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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez regagner vos places, nous allons commencer les travaux de cette
commission.
Bonjour à tous les membres de la commission ainsi qu'à
tous les intervenants d'aujourd'hui et aux gens qui les accompagnent. Il me
fait plaisir de déclarer que, la séance étant maintenant
ouverte, je réclamerai le calme et la tranquillité, afin que nous
puissions procéder.
Notre mandat, aujourd'hui, est de procéder à
l'étude des crédits budgétaires concernant le
ministère de la Sécurité publique, les programmes 1
à 8, pour l'année financière 1993-1994.
Mme la secrétaire, avez-vous des remplacements à nous
annoncer aujourd'hui?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Hamel
(Sherbrooke) est remplacé par vous-même, M. Gobé
(LaFontaine); M. LeSage (Hull) est remplacé par M. Tremblay (Rimouski);
Mme Pelchat (Vachon) est remplacée par Mme Loiselle (Saint-Henri); M.
Boulerice (Sainte-MarieSaint-Jacques) est remplacé par M.
Chevrette (Joliette); M. Godin (Mercier) est remplacé par M. Gendron
(Abitibi-Ouest); et M. Trudel (Rouyn-NorandaTémiscamingue) est
remplacé par Mme Vermette (Marie-Victorin).
Organisation des travaux
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais aviser les membres de cette
commission, ainsi que M. le ministre, que vous avez, pour cette étude de
crédits, une enveloppe de 5 heures. Pour cette séance, nous avons
2 h 30 min, soit de 10 heures un peu passé à 12 h
30.
Selon les règlements, et aussi selon les traditions, il est de
règle que chaque parlementaire puisse, une fois la période des
remarques préliminaires terminée, s'exprimer pour une
période de 20 minutes sur chaque programme; ceci, en tenant compte de
l'alternance de chacun des groupes parlementaires.
M. le ministre, vous avez un temps libre à votre disposition, non
limité, pour répondre à chacune des interventions des
parlementaires. Alors, est-ce qu'il y a des ententes particulières qui
auraient été conclues entre les partis et desquelles je n'aurais
pas été informé?
M. le député, non?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Gobé): Donc, vu qu'il n'y a pas
d'entente, je crois comprendre que nous allons procéder...
M. Dufour: II y a entente pour qu'on procède, mais il n'y
a pas d'entente!
Le Président (M. Gobé): ...du programme 1
jusqu'à 8, et ainsi de ensuite. On n'aura pas de substitution de
programmes. Ceci étant décidé...
M. Dufour: M. le Président, par exemple... Le
Président (M. Gobé): Oui, monsieur...
M. Dufour: Quand on a parlé d'entente... Il n'y a pas de
difficulté pour les règles normales. Ce qu'on avait envie, ou ce
sur quoi on s'était entendu ça, c'est peut-être une
entente particulière; moi, je ne la voyais pas comme telle c'est
que les programmes, on va les étudier, mais plutôt par sujet que
par programme global. Puis, à la fin, bien, on va passer au travers.
Le Président (M. Gobé): Un instant, M. le
député de Verdun.
Alors, excusez...
M. Dufour: Bien, nous autres, les tractations...
Le Président (M. Gobé): C'est important, c'est
l'organisation des travaux.
M. Dufour: ...ou les discussions avec le ministère,
c'était à l'effet qu'on pouvait utiliser les...
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas le ministre
qui décide, c'est les parlementaires.
M. Chevrette: C'est nous tous qui décidons.
M. Dufour: Oui, mais comme je ne peux pas parler à vous
tous en même temps...
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...on s'était... Le ministère n'avait
pas manifesté de problème ou de difficulté à ce
qu'on puisse travailler par sujet d'intérêt plutôt que par
programme, purement et simplement.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Jonquière, étant donné que l'ordre
de la Chambre est de procéder du programme commençant par 1
jusqu'au programme 8, pour déroger au programme établi, vous
êtes conscient que ça prend le consentement des mem-
bres de cette commission.
Alors, je demanderai... J'ai entendu des interventions du
côté gouvernemental. Excusez-moi, M. le député de
Viger, M. le député de Verdun avait demandé la parole.
M. le député.
M. Gautrin: M. le Président, j'ai l'impression que si on
suit les programmes dans l'ordre, vous allez pouvoir tout à fait y
aller... parce que chaque programme suit actuellement les
éléments que vous voulez faire par sujet et
intérêt.
Le risque que je vois, si c'est passé par sujet
d'intérêt, c'est qu'on va passer à droite ou à
gauche, etc., tandis que les programmes, si je les remarque assez rapidement,
vous permettrez, d'après moi, M. le député de
Jonquière, de pouvoir faire la recherche que vous voulez tout en nous
permettant à nous aussi de pouvoir intervenir, parce que si on passe
à droite ou à gauche, vos sujets d'intérêt ne sont
peut-être pas nos sujets d'intérêt. À ce
moment-là, on va parler dans toutes les directions.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Verdun.
M. le ministre, vous avez des remarques à faire sur ce partage de
temps, cette organisation des travaux?
M. Ryan: Oui, M. le Président. Je pense bien que l'examen
des crédits a pour objet de permettre aux députés de se
renseigner, de voir s'il y a des points faibles dans l'administration, de faire
des suggestions d'amélioration aussi.
La tradition parlementaire veut qu'on accorde une considération
particulière aux préoccupations de l'Opposition. C'est pour
ça qu'en général, tout en conservant leurs droits
fondamentaux, les parlementaires consentent, en pratique, à laisser plus
de temps à l'Opposition que le gouvernement ne pourrait en
réclamer. C'est comme ça que ça se fait toujours et, dans
cette perspective, je pense qu'il est important de tenir compte des
préoccupations de l'Opposition.
L'essentiel, le numéro des programmes, moi, ça ne me
dérange pas du tout. On peut s'entendre sur les sujets, on va faire le
raccordement avec les numéros, mais je pense bien qu'il faudrait que le
député de Jonquière nous dise quelles sont ses
préoccupations. Puis, dans la mesure où on peut y
répondre, en tenant compte des préoccupations également
légitimes du groupe ministériel, je pense qu'on va se rencontrer
quelque part, comme on le fait toujours à l'examen des crédits.
Moi, j'ai fait l'examen des crédits aux Affaires municipales à
maintes reprises avec le député de Jonquière et d'autres
députés ici. Il n'y a pas de problème.
Est-ce qu'on pourrait savoir... Les sujets qui préoccupaient le
député de Jonquière, quels sont-ils, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre,
excusez-moi. J'avais quand même reçu, de la part du
député de Verdun, certaines objections dont je dois tenir compte,
étant donné que la règle du consentement exige que, pour
déroger au programme, ça prend le consentement. Je ne peux pas
passer outre aux demandes, lorsqu'on demande un consentement, comme
président, d'un membre. M. le député de Verdun,
avez-vous...
M. Gautrin: Je voudrais qu'on passe programme par programme, M.
le Président.
Le Président (M. Gobé): Donc, n'ayant pas le
consentement, M. le ministre, je me dois de respecter l'ordre de la Chambre, et
d'appliquer l'ordre du jour de cette commission. Je vais donc appeler
maintenant... Je vous demanderai donc maintenant de faire... de passer à
l'étape suivante, qui est celle des remarques préliminaires. Vous
avez, M. le ministre, 20 minutes pour ce faire; M. le député de
Jonquière, 20 minutes aussi; et chaque membre de cette commission pourra
avoir ses 20 minutes, s'il le désire.
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Où est-ce qu'on est, là? On est avant le
programme 1, là?
Le Président (M. Gobé): Non, remarques
préliminaires, M. le ministre.
M. Ryan: C'est ça. Je pensais qu'on commençait par
ça.
Le Président (M. Gobé): Non, les remarques
préliminaires, et par la suite... Chaque parlementaire a une
période de 20 minutes de remarques préliminaires, et par la
suite...
M. Ryan: Alors, j'aimerais bien... Regardez, là...
Le Président (M. Gobé): ...nous prenons les
programmes: 1, 2, 3, 4, 5. Si les gens n'ont pas de questions à poser
sur le 1, on passe tout de suite au 2, au 3 ou au 4, comme on l'a fait dans
d'autres commissions.
M. Ryan: Peut-être par courtoisie, vu que le
député de Jonquière est avec nous pour la première
fois, s'il voulait prendre la parole le premier, nous faire part de ses
préoccupations générales, justement, à l'occasion
de ses remarques introductoires. Ensuite, je pourrai répondre. Je pense
qu'on va s'entendre quelque part, au moins sur les accents que l'on mettra
pendant l'examen des programmes.
Le Président (M. Gobé): Oui. Moi, M. le
ministre, je n'ai pas de problème avec le fait que M. le
député de Jonquière parle le premier, mais en rappelant
qu'on est toujours à l'étape des remarques
préliminaires.
M. Dufour: M. le Président, j'ai bien compris
dans quel état d'esprit on travaille. J'apprécie
l'attitude du ministre de la Sécurité publique, et moi, je suis
prêt à écouter son discours, quitte à... On va se
rajuster assez rapidement, parce que je ne voudrais pas mettre la chicane... Je
ne voudrais pas aller trop vite.
Le Président (M. Gobé): Ah!
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Ça simplifie notre besogne. M. le
Président, ma besogne est simplifiée. Je serai très bref
à ce stade-ci. Vu que vous avez décidé que nous
étudierions les sujets, programme par programme, je ferai certaines
remarques introductoires au début de l'examen de chaque programme.
Ça évitera qu'on s'en aille dans toutes les directions,
dès le début. Je me contenterai de quelques brèves
remarques liminaires à ce stade-ci. (10 h 20)
Tout d'abord, je voudrais vous présenter les personnes qui
m'accompagnent à l'occasion de l'examen des crédits. À ma
gauche, vous avez M. Jean-Marc Boily, qui est le sous-ministre de la
Sécurité publique. À ma droite, il y a M. Robert Lavigne,
qui est le directeur général de la Sûreté du
Québec. Derrière nous, il y a les sous-ministres associés:
M. Normand Carrier, qui est à la Direction générale des
services correctionnels; M. Charles Côté, qui est à la
Direction générale de la sécurité et de la
prévention; M. Michel Noël de Tilly, qui est à la Direction
générale de la sécurité civile; M. Jean-Louis
Lapointe, qui est à la Direction générale de la
coordination ministérielle et des services corporatifs.
Ensuite, il y a les responsables d'un certain nombre d'organismes qui
gravitent autour du ministère de la Sécurité publique, et
qui relèvent de l'autorité du ministre de la
Sécurité publique. Il y a le coroner en chef, Me Pierre Morin. Il
y a le président de la Régie des permis d'alcool du
Québec, Me Ghislain Laflamme. Il y a le président de la
Régie des loteries du Québec, M. Savard. il y a la
présidente de la Commission québécoise des
libérations conditionnelles du Québec, Mme Renée Collette.
Il y a le commissaire à la déontologie policière, Me
Fernand Côté; il y a le président du Comité de
déontologie policière, Me Brazeau. Il y a le directeur
général de l'Institut de police du Québec, M.
Bouchard.
Je salue toutes ces personnes, et je serai heureux de recourir à
leur collaboration pour répondre aux questions que voudront nous
adresser les membres de la commission.
Le ministère de la Sécurité publique a trois
vocations principales. Il a une vocation consistant à protéger la
population, à assurer la sécurité et la protection de la
population, surtout par l'intermédiaire des forces policières. Il
a également la mission de protéger la société
à l'endroit des personnes qui brisent ses règles de conduite, et
de favoriser la réinsertion de ces personnes dans la vie sociale
ordinaire. Ça, c'est la Direction générale des services
correctionnels. Il a ensuite une troisième vocation, celle de procurer
à la population l'encadrement et le soutien dont elle peut avoir besoin
en cas de sinistre mettant en danger les biens ou/et les personnes. Ce sont les
trois grands volets de l'activité du ministère, que nous aurons
l'occasion d'étudier aujourd'hui. Je voudrais souligner, au début
de notre journée, que ces vocations ne sont pas nécessairement
homogènes. On peut trouver des liens entre chacun. La création du
ministère remonte à peine à quelques années.
Il y a encore des liens à établir dans le
ministère, avant qu'on en arrive à une intégration
complète de tous les éléments, et nous ne savons
même pas sous quelle forme l'action du gouvernement, dans tous ces
secteurs dont j'ai parlé, se déploiera dans l'avenir. Il y a
toujours des perspectives qui peuvent rester ouvertes de ce
côté-là. Je voudrais signaler que le travail s'accomplit
dans un esprit d'engagement au service du bien public, qui m'apparaît
remarquable. Aussi, dans un esprit de collaboration, avec l'autorité
politique, qui m'apparaît également digne de mention. Dans un
esprit de collaboration interservices, qui est également exemplaire.
Ces conditions sont très propices. Elles nous permettent de
réaliser des actions dont l'importance n'est pas toujours saisie
à première vue, mais qui apparaît plus clairement avec le
temps. J'en donne seulement un exemple: tout le problème des relations
avec les communautés amérindiennes, en particulier avec les
communautés Mohawks. Vous savez, tout ce que nous avons entendu de
critiques, M. le Président, depuis trois ans, sur la ligne de conduite
du gouvernement. Vous aurez remarqué que ces critiques n'ont aucunement
infléchi la conduite du gouvernement, parce que nous essayons de
fonctionner dans ces choses à partir de convictions profondes, à
partir d'orientations délibérément choisies. Ensuite, on
essaie d'y tenir.
Il y en a beaucoup qui ont reproché au gouvernement, en
particulier, de ne rien faire, de pécher par faiblesse ou par mollesse.
J'ai toujours souligné que l'attitude du gouvernement n'était pas
une attitude de condescendance ou de faiblesse, mais une attitude de
réalisme en face de conditions éminemment particulières,
auxquelles nous devions nous mesurer dans ce dossier. Nous avons tous
été témoins de ce qui est arrivé aux
États-Unis, il y a deux semaines à peine, à Waco. Il y
avait un siège qui durait depuis une quarantaine de jours, si mes
souvenirs sont bons, et, à un moment donné, il y en a qui ont
décidé de foncer dedans. Il y en a qui ont décidé
de prendre le taureau par les cornes, de foncer dedans, comme on dit, avec
l'assurance que tout ça se réglerait paisiblement. On a vu les
résultats le jour même: 86 morts, une situation extrêmement
pénible. Quand nous avons décidé de recourir à des
moyens prudents pour faire face aux situations qui avaient surgi à Oka
et à Kahnawake, parce que nous n'avions pas la certitude que le recours
à la force immédiate permettrait de régler ces situations,
sans effusion de sang ou sans danger pour la vie des personnes
concernées, le gouvernement, sous la direction du premier ministre, M.
Bourassa, a choisi une méthode qui
est moins spectaculaire, moins bruyante, moins susceptible de procurer
des applaudissements immédiats, de la part des démagogues, en
particulier, mais peut-être plus constructive à la longue et plus
sérieuse. Je suis content de pouvoir dire que le dossier du
Québec en ces choses est un dossier hautement civilisé, dont nous
pouvons être fiers à la face du reste du pays et du monde.
Je voudrais profiter de la situation pour remercier, d'une
manière toute particulière, la Sûreté du
Québec et son directeur de la collaboration exemplaire qu'ils ont
apportée au gouvernement dans ce travail. Depuis il y a maintenant
au-delà de deux ans et demi que j'assume la fonction de ministre de la
Sécurité publique, nous avons longuement
délibéré sur la stratégie qu'il fallait retenir
dans ce dossier. Nous l'avons révisée pratiquement à tous
les six mois. Nous avons reposé la question fondamentale: Est-ce que
c'est la bonne façon d'agir? Chaque fois, nous avons consulté
également les autorités de la Gendarmerie royale du Canada. Je
suis resté en contact, moi, avec mon homologue fédéral, M.
Douglas Lewis, le Solliciteur général du Canada, et après
que nous eussions vu tous les problèmes qui se posaient, nous en
arrivions presque inévitablement à la même conclusion:
qu'il fallait continuer le travail en profondeur, le travail solide qui
consiste à créer les conditions pour la
réintégration de toutes ces situations dans le tissu de la vie
normale de la société. J'ai constaté une chose du
côté de Kanesatake, au cours de la dernière année.
Il est arrivé des problèmes, vous vous souvenez, vers la fin de
l'année dernière; il y a même eu un attentat, qui a
été commis à la résidence du maire du village
d'Oka. Au lieu de partir en peur, nous avons essayé de rester proche du
sol. Vous aurez remarqué qu'il y a eu un certain nombre d'arrestations,
pas beaucoup, mais j'ai noté une chose: une fois que ces arrestations
ont été faites, la situation s'est drôlement
pacifiée.
Des fois, on est porté à attribuer à toute une
communauté des actes qui sont le fait de quelques vandales ou de
quelques éléments impossibles à contrôler. Je pense
que nous devons nous méfier des généralisations faciles
aussi. Le travail de la police consiste à aller dépister ces
fauteurs de trouble, que l'on trouve souvent dans des communautés,
à les traduire devant les tribunaux, mais pas à mettre toute une
population en accusation, sous prétexte qu'il y a un certain nombre
d'actions illégales qui se produisent ou semblent se produire dans son
sein. (10 h 30)
Alors, sur cette question, je suis très heureux de la
collaboration qui nous a été apportée. Je sais que, pour
les policiers ordinaires, le policier de la base, qui n'a pas été
habitué à une situation politique aussi complexe que
celle-là, ajuster sa manière d'agir aux exigences de la situation
n'est pas une chose facile. Mais, grâce à la collaboration des
autorités de la Sûreté du Québec, je pense que nous
avons eu une attitude, de la part des agents de la Sûreté du
Québec impliqués dans ces opérations, qui est digne de
mention. Je voulais souligner ce point-là, ce matin, parce qu'on en
parle souvent. On sera prêt à y revenir au cours de la jour-
née. Je pense qu'il fallait le souligner.
Je veux mentionner un autre élément, qui m'appa-raît
très important pour les années à venir. Nous avons
déposé à l'Assemblée nationale, il y a une couple
de semaines, un projet de loi prévoyant l'intégration de diverses
régies en matière de jeu, de permis d'alcool, de loterie, dans
une seule. Je pense que c'est un projet qui a une signification très
grande aussi, que nous aurons l'occasion d'examiner et, je souhaite bien,
d'approuver avant la fin de la présente session. Vous remarquerez que ce
projet permettra d'assurer le contrôle de l'intégrité des
casinos, le contrôle des impacts sociaux des casinos. Le projet devrait
également permettre, une fois adopté, d'apporter, je dirais, une
solution efficace au problème des vidéoloteries, des
vidéopokers, qui traîne dans le paysage québécois
depuis déjà quelques années, une vraie plaie sociale. On
trouve absence de tout encadrement. C'est véritablement, dans ce
secteur, le règne de l'anarchie, je dirais. Alors, je pense que le
projet de loi va fournir au gouvernement les instruments nécessaires
pour résoudre ce problème.
Je mentionne un mot des services correctionnels. Le gouvernement, au
cours des dernières années, a construit plusieurs centaines de
places nouvelles dans les centres de détention du Québec. Nous
croyons être arrivés, il y a à peu près deux ans,
à un niveau de développement permettant de faire face aux besoins
prévisibles, puis il est arrivé, au cours des deux
dernières années, une recrudescence des incarcérations.
Est-ce que cette recrudescence est attribuable au nombre plus grand de
délits justifiant l'emprisonnement, à la
sévérité plus grande des juges, qui décideraient de
porter un plus grand nombre de sentences exemplaires? Je ne suis pas en mesure
de le déterminer avec certitude, ce matin, mais ce que nous savons, de
notre côté, c'est qu'à deux moments de l'année,
à l'automne et au printemps, il y a un danger d'engorgement, même
un phénomène d'engorgement qui se produit dans nos centres de
détention. L'an dernier, on s'en souvient tous, vers la même
époque, il y a eu une soirée très violente au centre de
détention de Bordeaux, à Montréal, parce qu'on
débordait. Il y avait trop de monde dont l'admission avait
été arrêtée par les juges, et on n'était pas
capable de fournir une place convenable à tout ce monde-là. On
sera appelé à discuter de ceci. Il y a encore un écart de
200 à 300 places, auquel nous sommes susceptibles d'avoir à faire
face n'importe quel temps, n'importe quel temps. Des mesures temporaires sont
déjà instituées, d'autres sont envisagées pour
faire face au problème. Mais je crois qu'il est normal que nous nous
posions ensemble des questions à propos de ce phénomène,
qui est très important.
J'ajoute un dernier point, M. le Président. Dans la ligne de la
vocation du ministère, en matière de sinistre, nous avons eu
encore, au cours de la dernière année, un certain nombre de
sinistes auxquels nous avons dû faire face. Les plus récents sont
ceux qui découlent des inondations survenues ce printemps, et auxquels
certaines autres pourront venir s'ajouter au cours des deux ou trois prochaines
semaines. Je suis heureux de signaler
que nous avons mis au point, de concert avec toutes les autorités
possibles les municipalités, la Sûreté du
Québec, beaucoup d'autres organismes dans chaque région,
un dispositif de coordination qui permet de suivre l'évolution de la
situation, non seulement de jour en jour, mais pratiquement d'heure en
heure.
Est-ce que vous trouvez que je prends trop de temps?
Le Président (M. Gobé): Non, M. le ministre,
allez-y. Peut-être un petit peu plus fort, s'il vous plaît.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Gobé): Parce que votre voix est
peut-être un peu éloignée du micro. Alors, ça porte
un peu difficilement d'ici. C'est ce qu'on me faisait remarquer
discrètement, autant que possible.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
Alors, nous avons mis au point un dispositif de coordination, qui est de
plus en plus efficace. Je vous donne un exemple: lors des inondations qui sont
survenues dans la région de la Chaudière, j'ai eu l'occasion de
causer à quelques reprises, au téléphone, avec le maire de
la ville de Saint-Charles-Borromée. Je le mentionne avec plaisir, parce
que ce maire avait été l'un des critiques les plus acerbes de la
réforme que nous avons faite en matière de services de protection
policière. Puis, le maire m'a dit, à plusieurs reprises, qu'il
était extrêmement heureux de la collaboration qu'il a reçue
de la direction de la Sécurité publique, de la région
montréalaise, Mme Tremblay. Il m'a dit qu'il était
extrêmement heureux, également, de la collaboration reçue
de la Sûreté du Québec.
Puis, ce n'est pas la première fois, dans ce genre de sinistre,
qu'on voit la place de tout premier plan qu'occupe la Sûreté du
Québec dans le dispositif de sécurité. Je veux dire aussi,
à l'intention du député d'Iberville, qui m'a parlé
des inondations survenues dans la région du Richelieu, que nous suivons
la situation de jour en jour, et que nous sommes à préparer un
programme d'indemnisation, que je compte soumettre au gouvernement quelque part
vers la mi-mai. Il faut prendre un bilan de tout ce qui est arrivé
avant, mais nous aurons un programme d'indemnisation, comme nous en avons eu
chaque année. Le programme sera plus rapide à mettre au point,
étant donné les expériences que nous avons
déjà. Je constate que tout ceci se fait dans un climat de
concertation magnifique, et je voudrais signaler, une fois de plus, combien est
important, dans ces choses, l'apport des autorités municipales.
De plus en plus, nous nous rendons compte que, sur le terrain,
l'autorité municipale, avec les instruments dont elle dispose, peut
jouer un rôle de premier plan. Encore une fois, je souligne le rôle
de la Sûreté du Québec, le rôle de la Direction
générale de la sécurité civile au ministère.
Les organismes relevant du ministère de la Santé et des Services
sociaux sont très importants aussi, pour des raisons faciles à
comprendre. Leur collaboration est toujours acquise également.
Alors, je suis content de souligner cet élément. Je pense
que la population peut se dire qu'elle est en sécurité,
même quand surviennent, là où elle habite, des
circonstances qui mettent en danger la vie des citoyens, leur
sécurité ou leurs biens. Nous sommes en mesure de réagir
plus rapidement. Je recevais des notes de nos services, ces jours derniers,
m'indiquant qu'on est capable d'accélérer encore les
délais d'intervention, surtout au point de vue indemnisation,
étant donné l'expérience qu'on a acquise.
Alors, voilà, M. le Président, quelques remarques que je
voulais souligner. J'aurais dû vous dire un mot également de la
déontologie policière. Le dispositif mis sur pied par le
législateur, il y a quelques années, fonctionne maintenant
à un rythme normal. Le commissaire à la déontologie
policière, M. Fernand Côté, accomplit un travail de premier
plan, sur lequel j'espère que les députés voudront
l'interroger un peu plus tard. La Commission des libérations
conditionnelles à cause des modifications que nous avons
apportées à la loi, il y a deux ans, par la loi 147, modifiant le
régime de mise en liberté temporaire ou conditionnelle des
détenus dans nos centres de détention provinciaux a
hérité d'un fardeau de travail considérablement accru au
cours de la dernière année. Elle s'en occupe de manière
remarquable également, et je voudrais remercier le président de
la Régie des permis d'alcool du Québec, M. Laflamme, qui nous a
donné un coup de main exceptionnel dans la préparation du projet
de loi relatif à l'unification des régies. Je souligne la
présence du président de la Régie des loteries, M. Savard,
également, qui a donné une collaboration très ouverte,
très active au projet que nous lui avions communiqué.
Alors, voilà. Nous pourrons parler de formation policière
aussi, en cours de route, puis je m'abstiens d'aller plus loin pour l'instant,
M. le Président. Comme nous avons assez peu de temps cette année,
je mets un terme à mes remarques, à ce moment-ci, en remerciant
les députés de la collaboration qu'ils nous apportent toujours
dans le traitement des dossiers relatifs à la Sécurité
publique, du côté ministériel autant que du
côté de l'Opposition. (10 h 40)
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
ministre. Cela met fin à vos remarques préliminaires.
M. le député de Jonquière, avez-vous des remarques
préliminaires? Vous avez, vous aussi, 20 minutes pour ce faire.
M. Dufour: Je ne les prendrai pas, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Libre à vous! M.
Francis Dufour
M. Dufour: Permettez-moi, d'abord, de souhaiter la bienvenue au
ministre de la Sécurité publique ainsi qu'au personnel du
ministère et des organismes relevant
de la responsabilité du ministre de la Sécurité
publique.
D'entrée de jeu, comme c'est la coutume lors de l'étude
des crédits, je voudrais dresser un bref bilan de la dernière
année en matière de sécurité publique.
Depuis la crise d'Oka, la situation à Kahnawake et Kanesatake est
sans doute le sujet le plus brûlant auquel le ministre de la
Sécurité publique est confronté. Même si cette
situation n'a aujourd'hui rien de comparable à celle qui
prévalait au cours de l'été et de l'automne 1990, elle
n'en demeure pas moins problématique et inquiétante, en
particulier pour la population qui habite à proximité de
Kahnawake et Kanesatake.
Nous savons que le député d'Argenteuil est en quelque
sorte le pompier de ce gouvernement. Aussitôt qu'un dossier devient
chaud, qu'un incendie se déclare, on appelle le député
d'Argenteuil à la rescousse. Remarquez que, des fois, le pompier devient
l'incendiaire, puisqu'on fait appel à ses services pour, justement,
allumer l'incendie et, par la suite, l'éteindre ou éviter qu'il
ne se propage. C'est ce qui s'est passé dans le cas des
municipalités avec la loi 145.
C'est également pour cette raison que le ministre de la
Sécurité publique est aussi responsable de la Charte de la langue
française. Il allumera l'incendie, ce printemps, en modifiant la loi
178. Après, on lui demandera, sans doute, d'éviter la
propagation.
Dans le cadre de ses fonctions à la tête du
ministère de la Sécurité publique, c'est
véritablement à titre de pompier qu'on a fait appel à ses
services. Sa mission consistait à rétablir l'ordre et la
sécurité, tout comme il devait rétablir les ponts entre la
communauté Mohawk et le gouvernement du Québec.
Jusqu'à présent, on peut affirmer que l'incendie couve
encore: pas de grosses flammes, pas d'explosion, mais de petites
flammèches ici et là, quelques balles perdues dans les chambres
à coucher de la ville de LaSalle qui, fort heureusement, n'ont pas fait
de victimes. Enfin, le ministre était peut-être sur le point
d'éteindre l'incendie, à l'automne 1991. On se rappellera que le
ministre négociait intensément avec le Conseil de bande de
Kahnawake, à propos de la levée des guérites et du statut
des «Peacekeepers». Les négociations allaient si bien que le
gouvernement fédéral n'a pas voulu être en reste, et il
s'est mis à négocier de son côté, sans en parler au
petit frère québécois. Tout est tombé à
l'eau et le ministre de la Sécurité publique a piqué l'une
de ses rares colères contre le grand frère canadien, allant
même jusqu'à qualifier son comportement d'inacceptable.
Depuis ce triste épisode, plus rien ne bouge, si ce n'est
quelques tireurs nocturnes qui s'amusent à passer le temps à
coups de mitraillette. Mais ça, ce n'est pas grave! Il ne faut pas en
parler, sinon le ministre nous taxe de tous les noms. Mince consolation. Quand
ce n'est pas l'Opposition officielle qui entretient le climat de confrontation,
c'est la faute aux médias qui exagèrent et montent des incidents
en épingle. Autrement dit, tout le monde a tort, sauf le chef
pompier.
Le ministre pourra nous donner toutes les explications qu'il voudra,
nous présenter toutes les statistiques qu'il voudra, il n'en reste pas
moins que cette situation anormale, dans une société de droit
comme la nôtre, est en train de devenir normale aux yeux du gouvernement.
C'est ça, le danger, à mon avis.
Avec le temps qui passe, nous sommes en train d'accepter ou de nous
résigner à vivre avec des individus qui, ouvertement, se livrent
à des activités illégales comme le commerce des armes ou
du tabac, ou encore qui intimident, arme au poing, d'autres individus.
Tôt ou tard, si l'État québécois ne veut pas perdre
toute sa crédibilité, il faudra bien que ça cesse. Nous
n'arriverons sans doute jamais à une situation parfaite, mais, au moins,
il faut poser des gestes, se décroiser les bras.
L'année 1992 a aussi été marquée par une
tragédie qui, je crois, a révélé de
sérieuses lacunes du côté de la Sûreté du
Québec, quant à la délivrance de permis pour le transport
d'une arme.
La tragédie de l'Université Concordia, en août
dernier, a, en effet, démontré combien la procédure suivie
par la Sûreté du Québec est déficiente, voire
illogique. J'aurai l'occasion, plus tard, aujourd'hui, de questionner le
ministre à ce sujet. J'aimerais seulement dire, à ce moment-ci,
qu'accorder un permis avant d'effectuer des vérifications
élémentaires me semble tout à fait irrationnel et
inquiétant.
La dernière année a vu également le gouvernement se
brancher dans le dossier des casinos. Le projet de loi 84, déposé
récemment par le ministre de la Sécurité publique, en
témoigne d'ailleurs.
Comme nous aurons l'occasion de discuter amplement de cette question
lors de l'étude de ce projet de loi, je ne m'attarderai pas longtemps
sur ce sujet. Toutefois, j'aimerais indiquer au ministre de la
Sécurité publique qu'en tant que député de
l'Assemblée nationale et, de surcroît, porte-parole de ma
formation politique en matière de sécurité publique,
l'exercice auquel nous serons conviés dans les prochaines semaines ne
saurait se faire sans que toutes les informations pertinentes au dossier des
casinos ne soient mises à la disposition des députés.
J'entends, par «informations pertinentes», les mêmes qui ont
amené le gouvernement à faire le choix des casinos, y compris les
avis de la Sûreté du Québec et de la police de la
Communauté urbaine de Montréal. Pour le gouvernement et le
ministre, cela sera de faire preuve d'un minimum de transparence, s'il veut
vraiment que nous fassions un travail convenable et éclairé.
Enfin, j'aimerais attirer l'attention du ministre sur des
déclarations récentes de son collègue, le ministre de la
Justice. Je ne sais pas jusqu'à quel point les intentions du ministre de
la Justice sont sérieuses ou s'il ne faisait que réfléchir
à voix haute, mais j'aime autant ne pas prendre de chance et dire
maintenant ce que je pense des déclarations du m listre de la Justice.
En fait, le ministre de la Justice a dit deux choses: d'abord, il souhaiterait
abolir le poste de Procureur général, pour confier cette
responsabilité à un fonctionnaire élu par les membres de
l'Assemblée nationale. Même si cette question relève
davantage du ministre de la Justice que de celui de la Sécurité
publique, je tiens tout de même à dire au ministre que cela est
totalement absurde, et que cela va
à contre-courant des réformes récentes
effectuées autant par son gouvernement que par celui qui l'a
précédé. Le Procureur général doit demeurer
imputable à la population. Il s'agit là, à mon avis, d'une
règle démocratique fondamentale.
L'autre chose que le ministre de la Justice a dite, il y a deux
semaines, c'est qu'il souhaitait que le ministère de la
Sécurité publique réintègre le ministère de
la Justice. On sait tous que le ministre de la Justice est en mal de
responsabilités. Il l'a avoué lui-même au lendemain du
rejet de l'entente de Charlottetown; le dossier constitutionnel ne
l'intéresse plus, mais voilà qu'en plus il convoite le
ministère de la Sécurité publique. Encore ce matin, le
Procureur général, M. Rémillard, poursuit sa
réflexion. Je pense qu'il continue toujours dans la même
«trail» ou dans la même voie. À mon avis, cela serait
revenir en arrière que de refusionner ces ministères. La
séparation de la police et de la justice est une bonne chose et, depuis
que ces deux entités sont séparées, j'ai la nette
impression que les choses sont plus claires et que davantage de monde y
trouvent leur compte. Une fusion serait une erreur. Le ministère de la
Sécurité publique est l'une des cordes sensibles de notre
système démocratique. Il peut à la fois en être le
rempart et le défenseur, mais il peut aussi en être le
pourfendeur. N'ayez crainte, je ne crois pas que l'actuel ministre de la
Sécurité publique soit un pourfendeur de la démocratie. Au
contraire, l'ensemble de sa carrière témoigne de son attachement
profond à la vie démocratique. Toutefois, malgré tous les
dons qu'il possède, il ne saurait contrôler tous les
éléments de notre société, ni toutes les branches
de l'appareil policier. C'est pourquoi il convient de veiller au grain, et
c'est là, je crois, mon rôle en tant que député de
l'Opposition et porte-parole en matière de sécurité
publique.
Le respect des droits fondamentaux des citoyens et le respect des
institutions. Pour les citoyens, le système policier demeure
mystérieux. À chaque fois qu'on touche ce sujet, on sent, de la
part du gouvernement, certaines réticences à apporter des
éclaircissements à des situations qui, tantôt, sont
vraiment confidentielles, ou tantôt pourraient porter à suspicion
ou à discussion. Je souhaite sincèrement qu'on démystifie
un de ces jours, qu'on pense à démystifier le rôle du
policier. Ce n'est pas facile, même si on a recours à des agences
de renseignements, de communication plutôt, et si le corps policier
essaie d'être plus près de la population. Je pense que
l'engagement du ministre de la Sécurité publique, à un
certain moment donné, concernant la possible tenue d'un sommet pouvant
réunir différents intervenants, pourrait être de nature
à écouter, d'abord, ce qui se dit par rapport au système
policier ou aux corps policiers, et ça pourrait être de nature
à améliorer les relations entre les citoyens, les corps
policiers, le ministère de la Sécurité publique, et en
même temps, de nature surtout à démystifier tout ce qui
entoure l'appareil policier. (10 h 50)
II y a le point de l'école de Nicolet, bien sûr, où
on entend des réflexions ou des discussions possibles, surtout venant de
la part de certains élus de la Communauté urbaine de
Montréal qui veulent transférer, au nom d'une meilleure
visibilité ou d'une meilleure approche, d'une meilleure collaboration,
une partie de l'Institut de Nicolet à Montréal. Dans mon esprit,
en tout cas, comme porte-parole, je ne crois pas que ce soit une bonne
décision, et je pense qu'on devrait affirmer clairement que l'Institut
de police est à Nicolet pour y demeurer. S'il y a des problèmes
particuliers qui touchent la région de Montréal, il y a
peut-être des accommodements ou des façons de pouvoir
régler sans qu'on institue ou qu'on crée une nouvelle approche ou
une nouvelle école de police dans la région de
Montréal.
Il y a quelques années, le ministère des Affaires
municipales, aussi, a transféré à la
Sécurité publique tout ce qui touchait le système des
services d'incendie au Québec. Nous avions, à ce
moment-là, déploré ce transfert. Même si on trouvait
qu'il y avait une logique dans la discussion, on déplorait que le
service d'incendie soit transféré à la
Sécurité publique, arguant, à ce moment-là, que les
problèmes que nous vivrions, c'était à l'effet que le
corps d'incendie ou le service de pompiers du Québec passerait en
deuxième. Lorsqu'on regarde les rapports du ministère de cette
année, on est presque coi concernant les activités de ce service.
C'est rattaché à la protection civile, mais je ne crois pas qu'on
apporte toute l'attention qu'on devrait au système de
protection-incendie, qui couvre l'ensemble des citoyens et citoyennes du
Québec et qui, par sa nature, est un système important, mais qui
n'a sa valeur que lorsqu'il y a un incendie. Tout ce qui entoure l'approche du
respect des normes ou de la sécurité, tout ce qui entoure ce
domaine-là est difficile à percevoir. C'est comme le
médecin, c'est comme la police, elle n'est importante que lorsqu'on en a
besoin; tant qu'on n'en a pas besoin, ce n'est pas important. Donc, ça
aussi, pour moi, c'est une lacune, et on ne le trouve pas à travers
ça.
Bien entendu, j'aurais des questions concernant une multitude de sujets,
notamment sur les centres de détention et les rumeurs de coupure qui
planent. Je reviendrai aussi sur les changements apportés aux
règles de nomination des coroners, ainsi qu'au mandat qu'on semble avoir
donné au nouveau coroner en chef. Le malaise identifié par le
ministère de la Sécurité publique au sein de la Direction
générale de la sécurité civile fera aussi l'objet
de mon consentement.
Enfin, nous ne disposons que de quelques heures seulement pour faire le
tour d'un dossier qui concerne au moins 10 000 personnes, qui représente
une bouchée importante du budget du gouvernement du Québec, et
qui ne nous permettront pas, effectivement, d'aller en profondeur dans tous les
questionnements. Mais, je pense qu'on essaiera d'être le plus productif
possible et d'avoir le plus de réponses aux questions qui nous
interrogent, à ce moment-ci.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Jonquière.
