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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Dauphin): ...si vous me permettez, nous
allons débuter nos travaux.
Le quorum étant constaté, je déclare donc ouverte
la séance de la commission des institutions, qui a pour mandat, ce
matin, de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires internationales pour
l'année financière 1993-1994.
Madame la secrétaire, à qui je souhaite la bienvenue
à nos travaux, Me Hélène Ménard, va nous annoncer
les remplacements.
La Secrétaire: II y a un seul remplacement: M. Richard
(Nicolet-Yamaska) remplace M. Gautrin (Verdun).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, tel qu'indiqué, nous avons une enveloppe de 6 heures pour
faire l'étude de ces crédits. Alors, ce matin, ce qui est
prévu, c'est de participer à ces travaux jusqu'à midi
trente. Je vous signale, évidemment, que nous avons déjà
pris 15 minutes de retard.
Alors, j'aimerais, pour commencer, souhaiter la bienvenue au ministre
des Affaires internationales, souhaiter la bienvenue, évidemment, aussi,
à son sous-ministre et son directeur de cabinet. Mais je vais lui
demander de nous présenter les personnes qui l'accompagnent. Souhaiter
la bienvenue aussi, évidemment, aux membres de l'Opposition
officielle.
M. Ciaccia: Toutes, toutes les personnes ou...
Le Président (M. Dauphin): À votre
discrétion. Peut-être pas à toutes les personnes, mais vos
principaux... du moins, ceux qui vous assistent, là, à la table.
Ensuite de ça, je vous demanderais de procéder à vos
remarques préliminaires et je demanderai la même chose au
porte-parole de l'Opposition officielle.
Alors, M. le ministre, bienvenue, et à vous la parole.
Déclarations d'ouverture M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Alors, merci, M. le Président.
Pour commencer, je voudrais présenter mes principaux
collaborateurs qui m'accompagnent. Mon sous-ministre, Renaud Caron;
sous-ministre associé, M. Cari Grenier; sous-ministre associé, M.
Denis Ricard, Paul-Émile Blouin et André Dorr, sous-ministres
associés au ministère des Affaires internationales. À
moins que vous vouliez que je nomme tous les autres... Non... Au fur et
à mesure... Parce qu'on a seulement six heures. C'est pour
ça.
Alors, M. le Président, Messieurs les députés,
c'est toujours avec plaisir que je me retrouve avec vous pour l'étude
des crédits du ministère des Affaires internationales. J'y vois,
en effet, une occasion privilégiée de faire le point sur les
faits saillants et les perspectives pour l'action internationale du
Québec.
Comme je me plais à le répéter depuis que je suis
à la tête de ce ministère, les Affaires internationales
constituent un instrument de toute première importance pour assurer le
développement économique, social, culturel et politique du
Québec. Cette conviction, qui est partagée par tout le
gouvernement actuel, s'exprime officiellement dans la politique d'affaires
internationales que j'ai rendue publique en septembre 1991, et qui nous fournit
le guide de l'action internationale du gouvernement, de ses ministères
et organismes sous l'impulsion du ministère que j'ai l'honneur de
diriger.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais formuler un commentaire
sur le cadre de nos travaux. L'Opposition officielle a exprimé le
souhait de discuter les crédits en trois parties: Commerce
international, les autres volets et les affaires francophones. Comme nous
l'avons fait l'an dernier, nous sommes tout à fait disposés
à ce que les affaires de la francophonie multilatérale soient
discutées avec le ministre délégué. Cependant, en
ce qui concerne l'autre demande de l'Opposition, j'ai l'impression que
l'Opposition officielle avait la nostalgie du passé.
Il me semble bien qu'en 1988 l'Assemblée nationale a
adopté à l'unanimité la loi 42 abolissant les
ministères des Relations internationales et du Commerce extérieur
pour créer celui des Affaires internationales. Ce faisant, on
reconnaissait une tendance internationale. De plus en plus, c'est au contenu
des échanges internationaux, et non pas seulement à leur forme,
qu'il faut s'intéresser. C'est aujourd'hui cette approche que nous
adoptons dans un contexte de mondialisation. Alors, pour nous, les affaires
internationales ne se limitent plus aux relations internationales, ne se
réduisent pas non plus au commerce, mais les deux sont intimement
interreliés. Alors, je ne voudrais pas revenir en arrière et
traiter des affaires internationales suivant des conceptions qui ne me semblent
plus adaptées aux exigences actuelles.
Alors, il me fait plaisir d'accueillir les deux représentants de
l'Opposition officielle, je suis flatté, mais je crois que nous allons
procéder en étudiant les crédits du ministère des
Affaires internationales. Naturellement, ça ne changera pas les
questions, on va être très ouverts, on va répondre aux
questions que l'Opposition va nous poser en toute ouverture, transparence. On
espère pouvoir vraiment donner toutes les informations que l'Op-
position pourrait nous demander.
En guise d'introduction à nos travaux, je voudrais rappeler
quelques faits saillants de nos activités au cours des derniers mois
avant d'évoquer certaines perspectives pour l'année qui
vient.
L'année qui vient de s'écouler a été fertile
en événements internationaux de toutes sortes dont l'impact est
souvent considérable. Le changement d'équipe gouvernementale aux
États-Unis va se traduire par des changements substantiels de politiques
dans divers domaines.
L'intégration européenne se poursuit, non sans devoir
surmonter des difficultés imprévues et dont certaines en
Allemagne, notamment sont étroitement liées à
l'évolution de l'Europe de l'Est.
Le ralentissement économique affecte même le Japon qui,
malgré son surplus commercial record, réduit ses investissements
à l'étranger.
On observe des évolutions très importantes dans la vie des
entreprises, que ce soit pour IBM ou Mercedes, qui procèdent à
des rationalisations entraînant des mises à pied massives, qui
revoient leurs stratégies corporatives et recherchent des alliances
commerciales qui vont leur permettre de soutenir la concurrence et de s'adapter
aux exigences de la mondialisation. on note aussi une progression
inquiétante du chômage, 30 000 000 dans les pays de l'ocde, et des
taux de chômage avoisinant souvent les 10 %, ce qui représente
plus de 3 000 000 de chômeurs dans des pays comme la france et le
royaume-uni. il n'est pas étonnant, dans ce contexte, que l'on recherche
les moyens de relancer les échanges aussi bien à travers les
négociations du gatt que dans la mise en place de structures
régionales.
Je ne veux pas m'étendre sur ces questions, mais je dois, au
départ, en souligner toute l'importance pour le développement du
Québec. Nous vivons désormais dans un monde
d'interdépendance, dans un village international. Nous devons tenir
compte de ces exigences pour définir nos politiques industrielles, nos
politiques culturelles, notre politique de formation et même notre
politique sociale. Voilà pourquoi l'un des mandats les plus importants
de notre ministère va consister, de plus en plus, à suivre ces
développements internationaux pour en analyser l'impact pour le
Québec et son développement. C'est une fonction exigeante qui ne
fait pas de bruit, mais qui peut nous fournir certaines des clés de
notre succès futur. C'est peut-être l'un des services les plus
importants que le ministère peut et doit rendre aux
Québécois. C'est déjà dans cette perspective que
nous travaillons depuis la publication de la politique.
Nous avons, évidemment, continué d'accorder la
priorité aux activités et aux projets qui contribuent au
développement économique du Québec. D'abord, en
poursuivant nos efforts pour contribuer à la libéralisation
ordonnée des échanges internationaux, aussi bien dans le cadre
des négociations de l'Uruguay Round que dans celles de l'ALENA. Nous
avons eu l'occasion de faire appel, avec un succès que je
considère remarquable, au mécanisme de règlement des
différends commer- ciaux dans le cadre de l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis. Le Bureau des investissements
étrangers a été effectivement mis en place et
confié à un sous-ministre associé, M. André Dorr,
dont la compétence et l'expertise sont bien connues. Avec le concours
des ministères qui peuvent mieux identifier les besoins prioritaires
à combler, nous allons pouvoir ainsi conduire une action plus
structurée pour attirer des investissements étrangers permettant
de renforcer notre structure industrielle et technologique et de nous donner
accès à des marchés étrangers prometteurs. Au
moment où l'épargne mondiale se fait rare et les besoins
pressants, cette démarche comporte des exigences considérables.
C'est pourquoi j'y attache personnellement une attention toute
particulière. (10 h 20)
Nos effets de promotion commerciale se sont poursuivis très
activement sur le continent nord-américain, mais également en
Europe, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique de l'Ouest. Nous avons connu des
succès sur lesquels je reviendrai. Les difficultés que
connaissent plusieurs entreprises les ont conduites à faire un appel
plus poussé à nos programmes de soutien à l'exportation
ainsi qu'à ceux des autres ministères et à la SDI. Nous
avons modifié notre programme APEX pour l'ouvrir à des projets
spéciaux d'envergure et pour faciliter l'action de nos entreprises sur
certains nouveaux marchés, comme en Europe centrale, par exemple.
Nous avons poursuivi, également, nos efforts pour aider à
l'identification de réseaux de distribution, notamment aux
États-Unis; nous avons encouragé les entreprises à aborder
les marchés internationaux aussi bien dans leur préparation au
Québec que par l'action de nos délégations à
l'étranger. Nous assurons la prise en compte des divers volets de la
dimension internationale: investissements, développement technologique,
alliance avec des entreprises étrangères, promotion des
exportations.
La part croissante des biens et services à haute valeur
ajoutée dans les échanges internationaux confère une
importance grandissante aux échanges scientifiques et technologiques
entre équipes et centres d'excellence. Aux échanges qui se sont
poursuivis avec la France et les États-Unis se sont ajoutés ceux
avec l'Allemagne et l'Italie. En outre, grâce aux nouveaux crédits
obtenus à cette fin suite à la politique, l'action
concertée avec le fonds d'aide à la formation des chercheurs et
à la recherche a permis de lancer 14 nouveaux projets dans les secteurs
prioritaires identifiés par la politique, par exemple les nouveaux
matériaux et la biotechnologie. Nous espérons voir certains de
ces projets déboucher sur des développements technologiques dont
profiteront les entreprises québécoises.
Dans le domaine de la culture, des communications et de la langue, les
efforts de diffusion culturelle ont privilégié les marchés
français, ceux de certains autres pays européens et certaines
régions des États-Unis.
Les projets concernant les technologies de l'information sont
renforcés, notamment avec la France. Notre
appui au renforcement du potentiel de création et de diffusion
audiovisuelles francophones s'est manifesté dans notre soutien à
TV5.
Dans le domaine des ressources humaines, nous contribuons, par notre
réseau de délégations, au recrutement et à la
sélection des immigrants. Nous collaborons avec le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science pour contribuer à la
formation avancée d'étudiants étrangers, en favorisant la
venue d'étudiants en provenance de pays avec lesquels nous souhaitons
développer des rapports suivis, et notamment avec certains pays
industrialisés. Les échanges de jeunes se sont poursuivis dans
une perspective axée davantage sur la formation.
Dans le domaine social, les échanges ont visé et
renforcé notre capacité à traiter certaines questions en
profitant des expériences étrangères. Ces échanges
ont contribué également à promouvoir notre expertise en
Amérique latine, en Afrique et auprès d'organismes internationaux
de financement.
En matière d'environnement, le Québec et le Canada ont
participé activement aux négociations de l'Agenda 21, la
convention sur les changements climatiques et de la convention sur la
biodiversité, auxquelles il a signifié son adhésion par
décret, en novembre 1992. Il a également participé aux
travaux de la conférence de Rio, il a apporté son appui à
la mise en place d'un volet international à la Société
québécoise d'assainissement des eaux.
Dans le domaine du rayonnement, qui regroupe les activités dont
l'objectif est de faire connaître les éléments clés
de la réalité du Québec à l'étranger, des
démarches systématiques ont été entreprises
auprès des milieux décideurs et influents de nos principaux
partenaires étrangers, aussi bien lors de visites ministérielles
que par l'action de nos délégations.
Et nos activités ne se limitent pas aux échanges
commerciaux. Nous avons une approche globale, comprehensive, qui inclut le
secteur économique, le secteur industriel, le secteur culturel. Sur mes
missions, j'insiste toujours d'avoir des représentations et des
représentants des institutions universitaires, des institutions
gouvernementales et du secteur culturel. Et l'objectif, c'est de faire
connaître la société québécoise à
travers le monde. Nous sommes une société majoritairement
francophone avec une communauté anglophone importante et avec des
communautés culturelles, et tous ensemble, nous travaillons pour le
bien-être du Québec et nous apportons une approche et un message
uniques. L'importance et le mandat que je me donne, c'est de faire
connaître le modèle québécois de la
Révolution tranquille à aujourd'hui, le développement de
secteurs d'excellence, tant dans le domaine économique que culturel, le
développement des institutions gouvernementales. Et comment ce
modèle peut-il aider d'autres pays? Comment notre expérience
peut-elle être utilisée par ces pays? C'est le genre de
discussions que je tiens avec mes interlocuteurs, avec les ministres des
Affaires étrangères de différents pays, avec d'autres
représentants de ces gouvernements; l'objectif, c'est de faire
connaître le
Québec et d'inviter ces différents représentants
d'autres pays à collaborer, à mieux comprendre le Québec,
pour une meilleure compréhension mutuelle.
Dans le domaine des relations intergouvernementales et
institutionnelles, les missions ministérielles et l'accueil de nombreux
représentants de gouvernements étrangers et d'organisations
internationales nous ont permis de renforcer nos rapports centrés sur
des enjeux majeurs d'intérêt commun. Plusieurs ententes ont
été signées, certaines de portée
générale, d'autres sur des sujets plus spécifiques, comme
les ententes de sécurité sociale, par exemple.
Vous me permettrez de souligner un développement important: le
ministère a innové en devenant, avec l'accord du gouvernement
fédéral, participant au programme sur l'avenir à long
terme de l'OCDE. Nous avons ainsi la possibilité de participer à
des travaux sur des questions majeures intéressant plusieurs pays
comme les politiques d'infrastructures, les problèmes du chômage
structurel en plus d'avoir accès aux données et à
des groupes d'experts internationaux. Ce geste important illustre bien notre
façon pragmatique, discrète et efficace de conduire les affaires
internationales.
Vous me permettrez de terminer cette évocation sommaire d'une
partie de notre action en soulignant un aspect administratif de l'action du
ministère. Pour assumer le nouveau mandat qui lui a été
confié lors de sa création en 1988, le ministère a mis en
place un processus de programmation qui permet d'intégrer non seulement
ses propres activités, mais aussi les divers volets des activités
internationales des ministères et organismes. Nous avons réussi
ainsi à orienter l'ensemble des activités et des ressources en
fonction des orientations des prioriétés identifiées par
le gouvernement dans la politique. Il s'agit, à mes yeux, d'un
progrès, et nous sommes heureux d'avoir mis en place cette
programmation, spécialement dans une période budgétaire un
peu contraignante, qui a été nécessitée par les
circonstances que nous connaissons tous.
Je voudrais brièvement faire état de certaines
activités que j'ai conduites personnellement au cours des derniers mois.
Sans revenir sur certains dossiers que nous avons eu l'occasion de traiter, par
ailleurs, comme c'est le cas pour la commission parlementaire qui a
débattu de l'ALENA, je voudrais évoquer certaines missions que
j'ai effectuées dans plusieurs pays et qui ont permis à plusieurs
entreprises québécoises, à des universitaires et à
des représentants culturels de développer de façon
significative leurs activités internationales. Dans plusieurs cas, des
contrats ont été signés, dans d'autres, les perspectives
sont extrêmement prometteuses; dans tous les cas, j'ai pu rencontrer des
responsables de haut niveau dans plusieurs champs d'activité et leur
présenter de façon réaliste les éléments
clés de la réalité politique, économique,
culturelle et sociale du Québec.
Alors, le 6 mai, il y a eu une mission commerciale en Israël, du 9
au 15 mai, accompagnée d'une dizaine de représentants de
compagnies québécoises dans
les secteurs des télécommunications, de
l'aéronautique, de la haute technologie, des produits
sécuritaires et de biotechnologie, ainsi que des représentants du
secteur culturel du Québec.
Au mois de juin, le Sommet de la Terre, à Rio, du 10 au 14 juin:
participation à la conférence des Nations unies sur
l'environnement et le développement.
Septembre 1992: mission en Espagne, du 2 au 9 septembre, à
Madrid. Rencontre des investisseurs potentiels d'importance; participation aux
activités d'Expo 92, dans le cadre de la Journée du
Québec.
Mission économique du 25 janvier au 9 février, en Egypte,
au Qatar, en Italie, au Royaume-Uni, accompagnée d'une quinzaine de
représentants du milieu des affaires, des investisseurs, afin de faire
valoir l'expertise québécoise dans les secteurs des
télécommunications, de l'énergie, de l'industrie et du
commerce.
Mission économique en Chine, du 19 février au 2 mars,
accompagnée de neuf sociétés québécoises,
afin de faire valoir l'expertise québécoise dans les domaines de
l'énergie et des télécommunications; et mission aux
États-Unis, au Mexique et en Colombie, du 18 mars au 1er avril, pour des
discussions avec les communautés d'affaires des retombées de
l'ALENA avec des représentants de 36 sociétés et
représentants québécois. (10 h 30)
Je m'en voudrais de ne pas signaler l'apport important de plusieurs
représentants des communautés culturelles au développement
de nos affaires internationales. J'ai pu le constater lors de certaines
missions; je me réjouis de constater que certaines entreprises,
particulièrement actives à l'étranger, ont adopté
une politique qui fait appel à des membres de ces communautés
pour renforcer leurs relations avec certains pays. Cela a un avantage dont le
Québec pourra tirer des avantages croissants.
Je terminerai cette rétrospective en rappelant certains
résultats du commerce international du Québec au cours des
derniers mois. Suivant les données préliminaires du GATT, pour la
première fois depuis 1988, le taux de croissance du commerce mondial
s'est accéléré en 1992 et, malgré un ralentissement
au dernier semestre, pourrait dépasser 4,5 % en volume, soit 5 % de plus
qu'en 1991. en valeur, les échanges mondiaux de marchandises atteignent
3 700 000 000 000 $. les échanges de services commerciaux sont
estimés à 960 000 000 000 $, soit une hausse de 8 % par rapport
à 1991. les données préliminaires concernant les
échanges internationaux de marchandises du québec font
état d'exportations d'une valeur de 27 200 000 $ contre 25 800 000$ en
1991, pendant que nos importations passaient de 27 600 000 $ en 1991 à
28 000 000 $ en 1992. nos exportations, qui ont progressé de 5,3 %,
croissent plus vite que notre pib. on voit par là toute l'importance
qu'il convient d'attacher au développement d'un cadre qui favorise la
libre circulation des biens et des services.
Au cours de l'année qui vient, nous allons poursuivre nos efforts
suivant les orientations, les objectifs et les priorités que j'ai
formulés dans la politique d'affaires internationales. Nous allons
attacher une importance accrue à la connaissance et à l'analyse
de la réalité internationale à la fois pour en
dégager les conséquences sur le développement du
Québec et pour saisir les opportunités qu'offre la scène
internationale. La contribution de nos délégations est
particulièrement importante à cette fin, tout comme les missions
ministérielles. C'est dans la même perspective que se situent
plusieurs collaborations avec des organisations internationales ainsi qu'avec
des institutions qui travaillent sur les conséquences de
l'évolution internationale.
Comme je l'ai indiqué en commission parlementaire, nous
continuerons à rechercher les retombées maximales de l'entente du
libre-échange avec les États-Unis et de l'ALENA, et nous suivrons
activement la poursuite des négociations de l'Uruguay Round du GATT.
Nous sommes préparés à participer activement à la
défense des intérêts québécois dans tout
différend commercial qui pourrait surgir. Notre expertise s'est
renforcée à cet égard.
Nous allons poursuivre nos efforts systématiques pour attirer au
Québec des investissements visant à renforcer notre
capacité industrielle et technologique. Nous allons poursuivre notre
concertation avec les leaders québécois pour les appuyer dans
leur action à l'étranger. Elle prendra de plus en plus la forme
d'alliance avec des partenaires étrangers. Les entreprises reconnaissent
qu'il s'agit là d'un défi difficile, mais qui représente
souvent le meilleur moyen de développer notre présence soutenue
et rentable sur les marchés extérieurs. Nous allons fournir des
efforts supplémentaires pour sensibiliser les entreprises capables
d'exporter à l'importance d'agir sur les marchés
extérieurs pour assurer leur développement. Des moyens nouveaux
sont prévus à cette fin.
De même, nous allons continuer à promouvoir
l'élaboration de projets de coopération entre équipes et
centres d'excellence du Québec et des pays avancés. Nous allons
encourager l'insertion d'étudiants avancés et de stagiaires dans
ces projets.
Dans un autre ordre d'idées, nous allons intensifier nos efforts
sur le continent nord-américain, aussi bien auprès de la nouvelle
administration qu'auprès de nos interlocuteurs des milieux financiers,
industriels, universitaires et culturels. Le plan d'action
Québec-Mexique devrait conduire à des développements
substantiels de nos affaires avec ce partenaire. Les perspectives ouvertes lors
de ma récente mission en Amérique latine sont également
tout à fait prometteuses.
Le continent européen représente le deuxième
pôle de nos rapports internationaux. Conformément aux orientations
de la politique, nous allons poursuivre nos rapports privilégiés
avec la France en continuant à les centrer sur des enjeux aussi
importants que la coopération économique, technologique et
scientifique, le développement des industries culturelles, la formation.
Nos rapports avec l'Allemagne, le Royaume-Uni, les différents
partenaires de Belgique, l'Italie, les pays nordiques continuent à
s'adapter aux nouvelles exigences. Les
échanges économiques et technologiques, certains projets
culturels, la progression du tourisme témoignent bien de leur dynamisme.
Nous allons poursuivre nos efforts avec les pays d'Europe centrale. Nous sommes
en présence d'une nouvelle situation, qui évolue rapidement et
qui comporte des exigences particulières auxquelles nous tentons de nous
adapter pour appuyer nos entreprises qui veulent y oeuvrer, notamment en
Hongrie, en Pologne et dans les républiques tchèque et
slovaque.
Le continent asiatique représente l'un des pôles les plus
dynamiques dans l'évolution internationale actuelle. Nos échanges
ont progressé. En tenant compte des particularités de certaines
difficultés qu'on peut rencontrer dans cette région, nous allons
continuer d'y rechercher des investissements, des partenariats et d'y
développer des marchés que certaines de nos entreprises ont
commencé à percer. Les missions que moi-même et certains de
mes collègues avons effectuées nous permettent d'espérer
des développements significatifs, notamment avec la Corée et le
Viêt-nam. Là encore, une présence soutenue est la
clé de nos succès, et nous poursuivrons nos efforts en
conséquence.
Nous avons réussi à effectuer quelques percées au
Moyen-Orient. En Afrique, nous devons composer avec vine situation souvent
difficile, et nous sommes tributaires des sources de financement canadiennes et
internationales qui ne sont plus en croissance. Je crois important de souligner
que nous n'avons pas réduit notre appui à la formation
d'étudiants dont une large proportion vient He ce continent.
L'année 1993 marquera, pour la francophonie, une autre
étape importante avec la tenue, prévue à l'île
Maurice, de la conférence des chefs d'État et de gouvernement.
Mon collègue, Guy Rivard, pourra revenir sur le sujet. Je veux
simplement signaler aujourd'hui que les efforts que nous consacrons au
développement de la francophonie, autour des enjeux qui concernent son
avenir, représentent toujours une part importante de notre budget
d'activité. Et je n'ai pas besoin d'ajouter que la contribution du
Québec n'est pas moins significative en termes de projets.
M. le Président, je pourrais développer longuement sur nos
perspectives d'action. Je suis toujours frappé de l'ampleur et de la
variété des préoccupations, des projets, des
activités en matière d'affaires internationales. Je voudrais
profiter de cette occasion pour saluer publiquement l'expertise
diversifiée sur laquelle je peux compter à l'intérieur du
ministère et dans son réseau de délégations
à l'étranger. Je ne crains pas d'affirmer que cette expertise
sera considérée comme l'une des plus précieuses dans les
prochaines années. Voilà pourquoi le gouvernement a tenu à
conserver à ce ministère sa capacité d'action, tout en lui
demandant également de rationaliser ses opérations.
Je voudrais donc, en terminant cette première intervention, dire
un mot sur le budget des Affaires internationales, pour l'exercice financier
1993-1994, ainsi que sur les éléments clés du budget du
ministère.
Du point de vue budgétaire, les ressources finan- cières
pour les actions proposées représentent au total quelque 227 500
000 $. Ce montant comprend le budget du ministère des Affaires
internationales, soit 125 300 000 $ en chiffres arrondis et 102
200 000 $ consacrés aux activités internationales par les autres
ministères et organismes.
En terminant, j'aimerais souligner toute l'importance que les Affaires
internationales sont appelées à prendre au cours des prochaines
années. Les formidables percées réalisées en
matière de télécommunication ont rapproché tous les
pays les uns des autres, et ces percées continuent à
s'épandre, pas seulement par la parole et l'image, mais aussi au niveau
des facilités commerciales: les paiements électroniques, les
livraisons Juste à temps, les ordinateurs interactifs. Ce
rétrécissement de la planète est un défi pour les
gouvernements dans le sens qu'ils se doivent de faciliter la tâche des
entreprises et des institutions académiques et, aussi, des
créateurs artistiques pour qu'ils se mesurent à cette
compétition internationale. Les moyens dont on dispose doivent
être redirigés en conséquence, et j'espère que cette
journée permettra de montrer comment le ministère s'adapte
à ces nouvelles circonstances.
M. le Président, je vous remercie et je remercie l'Opposition
officielle de ne pas m'avoir interrompu. Je sais que j'ai dépassé
un peu mon temps, mais je vous remercie pour votre patience.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
des Affaires internationales, pour vos remarques préliminaires.
Maintenant, je vais reconnaître le porte-parole de l'Opposition
officielle, en l'occurrence, pour débuter, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques. Et si j'ai bien compris Stéphane
tantôt, c'est qu'un peu plus tard, dans l'après-midi, on permettra
à M. le député de Bertrand de faire également des
remarques préliminaires.
Alors, maintenant, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, à vous la parole.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je vous dirai: «Chou
kran». À mes collègues parlementaires, je dirai:
«Misses-el reir», et au ministre: «Shalom aleichem».
Ces quelques mots en arabe, afin de lui offrir toute mon aide dans sa
compréhension de cette langue au moment où il fait la lecture des
journaux du Moyen-Orient et, quelquefois, il lit des choses qui ne sont pas
publiées. (10 h 40)
M. le Président, me voici de nouveau puisque je l'ai
déjà assumé porte-parole de l'Opposition en
matière de relations internationales. Je dis bien relations
internationales. Il ne s'agit pas de nostalgie chez nous, mais bien le
résultat d'un constat d'échec quand on regarde et qu'on entend ce
qui vient de se dire. Donc, il me fait grand plaisir d'être ici avec vous
et de participer à cette étude de crédits.
Comme tout le monde ici le sait, le ministère des Affaires
internationales a été créé en 1988 dans le but,
d'abord, d'analyser l'évolution de la situation internationale et
d'en évaluer l'impact pour le Québec. Puis, dans un
deuxième temps, le ministère a aussi pour mission d'organiser et
de coordonner l'action du gouvernement du Québec à
l'étranger. Voilà en quoi consiste l'essentiel de son mandat.
Trois ans après sa création, soit en septembre 1991, le
ministre dévoilait enfin les grandes lignes de la nouvelle politique
gouvernementale dans le domaine des relations internationales. Il publiait,
cette année-là, un énoncé de politique qu'il a
intitulé: «Le Monde pour horizon: Éléments d'une
politique d'affaires internationales». Cette publication se voulait le
fruit d'une profonde réflexion de la part du gouvernement en termes de
relations internationales. Comme il s'agit d'une réflexion qui se veut
globale, comme le ministère y fait mention à plusieurs reprises
dans son dernier rapport annuel, vous me permettrez, M. le Président, de
faire porter une partie de ma première intervention sur cet
énoncé politique qui résume les fondements de la politique
du gouvernement.
Quand on prend connaissance de ce document, on a envie de se demander:
Mais quelle est donc la politique du Québec en matière
internationale? La vérité, M. le Président et c'est
triste à dire pour les gens comme nous, de l'Opposition, qui croyons que
le Québec a un rôle à jouer sur la scène
internationale eh bien, la triste vérité, c'est que le
Québec n'a toujours pas de politique internationale, à l'heure
actuelle.
En avant-propos de ce document, le ministre écrivait que, et je
le cite: «...aucun gouvernement ne saurait exercer ses
responsabilités internes de façon efficace sans prendre en compte
la dimension internationale...» Eh bien, qu'est-ce que cette
déclaration veut dire, en fait? Elle signifie que, ce qui nous tient
désormais lieu de politique extérieure, c'est une politique
intérieure qui en certains domaines, et ce, avec une incidence
variable se prolonge d'un volet international. Au fond, qu'est-ce que le
gouvernement a fait lors de la conception de sa politique internationale? Eh
bien, il a puisé dans sa liste de politiques internes, en prenant les
activités les plus importantes à ses yeux, et il a dit: Dans ces
domaines très importants pour nous, il nous faudra tenir compte de la
conjoncture internationale sur les politiques internes du Québec.
Telle est, désormais, la politique du Québec en
matière internationale.
Ce que nous disons, nous de l'Opposition, c'est que la politique
internationale du Québec ne saurait se résumer en un prolongement
de notre politique intérieure. Le problème, M. le
Président, c'est que dans l'actuelle politique du gouvernement, il n'y a
presque rien qui soit spécifiquement international. Or, en quoi
ça consiste, une véritable politique internationale? Eh bien,
ça consiste justement à dire ce qui, dans les relations
internationales, dans cet environnement spécifique, est avantageux ou
désavantageux pour le Québec. Et, à partir de là,
il faut se poser la question suivante: Qu'est-ce que le Québec peut et
doit faire afin de bâtir et préserver un environnement
international qui lui soit le plus favorable possible? C'est ça, une
véritable politique internationale, et ce à quoi on devrait
s'attendre à la lecture du document: «Le Monde pour
horizon». Malheureusement, force m'est d'admettre que ce n'est pas le
cas.
Essentiellement, dans cet énoncé de politique, le
gouvernement actuel trace les grandes lignes qui sous-tendent son action
internationale. D'emblée, on nous annonce que le Québec renonce
à toute action en ce qui concerne les grands enjeux internationaux
comme les équilibres politiques, les équilibres
stratégiques et les différends commerciaux qui
déterminent pourtant, en grande mesure, la politique mondiale. Au lieu
de ça, le gouvernement réduit son champ d'action à
quelques domaines-cadres où il entend intervenir. Il s'agit de
l'économie, de la science et de la technologie, de la culture, de la
langue et des communications, des ressources humaines, des affaires sociales et
de l'environnement, du rayonnement et, finalement, des relations
intergouvernementales, domaine qui vient en dernier lieu, et ce n'est
sûrement pas dû au hasard.
À partir de là, le ministère réduit encore
son champ d'action en dressant une liste de cinq objectifs prioritaires dans
ses interventions, à savoir l'économie, la coopération
scientifique, le développement technologique, le développement
des ressources humaines et, en dernier lieu, le développement
culturel.
Qu'en est-il du niveau économique, par exemple? Dans ce domaine,
le document du ministère nous révèle que la politique
gouvernementale consistera à financer la dette, à soutenir le
commerce international, à chercher un apport international en ce qui a
trait au développement industriel et à s'occuper du tourisme.
Dans ces trois thèmes, prenons d'abord le commerce international.
Dans ce domaine, les grands enjeux internationaux, comme les accords du
libre-échange et le GATT, relèvent de la compétence du
gouvernement fédéral. Tout ce que le Québec peut faire,
c'est dans le cadre traditionnel des relations
fédérales-provinciales faire pression sur le
fédéral, afin que les positions canadiennes tiennent compte des
intérêts québécois. À part ça, c'est
clair, le Québec est absent.
Ceci étant dit, revenons maintenant aux trois autres enjeux
économiques dont fait mention le document. Qu'est-ce que le financement
de la dette, le tourisme, le développement industriel ont de
spécifiquement international, au point d'occuper une place si importante
dans la politique extérieure du Québec?
Il est évident que le Québec va financer sa dette sur le
marché international. Il va de soi qu'une politique de
développement industriel doit rechercher des investisseurs
étrangers, mais ces champs d'action appartiennent avant tout au domaine
de la politique économique interne d'un État. Le gouvernement du
Québec emprunte depuis très longtemps sur le marché
international, et on n'a jamais eu besoin de créer un ministère
des Affaires internationales pour cela. D'ailleurs, quand Jean Lesage a
créé le ministère des Affaires intergouvernementales,
l'ancêtre du ministère des Affaires internationales, ce
n'était pas pour ouvrir un compte de banque en Suisse
ou à New York.
Au niveau industriel, maintenant, le Québec a toujours
recherché les investissements internationaux. Les ministères
à vocation économique n'ont pas attendu la publication de la
politique du ministère des Affaires internationales pour s'occuper de ce
genre de dossier. Ils savaient déjà, eux, que toute bonne
politique interne doit tenir compte des dimensions internationales.
Et qu'en est-il du tourisme? Voici un autre élément qui
n'a pas, ici, sa place. N'importe quel ministère du Tourisme de
n'importe quel pays agissant avec le minimum de bon sens va
nécessairement tenter d'attirer dans son pays une clientèle
touristique internationale. Il va donc organiser des stratégies en
conséquence. Pas besoin de la tête à Papineau pour
comprendre cela. Est-ce qu'il y a quelqu'un dans cette salle qui a
déjà lu quelque part que le tourisme constituait un des
éléments clés de la politique internationale des
États-Unis ou de la France? Pourtant, il s'agit de deux pays qui, dans
le monde, attirent le plus le tourisme chez eux. Il faut croire que le tourisme
constitue un des objectifs prioritaires du gouvernement, car il semble avoir
décidé d'en faire un des fers de lance de sa politique
extérieure. Évidemment, ça peut sembler loufoque, mais des
exemples comme celui-là, l'énoncé politique du
ministère en ?st plein.
Prenons le cas de la formation de la main-d'oeuvre, qui est
également un des objectifs de la politique 'nternationale du
Québec. Dans le document du ministè-'e, on peut lire, et je cite:
«La formation constitue l'un les leviers les plus puissants pour assurer
le développement économique de toute société [...]
plusieurs sociétés ;'appuient sur leurs échanges
internationaux pour enrichir et diversifier la formation supérieure de
leurs ressources humaines...» C'était à la page 95 de votre
docu-nent. Par rapport à cet énoncé, deux constats
s'imposent. D'abord, avant de penser à faire des échanges
internationaux dans le domaine de la formation de la .nain-d'oeuvre, il
faudrait peut-être qu'on ait quelque chose à échanger. Or,
le ministère reconnaît lui-même qu'au Québec l'effort
consenti en matière de formation ast plus faible que celui de tous nos
principaux partenaires économiques, un des plus bas des pays de l'OCDE.
Avant de penser à établir un volet international à sa
politique de main-d'oeuvre, le gouvernement devrait oeut-être penser
à doter le Québec d'une politique de oiain-d'oeuvre qui
fonctionne ici et qui permettrait de recycler les nombreux chômeurs
québécois, tout en leur redonnant confiance et espoir. (10 h
50)
De toute façon, pour ce qui est des aspects inter-îationaux
touchant la formation de la main-d'oeuvre, il serait surprenant que le
gouvernement réussisse quoi que ce soit dans ce domaine: il n'est
même pas capable d'en venir à une entente avec le gouvernement
fédéral. Le gouvernement devrait faire acte d'humilité et
ne pas avoir les yeux plus grands que la panse: commencer par faire fonctionner
notre politique de main-d'oeuvre à l'intérieur de la
Fédération canadienne avant de commencer à l'exporter
à l'extérieur.
Le cas échéant, le ministre pourrait toujours commencer
à penser à développer un volet international à la
politique de fédéralisme renouvelé que son gouvernement
défend avec la ferveur d'un prêcheur dans le désert. Vous
savez, le récent cas de la Tchécoslovaquie est un exemple dont
pourrait s'inspirer le gouvernement. Pour ce faire, vous n'auriez qu'à
donner un mandat en ce sens à notre nouvelle délégation,
là-bas.
Le ministère faisait remarquer, dans son dernier rapport annuel,
que le Québec est un des seuls gouvernements du monde qui publiait ainsi
un document aussi explicite sur sa stratégie et sa politique
internationales. Quand on a lu cela, M. le Président, on comprend qu'il
n'y avait rien à cacher: les prémisses diplomatiques de la
politique québécoise, elles, sont encore à
définir.
Lors de mes réunions préparatoires avec mes conseillers en
matière internationale, on en était même à se
demander de quoi on allait pouvoir discuter durant cette étude de
crédits. De tout, peut-être, sauf des sujets spécifiquement
internationaux. Nous ne voudrions pas, cependant, de ce côté-ci de
la Chambre, ne pas rendre à César ce qui appartient à
César redde Caesari quae sunt Caesaris. Même s'il ne parle
pas de politique internationale, il faut reconnaître que le document du
ministère est quand même plein de bonnes intentions. Lors de la
conception de la politique du gouvernement, je suis sûr que personne n'a
voulu mal faire au ministère des Affaires internationales.
Personnellement, je suis convaincu que, si tout ce qui est écrit
là-dedans se réalisait, ce serait certainement un plus pour le
Québec, même si on n'avait toujours pas de politique
internationale.
Le problème, c'est que comme le dit toujours le dicton
l'enfer est parfois pavé de bonnes intentions. Sans aller
jusqu'à prétendre que ce soit le cas pour le ministère des
Affaires internationales, l'Opposition tentera, ici, de vérifier si les
bonnes intentions du ministère se sont réalisées, ou si,
comme plusieurs éléments tendent à le laisser croire,
elles sont restées lettre morte.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques, pour vos remarques
préliminaires.
Maintenant, M. le ministre, vous avez des commentaires à
faire?
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, avant d'aller sur le
fond des remarques, des critiques de l'Opposition officielle... Au début
de votre intervention, vous avez mentionné que je faisais des
commentaires sur des choses qui n'avaient pas été publiées
au Moyen-Orient. Je regrette, mais elles l'ont été,
publiées, et quand ma délégation qui comprenait des
francophones, des anglophones et des représentants des
communautés culturelles a lu dans le journal, où nous
étions, qu'on pouvait faire l'indépendance seulement avec la
majorité
francophone, ils ont été très insultés; et
lisez le journal de Caracas, au Venezuela, qui est encore plus explicite.
