(Quatorze
heures)
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Prenez place, s'il vous plaît! Je déclare la
séance de la Commission des institutions
ouverte. Bon après-midi à tous. Veuillez, s'il vous plaît, vous assurer que vos
appareils électroniques sont en mode silencieux, afin de ne pas
perturber nos travaux. J'imagine qu'un jour ça va arriver.
Une voix :
...
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Non, la perturbation, ça, on en a une bonne
expérience.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Habel (Sainte-Rose)
remplace M. Tanguay (LaFontaine); M. Bergeron (Verchères)
remplace M. Bérubé (Matane-Matapédia); et M. Charette
(Deux-Montagnes) remplace M. Martel (Nicolet-Bécancour).
Affaires intergouvernementales canadiennes
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, bienvenue aux membres qui
se joignent à la Commission des institutions pour ce mandat.
La Commission des
institutions est réunie afin de procéder à l'étude du volet Affaires
intergouvernementales canadiennes du
portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2015‑2016. Nous
recevons avec plaisir le ministre responsable
des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie
canadienne; M. le député de Verchères, porte-parole de l'opposition
officielle en cette matière; M. le député de Deux-Montagnes, également
porte-parole du deuxième groupe d'opposition en cette matière; ainsi que les
personnes qui les accompagnent. Bienvenue à tous à la Commission des institutions. L'étude des crédits se déroulera par des
échanges divisés en blocs d'intervention d'environ 20 minutes, en alternance
entre les groupes parlementaires. Compte tenu des règles et des ententes
intervenues, les députés du
gouvernement disposeront d'une période totale de deux heures; ceux de
l'opposition officielle, d'une période de 1 h 12 min; et
ceux du deuxième groupe d'opposition, de 48 minutes.
Je
me permets de vous rappeler que la présidence n'a pas pour rôle de contrôler la
qualité des réponses. Dans le but de
favoriser le plus d'échanges possible, nous encourageons les parlementaires à
respecter une certaine proportionnalité entre la durée des questions et des réponses en tenant compte,
évidemment, des sujets abordés par les questions. Toutefois,
contrairement à la période de questions et réponses orales, il n'y a pas de
limite de temps stricte qui s'applique aux questions et réponses au-delà de
l'enveloppe de temps pour un bloc d'intervention. La mise aux voix des crédits
sera effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ce volet.
Remarques préliminaires
Nous
allons débuter par les remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez
de 12 minutes, et je vous cède la parole.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Évidemment, vous comprendrez
que c'est avec plaisir que je me joins à la commission aujourd'hui pour défendre les crédits du Secrétariat aux
affaires intergouvernementales canadiennes pour l'année 2014‑2015. Sont
à mes côtés, M. le Président, et permettez-moi de les nommer, le
secrétaire général associé, M. Castonguay,
et son équipe : Mme Levesque, Mme Lachance, Mme Jean,
Mme Morin, M. Pires, M. Frédérick, Mme Bergeron. D'ailleurs, j'en profite pour
les remercier pour le travail qu'ils font à l'année longue pour voir à la
promotion des intérêts du Québec.
Je
suis aussi accompagné de Denis Desgagné, le P.D.G. du Centre de la francophonie
des Amériques. Il y a les gens de mon
cabinet, Mme Hobeika, Mme Massicotte et M. Parent, qui sont
aussi là. Je voulais les remercier. Je salue évidemment les collègues des deux côtés de la Chambre : ceux de ma
formation politique, ceux des autres formations politiques; le personnel qui les accompagne pour cet exercice, qui sera
sans doute instructif, sur l'état, dans le fond, des relations
canadiennes aujourd'hui.
J'amorce ces
remarques préliminaires par une brève présentation du SAIC, si vous me le
permettez, des principaux éléments
qui apparaissent aux livres des crédits et, par la suite, quelques dossiers
particuliers. Le SAIC a pour mandat de conseiller le gouvernement sur toute question
intergouvernementale canadienne et, en tant que responsable des relations
avec les gouvernements fédéral, provinciaux
et territoriaux, de coordonner l'ensemble des activités gouvernementales
québécoises au Canada. De concert avec les ministères sectoriels, le SAIC
participe aux travaux des conférences intergouvernementales
et veille à la négociation des ententes avec le gouvernement fédéral et ceux
des provinces. En tant que conseiller
auprès des ministères et des organismes publics québécois, il participe à
l'élaboration des politiques et des prises
de position qui touchent aux relations avec les autres gouvernements au Canada.
Le SAIC coordonne également les
relations avec la francophonie canadienne et administre le réseau de
représentation du Québec au Canada, dont on dira un mot plus tard, un réseau qui a été modifié passablement au cours de
l'année. Donc, je suis persuadé qu'on voudra en discuter.
Le programme Affaires intergouvernementales
canadiennes du ministère du Conseil exécutif se compose de quatre éléments : le SAIC proprement dit, la
Représentation du Québec au Canada, la Coopération intergouvernementale
et la francophonie ainsi que le Cabinet du ministre.
L'exercice
auquel on prend part aujourd'hui étant l'étude des crédits, permettez-moi de faire
un tour d'horizon des changements effectués au niveau des ressources
humaines et financières durant la dernière année au secrétariat. Sur le plan
des ressources humaines, le SAIC, incluant la francophonie canadienne et la
représentation du Québec au Canada, comptait, pour l'année 2014‑2015,
sur un effectif total de 82 ETC et de crédits de 14,5 millions de dollars. Notre gouvernement, comme vous le savez, M. le Président, fait des efforts pour redresser les finances publiques. Le SAIC a
contribué à cet effort. Pour l'exercice 2015‑2016,
les crédits seront de 12 767 200 $
qui sont prévus, ce qui représente une
réduction de 1 742 000 $, ou 12 %, par rapport à l'année
précédente. Cette réduction est tirée majoritairement du budget de transfert, qui est diminué de
1 112 600 $. Le budget de rémunération diminue, quant à lui, de
550 200 $, et le budget de fonctionnement, de
80 000 $.
Alors, quels
sont les changements, comment expliquer ces changements, qui ont été apportés
au SAIC? D'abord, une baisse de
crédits de 774 500 $ au Centre
de la francophonie des Amériques. En effet, le centre revient essentiellement au montant des crédits qui lui étaient accordés, soit environ 2,1 millions de dollars, avant qu'un montant additionnel de 1 million
de dollars lui soit consenti pour
trois ans. En fait, en 2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015, il y avait
1 million de plus par année,
pour trois ans, dans un échange de trois ans qui était consacré au Centre de la
francophonie. Par contre, en 2013-2014 et 2014-2015, 250 000 $ avaient déjà été réduits de ce
million additionnel. Donc, pour cette année, nous revenons au montant qui était prévu avant cette
bonification pour une durée de trois ans. Deuxièmement, le non-renouvellement
des crédits de 320 000 $ pour le
Congrès mondial acadien. L'événement a eu lieu en 2014. Le prochain est prévu
pour 2019. Ça me permet de dire
d'ailleurs qu'il a été un franc succès. Une baisse du budget du cabinet de
135 800 $ en raison du non-renouvellement des crédits pour le
versement d'indemnités de départ et la diminution du budget discrétionnaire. Les indemnités de départ : on se souvient
qu'il y a eu, après le 1er avril, changement de gouvernement. Donc, il y a eu
des indemnités de départ tout à fait
correctes qui ont été versées mais qui sont dans les crédits. On n'en prévoit
pas pour l'année qui vient. Pour ce
qui est du budget discrétionnaire, voilà un changement assez important :
le budget, qui était de
72 700 $, passe à 32 600 $, donc une diminution de
40 100 $, ou 55 %, au niveau du budget discrétionnaire du ministre
responsable.
Finalement,
des économies de 440 300 $ liées à la fermeture du bureau du Québec à
Ottawa et de l'Antenne du Québec à Vancouver. Je me permets des
précisions sur ce dernier point, soit la réorganisation de la représentation du
Québec au Canada. Le bureau de
représentation est géré par le SAIC et a pour but de représenter le Québec
auprès des autres gouvernements du
Canada, de promouvoir les intérêts du Québec sur les plans politique,
économique, touristique, social et culturel. La réorganisation effectuée
est le fruit d'une réflexion visant à assurer d'une façon plus directe les services de représentation et de promotion du
Québec au Canada. On redéfinit nos relations canadiennes, les voulant plus
directes avec nos partenaires.
Résultat : de quatre bureaux, depuis nous sommes passés, depuis le 1er
avril, à deux bureaux. La fermeture
du bureau d'Ottawa résulte d'une volonté de créer des liens plus étroits, en
fait surtout d'une constatation que
les liens étaient déjà étroits entre homologues, c'est-à-dire entre
représentants élus. Ottawa n'étant pas très loin, il y avait déjà de nombreuses relations qui étaient
établies, et on va donc privilégier ce genre de rencontre. Pour ce qui est de
Vancouver, c'était une antenne du bureau de Toronto, ce n'était pas un bureau
au même titre que les autres, mais les activités
de l'antenne, qui relevaient du bureau de Toronto, seront désormais
centralisées au bureau de Toronto pour assurer la coordination.
La
refonte du réseau de représentations se traduira par davantage de
responsabilités en matière de développement économique pour le bureau de Toronto et des relations plus directes
entre les ministres québécois et leurs homologues fédéraux. Je profite
d'ailleurs de l'occasion pour souligner la nomination d'une nouvelle chef de
poste à Toronto, Mme Nicole Lemieux, qui assure ces responsabilités maintenant
avec son équipe. Finalement, le bureau de Moncton continue, quant à lui, d'assurer la mission particulière à l'égard du
rayonnement de la francophonie canadienne. Le SAIC a donc mis fin aux
contrats des deux recrutés locaux à Ottawa et quatre à Vancouver.
• (14 h 10) •
Dans
un contexte où l'information est accessible à distance grâce aux moyens de
communication d'aujourd'hui, il n'apparaissait pas aussi nécessaire
d'avoir encore une présence physique permanente à Vancouver et Ottawa. Un montant de 150 000 $ en fonctionnement a
par ailleurs été réservé au SAIC afin d'assurer la poursuite des activités de
représentation, de promotion et de défense
des intérêts du Québec partout au Canada. Évidemment, autant les gens de Vancouver qui avaient à se déplacer, disons, en
Alberta, bien ceux de Toronto pourraient aussi avoir à se déplacer, donc
ils auront un budget à cet égard, ainsi que
Québec aussi, évidemment, puisqu'il y a un renforcement aussi au centre qui va
donner plus de coordination, mais donc il
pourra y avoir plus de déplacements. Et donc il y a des bonnes économies, on
a quand même investi ou prévu des sommes
pour pallier des déplacements qui auraient été faits de toute façon par les
autres bureaux. En
effet, le rôle du SAIC étant amené à évoluer, celui-ci devra être en
soutien dans la mise en place d'une approche
stratégique qui visera non seulement les relations intergouvernementales, mais
aussi les relations avec la société canadienne.
Au final, les économies nettes engendrées par
ces mesures sont estimées à 440 300 $, je l'ai dit tantôt, pour 2015‑2016,
mais elles seront de 560 900 $ pour les années subséquentes. C'est qu'il
y a des frais à supporter pour la transition.
On pourrait y revenir s'il y avait des questions là-dessus. Peut-être un
survol, il me reste peut-être quelques minutes...
deux ou trois minutes, un petit survol de sujets qui seront l'occasion de
discussions entre nous, certainement sur la question de nos relations
avec l'Ontario, nommément, parce qu'on peut la nommer, sur un sujet important,
la question des changements climatiques.
Mais il n'y a pas que celle-là. Bien que cela soit majeur, il n'y a pas que
celle-là. Et il y a eu une rencontre
des conseils des ministres conjoints à l'automne. Plusieurs sujets étaient à
l'ordre du jour, dont évidemment celui des changements climatiques, qui
a été, je dirais, une étape importante entre le début du mandat et l'annonce toute récente, en mars dernier... Je
pourrais dire que ce Conseil des ministres conjoint a rendu des résultats très
impressionnants, et donc c'est quelque chose
qui fonctionne, notamment sur le marché du carbone. Il y a aussi été question
d'électricité, de commerce intérieur,
d'énergie et même de conditions de passage de pipeline qui démontraient une
position conjointe de l'Ontario et du
Québec, donc, renforçant cette position du Québec. Il a aussi été question
d'infrastructures, on en parlera sans doute, et non seulement celles qui
sont déjà annoncées, mais celles qu'on espérerait qu'elles soient annoncées
plus tard.
Et une grande question :
celle de la francophonie. Je vais m'arrêter là-dessus, parce que, sur la
francophonie, bien sûr, à Toronto, il y a eu
une déclaration, sur la francophonie canadienne, qui est déjà très porteuse
d'espoir sur la façon dont les deux
gouvernements représentant près de 60 % de la population voient l'essence
francophone comme étant excessivement
fondamentale dans l'histoire mais aussi dans l'avenir du Canada. On y reviendra
sans doute. Mais ça nous a amenés à
nommer certains défis. Radio-Canada en est un, l'immigration en est un autre.
Quand je parle d'immigration, je parle d'immigration francophone à
l'extérieur du Québec. On sait bien que, lorsqu'on constate la proportion ou le
nombre global d'immigrants qui viennent
s'établir au Canada, si on veut éviter le recul, il faut qu'il y ait au moins
autant d'immigration en français. Ils peuvent parler d'autres langues,
mais qu'ils soient aussi locuteurs francophones qui s'installent dans les
autres provinces au moins en proportion du nombre de francophones, certains
diront même «de francophiles», évidemment
les proportions deviennent plus importantes, mais ce serait déjà une bonne
étape si on se rendait au niveau des francophones.
Alors, ces
questions-là ont été discutées, et je crois qu'elles méritent qu'elles le
soient beaucoup à l'avenir parce qu'il
y a là une dimension importante pour le Québec, qui, comme langue commune, a le
français et qui souhaite, j'en suis
convaincu, que l'ensemble du Canada puisse aussi y faire une grande place. On
parlera, sans doute, de santé, M. le Président,
on parlera peut-être de péréquation, on verra les sujets qui seront amenés et
on pourra discuter de tout ça, et je vous remercie de votre attention.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. Je me
tourne vers M. le député de Verchères. Pour vos remarques préliminaires,
vous disposez de sept minutes.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron :
Alors, je vous remercie, M. le Président. Je n'entends pas me prévaloir de mes
sept minutes, je préfère disposer du plus grand temps possible pour les
échanges avec le ministre.
Alors, à
l'instar du ministre, vous me permettrez, M. le Président, de vous présenter
les gens, la toute petite équipe, mais ô combien efficace et ô combien
indispensable qui m'accompagnent : alors, à ma gauche, Marc Bouchard, qui
travaille au Service de recherche de l'opposition officielle; immédiatement derrière
moi, mon attaché parlementaire, M. Quentin
Maridat; et, à sa gauche... J'ai-tu parlé de la droite? À gauche... bien, en
tout cas, à sa gauche — j'ai toujours de la
misère avec la droite — il y a un digne représentant de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant
qui, pour son plus grand malheur ou son plus grand bonheur, travaille
avec moi pour cette partie de l'année parlementaire.
Mais je vais ajouter à mes
salutations, contrairement à ce qu'a fait le ministre, des salutations à votre
égard, M. le Président, et aux personnes qui
vous accompagnent autour de la table. Je veux saluer évidemment le ministre
lui-même et lui dire que, d'aucuns en
seront peut-être surpris, j'ai toujours grand plaisir à échanger avec lui. Nos
débats, qui sont quelquefois orageux, sont toujours très stimulants,
alors je suis très heureux d'être là aujourd'hui. Je veux saluer mes collègues du parti ministériel, mon collègue de
l'opposition officielle et saluer évidemment les gens du Secrétariat aux
affaires intergouvernementales canadiennes,
des gens qui effectivement travaillent très fort, que j'ai toujours grand
plaisir à retrouver, soit à Québec,
ou en Acadie, ou même ailleurs, et saluer évidemment les gens du Centre de la
francophonie des Amériques. Enfin,
j'espère que nous passerons de bons moments, au cours des quatre prochaines
heures, pour essayer d'approfondir l'action du gouvernement en matière
d'affaires intergouvernementales et en matière de francophonie canadienne.
D'abord,
j'aimerais dire, M. le Président, que, l'année dernière, j'avais offert ma
collaboration au ministre pour toute revendication auprès du
gouvernement fédéral, ou tout autre gouvernement, dans l'intérêt des
Québécoises et Québécois. Je lui avais
également offert toute ma collaboration pour soutenir les communautés
francophones et acadiennes du Canada.
Je dois dire que le ministre s'est prévalu peu ou prou de cette offre que je
lui avais faite l'année dernière, alors je lui réitère cette année publiquement l'offre de toute ma
collaboration pour toute revendication à l'égard du gouvernement fédéral, ou tout autre gouvernement, dans
l'intérêt des Québécoises et des Québécois et ma collaboration pour soutenir
les communautés francophones et acadiennes
du Canada. Alors, j'ose espérer que, cette fois-là, il voudra bien se prévaloir
de cette main tendue que je lui offre. L'année dernière,
vous vous souviendrez, M. le Président, que, m'appuyant sur l'expérience des dernières années, j'avais dit que
les gouvernements libéraux nous avaient habitués à une attitude plutôt mollassonne à l'égard du gouvernement fédéral, ce
qui avait fait bondir le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, puis je me suis dit : Bien, au
fond, il a raison. Au fond, il faut donner sa chance au coureur, il vient
d'être nommé dans ses fonctions, on
va le regarder aller et on jugera aux résultats si effectivement j'avais eu
raison de penser, ou de prévoir, ou
d'anticiper que nous aurions affaire à un gouvernement mollasson à l'égard du
gouvernement fédéral. Eh bien, M. le
Président, j'espère que nous aurons l'occasion de démontrer que ça aura été
même en deçà de nos attentes les plus minimales.
Alors,
je ne veux pas prolonger plus longuement cette période d'introduction, M. le
Président, j'aimerais que nous puissions
passer rapidement à nos échanges, de telle sorte d'approfondir ce que je viens
de décrire à grands traits il y a quelques instants. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de
Verchères. En fait, la présidence apprécie les débats animés,
divertissants, orageux, dans la mesure où ils sont respectueux.
M.
le député de Deux-Montagnes, à vous la parole. Vous disposez de cinq minutes
pour vos remarques préliminaires.
M. Benoit Charette
M.
Charette : C'est gentil.
Merci, M. le Président. Je serai également bref à ce moment-ci
de nos échanges. Des mots d'usage qui s'appliquent dans les
circonstances, donc au ministre, aux gens qui l'accompagnent, également mes collègues de l'équipe ministérielle, mes
salutations les plus sincères. Également, mes salutations aux gens de l'opposition officielle, le député de Verchères,
les gens de la table, naturellement.
Et je ne peux pas passer sous silence
la collaboration très
appréciée d'une personne à notre aile parlementaire au niveau de la recherche,
c'est Mme Iman Mohamed.
Donc,
M. le ministre, c'est un plaisir de vous retrouver cet
après-midi. On a passé quelques heures, ces dernières journées, ensemble sur d'autres sujets. Celui des
relations intergouvernementales est également très important. On l'a répété à quelques occasions, au
niveau de la Coalition avenir Québec, on prône un nationalisme d'ouverture, on
aime répéter que c'est le Québec d'abord,
sans par contre s'opposer à quelque collaboration que ce soit, bien au contraire, avec les
instances fédérales, sinon les autres provinces canadiennes. Certains y voient
une belle occasion de conflit.
Ce
n'est pas notre approche, au niveau
de la Coalition avenir Québec. On
souhaite que le Québec, au contraire, puisse bien s'acquitter de
son rôle au sein de l'ensemble canadien et, pourquoi pas, peut-être assurer un
plus grand leadership qu'il ne le fait actuellement ou qu'il ne l'a fait au
cours des dernières années.
Donc, la période
d'échange cet après-midi sera une belle occasion de voir justement qu'elle est
la nature des relations autant avec les autres provinces qu'avec le
gouvernement fédéral et voir comment se positionner dans cette perspective-là
pour voir un petit peu les orientations que sont celles du gouvernement et voir
comment nous pourrons collaborer au cours de la prochaine année. Donc, je ne
prendrai pas plus de temps, M. le Président, à ce moment-ci.
• (14 h 20) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de Deux-Montagnes. Ça
complète les remarques préliminaires.
Documents déposés
Avant
d'entreprendre le premier bloc d'échange, vous me permettez de déposer les
réponses aux demandes de renseignements. Voilà qui est fait.
Discussion générale
Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Verchères pour votre premier bloc d'échange.
M.
Bergeron : D'abord, M. le Président, deux petites
précisions. La première : je tiens à dire que je suis de l'école de ceux qui pensent que la politique du pire est
la pire des politiques. Or, je ne suis pas de ceux, contrairement à ce que
pourraient penser d'aucuns en cette salle,
M. le Président, je ne suis pas de ceux qui recherchent inutilement des
chicanes ou des conflits avec qui que ce soit. Je suis, au contraire, de
ceux qui pensent qu'il faut au contraire entretenir les meilleures relations possible mais ne pas pour autant baisser la garde
lorsqu'il vient le temps de défendre les intérêts des Québécoises et
Québécois.
Autre
petite précision importante, M. le Président : j'ai fait un oubli majeur
il y a quelques instants, j'ai parlé du stagiaire de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, mais je ne l'ai pas
nommé. Alors, il s'agit d'Arnaud Montreuil. Alors, l'honneur est sauf,
M. le Président.
Alors, je disais
l'année dernière, lorsque je regardais le plan budgétaire qui nous avait été
présenté par le gouvernement, que j'avais
été assez surpris, agréablement surpris, disais-je, du caractère et du tonus
qu'on retrouvait dans le texte et je
me suis dit : Peut-être est-ce simplement le fait qu'on vient de changer
de gouvernement puis qu'ils n'ont comme
pas eu le temps vraiment de changer la formulation des documents budgétaires et
de l'attitude un peu revendicatrice du
Québec à l'égard du gouvernement fédéral. Alors, M. le Président, vous serez
surpris de constater qu'un an plus tard on retrouve à peu près le même tonus dans le plan budgétaire du
gouvernement du Québec. Le seul problème, c'est qu'il ne s'est à peu près rien passé depuis l'année dernière,
ce qui fait qu'on est encore exactement au même point, puis on va en faire
la démonstration à partir de plusieurs exemples.
D'abord,
sur la question du transfert en santé au niveau des services sociaux, on
retrouvait, à la page F.19 du plan budgétaire
de l'année dernière, une phrase fort intéressante qui disait : «Le Québec
exige donc que le TCS tienne compte de
la répartition démographique des personnes de 65 ans et plus.» «Exige donc». Et
là, en page F.7, M. le Président, on retrouve
non plus en phrase introductive, mais en phrase titre de ce chapitre ou de ce
sous-chapitre «une enveloppe qui doit
prendre en compte le poids démographique des aînés». Alors, j'avais demandé
l'année dernière au ministre comment il
comptait s'y prendre pour faire en sorte que nous puissions obtenir gain de
cause et j'avais eu droit à des réponses plutôt convenues.
Alors, un an
plus tard, M. le Président, j'aimerais savoir du ministre qu'est-ce qu'il a
fait durant la dernière année pour
faire en sorte que nous en soyons exactement au même point, comme on peut le
voir à la page F.7 du document du plan
budgétaire, et ce qu'il compte faire pour que nous n'en soyons pas encore là,
exactement au même point, l'année prochaine.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Fournier : Oui. Merci. Bon, bien, d'abord, je remercie mon
collègue. Peut-être un petit retour sur son offre de collaboration; je le remercie. En tout état de
cause, il faut toujours mesurer un peu, il faut s'assurer... Une des
difficultés, puis je ne le dis pas
péjorativement parlant, là, mais il faut savoir que, porteur d'un message
notamment de gouvernance souverainiste qui était celui du Parti
québécois lorsqu'il formait le gouvernement, disons que ce n'est pas vraiment
le meilleur moyen pour créer des alliances.
On l'a d'ailleurs vu, lorsqu'on a assisté à la première... Conseil de la
fédération avec le premier ministre
Couillard, de la façon dont les partenaires fédératifs ont salué la venue de M.
Couillard, parce qu'ils ont dit : Bien, dans le fond, on dirait...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : À deux reprises, M. le ministre,
vous avez appelé notre premier ministre...
M.
Fournier : Bien oui. C'est probablement parce que je suis assis
à sa place, son nom est marqué devant moi.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Fournier : ...donc, ils ont reçu le premier ministre avec
beaucoup d'égards, beaucoup de bonheur, parce que ça permet de bâtir une relation sur des
partenaires qui veulent se faire confiance plutôt que des partenaires qui
veulent briser des liens. Donc, je
dis ça, je ne veux pas qu'il le prenne mal. Personnellement, j'aime le député
de Verchères, je l'apprécie comme il m'apprécie, au même niveau, et ça
en dit long.
Une voix : ...
M.
Fournier : Oui, très
élevé, évidemment. Mais quand
même il est porteur d'un message qui
n'est pas, à mon avis... tout est sujet à débat, mais, à mon avis, qui
n'est pas porteur d'alliances.
Maintenant,
pour ce qui est de son étalon de mesure sur la façon dont on défend les
intérêts du Québec, je sais, et c'est mon opinion, qu'il constate
surtout les éclats, les envolées et les critiques mais un peu moins sur les
gains qui peuvent être faits, et c'est
pourquoi l'étalon de mesure n'est peut-être pas le meilleur. Ce n'est pas
l'agression qui doit être le meilleur
étalon de mesure. Moi, j'ai toujours l'occasion de dire à l'égard d'Ottawa, et
je l'ai dit même dans une vie
antérieure, là, je me souviens de l'avoir dit au moment où j'étais à la
Justice, entre 2010‑2012 : L'important, c'est de dire ce qu'on pense. Quand c'est bon, on le dit.
Quand ce n'est pas bon, on le dit. Et ça a toujours été le comportement que j'ai suivi. D'ailleurs, dans les rencontres
que j'ai à faire et dans la façon dont on voit la chose, je pense qu'il faut
être équilibré. D'ailleurs, je le glissais, à l'étude des crédits, la
semaine dernière, à votre collègue de...
Une voix : ...
M. Fournier : Non, c'était de
Saguenay, de... en tout cas...
Une voix : ...
M.
Fournier : Jonquière. Merci. Oui, Jonquière. Et je lui disais,
bon, l'importance de donner quelques nuances pour mieux informer. On parlait de transparence, et la transparence,
dans le fond, c'est de donner l'information la plus juste possible.
Alors,
revenons à la question qui a été posée. Effectivement, notre collègue dit qu'il
avait trouvé du tonus dans les
portions sur le budget, le dernier, 2014, et celui de 2015, où il retrouvait
les mêmes passages. Il se demandait ce qui était arrivé pendant cette
année-là. Je pourrais lui dire qu'on retrouvait des passages à peu près
équivalents dans le budget de novembre 2012,
du gouvernement qui nous a précédés, et qu'un an et demi après il n'y avait pas
eu d'avancée, pour une bonne raison : ce n'est pas une compétition
d'avancées, c'est simplement que, dans ces éléments-là, il faut convaincre. Il y a une différence entre un
gouvernement, une gouverne, un pays, il y a des enjeux, alors il faut être
capable d'avancer le mieux possible.
Il en a été question au Conseil de la fédération de l'été dernier et, comme il
a été question... puis je pense qu'on
peut le dire, avec un dénominateur commun, parce que ce n'était pas le seul
sujet, mais le dénominateur commun qui
amenait ce genre de discussion là était l'étude du Conference Board qui avait
été demandée par le Conseil de la fédération pour relire l'état de situation
concernant le déséquilibre fiscal et qui faisait une démonstration... Là, il
faut se remettre dans le temps, là; on est dans une période de
prédiminution du prix du pétrole, ce qui change quelques conclusions de l'étude, mais qui ne change pas le
fondamental de l'étude, mais néanmoins qui change certains éléments. Et donc il y avait, à ce moment-là, une
illustration éclatante du fait qu'il y avait des ressources qui étaient
disponibles — je ne
m'étirerai pas trop longtemps, M. le Président, je sais que mon collègue veut
réintervenir.
Mais il y
avait donc un élément d'argumentation qu'il était important d'aller chercher,
parce que sinon on se fait dire :
Bien, on n'a pas de moyen. Alors, il faut être capable de faire cette
démonstration-là. On pourra revenir sur le sujet pour... je ne veux pas perdre de vue le 25 %, je ne veux pas perdre
de vue la question des personnes âgées, de la pression que ça donne. Alors, si vous avez une relance
là-dessus, j'aimerais ça pouvoir discuter de cette chose-là, qui est au coeur,
là, dans le fond, de la revendication, j'oserais croire, commune que
nous avons.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Bergeron :
Oui, je pense qu'on peut parler d'une revendication commune, M. le Président,
et, encore une fois, j'offre ma
collaboration au ministre. D'ailleurs, on a noté le fait qu'il y avait,
semble-t-il, sans dire «symétrie», disons, une grande apparence de... c'était très semblable, disons, entre le
gouvernement du Parti québécois et le gouvernement libéral quant aux
revendications. Quant aux façons d'aller le chercher, c'est une autre affaire.
M. le Président, moi, je veux bien qu'on
dise qu'il faut le réclamer, mais il ne faut pas abandonner avant même d'avoir
réclamé quoi que ce soit.
