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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Dauphin): Nous allons débuter
immédiatement. Le quorum étant constaté, je déclare
ouverte la séance de la commission des institutions, qui a pour mandat,
ce matin, dans un premier temps, de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministre délégué
à la Francophonie, c'est-à-dire les éléments 3 et 4
du programme 1 du ministère des Affaires internationales; et, dans un
deuxième temps, nous étudierons les crédits
budgétaires concernant le ministère de la Justice, programmes 1
à 9, pour l'année financière 1993-1994.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Loi-selle
(Saint-Henri) remplace M. Hamel (Sherbrooke); M. Philibert
(Trois-Rivières) remplace Mme Pelchat (Vachon).
Ministre délégué à la
Francophonie
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Nous allons, dès maintenant, procéder aux remarques
préliminaires, dans un premier temps, du ministre
délégué à la Francophonie, ministre
délégué aux Affaires internationales; dans un
deuxième temps, le porte-parole de l'Opposition officielle. Et nous
avons seulement une heure comme enveloppe de temps.
Alors, M. le ministre, bienvenue à nos travaux, à cette
étude de crédits. J'aimerais aussi que vous nous
présentiez les personnes qui vous accompagnent à la table des
témoins.
M. le député de Verdun, vous avez quelque chose à
ajouter?
M. Gautrin: Je pense que c'est un lapsus de votre part, mais
j'imagine que les députés ministériels pourront faire,
aussi, des remarques préliminaires.
Le Président (M. Dauphin): C'est prévu. M.
Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Je vous signale que nous avons
une enveloppe d'une heure pour l'étude des crédits.
M. Gautrin: Ah!
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Guy Rivard
M. Rivard: II s'est déjà écoulé
quelques minutes, n'est-ce pas, M. le Président?
Alors, à ma droite, M. Denis Ricard et M. Cari Grenier, qui sont
tous les deux sous-ministres adjoints au ministère des Affaires
internationales. À ma gauche immédiate, mon directeur de cabinet,
M. Gilles Éthier, et, à cette table, Mme Ginette Pellerin et M.
Benoît Laliberté, qui sont secrétaires
généraux de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse et de l'Agence Québec-Wallonie-Bruxelles pour la jeunesse.
Je suis très heureux d'être ici pour une quatrième
année consécutive avec le même critique de
l'Opposition, par surcroît pour débattre d'une
réalité internationale à laquelle le Québec tient
énormément.
En tant que gouvernement, le Québec, vous le savez mais il
est bon de se le rappeler appartient à un ensemble de 47 pays et
gouvernements qui ont en commun l'usage du français, et, au sein de cet
espace qui est éclaté sur tous les continents, une alliance s'est
créée depuis plus de 20 ans au sein de laquelle le Québec
joue un rôle prépondérant.
Le Québec est écouté et reconnu pour ses approches
rigoureuses et innovatrices, et cette reconnaissance du Québec par la
francophonie internationale contribue de façon importante au fait
qu'à l'international le Québec a une stature qui dépasse
largement son statut, et il faut en être fier.
La francophonie est un volet particulier des Affaires internationales
menées par le Québec, et sa compréhension nécessite
que l'on saisisse bien la réponse à la question suivante:
Pourquoi le Québec fait-il des affaires internationales?
Jusqu'à une certaine époque, seuls les États
souverains étaient responsables de la politique touchant aux faits et
gestes de portée internationale, et la politique étrangère
de ces États visait essentiellement à établir et à
maintenir l'équilibre stratégique, la sécurité et
la déf-fense entre les États, et ce, sur la base de principes de
droit international qui sont toujours reconnus par tous.
Mais, suite à l'émergence de situations et de
problèmes complexes et inévitables dans un monde en mutation
constante, l'objet de la politique étrangère a fini par
déborder son cadre classique. Et, en conséquence, aux acteurs
traditionnels sont venus se joindre des intervenants d'autres niveaux, en
l'occurrence des organisations internationales, des États
fédérés, des provinces, des communautés. Et,
graduellement, ces nouveaux acteurs ont accru leur présence à
l'international et ils y ont développé les compétences et
les comportements appropriés.
Dans le cas qui nous intéresse, à savoir le Québec
et son rôle international, l'exercice de ce rôle est
forcément conditionné par le fait qu'il est un État membre
de la Fédération canadienne. Et l'arrangement canadien partage
les pouvoirs, comme vous le savez, entre des domaines exclusifs ou des
compétences communes; et, dans son action internationale, chaque palier
de gouvernement doit tenir compte des attributions de l'autre.
Dans ce contexte canadien, le Québec peut, de toute
évidence, mener son action internationale dans une perspective
stratégique de rayonnement et de développement intégral,
qui tient compte à la fois des exigences et des intérêts du
Québec et de ses partenaires étrangers. Dans ce contexte
canadien, le Québec planifie ses interventions de longue main. Le
Québec sait où il s'en va, le Québec est efficace.
En 1991, on s'en souvient, notre gouvernement s'est doté, pour la
première fois, d'une politique d'affaires internationales. En
francophonie, les orientations du gouvernement, aussi connues depuis la
même époque, ont, depuis lors, été
vérifiées sur le terrain et elles font consensus. (10 h 10)
J'ai une conviction profonde, M. le Président: le Québec
devra toujours accorder une haute priorité à la dimension
francophone de son action internationale. Le gouvernement devra continuer de
contribuer au développement des institutions francophones
multilatérales, l'ACCT et les Sommets, dont il est membre à part
entière quoi qu'en pense le Parti québécois
et amener un nombre croissant de Québécois à participer
aux projets conçus en réponse aux principaux défis communs
à tous les membres de la francophonie.
L'action du Québec en francophonie s'inscrit dans un contexte
international qui est bien différent de celui d'il y a 10 ans ou
même 5 ans. L'évolution rapide de notre monde est
caractérisée par des changements profonds et par
l'interdépendance accrue des pays. Il est aussi manifeste que ces
changements surviennent à une période de rareté des
ressources financières et que cela oblige, de plus en plus, les
décideurs et partenaires à faire des choix on ne peut tout
faire.
Ainsi, lors de la Conférence ministérielle de la
Francophonie, tenue à Paris en décembre dernier, le Québec
a incité ses partenaires à identifier, en matière de
coopération, les projets les plus mobilisateurs, à mettre en
place les mécanismes adéquats d'évaluation des programmes
et à tendre davantage vers la conception, la réalisation et le
financement des projets communs sur une base de plus en plus
multilatérale.
