(Dix-neuf
heures trente et une minutes)
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : ...s'il vous plaît! Alors, nous allons reprendre nos travaux, et je
demande à toutes les personnes de s'assurer
de mettre leurs téléphones et autres
bidules en mode silencieux, à défaut de les fermer.
La Commission des
institutions est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Sécurité publique pour l'exercice financier 2014‑2015.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava) est
remplacé par Mme Simard (Charlevoix— Côte-de-Beaupré);
M. Fortin (Sherbrooke) est remplacé par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); M. Merlini
(La Prairie), par M. Huot (Vanier-Les
Rivières); M. Ouellette (Chomedey), par M. Dutil (Beauce-Sud); M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), par Mme Maltais (Taschereau); et M. Lemay (Masson),
par M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière).
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Alors, nous allons
procéder, dans un premier temps, à des remarques préliminaires, et par
la suite il y aura une discussion par blocs d'environ 20 minutes, en
alternance, sur l'ensemble des sujets;
questions-réponses, évidemment. On essaie d'encourager, dans la mesure du
possible, une certaine proportionnalité entre le temps consacré aux
questions et aux réponses, évidemment sans contrôle excessif de ma part. Et à
la fin... en fait, puisque nous poursuivrons notre étude demain, nous voterons
sur les crédits demain. Ça vous va?
Remarques préliminaires
Alors, nous sommes
prêts à procéder aux remarques préliminaires, et je cède immédiatement la
parole à la ministre que nous accueillons avec plaisir. Mme la ministre.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Bonsoir à tous. J'aimerais d'abord vous saluer, M.
le Président, vous qui présidez nos travaux ce soir et demain. Je tiens
également à saluer les députés ministériels : la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
le député de LaFontaine, celui de
Beauce-Sud, le député de Vimont, le député de Vanier-Les Rivières, et le député
de D'Arcy-McGee, et mon adjoint
parlementaire, qui nous rejoindra également, le député de Chomedey; les députés
de la deuxième opposition : mon critique, le député des
Chutes-de-la-Chaudière; la députée de Montarville; le député de Masson; les
députés de l'opposition officielle : mon critique, le député de
Matane-Matapédia; la députée de Taschereau.
Et
évidemment, M. le Président, je tiens à saluer mes principaux collaborateurs du
ministère. À ma droite, vous avez le sous-ministre de la Sécurité
publique, M. Martin Prud'homme; à ma gauche, la directrice de mon cabinet, Mme Louise Bédard. Nous accompagnent également les
sous-ministres associés : Liette Larrivée, aux Services à la
gestion; Johanne Beausoleil, aux Services
correctionnels; Guy Laroche, à la Sécurité civile et la sécurité incendie; Yves
Morency, aux Affaires policières. Également du bureau du sous-ministre :
Liette Abel-Normandin et Katia Petit; du ministère, Jean-François Longtin,
Lucie Picard, Jean-Sébastien Dion et Louise Boily.
Passons
maintenant aux dirigeants d'organismes relevant du ministère et aux personnes
qui les accompagnent. Donc, à la Commission québécoise des libérations
conditionnelles, la présidente, Solange Ferron, accompagnée de Nathalie Maheux et Lucie Voyer; à l'École
nationale de police du Québec, la directrice générale, Marie Gagnon, qui
est accompagnée de Pierre St-Antoine; à la Régie des alcools, des courses et
des jeux, la présidente, Christine Ellefsen, accompagnée
de Marie-Christine Bergeron et de Sandra Langevin; le Commissaire à la lutte
contre la corruption, Robert Lafrenière, accompagné de Marcel Forget, de
Claude Verreault et d'Anne-Frédérick Laurence; le Commissaire à la déontologie policière, Me Paul Larochelle,
accompagné d'Hélène Tremblay et de Louise Letarte; au Comité de
déontologie policière, le président, Jean
Provencher, accompagné de Pierre Gagné; le coroner en chef, Me Denis Marsolais,
qui est accompagné de Sylvie
Petitclerc; et enfin le directeur général de la Sûreté du Québec, Mario
Laprise, qui est accompagné de Marcel Savard, Jocelyn Latulippe, Luc
Fillion, Gaétan Guimond, Martin Lévesque, Christine Faguy et Guylaine Belcourt;et le personnel de mon cabinet, en la personne deMme Émilie Simard,qui est ici, à la table;Pierre Leclerc, Mark Khoury, Martin
Lapointe, qui sont des attachés politiques; et mon attaché de presse,
Jean-Philippe Guay.
À
mon arrivée, M. le Président, j'ai été à même de constater l'ampleur du ministère,
et on le voit par la présence imposante de collaborateurs qui sont avec
moi ce soir. Le mandat du ministère de la Sécurité publique est très large et
va au-delà des services policiers, de la sécurité civile et des établissements
de détention. Comme on le verra, son champ d'action s'étend dans des domaines
très variés.
D'abord, en ce qui a trait aux affaires policières, le ministère voit à l'organisation des services policiers, la prévention de la
criminalité, la lutte contre le crime organisé et le terrorisme de même que la
sécurité de l'État et des citoyens partout au Québec. Plus précisément, il
veille à l'application des lois relatives au milieu policier, favorise la
promotion de la coordination de l'action policière et du milieu de la
prévention, fournit les services de protection, de transport, entre autres, des
ministres et offre les services de sécurité dans les palais de justice.
Au niveau des services correctionnels, ils ont la responsabilité des programmes de
garde, d'hébergement, d'évaluation, d'encadrement et d'accompagnement des personnes prévenues et
des personnes condamnées à une peine d'incarcération de moins de deux
ans. Ils sont responsables de l'élaboration des plans d'intervention correctionnels
ainsi que des activités d'encadrement et d'accompagnement des personnes
contrevenantes dans les établissements de détention
et dans la communauté. De plus, soulignons qu'ils ont effectué 43 559
admissions au cours de la dernière année dans les 18 établissements
de détention du Québec.
Le troisième
volet est celui de la sécurité civile et de la sécurité incendie. Le ministère
veille à la mise en place de mesures
et d'activités visant à mieux connaître les risques, à prévenir les sinistres
et les incendies et à préparer la population à faire face à ces situations. Lorsqu'un sinistre survient, le ministère
coordonne les travaux de l'Organisation de la sécurité civile du Québec, assure le
soutien gouvernemental aux municipalités touchées et administre les programmes d'aide
financière. Malheureusement, le Québec n'a pas été épargné au cours de la dernière année
notamment avec l'accident ferroviaire de
Lac-Mégantic et l'incendie de L'Isle-Verte.
Ces deux
tragédies ont particulièrement bouleversé les communautés touchées mais ont
secoué profondément l'ensemble des Québécois. L'horreur vécue par les Méganticois dans la nuit
du 6 juillet dernier est impossible à qualifier. Plusieurs de nos concitoyens
ont perdu des êtres chers et resteront à jamais marqués par les scènes dont ils
ont été les témoins. La compassion et la
solidarité que nous avons tous eues à l'endroit des Méganticois, nous les avons
également pour les gens de L'Isle-Verte qui
ont perdu des parents, des grands-parents et des amis dans l'incendie du 23
janvier dernier. Encore là, les
premiers répondants ont été au rendez-vous pour vaincre les flammes et tenter de sauver des
vies. À cet égard,
je tiens à souligner que, malgré l'ampleur de ces désastres et malgré les
conditions extrêmes avec lesquelles ils ont dû faire leur travail, les
policiers et les pompiers mais aussi les employés du ministère, du Bureau du
coroner et du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale n'ont
ménagé aucun effort, ils ont tout donné pour tenter de sauver des vies ou pour éteindre un incendie d'une rare violence. Je
tiens à saluer leur courage et leur dévouement, tout comme j'aimerais remercier les spécialistes du
Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale qui, lors de
ces deux tragédies, ont effectué un travail d'une grande importance. D'ailleurs,
j'aimerais souligner le 100e anniversaire du laboratoire, l'un des premiers
instituts médicolégaux en Amérique du Nord, ce qui est digne de mention.
Outre le
laboratoire, plusieurs organismes autonomes contribuent à assurer la sécurité
du public et la confiance de nos concitoyens dans leurs institutions :
le Commissaire à la déontologie policière, qui reçoit et traite les plaintes du
public à l'égard de la conduite
d'agents de la paix dans l'exercice de leurs fonctions; le Comité de
déontologie policière, qui agit à titre de tribunal administratif et
entend les citations déposées par le Commissaire à la déontologie, après enquête; la Commission québécoise des libérations
conditionnelles, qui statue sur les mises en liberté sous conditions des
personnes contrevenantes purgeant une peine de six mois à deux ans moins un
jour; la Régie des alcools, des courses et
des jeux, qui a notamment compétence sur la vente et la fabrication d'alcool,
les courses, les chevaux, les bingos, les tirages, les appareils de loterie vidéo et les sports de combat. Le
Commissaire à la lutte contre la corruption, qui dirige l'Unité permanente anticorruption, mieux connue
sous le nom de l'UPAC, reçoit et examine les dénonciations d'actes
répréhensibles et leur donne les suites appropriées. Il dirige ou coordonne les
enquêtes et il peut aussi en initier. Il procède
également aux vérifications d'intégrité des entreprises ayant déposé une
demande d'autorisation auprès de l'AMF en
vue de l'obtention de contrats publics. Le Bureau du coroner a pour mission de
rechercher les causes et les circonstances de décès obscurs, violents ou
survenus par la suite de négligence.
• (19 h 40) •
L'École
nationale des pompiers du Québec et l'École nationale de police du Québec ne
sont pas des organismes budgétaires dont les crédits sont votés.
Toutefois, leur contribution est essentielle. L'École nationale des pompiers veille à la formation professionnelle des pompiers
et des personnes travaillant en sécurité incendie, ce qui inclut les pompiers volontaires. Elle agit comme l'organisme de qualification professionnelle en
sécurité incendie au Québec, conçoit ses programmes de formation,
supervise ses examens et délivre les certificats.
Pour sa part,
l'École nationale de police a l'exclusivité de la formation initiale du
personnel policier au Québec, permettant
d'accéder aux pratiques de patrouille-gendarme. Elle offre aussi des activités
de perfectionnement professionnel et de formation sur mesure destinées
aux besoins des différents corps de police et aux clientèles du milieu de la sécurité publique. Bien plus qu'une école de
police, c'est le lieu de formation pour les agents correctionnels, les
constables spéciaux ainsi que les contrôleurs routiers.
Et enfin la
Sûreté du Québec : 50 % du budget du ministère est imputable aux
activités de la Sûreté du Québec. Elle administre
son budget et prend ses décisions de manière autonome. En 2014‑2015, c'est une
enveloppe de 622,5 millions de
dollars qui est confiée à la Sûreté du Québec. Bien que la SQ relève du
ministère de la Sécurité publique, sans vouloir me dégager de mes
responsabilités, je dois conserver un devoir de réserve et éviter de commenter
leurs opérations et leurs enquêtes.
Pour réaliser
sa mission, le ministère et ses huit organismes peuvent compter sur 5 700
employés. Il faut ajouter à cela les
8 170 policiers et civils à l'emploi de la Sûreté du Québec. Le budget de
dépenses de 2014‑2015 du ministère de la Sécurité publique s'établit à 1 258 800 000 $.
Ainsi, en excluant les dépenses ponctuelles, le budget de dépenses 2014‑2015 du
portefeuille Sécurité publique est comparable au niveau de dépenses de l'année
précédente. En raison du contexte budgétaire
actuel, des mesures de réduction des dépenses de 70,1 millions de dollars
sont nécessaires afin d'atteindre les
cibles budgétaires et contribuer à l'objectif de contrôle de dépenses. Des
mesures de limitation du temps supplémentaire, d'octroi de contrats et
autres mesures administratives ont été identifiées, dont le report des achats
de matériel opérationnel et de diverses
fournitures. M. le Président, puisque l'exercice que nous faisons concerne
d'abord l'étude des crédits du ministère, je
veux rassurer les gens qui nous écoutent : nous participerons à l'effort
budgétaire, il est vrai, mais sans perdre de vue que la première
priorité demeure la sécurité du public.
En terminant, je sais que
nos collègues de l'opposition pourraient être tentés de me poser des questions
sur l'évasion, par hélicoptère, des trois
accusés qui étaient détenus à l'Établissement de détention de Québec. Je tiens
à leur rappeler les objectifs visés par l'enquête administrative qui a
été confiée à Me Michel Bouchard. Il analysera, entre autres, les circonstances de cette évasion; les mesures mises en place
par le ministère à la suite de l'évasion de Saint-Jérôme en mars 2013; les conditions de détention en lien
avec l'attribution de la cote de sécurité, dans le jargon que tout le
monde connaît aujourd'hui; le rôle des intervenants susceptibles d'influencer
les cotes de sécurité; les communications entre la Sûreté du Québec et les autorités carcérales lorsqu'un complot
d'évasion est suspecté, notamment. Ses conclusions seront attendues au plus tard le 31 août prochain, et vous
comprendrez que je ne répondrai à aucune question de mes collègues pour ne pas écrire d'avance les conclusions de son
rapport. Entre-temps, notre gouvernement s'est engagé auprès de la population du Québec à prendre des actions
concrètes afin d'éviter qu'une situation semblable ne puisse se
reproduire. D'ailleurs, tel que nous l'avons
annoncé, des mesures ont déjà été prises, et des travaux sont en cours à
l'établissement de Québec.
M. le Président, je sais que vous serez vigilant
et que vous protégerez le mandat de Me Bouchard lors de cet exercice que nous
amorçons. Ce n'est pas aux députés de se transformer en justiciers et en
enquêteurs. Ils auront des réponses à leurs
questions en temps et lieu, M. le Président, lorsque Me Bouchard livrera les
conclusions de son enquête.
Je rappellerai que nous sommes ici pour
effectuer l'étude des crédits du ministère de la Sécurité publique, qu'il y a près d'une trentaine de personnes qui m'accompagnent,
M. le Président, et que nous répondrons aux questions qui nous seront posées au meilleur de nos
connaissances, et que je n'hésiterai pas à faire appel aux dirigeants
d'organismes qui m'accompagnent et qui maîtrisent parfaitement les sujets et
leurs organismes. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre de la
Sécurité publique et vice-première ministre. Je cède maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle, le
député de Matane-Matapédia. Pour vos remarques préliminaires, vous
disposez d'un temps maximum de sept minutes.
M.
Bérubé : Est-ce
qu'on peut procéder tout de suite à notre bloc de 20 minutes?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : C'est-à-dire que nous sommes à
la période des remarques préliminaires. Vous pouvez ne faire que de
brèves remarques préliminaires ou ne pas en faire, et on va passer au prochain...
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Bien, permettez-moi, M. le Président, d'abord de vous saluer, de saluer la
ministre, son entourage, de saluer le
sous-ministre, M. Prud'homme; le directeur général de la Sûreté du Québec, M.
Laprise; l'ensemble des personnes qui accompagnent la ministre pour cet
exercice important.
Nous sommes
ici pour poser des questions importantes, cruciales, au nom du public du
Québec, pour protéger nos institutions, pour assurer la confiance des
citoyens du Québec à l'égard d'institutions.
Le ministère
de la Sécurité publique n'est pas un ministère comme les autres, c'est un
ministère qui requiert un certain
nombre de qualités pour sa ministre, et, bien que 30 personnes l'accompagnent,
une seule des personnes présentes dans cette salle est ministre et prend
les décisions, et c'est à cette personne que nous entendons poser des questions
importantes pour la suite des choses quant à la sécurité publique du Québec, M.
le Président.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de
Matane-Matapédia. Maintenant, je cède la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition, le député de Chutes-de-la-Chaudière. Vous
disposez d'un maximum de cinq minutes pour vos remarques préliminaires.
M. Marc Picard
M. Picard :
Parfait. Merci, M. le Président. Avant de débuter nos travaux, j'aimerais
d'abord saluer la ministre qui est aussi députée d'Anjou—Louis-Riel
et la remercier d'avance de sa collaboration et de sa grande transparence durant nos travaux que nous amorçons. J'aimerais
aussi saluer l'équipe ministérielle, les collègues de l'aile
parlementaire qui accompagnent la ministre, ainsi que le député de
Matane-Matapédia, la députée de Taschereau, ma collègue de Montarville et tout
le personnel du secrétariat qui effectue un excellent travail pour nous
accompagner.
M. le
Président, nous sommes ici aujourd'hui pour effectuer une tâche centrale à
notre travail de parlementaires. L'étude
des crédits parlementaires, c'est un exercice démocratique essentiel auquel
doit se livrer le gouvernement en toute transparence pour que tous les
Québécois puissent savoir comment et pourquoi les sommes qui sont retenues sur
leurs salaires ou qui sont chargées, en plus, sur leurs achats sont utilisées.
Mais c'est aussi un processus nécessaire de reddition
de comptes qui vise à s'assurer de la gestion responsable des fonds publics,
surtout dans le contexte actuel où les déficits
se suivent d'année en année, et aussi de la pertinence des objectifs fixés et
de leur adéquation avec les attentes des citoyens, et surtout de leur
atteinte.
Plus spécifiquement, je suis ici aujourd'hui au
nom de ma formation politique mais aussi au nom de tous les Québécois pour m'assurer de la bonne gouvernance
dont la ministre et ses gestionnaires sont responsables dans l'administration des corps policiers et des
établissements de détention ainsi que dans la gestion de la réinsertion
sociale des détenus et dans la coordination
des actions de sécurité civile. Pour ce faire, M. le Président, j'ai
l'intention de poser des questions courtes et claires pour lesquelles je
m'attends à recevoir des réponses concises qui vont directement au but. Je suis certain que
la ministre en conviendra, l'objectif de ce processus parlementaire est
d'obtenir le plus d'informations possible, et ce, pour l'intérêt public.
Merci, M. le Président.
Discussion générale
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître, pour un
premier bloc d'échange, le député de Matane-Matapédia. Vous disposez de
21 minutes pour ce premier bloc d'échange. M. le député.
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. Nous avons parlé, à l'Assemblée nationale, à la période des
questions... Vous allez me permettre de
commencer ce bloc en citant au texte le journaliste Denis Lessard, de La Presse
du 14 juin dernier, et je crois que ce qui est écrit traduit bien
l'analyse que bien des Québécois partagent avec nous.
Je
cite : «La liste des faux pas de la ministre[...], qui voyait des
"menteurs" au sein de son ministère et à la SQ, aura fait la
démonstration sans appel qu'elle n'est pas faite pour ces responsabilités. La
Sécurité publique exige de la retenue dans les déclarations et une connaissance
des contraintes juridiques liées à ces dossiers.»
M. le
Président, la ministre qui est assise devant cette commission n'a pas été à la
hauteur de sa tâche. L'opposition officielle
croit, comme bien des Québécois, qu'elle aurait dû remettre sa démission.
Plusieurs raisons militent en ce sens. Le
temps de réaction inadéquat de la ministre : ce fut lent, ce fut pénible.
L'évasion a eu lieu le samedi 7 juin, en soirée. La chronologie est
importante. Sur un grand plateau télévisé à fortes cotes d'écoute, le 4 mai
dernier, elle a affirmé que son agenda
serait public, incluant le nom des personnes rencontrées et les sujets abordés.
En ce sens, il sera aisé pour elle de
nous indiquer où elle était le dimanche 8 juin. Également, la légèreté avec
laquelle elle a traité ce dossier important de sécurité publique... Je
vous l'ai dit d'entrée de jeu, le ministère de la Sécurité publique n'est pas
un ministère comme les autres et nécessite un ou une ministre qui comprend très
bien l'importance et l'urgence des situations.
Ainsi, le lundi 9, est-ce que la ministre
considère maintenant qu'elle a commis une erreur de jugement en participant à
une pelletée de terre tôt le matin à l'école de police au lieu de se faire
briefer sur l'évasion du samedi précédent?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, à vous la parole.
• (19 h 50) •
Mme Thériault : M. le
Président, vous savez, j'ai eu l'occasion de répondre à la question en Chambre.
J'ai eu
l'occasion de dire que, depuis samedi soir, nous étions en communication avec
ma chef de cabinet, avec le sous-ministre,
avec les différentes instances qui étaient concernées. Il est totalement faux
de prétendre que je n'ai rien fait avant
de rentrer à Québec le lundi. Les briefings, on peut parler de rencontres, on peut parler de contacts
téléphoniques, on peut parler de mises au point, d'états de situation, et je
peux vous assurer, M. le Président, qu'il y en a eu plusieurs, communications, entre moi, ma chef de cabinet, le sous-ministre et les autres personnes qui sont concernées, évidemment.
Donc, vous
comprendrez que, dans ce contexte-là, d'avoir été faire une pelletée de terre à
l'École nationale de police du Québec,
c'est correct, M. le Président, parce
qu'il y a la Sécurité publique, il y a
aussi nos fleurons, et je suis très fière du travail qui est effectué
par l'École nationale de police du Québec. Ça ne m'a pas empêchée du tout de
parler avec ma chef de cabinet, de parler
avec le sous-ministre, que les gens à l'interne se parlent pour savoir qu'est-ce qui s'était passé exactement. Ça
ne m'a pas empêchée de demander immédiatement au sous-ministre de rentrer en
communication avec les directeurs de centres de détention pour voir de quelle
manière les mesures de sécurité étaient déployées dans les 18 centres de détention, M. le Président. Mais le député me donne
l'occasion également de dire qu'il est important de se pencher sur ces questions-là, et ça me fait
plaisir de dire qu'on a travaillé d'arrache-pied à partir de la première
journée, M. le Président, dès que j'ai été mise au courant.