J'en veux
pour preuve une déclaration du premier ministre du mois d'août dernier où on
abandonnait littéralement la bataille des transferts fédéraux en santé.
Et là je cite le premier ministre : «Notre gouvernement comprend que le rythme d'augmentation de 6 % dans le contexte
économique et financier actuel est difficile à maintenir. [...]La plupart
des économies modernes allouent les fonds en
santé selon les caractéristiques spécifiques des populations, notamment l'âge
moyen...» Là, on revient à notre
revendication. «Pour compenser l'important manque à gagner — imagine-toi — Québec réduira ses dépenses en santé,
a indiqué le premier ministre.»
Alors, plutôt
que de demander au gouvernement fédéral de contribuer davantage, on va plutôt
se serrer la ceinture, M. le
Président. Je veux dire, on a vraiment, de ce côté-là, un point de vue qui est diamétralement opposé, moi, je pense.
Le ministre
disait il y a quelques instants : Il faut voir quelles
sont les ressources de l'autre côté. Bien, les ressources,
c'est que le gouvernement fédéral, lui, est
en ère de surplus. L'année dernière, on les anticipait. C'est maintenant
un fait. Nous, ce n'est pas le cas
encore. Et, plutôt que d'aller demander notre dû au gouvernement fédéral, notamment en santé, on baisse les bras puis on
dit : On va demander aux Québécois et aux Québécoises de contribuer davantage.
Alors, j'en
reviens à ma question sur cette question-là, mais je pourrais
passer tout de suite à une autre question pour illustrer mon
propos, sur, par exemple, les attentes en fonction du Fonds Chantiers
Canada et du Fonds PPP Canada.
• (14 h 30) •
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : ...parce que, si vous abordez deux sujets, la réponse va
devoir aborder les deux sujets.
M.
Bergeron : ...oui, M.
le Président, moi, je veux bien.
Alors, j'allais dire, M. le Président, qu'on lisait dans le plan budgétaire
de l'année dernière : «...le Québec s'attend à ce que sa part du financement fédéral réservé aux infrastructures appuie
les priorités établies au Plan québécois des infrastructures.» Or, on retrouve exactement la même chose en
page F.11 du plan budgétaire
de cette... pardon, en page F.13 du plan budgétaire de cette année, où
on dit : «...le Québec a manifesté à maintes reprises son intention de conclure des ententes satisfaisantes
qui devront appuyer les projets du Plan québécois des infrastructures.»
Alors,
autre sujet, même question : Qu'est-ce qui fait en sorte qu'on se retrouve à peu près
avec la même revendication un an plus
tard? Et qu'est-ce qu'on compte faire au cours de la prochaine année pour
ne pas que l'année prochaine on se retrouve avec la même revendication?
Aurons-nous des résultats cette fois-là?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. M. le ministre, les questions.
M.
Fournier : Je vais
tenter de répondre aux deux questions. J'espère avoir la possibilité de l'étendre suffisamment pour donner les bonnes réponses aux questions.
Ce n'est pas
juste une question de temps, M. le Président, encore
faut-il qu'on puisse donner de l'information. Parce que notre collègue nous dit :
Bien, dans le fond, on a une revendication, mais on a abandonné, alors que je
lui disais que notamment,
avec le portrait qui a été fait par le Conference Board — et
on pourrait référer au directeur du budget
parlementaire aussi, M. le Président — il y a de l'information, donc de l'argumentation, qui permet de soutenir qu'il y a des moyens à Ottawa et qu'il y a
de grands besoins dans les provinces. Il y a des discussions.
Quand on participe au Conseil de la fédération
dans un esprit de collaboration avec les partenaires canadiens, il y a une
possibilité de présenter nos positions. Par exemple, lorsque la Loi canadienne
sur la santé a été adoptée, la contribution du gouvernement canadien
s'établissait à 50 %, et, puisqu'il y avait 50 %, il y avait des
conditions assez importantes dans cette
loi-là, qui recevait l'appui de tout le monde. Je tiens à le dire. Mais
néanmoins cette loi était, je dirais,
crédibilisée, légitimisée par le financement qui l'accompagnait. Au fil du
temps, il y a eu une réduction, tant et si bien qu'on a frôlé les 20 %. En 2004 ou 2005... je ne me souviens
trop plus — je
pense, c'est 2004 — il y a
eu l'entente asymétrique, qui avait
ceci de particulier pour le Québec qu'elle était asymétrique, mais une entente
importante en matière de santé qui redonnait
du souffle au financement. Par contre, là, il y a eu d'autres annonces qui nous
disent qu'à terme il y aura encore
une réduction. Alors, il ne faudrait quand même pas qu'on
descende en dessous du 20 %. Il semble une mesure consensuelle à cette assemblée que,
minimalement, on dise : À 25 % de contribution fédérale au
financement que nous mettons, ce qui
me permet de faire quelques nuances entre le 6 % d'augmentation de la
contribution fédérale, peu importent quels sont les coûts, ce qui peut
paraître paradoxal.
Dans une
période où, par exemple, le médicament a connu beaucoup de changements, que les
façons de faire pour l'offre de
services en santé changent diamétralement, il y a une possibilité de revoir la
logique non pas sur l'augmentation sans
observation ou évaluation des coûts réels, mais qu'on le fasse à partir des
vrais coûts réels. Les Québécois qui paient des taxes à Québec et à Ottawa ne veulent pas qu'on dilapide les fonds,
ils veulent qu'on atteigne l'équilibre, ils veulent des services. Et, nous, ce qu'on dit, c'est
qu'on va suffisamment prendre les moyens pour offrir les meilleurs services, on
ne va pas être dépensiers, on va investir
pour que chaque dollar vaille 100 sous, M. le Président, et, puisque le
gouvernement fédéral peut être assuré que c'est cette façon que nous
allons faire, il peut très bien accepter d'aller à 25 % de la contribution. S'il pensait que nous allions
dépenser sans compter les sommes d'argent qui nous sont consacrées, il pourrait
y avoir une réticence à aller à 25 %,
mais, à partir du moment où la démonstration est faite que nous gérons avec
rigueur le budget de la santé, il peut et doit se dire : J'ai une
loi, je dois financer convenablement pour le soutenir.
Alors, on a
abandonné. Comment dire cela, comment dire qu'on a abandonné? On a des
arguments que nous avons développés, notamment
avec le Conference Board. On a des discussions que nous avons tenues avec les
autres provinces. Nous avons étendu le
consensus avec des partenaires. Est-ce
que ces partenaires forment, à eux
seuls, ensemble, le gouvernement fédéral à Ottawa? Non. Mais est-ce qu'ils représentent des Canadiens qui partagent le même point de vue que nous? Oui.
Parmi les
éléments qui sont largement répandus, cette grande question du coût du
vieillissement de la population,
qui nous affecte, nous, au Québec,
affecte aussi, il faut le dire, les Maritimes, pas toutes les provinces de la
même façon, mais il y a
un fardeau, une pression... plutôt une pression qu'un fardeau, une pression
accrue sur les investissements en santé, et nous croyons que, dans le réinvestissement
fédéral, pour qu'il respecte — c'est comme ça je le dis, en tout cas — la loi qu'il a adoptée en montant à
25 %, au moins — au
moins — cet
élément-là devrait tenir compte de la pyramide des âges. Il y aurait déjà là un gain important. Et moi, je crois
pouvoir dire que, lorsqu'on fait des conseils de la fédération,
lorsqu'on a des discussions avec les autres provinces et lorsqu'on arrive à une
période comme une période électorale à laquelle nous sommes, il y a un appel
qui est fait à l'ensemble des acteurs fédéraux à Ottawa — mon
collègue de Verchères les connaît bien,
puisqu'il a siégé avec eux — et je crois qu'ils doivent se sentir
interpellés par les représentations que
nous faisons. Et l'étude d'aujourd'hui, M. le Président, permet d'affirmer à
ces interlocuteurs électoraux fédéraux de cette année 2015 qu'ils vont trouver un très large consensus, je peux
même dire «écrit», de la part du PQ, de nous formant le gouvernement, et je crois bien que la CAQ
serait d'accord avec cela, de dire : Il y a une loi canadienne sur la
santé, bien il faut qu'il y ait au moins un financement à 25 %, et
on doit s'adapter à la pyramide des âges.
J'ai été peut-être un peu long. Je reviendrai
peut-être sur l'autre question sur les infrastructures à la suite.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Merci,
M. le Président. Effectivement, je pense que nous avons une fenêtre d'opportunité qui se présente à nous pour l'automne prochain. Le premier ministre Charest nous avait habitués à une liste de demandes par écrit aux partis fédéraux. Je crois comprendre que
le ministre a l'intention qu'on aille exactement
dans le même sens en prévision de cette élection. Il m'en voit ravi.
Revenons maintenant
au plan budgétaire, M. le
Président. Probablement à l'inspiration du gouvernement précédent, nous retrouvions, en page F.25,
au chapitre 4, d'autres dossiers à conclure à court terme. Or, lorsqu'on va
voir l'équivalent, dans le plan budgétaire
de cette année, à la page F.21, on parle tout à coup d'autres enjeux à régler
avec le gouvernement fédéral, il n'y
a comme plus de court terme. Là, on a
comme déjà lancé la serviette sur le fait qu'il fallait
y arriver rapidement. Et là, curieusement, M. le Président, puis on aura probablement
l'occasion d'y revenir dans le deuxième
bloc, on retrouve les mêmes thèmes, à part un. Alors, on retrouve la question
des dividendes d'Hydro-Québec, on retrouve la question des paiements de
protection, qu'on parle de programmes sociaux, et on parle également de la stabilisation du revenu, mais, tout à coup, on ne parle plus de la reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic.
Alors, on reviendra là-dessus.
Mais, juste
pour illustrer, M. le Président, puis je veux conclure rapidement
pour laisser du temps au ministre à répondre,
juste pour reprendre, là, on a repris mot à mot, dans le plan budgétaire
de l'année dernière et le plan budgétaire de cette année, la même citation concernant les
dividendes d'Hydro-Québec. Et on écrivait et on écrit toujours :
«Le Québec exige que le gouvernement fédéral procède à
court terme au traitement équitable des dividendes d'Hydro-Québec.» Or, il ne s'est manifestement rien passé au cours de la
dernière année.
Comment peut-on être certains qu'au cours de la
prochaine année nous n'en soyons pas à devoir répéter exactement la même phrase
dans le prochain plan budgétaire, M. le Président?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
• (14 h 40) •
M.
Fournier : Oui. Ça
fait beaucoup de choses, là, parce qu'il y avait aussi les infrastructures qui traînaient de l'autre question, là. Je vais essayer de tout
couvrir.
Un point sur la liste des demandes, là. Effectivement,
le premier ministre Charest avait pris une certaine habitude, là... je ne peux pas les dénombrer, mais il y avait
des lettres qui étaient écrites au début de la campagne, souvent, là, quelques jours avant le lancement ou au tout début de la
campagne. Cette campagne, on connaît la date, là, c'est pour le mois
d'octobre prochain. J'oserais dire à mon collègue que nous avons déjà commencé
ce travail, dans la mesure... Il y a une petite différence peut-être au niveau de ce qui se faisait
précédemment. J'ai nommé tantôt la question de la santé, pour laquelle
il y a déjà du travail qui a été fait.
Je vous
parlerai, sans doute, des infrastructures. Je veux couvrir d'autres sujets, par
contre, de la dernière question, mais
je voudrais reparler des infrastructures parce que vous en avez parlé tantôt
sous l'angle, disons, de Chantiers Canada, connu, alors que ce dont nous parlons, nous, et notamment aussi beaucoup
l'Ontario... bien, toutes les provinces, mais beaucoup l'Ontario aussi, c'est les infrastructures à venir. C'est le
vrai programme d'infrastructure que nous devrions avoir comme outil de développement économique, je dirais,
pour le Québec, qui serait même un outil de développement économique qui partirait deux moteurs économiques,
pas juste un. Mais je reviendrai tantôt là-dessus. Je veux juste être capable de répondre à la dernière question, sur
les éléments qu'on retrouve dans les énoncés budgétaires, sur les réclamations
financières auprès du gouvernement. Et je ne sais pas pourquoi mon collègue
n'en a pas parlé, mais peut-être parce qu'il n'avait pas le même document dans
les mains, mais, le dossier de la stabilisation des revenus, je ne sais pas si vous y avez fait référence dans le point que vous
venez de mentionner, parce que néanmoins ça, c'est un peu intéressant quand même à soulever, c'est un peu complexe
aussi. Ça date de l'année 91, 1991 — ce n'est pas 1800, au moins — 1992, et il y avait des demandes du Québec pour s'assurer que nous ayons les
montants que nous croyions qu'ils nous étaient dus. Et c'est tellement vrai qu'on a dû, au mois d'août 2014, donc août
de l'an passé, là, il y a quelques mois, prendre un recours, en fait,
pour se faire payer des sommes qu'on croyait être des sommes qui nous étaient
dues, même si ça faisait très longtemps. Et j'imagine que, si on recensait tous
les écrits budgétaires, peut-être qu'on les retrouverait à plusieurs occasions.
Alors, le 8
août, il y a eu une inscription en cour fédérale, et le gouvernement fédéral
nous a avisés qu'il entendait discuter
avec nous. Et, en fait, le 27 février 2015, il a fait une proposition et, le 20
mars dernier, il a payé. Et ce que Québec demandait, c'était 103 400 000 $, et ce qu'il a obtenu,
c'est 103 400 000 $. Donc, il est vrai que ce n'est pas tout à
fait les mêmes revendications, parce
qu'il y en a une de réglée. Celle-là est réglée, et ça nous permet, j'imagine,
de la part de notre collègue, de nous
dire : Bien, bravo, je pourrai rapporter à la fin de cette année qu'il y a
eu du succès. Pas dans tout,
évidemment. La négociation sur l'essence est un autre dossier dont je vais
parler tantôt, parce que je n'ai toujours pas parlé des infrastructures puis je voudrais en parler, mais je note ici
qu'autant sur le transfert à l'égard de la taxe sur l'essence que celui sur la stabilisation du revenu, au
préambule de notre collègue : Est-ce qu'il y a eu du progrès?, ensemble,
nous pouvons dire oui.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. Ça met un
terme à ce premier bloc d'échange. Nous aurons l'occasion de revenir sur
ces questions laissées en suspens. M. le député de Chomedey, à vous la parole.
M.
Ouellette : Merci,
M. le Président. À mon tour de souhaiter la bienvenue au ministre. De ce
temps-ci, nos activités se croisent
quasiment sept jours-semaine. Ça fait que c'est toujours un plaisir de
retrouver mon estimé collègue de
Verchères et sa troupe ainsi que mon collègue de Deux-Montagnes, en espérant
que... La dernière fois que j'ai siégé au
salon bleu avec mon estimé collègue de Deux-Montagnes, il est resté avec nous
autres deux minutes. J'espère qu'il va rester tout l'après-midi
aujourd'hui.
M. le
ministre, dans vos remarques préliminaires, vous avez souligné à juste titre...
et je pense que c'est la saveur de la journée, particulièrement eu égard
à la température extérieure autant à Montréal qu'à Québec, on va parler de
changements climatiques au cours de cette première période d'échange. Le
secrétaire général des Nations unies l'a mentionné, et je pense que ça a été
une déclaration très célèbre, il a dit qu'il n'y avait pas de plan B pour la
lutte aux changements climatiques parce qu'il n'y avait pas de planète B. Et
c'est un défi pour le monde, c'est un défi pour chacune des législatures, c'est un défi pour le Québec, le Canada et les
autres provinces, c'est pour l'environnement, pour l'économie et pour
les citoyens qui vivent sur cette planète Terre.
Je pense qu'au Québec on est des leaders en
changements climatiques. On ne se pose plus la question si c'est nécessaire
ou pas. On s'y est investis déjà depuis plusieurs années, et ça produit des
résultats, même si pendant longtemps on s'est retrouvés un
peu seuls ou avec des alliances un peu plus éloignées.
Notre premier ministre, lors du premier Conseil de la fédération en 2014, avait convié les premiers ministres des autres provinces et des territoires à un sommet sur les
changements climatiques qui a eu lieu tout dernièrement, là, le 14 avril. Ça sera peut-être
redondant, mais je pense que c'est très important dans le contexte actuel, M. le Président, que je vous rappelle les 12
conclusions ou les 12 actions qui sont sorties de ce sommet sur les changements
climatiques, et vous me permettrez
d'en faire la lecture, parce que présentement il y a beaucoup d'actions qui sont posées. Le ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques est présentement en
Californie en mission dans le cadre de la WCI, et je pense qu'il y a des
représentations, il y a des rencontres avec les gouverneurs de Washington et de l'Oregon, et c'est l'aboutissement, M.
le Président, de rencontres qui se tiennent déjà depuis plusieurs mois. Je
me souviens, l'an dernier, lors d'une mission dans le cadre de CSG, le Council
of State Governments, qui avait lieu à
Anchorage, en Alaska, le Québec avait
fait une présentation sur les
changements climatiques. Et je ferai un clin d'oeil, si vous me le permettez,
M. le Président, à notre délégué général à Los Angeles, et toute son équipe, M. Alain Houde, qui fait un travail
extraordinaire pour promouvoir les intérêts du Québec en Californie et dans
cette région des États-Unis, et du Mexique,
et de l'Ouest du Canada, particulièrement sur les changements climatiques.
Je vous disais, M. le Président... et je vais
compter sur votre indulgence parce que je pense qu'il est important qu'on revienne avec les 12 points qui ont été
adoptés au sommet sur les changements climatiques. La première est adopter
une vision à long terme pour faciliter
l'atteinte de cibles de réduction de GES de court et long terme. Le Québec est
déjà à 8 %. Les objectifs du
Québec en 2012 étaient de 6 %. On est déjà rendus à 8 %, on est en
progression pour atteindre les cibles
de Kyoto d'ici 2020. La deuxième, qui est de soutenir l'innovation de même que
le développement et l'utilisation des technologies
nécessaires à la transition vers une économie plus sobre en carbone; mettre de
l'avant des mesures favorisant la
concertation intergouvernementale et intersectorielle dans tous les secteurs de
l'économie en matière de lutte contre
les changements climatiques; mettre en oeuvre des programmes et des mesures
visant l'adaptation aux changements climatiques
et la réduction des gaz à effet de serre; renforcer la collaboration
pancanadienne en matière de lutte contre les changements climatiques; assurer la transition vers une économie
plus sobre en carbone; mieux coordonner les systèmes de déclaration des
émissions de GES entre les gouvernements; favoriser les investissements dans le
développement d'infrastructures et de réseaux énergétiques — je ne
pense pas que ce soit le genre de réseau d'infrastructures dont le ministre faisait référence, mais je pense qu'on va
y revenir, aux infrastructures; mettre en oeuvre des politiques visant à
réduire les émissions de gaz à effet de
serre; agir en partenariat avec le gouvernement fédéral dans le cadre d'un
effort concerté afin d'élaborer une contribution ambitieuse pour le
Canada en vue de la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui
se tiendra à Paris, la conférence de Paris — on en
entend parler tous les jours, M. le Président — qui va avoir lieu du 30 novembre au
15 décembre à Paris, et on fonde beaucoup d'espoir pour en arriver
à faire le point et à avoir une nouvelle entente qui va nous mener à 2020, sur
les changements climatiques.
• (14 h 50) •
L'avant-dernière,
c'est promouvoir les actions des provinces et des territoires ainsi que la
contribution des États fédérés et des gouvernements régionaux dans
l'atteinte des objectifs internationaux visant à contrer le réchauffement planétaire, notamment lors de 21e Conférence des
parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Au sommet du
14 avril, Mme Figueres, des Nations unies, était ici et effectivement elle
fonde beaucoup d'espoir sur la conférence de
Paris; la dernière, et je pense qu'on se situe exactement à cet endroit-là,
qui est : diffuser la présente déclaration auprès des différentes instances impliquées dans la lutte contre les
changements climatiques, tant au Canada qu'à l'échelle internationale, afin de démontrer
le leadership des provinces et des territoires du Canada à
cet égard.
Je vous
parlais, M. le Président, de la visite actuelle du ministre du Développement durable, et le sommet qui s'est déroulé le 14... il y a eu, la veille du
sommet, une entente historique, je vous dirais, qui va dans le sens de la collaboration que le Québec a avec son voisin de l'Ontario.
Vous savez, le Québec et l'Ontario, M. le
Président, c'est 60 % de la population, c'est 50 % de l'économie canadienne, et notre premier
ministre, qui est une figure de proue dans les relations entre les provinces présentement au Canada — ça a été souligné à grands frais dans les
journaux anglophones du Canada dans
la foulée du sommet — a conclu
une entente avec Mme Wynne, la première ministre de l'Ontario. Vous le voyez,
M. le Président, il y a régulièrement une relation privilégiée entre le Québec
et l'Ontario : visites alternées, comme le ministre a mentionné. Très prochainement, le premier ministre du Québec
prendra la parole à l'Assemblée législative de l'Ontario, le 11 mai. C'est à tous les niveaux. Je suis l'adjoint
parlementaire de la ministre de la Sécurité publique, domaine que mon estimé collègue de Verchères connaît très
bien, et nous entretenons des relations très étroites aussi avec le ministre
de la Sécurité publique de l'Ontario dans le but d'échanger sur nos intérêts
communs.
Avec votre
permission, M. le Président, j'aurais quelques questions à poser à M. le
ministre, qui... J'aimerais savoir l'importance
des Affaires intergouvernementales en matière de lutte aux changements
climatiques et si M. le ministre est
capable de nous expliquer comment le gouvernement du Québec peut effectivement
arriver à des résultats aussi parlants en
si peu de temps, que ça soit dans le domaine des changements climatiques ou dans
d'autres domaines que vos nombreux téléspectateurs sont en droit de
connaître cet après-midi, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie, M. le député de Chomedey. M. le ministre.
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Je remercie mon collègue de
Chomedey de poser la question. Je pense qu'on pourrait passer l'ensemble des crédits à parler de cette question-là,
d'autant qu'elle est en directe suite avec les échanges qu'on a eus l'an
passé.
Je réfère à mon collègue de Deux-Montagnes, qui,
justement, l'an passé, posait des questions là-dessus et soulevait, à juste titre, je dois dire, le fait
que le Québec était, au Canada, le seul membre de la WCI... membre du marché
du carbone — parce qu'il faut savoir qu'on peut être
membre à différents niveaux de la WCI — mais ayant adhéré au marché du carbone avec la Californie. Et donc il y
avait des inquiétudes qui faisaient écho dans la population, et, dans
son rôle, il a bien fait de soulever la question aux derniers crédits,
essentiellement se demandant : Est-ce que d'autres provinces vont emboîter le pas? C'est la question qu'il soulevait, et je
le cite au texte. Il disait : «...je vous avoue que j'aurais aimé — c'est l'an passé — comme réponse que le Québec s'engage à
exercer ce leadership-là, que le Québec s'engage à prendre le bâton du
pèlerin, en quelque sorte, et faire le tour des autres provinces pour aller
chercher le plus grand nombre d'adhésions possible.»
On était, je crois, en juillet, à l'étude des crédits. Nous sommes entrés en
fonction fin avril, début mai.
La question
était tout à fait légitime. La conclusion était un peu rapide... peut-être,
après deux mois, de tirer cette conclusion-là,
mais force est d'admettre qu'aujourd'hui on peut venir à ces crédits et
fièrement répondre à notre collègue et presque lui demander si, dans ce cas-là,
il considère, dans ce cas-là, que la mission a été accomplie. Et ce n'est pas
une question de partisanerie, c'est
tout simplement une question de progrès qu'on doit constater parce qu'en cette
matière le progrès est important.
Le député de
Chomedey parlait de Ban Ki-moon, qui disait, M. le Président : Il n'y a
pas de plan B parce qu'il n'y a pas de planète B. Je voulais faire référence à ce que le président Obama disait il y a un an, au discours sur l'état
de l'Union. Il disait ceci — excusez-moi l'anglais : «Climate change
is a fact. And when our
children's children look us in the eye and ask if we did all we could to leave them a safer, more
stable world, with new sources of energy, I want us to be able to say yes, we did.» Et, M. le Président, ces paroles du président
Obama ne s'adressent pas qu'aux États-Unis, les changements climatiques ne se posent pas qu'aux
États-Unis, il n'y a pas de frontière, il n'y a pas d'indépendance face à la question climatique, quoiqu'on veuille
essayer de l'espérer dans certains cas, et donc il faut d'abord constater le
problème.
Un des éléments que nous pouvons dire aujourd'hui,
c'est que, pour l'ensemble des provinces canadiennes et même pour de nombreux intervenants fédéraux à Ottawa, il y a un défi à
l'égard des changements climatiques, il y a un problème, il y a une crise et il faut répondre à cette crise. Il y a
encore du travail de conviction, j'en conviens bien. Mais, si on regarde les gouvernements qui représentent la
population canadienne, M. le Président, c'est une très vaste majorité de Canadiens qui, avec les Québécois, ont le même
point de vue : on doit mettre un prix sur le carbone, des mesures doivent
être prises pour faire la transition vers
d'autres types d'énergie. Et, particulièrement dans les succès qui ont été
rencontrés cette année dans nos
relations intergouvernementales, comment ne pas mentionner la relation entre le
premier ministre du Québec et la
première ministre de l'Ontario dans un nombre important de sujets, mais,
au-delà des nombreux sujets, dans
celui-ci, où le marché du carbone est vu par la Californie, et le Québec, et
maintenant par l'Ontario comme étant le moyen le plus approprié pour
changer les cultures, pour faire la transition.
D'autres provinces, la Colombie-Britannique
notamment, ont une taxe sur le carbone, mais cela n'est pas un encouragement au changement. Je veux dire, la taxe
est vue ni plus ni moins comme un paiement du carbone, de la production de GES ni plus ni moins, mais le marché du carbone
est une invitation aux entreprises qui ont des émanations de changer
leurs façons de faire, d'aller plus rapidement dans la transition et de pouvoir
elles-mêmes obtenir un remboursement par
l'enchère des droits sur le carbone. Et donc cette méthode-là, du marché du
carbone, a de l'avenir. Et, lorsqu'on en parlait l'année passée, je
crois avoir dit qu'il y avait du travail à faire puis qu'on allait le faire,
mais je veux mettre en perspective que le marché du carbone se répand de plus
en plus. On en a dans le Nord-Est américain. Ce n'est pas toujours sur les mêmes environnements ou les mêmes
éléments, ce n'est pas les mêmes taux, mais néanmoins le concept de
marché du carbone existe dans le Nord-Est américain. On dit que, de plus en
plus, en Chine, il est en train de s'implanter — et, quand on parle de la Chine, on commence
à parler à pas mal de monde — tant et si bien qu'il y aura bientôt
plus de 1 milliard de la population qui sera sous un régime de marché du
carbone.
Ce qui fait
que, lorsque nous avons mis sur pied le marché du carbone, lancé l'initiative
avec la Californie, nous avons fait un choix de leadership qui
aujourd'hui entraîne à sa suite bien d'autres gouvernements. Mais plaider le leadership, c'est une chose, ce n'est pas ça qui
fait les enfants les plus forts, M. le Président. Ce qui fait les enfants les
plus forts, c'est ce qu'on fait avec le
marché du carbone, et ce qu'on fait, c'est un fonds vert; ce qu'on fait, c'est
des moyens pour transiter vers une
économie plus économe en carbone. Et, à toutes les fois que quelqu'un plaide en
cette Chambre sur, par exemple, la
question de l'électrification des transports, et donc sur les moyens qu'un
gouvernement doit mettre de l'avant
pour passer vers l'électricité, il ne peut faire autre chose que de lever son
chapeau à la mise sur pied du Fonds vert, au marché du carbone, aux capacités d'investissement du gouvernement du
Québec pour transiter vers d'autres formes d'énergie.
• (15 heures) •
Il n'y a
aucun discours qui tient avec crédibilité si on n'est pas en mesure de
dire : J'ai des moyens pour le faire. Et le Fonds vert, c'est exactement ce que ça nous donne, bon, pas juste
à nous au Québec, là. On a vu des applications en Californie aussi, évidemment, où on est capables, pour certaines entreprises,
de changer les processus de fabrication, émettre moins de GES et nous permettre, autant au dirigeant d'entreprise
qui a fait ce choix parce qu'il avait un outil, au gouvernement qui l'a
mis sur pied et aux citoyens qui acceptent et légitimisent leur participation à
cette formule-là... nous permet, dis-je, de
regarder demain, un jour, les enfants de nos enfants. Et nous pourrons dire que
nous aussi, comme le président Obama, on a laissé en héritage ou tenté
de laisser en héritage une planète convenable pour qu'ils aient la capacité d'y
vivre et de s'y développer comme nos grands-parents ont pu le faire, sans avoir
ces préoccupations-là.
