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(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Dauphin): Je déclare donc la
séance de la commission des Institutions ouverte. Je vous rappelle le
mandat d'aujourd'hui qui est de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministre délégué aux
Affaires autochtones, c'est-à-dire le programme 4 du ministère du
Conseil exécutif pour l'année financière 1992-1993.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Benoit (Orford) est remplacé
par M. Gobé (LaFontaine); M. Hamel (Sherbrooke) est remplacé par
M. Gautrin (Verdun); M. Kehoe (Chapleau) est remplacé par M. Maltais
(Saguenay); M. Maciocia (Viger) est remplacé par M. Richard
(Nicolet-Yamaska) et M. Beaulne (Bertrand) est remplacé par M. Perron
(Duplessis).
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le secrétaire.
Je rappelle aux membres de la commission que nous avons une enveloppe de quatre
heures pour faire l'étude de ces crédits. Puisque nous
débutons 15 minutes en retard, nous allons, après discussion avec
les membres de la commission, reprendre les 15 minutes soit ce midi ou cet
après-midi. Alors, on s'entend tous qu'on va reprendre les 15 minutes ce
midi ou cet après-midi.
J'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre
délégué aux Affaires autochtones, lui demander, dans un
premier temps, de nous présenter les personnes qui l'accompagnent et,
ensuite de cela, de procéder à ses remarques
préliminaires. Alors, M. le ministre, bienvenue à nos
travaux.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président.
Peut-être en commençant, à ma gauche, il y a M.
André Maltais, secrétaire général associé du
Secrétariat aux affaires autochtones; à sa gauche à lui,
M. Georges Beauchemin, directeur des négociations et secrétaire
adjoint; M. Yves Jourdain, de mon cabinet; M. Bernard Mathieu, à ma
droite, directeur de la coordination et de la mise en oeuvre, et M. Jean
Rochon, à ma droite immédiate, directeur des affaires juridiques,
de la recherche et du développement des politiques. Il y a
également, dans la salle, Mme Anne Picard, responsable des
communications; M. Jean-Marc Lessard, responsable de l'administration; MM.
Arthur Mercure, Jean-Daniel Thériault et Yvon Laviolette, du
Secrétariat, donc bien prêts à répondre à
toutes les questions que vous pouvez avoir, M. le Président. Et il y a
également Marie-Josée Gauvin, de mon cabinet.
Documents déposés
J'aurais peut-être, avant de commencer, une couple de documents
à déposer. Il s'agit d'une entente qu'on avait promis de fournir,
ainsi que quelques ajouts aux livres des crédits que vous avez. Je
demanderais peut-être aux gens de la commission de bien voir à
leur distribution.
Remarques préliminaires M. Christos
Sirros
Avec ça, au niveau des remarques préliminaires, M. le
Président, il me fait plaisir, encore cette année, pour une
deuxième fois, de vous soumettre les crédits du
Secrétariat aux affaires autochtones pour l'année 1992-1993, en
vue de leur approbation par les membres de la commission.
Il y a un an, je mentionnais aux membres de la commission qu'à
l'heure où le Québec s'interroge sur son propre destin, les
Québécoises et les Québécois ne peuvent ignorer la
question autochtone. Les événements qui se sont
succédé depuis lors, tant sur la scène
québécoise que fédérale ou Internationale, ont
confirmé cette réalité.
Les relations tendues qui existent entre la société
québécoise au sens large et les autochtones découlent, en
bonne partie, d'une méconnaissance ou d'une incompréhension des
aspirations respectives des autochtones et des non-autochtones. Si nous voulons
trouver des solutions mutuellement acceptables aux deux groupes, il est plus
que jamais indispensable que notre connaissance les uns des autres
s'améliore rapidement.
Le Secrétariat aux affaires autochtones a posé un certain
nombre de gestes en ce sens au cours de l'année 1991-1992. Toutefois,
avant d'en faire état, je crois qu'il serait utile de rappeler aux
membres de la commission les principaux éléments du mandat du
Secrétariat. Conséquemment, après que nous vous aurons
entretenus du mandat et des réalisations du Secrétariat en
1991-1992, je compléterai mon exposé, M. le Président, en
vous faisant part des orientations que j'entends poursuivre en 1992-1993 et des
crédits demandés afin d'atteindre les objectifs visés. (9
h 50)
Contrairement au gouvernement canadien où le ministère des
Affaires indiennes et du Nord assume l'essentiel des responsabilités
fédérales à l'égard des Indiens, le gouvernement du
Québec a plutôt prévu que chaque ministère devrait
assumer ses responsabilités sectorielles à l'endroit des
autochtones. Toutefois, compte tenu des par-
ticularités des clientèles autochtones et des
interventions leur étant destinées, il a été
jugé nécessaire qu'un organisme central coordonne l'action
gouvernementale en cette matière.
Vous comprendrez donc, dès maintenant, que plusieurs dossiers
sont menés conjointement avec mes collègues des différents
ministères, tantôt avec le leadership de ces dossiers
assuré par ces ministères, tantôt sous la
responsabilité directe du ministre délégué aux
Affaires autochtones. En plus de ce rôle de coordonnateur, le
Secrétariat aux affaires autochtones et son ministre sont
également chargés d'élaborer les politiques
gouvernementales se rapportant aux autochtones et d'en coordonner la mise en
oeuvre.
Le ministre, assisté du Secrétariat, doit aussi diriger
les négociations globales avec les nations autochtones et seconder les
ministres engagés dans des négociations sectorielles. Finalement,
le ministre doit informer la population autochtone des programmes mis à
sa disposition et sensibiliser le public québécois à la
réalité autochtone.
Lors de la défense des crédits du printemps 1991,
l'année passée, j'avais longuement parlé du processus
envisagé pour arriver à une politique globale du gouvernement du
Québec à l'égard des autochtones, politique dont le
dépôt était prévu pour l'automne 1992. Les
premières étapes de ce processus ont été
réalisées et, en l'occurrence, elles sont les suivantes.
Premièrement, la publication d'un constat de la situation
intitulée «Les autochtones et le Québec, le chemin
parcouru». Deuxièmement, une tournée que j'ai
effectuée des communautés locales appartenant à six
nations autochtones différentes et auprès des communautés
non autochtones environnantes, dont les conclusions ont aussi été
publiées dans «Relations entre les habitants autochtones et
allophones du Québec: point de vue des uns et des autres». Ces
documents sont disponibles pour ceux qui voudraient bien les avoir aussi, M. le
Président, et qui ne les ont pas déjà eus.
Troisièmement, un sondage de la firme CROP dont les résultats se
retrouvent dans «Opinions et attitudes des québécois
à l'endroit des autochtones» et dont vous avez aussi copie dans
votre livre des crédits. C'est à la lecture des résultats
de ce sondage qu'on comprendra que beaucoup de l'incompréhension
actuelle repose sur la méconnaissance. Quatrièmement, il y a eu,
dans le processus d'élaboration de la politique, la tenue de quatre
colloques régionaux, à Sept-îles, à Val-d'Or,
à Montréal et à Kuujjuaq, où furent conviés
des autochtones et des non-autochtones. Cinquièmement, il y avait la
publication des actes de ces colloques régionaux.
Toutefois, M. le Président, compte tenu de l'évolution du
dossier constitutionnel et de la reconnaissance par le Québec du droit
inhérent des autochtones à l'autonomie gouvernementale, les
étapes subséquentes prévues en 1992-1993 ont
été retardées. Je reviendrai là-dessus lorsque je
vous parlerai de mes orientations pour l'année qui débute.
L'aspect le plus connu du mandat du Secrétariat, c'est de
négocier des ententes avec les nations autochtones du Québec.
Toutefois, en raison du caractère délicat et complexe des
dossiers autochtones et de la présence d'un grand nombre
d'interlocuteurs, les efforts déployés ne donnent pas toujours
les résultats escomptés. Cela étant dit, je ferai
état rapidement des divers dossiers des négociations en cours
entre le gouvernement du Québec et certaines nations autochtones.
Il y a d'abord la négociation sur les revendications
territoriales globales avec le Conseil des Atikamekw et des Montagnais, le CAM,
négociation à laquelle participe le gouvernement
fédéral. Après quelques mois de suspension, les
pourparlers pour en arriver à la signature d'une entente de principe
avec ces deux nations autochtones ont repris récemment.
Par ailleurs, les discussions progressent rapidement avec les Inuit sur
un projet de gouvernement autonome non ethnique pour le Nunavik ou le
Nouveau-Québec. Un tel gouvernement remplacerait les Instances
politiques mises en place par la Convention de la Baie James et du Nord
québécois et la source de son pouvoir originerait d'une
délégation de responsabilités de l'Assemblée
nationale. Le Secrétariat aux affaires autochtones devrait soumettre un
rapport au Conseil des ministres relativement à cette négociation
dans les prochaines semaines.
J'aimerais signaler, M. le Président, que, malgré un
contexte difficile, nous sommes quand même parvenus à signer deux
ententes-cadres avec les Inuit pour permettre la poursuite des
négociations entreprises. En ce qui a trait aux Mohawks de Kahnawake, le
gouvernement du Québec a été formellement invité
par le négociateur fédéral à se joindre à
une table de négociation mise sur pied suite à la signature, en
décembre 1991, d'une entente-cadre entre le gouvernement
fédéral et la communauté de Kahnawake. En accord avec mon
collègue de la Sécurité publique, nous attendons toutefois
la conclusion d'une entente sur la protection policière avec cette
communauté avant de nous joindre à la table de négociation
qui portera sur l'autonomie gouvernementale autochtone dans 22 domaines
différents.
Incidemment, même si la négociation avec la
communauté de Kahnawake à l'égard des services policiers
est difficile, je m'en voudrais de ne pas signaler à cette commission
que des ententes sur les services policiers sont effectivement intervenues au
cours des derniers mois avec deux communautés autochtones, soit la
communauté de Betsiamites, chez les Montagnais, et la communauté
de rivière Desert chez les Algonquins, autrement connue, des fois, comme
Maniwakl. Nous avons récemment signé des ententes qui placeront,
dans un temps décrit dans chacune des
ententes, les services policiers sous le contrôle des
communautés concernées avec l'accord du ministère de la
Sécurité publique.
Quant aux négociations avec les Mohawks de Kanesatake, elles ont
été reprises en octobre 1991 et portent surtout sur la
constitution d'une assise territoriale unifiée pour les autochtones de
cette communauté. À cet égard, le gouvernement
fédéral poursuit l'acquisition de terrains dans les secteurs les
plus litigieux de la paroisse d'Oka. La forme de gouvernement dont les Mohawks
de Kanesatake voudraient se doter fait également partie des sujets
négociés.
Avec les Cris, la négociation sur la revue de la mise en oeuvre
de la Convention de la Baie James et du Nord québécois n'a
toujours pas repris. Cette négociation a été interrompue
en 1990-1991, suite à la contestation judiciaire de la Convention par
les Cris. Aucune réponse n'a été fournie à
l'invitation de juillet 1991 suite à une rencontre qu'on a faite
conjointement, moi-même et ma collègue de l'Énergie et des
Ressources, à une invitation qui leur a été transmise de
reprendre les discussions. À l'égard des Cris, M. le
Président, II est toutefois pertinent de signaler le protocole d'accord
que nous avons quand même pu établir avec eux autres en janvier de
cette année et qui porte sur le processus d'évaluation et
d'examen en matière d'environnement du projet de Grande-Baleine.
Finalement, une négociation avec les Hurons s'est amorcée
au début de 1991. Elle porte respectivement sur trois choses:
l'application du traité Murray, l'autonomie gouvernementale et une
revendication territoriale particulière. Le Québec participe
à la table de négociation en ce qui a trait aux deux premiers
sujets, le dernier ne le concernant pas. Cette négociation est encore au
stade de la définition des modalités du processus de
négociation et devrait prendre son envol au cours des prochaines
semaines par la tenue régulière de séances de
négociation. Mon collègue, M. Gaston Blackburn, du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, pourra vous
entretenir d'une autre négociation plus avancée avec les Hurons,
qui se déroule cependant dans le même cadre et qui porte sur les
activités de chasse, pêche, plégeage et cueillette.
En plus des négociations dont je viens de vous parler, M. le
Président, le Secrétariat aux affaires autochtones est intervenu
dans plusieurs dossiers au cours de l'année 1991-1992. Je me limiterai
ici au plus important. Il y a d'abord la question des bingos, dont vous avez
probablement entendu parler et qui a préoccupé les membres d'une
autre commission, au mois de décembre, pendant quelques heures. Les
communautés autochtones prétendent, en effet, ne pas être
soumises à la législation québécoise en ce domaine.
Or, la législation ne prévoyait pas d'exception à la
règle générale. Nous avons donc mis sur pied un groupe de
travail composé de représentants du Secrétariat aux
affaires autoch- tones et de la communauté montagnaise de Mashteuiatsh
qui avait soulevé le problème et qui désirait mettre en
application le plan de gestion des jeux de bingo, adopté plus tôt
par le conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean. Cette-démarche type
visait à élaborer un modèle susceptible d'être
applicable dans d'autres communautés autochtones. Suite aux
recommandations du groupe de travail, une première étape a
été franchie avec les amendements, apportés en
décembre 1991, à la Loi sur les loteries, les courses, les
concours publicitaires et les appareils d'amusement. Ces amendements permettent
au gouvernement de désigner un organisme autochtone local en ce qui a
trait à la délivrance des permis. Toutefois, avant de signer une
entente d'autonomie autochtone portant sur les bingos, je me suis
déjà engagé à déposer un tel projet
d'entente à la commission parlementaire la plus susceptible de
l'analyser. (10 heures)
II y a eu également l'entente signée en août 1991
entre les gouvernements du Québec et du Canada et la communauté
algonquine de Lac-Barrière qui a nécessité une
participation importante du Secrétariat aux affaires autochtones. Je
rappelle que cette entente vise la préparation d'un plan
d'aménagement triennal du territoire de 10 000 kilomètres
carrés faisant l'objet de l'entente. Ce plan devra concilier les
importantes opérations forestières, dans cette partie du parc de
La Vérendrye, avec les activités traditionnelles des Algonquins.
Le groupe de travail mis sur pied a déjà soumis un premier
rapport sur les identifications des zones sensibles. Il devrait proposer, d'ici
à quelques semaines, un plan d'action identifiant les gestes à
poser en 1992-1993, en vue de la préparation du plan
d'aménagement.
Un autre dossier qui a évolué positivement en 1991-1992
concerne la communauté micmaque de Restigouche. En 1990, un
comité d'adaptation de la main-d'oeuvre composé de
représentants des gouvernement fédéral et
québécois a été mis en place pour élaborer
un plan de développement économique pour cette communauté
autochtone. À l'automne 1991, ce comité déposait ses
recommandations, en l'occurrence: élaborer un schéma
d'aménagement du territoire, élaborer un plan directeur des
ressources humaines, réaliser un projet d'incubateur industriel et
commercial et réaliser une étude de faisabilité
relativement à l'implantation d'institutions financières sur la
réserve. Un groupe de travail élargi comprenant des
représentants du conseil de bande, en plus de ceux des gouvernements,
travaille actuellement à la mise en oeuvre de ces recommandations. Par
ailleurs, mon collègue, M. Gaston Blackburn, pourra vous entretenir de
la pêche au saumon et de la cogestion de la rivière Restigouche,
deux dossiers où des progrès tangibles ont été
réalisés.
Finalement, je suis confiant de voir deux
autres dossiers en arriver à une solution dans un avenir
très rapproché. Le premier, il s'agit d'un projet qui remonte
à 1989, soit celui de désenclaver les communautés
attikameks par la construction de routes d'accès. Les derniers
développements relatifs à ce dossier me laissent entrevoir un
dénouement positif, et ce, dans les semaines à venir. En effet,
mon collègue, M. Middlemiss, et moi-même avons pu rencontrer hier
le représentant des Attikameks, M. Ernest Ottawa, pour lui faire part de
la décision du gouvernement d'aller de l'avant avec la construction et
le désenclavement de ces trois communautés à partir du
mois de juillet 1992.
Le deuxième dossier est une démarche amorcée en
1989 également, visant à atténuer la consommation d'alcool
et de drogues dans les communautés autochtones du Nord. Les
recommandations du comité Interministériel ayant
étudié cette problématique devraient se retrouver sous peu
dans le plan d'action gouvernemental de lutte aux toxicomanies.
Somme toute, M. le Président, malgré un contexte souvent
difficile, vous en conviendrez, j'en suis certain, l'année 1991-1992 a
été marquée de progrès importants. L'amorce de
l'élaboration d'une politique gouvernementale en matière
autochtone et la conclusion de nombreuses ententes dans les domaines les plus
diversifiés devraient nous inciter à demeurer optimistes pour une
amélioration nécessaire des relations des autochtones avec les
autres Québécois.
Maintenant que j'ai brossé un portrait sommaire des diverses
activités du Secrétariat aux affaires autochtones en 1991-1992,
permettez-moi de faire état des orientations que j'entends poursuivre en
1992-1993. Un peu plus tôt, je vous mentionnais que certaines
étapes du processus d'élaboration d'une politique
québécoise à l'égard des autochtones avaient
été retardées. De façon plus précise, il
s'agit d'un projet de sommet, initialement prévu pour mai 1992,
où les orientations gouvernementales en matière autochtone
auraient été discutées avec les nations autochtones, d'une
part, et les milieux les plus représentatifs de la société
québécoise, d'autre part.
Suite à cet exercice maintenant susceptible de se réaliser
à l'automne prochain, un projet de politique sera préparé
et soumis à la consultation publique, possiblement par le biais d'une
commission parlementaire. Toutefois, la première étape,
1992-1993, du processus prévu se poursuit toujours, en l'occurrence
celle consistant à préparer les orientations gouvernementales.
Cette étape est d'ailleurs devenue plus délicate avec la
reconnaissance par les gouvernements canadiens, incluant celui du
Québec, du droit inhérent des autochtones à l'autonomie
gouvernementale. À l'instar des autres gouvernements au Canada, il nous
faut maintenant délimiter la portée de ce droit inhérent
et les formes d'autonomie gouvernementale autochtone qui peuvent en
découler. Il va sans dire que cette réflexion sera cruciale, que
ce soit par rapport à l'élaboration de la politique ou aux
mandats qui seront confiés à nos négociateurs dans les
discussions en cours ou à venir avec les nations autochtones. Afin de
bien mener à terme cette deuxième phase du processus
d'élaboration d'une politique, nous venons tout juste de demander des
crédits additionnels pour l'année 1992-1993.
En ce qui a trait aux nombreux dossiers de négociations qui
mettent en présence le gouvernement du Québec et diverses nations
autochtones, il nous eot également apparu nécessaire de demander
des crédits additionnels de 1 000 000 $ au Conseil du trésor. Ces
négociations sont, en soi, longues et laborieuses, et il ne faut surtout
pas qu'elles le soient davantage parce que le Secrétariat manquerait des
ressources humaines nécessaires à leur bon
déroulement.
Par ailleurs, je ne ménagerai aucun effort pour régler, en
1992-1993, les dossiers qui peuvent l'être. Je continue de penser que la
meilleure façon de transmettre un message positif aux autochtones, c'est
justement de régler le plus vite possible les contentieux qui
surviennent inévitablement. Solutionner rapidement des litiges mineurs
peut davantage contribuer à bonifier nos relations mutuelles qu'une
rhétorique impressionnante mais déconnectée de la
réalité.
Finalement, je veux que le Secrétariat aux affaires autochtones
agisse de façon significative à l'amélioration des
relations entre autochtones et non-autochtones au Québec. Au
début des travaux sur la politique, nous avons vite constaté que
les Québécois en général ont une vague connaissance
des autochtones qui vivent sur le même territoire qu'eux, que cette
connaissance a été fort marquée par des
événements d'éclat, qu'ils sont très mal
informés sur les bouleversements sociaux que subissent les autochtones,
sur la situation économique déplorable de plusieurs d'entre eux,
sur leurs revendications, sur leurs aspirations et sur les différences
qui existent entre les différentes nations.
La population du Québec ignore aussi, dans une large mesure, les
engagements et les politiques du gouvernement du Québec envers les
autochtones, de même que les grands dossiers conjoints qui sont en cours
aujourd'hui. De plus, II faut constater qu'un grand nombre de
préjugés et de stéréotypes sont encore bien
vivants, tant chez les autochtones que chez les non-autochtones. L'attitude et
le comportement des non-autochtones envers les autochtones, et vice versa,
reflète très souvent l'incompréhension et l'ignorance.
Cette situation défavorise les autochtones, car il devient difficile
pour les gouvernements de développer des politiques et des programmes si
la population du Québec ne les accueille pas favorablement.
Il est donc plus urgent que jamais de rétablir le dialogue et un
climat de confiance entre les deux groupes, ce qui sera ma tâche
principale au cours de la présente année. Le
Secrétariat aux affaires autochtones, compte tenu de son mandat
d'informer la population du Québec sur les réalités
autochtones, entend donc développer un programme de sensibilisation qui
aura pour but d'informer la population et de modifier l'image que trop de
Québécois se font des autochtones, une image qui est à la
fois homogène à travers l'ensemble du territoire
québécois et, comme Je le disais tout à l'heure, fortement
influencée par quelques déclarations d'éclat ou quelques
événements spécifiques qui ne reflètent pas la
réalité que vivent l'ensemble des autochtones sur le
territoire.
Pour améliorer les relations entre les autochtones et les
non-autochtones, le plan de communication du Secrétariat aux affaires
autochtones prévoit: d'expliquer clairement la réalité
historique et actuelle des autochtones afin d'améliorer la perception
qu'ont les Québécoises et les Québécois; d'Informer
la population québécoise sur les revendications des
Amérindiens et des Inuit, particulièrement en ce qui a trait aux
revendications territoriales et à l'autonomie gouvernementale;
d'expliquer, J'ajouterais aussi, toute la question de l'existence de droits
particuliers aux autochtones, tels que reconnus par notre système
judiciaire; de soutenir les autochtones dans leurs efforts pour
améliorer leurs relations avec les non-autochtones; de désavouer
l'utilisation de toute forme de violence; de démontrer que le
gouvernement du Québec continue à favoriser les échanges
et les ententes avec les autochtones; de faire connaître les politiques,
les actions et les ententes du gouvernement du Québec en matière
autochtone et de faciliter aux autochtones l'accès à
l'information et aux services gouvernementaux.
Nous avons déjà posé des actions pour atteindre ces
objectifs. Or, l'évolution rapide du dossier autochtone nous oblige
à redoubler d'efforts afin d'en venir à des résultats
tangibles, et les crédits additionnels requis par le Secrétariat
serviront à cette fin.
Je remercie, M. le Président, les membres de la commission pour
leur attention et, suite aux remarques préliminaires du
député de l'Opposition, je me ferai également un plaisir
de répondre aux questions que les membres peuvent avoir.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Je pense
que, maintenant, M. le député de Duplessis, vous avez des
remarques préliminaires. (10 h 10)
M. Denis Perron
M. Perron: merci, m. le président. tout d'abord, je tiens
à saluer le ministre délégué aux affaires
autochtones, les membres de son cabinet, de même que les personnes du
secrétariat aux affaires autochtones. Je voudrais également
saluer de façon très particulière le sous-ministre
associé aux Affaires autochtones, M. André Maltais, que je
connais depuis de nombreuses années. M. le Président, je voudrais
aussi voivj présenter, à ma droite, Me France Thériault,
recherchiste de l'Opposition officielle pour le dossier autochtone ainsi que
d'autres dossiers, dont la justice. Enfin, il me fait plaisir de participer une
seconde fois, avec le ministre, à l'étude des crédits
dévolus au Secrétariat aux affaires autochtones.
Encore cette année, la question autochtone demeure au coeur de
l'actualité politique québécoise. Sur cette question, le
Parti québécois a été un précurseur. En
effet, c'est lui qui, le 20 mars 1985, a amené l'Assemblée
nationale à reconnaître officiellement l'existence au
Québec des nations abénakise, algonquine, attikamek, crie,
huronne, micmaque, mohawk, montagnaise, naskapie et Inuit. Depuis ce moment,
les nations autochtones sont considérées comme nations à
part entière. Il est toutefois malheureux de rappeler qu'à cette
époque le Parti libéral s'était opposé fermement
à une telle reconnaissance des nations autochtones. Quant à elle,
la nation ma-lécite sera reconnue officiellement - nous nous en
souviendrons - en 1987 par un vote unanime de l'Assemblée nationale,
cette fois.
Dans le même ordre d'idées, alors qu'il formait le
gouvernement, le Parti québécois a toujours favorisé
l'autonomie des nations autochtones en leur permettant, entre autres, de
gérer leurs activités sur leur propre territoire. Pensons
à la construction de l'hôpital Kateri, entièrement
financé par le gouvernement du Parti québécois, et dont
l'administration a été confiée au Conseil de bande de
Kahnawake. De même, pensons à l'ouverture d'une école de
formation des policiers autochtones à Pointe-Bleue, qui constitue un
apport positif. Le Parti libéral était, ici, encore une fois, en
défaveur de ces projets. Toutes ces actions ont démontré
aux nations autochtones que les Québécois et les
Québécoises leur tendaient la main, et ce, afin d'établir
des liens solides, sincères et durables dans ce respect mutuel de tous
et chacun.
M. le Président, nous n'avons jamais négligé de
prendre fermement position lorsque la situation le demandait, ni de
dénoncer les abus de droit. On ne peut toutefois pas en dire autant du
gouvernement, qui a sans cesse démontré son incapacité
à gérer efficacement les relations avec les autochtones. Depuis
son accession au pouvoir, le gouvernement s'est illustré par la
politique de gestion du Québec à la petite semaine, traduisant
ainsi son manque de vision sur la question autochtone. Le laxisme
caractérisé dont il a fait preuve jusqu'à maintenant,
notamment dans le dossier autochtone, laisse songeur quant à l'avenir
des Québécois et des Québécoises.
L'harmonisation des relations entre le peu-
pie québécois et les nations autochtones doit à
tout prix être favorisée rapidement, voire
«priorisée», afin de permettre le développement de
l'autonomie des autochtones tout en respectant les droits et aspirations de
chacun des citoyens et de chacune des citoyennes du Québec. Il en va de
l'avenir du Québec, avenir que nous désirons bâtir de
concert avec les nations autochtones. L'allocution du lieutenant-gouverneur, en
1989, lors du discours inaugural, faisait mention que le gouvernement
libéral entendait accroître ses efforts de rapprochement avec les
nations autochtones afin de faciliter le développement économique
et social de leurs communautés, laissant poindre que, peut-être,
enfin, la navigation à vue était terminée et laisserait
place à l'élaboration plus globale d'un projet concret de
société avec les nations autochtones. Toutefois, les actions
posées tant par le ministre délégué aux Affaires
autochtones que par ses homologues à la Justice et à la
Sécurité publique n'ont manifestement pas atteint cet ultime
objectif. De plus, paradoxalement, malgré tout ces efforts et cette
bonne volonté que semble démontrer le ministre
délégué aux Affaires autochtones, les relations avec les
nations autochtones, et même parfois entre nations autochtones, n'ont
jamais été aussi tendues et mauvaises qu'actuellement, ce que je
déplore, d'ailleurs, au plus haut point. On peut même percevoir du
mépris et de la haine dans certains cas.
Le gouvernement doit sortir de sa torpeur afin d'insuffler un climat
propice aux échanges constructs au lieu de tergiverser constamment sur
les questions fondamentales et ainsi se refuser à formuler quelque
proposition que ce soit susceptible de dénouer l'impasse dans laquelle
se trouve le dossier actuellement. Par son attitude, le gouvernement laisse
planer au sein de la population le sentiment que l'administration de l'appareil
gouvernemental est guidée par une politique de deux poids deux mesures.
Je le répète, M. le Président, le ministre
délégué aux Affaires autochtones doit, sans plus attendre,
modifier son approche de la question et procéder à
l'élaboration d'un contrat social entre le gouvernement du Québec
et les nations autochtones, afin qu'il soit mis fin à ces relations de
type colonial. Un tel contrat devrait prévoir le contrôle effectif
de leurs institutions par les autochtones. Aussi, ils devraient pouvoir
progresser selon leurs propres choix de société, tout en
travaillant avec la nation québécoise au développement du
Québec.
