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(Onze heures quinze minutes)
Le Président (M. Dauphin): La commission reprend ses
travaux, comme je l'indiquais ce matin, afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires concernant le
ministère de la Justice, plus particulièrement les programmes 1
à 9, puisque le programme 10 a été adopté.
Ministère de la Justice
Alors, je souhaite la bienvenue au ministre de la Justice, à qui
je vais demander de nous présenter les personnes qui l'accompagnent.
Ensuite de ça, de procéder à des remarques
préliminaires, et Mme la députée de Terrebonne,
également, aura sûrement des remarques préliminaires.
Alors, bienvenue, M. le ministre de la Justice.
Oui, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: J'aurai des remarques préliminaires aussi
à faire. J'aurai des remarques préliminaires à faire.
Le Président (M. Dauphin): Vous aurez aussi des remarques
préliminaires à faire? D'accord. Alors, M. le ministre de la
Justice.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, je vous
remercie.
Ça me fait particulièrement plaisir d'être avec vous
ce matin. Je salue les membres de cette commission et je voudrais vous
présenter, M. le Président, les gens qui m'accompagnent. À
mon extrême gauche, le député de Chapleau et adjoint
parlementaire au ministre de la Justice, qui est particulièrement
intéressé à ce dossier de l'aide juridique; Mme Lise
Saint-Martin-Tremblay, directrice de cabinet. À ma droite, M. Gilles
Moreau, qui est président de la Commission des services juridiques. Me
Jacques Chamberland, qui est sous-ministre à la Justice et
Sous-Procureur général, et M. Raymond Benoit, qui est
sous-ministre associé, responsable, en particulier, des principaux
éléments qui regardent ce dossier de l'aide juridique au niveau
du ministère de la Justice.
Et, M. le Président, j'ai tenu à ce que toutes les
personnes susceptibles de pouvoir nous apporter tout l'éclairage
nécessaire pour répondre d'une façon la plus
complète aux questions des membres de cette commission soient avec nous
ce matin, tant au niveau du ministère de la Justice que de la Commission
des services juridiques.
M. le Président, est-ce que vous voulez que je passe maintenant
à mes remarques préliminaires ou...
Le Président (M. Dauphin): Oui, s'il vous plaît.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, nous faisons
cette étude des crédits concernant la Commission des services
juridiques dans le cadre de l'étude des crédits du
ministère de la Justice, mais d'une façon bien distincte. Pendant
1 h 30 min, M. le Président, nous parlerons donc de l'aide juridique, du
système d'aide juridique. J'ai accepté avec beaucoup de plaisir,
M. le Président, cette suggestion de la commission de pouvoir
procéder ainsi à une étude distincte à
l'intérieur de l'étude des crédits du ministère de
la Justice, donc, une étude distincte pour l'aide juridique, pour nous
permettre, M. le Président, de concentrer nos discussions sur ce sujet
qui, pour moi, est de très grande importance.
On sait, M. le Président, que j'ai beaucoup insisté depuis
les premiers jours où j'ai été nommé ministre de la
Justice sur l'accessibilité à la justice, une justice plus
humaine, plus accessible, de la meilleure qualité possible, et lorsqu'on
parle de l'aide juridique, un système juridique qui a été
mis en place pour aider les plus démunis à avoir les mêmes
droits que les mieux nantis, à avoir recours aux tribunaux et aux
services judiciaires d'une façon générale.
Lorsqu'on parle de ce système, on parle d'accessibilité
à la justice. On parle d'un système qui a été mis
en place dans les années soixante-dix, au tout début des
années soixante-dix, alors que M. Jérôme Choquet-te
Me Jérôme Choquette était ministre de la Justice,
sous le gouvernement de M. Bourassa, gouvernement libéral.
On sait que, pendant ces années, de grandes de mesures de droit
social ont été mises en application. L'aide juridique est une de
ces mesures, mais qu'on pense aussi, M. le Président, à la Charte
des droits et des libertés fondamentales une des plus
complètes au monde que nous avons comme loi fondamentale parmi
nos lois québécoises. (11 h 20)
Qu'on pense aussi, M. le Président, aux petites créances
que nous avons amendées il y a à peine quelques semaines pour
augmenter le seuil d'admissibilité qui est maintenant de 3000 $
et permettre aussi aux petites entreprises de cinq employés et
moins d'avoir accès aux petites créances. Et on a ajouté
en plus la médiation à l'intérieur de ces petites
créances, donc, pour «déjudiciariser», parce que
c'est aussi un aspect de la justice qui est particulièrement important
pour moi, qu'on puisse «déjudiciariser», c'est-à-dire
qu'on protège, qu'on améliore, qu'on développe notre
système judiciaire formel devant les tribunaux, oui, mais
qu'on puisse aussi offrir, quand on peut le faire, toutes les mesures de
médiation, de conciliation, d'arbitrage, qui peuvent aider
considérablement, M. le Président, à l'administration de
la justice et à cette accessibilité à la justice.
M. le Président, vous me permettrez, au départ, de
souligner le travail qui a été accompli par la Commission des
services juridiques, qui doit relever un défi majeur: assurer la
poursuite de sa mission de favoriser l'accès à la justice aux
plus démunis tout en maintenant un service de grande qualité, et
ce, M. le Président, en souscrivant aux objectifs gouvernementaux
d'assainissement des dépenses publiques.
Le contexte économique n'est pas facile, M. le Président,
et ça signifie que nous devons faire preuve d'initiative, d'imagination
et, aussi, de rationalité pour que l'on puisse administrer les services
offerts par l'État, par le gouvernement dans une juste proportion de
qualité, d'accessibilité, d'universalité je devrais
dire aussi mais, en réalité, aussi, avec les
possibilités de payer de l'État. Et j'aurai l'occasion, M. le
Président, en discutant ce matin, j'aurai l'occasion, j'en suis certain,
de revenir sur ces thèmes pour parler, peut-être, de projets que
nous pourrions avoir pour améliorer le système d'aide juridique,
le rendre plus conforme à la situation actuelle situation des
citoyens, des citoyennes face à la justice mais aussi, situation
du gouvernement, de l'État face à une situation
budgétaire, situation économique qui est difficile et qu'on
connaît bien.
Donc, M. le Président, je veux souligner le travail qui a
été accompli par la Commission, et je suis convaincu que les
membres de cette commission me poseront, tout à l'heure, des questions
pour m'amener à préciser comment nous avons réussi
à faire certaines démarches qui, sans toucher la qualité
des services, nous ont permis de faire des économies
considérables.
M. le Président, les crédits du programme 4-1, Commission
des services juridiques, se chiffrent, pour l'exercice financier 1993-1994,
à 110 116 200$, soit une hausse de 1 686 500 $ ou une hausse de 1,6 %
par rapport aux crédits de 1992-1993 inscrits pour ce programme, M. le
Président. Notons que les honoraires payables aux avocats et notaires de
la pratique privée, tributaires d'un mandat en vertu de l'article 52 de
la Loi sur l'aide juridique, représentent un montant de 38 919 100 $,
soit 35,3 % de l'enveloppe budgétaire totale de la Commission.
M. le Président, à la même époque l'an
dernier, je faisais part aux membres de cette commission que l'enveloppe
budgétaire de la Commission des services juridiques avait
été établie, pour l'exercice 1992-1993, à 98 498
800 $ et que des efforts seraient exigés de l'ensemble du réseau
d'aide juridique pour freiner la dynamique de la croissance des coûts
qu'a connue ce programme au cours des dernières années. Les
efforts qui étaient demandés à la Commission et au
réseau juridique s'inscrivaient dans la poursuite de l'objectif
gouvernemental de compression des finances publiques. Et, dans ce contexte, M.
le Président, il me fait plaisir de souligner que les efforts et les
énergies déployés par la Com- mission ont donné des
résultats probants, sans pour autant compromettre notre volonté
et celle du gouvernement de venir en aide aux personnes les plus
démunies de la société, en leur permettant de faire valoir
leurs droits les plus fondamentaux.
C'est ainsi, M. le Président, qu'au niveau des dépenses de
fonctionnement les efforts de la Commission ont permis, sur trois ans, de
réduire de plus de 5 000 000 $ l'évolution des dépenses
à ce chapitre. Et je tiens cependant à souligner que la
rationalisation des dépenses de la Commission n'a entraîné
aucune fermeture de bureau d'aide juridique, aucune fermeture de bureau d'aide
juridique, M. le Président. L'an dernier, grâce à
l'injection de crédits additionnels, la Commission a été
en mesure de répondre à ses obligations à l'égard
des avocats, avocates et notaires de la pratique privée. m. le
président, après avoir connu des augmentations annuelles de 7,3 %
et de 13,3 %, le nombre de demandes d'aide juridique acceptées s'est
stabilisé au cours de la dernière année. en effet, les
données dont nous disposons présentement pour l'année
1992-1993 nous indiquent que la croissance, pour l'ensemble de l'année,
sera de l'ordre de 0,5 %. quant aux coûts de l'aide juridique, ils sont
passés de 80 000 000 $ en 1989-1990 à 108 000 000 $ en 1992-1993.
des hausses importantes de 12,7 % et 16,5 % ont été
observées en 1990-1991 et 1991-1992, alors que la hausse pour
l'année 1992-1993 ne sera que d'environ 3 %. pour l'année
1993-1994, m. le président, les prévisions budgétaires que
nous étudions aujourd'hui ont été établies en
faisant l'hypothèse que la demande serait du même ordre que celui
de l'année 1992-1993. il importe, évidemment, de souligner que le
volume de demandes, dans le domaine de l'immigration, a connu une baisse de 20
% en 1992-1993. et cette baisse met ainsi fin aux augmentations successives
très importantes observées au cours des trois années
précédentes, augmentations qui avaient atteint respectivement 42
%, 43 % et 20 %. rappelons qu'une entente intervenue entre le ministère
de la justice du québec et emploi et immigration canada,
prévoyant jusqu'au 31 janvier 1993 le remboursement de 100 % des
coûts de la représentation des revendicateurs du statut de
réfugié en première étape et en appel en cour
fédérale en cas d'échec, devrait permettre au
québec de recevoir du gouvernement fédéral un montant
additionnel de 500 000 $ pour l'année 1992-1993. depuis le 31 janvier
1993, date de l'entrée en vigueur de la loi c-86 modifiant la loi sur
l'immigration, donc, loi du parlement canadien, l'audition en première
étape est remplacée par une entrevue avec un agent d'immigration.