Alors, ma réaction, je pense qu'elle a été une
réaction normale de quelqu'un qui a senti qu'il n'était pas
inclus dans la perception de la société québécoise
du chef de l'Opposition, et j'ai réagi aux propos que j'ai lus dans le
journal en Egypte et, si vous lisez... je peux vous envoyer une copie
d'ailleurs, j'en ai envoyé une copie, à l'Opposition. Le journal
de Caracas, il était encore plus insultant...
M. Boulerice: ... lu dans Al Ahram, par exemple.
M. Ciaccia: ...ils étaient plus insultants.
Non, vos remarques en arabe, non, elles ne sont pas insultantes, mais le
contenu, dans le journal d'Égyp-te, l'était; et, tenant compte de
ce qui se passe avec toutes les minorités ethniques dans le monde
entier, je crois que ça n'était pas le bon message à
envoyer par un chef de l'Opposition du Québec.
En ce qui concerne la politique des Affaires internationales, nous avons
réussi ce que le gouvernement de l'Opposition n'a pas réussi,
c'est-à-dire une politique d'affaires internationales qui a
été approuvée par le gouvernement et tous les milieux
concernés. On n'a pas seulement pondu cette politique en vase clos, en
un vacuum. On a consulté le secteur culturel, le secteur des affaires,
le secteur universitaire, et ils étaient tous très d'accord avec
cette politique. De plus, certaines entreprises ou groupes se sentent bien
servis par ce document et ils l'ont non seulement approuvé, mais ils
nous ont félicités non seulement de les avoir consultés,
mais d'avoir développé une telle politique.
Seulement quelques affirmations que vous avez faites: vous dites que la
politique, c'est un prolongement de la politique interne. Je ne crois pas que
vous l'ayez comprise. C'est exactement l'opposé. Nous analysons ce qui
se passe dans les courants internationaux, dans tous ces différents
secteurs, et nous devons réagir. Alors, la critique de l'Opposition est
basée sur une conception dépassée de la diplomatie. On a
l'impression que tout le monde a évolué la façon de
faire le commerce, la façon de faire les relations internationales, la
façon d'avoir des activités internationales sauf
l'Opposition. Elle semble encore se tenir à des concepts un peu
dépassés. Quand vous parlez du GATT et de l'ALENA, naturellement,
vous prêchez votre politique d'indépendance. Mais, moi, je vous
dis que ce n'est pas notre politique, à nous. Oui, c'est le gouvernement
fédéral qui négocie le GATT et l'ALENA, mais il le fait
avec la collaboration, avec les positions qui sont développées
par le Québec, en étroite collaboration, et les
intérêts du Québec sont entièrement
protégés. Et même, je dirais qu'en tenant compte et en
tirant avantage du fait que c'est le Canada qui représente un des pays
du Groupe des Sept ça nous permet d'avoir une force additionnelle.
Alors, je ne peux pas accepter cette critique que le Québec est absent.
Nous ne sommes pas absents. Puis, regardez seulement ce qui se passe avec
l'ALENA: non seulement nous ne sommes pas absents, c'est nous qui prenons le
leadership. C'est nous qui dirigeons et qui, vraiment, donnons l'orientation et
la direction de l'appui de l'ALENA pour l'Amérique du Nord.
En ce qui concerne le tourisme, je ne pense pas que c'est vraiment
sérieux, votre critique. Le tourisme ne fait pas partie d'une politique
extérieure. Premièrement, la politique extérieure, c'est
le gouvernement fédéral qui l'a. Ce n'est pas le gouvernement du
Québec ni le gouvernement de l'Ontario, et on accepte ça.
Ce que l'Opposition ne peut pas réaliser ou accepter, c'est
qu'aujourd'hui on n'a pas besoin d'être un État souverain pour
être présent et actif dans les activités, dans les
relations et les activités internationales. Ça, c'est quelque
chose d'il y a 50 ans, 20 ans. Le monde a évolué. On peut faire
tout ce que nous avons besoin de faire, incluant des ententes avec d'autres
pays. Normalement, vous dites: II faut être souverain. Non, il ne faut
pas être souverain pour faire une entente avec la France, avec la
Colombie, avec le Mexique, avec l'Italie, avec tous les autres pays avec qui
nous voulons avoir des relations. Et le fait et je le
répète qu'on fasse partie du Canada, ça nous donne
une force additionnelle. Ça nous permet de faire des choses qu'on ne
pourrait pas faire, autrement.
Dans le tourisme, le mandat du MAI de diriger toute l'action
gouvernementale, ce n'est pas que le tourisme fait partie d'une politique
extérieure. Et on dirige toute l'action gouvernementale à
l'étranger: c'est là la différence entre une politique de
relations internationales et une politique d'affaires internationales. Et c'est
ça qu'on fait: les deux. Non seulement on s'occupe des relations
internationales, mais on fait aussi... dans cette politique de relations, on
inclut toutes les activités du gouvernement et on fait une coordination
de ces activités avec d'autres ministères. (11 heures)
Quand vous parlez de formation et qu'il y a des échanges
internationaux, je pense que vos remarques, vous devrez les dire aux
universités québécoises. Parce que... Je ne dirais pas que
c'est presque une insulte aux universités; elles sont très
impliquées dans la formation, dans les échanges. Les
universités l'Université Laval, les HEC,
l'Université du Québec à Trois-Rivières, à
Montréal, l'Université McGill alors, toutes les
universités québécoises sont intimement,
étroitement concernées, préoccupées et
impliquées dans ce secteur de formation. C'est vrai qu'on pourrait faire
avec... Si on pouvait clarifier, il y a des améliorations à
apporter, c'est clair, en ce qui concerne le gouvernement
fédéral, mais ça n'enlève pas le fait que c'est un
secteur qui est très important et dans lequel nous sommes très
actifs.
Alors, M. le Président, c'est clair que, c'est notre politique,
à nous, que nous avons, ce n'est pas la politique de l'Opposition. Le
gouvernement fait sa politique, pas celle de l'Opposition, et les critiques de
l'Opposition officielle semblent être basées, premièrement,
sur un manque de compréhension du contenu de cette politique et,
deuxièmement, sur une approche de dire que «Si on n'est pas un
État indépendant, on ne peut pas avoir une
politique de relations internationales», c'est faux. Et je crois
que, si vous demandez dans tous les milieux qui nous accompagnent, qui ont
été impliqués, la réaction à cette politique
est complètement différente de la vôtre, et c'est là
où ça compte parce que ces gens-là sont... oui, sont
impliqués directement.
Et j'ai seulement à démontrer la dernière mission
qu'on a faite au Mexique et ma rencontre avec le président Salinas. Avec
un État indépendant, qu'est-ce que je pouvais faire de plus? Je
pourrais aller le rencontrer trois fois dans la même journée au
lieu de deux fois? Qu'est-ce que je pourrais faire de plus? Et demandez donc
aux 36 représentants du Québec qui étaient avec nous la
réaction, la façon dont on a été reçus, les
résultats des discussions à tous les niveaux, non seulement
économique, mais les résultats institutionnels et culturels.
Oui, mais il n'était pas avec moi, lui. On va en reparler durant
le... Ce serait bon, au lieu de regarder juste des documents, qu'il aille sur
le terrain.
Alors, qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus que nous avons fait au
Mexique? Je pense que ça, c'est la preuve la plus éloquente du
succès de notre politique, et de l'accueil et de la perception et du
traitement que le Québec reçoit à l'étranger.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, nous allons
commencer...
Le Président (M. Dauphin): Toujours dans la
généralité des choses?
M. Boulerice: Oui, mais...
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Boulerice: ...nous allons commencer à aborder... Je ne
nie pas que notre... bon. De toute façon, je ne suis pas
étonné de la xième profession de foi
fédéraliste du ministre. Notre appartenance au Canada nous permet
de mettre sur pied une politique de main-d'oeuvre efficace, sauf que ça
se fait en collaboration avec le gouvernement fédéral et ce n'est
pas fait.
Ce que je disais, c'est par rapport à la nature de la politique
internationale. Ce que nous disons, c'est que tout ce que vous faites, ce sont
des affaires internationales, mais rien en matière de relations
internationales.
Je suis quand même un peu déçu de voir que le
ministre reniait les pages 49 et 51 de son document, quant au tourisme. Parce
que quand on lit bien, c'est de toute évidence. Et le ministre
renonçant, par sa nouvelle loi, à des responsabilités
internationales plus vastes, effectivement, je pense que ça
réjouissait le gouvernement fédéral. Le Québec
devenait pour employer une expression d'une langue qu'il connaît
bien le «il portavoce» du gouvernement
fédéral.
Et pour ce qui est de l'incident du Caire, je rappellerai au ministre
que son communiqué de presse dithyrambique et alarmiste parlait de la
presse du Moyen-Orient. Je m'excuse, mais The Egyptian News, reprenant
une nouvelle lancée par l'agence britannique Reuter, n'est pas la presse
du Moyen-Orient, et, nonobstant la sympathie que je peux avoir du Egyptian
News, j'aimerais lui dire que sa circulation est insignifiante par rapport
à celle du Guide du plateau Mont-Royal et des Nouvelles du
Centre-Sud et, probablement, du Suburban, dont le ministre fait une
lecture attentive hebdomadaire.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
Franchement...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: .. je pense que ça commence un peu mal. Je
pense que...
M. Boulerice: Ah! Ça commence comme ça commence. On
continue, là. Je répondais, c'est tout.
M. Ciaccia: C'est la question... Pour votre information, le
Suburban ne fait pas partie de mes lectures. Pas du tout.
M. Boulerice: Ah bien, je vous en félicite, d'abord!
M. Ciaccia: ...et dites donc ce que vous dites aux groupes des
communautés culturelles qui étaient présentes avec moi, au
Caire. Parlez donc de cette façon-là à eux, essayez
d'expliquer cet article-là à eux puis, voyez leur
réaction. Ça n'a aucune justification.
Puis, le fait que vous en parlez, aujourd'hui, ça ne change pas
le fait que ce qui est arrivé n'était pas bon. Ce n'est pas
seulement pour les groupes ethniques; ce n'était pas bon pour l'image du
Québec. Puis, peut-être que vous pouvez essayer de minimiser les
dommages et essayer de justifier ce qui est arrivé, mais l'Egypte est
une plaque tournante, au Moyen-Orient, et ce qui est dit dans 1'Egyptian
News... Je pense que c'est une insulte à 1'Egyptian News,
d'essayer de faire cette comparaison. Là, vous essayez de noyer le
poisson, mais ça ne réussit pas. L'Egypte, c'est une plaque
tournante, et les faits sont que c'est arrivé, ça a
été malheureux, on s'est prononcé contre, et tout ce que
vous pouvez dire aujourd'hui ne change pas les faits.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: Si M. le ministre m'avait laissé terminer
avant de prendre mouche, je lui aurais dit qu'il a été bien
reçu au Mexique, nous le savons très bien, et j'aimerais lui
rappeler que le Parti québécois est en faveur de l'ALENA, mais
j'espère qu'il n'a pas été
dupe de cet accueil si chaleureux. Quoi qu'il en soit, le Québec
est favorable, mais il faut quand même se dire que l'avenir de cet
Accord, malheureusement, dans le contexte, est incertain ce que je
regrette.
Mais ceci étant dit, la première question, M. le
Président, que j'aimerais aborder avec le ministre...
Discussion générale
Rapport du Comité des droits de l'homme des
Nations unies sur la loi 178
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Boulerice: ...c'est son empressement et son alarmisme, compte
tenu du rapport de l'Organisation des Nations unies sur la loi 178. Avant de
prendre connaissance du rapport du comité de l'Organisation des Nations
unies sur les droits de la personne, le ministre, sûrement partisan de la
non-reconduction de la loi 178 par un second recours à la clause
dérogatoire, aurait, selon le quotidien La Presse,
déjà crié au loup quant à l'impact
néfaste du jugement du comité de l'ONU qui n'est pas encore
public, ne l'est pas encore en ce moment, et je cite La Presse du 16
avril: «Le ministre [...] Ciaccia avait martelé une argumentation
sur le tort que cette clause causait à l'image du Québec à
l'étranger, et l'imminence du jugement défavorable du
comité de l'ONU un verdict dont personne n'a encore vu le
texte» et il ne l'a pas encore vu, à moins qu'il y ait eu
un extrait ailleurs «relève-t-on au sein du Parti
libéral du Québec.»
Et ma question: Est-ce que le ministre peut nous indiquer qui l'a
informé de l'imminence du jugement du comité de l'ONU que
personne n'avait lu lors du caucus libéral?
M. Ciaccia: II faut faire toujours attention quand on lit les
journaux et, malheureusement, pas tout...
M. Boulerice: Même en Egypte.
M. Ciaccia: En Egypte, mais parce que ça avait
été dit et ça avait été
répété dans d'autres journaux. C'était factuel. Il
faut s'assurer que ce qui est écrit dans le journal est factuel.
Alors, avant de poser une question comme vous l'avez posée,
assurez-vous que c'était factuel. Une fois que vous vous êtes
assuré que c'est factuel, là, vous pouvez la poser. Mais
évidemment, vous n'avez pas assuré que ce que vous avez lu
était factuel, parce que je n'ai fait aucun commentaire sur la
décision de l'ONU; je ne la connais pas, la décision de l'ONU.
Alors, je ne peux pas faire un commentaire sur quelque chose dont je ne connais
pas la portée, le contenu, et quand on va la connaître, bien
là, peut-être que je serai en mesure de faire un commentaire. (11
h 10)
Cependant, quand on parle... Vous dites: On fait seulement des affaires
internationales, pas des relations internationales. Il me semble que, quand on
rencontre le président d'un pays, ce ne sont pas des affaires
internationales, ça. Il me semble que ce sont des relations
internationales. Je n'ai pas discuté avec lui la vente de pommes de
Rougemont. On a discuté des relations entre le Québec et le
Mexique. Quand je rencontre les ministres des Affaires étrangères
dans les différents pays je ne parle pas du ministre de
l'Industrie et Commerce, oui, on va parler des affaires mais quand je
rencontre le ministre des Affaires étrangères, c'est pour
discuter de relations entre le Québec et le pays dont il est question:
collaboration, relation. Et je vous ai dit, dans mes remarques
préliminaires, que ce n'est pas seulement le commerce que nous faisons:
on parle du modèle québécois, des valeurs
québécoises, comment ça peut être utile, comment on
peut faire des échanges avec d'autres pays. Ça, ça n'a
rien, rien du tout à faire avec, strictement, le commerce. Ce sont des
relations entre nous et d'autres pays. Et même, je pourrais vous dire
la journaliste du Devoir l'a d'ailleurs souligné
que je ne me limitais pas parce qu'elle était présente
dans des réunions à la question du commerce.
Pour revenir à votre question sur la loi 178, je n'ai fait aucun
commentaire sur la décision de l'ONU. Je ne peux pas en faire, je ne la
connais pas. En ce qui concerne... je dois porter à votre attention que,
oui, quand je vais visiter d'autres pays, je me fais poser des questions sur
cette loi. Je vous rapporte des faits. Ce n'est pas une opinion que je vous
donne. Quand je suis obligé d'aller à Los Angeles, parce que dans
le Los Angeles Times, «column one», il y a un article qui
est très, très dommageable au Québec sur la question de la
langue, je suis obligé de donner des explications. Ces choses-là
arrivent. Et, n'oubliez pas qu'avec la région du Pacifique Ouest
américain on fait 3 400 000 000 $ d'affaires. Alors, non seulement je
veux protéger l'image du Québec, mais je veux protéger les
intérêts du Québec. Quand je rencontre... puis je me fais
poser des questions par le New York Times, par le Wall Street
Journal, je dois répondre. Et, dans ma dernière visite en
Corée peut-être que ça peut venir comme un choc,
à vous mais le vice-ministre des Affaires
étrangères en Corée m'a demandé: Qu'est-ce que vous
faites avec l'anglais, au Québec?
Alors, ce n'est pas une opinion que je vous exprime, là, je vous
rapporte des faits. Ce sont des explications, et, moi, je dois défendre
les intérêts du Québec, l'image du Québec. Mais je
dois aussi apporter à votre attention que ces choses-là des
différents pays, non seulement aux États-Unis, non seulement en
Angleterre, nos deux principaux partenaires où on pose ces questions,
mais je me fais poser... La semaine dernière, je me la suis fait poser
en Corée. Alors, oui, ce sont les faits, c'est la réalité
internationale. Mais, en ce qui concerne les commentaires sur l'ONU, je n'en ai
pas fait et je n'ai pas l'intention d'en faire tant et aussi longtemps que je
ne vois pas, au moins, la décision.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
ministre.
Alors, si je comprends bien, juste pour la bonne marche de nos travaux,
M. le député de Sainte-MarieSaint-Jacques, c'est que nous
procéderons de façon générale. Est-ce que tout le
monde est d'accord là-dessus, et pas nécessairement
élément par élément?
D'accord. M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: Alors, si je comprends bien, le ministre
réfute l'article du journal La Presse du 16 avril, je le comprends.
M. Ciaccia: Je ne réfute pas tout l'article, je
réfute l'aspect sur l'ONU. Je n'ai pas fait de commentaires sur
l'ONU.
Rôle du délégué
général du Québec à New York
M. Boulerice: Mais alors, justement, en parlant de l'ONU, est-ce
que vous pouvez nous indiquer si vous êtes intervenu vous-même pour
faire des représentations dans ce dossier auprès de la commission
de l'Organisation des Nations unies ou encore si vous avez donné un tel
mandat à la Délégation générale du
Québec à New York, dont le délégué
d'ailleurs, M. Scowen, est un adversaire farouche de la loi 178? Et si vous
avez donné des indications au délégué à New
York, quelles directives avez-vous données à M. Scowen?
M. Ciaccia: Notre rôle, dans ce dossier, c'est de faire un
«monitoring». Le dossier est mené par les organismes
directement impliqués. C'est eux qui défendent le dossier sur le
fond et c'est eux qui sont directement impliqués. Le ministère
des Affaires internationales n'est pas directement impliqué dans les
représentations, la défense qui ont eu lieu dans ce dossier. Mais
on fait partie d'un comité et on fait le «monitoring», et,
au fur et à mesure qu'on a des informations, on informe nos
délégués.
M. Boulerice: Mais qui a assuré, M. le ministre, la
défense du Québec auprès de cette commission des Nations
unies?
M. Ciaccia: C'est le Procureur général, l'Office de
la langue française et le ministre responsable pour l'Office de la
langue française.
M. Boulerice: Mais n'est-il pas...
M. Ciaccia: C'est le ministère de la Justice qui s'occupe
de ça.
M. Bouleriee: Mais n'est-il pas indiqué, M. le ministre,
dans la loi constituant votre ministère, que c'est votre
ministère qui coordonne les actions de tous les ministères
à l'étranger, et je pense que les Nations unies, ce n'est pas
dans la cour, c'est à l'étranger.
M. Ciaccia: Coordination, c'est une chose, mais sur le fond, c'en
est une autre. Je peux coordonner les affaires culturelles, par exemple, mais,
sur le fond, sur le dossier, ce sont les Affaires culturelles qui s'en
occupent. Je ne suis pas le ministre qui fait tout, qui va s'impliquer
directement, qui va être responsable pour chaque ministère, pour
l'opération de chaque ministère. Je ne peux pas me substituer au
Procureur général. C'est le Procureur général qui
défend les intérêts en justice du Québec. Ce que je
fais, on peut faire une coordination, un «monitoring». Mais on ne
peut pas se mettre à la place des autres ministères pour faire
leur travail.
M. Boulerice: Bien, alors, là vous me dites que le
ministère n'est pas impliqué directement quand le Québec
est attaqué aux Nations unies, vous me dites: On fait la coordination.
Vous avez coordonné quoi? Les déplacements des
fonctionnaires?
M. Ciaccia: On fait partie d'un comité interne. Mais la
défense du dossier, c'est le Procureur général qui la
fait.
M. Boulerice: Mais, ce comité...
M. Ciaccia: Et c'est tout à fait normal.
M. Boulerice: Mais ce comité interne parle de quoi?
M. Ciaccia: On fait un «monitoring». On...
M. Boulerice: Et un «monitoring», c'est quoi, pour
vous?
M. Ciaccia: Un «monitoring», on voit ce qui se passe,
on discute les résultats s'il y en a, on donne de l'information, mais la
défense du dossier, c'est le Procureur général.
M. Boulerice: Et le Procureur général ne vous
informe pas de son argumentaire, vous, qui êtes en charge, justement, de
la défense de l'image du Québec à l'étranger?
M. Ciaccia: Écoutez...
M. Boulerice: Vous vous dites, d'ailleurs, inquiet des impacts
que ça pourrait avoir. Donc, c'est votre responsabilité
première. Vous n'avez pas songé à leur demander quelle
serait leur défense et leur argumentaire?
M. Ciaccia: Ça, ce sont des débats internes que
nous tenons avec eux, mais ce sont des débats internes, à
l'intérieur de ce comité. Mais la défense même du
dossier, c'est le Procureur général qui en est chargé et
qui a cette responsabilité.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député.
M. Boulerice: Je vois que vous revenez bien, effectivement,
à la notion. Vous faites des affaires internationales, vous ne faites
pas de relations internationales. Je ne crois pas que, dans un pays du monde,
un organisme d'État interviendrait sans en informer complètement
le ministère soit des Affaires étrangères ou des Relations
internationales, comme eux les appellent. Mais, avez-vous été
informé, oui ou non? Et quelle a été cette plaidoirie? On
ne vous a rien dit. Et est-ce que le gouvernement canadien est intervenu,
également? (11 h 20)
M. Ciaccia: Non seulement on est informés, oui on est
informés, mais on est plus qu'informés, on fait partie de ce
comité interne, de cette coordination que vous dites. Mais la
plaidoirie, c'est une responsabilité du Procureur général,
et c'est lui qui fait la plaidoirie et la défense de ce dossier.
Une voix: Le gouvernement fédéral est
impliqué. ..
M. Ciaccia: Ah oui! Le gouvernement fédéral est
impliqué, définitivement, aussi.
Une voix: C'est lui qui est...
M. Ciaccia: Bien oui, le gouvernement fédéral,
voyons!
M. Boulerice: Alors, je vais comprendre que ce n'est quand
même pas vous qui avez revêtu la robe du plaideur, là, vous
ne vous êtes pas inspiré d'une gravure de Daumier, mais,
c'était quoi, l'argumentaire du Québec pour se défendre?
Le comité en a sans doute discuté...
M. Ciaccia: Écoutez...
M. Boulerice: .. .et vous faites partie du comité.
M. Ciaccia: Écoutez, M. Ryan est en commission
parlementaire, ce matin. Si vous voulez suspendre quelques instants, allez lui
poser la question, je suis prêt à le faire. Dans un gouvernement,
chacun a ses responsabilités. Je suis totalement au courant des
débats internes que nous avons eus. Je suis au courant des
démarches. Mais la responsabilité de la défense du dossier
appartient au Procureur général, avec la participation du
ministre responsable de l'Office de la langue française.
M. Boulerice: Donc, si je comprends bien, la
Délégation générale du Québec n'a
joué aucun rôle.
M. Ciaccia: Pas dans la plaidoirie, non. Une voix:
Non.
M. Ciaccia: Pas du tout.
M. Boulerice: Et vous me dites que...
M. Ciaccia: Dans le «monitoring», dans les
informations qu'ils ont, ils vont certainement avoir un rôle à
jouer une fois que la décision sera rendue, mais, dans la plaidoirie du
dossier, c'est le Procureur général qui a la
responsabilité et qui a fait le travail pour défendre les
intérêts du Québec.
M. Boulerice: Alors, si je vous décode, vous me dites,
depuis tantôt: Je ne suis pas au courant, j'ai fait du
«monitoring».
M. Ciaccia: II y a de la coordination, aussi. Quand vous dites
«pas au courant», je ne suis pas au courant de la
décision.
M. Boulerice: Je le sais bien. M. Ciaccia: Bien oui,
mais...
M. Boulerice: Mais vous devez être, au minimum. ..
M. Ciaccia: ...personne n'est au courant encore de la
décision.
M. Boulerice: ... au courant de certaines actions
précises...
M. Ciaccia: Oui.
M. Boulerice: ...qui ont été posées...
M. Ciaccia: Définitivement.
M. Boulerice: ...au courant de certains éléments
d'arguments qu'on a commencé à bâtir.
M. Ciaccia: Oui, je suis tout au courant de ça. M.
Boulerice: Alors, quels sont-ils?
M. Ciaccia: Vous allez le voir quand la décision sera
rendue. Vous poserez la question soit au Procureur général, soit
au ministre responsable de la régie de la langue.
M. Boulerice: Donc, on nous attaque, on donne l'hypothèse
d'un jugement défavorable, et vous dites: Attendez que le jugement soit
porté et, là, on vous dira ce qu'on a dit pour se
défendre.
M. Ciaccia: Les règles, M. le Président, les
règles des Nations unies ne permettent pas que nous rendions ça
public avant que la décision soit rendue, et je vais respecter les
règles des Nations unies.
M. Boulerice: Oui, mais alors...
M. Ciaccia: Ça, c'est une règle d'une loi
internationale, et nous allons la respecter.
M. Boulerice: Pour ce qui est du fonctionnement des Nations
unies, je me permets de vous dire qu'on est quand même aussi bien
documentés, mais, si vous répondez que vous ne voulez pas
commenter avant la publication complète du jugement...
M. Ciaccia: Et je ne le ferai pas.
M. Boulerice: Mais, vous avez déjà commenté
le jugement lors du dernier...
M. Ciaccia: Non.
M. Boulerice: ...caucus libéral...
M. Ciaccia: Non.
M. Boulerice: ...du jeudi 7 avril.
M. Ciaccia: Un instant, là!
M. Boulerice: Vous avez invoqué...
M. Ciaccia: Soyez honnête.
M. Boulerice: ...le jugement négatif.
M. Ciaccia: Soyez honnête. Je viens de vous dire...
M, Boulerice: Mais vous avez invoqué le jugement
négatif.
M. Ciaccia: Soyez honnête. Je viens de vous dire...
M. Boulerice: Oui.
M. Ciaccia: ...que je n'ai pas fait de commentaires, et vous
revenez sur les propos pour essayer de me faire dire ce que je n'ai pas dit. Au
moins, ayez un élément d'honnêteté dans vos
commentaires. Je n'ai pas fait de commentaires sur le jugement de l'ONU et je
n'en ferai pas. Quand je vous dis... vous dites «relations
internationales», les règles de l'ONU ne me permettent pas de
faire cette intervention auprès des Nations unies.
Mais quand des articles ont paru dans des journaux aux
États-Unis, je me suis empressé d'aller à ces endroits
pour expliquer et défendre les intérêts du Québec,
parce que, oui, ça, c'est ma responsabilité, et là, il n'y
avait aucune règle internationale qui m'empêchait de le faire, que
ce soit à Los Angeles, que ce soit à New York ou dans d'autres
parties du monde. Mais en ce qui concerne cette décision, il y a des
règles très précises, je ne peux pas intervenir
directement; je ne peux pas, moi- même, faire les représentations,
c'est le Procureur général qui les a faites. Je suis
entièrement au courant du dossier, et quand le temps viendra où
je pourrai... quand la décision sera rendue, bien, à ce
moment-là, je pourrai faire des commentaires.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Boulerice: Mais au moment où un membre de cette
Assemblée nationale fait des commentaires et annonce qu'il
déposera le document, le ministre se rabrie derrière les
pseudo-conventions internationales, et au moment où vous ne voulez
dévoiler aucune information sur le sujet, est-ce que je pourrais vous
rappeler que les Québécois ont le droit de savoir comment leur
gouvernement défend l'image du Québec à l'étranger?
Et c'est votre responsabilité première. Après tout, le
budget de ce ministère est de plus de 100 000 000 $ par année. On
voudrait bien savoir à quoi sert l'argent de nos impôts, surtout
lorsqu'il est dépensé à l'étranger. Alors,
qu'est-ce qu'il y a à cacher dans ce dossier, actuellement?
M. Ciaccia: Quand vous dites «des pseudo-règles
internationales», franchement! Où est votre diplomatie et
où sont vos règles de relations internationales? On doit les
respecter. Ce ne sont pas des pseudo-règles, ce sont des règles.
Et s'il y a un député à l'Assemblée nationale qui
ne veut pas respecter ces règles, bien, ça, ce n'est pas ma
responsabilité, à moi. Moi, comme ministre des Affaires
internationales, non seulement j'ai la responsabilité, mais j'ai le
devoir de respecter ces règles.
Et quand vous dites «Que faisons-nous pour défendre les
intérêts du Québec à l'international?», je
vous en ai donné, des exemples. Je vous ai donné des exemples sur
l'image du Québec. Je vous ai donné l'exemple à Los
Angeles, je vous ai donné l'exemple à New York. Les conflits
commerciaux avec Washington, ça aussi, ça défend les
intérêts du Québec et l'image du Québec.
En ce qui concerne les aspects de la loi 178, quand j'ai eu l'occasion
ou quand j'ai vu qu'il y avait des aspects, des articles ou des choses qui
étaient dites ou faites qui allaient contre... qui nuisaient à
l'image du Québec, je n'ai pas hésité à me rendre
sur place pour défendre les intérêts du Québec.
Mais, en ce qui concerne l'ONU, il y a des règles précises, je
suis au courant, mais je vais respecter ses règles, et si vous avez des
questions sur la plaidoirie... Parce que c'est une plaidoirie par écrit;
on ne fait pas ces représentations verbales. C'est une plaidoirie
écrite. Si vous avez des questions sur la plaidoirie écrite,
bien, je suggère que vous demandiez les questions sur ce sujet au
Procureur général.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Boulerice: Compte tenu des allégations d'un membre de
cette Assemblée nationale quant à ce jugement d'une commission
des Nations unies, est-ce que vous avez demandé confirmation aux Nations
unies de la
date de publication de ce document, confirmation si, oui ou non, il y a
un document comme tel qui a été rendu, quels en étaient
les juges et etc.?
M. Ciaccia: On a demandé. Originalement, on s'est fait
dire que le jugement devait être rendu le 19 avril. Ça, c'est
lundi. Et, après ça, on nous a informés que le jugement
sera rendu à la fin du mois d'avril.
M. Boulerice: Est-ce qu'on sait qui était membre du
comité?
M. Ciaccia: Quel comité?
M. Boulerice: Le comité des Nations unies.
M. Ciaccia: Non. Moi, je ne fais pas partie de... Je pensais que
vous faisiez référence à notre comité interne. Non.
Ce sont des juristes qui font partie de ce comité, différents
représentants, experts.
M. Boulerice: C'est public. Est-ce que vous avez la liste?
M. Ciaccia: Je n'ai pas la liste avec moi.
M. Boulerice: Mais est-ce qu'on peut la déposer?
M. Ciaccia: Oui, on peut vous fournir la liste, oui.
Une voix: Si on peut la donner.
M. Boulerice: Comment, si vous pouvez la donner?
Une voix: Si on peut la donner, il n'y a pas de
problème.
M. Boulerice: C'est public, les Nations unies.
M. Ciaccia: Oui, oui, oui, je vais vous la donner, je vais vous
la fournir, la liste.
M. Boulerice: Mais ça ne m'empêchera pas, M. le
Président, d'interpréter les réponses du ministre comme un
prétexte pour défendre sa position personnelle dans le
débat sur l'affichage, compte tenu des réponses qui ont
été données.
M. Ciaccia: Je regrette que le député fausse ce que
je lui dis délibérément; c'est une distorsion de ce que je
dis. Je vous invite à me suivre quand je vais défendre les
intérêts, l'image du Québec sur la loi 178. (11 h 30)
J'ai un rôle, j'ai une responsabilité. C'est une loi qui
avait été adoptée par l'Assemblée nationale.
Même si ça a suscité des questions, j'ai donné des
explications et j'ai défendu les intérêts du Québec.
Et, en ce qui concerne l'ONU, je vous ai donné toutes les explica-
tions, toutes les informations que je peux vous donner.
M. Boulerice: Bon. Alors, on va mettre les choses au clair, M. le
ministre. On va mettre les choses au clair. Vous allez défendre les
intérêts du Québec. Si c'est le cas, bravo! je vous en
félicite, et vous n'aurez jamais meilleur appui que moi.
Position du ministre des Affaires internationales sur
la loi 178
Alors, je vous pose la question: Est-ce que vous êtes, donc, en
accord puisque vous allez défendre nos positions vous
êtes en accord avec la loi 178?
M. Ciaccia: J'ai voté pour la loi 178, en décembre
1988.
M. Boulerice: Vous n'étiez pas absent, vous étiez
là?
M. Ciaccia: Non, non, j'étais là et j'ai
voté pour la loi 178...
M. Boulerice: Non, mais c'est parce que... M. Ciaccia: Ne
jugez pas les autres comme...
M. Boulerice: Je ne juge pas, j'essaie de visualiser
l'Assemblée nationale...
M. Ciaccia: Ne jugez pas les autres par ce que vous-même
auriez fait, parce qu'une question de même dit plus sur celui qui vous a
soufflé la question que ça dit sur moi. Quand je vous dis que
j'ai voté pour, ça veut dire que j'ai voté pour.
M. Boulerice: Et vous pouvez nous garantir la même chose
dans le cas de notre délégué général
à New York, qui a quand même un pouvoir d'influence, puisqu'il est
dans le milieu et, d'ailleurs, à proximité des Nations unies.
M. Ciaccia: II représente les décisions
gouvernementales.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques.
Relations franco-québécoises
M. Boulerice: M. le Président, le ministre, dans ses
remarques d'introduction, faisait état de nos relations avec la France,
et la dernière rencontre annuelle entre les premiers ministres du
Québec et de France remonte à janvier 1989, lors d'une visite du
premier ministre Bourassa à Paris. L'automne dernier, le gouvernement du
Québec lançait une invitation au premier ministre français
d'alors, qui était M. Bérégovoy, qui déclinait
l'invitation québécoise en décembre en raison du
calen-
drier politique français et européen très
chargé. C'était une raison, d'ailleurs, qu'on pouvait comprendre,
mais le désistement du premier ministre Bérégovoy
accrédite, malheureusement, à mon point de vue, une fois de plus,
le relâchement manifeste des relations franco-québécoises
sur le plan politique au plus haut niveau. L'on a beau soutenir que les
relations actuelles France-Québec n'ont jamais donné autant de
résultats sur le plan économique, il est clair que l'abandon
temporaire, mais persistant, des rencontres politiques au plus haut niveau ne
peut avoir, à moyen et à long termes, qu'un impact très
négatif entre les relations pour ce qui est de la France et du
Québec, et ce, alors que ce dernier est entré dans une phase
déterminante pour son avenir politique.
Est-ce que le ministre entend profiter de la nomination récente
du nouveau premier ministre de France, M. Balladur, pour relancer les
rencontres annuelles entre premiers ministres français et
québécois, interrompues depuis 1989?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, ça fait
maintenant, comme vous l'avez mentionné, plus de quatre ans que les
premiers ministres du Québec et de France se sont rencontrés dans
le cadre des rencontres périodiques alternées des premiers
ministres français et québécois, et, dans le passé,
celles-ci ont généralement eu lieu à tous les 18 mois,
même si elles se veulent annuelles; ça, c'était la
pratique. En septembre 1990, une visite au Québec de M. Michel Rocard
avait été prévue, mais quelques jours avant
l'événement, elle avait dû être reportée et
non annulée. Alors, des représentations ont été
faites par la suite auprès de Matignon, notamment lors de ma mission en
France du ministre... de moi-même, en juin 1991, pour fixer une nouvelle
date à l'automne 1991, mais le départ de M. Rocard amena un autre
report.
Il y a des raisons pour lesquelles ces choses n'ont pas eu lieu, et
ça n'a rien à faire avec, comme le prétend...
J'espère qu'il ne le prétend pas parce que ce serait une
fausse image à donner qu'il y a détérioration des
relations entre la France et le Québec; je pense qu'elles se sont
améliorées constamment.
Alors, en novembre 1991, cette question a fait l'objet de discussions
lors de l'entretien que notre premier ministre a eu avec Mme Edith Cresson,
à Paris, et dans le communiqué conjoint publié à
l'issue de cet entretien, on peut lire: «Mme Cresson a rappelé son
attachement à la tradition des visites alternées entre premiers
ministres français et québécois et son souhait de se
rendre au Québec au deuxième semestre de 1992.» Et j'avais
moi-même rencontré Mme Cresson, et elle m'avait
réitéré... elle m'avait dit la même... elle avait
pris le même engagement de venir rencontrer le premier ministre du
Québec durant... au début de 1992. Alors, le 2 avril 1992, Mme
Cresson quittait Matignon. M. Pierre Bérégovoy lui
succédait, et, dans une déclaration que je faisais à
l'Assemblée nationale lors du dépôt d'une motion de
félicitations au nouveau premier minis- tre, j'ai indiqué qu'on
réitérait l'invitation à M. Bérégovoy et
qu'on demandait au représentant du Québec à Paris
d'entreprendre les démarches nécessaires en vue d'assurer la
concrétisation du projet. Et notre premier ministre lui-même
devait adresser un message en ce sens au chef du gouvernement français
dans les jours qui ont suivi. Par la suite, l'actualité politique tant
en France qu'au Québec il y avait le référendum de
Maastricht, le référendum sur l'entente de Charlottetown, la
campagne pour les législatives en France n'a pas permis la
réalisation du projet.
M. Boulerice: Je ne veux pas interrompre une liste.
M. Ciaccia: M. le Président, il m'a demandé une
question.
M. Benoit: Est-ce que vous êtes président, Monsieur?
Est-ce que vous êtes président?
Une voix: Non, c'est parce que, tantôt, vous m'avez dit de
faire la même chose...
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, Messieurs!
À l'ordre, Messieurs!
M. Boulerice: C'est parce que j'ai fait un calcul de
probabilités, puis, dans mon cas, c'est probablement plus plausible que
dans le vôtre, monsieur.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, à l'ordre!
Chaque intervenant a droit à 20 minutes.
M. Ciaccia: Alors, le 23 décembre dernier, l'actuel
premier ministre français adressait une lettre à M. Bourassa pour
lui exprimer son regret de ne pouvoir répondre positivement à son
invitation dans les prochains mois. Alors, M. Bérégovoy rappelait
l'importance et la signification que la France attribue à ses relations
directes et privilégiées avec le Québec et indiquait que
les développements récents, notamment dans ses aspects
économiques et de coopération, répondent pleinement aux
voeux de nos deux gouvernements.
Alors, à la suite des dernières élections
législatives, la France a un nouveau premier ministre en la personne de
M. Edouard Balladur. Dans une lettre de félicitations qu'il lui
adressait le 7 avril dernier, notre premier ministre, M. Bourassa, invitait le
chef du gouvernement français à venir en visite officielle au
moment qui lui conviendra. Et, parallèlement, l'Assemblée
nationale la vice-première ministre confirmait cette
invitation au moment où elle déposait une motion de
félicitations au nouveau titulaire de Matignon. Alors, je peux vous dire
que la partie française...
