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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. LeSage): Le quorum étant
constaté, je déclare ouverte la commission des institutions et je
vous rappelle le mandat que nous avons ce matin, soit celui de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du ministre
délégué des Affaires intergouvernementales canadiennes,
programme 5 du ministre du Conseil exécutif, pour l'année
financière 1993-1994.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bégin (Bellechasse) remplace M. Dauphin (Marquette); M.
Lafrenière (Gatineau) remplace M. Hamel (Sherbrooke) et M. Khelfa
(Richelieu) remplace Mme Pelchat (Va-chon). M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplace M. Trudel (Rouyn-NorandaTémiscamingue).
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
secrétaire.
M. le ministre, pour des remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président.
M. le Président, c'est la septième fois que j'ai le
plaisir de me présenter devant cette commission pour présenter
les crédits du SAIC, et je le fais toujours avec un plaisir
renouvelé. Il me fait particulièrement plaisir, M. le
Président, de me retrouver devant vous et de répondre aux
questions des membres de cette commission sur les activités du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, dans la
dernière année.
M. le Président, vous me permettrez, au début, de
présenter les gens qui m'accompagnent. Tout d'abord, à ma droite,
j'ai le plaisir d'avoir avec moi M. Daniel Beaudet, qui a été
sous-ministre adjoint au SAIC pendant cette dernière année. Il a
été au SAIC, je dois dire, pendant plus de 19 ans. Est-ce que je
ne fais pas erreur, M. Beaudet?
M. Beaudet (Daniel): 20 ans.
M. Rémillard: 20 ans. Alors, je fais erreur. Excusez-moi,
M. le Président, pendant 20 ans. Et ça me permet de rendre
hommage à M. Beaudet, M. le Président, pour le travail
exceptionnel qu'il a fait au SAIC pendant 20 ans. Il a commencé au
niveau des dossiers, l'étude des dossiers, et sa carrière l'a
amené jusqu'aux échelons de sous-ministre adjoint. Je peux vous
dire que ça a toujours été un très grand plaisir de
travailler avec M. Beaudet.
Alors, M. Beaudet a des responsabilités maintenant nouvelles et
des plus importantes. Il est secrétaire adjoint au développement
économique, c'est-à-dire sous-ministre au Conseil
exécutif, en ce qui regarde le développement économique
et, probablement, tout à l'heure, j'aurai l'occasion de parler du
développement économique en ce qui regarde, entre autres, le
rôle des bureaux du Québec partout sur le territoire canadien, M.
le Président, et aussi en ce qui regarde le problème des
barrières entre les provinces, en ce qui regarde différentes
activités économiques entre les provinces. (10 h 10)
Alors, M. Beaudet est un spécialiste de ces questions en plus
d'être notre sous-ministre adjoint, donc, au SAIC pendant cette
dernière année, et je le remercie d'avoir accepté
d'être avec nous pour ces crédits, pour nous permettre de donner
toutes les informations les plus complètes possible aux membres de cette
commission.
J'ai aussi le plaisir, M. le Président, d'accueillir, Me
André Scott. M. Scott est le nouveau sous-ministre adjoint au SAIC.
C'est quelqu'un de votre région, M. le Président, vous qui
êtes le député de Hull, de l'Outaouais. M. Scott, de par sa
formation et de par son expérience professionnelle, a tout ce qui nous
permet de croire être une expérience très pertinente pour
les responsabilités qu'il aura comme sous-ministre adjoint aux Affaires
canadiennes. Il est en poste depuis lundi dernier.
C'est ses premières études de crédit. Alors, on
peut dire qu'il commence sa carrière de sous-ministre adjoint de la
belle façon parce que, M. le Président, il n'y a pas de plus
belle façon de s'impliquer dans un ministère que d'arriver
à l'étude des crédits où il peut faire le tour du
jardin, puisqu'on parle toujours de fleurs, ici, M. le Président, d'une
façon particulièrement éloquente, je dirais, de ce qui se
passe dans un ministère. Donc, je l'accueille avec beaucoup de plaisir.
J'ai eu la chance de connaître M. Scott depuis un bon bout de temps et
j'ai été très heureux qu'il accepte mon offre, notre offre
du gouvernement de venir travailler avec nous au SAIC.
On sait, M. le Président, je le dis rapidement, qu'il y a un
nouveau sous-ministre en titre, donc, un secrétaire
général associé au niveau du SAIC qui est
présentement notre délégué du Québec
à Paris, et nous savons qu'il sera en poste à la fin du mois de
juin. Alors, M. Dufour, André Dufour, qui est notre
délégué à Paris, a accepté, lui aussi, de
relever ce défi de devenir sous-ministre en titre aux Affaires
canadiennes.
M. le Président, j'ai eu l'occasion, depuis le mois de janvier
dernier, de le rencontrer une fois, à Paris, pour lui parler
brièvement de cette idée. Ensuite, on a eu l'occasion d'en
reparler, et le premier ministre était
parfaitement d'accord et a trouvé cette idée
particulièrement intéressante d'avoir M. Dufour, qui a une
expérience gouvernementale tout d'abord importante, puisqu'il a
été sous-ministre, dans les années soixante-dix, au niveau
du ministère de la Justice et à différents
ministères, aussi. Il a été professeur à
l'Université Laval, je dois dire, un professeur qui a publié,
beaucoup publié en matière de droit international et de droit
constitutionnel, des publications qui ont marqué à bien des
niveaux la pensée que nous avons au niveau québécois, au
niveau canadien, des relations internationales et de la situation du
Québec dans la Fédération canadienne.
M. Dufour a été vice-doyen à l'Université
Laval où il a fait un travail remarquable pendant plus de huit ans, si
ma mémoire est bonne, et il a accepté mon invitation,
l'invitation du gouvernement à devenir, donc, sous-ministre en titre aux
Affaires canadiennes. Donc, je me réjouis, M. le Président,
d'avoir ces deux sous-ministres, une équipe qui va diriger
l'équipe que nous avons au niveau du SAIC, une équipe qui fait un
travail remarquable, je peux en témoigner, depuis maintenant plus de
sept ans. J'en profite pour leur rendre hommage et les remercier pour le
travail qu'ils ont fait dans une année qui a été riche en
événements.
Riche en événements, M. le Président, en effet,
puisqu'on sait que, dans la dernière année, 1992-1993, nous avons
vécu une étape, un processus constitutionnel qui a
débuté en 1986, donc, étape qui a été un
référendum au niveau québécois, au niveau canadien.
Nous aurons l'occasion, probablement, d'avoir des questions de cette
commission, M. le Président, je l'espère. Ça nous donnera
l'occasion d'échanger. Je n'insiste donc pas plus dans ces remarques
préliminaires que je veux les plus brèves possible pour qu'on
puisse avoir le plus de temps possible pour répondre aux questions et
discuter ensemble.
Ensuite, une année particulièrement importante pour le
SAIC en ce qui regarde toutes ses relations suivies entre le gouvernement
fédéral et le Québec dans plusieurs dossiers. Nous aurons
l'occasoin aussi d'en reparler, des dossiers sectoriels, des dossiers aussi
comme le développement économique régional. Nous avons eu
l'occasion, dans les dernières semaines, les derniers mois, d'avoir des
relations suivies aussi dans différents secteurs d'activité de
mes collègues en travaillant avec eux, conjointement avec eux, dans des
dossiers qui sont particulièrement importants au niveau des relations
fédérales-provinciales et interprovinciales, puisque les
relations interprovinciales, M. le Président, aussi ont occupé
une place très importante pour nous dans la dernière
année.
Nous avons toujours donné une importance très grande
à nos relations avec les autres provinces. Nous savons que le
Québec est la province qui a le réseau de bureaux à
l'extérieur dans les autres provinces le plus complet parmi toutes les
provinces canadiennes. Nous en avons ouvert un nouveau, comme vous le savez,
à Vancouver, et à Vancouver, c'est un bureau qui est
déjà très actif avec des résultats très
concrets. On pourra en parler tout à l'heure. Nous en avons un à
Edmonton qui fait un travail remarquable depuis plusieurs années. Nous
en avons un bureau, aussi, on le sait, à Toronto, un autre à
Moncton et un bureau à Ottawa.
Alors, M. le Président, ces bureaux sont des plus actifs pour la
promotion des intérêts du Québec avec nos partenaires
à l'intérieur de la Fédération canadienne,
c'est-à-dire les gouvernements des autres provinces et le gouvernement
fédéral. Le bureau d'Ottawa est là pour faire le lien avec
le gouvernement fédéral dans bien des dossiers. Dans ce
contexte-là, M. le Président, nous avons accentué un
aspect de la mission de ces bureaux, la mission économique, en donnant
à ces bureaux une implication spécifique et
particulièrement, je dirais, prononcée si vous me
permettez d'utiliser cette expression en ce qui regarde nos relations
économiques avec les autres provinces.
M. le Président, on a la chance au niveau économique
d'avoir un marché commun canadien. On sait le processus
d'intégration économique qui se poursuit au niveau mondial. On a
parlé de la mondialisation des économies, mais on devrait parler
aussi de la continenta-lisation des économies, puisqu'on connaît,
du côté américain, maintenant, un libre marché
incluant un troisième partenaire, c'est-à-dire le Mexique.
Après les États-Unis, le Mexique est devenu un partenaire de
libre échange avec le Canada.
Nous savons qu'il y a des discussions, pour le moment plus ou moins
formelles, avec le Chili. Des discussions seront probablement aussi
entamées avec le Venezuela, éventuellement. On peut penser que
d'autres pays d'Amérique latine comme l'Argentine, le Brésil,
éventuellement aussi dans un avenir même pas, très,
très, très lointain, pourront se joindre aussi à ce libre
échange, de sorte, M. le Président, qu'on peut croire que,
probablement, au début du siècle prochain, dans quelques
années, dans sept ans à peine, il y aura, au niveau nord et
sud-américain un libre échange qui comprendra la très
grande majorité des pays, du moins les pays les plus significatifs sur
le plan économique. (10 h 20)
C'est dans ce contexte-là, M. le Président, que nous
agissons au niveau québécois, au niveau canadien. J'aurai
l'occasion de souligner, probablement, de par les questions qui nous seront
posées tout à l'heure par les membres de cette commission,
j'aurai l'occasion de souligner de quelle façon le Québec a
été partenaire de ces discussions qui ont abouti à l'ALENA
avec le Mexique et de quelle façon nous continuons à discuter
avec le gouvernement fédéral et nos autres partenaires
fédéraux, soit au niveau des autres provinces, soit au niveau du
gouvernement fédéral, en ce qui regarde, donc, les plans
d'extension du libre marché avec les autres pays d'Amérique
latine, comme je viens de l'évoquer.
Alors, M. le Président, c'est un sujet qui est
particulièrement important, puisqu'il soulève toute la question
de l'intégration économique, il soulève toute la question,
aussi, de l'intégration politique qui, immanquablement, suit, sous une
forme ou sous une autre, l'intégration économique et, aussi, il
fait référence non plus à la mondialisation des
économies, mais à ce que
nous pouvons appeler la continentalisation des économies, ce qui
se passe du côté de l'Europe, ce qui se passe du côté
de l'Amérique, comme je viens de le décrire, ce qui se passe du
côté de l'Asie. Ce n'est pas pour rien qu'on a ouvert ce bureau
à Vancouver pour faire cette relation avec toute l'Asie, le
«Pacific Rim», avec tout ce commerce extrêmement actif qui se
situe au niveau asiatique et où on doit s'inscrire comme province, comme
entité économique.
M. le Président, c'est dans ce contexte-là qu'on doit
être particulièrement vigilant et qu'on doit prendre notre place.
Le rôle du SAIC, par les bureaux, par nos relations
fédérales-provinciales, est justement de travailler en ce sens,
M. le Président, pour qu'on puisse prendre notre place et voir aux
intérêts du Québec. Notre principe est toujours de voir aux
intérêts du Québec, de voir à ce que nous ayons
notre juste part dans la Fédération canadienne, oui, mais aussi
voir à ce que nous soyons bien positionnés à
l'intérieur de la Fédération canadienne pour profiter d'un
marché commun qui existe, qui est là.
On parle de marché commun européen, on parle de
marché commun américain, nord et sud, comme je viens d'en parler,
mais réalisons aussi, M. le Président, que nous avons ce
marché commun canadien qui est notre première
référence économique. Les chiffres sont là pour en
témoigner d'une façon éloquente. Alors, ce marché
commun canadien, il doit être amélioré, M. le
Président. Tous les partenaires sont d'accord pour dire ça. Il y
a, malheureusement, des barrières dans les relations entre les
provinces, barrières au niveau de la circulation des biens, des
capitaux, des services et des personnes. Nous sommes une
fédération. M. le Président, vous venez vous-même de
Hull. On me faisait valoir, dernièrement, qu'il est plus facile pour un
travailleur italien d'aller travailler en France que pour un travailleur
d'Ottawa d'aller travailler à Hull ou pour un travailleur de Hull
d'aller travailler à Ottawa. Est-ce que je me trompe, M. le
Président?
Bon. Alors, voilà des exemples qui sont là et qui nous
amènent à réfléchir. Lorsqu'on parle du travail du
SAIC, M. le Président, c'est à ça qu'on travaille. Pas
toujours facile, mais on considère, M. le Président, que
l'intérêt du Québec premier, c'est de pouvoir donner un
niveau de vie aux Québécois dont nous pouvons être fiers et
continuer de donner ce niveau de vie, prendre notre place dans la
Fédération, en fonction des outils dont nous avons besoin pour
assurer notre spécificité, tant au niveau culturel qu'au niveau
économique, et assurer aussi ce partage des intérêts que
nous avons en commun avec nos autres partenaires fédéraux. Alors,
c'est dans ce contexte-là, M. le Président, que nous avons
travaillé dans la dernière année, en fonction de dossiers,
je suis certain, dont nous aurons l'occasion de discuter, tout à
l'heure.
M. le Président, hier, j'ai eu l'occasion de parler
brièvement en Chambre, à la suite d'une motion qui a
été présentée par mon collègue, le ministre
responsable de la langue, pour souligner un document qui a été
DréDaré Dar la Fédération des communautés
francnnhn- nes et acadienne, un document que nous étudions de
très près, M. le Président, et qui nous intéresse
au plus haut point de par le sujet qu'il aborde et qu'il aborde d'une
façon très franche, je dirais, aussi, très dynamique et
très intéressante pour le gouvernement du Québec. La place
du Québec dans la Fédération se réfère
à des communautés francophones les plus dynamiques, les plus
fortes possible partout sur le territoire canadien. D'ailleurs, nos bureaux
dont je vous parlais, tout à l'heure, M. le Président, qui se
situent dans toutes les régions du Canada, ont pour mandat de travailler
avec nos francophones, pour travailler et pour les aider.
Quand je dis les aider, M. le Président, je voudrais qu'on me
comprenne bien. Il ne s'agit pas de faire de paternalisme ou d'autres
«ismes» qui ne sont pas opportuns dans un dossier pareil. Mais nous
travaillons avec nos partenaires, nos associés francophones, avec eux,
en fonction de leurs désirs, leurs intérêts, en fonction
des intérêts du Québec, et nous sommes convaincus que leurs
documents peuvent certainement apporter des pistes que nous allons
étudier qui pourraient nous permettre d'être plus efficaces.
M. le Président, nous avons eu à prendre des
décisions importantes dans nos relations avec le reste du Canada, mais
aussi avec les francophones partout au Canada, et ces décisions ont
toujours été en fonction des principes que je viens
d'énoncer. Pour nous, il est fondamental que l'on puisse se
référer à des francophones qui ont les outils pour faire
valoir ce qu'ils sont comme partenaires fondateurs de cette
Fédération canadienne. M. le Président, j'étais
aussi, je les ai rencontrés, je rencontrais M. Bisson, hier soir, au
lancement qu'ils ont fait de leur document de réflexion. J'ai eu
l'occasion d'échanger avec lui et avec le directeur
général de la Fédération, et ces échanges
m'ont démontré à quel point nous avons en commun une
même perspective, une même façon de voir les choses. Reste
à voir comment on peut l'articuler, reste à voir quels sont les
moyens les plus efficaces que nous pouvons prendre, et c'est ce que nous allons
étudier, M. le Président, dans les prochaines semaines.
M. le Président, je ne veux pas être plus long parce que je
sais que les membres de cette commission ont beaucoup de questions à me
poser. Je voudrais, en terminant, vous présenter, à ma gauche,
les membres de mon cabinet qui m'accompagnent: Mme Lise Saint-Martin-Tremblay,
qui est ma directrice de cabinet, et M. Jean-Marc Fournier, qui est le
directeur de cabinet adjoint, responsable du dossier des affaires
constitutionnelles et du SAIC. Donc, M. le Président, ce sont des gens
qui travaillent avec moi au niveau du cabinet et qui font un travail
remarquable. Je suis particulièrement heureux, M. le Président,
d'être avec vous aujourd'hui, accompagné de Mme Saint-Martin et de
M. Fournier.
Voilà, M. le Président. Je suis à votre
disposition, à la disposition des membres de cette commission pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Pour des remarques également préliminaires, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, depuis le
référendum du 26 octobre dernier parce qu'il est
peut-être bon de le rappeler, il y a eu un référendum qui a
eu lieu sur un projet d'entente constitutionnelle. Depuis ce temps-là,
il y a une véritable chape de plomb qui s'est abattue sur le dossier
constitutionnel. On a vu se tramer et s'établir ce que j'appelle une
véritable conspiration du silence chez tous les gouvernements
«from coast to coast», mais particulièrement au gouvernement
fédéral et au gouvernement québécois.
On vient d'en avoir la preuve la plus flagrante et la plus
éclatante. M. le ministre vient de faire ses remarques
préliminaires et il a trouvé moyen de ne pas dire un seul mot sur
la question constitutionnelle. Il faut vraiment le faire. C'est ce qu'on
appelle de l'amnésie sélective. Le gouvernement du Québec
semble avoir oublié le rapatriement unilatéral de 1982,
l'injustice qu'il a engendrée, la réduction des pouvoirs de
l'Assemblée nationale, l'urgence de résoudre l'incertitude
constitutionnelle évoquée pourtant avec vigueur et conviction
dans les rapports Allaire et Bélanger-Campeau. (10 h 30)
Tout cela s'est évaporé. L'urgence a disparu. Dans les
mémoires, à tout le moins, dans les esprits, mais pas vraiment
dans les faits, puisque la question constitutionnelle, il n'est peut-être
pas inutile de le rappeler, n'est toujours pas réglée, mais le
gouvernement libéral, qui a mis fin à son flirt nationaliste
à la suite d'une purge efficace dans ses rangs, on l'a vu en fin de
semaine dernière, où les vestiges de l'aile nationaliste n'ont
pas fait vieux os, le gouvernement libéral s'est donc convaincu
lui-même que le statu quo avait quelque chose d'acceptable pour le
Québec. Il faut vraiment le faire!
Désormais, comme avant Meech, il entend défendre le Canada
d'abord, pour reprendre l'expression consacrée de la
vice-première ministre, lors de son discours aux militants
libéraux, dans le cadre du conseil général, pas le
dernier, celui qui a eu lieu en mars. Le statu quo est-il soudainement devenu
vivable, convenable, acceptable? Ça semble être le cas du
côté du gouvernement libéral. Pourtant, tout le monde sait
que le statu quo est toujours inacceptable pour le Québec. Le
régime fédéral n'a pas changé et il continue
d'hypothéquer et de pénaliser toujours le Québec dans son
développement, sauf que la consigne, la consigne du silence, fort bien
respectée, aussi bien à Ottawa qu'à Québec, est
toujours là. C'est qu'il ne faut surtout pas le dire, que le statu quo
est inacceptable.
Il faut se faire illusion en prétendant que Québec et
Ottawa nagent en pleine lune de miel et que le fédéralisme, comme
par magie, est devenu subitement efficace, fonctionnel, respectueux des
intérêts et des aspirations du Québec, ça va bien,
ça marche bien, ça fonctionne bien. Après tant
d'années, pourtant, à vilipender le régime, à
exiger une révision en profondeur, on se demande, finalement, on en
arrive à la conclusion qu'on est en face d'un immense gaspillage
d'énergie, puisque tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes.
