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(Seize heures trente-deux minutes)
Le President (M. Dauphin): Nous allons débuter nos
travaux. Je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte. Elle a pour mandat de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministre
délégué aux Affaires autochtones, c'est-à-dire le
programme 4 du Conseil exécutif, pour l'année financière
1993-1994.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Perron (Duplessis) remplace M.
Trudel (Rouyn-NorandaTémiscamingue).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, ce qu'il y a de prévu, c'est une enveloppe de 4 heures.
Pour cet après-midi, nous allons défiler jusqu'à 18
heures. D'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre
délégué aux Affaires autochtones ainsi qu'à ses
collaborateurs et collaboratrices. Je vais lui demander de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent ou les principales personnes
et, ensuite, de procéder à ses remarques
préliminaires.
Bienvenue. À vous la parole.
Remarques préliminaires M. Christos
Sirros
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président.
D'abord, permettez-moi d'exprimer mon plaisir de me retrouver ici avec
les collègues et les membres de l'Opposition. J'ai avec moi, à ma
droite, M. André Maltais, qui est le secrétaire
général associé au Secrétariat aux affaires
autochtones. Il y a aussi, derrière moi, M. Roger Richard, qui est
directeur des communications au Secrétariat aux affaires autochtones; M.
Georges Beauchemin, qui est directeur des négociations au
Secrétariat aux affaires autochtones; Mme Catherine Gauthier, qui est
rattachée au bureau du secrétaire général
associé; mon chef de cabinet, M. Denis Arvanitakis; Mme
Marie-Josée Gauvin, mon attachée de presse; M. Jacques Meunier,
de la mise en oeuvre au niveau du Secrétariat aux affaires autochtones;
M. Jacques Giguè-re, évaluation socioculturelle des groupes qui
font des demandes au Secrétariat; M. Arthur Mercure, au niveau de
l'administration du Secrétariat aux affaires autochtones; M. Raymond
Lamontagne, pour l'administration, et M. Jean Rochon, qui vient de se joindre
chez nous, directeur de la recherche et des politiques au Secrétariat
aux affaires autochtones.
Le Président (M. Dauphin): Bienvenue, messieurs dames.
M. Sirros: Avec tout ça, M. le Président, il me
fait plaisir, à titre de ministre délégué aux
Affaires autochtones et, plus particulièrement, en cette année
internationale des populations autochtones, de déposer aujourd'hui les
crédits du Secrétariat aux affaires autochtones pour 1993-1994,
en vue de leur approbation par cette commission.
Avant de faire état des réalisations du Secrétariat
aux affaires autochtones en 1992-1993 et des orientations que j'entends prendre
pour l'année qui s'amorce, permettez-moi, M. le Président, de
rappeler que les 12 derniers mois ont été particulièrement
fertiles en événements qui ont marqué les milieux
autochtones, tant au Canada qu'au Québec.
Au niveau canadien, un fait marquant s'est produit. Pour la
première fois, des propositions d'amendements constitutionnels faisaient
une juste place aux autochtones. Je reviendrai sur ce sujet un peu plus tard.
Au Québec, malgré un contexte difficile où les relations
entre certains groupes autochtones et les autres Québécois
restent tendues, nous avons fait de grands pas dans plusieurs dossiers. C'est
ce dont je désire vous parler maintenant.
Vous savez, M. le Président, qu'en 1991 j'ai initié un
processus devant conduire à l'élaboration d'une politique
québécoise globale à l'égard des autochtones. Nous
avons franchi plusieurs étapes de ce processus en 1992: tournée
de plusieurs communautés, colloques régionaux, nombreuses
publications, etc. Toutefois, la tournure des événements dans le
dossier constitutionnel a fait que nous avons dû suspendre notre
démarche. En effet, je vous rappelle que l'un des enjeux majeurs de la
politique québécoise portait sur l'autonomie gouvernementale des
autochtones. Or, le dossier constitutionnel abordait directement cette
question.
On se souviendra que, lorsque le Québec a
réintégré les discussions constitutionnelles, il y avait
déjà, dans le projet d'entente, un important volet sur les
autochtones, en particulier sur leur autonomie gouvernementale. Je citerai
simplement les 3 principales composantes des propositions d'alors, soit la
reconnaissance du droit inhérent à l'autonomie gouvernementale,
la création d'un troisième ordre de gouvernement et la mise en
place d'un processus pour définir concrètement la forme et les
pouvoirs de ces gouvernements.
Vous vous rappellerez également, sans doute, qu'au moment
où il a rejoint les discussions constitutionnelles le Québec a
exigé des modifications aux propositions concernant les autochtones, en
particulier à celles portant sur le rôle des tribunaux dans la
définition de l'autonomie gouvernementale. L'importance du volet
autochtone a été bien des fois reconnue, même par le chef
de l'Opposition, M. Parizeau, au cours du débat des chefs en
particulier. Bien qu'aucune de ces proposi-
tions n'ait été mise en vigueur à la suite, comme
on le sait, du verdict populaire, il n'en reste pas moins, M. le
Président, que personne ne conteste et n'a contesté la
nécessité de l'autonomie gouvernementale pour les autochtones.
Interrogé à la suite du référendum, à savoir
si le Québec pourrait négocier une forme de gouvernement autonome
avec les autochtones, le premier ministre Bourassa avait déclaré:
«L'objectif de l'autonomie gouvernementale fait partie de la politique du
gouvernement du Québec.»
M. le Président, nous devons garder à l'esprit que la
question de l'autonomie gouvernementale des autochtones n'est pas née
avec Charlottetown et n'est pas morte avec Charlottetown. Nous l'avions
identifiée comme un atout majeur de notre propre politique et,
même après Charlottetown, l'autonomie gouvernementale des
autochtones demeure l'enjeu essentiel pour une politique
québécoise à l'égard des autochtones.
Voilà pourquoi j'ai décidé de compléter
l'exercice en vue de l'élaboration d'une politique
québécoise à l'égard des autochtones, politique qui
mettra l'accent sur l'autonomie gouvernementale des autochtones. Je suis
confiant d'être en mesure d'annoncer à l'Assemblée
nationale, dans un avenir rapproché, la décision du gouvernement
à cet égard.
J'aimerais, maintenant, vous parler des différentes
négociations qui ont eu lieu avec les autochtones. S'il est un champ
d'action qui nous tienne à coeur et pour lequel nous avons
déployé tous les efforts nécessaires, c'est bien les
négociations. Nous avons donné, récemment, un élan
sans précédent aux négociations avec le Conseil des
Atikamekw et des Montagnais. Nous avons repris le dialogue avec les Cris et
nous continuons de négocier avec les Inuit et les Hurons-Wendat.
Dans le cas précis des négociations avec le Conseil des
Atikamekw et des Montagnais, qui durent depuis 12 ans, pour lesquelles le
fédéral a investi jusqu'à maintenant quelque 18 000 000$,
qui ont été suspendues à 2 reprises et que tout le monde
cherchait à relancer, eh bien, nous sommes intervenus en créant
des conditions propices au dialogue en nommant un négociateur
spécial. Nous avons ainsi manifesté une volonté politique
réelle, partagée tant par le premier ministre que par mes
collègues et moi-même, à titre de ministre
délégué aux Affaires autochtones, de régler cette
revendication.
Les négociations avec le CAM, le Conseil des Atikamekw et des
Montagnais, semblent maintenant sur la bonne voie. Nous avons choisi un
négociateur qui a toute la crédibilité et la confiance
requises pour déployer les plus grands efforts possibles afin que cette
négociation s'accomplisse et soit menée à bonne fin. Comme
dans toute négociation, nous ne pouvons garantir des résultats,
mais nous n'avons rien négligé pour y arriver. Le
négociateur spécial que nous avons choisi cumule des
expériences variées et du plus haut niveau. Il a
l'expérience des régions éloignées. En tant que
secrétaire général du gouvernement du Québec et
secrétaire du Conseil du trésor, il a acquis une excellente
connaissance du fonctionnement de la machine gouvernementa- le. Enfin, en
qualité de président de la Société
générale de financement et d'ex-président-directeur
général d'Hy-dro-Québec, il a acquis l'expérience
du fonctionnement des affaires et des sociétés d'État.
Nous avons, de plus, réuni autour de ce représentant une
équipe chevronnée et nous pouvons compter sur la collaboration
réelle et effective de plusieurs ministères sans lesquels il
serait impossible de mener à terme ce dossier, de sorte que, M. le
Président, les principaux commentaires que je reçois aujourd'hui
de la part du Conseil des Atikamekw et des Montagnais confirment que les
autochtones sont maintenant convaincus que le Québec est
sérieusement engagé dans cette négociation et qu'il ne
vise rien de moins qu'un règlement juste et équitable dans les
meilleurs délais possible. (16 h 40)
À la suite de la nomination du négociateur spécial
du Québec, l'approche de la négociation a été
modifiée. À la table centrale des négociations se sont
ajoutées 3 tables techniques d'exploration, chacune devant discuter d'un
des sujets suivants: territoires et activités traditionnelles,
développement économique, autonomie gouvernementale et
institutions. Ces tables triparti-tes autochtones, gouvernement du
Québec, gouvernement fédéral ont pour mandat
d'explorer différentes avenues de règlement en rapport avec
chacun de ces sujets, sujets qui, dois-je le rappeler, forment avec la question
de l'indemnité monétaire les éléments essentiels de
cette négociation. Le négociateur spécial a reçu le
mandat de faire rapport au premier ministre sur ces démarches d'ici
à la fin de juin 1993.
En ce qui concerne les Cris, je suis particulièrement heureux de
dire qu'après plusieurs années de relations difficiles et
tendues, après une interruption des négociations pendant
près de 3 ans, nous avons réussi à reprendre le dialogue.
Encore une fois, la nomination d'un négociateur spécial hautement
compétent témoigne de la volonté très claire du
gouvernement de trouver des solutions à nos différends avec les
Cris. Nous avons jugé que le choix d'un diplomate et d'un juriste
chevronné, ancien ambassadeur du Canada aux Nations unies, était
tout approprié pour approcher le Grand Conseil des Cris du Québec
et voir avec eux comment mettre sur pied un processus de négociation.
J'insiste sur ce point. Le mandat actuel de négociateur spécial
avec les Cris en est un de prénégociation, c'est-à-dire
explorer et clarifier les intentions des parties et élaborer un
processus pour redémarrer les négociations qui porteront sur la
poursuite de la mise en oeuvre de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois. La Convention contient déjà, à la
base, un certain nombre de chapitres comportant des articles qu'il est
nécessaire de clarifier avec les signataires. En passant, je vous
rappelle que le gouvernement fédéral est aussi un des signataires
et qu'il participe donc à cette démarche. Il ne faut pas oublier
non plus qu'en vertu de la Convention les autochtones ont des droits, mais
qu'ils ont aussi des obligations et des devoirs.
