c'est une
interprétation de la réponse du ministre que vous faites. M. le ministre.
M.
Coiteux : Je suis un petit peu surpris, là. De la question, peut-être
pas, mais... Parce qu'il me demande de répéter qu'effectivement on a l'intention de présenter un plan d'action d'ici
très peu, d'ici le mois de mai, mais qu'entre-temps on a fait des choses. Je voudrais juste rappeler, là,
que moi, je suis arrivé en poste à la Sécurité publique le 28 janvier, que
le rapport de la Protectrice du
citoyen a été rendu public le 18 février, et que, dans les jours qui ont
suivi, il y a des mesures immédiates
qui ont été mises de l'avant, puis qu'un plan d'action est en préparation. Et
il y aura des actions, bien entendu.
Maintenant,
cette problématique-là, autochtone, qui nous interpelle tous — tous — elle n'exclut pas de se préoccuper aussi des problèmes de radicalisation.
J'espère que le préambule à la question n'était pas en train de suggérer
qu'on ne pouvait pas faire les deux, qu'on ne pouvait pas s'occuper de
l'ensemble des responsabilités du ministère de la Sécurité publique, parce que,
si on suivait cette recommandation-là, notre population ne serait pas en
sécurité, M. le Président. Ça serait ça, le problème. On doit se préoccuper de
tout ça. Mais, oui, on se préoccupe de l'enjeu autochtone, oui, je m'en
préoccupe personnellement, et, oui, je travaille avec des collègues qui s'en
préoccupent personnellement, et, oui, on va
tous mettre l'épaule à la roue pour trouver des solutions. Mais, savez-vous
quoi, ce n'est pas qu'une question
d'argent, c'est une question de travail dans les communautés. La prévention
aussi est importante, ça prend de
l'argent pour la prévention, mais ça ne prend pas seulement de l'argent pour la
brique, mais ça va en prendre pour la brique aussi. Il faut tout ça.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci, M. le ministre. Trois minutes, M. le député, une dernière ronde de
questions. À la présidence, merci.
M.
Spénard :
O.K. Merci. Alors, si monsieur... Merci, M. le Président. M. le ministre me
confirme qu'il n'y a pas aucun argent de disponible pour la brique. Ils
veulent faire de la prévention, alors que la recommandation n° 1 de la
Protectrice du citoyen, c'est justement la brique.
Alors, on va changer, tiens, de... On va
continuer à parler de services correctionnels. Et moi, j'avais posé une question au mois de... je ne sais pas, à la
Commission de l'administration publique — et je veux revenir là-dessus — sur les repas cashers dans les centres de détention,
parce que ça m'interpelle, ça m'intéresse, parce que... on sait c'est quoi,
les repas cashers, alors ils sont un peu meilleurs.
Alors, M. le
ministre, j'aimerais ça que vous m'expliquiez qu'en 2015-2016, par rapport à
2014-2015, il y a eu... le nombre de repas cashers a augmenté de
15 % dans les centres de détention. Puis ça, casher, si je ne m'abuse,
c'est pour la religion juive. Ça va? Le coût
unitaire des repas cashers a augmenté de 33 %, et, pire que ça — c'est ça que je ne comprends pas — le coût total des repas cashers a augmenté
de 53 % pour l'année. Alors, le nombre de repas augmente de 15 %, le coût unitaire augmente de
33 %, mais le coût total augmente de 53 %. Vous êtes cartésien, M. le
ministre, alors vous savez c'est
quoi, les mathématiques. Alors, pourriez-vous m'expliquer cet écart entre le
coût unitaire, le nombre puis le coût total?
Le
Président (M. Ouellette) :
M. le député de Beauce-Nord, je comprends que vous adressez votre question à la
présidence.
M.
Spénard : M. le
Président.
Le Président (M. Ouellette) : Et
pourriez-vous m'indiquer la source de votre...
M.
Spénard : Ministère
de la Sécurité publique, Renseignements particuliers, la page 80.
Le
Président (M. Ouellette) : À
la page 80, Renseignements particuliers. M. le ministre, pour une réponse,
il vous reste 1 min 20 s.
M. Coiteux : Oui, c'est pour ça que
je vais demander à M. Longtin de parler des faits. Mais je dirai, en tout respect, au député... à votre intention, M. le
Président, mais pour répondre à la question du député de Beauce-Nord, que
ce n'est pas qu'une question de mathématiques, là, cette question-là.
Le Président (M. Ouellette) : M.
Longtin.
M. Longtin
(Jean-François) : Donc, essentiellement, sur les repas cashers, les
données dont je dispose, c'est qu'en
2014-2015 on a servi 10 227 repas au coût unitaire de 5,25 $
chacun, pour un coût total de 53 693 $. En 2015-2016, on parle en fonction de la dépense au
17 mars 2016, annualisée, donc on a servi 11 759 repas au
coût unitaire de 6,98 $, pour un
total de 82 068 $, ce qui représente, environ, là, autour de
2 %, là, de l'ensemble des repas qu'on sert dans nos
établissements.
Le
Président (M. Ouellette) :
Merci. Merci, M. le député de Beauce-Nord. On va se revoir demain après-midi,
M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard : Oui,
sûrement, sûrement, sûrement. Demain, on en a pour...
Le
Président (M. Ouellette) :
Donc, vous aurez sûrement des questions pour les autres organismes que vous
avez mentionnés aujourd'hui.
M.
Spénard :
Oui, oui, mais c'est à cause que ça vient me toucher, moi, les personnes
autochtones. C'est pour ça, M. le Président.
Le
Président (M. Ouellette) :
Et sûrement que vous allez en entendre parler pour les prochaines
20 minutes parce que je vais reconnaître mon collègue d'Ungava.
• (21 h 50) •
M. Boucher : Merci beaucoup, M. le
Président. Permettez-moi d'abord de saluer le ministre, les gens qui l'accompagnent, tous les gens derrière, à tout
seigneur tout honneur, saluer mes collègues formant la partie gouvernementale, les collègues formant les oppositions. Et puis,
sans vouloir offusquer personne, je voudrais saluer les personnes qui me
sont les plus chères, les personnes qui
habitent le comté d'Ungava. (S'exprime dans une langue autochtone.) Bonne
soirée à tous.
Écoutez, M.
le Président, par où commencer? J'ai écouté, bon, la savante plaidoirie de
notre collègue député de Beauce-Nord.
Bien que le mot «Nord» se situe dans le nom de son comté, et pas moi, je
voudrais savoir... en tout cas, ce n'est pas lui que je veux interroger,
là, mais quelle est la connaissance fine qu'il a du Nord? De prendre les cas de
cinq suicides puis essayer d'amalgamer ça
aux conditions de détention, c'est comme de prendre des pommes puis des oranges, mêler ça ensemble puis dire que ça fait
du gâteau aux bananes, là. Tu sais, c'est de parler de choses qui sont
totalement, mais alors là totalement différentes.
