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(Neuf heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum est constaté.
Je déclare donc la séance de la commission des institutions
ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission pour aujourd'hui qui est
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires concernant le ministère de la Sécurité
publique, programmes 1 à 8, pour l'année financière
1992-1993.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements...
Le Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...quant aux membres de la
commission?
Le Secrétaire: M. Fradet (Vimont) est remplacé par
M. Tremblay (Rimouski) et M. Hamel (Sherbrooke) est remplacé par M.
Lafrenière (Gatineau). (9 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Je rappelle aux
membres de la commission que nous avons une enveloppe de six heures pour faire
cette étude des crédits. Quant au partage du temps entre les
formations politiques, on m'informe qu'il n'y a aucune entente; donc, je vais
m'assurer de partager le temps équitable-ment. Dès maintenant, je
souhaite la bienvenue au ministre de la Sécurité publique.
J'aimerais lui demander, avant qu'il procède a ses remarques
préliminaires, qu'il nous présente ses principaux collaborateurs.
Je dis «principaux» puisque, si vous nous présentez tout
votre monde, on risque de perdre une heure et demie sur notre enveloppe. Mais,
blague à part, je souhaite la bienvenue évidemment à tous
les fonctionnaires, les hauts fonctionnaires du ministère de la
Sécurité publique pour cette étude de crédits.
J'aimerais peut-être prendre 30 secondes parce que, bien souvent,
on nous demande qui est ce député. Je vais vous présenter
les députés de la commission, en commençant par la droite.
Je prends 30 secondes. M. Yvon Lafrance, député d'Iberville; M.
John Kehoe, député de Chapleau dans l'Outaouais; M. LeSage,
député de Hull, toujours dans l'Outaouais évidemment; M.
le député de Montmagny-L'Islet, M. Gauvin; M. Benoit,
député d'Orford; Dauphin, Claude, député de
Marquette; le secrétaire de la commission, M. Beaulé; M. Claveau,
qui est porte-parole de l'Opposition officielle, député d'Ungava,
et le député de Westmount, M. Richard Holden. Mme Beaure-gard
aussi, qui est secrétaire du secrétaire de la commission.
Alors, M. le ministre, si vous voulez nous présenter les
personnes qui vous accompagnent et procéder à vos remarques
préliminaires. Bienvenue, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il me plaisir de me retrouver
avec la commission parlementaire des institutions pour l'examen des
crédits du ministère de la Sécurité publique.
J'adresse des salutations cordiales aux membres de la commission. Je les assure
de ma collaboration pendant toute la journée, et même pendant
toute l'année. Je voudrais vous présenter, conformément
à ce que vous m'avez demandé, les principaux collaborateurs qui
m'accompagnent. Vous voyez qu'il y en a plusieurs en arrière. Je ne
pourrai pas vous les présenter tous et toutes, mais je vais
présenter les principaux.
À ma gauche, M. Jean-Marc Boily, qui est le sous-ministre au
ministère de la Sécurité publique depuis
déjà plusieurs mois, qui a remplacé M. Jacques Beaudoin au
cours de la dernière année. À la gauche de M. Boily, il y
a M. Michel Noël de Tilly, sous-ministre adjoint... Je m'excuse, c'est
associé aux affaires administratives et à la planification de la
Direction financière.
En arrière, qui se joindront à nous quand les sujets qui
les intéressent plus immédiatement seront à l'ordre du
jour, il y a M. Normand Carrier, sous-ministre associé à la
Direction des services correctionnels; il y a M. Jean-Jacques Paradis,
sous-ministre associé à la Direction générale de la
sécurité civile.
Parmi les principaux officiers qui sont ici également ce matin,
il y a M. le coroner en chef du Québec, le docteur Jean Grenier, et le
président-directeur général de la Régie des permis
d'alcool du Québec, M. Ghislain K.-Laflamme. Il y a M. le directeur
général de la Sûreté du Québec,
accompagné de quelques-uns de ses principaux collaborateurs, M. Robert
Lavigne; M. Gilles Bouchard, le directeur général de l'Institut
de police du Québec, est ici.
Vous voyez tout de suite l'horizon des questions que vous pourrez
soulever au cours de la journée. Je pense que cette enumeration vous
indique qu'à défaut de réponse de la part du ministre,
vous aurez toutes les sources autorisées que vous pourrez souhaiter pour
avoir des clarifications sur tout sujet qu'on voudra soulever. J'ajoute
également Mme Renée Collette, la présidente de la
Commission des libérations conditionnelles du Québec.
Je crois avoir indiqué les noms des principaux collaborateurs et
collaboratrices qui sont en notre compagnie ce matin. Il me fait bien plaisir
de vous assurer qu'ils accomplissent un travail de première
qualité au service de l'État québécois. J'oubliais
de mentionner - excusez-
moi - Me Fernand Côté, qui est le commissaire à la
déontologie policière, que je salue cordialement. On a
également le président du Comité de déontologie
policière. S'il n'est pas ici actuellement, il viendra plus tard dans la
journée sûrement, M. Claude Brazeau. Il est là. Si j'en
oublie, ne vous gênez pas de me le signaler, mais je pense que ça
fait le tour des principaux organismes. Ça va?
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors,
bienvenue, mesdames, messieurs. M. le ministre, pour vos remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je crois comprendre que le
porte-parole de l'Opposition souhaiterait que nous soyons plutôt brefs au
stade des remarques préliminaires. D'ordinaire, il y avait une
convention non écrite qui nous permettait de nous épancher assez
longuement au début des travaux de la commission pour bien situer
l'ensemble des sujets. J'accepterai volontiers d'être plus bref ce matin
quitte à ce que, quand nous aborderons chaque programme, nous puissions
fournir des éléments d'information de base au début des
discussions, conformément à nos règles d'ailleurs.
Le Président (M. Dauphin): Très bien.
M. Ryan: alors, si vous me permettez, je ferai des remarques
brèves ce matin. je voudrais tout d'abord signaler au début que,
au cours de la dernière année, le gouvernement a
procédé à la nomination d'un nouveau sous-ministre en la
personne de m. jean-marc boily qui m'accompagne. m. boily avait une longue
expérience des affaires policières. il n'a pas été
policier lui-même, à ma connaissance, mais il a été
longuement mêlé aux négociations des conditions de traval
dans le secteur policier, en particulier à la sûreté du
québec, et, en plus, il a travaillé longtemps au conseil du
trésor. il était allé ensuite dans le secteur privé
comme consultant en relations de travail. il a réintégré
le bercail, se rendant compte que le secteur public offre des avantages, des
défis qu'on ne peut pas toujours trouvé dans le secteur
privé, j'imagine. alors, je suis bien content qu'il soit venu se joindre
à nous.
Je voudrais, avant de quitter ce sujet, exprimer mon appréciation
à l'endroit du service que son prédécesseur, M. Jacques
Beaudoin, a rendu à la société québécoise
pendant sa longue carrière, d'abord au service de la Sûreté
du Québec où il fut directeur général pendant 14
ans, après avoir occupé toutes sortes de postes à
l'intérieur de l'organisation, et, ensuite, au ministère de la
Sécurité publique où il a été le
sous-ministre pendant trois ou quatre ans. J'ai joui de la collaboration de M.
Beaudoin qui a été un collaborateur loyal à l'endroit du
ministre, à l'endroit de l'État québécois
également. Je pense qu'il est de mise qu'on lui adresse des
remerciements sentis à l'occasion des travaux de la commission
parlementaire.
M. Boily est entré en fonction, je pense que c'est en novembre ou
décembre, le 18 novembre dernier. Il a eu le temps de se faire la main
déjà. C'est pour ça que les députés sont
invités à ne pas le ménager, s'il y a des questions
à lui adresser, voire même des critiques. brièvement, je
voudrais souligner que, dans les crédits et les orientations que nous
envisageons pour l'année 1992-1993, il y aurait les points saillants
suivants que j'aimerais souligner. tout d'abord, de même que dans
l'ensemble du gouvernement, on remarque, à mesure qu'on examine chaque
programme, un souci de rigueur, de discipline et d'économie. je pense
que ceci transpire à travers toutes les questions que nous allons
aborder aujourd'hui. nous essayons de faire les choses de manière
efficace mais en même temps en tenant compte du contexte
extrêmement serré dans lequel doivent être
gérées ces années-ci les finances publiques. alors, vous
remarquerez que les crédits accordés au ministère pour !a
présente année accusent une augmentation très modeste par
rapport à l'année dernière. en gros, les crédits du
ministère pour 1992-1993 totaliseront 843 975 000 $, comparativement
à 840 990 000 $ l'année dernière. évidemment, vous
voyez que la différence est extrêmement mince. évidemment,
l'augmentation est un peu plus sensible si l'on compte que certaines
dépenses reliées à la crise amérindienne de 1990,
et qui s'étaient prolongées au cours de la dernière
année, ne reviendront pas au même degré au cours de la
prochaine année. c'est pour ça que, si vraiment on tient compte
de ces données, l'augmentation réelle est plutôt de 19 600
000 $ ou 2, 4 %, tandis que l'augmentation pour les dépenses
gouvernementales totales est de 5, 8 %.
Parmi les points sur lesquels nous avons réussi quand même
à obtenir certains ajouts de crédits en raison des besoins dont
nous étions saisis, je voudrais mentionner les suivants: une somme de
400 000 $ est octroyée aux coroners pour absorber les coûts de
nouveaux tarifs qui devront être versés à des firmes
privées pour le transport, la garde et la conservation des cadavres; une
somme de 4 000 000 $ est accordée aux services correctionnels pour le
fonctionnement d'un nouveau pavillon au centre de détention de
Sherbrooke, 48 places, et à celui de Bordeaux, 192 places. Nous aurons
l'occasion de discuter amplement de ce sujet quand nous en viendrons au
programme 3 qui traite des services correctionnels. (9 h 50)
La Commission québécoise des libérations
conditionnelles se voit octroyer des crédits
nouveaux de 527 000 000 $ et 11 personnes à temps complet pour
lui permettre d'améliorer son fonctionnement, de réduire les
délais d'attente des détenus admissibles à une
libération conditionnelle, de mettre en place un nouveau programme de
libérations conditionnelles. J'ai dit 527 000 000 $; 527 000 $ ça
va de soi, parce que le budget total est à peu près de 3 000 000
$.
L'Institut de police du Québec reçoit pour sa part des
crédits additionnels de 1 169 000 $, principalement pour lui permettre
d'accueillir un plus grand nombre de stagiaires à son programme de
formation de base, ce qui entraînera, ça va de soi, une
réduction du nombre de cégépiens qui sont en attente
d'admission à un stage. Des crédits de 423 000 $ ainsi que neuf
employés à temps complet sont accordés à la
Direction générale de la sécurité et de la
prévention pour lui permettre d'assurer la sécurité au
nouveau palais de justice de Laval qui ouvrira ses portes dans quelques mois.
Une somme de 1 400 000 $ est accordée à la Direction
générale de la coordination ministérielle et des services
corporatifs pour permettre de compléter la mise en place d'un nouveau
plan directeur en matière d'informatique. Une augmentation au chapitre
des loyers de 3 900 000 $.
Parmi les réductions de dépenses, on constate que les
dépenses de fonctionnement, de capital et de transfert ne sont pas
indexées pour l'année 1992-1993. Il y a ici une épargne de
6 900 000 $. Une compression de 2 % de l'effectif du ministère, qui a
été établie à travers tout le gouvernement,
excluant la Sûreté du Québec, se traduit par une
réduction de 76 emplois à temps complet et une épargne de
3 200 000 $. Certaines mesures retenues par le comité Morin - c'est un
comité gouvernemental qui a étudié les économies
possibles à travers les différents secteurs du gouvernement - ont
amené une réduction additionnelle de 13 autres postes et une
économie de 1 046 000 $ pour le ministère et de 1 399 000 $ pour
la Sûreté du Québec. On aura l'occasion d'en reparler quand
on viendra à l'étude détaillée de chaque poste.
En ce qui concerne l'effectif total autorisé du ministère
comme tel, cet effectif va passer de 4501 à 4506 emplois
équivalents temps complet, soit une augmentation de 5 postes. Si vous
comptez les ajouts que nous avons faits à Bordeaux et à
Sherbrooke pour les centres de détention, vous voyez qu'on
bénéficie de réductions qui ont été faites
ailleurs, dont j'ai fait état d'ailleurs. L'effectif total
autorisé de la Sûreté du Québec augmente, pour sa
part, de 112 policiers et de 33 civils. Nous donnerons les explications quand
nous en serons rendus à l'examen des crédits de la
Sûreté du Québec.
Par conséquent, ce premier trait, vous voyez, c'a
été examiné d'une manière serrée, et je
crois pouvoir affirmer que de tous les ministères du gouvernement, celui
de la Sécurité publique est peut-être celui qui a
présenté l'ensemble de mesures le plus complet et le plus
précis pour répondre aux exigences de rigueurs administratives du
gouvernement en vue de cet exercice financier pour lequel nous étudions
des crédits.
Une chose que je remarque partout dans les notes qui m'ont
été remises par nos services, c'est une adhésion
très prononcée à l'objectif d'amélioration du
service au public. J'en félicite les responsables des différents
secteurs du ministère. Partout on trouve ce souci, malgré les
conditions contraignantes dans lesquelles on doit fonctionner, d'offrir
à la population un service plus efficace, plus empressé et de
meilleure qualité. Je le souligne, je pense que c'est fondamental:
L'objectif que je poursuis comme ministre, c'est que chaque collaborateur et
collaboratrice du ministère, où qu'il soit, voit sa
responsabilité et sa dignité reconnues non seulement par le
ministre et ses collaborateurs de niveau plus élevé, mais
également par lui-même et par elle-même. C'est lorsque nous
aurons partout une policière, un policier fier de son métier,
sachant qu'il peut l'exercer avec dignité et compétence, dans le
respect de ses supérieurs, que nous aurons une police qui va fonctionner
à fond de train.
C'est la même chose dans les établissements de
détention. Le ministre peut avoir les plus belles pensées, les
plus généreuses, ce n'est pas lui qui est en contact quotidien
avec le détenu, c'est la personne qui a la fonction modeste de gardien
et les personnes qui l'encadrent. C'est à ces personnes-là, je
pense, qu'il faut communiquer le désir que nous avons tous que la
collectivité québécoise, par l'intermédiaire de ses
services publics, offre à la population des services de grande
qualité. Alors, je constate que ce souci est très répandu
dans le ministère, et on peut compter sur mon appui entier chaque fois
qu'on voudra le pousser plus loin encore.
Troisième remarque générale. Vous remarquerez que
de plus en plus - ceci est vrai dans l'ensemble du gouvernement, mais ça
s'applique particulièrement au ministère de la
Sécurité publique - nous demandons une participation de plus en
plus concrète des bénéficiaires de services au financement
du coût des services. On parlait, dans les journaux de fin de semaine,
d'un discours de M. Claude Béland, du Mouvement Desjardins, dans lequel
il disait que l'époque de l'État-providence était
révolue. Nous parlons maintenant de toutes sortes d'autres concepts:
l'État-accompagnateur, l'État qui vient suppléer ou
soutenir l'action du secteur privé sans se substituer à lui. Je
pense qu'il faut aller plus loin et dire: D'abord, l'État-soutien du
citoyen individuel dans la pleine prise en charge" par ce dernier des
responsabilités qui lui incombent.
Je voudrais vous donner quelques exemples. En matière de permis
d'alcool, par exemple, nous allons requérir de la part des
détenteurs de permis une contribution plus élevée au
coût
qu'entraîne le fonctionnement de la Régie des permis
d'alcool du Québec. Nous offrons à la population un service de
contrôle et de surveillance qui est d'excellente qualité. Il est
normal que les principaux bénéficiaires, les détenteurs de
permis, apportent une contribution, et ils seront appelés à le
faire au cours de l'année.
À l'Institut de police du Québec, nous demandons une
contribution de plus en plus élevée des personnes qui viennent
s'inscrire à l'Institut de police du Québec. Nous maintenons le
principe de la gratuité, en ce qui touche l'enseignement proprement dit,
qui est considéré comme étant de niveau collégial.
Je parle de l'enseignement régulier; non pas de l'enseignement
postcur-riculaire ou extracurriculaire, l'enseignement régulier. Nous
exigeons - et je pense qu'à la fin de 1992 nous aurons atteint
l'objectif - que la personne qui vient séjourner à l'Institut de
police de Nicolet paie elle-même, ou par les gens qui l'envoient
là - ça peut être sa municipalité, ça peut
être son corps de police - le plein montant des coûts de pension,
les frais de pension qui sont encourus pour son séjour à Nicolet.
(10 heures)
On a le programme Alcofrein. C'est un programme pour les personnes qui
ont été prises en délit de conduite, par exemple, en
état d'ébriété ou avec facultés affaiblies.
Actuellement ces personnes sont déjà invitées à
verser une contribution pour les sessions de formation qu'elles doivent suivre.
Le montant de la contribution sera augmenté. Il était de 50 $, on
envisage de le porter à 100 $. Les gens qui sont condamnés
à des peines intermittentes, c'est-à-dire qu'ils peuvent aller
faire un petit séjour à rétablissement de
détention, en ressortir pour aller faire leur travail, revenir passer
une nuit ou tout ça, on se dit: ils vont à l'hôtel aux
frais de la princesse. Peut-être que ça serait une bonne chose
qu'ils en paient une partie. Alors, ça, on envisage une contribution de
ce côté-là également. Je pense bien qu'il n'y a
personne qui va s'opposer à ça.
Je pourrais donner d'autres exemples aussi, mais je pense que ceux-ci
suffisent. C'est une nouvelle approche qui s'instaure graduellement, qui vise
à faire réaliser plus concrètement, par le citoyen, qu'il
a une part de responsabilité dans te maintien de tous ces
services-là, surtout quand U en est le bénéficiaire
immédiat. Je pense que le ministère de la Sécurité
publique va donner le bon exemple, cette année, de ce point de vue
là.
J'ajoute un autre trait. Vous remarquerez que le thème
amérindien revient en filigrane dans l'action d'à peu près
tous les secteurs du ministère de la Sécurité publique:
lorsque nous parierons de la police, le thème amérindien sera
très Important; lorsque nous parierons des programmes d'aide, ce
thème-là a été très important
également en relation avec certains de ces programmes; lorsque nous
parierons des services correctionnels, les députés voudront
sûrement s'enquérir des conditions particulières qui sont
faites aux clients des services correctionnels dans les régions
habitées par des communautés autochtones. Nous aurons des
renseignements ou des explications à fournir là-dessus.
Ça, c'est un thème très important. Je pense pouvoir vous
dire qu'il est devenu majeur dans les préoccupations du
ministère. Autrefois, c'était un thème marginal, qu'on
abordait du bout des bras, du bout des doigts; mais, maintenant, c'est un
thème qui est quotidien, qui s'inscrit au coeur de nos
préoccupations, et pas comme une sorte de thème négatif,
nous le voulons plutôt positif. Nous visons une responsabilisation de ces
communautés de manière que, sur la base d'une plus franche
reconnaissance réciproque, nous puissions établir graduellement
des liens de confiance et de collaboration qui permettront une meilleure
«convivance» démocratique et respectueuse des droits.
J'ajoute un dernier point. En arrière-plan, parce que nous avons
plusieurs sujets que nous discuterons aujourd'hui, il y a l'évolution de
la criminalité au Québec. L'évolution de la
criminalité est pour tous une source de préoccupations
sérieuses. Les statistiques que nous avons - j'en parierai
peut-être quand nous aborderons le sujet de la police un peu plus tard -
indiquent une recrudescence Inquiétante de !a criminalité que
j'appellerais «sérieuse»: les crimes avec violence, les
crimes contre la propriété connaissent une augmentation qui est
préoccupante. Je pense bien que cette augmentation reproduit au
Québec ce qu'on peut observer dans beaucoup d'autres
sociétés. T"e est fonction aussi de la situation
économique très difficile que nous connaissons. J'ai
remarqué une augmentation importante des vols de 1000 $ et moins, par
exemple; des pénétrations avec effraction dans des maisons ou des
lieux commerciaux, etc. Il y en a un nombre beaucoup plus grand. Je pense que,
en période de difficultés économiques comme celte que nous
connaissons, nous pouvons comprendre plus facilement l'incidence accrue de ce
type de délinquance. Alors, il faut tenir compte de tous ces facteurs,
je pense, quand nous apprécions l'action qui est déployée
par les forces policières à travers le territoire.
J'ajoute un dernier point. L'année 1992-1993 est une année
très importante pour la mise en oeuvre de la loi 145. Nous pourrons
faire rapport, quand nous discuterons du programme 4, des décisions qui
ont déjà été prises à cet égard, de
l'état du dossier de ce point de vue là, des problèmes qui
se posent également, je pense que nous aurons l'occasion d'en
parier.
Voilà, M. le Président, pour l'essentiel, les remarques
que je voulais vous soumettre au début de nos échanges. Dans
l'ensemble, je crois que Je ministère fonctionne dans l'harmonie. C'est
un ministère qui n'avait pas une très
longue tradition, sa création est de date encore récente.
On a réuni ensemble des services qui souvent n'avaient pas beaucoup de
points communs. Mais, avec le temps, je crois qu'est en train de se former une
conscience commune.
Je veux dire à tous les responsables d'organisme, tous les
officiers supérieurs du ministère que j'apprécie
l'empressement avec lequel ils collaborent avec l'action du gouvernement
représenté par le ministre à la tête du
ministère. Je pense qu'il y a un climat de collaboration très
intense qui s'est établi au cours des deux dernières
années et dont, personnellement, je me réjouis parce qu'il
facilite beaucoup la tâche que j'ai à accomplir. Je remarque aussi
qu'il y a une très grande loyauté à l'intérieur du
ministère; une loyauté qui va de soi, qui n'est pas
commandée, qui n'obéit à aucun code écrit dont je
ne voudrais pas, mais qui s'établit dans la correction, la
cordialité, la courtoisie des rapports de travail. Je pense que c'est
ça qui est la base d'une véritable loyauté. Je veux dire
aux collaborateurs que, de ce point de vue, je suis très satisfait de
l'atmosphère qui existe au ministère.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M. le
ministre de la Sécurité publique, pour vos remarques
préliminaires, avec la compréhension qu'au début de chaque
programme vous pourrez ajouter des notes qui constitueront évidemment un
exposé des différents programmes, ou un résumé, ou
les intentions de votre ministère dans les différents programmes.
Maintenant, je vais reconnaître M. le député d'Ungava, qui
est porte-parole de l'Opposition officielle, pour ses remarques
préliminaires. M. le député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Moi aussi, je tiens
à saluer tout le monde, tous les gens qui se sont déplacés
pour participer aux travaux de cette commission, pour éventuellement
nous donner les meilleures réponses possible aux questions qui se posent
et qui nous sont posées par nos concitoyens et qui méritent, nous
en sommes convaincus, d'avoir les réponses adéquates.
L'an dernier, M. le Président, mon collègue le
député de Joliette, alors porte-parole de ma formation politique
en matière de Sécurité publique, avait relevé une
déclaration du ministre faite à la veillé de
l'étude des crédits. Le ministre disait qu'il valait mieux parler
moins fort mais agir plus fort, ce qui n'était pas la situation qui
prévalait au Québec, selon ses dires, à ce
moment-là. Le ministre avait également déclaré que
la détermination verbale devrait être accompagnée d'une
détermination de caractère.
Tout au long de la dernière année, le ministre de la
Sécurité publique a vanté sa stratégie de
négociation avec le conseil de bande de Kahnawake et d'Akwesasne et les
conseils mohawks en général. À chaque fois que nous avons
interrogé le ministre sur la situation tendue qui règne à
ces endroits, le ministre nous disait: Attendez un peu, vous allez voir. Vous
êtes des alarmistes. Je vais régler tout ça. Il n'y a pas
de problème. On va avoir des réponses incessamment.
Et on connaît la suite, M. le Président. Les
négociations ont avorté. Chacune des parties se sont
accusées mutuellement d'être à l'origine de cet
échec, le ministre de la Sécurité publique accusant
également le gouvernement fédéral d'avoir ni plus ni moins
que trahi sa parole en négociant secrètement et
séparément avec le conseil de bande de Kahnawake. Le ministre
parlait pourtant fort, haut et fort, et son assurance était
légendaire, mais les résultats concrets n'ont pas suivi.