Finalement, M. le Président, 2 autres négociations se
poursuivent: l'une avec les Inuit et l'autre avec les
Hurons-Wendat. La première porte sur un gouvernement
régional au Nunavik. Vous vous rappellerez sans doute que
l'Assemblée nationale avait mandaté, en 1989, le Directeur
général des élections pour tenir une élection
populaire au Nunavik. Au cours de cette élection, qui a eu lieu le 10
avril 1989, 6 représentants inuit ont été élus pour
concevoir un projet de constitution devant mener à
l'établissement d'un gouvernement régional autonome au Nunavik.
Ce projet a été élaboré et soumis au gouvernement
qui a signé avec les Inuit une entente de financement pour
négocier la mise en oeuvre de ce gouvernement. Les discussions se
poursuivent à ce sujet et ces discussions permettent de clarifier les
intentions des parties.
Quant aux négociations avec les Hurons-Wendat sur l'autonomie
gouvernementale, après avoir été amorcées en 1990,
les changements politiques à Wendake ont provoqué le remplacement
du négociateur pour les Hurons. Ces changements ayant
coïncidé avec le début de la saison de chasse à
l'orignal, nos efforts ont alors porté sur la conclusion d'une entente
à ce sujet en collaboration avec mon collègue du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Par un vote communautaire, les
résidents de Wendake ont refusé d'entériner une entente
qui était intervenue sur la chasse à l'orignal. Et nous sommes,
d'autre part, maintenant engagés en ce moment dans une démarche
visant à réamorcer les négociations tripartites sur
l'autonomie gouvernementale des Hurons-Wendat.
Je veux maintenant vous faire état, M. le Président, d'un
dossier que je suis particulièrement fier d'avoir mené à
bon port, au nom du gouvernement du Québec, en collaboration avec
plusieurs de mes collègues. Je veux parler de la construction de routes
d'accès aux communautés attikameks dont je vous disais, il y a 1
an, être confiant de trouver une solution. C'est fait.
Conformément à l'engagement que j'avais pris, une décision
du Conseil des ministres permettra la réalisation de cette promesse qui
assurera le désenclavement des 3 communautés attikameks. Ce
dossier date de plusieurs années, M. le Président, et il a fallu
conjuguer les énergies de plusieurs ministères et obtenir la
collaboration de tous les ministres pour arriver aux résultats que nous
avons aujourd'hui. Nous comptons rendre publics nos engagements
réciproques lors de la signature d'une entente avec le Conseil de la
nation attikamek et avec le gouvernement fédéral dans les
semaines qui suivent.
Un autre dossier a monopolisé bien des énergies, encore
une fois, en 1992 et 1993. Il s'agit de la mise en oeuvre de l'entente
signée en 1991 avec les Algonquins du lac Barrière qui a
été fort difficile et qui a nécessité de nombreuses
interventions de notre part. Le Québec a investi plus de 235 000 $ en
1992-1993 dans ce projet, a participé à une soixantaine de
rencontres en plus d'avoir nommé un représentant spécial
dont la renommée n'est plus à faire ainsi qu'un
coordonnâtes qui est un ex-secrétaire général
associé aux Affaires autochtones.
Après avoir déployé tous ces efforts pour relancer
les discussions afin de mener à bonne fin la réalisation d'un
plan d'aménagement intégré des ressources renouvelables,
nous avons dû constater l'impasse dans le cheminement prévu pour
les travaux entourant la mise en oeuvre de cette entente, de sorte qu'une
décision du Conseil des ministres, le 18 février 1993, a suspendu
temporairement l'application de l'entente du lac Barrière. Mais je
continue de croire que des accommodements sont possibles pour permettre la mise
en oeuvre de l'entente en même temps que la poursuite des
opérations forestières prévues. Ce sont des solutions en
ce sens que je recherche actuellement et, pour ce faire, j'ai formulé
à mes collègues des attentes spécifiques en matière
de médiation, tant sur le plan technique qu'au niveau des revendications
de la communauté algonquine. Vous pouvez croire, M. le Président,
que je demeure toujours très intéressé aux projets qui
permettent et encouragent le développement durable du territoire.
Concernant la communauté mohawk d'Akwesasne, le
Secrétariat aux affaires autochtones a obtenu un budget de 325 000 $ du
Conseil du trésor afin de réaliser des études de
faisabilité en vue de la construction d'infrastructures communautaires,
conformément à l'entente signée entre les gouvernements du
Canada, du Québec, de l'Ontario et le Conseil des Mohawks d'Akwesasne.
Ces études couvriront toutes les phases préliminaires à la
construction des édifices, incluant l'élaboration des plans et
devis. La construction comme telle sera ensuite assumée par les
ministères concernés.
Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche s'est
vu confier un budget de 650 000 $ pour construire le centre communautaire de
Saint-Régis. Akwesasne est la seule communauté mohawk qui
possède une stratégie d'intervention qui se traduit par des
réalisations concrètes. Le gouvernement du Québec s'est
engagé à verser une somme de 6 600 000 $ pour la
réalisation d'un plan d'équipement communautaire de 25 000 000 $.
Le centre Iakhihsohtha pour personnes âgées, situé au
Québec, est déjà en fonction et nous aurons besoin de
crédits supplémentaires, en 1993-1994, pour compléter les
études de faisabilité, pour construire le centre communautaire de
Chenail, le foyer pour malades chroniques et pour débuter les travaux du
centre de formation des adultes. Les coûts de ces initiatives atteindront
les 3 000 000 $ en 1993-1994 et celles prévues pour 1994-1995
représenteront des déboursés de 2 300 000 $.
Finalement, M. le Président, je voudrais citer quelques-unes des
autres interventions importantes du Secrétariat aux affaires autochtones
en 1992-1993. La question de la fiscalité des Inuit et je dois
rappeller ici aux membres de la commission qu'au niveau des autochtones les
Inuit sont un groupe qui a un statut qui est différent de celui des
Indiens et sont de pleins contribuables québécois avec les
particularités qu'engendre le fait qu'ils se situent en régions
extrêmement éloignées fait l'objet d'études par un
groupe de travail formé à cet effet. C'est un comité
conjoint, composé, entre autres, d'Inuit, de représentants du
Secrétariat aux affaires autochtones, du ministère des Finances,
du ministère du
Revenu et du Conseil du trésor. Ce groupe de travail a
été mis sur pied à la demande des Inuit et à la
suite de la commission parlementaire sur l'avenir des finances publiques du
Québec. Le comité doit faire rapport au gouvernement du
Québec au début de l'automne 1993.
Un autre groupe de travail a été constitué
concernant les problèmes sociaux à Povungnituk, à la suite
d'un appel pressant du maire de cette municipalité. Ce comité a,
entre autres, pour mandat d'identifier les personnes-ressources dans les
communautés inuit qui pourraient aider les professionnels qui viennent
de l'extérieur à trouver des solutions aux nombreux
problèmes que vivent ces derniers. Ce sont parfois des situations
alarmantes que nous continuons de suivre de près. Nos efforts sont
présentement axés vers des solutions concrètes. C'est
ainsi que je souligne que la Société d'habitation du
Québec a mis des maisons à la disposition des jeunes d'Inukjuak
et de Povungnituk et qu'elle en assume les coûts du chauffage. De plus,
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a mis en place
plusieurs projets à l'intention des jeunes des communautés inuit.
Il y a là comme ailleurs un sérieux problème au niveau des
jeunes, M. le Président, et c'est, en particulier, pour faire face
à un problème, qui, maintes fois ou plusieurs fois,
résulte dans des suicides déplorables, qu'on a essayé,
avec le maire de Povungnituk en particulier, de mettre sur pied une approche
qui permettrait la conjugaison entre les habitants de la place et les
ressources qui proviennent de l'extérieur pour faire face à ce
genre de problématique. (16 h 50)
Dans un autre ordre d'idées, la réforme en
développement régional a amené la redéfinition des
conseils régionaux, on le sait. Ceci réserve maintenant un
siège pour des représentants autochtones qui peuvent ainsi, s'ils
désirent s'en prévaloir, faire connaître leurs
préoccupations et leurs projets. C'est un pas important vers la
reconnaissance des autochtones comme partenaires à part entière
dans le développement régional et une façon pour les
autochtones également d'entrer en contact avec les différentes
instances de la région et de mieux s'intégrer à la vie
régionale. Le mandat du Secrétariat aux affaires autochtones
ayant été élargi pour englober la recherche, le
Secrétariat a déterminé, en 1992-1993, les sujets sur
lesquels portent ses priorités en matière de recherche. Ce sont:
les territoires et les ressources, l'autonomie gouvernementale des autochtones
et les autochtones vivant en dehors des communautés. Le
Secrétariat aux affaires autochtones entend publier les résultats
de ces recherches. D'ailleurs, une première publication paraîtra
sous peu sous le titre «Autochtones et autonomie: quelques aspects de
politiques gouvernementales dans quatre pays», et vous serez,
évidemment, M. le Président, ainsi que tous les membres de la
commission, invités au lancement de ce livre que je suis certain que
vous allez lire avec beaucoup d'intérêt et de passion,
même.
L'accroissement de la population autochtone je sais qu'il y a au
moins un membre ici qui sera passionné en milieu urbain devenant
une thématique impor- tante au Québec, la prochaine publication
portera sur les autochtones vivant en dehors des communautés. Par
ailleurs, le Secrétariat aux affaires autochtones a tenu plusieurs
activités de communication, en 1992-1993, dont la publication d'une
brochure intitulée «Les Amérindiens et les Inuit du
Québec d'aujourd'hui» et la réédition d'une carte
des communautés autochtones. Comme vous le savez sans doute, il y a
aussi la revue Rencontre qui est publiée 4 fois par année.
De plus, le Secrétariat a participé à 2 expositions en
région, soit une à Shawinigan et une à Saint-Hyacinthe,
afin de donner de l'information au grand public sur les autochtones du
Québec. Il a aussi participé au Salon de la municipalité,
à Montréal, au début de ce mois.
De plus, M. le Président, j'aimerais mentionner que le
Secrétariat aux affaires autochtones, en collaboration avec la Direction
des ressources humaines du ministère du Conseil exécutif, offre
depuis plusieurs années des sessions d'initiation au monde
amérindien et inuit. Ces sessions sont offertes au personnel de
l'administration publique et parapublique qui a à travailler directement
ou indirectement sur des dossiers touchant les autochtones. En 1992-1993, 6
sessions de 3 jours ont été offertes à 125 personnes
une parenthèse, si jamais il y avait des parlementaires qui
étaient intéressés à suivre ou à avoir ces
cours de formation et de sensibilisation, je suis certain, M. le
Président, qu'on pourrait les organiser. Par votre entremise ou
directement en communiquant avec moi-même, on pourrait organiser des
sessions de cette nature, si c'était de l'intérêt pour les
collègues députés.