Y a-t-il d'autres membres de cette commission qui
désireraient faire des remarques préliminaires?
Oui, M. le député de Verdun, vous avez, vous aussi, une
période disponible de 20 minutes. Alors, vous avez la parole.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président.
Lorsqu'on aborde l'étude des crédits du ministère
de la Sécurité publique, il faut bien comme l'a
rappelé, d'ailleurs, le député de Jonquière
qu'on soit conscient qu'on parle du ministère qui emploie le plus de
monde parmi l'ensemble de la fonction publique du Québec. C'est un
ministère dont les effectifs prévus voisinent, enfin, on
pourrait... 10 000 personnes. Donc, il y a lieu de rappeler ici que c'est, sur
les effectifs, un ministère qui a une importance tout à fait
particulière; un fonctionnaire sur six, à peu près, est
membre ou dépend du ministère de la Sécurité
publique. c'est pour ça, m. le président et je voudrais
relier ça à la loi 198 que j'ai tenu à ce qu'on
étudie les crédits programme par programme. vous n'êtes pas
sans savoir que, dans l'effort de rationalisation des dépenses de
l'état, une loi va être votée, probablement assez
rapidement par l'assemblée nationale, qui a pour effet de demander une
réduction du personnel d'encadrement de 20 % et une réduction du
personnel de 12 %, sur un horizon de trois ans. j'ai remarqué que,
déjà, le ministère de la sécurité publique a
procédé à des compressions importantes. si on regarde les
compressions, au livre des crédits actuel, il y a une compression de
plus de 180 personnes sur une base de 10 000 employés.
Je vais m'attacher, M. le Président, programme après
programme, à échanger avec le ministre pour voir les effets et
les possibilités de compression qu'il y a encore à
l'intérieur de chacun des organismes que nous aurons à
étudier. C'est strictement sur cette dimension que j'ai l'intention
d'intervenir pour avoir une idée plus exacte. S'il y a encore
possibilité de réduction, quels sont les effets qu'il y a eu avec
les réductions que vous avez déjà effectuées dans
chacun des secteurs. C'est dans cette orientation, M. le Président, que
je compte limiter mes interventions, mais je pense qu'elles sont importantes
comme partie à l'effort de rationalisation des dépenses publiques
que fait actuellement notre gouvernement.
Ceci termine, M. le Président, mes remarques
préliminaires.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Verdun.
Je rappellerai donc aux membres que chaque parlementaire peut, sur
chaque programme, intervenir pour une période n'excédant pas 20
minutes. Ceci étant fait, M. le ministre, c'est le temps maintenant de
passer à l'étude des programmes. J'appellerai donc le programme
1, et...
Tenez-vous à faire un petit commentaire, M. le ministre, au
début de chaque programme, ou préférez-vous que M. le
député de Jonquière commence tout de suite avec ses
questions et, par la suite, M. le député de Verdun?
Bon, alors, si je comprends bien, M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
Discussion générale
Règles de nomination du coroner en chef et des
coroners adjoints
M. Dufour: En fait, à l'élément 1, je veux
soulever le problème des changements qui ont été
apportés aux règles de nomination du coroner en chef et des
coroners adjoints.
En ce qui concerne le coroner en chef, la Loi sur la recherche des
causes et des circonstances des décès prévoit que ce
dernier est nommé pour une période d'au moins cinq ans. Or, le
nouveau coroner a été nommé pour un an seulement. En ce
qui concerne les coroners adjoints, l'ancien règlement prévoyait
que le coroner en chef était automatiquement le président du
comité de sélection chargé d'embaucher un coroner. Le
nouveau règlement, entré en vigueur le 5 février dernier,
transfère cette responsabilité au ministre, tout comme ce dernier
aura la responsabilité d'établir la liste des candidats aptes
à être nommés coroner.
Coupures ou propos tenus par le nouveau coroner en chef, à
l'effet que son mandat était d'abord de réduire les coûts
d'application de la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des
décès, ces modifications nous font craindre une plus grande
ingérence du politique dans un processus judiciaire éminemment
sensible et délicat. Comme ces changements surviennent après une
enquête où des ministres ont été assignés
à répondre de leurs actes lors d'une récente enquête
sur le transport scolaire, on serait tenté de croire que le gouvernement
a décidé de mettre au pas certains coroners un peu trop
zélés à son goût.
Lors de l'étude des engagements financiers du ministère de
la Sécurité publique, le 4 mars dernier, le ministre
s'était dit sensible aux faits que nous avions avancés.
Cependant, le projet de règlement n'a pas été
modifié. Le ministre continue à persister dans les
décisions prises antérieurement et signe.
Est-ce qu'on pourrait demander au ministre pourquoi ces
changements-là, qui existent depuis... C'est-à-dire que sa
façon de procéder existe depuis 10 ans, et qu'elle a
rencontré les objectifs de départ avec lesquels le gouvernement,
et l'Opposition dans le temps, étaient d'accord. Pourquoi on a
apporté ces changements-là, sur la nomination des coroners?
M. Ryan: J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer cette
décision, mais je vais le faire de nouveau avec plaisir.
Lorsque je suis devenu ministre de la Sécurité publique,
j'ai constaté que le mandat du coroner en chef précédent
était sur le point d'expirer, et j'ai examiné évidemment
le cadre législatif dans lequel le gouvernement serait appelé
à prendre une décision à ce sujet. J'ai constaté
une chose, c'est que le gouvernement n'avait
pas la latitude nécessaire pour procéder à la
nomination d'un coroner en chef, comme il pourrait le souhaiter. (11
heures)
On avait établi un règlement en vertu duquel... Tout
d'abord, dans la loi, il y avait une disposition prévoyant que le
coroner en chef est choisi parmi les coroners permanents, parmi les coroners
déjà en place. Pour la nomination des coroners en place,
là, il fallait former un comité de sélection
présidé par le coroner en chef. Ça veut dire que le
gouvernement pouvait être condamné indéfiniment à ne
pouvoir désigner comme coroner en chef qu'une personne qui serait
passée à travers le tamisage du titulaire.
Ça n'a pas de bon sens à sa face même et, moi, je ne
pouvais pas fonctionner dans ces conditions-là. J'avais prévenu
M. Grenier dès le début que c'est une procédure qui
m'apparaissait difficilement justifiable, mais elle était
instituée par règlement. Alors, nous avons prolongé M.
Grenier pendant, je pense que ça a été deux ans à
peu près, parce que, aussi longtemps qu'il n'a pas été
remplacé, il demeurait en poste. Et là, je me suis dit: II faut
qu'on trouve une solution à ce problème. J'ai
préparé un projet de règlement nouveau qui a paru dans la
Gazette officielle du Québec, qui a été
approuvé par le gouvernement, évidemment, et qui nous a
apporté très peu de commentaires très peu de
commentaires. Nous aurions pu le proclamer sans trop de difficultés.
Mais là, il est arrivé que le coroner en chef
précédent, M. Grenier, a voulu prendre sa retraite à la
fin de l'année dernière. Il m'a dit: Je pense que ce serait une
bonne chose que vous procédiez à mon remplacement dans les
meilleurs délais. J'ai dit: Oui, nous allons faire ça, mais j'ai
recommandé au gouvernement qu'on nomme un coroner en chef pour un an, de
manière que nous puissions réexaminer toute cette question
pendant l'année. J'ai réexaminé également la Loi
sur les coroners pour voir s'il n'y aurait pas des ajustements qui
s'imposeraient à la lumière de l'expérience faite avec
cette nouvelle loi depuis quelques années.
Alors, nous sommes entrés dans une période de transition.
Au début de l'année, nous pouvions nommer M. Morin, parce qu'il
était coroner en chef adjoint. Et nous avons dit à M. Morin bien
simplement il est à côté de moi, je pense que je
n'ai pas de cachette à vous faire que nous allions travailler
avec lui en toute loyauté, et si, au bout de l'année, à la
lumière de toutes les modifications qu'il aurait été
donné d'examiner, il nous paraissait indiqué de procéder
à la modification du règlement actuel pour la nomination des
coroners, et à la reconduction de son mandat ou à la nomination
d'un coroner en chef, le gouvernement s'est réservé toute
latitude. Et j'apprécie énormément le concours
précieux que M. Morin nous apporte dans ces circonstances. Je pense que
vous aurez tous constaté, depuis que M. Morin a pris la direction du
Bureau du coroner, qu'il y a une atmosphère de calme qui s'est
implantée dans ce bureau et je pense qu'il était temps que
ça se fasse il était temps que ça se fasse.
Voilà! Il n'y pas d'autre chose que ça. Et le
règle- ment, nous l'avons gardé en suspens de manière que
la réflexion qui se fait sur l'institution et sur la loi puisse se
poursuivre sans cette contrainte additionnelle qui aurait pu être
imposée par le gouvernement. Mais je n'ai pas changé
d'idée quant à la liberté totale dont doit disposer le
gouvernement pour la nomination d'un coroner en chef.
M. Dufour: Le problème qu'on soulève, c'est que
dans le contexte actuel, où le travail de coroner, c'est un travail
judiciaire, et le fait d'être nommé pour un an seulement, est-ce
que vous ne trouvez pas que ça met une pression terrible sur la
personne, sur les individus, à l'effet que s'il ne fait pas le travail
ou les objectifs que le gouvernement poursuit, qui, lui, est...
Son premier objectif et d'ailleurs le député de
Verdun l'a dit carrément tout à l'heure c'est d'essayer de
rationaliser et couper... Dans le fond, quand on parle de couper, assez souvent
c'est d'enlever les services. On n'a pas le courage de dire les choses par leur
nom, on dit: On va rationaliser le travail. Quand on sait que les crimes
augmentent, moi, je pose un bémol là-dessus. Par rapport au
travail qu'on a confié pendant un an, d'une façon temporaire, en
disant à l'individu: Vous n'êtes pas sûr d'avoir le travail
là, et notre objectif, nous autres, c'est de couper des postes, couper
des jobs, vous ne pensez pas que la politique embarque dans le judiciaire et
que ce n'est pas une bonne façon d'aborder le problème? Parce que
ça donne bien trop de pouvoirs au ministre, à mon point de vue,
qui possède le droit d'émettre ou de nommer, et en donnant une
décision qui ne touche pas le judiciaire du tout, qui est en fonction
d'objectifs de couper. D'ailleurs, on l'a vu quelque part, où le coroner
en chef a dit: Bien, c'est de rationaliser.
M. Ryan: Mais je peux vous dire une chose...
M. Dufour: Est-ce que c'est juste son mandat ou s'il a d'autres
choses à faire?
M. Ryan: Regardez, je peux vous dire une chose. Tout d'abord, le
coroner en chef est nommé par le gouvernement, non pas par le ministre.
C'est tout de suite une protection contre l'arbitraire du ministre, au moins
dans certains cas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Deuxièmement, nous n'avons pas donné comme
mandat, au coroner en chef, d'effectuer des coupures pour plaire au
gouvernement. Nous avons institué, dans le Bureau du coroner, la
même politique de réduction des effectifs que nous instituons dans
l'ensemble du gouvernement. Nous avons dit: II faut que ça se fasse
là aussi. C'est venu après coup. Ce sont des directives qui nous
sont venues du Conseil du trésor, après approbation par le
Cabinet, évidemment. Mais le mandat du coroner en chef s'exerce
par-delà ces compressions, comme administrateur de l'institution du
Bureau du coroner qui doit appliquer ces compressions
comme tous les autres chefs d'organisme. Mais ça n'affecte en
rien son mandat qui est de faire fonctionner l'institution et, en même
temps, de soumettre des recommandations quant aux améliorations
possibles. On s'est donné une période de pause d'un an pour voir
les améliorations qui pourraient s'imposer. Au bout de l'année,
nous prendrons des décisions pour une période plus longue.
Et je voudrais dire au député de Jonquière qu'en
principe je suis tout à fait d'accord avec lui quant à la
nécessité d'un mandat d'une durée raisonnable, qu'on peut
situer autour de cinq ans. Je pense que c'est cinq ans dans la loi. Maximum.
Mais j'enlèverais peut-être le mot «maximum», parce
qu'à l'avenir, une fois qu'on aura stabilisé les choses, je suis
tout à fait d'accord pour que la loi définisse plus clairement la
durée du mandat du coroner, dans la perspective de l'indépendance
qui doit entourer l'exercice de cette fonction.
Rationalisation des activités et des frais de
fonctionnement du Bureau du coroner
M. Dufour: M. le Président, si ce n'est pas son mandat de
couper, comment on peut interpréter, par exemple, les propos du coroner
en chef qui dit, et il le dit régulièrement: Le coroner en chef
veut limiter les coûts des enquêtes de son service. Et puis, on
dit: Le nombre d'enquêtes publiques, dont certaines se sont
révélées relativement dispendieuses... Là, il y en
a, mais je ne dirai pas où on va chercher les renseignements. Mais, il y
a beaucoup d'éléments qui nous disent qu'une des
préoccupations majeures du coroner en chef, actuellement, c'est
d'essayer de limiter les coûts, limiter la durée des
enquêtes. Remarquez bien que, moi, je trouve qu'il y a peut-être
une démarche qui est possible, qui doit être faite, mais ce n'est
pas en fonction des coûts, c'est en fonction de l'extravagance qui
pourrait être faite. Parce qu'une enquête, elle peut être
longue ou courte. Ce n'est pas important à mon point de vue. Si elle
nécessite un certain nombre de jours, on doit la faire, mais à
condition qu'on cible bien notre travail. Mais là, j'entends que si le
coroner en chef nous dit: C'est en vue de diminuer les coûts, j'ai peur
que ce soit une de ses préoccupations, et ce n'est pas celle-là
qui devrait... Pour le public, ce n'est pas celle-là qui devrait...
M. Ryan: Le coroner pourrait expliquer les propos que vous avez
évoqués tantôt. Pas de problème, mais, avant qu'on
fasse ça, je voudrais seulement donner une explication sur des aspects
qui sont directement reliés à la question. Les enquêtes du
coroner.
J'ai eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale,
soit en commission, soit au salon bleu, à une ou l'autre reprise. Il
faut qu'on trouve le moyen de définir avec un peu plus de rigueur en
quoi doivent consister ces enquêtes. Actuellement, la loi dit qu'il peut
y avoir une enquête sur les circonstances et les causes d'un
décès. Mais les circonstances... Disons qu'un policier meurt dans
l'exercice de son devoir ou qu'il fasse un geste qui entraîne une perte
de vie, ça peut déclencher une enquête
générale sur les rapports de la société
québécoise avec ses minorités visibles, par exemple.
Ça peut déclencher des enquêtes de toutes sortes. On aurait
une institution, en somme, qui aurait le pouvoir d'instituer des commissions
royales en tout temps. Je ne pense pas que c'était l'intention du
législateur de faire du coroner un enquêteur expert en
matière de transport scolaire, par exemple. Ce n'est pas ça qu'on
demande au coroner. On ne lui demande pas non plus d'être un expert en
matière d'organisation policière. Ça, c'est toute une
mission extrêmement complexe qui demande une expertise dont ne dispose
évidemment pas le coroner. L'intervention du coroner a pour objet
d'éclaircir les circonstances et les causes d'un décès. Et
si on va jusqu'aux causes historiques qui remontent jusqu'à
l'antiquité romaine, là, je pense que l'enquête va un petit
peu loin.
Comment circonscrire ça? Ce n'est pas facile. Si le ministre
allait dire à un coroner qui poursuit une enquête
présentement «Ton enquête va trop loin», l'Opposition
dirait: II se mêle de ce qui ne le regarde pas. L'Opposition aurait
raison. Mais le ministre a le droit de s'interroger sur le principe de ces
enquêtes, l'objet de ces enquêtes, le cadre dans lequel elles
devraient se dérouler. C'est dans ce sens-là, je pense, que le
coroner en chef a dit, à un moment donné, qu'il s'interrogeait
sur les coûts des enquêtes. (11 h 10)
Moi, j'ai été assailli de demandes d'enquêtes, pas
par des coroners, mais d'enquêtes qui devraient être
confiées à des coroners. Chaque fois qu'il est arrivé un
événement un petit peu tragique là, on réclame une
enquête. Ce que les gens ne savent pas c'est que ça coûte
cher, ces enquêtes-là. Ça coûte cher. L'enquête
qui est en marche, actuellement, sur la crise amérindienne, ça va
coûter des centaines et des centaines de milliers de dollars, et nous ne
sommes pas dans une période où nous pouvons prodiguer des
dépenses dans toutes les directions. Ça demande d'être
contrôlé. Ça demande surtout d'être défini
clairement. C'est ça qui manque dans la loi actuellement. La
définition n'est pas aussi claire qu'elle devrait l'être.
Peut-être que ce n'est pas possible. Mais j'ai demandé à M.
le coroner en chef de regarder ça avec une attention
particulière. Et c'est peut-être M. le coroner en chef, M. le
Président, avec votre permission, qui pourrait répondre, donner
des explications sur des déclarations qui lui étaient
imputées dans les journaux.
Le Président (M. Gobé): Peut-être vous
identifier pour la transcription des débats.
M. Morin (Pierre): Pierre Morin, coroner en chef.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. Morin, vous avez
la parole.
M. Morin (Pierre): Oui. Je veux revenir sur un
commentaire que le député de Jonquière faisait un
peu plus tôt.
Quand j'ai rencontré le journaliste de Le Soleil à
l'époque, M. De Bellefeuille, on m'a effectivement parlé de
préoccupations. Il faut dire qu'avant d'être nommé coroner
en chef, le 16 décembre, j'étais coroner en chef adjoint depuis
deux ans et demi environ. Et on était déjà
informé... Le Dr Grenier, mon prédécesseur,
déjà, en septembre, avait été informé de
l'orientation, sur le plan budgétaire, des compressions qu'on aurait.
Et, effectivement, les compressions étaient de plus de 1 000 000 $
à l'époque. Alors, il est bien évident que, pour quelqu'un
qui prend le relais comme coroner en chef, une des préoccupations
majeures quand le mandat est d'un an, c'est d'essayer, effectivement, de vivre
avec des coupures de cet ordre-là. Alors, c'est dans ce sens-là
que je m'étais exprimé. Non pas pour dire que c'était une
priorité, mais pour le moins une préoccupation. Je pense qu'il
serait difficile de soutenir que ça ne pouvait pas en être une
pour le coroner en chef. C'est le commentaire que je voulais apporter.
M. Dufour: pour conclure, m. le président, je voulais
juste rappeler qu'à mon point de vue la première
préoccupation du responsable, du coroner en chef, c'est d'abord de faire
la lumière sur les enquêtes qu'il fait. il fait des
recommandations les plus logiques ou les plus appropriées à la
conclusion de l'enquête. et je voudrais aussi remettre les choses dans
leur juste perspective. sur 9815 décès qui ont eu lieu en 1991,
48 seulement ont fait l'objet d'une enquête publique. ce n'est même
pas 5 %. on ne peut pas dire qu'il y a extravagance ni abus de ce
côté-là. admettons qu'on a oka, ça, c'est vraiment
là... c'a pris une ampleur... puis, la mort de kordic, john kordic. bon.
les autres, on n'en a pas entendu parlé plus qu'il faut. c'a
été fait dans les normes, à mon point de vue. puis, la
dernière chose que je veux ajouter, c'est qu'on peut bien parler de
coupures puis essayer de passer tout le monde dans la même moulinette
à saucisses, mais moi, personnellement, je vais vous dire que je trouve
des fois bête et méchant de dire: bon, on a tant de personnes de
trop, en pourcentage. ça, ça n'a pas d'effet... ça l'effet
de démotiver tout le monde, ça met tout le monde en rogne puis on
perd toute notre crédibilité puis, en même temps, toute
l'efficacité en mettant tout le monde sur des charbons ardents. moi,
personnellement, je vais vous dire, j'ai vu des façons de couper du
personnel. ce n'est pas comme ça qu'on procède. normalement, on
procède par secteur. on va voir dedans puis on ne dit pas: 20 % de trop,
30 % de trop. c'est quoi? les ministériels ont une
responsabilité. bien souvent, on prend des employés de l'etat
puis on s'en sert comme si on faisait du bs avec eux autres. à 20 000 $,
25 000 $ par année, ce n'est pas des salaires faramineux. c'est pas du
monde qui est surpayé, à mon point de vue.
Je pense que le discours, il n'est pas correct, il n'est pas
adapté, puis c'est exactement un discours de corporatiste qu'on a et,
pour moi, il ne devrait pas se tenir de cette façon-là. Il y a
des nuances à apporter, puis ce n'est pas comme ça qu'on
règle les problèmes de notre société. Ce n'est pas
en mettant tout le monde dans le même secteur ou de la même
façon je dirais dans le même trou qu'on va
régler nos problèmes de société. Le problème
est bien plus profond que ça. Puis, le problème, il ne vient pas
juste d'un côté, il vient d'à peu près tout le
monde. Donc, on devrait peut-être faire une petite réflexion puis
être plus sensible à ce qui se passe dans la situation. La
situation économique n'est pas drôle pour personne et il y en a de
beaucoup plus démunis que nous autres, pas mal plus.
Là-dessus, moi, je veux juste mettre un bémol en disant:
Des enquêtes, oui, il y en a, mais je trouve qu'on devrait revenir
à la coutume pour nommer des coroners en chef, pour une certaine
période, pour donner une stabilité, puis donner aussi, en
même temps, une indépendance à la personne pour qu'elle
puisse faire son travail de façon correcte.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Je voudrais peut-être commenter toute la question
des compressions d'effectifs, vu que la question ouvre la porte à cet
échange qui doit avoir lieu, de manière ou de l'autre, entre
nous.
Le député de Jonquière reproche au gouvernement
d'avoir institué des coupures de personnel horizontales, partout,
suivant certaines normes. Je vais lui dire une chose. Nous sommes au pouvoir
depuis maintenant un certain nombre d'années, depuis décembre
1985. Chaque année, le Conseil du trésor, par son
président, a demandé à chaque ministre de procéder
à des compressions de dépenses, parce que les dépenses
étaient trop élevées. L'expérience a
démontré, puis je pense que c'est humain, puis tous ceux qui ont
fait partie d'un gouvernement vont avoir vécu une expérience
semblable, que chacun n'est pas enclin à couper ses effectifs, mais
plutôt à les augmenter, parce que les ministres sont saisis par
leurs fonctionnaires, par les députés, par des corps
représentatifs extérieurs, de demandes de développement de
services. C'est ça qu'on présentait au ministre. Moi, je me
souviens, quand je suis arrivé à l'Éducation, tout de
suite, on m'a mis en face le député de Rimouski s'en
souviendra très bien d'un programme de réforme de la
formation professionnelle qui entraînait des déboursés de
150 000 000 $ sur une période de trois ans.
Il y avait un autre programme qui m'était présenté
pour ceci, mais c'était le langage qu'on a tenu pendant des
années, ici. On ne s'était pas encore rendu compte qu'il n'y
avait plus beaucoup de marge pour le développement. Puis là, le
président du Conseil du trésor, devant la faiblesse des
résultats obtenus par l'ancienne approche, s'est dit: On va prendre le
taureau par les cornes, puis on va le faire partout en réservant au
Conseil du trésor puis, au bout de la ligne, au premier ministre le soin
de faire les exceptions qu'il faudra. Puis déjà, il y a un
certain nombre d'exceptions qui ont été
instituées dans la discipline générée, mais,
pour la première fois cette année, je pense que la politique
s'applique «across the board», comme on dit. elle s'applique d'un
bout à l'autre de l'échelle, sauf quelques cas très
particuliers.
Moi, j'ai souscrit à cette politique parce que là, nous
sommes en face d'un dilemme insoluble. D'un côté, la population
est sur le bord de la rébellion. La population en a assez des charges
fiscales, puis elle nous dit, par tous les moyens possibles: Cessez d'augmenter
les charges, nous ne sommes plus capables. Puis, d'un autre côté,
si nous allions persévérer dans la voie qui était suivie,
ça entraînait inévitablement, fatalement, une augmentation
des demandes de crédits des ministres, puis des crédits
accordés au gouvernement. Comme le dit souvent le premier ministre,
comme le dit souvent le ministre des Finances, il restait seulement
l'accroissement de l'endettement. Il n'y a pas d'autre... Une fois que tu n'as
plus de revenus, tes dépenses continuent d'augmenter, il faut que tu
ailles sur l'endettement. L'endettement a augmenté, ces dernières
années, à cause surtout des grandes difficultés
économiques des deux dernières années. Puis on
était rendu à un carrefour, il fallait prendre des orientations,
puis ça, c'en est une qui a été retenue, et je remercie le
député de Jonquière de m'avoir fourni l'occasion d'en
traiter. en ce qui touche le ministère de la sécurité
publique, c'est évident que ça entraîne une diminution des
effectifs. le député de verdun posait des questions
là-dessus. pour 1993-1994, le gouvernement nous a fixé des
objectifs de compression de 7 % du personnel cadre 7 % puis 4 %
des autres catégories de personnel. puis la compression se
présente ainsi. nous parlerons de la sûreté du
québec un petit peu plus tard. le personnel d'encadrement, là, on
avait 505 postes; il y en a 36 qui sont supprimés 36. autre
personnel, 3988 postes; 157 sont appelés à disparaître.
total: 4493 postes; 193 appelés à disparaître. puis
là, il y a un programme de réduction de 10 % qui va s'appliquer
jusqu'à 1997, je pense. au bout de 1997, les effectifs du
ministère devraient être ramenés à quelque 3718 par
rapport à ce qui reste actuellement de 4493. alors, il y a encore des
réductions à prévoir. ça fait partie des demandes
des députés ministériels qui ont été
soumises avec insistance, à plusieurs reprises. je suis content de
l'occasion qui leur est fournie, aujourd'hui, de constater que c'est en marche.
et je tiens compte, cependant, des conditions dont a parlé le
député de jonquière. ce n'est pas drôle de faire ce
travail-là, c'est très pénible. mais le gouvernement le
fait en tenant compte au maximum du facteur humain, puis ce travail se
réalise en très grande mesure par la réduction du nombre
d'employés occasionnels et par le non-remplacement des employés
qui parviennent à l'âge de la retraite ou qui quittent le service.
par conséquent, il n'y a pas de mise à pied brutale. les gens ont
la sécurité d'emploi, elle n'a pas été
retirée par le gouvernement. mais on va arriver à ce
résultat-là en se donnant quelques années pour l'obtenir.
(11 h 20)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. le député de Verdun, voulez-vous prendre la parole sur
ce programme?
M. Gautrin: M. le Président, oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous avez la
parole.
M. Gautrin: Ça me permet de renchérir sur ce que
vient de dire le ministre et de rappeler que ça va faire partie du cadre
législatif dans lequel le député de Jonquière va
être amené à devoir se prononcer incessamment dans le cadre
du projet de loi 198.
M. le Président, je suis bien conscient que les compressions
d'effectifs ont lieu. Le but de mon intervention va être ici, pour le
coroner ou le Bureau du coroner, d'étudier les compressions que vous
avez faites. Si je remarque les variations d'effectifs, vous avez fait une
compression de deux coroners permanents. J'ai deux types de questions. Lorsque
je regarde l'organigramme que vous avez déposé à
moins que je me trompe et qu'il y ait peut-être une erreur j'en
compte 14 alors que vous en mettez 11. Est-ce c'est parce qu'il y a des
personnes qui, peut-être, dans la boîte, ne sont pas des coroners
puis que vous les avez mises là, ou... Parce que vous en avez 11 et
puis, si je compte, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14. Il y en a 2
de trop, 3 de trop.
Le Président (M. Gobé): M. le coroner, M. le
ministre vous donne la parole. Vous l'avez.
M. Morin (Pierre): Oui. C'est qu'il y a un poste vacant.
Effectivement, il y a deux coroners... Je peux même les nommer, le
coroner Héroux de Montréal, qui, pour des raisons de
santé, a été mis en préretraite et ça
devrait être officialisé finalement, sorti de nos chiffres, je
crois, en septembre. Et il y a également le coroner de Hull, Charles
Letellier de Saint-Juste, qui a pris sa retraite.
M. Gautrin: Mais, si vous me permettez, M. le coroner en chef,
les deux noms que vous venez de nommer ne sont pas dans mon livre... Je
répète: Fran-cine Bédard, Anne-Marie David et...
C'est-à-dire, la liste déposée. Je ne veux pas faire la
lecture, mais j'ai 14 personnes là-dedans, et vous me parlez de 2 qui ne
sont justement pas dans la liste des 14.
M. Morin (Pierre): Non. C'est que vous avez des noms, dans
l'organigramme. Vous parlez de Lorraine Fournier, Francine Loiseau. Il y a des
secrétaires, là-dedans.
M. Gautrin: Ah, bon. Alors, c'est...
M. Morin (Pierre): C'est le bureau des coroners de
Montréal.
M. Gautrin: Ah, bon. Alors, si je comprends
bien... Très bien. Si je comprends, dans ce que j'ai ici, le
carré coroner comme tel n'est pas des coroners. C'est la liste...
M. Morin (Pierre): Par exemple... Vous permettez?
M. Gautrin: Bien sûr.
M. Morin (Pierre): Je vais vous donner l'explication en
détail. Des coroners permanents à Québec, il y en a deux,
les docteurs Couillard et Nolet, et Lorraine Auclair est la secrétaire
des deux coroners.
M. Gautrin: Ah, bon.
M. Morin (Pierre): Alors que les coroners permanents de
Montréal, il y en a trois et il y a trois secrétaires. Pour les
coroners de Québec, enquêteurs, il y a deux coroners qui sont
Bouliane et Trahan et une à Montréal, qui est Anne-Marie
David.
M. Gautrin: Je vous remercie. C'est parce que le petit dessin
aurait pu prêter à confusion quant à ce qui était
des coroners et ce qui n'était pas des coroners.
La question que je voudrais vous poser, à ce moment-là: au
point de vue budgétaire, les coroners à temps partiel
apparaissent à quel item budgétaire dans vos crédits,
actuellement? Est-ce que c'est dans les traitements réguliers? Est-ce
que c'est dans les autres dépenses? Parce qu'une possibilité qui
pourrait... Ce dont je voudrais quand même m'assurer je sais que
ce n'est pas ce que vous voulez faire, mais il faut quand même que je
m'en assure c'est que si vous diminuez les coroners réguliers,
par un phénomène de jeu de bascule, vous n'augmentiez pas les
coroners à temps partiel, parce que, sinon, il n'y aurait pas
d'économie budgétaire à ce moment-là, il y aurait
seulement des transferts de responsabilités.
M. Morin (Pierre): Les salaires des permanents sont dans les
traitements réguliers et les honoraires versés aux coroners
à temps partiel, qui comptent pour la majorité des coroners, sont
dans les Services.
M. Gautrin: Ah, c'est dans l'item Services. M. Morin (Pierre):
Oui.
M. Gautrin: Donc, ils subissent aussi une compression de 536 000
$, c'est-à-dire de 17 % actuellement.
M. Morin (Pierre): C'est exact.
M. Gautrin: Parfait. Très bien. C'est à peu
près ce que j'avais comme genre de questions à vous poser. Dans
votre plan de réduction dont parlait M. le ministre,
c'est-à-dire... parce que vous savez que les réductions
d'effectifs, c'est un horizon de trois ans, est-ce qu'il y a marge encore, pour
vous, à réduction?
M. Morin (Pierre): Disons qu'au niveau...
M. Gautrin: Sans vouloir dévoiler vos plans, bien
sûr.
M. Morin (Pierre): ...de la réduction des effectifs, c'est
évident, comme dans n'importe quel organisme, que ça nous pose
certaines problématiques, mais qui, peut-être, sont moins
importantes que celles sur le plan strictement budgétaire, pour
l'année qui vient.
M. Gautrin: Est-ce que vous avez développé des
critères de productivité pour mesurer la productivité de
votre organisme, soit un rapport entre le nombre d'enquêtes ou des choses
comme ça?
M. Morin (Pierre): C'est-à-dire que, oui, on a émis
des indicatifs de gestion. Par exemple, au niveau des enquêtes publiques
je vous cite ça à titre d'exemple on est en train
d'élaborer un système qui va faire en sorte que, par le suivi des
enquêtes, par exemple, date d'ordonnance d'enquête publique, date
d'audition des témoins et date du dépôt du rapport
d'investigation... Parce qu'il faut dire que, dans la loi, on a toujours le
critère de diligence qui est imposé au coroner, et ça,
ça va nous permettre effectivement de faire des profils entre les divers
coroners, ne serait-ce, par exemple, que de trouver peut-être des
différences entre le rendement des permanents et des temps partiels. Ne
serait-ce que ça.
M. Gautrin: Sans, évidemment, dévoiler les noms
parce que ça ne m'intéresse pas, moi, de connaître des
noms, mais en termes, disons, sans donner les noms, avoir ce genre d'analyse.
Est-ce que ça pourrait être déposé,
communiqué aux membres de la commission? Ou est-ce que vous auriez
objection?
M. Morin (Pierre): Oui, quand elles seront finalisées.
M. Gautrin: Quand elles seront finalisées et, bien
sûr, sans dévoiler les noms. Mon objectif, moi, ce n'est pas de
connaître... c'est d'avoir une idée de l'évolution de la
productivité à ce niveau-là. Merci, monsieur. Ça
répond à mes questions, M. le Président.
Est-ce qu'on est prêts à adopter le programme 1?
M. Dufour: Oui, adopté.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: .. .je pense que...
M. Dufour: II n'y a plus de question.
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole,
allez-y.
M. Lafrance: Moi, j'aimerais simplement proposer l'adoption du
programme 1 s'il n'y a pas d'autre intervention.
M. Dufour: Quand il n'y a plus de question, c'est
automatique.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que le
programme 1 est adopté?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Le programme 1 est
adopté.
J'appelle le programme 2, Contrôle des permis d'alcool et des jeux
de hasard. M. le député de Jonquière, vous avez la parole,
comme...
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...à l'habitude. M.
le député de Verdun, oui.
M. Gautrin: Simplement parce que, dans le programme 2, il y a
deux sous-programmes. Il y a les jeux de hasard et puis il y en a un autre.
Le Président (M. Gobé): II y a
l'élément 1 et l'élément 2.
M. Gautrin: L'élément 2.
Le Président (M. Gobé): Mais on commence par
l'élément 1.
M. Gautrin: Est-ce qu'on les passe l'un après l'autre ou
ensemble?
M. Dufour: Par programme.
Le Président (M. Gobé): Par programme et par
élément.
M. Gautrin: Parfait.
Le Président (M. Gobé): Tel que vous avez
émis le voeu au début de la session.
M. Chevrette: C'est vous qui l'avez dit. M. Gautrin: Tout
à fait.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Jonquière, programme 2, élément 1,
Régie des permis d'alcool du Québec.
Régie des permis d'alcool du
Québec
M. Dufour: On se rappellera qu'à l'automne 1991 le
ministre de la Sécurité publique présentait le projet de
loi 182, dans lequel on autorisait la vente d'alcool dans les dépanneurs
24 heures sur 24. Devant le tollé soulevé par cette proposition,
le ministre décida de soumettre cette disposition à une
consultation publique. La Régie des permis d'alcool a donc tenu des
audiences, et l'idée de vendre de l'alcool à toute heure du jour
et de la nuit a été massivement rejetée. Donc, il n'y a
pas eu de suite à cette intention.
Pour ce qui est des bars, la loi actuelle permet la vente d'alcool
jusqu'à 3 heures du matin. De façon générale, cela
ne semble pas être à la source de problèmes particuliers,
à l'exception notable de la région frontalière de
l'Outaouais. En effet, cette région voisine de l'Ontario connaît
depuis un certain nombre d'années des problèmes de
délinquance liés aux heures de fermeture des bars. En Ontario, la
loi interdit la vente d'alcool dans les bars après 1 heure du matin. Or,
plusieurs Ontariens, des jeunes en particulier, traversent du côté
québécois après 1 heure pour continuer la fête. Dans
bien des cas, ces jeunes sont déjà en état
d'ébriété, et des incidents malheureux surviennent. La
promenade du Portage à Hull ressemble parfois à un
véritable zoo, comme en font foi les images diffusées à
Radio-Canada il y a quelques semaines.
Les autorités municipales de Hull ont donc demandé
à la Régie des permis d'alcool d'obliger les tenanciers de bar
à fermer leurs portes à 1 heure du matin, comme en Ontario, afin
de mettre fin à cette vague de désordre public. On sait que la
Régie a déjà rendu une décision en ce sens dans le
cas d'un bar de la municipalité de Calumet, en Outaouais, pour les
mêmes motifs que ceux invoqués par la ville de Hull.
Enfin, dans un autre ordre d'idées, mais toujours concernant la
Régie des permis d'alcool, quatre établissements de la
région de Montréal ont entrepris, l'été dernier, de
contester l'existence même de la Régie qui contreviendrait
à la Charte des droits et libertés qui stipule que les citoyens
ont droit à une audition devant un tribunal administratif
indépendant et impartial.
Or, le ministre de la Sécurité publique, qui est à
la fois responsable de la Régie des permis d'alcool et de la
Sûreté du Québec... il y aurait donc, à leurs yeux,
un conflit d'intérêts. Ça fait que concernant la demande
des autorités de la ville de Hull, est-ce qu'il va avoir une
décision de rendue sous peu? (11 h 30)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Si vous voulez permettre à M. le président
de la Régie, M. Laflamme, de répondre à cette question. Je
n'oserais jamais répondre à une telle question!
Le Président (M. Gobé): M. Laflamme, si vous voulez
vous identifier pour l'enregistrement des débats.
Vous pouvez prendre la parole.
M. Laflamme (Ghislain): Ghislain Laflamme, président de la
Régie des permis d'alcool.
En effet, la Régie a été saisie d'une demande par
la ville de Hull d'appliquer des nouvelles dispositions de la loi 182 quant
à la restriction des permis d'alcool, des heures des permis d'alcool,
dans le secteur. La demande formulée par la ville de Hull, en vertu de
l'article 85 de la loi, touche 38 établissements, et il a
été convenu que, puisqu'il s'agit d'une demande de la ville de
Hull, en vertu du même article, ce serait les procureurs de la ville de
Hull qui auraient à faire la preuve.