Je comprends
sa sensibilité par rapport au peuple autochtone et puis, là-dessus, j'en suis
reconnaissant. Mais, si on commence
par parler des cinq suicides... Lui, il a vu ça sur papier, dans le journal, à
la télé. Moi, je les connaissais, je les connaissais. Le premier, un jeune qui s'appelait Brent Koneak, le fils de
Kitura Fox et d'Edward Koneak, des
bons amis à moi. Brent, c'était un
bon ami à mon fils, qui est à Kuujjuaq présentement, au moment où on se parle,
il habite là-bas. Brent, il venait à
la maison, parce que, hein, le soir, je n'aimais pas ça que les jeunes traînent
dans la rue, là. Même si on est à Kuujjuaq, là, tu sais, à part de faire des
mauvais coups ou subir des mauvaises affaires... Le soir, on ne traîne pas
dans la rue à Kuujjuaq. J'aimais mieux les
voir assis dans le salon à jouer au Xbox, les fournir en Pepsi et en chips, en
tout ce que vous voudrez, en bonbons, en
gomme balloune que de les savoir dans la rue, à ce qu'il arrive je ne sais pas
quoi. Ça fait que Brent, ma femme lui a
enseigné, à Brent, en cinquième année à l'école Jannimmarik, l'école primaire de Kuujjuaq. Bon, comme je disais hier en
crédits, les profs... jamais un prof ne va vous l'avouer, mais les profs
ont toujours des petits chouchous dans leur classe, hein, puis Brent, c'était
un de ses petits chouchous.
Brent n'est
plus là. Brent, à un moment donné, ce n'est pas parce que c'est un malfaisant,
un délinquant, un jeune qui est
dysfonctionnel, un jeune qui... je ne le sais pas, cherchez des qualificatifs,
là, moi, je n'en trouve plus. C'est un jeune
qui, à un moment donné, a perdu l'espoir, hein? Comme dans une fournaise
à gaz, si vous voulez que la fournaise allume,
ça prend une petite flamme, ça prend un petit pilote. Si le petit pilote est
éteint, vous n'en aurez pas, de chauffage, ça ne marchera pas. Ça fait
qu'un jour, pourquoi, on peut en parler toute la soirée puis tout le reste de
la semaine, vos opinions vont être aussi
bonnes que les miennes, mais Brent, à un bon moment donné, a décidé que c'était
tout puis il s'est pendu dans le cabanon derrière la maison de chez ses
parents. Je ne sais pas qui l'a trouvé, je pense que j'aime mieux ne pas le savoir. Mais imaginez-vous deux
secondes un grand adolescent de 19 ans, qui était professeur d'éducation
physique à l'école Pitakallak. Bon, même s'il n'avait pas suivi de cours universitaire
en enseignement de l'éducation physique, on
sait qu'il y a un programme — en
tout cas, si vous ne le savez pas, je vous l'apprends — il y a un programme pour que les
Inuits puissent acquérir les connaissances et la compétence pour enseigner,
puis Brent était professeur d'éducation
physique à Pitakallak. C'était un peu... — tu sais, chez les jeunes, le prof d'édu,
c'est souvent notre héros, là — c'était le «king» de l'école.
Puis le «king», bien là, il a décidé qu'il mettait fin à ses jours.
Dans le temps
des fêtes, je suis allé à Kuujjuaq avec ma femme pour aller voir mon fils,
passer Noël là-bas puis en même temps
voir la communauté, voir les gens. Ça s'est bien passé, bien que c'était
triste. Ma femme ne parle pas anglais, Kitura,
la mère de Brent, ne parle pas français, mais, malgré tout, elles sont très
amies, tu sais, elles savent se communiquer au-delà du langage. Et puis on était à l'épicerie, puis, vous savez, des
fois, à l'épicerie, on fait une rangée, puis on tourne pour la rangée suivante, puis paf! on tombe face à
face avec quelqu'un. Ils sont comme tombés, sans le vouloir, presque dans les bras l'une de l'autre. Ils se sont pris
puis ils sont partis à pleurer, on n'a pas besoin d'avoir un grand cours en
psychologie pour savoir c'est quoi qui se passait là puis qu'est-ce qu'il y
avait là.
Je vois le
temps qui défile, là, mon Dieu! Je pourrais vous parler jusqu'à
10 h 30, ce soir, mais je ne suis pas sûr que les oppositions
vont être d'accord, là, ça fait que je vais essayer d'accélérer un petit peu.
La deuxième,
Mary Cooper, une bonne jeune fille, une adolescente, l'adolescente modèle,
l'adolescente que tout parent voudrait avoir. Mais, encore une fois, Mary, la
petite lumière s'est éteinte, la petite flamme s'est éteinte. Pourquoi?
Bon, on pourrait en parler toute la soirée, mais c'est comme ça.
Brent avait un grand ami presque depuis le
berceau, Lukasi Forrest, fils de Lucy Grey et de Dave Forrest, un comédien. Si vous avez vu le film Uvanga,
il passait encore dernièrement à Super Écran, là — si vous avez la chance de mettre la main là-dessus, ça vaut la peine,
louez-le ou trouvez la cassette, achetez-le, faites ce que vous voulez, mais ça
vaut vraiment la peine — il avait le rôle-titre dans ce film-là, un
film qui a été tourné au Nunavut. Même si Brent n'avait pas de cours d'«acting», excusez-moi l'expression
parisienne, bien, il était un très bon comédien. Brent aurait pu faire une très grande, prolifique et longue carrière
dans le domaine de la comédie, pas de la comédie dans le sens Juste pour
rire, mais dans le sens de la comédie, là,
jouer dans des films, dans le sens... le métier d'acteur. Brent... pas Brent,
pardon, Lukasi n'était pas capable de
se résoudre à vivre sans Brent. Vous savez, en haut, on est tissés serré, hein?
Je veux dire, ici, vous perdriez un grand ami, ça va vous faire beaucoup
de peine, ça va être excessivement triste, mais la ville est grande, puis votre réseau est grand, vous allez
être capable de compenser avec d'autres personnes, là, cette perte-là. Là-bas,
le réseau, il est petit puis il est très
serré. Si votre ami de toujours n'est plus là, le vide, il est magistral, il
est immense. Alors, Lukasi, même s'il
avait tout pour lui, ses parents ont beau être à l'aise financièrement, je ne
veux pas trop rentrer dans les
détails, mais, en tout cas, lui aussi, il a... bon, s'est découragé, et puis a
décidé de s'enlever la vie. Ça n'a aucun rapport avec les conditions de
détention, aucun rapport. Deux autres sont survenus comme ça.