Je voudrais également souligner que le Secrétariat a
reçu, en 1992-1993, 150 requêtes de financement soit pour le
fonctionnement d'organismes autochtones, soit pour la mise sur pied de projets
spécifiques. Ainsi, plus de 420 000 $ ont été
distribués aux organismes suivants: l'Association des femmes autochtones
du Québec, le Regroupement des centres d'amitié autochtone,
l'Alliance autochtone du Québec et l'Association des Métis et
Indiens hors réserves. Comme vous voyez, les dossiers que nous avons eu
à traiter en 1992-1993 ont été nombreux et importants.
Nous prévoyons que 1993-1994 nous apportera autant, sinon plus de pain
sur la planche. Nous continuerons ainsi de faire face à l'un des plus
grands défis qui se posent au Québec actuellement, soit donner
aux autochtones la place qui leur revient dans notre société,
améliorer leurs conditions de vie tout en protégeant les droits
des autres citoyens et citoyennes du Québec et en assurant un
équilibre entre les différentes composantes de la
société, M. le Président. Il s'agit là d'un
objectif qui commande les meilleurs efforts de tous les intervenants et le
gouvernement du Québec reconnaît, à cet égard, la
contribution essentielle du Secrétariat aux affaires autochtones. Dans
ces années de restrictions budgétaires, il a jugé bon
d'augmenter, de façon significative, l'enveloppe budgétaire du
Secrétariat. C'est plus de 1 200 000 $ additionnels qui viendront
soutenir notre mandat.
En terminant, je ne peux passer sous silence que 1993 a
été proclamée Année internationale des popula-
tions autochtones et qu'à cet égard le Conseil des
ministres a autorisé la mise sur pied d'un comité conjoint afin
de collaborer à la coordination des activités marquant la tenue
de cette Année.
Je vous remercie, M. le Président, et aussi les membres de la
commission. Je me ferai un plaisir, d'abord, d'entendre le critique de
l'Opposition en la matière et, par la suite, de répondre à
des questions des collègues. Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre,
pour vos remarques préliminaires.
Je vais maintenant reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle, M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président.
Vous me permettrez, dans un premier temps, de souhaiter la bienvenue,
tout comme vous l'avez fait, au ministre ainsi qu'à son personnel
politique, en plus de souhaiter la bienvenue, bien sûr, aux
fonctionnaires du SAA qui l'accompagnent aujourd'hui.
Dans l'allocution que j'avais préparée au début, il
n'y avait aucune allusion à quoi que ce soit de constitutionnel. Mais,
compte tenu que le ministre lui-même a apporté certains
éléments de la question constitutionnelle, avant de
procéder à mon allocution, j'aimerais quand même faire
certains commentaires se rapportant à ce qu'il a dit à ce
sujet.
D'abord, je voudrais bien qu'on soit clair, ici, au niveau de la
commission parlementaire sur l'étude des crédits. C'est que, pour
moi, l'entente de Charlottetown, c'est du passé et c'est terminé;
le verdict a été rendu par la population du Québec en date
du 26 octobre 1992. Concernant l'entente elle-même, il y a une partie de
l'entente où je me suis évertué à être
contre, au cours de la campagne référendaire, et ce, dès
le début. D'ailleurs, le ministre lui-même l'a
réalisé par certaines questions que j'avais posées sur la
place publique, incluant à l'Assemblée nationale, se rapportant
à la question des tribunaux. Pour moi, s'il y a une volonté
politique exprimée dans des contenus qui peuvent éventuellement
être discutés devant les tribunaux, ce n'était pas,
d'aucune espèce de façon, l'affaire des tribunaux de
préparer le contenu des ententes comme c'était parti pour se
faire. On en aurait eu pour une centaine d'années à
négocier, à modifier, à
«re-renégocier». Je pense que ce n'était pas le
devoir des tribunaux de décider du contenu d'une entente, que ce soit
Charlottetown ou autre.
Dans mon optique à moi, une entente formelle entre des parties,
ça doit, d'abord et avant tout, être négocié,
ça doit ensuite être signé et, par la suite, être mis
en application selon les dates prévues à l'entente, tout en
gardant, bien sûr, une ouverture, comme l'a le ministre actuellement, sur
la question de l'entente de la Baie James et du Nord québécois,
pour clarifier certains points avec M. Fortier. Mais il est clair que les
tribunaux, dans le cas d'ententes particulières qui sont faites, dans ce
cas-ci, entre le gouvernement québécois et les autochtones,
impliquant aussi le gouvernement fédéral, que ces
ententes-là doivent être le moins possible devant les tribunaux et
que ces ententes-là doivent être le plus clair possible, justement
pour empêcher les tribunaux d'intervenir. Les tribunaux doivent
intervenir seulement s'il y a litige entre les parties pour
l'interprétation de l'entente elle-même et je pense que,
là-dessus, on peut être d'accord mais pas en
déterminer le contenu.
Il y a une chose extrêmement importante, puisque le ministre a
parlé de sa future politique gouvernementale en matière
autochtone, et j'espère que, là-dessus et j'ai hâte
d'en voir le contenu sur cette partie précise que je viens de
mentionner, le gouvernement ne s'orientera pas à permettre à tout
bout de champ aux tribunaux d'intervenir à la place de la volonté
politique. Un gouvernement qui se respecte se doit, d'abord et avant tout,
d'établir les ponts, les choses nécessaires pour que la
volonté politique s'exprime, d'abord et avant tout, et que les ententes
se concrétisent comme le veulent l'ensemble des parties. Je serais
très déçu de voir qu'une future politique gouvernementale
du ministre délégué aux Affaires autochtones s'oriente sur
une grande participation des tribunaux, sinon pour l'interprétation
seulement. (17 heures)
Quant au livre qui est passible d'être rendu public au cours des
prochaines semaines ou des prochains mois, suite à un programme de
recherche qui a été effectué au sein du SAA et au sein du
gouvernement, je pense que c'est une excellente chose. Là-dessus, je ne
peux pas faire autrement que, même, aller jusqu'à féliciter
le ministre et le SAA pour aller préparer celui-là, mais
j'attends toujours, quant au contenu, pour voir ce qu'il va y avoir à
l'intérieur. Il est clair que si ce programme de recherche arrive
à bon port, si le contenu est correct et qu'il est acceptable, ça
pourrait même permettre d'aller encore plus loin et de faire en sorte
qu'on fasse une éducation populaire auprès de toutes les parties
concernées sur le territoire québécois, que ce soit les
allophones, que ce soit les autochtones, que ce soit les Blancs, les
francophones, les anglophones ou autres, pour justement faire comprendre
à chacune des parties qu'il y a des problèmes et qu'on est assez
adultes pour les régler entre nous dans la mesure où il y a de la
bonne foi des deux côtés. Ça pourrait même aller
jusqu'à servir à ce que le ministre a mentionné tout
à l'heure concernant ces sessions éducatives.
Moi, entre guillemets, je parle de session éducative parce que
Dieu sait qu'avec tout ce qui s'est passé depuis 1990, dont je ne veux
pas reparler aujourd'hui dans son ensemble, c'est qu'il y a du racisme qui
s'est créé à travers tout le Québec. J'ai vu des
choses, moi, dans mon comté, par rapport aux Montagnais, que je n'avais
jamais vues antérieurement. Ça fait tout de même 16 ans et
demi que je suis député. Je pense que votre sous-ministre est
bien placé pour savoir que ça n'existait pas
antérieurement, mais, depuis 2 ans et demi, 3 ans, il y a effectivement
des problèmes comme des graffiti qui existent ici et là, comme,
même, de la
mésentente à l'intérieur de Uashat-Maliotenam,
comme il y a même des mésententes qui peuvent exister entre les
Blancs et les conseils de bande, et entre les conseils de bande
eux-mêmes. Tout ça, c'est dû à toutes sortes de
choses que le ministre a mentionnées tout à l'heure et dont on va
sûrement parler au cours de la commission. Alors, si vous le permettez,
M. le Président, je vais procéder à la lecture de
l'allocution que j'avais préparée et qui ne touche aucunement le
niveau constitutionnel.
Il me fait plaisir de participer, cette année encore, à
l'étude des crédits accordés par le gouvernement au
domaine des affaires autochtones. Il s'agit là, selon moi, d'une
occasion unique d'essayer de cerner la position du ministre et de son
gouvernement au sujet de plusieurs dossiers et de vérifier, du
même coup, si les moyens employés sont suffisants ou
appropriés. Comme il n'existe pas de programme spécifique
touchant aux subventions allouées par le SAA, il va falloir
procéder par secteur ou encore par problème particulier.
Or, si on se fie aux manifestations que l'on a pu voir au cours de la
dernière année, les problèmes ne manquent pas. D'ailleurs,
le ministre l'a mentionné. Les groupes autochtones ont même pris
soin d'en faire des objets publics à grand renfort de publicité
et de communiqués de presse. Il y a peut-être lieu de questionner
certaines de leurs méthodes, surtout en ce qui a trait à leurs
contacts avec la presse étrangère, mais il est très
difficile de leur lancer la pierre sans pour autant la lancer en même
temps au gouvernement du Québec et au gouvernement
fédéral.
Les dossiers qu'ils défendent traînent souvent depuis des
années et semblent embourbés dans des procédures
légales entretenues à coups de millions de dollars. J'aimerais
bien, un jour, faire l'inventaire de tous les comités, de toutes les
tables de concertation, de tous les super-négociateurs et
représentants et représentantes spéciaux des
autorités qui, d'une manière ou d'une autre, ont participé
à cette énorme et pesante entreprise de communications. Car,
selon moi, le noeud du problème réside là. Il semble
évident que les Blancs et les autochtones ont de la misère
à se comprendre. Ils parlent de la même chose, mais avec une
optique si différente qu'il est rare qu'un point d'entente apparaisse.
Qu'on pense aux négociations territoriales, aux droits historiques des
Hurons, au fameux traité de Jay, du côté mohawk, ou encore
à l'éventuel plan commun de développement des ressources
dans la réserve faunique de La Vérendrye.
Il est grand temps d'établir un vocabulaire commun avec les
premières nations qui partagent avec nous le territoire
québécois. Et ça, ça passe par une
compréhension et un respect mutuels pour les valeurs et les traditions
propres à chacun des deux côtés de la médaille.