Un avis de convocation a été transmis à ces 38
établissements, et une conférence préparatoire impliquant
les avocats de tous ces établissements, de même que ceux de la
ville de Hull, se tiendra à partir du 4 mai prochain,
c'est-à-dire dès la semaine prochaine. Nous avons affecté
un banc de deux régisseurs à Hull pour la période
entière du mois de mai, espérant pouvoir entendre les arguments,
de part et d'autre, durant ce mois, sur une base de quatre jours par semaine,
l'objectif étant, si la preuve amenait par sa dominance une
décision qui pouvait affecter l'été, de pouvoir rendre
cette décision avant la fin du mois de juin.
M. Dufour: Dans le cas de Calumet, la décision qui a
été rendue par la Régie est-elle permanente ou si c'est
pour un temps donné?
M. Laflamme: La loi ne spécifie pas de terme à
cette décision. Et dans le cas de la décision spécifique,
les régisseurs n'ont pas jugé bon de mentionner de terme. Je
crois, en l'absence de dispositions dans la loi, que le requérant
pourrait, après un certain temps, revenir avec une demande, une
requête pour faire lever cette restriction s'il est en mesure
d'établir que la situation a changé.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous voulez
parler?
M. Ryan: Je voudrais peut-être commenter brièvement
la décision de Calumet, car il arrive que Calumet est situé dans
le comté d'Argenteuil. Le village de Calumet est juste à la
sortie du village de Grenville, lequel débouche sur le pont Perly qui
relie Hawkesbury à Grenville, Ontario et Québec. Il arrivait que,
depuis des années, nous autres, nos bars fermaient leurs portes à
3 heures, puis ça pouvait traîner jusqu'à 3 h 30 ou 4
heures. Je pense que vous autorisez que ceux qui avaient déjà
acheté de la boisson avant 3 heures puissent rester là
jusqu'à 3 h 30 ou, des fois, un peu plus tard.
Il s'ensuivait un vacarme, très souvent, dans ce petit
village-là qui était une véritable source de perturbation
de la paix publique. Moi, j'avais attiré l'attention des
autorités de la Sûreté du Québec pendant de
nombreuses années sur ce problème, puis l'intervention
policière ne suffisait pas à régler le problème.
Puis, à un moment donné, nous avons modifié, il y a deux
ans, la loi sur la Régie des permis d'alcool de manière à
donner un instrument d'intervention plus efficace à la Régie, ces
fameux concepts de tranquillité publique que nous avons définis
avec plus de précision dans la loi. Nous avons défini sept ou
huit critères permettant de juger si un établissement perturbe la
tranquillité publique. La Régie a pu rendre un certain nombre de
décisions, en utilisant ce critère, puis la décision de
Grenville a été rendue, en utilisant le Calumet. Nous autres, on
dit: C'est la même chose, parce qu'on veut qu'ils se regroupent le plus
vite possible.
La décision a produit d'excellents effets, parce que maintenant,
alors qu'en Ontario, on fermait à 1 heure et que tous les clients qui
étaient intéressés à continuer venaient
déferler sur le Québec, bien, là, après 1 heure,
ils vont être obligés de rester chez eux. Puis, on n'en a pas
besoin après 1 heure. On a la paix dans ce village-là comme la
population a le droit de s'y attendre. Alors, nous sommes très heureux
de la décision rendue.
M. Dufour: Je comprends que si le ministre avait le pouvoir de
donner la même réflexion, elle pourrait s'appliquer pour...
M. Ryan: La Régie va examiner le dossier. M. Dufour:
Je comprends.
M. Ryan: Je comprends, mais il y a longtemps que nous avons des
représentations de ce secteur de la ville de Hull également.
M. Dufour: Maintenant, puisque j'ai parlé dans mon propos
des quatre établissements de la région de Montréal qui
contestent l'existence même de la Régie, est-ce que ça
avance, cette question-là?
M. Laflamme: Écoutez, la réponse est un petit peu
délicate parce que la cause a été plaidée devant le
juge Mignault.
M. Dufour: Ah! elle n'est pas rendue encore.
M. Laflamme: Et vous savez ce qui est arrivé au juge
Mignault. Le juge est en période de...
M. Dufour: De réflexion.
M. Laflamme: ...réflexion à ce moment-ci, si bien
que nous sommes sceptiques quant à...
M. Dufour: C'est correct. On va passer à un autre sujet
dans le même département. Je comprends.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que... M.
Dufour: Non, on veut les...
Le Président (M. Gobé): ...l'élément
1, donc, est terminé?
M. Dufour: Non, j'ai l'élément 1, mini-brasseries.
Le Président (M. Gobé): Ah oui! Très bien.
Décision au sujet de la légalisation des
mini-brasseries
M. Dufour: La Régie a tenu des consultations, en septembre
1992, sur l'opportunité d'autoriser l'opération de
mini-brasseries. On sait qu'en Ontario les minibrasseries sont florissantes, et
ça permet aux consommateurs de fabriquer leur propre bière.
La loi actuelle sur les permis d'alcool n'autorise que la fabrication
artisanale pour sa propre consommation, pas pour vendre. Il y a beaucoup de
groupes qui se sont présentés aux audiences de la Régie
qui se sont prononcés en faveur de la légalisation des
mini-brasseries.
Donc, il y a eu un rapport qui a été transmis au ministre
de la Sécurité publique qui n'a pas pris de décision.
Donc, est-ce qu'on pourrait savoir quelle est la recommandation de la
Régie des permis d'alcool en ce qui touche à la
légalisation des mini-brasseries?
M. Ryan: M. le Président, si le président de la
Régie voulait donner des explications là-dessus, je pense que ce
serait utile.
Le Président (M. Gobé): D'accord.
M. Laflamme: La situation est relativement simple. En Ontario, il
y a une absence de dispositions dans leur législation de contrôle
des alcools qui permet, précisément, ce qui vient d'être
décrit, c'est-à-dire que des individus se présentent
à un endroit, fassent des gestes de sélection de certains
produits, avec l'aide de personnes travaillant dans cet établissement,
arrivent à faire le mélange de ces substances et, deux semaines
après, passent reprendre leur caisse de bière.
Ces produits ne font l'objet d'aucun contrôle, d'aucune taxation,
d'aucun contrôle de qualité et d'aucun contrôle de mise en
marché. Cette façon de procéder a entraîné la
multiplication de ces établissements, particulièrement dans la
région frontalière avec le Québec et l'Ontario.
Il y a des établissements qui ont voulu faire la même
chose, et on leur a répondu ce que vous venez de mentionner à
juste titre: que la législation du Québec ne permet la
fabrication de bière domestique que dans son domicile.
Les auditions que nous avons tenues ont amené plusieurs hommes
d'affaires à nous faire miroiter la création d'emplois en
quantité absolument impressionnante si nous autorisions ce genre de
chose. Cependant, d'autres intervenants, comme les brasseurs, nous ont fait
valoir qu'il y aurait un déplacement presque équivalent d'emplois
du secteur brassicole actuel à ce secteur si nous autorisions cette
chose-là.
Nous avons vérifié aussi auprès du ministère
du Revenu, du ministère des Finances, du ministère de l'Industrie
et du Commerce et de l'Agriculture et, actuellement, nous sommes à
analyser toutes les données qui nous ont été
formulées à ce sujet-là et nous devrions être en
mesure de faire rapport au ministre sur cette activité d'ici une
quinzaine de jours. (11 h 40)
Les derniers chiffres n'ayant pas encore été
comptabilisés, je ne suis pas en mesure de livrer à ce moment-ci
la conclusion précise. Mais, d'ici 15 jours, le ministre devrait
être saisi du résultat de notre audition.
M. Dufour: Suite aux audiences, vous nous dites que le rapport
n'a pas été déposé.
M. Laflamme: Non, il sera déposé au ministre d'ici
une quinzaine, oui.
M. Dufour: II sera déposé au ministre. Lorsque la
décision sera prise, est-ce qu'il sera possible d'avoir une copie du
rapport de la tenue des audiences? Il ne doit pas y avoir de grosses cachettes
là-dedans, j'imagine.
M. Ryan: Peut-être que M. Laflamme peut commenter
comment il voit ça, lui. Est-ce que c'est un rapport pour l'usage du
ministre ou un rapport pour publication?
M. Laflamme: C'est un rapport auquel les parties ont droit
à cause du fait que c'est une audience publique. Donc, les parties en
auront copie et avec plaisir...
M. Ryan: Donc, il sera disponible. On vous le fera parvenir.
M. Dufour: O.K.
Le Président (M. Gobé): Très bien.
M. Dufour: II y a aussi...
M. Ryan: M. le Président, si vous me le permettez...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: ...je veux souligner que la Régie s'acquitte de
son travail d'une manière très expéditive. Les choses ne
traînent pas en longueur. Les décisions sont rendues rapidement
après l'audition des causes. Je pense qu'il y a un climat de bonne
efficacité qu'il convient de souligner.
Je souligne, à titre d'exemple, le sujet auquel a fait allusion
le député de Jonquière dans une intervention
antérieure. C'est la décision que nous avons prise à
propos de l'ouverture des dépanneurs et des épiceries pour la
vente des boissons alcoolisées. Nous avions envisagé d'abord,
dans un projet de loi, la libéralisation. Là, les
députés m'ont fait des représentations, autant du
côté ministériel que du côté de
l'Opposition et, devant les représentations qui m'avaient
été faites, j'avais retiré cet article du projet de loi et
confié à M. Laflamme le soin de faire des auditions publiques
pour aller recueillir l'opinion de la population sur le sujet. En dedans d'une
année, tout le travail était accompli. Les auditions avaient eu
lieu. Moi, j'étais saisi du rapport qui était très clair.
Nous avons pris une décision qui a été communiquée.
Tout ça s'est réglé rapidement. Ça a permis
il n'y a aucun gouvernement qui est infaillible, évidemment de
redresser le tir pendant qu'il était temps grâce à la
collaboration des parlementaires et au travail très efficace de la
Régie et de son président, en particulier.
Consultation publique sur le projet de loi 84
M. Dufour: J'avais une dernière question concernant le
projet de loi 84. Est-ce que vous avez l'intention, M. le ministre, de tenir
une consultation en commission parlementaire, avant l'étude
détaillée du projet de loi, pour qu'on puisse connaître, en
fait... On pourra connaître possiblement le point de vue des
intéressés sur la question des casinos, policiers, travailleurs
sociaux. Est-ce que vous avez l'intention de faire une consultation publique
concernant le projet de loi 84?
M. Ryan: Évidemment, les décisions concernant les
consultations qui doivent entourer l'examen d'un projet de loi sont
annoncées à la Chambre par le leader du gouvernement. C'est lui
qui prend ces décisions, à la lumière du menu
législatif général qu'il doit envisager. Mais nous serons
intéressés cela va de soi à entendre des
points de vue qui sont immédiatement concernés. S'il s'agissait
de faire une série de consultations publiques pour savoir si le
gouvernement doit instituer des casinos, je serais porté à dire
non, parce qu'il y a déjà près de 100 000 000 $
d'engagés à l'île Notre-Dame. La décision est prise.
Le gouvernement l'a prise en vertu des pouvoirs qu'il détient. Et si on
me disait: II faut faire une consultation là-dessus, je dirais: L'objet
du projet de loi, ce n'est pas ça. L'objet du projet de loi, c'est de
s'assurer que les casinos vont fonctionner dans des conditions qui assureront
le maintien de normes élevées d'intégrité et de
respect des valeurs sociales auxquelles tient notre société. Dans
ce contexte-là, nous serons sûrement ouverts à entendre des
points de vue qui pourraient nous éclairer.
M. Dufour: Ce serait plutôt des consultations
particulières que des consultations publiques «at
large».
M. Ryan: J'en ai l'impression. La décision sera prise en
temps opportun, et je crois que le député voit juste.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. le député de Verdun, votre temps de parole est
arrivé. Je sais que vous avez des questions.
Variation du nombre de professionnels
M. Gautrin: Dans les évaluations de personnel, vous avez
procédé quand même à des réductions de
personnel. Je vois cependant que vous avez augmenté l'item
Professionnels. C'est-à-dire que le nombre de professionnels augmente de
un et passe de six à sept. Qu'est-ce qui justifie l'augmentation du
personnel, alors que la tendance générale est une tendance
à la réduction? C'est un poste qui a attiré mon attention
tout de suite.
M. Laflamme: Alors comme vous voyez, nous avons diminué le
personnel cadre de quatre à trois, et le poste cadre a été
utilisé pour recruter un professionnel. Comme...
M. Gautrin: Donc, vous n'avez pas fait de réduction,
à ce moment-là. Si vous changez un cadre en professionnel, il n'y
a pas...
M. Laflamme: Oui. Mais si vous regardez au bas de la colonne,
nous sommes passés, en 1992-1993, de 97 postes à 92 postes. Donc,
nous avons réduit à d'autres moments, sauf que nous avons voulu
améliorer notre qualité professionnelle,
précisément à cause des travaux auxquels nous sommes en
train de nous livrer sur la fusion de la Régie avec d'autres organismes,
pour la rédaction des règlements et de ces aspects qui
nécessitent du personnel à formation juridique.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le directeur.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est tout, M.
le député de Verdun?
M. Gautrin: ...alternance...
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, à ce
moment-là, on peut considérer...
Oui, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voulais juste faire une remarque, qui n'est pas une
question. Je ne sais pas si ça se passe partout pareil, mais quand je
regarde la façon dont les... C'est entendu, c'est la
Société des alcools du Québec, concernant tous ses points
de service, etc. Je pense que la qualité... On peut peut-être
rationaliser, mais la qualité et le service... Si ce n'était pas
une société d'État, j'ai comme l'impression que ça
irait un petit peu sur l'autre côté...
Le Président (M. Gobé): Ce serait peut-être
dans les crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Peut-être, lorsque le ministre... On pourra lui transmettre...
M. Dufour: Non, non, c'est juste une remarque que je fais parce
que, moi, je trouve qu'on a perdu de la qualité. On n'a plus le
choix.
Le Président (M. Gobé): On vous invite à
Industrie et Commerce, M. le député de Jonquière, pour la
prochaine étude des crédits.
M. Dufour: Non, mais j'avais l'impression que c'était un
peu pertinent par rapport à la Régie qui, elle aussi...
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas
impertinent.
M. Dufour: ...est intéressée à la
sécurité publique, à la sécurité du monde et
à la façon de procéder.
Le Président (M. Gobé): Alors, pouvons-nous
considérer l'élément 1 comme étant
terminé?
Nous allons maintenant passer à l'élément 2,
Régie des loteries du Québec.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: J'avais dit dans mon propos, au début, qu'on ne
parlerait pas de loterie, puisque le projet de loi 84 est déjà
dans la législation et on perdrait, probablement, beaucoup trop de temps
là-dessus. Moi, je vais réserver mes commentaires au moment du
projet de loi.
Le Président (M. Gobé): Oui. M. le
député de Verdun, avez-vous des questions sur
l'élément 2, intitulé Régie des loteries du
Québec?
M. Gautrin: Une petite question. Le Président (M.
Gobé): Allez-y.
Impact de l'institution de casinos sur le personnel de
la Régie des loteries du Québec
M. Gautrin: Est-ce que l'institution des casinos va avoir des
effets de devoir augmenter votre personnel ou si ça n'a aucun effet sur
la Régie des loteries?
M. Ryan: Regardez, peut-être juste une remarque. En vertu
du projet de loi qui a été déposé à
l'Assemblée nationale, il va y avoir fusion de trois organismes.
Évidemment, là, il va falloir examiner les besoins de la nouvelle
Régie élargie en fonction des ressources qui auront
été libérées par l'abrogation des régies qui
existaient.
J'ai confié à M. Laflamme le soin de préparer un
plan d'intégration. M. Laflamme sera assisté par le sous-ministre
aux finances et à la planification, M. Lapointe. On doit me soumettre un
plan d'intégration au cours des prochaines semaines, et c'est là
que nous pourrons savoir s'il y aura réduction. En vertu du projet de
loi, je pense pouvoir souligner tout de suite qu'il y aura réduction du
nombre total de régisseurs. Je pense qu'en vertu du projet de loi il y
aura 13 régisseurs et, actuellement, il y en a 21 en tout. Tout de
suite, on constate une amélioration importante.
Maintenant, peut-être que M. Laflamme aurait quelque chose
à ajouter là-dessus. Je pense que la question est
extrêmement pertinente, M. le Président je n'ai pas
à porter de jugement sur la pertinence des questions, mais dans la
perspective de la politique actuelle du gouvernement, je pense qu'il y a un
lien évident que je suis très heureux d'avoir
souligné.
Le Président (M. Gobé): Vous avez raison, M. le
ministre, toutes les questions des parlementaires de cette commission sont
censées être pertinentes. M. le député de Verdun,
avez-vous terminé?
M. Gautrin: Bien, j'ai terminé, tout en demandant: Lorsque
la nouvelle organisation sera faite, est-ce que vous pourrez déposer,
à ce moment-là, l'organigramme aux membres de cette
commission?
M. Ryan: Oui, je le ferai volontiers.
Le Président (M. Gobé): Donc, vous ferez suivre
à la commission cette demande du député de Verdun. M. le
député d'Iberville.
M. Lafrance: Oui, si j'ai bien compris, M. Laflamme, la nouvelle
structure apportera non seulement une réorganisation interne au
ministère, mais amènera forcément des
éléments qui sont présentement sous le ministère de
l'Agriculture qui gère la question de la Commission des courses de
chevaux, qui réintégrera la nouvelle organisation sous votre
responsabilité. Est-ce bien ça? (11 h 50)
M. Ryan: C'est exact. C'est exact. Il restera à
déterminer le moment où cette intégration se fera, mais,
dans le projet de loi, l'intégration est prévue. Et le moment de
l'intégration sera laissé à une décision
gouvernementale. Mais l'intégration est prévue, et selon nous,
une fois qu'elle aura été décidée, il faudra
qu'elle se fasse dans les meilleurs délais.
M. Lafrance: Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député d'Iberville.
D'autres intervenants? Oui, M. le député...
Une voix: M. le Président, je propose l'adoption du
programme 2, les éléments 1 et 2.
Le Président (M. Gobé): Alors, très bien.
Est-ce que le programme 2, éléments 1 et 2 sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
Le Président (M. Gobé): Le programme 2,
élé
ments 1 et 2 étant maintenant adoptés, nous allons aborder
le programme 3, intitulé Garde des détenus et réinsertion
sociale des délinquants. Nous allons passer à
l'élément 1, Services correctionnels.
M. le député de Jonquière, vous avez la parole.
Plan de rationalisation des services
correctionnels
M. Dufour: Depuis quelques mois toutes sortes de rumeurs
circulent quant à une série de mesures qui seraient bientôt
prises afin de réduire les dépenses relatives aux services
correctionnels. Tantôt on parle de fermer les centres de
détention, tantôt on parle de mettre plus de détenus par
cellule, tantôt on parle de diminuer le nombre d'agents en services
correctionnels. Toutes ces rumeurs n'ont pas été démenties
par le ministre de la Sécurité publique, au contraire.
Selon M. Christian Therrien, du Service des communications du
ministère, le ministre n'avait pas encore pu prendre connaissance du
plan préparé par les services correctionnels en date du 16 mars
dernier. M. Therrien avait aussi indiqué à l'époque qu'une
décision serait annoncée au début du mois d'avril. Nous
sommes aujourd'hui le 29, et rien n'a été annoncé. Par
contre, le problème de la surpopulation des centres de détention
semble s'être résorbé quelque peu au cours de la
dernière année.
Pour ce qui est de la construction d'un nouveau centre de
détention à Montréal, tel que promis durant les campagnes
électorales de 1985 et 1989 par le ministre de la Justice, il semble
bien qu'elle ira rejoindre les nombreuses autres promesses qui n'ont jamais
été remplies par ce gouvernement. Enfin, pour ce qui est du
déménagement du centre de prévention Parthenais à
Rivière-des-Prairies, une entente est intervenue entre la ville de
Montréal et la SIQ la Société immobilière du
Québec sur le choix d'un terrain, au tout début de cette
année.
Qu'en est-il du plan de rationalisation préparé par les
services correctionnels et dont vous êtes supposé avoir pris
connaissance?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Je m'excuse, de quel plan parle-t-il? J'ai manqué
le début de l'intervention, je m'excuse.
Le Président (M. Gobé): Oui?
M. Ryan: De quel plan est-il question, M. le
Président?
Le Président (M. Gobé): Bon. M. le
député...
M. Dufour: En fait, il faudrait attendre jusqu'au début du
mois d'avril avant de connaître la manière exacte dont
s'exerceront les compressions budgétaires aux services
correctionnels.
M. Ryan: Très bien. Oui, je croyais que c'était
ça, mais je voulais m'en assurer.
M. Dufour: Ça va.
M. Ryan: Oui. À ce moment-là, on avait
demandé des compressions plus élevées. Des discussions ont
eu lieu avec le Conseil du trésor. Nous avons établi un palier
qui nous semblait accessible et mandat fut donné, à ce
moment-là, à la Direction des services correctionnels, de
préparer une série de mesures qui viendraient confirmer
l'objectif fixé par le gouvernement. Les principales mesures nous ont
été communiquées depuis.
Je demanderais peut-être à M. Carrier, le sous-ministre
associé à la Direction des services correctionnels de rendre
compte de ces mesures. Il pourra les expliquer de manière plus
concrète dans certains cas.
Au besoin, on fournira d'autres explications si nécessaire.
Est-ce que ça va, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Pas de problème, M.
le ministre, à votre discrétion. M. Carrier.
M. Carrier (Normand): Normand Carrier, sous-ministre
associé au ministère de la Sécurité publique.
Il est peut-être bon de dire, avant d'énumérer
l'ensemble des mesures, que la première démarche que nous avons
prise, c'a été de rencontrer les gestionnaires. J'ai
rencontré 80 gestionnaires des services correctionnels pour leur
présenter et discuter avec eux de l'état des finances publiques,
de l'état du budget des services correctionnels, et pour faire en sorte
que chacun se sente responsable de contribuer à l'orientation
gouvernementale de réduire l'appareil de l'État dans son
ensemble.
Alors, c'a été la première démarche qui a
été faite, et on a demandé à chacun des
gestionnaires des 25 établissements de détention et des bureaux
de probation d'analyser son système pour essayer de faire mieux ce qu'il
fait et de le faire à moindre coût. Alors, c'a été
une démarche collective après avoir eu des discussions avec eux.
Les gestionnaires ont soumis un bon nombre de projets de compressions parce
qu'ils sont sensibles à la situation des finances publiques, en tant que
payeurs de taxes, et en tant que gestionnaires publics.
Alors, plusieurs de ces compressions-là ont fait l'objet
d'analyses et certaines ont été retenues. Parmi les principes qui
nous ont guidés pour analyser l'ensemble des projets qui ont
été soumis par les gestionnaires, j'en énumère
quelques-uns: d'abord, le premier principe, ça a été de
contribuer aux orientations gouvernementales pour assainir les finances
publiques; deuxième élément, de préserver la
capacité en détention et la capacité dans le
communautaire; de préserver la qualité des services à la
clientèle; de maintenir autant que possible la prestation des services
en probation; de maintenir autant que possible les bonnes relations avec les
syndicats et les partenaires et de revenir aux fondements légaux de
la
mission. Alors, ça a été les principes qui nous ont
guidés. On est conscient qu'en faisant des mesures de compression
ça peut affecter la machine, mais on a tenté d'affecter le moins
possible les services à la clientèle.
Il y a un bon nombre de mesures. Je ne sais pas si vous voulez que je
vous les énumère au complet. Il y a...
Le Président (M. Gobé): Si tel est le voeu du
député de Jonquière, oui, sinon, ce n'est pas
nécessaire.
Fermeture de centres de détention
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des fermetures de centres de
détention qui sont prévues dans les mesures?
M. Carrier: II n'y a eu aucune décision de prise à
l'effet de fermer un établissement de détention.
M. Dufour: Est-ce qu'il y en a de suggéré?
M. Carrier: II y a eu des propositions qui ont été
analysées. Il n'y a aucune décision de prise de fermer un
établissement de détention. Il y a eu ça, comme beaucoup
d'autres mesures ont été suggérées. Il y a eu des
dizaines et des dizaines de mesures qui ont fait l'objet d'analyse.
M. Dufour: Mais plus pointu, là, est-ce que vous me dites
que les centres de Cowansville, Sept-îles et Joliette, c'est possible que
ces centres-là puissent être fermés?
M. Ryan: M. le Président, nous nous interrogeons...
M. Dufour: C'est peut-être pas M. Carrier, mais le ministre
qui peut me donner les réponses.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: C'est probablement le ministre...
M. Ryan: Oui, c'est ça...
M. Dufour: ...qui peut nous donner les réponses.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Nous devons nous interroger périodiquement sur
l'utilité, la vétusté et la pertinence des centres de
détention dont dispose le réseau. Chaque année on se pose
des questions à propos de l'un ou l'autre centre. Cette année
nous nous sommes interrogés à propos de deux centres, que je ne
veux pas nommer pour ne pas créer de confusion inutilement. Mais il n'y
a pas eu de décision encore au sujet de ces centres-là. Et c'est
évident que, quand on bâtit des centres nouveaux, il faut
équilibrer en fonction de l'ensemble des besoins, et il peut arriver
qu'il soit plus indiqué de bâtir un centre nouveau dans un endroit
et, éventuellement, en fermer un dans un autre endroit. On l'a
déjà fait à plusieurs reprises, mais, en tout cas, il n'y
a pas de décision qui a été prise à ce
moment-ci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
Projet d'agrandissement du centre de détention
d'Amos
M. Gendron: Oui, j'aurais une couple de questions à poser
au ministre de la Sécurité publique.
À Amos, en Abitibi, on vit une situation de surpopulation
carcérale depuis fort longtemps. Et quand j'entendais mon
collègue, tantôt, parler des institutions où il y a une
surpopulation exagérée, c'est ce que nous vivons depuis plusieurs
années, deux par char; nous autres, c'est plutôt deux par lit,
c'est évident qu'on vit ça depuis longtemps. Et plus que
ça, M. le ministre, et je voudrais avoir votre attention, il est un
petit peu incorrect de dépenser des fortunes, comme c'est le cas, pour
que plusieurs détenus ou prévenus de
l'Abitibi-Témiscamingue soient constamment en transit, soit à
Mont-Laurier, soit à Waterloo, soit à Montréal. Il me
semble que, par rapport à la logique d'assumer nos
responsabilités, y incluant pour ceux des détenus et des
prévenus, il y aurait lieu de prendre une décision.
Ça fait plusieurs années, M. le ministre, que c'est
confirmé par tous vos services, que ce soit M. Carrier, que ce soit M.
Laliberté. J'ai même eu, à un moment donné, du
Conseil du trésor, et je vois M. Boily qui a une longue
expérience au Conseil du trésor... Il n'y a plus personne qui met
en cause la nécessité d'agrandir le centre de détention
régional, parce qu'en Abitibi-Témis-camingue il faut savoir qu'il
y a un centre de détention régional; il est à Amos,
à cause du palais de justice régional. Et, d'année en
année, on le reporte. Ça, je veux bien qu'on comprenne ça.
(12 heures)
Ma question précise, M. le ministre, c'est que récemment,
la ville d'Amos, en collaboration avec le directeur du centre de
détention, vous ont présenté, à vos services et
à vous, une proposition alternative, qu'on a appelée un projet
d'aménagement d'un centre de détention temporaire à Amos.
La proposition qui vous a été faite a été
évaluée, analysée, corrigée parce qu'à un
moment donné elle était un peu trop dispendieuse à vos
goûts, même si elle coûtait la moitié moins cher que
les folies qu'on est obligé de faire à chaque fin de semaine,
c'est-à-dire envoyer des prisonniers, détenus ou prévenus,
à Waterloo, avec les conséquences que ça comporte.
Ça prend des équipements spécialisés pour le
transport. On ne peut pas faire ça dans ma limousine; il y a des
problèmes. Alors ça, ça coûte pas mal plus cher que
ce qu'on vous a demandé, la proposition d'un aménagement, M. le
ministre, d'un centre de détention temporaire, elle avait une logique si
on se branche, parce que, imaginez celui qui l'a faite, il ne la trouve pas
drôle. Entre-temps je ne veux pas entrer dans des dé-
tails lui, c'est sûr que c'est une question de vie ou de
mort pour son institution, parce qu'il perd son personnel, il perd son monde.
Il dit: Puisque tu as décidé de virer ça en prison
temporaire... Mais il ne pensait pas que ça prendrait tant de temps.
Là, je voudrais bien savoir qu'est-ce qu'il brette, je voudrais
bien savoir qu'est-ce qui se passe. C'est quoi, le lambinage? Ou bien
c'était une proposition qui avait de l'allure, puis on l'a
évaluée, puis on l'a analysée, puis on accouche. Ou bien
on revient à la case départ, de cinq, six ans de surpopulation au
centre de détention, puis on va attendre la décision, depuis
plusieurs années... Pour des contraintes budgétaires, le
gouvernement nous répète, année après année:
Le gouvernement a reporté à une date ultérieure la
réalisation de l'agrandissement du centre de détention d'Amos,
que vous avez dans vos cartons. Tout le monde connaît, dans ces cartons,
le projet d'agrandissement du centre de détention d'Amos. Là, je
vous parle du dossier provisoire.
Qu'en est-il? Peut-on espérer, dans les jours qui suivent
puisque ça fait des semaines qu'il est chez vous une
décision, genre: Oui, non ou merde? Mais on aimerait ça, avoir
une réponse.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais indiquer que l'agrandissement
du centre de détention d'Amos est toujours dans les intentions du
gouvernement. Nous l'avions inscrit dans la phase II du plan de
développement, et ça reste inscrit là. Maintenant,
ça ne peut pas se faire immédiatement. En attendant, comme l'a
signalé, à juste titre, le député d'Abitibi-Ouest,
il existe des besoins démontrés.
C'est sûr que d'amener des détenus inuit, par exemple,
à la prison de Waterloo, c'est plus loin et plus coûteux que s'ils
pouvaient être logés dans la région d'Amos, par exemple.
Nous en sommes très conscients. C'est pour ça que la solution
transitoire, qui nous a été proposée, qui consisterait
à utiliser un motel situé dans la ville d'Amos, à
l'extérieur de la ville, c'est encore mieux. Alors, c'est une solution
qui nous paraît intéressante, que nous sommes en train de discuter
avec les intéressés. Une proposition doit m'être soumise
très bientôt par nos services à ce sujet. Cette proposition
consisterait à louer les installations de l'établissement en
question pour pouvoir les utiliser à des fins de détention.
Alors, je suis heureux de dire au député d'Abitibi-Ouest
que ce dossier, loin d'être fermé, est toujours ouvert, et que je
compte en venir à une conclusion dans un avenir très
rapproché.
Le Président (M. Gobé): M. le
député.
M. Gendron: Juste, peut-être une... complète... pour
remercier mon collègue. Mais je voudrais rapprocher, M. le ministre...
Je connais, des fois, votre parcimonie à regarder tout ça. Je
connais votre parcimonie à regarder tout ce qui arrive sur votre bureau,
et comme il en arrive pas mal... Les jours très rapprochés,
est-ce que je peux espérer que ça va être en avril?
M. Ryan: J'aimerais mieux ne pas indiquer
d'échéance aussi arithmétiquement rapprochée du
moment où nous nous parlons...
M. Gendron: C'est trop hermétique, ça, avril?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Si j'extensionne au début de mai?
M. Ryan: Regardez. C'est parce qu'il y a des problèmes. Le
genre de contrat que nous envisageons n'est pas un contrat usuel. C'est un
contrat où nous utiliserions les installations de cet
établissement. Ce n'est pas comme un contrat qu'on passerait avec un
hôtel ordinaire, seulement pour loger des voyageurs de passage. C'est
plus complexe. On est en train de regarder tout ça. Mais je veux vous
assurer que nous allons continuer de déployer une diligence toute
particulière, contrairement à ce que vous me disiez.
M. Gendron: Je vous remercie et je vous invite à le faire,
que ce soit une diligence toute particulière, parce que, tailler dans le
neuf, mais du neuf éprouvé, qui a été
vérifié, appuyé par les intervenants, la ville d'Amos,
tout le monde... Dans le milieu, je pense que ça fait assez longtemps
qu'on vit avec le problème qu'on est en mesure de regarder quelques
solutions alternatives. Alors, comme on vous en a présenté une
toute prête, j'espère que vous allez l'agréer. Je vous
remercie beaucoup.
M. Ryan: Oui, puis j'ai eu le plaisir d'en...
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Jonquière, avez-vous d'autres questions?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous que le
député de Verdun, qui en a une, vienne, et vous venez
après?
M. Gautrin: Ou que le député de Jonquière
finisse. Après, moi, je pourrai parler.
M. Dufour: C'est parce que, dans les centres de détention,
on a les libérations conditionnelles des individus.
Le Président (M. Gobé): Ça, c'est les
centres de détention.
M. Dufour: C'est rattaché, ça, un peu...
Le Président (M. Gobé): On pourrait peut-être
finir...
M. Gautrin: O.K. Non, restons sur la... Fermeture de centres
de détention (suite)
M. Dufour: II y a peut-être la question... Quand le
ministre dit: II y a deux prisons qu'on envisage, qui pourraient être
susceptibles de fermer. C'est encore envisagé. Quand vous allez donner
la décision? Parce que si j'avais une prison dans mon coin, puis que je
savais qu'il y en a deux que vous envisagez de fermer... Est-ce que c'est la
mienne ou celle d'un autre? L'inquiétude ou la confusion que vous ne
voulez pas créer, elle est créée déjà en
disant que vous regardez encore pour deux. Est-ce que vous êtes à
la veille de prendre une décision par rapport à ça?
M. Ryan: Ça va dépendre des solutions que nous
allons apporter à des besoins d'espace temporaire que nous avons aussi,
et nous avons des besoins d'espace additionnel dans la région de
Montréal et dans la région de Québec. Apporterons-nous une
réponse temporaire à ces besoins ou une réponse
permanente? Là, nous n'avons pas pris de décision encore.
Vous vous rappeliez ce qui est arrivé à propos de la
maison située dans l'ouest de Montréal, qui appartient à
l'Armée du salut. On avait trouvé une solution qui paraissait
intéressante là, et on avait oublié les voisins qui
étaient juste à côté. Tout ça s'est
écroulé comme un château de cartes, dans l'espace d'une fin
de semaine. Il faut reprendre à pied d'oeuvre les explorations.
Ce n'est pas facile de trouver un endroit où on va détenir
des personnes, avec le consentement de la population qui vit
immédiatement autour. Alors, les explorations se continuent, et tant que
ces choses-là n'ont pas été réglées,
évidemment, on y va avec prudence dans les décisions relatives
à des fermetures, pour des raisons qui sont assez évidentes.
Construction d'un centre de détention à
Rivière-des-Prairies
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
ministre.
Non pas à titre de président, mais comme
député de la commission, j'aimerais savoir si vous pouviez faire
le point sur le sujet que vous vous imaginez que je vais vous poser tout de
suite, c'est-à-dire la construction du centre, le nouveau Parthenais,
à Rivière-des-Prairies, du moins du centre de transition.
Rivière-des-Prairies, vous savez que...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...c'est dans le
comté de LaFontaine. On m'avait dit, au mois de mai l'an dernier, les
crédits, semble-t-il environ 53 000 000 $ avaient
été votés au Conseil du trésor, et je n'ai toujours
pas vu de construction. Alors, non pas qu'on a besoin de ça dans le
quartier, mais disons que, quand on connaît la crise économique
que nous traversons, on sait que l'État a, cette fois-ci, des
crédits disponibles pour ouvrir un chantier. On sait que, dans l'est de
Montréal, et en particulier, dans le comté de LaFontaine, il y a
un grand nombre de travailleurs de la construction qui aimeraient travailler.
Alors, la question que... et dans le comté, aussi, de Verdun,
d'ailleurs. Alors, tout Montréal, les gens aimeraient travailler sur ce
chantier... et du comté d'Iberville aussi, en effet.
Pourriez-vous nous dire, M. le ministre, comment se fait-il que ce grand
chantier, qui pourrait employer 200, 300 travailleurs de la construction, pour
deux ans ou trois ans, n'est pas encore parti, n'a pas eu de pelletée de
terre? Si vous avez des échéanciers à nous indiquer, parce
que l'argent a été voté au Trésor.
M. Ryan: Oui. M. le Président, je vous sais gré de
rappeler ce problème à l'attention de la commission. Nous en
avions discuté l'an dernier. J'ai eu l'occasion d'en traiter à
maintes reprises avec vous, parce que vous m'avez fait part de votre
très vif intérêt pour ce sujet à plusieurs reprises.
Je vais résumer brièvement l'état du dossier.
En ce qui touche le gouvernement, ce projet est inscrit dans la phase I
du cadre de planification. Toutes les autorisations nécessaires ont
déjà été émises par le Conseil du
trésor. Il restait à obtenir, de la ville de Montréal, les
autorisations requises au point de vue aménagement du territoire et
compatibilité avec le plan d'urbanisme. On a consacré quelques
mois à chercher des solutions à un problème particulier de
verdure qui se posait dans le coin, avec lequel vous êtes très
familier. Des solutions ont été apportées à ce
problème par des conversations entre nos services et ceux de la ville de
Montréal. Le comité exécutif a soumis au conseil, le 5
avril, a déposé le projet de règlement qui permettrait de
procéder. Ce projet doit être approuvé à la
prochaine réunion du conseil de la ville de Montréal, qui a lieu
au début de mai je pense que c'est le premier lundi du mois de
mai. Après ça, là, nous serons libres pour
procéder. Nous procéderons à l'appel d'offres rapidement,
et j'espère que des travaux pourront être entrepris dès
l'automne. La société d'immobilisation prévoit publier
l'appel d'offres à la fin de mai et débuter les travaux à
la fin de l'été.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
ministre.
On doit donc constater que ce délai d'une année entre la
décision du Conseil du trésor et la réalisation a pu
être occasionné par une administration, une bureaucratie ou un
processus administratif un peu lent au niveau de la ville de
Montréal.
M. Dufour: Pourquoi ça?
Le Président (M. Gobé): Excusez, ma question
s'adresse au ministre, M. le député de Jonquière.