On reconnaîtra avec moi que, ce faisant, le Québec
transporte à l'international, au sein de la francophonie internationale,
le discours qu'il tient et les préoccupations qu'il a au Québec,
ici même.
À six mois du 5e Sommet de la Francophonie, à
Maurice, il nous faut donc continuer de faire les choix les plus justes et
résister à la tentation de la dispersion. Et ce Sommet, nous nous
y préparons soigneusement comme toujours, d'ailleurs.
Je vous apprendrai brièvement, M. le Président, que nous
mettons en place, pour la préparation des ces Sommets, des
comités sectoriels qui regardent un peu tout ce qui existe comme
programme de coopération en culture, communication, formation, etc.
Je vous rappelerai aussi que celui qui vous parle a un comité
aviseur qu'il a réuni encore récemment pour regarder des points
spécifiques. Et, évidemment, j'en profite pour saluer
l'expertise, la compétence et l'expérience de l'ensemble de
l'équipe de professionnels du ministère des Affaires
internationales.
Je pourrais donner, ici, des exemples concrets dans des secteurs tels
que la formation, les communications par exemple, TV5, je sais que le
critique de l'Opposition a déjà discuté longuement de TV5
avec le ministre des Communications la culture, les industries de la
langue, etc. Mais je souhaiterais plutôt aborder la question des droits
de la personne et de l'économie.
Au chapitre de la promotion des valeurs démocratiques et du
respect des droits de la personne et de la diversité, qui sont des
conditions fondamentales du développement de chaque
société comme de la communauté internationale
la francophonie peut s'affirmer comme un espace où, à
l'écart des débats idéologiques, l'on cherche à
réunir ces conditions de façon exemplaire.
Et, d'ailleurs, telle a été la perspective dans laquelle
le Québec a apporté son appui en octobre et novembre derniers
à cinq pays francophones d'Afrique engagés dans le processus de
démocratisation.
Nous avons réalisé un programme spécial de
formation et de perfectionnement en matière de consultation
électorale, de protection des droits de la personne et de
développement des institutions démocratiques. L'expérience
a été concluante en novembre et décembre derniers, et, au
moment où nous nous réunissons ce matin, nous
répétons la même session avec cinq autres pays.
En ce qui concerne le développement économique, le
Québec considère que la francophonie offre à tous ses pays
membres un espace original doté d'un potentiel d'échanges qui
s'ajoute au marché traditionnel que nous connaissons bien. Et, par
conséquent, le Québec continue d'appuyer le développement
du Forum francophone des affaires, cet organisme qui a été
inventé par des gens d'affaires québécois lors du
2e Sommet de la Francophonie, à Québec même, en
1987. Le développement économique d'une société
repose d'abord sur des hommes et des femmes qui ont le goût du risque
calculé et le désir de faire des affaires, et les relations
d'affaires et commerciales, lorsque la langue est commune, ont des chances de
s'établir plus facilement. C'est, en tout cas, ce qu'on nous dit,
d'où l'intérêt qu'il nous faut porter à la
constitution de réseaux de relations d'affaires, comme s'emploie
à le faire avec un succès déjà intéressant
le Forum francophone des affaires.
En 1993, après les Sommets de Paris, Québec, Dakar et
Chaillot, il faut reconnaître que la francophonie s'est consolidée
et qu'elle a atteint une maturité intéressante. Elle agit de
façon concertée à travers des institutions originales dont
la performance s'améliore
graduellement et elle se veut de plus en plus concrète et utile.
En 1993, M. le Président, sans tambour ni trompette, sans esbroufe ou
effet de toge, le Québec continue en francophonie de prendre sa place et
de jouer son rôle. Le Québec y agit avec cohérence, et il
n'y a pas de décalage entre son discours et ses actions.
Avant de conclure, M. le Président, quelques commentaires sur la
jeunesse. Pour se préparer à jouer pleinement son rôle dans
le monde profondément transformé d'aujourd'hui, notre jeunesse
doit intégrer la dimension internationale dans sa vie sociale,
culturelle et professionnelle. Aujourd'hui, le développement de chaque
société est conditionné à des degrés divers
par la conjoncture mondiale, par l'opinion publique internationale, par les
décisions des divers membres de la communauté internationale.
Dans ce contexte nouveau et exigeant, aucune société ne saurait,
dorénavant, planifier son propre développement sans tenir compte
de la dimension internationale et sans agir dans ce cadre selon ses moyens.
Dans ce contexte nouveau et exigeant, il faut donc recruter, ici même au
Québec, une masse critique de jeunes intéressés à
l'international et compétents pour y oeuvrer. Et, à cet
égard, l'Office franco-québécois pour la jeunesse et
l'Agence Québec/Wallonie-Bruxelles pour la jeunesse, par leurs
programmes de stages et d'échanges de jeunes, ont une vocation de
formation pratique et concrète, une vocation d'ouverture à la
réalité de cette époque. Les deux organismes ont
récemment décidé de concentrer leurs interventions dans
les secteurs jugés prometteurs pour le développement
économique: science et technologie, commerce et management,
environnement, industries culturelles et tourisme sont parmi les domaines
prioritaires retenus.
À l'occasion de leur stage, les jeunes de la France, de la
communauté de Belgique de la Communauté française
de Belgique et du Québec développent leur capacité
d'établir des relations d'affaires. Ils confrontent leurs
expériences à celles de l'autre communauté et construisent
un réseau d'échanges plus diversifié.
En conclusion, M. le Président, la francophonie
représente, pour nous du Québec, un milieu naturel
d'épanouissement politique et de développement socioculturel.
C'est pour nous à la fois un espace et une alliance qui nous permettent
d'affirmer notre personnalité sur le plan international. Et, pour le
plus grand bien de tous ses membres, la francophonie doit continuer de relever
le grand défi du codéveloppement, en fondant ses gestes sur un
véritable partenariat d'égal à égal et dans le plus
profond respect de la diversité.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre,
pour vos remarques préliminaires.
Respectant la tradition et l'alternance, je vais maintenant
reconnaître M. le député de Sainte-MarieSaint-Jacques
.
M. André Boulerice M. Boulerice: Oui. M. le
Président, vous me permettrez de saluer le ministre, saluer ses
collaborateurs et noter l'acquisition de... enfin un ajout dans son personnel
au niveau de son cabinet. Le ministre a bien compris que l'expertise et
l'expérience se retrouvent dans la circonscription de
Sainte-MarieSaint-Jacques. Je ne vais pas le blâmer, je vais
même l'en féliciter.