M. le Président, cela implique un changement majeur de
mentalité entre les deux parties dans le but de bien établir que
les nations autochtones doivent être considérées comme des
partenaires au développement du Québec. Il est pressant que le
gouvernement corrige son tir et réoriente sa politique, non pas par
l'énoncé de quelques vagues principes vides de sens mais par la
mise sur pied d'une véritable action concrète pourvue d'un
échéancier ferme et précis.
Une commission parlementaire, itinérante si nécessaire,
convoquée par le premier ministre, maintes fois demandée par le
Parti québécois, m'apparaît comme l'exercice
nécessaire pour crever l'abcès des relations tendues actuelles et
permettrait aussi aux modérés, trop souvent muets, de faire
valoir leurs points de vue. Cela constitue une façon simple de tendre la
main aux différentes nations autochtones et d'être respecté
par elles, ce qui semble faire défaut, et ce que je déplore.
Quoi qu'il en soit, l'incertitude se traduit par la
désorientation du gouvernement et n'est, ni plus ni moins, qu'un
catalyseur de racisme. Les signes d'impatience et d'intolérance
constatés, tant chez les nations autochtones que chez les
Québécois et les Québécoises, sont des
éléments qui justifient d'appréhender que la poursuite par
le gouvernement libéral de sa politique de l'autruche
préconisée jusqu'à ce jour n'amène de nouveau des
scènes de violence qui seraient déplorables dans une
société telle que la nôtre.
En conclusion, j'informe le ministre délégué aux
Affaires autochtones qu'au cours de cette étude des crédits de
son ministère j'entends soulever les points suivants: crédits
alloués et périmés, dépenses des gouvernements
fédérai et québécois, politique gouvernementale
libérale, Sommet de la justice, femmes autochtones, dossier
constitutionnel, dossier énergétique, Grande-Baleine,
Ashuapmushuan, SM3, lac Robertson, négociations territoriales, CAM,
Hurons, Lac-Barrière, entente MLCP et, dans les varia, habitations hors
réserve et bingo. Suite à rénumération que je viens
de faire, je procéderai dans l'ordre, à moins de changements en
cours de route; je demande donc au ministre de s'assurer qu'il aura en main les
dossiers concernés.
M. le Président, si vous permettez, je peux poursuivre avec les
crédits, à moins que le ministre n'ait une intervention à
faire.
Le Président (M. Gautrin): Attendez! Il y a
peut-être des déclarations préliminaires de la part des
députés ministériels. Est-ce que le ministre... Je crois
qu'il y a un droit de réplique qui est permis au ministre.
M. Sirros: Je voudrais peut-être remercier le
député de Duplessis pour ses bons mots à mon égard
quant à la bonne volonté et au désir d'améliorer
les relations. Je souhaite qu'il ait lu certaines parties de son discours
à son chef, surtout les parties qui parlent de la
nécessité d'élaborer un contrat social. À ma
connaissance, un contrat social s'élabore par le dialogue. Le chef du
Parti québécois ne veut rien savoir d'un dialogue, étant
donné qu'il veut remettre à deux ou trois ans la reprise des
discussions avec les autochtones. Donc, je conseille au député
de
Duplessis d'envoyer une copie de son discours, à cet
égard, à son chef. Ce serait intéressant.
Même chose pour la question du mépris, M. le
Président. Le mépris se caractérise par un désir
d'éviter de reconnaître ou même de parler avec les gens
qu'on méprise. Et ce n'est pas ce que fait le gouvernement. Au
contraire, nous avons mis de l'avant, longuement, des discussions et des
négociations avec les autochtones, comme je le disais, dans un contexte
difficile où, de part et d'autre, il y a des actions qui sont
posées qui ne facilitent pas l'avancement des dossiers. Mais, en
dépit de ça, nous avons pu quand même réaliser des
progrès sur des dossiers spécifiques, comme je le soulignais.
Quant à la police, par exemple, nous avons concrètement
signé des ententes avec deux communautés autochtones. On peut
envisager qu'il peut y en avoir d'autres. Nous sommes, dans plusieurs dossiers,
engagés à résoudre des problèmes avec les
communautés qui veulent discuter avec nous sur une base de respect
mutuel. Il me semble que les efforts qu'on doit déployer doivent
être pour récuser l'exagération, d'où qu'elle
vienne, de la repousser et de mettre l'accent sur la nécessité
d'aborder les choses de façon pragmatique, réaliste et dans le
calme. (10 h 20)
Le Président (M. Gautrin): Merci. Si je comprends bien,
est-ce qu'il y a entente pour procéder tel qu'il a été
suggéré par le député de Duplessis,
c'est-à-dire par les sujets qui ont été
énumérés?
M. Sirros: Comme...
Le Président (M. Gautrin): Comme mode de fonctionnement,
on pourrait les prendre les uns après les autres. Vous faites vos
interventions; s'il y a des questions qui viennent, à ce
moment-là, de la part des députés ministériels, on
pourrait vider les questions les unes après les autres. Est-ce que c'est
un mode de fonctionnement qui vous satisfait?
M. Perron: Pas de problème, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): O.K. Alors, on prendra!! par le
premier point. J'imagine, M. le ministre, que vous avez en main la liste des
points que veut aborder le député de Duplessis. Et le premier
point, c'est les crédits alloués et périmés. M. le
député de Duplessis.
Discussion générale
M. Perron: M. le Président, tout d'abord, rappelons le
mandat général du programme 4, Affaires autochtones. Ce programme
vise à élaborer des politiques gouvernementales, à assurer
la coordination des activités des ministères et organismes
gouvernementaux en milieu autochtone, à fournir une information aux
autochtones et à la population en général ainsi
qu'à conduire la négociation des ententes globales et
sectorielles avec les ministères impliqués.
Crédits alloués et
périmés
Quant aux crédits 1992-1993, le cahier des renseignements
supplémentaires sur les crédits indique que la baisse des
crédits de 16,3 % s'explique par la non-reconduction en 1992-1993 des
crédits additionnels alloués pour l'élaboration de la
politique gouvernementale en matière autochtone et la revue de la mise
en application de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois.
En fait, les crédits octroyés pour 1992-1993 sont au
montant de 4 060 800 $, tandis qu'en 1991-1992 ils étaient de 4 853 200
$. Il s'agit d'une différence de 792 400 $, au moins pour cette
année, soit une baisse de 19,5 %. Cependant, à moins que je ne
fasse erreur, le ministre a mentionné dans son allocution d'ouverture
qu'il était en négociations avec le Conseil du trésor pour
obtenir un montant additionnel de 1 000 000 $ pour les crédits de
1992-1993.
Quant aux crédits périmés pour l'ensemble du
programme 4, ces derniers sont au montant de 155 000 $. M. le Président,
je crois que les réponses peuvent varier, et varient effectivement,
selon la façon dont la question suivante a été
perçue. La question que nous avions posée, c'est sur la
ventilation des sommes versées en application d'une loi, d'un programme,
d'un décret, d'un contrat, ou versées de façon
discrétionnaire à la communauté autochtone ou inuit ou
à des membres de celles-ci. À titre d'exemple, le
Secrétariat aux affaires autochtones, à ce sujet, répond
378 821 $, alors que son budget total est de 4 853 200 $ pour 1991-1992. Tous
ces montants sont versés d'une certaine façon pour des
communautés autochtones ou inuit, même s'ils ne vont pas en
totalité dans leurs poches. Il s'agit d'argent brut dévolu aux
autochtones.
J'ai plusieurs questions à poser au ministre, se rapportant aux
crédits, dont la première est la suivante: À quoi peut-on
attribuer le surplus de dépenses au montant de 29 800 $ pour
l'année 1991-1992, puisque, dans les renseignements sur les
crédits par ministère de la part du Conseil exécutif, aux
Affaires autochtones on retrouve des crédits de 4 853 200 $ mais, par
contre, des dépenses probables de 4 883 000 $, ce qui fait la
différence de 29 800 $ dont je viens de parler? À quoi le
ministre peut-il attribuer ça?
M. Sirros: Je cherche un peu les chiffres du
député, parce que j'ai les choses présentées un peu
différemment, c'est-à-dire qu'on a une distinction qui est faite
entre le Secrétariat aux affaires autochtones et le cabinet comme tel.
Quand le député mentionne quelque 4 800 000 $,
je pense qu'il jumelle les deux. Alors, pour la différence, s'il
pouvait juste me répéter la dernière partie de sa question
- les 29 000 $ que vous cherchez?
M. Perron: Ce sont des renseignements que nous avons reçus
pour les crédits par ministère. Et, au niveau du Conseil
exécutif, au programme 4, Affaires autochtones, il est bel et bien
mentionné, en 1991-1992, crédits: 4 853 200 $ et dépenses
probables: 4 883 000 $. Donc, ça fait une différence de 29 800 $.
Là, je ne comprends pas, parce qu'il y a des crédits
périmés. Comment peut-il y avoir un surplus lorsqu'il y a des
crédits périmés de 155 000 $?
M. Sirros: II y a des montants affectés
spécifiquement aux négociations concernant la mise en oeuvre de
la Convention de la Baie James, négociations qui n'ont pas eu lieu. On
les gardait en réserve jusqu'au moment où on a jugé que,
effectivement, on pourrait les supprimer parce que les négociations
n'avaient pas eu lieu, et les autres montants étaient des montants
séparés.
M. Perron: Mais par rapport aux 29 800 $ dont je viens de parler,
est-ce que le ministre a une réponse là-dessus?
M. Sirros: Effectivement, moi, je n'ai pas le chiffre des
dépenses probables que vous mettez de l'avant. Moi, je ne sais pas si on
travaille avec le même document, là. Parce que, nous, on vous
a...
M. Perron: À la page 75.
M. Sirros: Ça, c'est le livre des crédits qui a
été déposé récemment, des projections de
dépenses pour l'année prochaine. On vous a fourni aussi un
document sur le livre des crédits.
M. Perron: Vous pouvez remarquer, M. le Président, notre
bonne volonté. On fournit même des documents au ministre.
Le Président (M. Gautrin): Je vois avec
intérêt que c'est dans un esprit de collaboration que les deux
partis étudient, à l'heure actuelle, les crédits, ce qui
démontre l'importance de la question, où on dépasse la
partisanerle.
M. Perron: Si on regarde au niveau des crédits, programme
4, Affaires autochtones, on remarque, pour 1991-1992, qu'il y a des
crédits alloués de 4 853 200 $, et les dépenses probables
sont de 4 883 000 $, ce qui représente, en fait, en surplus, 29 800 $.
C'est dû à quoi, ça?
M. Sirros: Bonne question. M. Perron: M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Oui, oui, M. le
député de...
M. Perron: ...juste une question d'ordre technique. Si le
ministre veut passer la parole à quelque membre que ce soit, assis
à la table avec lui, il n'y a aucune espèce de problème
là-dessus. Ça démontre, encore une fois, notre bonne
collaboration.
Le Président (M. Gautrin): J'ai bien remarqué cela.
M. le ministre, est-ce que vous voulez passer la parole pour
répondre...
M. Sirros: Oui, je la donnerais peut-être à M.
Maltais...
Le Président (M. Gautrin): ...à la question du
député?
M. Sirros: ...le secrétaire général
associé, pour essayer de démêler cette...
M. Maltais (André): Très rapidement. Au fond, je
pense que M. le député a raison, à partir du document qui
est présenté, mais ce sont des documents qui ont
été compilés avant, je pense, qu'une confirmation sur les
chiffres réels ne soit apportée au Secrétariat aux
affaires autochtones. Alors, nous avons préparé nos documents
à partir des chiffres exacts de 1991-1992, et les budgets qui ont
été autorisés maintenant pour 1992-1993. Alors, dans le
document que vous avez, il y a des chiffres qui ont été
arrêtés mais ils ont été retravaillés par
après pour arriver directement aux chiffres exacts qu'on a actuellement.
Il y aura certainement des chiffres qui vont s'ajouter au cours de
l'année, compte tenu des crédits additionnels qui ont
été proposés.
Une voix:...
M. Maltais (André): Je pense que si on vous... Je ne sais
pas. C'est peut-être une suggestion qu'on pourrait faire. On pourrait
peut-être avoir le même document, au moins pour ce matin, quitte
à regarder, pour après-midi, si on veut regarder ce
document-là pour faire des comparaisons.
M. Perron: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je comprends qu'il y a
accord pour que, pendant la période du midi, vous essayiez de clarifier
les deux documents que vous nous rapporterez à 15 h 30. Pendant la
période du midi, vous allez essayer de vous retrouver dans vos
chiffres.
M. Sirros: Oui, effectivement. Comme le soulignait... Le document
qu'on a remis à l'Opposition officielle reflète les chiffres
exacts que
nous avons au Secrétariat aux affaires autochtones, de
façon spécifique. Donc, on peut examiner, voir les
différences que soulève le député pour cet
après-midi. Mais, entre-temps, si on travaillait à partir du
document qu'on a fourni, on aurait au moins la même base de
données...
Le Président (M. Gautrin): Vous parleriez de la même
base.
M. Sirros: ...qui reflète les dépenses et les
crédits réels rattachés directement au Secrétariat
aux affaires autochtones.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ce moyen de
travailler vous satisfait, M. le député?
M. Perron: Bien, écoutez, je n'ai pas d'objection à
ça, mais, M. le Président, vous comprendrez que, mis à
part les documents qui ont été fournis par le Secrétariat,
comme c'est l'habitude de le faire, on a tout de même des questions
additionnelles...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
M. Perron: ...qu'on peut poser, à l'extérieur des
documents qui nous sont...
Le Président (M. Gautrin): Tout à fait.
M. Perron: ...fournis, à partir d'autres documents que
nous avons en notre possession...
Le Président (M. Gautrin): Tout à fait.
M. Perron: ...en particulier des documents qui sont
déposés par le président du Conseil du trésor quant
aux crédits.
Le Président (M. Gautrin): Tout à fait. (10 h
30)
M. Perron: Une autre question, M. le Président. Est-ce que
le ministre peut nous fournir la ventilation qui se retrouve dans les
crédits périmés au montant de 155 000 $, document qui nous
a été fourni en partie par le Secrétariat aux affaires
autochtones, mais où nous n'avons pas la ventilation des 155 000 $?
Est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Sirros: On va vous fournir ça, mais, en gros,
c'étaient des montants affectés... On peut vous fournir la
ventilation prévue pour les 155 000 $ mais, en gros, c'étaient
des montants prévus pour les dépenses reliées à des
négociations, déplacements, frais de voyage, salaires et
opérations.
M. Perron: M. le Président, dans les crédits
spéciaux non récurrents, entre autres pour l'élaboration
de la politique québécoise en matière autochtone, est-ce
que le ministre pourrait nous dire de quel montant, exactement, il s'agit en
rapport avec la politique québécoise ainsi qu'en rapport avec
l'application de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois? Les montants exacts des crédits qui ont
été alloués à ces deux parties.
M. Sirros: Peut-être que M. Lessard pourrait vous donner
les détails du...
Le Président (M. Gautrin): Pour les fins d'enregistrement,
est-ce que vous pourriez vous identifier?
M. Lessard (Jean-Marc): Oui, Jean-Marc Lessard, du
Secrétariat aux affaires autochtones.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Lessard: Pour la Convention de la Baie James, il y a eu un
montant de 500 000 $ d'alloué pour 1990-1991 et 1991-1992.
M. Perron: Pour les deux années? M. Lessard: Pour
les deux années, oui. M. Perron: 500 000 $ par année?
M. Lessard: 500 000 $ par année, oui.
M. Perron: O.K. Et pour la politique québécoise en
matière autochtone?
M. Lessard: Pour la politique québécoise, il y a eu
un montant de 375 000 $, non récurrent.
M. Perron: Est-ce que la stagnation des crédits,
combinée à la non-récurrence des crédits
spéciaux qui avaient été accordés, démontre
qu'aucun projet spécifique ou nouvelle orientation ne sera
accrédite pour le dossier autochtone, malgré que le ministre,
dans son allocution, ait avancé d'abord la question de 1 000 000 $ en
crédits additionnels qu'il a demandés au Conseil du trésor
pour des projets très spécifiques? Est-ce que le ministre
pourrait nous avancer les chiffres par rapport à ce million de dollars
additionnel qui est demandé au CT? Est-ce que le ministre pourrait nous
avancer non seulement les chiffres, mais la projection de ce qu'il entend faire
avec ce million de dollars là?
M. Sirros: Au niveau du million de dollars qui est
demandé, c'est, comme je le disais dans mon allocution, d'une part pour
poursuivre toute la question des négociations, pour pouvoir
également mettre de l'avant un projet de communication, un plan de
communication et poursuivre la politique. En gros, ce sont les trois
activités qui sont couvertes par le million de dollars. Au niveau de la
ventilation spécifique
que vous demandez, nous prévoyons 500 000 $ pour la convention de
la baie james, 250 000 $ pour la politique et 250 000 $ pour les
communications.
M. Perron: Au niveau des communications, M. le Président,
est-ce que le ministre pourrait nous dire de quelle façon il entend
procéder? Est-ce que c'est par le biais de forums publics? Est-ce que
c'est par le biais de publicité à la radio, à la
télévision, dans les journaux?
M. Sirros: Nous sommes actuellement à élaborer la
meilleure stratégie possible. Nous sommes en consultation avec une firme
en particulier qui pourra nous donner quelques indications sur la meilleure
façon de maximiser l'impact des montants qu'on met de l'avant et,
aussitôt que j'aurai des choses plus précises, je tiendrai le
député au courant.
M. Perron: Est-ce que le ministre a l'intention, toujours au
niveau des communications, de faire en sorte que ce soient les deux parties qui
soient présentes dans ces mêmes communications? Par exemple, si on
va à la télévision, ça pourrait être fait
conjointement pour démontrer, au niveau de la population du
Québec elle-même, qu'il y a une coordination entre le milieu
gouvernemental et les milieux autochtones.
M. Sirros: Dans la mesure où c'est faisable, je pense que
ça serait très intéressant d'avoir la participation des
autochtones au niveau du contenu des communications. Avec le montant qu'on a,
évidemment, nous ne parlons pas d'immenses campagnes publicitaires
à la télévision qui, de toute façon, ont
peut-être un effet, pour ce genre de question, momentané. Mais je
n'exclus absolument pas des efforts conjoints entre les communautés
autochtones qui veulent participer avec nous à cette
amélioration-là. D'ailleurs, je suis convaincu que c'est dans
l'intérêt des communautés elles-mêmes de voir
à ce qu'on puisse améliorer ces relations parce que, comme je le
disais dans mon allocution, quand le climat est aussi tendu q-j'on peut le
décrire maintenant, c'est difficile de faire accepter par la population
québécoise des choses qui peuvent régler le contentieux
entre autochtones et non-autochtones. Donc, si on constate qu'il y a une
méconnaissance de part et d'autre, il faut faire entrer sur la
scène la participation des autochtones autant qu'on peut le faire. C'est
certainement un des axes que je regarderai avec intérêt dans
l'élaboration de ce plan de communication.
M. Perron: Au niveau du plan de communication, M. le
Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a
déjà des négociations avec certaines nations autochtones
se rapportant à ce plan de communication?
M. Sirros: Pas à l'heure actuelle.
M. Perron: pas à l'heure actuelle. alors, m. le
président, toujours dans le cadre des crédits, maintenant, ceux
se rapportant au cabinet. on a parlé des crédits
généraux; là, se rapportant au cabinet du ministre
délégué aux affaires autochtones, pour 1992-1993, les
crédits affectés au cabinet du ministre sont de l'ordre de 697
300 $ comparativement à 681 500 $ pour l'an dernier. il s'agit, en fait,
d'une hausse de 15 800 $, soit 2,3 %. on nous indique, par les réponses
fournies par le secrétariat, que ce dossier aura des crédits
périmés de 5000 $ pour l'exercice financier 1991-1992. ça,
c'est la partie financière. quant aux effectifs, le cabinet compte
actuellement six employés, et ce, à l'exclusion des trois
personnes qui ont quitté depuis le 12 juin 1991. cependant, on indique
plus bas dans le cahier de réponses aux questions de l'opposition
officielle qu'il y a 13 personnes actuellement en poste, sans toutefois donner
leur nom, fonction et salaire. en rapport avec les crédits, la
première question que je voudrais poser: est-ce que le ministre pourrait
donner des explications quant aux 5000 $ de crédits
périmés, toujours en rapport avec son cabinet?
M. Sirros: C'est des dépenses de fonctionnement qui n'ont
pas été dépensées, qu'on a périmées.
Une très bonne gestion, c'est ça!
Le Président (M. Gautrin): Des dépenses de
fonctionnement non dépensées, M. le député.
M. Perron: Maintenant, quant aux effectifs, est-ce que le
ministre peut expliquer la variation qui peut y exister? Le Secrétariat
nous fournit une liste, quant au cabinet du ministre
délégué, de 10 personnes. Il est supposé y en avoir
13; cependant, de ces 10 personnes-là, il y en a 4 qui sont parties.
Donc, il en resterait six. Là, je ne comprends pas. Où sont les
noms des sept autres personnes ainsi que les salaires dévolus à
ces personnes?
M. Sirros: Je m'excuse, j'ai manqué le dernier bout,
là. Il y a eu des départs, certains ont été
remplacés.
Le Président (M. Gautrin): La question du
député, M. le ministre, c'était en fonction de l'annexe
18. il est marqué qu'il y a 13 personnes actuellement en poste dans
votre cabinet. La liste nominative fait état de 10 personnes, dont 4
départs. D'après le député, il en reste donc six
dont on connaît les noms. Et la question du député de
Duplessis, c'était de savoir qui sont les sept autres personnes. Quel
est leur nom et leur rémunération?
M. Sirros: Ce sont des employés de soutien qui ne sont pas
nommés là, M. le Prési-
dent: les secrétaires, les
réceptionnistes-téléphonistes.
M. Perron: Mais, compte tenu que... M. Sirros: On peut
fournir les noms, là.
M. Perron: ...ces personnes-là font partie du cabinet
ministériel, est-ce qu'il n'y aurait pas une possibilité d'avoir
les noms de ces sept personnes ainsi que le salaire qui est accordé
à chacune de ces personnes-là?
M. Sirros: Certainement.
M. Perron: Ça va pour ça, M. le Président.
Donc, la réponse suivra.
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: Quant à la masse salariale qui ne semble pas
toute dépensée, le cabinet du ministre doit-il subir une
rationalisation de ses dépenses sur une directive du Conseil du
trésor et de son président, en particulier?
Une voix: Ça, c'est une bonne question. M. Sirros:
Les salaires sont gelés. M. Perron: Selon les directives du
CT?
M. Sirros: II n'y a pas eu d'augmentation de salaire au niveau du
cabinet. Nous avons géré les choses afin qu'on puisse rendre des
crédits périmés de 5000 $ dans le fonctionnement, comme je
l'expliquais tout à l'heure. Pour l'essentiel, je pense que c'est
ça que je peux répondre au député.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, c'est que le ministre,
même au niveau de son cabinet, applique la législation qui a
été passée à l'Assemblée nationale, à
la demande du Conseil du trésor, par rapport au gel des salaires
jusqu'au 1er octobre?
M. Sirros: effectivement. il n'y a pas eu d'augmentation de
salaire au cabinet. tout est gelé, au moins jusqu'au mois... je pense
que c'est juin.
Une voix: C'est juillet.
M. Sirros: Juillet. (10 h 40)
M. Perron: Qu'est-ce qui fait qu'en 1991-1992, malgré les
5000 $ périmés, il y avait 514 500 $ de crédits et
qu'actuellement les crédits qui sont demandés en 1992-1993 sont
de l'ordre de 511 934 $, donc un montant moindre? Est-ce que c'est à
cause qu'il y a des gens qui ont été réduits de salaire,
ou quoi?
M. Sirros: Bien, des fois, les salaires des personnes
engagées peuvent varier. Les départs... Je ne sais pas si c'est
ça qui va l'expliquer, mais vous parlez d'une différence de 3000
$; ça peut, des fois, s'expliquer par la variation dans les salaires
accordés suite aux engagements.
M. Perron: D'accord. Vous pouvez, disons, à un moment
donné - à titre d'explication - si je comprends bien, avoir une
personne qui est payée 50 000 $ par année, puis cette
personne-là s'en va et elle est remplacée par une personne qui
est payée 47 000 $.
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: Donc, il y a un différentiel de 3000 $, ce qui
fait que la demande est moindre.
M. Sirros: C'est ça. On a besoin de moins.
M. Perron: À la question 19, «Liste des contrats
donnés en 1991-1992 à même le budget discrétionnaire
du cabinet du ministre», on nous donne trois réponses: l'Institut
interculturel de Montréal, 480 $, consultation du ministre. Par rapport
à cette consultation, est-ce que le ministre pourrait nous dire sur quel
sujet il y a eu consultation?
M. Sirros: Ah! En fait, il s'agit d'une discussion que j'avais
eue avec le directeur de l'Institut interculturel auquel se
réfère le député sur la façon dont les
communautés mohawks sont organisées et, par la suite, j'ai
reçu un compte de 480 $ et j'ai décidé de le traiter comme
honoraires.
M. Perron: De la part de l'Institut? M. Sirros: De la part
de l'Institut.
M. Perron: Mais c'était en rapport avec... Ça
concernait les Mohawks.
M. Sirrcn: Oui, oui. On a eu une discussion d'un bon deux heures
sur l'organisation sociale des communautés mohawks.
M. Perron: O.K. Donc, ça concernait les Affaires
autochtones.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Quant à Danielle Lefebvre - Danielle, au
féminin - un montant de 1670 $ pour exécuter les tâches
relatives à la tenue de réunions. Est-ce que ce montant
concernait les Affaires autochtones, et de quel type de réunions
s'agissait-il?
M. Sirros: C'est une personne affectée en partie au bureau
du comté, M. le Président. En
partie, je dis bien, parce qu'elle exécute des tâches
relatives au bureau de comté dans la région est de
Montréal.
M. Perron: Est-ce qu'elle est contractuelle? M. Sirros:
Elle est contractuelle.
M. Perron: Est-ce qu'elle travaille toujours à votre
bureau?
M. Sirros: Non, non. C'est ce que je disais. M. Perron:
Ah! Elle est à temps partiel. M. Sirros: À temps partiel.
M. Perron: Quant à la tenue des réunions dont vous
parlez, est-ce que le ministre pourrait élaborer davantage sur ce type
de réunion?
M. Sirros: Des réunions qui concernent les
activités d'un député dans son comté, comme en
tient, j'en suis convaincu, le député de Duplessis, des fois en
liaison avec les médias dans le comté, des fois avec les groupes,
des fois concernant les questions qui peuvent préoccuper les
électeurs dans le coin.
M. Perron: Ça va pour cette question-là, M. le
Président. Quant aux 7680 $, toujours dans l'annexe 19: entretenir des
relations d'affaires avec les médias locaux, préparer des
annonces et des pochettes d'information, de quel type de relations d'affaires
s'agit-il? Est-ce que ça concernait toujours la question autochtone?
Ça veut dire quoi exactement, les informations qui nous ont
été fournies par rapport à M. Dimitri Papatheodossiou?
M. Sirros: Papatheodossiou. Je dirais, même, que ça
concernait beaucoup les Affaires autochtones, dans le sens que beaucoup de
choses qui se faisaient au niveau des Affaires autochtones étaient
véhiculées aux médias locaux pour les tenir au courant,
tenir les gens au courant un peu des activités du ministre et J-j
Secrétariat aux affaires autochtones quant à ses travaux au
ministère. D'autres tâches étaient reliées aux liens
qui peuvent exister, comme je le disais tout à l'heure, entre la
nécessité de donner de l'information aux électeurs et un
bureau de comté d'un député. Vous savez que la masse
salariale comme telle Inclut le personnel politique ici, au Secrétariat,
et également le personnel du bureau de comté, comme en a le
député.
M. Perron: Oui. La masse globale.
M. Sirros: oui. donc, m. papatheodossiou, pour 7000 $ -
contractuel durant l'année - effectue les liens avec les médias
locaux en s'assurant que l'information quant aux activités du
député et ministre est véhiculée à travers
les médias locaux à l'ensemble de ses électeurs.