M. Boulerice: Moi, je peux vous dire que c'est la
question que je vous posais, puis vous y avez répondu.
M. Ciaccia: Bien non. Je veux juste vous dire que j'ai une
rencontre confirmée avec le ministre des Affaires
étrangères en France, au mois d'août. C'est parce que nos
relations sont tellement complètes et intenses que ça prend une
réponse totalement complète et détaillée pour vous
démontrer l'intérêt non seulement que nous avons dans la
France, mais l'intérêt que la France a au Québec.
M. Boulerice: Bien, là, je suis heureux de voir que la
France s'intéresse à nous. Maintenant, je suis heureux de voir
que le premier ministre a écrit à son homologue français
le 7 avril dernier. J'espère que le ministre ne me tiendra pas rigueur
de ne pas avoir su que la vice-première ministre l'a
réitéré dans son discours. Malheureusement, j'étais
absent de la Chambre. J'espère que le ministre ne va pas me reprocher
d'avoir été à Rome à cette époque .
M. Ciaccia: Non, pas du tout.
M. Boulerice: Un pays qu'il affectionne
particulièrement.
M. Ciaccia: J'ai une affection spéciale pour Rome et je
vous invite d'y retourner tant et aussi longtemps que vous pouvez parce que
ça va être bon pour votre culture et pour votre
développement humain.
Et je veux vous faire remarquer que j'ai une rencontre avec le ministre
des Affaires étrangères, pas le ministre des Relations
internationales.
M. Boulerice: À quelle prison? Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: En France.
M. Boulerice: Ah! En France, pardon!
M. Ciaccia: Juste pour clarifier la situation pour vous.
Budget consacré à la coopération
bilatérale
M. Boulerice: C'est vrai qu'en France ils savent ce que c'est,
les Affaires étrangères. J'avais l'occasion, d'ailleurs, d'en
discuter avec l'ambassadeur de France, hier...
Une voix: Ah! Excusez-moi!
M. Boulerice: ...et comment le ministre peut-il
réitérer le fait que les relations
franco-québécoises sont toujours privilégiées,
alors que le budget qui est associé à la coopération
bilatérale avec la France stagne à 1 300 000 $ par année
seulement, depuis plus de trois ans; si on calcule juste l'indice d'inflation,
votre montant de 1 300 000 $ devrait être beaucoup plus
élevé.
M. Ciaccia: Écoutez, M. le...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je suis surpris du député de
Sainte-MarieSaint-Jacques qui attache...
Une voix: ... à la fin, entre autres.
M. Ciaccia: ...une façon... À un moment, il nous
dit: On fait seulement des échanges commerciaux et on parle seulement de
l'argent. Est-ce que le député de Sainte-MarieSaint-Jacques
essaie de nous dire que les relations entre deux pays se mesurent dans un
budget de quelque 1 000 000 $? Je veux juste porter à votre attention la
relation Québec-France; je vais vous donner quelques données. (11
h 40)
Au plan politique, la relation directe et privilégiée par
voie de la Délégation générale du Québec en
France et du Consulat général de France à Québec,
le statut spécial de la direction générale du
Québec en France, à Paris, le rythme et la variété
des relations et rencontres au niveau gouvernemental, l'Association
parlementaire France-Québec, les villes qui sont... La CUM,
Montréal, Québec, le 350e anniversaire, les jumelages, toutes les
activités, les échanges commerciaux qui ont continuellement
augmenté, les exportations vers la France sont allées de 256 000
000 $, en 1984, à 593 000 000$, en 1991. Les importations au
Québec ont augmenté de 652 000 000 $ à 1 000 000 000 $.
Nous avons des partenaires industriels et des investissements: au 1er
décembre 1992, il y avait 239 entreprises françaises
installées au Québec, dont 24 en 1991 et 20 en 1992. Alors,
toutes ces activités...
Le tourisme, par exemple vous avez parlé du tourisme en
disant que ça faisait partie de notre politique extérieure, ce
n'est pas exact mais le nombre de touristes français au
Québec est passé de 85 000, en 1985, à 265 000, en 1992.
Je pourrais vous faire la liste de la coopération économique.
Alors, je ne pense pas... Au plan des relations scientifiques,
techniques, culturelles et sociales, je pourrais vous faire la liste, ici
je pense que ça prendrait plus que le temps qui m'est
alloué pour vous répondre pour vous dire que ce n'est pas
seulement le genre de budget que vous avez mentionné qui peut
décrire les activités, les relations entre le Québec et la
France; il faut regarder l'ensemble des activités dans tous les
secteurs, non seulement les hommes d'affaires, le secteur culturel, le secteur
institutionnel, le secteur gouvernemental. Ça a été en
croissance et ça continue en croissance. Le budget total de la Direction
France n'est pas de 1 300 000 $ ce qui est uniquement la commission
permanente le budget total est de 4 200 000 $.
M. Boulerice: Vous dites que la commission bilatérale de
coopération, ce n'est pas 1 300 000 $ par année...
M. Ciaccia: Oui, oui, vous avez parlé de toute la
coopération. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas incluses
là-dedans, ce n'est pas tout le budget de Québec-France, dans
ça, c'est seulement.... Oui, la commission permanente, c'est 1 300 000
$.
M. Boulerice: Alors, c'était là-dessus que je vous
posais la question.
M. Ciaccia: Mais vous avez laissé entendre...
M. Boulerice: Elle fait du «monitoring» on
connaît la gourmandise du ministre pour faire du «monitoring»
alors, vous faites du «monitoring» pour 1 300 000 $ par
année, depuis trois ans. Vous n'avez pas senti le besoin de l'augmenter,
ça vous est suffisant?
M. Ciaccia: Moi, je vous ai fait une liste. Peut-être, si
ça peut vous aider, je vais demander au sous-ministre adjoint de vous
répondre parce que je ne veux pas continuellement répéter
toutes les informations que je vous ai données. Peut-être que le
sous-ministre peut vous apporter d'autres détails sur l'opération
de la commission permanente.
M. Denis Ricard.
M. Ricard (Denis): Merci, M. le ministre. Simplement pour...
Le Président (M. Dauphin): M. le sous-ministre, juste un
instant. Juste pour les fins de l'enregistrement, s'il vous plaît, nom et
qualité.
M. Ricard: Denis Ricard, sous-ministre adjoint aux Affaires
internationales.
Pour préciser, donc, le budget, le budget global de la Direction
France est de l'ordre de 4 200 000 $, ce qui inclut non seulement la commission
permanente qui, elle, comme vous l'avez mentionné, gère 1 300 000
$, mais il faut ajouter à cela les groupes de coopération
économique, il faut ajouter à cela les relations dans le cadre de
l'ACTIM avec notre ministère, il faut ajouter à cela l'OFQJ, il
faut ajouter à cela les associations Québec-France et
France-Québec et, si on fait le total, on arrive à 4 200 000
$.
Pour ce qui est de la commission permanente, il ne s'agit nullement de
«monitoring», mais bien d'activités très
concrètes dont le ministre a fait la nomenclature tout à l'heure
et qu'on peut vous déposer. C'est très long. On peut vous le
déposer si l'Opposition le demande.
M. Caron (Renaud): Nous l'avons déposé,
d'ailleurs.
M. Boulerice: Mais vous confirmez quand même que la
commission de coopération, le budget stagne à 1 300 000 $ depuis
trois ans. C'est la question que je posais, c'est la réponse que vous me
donnez.
M. Caron: Excusez, monsieur. Ce budget est un budget qui
est...
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant. Alors, pour
le Journal des débats, M. Renaud Caron, sous-ministre aux
Affaires internationales.
M. Caron: Ce budget est partagé également entre la
France et le Québec. Donc, tout ce qui est contenu dans la commission
permanente est convenu, d'un commun accord, avec la France et le
Québec.
Il y a eu également certaines rationalisations dans d'autres
secteurs. Dans ce cas-ci, nous avons, au cours des dernières
années, en accord avec la France, réorienté la
coopération dans la commission permanente dans des secteurs comme
l'aérospatiale, l'aéronautique, sciences, technologies,
industries des communications, télécommunications, audiovisuel et
environnement, ce qui a...
M. Ciaccia: Ce n'est pas une décision unilatérale
de dire «On va mettre 1 300 000 $», c'est quelque chose sur lequel
il faut s'entendre avec la France, puis la France et nous avons
décidé, avec leur collaboration, leur participation, de dire
«Oui, c'est 1 300 000 $».
M. Caron: Dans ce volet-là de notre coopération.
M. Boulerice: Dans ce volet-là. D'accord. M. Caron: Parce
qu'il y en a d'autres.
M. Ciaccia: Ce n'est pas strictement à nous de dicter ce
chiffre-là. Pour l'augmenter, il faut avoir l'accord de notre
partenaire.
Image du Québec à
l'étranger
M. Boulerice: Pour ce qui est de la détérioration
de l'image du Québec qui préoccupe le ministre et qui nous
préoccupe tous, l'image du Québec aux États-Unis
subit...
M. Ciaccia: Pas la détérioration, l'image du
Québec. Parce que je n'admets pas que l'image du Québec se soit
détériorée. Mais l'image du Québec me
préoccupe, oui.
M. Boulerice: Je ne vous dis pas que vous la
détériorez. S'il vous plaît, du calme. Je dis que certains
aimeraient bien détériorer l'image du Québec aux
États-Unis, donc, attendez ma question, je vous prie.
Est-ce que le ministre s'est doté d'une stratégie pour
contrer ou atténuer l'impact des campagnes de dénigrement
menées par les lobbies écologistes et autochtones aux
États-Unis au-delà des discours des ministres dans les
États du Nord-Ouest américain? Et est-ce que les
délégations du Québec à New York et à Boston
se sont dotées de stratégies très spécifiques de
communication à cet égard pour replacer le débat dans sa
plus
juste perspective? Parce que je veux être franc avec vous: si on
veut attirer les touristes français, mais qu'aux États-Unis on
nous accuse de tuer les baleines, vous n'aurez pas grand touristes
français.
M. Ciaccia: C'est une question qui nous préoccupe et dans
laquelle on est très, très impliqués. Et, oui, nous avons
des stratégies, nous avons pris des mesures, nous travaillons en
collaboration avec d'autres ministères, nous avons nos
délégations qui mènent des actions précises sur le
terrain.
Vous savez, quand vous parlez de la détérioration de
l'image du Québec à l'étranger ou aux États-Unis,
je dois porter à votre attention que, quand vous faites des
déclarations ou que votre chef fait des déclarations que le 1er
janvier 1995, on va être séparés, ce n'est pas pour
rassurer ou améliorer notre image aux États-Unis. Et ce n'est pas
moi qui fait ces déclarations-là, c'est vous.
Mais pour revenir à votre... Et je dois composer avec ça,
je dois composer. Je m'en vais à Washington, la semaine prochaine. J'ai
des réunions avec plusieurs représentants à Washington,
justement, pour faire certains points sur les relations entre Québec et
Washington et les États-Unis. (11 h 50)
En ce qui concerne toute la campagne... certaines campagnes qui sont
menées par les autochtones comme vous le savez certains
articles dans les journaux qui n'ont pas été favorables au
Québec, jusqu'à maintenant, je crois que cette campagne de
désinformation de la part des autochtones a été beaucoup
plus couverte par les médias québécois que par les
médias américains et européens. D'ailleurs, les
consultations qu'ont effectuées nos délégations
auprès de leur clientèle dans les territoires ciblés par
les activistes démontrent que leur campagne, même si ça
semble avoir un impact ici dans les journaux parce qu'on reprend
ça n'a eu, finalement, que peu d'impact. Je vais vous donner un
exemple de ce qui se produit.
Je vais vous donner les détails sur notre stratégie, ce
que nous faisons avec les législateurs, avec les médias, ce que
les délégués font à Boston, à New York.
Il y a un an et demi, je suis allé adresser la parole...
c'était à New York avec un groupe d'investisseurs. Je pense que
c'était The Americas Society qui m'avait invité. Et il y avait le
président du NYPA, il y avait des investisseurs... des maisons
d'investissements de New York. Il y avait un groupe assez représentatif.
Il y avait les médias américains. Et j'ai fait une
présentation sur le Québec et particulièrement sur les
autochtones, sur les droits que le Québec avait accordés aux
autochtones. J'ai fait la liste de ce que l'entente de la Baie James faisait
pour les autochtones et qui n'a été fait par aucun autre pays au
monde. Alors, suite à ma présentation, il y avait une
période de questions. Alors, je pense que le président de NYPA a
posé une question sur le développement hydroélectrique; un
autre a posé des questions sur les territoires qu'on leur avait
accordés; d'autres avaient posé des questions sur la question...
on leur avait donné des sécurités de revenus pour faire le
trap-page, le piégeage et la chasse. Différentes questions.
Il y a une personne, une dame, je ne l'oublierai pas. Pour commencer, ce
n'est pas une question qu'elle a posée: elle a fait une affirmation
qu'Hydro-Québec avait enlevé les droits... C'était
vraiment de la désinformation; c'était presque une
persécution d'Hydro-Québec contre les autochtones. Alors, les
gens dans la salle regardaient... Puis elle s'est assise, alors j'ai
essayé de répondre; je lui ai dit: Écoutez, madame,
sûrement que vous n'êtes pas allée à la Baie James,
puis vous n'avez pas vu les opérations. Le lendemain, que pensez-vous
que The Globe and Mail a rapporté? Il n'a pas rapporté
l'allocution que j'avais faite, il n'a pas rapporté les faits que
j'avais portés à l'attention de l'auditoire sur tout ce que le
Québec avait fait: grand article contre HydroQuébec, du
traitement qu'elle faisait aux autochtones. Alors, c'est pour vous dire que les
médias ici, des fois, prennent les choses complètement hors
contexte, apportent à l'attention du public, ici, pas ce qui s'est
produit là. J'ai reçu un appel la même journée du
président de NYPA, et il m'a dit: John, that does not make sense. That
is not what happened yesterday.
Alors, juste pour vous dormer un peu l'idée de la
réalité et de la perception dans certains milieux. Je peux vous
dire que la perception... Je peux vous le montrer ici: «Le gouverneur du
Vermont défend l'hydroélectricité. Le gouverneur du
Vermont se porte à la défense d'Hydro-Québec». Au
moins, on rapporte ceci. On a une campagne assez structurée, assez
précise et assez concrète en termes de rencontres avec les
législateurs dans les différents États; rencontres
régulières avec les médias; rencontres avec les leaders
d'opinions américains dans les États du Nord-Est américain
et de New York.
Je suis moi-même allé à Harvard, à Boston,
pour faire des représentations, donner des informations,
régulièrement, au cours des deux dernières années.
Je me suis rendu pour adresser la parole à différents auditoires
importants, spécialement dans le secteur nord-est américain.
Alors, oui, nous agissons, nous faisons des représentations
auprès du Parlement européen. Nous faisons des
représentations auprès de certains organismes de l'ONU. Nous
participons activement, au sein des délégations canadiennes, aux
travaux des diverses commissions de l'Organisation des Nations unies
auprès de qui nous faisons valoir les intérêts du
Québec. Quand on a participé au Sommet de Rio, c'était des
choses que nous avons faites. Avant d'aller au Sommet de Rio, j'avais
rencontré les parlementaires du Global Legislators qui faisaient
partie... Eux, c'étaient des représentants européens, des
représentants asiatiques et des représentants américains,
avant la tenue du Sommet à Rio.
Alors, oui, nous prenons les mesures nécessaires pour informer
les décideurs américains, les médias américains,
les investisseurs américains sur ce que le Québec fait en ce qui
concerne les autochtones et toutes les questions qui pourraient nous affecter
dans ces milieux. Et je vous ai mentionné que, la semaine prochai-
ne, je vais aller à Washington pour poursuivre mes
démarches et défendre les intérêts du
Québec.
Une voix: Merci, M. le ministre.
M. Boulerice: Deux petites remarques. Je constate avec plaisir
que le ministre fait des représentations aux Nations unies,
lui-même directement et non pas !e rr. inistère de
l'Énergie et des Ressources. Donc, !à, son
«monitoring» commence à prendre une dimension tout à
fait différente.
M. Ciaccia: Quand on peut le faire et que les règles nous
permettent de le faire, on le fait, mais dans le cas que vous avez
mentionné tantôt, les règles ne nous le permettaient pas,
nous-mêmes. La plaidoirie est par écrit. Alors, on sait le
contenu. On a participé aux discussions. Mais la défense
légale, d'après les règles de l'ONU, c'est le Procureur
général. Ça n'a pas enlevé ma participation.
M. Boulerice: Ceci étant dit, le ministre dit: Je me
rends... Et je ne viens surtout pas critiquer les déplacements du
ministre des Affaires internationales, ce serait odieux, puisque c'est sa job
pour employer l'expression québécoise d'être
à l'extérieur.
Mais est-ce qu'il y a des stratégies spécifiques de
communication? Est-ce que l'on utilise les grandes boîtes
américaines de communication? Quels sont les budgets qui y sont
dévolus, de façon à ce que nos délégations
puissent avoir le maximum de contre-impacts. Parce que, quand on en est rendu
qu'il y a des législations américaines qui condamnent
Hydro-Québec, ça devient inquiétant. Ça
représente quel budget, grosso modo? 11 y a des contrats, même,
qui sont annulés, là.
M. Ciaccia: Ce n'est pas nous... Premièrement, je peux
vous dire que tout dans la démarche gouvernementale... il y a aussi une
société d'État qui s'appelle Hydro-Québec; eux
aussi ont un plan d'action, ils ont des budgets. Ils engagent des firmes
américaines pour défendre l'image d'Hydro-Québec. Alors
ça, ça fait partie... On est au courant des activités, des
démarches qu'ils prennent. Nous mêmes, nos
délégations sont impliquées directement, je l'ai
mentionné. Elles rencontrent régulièrement les
médias américains. (12 heures)
Nous avons invité au Québec différents groupes de
personnalités politiques, de gens d'affaires, qui ont participé
à des séances d'information sur nos politiques, sur les projets
de développement, et je crois que ça faisait partie
ça fait partie, aussi de notre stratégie, de nos actions,
et je crois que cette mesure d'inviter les leaders ici a été
particulièrement efficace. La preuve, en janvier dernier, au New
Hampshire, certains législateurs ayant participé à la
session d'information ont contribué à défaire un projet de
loi qui était contraire aux intérêts du Québec. Il y
a plusieurs législateurs, individuellement, qui avaient
déposé des projets de loi. Et nous avons réussi, par nos
démarches, à convaincre les législateurs de ne pas donner
suite à ces projets de loi. Ces projets de loi auraient pu être
assez négatifs pour le Québec en termes d'investissements.
M. Boulerice: Donc, vous avez réussi à faire un
certain isolement de ces groupes, entre guillemets, perturbateurs.
M. Ciaccia: Bien, je ne sais pas si on a réussi. Us vont
continuer, ces groupes-là. Et, nous aussi, nous allons continuer nos
démarches. Je ne sais pas, mais je pense que, si vous vous informez
auprès des décideurs, ils n'ont pas la perception qu'on croirait
qu'ils pourraient avoir en lisant certains articles de journaux. C'est clair
qu'on ne peut pas empêcher un groupe de prendre une annonce dans un
journal, puis dire: Voici notre position.
M. Boulerice: Mais, personnellement, votre ministère a
investi combien, à ce niveau-là?
M. Ciaccia: Bien, c'est difficile à évaluer une
somme, parce que les gens... les délégations travaillent
constamment dans... Tu sais, le délégué... Je ne... pas...
Comment on peut mettre un chiffre à toutes les activités qu'ils
prennent? Ils ont des budgets, et quand le temps est... Peut-être que je
pourrais demander au sous-ministre d'élaborer un peu.
M. Boulerice: Ou c'est 10 %, 20 % de leur budget?
Le Président (M. Doyon): M. Caron.
M. Caron: Non, on ne peut pas dire précisément le
budget. On pourrait examiner cette question-là. Mais il est difficile
pour nous, par exemple, d'estimer le coût de la défense qu'on a
faite à Bruxelles au Tribunal international de l'eau, où on a mis
beaucoup d'énergie le personnel et les compétences
pour défendre les intérêts du Québec devant le
Tribunal international de l'eau. Ce que nous avons gagné? C'a
coûté combien? Il est difficile d'évaluer, parce que la
Délégation générale à Bruxelles a
été impliquée à ce moment-là, certains
spécialistes de chez nous et des organismes
intéressés.
Au New Hampshire, à Boston, au Vermont, dans le Connecticut et au
Massachusetts, la délégation et certains spécialistes de
l'Hydro, le bureau d'Hydro-Québec à New York et dans les
États du Nord-Est a été impliqué là-dedans;
le ministère de l'Énergie et des Ressources, nous, mais surtout
les délégations, ont été impliqués
là-dedans. Donc, c'est difficile d'évaluer le montant exact en
termes de publicité ou de travail, là-dedans. C'est du
personnel... On pourrait...
M. Boulerice: II serait peut-être intéressant, pour
mettre fin à cette discussion, dans les prochains crédits,
qu'on ait...
M. Caron: Dans les prochains crédits, on peut examiner
cette question-là, si c'est possible de délimiter le coût
en...
M. Boulerice: Et ça répond...
M. Caron: Mais le budget... le budget des communications.
M. Ciaccia: C'est presque impossible... M. Caron: C'est
presque impossible.
M. Ciaccia: ...de faire ça, parce que supposons que
quelque chose...
M. Boulerice: Oui, mais les budgets des communications, quand
même, M. le ministre...
M. Caron: Ah oui, il est connu.
M. Boulerice: Je pense qu'on peut réussir à
ventiler un peu, en disant une grande partie...
M. Caron: Oui.
M. Boulerice: 20 % étalé face à...
M. Ciaccia: Oui. Ça, on pourrait faire ça dans le
budget des communications, mais ça ne donnerait pas tout le portrait
parce qu'il y a des...
M. Boulerice: Au moins un indicatif, déjà,
ça ne serait pas mauvais.
M. Ciaccia: Oui, ça pourrait indiquer un peu ce qu'on
dépense strictement dans le domaine des communications.
M. Boulerice: Pour réparer les pots cassés. M.
Ciaccia: Oui, on pourrait faire ça.
M. Boulerice: Et, ça pourrait peut-être satisfaire,
aussi, à certaines remarques du Vérificateur
général au sujet de la gestion du ministère.
M. Ciaccia: Oh, peut-être. On est à son service.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Tout ce qu'on peut faire pour l'aider à
comprendre comment le ministère fonctionne, on va le faire
volontairement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est noté, M. le
député?
Nominations dans des délégations du
Québec
M. Boulerice: Oui. Monsieur... Vous n'avez pas réussi,
cette année, mais enfin.
Bon, alors, M. Dufour va être nommé au poste de
secrétaire général du Secrétariat aux Affaires
intergouvernementales canadiennes à compter de juin prochain; est-ce que
le ministre peut nous indiquer s'il entend lui désigner un successeur
d'ici le 28 juin il faut se rappeler qu'entre le départ de M. Roy
et la nomination de M. Dufour il y a eu un laps de temps énorme avec un
intérim qui a été assumé, quand même, dans
les règles par M. Bergeron et a-t-il déjà entrepris
des démarches auprès de certaines personnes?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, premièrement, je voudrais souligner
l'excellent travail offert à la Délégation
générale du Québec à Paris par M. Dufour, et que,
déjà, des démarches sont en cours pour le remplacer. Je
voudrais vous rappeler que le départ de M. Dufour n'est prévu que
pour le 1er juillet prochain.
Je veux aussi souligner l'importance de la Délégation
générale du Québec à Paris, dans le réseau
extérieur du Québec. Le choix d'un nouveau
délégué général devra tenir compte et
va tenir compte de l'importance et du caractère particulier de la
relation franco-québécoise. Et le candidat retenu devrait,
notamment, avoir un profil qui tiendra compte des mandats très larges de
la Délégation générale: des mandats politiques, des
mandats économiques, des mandats socioculturels. Pas seulement des
mandats d'affaires commerciales. Et je souhaite qu'on trouve un
remplaçant...
M. Boulerice: Tant mieux, je m'en réjouis. Enfin, j'ai une
influence!
M. Ciaccia: Et je souhaite qu'on trouve un remplaçant dans
les meilleurs délais. Oui, oui, c'est ça, les affaires
internationales. Les affaires.
M. Boulerice: Et surtout que le premier ministre a invité
le premier ministre de France. Donc, un voyage comme celui-là ne se
prépare pas par un intérimaire, mais par un
délégué d'office.
Et, est-ce que le ministre pourrait nous confirmer, au sujet des autres
postes vacants, quand il entend nommer un délégué à
notre représentation à Rome? Et là, je m'étonne que
le ministre ne soit pas plus rapide: c'est un pays qui lui tient à coeur
autant que moi...
M. Ciaccia: Absolument.
M. Boulerice: ...c'est la capitale politique de ce pays. Je sais
que nous avons des services à Milan aussi. Mais, Rome, là, que se
passe-t-il? Je sais que M. Donat Taddeo s'en va en sabbatique et, surtout qu'il
y a des changements politiques importants, en Italie: un
référendum que, eux, ont remporté.
M. Ciaccia: Oui.
M. Boulerice: Les forces progressistes, j'entends bien.
M. Ciaccia: Oui. Je ne ferai pas de commentaires. Je ne veux pas
engager une polémique.
M. Boulerice: Vous ne voulez pas faire d'affaires
internationales? Ha, ha, ha!
ML Ciaccia: Non, je ne veux pas engager une polémique avec
l'Opposition, sur le genre de référendum.
M. Boulerice: Vous n'êtes pas d'accord avec le
référendum en Italie?
M. Ciaccia: Absolument, entièrement. Entièrement
d'accord.
Bien, je pourrais vous dire que la représentation du
Québec en Italie, comme vous le savez, est assumée par M. Luciano
Dorotea, qui est un conseiller polyvalent du ministère des Affaires
internationales du Québec et, présentement, chargé
d'affaires auprès du gouvernement d'Italie, et son mandat est
prolongé jusqu'à la fin de l'année 1993.
Mais, je veux vous assurer qu'un délégué sera
nommé en temps opportun, afin d'assurer une représentation
gouvernementale officielle auprès de ce partenaire important du
Québec en Europe, important au plan commercial et culturel.
M. Boulerice: Et, suite à cette réponse on ne peut
plus claire et je vous en remercie est-ce que l'on peut,
également, dégager de vos propos qu'il n'y a pas de remise en
question, et qu'on ne renouvelle pas le vieux débat Milan-Rome?
M. Ciaccia: Non. Ça ne fait pas partie de nos
débats. Il y a une raison pour avoir un délégué
à Rome et il y a une raison pour avoir un bureau à Milan. Un
bureau commercial. Même, à ma dernière visite, je suis
allé à Milan et, de Milan, je suis allé à Bergamo
pour discuter avec un important investisseur qui veut faire un investissement
au Québec. Et il y a beaucoup de dossiers économiques qui
originent de Milan. Il y a d'autres dossiers avec des sociétés
d'État importantes italiennes qui originent de Rome. Alors, pour le
moment, il n'y a pas de discussion de ne pas maintenir cette situation.
Mais, j'espère que vous avez été bien reçu
à Rome?
M. Boulerice: J'ai été reçu de façon
exceptionnelle, autant par notre délégation que par le souverain
pontife, oui.
M. Ciaccia: Alors, vous voyez.
M. Boulerice: J'ai eu l'occasion, même, de m'adresser
au...
M. Ciaccia: Nos relations internationales fonctionnent. Ça
va bien. Ils nous reçoivent bien.
M. Boulerice: Oui, elles fonctionnent très bien.
M. Ciaccia: Bien, vous n'étiez pas là en mission
économique, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Qu'est-ce que vous en savez, M. le ministre?
Qu'est-ce que vous en savez? (12 h 10)
M. Ciaccia: Non, non. Ou pas seulement en mission
économique, s'il y avait de...
M. Boulerice: J'étais en mission «degli
esteri», comme on dit en italien aussi, d'affaires
étrangères.
M. Ciaccia: C'est sûrement pas une mission
économique, rencontrer le souverain pontife.
M. Boulerice: Pardon?
M. Ciaccia: Ça n'était pas seulement pour discuter
des affaires économiques avec le souverain pontife.
M. Boulerice: Effectivement, et le ministre ne nie pas que notre
Délégation à Rome est importante, puisqu'un des centres
diplomatiques les plus importants au monde est à un jet de pierre de
notre délégation: ça s'appelle le Vatican. Les pays
intelligents l'ont compris. Ça ne serait peut-être pas inutile que
nous ayons un poste tout à fait précis, à
l'intérieur de notre Délégation, qui assumerait une
certaine relation avec la cité du Vatican, qui est un centre de
diplomatie très important.
M. Ciaccia: Mais, là on devrait prendre des relations avec
1'«Archbishop of Canterbury»?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Est-ce que vous feriez de la discrimination quant
aux orientations religieuses de nos concitoyens?
M. Ciaccia: Pas du tout.
M. Boulerice: Mais je vous rappelle que le Vatican est un
État, également, reconnu. Mais, Canterbury ne l'est pas.
M. Ciaccia: Vous avez raison. Oui, vous avez raison.
M. Boulerice: Voilà. Mais, par contre, celle à qui
vous prêtez serment d'allégeance est chef de cette Église,
donc, vous pouvez lui parler. Alors, est-ce que vous
rencontrez la reine Elizabeth.
M. Ciaccia: J'ai déjà rencontré le
suprême pontife moi-même. Suprême pontife, au Vatican.
Oui.
M. Boulerice: Oui. Enfin. Suprême pontife... oui, d'accord.
J'espère qu'il vous a aussi bien reçu que moi.
Est-ce que le ministre...
M. Ciaccia: Exceptionnel.
M. Boulerice: Exceptionnel, je m'en réjouis.
Est-ce que le ministre peut nous confirmer les rumeurs persistantes
à l'effet que M. Parisella, l'actuel chef de cabinet du premier
ministre, serait un candidat sérieux au poste de
délégué du Québec à Boston?
M. Ciaccia: D'où c'est venu... C'est une rumeur
complètement non fondée. Je ne sais pas où... Je ne sais
pas même l'origine de cette rumeur.
M. Boulerice: Peut-être 1'«Egyptian News».
Ha,ha, ha!
M. Ciaccia: Est-ce que c'était dans un journal?
Pardon?
M. Boulerice: Peut-être 1'«Egyptian
News»!
M. Ciaccia: Ha! Non, non. Parce que, eux autres, ils ne disent
que des choses factuelles.
M. Boulerice: Sans texte. D'où la réserve que vous
avez émise tantôt.
M. Ciaccia: Non. On s'est informé avant. Avant de faire
des commentaires, on a dit: Est-ce que c'est factuel? Et puis, quand j'ai lu
dans le El Diario de Caracas, Venezuela... et quand j'ai lu aussi...
quand j'ai fait des téléphones que, effectivement ça avait
eu lieu... confirmé... et les gens d'affaires, leurs
réactions...
Non, c'est une rumeur complètement non fondée, sans
fondement.
M. Boulerice: Est-ce que vous lisez le Globe and Mail,
aussi, qui prouve par contre que notre stratégie de communication,
quelquefois, est peut-être un échec? Parce que votre intervention
était passée inaperçue. C'était plutôt cette
brave dame qui faisait la manchette du Globe and Mail.
Mais, ceci étant dit, est-ce qu'on songe à rappeler le
délégué actuel, M. Bédard? Est-ce qu'on est
satisfait de son travail?
M. Ciaccia: Pas du tout. M. Bérard.
M. Boulerice: Pas du tout? Bérard, j'ai dit oui.
M. Ciaccia: Pas du tout, pas du tout. Regardez le beau travail
qu'il fait...
Le Vermont, c'est un État qui est vraiment conscient de
l'écologie. Ils ont toujours été à l'avant-garde en
termes de positions qu'ils prenaient sur l'environnement et, malgré
ça, avec cette position, vous savez, le gouverneur du Vermont s'est
porté à la défense d'Hydro-Québec. Alors, je crois
que le travail de notre délégation à Boston... Je ne pense
pas qu'on ait des reproches à leur faire, et M. Bérard fait un
travail excellent. Il n'est pas question du tout de changer son mandat.
Budget des délégations du
Québec
M. Boulerice: D'accord. Et, parlant des délégations
du Québec à l'étranger, on s'aperçoit qu'il y a une
diminution, quand même, importante de 2 300 000 $ au chapitre du budget
dévolu.
Alors, quels sont les postes budgétaires qui font les frais des
coupures de 2 300 000 $ imposées au réseau des
représentations du Québec à l'étranger? Est-ce
qu'on envisage des réductions d'effectifs? Et, si oui, quelles sont les
délégations ou bureaux qui seront affectés, cette
année, par une réduction de leur personnel?
M. Ciaccia: Bon, écoutez. Vous savez que nous devons voir
l'administration. On ne veut pas réduire nos activités, mais, des
fois, il faut prendre certaines mesures pour rendre notre administration plus
efficace.
M. Boulerice: Ce que disait le Vérificateur.
M. Ciaccia: Alors, je vais demander à notre sous-ministre,
peut-être, de vous donner plus de détails sur ce sujet, puisque
c'est une question administrative.
M. Caron: Au niveau de la représentation du Québec
à l'étranger, M. le député, si vous le permettez,
la différence est surtout la diminution du budget lié à
Seville. Le budget qui avait été accordé pour Seville,
pour les deux ans, c'est un budget ponctuel. Donc, la différence, c'est
le budget de Seville. Donc, il n'y a pas de diminution dans le nombre de
délégations, actuellement, et vous faites référence
aux postes que l'on doit réduire. Pour l'instant, la stratégie
qu'on a adoptée, c'est que tous les postes qui sont vacants ont
été gelés pour l'instant et, dans le processus, on va
régler ça avec le processus annuel. Mais il n'y a pas de
diminution comme telle, pour l'instant.
M. Boulerice: Bon. Alors, on avait pris place à Seville,
c'était notre ancien collègue et ami, Claude Trudel, qui
était là, et là, maintenant, on plie bagage. Mais est-ce
qu'on songe à rétablir, éventuellement, une certaine forme
de représentation en Espagne ou dans une certaine partie de l'Espagne,
qui pourrait être la Catalogne? Parce que, là aussi, on fait des
affaires, en Catalogne, région très industrialisée.
M. Caron: II faut...
M. Ciaccia: Vous savez, à Séoul, on avait...
À Séoul, on avait placé notre délégué
à l'intérieur de l'ambassade canadienne pour plusieurs raisons.
Et, à Madrid, on peut examiner la possibilité d'avoir une
représentation. Il y a eu certains changements qui peuvent nous porter
à réévaluer nos priorités, mais c'est quelque chose
qu'on examine. Mais, pour le moment, on bénéficie d'une
très bonne collaboration avec l'ambassadeur du Canada à Madrid et
le service du consulat de Barcelone, mais c'est quelque chose qu'on examine,
malgré les contraintes. On a des contraintes budgétaires, mais on
n'exclut pas cette possibilité.
M. Boulerice: Et, Seville, vous me dites que vous y pensez, vous
y réfléchissez, vous étudiez.
M. Ciaccia: Oui.
M. Boulerice: Comme réponse, pour le moment où on
se parle, ça me satisfait, maintenant il n'y a...
M. Ciaccia: II n'y a pas de décision de prise de toute
façon.
M. Boulerice: Oui, pas de décision de prise, mais il y a
l'Amérique du Sud: nous avons fermé en Argentine...
Une voix: Non, c'était un contractuel en Argentine.
C'était une personne...
M. Boulerice: Ah bon, enfin, une personne, mais elle n'est plus
là?
Une voix: Elle n'est plus là, c'est un contrat qui s'est
terminé, une contrat de deux ans.
M. Boulerice: C'est un contrat qui s'est terminé, nous
avons évidemment...
M. Ciaccia: Ce n'était pas un bureau, ce n'était
pas une délégation, c'était juste un contrat avec un
individu.
M. Boulerice: D'accord. Nous avons un bureau, si ma
mémoire m'est fidèle, à Bogota.
M. Ciaccia: Bogota, oui.
M. Boulerice: D'accord. Par contre, puisque histoire de
vous satisfaire, je vais l'aborder l'économie semble bien aller
au Chili je vous en avais déjà parlé est-ce
que le Québec, enfin, l'économie... Ça devrait vous
satisfaire, une question de cette nature venant de moi!
M. Ciaccia: Ah, on parle d'économie, là.
M. Boulerice: Est-ce que vous songez... M. Ciaccia: Vous
me «confusez».
M. Boulerice: ...à l'ouverture d'une
délégation à Santiago du Chili.
M. Ciaccia: Non. Prochainement, je vais aller au Chili, mais je
vais vous donner brièvement...
M. Boulerice: Vous m'en parlerai avant de quitter.
M. Ciaccia: Définitivement.
Mais, je vais vous donner, un peu, la perception... depuis mon voyage...
la mission économique que j'ai faite au Mexique et en Colombie. Ces pays
sont en évolution, et il y a des changements considérables, des
changements économiques, même des changements politiques et
sociaux. Et, je crois qu'on doit revoir et donner une autre priorité
à nos relations avec l'Amérique latine. On prend le leadership
avec l'ALENA, avec le Mexique, mais c'est aussi une porte pour aller dans
d'autres pays de l'Amérique latine. Et je crois que, dans les prochaines
10 années, il va y avoir des changements considérables, et nous
pouvons prendre un rôle de leadership en termes de donner une orientation
dans les nouvelles relations avec l'Amérique latine en Amérique
du Nord. Et, en Colombie, je suis allé avec des représentants
d'à peu près 23 sociétés québécoises
et institutionnelles et entreprises privées, et il y a un travail
considérable à faire, non seulement... Je sais qu'on parle
toujours commerce et relations internationales, mais, non seulement au niveau
économique; ils passent, eux, à travers de l'équivalent de
notre Révolution tranquille. Ils font des changements à leurs
politiques, des changements à leur système d'éducation,
des changements à leur économie. (12 h 20)
Le modèle qu'on a développé au Québec peut
être très, très utile avec eux. J'ai passé à
peu près trois heures avec la ministre des Affaires
étrangères de la Colombie pour discuter tout cet aspect
institutionnel, tous les changements et les expériences que nous avons
eus, qui pourraient être utiles pour la Colombie. Et je crois qu'on peut
faire beaucoup d'échanges avec eux et avec les autres pays de
l'Amérique latine dans tous les domaines d'activité,
incluant les domaines institutionnel et culturel.
En ce qui concerne le Chili, je vais faire une mission
économique, et on va examiner, voir... Pour le moment, il n'est pas
question d'ouvrir une délégation, mais l'avenir ne l'exclut
pas.
M. Boulerice: Bon. Donc, vous ne tirez pas de ligne sur la
Colombie, de toute évidence.