Évidemment,
le monde a bien changé depuis ce temps-là, mais il faut penser à ça. Et ce
qu'on a fait, donc, avec l'Ontario... parce
qu'il ne faut pas le limiter juste à l'Ontario,
bien que c'est là où le progrès est le plus visible, le plus sensible... Et, écoutez, notre collègue
de Deux-Montagnes prendra sans doute la parole tantôt pour signaler
qu'effectivement, il y a un an, on pouvait espérer, mais c'était une
grande espérance que l'Ontario se joigne... Maintenant qu'il y est, c'est un
constat extraordinaire de franc succès. Ça ne s'est pas fait tout seul, mais je
ne veux pas le limiter juste à ça parce qu'il y a aussi du progrès avec les
autres provinces, qui reconnaissent qu'il doit y avoir un prix sur le carbone,
qui reconnaissent qu'il y a
un prix. Et, plus on propage cette question, où on doit tous être convaincus qu'il y a
un réel défi, ça va tous nous amener à prendre les moyens les plus
appropriés. Ça se peut. Puis nous, au Québec, on aime que soit respectée
notre différence. Alors, ça se peut qu'il
y ait des différences ailleurs qui
les amènent à choisir une formule de taxe
plutôt que le marché du carbone. L'important, c'est qu'il
y ait un prix sur le carbone pour que
nous ne soyons pas en train de
détruire la planète en laissant aux autres le soin de vivre avec. Et, ceci
étant, malgré que nous soyons différents, on n'est pas non plus complètement différents, et l'exemple avec l'Ontario
le démontre : Canadiens de l'Ontario, à côté de
notre frontière, ils ont un gouvernement qui, représentant la population,
dit : On veut faire ce choix-là, on veut faire ce choix, celui du Québec, d'avoir des outils d'abord
pour influencer les preneurs de décision dans le monde privé, qu'ils ont aussi la capacité de changer l'orientation qui
a été prise et qu'ils ont aussi... je devrais dire, qu'ils ont surtout... après
tout, lorsqu'on regarde les GES, c'est bien dans le domaine manufacturier, dans
le domaine des transports, c'est l'entreprise privée qui est là-dedans. Or, comment on
réussit à les inciter à relever ce défi-là, comment on a les moyens
qu'on peut développer pour les inciter à le faire, c'est tout ça qui a été mis
sur pied.
Alors, il y a
eu évidemment une rencontre entre la première ministre de l'Ontario et le premier
ministre du Québec avant
le Conseil de la fédération — ça
s'est tenu ici, à Québec — où
il y a été question de cela. Il
y a eu le Conseil de la fédération où on a parlé de la politique
de l'énergie, laquelle doit contenir un volet durable, et donc il en a été
question. On a eu un conseil des ministres conjoint qui a été une occasion de partager, avec le Conseil des ministres de l'Ontario,
les éléments de notre programme. Les deux ministres de l'Environnement ont été
des complices de tous les instants. Un jour, quelqu'un
écrira sur cette relation qu'ils ont développée, qui a permis de continuer
d'avancer. Il y a eu une consultation en Ontario,
et puis, finalement, la première
ministre de l'Ontario
a fait cette annonce et elle est revenue au Québec. Elle est revenue au Québec
pour dire : Bien, maintenant, on embarque, il faut se tenir puis il faut
le faire ensemble, puis
indiquez-nous comment on doit s'y prendre. Quel meilleur exemple pour la
planète, qui ne connaît pas de frontière, quel meilleur exemple que nous
avons des ambitions communes et que nous nous faisons confiance ensemble! Voilà
une voie qui nous est tracée. C'est sur ce
chemin qu'on doit continuer à viser le progrès au nom des Québécois,
mais, je le dis, M. le Président, au nom de l'humanité.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. Ça complète ce bloc d'échange. Je me tourne maintenant vers le député de Deux-Montagnes.
À vous la parole.
M.
Charette : Merci, M. le Président. Vous allez me permettre, dans un premier temps,
de rassurer mon collègue de Chomedey. Je le sentais inquiet quant à ma présence aujourd'hui. Je le rassure, je serai ici pour les quatre heures que durera
l'exercice.
Mais c'est l'occasion pour moi de rappeler peut-être
les circonstances qu'il évoquait il y a quelques minutes à peine, et c'était l'exercice qui était un petit peu surréaliste à l'époque, c'était une interpellation du vendredi, si je
me souviens bien, qui avait été
commandée par l'opposition officielle, et le thème était les vertus de l'indépendance,
et c'était l'automne dernier, à un
moment où le gouvernement venait d'annoncer des hausses de tarifs dans
différents domaines, à un moment où
les chiffres de l'emploi avaient été annoncés, et les chiffres, malheureusement, n'étaient pas à la hauteur des attentes. Donc, c'était un débat
qui sortait complètement de nulle part. Et d'ailleurs le ministre des Affaires intergouvernementales avait eu cette belle
remarque, avait comparé l'utilité ou
le sujet de la journée à la comète Tchouri pour illustrer cette
non-pertinence du débat ou, à tout le moins, le débat plus que théorique que
nous proposait l'opposition officielle à ce moment-là. Bref, revenons. J'espère
que le député de Chomedey est, aujourd'hui, rassuré. Compte tenu de
l'importance des échanges d'aujourd'hui, oui, j'y serai pour la durée entière
qui nous est proposée.
Ceci dit,
parlons culture, parlons langue. Vous avez évoqué les consensus, M. le
ministre, à quelques reprises durant vos
interventions, à différents sujets. S'il y a un consensus qui existe au Québec,
c'est bien celui de la loi 101, de la Charte de la langue française. C'est une charte qui s'est bâtie au fil des ans,
qui, je pense, fait aujourd'hui consensus parce qu'elle a réussi à
équilibrer un petit peu les forces en présence, elle a réussi à rallier aussi
une majorité de Québécois sur la nécessité
de protéger notre langue sur le territoire québécois. Cependant, il y a tout de
même 135 000 employés au Québec qui
ne sont pas soumis à cette charte parce qu'ils travaillent dans tout près de
2 000 entreprises privées de compétence fédérale, des entreprises à charte fédérale, comme on les appelle. Je
sais que par le passé le Parti libéral s'est montré réticent face à l'idée d'entamer une négociation avec le
gouvernement fédéral, à savoir : Est-ce qu'on ne devrait pas assujettir
ces entreprises à la charte québécoise de la
langue française? C'est une revendication que fait la Coalition avenir Québec.
Je connais, comme je le disais, le positionnement
du Parti libéral par le passé, mais je suis curieux de voir si aujourd'hui le Parti libéral, maintenant au
pouvoir, serait enclin à entamer des discussions avec le gouvernement fédéral
pour qu'enfin les entreprises à charte
fédérale puissent effectivement être soumises aux mêmes dispositions de la
charte québécoise de la langue
française de sorte qu'il n'y ait pas deux catégories de loi en matière
linguistique et de façon à ce que la
langue française puisse être bien protégée en milieu de travail, peu importe
que l'on travaille sous une entreprise à charte fédérale ou une autre
entreprise, là, sur le territoire québécois.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Deux-Montagnes. M. le ministre.
M.
Fournier : Oui. C'est une excellente question. Je veux lui
répondre, à cette question, mais permettez-moi, d'entrée de jeu, de rappeler à notre collègue qu'il y aura un deuxième
passage de la comète Tchouri : vendredi de cette semaine, il y aura une interpellation. Alors, je
vous invite à être présent, elle est de retour. Je ne le croyais pas, mais,
oui, elle revient, et les astronomes sont confondus.
Ceci étant,
vous avez rappelé... et, je m'excuse, je croyais que c'était aux crédits,
c'était peut-être à l'automne, où il y avait eu ces espérances sur le
marché du carbone. Vous avez mentionné qu'à l'époque, bon, avec la création d'emplois, puis tout ça, la question avait
beaucoup de pertinence. Ça me permet de dire que je comprends que depuis ce
temps, lorsqu'on constate que, de
mai 2014 à mars 2015, il s'est créé 57 000 emplois au Québec,
donc beaucoup d'emplois par rapport
notamment au constat que vous faisiez, à l'époque, sur le fait qu'il n'y avait
pas suffisamment d'emplois... On souhaite
toujours qu'il y en ait plus, mais il y a, déjà là, un grand succès par rapport
à l'étalon de mesure que vous avez fixé en novembre dernier, et, en même
temps, ce nouvel étalon de mesure qu'est le marché du carbone et la venue de l'Ontario. Alors, je constate que, M. le
Président, après une heure, le premier 25 % de nos crédits, nous sommes à
constater les progrès, des progrès qu'on a vus notamment à l'égard du
programme, avec Ottawa, qu'on a réglé, un litige de 1991-1992 qui a été réglé. Je reviendrai tantôt sur le fonds sur
l'essence, parce que ma question est toujours en suspens à l'égard de la question, mais le marché du
carbone, la création d'emplois. Franchement, on peut noter que c'est une étude
de crédits très positive que nous faisons aujourd'hui et les Québécois en
seront certainement heureux.
• (15 h 10) •
Revenons à la
question. Après le préambule, notre collègue pose la question : Ne
serait-il pas bien... Je crois que sa
position, c'est que ce le serait. Je
crois que c'est ça. Sa position, c'est qu'il serait utile que les employés
fédéraux au Québec soient soumis à la loi 101. Je lui souligne la difficulté
que cela représenterait. Je suis
responsable de la Francophonie canadienne.
Et je souhaite qu'il le soit avec moi autant. Et la conséquence que cela
pourrait entraîner, c'est certainement un
affaiblissement de la livraison de services en français par les institutions
fédérales à l'extérieur du Québec. En ce moment, l'obligation
qu'ils ont en est une d'offrir des services en anglais et en français à la
grandeur du pays. S'il fallait qu'au Québec,
parce qu'il y aurait péril en la demeure, ce que je ne constate pas, mais c'est
peut-être ce qui vous anime... Là, je ne veux pas prêter d'intentions,
mais c'est un peu une question : Pourquoi? Pourquoi ferions-nous cela,
alors que la conséquence pourrait être un
affaiblissement à l'égard de la défense et la promotion des services en
français par le fédéral?
Mais plus encore, mais plus encore, il n'y a pas
que des services fédéraux qui sont offerts à la population, c'est vrai
au Québec et c'est vrai dans les autres provinces, il y a des services
provinciaux aussi. Or, dans les provinces et territoires,
il y a des pratiques et des politiques d'offre active de services en français.
C'est la façon dont ils l'appellent. Dans
le fond, c'est d'offrir un service gouvernemental, de l'offrir en français
aussi. S'il fallait que demain le Québec dise : Nous, on n'en veut plus, de la capacité pour le
fédéral de respecter ou d'appliquer ces deux langues, il y aurait un affaiblissement de la part de l'offre de services
du fédéral et un risque de perte pour les services provinciaux et territoriaux.
D'autant que nous travaillons très fort en
ce moment, il faut qu'on accentue notre diplomatie francophone à l'égard des
autres provinces.
Mon collègue veut
peut-être m'interrompre un peu? J'y reviendrai.
M.
Charette : ...juste une précision, M. le Président. Je comprends au
niveau des fonctionnaires, mais je faisais référence effectivement aux
entreprises privées à charte fédérale, donc pas au niveau de la fonction
publique fédérale comme telle, mais que ce
soient les banques ou les quelque 1 760 entreprises privées à charte
fédérale qui actuellement ont leurs
activités sur le territoire québécois mais qui ne sont pas, elles, soumises
effectivement aux mêmes dispositions de la Charte de la langue
française.
M.
Fournier : Si vous me permettez. L'un ou l'autre ne fait pas
perdre l'affaiblissement qui pourrait intervenir à l'égard de la vigueur de la défense du français
dans d'autres juridictions. Je fais attention parce qu'il y a des juridictions
qui défendent avec vigueur la francophonie
canadienne, c'est à géométrie variable, et il ne faut certainement pas faire
un geste qui provoquerait un recul.
Alors,
revenons de quelques pas. Y a-t-il en ce moment pour les cas que vous
mentionnez une crise telle qu'on doive agir malgré les risques que cela
pourrait nous faire encourir au rayonnement du français? Personnellement, je réponds non. Mais on peut avoir des réponses
différentes qui amènent donc une conclusion différente. Moi, je réponds non. Je pense que nous avons des moyens à notre
disposition, qu'ils sont pris. Il y a de plus en plus de locuteurs francophones au Québec. L'immigration... avant,
c'était la deuxième génération qui s'y associait parce que la fréquentation
de l'école l'y amenait. Maintenant, c'est le
pourcentage de nouveaux arrivants parlant français au Québec qui fait en sorte
que c'est donc des outils de francisation.
Je
ne crois pas qu'on puisse prétendre qu'il y ait une menace en ce moment, au
point tel qu'on devrait encourir le
risque. Je crois au contraire que, si nous voulions nous porter à la défense du
français... Parce que, je pense, la question, c'est celle-là. Hein, ce n'est pas juste un service, c'est le français.
Si on voulait le défendre, je crois qu'on devrait tous être ensemble pour en faire la promotion à la
grandeur du Canada. Vous savez, le nombre de locuteurs... Et j'ai avec moi
le P.D.G. du Centre de la francophonie des
Amériques, qui pourrait vous relater, par exemple, qu'il y a plus de
francophiles aux États-Unis qu'il y en a au Canada, Québec inclus, là.
Il pourrait vous parler d'Amérique du Sud.
Mais
concentrons-nous sur le Canada. Il y a là, à l'extérieur du Québec,
2,5 millions de francophones, francophiles. Francophiles, c'est
quoi? Francophiles, c'est des parents qui ne parlent pas français qui
inscrivent leurs enfants dans une classe ou
une école d'immersion. Ils ne parlent pas français, les parents. Ils sont à
Toronto, ils sont n'importe où au Canada, plus loin que l'Ontario, et
ils inscrivent leurs enfants pour leur faire apprendre le français, leur donner
des moyens. Et ce mouvement s'accentue
d'année en année. On y reviendra peut-être tantôt. Mais il y a là un mouvement
où on a besoin d'une assise encore plus forte du français partout, pas juste sur le
territoire du Québec, et il
y a une fenêtre pour nous en
ce moment. Alors, je crois qu'il faut
envoyer plutôt le signal d'encouragement
plutôt qu'un signal de frein qui risque de faire péricliter.
Tantôt,
je parlais d'immigration au Québec. C'est la même chose pour la francophonie
canadienne. Comment réussir... puis
ce n'est pas évident, évidemment, mais comment réussir à hausser les seuils
d'immigration en français au Yukon?
Il y a un dossier qui est intervenu sur une cause pour le Yukon, on pourrait en
parler tantôt, c'est la position que le Québec a prise à cause de la
question en litige, ce qui ne nous a pas empêchés, le premier ministre et
moi-même, de rencontrer le premier ministre
du Yukon au moment où tout ça se passait pour dire : Écoutez, au-delà de
la Constitution, il y a un phénomène,
il y a une francophonie, on est capables d'aller au-delà des minimums, on est capables
de pousser plus loin. Puis la fin du
XXe siècle est très différente de la fin du XIXe à l'égard de l'ouverture, de
la légitimité obtenues par le français.
Lors
du dernier Conseil des ministres de la Francophonie, il y avait un expert d'une
université de l'Atlantique, je ne me
souviens plus laquelle, qui est venu faire une présentation et qui est venu
parler justement de l'offre de services en français, et c'était intéressant, je vais me donner une minute pour
vous le dire. C'était intéressant. Il nous dit : Ce n'est pas tellement que le monde ont utilisé plus le
français — ceux qui
parlent en français le parlaient déjà — puis ça n'a pas amené des anglophones
de parler en français, mais ça a amené chez les anglophones une légitimité au
français, une acceptation, une acceptabilité
sociales, une découverte, une volonté. Et cette étude scientifique nous permet
de voir un avenir prometteur.
Je
vois bien que vous faites des gestes pour me dire que peut-être je devrais
cesser, mais je suis enthousiasmé par cet élan-là et je souhaite
qu'ensemble nous puissions l'encourager.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vais vous demander, M. le ministre, de contenir votre enthousiasme pour
permettre au député de Deux-Montagnes de relancer la discussion.
M.
Charette : Merci, M. le Président. Et, si vous me permettez, je
changerais de sujet.
Lors de ce même
exercice l'année dernière, la ministre de la Culture a parlé de l'importance ou
le souhait du gouvernement de rapatrier les
pouvoirs en matière de culture, et je la cite au livre. Elle mentionnait que
«rapatrier les budgets fédéraux en
culture», assurant ainsi aux organismes culturels un guichet... et la cohérence
de l'action... gouvernementale, c'est-à-dire,
en création, en production et en diffusion... Donc, c'est un engagement qui a
été réitéré par la collègue du ministre lors des crédits de l'année
dernière.
En
février, la coalition a souhaité faire un suivi, a donc adressé au gouvernement
une question écrite à ce niveau, et
c'est la réponse qui nous a laissés un petit peu perplexes, et, encore une
fois, je vous cite au livre ce qui a été la réponse du gouvernement : «Tel que mentionné au
rapport annuel de gestion 2013‑2014, le gouvernement fédéral n'a pas manifesté
son intérêt à négocier le rapatriement [des]
budgets en culture malgré les démarches du gouvernement précédent. Devant cet
état de fait, il va de soi que le ministère de la Culture et des Communications
continuera d'exercer ses responsabilités et de faire valoir les intérêts
du Québec en culture et en communications auprès des instances fédérales.»
Donc,
c'est une réponse qui nous déçoit, naturellement. Je voulais savoir, depuis
cette réponse, quelles avaient été
justement les actions du gouvernement pour réitérer l'importance pour le Québec
d'avoir plein contrôle de ses budgets en matière culturelle pour qu'on
puisse avoir une politique cohérente, là, au niveau québécois.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le ministre.
• (15 h 20) •
M. Fournier :
Je mets dans la balance, M. le Président, le regret qu'il manifeste dans ce
dossier-là avec le bonheur qu'il n'a pas eu
encore le temps de manifester sur les enjeux favorables dont on a fait la
démonstration tantôt, mais cela viendra, j'en suis convaincu.
Mais
je voudrais revenir sur la question posée, et merci de me la poser, parce que,
moi, ça m'interpelle particulièrement parce que, lorsqu'on regarde la
question de la culture, on fait le lien rapidement avec la langue. Et, lorsqu'on fait le lien avec la langue, ça nous
amène rapidement au français, rapidement à la francophonie et rapidement
à la francophonie canadienne. Mais la francophonie n'est pas que canadienne,
elle est aussi québécoise.
Et,
dans tous les cas, lorsqu'on regarde cette francophonie-là, il y a un dossier
qui apparaît. Parce qu'au-delà des grandes
négociations et des grands soirs il y a le quotidien. Il y a le travail au
quotidien pour s'assurer que nous ayons tous les moyens, surtout lorsqu'il y a peu de moyens, que ces moyens
aient toutes les ressources pour pouvoir
accomplir les mandats même légaux qui leur sont donnés, et parfois,
j'oserais dire, historiques.
Alors,
bien sûr, mon collègue vient de voir que je parlais de Radio-Canada. Dans le cas de Radio-Canada, et je n'en tiens pas rigueur à personne de ne pas avoir suivi le fil de l'ensemble
des démarches que nous avons faites, ce n'est pas nécessairement
les premières pages des journaux. Mais, ceci étant, je considère qu'il y a un
intérêt marqué autant pour la francophonie
canadienne que pour la question de la culture. Au Québec
aussi, là, l'application se fait aussi. À partir du moment où il y a de
telles modifications dans la structure de financement de Radio-Canada, que ça
s'applique aussi à Saguenay, ça s'applique
aussi dans le Bas-du-Fleuve et qu'il y a moins de visibilité à la
représentation régionale au Québec
et ailleurs, il y a un défaut de respecter
la loi, à mon sens, mais il y a aussi un vice historique par rapport à la place que le français
doit occuper dans notre fédération multinationale. Depuis la Constitution de
1867, depuis cette fédération-là, le poids
de la francophonie était reconnu et il doit l'être pas juste pour le passé,
mais pour l'avenir aussi, d'où une des vertus de la déclaration de Toronto. Donc, conséquemment, ce que nous cherchons,
c'est de rétablir, pour le bénéfice de ceux qui ont droit à la communication en français, de l'expression de la
culture sous toutes ses facettes, autant de l'Acadie que chez les Fransaskois
ou les Franco-Albertains... et il est clair que, la quête que nous faisons notamment
avec ma collègue Madeleine Meilleur,
de l'Ontario, Mme Landry, du Nouveau-Brunswick, nous
travaillons très fort à rencontrer un bon nombre d'intervenants et — peut-être je peux me permettre une primeur, M. le Président — incessamment, nous
aviserons, par une communication
publique, certaines pistes de solution, et aussi un constat de l'état de la
situation, et certaines pistes de solution que nous allons souhaiter que
les intervenants fédéraux regardent.
En
cette année électorale, il y a un enjeu important. Au-delà des grandes
négociations, lorsqu'on les prend, les points,
les uns après les autres et on dit : Voilà un enjeu excessivement
important en ce moment... Vous savez que, dans plusieurs régions au Canada,
Radio-Canada est le seul moyen de communication en français. Si vous lui
enlevez des moyens, il n'y en a plus du tout. Pas nécessairement le cas ici, au
Québec, mais, à l'extérieur, c'est bien le cas.
Donc,
il faut porter une attention particulière aux moyens qui sont donnés. Je ne
sais pas si j'ai terminé, parce que peut-être que...
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Je pense, il ne reste plus beaucoup...
M.
Fournier : Je voulais
vous parler un peu de la publicité, parce qu'il y avait des nouvelles aujourd'hui sur les facteurs de publicité, là.
M.
Charette : ...du ministre.
Peut-être que cet enthousiasme-là lui a fait perdre
l'esprit de la question, par contre.
On
parlait des budgets fédéraux en matière de culture que sa collègue souhaitait
rapatrier au Québec, engagement qu'elle avait pris lors des crédits de l'année dernière. Donc, plus
spécifiquement, on fait référence au Conseil des arts du Canada, Téléfilm Canada. Donc, quelle est la
position, en 2015, du gouvernement libéral à ce sujet-là? Est-ce que c'est
toujours la position défendue par sa collègue? Est-ce qu'on baisse les bras ou
au contraire est-ce qu'on a espoir de récupérer les budgets pour, encore une
fois, obtenir une politique culturelle québécoise qui soit plus cohérente?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M.
Fournier : Alors que
nous nous sommes retroussé les manches, j'aurais de la misère à entendre mon
collègue parler de baisser les bras, M. le Président. Au contraire, lorsque je lui parle de Radio-Canada, je lui parle de
culture. Je me souviens, feu le
président de l'Union des artistes, à la commission Bélanger-Campeau, dont je tente de me rappeler le nom mais qui jouait dans Les belles histoires des
pays d'en haut — pour
ceux qui sont capables de me donner le nom le plus tôt possible — ...
Des voix : Serge Turgeon.
M. Fournier : ...Serge
Turgeon. Merci beaucoup.
Alors, Serge
Turgeon avait dit... et puis, bon, qui était souverainiste, là, quand même,
mais quand même avait dit à la commission Bélanger-Campeau ceci : S'il
n'avait été de l'ONF et de Radio-Canada, nous n'en serions pas là, il a
fallu qu'il y ait un effort fait par ces grandes instances là.
Je réponds à
la grande question de mon collègue que, si on veut parler de budgets de culture,
c'est parce qu'on veut des services,
parce qu'on veut des moyens, parce qu'on veut des outils pour les citoyens, pas
pour l'administration, pour les
citoyens. Or, quel est en ce moment l'enjeu primordial en ces matières? Il y en
a peut-être d'autres, je ne veux pas
dire que c'est le seul, mais celui-là, il est gros comme le monde, il est gros comme le monde. On a
un service qui est dû à une loi, une
loi qui prévoit que Radio-Canada devra offrir en région une vision, un rayonnement
de la région, de ce qui se vit dans
cette région-là autant en matière
culturelle qu'information. Puis, information, on peut le mettre aussi avec la
culture, dans le fond, avec tout ce que ça véhicule comme données, comme
informations.
Conséquemment, lorsqu'on regarde ce défi-là en
ce moment, moi... puis je suis prêt à en débattre, mais en ce moment il est en haut de tête des priorités. Et on
ne peut pas disconvenir que, lorsque je suis allé à Toronto pour faire une
présentation conjointe... en fait, sceller,
avec Madeleine Meilleur, notre union pour nous assurer que nous allions avoir
gain de cause dans ce dossier-là sur la représentation publique que nous
faisions... c'était, je crois, en octobre de l'an dernier... En novembre, je crois, c'était le Conseil des ministres, où
il y a eu cinq sujets. Les deux premiers ministres, ça vaut la peine de le dire, ont insisté — puis il n'y a pas beaucoup de temps pour ces
affaires-là, tout le monde est pressé — ont insisté
pour qu'un des thèmes soit la francophonie. C'est quand même tout un message de
force. Et, dans ce message sur la francophonie,
il y avait la question de Radio-Canada. On a rencontré le Commissaire aux
langues, les deux présidentes... ou coprésidentes du comité sénatorial
qui s'occupe de ces questions-là.
Je vois
bien que je dois arrêter, mais je suis obligé de dire et d'espérer, presque,
que notre collègue de Deux-Montagnes dise :
Bon, je comprends, j'aurais voulu qu'il me parle plus large. Mais je sais une
chose, c'est que, pour Radio-Canada, le ministre et son équipe font tous
les efforts, et les manches sont relevées, les bras ne sont pas baissés.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. Quoiqu'on
peut soutenir qu'on peut retrousser ses manches et baisser les bras une
fois qu'elles sont retroussées, mais c'est une image...
Une voix : ...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Et je comprends de la primeur
que vous annoncez qu'il y aura une annonce. Il n'y a pas grand-chose à
twitter en ce moment, là.
M. Fournier : ...à twitter,
sauf mon enthousiasme débordant, j'imagine.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ah oui! qui est manifeste. M. le
député de La Prairie... Tout ça, cet échange, je rassure les
collègues, était sur le temps du gouvernement. M. le député de La Prairie,
à vous la parole.
M. Merlini : Merci beaucoup, M. le
Président. À mon tour de vous offrir nos salutations distinguées, et ainsi
qu'aux gens qui vous accompagnent, du secrétariat. M. le ministre, ainsi que
tous les gens qui vous accompagnent, bienvenue à cette étude de crédits des
Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. le Président, il est important de noter que,
quand on considère la thématique, le thème des Affaires intergouvernementales canadiennes, il y a un fait important à dire, et
je tiens à le rappeler au bénéfice de nos nombreux auditeurs cet après-midi, que notre parti
politique, le Parti libéral du Québec, est le seul parti québécois fédéraliste
en ce moment au Québec. Et cette caractéristique-là
est importante lorsqu'on cherche à bâtir une relation de confiance avec les autres gouvernements provinciaux et ainsi que
le gouvernement fédéral à Ottawa. M. le ministre en a fait allusion, établir
une relation de confiance ne fait pas de nous un gouvernement mollasson,
contrairement à ce que le député de Verchères
peut en prétendre. Déjà, le ministre, dans son enthousiasme, a dénombré de
nombreux sujets dans lesquels les relations avec nos partenaires
canadiens sont de grande importance, et les avancées qui sont faites.
Mais je veux
revenir en particulier sur la relation Québec-Ontario parce que, depuis un an,
on entend beaucoup parler du retour
en force du Canada central, qui est formé évidemment du Québec et de l'Ontario.
Comme mon collègue de Chomedey l'a
rappelé plus tôt, il faut dire que c'est 22 millions de Canadiens qui y
habitent, au Québec et en Ontario, et
qu'on est responsables d'environ 57 % du PIB total du Canada et de
53 % des exportations interprovinciales. Alors, ce sont quand même deux grandes économies, deux
forces économiques que sont le Québec et l'Ontario, d'où l'importance d'avoir une relation de confiance, une relation de
respect avec nos partenaires. Et, dans cet aspect-là, il y a aussi, il faut
le dire, que l'Ontario, c'est notre
partenaire économique le plus important dans la fédération canadienne. Et le
ministre a aussi fait allusion au
fait qu'en Ontario c'est là qu'on y retrouve le plus grand nombre de
francophones qui vivent hors du Québec. Alors, c'est une proximité et des
similitudes entre les deux provinces qu'on se doit d'améliorer, qu'on se doit
d'apprivoiser, qu'on se doit d'y travailler.
Ce ne sont pas tous les gouvernements qui ont décidé d'exploiter avec autant
de vigueur les relations avec l'Ontario et
les relations avec les autres provinces et le gouvernement fédéral. Le
gouvernement fédéral, on y reviendra un peu plus tard.
• (15 h 30) •
En novembre
dernier, les deux premiers ministres, du Québec et de l'Ontario, ont tenu une
réunion conjointe du Conseil des
ministres à Toronto, et là furent adoptées plusieurs mesures dans plusieurs
domaines clés, dont la signature de trois protocoles d'entente
sectorielle et évidemment d'une déclaration sur la francophonie. Plus
particulièrement, il y avait une signature
d'une entente sans précédent qui ferait en sorte que le Québec et l'Ontario
feront un échange de leurs capacités
respectives de production d'électricité afin, évidemment, de maintenir
l'énergie abordable et fiable pour les
citoyens du Québec et de l'Ontario. Et ça, concrètement, ce que ça veut dire,
c'est qu'à la fin de 2015 l'Ontario va rendre
disponible une capacité de 500 mégawatts d'électricité au Québec pour la saison
hivernale, lorsqu'on a des demandes de
pointe, et, à compter de 2016, bien le Québec va rendre la pareille à l'Ontario
en rendant disponibles 500 mégawatts en
Ontario pour ses périodes estivales de pointe. Alors, on voit déjà un effet
concret de cette entente, qui avait été signée. Également, un aspect qu'on n'entend pas souvent parler, bien c'est le
tourisme. Et, lors de cette rencontre de novembre dernier, pour tirer
des avantages possibles d'accroître la prospérité des deux provinces, les
ministres du Tourisme ont prévu collaborer à plusieurs initiatives touristiques
et culturelles qui vont faire en sorte d'améliorer la présence des deux provinces face à la concurrence sur les
marchés mondiaux. Alors, l'idée, c'est de faire équipe ensemble avec l'Ontario sur la commercialisation internationale. Ça va
faire en sorte que ça va nous aider à faire la promotion des deux provinces
en Chine et, entre autres, en France.