Je peux vous
dire que, pas plus tard que lundi soir, j'étais ici encore pour des crédits
lundi et, lundi soir, j'étais à ma
résidence de fonction à Québec, j'étais couché, il devait être
0 h 30, 0 h 45, il y a quelqu'un qui me buzze par
Messenger. Bon, bien là, hein, c'est
qui, le fatigant, là, qui me dérange à 0 h 45 du matin? Mais là je ne dormais pas puis je virais dans
mon lit, ça fait qu'à tout hasard j'ai
regardé c'est qui. C'était la tante d'un des jeunes qui s'est suicidé qui
m'écrivait pour me faire ses adieux, pour me dire qu'elle n'était plus
capable de vivre avec la perte de l'individu en question — je ne
nommerai pas de nom — et
puis me remerciant pour tout, puis me dire que, écoute, c'est la dernière fois
qu'on va se parler puis... Donc, je ne peux
pas dire : Bien là, regarde, attends minute, là, on lâche ça là, puis je
vais te téléphoner, elle n'a pas le
téléphone. La seule façon d'être en contact avec elle, c'est par Messenger.
Donc, j'ai été une bonne heure avec la
personne en question, dire : Bon, bien là, explique-moi pourquoi, comment,
qu'est-ce qui se passe, comment tu vis ça, etc., blablabla, puis là, finalement, bien là, l'heure avançant, là :
Comment tu te sens?, puis là :
Merci de m'avoir parlé, ça va mieux. Regarde, là, j'ai dit, qu'est-ce que tu dirais qu'on se couche tous les deux, là, puis qu'on se recontacte
demain? Ah! elle dit, ça, c'est
une bonne idée, Jean, elle dit. Elle dit : On va faire ça. Je te remercie.
Puis là, le lendemain, bien, je l'ai recontactée le matin. Je n'avais
pas de nouvelles, ça fait que, le mardi, j'ai été stressé une partie de la
journée, tellement que j'ai écrit à du monde en haut : As-tu vu
telle personne? Puis là une personne, entre autres : Comment ça, tu la cherches? Pourquoi? Puis comment? Non,
non, regarde, occupe-toi pas, là, c'est juste parce que j'ai affaire à elle.
Je ne voulais pas créer non plus une
commotion en haut. Puis, en fin d'après-midi, la personne m'a recontacté pour
dire : Bien là, regarde, merci
de m'avoir parlé hier, puis là ça va mieux, puis etc. La vie est «rough», la vie est
toffe en haut, c'est dure, hein? On a
beau dire que... Tu sais, il faut le voir. C'est mon chez-moi, c'est là que
j'habite, c'est là que je vis, le plus grand comté du Québec, puis la
vie est toffe.
Pour
en revenir au rapport de la Protectrice
du citoyen, je ne vous dirai pas que,
tu sais, les conditions de détention en haut, là... Tu sais, M. le
député de Beauce-Nord a l'air de réduire ça à une question de savons puis de débarbouillettes
comme les actions qui ont été posées du côté
gouvernemental. Tu sais, je n'essaierai pas de prétendre qu'on
est dans le trèfle à quatre feuilles jusqu'à
la moitié des cuisses, puis là que tout va bien, à part, tu sais, deux, trois
petits téléphones, puis tout se passe bien. Ce n'est pas le cas, la
route est longue.
Je sais, M. le ministre, que vous avez, au 31 mai, à soumettre un plan d'action, un rapport. Mais je sais très bien,
M. le ministre, qu'entre-temps vous n'êtes
pas, là, dans le champ à regarder passer le train, là, vous êtes en action,
vous êtes surtout en communication
avec les gens du Nord. Parce que, s'il y a quelque chose que les gens du Nord,
que les Inuits détestent par-dessus tout, encore plus que les mauvaises
conditions de détention, encore plus que tout, c'est que les gens du Sud s'occupent de leurs problèmes sans leur en
parler. Je veux dire, oui, ça ne va
pas bien, oui, il y a des enjeux, oui, il
y a des choses à faire, mais en même temps il faut que la solution se fasse
avec eux, par eux et puis en collaboration avec eux. Puis on peut suggérer, on peut dire : Qu'est-ce que vous
pensez de telle chose, comment vous voyez telle chose?, mais on ne peut pas arriver puis dire :
Regardez, là, on est en crédits mercredi soir, là, puis on a bien pensé à ça,
là, puis, à partir de demain, ça va
être comme ça puis... Non, non. Ça, je veux dire, premièrement, ça ne marchera
pas, je vous le dis tout de suite,
c'est... Prenez de l'argent puis lancez-le par la fenêtre. Au moins, ceux qui
vont l'attraper vont pouvoir s'en servir. Puis, deuxièmement, ça va être
très réducteur et très mal perçu par eux.
• (22 heures) •
Donc, il y a l'Administration régionale Kativik
qui a des rôles à jouer dans ça puis qui sont votre partenaire privilégié, M. le ministre, puis on
parlait... Bon, hier, on était en crédits avec la Justice, puis je peux vous
dire que, dans ce domaine-là, peut-être encore plus que dans d'autres,
Sécurité et Justice, là, sont très proches parents et même s'«overlapent»... encore, excusez-moi l'expression parisienne, là, mais s'«overlapent» par
certains moments. Donc, c'est un effort collectif, de groupe.
On parle, bon : Ils sont sept dans une
cellule. Ce n'est pas correct, je veux dire, bien non, ce n'est pas correct. N'importe qui peut savoir que ce n'est pas
correct. Mais pourquoi ils sont sept? C'est-u juste parce qu'il manque de cellules ou c'est parce qu'il faut qu'ils les descendent à Amos pour comparaître pendant
15 minutes? Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'avoir plus de vidéoconférences? Ça, ce n'est pas dans votre
cour, M. le ministre, c'est dans la cour de la Justice. Sauf que, si Justice fait ça, ça vient soulager
votre problème. Alors, vous êtes comme les deux frères siamois,
là, qui doivent travailler ensemble puis qui doivent collaborer le mieux
possible.
La
construction. Bon, M. le député de Beauce-Nord dit : Il n'y a aucuns crédits pour
la construction cet été. Ça démontre... bon, il ne faut pas lui en
vouloir, mais probablement que M. le député de Beauce-Nord ignore totalement comment la construction se passe au nord. Ici, au
sud, parce que, pour ici, on est le sud, on peut lancer un
chantier n'importe quand, même le
soir de Noël. Ce n'est peut-être pas l'idéal, vous
allez me dire, là. Ici, on a commencé le beau... on a attendu le beau temps pour commencer la rénovation de l'Assemblée nationale, mais on aurait très bien pu le faire le
25 décembre au soir. On aurait peut-être
payé de l'overtime, comme on dit, mais il n'y aurait pas eu de problème.
Au nord, ça ne marche pas comme ça. Quand même qu'on voudrait, c'est
impossible.