M. Ciaccia: Non.
M. Caron: Permettez. Vous avez fait référence
à
Buenos Aires, je pense, Buenos Aires. C'était un bureau
d'immigration qui a été fermé, comme les clientèles
sont mouvantes dans ce secteur-là. Et, certains bureaux...
M. Boulerice: Qui avait été, à
l'époque, beaucoup plus accueillant que l'ambassade du Canada au Chili,
au moment où ce pays vivait une dictature les mots me manquent
pour la qualifier... Interrogez les exilés chiliens sur l'accueil qu'ils
recevaient de la part de l'ambassade du Canada. Par contre, ceux qui avaient
réussi à traverser en Argentine étaient très,
très heureux de voir l'accueil qu'ils recevaient par la
représentation du Québec qu'il y avait à ce
moment-là.
Mais vous parlez, M. le ministre, de l'ALENA...
M. Ciaccia: Pour le Mexique seulement. Je ne parle pas de l'ALENA
pour la Colombie. Je parle complètement d'autre chose.
M. Boulerice: Non, mais le Chili montre un intérêt
de plus en plus grand face à l'ALENA, et, bon, on ne sait pas ce que
ça va donner, mais on est quand même capable de faire une certaine
prospective. Il est fort probable que, si jamais un autre pays devait se
joindre à l'ALENA, l'extension naturelle risque, dans le bon sens du
terme, d'être le Chili. D'où l'importance de s'implanter au Chili
le plus rapidement possible.
M. Ciaccia: Oui, on parle du Chili comme un partenaire possible
dans l'avenir, pour l'ALENA. Il faut s'assurer, premièrement, que
l'ALENA est ratifiée au Canada et aux États-Unis avant, parce
qu'on a encore un bout de chemin à faire. Mais, en ce qui concerne le
Chili, il va y avoir quatre missions économiques qui auront lieu au
Chili. En plus de la mienne, il va y avoir une mission sur l'environnement, une
mission sur les mines et une mission sur les
télécommunications.
Alors, non seulement on suit ça de près, mais on veut
prendre les devants, comme on l'a fait au Mexique. On a pris les devants; on
n'a pas attendu que l'entente soit ratifiée, on a commencé tout
de suite. Et c'est ça qu'on fait en Amérique latine. On
n'attendra pas que ces pays deviennent membres de l'ALENA avant de commencer,
vraiment, à avoir des activités très intenses avec eux. Et
nos études confirment l'intérêt du Chili pour faire partie
de l'ALENA.
(Consultation)
M. Boulerice: Est-ce que le ministre a des indications quant
à l'entente SAQ, là, et vins chiliens?
M. Ciaccia: L'entente SAQ? Je pense qu'elle a
été...
M. Caron: C'est une entente de type privé, qui semble...
d'après ce que la SAQ nous dit, qui va très bien.
M. Ciaccia: Elle a été signée. Elle a
été complé- tée.
M. Boulerice: Votre ministère a joué un rôle
là-dedans.
M. Ciaccia: Oui, oui.
M. Boulerice: Le «monitoring».
M. Ciaccia: Moi-même, j'ai rencontré
l'équivalent du président avec le président de la SAQ, il
y a un an, et on a été directement impliqué dans la
finalisation de cette entente.
M. Boulerice: La dégustation ou la finalisation? Ha, ha,
ha!
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas dégusté, mais...
M. Caron: II n'y a pas de vin à déguster, il n'y a
pas de vin encore à déguster, malheureusement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
Impact de la partition de la
Tchécoslovaquie
sur les activités du Centre du commerce
et
de la culture du Québec à Prague
M. Boulerice: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, les conséquences de la partition de l'ancienne
Tchécoslovaquie... En janvier 1993, la Tchécoslovaquie a fait
l'objet d'une partition, ça a donné naissance à deux
républiques indépendantes un modèle, d'ailleurs,
dont s'inspireront à la fois le Canada et le Québec
c'est-à-dire la création d'une république tchèque
et d'une république slovaque, dans un processus on ne peut plus
pacifique, on ne peut plus stable, donc, véritablement, je le rappelle,
un modèle. En janvier 1991 soit deux ans auparavant un
centre de commerce et de la culture avait été ouvert dans des
locaux offerts par la ville de Prague et dont la gestion était
assurée par le Conseil d'affaires tchèque et slovaque, à
l'époque.
Alors, quel est l'impact de la partition de l'ancienne
Tchécoslovaquie sur les activités du Centre du commerce et de la
culture du Québec à Prague?
M. Ciaccia: Au début, je m'étais rendu
moi-même non seulement à Prague, mais à Bratislava parce
que, avant d'ouvrir le bureau, le Centre du commerce et de la culture à
Prague, Bratislava avait indiqué que, eux aussi, seraient
intéressés d'avoir un bureau semblable. Mais, la participation,
l'ouverture d'un tel bureau nécessitait la participation du secteur
institutionnel privé, le secteur privé. Alors, nous avons
ouvert... nous avons fourni les équipements, nous avons fait l'entente
pour l'ouverture du bureau, qui est administré par le Conseil d'affaires
tchèque, et il n'y a pas eu, vraiment, d'impact sur l'opération
de ce bureau par la formation de la République slovaque.
Le Centre du commerce et de la culture du Québec contribue
à l'organisation de missions économiques du ministère des
Affaires internationales en République tchèque et en Slovaquie,
notamment au niveau de rendez-vous, des contacts développés sur
place. Il constitue vraiment un instrument privilégié pour le
développement des relations économiques et culturelles entre le
Québec, la République tchèque, et la Slovaquie. Pour le
moment, il n'y a pas de changements, et on n'a pas eu d'indications du Conseil
qu'il, pouvait être affecté par le changement politique.
M. Boulerice: Donc, il n'a, au moment où on se parle,
aucune intention de se doter d'une représentation particulière
à Bratislava, qui est capitale de la nouvelle République
slovaque?
M. Ciaccia: Non, non, pas au moment où on se parle, mais
je l'avais examiné, j'avais fait des discussions préliminaires,
j'avais fait des efforts, mais la réaction des participants était
qu'il n'y avait pas vraiment un besoin pour eux d'être présents
à Bratislava et à Prague.
Le Président (M. Dauphin): M. le député. (12
h 30)
Bilan de l'entente de coopération de 1991 avec
la Russie
M. Boulerice: On a assisté, il y a quelques jours, au
premier sommet Eltsine-Clinton à Vancouver, en Colombie-Britannique, et
le 8 mai 1991, vous avez signé avec le premier vice-président du
Comité d'État à l'économie de la République
socialiste federative soviétique de Russie un programme de
coopération économique, scientifique et technique entre le
Québec et la Russie pour les années 1991 et 1992. Ce programme
découlait de l'entente générale de coopération
conclue en octobre 1988 et mettait l'accent sur l'accès à
l'information scientifique, économique, pour les gens d'affaires et les
scientifiques des deux États dans les structures de l'agro-alimentaire,
de l'industrie forestière, de la construction et des
pêcheries.
Est-ce que vous avez un bilan de l'entente de coopération conclue
en 1991 avec la Russie?
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse, Messieurs. On
m'indique qu'il est 12 h 30. Alors, si vous voulez poursuivre avec le
consentement des membres de la commission; comme président je n'y ai pas
d'objection.
M. Boulerice: Oui, mais, comme on avait commencé à
10 h 10, donc...
Le Président (M. Dauphin): Cependant, ça prend le
consentement quand même pour pouvoir poursuivre après 12 h 30.
M. Boulerice: Pas de problème.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Donc, si je
comprends bien, nous continuons pour une dizaine de minutes?
M. Ciaccia: Oui, oui. Je n'ai aucune objection, M. le
Président. Oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le ministre, c'est
à vous en réponse.
M. Boulerice: Le ministre accepte bien quelque décalage
horaire.
M. Ciaccia: Bien, pour moi, il est minuit et demi le soir, avec
mon décalage, alors, je vais aller me coucher.
Une voix: Quel pays, ça? Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Corée. Samedi.
Je peux vous fournir un bilan. Mais, comme vous le savez, les
bouleversements qui ont eu lieu ont retardé, en quelque sorte, certains
des projets qu'on pouvait avoir. Je n'ai pas le bilan ici, mais, cet
après-midi, je pourrais vous fournir toutes les actions, tous les
projets, tout ce que nous avons fait jusqu'à date pour donner un bilan
un peu plus complet.
M. Boulerice: Ça a donné lieu à des
investissements québécois en Russie.
M. Ciaccia: II y a des investissements, plutôt, à ma
connaissance, celui de développement immobilier du Groupe Lépine
et Pomerleau.
M. Boulerice: Et est-ce que vous avez un bilan du programme
d'aide des entreprises québécoises qui veulent investir en Europe
de l'Est, qui est administré par la SDI?
M. Ciaccia: Oui. On a le programme. Je pourrais demander des
détails.
Une voix: On pourrait prendre avis de la question...
M. Ciaccia: Oui. On pourrait prendre avis pour vous fournir des
informations sur l'application de ce programme.
M. Boulerice: Et à combien s'élève le budget
1993 qui va être consacré à la coopération
bilatérale avec la Russie?
M. Ciaccia: Budget 1993... collaboration ... (Consultation)
M. Ciaccia: 75 000 $ comme budget, strictement... Bien,
peut-être, je vais demander à M. Paul-Émile Blouin de vous
donner les détails.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. Blouin. Nom et
qualité, s'il vous plaît, votre titre, pour le Journal des
débats.
M. Blouin (Paul-Émile): Sous-ministre adjoint pour les
relations bilatérales.
Dans le cas de la Russie, il y a une reconduction de l'enveloppe
budgétaire qui était déjà prévue pour la
collaboration avec la RSFSR, qui était la République socialiste
federative soviétique de Russie, et le budget est de 75 000 $ pour les
activités ponctuelles. Cependant, à ça s'ajoute le budget
de la direction pour la réalisation de missions et d'autres
activités ponctuelles, telles que mission que la ville de
Montréal peut faire et avec laquelle on collabore pour la
réalisation, justement, des programmes de coopération avec la
Russie.
M. Boulerice: Ce budget est de combien, M. Blouin?
M. Blouin: Le budget, c'est un peu comme on a mentionné ce
matin, c'est difficile de ramasser toutes les sommes qui sont affectées
aux activités qui sont réalisées sur la République
de Russie. Il faudrait essayer de ramasser des chiffres un peu partout.
C'est...
M. Caron: Ce qu'on doit vous donner, actuellement, c'est le
budget d'activités, c'est celui-là. À cela s'ajoute un
travail de certaines ressources humaines et de missions.
M. Blouin: ...des missions...
M. Caron: Mais, dans le cas de la Russie, pour l'instant, c'est
qu'il y a un certain nombre de missions, actuellement, qui sont remises en
question.
On avait convenu d'en faire dans des domaines comme l'agro-alimentaire,
mais on a été obligés, avec l'assentiment des gens de la
Russie, de remettre ces activités-là. Donc, il est possible qu'on
refasse cette activité-là, par exemple, dans l'agro-alimentaire.
Donc, si cette activité-là se fait, il va... le budget qui va
s'ajouter à ce 75 000 $ là... Mais, l'entente de
coopération est actuellement en discussion, en voie de finalisation.
Avec l'accord de M. Eltsine, à l'époque quand il
était venu à Montréal il avait donné son
accord à la remise à jour de l'entente de coopération.
Mais, pour l'instant, je pense que vous en conviendrez, dans les prochains
mois... Et peut-être qu'il va y avoir des délais sur...
M. Ciaccia: Oui. Parce qu'on devait faire une mission
économique dans le domaine agro-alimentaire. Même, un de mes
collègues devait participer à cette mission. Elle a
été reportée à la demande expresse de M. Eltsine et
des autorités de la Russie.
M. Caron: M. Boulerice, je pense que ça vous semble un peu
imprécis quand je vous dis: Bon, à cela s'ajoute... C'est
très simple. L'ajout, c'est très simple, c'est le budget APEX. Si
des entreprises font appel au budget APEX. Est-ce que je peux vous dire,
à 1000 $ près, si des entreprises vont faire appel au budget APEX
pour aller faire des activités en Russie? Pour l'instant, je ne peux pas
vous le dire. S'il y en a, le budget APEX, selon les règles et les
normes, va supporter ces entreprises-là. C'est ce à quoi on fait
référence. Le budget affecté à l'entente pour de la
coopération entre la Russie et le Québec est de 75 000 $,
reconduit. À cela peut s'ajouter le volet APEX activités, que
l'on appelle, nous. Et c'est des entreprises qui vont, soit pour des
études de marché, soit pour des missions, soit pour des
expositions sur les territoires russes. On va supporter, à ce
moment-là, mais c'est un programme sur demande.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a une évaluation de
l'intérêt des demandes faites par les industries
québécoises?
M. Caron: Oui. On pourrait vous donner pour la dernière
année les entreprises qui ont utilisé le programme APEX,
spécifiquement pour les territoires russes. On pourrait vous les donner.
Il n'y a pas de problème là-dessus.
M. Ciaccia: Ce qu'on peut faire, nous, on signe des ententes
quand on voit les possibilités d'intérêt d'une part et
d'autre. On ouvre les portes en signant des ententes avec ces gouvernements,
comme nous l'avons fait avec la Russie. Au moment où nous l'avons
signée, nous voyions des possibilités très
intéressantes en termes d'échanges entre le Québec et la
Russie. On a même proposé certaines activités, mais
ça prend un peu la collaboration des deux. Alors, avec les changements,
avec certains problèmes internes qu'ils ont eus, ils nous ont
demandé de reporter certaines activités. Mais je vais examiner
quelles activités les entreprises québécoises ont faites,
pour vous donner un peu un genre de bilan. Parce qu'une fois qu'on a
l'entente-cadre, bien, naturellement, on identifie ces secteurs-là, on
encourage les entreprises québécoises à y participer, mais
il faut qu'il y ait un intérêt et une volonté de leur part.
Alors, on va vérifier, voir combien ou qui, combien de
sociétés ont pu être actives en Russie durant la
dernière année.
M. Caron: Parce que le programme APEX, comme vous le savez, c'est
un programme à demande. Dans le cadre de la coopération, il y a
un certain nombre de projets, et on pourra vous faire le bilan qu'ils vont
assez bien, notamment un dans l'aérospatiale, impliquant des chercheurs
de Concordia et certains chercheurs montréalais. Même,
actuellement, il y a un représentant russe qui est ici dans ce
secteur-là et que l'on supporte.
M. Boulerice: Vous avez parlé d'actions ponctuelles face
à la République de Russie; au sujet de notre
présence, est-ce que le ministère étudie une
formule ou une forme de présence, disons, plus soutenue, sous forme
d'établissements? (12 h 40)
M. Ciaccia: Bien, puisque la Russie connaît de profonds
bouleversements sociopolitiques sur le plan intérieur... malgré
ça, il y a des entreprises québécoises qui se sont
installées en Russie, notamment dans le secteur de l'équipement
d'exploitation forestière, de la construction, des matériaux de
construction, des services financiers, des télécommunications. Il
y a plusieurs autres projets qui sont à l'étude, et on constate
une volonté de la part des autorités russes de coopérer
avec le Québec. Même, j'ai eu une rencontre récemment avec
le consul général de la Russie, ici. On a discuté de nos
activités.
La possibilité d'affecter un représentant du Québec
à Moscou avait été évoquée par un de mes
collègues en juillet 1990, mais la pertinence d'une
représentation du Québec à Moscou dépend maintenant
du potentiel d'accroissement des échanges entre le Québec et la
Russie. Pour le moment, ce n'est pas suffisamment assuré, et je pense
qu'il va falloir attendre un peu de voir les développements en Russie
avant qu'on puisse envisager une telle action.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Alors, le 2 h 30 qui était prévu pour ce matin est
maintenant rempli, effectué.
Alors, si... avec le consentement de tout le monde, nous allons ajourner
nos travaux jusqu'au prochain ordre de l'Assemblée nationale, de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux et, comme vous savez, il s'agit de voir à
l'étude des crédits du ministère des Affaires
internationales.
Alors, nous reprenons nos travaux, et je vais maintenant
reconnaître puisqu'il reste du temps, évidemment, si je me
fie à l'horaire, une trentaine de minutes M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. le député.
M. Boulerice: Oui, M. le Président, nous reprenons...
M. Ciaccia: Vous venez de mentionner qu'il reste 30 minutes au
député de Saint-Jacques. Sur quelle base qu'il lui reste 30
minutes?
Le Président (M. Dauphin): Sur l'horaire que j'ai devant
moi, il y a deux blocs de trois heures. Alors, trois heures pour le secteur
relations internationales. Nous avons fait deux heures et demie ce matin.
M. Ciaccia: Mais, M. le Président, on n'a pas...
Le Président (M. Dauphin): Trois heures pour le secteur
commerce extérieur. Oui, M. le ministre?
M. Ciaccia: Oui, juste...
Le Président (M. Dauphin): À moins qu'il y ait une
entente différente.
M. Ciaccia: C'est justement. Il n'y a pas d'entente. Je veux
juste être clair que nous n'acceptons pas cette division entre relations
internationales et commerce extérieur.
Alors, l'Opposition a six heures. Maintenant, s'ils veulent se partager
trois heures-trois heures, je n'ai aucun problème. Mais, en ce qui nous
concerne, nous faisons l'étude des crédits du ministère
des Affaires internationales. Nous ne faisons pas l'étude du
crédit de l'ancien ministère des Relations internationales, avec
Jacques-Yvan Morin, puis le Commerce extérieur, avec Bernard Landry.
Ça, c'est le passé, ça, là. Nous sommes
aujourd'hui, et, comme j'ai dit dans les remarques préliminaires, c'est
suite à la loi 42, qui a été votée unanimement...
Avec le consentement, évidemment; si c'est unanime, l'Opposition a
dû dire: Oui.
Alors, je voulais juste clarifier ce point. Maintenant, ceci
étant dit, on va attendre les questions ou les commentaires qui seront
faits par un ou l'autre membre de l'Opposition.
M. Boulerice: Nous avions dit: Oui, effectivement, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous me permettez,
juste avant que vous débutiez, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques, je comprends très bien que nous ne
fonctionnons pas sous l'ancien système, à l'époque de deux
ministères distincts. J'étais d'ailleurs présent, moi
aussi, lors de l'adoption de la loi, sauf que j'ai permis, cependant, ce matin,
avec toute déférence pour opinion contraire ou avec la permission
du Président, si vous me permettez l'expression, à M. le
député de Bertrand de faire des remarques
préliminaires.
Est-ce qu'il eût été préférable qu'il
les fasse au début? Peut-être, mais j'ai quand même
décidé de lui permettre d'y faire des remarques
préliminaires.
Mais ceci étant dit, je comprends très bien l'argument que
vous venez de nous mentionner. (15 h 30)
M. Ciaccia: M. le Président, nous n'avons aucune
difficulté avec votre décision de permettre les remarques
préliminaires à deux temps... pas au même temps que le
député de Saint-Jacques. Nous n'avons aucun problème.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Merci, M. le
ministre.
Alors, M. le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Je répondrai brièvement à M. le ministre en lui
disant qu'il n'est pas du tout dans notre intention de faire cette division
dans le sens où il l'apprécie lui-même, mais nous comptons
plutôt lui faire plaisir, c'est-à-dire que... nous avons
décidé de braquer un projecteur spécial sur le volet
économique du travail qu'il fait. Donc, il devrait, M. le
Président, inévitablement, se réjouir de voir l'importance
que l'Opposition attache à ce volet économique de son oeuvre, en
ayant tenté de se réserver, dans la globalité de
l'intervention, trois heures pour l'interroger sur, justement, les
investissements qu'il nous annonçait tantôt, et le résultat
de sa mission économique en Corée. Remarquez qu'on n'a pas su si
c'était la Corée du Sud ou la Corée du Nord, et le
ministre pourra profiter de cette occasion, justement, pour nous
préciser laquelle des deux Corée il a visitée et quelles
sont les perspectives d'avenir qu'il a pu développer à Pyongyang
ou bien à Séoul, dépendant de la capitale qu'il a
visitée.
M. Ciaccia: Vous me poserez la question.
Liste des membres du Comité des
Nations unies qui ont préparé
le rapport sur la loi 178
M. Boulerice: Ceci étant dit, M. le Président, je
vois que M. Blouin accepte ces propos dans le sens de la taquinerie et non pas
de l'affrontement... Ha, ha, ha!
J'aimerais demander: Est-ce que, compte tenu de l'intermission que nous
avons eue, le ministre a pu trouver et nous remettre la liste des personnes qui
forment ce fameux comité de la commission des droits humains de
l'Organisation des Nations unies?
Une voix: Le bilan ou l'avis?
M. Boulerice: Ah! Vous avez l'avis et le bilan? Ah! Vous parliez
de la Russie. Je croyais que vous me disiez que vous aviez l'avis de la
commission. Je m'en réjouissais. Je m'en réjouissais.
M. Ciaccia: Alors si...
M. Boulerice: C'est dommage que certains députés de
la formation ministérielle ne nous en aient pas donné une
copie.
M. Ciaccia: Alors, vous voulez avoir le nom des membres du
Comité des droits de l'homme des Nations unies qui ont
siégé pour...
M. Boulerice: C'est bien cela.
M. Ciaccia: ...rendre... qui vont rendre la décision
qui n'a pas encore été rendue publiquement sur la
loi 178.
M. Boulerice: Vont rendre publique la décision qui sera
rendue.
M. Ciaccia: Alors, j'ai la liste ici.
M. Boulerice: Est-ce que le ministre accepterait, M. le
Président, de la déposer?
M. Ciaccia: Je ne pense pas qu'on puisse faire des
dépôts.
M. Boulerice: Oui.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on fait un dépôt en commission
parlementaire?
Le Président (M. Dauphin): On peut faire un
dépôt...
M. Ciaccia: On peut faire un dépôt.
Le Président (M. Dauphin): ...en autant que le
président accepte le dépôt, en autorise le
dépôt. Alors...
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, si vous
permettez, je pourrais déposer cette liste.
Le Président (M. Dauphin): Normalement, j'en prends
connaissance et, ensuite de ça, j'autorise le dépôt, mais
nous sommes ici en toute confiance, M. le ministre.
M. Boulerice: J'oserais dire en franche camaraderie,
même.
Document déposé
M. Ciaccia: Intéressant. Alors, M. le Président, je
dépose la liste des membres du Comité.
Le Président (M. Dauphin): Alors, j'en autorise le
dépôt.
Gestion des ressources humaines
M. Boulerice: On va la photocopier. M. le Président,
avant, justement, que l'on scrute à la loupe le volet
«affaires», donc économie, du ministère des Affaires
internationales, j'aurais quatre peut-être cinq, au maximum
questions à poser au ministre sur l'ensemble du ministère comme
tel.
La première est la gestion déficiente des ressources
humaines au ministère. Le Vérificateur général, qui
est un des personnages centraux de l'État, disait: «En plus de
manquer d'informations sur le profil de son personnel, le ministère ne
possède pas de politique de mobilité du personnel. Il n'exige
aucun engagement de la part de ses employés à occuper des postes
dans son réseau de représentations à l'étranger au
cours de leur carrière. De plus, il ne planifie pas le retour de
l'étranger de ses employés, de façon à profiter au
maximum
de l'expérience et des connaissances acquises par ces derniers
lors de leurs affectations. Cette absence de politique ne contribue
évidemment pas à une utilisation efficace de son personnel.
«Nous avons aussi observé qu'au cours des dernières
années, certains postes de délégués et
délégués généraux sont demeurés
vacants durant des périodes pouvant atteindre jusqu'à deux ans.
Ces derniers sont nommés par le gouvernement. Lorsque leurs postes
demeurent longtemps vacants, cela peut affecter l'efficacité des
représentations.»
Et, c'était aux pages 89 et 90.
Je sais que le ministre, tantôt, a tenté de
répliquer en disant «Oui, mais il y a de bonnes choses qui se
font», mais le rôle du Vérificateur général
n'est pas de faire l'éclairage sur les réalisations accomplies,
mais sur les carences qui existent au niveau des ministères comme tels.
Le ministre peut faire lui-même son propre éloge dans son discours
de présentation, et, lorsqu'ils sont mérités, nous les
acceptons.
Donc, à cette problématique de gestion des ressources
humaines, les deux questions que je lui poserais, c'est: En ne planifiant pas
le retour de l'étranger des employés et en ne possédant
pas de politique de mobilité du personnel, est-ce que le ministre est
disposé à reconnaître que ça nuit non seulement
à l'efficacité de son personnel, mais ça empêche la
constitution d'une véritable diplomatie québécoise, qui
pourrait s'appuyer sur un noyau d'employés expérimentés,
motivés, justement, par ces perspectives d'une carrière
diplomatique au service du Québec?
M. Ciaccia: M. le Président, il est clair que le rapport
du Vérificateur générai, ce n'est pas de faire les
éloges des ministères, quoiqu'il pourrait au moins souligner
certaines améliorations qui ont été apportées, au
moins les signaler.
Et ce n'est pas ça, les critiques que j'avais ou les
réserves que j'avais en ce qui concerne certaines affirmations du
Vérificateur général. Les réserves que j'ai mises
de l'avant, que j'ai discutées, sont que certaines affirmations
n'étaient pas tout à fait exactes. Vous venez d'en soulever une.
Vous venez de dire qu'il n'y a pas de planification de retour du personnel. Je
regrette. Je ne sais pas comment le Vérificateur général a
pu venir à cette conclusion.
Aussi, la question de la mobilité. On peut avoir une politique
d'encourager la mobilité, mais on ne peut pas forcer quelqu'un à
se rendre à un poste à l'étranger si cette
personne-là ne le veut pas. Alors, les réserves que j'ai,
c'était plutôt sur certaines affirmations du Vérificateur
général, qui n'étaient pas, soit tout à fait
exactes ou qui ne tenaient pas compte de la façon dont le
ministère des Affaires internationales opère et des
problèmes dont il doit tenir compte, auxquels il doit faire face.
Mais peut-être que je pourrais demander au sous-ministre, M.
Renaud Caron, d'élaborer un peu plus sur la question, le sujet de la
mobilité des ressources humaines et toute cette problématique
l'entourant, et toute la question que vous venez de soulever.
Le Président (M. Dauphin): M. Caron.
M. Caron: Pour ce qui est de la question de la mobilité du
personnel, au moment où le Vérificateur était
présent dans le ministère, nous étions en train de
finaliser une révision de notre politique de mobilité. Et cette
question de la mobilité, en ce qui concerne le ministère, nous
n'en sommes pas les seuls responsables. Dans le cas des conseillers
québécois affectés à l'étranger, on en
discute avec le Conseil du trésor les conditions de travail et
les conditions de chacun des postes et, deuxièmement, pour les
postes de délégués et délégués
généraux. (15 h 40)
Donc, il y a une politique de mobilité qui a été
mise en place, et on peut vous donner... Par exemple, le bilan de tout le
personnel qui est revenu, par exemple, l'an passé, de l'étranger
a été repositionné dans des postes à leur
convenance. Je parle bien de tous les fonctionnaires.
Et un des éléments que l'on a rajouté et qui
est assez majeur au cours de l'an passé, en approbation avec le
Conseil du trésor, c'est l'ajout de 15 postes transitoires dans les
périodes dans lesquelles soit les personnes qui reviennent de
l'étranger, soit celles qui quittent pour l'étranger ont
l'occasion de se former avant de quitter et/ou d'être placées
à leur retour.
L'autre élément, si on regarde les nominations des
délégués généraux et des
délégués qui sont nommés par le gouvernement par
décret, on regarde les quatre derniers postes: à New York,
Léo Paré a été remplacé par Reed Scowen;
à Dusseldorf, François Bouilhac a été
remplacé par Denis Bédard; à Tokyo, Harold Mailhot a
été remplacé par Michel Boudriau; à Singapour,
Robert Bourbeau a été remplacé par Michel Dagenais. Et,
actuellement, il y a un intérim de fait à Rome. Et il y aura,
à partir du 1er juillet, un poste vacant à Paris. Donc, il n'y a
qu'un poste, actuellement, à combler.
M. Boulerice: D'accord.
M. Ciaccia: Si je pouvais juste ajouter quelque chose.
M. Boulerice: Oui, je vous en prie.
M. Ciaccia: Vous savez, quand on fait l'affirmation que, parce
qu'un poste est vacant, ça affecte l'efficacité des
opérations, il faudrait être certain et démontrer que c'est
un fait que les opérations ont été affectées. Quand
un poste est vacant, il peut y avoir des raisons très sérieuses;
ça peut s'expliquer, pourquoi il est vacant. C'est trop facile de dire
que, si le poste est vacant, ça va affecter l'efficacité.
Moi, je peux vous assurer qu'en aucun temps l'efficacité d'une
délégation n'a été affectée par le fait que
le poste était vacant. Que ce soit un délégué
général, que ce soit un directeur des communications, on a
toujours pris les moyens pour s'assurer non seulement du fonctionnement,
mais du bon fonctionnement de la délégation et de toutes ses
opérations. Alors, c'est pour ça... C'est trop facile de dire:
Bon, c'est vacant, ça affecte l'efficacité. Si on avait
apporté à l'attention que ça l'a affectée parce
que, dans tel cas, voici ce qui s'est produit, voici ce que vous n'avez pas
fait à un tel endroit, là, ça serait un peu plus
justifiable. Mais je ne pense pas qu'on peut juste généralement
dire: Le poste est vacant, ça affecte l'efficacité. Il faut
comprendre pourquoi il est vacant, et je crois que le ministère des
Affaires internationales est un peu différent en termes de ses
opérations, en termes de ses problèmes pour ne pas appliquer le
même critère de vacance de postes qu'on peut appliquer, mettons,
au ministère du Revenu.
M. Caron: Si vous me permettez, M. Boulerice, de compléter
sur la question de la mobilité.
La question de la mobilité, par rapport aux postes à
l'étranger, il faut tenir compte qu'on le fait dans le contexte
où il y a des contraintes, des conventions collectives et la Loi sur la
fonction publique, et, aussi, qu'il y a quelques ministères dans
lesquels on est allé chercher des gens pour des expertises
particulières. Mais avec ce qui a été, ce qu'on a
réussi à faire passer l'an passé, les postes en
transition, les postes transitoires que l'on appelle, les 15 postes soit
pour ceux qui arrivent et ceux qui doivent partir c'a
réglé une très forte proportion des
«intérimats».
Quand il y a par exemple, pour occuper un poste un
concours, dans certains cas, ça peut poser des problèmes si la
personne revient d'Asie par exemple, de Hong Kong eh bien,
ça peut poser un certain problème dans certains cas. Mais ceux
qui sont revenus dans les deux dernières années et l'an
passé, tous ont été relocalisés dans des postes de
structures et à la convenance des personnes concernées. On peut
donner le bilan des personnes, si vous le souhaitez, même.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Boulerice: M. le Président, je comprends l'intervention
que le ministre fait. Je comprends également l'intervention que le
sous-ministre en titre fait. Sans relire l'état de situation que le
Vérificateur général a fait, je ne pense pas que le
Vérificateur général blâmait les ministères
en disant: II y a des postes vacants. Je pense que c'est tout à fait
normal qu'il arrive, à des moments, qu'il y ait, effectivement, vacance.
Sauf que là, il disait «Lorsque les postes demeurent longtemps
vacants», et ça, le ministre ne peut quand même pas le nier:
c'a été longtemps vacant à Paris. C'a été
quand même longtemps vacant à Paris.
M. Ciaccia: ...pas longtemps. Certainement pas deux ans.
M. Boulerice: Pardon?
M. Ciaccia: Ça n'a pas été vacant pendant
toute cette période.
M. Boulerice: Au minimum, un an.
M. Ciaccia: On avait un délégué
général. Il y avait Marcel Bergeron. Il n'était pas
vacant.
M. Boulerice: Non, mais on sait fort... Mais, écoutez, M.
le ministre, on ne va quand même pas jouer au chat et à la souris.
Tout le monde sait fort bien que M. Bergeron nonobstant la grande estime
que j'ai pour lui, c'est un grand diplomate de carrière allait
assurer l'intérim parce qu'il ne désirait pas...
M. Ciaccia: Oui, mais...
M. Boulerice: Laissez-moi poursuivre, cher collègue. Il ne
désirait pas poursuivre. M. Bergeron aspirait à une retraite,
d'ailleurs fort bien méritée, compte tenu de ses états de
service. Et, il y a un impact politique, d'une part, face à nos
interlocuteurs et, deuxièmement, face à l'administration de nos
délégations comme telles, lorsque c'est un intérimaire.
Écoutez, si on me disait que vous étiez ministre
intérimaire des Affaires internationales, je vais être très
franc, je ne discuterais pas longtemps avec vous.
M. Ciaccia: On est tous intérimaires.
M. Boulerice: Oui, ça, je le sais. Dans notre
métier, nous sommes tous intérimaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: II n'y a pas de permanence.
M. Boulerice: C'est d'ailleurs la suggestion que je faisais:
Abolissons nos salaires et notre fameux fonds de pension, qui fait l'objet d'un
folklore, mais donnez-nous la sécurité d'emploi. Je me
contenterai de cela.
Mais, ceci dit, quand quelqu'un est intérimaire, c'est bien
entendu qu'on ne l'aborde pas de la même façon que lorsqu'on sait
qu'il est en poste, mais de façon officielle et ferme.
Donc, lui se plaignait qu'à certains endroits les postes ont
été vacants quand même longtemps. Et même la vacance
pourrait s'expliquer, aussi, par la nomination d'un intérimaire
vacance de représentation dite officielle, c'est-à-dire de
quelqu'un en titre.
Mais, là, vous me dites que vous apportez des corrections, vous
regardez. Bien entendu que quand le Vérificateur fait des remarques, il
va vérifier dans quelle mesure les remarques ont été
corrigées. Donc, on lui laissera le soin d'aller le faire, mais vous me
dites que ça fait partie de vos préoccupations.
M. Caron: Mais le Vérificateur lui-même est
allé dans cinq délégations, notamment dans des
délégations qui ont déjà fait l'objet
d'«intérimats», et, si vous remarquez, dans le rapport, il
n'y a aucune remarque sur les
délégations et sur leur gestion. C'est l'aspect positif,
probablement, qui n'a pas été retenu.
M. Boulerice: On lui demandera d'être positif la prochaine
fois.
M. Ciaccia: On devrait l'inviter.
M. Boulerice: On devrait l'inviter. Et je conviens,
également, qu'il y a certains corps d'emploi pour lesquels il ne peut y
avoir d'engagement formel d'aller occuper des postes à l'étranger
compte tenu des conventions collectives, etc. mais il y a quand
même des postes cadres au ministère pour lesquels... je crois,
à mon point de vue en tout cas... à moins que je ne me trompe, je
n'ai jamais fait l'école de diplomatie... quoiqu'il va me
suggérer d'aller à celle du Vatican, qui est à
côté de comment elle s'appelle donc, «piazza
Navona»...
M. Ciaccia: «Piazza Tomasso».
M. Boulerice: Pardon?
M. Ciaccia: «Piazza Navona», «piazza
Tomasso».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: À la «piazza Minerva»,
plutôt. Je me suis trompé.
Je pense que, pour eux, il devrait être très clair, au
moment de l'engagement, qu'un jour ils seront appelés à aller
à l'étranger et que ça fait partie pour employer
l'expression, dans une langue dont le ministre me reprochait de ne pas faire
suffisamment l'utilisation, tantôt «the rules of the
game»...
M. Ciaccia: Ah! Vous voyez que c'a porté fruit. Une
voix: Si vous me permettez... M. Ciaccia: Non, mais... Oui?
M. Caron: Vous avez fait référence à la
formation. Je pense que c'est un point qui est fondamental. On est à la
troisième année d'un plan, chez nous, de formation qui est
plus complet, maintenant sur tous les différents aspects,
gouvernemental ou technique et/ou linguistique. Il y a des formations,
maintenant... Chacune des personnes qui va à l'étranger doit
avoir une formation complémentaire, et je pense que c'est actuellement
en cours pour ceux qui doivent quitter au cours de l'été. Il
semble que... On a un plan, d'ailleurs, de formation du personnel
affecté à l'étranger et, de plus en plus, on utilise un
certain nombre d'autres moyens, avec les universités, pour mise à
jour de connaissances.
M. Ciaccia: En général, notre approche, c'est de
voir où, vraiment, il y a des suggestions qui sont vrai- ment
fondées, qui sont valables, qui tiennent compte de nos
opérations. On est très ouverts, puis on va appliquer les
recommandations qui sont faites. (15 h 50)
II n'y a aucune organisation au monde qui ne peut pas
s'améliorer, qui ne peut pas être bonifiée ou qui ne peut
pas prendre des procédures ou des mesures pour augmenter son
efficacité. Alors, quand les suggestions sont faites dans ce
sens-là et qu'on peut les mettre en pratique... Ça, c'est notre
approche à ce rapport-là.
M. Caron: Oui. Je pense que M. Ciaccia a raison de le souligner:
il faut continuer à améliorer tous ces aspects-là, et,
pour vous dire franchement, il est plus facile de combler un poste à
Paris qu'à Séoul.
M. Ciaccia: Ou à Tokyo.
M. Caron: Ou à Tokyo.
Dans plusieurs des cas, des concours ont mené à des
recrutements externes... quand on fait appel à toute la fonction
publique, à ce moment-là; après avoir fait appel à
toute la fonction publique.
Rôle du Comité de coordination des
affaires internationales
M. Boulerice: D'accord. Le deuxième sujet dans notre
reprise est la coordination des activités internationales. Là
encore, le Vérificateur général estime que
l'intégration de l'ensemble des activités internationales laisse
à désirer. Il constate que le Comité de coordination des
affaires internationales, qui a été mis en place par ce
ministère, ne joue pas, effectivement, son rôle parce qu'il se
réunit peu fréquemment et qu'il n'effectue aucune
évaluation des résultats relatifs aux programmes annuels du
ministère pour les exercices 1990-1991 et 1991-1992. Il rajoute: De
même les activités internationales de certains autres
ministères ne tiennent pas compte de l'évolution du contexte
international. Le ministère des Affaires internationales obtient une
collaboration variable dans l'élaboration de sa programmation.
Résultat: la liste des activités de certains ministères
n'est que partielle ou n'a pas été approuvée par les
autorités concernées. Il arrive même que certains proposent
des activités dont la responsabilité relève
spécifiquement du ministère des Affaires internationales. Ainsi,
la cohésion des activités internationales et leur correspondance
à la politique en matière d'affaires internationales ne sont pas
assurées. C'était à la page 81. En conséquence,
afin d'améliorer l'intégration et l'harmonisation des
activités internationales, le rapport du Vérificateur recommande
de renforcer le rôle et les activités du Comité de
coordination.