M. Perron: Si je comprends bien, pour la bonne
compréhension, M. le Président, quant aux salaires et honoraires
à être versés à titre de ministre
délégué aux Affaires autochtones, la masse globale sert
non seulement à son bureau de ministre à Québec mais aussi
à son bureau de comté, parce qu'il est membre de
l'Exécutif.
M. Sirros: Exact. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de budget
spécifique pour le bureau de comté, comme en ont les
députés.
M. Perron: C'est ça.
M. Sirros: C'est un budget général.
Secrétariat aux affaires autochtones
Dépenses de transfert
M. Perron: D'accord. Maintenant, concernant le Secrétariat
aux affaires autochtones, je vais plutôt m'orienter sur la question des
crédits de façon générale: Dépenses de
transfert.
M. Sirros: C'est une question en particulier que le
député avait déjà soumise, ou autre chose?
M. Perron: Bon. Disons que c'était la question 1. Parce
que, comme vous le comprendrez, il y a plusieurs questions qui ont
été posées par l'Opposition...
M. Sirros: Oui, oui.
M. Perron: ...au nombre d'une trentaine, avec des sous-entendus
à chacune des questions. Alors, comme il est normal que l'on ne puisse
pas procéder en commission parlementaire, en l'espace de quatre heures,
à étudier l'ensemble, on a fait des choix au niveau des questions
qui ont été posées, où on jugeait qu'il devait y
avoir des réponses données de la part du ministre et du
Secrétariat. C'est la raison pour laquelle on a fait des choix, et
là je parle de la question 1 des cinq questions qui ont
été posées...
M. Sirros: Juste pour me situer.
M. Perron: ...et cène question était la suivante:
La ventilation des budgets 1991-1992 accordés au Secrétariat aux
affaires autochtones et des dépenses de transfert. On nous a fourni la
liste des dépenses de transfert se rapportant au développement
communautaire, au développement socio-culturel, au développement
économique ainsi que des fonds qui ont été transmis au
niveau du soutien.
Sur la liste qui nous a été fournie, j'aime-
rais avoir quelques informations sur différents montants et
organismes qui ont reçu des montants. Lorsqu'on regarde la liste du 24
mars 1992, dépenses de transfert au montant de 939 000 $, il y a un
montant de 5000 $ se rapportant au développement communautaire,
Administration régionale crie, Colloque sur les pêches
commerciales en milieu cri. Vous comprendrez, M. le Président, que,
comme député de l'Opposition en même temps porte-parole en
matière de pêcheries, Je pose la question, à savoir: Est-ce
que le ministre pourrait déposer des informations écrites se
rapportant à ce colloque sur les pêches, et à quelle date
a-t-il eu lieu exactement?
M. Sirros: M. Mathieu pourra peut-être répondre de
façon spécifique, mais on vous fournira les écrits qu'on
a.
Le Président (M. Gautrin): M. Mathieu.
M. Mathieu (Bernard): Oui. Dans le courant du mois de mars, M.
Jacques Meunier, du Secrétariat, a participé effectivement
à ce colloque sur les pêches commerciales. Il a fait rapport
là-dessus. On pourra vous remettre un exemplaire de ce rapport-là
de même que le programme du colloque.
M. Perron: Est-ce que les coûts de ce colloque
étaient plus élevés que 5000 $ ou si... C'était
probablement plus élevé que 5000 $.
M. Mathieu: Oui. Effectivement.
M. Perron: Mais la participation du SAA a été de
5000 $.
M. Mathieu: Je ne me souviens pas du coût. Maintenant, je
sais qu'il y avait, en plus du Secrétariat, l'Administration
régionale crie qui a participé et, aussi, il y avait Pêches
et Océans Canada qui, je pense, a fourni une participation
financière beaucoup plus élevée que 5000 $.
M. Perron: Est-ce qu'il serait possible, M. le Président,
dans un avenir assez rapproché, d'obtenir des informations, à
savoir les coûts de ce colloque?
M. Sirros: On pourra vous fournir tous les éléments
qu'on a.
M. Perron: Et la participation de chacun.
M. Sirros: Oui, on pourra vous fournir ce qu'on a. Vous
comprendrez que ce n'est pas nous qui avons organisé le colloque pour
savoir exactement ce que ça coûtait dans sa globalité.
Comme disait M. Mathieu, il y a plusieurs partenaires ou intervenants qui ont
contribué à la tenue de ce colloque, mais on pourra vous fournir
le rapport que nous avons reçu de notre envoyé à ce
colloque et on cherchera à vous trouver aussi le coût total, tel
qu'on peut l'avoir, sans pouvoir être responsables pour l'information que
je vous transmettrai parce que ça dépend de quelqu'un
d'autre.
M. Perron: Toujours sur le même sujet, est-ce que le
monsieur Jacques Meunier que vous mentionnez était anciennement à
l'OPDQ? (10 h 50)
M. Sirros: Oui, exactement.
M. Perron: D'accord.
M. Sirros: II est maintenant au Secrétariat.
M. Perron: II travaille maintenant au Secrétariat.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Une autre question en rapport avec les dépenses
de transfert 1991-1992, se rapportant à l'Association des métis
et Indiens hors-réserve du Québec, il y a un montant de 20 000 $
qui aurait été versé aux alentours du 91-09-13, comme
soutien. Est-ce que le ministre pourrait nous informer, à savoir
pourquoi ce versement de 20 000 $? Est-ce qu'il s'agit d'un montant
récurrent en rapport avec l'Association qu'on appelle, aujourd'hui,
l'Alliance?
M. Sirros: Ce n'est pas la même chose, mais il s'agit
effectivement d'un montant récurrent pour le fonctionnement de
l'Association des métis et Indiens hors-réserve du
Québec.
M. Perron: Bon. Le montant global de participation du SAA en
rapport avec l'Association des métis et Indiens hors-réserve du
Québec, il est de combien? Est-ce qu'il est seulement de 20 000 $ ou
s'il y a des montants additionnels alloués?
M. Sirros: C'est de 20 000 $.
M. Perron: 20 000 $. Ça va, M. le Président.
À la page 2, toujours du même document, Conférence
circumpolaire inuit. On a deux items: un montant de 16 000 $ en soutien et 5000
$ en développement communautaire. Est-ce que cet organisme, cette
Conférence est établie de façon permanente? Et, si oui -
je ne parle pas de Konrad Sioui - est-ce que vous pourriez nous dire si ce sont
des montants récurrents par rapport aux 16 000 $ de soutien?
M. Sirros: la conférence, elle est permanente dans le sens
qu'à tous les deux ans il y a les états généraux de
la conférence qui sont tenus à des endroits différents.
quand la présidence est du québec, c'est tenu au québec.
cette
année, je pense que c'est Mme Mary Simon, qui est
présidente de la Conférence circumpolaire depuis quatre ans, et
ces montants, effectivement, sont récurrents.
M. Perron: Ils sont récurrents, mais ils viennent à
tous les deux ans.
M. Sirros: Non. Les états généraux se
tiennent à tous les deux ans.
M. Perron: Oui.
M. Sirros: C'est du fonctionnement qui aide l'organisme à
fonctionner et à structurer ses activités.
M. Perron: D'accord. Donc, c'est récurrent dans le
sens...
M. Sirros: Pardon?
M. Perron: Les 16 000 $ sont récurrents dans le sens de la
préparation de la conférence elle-même...
M. Sirros: Exact.
M. Perron: ...qui a lieu à tous les deux ans.
M. Sirros: On me précise que...
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre...
M. Perron: M. le Président, je vous donne la parole, vous
avez une question à poser.
Le Président (M. Gautrin): Merci. J'ai une question sur
cette page 2: Autobus de la Paix, c'est quoi, ça?
M. Sirros: Pardon?
Le Président (M. Gautrin): Autobus de la Paix.
M. Sirros: Autobus de la Paix, c'est un projet qui a
été mis sur pied par un groupe d'autochtones qui, avec des
écoliers et des jeunes, participeront à des voyages entre
différentes communautés autochtones en rencontrant des
non-autochtones et en organisant un certain nombre d'activités mettant
l'accent sur la paix, les relations harmonieuses entre autochtones et
non-autochtones.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Et
ça a commencé déjà, comme projet, ou quoi?
Ça implique, donc, des autochtones.
M. Sirros: Oui. C'est cet été. La majorité
des activités, c'est cet été qui s'en vient.
Le Président (M. Gautrin): Non, je dis ça... Est-ce
qu'on pourrait avoir un peu plus d'informations sur le projet?
M. Sirros: Certainement. Je peux vous fournir les détails
du projet, tel que ça nous a été soumis.
M. Perron: J'aimerais en avoir une copie, M. le
Président.
M. Sirros: Également.
Le Président (M. Gautrin): Moi aussi.
M. Perron: Ça semble intéressant.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Sirros: Attendez. Je prends des notes.
M. Perron: Peut-être qu'on pourrait ajouter, à ce
moment-là, les coûts globaux de cet Autobus de la Paix 1992.
M. Sirros: Effectivement.
M. Perron: Si je comprends bien...
M. Sirros: Dans le projet qui nous a été soumis, le
coût total est de beaucoup supérieur à ce qu'on a pu, nous
autres, subventionner ici, et c'est listé, ainsi que les objectifs, les
activités, les dates, etc. C'est un projet très
intéressant, et ça me fera plaisir de vous le soumettre.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député.
M. Perron: À la page 3, concernant le Conseil de bande de
Mistassini, dépenses reliées au référendum sur le
transfert des terres à Oujé-Bougoumou, 12 000 $. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire combien de personnes étaient
concernées par ce référendum? C'est chez les Cris, je
présume.
M. Sirros: Je demanderais à M. Beauchemin de...
M. Perron: Et les résultats de ce
référendum, est-ce qu'ils ont été positifs ou
négatifs?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perron: Et le référendum portait sur quoi,
exactement?
M. Sirros: Le référendum portait sur
l'échange de terres, si je me rappelle bien, entre la communauté
de Mistassini et d'Oujé-Bougou-mou. Et je demanderais à M.
Beauchemin de vous donner les précisions quant au nombre de
personnes, etc.
M. Beauchemin (Georges): De mémoire, je ne pourrai pas...
On a l'information au Secrétariat; on pourra vous la fournir. Je n'ai
pas, de mémoire, le nombre exact de gens qui se sont
présentés aux poils lors de ce scrutin à Mistas-sini.
Cependant, il n'y a pas eu quorum suffisant pour que le vote soit jugé,
même, valable, la majorité des gens étant, à ce
moment-là, sur leurs lignes de trappe. Et l'objet du
référendum, l'entente pour la création du village
d'Oujé-Bougoumou prévoit que c'est un transfert de terres. Il n'y
a pas d'ajout net de terres de catégorie I.
M. Perron: D'une bande à une autre?
M. Beauchemin: C'est la bande de Mistas-sini, si vous
préférez, qui s'ampute d'une partie de ses terres, et ces terres
vont être tranférées à Oujé-Bougoumou,
ailleurs. Alors, le résultat du référendum... En vertu de
la loi fédérale sur les Cris et les Naskapis, il est
précisé que, sur les terres de catégorie IA, il doit y
avoir, en vertu de la loi fédérale, référendum avec
un résultat positif aux deux tiers, 66 %, si ma mémoire est
exacte, pour que toute bande crie puisse céder une partie de ses terres
IA.
M. Perron: Aux deux tiers de ceux et celles qui votent ou aux
deux tiers de ceux et celles qui vont voter?
M. Beauchemin: Aux deux tiers de la liste.
M. Perron: Aux deux tiers de la liste. Donc, ce n'est pas les
deux tiers des personnes qui se présentent à voter. C'est pour
ça qu'il n'y avait pas quorum.
M. Sirros: Le résultat n'a pas été
positif.
M. Beauchemin: exact. et c'est l'intention de la bande de
mistassini de faire un nouveau référendum à une date qui
ne nous a pas été précisée. il a été
question de l'été prochain.
M. Perron: Mais est-ce que les 12 000 $ ont été
dépensés au complet, actuellement?
M. Beauchemin: Oui, les 12 000 $ ont été
dépensés par...
M. Perron: Puisque le référendum s'est tenu.
M. Beauchemin: Pour aider la bande de Mistassini, justement,
à tenir ce scrutin.
M. Perron: Autre question, page 3. Conseil de bande de
Restigouche, projets touristiques - avec des «s», donc, au pluriel.
Combien de projets, et la description des projets? C'était sous la
responsabilité de qui, et est-ce que, dans ce genre de projets, le SAA
assure un suivi?
M. Sirros: Je demanderais à M. Mathieu de vous donner les
informations.
M. Mathieu: Ces projets touristiques émanent d'un sommet
socio-économique qui a eu lieu en Gaspésie, il y a quelques
années. Ça touche en particulier le musée qui se trouve
déjà réalisé à l'intérieur de la
bande. Ça touche aussi un projet de village et un projet de jardin. Et,
en fait, le montant d'argent que vous avez ici leur a été
accordé de façon à ce qu'ils puissent préparer leur
publicité pour les périodes touristiques de l'an passé et
de cette année. Alors, ils ont préparé, entre autres, des
panneaux et, en même temps, ils ont aussi utilisé une partie de
l'argent pour compléter la conception de leurs projets.
M. Perron: Dans les projets touristiques, ça concernait
quoi, exactement? Est-ce qu'il y avait des sujets spécifiques?
M. Mathieu: Oui, en fait, ils ont déjà un
musée à Restigouche, un musée qui n'est pas encore
complété mais qu'ils veulent compléter, entre autres, pour
1993, qui est une année internationale pour les Indiens. Et ils veulent
profiter de cette année 1993, entre autres, pour présenter des
objets qui vont leur venir d'amérindiens d'Amérique du Sud. Et,
en plus de ça, il y a un projet de village et un projet de jardin
amérindien dont la conception est en train de se compléter cette
année.
Alors, ce sont des projets qui sont financés à même
les sommes d'argent qu'ils ont reçues du sommet socio-économique
qui a eu lieu il y a quelques années, en Gaspésie. (11
heures)
M. Perron: D'accord. M. le Président, je voudrais revenir
sur la question d'Oujé-Bougou-mou. Qui avait arrêté la date
de ce fameux référendum? Est-ce que ce sont les Cris
eux-mêmes ou est-ce le Secrétariat, ou les deux? Parce que,
là, je ne comprends pas qu'on ait fait un référendum en
pleine période de trappage.
M. Sirros: C'est le Conseil de bande qui a choisi la date.
M. Perron: Le Conseil de bande vous a joué un tour, j'ai
l'impression.
M. Sirros: Ha, ha, ha! Peut-être qu'ils aiment tenir des
référendums et qu'ils vont en tenir un deuxième. Ils se
sont joué un tour eux-mêmes.
M. Perron: Maintenant, toujours à la page 3, Conseil de la
nation huronne-wendat, développement de la langue huronne.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: est-ce que le ministre pourrait nous dire - parce
qu'il y a un montant de 25 000 $ qui concerne le développement
socioculturel - où en est ce projet et est-ce que ce projet est positif?
parce qu'on sait que la très, très grande majorité des
hurons ne parlent pas leur langue maternelle.
M. Sirros: La presque totalité. Et le projet a
été conçu afin de faire des recherches historiques et de
faire, en quelque sorte, une reconstitution et de pouvoir aller aux sources et
essayer de reconstruire, en quelque sorte, la langue hu-ronne. Le projet comme
tel est beaucoup plus important que les 25 000 $, encore une fois, qu'on
subventionne ici. Je n'ai pas encore reçu un rapport sur le projet, mais
ça m'avait intéressé également quand ça m'a
été soumis. Comme on a adopté une politique qui vise la
promotion et la protection des langues autochtones, je trouvais que cette
initiative valait la peine d'être appuyée étant
donné que c'est probablement la communauté autochtone, avec les
Malécites, qui est le plus loin de sa langue d'origine. Et,
aussitôt que je recevrai le rapport du Conseil de bande sur ça, je
pourrai le faire parvenir au député.
M. Perron: Merci, pour la réponse du ministre. Ça
m'intéresse, parce que la question culturelle est drôlement
importante, surtout en ce qui concerne certaines nations autochtones où
on sait qu'au cours des années - pas seulement chez les autochtones qui
sont aujourd'hui anglophones mais aussi chez les autochtones qui sont
aujourd'hui francophones - très souvent, on rencontre des membres de
chacune de ces nations qui ne parlent même plus leur langue maternelle.
Je pense qu'il y a des efforts à faire de ce côté-là
et, que ce soit directement relié à une nation comme la nation
huronne, je pense que c'est drôlement important qu'on assure un suivi,
d'une part, et que, d'autre part, on les aide financièrement afin qu'ils
puissent s'en sortir et qu'ils puissent faire les recherches qui
s'imposent.
M. Sirros: Je suis heureux de constater qu'on partage les
mêmes objectifs.
M. Perron: Parfait, M. le Président. J'aime ça
comme ça. Page 4, 5000 $, développement communautaire, Conseil
des Mohawks d'Akwe-sasne, étude de faisabilité pour
réaliser un centre de formation de la main-d'oeuvre. Est-ce que le
centre est réalisé, et est-ce que le ministre pourrait
déposer cette étude de faisabilité?
M. Sirros: Le centre n'est pas encore réalisé. Si
ma mémoire est bonne, c'est une infrastructure qui est prévue par
une entente qu'on a signée avec les Mohawks d'Akwesasne, au mois de
novembre 1991, où le Québec participe avec le gouvernement de
l'Ontario et le gouvernement du Canada pour un montant global, je pense, de 25
000 000 $ pour la mise sur pied des infrastructures communautaires qui font
gravement défaut dans la communauté. Ce centre-là n'est
pas encore construit. Aussitôt, encore une fois, que j'aurai le rapport
du Conseil de bande, je pourrai le fournir au député.
M. Perron: Donc, ça fait partie, effectivement, de
l'entente dont le ministre m'a fourni copie au cours des oernières
semaines.
M. Sirros: C'est ça.
M. Perron: C'est un des volets.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Plus loin, en bas de la page. Conseil des Montagnais
de Mashteuiatsh, étude d'interprétation pour le musée, en
lien avec «Les pôles de la vie». C'est fait par qui,
l'étude, et est-ce que cette étude est terminée?
M. Sirros: Oui, je pense que c'est terminé. Le
musée opère. On me dit que c'était pour soumettre un
projet additionnel à la conférence socio-économique qui a
eu lieu il y a quelques mois à Roberval.
M. Perron: Est-ce que le montant de 10 000 $ a été
octroyé lors de la dernière conférence ou avant la
dernière conférence?
M. Sirros: Avant.
M. Perron: Donc, il y a un montant additionnel qui est
demandé, depuis la dernière conférence, pour finaliser le
dossier?
M. Sirros: Allez-y, M. Mathieu.
M. Mathieu: C'est que le montant de 10 000 $, c'était pour
compléter un dossier qui devait être présenté
à la conférence socio-économique. Alors, à la
conférence socio-économique, ils ont présenté un
projet, entre autres, pour l'agrandissement du musée, et ils ont
reçu un montant d'argent pour l'agrandissement du musée, à
la conférence socio-économique.
M. Perron: En plus des 10 000 $? M. Mathieu: Oui.
M. Perron: Le montant qui a été reçu,
à ce moment-là, à la conférence, c'était
combien? Qui a été autorisé, pas nécessairement
déboursé, parce qu'on sait que les conférences, des fois,
ça traîne en longueur.
M. Mathieu: Je ne me souviens pas du montant exact. Je sais que
c'est plusieurs milliers de dollars qu'ils ont reçus lors de la
conférence socio-économique du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Maintenant, ce montant de 10 000 $ là, comme je vous l'ai dit,
c'était avant.
M. Perron: Pour préparer le dossier.
M. Mathieu: Oui.
M. Perron: Page 5, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Je pose une question sur la
page 4, M. le ministre.
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Moi, je voudrais savoir ce
qu'est le financement de la table spéciale de revendications
territoriales des Monta-gnais de Schefferville. Le dernier
élément, page 4.
M. Sirros: Ah oui! Vous vous rappellerez que l'année
passée, au mois de septembre 1991, il y avait un certain problème
qui s'était développé avec les activités des
pourvoiries dans la région de Schefferville, qui affectait les
activités traditionnelles des Montagnais de Schefferville, le Conseil de
bande de Schefferville. On a dû intervenir à ce moment-là
pour désamorcer, en quelque sorte, une situation qui prenait des allures
difficiles. Et on a mis sur pied... On a pu, avec... Je me suis rendu
moi-même à Schefferville, ainsi que des employés du
Secrétariat, pour rencontrer la population et le Conseil de bande, ainsi
que des représentants de Terre-Neuve qui sont arrivés
également, parce que ça concernait aussi le territoire du
Labrador. Et, en ce qui concerne la partie touchant le Québec, on a mis
sur pied une table spéciale de négociation rattachée
à la table générale du CAM, le Conseil des Atikamekw et
des Montagnais, pour examiner le problème qui avait été
soulevé par les Montagnais de Schefferville, qui concernait une
revendication quant à l'application de la Convention de la Baie James,
entre autres.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Perron: Alors, il faut comprendre, M. le Président, que
dans ce dossier se rapportant aux Montagnais du territoire Matimekosh de
Schefferville, effectivement les Montagnais de Schefferville n'ont jamais
été d'accord avec l'entente du Nord-Est québécois
concernant les Naskapis qui demeurent à une douzaine de
kilomètres de Schefferville, à Kawawachikamach. Alors, à
ce moment-là, je comprends que les Montagnais voulaient de l'aide pour
essayer de régler la question territoriale - au moins en partie - se
rapportant à la chasse et à la pêche, si j'ai bien compris.
Est-ce qu'il y a une entente de signée avec les Montagnais de
Schefferville, de Matimekosh, là-dessus?
M. Sirros: Pas encore en termes d'une signature d'entente, mais,
pour ce qui est de toute la problématique reliée au territoire du
Québec, nous avons pu arriver à une entente.
M. Perron: Particulière?
M. Sirros: Oui. Il reste une question de prise en charge par les
autochtones d'une pourvoirie qui opérait dans la région et que
les Montagnais prendraient à leur compte si le gouvernement
fédéral et le propriétaire de la pourvoirie peuvent
s'entendre sur le prix de location. À toutes fins utiles, nous avons pu,
par l'intervention qu'on a faite au mois de septembre, régler le
problème qui se présentait à ce moment-là, tout au
moins quant à la partie québécoise. Il y a des discussions
qui continuent entre Terre-Neuve et les Montagnais de Schefferville.
M. Perron: Bon. Est-ce que le ministre pourrait nous informer,
à savoir de quelle pourvoirie il s'agit dans le
Nouveau-Québec?
M. Sirros: II s'agit de la pourvoirie Langis Tremblay.
M. Perron: D'accord. Ça va pour ça, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Est-ce qu'on passe
à la page 5?
M. Perron: Page 5, 10 000 $ concernant le Conseil régional
des jeunes Cris du Québec, Première conférence
internationale des jeunes aborigènes. Est-ce que le ministre pourrait
nous informer, à savoir où s'est tenue cette conférence,
quand s'est tenue cette conférence, quels sont les coût globaux
alloués pour cette conférence et est-ce qu'il y a eu un
procès-verbal de cette conférence, si elle a eu lieu? (11 h
10)
M. Sirros: La conférence aura lieu cet été,
sur les plaines d'Abraham, ici, à Québec même. C'est une
conférence qui accueillera des jeunes aborigènes de tout le
monde, en provenance de partout, d'aussi loin que l'Australie,
l'Amérique du Sud, le Mexique, les États-Unis, le reste du
Canada, la Finlande, en tout cas, un peu partout.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, les 10 000 $
étaient versés à titre...
M. Sirros: De l'aide à l'organisation et la...
M. Perron: ...de préparation en vue de la
conférence.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Merci. Au bas de la page 5, Institut de formation
autochtone, formation des agents d'intervention dans le milieu pour combattre
la violence. Est-ce que le ministre pourrait nous donner des informations
générales se rapportant à cet Institut?
M. Sirros: L'Institut organise des séances de formation
sur divers sujets qui intéressent les autochtones, par exemple, l'une
des activités qu'il entreprend, c'est de former des agents
d'intervention en milieu pour la lutte contre la toxicomanie. Il travaille en
relation avec les centres de services sociaux, mais qui sont dans les
communautés. Les agents subissent un entraînement de 10 semaines -
j'ai assisté récemment à la graduation d'une de ces
classes-là - plus que ça, de quelques mois, de façon
intensive, sur les lieux. L'Institut entreprend de la même façon
d'autres activités pour la formation d'intervenants dans divers milieux
qui touchent les aspects sociaux qui peuvent concerner les autochtones.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que je peux poser une
question sur...
M. Sirros: Et, dans ce cas-ci, on a subventionné la
formation des agents qui interviennent dans le milieu, c'est-à-dire dans
les communautés, pour combattre la violence.
Le Président (M. Gautrin): Sur l'Institut, j'aurais une
question à vous poser: II est situé où? Administré
par qui? Géré par qui? Ses programmes sont ratifiés par
qui?
M. Sirros: C'est un institut privé, géré par
des autochtones, dirigé par les autochtones qui sont installés au
Village-des-Hurons, mais qui n'appartient pas à la communauté
huronne. C'est un Institut privé, autochtone, qui oeuvre dans le milieu
de la formation en milieu autochtone.
Le Président (M. Gautrin): Et qui donne une diplomation
ou...
M. Sirros: Qui donne...
Le Président (M. Gautrin): Une diplomation.
M. Sirros: Dans certains cas, oui. Par exemple, dans le cas dont
je parlais tout à l'heure, concernant la lutte à la toxicomanie,
c'est reconnu par certaines maisons de désintoxication comme un
diplôme qui est valable. Ce n'est pas un diplôme collégial
ou universitaire.
Le Président (M. Gautrin): Ma question, c'était: Y
a-t-il un lien entre cet Institut et le ministère de l'Éducation
et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science?
M. Sirros: On me dit qu'il y a des négociations en cours
à ce sujet au niveau de la reconnaissance par le ministère de
l'Éducation de cet institut.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Perron: Toujours en rapport avec l'Institut, M. le
Président, en réponse à la question 8 que j'avais
posée, dans un premier document qui nous est parvenu, il y avait un
montant de 16 000 $ à l'Institut de formation autochtone du
Québec, donc c'est le même Institut...
M. Sirros: Oui.
M. Perron: ...pour fournir les services de quatre animateurs
bilingues, de préférence autochtones.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Et on ne retrouve pas ce montant de 16 000 $ à
l'intérieur du dernier document...
M. Sirros: Oui.
M. Perron: ...qui nous a été
transféré...
M. Sirros: Ça, c'était pour le colloque, hein?
M. Perron: ...le 24 mars, je crois.
M. Sirros: J'ai l'impression que c'est parce que les 16 000 $ qui
sont rattachés au coût des animateurs sont des coûts
rattachés à l'élaboration de la politique; ils ne sont pas
une subvention à l'Institut pour ses activités, mais plutôt
un contrat que nous avons donné à l'Institut pour nos
activités.
M. Perron: Ah! Ça fait partie des contrats de 25 000 $ et
moins.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: O.K. Donc, on retrouverait ça à
l'intérieur...
M. Sirros: Dans l'autre partie. Et c'étaient des gens qui
ont animé des ateliers lors de la tenue des colloques
régionaux.
M. Perron: D'accord. Et c'est la raison pour laquelle on parle
d'Intervention autochtone, donc, si possible bilingue, mais autochtone.
M. Sirros: C'est ça. Exact.
M. Perron: Page 6. 105 000 $, soutien au Regroupement des centres
d'amitié autochtone du Québec, pour le fonctionnement. Si je
comprends bien, d'ailleurs, ça existait dans les années
antérieures, et c'est un montant qui est récurrent, qui s'adresse
au Regroupement. Est-ce que, au niveau du Regroupement des centres
d'amitié autochtone du Québec, il y a un montant additionnel qui
aurait été versé, soit par contrat ou autre, en rapport
avec le fonctionnement?