En réalité, le fédéralisme dominateur
s'affirme pourtant avec encore la même vigueur, peut-être davantage
même, davantage de force. La dynamique centralisatrice qui est
inhérente à la nature même du régime s'accentue dans
des secteurs de compétence du Québec, tambour battant, sans
vergogne, s'appuyant sur les aspirations du Canada anglais qui souhaite,
probablement de façon légitime, l'action d'un gouvernement
fédéral fort. Ottawa poursuit son offensive dans les secteurs de
l'éducation, de la formation de la main-d'oeuvre, où il entend
assurer son leadership au mépris des compétences et des
responsabilités des provinces dans ce secteur.
Dans le cas de la formation de la main-d'oeuvre, en particulier, Ottawa
est passé à l'attaque, est passé à l'offensive en
mettant sur pied 55 conseils sectoriels chargés de le conseiller sur
l'élaboration et la mise en oeuvre des normes et des objectifs
pancanadiens dans ce secteur névralgique pour le développement de
l'économie québécoise. C'est en opération, c'est en
marche, ça fonctionne. À cela s'ajoute le refus
systématique d'Ottawa de négocier le transfert de la plus petite
parcelle de ses responsabilités en matière de main-d'oeuvre au
Québec. Résultat, c'est que le fouillis perdure, continue, les
chevauchements et les dédoublements aussi, ce qui implique, pour ce seul
secteur, 275 000 000 $ par année en pur gaspillage de fonds publics, et
c'est tiré d'un mémoire de M. Bourbeau au Conseil des ministres
qui en a fait l'évaluation: 275 000 000 $ de gaspillage de fonds
publics.
Il s'agit là, convenons-en, d'un cas pathétique de
fédéralisme inefficace. M. Bourbeau, ministre de la
Main-d'oeuvre, pleurniche, se lamente, trépigne d'impatience; Valcourt,
le matamore, l'envoie paître, le rabroue, l'humilie. Pitoyable! La saga
de guichet unique en matière de main-d'oeuvre est d'une tristesse
à faire pleurer des pierres. Dans un récent document
intitulé: «Federal Learning Strategy» quel accent!
n'est-ce pas? Ottawa confirme sa volonté de devenir un acteur de
premier plan en éducation et en formation de la main-d'oeuvre. Le
gouvernement fédéral se propose même de rendre ses
transferts aux provinces conditionnels au respect de ses normes et de ses
objectifs pancanadiens qu'il aura lui-même déterminés.
Face à cette offensive, le Québec se contente passivement
de regarder ailleurs, en sifflotant. Que l'on ne vienne surtout pas
prétendre qu'un changement imminent des acteurs décisionnels
fédéraux viendra changer quoi que ce soit à cette
offensive et à cette dynamique centralisatrice d'Ottawa. Les
interventions récentes de Jean Chrétien, de Jean Charest ainsi
que le mutisme de Kim Campbell ne laissent poindre aucun espoir de
décentralisation du régime. La position de Jean Chrétien
n'a pas changé là-dessus, elle est très claire, alors que
Jean Charest estime, pour sa part, que l'éducation, la formation de la
main-d'oeuvre et le décrochage scolaire
des jeunes sont des enjeux nationaux qui doivent faire l'objet de
stratégies et d'un leadership national dans son esprit,
évidemment, pancanadien.
Comme Jean Charest l'a si bien dit, les objectifs canadiens doivent
primer: enjeux nationaux, d'abord, compétences provinciales, ensuite.
C'est une déclaration on ne peut plus claire qui démontre
l'attrait irrésistible qu'exerce la dynamique centralisatrice du
régime sur les acteurs politiques fédéraux. Il n'y a pas
de changement à l'horizon, par conséquent, quelle que soit la
personne qui va se retrouver à la tête du gouvernement
fédéral dans les prochains mois.
De même, le régime fédéral est toujours aussi
inéquitable à l'endroit du Québec. Comme le soulignait le
rapport de la commission Bélanger-Campeau, le Québec n'a jamais
obtenu, depuis plus de 30 ans, une part des dépenses
fédérales correspondant à son poids démographique.
Je rappelle les principales conclusions de la commission à cet
égard, on a tendance à l'oublier. Le niveau des dépenses
créatrices d'emplois y est largement inférieur à la
moyenne nationale. Il y a sous-représentation du Québec dans les
dépenses en recherche et développement. au total, la part des
dépenses fédérales effectuée au québec a
été systématiquement inférieure à son poids
démographique depuis 1961, à l'exception des années 1978
et 1980 à 1983. l'avantage du québec en matière de
transferts au gouvernement est plus que compensé par une
sous-représentation au chapitre des subventions aux entreprises et
surtout au chapitre des dépenses en biens et services pour lesquelles le
québec reçoit une part largement inférieure à sa
part de population. depuis 1985, le québec n'a obtenu, en moyenne, que
16 % des contrats fédéraux de recherche et développement,
pendant que l'ontario s'accaparait au moins 50 % des contrats d'ottawa.
Toujours dans le domaine de la recherche et du développement,
selon une analyse du Conseil québécois de la recherche et du
développement transport, chargé de conseiller le ministre des
Transports, la part québécoise des contrats de recherche et
développement accordée par Transports Canada est en
régression depuis 1985. De 1985 à 1992, le Québec a
dû se contenter de 16 % de ces contrats comparativement à 53 %
pour l'Ontario.
Dans le cas des achats des biens et services effectués entre 1981
et 1992 par le gouvernement fédéral et je vous signale que
le plus gros acheteur au Canada, c'est le gouvernement fédéral
le Québec n'a obtenu que 17 % de ces achats pour une valeur de 1
400 000 000 $, soit 4 fois moins que l'Ontario avec 4 800 000 000 $, soit 56 %
des achats fédéraux.
En matière de développement régional, Ottawa
investit toujours davantage dans l'Ouest et dans les Maritimes. En 1993-1994,
c'est 317 000 000 $ qu'Ottawa va investir dans les Maritimes et 282 000 000 $
dans l'Ouest, alors que le Québec ne recevra que 231 000 000$.
Au chapitre des transferts fédéraux, on sait que le
Québec est lourdement pénalisé. Depuis 1982, le
Qué- bec subit un manque à gagner de 8 500 000 000 $ au seul
chapitre du financement des programmes établis de santé et
d'éducation postsecondaire, dont 1 800 000 000 $ pour 1993. depuis 1984,
les transferts fédéraux ont augmenté plus rapidement dans
les provinces mieux nanties que dans les provinces moins bien nanties, dont le
québec. pour la période 1984-1990, les transferts
fédéraux ont augmenté de 7,1 % en ontario par rapport
à 4 % seulement pour le québec. la part des transferts
fédéraux dans les revenus budgétaires du québec est
en chute libre, passant de 25,9 %, en 1985-1986, à 21,6 %, en 1992-1993,
et à 15,9 %, en 1997-1998.
En février dernier, Ottawa ajoutait l'insulte à l'injure
dans le lourd contentieux Québec-Ottawa dans le dossier des transferts
fédéraux en réclamant 230 000 000 $ pour de
présumées sommes versées en trop depuis 1991 en cette
matière. Il faut en conclure que le Québec s'est
avéré impuissant à enrayer le désengagement
d'Ottawa en matière de transferts fédéraux, de même
qu'à corriger l'iniquité d'un système qui favorise les
provinces mieux nanties comme l'Ontario au détriment du Québec.
Bref, en matière de négociations des arrangements fiscaux,
drôle d'expression, le Québec s'est fait royalement arrangé
par Ottawa. (10 h 40)
Toujours dans la stratégie de conspiration du silence, le
Québec joue à l'amnésique en matière
constitutionnelle, comme si le référendum du 26 octobre dernier
n'avait jamais eu lieu. Or, ce référendum a bel et bien eu lieu.
Il s'est traduit par un nouvel échec cuisant pour le ministre et son
gouvernement. Le ministre doit reconnaître que les deux dernières
tentatives de réforme constitutionnelle que son gouvernement et lui ont
tenté de mener à terme, sur la base des exigences les plus
faibles formulées par le gouvernement québécois en
matière constitutionnelle depuis plus de 30 ans, se sont soldées
par un échec. Meech et Charlottetown ont été
rejetés par le Québec, mais aussi par le Canada anglais.
L'injustice de 1982 n'a toujours pas été corrigée. Le
statu quo est toujours aussi inacceptable, et l'incertitude constitutionnelle
perdure toujours.
Que font le ministre et le gouvernement? Devenu un Canadien errant, le
ministre se laisse aller à ses rêveries d'un promeneur solitaire
et fabule carrément en s'imaginant que les négociations
constitutionnelles vont bientôt reprendre. Bref, pour reprendre sa propre
expression, l'évolution évolue. Sa volonté de reprendre
les négociations évoquées lors de la reprise des travaux
de l'Assemblée, en mars dernier, lui a valu d'être
ridiculisé «from coast to coast». Le premier ministre de
l'Ontario, Bob Rae, a clairement indiqué qu'il n'entendait pas
participer au «remake» d'un vieux film.
Résigné au statu quo et retrouvant sa position attentiste,
le gouvernement du Québec a déjà oublié le rapport
Allaire et celui de la commission Bélanger-Campeau. J'aimerais citer,
pour mémoire, un extrait du rapport de Bélanger-Campeau, et je
cite: Pour briser l'impasse et redéfinir son statut politique et
constitutionnel, le Québec ne peut emprunter que deux voies. Dans
une première voie, le Québec tenterait d'obtenir qu'une
redéfinition de son statut soit acceptée dans le cadre
constitutionnel de la Fédération canadienne. Cette voie suppose
que son intégration au système politique canadien soit maintenue,
mais profondément réaménagée. Une seconde voie de
solution consisterait pour le Québec à se retirer du cadre
constitutionnel de la Fédération canadienne, avec ou sans
l'accord des autres parties du Canada, en vue d'accéder à la
pleine souveraineté politique et de devenir un État
indépendant de l'État canadien ouvert à
l'établissement de liens économiques avec ce dernier. Fin de la
citation.
Les échecs de Meech et de Charlottetown ont sonné le glas
de la première voie mise de l'avant par le rapport de la commission
Bélanger-Campeau. La révision en profondeur du régime
fédéral canadien n'est pas possible, en raison du choc des
visions. La démonstration est faite et la preuve est complète: le
régime est carrément irréformable. La vision du Canada
anglais continuera de prévaloir sur celle du Québec. Cette voie
de solution est donc irrémédiablement bouchée,
colmatée; c'est une voie sans issue.
Le gouvernement du Québec, complice servile de la conspiration
actuelle du silence, refuse de l'admettre. Il préfère bercer
l'opinion publique d'illusions, en laissant entendre que, tôt ou tard,
les négociations constitutionnelles vont reprendre et que cette nouvelle
dernière chance de réforme sera la bonne. Grossier mensonge et
duperie. Le Canada anglais s'accommode fort bien, lui, du statu quo. La
Constitution de 1982 lui a procuré les moyens de se forger une
identité nationale fondée sur un gouvernement central fort et
d'une charte des droits assurant l'égalité des provinces entre
elles. Dans un tel cadre, il n'est pas question d'un statut ou de pouvoirs
particuliers pour le Québec.
Par son non référendaire, le Canada anglais a voulu mettre
fin à l'échéancier artificiel que lui a imposé le
Québec avec la loi 150. Pour lui, le dossier constitutionnel est
entré en état de profonde hibernation. Prenant acte de cette
réalité implacable tout en refusant de l'admettre publiquement,
le Québec a choisi la voie de la résignation tranquille et de
l'avachissement complaisant et fataliste en se faisant le complice d'Ottawa
dans l'actuelle conspiration du silence. Or, le statu quo est toujours aussi
inacceptable pour le Québec. Le régime fédéral
fonctionne toujours aussi mal, et le Québec subit une situation
inéquitable à l'intérieur de ce régime, dans une
foule de dossiers étroitement liés à son
développement comme société.
M. le Président je conclus là-dessus quand
la politique d'un gouvernement consiste à sombrer dans l'amnésie
pour oublier ses échecs et le caractère irréformable du
régime, et consiste également à déraper dans la
pensée magique pour se faire accroire que le système est devenu
soudainement paradisiaque, le temps est venu pour lui de quitter la place,
puisqu'il est devenu, à mon point de vue, nuisible à la
société québécoise.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. le ministre, vous voulez commenter les remarques
préliminaires...
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. LeSage): ...du député
de...
M. Brassard: ...peut-être, aussi, saluer quand même
les fonctionnaires du SAIC.
Le Président (M. LeSage): Allez-y, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je voulais les saluer, tout simplement, tout en
prenant note qu'il y a plusieurs visages nouveaux, comme par hasard.
Le Président (M. LeSage): Alors, merci. M. le
ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, il y a plusieurs
visages qui sont ici, avec moi, depuis aussi sept ans.
M. Brassard: Et qui vont vous quitter. M. Beau-det va vous
quitter.
M. Rémillard: II y a M. Beaudet, il y a toute une
équipe exceptionnelle qui est ici, à qui je rends hommage, aussi.
Je ne nommerai personne. Il faudrait que je les nomme les uns après les
autres, mais je peux vous dire que ces gens-là, vous n'avez pas beaucoup
de mémoire, si vous dites: Ces gens-là... Parce que vous aussi,
ça fait votre huitième séance des crédits que vous
faites avec moi. Est-ce que c'est ça?
Une voix: ...
M. Rémillard: Est-ce que je me trompe? Alors, vous devez
avoir bien mauvaise mémoire, parce que ces gens-là sont venus
chaque année. Ce n'est pas leur rendre hommage que de ne pas se souvenir
d'eux.
Une voix: Oui.
M. Rémillard: Vous auriez peut-être mieux fait de
vous taire là-dessus comme sur d'autres points. D'ailleurs, M. le
Président, j'ai entendu les commentaires du député de
Lac-Saint-Jean et je suis un peu surpris. Je n'ai entendu rien, pas un seul mot
sur le nouveau document «Le Québec dans un monde nouveau».
Disneyland. Pas un mot. On va en parler, par exemple, tout à l'heure,
parce que ça, tout à l'heure, lorsqu'on parle d'amnésie,
M. le Président, qu'est-ce que ça signifie, l'amnésie?
À un moment donné, il faut quand même qu'on puisse discuter
avec les choses qui sont nos instruments de discussion. Pas un mot. Pas un mot
sur le document. Moi, je vais avoir des questions à poser,
aussi, au député de Lac-Saint-Jean sur ce
document-là.
M. le Président, j'ai été extrêmement
surpris. Dès le début de ses remarques, le député
de Lac-Saint-Jean me dit: Conspiration du silence. M. le Président, la
conspiration du silence n'est pas de notre côté. Tout simplement
vous rappeler quelques petits faits.
Tout d'abord, il y a eu un référendum. J'en prends bonne
note.
M. Brassard: Vous vous en rappelez, là?
M. Rémillard: J'en prends bonne note. Et je dis: Nous
tournons la page. C'était une étape. Je l'ai dit dans mes notes.
Nous tournons la page, mais on garde le même livre. Et le même
livre, c'est Québec d'abord dans une Fédération canadienne
qui est forte, qui fait sa place au Québec, qui permet de s'exprimer et
une Fédération qui a les outils, aussi, de s'exprimer sur la
scène internationale. C'est ça, notre livre à nous.
Une voix: C'est ça.
M. Rémillard: Alors, je vais vous dire, le livre, il n'est
pas terminé. Il y a une page de tournée, il y en a une autre page
qui va arriver avec des élections dans un avenir quand même pas
très, très, très lointain. On verra cette page-là,
à ce moment-là, comment on la lira, à ce
moment-là.
M. Brassard: Serez-vous de la partie? M. Rémillard:
Mais, M. le Président... M. Brassard: Serez-vous de la
partie?
M. Rémillard: .. .je veux simplement vous donner d'autres
informations. On parle de conspiration du silence. Oui, je serai de la
partie.
M. Brassard: À l'élection, vous serez de la
partie?
M. Rémillard: Oui. Je serai là, aux
élections. Je serai là, aux élections, M. le
Président, dans le comté de Jean-Talon. D'ailleurs, vous avez
bien des problèmes pour me trouver quelqu'un pour m'affronter dans
Jean-Talon...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...je vais vous dire. Je regardais les
découpures de journaux, M. le Président. Dans Jean-Talon...
Attendez que je vous montre ça. Ça vaut la peine.
M. Brassard: Ne soyez pas inquiet. Vous aurez un adversaire.
M. Rémillard: Ah non! Non, non.
M. Brassard: Ne soyez pas inquiet. Vous allez en avoir un.
Des voix: ...
M. Rémillard: Alors, dans le... Ah! tiens, elle est ici.
Elle s'en vient, M. le Président. C'est un document
particulièrement important. Dans Jean-Talon, ils ont avorté
à trois reprises, je pense, vous me corrigerez, leur séance pour
nommer un responsable. Alors, à trois reprises... Est-ce que,
finalement, vous avez trouvé quelqu'un?
M. Brassard: On trouvera quelqu'un.
M. Rémillard: Ah oui, vous allez trouver quelqu'un?
Connaissez-vous le nom...
M. Brassard: Soyez sans inquiétude, vous ne serez pas
élu par acclamation.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Tiens! Le PQ reporte l'assemblée
d'investiture dans Jean-Talon. Aïe! M. le Président. Je veux dire,
ça va mal. Alors, je comprends la question quand il me dit... le
député de Lac-Saint-Jean me dit: Allez-vous être des
prochaines élections? Je comprends toute son inquiétude. Je lui
dis: Moi, je vais être là. Mais...
M. Brassard: À quel poste?
M. Rémillard: Je vais être là comme le
poste...
Une voix: Candidat libéral.
M. Rémillard: ...comme membre d'un parti dont je suis
particulièrement fier, le Parti libéral du Québec. Je vais
être là. M. le Président. Est-ce que le
député de Lac-Saint-Jean va être là, aussi, et
à quel titre il va être là? Parce que quand je parle, M. le
Président, j'entendais la conspiration du silence. (10 h 50)
Le député de Lac-Saint-Jean va se souvenir, pendant le
référendum, qu'on a eu un échange, lui et moi, à
l'émission «Le Point», un soir. Une fois. Puis, ensuite,
pouf! La poudre magique. Il a parlé de magique, tout à l'heure,
la poudre magique. Il a disparu. Je ne l'ai pas revu. Quelques semaines
après, on devait avoir un débat ensemble, à
Trois-Rivières. Je me suis rendu à Trois-Rivières,
à la Chambre de commerce de Trois-Rivières. Je me suis rendu
là. Le député de Lac-Saint-Jean ne s'est même pas
rendu, tellement que le président de l'assemblée, M. Brunet, qui
était l'éditeur du Nouvelliste, qui a
déploré l'absence du député de Lac-Saint-Jean, les
gens de la Chambre de commerce. Alors, on me dit: la conspiration du silence,
M. le Président. Moi, au référendum, j'ai
été là. J'ai défendu les intérêts du
Québec que je voyais dans l'entente de Charlottetown.
Je tourne la page, comme je vous dis, mais je garde mon livre ouvert. Je
continue à lire dans ce livre-là. Quand vous parlez de
conspiration du silence, c'est de vous qu'on devrait parler. C'est de vous, de
par votre conduite pendant le référendum. On ne vous a pas vu. On
ne vous a pas vu.
M. Brassard: Bah, je regrette!
M. Rémillard: On ne vous a pas vu. Moi, je vous
cherchais.
M. Brassard: Je vous ai cherché longtemps aussi. Je vous
ai cherché longtemps aussi, vous.
M. Rémillard: Vous ne vous êtes pas aperçu
que je vous cherchais? Mais je vous cherchais partout. Je me disais: Où
il est, mon ami du Lac-Saint-Jean? Parti! Pouf! Envolé! Hein,
conspiration du silence!
M. le Président, on dit: Oubliez le rapatriement. Ils font comme
s'ils avaient oublié le rapatriement en 1982. Ne vous en faites pas. Je
ne l'ai pas oublié. C'est vous qui avez oublié. Vous voulez
oublier l'amnésie sélective dont vous parlez. Vous avez
oublié qu'à un moment donné il s'est passé quelque
chose en 1981-1982, le droit de veto qui a été vendu pour moins
qu'un plat de lentilles, le principe de l'égalité des provinces
que vous avez accepté, hein?