Alors, je pense que l'énoncé était à la fois
la question. Est-ce que le ministère a renforcé le rôle du
Comité de coordination?
M. Ciaccia: II s'agit d'un défi énorme parce qu'on
parle de la coordination de l'ensemble de tous les
ministères. Et le ministère... Je pense qu'on
reconnaît tous qu'il y a lieu d'aller encore plus loin. Mais le rapport
sous-estime peut-être un peu le travail qui est déjà
accompli. L'intégration est beaucoup plus poussée qu'elle
l'était, notamment grâce au processus annuel de programmation
intégrée et à la politique d'affaires internationales.
Je vais vous donner un cas précis, de façon
concrète. Tout le dossier de la défense des intérêts
commerciaux du Québec: le magnésium, le porc, le bois d'oeuvre.
Alors, dans ce cas, il faut... Et on a été obligés, et on
a réussi à faire cette intégration et collaboration et
coordination de tous les ministères impliqués, parce qu'on n'est
pas le seul ministère. Dans le cas du magnésium, il y avait
Énergie, il y avait Hydro-Québec, Industrie et Commerce; dans le
cas du porc, il y a le MAPAQ et tout le reste. Prenez la participation du
gouvernement du Québec au Sommet de Rio, la mise au point du plan
d'action Québec-Mexique; ça, c'est des exemples concrets
où la coordination s'est faite très efficacement, et chacun de
ces dossiers nous oblige à tenir compte des points de vue
différents, des très nombreux interlocuteurs tant privés
que publics. Et je peux dire que, si nous avons connu autant de succès
dans ces dossiers, c'est justement parce que l'intégration des
activités internationales est beaucoup plus poussée
qu'auparavant.
Mais c'est clair que, concernant le CCAI le Comité de
coordination des affaires internationales je pense que le rapport,
peut-être, sous-estime le rôle qu'il a joué jusqu'à
maintenant. Le CCAI a contribué à l'harmonisation de l'action
internationale du Québec, mais ce n'est pas le seul mécanisme qui
existe pour atteindre cet objectif. Mais, cependant, nous allons faire plus
d'efforts pour essayer d'avoir encore une meilleure coordination et une
meilleure mise en application de toutes les différentes politiques.
M. Boulerice: Et la meilleure coordination tient beaucoup dans la
fréquence des réunions du Comité de coordination.
M. Ciaccia: Oui, ça c'est... Ce n'est pas seulement le
Comité, c'est le suivi, aussi, de ce que je pourrais appeler les
sous-comités, parce que ce n'est pas toujours facile de réunir
tous les différents ministères, mais on va examiner, voir s'il y
a lieu d'augmenter le nombre de réunions du CCAI, on examine ça,
on essaie d'améliorer ça.
M. Boulerice: Vous avez parlé de suivi: le
Vérificateur va également dans ce sens-là, en disant:
«...le ministère est peu équipé pour exercer un
véritable suivi de ses activités. Par exemple, les rapports qui
lui sont soumis ne sont pas présentés de façon à
donner une vue d'ensemble des résultats des activités ou des
moyens d'intervention.»
M. Ciaccia: Peut-être, je vais demander à mon
sous-ministre de faire des commentaires sur cet aspect du suivi.
M. Caron: C'est un des éléments dont on avait
discuté, à l'époque, avec les représentants du
Vérificateur général. Au moment où ils sont venus
chez nous, nous étions à terminer la deuxième année
d'implantation du ministère des Affaires internationales, et la
question, par exemple, de l'intégration des activités et de la
programmation intégrée venait tout juste de se faire.
Comme il s'agit d'un très grand nombre d'activités, il
nous fallait identifier clairement un processus et des critères
d'évaluation, ce qui a été fait dans la dernière
année, et, actuellement, il y a un comité qui finalise toute
cette question des indicateurs de gestion et des résultats et,
également, de l'évaluation de programmes, puisqu'on avait une
structure par activité, et l'évaluation, ça se fait par
programme. Donc, on a été obligés de convenir avec le
Conseil du trésor des programmes qu'on aurait à évaluer,
et ça, ça a été terminé, cet
aspect-là, et c'est en cours actuellement; il y a des gens dont les
préoccupations quotidiennes sont strictement de répondre à
cette attente-là. Donc, cette question-là... Dans le rapport de
suivi du rapport du Vérificateur général on devrait
recontacter le Vérificateur, éventuellement je pense qu'il
pourra constater qu'il y a eu une amélioration assez importante sur cet
aspect-là, même s'il y avait déjà des choses de
faites l'an passé.
Ce sur quoi je voulais vous dire aussi, pour compléter, les
activités auxquelles il faisait référence, à
l'époque il s'agissait d'à peu près 1300 ou 1400
activités qui avaient été générées
par notre ministère qu'il nous demande que toutes ces
activités-là fassent l'objet d'une évaluation,
c'était un tout petit peu... Et nous, à l'époque, ce qu'on
voulait, c'est surtout un regroupement par type d'activités, et,
finalement, je pense qu'on en a convenu, toutes les parties...
M. Boulerice: Mais sans être méchant
vous parlez d'un nombre x d'activités: je pourrais quand même vous
parler d'une expérience antérieure... Je veux dire, s'il y a un
ministère où le nombre des activités est quasiment
illimité, c'est le ministère de la Culture, et je peux vous
assurer que votre collègue était capable de faire une
évaluation de chacune de ses activités, quand même,
vécues durant sept ans, là. Alors, qu'on ne vienne pas me dire
que le ministère des Affaires internationales n'est pas capable de voir
cette évaluation de chacune des activités.
M. Caron: C'est-à-dire que ce n'est pas tout à fait
la même structure que celle des Affaires culturelles. Il s'agissait
d'activités en vertu de programmes, par exemple, d'aide dans tel
domaine, et, nous, par exemple, en Europe, pour chaque pays, il y avait un
certain nombre d'activités différentes qui doivent
nécessairement être différentes d'un pays à l'autre:
on ne fait pas le même type d'activités en France qu'on fait en
Italie ou en Angleterre ou même en Allemagne et aux États-Unis. Si
on fait la relation entre ce qu'on fait en Europe et ce qu'on fait aux
États-Unis, c'est tout à fait différent
comme approche, celle qu'on doit retenir pour les États-Unis.
Alors, c'était plutôt cet aspect-là. On est capable
d'évaluer une activité à partir de certains
critères. Une activité, par exemple, une mission commerciale, une
foire sur la chaussure à Chicago, on est capable de vous donner le
résultat de cette foire-là; ce n'est pas tout à fait
ça qu'on visait dans la discussion qu'on a eue avec le
Vérificateur général. (16 heures)
M. Ciaccia: Vous savez, c'est un ministère un peu
spécial en termes de la façon dont il opère et de son
mandat. Quand vous regardez... vous avez une présence du
ministère au Québec , vous avez une présence à
Montréal, mais vous avez aussi 27 bureaux à l'étranger, et
chacun peut faire des activités même si c'est dans le
même secteur mais un peu différentes. Certains bureaux sont
appelés à faire des activités que d'autres ne font
pas.
Quand on coordonne avec le Tourisme, bien, dans certains pays, c'est
plus actif que d'autres. Alors, on ne peut pas faire la comparaison entre le
MAI et les Affaires culturelles. Les Affaires culturelles, comme tous les
autres ministères, c'est assez structuré. Ils sont tous
structurés un peu, beaucoup... Leur mandat, en comparaison avec le MAI,
est beaucoup plus spécifique et moins répandu, tandis que le MAI,
la tâche et le mandat que nous nous sommes donnés vont assez loin.
Alors, c'est facile c'est ça que je trouve c'est facile de
dire «II n'y a pas d'évaluation; il n'y a pas telle
procédure, tout le reste», mais l'impression qu'on a, c'est qu'on
n'a pas vraiment examiné quelles sont les opérations du
ministère à travers le monde. Et c'est ça qui rend... Il
faut faire un lien entre ces remarques-là, les opérations et le
mandat du ministère.
Déménagement des services culturels de
la Délégation générale du Québec à
Paris
M. Boulerice: Justement, vous venez de m'ouvrir une porte et
c'est un à-côté, mais ça a quand même son
incidence. D'où est venue et comment est venue la décision?
Est-ce que vous étiez partie prenante? Étiez-vous incitatif au
déménagement j'avoue que le bail se terminait des
services culturels de la Délégation générale
à Paris, dans l'édifice de la rue Pergolèse, qui est un
quartier très excentrique, par rapport aux pôles de la vie
culturelle à Paris?
M. Ciaccia: C'est bien facile: le bail se terminait; le
propriétaire a voulu récupérer la bâtisse. Ce n'est
pas nous, ce n'est pas notre choix.
M. Boulerice: Non, non, ça, je le sais.
M. Ciaccia: Alors, le bail étant terminé, on a
été obligés de trouver d'autres locaux et on a...
M. Boulerice: Oui, et vous les avez trouvés à la
Délégation sur Pergolèse, près de l'avenue Foch,
où la principale activité culturelle, ces derniers temps,
près de l'avenue Foch... Pas besoin de vous expliquer ce qu'elle
est.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Alors que, justement, le Vérificateur
général je pense à ça, cet exemple-là
va me permettre d'en parler parle du renforcement de la capacité
d'analyse stratégique du ministère. Je pense que...
M. Ciaccia: ...stratégique, oui.
M. Boulerice: Attention, dans son rapport, le
Vérificateur...
M. Ciaccia: Écoutez, les locaux où le service
culturel va opérer et l'analyse stratégique, c'est comme dire: la
planète Mars et la rue Sainte-Catherine. Un n'a rien à faire avec
l'autre.
M. Boulerice: Bien. Je pourrais vous dire que vous auriez mis le
service culturel sur la planète Mars, puis la rue Pergolèse,
ça aurait été à peu près la même
chose, à mon point de vue. Je ne veux pas être prétentieux
et vous dire que je connais mieux Paris que vous. On n'en est pas à la
concurrence de savoir: Est-ce que vous savez le plan du quartier par coeur?
Mais ça ne va pas de mettre les services culturels sur Pergolèse,
qui est un quartier complètement excentrique.
Vous me permettrez, M. le sous-ministre en titre, de poursuivre. Je
pense qu'on aurait été capable, au ministère des Affaires
internationales, d'avoir une vision plus cohérente de ce qui se passe
à Paris, son développement, où sont les grands pôles
d'activités culturelles, et de décider que, compte tenu des
éléments qu'on a en notre possession, il me semble qu'on doit
bien connaître la capitale où on a situé une
délégation. Que ce n'est pas sur Pergolèse que ça
doit aller, mais ça aurait pu être place de la Bastille, compte
tenu du nouvel opéra qui a été construit, donc du
développement de ce quartier qui devient un pôle culturel
très important.
M. Ciaccia: II faut faire la distinction entre les services
culturels et les expositions. C'est clair que la rue Pergolèse n'est pas
faite pour faire des expositions.
M. Boulerice: Vous les faites où, là?
M. Ciaccia: Je vais demander à mon sous-ministre
d'élaborer un peu là-dessus.
M. Caron: M. le député, si vous permettez, un
complément là-dessus, c'est que le volet qui est
intéressant dans le secteur dans lequel étaient installés
les services culturels, c'était la vitrine culturelle. Donc, on a
décidé d'utiliser au maximum les locaux qu'on avait, d'y
localiser les services culturels et de s'organiser avec des galeries d'art et
des salles de spectacles des gale-
ries d'art dans les secteurs les plus propices à des expositions
et des salles de spectacles pour diffusion. Ce qu'on a fait, actuellement, on a
des ententes avec des galeries d'art et, d'après tout le monde, et
même les services culturels, on a un meilleur service qu'on avait avant
et dans des secteurs encore mieux situés, et à un coût,
actuellement, moindre qu'on avait auparavant.
M. Boulerice: En parlant de galeries dans son sens le plus
large du terme et de vitrine, vous rendez-vous compte que vous avez
perdu une occasion unique de matérialiser ce que votre premier ministre
et le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes prêchent:
le fédéralisme rentable, et de reprendre les services culturels
canadiens à Paris, qui ont été fermés?
M. Ciaccia: C'était en 1976. Là, là, c'est
coopératif.
M. Boulerice: Non, non, non. Le fédéralisme... Ha!
Bon. Alors, le fédéralisme coopératif, vous auriez pu
justement transformer...
M. Ciaccia: On a changé la nature du
fédéralisme.
M. Boulerice: Ce n'est pas nécessairement rentable.
M. Ciaccia: Non, il a déjà été...
Mais une fois qu'il est rentable, il faut qu'il soit coopératif.
M. Boulerice: Bon, bien alors, c'est ça. Alors, vous
auriez pu transformer en coopérative culturelle le centre canadien, qui
est fermé et qui était une vitrine on ne peut mieux
située. En tout cas, beaucoup mieux que Pergolèse.
M. Ciaccia: II faudrait vivre dans le même monde
budgétaire que nous vivons, c'est facile de dire: On peut aller ici, on
peut aller là. Mais on a des contraintes budgétaires.
Mais je vous inviterais à parler à votre chef parce que
lui est allé à Paris...
M. Boulerice: Oui, mais c'était là...
M. Ciaccia: Et demandez-lui les commentaires qu'il a fait
à André Dufour, notre délégué
général. Demandez-lui. Sur la performance, il était
même étonné de voir toutes les activités,
l'éventail de toutes les activités dans tous les secteurs du
Québec en France. Et même, il a reproché... il a fait un
reproche à M. Dufour. Il a dit: Vous devriez publiciser tout ce que vous
faites. Alors, M. Dufour a dit: Nous, nous sommes modestes.
M. Boulerice: J'accepte bien qu'il soit modeste, mais qu'il le
dise plus souvent. Mais, par contre, rappelez-vous, c'est moi qui vous
interrogeais.
Vous dites: On a des contraintes budgétaires. Je suis bien
d'accord. Mais, vous savez, le service de la dette pour l'État est
l'équivalent de l'hypothèque pour un individu. Quand on
achète à Paris, c'est rentable. C'est vous-même qui m'avez
fait la démonstration la plus éloquente que c'avait
été probablement le meilleur investissement immobilier que le
Québec ait jamais fait que d'avoir acheté...
M. Ciaccia: Quand les prix étaient bas. Mais ce n'est plus
le temps, maintenant, là.
M. Boulerice: Mais vous rendez-vous compte que la place de la
Bastille, dans cinq ans, n'y pensez plus, mais, il y a cinq mois, vous aviez
peut-être encore des chances. Donc, vous seriez sortis de
Pergolèse.
Bon, enfin, je ne vais pas en faire un débat de 100 ans.
M. Ciaccia: Ça, c'est des décisions que nous devons
prendre dans les contraintes des budgets que nous avons, et l'important c'est
que les services soient bien donnés et que les gens soient satisfaits.
Et même votre chef en était très, très safisfait. Je
veux que vous le remerciez en mon nom.
M. Boulerice: Je n'y manquerai pas. Comptez sur moi.
D'ailleurs, les employés de la Délégation à
Rome vous diront quels sont les propos que j'ai tenus à leur
égard. Je suis capable d'être critique face aux actions du
ministre, du ministère. Je suis capable de reconnaître le travail
bien fait qui se fait par nos délégations. Je n'en ai
peut-être pas visitées autant que vous, mais ce n'est pas loin, ce
n'est pas loin. Ce n'est pas loin.
Un dernier élément, puisque le fédéralisme
coopératif n'a pas donné lieu à la notion de condos
culturels, ce qui aurait permis, d'ailleurs, peut-être, de maintenir une
présence canadienne à Paris, et je souhaite tout le bien possible
pour le Canada. C'a été, d'ailleurs je me permets de vous
en informer, après qu'on m'a confié le dossier des affaires
étrangères le premier pays que j'ai visité, je suis
allé au Canada, j'ai traversé la rivière Outaouais.
M. Ciaccia: Aviez-vous votre passeport?
M. Boulerice: J'avais un visa pour raisons humanitaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Puisque vous savez que, selon les ententes qu'a
conclues votre collègue, la ministre des Communautés culturelles
et de l'Immigration, malheureusement, la gestion du dossier des
réfugiés échappe au Québec. C'est toujours de
juridiction fédérale. Et, ceci étant dit...
M. Ciaccia: La sécurité, aussi,
échappe...
M. Boulerice: La sécurité, aussi, d'ailleurs. Et ce
qui m'étonne, d'ailleurs, dans l'immigration je vais faire une
petite digression lorsqu'il y a une demande d'immigration
présentée à partir de Londres et que c'est un citoyen
britannique, il n'y a pas d'enquête de sécurité, mais, par
contre, si c'est un ressortissant français, il y a une enquête de
sécurité.
Alors, la question que je me posais: Est-ce que l'insularité
britannique est facteur de bonnes moeurs? La question se pose, et vous me
permettrez d'en douter.
Le rapport du Vérificateur fin de la digression, M. le
Président le rapport... (16 h 10)
M. Ciaecia: Oui, revenons donc.
M. Boulerice: Pardon?
M. Ciaecia: Revenons donc, parce que...
M. Boulerice: London, oui.
M. Ciaecia: Revenons donc.
M. Boulerice: Ah, O.K. Je croyais que vous alliez dans un jeu de
mots. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Stratégie de communication de la
Délégation du Québec à Boston
M. Boulerice: Revenons à London. Oui. À Boston.
Le rapport du Vérificateur déplore le fait que
l'organisation de vos services à la clientèle ne soit pas
suffisamment structuré et que le ministère ne dispose d'aucune
ligne directrice pour définir la nature et l'étendue de ses
services, de même que l'absence d'une stratégie de communication
pour faire connaître ses services. Bon il semble que votre
délégué général, à Paris, lui, en ait
une, stratégie de communication; il s'en est servi avec le chef de
l'Opposition et le Vérificateur vous a recommandé de
définir votre clientèle dans le domaine de l'économie, ce
qui lui permettrait de préciser davantage les services que vous pouvez
offrir; se doter d'un processus structuré de consultation de la
clientèle afin d'être en mesure de mieux tenir compte des besoins
de celle-ci; d'établir des lignes directrices définissant la
nature et l'étendue des services offerts à la clientèle et
de se doter d'une stratégie de communication pour faire connaître
ses services.
Alors, c'en est où, ces recommandations?
M. Ciaecia: Bien, nous, on considère, et le
ministère considère qu'il connaît ses clientèles
ce n'est pas une clientèle, c'est des clientèles
notamment économiques, de façon approfondie. Par exemple, la
Direction générale États-Unis a réalisé, Tan
dernier, 636 visites industrielles et 1028 consultations externes. Alors, le
réseau des délégations aux États-Unis a
traité 1512 dossiers à l'exportation. Le ministère peut
fournir d'au- tres données de même nature pour les autres
régions géographiques.
Alors, il me semble difficile de réaliser un si grand nombre
d'activités et de ne pas connaître ses clients et leurs
interlocuteurs étrangers. Le rapport note l'absence d'un processus
structuré de consultation des clientèles économiques, mais
ne dit pas pour autant qu'il y ait absence de consultation de ces milieux. En
effet, les initiatives du ministère dans le domaine économique
sont généralement précédées d'une
consultation approfondie des milieux concernés. À l'ouverture du
Centre du commerce et de la culture du Québec à Prague, à
l'élaboration de la position du Québec concernant l'ALENA, et
tous les autres éléments que nous avons mis sur place.
Quant aux moyens de communication utilisés par le
ministère pour communiquer avec ses clientèles, il est vrai
qu'ils ne s'insèrent pas toujours dans une stratégie globale.
Cependant, l'effort consacré à rejoindre les clientèles
économiques n'est pas négligeable. Par exemple, au cours du
premier trimestre de 1993, six sessions de formation et sept séminaires
seront organisés par le ministère. Ces initiatives ont fait
l'objet d'une large publicité dans les médias. Les rencontres
Export-Action en région sont très populaires. Elles ont pour
objectif de rejoindre de nouvelles clientèles et, afin de faire
connaître les programmes et services du MAI, le ministère publie
un encart tous les mois dans la revue PME, et la stratégie de
communication conjointe MAI et MICT, concernant les occasions d'investissement
au Québec, a suscité 2000 demandes de renseignements. Alors, les
programmes d'activités de plusieurs directions sont transmis à
certaines associations d'entreprises, et la section québécoise de
l'Association des exportateurs canadiens en est un bon exemple.
Alors, il y a beaucoup de choses qui se font. Le recrutement des
entreprises, préparation, évaluation de missions à
l'étranger parce qu'il y a eu des commentaires que vous avez
soulevés à cet égard les directions utilisent
quatre outils très importants pour identifier et évaluer les
entreprises.
Premièrement, le fichier des entreprises du Centre de recherche
industrielle du Québec, le CRIQ, qui regroupe toutes les entreprises
québécoises qui s'identifient comme étant exportatrices ou
potentiellement exportatrices.
Deuxièmement, le fichier central des entreprises, utilisé
par les banques ou les institutions financières, où on retrouve
la liste de toutes les entreprises enregistrées au Québec.
Troisièmement, le fichier RADAR, qui regroupe toutes les
entreprises québécoises inscrites sur les fichiers du
gouvernement fédéral; et le fichier Marché, mis au point
par notre ministère et le gouvernement fédéral à
partir des fichiers des Nations unies, et qui situe le marché
québécois par rapport aux marchés internationaux pour 600
groupes de produits.
Alors, je ne sais pas... peut-être que le Vérificateur
général n'a pas eu le temps d'examiner tous ces
aspects-là, mais ces outils sont là. Quant aux efforts que
le ministère consacre au recrutement d'entreprises qui en sont
à leur début sur les marchés étrangers, il faut
mentionner que c'est précisément cette préoccupation qui a
amené le ministère à mettre sur pied le volet Nouvel
Exportateur du programme APEX. Parce que j'ai vu, au début de mon
mandat, qu'il fallait intéresser non seulement les exportateurs
existants, mais, en termes de pourcentage des PME, c'est un pourcentage
relativement moindre que d'autres pays. Alors, j'ai mis sur pied le volet
Nouvel Exportateur du programme APEX, et, au cours des trois derniers mois, il
y a 51 entreprises qui ont présenté 64 dossiers dans le cadre de
ce programme, et je crois que ça augure bien pour l'avenir.
Alors, il y a des choses qui se font qui n'ont pas été
prises en considération, qui ont été omises, mais c'est
clair que, s'il y a des améliorations à apporter, on va
sûrement le faire dans le cours de nos travaux.
M. Boulerice: Juste une dernière petite question parce que
je sais que mon collègue veut intervenir. Dans les clientèles
cibles, où on vous suggérait de vous doter d'une stratégie
de communication, et vous avez dit, bon, «Au départ, il y avait
une parution dans le journal PME, etc.», est-ce que vous envoyez
la documentation du ministère des Affaires internationales dans les
corporations de développement économique?
M. Ciaccia: Oui. Vous pouvez demander...
M. Caron: Nous sommes en contact avec tous les bureaux
régionaux du ministère de l'Industrie et du Commerce, et c'est
à travers ces bureaux-là, surtout, que l'on diffuse les
informations, notamment le programme APEX. Souvent, les fiches d'inscription au
programme APEX sont faites dans les régions. Notamment, je ne sais pas,
en Abitibi, par exemple, c'est au bureau régional du MICT que ces
fiches-là sont disponibles, et les corporations de développement
économique de ces régions-là sont utilisées. Nous
sommes en contact, également, avec des corporations de
développement économique qui ont fait appel à nous,
notamment en Abitibi, dans l'Outaouais, en Estrie, dans la Beauce, et qui se
sont créé des volets de promotion d'exportation.
M. Ciaccia: J'ai fait une tournée régionale pour
donner de l'information sur la nouvelle politique et aussi susciter un
intérêt de la part des régions dans les affaires
internationales. J'ai porté à leur attention que, dans certains
pays, par exemple les Pays-Bas, l'équivalent du ministère des
Affaires internationales a des bureaux régionaux, justement pour
intéresser les différentes régions. Remarquez bien, les
Pays-Bas, ça fait des siècles qu'ils sont dans l'international,
dans le commerce et les relations internationales. Mais, nous, nous ne sommes
pas en mesure, présentement, d'avoir des bureaux régionaux du
MAI, mais je voulais souligner l'importance que d'autres pays accordent aux
affaires internationales. Mais, nous, parce qu'on n'a pas cette structure, on
utilise toutes les autres structures et le MICT pour donner cette information
parce que c'est capital; il faut informer non seulement les gens à
Montréal, non seulement les gens à la ville de Québec,
mais toutes les régions.
(Consultation)
M. Ciaccia: Le Québec international, c'est un magazine que
nous publions... c'est un magazine trimestriel, qui est publié dans six
langues et qui est distribué dans 40 pays, qui a 40 000 exemplaires,
dont 27 000 à l'étranger.
M. Boulerice: Je serais très heureux de le recevoir.
M. Caron: Est-ce que vous le recevez?
M. Boulerice: Malheureusement, pas encore.
M. Ciaccia: Alors, on va vous mettre sur la liste. On va vous
l'envoyer. (16 h 20)
M. Boulerice: Je vous remercie, faisant en sorte que l'exemple
était fort éloquent de votre part pour ce qui est des Pays-Bas,
on pourra faire, nous aussi, une longue ronde de nuit en promotion de nos
exportations.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, ça va, M. le
député?
M. Boulerice: Elle a échappé à la
majorité, j'ai peur, la ronde de nuit, Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Vous avez terminé, M. le
député de Sainte-MarieSaint-Jacques?
M. Boulerice: Oui, croyant avoir suscité un
intérêt au sujet des oeuvres de Rembrandt, mais j'ai l'impression
que c'est tombé à l'eau... dans un des canaux d'Amsterdam,
peut-être, Ha, ha, ha!
Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci de vos
interventions.
Alors, tel que convenu, je vais maintenant demander au
député de Bertrand, s'il a des remarques préliminaires, de
les faire et...
M. Beaulne: Très brièvement.
Le Président (M. Dauphin): ...je permettrai au
sous-ministre, par après, de répliquer ou commenter sur les
remarques préliminaires du député de Bertrand.
M. Ciaccia: Je veux juste remercier le député de
Sainte-MarieSaint-Jacques pour ses bons commentaires
positifs envers la MAI.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est consigné et
enregistré au Journal des débats, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand.
Remarques préliminaires M. François
Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
Dans ses remarques préliminaires de ce matin, le ministre des
Affaires internationales s'est montré surpris de l'attitude de
l'Opposition de mettre un accent particulier sur le volet commerce
extérieur des activités internationales par rapport à
l'ensemble des autres relations que le Québec entretient avec
l'étranger. Cette interrogation du ministre m'apparaît d'autant
plus étrange que la première phrase du cahier explicatif
préparé par son ministère pour l'étude des
crédits de cette année se lit ainsi, et je cite: «Le
domaine de l'économie a occupé la première place dans les
préoccupations du Ministère en 1992-1993, accaparant la plus
forte proportion des ressources humaines et financières
consacrées à l'action internationale.» Fin de la
citation.
Comme premier porte-parole de l'Opposition officielle en matière
de commerce extérieur et de libre-échange dans la présente
Législature, j'estime, en fait, ui'il est tout à l'honneur du
chef de l'Opposition d'avoir voulu souligner, de façon toute
particulière, la nouvelle réalité incontournable pour le
Québec de la mondialisation des marchés et de la création
du nouvel espace économique nord-américain qui est appelé
à s'étendre, éventuellement, au-delà des
frontières du Mexique. réalité commerciale incontournable
sur le plan externe, mais, également, au plan interne. il est presque,
en effet, devenu cliché de rappeler que 40 % du produit intérieur
brut du québec dépend de ses exportations, que, par contre, trop
peu d'entreprises québécoises sont actives dans le secteur
international en comparaison avec des économies de taille semblable, et
qu'en conséquence ce qui compte, désormais, ce ne sont pas
principalement les voeux pieux et les souhaits formulés dans les divers
énoncés du ministère des affaires internationales et des
communiqués du ministre, mais surtout l'efficacité que produisent
ces programmes sur le terrain.
Il est également devenu cliché d'invoquer les nouvelles
données du commerce international qui reflètent
l'interdépendance grandissante des économies nationales les unes
par rapport aux autres. Alors que, en 1958, la communauté internationale
voyait naître, avec une certaine curiosité empreinte de
scepticisme, l'Europe des Six. L'élargissement des espaces commerciaux
et l'institutionnalisation des négociations multilatérales qui en
ont nécessairement découlé invitent dorénavant les
États à se doter des structures et des capacités de
fonctionner dans ce nouvel environnement.
Le Québec, comme tout autre État moderne,
industrialisé, riche et ouvert sur le monde doit, dans les faits,
s'enligner sur ces nouvelles réalités. Et c'est justement la
raison pour laquelle l'Opposition officielle a décidé de nommer
un porte-parole spécifique en ces matières. Il ne s'agit pas de
négliger les autres aspects des relations internationales du
Québec, il s'agit de reconnaître, plutôt, la
réalité de l'importance des échanges commerciaux pour le
Québec dans toute leur complexité, tant sur le plan
bilatéral que multilatéral.
Au cours des quelque trois heures d'examen de crédits qui nous
restent et qui nous sont réservées à cet effet, j'ai
l'intention de revenir sur certaines constatations de la commission
spéciale sur l'ALENA que tenait récemment l'Assemblée
nationale, en mars dernier. Il est ressorti des rapports qui nous ont
été présentés que certains aspects de l'ALENA sont
perfectibles, entre autres concernant l'industrie du vêtement,
principalement en regard de la triple règle d'origine et de la
redistribution de l'augmentation des contingents tarifaires à
l'intérieur du Canada.
Certaines demandes de la Chambre des notaires méritent
également qu'on s'y attarde.
Il est également ressorti qu'un consensus s'était
dégagé autour des grands thèmes suivants: la
libéralisation des échanges en Amérique du Nord et
l'extension de l'association de libre-échange au Mexique est, en soi,
une bonne chose; il ne faut pas répéter l'erreur de l'application
de l'Accord de libre-échange, c'est-à-dire ne pas enclencher des
mesures de transition et d'adaptation adéquates; il faut que les
programmes incitatifs et de soutien fédéraux et
québécois soient cohérents et coordonnés; et il
faut saisir l'occasion qu'offre le président Clinton d'ouvrir des
négociations parallèles en matière d'environnement et de
normes du travail, pour obtenir certaines garanties et améliorations du
projet d'accord qui est sur la table.
Il est également apparu, au cours de la commission, qu'il y a
lieu de s'inquiéter de pratiques dont l'effet est très insidieux,
qui entravent l'accès au marché américain pour nos
entrepreneurs et qui ne respectent pas l'esprit de l'Accord de
libre-échange. Je pense, entre autres, aux obstacles de nature
bureaucratique, tels le contrôle systématique des manifestes aux
postes de douanes, la modification constante des exigences
réglementaires, la substitution de formulaires, l'application tatillonne
de règlements obscurs que les autorités américaines se
font un plaisir d'appliquer à l'endroit de nos exportateurs. Il est donc
essentiel pour le gouvernement du Québec de s'entendre avec le
gouvernement fédéral sur des contrôles douaniers plus
stricts et une application rigoureuse des lois et règlements des deux
ordres de gouvernement aux importations en provenance des
États-Unis.
Au chapitre des mesures de transition, nous avons retenu plusieurs
propositions intéressantes. Il semble toutefois qu'un consensus se soit
dégagé à la commission sur la priorité à
accorder aux programmes de for-
mation et de recyclage de la main-d'oeuvre. À cet égard,
vous me permettrez de signaler mon étonnement d'entendre le ministre
déclarer, au lendemain de la commission, que le Québec n'avait
pas besoin d'autres mesures spécifiques d'ajustement pour maximiser les
retombées de l'ALENA pour nos entreprises.
La promotion commerciale étant l'activité prioritaire du
ministère, nous ne pourrons passer sous silence, évidemment, les
critiques très sévères en cette matière qu'a
formulées le Vérificateur général.
Finalement, nous nous interrogerons sur l'efficacité du programme
APEX, dont les crédits d'à peine 4 700 000 $ pour 1993-1994
en fait, tout à fait inchangés par rapport à
1992-1993 ne sont qu'une goutte d'eau par rapport à
l'énoncé du ministre de 1991, d'inciter les PME à se
lancer sur les marchés d'exportation. Il s'agit, en fait, d'à
peine un peu plus que les investissements du gouvernement du Québec dans
le petit centre de ski, en Gaspésie, le petite centre Pin rouge. En
fait, nous ne mettons pas en doute la bonne volonté du ministère;
nous nous interrogeons cependant sur sa capacité d'exécuter les
objectifs qu'il s'est fixés.
Voilà.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. le ministre...
M. Cîaccia: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): ...pour commenter les
remarques.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: ...je suis très heureux de voir que,
finalement, l'Opposition officielle donne une importance au commerce
extérieur. Je suis très heureux. Ça fait trois ans qu'on
est en commission, ici, pour l'étude des crédits, et on se fait
accuser tous les ans qu'on porte trop d'attention aux aspects commerciaux, aux
activités commerciales du ministère, qu'on parle seulement de
l'économie, et ça fait trois ans que je vous dis: Écoutez,
l'économie est importante pour le ministère des Affaires
internationales; demandez aux entreprises québécoises qui
viennent avec nous sur les missions économiques. Alors, je vois que
ça a porté fruit, le résultat de nos positions envers
vous.
Ce matin, ce à quoi je me suis objecté je ne
m'objecte pas d'avoir des questions, même, je suis flatté, je l'ai
dit, d'avoir deux représentants de l'Opposition officielle
étudier les crédits; je crois que c'est un honneur, et ça
démontre l'importance du ministère, l'importance que vous lui
accordez. Ce que je voulais signaler, ce matin, c'est qu'on ne peut pas faire
cette distinction: il n'y a pas deux ministères. Si vous posez des
questions dans le cadre du MAI, des activités du MAI et j'ai
accepté volontairement, parce que ça fait depuis 10 h 30 ce matin
qu'on me pose des questions, d'abord le député de
Saint-Jacques... Sainte-Marie... Oui, oui, c'est vrai, il a disparu, là,
tiens, c'est vrai, là, O.K.
M. Boulerice: Non, je m'amuse... les députés
libéraux élus.
M. Ciaccia: Alors, mais attends... Correct, oui.
Mais, alors, je suis très heureux de voir que, finalement, vous
avez compris que c'est important de discuter et d'avoir des
éléments et de promouvoir l'aspect économique.
Maintenant, pour revenir sur certains des autres sujets que vous avez
soulevés, en ce qui concerne l'environnement, les normes de travail,
avec l'ALENA, il y a des négociations en cours, présentement. Je
pense que la prochaine réunion va être le 16 mai, et on suit de
très près l'évolution de ces dossiers. (16 h 30)
Vous avez mentionné la question d'APEX. On va revenir sur le
détail, mais juste pour faire le point de dire que le budget n'est pas
plus élevé...
Le programme APEX répond aux demandes. On fait notre possible
pour susciter des demandes et encourager les exportateurs. Mais si les demandes
ne viennent pas, on ne peut pas donner des sommes d'argent et on ne peut pas
augmenter le programme APEX. Quand je pense que c'était
l'année dernière on avait épuisé, suite aux
demandes qui avaient été faites par les sociétés
québécoises, on avait épuisé notre budget,
là je suis retourné au Conseil du trésor pour obtenir des
fonds additionnels. Alors, ça ne sert à rien, au début,
d'augmenter le budget sans savoir si les gens... si les sociétés
vont l'utiliser.
En ce qui concerne l'ALENA aussi, la question de «pas d'autres
mesures spécifiques», je pense que ça a été
nuancé, mais on peut revenir sur ce sujet, et, en ce qui concerne tous
les aspects de l'ALENA, j'ai rencontré les syndicats pour avoir leur
point de vue sur le contenu des ententes parallèles et les
préoccupations qu'ils avaient, et, dans plusieurs cas, je me suis
aperçu que c'était, des fois, un manque d'information ou
d'interprétation de ce que l'ALENA disait. Mais je me suis engagé
à continuer mes discussions avec eux pour voir quelles étaient
leurs préoccupations et voir, dans la mesure du possible, si on pouvait
inclure certaines de leurs préoccupations dans les ententes
parallèles qui sont en négociations, présentement.
Mais ça va me faire plaisir de discuter les sujets que vous avez
soulevés et d'aller plus en détail soit dans l'ALENA, soit dans
les autres éléments que vous avez soulevés dans vos
remarques préliminaires.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Bertrand.
Discussion générale
M. Beaulne: Simplement un petit commentaire, avant d'aborder ma
première question, sur le fait qu'on reconnaisse l'importance du
commerce extérieur.
En fait, les critiques que nous avons formulées au cours des deux
dernières années en fait, je les ai
formulées moi-même comme porte-parole en matière
d'affaires internationales ne visaient pas à réduire
l'importance du commerce extérieur qu'on reconnaît tous
dans le contexte de la structure d'économie québécoise
mais à évacuer ou à donner une importance beaucoup
moindre à ce qui, pour nous, nous apparaît tout aussi important,
c'est-à-dire les relations avec les pays étrangers et, en
particulier, avec la France. Et on avait l'impression, surtout dans la
foulée de la préparation de votre énoncé de
politique étrangère, qu'on avait laissé de
côté certains aspects. Ça ne veut pas dire qu'on
n'était pas d'accord avec l'accent qui était mis sur le commerce
extérieur; on déplorait tout simplement que en ce qui nous
concerne, de notre point de vue on ait laissé de
côté d'autres activités, que ce soit au niveau des
relations culturelles, au niveau des relations politiques, au niveau des
relations autres que strictement les ententes internationales.
Il y a également une autre raison qui explique cette importance,
je pense, ce constat qui fait consensus, finalement, je m'aperçois, des
deux côtés, c'est qu'il y a eu, quand même, une
transformation dans ce qu'on peut appeler la sphère du commerce
international depuis les 10 ou 15 dernières années: c'est le fait
que les discussions multilatérales, qui ont un impact de plus en plus
direct sur les activités économiques internes au Québec
on l'a vu dans les discussions sur le GATT, on l'a vu dans le contexte
de l'entente de libre-échange avec les États-Unis, avec le
Mexique et avec d'autres, si ça s'élargit à d'autres pays.
Ce phénomène des discussions multilatérales est devenu un
phénomène permanent auquel le Québec doit
s'intéresser et auquel il ne peut I as se soustraire comme il avait eu
tendance à le faire auparavant en laissant beaucoup plus le
fédéral négocier d'ailleurs, comme les autres
provinces essentiellement au nom des provinces.
Et c'est dans ce sens-là qu'on a voulu, nous, souligner
l'importance que reflète le commerce extérieur pour l'avenir
économique du Québec, et c'est la raison pour laquelle nous
sommes deux aujourd'hui, c'est-à-dire mon collègue qui touche les
autres types de relations qu'on a abordées depuis ce matin, et les
relations commerciales qu'on va aborder plus particulièrement
maintenant.