M. Rivard: Vous allez faire rougir cette personne, M. le
député.
M. Boulerice: Oh, mais elle vit sous un ciel si bleu, M. le
ministre, que je n'ai aucune inquiétude.
Troisième année de Journée internationale de la
francophonie, troisième année de succès, fort probablement
parce que le ministre et le porte-parole ont décidé de travailler
ensemble et non pas de travailler l'un contre l'autre. Je pense que nous
pouvons, à l'occasion, donner l'exemple, et c'est merveilleux. La
francophonie a plusieurs intervenants.
Je m'en voudrais, en remarques préliminaires, M. le
Président, de ne pas souligner les actions de l'Assemblée
nationale du Québec au niveau de la francophonie, donc à
l'Association internationale des parlementaires de langue française,
où le Québec est un acteur principal, et, surtout, très
efficace, notamment dans l'établissement du programme PARDOC, qui est le
Fonds documentaire des Parlements du Sud, où, vraiment, le Québec
est le fer de lance; l'organisation de missions d'observation, parce que nous y
participons; et l'élaboration finale, là, sera
dévoilée dans quelques jours d'un guide pratique pour ce qui est
des missions d'observation, de façon à ce que ces missions
n'aient pas un caractère entre guillemets je ne le dis pas
méchamment touristique, mais que ce soit beaucoup mieux
structuré de façon à ce que nous soyons capables
d'apporter les remarques utiles et nécessaires à ces missions
d'observation.
Par contre, dans une entrevue accordée en décembre dernier
au Devoir, à la veille de son départ pour participer
à la première Conférence des ministres des Affaires
étrangères ou de la francophonie, à Paris, le ministre
appelle la francophonie à limiter ses appétits...
Le Président (M. Dauphin): Un instant, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques. Oui, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Brièvement. Je vois que... En même temps
qu'il parlait, le député de Sainte-MarieSaint-Jacques
fumait, je pense que ce n'est pas cohérent, suite au décorum de
cette commission, et je pense qu'il vient d'arrêter, alors, c'est
correct.
Le Président (M. Dauphin): Effectivement, en commission
parlementaire j'attendais qu'un député le soulève
il est interdit de fumer. Et j'ai d'ailleurs déjà rendu
une décision dans ce sens à l'époque où
j'étais président de la commission sur les offres.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. (10 h 20)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, à vous la parole.
M. Boulerice: La vue même du député de Verdun
est un irritant, M. le Président.
M. Gautrin: Ah! Vous êtes obligé de le supporter,
mon cher ami.
M. Boulerice: Le ministre Rivard appelle la francophonie à
limiter ses appétits, et je le cite: «Les besoins sont tellement
grands et les ressources tellement rares, les pays francophones doivent
chercher ce que nous pouvons faire d'utile ensemble et que d'autres
organisations internationales ne font pas déjà»,
poursuivait le ministre.
De plus, il entendait suggérer, lors du 5e Sommet de
la Francophonie, qui aura lieu en octobre prochain à l'île
Maurice, que la francophonie se dote de conditions d'adhésion de futurs
membres. Ces conditions d'adhésion seraient fondées sur deux
critères suivants: la présence de pays candidats d'un noyau dur
de parlants français, et un engagement de la part de ce pays à
développer chez lui la diffusion du français par le livre,
l'information scientifique, le film, la télévision. Le discours
du ministre sur la limitation des appétits laisse présager
du moins, c'est ma crainte un désengagement du Québec en
matière de francophonie. Il faut bien, et j'en conviens, se limiter
quant à l'éparpillement des interventions, mais la limitation des
appétits ne doit pas servir d'alibi, par contre, à un
désengagement des États membres, car, à moyen et à
long terme, cela ne serait que compromettre l'avenir des institutions
multilatérales de la francophonie. Le discours du ministre Rivard qui,
à mon point de vue puisqu'il n'était pas explicite
suffisamment à mon goût mène à des horizons
qui risquent d'être petits, limités pour l'action
multilatérale, ce qui tranche singulièrement avec le discours
tenu récemment par le directeur général de l'Association
des universités de langue française, M. Guillou, dans un cri
d'alarme un véritable cri d'alarme M. Guillou enjoint la
France à contribuer à l'accélération de la
francophonie, notamment par la création d'une chaîne de
télévision internationale centrée sur l'information
idée, soit dit en passant, piratée au député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, mais peu importe un CNN de langue
française; d'une caisse de développement économique; d'une
société financière d'aide aux médias
régionaux de langue française.
Et, en guise de conclusion pour les remarques, je remarquerai, M. le
Président, l'évolution des crédits budgétaires qui
sont consacrés à la francophonie multilatérale. Nous en
étions, en 1991-1992, à 4 708 400 $; en 1992-1993, à 4 712
000 $, donc une augmentation de 4000 $, mais, par contre, nous tombons
et le mot n'est pas exagéré en 1993-1994, à 4 505
500 $, donc une diminution d'au-delà de 200 000 $ dans un
ministère dont les ressources financières ne sont peut-être
pas aussi élevées que nous le souhaiterions.
Alors, voilà, essentiellement, pour les remarques
préliminaires, M. le Président. J'irai immédiatement aux
questions que j'entends adresser au ministre, et la première. ..
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Merci pour vos remarques
préliminaires.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que, M. le
député de Verdun, vous voulez également faire des
remarques préliminaires?
M. Gautrin: Oui. J'aurais l'intention de faire des remarques
préliminaires, mais je voudrais rester équitable avec le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques. Si vous voulez passer
directement aux questions et qu'on partage équitablement le temps, c'est
comme vous voulez.
Le Président (M. Dauphin): Mais, dans un premier temps,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires à faire?
M. Gautrin: Moi, j'ai des remarques préliminaires à
faire.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que d'autres membres de
la commission auraient des remarques préliminaires à faire?
Une voix: Des questions, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Des questions. Vous, c'est des
remarques préliminaires?