le revendicateur du statut de réfugié peut être
représenté par un avocat lors de cette entrevue. la nouvelle loi
implique que le partage des coûts se fera selon l'entente actuelle entre
le canada et le québec portant sur le régime d'assistance
publique du canada, qui permet de partager entre les deux gouvernements,
à 50 % des coûts de l'aide juridique, ce qui inclut ceux
dispensés aux revendicateurs du statut de réfugié. (11 h
30)
M. le Président, vous vous souviendrez qu'en 1991 le groupe de
travail sur l'accessibilité à la justice, présidé
par le professeur Roderick A. Macdonald, me remettait son rapport. Ce rapport a
été et demeure pour nous une très précieuse source
et référence pour nos travaux, en ce qui regarde
l'accessibilité à la justice d'une façon
générale et en ce qui regarde l'aide juridique d'une façon
plus particulière. Les travaux du professeur Macdonald et de son groupe
nous ont permis, entre autres, M. le Président, lors du Sommet de la
justice, de poursuivre notre réflexion et d'envisager une
hypothèse de travail comportant certaines modifications au régime
actuel. Et, dans ce contexte, lors du Sommet de la justice, j'ai
déposé cette hypothèse de travail qui fait état des
modifications qui pourraient être apportées au régime
d'aide juridique en vue d'assurer l'accessibilité à la justice
aux plus démunis de notre société tout en étant
équitable envers les autres citoyens et citoyennes. Alors, les
commentaires formulés par les divers intervenants, M. le
Président, à l'occasion des délibérations du Sommet
de la justice, ont fait apparaître qu'il n'était pas possible,
pour le moment à ce moment où nous en avons
discuté, il y a un peu plus d'un an maintenant d'obtenir un
consensus sur cette hypothèse de travail que j'avais alors
présentée. D'ailleurs, M. le Président, à l'issue
des échanges que nous avons eus au Sommet de la justice, il fut convenu
que je continuerais mes consultations, que je continuerais mon travail pour
trouver une solution, la plus adéquate et équitable possible.
Par ailleurs, les consultations qui sont menées auprès de
certains groupes intéressés et le souci d'assurer une saine
gestion du réseau d'aide juridique ont fait ressortir l'importance de
s'interroger non seulement sur les seuils d'admissibilité, mais aussi
sur les différents aspects du régime actuel. Et, à cet
égard, M. le Président, j'ai eu l'occasion, lors de
l'étude des crédits supplémentaires tenue en
décembre dernier à l'Assemblée nationale,
d'échanger sur le besoin de revoir l'ensemble du régime. Il ne
s'agit pas, M. le Président, de se limiter simplement aux seuils
d'admissibilité, mais on doit aussi regarder les différentes
composantes de ce régime pour voir comment nous pouvons
l'améliorer. Et, dans ce contexte, M. le Président, j'ai
demandé aux fonctionnaires du ministère de la Justice de
préparer un document de consultation sur les différents aspects
du régime, et ce document a pour objet de dresser un état de la
situation du régime actuel, d'analyser les principaux aspects du
régime d'aide juridique tel que nous le comprenons maintenant, d'exposer
les problèmes particuliers qui découlent des différents
aspects du régime et d'amener les groupes intéressés
à une réflexion sur des éléments de rechange.
Cette réflexion devrait nous amener à échanger sur
les mesures permettant d'assurer l'accessibilité à la justice aux
plus démunis de notre société, sans que cela ne soit au
détriment du citoyen à revenu moyen, et tout en tenant compte de
la situation des finances publiques.
M. le Président, oui, l'État doit voir à ce que les
plus démunis puissent avoir un accès à la justice, mais
attention: on ne doit pas le faire au détriment des ci- toyens à
revenus moyens, qui, eux aussi, doivent avoir accès à cette
justice qui est le fondement de notre société des libertés
et de démocratie.
Il m'apparaît donc important, M. le Président, de
réfléchir sur les moyens à prendre pour que le
régime d'aide juridique puisse rejoindre le citoyen à revenus
modestes. Comme ministre de la Justice, cette réalité me
préoccupe plus particulièrement.
J'ai entre les mains une première version de ce document, M. le
Président, et c'est un document qui est présentement
analysé par les comités ministériels, et j'espère
que, dans un avenir le plus rapproché possible, il puisse être
prêt pour être communiqué aux intéressés,
déposé à l'Assemblée nationale et que nous
puissions procéder à une consultation la plus large et
complète possible sur l'aide juridique.
Alors, M. le Président, je ne veux pas être plus long. Je
vais terminer ici mes remarques, conscient que les questions fort pertinentes
que je vais recevoir des membres de cette commission me permettront de
compléter l'information que j'aimerais vous communiquer ce matin.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
de la Justice, pour vos remarques préliminaires.
Je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Terrebonne pour les mêmes fins.
Mme la députée.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. le Président, je serai brève dans mes remarques
préliminaires, puisque nous disposons d'une enveloppe globale de 1 h 30
pour questionner le ministre de la Justice sur les dossiers qui relèvent
de mes compétences, c'est-à-dire l'aide juridique, la curatelle
publique et le Fonds d'aide aux recours collectifs.
Dans un premier temps, je désire souligner que ces dossiers
s'inscrivent dans un ensemble harmonieux avec les autres dossiers pour lesquels
je suis porte-parole, soit les lois professionnelles et la protection du
consommateur. En effet, M. le Président, ces dossiers poursuivent le
même objectif, c'est-à-dire de protéger les citoyens et les
citoyennes, que ce soit une protection quant aux biens de consommation, une
protection quant à des services professionnels, une protection quant
à la possibilité de faire valoir ses droits pour en assurer le
respect, une protection plus globale lorsqu'une personne est
déclarée inapte ou, encore, défendre les droits d'un
groupe de personnes lésées dans une même cause.
La Loi sur l'aide juridique a maintenant 20 ans révolus. À
l'origine, cette loi reconnaissait aux personnes démunies le droit
à l'assistance judiciaire et leur donnait ainsi les outils
nécessaires afin de leur assurer une défense pleine et
entière. Cependant, force m'est de constater que, dans les faits, cette
reconnaissance initiale n'existe plus, que les personnes qui
bénéficient du régime de la sécurité du
revenu sont les seules qui peuvent
avoir droit à l'aide juridique.
M. le Président, cette situation résulte du fait que les
critères d'admissibilité à l'aide juridique n'ont connu
aucune révision à la hausse depuis le 1er janvier 1981, pour les
personnes seules, et depuis le 10 juillet 1985, pour les familles. Cela a comme
conséquence de réduire considérablement la portée
que le régime d'aide juridique avait lors de sa création. On sait
aussi que le principe d'indexation automatique des seuils n'existe plus dans le
règlement, alors que les autres régimes d'assistance sociale ont
été continuellement révisés afin de tenir compte de
la hausse des coûts.
On peut donc, en toute légitimité, M. le Président,
se questionner quant à la signification du droit à l'assistance
judiciaire prévu à l'article 34 de la Charte des droits et
libertés de la personne.
On ne peut plus, non plus, se surprendre que les gens croient que la
justice ne protège que les biens nantis. C'est dans une proportion de
71,4 % que les gens en arrivaient à cette conclusion dans un sondage
publié en septembre 1991. Également, 84,2 % des citoyens
estimaient que la qualité de la justice avait un impact important sur
l'avenir du Québec.
Cette perception de la justice par les gens se motive le plus souvent
par son accessibilité économique. Les citoyens et citoyennes
n'auront une bonne perception de la justice que s'ils estiment qu'ils peuvent
valablement faire valoir ou respecter leurs droits.
La réforme promise et réitérée à
maintes reprises par le ministre de la Justice n'est toujours pas en vigueur,
M. le Président. Selon l'adjoint parlementaire le
député de Chapleau il y a quelques semaines, le document
de consultation auquel le ministre faisait référence tantôt
devait être rendu public en mars dernier, pour être suivi
d'audiences au printemps. Nous sommes toujours en attente de ce document de
consultation et de l'annonce de la commission parlementaire. Le ministre, dans
son discours, nous disait prévoir le même nombre de demandes, au
niveau de l'aide juridique, pour l'an prochain. Si nous avons le même
nombre de demandes, M. le Président, il est bien évident qu'on
peut douter d'une véritable réforme de l'aide juridique.
L'augmentation des crédits de 1 600 000 $, M. le
Président, ne laisse pas présager, elle non plus, une
véritable réforme de l'aide juridique, et on peut douter que
l'accessibilité se rende aux personnes à revenus moyens, avec une
augmentation de crédits de 1 600 000 $.
Quelques remarques, M. le Président, sur la curatelle publique,
puisque, au niveau de la curatelle, il n'y a pas de crédits comme tels,
mais que je suis porte-parole de ce dossier.
Au niveau de la curatelle publique, j'avoue que je me questionne
sérieusement sur le respect accordé aux personnes sous curatelle,
sur l'application de la loi et l'administration des biens des personnes. Depuis
quelques semaines, de nombreux citoyens et de nombreuses citoyennes m'ont fait
part de faits troublants et d'informations pour le moins surprenantes. À
partir de ces cas particuliers, il se dégage certaines pratiques plus
généra- les pour le moins questionnables. L'application de la
nouvelle loi a permis certains correctifs essentiels, mais la
législation et son application me semblent loin encore de
répondre à une véritable protection des personnes et des
biens confiés à l'État.
Compte tenu du peu de temps dont nous disposons, nous ne pourrons
couvrir le débat sur ces dossiers prioritaires, et nous devrons
poursuivre notre questionnement pour assurer aux citoyennes et citoyens du
Québec un véritable accès à la justice et une
protection respectueuse des personnes et de leurs biens.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Terrebonne, pour vos remarques
préliminaires.
Je crois qu'il y avait M. le député de Verdun qui avait
aussi des remarques préliminaires.
M. le ministre, vous voulez réagir aux remarques de madame?
Peut-être y aller tout de suite brièvement, et, ensuite de
ça, M. le député de Verdun.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Très brièvement, M. le
Président.
Simplement pour dire que, en ce qui regarde, par exemple, la curatelle
publique, moi, je serai très heureux, si on veut en discuter... certains
cas particuliers qu'on veut discuter lors des crédits de la Justice, on
en discutera. C'est ça qui était prévu.