M. Ryan: Regardez... M. Dufour: Bien non.
M. Ryan: ...je pense que le processus de consultation est un
petit peu élaboré, et on aurait intérêt, dans des
projets comme celui-ci, à trouver moyen de l'abréger un petit
peu, à mon humble avis. Je respecte les procédures qu'on a voulu
se donner, mais ça a été long. Je pense qu'on a perdu une
année avec ça. (12 h 10)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. le député de Verdun, vous avez demandé la
parole?
Plan de rationalisation des services correctionnels
(suite)
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
M. le ministre, je pense m'adresser... M. Carrier avait fait
état, tout à l'heure, des mesures qu'il avait prises. Le
député de Jonquière n'a pas suggéré qu'on
les énonce. Moi, je serais intéressé à
connaître les mesures que vous avez retenues. Si elles sont trop longues,
peut-être de ne pas les lire, soit les déposer, soit les donner.
Vous avez été, M. Carrier, brisé dans votre élan
oratoire, mais, moi, je serais intéressé à connaître
quelles sont les mesures retenues. Oui? Est-ce que c'est long ou c'est...
M. Carrier: C'est assez long, mais ça me ferait plaisir de
vous les...
M. Gautrin: Est-ce que vous auriez la gentillesse, à ce
moment-là, peut-être de les déposer?
M. Ryan: Oui, je pense que ça vaudrait la peine qu'on en
donne une brève enumeration.
M. Gautrin: Quelques-unes, quand même, pour qu'on ait une
idée.
M. Carrier: D'abord, il y a une réduction qui est
prévue, pour l'année à venir, de 27 cadres dans l'ensemble
des services correctionnels. On se rappellera qu'on a, à la Direction de
la détention, 384 cadres. Alors, on est en train... On a analysé
l'ensemble de la structure pour essayer d'aplatir, dans certains cas, et de
réduire des cadres dans la structure. On essaie de toucher, le moins
possible, aux contremaîtres qui sont près des opérations
pour essayer d'aplatir la structure au niveau des directeurs adjoints,
notamment.
Autre élément. Fermeture de places en été.
On se rappellera... et M. le ministre l'a dit tout à l'heure. On a des
périodes dans l'année où la population est inégale
dans les établissements de détention. Au printemps et à
l'automne, la population augmente. En période d'été, comme
le système judiciaire réduit son rythme, on a une population qui
est un peu moindre. Alors, on peut, à certains endroits, diminuer le
nombre de places, et ainsi sauver le coût d'effectifs. On parle ici de
320 000 $.
Autre élément. Réduction du temps
supplémentaire. Lorsqu'on fait faire du temps supplémentaire
à nos employés, on est obligés de les payer en temps et
demi ou en temps double. Une des façons de faire, c'est de se servir
d'occasionnels pour des durées limitées. Alors, au lieu de faire
entrer quelqu'un en temps supplémentaire pour huit heures ou quatre
heures à temps et demi, on prend des occasionnels qu'on peut payer en
temps simple, et on voit là une réduction de 500 000 $.
Ne plus rétribuer pendant les stages d'accueil. Les agents
correctionnels reçoivent une formation d'un minimum de deux semaines
lorsqu'ils sont admis comme agents correctionnels. Alors, ce que l'on
prévoit, c'est de ne plus les payer pendant qu'ils sont en stage
d'accueil, comme ça se fait au niveau des policiers, et comme ça
se fait ailleurs.
Privatiser la garde dans les hôpitaux. On a déjà
procédé comme cela, et on se rend compte que c'est plus
économique de fonctionner avec des agences privées pour garder
des contrevenants qui sont dans des hôpitaux et, souvent, qui ne sont pas
en état même de s'évader. À ce moment-là, on
réduit de 19 $ l'heure à 11 $, 12 $ ou 10 $, selon le type
d'agence que nous prenons. Alors, on parle ici d'une réduction de
l'ordre de 360 000 $.
Diminuer les programmes de formation au cégep de
Saint-Jérôme. On se rappellera qu'on a un programme de formation
pour augmenter le niveau d'habileté de l'ensemble des agents
correctionnels. On prévoit retarder un certain nombre de cours, et on
prévoit diminuer de cinq à quatre jours par année la
formation pour les agents correctionnels. Alors, on sauve, à cet
item-là, plus de 600 000 $.
Rationalisation des activités rémunérées. On
se rappellera qu'il existe, aux services correctionnels, des fonds locaux et un
fonds central, qui est responsable des activités de loisir,
d'éducation et de travail. Dans certains centres, on avait des agents
correctionnels qui servaient de contremaîtres. Alors, on va demander au
fonds local de financer des gens qui vont servir de contremaîtres,
plutôt que ce soient des agents correctionnels. Ici, on prévoit
une réduction de l'ordre de 200 000 $.
Rationalisation des soins de santé. On pense ici, notamment, aux
services de psychologues, d'infirmiers et de pharmaciens. On ne réduit
pas la qualité des services. Ce que nous faisons, c'est qu'on a
établi des standards à peu près identiques pour l'ensemble
des centres de détention. Ce que l'on a constaté, en faisant
l'évaluation, c'est qu'il y avait certains centres qui étaient
davantage pourvus en matière de services infirmiers, en matière
de psychologues. Alors, on a établi des normes et des standards qui vont
être dorénavant applicables dans l'ensemble de la province. Donc,
c'est de rendre
les services, finalement, plus équitables à travers la
province.
Certains des réaménagements ici vont nous amener à
négocier un certain nombre d'éléments dans la future
convention collective. Alors, il y a en a d'autres. Je ne sais pas si vous
voulez que je les...
M. Gautrin: C'est intéressant ça non, non
mais ça me donne une idée un peu de ce que vous faites.
Vous avez fait des compressions. Par direction...
M. Ryan: Je pense que...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Gautrin: Allez-y.
M. Ryan: Vous me permettez d'ajouter juste un commentaire.
M. Gautrin: Allez-y.
M. Ryan: Je pense que ces exemples, qui viennent d'être
donnés, montrent que nous ne procédons pas...
M. Gautrin: D'une manière horizontale, absolument.
M. Ryan: ...uniquement d'une manière horizontale. Nous
procédons également d'une manière verticale, par l'examen
de chacune des opérations qui se font à travers le réseau,
de manière à trouver des économies particulières,
propres à chaque mode d'intervention. Et vous voyez tout de suite, en
prenant connaissance de ces mesures...
M. Gautrin: Vous avez fait, dans les documents qui ont
été...
Le Président (M. Gobé): Excusez, M. le
député de Verdun.
M. le ministre.
M. Gautrin: Excusez-moi!
M. Ryan: ...qu'elles ne peuvent pas avoir été
instituées uniquement à partir d'en haut. Ça prend de la
consultation avec les responsables à tous les échelons pour
trouver les véritables endroits où on peut faire des
économies et améliorer l'efficience.
M. Gautrin: Ma question: Par rapport... Vous avez plusieurs
directions sous vos ordres. Il est assez simple d'essayer de voir les effets
des compressions, parce que les agents de la SCQ, bon, ils ne peuvent pas
être dans les... Ils sont tous dans la même direction. C'est assez
simple de comprendre ça.
Les compressions que vous avez faites dans les cadres et dans les
professionnels, c'est dans quelle direction? Est-ce que vous pouvez me donner
une idée par direction où vous avez fait des compressions?
M. Carrier: II y a eu des compressions qui ont été
effectuées dans l'ensemble des directions. Il n'y a pas eu seulement une
direction qui a été affectée.
Alors, les compressions au niveau des cadres et des professionnels se
situent dans les deux directions: la Direction de la probation et la Direction
de la détention, surtout, parce que, évidemment, ce sont... La
Direction de la détention représente 80 % de l'ensemble des
effectifs, et la Direction de la probation représente, à toutes
fins pratiques, le reste.
Évolution du Programme de travaux
compensatoires
M. Gautrin: Quasiment un défi pour ça. Ha, ha,
ha!
O.K. Moi, une dernière question, qui n'est pas trop technique,
sur le personnel. Le Programme de travaux compensatoires, comment
évolue-t-il? Comment vous l'utilisez? Est-ce qu'il y a un moyen
peut-être d'économie en accentuant ce Programme de travaux
compensatoires pour diminuer les coûts?
Alors, ma question n'est peut-être pas précise, M. le
Président. Quelle est l'évolution parce que les
statistiques que vous avez déposées s'arrêtent en
1991-1992? Est-ce qu'il y a augmentation du Programme de travaux
compensatoires? Comment les choses évoluent dans ce
domaine-là?
(Consultation)
M. Ryan: Le Programme de travaux compensatoires est un programme
à l'intention de personnes qui se sont vu infliger par le tribunal une
peine qui ne doit pas nécessairement être acquittée par un
séjour en prison. Il est prévu que ça peut se faire sous
forme de travaux, appelés compensatoires à cause de
ça.
Au cours de la dernière année, le nombre de cas qui sont
passés par le Programme de travaux compensatoires a été de
l'ordre d'à peu près 23 000, ce qui est une augmentation
considérable depuis sept ou huit ans.
Alors, ces dossiers sont confiés à des organismes qui
contractent avec la Direction des services correctionnels. Il y a des
problèmes qui se posent au point de vue du coût du traitement de
ces dossiers-là. Il y a une fédération qui regroupe les
organismes et qui fait le «dispatching», pour ainsi dire, en
consultation avec la Direction des services correctionnels.
Cet organisme a formulé un certain nombre de griefs, ces derniers
temps, a publié un document qui contient de nombreuses critiques. Mais
les gouvernements sont habitués à la critique, puis surtout,
aussi longtemps qu'ils demeurent en santé, ils l'accueillent dans un
esprit positif plutôt que négatif.
Alors, nous avons eu des contacts avec cet organisme. J'ai
rencontré moi-même ses porte-parole au cours des dernières
semaines. Puis, j'espère que nous
pourrons, au cours des prochaines semaines, établir une entente
qui permettra de continuer ce programme-là dans un esprit de
collaboration et de concertation. C'est un très bon programme, qui
permet d'alléger le fardeau carcéral, et de diminuer
considérablement, en conséquence, les coûts qui
découlent, pour la société, d'un certain nombre de
dossiers émanant du processus judiciaire. (12 h 20)
Le Président (M. Gobé): Alors...
M. Gautrin: Je vous remercie. Ça termine mes questions, M.
le Président.
Le Président (M. Gobé): ...merci, M. le
député de Verdun.
Je vois que M. le député d'Iberville...
M. Lafrance: Oui, M. le Président. Compte tenu...
Le Président (M. Gobé): Vous avez une question sur
ce programme-là, cet élément?
M. Lafrance: ...du temps qui nous est imparti et du nombre de
programmes qu'il nous reste à faire, j'aimerais peut-être
recommander qu'on passe à l'élément 2 du programme 3.
Le Président (M. Gobé): Oui. Je m'excuse, M. le
député d'Iberville, mais...
M. Dufour: J'étais rendu là presque, mais c'est lui
qui a ouvert la porte.
M. Lafrance: Non, mais c'est parce que je remarque qu'il y a huit
programmes à couvrir, et il y a des questions que j'aurais, moi, sur les
autres programmes plus tard, puis j'aimerais bien qu'on se rende là.
M. Dufour: Oui, mais je n'ai pas établi les règles
du jeu, moi. Je ne veux pas qu'on fasse un gros débat.
Le Président (M. Gobé): O.K. S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Dufour: Mais les règles, c'est qu'on passait programme
par programme, avec les éléments. Moi, j'ai des choses aussi, que
je pense importantes. Je ne veux pas imposer, il faut que j'attende.
Le Président (M. Gobé): Voilà. La
règle qui a été convenue au début est que nous
passions programme par programme. Chaque député, chaque membre de
cette commission peut poser des questions pendant une période de 20
minutes sur chaque programme ou élément de ce programme. Je crois
que c'est là le droit de chacun des parlementaires. Ils doivent donc
s'en tenir à cette règle sans y déroger, mais en agissant
quand même avec discernement et latitude...
M. Dufour: On est bien mieux de passer...
Le Président (M. Gobé): ...pour pouvoir respecter
un peu l'équité et l'esprit de l'étude des crédits,
qui est de favoriser, autant que possible, le droit de l'Opposition à
poser des questions.
M. le député d'Anjou, vous avez donc la parole.
Coût par dossier pour les organismes
communautaires s'occupant de
travaux compensatoires
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président.
Je pense que nous en sommes à l'élément qui traite
des organismes communautaires qui s'occupent des services correctionnels. C'est
ça. Je pense que c'est dans cet élément-là qu'on
s'occupe des organismes qui gèrent les travaux communautaires, pour les
travaux compensatoires? C'est ça?
Je voulais savoir, relativement aux montants qui sont offerts pour ces
organismes-là, ça représente combien par dossier? Je
voudrais savoir ce que ça représente.
M. Ryan: Ça, c'est... Regardez...
Le Président (M. Gobé): Je pense que le
député d'Anjou a pu penser que c'était le
député de Verdun qui était son vis-à-vis, mais ce
n'est pas encore lui, c'est M. le ministre, le député
d'Argenteuil.
M. Bélanger (Anjou): C'est parce que, normalement, en
justice, voyez-vous, moi, le ministre est là. Alors, je ne suis pas
habitué de voir le ministre là.
M. Dufour: On ne prend pas de commission, non plus, là.
Énervez-vous pas!
Le Président (M. Gobé): Alors, faites... votre
question.
M. Ryan: Selon les renseignements dont je disposeM. Carrier
pourra me corriger le coût approximatif d'un dossier,
actuellement, est d'à peu près 93 $, 94 $. Maintenant, des
études ont été faites sur ce coût, et nous aurions
de bonnes raisons de considérer qu'ils pourraient être
réduits. Les organismes, de leur côté, demandent qu'il soit
sensiblement augmenté, et c'est l'objet des conversations dont j'ai fait
mention, tantôt, dans ma réponse au député de
Verdun. C'est là qu'en est le dossier.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends que vous faites
référence, M. le ministre, à l'étude de BDL, je
pense...
M. Ryan: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...c'est ça, Blackburn,
qui,
justement, avait fixé le coût par dossier à peu
près au montant que vous avez mentionné. C'est ça?
M. Ryan: Non, cette étude a fixé, a établi
un coût inférieur à celui qui est encouru actuellement.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Ryan: Mais ils n'ont pas besoin de l'étude BDL pour
savoir combien ça coûte actuellement. Nous étions capables
de le faire nous autres mêmes.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que je dois comprendre que
vous avez fait d'autres études, justement, pour arriver à
ça?
M. Ryan: II y a eu une étude essayant d'établir ce
que pourrait être le coût amélioré. Cette
étude a conclu qu'il pourrait être réduit.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre est conscient
que, présentement, le système est un peu en état de crise,
parce que les organismes communautaires, justement, refusent d'accepter ce
montant, surtout quand ils considèrent que, présentement, pour
des mesures alternatives qui sont proposées pour des jeunes
contrevenants, au niveau fédéral, le coût par dossier est
évalué entre 400 $ et 800 $ par dossier, ces montants qui sont
reçus pour des mesures alternatives qui sont traitées,
gérées à peu près de la même façon.
Alors, moi, c'est la question que je me posais.
J'ai été, en tant que porte-parole de la Justice,
sensibilisé à ce problème-là des organismes
communautaires de Montréal, qui sont en état de crise, et qui
disent qu'ils craignent justement d'être obligés de fermer
à cause... De fait, ils perdent présentement de l'argent à
cause du montant insuffisant qui est offert.
M. Ryan: D'abord, là, il y avait une entente qui expirait
à la fin de mars, si mes souvenirs sont bons. Là, elle est
prolongée jusqu'à la fin de juin. Il n'y a pas de danger, par
conséquent, dans l'immédiat, mais d'ici ce temps-là, je
pense que nous allons nous rencontrer autour d'une proposition concrète
qui devrait, après négociation, comme il doit s'en faire, donner
lieu à une entente raisonnable. C'est ce que nous visons, et je pense
que ça pourra être atteint.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre a pris
connaissance de l'étude faite par la firme Raymond, Chabot, Martin,
Paré & cie, qui avait été commandée à
l'initiative des organismes communautaires. À ce moment-là, on
avait plutôt parlé d'un montant je pense que c'était
156 $ par dossier, qui était fixé. On avait fait, d'ailleurs, une
critique assez dure de l'étude de BDL, qui fixait les coûts
reliés au dossier. Alors, est-ce que le ministre a pris connaissance de
cette étude de Raymond, Chabot, Martin, Paré & cie?
M. Ryan: On me l'a transmise. Je l'ai soumise à nos
services pour examen, puis ça fera partie de l'examen de tout le
dossier, que nous allons faire au cours des prochaines semaines, en vue de
mettre au point un projet d'entente, qui pourrait intervenir d'ici la fin de
juin. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé.
M. Bélanger (Anjou): Donc, je comprends bien que le
ministre se réserve la possibilité d'augmenter l'offre qui est
faite aux organismes communautaires présentement?
M. Ryan: II n'y en a pas, d'offre, qui a été faite,
pour l'instant, non.
M. Bélanger (Anjou): II n'y a aucune offre qui est faite
présentement?
M. Ryan: Non. Il y a eu des échanges exploratoires, mais
il n'y a pas eu d'offre proprement dite.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre est conscient
qu'un des principaux griefs, qui est fait par les organismes communautaires qui
s'occupent de ces programmes, est le fait qu'ils doivent subir un
alourdissement de la clientèle? En particulier, maintenant, ils ont la
gestion de la clientèle qui provient des cours municipales, qui est une
clientèle beaucoup plus lourde que la clientèle qu'ils avaient
auparavant. À cause du problème de financement qu'ils ont, ils
n'ont pas les ressources administratives pour pouvoir traiter d'une
façon rapide les dossiers, et ça crée des problèmes
sérieux. Est-ce que le ministre est conscient de ça?
M. Ryan: Regardez, ce qu'ils m'ont surtout dit, à moi,
c'est qu'ils trouvaient que la clientèle en provenance des services
correctionnels était demeurée un petit peu stagnante au cours des
deux ou trois dernières années, et ça les
inquiétait, quant aux intentions du ministère, pour l'avenir. Ils
ne m'ont pas parlé de l'alourdissement qui provenait des cours
municipales, à ma souvenance. Ils m'ont parlé des dossiers
importants qu'ils ont du côté du fédéral.
(Consultation)
M. Bélanger (Anjou): Mon collègue, le porte-parole
du dossier, me dit que vous ne voulez pas augmenter ni stabiliser la somme qui
est offerte aux organismes. Vous voulez couper là-dedans. Vous voulez
couper dans les sommes qui vont être offertes aux organismes?
M. Ryan: On leur fera une proposition à eux, dans un
avenir rapproché. On pourra juger si c'est une coupure ou une
amélioration. Une coupure n'est pas nécessairement une
détérioration. Si on établissait, par une étude
sérieuse, que le coût encouru jusqu'à maintenant pourrait
être amélioré, on doit le faire, et on a le devoir de le
faire. Mais là, je ne me prononce pas pour l'instant, parce que nous
n'avons pas arrêté le montant
qui pourrait donner lieu à une proposition.
M. Bélanger (Anjou): Mais, vous ne considérez pas,
justement, que l'étude de Raymond, Chabot, Martin, Paré & cie
est une étude sérieuse là-dessus?
M. Ryan: Moi, je ne l'ai pas lue, l'étude de Martin,
Chabot. Je suis franc avec vous, je ne l'ai pas lue.
M. Bélanger (Anjou): Ah! Vous ne l'avez pas lue. Est-ce
que vous l'avez en votre possession?
M. Ryan: Ah! Oui, oui, oui.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que vous allez en prendre
considération sérieusement dans les critères?
M. Ryan: Oui, oui, mais elle aboutit à un coût de
156 $, si mes souvenirs sont bons.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça, c'est ça.
M. Ryan: Puis l'étude qui a été faite pour
le ministère aboutissait à un montant autour de 80 $. Le
coût actuel est de 93 $. Ça fait que... si vous me demandez si
j'approuve, les yeux fermés, l'étude de Martin, Chabot, la
réponse est négative.
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas ce que je vous
demandais, M. le ministre.
M. Ryan: Très bien. Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): Mais, est-ce que le ministère
a prévu des mesures alternatives, dans le cas où les organismes
communautaires n'accepteraient pas les propositions qui leur sont faites? Parce
qu'on en est là, présentement. C'est sérieux, la situation
dans laquelle on est présentement. Ce n'est pas une simple
négociation de routine. Est-ce que le ministère a prévu
des ressources alternatives par lesquelles il pourrait continuer, à ce
moment-là, la gestion des travaux communautaires?
M. Ryan: Plusieurs possibilités ont été
examinées. Plusieurs possibilités ont été
examinées, mais la plus intéressante, à mon point de vue,
demeure la recherche d'une entente équitable avec les organismes qui ont
déjà fourni de très bons services.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, M. le député d'Anjou.
Ceci met donc fin à nos travaux de cette matinée. Je vais
maintenant ajourner les travaux sine die, car nous n'avons pas eu d'ordre de la
Chambre pour resiéger, mais il est prévisible que ça
serait après la période des affaires courantes et en cette salle.
Alors, bon appétit à tout le monde! La commission est
ajournée.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M. Gobé): La séance de la
commission est maintenant ouverte, en effet.
Nous allons donc poursuivre l'étude des crédits
budgétaires concernant le ministère de la Sécurité
publique, les programmes 1 à 8, pour l'année financière
1993-1994. Comme je le mentionnais ce matin, nous avons une enveloppe de cinq
heures; nous avons fait 2 h 30, ce matin, il nous reste donc 2 h 30 à
faire cet après-midi.
Commission québécoise des
libérations conditionnelles
Nous étions rendus au programme 3, à
l'élément 2, qui est la Commission québécoise des
libérations conditionnelles. Sans plus tarder, je passerai la parole
à M. le député Jonquière.
M. le député, vous avez la parole.
Programme d'absence temporaire au sixième de la
sentence purgée
M. Dufour: Concernant les libérations conditionnelles des
détenus. Le 28 janvier 1992, le juge Charles-Henri Cliche condamne un
individu à écoper d'une amende de 2000 $ ou, à
défaut de la payer, à une peine d'un an de prison pour conduite
avec facultés affaiblies. L'individu en question a un lourd passé
pour ce type d'infraction, puisqu'il a déjà été
condamné à sept reprises, d'où la
sévérité de la sentence imposée par le juge Cliche.
L'individu choisit la détention, et il est incarcéré le 2
avril 1992. Le 14 avril de la même année, soit 12 jours plus tard,
l'individu est libéré.
Le 29 janvier 1992, un autre individu est condamné à 217
jours de détention. Le 1er avril suivant, il bénéficie du
Programme d'encadrement en milieu ouvert, le PEMO. Le 30 avril, il obtient une
libération conditionnelle. Le 22 juin de la même année, il
est de nouveau condamné pour vol et recel. Il retourne en
détention pour en ressortir moins d'un mois plus tard, soit le 21
juillet 1992.
Ces deux exemples illustrent, à eux seuls, comment le
système est de plus en plus souvent vicié, surtout depuis que la
Commission des libérations conditionnelles gère, ni plus, ni
moins, le programme d'absence temporaire accessible au sixième de la
sentence purgée. D'ailleurs, une étude récente de
l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec
confirme ces prétentions en indiquant que le système condamne de
plus en plus de personnes à des peines qui tendent à s'alourdir,
alors qu'en même temps on multiplie les mesures de remise en
liberté anticipée. L'Association constate donc que la
durée moyenne de séjour en détention diminue.
Donc, ça se rattache un peu à ce dont on parlait ce matin,
le surpeuplement des prisons. C'est clair que si on libère les gens, on
peut libérer les prisons, mais ce n'est peut-être pas ce qu'on
doit rechercher, pour nous,
en tout cas. Comment le ministre juge le fait qu'un individu qui a
été condamné à sept reprises pour la même
infraction, soit la conduite d'un véhicule avec des facultés
affaiblies, puisse éviter de payer une amende de 2000 $ et ne passer que
12 jours en détention, alors qu'il a été condamné
à un an?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais, tout d'abord,
préciser certaines choses. Le programme d'absence temporaire ne
relève pas de la Commission des libérations conditionnelles. La
Commission des libérations conditionnelles est saisie d'un dossier quand
la personne a purgé le tiers de sa sentence. À partir de ce
moment-là, le dossier relève de la Commission des
libérations conditionnelles, et on pourra examiner ceci
tantôt.
Comme la question se rattache à un dossier où il y a eu
des permissions d'absence temporaire, selon ce que je puis en percevoir,
peut-être que nous pourrions demander à M. Normand Carrier de
revenir à la table. M. Normand Carrier pourrait peut-être revenir
à la table, nous dire s'il est au courant du cas dont a parlé le
député de Jonquière et, à défaut
d'être au courant, prendre l'engagement de s'en enquérir et de
nous donner, en attendant, les grandes lignes de la politique suivie par la
Direction des services correctionnels en matière d'absence temporaire.
Ce n'est pas aussi improvisé qu'on peut le penser de l'extérieur,
mais j'aimerais qu'on vous donne des précisions là-dessus,
puisque nous avons la chance d'avoir des témoins informés.
Le Président (M. Gobé): M. Carrier, à la
demande du ministre, vous avez la parole.
M. Carrier: Normand Carrier, sous-ministre associé au
ministère de la Sécurité publique.
Concernant les absences temporaires, la loi prévoit que le
directeur général peut accorder des absences temporaires pour
trois raisons: pour des raisons de réinsertion sociale, pour des raisons
médicales ou pour des raisons humanitaires. C'est prévu à
l'article 22.7 de la loi des services correctionnels.
Ce qui est prévu, c'est qu'un comité d'absences
temporaires, formé de trois personnes un gestionnaire, un
professionnel et un agent des services correctionnels étudie
chacune des demandes et fait rapport. Il fait une recommandation au directeur,
lequel directeur prend la décision d'accorder ou de refuser une absence
temporaire. Parmi les critères qui doivent être
considérés pour accorder ou refuser une absence temporaire pour
réinsertion sociale, on doit considérer la personnalité et
le comportement du détenu, son habileté à remplir ses
obligations, ses projets, ses relations familiales et sociales, ses emplois
antérieurs, ses aptitudes au travail, son casier judiciaire, sa conduite
pendant une période de détention. La personne a le droit
d'être entendue et représentée. Sur la base de la
recommandation du co- mité d'absence temporaire, le directeur de
l'établissement accorde ou refuse l'absence temporaire.
Maintenant, vous parlez d'un cas particulier, mais difficile, parce
qu'on n'a pas, évidemment, l'ensemble de ces informations. Il est
possible que cet individu ait été libéré en vertu
d'une absence temporaire pour raisons médicales ou pour raisons
humanitaires. Quand on parle de raison médicale, c'est soit pour une
évaluation ou un traitement dans les centres hospitaliers. Il y a
plusieurs raisons humanitaires qui peuvent être
considérées.
Pour ajouter un peu à la précision, les absences
temporaires pour réinsertion sociale peuvent être accordées
depuis le 15 juin, depuis que la loi 147 a été votée,
à compter du sixième de la sentence. L'individu qui
bénéficie d'une absence temporaire doit repasser, pour celui qui
a une sentence de six mois et plus, devant la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, au tiers. Pour
les individus qui reçoivent des absences temporaires, pour raisons
médicales ou humanitaires, il n'est pas question de délai dans la
loi.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Comment on peut expliquer qu'en fait... Voulez-vous me
dire qu'il n'y a pas de chance de récidive, puis que c'est un gars qui
est correct... Us ont jugé ça à trois personnes... C'est
la septième fois! Le Christ, ils l'ont crucifié après
qu'il fût tombé trois fois. Après sept fois, vous ne pensez
pas qu'il y a de l'exagération un petit peu? Moi, il me semble que si
les peines sont trop élevées, baissons-les. Il faut de la
cohérence. Dans le fond, on donne un message tout croche au monde.
Est-ce que le principe qu'un individu va être
libéré... Après 12 jours, il paie c'est bien
payé ça, 2000 $ pour 12 jours. Savez-vous qu'à ce
prix-là je pense qu'il faut changer de job! On va payer les peines de
tout le monde, ça n'a pas de bon sens!
M. Carrier: J'ai un peu de difficulté à traiter du
cas particulier, parce qu'on a souvent des individus...
M. Dufour: Ce n'est pas loin d'ici, hein, c'est...
M. Carrier: On a souvent des individus qui sont
incarcérés, qui ont une amende à payer, et qui,
après quelques jours à l'intérieur de
l'établissement, décident de payer l'amende. Dès le moment
où ils paient leur amende, ils sont libérés, s'ils ont
été incarcérés pour défaut de paiement
d'amende.
M. Dufour: Selon les informations qu'on possède, il n'a
pas payé d'amende. Il a été condamné à un an
ou 2000 $ d'amende; il n'a jamais payé l'amende, il a fait 12 jours.
M. Ryan: Maintenant, M. le Président, si vous me
permettez, nous allons faire les vérifications....
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre,
allez-y.
M. Ryan: ...dans ce cas-là. Je ne voudrais pas que nous
discutions d'un cas sur lequel nous n'avons pas toute l'information
nécessaire. Si le député veut nous fournir quelques
précisions quant au nom de l'individu, nous allons faire les
vérifications, et nous communiquerons au député toute
l'information nécessaire dans des jours prochains, quitte à
rouvrir le débat au salon bleu, s'il le juge opportun. Ça va?
Bilan à la suite des modifications
apportées à la Loi favorisant
les
libérations conditionnelles des
détenus
M. Dufour: Ça va pour ce cas-là.
L'autre cas, qui est vraiment sur la libération conditionnelle,
c'est: Est-ce que vous êtes en mesure, actuellement, de porter un
jugement, positif ou négatif, à la suite des modifications qui
ont été apportées à la Loi favorisant les
libérations conditionnelles des détenus?
M. Ryan: J'aimerais peut-être, M. le Président, que
Mme Collette, la présidente de la Commission, nous donne d'abord un
résumé des développements de l'accroissement de
tâches qu'a provoqué, à la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, la nouvelle
situation. Ensuite, on pourra peut-être échanger quelques opinions
là-dessus.
Le Président (M. Gobé): Oui. Madame, vous avez la
parole.
Mme Collette (Renée): Depuis le 15 juin, le mandat de la
Commission n'a pas changé, dans un certain sens, parce que les personnes
ont toujours été admissibles au tiers de la sentence, et on n'a
jamais modifié cette date d'admissibilité. La Commission voit les
personnes admissibles au tiers de la sentence et décide d'octroyer ou
non la libération conditionnelle, au tiers de la sentence.
Ce qu'il est peut-être intéressant de savoir, c'est que 147
a provoqué, bien sûr, un accroissement de la tâche à
la Commission, parce que, avant, toutes les personnes qui renonçaient
à la libération conditionnelle, parce qu'elles étaient
déjà dehors, en absence temporaire, et qu'elles décidaient
de ne pas se présenter devant la Commission, comme, maintenant, leur
absence temporaire pour réinsertion sociale cesse au tiers de la
sentence, elles ne renoncent plus à la libération conditionnelle
et passent devant la Commission. Donc, le taux de renonciation a diminué
de 54 %. (15 h 50)
Les personnes admissibles, l'année passée, juste pour vous
donner une idée et ça, ça n'a rien à voir
avec la loi 147, ça a plus à voir avec l'activité des
tribunaux. Pour les six mois et plus, il y a eu une augmentation, entre 1991 et
1992, de 24 % des personnes admissibles, ce qui ne s'est jamais vu depuis le
début de l'existence de la commission. il y a eu des années
fortes, qu'on appelait, où on voyait une augmentation de 10 % à
12 % entre les deux années, mais 24 %, ce n'est jamais arrivé. il
y a eu une augmentation, au niveau des décisions de la commission, de
34,2 %, la même chose au niveau des personnes rencontrées en
audience. il y a une diminution énorme au niveau des renonciations,
ainsi qu'au niveau des remises de décision, maintenant. donc, la
tâche de la commission s'est accrue dans ces proportions-là. il y
a aussi la surveillance en libération conditionnelle. comme le taux
d'octroi est un peu plus élevé qu'il ne l'était, dû
au fait que les cas passent davantage devant la commission et que les bons cas,
qu'on appellait avant, qu'on ne voyait pas, maintenant ont davantage, dans ces
cas-là, de chances, puisqu'ils ont fait des preuves, avant d'arriver au
tiers, d'obtenir une libération conditionnelle. la moyenne mensuelle en
surveillance a augmenté aussi de 48,3 %. donc, ça vous donne un
peu une idée des paramètres dans lesquels la commission a
évolué durant cette dernière année.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais peut-être que
la présidente nous dise comment s'explique le nombre plus
élevé de révocations, que vous avez été
obligée d'instituer au cours de la dernière année.
Deuxièmement, que vous nous parliez peut-être un petit peu du taux
de succès des libérations conditionnelles que vous
décrétez. Ça va rejoindre les préoccupations que le
député de Jonquière énonçait, tantôt.
Je pense que ce sont deux grandes questions qu'on se pose à propos de la
Commission.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Il y a un bon critique pour les crédits. Madame, vous avez la
parole.
Mme Collette: Le taux de révocation... En fait, ce qu'il
faut expliquer, c'est que l'agent de probation ou la personne
désignée a le pouvoir de suspendre la libération
conditionnelle s'il y a un risque ou un bris de condition, un risque de bris de
condition ou un risque de récidive, une récidive ou une nouvelle
accusation. Même pas besoin d'être reconnu coupable. À ce
moment-là, il y a ce qu'on appelle une audience postsuspension, et la
Commision a deux choix. Cette audience-là doit avoir lieu dans les 21
jours. Les deux choix sont les suivants: dépendant des circonstances,
dépendant des projets, dépendant de la rencontre qui est faite,
de l'audience qui est faite avec la personne, annuler la suspension et
relibérer, même avec d'autres conditions; ou révoquer la
libération conditionnelle. À ce moment-là, la personne
doit finir sa sentence en prison. le taux de révocation, pour
l'année passée, se situe à l'entour de 23 %. ce qu'il est
intéressant de savoir, c'est que le taux de révocation a
augmenté, effectivement, depuis 1991, mais n'a pas augmenté
pour
récidive, il a augmenté pour bris de condition. Pour
récidive, c'est 10 %; donc, c'est resté stable. Pour bris de
condition, c'est là où l'augmentation s'est fait sentir, ce qui
signifie qu'il y a une surveillance adéquate qui s'inscrit, et que la
réaction se fait au moment où on a l'impression que la personne
est en train de s'embarquer dans une nouvelle situation, qui deviendrait
peut-être un risque de récidive. Donc, l'intervention se fait
avant qu'on en arrive là. C'est, je pense, une situation pour laquelle
il vaut la peine de savoir comment ça se passe.
Le Président (M. Gobé): Très bien, madame.
M. le ministre, est-ce là l'essentiel? Non?
M. Ryan: Ça va. Ça va.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Alors, M.
le député de Jonquière, des questions, en ce qui concerne
l'élément 2?
M. Dufour: Ce n'est pas les questions qui manquent, c'est le
temps. On va laisser passer.
Le Président (M. Gobé): Alors, très bien. Je
considère donc cela comme étant la fin de l'intervention sur le
programme 3, éléments 1 et 2?
M. Ryan: M. le Président, me permettriez-vous de...
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Ryan: ...demander, peut-être, une dernière
question à la présidente?
Le Président (M. Gobé): Certainement, M. le
ministre.
Travail des commissaires à plein temps et des
commissaires communautaires
M. Ryan: En plus des commissaires à temps complet, qui
siègent à la Commission québécoise des
libération conditionnelles, nous avons des commissaires à temps
partiel, qui sont recrutés à travers tout le Québec, qui
accomplissent un travail exceptionnellement significatif dans cette entreprise.
Puis, j'aimerais peut-être que Mme Collette informe les membres de la
commission sur le travail de ces commissaires, parce que nous sommes tous
préoccupés du suivi qui est apporté aux dossiers de
libération conditionnelle, des conditions dans lesquelles sont
accordées ces libérations. Je pense que le travail de ces
intervenants demande à être expliqué à la
commission.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre.
Mme la présidente, vous avez la parole.
Mme Collette: II y a effectivement deux types de commissaires,
à la Commission: les commissaires à plein temps nous
sommes neuf, incluant la présidente et le vice-président, qui
sont nommés pour l'ensemble des 24 établissements de la province
et 66 membres à temps partiel, qu'on appelle commissaires
communautaires, qui eux, sont situés dans les différentes
régions, là où il y a des prisons. dernièrement, le
gouvernement a procédé au renouvellement ou à la
nomination de nouveaux commissaires communautaires. il y en a 66, comme je
viens de le dire 18 en sont à leur second mandat, et 48 sont des
nouveaux membres. de l'ensemble de ces membres-là, 53 % sont des femmes;
un membre provient du milieu autochtone, et quatre font partie du milieu
anglophone; cinq nouveaux membres, soit 11 %, en fait, des nouvelles
nominations, font partie des communautés culturelles, soit
française, haïtienne ou italienne. c'est principalement dans la
région de montréal. si on mettait juste les commissaires
communautaires pour la région de montréal, c'est 22 % des gens de
la région de montréal.
Ces gens-là sont des gens qui ont différentes occupations
et qui siègent environ deux jours par mois avec la Commission. À
chaque journée, dans les établissements de détention du
Québec, il y a des audiences de la Commission, où il y a toujours
un membre à temps plein et un commissaire communautaire qui, lui, change
tous les jours. Ce sont ces deux personnes-là qui doivent prendre la
décision de libérer conditionnellement, ou non, ou de refuser la
libération conditionnelle. Les deux ont autant de pouvoir, d'obligations
ou de droits par rapport à la personne incarcérée. Il n'y
a pas une prépondérance de voix, par rapport au membre à
temps plein.
Donc, c'est un apport, je pense, de la communauté qu'il est
important de souligner dans la prise de décision.
Le Président (M. Gobé): Bien. Est-ce que c'est
tout, là? Je vous remercie beaucoup. Merci, madame.
M. Benoit: M. le Président... Le Président (M.
Gobé): Oui.
M. Benoit: ...je proposerais l'adoption du programme 3, les
éléments 1 et 2.
Le Président (M. Gobé): Alors, très bien, M.
le député d'Orford. Est-ce que le programme 3,
éléments 1 et 2 sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté.