Démarches auprès du gouvernement
fédéral pour donner suite à la consultation sur
l'ALENA
Ceci étant dit, j'aimerais commencer par les suites de la
consultation sur l'ALENA, étant donné que c'est tout frais et que
ça vient de se terminer il y a à peine deux semaines et demie,
trois semaines.
Au terme des trois jours qu'a duré la consultation
générale, vous vous êtes montrés sensibles aux
demandes de la coalition des syndicats, entre autres, contre l'ALENA de
même qu'aux représentations de l'industrie du vêtement. Pour
avoir participé à cette commission-là, je sais que vous
avez manifesté une certaine sensibilité à leurs
préoccupations tout en n'étant pas d'accord avec certaines
affirmations qu'ils faisaient.
Maintenant, on sait que l'ALENA contient des dispositions à
l'égard du contenu nord-américain qui sont beaucoup plus strictes
que celles qui étaient contenues dans l'entente de libre-échange
avec les États-Unis. Comme vous avez pu le constater, c'est un fait qui
inquiète grandement les travailleurs du vêtement, les entreprises
et la ville de Montréal, qui est venue, également,
présenter un mémoire essentiellement axé sur cette
industrie-là. D'ailleurs, dans vos remarques finales, vous avez
souligné que vous aviez l'intention de continuer à faire valoir
les intérêts de l'industrie québécoise du
vêtement auprès du gouvernement fédéral. Vous aviez
mentionné ça dans vos remarques lors de la commission.
La question qui me vient à l'esprit, suite aux
déclarations que vous avez faites et, surtout, suite aux
préoccupations qui ont été exprimées par
l'industrie du vêtement en particulier: Quelles sont les démarches
que vous avez entreprises ou que vous comptez entreprendre auprès du
gouvernement fédéral pour donner suite, un peu, aux engagements
que vous avez pris face à ces gens-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui. Juste pour revenir, un peu, sur vos remarques
avant les questions.
Quand vous parlez que vous avez l'impression que, suite à notre
politique, on attache moins d'importance ou peu d'importance aux relations
internationales plutôt qu'au commerce, je crois que c'est une fausse
impression. Et la preuve, c'est qu'on a passé de 10 h 30 à 16 h
15, aujourd'hui, les questions du député de
Saint-JacquesSainte-Marie, Sainte-MarieSaint-Jacques oui,
parce que Sainte-Marie, c'est en haut de la côte, puis ça descend
à Saint-Jacques, oui sur, vraiment, les aspects relations. On n'a
pas négligé, on n'a pas réduit, on n'a pas omis cet
aspect. Et la preuve, comme je vous le dis, c'est qu'on en a parlé
pendant quatre heures de temps. Je regrette que vous ayez cette impression.
La deuxième affirmation que vous avez faite, vous avez
souligné l'importance du GATT. Je suis entièrement d'accord avec
vous. Les négociations multilatérales sont devenues très
importantes, le commerce international a triplé dans les derniers 20
ans. Ça rend toutes les règles du GATT de plus en plus
importantes. Mais quand vous dites qu'on ne peut pas laisser le
fédéral négocier, ce n'est pas ça qu'on fait. On ne
le laisse pas au fédéral, on ne dit pas au fédéral:
Arrangez-vous, négociez pour nous. Ce n'est pas ça du tout. On
développe des positions. On a un comité, ici, au Québec,
qui travaille avec d'autres ministères par exemple, le MICT,
l'Énergie, Forêts, tout le restant, le MAPAQ pour voir
comment les négociations, les positions du fédéral et les
positions du GATT vont nous affecter. Et on développe ces positions,
puis on dit au gouvernement fédéral: Voici ce dont le
Québec a besoin pour protéger... pour avoir des périodes
de transition, la protec-
tion nécessaire pour ses industries. Et le gouvernement
fédéral, jusqu'à date, sa collaboration a
été excellente.
Ça ne veut pas dire que le gouvernement fédéral est
capable d'obtenir de toutes les autres nations au monde tout ce qu'il demande.
C'est clair que les enjeux entre l'Europe, la France et les États-Unis,
dans l'agriculture, sont très importants. Mais, au moins, le
gouvernement fédéral a adopté nos positions. Alors, je
pense que ça donne une très fausse impression de dire qu'on
laisse le gouvernement fédéral négocier même,
j'irais plus loin on prend le leadership. Quand on a dit «On va
exclure les industries culturelles», c'est nous qui avons pris le
leadership là-dedans, et on l'a exclu de la «NAFTA». Quand
on a dit «On prend le leadership d'appuyer l'ALENA», regardez ce
que l'Ontario dit, regardez ce que les autres provinces font. Alors, on ne
laisse pas ça au fédéral. On dit «Voici de quoi nous
avons besoin et voici ce que le Canada devrait faire, voici ce que vous devriez
faire pour protéger les intérêts du Québec»,
et on adopte ces positions. (16 h 40)
Et même le président Salinas a été
très reconnaissant à notre égard pour les positions que
nous avons prises. Parce que, présentement et vous ne le
réalisez pas le Québec est le pivot dans l'ALENA. Si,
nous, on lâche, qu'est-ce que vous pensez qui va rester avec le reste du
Canada? Et qu'est-ce que vous pensez que Washington va dire? Alors, on a
l'impression et c'est plus qu'une impression qu'on tient à
cette entente, et qu'on insiste pour qu'elle soit signée. Et ça,
ça a des répercussions et des conséquences au Mexique, au
Canada et même à Washington. Et c'est une des raisons pour
lesquelles je vais à Washington la semaine prochaine.
Vous m'avez posé des questions très spécifiques sur
ce que j'ai fait avec la coalition et avec l'industrie du vêtement.
Avec la coalition, je les ai rencontrés. J'ai eu une rencontre
peu de temps après notre commission parlementaire et, quand
j'étais au Mexique, j'ai même rencontré des syndicats dans
la province de Hidalgo, où Bombardier a un investissement avec
Concarril. Et, eux, ils m'ont envoyé un message que je vais transmettre
aux syndicats ici. C'est que, eux, ce qu'ils cherchent, ce n'est pas d'enlever
des emplois aux travailleurs du Québec. Ils m'ont donné une liste
de projets, c'est vraiment des projets qui font travailler le Mexique, pour la
production au Mexique, qui n'affecte pas du tout les travailleurs
québécois. Alors, c'est un message que je vais leur transmettre.
Ils veulent travailler parce qu'ils ont les mêmes intérêts:
que vous soyez un travailleur au Québec ou un travailleur au Mexique,
tout le monde a le droit à l'opportunité d'avoir un emploi.
Mais ce que j'ai apporté à l'attention de... J'ai
écouté leur position sur l'environnement. Eux, ils demanderaient
qu'on retarde, qu'on ne signe pas l'entente du libre-échange avant que
les accords parallèles soient signés. Est-ce que c'est possible?
Il y a des échéanciers très, très serrés. Le
président Salinas, qui a fait des efforts énormes pour changer
l'économie de son pays, qui a le pacte de solidarité,
«Solidaridad»; le ministre
Colosio, du Développement social, qui implique les travailleurs,
qui implique la question de la privatisation, qui implique les régions.
Eux, ils dépendent beaucoup, dans leurs programmes, de la ratification
de l'ALENA.
Une fois qu'on a été d'accord avec les
éléments principaux de l'ALENA, puis ils ont dit «Oui, elle
doit être ratifiée», je ne pense pas qu'à ce
moment-ci on doit dire «On devrait la retarder» parce que ça
enverrait de très mauvais signaux à Washington. Mais, en ce qui
concerne l'environnement, les négociations vont inclure des clauses qui
ne mettront pas en péril l'entente qui a été
signée, mais qui vont donner une protection ou des mesures
additionnelles. en ce qui concerne les conditions de travail, il faut
réaliser que, sans minimiser l'impact, il ne faut pas l'exagérer.
vous savez que, ce qu'on appelle le «turnover» le roulement
des employés c'est 20 % par trois mois au mexique; 20 % par trois
mois! il y a une compagnie de montmagny, ici, qui est allée s'installer
au mexique, la compagnie montel. quelques mois après, ils sont
retournés, ils ont dit: écoutez, nous, on ne peut pas vraiment...
ça ne correspond pas à notre façon de faire les choses et
à notre productivité. ils sont allés au mexique et au sud
des états-unis et ils ont ramené leurs opérations, ici, au
québec. c'est 20 % par trois mois au mexique, c'est 5 % par mois dans le
sud des états-unis et, au canada, c'est 5 % par année. alors, un
employeur, quand il regarde ces chiffres-là, il y pense deux fois. c'est
vrai que c'est sept fois moins dispendieux, le coût de la main-d'oeuvre,
mais elle est six fois et demie moins productive, aussi; et le coût de la
main-d'oeuvre représente 15 % du coût total d'un produit
manufacturé. maintenant... mais je vais continuer à discuter avec
les syndicats. on ne peut pas tu sais, il faut être
réaliste à ce stade-ci, changer les conditions de
l'entente qui a été signée et qui doit être
ratifiée. on va voir ce qu'on peut faire dans la question de
l'environnement. en ce qui concerne le secteur des vêtements... oui. ah
oui, excusez. il y a un comité de travail sur l'environnement et le
travail qui a été créé suite à la rencontre
avec les syndicats, et ils vont rencontrer à nouveau la coalition sur
ces volets.
Sur le textile et vêtements, il y a deux choses qui se produisent,
là, il y a deux éléments importants, je crois, qu'il faut
tenir en considération.
Premièrement, c'est vrai qu'il y a la triple transformation en
Amérique du Nord; avant, c'était la double transformation. Mais
pour permettre, pour répondre à cette restriction, ils ont
augmenté considérablement les quotas tarifaires. Ça veut
dire que, même avec la triple transformation, ils vont pouvoir importer
des produits d'ailleurs; dans certains cas, ils l'ont doublée,
triplée. Des quotas qu'ils utilisent à 27 % maintenant ont
été doublés, avec un engagement à une croissance
annuelle, puis avec un engagement qu'au bout de cinq ans ils vont être
révisés à la hausse. Je pense que, dans ce sens, ça
devrait être une protection pour l'industrie du vêtement. Et, pour
répondre à la crainte que cette industrie irait au Mexique
en plus des problèmes de main-d'oeuvre que je viens de vous signaler
les quotas du Mexique
aux États-Unis sont très réduits, sont minimes. Par
exemple, sur la laine, c'est 1 500 000 m2 puis ils ont une
population de 85 000 000 tandis que, pour le Canada, le même
quota, c'est 5 500 000 m2. Alors, il n'y a pas de crainte ou de
plainte de l'industrie à l'effet puis même des travailleurs
de dire que cette industrie va aller s'installer au Mexique.
Pour aider encore plus l'industrie à être plus
compétitive, ce qu'il faut faire et ce qu'on fait et on fait des
interventions au gouvernement fédéral c'est de
réduire les tarifs sur les produits qui sont achetés par
l'industrie, qui sont importés par l'industrie. L'industrie demande que,
dans certains cas, si un produit n'est pas manufacturé au Canada, il ne
devrait pas y avoir de tarif. Alors, si on peut réussir à obtenir
ces réductions ou éliminations des tarifs, bien là, je
pense que l'industrie va être très, très satisfaite parce
que, premièrement, on a maintenu l'accès au marché
américain et, deuxièmement, on réduit leurs coûts de
production pour qu'ils soient encore plus compétitifs sur le
marché nord-américain.
M. Beaulne: En matière, justement, de réduction des
tarifs dont vous parlez, est-ce que c'est une demande formelle qui a
été faite auprès du gouvernement fédéral
pour introduire ça dans ses négociations? Ce n'est pas quelque
chose qui est fermé, ça, définitivement?
M. Ciaccia: Non. C'est une demande formelle que j'ai faite.
Ça n'a rien à faire avec les négociations. L'entente est
ratifiée. C'est un geste, c'est une mesure que le gouvernement doit
prendre. On n'a pas besoin du consentement de nos partenaires pour ça;
c'est une décision du gouvernement fédéral. Le
gouvernement fédéral, demain, peut décider:
Écoutez, commençant au 1er janvier 1994, je réduis les
tarifs à x pourcentage. Alors, j'ai fait la demande formelle à
Michael Wilson et je vais faire un suivi pour m'assurer qu'on apporte une
amélioration pour aider l'industrie du vêtement.
Mécanismes de distribution des quotas
tarifaires
M. Beaulne: Je voudrais revenir sur l'aspect des contingents
tarifaires ou des quotas tarifaires, là, que vous avez
mentionnés.
Je me rappelle très bien que, pendant la commission, c'est
l'argument que vous utilisiez pour répondre aux préoccupations de
l'industrie du vêtement et de la ville de Montréal que, justement,
les quotas n'étaient pas pleinement utilisés, à l'heure
actuelle, donc, qu'il y avait de la place pour l'industrie dans les
années à venir et puis que, de toute façon, au bout de
cinq ans, comme vous avez mentionné, ils pouvaient être
révisés à la hausse. Il y a cependant un petit
problème, une petite question qui n'a pas été
soulevée formellement autour de la table, mais si vous vous rappelez
bien, qu'on a abordée, un peu, en dehors de la discussion formelle avec
les représentants de l'industrie. C'était sur les mécanis-
mes de redistribution de l'augmentation de ces quotas-là, au bout de
cinq ans, à l'intérieur même du canada. c'est-à-dire
que, puisque 60 % de l'industrie canadienne du vêtement se trouve au
québec, est-ce que, lorsque viendrait le temps de redistribuer
l'augmentation des quotas, l'industrie québécoise pourrait
être assurée d'obtenir au moins 60 % de l'augmentation de ces
quotas-là? (16 h 50)
M. Ciaccia: Je crois que, dans ce cas-là, et je pense que
ça serait dans notre intérêt à nous, de donner les
augmentations au premier arrivé, premier servi. La raison pour laquelle
je dis que ça serait dans notre intérêt, c'est parce que
les compagnies, les sociétés qui ont vraiment
bénéficié de l'Accord de libre-échange et qui ont
augmenté sensiblement leurs exportations aux États-Unis, c'est
précisément des compagnies québécoises. Elles ont,
dans certains cas, plus que doublé leurs exportations et, si elles
continuent au même rythme, vu qu'on a maintenu l'ouverture du
marché, c'est à elles d'augmenter leurs ventes et d'obtenir les
quotas du gouvernement fédéral. Je ne voudrais pas faire geler,
au moment où on est, les quotas pour dire «Bon, bien, on va en
donner à la Colombie-Britannique, on va en donner au Manitoba»
quand on connaît l'efficacité et le nombre de travailleurs dans
tout l'ensemble canadien, qui sont au Québec. Je voudrais
protéger l'industrie du Québec et je crois qu'à ce
moment-ci, le premier arrivé, premier servi devrait...
M. Beaulne: Mais...
M. Ciaccia: ...à moins qu'on ait des
représentations différentes de l'industrie. On n'en a pas eu,
mais si l'industrie nous dit «Non, non, ce n'est pas ce
système-là qu'on veut, on en veut un autre», bien
là, je vais m'asseoir avec eux, puis je vais aller à Ottawa et je
vais dire: Bien, voici ce qu'on devrait avoir. Mais, jusqu'à date, ils
ne nous ont pas fait de représentation spéciale en ce qui
concerne l'allocation de nouveaux quotas.
M. Beaulne: Non, je sais qu'ils n'ont pas fait de
représentation spéciale...
M. Ciaccia: Ils n'ont même pas démontré une
inquiétude, jusqu'à date, pour dire... C'est parce que je pense
qu'ils savent, leur position, qu'ils sont très compétitifs.
M. Beaulne: Mais, ne pensez-vous pas que, par mesure de prudence
je comprends qu'à l'heure actuelle si les choses vont comme elles
sont, on peut espérer que les Québécois, les entreprises
québécoises retireraient leur bonne part du gâteau
mais vous ne jugez pas que, par mesure de prudence, ce serait bon d'au moins se
faire confirmer par l'industrie elle-même qu'elle n'y voit pas de
problème pour le moment...
M. Ciaccia: Oui. On pourrait...
M. Beaulne: ...plutôt que d'attendre à la
dernière minute, d'être pris dans des problèmes...
M. Ciaccia: Moi, je suis en contact, et le ministère est
en contact avec eux de façon régulière. Je pense que,
même présentement, on a plus que 60 % du quota, hein, dans les
secteurs importants? Alors, je ne voudrais pas en venir à la formule
où on a 60 % et qu'on en perdrait. Mais on est en contact avec eux. On
peut leur poser la question directement, mais il me semble que si ça
avait été un problème pour eux, ils auraient
été les premiers à le soulever, mais ils ne l'ont
pas...
Ce n'est pas par ça qu'ils sont préoccupés, ce
n'est pas ça. Eux, là, les représentations qu'ils ont
faites, c'est sur les tarifs du gouvernement fédéral pour les
intrants de produits, et on a obtenu, aussi, dans l'entente, les
«drawbacks» qui expiraient. Ça veut dire que, quand eux
payaient un certain tarif, le tarif est déduit quand il vendent aux
États-Unis. Cette mesure expirait en 1994 avec l'ALENA et, maintenant,
c'est continué. Alors, ça, c'est une autre amélioration
pour l'industrie dans l'ALENA. Mais la seule représentation, la
préoccupation qu'ils ont maintenant, c'est la réduction des
tarifs du gouvernement fédéral. Mais je peux soulever cette
question, oui.
M. Beaulne: Je soulevais ce point-ci, simplement, qu'étant
donné qu'on est embarqués dans un processus, au fond, de
discussion permanente, là, les Américains veulent signer des
ententes parallèles, je soulevais cette question simplement parce que
c'était quelque chose qui m'avait frappé comme étant,
peut-être, un élément qui ne les préoccupait pas
à l'heure actuelle, mais qui, éventuellement, pourrait devenir
quelque chose sur lequel il faudrait se pencher. Puis, comme dit le proverbe:
Mieux vaut prévenir que guérir. Alors, c'est plutôt dans ce
contexte-là que j'abordais la question.
M. Ciaccia: On va en discuter avec eux, mais, comme je le dis,
pour le moment, ça n'a même pas été mentionné
de leur part.
Mesures de transition dans le secteur du
vêtement
M. Beaulne: Au niveau de, pour aborder un domaine qui est un peu
connexe et qui se rattache à l'industrie du vêtement, entre
autres, au sujet des mesures de transition ou des mesures d'adaptation
spécifiques. Vous aviez laissé entendre que vous ne trouviez pas
qu'il devait y avoir des mesures de transition spécifiques
au-delà de ce qui existe à l'heure actuelle.
Dans le domaine du vêtement, vous ne pensez pas que compte
tenu que c'est un des secteurs mous ou qui peut être affecté
qu'il n'y aurait pas lieu de prévoir quelque chose à ce
niveau-là?
M. Ciaccia: Ce que j'ai dit, c'est que, quand on parle de mesures
spécifiques il faut le comprendre dans le contexte dans lequel je
l'ai dit on fait relative- ment peu d'affaires, présentement,
avec le Mexique quand je dis «relativement», on fait 60 fois
plus avec les États-Unis qu'avec le Mexique et on ne voit pas une
menace des industries mexicaines sur l'industrie québécoise. Tu
sais, on peut acheter du pétrole d'eux, mais ça n'affecte pas nos
industries: c'est un produit qu'on n'a pas, puis dont on a besoin. Alors, si on
l'achète au Mexique plutôt qu'au Moyen-Orient ou plutôt
qu'au Venezuela, ça n'entraînera pas de mesures de formation ou de
mesures d'adaptation.
Alors, c'est dans ce sens-là que j'ai dit que je ne voyais pas
des mesures spécifiques pour le Mexique parce qu'il n'y a pas de
compétition. Ils ont besoin de nos produits. Ils ont besoin de nos
services. C'est l'autre, c'est le revers de la médaille. Et, un autre
élément, c'est que l'entente du libre-échange a vraiment
sauvé l'industrie du vêtement au Québec, parce que la
compétition venait du monde entier. Ils ont eu des réductions
dans leurs exportations dans toutes les autres parties du monde, puis ils ont
doublé ou triplé. S'ils n'avaient pas pu avoir le marché
américain, imaginez-vous! Vous ne pouvez pas continuellement
réduire vos ventes globales, puis rester en affaires. Ce qui les a
sauvés, c'est les ventes aux États-Unis. Alors, est-ce qu'ils ont
besoin des mesures de transition?
Alors, vis-à-vis l'ALENA, je ne vois pas, au moment où on
se parle et personne ne nous en a demandé, l'industrie ne nous en
a pas demandé non plus des mesures spécifiques
d'adaptation pour le marché mexicain.
M. Beaulne: Ça, je conviens avec vous... D'ailleurs, si je
me souviens bien des rapports qui nous ont été
présentés, ce n'était pas principalement par rapport au
Mexique que les préoccupations des mesures de transition ont
été évoquées par à peu près tous les
groupes qui sont venus. Le point qui a été évoqué
par la plupart des participants, c'était de prendre l'occasion de la
négociation de l'ALENA pour mettre en vigueur, en pratique, des mesures
d'adaptation et de transition qui auraient dû... Et d'ailleurs, que le
gouvernement fédéral avait promis de mettre en pratique lors de
l'Accord de libre-échange avec les États-Unis et qui, à ce
moment-là, n'ont pas été mises en pratique, que ce soit au
niveau du recyclage de la main-d'oeuvre, au niveau de la formation
professionnelle, ainsi de suite. (17 heures)
M. Ciaccia: Vous savez, je ne suis pas ici pour me porter
à la défense du gouvernement fédéral, loin de
là. Quand on a des demandes à faire, on le fait. Mais,
malheureusement, l'impression a été créée que le
gouvernement fédéral n'a pas fourni de mesures d'adaptation pour
l'entente du libre-échange avec les États-Unis. Ce n'est pas
exact. La raison que cette impression a été créée,
c'est qu'au lieu d'avoir des programmes spécifiques
c'est-à-dire, bon, «Voici le programme», puis l'identifier
clairement, séparément, à part, comme pour l'ALE
ils ont augmenté les programmes existants. Alors, les critiques ont dit:
Bien, voyez-vous, c'est des programmes existants, ce ne sont pas des
programmes
spécifiques pour TALE. Mais, effectivement, l'augmentation de ces
programmes était pour des mesures d'adaptation de quelque nature
qu'ils pouvaient être, et ils l'étaient dans le cas de l'ALE
alors, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas améliorer,
mais il va falloir répondre à la demande.
Présentement, je ne crois pas qu'il y ait une demande
suite, soit à l'ALE, soit à l'ALENA pour l'industrie du
vêtement, mais c'est clair que, si la compétition augmente, si les
Américains, je ne sais pas, ils changent leur façon de produire,
et s'il y a des problèmes, bien, il va falloir y répondre, mais
on ne peut pas faire ça en théorie, il faut répondre aux
situations pragmatiques et à la demande des industries
particulières.
M. Beaulne: Mais si on déborde de l'industrie du
vêtement, au niveau général, je pense que, pour avoir lu
tous les rapports, 100 % de toutes les présentations qui ont
été faites y compris des présentations aussi
opposées, en quelque sorte, que celle de la coalition des syndicats,
d'une part, et celle du Conseil du patronat, d'autre part toutes les
présentations, sans exception, ont mentionné la
nécessité de prévoir des mesures de transition et
d'adaptation chacun avait sa recette mais de prévoir des
mesures d'adaptation et de transition pas seulement dans le domaine du
vêtement, dans l'ensemble des secteurs.
Alors, quelle est votre position par rapport à ces affirmations
qui ont été faites?
M. Ciaccia: Si vous lisez toutes les présentations qui
nous ont été faites, on parle, en général, de
mesures d'adaptation, mais, à ma connaissance, il n'y a aucune
industrie, aucun secteur qui est venu dire: Écoutez, voici ce que sera
le résultat de l'ALENA, on va avoir besoin de tel programme pour
renouveler notre industrie, il doit y avoir tel programme pour recycler x
nombre de travailleurs. C'était, en général, des mesures
qu'eux préconisaient. C'est clair qu'ils ont parlé de la
formation de la main-d'oeuvre, mais ça, on a besoin de la formation avec
ou sans l'ALENA, mais aucun de ces intervenants n'est venu nous dire
spécifiquement: Moi, mon industrie, voici les problèmes que j'ai,
et j'ai besoin des mesures d'adaptation dans ce secteur-ci; dans ce
secteur-là, voici ce que vous devez faire. Il n'y a rien, vraiment, de
spécifique.
Alors, la réponse que j'ai: On a des programmes, on a des
programmes de formation, des programmes pour aider les entreprises, et on va
appliquer ces programmes; on ne demandera pas à quelqu'un, un
travailleur: Prouve-moi que tu as perdu ton emploi parce que l'ALENA a
été signé. Vous savez, ce serait un peu cruel et pas
faisable, et si, au cours de l'application de l'ALENA, on voit qu'il y a
certaines mesures, bien là, on va répondre aux demandes des
industries particulières, c'est la seule réponse que je pourrais
vous donner. Je pourrais vous donner le sommaire des mesures d'adaptation, je
les ai données, je n'ai pas besoin de les répéter, je les
ai données en commission parlementaire. Le nombre de travailleurs qui
ont bénéficié, par exem- ple, du crédit
d'impôt pour les entreprises qui ont mis en place des mesures de
formation pour leurs employés, puis, en deux ans, 200 000 travailleurs
ont reçu de la formation dans le cadre de ce programme; il y a le Fonds
de développement technologique; il y a le paiement de transfert aux
entreprises. Il y a une série de mesures qui sont en place, et, de la
même façon que ces programmes ont été mis en place
pour répondre à certaines conditions de l'industrie ou des
différentes industries, on va être en mesure de répondre si
d'autres mesures sont nécessaires.
Formation professionnelle
M. Beaulne: Oui, mais un des secteurs qui faisait pas mal
l'unanimité au niveau des priorités il y en a qui ont
mentionné l'accès à du capital à des taux
concurrentiels avec les entreprises américaines, il y a toutes sortes de
mesures qui ont été mises de l'avant par différents
groupes mais il y a une chose qui faisait, quand même,
l'unanimité en termes de priorité, c'était au niveau de la
formation, de la formation professionnelle; ça a été
soulevé par le Mouvement Desjardins, par le Conseil du patronat, par
à peu près tout le monde, et, dans ce sens-là, la
préoccupation qu'on a, c'est que, compte tenu de je ne sais pas
si on peut appeler ça l'impasse mais compte tenu de l'imbroglio
qui existe à l'heure actuelle, qui n'est pas je ne lance pas le
blâme au gouvernement du Québec mais qui résulte,
comme vous le savez, là, d'une sorte de...
M. Ciaccia: D'immobilisme.
M. Beaulne: ...d'immobilisme, suite... suite au dernier
référendum surtout dans ce domaine-là et au
refus du fédéral de concéder au gouvernement du
Québec ce qu'il a demandé on ne vous reproche pas de ne
pas l'avoir demandé on constate et je pense que là,
on doit quand même en convenir qu'il n'y a pas tellement de
déblocage du côté fédéral, à l'heure
actuelle, et je pense que, compte tenu que c'était un aspect prioritaire
qui avait été énoncé par la plupart des
intervenants, comment pensez-vous vous ajuster à cette
situation-là? On ne peut pas laisser traîner la chose pendant que
les discussions s'éternisent avec le fédéral.
M. Ciaccia: On ne peut pas pénaliser les travailleurs et
ceux qui ont besoin de la formation parce que deux niveaux de gouvernement ne
s'entendent pas...
M. Beaulne: C'est ça.
M. Ciaccia: ...ça, je suis entièrement d'accord
avec vous, puis il faut agir.
Mais on a déjà mis en place certains programmes. Par
exemple, en 1992-1993, il y a le début du Programme de
développement des ressources humaines en entreprise: il y a 20 000 000
$, là, qui sont alloués pour ça; il y a un Programme
d'aide aux personnes licenciées: un autre 7 000 000 $; il y a un
Programme d'aide
aux individus de 18 000 000 $, qui va débuter au printemps de
1993, cette année. Alors, on a déjà mis en place certains
programmes; le MICT, lui, a reconduit le programme de soutien à l'emploi
scientifique et technique; il y a la mise en place du FDI, le Fonds de
développement industriel; il y a la renégociation des ententes
auxiliaires avec le fédéral, un autre montant de 200 000 000 $;
et il y a la reconduction du programme de soutien à l'emploi
scientifique et technique, et, depuis 1984, il y a eu 2724 emplois qui ont
été créés.
Alors, vous avez raison de dire «Écoutez, on ne peut pas
attendre qu'on s'entende avec le fédéral, mais jusqu'à ce
qu'on s'entende, il va falloir qu'on donne les services», et je vous
donne un exemple de certains nouveaux programmes qui sont mis en place par le
gouvernement du Québec pour répondre à la question de la
formation; et c'est un sujet qui est tellement important que, si on voit que
ces sommes, ici, ne répondent pas toutes à la demande, bien, il
va falloir trouver d'autres moyens de les ajouter, parce que je suis d'accord
avec vous que, pour être compétitifs non seulement sur le
marché nord-américain, mais à l'échelle mondiale,
il faut avoir une main-d'oeuvre formée et il faut avoir les programmes
nécessaires.
Clause de réserve, quant au critère de
nationalité, pour pouvoir effectuer des actes notariés
M. Beaulne: Pour... Toujours dans le suivi de la commission,
là, mais dans un autre domaine, vous vous rappellerez que la Chambre des
notaires avait demandé que soit reconnue la... que soit
négociée la clause de réserve, quant au critère de
nationalité, pour pouvoir effectuer des actes notariés dans le
contexte de l'entente avec le Mexique. C'est une préoccupation
particulière au Québec, compte tenu que le Québec et le
Mexique et la Louisiane, je pense sont à peu près
les seuls en Amérique du Nord qui partagent le même type de droit,
et que, à ce moment-là, vous aviez indiqué que ça
serait tout à fait normal que les notaires québécois
obtiennent ces avantages-là, si les Mexicains les avaient. Or, il est
apparu dans la commission qu'effectivement les Mexicains les avaient
déjà obtenus.
Alors, est-ce que vous entendez donner suite à cette demande de
la Chambre des notaires, puisque les Mexicains l'ont déjà?
M. Ciaccia: Le gouvernement mexicain... Je pense que j'avais
apporté à votre attention que c'est le gouvernement
fédéral du Mexique qui prend cette décision. Alors, eux,
ont pris la décision d'inclure la clause de nationalité.
Le gouvernement fédéral canadien, ce n'est pas dans sa
juridiction d'imposer une telle restriction parce que le notariat, c'est la
juridiction du gouvernement du Québec; alors, il a laissé
à nous la décision d'appliquer cette réserve ou non, et
nous avons deux années pour prendre la décision.
Moi, ma réaction, c'est que, c'est clair qu'il faut avoir, comme
on appelle, des conditions égales, et que, si le Mexique impose une
restriction sur la nationalité, pour nous, ça serait
peut-être normal de faire la même chose. Mais on a deux ans pour
prendre cette décision, et plutôt que de prendre une
décision hâtive, aujourd'hui, de dire «Oui, on va le
faire», peut-être qu'on peut laisser ça ouvert. Ils sont
protégés, en attendant, les notaires; on ne fera rien pour brimer
leurs droits. Mais est-ce que ça serait possible de négocier
quelque chose de plus convenable? Parce que le gouvernement mexicain pourrait
renoncer à cette clause. Ils l'ont mise dans les négociations,
mais peut-être... Est-ce que ça serait avantageux, est-ce qu'on
pourrait obtenir d'autres concessions? Je pense qu'on devrait maintenir cette
marge de manoeuvre en ayant toujours à l'esprit qu'il faut
protéger la profession des notaires, ici au Québec. (17 h 10)
M. Beaulne: Mais pour que les Mexicains y renoncent ou modifient
leur position, il faut que quelqu'un leur en fasse la demande.
M. Ciaccia: Oui.
M. Beaulne: Alors, c'est là qu'est toute la question.
Qu'est-ce qui explique votre... Je comprends qu'il y a deux ans pour s'ajuster,
mais est-ce que c'est parce que vous avez l'intention ou bien d'appliquer la
même chose ici, ou bien de demander aux Mexicains de la changer?
M. Ciaccia: Savez-vous, au moment où on se parle, il y a
tellement d'autres préoccupations.
Premièrement, l'entente n'est pas ratifiée. Il faut qu'ils
négocient des ententes parallèles dans l'environnement, les
conditions de travail et les mesures de sauvegarde. Ce n'est pas le temps de
dire aux Mexicains: Bon, bon, là, voulez-vous... Peut-être qu'on
va discuter la question de la clause de nationalité, la réserve
pour les notaires. Le «timing», ce n'est pas le temps d'en
discuter.
Alors, ce que je dis: réglons un problème à la
fois. Réglons l'environnement, réglons les conditions de travail,
réglons les mesures de sauvegarde, obtenons la ratification de
l'entente, et, après ça, on peut s'asseoir avec le Mexique puis
on peut dire: Écoutez, est-ce qu'il y a quelque chose qu'on pourrait
améliorer avec la question des notaires? Peut-être qu'on peut
obtenir d'autres concessions d'une façon ou d'une autre. Je pense qu'au
moins on devrait maintenir cette marge de manoeuvre, et ça n'affecte
aucunement les droits des notaires ou de la Chambre des notaires ou de cette
profession, mais ça nous garde, à nous, une marge de manoeuvre
pour agir après que l'entente est ratifiée. C'est une question de
stratégie.
M. Beaulne: Donc, c'est plus une question de stratégie
qu'une question d'avoir une position arrêtée. ..
M. Ciaccia: Exactement.
M. Beaulne: ...s'il faut l'avoir ou pas.
M. Ciaccia: Mais une chose, c'est qu'on veut protéger la
profession du notariat, ici au Québec. On n'a pas une position
arrêtée, c'est une question: Est-ce qu'on peut obtenir quelque
chose de plus?
Il y a une autre chose qu'il faut considérer, c'est qu'on a des
bonnes relations avec le Mexique. Ils sont reconnaissants des positions qu'on a
prises. Ecoutez, il y avait 36 représentants du Québec à
la dernière mission. Alors, on crée une atmosphère
très convenable pour avoir des discussions additionnelles. La seule
chose, c'est que ce n'est pas le temps de le faire maintenant parce qu'il y a
tellement d'autres priorités.
M. Beaulne: Oui, je pense que ce qui est important de rappeler
puis ça a été souligné, d'ailleurs, à
plusieurs reprises, autant dans les journaux, puis ça, les Mexicains le
savent c'est qu'au Québec il y a un consensus sur
l'adhésion du Mexique au libre-échange. Je pense que ce n'est pas
là qu'est le problème. Le problème, c'est plutôt en
termes de l'ajustement interne, ici pas particulièrement à
l'endroit du Mexique parce que moi, je partage l'opinion de ceux qui disent
qu'il y a plusieurs exagérations qui ont été...
M. Ciaccia: ...véhiculées...
M. Beaulne: ...dites quant aux retombées négatives
que l'entente avec le Mexique aurait. Je pense que ça se rattache
plutôt aux préoccupations d'ajuster un peu plus
adéquatement ce qui se passe avec les États-Unis. Et c'est dans
ce sens-là que les préoccupations ont été
exprimées.
Maintenant, dans le document que vous aviez intitulé: «La
Libéralisation des échanges commerciaux entre le Canada, les
États-Unis et le Mexique» un des documents
préparatoires aux discussions avec le Mexique vous aviez
énoncé sept conditions que le gouvernement du Québec
voulait voir respectées.
Mécanisme de règlement des
différends et de gestion de PALENA
J'aimerais revenir sur une de ces conditions-là. Les autres, on a
eu l'occasion d'en discuter. Mais une en particulier, qui est la
cinquième condition, c'est-à-dire la mise en place d'un
mécanisme de règlement des différends et de gestion de
l'entente, auquel le Québec voudrait être associé. Vous
avez convenu vous-même que, même en dépit des demandes que
vous avez formulées auprès du gouvernement fédéral,
il n'y a pas eu de suite qui a été donnée à
ça. Il n'y a pas de suite qui a été donnée à
ça ni dans le cas de l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis ni dans le contexte de l'A-LENA.
Quel est votre point de vue sur cette condition-là au moment
où on se parle, puis suite à la commission? Est-ce que vous
maintenez toujours que c'est quelque chose de souhaitable ou si vous avez
abandonné l'idée que ça se réalise un jour,
ça?
M. Ciaccia: Non. Je n'ai pas abandonné l'idée que
ça se réalise. C'est souhaitable. Mais voici l'approche que nous
prenons.
On a obtenu, essentiellement, les conditions essentielles dont nous
avions besoin. En ce qui concerne la mise en place d'un mécanisme de
règlement des différends et de la gestion de l'entente, on a fait
une demande, j'ai fait une demande formelle à Michael Wilson pour avoir
ce mécanisme. Je l'ai même réitérée à
la dernière conférence fédérale-provinciale qui a
eu lieu le 25 ou le 26 mars qu'ils ont cancellée à Ottawa,
mais ils l'ont faite par téléphone, j'étais en mission au
Mexique. Alors, j'ai réitéré cette condition.
Mais voici: dans le pratique, on l'a. On participe à la gestion.
Quand on a un différend, que ce soit avec les États-Unis... Bien,
jusqu'à date, ça a été seulement avec les
États-Unis: l'ALENA n'est pas encore en place. Même si on n'a pas
le mécanisme officiel, structuré, par écrit par le
gouvernement fédéral, en pratique, c'est ça qui se fait.
Alors, je me dis que, si ça se fait d'une façon pratique, ce
n'est pas une raison de dire qu'on ne participera pas, qu'on ne veut pas
l'ALENA, parce qu'on a tellement d'autres avantages dans l'ALENA qu'on ne
prendra pas la position qu'on veut bloquer l'ALENA parce que le gouvernement
fédéral ne nous a pas donné un écrit sur le
mécanisme. On continue à insister pour l'avoir. On ne l'a pas
formellement; on l'a en pratique, et on va continuer à demander que ce
soit formalisé.
M. Beaulne: Quand vous nous dites qu'on l'a en pratique, je
comprends. Le fédéral est bien obligé de consulter, d'une
façon ou d'une autre, les différentes provinces, mais quand vous
dites qu'on l'a en pratique, s'il y avait eu un mécanisme comme
celui-là...
M. Ciaccia: ...c'est plus qu'une consultation. On est
présents nous-mêmes à l'application et au règlement
de différends.