M. Sirros: D'autres ministères, mais pas de chez nous. Ils
reçoivent, par exemple, de l'argent du ministère de la
Santé pour des activités se rattachant aux activités du
ministère de la Santé; il y a possiblement d'autres
ministères qui les subventionnent aussi. Pour ce qui est de notre
participation, c'est au Regroupement, pour financer le fonctionnement du
Regroupement, et qui est, comme vous l'avez souligné, un montant
récurrent depuis un bon nombre d'années.
M. Perron: Bon! O.K. Est-ce que le ministre pourrait,
éventuellement, par écrit, nous informer, à savoir quel
est le montant global du budget de fonctionnement du Regroupement des centres
d'amitié autochtone du Québec, en incluant non seulement sa
participation de 105 000 $ mais la participation des autres ministères?
Dans la mesure du possible; je sais que c'est assez complexe, là.
M. Sirros: Dans la mesure du possible... Il faudrait qu'on
s'adresse au Regroupement des centres d'amitié autochtone pour savoir
les autres sources de financement qu'ils ont, avoir leur budget
d'opération global, ce qu'on peut fort bien avoir chez nous par les
états financiers. Donc, on pourra vous fournir les états
financiers du Regroupement, qui indiqueraient là les sources de
revenus.
M. Perron: Est-ce qu'il est de rigueur au Secrétariat aux
affaires autochtones, lorsqu'on fait une demande de fonds pour fonctionnement
d'un organisme, que le SAA regarde l'ensemble des opérations avant
d'autoriser une telle subvention?
M. Sirros: Effectivement.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, comme vous versez un
montant d'argent, vous allez voir quelles sont les autres formes de financement
qui peuvent être allouées à l'organisme par d'autres
ministères ou encore le gouvernement fédéral?
M. Sirros: Exact. C'est pour ça que je vous dis qu'on
aura, chez nous, donc, les états financiers du Regroupement qui
indiquent les différentes sources. On pourra vous les fournir.
M. Perron: Merci, M. le Président. À la page 7,
4000 $ à la Société de développement
économique de Uashat et Maliotenam pour la réalisation d'un plan
de développement touristique. Est-ce que le ministre pourrait nous
informer, à savoir de quel plan il s'agit? Est-ce que, dans le suivi du
Secrétariat aux affaires autochtones, on a des informations
récentes sur la réalisation d'un tel plan? Ça concerne
quel endroit? Est-ce que ça concerne Uashat, Maliotenam, ou les
deux?
M. Sirros: Ça concerne les deux. M. Perron: Les
deux.
M. Sirros: Oui. Allez-y, ça va faciliter les choses.
M. Mathieu: Voici, à la demande du ministre, M. Sirros,
nous avons créé un comité avec le Conseil de bande des
Montagnais de Uashat et Maliotenam et on a passé en revue plusieurs
dossiers récemment. On n'a pas touché encore à la question
du développement touristique mais, dans le passé, on avait
examiné la question du terrain de camping, à Uashat même.
Je sais que leur Société de développement voulait
intensifier ou accroître le nombre de projets en ce qui concerne le
développement touristique. Ils nous ont demandé ce
montant-là - c'était pour une étude - mais on n'a pas eu
le rapport de cette étude au moment où on se parle.
M. Perron: Est-ce que c'est sous la juridiction du Conseil de
bande aussi, ou si c'est seulement la Société montagnaise?
M. Mathieu: La Société fonctionne intimement avec
le Conseil de bande. Maintenant, je sais qu'il y a eu des changements depuis
l'automne dernier par rapport à la direction de cette
société.
M. Perron: Le départ de Gérard Michel? M.
Mathieu: Exact.
M. Perron: Ce n'est pas une mauvaise chose en soi.
M. Sirros: Nous, on n'a pas de commentaires à formuler sur
ça.
M. Perron: Non, non. Je sais que le ministre n'en fera pas...
M. Sirros: On vous laisse porter vos jugements.
M. Perron: ...mais, moi, je peux en faire
parce qu'il y a d'autres Montagnais qui en ont fait aussi, et qui
étaient très d'accord.
M. Sirros: D'accord.
M. Perron: En grande majorité, d'ailleurs. Une autre
question. Dans le cadre du budget global s'adressant au développement
communautaire, au développement socio-culturel, au développement
économique et au soutien, quel était le budget alloué au
cours de l'exercice financier 1991-1992? Est-ce que c'est exact que
c'était 966 000 $?
M. Sirros: Je pense que c'est indiqué au début,
là. Vous l'avez à la première page. Dépenses de
transfert, 939 000 $; tout combiné, là, mais divisé:
développement communautaire, développement économique,
développement socioculturel et soutien. Vous avez une ventilation. (11 h
20)
M. Perron: Vous aviez un budget, à ce moment-là...
Disons, dans les crédits qu'on vient de traverser, dans le budget qu'on
vient de traverser, 1991-1992, il y avait un montant pour dépenses de
transfert de 966 000 $.
M. Sirros: De?
M. Perron: 966 000 $.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Vous avez dépensé au total, à
même...
M. Sirros: II y a eu un gel de crédits, effectivement,
à un moment donné, puis ça explique la différence
de 27 000 $.
M. Perron: Parce que la dépense globale pour les quatre
programmes dont je viens de parler, c'est de 924 465 $, donc il y aurait eu une
coupure de l'ordre de 41 535 $. Ça fait partie des
périmés, ça?
M. Sirros: 27 000 $. L'administration. M. Lessard.
M. Lessard: Oui. Jean-Marc Lessard. Voici. C'est parce que la
liste des subventions a été faite le 24 mars 1992. Alors, II y a
des dépenses qui sont venues après. Dans les subventions, au 31
mars, je pense qu'il reste à peu près 40 $.
M. Perron: Combien? M. Lessard: 40 $. M. Perron: De
plus.
M. Lessard: Non, non. 40 $ qu'on n'a pas
dépensés.
M. Perron: Par rapport aux 966 000 $ ou aux...
M. Lessard: Aux 939 000 $. M. Perron: Ah! O. K.
M. Lessard: O. K. C'est parce qu'il y a des dépenses qui
sont arrivées par la suite. Il y a des subventions qui ont
été données par la suite.
M. Perron: D'accord. Donc...
M. Lessard: On peut vous fournir la liste à jour, si vous
voulez.
M. Perron: Si on regarde le périmé dans ces
programmes-là, on doit se référer aux 966 000 $ par
rapport aux 939 000 $ et non pas par rapport aux 924 000 $, parce qu'il y a des
dépenses additionnelles qui ont été faites par la suite,
pour le 31 mars.
M. Lessard: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): J'aurais une question à
poser sur la page 7.
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Sur la page 7, M. le ministre.
Sur le dossier 1710 11 02...
M. Sirros: Lequel?
Le Président (M. Gautrin):... c'est la seule subvention
que vous donnez à un individu et non pas à un groupe. Marc
Siméon.
M. Sirros: Ah! «Siméon Marc, conception et
réalisation d'une oeuvre d'art autochtone. »
Le Président (M. Gautrin): C'est-à-dire que, en
général, tout ce que vous avez donné comme subventions,
c'est des subventions données à des groupes ou à des
conseils de bande. Là, je trouve que vous avez une subvention pour un
artiste. J'imagine qu'il y a plus qu'un artiste chez les autochtones. Pourquoi
cet artiste-là plutôt que les autres? Et pourquoi cette subvention
Individuelle, alors que toutes vos autres subventions sont essentiellement des
subventions à des groupes?
M. Sirros: On m'explique que c'est une subvention comme les
autres à un artiste qui exposera des oeuvres à Québec,
ici. Ce n'est pas un contrat pour la production de quelque chose, donc on ne
peut pas le retrouver dans les contrats alloués.
Le Président (M. Gautrin): Donc, ce n'est
pas pour la «conception et la réalisation», mais
c'est pour l'exposition de l'oeuvre. C'est ça?
M. Sirros: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): II y a une espèce
d'erreur dans ce que vous avez écrit.
M. Sirros: La conception et la réalisation d'une oeuvre
d'art autochtone qui sera exposée... chez nous, je pense bien.
Une voix: À la fin, elle va être exposée chez
nous, mais, là, elle est à la Maison des Jésuites. Puis
elle est allée à la maison...
M. Sirros: C'est une oeuvre d'art qui a été
conçue et réalisée avec notre aide, d'une part, des
Affaires culturelles, d'autre part, qui véhicule - Je n'ai pas vu
l'oeuvre - un aspect culturel autochtone et qu'on a, à un moment
donné, subventionnée pour 1000 $, et qui sera exposée
à Québec et également au Secrétariat aux affaires
autochtones. Actuellement, c'est exposé, on me dit, à la Maison
des Jésuites, Ici, à Québec.
Le Président (M. Gautrin): Le montant est mineur, mais
ça me semble bizarre que vous fassiez ça à l'aide de ce
programme-là. C'est ça qui me semble un peu bizarre.
M. Sirros: Oui, effectivement.
Le Président (M. Gautrin): Mais le montant est quand
même tellement mineur que ce n'est peut-être pas l'heure
d'être obligé d'en discuter plus longtemps. M. le
député de Duplessis.
Contrats de moins de 25 000 $
M. Perron: Oui, M. le Président. Maintenant, je voudrais
passer à la question 6 que nous avions posée dans les questions
générales, Liste des contrats de moins de 25 000 $, Centre de
recherche en sciences humaines, un montant de 22 500 $ alloué pour
élaborer une problématique générale de
réflexion sur les relations entre le Québec et les nations
autochtones. Est-ce que l'élaboration de cette problématique
générale est terminée?
M. Sirros: Oui, oui. Effectivement, tous les montants que vous
avez rattachés au Centre de recherche en sciences humaines sont des
montants qui ont été dépensés en fonction de
l'élaboration de la politique.
M. Perron: Le contrat?
M. Sirros: C'est un contrat. On a travaillé avec cette
firme-là, composée de personnes assez spécialisées
dans le milieu autochtone, pour cerner toute la question de la
problématique au niveau du dossier autochtone. Une grande partie a servi
à mettre sur la place publique toute la documentation rattachée
au débat concernant la question autochtone, donc à
élaborer une problématique générale de
réflexion sur les relations entre le Québec et les nations
autochtones. C'est eux autres qui ont travaillé avec nous pour
l'élaboration du document intitulé «Pour un débat
public» que vous avez, je pense bien.
M. Perron: Oui, je l'ai.
M. Sirros: Et les autres documents qui ont servi aux
différentes étapes ont aussi contribué à
ça.
M. Perron: maintenant, est-ce que ce contrat est un contrat qui a
été alloué sur demande? ce que je veux dire, c'est: est-ce
que vous êtes allé en soumission sur demande
là-dessus...
M. Sirros: Je pense que...
M. Perron: ...ou si c'est seulement une firme que vous avez
contactée puis... Ça n'a pas été en soumission
publique?
M. Sirros: Vous voulez dire si on est allé par Rosalie, et
tout ça, là?
M. Perron: Non. Ça n'a pas été en soumission
publique?
M. Sirros: Non.
M. Perron: Mais, par contre, c'était sur demande.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Est-ce que vous avez été auprès
de... Est-ce que c'est la seule institution où vous êtes
allé sur demande ou s'il y a d'autres Institutions?
M. Sirros: Non. C'est la seule.
M. Perron: Est-ce que c'est la seule qui existe, qui pourrait
élaborer...
M. Sirros: Ça, on ne pourrait pas être aussi
spécifique pour dire oui catégoriquement, mais c'est la seule
qu'on connaissait qui avait des compétences qu'on recherchait en
matière autochtone. C'est des gens, qui sont des universitaires, qui ont
mis sur pied une firme qui oeuvre dans le milieu autochtone depuis un bon
nombre d'années, qui font appel aussi à d'autres universitaires
s'ils n'ont pas les expertises requises. On a surtout travaillé avec
trois personnes de cette firme-là, qui, effectivement,
ont répondu exactement à ce qu'on recherchait et on a
été très heureux de pouvoir avoir leurs services.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous dire où
est ce Centre de recherche en sciences humaines? Est-ce qu'il est à
Québec, à Montréal?
M. Sirros: Non. C'est à Montréal.
M. Perron: Montréal. Toujours dans le cas du Centre de
recherche en sciences humaines, il y a un autre item où on mentionne
9600 $ pour procéder à une analyse des résultats du
sondage CROP sur les autochtones, dont, d'ailleurs, le ministre m'a fourni une
copie des questions et des réponses. Est-ce que le ministre a l'analyse
des résultats de ce sondage CROP sur les autochtones?
M. Sirros: Effectivement, je pense que le député
l'a aussi.
M. Perron: O. K. Ça, c'est dans la...
M. Sirros: C'est l'ensemble des documents qu'on a transmis.
Ça, c'est les opinions et attitudes des Québécois à
l'endroit des autochtones, sondage auprès des Québécois,
le sondage, l'analyse du sondage, les commentaires, etc. Ça a
été cette firme-là qui a travaillé à cette
analyse-là. Ça vous a été transmis, je pense bien,
au début de l'automne 1991.
M. Perron: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): À tous les membres de la
commission ou...
M. Sirros: À l'ensemble des députés, je
pense. Lisez vos documents.
Le Président (M. Gautrin): En général, je
lis beaucoup de choses.
M. Sirros: Surtout en provenance du Secrétariat aux
affaires autochtones.
Le Président (M. Gautrin): Alors, est-ce que, M. le
ministre, vous pourriez m'en renvoyer une autre copie, si je l'ai perdue?
M. Sirros: Ça me fera plaisir.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Ça
m'Intéresserait de le lire.
M. Sirros: Je vous suggère fortement, d'ailleurs, de lire
ou de relire le document «Pour un débat public». Je pense
que vous avez là, très bien cerné... On a travaillé
longuement sur ça, mais on a très bien cerné la
problématique concernant les relations entre les autochtones et les
non-autochtones au niveau des enjeux...
Le Président (M. Gautrin): Si vous pouviez m'en faire
parvenir aussi une copie, je ferai mon travail de lecture.
M. Perron: C'est déjà fait, M. le Président.
Madame s'en vient avec les copies.
Le Président (M. Gautrin): Ahl vous êtes adorable,
madame.
M. Sirros:... et également le chemin parcouru. Vous avez
l'ensemble des documents.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Perron: C'est ce qu'on appelle la bonne
coopération.
M. Sirros: Exact.
Le Président (M. Gautrin): C'est formidable!
M. Perron: Le ministre est vite sur ses patins ce matin.
Le Président (M. Gautrin): Oui. Comme toujours.
M. Sirros: À tous les matins.
Le Président (M. Gautrin): Comme toujours.
M. Perron: Concernant... Oui, il peut être un bon ministre,
mais je ne suis pas sûr que son gouvernement l'écoute tout le
temps.
Le Président (M. Gautrin): Ahl
M. Perron: C'est lui qui a commencé, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Alors, mettons un point
à ce débat, et continuons.
M. Sirros: Mettons une croix sur ça, et continuons.
Le Président (M. Gautrin): Et continuons à marcher
bien. Est-ce que vous avez fini avec la page 1?
M. Perron: Oui. Ni non, oui mais, si oui.
Le Président (M. Gautrin): On va passer à ta page
2, maintenant.
M. Perron: Connaissez-vous la définition de votre
gouvernement par rapport aux autochtones? Ni non, oui mais, si oui.
Le Président (M. Gautrin): Bon Je remercie pour... Je
voudrais que, d'abord, les gens s'adressent à la présidence, et
le député de Duplessis a la parole pour continuer ses questions.
(11 h 30)
M. Perron: M. le Président, les 16 000 $ dont je pariais
tout à l'heure, on vient de les retrouver. Comme le ministre l'avait
mentionné tout à l'heure, l'Institut de formation autochtone du
Québec fournit les services de quatre animateurs bilingues, de
préférence autochtones. Est-ce que ces quatre animateurs
étaient autochtones?
M. Sirros: Oui.
M. Perron: II s'agissait de qui?
M. Sirros: Je peux vous fournir les noms, mais il s'agissait
de...
M. Perron: En fait, c'est des traducteurs aussi, hein?
M. Sirros: Ce n'était pas nécessairement, je pense,
les... C'étaient les quatre mêmes, hein? Ils sont listés
dans les documents?
Une voix: Oui.
M. Sirros: Dans le document des colloques?
Une voix: Oui.
M. Sirros: Ils sont identifiés dans le document que vous
avez sur les actes des colloques. Donc, je pourrais vous les retrouver. Vous
avez la liste des participants à la toute fin du document, de tous les
participants aux différents colloques, et je pense qu'ils sont
là-dedans. Il faudrait que je...
M. Perron: La réponse pourrait venir
ultérieurement.
M. Sirros: Oui? O.K.
M. Perron: Je présume que cette question-là,
c'était bilingue...
An. oirros: Autochtone...
M. Perron: ...langue autochtone, français, anglais...
M. Sirros: Exact.
M. Perron: ...dépendamment du sujet et des personnes qui
étaient présentes à ce moment-là.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Ça va pour les contrats de 25 000 $ et moins,
M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, c'est bien.
Dépenses des gouvernements
québécois et fédéral
M. Perron: À la question 8 que nous avions posée,
qui était la suivante: Pour l'exercice financier 1991-1992, la
ventilation des sommes versées en application d'une loi, d'un programme,
d'un décret, d'un contrat ou versées de façon
discrétionnaire à des communautés autochtones et inuit ou
à des membres de celles-ci, la réponse qu'on nous a
donnée, c'est: Voir documents en annexe, pour l'année
budgétaire 1990-1991. Et, de mémoire, M. le Président, la
liste qui a été fournie par le Secrétariat est presque une
première. Je ne dirais pas une première, mais presque une
première, parce que, de mémoire, c'est la première fois
qu'on retrouve ce type de document, à l'intérieur d'une
commission parlementaire, où on a donné les montants globaux et
où, en plus du Secrétariat aux affaires autochtones, on a des
implications des autres ministères du gouvernement du Québec.
À ce sujet, j'aurais plusieurs questions à poser, toujours avec
le document fourni, se rapportant au Québec seulement, et j'en aurais
d'autres concernant le fédéral par la suite.
M. le Président, les données qui ont été
colligées concernent les sommes consenties par le gouvernement du
Québec dans le cadre de programmes réguliers ou spéciaux
d'aide, de subvention ou de transfert a des organisations autochtones ou non
autochtones. Il y a une attention spéciale qui a été
apportée aux dépenses d'immobilisation autorisées par le
Québec qui ont été inscrites même si elles ont
été financées à long terme par emprunt ou
émission d'obligations. Ça, on se comprend là-dessus.
M. Sirros: M. le Président, juste pour ma
compréhension. Le député ne se réfère pas
à l'item 8, hein? Il se réfère au document que collige le
Secrétariat quant à l'ensemble des dépenses, parce que
vous avez référé à l'item 8...
M. Perron: Ah! C'est parce qu'il y avait deux volets à la
question 8.
M. Sirros: O.K. Non, je veux juste souligner que ce que vous avez
à la question 8, quand on dit: Voir documents en annexe...
M. Perron: Oui.
M. Sirros: ...et vous avez la ventilation des sommes
versées en application d'un contrat ou versées de façon
discrétionnaire à des communautés autochtones et inuit ou
à des membres de celles-ci... Est-ce que c'est de ça dont on
parie ou est-ce que vous...
M. Perron: Non. De toute façon, la question
n'a pas tellement d'importance, parce qu'il y avait la question 5 aussi
qu'on avait posée dans des dossiers particuliers. Je pense que c'est
surtout de là que provient cette liste-là. La liste est
intitulée: Liste des déboursés, aides et dépenses
autochtones pour l'année 1990-1991, qui a été produite par
le SAA à partir d'informations obtenues des autres ministères.
C'est à cette liste-là que je fais référence.
M. Sirros: D'accord. O.K. Parce que vous m'avez
envoyé...
M. Perron: Alors, les sommes versées directement aux
individus dans le cadre de programmes d'application universelle, comme aide
sociale, allocations familiales, aide juridique, revenu minimum, ou
payées par des services offerts dans des programmes de même
nature, assurance-maladie, services sociaux, services pénaux, n'ont pas
été comptées. De même, les dépenses
effectuées pour le compte et le profit des autochtones,
comptabilisées dans les programmes ou éléments
budgétaires non spécifiques à ces populations, n'ont pas
été retenues si leur évaluation nécessitait une
recherche élaborée ou une répartition entre les diverses
clientèles desservies. Ce qui est intéressant, c'est de voir que
les montants ont été listés par nation et par
communauté bénéficiaire. La compilation des
dépenses a été sûrement extrêmement difficile,
puis elle provient d'informations tirées des documents produits pour
autoriser un paiement ou une dépense ou même en assurer une saine
gestion du budget alloué.
M. le Président, lorsqu'on regarde la ventilation des
dépenses de l'ensemble des ministères du gouvernement du
Québec, incluant le SAA, on se rend compte que ces dépenses sont
de l'ordre de 389 632 454 $ pour l'année financière 1990-1991.
Quand on regarde le montant que je viens de mentionner, est-ce que c'est exact
que ces dépenses n'incluent pas l'aide sociale, les allocations
familiales, les coûts d'aide juridique, le revenu minimum,
l'assurance-maladie, les services sociaux, les services pénaux,
etc.?
M. Sirros: Ça ne contient pas ça. Mais, attention,
là, parce que les services sociaux...
M. Perron: Oui, c'est ça.
M. Sirros: ...ça le contient, les hôpitaux aussi,
les écoles. Ça peut ne pas contenir les montants d'aide
sociale...
M. Perron: Bien, c'est que, dans le document...
M. Sirros: À ma connaissance, ça ne contient pas
les programmes de transfert direct à des individus, mais ça
contient, dans la mesure qu'on peut s'assurer qu'on a l'information de
l'ensemble des ministères, les dépenses déboursées
par les différents ministères ou organismes du Québec
à des communautés autochtones. Par exemple...
M. Perron: Et non pas aux individus?
M. Sirros: Et non pas aux individus, c'est ça.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous informer,
à savoir: Quelles sont les dépenses gouvernementales qui seraient
allouées - je ne demande pas de me donner le nom des individus - mais
allouées de façon globale à tous les individus des nations
autochtones du Québec se rapportant, par exemple, à l'aide
sociale ou aux allocations familiales ou, encore, les dépenses
effectuées dans le cas de l'aide juridique?
M. Sirros: Je ne pense pas qu'on puisse l'avoir.
M. Perron: Vous n'avez pas le montant global pour l'ensemble de
ces aspects-là?
M. Sirros: Non, parce que le «breakdown» ne se fait
pas par nationalité ou par... Je ne pourrais pas vous dire, par exemple,
pour des concitoyens d'origine x, combien ça coûte pour payer
l'aide sociale à des gens de telle provenance ethnique. Donc, je ne
pourrais pas vous dire ce que ça coûte au niveau des
dépenses de transfert aux individus de telle ou telle nation autochtone
dans le programme d'aide sociale.
M. Perron: Est-ce que le gouvernement que vous représentez
n'aurait pas demandé des études sur ces questions précises
se rapportant aux coûts versés aux individus, par exemple, chez
les nations autochtones?
M. Sirros: On a demandé - vous vous référez
peut-être à ça - à chaque ministère de nous
fournir leur plan triennal quant aux dépenses dans chacune des
communautés autochtones ou vis-à-vis des autochtones, et qu'on
vient de recevoir tout récemment. On est en train d'examiner ça
dans l'ensemble. C'est des dépenses communautaires. Puis on n'a pas
demandé des dépenses à des individus. Ce serait,
effectivement, une demande difficilement justifiable sur le plan
légal.
M. Perron: M. le Président, là-dessus, je ne suis
pas d'accord nécessairement avec le ministre lorsqu'il dit que ce serait
difficilement justifiable sur le plan légal. On ne demande pas les noms
des personnes; on demande les montants alloués à l'ensemble de
ces personnes se rapportant à différentes activités
budgétaires du gouvernement, comme l'aide sociale, les allocations
familiales, etc. Il y a sûrement moyen, dans la
machine gouvernementale, avec tout ce qu'on connaît comme
technique, comme technologie, d'aller chercher ce que ça coûte de
façon... (11 h 40)
M. Sirros: Je pense que c'est facile à comprendre. C'est
des renseignements qui sont protégés, dans le sens que Je ne
pourrais pas vous dire combien, je ne sais pas, de personnes d'origine grecque
reçoivent l'aide sociale, parce qu'on ne comptabilise pas les
déboursés aux individus dans des programmes sociaux selon leur
provenance ethnique ou raciale. Donc, je ne pourrais pas vous dire combien de
Cris reçoivent I aide sociale, comme je ne pourrais pas vous dire
combien de Québécois de souche reçoivent l'aide sociale,
ou combien de Noirs, ou combien de Chinois, ou combien de X, Y ou Z.
M. Perron: Non, mais c'est parce que... Écoutez, il faut
bien se comprendre.
M. Sirros: Et quand je disais que c'était difficilement
justifiable...
M. Perron: Je n'ai pas demandé ça pour les Grecs,
non plus. Ce n'est pas ça que j'ai demandé. J'ai demandé
sur la question autochtone. Je n'ai pas demandé sur les Chinois et sur
les Grecs. Ce n'est pas ça.
M. Sirros: Oui, mais c'est le même principe.
M. Perron: Ce n'est pas ça qui est la question. Donc, vous
ne l'avez pas.
M. Sirros: Non, on ne l'a pas.
M. Perron: Selon l'information que vous nous donnez, ce n'est pas
disponible.
M. Sirros: À ce que je sache, ce n'est pas disponible.
M. Perron: Et vous n'en avez pas fait la demande, non plus.
M. Sirros: On me dit que M. Beauchemin a des informations
peut-être plus spécifiques.
M. Beauchemin: En tant qu'ex-responsable dans un ministère
de l'application de la loi sur les renseignements personnels, je veux
simplement vous rappeler qu'il n'est même pas permis par cette loi
votée par l'Assemblée nationale, pour quelque ministère
que ce soit lorsqu'il applique un programme, de même demander l'origine
ethnique d'une personne. Donc, l'information ne peut même pas être
colligée par un ministère, qui pourrait être, par exemple,
le ministère de la Sécurité du revenu. Raison de plus,
pour n'importe quel statisticien qui voudrait aller recueillir cette
information, la loi prescrit qu'il ne peut pas y avoir accès si elle
existe, et, en plus, la loi dit qu'on ne peut même pas la demander
à l'individu, qui pourrait s'y opposer en vertu de la Charte. Alors,
l'information dans les fichiers n'existe pas.
M. Perron: D'accord, M. le Président. Donc, ça me
permet de retirer les paroles que j'ai dites tout à l'heure par rapport
à ce que disait le ministre se rapportant à la question
légale, parce que M. Beauchemin vient de nous informer effectivement que
c'est une loi qui avait été votée, je pense, en 1977,
1978, se rapportant aux informations sur la personne.
Si je comprends bien, toujours sur le même sujet, dans le montant
global de 389 632 454 $, on mentionne, à un moment donné, le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle pour un montant de 452 529 $. Donc, ce
montant-là n'inclut probablement que ce qui va à la formation
professionnelle probablement.
M. Sirros: Probablement.
M. Perron: Ça exclut complètement laide sociale,
les allocations familiales, etc. O.K.
M. Sirros: Plus, on me dit, plus les employés du
ministère qui travaillent dans les villages.
M. Perron: D'accord. O.K. Donc, la masse salariale est incluse
à l'intérieur de ça se rapportant au ministère de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle.
M. Sirros: Exact.
M. Perron: Ça va pour cette question-là, M. le
Président.
Maintenant, se rapportant aux autres ministères - je parle de
cette question-là pour 1990-1991 - pour 1991-1992, à notre
demande, vous nous avez transmis des informations se rapportant au même
sujet, c'est-à-dire les dépenses globales de chacun des
ministères, et là on a reçu une liste, donc un
relevé sommaire pour un montant de 33 480 845 $. Juste une question
là-dessus: Est-ce que le ministre pourrait nous dire à quand le
relevé final se rapportant à la ventilation des dépenses
de chacun des ministères chez les nations autochtones?