Alors, ce matin, on parle d'aide juridique. Moi, je n'ai aucune
objection, M. le Président, lorsqu'on étudiera les crédits
de la Justice, si on a des cas particuliers en ce qui regarde l'administration
de la curatelle publique, aucun problème à ce qu'on en discute,
parce que s'il y a une loi que je suis fier d'avoir faite comme ministre de la
Justice, c'est la curatelle publique, où on a mis fin à la
curatelle automatique. On a un système, on a une loi qui est humaine,
qui est accessible, qui est bien faite. M. le Président, je suis
particulièrement fier de cette loi-là, et je suis prêt
à en discuter lorsqu'on fera les crédits de la Justice, la
semaine prochaine. Aucun problème là-dessus. (11 h 40)
Et lorsqu'on parle d'accessibilité à la justice, M. le
Président, ou qu'on parle aussi de toutes les autres lois qui ont
été faites et dont je suis particulièrement fier
que ce soit la Loi sur les cours municipales; le régime des
majeurs inaptes, donc la curatelle; le Tribunal des droits et libertés
de la personne; l'exercice même du Sommet de la justice, qui a
été un exercice exceptionnel d'accessibilité à la
justice par les principaux intervenants; la médiation familiale; les
petites créances; la médiation partout sur le territoire du
Québec.
Alors, M. le Président, ça me fera un grand plaisir de
pouvoir répondre à toutes ces questions et aujourd'hui, et
lors des crédits de la Justice en ce qui regarde l'aide
juridique; je suis tout à fait ouvert à toutes ces questions.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Juste avant d'entreprendre la période d'échange, M. le
député de Verdun m'avait demandé de prendre quelques
minutes pour des remarques préliminaires.
M. le député de Verdun.
M. Gautrin: J'ai droit à 20 minutes de remarques
préliminaires.
Une voix: ...
M. Gautrin: Pardon? Bien, oui, mais...
Le Président (M. Dauphin): Le règlement, M. le
député de Verdun, vous permet 20 minutes...
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): ...sauf qu'évidemment
nous avons une heure et demie pour passer à travers tous les
éléments d'aide juridique.
M. Gautrin: Et comme j'ai de nombreuses questions à poser,
je vais me limiter dans mes remarques préliminaires, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): J'en étais conscient.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: M. le Président, je vais, avec le ministre de
la Justice et je vais annoncer ce que j'ai l'intention de faire
poursuivre l'oeuvre pédagogique que je fais dans chacune des
commissions.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'Assemblée nationale doit
ou devrait adopter dans un délai raisonnable la loi 198, qui a pour
effet de réduire ou de demander des réductions de personnel
d'encadrement de 20 % sur un horizon de trois ans, et du personnel de 12 % sur
un horizon de deux ans.
Je remarque déjà que la Commission des services juridiques
a fait une réduction de personnel d'effectifs de 62
postes, d'après un document qui nous est donné. Si je regarde
d'autres documents qui nous sont donnés, les réductions sont
différentes quant aux postes d'avocats, quant aux différents
postes qui sont prévus. Il y a, évidemment, les contraintes
inhérentes à la convention collective. J'aurai donc des questions
à vous poser sur comment s'appliquent les différents articles de
la convention collective en cas d'abolition de postes.
Donc, je voudrais, M. le ministre, échanger avec vous,
réellement, sur non pas les objectifs de la Commission des services
juridiques, qui, d'après moi, sont satisfaits elle fait le mieux
qu'elle peut dans le meilleur des cas mais, réellement, sur
comment on peut, dans une situation de réduction budgétaire comme
nous sommes obligés de l'être, atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés avec moins de personnes, c'est- à-dire avoir
des réductions de personnel parce que nous sommes contraints, à
cause de la situation budgétaire, à être plus efficaces,
c'est-à-dire à faire la même chose avec moins de
personnel.
Donc, c'est le type d'échange, M. le Président, que je
voudrais avoir lorsque arrivera mon temps de pouvoir questionner le
ministre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Verdun.
Je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Terrebonne.
Discussion générale
Affectation de M. André Saint-Jean à de
nouvelles fonctions
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. le Président, dans ses remarques préliminaires, le
ministre nous a dit à quel point la Commission des services juridiques
devait relever de grands défis et devait faire preuve de
rationalité et tenir compte de la capacité de payer de
l'État.
Force m'est de reconnaître, aujourd'hui, M. le Président,
que le président de la Commission des services juridiques n'est toujours
pas accompagné, ce matin, du vice-président de la Commission des
services juridiques. En effet, M. André Saint-Jean ne semble toujours
pas occuper son poste, et ce, depuis sa nomination, le 27 novembre 1989.
Lorsqu'on se parle de rationalité, d'assainissement des finances
publiques... M. Paul Faribault, de l'aide juridique de l'Estrie, nous
confirmait, le 5 avril, que cette situation perdure toujours malgré les
nombreuses déclarations du ministre Rémillard à l'effet
que cela se réglerait sous peu.
Le décret 1759-89, du 15 novembre 1989, énonce la
nomination ainsi que les conditions d'embauché de Me Saint-Jean:
l'engagement débute le 27 novembre 1989 pour se terminer le 26 novembre
1994. Le salaire prévu, sur une base annuelle, est de 90 562 $. On
prévoit même, dans ce décret, que ce salaire sera
révisé par le gouvernement selon la politique applicable aux
dirigeants d'organismes gouvernementaux.
Lors de l'étude des crédits budgétaires, le 11
avril 1991, Mme Louise Harel alors porte-parole du dossier
demande au ministre certaines questions concernant cette nomination. Le
ministre Rémillard rétorquait alors: «II y a eu des
allégations de possibilité de conflit d'intérêts
faites par les gens mêmes de la Commission des services juridiques
à différents niveaux. On a allégué
différents problèmes dans la nomination. Donc, le Conseil
exécutif a étudié la situation. Il étudie la
situation et on m'a confirmé encore très récemment que M.
Saint-Jean devait avoir d'autres affectations. II devrait être
affecté à de nouvelles fonctions. C'est ce qu'on m'a
confirmé encore très récemment.» Nous étions
le 11 avril 1991.
Un décret gouvernemental du 4 mars 1992, publié dans la
Gazette officielle du Québec du 25 mars 1992,
décret 300-92, fait état d'une révision du
traitement de Me St-Jean qui est même rétroactif au 1er juillet
1991. Son salaire est dorénavant de 98 400 $, bien que Me St-Jean
n'occupe toujours pas son poste.
Toujours à l'occasion de l'étude des crédits, mais,
cette fois-ci, ceux du 29 avril 1992, M. Pierre Bélanger, alors
porte-parole, soulève encore l'irrégularité de la
situation du vice-président de la Commission des services juridiques. Le
ministre Rémillard répond à M. Bélanger, et je
cite: «[...] je trouve cette situation-là pour le moins difficile.
C'est une nomination qui vient du Conseil exécutif, et je trouve cela
déplorable comme situation, déplorable. Alors, pour ma part, je
vais certainement continuer [...] Je ne voudrais vous dire la même chose
que je vous ai dite l'an dernier, mais je vais continuer à dire que
cette situation-là ne peut pas durer comme ça, qu'elle doit
être corrigée, respectant les circonstances.!...] C'est
strictement une question de nomination qui tarde.».
Le 11 décembre 1992, lors de l'étude des crédits
supplémentaires affectés à la Commission des services
juridiques, ce dossier est évidemment revenu à l'ordre du jour.
Le ministre de la Justice a répondu, et je cite: «En ce qui
regarde M. Saint-Jean, M. le Président, on m'a informé justement
hier que M. Saint-Jean aurait de nouvelles fonctions dans un avenir
très, très, très prochain.» Fin de la citation. Nous
étions le 11 décembre 1992, M. le Président.
Le 8 avril dernier, le réseau de télévision
Radio-Canada diffusait un court reportage de la journaliste Andrée
Brassard à ce sujet. La situation semble loin d'être
réglée, puisque les trois ministres concernés se renvoient
la balle. Il s'agit du ministre Johnson, du ministre Savoie et du ministre
Rémillard. Cette situation rend d'autant plus inconfortable le ministre
Johnson, alors qu'il demande aux fonctionnaires de se serrer la ceinture et
à chaque ministre de réduire ses dépenses et que,
évidemment, le discours des différents ministres, dont celui de
la Justice, se tient sur l'assainissement des finances publiques.
Alors, en question, M. le Président: Est-ce que le ministre de la
Justice reconnaît qu'il s'agit là d'un gaspillage
éhonté d'argent et de ressources humaines que de laisser cette
situation inacceptable perdurer indûment de cette façon? Et quand
compte-t-il véritablement régler le problème?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Justice.
M. Rémillard: D'abord, je constate que Mme la
députée Terrebonne a pris plus de temps à nous parler de
cette situation de M. Saint-Jean qu'elle en a pris pour ses remarques
introductives de ce matin pour le sujet qui est le sujet de cette commission,
c'est-à-dire l'aide juridique.
Mme Caron: ...sur les autres sujets de l'aide juridique, M. le
ministre, ne craignez pas, ils seront aussi longs.
M. Rémillard: Attendez, je pense que vous ne pouvez pas
contredire ce que je viens de dire, au départ en tout cas.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez droit à 20
minutes.
M. Rémillard: Oui. Alors, vous m'avez cité
abondamment au texte, et je vais vous dire ce que je vous avais dit aussi dans
le texte, à ce moment-là, que je vous répète ce
matin. La situation de M. Saint-Jean n'est pas un dossier qui relève du
ministre de la Justice, mais du Conseil exécutif. Et la meilleure preuve
que je pourrais vous donner de ça, c'est que M. Saint-Jean n'est pas
payé par la Commission des services juridiques. Il n'y a pas de
vice-président à la Commission des services juridiques, et je le
déplore, parce que M. Mo-reau fait un travail remarquable avec toute son
équipe je vais lui rendre hommage il aurait besoin d'un
vice-président, c'est évident. Mais, M. le Président, je
dois vous dire que c'est une situation, un dossier qui ne relève pas du
ministre de la Justice, qui relève du Conseil exécutif.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Mme la députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Comment le ministre de la Justice, responsable de la Commission des
services juridiques, peut-il se dégager à ce point de ce dossier,
puisque lui-même reconnaît qu'effectivement la Commission des
services juridiques doit relever de grands défis, qu'elle a donc besoin
de tous ses effectifs, qu'elle doit faire preuve de rationalité, qu'elle
doit tenir compte de la capacité de payer de l'État, et que les
gens doivent donc être extrêmement productifs. (11 h 50)
Comment le ministre de la Justice peut-il simplement renvoyer la balle
à son collègue du Conseil exécutif pour se dire que,
finalement, ce dossier-là ne le regarde pas? Le ministre de la Justice
est privé, à la Commission des services juridiques, du
vice-président. Si c'est un poste que le ministre ne considère
pas utile, bien, que le ministre n'ait pas de vice-président à
une Commission des services juridiques. Il est nommé depuis le 27
novembre 1989, et, régulièrement, le ministre et nous
l'avons cité, M. le Président. La dernière fois, c'est le
11 décembre 1992, M. le ministre nous disait: «M. Saint-Jean aura
de nouvelles fonctions dans un avenir très, très, très
prochain.» Trois fois «très», M. le Président,
et nous sommes présentement le 27 avril 1993.