Concernant
l'agenda de la ministre et la transparence, tel que le collègue le
demande, parce que j'ai quand
même lu qu'il avait tweeté aujourd'hui et qu'il a accordé une entrevue au Huffington Post, cet après-midi, vous n'êtes pas sans
savoir qu'il a été question de la politique... notre premier ministre a dit
qu'il voulait que les choses soient connues, que nous soyons transparents, que nos agendas soient publics, et oui, j'ai dit
dans une émission d'heures de grande écoute que je serai très transparente. Je le suis tellement, M.
le Président, qu'on peut suivre toutes mes activités sur ma page Facebook
et qu'en plus de ça le député de
Matane-Matapédia a fait un «like», si je ne m'abuse, sur une de mes pages
Facebook, M. le Président, d'après ce
qu'on m'a rapporté. Donc, vous
comprendrez que je n'ai absolument aucun problème. Mais il faut comprendre également
qu'une demande d'accès à l'information, lorsqu'on veut savoir de quelle manière
j'ai utilisé mon agenda... J'ai eu l'occasion
de dire aussi que ce qui pouvait mettre en péril la sécurité ne serait pas
d'ordre public et je pense que c'est un peu
normal, M. le Président. Mais, ne soyez pas inquiet, dans la demande
d'accès à l'information, il a également
été répondu qu'en temps et lieu,
puisqu'il y a un ministre
qui s'occupe, qui était ici cet après-midi, de la loi de l'accès à l'information, il y
aurait des modifications qui seraient faites parce
qu'il y a du travail à faire, M. le Président. Donc, je veux le rassurer : Ne pas s'inquiéter, je n'ai absolument
rien à cacher, M. le Président, et mon agenda sera connu en temps et lieu,
ne soyez pas inquiet, et qu'il ne soit pas inquiet, lui non plus.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le
Président, question très
claire : Quel jour, quelle heure la ministre a eu son premier
briefing? C'est une question qui est
importante. Où était-elle le dimanche? Parce
qu'on n'a toujours
pas de réponse. C'est elle qui dit à plusieurs occasions, dans différentes
entrevues que c'est le gouvernement de la vérité, que c'est le gouvernement de la transparence. Alors,
on n'a toujours pas l'agenda qu'elle s'était engagée à produire
et, même sur sa page Facebook, on ne le sait pas plus.
Alors, je
vais lui poser directement la question, sans intermédiaire : Le premier
briefing; quelle heure, quel jour? Où
elle était le dimanche? Et aussi quelles sont les actions qui ont été faites...
publiques à partir du samedi pour rassurer la population? Et, à ma connaissance, les premiers commentaires de la ministre sur cette affaire, ça
s'est passé le lundi matin. Il m'apparaît que, dans des telles circonstances,
il faut agir avec promptitude. Et, dans ce cas-là, ça a été manqué. Alors, il y a plusieurs responsabilités qui
incombent à une ministre de la Sécurité publique. Il y a notamment de donner
l'heure juste, de fonctionner de façon
factuelle. J'entends souvent le député
de Chomedey dire qu'il faut être
factuel... lui-même, un ancien policier qui s'intéresse à ces questions.
Bien, je veux
les faits avec précision, avec rigueur, et je veux savoir ce
qui a été fait pour rassurer la population, non pas des personnes qui
l'accompagnent, mais de la ministre elle-même qui est la seule élue de son
groupe.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Thériault : Oui. M. le
Président, j'ai été avisée dès les premières heures le samedi soir et j'ai eu
des conversations téléphoniques le samedi soir, peu de temps après l'événement.
Aussi vite l'information se promène, M. le
Président, aussi vite la ministre est avisée, évidemment. Vous comprendrez qu'il y a
des délais de temps aussi, il y a de la transmission d'information, et il
y a certainement certains de ces éléments-là qui feront partie de l'enquête administrative qui a été confiée à Me Bouchard.
Donc, vous comprendrez, M. le
Président, que, si je vous dis que
nous avons été en communication dès le samedi soir, c'est parce que nous avons
été en communication dès le samedi soir.
À l'agenda de la ministre, M. le Président, ne
figurent pas les coups de téléphone. Et je vous ferai remarquer qu'aujourd'hui, avec toutes les nouvelles technologies, que ce soient les iPhone, les iPod, les iPad,
les BlackBerry, les Samsung, on peut se parler, peu importe où nous
sommes au Québec, et il peut y avoir des conversations à plusieurs personnes. Et je peux vous assurer, M. le Président, que, pas plus tard que dimanche matin... Puis il y en a
eu le samedi soir, des conversations.
Le dimanche matin, il y a eu également des conversations. Il y en a
eu plus qu'une. Et vous comprendrez que
les conversations, ce n'est pas juste avec la ministre, il y a également
un niveau d'information où je demande à ma chef de cabinet... ou
je demande au sous-ministre de parler avec les directeurs et les sous-ministres
associés, parce qu'il y a quand même quatre sous-ministres qui sont sous sa responsabilité.
Il y a une chaîne, là.
Et il est faux de prétendre que la ministre
parle directement au directeur ou à la directrice d'un centre de détention, M. le Président. Ça ne marche
pas comme ça, pas à la Sécurité publique. Je ne fais pas d'ingérence. Je
demande à mon sous-ministre ou à ma chef de cabinet, et après ça il y a
d'autres conversations en bas.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Simplement pour préciser, là. Moi, j'ai entendu la question
qui abordait plusieurs sujets et j'entendais la réponse de la ministre, et, à
mon point de vue, les sujets étaient abordés. Alors, ce n'est pas la
prérogative de la présidence d'évaluer la justesse des réponses, mais la question...
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. La ministre
y est allée de plusieurs accusations, tout ça dans une semaine,
provenant d'elle-même. C'est de son propre chef qu'elle a décidé de nous
communiquer... de nous gratifier de ses réflexions
et de certaines accusations. Et, parce
que ces accusations à tort et à
travers ont causé préjudice à trois entités stratégiques de l'État qui
sont sous sa responsabilité, représentées ici, la Sûreté du Québec, le
ministère de la Sécurité publique et le réseau carcéral québécois, ces trois
entités ainsi que les personnes y oeuvrant ont été affectées par ces accusations à l'effet que quelqu'un lui ment. Tous
les fonctionnaires assis en cette salle ont ainsi été éclaboussés parce
que la ministre n'a jamais précisé à qui elle s'adressait.
La ministre a remis en question le
professionnalisme de plusieurs personnes présentes qui l'accompagnent aujourd'hui et qui oeuvrent jour après jour au
ministère de la Sécurité publique. Je crois que la ministre devrait
profiter de cette occasion pour leur présenter des excuses.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Vous savez, M. le Président, dans la réponse
précédente, j'ai oublié de parler du communiqué qui a été diffusé dimanche. Donc, il y a eu une communication également
auprès de la population. Je pense que ce n'est pas à négliger. Et, pour
aller sur le terrain que le député de Matane-Matapédia me parle, je l'ai dit
d'entrée de jeu dans mes remarques
préliminaires, M. le Président, il peut certainement avoir son opinion, il peut
la partager sur la place publique; parfait, pas de problème. Je
comprends aussi que ce n'est pas lui, le ministre de la Sécurité publique,
qu'il n'a pas le devoir de réserve que j'ai.
J'ai confié un mandat à Me Bouchard, M. le
Président, et vous comprendrez que je ne veux pas écrire les conclusions de
Me Bouchard, mais je tiens à préciser ici que je n'ai pas nommé personne.
Il peut avoir son opinion. Il peut avoir son opinion, il n'y a aucun problème,
mais ce n'est pas parce qu'il a une opinion que ceci est la vérité, M. le Président. Je pense qu'il y a toute une
nuance entre ce qu'il dit... Et, vous savez, il y a beaucoup de teintes de
gris, souvent, dans des réponses, mais vous
comprendrez qu'à ce stade-ci, même si je voulais répondre, M. le Président, je
ne le ferais pas. Me Bouchard a un
mandat, et, en ce qui me concerne, je pense que Me Bouchard est reconnu pour être un
homme qui est efficace. C'est la personne
qui est demeurée le plus longtemps sous-ministre à la Justice. Sa réputation n'est plus à faire, c'est un homme qui est intègre et c'est la
personne idéale pour faire la lumière sur tout ce qui s'est passé, M. le Président.
Donc, le député aura des réponses à sa question lorsque
son rapport sera rendu public.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : M. le Président, en ne nommant personne, on laisse planer le doute sur tout le monde. Et c'est ça, le problème. Et, quant au briefing, je lui rappelle par votre
entremise que, le lundi matin suivant l'évasion, à la radio, elle a identifié qu'elle n'avait toujours
pas eu de briefing. Alors, elle se contredit à quelques occasions. Je lui
rappelle également que l'enquête
porte sur l'évasion des fugitifs et non sur ses agissements à elle. Et, depuis
le début de cette commission, je pose des questions sur son jugement,
sur son sens des priorités, sur son sens de la responsabilité face à ce qui
s'est passé, et manifestement on a de la
difficulté à avoir au moins une admission. Et peut-être que le reste de la
commission le permettra. Mais je poursuis.
Donc,
on n'a pas obtenu de clarification
sur qui mentirait à la ministre et est toujours en poste. Et ça, c'est
une accusation qui est grave et sans précédent, quant à moi. Alors, la
ministre, elle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Elle ne s'est pas contentée de semer la confusion dans son ministère, de
jeter le discrédit sur les forces policières et le milieu carcéral, elle
a aussi mis en doute, croyez-le ou non, la décision d'un juge de la Cour
supérieure du Québec, certainement pas avec l'avis de la ministre de la
Justice.
Finalement, on
apprend que, contrairement à ce qu'elle affirmait, pas l'opposition, pas les
commentateurs, la ministre, notamment
à l'Assemblée nationale, dans un lieu où la parole a une force, le
contenu de la décision du juge
Dionne qui permettait aux prévenus
d'effectuer des sorties dans la cour extérieure s'appliquait uniquement les
jours de procès, donc pas le soir de l'évasion, un samedi.
Alors,
comme on n'a pas obtenu de clarification, d'admission ou d'excuse pour les personnes
qui accompagnent la ministre aujourd'hui, je vais ajouter une personne
qui représente la magistrature. Puis, M. le Président, vous qui avez travaillé pendant longtemps comme juriste, vous
allez comprendre l'importance de cette question : Est-ce que la
ministre va, à tout le moins, s'excuser pour ses propos à l'endroit du juge
Dionne?
• (20 heures) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Vous
savez, M. le Président, le doute, présentement, c'est le député de Matane-Matapédia qui l'entretient et c'est
lui qui fait preuve d'un très grand acharnement à mon endroit, M. le Président.
Il peut, ça ne me dérange pas.
Écoutez,
là, moi, là, je n'ai absolument rien à cacher, M. le Président, puis je vais
le répéter : Je n'ai rien à cacher. Je fais preuve d'une très
grande transparence. Il peut remettre en doute mes agissements, il peut
remettre en doute mon jugement, M. le Président, il peut dire ce qu'il veut. Finalement, il pourrait me répéter ses questions
dans tous les sens qu'il voudra, M. le Président, il peut le faire pour les trois heures de crédits ce soir, il peut le
faire pour les deux heures de crédits qu'il y aura demain, M. le
Président. Je l'ai dit d'entrée de jeu, je ne répondrai à aucune question qui
touche le mandat que j'ai donné à Me Bouchard. Le mandat de Me Bouchard, ce n'est pas seulement que les circonstances
de l'évasion, c'est aussi ce qui s'est passé
au printemps 2013, lors de la première évasion, mais c'est aussi les
conditions de détention, c'est aussi l'interaction entre les différents
intervenants, la transmission d'information.
Donc,
vous comprendrez, M. le Président, que le député de Matane-Matapédia peut
continuer à poser des questions, je vais lui répondre la même chose et
je vais le faire sur le même ton, M. le Président. Vous savez, je suis
consciente qu'on est à l'Assemblée nationale, je suis consciente que le député voudrait certainement essayer de
s'inscrire dans le bulletin de
nouvelles, il le peut. Peut-être que ses propos le feront, c'est correct, il
n'y a pas de problème, M. le
Président. Vous savez, le mandat, il est clair, le rapport sera connu. On va
laisser le temps à Me Bouchard de faire son travail. Et il verra, le député de Matane-Matapédia, ainsi que tous les gens qui écoutent nos travaux,
particulièrement les gens qui m'accompagnent,
ils verront à la lumière du rapport de Me Bouchard ce que j'ai voulu dire et
ils tireront leurs propres conclusions. Mais je nous mets en garde, M.
le Président : le député de Matane-Matapédia ne doit pas écrire lui non
plus le rapport de Me Bouchard, comme je ne le ferai pas.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Alors, pour les observateurs de ce gouvernement de la vérité et de la
transparence, résumons.
Donc, toujours pas de
précision sur l'agenda de la ministre, toujours pas de précision sur le premier
briefing, toujours pas d'admission, toujours
pas d'excuse aux gens qui l'accompagnent, qui représentent la sécurité au
Québec, ni envers le juge Dionne. Donc,
c'est le premier résumé qu'on fait des paroles de la ministre, qui était moins
avare au cours des derniers jours. Alors, à tout le moins, on a ça, on a
qu'on ne regrette rien, que ça peut continuer comme ça et que la confiance doit
manifestement régner au sein du ministère de la Sécurité publique.
Ma prochaine question
à la ministre : Peut-elle nous expliquer quelle est la procédure relative
aux cotes de sécurité octroyées aux détenus et prévenus dans les établissements
de détention du Québec?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Thériault : M. le Président, le député sait très bien que, si je répondais à cette question, c'est
comme si je réponds à la question de
Me Bouchard qu'il risquerait de nous poser durant le temps où va durer son
enquête administrative, M. le Président. Et je n'irai pas sur ce
terrain-là. Je n'irai pas du tout sur ce terrain-là, M. le Président. Et, vous
savez, pour la vérité et la transparence, j'ai toujours fait preuve de la plus
grande transparence.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, on a une question de
règlement. Mme la députée de Taschereau.
Mme
Maltais : Simplement, M. le Président. La question
pose sur quelque chose qu'on aurait pu poser n'importe quelle année, sans quelque événement que ce
soit : Quelles sont les cotes de sécurité? Ça n'a aucun rapport. Ça
aurait pu être posé l'année dernière comme l'année prochaine.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, M. le député de LaFontaine, sur la question de règlement.
M. Tanguay : Sur la question de règlement. À l'article
81 : malheureusement, aucun rappel au règlement ne peut être fondé
sur l'opinion que la réponse est insatisfaisante. Et encore une fois la
ministre a commencé à répondre. Je pense qu'on va la laisser continuer, on veut
tous savoir sa réponse.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de LaFontaine. Effectivement, quant à la justesse de la
réponse, le contenu de la réponse, je pense que tout le monde est bien au
courant du fait que la présidence n'a pas à apprécier.
Et on ne peut pas faire un rappel au règlement parce qu'on n'apprécie pas la
réponse. Ce que la présidence fait, c'est
d'essayer de s'assurer que la réponse respecte les paramètres en termes de
proportionnalité. Mais, si on aborde des sujets et que la ministre répond et aborde les mêmes sujets, j'estime
que ce n'est pas mon rôle d'interrompre la ministre dans ce contexte-là.
Alors, Mme la ministre, vous pouvez terminer
votre réponse à la question précédente, s'il vous plaît.
Mme
Thériault : Certainement, M. le Président. Comme je le disais, vous savez, j'ai toujours
fait preuve d'une très grande transparence. La vérité, à l'Assemblée
nationale, je l'ai toujours dite. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer,
M. le Président.
Je peux tout simplement répondre à la question du député : Mon jugement à moi : il
m'apparaît que la question qu'il m'a
posée est en directe ligne avec le mandat de Me Bouchard, M. le Président, parce qu'il va se servir de la réponse que je vais lui donner pour pouvoir établir une possible
cause à effet ou un corollaire dans ce qu'on a devant nous concernant
les évasions du centre de détention de Québec, M. le Président. Donc, vous comprendrez que
je suis quand même une députée d'expérience. C'est ma douzième année de
crédits que je fais ici. Et, M. le Président, je pense que ma réponse, elle
l'est, pertinente.
Je connais
aussi le règlement. Je pense qu'il doit prendre ma réponse. Je comprends que ce
n'est pas celle qu'il voulait, ce n'est pas celle qu'il s'attendait,
mais c'est celle qu'il aura.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le
député de Matane-Matapédia, il vous reste un peu moins de trois minutes.
M.
Bérubé :
Ça sera suffisant, M. le Président. On aurait pu poser cette question-là, M. le
Président, trois jours avant
l'évasion. On aurait pu lui poser au début de son mandat. Cette question-là a
toujours... il y a toujours eu des cotes de sécurité, il y a toujours eu un protocole. L'ensemble des ministres
qui ont occupé cette fonction, y compris le député de Beauce-Sud, je
suis convaincu, connaissent la réponse. Et ce n'est pas parce qu'il y a une
enquête sur un événement spectaculaire et exceptionnel que ça dispense la
ministre de nous livrer la connaissance qu'elle a de quelque chose de fondamental.
Sur
l'évasion, la ministre est évasive. Puis, en matière de sécurité, elle est
particulièrement insécure. J'aimerais qu'elle
me dise qu'est-ce qu'elle connaît des cotes de sécurité des détenus, sa
connaissance de cet enjeu-là. Et, à défaut d'une réponse, je ne serai
pas le seul à conclure qu'elle ne les connaît pas.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, en mentionnant
qu'il reste un peu moins de deux minutes pour la réponse.
Mme
Thériault : Vous savez, M. le Président, si le député de
Matane-Matapédia avait bien fait ses devoirs, il saurait très bien qu'on n'appelle pas ça un code de sécurité. Dans le
milieu carcéral, on appelle ça un code de contrainte, M. le Président.
Donc, de là à prétendre que je ne connais pas les réponses, le député devrait
peut-être se garder une petite gêne, M. le Président.
Je vous ai
tout simplement dit clairement qu'il essayait de m'entraîner sur le terrain de
l'enquête de Me Michel Bouchard. Donc, M. le Président, vous comprendrez
que je considère à ce moment-ci qu'il a la réponse qu'il devait avoir. Et, je pense que c'est important de le
répéter, c'est vrai que, dans les journaux, on a vu «cotes de sécurité»,
mais, dans le jargon carcéral, le vrai
terme, le vrai terme qu'on emploie, hein, parce qu'il y a des langages qui sont
propres à chacun des milieux, et vous
le savez très bien, M. le Président, comme les députés le savent, on n'appelle
pas ça un code de sécurité, on appelle ça un code de contrainte.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Une minute.
M.
Bérubé :
Bon. Alors, maintenant, on a établi que ce n'est pas des cotes de sécurité.
Maintenant, une définition, ne
serait-ce que sommaire, une façon de procéder. Qu'est-ce qu'elle peut nous dire
qui ne nuira pas à l'enquête? Il y a des précédents où les ministres peuvent décider
d'aller un peu plus loin. Vous savez, c'est la prérogative de la ministre.
Je me souviens, moi, que le ministre des
Transports a déjà dit : Bien, écoutez, si ça ne nuit pas à l'enquête dans
un autre dossier, on peut révéler des
infos. Ça, là, cette information-là, M. le Président, c'est une information qui
devrait être dans le cahier de breffage de la ministre, qui n'est pas
accessible.
Donc, comme je n'y ai pas accès, et pour le
bénéfice de tout le monde, est-ce que la ministre pourrait nous livrer, puis
j'insiste encore une fois puis je suis convaincu que c'est une question
pertinente, sa compréhension de cet enjeu-là? Comment ça fonctionne?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, 20 secondes.
Mme
Thériault : M. le Président, au risque de décevoir le député de
Matane-Matapédia, je veux vous le dire tout de suite, M. le Président, je ne créerai pas de précédent ce soir, pas
plus que je n'en créerai demain, ni après-demain, ni au cours des
prochains mois, jusqu'à temps que Me Bouchard ait rendu son rapport disponible,
M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. On va
maintenant passer à un bloc avec les députés ministériels. Je cède la
parole au député de Beauce-Sud. M. le député, la parole est à vous.
• (20 h 10) •
M. Dutil :
Merci, M. le Président. Alors, je salue tout le monde ici que je connais très
bien. J'en connais plusieurs dans la
salle que je salue, que je n'ai pas vus depuis longtemps. Et je vais continuer
sur le centre de détention mais dans un autre angle, je pense, qui est
très important pour le Québec.
Depuis fort
longtemps, on avait des problèmes de surpopulation dans les centres de
détention. On avait envisagé à l'époque,
et ça se réalise actuellement, la construction de quatre centres de détention.
Alors, je pense que c'était important de
le faire. Mais nous savions déjà que ces nouveaux centres de détention là ne
nous permettraient pas d'atteindre un niveau de places en détention pour
éviter toute surpopulation. Il faut comprendre que, bien qu'on ait à peu près
4 000 places au Québec, il y a une augmentation de la population
et, ne fût-ce que cette augmentation de population de 1 % par
année, bien, ça fait des besoins qui
augmentent graduellement, chaque année, d'à peu près une quarantaine, là, si on
regarde la... toutes choses étant proportionnelles. Et donc on aurait
besoin d'un centre de détention de plus à tous les cinq ans, de 200 places
supplémentaires, et donc ça manquait.
En avril
2012, le gouvernement du Canada a annoncé la fermeture d'un établissement qu'on
appelle l'Établissement Leclerc, qui
est situé à Laval, qui datait de 1961. Et cette annonce-là a tout de suite
amené le réflexe de contacter — c'est moi qui étais là à ce moment-là, d'ailleurs — dès le mois de mai 2012, le ministre de la
Sécurité publique du Canada, M. Vic Toews, pour voir s'il avait intérêt
à nous vendre ce centre de détention là, et je vois que les démarches se sont poursuivies. Elles se sont poursuivies également
sous l'autre gouvernement, le gouvernement du Parti québécois, et ceci a
amené la conclusion d'une entente de
location le 1er avril 2014 pour permettre d'avoir ces espaces-là libérés. Donc,
vous voyez, juste à titre d'exemple et pour rappeler un petit peu l'historique
de la construction des centres de détention, ça prend beaucoup de temps, construire un nouveau centre de détention, on
parle d'un délai qui va jusqu'à sept ans, et ce délai-là est énorme, et évidemment on avait bien de la difficulté à
suivre. Donc, c'était une très bonne nouvelle de voir qu'on pourrait envisager d'avoir le centre de
détention que le fédéral allait fermer, qu'ils ont effectivement fermé,
pour l'occuper. Il a été fermé effectivement le 30 septembre 2013.
Donc, la location, elle date du 1er avril 2014. Bonne nouvelle, excellente nouvelle, mais il y a des travaux à faire, il y a
des choses à faire qui vont prendre un certain délai. Et il y a
également des places en nombre supplémentaire qui vont être accordées, qui, à
mon sens, si ma mémoire est fidèle, devraient régler à peu près le problème de
la surpopulation, à tout le moins, pour les années à venir.
J'aimerais
que la ministre nous donne davantage de détails sur ce processus-là de
réfection de l'établissement de détention Leclerc, à Laval, et de nous
mentionner jusqu'à quel point ça réglera la quantité et la difficulté que nous
avons avec la surpopulation dans les prisons du Québec.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Beauce-Sud. Mme la ministre.
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Évidemment, je suis
honorée que ce soit le député de Beauce-Sud qui me pose la question sur
les centres de détention parce que vous savez comme moi qu'il est un ancien
ministre de la Sécurité publique, et les
gens qui m'accompagnent, particulièrement ceux qui travaillent au
correctionnel, savent très bien que
le député de Beauce-Sud a été l'initiateur, au gouvernement libéral, de
l'amorce qui a été faite concernant nos prisons, M. le Président.