Pendant ce temps, des individus d'Akwesasne achètent du
matériel militaire de la marine américaine et la police de
l'État de New York dit s'inquiéter de l'accumulation d'armes
automatiques d'assaut sur la réserve d'Akwesasne. Que peuvent-ils bien
faire avec ce genre d'équipement, M. le Président? Allez donc
savoir! Mais nous sommes en droit de nous poser des questions. Toujours est-il
que l'on est bien obligés de constater que certaines personnes sont en
train de se constituer un arsenal militaire. J'espère seulement qu'on ne
se prépare pas à livrer une bataille où la population sera
prise en otage entre deux feux. C'est au ministre de la Sécurité
publique de veiller à ce que cela ne se produise pas et ne se reproduise
pas. Il devra, au-delà des grandes déclarations philosophiques,
parler moins fort et agir un peu plus fort.
Cette situation est très préoccupante. Le ministre de la
Sécurité publique, qui a comme responsabilité
première de faire respecter nos lois et notre droit, ne pourra pas
tolérer une violence aussi flagrante de ces lois et de ces droits
protégés par des chartes. L'entrave à la libre circulation
des personnes que constituent les guérites aux abords de Kahnawake ne
peut pas perdurer. Il faudrait d'abord les débrancher, si elles sont
encore gracieusement alimentées avec l'électricité
d'Hydro-Québec. Le ministre qui se targue continuellement d'être
le défenseur par excellence de la liberté individuelle devrait y
voir de plus près. (10 h 10)
II devrait également être vigilant face à tout ce
que l'on pourrait regrouper sous le vocable de la cueillette de renseignements
sur les individus par les forces policières. On a fait état
récemment d'opérations policières en Outaouais et à
Montréal qui consistaient, semble-t-il, à obtenir de
l'information sur certains groupes et certains individus qui militent au sein
d'organismes légalement et légitimement incorporés, des
organismes qui opèrent de façon légale et légitime,
tels des syndicats ou des coopératives d'habitation. Celé
m'inquiète énormément quand
je lis qu'une personne est abordée en pleine rue à
montréal par un individu qui exhibe un insigne de la sûreté
du québec et étale toute une série d'informations sur la
vie privée de cette personne qui ne regarde absolument pas la police. le
québec, ce n'est pas la roumanie de nicoiae ceausescu. travailler dans
une coopérative de logements à pointe-saint-charles, ce n'est pas
un crime à ce que je sache, m. le président le ministre ne doit
pas tolérer ce genre de pratique digne des régimes totalitaires,
d'autant plus que seulement quelques cas sont portés à la
connaissance du public, mais nous avons tout le loisir de croire que cela est
relativement plus fréquent. j'aurai des questions à poser au
ministre sur les activités de renseignement de la sûreté du
québec durant l'étude des crédits un peu plus tard, m. le
président.
Dans un autre domaine, je ne veux pas passer sous silence des graves
incidents qui se sont produits au centre de détention de Bordeaux,
à Montréal. Encore une fois le problème de la
surpopulation des centres de détention refait surface. La situation est
particulièrement pénible à Bordeaux et la capacité
maximale de l'institution est également largement
dépassée: 800 places supposément comme capacité
maximale, alors qui y a environ 1200 détenus actuellement au centre de
détention de Bordeaux. Et certaines des aies de ce centre de
détention, M. le Président, renferment des situations qui sont
dignes des cachots du Moyen Âge. Candidement... Vous demanderez la
parole, M. le député.
Candidement, le ministre admet qu'il connaissait les problèmes
à Bordeaux depuis un certain temps, mais que les solutions à
court terme ne sont pas évidentes. Je dirais au ministre que, si son
gouvernement avait respecté ses engagements électoraux de 1989,
Montréal aurait, au moment où on se parie, deux nouveaux centres
de détention. Du moins, 0 y en aurait un qui sera» fini de
construire, qui avait été promis pour 1991 avec 297 places, et un
deuxième devrait être en construction pour 1993. Ils l'avaient
promis en 1989, en campagne électorale. M faut dire que ce ne sera pas
la première promesse de campagne électorale qu'ils n'auront pas
respectée, M. le Président.
Le ministre a parfaitement raison quand N affirme que l'on ne construit
pas un centre de détention du jour au lendemain, mais le problème
est connu depuis longtemps et le ministre est au ministère depuis au
moins deux ans. De deux choses l'une: le ministre ne s'est pas
intéressé à cette question ou I a perdu sa bataille au
Conseil du trésor quand est venu le temps de négocier une
augmentation du nombre de places dans certains centres de détention. Ici
aussi le ministre doit agir, et non plus seulement se contenter de constats
béats. Il est clair que le gouvernement connaît très bien
la situation qui prévaut dans les centres de détention et qu'il
connaît aussi les besoins. H ne vous reste plus qu'à prendre vos
responsabilités comme gouvernement.
Toujours concernant les centres de détention, encore une fois
cette année on constate que les services correctionnels semblent
gérer leurs problèmes de surpopulation par l'entremise du
programme d'absence temporaire, détournant ainsi ce programme de ses
objectifs premiers. Nous avons adopté une loi, une nouvelle loi, en
octobre dernier, la loi 147, en ce qui concerne ce programme. Cependant elle
n'entrera en vigueur que le 15 juin prochain. C'est donc Kantienne loi qui
s'applique présentement Or, selon cette loi, seul un détenu
purgeant une peine inférieure à 6 mois a droit à une
absence temporaire. Cependant, en se fiant à la journée type du
21 février dernier, le 21 février 1992, 645 détenus, rien
de moins que 645 détenus bénéficiaient d'une absence
temporaire alors que la toi actuelle ne le permettait pas dans leur cas. Les
services correctionnels continuent donc à faire preuve du même
laxisme que l'an dernier dans ce domaine. Certes, (a nouvelle loi
élargira les critères d'admissibilité au programme
d'absence temporaire, puisque tous les détenus qui ont purgé au
moins le sixième de leur peine y auront droit. Mais nous avons toutes
les raisons de douter, si te passé est garant de l'avenir, de la'
gestion de ce programme, d'autant plus que la Commission des libérations
conditionnelles est maintenant dans le décor si le détenu
condamné à six mois et plus en est rendu au tiers de sa sentence.
Comme nous l'avions dit au moment de l'étude en commission de la loi
147: Tant qu'à y être, pourquoi ne pas avoir confié
l'ensemble du programme d'absence temporaire à la Commission des
libérations conditionnelles? Au moins on saurait
précisément à quoi s'en tenir. enfin, j'aurais quelques
commentaires à faire concernant le commissaire à la
déontologie policière et le comité de déontologie
policière. ces deux organismes sont encore tout jeunes, et
déjà ils semblent éprouver des problèmes
importants. sur 926 plaintes reçues par le commissaire à la.
déontologie policière en 1991-1992, 105 ont fait l'objet d'une
citation devant le comité de déontologie policière et 4
ont été considérées comme dérogatoires par
ce dernier. certaines plaintes sont allées en conciliation, 175
exactement, mais les résultats ne sont guère impressionnants.
également, les policiers municipaux, à l'exception de ceux de la
communauté urbaine de montréal, ne collaborent plus avec le
commissaire à la déontologie policière et les
unités administratives chargées au sein des corps policiers
municipaux refusent de mener tes enquêtes ordonnées par la
commission. il faudra bien débloquer cette impasse tôt ou tard, m.
le président.
En terminant, je voudrais soumettre au ministre ma réflexion
à l'effet que le ministère de la Sécurité publique
est si complexe et si important qu'il mérite un ministre à temps
plein.
Les problèmes relevant du ministère de la
Sécurité publique sont si délicats et si fondamentaux
qu'un suivi approfondi des dossiers est indispensable. La crise d'Oka l'a
d'ailleurs bien illustré, M. le Président. Nous
réitérons ce souhait année après année sans
que le gouvernement ne le réalise. Cela est peut-être significatif
de l'intérêt qu'il porte à ces questions! Toutefois, cela
est si important pour nous que nous ne cesserons de le réclamer.
Voilà quelques remarques préliminaires que je
compléterai sur de nombreux aspects différents au cours des
études de crédits qui vont suivre, M. le Président. Je ne
manque pas de dossiers sur lesquels j'ai l'intention de questionner le ministre
et je suis prêt à commencer.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Ungava, pour vos remarques préliminaires.
M. le ministre, voulez-vous réagir brièvement ou est-ce
qu'on appelle le programme 1 tout de suite?
M. Ryan: Si vous voulez appeler le programme 1 tout de suite,
ça me conviendrait.
Recherche des causes et des circonstances des
décès
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, Institutions
judiciaires, programme 1, Recherche des causes et des circonstances des
décès. Je suis prêt à reconnaître un premier
intervenant. M. le député d'Ungaga.
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse, voulez-vous
ajouter quelque chose avant de l'aborder?
M. Ryan: Oui, si vous voulez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi, M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais quand même résumer un petit peu
l'état de la question.
Le Président (M. Dauphin): Vous permettez, M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Oui, oui. Pas de problème.
NI. Ryan: II y a aussi le coroner en chef, le docteur Jean
Grenier, qui sera à mes côtés pour cette partie de nos
échanges.
Avant que nous n'entrions dans le sujet, je voudrais résumer
très brièvement les grands faits de l'année 1991-1992 et
les principales orientations de 1992-1993. Au cours de la dernière
année, évidemment, nous avons apporté des changements
législatifs importants qui auront pour effet de réduire
sensiblement le volume d'avis de décès que sera appelé
à traiter le coroner. Quand nous avons supprimé l'obligation
d'envoyer un avis au coroner pour les décès attribuables à
des causes naturelles qui surviennent dans les centres d'accueil et pour les
décès attribuables à des causes naturelles qui surviennent
à l'étranger, je pense que nous avons apporté un
allégement de tâche qui se traduira par des conditions plus
propices à une efficacité accrue. Le coroner en chef aura
l'occasion de nous parler tantôt des nouveaux arrangements qui ont
été faits en matière d'autopsie avec les hôpitaux,
avec les professionnels, évidemment, les pathologistes également.
Ces derniers temps, nous avons ajouté 22 coroners à temps
partiel. On ne peut pas avoir des coroners à temps plein partout
à travers le territoire. Nous en avons ajouté 22 récemment
qui viendront compléter le travail qu'accomplissent ceux qui sont
déjà en poste. Au cours de la dernière année, 48
enquêtes ont été ordonnées, lesquelles portaient sur
un total de 75 décès.
On souligne une initiative intéressante qui a été
prise: des regroupements d'enquêtes traitant de cas de même nature.
Par exemple, des cas de décès par autobus, décès
par motoneige, décès par plongée sous-marine,
décès par chariot élévateur, etc. Je pense que ce
sont des initiatives très intéressantes qui indiquent un souci
d'efficacité et d'adaptation aux réalités
concrètes. (10 h 20)
Les deux principales initiatives que nous avons prises au cours de la
dernière année du côté du gouvernement ont
été la nomination d'un coroner spécial pour enquêter
sur le décès tragique du jeune Marcellus François à
Montréal. Le coroner spécial nommé pour cette
enquête, M. Harvey Yarosky, a remis ces jours derniers son rapport au
coroner en chef, lequel m'en a fait part, et le rapport sera rendu public ces
jours prochains.
Dans le cas de l'autre enquête que nous avions confiée
à un coroner spécial, il s'agit de l'enquête sur le
décès du caporal Lemay, à Oka, en juillet 1990. Le coroner
spécial que nous avons désigné pour cette enquête
est Me Guy Gilbert. Nous avions fourni à M. Gilbert les conditions
nécessaires à l'accomplissement de son mandat et,
malheureusement, l'enquête a dû être interrompue avant
même d'avoir commencé sa phase publique en raison des
procès qui se déroulaient à Saint-Jérôme et
qui allaient se dérouler ensuite à Montréal. Nous avons
reçu un ordre du tribunal, de la Cour supérieure. Le coroner a
reçu un ordre de la Cour supérieure de ne pas procéder
à l'enquête du coroner tant que ces procès n'auraient pas
eu lieu, de peur que la poursuite simultanée des deux entreprises ne
crée des préjudices pour certains individus et ne nuise
à l'impartialité des procès en cours. Puis, dans
ces cas-là, les procès doivent avoir préséance sur
l'enquête du coroner. Par conséquent, l'enquête de Me
Gilbert est interrompue pour le moment et nous ne savons pas dans quelles
conditions elle pourra être reprise. Alors, voilà pour
l'essentiel, M. le Président, les points qui regardent le Bureau du
coroner.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
Recommandation du Bureau du coroner
M. Claveau: M. le Président, il me fait plaisir d'avoir
l'occasion de discuter un peu avec le coroner en chef, parce qu'on n'a pas eu
l'occasion de se rencontrer beaucoup au cours de la dernière
année et, moi, il y a toujours un certain nombre de choses qui me
fascinent un peu dans la façon dont, entre autres, on peut
considérer ou accueillir les recommandations d'un coroner. Dans le
dernier rapport annuel, il y avait énormément... J'ai même
été surpris en regardant la liste de recommandations qui
étaient faites à l'endroit des différents
ministères du gouvernement: ministère des Transports, CSST,
ministère du Travail, ministère de tout ce que vous voulez.
Et j'aurais une première question, à savoir si vous
relevez ou si vous tenez un bilan annuel ou une espèce de compilation
à long terme de la façon dont on traite les diverses
recommandations que vous faites aux différents ministères de ce
gouvernement M. le Président, est-ce que je peux poser directement la
question au coroner en chef?
Le Président (m. dauphin): en vertu du règlement,
les questions s'adressent au ministre, mais le ministre peut demander au
coroner en chef d'y répondre à sa place.
M. Claveau: bon, alors, je vais demander au ministre qu'il me
fasse un bilan de la façon dont sont traitées ou compilées
ies différentes recom-mandations faites année par année
par le coroner en chef aux diverses instances gouvernementales publiques,
parapubliques.
M. Ryan: Vous savez, M. le Président, les recommandations
des coroners s'adressent tantôt au ministère de la
Sécurité publique, tantôt à d'autres organismes
gouvernementaux. Plusieurs d'entre elles s'adressent en particulier au
ministère des Transports.
M. Claveau: Oui.
M. Ryan: Alors, ces recommandations sont transmises au
ministère des Transports à qui il incombe de prendre des mesures
appropriées. Si on dit, par exemple: Vous allez changer votre
système de signalisation de manière à éviter les
accidents à tel ou tel endroit, ça, ce sont des choses qui
relèvent du ministre des Transports. Je pense qu'il faut lui demander
à lui des comptes sur le suivi apporté aux recommandations des
coroners. Je pense qu'on s'entend là-dessus.
Dans le cas des recommandations qui s'adressent au ministre de la
Sécurité publique, chacune est l'objet d'un examen attentif, puis
les suites appropriées sont apportées. Par exemple, on avait
recommandé que le ministre de la Sécurité publique prenne
les dispositions nécessaires pour assurer aux détenus du centre
de détention de Rivière-du-Loup une accessibilité à
des soins mentaux à qualité comparable au niveau qui est atteint
pour les soins physiques. Alors, il y a des mesures qui ont été
prises pour ça. On pourra peut-être les examiner à
l'occasion de chaque programme. On demandera tantôt... Le sous-ministre
associé à la Direction générale des services
correctionnels sera appelé à témoigner à propos du
programme 3. Cette question relève du programme 3. À vrai dire,
je ne pense pas qu'on devrait l'aborder ici. J'ai une liste des autres
recommandations qui nous ont été formulées et je pense
que, dans la plupart des cas, on est en marche vers la réalisation des
recommandations dans la mesure où elles apparaissent réalisables.
Il y en a certaines qui ont déjà été
réalisées. je ne sais pas, m. le coroner en chef, si... si m. le
coroner en chef veut ajouter des choses à ce sujet, je pense que...
seulement pour l'établissement de rivière-du-loup, je pourrais
vous donner une douzaine de mesures qui ont été instituées
à la suite des recommandations formulées par le coroner, dans ce
cas-là en particulier.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M.
Grenier, voulez-vous ajouter quelque chose ou ça va? M. Grenier.
M. Grenier (Jean): Oui, M. le Président. Merci, M.
le ministre. Il serait impossible d'entrer dans le détail pour donner la
réponse complète à cette question-là, mais je crois
que le rapport annuel et celui qui va sortir dans quelques semaines pour 1991
font état non seulement de toutes les recommandations qui sont faites
suite à des décès pour une meilleure protection de la vie
humaine, après des investigations ou après des enquêtes
publiques, mais font état du suivi qui a été
apporté par les organismes ou les personnes visées par les
recommandations. Une évaluation quantitative est impossible, par
ailleurs, parce que, un, croyons-nous, pas dans notre mandat. Ça serait
presque avoir enlevé le pouvoir de recommandation au coroner et lui
donner un pouvoir de donner des ordres, d'une part. Et, d'autre part, les
recommandations sont mises en application en fonction des capacités de
chacun. Et souvent les recom-
mandations sont appliquées différemment ou
atténuées, modifiées, transformées. On m'assure
qu'on y donne un suivi, on m'en donne la preuve, mais ce serait un jugement de
valeur que d'établir si les recommandations ont été bien
suivies ou pas. Et cette partie-là, nous ne pouvons pas la faire, mais
le lecteur du rapport annuel peut porter son propre jugement. Toutes les
recommandations sont là, près de 500, tous les accusés de
réception et les suivis qui ont été donnés par les
organismes et les personnes visées.
M. Ryan: Des fois, évidemment, il y a des coroners qui
vont loin.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Des fois, il y a des coroners qui vont assez loin. Ils
vous donnent tout un programme de construction de routes. On est libres de
juger si c'était dans leurs attributions ou non. Quand M. Grenier
mentionne le chiffre de 500, je ne voudrais pas que vous partiez en peur avec
ça.
Je donne un autre exemple, M. le Président, si vous me permettez.
À un moment donné, il y avait une recommandation qui s'adressait
à la Sûreté du Québec à la suite d'un
sinistre qui était arrivé. On demandait que la
Sûreté révise son cahier de procédure pour que,
lorsqu'il est possible de le faire, deux voitures avec gyrophares
allumés participent à la manoeuvre de remisage. Ça a l'air
de rien mais, ça, c'est le genre de recommandation qui est très
utile. Tout de suite, il y a eu un suivi de la part de la direction de la
Sûreté du Québec. Le coroner a été
informé du suivi qui a été apporté et je crois que
les mesures qui ont été prises permettent d'améliorer la
situation dans le sens qui avait été souhaité par le
coroner.
À un moment donné, il peut arriver que le coroner formule
des recommandations dont l'objet donne déjà lieu à une
action de la part du corps qui est visé et, à ce
moment-là, le coroner est informé de ces choses-là. Des
fois, il y a peut-être lieu de pousser l'action plus loin. Mais je crois
que le suivi se fait de manière régulière. C'est
entré dans le système, ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Regardons, M. le Président, un cas
spécial. Il y en a plein. Vous avez publié quelques centaines de
cas, des recommandations, et il y en a beaucoup là-dedans qui
s'adressent à des ministères. J'ai souvent l'impression que les
ministères sont un peu plus vite sur la gâchette pour faire
appliquer des recommandations à d'autres groupes,
(10 h 30)
Je vais vous poser une question bien simple: Qu'est-ce que vous avez
l'intention de faire avec la recommandation qui a été faite par
le coroner en chef à l'effet d'augmenter de 12 à 16 ans
l'âge minimal pour la détention d'armes à feu, pour la
détention d'un certificat de chasseur et, éventuellement
même, pour le maniement d'armes à feu? Est-ce que ça va
rester lettre morte au niveau du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche ou si, comme ministre de la Sécurité publique,
vous allez voir à ce que votre coroner soit un tant soit peu
respecté par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche?
M. Ryan: Voulez-vous répéter la question, s'il vous
plaît?
M. Claveau: La question est de savoir qu'est-ce que vous allez
faire avec la recommandation qui a été faite par le coroner:
à l'effet que l'âge d'émission d'un permis de maniement
d'armes à feu et d'un certificat de chasseur soit élevé
à 16 ans au lieu de 12 ans, ce qui est l'âge actuel. Est-ce que
ça va rester lettré morte?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: J'aimerais qu'on garde cette question pour quand nous
aurons le programme de la Sûreté du Québec, parce que
l'organisme qui émet les permis au Québec, c'est la
Sûreté du Québec. Je pense qu'on pourrait poser cette
question-là au directeur de la Sûreté du Québec
quand il sera avec nous.
M. Claveau: Ce n'est pas la Sûreté du Québec
qui émet les cartes de chasseurs.
M. Ryan: Pardon? Tous les permis d'armes à feu passent par
là. Pas la chasse? Si c'est le ministère de la Chasse, vous le
lui demanderez à lui.
M. Claveau: Le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Mais il y a un rapport du coroner.
M. Ryan: Oui, mais...
M. Claveau: Le coroner fait une recommandation...
M. Ryan: Oui.
M. Claveau:... qui semble être logique et, disons,
intéressante. de quelle façon va-t-elle être traitée
dans la machine gouvernementale?
M. Ryan: Je l'ai dit tantôt. S'il y a une recommandation
qui s'adresse au ministère des Transports, au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, iI me semble qu'il incombe à
l'Opposition de demander compte de ça au ministre concerné dans
la présentation de ses crédits, parce que ça ne
relève pas de ma compétence.
M. Claveau: oui, mais ça relève de la
compétence du coroner de faire des recommandations semblables. est-ce
que c'est en vain qu'on fat ça? est-ce que les contribuables paient pour
rien ces recommandations qui coûtent quand même des petites sommes
d'argent des fois assez intéressantes? est-ce que c'est juste pour
s'amuser qu'on fait ces recommandations-là?
M. Ryan: Je vous dis qu'l y a des recommandations...
M. Claveau: C'est pour justifier nos jobs qu'on fait ces
recommandations-là? Donnez-moi une réponse!
M. Ryan: il y a des recommandations qui relèvent de la
compétence du ministre de la Sécurité publique, puis il
est prêt à en rendre compte à l'occasion de l'étude
de ses crédits. Il y en a d'autres qui relèvent d'autres
ministres qui pourront en rendre compte également. Et je n'ai pas
à rendre compte de l'action qui est faite dans chaque ministère
ici.
M. Claveau: Est-ce que le fait de l'âge limite...
M. Ryan: Et le coroner a toute liberté - excusez, je vais
finir - d'adresser des recommandations à quelque ministre qu'il veut.
Mais ce n'est pas parce que le coroner adresse une recommandation au ministre
de l'Éducation ou au ministre des Transports que le ministre de la
Sécurité publique doit rendre compte ici de ces actions qui
peuvent être entreprises ensuite. Il faut le demander au ministre
concerné.
M. Claveau: Mais I y a un ministre qui est responsable du Bureau
du coroner et qui, J'ima- gine, doit défendre son coroner à
l'occasion; et il doit être au courant des recommandations ou des
orientations que le coroner présuppose. Dans le fond, à la
limite, le coroner est une extension du pouvoir du ministre lui-même. Et
c'est lui qui pourrait faire ces recommandations à ses autres
collègues des différents ministères.
M. Ryan: Tout ça est fait... Excusez.
M. Claveau: est-ce que le ministre ne trouve pas que, dans ce
cas-là, c'est une excellente mesure ou, enfin, un excellent point de vue
qui touche la sécurité publique que de vérifier ou de
réviser l'âge pour permettre la détention d'une arme
à feu ou le maniement d'une arme à feu, pour l'obtention d'un
certificat de chasseur? est-ce qu'il ne trouve pas qu'il s'agit là de
quelque chose qui est drôlement lié à la
sécurité publique et que ça ne vaudrait pas la peine qu'il
s'en occupe un peu, ou bien donc s'il va laisser son coroner se débattre
tout seul dans les dédales administratifs, en disant: ta recommandation,
à cette heure, arrange-toi avec?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Ryan: Comme je vous te disais, M. le Président, les
recommandations qui intéressent d'autres ministres leur sont transmises.
Il appartient ensuite à chaque ministre de prendre ses
responsabilités, de rendre compte de ses actes dans le cadre qui est
prévu par notre système de gouvernement. Et le ministre de la
Sécurité publique n'est pas une police universelle du
gouvernement qui viendrait rendre compte de tous les actes de ses
collègues en commission parlementaire. Ce serait trop facile. Je pense
que ce serait un abus de pouvoir, à part ça. Le vrai forum pour
le demander, c'est l'étude des crédits de chaque ministre
concerné.
M. Claveau: Elle est bonne celle-là! Donc, on n'a rien
à voir à étudier les crédits du Bureau du coroner
ici, s je comprends bien, parce que, là, ça s'adresse à
peu près à tout le monde.
M. Ryan: Non, mais je vois que le député n'a pas
l'air d'avoir examiné les recommandations qui s'adressent en particulier
au ministre de la Sécurité publique. S'il veut m'interroger sur
celles-là, ça nous fera plaisir d'y répondre au cours de
la journée.