M. Brassard: Fuite en avant.
M. Rémillard: Vous avez fait une belle fuite en avant!
M. Brassard: C'est ce que vous faites.
M. Rémillard: Vous avez pelleté la neige dans notre
cour. On a été pris, ensuite...
M. Brassard: C'est ce que vous êtes en train de faire,
là, une fuite en avant.
M. Rémillard: M. le Président, on a
été pris, ensuite, pour réparer ces pots cassés,
et, M. le Président, s'il y a deux sujets qui nous ont causé
problème dans toutes les négociations constitutionnelles qu'on a
eues, depuis 1986: droit de veto, principe de l'égalité, bien, on
a eu ça dans les jambes, M. le Président, on a eu ça dans
les jambes du début à la fin, essayer de réparer des
erreurs qu'ils ont faites. Puis il vient me dire comme ça, M. le
Président, le député de Lac-Saint-Jean vient me dire: Vous
avez oublié 1982. Non, M. le Président. On ne l'a pas
oublié, 1982. Je suis mal placé pour dire que j'ai oublié
1982.
J'entendais aussi parler de purge. Il y aurait eu une purge au Parti
libéral. Oh, M. le Président, parler de purge au Parti
libéral. Souvenons-nous...
M. Brassard: II y en a eu une, purge, au SAIC, aussi.
M. Rémillard: Encore une question d'amnésie
sélective...
Le Président (M. LeSage): Si vous le permettez,
j'aimerais...
M. Rémillard: ...amnésie sélective, M. le
Président. ..
Le Président (M. LeSage): ...M. le député de
Lac-Saint-Jean que... D'abord, je pense que vous avez remarqué que,
lorsque vous avez eu la parole, personne dans cette enceinte ne vous a
interrompu. M. le ministre a maintenant la parole. J'apprécierais qu'on
le laisse également s'exprimer comme on vous a laissé vous
exprimer, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Rémillard: Mais où était-il... Merci, M.
le Président. Où était-il, le député de
Lac-Saint-Jean, au moment de cette grande purge péquiste de
l'époque? Où était-il? Il était du bon
côté, du côté des risqueux, le beau risque. Ah! il
veut parler de purge, M. le Président? Il n'y a pas eu de purge de notre
côté. Il y a eu des gens qui ont eu des opinions, qui se sont
exprimés et qui s'expriment encore, et je ne vois pas pourquoi un parti
politique n'aurait pas cette possibilité d'exprimer toutes les
opinions.
D'ailleurs, je serais curieux de savoir, M. le Président, face
aux interventions que je considère, moi, comme courageuses du jeune
député de Gouin contre l'intégrisme dans son parti,
où se situe le député de Lac-Saint-Jean? C'est
drôle. Encore conspiration du silence, M. le Président. Pas un
mot. L'avez-vous entendu parler, vous, le député de
Lac-Saint-Jean, dans cette bataille que mène le député de
Gouin? Courageux, M. le Président, parce qu'il n'y a pas grand monde qui
se sont levés contre l'intégrisme, puis dire avec le
député de Gouin: C'est vrai qu'on doit pouvoir se battre et le
dire ouvertement dans notre parti. Il s'est fait rabrouer par son chef, mais je
n'ai pas entendu parler, moi, du député de Lac-Saint-Jean.
Conspiration du silence.
Que le député de Lac-Saint-Jean dise à cette
commission, M. le Président: Combien de questions m'a-t-il posées
en Chambre depuis le référendum? Combien? Je vais lui laisser,
tout à l'heure, le soin, M. le Président, de répondre
à ma question. Combien de questions m'a-t-il posées en Chambre?
La conspiration du silence.
Imaginez-vous! M. le Président, il parle d'un Canadien errant, se
référant à mon humble personne. Ceux qui sont errants, M.
le Président, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus le chef de
l'Opposition qui est allé faire un voyage en France. M. le
Président, moi, personnellement, comme Québécois,
là oubliez mon rôle de ministre je me suis senti
humilié, se faire dire par M. Rocard, maintenant secrétaire du
Parti socialiste et futur candidat probable aux élections
présidentielles, se faire dire que les Québécois sont
assez matures pour s'occuper eux-mêmes de leurs affaires. M. le
Président, ouf! c'est dur, ça! Le chef de l'Opposition qui se
fait dire ça. Pan, comme ça! M. Rocard, ce n'est pas n'im-
porte qui, M. Rocard, c'est quelqu'un, M. le Président. C'est
pour tous les Québécois... à un moment donné, on a
notre fierté.
S'il y a une caractéristique, M. le Président, du peuple
québécois, c'est la fierté, la détermination. On
n'aime pas voir nos gens comme ça, nos chefs politiques se retrouver sur
la scène internationale, et puis se faire rabrouer, pas par n'importe
qui, M. le Président; M. Rocard, ce n'est pas n'importe qui, ça.
Il est bien connu par le Parti québécois. M. le Président,
je me suis senti, moi, comme Québécois, touché, pas par
les propos de M. Rocard, qui étaient fort justes, mais par cette
espèce de sentiment qu'on avait de voir le chef de l'Opposition, en
France, en train de rencontrer Pétat-major français.
Imaginez-vous que c'était beau, ça, Fétat-major
français. On va en reparler, tout à l'heure, des
garde-champêtres qu'on pourra organiser.
Mais, M. le Président, moi, quand je vois, quand j'entends, je le
vois aussi, c'est toujours un plaisir, mais je l'entends, le
député de Lac-Saint-Jean qui me fait ces commentaires, je vous
dis, il faut...
J'arrête là, M. le Président. J'arrête
là parce que je vais répondre aux questions.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? M. le
député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Oui, M. le Président, je ne pourrai pas
laisser sans faire quelques commentaires avant le début des
questions.
Tantôt, le député de Lac-Saint-Jean, il reprochait
au ministre de n'avoir pas soufflé mot sur la question
constitutionnelle. M. le Président, on se rappellera que, le 24 novembre
dernier, la session de l'Assemblée nationale a repris, le 24 novembre
dernier, et Dieu sait si c'était le moment de poser des questions,
justement, sur la question constitutionnelle. Un référendum
venait de passer. Un référendum venait tout juste de passer.
Puis, pourtant, le député de Lac-Saint-Jean, il n'a pas
posé une question en Chambre au ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes. On se rappellera que, pendant des semaines,
il n'a pas posé une question au ministre. Dieu sait que c'était
le moment de poser des questions. Le référendum venait de
terminer. Il avait probablement des raisons pour lesquelles il n'a pas
posé de questions. C'est probablement à lui de le savoir.
M. le Président, on se rappellera, est-ce qu'il y avait vraiment
des raisons pour lesquelles il n'a pas posé de questions? On se
rappellera qu'à un certain moment le député de
Lac-Saint-Jean était au courant de certaines conversations, quelques
jours... 4 à 5 jours avant que ces informations-là soient
publiées dans les journaux du Québec, il n'a jamais
répondu à ces questions-là. On attend encore des
réponses. La population attend encore des réponses du
député de Lac-Saint-Jean.
Comment se fait-il qu'il était au courant de certaines
conversations, avant même que d'autres personnes le sachent? Est-ce le
moment, probablement, pour faire certaines confessions? On l'espère. On
est en commission parlementaire et on espère vraiment que le
député de Lac-Saint-Jean ait le courage de nous dire exactement
pourquoi il le savait et qui, probablement, l'avait mis au courant. M. le
Président, il ne l'a jamais fait. Il n'a jamais eu le courage de le
faire. Puis, quand il parle de purges au Parti libéral, M. le
Président, il est bien mal placé pour le faire.
On se rappellera, en 1984, ce qui est arrivé avec le Parti
québécois. On était là ensemble; j'étais
là, moi aussi. Quand M. René Lévesque... on pouvait
être d'accord et pas d'accord avec ses opinions, avec ses
allégeances politiques, sa façon de procéder, mais,
pourtant, il avait pris la décision de courir le beau risque. On se
rappellera, M. le Président, qu'il y a eu au-delà de 7, 8
ministres du cabinet de René Lévesque qui ont quitté le
Conseil des ministres, qui l'ont poignardé en arrière et, parmi
ces 7, 8 ministres, il y a le chef de l'Opposition actuel, Jacques Parizeau,
qui était ministre des Finances. Il a quitté le cabinet et il l'a
poignardé d'une façon, je dirais, quasiment épouvantable,
l'ancien premier ministre du Québec, René Lévesque, et
ça a été probablement une des causes pour lesquelles il a
dû abandonner probablement la politique. (11 heures)
M. le Président, il est très mal placé pour nous
reprocher ça, sur la question de purges et sur la question de
l'honnêteté et de la sincérité, de nous dire
exactement et d'une manière claire et concrète des choses qui se
sont passées.
M. le Président, je voulais faire ces remaques-là parce
que le député de Lac-Saint-Jean, il est très bien au
courant, puis on attend encore des réponses de sa part. J'espère
que l'occasion de la commission parlementaire sera l'occasion idéale
pour qu'il nous donne certaines réponses qu'il devait nous donner en
Chambre.
Merci.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Viger.
M. le député d'Orford, vous vouliez également
intervenir?
M. Robert Benoit
M. Benoit: Oui, quelques remarques, M. le Président.
Je veux saluer le député de Lac-Saint-Jean avec qui j'ai
eu le plaisir de passer trois ans sur les trois commissions constitutionnelles.
J'avais presque l'impression de me retrouver à Bélanger-Campeau,
ce matin, assis devant le député de Lac-Saint-Jean.
Il y a quelque chose qui m'a un peu fatigué: c'est les mots
«conspiration du silence». Et, pour être membre d'un
gouvernement où, je pense, on a été tellement ouvert sur
tous les aspects... Trois commissions constitutionnelles, ça ne s'est
jamais vu dans l'histoire du
Québec. La plus grande commission. Il n'y a jamais eu autant de
communications sur tous les aspects. Et moi, je veux rappeler au
député de Lac-Saint-Jean que, s'il y a eu conspiration du
silence, moi, je vais vous en parler, c'a été sur le projet du
rapport de la souveraineté où j'ai essayé, pendant tout le
référendum, d'inviter ces gens-là à nous en parler,
du projet de rapport sur la souveraineté, où on parlait de tous
les aspects économiques de la souveraineté du Québec.
Et, moi, je vais vous dire qu'ils l'ont pris, ce rapport-là, et
ils l'ont fait disparaître comme le grand Robert, par un coup de magie.
Ils l'ont fait disparaître pour être sûr qu'on ne le revoit
pas et, à chaque fois qu'on voulait en parler... Moi, j'ai essayé
de reparler du textile, du lait. Vous étiez présent. On a fait
venir des experts pour qu'on en parle, de ce rapport-là, qui
était important. On ne s'embarque pas dans une galère comme
celle-là avant de regarder tous les aspects.
Je vais vous dire que, s'il y a eu conspiration du silence, M. le
Président, pendant des mois, conspiration du silence, je pense, de
l'autre côté, on s'est assuré... il y avait vraiment
conspiration. Les gens se tenaient coude à coude pour ne pas qu'on en
parle, de ce rapport-là, pour ne pas qu'on en publie la moindre... alors
qu'ils avaient été partie prenante à tout ce
rapport-là. Moi, je pense qu'il y a eu conspiration du silence,
effectivement, mais sur ce rapport-là.
Je tiens à dire... Quand on dit qu'il y a des gens, qu'il y a eu
des purges, etc., etc., chez nous, eh bien, en tout cas, les purges, moi, je ne
les ai pas vues et j'ai été président de ce
parti-là. Je suis là depuis 1978 et je vais vous dire que le plus
grand parti politique en Amérique, c'est le Parti libéral du
Québec.
Je vais aller plus loin que ça, M. le Président. Je vous
dis que, historiquement, le Parti libéral du Québec a
été la grande coalition dans l'histoire de la
société québécoise. Qu'on regarde 1960, qu'on
regarde 1970, c'a été la plus grande coalition. Et, encore une
fois, le Parti libéral demeure, non pas une chapelle, une chapelle
où il faut penser comme dans le petit catéchisme qu'on distribue
religieusement à nos membres, mais bien une place dans la
société où on peut ouvertement discuter. On en a eu encore
la plus belle des démonstrations, dans notre conseil
général qu'on a eu en fin de semaine.
M. le Président, je vous remercie pour ces quelques minutes.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député d'Orford.
Alors, j'aimerais savoir de la part des...
M. le député de Vimont, vous voulez également
intervenir?
M. Benoît Fradet
M. Fradet: Oui, bien, dans le même sens que mon
collègue d'Orford, c'est parce que, moi aussi, j'écoute
ça, là, les purges et la conspiration. Je voudrais juste, pour ne
pas qu'on gêne trop le député de Lac-Saint-Jean, mais
rappeler qu'on est en train de faire la même chose avec les jeunes
péquistes, de leur côté. On leur refuse et le
ministre est conscient, aussi, de la réalité du Parti
québécois on leur refuse une place à
l'exécutif du parti. Nous, de notre côté, on a toujours
laissé de la place aux jeunes pour s'intégrer à
l'intérieur des structures. Puis il parle de purges, de conspiration.
Leurs jeunes se battent, présentement, pour avoir des postes à
l'intérieur de l'exécutif du parti, et il parle de purges. Le
député...
Une voix: Ils vont les avoir.
M. Fradet: Ils vont les avoir, mais ils travaillent fort, de ce
temps-ci. Même qu'on leur refuse... on leur donne d'un côté,
puis on leur refuse de l'autre. M. Landry était d'accord lorsqu'il a
participé à l'investiture de M. Boisclair, député
de Gouin, et, le lendemain, il a été obligé de se
rétracter dans les journaux, probablement parce que l'intégrisme
au Parti québécois a fait en sorte d'obliger M. Landry à
retirer ses propos qu'il avait tenus auprès du député de
Gouin.
Alors, ça, je trouve ça difficile. On parle de purge, on
parle de conspiration. Mon collègue de Viger en a parlé tout
à l'heure, dans les premières années... On est en train de
mettre dehors, de l'autre côté, deux députés du
Parti québécois pour faire de la place à des revenants du
Parti québécois, M. Landry et M. Char-bonneau. Qu'est-ce que
c'est, si ce n'est pas de la conspiration ou de la purge du Parti
québécois pour contrôler l'intégrisme à
l'intérieur du parti?
Alors, M. le Président, c'est quelques notes, et on continuera
à discuter avec le député de Lac-Saint-Jean et
peut-être continuer à le gêner, à leur faire prendre
conscience des réalités du Parti québécois, des
gestes qu'ils posent aujourd'hui et qu'ils ont posés dans le
passé.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Vimont.
Ce que j'allais demander aux membres de cette commission: Est-ce qu'il y
a entente pour procéder à l'étude élément
par élément ou si vous voulez tout simplement procéder par
échange avec le ministre?
M. Brassard: En bloc, puis on fera l'adoption à la
fin.
Le Président (M. LeSage): Parfait. Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, d'abord... Discussion
générale
Le Président (M. LeSage): J'appelle le programme 5, les
Affaires intergouvernementales canadiennes.
Je cède la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, d'abord, je pourrais
peut-être déposer mon agenda pendant le référendum,
là. On s'est peut-être rencontré au «Point»,
mais on s'est manqué à Radio-Québec. C'est le
député de Verdun qui est venu à votre place et, oui, on
s'est manqué, là...
Une voix: On ne peut pas être sur deux tribunes à la
fois.
M. Brassard: Alors... D'autre part, j'ai participé
également à un débat. Le point de vue du Oui était
exprimé par Pierre Blais, député fédéral.
C'était à Québec, à la télévision de
Québec, de CBV. J'ai parcouru à peu près toutes les
régions du Québec. Alors, j'ai fait la campagne
référendaire. Je ne sais pas si lui l'a faite aussi, mais
ça a passé inaperçu pour une raison très
simple.
Je ne sais pas si... Ça fait assez longtemps qu'il est en
politique. J'imagine qu'il doit savoir comment fonctionnent les campagnes
référendaires et électorales. Les médias suivent
les chefs, c'est normal. Donc, ils ont suivi, de votre côté, M.
Bourassa, et ils ont suivi, du nôtre, M. Parizeau, ce qui fait que vous
avez été dans l'ombre, M. le ministre, et moi aussi. C'est
normal, c'est comme ça que ça se passe dans les campagnes
référendaires. Alors, vous n'étiez pas là non plus
à Radio-Québec, malheureusement. C'est M. Gautrin qui est venu
à votre place.
Deuxièmement, le député de Gouin n'a pas
affirmé qu'il y avait de l'intégrisme au Parti
québécois. Il a dit: C'est un danger qui guette toute formation
politique, et il faut être vigilant à l'égard de ce
danger-là. C'est un danger qui fait plus que vous guetter. Vous irez en
parler à Jean Allaire et à Mario Dumont pour voir si, vraiment,
c'est juste une menace qui plane au Parti libéral,
l'intégrisme.
Quant aux questions en Chambre, c'est vrai qu'après le
référendum je n'en ai pas posé, par charité
chrétienne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Par respect, par respect à l'égard
d'un homme au tapis, blessé et défait. Je vous voyais, là,
de l'autre côté, c'était tellement triste à voir.
Vous aviez l'air tellement démoralisé...
Une voix: Ah oui. Ah oui.
M. Brassard: ...découragé, complètement
défait que...
Des voix: Ha, ha, ha!
Position constitutionnelle du gouvernement
M. Brassard: ...ma foi, une des vertus théologales doit
être quand même suivie, respectée. Alors, par
charité, j'ai passé un tour. Mais, depuis la reprise de la
session, ce n'est pas vrai que... J'en ai posé. Je n'ai pas eu besoin
d'en poser beaucoup. J'en ai posé une, puis ça a suffi, ça
a été un immense éclat de rires à travers tout le
Canada. J'en ai posé une, puis j'ai eu ma réponse, une
réponse qui m'indiquait très clairement que le ministre avait
carrément sombré dans le surréalisme. Il était
devenu un disciple d'André Breton. Parce que, ma question était
simple, à ce moment-là, j'ai eu ma réponse: il a
affirmé qu'il fallait reprendre les pourparlers constitutionnels, que la
position de son gouvernement était toujours la même.
Et ça, là-dessus, je pense qu'il faut en parler quelque
peu, là. Il n'a pas touché un mot là-dessus. Il s'est
épivardé dans toutes les directions, tout à l'heure, mais
je pense qu'il faut revenir à cette question-là, la position
constitutionnelle du gouvernement libéral en place présentement.
Je vous signale que, lors d'un conseil général du Parti
libéral, Jean-Pierre Roy, qui est le président du Parti
libéral du Québec, avait déclaré d'abord, dans un
premier temps, qu'il fallait enterrer ça c'était le
samedi, un moratoire là-dessus: Surtout, ne parlons plus de ça.
Puis, là, bien, finalement, il y en a quelques-uns qui l'ont fait
changer d'idée, entre autres M. Bissonnette, qui a fait son retour et
qui a dit qu'il fallait absolument régler la question
constitutionnelle.
Et, alors, M. Roy, le lendemain, là, a plutôt parlé
d'une politique constitutionnelle avec des points qu'on avancerait,
année après année, une sorte de négociation
permanente. Il y a Trotski qui avait inventé la révolution
permanente. Là, le Parti libéral invente la négociation
permanente en matière constitutionnelle. (11 h 10)
Par contre, le ministre, lui, nous a répondu, en Chambre et,
également, tout à l'heure, que la position constitutionnelle du
gouvernement libéral n'était pas changée, que
c'était toujours la même. Là, il y a un problème de
cohérence. M. Roy affirme, le Parti libéral, en conseil
général, affirme qu'il faut se donner une nouvelle politique
constitutionnelle, un nouveau programme constitutionnel. C'est ce qu'il
décide, en conseil général. Il affirme même qu'elle
devrait prendre la forme d'une négociation permanente, que ça
devrait être une politique avec des points, des sujets qu'on avancerait
année après année, donc un projet par année, un
projet annuel.
Alors, moi, j'aimerais savoir, de la part du ministre: Où en
est-il comme responsable de ce dossier-là? Où en est son
gouvernement? Où en est son parti? C'est quoi, la position
constitutionnelle du Parti libéral du Québec et du gouvernement
libéral du Québec? En quoi ça consiste? Est-ce que c'est
M. Roy qui a le bon pas, qui nous indique la bonne direction ou est-ce que
c'est le ministre qui dit qu'elle n'a pas changé?