D'ailleurs, je pense
que c'est important de rappeler avant d'aller au sujet sur le centre de
détention de Leclerc qu'il y a quand même quatre autres prisons qui font
l'objet présentement de sommes considérables investies par le gouvernement. Donc, il y a le Centre de détention
de Roberval, on parle de 180 places. Il a été approuvé en février 2008 au Conseil du trésor et qui sera vraisemblablement
prêt à être opéré à l'hiver 2014, donc c'est très bientôt, M. le
Président. Ici, on parle de
115 millions de dollars. On a le Centre de détention d'Amos, qui, lui, est
pour 220 places, en février 2008, également
sous le précédent ministre; on parle de l'automne 2016, avec 125 millions de
dollars d'investissement. Je passe par-dessus
les centaines de milliers de dollars, M. le Président. Le Centre de détention
de Sept-Îles, quant à lui, 55
personnes, qui a été aussi approuvé en février 2008 par le Conseil du trésor
sera prêt à l'hiver 2016, pour un investissement total de
90 millions. Et Sorel-Tracy, le dernier centre de détention, on parle de
300, en nombre de places, qui a également
été approuvé en février 2008, il sera prêt à l'été 2016, et on parle de 174
millions de dollars, M. le Président. Et, dans les prochaines étapes, à
Roberval, la construction est en cours, à Amos la construction est en cours. Sept-Îles et
Sorel-Tracy, c'est la préparation du site qui est en cours. Et je tiens à
saluer, parce que, je me souviens, lors
de nos comités ministériels de travail, dont notre collègue faisait... pour
qu'on puisse approuver la réfection des prisons, les agrandissements des
centres de détention, dans un contexte budgétaire qui n'était pas toujours
évident non plus... Donc, je tiens à le féliciter, C'est tout à son honneur
d'avoir piloté ce dossier-là.
Évidemment,
lorsque le gouvernement fédéral a annoncé, en février 2012, la fermeture de l'Établissement Leclerc, dès le départ c'était une solution qui avait été
mise de l'avant sous l'égide de mon collègue de Beauce-Sud. Et vous
savez qu'on a une surpopulation carcérale qui est incroyable, on a vu des
reportages encore dernièrement, et la solution de Leclerc est vraiment ce qui
va répondre au problème de surpopulation carcérale.
Donc,
ce que je peux vous dire, c'est qu'il
y a certains travaux d'aménagement
qui sont nécessaires parce
qu'il y a une différence entre un centre de détention fédéral et un centre de
détention provincial, M. le Président. Les services correctionnels du Canada
vont accueillir en leurs murs, sans faire de mauvais jeu de mots, des gens qui
vont avoir des peines de plus de deux ans, et, dans les centres de détention du
Québec, c'est vraiment les personnes qui ont des sentences de moins de deux
ans, et les prévenus, ainsi que des peines discontinues. Ce qu'il faut savoir,
c'est que les infrastructures actuelles du Service d'admission de
l'Établissement de Leclerc ne peuvent pas permettre de répondre au volume d'activités quotidiennes qui sont liées
aux différents mouvements de la population carcérale provinciale. Parce que ce n'est pas tout à fait pareil, hein?
Lorsqu'on a une peine de 10 ans, ou de 15 ans, ou de 20 ans, on va occuper
le centre de détention ou la prison, si vous voulez, d'une manière différente
que lorsqu'on est là pour quelques mois. Il faut comprendre que présentement les travaux sont limités au minimum
nécessaire, tant pour les besoins opérationnels des services
correctionnels du Québec. Donc, on parle, exemple, d'ajout de parloirs
individuels au Service des visites. Je pense
que c'est important si on veut que les détenus et les prévenus puissent
continuer de communiquer avec les gens qui vont les voir. On dit également que les travaux qui sont requis sur le
bâtiment par la Société québécoise des infrastructures... un exemple qui est flagrant, M. le Président,
c'est le remplacement d'appareils sanitaires défectueux. Donc,
évidemment, vous comprendrez qu'il faut
prendre le temps de faire ces rénovations-là. Il faut dire aussi que les
services correctionnels du Québec
veulent augmenter la capacité de cet établissement pour répondre aux besoins de
places. Et, compte tenu de l'état de
notre surpopulation, bien, évidemment, on va prendre le temps de faire les
choses correctement. Il faut dire que les travaux vont faire en sorte qu'on va occuper de manière graduelle le
centre de détention Leclerc. Donc, à ce moment-là, ça veut dire que les employés et les personnes
incarcérées vont pouvoir intégrer l'établissement de façon progressive,
au fur et à mesure que les travaux seront complétés, et qu'on pourra accueillir
cette population-là, et je pense que c'est une excellente nouvelle en soi.
C'est
sûr que, M. le Président, je vous dirais que moins il y aura de gens en prison,
c'est parce qu'on vivra dans un monde
idéal où il n'y aura pas de faute de commise. Puis je pense que c'est le
souhait de tous ici. Si jamais... je pense que ce n'est pas notre voeu. Si je peux faire un comparable, M. le
Président : lorsqu'on regarde tous les accidents de la route et qu'on regarde les décès qu'il y a, liés, on a
travaillé beaucoup à faire de la prévention, on a baissé de manière
considérable les morts qui sont reliées aux personnes qui sont sur les routes.
Donc, je considère que plus on pourra aller investir au niveau de la prévention, lutter contre la criminalité, moins on aura
des gens qui viendront grossir la population carcérale. Et je pense que, tous gouvernements confondus, que ce
soit le gouvernement du Parti québécois, que ce soit nous, comme
gouvernement libéral, peu importe qui formera le gouvernement à l'avenir, si on
peut travailler sur la prévention pour éviter d'avoir une surpopulation
carcérale et que les gens se ramassent en prison, bien, pourquoi pas, M. le
Président? Et je pense que c'est important.
Puis
on voit que, lorsqu'il y a de l'intervention qui est faite auprès des jeunes
qui sont plus à risque dans les milieux plus pauvres, ou là où il y a
des gangs de rue, ça peut franchement contribuer à diminuer la criminalité
lorsqu'on s'en occupe plus tôt. Donc, la prévention aura toujours meilleur
goût.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Beauce-Sud.
M.
Dutil : Oui. Merci, M. le Président. Oui, effectivement, le
niveau d'incarcération, toutes les sociétés voudraient bien le diminuer à zéro, mais je pense que, dans
le monde, on se compare avantageusement aux autres sociétés. Je pense
que notre société n'a pas besoin d'incarcérer autant de gens qu'on le retrouve
dans certains pays pas très loin d'ici.
Ma deuxième question
porterait sur l'embauche du personnel. Ces centres de détention là vont
requérir des centaines de personnes, des centaines de nouvelles personnes. On
sait que la formation a été parfois un petit peu à la traîne au niveau des agents correctionnels. Ça s'est réglé depuis
quelque temps parce qu'il y a, je pense... d'abord, dans les conditions
de travail, les agents correctionnels ont une convention collective qui est un
attrait plus grand qu'il ne l'était pour attirer les gens qui veulent aller y
travailler.
Mais,
ceci dit, engager plusieurs centaines de personnes là, ça demeure un défi qui,
j'imagine, se fait en même temps que le travail de construction de ces
édifices-là.
Et
donc j'aimerais savoir de la part de la ministre si ce travail-là se
fait bien, si ça suit son cours et si, quand on va ouvrir évidemment les
centres correctionnels, c'est-à-dire bientôt, hein, pour plusieurs, vous avez
vu l'échéance qui a été mentionnée tout à l'heure par la ministre... Donc, si
on ouvre ces centres correctionnels là relativement bientôt, est-ce qu'on est bien préparés à avoir les agents
correctionnels qu'il faut et en quantité suffisante pour accueillir les
détenus et à faire le travail qui doit se faire correctement?
• (20 h 20) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Je vais répondre à la question de mon collègue, mais je
vais faire une précision sur la réponse précédente. Évidemment, le député de
Beauce-Sud, lorsqu'il était ministre de la Sécurité publique,
a contribué à faire avancer très rapidement le dossier, je vous ai mentionné
«2008», et, en 2008, c'était le député de
Saint-Laurent qui était le ministre de la Sécurité publique. Bien, je pense que
c'est important de rappeler que l'approbation du dossier d'affaires,
dans les centres correctionnels que je vous ai mentionnés... ont été approuvés
le 4 juillet 2012, le 19 juin 2013
et le 12 juin 2013, donc, sous l'égide du ministre de la Sécurité publique
de l'époque, le député de Beauce-Sud. Donc, on comprendra, parce que je
ne voudrais pas créer de quiproquo et je ne voudrais pas non plus enlever le crédit aux ministres qui ont
travaillé auparavant, donc, c'est un dossier qui avait été amorcé sous
Jacques Dupuis et qui a été terminé sous l'égide du député de Beauce-Sud.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci pour ces précisions.
Mme Thériault :
Merci. Concernant le recrutement de personnel, M. le Président, il est évident
qu'il y a des stratégies de recrutement qui
ont été déployées pour répondre aux besoins réguliers des effectifs en
minimisant évidemment les impacts pour les autres établissements de
détention.
Donc,
ici on parle, principalement dans les régions de Montréal, de Laval,
Laurentides et Lanaudière... J'ajouterai que le ministère de la Sécurité
publique s'est assuré aussi d'utiliser tous les moyens nécessaires pour
augmenter sa capacité à répondre aux besoins
générés par ce nouvel établissement, que des cohortes additionnelles
d'aspirants agents de services correctionnels du Québec ont été
déployées à l'École nationale de police du Québec pour répondre aux différents besoins. Donc, ça revient exactement à
ce que je vous disais lors de mes remarques préliminaires par rapport au
rôle de l'École nationale de police. Ce ne
sont pas que des policiers qui y sont formés, il y a également les agents de
services correctionnels.
Je
vous dirais que l'intégration du personnel va se faire de façon progressive, en
fonction des budgets alloués, évidemment. Donc, on ne mettra pas plus de
personnel qu'il n'en faut, tout dépendant comment on va avoir transféré les pensionnaires, M. le Président. Et je pense
qu'il est important d'ajouter que l'intégration du personnel va
impliquer un transfert de connaissances
ainsi qu'une adaptation de nos pratiques et des procédures en fonction du nouvel
établissement. Donc, je dirais, pour
employer un anglicisme, ça va prendre une période de rodage, M. le Président,
je pense que c'est important, pour
que les agents correctionnels puissent effectuer leur travail correctement,
pour que les relations demeurent harmonieuses entre les gens qui sont
dans nos centres de détention et nos agents qui y travaillent.
Donc,
il est évident que les ressources vont suivre. Je pense qu'on a tous pris
conscience qu'on a fait beaucoup pour le
milieu correctionnel au cours des dernières années, M. le Président, et c'est
évident qu'on ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Pour répondre à la
question du député de Beauce-Sud.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la
parole au député de LaFontaine en mentionnant qu'il reste
5 min 30 s.
M.
Tanguay : Oui. Merci, M. le Président. À mon tour de saluer les
collègues, de saluer également celles et ceux qui accompagnent la
ministre. Et on voit beaucoup, beaucoup, beaucoup d'organismes qui oeuvrent
évidemment sous la responsabilité de la
ministre, et c'est important, je pense, de prendre le temps de vous saluer, de
vous remercier d'être ici ce soir. Et
espérons-le, pour que demain vous puissiez, le cas échéant, vaquer à vos
occupations, que vous puissiez avoir l'occasion ce soir peut-être de
répondre à des questions précises qui vous concerneront. Parce que demain,
techniquement et en pratique également, nous allons continuer l'étude des
crédits.
Mais
je pense que c'est important, comme parlementaires, de constater le geste que
vous posez ce soir, qui n'est pas anodin, qui est important, de venir
répondre aux questions. Et je suis persuadé que tous les organismes que vous représentez auront, chez évidemment les députés de
la banquette ministérielle mais également les députés de la première
opposition, les députés de la deuxième opposition, un intérêt tangible et que
ça se traduira par des questions qui vous seront posées. Et merci, bref, d'être
ici ce soir. C'est important de le souligner.
La ministre, M. le
Président, fait état évidemment de l'établissement de détention Leclerc de
Laval. Quand on regarde tout ce qui entoure
ce projet qui n'est pas anodin, qui est majeur, il est important de reconnaître
également qu'il y a une préparation au-delà
de l'édifice, au-delà des murs, et il y a une préparation également quant à la
vie qu'il y aura à l'intérieur de cet
établissement-là. Ça veut dire évidemment de développer, de concevoir, de
développer, parce qu'on ne peut pas rien échapper, des partenariats,
partenariats évidemment avec les employés, donc qui dit «employés» dit
«syndicat»; partenariats également avec les organismes qui gravitent autour de
l'établissement de détention. On fait référence... et j'aimerais entendre la
ministre là-dessus, sur les organismes qui touchent évidemment les organismes communautaires. Il y a également, au niveau de la
formation, celles et ceux qui vont venir travailler... qui
travailleront, devrais-je dire, dans ce centre. Comment faisons-nous pour
arrimer le besoin identifié et être opérationnels le jour un? Alors, évidemment, formation, entente avec les
syndicats, le cas échéant, par la suite, au niveau du ministère de la Santé et des Services sociaux, nous devons évidemment faire en sorte
qu'il y ait un arrimage, et, par la suite, les organismes communautaires
qui évidemment oeuvrent et qui gravitent autour d'un tel centre, ce n'est pas
anodin.
Alors, peut-être, M.
le Président, sous deux vocables, j'aimerais, au niveau de l'état d'avancement
des travaux de l'établissement de détention
Leclerc de Laval, sous deux vocables, le premier, au niveau des
infrastructures... si elle peut nous donner
quelques précisions. Elle en a touché mot un peu plus tôt. Et également, en ce
qui a trait à ce que je pourrais appeler les partenariats, j'aimerais
entendre la ministre à cet effet-là pour savoir, pour connaître le niveau
d'avancement des partenariats qui sont nécessaires à ce nouvel établissement.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de LaFontaine. Mme la ministre, en mentionnant qu'il reste
à peine deux minutes pour la réponse.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je pense que, d'entrée de
jeu, ce qu'il est important de mentionner aussi, c'est que le centre Leclerc, c'est une location que le ministère de la
Sécurité publique fait, et ça, c'est la première fois que le Québec fait
ça.
On a jugé bon, plutôt que de construire un
nouveau centre de détention pour régler les problèmes de surpopulation carcérale... Vous comprendrez qu'à
partir du moment où on a la possibilité de profiter des installations ou
qu'il y a quand même certaines
installations, bien qu'elles doivent être adaptées, ça vaut la peine vraiment
d'en profiter. Donc, ça, c'est la
première chose, c'est qu'il y a un partenariat qui est fait vraiment avec le
gouvernement fédéral pour qu'on puisse signer avec eux un contrat de
location. Il y a des ententes de partenariat, il est vrai, qui sont en cours de
réalisation, parce que je pense que c'est important d'offrir certains services
à la population.
Lorsque je vous ai parlé du rôle des centres de
détention, je vous ai parlé aussi de la réintégration au niveau de la société,
M. le Président. Et il y a des ententes qui sont faites, notamment avec le
ministère de l'Éducation, des Loisirs et du Sport. Donc, on parle ici de la
commission scolaire de Laval qui va déployer des services éducatifs et de
formation dans le centre, donc, ce qui va permettre vraiment, le temps que les
gens sont là, de pouvoir avoir accès à de la
formation. Il y a également une entente avec le ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale qui, cette fois-ci... on parle des services
d'employabilité, parce qu'on sait que la réinsertion sur le marché du travail,
elle est également très importante. Il y
aura une autre entente avec le Centre de santé et de services sociaux de Laval
pour mettre en place les soins de santé qui sont nécessaires. On sait
que, très souvent, les gens qui sont dans nos centres de détention ne sont pas
en très bonne santé. Donc, c'est une entente qui est importante aussi.
Et je ne peux
passer sous silence non plus, M. le Président, puis je vais terminer là-dessus,
qu'il y a des organismes communautaires
qui ont des contrats avec les services correctionnels justement pour offrir
différents services à la population, mais surtout en lien avec la
réinsertion sociale.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Ça met un terme à ce bloc de questions. Je cède maintenant la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition, le député de Chutes-de-la-Chaudière. Vous
disposez de 19 minutes pour ce bloc d'intervention.
M. Picard :
Merci, M. le Président. J'aimerais savoir de la ministre, M. le Président, s'il
existe un plan d'action que doivent suivre les gestionnaires
d'établissement de détention lorsqu'il y a une évasion, tout simplement. Donc,
la question est très simple, je m'attends à une réponse assez rapide.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Bien, M. le Président, vous comprendrez qu'en
principe il n'est pas supposé d'avoir d'évasion dans les centres de
détention, donc il n'y a pas de plan d'action pour les gestionnaires comme
tels.
Il est évident qu'il y a certains protocoles qui
doivent être déployés à partir du moment où il y a une personne qui va s'évader. Donc là, évidemment, oui, il y a
un protocole, qu'est-ce qu'on fait en premier, il y a une chaîne de
commandements, à qui on parle en premier, quand est-ce qu'on avise la police,
quand est-ce qu'on avise le ministère de la
Sécurité publique, qu'est-ce qu'on met en branle en premier. Il y a tout un
protocole, évidemment. Comme, si je vous
parlais d'AMBER, c'est la même chose. À partir du moment où il y a une
disparition d'enfant qui est signalée, il y a un protocole qui a été mis sur pied, donc la personne en autorité doit
déployer ce protocole. Donc, je vous dirais, a plus b est égal à c,
puis, plus d, est égal à e. Mais il y a toute une chaîne, là, de commandements
à donner, si vous voulez, et ça, c'est vraiment sous l'autorité des personnes
qui sont au centre de détention ou la personne qui est la plus en autorité. J'imagine que, si le directeur ou la directrice du
centre n'est pas présent, sur place au moment où il y a une évasion, ça
fait partie des premières personnes qui sont
contactées, mais j'imagine qu'on appelle aussi la police en premier pour
dire : On a... Mais, oui, il y a un protocole.
C'est évident
qu'il y a un protocole d'intervention. Mais vous comprendrez, M. le député, que
je ne répondrai pas dans le micro, devant tout le monde, quel est le
protocole d'intervention, parce qu'il y a des gens malintentionnés qui écoutent
nos travaux, qui pourraient très bien dire : Voici le temps d'intervention
que je dispose à partir du moment où les policiers sont avisés et que la chasse
à l'homme est partie. Mais par contre je peux suggérer à n'importe quel parlementaire ici qui voudrait avoir vraiment une
rencontre plus pointue sur quels sont certains protocoles : à partir
du moment où ça ne met pas en péril la
sécurité, ça nous fera plaisir de vous donner cette information-là. Moi, j'ai
une grande confiance en les capacités
du député de Chutes-de-la-Chaudière et je suis convaincue que vous n'êtes pas
mal intentionné lorsque vous me posez
la question. Vous voulez vous assurer qu'il existe un protocole, et, je vous
rassure, il en existe bien un.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Picard :
...rassurer, Mme la ministre, là. Au moins, il y avait un protocole ou un plan
d'action. Je comprends que «protocole», c'est peut-être le meilleur terme.
Et je suppose qu'il a été suivi à Orsainville? Question.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Thériault : M. le
Président, vous comprendrez que, lorsqu'on parle d'Orsainville, on parle de
tout ce qui regarde Me Bouchard. Donc, on
peut supposer, on peut imaginer, on pourrait répondre hypothétiquement, mais
vous comprendrez que je ne veux pas entrer ou aller sur ce terrain-là.
Et je comprends que votre
question est importante, mais je pense que vous comprenez également, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, la
préoccupation que j'ai à ce moment-ci. Et je suis convaincue... Puis, de toute
façon, si jamais ce protocole-là n'a pas été
respecté, ça sera fait état dans le rapport de Me Bouchard. Et, je vais le
répéter, M. le Président, puis je
pense que c'est important que les gens entendent, je n'ai rien à cacher. Et on
aura toute l'information en temps et lieu, et ça me fera plaisir de la
rendre publique, M. le Président, si vous saviez comment, parce que je suis convaincue
que notre rôle, comme parlementaires, c'est d'avoir des réponses à vos
questions. Oui, mon rôle, comme ministre,
c'est, à partir du moment où je sais qu'il y a une situation qui est
inacceptable... mon rôle, c'est de prendre mes responsabilités pour
corriger cette situation-là. Et la protection du public, c'est ce qui m'anime,
comme ministre de la Sécurité publique.
Donc, vous comprendrez que, si je peux protéger les citoyens et éviter qu'il y
ait d'autres personnes dangereuses qui s'évadent, je vais le faire avec
un grand plaisir, M. le Président. Et ce n'est pas de la mauvaise foi de ma
part, là, et je sais que le député ne pense pas du tout que je suis de mauvaise
foi.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Picard :
Vous dites que le rapport de Me Bouchard va être rendu public. Est-ce que vous
prenez l'engagement que ce rapport va être étudié en commission
parlementaire, contrairement à ce que M. le premier ministre a dit? Ça portait à confusion. Il a dit : Il va être
étudié en commission parlementaire selon les recommandations qu'il y aura
dedans, là. Pour la transparence, on
repassera un petit peu, là, parce qu'on dit : Il va être en commission ou
il ne le sera pas, là, pas si... Je
comprends... je décode, plutôt, que, s'il y a une bonne partie du rapport qui
vise le Parti québécois pour Saint-Jérôme, là on va aller s'amuser en commission parlementaire, mais les citoyens
veulent comprendre qu'est-ce qui s'est passé dans les deux
établissements, peu importent les recommandations de Me Bouchard.
Est-ce que vous prenez l'engagement à ce qu'une
commission parlementaire étudie ce rapport?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Mme la ministre.
Mme Thériault : M. le
Président, ce n'est pas une question de volonté par rapport à la transparence
ou pas. Il faut comprendre que, dans le rapport de Me Bouchard, il risque d'y
avoir des informations sensibles qui pourraient remettre en question la sécurité de nos centres de détention. Et mon
souci numéro un, c'est de protéger nos centres de détention et de ne pas
donner de l'information sensible qui pourrait se ramasser sur la place
publique.
Ceci étant dit, j'ai confiance en Me Bouchard.