M. Claveau: Je vous interroge, M. le ministre. M. le
Président, vous me permettez d'interroger le ministre sur le budget du
Bureau du coroner dont, lui, il a la responsabilité au niveau de son
ministère. On se sert, entre autres, de ce budget-là pour faire
un certain nombre de recommandations qui sont publiées. J'imagine que
ça ne coûte rien, publier ça il y a
probablement quelques sous du budget, quand même, qui sont
allés dans les différents rapports. Il y a des documents, il y a
des gens qui enquêtent. Ces enquêtes-là coûtent de
l'argent aux contribuables québécois et amènent le coroner
à un certain nombre de conclusions qui, je suppose, sont prises en toute
connaissance de cause et avec toute la compétence qu'on doit
reconnaître au coroner.
Alors, est-ce que ce travail-là est fait en vain? Est-ce que
c'est de l'argent que nos contribuables québécois paient pour le
simple plaisir de brûler leur argent ou si ça sert à
quelque chose? Et si ça sert à quelque chose... Et là je
suis tout à fait en droit de questionner le ministre, parce que ce sont
les crédits de son ministère. Ce n'est pas le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, ni de l'Éducation, ni des
Affaires sociales. C'est lui qui en a la responsabilité des
crédits et de s'assurer que cet argent soit dépensé pour
le mieux. Alors, cet argent, est-ce qu'il est dépensé à
bon escient, oui ou non?
Si le ministre nous dit qu'il n'y a aucun suivi là-dedans et que
les recommandations du Bureau du coroner, c'est à peu près comme
une recommandation qui viendrait de quelque part sur la Lune, à ce
moment-là, fermons le Bureau du coroner et faisons sauver 7 000 000 $
aux contribuables québécois. Il charge de l'argent pour ses
déficits. Je veux savoir à quoi ça sert. Les
recommandations qui ont été faites concernant les noyades dans
les piscines publiques, les recommandations qui sont faites concernant les
décès dans les centres d'accueil, ça sert à quoi?
Est-ce qu'on fait ces recommandations-là pour rien? C'est ce que je veux
savoir. Et, si c'est le cas, pourquoi devrait-on continuer à payer 7 000
000 $ pour avoir un Bureau du coroner? Peut-être qu'un Bureau du coroner
avec 500 000 $, 600 000 $ par année, qui devrait juste aller voir dans
les cas où il y a de la criminalité évidente, ça
serait suffisant. On n'a pas besoin d'avoir toute une série de
recherches, d'enquêtes, de statistiques, de propositions, de tout ce que
vous voulez, s'il n'y a personne qui les applique. Moi, si j'étais
coroner, il me semble que j'en aurais assez de proposer des affaires et de ne
jamais avoir de suivi, et d'avoir un ministre qui s'en sacre.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, c'est bien beau de
s'écouter parler, ça ne change pas la règle de base qui
doit guider nos travaux. Je vais vous donner un exemple bien simple. Il y a une
recommandation, qui a émané d'un coroner, voulant qu'il y ait
plus de vigilance quant à l'application de la loi sur le port de la
ceinture par les conducteurs de véhicules automobiles. Est-ce que c'est
au ministre de la Sécurité publique qu'il incombe de rendre
compte de l'action qui a été prise là-dessus ou si c'est
au ministre des Transports, à l'examen de ses crédits à
lui?
M. Claveau: Ce que je pense, M. le Président, c'est que
c'est au ministre de la Sécurité publique de s'assurer que ses
crédits ont été dépensés à bon
escient et n'ont pas servi à donner des coups d'épée dans
l'eau.
M. Ryan: Regardez...
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Ryan: Je pense qu'on s'entend là-dessus, qu'on doit
rester dans les règles de la pertinence. Et, encore une fois, il y a
certaines recommandations destinées plus particulièrement au
ministère de la Sécurité publique, qui se relient à
l'un ou l'autre des programmes dont nous allons traiter au cours de la
journée. Et je pense que l'endroit pour en traiter, ça va
être à propos de chaque programme qui est visé, où
nous aurons les porte-parole de chaque organisme qui pourront fournir toutes
les précisions nécessaires. Pour le reste, je pense avoir dit
l'essentiel.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Je vais juste tenter,
M. le ministre, de clarifier, étant donné, ce matin, qu'on
étudie les crédits du ministère de la
Sécurité publique, comme vous l'avez si bien mentionné.
Évidemment, on parlait du dossier... M. le député d'Ungava
parlait de la responsabilité ou du travail du coroner et de ses
recommandations. On sait très bien qu'il y a plusieurs ministères
qui gardent des statistiques. On peut en relever quelques-uns: le
ministère des Transports, la Société
d'assurance-automobile en est un service qui fait des recommandations, etc.
Est-ce que vous considérez - et vous avez en partie répondu -
être l'organisme suprême pour coordonner ou concerter toutes ces
recommandations-là, finalement, soit celles du coroner, celles de
différents ministères, pour en arriver à régler
peut-être des problèmes pour lesquels les statistiques
démontrent qu'il y a des fréquences d'accidents ou
d'événements dramatiques?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (10 h 40)
M. Ryan: Prenons un exemple. À un moment donné, il
est arrivé un certain nombre d'accidents qui ont entraîné
la mort d'écoliers qui voyageaient à bord d'autobus scolaires. Il
y en a eu, je pense, trois ou quatre au cours des deux dernières
années, des cas vraiment tragiques. Et les parents de l'un de ces
enfants, mort dans un accident, ont fait montre d'un sens des
responsabilités extraordinaire. Ils se sont dit: Nous
autres, notre enfant est parti, mais nous allons travailler pour que
ça n'arrive pas à d'autres. Ils ont multiplié les
démarches, à la fois auprès du ministre de la
Sécurité publique et du ministre des Transports. Et nous sommes
convenus ensemble, les deux ministres, nous avons formé un groupe de
travail pour examiner ce problème-là. Il faut que nous trouvions
des solutions au problème. Ce n'est pas facile, parce que... Des fois,
c'est bien facile de dire: On va changer la composition des véhicules.
À long terme, ça peut arriver, mais, quand une entreprise de
transport vient juste de faire l'acquisition de véhicules, ça
demanderait des changements majeurs. Il faut tenir compte des conditions
économiques également, mais soyez assurés... Voici un
genre de sujet qui intéresse conjointement le ministre des Transports et
le ministre de la Sécurité publique. Je vous assure que nous
travaillons ensemble, en étroite collaboration, pour essayer de donner
satisfaction aux justes attentes des parents dans ce domaine-là.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Je pourrais ajouter comme question: Est-ce que vous
considérez que le service de la Sûreté provinciale... Je
pense que les rapports que la Sûreté provinciale émet,
suite à l'interrogation de différents témoins à
l'occasion d'événements ou d'enquêtes qui, après
coup, on pense, peuvent devenir intéressants... Est-ce que la
Sûreté du Québec, pour tous ces
ministères-là, devient l'organisme pour en arriver à
conclure des... C'est-à-dire le rapport de la Sûreté?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Non. C'est un facteur qui va entrer dans les
décisions d'un ministre, mais ce n'est pas la norme universelle qui
guide les relations du gouvernement, les décisions du gouvernement. Et
j'espère que ça ne le sera jamais non plus.
Le Président (M. Dauphin): Terminé? Alors, si vous
me permettez... Sur le même sujet? Parce que j'ai deux autres
intervenants qui veulent poser des questions sur le même sujet...
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): ...et je veux m'assurer que le
temps soit partagé équitable-ment.
M. Claveau: Bien, globalement, sur la question du coroner.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava, ensuite de ça M. le député d'Orford et, ensuite,
de Westmount.
M. Claveau: J'aimerais savoir, statistiquement parlant - il doit
y avoir des chiffres quelque part, il y a plein d'ordinateurs au gouvernement
et il y a des engagements financiers à l'année longue pour des
millions de dollars en ordinateurs de plus en plus sophistiqués - quel
est le pourcentage, à peu près, des recommandations qui sont
faites par le Bureau du coroner et dont le coroner se sent satisfait de la
façon dont elles sont traitées par les différents
intéressés? 1 %, 5 %, 30 %, 95 %? Il doit y avoir au moins une
«bracket» quelque part, entre 10 % et 90 %, où on peut se
situer.
M. Ryan: Non, nous n'avons pas de réponse à vous
donner à ça.
M. Claveau: Vous n'avez jamais de réponse à donner,
si je comprends bien?
M. Ryan: Non. Nous donnons des réponses à des
questions précises, très volontiers, très volontiers.
M. Claveau: Bien oui, mais j'ai une question qui est
précise, là.
M. Ryan: Non, elle n'est pas précise. M. Claveau:
Quel est... M. Ryan: Non.
M. Claveau: ...le pourcentage, te taux de satisfaction du
coroner, si vous voulez, à l'accueil...
M. Ryan: Ce n'est pas comme ça que...
M. Claveau: ...que ses recommandations ont dans la...
M. Ryan: Le coroner fait ses recommandations, lui. Ensuite, il
n'a pas de contrôle sur le suivi de ces...
M. Claveau: Ah! Il n'a plus rien à voir là-dedans,
lui, là?
M. Ryan: Bien non! Ce n'est pas son rôle. C'est comme un
juge qui rend une décision...
M. Claveau: Lui...
M. Ryan: ...il dit: on devrait améliorer le système
d'enseignement de telle manière. on n'a pas de comptes à aller
rendre au juge ensuite.
M. Claveau: Très valorisant, comme job, ça, si je
comprends bien!
M. Ryan: Ce n'est pas comme ça que le système
fonctionne.
M. Claveau: C'est excessivement valorisant, comme emploi!
M. Ryan: Et, si le coroner...
M. Claveau: Vous travaillez, vous dépensez de
l'argent...
M. Ryan: Regardez, écoutez... Non, non.
M. Claveau: ...vous investissez pour essayer de faire avancer la
société et, une fois que...
M. Ryan: M. le Président.
M. Claveau: ...les choses sont faites, vous n'avez plus un mot
à dire.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre, justement,
la. M. le député d'Ungava, évidemment, si vous
n'êtes pas satisfait de la réponse du ministre...
M. Claveau: J'ai le droit de lui reposer une question.
Le Président (M. Dauphin): ...vous poserez d'autres
questions, mais laissez-le terminer sa réponse.
M. Ryan: C'est ça.
M. Claveau: Ah! C'était un... Il reprenait son souffle? Je
pensais qu'il avait fini.
Le Président (M. Dauphin): Alors, c'est comme en Chambre,
évidemment. Si, comme député, vous n'êtes pas
satisfait de la réponse - le ministre a le droit de répondre
comme il veut répondre - vous poserez d'autres questions. Alors,
aviez-vous terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Non, je n'avais pas terminé.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je disais: La responsabilité du coroner, c'est la
suivante. Il dit, par exemple: Je voudrais que le ministère des
Transports exerce une vigilance plus active sur le port de la ceinture. Le
ministère des Transports n'a pas à lui écrire et à
lui rendre compte de ce qu'il a fait. Mais, s'il arrive un autre accident six
mois ou un mois après, le coroner est saisi, il va répéter
sa recommandation, encore une fois, et elle va venir deux, trois, quatre fois.
À un moment donné, ça va finir par entrer. Là, le
ministre des Transports va être interpellé. Si on lui a fait des
recommandations très précises et qu'il n'a rien fait, c'est sa
responsabilité à lui et il en rendra compte au lieu
approprié. On ne peut pas demander au ministre de la
Sécurité publique de porter la responsabilité de tout
ça. Si on dit à M. Pagé, le ministre de
l'Éducation: Vous devriez introduire un cours plus efficace de conduite
automobile au niveau secondaire, le ministre de la Sécurité
publique voit à ce que la recommandation du coroner s'en aille
là; après ça, le ministre de l'Éducation est assez
responsable, il prend ces choses en main et il rendra compte devant
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas du tout de
l'indifférence.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Orford.
M. Benoit: C'est plus un commentaire. M. le ministre, vous
parliez tantôt d'une famille qui a décidé d'aider les
choses dans sa région. Je vois un jugement du coroner, à la page
35, un adolescent qui a été tué. Nulle part on ne
mentionne... On recommande un paquet de mesures: d'améliorer la route,
de mettre des lumières et des pancartes. Bon, on le sait tous
très bien. Finalement, le fond du problème - et c'est là
qu'est le commentaire - l'individu qui a tué était en état
d'ébriété, il en était à sa cinquième
amende ou à sa cinquième arrestation. Les gens, là-bas,
ont effectivement fait des représentations pour qu'on améliore la
route, et il y a des choses qui vont se faire dans ce sens-là, je le
reconnais. Mais, le message que je veux passer ici, comme législateur et
comme membre d'un Parlement, c'est tout le problème de la boisson au
volant. Il y a un cas patent ici, où un jeune est
décédé. On n'en parle pas. On ne parle nulle part dans le
jugement de la boisson. On peut élargir la route, on peut mettre toutes
les pancartes, toutes les lumières, mais cet adolescent est
décédé. Il y en a d'autres à la grandeur du
Québec. Particulièrement avec les mois qui commencent - en
bicycle, là - je suis surpris de voir qu'on ne parle pas du
problème de l'alcoolisme. Il y a un jugement qui a été
rendu par la suite. Je ne veux pas commenter ça, les éditoriaux
l'ont fait chez nous, en long et en large. Je ne suis pas d'accord avec le
jugement qui a été rendu mais, ça, je ne veux pas le
commenter. Tout ce que je dis, c'est que je suis surpris de voir qu'on n'ait
pas parlé de l'aspect de la boisson dans ce jugement, alors que
c'était la cause première; ce n'était pas la route.
Le Président (M. Dauphin): M. le coroner en chef, M.
Grenier.
M. Grenier: Je ne sais pas à quel dossier vous vous
référez?
M. Benoit: À la page 35, le dossier A-38679.
M. Grenier: Je comprends, mais je n'ai pas le rapport
d'investigation avec moi.
M. Benoit: Non, c'est ça, et je n'essaie pas de vous
mettre en boîte, comprenez-moi bien, là!
M. Grenier: Ça va. Si, de plus, vous me dites que,
parallèlement ou ultérieurement, il y a eu des poursuites, le
coroner va volontairement s'abstenir, à cause de l'article 3 de la loi
qui lui interdit de se prononcer sur la responsabilité civile ou
criminelle de quiconque; il va s'abstenir de porter un jugement sur cet
aspect-là. De toute façon, le coroner ne rend ni un verdict ni un
jugement. Il fait rapport, purement et simplement, des faits. Il est possible
qu'il y ait eu une recommandation aussi parce qu'elle se retrouve très
souvent dans tes rapports de coroner demandant au gouvernement - souvent, le
coroner s'exprime aussi largement que ça - de continuer à faire
tous tes efforts possibles de sensibilisation du public en rapport avec
l'alcool au volant. À ce moment-là, c'est parfois difficile de
transmettre, au public en général ou au gouvernement en
général, des recommandations de ce genre. Je les regroupe
plutôt. Elles ne se retrouvent pas nécessairement de cette
manière.
M. Benoit: Très bien. Merci. M. Ryan: M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Si vous me permettez, juste une remarque à propos
de contrôle routier. On aura l'occasion d'en parler avec la
Sûreté du Québec plus tard, mais je pense que tout le monde
est au courant de la diminution de la mortalité au cours de la
dernière année, de la diminution des accidents avec des
blessés graves à cause, en grande partie, des contrôles
plus étroits qui ont été exercés sur les routes. Je
voudrais souligner cette amélioration considérable qui est due
à la vigilance plus grande qu'a exercée la Sûreté du
Québec au cours de la dernière année, qu'elle continue
d'exercer cette année, d'ailleurs, nous en sommes tous
témoins.
Je voudrais ajouter ceci à propos des recommandations du coroner
qui s'adressent plus particulièrement au ministère de la
Sécurité publique. On m'assure que les recommandations qui
concernent la Direction des services correctionnels sont l'objet d'une analyse
attentive, de toute une série de mesures, dans la plupart des cas, et
ces mesures sont communiquées au coroner. D'ailleurs, vous êtes
tenu informé du suivi qui est apporté à ces
recommandations. Quand vous adressez des recommandations à la
Sûreté du Québec, celle-ci se fait toujours un devoir
également de vous apporter une réponse, de vous dire ce qu'elle a
fait, comment elle apprécie la situation. Des fois, son jugement n'est
pas le même que celui du coroner. Il y a toujours une explication franche
qui est inscrite dans le dossier du coroner pour qu'il sache à quoi s'en
tenir. Ça, je pense que ce sont des éléments importants
pour compléter ou corriger certaines impressions que pourraient
accréditer des propos faciles.
Le Président (M. Dauphin): Merci, m. le ministre. M. le
député de Westmount; ensuite, ce sera m. le député
d'ungava. m. le député de westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Si je peux reprendre la
question du député d'Ungava un peu moins agressivement, M. le
ministre, et vous demander de demander au coroner en chef - les coroners
doivent se rencontrer, ils doivent avoir des congrès et ils doivent se
parler des recommandations - de nous dire si, de façon
générale, ils sont assez contents des résultats de leurs
recommandations et de la manière que le gouvernement...
M. Ryan: M. le Président, je n'ai pas d'objection à
ce que la question soit adressée au coroner en chef.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. Grenier.
(10 h 50)
M. Grenier: M. le Président, la loi donne au coroner en
chef la responsabilité de décider si une recommandation faite par
un coroner suite à un décès, dans un rapport
d'investigation ou dans un rapport d'enquête, y est approprié de
la transmettre. C'est donc moi qui les transmets toutes; c'est
extrêmement rare que je n'en transmette pas. Si je suis moins sûr
de la valeur, de la légitimité ou de l'applicabilité de la
recommandation, à ce moment-là je la transmets au moins pour
information. Je demande à tous les organismes et à toutes les
personnes à qui je m'adresse de m'informer du suivi qu'ils ont
l'intention de donner à ces recommandations. Je ne tiens pas de
statistiques, comme je l'ai dit tout à l'heure, là-dessus. Au
lieu, je publie dans le rapport annuel de l'année suivante toutes les
recommandations et survis que j'ai reçus. Vous voyez qu'il y a des
espaces blancs. Il y en a pour lesquelles je n'ai même pas reçu
d'accusé de réception, un très faible pourcentage. La
plupart répondent en m'informant, dans un premier temps, qu'ils
étudient la recommandation et, dans un deuxième temps - vous
voyez que le suivi détaillé pourrait être extrêmement
difficile - me répondent à nouveau pour m'informer des suivis qui
ont été donnés à la recommandation. Parfois, c'est
non, assez rarement un non carré; lé plus souvent, c'est une
modification à là recommandation qui a été faite,
par exemple l'installation d'un feu rouge, une modification de là
signalisa-
tion à un coin de rue, etc., et, par la suite, on m'informe que
la recommandation a été mise en place.
Je ne peux pas donner un pourcentage, mais les coroners, dans
l'ensemble, et moi, comme coroner en chef, j'ai été non seulement
satisfait, mais très, très surpris de la réaction positive
de tous les organismes, y inclus fédéraux, aux recommandations
que je leur transmets. Il y a presque toujours accusé de
réception, il y a toujours un suivi et il y a, dans plus que la
moitié des cas, un effort apparent d'essayer de mettre en place la
recommandation. Mais, lorsque la recommandation est de continuer à
sensibiliser la population à l'importance du port de la ceinture de
sécurité, je ne suis pas en mesure d'évaluer, et personne
ne peut me répondre si ça a été bien fait. C'est
trop général. Je ne sais pas si ça va comme
réponse, M. le Président?
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Ça va,
M. le député de Westmount?
M. Holden: Oui, merci, M. le Président, M. le coroner.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava. Ensuite, ce sera M. le député de Chapleau, à
moins que ce soit sur le même sujet?
M. Claveau: Moi, je vais changer de sujet.
Le Président (M. Dauphin): Oui. M. le député
de Chapleau. Programme 1, ça va pour vous?
M. Claveau: Ça va pour moi, ça ne sert à
rien.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député de Chapleau. Ensuite, on passe au programme 2.
M. Kehoe: M. le ministre, vous avez mentionné tantôt
les accidents des autobus scolaires. Et on parle toujours des recommandations
faites par le coroner pour pallier une situation par des recommandations. Mais
je tiens à souligner que, dans mon comté, dans la ville de
Gatineau, cette année il y a eu un élève qui fut
écrasé par un autobus scolaire. Suite à ça, il y a
eu des représentations de faites à mon égard et on a
demandé au ministère des Transports d'avoir un adulte dans chaque
autobus scolaire de la commission scolaire des Draveurs de Gatineau, ce que
j'ai confié au ministère des Transports, à M. Elkas. J'ai
parlé avec lui, il m'a dit que ce serait un coût prohibitif, que
c'était impossible. Suite à ça, suite à la pression
des parents et de la commission scolaire des Draveurs, les deux ensemble sont
venus à une entente à l'effet qu'il y aurait un brigadier
scolaire à qui serait confié un autobus, avec des
élèves plus jeunes, de sorte que ça a vraiment
réglé le problème.
Où je veux en venir avec ça, là, c'est qu'on n'a
pas besoin des recommandations provenant des coroners, des fois, pour
régler une situation. C'est des gens en place qui devraient
eux-mêmes trouver une solution, que ce soit la commission scolaire, que
ce soient les parents; tous ensemble, dans ce cas-là, ils ont
décidé. Il y a eu plusieurs assemblées auxquelles
plusieurs centaines de personnes ont assisté suite à la mort
tragique de cette personne-là, et elles ont trouvé une solution.
Et, actuellement, depuis ce temps-là, dans chaque autobus scolaire qui
fait le transport dans la région de Gatineau, mon comté,
là, il y a un élève brigadier scolaire qui est dans cet
autobus-là, de sorte que, depuis ce temps-là, il n'y a pas eu...
Espérons que la situation ne se produira pas de nouveau.
Mais je fais le point juste pour dire que ce n'est pas seulement des
recommandations des coroners, ou la Sécurité publique, ou le
ministère des Transports qui peuvent régler ces
problèmes-là. C'est les gens du milieu eux-mêmes qui
devraient en prendre les moyens. Et je trouve que c'est un bel exemple, ce
qu'ils ont fait à Gatineau.
M. Ryan: M. le Président, j'ajoute juste une chose... deux
choses. Je suis tout à fait d'accord avec le député de
Chapleau là-dessus. Je pense bien que le fond de toute solution durable,
c'est la responsabilité personnelle de chacun. À chaque niveau,
on peut et on doit trouver des solutions à la très grande
majorité des problèmes auxquels on fait face. Et c'est facile de
dire: Bien, qu'on règle ça au niveau supérieur, et tout.
J'apprécie énormément cette remarque qui va dans le sens
de mes remarques introductoires au début de nos travaux ce matin.
J'ajoute juste deux éléments pour l'Information des
membres. J'ai parlé tantôt du comité
interministériel qui travaille sur ce problème-là
actuellement. Ce comité comprend des représentants du
ministère de la Sécurité publique, du ministère de
l'Éducation, du ministère des Transports et des milieux
policiers. Il doit nous soumettre un rapport bientôt. Et M. le coroner
m'informe - j'ai parlé tantôt de ces enquêtes
regroupées qu'on a réalisées au cours de la
dernière année - qu'au cours des prochaines semaines il rendra
disponible un rapport qui traite de ce sujet du transport scolaire, qui
réunira les vues de tous les coroners qui ont été
mêlés... Vous avez eu quatre ou cinq enquêtes
là-dessus au cours de la dernière année, je pense, M. le
coroner?
M. Grenier: Plus de six, M. le ministre.
M. Ryan: Plus de six. Alors, je pense qu'avec tout ça on
aura la matière pour apporter les améliorations qui sont
absolument nécessaires.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député, M. le ministre.
Oui, vouliez-vous parler sur ce programme? Alors, s'il n'y a pas
d'autres demandes d'intervention, est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Claveau: Adopté, M. le Président, en souhaitant
que les recommandations du rapport du coroner soient prises en
considération par le gouvernement.
Contrôle des permis d'alcool
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Alors, j'appelle
le programme 2 relatif au contrôle des permis d'alcool. Je cède la
parole au ministre de la Sécurité publique, en remerciant M. le
coroner en chef de sa participation.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir d'avoir
à mes côtés Me Ghislain K.-Laflamme,
président-directeur général de la Régie des permis
d'alcool du Québec. Avec votre permission, je résumerai
brièvement l'état de la situation au moment où nous
étudions les crédits consacrés à la Régie
des permis d'alcool.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. M. Ryan:
Comme vous le savez...