M. Rémillard: Alors, M. le Président, tout d'abord,
simplement pour répondre à certains commentaires du
député de Lac-Saint-Jean en ce qui regarde l'intégrisme du
Parti québécois, je me réfère à un article
du journal Le Soleil, le samedi 27 mars 1983: Boisclair invite le PQ
à «dépéquiciser» la souveraineté, et le
titre:
Au moment où le Parti québécois est à
peaufiner son manifeste sur la souveraineté, son plus jeune
député l'invite à mettre fin à l'intégrisme
et à «dépéquiciser». Oh! la la! M. le
Président, c'est un mot que j'ai de la difficulté... je ne sais
pas pourquoi, dépéqui... Aidez-moi donc.
Une voix: Dépéquiciser.
M. Rémillard: Vous ne voulez pas m'aider?
M. Brassard: Non. De toute façon, c'est le journal qui dit
ça, là.
M. Rémillard: Le projet de souveraineté. M. le
Président, je voulais simplement remettre les choses au clair. Il cite,
à un moment donné, M. Dumont. Moi, je comprends qu'il veut citer
le grand sociologue, M. Fernand Dumont. On peut ne pas toujours être
d'accord avec M. Fernand Dumont, mais M. Fernand Dumont, oui, a pris position,
et je cite, entre autres, dans Le Devoir aussi Le Devoir,
on pourra me donner tout à l'heure les dates de ce Devoir, M.
le Président, je donnerai la référence exacte mais
M. Dumont dit ceci: Le discours souverainiste s'use et s'isole. Je veux citer
M. Dumont, eminent sociologue. Je ne dis pas que je partage toutes les
idées de M. Dumont, mais j'ai beaucoup de respect et de
considération pour M. Dumont, qui est un eminent intellectuel
québécois.
Alors, M. le Président, en fonction, donc, de ces remarques, je
crois que le député de Lac-Saint-Jean devrait être plus
prudent dans ses commentaires. Il s'agit... Il a son option, il a son option
indépendantiste, très bien. Il sait à quel point je
respecte cette option. Je ne la partage pas. Je la respecte et je crois que
nous devons en discuter très librement, sans intégrisme, d'une
façon très ouverte. La position constitutionnelle du Parti
libéral du Québec va s'actualiser dans les prochaines semaines,
les prochains mois, et nous avons une politique constitutionnelle qui a
toujours été la même et qui est toujours là, et
c'est celle du Québec d'abord dans une Fédération
canadienne qui va offrir au Québec les moyens de se protéger, de
s'exprimer et qui va permettre aussi à la Fédération
canadienne d'avoir les moyens pour s'exprimer, pour prendre sa place sur la
scène internationale. C'est ça, notre position constitutionnelle,
M. le Président.
Je ne vous dis pas que c'est facile, que c'est du jour au lendemain
qu'on va en arriver à des résultats concrets qui vont
régler une fois pour toutes la situation. D'ailleurs, on a voulu voir
dans Charlottetown la solution à tous les problèmes une fois pour
toutes, alors que c'était une étape fondamentale, une
étape de référence première qui nous aurait permis
ensuite de discuter.
Très bien, on a tourné la page. Je l'ai dit tout à
l'heure, M. le Président: On a tourné la page, on garde le
même livre, c'est très bien. Mais comprenons bien, M. le
Président, une chose. Nous nous situons dans un contexte
économique difficile, très difficile. Ce que les
Québécoises, les Québécois attendent de leur
gouverne- ment, attendent de leurs élus, c'est qu'on parle de ce
problème économique et qu'on trouve des solutions.
M. le Président, quand on se promène un peu partout au
Québec et qu'on voit les problèmes économiques que nous
avons, nous ne sommes pas les seuls à les avoir. Remarquez, M. le
Président, partout au Canada et, aussi, on regarde ce qui se passe sur
la scène européenne dans les derniers jours, on s'aperçoit
que nous ne sommes pas isolés, mais ça ne règle pas nos
problèmes de dire ça. Il faut faire face à nos
problèmes, on a besoin d'un projet de société, projet de
société qui va être conforme à nos moyens et aussi
au genre de société qu'on veut se donner. Il y a des
décisions difficiles qui devront être prises et, s'il y a un
aspect positif de cette récession très dure, M. le
Président, c'est qu'elle nous confronte à des décisions
que nous devons prendre. Nous allons les prendre comme gouvernement.
J'ai mes collègues qui font un travail remarquable sur le plan
économique, sur le plan social comme sur le plan de l'éducation,
sur le plan culturel. Dans tous les domaines, le gouvernement est là, on
prend nos responsabilités et on le fait en fonction d'un projet de
société qui se développe en fonction de nos moyens et en
fonction d'une société de liberté et de démocratie
qui est la nôtre.
Nous avons un principe qui s'applique autant en matière
constitutionnelle que dans tous les autres domaines, M. le Président.
Pour nous, la personne est en premier lieu dans toutes nos analyses. Les
institutions sont au service de la personne et non pas la personne au service
des institutions, M. le Président. Ça, ce n'est pas notre cas.
Pour nous, la souveraineté, elle appartient au peuple; c'est lui qui
décide.
C'est pour ça que nous sommes si attachés, M. le
Président, comme parti politique, comme gouvernement, au respect des
droits et des libertés fondamentales qui est là, cette Charte qui
est là et qui est un fondement de notre démocratie, de notre
liberté, et, dans toutes les décisions que nous avons à
prendre, on est guidé par cette Charte, que ce soit en fonction des
décisions que nous avons prises comme parti politique, en fin de semaine
dernière, dans l'harmonie et dans la détermination dont je suis
particulièrement fier, M. le Président, particulièrement
fier d'être membre d'un parti qui a su prendre ses décisions avec,
je dirais, autant de détermination, mais autant, aussi, de
liberté de discussion.
Lorsqu'on parle d'intégrisme, tout à l'heure, on parlait
des commentaires du jeune député Boisclair je cite des
articles de journaux député de Gouin, qui, très
courageusement, s'est élevé et a dit: Favorisons un discours qui
va nous permettre de parler librement dans notre parti, permettons aux jeunes
d'être sur l'exécutif du parti. M. le Président, ce que le
député de Vimont disait, tout à l'heure... Je voudrais
revenir sur ce que le député de Vimont a dit fort justement, tout
à l'heure. Imaginez-vous, imaginons-nous, quelques instants, un parti
politique où ses jeunes n'ont même pas le droit d'être sur
l'exécutif. Est-ce qu'on peut imaginer une situation comme ça?
Pourtant, c'est ce qui existe, M. le
Président. Les jeunes du Parti québécois n'ont pas
le droit d'être sur l'exécutif de leur parti. Comment vous appelez
ça, vous, M. le Président?
Bon, alors, qu'on vienne nous faire des leçons sur ces aspects,
M. le Président, les plus fondamentaux d'une démocratie à
l'intérieur d'un parti politique, je dis: Je regrette, mais comme vous
avez si bien dit tout à l'heure, M. le député de
Lac-Saint-Jean: Passez votre tour, ça vaudra mieux et, surtout,
souvenez-vous que charité bien ordonnée commence par
soi-même. Ça aussi, c'est un principe qu'on a appris à la
petite école. Vous êtes presque de la même
génération que moi ou à peu près. On a eu les
mêmes principes qui nous ont guidés et, dans ce
contexte-là, M. le Président, qu'on soit capable, en toute
démocratie, d'échanger très librement, moi, M. le
Président, qu'on me pose toutes les questions et qu'on échange
librement sur ce document: «Le Québec dans un monde
nouveau», j'aurais beaucoup de choses à discuter et je suis
prêt à discuter aussi des aspects de la position constitutionnelle
du gouvernement du Québec.
Je suis ouvert à ça, mais qu'on le fasse donc, M. le
Président, avec une ouverture d'esprit, qu'on le fasse donc avec un
discours qui serait profitable pour l'ensemble de la société
québécoise, et qu'on pense aussi, M. le Président, qu'on
vit une récession sérieuse, très sérieuse, qu'on a
des choix de société à faire extrêmement importants.
(11 h 20)
En matière d'éducation, par exemple, il y a une politique
d'éducation qui a été mise en place par ma
collègue, la ministre de l'Éducation, qui a été
accueillie extrêmement positivement, basée sur la recherche de
l'excellence pour nos jeunes. Mais, M. le Président, ça fait des
années qu'on en parle. Elle est là, cette politique, pour donner
à nos jeunes une formation, donner à nos jeunes la
possibilité de relever le défi de l'excellence. C'est ça,
le défi que nous avons, M. le Président. C'est ça qu'on
doit faire comme gouvernement.
M. le Président, dans le domaine économique, le
président du Conseil du trésor, le ministre des Finances, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, tout ce qui se fait, mais c'est une
politique constitutionnelle. M. le Président, la Constitution,
là... comprenons bien que la Constitution, M. le Président, ce
n'est pas simplement un acte juridique. La Constitution, c'est un contrat
social. C'est le contrat de vous, de moi, de tout le monde, de toutes les
Québécoises, de tous les Québécois qui
décident de vivre ensemble parce qu'on a des liens en commun, et on
l'exprime par des moyens que nous donnons pour vivre en communauté, en
société. C'est ce que nous faisons. C'est ce que nous faisons
comme gouvernement, M. le Président.
Si le député de Lac-Saint-Jean veut parler de la position
constitutionnelle du Québec, nous avons notre politique
constitutionnelle, elle est là, elle est actualisée tous les
jours en fonction du respect des compétences du Québec, en
fonction de notre volonté de s'inscrire de plein droit dans le contexte
de la Fédération canadienne oour Drofiter des avantages aue nous
avons, comme
Canadiens, M. le Président, sur la scène nationale,
internationale, en fonction du climat et du développement
économique nord-américain que je citais tout à l'heure, en
fonction de la mondialisation de l'économie. Tout simplement les
nouvelles de ce matin, à la suite du budget fédéral, avec
la baisse du dollar, il va s'ensuivre, évidemment, il s'est ensuivi,
justement, des questions en frais de l'intérêt de l'argent.
Mais, M. le Président, je serais curieux, moi, d'avoir les
commentaires du député de Lac-Saint-Jean. Qu'est-ce qu'il ferait
en fonction de la Banque du Canada, parce qu'il garderait la même
monnaie, si nous devenons indépendants? Je vois des citations de leur
document «Le Québec dans un monde nouveau», le merveilleux
monde nouveau, le monde des merveilles. Alors, à la page 64, M. le
Président, je cite juste un passage: «...d'assurer le maintien de
l'espace économique canadien et de mettre en commun une partie de ses
compétences dans un secteur où les intérêts de deux
ou plusieurs pays sont en jeu. Chaque fois que ses intérêts l'y
amèneront, le Québec devra rechercher ces voies
d'avenir.»
Alors, d'une part, on recherche l'intégration économique,
on recherche le partenariat avec les autres partenaires, mais d'autre part, M.
le Président, je me réfère à des
déclarations, entre autres, de M. Thibault, Hubert Thibault,
déclaration de M. Thibault qui dit ceci. C'était dans La
Presse de mardi 16 mars 1993. M. Thibault dit: À ce propos... Je
cite le journaliste, M. Gilles Normand, de La Presse, du bureau de La
Presse: À ce propos, son chef de cabinet, Hubert Thibault, soutient
qu'il serait irréaliste de vouloir renégocier l'espace
économique et, entre citations, M. le Président, entre
guillemets, nous voulons éviter d'être placés en demande,
explique-t-il.
Qu'on m'explique donc, M. le Président, comment on peut avoir une
intégration économique, c'est-à-dire devenir
indépendant et, ensuite, aller négocier avec des partenaires pour
leur demander de s'associer avec nous sur le plan économique, alors que,
d'autre part, le chef de cabinet du chef de l'Opposition ce n'est pas
n'importe qui comme autorité politique qui vient dire qu'il ne
faut pas se mettre en demande? Comment on va faire ça, M. le
Président? Le monde merveilleux, est-ce que c'est ça?
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Alors, M. le Président, je vous signale
simplement, puis je voudrais signaler au ministre que l'objet de nos
débats et de nos discussions, ce n'est pas le projet de
souveraineté du Parti québécois. Si vous avez des
interrogations ou des points obscurs que vous voudriez vous faire expliquer, je
pourrai le faire. Vous auriez dû venir, à ce moment-là...
peut-être que vous auriez dû participer davantage à la
commission sur la souveraineté, sur les questions afférentes.
Vous n'étiez jamais venu. Vous n'avez pas été là.
Vous étiez absent. Peut-être aue. si vous aviez été
orésent. vous comoren-
driez mieux le projet de souveraineté. Mais ça, je pourrai
toujours vous l'expliquer. On ira au Parlementaire, tantôt, puis
j'éclairerai votre lanterne. Ce n'est pas ça, le sujet,
là, hein?
Puis vous n'êtes pas un gouvernement souverainiste, vous, c'est
clair. Alors, vous n'avez pas comme ambition de réaliser la
souveraineté. Alors, pour le moment, ce n'est pas pressant pour vous,
là. Vous êtes un gouvernement fédéraliste. C'est
clair. C'est affiché. C'est public. Vous êtes un gouvernement
fédéraliste et, pendant des années, comme gouvernement
fédéraliste, vous avez réclamé une révision
en profondeur c'était ça, votre expression
consacrée en profondeur, du régime
fédéral.
Ça n'a pas marché. C'a échoué, deux fois;
deux échecs. Vous aviez une position constitutionnelle, à
l'époque de Meech, qui était cinq conditions minimales. Le
Québec n'a jamais demandé moins. C'était le minimum du
minimum. C'était ça, votre position constitutionnelle, à
l'époque de Meech, puis, après ça, vous avez adopté
une autre position constitutionnelle, c'a été le rapport Allaire.
Là, vraiment, on pouvait qualifier ça de révision en
profondeur. L'expression était parfaitement pertinente. C'était
vraiment une révision en profondeur. Ça, c'était votre
politique constitutionnelle, jusqu'à la veille de Charlottetown.
Après ça, vous avez accepté Charlottetown. C'a
été rejeté par les Québécois, puis c'a
été rejeté par les Canadiens.
Alors, la question que je vous posais, ce n'était pas de me faire
vos commentaires sur «Le Québec dans un monde nouveau», sur
le projet de souveraineté du Québec. Je le connais, le document,
je l'ai lu et relu. Alors, je n'ai pas besoin de vos explications, je m'en
passe volontiers, puis je ne voulais pas vous entendre non plus sur le statut
ou la place que doivent occuper les jeunes dans le Parti
québécois. On est capable de leur faire la place qu'il faut en
temps voulu, au prochain congrès du mois d'août. Rassurez-vous, ne
soyez pas inquiet, les jeunes occupent une place de choix au sein du Parti
québécois. Alors, bon, ne soyez pas angoissé
là-dessus, là.
Il y a de quoi à être angoissé pas mal plus quand on
regarde ce qui se passe au niveau fédéral et l'offensive
centralisatrice qui est reprise de plus belle, et les ententes administratives
qui ne marchent pas, des ministres québécois qui se font
rabrouer, envoyer paître, à commencer par le ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu. Ça, c'est plus
angoissant que la place des jeunes au Parti québécois. Ça,
ne vous occupez pas de ça, on va régler ça, ce
problème-là, assez rapidement. Je trouve ça un peu curieux
que le ministre soit davantage préoccupé, soit davantage soucieux
de ce qui se passe au Parti québécois et davantage
angoissé par ce que représente le projet de souveraineté
du Parti québécois, qui n'est pas le sien, d'ailleurs. Je ne vois
pas pourquoi il s'angoisse tant que ça, puis qu'il est
complètement serein, calme, détendu quant à la position de
son propre gouvernement en matière de relations
fédérales-provinciales et en matière de position
constitutionnelle.
La question que je vous ai posée, là, ce n'est pas de me
parler de Michel Rocard ou des jeunes au Parti québécois, ou du
Québec dans le monde nouveau, ou de la question monétaire dans un
Québec souverain. Ça, on en a parlé abondamment à
la commission sur les questions afférentes à la
souveraineté, puis vous n'étiez pas là, vous vous occupiez
à d'autre chose. Alors, ce n'est pas le moment.
Ce que je vous ai demandé: C'est quoi, la position
constitutionnelle du gouvernement libéral, actuellement? C'était
cinq conditions, à l'époque de Meech; c'était le rapport
Allaire, à l'époque de Charlottetown, enfin, juste avant,
là. Vous avez adhéré à Charlottetown et, là,
le président du Parti libéral, lui, dit: Nous, il faut revoir
ça, il faut réviser ça. Ça nous en prend une
nouvelle qui va être, probablement, franchement plus
fédéraliste que ne l'était le rapport Allaire et qui, lui,
privilégie plutôt une approche point par point, en pièces
détachées, l'approche IKEA, point par point. J'achète une
pièce une année, une pièce l'autre année; bon,
ça devient des négociations éternelles et permanentes.
Ça, c'est l'approche de M. Roy. (11 h 30)
Vous, vous nous dites, au-delà des... Vous nous proférez
des clichés. Ça, je sais que vous êtes habitué
là-dedans: les lieux communs, les clichés: le Québec dans
le Canada, la Fédération, bon, la révision en profondeur.
Je suis fort habitué à vos clichés et à vos lieux
communs, vos stéréotypes. Mais je vous demande,
précisément: Est-ce que c'est la position de M. Roy qui
prévaut? C'est-à-dire qu'à ce moment-là vous n'avez
plus de position constitutionnelle et que vous avez comme tâche de vous
en donner une, une nouvelle. C'est ça que M. Roy dit, comme
président du Parti libéral du Québec. Ou est-ce que vous
en avez une, encore, puis, au-delà des clichés, c'est quoi? C'est
un retour aux cinq conditions de Meech? Ce n'est sûrement pas un retour
au rapport Allaire. Ça, il est dans la poubelle pour longtemps, hein; il
est passé à la déchiqueteu-se, ça fait un bon bout
de temps, hein, pour recycler le papier.
Mais c'est quoi, votre position constitutionnelle?
Fédéraliste? Je comprends bien que vous avez une position
fédéraliste. Le Québec demeure un Etat
fédéré, une province dans le Canada, mais pourrait-on en
savoir un peu plus?
M. Fradet: Prenez votre carte de membre. M. Brassard:
Quelles sont les conditions...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Vimont...
M. Brassard: Je demande la position constitutionnelle du
gouvernement libéral. J'ai bien le droit de le faire, là,
hein?
M. Fradet: Si vous voulez l'influencer, prenez votre carte de
membre.
M. Brassard: Non, mais qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre?
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: C'est vrai que j'influencerais probablement plus que
le député de Vimont...
M. Fradet: Vous pensez?
M. Brassard: ...parce qu'il est passablement silencieux
dans...
M. Fradet: Vous pensez?
M. Brassard: ...l'élaboration de la politique
constitutionnelle de son parti, hein...
M. Fradet: Ne vous en faites pas, monsieur...
M. Brassard: ...lui qui faisait prétendument partie de
l'aile, de l'aileron nationaliste.
M. Fradet: Le député de Vimont fera face aux
prochaines élections...
M. Brassard: Oui.
M. Fradet: ...tout comme vous et aura une position avec son
parti, le Parti libéral du Québec...
M. Brassard: M. le Président...
M. Fradet: ...dont il est fier d'être membre.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Vimont...
M. Brassard: ...ce n'est pas au député de Vimont
que je demande la position constitutionnelle...
Le Président (M. LeSage): ...vous n'avez pas la
parole.