Me Bouchard, là, O.K., je pense qu'il n'y a pas personne ici, il n'y a
pas aucun parlementaire qui peut remettre en cause la crédibilité ou les
sentiments qui l'animent lorsqu'il a décidé d'accéder
à ce mandat-là. Chose certaine, il y
a des questions qui méritent des
réponses. Le premier ministre, ce qu'il a répondu en Chambre, c'est que, puisque ce sera public, il sera connu des parlementaires. On n'a pas besoin de faire une commission parlementaire, et
je ne peux pas prendre cet engagement-là. Vous savez très bien, tout le monde le sait, j'ai été députée, les mandats, ce sont les députés
membres des commissions qui se donnent des mandats d'étude, de surveillance.
Comme les membres de la Commission des institutions ici, ce sont eux qui vont
décider ce qu'ils font avec les rapports,
exemple, d'assemblée générale annuelle, ou de la RACJ, ou de n'importe quel des
organismes qui sont sous ma responsabilité. Vous pouvez vous donner un
mandat de surveillance, et convoquer ces organismes-là, et leur poser toutes
les questions que vous voulez.
Mais, en ce qui
me concerne, le rapport sera public, et je prends l'engagement de vous dire
qu'il sera public, par contre que l'information sensible, elle, qui
pourrait compromettre la sécurité de nos centres de détention ne sera pas
accessible. Et je pense que c'est correct aussi parce qu'on se doit de protéger
nos centres de détention.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Seulement pour bien expliquer à la population qui nous
écoute, là. Lorsque la ministre dit qu'une commission parlementaire peut
se donner un mandat, il faut comprendre que nous vivons avec un gouvernement majoritaire, donc le gouvernement
libéral va décider si le mandat est donné en commission parlementaire ou
non, là. Mais, en tout cas, ça, c'est mon éditorial, juste pour bien situer.
Là, je vais
vous amener sur les zones aériennes exclusives au-dessus des établissements de
détention. Je voudrais que vous m'expliquiez comment ces zones-là vont
permettre de réduire les risques d'évasions héliportées.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Thériault : Oui. M. le
Président, juste une petite remarque concernant ce que vous avez dit par
rapport avec le rapport : il sera
public et connu de tous les parlementaires et de tous les citoyens au Québec.
Donc, je pense que les gens sont capables aussi de se faire une tête
là-dessus. Puis, vous savez, là, moi, là, je ne suis pas fermée, M. le Président, comme ministre. J'ai des
responsabilités. J'ai très bien compris que notre premier ministre a dit qu'il
voulait qu'on travaille en collégialité, que nous sommes des collègues, peu
importe la formation politique dont nous sommes issus, et je n'ai absolument
aucun problème de travailler en toute collégialité avec mon collègue le député
de Chutes-de-la-Chaudière à partir du moment où il veut améliorer les choses.
Si c'est faisable, je ne vois pas pourquoi je dirais non. J'ai toujours été
très conciliante là-dessus et je tiens à l'assurer de ma collaboration sur ce
sujet-là.
Concernant
les zones aériennes d'exclusion, la question, elle est tout à fait pertinente,
M. le Président, je serai prudente dans
mes propos parce que les zones aériennes font aussi partie du processus, si
vous voulez, ou du mandat de Me Bouchard. Par
contre, il est vrai de dire qu'une zone aérienne d'où on exclut les avions, les
hélicoptères, tout ce qui est dans le ciel
ou qui survole l'espace aérien d'une prison ou d'un centre de détention, ce que
ça fait, c'est que ça permet de déceler l'indécelable.
Je m'explique. Si tous les objets volants
survolent un centre de détention, c'est normal, ça fait partie du paysage, on s'attend à voir des avions, on
s'attend à voir des hélicoptères, ce n'est pas anormal, parce qu'ils ont le
droit de survoler présentement l'espace
aérien des centres de détention qui sont sous la responsabilité du
Québec. Vous conviendrez tous, et ceux qui
nous écoutent, à partir du moment où il y a des zones d'exclusion, on ne voit
plus d'avions, on ne voit plus
d'hélicoptères dans un périmètre donné qui va couvrir le centre de détention et
une certaine zone qui est un peu plus
grande. Bien, il est évident qu'à partir du moment où on voit un hélicoptère ou
qu'on voit un avion ou un objet volant qui est non identifié, qui n'a
pas d'affaire là ça allume des lumières automatiquement et ça peut donner, dans
les délais de réaction de l'agent
correctionnel qui va voir quelque chose d'inhabituel dans le ciel... ça va
toujours bien allumer une lumière.
S'il y avait eu des zones d'exclusion vis-à-vis nos centres de détention, à
partir du moment où on voit quelque chose, on allume, c'est évident.
Dans le
constat que je peux faire, je ne vous
dis pas qu'en ayant des zones aériennes d'exclusion on n'aurait pas eu
l'évasion. Et c'est faux de le prétendre, là. Je pense qu'on a tous vu les
reportages aussi. Ça ne règle pas le problème. Il y a d'autres choses à prendre comme solutions. Ce que
ça permet de voir, c'est de déceler et d'augmenter la capacité, le temps
de réaction pour les agents qui sont témoins de choses qu'ils, en temps normal,
ne verraient pas.
• (20 h 40) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Est-ce que je
peux connaître le temps qu'il me reste?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Oui, huit minutes.
M. Picard : Merci. Tout comme mon collègue de Matane,
j'ai été choqué d'entendre vos propos à la radio lorsque vous avez dit qu'il
y a des gens qui vous avaient menti. C'est une accusation grave. Surtout en
tant que ministre, je ne sais pas comment
vous faites pour vivre avec ça maintenant,
lorsque vous dites qu'il y a
des gens qui vous ont menti... Donc,
je ne sais pas qui. Vous, vous le savez si vous l'avez dit. Et ma question est
très simple, mais je sais que, si je vous demande qui vous a menti, vous
ne me le direz pas. Allons-y a contrario, là. Est-ce que la personne qui vous a
menti est dans la salle, ici?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Thériault : M. le
Président, je dois dire que j'apprécie particulièrement la question du député
des Chutes-de-la-Chaudière, je trouve qu'il a une manière tout à fait adorable d'apporter sa question, mais, M. le Président, vous
comprendrez que je n'y répondrai pas plus. Mais je le trouve toutefois
très original, et ça permet vraiment
d'avoir un ton qui est très serein dans cette commission-là, et je vous avoue
que ça me fait beaucoup de bien. Mais je sais qu'il n'est pas mal intentionné
non plus. Je comprends qu'il veut avoir des réponses à ses questions, M. le
Président, mais vous comprendrez que je ne peux pas lui répondre, et je trouve
ça excessivement malheureux. Mais Me Bouchard a un mandat et Me Bouchard fera état, et, à partir du moment où le rapport
de Me Bouchard sera rendu public, ça répondra aux questions de mon
estimé collègue le député de Chutes-de-la-Chaudière. Mais c'est un bel essai,
je le félicite.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Picard : On va se ressayer, qu'est-ce que vous voulez, M. le Président. Mais, sérieusement, à l'Assemblée nationale, à la dernière
journée, j'ai présenté une motion que le Parti libéral a appuyée,
disant que vous réitériez votre confiance
au sous-ministre, M. Prud'homme, au directeur de la Sûreté du Québec et aussi à Mme Beausoleil, des Services correctionnels. Ça, je
comprends que vous avez toujours confiance en ces personnes?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...
Mme Thériault : ...je pense
que ce que le député me demande de faire, c'est de me prononcer sur une motion qui a déjà été votée à l'Assemblée
nationale la semaine passée. Et je pense que sa question est tout à fait
pertinente, mais il faut quand même... il faut être sérieux, là. La motion a
été apportée la semaine passée et elle a été adoptée. Donc, je comprends
peut-être mal sa question, mais il me semble que ça parle tout seul, M. le
Président.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Une question
administrative, Mme la ministre, là, afin de bien comprendre l'évolution des
dépenses de l'État et s'assurer une comparabilité de celles-ci. Êtes-vous en
mesure de nous fournir les dépenses consolidées — consolidées, là, c'est le ministère avec
tous les organismes que vous avez présentés au début — les dépenses consolidées 2012‑2013 de l'ensemble de votre ministère et son taux de
croissance, deuxièmement, les dépenses consolidées, j'insiste, probables pour 2013‑2014 et son taux de
croissance et ainsi que les dépenses consolidées prévues pour l'exercice
2014‑2015 et son taux de croissance?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la...
M. Picard : Vous pouvez
prendre quelques minutes.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Vous avez terminé votre question, M. le député?
M. Picard : Oui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, évidemment, le collègue des
Chutes-de-la-Chaudière pose des questions qui portent sur trois années financières différentes. Vous comprendrez que
j'arrive, ça ne fait pas tout à fait deux mois que je suis là. Nous
avons une équipe de sous-ministres qui sont vraiment très compétents, au
ministère, et j'ai Mme Liette Larrivée qui est ici, qui pourrait certainement
vous donner une amorce de réponse. Et je peux vous dire qu'à défaut d'avoir votre réponse complète — vous parlez de chiffres, vous parlez de
reddition de comptes, ce sont des chiffres qui sont publics, ce sont des fonds publics que le ministère utilise — je n'ai absolument aucun problème, si Mme
Larrivée ne peut pas vous transmettre de facto, immédiatement, les informations que vous voulez, qu'on puisse vous les
transmettre un peu plus tard. Moi, je n'ai pas de problème avec ça. On va les
transmettre à la commission, s'il y a lieu.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Parfait. Alors, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : M. le Président,
oui, ce serait...
Mme Thériault : M. le
Président, oui, je m'excuse, c'est parce que madame a certainement une portion
de la réponse que vous désirez.
M. Picard : Non, mais
j'aimerais avoir les trois en même temps. Soit que...
Mme Thériault : Vous voulez
les trois en même temps?
M. Picard : Oui, si possible.
Là, on pourrait peut-être nous les donner demain matin. Mais je tiens à
préciser que, si je pose cette question ici,
c'est que nous avons fait la demande au Conseil du trésor, et le Conseil du
trésor nous a référés à chaque ministère. Donc, ça aurait été beaucoup
plus simple si le Conseil du trésor avait démontré plus de volonté, oui.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Peut-être juste pour... M. le
député, juste pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. Est-ce que le fait que
l'information soit fournie demain, ça vous satisfait? M. le député?
M. Picard : Oui, ça va.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ça vous va? Donc, demain matin, on pourrait avoir cette information complète.
M. Picard : O.K. Donc, on
s'entend, pour demain matin?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, est-ce que
demain matin on peut avoir l'information, là, la réponse à la question?
Mme Thériault : Ce qu'on
m'indique, c'est qu'on semble avoir deux années sur trois seulement avec nous et que, pour demain matin, il y aura la troisième
année. Donc, on va tout vous remettre demain sans aucun problème. C'est
des chiffres, hein, je vous l'ai dit, c'est des fonds publics, on n'a rien à
cacher, nous, pas de problème.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière, il vous reste deux minutes.
M. Picard :
Deux minutes. Mme la ministre, quelles sont les mesures d'économie qui seront
mises en place en 2014‑2015, qui permettront de diminuer le budget de la
Sûreté du Québec de 32 millions?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Thériault :
Oui. M. le Président, c'est sûr que la première des choses qu'on a faites,
c'est qu'on a demandé de geler l'enveloppe d'embauche, première des choses.
Donc, l'enveloppe, là, il y a comme une nuance, là : il y a un gel d'embauche, puis on est à l'intérieur de la même
enveloppe, donc ce qui veut dire qu'il faut faire plus avec moins d'argent. Il faut
tenir compte des augmentations salariales pour payer nos gens, évidemment.
Donc, on va revoir de manière systématique, à chaque fois qu'il y a
quelqu'un qui va quitter ou quand il y aura deux personnes... dans quel cadre d'emploi pour voir comment on peut
réaménager des employés qui sont sous la responsabilité du ministère de
la Sécurité publique. Je vous ai parlé tout
à l'heure du millier de personnes qu'on avait. Je vous ai dit également qu'il y
a une portion de la réponse parce qu'il y a
50 % du budget qui relèvent de la Sûreté du Québec. Ils sont tributaires
de leurs décisions dans la plupart
des cas, évidemment. Il y a des lignes directrices qui sont données. Ils n'y
échappent, là. Mais ils doivent, eux
aussi, contribuer à l'effort budgétaire. Et il y a la moitié de l'argent de mon
ministère qui est chez nous, qui est dans le ministère, avec tous les
organismes, et l'autre moitié qui est à la Sûreté du Québec.
Donc,
évidemment, il y aura des efforts à faire tout partout. Moi, je pense qu'avec
les nouvelles technologies, entre autres,
c'est certainement des endroits où on peut sauver de l'argent. Il faut regarder
également que, dans le ministère de la
Sécurité publique, il y a beaucoup d'achats d'équipement, beaucoup d'achats,
exemple, d'uniformes. Et on peut reporter certains achats dans le temps
sans nuire aux opérations. Donc, il y a une évaluation qui est faite, de tout,
de chaque dollar qui est dépensé par le
ministère. Est-ce qu'on peut garder plus longtemps les ordinateurs? Est-ce
qu'on peut ne pas changer le mobilier? Le garder plus longtemps? Est-ce
qu'on peut couper dans les voyages? Oui, la réponse est oui. Est-ce qu'on peut
couper dans les contrats qu'on va donner en publicité, en imprimerie? Plutôt
que d'imprimer du quatre couleurs «process»
puis de faire une foule de copies, est-ce qu'on peut faire moins de couleurs?
Est-ce qu'on peut aller dans du deux couleurs pour imprimer des
documents?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci...
Mme Thériault :
Oui. Il y a une foule d'endroits où on peut aller chercher les sous.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, Mme la
ministre. Ça met un terme à ce bloc d'intervention. Je me tourne
maintenant vers les députés ministériels et le député de Vimont, pour un bloc
de 19 minutes.
• (20 h 50) •
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Mme la ministre, collègues.
Et je voudrais juste saluer effectivement tous les gens qui sont dans la salle. À la place d'être
chez vous avec votre famille, vous êtes ici. Bien, merci de faire cet
exercice-là.
Le
8 mai 2013, le gouvernement alors au pouvoir annonçait la mise en
place de la Commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012 afin de dresser un portrait global des
événements survenus au Québec et de formuler des recommandations visant à éclairer le gouvernement sur les manières de
détecter les signes avant-coureurs d'éventuels troubles sociaux et sur les meilleures façons d'y réagir pour maintenir
la paix sociale à l'avenir. La Commission spéciale devait déposer son rapport au plus tard le
20 décembre 2013. À cette époque, le gouvernement avait indiqué que
les coûts associés à la mise en place et aux travaux de cette commission
seraient de l'ordre de 400 000 $. Grosse somme.
Depuis
le décret de la constitution de la Commission spéciale d'examen, son décret a
été modifié à deux reprises :
une première fois, le 29 mai 2013, pour permettre la tenue de séances publiques
si ses membres en décident ainsi; et une deuxième fois, le 11 décembre
2013, pour prolonger son mandat jusqu'au 31 mars 2014.
Le
rapport été critiqué par les médias, et plusieurs intervenants du milieu
policier aussi l'ont critiqué. Dans un article de La Presse,
Lysiane Gagnon écrivait : «"On peut dire qu'ils en ont fumé du
bon!" Dixit Yves Francoeur, le président
de la fraternité des policiers de Montréal, qui réagissait au rapport Ménard.
Il y a en effet de quoi rire à la lecture de la recommandation qui
suggère que les policiers soient équipés [de] dictaphone pour enregistrer les
circonstances qui motiveraient le recours à la force.» Imaginez-vous, là :
«Ici le matricule 2345, il est minuit et demi, je suis [sur la] rue
Saint-Urbain, [les] manifestants qui paraissent être [des] membres du Black
Block se ruent vers moi, [puis] ils commencent à me lancer des briques.»
Imaginez-vous, là. Ça prend-u un carnet avec ça?
Le
travail policier n'est pas nécessairement facile. Moi, je viens d'une famille
de trois générations de policiers et moi-même, j'en ai vécu, des
événements pas nécessairement faciles. Puis, quand que ces événements-là
arrivent, des événements malheureux, tu n'as pas nécessairement la tête au
bloc-note puis tu n'as pas nécessairement la tête... Premièrement, tu es un
être humain, tu essaies de t'en sortir, de un, et après ça, bien, tu essaies
aussi de protéger la population, donc, qui
est ton mandat. Donc, pas nécessairement évident. Et, en étant un humain,
automatiquement, ton stress augmente.
C'est bien beau que tu aies eu la formation que tu voudras, tu es un être
humain et tu essaies de réagir selon le mieux que tu peux. C'est sûr que la formation aide énormément, et je le
sais, que l'École nationale de police est là pour ça, une école, en
passant, que je respecte énormément.
La
commission d'enquête sur les événements du printemps rouge recommande d'autres
mesures plus sensées, susceptibles de concilier le droit de manifester
et le contrôle des foules. Mais plusieurs sont des généralités ou des voeux pieux
qui ne valent pas les 800 000 $ qui ont coûté cet exercice.
Mme la ministre,
pouvez-vous indiquer quels sont les coûts réels de cette commission? Puis les
informations révélées publiquement semblent indiquer qu'ils seraient nettement
plus élevés que ceux annoncés publiquement. Pourriez-vous nous éclairer
là-dessus, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de Vimont. Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, évidemment le député a raison
de dire que le décret a été modifié pour modifier les montants d'argent qui sont imputables à la commission des
événements du printemps 2012, M. le Président.
Ce
qu'il m'est permis de dire, c'est que j'ai un détaillé ici que je peux
déposer — je le
déposerai, ça ne me dérange pas — que ce document-là est tiré
d'une demande d'accès à l'information qui a été faite par le Service de
recherche du Parti libéral du Québec alors que nous étions dans l'opposition.
C'est ça?
Une
voix : ...
Mme Thériault :
Oui. Donc, ce sont des chiffres qui ont été obtenus par l'accès à
l'information.
Je vais juste
m'assurer par contre, parce que je pense que ça, je veux être certaine... Si on
nous a transmis ça, j'imagine que le contenu
est correct, donc on pourrait le déposer. Mais je pourrais vous ventiler
certains grands cadres de dépenses.
Donc, effectivement, la commission devait coûter au départ 450 000 $.
Au final, de fonds publics, avec des montants
facturables et payables et des chèques, on parle de 843 000 $, et
c'est sans compter le temps qu'ont mis plusieurs employés du ministère de la Sécurité publique, parce qu'évidemment, les
fonctionnaires, on les paie pareil. Leur chèque de paie est passé, on comprendra, dans les coûts
d'opération du ministère de la Sécurité publique, mais il y a quand même
des gens qui ont travaillé de près avec les gens du rapport Ménard.
Donc, les chiffres
que je peux vous fournir de façon plus détaillée. Dans le fonctionnement, il y
a eu : frais de déplacements, repas,
hébergement concernant les commissaires et témoins de la commission, on parle
de 3 250 $ et des poussières; la location des locaux,
41 820 $; les fournitures, 425 $ — vous comprendrez que
je passe par-dessus les sous, O.K., je passe
par-dessus les petites poussières; les affaires publiques, on parle de
3 973 $; les audiences
publiques, CSPQ, j'imagine que c'est le Centre de services partagés du Québec, 52 500 $; les frais de transcription,
12 600 $; les divers abonnements, revues de presse, on parle
de 1 139 $; les honoraires des membres de la commission, là on parle
de M. Ménard, Mme Carbonneau et M. Grenier, le total s'élève à
426 786 $; la location de photocopieurs, 4 975 $; télécommunications et téléphonie, 8 213 $; ressources
contractuelles, on parle de 100 350 $; là-dedans, il y a
une personne pour des services de relations publiques,
58 396 $; Hunt, qui est une agence de personnel, contrat de
secrétariat de 29 364 $; Randstad,
qui est aussi un contrat de secrétariat, 8 190 $; et un conseiller technique pour un montant de
4 400 $.
Donc, le sous-total
des frais de fonctionnement, incluant les salaires... sont à
656 033 $. Il y a eu en plus rémunération
des occasionnels, donc un agent de secrétariat et quatre agents de recherche et
de planification socioéconomique qui, à eux, totalisent le montant de
186 896 $. Donc, c'est pour un total 842 930 $, et je passe
par-dessus les sous, évidemment.
Donc, je vais juste m'assurer... parce
que j'ai des informations nominales là-dessus et je
veux être sûre qu'on peut déposer le
document. Mais je m'engage à déposer cette feuille-là demain, puisque c'était
une feuille qui servait pour mes notes, évidemment.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Très bien. Merci. M. le député de Vimont.
M. Rousselle :
Vous avez parlé de 426 000 $ en honoraires, membres de la commission.
C'est du salaire, ça. C'est-u pour les trois personnes qui étaient les trois
membres de la commission?
Mme
Thériault : M. le Président, pour répondre à la question du
député de Vimont, oui, les 426 000 $, c'est pour les honoraires des trois membres de la commission.
Et les ressources des occasionnels, on parle de 186 896 $, plus
les ressources contractuelles qui sont à 100 000 $. Donc, si on prend
juste les salaires qui ont été versés : 426 000 $, plus
100 000 $, plus 186 000 $. Donc, essentiellement, on a fait
travailler des gens.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Écoutez, je trouve ça incroyable de dépenser de
l'argent comme ça, là, parce qu'on a tellement besoin d'argent ailleurs
que là. Incroyable! Le décret n° 472...
Une voix :
...
M. Rousselle :
Pardon?
Une voix :
...
M. Rousselle :
Le décret n° 472-2013 du 8 mai 2013 constituant la Commission
spéciale d'examen des événements du
printemps 2012 prévoyait un mandat large. Il y était notamment précisé qu'il y
avait lieu de faire la lumière non seulement sur les interventions
policières, mais sur l'ensemble des événements du printemps 2012.
Parmi les aspects
pouvant être examinés, en plus des techniques utilisées par les forces
policières, étaient spécifiquement mentionnés les méthodes employées par les
agitateurs lors des manifestations, les impacts notamment économiques des événements,
l'effet des manifestations sur le sentiment de sécurité de la population et
l'impact de l'utilisation des médias sociaux sur les activités de contestation.
Le
président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal,
Yves Francoeur, a accusé le président de la commission qui s'est penchée sur le printemps érable d'avoir
déjà écrit les conclusions de son rapport, en déclarant en ouverture
des travaux de la Commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012
«que les événements de 2012 [ont] amené une
profonde crise de confiance du public envers la police». Serge Ménard «fait la
démonstration que les conclusions de son
rapport [sont] déjà écrites», a dénoncé M. Francoeur par communiqué. La
fraternité a toujours refusé de participer à la commission, qui est
qualifiée de bidon par son président.
Le
rapport de la commission spéciale d'examen étant désormais officiellement
déposé, considérez-vous que cette dernière a pleinement réalisé le
mandat qui lui avait été confié?