Comment le ministre peut-il se dégager de cette
responsabilité?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, quand elle m'a
cité au texte, elle aurait dû, peut-être, ajouter le
petit bout de phrase, avant, où je dis: «On m'a informé que
M. Saint-Jean serait nommé très, très...» ou
très, mettez-en des «très» comme vous voudrez
mais «on m'a informé».
Moi, ma responsabilité comme ministre de la Justice vous
l'avez très bien dit, c'est vrai c'est la Commission des services
juridiques. Je vous dis que M. Saint-Jean n'est même pas payé sur
les budgets de la Commission des services juridiques. Ça, je vous dis
ça, et je vous dis que le vice-président n'est pas nommé,
mais qu'il y a peut-être quelqu'un non seulement peut-être
mais quelqu'un qui joue quand même le rôle, qui occupe, en
fait, les responsabilités sans avoir le titre. Et la Commission des
services juridiques fait un travail remarquable. De par les questions que vous
pourrez me poser dans les prochaines minutes, on va pouvoir réaliser
tout le travail remarquable que fait la Commission. Mais ce dossier de M.
Saint-Jean ne relève pas du ministre de la Justice. Il relève du
Conseil exécutif. Est-ce que c'est clair?
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: M. le Président, est-ce que le ministre de la
Justice se dégage complètement de la responsabilité? Et
pourtant, au moment des nominations faites par le Conseil exécutif, le
ministre de la Justice doit donner son avis pour les nominations. Et il semble
qu'au sujet des nominations juridiques ça pose certains problèmes
entre les différents ministres. Je fais référence, M. le
Président, à la nomination du directeur du contentieux, au
ministère de l'Environnement, pour laquelle il y a eu un petit jeu de
bras de fer entre les deux collègues ministres, M. le
Président.
Est-ce que le ministre de la Justice, qui se doit de donner son avis
pour la nomination, et qui l'a fait dans ce cas particulier, et que, suite
à cette nomination, on invoque une possibilité de conflit
d'intérêts... Comment se fait-il que le ministre, lui, maintenant,
s'en dégage, puisque au moment oû le décret a
été déposé, on pouvait lire: «II est
ordonné, sur la proposition du ministre de la Justice: Qu'en vertu des
articles 12 et 13 de la Loi sur l'aide juridique [...] Me André
Saint-Jean, sous-ministre adjoint au ministère du Revenu, administrateur
d'État, soit nommé membre et vice-président de la
Commission des services juridiques [...]»? C'est difficile de se
dégager de sa responsabilité lorsqu'on propose une nomination et
qu'ensuite on s'en lave les mains.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Dans ce dossier, comme c'est le cas dans
certains autres dossiers de nomination, un ministre peut proposer, mais le
Conseil exécutif ou l'Exécutif dispose. Et j'ai proposé,
j'ai procédé selon mes responsabilités, j'ai fait ce que
je devais faire. Et je n'ai pas d'autre chose à ajouter.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Sur le même sujet,
Mme la députée?
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: M. le Président, je trouve ça tout
à fait inacceptable qu'un ministre de la Justice fasse une proposition
proposition qui est acceptée par le Conseil
exécutifque le ministre se dise qu'il s'en dégage si sa
proposition n'avait pas été acceptée, sa proposition a
été acceptée, la nomination a été faite, et
maintenant que la Commission des services juridiques est privée de son
vice-président, le ministre s'en dégage. Et il faut dire que,
comme ministre, lorsqu'on nous parle de rationalité, d'assainissement
des finances publiques, il ne faut pas oublier que, jusqu'à maintenant,
nous sommes à près de 500 000 $ que Me Saint-Jean a reçus,
pour demeurer chez lui à attendre, M. le Président. Et comme la
Loi sur l'aide juridique, qui est sous la responsabilité du ministre de
la Justice, édicté à son article 13 qui faisait
partie de la nomination, M. le Président que la période du
mandat, une fois déterminée, ne peut être réduite.
Ne peut-on vraisemblablement croire, M. le ministre, que cette situation
s'éteindra uniquement avec la fin du mandat de Me Saint-Jean,
c'est-à-dire le 26 novembre 1994?
M. Rémillard: M. le Président, j'ai l'impression
que Mme la députée de Terrebonne ne comprend pas ce que je lui
dis. Écoutez-moi, là. Je vous dis que le salaire M. Saint-Jean ne
relève pas des crédits de la Commission ou du ministère de
la Justice. Je vous dis que, moi, comme ministre de la Justice, qui ai la
responsabilité de l'administration et de la Commission du
ministère de la Justice, que je ne paie pas un sou pour M.
Saint-Jean.
Est-ce que vous me comprenez? Est-ce que c'est assez clair?
Mme Caron: Est-ce que vous faites partie du même
gouvernement?
M. Rémillard: Attendez que je termine. C'est moi qui ai la
parole, là. Je veux vous expliquer très clairement. Je ne
dépense pas un sou en ce qui regarde le salaire de M. Saint-Jean. Le
poste de vice-président, il est là, il est inoccupé. La
fonction de vice-président n'est pas occupée, mais les
rôles qui sont attribués à toutes les personnes qui sont
à la Commission, ces rôles sont donc en fonction des
responsabilités que nous avons. La Commission marche très bien.
J'ai rendu hommage à son président, M. Moreau, aux membres de
cette commission. Et je vous répète que les salaires qui sont
payés à M. Saint-Jean ne relèvent pas de ma
responsabilité.
Est-ce que vous me comprenez?
Mme Caron: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée de Terrebonne. Ensuite, M. le député de
Verdun.
Mme Caron: Je pense qu'un ministre responsable, qui nous parle de
capacité de payer des citoyens et des citoyennes, même si le
montant qui est près de 500 000 $, maintenant ne
relève pas directement de lui, il en est aussi responsable, puisque ce
poste doit donner des services sous sa responsabilité, un service qui
doit être donné à la Commission des services juridiques, et
il est responsable de la Commission des services juridiques. Et ces
services-là sont privés, et l'ensemble des citoyens du
Québec paie ce montant-là quand même, et, suite à sa
proposition de nomination, M. le Président.
Alors, quant à nous, le ministre ne peut pas se dégager de
ses responsabilités, même si les budgets ne relèvent pas du
service juridique.
M. Rémillard: M. le Président, la
députée de Terrebonne est en train de me reprocher de faire des
économies. Parce que le résultat de tout ça, M. le
Président, c'est qu'il y a un poste de vice-président qui n'a pas
été occupé, et donc, on n'a pas dépensé pour
ce poste. Lorsque la députée de Terrebonne me dit «la
qualité des services...», qu'elle me pose des questions,
maintenant, sur la qualité des services. Parce que la question qu'elle
devrait me poser: Est-ce que ça a affecté la qualité des
services rendus par la Commission? Et je vous dis: Non. Puis, posez-moi des
questions. Amenez-moi des cas précis. Amenez vos cas précis.
Amenez-moi ça. Je vais vous répondre, moi. Ça, je vais
vous répondre.
Alors, essayez d'être moins vague, un petit peu. Puis, vous
êtes en train de me reprocher d'avoir été un bon
administrateur et d'avoir bien administré, avec M. Moreau, avec les gens
du ministère de la Justice. Ce n'est pas ça, la situation qu'on
doit faire. Posez-moi des questions sur la qualité des services. Je vais
vous répondre.
Le Président (M. Dauphin): Pour le moment, je reconnais M.
le député de Verdun.
Évolution du nombre de postes d'avocats
à la Commission des services juridiques depuis 1991-1992
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Alors, comme je l'ai annoncé dans mes remarques
préliminaires, je vais donc revenir à m'intéresser non pas
sur la qualité des services qui, je sais, sont excellents, mais bien
comment vous arrivez à donner cette qualité de services, donc, en
revenir sur vos critères de productivité.
Je vous rappellerai pourquoi je pose ce genre de question: parce que la
loi 198 établit la photographie au 1er avril 1993, et il est bon de bien
comprendre que certains secteurs avaient fait déjà des
compressions, qu'ils ne pourront plus nécessairement en faire, tandis
que d'autres commenceront à faire des compressions. Donc, le but de mes
questions, M. le ministre, va être de bien comprendre quelles sont les
compressions qui ont déjà été faites à la
Commission et quelles sont les compressions supplémentaires qui
pourraient être faites. (12 heures)
Alors, si je remarque, dans le document qui s'appelle
«Étude des crédits, Commission des services juridiques,
demande de renseignements généraux et particuliers requis par
l'Opposition officielle» et je fais référence, en
particulier, dans ce document, à un document qui s'intitule «Page
15», je ne comprends pas pourquoi, mais qui est «Plan de
compression, exercice financier 1992-1993», qui était inclus
là-dedans. Alors, si je regarde le plan de compression 1992-1993, au
niveau des avocats et des stagiaires, dans la période 1992-1993, la
Commission des services juridiques a diminué son nombre en
équivalents à temps complet d'avocats, de 23,3; le nombre
de stagiaires, de 30,7 si je me comprends bien et le nombre du
personnel de soutien, de 16,3.