M. Brassard: ...c'est au ministre responsable du dossier...
Le Président (M. LeSage): La parole est au
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...constitutionnel. C'est quoi, votre position
constitutionnelle? En avez-vous une? «C'est-u» celle de M. Roy,
donc, puis ça veut dire quoi, réactualiser la position? C'est
quoi? Vous dites que vous la réactualisez de jour en jour. Alors,
aujourd'hui, là, le 28 avril, le 29 avril, peut-on être au courant
de la réactualisation? Celle d'hier, aussi, peut-être, et celle de
demain? Je vous la demande sur trois iours.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, tout d'abord,
je dois vous dire que c'est toujours, pour moi, agréable d'entendre le
député de Vimont. Tout à l'heure, il nous parlait de sa
réaction, comme jeune député... et, oh,
d'expérience, jeune député d'expérience je
ne voudrais pas l'offenser par mes paroles jeune d'âge,
d'expérience parlementaire avancée, déjà. Sur la
situation des jeunes péquistes, au niveau de leur parti... M. le
Président, il faut que le député de Lac-Saint-Jean
comprenne une chose, c'est que, au-delà des partis politiques, on a des
sympathies, on se parle, quand même, les jeunes se parlent, entre autres.
Le député de Vimont parle à des jeunes du parti
péquiste; ils échangent, ils parlent de leurs
préoccupations.
Tout à l'heure, je pense que le député de Vimont,
bien sincèrement, M. le Président, parce qu'on connaît
toute sa sincérité, a exprimé une réaction que des
jeunes du Parti québécois pouvaient avoir face à une
situation que le député de Gouin a dénoncée, je
dois dire, avec courage: l'intégrisme. Alors, je ne vois pas pourquoi le
député de Lac-Saint-Jean lui en veut, parce que le
député de Vimont a exprimé un sentiment, je pense, qui
s'échange, comme ça.
On peut en parler. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal là-dedans,
M. le Président. Je prends, pour ma part, toujours bonne note du
député de Vimont, qui apporte son point de vue et qui le fait
valoir. Il l'a fait valoir dans la commission des offres. Il était
là, il était présent. M. le Président, dans la
commission sur les offres, le député de Lac-Saint-Jean, il
était là.
Tout à l'heure, il parlait, d'ailleurs... Ça me revient,
là. Il parlait, tout à l'heure, d'un passage de
Bélanger-Campeau. Il citait un passage de Bélanger-Campeau
où Bélanger-Campeau donnait deux options, entre autres sur un
fédéralisme profondément renouvelé. Mais il a
cité un passage que lui-même et son parti ont refusé. Il a
voté contre, souvenons-nous de ça, M. le Président.
Souvenons-nous de ça, que le PQ a voté contre la conclusion de
Bélanger-Campeau. Et ça, ça, c'est important de se
souvenir, parce que Bélanger-Campeau disait qu'il y avait comme option
le fédéralisme profondément renouvelé. Et nous,
nous avons accepté cette conclusion de Bélanger-Campeau, de par
nos convictions, recherchant toujours la meilleure solution pour le
Québec.
Alors, dans ce cadre-là, M. le Président, toujours dans
notre esprit d'ouverture, c'est vrai qu'il y a eu Meech, c'est vrai qu'il y a
eu Charlottetown. J'ai dit que c'était des étapes et c'est, pour
moi, toujours des étapes. Mais j'ai l'impression, de par les questions
que me pose le député de Lac-Saint-Jean, qu'il a peur qu'on
oublie la récupération du droit de veto. Je veux simplement lui
dire qu'on ne l'oublie pas. Ce n'est pas facile, puis, là, je pense
qu'il me comprend quand je lui dis: Ce n'est pas facile d'aller
récupérer ce droit de veto qui a été perdu par vous
en 1981-1982. Il va me comprendre facilement. Je n'ai pas besoin de faire de
petits dessins à la Dali parce que, quelquefois, il me fait penser au
Dali de la constitution, le député de Lac-Saint-Jean,
superréaliste. Il parlait de superréalisme, tout à
l'heure, mais, M. le Président, j'aime bien Dali. Remarquez, au
départ, Dali est intéressant comme peintre. Le surréalisme
a cette réalité pragmatique qu'il faut savoir déceler.
Alors, M. le Président, je suis convaincu que le
député de Lac-Saint-Jean sait très bien ce que je veux
dire par cette phrase. Alors, dans ce cadre-là, M. le Président,
nous, ce qui est important pour nous, c'est qu'à chaque jour nous
poursuivions nos discussions, et avec le gouvernement fédéral, et
avec les autres provinces sur bien des dossiers. Quand j'ai eu à
répondre à la question du député de
Lac-Saint-Jean... tout à l'heure, il dit: C'est vrai. TI
répondait au député de Viger, adjoint parlementaire du
ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, le
député de Viger, qui fait un travail extraordinaire comme adjoint
parlementaire, qui était là. Vous savez le travail qu'il a fait,
M. le Président, au niveau des deux commissions sur la
souveraineté et les offres. Il était là, il a
participé à toutes les discussions, fait des interventions qui
ont été très remarquées, toujours très
présent, toujours à point. Je suis particulièrement fier
et heureux de travailler avec le député de Viger.
Le député de Viger, tout à l'heure, faisait la
remarque, M. le Président, et moi, j'y suis. Écoutez, à un
moment donné, il faut se comprendre. Ce qui pour nous est important,
c'est qu'on puisse trouver une façon pragmatique, actuelle de pouvoir en
arriver à une démarche qui nous permette d'atteindre les
objectifs qui ont toujours été les nôtres. Puisque nous
avons, au moment où nous nous parlons, une politique constitutionnelle
et que cette politique constitutionnelle je le répète, M.
le Président, je le répète c'est le Québec
dans la Fédération canadienne, avec les outils dont il a besoin
pour la protection de sa spécificité et les outils dont il a
besoin pour son développement à l'intérieur de la
Fédération canadienne, une fédération qui, elle
aussi, a les outils pour pouvoir exprimer, dans le contexte mondial actuel,
notre réalité économique et aussi culturelle et
sociale.
M. le Président, ça me permet de faire une remarque, en
fonction toujours de ce qu'a dit le député de Lac-Saint-Jean, en
ce qui regarde bien des dossiers que nous avons avec le gouvernement
fédéral et, entre autres, le dossier de la main-d'oeuvre, dont le
député de Lac-Saint-Jean parlait tout à l'heure. Je
pourrais parler d'autres dossiers, d'autres domaines qui étaient
touchés, par exemple, dans l'entente de Charlottetown.
J'entendais, dans des débats: Regardez ce qu'ils ont dans
Charlottetown, au moment du référendum. C'est tellement loin de
ce qu'on a demandé dans les positions traditionnelles du Québec
dans ces domaines. M. le Président, je veux simplement dire à
cette commission parlementaire que, s'il y en a un qui est attaché aux
positions traditionnelles du Québec, à la fierté
d'être Québécois, à la détermination du
peuple québécois pendant toute son histoire, en fonction de ce
que nous sommes comme Québécois, comme Canadiens, c'est bien moi,
M. le Président.
Mais, M. le Président, je veux simplement dire que les positions
traditionnelles du Québec, telles qu'elles ont été
définies, il y a 30 ans, doivent être situées dans le
contexte actuel que nous vivons. Il y a 20 ans, il y a 30 ans, il y a à
peine 10 ans, M. le Président, on ne parlait pas d'intégration
économique mondiale comme on parle présentement. Et, M. le
Président, réalisons tout l'impact qu'aura cette
intégration économique au niveau mondial et au niveau
continental. Tout ce que ça signifie comme liberté de circulation
des biens, oui, mais pensons aux capitaux, pensons aux services et pensons aux
personnes, éventuellement. Toute cette circulation d'autres
éléments qui viennent s'ajouter à la libre circulation des
biens et services, c'est une évolution qui est là, qui est au
niveau mondial et qui est là, M. le Président, pour progresser.
Le prochain siècle, M. le Président, sera le siècle du
fédéralisme, c'est évident, partout dans le monde, peu
importe la forme. (11 h 40)
Je voyais, par exemple, la Belgique qui a adopté un régime
fédéral. J'ai eu le plaisir d'accueillir, pendant une semaine, la
semaine qui a suivi Pâques, M. le Président, tout
récemment, le vice-premier ministre et ministre de la Justice de
Belgique. Pendant plusieurs jours, on a discuté ensemble. Il est au
coeur de cette réforme constitutionnelle de Belgique. Ce n'est pas
facile, là aussi, ce qu'ils vivent, mais c'est le
fédéralisme qui va permettre à la Belgique de demeurer
ensemble, de demeurer unie et de prendre sa place dans la communauté
européenne.
Tout ce qui se passe présentement, aussi, dans l'Europe de l'Est.
Immanquablement, l'Europe des Douze, M. le Président, va devenir une
Europe beaucoup plus large, étape par étape. Non seulement de par
quelques pays qui veulent faire leur entrée dans le Marché commun
européen, mais, en plus, en ce qui regarde l'évolution de
l'Europe de l'Est. Je vois des pays qui se sont séparés, au
niveau, par exemple, de l'ancienne URSS, l'Union des républiques
socialistes soviétiques. Ils se sont séparés et,
maintenant, ils veulent revenir, la Lituanie, en particulier. Ça va
être le cas d'autres pays. M. le Président, leur situation
à eux n'est pas comparable à notre situation à nous.
Comprenons bien ça, je ne fais pas de comparaisons, là. Eux, ils
ont été obligés, et la constitution de Staline, en 1937,
il n'y a rien de comparable à ce que nous, nous vivons, sur le plan
constitutionnel, comprenons-nous bien.
Mais pourquoi je fais ces remarques-là, M. le Président?
C'est que je veux dire au député de Lac-Saint-Jean qu'on ne doit
pas isoler le Québec de la réalité canadienne, bien
sûr, mais aussi nord-américaine et mondiale. Lorsqu'on
réclame une compétence législative au niveau provincial,
soyons conscients, M. le Président, des conséquences que
ça peut avoir au niveau de nos travailleurs. Par exemple, je parle
à la main-d'oeuvre. À un moment donné, je me souviens,
j'ai fait une émission de télévision, bien justement avec
le député de Lac-Saint-Jean. Il n'y en a pas eu tellement, mais
j'en ai eue une pendant le référendum, au «Point», et
il faisait une sortie incroyable parce qu'on avait accepté des objectifs
nationaux pour la formation de la main-d'oeuvre.
Mais, M. le Président, j'avais là, par exemple, M. Guy
Saint-Pierre, président de SNC-Lavalin, firme dont on peut être
particulièrement fier, qui a relevé des défis partout dans
le monde et sur le territoire canadien. M. Saint-Pierre me disait: Mais,
écoutez, pourquoi être contre des objectifs nationaux? Il faut
qu'on puisse donner une formation à nos travailleurs, ici, au
Québec, qui va pouvoir leur permettre aussi d'aller travailler partout
sur le territoire canadien. Mais ces objectifs nationaux devront être
fixés avec notre collaboration et participation. C'est ça qu'il
faut dire, M. le Président.
Lorsqu'on parle d'éducation, l'éducation est une
compétence provinciale exclusive; elle va le demeurer. Nous sommes
particulièrement sensibles à toute intervention du gouvernement
fédéral dans le domaine de l'éducation. Non seulement, M.
le Président, parce que l'éducation est un domaine qui est si
important pour le Québec, pour sa spécificité, mais,
au-delà de ça, c'est le défi de l'excellence pour nos
jeunes.
Et je souligne le travail remarquable je l'ai dit tantôt,
je reviens de ma collègue, la ministre de l'Éducation pour
le travail qu'elle a fait et sa réforme qu'elle fait au niveau de nos
cégeps. Permettre à nos jeunes de pouvoir parler deux langues:
leur langue, d'abord, correctement, qui est le français, langue que nous
aimons tellement, une deuxième langue et une troisième langue, M.
le Président, puis, si on peut, en ajouter une quatrième. Vous
êtes une exemple de ça, M. le Président, vous, vous parlez
trois langues. La quatrième, je ne suis pas certain que vous la parlez
encore, mais je sais qu'elle est en apprentissage. Et puis, votre famille, j'ai
parlé à vos fils, vos enfants. C'est ça, trois langues:
français, anglais, italien. Mais c'est un avantage... Mais nos enfants,
c'est ça qu'on doit faire, c'est ça qu'on doit faire.
Alors, M. le Président, quand je réponds au
député du Lac-Saint-Jean, puis il me dit: Oui, mais il me parle
de l'international. M. le Président, je veux insister sur ce
point-là: La plus grave erreur que nous pourrions faire, c'est d'isoler
le Québec, le séparer de la réalité internationale.
Ce que nous vivons aujourd'hui comme mouvement international,
économique, politique et même culturel, M. le Président,
n'était même pas pensable il y a à peine cinq ans.
Alors, lorsqu'on dit qu'il faut revoir, sur le plan constitutionnel, le
partage des compétences législatives, le Québec a besoin
de ses outils pour se protéger, pour sa spécificité, entre
autres récupérer le droit de veto, oui, faire échec
à ce principe de l'égalité qui a été
accepté en 1981-1982... oui, il faut faire échec à ce
principe, comme nous l'avons déjà fait et comme on va continuer
à le faire. Mais, M. le Président, souvenons-nous bien que le
défi du Québec est de s'inscrire dans une
Fédération canadienne qui, elle aussi, a les outils pour
permettre de faire face à l'international.
Simplement ce qu'on vit, au point de vue économique, M. le
Président, je reviens brièvement là-dessus, parce qu'il ne
faut pas isoler ça du dossier constitutionnel. Ce matin, la
réaction, simplement aux mouvements économiques internationaux
sur la valeur du dollar, donc sur les taux d'argent. Parce que, notre
endettement, M. le Président, comme Canadiens et comme
Québécois, il ne se réfère pas
nécessairement à de l'argent qui nous est prêté,
à des gouvernements, par les Québécois et les
Québécoises ou les Canadiens, de façon
générale, mais maintenant, en très grande partie, qui nous
vient de l'étranger. C'est là qu'est une difficulté
majeure. On ne peut pas nier ça, M. le Président. Comment un
Québec indépendant, qui accepterait le dollar canadien, pourrait
faire face à une telle conjoncture, sans aucun mot à dire sur la
valeur de ce dollar, sur les taux d'intérêt et sur la
réaction des marchés internationaux?
Ce que nous vivons là, à la suite du budget
fédéral de lundi soir, nous montre à quel point, M. le
Président, il faut être conscient de l'international lorsqu'on
parle du Québec. Moi, je suis convaincu que le XXe siècle va
être le siècle du fédéralisme. Le
fédéralisme, pour moi, c'est la possibilité de s'associer,
M. le Président, avec des intérêts que nous avons en
commun, respectant ce qu'on a comme spécifique. Ce n'est pas du
dogmatisme. Il n'y a pas de dogmatisme dans le fédéralisme. C'est
une philosophie, c'est une approche. On le fait selon nos besoins, selon notre
réalité. Mais c'est ça, c'est ça, le défi
que nous avons. Et ce défi, pour nous, il est de tous les jours. Notre
politique constitutionnelle, elle est là, elle va demeurer et elle se
fait, M. le Président, dans toutes les relations que nous avons tous les
jours avec les autres provinces et avec le gouvernement
fédéral.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Enfin, il faut bien reconnaître, là,
que c'est un discours sur le vide et le néant. Je dois prendre acte
qu'il n'y en a plus, de propositions constitutionnelles du Québec de la
part de ce gouvernement. Plutôt, c'est le vide. C'est évident que,
au-delà des paroles verbales, là, c'est évident que...
Une voix: Les paroles verbales.
M. Brassard: Les paroles verbales, oui, les paroles verbales.
Comme disait l'humoriste français Alphonse Allais, les paroles verbales,
c'est-à-dire, donc, des mots qui ne veulent rien dire. Un déluge
de mots. C'est évident que le gouvernement du Québec est
complètement désemparé sur le plan constitutionnel, qu'il
n'y en a plus, de politique constitutionnelle, et que son parti est à la
recherche ou est en voie, possiblement, de s'en donner une nouvelle, et que,
pour le moment, il n'y a rien.
Bon, je pense que j'en prends acte. Mais, relié à ce
problème constitutionnel, le ministre me faisait reproche, tout à
l'heure, au début, que ce n'était pas vrai qu'il y avait beaucoup
de visages nouveaux au SAIC. Il y en a au moins un à côté
de lui, hein? L'actuel délégué du Québec à
Paris, lui, deviendra le secrétaire général aux Affaires
intergouvernementales canadiennes. Il va remplacer Mme Wilhelmy. Il n'est pas
encore de retour, il arrivera bientôt. Il devrait rentrer en fonction en
juin
prochain et il remplace, comme on le sait, Mme Wilhel- my.
(11 h 50)
Le gouvernement nomme, en même temps, M. Scott comme
secrétaire adjoint aux Affaires intergouvernementales canadiennes,
remplaçant ainsi M. Beaudet, qui est muté au poste de
secrétaire adjoint au développement économique au Conseil
exécutif. Le mandat de M. Scott est d'une durée de trois ans. Il
est effectif à compter de cette semaine. Et on sait qu'il arrive
directement de la scène fédérale. Il a été,
en fait, le bras droit de M. Masse à Ottawa, dont il a été
chef de cabinet de 1986 à 1992. Jusqu'à tout récemment, il
était chef de cabinet de Mme Campbell au ministère de la
Défense. Il était également en poste au ministère
des Communications de 1989 à 1991, alors qu'Ottawa, on s'en rappellera,
poursuivait à l'époque son offensive en vue de réduire en
miettes et à néant les compétences du Québec dans
le secteur des télécommunications, en particulier, et, alors,
aussi, que Marcel Masse, on s'en rappellera également, multipliait les
investissements dans le secteur de la culture, sans aucune consultation
auprès du Québec.
Nomination de M. André Scott
au poste de secrétaire adjoint
aux Affaires intergouvernementales
Je me demande si le ministre est prêt à reconnaître
que c'est pour le moins imprudent de désigner au poste important de
secrétaire adjoint aux Affaires intergouvernementales quelqu'un qui
arrive directement d'Ottawa, où il a surtout fait carrière comme
chef de cabinet et bras droit d'un ministre fédéral. Je suis en
train de me demander si c'est une dette envers Marcel Masse qu'on est en train
de régler ou si c'est un échange de bons procédés
contre la nomination de Jean-Claude Rivest au Sénat. Enfin,
peut-être...
Mais, plus sérieusement, est-ce que le ministre ne
reconnaît pas qu'il y a quelque chose de curieux, de bizarre et
d'imprudent de nommer quelqu'un qui a contribué très activement
comme chef de cabinet du ministre fédéral des Communications,
à l'époque, de 1989 à 1991, dans une période,
justement, où Ottawa multipliait les initiatives unilatérales en
matière culturelle, ajoutant ainsi au chevauchement dans ce secteur, en
même temps qu'il entendait réduire à néant les
compétences du Québec en matière de
télécommunications? On peut donc dire que M. Scott a
contribué à accroître les responsabilités
fédérales dans le secteur de la culture et des communications;
c'est l'évidence même, c'est la réalité.
À partir de là, on peut se demander comment
défendra-t-il les intérêts du Québec dans le dossier
de la culture et des communications? Est-ce qu'il va défendre les
intérêts du Québec, d'abord, dans ce dossier, ou est-ce
qu'il va suivre le conseil de Mme la vice-première ministre au conseil
général, le Canada d'abord? Est-ce que c'est lui qui va
être responsable de négocier les ententes administratives qui sont
en panne, comme on le sait, entre Québec et Ottawa?
Je m'interroge aussi sur un autre aspect de cette nomination: Comment se
fait-il qu'on a été incapable de trouver et de choisir quelqu'un
dans la fonction publique québécoise pour occuper ce poste? Il me
semble qu'on ne manque certainement pas de personnes compétentes dans
l'appareil administratif de l'État pour qu'on puisse être en
mesure de trouver quelqu'un qui a fait sa carrière au service de
l'État québécois, trouver quelqu'un qui aurait pu assumer
cette fonction-là. Est-ce que c'est parce que le gouvernement
québécois, depuis certaines affaires qui se sont produites
à l'époque de la campagne référendaire... est-ce
que ça veut dire que le gouvernement québécois se
méfie, maintenant, fait preuve de méfiance à
l'égard des fonctionnaires et des hauts fonctionnaires de l'appareil
administratif de l'État?