Le Président (M. Dauphin): Juste avant, M. le ministre,
excusez-moi. Est-ce qu'il y aurait possibBité de montes le son un peu?
C'est qu'il y a constamment la porte qui s'ouvre et ii y a un paquet de bruits.
J'ai de la difficulté à entendre.
Allez-y! Excusez-moi, M. le ministre.
M. Ryan: Je n'aime pas parler fort, d'ordinaire. Je laisse
ça au député d'Ungava!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): On me dit que c'est sa voix
naturelle, M. le ministre.
M, Ryan: Ainsi que vous le savez, au cours de la dernière
année nous avons apporté des modifications substantielles
à la loi sur la Régie des permis d'alcool du Québec. Nous
avons, en particulier, à la suite d'une situation qui avait
découlé de jugements de cours, clarifié le concept de
tranquillité publique, lequel est central dans un grand nombre de
décisions relatives à l'octroi, à la suspension ou
à la révocation de permis de vente d'alcool. Nous pourrons, en
compagnie du président-directeur général de la
Régie, examiner tantôt comment a été
appliquée la nouvelle législation, où nous en sommes avec
ça. Je pense que c'est intéressant.
Ensuite, nous avons adopté une autre loi, plus tard au cours de
la dernière année, pour supprimer le concept de renouvellement de
permis. On renouvelle la contribution, mais pas nécessairement le permis
chaque année. La contribution financière, il faut que ça
revienne régulièrement parce que les dépenses du
gouvernement se renouvellent d'année en année, continuellement.
Mais ce n'était pas nécessaire de procéder au
renouvellement de tout le permis pour ça. Ça, c'est une
amélioration que nous avons apportée, qui est très
importante pour les détenteurs de permis.
Deuxièmement, nous avons supprimé l'obligation de
publication pour les demandes de permis de vente d'alcool, de vente de
bière, de vente de cidre dans les épiceries. Autrefois, il
fallait passer par la publication publique. Ça, ça a
été supprimé, avec l'accord d'à peu près
tous les députés, si mes souvenirs sont bons. (11 heures)
On a également donné à la Régie
l'autorisation de restreindre, dans certains cas, les heures de vente d'alcool
dans certains établissements. Vous vous souvenez qu'on avait une autre
clause qui demandait d'éiargir les heures de vente chez les
dépanneurs et dans les épiceries. Cette clause, nous l'avons
laissée de côté, mais avec l'entente qu'au cours de la
prochaine année la Régie procédera à des auditions
publiques sur ce sujet de manière à vider la question. Nous avons
considéré, devant les représentations qui étaient
venues des députés des deux côtés de la Chambre, que
ce sujet n'était pas mûr pour une décision. Mais il a
été décidé, d'autre part, que, les
représentations que nous avons reçues ayant été
très sérieuses, il y ° ait lieu de les examiner de
manière plus approfondie et, au cours des prochains mois la Régie
procédera à ce sujet à des audition6
pudiques.
La Régie a participé, au cours de la dernière
année - c'est un autre cas où la dimension amérindienne
dont je parlais est omniprésente dans nos préoccupations -
à un comité de travail sur la vente d'alcool dans les
réserves indiennes. Il y a des gros problèmes qui existent de ce
côté. Ils ne sont pas encore tous résolus, mais M. Laflamme
pourra nous en parler tantôt, il a participé à ce travail
au cours de la dernière année.
Je souligne un point que j'ai observé avec beaucoup de
satisfaction: l'excellente qualité des rapports de la Régie avec
les corps policiers. Je pense que, s'il y a un domaine où une
collaboration continue s'impose entre la police et l'organisme responsable de
la réglementation et de la surveillance, c'est bien celui de
l'exploitation des permis d'alcool. Or, on me dit, des deux côtés
- si c'était seulement vous, M. Laflamme, je me permettrais de garder
des interrrogations, nonobstant toute la confiance que je vous porte - et
ça m'a été confirmé à plusieurs reprises par
la direction de la Sûreté du Québec, par la direction du
Service de police de la CUM et la direction de plusieurs autres corps
policiers, qu'il existe une collaboration constante,
active et très efficace. Je pense que ça permet de garder
ce secteur dans un état de relative bonne santé malgré les
nombreux risques que le commerce de l'alcool comporte et comportera toujours
dans une société libre.
J'ai fait un examen rapide des données concernant le nombre des
permis. Je constate qu'au cours des cinq dernières années le
nombre des permis n'a pratiquement pas augmenté. Nous avions 32 127
permis émis en 1986-1987 et nous en avions 32 818 à la fin de
l'exercice 1991-1992. Des fois, il y a des établissements qui ont plus
d'un permis, comme vous le savez, s'il y a plus d'un local, par exemple,
servant à différentes fins. Le nombre d'établissements n'a
pas beaucoup varié non plus. Il était de 23 761 en 1986-1987; il
était, à la fin du dernier exercice, au 31 mars 1992, de 24 829.
On constate qu'il y a eu une diminution dans le nombre d'épiceries
détentrices de permis: il y en a 700 de moins aujourd'hui. Augmentation
du nombre de bars: 600 de plus. Augmentation du nombre de restaurants qui ont
un permis pour vendre des boissons alcooliques: 1100 de plus. Les restaurants
où on peut apporter sa boisson avec soi, qui servent simplement la
nourriture: 270 de plus. Les tavernes: 412 de moins. Alors, ça nous
donne une idée d'une évolution que nous avons tous
observée, chacun dans notre secteur respectif, mais que nous n'avons
peut-être pas eu l'occasion de chiffrer de manière aussi
précise. Les brasseries, je ne sais pas si je l'ai mentionné: 174
de moins. Alors, on voit de quel côté va la tendance
générale de l'exploitation.
Je termine ceci pour laisser le plus de temps possible pour
l'échange avec M. Laflamme. Il y aura une nouvelle tarification pour les
permis de vente de boissons alcooliques, qui sera mise en oeuvre au cours de la
présente année. Un projet de règlement sera publié
à cette fin incessamment. Nous augmenterons les tarifs sous des
modalités qui tiennent compte de la taille des établissements, de
la condition de chacun, etc. Il y aura de nouveaux règlements qui
devront être adoptés pour faire suite à l'adoption de la
loi 182. La Régie nous demande un élargissement de ses services
juridiques. Étant donné les responsabilités accrues qui
lui sont confiées, nous sommes d'accord avec elle et je veux l'assurer
que nous ferons ensemble les démarches appropriées auprès
des organismes du gouvernement.
La Régie accorde une grande importance également au
travail de prévention et d'éducation du public, et je l'en
félicite. Elle entend continuer ce travail au cours de la prochaine
année. De nombreuses initiatives sont mises sur pied, avec la
collaboration des détenteurs de permis de fabrication ou de vente de
boissons alcooliques. Je pense que nous arrivons - mais ce n'est jamais
satisfaisant - à un équilibre viable en ces matières. Il
faut, en même temps qu'on libéralise de manière responsable
la libre circulation des boissons alcooliques, qu'il y ait un mouvement
d'information et d'éducation constant qui incite les gens à user
des boissons alcooliques avec modération et tempérance. Je pense
que c'est la philosophie qui anime la Régie des permis d'alcool et je
veux en féliciter le président-directeur général ce
matin et l'assurer de toute ma collaboration dans l'exécution de son
mandat.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
je vais reconnaître un premier intervenant, M. le député
d'Ungava.
Modification des heures de vente de boissons
alcooliques
M. Claveau: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'aimerais entendre le ministre élaborer un peu plus
sur la question des modifications possibles aux heures d'affaires, aux heures
de vente de boissons alcooliques dans les épiceries et les
dépanneurs. D'abord, si j'ai bien saisi, il y a moins de points de
vente. J'aimerais ça qu'il me répète le chiffre. Disons
qu'effectivement le ministre ne parle pas toujours très fort.
Peut-être que, moi, je parle un peu fort, mais, dans son cas, il y a des
fois qu'il faudrait monter un peu la voix du graphophone.
M. Ryan: Je n'ai pas de tendance autoritaire. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Pour un ministre de la Sécurité
publique, pourtant, ça devrait être une qualité. Ha, ha,
ha!
M. Ryan: Non, un esprit de service est beaucoup plus
efficace.
M. Claveau: Ah ça! l'esprit de service n'exclut pas
l'autorité. Ce sont deux attributs qui ne sont pas exclusifs l'un de
l'autre.
M. Ryan: D'accord.
M. Claveau: Non, mais j'aimerais que le ministre me
répète si c'est effectivement le cas qu'il y a moins de points de
vente de boissons alcoolisées dans les dépanneurs et les
épiceries qu'il n'y en avait antérieurement. Il me semble que
c'est ce qu'il nous a dit, et j'aimerais qu'il élabore un peu plus sur
sa position là-dessus. Au-delà des propositions de M. Laflamme,
je pense, qui a pris ça en main, j'aimerais ça s'il pouvait nous
parler des propositions qui sont sur la table, différentes
hypothèses de vente jusqu'aux mêmes heures que les bars, par
exemple, jusqu'à trois heures du matin, ou si c'est 24 heures, ou si
c'est dépendamment du produit, du vin, de la bière. Là
où la Régie a des dépôts d'alcool, par exemple dans
des épiceries comme
c'est le cas chez nous, à Chapais, est-ce que ça se
passerait de la même façon? Alors, ça serait tous les
produits alcoolisés qui seraient disponibles 24 heures par jour. Est-ce
qu'il y aurait moyen d'avoir peut-être un peu plus
d'éclaircissements là-dessus?
M. Ryan: Tout d'abord, je laisserai à M. Laflamme,
peut-être, le soin de vous donner quelques précisions sur
l'évolution dans la distribution des permis au cours des
dernières années. Mais, en réponse à la question
qu'a posée le député d'Ungava, je voudrais dire ceci: II
n'y a actuellement aucun projet sur la table quant à
l'élargissement des heures de vente de boissons alcooliques. Je voudrais
que ça soit bien clair. Il n'y a aucun projet sur la table. Nous avions
inscrit un projet dans le projet de loi que nous avons adopté il y a
quelques mois. Nous l'avons retiré, cet article-là. Donc, il est
retiré pour l'instant. Moi, je n'ai pas de projet devant moi, pour
être franc avec vous, excepté qu'il avait été
convenu, quand nous avons retiré cet article, que nous irions sonder
davantage i'opi-nion parce que nous avons des représentations des
détaillants en alimentation qui nous disent: Le régime actuel
crée toutes sortes de complications. Ils sont venus voir M. Laflamme.
Ils sont venus me voir moi-même à deux reprises pour insister
là-dessus. Là, je leur ai dit: La question n'est pas mûre.
Nous n'avons pas tous les éléments qu'il faut. Nous n'avons pas
sondé l'opinion comme il faut, et voici un genre de question où
c'est important de connaître l'opinion des milieux concernés et de
la population en général aussi. C'est vraiment un exemple,
celui-ci, où on doit essayer d'agir le plus possible en synchronisme
avec les besoins et les attentes de l'opinion. Et, ça, c'est le sens du
projet de consultation que la Régie va déployer au cours des
prochains mois. Et peut-être que M. Laflamme pourrait nous dire, M. le
Président, comment il entend procéder à cette
consultation, à partir de quelles hypothèses. Et là
ça va rejoindre la question du député d'Ungava.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
pour les fins du Journal des débats, M. Ghislain K. -Laflamme,
qui est président de la Régie des permis d'alcool. M. Laflamme.
(11 h 10)
M. Laflamme (Ghislain K-): Merci, M. le Président. Je vais
d'abord répondre à la première question sur
l'évolution du nombre des permis d'épicerie. J'ai devant moi des
chiffres qui s'étendent sur une période de 10 ans. Alors, si on
part de 1980, il y avait à cette époque 10 239 permis
d'épicerie et, au fil des années, nous avons connu un sommet aux
alentours de 1986, où il y a eu 11 663 permis d'épicerie. Ce
qu'on appelle permis d'épicerie, au sens de la Loi sur les permis
d'alcool, ça inclut aussi bien les supermarchés que les tout
petits dépanneurs. Donc, dans la diminution qu'on voit, on ne peut
supposer que les grandes surfaces aient diminué de façon
dramatique, puisqu'il y a 700 permis de moins, mais on peut conclure qu'ii y a
une évolution qui suit généralement les conditions
économiques. Donc, en 1986, nous avons 11 663; en 1987, 11 334; en 1988,
11 279; 11 238 l'année d'après; 11 129 et. cette année, on
est à 10 975. Alors, vous voyez, c'est des variations pas très
grandes mais qui démontrent que, dans ce secteur-là, le nombre de
permis suit l'économie.
Lorsque le projet de loi 182 a été déposé
l'automne dernier, i! y avait eu une disposition qui faisait suite à une
demande de l'Association des détaillants en alimentation du
Québec à l'effet que, comme près de 2500 épiciers
étaient ouverts la nuit, cesî-à-dire 24 heures par jour
dépassant les heures habituelles d'ouverture, et que la Loi sur ies
permis d'alcool interdisait a ces détenteurs de permis d'épicerie
de vendre du vin, de la bière et du cidre après 23 heures,
ça leur créait des problèmes. Leur documentation disait
que ces problèmes pourraient être réglés si
c'était ouvert 24 heures par jour, et une proposition a donc
été faite dans ce sens-là. Suite à la
décision qui a été prise de faire une consultation
à ce sujet, nous avons repris contact avec l'Association des
détaillants en alimentation et nous lui avons demandé de pousser
son étude plus loin, d'étoffer ses représentations et de
nous informer de ce qui pouvait se passer ailleurs. à la fin du mois de
mars 1992, c'est-à-dire à la fin du mois dernier, l'association
des détaillants en alimentation nous a déposé un nouveau
rapport qui fait état d'une revue de ce qui se passe ailleurs, entre
autres dans l'état de new york, à terre-neuve, en
nouvelle-écosse, à l'île-du-prince-édouard, au
nouveau-brunswick, en ontario, etc. nous avons examiné ce rapport et
nous avons envisagé quels seraient les meilleurs moyens à prendre
pour que nous puissions répondre adéquatement à cette
question, à savoir: est-ce uniquement une demande de la part de
commerçants qui veulent maximiser leurs opérations ou est-ce que
ça répond aussi à un besoin dans la population?
Nous nous apprêtons à mener une consultation publique qui
se fera de la façon suivante: Nous ferons paraître dans un certain
nombre de journaux un avis informant la population que les personnes qui ont un
point de vue à exprimer là-dessus peuvent l'exprimer par
écrit en s'adres-sant à la Régie, et que la Régie
tiendra, probablement au début de septembre, des consultations publiques
où les personnes, en plus d'avoir déposé un rapport,
pourront se faire entendre.
La raison d'un délai si grand - entre mai et septembre - c'est
que nous voulons également nous adresser à des groupes
identifiés et leur demander de présenter des rapports. Les
groupes identifiés sont d'autres associations, comme celle
des restaurateurs ou celle des hôteliers, ou des groupes de
pression, de consommateurs, qui voudraient avoir le temps d'étoffer un
rapport à partir de ça.
Les hypothèses que nous soumettrons à la consultation
seront les suivantes. Nous demanderons d'exprimer une opinion sur l'ouverture
des dépanneurs 24 heures par jour, ou l'hypothèse de porter
l'autorisation de vente de boissons alcooliques dans les dépanneurs aux
mêmes heures que dans les bars, c'est-à-dire jusqu'à 3
heures du matin, ou nous leur demanderons de se prononcer quant au statu quo,
ou, enfin, toute autre suggestion qui peut apparaître utile pour nous
aider à identifier, comme je le mentionnais, d'une part, les besoins de
ces commerçants, mais aussi, d'autre part, les besoins de la population
dans laquelle ces commerçants sont appelés à exercer leurs
activités, avec les retombées sur la tranquillité publique
et les centres d'attraction que peuvent constituer des lieux de vente de
boissons alcooliques pour emporter, chez eux ou ailleurs, à 5 heures du
matin ou à 3 heures du matin. Alors, les consultations se
dérouleraient de cette façon-là, donc avec un avis dans
les journaux, probablement au début de juin, et des consultations
publiques en septembre, pour être en mesure de faire, aussitôt que
possible, des recommandations au ministre sur ce sujet.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Laflamme. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: oui, m. le président, je suis satisfait,
content du moins, de la réponse de m. laflamme concernant toute la
mécanique prévue pour une consultation. mais, au-delà de
tout ça, c'est beau de consulter, mais il faut savoir aussi, au
départ, quel est le poids de chacun des avis que l'on va retenir. est-ce
que c'est par rapport au nombre de personnes que l'organisme représente?
est-ce que c'est par rapport à l'épaisseur du portefeuille de
celui qui est assis à la table, ou de ses intérêts
particuliers, etc.? vous savez, quand on a fait la consultation publique sur la
libéralisation des heures d'affaires au québec, on était
à peu près 350 contre 9000; 350 pour et 9000 contre. c'est les
350 pour qui ont gagné. c'étaient des grandes surfaces. les 9000,
c'étaient - comme on dit dans le jargon populaire - des petits. ils ont
gagné, les 350, contre 9000. quand on a fait la consultation publique
sur l'avenir énergétique du québec, 81 %, 82 % des
intervenants sont venus nous dire le contraire de ce que la ministre a
accepté. c'est-à-dire que 19 % des intervenants ont eu raison sur
81 %, 82 %, parce que c'étaient les associations de manufacturiers,
c'étaient les banques et c'étaient les associations
d'ingénieurs, versus les groupes de consommateurs et les associations
environnementales, les autochtones, tous ceux qui avaient un autre point de
vue.
Alors, dans votre consultation, ça va être quoi, les
critères de départ qui vont faire que mon point de vue a une
chance d'être entendu ou pas? Est-ce que ça va être parce
que je vais être plus riche que l'autre? Ou est-ce que ça va
être parce que j'aurai plus d'intérêts personnels que
l'autre dans le dossier? Ou est-ce parce que mon association représente
plus de monde que l'autre? Ou parce que j'ai un point de vue qui est plus
proche de la philosophie du ministre que l'autre? C'est quoi, les
critères qui vont faire en sorte que j'ai des chances d'être
écouté?
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. Laflamme: M. le Président, dans notre situation
à la Régie, c'est relativement facile, parce que notre loi nous
impose déjà des critères de sélection de nos
actions. Et ces deux critères-là, c'est: tranquillité
publique et intérêt public. Donc, dans l'évaluation des
mémoires qui nous seront présentés, nous regarderons
d'abord en quoi les représentations qui nous sont faites sont conformes
à l'intérêt public et quelles sont les retombées sur
la tranquillité publique, quels sont les dangers de perturbation d'un
milieu social donné par l'ouverture de cet établissement. La
fonction de la Régie n'est évidemment pas de donner à des
commerçants des moyens additionnels de faire de l'argent. Tant mieux si
on peut arriver à faire ça en même temps, mais nos
critères premiers de rapport au ministre vont être de le
sensibiliser, selon les rapports que nous aurons reçus, ne serait-ce que
d'un seul individu ou de 1 000 000, sur ce que la mesure que nous lui
proposerons peut avoir comme retombées sur les milieux locaux, en
tranquillité publique et en intérêt public.
M. Claveau: Ce que je veux dire par ma question, c'est que, dans
votre annonce, supposons qu'il y ait 5000 individus, sur une base personnelle,
qui demandent de se faire entendre et qu'il y ait 200 entreprises dans le
domaine de l'alimentation, ça va être 200 contre 5000. Qui va
être considéré comme le plus important?
M. Laflamme: Je dirais - et je ne veux pas faire d'allusion
politique - que ce ne sera pas un référendum. Alors, ce n'est pas
les quantités qui vont nous guider dans les recommandations que nous
allons faire, c'est plutôt la qualité de l'argumentation qui sera
présentée, toujours en ayant à l'esprit ces deux
critères de tranquillité publique, c'est-à-dire de ne pas
créer des situations, dans un milieu donné, où la
sécurité ou la tranquillité des gens pourraient être
modifiées négativement par la recommandation que nous
proposerions. Et il faut que ça s'inscrive aussi dans un contexte
d'intérêt public. (11 h 20)
M. Claveau: Je souhaite que ça...
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que... Oui?
M. Claveau: Oui, j'avais une autre question dans...
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Ungava...
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Gauvin):... et, ensuite, M. le
député d'Orford.
M. Claveau: Enfin, je souhaite que ça se fasse dans le
meilleur intérêt de la population, tout en étant un peu
sceptique, quand même, quant au poids relatif de l'industrie dans le
domaine versus l'intérêt véritable du consommateur. On sait
comment ça finit, généralement. je voudrais vous poser une
question sur la façon de réagir ou les mécanismes que vous
avez à la régie pour contrecarrer ou, enfin, diminuer l'impact
d'erreurs qui pourraient nuire à certains commerces. je prends, à
titre d'exemple un restaurant de montréal où la
sûreté du québec a fait une descente il n'y a pas si
longtemps, supposément à partir d'une information à
l'effet qu'il n'avait pas de permis d'alcool. alors, on a fait une descente au
moment où à peu près toutes les tables étaient
occupées et on s'est rendu compte, après coup, qu'on
s'était trompé de restaurant. on n'a pas fait !a descente
à la bonne place. c'est des choses qui peuvent, éventuellement,
nuire à la réputation d'un établissement vous en
conviendrez. alors, est-ce qu'il y a des mécanismes quelque part,
à la régie, qui font en sorte que ces choses-là n'arrivent
pas trop souvent et que, quand ça arrive, on puisse, d'une façon
ou d'une autre, minimiser l'impact de ce genre d'erreur sur le
commerçant ou l'entreprise en question?
Le Président (M. Gauvin): M. Laflamme.
M. Laflamme: Oui, M. le Président Au niveau de l'action
des corps de police, ii n'y a pas de coordination préalable à
leurs interventions dans le sens que, si on prend la Sûreté du
Québec, ou la police de la Communauté urbaine, ou d'autres corps
policiers, iis sont autorisés, de par les lois qui les gouvernent,
à appliquer les lois du Québec sur leur territoire. Et une erreur
de cette nature ne peut être qu'une erreur opérationnelle et non
pas une erreur stratégique ou de coordination.
Au niveau de la Régie, pour qu'il n'y ait pas d'erreur semblable,
les décisions ne sont prises - surtout les décisions
négatives, j'entends, au niveau de la révocation des permis ou de
la suspension des permis - qu'après qu'une audition publique ait eu lieu
et, en général, dans la quasi-totalité des auditions
publiques, les corps policiers qui ont fait les constatations sont
amenés comme témoins et la signification de la décision,
par la suite, ne risque pas de faire l'objet d'une erreur d'identité du
destinataire. et, dans ce contexte-là, je n'ai pas eu de cas qui soit
porté à mon esprit, à ma connaissance, qui ait
résulté en erreur de cette nature-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le député.
M. Claveau: À ma connaissance, aussi, dans le cas auquei
je me réfère, la SQ est intervenue dans ledit
établissement selon l'adresse qui avait été fournie par la
Régie, comme quoi il opérait sans permis. Alors, c'est la
Régie qui était responsable de l'erreur, la SQ s'étant
bien présentée à la bonne adresse, selon ce qui avait
été fourni par !a Régie.
M. Laflamme: je ne connais pas le cas particulier, mais, s'il
n'avait pas de permis, cest difficile, pour la régie, d'avoir l'adresse
de l'établissement qui opère sans un permis de la
régie
M. Claveau: Non, non, le permis était expiré, pas
renouvelé, alors, à ce moment-là, on a supposément
envoyé la SQ pour fermer rétablissement. Il s'est trouvé
que cet établissement-là avait bel et bien son permis;
c'était un autre établissement, ailleurs, qui n'en avait pas,
mais c'est la Régie qui a envoyé la SQ au mauvais endroit.
M. Laflamme: Effectivement, lorsque les permis sont
expirés, il y a une décision de constat de révocation par
la loi du permis, et on envoie à la Sûreté du Québec
une copie de cette décision qui reflète l'adresse qu'il y a dans
l'ordinateur c'est-à-dire celle que le requérant nous a fournie
pour ses renouvellements.
J'apporterai une attention particulière à cette question.
J'irai voir le cas auquel vous vous référez, qui ne m'est pas
familier.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète vos questions, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: En tout cas, ça me donne encore une
idée du suivi de certains dossiers au gouvernement. Le cas en question a
été dénoncé dans le rapport du Protecteur du
citoyen. Alors, on voit à quoi ça sert d'avoir des institutions
au gouvernement, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Orford.