J'entends souvent dire que nous devons faire preuve de tolérance face
aux autochtones et, à chaque fois, je fais remarquer à celui ou
celle qui me parle qu'il y a un vice profond dans un tel raisonnement,
même si l'intention est la plus positive du monde. Les autochtones ne
sont pas des enfants dont on supporte bon gré mal gré les
égarements et à qui il suffit d'acheter un jouet pour avoir la
paix pendant quelque temps. Il s'agit de peuples aussi fiers et
intégrés que le nôtre, aussi enracinés dans une
histoire remplie d'événements et de traditions. Je trouve
inconcevable que l'on puisse si facilement avoir ce respect pour un Finlandais,
par exemple, demeurant si ignorants de la richesse qui nous entoure. Pire,
c'est souvent les préjugés les plus bas qui s'installent pour
rester et qui influencent nos propres actions.
Faisons la part des choses. Tous les autochtones ne sont pas des
trafiquants et ne montent pas aux barricades. La majorité sont indigents
et vivent dans des conditions minimales approchant celles de certains pays du
tiers monde. Ils sont plus ignorés qu'assimilés, sans espoir ou
envie d'avancer. La même chose peut d'ailleurs être
constatée chez la plupart des Blancs qui se trouvent aux crochets de
l'État et de la société. La volonté de s'en sortir
s'émousse très vite devant une machine gouvernementale
impersonnelle et remarquablement insensible à la nature des valeurs
fondamentales de ceux-là mêmes qu'elle doit aider. Je le
répète, dans tout le dossier autochotone, le virage à
effectuer va bien au-delà des mots et des cataplasmes matériels
ou monétaires. C'est bel et bien une attitude qu'il faut transformer, la
nôtre, car la fin du XXe siècle a vu s'opérer des
changements majeurs dans les rapports entre les peuples. Nos tendances
paternalistes doivent être transformées en acceptation, en
respect. Le droit d'être différent n'est pas un cadeau que l'on
fait à une nation, puisque cela impliquerait notre pouvoir de
révoquer ce droit, de faire disparaître légalement
l'identité même d'un peuple. La notion de différence
elle-même charrie le principe égo-centrique de nous et les
autres.
Pour que s'opère l'harmonisation nécessaire à notre
épanouissement commun, c'est plutôt le concept de
variété qu'il faudrait appliquer. Il faut que nous,
Québécois et Québécoises, sortions de notre cocon
pour nous voir en tant qu'éléments d'un ensemble mondial fait de
peuples, de valeurs et de spiritualité aussi essentiels
qu'indissociables.
Un simple examen des messages cités dans le récent rapport
produit par la Commission royale sur les peuples autochtones démontre
bien que je ne suis pas le seul à partager ce point de vue. On peut le
retrouver dans une foule de commentaires faits tout autant par des autochtones
que par des Blancs. Quand les premières nations demandent leur autonomie
et les moyens de l'appliquer, c'est de cela dont elles parlent; lorsqu'elles
nous indiquent l'importance fondamentale qu'elles apportent à la terre
et son respect, c'est de cela dont elles parlent et, lorsqu'elles exigent d'en
arriver à bien plus que des ententes administratives, à une
participation active et forte au développement du territoire, c'est de
cela dont elles parlent également.
Nous sommes confrontés, au Québec, à une situation
bien réelle de coexistence qui demande, en contrepartie, des solutions
tout aussi concrètes. Il faut en arriver à un nouveau contrat
social avec les premières nations, où nous les acceptons comme
partenaires au développement du Québec et ou elles donnent leur
accord pour bâtir avec nous un Québec qui, selon moi, ne
pourrait être que souverain. Il faudra avoir le courage et
l'ingéniosité de créer des ententes évolutives,
conçues sans extinction des droits autochtones et où seront
définies les modalités de notre collaboration et du partage de
nos ressources.
D'ici ce temps, et puisque nous sommes précisément
à l'étude des crédits consentis aux affaires autochtones,
j'aimerais vous citer un court extrait du programme de ma formation politique
où l'on suggère quelques pistes pour favoriser rapidement
l'harmonisation des relations entre la nation québécoise et la
nation autochtone qui partagent le même territoire. On y demande de
s'assurer, premièrement, que les crédits budgétaires
affectés aux autochtones leur permettent de recevoir de l'État
québécois des services de qualité comparables à ce
que reçoit l'ensemble des citoyens et citoyennes du Québec dans
des situations analogues; deuxièmement, que ces crédits tiennent
compte du coût supplémentaire nécessaire et acceptable que
représente le respect du droit à l'autonomie et à
l'identité culturelle des nations autochtones; troisièmement, et
aussi important, sinon plus que les autres, que soit accrue l'autonomie
financière des nations autochtones afin que la dépendance
économique ne soit pas un obstacle à leur démarche
d'autonomie politique.
Je suis certain que de tels gestes, posés pour les bonnes
raisons, seraient garants d'un assainissement des relations avec les
autochtones et devraient ainsi se révéler fort acceptables,
même pour un ministre libéral. Comme je l'ai dit au départ,
l'étude des crédits des affaires autochtones consiste
principalement à l'examen des interventions gouvernementales dans
différents dossiers. Il est cependant déplorable de constater que
ces interventions tiennent plus de la réaction que d'une vision
cohérente à long terme. D'autre part, il faut également
constater que les résultats obtenus sont rarement à la mesure des
investissements considérables qu'on y consacre. (17 h 10)
Cela étant dit, vous comprendrez bien que, si je me
réjouis de l'augmentation des crédits alloués cette
année aux affaires autochtones, je ne peux m'empêcher d'être
sceptique sur l'efficacité qui en découlera. Il revient au
ministre de s'assurer que ces fonds ne sont pas utilisés selon les vieux
principes inefficaces, mais bien au service d'une vision de coexistence
basée sur le respect. Tant et aussi longtemps que le gouvernement
libéral n'aura pas saisi ce point essentiel, les crédits qu'il
allouera aux affaires autochtones ne serviront qu'à faire perdurer une
situation qui, selon plusieurs indices, est sur le point d'éclater.
Peut-être cette attitude est-elle déjà
présente chez le ministre délégué aux Affaires
autochtones. Je l'espère fortement. Mais je sais aussi qu'il est
très difficile de faire comprendre toute l'importance que revêt
cette question aux collègues de différents ministères qui
ont à traiter de façon ponctuelle des dossiers touchant aux
peuples autochtones et qui ont chacun leurs priorités. Pensons au
ministère des Affaires municipales, à l'Environnement, à
l'Énergie et aux Ressources, à la Sécurité
publique, aux Forêts, etc. Or, pour les autochtones, une
négociation d'égal à égal implique une
négociation de chef à chef, comme l'ont si bien
démontré les résultats obtenus lorsque le premier ministre
René Lévesque avait personnellement pris charge de ce
dossier.
Dans la pratique actuelle, c'est évidemment au ministre
délégué aux Affaires autochtones que revient cette
responsabilité. Il devient alors primordial qu'il fasse preuve d'un
leadership et d'une grande force de caractère, pour s'assurer que les
préoccupations autochtones ne soient jamais reléguées au
rang de simples inconvénients mineurs à régler si on le
juge opportun. C'est donc dans cet esprit que j'aborde l'étude 1993-1994
des crédits accordés aux affaires autochtones, tout en
étant confiant que le ministre délégué aux Affaires
autochtones fera preuve de son habituelle très bonne collaboration.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Duplessis, pour vos remarques préliminaires.
Discussion générale
Normalement, nous procédons à la période
d'échanges, à moins que vous n'ayez de brefs commentaires sur
les... Ça va?
M. Sirros: Juste pour rassurer le député de la
continuité dans mon habituelle bonne collaboration.
Le Président (M. Dauphin): C'est noté et c'est
consigné au Journal des débats. M. le député
de Duplessis, avez-vous des questions, sûrement des questions,
définitivement, à poser au ministre?
Montants octroyés aux négociations avec
les autochtones
M. Perron: M. le Président, je pense que nous avons
quelques heures devant nous concernant les crédits qui ont
été alloués au ministre délégué aux
Affaires autochtones. Si vous me permettez, comme on fait habituellement en
passant directement aux crédits, à l'analyse
détaillée des crédits globaux, c'est qu'actuellement les
crédits globaux de ce programme octroyés pour l'année
1993-1994 sont en hausse de 1 600 000 $, soit une augmentation de 40,2 % par
rapport à ceux de 1992-1993. Cependant, si on compare les
dépenses probables de 1992-1993, qui ont dépassé les
crédits de l'an passé de l'ordre de 390 000 $, avec les
crédits prévus pour 1993-1994, on se rend compte que la hausse
n'est alors que de 1 250 000 $, soit une augmentation de 28 %. Il faut prendre
note ici que, depuis 1990-1991, en comparaison de 1993-1994, on assiste
à une hausse continue de près de 2 500 000 $ des crédits,
soit une augmentation de l'ordre d'à peu près 77 % depuis 1990.
Sauf erreur, il n'y a pas un autre programme budgétaire qui a su
profiter d'une situation
financière aussi privilégiée, et ça laisse
quand même quelque peu perplexe lorsqu'on regarde ce qui se passe dans
les autres ministères. si maintenant on examine les
éléments de ce programme, on constate que les crédits du
premier élément sont ceux reliés directement au cabinet du
ministre; ils restent stables avec une augmentation d'à peine 2 %. ceux
du second élément, cependant, affectant le secrétariat aux
affaires autochtones en tant que tel, ont, pour leur part, subi une
augmentation surprenante de 1 641 000 $, soit une augmentation de 48,5 %. de
même, le sommaire des crédits de transfert aux organismes
autochtones indique qu'en 1993-1994 ils s'accroîtront de 156 400 $, soit
une augmentation de 19,2 % par rapport à l'an dernier.
Sans doute le ministre a-t-il des réponses toutes prêtes
pour justifier les multiples augmentations dont je viens de faire état.
Par exemple, la hausse de la masse salariale du personnel du Secrétariat
est reliée aux augmentations statutaires et à l'embauche de 3
employés additionnels. Il y a 1 300 000 $ qui sont ajoutés pour
venir à bout des négociations avec le CAM je reviendrai
là-dessus plus tard et pour intensifier celles avec les Cris et
les Inuit relativement à la mise en oeuvre de la Convention de la Baie
James et du Nord québécois. Finalement, il y a 156 000 $
additionnels qui seront versés pour le paiement des études de
faisabilité des infrastructures à Akwesasne.
Ma première question au ministre, compte tenu de ce que je viens
de mentionner... À la page 118 du cahier des renseignements
supplémentaires, on indique qu'une augmentation de 1 500 000 $ a
été octroyée afin d'intensifier les négociations
avec les autochtones. Par ailleurs, on mentionne, à au moins un autre
endroit, que la hausse à cette fin serait plutôt de 1 300 000 $.