M. Gautrin: J'ai des remarques préliminaires et des
questions, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, vous avez droit à
des remarques préliminaires.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Alors, j'aurais deux types de remarques préliminaires à
faire. La première est d'ordre pédagogique, et je la
répète dans chacune des commissions parlementaires qui
étudient les crédits. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'Assemblée peut adopter, dans un délai assez court, une loi, qui
porte la loi 198, qui aura comme effet de réduire l'encadrement et la
fonction publique. Je vois que, dans l'ensemble des postes affectés aux
Affaires internationales, au livre des crédits, il y a une
réduction de 28 postes qui sont... Je ne sais pas s'ils sont
affectés
à votre partie, c'est-à-dire à vos programmes, ou
aux programmes du ministère des Affaires internationales. J'aimerais,
dans la période de questions, être en mesure de vous questionner
pour savoir jusqu'à quel point votre secteur, qui est d'ailleurs
très peu doté, malheureusement, en personnel est en mesure
d'avoir ou de supporter des réductions de personnel. Il m'apparaît
important que, dans cette période de crédits, on puisse,
ministère par ministère, poursuivre cette démarche que,
collectivement, nous faisons en vue de l'assainissement des finances
publiques.
Je dois dire aussi, M. le Président, qu'il y a un deuxième
domaine qui m'intéresse particulièrement, l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, qui dépend de votre
ministère, qui vient de se donner de nouvelles orientations, qui,
actuellement, a une importance majeure dans les relations entre la France et le
Québec. Je serais intéressé, M. le Président, dans
le cadre du débat, de pouvoir échanger avec le ministre sur les
nouvelles orientations de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse.
Alors, parce que le temps est limité, je vais limiter, ici, M. le
Président, mes remarques préliminaires, mais en vous signalant
que j'ai des questions à poser, et je pense que le député
de Vimont a aussi des questions à poser au ministre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Verdun.
Commençons la période d'échange en reconnaissant M.
le député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
Discussion générale
Objectifs du Québec dans ses relations
multilatérales et priorités lors du 5e
Sommet de la Francophonie
M. Boulerice: La première question que j'aimerais adresser
au ministre est: Est-ce que l'on doit comprendre que la déclaration que
vous avez faite en décembre dernier, à l'effet que la
francophonie doit limiter ses appétits, que le gouvernement du
Québec compte désormais se contenter d'horizons petits et
limités pour la francophonie multilatérale, qui est, somme toute,
jeune et vulnérable, et que ce discours vise à justifier ce que
nous craignons, le désengagement progressif du Québec à
l'égard de la francophonie multilatérale, comme en
témoigne, d'ailleurs, la diminution du budget dévolu, en 1993,
à la francophonie par rapport à 1991 et à 1992
au-delà des 200 000 $ dans un budget déjà, au
départ, relativement limité et, au-delà des
conditions relatives à l'adhésion des nouveaux États
membres, quelles seront les priorités du Québec lors du
5e Sommet de la Francophonie, qui aura lieu en octobre prochain,
à l'île Maurice?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rivard: Vous réalisez, M. le Président, que
beaucoup de sujets ont été abordés dans les remarques
préliminaires des uns et des autres et dans les questions aussi.
En ce qui concerne cette déclaration que j'ai faite à la
veille de la Conférence ministérielle de la Francophonie, en
décembre dernier, je ne retire pas un seul mot de cette
déclaration, mais je vous l'explique, M. le Président, et vous
avez vu, d'ailleurs, qu'en dépit du fait que le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques est revenu sur cette question avec une
question, il a bien saisi que le message principal, c'était
Péparpillement et non pas une annonce de désengagement de la part
du gouvernement du Québec. Je répète encore une fois: Je
ne vois pas... j'ai la conviction très profonde que le Québec va
devoir heureusement qu'il en est ainsi continuer de jouer le
rôle qu'il joue dans la francophonie internationale, même si ses
moyens sont relativement modestes. (10 h 30)
Ce qui est arrivé à Paris, en décembre dernier,
c'est très simple, c'est qu'une fois de plus le Québec a dit:
Nous ne pouvons pas un peu comme on l'avait fait lors des
précédents Sommets, nous ne pouvons pas adopter un nombre
phénoménal de programmes qui vont dans toutes les directions et
qui s'adressent à trop de sujets, et il faut concentrer autour de sujets
qui sont jugés importants pour l'évolution et le
développement de l'ensemble de la francophonie.
Je vous rappellerai, d'ailleurs, qu'à Chaillot en 1991 le
Québec, essentiellement, a fait deux annonces. Il a dit: II faut se
préoccuper de droits de la personne; et le Québec a
inventé le Programme d'appui à la démocratisation
deuxième session maintenant. Le Québec a dit aussi, par la voix
de M. Bourassa, son premier ministre: II faut nous préoccuper
d'économie; et il a donné des moyens additionnels au Forum
francophone des affaires pour qu'on puisse mieux servir ses membres; et c'est
ce que le Québec entend continuer de faire.
Et il y a une autre chose, aussi, un autre message dans cette
déclaration. C'est que l'ACCT et les Sommets, ce n'est pas l'ONU. On
peut y parler et y discuter de dettes internationales, par exemple, mais la
solution au problème de la dette entre les pays, elle ne peut pas
être atteinte par l'entremise de l'ACCT ou des décisions qui sont
prises par les chefs d'État et de gouvernement; elle doit être
recherchée, cette solution, dans d'autres instances. C'est ça
aussi, le message.
Et, quant à l'adhésion des nouveaux pays qui feraient la
demande à la francophonie, la recommandation qui sera faite aux chefs
d'Etat et de gouvernement ressemble aux commentaires qui ont été
faits dans cet article. Je répète qu'il est important que les
pays qui souhaiteront être membres de la francophonie devront, quand
même sans remettre en question la nature des pays qui sont
déjà membres, qui ont une sorte de droit acquis ces
nouveaux pays devront quand même comporter, au sein de leur population,
une masse assez visible, importante de gens qui parlent français, et
doit s'ajouter à cela, évidemment, une sorte d'engagement de
la part du pays à promouvoir, d'une certaine façon, non
seulement l'utilisation de cette langue comme outil moderne de
développement, mais aussi ce qui va avec.
Je vous donne un exemple d'un pays qui souhaiterait être membre de
la francophonie et qui refuserait, par exemple, de recevoir les images de TV5,
bien, je pense que ce serait une indication à l'effet qu'il y a
peut-être un problème en termes de définition de la
volonté politique d'être membre de l'ensemble.
Vous avez fait allusion... M. le Président, le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques a fait allusion
à cette déclaration de M. Michel Guillou dans un livre qui a
été publié peu de temps avant les élections
législatives, en France. Je vous dirai simplement, M. le
Président, que, lorsque l'on parcourt attentivement ce livre
comme nous l'avons fait, d'ailleurs on s'aperçoit qu'en bonne
partie le message qui y est contenu est un message livré par un
Français dont la réputation est solide, est
indéniable au sein des universités d'expression française
un message, donc, lancé par un Français qui a une certaine
notoriété aux autorités politiques de la France. C'est
bien davantage cela qu'une réflexion sur l'ensemble de l'espace et de
l'alliance francophone.