M. Benoit: D'abord, M. le ministre, je dois vous dire que j'ai eu
à transiger, à un moment donné, avec des gens qui,
effectivement, posaient des questions sur la Régie des permis. Il y
avait du bruit alentour de chez eux. J'ai été très
impressionné - c'était ma première expérience - de
transiger avec le petit village. J'ai été très
impressionné de la façon dont tout s'est
déroulé dans ce processus-là. J'ai essayé de
rester le plus à l'extérieur possible. Franchement, j'ai
trouvé que les choses étaient tombées de la bonne
manière, à la bonne place. Tout le monde était heureux
dans le village ensuite. Ça a mis de l'ordre un peu dans la place.
Alors, je voulais vous le dire.
Une fois ça dit, M. le ministre, si vous me permettez, j'aimerais
poser une question un peu technique à M. Laflamme au sujet de la vente
de bière dans les arenas. Il y a eu des représentations à
l'effet qu'on permette que la bière soit vendue alentour de la glace et
dans l'entrée de l'aréna, mais, dans les salles de joueurs, on ne
permet pas la consommation et la vente de bière. Ce qui se passe dans la
vraie vie, apparemment, particulièrement chez les adultes, c'est qu'il y
a des gens qui apportent leur caisse de bière la et qui consomment de la
boisson. Les gens qui ont la concession de la vente au restaurant, un, perdent
cet argent-là et, deux, perdent aussi le contrôle. Ils se disent:
Bien, là, ce n'est pas nous qui avons le contrôle. Il y aurait une
aréna où on permet la vente, semble-t-il, sur la rive sud, dans
les salles de joueurs. Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus?
Est-ce qu'on va élargir ou rapetisser la réglementation? Est-ce
qu'on veut la contrôler un peu mieux ou on ne bouge pas, on ne touche
à rien? J'essaie de comprendre un peu, suite à ces
représentations-là, ce que je dois comprendre de ça.
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. Laflamme: M. le Président, lorsqu'une demande de permis
est formulée pour un endroit donné, particulièrement pour
les arenas et les centres sportifs, il y a toujours une audition de la
Régie parce qu'un permis émis dans un contexte comme ça
entraîne inévitablement la présence de mineurs parmi des
gens qui consomment des boissons alcooliques alors que se déroulent
d'autres événements. Nous émettons le permis à
partir des plans qui nous sont donnés. Lors de l'audition,
l'administrateur ou le propriétaire de l'aréna nous indique
généralement les endroits qui sont considérés comme
des endroits non ouverts au public. Les endroits non ouverts au public sont
exclus du permis. Les chambres des joueurs sont des endroits qui sont
considérés comme exclus du public et deviennent ainsi hors
permis. En conséquence, celui qui est l'exploitant d'une concession ne
peut pas vendre de boissons alcooliques dans ces salles et, la plupart du temps
aussi, on a voulu les exclure parce que des mineurs sont là, à
l'occasion, pour participer à des compétitions sportives. Il
arrive extrêmement fréquemment que, pour pallier aux
problèmes de vente dans ces salles, les gens apportent leurs propres
boissons alcooliques et, là, consomment légalement - puisque ce
n'est pas un endroit sous permis - leurs propres boissons parce que, pour la
durée de l'événement, c'est leur local, c'est leur place
d'affaires.
Ce qu'on peut faire pour pallier cette situation, c'est soit de faire en
sorte que ces salles soient incluses dans le permis, et, en conséquence,
que ce soit l'exploitant qui ait la responsabilité de vendre ou de ne
pas vendre dans ce secteur-là, ou que ce soit l'administrateur de
l'aréna qui, nous ayant fait part des choix qui ont été
faits lors de la délivrance du permis, fasse en sorte qu'il n'y ait pas
de consommation dans les salles des joueurs.
M. Benoit: Bon, parfait! Merci.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Alors, toujours
sur le programme 2, j'ai deux demandes d'intervention. M. le
député d'Ungava, en avez-vous d'autres, vous, sur le programme
2?
M. Claveau: Non, moi, ça va, à cette heure...
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Claveau: ...que je sais que le Protecteur du citoyen n'est
même pas lu.
Le Président (M. Dauphin): Brièvement, deux
dernières sur le programme 2. M. le député de Hull et,
ensuite, celui de Montmagny-L'Islet, et on passe au programme 3
après.
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. le ministre, je suis
content que vous portiez deux chapeaux, contrairement au député
d'Ungava, parce que j'ai l'intention de m'entretenir brièvement avec
vous, ce matin, de la Sécurité publique, également de
l'émission des permis d'alcool et, surtout, des heures de fermeture.
M. Claveau: C'est dans la Sécurité publique, c'est
ça. C'est ça, c'est le même chapeau, ça. (11 h
30)
M. LeSage: Je ne vous ai pas interrompu, M. le
député d'Ungava, tantôt, laissez-moi donc continuer. M. le
ministre, dans les régions frontalières, on sait que les heures
de fermeture ne sont pas les mêmes. Je veux vous entretenir d'un
problème particulier au comté de Hull, mais je sais que ça
peut avoir des répercussions ailleurs dans la province. En Ontario, par
exemple, l'heure de fermeture est minuit, je pense, alors qu'à Hull,
l'heure de fermeture dans les bars, c'est 3 heures. Ce qui arrive, c'est que,
d'abord, Hull, c'est une petite municipalité comparativement à la
municipalité d'Ottawa-Carieton où on retrouve un bassin
d'au-delà de 600 000, personnes. Les jeunes, vers 11 heures ou minuit,
là, ça s'en vient sur le côté
québécois, et on sait qu'à ce moment-là ils ont
déjà commencé à être
éméchés un peu, et il se produit sur la Promenade du
Portage à Hull, M. le ministre, et vous en avez probablement entendu
parler, toutes
sortes de choses qui mènent en danger la sécurité
justement de ces mêmes personnes. Ces mêmes personnes ne sont
peut-être pas en état de réaliser ce qui se passe. Je pense
que c'est notre devoir, comme législateurs, de prévoir toute
éventualité.
Je sais que la ville de Hull a fait des études très
sérieuses sur ce dossier. Je sais qu'ils ont fait des recommandations,
que le comité en question a fait des recommandations au conseil
municipal, et une de ces recommandations, c'est la tolérance
zéro. Je sais qu'ils vont mettre en oeuvre ces recommandations
dès ce printemps. J'ai deux questions précises, M. le ministre.
Advenant que le conseil municipal se voit dans l'obligation de vous demander de
fermer les bars plus tôt que prévu dans la loi, est-ce que c'est
envisageable de votre part? Et ma deuxième question; Si ce l'est,
combien de temps est-ce que ça prend après que la demande est
faite?
Lé Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, le problème que soulève le
député de Hull est très réel. Nous autres, nous
l'avons dans ma circonscription depuis de nombreuses années,
étant donné les heures de fermeture différentes. Je crois
que de notre côté c'est 3 heures du matin et, du côté
de l'Ontario, je pense que c'est 1 heure du matin. Alors, les gens, les jeunes
partent en bandes du côté de l'Ontario et s'en viennent du
côté de Grenville. J'ai été obligé à
de nombreuses reprises, sans toujours avoir satisfaction, de demander une
protection accrue de fa Sûreté du Québec pour ces
heures-là, parce qu'il arrivait des rixes, de la violence. Les gens dans
le petit village étaient apeurés. On avait un petit débit
même à Calumet, qui est une petite place de rien, à
côté de Grenville, que vous connaissez sans doute. Alors, le
problème est réel.
Dans l'état actuel de la loi, la Régie, en vertu
d'amendements que nous avons apportés I'an dernier, peut établir
des heures d'exploitation différentes pour un établissement, soit
sur la requête de cet établissement, soit sur la requête de
corps responsables ou de citoyens concernés. Et c'est sûr que, si
la ville de Hull se présentait devant la Régie et demandait: Tel
établissement, là, il faudrait que les heures soient
peut-être modifiées pour correspondre à ce qu'on
connaît de l'autre côté, la Régie serait tenue
d'examiner la requête. Mais, actuellement, aux termes de la loi, il faut
que sa décision et son examen portent sur un établissement
particulier. Ça n'exclut pas qu'il y en ait plus qu'un. Elle peut faire
10 examens, mais il faut qu'elle examine chaque cas, si j'ai bien compris. Mais
la possibilité est là, et je crois que c'est un problème
qu'il faut examiner, parce que c'est un écart qui ne contribue pas
nécessairement à grandir le Québec. Parce que ce qui
traîne dans les bars à ces heures-là, passé 1 heure
du matin, ce n'est pas toujours pour la gloire de la civilisation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député? M. le député de Montmagny-L'Islet.
Contrôle de la qualité des boissons alcooliques
M. Gauvin: M. le ministre, ma question s'adresserait probablement
plutôt à M. Laflamme. J'aimerais savoir si votre organisme, M.
Laflam-mê, est l'organisme qui est le responsable suprême sur le
contrôle de la qualité des vins, par exemple. Ma question devrait
se poser comme ça: Si un client, un consommateur dans un
établissement soupçonne, doute de la qualité des vins,
est-ce qu'il peut directement, dans l'immédiat, demander à la
Sûreté du Québec ou à la sûreté
municipale concernée de faire une enquête, ou s'il doit, dans les
délais raisonnables, vous aviser, aviser votre service?
M. Laflamme: M. le Président... le président
(m. dauphin): m. le ministre ou...
M. Ryan: Je vais laisser M. le président répondre
à ça parce que, franchement, je n'ai pas la
compétence.
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. Laflamme: Alors, oui, effectivement, nous partageons le
contrôle de la qualité avec la Société des alcools.
Mais la Société des alcools intervient préalablement.
C'est-à-dire que, quand on veut vendre des boissons alcooliques dans les
débits de boissons québécois ou dans les magasins, elles
doivent faire l'objet d'une analyse par leurs laboratoires et obtenir les
appréciations voulues. Mais, une fois que c'est rendu dans les
débits de boissons, une fois que c'est servi à des consommateurs,
la Régie a la responsabilité, au nom de l'intérêt
public et de la tranquillité publique, encore une fois, de faire en
sorte que les boissons qui y sont vendues soient des boissons qui proviennent
de sources légales où la qualité a été
vérifiée.
Il est de commune renommée que, dans un certain nombre de
débits de boissons, des boissons frelatées sont servies, et,
à ce moment-là, on se plaint à la Régie. La
Régie complète son enquête avec l'aide des corps policiers
et on arrive à la révocation ou à la suspension du permis
de l'exploitant qui a servi des boissons inappropriées. Des poursuites
pénales sont aussi prises par ailleurs. Alors, la Régie est
vraiment l'organisme qui doit être sensibilisé lorsque des
consommateurs constatent que des boissons de
qualité douteuse leur sont servies.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député d'Ungava, sur le même sujet.
M. Claveau: M. le Président, c'est intéressant,
cette histoire-là. Il y a des contrôles de qualité dans
à peu près n'importe quoi, j'imagine. Quand un dépanneur
ou un magasin veut vendre de la viande, il lui faut des comptoirs
réfrigérés; s'il veut vendre la 6/49, il lui faut une
machine approuvée par Loto-Québec pour ça. On ne fait pas
n'importe quoi. Dans le domaine des vins, on a l'impression que tout le monde
fait n'importe quoi. Vous arrivez dans des dépanneurs, les vins sont
étalés sur des étagères exposées au soleil.
L'hiver, il fait fret; pas de problème, ils mettent ça à
côté de la porte et c'est la draffe à 40 sous zéro
qui fesse sur les bouteilles à toutes les fois qu'il y a quelqu'un qui
entre dans le dépanneur. Et là vous achetez des vins qui sont de
moins en moins de qualité, on est obligés de le dire. Le
consommateur n'a pas de place pour se plaindre, lui. Qu'est-ce que tu fais? Tu
achètes deux bouteilles de vin, tu arrives chez vous, tu sens, ça
sent le bouchon, il est piqué, et puis, bon, bien là, glouglou,
tu l'envoies à la poubelle et tu ne dis pas un mot. Il n'y a à
peu près rien que tu puisses faire. Peut-être qu'il y a une
démarche à faire, mais j'aimerais la connaître.
Le Président (NI. Dauphin): M. Laflamme.
M. Laflamme: Je m'excuse, vous aviez terminé?
M. Claveau: Oui, j'ai fini.
M. Laflamme: Dans ce cas-là, évidemment, c'est un
conseil pratique: Lorsque vous achetez au dépanneur ou ailleurs une
bouteille qui est de mauvaise qualité, en supposant qu'elle-même a
été achetée de source officielle, régulière,
de la Société des alcools, vous ne devez pas jeter le liquide,
vous devez le rapporter et la bouteille doit être remplacée.
Ça, c'est systématique. La Société des alcools
remplace toutes les bouteilles qui sont rapportées comme
défectueuses. Mais ce qui est plus important, c'est de s'assurer que les
bouteilles proviennent de la seule source légale, c'est-à-dire de
la Société des alcools. Même dans les temps de
prospérité ça arrive, dans les temps difficiles ça
arrive encore plus. Il arrive que des épiciers, des restaurateurs, des
tenanciers de bars s'approvisionnent à des sources qui sont
illégales, des sources qui ne sont pas la Société des
alcools. Ces vins - c'est surtout du vin -sont mis dans des bouteilles qui
ressemblent, évidemment, à des bouteilles dont la
légalité est constatée, mais il y a actuellement une
proportion de vins de provenance illégale qui est en vente à
certains endroits au Québec. La meilleure façon d'en venir
à bout et de protéger le consommateur est de dénoncer ces
constatations soit aux forces policières les plus près de
l'endroit où c'est constaté pour qu'une enquête soit faite,
soit de le rapporter à la Régie des permis d'alcool pour qu'on
puisse intervenir auprès de ces gens.
Nous avons l'autorité, en vertu de la loi, pour vérifier
leur stock, pour vérifier la provenance de leurs boissons alcooliques et
pour vérifier leur comptabilité. Dans certains cas, on a
constaté qu'il y a des gens qui vendaient beaucoup plus qu'ils
n'achetaient officiellement. Cette différence de comptabilisation est un
moyen relativement facile pour en venir à bout. (11 h 40)
Vous soulevez un point fort intéressant qui peut toucher tous les
consommateurs québécois, et, quand c'est identifié, une
plainte devrait être faite à la Régie.
M. Claveau: Vous n'avez pas de critères, quand même,
d'entreposage pour le dépanneur...
M. Laflamme: Non.
M. Claveau: ...enfin, la personne qui vend, pour qu'elle sache
aussi comment ne pas perdre son vin.
M. Laflamme: Oui.
M. Claveau: Vous savez, quand l'étagère à
vins est braquée juste à côté de la porte
d'entrée, l'été, il fait +80, puis l'hiver, il fait
-40.
M. Laflamme: Lorsque le vin a été mis en vente dans
les épiceries, si vous vous souvenez, il y a plus d'une dizaine
d'années, la Société des alcools avait des critères
extrêmement stricts. Ça devait être dans un
présentoir, le présentoir devait être installé
à certains endroits, et tout ça, et la plupart des gens ont
protesté contre la rigueur de ces règles. Maintenant, ce que la
Société des alcools se borne à faire, c'est de donner des
conseils quant à la façon de commercialiser leurs boissons.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Claveau: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que le programme
2 est adopté?
Des voix: Adopté.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle le
programme 3, concernant la garde des détenus et la réinsertion
sociale des délinquants, tout en
remerciant M. Laflamme, président de la Régie des permis
d'alcool, d'avoir répondu aux questions des membres. Et la parole est au
ministre de la Sécurité publique pour de brèves
remarques.
M. Ryan: Merci. Alors, M. le Président, je suis content
d'avoir à mes côtés le sous-ministre associé
à la Direction des services correctionnels, M. Normand Carrier. D'autres
collaborateurs et collaboratrices sont présents également; si
leur collaboration immédiate est requise, ça nous fera plaisir de
la faciliter.
Quelques remarques brèves en guise d'introduction à cet
important sujet. Tout d'abord, au cours de la dernière année,
comme on l'a d'ailleurs rappelé plus tôt, l'Assemblée
nationale adoptait la loi 147, laquelle précise le rôle respectif
des services correctionnels du Québec et de la Commission des
libérations conditionnelles du Québec en matière d'absence
temporaire et de libération conditionnelle. Les modifications que nous
avons apportées à la loi à cet égard sont
très importantes. Elles permettent de situer plus nettement le
rôle de chaque organisme et elles entraîneront aussi la mise en
oeuvre graduelle d'une politique peut-être plus éclairée en
matière de réinsertion sociale. Il ne faut pas oublier que, quand
on parle de libération conditionnelle ou d'absence temporaire, de
manière très générale, l'objectif visé par
la collectivité, c'est la réinsertion sociale du détenu et
non pas son châtiment ou le prolongement indéfini de la peine qui
lui a été attribuée. Ce n'est pas non plus de
décharger la société d'une responsabilité qu'elle a
envers ces personnes, c'est la prise en charge de ces personnes sous des formes
différentes. Ça, je pense que c'est bien important.
Je voudrais rappeler quelques données de base, si vous me
permettez, pour montrer l'évolution qui s'est produite dans nos
établissements de détention et dans nos services d'encadrement
des personnes qui violent nos lois au cours des dernières années.
Une fonction très importante des services correctionnels, c'est de
produire des rapports d'évaluation «présenten-cielle»
à l'intention des magistrats qui doivent se prononcer sur les causes
dont ils sont saisis. Au cours seulement de la dernière année, il
s'est produit une augmentation substantielle. En 1990-1991, vous aviez produit
5809 rapports et, en 1991-1992, 7029. Ça, ce sont les comparutions de
vos officiers qui vont devant les tribunaux pour donner une appréciation
ou fournir une expertise. Il y en avait eu 108 425 en 1990-1991. Ça nous
donne une idée de l'ampleur de ce travail. Il y en a 111 000 en
1991-1992. Les admissions en centres de détention: 52 970 en 1990-1991
et 57 000 en 1991-1992. Des références pour surveillance,
probation: 9236 en 1990-1991; 10 870 au cours de la dernière
année. La population interne moyenne dans les centres de
détention: 3168 en 1990-1991 et 3312 en 1991-1992. Héber- gement
communautaire: 157 690 - ça. c est unités de nuit, je suppose;
161 500 au cours de la dernière année. Des travaux
compensatoires: 15 783 en 1990-1991 et 18 000 en 1991-1992. Si vous ajoutez
à ceci ce que j'ai indiqué plus tôt sur l'accroissement de
la criminalité, on comprend plus facilement ce mouvement dont nous
venons de parler quand on pense au phénomène de l'accroissement
de la criminalité dans notre société qui se traduit
inévitablement par un mouvement de comparutions plus élevé
devant les tribunaux et par un plus grand nombre de sentences qui peuvent
conduire jusqu'à l'emprisonnement.
Alors, ceci pour souligner que nos services correctionnels n'exercent
pas de contrôle arithmétique sur le mouvement des inscriptions,
pour l'appeler d'un nom élégant, le mouvement des admissions dans
les centres de détention. Les décisions sont prises par le
pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire agit souvent sous l'influence ou les
recommandations des procureurs, de la couronne en particulier. S'il y a une
recrudescence des activités de ce côté-là, elle se
traduit inévitablement par une augmentation de fa clientèle dans
les centres de détention. Il est arrivé, au cours de la
dernière année, qu'il y a eu augmentation très
significative du nombre moyen de personnes détenues dans les centres de
détention, et cette augmentation a été
particulièrement accentués dans des périodes de pointe
comme celle que nous avons connue depuis le début de la présente
année, et spécialement au cours des mois de février, mars
et avril. Il est arrivé des événements que nous aurons
à discuter un petit peu plus tard. Et je pense que c'est important de
mentionner cet arrière-plan pour comprendre ce qui s'accomplit dans ce
secteur.
Je ne veux pas m'attarder davantage dans ces propos d'introduction.
J'aurai l'occasion de parler plus abondamment tantôt des mesures que nous
entendons prendre en ce qui concerne les centres de détention, la
réaction aux événements qui se sont produits ces derniers
jours. Je voudrais simplement ajouter quelques indications sur les orientations
générales que suivra la Direction des services correctionnels en
1992-1993. D'abord, la mise en vigueur de la loi 147, qui doit commencer
à compter au mois de juin, entraîne des ajustements très
importants dans les processus de mise en liberté et dans toute la
conception qu'on se fait de la réinsertion sociale. Nous estimons qu'il
pourra résulter un certain dégagement de pression sur la
détention proprement dite si la loi est bien appliquée. Il y a un
potentiel de ce côté-là dont nous pourrons discuter
tantôt avec M. le sous-ministre Carrier. Je pense que c'est un des
éléments les plus importants que nous devons envisager pour
l'année 1992-1993.
La Direction prépare également un projet de politique sur
l'administration des sentences qui viendra s'inscrire directement dans le
sillage de
ce dont nous venons de discuter. Nous devrons procéder à
des ajustements dans le cadre de développement des établissements
qui avait fait l'objet d'une approbation du Conseil du trésor il y a
déjà deux ans maintenant. Nous avons été
invités à le réviser. Nous l'avons faite, cette
révision, avant même les événements de la semaine
dernière, et nous serons en mesure de fournir au député
toutes les précisions qu'il pourrait souhaiter à cet
égard.
Nous aurons également des travaux en vue de la mise au point
d'une politique tendant à une implication plus active et plus
développée de la communauté dans le mouvement de
réinsertion sociale. Nous devons mettre en oeuvre un protocole qui a
été convenu avec le ministère de la Santé et des
Services sociaux pour le traitement des détenus qui présentent
des problèmes de santé et de services sociaux.
Alors, il y a évidemment, aussi... Là, j'ai
constaté ceci. Moi, je n'en étais pas au courant; je vous le dis
en toute candeur. Il n'y a aucune harmonisation entre ce qui se passe dans les
cours, ce qui doit être traité ce soir, par exemple, à la
prison de Bordeaux ou dans les autres établissements de
détention. Les magistrats ne sont pas tenus de nous consulter avant
d'imposer leur sentence. Les procureurs de la couronne ne sont pas soumis
à une obligation de consultation non plus. Mais, devant
l'évolution assez cascadée à laquelle nous avons
assisté ces derniers temps, je pense que des conversations devront avoir
lieu avec les autres centres de décision de manière que nous
puissions arriver à une certaine synchronisation des décisions,
de manière que l'appareil ne soit pas soudain débordé de
façon qui puisse conduire à des situations qui pourraient
échapper au contrôle normal des autorités. (11 h 50)
Alors, voilà, pour l'essentiel. Je reviendrai tantôt, quand
on nous questionnera là-dessus, sur les mesures que nous envisageons
autant à titre temporaire qu'à titre permanent pour faire face
à l'accroissement des besoins en matière d'accueil de personnes
qui sont l'objet de sentences de détention.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je donne
la parole au député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Bon. C'est là
qu'on a des beaux discours puis où il ne se passe pas grand-chose.
M. Ryan: Ha, ha, ha! On va voir.
Construction et rénovation
d'établissements de détention
M. Claveau: Bien oui! On va voir certain! Il y a probablement des
choses qui ne seraient pas arrivées si le gouvernement avait tenu sa
parole et rempli ses promesses électorales. Ça fait longtemps que
la situation est connue, ce n'est pas nouveau. Il y a un programme de
modernisation puis de construction de nouveaux équipements
carcéraux. Il y avait deux nouvelles prisons de prévues dans la
région de Montréal, promises en campagne électorale. C'est
facile, pour se faire élire, d'en promettre des affaires! Vous en avez
promis pour à peu près 120 000 000 $, puis il n'y a pas encore
une cent de dépensée au moment où on se parte. Ça
n'a pas été suffisant, il aurait fallu que vous en promettiez 200
000 000 $!
Vous avez promis deux nouvelles prisons à Montréal, puis
on n'a pas encore l'ombrage du premier deux-par-quatre de la fondation de la
première de réalisé. Où est-ce que vous en
êtes avec ça? Si on regarde les crédits de la
Sécurité publique pour cette année dans le programme 3,
où sont les sommes d'argent prévues pour construire des nouvelles
prisons, de nouveaux centres de détention? En avez-vous des sommes
d'argent de disponibles puis allez-vous faire en sorte de remplir au moins vos
promesses électorales pour la région de Montréal?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: C'est la question?
M. Claveau: La question, première question.
M. Ryan: C'est une question tout à fait légitime,
M. le Président, selon moi; je suis bien content qu'elle soit
soulevée. Je m'attendais à ce qu'elle le fût aussi. Nous
allons essayer d'y répondre le plus consciencieusement possible. Je
voudrais tout d'abord rappeler que, depuis l'adoption du cadre de
développement des établissements en 1988, on a ajouté
quelque 700 places en détention. La capacité, en 1988,
était de 2737; elle est passée à 3408. Il y a eu la
location d'un immeuble à Laval, ce qu'on appelle communément le
B16. Il y a eu la construction d'un nouvel établissement à
Trois-Rivières, l'ajout d'un pavillon à Sherbrooke, l'utilisation
du quatrième étage du Centre de prévention de
Montréal. Puis on a aménagé quelque 265 cellules de
manière qu'elles puissent recevoir deux détenus au lieu d'un. Ce
n'est pas la fin du monde, il y a bien des chambres doubles dans les
hôtels. Dans les hôpitaux, il y a des chambres à sept ou
huit lits aussi.