Bien, la question mérite d'être posée. Moi, je vous
avoue, M. le Président, que je suis resté perplexe et je me pose
des questions sur l'attitude du gouvernement libéral. Est-ce que
ça s'inscrit dans le processus de mise en tutelle du gouvernement
québécois par le gouvernement fédéral? Est-ce que
ça s'inscrit dans le processus de résignation du gouvernement
québécois à l'égard de tout ce qui concerne les
relations avec le gouvernement fédéral? Comment se fait-il qu'on
n'ait pas réussi à trouver quelqu'un, dans l'appareil
administratif de l'État, en mesure d'assumer ces fonctions-là,
pour remplacer M. Beaudet, qui va occuper un autre poste, et qu'on ait
jugé essentiel de faire appel à Ottawa et de faire venir d'Ottawa
quelqu'un qui a fait une bonne partie de sa carrière à
défendre, évidemment, les prérogatives, les pouvoirs et
les positions du gouvernement fédéral en matière
d'ingérence dans les compétences du Québec et en
matière de relations fédérales-provinciales? J'aimerais
ça que le ministre m'explique ce qui l'a conduit à faire une
telle nomination.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je
considère cette question du député de Lac-Saint-Jean comme
désobligeante et mesquine, pas simplement en fonction d'une...
M. Brassard: On ne peut pas s'interroger sur les nominations du
gouvernement?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Franchement!
M. Rémillard: Pas simplement, M. le Président... Je
continue. J'ai été interrompu. Pas simplement en fonction d'une
nomination dont je suis particulièrement fier et que j'expliquerai en
long et en large tout à l'heure, mais en fonction même des
collègues et anciens collègues du député de
Lac-Saint-Jean: Mme Louise Beaudoin, par exemple, M. de Belleval, M. Duhaime.
Et le député de Lac-Saint-Jean pourrait m'aider à allonger
cette liste de ministres péquistes qui sont allés à
Ottawa occuper parmi les plus hautes fonctions, M. le Président.
Alors, ils sont allés aux plus hautes fonctions de l'État
fédéral. Ils étaient des indépendantistes,
paraît-il, durs et purs. Et, tout à coup, on les a vus aller
offrir leurs services au niveau fédéral et pas à n'importe
quel poste, M. le Président. Là, j'en mentionne trois, mais je
suis convaincu que le député de Lac-Saint-Jean, au fur et
à mesure qu'il discute de ce sujet avec moi, il a d'autres
pensées qui lui viennent.
M. le Président, qu'est-ce que ça veut dire tout
ça? Ça veut dire, M. le Président, que le
député de Lac-Saint-Jean n'a pas regardé le c.v. de M.
Scott, qu'il n'a pas vu la formation non seulement académique, M. le
Président, mais qu'il n'a pas vu les qualités aussi de
gestionnaire de M. Scott à tous les postes qu'il a occupés. M.
Scott a été le chef de cabinet du ministre Masse. M. le
Président, je trouve ça surprenant je pèse mes mots
d'entendre les commentaires du député de Lac-Saint-Jean
face à l'action de M. Masse.
M. Masse, comme ministre des Communications, de l'Énergie et,
ensuite, en ce qui regarde les forces armées, comme francophone, a
été là, M. le Président, à ma connaissance
et, je sais, à la connaissance du député de Lac-Saint-Jean
aussi, pour faire valoir des intérêts du Québec, sans
perdre les intérêts canadiens de vue. Mais M. Masse,
souvenons-nous, M. le Président, qu'il a été
député et ministre des Affaires canadiennes, en 1968-1969, qu'il
a fait une carrière en politique et qu'il est allé servir
à Ottawa dans un parti politique que le député de
Lac-Saint-Jean, à ce moment-là, appuyait fortement. N'oublions
pas ça.
Dans sa période affïrmationniste, lorsqu'il n'était
pas encore trait-d'unioniste. Puis, là, aujourd'hui, il vient de nous
descendre M. Masse, M. le Président, un politicien qui s'est
retiré comme... On sait qu'il est toujours député, mais
qu'il s'est retiré comme ministre, qu'il va se retirer comme
député. Il l'a annoncé lui-même. M. Masse, au point
de vue communications, qui a travaillé... Nous, on a fait valoir nos
droits, on a fait valoir nos positions, et je dois dire qu'il y a toujours eu
une bonne relation, à ce que je sache, pour moi, en fonction de ministre
des Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. le Président, je trouve ça mesquin et je tiens à
le dire. Moi, je ne ferai pas de commentaires sur ces députés et
anciens ministres péquistes qui sont allés travailler à
Ottawa et qui, maintenant, reviennent pour pouvoir se représenter dans
des comtés. On sait que Mme Beaudoin va se représenter. On sait
que M. Cliche... Le député de Vimont me parle de M. Cliche qui va
se présenter. David Cliche. Bon, etc.
Une voix: II hésite, il hésite. (12 heures)
M. Rémillard: Bon! Alors, M. le Président, M. Scott
a été choisi, de par sa formation, de par son expérience,
de par sa capacité d'apporter au Québec une expertise qui va nous
permettre de faire valoir les intérêts du Québec. M. Scott
a été dans des dossiers qui sont particulièrement
importants pour nous, présente- ment, et ses connaissances, sa
connaissance des dossiers vont nous aider à faire valoir les droits du
Québec et voir les perspectives que nous avons devant nous.
M. le Président, nous avons une fonction publique, au
Québec... Personnellement, ça fait sept ans et demi que je suis
ministre, et je dois dire à quel point j'ai toujours été
impressionné par la qualité de la fonction publique que nous
avons eue. J'ai rendu hommage, tout à l'heure, au SAIC et je tiens
à le faire encore de nouveau, à tous ses membres, et quand je
peux aider quelqu'un qui a commencé sa carrière au SAIC...
Je parlais de M. Beaudet, tout à l'heure. Le député
de Lac-Saint-Jean est revenu sur M. Beaudet qui a commencé, il y a 20
ans, au SAIC, qui a fait carrière au SAIC et qui a été
nommé, M. le Président, à ma recommandation, comme
sous-ministre adjoint, et qui continue sa carrière par une promotion qui
l'amène dans un sujet extrêmement important: tout le domaine
économique des relations fédérales-provinciales.
M. Beaudet a cette formation qui va nous permettre de profiter de cette
expérience qu'il a eue pendant toutes ces années où, au
niveau du SAIC, il a été au coeur de toutes les discussions
fédérales-provinciales et interprovinciales concernant, entre
autres, les barrières qu'il peut y avoir à tous les niveaux entre
les provinces. C'est un sujet, pour nous, de première importance.
Je n'ai pas besoin de revenir, M. le Président, sur ce que le
Nouveau-Brunswick, par exemple, a fait comme déclaration,
dernièrement. Mon collègue, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, a très bien répondu, avec la clarté des propos
qu'on lui connaît. Il a très bien répondu pour dire que
c'était inacceptable. Le Québec, dans ce dossier des
barrières, M. le Président... Souvent, se fait taxer injustement
d'une action parce que peut-être que, chez nous, on écrit des
choses, mais que, dans d'autres provinces, on ne les écrit pas, mais
ça se passe exactement pareil. Quand on vient nous montrer patte
blanche, du côté des autres provinces, M. le Président, on
dit: Un instant, un instant. La réalité des choses, ce n'est pas
ce que vous nous dites. Il faut que nos entreprises, aussi, il faut que nos
travailleurs puissent aller chez vous.
C'est exactement ce que mon collègue de l'Industrie et du
Commerce a dit. On s'asseoit, maintenant, M. le Président, et on va
discuter avec le Nouveau-Brunswick. C'est un partenaire qui est important pour
nous, le Nouveau-Brunswick, comme l'Ontario, un partenaire important pour nous,
on le sait, sur le plan économique. Nous sommes des voisins sur le plan
des territoires. Nous sommes des partenaires économiques...
M. Brassard: Pertinence.
M. Rémillard: ...extrêmement importants.
M. Brassard: Pertinence.
M. Rémillard: Hein? Alors... Pardon?
M. Brassard: Pertinence du sujet.
M. Rémillard: Pertinence du sujet, M. le Président?
On m'interroge sur un choix que nous avons fait, et je viens de dire, M. le
Président, que ce choix a été dicté, pour nous, par
la formation, par l'expérience, par la capacité de gestionnaire,
par ces qualités qui sont fondamentales, essentielles pour occuper le
poste, que nous voulions avoir, et M. Scott a toutes ces qualités. C'est
clair, M. le Président, c'est ça. Maintenant, il fera
équipe avec M. Dufour, André Dufour.
J'ai déjà parlé de M. Dufour, tout à
l'heure, M. le Président. Je répète que M. Dufour, tout
d'abord, a été professeur à l'Université Laval,
qu'il a écrit en matière de droit international, de droit
constitutionnel, des articles particulièrement intéressants. M.
Dufour a été aussi dans l'appareil gouvernemental comme
sous-ministre, au niveau gouvernemental. Il a été doyen et
vice-doyen; il a été vice-recteur au niveau de
l'Université Laval. Il est présentement notre
délégué du Québec à Paris. Il revient donc
à la fin juin. Il fait équipe avec M. Scott, et, M. le
Président, je vais vous dire que je suis particulièrement fier,
comme ministre, d'avoir réussi à persuader M. Dufour, M. Scott de
venir avec moi, de venir avec le gouvernement, avec nous pour travailler et
relever le défi que nous avons aux Affaires canadiennes.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je continue de m'interroger
sur le geste du gouvernement. Le ministre vient de vanter, de faire
l'éloge, à nouveau, encore une fois, des fonctionnaires du SAIC,
du personnel de la fonction publique du SAIC, de leur compétence, de
leur expérience. Comment il se fait qu'il n'a trouvé personne,
à l'intérieur du SAIC, pour prendre la relève de M.
Beaudet? Pourquoi a-t-il choisi d'aller à l'extérieur et,
particulièrement, du côté fédéral? Vous
n'avez trouvé personne?
D'abord, premièrement, la question est: Avez-vous cherché
à l'intérieur de la fonction publique québécoise?
Avez-vous cherché, à l'intérieur du Secrétariat aux
affaires intergouvernementales canadiennes, quelqu'un ou quelqu'une qui aurait
pu assumer le poste qu'a assumé pendant longtemps M. Beaudet? Avez-vous
cherché là, d'abord? Premièrement, avez-vous
cherché? Est-ce que ça a été ça votre
première démarche? Si je comprends bien, compte tenu de la
nomination que vous faites, vous n'avez pas trouvé.
Alors, je trouve ça un peu curieux. D'un côté, vous
en faites l'éloge, vous vantez les mérites, la compétence
et l'expérience du personnel du SAIC, puis, en même temps, vous
nous faites l'aveu que vous n'avez pas été capable de trouver
quelqu'un pour assumer la fonction qu'assume M. Scott présentement
depuis cette semaine. Pourquoi n'avez-vous pas trouvé quelqu'un?
Avez-vous cherché quelqu'un à l'intérieur de fonction
publique québécoise et, particulièrement, à
l'intérieur du SAIC? Pourquoi n'avez-vous pas trouvé quelqu'un et
pourquoi avez-vous décidé d'aller du côté
fédéral chercher quelqu'un?
Je n'ai jamais remis en question ses compétences ni sa formation,
comprenons-nous bien, sauf que je regarde sa trajectoire et son
itinéraire, à M. Scott. Je regarde et je constate qu'il a
occupé plusieurs fonctions majeures, importantes sur la scène
fédérale, qu'il a été présent au moment
où, en matière de télécommunications et de culture,
le gouvernement fédéral était extrêmement actif.
Vous en parlerez à Mme Bacon; elle était ministre des Affaires
culturelles, à l'époque. Il était extrêmement actif
et multipliait les initiatives en matière culturelle: édition,
cinéma, disques, sans grande consultation avec le gouvernement du
Québec et qui n'étaient pas très concordantes avec la
politique culturelle qu'a rendue publique, il y a quelque temps, Mme
Frulla-Hébert. Pas du tout, mais alors, il n'y a aucune
cohérence, aucune concordance et il y a même des contradictions.
Vous allez chercher quelqu'un qui a été au coeur de ces actions
du gouvernement fédéral. Alors, je m'interroge.
Je ne mets pas en doute les compétences de M. Scott. Je ne mets
pas en doute son expérience ou sa formation. Je m'interroge, compte tenu
de son itinéraire, de son cheminement et des fonctions qu'il a
occupées. Je me dis: Comment se fait-t-il que vous n'avez trouvé
personne à l'intérieur du SAIC pour assumer cette
fonction-là? Je me questionne. Même je me demande: Avez-vous
vraiment cherché, à l'intérieur du SAIC et à
l'intérieur de la fonction publique, pour trouver quelqu'un? Ça,
j'en arrive à en douter. C'est ça, les questions que je vous
pose.
Alors, n'essayez pas de me faire passer pour un mesquin, là. Aux
Etats-Unis, lorsqu'il y a des nominations, ça prend pas mal plus de
temps que ça avant de les ratifier, là. Je ne fais simplement que
poser des questions bien légitimes sur le choix que vous avez fait, sur
la personne que vous avez choisie et sur les raisons pour lesquelles vous
n'avez pas réussi à trouver quelqu'un au sein de la fonction
publique québécoise, fonction publique compétente,
personnel extrêmement compétent, riche d'expérience. C'est
ce que vous avez dit tantôt. Vous n'avez trouvé personne. C'est
ça, ma question.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je ne change
pas d'opinion quant à l'aspect mesquin de la question. Et, même si
le député de Lac-Saint-Jean me dit qu'aux
États-Unis...
M. Brassard: ...sensible.
M. Rémillard: ...même si, aux États-Unis, on
dit que c'est beaucoup plus serré que ça, ce n'est pas le
même régime. Ce n'est pas un régime parlementaire, M. le
Président. Je vois là quand même les ambitions
républicaines du député de Lac-Saint-Jean. Il se voit
déjà dans la république, M. le Président. Il a
encore un petit bout de temps à faire.
M. le Président, mais j'entends le propos du dé-
puté de Lac-Saint-Jean parlant de l'activité de M. Scott
dans les dernières années. M. le Président, j'étais
là et je me disais: On «a-t-u» fait un bon coup! On
«a-t-u» fait un bon coup! Parce que c'est ça, la conclusion,
M. le Président. On est allé chercher la personne qui
était au coeur de l'action dans les dossiers qui sont parmi les plus
pertinents, maintenant, à discuter avec le gouvernement
fédéral. On est allé le chercher, puis on l'amène
avec nous, puis il dit: Je vais travailler avec vous. On va relever ensemble ce
défi-là. Il vient voir aux intérêts du Québec
en fonction de l'expérience qu'il a eue. M. le Président, peut-on
faire un meilleur coup que ça? (12 h 10)
M. le Président, j'ai un SAIC dont le personnel est
particulièrement compétent. Comme ministre, la
responsabilité est de voir aussi à l'évolution de leur
carrière. J'ai parlé de M. Beaudet. Je pourrais parler de bien
d'autres, aussi, à qui on peut donner la possibilité d'exercer
leur compétence, non seulement à l'intérieur du SAIC, M.
le Président, mais dans d'autres ministères.
Parce qu'il y avait un relent de xénophobie administrative, si je
peux employer cette expression-là de mon ami, le député de
Lac-Saint-Jean, lorsqu'il dit: C'est effrayant, c'est épouvantable.
Imaginez-vous, vous êtes allé chercher... M. le Président,
on est allé chercher quelqu'un à l'extérieur de la
fonction publique pour occuper ce poste-là.
Mais qu'est-ce que ça veut dire, M. le Président, tout
ça? Mais qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'on ne
peut pas aller chercher quelqu'un de compétent à
l'extérieur de la fonction publique pour venir apporter un souffle, pour
apporter sa contribution? Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de gens
compétents à l'intérieur de la fonction publique
québécoise. On a une compétence ici, au Québec, au
niveau de notre fonction publique, remarquable, dans tous les domaines. On le
voit, M. le Président, comme parlementaires. Tous les membres de cette
commission peuvent en témoigner avec moi.
Entre autres, je voudrais rendre hommage à ces fonctionnaires qui
ont travaillé au niveau des deux commissions parlementaires sur les
offres et sur la souveraineté, avec le député de Viger, et
tous les membres qui sont ici, M. le Président, qui ont, avec moi,
travaillé à ces commissions et qui ont vu les fonctionnaires...
à quel point, d'une façon tout à fait objective, ils ont
été exceptionnels. C'est un exemple que je donne. Mais, M. le
Président, on va nous reprocher d'aller chercher la personne la plus
compétente parce qu'elle était au niveau fédéral.
C'est ça, finalement, la raison, M. le Président, parce que cette
personne travaillait au niveau fédéral.
Mais, si le gouvernement fédéral avait eu le même
raisonnement face aux amis du député de Lac-Saint-Jean, Mme
Beaudoin, M. de Belleval, M. Duhaime et même le chef de l'Opposition, qui
a été consultant dans bien des dossiers, qu'est-ce que ça
aurait donné comme résultat, M. le Président? C'est pour
ça que ma conclusion, c'est de dire: C'est mesquin, c'est de la
xénopho- bie administrative avancée, M. le Président.
Je dis, en conclusion, à la suite des propos que j'ai entendus du
député de Lac-Saint-Jean, je dis: Bon Dieu! On
«a-t-u» fait un bon coup! Très heureux d'avoir M. Scott avec
nous.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Là-dessus, M. le député de Viger a demandé
la parole.
M. Maciocia: Oui, M. le Président, je ne peux pas
laisser passer la remarque que je reçois du député de
Lac-Saint-Jean sur la pertinence, sur la capacité ou les
compétences de M. Scott, sans me poser une autre question.
On sait pertinemment que ces gens-là, M. le Président, ils
véhiculent depuis un certain nombre d'années et,
particulièrement, tout dernièrement, que la fonction publique
fédérale, ils vont l'intégrer complètement à
l'intérieur de la fonction publique québécoise. Là,
on se pose la question sur un personnage qui va intégrer actuellement la
fonction publique québécoise.
Une voix: Ça va être beau!
M. Maciocia: Sur les milliers de fonctionnaires
fédéraux qui doivent intégrer la fonction publique
québécoise, qu'est-ce qu'ils vont faire, à ce
moment-là? Est-ce qu'ils vont commencer à dire: Lui a
travaillé pour tel et tel ministre...
Une voix: C'est ça. Ça va être beau!
M. Maciocia: ...il a travaillé contre le Québec
pour telle et telle raison; l'autre, il s'est comporté de telle
manière que ce n'était pas dans l'intérêt du
Québec? Est-ce qu'ils vont faire de la discrimination tout le long du
processus pour aller dire: Telle personne, on ne l'intègre pas à
la fonction publique québécoise parce que, à un certain
moment, elle n'a pas travaillé dans les intérêts du
Québec, elle a travaillé uniquement pour les
intérêts du gouvernement fédéral?
M. le Président, il faut se la poser. Voilà la
vérité. Voilà le portrait exact de ces personnes qui
véhiculent des idées...
Une voix: Dans l'Outaouais.
M. Maciocia: ...qui véhiculent de fausses
représentations pour arriver à leurs fins d'une façon que
je dirais quasiment irresponsable.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Viger.
M. Rémillard: Ça serait une purge. Hein, le mot
«purge», il arrive.
M. Maciocia: Ce serait une purge qu'ils feraient, à ce
moment-là.
Une voix: Disons que ce n'est pas ça que Mme Harel
dit.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, bon, d'abord, le
raisonnement du député de Viger ne vaut pas. M. Scott n'est pas
un fonctionnaire.
M. Maciocia: Fonctionnaire... Il travaille au... C'est ça,
la raison pour laquelle vous ne voulez pas.
M. Brassard: Personnel politique. C'est du personnel politique,
conseiller politique.
M. Maciocia: C'est ça, la raison, parce qu'il travaille au
fédéral. Voilà la raison pour laquelle vous ne voulez
pas.
M. Brassard: Deuxièmement, M. le Président, j'ai ma
réponse, de toute façon. Je vois que le ministre applaudit le
député de Viger. Ils forment un bon couple à la Cervantes,
Don Quichotte et Sancho.
M. Rémillard: M. le Président, les moulins à
vent ne sont pas de notre côté.
M. Brassard: Oui!
M. Rémillard: C'est le vent qui les fait tourner, puis
ça ne tourne pas fort, actuellement, M. le Président.
M. Brassard: M. le Président, je prends acte que...
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
Stratégie gouvernementale en
matière
de conclusion et de signature d'ententes
administratives avec le fédéral
M. Brassard: Je prends acte que le ministre n'a pas
cherché... J'ai ma réponse. Il n'a pas cherché à
l'intérieur de la fonction publique québécoise. Il n'a
fait aucune recherche de ce côté-là, en premier lieu.