Le Québec et l'Ontario ont également signé une
déclaration sur une reconnaissance commune à l'effet que la francophonie est un élément fondamental qui a
permis au Canada de progresser. On le voit, même le premier ministre
actuel du Canada parle d'abord en français. C'est quand même assez important.
La
collaboration entre le Québec et l'Ontario ne s'est pas terminée là, M. le
Président. Évidemment, elle continue. Le 13 avril dernier, mon collègue, encore une fois, de Chomedey en a
fait la remarque tantôt, il y a eu une entente... pas une entente, mais l'adhésion de l'Ontario à un
système de plafonnement et d'échange des droits d'émission de gaz à effet de
serre, ce qu'on appelle communément le
marché du carbone, pour stabiliser le marché. Quelle sera la méthode choisie?
Nous, au Québec, on en a une, l'Ontario
verra à choisir la sienne. Peut-être qu'ils vont se joindre au même marché que
nous faisons partie avec la Californie, mais
c'est à voir. Mais le fait est que, voilà un an, l'Ontario n'était même pas en
considération. Et on le sait, que l'Ontario, tout comme le Québec, a vécu une
crise économique assez difficile. Et maintenant,
avec un retour en force du Canada central, les enjeux s'entrecroisent, et
l'aide est commune, le travail est commun. Alors, il s'agissait, le
13 avril dernier, vraiment d'un moment historique pour les deux provinces.
Il y aura encore une rencontre des ministres
ici, à Québec, bientôt, et aujourd'hui on a appris que la première ministre de l'Ontario, Mme Wynne, a invité le
premier ministre du Québec et le député de Roberval à faire une allocution
devant l'Assemblée législative de l'Ontario.
M. le Président, c'est une première depuis 1964, alors que c'était le premier
ministre Jean Lesage, d'un gouvernement libéral encore une fois, qui est allé
faire une allocution en Ontario.
Alors, ce que
j'aimerais savoir du ministre, c'est d'élaborer encore un peu sur ce retour en
force du Canada central et pourquoi
c'est devenu si important à ce moment-ci, critique dans tous les termes, dans
tous les domaines, que ce soit en termes d'environnement et de
développement durable, que ce soit en termes économiques, que ce soit en termes
culturels, que ce soit en termes de
francophonie et que ce soit en termes de la fédération canadienne, à l'approche
évidemment d'une élection fédérale.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Mon collègue a fait un bon
tour d'horizon, et j'y reviendrai, sur les différentes avancées avec
l'Ontario. La question fondamentale est : Comment ça se fait? Comment ça
se fait qu'on puisse être rendus là ou
pourquoi avoir attendu si longtemps? Et je vais, s'il me permet, un peu
reformuler tout ça pour offrir la réponse que je veux donner.
Je pense qu'il y avait différentes avenues qui
ont été avancées. Notamment, le premier ministre Charest avait multiplié... il y avait eu des rencontres
conjointes des deux conseils des ministres, alors il y avait eu des avancées en
ces matières. Puis je relate ici une conversation que j'ai eue avec un
journaliste au Conseil de la fédération qui posait la question : Comment
expliquer que le premier ministre du Québec soit à ce point souhaité par les autres, que sa
venue soit soulignée comme étant un développement important? Et je crois
que, lorsqu'on regarde l'Ontario, on est obligés de ramener ça à une question qui
s'appelle aussi les relations humaines. Et penser que la politique n'est qu'une
affaire de chiffres, ou de machine,
ou d'argumentaires les plus objectifs qui soient... tant mieux, il en faut, et
la science aussi, beaucoup, mais il y
a aussi une question de relations humaines, et j'y reviendrai peut-être tantôt,
sur la relation entre les deux premiers ministres, qui, de façon très claire et très franche, se disent
ceci : Ce qui est bon pour le Québec, c'est bon pour l'Ontario. Ce
qui est bon pour l'Ontario est bon pour le Québec.
C'est une
vision d'association et c'est une vision de respect des uns et des autres, mais
de destinées communes. Et je pense
qu'ils expriment là ce que la plupart des citoyens du Québec et de l'Ontario
expriment aussi, la capacité ou le désir
que nous fassions ensemble des gestes positifs, qu'on soit capables de bâtir
des liens plutôt que de rompre les liens. Et je pense que, là-dessus, ça
me semble assez évident.
Mais, ceci
étant, commençons par le dernier événement que vous avez vous-même mentionné.
Dans une semaine, jour pour jour, le
premier ministre du Québec aura prononcé son allocution à Queen's Park. La
dernière fois que le premier ministre du Québec l'a fait, c'était en 1964 et,
vous l'avez mentionné, c'était Jean Lesage. On voit bien que ce n'est pas
une activité de tous les jours. Et Queen's
Park n'a pas reçu de personnalités en son enceinte régulièrement. On peut
penser à nos propres expériences. C'est un peu le même niveau que les
expériences qu'on a eues. Encore tout dernièrement, c'étaient le président de
la France et, juste avant lui, l'autre président de la France. Mais il reste
que ce geste-là est significatif,
significatif d'une porte ouverte aux Québécois pour aller parler aux Ontariens
et aller leur dire notre volonté de
bâtir ensemble. Et je pense qu'il y a une symbolique et la symbolique a un
sens. Elle nous indique que deux premiers ministres le croient assez pour mobiliser leur population derrière ce
désir-là. Et je crois que, lorsqu'on constate l'événement de la semaine
prochaine, c'est un autre élément qui vient s'ajouter dans ce qui s'est passé
depuis un an entre les deux gouvernements.
Évidemment, ce n'est pas juste qu'une question de relations humaines, il y a
ça, mais ce n'est pas juste ça,
évidemment. Il y a du concret, il y a des ententes pour vrai avec des analyses
pour vrai des intérêts que cela représente.
Alors, vous
avez mentionné l'échange d'électricité. Aussi étonnant que ça puisse paraître,
nous en avons en pointe au moment où
ils en ont de besoin. Vous savez que leur pointe correspond à des moments où on
en a, puis on a des pointes qui ne
sont pas les mêmes qu'eux, et donc il y a une possibilité d'échange
d'électricité lors de la pointe de l'autre. Juste cet élément-là devient
aussi très porteur en termes de symbolique. Il y a de l'énergie, et, si on se
connaît bien, on est capables de voir quels
sont les moments où il est approprié de l'offrir en partage à nos premiers
partenaires, à nos concitoyens. Et
cela rentabilise les moyens électriques que nous avons, nous, comme eux. Hein,
c'est gagnant-gagnant. Est-ce que c'est possible d'avoir des avancées au Canada, avec nos partenaires, qui sont
gagnant-gagnant? Je réponds oui. Et peut-être que nous en parlerons vendredi prochain, lorsque nous
serons interpellés par l'opposition officielle sur cette grande question
d'indépendance.
Vous avez
parlé — on en a
parlé abondamment — des
changements climatiques, qui, eux aussi, ont été l'objet, lors du Conseil des ministres conjoint,
d'avancées, mais on en a parlé, et il y a eu tellement de développement depuis,
je n'insiste pas là-dessus.
• (15 h 40) •
Je dois
encore une réponse à mon collègue de Verchères que je vais donner dès le moment
où j'aurai une question de sa part,
sur la question des infrastructures. Mais je n'en dirais pas beaucoup plus que
ceci : Nous avons, au Québec, et
c'est la même chose en Ontario, une situation économique où nous cherchons à
dynamiser la création d'emplois. Lorsqu'on parle d'infrastructures, il faut entendre emplois, il faut entendre investissements communs, ensemble,
dans une proportion qui peut être beaucoup
plus rapprochée du gouvernement
fédéral de ce que font les provinces
et les municipalités pour créer
de l'emploi. Mais j'y reviendrai tantôt, parce qu'il n'y a... puis il n'y a pas juste l'emploi immédiat par
l'infrastructure qu'on fait, mais
cette infrastructure parfois nous donne accès à une zone économique qui n'était
pas encore exploitée.
Donc, ce sont des éléments importants. Mais,
oui, avec l'Ontario, cette demande commune, elle est formulée. Évidemment, la francophonie, je l'ai soulignée
tantôt, on a beaucoup parlé de Radio-Canada, mais je veux insister encore
une fois sur la question de l'immigration,
savoir qu'en Ontario, cette question-là du taux d'immigrants francophones, la
volonté de Mme Meilleur notamment de la voir
atteindre le niveau de francophones et de voir comment ils sont capables
de se donner ces outils-là, ça vaut la peine
de le dire. Comme je disais tantôt, on le dit quand c'est bon, on le dit quand
ce n'est pas bon. Il y a certaines provinces
où il n'y a pas le même niveau de volonté à promouvoir l'immigration en
français, et, disons-le, chapeau!
chapeau à l'Ontario, qui d'ailleurs cette année, en 2015, souligne le 400e
anniversaire de la présence française
en Ontario. Champlain ne s'est pas arrêté à Tadoussac et à Québec, et le
français a fait du chemin. Bien, c'est ce
qu'on constate. Mais ils le fêtent fièrement. Alors, il faut quand même le
souligner quand il y a des événements comme ceux-là qui se passent.
Vous avez
noté aussi un désir des deux gouvernements d'harmoniser les questions à l'égard
des marchés publics et la question
des pipelines, qui a fait l'objet d'un point commun, d'une entente entre les
deux provinces, qui sont quand même
des territoires par où passent certains projets de pipeline, notamment de
TransCanada, et qui a amené sept points, et, si vous me permettez, je
pourrais peut-être énoncer les sept points dont conviennent les deux
gouvernements, qui représentent des
citoyens, et ce qui nous permet de constater qu'on n'est peut-être pas si
différents que ça les uns des autres puis que les mêmes questions se
posent, les mêmes appréhensions existent, les mêmes désirs émergent.
Premier principe, l'acceptabilité sociale du
projet, et donc la consultation des communautés; la question de l'évaluation
environnementale; l'importance d'une unité de vigilance permanente fait partie
des critères qui ont été mentionnés; la
réponse aux griefs des Premières Nations, qui doit aussi, surtout compte tenu
des récents jugements de la Cour
suprême, toujours occuper la gouvernance à l'égard de projets comme ceux-là. Le
projet devra générer des retombées économiques et fiscales. C'est vrai
pour l'Ontario, c'est vrai pour le Québec. S'il n'y en a pas, il n'y en a pas.
S'il n'y en a pas, de retombées économiques
et fiscales, bien il n'y en a pas, de projet, puis c'est vrai pour l'Ontario
puis c'est vrai pour le Québec.
Alors, des garanties financières en cas d'accident — les approvisionnements en gaz naturel, vous
vous souvenez. À l'époque, il y avait Gaz
Métro qui s'inquiétait de l'utilisation d'un conduit, en offrait un autre de
moindre capacité, peu importe. Voilà
les questions fondamentales qui ont été soulevées. Mais le point sur ce
rapprochement, sur cette position
commune, c'est qu'il ne faut donc pas voir le Québec qui dit non, il faut voir
le Québec qui dit : Je nomme les
préoccupations de mes concitoyens, j'identifie les moyens pour que les projets
puissent se faire, mais acceptables, et que ce ne sont pas des
conditions qui sont sans fondement.
Alors, à
partir du moment où nous sommes en mesure de nous présenter à l'opinion
publique, deux gouvernements... et
encore, si je pouvais faire le plus de nuances possible, le premier ministre du
Nouveau-Brunswick, qui est un des défenseurs du projet, parce qu'il voit
arriver chez lui un terminal, qui dit : Voilà des conditions qui sont
raisonnables; le premier ministre de
l'Alberta, d'où origine l'exploitation, qui constate que ce sont des demandes
légitimes, c'est le portrait qu'on a devant
nous en ces matières-là. Et comment on y arrive? Bien, on y arrive parce qu'on
a décidé de se faire confiance, de se respecter
puis de dire : On a sûrement des projets qui sont communs. Alors, on a
parlé d'électricité tantôt, il y a bien sûr la question d'échange, mais il y a peut-être d'autres
potentiels. Et c'est ce qu'on est en train de vérifier. Vous avez lu, dans
les journaux, de nombreux avis qui ont été
donnés et qui disaient : Bon, il y a peut-être la possibilité pour
multiplier nos échanges. Le Québec cherche à multiplier ses échanges
avec tous ses partenaires, c'est vrai en ces matières-là aussi.
Alors, lorsqu'on regarde tout ce chemin
parcouru, il nous envoie... puis, encore une fois, c'est vrai que, dans
certains cas, moi, il y a des fois où... Prenons le cas de Radio-Canada, on en
parlait tantôt. Lorsqu'on se présente puis qu'on
dit à Ottawa : C'est inacceptable, il faut être capable de le dire quand
c'est inacceptable. Mais, quand il y a des progrès, il faut être capable de le dire aussi. Et, à l'égard
de la relation avec l'Ontario, clairement il y a là un progrès indéniable, et
je souhaite que cela soit un exemple pour nos relations avec les autres
provinces aussi. Il faut bien voir, là, les échanges commerciaux, M. le Président, avec l'Ontario, c'était... j'avais mes
chiffres tantôt, c'est 38 milliards. Nos exportations avec l'Ontario s'élèvent à 38 milliards de
dollars; avec l'ensemble du Canada, c'est 64 milliards. Alors, essayez de
m'en trouver une autre aussi
importante; il n'y en a pas. Le marché, parce que c'est un peu comme ça que
vous présentez la question sur ce
qu'on appelle le marché du Canada central, on le présente comme étant le
quatrième marché économique en
Amérique du Nord. Quand on sait qu'en Amérique du Nord, bien, il y a New York,
il y a la Californie, je veux dire, quand
on regarde les États-Unis puis qu'on se dit : Aïe! Il y a ici le quatrième
marché régional, il y a un potentiel. Alors, est-ce qu'on le saisit?
Est-ce qu'on s'y investit? C'est un peu ça.
Alors, depuis
tantôt qu'on parle d'enthousiasme, je ne veux pas que ce soit un enthousiasme
débridé, mais c'est un enthousiasme
qui nous amène à envisager l'avenir en nous donnant de l'élan, et tout n'est
pas parfait, mais il y a, en certaines matières, du progrès sur lequel
il faut s'arrêter et y puiser l'énergie à continuer.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Il reste une minute. Ça va aller? On va la reporter?
M. Merlini : Oui, ça va aller. On va
la mettre sur le prochain bloc.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Alors, M. le député de Verchères, à vous la parole.
M.
Bergeron : Alors,
M. le Président, dans mon préambule au deuxième bloc, je vais certainement
donner matière à réponse de la part du
ministre, mais il m'arrachait les mots de la bouche il y a quelques instants,
lorsqu'il parlait d'un enthousiasme débridé.
Je vais vous
dire, M. le Président, que je côtoie le ministre des Affaires
intergouvernementales depuis déjà plusieurs années, près de 10 ans déjà, et c'est fascinant à quel point je découvre
continuellement ce personnage, comme quoi on gagne à être connu, hein? Et, tout à l'heure, j'ai découvert en lui des
connaissances en astronomie que je ne lui connaissais pas. Personnellement, je n'ai pas la prétention d'avoir
beaucoup de connaissances en astronomie, mais je sais une chose : que, quand une comète revient si fréquemment,
c'est qu'elle mérite d'être étudiée à fond, elle mérite d'être examinée très
attentivement, M. le Président.
Cela dit, quant au député de Deux-Montagnes, la
dernière fois, lors de l'interpellation — ce n'aura pas été la première
fois qu'il aura tourné le dos à ses convictions — nous aurions été
heureux de l'entendre effectivement nous exposer
ses nouvelles convictions. Alors, peut-être que le fait qu'il soit resté si peu
longtemps démontre le fait que ses nouvelles convictions, si tant est
qu'elles existent, sont bien peu profondes.
Pour revenir
à mon collègue de Chambly et revenir au ministre, j'admire leur capacité
d'enfiler des lunettes roses et de
voir des progrès où, somme toute, on en voit peu. Je pensais avoir fait la
démonstration entre les plans budgétaires de l'année dernière et de cette année pour illustrer le fait que, somme
toute, il n'y a pas de quoi se réjouir tant que ça. Loin de là, M. le
Président. Au contraire, ça démontre qu'on n'a pas fait grand progrès depuis
l'année dernière. Ceci dit, le ministre nous
a répété deux fois plutôt qu'une et peut-être même davantage : Si c'est
bon, on le dit et, si ce ne l'est pas, on le dit aussi. Alors, je prends
un engagement ici, devant le ministre, parce que ça fait partie de la façon
dont j'ai l'habitude de fonctionner :
si, l'an prochain, il y a des objets de différend financier qui disparaissent
du plan budgétaire, je me ferai un
plaisir de la souligner, M. le Président, parce que je pense qu'effectivement
il faut souligner les avancées.
• (15 h 50) •
Cela dit, il
faut reconnaître que cette année on
retrouve essentiellement la même chose dans les revendications du Québec au
niveau du plan budgétaire de l'année dernière et du plan budgétaire de cette
année. Alors, je le dis, si, l'année prochaine, il y a des trucs qui
disparaissent parce qu'on aura obtenu les résultats, je m'en réjouirai.
Cela dit, le
ministre nous parlait également et nous a dit : Ce qui est bon pour
l'Ontario est bon pour le Québec, et
vice versa. Moi, je suis plutôt d'accord avec le fait que, généralement, quand
ça va bien pour nos partenaires, ça va bien pour nous, mais je ne peux pas dire que c'est tout le temps le cas. Par
exemple, durant la crise financière de 2008, quand le gouvernement
fédéral a investi des milliards de dollars dans l'industrie de l'automobile en
Ontario alors qu'il nous réservait des
grenailles pour notre industrie forestière, je ne suis pas sûr qu'on peut dire
que c'était tellement bon pour le
Québec que ce traitement différencié de la part du gouvernement fédéral. Même
chose dans le dernier budget fédéral, où
l'Ontario est, de façon assez importante, avantagé par les mesures du
gouvernement fédéral, ce qui n'a pas empêché l'Ontario de dire qu'il
s'agissait d'une gifle. Nous, ici, on a timidement déploré le fait qu'on
n'avait pas ce à quoi on aurait eu droit en
transport en commun, en infrastructures, en santé. Comment s'en surprendre, M.
le Président, alors que le ministre
des Finances reconnaissait candidement au lendemain du budget fédéral qu'il
était trop fatigué suite au bâillon pour
avoir demandé quoi que ce soit au gouvernement fédéral? C'est sûr que, quand on
ne demande rien, on ne peut pas rien recevoir, hein, puis on ne peut pas
être déçu de n'avoir rien reçu parce qu'on n'a rien demandé.
Alors, moi,
je me dis, peut-être que, si on demandait un peu plus comme d'autres
gouvernements antérieurs l'ont fait,
et même des gouvernements libéraux, même des gouvernements libéraux... Moi, je
me souviens du même ministre, qui s'est rendu à Ottawa, là, pour dénoncer avec
force et vigueur le projet de loi C-10, M. le Président, qui coûte une fortune
au gouvernement québécois, sans aucune
compensation de quelque nature que ce soit. Bien non, on continue à accepter
des différends financiers qui représentent
plus de 3 milliards de dollars, M. le Président, puis, pendant ce
temps-là, on demande aux Québécois de
se serrer la ceinture. Je ne veux pas susciter des chicanes inutiles avec le
gouvernement fédéral, je veux
simplement que ces dizaines de milliards de dollars qu'on paie en taxes et en
impôts au gouvernement fédéral puissent
servir à nos concitoyennes et concitoyens... qu'il n'est pas normal dans une
fédération qu'un gouvernement soit cassé
comme un clou et demande à ses citoyens de se serrer la ceinture tandis que
l'autre fait des profits, fait des surplus. Il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas, manifestement. On aura certainement l'occasion d'en parler la
semaine prochaine, lorsqu'il sera question
de ce phénomène de la comète qui revient. On pourra l'étudier plus à fond, M.
le Président, à ce moment-là. Mais,
puisque j'ai justement évoqué les plans budgétaires de l'année dernière et de
cette année... Puis, soit dit en
passant, je passe sous silence, là — j'y ai fait référence tout à l'heure — je passe sous silence les 600 millions
de perdus en vendant les actions de GM du
côté fédéral, mais je reviens à ce que je m'apprêtais à dire, M. le Président,
lorsque j'évoquais que dans le plan
budgétaire, au niveau des autres différends pour lesquels on attend des
réponses rapides, des résultats rapides... Puis là on les attend, mais
on les attend de façon un peu moins rapide dans le nouveau plan budgétaire. C'est dire que les attentes sont déjà
moins élevées, puis ça, le gouvernement fédéral, il lit ça, là. L'année
dernière, on a demandé ça rapidement.
Cette année, ça viendra mais que ça vienne, là, tu sais. Mais là on a enlevé du
dossier le dossier de Mégantic dans cette liste-là.
Or, M. le Président, à la suite de l'étude des
crédits de l'année dernière, le ministre nous avait annoncé que, conformément à l'entente que nous avions
signée — j'étais
l'un des signataires de cette entente avec le gouvernement fédéral — il y avait un 25 millions qui devait
être versé rapidement et il était question d'une autre tranche de
95 millions qui devait être versée sur présentation de factures.
Or, évidemment, lors de l'étude des crédits, nous n'avions pas ce 95 millions. Nous avons fait une demande
d'accès à l'information en septembre pour nous faire dire à ce moment-là que
nous n'avions toujours pas ces
95 millions. Nous avons refait, là, très récemment, M. le Président, en
février, une demande d'accès à l'information,
et on nous a confirmé encore à ce moment-là que nous n'avions toujours pas ces
95 millions que nous doit le
gouvernement fédéral. Puis là c'est un minimum, hein, c'est probablement bien
au-delà de cela que cela va coûter, en bout de piste, aux deux
gouvernements.
Mais
j'aimerais simplement savoir, là, depuis le mois de février, M. le Président,
est-ce qu'on en est exactement au
même point pour le 95 millions que le gouvernement fédéral nous doit ou
est-ce qu'il faudra effectivement qu'on aille aider le gouvernement du Québec à présenter ses factures au gouvernement
fédéral pour qu'on ait enfin cet argent, que le gouvernement fédéral
nous a promis?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Verchères. M. le ministre.
M.
Fournier : Ça fait beaucoup, là, ça fait beaucoup. J'ai
toujours les infrastructures que je n'ai pas réglées, là. Je vais
essayer de passer le plus d'éléments possible.
Bon. Notre
collègue, qui prétend que nous n'avons... ou nous avons une facilité à mettre
des lunettes roses, dit-il... puis je
pourrais lui dire qu'il met des lunettes où il n'y a aucun excès, c'est plutôt
fumé foncé et avec incapacité de voir les éléments positifs. Alors, je laisse aux téléspectateurs le soin
d'essayer de trouver du réel là-dedans puis, à vous écouter, à nous
écouter, faire leur jugement. Mais de dire qu'il n'y a pas rien eu... On a
parlé notamment du marché du carbone tantôt,
là. C'est nos partenaires canadiens avec qui on fait ça, ça, c'est bon. Le
Fonds sur la taxe sur l'essence avec Ottawa, ça, c'est bon, ça s'est
fait au mois de juin l'an passé. On en parlera tantôt avec les infrastructures.
Je reviens, parce qu'il nous parle des dossiers
en litige avec Ottawa puis des documents publics qui existent. Dans le budget, «Le point sur les transferts
fédéraux», F.21, c'est marqué «enjeux à régler le gouvernement fédéral», 3.1,
c'est le premier sujet, là. Je vais le lire,
M. le Président, si vous me permettez. Alors, ça s'appelle 3.1; le titre :
«Un règlement favorable pour le Québec
obtenu dans le dossier de la stabilisation des revenus — ce
qui lui fait dire qu'il n'y a rien de bon puis qu'il n'y a rien de
réalisé.» C'est ça, le titre. Ça commence comme ça, alors : «Au cours des
dernières années, le Québec a soulevé certains dossiers prioritaires où il
demande un traitement équitable de la
part du gouvernement fédéral. L'un de ces dossiers, soit
le règlement du litige concernant le programme
de stabilisation des revenus, vient de se conclure en faveur du gouvernement
du Québec, qui a ainsi obtenu un montant de 103,4 millions de dollars.
Rappelons que le Québec réclamait du
gouvernement fédéral un paiement de stabilisation à l'égard de l'année 1991‑1992,
étant donné une baisse de ses revenus
par rapport à l'année précédente découlant de la conjoncture économique, baisse
en lien avec des changements apportés
à sa structure d'imposition. Dans ce dossier, le Québec avait obtenu deux
jugements en sa faveur en Cour
fédérale et en Cour d'appel fédérale, respectivement en 2007 et en 2008. Ces
jugements avaient donné raison au Québec sur quatre des six points en
litige; le Québec avait donc révisé sa réclamation à 103,4 millions de
dollars.»
Dernier
paragraphe : «Les démarches entreprises par le Québec à l'été 2014 ont permis
de régler ce dossier litigieux à la
satisfaction des deux gouvernements. Par conséquent, il est permis d'espérer
que les dossiers prioritaires suivants feront également l'objet d'un
règlement à court terme avec le gouvernement fédéral.»
Je ne dis pas
que tout est réglé, mais je dis qu'il y en a de réglés. Alors, quand mon
collègue dit : Il n'y a rien de réglé,
il n'y a rien de bon parce qu'on ne demande rien, puis-je au moins susciter un
bémol, un peu, lors de la prochaine intervention,
un tout petit bémol? Mais là je vais vous laisser avoir le temps des caméras
qui vous regardent pour le dire avec
allégresse. Mais, ceci étant, force est d'admettre — je parlais du fonds sur l'essence, du marché
du carbone — dans
les papiers eux-mêmes, là, il ne s'agit pas
de ne pas les lire, il s'agit de les voir, ce n'est pas des lunettes roses,
bon, ça a fonctionné, on est
contents. Tout n'est pas parfait. Je ne suis pas en train de dire que tout est
parfait, mais tout n'est pas non plus un état de crise, il y a des progrès
qui peuvent intervenir.
Je
vais aborder rapidement la question de Mégantic avant de revenir sur les
infrastructures. Je ne veux pas l'oublier
parce que c'est une question fort importante. Parti comme c'est là, j'ai
l'impression que je vais la faire à 5 h 55 puis je veux en parler. Mais, sur la question de
Mégantic, il y a effectivement une entente et il y a des montants qui ont
été versés. Il y a eu une avance de
50 millions qui a été encaissée en février, il y a eu un montant
supplémentaire, en mars dernier, de
6,7 millions et, au fur et à mesure, de ce que je comprends, de nos
propres déboursés, il y aura encaissement venant du fédéral. C'est la structure actuelle. Donc, dans le cas de
Mégantic, on se souvient, M. le Président, on se souvient, puis je pense qu'on en a parlé l'an passé, de la
polémique des envois de factures, là. Je ne veux pas revivre des mauvais
moments. L'important étant quoi? C'est que,
moi, le portrait que j'ai devant moi, c'est : au fur et à mesure de nos
déboursés, et le 50 % est respecté, les sommes rentrent. Ça, c'est
une chose. On peut le faire entre nous ici, puis je connais mon collègue et je sais très bien qu'il pense
notamment aux citoyens de Mégantic. L'important, là, c'est eux autres, c'est de
s'assurer qu'au-delà des déboursés puis de l'argent que le travail se fasse et
que les citoyens se disent : On ne fait pas de la politique sur notre dos, on est en train de
travailler ensemble pour s'occuper de nous autres. Puis c'est le message le
plus important, je pense, qui doit être envoyé lorsqu'on parle au cas de
Mégantic.
Mais
en ce moment ma réponse là-dessus, c'est donc que les premières enjambées ont
peut-être été compliquées — notre collègue faisait
référence à cela — mais la
marche est maintenant bien entreprise, et on peut dire dans ce cas-là qu'il y a
progrès, on se comprend tous puis on veut avancer.
Peut-être
que vous me permettez de répondre un peu aux infrastructures, on a encore un petit peu de temps pour...
• (16 heures) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député avait pris quand même
7 min 30 s pour bien placer le...
M. Fournier :
M. le Président, puis-je lui suggérer de me relancer sur les infrastructures?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, la question est posée au député de Verchères.
M.
Bergeron : Alors,
je vais volontiers relancer le ministre sur la question des infrastructures, d'autant que, les
déclarations ministérielles sur la question, on cherche le fil, de ce côté-là.
Alors, probablement que le ministre aura l'occasion de clarifier.