M. Sirros: On m'informe que c'est juillet 1992.
M. Perron: juillet 1992. est-ce que le ministre peut prendre
l'engagement de nous en faire parvenir une copie aussitôt que ce sera
sorti?
M. Sirros: Certainement.
M. Perron: Est-ce qu'on s'attend à peu près au
même montant de dépenses qui ont été...
M. Sirros: Je ne peux pas vous...
M. Perron: L'ordre de grandeur est impossible à...
M. Sirros: On va le savoir quand on aura compilé.
M. Perron: Tant et aussi longtemps que vous n'aurez pas les
réponses des ministères.
M. le Président, dépenses du gouvernement
fédéral. On sait qu'Ottawa verse des montants d'argent aux
autochtones, mais on ne sait pas combien avec exactitude. Je comprends que cela
est très ardu à tenter de connaître puisque plusieurs
ministères sont impliqués et il semblerait même qu'aucune
compilation de ces dépenses ne soit faite au niveau du gouvernement
fédéral.
Aux Affaires indiennes et du Nord canadien, on retrouve le rapport
annuel qui indique des dépenses qu'il effectue durant l'année. Il
y a aussi le livre du budget des dépenses, la partie 3, qui peut
compléter notre analyse, car il comprend l'ensemble des dépenses
à l'échelle canadienne. Le ministère est
décentralisé en neuf régions. Le budget régional
pour le Québec ne comprend pas les dépenses concernant les
revendications territoriales, Akwesasne et l'autonomie gouvernementale. Les
programmes sont gérés à Ottawa même s'ils visent la
région du Québec. Je parle de région du Québec au
sens fédéral. En fait, les bureaux régionaux appliquent le
programme et dispensent les services. Est-ce que le ministre sait combien, au
total, le gouvernement fédéral dépense pour les
autochtones qui demeurent sur le territoire québécois et peut-il
nous dire combien a été dépensé pour l'année
1991-1992? Et s'il n'a pas ces chiffres spécifiques en main, est-ce
qu'il peut indiquer s'il va nous les fournir ou s'il y a une possibilité
qu'il nous les fournisse?
M. Sirros: À notre connaissance, le montant
dépensé par le fédéral au Québec, chez les
autochtones, est de 370 000 000 $. Une correction à ce qu'a dit le
député: actuellement, ces sommes sont gérées ici,
au Québec, et non pas à Ottawa. Au total, 370 000 000 $ sont
dépensés chez les autochtones. Comme vous l'avez dit, par
exemple, tout en mentionnant que... Je ne sais pas si les montants pour les
négociations sont inclus ou exclus. Mais, en tout cas, grosso modo, 370
000 000 $ par le fédéral.
M. Perron: Est-ce que vous avez la ventilation de ces 370 000 000
$?
M. Sirros: Le fédéral pourrait nous le donner. On
ne répond pas pour leurs crédits Ici, mais on pourrait voir
à obtenir les informations qu'il a. On a une excellente collaboration
avec le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, ici au
Québec.
M. Perron: Concernant les programmes qui sont gérés
à Ottawa même s'ils visent la région du Québec, les
informations que nous avons d'une personne en titre sont à l'effet que
ces programmes-là sont gérés à partir d'Ottawa et
autorisés à partir d'Ottawa quant aux montants.
M. Sirros: Peut-être votés à Ottawa, mais
administrés ici. Je ne voudrais pas entrer dans une polémique sur
les procédures et les pratiques des différents ministères
fédéraux.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, si le ministre peut
obtenir la ventilation de ces dépenses fédérales sur le
territoire du Québec, il va nous fournir la ventilation qu'il aura en
main à ce moment-là.
M. Sirros: Ça me fera plaisir d'agir en termes
d'interlocuteur entre le fédéral et l'Opposition officielle.
M. Perron: M. le Président, vous comprendrez que je pose
la question pour une raison bien simple. C'est que M. Maltais, la personne qui
est à votre gauche et à ma droite lorsque je regarde M. Maltais,
a déjà été député
fédéral et, de mémoire, il a déjà
été aussi secrétaire parlementaire aux affaires
autochtones avec une personne bien connue.
M. Sirros: II a essayé d'être député
de Duplessis.
M. Perron: comme il a des bons contacts à ottawa, non
seulement dus à ses allégeances politiques antérieures -
parce que là il n'est pas supposé en avoir, là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: Mais il n'en a plus.
M. Perron: On a des bons souvenirs ensemble, M. le
Président, quand même. En passant, M. le Président, on a eu
l'occasion, M. Maltais et mol, de faire une belle campagne électorale en
1985.
M. Sirros: Le député la qualifie de belle parce
qu'il est assis là.
M. Perron: C'est un bon souvenir pour moi, mais pas autant pour
lui. Mais on est toujours demeurés des amis quand même. Concernant
les dépenses fédérales, est-ce que le ministre
délégué aux Affaires autochtones a déjà fait
des deman-
des au fédéral se rapportant à ces dépenses
fédérales sur le territoire québécois en relation
avec les affaires autochtones?
M. Sirros: Pas directement, non. Pas de façon officielle.
Mais on collabore, comme je vous le disais tout à l'heure, sur plusieurs
dossiers et les informations s'échangent de façon
régulière. Mais il n'y a pas eu de demande formelle
spécifique quant aux sommes dépensées dans tel ou tel
programme par le fédéral au Québec. (11 h 50)
M. Perron: Donc, lorsque le fédéral décide
d'investir sur le territoire québécois en rapport avec les
affaires autochtones, II n'y a aucune négociation avec le gouvernement
du Québec se rapportant à ces dépenses. Il fait ça
de son propre chef, il peut agir même à l'encontre de certaines
autres décisions du Québec en rapport avec les autochtones. Il
peut faire ça de son propre chef, il peut dire: Dans ce cas-là,
j'investis et, dans l'autre cas, je n'investis pas. Ou, encore, il peut dire:
Même si vous autres, vous n'êtes pas d'accord, j'investis quand
même.
M. Sirros: Vous vous rappellerez que, selon la Constitution,
toute la question des affaires autochtones est complètement une
juridiction fédérale. Le fédéral dépense ces
sommes dans les réserves qui sont sous la responsabilité totale
du gouvernement fédéral. Les dépenses du gouvernement du
Québec, vous l'avez constaté, sont en grande partie, je pense que
c'est quelque chose comme 86 % dans les territoires conventionnés,
où le Québec a contracté des obligations avec les
autochtones et le gouvernement fédéral, et, au-delà de
ça, c'est des interventions du gouvernement du Québec qui vont
dans le sens d'entretenir des bonnes relations avec les communautés
autochtones qui vivent à l'intérieur du territoire
québécois. Mais, effectivement, le fédéral peut
prendre les décisions qu'il veut par rapport à une
responsabilité qui lui est totalement reconnue comme lui appartenant.
Comme nous, on ne lui demande pas comment on va dépenser telle ou telle
chose qui serait de notre juridiction totale, la même chose s'applique
quant aux dépenses du fédéral dans les
réserves.
M. Perron: M. le Président, je comprends très bien
que la question des autochtones du Québec et de l'ensemble pancanadien,
en vertu de la Constitution canadienne, relève effectivement du
gouvernement fédéral, mis à part les conventionnés,
en principe, où c'est devenu de la juridiction québécoise
lorsqu'on parle des Cris, des Inuit et des Naskapis. Par contre, il y a tout le
reste des nations autochtones qui ne sont pas touchées par des
conventions, mis à part quelques ententes qui peuvent exister avec
certains conseils de bande, certaines communautés autochtones et aussi
certaines nations autochtones.
Mais j'ai bien compris aussi que, lorsque le fédéral
dépense au Québec, il n'a pas à demander - il n'a pas
à demander, mais il ne le demande pas non plus, il pourrait le faire -
il n'a pas à demander l'opinion du Québec et il ne la demande
pas, non plus, l'opinion du Québec, dans ses dépenses. Ça,
j'ai bien compris ça. Parce qu'il n'est pas obligé de le faire,
il ne le demande pas.
M. Sirros: II faut se rappeler aussi du contexte dans lequel on
se trouve. Sans répondre directement à cette question-là,
je pense que les autochtones n'apprécient pas tellement, à
l'heure actuelle, d'être la juridiction de tel gouvernement ou de tel
autre gouvernement et c'est pour ça qu'ils sont engagés, en
grande partie, j'ai l'impression, dans le débat actuel au niveau de la
réforme constitutionnelle pour qu'ils assument eux-mêmes une plus
grande part de responsabilités quant à leurs activités qui
les concernent. Il ne faudrait pas qu'on se chicane entre les différents
gouvernements par rapport à la responsabilité non pas d'un
dossier, mais des gens qui veulent participer, avec les autres habitants du
pays, à restructurer les choses. Mais, pour répondre plus
directement, on a une excellente collaboration avec le fédéral en
matière autochtone. On discute souvent des programmes des uns et des
autres. On fait des représentations au fédéral comme eux
peuvent en faire chez nous par rapport à nos activités et nos
interventions, sans que ce soit formellement balisé dans un processus de
consultation formelle que le gouvernement fédéral fait
auprès de nous avant de dépenser des sommes.
M. Perron: M. le Président...
M. Sirros: Et c'est surtout les Indiens qu'il faut consulter.
M. Perron: m. le président, on n'élaborera pas
davantage là-dessus. je voudrais passer à la question de la
politique gouvernementale du parti libéral, du gouvernement
libéral, se rapportant à la question autochtone.
Le Président (M. Gautrin): ...terminerez le point B.
M. Perron: C'est ça, M. le Président.
Le Président (m.
gautrin): simplement pour
m'assurer: est-ce que, les députés gouvernementaux, vous avez des
questions sur les crédits alloués et périmés?
Une voix: ...au point C.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on peut bien passer au
point C maintenant, si je comprends bien: Dépenses...
M. Perron: Non, c'est fait, M. le Président. C'est le
point D.
Le Président (M. Gautrin): Ah! c'est déjà
fait. Le point D. Excusez-moi.
M. Perron: On vient de passer à travers le point...
Le Président (M. Gautrin): Le point C.
M. Perron: Le point C.
Le Président (M. Gautrin): Le point D.
Préparation d'une politique gouvernementale en
matière autochtone
M. Perron: Depuis 1985 que le dossier de revendications
autochtones traîne au sein du gouvernement libéral. Lors de
l'allocution du lieutenant-gouverneur en 1989, il faisait mention que le
gouvernement entendait accroître ses efforts de négociation avec
les nations autochtones afin de faciliter le développement
économique et social de leurs communautés et de poursuivre
l'harmonisation des relations avec chacune des nations concernées. Lors
du récent discours inaugural, nous avons eu droit au même
énoncé d'intention, soit la poursuite de l'harmonisation des
relations avec les différentes nations autochtones, ce qui, selon le
premier ministre, et je le cite, «demeure au coeur des
préoccupations de notre société». En octobre 1991,
le ministre délégué aux Affaires autochtones
lançait une vaste période de consultation. Cette consultation
doit précéder l'adoption d'une politique gouvernementale globale
en matière autochtone prévue pour décembre 1992. Question
au ministre: Actuellement, est-ce que le ministre pourrait nous dire où
en est l'élaboration de sa politique gouvernementale? Puisqu'on mai il
doit y avoir une rencontre de trois jours pour débattre des orientations
proposées, est-ce que cette réunion aura lieu?
M. Sirros: M. le Président, comme je le disais dans mon
discours d'ouverture, nous avons été amenés, à
cause de la conjoncture, surtout constitutionnelle, et de toute la question de
la reconnaissance du droit inhérent à l'autonomie
gouvernementale, à réviser notre échéancier et nous
avons repoussé la tenue de ce sommet, qui était prévu pour
le mois de mai, à plus tard, en attendant de voir et d'élaborer
la définition, l'application concrète de la question du droit
inhérent à l'autonomie gouvernementale. Donc, ce que je peux vous
dire, c'est que, pour l'instant, on continue l'étape qui est
l'élaboration des orientations gouvernementales qui étaient pour
être soumises au sommet au mois de mai. Mais ce sommet n'aura pas lieu au
mois de mai. Possiblement, il aura lieu à l'automne 1992, et le proces-
sus d'élaboration de la politique est donc décalé dans son
ensemble. Mais il continue. C'est un ajustement concernant la conjoncture.
M. Perron: m. le président, le ministre citait, en avril
1991, les paroles suivantes: «je désire susciter un large
débat public sur la situation des autochtones du québec, sur les
moyens d'améliorer leurs conditions socio-économiques et sur la
façon d'harmoniser leurs relations avec la société
québécoise.» est-ce que le ministre a actuellement
trouvé des moyens formels quant ï la façon d'harmoniser les
relations du gouvernement avec les autochtones et avec la société
québécoise, sinon la publicité qu'il a annoncée
tout à l'heure, un plan publicitaire qu'il a annoncé tout
à l'heure?
M. Sirros: Quand je parlais de la nécessité de
tenir un débat public, et je le crois toujours, tout ce qu'on a fait
dans le processus d'élaboration de la politique va dans ce
sens-là. C'est pour ça qu'on a pris la peine de bien cerner la
problématique et les enjeux qui concernent les autochtones et les
non-autochtones, qu'on a mis et rendu public l'ensemble du document en relation
avec les questions autochtones. C'est pour ça qu'on a tenu, à
travers quatre régions, des colloques qui ont regroupé tant les
autochtones que les non-autochtones qui vivent avec ou en relation avec, entre
autres, les uns avec les autres, pour justement susciter ce questionnement
très nécessaire quant au comment des relations harmonieuses.
Le but recherché par l'élaboration de la politique est,
justement, de mettre sur la place publique des propositions quant aux
modalités d'élaboration de ces relations harmonieuses. Centrale
à toute cette démarche est la notion de l'autonomie
gouvernementale. Sont venus s'ajouter à cette notion de l'autonomie
gouvernementale tout le débat constitutionnel et la reconnaissance par
divers gouvernements à travers le Canada, y inclus celui du
Québec, d'un droit inhérent des autochtones à l'autonomie
gouvernementale. C'est pour ça qu'on a pris un temps d'arrêt, en
décalant le processus d'élaboration de la politique, pour
continuer la réflexion et le débat autour de la question de ce
droit inhérent à l'autonomie gouvernementale. Qu'est-ce que
ça veut dire? Comment ça s'applique? À qui ça
s'applique? Comment c'est financé? Ce sont là des questions
extrêmement importantes. Ce sont des questions qui sont actuellement
discutées également à la table constitutionnelle. (12
heures)
Quand je disais, dans les paroles qu'a citées le
député, au mois d'avril passé, la nécessité
d'avoir ce débat, je pense bien que ce souhait que j'ai exprimé a
trouvé écho dans la population parce qu'on ne cesse, depuis
l'année passée, de discuter de la question autochtone; pas
toujours de la bonne façon, souvent l'attention est mise
sur des actions d'éclat et, souvent, le questionnement ne va pas
au-delà de l'immédiat rapporté dans les journaux. Mais
plus on avance dans les discussions, surtout sur la question constitutionnelle,
plus on constate qu'il faut vraiment aborder cette question de droit
inhérent à l'autonomie gouvernementale par le biais de ces quatre
questions que je mentionnais tout à l'heure, en profondeur, et, dans ce
sens-là, le débat est en train de se faire. Je ne peux que
souhaiter que l'ensemble des intervenants ainsi que les citoyennes et les
citoyens participent à ce débat et que ça permette
d'arriver à un règlement heureux de l'ensemble de la situation.
C'est certainement dans le sens que met de l'avant le gouvernement au niveau du
maintien du dialogue. Je ne veux pas insister trop, trop, mais c'est un peu
à rencontre de certaines autres parties qui voudraient voir le
débat laissé de côté pendant deux, trois ans.
M. Perron: M. le Président...
M. Sirros: Partis politiques, je veux dire.
M. Perron: ...puisque le ministre a mentionné que
l'élaboration de ces orientations sera maintenant remise à
beaucoup plus tard, c'est-à-dire quelque part en 1993, est-ce qu'il a
débuté à préparer ces orientations à
l'interne?
M. Sirros: Oui, c'est débuté. La réflexion
à l'interne, vous voulez dire, au niveau de l'appareil
gouvernemental?
M. Perron: Oui, l'élaboration des orientations. Est-ce que
cette orientation est déjà débutée...
M. Sirros: Oui.
M. Perron: ...à l'intérieur de son
ministère, du SAA, et avec d'autres ministères?
M. Sirros: Effectivement. Effectivement, nous avions mis sur
pied, dès le début du processus, un comité
interministériel...
M. Perron: O.K.
M. Sirros: ...qui regroupe des ministères qui sont le plus
concernés par la question autochtone. Nous avons tenu compte du
résultat des délibérations lors des quatre colloques
régionaux et ce questionnement est déjà amorcé au
sein du Secrétariat ainsi que des autres ministères. Quand je
parle d'un temps d'arrêt, c'est pour pouvoir intégrer dans cette
réflexion toute la question autour du droit inhérent à
l'autonomie gouvernementale qui, elle, se fait actuellement à la table
constitutionnelle.
M. Perron: M. le Président, puisque le ministre vient de
toucher le groupe de travail interministériel, est-ce que le ministre
pourrait nous donner le nom des personnes qui en font partie?
M. Sirros: Oui, je pourrais vous fournir ça. Des personnes
ou des ministères?
M. Perron: Les deux.
M. Sirros: Ou les deux? D'accord. C'est toujours mieux de
demander plus.
M. Perron: Oui, d'accord. Les deux parce qu'on risque d'avoir
juste une partie de la réponse. C'est ça que vous venez de dire,
qu'on risque d'avoir seulement une partie de la réponse?
M. Sirros: Non, non. Vous voulez les deux...
M. Perron: Oui, les deux.
M. Sirros: ...je fournirai les deux, sauf s'il s'agit des
employés des ministères qui, des fois, sont susceptibles de
changer. Ce ne sont pas des personnes qui sont attitrées; c'est des
représentants des ministères qui sont désignés par
les ministères. En grande majorité, ce sont les responsables dans
les ministères du dossier autochtone, ce qu'on appelle
communément les coordonnateurs qui sont affectés au dossier. Par
exemple, le ministère de la Sécurité publique envoie son
coordonnateur, le ministère de la Justice envoie son coordonnateur,
etc.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous informer,
à savoir s'il y a des autochtones qui font partie de ce comité
interministériel?
M. Sirros: À l'interne, chez nous, oui, mais au niveau du
comité comme tel, comme je le disais, il n'y a pas d'autochtone qui est
coordonnateur en matière autochtone pour tel ou tel
ministère.
M. Perron: Donc, il n'y a personne...
M. Sirros: II n'y a personne de l'externe. C'est un groupe
interministériel.
M. Perron: II n'y a aucune personne en provenance des milieux
autochtones qui fait partie du groupe de travail interministériel.
M. Sirros: C'est pour ça, entre autres, qu'on consulte sur
les orientations. Mais c'est un groupe de travail interne,
interministériel.
M. Perron: Combien y a-t-il de personnes actuellement au SAA qui
proviennent des milieux autochtones?
M. Sirros: Quatre.
M. Perron: De quelles nations?
M. Sirros: Deux Hurons, un Montagnais et...
Des voix: Trois Hurons.
M. Sirros: Trois Hurons et un Montagnais.
M. Perron: Trois Hurons?
M. Sirros: Et il y en a deux sur ces quatre-là qui font
des stages.
M. Perron: D'accord.
Dans un communiqué de presse, le ministre mentionnait que la
question territoriale, pour lui, serait abordée plutôt sous
l'angle de l'accès aux ressources. Est-ce que cette position ne risque
pas de mener les actuelles négociations dans une impasse puisqu'on sait
que, entre autres, le CAM refuse de faire des concessions sur les territoires
qu'il revendique?
M. Sirros: Ça dépend comment on interprète
les mots «accès aux ressources». Je pense que même les
négociateurs autochtones demandent l'accès aux ressources
plutôt que de l'argent en termes de compensation. Quand vous dites que le
CAM ne veut pas faire de compromis sur cette demande territoriale, ça me
surprend parce que je sais pertinemment bien que ce n'est pas les 500 000
kilomètres carrés qui ont fait l'objet du territoire traditionnel
occupé par les Montagnais qui font vraiment l'objet d'une revendication
territoriale au niveau d'un droit de propriété.
M. Perron: Mais, dans la très grande majorité des
questions territoriales, on sait que certaines nations autochtones ne demandent
pas d'accès aux ressources, mais demandent des territoires. On regarde
le cas, par exemple, du CAM dont on va parler plus loin. Le CAM demande le
territoire et non pas l'accès au territoire...
M. Sirros: On ne parie pas de l'accès au territoire, on
parle de l'accès aux ressources.
M. Perron: ...sur quelque chose qui représente à
peu près un tiers du Québec.
M. Sirros: Soyons prudents, parce que, quand on parle du tiers du
Québec, la façon dont il faut le voir, c'est que, quand il y a eu
une revendication globale mise de l'avant par le CAM, il fallait que le CAM,
selon la politique fédérale, prouve qu'ils ont traditionnellement
occupé le territoire revendiqué. Les Montagnais et les Attikameks
étant traditionnellement des nomades, à travers des
années, visitaient ou vivaient ou chassaient ou piégeaient sur un
vaste territoire qui allait de la Mauricie jusqu'à Blanc-Sablon.
Ça ne veut pas dire que c'est là le territoire que les Montagnais
veulent avoir en termes de propriété. Ça veut dire que
c'est là, traditionnellement, que les Montagnais vivaient, et les
Attikameks.
Maintenant, depuis ce temps-là, il y a eu nombre de changements,
entre autres, on ne parle plus de bandes de nomades. Il y a, depuis un bon
nombre d'années, un enracinement autour d'un territoire donné
avec, autour de ce territoire où les gens vivent, des lignes de trappe,
des endroits de chasse et de pêche, etc. Sauf que la politique
fédérale de revendication territoriale étant ce qu'elle
est, il fallait qu'ils prouvent qu'ils vivaient sur le territoire qu'ils
revendiquent. Donc, selon les recherches et selon l'histoire, et selon toutes
les preuves qu'ils ont pu mettre de l'avant, ils ont présenté une
carte qui délimitait un total de 700 000 kilomètres
carrés, y incluant une bonne partie du Labrador, comme le territoire
traditionnel, où il y avait une présence attikamek et
montagnaise.
Donc, il faut faire bien attention quand on parle de ces
choses-là, parce qu'il ne faudrait pas laisser vraiment l'impression...
Parce qu'à ma connaissance il n'y a pas un Montagnais, en tout cas
responsable, qui a dit qu'ils veulent ravoir 700 000 kilomètres
carrés en propriété privée exclusive.
M. Perron: Bon! Là-dessus...
M. Sirros: Et quand je parle d'accès aux ressources, moi,
je pense que la solution va se trouver dans la reconnaissance d'une certaine
partie du territoire qui pourrait être considérée comme
étant un territoire en propriété privée, entre
guillemets, dans le sens que ça peut leur appartenir exclusivement, et
ça ne peut pas être un territoire aussi vaste. Mais il faut
prévoir, à un moment donné, aussi un certain accès
aux ressources, peut-être dans le sens d'un partenariat vis-à-vis
de telle ou telle ressource où les gens pourraient avoir des moyens pour
assurer leur développement économique et, donc, se prendre en
charge et, donc, devenir plus autonomes et, donc, se départir de tout le
système colonial qui existe toujours par le biais du fait qu'il y a une
loi qui prend en charge, comme des pupilles de l'État, des
individus.
M. Perron: Alors, M. le Président, je suis heureux de voir
que le ministre a très bien étudié la page 29 du programme
du Parti québécois parce que, effectivement, les pages 29 et
suivantes, ça suit exactement l'élaboration d'une politique
autochtone...
M. Sirros: Je vous décevrai, mais je ne l'ai pas lu, votre
programme. (12 h 10)
M. Perron: Bien, disons que c'est nouveau,
l'interprétation que donne le ministre par rapport à
ça.
Maintenant, il y a une chose qu'a soulevée le ministre tout
à l'heure et, là-dessus, je lui donne raison. C'est que ce qui
ressort dans la population blanche du Québec...
M. Sirros: Non autochtone, vous voulez dire.
M. Perron: Dans la population du Québec, la population
autre qu'autochtone...
M. Sirros: O.K.
M. Perron: ...c'est le fait que les Indiens, les autochtones
réclament 85 % du territoire. Mais, quand on parle avec les
représentants autochtones, les représentantes autochtones, avec
des Individus chez les autochtones, que ce soit chez les Montagnais, les Hurons
ou autres, on se rend compte que ce n'est pas le territoire, mais qu'ils
parlent plutôt de la reconnaissance du fait qu'ils étaient
là antérieurement sur ces parties de territoire. J'admets qu'il y
a une complexité là et il y a de très mauvaises
informations qui ont été transmises à certains niveaux
pour, justement, faire croire ça à tout le monde, et ce n'est pas
la réalité. Lorsque, moi, par exemple, je parle avec des
Montagnais, j'ai l'occasion de le faire à plusieurs reprises parce que,
M. Maltais le sait très bien, dans le comté de Duplessis que je
représente à l'Assemblée nationale depuis 1976,
effectivement, il y a plusieurs communautés autochtones qui font partie
de la nation montagnaise dans différents endroits, et c'est surtout
concentré dans le comté de Duplessis plutôt qu'ailleurs...
Donc, il faut absolument qu'on clarifie cet aspect-là. Mais, là,
il faudrait peut-être que toutes les parties s'entendent pour dire de
quoi là-dessus, pour clarifier ce point-là. Parce que, là,
c'est rendu que ça crée des problèmes énormes dans
différents endroits du Québec comme, par exemple, à
Sept-îles, comme, par exemple, à Havre-Saint-Pierre, où il
y a des populations blanches qui disent vous savez quoi. Une clarification
serait de rigueur sur ce point précis.
Je vais revenir sur la question du CAM tout à l'heure, des
négociations territoriales, un peu plus taiu. Si vous permettez, M. le
Président, à moins que le ministre ait d'autres choses à
dire là-dessus, j'aimerais que l'on passe à un autre sujet.
Le Président (M. Gautrin): Avant de terminer le sujet, je
voudrais savoir si d'autres collègues veulent intervenir sur le point
des politiques gouvernementales.
Une voix: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Ça va. Alors, est-ce que
vous voulez suivre l'ordre et aller au
Sommet de la justice?
M. Perron: Toujours. Sommet de la justice, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors, maintenant, on
aborde le Sommet de la justice.
Sommet de la justice
M. Perron: Avant de débuter les discussions, les
intervenants à la table de délibérations ont tenu à
formuler la précaution suivante, en rapport avec le Sommet de la
justice: toute option choisie par les autochtones l'est sans préjudice
à ce qu'il adviendra des discussions en cours entre les gouvernements et
les nations autochtones quant à l'autonomie gouvernementale qu'elles
recherchent. Le ministre délégué aux Affaires autochtones
était présent aux délibérations. Cependant, il
s'est contenté d'affirmer des voeux sans toutefois prendre aucun
engagement spécifique. Il a mentionné que sa position vise
à réagir à partir de la différence.
M. Sirros: Reconnaître la différence.
M. Perron: En reconnaissant la différence. Selon lui,
traiter des choses différentes de la même façon crée
des injustices.
M. Sirros: Dixit Aristote.
M. Perron: II a ajouté que le Sommet constituait une piste
ayant pour but de faire le point sur l'accessibilité à la
justice. Et voilà, ça en était fini pour l'intervention du
ministre lui-même, je parle du ministre du Secrétariat aux
affaires autochtones.
Quant au ministre de la Justice, ce dernier mentionne qu'il est d'accord
avec l'esprit de la proposition de la prise en charge du système
judiciaire par les autochtones. Il se disait même disposé à
rapprocher la justice des besoins autochtones. Il s'est engagé à
faire diligence et à adapter le système juridique à la
réalité autochtone sur les territoires d'ici un an. Comme on sait
que le gouvernement n'est pas vite sur les questions autochtones, ça
peut prendre plus qu'un an. Le groupe de travail irait consulter sur place pour
mieux percevoir les adaptations et les changements à apporter. Tout le
monde s'entend à peu près pour aider les autochtones à
prendre en charge l'administration de la justice dans leurs communautés,
mais, par contre, on ne s'entend pas sur la façon de le faire et sur les
moyens pour l'atteindre.