Quant aux priorités du Québec lors du prochain Sommet, je
n'ai pas fait, encore, de recommandations précises au premier ministre,
M. Bourassa. Je peux vous dire, cependant, que, si l'on regarde les
thèmes qui ont actuellement été mis de l'avant par le pays
de Maurice, qui accueillera ce Sommet, le premier thème, c'est
«démocratie et développement» et le deuxième
thème, c'est, fondamentalement, l'interculturel.
Dans «démocratie et développement», nous
recevons au Québec, actuellement, Mme Cziffra, qui est ambassadrice de
Maurice à Paris et qui est la présidente du Conseil permanent de
la francophonie. Nous convenons tous ensemble que «démocratie et
développement», développement comprend aussi la notion de
développement économique, et il y a de bonnes chances qu'au
prochain Sommet, le Québec ajoute quelque chose à ce qu'il a
déjà enclenché via le Forum francophone des
affaires et d'autres programmes de la francophonie ajoute ce volet
fascinant qui est celui de la mobilisation de l'épargne personnelle. Et
Dieu sait qu'au Québec, ici, nous avons, avec le Mouvement Desjardins,
développé une approche qui est exportable, qui est
exportée et qui viendrait compléter, d'une certaine façon
si nous pouvions sensibiliser, à l'égard de cette
approche, les chefs d'État et de gouvernement qui viendrait
compléter ce qui peut être fait en francophonie, de façon
multilatérale, pour mousser la PME, mousser la PMI, pour mobiliser
l'épargne, pour former les entrepreneurs, pour amener les femmes des
pays en voie de développement à participer au
développement économique de leur pays, etc.
Quant aux remarques et questions du député de Verdun, M.
le Président, je dirai ceci et c'est la même
réponse, aussi, d'ailleurs, à l'égard des questionnements
du député de Sainte-MarieSaint-Jacques concernant les
crédits l'ensemble du ministère des
Affaires internationales et, à l'intérieur de cet
ensemble, la Direction de la francophonie, ont participé à
comment dirais-je cette opération fondamentalement
gouvernementale qui a trouvé son aboutissement dans le
dépôt des crédits par le collègue président
du Conseil du trésor. nous savons tous que les objectifs qui ont
été poursuivis au cours de cette opération sont de trois
ordres: conserver la croissance des dépenses à un niveau qui est
inférieur à 1 %, maintenir les services directs qui sont
en quantité et en qualité destinés à la
population québécoise et, finalement, faire en sorte qu'au cours
de cette opération tous les secteurs soient touchés.
La diminution de budget en ce qui concerne le budget de transfert et
celle qui a été annoncée par le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, quand même, cette diminution, elle est
faite, comme vous savez, d'ajouts et de soustractions. Cette diminution nous
permet encore de respecter nos engagements internationaux au niveau du Fonds
multilatéral unique, au niveau de l'ACCT, au niveau de TV5. Elle nous
permet de rencontrer des obligations nouvelles, cette année. Par
exemple, le financement des Jeux de la Francophonie, qui auront lieu à
Marseille, en juillet prochain.
C'est un fait, M. le Président, comme l'a souligné le
député de Verdun, qu'il n'y a pas de diminution de professionnels
à l'intérieur de la Direction de la francophonie, mais il est
important que le député de Verdun réalise avec vous, M. le
Président, que le ministre délégué aux Affaires
internationales et responsable de la Francophonie travaille avec l'ensemble du
ministre des Affaires internationales. Et, je le répète: le
dossier de la francophonie est un dossier d'affaires internationales. M. le
Président, si j'osais emprunter cette porte qui nous est parfois offerte
par certains membres de l'Opposition, je dirais que nous avons, d'une certaine
façon, réussi à
«dépéquéciser» le dossier de la francophonie,
pour en faire un dossier d'affaires internationales.
M. Godin: Ah, c'est une grande victoire, M. le ministre!
M. Rivard: Quant à l'OFQJ...
M. Godin: Ça n'a pas de bon sens! (10 h 40)
M. Rivard: Quant à l'OFQJ, je dirai que je suis
très fier de ce qui s'est passé là, parce que, d'une part,
tant à l'OFQJ qu'à l'Agence Québec-Wallonie-Bruxelles pour
la jeunesse, nous avons effectué ce que nous avons appelons tantôt
un virage ou tantôt une transformation en profondeur des programmes
traditionnels de ces organismes. J'attirerai votre attention, par exemple, sur
le fait qu'à l'OFQJ on procède maintenant beaucoup plus par
secteur que par programme, et ces jeunes, ces 1200 jeunes
Québécois et Québécoises qui pourraient profiter de
stages pourraient le faire dans le domaine du commerce, des communications, de
l'environnement, des sciences et technologie, qui sont des domaines qui
ont un impact, une importance sur le plan international. Nous avons donc
modernisé l'approche dans les deux cas. Nous avons conservé le
même nombre de stages et, troisièmement et ça, je
dois dire que c'est en réaction à ces commentaires qui ont
été faits par les députés de la formation
ministérielle et, en particulier, suite au rapport Poulin dont nous
connaissons bien le contenu si je regarde les chiffres de 1991, je
m'aperçois que: subventions gouvernementales OFQJ et Agence, les deux
confondues, à peu près 3 000 000 $ j'arrondis pour faire
simple 1993, les deux mêmes subventions, budgets confondus: 2 500
000 $. Donc, une économie substantielle, substantielle,
répartie... échelonnée sur une période de deux ans,
de l'ordre de 500 000 $ pour un budget total qui était en de 3 000 000
$, en 1991.
Je pense que c'est une illustration très patente de ce qu'on peut
faire lorsqu'on essaie de faire disparaître les dépenses qui ne
sont pas nécessaires. Et ça rejoint un peu les
préoccupations du député de Verdun, quand il parle de la
loi 198.
Je vais terminer en vous donnant simplement l'indication suivante: pour
passer de 3 000 000 $ à 2 500 000 $, pour économiser ce 500 000
$, les trois items les plus importants, dans le fond, on peut regrouper ces
économies sous trois volets.
Le premier volet: à compter de juillet prochain, les deux
organismes logeront à la même enseigne, la même adresse,
dans le même édifice. Économie: 110 000$.