M. Dufour: Je proposerais, M. le Président, qu'on passe au
programme 6, je pense, après entente. Il semblerait qu'il y a un peu de
relâchement, dans le sens qu'on pourrait prendre les sujets... À
cause du temps qui nous est dévolu.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais j'avais
reçu, juste auparavant, la demande de M. le député de
l'Aca-die, pour une question sur le 4. Est-ce que votre question va être
assez longue? Préférez-vous revenir par la suite, qu'on passe au
6 tout de suite? Je sais que le député de Joliette veut venir
intervenir sur le 6, et n'étant pas arrivé encore,
peut-être qu'on a quelques minutes pour...
M. Dufour: Oui, mais il n'y a pas juste le député
de Joliette qui a... En tout cas...
Le Président (M. Gobé): Mais ça...
M. Ryan: On peut l'aborder quand même.
M. Dufour: Ça ne me dérange pas.
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'on essaye de
travailler un peu en collaboration, pour aller plus vite.
M. Dufour: Non, non, il ne sera pas adopté, le 4. Mais
s'il veut poser une question, il veut se libérer, j'imagine...
Le Président (M. Gobé): Ou
préférez-vous attendre plus tard pour qu'on le reprenne?
Une voix: Allons au programme 4, laissons-le ouvert, et on
passera au programme 5.
Le Président (M. Gobé): Oui? O.K. Allez-y, M. le
député de l'Acadie.
M. Bordeleau: Parfait. Merci, M. le Président. Le
Président (M. Gobé): O.K. M. Dufour: Oui, oui.
M. Bordeleau: Merci, M. le député. M. le
ministre...
Le Président (M. Gobé): Sur le programme 4, pour
une question du député de l'Acadie. Quel élément,
M. le député, 1, 2 ou 3?
M. Bordeleau: C'est sur la prévention. Je n'ai pas
le...
Le Président (M. Gobé): Sécurité et
protection, recherche et programmes?
M. Bordeleau: Sur la prévention.
Le Président (M. Gobé): Allez-y. Je vous
laisse...
M. Bordeleau: Parfait.
Le Président (M. Gobé): C'est dans
l'élément 3.
Suites données au rapport de la Table ronde sur
la prévention de la criminalité
M. Bordeleau: Parfait. M. le ministre, je voudrais revenir
à un sujet qui me tient particulièrement à coeur, et vous
savez pourquoi, celui de la prévention de la criminalité. Alors,
juste, peut-être, rappeler aux collègues un peu le cheminement qui
a mené à la création de la Table ronde sur la
prévention de la criminalité.
Au mois de février 1992, au Sommet de la justice, vous aviez
alors, à ce moment-là, pris l'engagement de créer une
Table ronde sur la prévention de la criminalité. Le 15 mai
dernier, c'est-à-dire le 15 mai 1992, à ce moment-là, vous
aviez organisé une rencontre exploratoire, où l'objectif
était d'évaluer, avec les intervenants dans le milieu,
l'opportunité de créer cette Table-là, et de voir dans
quelle mesure les gens étaient prêts à s'impliquer dans les
travaux de la Table ronde. Alors, cette rencontre-là a eu lieu à
Montréal, le 15 mai. À cette rencontre-là assistaient
à peu près une quarantaine d'intervenants, qui
représentaient toute une série de catégories
d'intervenants dans le domaine de la prévention de la
criminalité. Au moment de la conclusion de cette rencontre-là, je
pense que vous étiez à ce moment-là convaincu du
bien-fondé et de l'intérêt que les gens portaient à
la prévention de la criminalité. Et, à ce
moment-là, ça vous avait permis de préciser le mandat que
vous donneriez à la Table ronde sur la prévention de la
criminalité. Suite à cette rencontre-là, vous avez pris la
décision de créer la Table ronde vous m'aviez
demandé d'en assumer la présidence et les travaux de la
Table ronde ont commencé quelques mois après, c'est-à-dire
au mois d'août dernier. (16 heures)
Peut-être que ça pourrait être intéressant de
préciser quels étaient le mandat et les objectifs, à ce
moment-là, que vous aviez confiés à la Table ronde. Alors,
le mandat était de fournir au ministre de la Sécurité
publique des éléments de réflexion et des suggestions
concrètes en vue de l'élaboration d'une politique relative
à la prévention de la criminalité, en accord avec les
responsabilités confiées au ministre par la loi, à ce
sujet-là. Plus précisément, les objectifs que la Table
ronde devait rencontrer étaient: d'identifier les besoins en
matière de prévention de la criminalité; de faire
l'inventaire et l'appréciation du travail accompli par les divers
intervenants; d'identifier les causes de la criminalité dans une
perspective d'intervention préventive; de recueillir l'avis de
spécialistes et d'examiner les orientations et expériences faites
ailleurs dans le domaine de la prévention de la criminalité dans
le but de dégager les principes qui pourraient être applicables
ici; d'identifier la contribution des intervenants à la fois au sein du
ministère de la Sécurité publique et d'autres intervenants
qui ne relèvent pas du ministère de la Sécurité
publique; d'identifier les modes d'intervention privilégiés; et
d'identifier la nature et les fonctions éventuelles des structures qui
pourraient
être requises pour assurer la stabilité, la
continuité, l'efficacité et l'harmonisation de l'action, à
la fois aux plans provincial, régional et municipal.
Alors, c'est le mandat que la Table ronde s'est vu confier à ce
moment-là. Et l'échéance que vous aviez fixée alors
pour la fin des travaux de la Table ronde était le 30 avril 1993. Alors,
vous avez été informés que lundi dernier, soit le 26
avril, la Table ronde s'est réunie. Au moins une trentaine de
participants réguliers de la Table ronde étaient présents
à ce moment-là, et les gens ont appuyé à
l'unanimité le rapport qui avait été préparé
suite aux travaux de la Table ronde. Alors, dans ce cadre-là, le travail
comme tel de la Table ronde est maintenant terminé. Le mandat qui nous
avait été confié a été réalisé
et le rapport devrait vous être remis d'ici un mois. Actuellement, on en
est au niveau de la mise en forme et de l'impression du rapport qui va vous
être remis d'ici un mois.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre,
excusez-moi, vous avez un commentaire?
M. Ryan: Non. Après qu'il aura terminé. Le
Président (M. Gobé): Oui, certainement.
M. Bordeleau: Alors, ce que je voulais vérifier avec vous
c'est: Au moment où on avait eu la réunion du 15 mai, et il y
avait eu un certain nombre de réactions et d'interventions de la part
des personnes qui étaient alors présentes à ce
moment-là, vous aviez mentionné que ce rapport-là pourrait
être l'objet d'une consultation plus élargie sur le contenu du
rapport en vue de l'élaboration d'une politique ministérielle en
matière de prévention de la criminalité. Alors,
évidemment, vous n'avez pas eu le contenu du rapport comme tel, mais
j'aimerais savoir, au niveau des actions qu'on peut prévoir, quelles
seront peut-être les suites que vous comptez donner en termes
peut-être de processus là, au rapport remis dans l'optique de la
consultation élargie dont vous parliez ou d'un mini-sommet que vous
souhaitiez peut-être organiser? Alors, je ne sais pas si vous avez
actuellement eu le temps de réfléchir un peu aux suites que vous
voulez donner aux travaux de la Table ronde.
Le Président (M. Gobé): C'était là
tout l'essentiel de vos remarques?
M. Bordeleau: Ça va.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Ryan: Merci, M. le Président.
Je voudrais tout d'abord ça viendra peut-être d'un
petit peu plus loin mais je pense que, comme toile de fond, ça serait
utile pour tout le monde vous donner quelques statistiques les plus
récentes sur l'évolution de la criminalité au
Québec. Ensuite, nous pour- rons en venir au sujet qu'a abordé le
député de l'Aca-die, qui est très important pour nous.
selon les données contenues dans une brochure dont je verrai à
vous faire distribuer le texte au cours des prochains jours, une brochure
intitulée «statistiques 1992 criminalité et
application des règlements de la circulation au québec, rapport
préliminaire», le nombre total d'infractions au code criminel a
diminué de 1,4 % en 1992, par rapport à 1991, passant de 582 918
en 1991 à 574 964 en 1992. on doit toutefois déplorer une
nouvelle augmentation du nombre de crimes avec violence et ce, pour une
neuvième année consécutive. la progression est de l'ordre
de 5,2 %, les crimes avec violence ayant passé de 54 234 en 1991
à 57 029 en 1992. on observe une diminution de 12,4 % des homicides.
quant aux tentatives de meurtre, elles augmentent de 20,4 %. les infractions
d'ordre sexuel augmentent de 14 %. fait à signaler, il y a une
diminution du côté des crimes contre la propriété.
on assiste à une diminution dans trois des quatre grandes
catégories de ce type de crime. les vols de 1000 $ ou moins sont
très nombreux, une diminution de 4,8 %. les vols de plus de 1000 $, une
diminution de 2,4 %; les vols avec effraction, diminution de 2,8 %. seuls les
vols de véhicules à moteur ont connu une augmentation de l'ordre
de 2,3 % par rapport à 1991. on signale, dans la brochure, que ce type
de crime, vol d'automobiles, puis de véhicules, a connu une augmentation
spectaculaire au cours des dernières années. il avait
augmenté de 20 %, entre 1990 à 1991, et de 18 % entre 1989 et
1990.
Quand on voit ces statistiques et pensez à un total de 574
964 infractions de toutes sortes, au cours de l'année je pense
que nous avons une matière à réflexion sérieuse. Il
y a deux grands problèmes que ça pose, évidemment; il y a
celui de la répression du crime, tâche qui relève en propre
des forces policières. On s'interroge souvent sur la mission des forces
policières. Nous aurons l'occasion d'en parler tantôt, c'est un
premier point. Et, évidemment, une tâche encore plus importante
pour la société, c'est celle de la prévention et de la
formation en vue d'éviter la prolifération du crime. Depuis ma
nomination au poste de ministre de la Sécurité publique, de
nombreux milieux ont insisté, à maintes reprises, pour que nous
accentuions l'importance accordée aux tâches de prévention.
Je dois dire que les milieux de police ont été
particulièrement insistants de ce côté-là, et je
leur en suis reconnaissant.
J'avais dit que, lorsque nous serions dégagés des
tâches plus immédiates, nous entreprendrions un travail
sérieux à cet égard. Le Sommet de la justice, qui a eu
lieu l'an dernier, nous en a fourni l'occasion, parce qu'à l'occasion du
Sommet de la justice, je fus interpellé par de nombreux intervenants et
c'est à cette occasion que j'avais pris l'engagement de créer une
table ronde sur la prévention du crime.
Là, je veux remercier particulièrement le
député de l'Acadie, M. Bordeleau, d'avoir accepté de
présider cette Table ronde. M. Bordeleau, comme nous le savons tous, est
un psychologue professionnel qui était directeur du département
de psychologie, à l'Université de Mont-
real, avant d'entreprendre une carrière politique. Je pensais
qu'il était particulièrement bien qualifié pour animer
cette Table ronde.
Le mandat vous a été donné à quel moment,
exactement, M. Bordeleau?
M. Bordeleau: Au mois d'août.
M. Ryan: Au mois d'août dernier. On avait fixé comme
échéance la fin d'avril, et je me disais: On sera obligé
de leur donner un petit répit de trois mois. Je m'attendais à
recevoir le rapport, moi, à l'été 1993, pour être
complètement franc avec vous. Vous me dites qu'il sera remis
prochainement. J'en suis très reconnaissant.
J'ai eu l'occasion de parler avec des personnes qui ont fait partie du
groupe, en particulier le président de l'association des chefs de police
du Québec, M. Lorrain Audy, lequel était sceptique, à
l'origine, parce qu'il avait été désappointé,
à maintes reprises, dans le passé. M. Audy m'a dit qu'il
était très impressionné par l'excellente qualité du
travail qui s'est fait. Alors, je veux en exprimer ma vive appréciation
et vous assurer que l'idée d'une consultation élargie, à
la suite de la remise et de la publication, évidemment, de votre
rapport, est une idée que j'examine avec beaucoup d'intérêt
et peut-être que ça nous conduira à ce sommet sur la
prévention du crime. Et le travail de la police qu'a
réclamé à maintes reprises le président du syndicat
des policiers et policières de la communauté urbaine de
Montréal, que je dois rencontrer au début de la semaine,
d'ailleurs...
Alors, je veux vous dire que nous allons suivre ça très
attentivement. Il faut que la prévention devienne une dimension beaucoup
mieux accusée de la mission du ministère de la
Sécurité publique, et je pense que le travail dont nous recevrons
les fruits aura été une précieuse étape dans la
réalisation de cet objectif.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Sur
le même sujet, M. le député de Salaberry-Soulanges?
M. Marcil: Juste une petite question pas longue... (16 h 10)
Le Président (M. Gobé): Oui, oui.
Interventions envisagées pour prévenir
l'usage de la colle comme drogue par les jeunes
M. Marcil: ...si vous permettez. M. le ministre, peut-être
que je pourrais la poser aussi à M. Lavigne. Lorsqu'on parle de
prévention, naturellement, il y a certaines activités qui ne sont
pas considérées comme étant criminelles. Vous avez entendu
sûrement parler du phénomène de la colle que nous vivons
dans notre région, à Valleyfield. Je sais que le maire de cette
municipalité entend intervenir auprès de vous au niveau,
probablement, de la réglementation en ce qui concerne la vente de la
colle. Ce n'est pas nécessairement une drogue reconnue officiellement
comme la cocaïne, etc.
Ce que je voudrais poser comme question, c'est: Est-ce que la
Sûreté du Québec, ou le ministère de la
Sécurité publique est sensible à ce
phénomène-là? Est-ce que vous avez déjà
pensé à intervenir sous une forme quelconque?
M. Ryan: Comme vous le savez, le maire de Valleyfield, M. Rousse,
a fait partie de la Table ronde sur la prévention de la
criminalité. Je connais son vif intérêt pour ces questions.
Il me fera plaisir peut-être d'aménager une rencontre entre M.
Rousse, vous-même, puisque le sujet vous intéresse, et
peut-être les autorités policières pour voir ce qui peut
être fait de ce côté-là. Je vous dirai franchement
que je n'ai pas été saisi du problème de manière
explicite.
Ce n'est pas des choses qu'il m'est donné de constater tous les
jours dans le genre d'activité que j'ai. Mais je prends note de votre
intérêt pour ça. Peut-être que M. Lavigne pourra
faire quelques commentaires. Et, M. Côté, si vous en avez
également, soyez bien à l'aise. Avec le consentement des
députés, vous pourrez compléter la réponse du
ministre.
Le Président (M. Gobé): Tout en vous rappelant que
nous allons revenir au programme 4 ultérieurement. Alors, si vous
voulez... Vous pouvez répondre pareil. La question a été
posée, et vous êtes autorisés à répondre.
M. Ryan: Moi j'ai terminé, pour l'instant.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre?
M. Ryan: Peut-être qu'on aurait pu prendre connaissance de
l'état exact de ce problème-là. S'il y a des mesures
à prendre, nous les examinerons, c'est sûr.
M. Marcil: Juste pour compléter. C'est que ça
touche une clientèle jeune, école primaire, c'est surtout
à ce niveau-là. La moyenne, c'est à peu près
l'âge de 12 ans. C'est tout simplement pour vous sensibiliser. Donc, vous
allez avoir sûrement des représentations qui vont vous être
faites de façon officielle.
Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Salaberry.
C'est en effet un sujet très important, la jeunesse. Alors, suite
à cette intervention, et en fonction de l'accord que nous avons conclu
entre les différentes parties, je vais donc suspendre l'étude du
programme 4, et nous allons maintenant passer à l'étude du
programme 6. Alors, je demanderai donc aux gens...
Nous allons aller au programme 6 directement. Nous reviendrons par la
suite à 5 et à 4 que nous avons avancé pour faire plaisir,
ou du moins rendre service à M. le député de l'Acadie qui,
peut-être, devra quitter plus tôt.
Sûreté du Québec
Alors, nous sommes rendus au programme 6, éléments 1 et 2.
J'appellerai l'élément 1.
M. le député de Jonquière, vous avez maintenant la
parole pour ce programme.
Procédure pour l'émission d'un permis de
port d'armes
M. Dufour: La tragédie survenue à
l'Université Concordia en août dernier a mis en lumière la
procédure déficiente appliquée par la Sûreté
du Québec, pour l'octroi d'un permis de port d'armes. Il appert en effet
que les règles élémentaires de prudence et de
vérification des individus ne sont pas prises ou, quand elles le sont,
il est trop tard. Suivons les étapes faites par M. Valéry
Fabrikant qui, de façon tout à fait légale, a pu se
procurer trois armes en l'espace de six mois.
D'abord, le 7 février 1992, M. Fabrikant adresse sa
première demande pour l'obtention d'un permis lui permettant de
transporter un pistolet de 6,35 mm de sa résidence à un club de
tir. Le 25 février, la demande est approuvée. Une semaine plus
tard, la SQ écrit à M. Fabrikant pour l'informer des conditions
à remplir pour le permis qu'il a déjà obtenu. On autorise
le port d'armes et on vérifie si le demandeur répond aux
conditions après; où est la logique?
L'une de ces conditions consiste à fournir cinq lettres, dont une
de son employeur, attestant que le demandeur est un bon citoyen. Le 23 juin
1992, un représentant de l'Université Concordia écrit
à la Sûreté que M. Fabrikant a déjà
proféré des menaces à des collègues. La
Sûreté du Québec exige que des plaintes soient
déposées. Le 14 juillet, le vice-recteur de l'université
écrit à la SQ sa préoccupation à l'effet que M.
Fabrikant puisse posséder une arme. Le 3 août, l'Association des
professeurs de Concordia a fait de même.
Malgré ces nombreux avertissements, la Sûreté ne
tente pas de récupérer l'arme de M. Fabrikant, même si,
depuis 1989, à la suite d'un jugement de la Cour suprême, le
ouï-dire constitue un motif suffisant pour saisir une arme. On lui refuse,
cependant, une seconde demande. Toutefois, le 13 août 1992, la femme de
M. Fabrikant reçoit la permission de transporter deux armes, soit un
pistolet de calibre 38 et un pistolet de 7,65 mm. À la
Sûreté, on indique qu'on n'a pas fait de lien entre M. Fabrikant
et sa femme puisque cette dernière s'est présentée sous
son nom à elle, comme le font maintenant la très grande
majorité des femmes. La Sûreté devrait peut-être
s'ajuster aux années quatre-vingt dix ou 1993 et tenter de
vérifier des liens entre les individus par le biais des adresses ou
autrement.
Cette procédure est loin d'être étanche comme elle
devrait l'être. L'octroi d'un permis de port d'armes est trop important
pour qu'un tel laxisme soit la pratique courante. Le ministre s'est-il
penché sur cette procédure dont la tragédie de
l'Université Concordia a fait ressortir les nombreuses lacunes?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole sur l'intervention de M. le député de
Jonquière.
M. Ryan: Oui. Tout d'abord, je voudrais souligner que nous
discutons du dossier d'une personne qui est présentement en train de
subir un procès devant les tribunaux.
M. Dufour: Oui, oui. Je suis au courant. C'est la
procédure, ce n'est pas l'affaire du...
Le Président (M. Gobé): En vertu de l'article 35,
nous n'avons pas à discuter de dossiers...
M. Ryan: J'aimerais bien ne pas traiter du cas ici parce que
c'est très délicat. Vu que le procès est en cours, je ne
voudrais rien dire qui soit de nature à infléchir, d'une
manière ou l'autre, la marche du procès.
M. Dufour: M. le Président, je m'en doute un peu, le
positionnement qu'on est en frais de prendre... En fait, on ne discute pas du
procès, je ne sais pas ce qu'il a fait ou n'a pas fait. On dit: La
procédure que la Sûreté du Québec met en pratique
lorsque quelqu'un demande une arme, est-ce que c'est correct ou pas correct? Il
faut bien s'ajuster sur quelque chose. Ça s'est produit comme ça,
c'est le cas qu'on connaît le mieux. Mais ôtons le nom de
l'individu puis demandons au ministre: Est-ce que c'est correct, la
procédure qu'on suit actuellement, de vérifier les faits
après que la demande est faite? Et ôtons le nom de la
personne.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Jonquière, peut-être que, dans le but de ne pas contrevenir
à l'article 35 puis à notre responsabilité de
parlementaires, vous pourriez reformuler votre question...
M. Dufour: C'est ce que je viens de faire.
Le Président (M. Gobé): ...en ne faisant pas
allusion à aucun personnage ni affaire.
M. Dufour: Je viens de demander au ministre...
Le Président (M. Gobé): Et peut-être que le
ministre pourrait, à ce moment-là, consentir, s'il je juge
opportun, car un ministre peut ne pas répondre à une question
s'il la juge contraire à l'intérêt public et donc,
s'abstenir. Alors, M. le ministre, à ce moment-là, c'est vous qui
avez la décision à prendre, le jugement de savoir si vous pouvez
ou non répondre à cette question.
M. Ryan: Je pense bien que toute la question d'émission de
permis de port d'armes, c'est une question qui peut être abordée
ici. Je n'ai pas de difficulté à l'aborder, je comprends
très bien, à condition qu'il ne soit pas question du cas
Fabrikant, d'aucune manière.
M. Dufour: Je répète ma question au ministre:
Est-ce que vous vous êtes penché sur la procédure
d'émission de permis de port d'armes par la Sûreté du
Québec?
M. Ryan: Je vais vous dire, nous en avons parlé à
plusieurs reprises ensemble, mais je n'ai pas eu l'occasion, moi, au cours des
derniers mois, de faire des séances de travail avec la personne qui est
responsable de ça et les autorités de la Sûreté du
Québec. Le temps ne m'a pas été donné de le faire,
en toute franchise, et c'est un sujet qui est à mon programme pour des
rencontres prochaines.
En attendant, j'aimerais peut-être que M. Lavigne nous explique
comment ces choses sont traitées au Québec. C'est un
système un peu complexe, qui n'est pas aussi simple qu'on peut le
penser. Peut-être que M. Lavigne pourrait au moins nous donner les
grandes lignes. Il y a une partie de ça qui ne relève pas de
nous, comme vous pourrez le constater.
Le Président (M. Gobé): M. Lavigne, à la
demande de M. le ministre, si vous voulez nous expliquer les procédures
d'octroi de permis d'armes au Québec. C'est bien ça, la question,
et aucune autre question n'a été posée autre que
celle-là.
M. Lavigne (Robert): Oui. Robert Lavigne, directeur
général de la Sûreté du Québec.
Comme M. Ryan a soulevé le sujet, c'est vrai que pour
l'émission des permis d'armes, c'est un peu compliqué et c'est un
peu bizarre. Le directeur général de la Sûreté du
Québec, par exemple, suite à de nombreux avis juridiques dans des
cas litigieux, disons... J'ai pris infomation pour savoir quelle
autorité j'avais sur le chef provincial des préposés aux
armes à feu parce que les permis d'armes à feu sont émis
par le chef provincial des préposés aux armes à feu de
chaque province, qui est nommé en vertu du Code criminel. Au
Québec, le chef provincial des préposés aux armes à
feu est un officier de la Sûreté du Québec. Lorsqu'il agit
comme chef provincial des armes à feu, je ne peux pas le discipliner,
par exemple, pour une décision qu'il aurait prise d'émettre un
permis ou de ne pas l'émettre parce que, moi, je n'ai pas
d'autorité dans la ligne hiérarchique qui part du Code criminel,
du fédéral, du Solliciteur général du Canada, du
ministre de la Sécurité publique et du chef provincial des
préposés aux armes à feu. Je ne suis pas dans la ligne
hiérarchique. Donc, c'est un peu faux de dire: La Sûreté du
Québec émet les permis. La Sûreté du Québec
est l'outil. Actuellement, on met des gens là, à la disposition
d'un système, qui vont émettre des permis en vertu d'une loi
fédérale. Moi, je ne peux pas, comme directeur de la
Sûreté, par exemple, juger si le chef provincial a bien agi ou mal
agi dans l'émission des permis. C'est bien sûr que je peux avoir
une opinion, mais je ne pourrais pas l'obliger à émettre un
permis et je ne pourrais pas l'obliger à ne pas l'émettre. (16 h
20)
Ceci dit, dans certains cas, je pourrais vous donner... J'ai quand
même vérifié les cas. J'ai vérifié les
statistiques. Je peux vous donner des statistiques sur les émissions de
permis. Au Québec, comparativement avec le reste du Canada, la
procédure suivie est très rigide, même plus rigide que dans
l'ensemble du pays. Je pourrais vous envoyer les statistiques de l'ensemble
c'est à votre guise et celles du Québec aussi.
C'est un peu ça. La procédure, c'est une procédure
où la Sûreté, comme organisme, n'est pas vraiment
impliquée dans l'émission des permis.
M. Dufour: Est-ce que vous êtes en frais de nous dire que
le Québec n'a pas d'autre façon de travailler que d'appliquer les
lois canadiennes et que la façon d'appliquer ces lois-là, ce sont
des principes et des moyens qui sont mis à votre disposition par les
lois canadiennes?
M. Lavigne: C'est ça.
M. Dufour: Vous n'avez aucun pouvoir sur la nomination de la
personne?
M. Lavigne: Non. La personne est nommée pour une
période donnée. Là, la mémoire me fait
défaut, à savoir si c'est par le ministre de la
Sécurité publique...
M. Dufour: Non, je pense que...
M. Lavigne: ...ou par le ministre fédéral. Moi,
probablement, s'il me demande mon opinion, je vais dire: Je vous suggère
telle personne, mais moi, je ne peux pas la nommer. Je ne suis pas dans la
ligne, en tant que corps de police... Je ne suis pas dans cette ligne
d'autorité là.
M. Dufour: À ce moment-là, ça me permet de
m'adresser au ministre pour lui demander: Est-ce que vous trouvez que ces
façons de procéder, ou la façon de procéder
actuelle, est-ce qu'il y a moyen... Est-ce qu'on devrait faire des
représentations? Si on constate qu'il y a des lacunes, est-ce que le
ministre de la Sécurité publique a déjà fait des
représentations, au point de vue des lois du gouvernement canadien, pour
exiger que ces procédures-là puisqu'elles s'appliquent aux
citoyens du Québec se fassent avec les façons qui, nous on
pense, sont les meilleures? Est-ce que vous pensez que ça pourrait se
faire?
M. Ryan: J'ai fait, à plusieurs reprises, des
représentations au ministre de la Justice fédéral
concernant les politiques du gouvernement fédéral en
matière d'armes à feu. Il y a une loi très importante qui
a été adoptée l'an dernier. Nous avons fait des
représentations élaborées à plusieurs reprises.
M. Dufour: Mais ces représentations, est-ce qu'elles ont
été adoptées? Elles ont été
acceptées?
M. Ryan: II y a des parties qui ont été retenues,
d'autres qui ne l'ont pas été. Et là, il y a une
réglemen-
tation qui s'en vient prochainement. On m'a promis que nous serions
consultés en bonne et due forme. On m'a envoyé des documents. On
doit en envoyer d'autres aussi.
M. Dufour: Est-ce que le ministre... Ce serait peut-être la
question que je lui poserais. Est-ce que vous pensez qu'actuellement il est
logique d'octroyer un permis et faire les vérifications après?
Ça me semble d'une évidence évidente.
M. Ryan: Là, j'aime mieux ne pas m'aventurer trop. Je vous
ai dit tantôt que c'est un des secteurs que je n'ai pas eu l'occasion
d'approfondir jusqu'à maintenant. Par conséquent, je ne parlerai
pas à travers mon chapeau. Je peux m'engager à l'approfondir dans
un avenir rapproché. C'est un des points sur lesquels on a de la
vérification à faire. Mais je ne porte pas de jugement,
d'aucune manière a priori, je serais porté à vous
répondre: II serait normal qu'on vérifie avant plutôt
qu'après. Je pense bien que ça va de soi. Maintenant là,
il faut que je regarde quelles sont les pratiques suivies en Amérique du
Nord pour l'émission de permis d'armes à feu ordinaires. Si,
partout ailleurs, on procède d'une certaine manière, que nous
autres, nous voulions ériger des contraintes trop rigides, il faut y
penser comme il faut également parce que les gens iront s'en procurer
ailleurs et on ne sera pas plus avancé.
Mais je suis prêt à examiner ce dossier et à faire
un rapport aussi au député, dans un avenir de quelques mois,
d'ici quelques mois. C'est un sujet sur lequel on a encore des gros
problèmes. Mais je peux vous assurer qu'en général j'ai
suivi de plus près le travail du regis-traire des armes à feu
pour le contrôle des clubs de tir. Puis on a une réglementation
pour les clubs de tir, on a des normes qui sont plus élevées
qu'autrefois. Je peux vous assurer que le travail est fait de manière
très consciencieuse, que ce n'est pas fait à peu près.
M. Dufour: Je prends bonne note qu'on admet le gros bon sens, en
tout cas. À sa vue ou à sa face, il y a certainement des
améliorations à apporter, et ces
améliorations-là... On peut faire des représentations,
elles peuvent être entendues puis vous pouvez donner des suites ou pas.
Mais je pense qu'à la suite de ce qu'on discutait tout à l'heure
concernant l'augmentation on dit: Les crimes diminuent à des endroits,
mais les crimes violents augmentent. Donc, c'est ceux-là qu'il faut
essayer à contrer puis à améliorer, et ça va aussi
dans la prévention. Si pas tout le monde a le droit de porter une
arme... Quand il n'y a pas d'arme, ça tire moins fort, avec des
tire-pois.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
le parole.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que M. Lavigne pourrait
apporter un complément?
Le Président (M. Gobé): Oui, certainement.
M. Lavigne, allez-y.
M. Lavigne: Oui. Pour répondre un petit peu à la
dernière partie de votre question tantôt, faire les liens entre
les demandes, etc., je voulais juste ajouter que, dans ce sens-là, on a
reçu récemment, du fédéral, parce qu'il y a une
partie du système qui est financée par le fédéral,
des équipements informatiques et on est en train de monter un programme
pour le service des permis, justement pour faire les liens dont vous parlez. Je
ne sais pas l'échéance au juste, mais c'est cinq, six mois,
j'imagine. Ça va être en place prochainement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Lavigne. Merci,
M. le député de Jonquière.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Joliette sur le programme 6 et, probablement, l'élément 1.
M. Chevrette: Étant donné que je vous ai
parlé, M. le Président, et que je vous ai demandé une
certaine forme de consentement parce que je ne peux malheureusement pas
être ici tout le temps, j'aurais trois petits points à toucher,
mais c'est relatif au programme 6 dans son ensemble puis, après
ça, je vais vous libérer, en ce sens que vous allez être
débarrassés de moi.
Le Président (M. Gobé): II n'y a pas de
problème, M. le député. On a demandé le
consentement aux membres de cette commission avant votre arrivée. On
leur a expliqué votre emploi du temps assez serré. On comprend
que, comme leader, vous êtes occupé et il y avait consentement
à ça.
M. Ryan: Pendant qu'il fraternise avec nous, on a l'assurance
qu'il ne nuit pas de l'autre côté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, je peux vous dire, par
exemple, que je peux être emmerdant ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
Nature des services du corps de sécurité
interne d'Hydro-Québec
M. Chevrette: Donc, ma première question, M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...est sur la police d'Hydro. Étant
donné que je vous ai déjà, au niveau des engagements
financiers, posé des questions et vous vous souviendrez que M. Gendron,
qui est chef de la police d'Hydro si vous me permettez le titre, je ne
me souviens pas si c'est le mot chef ou directeur de la police d'Hydro
avait dit à la télévision même qu'il se permettait
de faire des renseignements spéciaux, qu'il procédait
à
des renseignements. Après information, nous avons su que M.
Drouin l'avait désavoué. Cependant, il restait qu'il l'avait dit.
D'autant plus que son corps policier est constitué d'ex-agents de la
Sûreté du Québec. Et, en particulier, des renseignements
spéciaux d'Hydro, c'est sans doute par déformation
professionnelle à ce moment-là qu'il en faisait.
Je voudrais que le ministre fasse le point sur cette question parce que
ça m'apparaît fondamental: une police sectorielle avec une mission
précise n'a pas à jouer le rôle d'une police nationale,
d'une police, entre guillemets. Et ça m'inquiète, moi, de... Et
je voudrais connaître la position. Où est-ce qu'on en est? Est-ce
qu'on a été mis au courant? Est-ce que la Sûreté a
été consultée d'abord dans ça ou si c'est une
initiative locale, comme il s'en fait à certains endroits?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole. (16 h 30)
M. Ryan: Tout d'abord, à la suite de l'interview que M.
Gendron avait donnée à la télévision, moi, j'ai
communiqué avec le président d'Hydro-Québec, avec la
ministre de l'Énergie et des Ressources pour m'enquérir des
politiques d'Hydro-Québec en cette matière et vérifier
aussi, auprès de nos services, s'ils avaient eu des rapports avec le
service de sûreté d'Hydro-Québec. La ministre m'a dit que
c'était entièrement ouvert, si on voulait faire des
vérifications, il n'y avait pas de difficulté de ce
côté. Le président m'a dit qu'il était ouvert
à des rencontres, également. Par la suite, il m'a adressé
une lettre plus élaborée dans laquelle il niait qu'on aurait mis
sur pied un service de renseignements à Hydro-Québec. D'autre
part, moi, j'ai constaté, en consultant nos services,
qu'Hydro-Québec a procédé de manière
régulière pour obtenir des permis de constables spéciaux
pour les membres de son service de sécurité. Et, sauf cette
interview, il n'y avait rien de particulier qui exigerait une enquête
spéciale. Pour être franc avec vous, je n'ai rien trouvé de
particulier qui exigerait une enquête en bonne et due forme et au plus
haut niveau. Un personnel d'à peu près quelques centaines
d'employés, dans ce service. Le nombre de constables spéciaux
qu'on y assigne? À peu près 180, 190?
Une voix: 190.
M. Ryan: Puis on considère la grandeur du territoire qu'on
a, la grande multiplicité des installations d'Hydro-Québec,
à travers le territoire. Tout ça est de l'ordre du raisonnable.
Il y a peut-être des choses qui sont un peu pittoresques. Il y a des
grades de caporal, puis de sergent, puis ces choses-là. On se demande ce
que ça vient faire dans un corps de sécurité privé.
Si on peut avoir une opinion... Ce ne sont pas des choses très graves,
ça. Alors, je n'ai pas jugé que c'était nécessaire
de tenir une réunion, au plus haut niveau, à la suite des
explications que j'ai reçues, excepté que je parlais justement
avec le sous-ministre associé à la Direction de la
prévention et de la sécurité. Je lui ai fait part de mon
désir qu'il aille faire une vérification, comme il en fait
souvent dans les corps de police publics et auprès d'organismes
privés de sécurité, sur la nature des services qui sont
offerts par sûreté Hydro-Québec, le genre de
méthodes qu'ils ont, le genre de pratiques qu'ils suivent, y compris en
matière de renseignements, s'il y avait lieu, nonobstant les
dénégations dont moi-même j'ai été le
récipiendaire. Et ceci n'a pas pu être fait jusqu'à ce
jour, mais le sera dans un avenir prochain. Et c'est à notre
programme.
M. Chevrette: Non, mais le ministre conviendra que notre
interrogation, elle est quand même très sérieuse, parce que
si un corps policier soit dit en passant, ça devrait s'appeler un
corps de sécurité, comme vous le dites vous-même, et non
pas un corps policier d'Hydro-Québec; tout ça, ça a une
connotation extrêmement péjorative formé
d'ex-policiers, épousant la structure, quasiment, d'Hydro-Québec:
sergent, caporal, puis oups, une chance qu'il n'y a pas de
généraux, parce qu'on en aurait quelques-uns à
Hydro-Québec. Ils ont tendance, d'ailleurs, à l'expansion et
à l'émancipation.
Ceci dit, je pense que, comme citoyen, on doit savoir la nature et les
services que rend tel type de structure. C'est très important pour des
citoyens, dans une société ouverte, et c'est drôlement
important de connaître la nature des services qui se donnent, parce que
s'ils se permettent de jouer un rôle qui est dévolu à une
sûreté nationale, entre guillements, comme je le disais
tantôt, c'est inadmissible. C'est dans ce sens-là que j'ai
posé la question, l'autre jour, et que je maintiens que ce serait
intéressant, pour les citoyens du Québec, de connaître la
nature des services qu'est autorisée de rendre, je dis bien, la police
d'Hydro-Québec.
M. Ryan: Regardez, je partage la préoccupation du
député de Joliette, sur le fond. Puis, comme je le disais
tantôt, la lettre que j'ai reçue du président
d'Hydro-Québec, dont je pourrai déposer copie à la
Chambre, si je ne l'ai déjà fait, apportait une réponse
aux questions fondamentales qui avaient été posées,
émanant de la plus haute autorité d'Hydro-Québec. Je ne
peux pas commencer à mettre en doute continuellement la parole de
membres du gouvernement, aussi. Moi, quand je demande à un
collègue: Est-ce que ceci se passe? Il me dit: Non, ça ne se
passe pas. Bien, je n'ai pas la prétention d'aller m'ériger en
enquêteur universel, en commissaire général, à
travers le gouvernement. Alors, je prends la parole de ces gens-là.
Cependant, comme je vous le disais tantôt, j'ai demandé à
M. Côté, puis je ne voudrais pas que vous pensiez que la
manière dont j'ai parlé laissait entendre qu'il a tardé
à me donner réponse. Parce que j'ai réfléchi
à ça. Vous savez comment c'est délicat, les rapports
à l'intérieur du gouvernement. Il ne faut pas se mettre les pieds
dans les plates-bandes de l'autre. Hydro-Québec est un corps qui n'est
quand même pas le dernier venu à l'intérieur de la
structure étatique québécoise. Alors, il faut
réfléchir un petit peu pour mettre le pied au bon endroit.
C'est cette réflexion qui a duré quelque temps. J'en
causais avec mes collaborateurs, ces temps derniers. Je leur disais: Je pense
que la meilleure approche vous vous rappelez M. Boily, j'avais dit
ça ce serait mieux que ce ne soit pas moi qui y aille. Que ce
soit plutôt M. Côté. M. Côté...
M. Chevrette: Connaissant votre rigueur, M. le ministre, je suis
persuadé que vous n'accepteriez pas, sur le plan des droits et
libertés civiles, gardien que vous en êtes, que des gens usurpent
de pouvoirs... Sous prétexte qu'ils veulent un plus grand prestige, ils
se donnent des structures comparables à une structure qui, elle, a
été mandatée sur le plan législatif et
directement.... C'est dans ce sens-là que je voudrais que vous preniez
ma question.