L'adoption par cette commission et par l'Assemblée nationale des
crédits impliquerait des nouvelles réductions sur ces
réductions-là de 12 avocats supplémentaires. Est-ce que
c'est bien ce que je dois comprendre? Donc, si je fais une
référence par rapport à 1991-1992, vous auriez donc une
réduction de 54 et vous rajoutez, sur cette réduction de 54, 12
postes supplémentaires que vous coupez là-dedans. Est-ce que
c'est ça que je dois comprendre, M. le Président?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...je vais demander à M. Moreau, le
président de la Commission, de donner tous les détails de cette
rationalisation que nous avons faite de l'administration, mais je dois dire que
je suis particulièrement satisfait, comme ministre responsable de ce
dossier, du travail qui a été fait. Un travail très bien
fait, qui n'a pas été facile, qui n'a pas été
facile et qui a été fait par la Commission, en grande
collaboration avec tout le réseau de l'aide juridique, M. le
Président.
Et quand je rendais hommage, tout à l'heure, à la
Commission, vous me permettrez de rendre hommage à tout le
réseau, toutes les corporations de l'aide juridique qui ont
contribué fortement à ce qu'on puisse d'une façon
efficace, respectant notre engagement quant à la qualité du
service rendu pouvoir faire face à ces compressions
budgétaires nécessaires.
Et je dois dire, M. le Président, que, quand les demandes du
Conseil du trésor nous sont arrivées et qu'on s'est mis à
notre table de travail pour trouver des moyens de pouvoir réaliser ces
restrictions, ces coupures, ça n'a pas toujours été
facile. Il y a eu des réactions qui ont été, dans les
premières réactions, un peu difficiles, mais on a abordé
chaque sujet, l'un après l'autre, et
on s'est aperçu, M. le Président, qu'on peut faire des
économies considérables dans nos façons de
procéder, les méthodes de travail utilisées , les
contrôles, qui sont aussi des contrôles administratifs qui peuvent
être aussi très efficaces.
Et, M. le Président, je crois que ce que nous avons comme
résultat et que nous présentons à cette commission ce
matin est une preuve éloquente de ce que nous pouvons faire et de ce que
nous pouvons continuer à faire pour aller dans le sens de la question
fort pertinente du député de Verdun, et je vais demander à
M. Moreau, avec votre permission, M. le Président, de compléter
ma réponse.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. Moreau.
M. Moreau (Gilles): Alors, M. le Président, l'objectif de
compression en nombre de postes, pour les années 1992-1993 et 1993-1994,
était de 62. Nous devions réduire le personnel et le faire passer
de 1031 à 969 postes, ce qui a été fait sur les deux
exercices financiers, et la ventilation de cette compression est de 17 postes
avocats, 14 postes soutien ainsi que 31 postes de stagiaires avocats.
M. Gautrin: Est-ce que je peux quand même poser ma
question, M. Moreau? J'avais lu cela aussi, mais c'était bien
l'année précédente. C'est-à-dire, si je comparais
1991-1992 à 1992-1993, vous aviez déjà sur l'item
avocates et avocats réduit de 54 oostes.
Est-ce que c'est bien ce qu'il fallait que je comprenne d'après
le document qui avait été soumis?
M. Moreau: Nous avons réduit, sur la période
1992-1993, 59 postes...
M. Gautrin: Dont 54 avocats.
M. Moreau: ...et sur 59 postes, dont la ventilation... 59 postes,
plus ceux de cette année, pour arriver au chiffre de 62; et pour
répartir entre les corps d'emploi, c'est 17 avocats, 14 soutien et 31
stagiaires.
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais vous demander
je pense que, si vous les avez, je serais heureux que vous puissiez les
déposer, bien sûr pas aujourd'hui, mais à la commission,
dans le futur l'évolution depuis 1989-1990 des différents
postes que vous avez. Vous avez fait, aussi, dans le document qui a
été soumis, qui a été fait, donc, pour l'exercice
budgétaire précédemment, une analyse que vous faisiez sur
la productivité totale de votre réseau. C'est-à-dire que
vous faisiez l'analyse mais, bien sûr, elle s'est terminée
en 1991-1992 où vous faisiez le rapport entre le nombre de
dossiers traités et le nombre d'avocats, le nombre de refus, en incluant
et en excluant, bien sûr, les cas d'immigration.
Est-ce qu'il serait possible que vous déposiez, si vous l'avez,
à la commission la suite de ces éléments d'analyse pour
les années 1992-1993 et 1993-1994? M. Moreau: Oui,
absolument.
M. Gautrin: 1993-1994, ça ne peut pas se faire, mais
disons 1992-1993, c'est-à-dire l'année qui survient. Je comprends
que vous ne pouvez pas la déposer aujourd'hui, mais de manière
à avoir une idée globale, parce qu'il est clair que vous avez...
Si on regarde le nombre moyen de dossiers traités par avocat permanent,
il va en croissant, et le nombre de dossiers assumés par avocat
permanent va aussi en croissant, donc, ce qui est une recherche d'une meilleure
productivité.
Est-ce qu'on pourrait l'avoir sur l'année qui viendrait
après, parce que le document que vous nous avez remis s'arrêtait
à 1991-1992?
M. Moreau: Certainement, M. le Président. Je peux
immédiatement vous mentionner que, pour les 11 premiers mois de
l'année, pour l'année 1992-1993, les avocats du réseau ont
traité 1092 dossiers de plus, ce qui augmente leur productivité
d'autant. Alors, je pense qu'on peut certainement conclure que la charge de
travail des avocats, qui était déjà considérable,
est encore augmentée. Je crois qu'il y a lieu, certainement, de leur
rendre hommage pour cette belle qualité de travail et cette
quantité, également.
M. Gautrin: Alors, je vous remercie. Je comprends bien que vous
allez nous donner le détail de la même manière dont vous
l'avez calculé dans le...
M. Moreau: Oui.
M. Gautrin: ...document, précédemment.
M. Moreau: Certainement.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président. Ça
satisfait mes questions et mes interrogations.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
Mme la députée de Terrebonne.
Entente avec le fédéral pour le
remboursement des frais juridiques des
revendicateurs du statut de
réfugié
Mme Caron: parmi les dossiers importants qu'on retrouve au niveau
des services juridiques, il y a, évidemment, tous les dossiers relatifs
à l'immigration. les modifications apportées à la loi sur
l'immigration, en 1990, se sont traduites par une augmentation de 28 % du
nombre de réfugiés et d'immigrants demandant l'asile ou la
résidence au canada.
Suite à la conclusion d'une entente à la fin de
l'année 1989, l'Ontario a obtenu 6 000 000 $ du gouvernement
fédéral dès 1990 et pour les années
subséquentes. Il s'agit, en fait, de ce que coûte
l'application
de cette loi à la Commission des services juridiques au
Québec et du montant des coupures requises au réseau de l'aide
juridique pour 1992-1993 par le Conseil du trésor.
Une décision du Conseil du trésor, décret 171900 du
13 septembre 1989, indiquait que le dossier immigration devait s'autofinancer.
Dans la même foulée, trois autres décisions du Conseil du
trésor abondaient dans le même sens. Il s'agit des C.T. 179655,
179661 et 181057, le dernier en juillet 1992. Dans chacune de ces
recommandations, M. le Président, on invitait le ministre de la Justice
à intensifier ses négociations avec le gouvernement
fédéral, de manière à récupérer 100 %
des coûts de la première étape des dossiers de
revendicateurs du statut de réfugié.
Lors de l'interpellation, le 20 mars 1992, M. Pierre Bélanger a
rappelé au ministre que l'Ontario recouvrait les montants investis dans
le secteur de l'immigration. Même remarque... Il est revenu aussi
à la charge, à la période des questions, le 12 mai 1992,
et le ministre lui répondait à ce moment, et je cite: «Nous
avons fait, de fait, une entente avec le gouvernement fédéral.
Cette entente, nous prendrons les moyens législatifs pour la mettre en
application incessamment». Il a, cependant, refusé de la
déposer à l'Assemblée nationale.
«Incessamment», M. le Président: nous étions le 12
mai 1992. (12 h 10)
En décembre, M. Bélanger questionnait à nouveau le
ministre lors de l'étude des crédits supplémentaires. Le
ministre lui a alors fait part que la signature de l'entente avait eu lieu en
novembre 1992. De plus, il a ajouté que le gouvernement recevrait aussi
le rétroactif, sans toutefois préciser à partir de quand
ni pour quel montant. Il semblerait que ce soit rétroactif au 1er
novembre 1992, mais il ne pouvait alors en attester, n'ayant pas en main ladite
entente.
Enfin, dans la Gazette officielle du Québec du 17
février 1993, on peut faire la lecture d'un décret gouvernemental
concernant une entente à venir relative à la désignation
d'avocats pour les revendicateurs du statut de réfugié.
Cependant, il n'est nulle part fait mention d'une entente quant au partage des
coûts.
Toujours concernant l'immigration, en février dernier, il y a eu
des modifications à la Loi sur l'immigration. Cela fait en sorte que les
procédures sont beaucoup plus complexes.
Le Centre communautaire juridique de Montréal a profité de
cette situation et a émis un mémo à tous les avocats
acceptant des mandats de l'aide juridique relativement à des dossiers
d'immigration. Ce Centre a modifié de façon unilatérale et
à la baisse une baisse de 50 % le tarif des avocats de
pratique privée exécutant de tels mandats. Ce tarif constitue une
convention entre le Barreau et le gouvernement. En conséquence, il ne
peut être modifié de cette manière. Cela est
illégal. Cela risque de créer un dangereux
précédent.
Une rencontre a immédiatement été exigée
avec le ministre par le Barreau et l'Association des avocats de pratique
privée pour proposer un tarif intérimaire. Au- cune
réunion n'a eu lieu à ce jour. Donc, le tarif diminué est
toujours appliqué. L'émission des mandats relatifs au dossier de
l'immigration prend beaucoup plus de temps qu'à l'habitude, selon les
renseignements que l'on m'a communiqués. Également, le paiement
des honoraires par la Commission pour de tels mandats demande plusieurs mois,
et, encore là, ce serait uniquement pour les dossiers d'immigration.
Il ne faut pas oublier que la loi prévoit le paiement des
honoraires dans les 45 jours. Il semble que la Commission des services
juridiques préfère payer des intérêts. Est-ce que
c'est toujours avec les objectifs de rationalité et de capacité
de payer de l'État?