Je ne suis
pas un architecte, je ne suis pas un ingénieur, mais je peux vous dire que, si
tout va rondement puis si tout va très bien,
peut-être à l'été 2017 il y aura moyen de lancer les travaux. Puis, quand je dis «l'été», je ne
parle pas du mois d'avril, là, je
parle de fin juin, début juillet, pour espérer peut-être une ouverture quelque
part avant Noël ou au printemps 2018. Est-ce que c'est parce qu'au nord les gens se traînent les pieds? Est-ce
que c'est parce qu'au nord on ne sait pas travailler? Est-ce que c'est parce qu'au nord on a les mains
pleines de pouces? Pas du tout. Tout monte par bateau là-bas, hein? Si on
a besoin de poutrelles d'acier, par exemple, pour agrandir un bâtiment, on ne
va pas les couper en morceaux puis les mettre
sur l'avion. Ça doit monter par bateau. Alors donc, ça prend des plans, ça
prend l'architecte. L'architecte, il n'est pas sur la rue d'à côté. Il faut qu'il monte au nord. Il faut qu'il
fasse ses dessins. Il faut qu'il prenne ses relevés. Tout est plus lent, tout est plus long. Tout doit être
construit selon des normes, encore une expression parisienne, «heavy duty»,
hein, l'isolation, la résistance du
bâtiment. Quand qu'il fait mauvais là-bas, là, ça n'a rien à voir avec quand
qu'il fait mauvais à Québec, là.
Donc, M.
le ministre, j'aimerais ça, dans le... — je vois le temps qui file, là, puis il reste
environ quatre minutes — que vous me disiez, là,
quelles sont les actions que vous avez prises à date puis vers quoi on s'en va.
On va oublier la question des
suicides, là, parce que je pense que c'est moins dans votre cour, là. Ça serait
plus du côté de la Santé qu'il faudrait poser cette question-là. Mais, côté conditions de détention, comme je
vous dis encore, ils ne sont pas idéals, puis, non, ce n'est pas correct, puis, oui, il y a de
l'amélioration à faire, mais dans quelle démarche vous vous inscrivez, puis
vers quoi on s'en va dans ça?
Le
Président (M. Ouellette) : Merci, M. le député d'Ungava, pour votre témoignage. Je comprends aussi que,
dans le cadre de votre témoignage, en aucun moment vous n'avez imputé de motif
à mon collègue... à notre collègue de Beauce-Nord. C'était tout simplement dans le cadre de votre témoignage et ce n'était
pas adressé particulièrement au député de Beauce-Nord.
M. Boucher : Pas du tout.
Le Président (M. Ouellette) : Merci.
M. le ministre, pour les 3 min 30 s qui restent.
M.
Coiteux : Les
3 min 30 s. D'abord, je voudrais juste dire, M. le Président, que le témoignage que nous a donné le député d'Ungava est particulièrement émouvant. Et, pour ceux qui, ici, n'ont pas
l'occasion de côtoyer aussi régulièrement que nous, du côté ministériel, le député d'Ungava, c'est... je ne sais
pas si c'est la cause de sa vie, mais c'est l'une des grandes causes de sa vie. Et il est, pour le gouvernement, le député d'Ungava, plus qu'un partenaire, là, dans la définition des pistes d'action à l'ensemble...
pas seulement à la question de Puvirnituq, mais à l'ensemble des problématiques autochtones.
Je vais prendre deux
aspects de ce qui a été mentionné ici qui m'apparaissent relever de la Sécurité
publique, parce que le député d'Ungava disait que peut-être
que la question du suicide n'était pas dans la cour de la
Sécurité publique. C'est plus ou moins vrai parce que, puis je l'ai
expliqué quand j'ai commencé avec mes remarques préliminaires, la prévention est importante en matière de sécurité. Et l'une des premières choses que j'ai faites quand je suis
arrivé, ça ne visait pas précisément
les populations autochtones, le programme Prévention jeunesse,
mais c'était avec le souci de mettre en
relation des intervenants communautaires,
des gens, par exemple, des services sociaux et les corps policiers dans des
actions de prévention de problèmes
graves affectant les jeunes. Alors, le premier projet a été lancé à Laval pour
contrer l'exploitation sexuelle, mais ça peut toucher d'autres
problématiques jeunesse, incluant la prévention du suicide.
Et d'ailleurs, quand
j'ai rencontré... puis ce n'est pas dans les communautés de votre région, mais,
quand j'ai rencontré le chef Gilbert Dominique, de Mashteuiatsh, un objet
important de nos discussions était ça, justement, la prévention pour des problématiques
touchant les jeunes dans sa communauté. Et je l'ai invité à travailler avec
nous pour voir si on pouvait mettre
sur pied avec lui un programme prévention jeunesse. Et, quand je dis «avec
lui», ça, ça veut dire exactement travailler avec la communauté, en
fonction des besoins de la communauté et en fonction de comment la communauté veut organiser ces choses-là. Alors,
mon souhait, comme le souhait de mon collègue ministre des Affaires autochtones, c'est de pouvoir implanter le plus
grand nombre de ce type de projets de prévention dans l'ensemble des
communautés autochtones, et je pense que le député d'Ungava sait qu'on
travaille là-dessus.
Maintenant,
il ne me reste pas grand temps, simplement pour parler de la construction, la
construction dans le Nord. Le député
d'Ungava dit à quel point c'est important d'abord de ne pas arriver avec une
solution toute faite mais de parler avec
nos partenaires locaux, puis il a parlé de l'Administration Kativik. C'est
exactement le processus dans lequel on est actuellement puis c'est la raison pour laquelle il n'y a pas de crédits
immédiatement alloués à la construction. Alors, ce printemps, on est en discussion justement avec les
partenaires locaux pour cerner les enjeux puis on va analyser avec eux les
options, de telle sorte qu'on va être capables de proposer une solution
immobilière dans les délais qui nous étaient donnés par le député
d'Ungava, qui tiennent compte de la réalité des communautés autochtones du
Nord.
Le Président (M. Ouellette) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant,
pour son dernier bloc, qui sera le dernier
bloc de la soirée, parce que je vous rappelle que nous terminons pour
22 h 30, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. On a terminé le premier
bloc avec le commissaire de l'UPAC et on a parlé des fuites concernant des enjeux sensibles, notamment portant sur les
enquêtes. Le commissaire m'a donné une réponse quant à un cas plus
spécifique qui touchait TVA hier, mais j'aimerais ça en invoquer un nouveau, ça
sera ma dernière question au commissaire de
l'UPAC pour ce soir, si le ministre le permet, un dossier qui, je suis
convaincu, intéressera la presse parlementaire au plus haut point.
Le Président (M.