Comment le ministre peut-il concilier ces 2 chiffres, soit 1 500 000 $ et 1 300
000 $? Doit-on comprendre que l'augmentation de 156 400 $ allouée pour
le paiement d'études de faisabilité et des infrastructures
d'Akwesasne doit être ajoutée à ce dernier montant,
c'est-à-dire au montant de 1 300 000 $? Il y a quelque chose qui ne
marche pas.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Sirros: Peut-être juste avoir la référence
du député. Il parle de la page 118...
M. Perron: La page 118 du cahier de renseignements
supplémentaires. J'espère que vous l'avez amené avec vous,
le livre, là. Je peux vous passer le mien, si vous ne l'avez pas.
M. Sirros: On pensait qu'on avait tout résumé dans
nos affaires, ici. Si je comprends bien la question, rapidement, vous dites
qu'on parle de 1 300 000 $ d'ajoutés et vous constatez qu'il y en a 1
500 000 $ ou à peu près de plus.
M. Perron: C'est qu'on mentionne...
M. Sirros: Et vous vous demandez si...
M. Perron: ...à la page 118 des renseignements sur les
crédits du ministère...
M. Sirros: Oui.
M. Perron: ...on mentionne, au bas de la page, la
troisième avant-dernière ligne: Intensification des
négociations avec les autochtones, en particulier avec le Conseil des
Atikamekw et des Montagnais...
M. Sirros: Oui.
M. Perron: ...1 500 000 $. Par contre, ailleurs...
M. Sirros: O.K.
M. Perron: ...on mentionne 1 300 000 $.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Est-ce que la différence est due aux 156 400 $
dont je viens de parler ou si...
M. Sirros: Les montants affectés pour les
négociations avec le CAM, l'intensification des négociations avec
le CAM, vous les trouvez... Il s'agit de 1 300 000 $ approximativement, 1 000
000 $ que vous allez trouver dans l'augmentation des services professionnels:
traducteurs, réceptions, pigistes, contractuels, impression, etc.,
l'élément 4 du fonctionnement général du
Secrétariat dans le cahier qu'on vous a fourni, et il y a 300 000 $ de
plus affectés au niveau des communications: frais de voyage,
publications, etc., encore à l'élément 3 du fonctionnement
général dans le cahier du Secrétariat. C'est 1 300 000
$.
J'ai l'impression que ce que vous avez là, c'est le montant de 1
300 000 $ plus les 154 000 $ affectés pour les études...
M. Perron: 156 400 $.
M. Sirros: C'est ça, ce qui équivaut, à peu
près, à 1 500 000 $.
M. Perron: Bon!
M. Sirros: Donc, il y a peut-être une nomenclature...
M. Perron: Qui est un peu différente.
M. Sirros: ...qui est un peu différente, mais les montants
concordent au niveau des 1 500 000 $.
M. Perron: Bon, d'accord! Donc, il faut prendre en
considération qu'à l'intérieur des 1 500 000 $ inscrits
dans le cahier de renseignements sur les crédits du ministère,
par ministère, c'est que les 150 400 $...
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: ...sont inscrits à l'intérieur
des...
M. Sirros: C'est la seule façon que...
M. Perron: ...1 500 000$.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: O.K. Donc, il reste, à ce moment-là, 1
300 000 $, approximativement, dans le cadre qui s'adresse directement aux
négociations...
M. Sirros: Voilà!
M. Perron: ...et à l'intensification des
négociations avec les autochtones. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire, de ces 1 300 000 $, combien sera octroyé pour les
négociations avec le CAM? Combien servira à faciliter la mise en
oeuvre de la Convention de la Baie James et du Nord, puisqu'il s'agit des
deux?
M. Sirros: Oui. On est en mesure de vous fournir des
détails. Au niveau du CAM, surtout jusqu'à aujourd'hui, les
montants que nous avons jusqu'à maintenant dépensés, c'est
un total de 339 000 $, et je vous fais remarquer que l'année n'est pas
terminée. Ça, ça date du mois de novembre. Donc, il faut
faire... Donc, on parle de 6 mois à peu près. Alors, on a une
évaluation à faire au mois de juin, quand on va recevoir le
rapport du négociateur spécial, pour voir où on en est.
Est-ce qu'on a des chances réelles d'aboutir à une entente ou
est-ce qu'on va constater un cul-de-sac ou un échec? On n'a pas
l'intention de continuer des négociations pendant une autre douzaine
d'années. C'est pour ça qu'on a voulu mettre toute l'emphase
qu'on met sur ces négociations-là. C'est pour ça que, dans
les 6 mois, depuis le début de l'intensification du processus, on a
dépensé, jusqu'à date, les chiffres que j'ai ici... Total
des dépenses reliées à l'accélération des
négociations avec le CAM: 339 125,16$. (17 h 20)
M. Perron: Est-ce que, ça, c'est au...
M. Sirros: Et ça inclut la partie sur l'année
financière passée.
M. Perron: Est-ce que, ça, c'est au 31 mars? Si je
comprends bien, c'est au 31 mars 1993.
M. Sirros: C'est en date d'aujourd'hui. M. Perron: En date
d'aujourd'hui? M. Sirros: Oui.
M. Perron: O.K. Donc, vous vous trouvez avec les quelque
300 000 $ que vous mentionnez à embarquer sur l'année
financière 1993-1994.
M. Sirros: Les 339 000 $ que je vous mentionne datent depuis le
mois de novembre de l'année passée...
M. Perron: D'accord.
M. Sirros: ...quand on a commencé le processus,
jusqu'à aujourd'hui, quand on a fait la dernière comptabilisation
de toutes les dépenses reliées à
l'accélération des négociations avec le CAM. Que ce soit
le fonctionnement des 3 tables sous-sectorielles, la table centrale, les
visites, les différentes démarches de cartographie, etc., tout ce
qu'on peut relier à la négociation avec le CAM, depuis le mois de
novembre jusqu'à aujourd'hui, ça nous a coûté 339
000 $, donc une période d'à peu près 6 mois.
Ça, c'est pour vous donner une indication des possibilités
pour l'année qui vient, dépendant d'où on se trouvera au
mois de juin, quand on va recevoir le rap- v port du
négociateur spécial. Ça ne devrait pas être pris
comme une projection exactement proportionnelle pour les 6 prochains mois, mais
c'est une indication générale des coûts affectés
à ça. Dans les 1 300 000 $ que vous avez pour
l'accélération des négociations générales,
on évaluera ça, au cours de l'année, pour voir si on aura
besoin de plus et si on en aura de trop. Ça va dépendre un peu
comment les négociations vont se dérouler.
M. Perron: Si je comprends bien, dans les 1 300 000 $, vous avez
2 négociateurs. Vous avez M. Coulombe et vous avez...
M. Sirros: Fortier.
M. Perron: ...Fortier, M. Yves Fortier.
M. Sirros: Voilà!
M. Perron: Je ne me rappelle pas, à moins que je n'aie pas
porté une attention spéciale là-dessus... Est-ce que le
ministre m'a donné les chiffres, la répartition des 1 300 000 $
par rapport aux 2 dossiers?
M. Sirros: Non. C'est un montant global qui est affecté au
dossier des négociations dans lequel on va aller piger, si vous voulez,
selon les besoins qu'on identifie au niveau des négociations et du
développement des négociations. C'est pour ça que je vous
disais tout à l'heure... Là, je vous donne les 339 000 $ comme
une indication générale de ce qu'on a dépensé
depuis le mois de novembre, même si ce n'est pas dans l'année
financière actuelle, pour vous donner une indication de ce que ça
peut coûter, mais je ne suis pas en mesure, à ce moment-ci, de
faire la projection exacte de ce que ça va coûter, tant pour le
CAM, ou pour les Cris, ou pour les Inuit.
On veut aboutir à ces négociations. Donc, selon le rythme
qu'on va suivre et selon les chances de succès de ces
négociations, on évaluera la question.
M. Perron: Ça m'amène à une autre
question.
Concernant le CAM, depuis combien de temps durent ces
négociations et, d'autre part, est-ce que le ministre pourrait nous
informer, à savoir combien ont coûté ces
négociations à date?
M. Sirros: Ça a commencé en 1980. Il y a eu 2
suspensions qui ont duré une période assez substantielle, une
couple d'années dans un cas, je pense, et 3 ans dans l'autre. Mais il y
avait une période de 12 ans depuis le début de ces
négociations-là. Nous, je ne suis pas en mesure de vous donner ce
que ça a coûté au gouvernement du Québec depuis
1980. Ça a coûté le coût de nos négociateurs
et le déplacement des fonctionnaires. Au niveau du gouvernement
fédéral, les montants qu'ils ont comptabilisés
vis-à-vis du CAM depuis le début de ces
négociations-là, il s'agit de 18 000 000 $. C'est-à-dire
que c'est 18 000 000 $ que le CAM est allé chercher au gouvernement
fédéral pour financer ses études, ses négociateurs,
ses déplacements, à l'ensemble de tout ce qui est son personnel,
etc. Ces montants-là sont normalement comptabilisés...
l'indemnité finale est soustraite de l'indemnité finale que le
gouvernement fédéral aurait à donner au CAM par la suite.
C'est 18 000 000 $.
M. Perron: Dans les 18 000 000 $ dont parle le ministre, qui
proviennent des fonds fédéraux, est-ce que... Si je comprends
bien, le ministre n'a aucun contrôle sur ses dépenses qui sont
payées par le fédéral? Est-ce que le ministre pourrait
nous informer, à savoir qui contrôle les 18 000 000 $? Est-ce que
c'est le fédéral lui-même ou si c'est le CAM?
M. Sirros: C'est une entente entre le fédéral et le
CAM. À l'heure actuelle, c'est au rythme de 3 000 000 $ par
année. Ils ont convenu que ça coûte 3 000 000 $ par
année pour le CAM et que le CAM a 3 000 000 $ afin de préparer et
de mener à terme ou à bien, durant cette année-là,
les négociations qu'il entretient avec les gouvernements
fédéral, d'une part, et du Québec, d'autre part. On n'a
pas de véritable mot à dire sur ces montants-là.
M. Perron: Bon. Si on prend les 2 négociateurs, est-ce que
c'est une première, pour le gouvernement du Québec, d'avoir 1
négociateur ou 2 négociateurs en permanence? En tout cas,
à mon sens, ça a l'air d'être une première, une
décision politique qui a été prise par le gouvernement
à l'effet que, d'un côté, au niveau du CAM, ça soit
M. Coulombe et que, de l'autre côté, au niveau de l'entente de la
Baie James et du Nord québécois... Je pense que M. Fortier
négocie avec les deux, les Inuit et les Cris, ou avec seulement un?
M. Sirros: Juste les Cris.
M. Perron: Seulement les Cris. À ce moment-là,
c'est une première, je crois. Avant ça, c'étaient les
fonctionnaires du SAA qui faisaient ce travail-là avec un mandat
spécifique du Conseil des ministres.