M. Ryan: Écoutez, je peux vous assurer que ma conviction
profonde est qu'il n'y a aucune commune mesure entre le mandat
qu'Hydro-Québec peut donner à son corps de sécurité
interne, et le mandat qui est confié à la Sûreté du
Québec, par l'Assemblée nationale, par la voie de la Loi de
police du Québec, et de la Loi sur l'organisation policière.
C'est la base à partir de laquelle nous examinons ce
dossier-là.
M. Chevrette: Deuxième point... M. Ryan:
Très bien.
Équipe s'occupant des enquêtes sur les
femmes et les hommes politiques
M. Chevrette: ...vous avez un policier vedette du nom d'Auray
Forcier, qui est à peu près dans tous les dossiers litigieux qui
impliquent des politiciens. Chaque fois... Si ce n'est pas Wilhelmy-Tremblay,
c'est Paradis-Thérien. Moi, je veux vous poser une question très
claire.
Est-ce qu'il y a une police attitrée aux dossiers politiques, oui
ou non?
M. Ryan: Vous allez être obligé de demander la
question, M. le Président, à M. Lavigne, parce que moi, je vous
dirai franchement que M. Forcier, je ne le connais pas.
M. Chevrette: D'accord. Moi, je l'ai vu de près.
M. Ryan: Vous l'avez vu de près, vous, vous avez eu
affaire à lui.
M. Chevrette: Avec une petite machine à enregistrer.
Ça m'a fait plaisir de le rencontrer, d'ailleurs.
M. Ryan: Je vais vous dire ce que je sais de ce point de vue
là. Il y a la Direction générale des enquêtes
à la Sûreté du Québec, dont la responsabilité
est assumée par M. Quinn, qui est directeur général
adjoint. Malheureusement, M. Quinn n'est pas avec nous au- jourd'hui. Il est en
vacances. J'aurais aimé ça qu'il soit ici pour donner des
précisions. Mais je pense que je vais renvoyer la rondelle à mon
voisin de droite, pour qu'il donne des explications là-dessus.
Et, complément de réponse, je ne sache point qu'il existe
une équipe spécialisée pour s'occuper uniquement des
enquêtes sur les politiciens. Si M. Lavigne a un complément
d'information à nous donner, je vais en prendre connaissance comme vous
avec beaucoup d'intérêt.
Le Président (M. Gobé): M. Lavigne, vous avez la
parole pour répondre, à la demande du ministre, à la
question de M. le député de Joliette.
M. Lavigne: Oui. Les enquêtes ou les dossiers auxquels M.
le député de Joliette fait allusion sont faits par le crime
économique, l'escouade des crimes économiques, qu'on appelle.
C'est vrai que le nom qui a été soulevé, ce monsieur
travaille à l'escouade des crimes économiques. Il est, en fait,
responsable de la Division corruption, aux crimes économiques. Les
autres divisions du crime économique étant les faillites, les
malversations, consommateurs, valeurs mobilières. Je pense que c'est
tout.
Donc, c'est pour ça que souvent le nom soulevé peut faire
partie d'une équipe d'enquêteurs ou peut diriger des
enquêteurs dans un dossier donné, parce qu'il est dans la division
pour ça.
M. Chevrette: D'accord. C'est parce qu'il est en vedette plus que
les autres, probablement, dans sa division? Ma question va être plus
précise.
Est-ce qu'il est normal qu'un policier, par exemple, aille voir des
témoins vous allez me répondre oui mais, avant
d'aller voir celui-là même...
Je vous donne un exemple. Dans l'affaire Diane Wilhelmy-Tremblay, on est
venu me voir, moi, sans qu'on ait préalablement été
interroger, par exemple, les représentants du poste CJRP qui disaient
que c'étaient eux autres qui l'avaient reçu. On vient me demander
comment je l'ai su. C'est eux autres qui me l'ont dit et ils ne sont pas
allés voir les sources premières. Est-ce que c'est normal,
ça?
C'est parce qu'ils n'étaient pas politiciens qu'ils sont venus me
voir, qu'ils sont allés les voir après être venus nous voir
nous autres? C'est quoi?
M. Lavigne: Dans une enquête comme ça... Là,
je ne pourrais pas vous donner le détail. Je pourrais juste
vérifier pour voir si mon collègue a le détail de cette
enquête-là, le déroulement quotidien de l'enquête,
disons. J'ai l'impression que le poste de radio a dû être
contacté...
M. Chevrette: Non, non. Je lui ai demandé quand il est
venu, M. Lavigne. J'ai pris la précaution vous me connaissez un
petit peu, je ne suis pas le moins vite de l'Assemblée nationale,
j'espère je lui ai demandé carrément: Comment se
fait-il que vous n'êtes pas allé
demander à ceux qui disent, qui affirment avoir reçu la
cassette et le transcript, d'où est-ce que ça vient? Puisque vous
venez me le demander à moi puis moi, je vous ai dit que ça venait
d'eux autres. (16 h 40)
M. Lavigne: Si vous êtes d'accord, M. Dupré pourrait
donner un peu d'explications. M. Dupré est l'adjoint de M. Queen, qui
est directeur général adjoint aux enquêtes criminelles.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que ce serait une bonne chose qu'on entende M.
Dupré. Ces gens-là, on ne les voit pas tous les jours. Ce sont
des fois leurs émissaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non. Puis ça peut être des
références à qui on peut demander de l'information
postérieurement.
M. Ryan: Je souhaite que le député de Joliette pose
toutes les questions qu'il veut.
M. Chevrette: J'en ai une autre après, restez
là.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci. Je vous
demanderais de vous identifier...
M. Ryan: Juste une remarque, si vous me permettez, mais une
remarque de profane, de bonne foi. J'ai été témoin...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
M. Ryan: ...moi-même de certaines enquêtes où
la personne qu'on aurait été porté à
considérer comme la source d'un délit, par exemple,
n'était pas vue immédiatement. J'ai été
témoin de ça. Ça m'interrogeait, puis je me suis
renseigné là-dessus. Puis j'ai été amené
à constater que ce n'est pas tout d'aller voir la personne, il faut
avoir du matériel pour l'interroger, il faut avoir ramassé des
éléments d'information pour arriver avec la bonne question,
surtout si elle est responsable d'un méfait, essayer de l'identifier par
les réponses qu'elle va donner, plutôt. Ça fait que
ça peut être un réflexe pru-dentiel, le fait que vous ayez
été vu avant. Probablement qu'il y avait une présomption
d'innocence en votre faveur de la part de la police, si ma théorie est
vraie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président...
M. Ryan: Vous n'auriez été que l'instrument
malheureux...
M. Chevrette: ...en tout cas, ils m'ont fourni l'occasion de leur
dire que je ne croyais pas que la Sûreté du Québec avait
une mission politique. Parce que, pour faire une enquête, M. le ministre,
de façon très sérieuse, il faut que tu aies au moins des
motifs raisonnables de croire qu'il y a acte criminel. Alors que les tribunaux
avaient tranché qu'il n'y avait pas de motif de croire qu'il y avait
acte criminel, la Sûreté du Québec enquêtait pareil.
Expliquez-moi ça.
M. Ryan: Ça, c'est une question à laquellle je vais
demander... La Sûreté est ici, on va lui demander de
répondre tantôt. Je voudrais juste compléter la
réponse que je donnais.
Nous sommes tous portés à avoir chacun notre
théorie sur la conduite des enquêtes. C'est un petit peu
ça, comme dans certains domaines. On aime bien à donner des
conseils aux gens en matière d'éducation. Tout le monde sait
comment on devrait élever notre jeunesse; tout le monde sait comment on
devrait diriger un gouvernement; tout le monde sait comment on devrait diriger
un journal. C'est bon que ça soit comme ça parce que ça
soulève de l'intérêt. Mais on s'aperçoit de
ça surtout quand on est ministre responsable, que les forces
policières sont jalouses de leur compétence professionnelle en
matière d'enquête puis il n'y a rien de plus dangereux qu'un
politicien qui viendrait s'immiscer là-dedans. Peut-être que M.
Lavigne va dire: Enfin, j'ai l'aveu que j'attendais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est ce qu'il souhaite depuis trois ou quatre ans
dans votre secteur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II n'y a rien de plus dangereux...
M. Chevrette: C'était surtout dans la crise d'Oka, qu'il
disait ça, lui. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Puis je pense que M. Lavigne peut témoigner que,
dans ces choses-là, on n'a pas de protocole écrit, on n'en a pas
besoin. C'est une question de bon sens qui nous guide, on en a
déjà parlé ensemble, le député de Joliette
et moi. Mais ça n'empêche pas, ça étant dit, que des
questions se posent à propos d'expériences vécues. Puis
comme c'est l'origine des questions, il serait peut-être bon que M.
Dupré nous donne un complément d'information. Parce que lui,
comme l'a dit M. Lavigne, est l'adjoint immédiat de M. Queen. Il dirige
plusieurs enquêtes; on a affaire à lui pour différentes
choses. Je pense qu'il peut apporter des précisions utiles en plus de
celles que...
Le Président (M. Gobé): M. Dupré, vous vous
présentez, vous vous identifiez pour l'enregistrement des
débats.
M. Dupré (André): André Dupré,
directeur enquêtes sur le crime organisé, Sûreté du
Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci.
M. Dupré: Pour commencer, la première question:
est-ce qu'il y a infraction criminelle, oui ou non? Pour notre part, on
continue de dire qu'il y avait effectivement un crime de commis, car, il y a
environ une semaine ou deux, on a eu une réponse finale en ce qui
concerne les journalistes qui ont diffusé de l'information. Parce que
notre prétention, à la Sûreté du Québec,
après avoir consulté le substitut du Procureur
général, c'était de croire que quelqu'un qui diffusait une
communication privilégiée et la couronne allait dans le
même sens c'était un crime. Ce n'était pas le fait
qu'il y avait un téléphone cellulaire, c'était la
mentalité que la personne qui discutait sur la ligne se pensait, elle,
non écoutée. La décision qu'on a eue, la couronne, ce
n'était pas de dire: On ne poursuit pas les journalistes parce qu'il n'y
a pas de crime. La décision qu'on a eue, c'est: On ne poursuit pas parce
qu'on n'est pas capables de démontrer que les journalistes avaient la
connaissance que l'interception était illégale,
premièrement.
Deuxièmement, au niveau de la stratégie d'intervention,
avoir été rencontrés avant ou après, c'est qu'une
des stratégies qu'on voulait faire là-dedans on peut vous
le conter aujourd'hui...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je vous dirai si ça avait de l'allure ou
pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dupré: La première intervention, en temps
normal, qu'on voulait faire, c'est une perquisition au bureau de CJRP pour
obtenir la cassette, etc. Suite à un jugement de la Cour suprême
du Canada qui date d'une couple d'années au niveau des médias,
pour aller faire une perquisition dans un média, journal, station
radio-phonique, il faut que ce soit la dernière action de la police, il
faut avoir fait d'autres choses avant. Donc, c'est la raison pour...
M. Chevrette: II faut avoir fait fi de tout avant, pour essayer
de...
M. Dupré: Exact. Dans un jugement de la Cour suprême
du Canada concernant, je pense que c'est un dossier à
Trois-Rivères... La Tuque? À La Tuque... C'était une
manifestation. On a filmé des manifestants. La police s'est rendue sur
les lieux du poste de télévision pour saisir les cassettes. C'est
monté jusqu'à la Cour suprême du Canada. Il y a eu deux
jugements en même temps: Trois-Rivières, ainsi que dans les
Provinces Maritimes. La décision d'obtenir un mandat de perquisition,
ça a traîné en longueur.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça, la question que j'ai
posée. M. de Grandpré?
M. Dupré: Dupré, André.
M. Chevrette: Dupré. Ce n'est pas ça, la question
que j'ai posée. Pour faire une perquisition à CJRP, vous n'avez
pas besoin de venir me voir avant. Vous auriez pu demander au moins à
Robert Gillet et à je ne me souviens pas du nom de l'autre
journaliste comment ils l'avaient reçue. La question que vous
m'avez posée, c'est: Comment sais-tu que c'est arrivé à
CJRP? Vous réécouterez la bobine sur laquelle vous m'avez
questionné. J'ai dit: Vous irez demander à ceux de CJRP comment
ils l'ont reçue. Moi, je l'ai juste lue. Et mon collègue l'avait
entendue. Je trouvais ça aberrant. C'est pour ça que j'avais fait
la déclaration, à l'époque, que je considérais que
la Sûreté du Québec n'a pas à s'improviser en police
politique. Si vous cherchez un délit, à partir d'une apparence de
crime, et que les personnes sont nettement identifiées, c'est pas ceux
qui ont lu qui peuvent identifier la source de ce qu'il y a eu à CJRP.
Je ne la connais pas, la source à CJRP, moi. Pensez-vous qu'un
journaliste allait me la dire? Comment il se fait, logiquement, que vous avez
étendu ça au monde politique, sachant très bien qu'on
n'était pas à la source de l'information? Ça avait l'air,
en toute apparence, d'une police politique.
Le Président (M. Gobé): Merci.
M. le ministre, vous avez demandé la parole.
M. Ryan: M. le Président, on pourrait discuter très
longuement là-dessus. Je me souviens très bien, moi, que
dès que ça a commencé à sortir par un petit fil qui
dépassait du jupon, nos adversaires politiques ont sauté
là-dessus et ils l'ont promené à travers tout le
Québec. Ils avaient même l'air de l'avoir eu en même temps
ou avant. Et je ne passe pas de remarque...
M. Chevrette: C'est grave ce que vous dites.
M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: Je n'ai jamais eu ça avant.
M. Ryan: C'est l'impression qu'on a eue. Mais je dis: C'est une
impression. Je n'ai pas dit autre chose.
M. Chevrette: Mais la justice, monsieur... M. Ryan:
Regardez...
M. Chevrette: M. Ryan, la justice n'est pas basée sur des
impressions.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! M.
le député d'Orford.
M. le député de Joliette, on va laisser M. Ryan finir et,
après ça, vous aurez la parole.
M. le député d'Orford, s'il vous plaît! M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Je comprends que ce sont des sujets qui suscitent de la
vivacité.
Le Président (M. Gobé): On va essayer de garder le
calme, la sérénité de cette commission. Ça a bien
été depuis le début.
M. Ryan: L'enquête policière, de par sa nature
même c'est ça que je veux souligner ça repose
sur ce que j'appellerais la méthode de «trial and error». Tu
essaies, tu te trompes. Tu recommences, finalement tu t'approches
tranquillement de la vérité. Mais très souvent, ils
partent, ils ont très, très peu d'indices. Le peu qu'ils ont, ils
vont aller le vérifier. On peut bien leur dire, nous autres,
après coup: Ta patente n'avait pas de bon sens. C'est parfait, c'est
légitime, il n'y a pas de problème là-dedans. Mais eux
autres, je me mets à leur place. Ils sont obligés de faire des
enquêtes dans mon cas, pour les motifs que vous savez, des histoires de
menaces, ces affaires-là. M. Lavigne sait que je ne les achale pas
souvent avez ça. Mais j'espère qu'ils font leur travail.
M. Chevrette: ...les avise pour vous. M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: C'est même l'Opposition qui les avise pour
vous protéger.
M. Ryan: Oui. Moi, j'ai la conscience en paix.
M. Chevrette: Nous autres, c'est à votre physique qu'on en
avait.
M. Ryan: Je connais votre sollicitude à mon endroit et
l'apprécie vivement.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire de ne plus le
faire?
M. Ryan: Regardez... Non, je ne veux surtout pas guider votre
conduite. Vous nous servez très bien comme ça.
M. Chevrette: Oui, et vous aussi. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: Alors, ils font leur enquête à leur
manière. Moi, je la ferais peut-être différemment, si
j'étais à la place de M. Dupré ou à la place de M.
Lavigne. Eux autres feraient peut-être mon travail différemment.
C'est eux qui ont ce mandat-là. Une fois qu'une opération est
complétée, on peut faire l'autocritique et dire: La prochaine
fois, faire attention de faire ceci et ça. Je pense que le ministre
lui-même a une responsabilité là-dedans. Si une
opération a mal tourné ou aboutit à un échec, c'est
normal qu'on se demande: Qu'est-ce qui est arrivé? Parce que les fonds
publics sont impliqués là-dedans. Mais, dans la marche de
l'enquête, je pense qu'il faut faire une part à la grande
liberté de l'initiative qui doit leur rester, à condition que la
critique s'exerce en temps utile. Vous le faites aujourd'hui.
Si M. Dupré ou M. Lavigne ont un complément d'information
à apporter, ils peuvent l'apporter, mais moi, il m'apparaît a
posteriori et franchement je n'ai pas été au fond de cette
affaire-là, je me suis très peu renseigné là-dessus
qu'il était compréhensible qu'on aille demander à
une personne comme le député de Joliette, qui était leader
de l'Opposition à l'époque: Est-ce que vous avez des
renseignements là-dessus qui pourraient nous être utiles? Si le
député n'en a pas, il dit: Je n'en ai pas. «Good-bye»
la visite! (16 h 50)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
M. le député de Joliette, avez-vous d'autres
questions?
M. Chevrette: Oui. Dans le présent cas je fais
juste une remarque les auteurs qui avaient reçu l'information
avaient admis l'avoir reçue. Puis, ils n'étaient pas
visités au moment même où moi je l'ai été. Et
ça m'apparaît, en tout cas, pour le moins aberrant comme formule
de cheminement.
Deuxième chose. Votre même policier vedette, dans le cas
d'un procès où d'autres politiciens ont été
impliqués, et ceux-ci sont de votre formation politique, à savoir
M. Thérien et M. Paradis... Est-ce que vous êtes au courant que ce
policier s'est présenté chez la dame qui travaillait pour M.
Lacroix et qu'ils ont «buggé», en bon
québécois, l'appel téléphonique qui a
été fait par l'individu devant les policiers qui
écoutaient, qu'ils n'ont jamais voulu, par la suite, que
l'enregistrement serve à M. Lacroix et à la madame, puis qu'ils
sont partis avec et qu'ils n'ont jamais voulu la redéposer par la suite
dans la défense des personnes qui ont servi d'entremetteurs à la
police pour avoir la conversation entre le politicien et la
Sûreté? Trouvez-vous ça normal comme procédure?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Regardez, si vous me permettez de résumer, vous
dites que l'agent de la Sûreté du Québec avait
intercepté une conversation téléphonique entre la
collaboratrice de M. Lacroix et le député de Rousseau. Que
l'agent de la Sûreté n'aurait pas voulu mettre le ruban de cette
conversation-là à la disposition de M. Lacroix ou de la personne
qui était sa collaboratrice. Il y a deux questions là-dedans.
D'abord, selon les renseignements que j'ai pu obtenir dans cette
affaire, je crois qu'il y a eu effectivement un enregistrement de conversation.
Il faudrait demander s'il avait été autorisé par les
tribunaux ou
non. Un enregistrement de cette nature doit avoir fait l'objet d'une
autorisation judiciaire en bonne et due forme. Deuxièmement...
M. Chevrette: Juste pour ce point pointu là. À plus
forte raison, s'il n'y avait pas eu d'autorisation puis que c'était la
Sûreté qui demandait de faire ça puis qu'ils partent avec,
ils se font justice eux-mêmes. Ils commettent un délit, puis ils
se font justice eux-mêmes.
M. Ryan: Écoutez, écoutez, si vous voulez
écoutez la fin, là, je pose une question, je n'y réponds
point.
Le Président (M. Gobé): On va laisser le ministre
terminer, M. le député. Vous aurez la parole après.
M. Ryan: II faut vérifier: Est-ce qu'il y avait eu
autorisation judiciaire? C'est une question parfaitement légitime. Et
deuxièmement, dans l'hypothèse où il y a eu autorisation
judiciaire, là, quelle est l'utilisation qu'on peut faire de cet
enregistrement-là? Il n'y a pas d'obligation de le donner aux personnes
concernées, à ma connaissance. C'est un genre
d'élément qu'on va produire en preuve dans un procès. Et
je ne pense pas que... S'il fallait commencer à avoir le droit, le
devoir de donner le rapport d'un enregistrement à chaque personne qui a
fait l'objet d'une autorisation judiciaire d'enregistrement, je vous le dis
là, vous allez compromettre tout le système de police au
Québec.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: La police arrive chez vous. Vous êtes
l'accusateur d'une autre personne. Elle se sert de vous pour venir à
bout de faire dire quelque chose à celui que vous poursuivez. Puis, la
même police qui fait faire l'interception, qui enregistre, refuse
l'enregistrement de celui à qui on demande d'être complice,
légalement ou illégalement là, qu'il ait l'autorisation
judiciaire ou pas. Vous trouvez ça normal, vous? Moi, je trouve
ça aberrant.
M. Ryan: Si vous voulez qu'on fasse une vérification dans
ce cas-là...
M. Chevrette: J'aimerais.
M. Ryan: Je peux faire une vérification. D'abord, il peut
s'agir d'un enregistrement auquel a consenti la personne avant. Ce n'est pas la
même chose, ça. Si la personne consent... Moi, je vous parle
à vous, je vous dit: J'aimerais enregistrer ce que nous allons discuter,
est-ce que vous consentez? À ce moment-là, ce n'est pas une
affaire qui tombe sous la loi de l'écoute téléphonique.
Alors, ça, on va vérifier ces points-là, puis je pourrai
vous donner un complément d'information. Je vous adresserai une lettre,
prochainement, quand on aura réuni les éléments. Mais je
serais reconnaissant si vous pouviez peut-être m'adresser une lettre pour
exposer ou expliquer vos questions clairement.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez vérifier aussi, M.
le ministre, si la personne a consenti, puis, en ayant le droit d'avoir la
même... Si elle a parlé pour servir d'outil à la
Sûreté, c'est quasiment aberrant qu'on n'ait même pas voulu
lui en remettre une copie, parce que c'était elle, l'actrice, au
service, à toutes fins pratiques, de la Sûreté. Moi,
personnellement, je veux savoir en détail, parce que, s'il faut produire
certains affidavits pour démontrer que ça s'est fait, on le
fera.
M. Ryan: On est prêt à examiner cette question.
Adressez-moi vos questions. Pardon, M. Lavigne?
Une voix: ...de regarder le dossier. M. Ryan: Oui.
M. Chevrette: Elles sont assez bien exprimées. Je vous
enverrai les procès-verbaux.
M. Ryan: Si vous pensez que c'est assez clair, on se contentera
de ça. Sinon, on vous demandera un complément de question.
M. Chevrette: O.K. Dernier point...
M. Ryan: J'ajoute juste un point. À supposer qu'il serait
arrivé une chose reprehensible, que, du point de vue de l'éthique
policière... Je ne pense pas que ça soit couvert dans le code
d'éthique policière, ce genre de conduite, mais à supposer
que ça ait quelque chose de reprehensible ou de discutable du point de
vue de l'éthique policière, là, c'est un cas où la
personne peut porter plainte auprès du commissaire à la
déontologie, puis là, le commissaire à la
déontologie va faire enquête. Vous connaissez le commissaire
à la déontologie, Me Fernand Côté. Il est encore
avec nous, cet après-midi. Lui, il va faire enquête, il a des
enquêteurs à son service. Il va aller au fond de ça, puis
c'est un ancien procureur de la couronne, qu'il connaît très bien
tous les paramètres de la légalité dans ces
choses-là et tout. Je pense qu'il peut assurer qu'on va avoir un
traitement «fair», un traitement équitable de la
question.
Mais j'apprécie qu'on soulève ces questions, parce que
ça se parle beaucoup, quand la police n'est pas là. C'est bon
d'en discuter devant les représentants de la Sûreté du
Québec. Moi, j'apprécie au plus haut point, M. le
Président.
Enquête sur l'Ordre du Temple solaire
M. Chevrette: Dernier petit point, parce que je veux donner le
reste du temps à mon collègue. L'Ordre du Temple solaire est-il
toujours sous enquête policière?
M. Ryan: Voulez-vous reposer la question, s'il vous
plaît?
M. Chevrette: L'Ordre du Temple solaire, bien
éclairé à Hydro, est-il toujours sous enquête? Parce
qu'on apprend toutes sortes de choses. On apprend que des policiers ont
été arrêtés, on apprend que Jouret se rendrait, ne
se rendrait pas, etc. Où est-ce que ça en est, au niveau de
l'enquête? Je ne veux pas entrer dans le détail, je comprends
très bien l'avertissement que vous pourriez me servir, M. le ministre.
Je veux savoir s'il y a toujours une enquête.
M. Ryan: Oui. Encore une fois, nous savons que des personnes ont
été mises sous arrestation. C'est matière publique, c'est
dans les journaux. Donc, ils sont en butte à des accusations, il faut
être très, très prudent. Mais je crois que M. Lavigne peut
apporter des éléments de réponse à la question qui
a été posée et qui se pose dans l'esprit de plusieurs.
Le Président (M. Gobé): M. Lavigne.
M. Lavigne: Dans ce dossier-là, l'enquête est
terminée au niveau de la Sûreté du Québec.
M. Chevrette: Toutes les données ont été
recueillies?
M. Lavigne: Pardon?
M. Chevrette: Toutes les données ont été
recueillies?
M. Lavigne: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que l'enquête a porté, M.
Lavigne, sur les agissements, par exemple, d'employés de l'Hydro
vis-à-vis le degré d'influence qu'ils pouvaient avoir, à
l'intérieur de l'Hydro, sur d'autres actions? Je vous donne un exemple
théorique, pour faire attention. Je suis vice-président de
l'Hydro et je suis membre fondateur du Temple solaire. J'engage tous mes petits
amis ou j'en engage deux, trois à des postes clés, qui font de la
formation ici et là. Donc, comme ce n'est pas moi, mais que ça
sera peut-être un autre, avez-vous enquêté sur la nature de
ce genre d'activité?
M. Lavigne: Non. L'enquête n'a pas porté à ce
niveau-là. Disons que, dans cette question hypothétique,
l'enquête n'a pas porté là-dessus. L'enquête a
porté tout simplement sur l'Ordre du Temple solaire, le rôle que
les individus jouaient à l'intérieur de l'Ordre du Temple solaire
et des actes et des gestes qu'ils pouvaient poser, qu'ils ont posés ou
qu'ils pouvaient poser à l'intérieur de l'Ordre du Temple
solaire.
M. Chevrette: Donc, la Sûreté ne peut pas, à
ce moment-ci, parce qu'il n'y a pas eu d'enquête, nous dire, par exemple,
qu'un type de l'Ordre du Temple solaire en fonction à
Hydro-Québec peut avoir usé de son poids ou de son influence pour
procéder à l'embauche de petits copains de l'Ordre du Temple
solaire ou de promotion de petits copains de l'Ordre du Temple solaire.
M. Ryan: Là, il faut faire attention. Je ne voudrais pas
que la police se mette à instituer des enquêtes sur la foi...
M. Chevrette: Non, mais on fait des enquêtes sur le trafic
d'influence des hommes politiques; est-ce qu'on ne pourrait pas en faire aussi
sur le trafic d'influence de certains gros postes identifiés?
M. Ryan: Regardez, ça ne me fait rien d'être
interrompu quand je parle, M. le Président, parce qu'on parle
cordialement...
M. Chevrette: Oui, oui. (17 heures)
M. Ryan: ...mais je ne voudrais pas que la police se mette
à instituer des enquêtes sur la foi de «on dit» ou
d'appréhensions de M. le curé, ou de M. le ministre, ou de M. le
leader de l'Opposition, ou de choses comme celles-là. Il faut des
indications plus précises que ça pour que des enquêtes
soient instituées. Autrement, on va justement aboutir à
transformer notre société rapidement en une sorte d'État
policier.
Au premier chef, la Sûreté, là-dedans, a
été saisie, tout comme, selon les rapports que j'ai reçus,
parce qu'il y avait des actions criminelles en préparation. C'est
ça qui a été l'origine de l'intérêt. Si
ça avait été juste l'Ordre du Temple solaire... Il y a
l'ordre du temple biblique, il y a l'Ordre asiatique et l'ordre de ceci et de
ça. Je ne voudrais pas que la Sûreté devienne
spécialisée dans toutes ces religions marginales qu'on a, puis
tout là... Ce n'est pas sa vocation.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre...
M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: Avez-vous terminé?
M. Ryan: Non, non, je n'ai pas terminé.
Une voix: Ah, excusez.
M. Ryan: Alors, ils ont été saisis, parce qu'il y
avait des liens avec des actions criminelles appréhendées, au
sujet desquelles des indications précises leur avaient été
fournies. Dans le cas d'Hydro-Québec, on se transporte là-bas. On
est fondé de se demander: Est-ce qu'il y aurait eu une espèce de
franc-maçonnerie à l'intérieur de ça, autour de cet
organisme-là? Et ça, c'est la responsabilité
première de la direction d'Hydro-Québec de vérifier si la
qualité de la gestion de l'entreprise a pu être affectée
par la présence dans son sein d'éléments qui appartenaient
à cette organisation.
Us ont fait leur enquête, comme vous le savez. Je crois que les
conclusions ont été plutôt limitées. En tout cas, la
Sûreté du Québec n'a pas été saisie de
conclusions de cette enquête-là qui justifieraient une
enquête policière, jusqu'à ce jour.
M. Chevrette: Si je vous ai dit ça, M. le ministre, c'est
parce que vous dites qu'on ne parle pas à partir de «on
dit». Je peux vous dire qu'il y a des policiers qui font des
enquêtes à partir de «on dit», pour établir
précisément des... À la mesure que tu peux faire place un
petit peu à de l'intuition policière... Il y a eu des polices qui
m'ont donné de beaux organigrammes du crime organisé, qui en
avaient monté, et qui sont partis à partir de «on
dit», et ils ont découvert d'autres choses.
Par exemple, vous lirez je vous référerai à
1974. Les renseignements spéciaux de la Sûreté sont
également là comme service pour prémunir la gestion
publique, à partir de réseaux qui peuvent s'établir. Et
c'est à partir, bien souvent, de petits événements
mineurs, qui permettent justement au service des renseignements spéciaux
de découvrir le pot aux roses et quelque chose de très
sérieux. C'est pour ça que j'ai posé la question, à
savoir si c'était spécifique, exclusivement à l'aspect
criminel potentiel, ou s'il y avait même le degré de trafic
d'influence potentiel dans l'octroi de jobs ou de contrats.
M. Ryan: À ma connaissance, moi, selon ma
compréhension, un service de renseignements policier devrait voir comme
éléments spécifiques des liens actuels ou éventuels
avec le crime, avec les actions illégales. Quand on parle de
pègre, par exemple, c'est évident qu'il faut recueillir bien des
renseignements. On est obligé de le faire à propos des casinos.
Il faut faire des vérifications. Des enquêtes de caractère,
comme on appelle, il faut en faire beaucoup pour s'assurer que des
éléments associés, de près ou de loin, à la
pègre ne viendront pas s'implanter dans ce secteur d'activité
extrêmement attrayant pour eux. Mais il faut procéder avec
infiniment de discernement. Je pense qu'on le fait. Il faut que ces
choses-là soient l'objet de vérifications
régulières.
Vous savez qu'à Ottawa le service de renseignements de la
Gendarmerie royale est sujet à l'examen d'un comité de civils,
formé par le gouvernement. Chez nous, ça n'a pas
été fait jusqu'à maintenant. Je suis franc avec vous
autres, on a des développements à compléter de ce
côté-là. C'est une chose qu'il va falloir qu'on institue,
une vérification régulière du fonctionnement des services
de renseignements, de manière à s'assurer que ça ne
déborde pas les bornes de la mission qui est confiée en propre
à la police.
Moi, la Sûreté m'a ouvert les portes pour que j'aille
examiner ça. C'est un autre volet que je n'ai pas eu le temps d'examiner
à fond. Avant de faire des recommandations au gouvernement, quant
à des mécanismes de surveillance, je veux bien avoir
examiné moi-même, d'abord, pour être sûr qu'on ne
créera pas des mécanismes seulement pour plaire à la
galerie. J'ai toujours dit à la Sûreté: Je ne vous
embarrasserai pas avec des structures artificielles. On va d'abord travailler,
et si on juge qu'il faut des structures, on les institue.
C'est un point sur lequel on a à s'interroger et à faire
montre de vigilance du côté politique. On apprend ensemble bien
des choses en travaillant ensemble. Je dois dire que je reçois une
collaboration excellente. Quand je demande un rapport, il m'arrive toujours
en-dedans d'une journée ou deux. Ça ne tarde pas. On me donne les
faits, on me dit où on est l'enquête. Je pense que, jusqu'à
maintenant, à peu près tout ce qui est arrivé, c'est des
choses qu'on pouvait prévoir à cause de l'excellente
qualité de l'information qui m'était fournie.
M. Chevrette: Je vous remercie. M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Joliette. Merci, M. le ministre.
Alors, nous allons pouvoir maintenant continuer l'étude du
programme 6.
M. Dufour: Quant à moi, on pourrait l'adopter. Ce n'est
pas parce que... Comme j'ai dit, on va aller dans les éléments
plus importants. On reviendra avec le programme 4.
Le Président (M. Gobé): J'avais, M. le
député de Jonquière, reçu une demande de M. le
député d'Orford sur ce programme, pour une question, et M. le
député d'Iberville, vous-même.
Alors, M. le député d'Orford, vous avez la parole. Sur le
même sujet, le même programme?
M. Benoit: Oui.
Le Président (M. Gobé): Alors, vous avez la
parole.
M. Benoit: Merci, M. le Président.
Je voudrais d'abord reprendre les paroles du ministre, dans ses
remarques préliminaires, où il nous parlé rapidement d'une
relation entre la crise autochtone au Québec et l'incident de Waco, aux
États-Unis, une hécatombe. Je pense que le ministre a
été plutôt humble quand il a fait valoir la sagesse que la
police provinciale, que le premier ministre, que les ministres, à
l'époque, ont eue dans cette crise. Je pense qu'on a tous
été un peu terrifiés devant l'hécatombe de Waco. On
s'est rappelés, à ce moment-là, comment, ici, les gens ont
agi avec beaucoup de sérénité, de sagesse, et ont
évité probablement le pire, à une époque où
la population aurait bien aimé qu'on lance des roches et qu'on trouve
des coupables. Puis, même, à un moment donné, on
n'était plus sûr qui étaient les bons et les mauvais dans
tout ce débat-là, alors qu'un policier avait perdu la vie.
Alors, moi, j'ai trouvé que le ministre l'a fait
avec beaucoup de sagesse, tantôt, mais je veux relever comment on
a tous appris, il y a quelques semaines, la sagesse qu'avaient eue, finalement,
la police provinciale et les gens qui l'ont entourée.
Nouvelles formes de collaboration entre les corps
policiers provincial et municipaux
Ceci dit, la question que je voudrais poser autant au ministre
qu'à M. Lavigne et... a trait un peu à la réforme Ryan, et
à la nouvelle relation qui doit se placer entre les corps policiers,
autant provinciaux que municipaux, d'une part. J'aimerais vous entendre, M.
Lavigne, d'une façon tout à fait particulière, sur
l'expérience que vous tentez dans certaines villes, dont Granby, je
pense, au sujet des... essayer de ramener un certain nombre de corps
municipaux, que vous couvrez, avec la police provinciale. Comment cette
expérience-là fonctionne à l'heure actuelle?
M. Lavigne: Je n'ai pas très bien saisi la question, mais
je pense que vous parlez de la région de Granby, où on assiste,
où on collabore avec les sûretés municipales de l'endroit.
Maintenant, ce n'est pas une expérience particulière, parce qu'on
fait le même travail, de ce que je sais, à la grandeur du
Québec.
On a fait, cet été et c'est peut-être ce
à quoi vous faites allusion... Durant l'année 1992, on a fait 31
dossiers avec des sûretés municipales, sur différents
sujets impliquant les drogues, des gros dossiers. On en a fait beaucoup, dans
d'autres domaines aussi, mais on tente... On a un peu plus de 10 000
assistances auprès de polices municipales en 1992. Donc, on tente
toujours de maintenir, avec les corps policiers municipaux... être
là lorsqu'ils ont besoin de nous.
M. Benoit: J'avais cru comprendre, via les médias, qu'il y
avait un certain nombre de villes, au Québec, qui avaient
été choisies pour des expériences-pilotes, où une
communication plus intensive et des rencontres plus souvent qu'ailleurs et...
pour voir comment on pouvait dynamiser tous ces corps de police et les conseils
municipaux à votre égard.
M. Lavigne: Oui. C'est peut-être, aussi... Il y a deux
choses auxquelles vous avez peut-être fait allusion, et je vais vous les
décrire rapidement.
Il y en a un dossier, ce sont des comités consultatifs qu'on a
établis. On a fait une expérience-pilote en 1989, à
Papineauville. On l'a fait vérifier par l'Université de
Montréal, etc., et on a commencé à l'étendre
étant donné que c'était bon au Québec. En
1992, on avait 15 comités consultatifs qui fonctionnaient dans la
province. Les comités consultatifs, ce sont des comités où
les citoyens, qui font partie de différents milieux, peuvent
siéger et nous dire, à la Sûreté du Québec,
comment, eux, voient le travail dans une région donnée. De ces 15
comités consultatifs, ça va s'étendre, et vers 1994, il va
y en avoir dans tous les postes de la Sûreté, dans toutes les
régions du Québec. C'est peut- être de ça que vous
avez entendu parler dans le bout de
Granby.
(17 h 10)
M. Benoit: Au moment où on se parle, bon nombre de corps
municipaux vont commencer à vous demander d'appliquer un certain nombre
de règlements municipaux, particulièrement, par exemple, sur le
système routier municipal. Quelle va être votre politique sur les
routes que nous avons redonnées à la province, qui vont devenir
des routes municipales, avec des vitesses décidées par la
municipalité? Quelle va être votre approche? Est-ce que vous allez
contrôler la vitesse sur ces routes municipales à l'avenir, avec
toutes les différences qu'il va y avoir?