Sur la question de la violence familiale, la présidente de
l'Association des femmes autochtones a fait une sortie assez remarquée
au Sommet en interpellant directement tous les dirigeants présents pour
qu'ils s'engagent à prendre les moyens pour éliminer le
problème de
la violence familiale. Malheureusement, sa demande, à ce que je
sache, est, pour ainsi dire, demeurée lettre morte.
Question au ministre: Le ministre ne croit-il pas que la consultation
dans les communautés constitue une perte de temps, puisque
lui-même a déjà fait des consultations pendant la
tournée qu'il a faite au Québec depuis un an? Ça semble un
dédoublement pour les mêmes choses.
M. Sirros: Permettez-moi de différer un petit peu. La
différence, c'est qu'il s'agirait d'une consultation très
spécifique sur la question de la justice. Quand je parlais d'une
consultation que j'ai effectuée auprès de six nations autochtones
lors de la tournée avant le lancement de la problématique et du
processus d'élaboration de la politique, c'était une consultation
pour mettre en relief la dynamique qui caractérise les relations entre
autochtones et non-autochtones dans son ensemble. Là, vous avez des
consultations quant à la mise en oeuvre et à l'application des
choses se rapportant directement à la justice. Je ne peux pas qualifier
ça de perte de temps dans la mesure où on espère que
ça permettra la mise sur pied de procédures qui collent à
la réalité et aux besoins des autochtones.
M. Perron: Puisque le ministre de la Justice s'est engagé
à faire diligence et à adapter le système juridique
à la réalité autochtone sur leur territoire d'ici un an,
est-ce que le ministre est informé, à savoir s'il y a un
échéancier sur cette consultation? Puis, lorsqu'on parle d'un an,
est-ce que cet échéancier demeure toujours, puisque rien n'est
actuellement commencé au niveau de cette consultation
spécifique?
M. Sirros: À ma connaissance, le ministère de la
Justice n'a pas émis d'échéancier spécifique. On le
presse de faire diligence, comme je suis certain que vous allez le faire. Je
tiens à souligner que le comité, qui sera probablement ou est
présidé par le juge Coutu, a quand même à sa
tête une personne qui prend bien à coeur toute la question de la
justice en milieu autochtone, s'y connaît très, très bien
en cette matière, a déjà écrit des oeuvres ei des
rapports importants et intéressants sur la question, et je suis
sûr que lui aussi fera diligence pour que cette consultation soit
à la fois efficace et rapide.
M. Perron: Est-ce que le ministre peut nous informer, à
savoir s'il y a un ou des autochtones présents sur le groupe de travail
formé par le ministre de la Justice?
M. Sirros: Je ne suis pas au courant de la composition
détaillée du comité de consultation. Mais je pourrais
m'informer auprès de mon collègue de la Justice et vous fournir
la liste des personnes qui forment ce comité.
M. Perron: Est-ce que le ministre entend faire des
représentations à l'effet qu'il y ait des membres de
différentes nations autochtones sur ce comité, sur ce groupe de
travail de la justice?
M. Sirros: Si ce n'est pas déjà une
réalité, j'ai pris pour acquis que, dans ce genre de
consultation, ce serait normal. Mais c'est peut-être quelque chose que je
peux soulever avec mon collègue de la Justice, à l'instar du
député de Duplessis.
M. Perron: Je voudrais informer le ministre qu'il va
peut-être avoir de la misère, des problèmes pour convaincre
son collègue de la Justice, parce que, actuellement, selon les
informations que nous avons, il appert que le ministre de la Justice, M.
Rémillard, n'est pas intéressé du tout à ce qu'il y
ait des autochtones sur ce comité de la justice. Alors, il y a du pain
sur la planche. Il va falloir qu'il mette du bras un peu pour le convaincre,
parce que...
M. Sirros: Certainement que le député de Duplessis
prêtera son concours.
M. Perron: Je peux vous aider toujours dans ce sens-là.
Là, on remarque qu'il y a plusieurs comités de formés
à travers le gouvernement, autant au SAA par rapport à la
politique globale que par rapport à la politique du ministère de
la Justice, et on se rend compte que c'est fait sans les autochtones, sans la
présence autochtone dans la très grande majorité des cas.
On parle du comité interministériel et on parte, là, du
comité de la justice où il n'y a personne, où il n'y
aurait personne. Alors, je me pose des questions, à savoir comment on
peut en arriver à quelque chose de concret, pour régler ces
problèmes existants, sans la présence des autochtones. (12 h
20)
M. Sirros: Je me permets de différer un petit peu sur
l'analyse que fait le député de l'approche. Moi, je n'ai jamais
caché qu'il s'agit d'une politique gouvernementale qui va
refléter ce que le gouvernement du Québec, qui représente
l'ensemble de la société, veut avoir en termes de relations avec
les autochtones. Et c'est pour ça qu'on a pris bien soin, pour la
première fois, d'élaborer le processus toujours en incluant des
représentants tant des autochtones que des non-autochtones autour de
chacune des étapes de discussion et de consultation. S'il est vrai que
les orientations, par exemple, seront formulées par les
ministères du gouvernement en vue des orientations gouvernementales,
elles seront, par contre, soumises à une consultation très
réelle et substantielle qui inclurait les représentants de
I'ensembl9 des nations autochtones et aussi des milieux représentatifs
de la société québécoise, parce qu'il ne faut pas
élaborer la politique en vase clos, il ne faut pas juste la faire en
fonction des demandes autochtones sans tenir compte du contexte global
dans lequel on évolue tous ensemble. C'est pour ça qu'à
chacune des étapes, que ce soit au niveau des colloques qu'on a
déjà tenus, des discussions sur les orientations qui auront lieu
lors du sommet et, éventuellement, une commission parlementaire
très probable, la consultation est de mise à travers tout le
processus et les autochtones auront une première place lors de ces
consultations.
M. Perron: J'ai compris, M. le Président, que les
autochtones ont effectivement une première place dans le cadre des
consultations, mais non pas dans le cadre de décisions
éventuelles, et c'est là qu'est le problème de fond. Je
suis bien d'accord avec le ministre qu'il consulte. De toute façon, je
l'ai dit dans mon allocution du début, ça fait plusieurs
années que ça consulte, mais on n'en arrive pas à des
projets concrets sur la table et on n'arrivera jamais à des vrais
projets entre le gouvernement et les nations autochtones si on ne les implique
pas dans le processus de décision. La consultation, c'est beau, mais les
décisions, c'est une autre chose. Parce que, là, je remarque
qu'il y a encore un autre comité qui a été formé
par la Justice, et là on se rend compte qu'il n'y a pas d'autochtones
là-dessus. Et comment voulez-vous préparer une politique à
partir seulement d'une consultation? Il faut que les gens s'impliquent.
M. Sirros: Mais, M. le député, je suis tout
à fait d'accord qu'il faut que les gens s'impliquent, mais il faut que
les gens aussi veuillent s'impliquer. Par exemple, j'ai déploré
l'absence de la nation crie lors de la tenue des colloques régionaux
quant à cette politique-là. Je ne peux que répéter
qu'il s'agit d'une politique qui doit tenir compte tant des demandes et des
besoins des autochtones que de la réalité dans laquelle on
évolue tous ensemble. Je suis allé aussi loin que de dire que ce
ne serait peut-être pas une mauvaise idée que les nations
autochtones envisagent, elles, de soumettre à la population
québécoise leur vision des relations qu'elles veulent entretenir
avec le reste de la population pour qu'on puisse avoir un véritable
échange, un débat. On nous fait dire souvent qu'il faut que la
relation soit de nation à nation, il faut que ce soit basé sur le
respect mutuel, il faut que ce soit basé sur la reconnaissance des
droits. J'en suis. Pour ce faire, il faut qu'il y ait une participation dans
les deux sens. Et ce n'est pas juste le fait qu'il n'y a pas un autochtone sur
le comité interministériel qui va faire la différence. Ce
qui va être important, c'est que le gouvernement soit clair dans ce qu'il
propose, que les autochtones participent à la discussion et qu'on
échange pour pouvoir trouver un modus Vivendi qui convienne de part et
d'autre.
M. Perron: M. le Président, disons qu'on peut passer
à d'autres questions, mais, selon ce que vient de dire le ministre, je
ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il vient de dire parce qu'il s'en tient
toujours à la consultation et, pour moi, lorsqu'on veut vraiment une
concertation à l'intérieur d'une table de travail, c'est qu'il
faut impliquer toutes les personnes pour que ces personnes-là se
concertent. Et, dans ce cas-là, ça prendrait des autochtones
présents aux tables concernées, alentour des tables
concernées, pour qu'on puisse en arriver le plus rapidement possible
à quelque chose de concret.
Mesures pour contrer la violence familiale
Lorsque j'ai parlé tout à l'heure de la violence
familiale, j'aurais une question à poser au ministre là-dessus:
Est-ce que le ministre compte proposer une quelconque orientation concernant la
violence familiale dans le cadre de l'élaboration de la politique
gouvernementale ou s'il va le faire seulement au niveau de la Justice?
M. Sirros: On participe déjà auprès de
l'Association des femmes autochtones pour 140 000 $ au niveau d'une structure
qui permettra, dans les communautés, de combattre toute la violence
familiale. Dans ce sens-là, le volet social va trouver des moyens de
mise en oeuvre dans la politique générale. Je ne sais pas s'il va
y avoir un chapitre spécifique «violence familiale chez les
autochtones». Ça va peut-être se retrouver sous un chapitre
sur les problèmes sociaux en général.
M. Perron: mis à part les 140 000 $ dont vient de parler
le ministre qui, effectivement, sont une aide financière pour
l'élaboration d'une politique interne, est-ce que le ministre pourrait
nous dire quelle est la structure qui est actuellement établie en
rapport avec la violence familiale...
M. Sirros: J'allais dire...
M. Perron: ...pour contrer la violence familiale?
M. Sirros: ...c'est plus qu'une politique que le centre de femmes
autochtones met de l'avant, c'est des intervenants dans les communautés
qui sont appuyés et coordonnés par le centre de femmes
autochtones, et c'est pour cette raison qu'on subventionne cet
organisme-là, afin d'instaurer une infrastructure, si vous voulez, pour
combattre la violence familiale dans les communautés les plus
concernées.
M. Perron: Le ministre, tout à l'heure, a parlé
d'une structure qui est en train de se mettre en place. Quel est ce type de
structure?
M. Sirros: À ma connaissance...
M. Perron: Mis à part les personnes qui vont être
payées pour aller dans différents endroits, est-ce qu'il y a une
structure concrète de mise en place par le SAA ou par le
ministère de la Justice ou par quelque autre ministère?
M. Sirros: Non, non. C'est par les autochtones, par le centre des
femmes autochtones. Nous appuyons cette initiative. Il s'agit, pour le centre
de femmes autochtones d'avoir, en présence, des personnes dans les
communautés qui sont coordonnées par le centre des femmes
autochtones... Oui, c'est ça, l'Association des femmes autochtones.
Quand je parte de structure, je veux dire qu'il y a des intervenants
spécifiques dans les communautés qui se rattachent au centre de
femmes autochtones, qui font de l'éducation, de la prévention, de
la référence auprès des femmes autochtones dans les
communautés qui sont concernées par le problème de la
violence familiale.
M. Perron: Est-ce qu'il y a des moyens spéciaux qui ont
été mis en place, actuellement, pour contrer la violence
conjugale?
M. Sirros: Je m'excuse. Est-ce que...
M. Perron: Est-ce qu'il y a des moyens spéciaux qui ont
été mis en place au moment où on se parle ou au cours des
dernières semaines, des derniers mois, pour contrer la violence
familiale, mis à part ce que vous avez mentionné?
M. Sirros: Je ne sais pas si le député
réfère... Par exemple, l'Association des femmes autochtones a mis
sur pied un comité consultatif provincial qui est représentatif
de chacune des nations, qui aura pour tâche d'encadrer les
activités locales en matière de lutte à la violence
familiale. Nous travaillons par le biais de l'Association des femmes
autochtones qui, elles, ont cette préoccupation, une
préoccupation majeure de leur part. Nous estimons qu'elles ont beaucoup
plus d'expertise, et le rationnel d'Intervenir, que le Secrétariat aux
affaires autochtones qui, de lui-même, agit en la matière. En
fait, on soutient des actions faites par les autochtones, à leur
demande. On ne les a pas consultés, ils sont venus chercher notre
support, et on l'a donné.
M. Perron: d'après la réponse du ministre, j'ai
bien compris qu'il n'y avait vraiment pas de moyens spécifiques pour
contrer la violence familiale. je parle de moyens spécifiques.
M. Sirros: Par exemple?
M. Perron: En rapport avec ça, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il y a un proto- cole de signé avec l'Association
des femmes autochtones du Québec sur le sujet?
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Est-ce que ce serait possible d'avoir une copie du
protocole?
M. Sirros: Oui. Vous ne l'avez pas? Je pense qu'on vous l'a
peut-être déjà donné dans le document. Mais c'est
une entente concernant la lutte à la violence familiale en milieu
autochtone entre l'Association des femmes autochtones et le ministère du
Conseil exécutif par mon entremise.
M. Perron: D'accord. Donc, on va en avoir une copie
éventuellement?
M. Sirros: C'est dans le cahier. M. Perron: À quelle
page?
M. Sirros: Dans la section 4 en blanc. Vous avez toutes les
ententes. Je vous ai déposé l'ensemble des ententes que j'ai
signées dans l'année qui vient de se terminer.
M. Perron: Oui, c'est parce que j'ai ça dans un autre
cahier. Toutes les ententes qui ont été signées avec les
autochtones au cours des années, j'ai ça dans un autre cahier.
C'est pour ça que je ne l'avais pas dans mon cahier principal.
M. Sirros: O.K.
M. Perron: O.K.
(12 h 30)
M. Sirros: Mais, là, vous avez dans ce cahier les ententes
qui ont été signées.
Le Président (M. Gautrin): II est effectivement 12 h 30.
Et là j'ai deux documents, si j'ai compris, que vous voulez
déposer. C'est bien ça?
M. Perron: Non, ça va, M. le Président, il n'a pas
besoin de le déposer, on l'a déjà.
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais j'en ai un
autre, là.
M. Sirros: Un dernier commentaire sur cette question: le
secrétaire général associé, qui nous a
quittés récemment pour prendre sa retraite, M. Jolicoeur, a
été personnellement félicité par le centre des
femmes autochtones, au mois d'octobre, lors d'une cérémonie
spéciale à cet effet, pour le travail qui est fait avec les
femmes autochtones sur la question de la violence familiale, qui, en grande
partie, était dû à des initiatives qu'il avait prises.
Le Président (M. Gautrin): SI je comprends bien, en plus,
avant qu'on ajourne, il y a ici des erratums qu'on veut me donner sur ce qui
était dans le grand cahier. C'est bien ça? Est-ce que les
députés ont reçu... Alors, on reçoit copie des
erratums, des erreurs qui ont été dans ce cahier-là.
J'imagine que vous allez en faire des photocopies et les redonner à tous
les membres de la commission. Ça, c'est encore d'autres erreurs? Alors,
on reçoit toutes les erreurs. Vous allez en faire des photocopies pour
les membres de la commission. Vous voulez aussi, M. le ministre, déposer
le document concernant l'évaluation environnementale du projet
Grande-Baleine?
Documents déposés
M. Sirros: Exact. Ça, c'est l'entente qu'on a
signée avec les Cris sur la question de l'évaluation
environnementale.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Alors, ce document est
déposé, et j'imagine qu'il y a des copies qui sont données
pour les membres de la commission. Il est maintenant 12 h 30. On va donc
ajourner nos travaux jusqu'à 15 h 30. Je comprends qu'on a
épuisé seulement 2 h 45 min, il resterait donc 1 h 15 min encore
à la commission pour poursuivre l'étude des crédits.
Est-ce que c'est l'entente qu'on a?
M. Perron: M. le Président... Le Président (M.
Gautrin): Oui.
M. Perron: ...est-ce que le ministre, en rapport avec le Sommet
de la justice, me permettrait une dernière question?
M. Sirros: Certainement.
M. Perron: En accord avec mes collègues?
Le Président (M. Gautrin): Si c'est bref...
M. Sirros: Si les autres membres de la commission...
Le Président (M. Gautrin): ...parce que moi, j'aurais le
goût de partir, mais, enfin, allez-y.
M. Perron: Oui, je comprends ça. Est-ce que le ministre
s'engage à faire en sorte que le problème de la violence
familiale soit discuté au sein du comité consultatif dont a
parlé le ministre de la Justice, ou encore, à tout le moins,
à aborder la question, avec le ministre de la Justice lui-même, se
rapportant à la violence familiale?
M. Sirros: Je n'aurai pas de problème à souligner
l'importance de la question auprès du ministre de la Justice et à
lui demander de faire ce qu'il estime nécessaire pour donner suite
à cette importante préoccupation.
M. Perron: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, les travaux de
cette commission sont suspendus jusqu'à 15 h 30, cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Gautrin): La commission des institutions
va reprendre ses travaux qui procèdent à l'étude des
crédits budgétaires du ministre délégué aux
Affaires autochtones, programme 4 du ministère du Conseil
exécutif pour l'année financière 1992-1993. En fonction de
l'entente entre les parties, j'ai cru comprendre qu'on avait encore 1 h 15
à travailler, c'est-à-dire qu'on doit aller jusqu'à 4 h
45.
M. Perron: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): On était rendu au point
F, sur un document que j'ai encore ici: La question des femmes autochtones.
Alors, M. le député de Duplessis, vous avez la parole.
M. Perron: M. le Président, le gouvernement
fédéral a refusé de reconnaître l'Association des
femmes autochtones du Canada comme participantes...
M. Sirros: M. le Président, est-ce que je peux interrompre
mon collègue pour deux secondes, juste pour finir un peu avec les choses
de ce matin...
M. Perron: Ah! D'accord.
M. Sirros: ...une série de documents.
Le Président (M. Gautrin): Très bien. J'imagine
qu'il y a consentement pour qu'on revienne un peu en arrière sur les
questions. C'est vrai qu'on vous avait posé un certain nombre de
questions que vous deviez éclaircir. Alors, M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Sirros:si le personnel de la commission pouvait transmettre
ça au député de duplessis, j'aimerais déposer un
certain nombre de documents...
Le Président (M. Gautrin): C'est à tous les
députés, là.
M. Sirros: ...ou à l'ensemble des députés,
la liste des animateurs pour les colloques régionaux,
telle que demandée...
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Sirros: ...les renseignements sur les crédits du
Secrétariat aux affaires autochtones, suite au débat de ce matin;
la différence des chiffres, etc., c'est expliqué par l'ajout de
crédits par la suite, étant donné qu'il y avait des
étudiants qui ont été rajoutés l'été.
Je vous dépose le projet sur l'Autobus de la Paix...
M. Perron: D'accord.
M. Sirros: ...les documents sur le Regroupement des centres
d'amitié autochtone du Québec, le colloque sur les pêches
commerciales, le Centre de formation professionnelle Akwesasne, la
revitalisation de la langue huronne ainsi que la liste du personnel de mon
cabinet.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Perron: Vous me permettrez, M. le Président, de
remercier le ministre de sa collaboration, et de façon très
rapide, d'ailleurs.
Femmes autochtones et protection de la Charte
canadienne dés droits et libertés
M. le Président, concernant les femmes autochtones, le
gouvernement fédéral a refusé de reconnaître
l'Association des femmes autochtones du Canada comme participante officielle
à la rencontre constitutionnelle des autochtones. Mme Michèle
Rouleau, la présidente de l'Association du Québec, mentionnait,
et je la cite: «C'est notre avenir qui est en cause, et le point de vue
des organisations de femmes autochtones qui défendent le droit à
l'égalité doit être entendu.» D'autre part,
l'Association des femmes autochtones du Canada est donc allée devant les
tribunaux, soit devant la Cour fédérale, afin de faire valoir son
point de vue. Le 31 mars dernier, la Cour a rejeté la requête
présentée par les femmes autochtones et, le 24 avril,
l'Association faisait connaître son intention d'en appeler du jugement en
question.
Dans le rapport récent du cercle des premières nations,
les femmes autochtones sont présentées comme étant une
menace aux aspirations des premières nations et on leur refuse
même la protection de la Charte. Les femmes autochtones sont plus que
déterminées à faire valoir leurs droits et continueront
sûrement la bataille, puisqu'elles n'ont rien à perdre au moment
où on se parle.
Alors, M. le Président, ma première question au ministre
est la suivante: Est-ce que le ministre peut nous faire part de ses
commentaires relativement à la situation actuelle des femmes autochtones
par rapport à la protection de la Charte qu'elles requièrent sans
que la clause «nonobstant» ne puisse servir à des
gouvernements indiens et, enfin, par rapport à leur place aux
délibérations constitutionnelles? Voilà!
M. Sirros: C'est deux questions, finalement, que le
député me pose. Un, c'est les commentaires sur le dossier
constitutionnel et l'implication des femmes autochtones au sein des
discussions, et l'autre, c'est un peu plus philosophique, sur toute la question
de l'impact que les femmes autochtones peuvent avoir au niveau des
différentes communautés autochtones. Est-ce que je saisis
bien?
M. Perron: Ce n'est pas là le but de la question, M. le
Président. Ce que je demande au ministre, c'est de nous faire part de
ses commentaires relativement à la situation des femmes autochtones par
rapport à la protection de la Charte qu'elles requièrent sans que
la clause «nonobstant» ne puisse servir à des gouvernements
indiens. Ça, c'est la première partie. La deuxième partie
est aussi par rapport à leur place face aux délibérations
constitutionnelles. En d'autres mots, ce que je demande au ministre: Est-ce
qu'il est d'accord, oui ou non, avec la position de l'Association des femmes
autochtones du Québec sur leur présence au sein des
négociations constitutionnelles, et aussi par rapport à leur
place touchant la Charte des droits?
M. Sirros: En ce qui concerne la question de leur présence
à la table constitutionnelle ou non, je pense que c'est une question qui
a été traitée par les participants à la table, par
le ministre responsable du dossier constitutionnel au niveau
fédéral, M. Clark. Elles n'ont pas accès, à l'heure
actuelle, à la table. Elles avaient demandé des sommes, si je me
rappelle bien, pour participer à des délibérations et, vu
l'état du dossier, je pense que M. Clark a pris une décision que
je ne commenterai pas a l'heure actuelle.
Et j'aurai malheureusement, probablement, la même réponse
au député pour l'autre volet de sa question. Je ne commenterai
pas, à l'heure actuelle, les demandes des femmes autochtones
précisément par rapport aux discussions constitutionnelles quant
à l'application de la Charte ou non, étant donné que, pour
l'instant, nous ne savons pas encore quelle est l'offre ou quelles sont les
offres qui seront issues de ces discussions constitutionnelles, y inclus le
volet autochtone. Une fois qu'on saura, je pense qu'on sera mieux en mesure de
commenter. De façon générale, si je peux le dire ainsi, il
me semble que ça sera difficile de prévoir que... Un peu comme le
disait le Conseil national des autochtones, peut-être que jusqu'à
l'avènement de quelque chose de mieux la Charte pourrait continuer
à s'appliquer. C'est une position d'un des quatre groupes autochtones
qui sont actuel-
lement à la table. Les femmes autochtones veulent que la Charte
s'applique, et je ne pourrais pas commenter plus loin pour l'Instant.
Le Président (M. Gautrin): M. le député.
M. Perron: Alors, M. le Président, je comprends que le
ministre ne veut pas s'aventurer et donner un avis sur cette question-là
et qu'il fait en sorte de laisser cette juridiction entièrement au
gouvernement fédéral et à M. Clark. Ce n'est pas
nécessairement notre opinion, parce qu'il me semble qu'un gouvernement
qui se respecte se devrait de prendre position dans des cas aussi importants
que ceux-là. Et je vais passer à une autre question.
Le Président (M. Gautrin): m. le député, le
député de hull m'avait demandé, sur la même
question, pour intervenir. est-ce que ce serait dans l'ordre de...?
M. Perron: Oui, allez-y!
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Hull.
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. le ministre, on
sait, pour en avoir entendu parler dans les journaux et même les
différents médias, qu'un groupe de femmes autochtones a fait des
représentations au gouvernement fédéral pour s'opposer
à ce que les nations autochtones obtiennent le droit à
l'autodétermination, leur propre gouvernement, finalement. Elles
revendiquaient le fait qu'elles se sentaient plus en sécurité
étant partie intégrante du Canada comme tel. Ma question, M. le
ministre, est la suivante: Est-ce que vous, comme ministre responsable des
Affaires autochtones au Québec, vous avez eu des représentations
de groupes de femmes autochtones dans ce sens-là? (15 h 40)
M. Sirros: Pas dans ce sens-là, parce qu'à ma
connaissance les groupes de femmes ne s'opposent pas à l'autonomie
gouvernementale. Elles réclament que la Charte des droits s'applique,
même à l'instar des gouvernements autochtones éventuels.
Elles ne sont pas contre l'autonomie gouvernementale, et je pense que Mme
Rouleau, en particulier, ici, pour l'Association des femmes autochtones du
Québec, l'a affirmé assez clairement. Ce n'est pas le principe de
l'autonomie gouvernementale auquel elles s'opposent, elles s'opposent à
la possibilité qu'il n'y ait pas de protection de la Charte des droits
et libertés de la personne qui couvrirait aussi les autochtones. Toute
cette question, tout ce débat est un débat un peu plus large que
strictement par rapport à la Charte et son application strictement par
rapport aux femmes. C'est un des thèmes majeurs dans les discussions
à la table constitutionnelle, qui préoccupe les groupes au-
tochtones qui sont à la table, les quatre organismes qui sont à
la table, étant donné que l'application ou non de la Charte peut
avoir des conséquences sur la nature du gouvernement autochtone
éventuellement reconnu dans la Constitution.
L'autre commentaire que je pourrais ajouter au niveau de la
représentation des femmes à la table des discussions
constitutionnelles: II faut faire la distinction - et je pense que c'est ce que
M. Clark a fait - entre des élus qui représentent les autochtones
et des groupes qui veulent aussi se faire entendre. La décision a
été prise qu'il y aurait quatre groupes nationaux qui
représenteraient l'ensemble des autochtones, même s'il y a,
à l'intérieur de chacune des différentes
communautés, différents groupes, dont les groupes de femmes. Un
peu comme chez nous, les députés, qu'on soit homme ou femme, on
représente l'ensemble des citoyens du comté ou de la province. Et
les groupes de femmes ou les groupes de pression d'une autre nature ne sont pas
à l'Assemblée nationale. Donc, c'est un peu, je pense, le
raisonnement qui a été utilisé pour prendre la
décision que ça serait les quatre groupes, et pas d'autres qui
seraient à la table constitutionnelle.
M. LeSage: Et, vous, M. le ministre, comme ministre responsable
des Affaires autochtones au Québec, est-ce que vous avez eu des
revendications de la part de groupes de femmes autochtones?
M. Sirros: Les représentations que, nous, on a eues, que,
moi, j'ai eues, c'était à l'effet que les groupes de femmes, ici,
au Québec, appuyaient le principe de l'autonomie gouvernementale mais
voulaient avoir la protection de la Charte vis-à-vis d'éventuels
gouvernements autochtones. Les échanges que j'ai eus avec le centre,
l'Association des femmes autochtones du Québec, allaient dans ce
sens-là. Et c'est pour ça que je dis que je pense que la
protection de la Charte est un item central dans les discussions
constitutionnelles, qui peut influencer la nature des gouvernements dont on
discute. Et c'est une question qui n'est pas encore, qui est loin d'avoir
été réglée, pour l'instant.
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En somme, M. le Président, la
réalité est à l'effet que les femmes autochtones ne
veulent, d'aucune façon, l'autonomie gouvernementale dans la mesure
où elles ne sont pas protégées par la Charte. Elles ne
veulent pas de gouvernement autonome si elles ne sont pas
protégées par la Charte. Puis, moi, j'ai compris, dans la
réponse que le minsitre m'a donnée
antérieurement, qu'il était d'accord avec le gouvernement
fédéral, en particulier avec M. Clark, en ne prenant pas position
là-dessus. Mais, cependant, j'aimerais lui poser une autre question.