Alors, en première question, M. le Président: Est-ce que
le ministre, qui faisait part dans ses remarques préliminaires d'une
entente avec le gouvernement fédéral d'une modeste somme de
quelque 500 000 $, peut, effectivement, nous déposer cette entente
si elle est conclue pour que nous puissions avoir accès
à ces documents de l'entente?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, je
dois dire que j'ai cru comprendre, à un moment donné, que la
députée de Terrebonne pouvait mêler deux choses: la
question du remboursement des timbres judiciaires, ça, c'est une chose,
et là il y a des mesures législatives... lorsqu'elle parlait de
mesures législatives. Et ensuite, en ce qui regarde l'aide juridique, en
ce qui regarde les réfugiés politiques. C'est deux choses
différentes.
Mme Caron: J'ai abordé trois dossiers, finalement, qui
touchaient l'immigration. Et nous allons questionner spécifiquement
chacun de ces dossiers après.
M. Rémillard: Oui. Alors, je veux simplement vous
préciser que c'est deux choses différentes.
Mme Caron: Oui.
M. Rémillard: En ce qui regarde, donc, les mesures
législatives... j'ai besoin pour les timbres judiciaires, mais pas pour
les autres. Ça, vous le comprenez au départ. m. le
président, j'ai dit dans mes remarques préliminaires qu'il faut
souligner qu'il y a eu une baisse de 20 %, en 1992-1993, dans le domaine de
l'immigration pour l'aide juridique. et j'ai souligné, m. le
président, que cette baisse met ainsi fin aux augmentations successives
qui étaient très importantes, que nous avons observées
dans les trois dernières années, avec des sommets de 42 %, 43 %
et 20 % d'augmentation. donc, le projet de loi fédéral, qui est
en application maintenant depuis le 1er février 1993, a apporté
une dimension nouvelle en éliminant une étape, m. le
président, où peut être présent un avocat
payé par l'aide juridique. ça ne veut pas dire que celui qui
revendique
le statut de réfugié politique ne peut pas être
accompagné d'un avocat à ce moment-là, mais c'est à
ses frais. Donc, il y a une étape de moins. Et, dans ce cadre-là,
M. le Président, nous avions une entente qui était en vigueur
depuis le 1er novembre 1992, entente entre le gouvernement du Québec et
le gouvernement du Canada, qui était donc relative à la
désignation d'avocat pour les revendicateurs de statut de
réfugié, et cette entente, qui prévoit que le
fédéral versera au Québec 100 % des coûts de
représentation du revendicateur du statut de réfugié, en
première étape devant la Commission de l'immigration, ainsi que
son appel au fédéral en cas d'échec. Mais cette entente a
été en vigueur jusqu'à la promulgation, M. le
Président, du projet de loi C-86, qui supprime l'ensemble de la
première étape du processus actuel, comme je viens tout juste de
l'expliquer, ainsi que l'obligation pour le ministre fédéral d'en
assumer les frais.
C'est un projet de loi qui a été adopté par la
Chambre des communes on se souvient le 25 novembre 1992 et qui
est entré en vigueur, comme je le mentionnais tout à l'heure, le
1er février 1993.
Donc, en l'absence d'ententes spécifiques pour les
revendicateurs, l'entente entre le Canada et le Québec portant sur le
régime d'assistance publique du Canada permet de partager à 50 %
entre les deux gouvernements les coûts de l'aide juridique civile, ce qui
inclut ceux dispensés aux revendicateurs du statut de
réfugié.
M. le Président, je vais demander à M. le sous-ministre
Chamberland de compléter ma réponse sur des points
peut-être plus techniques.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland (Jacques): m. le président, peut-être
simplement pour ajouter à la réponse du ministre: pour la
période du 1er novembre 1992 au 1er février, il n'y a pas de
problème, on aura le remboursement de 100 % des frais encourus en
matière d'immigration. mais dès le 28 janvier 1993, lorsqu'il a
été certain que le gouvernement fédéral signait la
fameuse entente, le ministre de la justice écrivait à son
collègue, le ministre de l'emploi et de l'immigration du canada, pour
faire état de la situation tout à fait particulière dans
laquelle le québec se trouvait, c'est-à-dire d'avoir eu à
absorber 50 % des coûts en matière d'immigration, alors que
d'autres provinces avaient conclu des ententes avec le fédéral
pour que le fédéral absorbe 100 %, et le ministre de la justice
demandait à l'honorable bernard valcourt que le gouvernement
fédéral accorde au gouvernement du québec le même
traitement, donc, qu'il rembourse les 50 % manquants pour la période
entre le début du programme en matière d'immigration et la date
où l'entente a été signée. et je pense que m.
rémillard pourrait vous confirmer que nous attendons toujours des
nouvelles du ministère fédéral d'emploi et immigration.
nous n'avons reçu qu'un accusé de réception, à
date. mais j'imagine que les intentions du gouvernement sont de pousser pour
que le québec obtienne 100 % du remboursement.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Concernant l'entente qui
a été signée le 1er novembre 1992, on doit donc comprendre
que, contrairement à ce qu'on avait dit à mon collègue, M.
Bélanger, finalement, il n'y a pas eu de rétroactivité,
puisque l'entente a été signée le 1er novembre et que vous
recevez les montants à 100 % à partir du 1er novembre jusqu'au
1er février 1993. Donc, il n'y a pas eu de rétroactivité
sur cette entente-là.
M. Chamberland: II y a confusion entre...
M. Rémillard: ...que M. le sous-ministre vous l'explique
très clairement.
Mme Caron: Je requestionne sur le premier. Vous avez signé
votre entente le 1er novembre 1992. Au moment où on avait
questionné là-dessus, est-ce que vous deviez avoir de la
rétroactivité? Il n'y a pas eu de rétroactivité,
là-dessus?
M. Chamberland: Si vous permettez...
Le Président (M. Dauphin): M. Chamberland.
M. Chamberland: ...M. le Président, je crois que la
confusion est tout à fait de bonne foi, mais elle découle de la
confusion entre deux dossiers.
Dans le dossier de l'immigration, il n'est pas question de
rétroactivité, sauf qu'il est question d'une demande que le
gouvernement du Québec fait en ce moment, véhicule en ce moment
auprès du gouvernement fédéral. Ça se traduira
peut-être par une rétroactivité, si vous voulez. Mais
ça ne fait pas partie de l'entente, vous avez raison.
Par contre, l'autre dossier celui du remboursement des frais
reliés à la présentation de procédures à la
cour ou reliés au dépôt de documents ou d'obtention de
documents au bureau d'enregistrement fait état d'une
rétroactivité. Et, au moment où la question avait
été posée, effectivement, l'entente prévoyait
si mon souvenir est exact, et je peux demander à mes
collaborateurs de me corriger là-dessus une
rétroactivité au 1er janvier 1992. Alors, je pense que
c'était exact au moment où la réponse a été
donnée, et ça faisait partie de l'entente portant sur les frais
partageables. J'ai: honoraires d'un bureau d'enregistrement; émission
des extraits des registres de l'état civil; exemption du paiement des
droits de greffe, les timbres judiciaires. (12 h 20)
Mme Caron: Et cette entente n'est toujours pas signée,
celle-là. Est-ce que le ministre peut, tel que je l'ai demandé
dans ma première question, déposer les documents, copie de sa
demande faite au ministre fédéral?
M. Rémillard: M. le Président, je suis prêt
à
déposer tous les documents pertinents que je peux déposer
dans la mesure où mes collaborateurs me disent qu'il n'y a pas de
problème juridique. Je ne voudrais pas faire de précédent,
mais je suis prêt à déposer tout ce qui peut être
déposé pour informer cette commission. Pas de
difficulté.
Modification des honoraires par un centre
communautaire d'aide juridique
Mme Caron: M. le Président, je voudrais,
évidemment, questionner sur pour faire référence
à mes remarques préliminaires aussi les tarifs
d'honoraires qui ont été modifiés au bon vouloir d'un
centre communautaire d'aide juridique.
Alors, est-ce que le ministre de la Justice peut nous expliquer pourquoi
il permet que les tarifs d'honoraires soient modifiés au bon vouloir
d'un centre communautaire d'aide juridique? Pourquoi, jusqu'à
maintenant, le ministre a refusé de rencontrer les parties
intéressées?
M. Rémillard: Oui, alors, M. le Président, c'est
simplement une question de procédures qui ont été
changées, et je vais demander à Me Moreau, le président de
la Commission, de donner tous les détails à Mme la
députée de Terrebonne.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: Alors, M. le Président, comme certaines
procédures, effectivement, ont été changées suite
aux amendements à la loi, à ce moment-là, le tarif
d'honoraires existant et négocié entre le Barreau et le ministre
de la Justice n'est plus adéquat de sorte que, dans l'intervalle, il
faut apporter un remède.
Et cette entente entre le Barreau et le ministre sur le tarif
prévoit que, lorsque les procédures sont changées,
l'organisme d'aide juridique en l'occurrence l'agent payeur
apprécie un relevé d'honoraires et fixe un montant de
rémunération. Évidemment, c'est une situation temporaire.
C'est d'ici à ce que le Barreau soumette un projet de tarification pour
des services professionnels auxquels les règles s'appliquent.
Mais, dans l'intervalle, il faut immédiatement il ne faut
pas attendre parce que les avocats attendent leur rémunération
régler le problème, et les trois agents payeurs pas
seulement la Corporation d'aide juridique de Montréal, la Commission
également, qui est un agent payeur, et la corporation d'aide juridique
de Laurenti-des-Lanaudière se sont rencontrés, comme il se
doit, je crois, et ont essayé de voir quel devrait être le tarif
payable dans un tel cas, dans l'intervalle, d'ici à ce que le Barreau et
le ministre puissent négocier les aménagements nécessaires
pour tenir compte des modifications à la loi.
Mme Caron: II y a eu une demande de rencontre qui a
été immédiatement exigée avec le ministre par le
Barreau et l'Association des avocats de pratique privée.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi il n'a pas
jugé bon d'accepter cette rencontre?
M. Rémillard: Habituellement, M. le Président, j'ai
eu l'occasion de rencontrer le Barreau à plusieurs reprises sur l'aide
juridique. On travaille en étroite collaboration...
Mme Caron: Sur ce sujet particulier.