Ouellette) : M. Lafrenière a pris place à la table. M. le député de
Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Alors, au moins trois
journalistes, Louis Lacroix, de Cogeco, Michel Hébert, du Journal de Québec, et Antoine
Robitaille, du Devoir, ont affirmé sur les ondes avoir été sollicités
par un dénommé Pierre qui prétend
avoir des éléments d'enquête complets concernant une ancienne parlementaire de
cette Assemblée. Alors, au-delà de
cette cause-là, c'est un cas qui est fort préoccupant, en tout cas ce l'est
pour la presse parlementaire, ça l'est pour nous, considérant l'impact
potentiel sur tout le travail qui a été fait par l'UPAC.
Donc,
hier, la patronne de la Direction des poursuites criminelles et pénales nous a
assurés que ça ne venait pas du DPCP,
que c'était impossible. Alors, est-ce que le commissaire à l'UPAC peut nous
dire la même chose ou est-ce qu'ils ont trouvé cette source et qu'ils
ont appliqué un certain nombre de mesures?
Le Président (M.
Ouellette) : M. le ministre, vous avez une réponse? M. Lafrenière.
M. Lafrenière (Robert) : Alors, d'abord, ce fameux Pierre là, oui, j'en ai
entendu parler, j'ai entendu les reportages, on n'a jamais vu une syllabe de ce qu'il avance. Alors, moi, je ne peux
pas faire des gestes, des actions sur des hypothèses comme ça, lancées à
gauche puis à droite.
Par contre, je
comprends que vous voulez savoir qu'est-ce qu'on a comme mesures à l'UPAC pour
justement contrer les fuites. D'abord, j'ai fait faire récemment, très
récemment, une vérification complète de notre technologie de l'informatique au niveau de la robustesse, être
sûr que nos pare-feux sont à date, et tout ça. J'ai demandé de faire un balayage électronique dans mes bureaux à moi, dans
les bureaux de mon directeur des opérations, dans les endroits très
sensibles. On a fait un rappel à tout le monde sur la nécessaire
confidentialité.
Je rappelle que tous
les gens de l'UPAC doivent passer une habilitation sécuritaire. Je rappelle que
tous les policiers font un serment de
discrétion, que tous les employés civils font un engagement de confidentialité
et que tous ont suivi la formation qui nous est dispensée par le
ministère au niveau de la sécurité de l'information.
Alors,
ce sont les gestes qu'on a posés. Et on a même demandé à la Sûreté du Québec de
faire une enquête dans un cas, ce que
la Sûreté du Québec est en train de faire, parce que ça rejoint ce que j'ai dit
au début de notre exposé, que je n'ai
pas accès aux banques de données. Donc, pour aller faire ces vérifications-là,
j'ai demandé à la Sûreté du Québec, au directeur général adjoint aux enquêtes criminelles, de faire
enquête.
Le
Président (M. Ouellette) : M. le député de Matane-Matapédia.
• (22 h 10) •
M.
Bérubé : Dans le
cas spécifique de Pierre, qui a quand
même pris le téléphone, qui a eu des
conversations téléphoniques avec au
moins trois journalistes que je vous ai identifiés, parce qu'ils en ont parlé, mais je sais qu'il y en
a plus parce qu'ils l'ont évoqué en
privé, donc, on ne l'a pas identifié puis on n'est pas en mesure d'avoir la
certitude que ça ne provient pas de l'interne de l'UPAC.
Le Président (M.
Ouellette) : M. Lafrenière.
M. Lafrenière
(Robert) : Mon équipe ne l'a pas identifié, c'est clair. Est-ce que...
M.
Bérubé :
O.K. J'ai terminé pour...
Le Président (M.
Ouellette) : Vous avez terminé avec M. Lafrenière?
M.
Bérubé :
Oui.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le ministre, en complément.
M.
Coiteux : Oui, bien, puisqu'on est quand même à la fin du bloc où le
député de Matapédia... député de Matane souhaitait poser... — c'est
Matane-Matapédia, hein? C'est bien...
Le Président (M.
Ouellette) : Matane-Matapédia.
M.
Coiteux : ...Matane-Matapédia — souhaitait poser des questions au
commissaire à l'UPAC, moi, j'aimerais revenir quand même sur un aspect.
Parce que, là, on était assis côté à côté — je pense qu'il n'a pas remis
en question l'indépendance du commissaire
parce qu'on était assis côté à côte ce soir — il a posé des questions — que j'ai qualifiées comme je les ai qualifiées, mais j'ai retiré mes
propos, bien entendu — lors de la remise d'un rapport demandé par le Trésor, et j'aimerais simplement rappeler la chose
suivante : Qu'est-ce qui pourrait le plus questionner l'indépendance?
Est-ce que c'est le gouvernement qui,
en fonction du mandat de l'UPAC, demande de faire des recommandations sur de la
gestion contractuelle ou c'est un
ancien ministre de la Sécurité publique, je pense, de son parti politique, M.
Bergeron, qui se rend dans les locaux de l'UPAC, se rend littéralement
dans les locaux de l'UPAC...
Une voix :
...
Le Président (M.
Ouellette) : M. le...
M. Coiteux :
...et qui leur demande...
Le Président (M.
Ouellette) : Excusez, M. le ministre...
M. Coiteux :
...de conduire leurs enquêtes...
Une voix :
Question de règlement. Je n'ai jamais questionné là-dessus.
Le Président (M.
Ouellette) : Il y a une... Non, je comprends. Bougez pas, bougez
pas...
M. Coiteux :
Alors, je pense que ça méritait...
Le Président (M.
Ouellette) : Bougez pas, M. le ministre, c'est une question de
règlement.
M. Coiteux :
...je pense que ça méritait d'être souligné.
Le Président (M.
Ouellette) : Non, je comprends...
M.
Bérubé :
Ça méritera qu'on dévoile un certain nombre de choses ce soir, peut-être, M. le
ministre.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Bien, ça va peut-être changer les questions que
j'aurai à poser à ce moment-là, si le ministre souhaite aller sur ce terrain-là...
Le Président (M.
Ouellette) : Donc, vous n'êtes pas sur votre...
M.
Bérubé : ...ça me
fera plaisir.
Le Président (M.
Ouellette) : Je m'excuse, vous n'êtes pas sur votre question de
règlement? Non?
M.
Bérubé : Bien oui, bien, parce que je n'ai jamais
questionné sur cet enjeu-là. Il faut répondre aux questions que l'opposition...
Le Président (M. Ouellette) : C'est
beau. Donc, à vous la parole, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Alors, j'ai terminé pour ce qui est du
commissaire à l'UPAC, mais peut-être qu'on y reviendra demain, là, compte tenu
de la réponse que le ministre vient de m'offrir.
J'aimerais maintenant
poser des questions concernant le Bureau des enquêtes indépendantes et, si cela
est possible, poser des questions à Me Madeleine Giauque.