M. Lavigne: Nous, lorsque ce seront des routes où le Code
de la sécurité routière s'appliquera, on va pouvoir le
faire. Il y a des avis juridiques qui sont un petit peu différents. J'ai
deux avis juridiques, actuellement. Un qui nous vient de l'avocat de
l'Association des policiers provinciaux du Québec, disant que, selon
eux, la Sûreté du Québec a les pouvoirs d'appliquer les
règlements municipaux. Et j'ai un autre avis juridique, qui, lui, vient
du conseiller juridique de la Sûreté, pour dire qu'on n'a pas le
droit d'appliquer les règlements municipaux. Nous, à la
Sûreté, notre politique... On a fait une demande au ministre pour
que la loi soit amendée, afin que les membres de la Sûreté
puissent avoir le pouvoir d'appliquer les règlements municipaux. On
souhaiterait ne pas appliquer tous les règlements municipaux, mais les
règlements municipaux qui ont rapport à la sécurité
publique. On pourrait même, à la limite, en discutant avec les
municipalités, trouver certains règlements qui pourraient
être à peu près identiques.
Par exemple, si on prend les alarmes. Les alarmes, le problème
des alarmes est à peu près le même à la grandeur du
Québec. Peut-être que les villes pourraient adopter un
règlement municipal régissant les alarmes et que, nous, on
pourrait appliquer un règlement qui est pas mal similaire d'une ville
à l'autre, etc.
Donc, nous, on a fait une demande au ministre, et on est en attente
d'obtenir le pouvoir d'appliquer ces règlements. C'est la politique de
la Sûreté, actuellement.
M. Benoit: Très bien. Merci, M. Lavigne. Merci M. le
ministre.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député d'Orford.
M. Ryan: Comme ça, M. le Président, vous avez un
bel exemple de la manière dont la Sûreté est capable de
renvoyer la balle dans le champ du politique.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup de cette
intervention.
M. le député d'Iberville, vous avez une question à
poser.
M. Lafrance: Oui, très brièvement, M. le
Président.
M. Dufour: II me semble que l'alternance, M. le
Président... Je ne veux pas être...
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'on termine
le programme 6. Vous aviez dit que vous étiez...
M. Dufour: Moi, écoutez un peu... Ouvrez la
«can», on va y aller. Moi, je vais poser les questions. Je vais y
aller avec tout le monde.
Le Président (M. Gobé): C'est pour vous, je pensais
que vous vouliez aller à un autre programme après.
M. Dufour: Mais non, mais chaque fois qu'on veut gagner un peu de
temps, ils s'insèrent, et ils ont des questions à poser. Je
pensais que ça se parlait de temps en temps en dehors. Nous autres, on
ne peut pas toujours parler avec ces gens-là, mais quand on fait partie
du bord ministériel, il me semble qu'on a beaucoup de temps qu'on peut
consacrer à ça, pouvoir se rencontrer ou questionner.
Le Président (M. Gobé): Votre intention
était d'aller à quel programme, après?
M. Dufour: Moi, le programme 6, en fait, j'avais des questions
à poser là-dessus. J'en avais plusieurs. Je vous dis, je suis
obligé de me priver de poser des questions, parce qu'on ne passera pas
à travers les huit. Ce n'est pas compliqué.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous
suggéreriez... Regardez, on pourrait demander...
M. Dufour: Non, non, moi, je ne veux pas empêcher les
autres de parler.
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
M. Dufour: Mais seulement, s'ils parlent, je vais parler avec
l'alternance.
Le Président (M. Gobé): C'est à votre guise
sur le programme...
Services offerts dans les postes de la
Sûreté du Québec dans toute la province
M. Dufour: C'est ça. Moi, je vais vous dire, par exemple,
qu'il y a des postes de la patrouille un peu partout dans la
région...
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole.
Alternance. Vous avez la parole.
M. Dufour: C'est dans le programme 6. Il y a des postes partout,
et il n'y a personne qui couvre ces postes-là, à partir de
minuit, le soir. Vous savez, toute la région de la Côte-Nord: il y
a trois patrouilleurs pour couvrir de Baie-Comeau jusqu'à Schefferville,
Sept-îles. Ça comprend toute la Côte-Nord, à partir
de Tadoussac. Ça veut dire à peu près 400 milles de
côte, et il y a trois policiers, dans la nuit, qui patrouillent. Ces
cas-là... C'est le cas, peut-être, le plus surprenant, mais vous
avez dans l'Outaouais il y en a un peu, là. Vous avez
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est la même chose il y en a
sept: un policier seulement par poste. Moi, je sais que... Je connais un peu la
façon dont les policiers travaillent; ils n'aiment pas beaucoup
travailler tout seuls. À Trois-Rivières... il y en a zéro
à La Tuque. En Estrie, il n'y en a pas. À Cookshire, puis un peu
partout comme ça... Dans la région de Joliette...
Est-ce que vous avez l'intention d'améliorer ça, ou bien
si c'est dans la période de rationalisation puis de coupures?
M. Ryan: M. Lavigne peut peut-être répondre, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. Lavigne. Je pense
que c'est adressé directement à vous, ou presque directement
à vous.
M. Lavigne: La situation actuelle... On en est venu à la
situation actuelle, c'est-à-dire qu'au fil des ans, en ayant plus de
missions à accomplir que de personnel qui nous arrivait. On a
actuellement 112 postes, 112 points de service, des postes de la
Sûreté au Québec. Je peux vous donner, rapidement, quand
même puis vous avez raison, quand vous dites qu'il y a des postes
qui sont fermés le soir ou la nuit. Dans le
Bas-Saint-LaurentGaspésie on en a deux: il y a Matane et
Grande-Vallée. Matane, il est ouvert le jour et le soir, il est
fermé la nuit. Grande-Vallée, il est ouvert le jour seulement.
SaguenayLac-Saint-Jean, Saint-Am-broise: il est ouvert le jour seulement.
Québec, Trois-Pistoles, Saint-Malachie, Saint-Pamphile: les postes de
Trois-Pistoles et Saint-Malachie, ouverts de jour et de soir; Saint-Pamphile,
de jour seulement. Dans la région de Trois-Rivières, La Tuque est
ouvert de jour et de soir. Dans la région de l'Estrie, Cookshire est
ouvert de jour et de soir, et il est fermé la nuit. Dans la
région de Montréal, Saint-Michel-des-Saints et Saint-Donat sont
ouverts de jour et de soir seulement. En Abitibi-Témis-camingue,
Témiscamingue est ouvert de jour et de soir; Matagami, de jour et de
soir; Radisson, Laforge mais là, on s'en va un peu plus dans le
Nord ils sont ouverts de jour seulement. Sur la Côte-Nord,
Sept-îles, Tadoussac: ils sont ouverts de jour et de soir, pendant que
Baie-Trinité, Blanc-Sablon, Schefferville et Fermont sont ouverts de
jour seulement.
M. Dufour: Ça, j'ai ça dans les statistiques.
M. Lavigne: Oui. Tous les autres postes de la Sûreté
sont ouverts 24 heures par jour.
M. Dufour: Mais par rapport à ça, dans le contexte
où il y a une réforme qui s'est appliquée, où des
municipalités paient, quels sont les services de plus qu'elles sont en
droit de s'attendre, puis qu'elles obtiennent? Parce que les
municipalités ne payaient pas avant, elles n'avaient rien à dire.
Puis, aujourd'hui, là, les municipalités comme Saint-Ambroise,
3500 habitants...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: ii n'a jamais été question d'augmenter les
services de la sûreté du québec à l'intention des
municipalités. il a été question d'inviter les
municipalités à payer une partie des dépenses encourues
pour la fourniture des services de protection policière de la
sûreté du québec. ça, c'est le premier point qui est
bien clair. la contribution demandée aux municipalités ne
représente même pas 50 % des coûts encourus pour la
fourniture des services qu'elles reçoivent.
Deuxièmement, la Sûreté a bien compris qu'à
la suite des changements apportés par la loi 145 elle a la
responsabilité de se rapprocher des autorités locales, de
développer des rapports beaucoup plus suivis et continus avec les
autorités municipales, avec les autorités des MRC. Il y a un
service qui a été créé à la
Sûreté pour développer les rapports avec les
municipalités et les MRC. Si vous êtes sur le terrain, vous allez
constater que, déjà, dans la plupart des régions du
Québec il y a eu de nombreux contacts entre les bureaux
régionaux, puis les MRC, les municipalités. Les
municipalités sont de plus en plus visitées par les responsables
de la SQ dans chaque région. Ils tiennent des rencontres d'information
et de consultation avec les MRC. Puis, moi, les échos que j'ai de la
part des maires sont des échos très favorables, parce que ce
n'est pas tant l'augmentation matérielle de services qui est
demandée, c'est qu'ils veulent être en rapport avec la
Sûreté du Québec. Ils veulent savoir ce qu'elle fait. Ils
veulent savoir à qui s'adresser quand il arrive un problème, puis
être assurés qu'on peut avoir une collaboration dans une situation
difficile. C'est ce climat-là qui est en train de se développer
à travers le Québec, au sujet duquel, moi, je reçois des
échos très favorables. Je reçois des rapports de
municipalités qui me disent: Tel poste, il n'y a pas de service le soir;
il n'y a pas de service la nuit. On regarde ça. Il y a eu des coupures
à faire, ça, il faut bien se le dire honnêtement. Il y a eu
des coupures à faire, puis, des fois, il n'y a pas de service à
ce poste-là, mais il y a un poste d'envergure plus loin, plus grande, un
peu plus loin, qui, lui, est en mesure de répondre à un appel
d'urgence aussi. Mais, ça étant dit, j'ai reçu
également un grand nombre de résolutions de municipalités
à propos des règlements municipaux, demandant que la
Sûreté accepte la responsabilité de l'application de
certains règlements municipaux. M. Lavigne disait tantôt qu'il m'a
fait une recommandation visant une modification de la Loi de police en ce sens,
c'est vrai. C'est une chose que nous examinons actuelle- ment. Je crois qu'il y
a certains règlements municipaux qui devraient faire partie de la
responsabilité de la SQ, surtout ceux qui sont plus directement
reliés à l'ordre public. (17 h 20)
Nous allons apporter une solution à ce problème-là,
probablement au cours de l'automne. Là, il y a un menu législatif
trop lourd, à cette session-ci. Il y a des grosses pièces de
législation qui ne permettent pas d'intervenir sur ce point-là,
mais c'est une chose que nous allons continuer à développer. Un
élément essentiel de succès pour les modifications que
nous avons apportées au régime de protection policière
à travers le Québec, c'est ce développement d'une
collaboration étroite et continue entre la Sûreté et les
autorités municipales, là où la Sûreté offre
le service. En plus, je pense...
M. Dufour: Moi, j'écoute...
M. Ryan: ...que M. Lavigne aurait pu ajouter tantôt, s'il
avait été moins modeste, qu'il y a beaucoup de
municipalités... Quand il a parlé de 10 000 services qui ont
été rendus, c'est 10 000 interventions à l'appui des
municipalités. Il aurait pu nous parler des services qu'ils ont rendus
à la ville de Laval pour la lutte contre la drogue, par exemple. Il y
avait un problème terrible là et, du point de vue des
enquêtes policières, il y avait des lacunes sérieuses. La
Sûreté a donné un gros coup du côté de Laval
au cours des deux dernières années, et il y a beaucoup, beaucoup
de nettoyage qui s'est fait. Ce n'est jamais terminé dans le domaine de
la drogue, c'est compliqué; il y a beaucoup de nettoyage qui s'est fait.
Les autorités de Laval sont très heureuses de cette
collaboration.
M. Dufour: Ça, ce que vous dites concernant la
collaboration entre la Sûreté du Québec et les
municipalités, ce n'est pas d'aujourd'hui, ça a toujours
été comme ça, à ce que je sache, en tout cas. Il y
a 20 ans, c'était la même chose. La Sûreté du
Québec travaillait avec les policiers municipaux où il y en
avait.
Moi, ce que je prétends, c'est qu'on donne une fausse
sécurité aux gens, en disant: Quand il y a juste trois personnes
en devoir, la nuit, sur 400 milles, vous savez bien que, dans le fond, s'il se
produit des... Que les maires vous disent que ça va bien... ce n'est pas
juste les maires qu'on dessert, on dessert la population. Comme votre service,
vous payez le minimum, vous donnez un minimum de sous des 100 $, que les
citoyens sont obligés de payer ou que la municipalité est
obligée de rembourser, c'est égal pour tout. Ça veut dire
qu'il y a encore dans votre système... ce n'est pas juste, parce que,
dans une municipalité, on paie selon les services qu'on reçoit.
dans votre système à vous, c'est que vous établissez une
base sans tenir compte des services qui sont rendus. donc, il y a quelque chose
qui ne clique pas. c'est sûr qu'ils ne paient pas 100 % des coûts,
mais s'ils payaient 100 % des coûts avec aucune autorité et avec
aucun pouvoir sur la police, là, je vous dirais qu'on est dans les
patates,
tout le groupe, ça ne marche pas. Vous savez, moi, j'ai
parlé aussi avec des maires. Ils nous disent: On n'a pas
d'autorité. Le problème que les maires rencontrent, ceux qui
regardent un peu ce qui se passe, ils disent: Nous autres, on peut bien parler
avec la police, mais nous autres, on n'a aucune autorité
là-dessus. Je pense que vous reconnaissez ça aussi.
Voilà, ça complète ce que j'avais à dire,
mais je vous dis qu'on a établi un système qui donne une fausse
sécurité aux gens.
M. Ryan: Là-dessus, je ne peux pas laisser passer
ça sans remarques, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Le service à travers le Québec vise
à procurer une qualité à peu près égale de
protection à travers tout le territoire, compte tenu de la très
grande diversité des situations géographiques,
démographiques, sociales, culturelles et autres.
Nous devons procéder, au cours de la présente
année, probablement vers la fin de l'été, à une
révision de toute l'organisation régionale. Il y a une grosse
révision que M. Lavigne a déjà entreprise, et dont il m'a
demandé de me saisir. On est convenus d'attendre à
l'été, parce que le temps ne nous était pas donné
avant ça. On va voir si on peut mettre encore plus
d'équité dans la répartition des services. J'admets qu'il
y a des problèmes particuliers. J'en ai été saisi
moi-même. Je ne peux pas feindre l'ignorance en face de ce que dit le
député de Jonquière, parce que j'ai eu de nombreuses
représentations, moi aussi, dont je saisis toujours, d'ailleurs, la
direction de la Sûreté du Québec.
On va tout prendre ça ensemble à l'été. On
va essayer de faire un mixage de services et de ressources encore plus
adapté aux besoins de la population.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Iberville, vous avez demandé la parole,
toujours sur le programme 6.
M. Lafrance: Oui. Merci, M. le Président.
J'aurais aimé enchaîner tout de suite après mon
collègue d'Orford, puisque ma question touche un peu ce qu'il a
mentionné. Mais, néanmoins, j'aimerais, tout d'abord, faire une
observation.
Mon collègue d'Orford a mentionné, faisant un peu la
relation entre la situation amérindienne, qu'on a connue en 1990, au
Québec, et celle de Waco, avec les récents
événements malheureux qu'on a vus aux États-Unis... Il a
mentionné la grande sagesse avec laquelle la Sûreté du
Québec, le gouvernement et M. Bourassa avaient géré cette
situation, en 1990. Là, je souscris entièrement à ses
propos, mais j'aimerais aussi ajouter, parce qu'on l'oublie souvent, la grande
sagesse aussi, dont ont fait preuve les membres du Royal 22e Régiment et
les Forces armées qui, en bout de ligne, avaient la très lourde
responsabilité d'une situation hautement volatile. Je mentionne
ça, parce que le Royal 22e Régi- ment est un régiment
canadien-français, dont la maison mère est ici, à
Québec. Moi-même, comme ancien commandant du Royal 22e
Régiment, je reconnaissais de mes hommes, à cet endroit, et je
peux vous dire qu'ils avaient énormément de
responsabilités, dans une situation très, très difficile,
et pour laquelle ils n'étaient pas nécessairement
entraînés pleinement. On oublie souvent de mentionner le
rôle tout à fait important qu'ils ont joué.
Ceci étant dit, ma question porte surtout sur cette question de
transfert fiscal de la sécurité publique aux
municipalités. Je représente un comté qui compte 28
municipalités. Évidemment, ce sont en majorité des petites
municipalités, et elles ont été beaucoup affectées
par ce transfert de responsabilités fiscales. Elles m'ont
adressé, et à vous-même, M. le ministre, de nombreuses
résolutions, demandant clarification sur, justement, le point que
monsieur, mon collègue, le député d'Orford, a
mentionné sur cette question de règlement en matière
d'ordre public, dans le domaine municipal.
Si je me réfère à ce qu'a dit M. Lavigne, il y a
deux avis juridiques qui s'opposent un peu. Donc, si j'en conclus aussi, il y a
lieu de croire que, d'ici peu, on aura des clarifications à adresser
à ces municipalités, suite à leurs résolutions.
Est-ce correct?
M. Ryan: Pas avant l'automne, par exemple. Le Président
(M. Gobé): M. le ministre. M. Lafrance: À l'automne?
D'accord. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. Alors,
avant d'adopter le progamme 6, j'aimerais peut-être faire une petite
remarque, moi aussi, à titre de député.
Je me souviens, il y a quelques années, on avait fait... Lors
d'une étude des crédits, un certain nombre de gens avaient
émis des remarques ou des critiques sur le comportement de policiers
lors d'interpellations sur les routes ou... la manière de s'adresser aux
citoyens, lors de certains événements, et un certain nombre de
personnes semblaient dire qu'il y aurait de l'amélioration possible. Je
dois dire qu'il m'a été loisible de m'y intéresser et
de... Certains citoyens m'avaient fait ces remarques, et je m'y étais
intéressé d'un peu plus près. Il m'a semblé que,
dans les dernières années, particulièrement celle-ci, un
certain nombre de policiers, de jeunes policiers et même de moins jeunes,
ont, semble-t-il, changé leur manière d'aborder les gens.
Maintenant, c'est beaucoup plus professionnel ou beaucoup plus calme, et le
langage parlé me semble aussi beaucoup plus agréable, même
si, lorsqu'on se fait arrêter par la police, ce n'est jamais plaisant...
mais, disons, agréable, d'après ce que j'ai pu en voir.
Personnellement, je tiendrais, pour en avoir été témoin,
moi aussi, il y a quelque temps, sur une autoroute, à dire à M.
le directeur de la Sûreté du Québec qu'il y a beaucoup
d'amélioration qui me semble avoir été faite, et je l'en
félicite.
Alors, ceci étant dit, est-ce quelqu'un propose l'adoption du
programme 6? M. le député d'Orford.
Alors, est-ce que le programme 6 est adopté? Très bien. Le
programme 6 est adopté.
Je demanderais maintenant aux membres de la commission quel programme
ils veulent regarder, vu qu'on a pris entente de changer de programme assez
souplement?
M. Dufour: On revient à 4.
Le Président (M. Gobé): Nous revenons au programme
4. Alors, je rappelle donc le programme 4, qui avait été suspendu
pour passer au programme 6 et...
Une voix: Programme 4, élément 3. (17 h 30)
Le Président (M. Gobé): ...nous sommes à
l'élément 3... Bien, disons que M. le député de
l'Acadie était intervenu sur l'élément 3, mais ça
ne veut pas dire qu'on ne doit pas aller aux éléments 1 ou 2.
Donc, M. le député de Jonquière, vous avez
entière liberté pour... quel que soit
l'élément.
Sécurité de la population aux abords des
territoires de Kanesatake et de Kahnawake
M. Dufour: Sur l'élément 3.
Malgré les beaux discours et les propos rassurants du ministre de
la Sécurité publique, la situation aux abords des territoires
mohawks de Kanesatake et de Kahnawake, à Châteauguay, demeure
tendue, et des incidents parfois très dangereux s'y produisent encore
régulièrement.
La semaine dernière, un juge de la Cour supérieure a
rejeté la demande de la ville de LaSalle, qui voulait que le ministre
oblige la Sûreté du Québec à patrouiller le
territoire de Kahnawake. Cette requête faisait suite à une
série d'incidents où des balles d'armes semi-automatiques avaient
abouti dans des résidences de la ville de LaSalle, sans que les
coupables ne soient punis. Le juge Marquis estime que la cour ne peut ni ne
doit intervenir dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire
conféré au ministre de la Sécurité publique par la
loi, ce avec quoi nous sommes d'accord. Le problème revient au
politique. C'est au ministre de la Sécurité publique qu'incombe
la responsabilité d'intervenir ou pas. Outre ces incidents, il est
maintenant de notoriété publique que le territoire de Kahnawake
sert au trafic des cigarettes, de l'alcool et des armes, et ce, en toute
impunité.
Quant à Kanesatake, là aussi, des balles perdues
sillonnent parfois les environs, et la population vit dans une certaine
insécurité, d'autant plus que la Sûreté du
Québec n'est pas toujours disponible pour répondre aux appels
d'urgence des citoyens. On se souviendra enfin qu'en décembre dernier le
premier ministre avait annoncé qu'il nommerait deux mandataires pour
enquêter à Oka à la suite des nombreuses plaintes qu'il
avait reçues. Ces deux mandataires devaient, finalement, être
trois, soit le chef de cabinet du premier ministre, le chef du cabinet du
ministre de la Sécurité publique et le député de
Deux-Montagnes. Nous ne sommes cependant pas au courant du résultat de
leur enquête qui, de toute façon, ne semblait plus en être
vraiment une.
Le ministre, n'a-t-il pas l'impression que son laisser-faire est en
train de normaliser une situation anormale et inacceptable, c'est-à-dire
que Kanesatake et Kahnawake sont, en quelque sorte, des enclaves où tout
est permis? Il faut bien regarder ce qui se passe autour de ces... Nous autres,
on affirme des choses vous pourriez peut-être nous dire que c'est
le contraire mais on a l'impression, et je pense qu'on se fait
l'interprète de la population, qui dit qu'il se passe à peu
près n'importe quoi et qu'on n'a pas de pouvoir. Même la
Sûreté du Québec admet qu'elle a des difficultés et
qu'elle ne peut pas s'aventurer. Je ne parle pas d'Hydro-Québec, je
parle de tout le monde. C'est vraiment des enclaves qui causent un
problème.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour ça, pour normaliser cette
situation-là? Sans ça, l'anormal va devenir la normalité.
Qu'est-ce que vous avez à dire pour votre défense?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Tout d'abord, le député
d'Iberville, je ne sais pas s'il est parti.
Le Président (M. Gobé): II s'est absenté
pour quelques minutes, semble-t-il...
M. Ryan: II s'est absenté pour quelques minutes.
Le Président (M. Gobé): ...pour aller chercher des
documents à son bureau, je crois.
M. Ryan: II a fait allusion au rôle joué par les
Forces armées à Kahnawake et à Kanesatake en 1990. Son
renvoi était pertinent, étant donné ses états de
service dans l'armée. Je lui sais gré d'avoir fait cette mention.
Il y a une chose qu'il a peut-être oublié de souligner dans son
rappel, c'est que l'armée est partie de Kahnawake, puis le
problème n'était pas réglé.
Le Président (M. Gobé): C'est ça. M.
Ryan: II faut être réaliste.
Le Président (M. Gobé): Voilà! Très
bonne réplique.
M. Ryan: Nous autres, le lendemain matin, il fallait continuer.
L'expédition s'en allait du côté de Valcartier,
c'était beau sur les routes, mais, pendant ce temps-là, le
problème était resté à peu près
intégral. Je ne fais pas de blâme, rien, mais je constate une
situation pour vous dire d'où nous partions. Moi, je suis devenu
ministre de la Sécurité publique, je pense, autour du 10 octobre
1990.
M. Dufour: Vous n'avez pas les mêmes effectifs non
plus.
M. Ryan: Pas du tout. La première chose que nous avons
faite ça s'est fait vite nous avons
décidé... À partir du 15 octobre de cette
année-là, nous organisions une patrouille conjointe des routes
qui traversent la réserve, par la Sûreté du Québec
et la Gendarmerie royale. La Gendarmerie a donné une fière
collaboration là-dedans, et l'a fait dans un esprit de concertation,
absolument irréprochable à mon point de vue. Depuis ce
temps-là, on s'est dit: Au moins, on ne peut pas... On ne pouvait pas
pénétrer plus après le départ de l'armée que
pendant qu'elle était là. Vous savez ce que l'armée a dit,
quand elle est partieje pense que ça a été dit
publiquement par quelqu'un que, elle, elle n'avait pas
l'entraînement pour la gestion des foules et que, là-bas, il y
avait des mouvements de foule. S'il n'y avait pas eu de mouvements de foule, on
n'aurait pas eu besoin de personne, entre nous autres, là. Il faut
être réaliste aussi, hein?
Alors, on s'est laissé sur ces impressions. Là, il fallait
s'assurer qu'il y aurait une protection minimale de la population qui serait
assurée. Il a fallu décider s'il y aurait investissement en bonne
et due forme de la réserve de Kahnawake. La question a été
examinée froidement. Je me souviens qu'on a eu des grandes discussions
là-dessus avec le Solliciteur général du Canada, la
Gendarmerie royale, des représentants des Forces armées, avec qui
nous étions restés en contact après leur départ. La
Sûreté du Québec et moi-même, pour le gouvernement du
Québec, nous avons conclu que ce n'était pas la chose à
faire. Je me rappelle très bien, j'ai demandé à la
Sûreté du Québec, à un moment donné: Si on
vous demande d'y aller, allez-vous y aller? Ils ont dit: Oui, M. le ministre,
on va y aller, mais on vous prévient qu'il pourra y avoir des
conséquences. Ils m'ont prévenu de toutes les conséquences
possibles.
J'ai posé la même question à la Gendarmerie royale
du Canada. Nous avons eu la même réponse. Je tiens à dire
cela parce qu'il y en a qui disent: La Sûreté, ils ne veulent pas
y aller. C'est un peu l'impression. Ce n'est pas vrai ça. Ce n'est pas
vrai. La Sûreté, s'il y avait eu une volonté ferme du
pouvoir politique d'investir la place, ils auraient investi en nous
prévenant des dangers, en nous disant ce que ça prenait comme
dispositif pour réellement réussir la mission.
Ce n'était pas exclu de ces perspectives. C'est l'autorité
politique qui a décidé, en bout de ligne, puis ça a
été fait en concertation avec nos homologues du gouvernement
fédéral, mais ils ne nous ont pas imposé leur opinion, je
peux vous assurer de ça. C'est nous qui sommes les maîtres
d'oeuvre dans cette opération-là, en ce qui touche la protection
policière, et nous avons jugé que tout facteur ayant
été considéré, la sagesse nous commandait de mettre
le temps de notre côté. Ça, c'est le premier point, de
mettre le temps de notre côté, de garder le contrôle de la
situation sur les routes qui traversent la réserve.
Les routes, ce n'est pas en dehors de la réserve de Kahnawake,
c'est en plein dans la réserve. Du côté de Kanesatake, nous
avons implanté un poste de la Sûreté du Québec, en
plein coeur de la paroisse du territoire où se trouve la
communauté mohawk. On ne l'a pas mis à Saint-Eustache. Il
était à Saint-Eustache avant. On avait dit à M. Lavigne:
II en faudrait un plus proche que ça. On a fait ça. Maintenant,
on garde la situation sous contrôle. Regardez, on peut même dire
qu'il y a quelques automobilistes, peut-être une centaine, qui ont
reçu des billets. C'est correct. Sur trois ans, c'est très
désagréable, mais les libertés fondamentales ne sont pas
gravement compromises par ça.
Il n'y a pas eu de mort, il n'y a pas eu de tragédie. Il y a eu
des actes de vandalisme ou de violence particulière, on en a eu un
certain nombre, de ça. Il y a eu quelques affrontements entre les
policiers et les Mo-hawks. Mais, dans l'ensemble, la situation... On regarde
ça, trois ans après... On compare à ce qui est
arrivé, là, aux États-Unis, à Waco, c'est
demeuré remarquablement sous contrôle. Quand on regarde ça
après coup, remarquablement sous contrôle.
Maintenant, notre politique de fond, c'est de promouvoir à
travers le Québec, dans les communautés amérindiennes, le
développement de services de police autochtone. Au départ, il
faut qu'ils soient assistés par la Sûreté du Québec,
parce qu'ils n'ont pas la tradition, ils n'ont pas l'expertise. C'est pour
ça que la Sûreté du Québec, en territoire cri, par
exemple, est présente depuis une vingtaine d'années. On
entreprend des négociations avec les Cris pour mettre au point les
conditions d'un service de protection policière autochtone. On a fait la
même chose avec les Montagnais. On a fait la même chose avec les
nations algonquines, avec les nations huronnes. On a quelques ententes qui
ont... On en a signé trois, jusqu'à maintenant. C'est deux ou
trois, M. Larrivée? En tout cas, on en a signé trois. Il y en a
quatre qui sont en voie de négociations, une couple qui sont
pratiquement terminées, et on veut aller dans cette direction-là.
C'est ce que nous avons proposé à Kahnawake également, pas
à Kanesatake, parce qu'il n'y a pas de conseil de bande à
Kanesatake. Kanesatake, ce n'est pas un territoire organisé, au point de
vue indien. Par conséquent, nous le considérons comme territoire
municipal, pour nos fins à nous. Nous nous disons: Avec le temps, on va
faire ça partout. Il va falloir qu'eux autres aussi en viennent à
ça. Ce que nous avons proposé à Kahnawake, c'est un
service de protection policière qui répondrait à nos
normes à nous.
Les deux points d'achoppement... Il y a trois points d'achoppement.
D'abord, s'ils veulent que nous reconnaissions les «Peacekeepers»,
qui ne sont pas des mauvais policiers... Tu sais, on se dit: Un
«Peacekeeper», ça ne vaut rien, ça ne vaut rien.
C'est des policiers qui accomplissent un travail quand même valable,
à bien des égards, selon les rapports que j'en ai. Et on leur
dit: Si vous voulez être acceptés, il va falloir que vous soyez
assermentés. Le ministre ne vous assermentera pas tant que vous n'aurez
pas été soumis à l'enquête de caractère qu'on
exige d'un policier. Cette enquête-là devant être faite par
le corps que nous autorisons à cette fin, la Sûreté du
Québec.
Deuxièmement, on leur dit: II faut que vous acceptiez de vous
soumettre aux normes d'éthique poli-
cière qui prévalent au Québec. S'il y en a un de
vous autres qui fait chanter un citoyen sur le bord de la route, ou qu'il lui
fait des menaces, le citoyen va pouvoir porter plainte, et il pourra être
traduit devant le commissaire à la déontologie et le
comité de déontologie. Il faut que vous acceptiez ça si
vous voulez qu'on vous reconnaisse.
Le troisièmement point, c'est les fameuses guérites. On ne
peut pas endurer une affaire comme ça à l'entrée d'un
village. Voyez-vous ça, le village de Sainte-Perpétue, si on a
nos guérites avec des gars, des fois, qui ont le fusil en
bandoulière. Je sais que M. Norton va dire qu'il n'en a jamais vu, de
fusil, là tout le monde en a vu sauf lui mais ça,
ce sont les points de fond que nous avons mis. Ceux qui pensent qu'on a une
position de faiblesse, c'est parce qu'ils ne sont pas au courant de la
situation réelle. On dit: C'est là. En attendant, on
n'écrase pas personne, on ne tue pas personne, on occupe le terrain.
Puis notre ami, le député d'Iberville, sait que, dans ces
choses-là, à un moment donné, la stratégie,
ça consiste à occuper le terrain. Puis, avant d'aller plus loin,
il faut avoir les certitudes raisonnables d'un résultat satisfaisant.
(17 h 40)
Alors, voilà la réponse que j'apporte à la question
très honnête du député de Jonquière, que je
comprends très bien, qui se pose assez largement dans la population.
Mais je pense que l'expérience de Waco a instruit la population.
J'écoutais des commentaires à la radio de Radio-Canada, les deux
jours qui ont suivi, entre sept et huit le matin, avant de partir de chez moi.
Puis les gens disaient: Bien, sais-tu que l'affaire de... le père Ryan
n'était peut-être pas si bête, là-dedans. Il avait
l'air insignifiant, mais il n'était peut-être pas si bête.
Le gouvernement, M. Bourassa, finalement, il a de l'expérience,
ça paraît. La Sûreté du Québec n'était
peut-être pas si pire. Il ne faut pas... on ne cherche pas à tirer
gloire des malheurs des autres, mais on peut dire, au moins, qu'ici on a fait
montre de cette retenue, de cette sobriété dans la fermeté
qui incombe, me semble-il, à des dirigeants. Puis, si les circonstances
changent nous veillons continuellement si les circonstances
changent, nous ajusterons notre tir.
J'ajoute un dernier point sur la question amérindienne. C'est que
ce n'est pas comme, disons, une communauté dirigée par un conseil
de bande. Ce n'est pas la même chose que, disons, le village de
Saint-Phi-lippe-d'Argenteuil. Saint-Philippe-d'Argenteuil, c'est Chatham, c'est
le canton de Chatham au point de vue légal. Là, c'est des
citoyens québécois ordinaires, qui relèvent de
l'autorité du gouvernement du Québec ils le savent, ils le
reconnaissent puis dans les domaines de la compétence du
Québec, c'est entièrement Québec. Avec les Indiens, il y a
toujours Ottawa qui est dans le portrait. Il y a toujours Ottawa qui est dans
le portrait, puis qui peut intervenir n'importe quand dans un dossier. Des
fois, ça fait du dédoublement; des fois, ça complique les
choses. Il y a un problème de ce point de vue-là. Moi, je suis
fédéraliste, c'est bien connu...
M. Dufour: On vous offre de le solutionner, nous autres.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: On vous offre de le solutionner, le
problème.
M. Ryan: Oui, mais la méthode de foncer dedans, je vous ai
déjà dit que ce n'était pas la bonne. Ha, ha, ha! On est
tentés, des fois. Le régime fédéral, M. le
Président, a quand même une vertu. C'est que, comme il y a deux
intervenants, ça les oblige à une certaine modération, qui
est particulièrement utile dans des périodes de crise où
on serait porté aux comportements extrêmes, comme on en a eu
l'exemple lors de la crise amérindienne.
M. Dufour: Ce n'est pas la solution que j'ai proposée.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: J'espère que vous n'avez pas
interprété mes paroles de la façon que vous le dites,
parce que, moi, la façon de le proposer, c'est d'enlever la double
juridiction.
M. Ryan: Non, mais j'ai relu... M. Dufour: Ça me
semblait clair.
M. Ryan: Regardez, j'ai relu les comptes rendus des
déclarations que votre chef faisait dans le temps. Je les ai relus
à la suite de cette soi-disant mise au point. Puis, c'était bien
clair. Il disait: II faut traiter ces gens-là comme des terroristes,
puis, à un moment donné, il faut prendre la force. Puis,
quelqu'un qui comprend, c'est ça que ça veut dire. Il a le droit
d'avoir cette opinion-là, mais nous autres, nous disons que nous avons
une autre opinion.
Nous croyons que les expériences que nous avons vécues
récemment, aux États-Unis, justifient pleinement la
stratégie que nous avons suivie. Maintenant, avec le temps, je me dis:
Si les communautés amérindiennes s'en viennent vers le
régime que nous proposons, puis pour lequel nous sommes disponibles pour
négocier en tout temps, je pense que les communautés plus
récalcitrantes vont comprendre que c'est de ce
côté-là que réside leur intérêt. Il
faut que le gouvernement fédéral embarque à fond de train
dans notre stratégie, aussi. Là, ils ont accepté que ces
négociations-là se fassent ensemble, que le maître d'oeuvre
des négociations soit le Québec, puis qu'au terme des
négociations on arrive à un régime de soutien financier
partagé, à ces éventuels corps de police autochtones. Mais
ce n'est pas facile. Surtout du côté des communautés
mohawks, nous faisons face à une profonde méfiance. Ils ont des
communautés qui ont été plutôt identifiées,
je dirais, au point de vue anglophone, anglo-canadien. Que de fois on nous
a indiqué «in so many words», comme je pourrais le
dire, aussi brutalement que je peux le dire: Vous autres, vous n'existez pas
à nos yeux. Un petit gouvernement de mineurs, et vous n'existez pas
à nos yeux. On ne peut pas accepter des choses comme ça,
évidemment, mais ça ne veut pas dire qu'on a de la rancoeur pour
tout ça, pas du tout.
M. Dufour: Vous savez, M. le ministre, je trouve que c'est un peu
court, en disant que la violence, c'est juste dans les paroles. Parce que, moi,
je connais très bien notre chef, et je pense que ce n'est pas un homme
violent, au contraire. Je pense qu'on aurait intérêt à le
connaître, si quelqu'un peut penser ça. Mais je dois vous dire que
la violence, c'est dans les actes, c'est dans les gestes, c'est la façon
qu'on se comporte. Pour moi, la violence, actuellement, je la vois dans le
chômage; je la vois dans toutes sortes de taxes qui sont imposées;
je la vois dans les lois qui ne sont pas appliquées; je la vois dans les
augmentations d'amendes qui n'ont pas de bon sens. Tout ça, ça
fait partie de la violence. Moi, je peux vous dire que c'est facile à
identifier, quelqu'un qui est violent en paroles. Mais tous les gestes qu'on
pose, ce n'est pas juste la claque sur la gueule qu'on donne à quelqu'un
qui est violente, c'est souvent le comportement et l'attitude.
Moi, j'en vois beaucoup, de violence, actuellement, dans tous nos
gestes. Je ne suis pas surpris de voir que, de plus en plus, ça va se
répercuter dans la population. On n'a pas fini d'en faire, de ça.
Mais je vous demande ce que vous faites au point de vue du tabac, de l'alcool
et tout ça. Vous me dites: Bien, c'est correct. Je suis bien prêt
à accepter vos explications. Prenez les «Peacekeepers»...
J'avais, des fois, le goût de dire les «pacemakers», mais
c'est les «Peacekeepers». À part de ça, qu'est-ce
qu'ils font, eux autres? Ils sont là, mais est-ce qu'ils empêchent
l'alcool puis toute la contrebande qui peut se faire? C'est quoi, votre
contrôle, là-dessus? Les balles qui se tirent un peu partout,
c'est quoi, notre contrôle, là-dessus?
J'ai déjà eu des contacts avec des gens de
Châ-teauguay; ces gens-là, ils ont peur. Moi, je suis
déjà allé là, et ils m'ont envoyé par un
autre chemin. Je n'avais pas peur pantoute. Peut-être que c'est parce que
je ne connais pas ça trop trop là. Moi, j'étais prêt
à faire face à ça, mais eux autres, ils ne voulaient pas.