M. Rémillard: ...à plusieurs reprises. On a
déjà abordé ce sujet-là, aussi, avec le
Bâtonnier à quelques reprises, et je les rencontre très
souvent. Comme j'ai rencontré, encore hier, madame la nouvelle
présidente de la Chambre des notaires, Mme Bélanger,
première femme à occuper le poste de présidente de la
Chambre des notaires. On s'est rencontrés avec Me Taschereau, qui est le
président sortant, qui a fait un travail remarquable un eminent
juriste qui avait accepté, pendant trois ans, d'être
président de la Chambre des notaires. Et c'est un des sujets, aussi,
qu'on a abordés avec eux.
Alors, M. le Président, je dois dire que j'ai rencontré
beaucoup, beaucoup de monde impliqué directement et même
indirectement dans toute cette question d'aide juridique: des avocats de
province, l'Association des avocats de province avec laquelle je garde contact;
au Barreau; à la Chambre des notaires; à différents
avocats, aussi, qui ont voulu me rencontrer à ce sujet-là, que
ça me fait plaisir de rencontrer. Lorsqu'on parle, M. le
Président, des honoraires des avocats en matière d'aide
juridique, lorsqu'on aura à étudier... J'ai parlé d'une
commission parlementaire, Mme la députée de Terrebonne ne m'en a
pas encore parlé, je ne sais pas si elle a changé d'idée,
mais à une commission parlementaire qu'on pourrait avoir,
éventuellement, moi, j'aimerais bien questionner lorsque vous arrivez,
puis que vous voyez des comptes d'honoraires qui sont payés à un
avocat, plus de 500 000 $, près de 600 000 $ de payés à un
avocat, de comptes d'honoraires, pour l'aide juridique, d'autres avocats
à 300 000 $ ou 400 000 $, je pense qu'à un moment donné,
aussi, il faut s'interroger et dire: Écoutez, comment il fonctionne, ce
système-là? Est-ce que c'est quelque chose qui va de soi, d'avoir
des honoraires de cette quantité, de ce montant payés à
des avocats par l'aide juridique? Moi, c'est des questions que je veux me
poser. Je ne dis pas que ce n'est pas correct, je dis simplement que j'ai des
questions à me poser, et j'aimerais pouvoir questionner des gens
à ce sujet-là.
Alors, quand je disais, M. le Président, que l'aide juridique...
Il ne faut pas simplement parler de seuils. Je suis bien d'accord qu'on parle
de seuils d'admissibilité, mais il y a plus que ça: il y a
l'organisation du système d'aide juridique; le rôle des
corporations; il y a aussi, en ce qui regarde, donc, les paiements des
honoraires d'avocat.
Et, M. le Président, quand Mme la députée de
Terrebonne me demandait quel document j'étais prêt à
déposer: il me fait plaisir de déposer aujourd'hui, en
commission parlementaire, avec votre permission, M. le Président,
une étude qui a été faite par un groupe-conseil et
que je pourrais déposer sur le fonctionnement de l'organisation
du service d'aide juridique. C'est une étude... Je ne partage pas
nécessairement toutes les conclusions, je ne dis pas que je suis contre
les conclusions, non plus. C'est une étude qui est présentement
analysée par la Commission des services juridiques, comme le
ministère de la Justice. C'est un dossier que je suis de très
près. Et, M. le Président, avec votre permission, j'aimerais donc
déposer cette étude qui a été commandée par
nous de la firme Raymond, Chabot, Martin, Paré et associés, sur
l'étude du réseau d'aide juridique.
Est-ce que je peux avoir la permission de cette commission, M. le
Président, pour la déposer?
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Rémillard: Alors, voilà. Alors, là, M. le
Président, j'espère que ce document que je rends public pourra
aider les membres de cette commission à se faire, peut-être, une
idée plus exacte des problèmes que nous devrions discuter lors de
la commission parlementaire qu'on devrait tenir ensemble sur ce système
d'aide juridique.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Mme la députée, juste avant, il faut que... le
règlement m'oblige à en autoriser le dépôt. Donc,
j'autorise le dépôt du document «Étude du
réseau d'aide juridique», par Raymond, Chabot, Martin &
Paré.
Document déposé
Mme la députée de Terrebonne et, ensuite, M. le
député d'Orford.
Délais dans le paiement des honoraires et frais
d'intérêt
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Alors, toujours en tenant compte de cet objectif d'importance de
rationalité, on sait que la loi prévoit le paiement des
honoraires dans les 45 jours. Et, compte tenu qu'on remarque qu'il y a,
effectivement, des dossiers qui tardent et des paiements d'honoraires qui
tardent à être payés et parfois sur plusieurs mois
et ça, on le remarque sur les dossiers d'immigration comment le
ministre peut concevoir que la Commission des services juridiques paie des
intérêts sur les honoraires octroyés aux avocats acceptant
des mandats d'aide juridique, alors que le réseau entier, finalement,
connaît des coupures depuis l'an dernier et que certaines, encore,
restent à faire?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...cette commission, M. le Prési-
dent, que, à ma connaissance et mes collaborateurs me corrigeront
il est arrivé une fois que la Commission était en retard
dans le paiement des honoraires, et la situation a été
corrigée rapidement. C'est une situation qui, pour moi,
immédiatement, allume une lumière rouge, et quand on m'informe
d'une telle situation, on prend les moyens. Mais, je dois vous dire, au moment
où nous nous parlons, M. le Président, que tous les paiements
sont à date, et je vais demander à M. Moreau de donner les
chiffres exacts, la situation exacte, au moment où nous nous parlons, M.
le Président.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau. (12 h 30)
M. Moreau: M. le Président, effectivement, tous les
paiements sont à date, sauf, évidemment, dans les cas où
il y a des arbitrages de comptes qui sont en suspens. Mais, pour tous les
autres, les paiements sont, effectivement, à date, à
l'intérieur du 45 jours, tel que prévu à l'entente
intervenue entre le Barreau et le ministre de la Justice concernant le tarif
d'honoraires.
Il y a présentement... Je vous dis qu'il y a, évidemment,
les cas d'arbitrage. Je peux vous indiquer les nombres, également: il y
a 285 relevés d'honoraires qui ont été reçus depuis
plus de 60 jours, mais qui sont en arbitrage, et c'est la raison pour laquelle
ceux-là ne sont pas payés; il y en a également 92 qui ont
été reçus entre la période de 45 jours et la
période de 60 jours et qui n'ont pas été payés pour
la même raison. Mais, pour tous les autres, ils sont tous payés,
et la Corporation d'aide juridique de Montréal, notamment, et la
Corporation d'aide juridique Laurentides-Lanaudière, qui sont les deux
autres agents payeurs, à ma connaissance, ont toujours, toute
l'année, été à date dans les paiements.
La Commission a pris un retard, il y a quelques mois, qu'elle a
résorbé, et, maintenant, on peut vous assurer que non seulement
c'est à date, mais nous avons pris une avance qui nous permet de nous
donner une marge de sécurité au cas où nous rencontrerions
d'autres problèmes en cours de route, parce qu'il faut,
évidemment, bien dire aussi que le nombre de relevés d'honoraires
ayant augmenté considérablement, nous n'avons pas de ressources
supplémentaires pour faire ce travail, et c'est ce qui fait que,
parfois, il puisse y avoir des petits retards qui se prennent; mais je peux
vous assurer que, sauf celui ponctuel qui est arrivé
à la Commission, ce n'est pas arrivé chez les deux autres agents
payeurs, et je ne prévois pas que nous vivions quelque problème
que ce soit dans la prochaine année.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Me Moreau.
Est-ce que... C'est parce qu'il nous reste 14 minutes, en tout.
M. le député d'Orford me demande la parole depuis au moins
15 minutes. C'est pour ça que j'aimerais le reconnaître. M. le
député d'Orford.
Je reviendrai à vous, madame, tout de suite après.
M. Benoit: Oui, M. le ministre, dans votre document
«Étude des crédits 1993-1994», à la page 21,
moi
qui ne suis pas un avocat, là, j'aimerais que vous m'expliquiez,
dans le dernier paragraphe... Vous avez le dernier paragraphe de la page 21, M.
le ministre?
M. Rémillard: Page 21, M. le député, la
feuille...
M. Benoit: Ah bien, je peux vous lire, très bien.
M. Rémillard: Mais vous avez une voix qui va me permettre,
je suis certain...
M. Benoit: Oui, j'en suis convaincu, là.
Alors, c'est au sujet des immigrants, et, l'an passé, on avait
questionné pendant la commission parlementaire, effectivement, les gens
qui arrivaient ici... On avait vu une accélération des
coûts de la justice chez les gens qui demandaient de l'aide, et
là, on apprend ici que le fédéral... il y a une entente,
maintenant, où le fédéral paierait une partie de ces
coûts-là.
Dans le milieu du paragraphe de cette page 21, vous dites: «Cette
première étape du processus de revendication du statut de
réfugié serait abolie. Les revendicateurs de statut
conserveraient leurs droits à être représentés par
un avocat pour l'étude de leurs revendications par l'agent
d'immigration.» Pourriez-vous m'expliquer en termes un peu plus clairs,
moi qui n'ai pas le bonheur d'être un avocat, qu'est-ce que ça
veut dire, ça?
Modification de la première
étape du processus de demande
d'un statut d'immigrant
M. Rémillard: Ça veut dire, M. le
député, ça signifie que, depuis le 1er février
dernier, il y a une nouvelle loi fédérale qui s'applique et qui
change le processus qui était suivi jusqu'à présent par un
réfugié politique à la recherche d'un statut d'immigrant.
Alors, au lieu d'avoir droit à un avocat de l'aide juridique dès
la première étape, dès qu'il rencontre quelqu'un, un
responsable de l'immigration, on a changé ça, et, à cette
première rencontre, il n'a pas l'aide juridique pour lui payer un avocat
à cette première rencontre avec un responsable du
ministère de l'Immigration. Il peut toujours s'en payer un; si lui
décide qu'il veut être accompagné d'un avocat, il peut
décider de payer les honoraires d'un avocat et être
accompagné devant, donc, ce responsable du ministère de
l'Immigration, d'être accompagné par un avocat. C'est son droit,
mais son droit à l'aide juridique n'existe pas à cette
première étape. Elle va à la deuxième étape.
alors, c'est donc dire que ça limite considérablement les
demandes que nous avons pour l'aide juridique, parce que je vous ai fait part,
tout à l'heure et j'ai vu votre réaction
d'augmentations considérables que nous avions dans les trois
dernières années: 41 %, 43 % de nos frais d'aide juridique en ce
qui regarde l'immigration. ça avait diminué à quelque 20 %
ensuite, dans la dernière année, mais là, maintenant, nous
avons une diminution considérable parce que cette première
étape n'existe plus avec l'aide juridique.