Le
Président (M. Ouellette) :
Me Giauque s'avance. Je vais attendre votre question, M. le député de Matane-Matapédia,
et M. le ministre jugera de la pertinence de laisser répondre Me Giauque. M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Oui. Alors, le Bureau des enquêtes
indépendantes, puisque le ministre fait référence au député de Verchères,
il reconnaîtra certainement qu'il était un ardent défenseur de ce bureau, qui
était nécessaire et qui tarde à être opérationnel. Alors,
des questions très simples à Me Giauque.
Alors, le Bureau des enquêtes indépendantes
devait être opérationnel le 1er avril. Est-ce qu'il est pleinement
opérationnel?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Bien, simplement...
Je vais laisser Mme Giauque, effectivement, répondre à la question, mais on a mis
tout en place pour que le Bureau des enquêtes indépendantes soit opérationnel le
plus rapidement possible, et je comprends qu'au rythme où vont les choses ça va
être très bientôt. Mais je vais laisser donner plus de détails.
Le Président (M. Ouellette) : Me
Giauque.
Mme
Giauque(Madeleine) :
Bonsoir, tout le monde. Alors, le Bureau des enquêtes indépendantes
devrait être opérationnel, je dirais, dans la deuxième semaine de juin.
Le Président (M. Ouellette) : 2016?
Mme
Giauque (Madeleine) : 2016, effectivement, quand même. Mais il faut comprendre... Je peux vous annoncer
qu'aujourd'hui était la dernière journée de formation de base pour les
enquêteurs du bureau. Ils seront diplômés et gradueront
vendredi le 29 avril, mais immédiatement, le 25 avril, ils vont commencer une formation
en matière d'agression sexuelle. Je
dois vous dire que, même si cette formation n'était pas prévue, il m'est
apparu, au mois d'octobre, dans la foulée
des événements qu'on appelle de Val-d'Or, qu'éventuellement c'est un dossier, si on avait été en opération,
qui serait arrivé à notre bureau. Mes
enquêteurs n'étaient pas formés, la formation ne prévoyait pas ça, parce que
ça n'avait rien à voir avec leur mandat.
Alors, comme,
à partir du moment où nous serons en opération, il nous sera impossible de
dégager des gens en nous assurant
qu'ils seront présents pendant toute une formation, j'ai pris la décision de
leur faire suivre la formation avant d'entrer
en fonction, d'entrer en opération. La formation commence lundi le
25 avril et se terminera à la fin mai. Dès que possible, en juin, on sera en opération avec des
enquêteurs qui seront formés pour tout ce qui sera notre éventuel mandat.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre, vous avez un complément?
M.
Coiteux : De mon point de vue, le délai n'est pas très matériel, là, on parle de quelques
semaines de délai avec une formation
accrue pour tenir compte du choix exprimé. Puis d'ailleurs on a l'intention de
le traduire dans des gestes, éventuellement, législatifs
que les enquêtes indépendantes puissent être étendues à la question des crimes
de nature sexuelle.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
M. le Président, je veux faire remarquer au ministre que le projet de loi a été
sanctionné le 15 mai 2013, que ça fait trois ans, que, pendant
ce temps-là, la police enquête toujours sur la police, notamment dans des cas
qui interpellent la population, qui ont fait
l'actualité récemment, alors c'est important. Puis, dans Le Soleil
et La Presse, samedi dernier, j'ai vu une petite
annonce où vous recherchez toujours des enquêteurs.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Bien, j'imagine que c'est dans la nature du mandat de
recruter des personnes, d'avoir une banque de candidats valables à l'intérieur de laquelle on peut toujours puiser.
Mais je vais laisser Mme Giauque ajouter un complément
d'information.
Le Président (M.
Ouellette) : Me Giauque.
Mme
Giauque (Madeleine) : La loi sur la police exige que nous tenions une
liste d'aptitudes de candidats. Alors, actuellement,
cette liste d'aptitudes est très courte, et j'ai lancé, effectivement, un autre
appel de candidatures — je vois que vous l'avez
entre les mains — et il
est très bien indiqué que c'est pour créer une liste d'aptitudes si jamais,
dans le plus grand des hasards, on
avait des gens qui démissionnaient de leurs postes ou on avait la chance
d'augmenter l'équipe, bien, on
n'aurait pas à passer par le processus, très long, de sélection et d'appel de candidatures.
Ce qui fait que c'est la raison
d'être, là, actuellement. Mais l'équipe de 18 personnes prévue
initialement est complète au moment où on se parle.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Bon. Quant aux délais, il faut être capable de les expliquer. Bon, il y a la
formation, mais c'est quand même
trois ans après. Une question que j'aimerais pouvoir adresser à
Me Giauque : Est-ce que le fait que quatre membres civils ont
vu leur candidature bloquée a retardé la mise en opération du Bureau des
enquêtes indépendantes?
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Je vais prendre cette question, si j'ai bien entendu.
D'abord, écoutez, je rappelle encore une fois, là, que j'ai été nommé le 28 janvier et que très
rapidement toutes les personnes ont été nommées au Bureau des enquêtes indépendantes, extrêmement rapidement. Je peux
vous retrouver les dates, mais c'est une question de jours, pratiquement.
De telle sorte qu'ils ont pu tous faire leur
formation ensemble et qu'il n'y a eu aucun délai qui a été occasionné par les
nominations, absolument aucun délai.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
M. le Président, je salue l'arrivée du ministre et je salue le fait que son
arrivée a contribué à débloquer quatre
nominations au Conseil des ministres. Mais ce qu'il nous confirme à travers son
intervention, c'est que, s'il a dû débloquer cette situation-là, qu'ils
ont été nommés pendant qu'il était ministre, c'est que quelqu'un bloquait pour
des raisons que nous ignorons. Alors, s'il
en sait davantage ou si Me Giauque en sait davantage sur les motifs qui
ont fait en sorte qu'on a bloqué
quatre candidatures civiles au Bureau des enquêtes indépendantes, il me semble
que ça serait le moment de nous communiquer ça.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M.
Coiteux : Non, il n'y a pas eu de délai qui a été occasionné. Le
processus de nomination a fait en sorte que tous ont pu faire leur
formation dans les délais requis, d'une part. Mais, d'autre part, puis je pense
que c'est la raison principale pour laquelle
on a quelques petits délais, et c'est des délais qui, franchement, ne sont pas
très matériels, c'est parce qu'il y a une formation additionnelle qui
commence maintenant pour que, justement, le Bureau des enquêtes indépendantes
puisse s'occuper également d'enquêtes dans des questions de crimes de nature
sexuelle.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Cinq sources ont confirmé à La Presse que des candidatures
ont été bloquées pour des motifs qu'on ignore.
J'invite le ministre à ne pas être humble et à reconnaître qu'il a réussi à
débloquer une situation qui faisait en sorte de ne pas améliorer les
délais de mise en opération du Bureau des enquêtes indépendantes. Je salue son
travail.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
ministre.