Peut-être qu'on
pourrait s'inviter mutuellement à aller chez l'optométriste ensemble pour
peut-être ajuster le focus, là, puis que ce
ne soit pas trop rose d'un bord puis peut-être un peu moins sombre de l'autre,
mais, quoi qu'il en soit, je disais
simplement que le ministre ne nous a pas donné beaucoup d'occasions de nous
réjouir par rapport à tout ce qui
était attendu et présenté dans les documents budgétaires. Alors, s'il se
réjouit d'une seule avancée qui est une avancée non récurrente, bien moi, je veux bien, puis c'est certainement positif,
mais il y a encore des différends récurrents à régler avec le gouvernement fédéral. Et je suis heureux
aussi d'apprendre la nouvelle concernant Lac-Mégantic. La réponse que nous avons obtenue du Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes date du 2 février. Le ministre vient
de nous dire qu'il y a eu un premier
versement de 50 millions en février, donc j'imagine que c'est survenu
après le 2, et qu'il y a eu ensuite
un autre versement, d'un quelque 9 millions, quelque part en mars. Alors,
c'est extrêmement positif de voir que
ça débloque, enfin. Et effectivement c'est positif puis c'est positif pas pour
le gouvernement du Québec puis pas
pour le gouvernement fédéral, c'est positif pour les gens de Lac-Mégantic.
Alors, là-dessus, je suis parfaitement d'accord avec le ministre.
Destruction des
données du registre des armes à feu, M. le Président. Encore une fois, je sais
que lui et moi sommes parfaitement sur la même longueur d'onde sur cette
question. Nous aurions très certainement souhaité une défense plus vigoureuse de la part du gouvernement du Québec sur le plan
politique, parce que c'est ce que la Cour suprême nous a dit : D'un point de vue juridique,
c'est ça, la décision, mais c'est essentiellement une question politique à
régler entre les deux gouvernements.
Et la réponse du premier ministre a été : Bien, la cour vient de rendre sa
décision. Oui, mais, justement, dans
la décision, il était question d'une question essentiellement politique, M. le
Président. Alors, à défaut d'être intervenu auprès du gouvernement
fédéral pour que la destruction des données ne survienne pas, est-ce qu'on peut
s'attendre de la part du gouvernement du
Québec à ce qu'il intervienne auprès du gouvernement fédéral pour qu'il y ait
une compensation financière? Et je
m'explique, là. Ils vont me dire : Il rêve en couleurs, lui, là. Les
fédéraux ont décidé de l'abolir, puis là nous autres, on va débarquer
puis on va dire : Allez-vous nous aider à défrayer le coût du nouveau registre, qu'on évalue sommairement à
30 millions de dollars, M. le Président? Bien, rappelons-nous simplement
que, si nous avions su dès le départ comment la chose allait se
terminer, peut-être qu'on aurait demandé dès le départ un droit de retrait avec pleine compensation pour
créer notre propre registre, qu'on ne nous aurait pas scrapé depuis puis qu'on
serait obligés de reconstruire avec l'argent
des contribuables québécois, qui ont déjà largement contribué à la création
du registre fédéral, que le fédéral a décidé de scraper, hein?
Alors,
ma question, bien candide : Est-ce qu'il y a une volonté ou une intention
de la part du gouvernement du Québec
d'essayer de réclamer une compensation financière pour ce nouveau registre,
qu'on veut mettre en place et pour lequel on avait payé déjà à grands
frais au niveau fédéral?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de
Verchères. Alors, je comprends qu'il y a deux questions : il y avait celle des infrastructures, qui avait
été laissée en suspens — il nous restait deux minutes du premier bloc — et l'autre question. M. le ministre, à vous la parole.
M. Fournier :
Je vais essayer de tout couvrir, mais peut-être que...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...
M.
Fournier : Je vais
solliciter une autre relance, alors. Mais, dans le cas de Mégantic,
26 février, la date du dépôt, ce qui explique la réponse du 2 — 26 février.
Mars, il y a eu l'autre dépôt. Donc, progrès à cet égard-là.
Les
infrastructures. Alors, commençons par dire qu'à l'égard de Chantiers Canada
moi, j'aurais souhaité que ça aille beaucoup
plus vite. J'ai répondu à une question là-dessus dernièrement en disant qu'il y avait
du progrès réel qui s'était manifesté dans les dernières semaines. Je
souhaite, et je n'en dis pas plus, je souhaite que... et là je parle du Chantiers Canada, là, annoncé il y a deux ans, là, je souhaite que nous puissions aller de l'avant.
Évidemment, il y a déjà le règlement
du Fonds sur la taxe sur l'essence. Lui, il est déjà réglé. Et lui, avec le
remboursement de la TPS, là, franchement, c'est déjà le plus gros
montant qui est visé là-dedans, mais il y a des montants qui sont aussi
importants dans les grands projets et dans les petites collectivités, et je
souhaite que nous ayons une signature très bientôt.
Permettez-moi
de soulever un élément important pour l'avenir, parce que, c'est bon, là, il y a
eu des montants d'identifiés pour les
infrastructures par le gouvernement
fédéral, mais il faut savoir que, et les
proportions sont à peu près
celles-là, pour chaque 100 $ qu'on investit en infrastructures le fédéral
en investit 10 $. Alors, c'est un monde de différences. Or, investir là-dedans, ça rapporte. Bien, d'abord, il y a
du monde qui travaille, hein, il y a des revenus fiscaux qui en
découlent, il y a des biens et des services qui sont achetés, il y a des taxes,
il y a un retour sur l'investissement gouvernemental, et le retour sur
l'investissement est équivalent, là, on n'est pas à la cent près, mais
équivalent pour le gouvernement fédéral et
pour les gouvernements des provinces. D'ailleurs, on en parlait lorsqu'on a eu
le Conseil des ministres conjoint
avec l'Ontario. Je me souviens de graphiques qui étaient présentés et qui
illustraient qu'il n'était que normal
et juste qu'il y ait une proportion accrue aux infrastructures. Et, quand je
dis «infrastructures», les gens qui nous écoutent, souvent ils disent : De quoi on parle? Bon, on parle des
routes, on parle des rues, on parle d'aqueduc, on parle des services d'assainissement des eaux, on parle
du transport en commun, on parle d'un bon nombre de choses, on parle de
création d'emplois.
Mais, M. le
Président, je voulais vous intéresser à ça, parce que, dans les discussions
qu'on a eues avec l'Ontario, notamment...
vous savez qu'on a le Plan Nord, mais ils ont
le Ring of Fire. Essentiellement, c'est des mines. On est voisins, là, il y a des territoires qui se ressemblent.
Alors, imaginez quelle est la difficulté... bien, vous pouvez imaginer, mais
quelle est la difficulté que nous
avons pour exploiter nos ressources minérales, et autres, qui s'y trouvent. On
a une difficulté première,
principale, fondamentale, essentielle : l'accès. Alors, imaginez, un accès — route, chemin de fer, peu importe — c'est une
infrastructure. Alors, imaginons qu'on en installe une, qu'on se donne accès à
des territoires. L'investissement en infrastructures,
c'est du monde qui travaille, mais, dans ce cas-là, c'est du monde qui
travaille et qui permet à d'autres personnes
de venir travailler dans un autre domaine que l'infrastructure d'accès, mais
celle de l'exploitation, notamment, de
mines. Alors, l'infrastructure dans ce cas-ci n'est pas qu'un premier moteur
économique de création d'emplois, mais entraîne dans son sillon un
deuxième moteur de développement économique fondamental pour nous comme il
l'est pour l'Ontario, et, s'il l'est pour l'Ontario et le Québec et qu'on
réussit à améliorer notre productivité avec ça, c'est l'ensemble des
partenaires fédératifs qui vont y trouver leur compte.
Alors, à cet
égard, je dis sur le Chantiers Canada actuel : On devrait donc le régler
au plus vite, puis après ça se consacrer
à l'autre élément. Le fédéral est en ce moment autour de 0,5 % du PIB
qu'il investit dans les infrastructures. Nous sommes, les provinces en général — c'est à peu près les mêmes montants,
là — avec les
municipalités, autour de 3 %,
autour, ce qui nous amène autour de 3,5 % ensemble, avec le fédéral. Selon
des agences internationales, c'est 5 % du PIB qui devrait être investi là-dedans. Alors, on regarde des analyses
scientifiques qui viennent d'un peu partout, on regarde les contributions des différentes provinces et on
se dit : Mais pourquoi est-ce qu'on ne va pas un peu plus loin là-dedans?
Et c'est un des éléments, puis je le dis à
mon collègue, peut-être qu'il pourra apporter sa voix dans ce dossier-là aussi,
mais ça, ça devrait être débattu durant
l'échéancier électoral qui est devant nous, parce que c'est un moteur
économique puis c'est bon pour tout le monde. Pourquoi on ne le met pas
de l'avant?
Et je sais
qu'il y avait d'autres questions, là, entre autres, sur le registre des armes à
feu. J'y reviens dans quelques instants,
M. le Président, parce que c'est une excellente question. Puis surtout je veux
expliquer le recours juridique, parce qu'à
mon souvenir j'étais le Procureur général quand la procédure a été prise et je
veux expliquer les tenants et aboutissants et les conséquences, si c'est
possible.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ce sera très intéressant, on va
écouter ça. M. le député de Sherbrooke, à vous la parole.
• (16 h 10) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, mes
premiers mots seront pour vous saluer,
ainsi que les gens qui vous accompagnent à la table, le ministre, toute son
équipe, le député de Verchères, les gens qui l'accompagnent, particulièrement son stagiaire, Arnaud Montreuil, que
je salue ici aujourd'hui, et le député de Deux-Montagnes, ainsi que les
gens qui l'entourent.
Également, mes premiers mots, M. le Président,
vont être pour m'excuser à votre égard parce que je n'ai pas écouté votre consigne de fermer mon téléphone,
puisque moi et mon épouse sommes à l'aube d'accueillir notre troisième enfant et que visiblement c'est imminent. Alors,
je ne voudrais pas manquer l'appel. Pour avoir la chance de pouvoir vous
reparler plus tard, M. le Président, je
reste à l'affût de mon téléphone. Si jamais je suis interrompu, vous
comprendrez pourquoi.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...pour ces cas-là.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Bien, merci beaucoup, M. le Président. Je sais que
vous avez beaucoup d'expérience dans le domaine, alors vous pouvez
comprendre ma situation.
Une voix :
...
M. Fortin (Sherbrooke) : Expérience récente, tout à fait. De nombreuses
expériences récentes, je devrais ajouter.
M. le
Président, je suis heureux de retrouver les gens du SAIC que j'ai côtoyés
pendant de nombreuses années dans ma
vie antérieure d'attaché de presse du ministre des Affaires
intergouvernementales de l'époque, Benoît Pelletier, avec qui j'ai eu la chance, les gens du SAIC,
d'aller dans de nombreux endroits à travers le Canada, de signer de nombreuses
ententes, de faire plusieurs partenariats aussi et surtout, surtout de
rencontrer une francophonie qui est très vivante et très dynamique. Je vois Mme Lachance qui est derrière nous. Je me
souviens d'une mission à Sudbury, entre autres, en 2006‑2007, qui avait
été particulièrement fructueuse.
Alors, il me
fait très plaisir de vous retrouver et de parler, entre autres, des gens qui
composent la francophonie canadienne,
les Canadiens francophones hors Québec, les Acadiens. Le ministre en parlait un
petit peu plus tôt, ils sont près de 2,6 millions à travers le
Canada, ce qui en fait quand même une représentation considérable.
L'aspect sur
lequel je voudrais en parler, c'est évidemment l'angle de Radio-Canada. Le
ministre en a parlé un petit peu plus
tôt. J'ai vu l'enthousiasme débordant du ministre pour cette question, qui est
effectivement une question très
importante. J'ai remarqué que le député de Deux-Montagnes ne partageait pas
nécessairement l'enthousiasme pour le
sujet dans le contexte de sa question, mais moi, je veux donner la chance au
ministre de revenir là-dessus parce que c'est quelque chose qui est très préoccupant, ce qui se passe
présentement avec Radio-Canada, Radio-Canada qui est une institution qui est très importante pour les
communautés francophones hors Québec. Souvent, hein, c'est le seul média
qui permet à ces communautés-là d'avoir accès à des nouvelles en français, des
nouvelles aussi dans lesquelles ils peuvent
se reconnaître, pas nécessairement des nouvelles qui viennent des grands centres,
de la métropole canadienne ou des
grandes villes, mais des médias dans lesquels ils peuvent voir leurs actualités
locales en français, dans leur langue. Et
ce n'est pas seulement un caprice, c'est aussi une question légale. Le ministre
en a parlé tantôt. La loi constitutive de Radio-Canada est très, très claire à ce sujet-là, Radio-Canada doit
offrir des... des services, pardon, qui représentent ou qui illustrent la globalité canadienne mais aussi
les besoins spécifiques de toutes les régions à travers le Canada, qui vivent
des dynamiques différentes, qui ont des nouvelles différentes et qui ont des
réalités différentes qui méritent d'être présentées,
et que ces services-là doivent être offerts dans les deux langues officielles
du pays, bien évidemment le français et l'anglais.
Malgré ces
constats-là, depuis 2009, il y a eu de nombreuses coupes à Radio-Canada, CBC,
on parle de près de 500 millions
de dollars, 3 000 emplois qui ont été coupés. Plus récemment, il y a
tout eu l'histoire du costumier, hein, de
Radio-Canada qui a dû fermer ses portes le 31 mars dernier, qui a été
récupéré par le Musée de la civilisation, donc ce qui est une excellente nouvelle, mais il n'en demeure pas moins qu'il
y a des compressions qui vont avoir des effets sur les communautés francophones et acadienne à travers le Canada, sur
leur capacité justement à avoir accès à ces nouvelles en français là
dans toutes les régions du pays.
Évidemment, il n'y a pas seulement les
francophones hors Québec qui sont touchés par ces mesures-là, il y a aussi des impacts au Québec, dans toutes les
régions du Québec. Moi, je suis dans un pôle médiatique à Sherbrooke, on a
une antenne de Radio-Canada chez nous, et
évidemment les décisions en provenance du gouvernement fédéral se font sentir également chez nous. Il y a eu trois coupes
récemment, trois coupes annoncées qui vont entrer en vigueur d'ici le mois de septembre, dont un poste de journaliste
permanent, à temps plein, qui s'ajoutent à deux autres coupes qu'il y avait
eu à ICI Radio-Canada l'année dernière.
Donc, c'est des choses qui préoccupent le milieu, le milieu chez nous et qui me
préoccupent aussi, également, parce que
c'est important pour nous, en région, au même titre que les francophones hors
Québec. On aime bien les gens de Montréal,
on aime bien les gens de Québec, mais on veut pouvoir se reconnaître dans
nos nouvelles régionales, on veut être en
mesure d'avoir accès à du contenu régional, et c'est également important
d'avoir accès à une diversité de l'information régionale.
Évidemment, il y a plusieurs sources
d'information en français dans les pôles médiatiques au Québec comme nous, à Sherbrooke, mais il reste que, donc, on
n'est pas dans la même dynamique que les francophones hors Québec, où
souvent Radio-Canada est la seule source d'information, mais il reste que, dans
une époque où il y a une certaine convergence
dans le monde médiatique, c'est important de pouvoir maintenir cette diversité
de l'information là et c'est ce qu'offre Radio-Canada.
En regard de
ces conséquences-là pour l'ensemble des francophones au Canada
et du rôle qu'exerce le Québec
en matière de francophonie au pays, surtout
un rôle de leader, je pense, un rôle de phare de la francophonie au pays, je
voudrais savoir de la part du ministre... Il a évoqué tantôt quelques gestes qui ont
été posés par le Québec dans ce dossier-là, notamment avec l'Ontario, mais je sais qu'il y a plusieurs gestes qui
ont été posés et je voudrais savoir, depuis son entrée en fonction, dans
le dossier de Radio-Canada, qu'est-ce qui a été fait par le gouvernement du
Québec.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Fournier : Oui. Merci, M. le Président. Tantôt, on a utilisé
l'expression d'«enthousiasme». L'enthousiasme fait référence à un sentiment presque de bonheur, hein, et de plaisir.
Ce n'est pas le cas dans le cas de Radio-Canada, ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on déploie cette
énergie-là. J'aimerais mieux utiliser les mots qui permettent d'exprimer
que nous sommes... pas que nous ne sommes
pas satisfaits, nous sommes insatisfaits. Et je prends le temps de le dire
parce que c'est le sens que je disais
au député de Verchères un peu plus tôt : Quand ça va bien, on le dit,
puis, quand ça ne va pas bien, on le dit. Dans le cas de Radio-Canada,
ça ne va pas bien, c'est clair.
Si on
regarde, je fais un petit survol vite, vite, là — je ne veux pas revenir sur le passé trop, trop — mais il y a eu des
compressions en mars 2009, en mars 2012, en avril 2014. Des compressions, c'est
des coupures de crédits budgétaires, là, ce n'est
pas compliqué. En même temps, le CRTC a revu un fonds d'aide à la production
locale. Un des coeurs du problème, c'est
celui-là, là. Il y a du monde à Saint-Boniface qui ne veulent pas savoir
combien il y a d'attente au pont Champlain,
ils veulent savoir ce qui se passe chez eux, mais, quand ils ouvrent la
télévision puis on parle du pont Champlain puis du pont Mercier... moi, ça intéresse beaucoup ma femme, le pont
Mercier, puis moi aussi, mais, à Saint-Boniface, ça ne les intéresse pas, puis c'est bien normal. Puis c'est normal qu'il
y ait une information et un reflet culturel qui montrent les régions,
c'est pour ça que la loi a été faite ainsi. Et, si la loi a été adoptée, bien
elle appelle que des moyens soient déployés
pour la soutenir. Ce n'est pas compliqué, c'est : ou bien tu amendes ta
loi puis tu dis ouvertement : Je n'y crois pas, ou bien la loi, elle existe, puis il faut bien que tu déploies des
moyens pour y arriver. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas d'effort à faire au fil du temps
pour qu'il y ait des équilibres, ce n'est pas de ça dont je parle, parce que
les compressions dont on parle s'ajoutent à
des compressions qui ont déjà eu lieu depuis les années 90. En fait, la
situation actuelle ne nous ramène
même pas à 1994, même si on corrigeait les compressions. On est dans un état,
honnêtement, où on a laissé aller les choses. Je prends la peine de le
dire, j'ai évoqué ça tantôt, je pense que c'est aujourd'hui ou hier, il y avait des commentaires sur les
revenus publicitaires des médias, et on était en recul un peu partout, mais pas
Radio-Canada. Alors, la situation de Radio-Canada, qui entraîne des coupures
dans les bulletins de nouvelles, des pertes d'emploi, ce n'est pas parce qu'il y a
moins de revenus publicitaires comme partout, non, le coeur, c'est les crédits
budgétaires.
Pourquoi je
dis ça? Parce que, pour régler le problème, encore faut-il le reconnaître, le
problème, et les premiers efforts que nous avons faits étaient pour
alerter notamment le gouvernement fédéral sur cette problématique-là.
Alors, dès
mai dernier, mai 2014, là, il y a un an presque jour pour jour — c'était le 8 mai — j'ai envoyé une lettre à la ministre du Patrimoine canadien. Nous nous
sommes rencontrés à la conférence des ministres de la Francophonie et on
a eu l'occasion d'échanger pour exprimer les conséquences que cela avait et
pour réaffirmer qu'il y avait bien là une question
de crédits budgétaires coupés, donc d'insister à ce que la réalité soit vue, et
comprise, et pas simplement poussée du
revers de la main. Et nous avons continué nos démarches parce que nous n'avions
pas l'impression, c'est le moins qu'on puisse dire, d'avoir été
entendus.
• (16 h 20) •
Je l'ai dit,
je suis allé rencontrer ma collègue Madeleine Meilleur en Ontario en octobre
pour annoncer que nous travaillerions ensemble à faire les... à
rencontrer les intervenants, à parfaire notre connaissance des conséquences et
à tenter d'esquisser des solutions. On ne
fait pas juste dire : On n'est pas contents, puis c'est insatisfaisant,
mais : Est-ce qu'il y
a une piste? Est-ce qu'il y a quelque
chose qui peut être fait? On a
rencontré dans cette foulée-là le Commissaire aux langues officielles, M. Graham
Fraser, Mmes Tardif et Chaput, qui sont des sénatrices responsables des
langues officielles, Pierre Maisonneuve, des
amis de Radio-Canada. On a rencontré Hubert Lacroix, le P.D.G. de Radio-Canada,
et cette rencontre-là nous a quand même
permis de nous mettre tous à la même heure, là, dans le même fuseau
horaire : il n'y a pas
suffisamment de crédits budgétaires pour la mission. Oui, tu peux faire un
correctif, un ajustement, oui, un autre; à un moment donné, tu ne peux plus, et c'est là qu'apparaît, je dirais,
l'os, et l'os, c'est, entre autres, de ne plus être capable de
rencontrer la mission législative qui a été adoptée.
Alors, nous,
on s'était donc donné une mission, parce que je disais qu'on s'est rencontrés
en octobre, Madeleine Meilleur et
moi, mais, au Conseil de la fédération, on a pris un bon moment pour exposer
cette situation-là, tant et si bien que, dans la déclaration que nous
avons signée... elle est plus longue que ça,
mais je vais vous citer un passage, M. le
Président, si vous me le permettez, où on y
dit que le Québec et l'Ontario «ont une vision commune enracinée dans l'histoire et tournée vers l'avenir car ils
considèrent que le rayonnement de la langue française, partout au Canada
et sur le continent, est un élément
essentiel à la prospérité politique, économique, sociale et culturelle du pays.
En foi de quoi, dans un esprit de
solidarité et d'ouverture, nous nous engageons à travailler conjointement et
étroitement en matière de francophonie
canadienne, notamment en [...] — ça, c'est un des éléments — pressant le gouvernement [...] d'appuyer la Société Radio-Canada dans la réalisation de son
mandat qui consiste à offrir des services de radio et de télévision en
français partout au Canada, de manière à refléter les besoins particuliers des
francophones.»
Le constat
apparaît de façon claire lorsqu'on fait un retour historique sur les moyens, ou les
crédits budgétaires, offerts
par le gouvernement fédéral parce
que, durant cette période-là, il est
aussi possible de faire des comparables. On peut faire un comparable
avec l'indice des prix à la consommation : Est-ce qu'il a suivi la même évolution
que les crédits de Radio-Canada? On peut, à l'égard d'un
gouvernement, même faire des comparables avec la façon dont l'ensemble des programmes fédéraux ont été financés :
Est-ce que Radio-Canada l'a été à la même hauteur que d'autres programmes
fédéraux? On peut même choisir certains
programmes. Quand on est rendu là, c'est un peu plus compliqué, parce qu'il
peut arriver une année où un programme a un besoin tellement plus grand, mais,
lorsqu'on regarde l'ensemble, la moyenne,
lorsqu'on regarde l'ensemble des programmes ou même l'indice des prix à la
consommation, il y a quelque chose
comme un indice. Ça ne veut pas dire qu'il faut être absolument dedans, mais il
faut s'en rapprocher, sinon c'est constamment un recul. Et, j'ajoute, ce
n'est pas parce que la télévision moderne ou celle à venir doit se transformer qu'il faut prélever de l'argent de la télévision,
je dirais, conventionnelle ou traditionnelle pour le financer. Parce que c'est
bien une réplique qui nous est faite :
Il faut que Radio-Canada se transforme, qu'ils deviennent multiplateformes.
Personne ne va le nier. Mais, si la
qualité du produit, si le reflet, le rayonnement qu'on est supposé d'y trouver
diminue, c'est le contenu de la
plateforme qui va diminuer. Alors, il faut accompagner le contenu en même temps
qu'on accompagne le moyen de se moderniser.
Alors, il est
clair, puis c'est un des résultats de la discussion avec M. Thibeault, de
Radio-Canada... personne ne va nier
l'importance de mettre à jour les procédés de communication de Radio-Canada.
Aujourd'hui, il y a de moins en moins d'oreilles
de lapin sur les télévisions à pitons... ou à roulettes, devrais-je dire. C'est
sûr que maintenant il y a beaucoup de fils
câblés, mais il y a de moins en moins de fils, en plus, et on utilise
maintenant beaucoup d'appareils qui sont sur nos bureaux, ici, que je vois, pour consommer de l'information
ou de la culture. Que Radio-Canada doive s'y adapter, personne ne va le
nier, mais, s'il fallait que pendant cette transition se continue un
affaiblissement de la capacité de produire, personne
ne va y gagner, et certainement pas les communautés francophones pour qui c'est
le seul filet de communication.
Alors,
je reviens à la question du député de Deux-Montagnes tantôt sur la culture ou sur la question
du développement de la francophonie au Québec à
travers les institutions relevant du fédéral. Celle-là, puis là c'est des
bons mots, là, ce n'est pas de
l'enthousiasme, là, c'est de l'énergie à régler un problème majeur, présent,
actuel qui nécessite une conclusion
heureuse à court terme, pas à long terme, à court terme. À chaque année qui
passe, c'est un affaiblissement. Et,
oui, il y a une élection fédérale qui se tient cette année. À mon avis,
les acteurs au Parlement fédéral, que connaît bien le député
de Verchères, les formations politiques
qui y sont représentées doivent s'exprimer sur le sens qu'ils donnent à
la francophonie canadienne.
Dans
la déclaration sur la francophonie canadienne,
que nous avons avec l'Ontario, on y dit ceci : «...nous, les premiers ministres du Québec et de l'Ontario, reconnaissons : le rôle clé qu'ont joué les
francophones dans la fondation et la
construction du Canada d'aujourd'hui et leur importance
pour le Canada de demain; que la francophonie est l'une des caractéristiques fondamentales de l'identité
canadienne. Nous nous engageons à travailler, de concert avec les autres
gouvernements au Canada, à la promotion, à
la protection, à la pérennité et à la vitalité du fait français.» Je ne connais
pas beaucoup de Québécois qui vont dire
qu'ils sont en désaccord avec ça, je n'en connais pas beaucoup. Puis le député
de Verchères est pour. À 6 heures, on va pouvoir dire qu'on a eu une bonne
journée. Mais, M. le Président, quand on constate ça, on sait que ce n'est pas
juste au Québec. C'est ça, le point que je veux faire. Les Canadiens de toutes
les provinces veulent que nous prenions soin
de cette institution. Alors, j'interpelle les partis politiques fédéraux à
constater la déclaration conjointe
avec l'Ontario, à constater les démarches qui sont faites, surtout à voir les
Fransaskois, à voir ceux du Yukon, à
voir ceux qui veulent avoir la capacité non pas d'avoir une histoire à raconter
à leurs enfants : Dans mon temps, on
parlait de ça puis on se voyait... non, non, qu'à l'avenir nous continuions de
les voir, nous, Québécois, que nous ayons accès à leur force, à leur
énergie, à leur vitalité, à leur... je dirais, au phénomène tremplin qu'ils
représentent. Tantôt, je disais qu'il y avait le P.D.G. du Centre de la
francophonie des Amériques avec nous. Quand on constate qu'il y a 2,5 millions... — puis je me retourne en même temps pour
vérifier mes chiffres — qu'on a 2,5 millions de francophones et francophiles à l'extérieur du Québec, au
Canada... je crois, aux États-Unis, que c'est 11 millions,
11 millions de francophiles aux
États-Unis, ce n'est pas un signal qu'on est tout seuls, au Québec, à voir
Tchouri vendredi. Nous serons les seuls à voir Tchouri vendredi, au
retour de Tchouri, Tchouri 2, mais...
Une voix :
...
M.
Fournier : Je m'excuse d'être déjà rendu à vendredi, restons à
lundi. Mais la francophonie, elle existe aujourd'hui partout, pas juste
au Québec, et donc il y a lieu d'y investir des efforts.
Alors, bon, je
reviens sur Radio-Canada. C'est une nécessité pour eux. On a un programme,
nous, on a un programme d'appui à la francophonie canadienne puis on a un
programme de coopération. On va peut-être en parler tantôt — peut-être mon collègue de Deux-Montagnes voudra
aborder le sujet parce que c'est des crédits, c'est important de parler de ça — on a des programmes où les Québécois investissent
de l'argent pour supporter, par exemple, une troupe de théâtre qui se produit à Sudbury ou qui se
produit à Edmonton, on favorise l'éclosion de projets culturels en français.
Des fois, on se demande si on ne devrait pas améliorer un peu nos façons de
faire, par exemple.
J'étais
dans une école d'immersion à Toronto la journée où on a fait l'annonce avec
Mme Meilleur qu'on allait travailler ensemble pour Radio-Canada. Et
je vais en visiter une, école. Alors, ils sont des jeunes de 15, 16 ans
qui sont là, et c'est assez fascinant
lorsqu'on les voit où on apprend, et c'est un peu... Moi, je me suis toujours
dit : Les parents doivent parler
français puis ils mettent leurs enfants dans les... Pas du tout. Bien, je ne
dis pas qu'il n'y en a pas, là, mais la plupart des jeunes en classe qui
répondaient à mes questions : Non, mes parents ne parlent pas français,
non, mais ils considèrent que je dois... Et ils te répondent en français.
Alors,
je leur demandais : Qu'est-ce que vous faites par la suite? Bien, par la
suite, on s'en va à une université en
anglais, parce qu'il n'y en a pas, hein, il n'y en a pas... Je comprends ça.
Et, les fins de semaine, est-ce que vous parlez, avec des amis qui ne sont pas de
l'école, en français? Bien non; en français avec les gens de
l'école, oui, mais sinon on ne peut
pas. Allez-vous à des activités culturelles? Parce que, dans certains
coins, il y en a quand
même, hein, des activités culturelles en français. À 2,5 millions de francophiles, forcément, il
y en a, et ils ne le savent pas.