En revenant à la consultation du ministre depuis les derniers
mois, est-ce que le ministre a rencontré les femmes autochtones,
l'Association des femmes autochtones, pour établir sa politique en
matière autochtone? Et est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
dans l'élaboration de sa politique, toujours en rapport avec les femmes
autochtones?
M. Sirros: Oui, on a rencontré l'Association des femmes
autochtones qui a fait partie du colloque qu'on a tenu à Montréal
et qui a joué un rôle très actif dans les
délibérations à ce colloque. On a bien tenu compte de
l'ensemble des représentations qui ont été faites. Et,
fort probablement, dans l'élaboration de la politique et les
orientations, c'est un des items qui nous préoccupent.
Le Président (M. Gautrin): On pourrait passer au point
G.
M. Perron: Alors, le point G, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): II n'y a pas d'autres questions
sur le point F, alors on passe au point G, le dossier constitutionnel.
Droit inhérent des peuples autochtones à
l'autonomie gouvernementale
M. Perron: M. le Président, concernant le dossier
constitutionnel, on sait que, le 21 avril dernier, l'Assemblée des
premières nations, au terme de consultations auprès de 80
communautés autochtones de l'ensemble pancanadien, rendait public un
rapport sur les revendications constitutionnelles des autochtones. Le rapport
contient 56 recommandations dont, notamment, la reconnaissance
constitutionnelle du droit inhérent des peuples autochtones à
l'autuf.omie gouvernementale, la reconnaissance du statut de
société distincte pour les peuples autochtones, et ce, au
même titre qui était demandé dans l'accord du lac Meech,
une clause de non-dérogation à la Charte canadienne des droits et
le veto des nations autochtones sur les changements constitutionnels.
Ça, c'est en gros.
Le rapport, d'ailleurs, a écorché le Québec pas
mal, qui se voit consacrer, à lui seul, un chapitre où on
retrouve des considérations méprisantes, et même, dans
certains cas, assez insultantes pour la population du Québec, notamment
lorsqu'on mentionne: «Le Québec n'a pas intérêt
à respecter les droits des premières nations», ou encore,
«En réclamant ses droits, le Québec risque d'écraser
les nôtres.» De plus, le chef de l'Assemblée des
premières nations du Canada, Ovide Mercredi, a déclaré que
le degré de flexibilité des autochtones dépendra notamment
du degré de réceptivité du premier ministre Bourassa aux
revendications des autochtones.
Est-ce que le gouvernement qu'il représente est d'accord avec la
reconnaissance d'un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale
des nations autochtones, incluant un droit de propriété et de
juridiction sur leur territoire et leurs ressources sans aucune balise, ou
encore sans aucune définition plus détaillée? Est-ce que
le ministre a une opinion juridique se rapportant à la définition
des termes «droit inhérent»? Qu'est-ce que ça veut
dire?
Le Président (M. Gautrin): C'est une question
intéressante.
M. Sirros: Ha, ha, ha! Je ris parce que c'est la question
qu'à peu près tout le monde pose: Qu'est-ce que ça veut
dire, et qu'est-ce que ça veut dire? Il y a diverses études et
divers écrits qui sont mis de l'avant, qu'on regarde, qu'on
étudie, qu'on examine. Je vous réfère d'abord à ce
que la Commission royale d'enquête a publié il y a, quoi, deux
mois, à peu près, spécifiquement sur le droit
inhérent, qui faisait la distinction entre la source du droit qui, elle,
peut être inhérente et sa portée qui n'est pas
nécessairement, selon la Commission royale, illimitée. Ce qui
nous a permis, dans le même sillon, d'affirmer qu'on peut accepter
l'existence d'un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale,
tout en précisant que sa portée, elle, n'est pas illimitée
et que son application doit être l'objet d'ententes
négociées.
Reconnaître le droit inhérent à l'autonomie
gouvernementale veut dire qu'on reconnaît qu'il y a, effectivement, un
droit que les autochtones, les différents groupes et nations autochtones
ont quant à l'autonomie gouvernementale. Mais, étant donné
que la situation n'est plus la même que ce qu'elle a été
avant l'arrivée des Européens, entre guillemets, il y a 500 ans
et que les choses ont évolué depuis, il s'agit maintenant,
conjointement, par l'entremise des négociations, de trouver la
façon concrète d'appliquer ce droit. Il y a une série de
questions qui restent à discuter, par exemple toute la question du
rôle des tribunaux, toute la question de la Charte, la question du
financement de ces gouvernements, toute la question de l'ethnicité ou
non de ces éventuels gouvernements autochtones et des pouvoirs que ces
gouvernements exerceront. Et c'est précisément sur ces questions
que les différents ministres des autres provinces, responsables du
dossier constitutionnel, ainsi que les quatre groupes nationaux autochtones
délibèrent dans un des sous-groupes constitutionnels qui
regardent de façon plus spécifique la question autochtone. (15 h
50)
Comme je le disais tout à l'heure, il me semble que,
vis-à-vis de la politique que nous avons adoptée quant à
notre participation aux tables ou à la table constitutionnelle, quand on
aura des offres, nous pourrons, à ce moment-là, nous prononcer.
Entre-temps, nous avons des contacts au niveau bilatéral avec des
groupes autochtones, avec des collègues dans les autres provinces. Le
premier ministre, par exemple, rencontrera le chef de l'Assemblée des
premières nations d'ici quelques jours pour faire le point sur un
certain nombre de choses. L'Assemblée des premières nations a
pris l'habitude, depuis quelques mois, de prendre des positions que je peux
qualifier de - comment puis-je les qualifier? - provocantes, des fois. Vous
vous rappellerez les échanges que j'ai eus moi-même avec le chef
des premières nations, ici, à l'Assemblée nationale, lors
de sa comparution devant la commission parlementaire examinant les questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté, et je déplore cette attitude. Mais c'est un
ensemble de choses qui nous permettra de voir, dans les prochaines semaines, si
on peut voir une certaine lumière au bout du tunnel.
M. Perron: Alors, M. le Président, je constate - et,
d'ailleurs, je suis parfaitement d'accord avec le ministre - que des
déclarations comme celles-là ne sont pas pour aider le dossier
face à un règlement éventuel des affaires autochtones.
Maintenant, dans ma question, j'avais demandé au ministre s'il avait un
avis juridique se rapportant au droit inhérent. Si j'ai bien compris la
réponse, c'est qu'effectivement il y a une cour qui aurait
décidé la définition des droits inhérents, ou
encore une commission royale qui l'aurait décidée, mais le
ministère, le gouvernement lui-même n'a pas d'opinion juridique
écrite sur cette question-là, comme gouvernement, je parie.
M. Sirros: II faut faire bien attention, parce que nous sommes
dans du droit nouveau, en quelque sorte, et je ne pense pas qu'on puisse tout
simplement avoir un avis juridique qui va être l'avis définitif
sur la question. C'est beaucoup plus une question politique dont on
délibère à l'heure actuelle, avec des incidences
juridiques. Il faut, j'en suis convaincu, faire bien attention à toutes
les incidences juridiques et bien tenir compte des questions juridiques, mais
il s'agit d'abord d'une question politique qu'il faut qu'on règle. Toute
la question des relations entre les autochtones et les non autochtones, que ce
soit au Québec ou dans le reste du pays, est une question qui est
devenue primordiale pour garder et assurer la paix sociale, pour reformuler une
constitution qui permettra un fonctionnement efficace du pays. Et, dans ce
sens-là, ce n'est pas strictement en se basant sur des opinions
juridiques de façon rigide qu'on pourra sortir des impasses où
nous sommes quant aux relations qui ont été, avec les
années, bâties vis-à-vis des autochtones et des
non-autochtones.
M. Perron: Est-ce que le ministre conviendra avec moi que, si
jamais, dans un texte, une entente ou encore suite à des
négociations avec les autochtones, on inclut ce fameux droit
inhérent qui ne serait pas défini à l'intérieur de
ladite entente, on pourrait se ramasser éventuellement jusqu'à la
Cour suprême, et que ce sera la Cour, donc un tiers, une tierce partie,
à ce moment-là, qui décidera de la définition de
«droit inhérent»? On sait que, dans certains cas, les cours
de justice vont très, très loin en rapport avec certaines
définitions.
M. Sirros: J'ai déjà dit... Oui.
M. Perron: D'autre part, dans d'autres causes, les juges de la
Cour suprême se refusent à donner une définition, comme
ça a été le cas, par exemple, dans la cause Sioui.
M. Sirros: Et dans l'avortement, une autre cause
complètement déconnectée du domaine.
M. Perron: Oui, c'est ça.
M. Sirros: Effectivement, et j'ai déjà dit que je
ne suis pas partisan que ce soient les tribunaux qui déterminent le
contenu des ententes. Au contraire, je pense que, dans une
société libre et démocratique, ce n'est pas le rôle
des tribunaux de définir le contenu des ententes ou d'écrire des
lois, par exemple, qui seraient le pendant légal d'une entente
négociée. C'est peut-être le rôle des tribunaux,
à un moment donné, de juger quant à
l'interprétation qui doit être donnée à quelque
chose qui a été soit négocié ou adopté en
termes de lois, mais je ne crois pas que ça devrait revenir aux
tribunaux de définir le contenu des ententes. C'est pour ça que
j'ai mis de l'avant l'idée qu'on pourrait examiner plus à fond la
notion de mettre dans la Constitution, dans la présente ronde
constitutionnelle, la question d'un mécanisme de conciliation quant aux
négociations qui seront nécessaires pour la mise en oeuvre des
gouvernements autonomes autochtones. Il pourrait y avoir un mécanisme,
qu'on pourrait bâtir, qui permettrait d'aller devant une instance
quelconque pour une conciliation vis-à-vis des points de
négociation, et ce, même avant d'envisager un recours aux
tribunaux, M. le Président.
M. Perron: Ça va pour ça, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Pas de questions? Alors, est-ce
qu'on peut passer au point H, la question de Grande-Baleine?
M. Perron: Oui. Grande-Baleine.
Le Président (M. Gautrin): Très bien. Protocole
d'entente sur Grande-Baleine
M. Perron: M. le Président, il y a eu un protocole
d'accord de signé entre le gouvernement du Québec, le
gouvernement fédéral et certaines instances autochtones du
Québec se rapportant à Grande-Baleine. Dans le protocole d'accord
on parle d'une coordination des processus. Est-ce que le ministre peut nous
indiquer en quoi consiste cette coordination des processus?
M. Sirros: Je demanderai - je m'excuse - au député
de répéter brièvement sa question.
M. Perron: Oui. Dans le protocole qui a été
signé entre les parties, c'est-à-dire le gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec ainsi que certaines
nations autochtones du Québec face à Grande-Baleine, à un
certain moment donné - je crois que c'est à l'article 3.3 - on
parle de réunion de coordination. Et je voudrais savoir du ministre quel
est le rôle de cette réunion, de ce comité de coordination.
Est-ce qu'il peut nous expliquer en quoi ça consiste?
M. Sirros: Oui. Je demanderai à M. Beau-chemin;
peut-être qu'il pourrait donner le détail du fonctionnement.
Le Président (M. Gautrin): M. Beauchemin.
M. Beauchemin: Je vais juste essayer de découper en
étapes claires le processus lui-même, peu importent les
interlocuteurs et les comités. Vous vous souviendrez que l'entente tente
de coordonner le travail de cinq comités qui sont des entités qui
existent d'un point de vue juridique. Les différentes étapes
visent toutes à aboutir au même résultat: que, sur un
projet qui, en l'occurrence, s'appelle Grande-Baleine, l'étude d'impact
de ce projet reçoive des recommandations de la part de ces cinq
entités légales. Pour en arriver là, il faut produire
l'étude d'impact. Et, pour produire l'étude d'impact, !! faut que
les comités émettent des directives aux promoteurs sur ce que
cette étude doit contenir. Une fois que l'étude est produite, ils
doivent juger si l'étude, telle que déposée par le
promoteur, correspond aux directives. En d'autres mots, est-ce que le promoteur
a fait ce qu'on lui a demandé? Est-ce qu'il a étudié
convenablement ce qu'on lui a demandé? Et, une fois que l'étude
est jugée valable, là, les comités se penchent sur son
contenu et vont tenir des audiences publiques où tous les intervenants
vont pouvoir se prononcer, émettre des points de vue, des
contre-expertises sur ce que le promoteur a étudié. Et, à
la suite de ça, ils vont faire leurs recommandations.
La coordination de tous ces gestes qui, souvent, sont des gestes
administratifs qui peuvent sembler anodins: tenir une réunion sur le
même sujet, la même semaine ou le même jour et à
partir des mêmes papiers, à partir du moment où on a cinq
comités qui sont indépendants d'un point de vue juridique,
nécessite une logistique de coordination. Alors, l'essentiel de la
coordination porte sur des gestes courants, bureaucratiques, de suivi: que tout
le monde ait eu les papiers, que tout le monde ait les mêmes dates
d'échéancier, que tout le monde convienne qu'ils vont examiner
telle question en même temps, que les audiences publiques aient lieu dans
le même village au même moment. Et il y a des questions tout
à fait pratico-pratiques. Il faut que l'intendance suive. Ça doit
se faire en français, en anglais, en inuktitut, en cri. Il faut que la
traduction simultanée suive, etc. Comme c'est public également,
il faut que les médias y soient. (16 heures)
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer - ou M.
Beauchemin - au niveau des échéanciers, par rapport aux audiences
publiques, est-ce qu'il y a une date approximative de définie par
rapport aux audiences publiques?
M. Beauchemin: Je pense qu'il n'y a personne qui, à ce
moment-ci...
M. Perron: Parce qu'on parle d'un processus qui pourrait durer de
trois à cinq ans.
M. Sirros:je pense qu'il ne faut pas présumer du temps que
ça peut prendre pour faire un travail efficace et valable, et je pense
que c'est le critère qui a été utilisé.
M. Perron: Maintenant, quant au financement, on sait que la
question du financement a constitué un obstacle assez majeur
jusqu'à la fin de cette négociation pour en arriver à un
accord. Je voudrais savoir pourquoi le ministre et son gouvernement ont
concédé autant d'argent aux Cris et aux Inuit, alors que d'autres
associations québécoises se retrouvent avec des montants qui sont
ridiculement bas pour en arriver à poser, elles aussi, un jugement
éclairé sur le dossier Grande-Baleine. Parce que, quand on parle
des millions de dollars qui ont déboulé, là, face aux
instances qui participent, on se rend compte qu'il y a plusieurs millions de
dollars qui sont orientés vers les Cris et les Inuit. Quant au restant
des associations, ce n'est pas très valable comme subventions ou
investissements pour connaître leur point de vue et pour qu'elles
puissent se préparer en conséquence.
M. Sirros: D'abord, les autres aussi peuvent avoir accès,
mais il faut comprendre que c'est surtout les Cris et les Inuit qui vivront
avec les effets de ce projet. Et, dans ce sens-là, le
processus mis sur pied vise à leur fournir l'aide
nécessaire pour qu'ils puissent se préparer en fonction de
l'analyse et de l'étude environnementale qui sera faite par les cinq
comités, de façon coordonnée. Les autres groupes peuvent
aussi avoir accès, mais on a jugé que c'était surtout les
principaux intéressés qui devraient avoir la majeure partie, si
vous voulez.
M. Perron: M. le Président, au sujet du protocole
d'accord...
M. Sirros: Juste un dernier ajout sur ce que je viens de vous
dire: c'est aussi une prescription de la Convention qui privilégie les
Cris et les Inuit quant aux études environnementales au niveau de
l'argent.
M. Perron: parlant des cris et des inuit, n'est-il pas exact que
les inuit seraient plus d'accord avec grande-baleine que les cris
eux-mêmes?
M. Sirros: Sans dire oui... Très rapidement, oui, mais les
Inuit aussi veulent voir le résultat du processus environnemental.
Mais...
M. Perron: Quel que...
M. Sirros: ...il y a effectivement une approche et une
attitude...
M. Perron: Plus ouvertes. M. Sirros:
...différentes.
M. Perron: O.K. Sur l'accord, normalement, lorsqu'il y a un
accord qui est signé... Vous comprendrez avec moi que, sur la copie que
j'ai du protocole d'accord, il est extrêmement difficile de
connaître les noms des personnes qui ont signé. Je vois bien la
signature du ministre Sirros, parce qu'il écrit mieux que d'autres,
là, mais est-ce qu'il serait possible de savoir quelles sont les
personnes qui sont signé?
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Je reconnais la signature de Matthew Coon Come, des
Cris.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: M. Charest.
M. Sirros: Oui. Moi-même, et, pour l'Administration
régionale crie, c'était...
M. Perron: Vous-même, ça va. M. Sirros:
Roméo Saganash. M. Perron: O.K.
M. Sirros: La Société Makivik, c'était
Char-lie Watt et, l'Administration régionale Kativik,
c'était...
Une voix: M. Hervieux, je crois.
M. Sirros: ...on croit que c'était M. Hervieux...
Une voix: De mémoire. M. Sirros: ...de
mémoire.
M. Perron: Parce que, normalement, quand on a des ententes comme
celle-là, on inscrit les noms des personnes qui ont signé. Si on
regarde l'entente de la Baie James et du Nord québécois, on a
écrit à la dactylo les noms des personnes qui ont
signé.
M. Sirros: Oui.
M. Perron: Parce que je vous dis une chose, si on essaie de se
débrouiller avec les signatures, là...
M. Sirros: On peut vous fournir les noms précis. On les a,
mais...
M. Perron: S'il vous plaît, oui.
M. Sirros:...effectivement, sur la page comme telle, il faut
décoder les signatures plutôt que de lire le nom qui y est
rattaché, et il n'y a pas de photo.
M. Perron: M. le Président, je voudrais en venir
maintenant à la nomination - ce que, nous, on considère, de notre
côté, en douce - par le Conseil des ministres de M. Billy Diamond,
qui représente les Cris au sein du Comité d'évaluation du
projet Grande-Baleine, non seulement comme président de ce
Comité, mais aussi comme représentant du gouvernement du
Québec au sein de ce Comité. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner un petit peu l'historique de cette affaire-là,
premièrement?
Et, deuxièmement, face au décret 434-92 du 25 mars 1992,
est-ce qu'il est courant, dans la politique du gouvernement, de payer des
montants de 400 $ par jour pour des personnes qui font partie de ce genre
d'institution?
M. Sirros: Pour la première partie de la question,
l'historique ou la logique, si vous voulez, c'est une décision du
ministre de l'Environnement de nommer M. Billy Diamond au nom...
M. Perron: Quel ministre de l'Environnement?
M. Sirros: Du Québec. Vous vous rappellerez
que M. Diamond était le président du Comité quand
le Comité a commencé à élaborer les directives qui
devraient être données au promoteur quant aux études qu'il
doit fournir pour les audiences publiques. Alors, en plein milieu de ce
processus, on a jugé que ça serait intéressant d'avoir une
continuité afin d'assurer la validité, si vous voulez, du
processus. Et les Cris, en contrepartie, ont accepté de nommer comme
leur représentant quelqu'un qui a été mis de l'avant par
le gouvernement du Québec - dont le nom m'échappe actuellement -
ce qui a permis à M. Diamond d'être le représentant du
Québec et, ainsi, de maintenir la présidence, étant
donné que c'était au Québec que revenait la
présidence pour l'année qui est en cours à partir du 1er
avril. Parce que c'est un comité dont la présidence change de
façon cyclique, tous les ans, entre le gouvernement du Québec,
ies Cris, le Canada. Et, comme c'était les Cris qui venaient de l'avoir,
c'était au gouvernement du Québec de la prendre et, pour ne pas
briser cette continuité, le Québec a nommé M. Diamond et
les Cris ont nommé, comme leur représentant, quelqu'un
délégué par le Québec. Ça faisait une belle
démonstration d'une collaboration possible, tout en gardant la
validité du processus environnemental intact. Parce que je pense que ce
qui prime dans toute cette affaire, c'est de s'assurer que le processus soit
environnementalement valable.
Maintenant, quant à la question des honoraires de ces
personnes-là, il faudrait que je prenne avis sur la question. Ce n'est
pas un comité qui dépend du Secrétariat aux affaires
autochtones.
M. Perron: Lorsqu'on regarde le décret 434-92 du 25 mars,
on se rend compte, en fait, que le décret lui-même prend trois
décisions, suite à des attendus. C'est, dans un premier temps,
que le chef Billy Diamond soit nommé membre du Comité
d'évaluation en remplacement de M. Jacques Michaud; que le chef Billy
Diamond soit aussi nommé président du Comité
d'évaluation pour l'année 1992-1993 et, en troisième lieu,
que le chef Billy Diamond reçoive des honoraires de 400 $ par jour. Je
trouve ça assez élevé par rapport à d'autres
décisions à des postes identiques. Disons que je vais attendre la
réponse du ministre sur cette question-là.
M. Sirros: Ce n'est pas un comité qui dépend du
Secrétariat aux affaires autochtones.
M. Perron: Oui, d'accord. Ça, on l'a bien compris, M. le
Président. Ça va pour Grande-Baleine.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'aurais une question, M.
le ministre. Donc, c'est toujours sur l'accord. Page 9 de l'accord, vous avez
le financement de participants et l'établissement d'un fonds de 2 000
000 $. Est-ce que, sur ces 2 000 000 $ qui sont financés à parts
égales par le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec, le 1 000 000 $ n'est pas pris sur votre budget, sur vos
crédits?
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Gautrin): II va apparaître à
quels crédits?
M. Sirros: C'est au ministère de l'Environnement.
Le Président (M. Gautrin): Au ministère de
l'Environnement, bon. Et, si je comprends bien la manière de nommer les
personnes, ça doit être fait conjointement. Ça veut dire
quoi, ça? Vous êtes obligés de vous entendre? Si vous ne
vous entendez pas?
M. Sirros: De nommer les personnes?
Le Président (M. Gautrin): Je vois: Les demandes
sont...
M. Sirros: De financement? Elles sont examinées par...
Le Président (M. Gautrin): Non, pas de financement, parce
qu'elles ne seront pas affectées par les trois participants, le
financement pourra... Les demandes de financement concernant ce fonds sont
autorisées par un comité de financement spécifiquement
établi dès qu'il sera pratique de le faire, lequel sera
composé de cinq personnes nommées conjointement par les
gouvernements. (16 h 10)
M. Sirros: C'est ça. Il faut qu'on soit d'accord sur la
nomination des personnes.
Le Président (M. Gautrin): De toutes les personnes.
M. Sirros: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Et, tant qu'il n'y a pas
accord, il n'y a pas d'argent qui arrive là-dedans.
M. Sirros: Exact.
Le Président (M. Gautrin): Mais vous êtes
obligé d'en nommer un qui vient de la Société Makivik et
un autre de l'association régionale des Cris.
M. Sirros: Exact.
Le Président (M. Gautrin): D'accord. Mais c'est sous votre
direction que ça va se faire?
M. Sinros: Hum?
Le Président (m.
gautrin): c'est vous-même,
votre ministère, le secrétariat qui va être responsable de
cela, ou bien le ministère de l'environnement?
M. Sirros: C'est le ministère de l'Environnement. C'est le
processus environnemental tel que prévu par la Convention de la Baie
James. Ce qu'on a fait ici... Comme le disait M. Beau-chemin, il y avait cinq
comités, quatre comités, en fait, dans la Convention, plus ce
qu'on appelle le PFEEE, qui est le Programme fédéral d'examen
environnemental et... quelque chose, PFEEE, et ce qu'on a fait avec l'entente,
ici, c'est qu'on n'a pas fusionné les comités mais on s'est
assuré que le travail de ces comités serait coordonné.
Donc, le fonctionnement des différents comités est le
fonctionnement qui est prévu par la Convention. Ces comités
dépendent, pour ce qui est du Québec, du ministère de
l'Environnement, et c'est le ministre de l'Environnement qui est
l'administrateur quant aux travaux de ces comités; c'est lui qui nomme
les membres, c'est lui qui finance les études, etc.
Le Président (M. Gautrin): Donc, une fois que l'entente a
été signée, votre implication s'est terminée.
M. Sirros: Exact.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Duplessis.
M. Perron: donc, ça se retrouve dans les crédits du
ministère de l'environnement au lieu des crédits du saa.
ça se retrouve dans les crédits du ministre de l'environnement et
non pas dans les crédits du ministre...
M. Sirros:Exact.
M. Perron: M. le Président, est-ce qu'on pourrait passer
à Ashuapmushuan?
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. Si je savais
où c'est, ce serait mieux.
Aménagement de l'Ashuapmushuan
M. Perron: M. le Président, il y a beaucoup de gens qui
connaissent ce qui se passe au niveau de l'Ashuapmushuan. Il y a des
objections. On regarde ce dossier-là; d'un côté, il y a des
objections et, d'un autre côté, c'est positif, dépendamment
de ce dont on parle et à qui on parle. Est-ce que, dans le cas du
dossier énergétique de l'Ashuapmushuan, le ministre est
impliqué dans ce dossier, de quelque façon que ce soit? Et est-ce
qu'il peut nous dire où en est rendu le projet?
M. Sirros: Nous ne sommes pas impliqués de façon
directe au niveau du processus de ces travaux hydroélectriques. Le
projet, c'est M. Beauchemin qui pourrait vous donner des précisions
quant au stade actuel d'avancement de ses travaux. On le suit de près.
Nous sommes en contact avec Hydro-Québec et les autochtones. Donc, on
peut vous donner un portrait de la situation, mais nous ne sommes pas
impliqués formellement dans le processus d'avancement des travaux.
M. Perron: En même temps, puisque M. Beauchemin va prendre
la parole, est-ce que M. Beauchemin pourrait nous dire quelle est la position
des Montagnais de Mashteuiatsh, concernant ce dossier-là?
M. Beauchemin: À ma connaissance, ils n'ont pas pris de
position officielle par rapport au dossier de l'Ashuapmushuan, par rapport au
projet de développement hydroélectrique. J'ai entendu toutes
sortes de positions officieuses de la part d'individus, mais en tant que
conseil de bande, à ma connaissance, ils ne nous ont jamais transmis ou
ils n'ont jamais fait valoir une position pour ou contre le
développement hydroélectrique. Ils ont des préoccupations
qu'ils ont fait valoir, mais une position formelle, je n'en connais pas
à proprement parler.
M. Perron: Est-ce que ce dossier de l'Ashuapmushuan fait partie
des négociations territoriales ou si c'est parallèle aux
négociations?
M. Beauchemin: Tous les dossiers de développement du
territoire, dans le cadre de la négociation des revendications
territoriales globales, avaient fait l'objet, vous vous en souviendrez, d'une
entente qu'on appelle une entente sur les mesures provisoires, qui
prévoyait des forums spécifiques permettant au CAM, au Conseil
Atti-kamek-Montagnais, de faire valoir, en tant qu'interlocuteur
spécifique - et je dirais, entre guillemets, privilégié -
son point de vue par rapport à tout projet de développement
pouvant se dérouler lors des négociations. Comme vous le savez,
le Conseil Attikamek-Montagnais a refusé de prolonger cette entente sur
les mesures provisoires.
M. Perron: Ça, c'est une entente qui avait
été signée lorsque M. Ciaccia était ministre
délégué aux Affaires autochtones, je crois?
M. Beauchemin: Non. À ma connaissance, c'était M.
Savoie qui était titulaire du portefeuille, en 1988 ou 1989, de
mémoire. En 1989, exactement. Alors, à l'intérieur de
cette entente-cadre, qui n'existe plus étant donné... C'est
ça, elle a été signée en 1989. Elle était de
deux ans et, au printemps 1991, à la table des négociations, on a
eu plusieurs démarches pour deman-
der à toutes les parties de reconduire l'entente et le Conseil
Attikamek-Montagnais a refusé. On leur a bien expliqué que
ça les mettait dans une position où ils auraient
dorénavant beaucoup moins d'informations et beaucoup moins de chances de
faire valoir auprès de tous les intervenants qui peuvent faire du
développement leur point de vue, leurs avancés, etc., sur un
projet donné. Et, malgré toutes les explications qu'on a pu
donner, ils ont refusé. Donc, on est revenu à une situation, si
vous me permettez, où c'est les lois d'application
générale, sans entente, qui ont effet. Donc, c'est la partie I de
la Loi sur la qualité de l'environnement et, à ce titre, ils
peuvent faire des démarches auprès du ministre de l'Environnement
lorsqu'un projet de développement, qu'il soit minier ou autre, se
déroule sur le territoire.