• (21 heures) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Thériault :
Oui. Merci, M. le Président. C'est sûr que je vais répondre à la question du
député, M. le Président, mais je vais me permettre de partager une réflexion ou
une observation.
C'est évident que, quand le précédent
gouvernement a décidé de mettre sur pied cette commission-là, on l'a décriée, je l'ai décriée, le député de Marguerite-D'Youville
qui à l'époque était le critique l'a décriée également. Je pense que
c'est important de dire qu'on n'était pas les seules personnes à décrier cette
commission-là, M. le Président, et qu'il y
avait d'autre monde qui disait que ça n'avait pas de bon sens. Il y avait la
Ligue des droits et libertés, les syndicats, les associations qui représentent les diverses forces policières, dont
la Fraternité des policiers, la fédération des policiers municipaux,
l'association des policiers provinciaux. Même l'ASSE a décrié cette
commission-là. Et il est vrai de dire qu'il
y a plusieurs personnes qui n'ont pas participé parce qu'on savait tous que les
conclusions étaient écrites d'avance, puis
ce qu'on voulait faire, c'était le procès du Parti libéral et de la gestion du
gouvernement libéral dans ce dossier-là, M. le Président. Donc, vous
comprendrez que je trouve qu'il y a un parallèle intéressant à faire par
rapport au mandat qui a été confié à Me Bouchard concernant tous les événements
qui entourent les évasions qu'on a vues au cours des 15 derniers mois. Et il est évident que je ne veux pas écrire les
conclusions d'avance non plus et qu'il serait très mal venu pour moi de le faire. Donc, il y a un parallèle
qui est intéressant, parce que, lorsqu'on a vu arriver effectivement le
rapport de Me Ménard, il y a plusieurs questionnements qui sont venus
spontanément. Et c'est sûr que moi, je partage l'avis des personnes qui ont
également décrié la tenue de cette commission-là.
Je pense que
c'est important d'avoir voulu faire la lumière sur les événements du printemps
2012. Je n'ai pas de problème avec
ça. Là où je suis un peu plus mal à l'aise, c'est qu'on ne se soit pas attardé
à certains aspects, comme vous l'avez dit, au niveau des conséquences
économiques. Tous les gens qui sont au centre-ville... J'ai été moi-même au centre-ville quand il y a eu des manifestations
puis je peux vous dire que l'ambiance et le taux de présence des gens
dans les restaurants, je vais le dire comme
ça, n'étaient pas comme ils auraient dû l'être en temps normal. On a tous vu
qu'il y avait des embouteillages monstres, qu'il y a eu beaucoup de
vitrines de commerces qui ont été saccagées. On n'a pas de chiffre par rapport aux retombées économiques. Je
m'interroge également et je ne suis pas la seule à le faire. Moi, je
peux vous dire qu'à l'époque j'étais
ministre du Travail et que je recevais énormément de courrier et de messages
des employés syndiqués qui étaient totalement horrifiés de voir que
leurs cotisations syndicales servaient à former les manifestants, les étudiants, à louer des autobus par les
syndicats. Et, malheureusement, c'est tout un volet qu'on ne retrouve pas
dans le rapport, et il y a des questionnements qui sont légitimes.
J'imagine que, quand tu as un mandat politique
qui est donné par le politique à des politiciens, bien ça donne un rapport
purement politique, et c'est, malheureusement, ce qu'on a. Et c'est ça. Moi, je
pense que c'est dommage parce qu'on a passé
à côté d'une belle occasion de pouvoir analyser froidement et correctement ce
qui s'est passé. 75 % des recommandations
touchent le travail des policiers — 75 %, c'est beaucoup —alors qu'il y a aussi d'autres volets qu'on
aurait dû regarder. Et c'est malheureux,
parce que je pense qu'on aurait pu utiliser ces fonds publics là à d'autres
fins. Vous avez totalement raison. Et,
malheureusement, bien ce n'est pas ce qui a été fait. Donc, je ne peux réparer
le passé, M. le Président, je pense que c'est important aussi à
comprendre.
On a tous notre opinion. Évidemment, les
collègues du Parti québécois ne partageront certainement pas le point de vue
qu'on a, peut-être que les gens de la Coalition avenir Québec seront entre les
deux, je ne le sais pas. Je pense qu'il y a
certaines nuances aussi qui peuvent être apportées. Mais, quoi qu'il en soit,
on a tous une opinion là-dessus, et ça va être difficile... je pense que
ce n'est pas tout noir, ce n'est pas tout blanc, il y a des zones de gris puis
il y a beaucoup de gris.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le
député de Vimont, en vous rappelant qu'il vous reste un peu plus de
trois minutes.
M. Rousselle : Ça va vite. La
commission avait pour mandat d'analyser les circonstances des manifestations et
des actions de perturbation tenues au Québec au printemps 2012, d'identifier
les facteurs ayant contribué à la détérioration du climat social et évaluer les
impacts des événements du printemps 2012 sur la population, de dégager des constats en s'appuyant sur les faits
vérifiables, de formuler des recommandations au ministre de la Sécurité
publique.
Le 14 mai 2004... 2014, excusez, comme nous
le savons, le rapport de la Commission spéciale d'examen des évènements du printemps 2012 a été rendu public.
Ce rapport comporte 28 recommandations, dont 21 portent directement sur l'intervention policière, notamment
sur la formation des policiers ainsi que la pratique policière notamment
en matière de contrôle de
foule et d'emploi de la force.
Qu'en est-il,
exactement, de la formation policière au Québec et de
l'encadrement des pratiques policières? Puis le portrait est-il aussi sombre que peuvent laisser croire les conclusions,
les recommandations de la Commission spéciale d'examen du printemps 2012? En même temps, Mme la ministre, je
sais bien qu'il ne reste pas beaucoup de
temps, j'aurais aimé ça entendre l'École nationale de police là-dessus,
sur quoi qu'ils ont modifié, parce que sûrement, les connaissant, ils sont à l'affût vraiment des choses qui se passent
sur le terrain, puis j'aimerais ça les entendre aussi.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Vimont. Point intéressant, mais il reste moins de deux
minutes pour la réponse, Mme la ministre.
Mme
Thériault : M. le Président, j'avais pointé certains éléments
de réponse. Évidemment, je pense que, si le député de Vimont veut vraiment entendre Mme Gagnon, la directrice de
l'École nationale de police... Puis je comprends ses affinités, hein, c'est un policier de carrière, donc, évidemment,
les affaires policières l'intéressent. Et Mme Gagnon fait un travail qui est incroyable. Elle est avec nous
ce soir. Je pense qu'il aura certainement l'occasion de revenir avec la
question.
Elle s'installe avec nous,
Marie Gagnon, la directrice générale de l'École nationale de police. Elle peut
faire une amorce de réponse, mais, puisqu'en
deux minutes... Et il doit en rester moins d'une maintenant, puisque j'ai la
parole. Une; je pense qu'on peut garder Mme Gagnon en réserve pour le prochain
bloc des députés de l'aile libérale. Et vous allez
voir, M. le Président, que toute visite à l'École nationale de police du
Québec, que ce soit pour une pelletée de terre, que ce soit pour des remises de médaille ou pour toute autre fonction
connexe, ça vaut vraiment son pesant d'or, et ce n'est pas du temps
perdu, M. le Président, contrairement à ce qu'on a pu laisser croire
aujourd'hui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Alors, il reste une quarantaine de secondes. Je pense qu'on va le reporter à un prochain bloc. Je
cède maintenant la parole au député de l'opposition officielle, le
député de Matane-Matapédia, pour un bloc de 22 minutes.
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. Je vous avoue que j'ai été inquiet tout à l'heure que la réponse
que la ministre a offerte à mon collègue de
Chutes-de-la-Chaudière nuise à l'enquête, parce que sur la question des cotes
de sécurité — d'ailleurs, ça a déjà été appelé comme ça par
la ministre elle-même, là, j'ai trois extraits ici qui en témoignent — il a obtenu une réponse que je n'ai pas
obtenue sur d'autres éléments. Donc, c'est sûrement le fruit du hasard,
mais je souhaite sincèrement que ça ne nuise pas à l'enquête, M. le Président,
puis je le dis tout de suite. Alors, cet élément-là,
c'était, semblerait-il, beaucoup moins problématique que les autres. Je laisse
ça à l'appréciation des gens qui nous
écoutent. Ah! puis aussi je veux revenir sur une question. La question que mon
collègue a posée sur la personne qui aurait menti à la ministre, elle
est sérieuse. Moi, je trouve que ce n'est pas une question légère. Elle a été
posée avec beaucoup de sérieux, elle nous a beaucoup intéressés, et ça n'a pas
fait rire beaucoup de personnes. Moi, j'aimerais ça qu'elle soit abordée avec
plus de sérieux. Ce n'est pas une simple question.
Je voudrais parler du monde carcéral, je
voudrais parler des établissements de détention, trois en particulier : Sept-Îles, Amos et Sorel-Tracy. Donc, dans le
document, on nous indique que la livraison est prévue pour printemps
2016 pour Sept-Îles, c'est ça; Amos, c'est automne 2016; et Sorel-Tracy, c'est
été 2016 et que le Conseil des ministres aurait approuvé ces trois dossiers-là
en février 2008. Est-il possible que ça ait pris huit ans pour construire ces
trois prisons-là? Est-ce que la ministre peut m'expliquer comment c'est
possible...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la...
M.
Bérubé : ...entre
le décret, la décision et la livraison?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Vous avez terminé votre question, M. le député?
M.
Bérubé : Oui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, la parole est à vous.
• (21 h 10) •
Mme Thériault : Oui. M. le
Président, je vais débuter parce qu'il y a plusieurs étapes, et, si ça a besoin
d'un complément d'information, la
sous-ministre associée pourra certainement continuer d'éclairer les lanternes
de notre collègue.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'à partir du
moment où on décide qu'on fait quelque chose il y a différentes étapes. C'est vrai dans ce qu'on appelle le PQI,
le programme québécois d'infrastructures, parce que les gens ne
connaissent pas nécessairement notre
langage. Donc, il y a la première étape qui est l'approbation par le Conseil du
trésor; la deuxième étape qui est l'approbation du dossier d'affaires
initial par le Conseil des ministres; ensuite, l'approbation du dossier
d'affaires final par le Conseil des ministres; et la livraison.
Donc, c'est
quatre grandes étapes que j'ai ici. Et, si vous voulez parler des plans et
devis, etc., là je pense qu'on pourra aller un peu plus dans les détails
avec Mme la sous-ministre associée.
Pour Amos, l'approbation par le Conseil du trésor :
février 2008. L'approbation du dossier d'affaires initial par le Conseil des ministres — donc, initial, il n'est pas
complété, on comprend qu'on dit «go, go, allez de l'avant» — qui
était en septembre 2009. Le 19 juin 2013, c'est l'approbation du dossier
d'affaires final par le Conseil des ministres. Donc, on comprend qu'il y a trois ans et demi qui se sont écoulés entre
l'approbation du dossier d'affaires initial par le Conseil des ministres et le dossier d'affaires
final par le Conseil des ministres, parce qu'il peut y avoir des variations
de coûts. Quand on présente les plans, les devis, la nouvelle technologie, on
peut demander un paquet de modifications, on
peut regarder les terrains, etc. Donc, il peut y avoir différentes versions
entre la version initiale et le dossier d'affaires final. Et, à partir de là, après ça on part en
appels d'offres, les échéanciers sont... comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, il y a la construction qui peut être en cours, mais, avant ça, il faut
préparer le site aussi. Donc, il y a de la préparation à faire, ce qui veut dire arracher les arbres,
démolir une partie. Est-ce qu'on va commencer par le stationnement ou on
va terminer par le stationnement? Toutes des décisions qui appartiennent à
l'entrepreneur.
Donc, chacun des centres de détention : si
on parle d'Amos, je répète, février 2008, la première étape, septembre 2009,
19 juin 2013 pour la troisième, et, l'automne 2016, la livraison prévue.
Sept-Îles : février 2008 pour l'approbation
par le Conseil du trésor, le dossier initial au Conseil des ministres,
septembre 2009, le dossier final, 19 juin 2013, et la livraison prévue, hiver 2016. Vous parliez printemps? Le député
a parlé printemps 2016. Dans mes notes, j'ai «hiver 2016», donc on peut penser que c'est l'hiver. Sorel-Tracy, c'est
similaire : on a février 2008 pour l'approbation par le Conseil du trésor; septembre 2009,
l'approbation du dossier d'affaires initial; 12 juin 2013, l'approbation
du Conseil des ministres, et la
livraison, cette fois-ci, à l'été 2016, donc six mois de plus que l'hiver 2016.
Mais on comprend également que la capacité d'accueil des centres de détention va faire une
différence au niveau de la date de livraison. Si je ne fais que comparer Sept-Îles et Sorel-Tracy, Sept-Îles,
c'est un 55 places, Sorel-Tracy est un 300 places. Ça fait qu'on
comprend très bien, M. le Président, qu'un
55 places a plus de chances d'être livré avant le 300 places, donc ce qui parle
ici de la différence de temps de six mois pour les dates de livraison
prévues, même si le dossier de 300 places a été approuvé avant celui de 55
places.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M.
Bérubé :
Oui. M. le Président, si je suggérais à la ministre que la véritable décision
quant au financement a été prise en
2013, et c'est ce qui explique le délai pour 2016, je ne sais pas si elle
accepte cette version-là. Je regrette de ne pas pouvoir questionner d'autres anciens ministres de la Sécurité publique,
mais je suis assez convaincu de ce que j'avance.
Ceci étant
dit, je vais prendre la balle au bond sur le dossier de l'école de police qui a
été abordé il y a quelques minutes.
Et, à la page 140 du plan annuel de gestion des dépenses, on peut remarquer
qu'il traite des organismes autres que
budgétaires en sécurité publique. Je veux seulement faire une vérification sur
une hypothèse. On remarque que la partie financée par le portefeuille ministériel de l'École nationale de police
du Québec qui est réputée comme une des meilleures au monde, on en
convient...
Mme Thériault : ...
M.
Bérubé : Je vais
terminer.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député, la ministre a raté un bout de la question.
M.
Bérubé :
Non, non, mais attends. M. le Président, les réponses sont beaucoup plus
longues que les questions. Donc, si on rétablit l'équilibre...
Mme Thériault : ...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Répétez. La ministre n'a pas saisi votre question.
M.
Bérubé : O.K., je
m'excuse. Page 140 du plan annuel de gestion des dépenses.
Mme Thériault : ...
M.
Bérubé :
Dans ce document qui est... dans celui-là, 140. Bon. Donc, si vous avez le
document, la partie financée par le portefeuille ministériel de l'École
nationale de police est amputée de 2 millions de dollars pile. Ça passe de
6 589 200 $ à 4 589 200 $.
Juste pour ma
compréhension, pour s'assurer que je comprends bien, est-ce que c'est vraiment
une coupure de 2 millions sur un
budget de 6 millions? Si ce n'est pas le cas, c'est une erreur de ma part.
Si c'est le cas, ça serait instructif pour tout le monde. Donc, je
présume que ça ne faisait pas partie de l'annonce qui a été faite à Nicolet
lundi.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, la parole est à
vous. La parole est à vous, Mme la ministre.
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Vous comprendrez que le
but de mon intervention tout à l'heure n'était
pas d'interrompre le député de
Matane mais d'avoir la bonne
information en main parce qu'il y a quand même beaucoup de documents
dans lesquels l'information se retrouve.
Donc,
puisqu'il nous a si gentiment indiqué dans quel document on devait aller, je
lui confirme que c'est bien une réduction
de 2 millions de dollars. C'est une décision qui a été prise avec la
directrice de l'École nationale de police. C'est une réduction effectivement, tout simplement parce qu'il y avait des
surplus. Si je ne m'abuse, il y avait des surplus. Et ça a été fait d'un commun accord. Il n'y a aucun
problème, ça a été fait d'un commun accord, et c'est la participation de
l'École nationale de police à la réduction des dépenses ou à l'effort
budgétaire. Et effectivement il y avait des surplus.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Je comprends, donc, que ce n'est pas une coupure qui est récurrente, elle est
pour une seule année. Ça constitue
toutefois un tiers du budget. Je veux juste comprendre la mécanique, là, de
comment ça va s'effectuer. Est-ce que c'est une coupure qui est récurrente
ou c'est seulement pour cette année en fonction des surplus?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Thériault : Excusez-moi,
j'ai manqué la fin de la question du député. Je m'excuse.
M.
Bérubé :
Est-ce que c'est seulement pour cette année que ça s'applique? Je comprends
qu'il y a des surplus et que, l'année prochaine, ce n'est pas
applicable. C'est juste?
Mme
Thériault : C'est oui, à la question. C'est seulement que pour
cette année et que ce n'est pas applicable pour l'année prochaine, M. le
Président.
M.
Bérubé :
On confirme quand même une baisse importante de 33 % relativement, là, du
montant total de ce qui est à la disposition de l'École nationale de
police. C'est juste?
Mme
Thériault : Oui, c'est bien 33 %. Mais, M. le Président,
il faut préciser que l'École nationale de police a un financement qui
sort un petit peu de l'ordinaire, et je pense qu'il serait bien de préciser
comment ce financement-là fonctionne, avec
la collaboration du député de Matane aussi, parce qu'il y a un pourcentage de
la masse salariale. Donc, puisque j'avais Mme Marie Gagnon tout à
l'heure qui était avec nous, elle va venir expliquer, avec l'autorisation des
membres, évidemment le consentement des membres, comment fonctionne la masse
salariale.
Une voix : ...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, il n'y a pas consentement
pour entendre Mme Gagnon. On comprend que le député est satisfait des
éléments de réponse, alors.
M.
Bérubé :
J'ai une autre information que je veux aborder, mais je voulais simplement
cette confirmation-là.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Oui. Sécurité civile. J'aimerais qu'on aborde cette question-là, ce qui donne
peut-être le temps à quelqu'un de se joindre à vous, sur un document.
Le 18 février
dernier, l'ex-ministre de la Sécurité publique, député de Verchères, a présenté
la première politique québécoise de
sécurité civile intitulée Vers une société québécoise plus résiliente aux
catastrophes, ce qui permet de vous dire
la chose suivante : Comme député du Bas-Saint-Laurent, comme ex-ministre
responsable de la région du Bas-Saint-Laurent,
j'ai des félicitations à adresser à toute l'équipe du ministère de la Sécurité
publique, à M. Prud'homme qui était
sur place, à M. Laprise, à toute l'équipe qui, très rapidement, a installé un
poste de commandement. Ça a été très apprécié
à L'Isle-Verte. J'étais là très, très tôt le matin, M. le Président. Dès que
j'ai su, dans la nuit, on s'est rendus là et on a vu tout le professionnalisme des policiers, toute la connaissance,
l'humanité également dont ils ont fait preuve, et ça se manifeste dans des moments cruciaux, et je veux
féliciter le leadership qui a été exercé à ce moment-là. Et on a
souvent, malheureusement, l'occasion de le
souligner dans des moments plus tristes. Avec la ministre, on a fait une
motion, dans des circonstances plus difficiles, sur les événements de
Moncton. Ça a permis de saluer le travail des policiers. Mais je veux parler
également du travail qui se fait dans le cadre des sinistres, des événements
comme ceux-là. Donc, le lancement, il était
à-propos, parce qu'on avait eu Lac-Mégantic puis on avait eu L'Isle-Verte. Puis
cette politique-là était en gestation depuis plusieurs années. Il y a
plusieurs experts qui étaient impatients qu'elle voie le jour. Elle a été
plutôt bien accueillie par les
municipalités, puis là on a cette politique-là, c'est un autre gouvernement,
alors ça prend une suite.
Alors, je
vous amène dans le livre de crédits intitulé Crédits des ministères et
organismes, page 184, à l'élément 5 du
programme 1 du ministère de la Sécurité publique. Puis je le répéterai, là, au
besoin. Alors, là, là, page 184, élément 5 du programme 1 du ministère
de la Sécurité publique, on constate une baisse importante des sommes allouées
qui passent de 73 millions à
19 millions. Donc, à la page 136 aussi du livre plan annuel de gestion des
dépenses, on explique notamment cette baisse «par l'aide financière
versée en raison de la tragédie de Lac-Mégantic». Ça, c'est ce qu'on retrouve
dans les documents qui nous ont été transmis.
Alors, mes
questions, selon ces éléments-là. Est-ce que la ministre peut expliquer la
ventilation des 73 millions dépensés
à l'élément 5 du programme 1? Quelle part est allée à Lac-Mégantic? Quelle part
est allée à la sécurité incendie?
Deuxième élément, puis j'aime mieux les dire
tout de suite pour qu'on puisse avoir une réponse plus complète :
lorsqu'on examine les crédits des années précédentes, on observe que la somme
consacrée à cet élément, c'est toujours autour de 26, 27 millions. Par
exemple, au livre des crédits II, 2011‑2012, sous le gouvernement libéral précédent,
la somme, c'était 26 940 400 $ — sous le député de Beauce-Sud; pour 2013‑2014,
le chiffre de 26 300 300 $. Il semble donc qu'il y a une baisse de 7 millions. Est-ce qu'on peut obtenir
des infos? Puis quelle somme sera dédiée au suivi de la politique et du
plan d'action découlant de la politique de la sécurité civile?
• (21 h 20) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
C'est ce qu'on appelle une question bien remplie.
M.
Bérubé : Oui, j'en...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme
Thériault : M. le Président, je vous avoue que la question est tellement bien remplie que ça me prendrait comme un
petit peu plus de temps pour être en
mesure de lui répondre, parce que j'ai...
et je considère que, si... Et ce
n'est pas un reproche, là, O.K.? Moi, je pense qu'il faut donner les réponses.
C'est des questions très pertinentes.
Je pense que la sécurité civile, c'est des
incontournables. Je suis d'accord avec lui, les intervenants sur le terrain, que ce soient ceux qui ont oeuvré pour
L'Isle-Verte, ou pour le Lac-Mégantic, ou pour tout autre futur sinistre
qu'on ne souhaite pas, sont des gens qui sont très professionnels et qui
travaillent très bien. Je pense qu'on est conscients aussi que le ministère de la Sécurité publique s'ajuste en fonction des catastrophes qui arrivent, également.
Je pense que, tous gouvernements
confondus, que ce soient les libéraux, péquistes, peu importe qui sera là,
caquistes, un jour, si jamais ils prennent le pouvoir... je suis convaincue
qu'ils vont apporter des questions très intéressantes au
niveau de la sécurité publique aussi parce qu'on ne peut pas
passer, c'est un incontournable, sauf que, si j'avais eu cette question-là
par écrit, j'aurais pu fournir des réponses beaucoup plus détaillées. J'ai
demandé à mes sous-ministres : Est-ce que vous comprenez les questions?