Alors, comment on est capables de
maximiser notre effort, notre appui pour que les jeunes dans des écoles
complètent leurs cinq jours de classe par
un samedi soir pour aller voir une activité culturelle en français,
une ligue d'improvisation? Évidemment, Radio-Canada,
en français, qui parle de sa localité, ce serait un mosus de
bon moyen pour le faire savoir. Encore faut-il qu'il y ait les crédits
pour le faire.
Alors,
je sais que vous m'indiquez que je dois un peu m'interrompre là-dessus,
mais, quand même, constatons, M. le Président, que le député
de Verchères et moi croyons qu'il s'agit là d'une cause que
nous devons épouser avec vigueur et que le député de Deux-Montagnes va
se joindre à notre quête dans les prochaines minutes.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Effectivement. En fait, on va le savoir parce que
c'est au tour du député de Deux-Montagnes à prendre la parole.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Et vous me permettrez de passer outre cette fois-ci à
nos observations astronomiques, ayant d'autres soucis en tête pour les quelques
minutes qu'il nous reste.
Au niveau des relations provinciales-fédérales, il
y a certainement un défi qui concerne toutes les formations politiques,
peu importe laquelle au pouvoir, le défi des chevauchements entre les
compétences provinciales et fédérales. Au niveau
de la Coalition avenir Québec, il y a quelques propositions qui ont été faites
en matière d'immigration, en matière de
prélèvement des impôts, en matière d'environnement aussi, et, pour donner suite à ces idées, en mars
dernier, on a déposé, en fait, une
motion sans préavis comme il est coutume ici, à l'Assemblée nationale, et vous
me permettrez, M. le ministre, de tout
simplement vous rappeler le libellé
de la motion en question, qui était fort simple et exempte de toute
partisanerie. Donc, c'était... on peut lire, plutôt, de façon suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec d'amorcer des
discussions avec le gouvernement fédéral
afin de rapatrier au Québec l'ensemble des opérations entourant la production
des rapports d'impôt et de mettre en place un rapport d'impôt unique — donc,
un libellé, encore une fois, exempt de toute partisanerie.»
On
connaît le fonctionnement au niveau des motions sans préavis, on n'a pas toujours
la possibilité de justifier nos choix. Pourquoi avoir
voté contre ou avoir refusé le consentement à une motion qui fait, ma foi... et
qui pourrait, c'est-à-dire, faire consensus dans la population, c'est-à-dire un
rapport d'impôt unique et qui éviterait à tous les contribuables québécois ce fardeau-là, année après année, de devoir en
faire un et au niveau provincial et au niveau fédéral?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le ministre.
M.
Fournier : Encore
faudrait-il que la réponse à l'un soit la réponse satisfaisante à l'autre,
mais, puisque chacun... et je pense
bien que chacun aurait le droit d'insister pour son autonomie fiscale... En tout cas, nous, pour le Québec, je pense
qu'il n'y a personne qui voudrait concéder sur l'autonomie
fiscale québécoise, notre capacité à faire nos propres choix. Par mesure de respect des partenaires, on
ne peut pas non plus limiter l'autonomie fiscale fédérale. Ils ont cette
possibilité dans le cadre fédératif qui est le nôtre. Et donc on peut bien parler
d'un seul rapport, mais, dans ces cas-là, il serait un seul rapport cumulant les deux. Alors, je ne sais pas, jusqu'à
un certain point, si on n'est pas en train de présenter un descriptif ou enfin une illustration qui peut
être agréable à entendre mais qui se révèle beaucoup plus complexe que
simplement dire : J'en fais juste un.
Tu sais, c'est un peu comme dire : Bien, écoutez, on a juste à donner
notre T4, puis l'affaire est finie,
c'est formidable. Tout le monde aimerait ça, mais c'est toujours
un peu plus complexe que ça, les matières fiscales. Alors donc, je ne pense pas qu'il faut simplement
entendre les sirènes du «un rapport», il faut essayer de voir pour que
ces manières de faire soient les plus simples possible.
Mais,
dans tous les cas... et là-dessus vous mettez un élément qui n'est pas
inintéressant, c'est-à-dire : Dans les manières
de faire, est-ce que ça peut être plus économique? Et on va toujours
se dire : Assurons-nous qu'on ne perde pas nos enjeux les plus importants.
Et l'enjeu le plus important, c'est celui de l'autonomie fiscale. Pour le
reste, on a une commission de révision des programmes qui est, malheureusement, parfois décriée par certains de nos collègues mais qui a comme mandat de dire : Bien, est-ce qu'on fait les choses correctement? Alors, ils pourront se poser la question,
ils pourront la poser à l'Agence du revenu, ils pourront faire des
propositions. À la fin du jour, il faut s'assurer qu'on prend les meilleurs moyens pour nous assurer que les services qu'on veut
rendre et, dans ce cas-là, dont on a
clairement besoin pour accomplir
notre mission gouvernementale soient respectés. Alors, ça explique un peu que nous n'avons pas, sur notre ordre
de priorité en ce moment, cette question-là.
Par contre,
sur la question de l'immigration que vous avez soulevée, il y a
chez nous un peu de questions qui nous viennent avec la réclamation de votre parti — puis
peut-être que vous pourriez nous en dire un peu plus — à l'égard des questions d'immigration, puisqu'il y a des ententes en matière
d'immigration qui laissent de côté la question des réfugiés, auquel cas, si c'est ce pouvoir-là que vous
demandez que nous rapatriions, ma question serait : Auriez-vous une
politique différente en matière de
réfugiés que celle qui existe précédemment? Mais, puisque c'est le seul
élément qui n'est pas dans notre politique d'immigration, je reviens à
la politique d'immigration pour dire les choses correctement, ni en sombre ni
en rose, qui découlent de deux ententes : Cullen-Couture, d'abord, qui
était sous le Parti québécois version premier
passage, sous le premier ministre René Lévesque, et McDougall—Gagnon-Tremblay, sous la deuxième mouture du premier ministre Robert Bourassa. Et ces deux
ententes-là, je dois le dire, qui font l'envie des autres juridictions au
Canada, il faut quand même le dire, nous ont
permis de définir nos moyens d'immigration tant et si bien que nous avons la
possibilité, année après année, d'établir le
nombre d'immigrants, les qualités qu'on veut leur trouver. D'ailleurs, il y a
toute cette question, qui revient souvent, sur la capacité aux nouveaux
arrivants de connaître le français avant même d'arriver,
après ça on se demande des meilleurs moyens de l'apprendre pour ceux qui ne
l'ont pas, et cette grande question, de
plus en plus d'actualité lorsqu'on regarde les taux de chômage, de s'assurer
que la formation qu'ils ont permet de combler les postes disponibles.
Parce qu'en matière économique tout le monde sait que le grand défi que nous
avons, c'est qu'il y a de moins en moins de
travailleurs par rapport à ceux qui prennent leur retraire, qu'il y a des
postes qui sont en attente qui ne
sont pas comblés et que nous devrions pouvoir compter sur ces nouveaux
arrivants pour les occuper. Donc, toute
cette politique d'immigration, elle s'établit ici, à Québec, et ça, cette
question-là est une question de grande actualité.
Dans
l'autre cas, il y a une agence du revenu du Canada, une agence du revenu du
Québec. Tout le monde qui nous
écoute... il n'y a peut-être pas grand monde, mais ceux qui nous écoutent
savent une chose, j'en suis convaincu, si on ferait un vox pop, les deux sont bien bonnes. Ça, dans tous les services
gouvernementaux, le monde, d'habitude, il pense que, pour collecter des taxes puis des impôts, les administrations
gouvernementales sont assez bonnes. Ça, c'est ce qu'il pense. Mais, en matière d'immigration, on a un
grand, grand défi en ce moment, puis c'est vrai en termes d'intégration,
mais c'est vrai en termes de besoins à
combler, de formations adaptées ou comment on donne une meilleure formation
pour permettre à ces gens-là d'occuper l'emploi qui les attend.
Alors, je sais que
mon collègue de Deux-Montagnes... et vous, M. le Président, vous semblez dire
que je suis peut-être rendu,
proportionnellement parlant, à ma limite, mais voilà une question très
pertinente. Et peut-être que vous pourriez
me dire ce qu'il y a de différent parce que ça, ça serait utile, dans la
question de l'immigration. Si le rapatriement
venait, que viserait-il? Je vous laisse encore avec le constat que c'est
l'élément «réfugiés» qui n'y est pas inclus,
Donc, ma question : Qu'est-ce qui vous insatisfait dans la façon dont on
traite les réfugiés à Ottawa présentement?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le ministre. Je vous donne tous vos points dans la lecture de mon
langage non verbal. M. le député de Deux-Montagnes.
M.
Charette : C'est gentil. Merci, M. le Président. Concernant les
questions d'immigration, j'ai mon collègue de Borduas qui, actuellement, dans le même exercice, a eu l'occasion...
et aura le plaisir de compléter la discussion avec la ministre responsable du dossier, mais, si on
revient... toujours, sur la question du rapport d'impôt unique, vous m'avez
parlé des défis. Il y a certainement défi à
négocier pareille entente avec le gouvernement fédéral. Les défis, c'est une
chose, mais la position du gouvernement, c'en est une autre.
Est-ce
que ce serait le souhait du gouvernement d'arriver à une entente justement pour
que, d'ici la fin du mandat, on
puisse garantir aux Québécois que dorénavant ils n'auront qu'une seule
déclaration de revenus à produire année après année?
• (16 h 40) •
M.
Fournier : ...vous savez, le souhait du gouvernement, c'est de
s'assurer des meilleures méthodes au meilleur prix pour le meilleur service pour les Québécois. C'est vrai dans toutes
les matières. Puis je ne veux pas commencer à cibler quoi que ce soit. On a
pris des moyens pour y arriver. Il y a une commission qui révise tous les
moyens de faire. Et en ce moment, comme je vous disais tantôt, il n'y a
pas là une problématique comme celle que vous soulevez en immigration, sujet
sur lequel je veux revenir, puisque vous l'avez évoqué.
Mais,
encore une fois, toute solution ou toute avenue sur les questions de revenus doit répondre ou avoir en tête un élément : il va falloir que notre capacité
à prendre nos décisions en matière fiscale soit protégée totalement.
Alors, toute entente que vous
voudriez évoquer entraînerait quoi? Je veux juste vous dire : Ce
barème-là, il est de première importance.
Alors,
une fois que j'ai dit ça, je vous retourne encore ma question de tantôt, parce
que je comprends que votre collègue peut la poser ailleurs, mais vous me
l'avez posée ici tantôt. Vous m'avez dit que, dans ces négociations-là, il y
avait la question de l'immigration, et personne ne nie que c'est une question
d'actualité, là, mais, puisque nous échangeons,
et je sais que c'est les crédits du ministère que j'ai à défendre, vous
pourriez me dire : M. le ministre, c'est à vous de répondre aux
questions puis ne m'en posez pas. Mais on a un moment qui nous permet d'être à
l'écoute, de comprendre et peut-être de
réorienter nos alignements. Moi, je veux juste apprendre de votre position ce
qu'elle reproche actuellement aux ententes administratives fondamentales
et d'une grande importance qui ont été négociées sous le Parti québécois et sous le Parti libéral du Québec
avec deux gouvernements fédéraux différents, d'allégeance différente, ce qui démontre le spectre assez large d'appui à
ces ententes-là. Puisque vous les répudiez et souhaitez un rapatriement de ces pouvoirs, permettez-moi d'en savoir
davantage. Peut-être qu'il y a un fondement que je n'ai pas vu, et on a une
belle occasion que vous nous le partagiez à
nous mais aussi à ceux qui nous écoutent. Alors, si d'aventure vous pouviez
le faire, ce serait utile pour l'ensemble de la société.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Deux-Montagnes.
M.
Charette : Merci de ce souci de nous laisser la possibilité d'exposer
notre programme, mais mon collègue de
Borduas s'y attelle de façon, d'ailleurs, assez remarquable, mais déjà vous
dire que les ententes que vous ciblez en matière d'immigration datent de quelques années, quelques décennies dans
les faits, donc il est tout à fait à propos de vouloir les moderniser sans les répudier dans leur
intégralité. Mais il y a certainement possibilité effectivement de convenir
d'une façon plus moderne de ces questions avec le gouvernement fédéral,
mais mon collègue de Borduas aura certainement l'occasion de répondre à votre
soif de savoir à ce niveau-là.
Et
je reviens encore une fois sur la question du rapport d'impôt unique. À la même
question votre collègue des Finances
a une réponse plutôt différente, en tout respect. Lui-même évoque plutôt à un
éventuel forum sur les questions de fiscalité, il souhaite une grande
réflexion, en fait, sur différentes questions au niveau du gain en capital,
bref il souhaite une réflexion plus globale
sur cet enjeu-là. Donc, sans remettre en question votre parole, quelle est la
position exacte du gouvernement? On
souhaite un forum qui nous permettrait d'éclaircir certains enjeux? Si oui,
lesquels? Ou sinon on espère tout
simplement que les années passent sans que la question du rapport d'impôt ne
soit tranchée à la faveur d'un ou
d'un autre, parce que le gouvernement fédéral, dans pareille circonstance,
pourrait très bien plaider qu'il est le plus à même de récupérer l'ensemble de cette responsabilité. Donc, à la faveur
de l'un ou de l'autre, quelle est la véritable position? On souhaite un
forum, on souhaite une réflexion encore plus large? Si oui, sur quels enjeux?
Ou sinon avons-nous la possibilité de trancher? Parce que, bon, vous évoquiez
les spectres politiques.
La
coalition défend effectivement l'idée d'un rapport d'impôt unique, le Parti
québécois l'a défendue à une certaine époque,
donc ce n'est pas propre à la Coalition avenir Québec et ce n'est pas non plus
un débat récent. Ce serait peut-être intéressant de voir où se situe le
Parti libéral à ce niveau-là.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le ministre.
M.
Fournier : Bien, d'abord, je vais tirer la conclusion pour ce
qui est de l'immigration et je dois avouer que ça se termine bien, parce
que notre collègue dit : Je ne veux pas répudier les ententes, il faut les
moderniser. Et là-dessus, franchement, je ne
serai jamais un opposant d'adaptation et de modernisation. Je lirai votre
collègue, qui semble être celui qui
présente les éléments à moderniser, et on les regardera, mais, maintenant que
je sais que vous appuyez les ententes et
que les ententes sont faites grâce à une responsabilité juridictionnelle de
l'un et de l'autre, donc, il n'y a plus lieu, dans votre réclamation, de demander un rapatriement,
parce que, si les ententes ne sont pas répudiées, c'est que les juridictions
continuent de s'exercer. Et donc on
s'entend. Alors, là-dessus, je suis content de constater que la demande de
rapatriement s'est transformée en une reconnaissance des juridictions
des uns et des autres comme fondement...
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Question de règlement, M. le député de
Deux-Montagnes?
M.
Charette : Exactement. J'apprécie l'échange cordial que nous avons,
mais il ne fait pas non plus me faire dire ce que je n'ai pas dit. Et renégocier une entente ne veut pas dire qu'on renonce à cette volonté-là. On peut
obtenir plus de pouvoirs justement
à travers une nouvelle entente négociée. Donc, on ne renonce pas à ce qui a été
formulé, au moment du dépôt de notre programme, à ce niveau-là.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, M. le
député de Deux-Montagnes. Là, je comprends que ce
n'était pas techniquement une question de règlement. M. le ministre, vous avez compris? De toute
façon, les propos du député de
Deux-Montagnes sont enregistrés.
M. Fournier : ...je n'ai pas
été compris. J'ai compris, mais je n'ai pas été compris.
Je ne cherchais pas à mettre des mots dans la
bouche de notre collègue, je cherche simplement à lui dire que revendiquer de reprendre les pouvoirs en matière
d'immigration tel qu'il le présente en début de question, d'accompagner la suite de son intervention en disant qu'il est
favorable aux ententes qui existent — il
vient encore de dire qu'il pourrait y en avoir d'autres — laisse
entendre que subsisteront des juridictions à Ottawa et à Québec qui seront le
fondement législatif d'une entente
renouvelée. Alors, s'il nous dit qu'il souhaite qu'il y ait des ententes,
c'est donc, en termes justes de
déduction, qu'il subsiste une juridiction à Ottawa en matière d'immigration.
Bon, je n'en dis pas plus, là, j'ai juste constaté
que la revendication du pouvoir se conclut par un désir de nouvelle entente, et
donc de maintien des pouvoirs des uns
et des autres. C'est tout ce que je dis. Et j'ajoute même que je suis assez
d'accord pour qu'on envisage... dans tous les cas si on doit s'adapter
puis on doit se moderniser. Et j'ajoute même que cela est une position commune
au député de Deux-Montagnes et moi de vouloir s'assurer des meilleurs moyens et
d'une adaptation constante, d'où la commission
permanente de révision des programmes, que nous avons mise sur pied, qui doit
recevoir son appui, puisqu'il s'agit de cela : comment on s'adapte,
comment on modernise, comment on offre les services à meilleur coût.
Et, pour
revenir à la question essentielle qu'il souligne, puisqu'il y a ce passage vers
la commission permanente de révision
des programmes, qui elle-même regarde l'ensemble des secteurs gouvernementaux,
dont celui du Revenu, voilà un endroit
où qu'ils peuvent jeter un regard, toujours sous la réserve de protéger
l'autonomie. Maintenant, il fait référence à notre collègue le ministre
des Finances, qui a indiqué qu'à la suite du rapport Godbout, celui qui revoit
la fiscalité, qui propose des avenues pour
revoir la fiscalité, un ensemble assez large, mais qui, pour la CAQ, s'est
présenté comme étant seulement la
TVQ, mais pour lequel il y a beaucoup d'autres choses... c'est à ce rapport-là
et à l'étude de ce rapport-là qu'il
fait référence pour dire : L'ensemble des questions fiscales. Et je vois
et je vais faire rapport. Je tiens à dire
à mon collègue de Deux-Montagnes que je vais faire rapport au ministre des
Finances que le député de Deux-Montagnes a entendu cet appel à la consultation sur le rapport Godbout, souhaite
probablement y participer et ajouter cet élément parmi l'ensemble des éléments du rapport Godbout, ce qui
fait que la contribution ne se limitera pas qu'au seul aspect de la TVQ,
et donc qu'on va pouvoir voir ça beaucoup plus large.
Et, encore
une fois, M. le Président, je constate que notre après-midi fut excessivement
rentable : on se comprend beaucoup mieux.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ce n'est pas terminé, il nous reste encore 1 h 10 min.
Alors, M. le député de Deux-Montagnes, il reste
un peu moins de cinq minutes à votre bloc d'échange.
M.
Charette : C'est très bref. L'année dernière, pareil exercice, on
avait effectivement parlé du marché du carbone, on aura sans doute l'occasion de s'en parler au cours des prochaines
minutes, mais on avait aussi parlé de la commission canadienne des valeurs mobilières. Vous aviez à ce
moment-là démontré votre inquiétude. Malheureusement, depuis, le gouvernement fédéral n'a pas changé son
orientation. D'ailleurs, il l'a renforcée, malgré le changement du ministre en
titre. Vous aviez eu des propos assez fermes
par rapport à cette intention du gouvernement fédéral, vous aviez parlé même
de recours judiciaires, ultimement, s'il
persistait. On en est où un an après? Est-ce que la voix du Québec a pu être
entendue de façon plus distinctive?
Est-ce que
vous craignez encore devoir recourir aux tribunaux ou si, au contraire, vous
êtes confiants d'obtenir gain de cause du gouvernement ou, à tout le
moins, de lui faire entendre raison à ce sujet-là?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
• (16 h 50) •
M.
Fournier : On ne baisse jamais les bras. Il est évident que le
gouvernement fédéral, au cours de la dernière année, depuis qu'on a eu un échange, a réitéré des orientations. Il n'a
pas affirmé de position, il a réitéré des orientations. Il n'y a pas d'avancée formelle sur le sujet.
Lorsqu'il y en aura, nous les analyserons avec beaucoup de minutie. Il est
clair qu'autant pour nous que le Manitoba et
l'Alberta la position qui est défendue par Ottawa et d'autres provinces ne
nous semble pas la meilleure. Nous,
l'ensemble des provinces, avions travaillé sur une formule de passeport qui
favorise l'amélioration de la
pratique et tout en permettant de continuer d'avoir le système tel qu'il est.
Et le système tel qu'il est n'est
pas... il y a une expression en anglais, là, il n'est pas brisé, il fonctionne,
c'est un système qui est performant. Alors, on peut bien avoir des collaborations qui permettent d'assurer que ça
ira mieux, mais une tentative de sortir le Québec ou l'Alberta pour un
autre système qui ne marcherait pas mieux ne mérite pas qu'on dise que c'est
une belle formule.
Alors, on
continue de maintenir le point qui est le nôtre. Et, entre l'année passée et
aujourd'hui, nous avons la même
position, et le fédéral a la même position. Et, si vous faisiez les crédits du
gouvernement fédéral, il vous dirait : Je réitère ce que j'ai dit l'année passée. Mais,
entre les deux, il n'y a pas eu d'élément. C'est la situation dans laquelle
nous sommes présentement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député de Deux-Montagnes, deux minutes.
M.
Charette : Pour deux minutes. Très, très rapidement. Vous avez réitéré
tout à l'heure, M. le ministre, l'importance
de notre souci commun pour l'environnement, vous avez rappelé à juste titre
l'échange qu'on a eu l'année dernière
dans le cadre des crédits. Oui, on doit se soucier de l'environnement, mais en
même temps je trouve ironique... et j'aimerais vous entendre là-dessus,
au moment où l'Ontario annonçait, dans le cadre d'un forum qui s'est tenu ici,
à Québec, son adhésion à la bourse du
carbone, on débattait, au salon bleu, au niveau du principe, l'adoption du
projet de loi n° 37, qui est
pourtant, sans doute, le plus polluant de l'histoire du Québec, pour lequel
votre gouvernement a donné son aval, le défend avec une certaine
complicité de la part de l'opposition officielle.
Est-ce que
vous ne pensez pas que ce serait plus facile de convaincre d'autres provinces
de se rallier à la bourse du carbone si le discours du gouvernement
était cohérent en matière de protection de l'environnement?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je comprends, M. le député,
l'usage du terme «complicité» n'était pas... Ce n'était pas le meilleur
terme.
M. Charette : L'appui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
L'«appui». Voilà.
M. Charette : Voilà. Là, on dit
«avec l'appui de l'opposition officielle».
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M.
Fournier : Oui, c'était un autoappui, puisque nous les avions
appuyés et ils nous ont appuyés, et vous vous êtes distanciés. Bon.
Voilà.
Ceci étant,
McInnis va être soumise au marché du carbone, il y aura du développement
économique en Gaspésie, il faut quand
même l'apprécier... enfin, pour certains d'entre nous, pas tous, je le
comprends. Il y aura du développement économique,
il y aura des emplois et il y aura l'application du marché du carbone. Le
marché du carbone ne signifie pas qu'il
n'y a plus aucune activité économique au Québec, puis ni en Ontario, ni en
Californie. Il faut essayer de voir les choses avec un peu plus, je
dirais, de recul pour voir l'ensemble des éléments. Alors, il est...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je m'excuse...
M.
Fournier : Mais vous aurez l'occasion peut-être tantôt... Vous
reviendrez tantôt, puis on pourra en reparler. Mais, clairement,
McInnis, le marché du carbone s'applique à lui comme à tous les autres.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) :
Non. C'est terminé. Je vous remercie. Ça complète ce bloc d'échange. C'était,
malheureusement, le dernier bloc du deuxième
groupe d'opposition. On pourra, après 6 heures, s'en parler. M. le député
d'Ungava, à vous la parole.
M. Boucher : Merci beaucoup, M. le
Président. De combien de temps est-ce que je dispose?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
À peu près 21 minutes.
M.
Boucher : Bon. C'est bien, M. le Président. Alors, M. le ministre,
dans un premier temps, à la fin du bloc qui mettait en vedette notre collègue de Verchères, vous avez parlé du
système d'enregistrement des armes à feu, puis vous avez piqué ma curiosité un peu, puis vous n'avez
pas eu le temps de compléter votre réponse. Alors, j'aimerais que vous
m'instruisiez à ce sujet.
M. Fournier : ...la question
du registre des armes à feu. D'abord, on peut comprendre, là, lorsqu'il a été annoncé, il ne devait pas coûter cher, puis
finalement ça a coûté pas mal cher. C'est vrai, c'est vrai, je n'en disconviens
pas. Quelle est la raison fondamentale...
puis là je parle de moi-même, je pense que je ne suis pas tout seul, là, tu
peux trouver d'autres raisons, là, mais quelle est la principale raison
pour laquelle nous croyions que le registre avait une valeur importante? Ce n'est pas compliqué, les services policiers nous
disaient qu'ils en avaient besoin. Je ne sais pas si on a besoin de
s'étendre plus longuement que ça. Ils le disaient, qu'ils en avaient besoin.
Alors, j'ai
vu différentes lois, là, ou des projets présentés à Ottawa parlant de la
sécurité dans nos rues et dans nos
villes, et tout ça. Dans les moyens qui fonctionnaient, il y avait celui-là,
reconnu par l'ensemble des corps policiers. Alors donc, c'est un moyen qui fonctionne, qui était utile pour ceux qui
mettent leur vie en péril pour défendre la vie des autres. Il me semble qu'ils ont un peu de
crédibilité puis qu'on est un petit peu obligés — c'est un devoir — de les écouter. Après tout, c'est eux qui prennent les risques,
puis, pour minimiser leurs risques, ils disent qu'ils ont besoin de ça. Je ne
veux pas m'étendre plus longtemps que ça; il
me semble que, tu sais, juste à l'écoute, là, on comprend que c'est important.
Et mon collègue de
Verchères le faisait tantôt, mais l'opposition officielle a posé récemment la
question un peu comme le député de
Verchères l'a fait : Mais pourquoi vous n'avez pas demandé de protéger le
registre ou pourquoi vous n'avez pas
demandé d'avoir les données? Pourquoi vous vous fiez au jugement puis vous ne
demandez rien? Y a-tu quelqu'un qui
pense qu'on a pris un recours devant les tribunaux sans avoir rien demandé? Y
a-tu quelqu'un qui pense qu'il n'y a jamais
eu de représentation verbale, écrite, debout, partout? Je veux dire, une fois
puis deux, puis trois, puis quatre, puis 10 fois, le recours juridique qui a été pris d'abord en Cour supérieure,
où nous avons eu gain de cause... et je vais revenir sur les motifs qui ont amené le jugement parce
qu'il me semble pertinent. Je comprends qu'on ait perdu après, je comprends ça, et cela répond à la question de mon collègue
de Verchères sur : On peut-u se faire payer pour? Le jugement établit
le sens du registre.
On est allés devant les tribunaux pour
essentiellement dire : Je comprends qu'il y a eu une loi qui a adopté un registre qui était une loi fédérale, mais ce
registre-là s'est constitué au fil du temps par la coopération des
administrations des différentes juridictions, et il y avait des acteurs
du gouvernement du Québec ou de l'administration publique du Québec qui
intervenaient, ce qui nous permettait de qualifier ce registre-là d'être, si on
veut, cogouvernemental, qu'il pouvait
relever de la juridiction des deux paliers. Je comprends bien qu'on
n'envisageait pas de le faire avec une couleur relevant plus du Code
criminel, qui n'est pas dans nos juridictions. Par contre, si le gouvernement
fédéral gardait son registre et ne le
fermait pas... il me semble que c'était utile, mais, s'il devait y arriver,
c'était utile qu'on ait les données, parce
qu'on y avait droit, pas juste par le fait qu'on paie des taxes et des impôts
au fédéral, parce que, là, si cette logique-là tenait, toutes les fois qu'il y a des taxes et impôts au Québec,
qu'est-ce qu'il nous arriverait? On pourrait, nous aussi, se faire demander par d'autres intervenants de
remettre en question les choix qu'on a faits avec les taxes puis les impôts.
Si c'est dans notre cadre juridictionnel,
c'est dans le cadre juridictionnel. Mais là, dans ce cas-là, la Cour supérieure
a dit : Non, ce registre-là, il
appartient aux deux, c'est un exemple de collaboration. D'ailleurs, il y a
plusieurs jugements de la Cour
suprême, dans les dernières années, qui mettent en valeur cet esprit de
collaboration, qui doit se retrouver dans notre vie fédérative. Ça, c'en
était un.
Et par la
suite les jugements de la Cour d'appel comme de la Cour suprême ont attribué au
gouvernement fédéral la capacité de
le mettre sur pied et la capacité de le détruire. Nous avons certainement
raison d'invoquer un grief à cet égard,
pas à l'égard des Canadiens, pas à l'égard du Canada, à l'égard d'un choix d'un
gouvernement qui ne nous semble pas le choix qui aurait dû être fait. Le
reste, ça s'appelle la démocratie, et les gouvernements sont formés, ils ont
des majorités et ils prennent des choix,
puis à un moment donné il y a un test qui s'appelle l'élection d'après puis qui
met plein d'enjeux sur la table, et les électeurs ont encore des choix à
faire sur tous ces enjeux-là, ça fait partie des enjeux.