Alors, de ce côté, ces choses-là ont
été aménagées de manière à recevoir
plus de monde. Il y a eu la création d'un réseau parallèle
pour les personnes qui sont l'objet de peines intermittentes de fin de semaine;
la création de 176 places additionnelles en ressources communautaires;
le financement de 460 places en encadrement extérieur; l'ajout de 52
employés ou effectifs en probation. Alors, tout ceci, c'est quand
même une amélioration considérable.
Je me souviens qu'il y a à peine six mois, quand nous discutions
avec M. Carrier, nos estimés nous permettaient de croire qu'en
réalisant le cadre de développement, qui avait déjà
été approuvé par le Conseil du trésor, nous
pourrions réussir à faire face aux besoins au cours des
prochaines années. Au cours des derniers mois, il y a eu cette
augmentation, que je qualifie de spectaculaire, du mouvement de la
criminalité d'abord, deuxièmement, du mouvement d'admission du
côté des centres de détention, qui nous oblige à un
certain nombre d'ajustements. Et je vais parler de ça en
particulier.
Tout d'abord, dans le plan - je vais parler des mesures à long
terme et nous allons parler des mesures à court terme également -
que nous avions établi, il y avait deux phases, si on se souvient: la
phase 1 puis la phase 2. La phase 1 comprenait la construction d'un centre de
prévention à Montréal, un centre de prévention de
300 places. Je vais dire où on en est à propos de chaque projet.
Ce centre de prévention est toujours inscrit à la programmation
et nous avions les crédits pour le mettre en marche cette année.
Maintenant, H reste des problèmes de transactions de terrains à
régler avec la ville de Montréal, qui ne sont pas
réglés encore, à ma connaissance. Il y a encore des points
à clarifier là-dedans Là je fais appel à la
collaboration du maire du Montréal pour que ces questions se
règlent dans les meilleurs délais. Nous sommes prêts
à procéder de ce point de vue là. Et nous ne pouvons pas
entreprendre des travaux sur un terrain dont nous n'avons pas acquis la
propriété claire et nette. On pourra donner d'autres
précisions tantôt, si on le veut, de ce point de vue
là.
Deuxièmement, nous avions inscrit à la programmation la
construction d'une nouvelle aile à la prison de Bordeaux, devant
comporter 182 places nouvelles. Ce ne sont pas des pinottes, ça, 192
places nouvelles. Cette aiie est complétée. Maintenant, la
planification prévoyait ceci. Il y avait un programme de
rénovation. Il y a cinq ailes actuellement au pavillon de Bordeaux, un
magnifique pentagone. Ces ailes devaient être rénovées
l'une après l'autre. Un programme de rénovation d'à peu
près 50 000 000 $ était inscrit à la planification. Mais,
pour rénover une aile, il faut loger les détenus quelque part. Le
plan, c'est que ceux d'une aile qui est en voie de rénovation soient
logés dans la nouvelle aile dont je viens de parler. Et on aurait
procédé comme ça sur une base de quelques années.
Et l'objectif, c'est d'avoir un centre de détention qui soit
complètement moderne.
M. Claveau: Avez-vous fini, M. le ministre?
M. Ryan: Non, je n'ai pas fini. Vous m'avez demandé les
développements, je vous les donne.
M. Claveau: Est-ce que je pourrais faire une petite
parenthèse, si vous me permettez? M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Le ministre y consent. Une
petite parenthèse. M. le député d'Ungava.
M. Ryan: Pourvu qu'elle se referme après avoir
été ouverte, pas d'objection.
M. Claveau: C'est une petite question complémentaire.
M. Ryan: Oui.
M. Claveau: Le pentagone dont vous venez de parler, est-ce que
c'est ça la promesse électorale du ministre Rémillard, le
2 septembre 1989, qui nous annonçait une nouvelle prison
opérationnelle en 1991 avec 297 nouvelles places?
M. Ryan: ça, c'est le premier dont j'ai parlé, le
centre de prévention de montréal. voyez-vous, dans la
planification, le centre de parthenais, il faut mettre fin à ça
dans les meilleurs délais. et l'objectif de la construction de ce
premier centre de prévention, c'était justement de permettre que
les prévenus puissent être transférés ûa
parthenais a cet endroit-là.
M. Claveau: Deuxième petite parenthèse, si vous
permettez. La question de Parthenais, préférez-vous qu'on en
parle tout de suite ou qu'on en parle avec .a Sûreté du
Québec, plus tard?
M. Ryan: j'aimerais mieux peut-être juste compléter
mon exposé. ça ne prendra pas beaucoup de temps, seulement une
vingtaine de minutes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le ministre.
Terminez votre réponse. Vous avez droit à 20 minutes, en vertu du
règlement. Allez- y-
M. Ryan: c'est parce qu'il y a un vieux principe de
pédagogie selon lequel, quand l'information est bien communiquée,
il y a bien des sujets de passion qui se calment.
M. Claveau: Elle ne doit pas être excellente, la
communication, parce que les passions s'avivent!
M. Ryan: ha, ha, ha! je pense que j'ai parlé pour
bordeaux. il y a un deuxième centre de prévention qui est inscrit
à la deuxième phase, qui reste là aussi. et nous allons
demander que la mise en train de ce projet-là soit
accélérée
également parce que les besoins, comme nous les prévoyons,
indiquent que ce sera nécessaire. Il y avait l'agrandissement de la
prison de Saint-Jérôme, un projet très important qui est
inscrit à la première phase et qui le demeure. L'agrandissement
de la prison de Hull, inscrit à la première phase, le demeure; la
mise en route des travaux a été autorisée
récemment. On demandera d'ajouter à la première phase la
construction de la prison de Sept-îles, qui était inscrite
à la deuxième phase. Mais ça, étant donné la
nouvelle conjoncture, je pense qu'il s'impose que ça passe à la
première phase. Et la construction de nouveaux centres de
détention à Rimouski et Rivière-du-Loup était
inscrite à la programmation et le demeure pour la première phase.
Ensuite, le deuxième centre de prévention à
Montréal, dont j'ai parlé, reste, mais nous voulons
accélérer la mise en route de ce centre-là. On
prévoyait 300 places et il faudra en prévoir 400, selon les
indications que nous recueillons à partir de révolution de la
criminalité, des décisions des tribunaux, et tout ça. (12
heures)
Alors, voilà les ajustements que nous envisageons au point de vue
investissements. Les montants qui avaient déjà été
approuvés par le Trésor pour ceci étaient de 151 000 000
$. Le Trésor, il y a à peu près un mois ou deux, a
demandé que nous fassions une révision de la programmation
à la lumière des développements survenus depuis quelque
temps. Nous avons procédé à la révision et
ça demandera des ajustements dans ce montant que j'aime mieux ne pas
communiquer aujourd'hui parce qu'ils n'ont pas encore été
approuvés, des ajustements à la hausse, des ajustements
significatifs à la hausse.
Maintenant, en attendant, évidemment, ce qui est arrivé
à Bordeaux ne peut pas nous laisser indifférents. Là, nous
avons un certain nombre de mesures d'ordre immédiat que nous devons
envisager. Il faudra prendre une décision. L'aile D, à la prison
de Bordeaux, a été la plus endommagée par les
événements de la semaine dernière. La
Société immobilière du Québec, la SIQ, est en train
de procéder à l'évaluation des dommages. Selon
l'importance des dommages, là il faudra prendre une décision:
Est-ce qu'on devra procéder tout de suite à la rénovation
ou procéder à des réparations temporaires en attendant de
mettre en marche la rénovation? Ça, il y aura une décision
à prendre là-dessus d'ici une quinzaine de jours à peu
près. Il faut avoir d'abord l'évaluation de la
Société immobilière du Québec là-dessus.
En attendant, il y a bien des mesures ponctuelles qui s'imposent. Il y
avait des endroits dans la prison de Bordeaux qui étaient vraiment
insalubres, qui ont dû être utilisés à court terme
étant donné cette augmentation du mouvement des détenus.
Il y a deux endroits en particulier: le sous-sol du pavillon D et, je pense, le
sous-sol du pavillon A, de l'aile A. Alors, ça, selon les
décisions qui seront prises pour D, c'est sûr qu'il y a des
travaux à faire de ce côté-là pour enlever les
sources d'insatisfaction qui sont réelles et dont nous devons
reconnaître l'existence.
J'ai remarqué qu'à la prison de Bordeaux on loge des
personnes qui sont dans un état de santé délabré,
en particulier les malades psychiatriques. Selon les conseils que me donne la
Direction des services correctionnels, il serait mieux que ces
personnes-là soient logées ailleurs et prises en charge, comme le
voudrait un protocole que nous avons signé avec lui, par le
ministère de la Santé et des Services sociaux. J'ai
communiqué avec mon collègue, le ministre de la Santé,
pour lui demander que nous nous retrouvions très bientôt
là-dessus. Je lui ai adressé une lettre ces jours-ci. Il faut que
nous examinions ce problème parce que ce n'est pas le rôle des
centres de détention de servir d'hôpital. Alors, il y a un
problème de soulagement qui pourrait être réglé de
cette manière-là.
Nous pouvons créer des cellules additionnelles dans des centres
de détention ailleurs qu'à Montréal en guise de mesure de
transition. On pourrait trouver à peu près 118, 120 places de ce
côté-là à Cowansville, Valleyfield,
Trois-Rivières, Sherbrooke, Baie-Comeau, New Carlisle. La nouvelle aile
que nous ne devions utiliser que progressivement, nous allons demander au
Trésor qu'elle puisse être utilisée à plein,
c'est-à-dire à sa capacité de 192 places,
évidemment avec les effectifs professionnels et administratifs qui
doivent accompagner une telle décision. Nous voulons utiliser de
manière plus intensive le réseau communautaire qui offre
actuellement un bon nombre de places, mais qui pourrait peut-être
contribuer à l'augmentation du nombre actuel de places dans une
proportion pouvant varier de 150 à 200.
J'ai parlé tantôt de tous les problèmes d'admission,
des consultations qui devraient avoir lieu avec les autorités du monde
judiciaire, les procureurs également, du monde de la police, pour voir
s'il n'y a pas certains ajustements qui pourraient être envisagés
pour un meilleur contrôle du trafic dans ce secteur-là.
Voilà, je pense que nous n'avons été aucunement
pris au dépourvu par les événements qui se sont produits
récemment. Moi-même, je vous raconterai ça, M. le
Président, en toute simplicité. Déjà, il y a
à peu près - c'est juste avant Pâques - trois semaines,
j'avais été prévenu de perturbations qui s'étaient
produites à rétablissement de Bordeaux. C'était
arrivé juste avant Pâques. Et, devant le sérieux des
événements dont on m'avait saisi, je me suis rendu sur les lieux.
Je suis allé effectuer une visite de l'établissement afin de me
rendre compte par moi-même des problèmes qui se posaient
là. Nous avions très bien identifié les problèmes,
mais, comme je l'ai dit, ce n'est pas parce que le ministre va dans un
établissement un soir qu'il
peut arriver le lendemain matin et dire: Là, toutes les toilettes
qui ont été cassées, les murs qui ont été
défoncés et tous les problèmes qui se posent, vous allez
régler ça dans 24 heures; ce n'est même pas pensable. Mais
nous savons très bien les problèmes qu'il faut résoudre,
et je vous assure que nous allons mettre toute la diligence nécessaire
pour les résoudre. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, lors de cette visite,
de causer avec de très nombreux détenus. On a fait le tour en
toute liberté, partout. Je peux vous assurer que je suis très,
très déterminé à faire en sorte que les
améliorations nécessaires de ce côté-là
soient apportées.
Je voudrais ajouter une petite remarque, si vous me permettez. Il a
été question du personnel. Le personnel fait un travail
formidable. Mais, moi, le jour où j'y suis allé et les jours qui
ont précédé, il n'avait pas fait un travail formidable,
parce qu'il est arrivé... Quand les supérieure demandent aux
détenus de rentrer dans les cellules et que le personnel reste là
et dit: Nous autres, on ne bouge pas à soir, il y a des
problèmes. Je l'ai signalé dans les journaux et j'ai fait mon
devoir en le signalant. Je dois dire que, lors des tout récents
événements, ils ont été à la hauteur de la
tâche, ils se sont très bien acquittés de leur travail. Il
y a même des incendies qui ont éclaté dans des endroits
où on pouvait se poser de sérieuses questions sur la provenance
de ces incendies-là. Quand les gens restent à ne rien faire sous
prétexte qu'ils ont d'autres problèmes à régler, ce
n'est pas un bon exemple à donner aux détenus non plus, ce n'est
pas la manière dont on va garder l'ordre dans nos centres de
détention. Je suis content de constater que les choses ont
été rétablies et qu'on est revenus à un sens du
devoir plus exigeant de ce côté-là.
Aors, je termine là-dessus, M. le Président. Je voudrais
souligner le dévouement magnifique dont on fait preuve les cadres de la
prison de Bordeaux. Moi, quand j'y suis allé, c'était la veille
de Pâques, le samedi saint. Déjà, le directeur de la prison
et ses principaux collaborateurs étaient sur les lieux, de
manière continuelle, depuis une dizaine de jours. Ils couchaient
là même; ils passaient tout leur temps là et dans des
conditions matérielles fort peu enviables. Ça, je veux signaler
ce dévouement extraordinaire dont j'ai pu être le témoin et
qui contribue grandement, dans les conditions difficiles que nous connaissons,
à garder ta situation sous un contrôle relatif.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je ne peux pas faire
autrement que de trouver ça phénoménal. À entendre
parier le ministre, tout va bien, tout le monde travaille bien, on encense tout
ce qui bouge. C'est extraordinaire, il y a des crédits en masse, tout
est beau. Et, dans la réalité, il n'y a rien qui marche et
ça se bataille dans les prisons, il y a une surpopulation et on ne sait
plus quoi faire avec le monde. Je ne sais pas comment on peut réussir
à trouver des façons pour expliquer que tout va bien quand, en
réalité, tout va mal. Bien, enfin, ça va mal à bien
des places.
Le ministre nous a parlé, en gros, de 3400 places de disponibles
actuellement. Si je me fie à son ami, Normand Girard - ce n'est pas
nécessairement un péquiste, vous en conviendrez - qui nous
disait, il n'y a pas si longtemps, qu'il fallait actuellement 3800 places -
j'imagine qu'il était bien informé, et ce n'est sûrement
pas du côté de l'Opposition qu'il a pris son informations - alors
il y a 3800 détenus ou on a besoin de 3800 places pour satisfaire aux
besoins sur une moyenne quotidienne depuis le début de 1992. Le ministre
vient de nous annoncer avec candeur qu'on en a 3400. Il en manque rien que 400,
ce n'est pas grave. Ah! Il a bien beau en mettre deux par cellule, moi,
ça ne me dérange pas. Quand j'étais pensionnaire, jeune,
on était 110 dans le même dortoir et on vivait bien, on avait
quand même du plaisir. Je veux dire, qu'il en mette deux par cellule,
ça, c'est une chose, mais encore faudrait-il, au moins, qu'il y ait des
budgets pour leur acheter des matelas.
Il y a un problème là. En 1989-1990, on avait une moyenne
quotidienne de 3068; en 1990-1991, on avait une moyenne quotidienne de 3167; en
1991-1992, on n'a pas encore les rapports en main, en tout cas pas à ma
connaissance, mais, depuis le début de l'année 1992, semble-t-il
que la moyenne est autour de 3800, et ça n'a pas l'air d'être
parti en descendant, à moins qu'on demande à la
Sûreté du Québec et aux autres instances de ralentir un peu
et de laisser courir les cambrioleurs. Je ne sais pas. Mais ça n'a pas
l'air d'être parti en diminuant. En tout cas, si je me fie à la
dernière amende que la Sûreté du Québec m'a
collée dans le parc des Laurentides, ce n'est pas en diminuant du tout,
c'est en augmentant. Ha, ha, ha! (12 h 10)
Là, ça semble aller bien. Il nous dit que tout le monde
travaille d'une façon magnifique dans les prisons. Moi, je veux bien, je
ne demande pas mieux que les employés de l'État travaillent de
façon magnifique, sauf que je suis obligé aussi de croire... En
tout cas, je me fie de temps en temps aux journaux là, faute de mieux
comme information, parce que le ministre n'en donne pas plus qu'il le faut.
Alors, je suis obligé de me fier à ce que j'ai. Le samedi 2 mai
1992: «Les gardiens de la prison de Bordeaux avaient déjà
commencé à faire du grabuge». Ça, c'était
dans Le Devoir en page A-3. C'est le responsable, le directeur qui parie:
«Avec réticence le directeur de Bordeaux - je comprends qu'il
devait être réticent pour dire ça, mais en tout cas - a
reconnu hier qu'entre le 11 et le 29
avril "il avait des difficultés avec certains de nos agents des
services correctionnels" qui sont 800 à travailler à cet endroit.
Les difficultés ont même pris la forme d'incendies, dont un
à la cafétéria, et de gestes de vandalisme les 12, 13, 14
et 15 avril... M. Fauteux a rappelé hier que quelques agents des
services correctionnels avaient annoncé le 11 avril au Journal de
Montréal leur intention d'utiliser des moyens de pression, dont le
recours au vandalisme, pour forcer la main de leur employeur relativement
à l'attribution du temps de vacances, notamment.»
Bien, si c'est vrai, c'est grave. Si ce n'est pas vrai, qu'un directeur
de prison dise ça, bien, il ne mérite pas de garder sa job.
Alors, c'est quoi le problème? Est-ce qu'on garde le directeur de prison
en supposant donc que ces déclarations sont vraies? Ou, si elles ne sont
pas vraies, qu'est-ce qu'on attend pour le changer? Un directeur de prison qui
dit ça en public et qui véhicule cette information dans la
population, soit qu'il est excessivement honnête ou bien donc qu'il est
dangereux. Mais, moi, j'aime autant croire qu'il est excessivement
honnête. Alors, qu'est-ce qu'on fait avec ces informations-là?
Est-ce que c'est normal que ce soit ça qui se passe dans nos centres de
détention au Québec?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, il faut se placer dans le concret des choses.
Il est arrivé un certain nombre d'incidents dans la période qu'a
évoquée le député d'Ungava. Entre le 11 et le 28
avril, vous avez dit? Surtout, là, entre le 11 et le 19 avril, disons,
la période dont, moi, j'ai été le témoin plus
direct. À la suite d'événements qui se sont produits dans
cette période-là, il y a eu des mesures disciplinaires de prises.
Il y a eu des enquêtes policières qui ont été faites
également pour retracer les auteurs de certains actes carrément
criminels qui ont été commis. On ne sait pas qui c'est pour
l'instant, il y aura des mesures qui seront prises en temps et lieux. M.
Carrier pourra élaborer là-dessus tantôt.
Je voudrais dire à la décharge du directeur de
rétablissement: Avez-vous déjà été employeur
avec une grève, vous? Moi, je l'ai été. Je l'ai
été. Je me souviens qu'un jour, les journalistes de
l'établissement que je dirigeais, avec l'aide d'organisateurs syndicaux
venus de l'extérieur, avaient détruit les
téléscripteurs. Ils ont pris ça et ils ont dit: On se
débarrasse de ça. On va lui montrer, au boss, comment ça
marche icitte. J'ai fait venir la police. C'était la police de la CUM.
Savez-vous ce qu'ils ont dit? Ils ont dit: Bien, on est aussi bien de ne pas
toucher à ça, ça a l'air que c'est une affaire syndicale,
puis ils sont repartis. Je n'ai jamais eu de rapport de rien. Mais, moi, je
voulais que mon entreprise marche. Pensez-vous que j'ai pris le temps d'aller
courir après la justice partout? Je voulais que mon entreprise marche.
J'ai dit: Je n'en parle plus, de ça. On rétablit l'ordre, puis on
repart.
Je me mets dans la position du directeur de rétablissement. Lui,
il a fait rapport à ses supérieurs de ce qui est arrivé.
Puis, sa job, c'est de faire en sorte que l'établissement marche avec la
participation de tout le monde. Et je le félicite de ne pas s'être
attardé là-dessus, ce n'est pas son rôle. Il a remis
l'affaire en marche. Il a réussi à mobiliser de nouveau ses
collaborateurs, c'est magnifique! Mais ça n'efface pas ce qui s'est
produit avant et dont on doit, nous autres, être conscients pour mesurer
les implications.
Maintenant, sur l'autre aspect, je voudrais juste donner un point de
repère au député et, après ça, j'aimerais
ça que M. Carrier donne des précisions. Moi, je pars d'un point
de repère. Je l'ai indiqué tantôt, il y a à peu
près six mois, on a fait le tour de tous ces sujets-là ensemble
au ministère et on m'avait dit: On a une capacité d'accueil au
Québec d'à peu près 3400, avec les mesures qui ont
été prises, dont j'ai parlé tantôt. La population
moyenne pour 1990-1991, vous l'avez rappelé tout a l'heure
vous-même, a été à peu près de 3160, 3200.
Bon, on se disait: Bon, on a une petite marge, on est capables de fonctionner
comme ça; avec notre cadre de développement, les choses peuvent
être gérées au cours des prochaines années. Mais
là il s'est produit, au cours des six derniers mois, une
évolution qui n'était pas prévisible. Imaginez qu'on
aurait bâti 300 places de plus dans les prisons, qui n'auraient pas
été occupées, l'Opposition aurait été la
première à dire: C'est effrayant, ils bâtissent des prisons
dans les champs et il n'y a même pas de monde dedans. Alors, il fallait
toujours mesurer les initiatives en fonction des besoins constatés ou
prévisibles avec toute la rigueur qu'on essaie de mettre dans ces
choses-là aujourd'hui.
J'aimerais que M. Carrier nous explique ce qui est arrivé depuis
cette séance que nous avions eue ensemble. Puis moi-même, quand
j'en ai entendu parler pour la première fois il y a à peu
près deux mois, j'étais renversé. Je me disais: Est-ce
qu'ils savent compter, ces gars-là? Je me suis posé la question
aussi.
Le Président (M. Dauphin): Alors, pour le Journal des
débats, M. Carrier, Normand Carrier, sous-ministre associé
aux services correctionnels. M. Carrier.
M. Carrier (Normand): On ne savait pas trop compter, mais on l'a
appris! Ha, ha, ha!
Pour clarifier la question de la surpopulation, on en a beaucoup
parlé au cours des dernières semaines et au cours des derniers
mois, mais on en a moins parlé au cours des deux dernières
années pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas eu de
surpopulation au cours des deux dernières années. J'ai un tableau
ici qui
représente 25 mois. Sur les 25 mois, en définissant la
surpopulation comme étant l'écart entre la capacité que
nous avons et le nombre de personnes qui sont incarcérées, nous
avons eu de la surpopulation pendant quatre mois, et je vous dis quels sont ces
mois-là: le mois de novembre 1991, le mois de février 1992, mars
et avril. Donc, on remarque une courbe ascendante au cours des quatre derniers
mois, une courbe ascendante qu'on n'avait à peu près jamais vue
dans le passé et dont on essaie de comprendre les causes.
Le système judiciaire depuis le mois de janvier - parce que j'ai
communiqué avec mes collègues des affaires criminelles pour
essayer de comprendre et Hs me l'ont indiqué - fonctionne à plein
rendement, ce qui fait que nous recevons évidemment les décisions
qui sont prises à ce moment-là.
L'écart dont vous parliez tout à l'heure. Si on prend la
moyenne de 1990-1991, vous aviez raison d'Indiquer qu'en moyenne nous avons eu
3168 personnes incarcérées pour une capacité de 3400. Pour
l'année 1991-1992, nous avons eu, en moyenne, 3343 pour une
capacité de 3400. Je pense que la moyenne annuelle n'est pas le meilleur
chiffre parce qu'il n'est pas révélateur d'une
réalité. Vaut mieux se baser sur une moyenne mensuelle. Sur la
base de la moyenne mensuefle, nous avons été en surpopulation
depuis le mois de février 1992. Alors, les 700 places qui ont
été ajoutées au cours des derniers trois ans nous ont
permis d'assumer l'augmentation de la production ou l'augmentation de la
demande du système judiciaire, ce qui n'implique pas qu'il n'y a pas des
périodes de pointe. Comme il y a des journées, à un moment
donné, compte tenu qu'il y a eu une descente à un endroit, ou il
y a des vendredis où les corps policiers nous en amènent plus que
d'habitude. Il y a des périodes de pointe, mais, en moyenne,
mensuellement, on a été en «surpop» pendant quatre
mois au cours des 25 derniers mois.