Ceci étant dit, M. le Président, je voudrais aborder un
autre sujet, celui des ententes dites administratives. On sait qu'à la
suite de l'échec référendaire du ministre et de son
gouvernement le ministre avançait l'idée ambitieuse d'une seconde
révolution tranquille qui pourrait s'appuyer sur une
décentralisation du régime fédéral par le biais
d'ententes administratives. Puisqu'on n'avait pas pu obtenir des amendements
constitutionnels, on pouvait se lancer dans une... il a utilisé
l'expression une seconde révolution tranquille, vaste mouvement de
décentralisation du régime fédéral sur la base et
à partir d'ententes administratives.
Or, à cet égard, quand on regarde la
réalité, les progrès de la seconde révolution
tranquille sont plutôt lents. Ottawa, on le sait, refuse farouchement de
céder quoi que ce soit en matière de formation de la
main-d'oeuvre en dépit des efforts répétés, mais
vains, complètement vains du ministre Bourbeau, du ministre
québécois, d'obtenir le rapatriement des responsabilités
fédérales et des budgets afférents dans ce secteur
considéré par tout le monde comme étant névralgique
pour le développement économique du Québec.
Alors, la recherche d'un guichet unique s'est enlisée dans le
bourbier des chevauchements et des dédoublements, et ces derniers, on le
sait, continuent de générer du gaspillage de fonds publics,
minimum de 275 000 000 $ par année dans le secteur. Et ça
n'avance pas. Le fédéral continue, au contraire, d'élargir
sa présence et sa place en matière de main-d'oeuvre. Je parlais
justement, dans mes remarques préliminaires, là, de la mise en
place des comités sectoriels pancanadiens pour définir les normes
et les standards en cette matière.
Deuxième remarque. En matière de culture, la ministre de
la Culture du Québec, invoquant le prétexte qu'il y a course au
leadership conservateur, a reconnu que le dossier du rapatriement des
responsabilités fédérales en matière de culture est
dans un cul-de-sac. C'est dans l'impasse, ça ne bouge pas, ça n'a
pas avancé, et l'impasse risque de perdurer, puisque Ottawa, on l'a
appris, veut se donner, lui aussi, une politique culturelle. Alors, il va y
avoir le choc... Il y avait le choc des deux visions; là, on va avoir le
choc de deux politiques culturelles. Donc, un autre échec pour le
Québec en matière d'ententes administratives et de rapatriement
de responsabilités.
En matière de communications, bien, vous savez qu'il n'y a aucune
évolution non plus à ce chapitre. En matière de
développement régional, on s'est résigné à
une prolongation de deux ans de l'entente conclue sur le développement
des régions, dont le budget était de 820 000 000 $, mais au 1er
janvier 1993, on sait qu'il n'y avait que 30 %, le tiers à peu
près, de dépensés. Alors, il fallait prolonger, mais
c'était, en même temps, la démonstration que l'entente ne
fonctionnait pas ou, en tout cas, fonctionnait très mal.
Donc, tous les champs de compétence où le gouvernement
québécois pouvait espérer conclure une entente
administrative et faire en sorte que cette seconde révolution tranquille
souhaitée par le ministre commence à devenir une
réalité, tous ces champs de compétence sont toujours,
actuellement, occupés par le gouvernement fédéral, et il
n'y a aucune indication qui nous permet de penser que le fédéral
songe à conclure des ententes administratives qui auraient pour effet de
restreindre la place qu'il occupe et qui auraient pour effet de le voir se
retirer de ces champs de compétence. Il est évident que le
secteur du développement de la main-
d'oeuvre et de la formation professionnelle est tout à fait
éloquent, à cet effet. (12 h 20)
Alors, comme ça n'avance pas, comme la seconde révolution
tranquille du ministre est dans l'impasse, est embourbée, j'aimerais
savoir, en matière de négociations, de conclusion et de signature
d'ententes administratives, où en est-on? Quel est le calendrier?
Où s'en va-t-on? Quel est le calendrier du gouvernement? Quel est le
plan d'action du gouvernement? Quelles sont les priorités du
gouvernement en matière d'ententes administratives? Est-ce qu'il y a une
stratégie de la part du gouvernement pour débloquer un certain
nombre de ces dossiers et faire en sorte qu'on en arrive à des
transferts de responsabilités et à la suppression des
dédoublements et des chevauchements?
Le ministre en parle avec beaucoup d'éloquence. Ce serait,
semble-t-il, un de ses objectifs de supprimer les chevauchements et les
dédoublements, mais on a de la difficulté. À part les
discours, en dehors des discours qui sont très convaincants de la part,
entre autres, du ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité
du revenu, je dois le dire, ça n'avance pas, ça ne bouge pas. Le
fédéral continue d'occuper les champs de compétence et
même de poursuivre son invasion et son ingérence. Donc, ça
ne bouge pas. Au contraire, ça se dégrade, ça se
détériore.
Mais, au moins, il faut reconnaître que le ministre
québécois, M. Bourbeau, a un discours cohérent, puis a
réussi, même, à créer une espèce de coalition
québécoise d'à peu près tous les intervenants qui
sont derrière lui et sont d'accord, bon. Il y a vraiment un consensus
dans la société québécoise. Le ministre Bourbeau
exprime ce consensus, mais ça n'avance pas. C'est clair que c'est
l'échec, c'est l'embourbement. Puis, devant ça, en dehors des
discours, on a peine à voir la stratégie du gouvernement. Quelle
est-elle? Est-ce qu'il y a un plan d'action? Est-ce qu'il y a des objectifs?
Est-ce qu'il y a des priorités? Est-ce qu'il y a un calendrier? Bon,
où s'en va-t-on?
On sait que, sur le plan constitutionnel... on ne le sait pas. C'est le
néant, c'est le vide, bon, c'est la recherche de la pierre philosophale.
Mais, sur le plan des ententes administratives, j'aimerais savoir, secteur par
secteur, où on en est, puis où est-ce qu'on s'en va. Quels sont
les horizons prévisibles en cette matière? Puis, là,
j'aimerais avoir des réponses les plus précises possible,
à moins qu'encore là on patauge ou on nage en pleine
improvisation. J'espère que non, mais on a peine à déceler
et à identifier, actuellement, la stratégie gouvernementale en
matière de signature et de conclusion d'ententes administratives.
J'aimerais, je souhaiterais il ne reste pas beaucoup de temps la
connaître.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je dois dire,
tout d'abord, que je me réjouis de voir toute l'importance que mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean, accorde aux
ententes administratives. Ça n'a pas toujours été la
situation. Je me souviens d'il n'y a pas tellement longtemps, où il
était contre, il déchirait sa chemise...
M. Brassard: Vous aussi.
M. Rémillard: ...contre les ententes
administratives...
M. Brassard: Voulez-vous que je vous cite... M. Rémillard:
...C'était épouvantable,...
M. Brassard: ...le discours de Whistler, le discours de
Whistler?
M. Rémillard: ...c'était effrayant. M. le
Président, j'ai toujours dit et je le répète qu'une
entente administrative n'est pas une entente constitutionnelle, mais qu'elle
permet au Québec, d'une façon pragmatique, réaliste de
pouvoir faire en sorte que, surtout dans un contexte économique
difficile dans lequel nous sommes, on aille chercher ce qui nous revient et
qu'on évite surtout, M. le Président, les dédoublements,
qu'on évite les dédoublements. Pour nous, c'est l'objectif
premier: efficacité.
Fédéralisme, M. le Président, ça signifie
deux niveaux de gouvernement: fédéral et provincial, chacun dans
leurs sphères de juridiction. Même si nous disons, M. le
Président, que les deux niveaux de gouvernement sont autonomes dans
chacune de leurs sphères de juridiction, immanquablement, et c'est la
situation dans toutes les fédérations au monde, il y a des
chevauchements. C'est un des défis majeurs du fédéralisme,
dans sa recherche de la coordination entre les deux niveaux de gouvernement, de
l'efficacité, de trouver les meilleurs outils, les meilleurs moyens pour
coordonner, pour être efficace. Quand on dépense 1 $, les payeurs
de taxes, M. le Président, veulent que ce soit 1 $ profitable, et on
n'accepte plus les incohérences qui ont pu se produire il n'y a pas,
quand même, tellement, tellement longtemps.
M. le Président, à ce niveau-là, il y a des
ententes administratives qui sont en discussion et en discussion
avancée. Mais ça me réjouit. Je vais y revenir, sur leur
contenu, mais je voudrais dire, M. le Président, que ça me
réjouit de voir le député de Lac-Saint-Jean mettre tant
d'importance sur les ententes administratives, parce que j'espère
qu'à ce moment-là il va faire en sorte qu'on puisse éviter
d'avoir à Ottawa, M. le Président, un gouvernement à
l'italienne, parce que, si nous avons je m'excuse...
Une voix: De toute façon!
M. Rémillard: ...auprès de mon
député, non pas en fonction de la belle langue italienne
un gouvernement à l'italienne, dans le sens que le chef de l'Opposition
le mentionnait, disant: Si le Bloc québécois est élu
à Ottawa en plus grand nombre possible, ça permettra, ça
nous permettra d'avoir oh! quelle trouvaille, M. le
Président! un gouvernement à l'italienne.
Alors, M. le Président, comment, à ce moment-là,
pourrons-nous arriver à des résultats concrets en matière
d'ententes administratives si nous avons un gouvernement à l'italienne,
c'est-à-dire... J'interprète, M. le Président, les propos
du chef de l'Opposition, sous toutes réserves. Il pourra me corriger. En
voulant dire que c'est un gouvernement qui n'a pas de stabilité, qui
change régulièrement, etc. Et on dit ici... on me donne une
citation, une citation, dans The Gazette du 18 janvier: Jacques Parizeau
se réjouit de la possibilité que le Bloc québécois
fasse élire un grand nombre de députés. Et là,
c'est en citation, M. le Président, entre guillemets: Le gouvernement
fédéral sera le plus faible jamais vu, un véritable
gouvernement à l'italienne. C'est ça, c'est ça qui a
été dit.
Alors, d'une part, comment concilier, M. le Président, d'avoir
cette intention, de la part du chef de l'Opposition, intention, je pense, qui
doit être suivie. Je pense qu'on n'est pas ici pour mettre en cause,
quand même, la volonté du chef de l'Opposition quant au fait que
ses troupes pourraient décider de ne pas le suivre. Je pense que ses
troupes et le député de Lac-Saint-Jean acceptent de faire partie
de cette bataille pour faire élire des gens du Bloc
québécois. Moi, je ne me prononce pas là-dessus, M. le
Président. Je ne fais pas de politique fédérale; je fais
de la politique provinciale. En tout respect, ce n'est pas ça que je
fais, mais je cite tout simplement ce qui est dit par le chef de
l'Opposition.
Alors, d'une part, oui, il faut avoir des ententes administratives, et
les plus efficaces possible, mais j'espère que le député
de Lac-Saint-Jean pourra nous donner un petit coup de main pour qu'on ait un
gouvernement, à Ottawa, peu importe de quel parti il se situe, mais
qu'il y ait un gouvernement qui soit capable de discuter avec nous et de
prendre ses responsabilités. Je voulais faire cette remarque-là
préliminaire, M. le Président.
En ce qui regarde, maintenant, les dossiers, il a parlé de la
culture. Il a parlé, tout d'abord, d'une révolution tranquille.
J'ai dit... Il m'a cité, et je répète ce que j'ai dit: il
m'a bien cité. Je dis qu'il nous faut une révolution tranquille,
phase 2. Je dis qu'il faut qu'on puisse se donner des outils qui vont nous
permettre d'ajuster, dans certains cas, de compléter, dans d'autres, et
de rénover et d'innover, dans d'autres cas, M. le Président, ce
que nous avons fait dans les années soixante, où les
Québécois ont décidé de se donner des outils avec
le gouvernement de Jean Lesage: «Maîtres chez nous», toujours
un slogan qu'on applique. C'est un grand premier ministre du Québec,
Jean Lesage. Très heureux d'avoir, entre autres, son épouse qui
est dans le comté de Jean-Talon, comté que je suis
particulièrement fier de représenter.
Alors, M. le Président, dans cette deuxième phase, il y a,
au point de vue culture, par exemple, ma collègue, la ministre de la
Culture, qui, pour la première fois dans l'histoire du Québec
je n'ai pas entendu ça du député de Lac-Saint-Jean
a fait adopter par l'Assemblée nationale une politique de la
culture pour la première fois. Il y avait déjà eu des
livres de publiés, des livres blancs, paraît-il, mais une loi,
à la suite d'un groupe de travail qui a été conduit d'une
façon particulièrement remarquable par M. Arpin, à qui je
veux rendre hommage, qui est notre président, notre directeur du
Musée de la civilisation, qui est une personne particulièrement
impliquée dans tous les domaines de l'art, de la culture, qui a fait son
rapport... commission parlementaire qui a été tenue, où ma
collègue a entendu tous les commentaires. (12 h 30)
M. le Président, je veux simplement souligner au
député de Lac-Saint-Jean que les artistes eux-mêmes sont
venus témoigner pour dire: Attention, on veut continuer, nous, à
pouvoir quand même discuter avec le gouvernement fédéral.
Ils sont venus dire ça, on ne pourra pas le nier, ils sont venus dire
ça, directement.
Pour la première fois, ma collègue, la ministre des
Affaires culturelles met en place une politique des affaires culturelles.
À partir de là, M. le Président, avec un Conseil des arts
qui saura être encore plus efficace dans l'aide que nous apportons comme
gouvernement à la culture, aide de soutien, toujours dans la philosophie
d'un gouvernement libéral, où l'État n'est pas
omniprésent, l'État est là pour soutenir. Alors, M. le
Président, dans ce contexte-là, il y a des discussions avec le
gouvernement fédéral qui se font pour rechercher
l'efficacité, la coordination et la recherche d'une entente
administrative.
Tout à l'heure, j'ai parlé du domaine de la main-d'oeuvre,
M. le Président, et mon collègue, le ministre de la
Sécurité du revenu, qui fait un travail remarquable dans ce
dossier, qui a réussi à faire un consensus au niveau des
principaux intervenants de la société québécoise,
patronal, syndical, tous les intervenants, pour dire que nous devons avoir dans
ce domaine un guichet unique, que le travailleur qui veut avoir une formation
adéquate, qui est en difficulté, a perdu son travail, puisse
avoir, au niveau non seulement de la formation, mais du placement aussi, un
endroit où il peut se retrouver, avoir l'information requise, avoir les
directives et avoir, donc, le service auquel il est en droit de s'attendre, M.
le Président, dans le contexte économique dans lequel nous vivons
présentement.
Le député de Lac-Saint-Jean criait, disait que
c'était épouvantable. Je me souviens, pendant le temps du
référendum, entre autres, il le disait, tout à l'heure,
aussi: C'est effrayant, formation de la main-d'oeuvre, les objectifs
nationaux... Moi, je dis: Oui, on va avoir des objectifs nationaux, et c'est
complètement irréaliste, M. le Président, de penser qu'on
peut avoir, au Québec, une politique de la formation, une politique qui
prépare nos travailleurs à faire face au défi
économique que nous avons, au Québec comme au Canada, comme au
niveau international, et qu'on n'aurait pas pour nous guider des objectifs
nationaux au niveau de la Fédération canadienne, M. le
Président. C'est aberrant que ces objectifs puissent être
déterminés en collaboration, en concertation avec les provinces.
C'est ce que nous disons. Mais comment nier, M. le Président, cet
avantage
qu'on a, parce que nous faisons partie d'une Fédération
canadienne, d'avoir des objectifs qui permettent à nos travailleurs
d'aller travailler à Vancouver, d'aller travailler à Toronto?
Mais c'est ça qui va faire notre force, non seulement comme
Québécois, mais comme Canadiens.
M. le Président, dans ce contexte-là, il y a des
discussions qui se continuent. Le contexte n'est pas facile sur le plan
économique, puis il y a le contexte, aussi, au niveau politique,
fédéral et tout, mais on doit dire, M. le Président, quand
même, que ces discussions ont pour nous toujours le même objectif,
et c'est un objectif qui, jusqu'à nouvel ordre, en tout cas, semble
être partagé par le gouvernement fédéral:
l'efficacité, éviter les dédoublements, donner la
formation qu'on doit donner à nos travailleurs.
Parce que le défi que nous avons, M. le Président,
essentiellement, il se réfère à un mot:
éducation-formation. C'est ça, finalement, le défi que
nous avons. C'est ça qu'on a pour faire face à la
réalité économique. La récession économique
que nous vivons, M. le Président, ce n'est pas simplement un cycle
économique, c'est l'effondrement d'un système, rendons-nous
compte de ça, avec ses conséquences non seulement aussi
économiques, mais au point de vue social, au point de vue culturel.
Ce que nous faisons comme réaction gouvernementale, M. le
Président, c'est ce que nous faisons. Nous prenons des longueurs
d'avance, actuellement, M. le Président, avec des politiques comme ma
collègue de l'Éducation, avec ma collègue de la Culture,
avec mes collègues du Conseil du trésor, de l'Industrie et du
Commerce, des Finances, avec mes collègues de l'Immigration, ma
collègue responsable de l'Immigration, des Communautés
culturelles et avec mon collègue, le ministre de la
Sécurité et du revenu et de l'emploi, M. le Président, qui
a réussi à établir ce consensus au niveau
québécois et aller sur la scène fédérale,
aller au fédéral et dire: Voici nos objectifs, voilà
comment on va les atteindre.
Et moi, je suis toujours optimiste. Le premier ministre, M. Bourassa,
dimanche dernier, y faisait encore référence pour
démontrer à quel point c'était important pour le
gouvernement du Québec. Dans le domaine des communications, mon
collègue des Communications, le ministre des Communications... Et, quand
on parle de projet de société, M. le Président, mon
collègue des Communications, qui a présenté un projet de
loi sur la protection de la vie privée, qui est à Pavant-garde au
niveau nord-américain... Ça a été commenté
partout dans les journaux. Puis je salue le travail qu'il a fait.
Comme ministre de la Justice, je me suis associé à son
travail. En commission parlementaire, il est arrivé avec le projet de
loi. Là encore, le gouvernement libéral arrive avec un projet de
loi qui n'était pas facile, M. le Président. Très
difficile de faire un consensus dans toutes les interventions que nous avons
eues au niveau du respect de la vie privée. Mais, d'une façon
très déterminée, mon collègue, le ministre des
Communica- tions, a fait un travail remarquable, et nous avons une loi qui est
à l'avant-garde dans ce domaine de la vie privée.
M. le Président, je pourrais parler de l'environnement, avec mon
collègue, le ministre de l'Environnement, aussi, qui fait en sorte qu'on
puisse respecter, par des ententes que nous avons, les priorités
québécoises en matière de protection de l'environnement.
Et, en matière de communications, j'y reviens. En matière de
communications, M. le Président, les discussions avancent, progressent.
Il y a des intérêts économiques importants qui sont en
cause, aussi, tout le domaine des communications. J'espère que, dans ce
dossier-là aussi, éventuellement, malgré le contexte
actuel au niveau fédéral... Écoutez, il y a une course
à la chefferie, des élections prochainement, mais, malgré
tout ça, pour nous, ce qui compte, c'est qu'on arrive à ces
objectifs qui sont là, qui sont les nôtres et qu'on puisse en
arriver à s'entendre du point de vue administratif avec eux. J'ai
confiance, je demeure confiant.
En matière d'immigration, on a fait des ententes avec eux aussi.
J'ai eu des crédits de la Justice en ce qui regarde l'aide juridique. Et
j'ai eu l'occasion de mentionner qu'en matière d'immigration, en ce qui
regarde, par exemple, l'aide juridique que nous apportons aux immigrants, on a
fait des ententes qui sont particulièrement intéressantes. En
matière de justice aussi, nous avons eu des ententes avec le
gouvernement fédéral qui nous permettent de mettre en place des
programmes de : justice très profitables pour nos jeunes, les jeunes
contrevenants, en particulier.