Dans quels documents? Tout le monde cherchait, en arrière, les documents.
Donc, on peut
vous donner une amorce de réponse. Mais vous pouvez également nous transmettre
la question par écrit, il nous fera
plaisir de répondre à votre question parce que vous touchez aussi plusieurs
années financières, d'après ce que
j'ai cru comprendre. C'est sûr que pour eux c'est plus facile, ils l'ont devant
eux, alors que moi, je dois écouter et revoir. Donc, je vois que le collègue de Matane-Matapédia fait signe en
disant : Oui, il va me déposer sa question. Et, si on est dans la
possibilité de répondre à cette question-là demain, M. le Président, ça nous
fera plaisir de le faire. Je pense que les gens
au ministère... Je vois le sous-ministre associé, M. Laroche, qui hoche de la
tête. Sinon, bien, dans le pire des cas, on fera parvenir la réponse par écrit, chaque détail à la commission, et à
ce moment-là vous les transférerez aux membres de la commission, M. le
Président.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, merci, Mme la ministre.
Alors, je comprends, M. le député, que vous êtes satisfait de la
proposition. Vous allez...
M.
Bérubé : ...question
précise à la ministre.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
La question, on pourra y revenir.
M.
Bérubé :
J'aimerais aborder... M. le Président, la question des grandes marées 2010. C'est une question qui me touche de près, vous en
conviendrez; je suis député de Matane-Matapédia, mais également de La Mitis. Ça
inclut les municipalités de Sainte-Luce, de Sainte-Flavie, également
de Métis-sur-Mer et aussi, dans la Matanie, de Saint-Ulric.
Alors, le 6
décembre 2010, des conditions météorologiques exceptionnelles ont entraîné la
formation de grandes marées le long
du littoral, touchant de nombreuses municipalités riveraines, celles que je viens de vous mentionner.
L'état d'urgence a été déclaré, des dommages
considérables aux infrastructures publiques et privées ont été constatés. Aujourd'hui, les citoyens, les commerçants, les municipalités ressentent encore les impacts des grandes marées. Plusieurs résidences et commerces ont dû
être relocalisés, carrément. On a levé des maisons, des commerces, on les a
emmenés ailleurs ou démolis. Les municipalités doivent maintenant composer avec
des pertes de revenus fonciers élevées et résoudre de nombreux problèmes de
protection et d'aménagement de leurs territoires. Ce n'est pas simple.
Automne 2013 : le Vérificateur général du
Québec s'est penché sur les pratiques du ministère de la Sécurité publique de
façon spécifique dans ce dossier. Dans le cas, entre autres, de la gestion de
ce sinistre et des mesures de prévention en vigueur, il a constaté des lacunes
importantes de gestion de la part du gouvernement libéral précédent qui était en place lors des événements :
alors, par exemple, les orientations de la sécurité civile, 12 ans après
l'adoption de la loi, les actions du
ministère pourraient amener les municipalités à se préparer à faire face aux
sinistres; les lacunes dans le traitement
des demandes d'aide financière; des délais qui ont été observés lors du traitement
des demandes; pas d'assurance que l'effectif nécessaire est disponible
en temps opportun; l'encadrement requis.
Alors, ce que
je veux... plus une question plus du député de Matane-Matapédia. Il s'est passé
ce qui s'est passé. Il y a eu le
rapport du vérificateur. Qu'est-ce qui a été fait depuis ce temps-là pour ne
pas que ça se reproduise? Et, moi, là, le seul souci que j'ai, comme député de cette région, c'est de m'assurer
qu'on a appris de l'expérience, qu'on a appris des recommandations très sérieuses
du Vérificateur général puis qu'est-ce qui a été fait pour corriger les
problématiques soulignées par le Vérificateur général, particulièrement pour rendre plus efficace le travail des
municipalités pendant et après l'événement de sinistre puis assurer un
suivi plus efficace.
Autrement
dit, Mme la ministre, ce que je vous pose comme questions... Je suis
convaincu que le ministère a tenu compte du rapport du Vérificateur
général, qu'il en a fait une analyse, comme tous les ministères font. Et qu'est-ce
qu'on retient de cette expérience-là? Et, au besoin, si M. Laroche peut
intervenir, ça me ferait plaisir.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, Mme la ministre, en soulignant qu'il reste moins de
quatre minutes à ce bloc d'intervention.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je vais d'abord faire un aveu ici. Vous savez que ma grand-mère a été
élevée à Saint-Damase, et j'ai beaucoup de membres de ma famille à Mont-Joli.
La petite maison blanche qui est à côté de Chez
Agathe a appartenu à une de mes
tantes, et mon oncle était bedeau à Sainte-Flavie, et je connais très bien
Sainte-Luce-sur-Mer pour y avoir été avec mes tantes l'été. Et je ne vous
mentionnerai pas le type de photos qu'on a fait, je ne suis pas une très bonne photographe, M. le Président, mais je dois
dire que les gens du Bas-Saint-Laurent ont toute mon attention, puisque j'ai beaucoup de membres de ma famille qui y demeurent encore,
et même à Rimouski. Donc, j'ai suivi avec beaucoup d'attention,
connaissant des gens qui étaient impliqués personnellement.
Ce
que je peux vous dire, M. le
Président, c'est que les règles de 2010 et les règles de 2014 sont très
différentes. Moi, je me souviens très bien du député de Beauce-Sud à l'époque
qui a fait changer les règles du programme. On a fait bonifier les montants du programme. Je comprends que le
Vérificateur général a quand même déposé un rapport et qu'il y avait des lacunes. Je pense que le Québec,
lorsque les grandes marées de Sainte-Flavie se sont produites, n'était
pas prêt à faire face à une situation comme ça, de la même manière qu'on
n'était pas prêts à faire face à une situation comme ce qui est arrivé dans les inondations de
Saint-Jean, M. le Président. Et il est évident qu'au cours des dernières
années le ministère de la Sécurité publique a modifié ses façons de faire
beaucoup pour justement être en mesure de réagir beaucoup plus rapidement. On a
tenu compte des recommandations du Vérificateur général.
Et, puisqu'il reste
un petit deux minutes à peu près, M. le Président, si les membres de la
commission le permettent, M. Laroche, le sous-ministre associé, pourrait
peut-être compléter très brièvement pour donner suite à la question du député
de Matane.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : ...des membres? Est-ce qu'il y a consentement
de la part...
Une voix :
Oui, oui, ça va.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Alors, je vais vous
demander de vous identifier. Et il reste 1 min 45 s.
M. Laroche
(Guy) : Guy Laroche, sous-ministre associé à la Sécurité civile et
sécurité incendie. Alors, concernant
l'apprentissage, évidemment chaque sinistre est différent, et, suite à un
sinistre, on se penche toujours sur les actions qu'on a prises et comment on peut éviter la répétition et faire
en sorte également de faire en sorte que nos citoyens soient toujours plus en sécurité. Et c'est ça
qu'on a fait avec les grandes marées, Montérégie, Mégantic et L'Isle-Verte.
Chaque fois que nous
avons des sinistres, évidemment une équipe se penche sur les actions, et on
regarde les programmes, on regarde également comment nous avons approché le
sinistre en question et comment que nous pouvons
mieux faire par la suite. Donc, Montérégie, il y a des choses que nous avons
faites, que nous avons répétées par la
suite; Mégantic, nous avons innové également dans le cadre de Mégantic; même
chose pour L'Isle-Verte. Et également ça
comprend également la coordination avec tous les membres, parce que vous savez
que la sécurité civile au Québec, c'est une responsabilité partagée, c'est-à-dire entre tous les intervenants,
et ça débute par le citoyen; municipalité, et autres, et également nous
travaillons avec tous nos partenaires. Donc, il est important de bien se
coordonner et de faire en sorte justement
qu'on ait moins de sinistres dans le futur. Et également on regarde toujours la
question de prévention également : Comment pouvons-nous prévenir?
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Ça met un terme à ce bloc
d'intervention. Je vais maintenant céder la parole au député de Vimont pour un autre bloc d'intervention de
20 minutes. M. le député de Vimont, à vous la parole.
M. Rousselle :
Merci. Merci, Mme la ministre. Je vais continuer le bloc que j'avais avant où...
Une voix :
...
M. Rousselle :
Monsieur, complétez votre réponse, puis après ça je pourrai continuer. Sur la
prévention.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je pense que la question du
député de Matane-Matapédia était vraiment très pertinente dans le
contexte où la sécurité publique va jouer un rôle de plus en plus présent. On
le sait, avec les changements climatiques,
il y a toutes sortes de choses qui nous tombent sur la tête. Les gens de la
sécurité publique, au fil des années, ont développé une expertise qui
est incroyable.
Je remercie le député
de Vimont qui permet à M. Laroche de compléter la réponse sur le bloc de
temps ministériel parce qu'il m'appert que c'est des questions qui sont très
importantes. Donc, on pourrait commencer avec M. Laroche,
et, sans dicter aux membres de cette commission leur conduite, par la suite
Mme Gagnon pourrait se rapprocher, et nous pourrions très bien
continuer le bloc de l'école de police qu'on avait précédé dès le début, si
vous désirez.
• (21 h 30) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, très bien, vous pouvez poursuivre votre
réponse.
M. Laroche
(Guy) : Peut-être en complément aux commentaires que j'ai faits
tantôt, également c'est tout l'aspect de
l'aide financière. Donc, nous avons regardé le programme que nous avions en
place suite aux grandes marées, suite
à la Montérégie, et, comme mentionné tantôt, le programme a été bonifié de façon
considérable. Et le programme a été bonifié pour évidemment aider le
citoyen mais également aider les municipalités parce que les municipalités
avaient également besoin d'aide; besoin
d'aide parce que, lorsque vous avez un sinistre majeur, évidemment les
municipalités ont un rôle clé à jouer, et
c'est, encore une fois, l'exemple à L'Isle-Verte et c'est la même chose à
Mégantic, et autres.
Donc,
nous avons bonifié le programme au cours des dernières années, et ce
programme-là aujourd'hui profite aux
citoyens, profite aux entreprises également et aux municipalités au Québec.
Donc, encore une fois, ce sont d'autres initiatives, d'autres
apprentissages qu'on a faits au fil du temps pour faire en sorte que nous ayons
aujourd'hui un programme, je pense, solide puis qui fait en sorte d'aider tous
nos citoyens.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Est-ce que, Mme la
ministre, vous souhaitez ajouter quelque chose à cette réponse?
Mme Thériault : Non, M. le
Président. Je pense que les gens de la sécurité publique, à ce moment-ci, on
comprendra, qu'ils ont toute l'admiration non seulement des parlementaires qui
entendent ce que M. Laroche dit, mais l'admiration de tous les Québécois parce
qu'on a vu les interventions qui se font sur le terrain et qu'on
comprend vraiment que le travail qui est fait, c'est un travail qui est très
important.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, M. le député de Vimont.
M. Rousselle : ...vraiment ce
dossier-là, le côté prévention, vous ne l'avez pas abordé. Voulez-vous en
parler un peu ou...
M. Laroche
(Guy) : Bien, en fait, en
prévention, on en fait beaucoup également. Donc, nous avons un programme
en place pour assister les municipalités. Nous avons utilisé ce programme-là à
bien des égards dans le passé. Et évidemment,
lorsque nous avons également des citoyens qui se trouvent à risque,
c'est-à-dire en imminence, en jargon qu'on
utilise au sein de la Sécurité civile, nous utilisons des argents pour faire en
sorte que ces citoyens-là ne soient pas à risque soit en déplaçant les
résidences soit en faisant des travaux de stabilisation, et autres. Donc, ces
travaux-là se font de façon régulière pour, encore une fois, là, aider les
municipalités et les citoyens partout au Québec.
Donc, il y a
plusieurs initiatives, plusieurs projets qui ont été faits au fil du temps, et
ces projets-là se poursuivent de concert avec les municipalités. Donc,
la prévention, encore une fois, c'est clé. Et on sait qu'un dollar investi
en prévention peut sauver peut-être 5 $
à 10 $ dans le futur. Et ça, c'est des études qui le prouvent, et pas
seulement des études qui se font au Québec, mais ailleurs également dans
le monde. Donc, cet aspect-là est très important, et c'est un des points, là,
sur lesquels on se penche beaucoup.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. M. le député de Vimont, à vous la parole.
M.
Rousselle : Merci. Merci beaucoup. Si ça ne vous dérange pas,
je vais reposer ma question que j'avais posée à Mme la ministre dans
l'autre bloc et puis après ça je vais avoir des questions... Puis, oui, je vois
la directrice générale approcher... de l'École nationale, oui.
Des voix : ...
M. Rousselle : Oui, madame.
Je vous attends avec impatience, faites-vous-en pas. J'ai des bonnes questions
pour vous, d'ailleurs.
Je vais reformuler ma question pour Mme la
ministre. Qu'en est-il — vous
savez, on est toujours dans le printemps
2012 — exactement,
de la formation policière au Québec et de l'encadrement des pratiques
policières? Le portrait est-il aussi sombre qu'on peut le laisser
croire? Les conclusions et les recommandations de la commission spéciale
d'examen du printemps 2012?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre, en fait la question vous est adressée. Si vous souhaitez
l'intervention de Mme Gagnon, ça va me prendre le consentement des membres
de la commission.
Mme
Thériault : M. le Président, j'adorerais répondre à la question,
mais je suis convaincue que Mme Gagnon aussi, puisqu'on l'a fait déplacer. Et, vous allez voir, c'est une
passionnée de ce que l'École nationale de police fait, et j'ai pleinement... je n'ai aucun problème à ce que
Mme Gagnon réponde à la question, avec votre consentement,
évidemment.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, j'ai besoin du
consentement des membres de la commission. Ça va? Merci. Alors, je vais
vous demander de vous présenter.
Mme Gagnon
(Marie) : Bonsoir, M. le Président. Je suis Marie Gagnon, directrice générale de l'École nationale
de police du Québec. Bonsoir à tous les membres de la commission.
J'ai entendu des belles choses ce soir sur
l'École nationale et j'en suis très fière. Et j'oserais dire que l'École nationale de police, c'est un joyau québécois tant par la forme que par le fond. Elle
est unique au Québec et elle est une institution qui est très
mobilisatrice au coeur de la formation en sécurité publique.
Maintenant, la question en lien, M. le
Président, avec : Le portrait est-il si sombre? Je vais tout simplement profiter de l'occasion pour vous parler de la
formation policière québécoise parce qu'elle est de niveau de
l'enseignement supérieur et partagée entre deux niveaux d'institution : le
niveau collégial et l'École nationale de police. En ce qui concerne l'École nationale de police, tous les
policiers sont formés, et ils passent tous par l'École nationale, et ils ont
le permis d'exercice délivré par l'École
nationale. Je dirais qu'au Québec on a fait le choix d'avoir une police
citoyenne, de proximité et proche des citoyens, dont l'intervention est
principalement axée autour de la résolution de problèmes, de l'analyse stratégique. En ce sens, la formation au
niveau du rôle, parce que la commission Ménard l'a évoquée, la formation
des policiers, en lien avec la société
démocratique, les manifestations et le rôle des policiers par rapport à
l'avancement de la société démocratique, est
abordée dans la formation par le biais de la formation en lien avec la police
de proximité, donc la prévention, la
recherche de solutions, l'intervention à l'écoute des citoyens. Elle est
abordée et elle est abordée de façon transversale dans le programme à la
fois au niveau collégial et à l'École nationale. Donc, c'est un aspect que la commission nous a demandé d'approfondir, et je me
fais quand même une fierté de dire que ce sont des contenus qui sont abordés dans la formation et qui sont... et
l'école est très soucieuse de former les policiers au niveau de leurs
comportements, de leurs attitudes et de leurs interactions tant au
niveau des citoyens que des foules.
Ça
m'amène à vous parler de la formation en contrôle de foule. Une des
recommandations de la commission, c'est d'améliorer et d'accroître la formation en contrôle de foule. Tous les
policiers du Québec ont une formation, une initiation aux techniques de base en contrôle de foule. Je
parle de la communication tactique, je parle de l'application des
principes de base des déplacements des
policiers lors de contrôle de foule, de maniement de bâton, et tout. Mais c'est
une formation initiale. Et, en ce qui concerne la situation du
printemps 2012, on peut comprendre et on a pu percevoir que c'était de
niveau d'intensité extraordinairement élevé. Alors, ce qui préoccupe l'école au
niveau du contrôle de foule, oui, de continuer
à former encore mieux les policiers quand il y a de l'espace à le faire, mais
c'est beaucoup, M. le Président, la gestion
du stress dans une situation où... Une situation comme le printemps 2012
interpelle les policiers à cette intensité et à cette hauteur de
confrontation.
Aussi, l'École nationale, on forme les policiers
sur le comportement, l'attitude. Les messages sont toujours dits très clairement. C'est la tolérance zéro par
rapport au vocabulaire inapproprié, et les exigences de l'école au
niveau de la discipline sont effectivement
très élevées. Par ailleurs, une école de formation ne peut pas faire l'économie
de regarder les recommandations du
rapport Ménard et ses recommandations et de voir est-ce qu'il y a encore de la
place à améliorer, à hausser, à
renforcer certains aspects de la formation. C'est ce que nous allons nous
apprêter à faire avec nos partenaires collégiaux et nos partenaires des
organisations policières pour voir effectivement comment on peut intégrer dans
la formation ou renforcer encore, dans la formation, des aspects d'attitude, de
contrôle de foule, de gestion du stress, d'intervention en situation de crise,
d'interaction avec les citoyens, toujours dans le respect, bien évidemment,
d'une société démocratique qui a fait le choix d'avoir une police de proximité.
• (21 h 40) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci pour cette réponse. Est-ce que vous aviez terminé?
Mme
Gagnon (Marie) : M. le Président, je pourrais vous en parler des
heures.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Oui. Malheureusement, il reste moins de
10 minutes. Mme la ministre, vous voulez compléter?
Mme Thériault : Oui.
Je pense, c'est important aussi de mentionner, M. le Président, qu'il y a
plusieurs comités à l'École nationale de police qui se penchent régulièrement
sur différentes questions. Ce n'est pas des comités qui ont été mis sur pied à la suite du rapport Ménard, c'est des comités qui
existaient déjà. Donc, tous les volets de la formation qui doivent être revus, corrigés, s'adapter aux
nouvelles armes, aux nouvelles tactiques, aux nouvelles techniques, aux
nouvelles façons de faire, aux nouvelles problématiques qui se posent face aux
policiers, bien, c'est évident que les comités sont là aussi pour pouvoir
bonifier les cours, hein? Je pense que c'est important de rappeler que
n'importe quelle offre de formation sera toujours
bonifiée. Pourquoi? Parce que les pratiques vont changer aussi, puis on va
faire face à des problématiques qu'on n'avait pas avant. Donc, je pense qu'à partir du moment où on
est conscients qu'il y a certains problèmes devant nous, l'École
nationale n'a pas attendu, puis je pense qu'il faut les féliciter pour ça.
L'École nationale de police n'a pas
attendu d'avoir un rapport pour se demander : Est-ce que nos policiers
étaient bien formés? Est-ce qu'on peut faire
les choses différemment? Comment on doit aborder les choses? Je pense qu'on
a tous, comme société, tiré des leçons de ce qui s'est passé au
printemps 2012.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le
député de Vimont.
M. Rousselle : Oui. Madame, donc, vous nous informez comme quoi
que l'école est proactive, elle n'attend pas des rapports. Quand qu'il y a un événement
qui arrive sur le terrain, vous êtes reliés directement, sûrement, avec les
services policiers, puis ça, je vous le dis
parce que je le sais aussi. Mais j'aimerais ça, pour les gens qui nous
écoutent, voir vraiment comment ça procède, comment ça fonctionne, parce
que les gens, ils pensent toujours qu'on attend un rapport ou on attend un
autre événement malheureux, et je le sais, que ce n'est pas ça à l'École
nationale.
Donc,
j'aimerais ça expliquer aux gens, là, comment ça fonctionne vraiment, là, sur
le terrain.
Mme Gagnon (Marie) : En fait, la formation, M. le Président, à l'École
nationale de police, c'est une formation vivante qui est en évaluation et en amélioration continues. D'ailleurs,
il y a deux ans, on a implanté, on a mis en oeuvre un programme
révisé de formation en patrouille-gendarmerie et on a déjà intégré des nouveaux
contenus, des nouvelles méthodes pédagogiques et des nouvelles stratégies
didactiques au niveau de la formation.
On a des comités. On a
une participation à des comités, avec le ministère de la Sécurité publique, qui
révisent les pratiques et on a
également un centre de recherche qui voit à regarder comment le développement
des connaissances peut être introduit ou réinvesti dans la formation. Je
donne, par exemple... On a parlé tout à l'heure de l'inauguration, du lancement
des travaux d'un nouveau pavillon de formation qu'on appelle le
pavillon R. Ce pavillon est un pavillon strictement
dédié à la formation, la formation policière, le perfectionnement, mais aussi
la formation, au sens plus large, de
la sécurité publique. Donc, par ce pavillon-là et par les plateaux de formation
qu'on a pensés, on a vu plus loin, on a devancé. On a répondu à des
besoins que nos partenaires nous exprimaient au regard, entre autres, de la
formation en sécurité publique, comme je le
dis, la formation des constables spéciaux à la cour, la formation des agents de
services correctionnels — on
en parlé tantôt, M. le Président — des interventions tactiques, des entrées
dynamiques pour les policiers et également
un plateau... C'est une occasion pour moi de vous informer qu'à l'intérieur de
ce nouveau pavillon il y a un plateau
d'entraînement de combat rapproché qui est là pour permettre aux groupes
d'intervention de venir s'entraîner dans une situation, où les murs sont
blindés, où les décors sont amovibles, où on tire des vraies balles, et c'est inusité au Québec,
pour effectivement aider les policiers à s'entraîner dans diverses situations
d'intervention à haut risque pour les groupes d'intervention.
Donc, je réitère, M. le
Président, que l'école se soucie toujours d'être à la fine pointe, même, à bien
des égards, d'être en avance. Alors,
il y a, entre autres, au niveau de la commission Ménard, où on avait... on a
parlé d'un rapport de recherche sur les armes d'impact à impulsion. Nous
avons déjà amorcé la mise à jour d'un rapport à ce sujet-là et on est toujours
très actifs.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci,
Mme Gagnon. Mme la ministre, en complément?