Deuxièmement, diminution du personnel; les deux confondues: 190
000 $; parce que, évidemment, les choses administratives peuvent se
regrouper, les fonctions administratives peuvent se regrouper. Donc, il y a du
personnel... Une diminution du personnel est possible.
Et finalement, quant aux dépenses de fonctionnement et
d'administration: une diminution de 220 000 $, pour une économie totale
de 500 000 $. il faut absolument que j'ajoute à ceci parce que ce
fut jadis une préoccupation louable du député d'or-ford
je dois ajouter, pour sa gouverne, ceci: lorsqu'on regarde les
dépenses d'administration, on s'aperçoit que pour l'ofqj,
pour ne parler que de celui-là dans le budget de 1992
parce que c'est l'année de calendrier ses dépenses
d'administration, fonctionnement représentaient 17,3 % du budget, et,
cette année, pour l'année de calendrier 1993, 11,4 %.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Sainte-MarieSaint-Jacques. Ensuite,
je reconnaîtrai M. le député d'Orford.
M. Boulerice: M. le Président, en souhaitant que le
ministre fasse quand même un peu plus court s'inspirant de Cyrano
au-delà des conditions d'adhésion à propos
desquelles, d'ailleurs, j'ai fait parvenir mes commentaires très
spontanés au ministre en lui disant que j'étais
entièrement d'accord sur ce resserrement qu'il souhaitait faire
le ministre pourrait peut-être avoir la décence de convenir que
les conditions de sa participation au Sommet de la Francophonie ont quand
même été négociées par le gouvernement du
Parti québécois, sinon il serait «il porta bosse» du
premier ministre du Canada donc, le porte-serviette, pour vous donner la
traduction française; votre collègue de Viger l'avait bien
compris, lui, «il porta bosse».
Impact de la diminution du budget
sur le nombre de projets et priorités
du Québec lors de la Ire
Conférence
ministérielle de la Francophonie
La question que je veux lui poser enfin, elle est à double
volet est-ce que je dois comprendre que la réduction que l'on
voit, que l'on lit, est suite à une réduction de dépenses
dites administratives, et qu'en fin de compte on ne va pas réduire le
nombre de projets, de stagiaires à l'OFQJ, à l'office
Québec-Wallonie-Bruxelles pour la jeunesse, qui se trouvent toutes deux
avec des baisses substantielles de budget?
Et, dans la même foulée, est-ce que le ministre peut nous
indiquer quelle a été la nature des interventions qu'il a faites
à Paris, en décembre dernier, lors, justement, de cette
première conférence des ministres responsables de la francophonie
donc, une institution nouvelle, créée lors du Sommet de
Chaillot pour agir comme instance décisionnelle suprême de
préparation et de suivi des Sommets, en place et lieu de PACCT?
M. Rivard: Je ne suis pas sûr de bien comprendre la
deuxième question, mais j'y reviendrai. Oui, M. le Président,
c'est le premier ministre Pierre Marc Johnson qui avait négocié,
avec M. Mulroney, cette entente, mais c'est M. Robert Bourassa qui a
participé aux quatre Sommets depuis et qui continuera.
M. Boulerice: Eh bien, c'est normal, il y avait une
élection. Ce n'est pas l'oeuf de Colomb, ça.
M. Rivard: On me rappelle, aussi, qu'il y avait eu des
consultations, à l'époque, avec M. Bourassa, et que le
modèle qui a été adopté pour la participation du
Québec à part entière à part entière,
encore une fois au Sommet, était le modèle qui existait
déjà à l'ACCT. Je confirme qu'en ce qui concerne les
stages, oui, il n'y a pas de diminution de stages, de nombre de stagiaires au
niveau de l'OFQJ et de l'Agence Québec-Wallonie-Bruxelles pour la
jeunesse.
Et, soit dit en passant, en dépit de toutes ces coupures, nous
continuons certains projets spéciaux auxquels le critique de
l'Opposition tient beaucoup. Et, c'est une sorte d'annonce, donc, en ce qui
concerne la Maison du Québec à Saint-Malo, quatrième
année. Ce n'est pas petit, parce que, cette année, il y aura 60
jeunes artistes de toutes sortes de secteurs qui seront présents pour
animer la maison à Saint-Malo, entre le 24 juin et le 5 septembre. Ce
n'est pas petit. Francofo-lies de Montréal et de La Rochelle, la
troisième année,
troisième édition.
Et, vous savez que l'OFQJ parraine une jeune scène à
Montréal et à La Rochelle, et qu'on peut y retrouver une
cinquantaine de jeunes artistes québécois. Ça continue,
ça, même si et heureusement, vu de mon point de vue
nous avons ajusté la programmation de ces organismes d'échanges
de jeunes à notre politique d'affaires internationales, nous continuons
quand même et cette politique, parfois, les députés
de l'Opposition la disent un peu trop affairiste nous sommes en
continuité avec le passé. Nous continuons, dans tous les
dossiers, à avoir des préoccupations qui sont socioculturelles.
D'ailleurs, si on résume les grands objectifs de la politique en
matière d'affaires internationales de ce gouvernement du Québec,
c'est très simple: le Québec fait des affaires internationales
dans un but de rayonnement, dans un but de développement
économique et dans un but de développement socioculturel. Et il
est très important de s'en rappeler.
Un troisième projet spécial, en ce qui concerne l'OFQJ,
l'Université d'été sur l'environnement et le
développement durable, troisième édition, encore une fois.
Donc, on fait des choses qui sont très intéressantes.
Je n'ai pas bien compris la dernière question du
député de l'Opposition concernant Paris et je lui rappelle tout
simplement... Je vais lui demander de reposer sa question, peut-être,
mais, en ce qui concerne les délibérations de la
conférence ministérielle, comme de celle des Sommets, ces
délibérations sont à huis clos. Alors, je ne sais pas
à quel genre de question M. le député souhaiterait que je
réponde.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, en vous signalant qu'il nous reste une
quinzaine de minutes.