M. Sirros: Exactement, exactement. Avant ça,
c'était le Conseil des ministres et ça, ça n'a pas
changé qui établissait le mandat et c'étaient les
fonctionnaires qui faisaient les négociations.
Ce qui est différent ici, c'est qu'on a pris la décision,
à un moment donné au cours de l'année qui vient de se
terminer, de voir ces négociations à la lumière qui se
déroule, c'est-à-dire qu'il s'agit de négociations
politiques, il y aura des choix politiques à faire. Donc, on a
décidé que les fonctionnaires pourraient appuyer des
personnalités ou des négociateurs spéciaux qu'on pourrait
nommer sur une base politique. On aurait des décisions politiques
à prendre, à un moment donné, et la fonction publique
aurait à fournir tout l'encadrement administratif au négociateur
qui, lui, ferait le lien entre le gouvernement et la table où se
déroulent les négociations, mais plus avec une approche
politique, si vous voulez. Effectivement, c'est nouveau.
M. Perron: O.K. M. le Président, une autre question.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Perron: Dans des documents qui nous ont été
fournis par le ministère, par le Secrétariat: Explication sur le
budget 1993-1994 versus le budget 1992-1993, on y mentionne, dans le cadre du
fonctionnement général... Au budget 1993-1994, dans le
fonctionnement général, vous noterez une augmentation de 1 313
100$, le 1 000 000 $ dont il vient de parler, le 1 300 000 $ dont il vient de
parler.
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: Pour un montant de 950 000 $ non récurrent. Non
récurrent, je présume que ça fait partie des
négociations, des salaires à payer aux négociateurs, des
dépenses des négociateurs, etc. Par contre, il y a un
différentiel de 350 000 $ qui va être récurrent. Qu'est-ce
que ça veut dire, ça?
M. Sirros: Ça veut dire qu'on va avoir un budget
augmenté sur une base récurrente de 350 000 $, de toute
façon, au niveau du Secrétariat, pour les services professionnels
de traducteurs, réceptions, etc., mais on a prévu un 900 000 $
qui est non récurrent, lui. On aura à juger, si on a besoin de
faire une autre demande supplémentaire. Ce n'est pas automatique. Donc,
une partie du budget du Secrétariat est augmentée de façon
récurrente et sur une base qui revient annuellement, permanente, de 300
000 $, et 900 000 $ qui est non récurrent.
M. Perron: Ça m'amène à une autre question.
Dans le 350 000 $ qui est récurrent, ça veut dire qu'il revient.
Puisqu'il revient, le ministre va faire quoi avec?
M. Sirros: Ça va à des salaires. On m'informe
que...
M. Perron: Est-ce qu'il pourrait nous donner une ventilation de
ce qui va être fait avec le 350 000 $?
M. Sirros: Oui, on peut vous fournir ça. Vous voulez qu'on
entre dans les détails tout de suite?
Le Président (M. Dauphin): M. Maltais.
M. Maltais (André): Ce qui arrive, c'est qu'il y a des
postes qui ont été...
Le Président (M. Dauphin): Pour les fins du Journal des
débats, nom et qualité, s'il vous plaît, M.
Maltais.
M. Maltais (André): André Maltais,
secrétaire général associé aux Affaires
autochtones.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
M. Maltais (André): Au fond, ce sont des postes qui
avaient été autorisés au Secrétariat aux affaires
autochtones il y a déjà 2 ans, qui maintenant sont en voie
d'être complétés et qui deviennent des employés qui
sont permanents. Donc, c'est du salaire, au fond, et c'est dans ce
sens-là que ça devient récurrent.
M. Perron: Est-ce qu'actuellement, au moment où on se
parle, depuis le 1er avril 1993, il y a des montants de rattachés sur ce
350 000 $, puisqu'il est récurrent?
M. Maltais (André): Ce sont des salaires, ce sont des
postes, alors il y a des classifications, évidemment, salariales. Alors,
ça correspond à des salaires qui sont directement
rattachés à la qualification de ces gens-là. On pourrait
vous en donner effectivement la liste et puis le salaire exactement. (17 h
30)
M. Perron: J'aimerais ça qu'éventuellement le
ministre, peut-être demain, je ne le demande pas aujourd'hui... s'il
pouvait me fournir les indications là-dessus, parce que ce sont des
salaires additionnels, en fait, qui sont payés. Donc, si je comprends
bien, ça va être des fonctionnaires additionnels qui vont
travailler au SAA et qui vont être reliés peut-être à
ce qui pourrait être signé comme entente et la mise en application
de l'entente entre les parties.
M. Maltais (André): Alors, peut-être juste
pour...
M. Sirros: Je vais demander à M.. Maltais de
compléter juste l'information technique.
M. Perron: M. le Président, pour la bonne marche de la
commission, je n'ai aucune espèce d'objection à ce que M. Maltais
réponde à la place du ministre parce que je sais qu'il y a des
questions techniques qui sont soulevées de temps à autre. On
s'entend pas mal toujours là-dessus, depuis plusieurs années. En
passant, M. Maltais, j'ai regardé votre salaire. Vous devez être
heureux de ne pas être député.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais (André): Je n'ai pas de commentaires à
donner, là.
Le Président (M. Dauphin): Voulez-vous réagir
là-dessus, M. Maltais?
M. Perron: Non, parce qu'il va se rappeler 1985, le 2
décembre.
M. Maltais (André): On se comprend assez bien. Alors, de
fait, ces postes-là avaient été autorisés il y a
déjà 2 ans. Alors, ce n'est pas lié directement à
la négociation. Ces postes-là ont été
octroyés. Il y a des gens qui, maintenant, les occupent et il y a une
permanence qui, évidemment, se rattache à ça. Donc, c'est
depuis 2 ans que c'était en processus. Donc, c'est pour ça que
les postes arrivent. Donc, ce n'est pas lié nécessairement
à la négociation.
M. Perron: D'accord. M. le Président, si j'ai bien compris
le ministre, il va nous fournir demain, peut-être dans
l'après-midi de demain, lors de la finalisation de l'étude des
crédits, la ventilation du 350 000 $ en question.
M. Sirros: D'accord.
M. Perron: Toujours dans des documents officiels qui nous ont
été transmis par le Secrétariat aux affaires autochtones,
on parle, dans le cadre du fonctionnement général, à 3, de
communications et, à 4, de services professionnels. Sur quelle logique
le ministre s'appuie-t-il pour dire que des augmentations de plus de 1 000 000
$ en frais de services professionnels ainsi que de plus de 300 000 $ au niveau
des communications seront suffisantes pour régler ou même faire
avancer substantiellement la précédente négociation, de
même que celle concernant les Cris et les Inuit? Parce qu'on parle
justement de ça.
M. Sirros: Oui. Effectivement...
M. Perron: II n'est pas assuré des coûts
réels.
M. Sirros: Le député a raison. Je ne suis pas
assuré que c'est suffisant, comme je ne suis pas assuré que ce
n'est pas trop. C'est une prévision qu'on a faite pour démarrer,
accélérer la négociation. On le jugera en cours de route,
dépendant, encore une fois, comme je le disais, des possibilités
qu'on a pour aboutir dans ces négociations-là.
Par exemple, si, au mois de juin, on fait la constatation qu'on est
tellement loin les uns par rapport aux autres au niveau de la
négociation avec le CAM que
ça ne donnera absolument rien de continuer, on pourrait arriver
à la conclusion qu'il faudrait suspendre, donc... Mais, si, par contre,
on en arrive à la conclusion qu'on est suffisamment près les uns
par rapport aux autres, qu'il faut mettre encore quelques bouchées
doubles pour arriver, peut-être qu'on devrait retourner au Conseil du
trésor, à un moment donné. C'est cette possibilité
de régler qui, j'espère, se réalisera. Dans le cadre de ce
qui a été octroyé, ce serait encore magnifique.
M. Perron: Est-ce qu'au niveau des négociations qui sont
entreprises par les 2 négociateurs il y a des échéances,
actuellement, de prévues, non seulement dans leur mandat, mais aux
tables elles-mêmes, pour en arriver à finaliser?
M. Sirros: L'approche est plutôt une approche
d'étapes et on laisse aux négociateurs et à la table
d'établir leur rythme en fonction un peu de ces étapes-là.
Et l'étape, comme je le disais, qu'on attend, c'est à la fin de
juin, de recevoir le rapport de notre négociateur à la table avec
le CAM. Maintenant, comment, d'ici là, lui, il agence son travail avec
le CAM? Il s'ajuste avec ces gens-là. Il y a des tableaux, des
échéanciers de rencontres, etc., qui sont prévus. On
pourrait vous déposer ça également.
Études de faisabilité quant à
l'implantation de structures communautaires
M. Perron: Oui. Ce serait intéressant de regarder pour en
voir l'évolution.
M. le Président, je comprends très bien...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Perron: ...la réponse antérieure que m'a
donnée le ministre face aux 300 000 $ et au million de dollars,
où il me disait effectivement qu'il n'était pas assuré que
c'était pour coûter plus ou moins et que, si ça
coûtait plus, il devait éventuellement retourner devant le Conseil
du trésor. Le ministre doit sûrement se rappeler que, dans un
contexte à peu près similaire, en 1990-1991 et 1991-1992, les
crédits avaient été augmentés de 1 600 000 $, mais
sans pour autant apporter des résultats très concluants, en bout
de ligne.
Je pense que c'est peut-être une bonne décision qui a
été prise par le ministre pour s'assurer de ne pas prendre une
décision fixe, coulée dans le ciment. Sans ça, si,
à un moment donné, on veut finaliser des négociations, il
faut les finaliser et il faut en venir à une entente et à signer
ça et mettre ça en application dans les plus courts
délais, peu importe que ce soit avec les Montagnais, ou avec les Cris,
ou avec les Inuit, ou avec les autres.
J'ai parlé tout à l'heure des 156 400 $ additionnels
alloués aux Mohawks d'Akwesasne, pour conduire des études de
faisabilité relativement à la mise en place d'infrastructures
dans différents domaines représentant une augmentation sensible
de crédits de transfert de l'ordre de 19,2 % en rapport avec 1992-1993.
j'aimerais savoir comment, concrètement, cet argent sera utilisé
et si le ministre peut nous assurer qu'une fois réalisées les
mohawks ont l'intention de rendre public le contenu des études en
question. là, on parle de 156 400 $ pour les études. il n'y a pas
déjà un montant de quelque 300 000 $ qui a été
versé là-dessus?
M. Sirros: Je pense qu'effectivement il y a eu d'autres montants
pour des études de faisabilité. Il s'agit d'une série de
structures communautaires qui seront établies. Ces sommes sont des
sommes pour préparer, choisir les sites, j'imagine, préparer les
programmes de l'édifice en question, etc.; par la suite, ce seraient les
plans et devis architecturaux et d'ingénierie. Donc, par le fait
même, ce sera rendu public parce que ça contribue à la
construction de l'édifice.