Alors, M. le Président, pour ma part, je considère que
c'est une bonne solution, le droit à l'avocat est toujours
protégé, mais on doit comprendre que ce droit à l'avocat
est aux frais du réfugié politique à cette étape.
Ensuite, en ce qui regarde les autres étapes, il y a toujours la
possibilité d'avoir droit à un avocat payé par l'aide
juridique, si le réfugié remplit les conditions.
M. Benoit: Alors, est-ce que je dois comprendre qu'à la
première étape parce que ces gens-là doivent parler
toutes sortes de langues, comme réfugiés le
réfugié ou celui qui demande refuge va être
représenté par son agent d'immigration plutôt qu'un avocat,
à la première étape? Est-ce que, dans la vraie vie, c'est
ce qui va se passer? Le bonhomme qui arrive de la Tchécoslovaquie ne
parle ni français ni anglais: qui le représente à la
première étape? C'est son agent d'immigration?
M. Rémillard: L'entrevue est avec l'agent d'immigration.
L'agent d'immigration est là, et le réfugié politique
à la recherche d'un statut de réfugié politique rencontre
donc cet agent d'immigration. Il y a des services d'interprète qui sont
là et qui l'aident à se faire comprendre dans sa langue. Et ce
sont des services qui sont payés par le ministère de
l'Immigration.
M. Benoit: Très bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Orford.
Mme la députée de Terrebonne.
Document de consultation et auditions publiques sur le
système d'aide juridique
Mme Caron: Alors, M. le Président, cela fait maintenant
quelques années que la possibilité d'une réforme de l'aide
juridique est soulevée ou, du moins, la révision de ses
critères d'admissibilité par les divers intervenants du
réseau.
Le ministre, lors de l'interpellation du 20 mars 1992, mentionne, et je
cite: «[et] j'ai dit et je le répète qu'il y
a donc un document de consultation en préparation. Oui, il y aura une
consultation publique. Je ne dis pas nécessairement que ce sera une
commission parlementaire.»
Le 29 avril 1992, lors de l'étude des crédits
budgétaires, le ministre mentionne alors qu'au ministère on
travaille à un document de consultation.
Le 12 mai 1992 et je cite le ministre il
réitère en période de questions en Chambre: «Nous
travaillons présentement à un document [de consultation] qui
pourra nous servir éventuellement à une consultation.»
Le 5 juin 1992, à une question du député d'Anjou,
toujours, le ministre mentionne: «[...] nous sommes
à mettre la dernière main à un document de
consultation. [...] Je devrais en avoir [...] copie dans les prochains
jours.» C'était le 5 juin 1992.
En période de questions, toujours, 11 juin, le ministre nous
répond: «[...] quant au document d'information que nous
préparons, oui, nous préparons un document d'information et nous
allons tenir une commission parlementaire [...] sur l'aide juridique à
la fin novembre».
Le 23 juin, le ministre réaffirme, lors d'une commission
parlementaire, la tenue d'une commission parlementaire pour fin novembre, et je
le cite. «J'ai promis un document d'information. Ce document
d'information sera prêt dans les prochaines semaines.»
Dans un article paru dans le journal La Presse, le ministre
déclare: Au cours de l'hiver, j'ai une commission parlementaire sur
l'aide juridique.
Le 11 décembre, à l'occasion de l'étude des
crédits supplémentaires, toujours en réponse au
député d'Anjou, le ministre apporte un nouvel
élément qui a pour effet de retarder, une fois de plus, la
fameuse commission parlementaire, et il s'agit du mandat qu'il a confié
à la firme Raymond, Chabot, Martin et Paré et du fameux document
qu'il vient de nous déposer, M. le Président.
Début mars, au moment où le chef de l'Opposition me
confiait de nouvelles fonctions, j'ai été en contact
téléphonique avec l'adjoint parlementaire au ministre, le
député de Chapleau, qui me confirmait, à nouveau, que le
document de consultation devait sortir au mois de mars et que le ministre avait
l'intention de tenir des audiences pour le printemps.
Alors, ma question bien simple au ministre, M. le Président:
Puisque, au niveau de l'étude des crédits, on ne trouve des
budgets supplémentaires que de 1 600 000 $, est-ce que le ministre a
toujours l'intention de déposer ce fameux document de consultation et de
tenir des audiences pour le printemps?
M. Rémillard: M. le Président, j'ai eu l'occasion
de dire à plusieurs reprises que, oui, j'ai l'intention de
déposer ce document de consultation; que, oui, j'ai l'intention de tenir
une commission parlementaire. M. le Président, j'ai l'impression que Mme
la députée de Terrebonne et c'était l'impression
que j'avais, je dois dire, à l'automne dernier, lorsque c'était
aussi le critique officiel du ministre de la Justice qui avait aussi le dossier
de l'aide juridique j'ai l'impression qu'on voulait discuter,
simplement, des seuils d'admissibilité. Et j'ai dit, M. le
Président, et je le répète, qu'il est évident que,
si on veut réformer le système d'aide juridique pour en faire un
système performant, assurant l'accessibilité à la justice,
assurant une qualité des services, on doit avoir non seulement les
seuils d'admissibilité, mais aussi le fonctionnement de la commission.
Et c'est pour ça, M. le Président, que j'avais commandé
une étude par la firme Raymond, Chabot, Paré et associés,
document que je rends public aujourd'hui.
Mme la députée voulait que je rende publics des documents.
Je rends public un document qui est de taille, qui est très important
dans toutes les discussions que nous aurons. C'est un document qui nous permet
d'avoir une réflexion sur des questions parmi les plus importantes:
relations entre les corporations d'aide juridique et la commission d'aide
juridique, administration générale du système. M. le
Président, est-ce que ce n'est pas là une première
étape très importante que je fais ce matin, à cette
commission, en déposant ce document? Est-ce que ce n'est pas une
première étape, justement, dans la consultation qui aura lieu et
qui nous permettra de trouver les moyens pour avoir un système d'aide
juridique le plus fonctionnel, le plus adapté à notre situation
québécoise actuelle? (12 h 40)
Et, M. le Président, je vous dis que, pour ma part, je veux que
l'État assure aux plus démunis de notre société les
moyens de faire face à la justice et de faire revendiquer leurs droits,
d'accord. Mais je veux aussi que les citoyens à revenus modestes,
moyens, ne soient pas pénalisés. Et des cas, M. le
Président, j'en reçois par dizaines, à mon bureau de
ministre, où des gens me disent: Moi, je ne suis pas sur l'aide
juridique parce que je gagne 20 000 $, 22 000 $ à peine. Mais, par
contre, mon locataire ou ma locataire qui me poursuit, lui ou elle a droit
à l'aide juridique, et je me retrouve que je perds tout. On peut
m'amener jusqu'en Cour suprême! Ce n'est pas juste ça, M. le
Président, ce n'est pas équitable. Le service que nous avons
actuellement n'est pas équitable. C'est évident. La femme qui
gagne 20 000 $, 22 000 $, 24 000 $ par année et on sait à
quel point de 18 000 $ à 28 000 $, combien il y a de femmes qui gagnent
ce salaire-là, qui ont souvent un enfant, deux enfants à charge,
et elles n'ont pas d'aide juridique, aucune aide. On vient me dire: Oui, mais
il y a des compagnies d'assurances qui mettent maintenant sur le marché
des polices d'assurance pour les aider. Un instant! Un instant! Ce n'est pas si
facile que ça. On a nos responsabilités comme gouvernement. Mais
ma responsabilité comme ministre de la Justice, M. le Président,
c'est de faire en sorte que ce système soit juste et équitable,
accessible et de qualité.
Et le document que nous allons déposer, M. le Président,
sera en ce sens, cherchant des solutions. Qu'on ne s'attende pas à un
document qui apporte des solutions à tous les problèmes. Ce n'est
pas ça, le but du document. Le but du document est un document de
consultation. Je veux consulter. Je veux arriver avec des hypothèses. Je
veux, entre autres, M. le Président, qu'il y ait à
déposer... Celui ou celle qui veut avoir l'aide juridique devra payer un
montant pour ouvrir le dossier, son dossier. Et, ça aussi, je sais que
ça va soulever de la discussion, mais, pour moi, c'est un point
très important.
Alors, M. le Président, oui, il y aura un document de
consultation; oui, il y aura consultation au niveau d'une commission
parlementaire, et j'accorde beaucoup d'importance à ce dossier qui est
relié directement à l'accessibilité à la justice,
qui est ma très grande préoccupation, avec une justice qui doit
être plus humaine et de la meilleure qualité possible.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Peut-être un dernier commentaire, puisqu'il nous reste une
minute.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Évidemment, M. le
Président, je comprends la volonté du ministre, mais pour
réaliser sa volonté, il faut passer certaines étapes, et
le fameux document de consultation que le ministre devait nous donner, il
devait nous le présenter. Il en a parlé, il a commencé le
20 mars 1992. Le 5 juin 1992, il nous disait que le document de consultation,
il devait en avoir des copies dans les jours prochains. Ça,
c'était le 5 juin 1992, on est le 27 avril 1993. Le 23 juin, il nous
confirmait que ça serait prêt dans quelques semaines. Et, M. le
Président, nous sommes rendus le 27 avril 1993 et nous n'avons toujours
pas en main ce document de consultation.
On peut vouloir modifier, on peut vouloir une réforme, mais la
première étape, c'est qu'il faut avoir en main le document de
consultation et, ensuite, annoncer les audiences. Et ça fait depuis le
20 mars 1992, M. le Président, que nous attendons ce fameux document, et
nous continuons à l'attendre.
Le Président (M. Dauphin): Très bien...
M. Rémillard: Par contre, vous avez en main un document
qui est de première importance. Étudiez bien ce document
ça va vous prendre un petit bout de temps puis, ensuite, on fera
notre consultation, dans un avenir pas très, très lointain.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup,...
Mme Caron: Qu'est-ce que ça veut dire: «très,
très lointain»?
Le Président (M. Dauphin): ...mesdames et messieurs.
Alors, nous n'avons pas à adopter les différents
programmes, puisque nous les adopterons la semaine prochaine.
Alors, la commission des institutions... merci à tous vos
collaborateurs et collaboratrices. La commission des institutions ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)