Ils voulaient m'envoyer par ailleurs, parce qu'ils disaient: Ça n'a pas
de bon sens, n'allez pas passer sur le pont, c'est dangereux. Je comprends
qu'il y a des choses qui ne sont pas correctes, mais, c'est quoi notre
contrôle? Même si la police est là... si elle n'est pas
active, ou si elle est là juste en apparence, ça ne marche pas!
Est-ce qu'on a des poignées en quelque part? Parce que, vous savez,
prendre le temps... les Indiens, en principe, les autochtones, ils sont
patients. C'est leur nature, ça. Moi, j'ai appris l'histoire, qu'ils
nous ont montrée, là. C'étaient des gens patients, ils
délibéraient longtemps. Ils fumaient la pipe, ils ne fumaient pas
la cigarette, ça durait plus longtemps; ça fait que ça
durait, ça. Ils sont encore patients, à mon point de vue, et si
on ne montre pas plus de fermeté la fermeté, ce n'est pas
de l'agressivité, ça, la fermeté et s'il y a de la
fermeté, avec des actes, un peu, possiblement qu'on est capable de faire
appliquer nos lois. Mais pour le reste du Québec, la population qui,
elle, a l'impression qu'elle est prise en otage un peu à travers tout
ça, elle dit: C'est quoi, les lois? Y a-t-il deux sortes de lois au
Québec? Comment on les applique? Est-ce qu'il y a une volonté
quelconque manifestée là-dedans?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: La réponse est oui. Je l'ai énoncée
là, aussi clairement que je pouvais le faire. Il y a des gens qui ne
lisent pas les journaux... En matière de cigarettes, il y a des
arrestations qui se font pratiquement tous les jours. Il y a des gens qui sont
traduits devant les tribunaux tous les jours. La police ne peut pas forcer
n'importe quelle voiture à ouvrir sa valise pour montrer ce qu'il y a
dedans. Il faut qu'elle ait des raisons sérieuses, des motifs
raisonnables de procéder à une inspection. Nous faisons face
à une jurisprudence, de ce côté-là, qui est
très ferme. Mais il y a un très grand nombre d'arrestations qui
sont faites par la Gendarmerie royale, par la Sûreté du
Québec. Je vous donne juste un exemple, ici. En 1992 là, la
Sûreté a triplé le nombre de saisies. Il est passé
de 224, en 1991, à 682. Le nombre de cartons est passé de 8450
à 14 722. La valeur marchande est trois fois plus élevée,
évidemment. La Gendarmerie en fait beaucoup également.
Là, on se demande comment. Le problème, c'est que vous
amenez ces gens-là devant les tribunaux et, pendant que le tribunal
examine la cause puis condamne la personne à une amende, il y quelqu'un
d'autre qui l'a remplacée tout de suite le lendemain, et ça
recommence. Le surintendant de la Gendarmerie me disait, il y a quelques mois,
qu'à son point de vue il y avait deux solutions.
M. Dufour: Devant les plaintes ou dans les arrestations que vous
avez, est-ce que vous pouvez nous donner les origines des plaintes? Est-ce que
c'est dans des réserves? C'est dans... c'est dans d'autres?
M. Ryan: Regardez. Il y a un très grand nombre
d'opérations qui ont eu lieu dans le territoire qui avoi-sine la
région de Kahnawake. Il y a un commerce actif, également, qui se
pratique, selon mes informations, dans le secteur de Kanesatake. Mais on
m'informe également que 95 %, probablement, des personnes qui
achètent ces cigarettes sont des Blancs.
M. Dufour: Ça, c'est clair.
M. Ryan: Ça fait qu'il y a une connivence, il y a une
complicité qui est un peu typique de ce qu'est notre
société, vous savez.
M. Dufour: Dans les plaintes et les arrestations
qui se font actuellement, qui se sont faites l'an dernier, combien il y
en a qui ont trait au commerce du tabac? Combien il y en a au point de vue de
l'alcool et combien il y en a pour le trafic d'armes? Est-ce qu'il y a des
arrestations ou des enquêtes, actuellement, qui aboutissent à
quelque chose? (17 h 50)
M. Ryan: Peut-être que M. Lavigne peut apporter un
complément de réponse sur ce point-là, parce que je n'ai
pas de statistiques détaillées sur tabac, boisson et autres armes
illégales. Je n'ai pas de statistiques détaillées,
là-dessus, actuellement.
M. Dufour: Même si je n'avais pas la réponse dans
l'immédiat, moi, ça...
M. Ryan: Mais ça, je peux demander qu'on essaie de
colliger des renseignements, puis on vous les fournira volontiers.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Gobé): Je crois comprendre qu'ils
vont être envoyés aux membres de la commission?
M. Ryan: Oui, aux membres de la commission; au secrétariat
de la commission pour communication, hein?
Le Président (M. Gobé): C'est ça.
Exactement. Très bien.
Excusez-moi, M. le député de Viger. Vous avez
terminé avec votre intervention?
M. Dufour: Bien, pour cet élément-là.
Le Président (M. Gobé): D'accord. Alors...
M. Dufour: Peut-être qu'il y a des gens qui veulent
intervenir là-dessus.
Le Président (M. Gobé): ...je vais
reconnaître maintenant le député d'Iberville.
M. le député d'Iberville, vous avez demandé la
parole, vous l'avez.
Je vous reconnaîtrai après, M. le député de
Viger.
M. Lafrance: Je pense que le député de Viger, mon
collègue, a un point qui suit celui qui vient d'être
mentionné. Alors, je lui cède...
Le Président (M. Gobé): Vous ne serez pas sur le
même sujet?
M. Lafrance: Oui, c'est sur le même sujet.
Le Président (M. Gobé): Mais vous, êtes-vous
sur le même sujet?
M. Lafrance: Oui, oui. Je suis sur le même pro- gramme,
mais la réflexion et la question que mon collègue de Viger veut
poser...
Le Président (M. Gobé): Faites-la.
M. Lafrance: ...s'inscrit dans la continuité de ce que le
député, en face, vient de soulever.
Le Président (M. Gobé): O.K., O.K. D'accord.
Solutions possibles pour réduire les
problèmes dans les relations avec les communautés
autochtones
M. Maciocia: C'est ça, parce que le ministre était
en train de dire qu'il y avait deux solutions possibles.
Une voix: Oui.
M. Maciocia: Puis, ils vous ont arrêté, à ce
moment-là. Est-ce qu'on peut connaître ces deux solutions
possibles?
M. Ryan: Selon le surintendant de la Gendarmerie royale, il y
avait d'abord une première solution au plan de la fiscalité,
parce que le fardeau fiscal est 10 fois plus élevé, sur le tabac,
au Québec et au Canada, qu'il ne l'est aux États-Unis. Ça
fait que ça a provoqué une invasion du territoire
québécois, par les cigarettes en provenance illégale des
États-Unis, qui répond à un rapport de forces assez facile
à comprendre. Puis, il disait: Deuxièmement, il faudrait alourdir
considérablement le poids des sanctions, parce qu'il trouvait que les
sanctions n'étaient pas assez fortes pour dissuader les responsables de
recommencer, surtout les gérants de ce trafic. Puis là, j'ai
constaté que le gouvernement fédéral a
déposé ou entend déposer un projet de loi pour augmenter
considérablement la valeur des sanctions. Nous autres, je pense que,
dans la mesure... C'est surtout les lois fédérales qui jouent,
ici, les lois fédérales en matière de tabac, mais nous
avons également nos lois du revenu, au Québec, qui sont
violées par ce trafic. Nous examinons également la
possibilité d'un alourdissement des peines. La question fiscale est une
autre chose. Il appartient au ministre des Finances d'en parler. Je ne veux pas
m'engager là-dedans, aujourd'hui.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le ministre...
M. le député d'Iberville.
M. Lafrance: Oui, M. le Président. M. Ryan, il y a un
jugement qui a été rendu, cette semaine, je pense, concernant des
contraventions. Je pense que c'est dans le domaine de la circulation
routière, des contraventions qui avaient été émises
par les «Peace Makers» sur la réserve, je pense, de
Kahnawake. Le jugement a déclaré, donc, ces contraventions
invalides. J'aimerais savoir si ça peut, selon vous, jouer... en
matière de prévention, si ça peut être significatif
pour la sécurité publique et, en particulier, pour les relations
entre les différents corps de police, dont les «Peace
Makers»?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Les «Peacekeepers»!
M. Lafrance: «Makers», «Speakers»,
«Keepers». Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Le juge Steinberg...
M. Lafrance: On se comprend, de toute façon.
M. Ryan: Le juge Steinberg, de la Cour supérieure, qui est
l'auteur du jugement mentionné dans la question, a conclu que des
personnes ayant reçu un billet de contravention et un ordre accompagnant
ce billet d'aller payer la contravention à Oka, au palais de justice
qu'ils ont, à Oka, que ces personnes étaient justifiées de
ne pas y aller, parce qu'elles avaient peur d'être sujettes à des
actes d'agression en se rendant là. Il a entendu plusieurs
témoins je pense qu'il y avait 28 plaintes qui avaient
été réunies dans cette cause-là puis il a
conclu que les personnes qui avaient décidé de ne pas aller
là, parce qu'elles avaient peur, étaient justifiées
d'avoir peur. Puis, en particulier, un facteur qui a influencé sa
décision, ça a été le conseil que certains des
témoins avaient reçu d'agents de la Sûreté du
Québec, leur disant: C'est mieux de ne pas vous aventurer là, il
peut y avoir des problèmes. Il a dit que c'était un motif
raisonnable de ne pas se présenter. Il a annulé, en
conséquence, les contraventions. Il a ordonné que de nouvelles
contraventions soient émises, pour être l'objet d'un examen au
palais de justice de Longueuil.
C'est ça qu'est le jugement. Il ne s'est pas prononcé sur
le pouvoir des «Peacekeepers» d'émettre des contraventions
sur les routes qui traversent Kahnawake; ceci fait l'objet d'autres causes, qui
sont en instance, si j'ai bien compris. Or, il n'y a pas de décision
prise là-dessus. Il n'a pas examiné cette question, qui
n'était pas soulevée par les parties.
M. Lafrance: Si j'ai bien compris, il a dit que la peur
était justifiée... de ne pas se rendre sur les lieux pour payer
la contravention.
M. Ryan: C'est ça. C'est l'essence du jugement. M.
Lafrance: Merci.
Le Président (M. Gobé): Très bien, merci.
Est-ce que le programme 4 a été adopté? Non? M. le
député de Jonquière, allez-y.
Démarches auprès du gouvernement
fédéral
en vue du versement d'une compensation
au Québec pour les frais policiers
M. Dufour: Je voudrais rappeler qu'en 1973, 1980, le gouvernement
du Québec faisait des représenta- tions auprès du
gouvernement canadien pour obtenir compensation sur les coûts de sa
police, considérant que, dans les autres provinces, à l'exception
de l'Ontario là, le Québec et l'Ontario payaient leur propre
corps de police. En plus, ils participaient aux coûts de la Gendarmerie
royale, et tout ça mis ensemble, ça représentait, pour le
gouvernement du Québec, 1 000 000 000 $, à peu près, de
frais supplémentaires qui étaient occasionnés par cet
état-là.
Il y a eu des représentations, il n'y a pas eu suite. Mais,
là, après, au moment où on se parle, on est à la
recherche de sommes d'argent importantes, où le gouvernement
fédéral se désengage de plus en plus, où les
programmes à frais partagés ont tendance à diminuer.
D'abord, si je vous demande si vous êtes au courant de la revendication,
je pense que ce serait superflu. Mais est-ce que vous avez l'intention de
demander au Solliciteur général du Canada qu'une compensation
soit versée au Québec pour les frais policiers?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Là, pour le moment, mon souci se borne à
obtenir la compensation à laquelle le Québec a droit pour les
dépenses encourues lors de la crise autochtone de 1990. Nous avons
présenté un état de dépenses au gouvernement
fédéral, qui va chercher dans les 130 000 000 $. Sur ce montant,
nous réclamons un remboursement, qui irait chercher au-delà de 75
000 000 $, entre 75 000 000 $ et 80 000 000 $, si ma souvenance est bonne.
Jusqu'à maintenant, on nous a fait part d'un premier versement de 5 000
000 $, puis le reste est encore à clarifier.
M. Dufour: Vous avez peut-être un argument. Si je vous dis
qu'ils ont sauvé ça aux municipalités, elles pourraient
peut-être le payer. C'est encore les municipalités qui paieraient.
En tout cas... d'une façon ou de l'autre, on l'a perdu. Comme le
gouvernement d'Ottawa est en frais de...
M. Ryan: Non non, mais celui-là... Nous continuons de
travailler. J'ajoute seulement que le règlement de ces dossiers prend
beaucoup de temps avec le gouvernement fédéral. On a
réglé des fins de dossiers relatifs à d'autres sinistres
survenus au Québec; des fois, ça prend cinq, six, sept ans
beaucoup trop long.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que l'Ontario, qui subit
à peu près les mêmes avatars que le Québec
concernant le système policier... Est-ce que vous pensez qu'elle
pourrait faire front commun avec le Québec dans cette
question-là? C'est vrai que je n'exclus pas Kahnawake et tout ça;
je pense que c'est élémentaire, c'est un autre dossier. Mais
là, je pense que, vis-à-vis les coûts de la police...
Est-ce que vous pensez que l'Ontario pourrait, parce qu'elle a
déjà été suffisante, parce qu'elle avait les
moyens... mais là, elle n'a plus les moyens?
M. Ryan: Je pense bien que ces questions doivent être
abordées dans le cadre d'une éventuelle révision
générale et fondamentale de tous les aspects financiers et
fiscaux du fédéralisme canadien. Dans l'état actuel des
choses, devant un gouvernement fédéral qui est dans une situation
déficitaire très sérieuse, nour pourrions bien
réclamer, mais actuellement, il cherche à se désengager
des engagements qu'il a déjà. Quand même il voudrait
prendre de nouveaux engagements, il faudrait qu'il augmente la dette pour le
faire. Il nous endetterait en le faisant, ça ne nous aiderait pas
beaucoup.
Ça fait que, là, je trouve qu'il appartient au ministre
des Finances et au premier ministre de déterminer la stratégie.
On ne peut pas demander à chaque ministre individuellement d'aller faire
ses démarches à Ottawa, isolément de l'ensemble du
gouvernement. Ce point-là, que vous avez soulevé, qui est
pertinent, qui fait partie du dossier, doit être inscrit à
l'intérieur de la démarche générale du gouvernement
concernant ces questions-là.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
J'aviserai les membres de cette commission qu'étant donné
l'heure, si nous voulons déborder 18 heures, ça me prend le
consentement des membres de la commission. Est-ce que j'ai consentement pour
déborder?
M. Dufour: Je ne pense pas qu'il y aurait de problème,
puisque notre enveloppe de 5 heures n'est pas complétée.
Le Président (M. Gobé): C'est exact, mais si un des
membres devait refuser le consentement, nous devrions revenir pour 20
minutes.
Une voix: 15 minutes?
Le Président (M. Gobé): Pour 20 minutes. Nous avons
jusqu'à 18 h 20.
Une voix: Pas de problème.
Le Président (M. Gobé): O.K. Alors il y a
consentement?
M. le député de Jonquière. Est-ce que le programme
4 est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gobé): Bon. Le programme
étant adopté, nous passons au programme 5.
M. Dufour: Là, je vous demanderais... Parce que si on
manque de temps, on va les éliminer.
Le Président (M. Gobé): Oui. Y a-t-il un autre
programme?
M. Dufour: À moins qu'il y ait quelqu'un... J'irais au
programme 8. (18 heures)
Le Président (M. Gobé): O.K. Mais est-ce qu'on peut
considérer le programme 5 comme adopté, à ce
moment-là?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gobé): Sous proposition de M. le
député de Jonquière, le programme 5 est adopté?
Est-ce que le programme 6 a été adopté
précédemment?
M. Dufour: Le programme 6, oui, on l'a fait.
Le Président (M. Gobé): Le programme 6, on l'a
fait. Le programme 7?
M. Dufour: Le programme 7, on reviendra si on a du temps.
Le Président (M. Gobé): Alors, on suspend le
programme 7 pour l'instant et on va au programme 8.
M. Dufour: C'est ça, la restructuration.
Le Président (M. Gobé): Qui est intitulé
Sécurité civile.
M. Dufour: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): II y a un
élément... M. le député de Jonquière, vous
avez la parole.
Embauche et gestion des occasionnels à la
Direction générale de la sécurité civile
M. Dufour: À plusieurs reprises, depuis la création
de la Direction générale-de la sécurité civile en
1989, des faits troublants ont été mis en relief. L'an dernier,
la Commission de la fonction publique émettait un jugement
sévère sur le processus d'embauché en cours à cette
Direction. De façon généralisée, l'embauche et la
gestion des occasionnels à la Direction générale de la
sécurité civile ont été effectués en
transgressant les directives en vigueur, et ceci au mépris de
l'égalité d'accès des citoyens et de l'objectif
gouvernemental de faire partager les emplois occasionnels par le plus grand
nombre de personnes. Tels étaient les commentaires de la Commission de
la fonction publique.
Plus récemment, un rapport interne du ministère de la
Sécurité publique indiquait que la Direction de la
sécurité civile traversait une période difficile et
cruciale, que la clientèle était de plus en plus insatisfaite et
qu'il régnait un climat d'incertitude et de méfiance parmi les
employés. D'autres allégations ont été
portées à notre connaissance, faisant état d'abus dans
l'utilisation des ressources de la Sécurité civile, notamment en
ce qui concerne les véhicules d'intervention à des fins
personnelles.
Suite à cette problématique, que le ministre connaît
sûrement, est-ce qu'il a apporté les correctifs qui
s'imposent à la suite du rapport de la Commission de la fonction
publique concernant les faits que je viens de rapporter, c'est-à-dire
l'embauche des occasionnels à la Direction générale de la
sécurité civile?
M. Ryan: M. le Président, comme vous le savez, la
direction administrative du ministère relève du sous-ministre et
de ses collaborateurs, les sous-ministres associés. J'aimerais, dans ce
cas-ci, que M. Michel Noël de Tilly, que nous avons nommé comme
sous-ministre associé à la direction de la Direction
générale de la sécurité civile, apporte les
informations nécessaires pour répondre au député de
Jonquière et, au besoin, on pourra discuter du bien-fondé des
choses qui ont faites ou non faites. Est-ce que ça irait?
M. de Tilly.
M. Noël de Tilly (Michel): Alors, je suis en fonction
à la Sécurité civile depuis le 1er novembre 1992. J'ai eu
l'occasion, avec le sous-ministre, M. Boily, de donner des suites au rapport
qui a été fait par la Commission de la fonction publique sur
toutes les questions relatives à l'embauche des employés
occasionnels. Lorsque le ministère a été saisi du rapport
de la Commission de la fonction publique, il a d'abord régularisé
la dotation d'un certain nombre de postes. Il y avait plusieurs reproches
individuels, en termes d'application des procédures, qui étaient
faits à l'égard de la Direction générale. Et, suite
au rapport de la Commission, les employés occasionnels qui
étaient concernés par ces irrégularités ont vu leur
dossier régularisé par toutes sortes de façons. Ça
dépendait des irrégularités qui étaient
soulevées dans chacun des dossiers.
Le deuxième geste qui a été posé, le
ministère à révisé son système de gestion
d'ensemble des candidatures des employés occasionnels, parce qu'il y
avait un certain nombre de lacunes qui avaient été
également soulevées par la Commission à cet égard.
Alors le ministère a profité de l'occasion pour revoir les
règles de fonctionnement de son fichier, de façon à
s'assurer qu'il soit davantage étanche.
Ensuite, il y a eu, comme vous savez... la Direction de la
sécurité civile a été intégrée au
ministère de la Sécurité publique en 1989 et avec ce qui
était autrefois une partie du ministère de la Justice. Et la
Direction de la protection civile, comme telle, en ce qui a trait aux pratiques
administratives, n'était pas parfaitement intégrée au
ministère de la Sécurité publique, notamment en ce qui a
trait à toute la question des ressources humaines. Alors, il a
été établi, depuis le rapport de la Commission de la
fonction publique, un partage des responsabilités entre la Direction des
ressources humaines du ministère et les gestionnaires de la Direction de
la sécurité civile, de façon à ce que chacun sache
bien quel est son rôle et, surtout, de façon à permettre
à la Direction des ressources humaines du ministère d'assurer un
contrôle adéquat dans l'engagement du personnel à
l'intérieur de la Direction générale de la
sécurité civile.
Ensuite, un autre des gestes qui a été posé a
consisté à faire en sorte que l'on s'assure que les em-
ployés et les gestionnaires, enfin tous ceux qui étaient
concernés par l'embauche des employés occasionnels,
reçoivent une mise à jour de leur formation là-dessus et
sur l'ensemble des règles qui existent à l'intérieur du
gouvernement, de façon à s'assurer que les règles
imposées par le Conseil du trésor en matière de gestion
des employés occasionnels soient bien connues et bien appliquées
par l'ensemble des gestionnaires.
En dernier lieu, il y a eu, également, un transfert
d'employés de la Direction de la sécurité civile à
la Direction des ressources humaines, de façon à donner des
effectifs à la Direction des ressources humaines du ministère
pour permettre à la Direction des ressources humaines du
ministère de mieux supporter et contrôler la Direction de la
sécurité civile dans l'embauche de ses employés
occasionnels.
Alors, c'est l'ensemble des gestes qui ont été
posés suite au rapport de la Commission de la fonction publique. On a eu
l'occasion, depuis ce temps, de faire un rapport à la Commission de la
fonction publique sur la question. Et la Commission de la fonction publique a
confirmé au sous-ministre, M. Boily, que les gestes qui avaient
été posés par le ministère, pour corriger la
situation qui avait été décriée dans le rapport de
la Commission de la fonction publique, étaient des gestes qui
étaient pertinents et qui étaient tout à fait
satisfaisants pour les fins de la Commission de la fonction publique.
Utilisation des véhicules d'intervention
à des fins personnelles
M. Dufour: J'imagine que le climat doit s'être
amélioré à partir de ça. On va se limiter à
cause du temps. À votre connaissance, est-ce qu'il y a des gens qui
peuvent utiliser des véhicules d'intervention à leurs fins
personnelles?
M. Noël de Tilly: II y a eu, semble-t-il, dans le
passé, certaines situations de ce type-là qui ont eu cours
à l'intérieur de la Direction générale et, lorsque
le sous-ministre a été saisi de la question par un rapport
interne du ministère, on a vu à faire en sorte que...
D'abord, l'ensemble des véhicules appartenant à la
Direction générale servent d'abord aux employés des
régions qui sont sur le terrain, qui sont ceux qui sont les premiers
intéressés et concernés par les questions de
véhicules parce que ce sont eux qui, dans la très grande
majorité des cas, ont à faire des interventions sur le terrain.
Alors, parmi les gestes qui ont été posés, on s'est
assuré que, notamment, les véhicules qui étaient au
siège social étaient transférés au niveau des
directions régionales, de façon à ce qu'ils servent aux
opérations de terrain.
La deuxième des choses qu'on s'est assuré de faire
également, c'est qu'on a rappelé à tous les
employés de la Direction générale notamment qu'il y avait
des règles qui existaient de la part du Conseil du trésor sur
cette question et qui touchaient notamment aussi l'utilisation des
véhicules à des fins personnelles et qui
interdisaient l'utilisation des véhicules à des fins
personnelles. Depuis ce temps-là, c'est très clair que cette
pratique-là n'est plus utilisée à l'intérieur de la
Direction générale de la sécurité civile.
Le Président (M. Gobé): Merci, Monsieur.
M. le député d'Iberville, vous avez demandé la
parole. Je vous rappelle qu'il reste, maintenant, 12 minutes et qu'on se doit
de partager le temps un peu équitablement entre les deux formations.
Vous devez être assez brefs dans vos questions pour éviter de
bloquer...
M. Dufour: Je ne peux pas être plus bref que ça.
Une voix: Avez-vous autre chose?
M. Dufour: Pas sur la même chose, mais...
Le Président (M. Gobé): Sur le même sujet,
vous?
Organigramme de la Direction de la
sécurité incendie
M. Dufour: ...je voulais qu'on parle du service d'incendie qui
est aussi sous la responsabilité... Le service d'incendie, qui
était aux Affaires municipales, qui a été
transféré au ministère de la Sécurité
publique, est-ce que vous pourriez nous donner l'organigramme? Par exemple,
combien il y a d'employés là? Quelles sont les actions que vous
proposez? Avant, on avait quelque chose, un projet ou une image très
précise de ce qui se passait et, là, on n'a plus rien. Ça
fait que je ne sais pas, moi, s'il y a une amélioration. Est-ce que vous
donnez de la formation? L'école qui existe à l'extérieur,
qui est de formation pour les pompiers, est-ce que le ministre l'a reconnue? Et
même si vous n'avez pas les réponses à tout, moi, je peux
attendre pour avoir les réponses après, ça ne me
dérange pas.
M. Noël de Tilly: Je peux donner une explication de nature
générale. Comme vous savez, vous parlez de ce qu'on appelait
autrefois la Direction générale de la protection des incendies,
qui était au ministère des Affaires municipales jusqu'en 1989 et
qui, après que le ministère de la Sécurité publique
ait été formé, a été fusionnée
à l'intérieur du ministère dans une direction que l'on
appelle, maintenant, la Direction générale de la
sécurité civile. Alors, la Direction générale de la
protection des incendies, à l'époque, a été
fusionnée avec ce qu'on appelait autrefois le Bureau de la protection
civile et c'a été fusionné dans une nouvelle direction
générale, qui s'appelle maintenant la Direction
générale de la sécurité civile. (18 h 10)
Du côté de la protection incendie, évidemment, c'est
une direction générale qui est chargée d'appliquer deux
lois: il y a d'abord la Loi sur la prévention des incendies; il y a
également la loi sur les catastrophes et les sinistres. Parmi les gestes
concrets que l'on retrouve habituellement, qui viennent de la part de cette
direction-là, maintenant, qu'on appelle maintenant la Direction de la
sécurité incendie, il y a notamment la campagne annuelle de la
prévention des incendies, dont tout le monde, je pense, a entendu parler
et qu'on a vu dans l'ensemble des municipalités du Québec, qui
est quand même un événement assez marquant et important et
qui implique l'ensemble des services d'incendie municipaux, partout sur le
territoire du Québec.
On a également une section d'employés qui s'occupent de
produire à chaque année le rapport d'analyses et de statistiques
sur les incendies où on a eu l'occasion de constater qu'au
Québec...
M. Dufour: Moi, j'ai posé la question, ce n'est pas
nécessairement sur les activités que vous menez, c'est votre
organigramme et combien vous avez de personnes qui s'occupent
spécifiquement de la protection incendie.
M. Noël de Tilly: C'est 25 personnes.
M. Dufour: Par rapport à... Avant, c'était
quoi?
M. Noël de Tilly: Je crois que dans les années
soixante-dix...
M. Dufour: En 1988-1989, là, pas si loin.
M. Noël de Tilly: Là, malheureusement, je ne suis pas
capable de répondre par coeur.
M. Dufour: II me semblait que c'était à peu
près le double, de mémoire.
M. Noël de Tilly: Ce sera peut-être... Sûrement
plus que ça, mais peut-être pas le double. C'est 55 qu'on me
dit.
M. Dufour: Ça ressemble à ça. Vous parlez de
25, vous parlez de 50. C'est le double.
M. Noël de Tilly: Je parlais d'actuellement.
M. Dufour: Est-ce qu'il est possible d'obtenir un organigramme
avec la quantité de personnel à votre service?
M. Noël de Tilly: Oui, monsieur.
M. Ryan: Juste un point là-dessus très bref.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Le principal problème qui nous a
été signalé par les milieux de protection incendie, c'est
le problème de la formation des pompiers auquel trop peu d'attention a
été apportée au cours des dernières années.
Là, il y a un comité qui a été formé au
début de la
présente année d'activité, à l'automne
dernier, qui regroupe des personnes des trois ministères
intéressés, de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur, de la Sécurité publique, des
représentants des associations de pompiers, des chefs de protection
incendie également, des municipalités qui sont en train de mettre
au point des éléments d'un dispositif de formation qui
permettrait à cette profession-là de compter sur une formation de
première qualité au cours des années à venir.
Ça, ça va être la grosse initiative de
l'année 1993, il faut mener ça à bien. Ça, c'est la
grosse demande des milieux d'incendie actuellement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Iberville, il reste sept minutes...
M. Lafrance: Très brièvement. Oui, merci.
Le Président (M. Gobé): ...car je vais prendre une
minute pour adopter les crédits.
Nouveaux mécanismes d'indemnisation
après sinistre
M. Lafrance: M. Ryan, cet après-midi, je vous ai
adressé une question en Chambre concernant une situation
particulière dans mon comté. Un de vos éléments de
réponse, si j'ai bien compris, c'a été de me dire qu'il y
avait maintenant un certain rodage, une certaine procédure qui
était plus rapide à partir de maintenant, pour répondre
aux besoins locaux des populations dans de telles circonstances. Est-ce que je
pourrais avoir un petit peu plus de renseignements à ce stade-ci? Parce
que, de plus en plus, lorsqu'il arrive un sinistre comme ça,
malheureusement il y en a régulièrement, et la population se
cherche un peu et les petites municipalités n'ont pas évidemment
les moyens et même si la Sûreté du Québec que
je veux féliciter d'ailleurs pour son intervention en fin de semaine
réagit, la population des municipalités a besoin d'une
espèce de guide ou d'un bureau peut-être d'opérations, ou
d'un endroit où ils peuvent s'adresser pour avoir des informations.
M. Ryan: Ça, vous allez tout avoir ça.
Déjà, nos bureaux régionaux voient à ce que des
services d'information soient à la disposition de la population, en
collaboration avec les municipalités. Nous autres, nous ne pouvons pas
être partout. Généralement, c'est la municipalité
qui assure ce service-là, mais avec l'assistance de la
Sécurité publique et les organismes comme la Sûreté
du Québec et autres.
Maintenant, dès que le programme aura été
institué par le gouvernement, là le contact va être pris
avec les ménages concernés. Ils sauront à qui s'adresser.
Il y aura des évaluateurs qui seront désignés pour faire
l'estimation des dommages, et les demandes d'indemnisation seront
traitées le plus rapidement possible. On a un bon rodage qui a
été fait. Maintenant, je vous préviens seulement d'une
chose parce que je ne veux pas qu'il existe de malentendu entre nous, c'est
que, jusqu'à maintenant, ont été admissibles à des
indemnisations, les maisons qui servaient de résidences principales et
non pas les maisons qui servaient de résidences secondaires. J'ai cru
constater que, dans votre région, la très grande majorité
des résidences qui ont subi les dégâts de l'inondation sont
des résidences secondaires. Je vous dis juste ça comme
information pour être complet. On pourra en parler, mais je ne voudrais
pas qu'on se quitte sur un malentendu sur ce point-là.
M. Lafrance: D'accord, merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
ministre. C'est tout, M. le député d'Iberville?
M. Lafrance: Oui, merci.
M. Dufour: Je propose qu'on adopte le programme 8, puis j'aurais
une question à poser sur le programme 7.
Le Président (M. Gobé): Bien oui, alors. Donc, le
programme 8 est adopté.
M. le député de Jonquière, en terminant, sur le
programme 7, ce qui nous permettra de l'adopter après, sur votre
proposition, probablement?
Abolition du poste de Procureur
général
et réintégration du ministère de
la Sécurité publique au sein du ministère de la
Justice
M. Dufour: Oui. Le programme 7 concernant l'abolition du poste de
Procureur général et la réintégration du
ministère de la Sécurité publique au sein du
ministère de la Justice.
Vous êtes au courant de la problématique, vous savez ce que
votre collègue de la Justice pense. D'ailleurs, il donne ses
états d'âme dans les journaux. Est-ce que vous partagez, M. le
ministre, l'avis de votre collègue à l'effet qu'une personne non
élue par l'ensemble de la population québécoise devrait
assumer les fonctions d'un Procureur général? Puis, est-ce que
vous pensez que ça devrait être refusionné? Parce que
ça l'était. On l'a défusionné et là, on veut
refusionner.
M. Ryan: Non, je préfère réserver
l'expression de mon opinion sur cette question pour le chef du gouvernement et
mes collègues du gouvernement. Si la question...
Des voix: Ha, ha, ha! M. Dufour: Bon. Enfin...
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que vous
proposez l'adoption du programme 7, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Gobé): Alors, le programme 7
est donc adopté.
S'il vous plaît, une petite minute encore, pour que nous puissions
finaliser. Je vous remercie. Vu que les programmes de 1 à 8 du
ministère de la Sécurité publique ont été
adoptés, la commission a donc effectué son mandat. Je vais donc
maintenant ajourner les travaux sine die. Merci à tout le monde.
M. le ministre, un petit mot en terminant?
Remarques finales M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, si vous me permettiez de dire un petit mot.
Le Président (M. Gobé): Oui, certainement.
M. Ryan: J'apprécierais vivement, M. le Président.
Tout d'abord, pour vous remercier, vous...
Le Président (M. Gobé): Merci.
M. Ryan: ...de la manière impeccable dont vous avez
conduit nos discussions. Nous l'avons tous apprécié, j'en suis
sûr. Je veux remercier mes collègues, également, des deux
côtés de la table, de l'intérêt qu'ils ont
manifesté pour les sujets traités aujourd'hui puis de la
très grande pertinence des questions qui nous ont été
adressées de part et d'autre. J'apprécie particulièrement
les interventions de mes collègues du côté
ministériel, pour des raisons que mon collègue, le
député de Jonquière, comprendra facilement. Dans
l'étude des crédits, nous sommes à la recherche d'un
équilibre qui permettra peut-être une meilleure implication des
députés ministériels, puis je crois qu'aujourd'hui, avec
la compréhension du député de Jonquière aussi, nous
avons eu un exemple de partage d'interventions qui témoigne de
l'intérêt que les députés ministériels
portent à ces questions. Puis, ils sont députés, ils ont
des problèmes autant que ceux de l'Opposition. En tout cas, moi, j'ai
trouvé qu'aujourd'hui là les questions de part et d'autre... Je
pense qu'il n'y a pas eu une question impertinente dans toute la
journée.
Même si je l'avais jugée impertinente, vous m'avez dit que
ça ne comptait pas, plus tôt. Ça fait que c'est
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Et je voudrais surtout, avec votre permission, adresser
des remerciements à ceux qui m'ont accompagné à la table
ici, à ceux et celles qui étaient en arrière
également. Je dois dire qu'il existe un climat de collaboration
magnifique à l'intérieur du ministère de la
Sécurité publique, un climat de relations franches et cordiales
au service du bien général. Je voudrais dire à tous les
collaborateurs, à toutes les collaboratrices ma vive
appréciation.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, MM. les fonctionnaires.
Oui, je vous passe la parole tout de suite? En terminant, je voudrais
vous dire, avant de vous passer la parole, que moi, j'ai cru remarquer, pour
présider plusieurs études de crédits, que le cahier des
crédits, le cahier explicatif que j'ai là, qui a
été soumis aux députés, est certainement le plus
clair, le plus précis et le plus facile à consulter qu'il m'ait
été donné de voir. Et je souhaiterais que les gens qui
l'ont fait puissent en parler à leurs collègues d'autres
ministères pour que cette pratique et ce formulaire se répandent
pour le bon travail des députés.
M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour M. Dufour: Oui, moi, je voudrais dire
aussi...
Le Président (M. Gobé): C'est le président
de la commission qui parle.
M. Dufour: ...qu'avec le temps qu'on consacre pour
préparer l'étude des engagements de crédits pour
l'année, les cinq heures nous semblent nettement insuffisantes.
Le Président (M. Gobé): Oui. On pourrait avoir 10
heures.
M. Dufour: Alors, ça fait deux fois au moins que je fais
cet exercice-là et, pour moi, c'est presque un exercice de frustration
dans le sens qu'on travaille, on essaie de bien se préparer et il y a
beaucoup d'éléments qu'on est obligé de laisser de
côté, et ce n'est pas nécessairement de l'inquisition que
l'Opposition...
En tout cas, à mon point de vue, je ne vois pas mon rôle
comme inquisiteur. C'est surtout un échange, puis voir exactement ce qui
se passe. Et c'est clair que si on avait plus de temps, il n'y aurait pas de
malaise. Je ne sais pas si la commission pourrait se donner un mandat en
quelque part pour dire: Bien, on va aller un petit peu plus en profondeur dans
des dossiers puis fouiller un peu plus, par intérêt. Pas des
mandats de six mois, mais il me semble que les commissions parlementaires, on
n'utilise pas assez ce moyen-là; on pourrait peut-être le faire
avec de petits mandats pour que les députés se sentent plus
impliqués. (18 h 20)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, en
terminant. Oui.
M. Dufour: Quant à moi, je peux vous dire que, par rapport
aux renseignements qu'on a eus, je voudrais vous remercier. Les quelques
questions qui ont été en suspens, comme d'habitude, j'ai
l'impression que ça ne retardera pas. Je voudrais remercier l'ensemble
des fonctionnaires, M. le ministre et tout le monde.
M. Ryan: Je voudrais ajouter ceci...
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre, oui,
en terminant.
M. Ryan: C'est que, moi, j'accueillerai toujours avec
intérêt les mandats d'initiative que voudra entreprendre la
commission à propos de l'un ou l'autre des organismes qui
relèvent de mon autorité et sur l'activité desquelles nous
n'avons pas pu nous étendre beaucoup aujourd'hui. Je voudrais ajouter
aussi que même de manière informelle, si jamais les membres de la
commission étaient intéressés, par exemple, à une
séance d'information avec les autorités de la Sûreté
du Québec ou d'autres secteurs du ministère, ça, ça
peut s'organiser. Ce sont des choses à la réalisation desquelles,
moi, je collaborerai volontiers. Je pense que c'est très important, la
sécurité publique est au coeur de la vie collective. Je pense
qu'on a des personnes qui sont intéressées, pas seulement
prêtes, mais intéressées à rendre compte de ce
qu'elles font dans le souci d'obtenir des réactions qui permettront de
l'améliorer.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
J'ai maintenant reçu avis du leader à l'effet que cette
commission se réunira de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, pour
compléter l'étude des crédits du ministère de la
Justice, le lundi, 3 mai.
Donc, je vais ajourner au lundi 3 mai, 15 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine.
(Fin de la séance à 18 h 22)