M. Boulerice: M. le Président, je ne lui demande pas le
verbatim de la réunion, mais quels ont été les dossiers
sur lesquels ils se sont penchés lors de cette conférence des
ministres responsables et quelles priorités, lui, a
évoquées, a débloquées? Ça c'était le
volet de ma question, et il y avait un sous-volet qui était: Quelles
activités vont faire les frais des compressions des 4,3 % du budget qui
sont dévolus à la francophonie multilatérale? (10 h
50)
M. Rivard: O.K. En continuant et en essayant de répondre
à la deuxième partie de sa question, cette année, si
j'avais à résumer les compressions qui ont été
faites en regardant les gros montants, nous n'étions plus
obligés, cette année parce que nous avions rempli notre
engagement à cet effet de financer la revue
Écodécision sur l'environnement. Nous nous étions
engagés, à Dakar, à financer cette revue avec le Canada
sur une période de trois ans donc, 330 000 $ par année
et, l'an passé, c'était la dernière année de
notre obligation. Donc, une économie tout de suite de 330 000 $. Par
contre, enlevons de cela et j'arrondis tous les chiffres, là
à peu près 125 000 $ ou 130 000 $ pour les Jeux de la
Francophonie, qui sont un épisode unique en 1993 et qui n'auront pas
lieu avant 1997.
Donc, il n'y a pas de... On ne peut pas dire que, cette année, ce
soit douloureux, mais l'économie est là, et c'est évident
qu'elle nous amène à réaliser, tous ensemble, que, pour
l'exercice 1994-1995, nous allons devoir, dans le contexte de l'effort
gouvernemental global, nous allons devoir de nouveau regarder où, dans
l'ensemble des activités du ministère des Affaires
internationales, il sera possible de réaliser des économies.
Oui, on me présente une chose que je n'ai jamais pu donner, un
chiffre que je n'ai jamais pu donner au député de
Sainte-MarieSaint-Jacques pendant ces qua-tres années où on
a fait les crédits ensemble, et j'imagine que ce n'est pas le genre de
question qu'il voudrait me poser à l'Assemblée nationale non
plus. Si on regarde l'évolution des crédits de transfert à
la francophonie multilatérale, on s'aperçoit qu'en 1985-1986
donc, la dernière année de leur présence au
gouvernement c'était à peu près 1 200 000 $
retenons bien les chiffres, M. le Président en 1988-1989, 3 700
000 $, et en 1993-1994, 4 500 000 $.
M. Boulerice: Le ministre pourrait reconnaître qu'il n'y
avait même pas eu de 1er Sommet, à l'époque.
M. Rivard: Oui.
M. Boulerice: On ne savait même pas que ça
fonctionnerait. Alors, quand même.
M. Rivard: En ce qui concerne les sujets, les interventions du
Québec à la Conférence ministérielle de la
Francophonie, le Québec a fait des interventions sur chacun des
volets.
Donc, vous vous souviendrez, M. le Président, que, à
l'ACCT, au Sommet... à la Conférence ministérielle,
traditionnellement, il y a quatre volets: il y a un volet politique, donc, le
Québec fait des interventions dans le volet politique, en particulier en
ce qui concerne la démocratie et le respect des droits de la personne;
il y a un volet économique, et j'ai parlé tout à l'heure
du fait que nous continuons d'appuyer, et de façon importante, le Forum
francophone des affaires parce que c'est un moyen de développement
économique à la mesure, à la dimension de la francophonie
internationale; il y a un volet coopération, donc, il y a tous les
programmes, dont on pourrait parler, en culture, TV5, etc.; il y a le volet
coopération; et, finalement, il y a le volet institutionnel. En ce qui
concerne le volet institutionnel, je pense qu'on peut dire qu'on a
réglé en novembre 1991, au Sommet de Chaillot, le
quatrième, beaucoup de contentieux en ce qui concerne la façon
d'organiser la francophonie internationale, et je ne prévois pas qu'au
Sommet de Maurice on reviendra sur cette question.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Mercier, vous avez une question sur le
même sujet?
M. Godin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Brièvement, puisqu'il
nous reste neuf minutes, et j'ai promis, évidemment, des questions au
député d'Orford.
Opinion du ministre sur les modifications
proposées à la Charte de la langue française
M. Godin: Je comprends très bien, M. le
Président.
Je voudrais demander au ministre dont la langue française est la
préoccupation ministérielle, comment ça se fait qu'on ne
l'a pas entendu même émettre un son lors de la discusion
récente au sein du Parti libéral et du Conseil des ministres sur
les modifications proposées?
M. Fradet: Vous n'étiez pas au Conseil des ministres; vous
ne pouviez pas l'entendre.
M. Godin: M. Farfadet, vous, là, un peu de tenue, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Dauphin): M. le Mercier, allez-y,
terminez votre question.
M. Godin: Ma question est simple, M. le Président, c'est:
Est-ce que le ministre a une opinion sur ces changements qui vont mettre en
danger les faibles acquis du Québec en matière linguistique?
M. Rivard: Le ministre, M. le Président, est très
respectueux des processus démocratiques, que ce soit à
l'intérieur du parti, à l'intérieur de son caucus, ou
à l'intérieur de son Conseil des ministres. Et, lorsque le
ministre est d'accord avec ce qu'il entend, avec les décisions qui sont
prises, le ministre n'a pas besoin de s'exprimer, que ce soit pour le plaisir
des médias ou pour le plaisir des députés de
l'Opposition.
Le ministre travaille à l'international depuis fort longtemps, en
particulier depuis 1985, sauf pour cet intermède dans le dossier
linguistique un intermède fascinant, par ailleurs, en 1988
le ministre a commencé à faire des Affaires internationales bien
avant de commencer à faire de la politique. Et je suis obligé de
vous dire, M. le Président, que, s'il y en a un qui est sensible
à ce qui se passe autour de cette planète, c'est bien celui qui
vous parle.
Le monde a changé, M. le Président, depuis 1988, le monde
a changé énormément. Beaucoup. En 1988, il y avait encore
le mur de Berlin, et les pays... les sociétés sont devenues de
plus en plus interdépendantes les unes des autres. Et les
Québécois ont changé, aussi, et ils sont capables, dans le
dossier linguistique, de faire le partage entre les choses qui sont
très, très importantes. Et, là-dessus, ils ne bougent pas.
Les Québécois ne bougent pas sur la langue d'enseignement des
enfants des immigrants à l'école, ils ne bougent pas, et je ne
bouge pas. J'ai déjà fait une déclaration à cet
effet-là. Les Québécois ne bougent pas en ce qui concerne
la langue du travail parce qu'ils considèrent que voilà deux
façons de faire qui sont importantes non seulement pour la promotion de
la langue française comme langue d'usage, comme langue commune des
Québécois et des Québécoises, quelle que soit leur
origine. Les Québécois sont ouverts sur le monde. Et lorsqu'ils
disent ce qu'ils disent dans le dossier linguistique, ici au Québec, ils
manifestent cette ouverture. Ils savent que nous ne pouvons plus prendre des
décisions ni dans ce dossier ni dans d'autres dossiers en faisant
abstraction de ce qui se passe ailleurs, en faisant abstraction des
réalités qui pourraient être perçues d'une
façon x, y, ou z par les gens qui vivent dans les autres
sociétés.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Orford.