Mme Thériault :
M. le Président, si ça peut faire plaisir à Mme Gagnon, mon attachée
politique qui est à mes côtés, Mme Émilie Simard, m'a envoyé une
petite note, le temps que Mme Gagnon parlait, et elle m'a dit : Elle
me donne envie de devenir une police. Donc, je pense
que ça peut vraiment permettre aux gens et à Mme Gagnon
d'apprécier l'intensité avec laquelle elle parle de notre beau fleuron qu'est
l'École nationale de police.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. M. le député de Vimont, il vous reste
quatre minutes.
M. Rousselle :
Bon. On va profiter, pendant que Mme Gagnon est là... Mme Gagnon...
Une voix :
...
M. Rousselle :
...je n'ai pas fini.
Mme Gagnon
(Marie) : Je m'excuse. Ça me fait plaisir.
M. Rousselle :
Moi, Mme Gagnon, je pourrais vous écouter...
Mme Gagnon
(Marie) : Je commençais à prendre plaisir à aller m'asseoir et à
revenir, là.
M.
Rousselle : Comme
vous savez, sur 28 recommandations, il y
en a 21 qui touchent directement l'intervention policière. Selon
vous, là, sur les 21, il y en a combien qui ont déjà été corrigées, ou
modifiées, ou...
Mme Gagnon
(Marie) : ...policière comme telle, pour nous, c'est la formation.
C'est la contribution, avec le ministère de
la Sécurité publique, la contribution de l'école sur l'avancement des
réflexions dans des comités de travail. Alors, au moment où on se parle,
moi, je dirais qu'on est en travail. Ce sont des comités de travail, entre
autres le sous-comité permanent d'emploi de la force, qui se réunissent
régulièrement, le ministère de la Sécurité publique, les organisations policières et l'École nationale,
pour dire comment on peut travailler, nous, au niveau de la formation et
au niveau des pratiques, comment ensemble on peut réfléchir pour faire avancer
les savoirs policiers. Je ne peux pas... Voilà, c'est ce que je peux dire pour
le moment.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Thériault : M. le Président, je pense que, pour répondre, pour
donner un complément à l'information que Mme Gagnon vient de nous donner, il y a trois choses que vous
pouvez retenir aussi. C'est qu'il y a un rapport de recherche sur les armes à impulsion électrique qui a été
déposé à la commission, et la modernisation a déjà été amorcée. La
formation des aspirants policiers comprend déjà un cours sur le contrôle de
foule, et la mise à jour de cette formation est déjà débutée, puisqu'il s'agit
de techniques en constante évolution. Et, le troisième point, je pense, il est
important de mentionner aussi que la formation sur les interventions en
situation de crise et sur la gestion du stress était déjà au programme de
l'École nationale de police avant le dépôt du rapport, mais c'est un programme
qui a été bonifié. C'est ça, Mme Gagnon?
Mme Gagnon
(Marie) : Tout à fait.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. M. le député de Vimont, moins de
deux minutes.
M.
Rousselle : Bien, pour conclure, merci, Mme Gagnon. Et,
pour vous dire, pour les gens qui nous écoutent, moi, je sais bien que, étant ancien policier, j'ai un
contact régulier avec mes anciens collègues et des collègues qui sont sur le terrain, et je le sais. C'est pour
ça d'ailleurs que je vous posais ces questions-là, parce que je le sais,
qu'il y a des mises à jour d'une base
régulière qui se font dans les municipalités et à la Sûreté du Québec, et bien
souvent les gens ne sont pas au courant de ces informations-là. Puis
tout à l'heure je vous parlais qu'on était trois générations de polices chez
nous. Bien, je le sais, qu'il y a eu une évolution immense dans ces trois
générations-là, et ça, je l'ai vu la dernière
journée de travail que j'ai faite avec mon père et mon fils dans l'auto. Et,
quand j'entendais parler mon fils avec mon
père, je peux vous dire que mon père, il était dans un autre monde, puis il y a
bien des choses qu'il ne comprenait pas. La seule chose qui restait, par contre, le côté humain, il a toujours
été là, et c'est ça qu'il nous a transmis. Donc, je voulais juste vous
dire félicitations. Puis vraiment moi, je suis content du travail que vous
faites puis je pense que les gens ce soir peuvent être fiers des services
policiers québécois. Merci, madame.
Mme Gagnon
(Marie) : Merci, M. le député de Vimont.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de Vimont.
C'est ce que j'allais dire. Ça complète, à toutes fins pratiques, le bloc, il reste des poussières. Je vais
maintenant céder la parole au deuxième groupe d'opposition et je vais
céder la parole à la députée de Montarville pour un bloc de 18 minutes.
Mme Roy
(Montarville) :
Parfait. Merci beaucoup, M. le Président. Bonsoir à vous. Bonsoir à vous tous, collègues. Bonsoir. Merci d'être là. Mme la
ministre, vous savez comme j'affectionne tout particulièrement les
questions d'actualité, elles me tiennent à
coeur. Alors, j'en ai une pour vous ce soir. On apprenait tout récemment dans
les journaux que le nombre de
demandes pour des diètes religieuses, dans les prisons du Québec, a grimpé en
flèche, là, dans les prisons au cours des quatre dernières années. Plus
précisément, il se sert 50 % plus de repas halal et cashers, depuis 2010,
dans les prisons de Montréal. Alors, 50 %, c'est beaucoup. L'information
dont on ne dispose pas cependant, c'est le coût de ces diètes.
En raison des limitations de la loi d'accès à
l'information, il nous est impossible de connaître le prix, par exemple, des
500 grammes de nourriture halal versus la nourriture non religieuse. En
fait, c'est la différence de prix entre les deux qu'on ignore. Donc, Mme
la ministre, est-ce que
vous pouvez nous fournir les chiffres pour qu'on connaisse enfin le coût
de cette tendance à la diète religieuse dans nos prisons québécoises, qui a
augmenté de 50 % depuis les quatre dernières années uniquement dans la
région de Montréal?
• (21 h 50) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : M. le Président, j'aimerais bien fournir une
réponse en deux temps à la députée de Montarville. La première réponse
concernant les coûts; je vais vous les donner, il n'y a aucun problème. J'ai
trois différents coûts que je peux vous
donner. Je vous dirais que le coût moyen par repas, lorsqu'on parle d'un repas
halal, on parle de 5,75 $; lorsqu'on
parle d'un repas casher, on parle de 4,54 $; lorsqu'on parle d'un repas
régulier, on parle de 3,10 $. Et je tiens à préciser qu'en tout temps les détenus et les prévenus peuvent avoir
accès à la cantine. Il y a des heures, évidemment, pour la cantine, mais
ils peuvent également compléter leurs repas avec leur argent s'ils décident
d'aller à la cantine.
Concernant comment on fait pour dire oui à
quelqu'un qui a une demande, je pense qu'il est temps que les Québécois sachent
qui peut faire une demande, sur quel motif on peut les invoquer, qu'est-ce qui
va faire en sorte qu'on va accéder ou qu'on
va refuser à une demande. Parce que je peux vous donner les coûts. Je vous les
ai donnés. Mais je pense qu'il est
important aussi que les gens sachent comment on fait. Si vous trouvez que c'est
intéressant, ce que je vais vous suggérer, c'est que la sous-ministre
responsable des Services correctionnels puisse aller plus en détail dans le
comment du pourquoi.
Une voix : ...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Oui. Mme la députée de Montarville... dans la gestion. Je vous cède la
parole.
Mme Roy
(Montarville) : Non, non, ce que je veux dire, j'apprécie
votre réponse, cependant c'est le différentiel. Vous m'avez donné le
différentiel, mais, au total, ce 50 % là d'augmentation depuis 2010, sur
quatre ans, ça équivaut à combien?
Est-ce qu'on a le montant total d'argent qui a été investi... ou dépensé,
plutôt, pour de la nourriture religieuse, comparativement à la
nourriture ordinaire, tout simplement?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme
Thériault : Oui. M. le Président, je peux vous donner certaines
réponses en pourcentages. Peut-être qu'il faut demander des calculs. Donc, on pourra essayer de vous les donner
pour demain, il n'y a pas de problème. Ou on les fera parvenir à la
commission.
Je pense que
ça serait intéressant que vous sachiez le pourcentage d'augmentation, par
année, de demandes et de quelle
manière ça se fait. Donc, avec la permission des membres de la commission, on
pourrait demander à la sous-ministre associée aux Services
correctionnels de répondre ou vous donner plus d'éclairage.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Est-ce que vous souhaitez qu'on
obtienne des éclairages et, à ce moment-là, le consentement des membres de la commission? Merci. Alors, je vais vous
demander, madame, de vous identifier et de répondre à la question.
Mme
Beausoleil (Johanne) : Merci. Alors, bonsoir. Johanne Beausoleil,
sous-ministre associée à la Direction générale des services
correctionnels du ministère de la Sécurité publique.
Alors, pour répondre à la question, les repas,
les diètes que l'on a en établissement de détention, dans les faits, il y a trois types de diètes : il y a
les diètes qui peuvent être de types religieux, donc casher ou halal, et nous
avons aussi les diètes de type médical qui font en sorte que ce sont des diètes
qui sont données à des gens qui vont avoir des
allergies, qui vont avoir des diètes particulières par rapport à des
médicaments, par rapport à une maladie quelconque qu'ils ont.
Si
on parle maintenant des diètes de type religieux, ces diètes-là sont administrées,
sont données à la demande, évidemment, d'une personne contrevenante qui
est incarcérée dans nos établissements. Ces diètes-là, quand on les octroie, il
y a un processus d'analyse qui est fait de concert avec les gens qui
travaillent dans nos établissements de détention,
c'est-à-dire les animateurs de pastorale. Nous avons, dans chacun des
établissements de détention, des animateurs de pastorale qui vont regarder effectivement si la personne est d'un
type de religion qui nécessite un repas casher, un repas halal, si elle pratique, si elle ne pratique pas,
et là il va y avoir une étude du dossier, et on va fonctionner. Cette
méthode de fonctionnement là est d'un commun
accord avec la Commission des droits de la personne et la Protectrice du
citoyen qui nous ont demandé d'étudier
chacun des cas. Donc, on a étudié chacun des cas et on procède à l'octroi de
diètes religieuses.
Maintenant, nous sommes aussi à regarder est-ce
qu'il y aurait autres façons pour modifier, à la demande de la ministre, pour modifier les diètes religieuses,
c'est-à-dire de donner certains octrois, comme on a dit tantôt, dans les
cantines. Dans tous les établissements de
détention, il y a des services de cantine qui sont offerts dans tous nos
établissements. Alors, les incarcérés, à
raison habituellement d'une fois-semaine, peuvent acheter des articles de
nourriture, ou des articles d'hygiène, ou différentes choses pour répondre à un
besoin. Alors, on regarde aussi cette possibilité-là présentement de voir
est-ce qu'il y aurait possibilité d'aller vers ça.
Maintenant,
quand on parle des coûts, c'est quand même important de vous dire que la
distinction, annuellement, les chiffres, la différence, l'ajout, c'est
48 900 personnes, et on rappellerait qu'on a quand même 43 500 admissions
par année. Donc, c'est beaucoup de
repas : déjeuners, dîners, soupers. Quand on prend en considération, c'est
beaucoup de repas. Donc, la distinction des
48 900 $, là, annuels est quand même un chiffre qu'il faut mettre en
perspective, là, pour les diètes.
Maintenant, pour les diètes, elles sont évidemment plus dans la grande région
métropolitaine, donc on va parler de l'Établissement
de détention, évidemment, à Montréal, de la Maison Tanguay,
Rivière-des-Prairies et évidemment Saint-Jérôme, parce que la plupart des communautés culturelles se situent
aussi dans ces endroits-là. Puis il faut voir aussi que nous avons des
contrats avec des imams et avec des rabbins qui viennent aussi dans nos
établissements de détention.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Mme la ministre, est-ce que vous souhaitez...
Mme Roy
(Montarville) : ...du temps qui est imparti, je vais laisser
mon collègue compléter. Mais j'aurais pu vous en parler longtemps,
j'avais plein d'idées de questions, mais je vais laisser la parole à mon
collègue.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière, à vous la parole.
M. Picard :
Oui. Merci, M. le Président. Je suis bien ravi d'entendre, tout à l'heure,
Mme Gagnon qui confirmait, en fin
de compte, que le rapport Ménard n'avait pas été passé à la déchiqueteuse. J'ai
probablement manqué une communication
de la ministre, mais ce n'est pas grave, là. Ce n'est grave. C'est une bonne
nouvelle, ça, parce que, dans tout document... Surtout qu'il a coûté
très cher, là. Je pense que c'est important d'en prendre certaines parties.
Moi, je vais
aborder le coût des transferts de prisonniers. Selon les chiffres que j'ai,
c'est 21 millions en 2013‑2014, en
seulement 10 mois. Je voudrais savoir pourquoi il y a autant de transferts
et je voudrais qu'on me renseigne aussi sur les enveloppes budgétaires
des établissements de détention, là. Est-ce qu'il y a une somme qui serait
allouée en fonction des transferts? Ça
s'appelle le nombre d'entrées d'écrou, là. J'aimerais avoir cette précision-là.
Et, si je fais un peu de pouce sur
qu'est-ce que le député de Beauce-Sud nous a dit tout à l'heure, je comprends
qu'avec la construction du nouveau centre
de détention de Leclerc il devrait y avoir une baisse des transferts et je
voudrais savoir si vous avez des objectifs précis sur cette baisse de
transferts. Merci.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, Mme la ministre.
Mme Thériault : Oui. Je vais
débuter une réponse que je vais demander à notre sous-ministre de compléter.
Quand on parle de transferts des prisonniers, ça inclut les allers-retours pour
les comparutions en cour. Donc, vous comprendrez
que, notamment au niveau des prévenus, quand je vous ai dit qu'on a 43 000
admissions par année, il y a à peu près
50 % de la population carcérale qui est composée de prévenus, donc des
gens qui sont en attente de procès, et 50 % de personnes qui sont
détenues, à 48 %, 52 % à peu près, là. Ça peut varier, on comprend,
d'une année à l'autre.
Vous comprendrez que les prévenus, eux, vont
aussi dans les procès. Donc, il peut y avoir des allers-retours à tous les jours, à raison de quatre à cinq
jours-semaine, pendant plusieurs semaines, et, dans le même procès, il peut y
avoir aussi plus qu'une personne. Donc, chaque individu, avec un aller-retour à
tous les jours, c'est l'équivalent d'un transfert.
Donc, ça, c'est une portion de la réponse, O.K.? Ce n'est pas juste des transferts
d'un établissement à l'autre. On sait qu'il y a des gens qui peuvent
être dans... les prévenus peuvent être dans un centre de détention, qu'ils vont
être transférés dans un autre parce qu'ils seront rapprochés du lieu du procès,
évidemment. Donc, ça, c'est les transferts entre les centres de détention.
M. Picard : ...une partie de
ma question.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard :
Oui. Merci, M. le Président. Peut-être vous n'avez pas saisi la deuxième partie
de ma question. Suite à la
construction de Leclerc, donc, il devrait... Tantôt, M. le député de Beauce-Sud
disait : Probablement qu'il va y avoir une diminution. C'est quoi,
vos objectifs de diminution de transferts?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, Mme la ministre.
Mme
Thériault : Je vais débuter une réponse. Il faut comprendre
aussi qu'il y a des gens qui viennent dans nos centres de détention
faire, purger leur sentence la fin de semaine. Donc, il y a aussi une
clientèle, dans les centres de détention, qui se présente volontairement dans
nos centres et qui n'ont pas de transfert comme tel.
Donc, d'après
la réponse que je comprends de notre sous-ministre associée, il y a très peu
d'impacts au niveau du nombre de transferts d'année en année, si j'ai
bien compris votre question.
• (22 heures) •
M. Picard : Et, au niveau des
revenus en fonction des transferts, est-ce que ça existe? Une prison qui reçoit
un transfert; est-ce qu'il y a un montant alloué? Non?
Mme Thériault : Non, il n'y a
pas de somme d'argent qui est reliée avec les transferts.
M. Picard : O.K. Merci.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Je demanderais au
député de Chauveau de poursuivre, s'il vous plaît. On termine le trio.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Très bien. Alors, ça me fait plaisir de...
Une voix : ...
M. Picard : Ah! bien...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ça me fait plaisir de...
M. Picard : Non, il n'y a pas
besoin de consentement, c'est...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...de voir le député de Chauveau. À vous la parole pour 6 min 30 s.
Une voix : ...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ce n'est pas nécessaire de consentir. M. le député de Chauveau, à vous la
parole.
M.
Deltell :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci de m'accueillir à cette commission.
Salutations à tous les gens qui sont présents. Je vois qu'il y a
beaucoup de hauts gradés de la Sûreté du Québec. Ça tombe bien parce que j'ai
parlé de votre unité tout à l'heure. Salutations aussi aux gens du ministère de
la Sécurité publique. J'ai été un client du ministère de la Sécurité publique
il y a quelques semaines avec l'histoire des inondations à Stoneham et je tiens
à saluer, entre autres, le sous-ministre, M. le général... j'allais dire
«Dallaire», le général Laroche qui a très bien servi.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je comprends que vous vous adressez à... mais on vous entend très mal dans le
micro.
M.
Deltell :
Vous avez raison. Je devrais pourtant le savoir, j'ai connu le métier un petit
peu. Alors, salutations à vous tous.
Salutations aussi à tous les collègues, salutations au collègue de Beauce-Sud
qui, comme on le sait, a déjà été ministre de la Sécurité publique, et
j'ai toujours salué sa sagesse et son bon jugement. Ça me fait plaisir de vous
voir ici ce soir.
Alors, chers
amis, je veux vous parler d'une institution du comté de Chauveau, et ce n'est
pas la prison d'Orsainville dont je
vais vous parler ce soir mais bien plutôt de la Clinique TSO. La Clinique TSO,
c'est une clinique qui a été établie il y a quelques années et c'est
dans mon comté, à Loretteville, sur la rue Racine, pas tellement loin de mon bureau de comté, et cette clinique-là est
spécialisée pour les chocs post-traumatiques. C'est une clinique qui
accueille essentiellement des anciens militaires ou des militaires actuels qui
reviennent de mission et qui subissent les affres de chocs post-traumatiques.
Pourquoi je vous en parle, M. le Président? C'est que, cette semaine, j'ai reçu à mon bureau de comté un citoyen qui est
un ancien militaire et un ancien agent de la Sûreté du Québec, et il me disait
de façon très sensée et très sensible surtout que les militaires sont très bien
traités en matière de chocs post-traumatiques,
on en prend soin, mais ce n'est pas tout à fait le cas à la Sûreté du Québec.
Et, quand on parle des premiers répondants,
c'est-à-dire les policiers, les pompiers, les ambulanciers, c'est une tout
autre paire de manches que les gens, lorsqu'ils
subissent un choc post-traumatique... le traitement qu'ils reçoivent versus ce
qui peut se faire ailleurs. Et, quand on dit «ailleurs», ce n'est pas à l'autre bout du monde, on le vit ici,
à Québec, avec la Clinique TSO qui traite très bien les anciens
militaires. C'est ce que j'entends, à tout le moins.
Et donc ma question est la suivante. On sait que
le choc post-traumatique, c'est tabou. Il aura fallu le général Dallaire qui sorte avec un courage extraordinaire
pour reconnaître ce problème-là pour que ça devienne un enjeu national. Et ce qu'on me dit, parce
que j'ai parlé à bien des gens cette semaine, à la suite du témoignage de mon
citoyen de mon comté, c'est que dans le monde policier, dans le monde
des premiers intervenants, on n'en parle pas fort de ça, des chocs post-traumatiques, alors que ces gens-là
sont confrontés, tout au long de leur carrière, à rencontrer des enfants
blessés, des femmes battues, des hommes en
proie à une crise terrible, des pompiers qui vont recueillir là un bras et là
une jambe. Bref, le choc post-traumatique, M. le Président, ça existe
pour nos premiers répondants et donc pour les agents de la Sûreté du Québec.
Ma question est la suivante : Qu'est-ce que
la ministre ou qu'est-ce que le gouvernement pense faire pour s'attaquer à ce problème qui est tabou mais qui
existe dans bien des corps policiers, de comment traiter les cas de choc
post-traumatique?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Oui, M. le Président. Évidemment, c'est une
question qui est très intéressante, pour avoir des militaires dans ma
famille également. Je pense que c'est peut-être bon de préciser que, ma mère,
ils sont 18 enfants chez eux, donc nous sommes
beaucoup, beaucoup de cousins et de cousines, et j'ai des gens qui sont dans
l'armée, j'en ai au moins trois, et des militaires retraités de
profession qui ont fait 25 ans aussi. Donc, je suis sensible à la question du
député de Chauveau, M. le Président.
Ce qu'on
m'indique à l'heure actuelle, c'est que la Clinique TSO relève du CHUQ
évidemment, donc on peut comprendre
que les services de santé... la santé et les services sociaux est certainement
mise à contribution. La question que pose
le député de Chauveau, elle est vraiment très pertinente, parce que les chocs
post-traumatiques, avec les malheureux événements...
Je pense qu'on l'a vu avec Mégantic, entre autres, L'Isle-Verte. Les premiers
répondants, que ce soient les policiers
de la Sûreté du Québec, les policiers des autres corps policiers, que ce soient
les ambulanciers, que ce soient les pompiers,
je pense qu'on ne peut pas rien laisser au hasard parce que ce sont des gens vraiment qui vont tout faire
pour tenter de sauver des vies, et on comprend
qu'ils peuvent revenir avec des images assez traumatisantes. C'est vrai
pour les militaires, c'est vrai également pour les premiers répondants, donc
les gens qui sont en sécurité civile, qui oeuvrent sous la responsabilité de M.
Laroche, notamment, mais également pour les policiers qui sont à la Sûreté du
Québec.
On m'a
transmis ici un document, ça s'appelle Services d'intervention post-traumatique — Sûreté du Québec, et
c'est un document qui, si je ne m'abuse, fait état de ce qu'est un événement
traumatisant, donc vous retrouvez une définition
là-dedans, comprendre l'impact d'un événement
traumatisant, choc émotionnel, choc physique, changement dans le comportement au travail, procédure en matière d'interventions post-traumatiques.
Donc, on comprend que ça s'adresse vraiment
aux gens de la Sûreté du Québec. Il y a toute une série de
questionnements : suivi à la suite d'une intervention, etc., les interventions post-traumatiques, le processus de verbalisation, la première étape,
comment avez-vous réagi? Donc, on voit différentes questions pour être
en mesure d'évaluer si les gens ont eu un choc post-traumatique. Je comprends également
qu'il y a des conseils à l'intention des gestionnaires, qu'il y a
du counseling à l'intention des employés et des membres de leurs familles, il
y a un aide-mémoire. Et, si je me
tourne vers les gens de la Sûreté du
Québec, je comprends également
que, ce document-là, nous pouvons le déposer aux membres de la commission et
que les députés pourront en prendre connaissance. Est-ce que ça vous va? On
m'indique que oui, il n'y a pas de problème.