M. Coiteux : Bien, je me sens honoré
d'être salué, mais je pense que c'est un travail gouvernemental qui a commencé avec mon prédécesseur. Alors, on a fait
tout ce qui était prévu par la loi pour permettre à Me Giauque d'avoir
les ressources humaines dont elle avait
besoin pour initier... Maintenant, si elle veut ajouter un complément
d'information là-dessus, elle est tout à fait...
Le
Président (M. Ouellette) :
Est-ce que vous voulez entendre le complément d'information, M. le député de
Matane-Matapédia? Me Giauque.
• (22 h 20) •
Mme
Giauque (Madeleine) : Les deux superviseurs ont été nommés le
13 octobre, et les 16 enquêteurs devaient, en principe, être nommés pour débuter le
9 novembre. C'est ce qui était prévu pour que la formation puisse
commencer le 16 novembre.
Malheureusement, on a été un petit peu malchanceux, Mme Thériault est
tombée malade, tout le monde le sait, et effectivement les nominations
n'ont pas eu lieu en temps opportun. Quand j'ai vu ça, parce qu'il nous était
impossible à ce moment-là de commencer avec beaucoup moins d'enquêteurs, les
coûts devenaient beaucoup trop importants,
et il nous était impossible aussi de travailler avec un aussi petit nombre
d'enquêteurs, j'ai pris la décision de reporter
la formation du 16 novembre au 11 janvier. Le 11 janvier, malgré
le fait que tout le monde... l'équipe complète n'avait pas été nommée et qu'effectivement quatre personnes étaient
toujours en attente, la formation a débuté. Alors, je peux dire qu'il n'est pas de la faute de
personne, là, effectivement... Au moment où on se parle, l'équipe est complète,
la formation a débuté dès que possible. Encore une fois, on a été malchanceux.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Oui. Alors, ces délais, cette malchance font en sorte que la police enquête
toujours sur la police. Mais j'entends le ministre nous dire que c'est
un travail gouvernemental, puis Me Giauque nous indique que c'est lié à la personne, le changement de ministre, il
m'apparaît, en tout cas, que, si c'est un travail gouvernemental, ça doit être
imperméable au changement de
ministre. Mais, bon, je prends la parole de nos deux intervenants. Donc, c'est
la dernière question sur le Bureau des enquêtes indépendantes pour ce
soir.
Donc, j'aimerais poser des questions sur un
autre sujet, qui est la vérification des casiers judiciaires.
Le Président (M. Ouellette) : Me
Giauque. M. Marsolais.
M.
Bérubé :
Donc, M. le Président, sans plus tarder, depuis le 1er avril 2015,
les citoyens résidant sur les territoires desservis par la Sûreté du
Québec doivent s'adresser à des entreprises privées pour obtenir une fiche
d'empreintes digitales à des fins civiles ou
une vérification de casier judiciaire, que ça soit dans le cadre d'une demande
de visa, en vue d'obtenir un emploi,
un permis de travail. Même les candidats des formations politiques passent par
là, M. le Président. Mais là la
nouveauté, c'est que... Ce qui était gratuit. Là, les frais, c'est de 45 $
à 80 $. On pourrait dire : On paie à la SQ. Même pas, pas à la Sûreté du Québec. Alors, sur le
site de la Sûreté du Québec, on nous dit que, selon la demande, il y a des entreprises privées, maintenant, qui sont
disponibles pour faire ce travail, on a créé toute une industrie encore plus
forte, qui sont autorisées, bien sûr, mais qui vont charger de 45 $ à
80 $.
Alors, j'ai
plusieurs questions là-dessus. Pourquoi on a décidé ça? Pourquoi la Sûreté du
Québec n'offre plus le service?
Pourquoi, à la rigueur, si elle voulait charger, bien, elle ne le charge pas
elle-même? Pourquoi elle donne ça en sous-traitance
à des entreprises privées? Moi, il y en a une qui est apparue dans mon comté,
M. le Président, dans le même bureau que mon député fédéral, juste à
côté. Et les frais exigés sont importants.
J'ai ici une lettre de l'École de musique de
Matane, qui nous dit la chose suivante : qu'ils ont dû faire des
vérifications, on leur exigeait ça.
Alors :
«Nous avons accepté sans hésitation n'étant pas informés de la nouvelle loi du
gouvernement libéral [sur] laquelle
ce ne serait plus la Sûreté du Québec qui délivrerait gratuitement ces
formulaires. À notre grande surprise, nous avons dû nous rendre à Identité Québec et défrayer un montant de
75 $ par personne. [En conséquence,] il a fallu limiter cet [exercice] au personnel devant obligatoirement
être présent dans l'établissement en même temps que les jeunes de
Petit-Matane», ça, c'est l'école, là, à proximité.
Tout ça pour
dire que... Ça origine d'où cette décision d'abandonner ce service? Et
pourquoi... — oui,
j'en ferai une copie, M. le
Président. Et pourquoi il faut payer, puis pourquoi il faut payer à des
entreprises privées qui font des affaires d'or présentement, M. le
Président? J'en fais une copie.
Le Président (M. Ouellette) :
J'aurai une copie pour vous, M. le ministre.
M.
Coiteux : Oui. Alors, M. le Président, juste une chose à mentionner
ici, je vais demander à M. Morency, qui est directeur général adjoint de
la Sûreté du Québec, de donner plus d'informations sur ce sujet-là. J'ai
moi-même questionné la Sûreté du Québec à
cet effet, et puis on a eu l'occasion d'échanger là-dessus, mais je pense qu'il
va pouvoir nous donner un peu le portrait de comment procède la Sûreté
du Québec aujourd'hui à cette question-là.
Le Président (M. Ouellette) : M.
Morency.
M. Morency(Yves) : Alors, merci,
M. le Président. Alors, pour vous dire que d'abord ça découle d'une décision
qui est venue de nos collègues de la GRC,
évidemment, une décision administrative qui causait la conséquence suivante,
c'est-à-dire que, pour faire des
habilitations à des fins civiles — évidemment, ça touche toujours dans le but
d'obtenir un emploi, parfois dans des
secteurs sensibles, parfois dans des secteurs, disons, technologiques de haut
niveau ou dans des contextes où la
clientèle peut comporter certains risques — on nous chargeait, à partir d'une certaine
date, un montant pour les fiches d'empreintes digitales.