Alors, c'est des dizaines d'ententes administratives, M. le
Président. Là, on parle de grands sujets, et avec raison. Je
viens d'élaborer sur ces sujets-là en : fonction des discussions
que nous avons avec le gouvernement fédéral. Mais je pourrais
vous parler, dans tous les ministères, M. le Président, de toutes
ces relations que nous avons et de toutes ces ententes que nous fai- i sons
sectoriellement. Comme ministre de la Justice, je pourrais vous en parler
longuement; avec mon collègue, M. Blais, les ententes que nous avons
faites, avec Mme : Campbell, qui l'a précédé. Peu importe
les gouverne- ; ments qui se succèdent, il reste quand même une
même : volonté d'assurer aux Canadiens, aux Canadiennes et, par le
fait même, aux Québécois, aux Québécoises des
meilleurs régimes d'accessibilité à la justice et de
qualité de la justice. Nous collaborons avec beaucoup d'entente. i
Beaucoup de mes collègues pourraient dire la même i chose. i quand
on parle du travail du saic, m. le prési- : dent, bien, c'est ça,
le travail du SAIC. Souvent, malheureusement, on a confondu le travail du SAIC
stricte- i ment avec le dossier constitutionnel. Mais c'est beau- j coup plus
que ça. C'est tous les jours, dans tous les dossiers qui impliquent le
gouvernement du Québec avec i une autre province ou le gouvernement
fédéral. C'est ça que nous faisons, M. le
Président. Je dois dire que ça fait en sorte que le Québec
va chercher ce qui lui re- , vient. Ce n'est pas toujours facile, j'en
conviens, mais c'est ça, le fédéralisme. C'est un
défi, puis c'est un défi
qu'on a la capacité de relever et dans lequel on est capable
d'aller chercher le maximum. On a du travail à faire, puis on le fait.
(12 h 40)
Je termine en citant des chiffres, M. le Président. Tout à
l'heure, j'entendais le député de Lac-Saint-Jean nous parler de
recherche et développement. Il n'a pas cité tous les chiffres, je
pense, dans ce dossier. Le Québec recevait, en 1989, 40 % des projets de
recherche en sciences humaines et 31 % en sciences médicales, au niveau
de l'ensemble canadien. Alors, la recherche et développement, ça
s'exprime aussi, M. le Président, dans le cadre de l'octroi des contrats
majeurs par le gouvernement. Et ça, ça veut dire, par exemple,
tout ce qui regarde l'aérospatial, tout ce qui regarde le domaine
pharmaceutique, tout ce qui regarde aussi beaucoup de projets que nous avons
présentement en activité, au niveau du Québec, en
collaboration avec le gouvernement fédéral.
Alors, il faut faire attention quand on cite ces chiffres, M. le
Président. Je ne dis pas qu'on ne peut pas travailler pour aller en
chercher plus, et c'est ce que nous faisons. Notre bureau, d'ailleurs, à
Ottawa travaille, et nous avons des gens qui sont là pour travailler,
pour aller chercher plus d'information, pour positionner nos entreprises, dire
à nos chercheurs qu'il y a des possibilités d'aller chercher des
subventions. Nos gens sont là pour le faire, et on a du travail encore
à faire. On pousse, et mon collègue de l'Industrie et du
Commerce, là-dessus, je peux vous dire qu'il est extrêmement actif
comme dans bien d'autres domaines. On connaît toute son énergie,
M. le Président, sa détermination.
Alors, M. le Président, dans ce contexte-là, le bilan
qu'on peut présenter est un bilan qui est positif. On continue à
travailler, et je crois, M. le Président, que c'est ça la voie,
dans un premier temps. Ça ne compense pas une réforme
constitutionnelle avec des amendements constitutionnels formels, qu'on le
comprenne bien, mais ça permet, dans le climat économique dans
lequel nous sommes, d'aller chercher ce qui nous revient. Ça nous permet
de travailler d'une façon pragmatique, efficace, et c'est ça
qu'est notre but, M. le Président.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: On aura tout entendu, ce matin. D'abord, le ministre
indique que je suis devenu favorable aux ententes administratives, que j'ai
changé mon fusil d'épaule. Je vous signale que c'est plutôt
lui qui a changé. Je me souviens très bien, je l'ai quasiment
appris par coeur, le fameux discours de Whistler dans lequel il affirmait que
c'était les amendements constitutionnels qu'il fallait chercher à
obtenir et que la voie des ententes administratives n'était pas la bonne
voie à suivre. Whistler, vous vous en rappelez sûrement, en
Colombie-Britannique. Moi, je m'en souviens très bien.
Alors, évidemment, la voie des amendements constitutionnels,
ça n'a pas marché. Forcément, il faut se rabattre sur
l'autre, celle des ententes administratives, pour essayer de réduire les
dégâts. C'est ce que vous faites. Bon, je comprends ça
très bien, et avec comme objectif, me dites-vous, d'obtenir tout ce qui
nous revient. Vous êtes revenu plusieurs fois avec cette
expression-là: II faut que le Québec obtienne tout ce qui nous
revient. Bien, il y a du chemin à faire, hein! dans ce cas-là,
vous avez cité quelques chiffres parcellaires en matière de
recherche et développement, mais vous en parlerez à votre
collègue, justement, que vous venez de vanter, là, de
l'industrie, du commerce et de la technologie, qui est responsable de la
science et de la recherche. vous en parlerez. il va vous donner les chiffres
globaux, aussi. le québec est perdant depuis des années et des
années et des années en matière de recherche et
développement, alors qu'on sait que c'est pourtant majeur. c'est au
coeur du développement économique et c'est au coeur d'une
stratégie de productivité et de compétitivité d'une
économie moderne. et on est perdant. ça n'a jamais
dépassé 15 % ou 16 %, alors qu'on constitue 25 % de la
population.
Achats et services, je l'ai touché, mais on est loin du compte
aussi. On n'a jamais eu ce qui nous revient, pour employer votre expression,
d'aucune façon. On est perdant. Le plus gros acheteur au Canada, qui est
le gouvernement fédéral, n'a jamais donné sa juste part au
Québec en matière d'achat de biens et de services, jamais,
jamais, jamais. Jamais ce n'est arrivé. On a toujours eu moins que ce
que représente le poids démographique du Québec. Mais
l'Ontario, par exemple, lui, avait toujours eu sa large part. Alors, c'est
ça votre objectif, d'obtenir du fédéral tout ce qui nous
revient? On n'est pas avancé beaucoup, puis, justement, dans des
secteurs déterminants pour l'avenir et le développement du
Québec, de l'économie du Québec.
Quant aux dédoublements et chevauchements, bon, ça semble
être votre deuxième objectif, supprimer les dédoublements
et les chevauchements. Ça non plus, on n'est pas très
avancé, hein? Et, pourtant, Dieu sait que ça constitue un
gaspillage éhonté et scandaleux des fonds publics. Des millions,
des centaines de millions de dollars qui sont gaspillés à chaque
année par suite de la mise en place de chevauchements, de
dédoublements de programmes entre les deux gouvernements. Ça a
été dénoncé ad nauseam pendant la campagne
référendaire, de tous bords et de tous côtés. Aussi
bien dans le camp du Oui que dans le camp du Non, on a dénoncé
les dédoublements et les chevauchements parce que ça engendre et
ça génère un gaspillage de fonds publics
incommensurable.
Quand on connaît la situation financière du gouvernement
fédéral, oui, je conviens que c'est un objectif souhaitable et
qu'on devrait essayer de l'atteindre. Mais on n'est pas plus avancé
qu'on l'était il y a un, deux, trois ou dix ans. On n'est pas plus
avancé.
Bien au contraire, ça s'accentue, puis ça s'aggrave, les
dédoublements, entre autres, dans les deux sec-
teurs dont le ministre a parlé: le secteur de la main-d'oeuvre,
du développement de la main-d'oeuvre. Bien oui, il y a un consensus.
Ça fait trois ans qu'il y a un consensus. Ça fait trois ans que
le ministre Bourbeau peut invoquer, évoquer et s'appuyer sur un
consensus de tous les intervenants. C'est une réalité que tout le
monde connaît. Mais, malgré ce consensus-là, ça n'a
pas avancé. Au contraire, ça a reculé en matière de
développement de la main-d'oeuvre. Non seulement ça n'a pas
avancé, ça a reculé. Ottawa occupe plus de place
maintenant, actuellement, qu'il n'en occupait, il y a trois ans, en
matière de développement de la main-d'oeuvre. Ça s'est
détérioré. Oui, il y a un consensus. Oui, il y a un beau
discours du ministre, mais ça n'avance pas. Ça ne bouge pas. Au
contraire, ça recule.
En matière de culture, on se retrouve maintenant avec la
politique culturelle que le ministre vient de vanter, de sa ministre, de sa
collègue, Liza Frulla-Hébert. On se retrouve avec deux conseils
des arts, là, maintenant. Le fédéral n'a pas
décidé d'abolir le sien, hein! Le fédéral n'a pas
décidé de transférer les ressources financières et
les responsabilités de son Conseil des arts à celui que vient de
créer la ministre au Québec. Pantoute. Pas du tout. Ça
continue comme avant, des dédoublements, des chevauchements. Les deux
dans les mêmes plates-bandes culturelles. C'est du joli, ça.
Ça va à rencontre complètement de la politique culturelle
de la ministre, Mme Frulla.
Vous devriez lui causer, tout à l'heure. Cet après-midi,
en Chambre, vous devriez lui parler parce qu'il n'y a pas de discussion. Elle
l'a admis en commission parlementaire, à l'étude de ses
crédits: il n'y a pas de discussion sur la culture actuellement entre le
Québec et Ottawa. Il n'y en a pas. C'est en panne. C'est elle-même
qui l'a reconnu, mardi dernier, en commission parlementaire sur l'étude
de ses crédits. Ça n'avance pas, ça n'avance pas d'un
pouce. Alors, la phase 2, la révolution tranquille, elle est en panne.
Tout ce qu'on a présentement, tout ce à quoi on a le droit, ce
sont des fanfaronnades et des rodomontades du ministre et des ministres, mais
tout est au point mort. Parce que je voudrais bien que...
En culture, ça n'avance pas, ça ne discute même pas.
En main-d'oeuvre, s'il y a des discussions, ça n'a pas d'effet beaucoup
parce que ça recule, ça se dégrade et ça se
détériore, puis on continue de gaspiller 175 000 000 $ par
année en cette matière. Alors, où sont les actions
positives? Comment le ministre peut-il afficher un optimisme que je
qualifierais de béat ou de jovialisme échevelé? Comment
peut-il prétendre que ça va bien? Que ça avance? Que, sur
les deux objectifs qu'il nous a annoncés...
Au moins, là, je suis au courant. On aura eu... au moins, ces
trois heures-là auront eu cette utilité-là. Je suis au
courant qu'il y a deux objectifs: obtenir notre part, ce qui nous revient, et
supprimer les chevauchements et les dédoublements; deux objectifs avec
lesquels je ne peux qu'être en accord. Mais, quand il s'agit de
revérifier la réalisation ou l'atteinte de ces objectifs à
partir des actions du gouvernement, des discussions et des négociations,
là, je suis obligé de reconnaître qu'il n'y a rien. C'est
la panne. On est au point mort. Ça n'a pas avancé. Les
dédoublements, les chevauchements se perpétuent, perdurent et
même se multiplient dans certains dossiers, dans certains cas. Et, quant
à la part du Québec, bien, on est loin de l'avoir dans des
secteurs pourtant jugés vitaux pour le développement
économique du Québec. (12 h 50)
En matière de développement régional, c'est la
même chose. Comment peut-on qualifier cette entente de
fédéralisme efficace, l'entente sur le développement
régional, alors que les régions du Québec ont dû
attendre près de deux ans avant que les deux gouvernements ne
parviennent à s'entendre sur le rôle de chacun pour chaque
programme ou chaque volet de l'entente? Les 40 000 000 $ qu'on vient d'ajouter
et l'extension de deux ans, ça ne fait que démontrer que
l'entente n'a pas marché. L'entente n'a pas fonctionné. Non
seulement on a eu moins per capita que l'Ouest et les Maritimes en
matière de développement régional, mais on est en face
d'une entente qui ne marche pas, qui ne fonctionne pas et qu'on est
obligé d'extensionner de deux ans.
Est-ce qu'il reconnaît que cette entente n'empêche
aucunement le bureau fédéral du développement
économique de multiplier les interventions unilatérales en
matière de développement régional au Québec? Et
est-ce qu'il pourrait reconnaître humblement que, si ces objectifs sont
clairs et connus, maintenant, publics, sur le plan de l'action, ça n'a
pas réussi, que c'est l'embourbe-ment, c'est l'enlisement? Ce n'est plus
une révolution tranquille; c'est maintenant une résignation
tranquille, puis on essaie, évidemment, de se faire des accroire, de
penser que ça va bien, que les choses vont bien, que les choses
avancent, alors que ce n'est pas le cas. Pourrait-il au moins
reconnaître, bien humblement, qu'en matière d'ententes
administratives sur des sujets jugés majeurs, fondamentaux pour le
Québec, ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas, ça
ne bouge pas, ça régresse même, dans certains cas, le
fédéral se refusant de céder la place, de reculer, de
battre en retraite, de réduire le terrain qu'il occupe? C'est ça,
la réalité.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean vient de parler d'un sujet qui est
très important, le développement économique
régional. On sait qu'il ne peut pas y avoir de développement
économique au Québec si ce développement économique
ne se fait pas en fonction du développement de nos régions. Et,
pour nous, du gouvernement, c'est très clair.
Ça me donne la chance de saluer aussi le travail que fait le
ministre responsable du développement économique régional
qui a mis en place une nouvelle politique qui permet aux régions de
déterminer elles-mêmes les projets économiques auxquels
elles tiennent parce qu'elles ont cette compétence, c'est-à-dire
cette connaissance du milieu, contrairement à ce qu'on pouvait avoir
auparavant. C'est mon collègue, maintenant ministre de
la Santé, mais qui avait cette responsabilité du
développement économique régional au tout début,
qui a mis en place les premiers jalons de cette nouvelle politique.
Et, maintenant, pour nous, comme gouvernement, nous pouvons nous
référer à une politique au niveau du développement
économique régional qui va se référer à un
mécanisme qui est en rodage, mais dont l'efficacité va nous
montrer, parce qu'elle va se référer directement... parce qu'ils
vont pouvoir, comme décideurs, dire au gouvernement les projets
économiques qui correspondent au développement économique
des régions.
Alors, M. le Président, dans ce cadre-là, ma
responsabilité, comme ministre responsable du SAIC, c'est de
négocier avec le gouvernement fédéral les ententes de
développement économique régional. La dernière
entente à laquelle se référait le député de
Lac-Saint-Jean, c'est quand même 130 000 000 $ de plus que le
fédéral accepte de mettre dans l'entente de développement
économique régional en rallongeant la période de temps
allouée, alors que nous, on met, à ce niveau-là, pas un
sou et, en plus, nous avons un droit que je peux qualifier de veto, le droit de
dire non à un projet qui ne correspondrait pas aux priorités du
Québec.
Ça, je me permets d'insister sur ce point-là. Quand on
parle des relations fédérales-provinciales et des conclusions que
nous avons pu avoir au bénéfice du Québec dans des
dossiers, voilà un autre exemple que les priorités du
Québec en développement économique régional sont
respectées.
Un autre exemple, M. le Président, pour vous dire que, dans ce
domaine du développement économique régional, il n'y a pas
un sou qui est dépensé sans que le Québec soit d'accord.
Quand on parle d'efficacité au niveau des deux gouvernements, on a
là probablement le sujet le plus éloquent parce que directement
sur le terrain, en fonction du développement économique de nos
régions et qui nous permet de travailler en étroite coordination
au niveau du gouvernement fédéral et des provinces. Pour le
Québec, c'est essentiel. Et le résultat, M. le Président,
il est là et il nous permet de travailler d'une façon
coordonnée, d'une façon efficace.
M. le Président, je reviens sur ce que disait le
député de Lac-Saint-Jean lorsqu'il parlait de cette
deuxième phase de la révolution tranquille. Je vais lui dire ce
que je lui ai dit, tout à l'heure: Elle est en application. Qu'il
regarde présentement ce qui se fait au niveau du gouvernement:
éducation, formation, culture, économie. M. le Président,
souvenons-nous, dans les années soixante, dans les années
soixante-dix, de ce que nous avons pu faire par une collaboration entre les
deux niveaux de gouvernements, fédéral et provincial.
Sur le plan international, M. le Président, par exemple, mon
collègue, le ministre responsable des relations internationales du
Québec, a été impliqué directement dans toutes ces
négociations et discussions en ce qui regarde ALENA, nouveau partenaire
qui est venu s'ajouter au marché commun que nous avions
déjà entre les États-Unis et le Canada, le Mexique. Nous
avions été impliqués à notre satisfaction, M. le
Prési- dent. À notre satisfaction, nous avons été
impliqués dans toutes les négociations en ce qui regarde le
libre-échange avec les États-Unis. C'était une
première; ce n'était pas facile. Nous avons été
là dans les discussions. On a tenu compte de nos remarques, de nos
commentaires et, M. le Président, ça, c'est la preuve d'un
fédéralisme qui peut être effectif, qui peut être
aussi en coordination entre les deux niveaux de gouvernement. Ça a
été la même chose lorsqu'on a discuté avec le
Mexique et ça va être la même chose en ce qui regarde les
autres partenaires d'Amérique latine qui pourront venir s'ajouter
à ce que nous avons déjà, donc, au niveau des trois
partenaires.
M. le Président, mon collèque responsable de la
francophonie sur le plan international, aussi, pourrait dire qu'il participe
à l'Agence de coopération culturelle et technique où vous
avez à peu près 42 ou 43 gouvernements et États qui sont
responsables de différents dossiers et qui sont assis à une table
internationale où le Québec est là, à une table
internationale. Et ça a été fait par une entente avec le
gouvernement fédéral, au moment du premier gouvernement de M.
Bourassa, dans les années soixante-dix.
Alors, M. le Président, il faut viser une réforme
constitutionnelle, oui, mais soyons efficaces, soyons conscients de la
situation économique dans laquelle nous sommes et voyons aussi que la
place du Québec dans la Fédération canadienne est celle
qui promet pour l'avenir du Québec et a les atouts nécessaires
pour relever le défi que nous avons devant nous.
Le Président (M. LeSage): Alors, merci, M. le
ministre.
Adoption des crédits
Le temps qui nous a été alloué est maintenant
écoulé et, avant de passer aux remarques de fin de séance,
je vais demander aux membres de cette commission si le programme 5 et les
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales
canadiennes sont adoptés.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Lac-Saint-Jean, avez-vous des remarques?
Remarques finales M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, bien, je remercie les membres de cette
commission, de même que le ministre et tous ceux qui l'entourent, d'avoir
particpé à ces échanges trop brefs. Même si je
demeure et je quitte cette commission avec des interrogations et des questions
qui demeurent sans réponse, il reste qu'on a peut-être appris, en
tout cas, quelques éléments concernant la politique du
gouvernement et ce qu'il entend faire dans le
domaine des relations fédérales-provinciales. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Alors, M. le Président, dernier mot,
simplement pour remercier les membres de cette commission de toutes les
questions qu'ils ont pu nous poser, et j'espère qu'on a pu apporter des
réponses pour les éclairer. Je voudrais terminer en remerciant
les membres de cette commission qui ont participé aussi, je devrais
dire, d'un côté comme de l'autre, aux deux commissions
parlementaires sur la souveraineté et sur les offres, M. le
Président. Je veux les remercier pour leur travail très exigeant,
mais qui s'est fait dans l'harmonie et digne d'un Québec de
démocratie. (13 heures)
Alors, tant du côté de l'Opposition que du
côté du gouvernement, je dois dire à quel point, comme
ministre responsable du dossier des Affaires intergouvernementales canadiennes,
j'ai apprécié la façon dont ces discussions se sont
tenues, des deux côtés, M. le Président, dignes d'une
société démocratique. Et, en terminant, je veux remercier
les gens du SAIC qui m'accompagnaient et, encore une fois, souligner
l'excellent travail que nous avons de leur part.
Merci, M. le Président. Et vous remercier, M. le
Président, bien sûr, pour votre présidence très
éclairée.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
Alors, ceci termine nos travaux, et j'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)