M. Beaulne: Bien alors, pourquoi...
M. Ciaccia: Dans l'aspect... Par exemple, dans le cas du porc,
bien, nos avocats sont là, nos gens sont là; dans le bois
d'oeuvre, la même chose. Moi, je peux vous donner mon expérience
personnelle dans le magnésium. C'est moi qui suis allé à
Washington, c'est moi qui ai rencontré l'ambassadeur, c'est moi qui ai
parlé aux intervenants de Washington du Department of Commerce. Alors,
je n'aurais pas eu plus si j'avais eu un écrit du gouvernement
fédéral. Je ne pouvais pas faire plus que ça, de
rencontrer et d'aller faire mon point et faire mes représentations,
avoir nos avocats, faire la consultation à l'intérieur au
Québec avec Hydro-Québec, consulter toute l'industrie de
l'aluminerie et l'industrie du magnésium, Norsk Hydro, et être
physiquement présent et, vraiment, là, prendre les positions.
C'est nos positions qu'on a défendues, nous-mêmes. On n'aurait
pas pu avoir plus avec un écrit du fédéral.
Alors, je me dis que, tant et aussi longtemps qu'on est présents,
actuellement, nous-mêmes, et qu'on fait le travail, on va continuer
à le faire, mais on va continuer à demander que ce soit
formalisé. Quand je dis que ce n'est pas formalisé, ce n'est pas
juste une question qu'ils nous consultent, puis, eux autres, vont de l'avant
parce que, là, ce serait quelque chose de très sérieux. Je
n'aurais jamais laissé à un autre niveau de gouvernement le soin
de défendre notre cause dans le magnésium, comme dans le bois
d'oeuvre, comme dans le porc, comme dans tous les autres secteurs.
M. Beaulne: Mais alors pourquoi, dans votre document de
référence, avez-vous spécifiquement inclus cet
aspect-là? Est-ce parce que vous avez peur que, disons, la pratique qui
existe à l'heure actuelle soit un peu trop aléatoire, que
ça dépende de la bonne volonté des interlocuteurs en place
ou... Pourquoi l'avoir inscrit spécifiquement?
M. Ciaccia: Bon. Je n'ai pas peur parce que, en pratique,
ça ne pourrait pas se faire. Ce serait presque impossible de dire que le
gouvernement fédéral va venir à s'occuper de nos affaires,
au Québec. Je l'ai inclus parce qu'on veut continuer à insister
que ça va... par mesure de sécurité, pour montrer que...
«Écoutez, c'est ça qu'on veut; ça, c'est notre
position officielle», pour ne pas qu'il y ait une idée qu'on
abandonne cette position. (17 h 20)
M. Beaulne: Est-ce qu'il y a d'autres provinces qui vous appuient
dans cette demande-là?
M. Ciaccia: Pardon?
M. Beaulne: Est-ce qu'il y a d'autres provinces qui vous appuient
dans cette demande-là?
M. Ciaccia: Ah oui. Ah oui. Et même, à la
dernière conférence fédérale-provinciale,
premièrement, le gouvernement fédéral a
apprécié l'intervention que j'ai faite en ce qui concerne l'appui
pour l'ALENA, et les autres provinces ont appuyé la position; parce que
c'est moi qui ai ouvert le bal en termes de présentation des positions
du Québec et les autres provinces... oui. Il n'y en a pas une qui ne
m'appuie pas dans cette...
M. Beaulne: Alors, d'après vous, qu'est-ce qui bloque?
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui bloque? Tu sais, des fois, on ne veut
pas formaliser parce qu'il y a des raisons juridiques ou des raisons de...
Est-ce qu'ils pensent que c'est une modification à la Constitution? Il
peut y avoir un tas de raisons pour lesquelles ils ne veulent pas le mettre par
écrit. Bien, en étant pratico-pratique: ils ne veulent pas
l'écrire, qu'ils le fassent. C'est comme quelqu'un qui dit: Je ne veux
pas reconnaître que je te dois 1 000 000 $, mais voici, je vais mettre 1
000 000 $ sur la table. S'ils nous donnent tout ce dont on a besoin, on va
continuer à insister pour que ce soit formalisé, mais, si on le
fait, on ne bloquera pas l'ALENA pour quelque chose de ce genre-là.
M. Beaulne: Non, je ne pense pas qu'il soit question de bloquer
l'ALENA à cause d'une condition en particulier. D'ailleurs, on a
donné notre appui.
M. Ciaccia: Et la mise en oeuvre, bien, ce sont des champs
d'application de nos juridictions. Le fédéral, même s'il le
voulait, ne pourrait pas le faire.
M. Beaulne: De toute façon, vous êtes quand
même assez confiant qu'un jour ça puisse débloquer, surtout
si vous dites que vous avez l'appui de toutes les autres provinces.
M. Ciaccia: Je ne le sais pas, si elle va débloquer
je ne veux pas vous induire en erreur je ne sais pas si ça va
débloquer formellement.
M. Beaulne: Non, mais si tous les autres sont d'accord
aussi...
M. Ciaccia: Oui. Moi, je ne pense pas que ça va
débloquer formellement. Je vais vous donner ma franche opinion, je ne
pense pas que ça va débloquer formellement, à moins qu'il
y ait une entente genre Charlottetown, constitutionnelle. Je ne pense pas
qu'ils vont aller avec des... puis, dans une affaire de même, je pense
qu'ils vont continuer à faire ce qu'ils font. Ils vont dire: On ne signe
pas, mais vous êtes présents, et c'est vous qui appliquez l'ALENA
et c'est vous qui allez vous défendre, vous allez être
présents dans la gestion de l'entente et dans le mécanisme de
règlement des différends.
Négociation d'ententes parallèles
à l'ALENA
M. Beaulne: Pour continuer un peu dans le suivi, le
président Clinton avant d'être président
avait énoncé sa politique concernant les négociations
parallèles dans les trois domaines qu'on connaît.
Est-ce qu'il y a eu des progrès dans ce domaine-là?
Où est-ce que c'en est rendu, au niveau des négociations?
M. Ciaccia: Dans l'environnement, il y a eu des positions,
initialement, qui étaient un peu, je pourrais dire,
considérées contraignantes par le Mexique parce que ça
impliquait une invasion de la souveraineté mexicaine. Ils voulaient
inclure des clauses qu'ils pouvaient appliquer, qu'ils auraient quelque chose
à dire dans l'application de la loi au Mexique. Le Mexique a
refusé. Même, il y a eu une sortie par l'ambassadrice du Mexique,
Mme Fuentes.
Je pense que, présentement, les États-Unis ont
changé, un peu, leur position à l'effet que ce n'est pas
nécessaire que ce soit exécutoire, que ça serait
dange-
reux que ce soit exécutoire du point de vue des États-Unis
parce que le problème de l'environnement, ce n'est pas vraiment
seulement au Mexique que ça existe, et on ne voudrait pas voir un des
partenaires, que ce soit les États-Unis ou un autre, utiliser cette
question exécutoire de l'environnement pour bloquer des investissements
ou pour faire du tort à nos exportations. Alors, il y avait une
suggestion par le gouvernement canadien: Bon, on va essayer de faire l'arbitre
entre le Mexique et les États-Unis. Je pense que les États-Unis
ont reculé, un peu, sur cette position-là, et j'ai eu des
échanges, quand j'étais au Mexique, avec Serra Puche, qui est le
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est un des négociateurs de
l'ALENA sur ces sujets... Et, s'il y a lieu, qu'on voit d'autres
difficultés, bien, je vais être en mesure de le contacter pour
voir ce qu'on peut faire pour débloquer les négociations.
M. Beaulne: Jusqu'à quel point le contenu de... Est-ce
qu'on a une idée du contenu de ce que les Américains veulent
mettre dans ces ententes parallèles?
M. Ciaccia: Oui.
M. Beaulne: Est-ce que ça se rapproche un peu de certaines
préoccupations qu'avait exprimées la coalition des syndicats?
M. Ciaccia: Excusez?
M. Beaulne: Est-ce que ça se rapproche de certaines
préoccupations qu'avait mentionnées la coalition des syndicats
quand ils étaient venus à la commission?
M. Ciaccia: Oui. Ça se rapproche de leurs
préoccupations, mais ça ne va pas aussi loin qu'eux veulent que
ça aille. Par exemple, pour le moment, les propositions ne contiennent
pas de menaces de représailles commerciales. Essentiellement, si on dit
que si on est d'opinion que la loi sur l'environnement au Mexique n'est pas
appliquée, on peut avoir des représailles commerciales,
ça, c'est dangereux. Alors, présentement, cet aspect-là
n'est pas dans les propositions. Il y a ni... maintenant de possibilité
de saisir les commissions par des citoyens, de dire que ce soient des citoyens
qui soient sur ces commissions, c'est seulement les gouvernements. Alors,
l'objectif, je pourrais dire, des syndicats peut être atteint, mais pas
la mesure d'application. Ça n'ira pas aussi loin qu'eux voudraient que
ça aille. Je pense que peut-être qu'ils ne réalisent pas
les dangers que, si quelqu'un ne respecte pas une loi sur l'environnement, puis
qu'il y a des représailles commerciales, il y aurait un grand danger
pour les sociétés québécoises, que ça soit
mal utilisé ou utilisé comme une excuse.
Alors, pour le moment, je pense que... C'est des nouveaux domaines, et
je pense qu'il faut être très prudent. Et si on parle de
l'environnement, quand Tioxide a fermé, à Bécancour, ce
n'est pas au Mexique qu'elle s'en va, c'est aux États-Unis. Il faut
être équilibré dans nos perceptions de l'application des
lois envi- ronnementales en Amérique du Nord.
M. Beaulne: Mais au niveau des normes de travail, parce que ce
qui semblait les préoccuper, c'était beaucoup plus la question
des normes de travail?
M. Ciaccia: Alors, les Mexicains ont dit: Si vous voulez changer
les normes de travail, on va imposer aux États-Unis l'obligation que
dans 10 % des conseils d'administration, il y ait des représentants des
syndicats au sein des entreprises, parce que ça, c'est la loi au
Mexique. Alors, je pense que les Américains ont reculé, un peu,
d'aller trop loin dans les normes de travail.
Il faut regarder la réalité. Quand on regarde d'autres
pays, l'activité économique a eu comme effet d'augmenter les
salaires, les conditions de travail de ses économies. On le voit en
Corée, on le voit en Asie. Le Japon, il y a plusieurs années,
c'était toujours du «cheap labour», mais, maintenant, c'est
les taux les plus élevés au monde. Alors, la façon d'aider
le travailleur mexicain ou de protéger le travailleur au Québec,
ce n'est pas en imposant des lois, c'est plutôt en encourageant
l'activité économique, qui va augmenter le niveau
d'activités au Mexique et qui va aussi augmenter leurs conditions de
travail. Les Mexicains ont été très clairs sur ce
point-là.
M. Beaulne: Donc, en ce qui concerne les fameuses ententes
parallèles, ça ne peut pas remettre en question,
substantiellement, ce qui a été présenté jusqu'ici?
(17 h 30)
M. Ciaccia: Non, ça ne remet pas en question ce qui a
été négocié, mais ça améliore, parce
que, même si ce n'est pas contraignant en termes de représailles
commerciales, quand vous avez une commission au gouvernement, ça
crée des pressions, ça crée une difficulté.
Quelqu'un ne pourra pas dire «Écoutez, moi, je n'observerai pas
les lois de l'environnement», parce que les lois de l'environnement au
Mexique sont assez sévères. Il faut réaliser que, eux, ne
veulent pas alourdir leur fardeau environnemental. Nous avons des
sociétés québécoises qui travaillent pour enlever
des usines de déchets toxiques, l'assainissement des eaux. Alors, c'est
irréaliste de penser que le Mexique dépense de l'argent pour
assainir les eaux, pour se débarrasser des déchets toxiques, pour
améliorer l'environnement, puis que, tout d'un coup, ils se retournent,
et que pour avoir l'investissement, ils n'appliquent pas leur loi. Ça,
ce n'est pas réaliste du tout, ça. Peut-être, il y a 20
ans, que ces choses-là pouvaient se passer, mais pas aujourd'hui.
Respect du calendrier prévu
M. Beaulne: Simplement pour terminer ce volet sur l'ALENA. On lit
souvent dans les journaux, dans les commentaires, ces temps-ci, que l'entente,
la signature de l'entente, pourrait être reportée, surtout suite
aux pressions qui commencent à se faire à l'intérieur des
États-Unis. Est-ce que vous pensez toujours que ça va se
dérouler selon l'échéancier prévu, ou s'il y a des
indica-
tions que ça pourrait être retardé?
M. Ciaccia: Jusqu'à date, on n'a pas d'indication du
président des États-Unis que l'entente ne sera pas
ratifiée le 1er janvier 1994. C'est clair qu'il y a certains groupes qui
font certaines pressions, mais jusqu'à date... Moi, je me suis fait dire
par le président Salinas et par le ministre des Affaires
étrangères, au Mexique, que le gouvernement des États-Unis
avait pris l'engagement de procéder à la ratification dans les
délais prévus. Ils ont même rencontré ceux qui
s'étaient opposés à l'entente, et ils ont changé
d'idée. Oui. Même le nouveau négociateur, le
représentant Mickey Kantor, prévoit que l'entente va être
approuvée et que les ententes parallèles vont être
négociées pour que ça soit mis en application en 1994.
Puis ça, c'est dans Inside U.S. Trade, «Special Report»,
du 9 avril. Alors, c'est assez récent.
M. Beaulne: Pour passer à un autre sujet, dans le contexte
des négociations du GATT, le 11 mars 1992, le 11 mars de l'an dernier,
alors que le rapport Dunkel était encore en discussion, le chef de
l'Opposition, M. Parizeau, a interrogé le premier ministre en Chambre.
D'ailleurs, il vous a même interrogé vous-même pour savoir
si, en particulier, en vertu de l'article 8b, concernant les subventions
éligibles aux entreprises, le Québec pouvait être
pénalisé sous une forme ou sous une autre. À ce moment, il
faisait allusion plus particulièrement aux subventions dans le contexte
du développement régional. Puis, vous aviez répondu,
à ce moment-là, que les prévisions, que la
définition que donnait le rapport, à ce moment-là,
concernant le développement régional, ne mettaient pas en danger
les politiques que le Québec voulait mettre de l'avant, les subventions
pour le développement régional.
Le premier ministre avait dit, par contre, à ce moment-là,
que le texte n'était pas définitif. Il avait répondu que
le texte n'était pas définitif, et en ce qui concerne l'autre
volet, les subventions industrielles, vous-même, vous avez
indiqué, à ce moment-là, qu'il y avait un point qui
n'était pas tout à fait clair et qu'un État local ou une
province pouvait, effectivement, rencontrer des problèmes à ce
niveau-là.
Est-ce que l'article en question a été
précisé? D'ailleurs, vous vous étiez engagé du
même coup à faire tous les efforts possibles pour que cet aspect
soit modifié ou retiré. Alors, est-ce que vous pouvez faire une
petite mise au point là-dessus?
Acceptation par le GATT des subventions au
développement régional et au développement
industriel
M. Ciaccia: II y a deux aspects, il y a deux différents
types de subventions, si on peut ainsi dire. Le développement
régional: ça, ça peut se faire par les deux niveaux du
gouvernement. Mais le développement industriel, qui est une exception,
qui ne tombe pas dans le développement régional, ceci peut se
faire seulement par le signataire, les signataires de l'entente, ce qui veut
dire seulement le gouvernement central. Alors, dans un État
fédéral, ça veut dire que les provinces seraient
pénalisées pour ce volet de subvention. Ça veut dire que
les 50 États américains ne pourraient pas le faire, que les
Lânder, en Allemagne, ne pourraient pas le faire, et c'est une clause qui
nous préoccupe.
On a fait des représentations au gouvernement
fédéral, et la position du gouvernement canadien est de continuer
à négocier pour éliminer cette distinction; autrement dit,
permettre que les mêmes subventions puissent être accordées
par le gouvernement central ou les signataires, et qu'elles puissent être
aussi accordées par les gouvernements fédérés ou
les gouvernements locaux. Au moment où on se parle, ce n'est pas encore
réglé. Vous savez qu'il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup
d'autres problèmes en ce qui concerne le GATT, entre la
Communauté européenne, plus spécifiquement la France, et
les États-Unis, mais à la dernière conférence
fédérale-provinciale, j'ai réitéré cette
demande au gouvernement canadien. La position du gouvernement canadien n'a pas
changé, il continue de demander que cette clause soit modifiée
pour permettre les deux types de subvention aux deux niveaux de gouvernement,
mais il n'y a pas plus de développement.
M. Beaulne: II n'y a pas plus de développement,
alors...
M. Ciaccia: II y a ceux qui pensent que ça, ça va
être quelque chose qui va être négocié à la
dernière minute, savez-vous, parce qu'ils disent qu'il y a tellement
d'autres problèmes, que ce n'est pas une priorité
présentement, et que s'ils peuvent faire avancer les négociations
un peu plus dans d'autres domaines, avant la signature, ça, ça
peut être une des clauses qui pourraient être modifiées.
Mais pour le moment, elle est telle quelle.
M. Beaulne: Mais vous ne pensez pas que, compte tenu du fait que
l'ALENA prévoit que toute cette question-là va s'enligner sur la
définition que va donner le GATT, ça prend une importance
relative pour nous?
M. Ciaccia: Excepté que, pour l'ALENA, les
Américains n'invoqueraient jamais cette clause-là, parce qu'ils
ont 50 États, eux; ils ne sont pas d'accord avec cette clause-là.
Alors, un des avantages, c'est qu'au moins on a une définition de
développement régional. Ça veut dire qu'il y a beaucoup de
programmes que nous avons qui pourraient être contestés par des
droits compensateurs... ne le seraient plus. C'est une amélioration,
mais ce n'est pas une réponse totale. Mais en ce qui concerne le danger,
je pense que les Américains ont les mêmes intérêts
que nous et nous appuient dans la demande de modification de cette clause.
M. Beaulne: Mais cette définition, en fait, assez
restrictive pour les membres d'un État fédéré,
ça a été introduit à la demande de qui?
M. Ciaccia: Je me suis fait dire que ça a
été introduit à la demande de la France, parce qu'eux
n'ont pas un État fédéré, c'est un gouvernement
unitaire. L'Allemagne et les États-Unis, c'est des gouvernements
fédérés. Alors, c'est eux qui ont insisté pour que
cette clause-là soit dans le rapport Dunkel.
M. Beaulne: Au fond, si je vous comprends bien, en ce qui
concerne ce deuxième aspect de la définition des subventions, si
le Québec était souverain, on n'aurait pas ce
problème-là.
M. Ciaccia: Bien, on ne pourrait pas compter sur l'appui de la
France, sur certains aspects qui sont très importants pour nous. C'est
ça que je comprends aussi.
M. Beaulne: Non, mais au niveau de la définition, au
niveau de la définition.
M. Ciaccia: Oui, mais la définition, il faut se
comprendre. Le développement régional, c'est assez large.
Ça pourrait même inclure des subventions dans la région de
Montréal; ça n'exclut pas toutes les subventions du gouvernement
du Québec. Alors, oui, on veut que ça soit éliminé,
mais ce n'est pas une raison pour devenir indépendant. Je ne pense pas
que la Californie va demander d'être indépendante parce qu'elle ne
peut pas donner de subventions sur le GATT.
M. Beaulne: Non, mais c'est quand même une disposition qui
facilite les choses pour les États souverains.
M. Ciaccia: Oui, je comprends. Mais écoutez, il faut
être réaliste aussi, et il faut regarder l'ensemble des choses.
Combien d'autres concessions on obtient, parce qu'on fait partie du Groupe des
Sept? Ce n'est pas juste cette clause-là. Ça, c'en est une, mais
tout l'aspect agriculture, tout l'aspect du développement
régional, tous les appuis qu'on a dans les autres, je pense que... On ne
fera pas un débat constitutionnel ici, mais dans la balance...
M. Beaulne: Non, non, mais c'est quand même une
constatation sur la base de la situation qui n'a pas évolué dans
le sens.
M. Ciaccia: C'est une question importante, et on la suit
très sérieusement. On fait nos représentations au
gouvernement canadien. Le gouvernement canadien nous appuie, il a l'appui
d'autres partenaires internationaux.
M. Beaulne: Dans ce sens-là? M. Ciaccia: Oui,
oui.
M. Beaulne: Si vous aviez à mettre des probabilités
de 1 à 10 sur le fait de pouvoir faire changer ça... (17 h
40)
M. Ciaccia: Je ne suis pas «gambler». Moi, je ne
donne pas des «odds», je ne suis pas un «bookie», comme
on dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaulne: Non, mais avec l'appui des États-Unis,
ça devrait être quand même assez important.
M. Ciaccia: Bien, il me semble. Les États-Unis et
l'Allemagne, c'est deux partenaires assez majeurs. Le Brésil, c'est un
État fédéré; l'Australie, c'est un État
fédéré. Même, le Mexique.
M. Beaulne: Donc, pour le moment, on peut conclure que ce n'est
pas définitif, que ça peut quand même évoluer,
peut-être en phase finale, comme vous dites.
M. Ciaccia: Ça peut évoluer. J'espère que
ça évolue. On insiste pour que ça évolue. Tout ce
qu'on peut dire, c'est qu'on a des partenaires importants internationaux qui
nous appuient. On n'est pas isolés.
M. Beaulne: En tout cas, c'est à souhaiter que ça
se précise, parce qu'on en connaît les implications pour
l'ALENA.
Mon collègue, tout à l'heure, a abordé le rapport
du Vérificateur général. Je comprends que ça vous
fatigue un peu.
M. Ciaccia: Pas du tout. Non, non, non.
Coordination des activités du MAI se rattachant
au commerce extérieur
M. Beaulne: Si on était à votre place, on aurait
probablement la même réaction, mais dans le contexte de ses
fonctions, je pense qu'il faut quand même reconnaître certaines de
ses observations. Mon collègue faisait allusion à certains
aspects de la coordination, il en a discuté tout à l'heure. Moi,
j'aimerais revenir sur d'autres aspects, qui se rattachent plus
particulièrement au volet commerce extérieur.
Le chapitre 3 du rapport du Vérificateur est assez raide en ce
qui concerne le ministère des Affaires internationales. Vous avez
répondu, tout à l'heure, un peu, à certaines observations
que mon collègue de Sainte-MarieSaint-Jacques faisait quant
à la façon dont le Vérificateur général
était arrivé à certaines de ses conclusions. Mais il faut
quand même relever que le Vérificateur général
s'explique mal le manque de suivi auprès des entreprises
étrangères qui sont intéressées à investir
au Québec, d'après ce qu'il dit dans son rapport, au paragraphe
3.51.
Le Vérificateur indique également que le ministère
ne fait pas d'évaluation des investissements étrangers
réalisés au Québec. Au niveau de l'encadrement des
services à la clientèle, le jugement du Vérificateur est
plutôt lapidaire. Il dit: Le ministère ne peut répondre
pleinement aux besoins de la clientèle, car l'organisation de ses
services n'est pas suffisamment structurée. Finalement, pour ce qui est
des activités relatives au commerce international, le portrait qu'en
dresse le Vérificateur est excusez-moi l'expression
plutôt celui d'un ministère amateur. C'est l'impression qui se
dégage à la lecture du rapport du Vérificateur
général.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça qu'il a dit, le
Vérificateur.
M. Beaulne: Non, mais c'est l'impression qui s'en
dégage.
M. Ciaccia: C'est votre mot à vous, ça.
M. Beaulne: Ça, c'est mon mot à moi.
M. Ciaccia: C'est votre interprétation? O.K.
M. Beaulne: Ce qui m'amène à donner cette
vision-là du rapport, c'est que, d'abord, le Vérificateur fait
allusion à l'absence de critères de sélection pour choisir
les entreprises québécoises qui sont aptes à participer
aux activités internationales. Il fait allusion à une mauvaise
préparation des activités à l'étranger, à
une faiblesse des rapports d'activité. Le rapport, finalement, est assez
critique quant à la coordination du ministère, dans ses volets
qui se rattachent au commerce extérieur.
Compte tenu de l'importance que représente l'activité
commerce extérieur, promotion internationale, dans les activités
du ministère, quels sont les correctifs ou quelles mesures le
ministère a-t-il entreprises pour répondre à ces
observations qu'a faites le Vérificateur?
M. Ciaccia: Premièrement, je ne veux pas
répéter toutes les réponses que j'ai données
à votre collègue sur une partie des critiques que le
Vérificateur général nous a faites, parce que j'ai
démontré qu'il y avait plusieurs endroits où il n'avait
pas pris en considération, vraiment, les actions du ministère des
Affaires internationales. Il semblait évaluer le ministère des
Affaires internationales avec les mêmes critères qu'il pourrait
évaluer tous les autres ministères qui n'ont pas la
complexité, qui n'ont pas les opérations mondiales, qui n'ont pas
toutes les activités qui affectent et qui incluent tous les autres
ministères.
Quand vous dites qu'il n'y a pas de suivi dans les investissements, et
qu'on n'a pas la façon de faire l'évaluation des investissements
étrangers, même avant le rapport du Vérificateur
général, j'avais créé, au ministère des
Affaires internationales, le Bureau des investissements étrangers,
justement pour, non seulement identifier les investissements possibles, mais
pouvoir faire le suivi et faire la prospection des investissements d'une
façon structurée, en utilisant le réseau des 27 bureaux du
ministère des Affaires internationales.
Maintenant, on ne faisait pas l'évaluation parce que ce
n'était pas notre mandat. Je sais que c'est très complexe, le
MAI, mais de porter un jugement sur le
MAI, sur un mandat qu'il n'avait pas, je ne veux pas qualifier
ça, mais vous savez... Je veux bien prendre les critiques pour ce que je
fais, mais je ne suis pas pour prendre les critiques sur ce qu'un autre
ministère fait. Le Vérificateur général devrait
être en mesure, autant que moi, de savoir où est ma
responsabilité, où est la responsabilité d'un autre. Avant
la création du Bureau des investissements étrangers, la
responsabilité pour le suivi n'était pas au MAI, elle
était avec le MICT. Alors, s'il y a des critiques à faire
je ne dis pas qu'il y en a mais s'il y en a, au moins, les porter
à la bonne place.
Alors, je pense qu'il y avait un peu un manque de compréhension
du mandat et du rôle du ministère dans ce domaine. Ce n'est pas le
seul endroit, on pourrait montrer beaucoup d'autres endroits où,
peut-être, il n'y avait pas assez de temps pour vraiment tout faire
le...
Je pourrais vous donner le mandat du Bureau des investissements
étrangers. C'est un outil de promotion qui fait des études de
compétitivité, des «case study», la formation des
conseillers économiques, l'examen... Il y a des centres de distribution,
des alliances stratégiques, l'accueil des investisseurs, le suivi avec
les firmes étrangères établies au Québec, le
développement des réseaux et le suivi des projets en cours
nous en avons environ 50; nous avons 50 projets en cours pour la recherche
d'investissements au Québec. Alors, c'est très structuré,
et j'ai mis ça en place avant... Sous-ministre...
Une voix: ...
M. Ciaccia: ...«do not confuse»! N'apporte pas de
confusion à mes propos! Là, je vais t'envoyer le
Vérificateur général!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Ça a été mis en place avant que
le rapport ne sorte. Quand le rapport est sorti, le Bureau était
déjà en place; ça a été créé
au mois de septembre dernier.
Quelle autre... parce que je n'ai pas tout suivi, là. Quelle
autre question?
Une voix: ...
(17 h 50)
M. Ciaccia: Oui. Vous parlez de consultation et de communication
avec nos clientèles économiques. Je pense que j'ai
déjà donné une réponse à votre
collègue. J'ai démontré toutes les visites industrielles
636 de la Direction générale des États-Unis
1028 consultations externes. Le réseau des délégations a
traité 1512 dossiers. Il semble difficile de réaliser un si grand
nombre d'activités, et de ne pas connaître les clients et leurs
interlocuteurs étrangers. Si, au moins, on me disait sur quoi il s'est
basé pour dire qu'on ne connaît pas notre clientèle.
Premièrement, je vous l'ai dit souvent, on n'a pas une
clientèle, on a des clientèles. Alors ça, c'est une
erreur, peut-être, juste en termes de libellé. Mais, tu
sais, plutôt que de faire des affirmations
générales, s'il avait pu être un peu plus
spécifique, je pense que ça aurait été plus... Et,
en termes de recrutement des entreprises, de préparation et
d'évaluation des missions à l'étranger, la Direction
utilise quatre outils. Il dit: Comment on fait ça? Bien, s'il nous
l'avait demandé, on le lui aurait dit. La Direction utilise quatre
outils très performants pour identifier et évaluer les
entreprises: le fichier du CRIQ; le fichier central des entreprises, qui est
utilisé par les banques et les institutions financières; le
fichier Radar, qui regroupe toutes les entreprises québécoises;
et le fichier Marché, mis au point par notre ministère et le
gouvernement fédéral, à partir des fichiers des Nations
unies, et qui situe le marché québécois par rapport aux
marchés internationaux, pour 600 groupes de produits.
Alors, tu sais, les aspects positifs, les recommandations positives du
rapport, je suis prêt à les prendre et à essayer
d'améliorer, parce qu'il n'y a aucune structure de ministère qui
est parfaite, on peut toujours s'améliorer. Mais quand il y a des
lacunes majeures dans les critiques, je pense que j'ai le devoir de le porter
à votre attention et à l'attention de mes collègues.
M. Beaulne: Je pense que ce que le Vérificateur souligne,
ce n'est pas que le ministère ne travaille pas ou n'a pas de programmes.
Quand vous avez répondu à mon collègue, cet
après-midi d'ailleurs, vous venez d'en faire un petit peu un
récapitulatif...
M. Ciaccia: C'est la même question.
M. Beaulne: ...vous listez toute une série
d'activités...
M. Ciaccia: C'est la même question. Je suis
cohérent, je donne la même réponse. Ha, ha, ha!
Bureau des investissements étrangers
M. Beaulne: Oui, oui. Oui, oui. C'est ça, vous listez
toute une série de missions, d'activités. Ça
reflète, effectivement, que le ministère travaille, et que le
ministère a des employés qui se dévouent à leur
tâche. Je pense que la question, ici, ce n'est pas de mettre en question
le travail du ministère; c'est plutôt l'aspect de coordination de
ces activités-là et de leur efficacité.
Vous parliez tout à l'heure du bureau de prospection des
investissements étrangers. Bien, le Vérificateur
général, dans son rapport, souligne une certaine confusion des
responsabilités entre votre ministère et celui de l'Industrie et
du Commerce, à ce niveau-là, également.
M. Ciaccia: Oui, mais là, il n'y en a plus, là. Il
soulignait que, peut-être, il y avait une certaine confusion, parce qu'on
ne l'avait pas, ce mandat-là. Nous autres, on avait le mandat de
coordonner tous les ministères, mais le mandat spécifique des
investissements étrangers appartenait au MICT. Depuis le mois de
septembre dernier, ça appartient au MAI. Alors, il n'y en a plus, de
confusion.
Quand vous dites qu'on travaille, mais que ce n'est pas
structuré, je vous dis que, quand le Vérificateur
général dit: Bien, sur quelle base vous faites votre... Vous
n'avez pas de base pour faire des évaluations. Je viens de lui en
donner, des bases d'évaluation. Ça l'est, structuré.
Est-ce que ça pourrait être structuré d'une façon
meilleure? Certainement. Mais de dire que ce n'est pas structuré, qu'il
n'y a pas de suivi, qu'il n'y a pas de coordination... J'ai donné des
exemples de coordination. Comment pouvions-nous réussir, dans le cas du
magnésium, à gagner, dans le cas du magnésium, au
Department of Commerce, à Washington, s'il n'y avait pas de coordination
avec trois ou quatre autres, au moins, ministères, en plus de la
coordination avec toute l'industrie de l'aluminium au Québec? O.K.? Et
toute la question du porc, la question du bois d'oeuvre, ça prend de la
coordination avec différents ministères.
De dire qu'on peut améliorer la coordination, oui. Mais de dire
qu'il n'y en a pas, bien, je pense que c'est de ne pas voir la
réalité, et de ne pas voir ce qui se passe au
ministère.
Préparation des missions
M. Beaulne: Dans un contexte un peu semblable à
celui-là, le Vérificateur, aussi, s'interroge sérieusement
sur la préparation des missions à l'étranger. C'est
quelque chose d'important, parce que, effectivement, le ministère, comme
vous le dites dans le rapport des crédits, travaille à beaucoup
de missions vous en faites vous-même plusieurs. L'impression qui
ressort de la lecture du rapport du Vérificateur, c'est qu'on est en
droit de s'interroger véritablement sur l'efficacité de ces
missions-là, parce que l'impression que ça donne, à la
lecture, c'est que les missions sont tout à fait improvisées, au
niveau de la sélection, au niveau de l'organisation. Vous avez
mentionné j'en ai pris note, tout à l'heure, quand vous
répondiez à mon collègue que les entreprises sont
puisées à partir d'un certain nombre de fichiers, là. Vous
avez mentionné un certain nombre de sources à partir desquelles
les entreprises sont invitées à participer aux missions.
Comment expliquez-vous les commentaires du Vérificateur
général sur les missions à l'étranger?
M. Ciaccia: Moi, je ne suis pas capable de l'expliquer, le
commentaire. Sûrement, lui, il n'a pas parlé à ceux qui
viennent en mission avec nous. Les 36 entreprises qui sont venues avec nous,
avec moi, au Mexique. C'est clair qu'on a un bassin relativement limité
d'entreprises québécoises exportatrices. Je vous ai donné
la liste des fichiers qu'on examine pour déterminer quelles sont les
entreprises qui ont un intérêt dans un certain pays, qui ont
certains produits qui peuvent être exportés. On fait cette
sélection-là à partir de la base des fichiers qui sont
disponibles et qu'on a identifiés. Alors, sur cette base, on contacte
les entreprises, et celles qui sont intéressées à venir
avec nous le font. Celles qui ne le sont pas...
Quand je suis allé en Italie, une mission économique,
j'avais 62 représentants du Québec. Tu sais, on n'a pas mis une
annonce dans le journal: Tous ceux qui veulent venir en Italie, l'avion part
samedi! Ce n'est pas ça qu'on a fait. On a identifié, on a vu les
compagnies, et la raison pour laquelle il y en avait 60, c'est parce que notre
commerce avec l'Italie... il y a beaucoup de gens qui font des échanges
entre l'Italie et le Québec. Dans le cas du Mexique, même si nos
entreprises... la présence du Québec est allée de 25
à 150 entreprises présentes au Mexique. Le bassin de ceux qui
font des affaires est relativement restreint, mais on en a
intéressé d'autres. On fait la sélection à partir
de la base de ces fichiers. On consulte avec eux, et...
Mais on ne porte pas tellement attention au fait que le
Vérificateur a admis qu'il n'a jamais parlé aux entreprises
à ce sujet. Ça aurait été bon, là, avant de
lancer des critiques au ministère, de dire: Bien, je vais
vérifier avec les entreprises, pour voir. Comment ont-elles
été choisies et quels sont les résultats?
Quand on dit qu'il n'y a pas de suivi, écoutez, ça, ce
n'est pas tout à fait juste, non plus, hein. On a donné des
exemples de suivi. Pour toutes les ententes qu'on a avec d'autres pays, on a
des comités de suivi: le comité de suivi, ici au Québec,
et le comité de suivi avec l'autre pays, et il y a des rencontres
périodiques. Naturellement, avec certains pays, les rencontres sont plus
fréquentes que d'autres. Alors, je ne pense pas qu'on ait un portrait
exact de ce qui se passe au ministère, en lisant ces remarques.
M. Beaulne: Mais vous allez... vous allez quand même
convenir que...
M. Ciaccia: Oui, et il y a un autre élément...
M. Beaulne: ...même si...
M. Ciaccia: ...excusez-moi, là. Les entreprises qui
assistent, qui m'accompagnent en mission économique paient leurs propres
frais, leurs propres dépenses. S'il y en a de si nombreuses qui nous
accompagnent, c'est vraiment un signe de la valeur du programme de nos missions
et des résultats fructueux qu'ils obtiennent, parce que, pour une
entreprise, pour m'accompagner en Chine... Pour 12 entreprises
québécoises, de venir en Chine à leurs frais, à
leurs dépens, connaissant le contexte économique d'aujourd'hui,
c'est parce qu'elles savent qu'il y a quelque chose qui va être
bénéfique pour elles et qu'elles approuvent le programme de nos
missions économiques. Ah, on veut que je le critique plus, mais je ne
veux pas le faire.
M. Beaulne: Mais êtes-vous en train de suggérer au
Vérificateur général qu'il n'a pas tout à fait la
bonne façon de procéder? (18 heures)
M. Ciaccia: Bien, peut-être qu'il a la bonne façon
de procéder avec les autres ministères, parce que c'est des
ministères relativement limités dans leur mandat, qui
opèrent au Québec, qui ont certaines activités, et qui
sont structurés essentiellement de la même façon. Mais,
quand on arrive au ministère des Affaires internationales, avec 27
bureaux à l'étranger, avec toute une série d'entreprises,
dans le secteur privé, qui travaillent avec vous, avec les institutions
universitaires et les accords qu'on signe avec tous les autres pays, avec les
bureaux au Québec, le bureau à Montréal, avec les
délégations dans tous les différents pays, peut-être
qu'il faudrait d'autres façons de faire les analyses. Peut-être
que ça pourrait prendre un peu plus de temps. Peut-être qu'on
devrait poser des questions aussi à ceux qui font affaire avec nous, qui
se prévalent de nos services. Peut-être que la méthode
devrait être un peu changée.
Ce n'est pas un blâme que je donne au Vérificateur
général, c'est juste une constatation de la différence des
opérations du MAI, à comparer au ministère du Revenu, au
ministère des Affaires culturelles ou à tous les autres
ministères.
M. Beaulne: Par exemple, lorsque... Lorsque, par exemple...
M. Ciaccia: Puis à part ça, tu sais, il n'y a aucun
commentaire sur le réseau, hein, dans...
M. Beaulne: Bien, lorsque, par exemple...
Le Président (M. Dauphin): Messieurs... Je m'excuse, M. le
député, c'est qu'on m'indique qu'il est 18 heures; il ne faut pas
se fier à l'horloge qui est là. Il reste une heure, je crois,
là, dans l'enveloppe qui nous est dévolue. Alors, je ne sais pas
comment vous voulez continuer.
M. Ciaccia: Moi, je n'ai pas d'objection à continuer un
peu, si le... Bien, tu sais, je vais laisser ça à...
M. Beaulne: Bien, on peut... Oui, j'aurais encore une couple de
choses, là. On a une couple de sujets qu'on n'a pas abordés.
Bien, moi, je proposerais qu'on ajourne, là d'ailleurs, je pense
que les gens commencent à être un peu fatigués...
M. Ciaccia: Pas de problème.
M. Beaulne: ...et puis, on reviendra à 20 heures...
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Beaulne: ...et on fera une heure, à ce
moment-là.