Mais,
clairement, la question qui a été posée il y a deux semaines, je crois, ou qui
est reposée par mon collègue aujourd'hui :
Pourquoi vous ne demandez pas la compensation? C'était tellement plus simple,
on a demandé les données. C'était
tellement plus simple — les données existaient — de demander les données, mais on ne les a
pas eues. Moi, je ne peux pas aller
demander ce que la cour va me refuser, comprenez-vous? La position politique,
on la connaît en masse. Dans le cadre actuel, il n'y a pas lieu de
s'inventer d'autres éléments que de savoir quel est l'état du droit quand on
sait déjà qu'elle est la position politique du gouvernement, à moins de faire
semblant que le gouvernement n'a pas de position
politique. Franchement, qu'on soit déçu, qu'on regrette la position politique
qui est prise à l'égard du registre ne
transforme pas ça en une espérance aveugle qui est déconnectée de la réalité.
Alors, c'est là où on en est avec le registre.
Alors, bon,
qu'est-ce qui arrive après, c'est quoi, la suite? Bien, avec nos taxes et impôts, on va essayer de monter un registre qui va permettre de répondre à la
demande des policiers qui sont là et mettent leur vie en péril pour sauver la
vie des autres. Alors, on va le faire. Je
l'ai dit. Je l'ai dit au début, je l'ai dit au milieu, je le dis, on approche
la fin, je vais le dire à la fin
aussi : Quand ça va bien, on le dit. Quand ça ne va pas bien, on le
dit aussi. Dans ce dossier-là, clairement, ça n'allait pas bien. On le dit. Bien, il y a des fois où ça va
bien. Puis ça, il faut être capable de le dire, puis pas... bien, en tout cas, je pense qu'il faut le présenter de la façon la plus
transparente possible, la plus juste possible. Après ça, c'est les citoyens un peu qui font l'arbitrage après tout ça, là,
puis qui se disent : On est rendus où, là? J'aime ceci, j'aime moins
cela, puis comment je fais mes choix?
Mais il n'y a personne qui va remettre en question
la capacité du gouvernement, que ce soit le nôtre ou le fédéral, de prendre les décisions. On peut mettre en question
la décision, mais la capacité de la prendre... La Cour suprême, clairement, nous a donné
l'indication à suivre.
• (17 heures) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député d'Ungava.
M. Boucher : Alors, merci beaucoup, M.
le Président, pour ces précisions-là.
Je vais vous
amener sur un tout autre terrain, M.
le Président, celui de la
francophonie canadienne, les francophones hors Québec. On y a fait référence à quelques reprises depuis
le début des travaux à 2 heures cet après-midi, où on a dit, bon, que le Canada hors Québec
comprend sept... pardon, 2,5 millions de francophones ou francophiles.
C'est un chiffre intéressant. Mais moi, j'aime
bien mettre la table, savoir... bon, bien, des fois dans la vie, quand on sait
d'où on vient, on sait mieux où on
va. Et puis vous me permettrez de prendre quelques minutes, là, pour essayer de
comprendre, tout le monde
ensemble, qui sont-ils et d'où viennent-ils.
Vous savez,
bon, au tout début de la colonie, au berceau de l'Amérique française,
quand la Nouvelle-France s'est installée, les Français ont eu tôt fait
de faire des alliances avec les nations autochtones, bon, nations qui nous
tiennent beaucoup à coeur pour plusieurs raisons, là, dans
lesquelles je n'entrerai pas ici aujourd'hui. Vous avez dit, M. le ministre, un peu plus tôt : Champlain n'a pas arrêté à Québec,
il a continué. Vous savez, si on regarde la carte de l'Amérique du Nord, autant l'Ouest canadien
que les États-Unis, de nombreuses villes, places publiques, régions
sont baptisées de noms francophones. Pourquoi?
Est-ce que c'est parce
que les Anglais manquaient
d'imagination? Je ne penserais pas. C'est plutôt
que ces endroits-là ont été hautement fréquentés, ou fondés, ou découverts par
des francophones. La bourgade d'Hochelaga,
pendant de nombreuses années, était, à chaque été, un lieu d'échange où toutes
les premières nations de l'Amérique
allaient se rencontrer pour échanger des fourrures contre des biens. C'était
l'occasion de faire la fête et puis de
passer un été qui était mi-festival, mi-commercial, si on veut. Puis, à la fin
de l'été, bien, souvent, les colons français repartaient. Après avoir passé l'hiver privés de compagnie féminine,
souvent, bien, lors de cet été-là, des liens se tissaient. Et, quand l'automne fut venu, et le moment des
séparations, bien, souvent, la séparation, ce n'était peut-être pas celle qu'on
pensait, les individus quittaient, d'où, bon, l'apparition des Filles du roi,
qui sont arrivées dans le but de peupler la Nouvelle-France,
le premier arrivage le 22 septembre 1663. Puis ça a marché, parce qu'en 10 ans
la population a doublé à la Nouvelle-France. Donc, c'était...
Une voix : ...
M. Boucher : On me chuchote quelque
chose ici, mais je ne le répéterai pas.
Des voix : ...
M.
Boucher : Donc, vous avez Champlain, par exemple, qui a fréquenté les
Hurons, qu'on appelle les Wendat aujourd'hui,
et les Algonquins, qui, lors d'un voyage, entre autres, s'était rendu par la
rivière des Iroquois, qui est sûrement bien
connue par mon collègue de Verchères, qu'on appelle maintenant la rivière
Richelieu... s'est rendu à un grand lac, une espèce de mer intérieure, qu'il a baptisé de son propre nom, le lac
Champlain, où il en est venu, bon, à une confrontation directe avec les Iroquois qui a créé une
dissension qui a été historique, si on peut dire. Si on pense, bon, à Louis
Riel, les Métis du Manitoba, c'est
tous des gens, bon, des descendants de ces coureurs des bois, de ces
explorateurs francophones qui ont quitté, à un moment donné ou à un
autre, le Québec pour se rendre dans d'autres régions.
Des choses
amusantes. Par exemple, vous savez que la région du lac Michigan, où il y a des
sourcessulfureuses naturelles où il régnait une odeur, là, de pourri,
les Français avaient baptisé l'endroit le lac des Puants au
début... Mais les Premières Nations
fréquentaient déjà l'endroit puis avaient baptisé l'endroit
Shikaakwa, qui est devenu plus tard, par la déformation, Checagou, qui est devenu plus tard Chicago, qui veut dire,
en langue algonquine, «mouffette». Donc, les autochtones avaient déjà fréquenté l'endroit. Je m'excuse pour ceux qui
l'affectionnent, mais semble-t-il que l'odeur s'est améliorée depuis.
Mais tout ça sous une déformation, là, suite à la rencontre entre les premiers
peuples et puis les francophones, là, qui ont fréquenté le territoire.
Si on
regarde, par exemple, les territoires qui ont été contrôlés par la Nouvelle-France au
début des années 1700, c'était, bon,
tout l'Est de l'Amérique, le Québec,
l'Ontario, avec une bande, là, qui descendait jusqu'en Floride, y compris
une partie du Texas, Minnesota, Montana, et
compagnie, Tennessee. Donc, tout ça, encore une fois, sont des francophones qui ont quitté pour aller s'implanter,
implanter des familles, etc., puis qui sont demeurés là-bas; la même chose vers
l'Ouest canadien. Lors de la capitulation de
la Nouvelle-France, le 8 septembre 1760, la page était tournée, c'était
fini, l'Amérique française
venait de capituler. Alors là, qu'est-ce
qu'il restait à faire? Bon, je veux
dire, par le clergé, la langue française a été maintenue vivante au Québec
pendant toutes ces années-là, et puis aujourd'hui... nous mène en 2015, où on a 2,5 millions
de francophones hors Québec plus les francophones qui vivent au Québec.
Comment
protéger les francophones au Québec? Bien, on peut toujours demander à saint
Jérôme d'intercéder pour nous et puis de nous créer une nation où, un
peu comme le village gaulois des irréductibles, on sera entourés par Aquarium, Babaorum, Laudanum et Petibonum, puis on
sera seuls, et puis on pourra maintenir notre autorité et veiller à notre autodéfense. Personnellement, je ne pense
pas que ça soit le cas, j'aime mieux être partie intégrante d'un grand ensemble puis en être fier et jouer mon rôle à
l'intérieur que de me recroqueviller sur moi-même. Puis aussi, bien,
côté francophones hors Québec,
je ne pense pas que pour eux ça serait une excellente nouvelle. Puis, à titre,
ces gens-là ne sont pas nos cousins,
je dirais plutôt qu'ils sont nos frères et nos soeurs. À quelque part, on a une
certaine responsabilité vis-à-vis
d'eux pour que ces gens-là puissent continuer malgré tout, malgré toutes ces
centaines d'années qui ont défilé depuis ce
temps-là, continuer à vivre en français, que ce soit par la Charte canadienne des droits et libertés, ou la Loi sur les langues officielles, ou,
par ailleurs, bon, la Loi sur la radiodiffusion. On parlait tantôt, M. le
ministre, de Radio-Canada où... souvent, dans bien des régions, la seule
antenne francophone, la seule façon d'avoir du français sur les ondes, c'est d'écouter Radio-Canada. Radio-Canada doit offrir un contenu local, régional et
national en français. C'est peut-être bien au Manitoba qu'on sache que le pont
Champlain sera remplacé bientôt, mais c'est bien en même temps de savoir ce qui se passe au bout de la rue, dans
ma ville, au Manitoba.
La Cour suprême a rendu d'ailleurs, le 24 avril
dernier, un jugement unanime affirmant que les droits des francophones de la Colombie-Britannique avaient
été violés, puisque ces derniers n'avaient pas accès à un niveau d'éducation équivalent à celui de la majorité anglophone de la province. On sait que
l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit à la minorité linguistique d'avoir droit
à l'enseignement dans sa langue là où le nombre le justifie. Mais, dans ce cas-là, bon, la Cour suprême... c'étaient des écoles désuètes où il y avait peu ou pas de
fenêtres, où l'aménagement intérieur n'était pas convenable. Donc, la Cour
suprême a rendu un jugement là-dessus.
Québec est le seul État majoritaire francophone
en Amérique du Nord, puis la langue française fait partie intégrante de la société canadienne. On n'est
pas les seuls à le reconnaître. D'ailleurs, le Conseil des ministres conjoint entre l'Ontario puis le Québec
ont signé une déclaration à ce sujet-là et ils l'ont reconnu. Alors, M. le ministre, j'aimerais savoir, le Québec, à titre de protecteur de la langue française,
ce qu'on fait, bon, pour garantir puis protéger les droits des
francophones qui vivent en dehors du Québec relativement à la francophonie canadienne.
• (17 h 10) •
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, M. le ministre, vous disposez de 4 min 30 s pour répondre à
cette question.
M.
Fournier : Je vais laisser tomber le bout sur Petibonum. Je
note par contre que j'ai compris que Chicago était la ville des vents du lac puant, mais je vais
refaire un peu leur image touristique, là; je suis allé dernièrement, c'est une
très belle ville, puis il n'y a plus de
senteur, si jamais il y en a eu. Alors, je tiens à dire ça pour sauver les
apparences de Chicago. Quand même,
c'est un beau détour de revenir par le passage de Champlain, c'est intéressant,
parce que, d'abord, il y a une
série... malheureusement, je n'en ai vu qu'un seul épisode, mais il y avait une
série à TFO en Ontario produite, entre
autres, par eux et des producteurs indépendants, je crois, sur Champlain. Et,
cette année, c'est le 400e anniversaire de la présence française, donc de l'arrivée de Champlain en Ontario, ce
qui démontre que, comme je le disais, il ne s'est pas arrêté ici, il a
fait le tour de l'Amérique et il a dessiné et nommé l'Amérique française.
C'était un
personnage haut en couleur dont d'ailleurs la biographie qui sert de trame de
fond à cette série est fort intéressante
et rappelle que c'était un homme de respect de la diversité, autant évidemment
de la promotion des intérêts du roi
et de la France, et donc du français, était aussi un bâtisseur d'alliances avec
les communautés autochtones diverses. Et
il y a eu des moments avec les Iroquois, mais il y a eu des moments aussi de
paix avec les Iroquois pendant un bon nombre
de temps, démontrant qu'il faut toujours tenter de suivre cette avenue. Et ça a
laissé, je pense, certaines marques à l'image
qu'on a de nous, en tout cas d'un pays où on doit bâtir sur le respect de la
diversité parce que c'est un avantage et
que de toute façon, à l'échelle de l'univers, le genre humain sur notre petite
planète a bien peu de différences dans ce qu'on appelle la diversité. Nous sommes bien plus que des apparences lorsqu'on
prend du recul un peu à l'échelle planétaire.
Ceci étant, une façon de répondre à la question
que vous avez dite est de peut-être me permettre de rependre certains mots. Je crois que les Québécois, à juste
titre, doivent sentir et être animés par une responsabilité à l'égard de
l'essor de la francophonie. Par contre, je
ne dirais pas que nous sommes les protecteurs. Nous devrions l'être, mais les
protecteurs sont les francophones et francophiles eux-mêmes de ces régions-là,
qui ont subsisté et lutté, n'ont jamais baissé
les bras, pour reprendre une expression qu'on a utilisée quelques fois cet
après-midi, et qui sont aux premières lignes d'un combat qui ne se termine pas, et au moins qu'on voit poindre
parfois, à l'occasion, des avancées dans certains coins qui amènent à dire : La marche va bien, mais
elle n'est pas terminée. Et, dans certains autres coins du Canada, la marche
est presque à entreprendre, mais ceux qui
sont les véritables protecteurs du fait français au Canada à l'extérieur du
Québec, c'est d'abord eux, c'est d'abord ces communautés-là.
Et, vous
savez, il y a eu l'évènement du... et je vais y revenir, même si personne ne le
soulève, l'évènement du recours à l'égard
du Yukon et des écoles françaises au Yukon. Autant on salue la décision récente
en Colombie-Britannique, pour
laquelle on a pu fournir un certain nombre de documents pour soutenir la
communauté francophone... la question posée
devant la cour était bien plus en rapport avec : Quelle est l'autorité qui
donne des droits à quelqu'un qui n'en a pas? Nous formant les gouvernements, on dit : C'est le législateur,
c'est les assemblées législatives, c'est les lois qui donnent des droits qui le reconnaissent, ce qui ne veut
pas dire que les administrations publiques ne peuvent pas toujours aller plus loin et faire des choix. Mais est-ce qu'il revient
à la cour de faire la loi ou de changer la loi? La réponse du Québec comme
des provinces en général, c'est non. Et
c'est malheureusement parce que nous devions défendre ce point-là que nous
n'avons pu être aux côtés de la communauté pour plaider la cause des
écoles, de plus, ce qui n'a pas empêché de rencontrer le premier ministre du Yukon pour lui exprimer le
besoin qu'il y avait de prendre en compte cet avantage pour le Canada
qu'est la francophonie.
Alors, je comprends que je dois m'arrêter
là-dessus...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Oui.
M.
Fournier : ...mais il y a toujours moyen, je crois... ce n'est
pas juste les recours judiciaires. Je crois qu'on doit développer une
diplomatie active de la francophonie tous azimuts dans la société civile et
auprès des administrations publiques.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères,
votre dernier bloc. À vous la parole.
M.
Bergeron : Je ne saurais être plus d'accord
avec les derniers mots prononcés par le ministre. Encore une fois, je ne veux pas qu'on voie
toutes les choses avec soit les lunettes roses ou les lunettes sombres, mais je
suis obligé de dire que les taux
d'assimilation dans les communautés francophones et acadienne du Canada
sont tout simplement effarants et qu'il faut effectivement redoubler d'efforts pour les soutenir dans leur
lutte parce qu'ils sont effectivement en première ligne de la lutte de la préservation du français en Amérique du Nord. Alors, il faut... mais leur manifester de toutes les façons possibles toute la solidarité requise parce que
la lutte des francophones du Canada et des Acadiens au Canada, comme la lutte
des francophones en Amérique du Nord, c'est également notre lutte, et notre
avenir est intimement lié.
Sur ce, M. le Président, vous me permettrez de poursuivre sur une autre question
qui me préoccupe beaucoup pour avoir
moi-même porté l'uniforme pendant un certain nombre
d'années, M. le Président. Lorsque le gouvernement fédéral a
envisagé la possibilité de renouveler la flotte de la marine canadienne,
y investissant une somme colossale de 33 milliards de dollars, je me serais attendu, parce que
le Québec est un territoire maritime, parce que le Québec
dispose de chantiers maritimes extrêmement performants... On ne parle
pas d'une binerie, là, la Lloyd's List North American Maritime Awards 2015 a décrété que le chantier maritime Davie était le
meilleur constructeur naval nord-américain. On ne parle pas d'une binerie, là. On se serait attendu à ce qu'une partie
des contrats fédéraux échoie à la Davie. Or, sur les 33 milliards
de dollars, il n'y a pas une cent qui a été octroyée à la Davie. Il y a bien
sûr 2,5 milliards qui étaient attribués en petits
contrats, et, sur cette base, on a obtenu un 13,6 millions de dollars pour
la modernisation du navire polyvalent Earl
Grey. Le ministre de l'Économie s'est réjoui de cette annonce, qui ne permet
même pas de réembaucher l'ensemble du personnel, pour dire les choses
crûment, M. le Président, qui a été slaqué compte tenu du manque de travail à la Davie. Pourtant, il y avait eu une
première lueur d'espoir : le John Diefenbaker, qui est un super
brise-glace que les chantiers de Vancouver ne parvenaient
apparemment pas à construire, l'Assemblée nationale, en septembre dernier, a
adopté une motion appuyant le fait que la
Davie puisse se voir octroyer ce contrat. Ça nous est encore passé entre les
dents.
Là, il y a un
contrat, semble-t-il, qui est en appel d'offres pour un nouveau ravitailleur.
Il n'y a plus de ravitailleur, la
marine canadienne n'a plus de ravitailleur, on doit louer des navires américains
pour ravitailler la flotte, donc on doit construire des ravitailleurs.
Il y a un appel d'offres. On se serait attendu à ce que le gouvernement du
Québec, à l'égard du gouvernement fédéral, prenne fait et cause en faveur de la
Davie. Bien non, le premier ministre s'en
est remis aux députés conservateurs
pour défendre notre cause. Or, s'ils défendent aussi bien notre cause pour le
ravitailleur qu'ils l'ont fait pour les 33 milliards, qu'ils
l'ont fait pour le John Diefenbaker, je ne donne pas cher du contrat à la Davie
pour le ravitailleur qui doit être construit.
Le ministre
de l'Économie, après s'être réjoui de l'attribution du 13,6 millions de
dollars, a dit récemment, après le
budget fédéral, qu'on voulait de vrais contrats, pas juste des petites grenailles,
là, des vrais contrats. Alors, est-ce que le gouvernement du Québec va exiger, va demander, va intervenir pour
faire en sorte que le contrat du ravitailleur soit bel et bien donné à
la Davie?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
• (17 h 20) •
M.
Fournier : Juste une entrée en matière pour revenir sur la
question de la francophonie, où notre collègue a parlé de l'assimilation. J'aimerais présenter un peu différemment puis
je ne veux pas qu'on... En fait, je le dirais presque par respect pour
la francophonie canadienne. Je ne disconviens pas que quelqu'un peut le
présenter ainsi, là, mais, essentiellement,
le poids relatif à l'égard d'une immigration importante fait en sorte que ce
poids relatif diminue parce qu'il n'y
a pas suffisamment d'immigration francophone au moins au même niveau de
francophones. Cela entraîne un effet de réduction par rapport à la
masse, et donc une lecture pourrait dire : Voilà donc une tendance à
l'assimilation.
La raison
pour laquelle je crains l'utilisation de ce terme-là, c'est que, si le français
survit dans ces régions-là, c'est
parce qu'il y a un refus d'assimilation, et constater une assimilation, jusqu'à
un certain point, procède d'une
mauvaise lecture, enfin au moins d'une mauvaise compréhension de
l'interprétation qui peut être faite par eux. Et je ne cherche pas à soulever une polémique, je cherche
juste à dire que, pour eux, ils sont aux premières loges, aux premières lignes pour faire la promotion du français et ils
n'ont aucune intention d'assimilation. Ils ont à supporter, en notre nom,
au nom de la francophonie en Amérique, ils
ont à supporter des réalités qui peuvent être difficiles et ils ne baissent pas
les bras. Ils n'ont jamais baissé les bras. Et, dans ce sens-là, je dirais qu'ils
sont plus en termes de protecteurs.
Je voudrais
juste donner quelques éléments pour ne pas laisser croire qu'il y a un recul.
Évidemment, en proportion, oui, il y
a un recul, c'est sûr, parce qu'il y a tellement d'immigration qui ne parle pas
français qu'après ça en termes relatifs il y a recul. Mais il y a des faits objectifs aussi qui parlent qui
devraient être pesés. Et je voudrais parler de l'immersion, parce que, là, là-dedans, on sait qu'il y a une
difficulté pour l'immigration en français, mais par contre il y a beaucoup
de nouveaux arrivants ou des gens qui sont
là qui disent : Nous, on voudrait envoyer nos enfants... Je l'ai dit
tantôt sur les classes d'immersion,
mais je ne vous ai pas donné de chiffre tantôt, M. le Président. Et, juste pour
donner un espoir et surtout un effet
de dynamisme de la francophonie, en 1976, il y avait 260 écoles offrant des
programmes d'immersion en français à
l'extérieur du Québec. En 1991, il y en avait 1 800. Je ne dis pas :
Tout est réglé. Je dis : Il y a une progression, il y a un intérêt, il y a une certaine légitimité
du fait français. En 1976, écoutez bien celui-là, il y avait 23 000 élèves
inscrits dans le programme
d'immersion française. En 1991, il y en avait 267 000 et, en 2011, il y en
avait 342 000. Je vais revenir à
la Davie, ce ne sera pas long. Je veux simplement mentionner que de 23 000
à 342 000 il y a un éclatement, un progrès fascinant qu'il faut nommer. Il ne s'agit pas de nommer pour dire :
Formidable, c'est fini. Il s'agit de dire : Il y a de l'espoir. Ce n'est pas une assimilation qui fait que ça
disparaît. Non, il y a une vigueur. En termes relatifs, il y a un recul. En
termes de poids, par essence même, il y a une force plus affirmée
qu'avant. Il nous reste à dire comment on peut améliorer l'immigration en français, et là on aurait quelque
chose de très porteur. Bon. Alors on est revenus sur cette question-là,
je voulais absolument le dire.
Sur la Davie, bien, évidemment, des fois... Oui?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
En fait, en termes de temps...
M. Fournier : Ah! excusez.
Bien, je ferai la Davie tantôt, je ferai la Davie après, là.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : ...on a respecté la
proportionnalité. Si le député de Verchères préfère passer à un autre
sujet...
M.
Bergeron :
...une question très rapide. Vous pourrez compléter sur la Davie, parce que,
là, il faut faire vite.
Le pont Champlain. Le projet de loi est adopté,
le contrat va être octroyé au consortium au mois de juillet. Qu'est-ce qui se passe avec le péage? Qu'est-ce
que qui se passe avec le milliard qui avait été demandé par le gouvernement
du Québec pour le système de transport en commun sur le pont Champlain?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M. Fournier :
Alors, on est dans le maritime dans les deux dossiers. Revenons sur la Davie.
Alors, j'allais dire, des fois, c'est
peut-être que l'interprétation peut amener à une conclusion. Je vais offrir une
autre conclusion à l'interprétation des propos du premier ministre.
À l'égard de la
Davie, je pense qu'on a été très clairs publiquement par les propositions...
autant les positions autant du ministre du Développement économique que du
premier ministre sur l'importance que la Davie reçoive des contrats. Et tantôt le collègue de Verchères
dit : Oui, mais là il ne veut même pas s'en occuper. Il dit qu'il faudrait
que les députés s'occupent de ça. Je
veux dire, c'est peut-être son interprétation, mais, quand le premier ministre
dit que c'est de la première
importance que la Davie ait des contrats et que tous ceux qui font partie des
décideurs du gouvernement fédéral,
nommément ceux qui sont dans la région où se trouve le chantier, qui en
prennent acte et qui se battent pour... ça ne dit pas : Je ne veux pas m'en occuper. Ça dit : Je m'en
occupe, puis tout le monde devrait s'en occuper. Puis on cite des gens qui, au premier titre, devraient s'en
occuper. Donc, ce n'est pas un désintérêt, loin de là. Puis vous avez abondamment parlé de la façon dont la Davie est
performante. D'ailleurs, dans les dernières années, la Davie est devenue...
on a lu plusieurs articles de presse qui ont
rappelé comment il avait progressé, comment le chantier a progressé. Je me
souviens d'une époque, il n'y a pas si longtemps,
où il n'y avait à peu près plus d'employés, il y avait des difficultés avec
un certain nombre de navires, puis là il y a
eu une reprise qui nous amène aujourd'hui à dire : Écoutez, le chantier,
tel qu'il est là, a un potentiel.
Bon.
Je ne suis pas un spécialiste, je vais m'avancer sur quelque chose, je ne veux pas vous dire que j'ai
100 % raison, là, mais semble-t-il qu'il y a certains
contrats octroyés à certains chantiers qui accusent des retards importants et
que des décisions doivent être prises.
Alors, il est important pour nous, comme on l'a fait et comme on va continuer
de le faire, de réaffirmer que, dans
le meilleur intérêt des taxes et impôts des Canadiens, on doit considérer un
chantier performant qui est
disponible, qui est là, qui, à mon avis, si je ne me trompe pas, est peut-être
la plus grande cale sèche disponible pour
faire les choses. Encore une fois, je ne suis pas un spécialiste. Mais donc
beaucoup de potentiel. Bon. Alors donc, encore une fois, on ne baisse pas les bras, mais j'accorde à mon
collègue d'avoir interprété que les propos semblaient dire... parce qu'on parlait d'un député fédéral, mais du
tout. Ce que ça voulait dire, c'est : Tous ensemble, on doit s'occuper de
ces choses-là.
Maintenant,
sur le pont Champlain, M. le Président, sur la position, on n'a absolument pas
changé sur le péage, pour des bonnes
raisons. La raison essentielle est la suivante : il va y avoir des
conséquences. Lorsqu'il y a un pont qui est nouveau qui vient s'établir en quelque part, par exemple, celui de la
30 ou celui de la 25, il y a déjà des axes sur lesquels ça peut être mitigé comme impact. Mais là, dans le
cas des accès à l'île de Montréal par le sud, clairement la question du péage
n'est pas changée. En ce moment, il n'y a rien qui nous conduit
inexorablement... il n'y a pas de point de non-retour de franchi. Donc, continuons de maintenir ça. Je
suis pas mal persuadé, puis là je ne joue pas au devin, mais je suis pas
mal persuadé que, dans bon nombre de circonscriptions, pour ne pas dire au
Québec en général, cette question-là sera ignorée
durant la prochaine campagne électorale. Et j'espère que ce sera une occasion
de remettre les compteurs à zéro.
Mais
je m'aperçois que mon collègue a peut-être une autre question. Alors, je pense
que les positions n'ont pas changé et continuent d'être affirmées avec
autant de force que nous le faisions antérieurement.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. M. le député, il reste
10 minutes à ce bloc.
M.
Bergeron : Oui. Un bref retour sur les francophones — encore une fois, je suis d'accord avec ce
qu'a dit le ministre, parfaitement — les francophones et Acadiens
du Canada, M. le Président.
On
le voit, le gouvernement a choisi de couper à peu près partout, dans tous les
secteurs, à peu près tous les budgets, à
peu près toutes les enveloppes, tous les postes budgétaires. Même là où on
aurait souhaité pouvoir continuer à mener notre action, on coupe. L'année
dernière, le ministre nous vantait les mérites, sur le plan économique, des
bureaux du Québec dans les autres
juridictions canadiennes, et là, tout à coup, on nous annonce la fermeture
d'Ottawa et de l'antenne à Vancouver,
prétextant — moi,
j'ai rarement vu ça, là — qu'une fermeture de bureau va permettre de raffermir les
relations. Alors, comme c'était un
bon outil... Il nous disait même : Il y a une grande préoccupation
économique sur laquelle on doit travailler, donc les bureaux permettent
cela.
Alors,
comme on a fermé Ottawa, comme on a fermé l'antenne à Vancouver, quelles vont
être les conséquences sur le plan politique, mais quelles vont être les
conséquences sur le plan économique?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député. M. le ministre.
• (17 h 30) •
M.
Fournier : J'essaie d'obtenir un document qui me permet de
faire le tour de la question. Je pense que j'y arrive peut-être avec
celui-ci, je ne suis pas trop sûr.
Pour
revenir évidemment sur la question des bureaux — je vais essayer de me retrouver, il y a
tellement de chiffres différents — parlons de la rigueur, pour
commencer. Essentiellement, il y a une réflexion qui est faite dans tous les ministères qui vise à répondre à une orientation
gouvernementale qui est la suivante : nous n'allons pas dépenser plus
que ce que nous avons. Je n'entends jamais
une voix dire que cela est une mauvaise idée, et pour cause : tout le
monde pense que c'est ça qui doit
être fait, ne jamais dépenser plus que ce que nous avons. Pourquoi? Parce que,
si on le fait, on passe au suivant.
Et ce qu'on veut passer à nos enfants, ce n'est pas de la dette, c'est des
choix. Et donc tout le monde appuie ça. Je ne disconviens pas qu'on peut
avoir ensuite différentes positions sur comment on y arrive, là. Ça, je ne disconviens pas de ça, mais encore faut-il se
souvenir que cela nous a amenés à créer une réflexion permanente sur la façon
dont on livre des services.
Et nous avons procédé à la même analyse pour
voir comment on pourrait faire. Est-ce que c'est la meilleure formule? Alors, par exemple, pour ce qui est
du bureau à Ottawa, essentiellement, le bureau à Ottawa n'est pas et n'était
pas un bureau économique.