Donc, c'est des études de faisabilité dans le sens
d'ingénierie. Ils ont tout intérêt, évidemment,
à compléter les structures parce que c'est à partir du
moment où les plans et devis seront déposés qu'ils
pourront procéder à la construction des équipements
communautaires. Donc, ce n'est pas des études dans le sens: Est-ce qu'on
devrait avoir un centre pour personnes âgées, oui ou non? Ce sont
des études concrètes qui permettent de dire: Est-ce que le centre
doit avoir 80 pieds de large ou 100 pieds de large, etc.?
M. Perron: Je vais revenir plus tard sur la question de
l'entente. Il y a des possibilités que le montant dont je viens de
parler soit relié peut-être à l'entente elle-même
avec le Conseil de bande d'Akwesasne. À la page 3 de l'entente du 29
juillet 1992, au bas de la page, à 4.2, on mentionne un montant de
l'exercice budgétaire de 1993-1994 de 192 440 $. Est-ce que ces 192 440
$ sont reliés avec ceux dont je viens de parler, les 156 400 $?
M. Sirros: Effectivement. Ces 156 000 $ sont une partie des 192
000 $.
M. Perron: O.K.
M. Sirros: C'est l'argent qui est prévu là à
l'entente qu'on a signée pour les études de
faisabilité.
M. Perron: O.K. Donc, vous en auriez déjà une
partie de versée ou s'il reste encore une partie à verser?
Une voix: La partie de versée, c'est les 325 000 $.
M. Perron: O.K. Donc, les 325 000 $ dont on parle à 4.2
pour l'exercice budgétaire 1992-1993, eux, ont été
versés.
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: On s'entend, ils ont été versés.
Là, on se ramène à l'exercice budgétaire 1993-1994,
il y a
156 400 $ versés, mais il reste encore la différence
à verser au cours de l'année budgétaire.
M. Sirros: Exactement.
M. Perron: O.K. Ça va pour ça. On reviendra sur
l'entente un peu plus tard parce que j'ai plusieurs questions à poser au
ministre se rapportant à ça.
M. le Président, le 6 avril dernier, le ministre répondait
à une question de mon collègue, le député de
Jonquière. Ce n'est pas celle d'Abitibi-Est, mais celle du
député de Jonquière...
M. Sirros: O.K.
(17 h 40)
M. Perron: ...mentionnant que le SAA s'est vu octroyer de
nouveaux crédits justement pour réorganiser à
l'intérieur ses relations dans le domaine, entre autres à
Kanesatake. À la même occasion, il a aussi répliqué
à mon collègue d'Abitibi-Ouest à peu près dans le
même sens, tout en ajoutant, cependant, que ces crédits
additionnels auront été octroyés pour justement être
en mesure d'assumer pleinement les responsabilités et les
intérêts de tout le monde.
J'aimerais que le ministre nous précise sa pensée dans ce
dossier, eu égard, entre autres, au fait que les crédits
additionnels dont nous venons de traiter seront, en apparence, octroyés
aux négociations touchant le CAM, les Cris, les Inuit plutôt
qu'aux Mohawks.
M. Sirros: Je devrais ajouter: et autres négociations
nécessaires. Le montant, comme vous l'avez signalé tout à
l'heure, n'est pas un montant fixe. C'est un montant qui doit varier selon les
besoins de négociations. On ne peut pas prévoir d'avance quels
seront les besoins de négociations. Alors, quand je disais, en
réponse à la question, qu'il y avait de l'argent prévu, au
Secrétariat aux affaires autochtones, des augmentations des sommes
prévues pour des situations telles les négociations avec le CAM,
les Inuit, les Cris et les Mo-hawks, je me référais
précisément à ça. Il ne s'agit pas
nécessairement, dans chacun des cas, de choisir la même formule.
Par exemple, nous sommes loin, avec les Mohawks...
M. Perron: Vous pensez?
M. Sirros: ...d'une situation semblable avec les Montagnais. Nous
n'avons pas de table centrale de négociation, donc c'est un autre genre
de besoins. Comme je le faisais remarquer, nous sommes en train de
réorganiser à l'intérieur, afin de pouvoir suivre ce qui
se passe, dans un dossier qui est de juridiction principalement
fédérale je parle de Kanesatake, Oka et Kanesatake
où c'est le fédéral qui rachète les terres afin de
constituer une base unifiée un peu territoriale pour les Mohawks. Notre
rôle est plus un rôle de suivre les négociations, de
s'assurer qu'il y a de la coordination qui est faite entre le milieu, que ce
soit autochtone ou non autochtone, et les différents ministères
du gou- vernement du Québec. Nous avons des montants d'argent
disponibles dans lesquels on peut puiser afin de répondre aux exigences
de la situation.
M. Perron: Donc, si je reviens aux renseignements
généraux sur les crédits de 1993-1994, toujours à
la page 118, ce n'est pas pour rien, d'abord, que le ministre a marqué,
à un moment donné le ministre, il faut s'entendre
«intensification des négociations avec les autochtones, en
particulier». Ça veut dire que ça n'excluait pas les
autres...
M. Sirros: Ça n'exclut ni les Inuit...
M. Perron: Ça n'excluait pas les autres...
M. Sirros: Non.
M. Perron: ...nations...
M. Sirros: Exact.
M. Perron: ...ou les autres conseils de bande.
M. Sirros: Exact.
Augmentation des crédits alloués au
Secrétariat aux affaires autochtones
M. Perron: Merci, M. le Président.
J'ai mentionné auparavant que les crédits du SAA
augmentent substantiellement de 77 %, depuis 1990-1991, puisque, en effet, ils
sont passés de 3 231 900 $ à 5 720 200 $ pour l'année qui
s'annonce, c'est-à-dire l'année où nous sommes
actuellement. Quand on sait que les sommes versées aux autochtones de
tout le Canada en provenance de différents programmes
fédéraux ont été multipliées par 7 au cours
des 15 dernières années, passant de 703 000 000 $ en 1975-1976
à 5 040 000 000 $ en 1992-1993, on peut se demander s'il est des
intentions du gouvernement qu'il représente d'atteindre un jour une
performance aussi honorable. J'espère que non.
M. Sirros: Je pense que les bases ne sont pas comparables. D'un
côté, vous avez le ministère des Affaires indiennes et du
Nord canadien qui est un ministère vertical qui administre des
programmes qui s'adressent aux autochtones. Donc, depuis un certain nombre
d'années, il y a eu des augmentations soit parce qu'ils ont
augmenté le nombre de programmes disponibles afin de corriger certaines
situations... J'ai en mémoire Davis Inlet. Il y avait d'autres Davis
Inlet à travers le pays. Donc, il y avait un besoin de rattrapage au
niveau des infrastructures très lourdes, qui est assumé
directement par le budget du ministère des Affaires indiennes et du Nord
canadien, au niveau fédéral. Et vous avez, au Québec, un
secrétariat aux affaires autochtones qui est un secrétariat de
coordination, qui n'administre pas de programme comme tel.
Donc, effectivement, la réponse à la question du
député: Je ne prévois pas des augmentations au même
rythme ou du même ordre que ce qu'a connu le ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien. Ce que nous faisons, c'est une approche
beaucoup plus légère de coordination où on ajoute des
sommes d'argent, si nécessaire, dans des situations
particulières.
Depuis 3 ans, vous faites la constatation que ça a
augmenté de façon significative mais raisonnable, compte tenu de
la taille totale. C'est en fonction de l'évolution de la situation du
dossier, également. Depuis 3 ans, je pense qu'on peut facilement dire
que la question autochtone a pris une certaine ampleur et une ampleur certaine,
et c'est reflété dans les budgets accordés au
Secrétariat aux affaires autochtones.
Sommes investies par chacun des ministères et
organismes dans chacune des communautés autochtones et inuit
M. Perron: M. le Président, si vous le permettez, on va
passer à un autre dossier concernant les réponses qui ont
été données. Je voudrais aborder le sujet de la question
particulière 3 qui se lisait comme suit et qui était
adressée au ministère, oui, qui se posait comme suit:
«Ventilation des sommes investies pour 1991-1992 et 1992-1993 par chacun
des ministères et organismes dans chacune des communautés
autochtones et inuit ou à des membres de celles-ci au niveau du
développement communautaire, économique et socioculturel, en
vertu de l'application d'une loi, d'un programme, d'un décret, d'un
contrat ou versées de façon discrétionnaire.»
Les réponses qui ont été données, qui ont
été envoyées par le SAA à cette question
particulière 3, elles avaient égard à la ventilation des
sommes investies pour les années que je viens de mentionner, pour chacun
des ministères, et se rapportaient, bien sûr, au
développement communautaire, économique, socioculturel, en vertu
de l'application de différents programmes ou d'une loi, etc. On a
répondu: «Voir les documents annexés pour l'année
financière 1991-1992», et: «La compilation pour
l'année financière 1992-1993 ne sera terminée qu'en
août 1993.»
Je me rappelle, l'an dernier d'ailleurs, j'avais remercié
le ministre, à ce moment-là qu'il avait donné la
ventilation pour l'année 1990-1991. Là, on arrive avec le
dépôt de la ventilation 1991-1992, suite à une question que
nous avons posée pour avoir des informations générales,
suite à la question 3 qui avait été
transférée par l'Opposition. Est-ce qu'il serait possible,
puisqu'on mentionne qu'on va avoir la ventilation de 1992-1993 en août,
de l'avoir aussitôt qu'elle sera prête, la ventilation...
M. Sirros: Je vais m'engager...
M. Perron: ...plutôt que de l'avoir aux crédits de
l'an prochain?
M. Sirros: ...à vous la faire transmettre aussitôt
que ça sera sorti ou dans... Donc, au mois d'août. Des fois, je ne
peux pas dire «au mois d'août» parce que, des fois, il peut y
avoir des retards. Il faut comprendre que c'est un document qui est
compilé par le Secrétariat aux affaires autochtones, par les
informations qui nous sont fournies dans chacun des autres
ministères.
C'est un document qui est en voie de se perfectionner de plus en plus.
C'est quelque chose qui sort depuis 3 ans, à peu près. C'est pour
ça, d'ailleurs, qu'à un moment donné on a constaté
des augmentations substantielles dans les dépenses des différents
ministères. Ce n'était pas dû nécessairement
à des augmentations des dépenses, mais c'était
plutôt dû à de l'amélioration dans la cueillette de
l'information qu'on faisait, dans la comptabilisation. L'autre chose qu'il faut
faire remarquer par rapport à ce document-là, c'est que ce n'est
pas un instrument comptable. Là, vous avez l'ensemble des choses,
là-dedans. Vous avez des dépenses de fonctionnement, des
immobilisations, etc. Ce sont des déboursés bruts. Donc, il faut
l'utiliser avec beaucoup de prudence.