Donc, on va
déposer le document ici, M. le
Président, qui s'appelle Services
d'intervention post-traumatique — Sûreté du Québec.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
...secondes, M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : ...que c'est un sujet qui est délicat, c'est un sujet
qui est fragile, mais c'est un sujet qui est important.
Je suis
heureux d'entendre la ministre qui prend à coeur ce sujet-là puis je pense qu'au
cours des prochains mois, des
prochaines années, même à très court terme, on devrait s'attarder... et je vous
invite fortement à créer un groupe de réflexion là-dessus. Et je pense
que s'inspirer de l'armée canadienne peut être une très bonne piste à suivre parce
que l'armée a une excellente expertise en matière de chocs post-traumatiques. Et, sans vous dire quoi faire, je pense que
vous avez quelqu'un, dans le ministère,
qui connaît pas mal l'armée puis qui connaît pas mal le ministère,
ci-devant le général Laroche, sous-ministre de la Sécurité civile. Je
pense qu'il pourrait grandement nous aider là-dessus.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vous remercie. Ça termine le bloc. Mais, si le gouvernement... Alors, je comprends qu'il y a un consentement pour
entreprendre le prochain bloc. Mme la ministre, vous pouvez répondre.
Mme
Thériault : Oui. Je
vais me permettre de préciser aussi qu'il
y a pour les policiers un centre, à Québec, qui s'appelle Vigile, où ça permet aux policiers de partir en retraite
fermée pour pouvoir parler, justement, de tout ce qui a trait aux chocs post-traumatiques, et peut-être, M. Laroche, si vous voulez peut-être compléter la réponse, ou ça va, ou...
M. Laroche (Guy) : Vous savez, les
Forces armées canadiennes ont appris beaucoup au cours des dernières années, surtout avec l'Afghanistan, évidemment.
Les Forces canadiennes n'étaient pas complètement préparées à faire face à un conflit comme l'Afghanistan lorsqu'on
s'est lancés dans cette aventure-là au tout début, puis on a appris sur le
dur dans les Forces canadiennes. Je pense
que cette expérience-là peut très certainement servir à plusieurs aujourd'hui. Évidemment, au sein des forces, il y a beaucoup de progrès qui a été fait au cours des dernières
années. Il reste encore du travail à faire, à mon sens. Mais, ceci étant dit, je pense que la sensibilisation, c'est déjà quelque chose d'important, et juste le fait de savoir que vous avez des confrères et des consoeurs qui
peuvent être affectés par le stress post-traumatique, c'est déjà beaucoup.
Donc, à ce niveau-là, encore une fois, il y a énormément de travail qui a été accompli au sein des forces,
et je pense qu'avec le temps ça devrait s'améliorer, encore une fois.
Puis, pour ce qui est de la Sûreté du Québec et tous
ceux qui sont exposés à ce genre de stress, ça ne serait que bénéfique
parce que ça touche évidemment l'individu, mais ça touche également tout
l'entourage, ça touche la famille. Et je
dois dire que la famille, plus souvent qu'autrement, paie beaucoup
plus même que l'individu. Donc, il ne faut pas oublier la famille là-dedans parce
qu'elle aussi est grandement
affectée, parce que les individus qui sont touchés par le stress post-traumatique, c'est quelque chose qui est sur le long terme. Ce n'est pas quelque chose qui se guérit à
très court terme, ça ne se fait pas dans l'espace de quelques semaines.
Ce n'est pas comme administrer un médicament, c'est quelque chose qui va durer
de nombreuses années, et certains vont toujours être affectés par ça.
Donc, encore une fois, je pense qu'il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits, puis il en reste
encore beaucoup à faire.
• (22 h 10) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie, M. Laroche. Mme la ministre, souhaitez-vous ajouter quelque
chose?
Mme Thériault : Oui. On me
dit que, les 3, 4 décembre prochain, à l'École nationale de police du Québec, il
y aura un colloque intervention auprès des
personnes vulnérables, dont une conférence sur le stress post-traumatique.
Donc, si le député de Chauveau veut avoir un
peu plus d'informations, ça sera possible de lui faire parvenir une invitation
ou encore on l'enverra aux membres de la commission, M. le Président. Mais ça
peut être intéressant de voir le contenu aussi. Donc, je l'invite.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
À vous la parole.
Mme Simard :
Merci, M. le Président. Bonjour à toutes et à tous. Alors, comme vous le savez,
la situation des pompiers volontaires et à temps partiel du Québec est
unique. En effet, les quelque 1 100 municipalités du Québec sont desservies par 704 services de sécurité
incendie. À l'exclusion des neuf grandes agglomérations urbaines, les
autres municipalités ont recours
majoritairement à des pompiers volontaires ou à temps partiel, et c'est le cas
des municipalités de ma circonscription et de plusieurs autres régions
au Québec. Ces derniers représentent 77 % de tous les pompiers du Québec,
soit environ 17 800 pompiers. On compte plus de
5 000 pompiers à temps plein.
Depuis
plusieurs années, les municipalités, les MRC et les regroupements municipaux
demandent au ministère de la Sécurité
publique d'allouer les fonds nécessaires afin que les municipalités qui
emploient des pompiers volontaires et à temps partiel bénéficient, comme les grandes villes, d'une formation
financée par le gouvernement, au même titre que la formation destinée aux pompiers permanents. Le
précédent gouvernement, lors de son dernier budget présenté en février
dernier, avait annoncé qu'il entendait investir 4 millions pour la
formation des pompiers volontaires et à temps partiel
du Québec. Les villes qui emploient des pompiers à temps plein, comme Québec et
Montréal, par exemple, ont en effet accès à un bassin de pompiers formés
par le réseau des écoles publiques et dont la formation est financée à même les
budgets alloués par le ministère de l'Éducation,
du Loisir et du Sport pour l'obtention d'un diplôme d'études
professionnelles et par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie pour
le diplôme d'études collégiales. La formation des pompiers pour les
municipalités qui emploient principalement des pompiers volontaires et à
temps partiel doit, quant à elle, être financée par les municipalités.
J'aimerais,
M. le Président, poser la question suivante à la ministre, savoir qu'est-ce
qu'il advient de ce programme d'aide. Où en êtes-vous rendus?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Je ne peux pas faire
autrement que de faire le constat que de vous dire que mon demi-frère est pompier volontaire, et son fils a suivi ses
traces. Donc, effectivement, vous comprendrez... Oui, aussi. Et je peux
avouer d'emblée, M. le Président, que j'ai également un de mes cousins qui est
membre de la Sûreté du Québec. Donc, vous voyez qu'une grande famille, c'est ce
que ça donne, ça permet d'avoir des gens dans différents
corps de métier, ça permet à des gens d'avoir de l'expérience terrain tout
partout, et finalement, bien, on se rend compte que, quand on est député ou quand on est ministre, on peut faire
un paquet de parallèles entre notre vie privée, les gens qu'on connaît, qui sont près de nous, et la
réalité sur le terrain. Donc, je dois dire que je n'ai qu'à passer un
coup de téléphone aussi et je suis
convaincue que mon frère et son fils se feront un immense plaisir de
m'entretenir, des heures et des heures, du travail des pompiers
volontaires.
Vous
avez très bien dit... M. le Président, la députée de Charlevoix a très bien
dit — puisque
je dois m'adresser à vous — sur le fait qu'effectivement dans le dernier
budget... Dans le discours du budget, nous avons annoncé des sommes
d'argent récurrentes pour l'École nationale des pompiers. Je pense qu'il n'y a
pas personne ici qui va remettre en cause la décision d'investir de l'argent,
d'autant plus qu'on comprend tous qu'il y a un nombre incommensurable de pompiers volontaires, qu'ils oeuvrent dans les
petites municipalités qui sont souvent très éloignées des grands centres
urbains, que nos pompiers volontaires font
aussi partie des premiers répondants, que très souvent ce sont les premiers
qui arrivent sur les lieux d'une intervention. Donc, effectivement, on a tous
compris que la formation, particulièrement, des
pompiers volontaires était faite, malheureusement, à la charge des pompiers
volontaires ou à la charge des plus petites municipalités. Donc, on
comprendra que d'investir sur la formation de nos premiers répondants, sur les pompiers
volontaires, c'est vraiment
très important. Et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec
la tragédie à L'Isle-Verte, ce qui s'est passé aussi à Lac-Mégantic. On
comprend tous qu'il y a des pompiers volontaires qui sont intervenus
assez rapidement dans le processus, et ça ne fait que démontrer l'importance d'investir des sommes d'argent
supplémentaires.
La
députée de Charlevoix,
M. le Président, a également
dit que, oui, le précédent gouvernement avait annoncé cette mesure-là. Je les
félicite, mais je vais les féliciter juste à moitié, malheureusement, puisqu'on
me confirme bien que, malgré le fait qu'on ait annoncé ce programme-là sous le
précédent gouvernement, il a été demandé au ministère d'autofinancer les 4 millions. Et c'est évident, vous comprendrez,
M. le Président, que les 4 millions ne poussent pas dans les arbres non plus. Je pense que le ministère de
la Sécurité publique, on ne peut pas demander de déplacer l'argent d'un
programme à un autre programme. On comprend qu'on a tous des priorités, et la
priorité de notre gouvernement a été de
conserver les programmes qui existaient au ministère, particulièrement du côté
sécurité civile, mais d'investir des sommes supplémentaires, et c'est
l'objet de l'annonce qui a été faite dans le budget qui a été déposé au mois de
mai dernier.
Donc,
évidemment, il y aura des crédits additionnels, je pense que c'est important de
le répéter. Il y aura des crédits sur
une... et qui va se prolonger sur une période de trois ans, quatre ans... cinq
ans, pardon. Donc, on parle de 3,5 millions la première année,
4 millions les années suivantes, récurrentes. Donc, on peut dire chapeau,
parce que c'est près de 20 millions de
dollars, au cours des cinq prochaines années, qu'on pourra investir sur nos
pompiers volontaires. Moi, je pense qu'il fallait vraiment le faire.
Quand on regarde de quelle manière ici le système fonctionne, c'est qu'il y a
les pompiers à temps plein, entre guillemets, qui sont dans les municipalités
dont la députée a parlé. Les plus grosses municipalités ont des corps de
pompiers à temps plein. De manière générale, il y a une formation qui existe
pour les pompiers qui sont à temps plein et
il y a une autre formation qui existe pour les pompiers à temps partiel. Et une
est partie de l'autre, mais l'autre est en complément de la première.
Donc,
il est évident que je pense qu'on doit aussi revoir l'offre de formation qu'on
a pour nos pompiers parce qu'il arrive
qu'il y ait des pompiers volontaires à temps partiel qui veulent devenir
pompiers à temps plein et malheureusement, si je ne m'abuse, ils doivent refaire leur formation en grande partie,
alors qu'il y a certains acquis pour eux qui ont été développés dans leur formation à titre de pompiers
volontaires, M. le Président. Donc, je pense que la prochaine étape sera
vraiment de dire : O.K., on a l'argent.
Ça, c'est fait, c'est confirmé. Il y a des travaux qui sont en cours
présentement pour développer le
programme de soutien financier ainsi que les modalités, parce qu'il faut dire
qu'il va y avoir des modalités d'application. Donc, qui pourra faire la
demande? Est-ce que ce sera le pompier volontaire? Est-ce que ce sera la
municipalité? Est-ce que ce sera la MRC? Quels frais pourront être remboursés?
Est-ce qu'il y aura des frais de déplacement?
Est-ce qu'il y a aura des frais de logement? Est-ce qu'il y aura des frais de
repas? Est-ce qu'il y aura des coûts de matériel qui seront défrayés par
les 3,5 millions la première année, les 4 millions pour les années
suivantes?
Donc,
évidemment, on est à travailler présentement avec l'équipe de M. Laroche pour
pouvoir faire en sorte de définir ces
modalités-là, et l'objectif qu'on a, en tant que ministère, c'est de présenter
le programme au cours de l'automne prochain. Je dois vous dire que les
pompiers volontaires attendent avec beaucoup d'impatience que nous dévoilions les caractéristiques de ce programme, au même
titre que les municipalités, les différentes MRC attendent également
qu'on puisse aller de l'avant avec le
programme. Donc, on est très fiers, et je suis particulièrement fière de dire
que mon collègue le ministre des Finances a entendu l'appel du ministère
de la Sécurité publique lorsqu'on a dit qu'on ne pouvait pas absorber, à l'intérieur de nos enveloppes qu'on
avait, une formation à 4 millions par année, parce qu'on parle quand
même de 20 millions ici, c'est important de le répéter.
• (22 h 20) •
Et
ça permet vraiment de pouvoir aller de l'avant et de dire à nos pompiers
volontaires qu'ils sont importants aussi puis qu'on reconnaît leur
travail sur le terrain quand ils font des interventions.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la
parole au député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Alors, Mme la ministre, j'aimerais
aborder une autre tâche qui touche à vos multiples fonctions,
c'est-à-dire le financement des organismes communautaires. Il y a un aspect qui
touche, comme je dis, à vos responsabilités.
On va en convenir, que, dans le contexte économique actuel, les organismes
communautaires qui oeuvrent à soigner des
gens atteints d'alzheimer, des jeunes toxicomanes, il y a un millier d'exemples
partout en région, à Montréal métropolitain, qui s'ajoutent à la société
civile de façon très essentielle et importante. Et, dans le contexte actuel économique, c'est souvent difficile
d'appuyer ces regroupements. En ayant fait la plupart de ma vie
professionnelle dans ces regroupements-là, je sais que c'est une tâche de taille,
chaque jour, à maintenir le financement et à assurer la pérennité de nos
travaux, des travaux de ces tels groupes là.
Un
des outils essentiels pour le financement de ces regroupements communautaires
est qu'ils se prévalent de leur droit
de récolter des profits associés aux séances de bingo. Ce n'est pas mon
activité préférée, mais je respecte beaucoup ce levier parce que ça
permet aux organismes communautaires de continuer à se financer comme il faut.
Je ne sais pas si la ministre a un autre
membre de la famille qui est animateur des soirées de bingo, mais, pour être
sérieux, on ne veut pas banaliser
l'affaire, parce que, comme je dis, voilà un outil privilégié pour les
regroupements communautaires, partout au Québec, de continuer leur bon
travail. Malheureusement, il faut constater aussi que les habitudes du monde changent. C'est une activité privilégiée souvent
par les citoyens d'un certain âge. Tout cela pour dire que, comme
levier, ça devient de moins en moins
efficace. Il y avait déjà des gestes de posés pour atténuer l'impact de ce
manque à gagner par l'entremise des
soirées de bingo, et on se demande s'il y a d'autres gestes à poser davantage
pour assurer, comme je dis, au bout de la ligne, la pérennité de nos
organismes divers partout au Québec, des organismes communautaires.
Tout cela qui
m'amène, avec le peu de temps qu'il nous reste, à demander à la ministre
quelles mesures ont été instaurées jusqu'à
maintenant pour favoriser le financement des organismes communautaires. Et,
compte tenu qu'il n'y a pas beaucoup de temps, peut-être elle peut aussi nous parler des
nouveaux genres de mesures qui sont à considérer pour, comme je dis,
assurer la pérennité de tous ces regroupements communautaires.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, M. le député de
D'Arcy-McGee. Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Tous les membres de ma
famille, M. le Président... non, il n'y a pas d'animateur de bingo, mais je suis convaincue que je dois avoir des
tantes ou des cousines qui jouent au bingo, peut-être des oncles et des cousins, c'est évident.
Maintenant, c'est une façon de bien détendre l'atmosphère. J'apprécie votre
question.
Je vais vous dire que c'est sûr que les gens
peuvent se demander c'est quoi, le lien entre les services communautaires,
le ministère de la Sécurité publique et les bingos. Le député de Beauce-Sud,
d'ailleurs, ça doit certainement le faire sourire
parce qu'à l'époque, en octobre 2010, alors qu'il était ministre de la Sécurité
publique, il a agréé un organisme qui s'appelle — ne
bougez pas, je ne veux pas me tromper dans son nom, là — le
Secrétariat du bingo. Donc, c'est un organisme
qui a été mis sur pied et, lorsque le ministère a agréé cet organisme-là,
c'était pour assurer le financement du secrétariat.
Il a effectivement confié à la Régie des alcools, des courses et des jeux, ce
qu'on appelle la RACJ, la mission de percevoir
une contribution auprès de chaque titulaire d'une licence de bingo. Vous savez
que la RACJ va gérer toutes les licences,
hein, que ce soient les licences de bar, les licences de loteries, dont les
bingos, les licences, également, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner dans mes remarques préliminaires, par
rapport aux sports de combat. Donc, la RACJ, Régie d'alcools, des courses et des jeux du Québec, pour les gens qui se demandent qu'est-ce
que la RACJ, a donc interféré auprès des
titulaires de licence de bingo, et, depuis 2011 et 2012, il y a eu trois
décrets qui ont été adoptés par le gouvernement concernant le
financement du secrétariat des bingos qui enjoint les titulaires de la licence
de système de loterie de bingo de payer une
contribution annuelle qui est basée sur un pourcentage de 15 %. Ça s'applique aux droits exigibles
pour la délivrance d'une licence, évidemment. Donc, on perçoit un montant qui
est remis à la société. Et, cette année, j'ai reconduit moi-même les modalités
et j'ai recommandé à mes collègues d'accorder un financement aussi de
15 %.
Je
pense qu'au fil des années il y a eu de nombreuses modifications réglementaires
qui ont été approuvées pour soutenir les organismes communautaires qui
oeuvrent au sein de l'industrie du bingo, et c'est sûr que les règles qui
entourent le jeu ont notamment été assouplies si on voulait favoriser.
Maintenant,
je pense qu'il est important de mentionner que notre collègue le député de
Montmorency travaillait sur le
dossier avec l'ancien ministre de la Sécurité publique, le député de
Beauce-Sud, alors qu'il était ministre, et, lorsque nous avons été assermentés comme ministres, le collègue
de Montmorency est venu me voir pour me dire : Mme la ministre,
j'aimerais beaucoup reprendre le mandat que le précédent ministre libéral
m'avait confié. Et j'ai dit oui parce que, un,
c'est un député qui connaît déjà le dossier, qui a eu l'occasion de le
travailler avec les différents intervenants, que ce soit la RACJ ou la société de financement. Je considère
que c'est un député qui, en plus, dans son ancienne vie, a travaillé au ministère du Revenu. Donc, ça lui permet vraiment
d'avoir un portrait qui est peut-être plus global au niveau des
chiffres, parce que le nerf de la guerre, c'est vraiment le financement. Le
financement étant lié aux licences, et les licences étant liées à la participation au jeu, vous comprendrez qu'il faut
garder le juste équilibre, à savoir est-ce qu'on va favoriser des offres
de jeu en plus grand nombre pour continuer à faire en sorte que les gens
puissent occuper leur passe-temps préféré,
soit le bingo. Et, en même temps, bien c'est sûr que plus il y a une diminution
de clientèle dans les salles de bingo... La plupart des gens ont vu la
grande différence à partir du moment où on a interdit de fumer dans les salles
de bingo. Il y a eu une chute drastique de
revenus. Donc, si je ne m'abuse, c'est vraiment ce qui a été à l'origine du
décret du collègue de Beauce-Sud, parce qu'on a vu qu'il y avait un
impact réel et que, les organismes communautaires, certains sont financés par
les joueurs de bingo.
Concernant
la deuxième portion de la réponse, M. le Président, au cours des prochaines
semaines, je vais également saisir
mes collègues d'un projet de modification réglementaire pour autoriser
l'activité de moitié-moitié sous l'égide de licence des tirages. On
connaît tous ici les moitié-moitié, hein? Quel député n'a pas assisté à une
soirée, une activité de financement, un
brunch, un dîner spaghetti, que ce soit avec nos scouts, les Chevaliers de
Colomb, les moitié-moitié dans nos arénas? Les parents, qu'ils soient
policiers ou politiciens, participent souvent aux moitié-moitié. On en achète,
et certains d'entre nous vendent même des
billets. Et, M. le Président, est-ce que vous savez que, pour vendre des
billets moitié-moitié, ça prend une licence?
Et, la licence, on doit payer des sous. Et la plupart des organismes
communautaires ne savent pas que ça prend une licence.
La
bonne nouvelle, M. le Président, c'est que j'ai demandé à la présidente de la
RACJ de regarder les moitié-moitié. Et nous savons tous qu'il y a
certains de nos groupes... Et je vais prendre l'exemple des Chevaliers de
Colomb, mais c'est vrai aussi pour les
scouts, les scouts et les guides. Les Chevaliers de Colomb, on sait tous qu'il
y en a dans toutes les paroisses, dans tous les villages, il y en a à
peu près tout partout, je ne sais pas combien de conseils ça représente, mais ça doit représenter à peu près peut-être 500
conseils, peut-être plus, parce qu'autant de municipalités, autant de
conseils de Chevaliers de Colomb ou de
Filles d'Isabelle ou... multipliez à l'infini tous les groupes, y compris les
clubs d'âge d'or. Si, du jour au
lendemain, tous ces groupes-là devaient aller chercher un permis pour faire un
moitié-moitié, ça n'aurait comme juste
pas d'allure, M. le Président, la RACJ serait inondée de demandes. Les groupes
qui n'auront pas fait de demande s'exposent à des demandes très
supérieures au montant.
• (22 h 30) •
Alors, vous comprenez
que c'est très compliqué, et j'ai demandé à la présidente de la RACJ de se
pencher pour pouvoir offrir deux types de
licence pour le moitié-moitié : une licence qui serait de type parapluie,
où, exemple, les Chevaliers de Colomb, le conseil provincial peut faire
la demande avec un coût, et tous les groupes de Chevaliers de Colomb tomberaient sous
le permis parapluie des Chevaliers de Colomb. Donc, ça permettrait de payer une
fois le permis et de couvrir tous les groupes. Et c'est vrai qu'on peut
multiplier à l'infini.
Donc, au cours des prochains mois, vous verrez
l'arrivée de ce règlement-là. Et ça facilitera grandement le financement des
organismes communautaires.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Sur ces
bonnes nouvelles, nous poursuivrons l'étude des crédits du portefeuille Sécurité publique demain, vendredi 20 juin
2014, à 9 h 30. Et, sur ce, la commission ajourne ses travaux.
(Fin de la séance à 22 h 31)