Je sais que la question a été posée, bien je vais essayer de répondre au
mieux possible, là. Le bureau à Ottawa, ce n'était pas un bureau
économique, c'était un bureau politique, et, lorsqu'on l'analyse, on constate
que de fait les relations sont directes
entre les ministres du Québec et leurs homologues fédéraux. On constate aussi
que l'information qui peut être obtenue peut l'être, obtenue, d'autres
moyens que la présence sur le terrain.
Or,
lorsqu'on regarde les économies — et là je vais vous donner le portrait des
deux bureaux — pour ce
qui est de Vancouver, c'était une
antenne effectivement économique, mais sous Toronto, qui elle-même va continuer
de garder la coordination, on a prévu — je vais plus vite — des
allocations, des fonds pour qu'on puisse continuer une présence sur le terrain, mais avec des économies.
Conséquemment, l'économie nette, cette année, est 440 000 $;
560 000 $ l'an prochain. Nous
gardons deux délégations, Moncton et Toronto, pour garder notamment la
dimension francophone et la dimension
économique. On resserre ici, au centre. On est convaincus d'être capables
d'avoir les mêmes avantages et d'avoir
une économie qui peut être une contribution à l'exercice que nous entretenons.
Est-ce que nous aurions fait le même choix
si nous avions des surplus? Ma réponse serait oui, parce que, le jour qu'on
aura des surplus ou le jour qu'on est en équilibre, ce n'est pas le temps de commencer à dépenser sans poser les
bonnes questions. Et, lorsqu'on se les poserait, on se dirait :
Est-ce qu'on peut faire les choses autrement?, et on arriverait à la
réponse : Oui, on peut faire les choses autrement, comme celles que nous
avons faites.
Puis
on aura peut-être l'année prochaine la possibilité de revenir là-dessus, sur
les résultats qui ont découlé de cette reconfiguration de notre réseau,
mais je tiens à ajouter que pour moi, comme ministre responsable, il faut,
et je termine, il faut ajouter un
élément de diplomatie active en matière de relations intergouvernementales et
notamment entre les gouvernements des provinces et territoires et nous.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Bergeron : Parfaitement d'accord avec le ministre, M. le
Président. Si on veut accroître la diplomatie... puis on aura beau donner les moyens à Toronto de faire
des affaires ou d'essayer de suivre le mouvement à Vancouver, mais il
n'y a rien de tel que d'avoir quelqu'un sur place.
Moi,
je comprends qu'on veuille ne pas dépenser plus que ce que l'on a, mais il faut
être conscient également que des fois
ce n'est pas une dépense, c'est un investissement, puis, quand il y a des
retombées économiques qui justifient amplement
que nous fassions l'investissement, bien peut-être qu'il faut effectivement
mettre ça dans la balance. Et, si je me
fie à ce que le ministre disait l'année dernière, il avait l'air d'y croire
lui-même à ce moment-là. Mais, quand c'est rendu qu'on doit couper dans tous
les postes budgétaires, obliger, comme je le disais tout à l'heure, les
Québécois à se serrer la ceinture à
tous les niveaux, jusque dans la petite enfance, jusque dans l'enseignement
primaire, la santé et là même la
diplomatie avec les autres gouvernements au Canada, moi, je me dis, à quelque
part, là, il y a un choix qui est fait, là, et ce choix, c'est peut-être de demander moins, d'être moins exigeant au
niveau de ce qu'on pourrait aller chercher a Ottawa puis demander plutôt
aux citoyens du Québec.
Mais,
puisqu'on a fait ce choix-là, hein, je me demande comment ça se fait qu'on ne
l'a pas assumé jusqu'au bout, M. le
Président. Comment se fait-il que le seul, au Québec, auquel on n'a pas demandé
de se serrer la ceinture, là... On a demandé
à tous les autres citoyens, hein, particulièrement les familles de la classe
moyenne, particulièrement les enfants, les malades dans les hôpitaux, là. Le
seul Québécois auquel on n'a pas demandé de se serrer la ceinture, là, c'est le
représentant de Sa Majesté, M. le Président. Le
lieutenant-gouverneur, on a maintenu l'enveloppe exactement au même niveau, on
n'a pas demandé de réduction de
budget, on n'a pas demandé peut-être moins de cocktails, moins de trucs ici et
là du côté du lieutenant-gouverneur, M. le Président.
On
a coupé partout, mais on a maintenu l'intégralité du budget du
lieutenant-gouverneur. Alors, je me dis, si on veut être conséquent et se dire qu'il faille effectivement ne pas
dépenser de l'argent qu'on n'a pas, peut-être qu'on aurait pu économiser
un peu au niveau des dépenses somptuaires d'un vestige, si vous me permettez,
d'une autre époque, M. le Président — et je ne parle pas de l'individu lui-même,
mais de la fonction — d'un
vestige d'une autre époque qui n'a absolument aucune résonance chez les
Québécoises et Québécois, auxquels on demande de se serrer la ceinture, M. le
Président. Alors, pourquoi ne pas avoir coupé là aussi, M. le Président?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député. Question
qui aurait pu être abordée la semaine dernière, lorsqu'on a fait les
crédits, notamment, sur les...
M. Fournier :
Des institutions démocratiques?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Oui.
M.
Fournier : Mais, dans
tous les cas, je vais répondre parce
que ça me fait plaisir de répondre,
mais ce n'est pas dans mon champ de
juridiction, le lieutenant-gouverneur, ni la
semaine passée ni cette semaine, mais
ça me fait plaisir.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Non, non, je voulais dire : Les crédits du Conseil exécutif. Je m'excuse, je n'ai pas précisé.
M.
Fournier : Oui,
voilà, voilà. C'eût été l'endroit, mais je suis toujours, comme vous le savez,
volontaire, alors ça me fait
plaisir d'y participer.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ah! absolument. Allez. Il reste moins de deux minutes, par contre.
M.
Fournier : Je commencerais par dire sur la question de
Vancouver... parce que, dans le cas d'Ottawa, comme je l'ai dit tantôt, c'était beaucoup plus du
politique, et on choisit. D'ailleurs, ce n'est pas très loin. De toute
évidence, en ce moment, ce sont des relations de ministre à ministre,
d'homologues qu'ils font.
Dans le cas
de Vancouver, effectivement, on peut se dire : Une fois qu'on est sur
place, c'est plus facile. Mais, imaginez-vous,
Vancouver faisait aussi l'Alberta et n'était pas sur place. Comment ils
faisaient? Il fallait qu'ils se déplacent. Et la Saskatchewan et...
Une voix : ...
M. Fournier :
Non, mais c'est la même chose, c'est-à-dire qu'il y a des déplacements qui sont
prévus aussi. Alors donc, la réponse,
c'était : De toute façon, on ne peut pas être exactement dans le bon code
postal tout le temps, alors il implique
qu'il y ait des déplacements. Et on parle ici de missions économiques. Tantôt,
je faisais référence à la diplomatie agissante
notamment avec les autres gouvernements des provinces. Je crois et je souhaite,
et c'est ce que nous voulons faire,
et moi-même, d'y contribuer, à être plus présents dans cette dynamique parce
que, on l'a vu avec l'Ontario, cela rapporte
aux Ontariens et aux Québécois, et, on le voit avec la francophonie aussi, il y
aurait lieu d'avoir ce genre d'échange.
Maintenant,
je m'aperçois, M. le Président, que vous allez me dire qu'il ne me reste pas
beaucoup de temps et que je dois
absolument respecter ma parole d'être volontaire à l'égard du
lieutenant-gouverneur. Évidemment, je ne m'attendais pas à la question, et je n'ai pas les chiffres,
malheureusement, mais j'ai une présomption qui pourrait être vérifiée avec les
crédits du Conseil exécutif peut-être, je crois qu'il y a eu d'importantes
coupures, au cours des années, à la fonction.
Je crois, je le présume simplement. Alors, je ne suis pas sûr qu'on peut le
présenter. Et, en présentant cela à mon collègue, je pense qu'il se
dit : Oui, ça se peut, hein?
M.
Bergeron : ...dans
tous les autres secteurs, M. le ministre.
M.
Fournier : Oui, c'est ça, mais, comme la question était :
Le seul qui n'a pas été coupé, c'est ce poste-là et c'est le poste dont il disait qu'il était un
vestige, je l'ai noté. Alors, je crois qu'il y a effectivement eu, mais je ne
suis pas sûr, aussi des réductions budgétaires, au fil des ans, à ce
poste de dépenses royales.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ça complète ce bloc d'échange
avec l'opposition officielle. Il nous reste un dernier bloc d'échange,
et c'est M. le député de La Prairie qui a le plaisir de lancer la
discussion.
M.
Merlini : Merci beaucoup, M. le Président. Tout au long de cette
merveilleuse séance d'étude des crédits de cet après-midi, il a été question des affaires intergouvernementales
canadiennes. On a parlé de francophonie, on a parlé de relations avec nos partenaires provinciaux et
territoriaux également, on a parlé de changements climatiques, la renaissance,
si je peux le dire ainsi, du Canada central avec l'alliance Québec-Ontario.
J'aimerais aller sur la relation avec le
gouvernement fédéral, parce que, et on le sait très bien, pour bâtir des relations avec ses partenaires, il faut d'abord et
avant tout croire en ce partenariat-là. Et, je l'ai dit dans mon intervention
plus tôt, nous sommes, le gouvernement
québécois, fédéralistes. On est assis autour de la table, et c'est là que nous
croyons que nous devons être. On
n'est pas assis sur nos mains quand on est assis autour de la table. Le
ministre a très bien démontré cet
après-midi avec grand enthousiasme toutes les actions posées en un si court
laps de temps, dans la dernière année, vis-à-vis nos partenaires de la
fédération canadienne. Il y a des faits qui sont incontestables de ces
résultats, de ces actions qui ont été posées
au cours de l'année, entre autres l'entente relative au Fonds fédéral de la
taxe sur l'essence conclue entre le gouvernement du Canada et le
gouvernement du Québec pour assurer le financement du renouvellement des infrastructures municipales et locales, qui sont
quand même importantes dans toutes nos communautés à travers le Québec et évidemment à travers le Canada. Dans ma
circonscription, ça a représenté quand même une somme de 17 millions que
quatre municipalités se partagent pour des travaux de très grande importance.
Et, dans ce
qu'on dit dans nos relations avec le gouvernement du Canada, lui-même, le
gouvernement du Canada, va verser près de 2,4 milliards au
gouvernement du Québec dans ce programme-là pour le renouvellement des infrastructures, dont plus de 485 millions
pour les infrastructures et les équipements de transport en commun. On en
parlait justement par rapport à l'infrastructure qu'il y aura sur le
pont Champlain.
• (17 h 40) •
Mais, encore
une fois, notre gouvernement n'est pas assis sur ses mains, n'est pas mollasson
dans le dossier, parce que lui aussi
va allouer une somme de près de 1,3 milliard de dollars dans le
renouvellement de nos infrastructures, dont plus de 497 millions dans les infrastructures et les équipements de transport en commun.
C'est quand même assez important compte
tenu des discussions qui ont lieu. On est présentement dans une année
électorale. Tantôt, on a fait référence... je crois que c'est le collègue de Deux-Montagnes qui avait fait référence à la liste
traditionnelle que le gouvernement du
Québec remet aux partis politiques ou au premier ministre sortant pour
dire : Voici nos demandes, qu'allez-vous faire, chers partis
politiques fédéraux?
Le gouvernement fédéral lui-même n'est pas assis
sur ses mains dans le cas d'investissements, parce qu'aussi il a annoncé... le premier
ministre canadien a annoncé, le 27 mars dernier, un investissement allant
jusqu'au-delà de 122 millions destiné au renouvellement des
infrastructures, encore une fois, dans le cadre d'un total de 42 projets notamment
destinés à des ports pour petits bateaux et à des aéroports régionaux. Et je le
mentionne pour démontrer la diversité
des investissements qui se font, parce que les ports pour petits
bateaux servent à l'industrie de la pêche commerciale. Alors, quand on parle d'une région comme la Gaspésie ou les
Îles-de-la-Madeleine, ce n'est pas juste la cimenterie qui compte en Gaspésie, mais il y a
également une industrie de pêche commerciale qui est très importante, et aux Îles-de-la-Madeleine également, mais il y a aussi la Côte-Nord qui
bénéficie de ces investissements-là. Dans le cas des aéroports régionaux, bien le gouvernement fédéral est
propriétaire exploitant de 18 aéroports régionaux à l'échelle du Canada, dont 11 sont situés au Québec.
Alors, c'est quand même important que le gouvernement fédéral puisse
investir dans ces infrastructures,
qui facilitent la circulation des produits et des services que la province a à
offrir, et d'offrir aux Québécois du transport plus efficient vers diverses parties
du pays et du monde. Alors, tout ne transite pas nécessairement par Québec et Montréal.
Je l'ai dit,
on est dans une année électorale au Canada. Les partis annoncent quotidiennement des pans de
leur programme électoral. Il y a
une élection aujourd'hui à l'Île-du-Prince-Édouard, il y aura une élection cette semaine en Alberta et, je crois — oui, effectivement, M. le
Président, vous me faites signe que
c'est demain — qui
risque aussi de changer la donne dans les relations interprovinciales et
les relations avec le gouvernement du Canada. On parle d'un changement majeur
dans le cas de l'Alberta, qui verrait peut-être, pour la première fois en
42 ans, un gouvernement différent qui serait choisi par les Albertains.
Alors, dans tout ça, ce que j'aimerais entendre
du ministre vis-à-vis nos priorités que nous avons en tant que gouvernement québécois fédéraliste : quelles sont ces priorités
dans un avenir... Par exemple, dans le cas des négociations pour le dossier Chantiers Canada-Québec aussi — on
n'en a pas beaucoup parlé — j'aimerais
entendre le ministre à ce sujet-là en termes de priorités du gouvernement du
Québec, au sein de la fédération
canadienne, dans l'avenir qu'on a devant nous et les années à venir.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M.
Fournier : Oui.
Merci, M. le Président, et je remercie notre collègue de ramener cette
question-là. J'y répondrais presque
comme citoyen, c'est-à-dire pas juste comme gouvernement assumant sa
participation dans l'espace fédératif, mais
parce que c'est ce qu'il faut qui soit fait quand on est à l'intérieur. Quand
on dit : Je souhaiterais un jour ne pas y être... ne devrait pas
donner congé d'une saine participation complète.
Ceci étant,
c'est ma lecture. Elle n'est peut-être pas la lecture de tout le monde, on est en
démocratie. Mais on est à l'intérieur
du Canada, on est un partenaire fondateur, une nation au sein de cette
fédération-là et on doit y prendre part avec dynamisme et en n'ayant pas peur de nommer les problèmes quand il y en a
puis de noter les progrès ou les bonnes avancées quand il y en a. Et je vous remercie parce que vous avez fait
état notamment des investissements locaux qui sont faits, qui sont significatifs pour les Québécois, et ça ne se passe
pas juste au Québec, là, il
y en a dans toutes les provinces
qui sont salués partout par les citoyens,
qui voient ces investissements venir améliorer le développement de leur
économie ou offrir des services
améliorés dans leurs régions. Ce n'est que normal, mais il faut le noter quand
ça va bien, et vous avez bien fait de le faire.
Sur le Fonds
sur la taxe sur l'essence, oui, il y
a eu une négociation, mais elle s'est
conclue, et tout le monde est heureux.
Alors, il faut être capable de le dire. On va faire beaucoup
plus de progrès si on est en mesure de nommer les éléments tels qu'ils sont.
Sur le Fonds sur la taxe sur l'essence, vous avez noté 2,4 milliards sur cinq ans, en fait c'est 5 milliards sur 10 ans, et le Québec ajoute une part à l'égard de ce type de projets
là. Ils sont essentiels en milieu
municipal où vivent nos concitoyens.
Ils sont payeurs de taxes puis d'impôt au fédéral, c'est les mêmes qui paient
des taxes puis des impôts au
provincial, puis il y a une taxe municipale. Ils paient, puis ils paient, puis
ils paient, puis ils se disent : Est-ce que les gouvernements peuvent travailler ensemble? Et là, un beau lundi
matin, on leur dit tous ensemble qu'on fait affaire ensemble et qu'on
donne des services. Il faut le dire.
Ce n'est pas
que des mauvaises nouvelles qu'il y a dans notre système. Mais les relations
entre gouvernements ne sont pas
différentes que de tout autre type d'information. La couverture médiatique, ce
n'est pas moi qui l'invente, pour
l'avoir lu tant de fois, s'intéresse beaucoup à ce qui est un problème, à une
problématique, à une confrontation, à une position «noir», une position «blanc», il y a une opposition, il y a une
critique, ça fait partie de ça, alors les bons côtés sont moins souvent rappelés, ce qui fait que parfois on
peut dire : Ah! bien, il n'y a que des problèmes. Mais aux gouvernants
responsables des citoyens et des services il
doit y avoir une lecture plus juste, et, dans «gouvernants», j'entends ici «les
représentants politiques», peu importe de
quel côté de la Chambre ils sont. Je pense qu'on doit avoir une lecture juste
de quelles sont les choses. C'est un
peu dans ce sens-là tantôt — je vais revenir sur le fonds des
infrastructures — où
j'abordais la question de
l'immigration avec notre collègue de Deux-Montagnes, parce que dans cette
question-là il faut être capables de
regarder la chose dans son ensemble avec les nuances qu'il faut et, si
d'aventure la conclusion de cette analyse nous amène dans une direction, assumer ce choix, mais d'abord et avant tout
faire une lecture complète et non pas simplement nommer sans autre
justificatif la revendication ou la requête.
Il y a de
nombreux bons côtés dans les ententes qui ont été conclues. Il y a en ce moment
une entente qui est à la conclusion,
que nous espérons, et il y aura un troisième temps qui serait... et l'avenir.
Sur Chantiers Canada, essentiellement sur
les questions qui concernent les petites collectivités et les projets de plus
d'envergure, il y a eu beaucoup de progrès, je le dis — j'ai
répondu à ça il y a quelques semaines — il y a eu beaucoup de progrès, mais nous
n'avons pas encore terminé l'oeuvre complètement, et l'enthousiasme
patientera jusqu'à la signature complète. En même temps, je ne veux pas envoyer le signal qu'il n'y a aucun progrès, parce
que nous sommes rendus, et c'est l'état des faits tels qu'ils se présentent
devant nous aujourd'hui, dans l'ordre du
détail dont on sait déjà comment il va s'attacher, hein? C'est un peu comme un
lacet dont on sait comment faire la boucle,
tout le monde sait comment on va y arriver, et on a déjà commencé à la boucler.
Maintenant, il reste encore un petit geste à
poser, et on est rendus là. Et, si nous y arrivons, je suis persuadé que tous
ceux qui ont attendu si patiemment
vont dire : Bien, enfin! Mais j'espère que ce sera un «enfin, et
c'est parfait» plutôt qu'un «enfin, et c'est dommage», parce que, dans
le fond, ce sera utile.
Mais
ça me ramène à l'autre question, sur la question des infrastructures, qui est
le désir pour nous, bien sûr, de toujours
préserver notre prérogative d'identification des besoins, parce
qu'essentiellement les négociations, c'est d'éviter de s'enfarger dans les détails à chacun des
projets et de continuer de pouvoir assumer les choix qui nous reviennent, ne
serait-ce que pour avoir un développement harmonieux du Québec et un
développement basé sur la connaissance des problèmes.
On va essayer de faire les problèmes urgents puis, si on n'est pas capables de
tout faire, bien on va au moins avoir
fait les urgents. S'il fallait qu'on se donne une mécanique qui nous amène à
faire les problèmes non urgents avant les urgents, il y aurait du monde
qui pourrait être très déçu de la gouverne. C'est pour ça qu'on insiste
là-dessus.
Ceci étant,
dans l'avenir — puis je
l'ai dit un peu tantôt, j'ai évoqué le Ring of Fire et le Plan Nord — la question des politiques économiques peut se répondre par différents leviers. Il
est clair que la question de la fiscalité en est un, de l'appui à des entreprises ayant des projets de développement
ou qui passent un mauvais temps et qui ont besoin de subsister continue d'être des éléments qui sont disponibles
au gouvernement, mais un des moteurs avoués, reconnus, c'est celui de
permettre le développement d'infrastructures.
• (17 h 50) •
Permettez-moi
de faire un petit... ne serait-ce que parce que c'est une question qui permet
de faire la conclusion des quatre
heures de rencontre qu'on a eues, mais, dans nos infrastructures, il y en a de
nombreuses que nous ne pensions pas
que nous aurions dû faire et que nous aurions à faire et que nous aurons à faire. Pensons, avec les changements climatiques, à ce que ça représente dans les
milieux urbains en ce moment sur nos infrastructures d'eau, dont on sait que la récurrence de plus en plus fréquente
d'inondations a un prix et qu'on va devoir s'adapter. Pensons à l'érosion des
berges qui existe aujourd'hui et qui, encore une fois... Je me souviens, il y a une dizaine d'années à peu près,
on était rendu à la troisième
inondation en cinq ans qui dépassait les limites de 100 ans. Alors là, une fois
aux 100 ans, tu te dis : Je suis dedans. Deux fois aux 100 ans, je dis : Je pense
qu'on est chanceux cette année. Mais, trois fois en cinq ans, de dépasser la
limite de 100 ans, je pense qu'il y en a qui ont manqué leurs
statistiques, là. Et c'est parce qu'il y a eu une évolution et qu'aujourd'hui on a ça. Le pergélisol, gelé à l'éternité, dégèle, et ça va entraîner
des infrastructures notamment aéroportuaires, de construction où là on a
un sol qui devient malléable.
Alors, il y a,
au niveau des infrastructures, des besoins qui vont de plus en plus être... Il y en avait déjà sans ces problèmes-là.
Alors, il va y avoir des difficultés, il va y avoir des problèmes. Maintenant,
est-ce que c'est juste un problème? Bien, en
même temps, c'est des ressources
qui sont affectées à des services élémentaires, minimaux, importants,
et ça crée de l'emploi, et, parmi ces
services-là, il y en a qui sont utiles à l'économie pour qu'elle
fonctionne. Lorsque vous faites
des routes qui sont liées, par
exemple, tout près d'un port et pour
lequel il y a aussi des voies ferrées, vous avez la possibilité de développer une approche intermodale des transports qui va faire en
sorte que vous allez pouvoir diminuer le
coût de transport. Or, en ce moment, ce qui est de plus en plus distinctif,
c'est ceux qui réussissent à aménager leurs coûts de transport. C'est des infrastructures, ça, et, si vous voulez avoir une économie
compétitive, il faut faire ça. On lisait
dernièrement sur les capacités du port de Montréal à avoir de plus en plus de containers et on parle de la Stratégie maritime pour recevoir
les biens échangés, provenant de l'Europe, entre autres. Bien, dans les
destinations possibles, pourquoi ne pas
choisir que ce soit chez nous et pourquoi ne pas essayer de développer une
capacité d'ajouter une valeur, donc,
de transformation et d'une valeur ajoutée entre le port et le chemin de fer,
entre le chemin de fer et le camion? Et, toute cette stratégie de l'intermodalité, qui n'est pas unique mais qui
n'est pas si répandue que ça, le Québec a un avantage pour la développer. C'est
des infrastructures.
Puis, je
disais, c'est la même chose que la Plan Nord, là. Il y a
un employé, il y a quelqu'un qui va travailler, qui va de ses mains
construire, et on peut récupérer de cela évidemment taxes et impôts, puis tout
ça, mais un bien qui lui-même peut développer un autre moteur économique.
C'est facile à comprendre lorsqu'on regarde le Nord. Je l'ai dit tantôt. Pour l'instant, on n'a pas accès, alors on
ne sortira pas du minerai par hélicoptère, là. À un moment donné, ça prend
une voie ferrée. On la sait bien, quand on
regarde la Côte-Nord, l'importance de la voie ferrée, puis des accès, puis de
ceux qui peuvent l'utiliser. Alors,
clairement, tout nouvel accès à nos richesses du Nord, à ce territoire
vaste, les deux tiers du Québec... Quand on regarde la planète, là, il n'y en a pas beaucoup de coins sur la planète où une juridiction comme
la nôtre a la possibilité d'aller prendre possession d'un territoire vaste, riche qui
est porteur d'avenir pour nous. Il
n'y en a pas beaucoup.
C'est le Pew Institute qui disait du développement du Plan
Nord que c'était le projet de développement durable le plus important dans le monde, puis il n'a pas dit «en
Amérique», il n'a pas dit «dans les Amériques», il a dit «dans le monde», parce que l'approche que nous
avons en est une, effectivement, de développement
économique mais dans le respect de l'environnement. On est rendus
là aujourd'hui. On n'est plus au temps du curé Labelle, là, on
est rendus au temps où on s'intéresse
à ces deux éléments-là qui vivent les uns avec les autres, qui ne sont pas en
opposition les uns avec les autres.
Mais je fais référence au curé Labelle parce
qu'il a ouvert le Nord, un certain
Nord, mais là il est question
d'ouvrir tout le Nord au complet par des infrastructures qui vont nous
permettre de rendre rentable une richesse.
Souvent, il y a
des comparables avec l'Australie qui sont faits. On en a entendu parler au
cours des dernières années. Or,
l'Australie a une accessibilité à ses ressources bien plus grande que la nôtre. Forcément, ça
cause un prix de revient qui est plus
élevé pour nous. Si on réussit à s'investir, si le gouvernement fédéral faisait une approche supplémentaire, en termes de politique économique, de passer de 0,5 % du PIB à 2 % du PIB, ce qui nous permettrait d'avoir les
normes internationales du 5 % du
PIB municipal-provincial-fédéral, on serait en train de se donner deux moteurs
économiques pour le prix d'un.
Alors, quand
on voit l'aspect de l'accès au Nord, c'est du même type, lorsqu'on parle, par
exemple, de stratégie maritime, de
capacité d'accueil en vue d'une transformation, pas juste en vue d'un transit.
Il ne s'agit pas de prendre un container, le mettre sur un chemin de fer
puis qu'il arrive à destination tout près de la ville des vents puis, de là, de
le transformer sur un camion par la suite,
là. Il s'agit de tirer le plein potentiel d'être le premier port d'accueil pour
ensuite lui donner une valeur
ajoutée. C'est ça, l'idée : comment on peut développer ça. Les projets
sont porteurs, mais ils nous ramènent à un mot, «infrastructures», pour lequel,
si vous faites le tour des citoyens sur votre rue puis vous cognez à leur
porte, les 10 maisons à gauche puis à droite
de votre maison, puis vous allez dire le mot «infrastructures», ils vont vous
dire : Qu'est-ce que tu veux me dire?
«Infrastructures», qu'est-ce que ça signifie? Ça veut dire «emploi», ça
veut dire «opportunités économiques»,
ça veut dire «avenir économique de tous les Québécois et de tous les
Canadiens» lorsqu'on regarde le gouvernement fédéral. C'est vrai pour
tous les Canadiens. Il y a un potentiel immense dans l'ensemble du Canada. Ces investissements-là ne vont pas
bénéficier qu'au seul Québec, ils vont bénéficier à toutes les juridictions, et
donc à l'essor économique du Canada. Et, si
tout le Canada a un essor économique, ainsi que le Québec, ça va être
profitable à tout le monde, et on va
renforcer ce lien que nous avons, si tant est qu'on est capable de le regarder
sous l'angle du réalisme et non pas
simplement de dire : Bien, il n'y a pas de conflit, donc on ne le voit
pas, on ne s'en aperçoit pas. Il nous revient à nous, et là on a une
belle occasion aujourd'hui, de nommer le potentiel, de nommer les problèmes.
J'espère
qu'on aura fait, pendant ces quatre heures-là, une démonstration qu'il est
utile qu'on se dise ce qui va bien, ce qui va mal, comme on aura constaté à la
fin de ces crédits-là qu'il y a eu des avancées et des progrès pas juste
avec les changements climatiques. On l'a vu
avec notre collègue de Verchères, qui signalait et qui nous a permis de
signaler les textes du budget
rappelant que nous avions réglé un litige datant de 1991 cette année. On
pourrait terminer en se disant : Alléluia!
Mais non. Non. Il faut prendre dans ces victoires l'énergie de continuer les
combats pour qu'à la fin nous soyons tous gagnants.
Et, M. le
Président, sur cette formule, il me fait plaisir de vous remercier pour les
travaux que vous avez menés d'une main de maître.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie. Vous pouvez continuer encore quelques instants.
M. Fournier : ...
Adoption des crédits
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, le temps alloué à l'étude du volet Affaires intergouvernementales canadiennes des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif est écoulé. Nous allons maintenant procéder à la
mise aux voix des crédits. Vous êtes prêts?
Le programme 3, Affaires intergouvernementales
canadiennes, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M.
Bergeron : Sur
division.
Une voix : Avec enthousiasme.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté, avec enthousiasme, sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour
l'exercice financier 2015‑2016 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M.
Bergeron : Sur
division.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ils sont adoptés avec le même enthousiasme et la même division.
Alors, ceci
met un terme à nos travaux. Avant de conclure, je tiens à remercier les membres
de la commission, le personnel de la commission et tous ceux qui ont
contribué ou participé à nos travaux.
Je lève la
séance, et les travaux de la commission sont ajournés au mardi 5 mai 2015,
à 11 heures. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 17 h 59)