M. Benoît: Oui, M. le ministre, je voudrais revenir sur
l'Office franco-québécois je n'ai malheureusement pas pu
obtenir la parole, tantôt.
Je veux souligner ici, effectivement, que ça a été
une demande du rapport Poulin, où un groupe de députés
avait passé un été à travailler ensemble, et
c'était une des recommandations précises de regarder de nouveau
la mission, autant les coûts que la mission. Et je suis heureux,
aujourd'hui, d'apprendre que vous avez, sans jamais baisser la qualité
des services et je suis à même de le dire dans mon propre
comté, des gens ont bénéficié de l'Office
franco-québécois dans la dernière année sans
jamais couper la qualité des services, vous avez été
capable de couper les coûts, d'autre part. Et c'était le but de la
recommandation du rapport Poulin. (11 heures)
Je veux rendre un hommage, là-dedans, à Mme Pellerin, qui
est avec nous, ici, aujourd'hui, qu'on connaît assez bien, de ce
côté-ci de la table. Je pense qu'elle a fait un très bon
travail. Et je tiens à le dire, le rapport Poulin, une autre fois, avait
identifié quelque chose, et, de cette demande politique, devrais-je
dire, les gens au niveau administratif l'ont mis en application, et je me
réjouis. Je pense que c'est ça que les gens du Québec nous
demandaient de faire avec les deniers publics, et c'est un cas précis
où un groupe de «backbenchers», effectivement, a fait passer
son message, et vous, M. le ministre, vous avez été tout à
fait collaborateur dans cette demande-là. Je vous en remercie.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rivard: Je voudrais juste réagir en disant ceci: le
comité Poulin, les députés libéraux ont joué
leur rôle parfaitement dans ce dossier-là, comme dans les autres,
et je salue, à mon tour, le travail gigantesque qu'ils ont fait. Je
voudrais reconnaître aussi, parce que ce n'est pas seulement l'OFQJ qui a
fait des économies, qui a fait un virage, c'est aussi l'Agence
Québec-Wal-lonnie-Bruxelles pour la jeunesse, et je voudrais saluer
son secrétaire général, M. Benoit
Laliberté.
Je voudrais dire aussi que j'ai innové lorsque j'ai
été nommé coprésident avec les vis-à-vis de
France et de la communauté française de Belgique. J'ai
innové en ce qui concerne la composition du conseil d'administration,
puisque, sur chacun des deux conseils d'administration avec l'accord,
d'ailleurs, du jurisconsulte de l'Assemblée nationalej'ai
invité un député à être membre de ce conseil
d'administration, et je trouve que c'est important de le faire, et il y a
peut-être d'autres organismes comme cela où on pourrait le
faire.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Alors, Mme Pellerin, M. Laliberté, tenez-vous pour salués
et bienvenus.
Alors, nous terminons à 11 h 4. Il reste quatre minutes.
M. Boulerice: Quatre minutes, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Alors,
Sainte-MarieSaint-Jacques, Verdun, Vimont, questions brèves,
réponses courtes, et les trois pourront passer.
Etude sur le projet de diffusion de TV5 en Asie et
dans la CEI
M. Boulerice: Le ministre a sans doute lu le livre de son ancien
collègue, Alain Decaux, «Le Tapis rouge», où M.
Decaux disait que la francophonie, c'était beaucoup,
énormément la télévision.
Est-ce que le ministre peut nous indiquer si l'étude sur le
projet de diffusion de TV5 en Asie et dans la Communauté des
États indépendants est réalisée? À quelle
étape cela est-il?
M. Rivard: Je pense que, pour l'instant, c'est à
l'état embryonnaire. On ne m'a pas informé, récemment, de
l'état d'avancement de ces travaux-là. L'étude est en
cours.
M. Boulerice: L'échéancier pour la remise du
rapport, c'est quand? Avant que le satellite de la mort nous atteigne,
là.
M. Rivard: Alors, c'est ça, il y a une réunion des
experts au mois de mai prochain et une réunion des ministres en
septembre prochain, donc, avant le Sommet. Mais vous savez déjà,
M. le Président, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques sait que, d'une façon
générale, TV5 est l'élément le plus visible de la
francophonie internationale, sans jeu de mots, et que, par conséquent,
à chaque fois qu'on peut faciliter sa pénétration dans
d'autres régions du globe, d'une certaine façon, on
améliore la place du français à l'international.
M. Boulerice: Donc, le rapport va être prêt pour que
les États membres puissent en prendre connaissance...
M. Rivard: Pour le Sommet. M. Boulerice: ...lors du
Sommet.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, déjà le
ministre a répondu en partie à mes interrogations.
Je voudrais quand même bien avoir une réponse brève
et je sais qu'elle va être oui. Malgré les
réductions de budget pour l'Office franco-québécois pour
la jeunesse et le secrétariat Québec-Wallonie, l'ensemble des
programmes et des objectifs vont pouvoir être maintenus? C'est une
question globale, et une réponse...
M. Rivard: Oui.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Vimont, vous aviez une question aussi?
M. Fradet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Pas de question.
M. Fradet: On pourrait adopter les crédits.
Le Président (M. Dauphin): Alors, ça va. M. le
ministre, merci beaucoup de vous être prêté à cet
exercice démocratique...
M. Rivard: Ça m'a fait plaisir.
Adoption de l'ensemble des crédits du
MAI
Le Président (M. Dauphin): ...que constitue l'étude
de vos crédits.
Est-ce que le programme 1 et l'ensemble des crédits
budgétaires du ministère des Affaires internationales pour
l'année financière 1993-1994 sont adoptés?
M. Gautrin: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Boulerice: Je m'excuse, c'est à nous à
répondre.
Adopté, M. le Président.
M. Gautrin: Vous n'avez pas de privilège à cet
effet-là, monsieur.
M. Boulerice: Lisez bien votre règlement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est adopté.
M. Boulerice: En double majorité.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre,
ainsi que vos collaborateurs et collaboratrices.
M. le député de Verdun, à l'ordre!
Merci et bon retour.
Alors, la commission suspend ses travaux pour quelques minutes, le temps
de permettre au ministre de la Justice et à son équipe de
s'approcher à l'avant.
(Fin de la séance à 11 h 6)