Concernant le centre de détention de Bordeaux, au centre de
détention de Bordeaux, nous avons - j'y vais de façon
générale - 850 places. Nous avons 192 places qui ont
été bâties au cours de l'an passé. Le 17 mai, nous
avons utilisé 48 places supplémentaires et, je pense que c'est le
19 ou le 20, nous avons utilisé 48 autres places dans les 192 places.
Et, actuellement, les 192 places sont utilisées pleinement.
Cette nuit, dans la prison de Bordeaux, nous avons - je ne veux pas me
tromper; je veux être sûr de donner les bons chiffres - 877
détenus et on a 954 places. Le jour où l'émeute s'est
déroulée, nous n'étions pas, dans la prison de Bordeaux,
en surpopulation, parce que les 192 places étaient utilisées
à ce moment-là.
M. Claveau: Une petite question. Là-dedans, vous comptez
ceux qui couchent effectivement en prison?
M. Carrier: Oui.
M. Claveau: II y a, en plus, tous ceux qui sont sur des
programmes, j'imagine, les absences temporaires...
M. Carrier: Oui.
M. Claveau: Les libérations conditionnelles, on n'en parle
pas, mais les absences temporaires. Il y en a combien en absence temporaire
là-dedans?
M. Carrier: Oui. (12 h 20)
M. Claveau: De ceux qui sont dans l'application stricte de la loi
en absence temporaire, la loi jusqu'au 15 juin, et puis ceux qui sont dans
i'appiication large de la loi, combien sont-ils?
M. Carrier: Bon. O.K. On va faire une clarification
là-dessus, c'est une très bonne question. Nous avons à peu
près, en moyenne, 1500 personnes qui, quotidiennement, profitent de
certains programmes en absence temporaire. Je vous donne l'explication à
cet égard-là. Nous avons à peu près 70 % des
personnes qui sont inscrites en détention qui couchent effectivement en
détention, et on a à peu près 30 % des personnes qui
bénéficient de programmes à l'extérieur. Parmi ces
personnes-là qui bénéficient de programmes, on en a un
certain nombre qui sont dans des centres résidentiels communautaires. On
en a à peu près 400 qui sont quotidiennement dans des centre-; de
transition et on en a d'autres qui sont sur des PEMO, des programmes
d'encadrement en milieu ouvert. Ils vont travailler le jour à
l'extérieur, ils vont suivre des cours, ils vont chercher un emploi et
ils sont surveillés par un agent des services correctionnels.
M. Claveau: Ils reviennent coucher en dedans, là.
M. Carrier: Un certain nombre viennent coucher en dedans, un
certain nombre restent chez eux, et ces absences temporaires là sont
données pour des raisons strictes, pour une période
déterminée, laquelle ne doit pas être supérieure
à 15 jours. Les décisions sont prises par le directeur de
l'établissement, sur recommandation d'un comité, qui est
formé de 3 personnes et qui doit respecter 8 critères.
M. Claveau: Est-ce que ce sont tous des gens qui sont en moins de
6 mois de détention, tel que le prévoit la loi applicable
jusqu'au 15 juin?
M. Carrier: II n'y a pas plus... Il y a moins de 1 % des
personnes, en 1991-1992, qui ont été libérées en
absence temporaire avant le sixième
de leur sentence, et ceux et celles qui ont été
libérés l'ont été dans la plupart des cas pour des
absences temporaires, pour raisons médicales. Alors, la notion de dire
que les gens entrent en détention par une porte et sortent par en
arrière, ce n'est plus vrai.
M. Ryan: Alors, ça veut dire que... M. Claveau: On
pourra s'en reparler... M. Ryan: Oui.
M. Claveau: ...quand on reparlera, entre autres, de
détention de fin de semaine. Moi, je peux vous nommer quelqu'un que je
connais très personnellement, qui est en détention de, je ne sais
pas, 35 ou 40 fins de semaine. Il se présente à la prison de
Roberval, il signe qu'il est présent et il ressort dehors parce qu'ils
n'ont pas de place pour le prendre.
M. Carrier: J'aimerais ça avoir son nom... Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Claveau: Je ne vous le donnerai pas devant les micros, mais je
vous le donnerai.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, c'est le gars qui me l'a dit: Écoutez,
tout ce que j'ai à faire, c'est d'aller signer et de ressortir. Je vais
prendre une bière avec mes «chums» l'après-midi en
ville. Il n'y a pas de place pour moi en dedans.
M. Ryan: On ne recourt plus à des délateurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, à ce
moment-ci, je vais reconnaître M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Claveau: Non, mais c'est la situation.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Merci, M. le Président. M. le ministre,
l'information qui nous vient de personnes qui travaillent à
l'intérieur de certains établissements qui nous disaient encore
récemment... Et, moi, j'en ai déduit qu'il est peut-être
souhaitable d'avoir la collaboration de la Société
immobilière du Québec, plus d'implication au niveau des
établissements comme tels, de la situation physique des
établissements. Ces gens-là nous disaient - et je ne sais pas
s'ils ont l'expertise nécessaire ou les connaissances nécessaires
pour faire ces commentaires-là, mais je trouvais ça
intéressant - qu'il y a plusieurs locaux à l'intérieur de
certains établissements, pour ne pas dire tous, qui pourraient
être convertis en locaux plus polyvalents pour certains individus en
établissement. Et je m'explique: ça pourrait ajouter, pour
certaines journées, des cellules additionnelles. Ne me demandez pas, sur
le plan de l'architecture, comment est-ce que ça pourrait être
conçu, mais on nous dit: À l'intérieur de la plupart des
établissements, il y a des locaux qui ne sont à peu près
jamais utilisés ou pas utilisés. Est-ce qu'ils sont
nécessaires sur le plan physique pour répondre aux
critères de... Écoute, ça c'est une autre question.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus, M. le ministre ou M.
Carrier.
M. Ryan: j'aimerais peut-être que m. carrier vous dise le
compte qu'on a essayé de tenir de ça dans la mise au point du
cadre de développement.
M. Gauvin: O.K.
M. Carrier: D'abord, pour l'élaboration du cadre de
planification qui a été adopté et qui a été
décidé au Conseil du trésor en mai 1989, avant
d'élaborer ce cadre de planification là, évidemment, il y
avait eu des discussions avec nos collègues de la Société
immobilière du Québec, et chacun des établissements de
détention a fait l'objet d'une certaine évaluation. Par exemple,
avant de prendre la décision de faire un nouveau centre à
Rimouski, celui qui est là actuellement a été
évalué. La même chose pour Rivière-du-Loup. Pour
Saint-Jérôme, on a décidé de garder le centre qui
était là, d'y faire certaines rénovations et d'agrandir.
La même chose pour le centre de Hull. Donc, il y a eu une
évaluation qui a été faite par des architectes
compétents de la SIQ et les centres vont être retouchés en
fonction des évaluations qui ont été faites par les
architectes.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Gauvin: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, parlons justement de
quelques-uns de ces centres puisque peut-être qu'à travers des
choses concrètes on va finir par s'entendre. On sait qu'à
Roberval il n'y a pas de place; je connais quelqu'un là. Ce n'est pas de
ma faute si je le connais. On connaît des gens comme ça.
Certifié, on se présente le vendredi soir, on signe comme quoi on
veut bien aller en dedans, mais, qu'est-ce que vous voulez, il n'y a pas de
place pour nous autres. Ça fait qu'on ressort, puis on passe la fin
de semaine en ville à prendre une bière avec les
«chums» dans les tavernes, puis, le dimanche soir, on retourne
à Chibougarnau. C'est ça, c'est comme ça que ça se
passe! Ça fait qu'il ne doit pas y avoir de place, j'imagine, ou bien
non sa sentence, c'était peut-être de prendre de la bière
à Roberval. Il aurait pu le dire!
La question. On a parlé de 151 000 000 $ d'immobilisations qui
étaient supposément là. Il s'agissait juste de les
cueillir après l'arbre. J'aimerais savoir quand est-ce qu'on va les
cueillir. Est-ce que c'est pour tout de suite ou bien non si c'est 151 000 000
$ sur un plan quinquennal qui va commencer à se réaliser dans
quatre ans ou si c'est comme certaines ententes
fédérales-provinciales et, après 10 ans, il n'y a pas
encore une cent de dépensée, mais l'argent est supposément
là? Quand va-t-on commencer des travaux sur ces 151 000 000 $ et quand
va-ton finir de dépenser ces 151 000 000 $?
M. Ryan: Regardez, nous devons revoir le Conseil du trésor
ces jours prochains avec les ajustements dont j'ai parlé dans les
informations que nous avons fournies tantôt. Là, nous allons
préciser avec le Conseil du trésor les dates d'implantation de
ces différentes mesures. Tout ce qui est de la phase 1, il faut que ce
soit entrepris dans les meilleurs délais. Les meilleurs délais.
Je pense que la plupart de ces choses-là pourront être mises en
route au cours de la prochaine année.
M. Claveau: O.K., merci. Parlons-Le Président (M.
Dauphin): II nous reste quelques minutes.
M. Claveau: H nous reste deux ou trois minutes. On pourrait
parler un peu de Parthenais peut-être, puisque vous nous avez dit que la
promesse du 2 septembre 1989, c'était de déménager
Parthenais, les 297 places que M. Rémillard avait promises à ce
moment-là. Il est question de déménager Parthenais sur les
terrains de Pinel, à Rivière-des-Prairies. C'est quoi ce
dossier-là? Pouvez-vous nous dire exactement de quoi il s'agit,
où est-ce qu'on en est rendus avec Parthenais, si la Sûreté
du Québec a envie de suivre ou bien non si elle ne veut pas suivre, si
on va continuer à avoir les locaux de la Sûreté du
Québec à même le Centre de prévention de
Montréal, comme c'est le cas actuellement? Ça ressemble à
quoi, ça, tout ce dossier-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Essentiellement... Je pense que je vais demander
à M. Carrier de vous donner l'état technique du dossier. Vu que
vous posez la question, c'est aussi bien de l'avoir directement de M. Carrier.
Je pense qu'après ça on pourra ajouter les autres
démarches qui peuvent s'im- poser pour mener ce dossier à terme
dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Le Centre de prévention de Montréal,
c'a été une des premières priorités et c'a
été le dossier sur lequel nous avons agi le plus rapidement
aussi. Sauf que, pour trouver un terrain qui correspondait aux critères
et qui était acceptable à la Communauté urbaine de
Montréal et à la ville de Montréal, c'a demandé
beaucoup de travail, et c'est la SIQ qui est en relation avec la ville de
Montréal depuis un an et demi. Finalement, après avoir
analysé à peu près une quinzaine d'emplacements, il ne
restait qu'un seul emplacement qui répondait aux critères.
Notamment, !es critères... Il ne faut pas être situé trop
loin du palais de justice pour pouvoir y amener quotidiennement à peu
près 200 personnes. Alors, il y a des critères assez exigeants
et, en même temps, les critères, il fallait qu'ils
répondent auy règlements de la ville de Montréal.
Il y a un terrain qui est identifié actuellement et la ville de
Montréal... J'ai ici une note que je peux vous lire: Les fonctionnaires
municipaux de Montréal rencontreront le conseil d'arrondissement pour
consultation en juillet 1992 La ville de Montréal exige que le conseil
d'arrondissement soit consulté formellement avant de donner le permis de
construction du Centre de prévention de Montréal pour des raisons
qu'on peut imaginer. (12 h 30)
Suite à la consultation du Conseil exécutif, le Conseil
exécutif donnera un accord de principe. l> projet de règlement
pour recevoir le nouveau centre de prévention sera
élaboré. Le projet de règlement sera
présenté pour consultation au conseil d'arrondissement. Le
Conseil exécutif approuvera le projet de règlement à
l'automne 1992. Mais ces éléments-là, ces
délais-là sont complètement en dehors de notre
contrôle et en dehors du contrôle du ministère de la
Sécurité publique. Et, depuis un an et demi, on travaille avec
eux.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: D'ailleurs, moi, je dois appeler le maire Doré
dès que je vais être libéré de notre commission ici
pour le rencontrer afin de voir si cet échéancier-là ne
pourrait pas être ramené à des dimensions un peu plus
raisonnables. Et combien ça fait de temps que vous êtes en
discussion avec la ville de Montréal là-dessus et la SIQ?
M. Carrier: Avec la SIQ, ça fait deux ans et, avec la
ville de Montréal, plus d'un an et demi.
M. Ryan: O.K.?
Le Président (M. Dauphin): Dans ces conditions...
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi. Terminez.
M. Ryan: Ça fait plus d'un an et demi que les discussions
sont en cours avec la ville de Montréal là-dessus, il y a quand
même des limites. Moi, franchement, j'ai présidé, comme
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la
Science, au lancement d'un grand nombre de projets de construction. Je peux
vous assurer, M. le Président, que pour un grand nombre d'écoles
que j'avais autorisées, disons, au mois de juin ou au mois d'août,
les élèves entraient dedans au mois de septembre suivant. Il n'y
avait pas tout ce taponnage-là.
M. Claveau: On sait, M. le ministre, que, par nature, vous
êtes patient dans l'avancement de certains dossiers.
M. Ryan: Mais, dans ce cas-ci, je suis impatient, je dois vous le
confesser.
Le Président (m. dauphin): alors, merci, messieurs. dans
ces conditions-là, puisque vous avez un appel téléphonique
à faire, nous allons suspendre immédiatement et reprendre cet
après-midi, après les affaires courantes.
Des voix: Ha, ha, ha! (Suspension de la séance à 12
h 32)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Lors de l'ajournement de nos
travaux, ce midi, nous en étions encore au programme 3, et le
député d'Ungava avait encore des commentaires ou des questions
à poser.
Alors, M. le député d'Ungava, la parole est à
vous.
M. Claveau: La parole est à moi. Merci, M. le
Président. On en était à discuter, si vous vous rappelez
bien, M. le Président, du déménagement de certaines
institutions carcérales ainsi que des réaménagements ou de
la construction à d'autres endroits, et on parlait du cas... On avait
commencé à me répondre à la question que j'avais
posée concernant Parthenais. La question était à quelques
volets, et le premier était de savoir: Où voulez-vous relocaliser
Parthenais, le Centre de prévention comme tel, avec les 297 lits qui ont
été annoncés en campagne électorale en 1989, d'une
part, et, d'autre part, est-ce que le siège administratif de la
Sûreté du Québec serait lui aussi
déménagé avec le nouveau Centre de prévention, pour
continuer à faire l'objet d'une même localisation, ou si
Parthenais existant actuellement demeurerait le centre de la
Sûreté du Québec, ou si la Sûreté du
Québec serait déménagée ailleurs? Ça fait
tout partie du problème lié aux installations de Parthenais.
Alors, vous aviez répondu sur le premier volet en nous parlant
d'un terrain à Montréal. Vous deviez même aller
téléphoner d'urgence au maire Doré pour savoir s'il n'y
avait pas moyen d'accélérer le processus. J'aimerais que vous
complétiez peut-être cette réponse en me disant si le
terrain dont il est question, c'est bien le terrain de l'institut Pinel, le
terrain adjacent à l'institut Pinel. Est-ce que c'est toujours de ce
terrain-là dont on parle?
M. Ryan: J'aime autant ne pas commencer à discuter de
terrains ici, si vous me permettez, ce n'est pas l'endroit. C'est des choses
strictement administratives, ça. Quand on aura vraiment fait un accord
sur un terrain, on sera très heureux de le communiquer, mais, tant qu'il
n'y a pas de transaction de faite, je pense que ça ne donne rien de
mentionner un terrain en particulier. J'ai bien dit tantôt que le premier
centre de prévention que nous devons construire dans la région de
Montréal sera situé dans l'est de Montréal. Ça,
ça reste. (15 h 20)
M. Claveau: Donc, à Rivière-des-Prairies.
M. Ryan: Regardez ça, vous pouvez tirer les conclusions
que vous voulez, mais je ne vous suis pas là-dedans; je ne vous suis
pas.
M. Claveau: Avec l'Hôtel-Dieu.
M. Ryan: Deuxièmement, il y a un deuxième centre
qui doit être construit dans la phase 2. J'ai indiqué tantôt
que sa capacité serait plutôt de 400 que de 300, comme il avait
été prévu...
M. Claveau: Oui.
M. Ryan: ...et ce n'est qu'une fois que le deuxième centre
aura été construit qu'il pourra être question de
déménager les personnes qui sont envoyées à
Parthenais dans l'un ou l'autre de ces deux centres-là. Parce que, pour
le moment, quand il y en aura un de construit, il va y avoir des besoins pour
deux, ça fait qu'il va falloir reloger ce monde-là quelque part.
C'est quand les deux auront été construits que, là,
Parthenais pourra servir à d'autres usages. Et, pour le moment, il n'est
pas question de déménagement du siège social de la
Sûreté du Québec, mais ce dont je puis vous assurer, c'est
que, dans les locaux qu'elle occupe actuellement, la Sûreté est
à l'étroit. Ça, nous en sommes conscients.
M. Claveau: Alors, si je comprends bien, d'abord, vous ne voulez
pas nous parier du terrain. Vous me permettrez peut-être une petite
réflexion là-dessus, c'est que la localisation d'un centre de
détention ou de prévention a toujours certains impacts dans le
milieu environnant, et il me semble qu'il serait pour le moins normal que les
populations qui risquent de recevoir un centre en plein dans leur cour soient
informées avant qu'on ait commencé à creuser les
fondations.
M. Ryan: Ça, c'est l'autre bout...
M. Claveau: On l'a fait à Rivière-du-Loup, on l'a
fait à Rimouski, on l'a fait ailleurs, ça a été
discuté sur la place publique. Alors, je ne vois pas, lorsqu'il s'agit
d'un centre de prévention à Montréal, qu'on doive attendre
d'avoir les grues dans notre cour avant de savoir où ça va se
construire, premièrement.
Deuxièmement, je veux savoir si je comprends vraiment bien. Ce
qui était annoncé, donc le premier institut, qui devait
être construit pour 1991 mais qui n'est toujours pas commencé,
ça s'adresse à de la nouvelle clientèle, ça ne
touche pas Parthenais, tel qu'on le connaît actuellement. Il va falloir
attendre une deuxième étape, qui était prévue pour
1993 et qui va probablement faire comme l'objet de certains barrages à
la Baie James, être relayée au tournant de l'an 2010. Donc, il va
falloir attendre le deuxième centre avant que les prévenus de
Parthenais ne soient déménages. C'est ça?
M. Ryan: Regardez, il faut bien...
M. Claveau: Et, entre-temps, vous aviez des aménagements
à faire à Parthenais aussi. Est-ce que c'est
complété, tout ça, là?
M. Ryan: Regardez bien. J'aimerais seulement préciser: il
n'est pas question que les prévenus de Parthenais soient
déménagés, parce qu'en général ils restent
30 jours, en moyenne...
M. Claveau: Par exemple...
M. Ryan: ...ça fait qu'ils vont être partis bien des
fois avant que ce soit...
M. Claveau: ...disons, globalement... M. Ryan:
...construit. Ça va, ça?
M. Claveau: ...en personnes-année, si vous voulez.
M. Ryan: C'est ça. Très bien, ça, ça
va. Non, H ne serait pas question... Par conséquent, il y en a qui
auraient pu être envoyés à Parthenais, disons dans deux
ans, et qui, quand ça va être construit, seront envoyés
à l'autre. Mais,
Parthenais, l'espace qui est là va être encore requis pour
les mêmes fins, il y aura une distribution adéquate qui se fera
entre les deux centres, et c'est pour ça qu'il ne peut pas être
question d'évacuer Parthenais tout de suite, parce que ça va
prendre un deuxième centre, neuf. En attendant, peut-être que M.
Carrier pourrait nous dire s'il y a des aménagements temporaires qui
doivent être faits à Parthenais pour améliorer certaines
choses. C'est la dernière partie de votre question. Je vais demander
à M. Carrier, avec votre permission, s'il veut compléter la
réponse sur ce point-là.
Le Président (M. LeSage): Alors, M. Carrier.
M. Carrier: Avec les projets de construction des deux nouveaux
centres, il n'y a pas de projet de faire des modifications majeures au centre
actuel de Parthenais. Mais, quand le premier centre va être construit -
où on va pouvoir loger 300 personnes - on va garder le centre de
Parthenais pour ceux qui sont là pour de courtes périodes, parce
que le nouveau centre, évidemment, va être plus adéquat, et
ceux qu'on est tenus de garder pour de plus longues périodes, on va les
envoyer dans le nouveau centre.
M. Claveau: o.k. et, en ce qui concerne la sûreté du
québec, dans le fond, les préoccupations qu'on pouvait lire dans
le journal l'informateur du 28 août 1991, qui disait que la
sûreté du québec n'avait pas l'intention d'aller
s'établir à rivière-des-prairies, ^9 sont de vaines
considérations, si je comprends bien?
M. Py«*n: Vaines dans quel sens?
M. Claveau: Bien, vous me dites qu'il n'était pas question
de déménager le centre de la Sûreté du
Québec.
M. Ryan: Non, pas à ma connaissance.
M. Claveau: Bon. On peut peut-être parler d'un autre centre
de détention, si vous voulez: le problème de
Rivière-du-Loup. On est un peu plus loin, en milieu beaucoup plus
régional, toujours en référence à un centre.
J'aimerais que vous me parliez un petit peu des décisions concernant la
relocalisation du centre de détention de Rivière-du-Loup, et en
particulier le choix du terrain, à Saint-Patrice, qui est en banlieue de
Rivière-du-Loup, certes, mais, alors qu'il y a un certain nombre de
terrains disponibles avec tous les services en place à
Rivière-du-Loup, semtrfe-t-il que l'on choisit le terrain le plus
difficile en termes de services. Parce qu'il n'y a aucun service; il y a des
coûts additionnels importants qui sont liés à amener des
services d'égout, d'aqueduc, d'électricité, etc dans le
secteur qui serait choisi. J'aimerais bien, moi, qu'on me justifie ça
dans le contexte de
compressions budgétaires et de crise budgétaire, aussi,
qu'on connaît actuellement au gouvernement.
M. Ryan: Regardez, moi, si je crois me souvenir, là,
d'abord, ces décisions-là, au bout de la ligne, sont
gérées par la Société immobilière du
Québec. J'avais eu connaissance, moi, que, dans le secteur de
Rivière-du-Loup, on avait identifié sept, huit terrains qui
pourraient éventuellement servir pour les fins d'un centre de
détention. Un examen serré par la Société
immobilière du Québec, qui consulte évidemment la
Direction des services correctionnels là-dessus, a conduit à
l'élimination graduelle de la plupart de ces terrains-là et
à une identification de celui qui est, je pense, à Saint-Patrice,
comme étant celui qui répondrait le mieux aux exigences à
la fois de la Direction des services correctionnels pour les fins d'un centre
de détention et de la Société immobilière du
Québec pour ses fins à elle. Je crois qu'il y a un accord qui
s'est fait là-dessus, même avec les autorités locales.
Et l'accord avec les autorités locales est un
élément important là-dedans parce que, ce que je voudrais
souligner fortement, c'est que les décisions relatives à
l'aménagement du territoire, on essaie, dans toute la mesure du
possible, de les prendre en conjonction avec l'autorité municipale. On a
eu le cas de Rimouski qui s'est posé. Vous savez qu'on avait beaucoup de
difficultés à trouver un terrain qui serait acceptable à
tout le monde. Finalement, on a discuté avec les autorités
municipales de Rimouski, elles nous ont proposé un terrain qui
nécessitait une modification législative. On a fait la
modification en commission parlementaire, à l'Assemblée
nationale, et on a choisi le site. Là, je suis content. À
Rivière-du-Loup, il y a eu des discussions presque interminables
là-dessus. Qu'on ait réglé le problème, j'en suis
très heureux, mais soyez sûr que toutes les autres
possibilités ont fait l'objet d'un examen poussé.
M. Claveau: En ce qui me concerne, indépendamment du fait
qu'il s'agisse de Rivière-du-Loup, ou de Saint-Patrice, ou de quoi que
ce soit, il reste un fait, c'est que je ne suis pas convaincu que, sur le
terrain, le choix fasse l'unanimité, d'une part. D'autre part, c'est le
terrain, contrairement aux spécifications prévues au
départ, qui disaient, entre autres, qu'il fallait trouver un terrain
ayant les services accessibles à très peu de frais, où il
y a le plus de frais.