Mais, en réponse à votre question spécifique, je
vais m'engager à vous le faire transmettre aussitôt que ce sera
sorti, l'année en cours, qu'on prévoit au mois d'août,
septembre.
M. Perron: Dans l'introduction au document 1991-1992 que je viens
de mentionner, le SAA a transmis les informations suivantes: «Les sommes
versées directement aux individus dans le cadre de programmes
d'application universelle aide sociale, allocations familiales, aide
juridique, revenu minimum, etc. ou payées pour des services
offerts dans des programmes de même nature assurance-maladie,
services sociaux, etc. n'ont pas été
comptées.» Donc, ça n'a pas été
comptabilisé. Ça, probablement que vous allez avoir la même
réponse qu'on m'avait donnée l'an dernier, à l'effet que,
si on dévoilait ces montants-là, ce serait à rencontre de
la Charte des droits qui ne permet pas de faire la comptabilisation d'individus
pour avoir un montant global pour l'ensemble d'une nation autochtone ou
l'ensemble d'un conseil de bande ou l'ensemble des assistés sociaux, que
ce soit chez les Blancs ou chez les autochtones. C'est la même
réponse. (17 h 50)
M. Sirros: Je peux vous donner l'ensemble des montants... Le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu
va vous donner l'ensemble des montants affectés, par exemple, à
l'aide sociale, mais ne pourra pas vous donner, pas plus que moi je ne peux
vous le donner, l'ensemble des montants d'aide sociale, je ne sais pas, moi,
à la communauté grecque de Montréal.
M. Perron: O.K. Disons que ça revient au même que
l'année passée.
M. Sirros: C'est la même chose.
M. Perron: En d'autres mots, vous êtes pris dans
le même carcan.
M. Sirros: Voilà! Je pense que c'est quand même
raisonnable de ne pas pouvoir aller isoler des communautés par rapport
à leurs caractéristiques ethniques ou raciales en fonction des
sommes qu'elles reçoivent ou non. C'est un programme qui s'applique
à l'ensemble des résidents du Québec. Ce sont des
résidents du Québec. Ils y ont droit et ils entrent
là-dedans.
M. Perron: Je ne dis pas que ce n'est pas logique.
M. Sirros: Oui, je comprends.
M. Perron: On sait qu'au Québec ça ne se fait pas
à cause de la Charte, mais on sait, par exemple, que, dans certains pays
du monde qui n'ont pas la charte que nous avons, ils peuvent le faire.
M. Sirros: Voilà!
M. Perron: Mais ce n'est pas la coutume, ici, de faire ça.
Par contre, plus loin, dans le paragraphe qui suit, vous écrivez ceci:
«De même les dépenses effectuées pour le compte et le
profit des autochtones comptabilisées dans des programmes où
éléments budgétaires non spécifiques à ces
populations n'ont pas été retenues si leur évaluation
nécessitait une recherche élaborée ou une
répartition entre les diverses clientèles desservies.»
Pourquoi ça n'a pas été fait? Est-ce que c'est en
raison...
M. Sirros: II y a des raisons pratiques, d'une part, parce que
c'est un instrument, comme je vous le disais, qui n'est pas un instrument
comptable.
M. Perron: O.K.
M. Sirros: Ce n'est pas un instrument, par exemple, qui est au
niveau du Conseil du trésor où, automatiquement, toutes les
dépenses... Ça prendrait une structure très importante
pour pouvoir faire ça. Donc, quand on arrivait à des choses
où ça demandait vraiment des recherches un peu spéciales
souvent les montants ne sont pas nécessairement substantiels
on a pris la décision qu'on pouvait ignorer ces quelques montants
là parce que ce n'était pas significatif par rapport à
l'ensemble des données et qu'on n'avait pas les... C'est une question de
coûts-bénéfices, en quelque sorte.
M. Perron: Donc, c'est le SAA lui-même qui fait
cette...
M. Sirros: Exact.
M. Perron: ...comptabilité, entre guillemets. O.K.
En 1990-1991 et 1991-1992, les dépenses autochtones, toutes
catégories, sont passées de 388 888 100 $ à 469 738 800 $.
Cette hausse représente un peu plus de 80 000 000 $, soit 20 %
additionnels en une année. Il me semble qu'il s'agit d'une augmentation
énorme pour une seule année. Est-ce que le gouvernement a
l'intention de continuer à dépenser à ce rythme pour les
années à venir et pourquoi l'augmentation de 80 000 000 $?
M. Sirros: Vous avez une explication, au début de la page
du cahier. Vous avez une explication par secteur. Par exemple, vous allez
constater qu'Hydro-Québec il y a une augmentation de près de 20
000 000 $. Ces 20 000 000 $ sont des contrats pour l'entretien, par exemple, du
réseau ou pour d'autres travaux qui ont été
effectués pour le compte d'Hydro-Québec par les autochtones.
Donc, c'est des services qu'ils ont vendus, en quelque sorte, à
Hydro-Québec, et ils ont vendu pour 20 000 000 $ cette année, ou
HydroQuébec a donné 20 000 000 $ de plus à des
contractants ou des travailleurs autochtones. O.K.?
Donc, ce n'est pas des dépenses dans les programmes
gouvernementaux nécessairement. Vous allez constater que, par exemple,
santé et services sociaux, c'est 15 000 000 $ de plus. Il se peut fort
bien qu'il y ait des constructions dans ça, des dispensaires, des
agrandissements, de l'immobilisation, là-dedans. Ce ne sont pas des
montants qui reviennent à toutes les années non plus. C'est pour
ça que je disais qu'il faut vraiment utiliser ce document avec beaucoup
de prudence. Ce n'est pas un outil comptable. On ne peut pas tirer la
conclusion que ce sont là des dépenses récurrentes du
gouvernement du Québec vis-à-vis des autochtones.
M. Perron: Par contre, à certains endroits, ce ne sont pas
des montants qui sont récurrents, mais, à d'autres endroits, ils
sont récurrents. Il pourrait y avoir, par exemple, un emprunt à
long terme d'effectué, mais qui reviendrait à toutes les
années...
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: ...que ce soit au niveau du ministère de la
Justice ou au niveau d'un autre ministère, un ministère
quelconque.
M. Sirros: Vous allez remarquer, par exemple, que certaines
dépenses vont augmenter. Le ministère de l'Éducation, par
exemple, il y a probablement deux explications. Je dis
«probablement» sous toutes réserves. On pourra me corriger.
Il y a des montants affectés à l'immobilisation et pour le
fonctionnement. Quand on connaît la démographie des populations
autochtones ici, on parle surtout des Inuit, des Cris et des Naskapis
où on a des engagements contractuels de par les conventions qu'on a
signées vous avez probablement l'explication très
légitime de l'accroissement du budget en éducation, par exemple;
plus d'enfants, plus grand besoin d'espace et plus grand besoin de
fonctionnement.
M. Perron: M. le Président, si on prend le ta-
bleau que vient de mentionner le ministre... Par exemple, le
ministère de l'Éducation du Québec, en 1991-1992, 109 464
307 $ et, en 1990-1991, 90 030 343 $, ce qui fait une augmentation de 17 434
000 $, soit à peu près 20 %. C'est dû à quoi, une
augmentation comme celle-là? Est-ce que le ministre pourrait nous donner
une certaine ventilation je dis bien une certaine ventilation du
pourquoi de cette augmentation?
M. Sirros: On peut vérifier la ventilation
spécifique. Ici, on nous dit que le gros de l'augmentation touche le
fonctionnement et l'investissement des commissions scolaires cries et inuit.
Par exemple... On peut chercher le détail comme tel, mais je suis
certain qu'on va le retrouver à 2 niveaux.
Au niveau des immobilisations, y aurait-il eu des agrandissements
d'école de prévus? Je sais, par exemple, qu'à Waskaganish
on va agrandir l'école parce que, depuis je ne sais combien
d'années, ce sont des classes mobiles, etc. Afférant à
ça, il y a des résidences qu'on doit construire pour les
professeurs qui doivent vivre là-bas. Il y a aussi l'engagement pour le
fonctionnement parce que la clientèle augmente. Mais je peux chercher le
détail des montants qui vous intéressent plus
particulièrement pour vous les fournir.
M. Perron: M. le Président, avant qu'on ne termine nos
travaux, à 18 heures... Puisque le ministre a offert sa collaboration,
est-ce qu'il pourrait aussi... J'ai parlé du ministre de
l'Éducation pour la ventilation des 17 434 000 $. Est-ce qu'il pourrait
nous donner la même chose au niveau du ministère des Transports du
Québec puisqu'on parle de 8 586 000 $ additionnels, soit une
augmentation de 41 % par rapport à l'autre année, ainsi que pour
Hydro-Québec et le ministère de la Santé et des Services
sociaux?
M. Sirros: Alors, Éducation, Santé et Services
sociaux et Transports?
M. Perron: C'est ça.
M. Sirros: O.K. Je vais essayer d'avoir ça pour demain, si
c'est possible.
M. Perron: En fait, c'est une ventilation des 4 plus gros
montants qu'il y a dans le tableau qui a été fourni par le SAA:
Hydro-Québec, ministère de l'Éducation, ministère
de la Santé et des Services sociaux et MTQ.
M. Sirros: Hydro-Québec aussi? M. Perron: Oui.
M. Sirros: On va essayer d'avoir ça le plus vite possible.
Je ne peux pas vous garantir ça pour demain, mais on va faire les
efforts.
M. Perron: II y aurait peut-être aussi la SHQ.
M. Sirros: O.K.
M. Perron: Ça doit être des résidences qui
ont été construites dans le Grand-Nord, chez les Cris aussi,
probablement.
M. Sirros: Vous avez, à la page 2, déjà
quelques explications.
M. Perron: Oui. Mais vous admettrez, M. le Président, que
les explications qui sont données ne sont pas la ventilation. Je
comprends très bien que l'essentiel est là comme explication.
Mais, si je veux savoir, par exemple, ce qui reste à faire dans
le domaine routier où la route est en construction...
M. Sirros: En vous fournissant l'année prochaine, en vous
fournissant, à partir du mois de septembre, le document, comme ça
vous pourrez nous demander ça par écrit, la prochaine fois, et on
l'aura prêt. Mais là, on va vous fournir ça aussitôt
qu'on le pourra.
M. Perron: Ça va. M. Sirros: Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Alors, ça termine nos
travaux pour aujourd'hui. La commission des institutions ajourne ses travaux
jusqu'au prochain avis.
(Fin de la séance à 17 h 59)