M. Perron: Est-ce qu'on peut nous dire actuellement quelles sont
les raisons qui ont été évoquées par le CAM pour
refuser la reconduction de ces mesures transitoires?
M. Sirros: C'est une question, je pense bien, qu'il faudrait
poser plus précisément au CAM. Je pense que les raisons qui nous
ont été exposées à la table, c'était
à l'effet que, quant à eux, ils voulaient avoir un droit de veto
sur le développement, et l'entente sur les mesures provisoires ne leur
donnait pas ça.
M. Perron: Au niveau du projet lui-même, est-ce qu'il
accroche toujours ou s'il y a des raisons de croire que ce projet va aller de
l'avant par rapport au dossier énergétique?
M. Beauchemin: Toutes les informations que j'ai me portent
à croire que le dossier suit son cheminement normal dans des
circonstances où il y a beaucoup de personnes qui peuvent se poser des
questions, les Blancs y compris, les autochtones, les pêcheurs, les
élus, et où, face à un projet de développement
comme tel, je comprends que le promoteur en soit au stade de l'avant-projet.
Donc, il y a un débat public qui a lieu sur ce projet-là, comme
il peut y sn avoir sur des projets d'autres promoteurs.
M. Perron: Est-ce qu'à votre connaissance, toujours dans
le dossier de l'Ashuapmushuan, il y a une étude qui est faite se
rapportant à la proposition des Montagnais concernant les minicentrales,
au lieu d'avoir le projet directement relié à ce que
l'Hydro-Québec a présenté?
M. Sirros: Ce n'est pas en relation avec le projet de
l'Ashuapmushuan. Il y a des contacts entre les Montagnais de Pointe-Bleue, de
Mash-teuiatsh et le ministère de l'Énergie et des Ressources sur
deux projets de mini-centrales.
M. Perron: Mais qui n'ont rien à faire avec
l'Ashuapmushuan?
M. Sirros: Qui n'ont rien à faire avec ça.
M. Perron: Parce que, selon des informations que j'ai, il appert
que Pointe-Bleue et Mashteuiatsh étaient plutôt d'accord avec des
petites centrales plutôt que pour aller de l'avant avec
l'Ashuapmushuan.
M. Sirros: Ils ne sont pas dans le même bassin, on me fait
remarquer, puis ce n'est pas du tout de la même nature et de la
même portée. Donc, ce sont vraiment des choses
indépendantes les unes des autres.
M. Perron: Ça va, M. le Président. (16 h
20)
Le Président (M. Gautrin): Merci. Pas de questions? Alors,
on passe maintenant à SM 3.
Aménagement de la rivière
Sainte-Marguerite
M. Perron: SM 3, c'est effectivement une centrale
hydroélectrique où Hydro-Québec a un projet d'assez
d'envergure, de l'ordre de plus de 800 mégawatts, dans le comté
de Duplessls. On sait qu'actuellement il y a des contre inconditionnels,
surtout chez les Montagnais. On sait aussi qu'il y a des pour inconditionnels
face à différentes personnes et il y a d'autres personnes, comme
des représentants et des représentantes de l'APRM, que M. Maltais
connaît assez bien, et aussi des Montagnais qui sont favorables,
moyennant certaines conditions.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le Secrétariat des
affaires autochtones est impliqué, concernant la partie autochtone, dans
le dossier de SM 3, Sainte-Marguerite 3, de quelque façon que ce soit,
soit avec le CAM, ou encore les représentants du Conseil de bande de
Uashat-Maliotenam?
M. Sirros: Pas directement, encore une fois. Comme l'expliquait
M. Beauchemin tout à l'heure, l'entente sur les mesures provisoires
n'étant plus là, il n'y a pas de mécanisme
privilégié par rapport aux autochtones, par rapport aux
Montagnais dans ce cas-ci, pour discuter ou consulter sur les projets de
développement tels que SM 3. Il n'y a pas, donc, de mécanisme
formel par lequel nous sommes impliqués. Nous avons des contacts avec
les conseils de bande, nous échangeons. Il y a un processus
environnemental qui doit avoir lieu mais qui sera mené par le BAPE, au
niveau des audiences publiques. Les autochtones pourront participer, et je
souhaite qu'ils participent à ces audiences. Et, un peu comme avec
l'autre projet, il y a un processus qui est régi non pas par le
Secrétariat aux affaires autochtones mais par d'autres lois, qui prend
son cours.
M. Perron: M. le Président, dans les dossiers
énergétiques à travers le Québec, selon les
réponses qui, jusqu'à date, m'ont été
données par le ministre, on dirait que son gouvernement, et en
particulier la société Hydro-Québec, ne le met pas dans le
coup du tout, ou à peu près pas, par rapport à tous ces
dossiers qui sont en train d'être discutés à travers
à peu près toutes les régions du Québec,
dépendamment de la région où se trouve l'avant-projet
d'Hydro-Québec ou le projet qui s'en vient. Il me semble que le
gouvernement du Québec auquel II appartient devrait le mettre dans le
coup et s'assurer qu'il y ait une présence ministérielle de la
part du ministre délégué aux Affaires autochtones ou, au
moins, au minimum, de la part du Secrétariat aux affaires autochtones
dans chacun de ces dossiers-là, puisque de plus en plus il y a des
présences autochtones qui se font sentir lorsque arrivent des projets
comme ceux-là.
Remarquez bien, M. le Président, que c'est une opinion que je
donne, parce qu'on dirait que le ministre s'en remet toujours soit au ministre
de l'Environnement, soit à Hydro-Québec, soit à la
ministre de l'Énergie et des Ressources en rapport avec les dossiers
énergétiques. Puis il n'a pas l'air d'avoir grand chose à
faire comme décisions à l'intérieur du processus.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Perron: J'ai l'impression que le ministre est en train de
préparer sa réponse.
M. Sirros: Ha, ha, ha! Écoutez, comme je l'ai dit au
début dans mon allocution, l'approche qu'on a adoptée ici, au
Québec, ce n'est pas d'avoir un ministère ou un
secrétariat qui gère l'ensemble des activités en relation
avec les autochtones, mais plutôt que chaque secteur assume ses
responsabilités.
Dans le cas des projets hydroélectriques, il y a des lois
d'application générale telle, par exemple, la Loi sur
l'environnement qui s'applique à des projets hydroélectriques qui
touchent les autochtones, mais pas exclusivement les autochtones, comme SM 3,
par exemple.
Le rôle du Secrétariat aux affaires autochtones, c'est de
s'assurer que, dans les relations entre les autochtones et Hydro-Québec,
il y ait au moins un échange, qu'on tienne compte des
préoccupations des autochtones et que les autochtones participent et se
prévalent de toutes les opportunités qui sont offertes à
l'ensemble des citoyens pour faire valoir leur point de vue quant aux impacts
qu'ils peuvent avoir. Mais c'est une loi d'application générale
qui dépend, dans ce cas-ci, du ministre de l'Environnement. Et c'est
normal que ce soit ainsi, parce que ce n'est pas des projets qui touchent
uniquement les autochtones. Ça concerne d'autres citoyens, ça
concerne aussi le développement du Québec, ça concerne
aussi l'environnement. Comme il y a un ministre de l'Environnement qui a comme
mandat de s'assurer de la qualité environnementale des projets de
développement, je trouve normal que ça soit sous sa juridiction
que, dans ce cas-ci, par exemple, les audiences publiques soient tenues.
Quant à un projet qui est mis de l'avant par un promoteur qui,
dans ce cas-ci, est HydroQuébec - dans d'autres cas, ça peut
être des mines, ça peut être des opérations
forestières, ça peut être des alumineries - je ne me vois
pas être celui qui doit donner le feu vert à un projet
d'aluminerie, par exemple, quant à ses impacts environnementaux, pas
plus que je ne devrais l'être ou que ministre
délégué aux Affaires autochtones ne devrait l'être
quant à un projet de développement hydroélectrique. Le
rôle, c'est beaucoup plus de s'assurer, comme je le disais, que les
autochtones se prévalent de l'ensemble des opportunités qui sont
là pour faire valoir leur point de vue.
Il y avait, dans le cas des Montagnais et des Attikameks, dans le cadre
des négociations dont je suis responsable en tant que meneur du dossier,
si vous voulez, l'entente sur les mesures provisoires qui avait prévu
des processus particuliers pour l'implication et la consultation des
autochtones quant aux projets de développement sur le territoire sous
discussion. Comme M. Beau-chemin t'expliquait, les Montagnais ont choisi,
l'année passée, au mois d'avril, de ne pas reconduire l'entente.
Donc, on se trouve strictement avec les lois d'application
générale, même en ce qui concerne le territoire qui est
négocié actuellement avec le CAM.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez de vous
dire que j'ai une opinion actuellement, suite à l'étude des
crédits qui est faite au niveau des différents ministères,
et ce, depuis plusieurs années. Concernant les affaires autochtones,
directement ou indirectement, j'ai à peu près la certitude, un,
que tout est éparpillé à travers tous les
ministères et, deux, que c'est extrêmement difficile de coordonner
les décisions qui sont prises, puisqu'il y a peut-être quelque
chose comme 20 ministères du gouvernement du Québec, en plus du
fédéral qui vient mettre ses gros pieds là-dedans.
M. Sirros: Bien, 24.
M. Perron: Et on dirait que plus c'est éparpillé,
plus les décisions prennent du temps à se prendre, ce qui fait en
sorte que toutes les négociations, en bloc, traînent en longueur.
Alors, je comprends que ce n'est pas avec un budget d'un petit peu plus que 4
000 000 $ que le SAA va réussir à... Le SAA est placé
actuellement seulement comme organisme de coordination, mis à part les
négociations avec le CAM où le ministre a directement la
responsabilité. Mais, dans toutes les autres choses, je vous en
passe
un papier que c'est difficile de se comprendre. Une chatte y perdrait
ses petits, là-dedans.
M. Sirros: Moi, je...
M. Perron: Puis on parlait, tout à l'heure, cet
avant-midi, de 389 000 000 $ dépensés par d'autres
ministères, puis, d'après moi, très souvent, on ne parle
même pas avec les représentants ou représentantes du SAA
avant de prendre des décisions comme celles-là.
M. Sirros: J'apprécie beaucoup la préoccupation du
député quant à la complexité de la tâche et
du rôle important que joue et que peut jouer le SAA. C'est pour ça
que je trouvais important, au début de mon allocution, de bien
préciser le rôle et le mandat du Secrétariat et, comme je
le disais, dans le cas des négociations globales, nous sommes porteurs
du dossier, même si ça implique des ministères sectoriels
qui, eux, doivent participer avec nous aux discussions, mais c'est nous qui
menons la table. Dans le cas des ministères sectoriels et dans leurs
relations avec les autochtones, nous sommes là pour jouer un
rôle-conseil. Le rôle-conseil peut être joué
efficacement dans la mesure où des conseils sont recherchés ou
requis. Nous avons une expertise au SAA qui nous permet de donner des conseils
judicieux et nous avons, avec l'ensemble, je dirais, des ministères, des
relations. Nous avons, à tous les mois, une assemblée des
coordon-nateurs qui rassemble tous les coordonnateurs dans chacun des 24
ministères qui sont concernés par la question autochtone,
où l'information est échangée et coordonnée. Le
député a raison de dire qu'il peut y avoir des situations
où II y a des décisions prises sans que ça passe pour
jugement, approbation ou conseil au SAA. Chaque ministère se...
M. Perron: ...a sa chasse gardée. (16 h 30)
M. Sirros: Ça, d'une part, des fols, mais j'allais dire,
moi, que chaque ministère juge comment il veut procéder. Certains
ont une expertise qui leur est propre, égeîsment, vis-à-vis
des autochtones, ont développé, avec le temps, d'excellentes
relations avec les autochtones et ont conclu des ententes qui
répondaient aux besoins tant des ministères sectoriels que des
autochtones. D'autres ont des relations moins développées mais,
comme je le soulignais, un des rôles que le Secrétariat joue et
peut jouer davantage, c'est le rôle-conseil auprès des
ministères. Nous le jouons vis-à-vis de l'ensemble du
gouvernement. C'est dans le rôle et le mandat du Secrétariat. Mais
j'apprécie, encore une fois, la préoccupation qu'a le
député pour la complexité de la tâche.
M. Perron: Oui, ce n'est sûrement pas facile, parce que,
lorsqu'on regarde ce qui se passe dans chacun des ministères, ou,
d'ailleurs si on regarde la législation qui a été
passée à l'Assemblée nationale depuis un certain nombre
d'années, en particulier suite à la signature de la Convention de
la Baie James et du Nord québécois en date du 11 novembre 1975,
on se rend compte qu'il y a plusieurs ministères qui se sont
ramassés avec des chasses gardées où même le SAA n'a
pas grand-chose à dire au niveau des décisions, même au
niveau des recommandations, puisque c'est déjà inscrit dans la
loi. Par contre, je sens que le SAA, très souvent, se ramasse avec des
problèmes qui proviennent, justement, d'autres ministères, et il
est obligé de participer à des négociations pour
régler les problèmes.
M. Sirros: Moi, je dirais que ce n'est pas le SAA qui se ramasse
avec les problèmes, c'est l'ensemble de la société qui se
ramasse, au bout de la ligne, avec les problèmes, parce que le
SAA...
M. Perron: Parce que c'est trop éparpillé, de toute
façon.
M. Sirros: ...n'est pas un ministère comme tel. C'est un
secrétariat de coordination. Nous n'avons pas de programmes
précis à administrer, exception faite du programme de transfert
à des organismes pour 1 000 000 $. Nous sommes effectivement un
secrétariat de coordination. La force, donc, du Secrétariat, se
retrouve dans sa capacité de porter et de donner des conseils aux
ministères sectoriels, d'établir les liens nécessaires au
développement de relations harmonieuses avec les communautés
autochtones et, souvent, et surtout dans le contexte où on se retrouve
actuellement, c'est un rôle qui est difficile parce que, d'une part,
à l'heure actuelle, nous sommes dans une situation où les
autochtones développent davantage leurs propres structures et, dans ce
sens-là, recherchent la prise en charge et l'autonomie. Et, d'autre
part, nous vivons tout ça dans un climat, comme je le disais au
début, difficile et tendu.
Autres sujets
M. Perron: M. le Président, si vous permettez, puisqu'il
nous reste à peu près 15 minutes pour terminer les
crédits, j'aimerais poser quelques questions en rapport avec les
différents dossiers qu'il reste à traiter, des questions assez
courtes, afin que le ministre puisse nous donner les informations se rapportant
à chacun des sujets.
Je vais continuer dans l'ordre, mais avec de courtes questions. Le lac
Robertson, est-ce que le ministre a des informations actuellement à
l'effet que le CAM irait en contestation juridique par rapport à la
décision d'Hydro-Québec, sanctionnée par le gouvernement
lui-même au niveau du Conseil des ministres, face à la
construction de la centrale du lac Robertson ainsi que de la ligne de 69
kV qui va suivre la côte dans la Basse-Côte-Nord du golfe du
Saint-Laurent?
M. Sirros: C'est ce qu'ils nous ont dit, qu'ils allaient intenter
des poursuites vis-à-vis de ce projet. Dans la mesure où c'est
leur droit d'aller devant les tribunaux, je pense qu'Hs vont essayer d'exercer
leur droit.
M. Perron: À ce moment-là, si, mettons, les
Montagnais, le CAM exerce ce droit qui existe en démocratie, est-ce que
ça remet en question les échéanciers du lac Robertson?
M. Sirros: Je ne peux pas répondre à ça sans
savoir quel jugement le tribunal portera.
M. Perron: Non, mais si c'est porté devant un tribunal, et
on sait, mettons, que si ça va jusqu'à la Cour suprême
ça peut prendre trois ans, quatre ans, cinq ans avant que ça ne
se règle, ça veut dire que, juridiquement parlant, le lac
Robertson est remis encore en question à cause de ça.
M. Sirros: Ça le pourrait, dépendant des
décisions que la Cour prendrait, par exemple, vis-à-vis des
demandes d'injonction pour arrêter les travaux, etc. Si la Cour
décide qu'il n'y a pas lieu d'accorder une injonction pour arrêter
les travaux, évidemment, ça n'aura pas d'impact. Si la Cour
décide que, oui, il y a lieu, parce que ça peut... en tout cas,
peu importent les raisons, évidemment, ça peut affecter
l'échéancier.
M. Perron: Au niveau des négociations territoriales, le
CAM, Conseil Attikamek-Monta-gnais, est-ce que le ministre pourrait dire
où en sont les négociations actuellement avec le CAM, puisqu'il
en est lui-même responsable?
M. Sirros: Nous avons eu une rencontre tout récemment,
où nous avons échangé des projets de proposition d'entente
de principe sans quantum, et nous avons une rencontre prévue la semaine
prochaine pour continuer la discussion sur les documents qui ont
été déposés tout récemment, il y a trois
jours.
M. Perron: Est-ce que les négociations avancent, ou si
ça piétine, ça tourne en rond?
M. Sirros: Ça dépend de l'interprétation de
chacune des parties. Je dois dire que je trouve 12 ans de négociations
très long. Je dois dire que je suis surpris d'apprendre que c'est la
première fois qu'il y a eu des dépôts de documents aussi
détaillés, même des documents de projets d'entente globale,
même si, pour l'instant, il ne s'agit pas de quantum comme tel. Et
j'estime que ça pourrait nous permettre d'avancer dans le dossier, dans
la mesure où on peut tous être réalistes vis-à-vis
des sujets sur la table.
M. Perron: Les documents qui vous ont été fournis
dernièrement pas le CAM, est-ce que, dans ces documents, on retrouve
toujours la question des 700 000 kilomètres carrés ou si la
demande est amoindrie?
M. Sirros: Ce n'est pas formulé comme tel, mais vous me
comprendrez de vouloir éviter de répondre de façon
très précise sur le contenu précis des documents qui sont
discutés pour l'Instant à la table de négociations.
M. Perron: Donc, je comprends que le ministre a pris un
engagement à l'effet que ce document sera discuté en
privé, plutôt que d'être amené...
M. Sirros: Je ne veux pas négocier en public. Je peux
répéter que je trouve que, 12 ans, c'est long, et que je suis
insatisfait de la longueur que les négociations prennent. Et, sans
mettre le blâme sur personne, je pense que, ensemble, les parties ont des
torts qu'on peut corriger.
M. Perron: Dans le dossier des négociations, est-ce que le
ministre peut nous dire si sa politique gouvernementale qui va venir
éventuellement retarderait la signature d'une entente avec le CAM?
M. Sirros: Non.
M. Perron: D'aucune façon?
M. Sirros: Non.
M. Perron: Ce sont deux dossiers qui sont carrément
dissociés l'un de l'autre?
M. Sirros: Oui, l'un étant très spécifique,
où on négocie des choses très concrètes et
très spécifiques. Ça peut aussi nous permettre d'avancer
l'autre, dans la mesure où on peut s'entendre avec le CAM sur, par
exemple, la forme de gouvernement que les autochtones voudraient avoir suite
à cette entente. Ils ne sont pas directement liés, et les
négociations se font sans préjudice.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Une dernière question là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y, M. le
député.
M. Perron: Est-ce que, dans les demandes
se rapportant au dossier qu'il a reçu dernièrement, il y
a, à l'intérieur, une demande financière en dommages
causés? En d'autres mots, est-ce qu'on dit: Pour abolir nos droits, on
vous demande tant, ou si c'est seulement une question territoriale?
M. Sirros: Non, non. Il y a aussi une question monétaire
qui est négociée. Il y a aussi une question de...
M. Perron: II y a deux questions fondamentales qui sont en
demande, la question territoriale et la question financière incluse dans
ces documents. Ça va pour ça, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): J'ai une question du
député de Hull, monsieur...
M. LeSage: C'est dans le même domaine, M. le
Président, que celui du député de Dubuc...
Une voix: Duplessis.
M. LeSage: ...Duplessis, plutôt. On parle d'une
négociation, M. le ministre, qui a duré 12 ans. Je trouve
ça long, 12 ans de négociations. À quoi est-ce qu'on
attribue ce long délai? Est-ce que c'est parce que ça a mal
débuté? il y a sûrement quelque chose qui est arrivé
à un moment donné pour que ça dure si longtemps que
ça. (16 h 40)
M. Sirros: Comment vous expliquer ça? Il faut dire qu'il
ne faut pas imaginer qu'il y a eu pendant 12 ans des négociations
intensives tout le long de ces 12 ans. Il y a eu même une couple de
périodes de deux ans, dans un premier temps, je pense, et de trois ans
par la suite, où les négociations ont été sinon
rompues, du moins arrêtées. L'autre élément qui
l'explique, c'est la complexité de la négociation au niveau de
préparer les demandes ou les offres, si vous voulez, dans le sens qu'on
partait d'abord, il y a 12 ans, d'une acceptation qu'il y avait
véritablement une demande valable pour une revendication territoriale,
et il fallait structurer toutes les négociations qui étaient
parmi les premières négociations acceptées dans la
politique de négociations du fédéral à
l'époque à travers le pays. Donc, enlevez les 5 ans où je
disais qu'il y avait des arrêts dans les négociations, II s'agit
de 7 ans. Il y a eu récemment 8 autres mois d'arrêt. Je ne peux
pas l'expliquer de façon qui me satisfasse; c'est pour ça que je
disais que je trouve que, 12 ans, ça commence à être pas
mal long. Et, si on veut avancer, il faut qu'on trouve de part et d'autre des
moyens d'arriver à une entente.
On a conclu une entente-cadre, puis une entente sur les mesures
provisoires, en 1988 et 1989, respectivement. Donc, les premières
séries de négociations portaient sur le cadre dans lequel les
négociations continueraient et sur les mesures provisoires pendant qu'on
négocie. Et nous sommes maintenant rendus au point, comme je le disais,
suite au non-renouvellement de l'entente sur les mesures provisoires, où
nous avons commencé tout récemment à discuter sur un
projet d'entente de principe. Il faudrait qu'on soit d'accord tout au moins sur
les principes qui vont soutenir l'entente éventuellement conclue
où, là, on pourrait parler de quantum: combien d'argent, combien
de terres, quels pouvoirs, quelles juridictions, applicables à qui,
financées comment, toutes "es questions-là. Mais, effectivement,
j'ai eu la même réaction quand j'ai appris, en assumant le
ministère, qu'il y avait des négociations qui avaient
débuté il y a 10 ans.
Une voix: Et demi.
M. LeSage: Selon les négociations présentement en
cours, M. le ministre, est-ce que vous avez une indication ou une idée
approximative sur combien de temps ça pourrait durer encore?
M. Sirros: Ha, ha, ha! Aucune. J'hésiterais beaucoup
à m'avancer sur cette question.
M. LeSage: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Duplessis, brièvement, parce qu'on arrive au terme de nos
échanges.
M. Perron: Je ne blâme pas le ministre de ne pas
répondre à la question. M. le Président, dans le cadre des
Hurons, item 8, est-ce que le ministre pourrait nous dire quel est le
rôle exact de son Secrétariat dans les présentes
négociations entre le MLCP et la nation huronne-wendat?
M. Sirros: II y a trois tables avec les Hurons. Nous participons
à deux tables comme gouvernement du Québec. Nous sommes
responsables d'une table directement, en tant que Secrétariat, celle sur
l'autonomie gouvernementale, et nous sommes présents à la table
sur les mesures provisoires avec le MLCP quant à l'application du
traité Murray.
M. Perron: Oui.
M. Sirros: Et le jugement Sioui, qui a été
prononcé par la Cour suprême...
M. Perron: Et l'autre table.
M. Sirros: L'autre table concerne strictement le
fédéral et les Hurons, et ça porte sur la revendication
particulière sur les 40 arpents...
M. Perron: Sur?
M. Sirros: ...de Val-Bélair.
M. Perron: mais pourquoi est-ce que ça concerne le
fédéral? parce que c'est un dossier spécifique qui a
été présenté au gouvernement
fédéral?
M. Sirros: Oui. Je demanderais à M. Beau-chemin de vous
expliquer rapidement le pourquoi; toutes les revendications
particulières relèvent du fédéral et non pas du
Québec.
Le Président (M. Gautrin): Brièvement, M.
Beauchemin.
M. Sirros: II s'agit de...
M. Beauchemin: Les revendications particulières, au fond,
c'est pour des accrocs administratifs que le ministère des Affaires
indiennes aurait pu faire sur des territoires qui, autrefois, étaient
des réserves. Alors, dans le cas des 40 arpents, le
fédéral a convenu avec les Hurons qu'il y avait pu y avoir, lors
de la cession de ces 40 arpents, des accrocs, et ils sont à
négocier une indemnité. Mais ça ne concerne pas du tout le
Québec.
M. Perron: O.K. Lac-Barrière.
Le Président (M. Gautrin): II nous reste encore deux
minutes, et il va falloir...
M. Perron: bien, ne parlez pas trop, m. le président,
parce que je n'aurai pas le temps de poser ma question.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais, moi, il va falloir
que je fasse voter mes crédits aussi. C'est votre dernière
question.
M. Perron: Dans l'accord avec les Algonquins qui a
été signé l'an dernier, on parlait d'un plan d'action que
le gouvernement du Québec devrait déposer suite à la
signature de l'entente. Est-ce que ce document est déposé, d'une
part, et, sinon, qu'est-ce qu'attend le gouvernement? Qu'est-ce qui fait en
sorte que le gouvernement ne l'ait pas encore déposé?
M. Sirros: Le document est entre les mains des Algonquins
à l'heure où on se parle, et ils sont en train de l'examiner.
Jusqu'à maintenant, nous avons pu nous entendre avec eux sur la
désignation des zones sensibles. Un certain nombre d'autres discussions
ont eu des hauts et des bas, des hauts cris, des bas... En tout cas, nous
sommes actuellement au point où nous avons soumis aux Algonquins le plan
d'action proposé.
M. Perron: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Allez-y. Enfin, on est presque
à la limite du temps; je vous permets une dernière brève
question.
M. Perron: Concernant le logement pour les autochtones, je ne
demande pas au ministre de me répondre immédiatement, mais s'il
voulait m'envoyer des informations se rapportant au logement pour les
autochtones hors réserves, comme mentionné dans le document, se
rapportant au Programme de logement pour les autochtones en milieu urbain, le
LUA, et aussi au LRA, c'est-à-dire en milieux ruraux et autochtones, et
des informations générales aussi sur la Corporation Waskahegen
qui gère les habitations à loyer modique pour les autochtones
hors réserve. Est-ce que le ministre pourrait me faire parvenir des
informations générales là-dessus?
M. Sirros: Certainement, sans problème.
M. Perron: Le nom, aussi, des membres du conseil d'administration
de Waskahegen, si possible.
M. Sirros: On prend note.
M. Perron: Et combien y a-t-il d'autochtones présents
là-dessus, ça m'intrigue.
M. Sirros: On prend note.
M. Perron: Et, en conclusion, M. le Président, j'aimerais
déposer, suite aux réponses qui ont été
données par le SAA aux quelque 30 questions que nous avions
posées, un document à l'effet que le ministre ou le SAA nous
fasse parvenir des informations additionnelles à propos des demandes 3,
10 et 25 des questions générales et particulières que nous
avions posées. Alors, je le dépose, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci, le document est
reçu par la commission et transmis au. ministre.
Adoption des crédits
Alors, on arrive à la limite du temps qui nous était
imparti pour débattre des questions relatives au programme 4 du
ministère du Conseil exécutif. Je vais donc soumettre
actuellement l'adoption des crédits du programme 4 du Conseil
exécutif. Est-ce que ces crédits sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. Alors, la
commission ayant rempli le mandat que la Chambre lui a donné, j'ajourne
les travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 48)