Donc, partant de là, évidemment, nous, ça nous
occasionnait des coûts supplémentaires, une démarche, aussi, supplémentaire au niveau de la vérification de nos
ventes. Alors, tout ça étant... Et c'étaient déjà des choses... ou c'étaient
déjà des actions qui étaient déjà rémunérées
ou chargeables par d'autres organisations policières. Mais, à partir du moment
où cette décision-là est arrivée, pour nous,
ça représentait des coûts importants. De plus, on se plaçait dans une situation
aussi où on entrait en compétition dans un
domaine où des entreprises privées, dorénavant, donnent ce service-là. Donc, on
a pris la décision de se retirer de ce service-là et d'investir nos ressources,
parce qu'on fait énormément d'habilitation sécuritaire, notamment pour
tous les bénévoles, notamment pour tout ce qui est réglementé. On n'a qu'à
penser aux clientèles vulnérables, tout ce
qu'on connaît dans les lois au niveau
des clientèles vulnérables, ça
représente un énorme volume. Donc, on a fait un choix en fonction des
priorités que nous avons et des coûts qui sont liés à ça, et on a tout
simplement choisi de ne pas s'investir dans ce domaine-là.
Le Président (M. Ouellette) : M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le
Président, je suis très étonné de
cette décision de la Sûreté du Québec, d'abord parce
qu'il y a un impact concret dans des
petites organisations qui n'ont pas les moyens ou des individus qui ne sont pas
couverts par une gratuité, qui
doivent payer pour faire du bénévolat dans bien des cas. Il y a des exemples
très concrets que je vous fournirai avec grand plaisir.
Donc, la Sûreté du
Québec abandonne ça. Je ne sais pas quelle publicité a été faite là-dessus,
mais nous, on l'apprend, là, cas par cas,
les gens viennent à notre bureau de comté. Identité Québec, ils font de la
publicité à pleines pages de journaux chez nous.
La
deuxième option, c'est que la Sûreté du Québec aurait pu elle-même facturer, ça
aurait pu être un service offert, où
on se rend sur place puis là on paie le montant. On aurait aimé ça que vous ne
l'abandonniez pas. Mais là on le donne à des privés qui font des affaires d'or. Le nombre d'entreprises grossit,
ils engagent, ils passent des annonces. Il me semble qu'on vient de créer là toute une série
d'entreprises à numéros. Il y en a plein partout au Québec. Puis il y a des
endroits qu'il n'y en a pas, en plus,
ça fait que les gens doivent se déplacer. Il me semble que c'est une décision
qui devrait être reconsidérée, compte
tenu de l'impact dans tout le monde communautaire, dans des petites
entreprises, auprès de gens vulnérables. Ce n'est pas tout le monde qui
est couvert.
À
ma connaissance, je peux me tromper, mais le SPVM semble encore offrir le
service. Si je me trompe, je le
corrigerai, mais, en date d'hier, sur le site Internet, là, ils semblent
l'offrir encore. Donc, je suis étonné de cette décision-là qui a été
prise sans tambour ni trompette, M. le Président.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le ministre.
M.
Coiteux : Écoutez, j'avais la même préoccupation quand j'ai posé des
questions à la Sûreté du Québec. Ce que la Sûreté... Puis je pense que
M. Morency va pouvoir le confirmer : lorsqu'il s'agit de bénévoles,
lorsqu'il s'agit d'employés dans des
organisations qui, par nos lois, sont tenues d'aller chercher ces
habilitations, c'est gratuit, c'est donné par la Sûreté du Québec gratuitement. Alors, si jamais il devait y avoir
des cas où ce n'est pas le cas, ça ne correspond pas aux échanges qu'on
a eus, mais M. Morency peut le reconfirmer.
M. Morency
(Yves) : Oui.
M.
Bérubé : M. le Président, je soumets humblement — puis vous avez la copie — le cas de l'École de musique de Matane, qui est une petite institution à but
non lucratif, qui embauche des enseignants, des gens qui font de l'encadrement.
Dans leur cas, ce n'est pas des bénévoles,
mais il n'y a pas de marge de profit, là, c'est un service offert dans une
petite ville, puis c'est le cas ailleurs au Québec. Donc, il y a un
impact.
Et
je ne sais pas quel est... J'aimerais, moi, connaître le volume de ce qu'on
avait à traiter par poste, de la Sûreté du Québec. Ça pourra se faire après l'étude des crédits, évidemment.
Qu'est-ce que ça représentait comme manutention? Et évidemment moi, je n'aurai pas accès aux chiffres de profits
d'Identité Québec, puis de commissionnaires, puis les autres, mais là eux autres sont vraiment très
heureux de votre décision, puis les citoyens ne sont pas très heureux de votre
décision. Alors, moi, mon travail, c'est de
vous faire part que votre décision a des impacts. Le ministre a questionné,
puis je ne suis pas surpris parce que je sais qu'il vérifie ces
choses-là, et l'efficience, et ces enjeux-là, mais là je vous invite
sincèrement à reconsidérer cette décision.
Le Président (M.
Ouellette) : M. le ministre.
M.
Coiteux : Bien, dans le cas qui est soulevé par le député de
Matane-Matapédia... puis ça va me faire plaisir de regarder ça avec lui, là, pourquoi il y a ce problème-là qui a surgi
ici, puis on va travailler ensemble pour voir s'il y a des solutions. Mais on va voir s'il y a d'autres
cas qui correspondent à ça. Donc, moi, je suis tout à fait ouvert à ce que,
bien, peut-être pas ce soir même, mais très rapidement, on puisse se rencontrer
pour en discuter.
M.
Bérubé : Bien, il me reste une minute, s'il y a une étude
d'impact sur ce que ça représente pour les organisations, je suis convaincu qu'il y en a une, je suis
assez... pas mal convaincu qu'il y en a une, j'aimerais ça l'obtenir.
J'aimerais ça que le ministre s'engage à pouvoir la terminer.
Puis je veux terminer
aussi, à nouveau, sur une bonne note et remercier le ministre et son cabinet
pour leur collaboration. Parce que le
cabinet m'a assuré, dans un dossier qu'on traitera demain, que j'aurai l'occasion
de visiter des centres de détention,
ce qu'on m'avait refusé précédemment, et le ministre a accepté, puis je veux le
remercier pour ça. C'est une attitude
d'ouverture qui l'honore, et on saura bien faire les choses en collaboration
avec lui tout au long de son mandat.
Le Président (M.
Ouellette) : Merci. Je ne sais pas si vous avez un commentaire sur...
M.
Coiteux : Bien, oui, effectivement, on a l'intention de travailler en
collaboration, puis notamment on va regarder ce cas de l'école de
musique à Matane, et on va organiser une rencontre pour regarder tout ça.
Le Président (M. Ouellette) : Merci pour votre collaboration. Il n'y a pas
personne qui est libéré. On vous voit tous demain, à 15 heures.
La
commission ajourne ses travaux à demain le jeudi 21 avril, à
15 heures, où elle poursuivra l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Sécurité publique. La commission se réunira à la salle de
l'Assemblée nationale — au
salon bleu? Nous sommes au salon bleu, M. le ministre, demain.
(Fin de la séance à 22 h 30)