M. Ciaccia: Aucun problème.
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. LeSage): La commission des institutions
reprend ses travaux. Je vous rappelle que, lors de l'ajournement, nous en
étions à une période des questions, et la parole
était au député de Bertrand.
M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci.
Pour simplement terminer sur les remarques du Vérificateur
général on avait ajourné là-dessus,
là, il y a deux ou trois heures le dernier mot que j'aurais
simplement à dire là-dessus, c'est que je pense que le
Vérificateur général, peut-être sous les
réserves que vous avez exprimées, a quand même
révélé certains éléments qui méritent
d'être améliorés je pense qu'on ne va pas
élaborer davantage là-dessus, ça va étirer le
débat pour rien mais je pense que, de notre côté,
comme Opposition, on ne peut pas faire autre chose que d'inciter le
ministère, dans la mesure du possible, à apporter les correctifs
qui s'imposent et que recommande le Vérificateur là,
évidemment, où c'est beaucoup plus pertinent. (20 h 10)
Pour passer, maintenant, à un troisième grand volet: sur
le programme APEX lui-même. Évidemment, je dois vous avouer
comme vous l'avez remarqué lors de mes commentaires d'introduction
nous sommes un peu déçus du montant qui est alloué
au programme APEX, compte tenu de... surtout de l'objectif que vous vous
étiez fixé vous-même dans votre énoncé de
principe: augmenter le pourcentage des PME qui exportent au-delà du
chiffre de 13 %, si je me rappelle bien, pour le ramener à un niveau
beaucoup plus élevé, comme c'est le cas, par exemple, en
Hollande, qui a une économie d'un type, un peu, style
québécois et dont les activités d'exportation alimentent
en grande partie le produit intérieur brut, également. C'est une
décision budgétaire du ministère et du gouvernement, mais,
nous, nous ne pouvons que souhaiter que ce montant-là soit
augmenté dans la mesure, évidemment, où les entreprises
sont suffisamment sensibilisées pour en faire la demande et que ces
crédits-là ne retournent pas aux crédits
périmés.
Programme APEX
II y a, cependant, une question que j'aimerais clarifier. Il y a
plusieurs entrepreneurs qui ont porté à mon attention et
je ne sais pas jusqu'à quel point c'est fondé que certains
aspects du programme APEX ne s'appliqueraient plus aux entreprises qui veulent
faire affaire aux États-Unis et en Europe. Ça m'a un peu surpris.
Je ne sais pas exactement si ces allégations sont fondées, mais
j'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet parce que ça me
semble d'autant plus étonnant que les États-Unis et l'Europe sont
nos principaux marchés d'exportation, d'autant plus que, après
avoir signé une entente de libre-échange avec les
États-Unis, il m'appa-raît assez curieux que certains aspects du
programme
APEX ne s'appliquent pas aux entreprises qui veulent faire affaire aux
États-Unis.
J'ai été incapable de le vérifier; c'est pour
ça que je pose la question.
M. Ciaccia: Non. C'est inexact. Je pense que j'ai les chiffres
pour le programme APEX pour les États-Unis: ce qui a été
dépensé, à date, c'est 1 551 900 $...
Une voix: Pour la dernière année.
M. Ciaccia: ...pour la dernière année. C'est
l'utilisation jusqu'au 22 mars 1993.
M. Beaulne: Oui, mais on a parlé de certains aspects.
M. Ciaccia: Oui.
M. Beaulne: Je ne sais pas à quels aspects ils font
allusion. C'est peut-être les visites, là...
M. Ciaccia: O.K. Je vais donner certains... O.K. Je vous donnerai
des détails, parce qu'on a voulu améliorer le programme APEX. On
a inclus des projets spéciaux pour augmenter les sommes disponibles pour
les entreprises qui ont certains projets. On a constaté que, dans notre
programme, ça ne couvrait pas tous les besoins des entreprises dans leur
conquête des marchés extérieurs. Alors, à chaque
fois qu'une entreprise présentait un projet très
intéressant, mais qui ne cadrait pas dans les programmes
déjà existants, il fallait refuser ou aller en dérogation
au Conseil du trésor. Alors, dans ce dernier cas, il y avait des
délais qui pouvaient mettre le projet en péril. Alors, c'est pour
pallier à cette lacune qu'on a mis sur pied les projets spéciaux
dans le programme APEX, et celui-ci se caractérise par une aide à
la réalisation de projets complexes, innovateurs et d'envergure, qui
sortent d'activités coutumières de prospection et de
développement de marchés. Et l'assistance financière peut
aller jusqu'à 50 % des dépenses externes à l'entreprise,
avec un minimum de 10 000 $ et un maximum de 50 000 $. Ça, c'est
complètement nouveau. Et le ministère peut également
considérer les montages où le MAI fournirait une aide
complémentaire à celle d'autres intervenants gouvernementaux.
Alors, de plus, dans le cas où le projet vise l'obtention d'un contrat
spécifique, un remboursement de l'aide par l'entreprise est
prévu.
Alors, en le modifiant, ce qu'on voulait éviter, c'était
que, des fois, il y avait des exportateurs, dans certains marchés, qui
utilisaient le programme seulement pour une certaine fin; c'était...
répétitif. On avait l'impression qu'ils utilisaient ça
pour faire un voyage aux États-Unis. Alors, on a modifié pour
inciter une meilleure utilisation des fonds. On n'a pas exclu les
États-Unis, mais c'est clair que, si quelqu'un fait un voyage, deux,
trois, puis continue à toujours faire des voyages de prospection aux
États-Unis, là, il y a quelque chose. On n'est pas toujours pour
donner les mêmes montants
aux mêmes compagnies. On veut inciter de nouvelles compagnies. Si
quelqu'un, ça fait des années qu'il fait affaire aux
États-Unis, peut-être qu'il n'a plus besoin d'aller faire de la
prospection, de faire un voyage aux États-Unis. Il n'a pas besoin de
chèque de 1500 $ ou de 2000 $ de nous; il connaît assez le
marché. Ça coûtait plus de l'administrer que les fonds
qu'on avait de disponibles.
Alors, on a fait certains changements. Peut-être que je pourrais
demander à M. Paul-Émile Blouin, sous-ministre aux affaires
bilatérales et qui est en charge de l'administration du projet, de
vouloir donner plus de détails.
Le Président (M. LeSage): M. le sous-ministre, pour les
fins d'enregistrement du Journal des débats, si vous voulez bien
vous identifier, s'il vous plaît.
M. Blouin: Paul-Émile Blouin, sous-ministre adjoint,
relations bilatérales. effectivement, dans le cas de l'apex, il y a un
volet qui a été éliminé après étude.
comme le ministre l'a mentionné, on a constaté qu'il y avait des
entreprises qui venaient à répétition pour le même
type de voyage. c'est le volet mission. alors, ce qu'on a
préféré faire et je pense que le ministre a
été tout à fait d'accord avec cette nouvelle orientation
c'est de prendre l'argent que nous n'utilisions pas pour les missions,
puisqu'on a enlevé les deux marchés états-unis et europe
pour les missions, et on a plutôt mis cet argent sur les nouveaux
exportateurs, en augmentant le pourcentage de l'aide qui est attribuée,
c'est-à-dire au lieu de 50 % pour un exportateur régulier, un
exportateur qui a déjà travaillé avec le ministère,
qui est un client du ministère, on a plutôt augmenté cette
contribution à 70 %. ça s'adresse uniquement à des
nouveaux exportateurs, et ils conservent ce statut de nouvel exportateur
pendant une période de trois ans, de façon à ce qu'on ait
un programme qui soutient la nouvelle entreprise pour au moins une
période minimale, trois ans. c'est là où il y a eu un
déplacement de fonds, effectivement.
Et, en plus de ça, nos entreprises qui organisent ou qui font des
missions aux États-Unis et en Europe ont toujours accès au budget
du PDME du gouvernement fédéral, et on veut que le Québec
utilise au maximum les budgets qui sont disponibles au fédéral de
façon à ce que l'argent qui peut être utilisé par le
Québec ne soit pas utilisé auprès des clientèles
qui sont en Ontario, en Colombie-Britannique ou ailleurs. Ce qu'on a voulu
faire, c'est s'assurer que nos entreprises obtiennent le maximum du
fédéral et que, nous, on aide davantage la nouvelle entreprise
à l'exportation, qui était une volonté du
ministère.
M. Ciaccia: Et avec ce nouveau programme, en date du 21
marsj'ai les chiffres jusqu'au 21 mars nous comptons 74 nouveaux
exportateurs. Autrement dit, comme M. Blouin l'a expliqué, si quelqu'un
venait toujours faire une demande pour un voyage aux États-Unis, c'est
qu'il connaissait un peu le marché, ce n'était pas un nouvel
exportateur. Alors, on a voulu couper cet aspect, ce volet du programme. Mais
le même exportateur aux États-Unis, s'il a un projet
spécial, il peut encore obtenir des fonds, mais il va falloir
démontrer que c'est quelque chose de plus que de l'affaire de routine,
puis toujours avoir les mêmes chèques aux mêmes compagnies
ou au même individu.
Dans ce nouveau volet, on a reçu 15 demandes. Les territoires qui
sont visés par les demandes sont l'Amérique latine, les
États-Unis, l'Europe de l'Est et l'Asie. L'aide demandée atteint
dans tous les dossiers à l'exception d'un le maximum, soit
50 000 $. Alors, on a libéré des fonds; au lieu d'envoyer un
voyage, 1000 $, 2000 $, pour des gens qui étaient habitués
et toutes ces choses-là alors, on a repris ça et on a
créé un fonds pour faire de nouveaux exportateurs. Le fait que
c'a fonctionné, c'est qu'on en a 74 nouveaux.
M. Beaulne: Est-ce que ces restrictions-là, en quelque
sorte, s'appliquent uniquement pour les États-Unis ou si ça
s'applique pour l'Europe, de façon générale, pour le
programme des missions?
M. Blouin: Ça s'applique uniquement pour le territoire
États-Unis et Europe parce que, d'une part, ça nous coûtait
plus cher d'administrer une demande APEX de 1000 $, 1500 $ surtout aux
États-Unis, si on considère que ce qu'on paie c'est un billet
d'avion et une allocation, un per diem ça nous coûte plus
cher de gérer une demande comme celle-là surtout pour des
gens qui, comme le ministre dit, connaissent déjà le
marché il était préférable pour nous,
effectivement, d'aider des nouveaux exportateurs et de les aider d'une
façon plus substantielle jusqu'à concurrence de 70 %.
Et, dans le cas...
M. Ciaccia: Même... M. Blouin: Je m'excuse.
M. Ciaccia: Allez-y. (20 h 20)
M. Blouin: ...des États-Unis, je dois insister qu'il y a
un volet qui a été maintenu, et c'est celui des expositions. Et
là, peu importe que ça soit aux États-Unis, en Asie, en
Europe ou ailleurs, ce volet-là est maintenu, et toutes les entreprises
ont accès à ce programme qui coûte beaucoup plus cher. La
moyenne d'aide, pour une entreprise qui participe à une exposition, peut
aller jusqu'à 20 000 $, 25 000 $, alors que pour une mission, 1000 $,
1500 $, c'est à peu près l'ordre de grandeur du programme ou de
l'aide qu'on offre, qui est quand même beaucoup moins substantielle.
M. Beaulne: Donc, si je comprends bien, d'après les
nouveaux critères, une entreprise, dans ce genre d'appui-là, peut
être soutenue pendant une période de trois ans, et, après
ça, si ça ne tombe pas dans un autre créneau un peu
spécial, vous...
M. Blouin: Non.
M. Beaulne: ...la référez au fédéral
ou...?
M. Blouin: non, elle continue à avoir accès au
programme, sauf qu'elle n'a plus droit à 70 %. elle tombe au même
niveau que les autres, 50 %.
M. Beaulne: Ah, bon. D'accord.
M. Blouin: Mais elle a toujours droit au programme APEX.
M. Beaulne: Donc, les entreprises qui m'ont fait ces
commentaires-là, c'est probablement des gens qui avaient eu recours,
disons, de façon un peu routinière...
M. Blouin: Des missions, oui.
M. Beaulne: ...aux programmes et puis... bon. D'accord. Bien, au
fond...
M. Caron: II y a certaines entreprises qu'on avait dans nos
statistiques qui ont utilisé, par exemple, pour un secteur à
Chicago, dans un élément particulier, pendant six, sept ans,
alors qu'ils avaient acquis ce marché-là, donc, il fallait qu'on
fasse certaines modifications...
M. Ciaccia: Ils se faisaient payer les frais de voyage pour aller
à Chicago, mais ils avaient le marché. C'était pas
vraiment... C'était un peu...
M. Beaulne: Oui, effectivement.
M. Ciaccia: ...une mauvaise utilisation des fonds.
M. Beaulne: Non, je pense que c'est, effectivement, une bonne
mesure. Ça s'inscrit très bien dans
l'élimination des chevauchements là, dans la mesure du
possible, et...
M. Ciaccia: Mais un nouvel exportateur, même pour un cas
semblable, est eligible pour aller aux foires...
M. Beaulne: Aux expositions.
M. Ciaccia: ...aux expositions, même pour faire un voyage
que...
M. Beaulne: Bien ça, ce sont les missions là, qui
avaient souvent l'allure, effectivement, j'en conviens, de voyage de fin
d'année, là... Ou l'entrepreneur qui part avec sa femme, un peu,
disons...
M. Caron: On a vu des cas, on a tous des cas là, mais les
autres... Ça, c'est le volet mission. Il y a les autres volets:
APEX-Emploi, Marketing, etc., se poursuivent.
Une voix: Étude.
M. Caron: Étude, Adaptation... Ils se poursuivent, ces
autres volets là.
Une voix: II n'y a pas de changement. M. Caron: II n'y a pas de
changement.
M. Beaulne: Avez-vous des indications sur l'impact que ça
a eu sur l'utilisation, par les entreprises québécoises, des
programmes fédéraux? Vous dites que l'idée, c'était
de les inciter à aller chercher... ce qui a bien du bon sens, au fond,
c'est notre argent. Mais avez-vous une idée de l'impact que ça a
eu? Est-ce que, effectivement, les entreprises sont allées chercher
davantage de fonds auprès des programmes fédéraux?
M. Blouin: à tel point qu'ils ont presque manqué de
fonds, alors que, dans le passé, ils dégageaient des fonds
à la dernière minute et ils envoyaient ça ailleurs parce
qu'on ne l'utilisait pas. alors, nous, on a pensé utiliser notre argent
à meilleur escient pour des gens qui, effectivement, n'avaient pas
l'incitation à aller à l'exportation: on a donné une
petite «pousse» additionnelle de 20 % qui est quand
même appréciable et on a demandé, ou enfin, nos
entreprises ont automatiquement eu recours parce que ce volet-là
n'existait plus au pdme, et la conséquence a été
qu'ils ont utilisé leur budget au complet.
M. Beaulne: Je vous pose la question à tout hasard,
là, je ne sais pas si vous avez la réponse: Savez-vous quel
pourcentage des programmes fédéraux est alloué aux
entreprises québécoises, est utilisé par les entreprises
québécoises?
M. Blouin: Par rapport aux autres provinces? M. Beaulne:
Oui.
M. Blouin: Je pense que c'est à peu près dans le
pourcentage de la population, c'est-à-dire...
M. Beaulne: Autour de un quart?
M. Blouin: ...pas loin de 30 %. c'est ça. entre 25 % et 30
%. ce n'est pas tout à fait exact parce qu'il y a quand même plus
d'industries, je pense, au québec, qui sont incitées à
aller à l'exportation par rapport à d'autres. je pense que
ça dépasse même un petit peu le pourcentage de notre
population.
M. Caron: M. Beaulne, si vous me le permettez, je voudrais faire
un petit commentaire sur le programme «volet spécial» de
APEX. Je pense que c'est un volet extrêmement intéressant qu'on a
initié. Ça ressemble un peu vous connaissez un peu les
affaires extérieures le volet ACDI industriel. C'est une amorce,
pour nous. On a fait un transfert budgétaire avec ça. C'est
extrêmement important pour permettre à des entreprises
d'obtenir des contrats de services d'exportation de biens et/ou d'autres
participations dans certains contrats. Je pense que dans certains
marchés comme l'Amérique latine ça nous a
été fort utile dans certains cas.
Aide à l'exportation par le Blais de la
SDI
M. Beaulne: Pendant la commission sur le libre-échange, il
y a des représentants de divers groupes, des groupes industriels entre
autres si je me rappelle bien l'Association des manufacturiers du
Québec et je pense, également, l'Association des exportateurs
canadiens qui avaient invoqué un rôle plus accru de la SDI,
au niveau de la facilitation des crédits à l'exportation. Je sais
que ça ne tombe pas sous votre juridiction, mais c'est quand même
relié à la facilitation des entreprises pour maximiser les
retombées du libre-échange.
Est-ce qu'il y a des démarches qui ont été
entreprises par votre ministère, conjointement, peut-être, avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce pour réfléchir sur
des moyens dont la SDI pourrait intervenir de façon plus ciblée
pour favoriser les exportations au niveau de la garantie de prêts? C'est
une des possibilités qui avaient été mentionnées,
les garanties du financement complémentaire à la SEE, entre
autres. Ça s'est fait ponctuellement par le passé. Est-ce qu'il y
a quelque chose qui s'est fait là-dedans, au niveau de la concertation
avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, concernant le
rôle de la SDI?
M. Ciaccia: ...le programme de la SDI pour aider l'exportation;
il y a un volet pour l'Europe de l'Est. Et on essaie de donner un peu
d'expansion, d'obtenir plus de participation de la SDI dans les programmes
d'aide aux exportateurs.
M. Beaulne: Est-ce que le ministère des Affaires
internationales a un «input» quelconque dans l'établissement
des politiques de la SDI à ce niveau-là?
M. Ciaccia: Oui, on travaille avec eux. Même, le programme
qu'ils ont mis sur place pour l'Europe de l'Est suite à nos
interventions, suite aux travaux que nous avons faits avec eux, et les
représentations que nous avons faites... C'est toujours une question de
montants: la SEE a beaucoup plus de disponibilités de fonds. On
voudrait, si c'est possible, les utiliser, parce que la question de financement
est capitale dans les "¦ exportations, dans l'obtention de contrats dans
d'autres pays. Alors, on voudrait travailler encore plus étroitement
avec la SDI, voir comment on pourrait ajouter aux programmes et aux
capacités du gouvernement fédéral, pas en les
remplaçant, mais en étant une aide additionnelle. On travaille
avec la SDI dans cet objectif. Mais ils ont déjà des programmes
de garanties bancaires 50 % pour aider les exportateurs. Et
ça a été fait suite à des discussions que nous
avons eues avec eux.
M. Caron: Voulez-vous que je complète?
M. Ciaccia: Oui, oui. On peut peut-être demander au
sous-ministre de compléter.
M. Caron: Sur chaque dossier d'exportation, il y a un avis qui
est donné par le ministère à la SDI et également
sur chaque pays, actuellement, et c'est toujours... Il y a eu récemment
des rencontres avec la SDI et la SEE pour essayer de voir s'il n'y avait pas
moyen d'améliorer, de voir les modifications législatives que la
SEE fait actuellement, essayer, du côté de la SDI, de poursuivre
et de modifier les dossiers en fonction des besoins, et il est possible qu'il y
ait des choses qui se fassent, dans les prochains mois, pour améliorer
le support financier que donne la SDI, qui est un instrument financier
intéressant qu'on devrait améliorer. Et je pense qu'ils sont
disposés à le faire.
M. Beaulne: Ça complète...
M. Caron: D'ailleurs, la SDI a participé aux missions
ministérielles depuis deux ans pour supporter les entreprises qui sont
avec nous, même en Chine.
M. Ciaccia: Oui. La mission économique qu'on a faite en
Chine, le président de la SDI était avec nous.
M. Caron: Le Mexique aussi.
M. Beaulne: Ça complète pas mal mes questions sur
le programme APEX.
Droits compensateurs sur le bois d'oeuvre
Maintenant, pour terminer, je voudrais peut-être faire le point
sur certains dossiers particuliers. On a appris qu'en ce qui concerne le
dossier du porc il y avait eu de nettes améliorations au cours des
dernières semaines Norsk Hydro a finalement eu gain de cause,
également mais il reste, entre autres, un dossier qui
préoccupe énormément l'industrie québécoise,
c'est celui des droits compensateurs sur le bois d'oeuvre. (20 h 30)
On sait que les Provinces atlantiques ont été
épargnées par la décision américaine d'imposer les
droits compensateurs, et que, dans le cas du Québec vous l'avez
d'ailleurs vous-même, également, souligné, à
l'occasion que, au fond, on était pénalisés par la
politique américaine, parce que, au fond, cette politique, ça
visait plutôt les produits de Colombie-Britannique beaucoup plus que ceux
du Québec.
Alors, est-ce que vous pourriez faire, un peu, le point sur ce
dossier-là, où on en est à l'heure actuelle, et s'il y a
des perspectives, disons, dans un délai de temps raisonnable, qui
pourraient nous permettre d'envisager que le Québec reçoive le
même traitement que les Provinces atlantiques, de la part des
Américains?
M. Ciaccia: Le gouvernement du Québec met tout en oeuvre
pour défendre les intérêts de l'industrie du bois de sciage
et, en collaboration avec l'industrie et les autres gouvernements, il en
appelle auprès des groupes spéciaux binationaux formés en
vertu de l'Accord de libre-échange; on fait appel des décisions
finales du Department of Commerce et du ITC International Trade
Commission. Alors, le Québec considère que les droits de coupe ne
sont pas des subventions; nous avons les mêmes critères que les
provinces où ça a été exclu, c'est-à-dire
qu'on les traite pareil comme le secteur privé. Alors, advenant,
toutefois, le maintien du droit compensateur, le Québec demande que ses
exportations soient exclues de l'application de ce droit, comme c'est le cas
pour les Provinces atlantiques, comme vous l'avez mentionné, sinon, les
États-Unis devraient leur appliquer le taux de subvention
spécifique de 0,01 % qui leur est allégué, parce qu'ils
ont fait une évaluation et ils ont dit: Bien, le Québec, c'est
0,01 %. Alors, selon la loi du commerce des États-Unis, un taux de droit
compensateur égal ou plus petit que 0,05 % est considéré
comme insuffisant pour justifier son application.
Mais peut-être que je pourrais demander au sous-ministre, Cari
Grenier, de compléter, d'aller un peu plus loin sur l'état actuel
du dossier.
M. Grenier (Cari): En fait, je pense que vous avez fait le tour
de la question, M. Ciaccia; on attend des décisions du comité
spécial qui a été formé sous l'empire du chapitre
19 de l'Accord de libre-échange, qui est le chapitre avec lequel on
tente de régler les différends en termes de droit compensateur ou
de droit antidumping, et on pense qu'on a de bonnes chances de l'emporter.
Maintenant, évidemment, c'est au panel de juger, et on verra, au mois de
mai et au mois de juin, les décisions qui vont être rendues.
M. Beaulne: Je sais que le gouvernement du Québec a fait
de nombreuses démarches auprès du fédéral dans ce
dossier-là, mais certains experts prétendent qu'advenant que le
Québec obtienne gain de cause il serait très probable que le
droit applicable au bois du reste du Canada serait haussé, ce qui a fait
dire au président de l'Association des manufacturiers de bois de sciage
du Québec, M. Richard Laçasse, que les Canadiens,
c'est-à-dire le gouvernement fédéral, avaient
été plutôt tièdes à défendre les
intérêts québécois dans ce dossier-là,
peut-être en raison de ce qui arriverait si le Québec avait gain
de cause.
Est-ce que vous partagez cette déclaration ou cet avis du
président?
M. Ciaccia: Non, je ne partage pas cette déclaration, mais
je pourrais demander à Cari de...
M. Grenier: D'accord. Non, en fait, je pense que ce n'est pas
exact, je laisse la paternité de ces remarques à M.
Laçasse, mais je pense qu'encore une fois c'était rapporter des
propos qui étaient rapportés dans un journal.
On travaille très étroitement, nous, avec l'Association
des manufacturiers de bois de sciage du Québec, et c'est évident
que la cause du bois d'oeuvre qui couvre quatre provinces, en fait, est
complexe, et, simplement pour vous donner une idée, il y a 23 firmes
d'avocats qui travaillent seulement pour le côté canadien. Alors,
c'est sûr que...
M. Ciaccia: Ce serait dommage de mettre fin à une cause de
même.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: II va y avoir du chômage augmenté au
Québec.
M. Grenier: C'est sûr que c'est compliqué,
maintenant, je pense que le gouvernement canadien, lui-même, n'a pas de
programmes qui sont impliqués dans la plainte américaine, ce sont
des programmes essentiellement provinciaux; donc, les provinces sont
très, très présentes, comme on l'a souligné plus
tôt aujourd'hui. On est directement impliqués dans la
défense de nos intérêts; le gouvernement
fédéral est là pour assurer une certaine coordination, une
certaine approche d'ensemble.
M. Ciaccia: C'est comme M. Grenier le dit, on a nos propres
avocats présents qui défendent nos intérêts, alors,
on ne laisse pas ça, strictement, au gouvernement fédéral
ou aux avocats du gouvernement fédéral. Alors, je ne pense pas
que l'implication ou la déclaration que vous avez mentionnée soit
exacte.
M. Beaulne: Mais, comment se fait-il, alors, que les Provinces
atlantiques ont été exemptées, alors que le Québec
ne l'est pas, lui?
M. Grenier: En fait, si vous permettez, monsieur. ..
M. Beaulne: C'est le fédéral qui négocie en
leur nom.
M. Grenier: Non, non, pas du tout.
M. Ciaccia: Non, non. Ça, c'est une décision
du...
M. Grenier: C'est que ça remonte, en fait, à la
deuxième enquête sur le bois d'oeuvre, celle de 1986, en fait,
où, comme vous le savez, on a mis fin à l'enquête par un
accord négocié, le mémoire d'entente de 1986, du 30
décembre 1986. Quand la troisième cause du bois d'oeuvre est
arrivée, l'an passé, suite à la dénonciation par le
Canada, par le gouvernement fédéral de l'accord de 1986, parce
qu'on croyait enfin, je pense qu'à ce moment-là on
partageait le fond de la question même si on est peut-être pas tout
à fait d'accord sur la manière dont ça s'est passé,
là on croyait
que le temps était venu de mettre fin à cet
accord-là, puisque les provinces, et notamment le Québec, avaient
changé leur droit de coupe, en fait, et donc, fait disparaître une
bonne partie de l'irritant, aux yeux des Américains. Malheureusement, le
gouvernement américain a décidé de réagir de la
façon dont il l'a fait, c'est-à-dire avec la troisième
enquête, et on est en train d'essayer de régler ça avec le
panel du chapitre 19. Je ne pense pas que c'est à cause du gouvernement
fédéral que les Provinces maritimes ont été
exclues, c'est simplement à cause du fait que, en 1986, elles comptaient
pour très peu, en fait, dans les exportations aux États-Unis. Et,
comme vous le savez, la plupart des exportations des Maritimes venaient du
Nouveau-Brunswick, où le mode de tenure est différent de celui du
reste des provinces du Canada, puisqu'il y a 70 % des forêts qui sont des
forêts privées, alors que dans la plupart des provinces, c'est 90
% des forêts publiques. Alors, ça, c'est la raison principale pour
laquelle ça a été exclu, et, nous, notre argumentation
pour être exclus aussi, c'est que, même si nos forêts sont
publiques, nos prix les droits de coupe, en fait sont
fixés d'après ceux du marché privé. Donc, on
s'aligne sur le marché privé depuis, maintenant, 1987.
Alors, c'est la raison pour laquelle ils ont été exclus et
c'est la raison pour laquelle on demande d'être exclus.
M. Beaulne: Mais qu'est-ce qui retarde, alors, la décision
des Américains? Si c'est l'argument qui a été
invoqué, c'est un argument qui se justifie très bien aux yeux des
Américains?
M. Grenier: Oui, c'est un argument qui n'a pas été
retenu par le département du commerce, et donc, c'est une des raisons
pour lesquelles nous, on a contesté ça avec le chapitre 19, et le
panel va rendre sa décision le mois prochain.
M. Beaulne: Le mois prochain? M. Grenier: Oui.
M. Ciaccia: II ne faut pas éliminer certaines pressions
politiques de l'autre côté aussi. Il y a deux groupes: il y a le
groupe du bois de sciage et il y a aussi le groupe des contracteurs et
constructeurs, qui sont plutôt de notre côté. Alors, vous
savez bien qu'il y avait une élection l'automne dernier. Alors, les
groupes de pression se sont prévalus des lois... des «Trade Remedy
Laws» des États-Unis, et le Department of Commerce a plutôt
favorisé leurs représentations, et c'est pour cette raison qu'on
est au binational.
M. Beaulne: Bon, je pense que ça fait pas mal le tour de
la question sur le bois de sciage, là, mais, dans la question de...
Donc, c'est le mois prochain qu'on peut s'attendre à une décision
là-dessus?
M. Grenier: Oui.
Faisabilité d'un pacte de l'acier
M. Beaulne: Dans un autre secteur, qui a aussi un impact quand
même assez important au Québec, c'est toute la question de la
guerre commerciale de l'acier qui a débuté en juin 1992 si
ma mémoire est bonne et qui a pris de l'ampleur
dernièrement.
Et, si vous vous rappelez bien, il y a des représentants de
l'industrie sidérurgique qui sont venus à la commission sur le
libre-échange et qui ont mis de l'avant l'idée d'un pacte de
l'acier, un peu façonné sur le modèle du pacte de
l'automobile.
Est-ce que vous pensez que c'est une proposition réaliste?
M. Ciaccia: Bien, au gouvernement du Québec, on suit
attentivement le déroulement des événements dans le cadre
de l'enquête. C'était l'enquête, à ce moment-ci, en
dumping, par les États-Unis, sur les produits d'acier plat concernant
les exportations québécoises et canadiennes. Et on veut s'assurer
que les moyens nécessaires soient pris pour assurer la défense
des intérêts du Québec. L'industrie et les gouvernements au
Canada se tiennent informés et se concertent régulièrement
de façon à assurer la cohérence de leurs interventions
dans ce dossier et à identifier des solutions aux problèmes qui
se posent. L'industrie voudrait avoir une entente avec les
États-Unis.
Alors, on suit le dossier, mais peut-être que je pourrais
demander, aussi, à Cari de... d'élaborer un peu plus sur le
dossier. (20 h 40)
M. Grenier: Oui, en fait... Là-dessus, ce n'est pas une
nouvelle demande de l'industrie; c'est une demande qu'ils ont
réitérée récemment. La réponse
américaine a été assez prévisible on l'avait
déjà eue dans le passée c'est qu'ils veulent
d'abord que leurs lois, les «Trade Remedy Laws» dont M. Ciaccia
parlait tout à l'heure, s'appliquent c'est-à-dire qu'ils
veulent que la cause antidumping suive son cours jusqu'à son terme, et,
évidemment, les compagnies pourront la contester avec le chapitre 19 si
jamais elles ne sont pas contentes du résultat avant de s'engager
dans des négociations qui pourraient mener à un accord
bilatéral du type que vous avez évoqué tantôt dans
votre question.
Donc, je pense que ce n'est pas demain matin qu'on va engager des vrais
pourparlers pour un tel accord, mais, éventuellement, ce n'est pas
exclu; et la raison, évidemment, que les producteurs invoquent et qui
est tout à fait valable, c'est que, à rencontre des 19 ou 20
autres pays contre lesquels de telles enquêtes ont été
instituées aux États-Unis, l'industrie américaine et
canadienne de l'acier, ça forme une seule industrie c'est une
industrie intégrée, en fait et, par conséquent, on
ne devrait pas être traités de la même façon que les
autres producteurs qui exportent aux États-Unis.
M. Beaulne: Donc...
Le Président (M. LeSage): M. le député de Bertrand,
si vous le permettez, j'aimerais demander au dernier intervenant, pour les fins
d'enregistrement du Journal des débats, de bien vouloir
s'identifier s'il vous plaît.
M. Grenier: Cari Grenier, sous-ministre adjoint au
ministère des Affaires internationales.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. Grenier. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Donc, ce n'est pas une proposition qui est
irréaliste dans le contexte même de l'Accord de
libre-échange?
M. Grenier: Non, ce n'est pas irréaliste, mais,
simplement, c'est une question de «timing», si on veut.
Actuellement, les producteurs américains qui ont déposé
ces plaintes en dumping auprès des autorités américaines
ne sont pas disposés à ce que les États-Unis entreprennent
maintenant des négociations à cet effet-là, mais je ne
pense pas que ce soit exclu définitivement.
M. Beaulne: Bon. On pourrait couvrir beaucoup d'autres dossiers
du genre, mais je pense qu'au fond la problématique est pas mal toute la
même.
Frais juridiques dans les cas de litige
II y a une question, par contre, qui me vient à l'esprit. Dans
ces genres de litiges, est-ce que c'est le ministère des Affaires
internationales qui assume les frais d'avocats?
M. Ciaccia: Oui, mais il faut qu'on ait le consentement en termes
de représentation, des représentés de la
société impliquée. Par exemple, si, à un moment
donné, Sidbec-Dosco décide «Pour le moment, on ne veut pas
que le gouvernement du Québec nous représente» pour
d'autres fins, des raisons qu'eux-mêmes ont, qui sont assez valables,
là on retient un peu nos interventions, mais quand on défend, par
exemple dans le cas de Norsk Hydro, c'est à nos frais. Quand on a
défendu Norsk Hydro, on a vraiment défendu HydroQuébec
c'est le ministère qui a payé, peut-être qu'on
devrait envoyer la note à Hydro-Québec. Mais c'est le
gouvernement qui est responsable parce que c'est vraiment nos politiques
industrielles qui sont en jeu, que nous défendons.
M. Beaulne: Combien ça a coûté pour Norsk
Hydro?
M. Ciaccia: Sur le magnésium, ce n'est pas trop pire: 549
431,24 $US, en date d'avril 1992; depuis avril 1992, 500 000 $. C'est des
montants assez intéressants.
M. Beaulne: Et c'est le ministère qui assume, sans aucune
restriction quant aux limites...
M. Ciaccia: Ah non, non. Mais on a l'autorisation du...
M. Beaulne: Non, mais ça peut monter assez haut?
M. Ciaccia: Oui, mais on a certaines balises, un certain
contrôle. On surveille ça. Ça ne peut pas monter à
des sommes qui sont déraisonnables. Il faut voir le cas particulier, et
on va au Conseil du trésor chaque fois pour...
M. Beaulne: Mais est-ce que le fédéral partage une
partie des coûts avec vous?
M. Ciaccia: Ah oui.
M. Beaulne: Donc, la facture totale est beaucoup plus que
ça.
M. Ciaccia: Oui. La facture totale est beaucoup plus
élevée, parce que la partie du gouvernement fédéral
au-dessus de ces montants-là...
M. Beaulne: Pour le magnésium, pour Norsk Hydro, ça
a coûté combien au fédéral?
M. Ciaccia: Est-ce qu'on a le chiffre?
M. Beaulne: Ah non, mais là, je posais la question au cas
où vous l'auriez.
M. Ciaccia: Ils ont certainement dépensé autant que
nous.
M. Beaulne: Donc, c'est des... c'est des causes...
M. Ciaccia: Parce qu'ils étaient constamment
impliqués avec nous; on travaillait avec, ensemble.
Et quand on regarde... C'est vrai que ça apparaît comme des
sommes énormes, mais quand on regarde les conséquences, ce qu'on
a sauvé, ce n'est pas juste le cas du magnésium. On a
légitimé tous les contrats à partage de risques des
alumineries, dans cette cause-là. Alors, en termes de dépenses,
la conséquence, je pense que ça a valu beaucoup les
dépenses qu'on a faites.
M. Beaulne: Mais il n'y a pas de... Ça profite, je
comprends, ça profite au niveau de l'économie
québécoise, mais ça profite également à
l'entreprise elle-même...
M. Ciaccia: Mais les entreprises aussi, elles ont leur propre
avocat, hein, elles paient des montants; je ne sais pas combien Norsk
Hydro...
M. Beaulne: Parallèlement aux démarches du
gouvernement?
M. Ciaccia: Ah oui, ah oui, ils ont leur représen-
tant, leur représentant juridique, ah oui. Ils ne nous laissent
pas juste la cause, puis on paie toute la note; eux autres, ils ont leurs
avocats, le fédéral a ses conseillers juridiques, ses avocats, et
nous aussi. Mais on n'a pas le choix que de, nous-mêmes, contrôler
et d'avoir les conseillers juridiques dans lesquels nous avons confiance, qui
nous représentent, nous.
M. Beaulne: Bon, bien, moi, M. le Président, ça
conclut les questions que j'avais, là, sur les particularités des
crédits.
Je vous remercie de votre collaboration, avec les réponses que
vous avez fournies. Comme je le disais au début de mes interventions, la
question n'est pas de mettre en doute la bonne volonté et les gestes
posés par le gouvernement du Québec, mais plutôt de
s'interroger sur l'efficacité de ces interventions-là, non pas
dans un sens critique, mais à partir d'une perspective qui est
politiquement différente de la vôtre, et c'est peut-être ce
qui explique que, en ce qui concerne l'étude des crédits du
ministère des Affaires internationales, ça prend souvent une
allure un peu différente de l'étude des crédits des autres
ministères, puisque les relations internationales et le commerce
extérieur sont parmi les attributs essentiels d'un État
souverain. Alors, c'est évident que, comme on voit les choses à
partir d'une perspective différente, on a souvent l'impression de
s'attaquer sur des points qui ne touchent pas directement à la
compétence du ministère, mais qui remettent en cause une certaine
vision du rôle du Québec sur le plan international.
M. Ciaccia: Oui, et c'est pour...
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, parce que cette allure, comme vous dites,
différente des autres ministères, ça prend aussi une
approche différente dans l'évaluation de ce que le
ministère fait.
M. le Président, je voudrais remercier mes collègues pour
leur patience exceptionnelle...
Une voix: Ça, c'est vrai, ça. ' Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: ...et je veux remercier, aussi, les membres du
ministère qui ont préparé tous les documents pour
l'étude des crédits, et je remercie aussi l'Opposition officielle
pour le déroulement, et vous aussi, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Je vous ferai remarquer, MM. les
membres de la commission, que, suite à une entente intervenue entre les
leaders, nous avons presque utilisé tout le temps qui nous avait
été alloué, à quelques minutes près. Je vous
signale, cependant, que nous adopterons les crédits du ministère
des Affaires internationales après avoir procédé à
l'étude des crédits du ministre délégué aux
Affaires internationales.
Alors, la commission ajourne ses travaux jusqu'à demain matin,
à 10 heures, où elle procédera à l'étude du
programme 10 des crédits budgétaires du ministère de la
Justice, soit le volet Protection du consommateur.
Merci.
(Fin de la séance à 20 h 50)