Il y a un autre phénomène aussi, qui est assez
intéressant dans tout ça, c'est qu'on donnait aussi comme
spécification le fait que le terrain devait être le plus
éloigné possible ou dans un secteur le moins peuplé
possible. Au moment où on se parle, ce n'est effectivement pas
peuplé, parce que ça vient d'être dézoné il
n'y a pas longtemps, comme par hasard, pour être du résidentiel;
c'est dézoné zone résiden- tielle. Comme par hasard aussi,
là où on irait construire, il faudrait amener l'eau et les
égouts à travers tout un secteur de terrains résidentiels
qui ne sont pas construits actuellement par les promoteurs parce que,
semble-t-il, il n'y a pas de services. Alors, est-ce qu'il s'agit là
d'une subvention par la bande à des promoteurs en particulier qui
voudraient faire de l'aménagement, du lotissement dans des terres qui
ont été dézonées il n'y a pas si longtemps?
Ça fait tout partie du problème, et je pense qu'il y a pas
mal de gens là-bas qui se posent de sérieuses questions quant
à l'intégrité, disons, mur à mur de la
décision de choisir le terrain de Saint-Patrice au lieu d'aller sur
d'autres terrains, dans la municipalité de Rivière-du-Loup ou
ailleurs, où on a tous les services sur place et où on pourrait
commencer à construire tout de suite sans investir tout près de
500 000 $ en infrastructures. La question est entière dans la
région de Rivière-du-Loup. Si vous voulez prendre le temps
d'aller vérifier vous-même sur place, je vous souhaite d'y aller,
M. le ministre, je vous le suggère fortement. Ça vaudrait la
peine que vous preniez le temps d'aller rencontrer les gens là-bas pour
voir ce qu'ils en pensent. (15 h 30)
M. Ryan: Si mes souvenirs sont exacts, moi, je suis allé
là-bas, la dernière fois, il y a à peu près un an.
Il me semble que, lorsque j'ai rencontré les gens, y compris le maire du
temps et les gens de la chambre de commerce et d'autres milieux, il me semble
que ce problème-là était sur le point d'être
réglé ou venait d'être réglé - je ne peux pas
vous l'assurer - et les réactions que j'avais recueillies
n'étaient pas du tout dans le sens que vous suggérez. Tout le
monde était très heureux qu'on se soit enfin entendus ou qu'on
soit sur le point de s'entendre sur le choix de l'emplacement. Et les gens
m'avaient dit: Nous autres, que ce soit de ce bord-ci de la frontière
municipale ou de l'autre, ce n'est pas ça, notre problème; on
veut l'avoir à Rivière-du-Loup. Et je vous dirai franchement que
je n'ai pas reçu d'autres réactions depuis. J'avais cru
comprendre que le désir profond des gens était de recevoir
l'assurance que ce centre de détention serait construit à
Rivière-du-Loup, en remplacement de l'établissement actuel. Le
reste, je le réitère aussi clairement que possible: le rôle
du ministère de la Sécurité publique, c'est de fournir
à la Société immobilière du Québec des
normes du point de vue correctionnel, qu'on voudrait voir respecter dans le
choix d'un emplacement et la construction de l'établissement. Mais le
choix de l'emplacement et la construction sont des aspects qui relèvent
de la compétence du ministre des Approvisionnements et Services.
Le Président (M. LeSage): M. le député.
M. Claveau: C'est vraiment extraordinaire,
M. le Président, comment on peut être induit en erreur dans
nos institutions parlementaires et être toujours amené à
poser les questions aux mauvaises personnes. Moi, je n'en reviens pas! Il n'y a
jamais personne pour nous répondre. C'est tout le temps la faute d'un
autre et, en bout de piste, on tourne en rond, et les choses se font. On peut
bien se demander où va l'argent du gouvernement, à l'occasion, et
pourquoi on a 4 000 000 000 $ de déficit! Il n'y a jamais personne pour
répondre. C'est tout le temps la faute de quelqu'un d'autre.
Changement de sujet, je ne sais pas si vous êtes capable de me
donner quelques informations concernant les situations un tant soit peu tendues
que l'on a vécues, il n'y a pas encore si longtemps, dans les centres de
Sherbrooke et de Hull. Il n'y a pas juste à Montréal où il
y a des problèmes dans les prisons. À Sherbrooke et à
Hull, en plus, ça ne semble pas être le beau fixe de façon
permanente. Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir ce qui se passe là?
Est-ce qu'il s'agit, là aussi, de surpopulation?
M. Ryan: nous avons des sources de première qualité
qui sont à notre disposition. on va essayer de vous donner l'information
la moins colorée possible. on va vous la donner directement. m. carrier
est en train de parler avec ses collaborateurs. vous allez avoir les tout
derniers développements. mais je voudrais vous assurer, entre-temps, que
ce n'est pas par mauvaise volonté que je ne réponds pas à
ces questions-là, c'est par respect de la division du travail à
l'intérieur du gouvernement. et je voudrais rappeler que le
député qui veut vraiment savoir a tous les recours à sa
disposition, pourvu qu'il les emprunte, pour aller au fond de ces
questions-là. notre système de partage des tâches
évite qu'un ministre s'érige en juge général, en
interprète ou en défenseur généra! de tout ce qui
se fait dans les autres ministères. je pense que c'est une question
d'ordre, tout simplement. et on ne le fait pas du tout par mauvaise foi, soyez
en assuré. si on me signalait des points, par rapport, disons, au choix
de l'emplacement pour l'établissement de détention de
rivière-du-loup, qui soulèveraient des grosses questions dans
l'opinion, des points sérieux, je me ferais un devoir d'en discuter
immédiatement avec le ministre des approvisionnements et services, parce
que je ne voudrais pas que la construction d'un centre de détention soit
entachée de quelque apparence ou réalité
d'illégimité que ce sort. et, jusqu'à maintenant, je n'ai
pas eu de ces indications-là; au contraire, les expressions dont on m'a
saisi étaient plutôt porteuses de satisfaction.
M. Claveau: Pourrais-je profiter de la parenthèse que le
ministre m'a donnée, avant d'entendre l'autre partie de la
réponse? Devrais-je interpréter la position du ministre comme une
position de deux poids, deux mesures? Lorque i'on parle de la construction d'un
nouveau centre à Montréal, il est prêt à intervenir
lui-même auprès du maire - et i! nous l'a dit tout à
l'heure - pour faire accélérer les choses. Et il nous parie avec
candeur des terrains à choisir et ii nous dit qu'il n'a pas à en
parler. Mais jamais il ne s'est référé à la SIQ. On
peut relever les galées de la discussion, jamais i! ne s'est
référé à la SIQ lorsqu'on a parié du Centre
de prévention de Montréal. Et, là, quand on parie de
Rivière-du-Loup, tout à coup, il n'a plus rien à voir
là-dedans, c'est la SIQ qui s'occupe de ça.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Ryan: Au contraire, je crois avoir signalé, ce matin,
que c'est la SIQ qui va faire cette transaction-là et non pas nous.
M. Claveau: On vérifiera dans les galées.
M. Ryan: Oui, et si je ne l'avais pas fait, je corrigerais mon
erreur immédiatement.
M. Claveau: Mais vous étiez prêt à intervenir
vous-même auprès du maire.
M. Ryan: Oui, oui, et je vais vous dire une chose, je suis
intervenu même auprès du maire de Rivière-du-Loup. Il est
intervenu auprès de moi, et c'a été réciproque; je
suis intervenu auprès de lui également. Je suis intervenu
auprès du maire de Rimouski également. Je leur ai dit: Si vous
voulez l'avoir, grouillez-vous, grouillez-vous! Ne passez pas votre temps
à nous embarrasser dans toutes sortes de choses. Et ils ont
collaboré tous les deux avec empressement. Je suis sûr que le
maire Doré va faire la même chose.
M. Claveau: C'est à souhaiter.
M. Ryan: Mais, à ce moment-là, moi, je ne me
substitue pas à la SIQ. Je dis tout simplement aux maires en question:
En votre qualité d'officiers publics, qui avez une responsabilité
importante pour l'aménagement du territoire municipal chez vous,
voudriez-vous faire diligence pour que tous les obstacles bureaucratiques qui
se dressent sur la route soient, sinon levés, du moins
allégés le plus possible? À ce moment-là, ça
veut dire que la SIQ pourra faire son travail plus vite. Et, si elle ne le fait
pas plus vite, on saura que c'est elle qui est responsable. Et là,
chaque fois qu'on s'informe à la SIQ, ils nous disent: On a ceci, on a
ci et on a ça qui n'est pas encore réglé.
M. Claveau: II n'en demeure pas moins qu'au niveau du Conseil des
ministres, comme membre du Conseil des ministres et comme
membre influent, semble-t-il, du Conseil des ministres...
M. Ryan: Pas toujours.
M. Claveau: ...selon la rumeur...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...vous...
M. Ryan: Ne vous fiez pas aux rumeurs.
M. Claveau: ...devriez être à l'écoute...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...et très attentif lorsqu'on parle
d'investissements et de dépenses du gouvernement, et vous devriez
être le premier à exiger qu'on choisisse les projets les moins
coûteux pour la même qualité de service.
M. Ryan: Est-ce que j'ai la réputation de faire le
contraire?
M. Claveau: Bien, dans le cas de Rivière-du-Loup,
ça ne semble pas être évident.
M. Ryan: Un de vos collègues a soutenu la même chose
à propos de Rimouski, et je pense qu'il était dans l'erreur.
M. Claveau: En tout cas, à Rimouski, les infrastructures
sont déjà là, dans le parc industriel. À
Rivière-du-Loup, dans le champ où vous voulez les envoyer, il n'y
a aucune infrastructure.
M. Ryan: Là, votre collègue, le
député de Lévis, a soutenu justement la thèse
contraire ici. Il a dit: Vous voulez aller profiter de structures
déjà construites. La tâche du gouvernement, c'est de
contribuer au développement. Vous devriez aller là où
elles ne sont pas. Quand on va là où elles ne sont pas, vous,
vous dites: Mais vous devriez faire le contraire. Je sais que ce n'est pas
facile d'avoir l'unité avec le député de Lévis, et
je ne vous blâme pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Vous devez savoir ce que c'est, M. le ministre, de ne
pas être d'accord avec ses collègues sur tout.
M. Ryan: Je le sais bien, mais on essaie de ne pas le dire
publiquement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Alors, la réponse concernant Hull et
Sherbrooke, s'il vous plaît?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: C'est une dizaine de prévenus qui, dans le
secteur B-2, avaient refusé d'intégrer leur cellule au cours
d'une nuit. Il y a eu des discussions et, finalement, ils ont
réintégré leur cellule, mais après avoir fait des
bris mineurs à l'intérieur des cellules. Leurs revendications,
c'était les conditions de détention. Mais, comme vous le savez et
comme M. le ministre l'a indiqué tout à l'heure, concernant le
centre de détention de Hull, la décision est prise au Conseil du
trésor et c'est au cours de la prochaine année qu'ils vont
commencer la construction de la nouvelle aile, et la rénovation au cours
de l'année prochaine. Alors, la situation de Hull, qui est une situation
problématique qui est connue, est actuellement en train de se
solutionner.
Pour Sherbrooke, il faudrait que vous me donniez un peu plus de
précisions. Je sais qu'ils ont ouvert la nouvelle aile de 48 places,
mais je ne sais pas trop à quel événement en particulier
vous faites référence.
M. Claveau: Je fais référence à ce qu'on
voyait dans les journaux. Là, on a eu, entre autres, un article -
malheureusement, je ne l'ai pas sous la main - à l'effet qu'il y aurait
eu des bouleversements ou des troubles à Sherbrooke, qui auraient
été calmés assez rapidement, semble-t-il. Mais il y avait
quand même des rumeurs de brouhaha.
M. Carrier: Ça, des rumeurs de brouhaha, il y en a souvent
dans les centres de détention, parce que, effectivement, c'est un milieu
où on garde...
M. Claveau: Ça bouge.
M. Carrier: ...des personnes de 19 à 25 ans, on les prive
de leur liberté. Alors, il arrive parfois qu'il y ait des petits
problèmes. Mais concernant Sherbrooke, personnellement, je n'ai pas eu
d'information de problèmes majeurs là. C'est pour ça que,
si vous faisiez référence à un élément
particulier, je pourrais vérifier auprès de mes collègues
qui sont ici. (15 h 40)
M. Claveau: Ça va. Une autre question. Vous avez
fermé, il y a quelques années, le centre de détention de
Saint-Georges de Beauce.
M. Carrier: Oui.
M. Claveau: Si je ne m'abuse, là, il n'y a pas eu de
remplacement direct, sur place ou dans les environs immédiats, des lits,
des places qui étaient perdues par la fermeture. Est-ce qu'il pourrait y
avoir des alternatives à l'effet, par
exemple, de rénover ou de rouvrir temporairement le centre de
Saint-Georges de Beauce quand...
Une voix: Saint-Joseph.
M. Claveau: De Saint-Joseph-de-Beauce, pardon. Vous faites bien
de le dire, là, de Saint-Joseph-de-Beauce. Lorsque l'on a un surplus
champignon de population carcérale, comme ça semble être le
cas d'après les chiffres que vous nous donniez ce matin, où on se
retrouve tout à coup avec quelques centaines de détenus de plus
que la moyenne à laquelle on devrait s'attendre, est-ce qu'on ne
pourrait pas envisager qu'il y ait, quelque part, des zones tampons semblables
qui pourraient, dans un cas particulier, pendant quelques mois, servir à
absorber les surplus. comme le fait Hydro-Québec dans ses
réservoirs?
M. Carrier: Ah oui! Le centre de Saint-Joseph-de-Beauce a
été détruit en même temps que le palais de justice,
parce qu'il était annexé au palais de Justice. Alors,
actuellement, il n'existe plus. Maintenant, pour votre question à savoir
s'il est possible d'avoir des zones tampons, c'est ce que nous faisons,
effectivement, avec les 300 à 400 places, les doubles lits ou les
doubles occupations dans certaines cellules. Ces doubles occupations là
ne sont généralement pas utilisées en période
d'été, par exemple. Alors, ce sont ces cellules-là que
nous utilisons lorsque nous avons des périodes de pointe, comme,
généralement, à chaque année, nous avons, au mois
de mars et au mois d'avril.
M. Claveau: est-ce que c'est parce que l'été, il y
a moins de détenus qu'en hiver? c'est ça?
M. Carrier: Effectivement. Le système judiciaire, pendant
l'été, fonctionne moins rapidement qu'il ne fonctionne pendant
l'hiver, notamment au cours des mois de janvier, février et mars de
chaque année, où le système judiciaire fonctionne à
pleine vapeur.
M. Claveau: J'aurais peut-être une dernière question
avant de passer la parole à mon collègue de Joliette, qui
voudrait vous entretenir pendant quelques instants. Est-ce qu'il est normal -
là, la question s'adresse au ministre - dans le fonctionnement de notre
système, que l'on ait, à toutes fins pratiques, en permanence,
tout près de 50 % des détenus - ou, enfin, un sur trois,
ça donne le tiers, en réalité - qui sont des
prévenus qui sont en attente de procès? On avait, en 1989-1990,
1800 condamnés contre 1100 prévenus; on en avait, en 1991-1992,
2000 contre 1100, encore. Donc, ça fait, à toutes fins pratiques,
un sur trois qui est un prévenu. Est-ce que c'est normal dans le
fonctionnement de notre système ou est-ce qu'on n'aurait pas avantage
à faire passer rapidement les prévenus qui, j'imagine, dans
quelques cas pour le moins, sont libérés ou ne sont pas
nécessairement condamnés à la prison, ce qui pourrait
désengorger le système?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, je vais vous donner une assurance. Le directeur
des services de libération conditionnelle est un esprit que je qualifie
souvent, dans nos discussions, de libéral en ces matières, avec
tous les doutes qu'on soulève parfois aux États-Unis au sujet de
ce qualificatif qui, heureusement, continue d'être très bien vu au
Québec.
M. Chevrette: Ça dépend des jours, et des
décisions que vous prenez. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: II n'est pas le seul libéral dans
l'affaire.
M. Ryan: je pense que m. carrier imprime aux services
correctionnels une orientation imbue d'esprit généreux. il sait
très bien qu'une mentalité répressive en ces choses ne
peut conduire qu'à une aggravation du mal en longue période. aux
états-unis, voussavez qu'on a choisi cette voie-là au
cours de la dernière décennie. on a peut-être doublé
le nombre de places en prison. puis ce qu'on lit partout dans les journaux
américains, c'est qu'il en faudrait encore deux fois plus. et on ne veut
pas aller dans cette voie-là. par conséquent, chaque fois qu'il y
a des chances raisonnables de réinsertion réussie en recourant
à une libération sous une forme ou l'autre, qu'elle soit
temporaire, qu'elle soit conditionnelle, qu'elle soit assortie de telle ou
telle contrainte, nous optons, de préférence, pour cette
voie-là.
D'ailleurs, en matière de prévenus, M. Carrier m'assure
que les données que nous observons ici se comparent avantageusement
à ce qu'on a dans les sociétés comparables,
c'est-à-dire une société comme l'Ontario, par exemple,
où il y a un nombre assez élevé de prévenus. Mais,
ça, ce sont des décisions qui sont prises par les magistrats.
C'est le magistrat qui dit: Vous pouvez garder celui-là en dedans, vous
devez le garder en dedans pour telle ou telle raison. Ce n'est pas M. Carrier
qui décide de ça, ni le directeur de l'établissement. Et,
aujourd'hui, peut-être que le caractère plus lourd du genre de
délinquance qu'on observe incite les autorités judiciaires
à faire montre d'une plus grande retenue. Vous seriez le premier, s'il y
avait quelqu'un qui avait frappé quelqu'un à coups de hache, que
le juge le remettait en liberté demain, en attendant son procès,
à dire: Bien, qu'est-ce qu'il pense? Quelle sorte d'in-
nocent, c'est ça? Alors, là, les juges font montre de
discernement - sujet à critique - puis, nous autres, nous devons
exécuter ces décisions-là. Nous n'avons pas le choix.
Alors, là, c'est 1100, disons que c'est 1100 cette année, en
1991-1992. Ça aurait peut-être pu être 900, ça aurait
peut-être pu être 1200. Mais, la proportion, encore une fois, n'est
pas démesurée par rapport aux normes qu'on peut observer dans des
sociétés comparables, loin de là.
M. Claveau: Parce qu'il n'en reste pas moins une chose, c'est
que, si on garde ces gens-là en dedans, en attente de procès,
c'est probablement parce qu'il y a des bonnes raisons. S'il y a des bonnes
raisons, c'est probablement aussi, ou c'est peut-être parce qu'ils vont
être condamnés à des sentences de plus de deux ans. S'ils
sont condamnés à des sentences de plus de deux ans, ils tombent
entre les mains des pénitenciers fédéraux. Donc, tant et
aussi longtemps que, nous, on les garde en attente de procès, dans le
fond, on fait la job du fédéral. Puis, c'est nous autres qui
payons pour eux.
M. Ryan: Regardez, peut-être que M. Carrier pourrait nous
fournir des précisions, là, parce qu'on entre dans un labyrinthe
qui est assez périlleux. Peut être que M. Carrier pourrait nous
donner quelques précisions sur ce point-là.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Carrier.
M. Carrier: Oui, M. le Président, pour votre information,
je pense que vous avez raison de penser - puis nous autres aussi, on pouvait
penser cela - que, normalement, un individu qui a été jugé
trop dangereux pour être en liberté pendant l'attente de son
procès, on pourrait penser qu'après la fin de son procès,
lorsqu'il est condamne, il va s'en aller au fédéral. Sauf que les
statistiques ne disent pas cela. Plusieurs individus qui ont fait six mois en
prévention, lors de leur sentence, sont libérés sur le
temps fait. Et plusieurs avocats plaident... Il y a une cause de jurisprudence
qui a déjà reconnu que le temps fait en prévention valait
deux fois le temps en détention. Alors, il y a plusieurs avocats qui
conseillent aux personnes qui sont accusées de faire un peu de temps en
prévention et qui, parfois, retardent un peu les procédures. Ce
n'est pas la majorité des personnes qui sont sentenciées
après avoir fait un certain temps en prévention qui s'en vont au
fédéral, mais on pourrait penser ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
M. Claveau: Donc, on aurait avantage, quand même, à
faire en sorte de les garder le moins longtemps possible,
d'accélérer la machine.
M. Carrier: Absolument! Nous, on serait très
intéressés à ce que la machine fonctionne plus rapidement,
mais, encore là, ce n'est pas nous qui gérons l'ensemble du
processus judiciaire, et il y a une culture à respecter,
semble-t-il.
M. Chevrette: ou il y a des cultures à changer. ;
Le Président (M. Dauphin): Merci. Alors... M. Carrier:
On essaie.
M. Claveau: Là, on est dans les vignobles, par les temps
qui courent, là.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Bien, moi, je voudrais revenir sur
Saint-Joseph-de-Beauce, 30 secondes, là. Il y a une rumeur dans la
Beauce; c'est qu'il y aurait probablement un centre de détention
éventuel alors qu'on vient d'en faire disparaître un. Est-ce que
c'est vrai, c'est fondé, ça?
Une voix: Pas entendu parler.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Pas par vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est des...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II n'est pas bavard. Non, mais ce sont des
élus municipaux de la Beauce qui nous ont appelés pour qu'on pose
la question.
M. Ryan: Des...
M. Chevrette: Ce sont des élus municipaux de la Beauce qui
nous ont dit: Pouvez-vous poser la question lors des crédits parce qu'il
y a une rumeur qui circule, ou il y a des gens qui font courir cette
rumeur...
M. Ryan: Évidemment...
M. Chevrette: ...c'est pour ça que je m'informe. C'est oui
ou c'est non. Ce n'est pas plus grave que ça.
M. Ryan: Je me rappelle toujours, moi, j'avais un de mes parents
qui avait été élu président de la chambre de
commerce dans son village, puis son projet numéro un, c'était la
construction d'une école d'agriculture. Je lui avais dit: Tu n'as pas
besoin de ça ici, les
habitants s'en vont tous. Oui, mais, il dit, ça serait bon pour
tes commerçants.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Les élus municipaux, des fois, ont: des ambitions
légitimes en cette matière, puis on reçoit
régulièrement des résolutions de conseils municipaux
disant qu'ils voudraient bâtir tel service chez eux ou tel autre service.
On accueille toujours ça avec le plus grand respect, mais on dit que
c'est pour étude, Alors, dans ce cas-ci, par conséquent, il n'y a
aucun projet qui soit dans la machine actuellement, en ce qui nous touche. Ce
qui ne veut pas dire que, si on nous, faisait des représentations
très sérieuses... tout le monde sait qu'elles seraient toujours
accueillies avec attention par le gouvernement. {15 h 50)
M. Chevrette: Maintenant, les centres de détention du
fédéral, on vous consulte, je suppose, avant de les
implanter...
M. Ryan: Je me demandais pourquoi il était ici.
M. Chevrette:... quelque part? M. Ryan: Là, j'ai
compris.
M. Chevrette: Celle-là, ce n'est pas une rumeur.
M. Ryan: Là, j'ai compris. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Là. celle-là, ce n'est pas une
rumeur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous êtes au courant que le
fédéral s'est mouillé, même, je pense, assez
officiellement, dans le cas du centre de détention pour femmes, et ce,
dans la région de Joliette. Et on dit dans le milieu qu'il y a eu
quelques représentations qui ont été faites à votre
niveau. Donc, je voudrais vous fournir l'opportunité de vous mouiller,
vous aussi. La question est-elle assez claire? Non?
M. Ryan: Juste un petit peu...
M. Chevrette: En d'autres mots, êtes-vous rébarbatif
ou sympathique à l'orientation du fédéral à l'effet
de bâtir ou de construire un centre de détention sur le territoire
de la ville de Joliette?
M. Ryan: Regardez...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan:... comme vous le savez, le gouver- nement
fédéral a reçu l'an dernier un rapport sur les conditions
de détention des femmes convaincues de peine de plus de deux ans de
détention. Ce rapport propose des standards très avancés
en matière de réhabilitation ou de réinsertion, et une des
recommandations du rapport, c'est qu'il devrait construire, je pense que c'est
six nouveaux établissements, cinq nouveaux établissements de
détention dans les cinq grandes régions du Canada, y compris un
au Québec. L'idée, en soi, est absolument louable. Je pense bien
que tout le monde se réjouira si des conditions de réhabilitation
meilleures sont offertes aux femmes qui ont été convaincues de
délit justifiant leur détention dans un centre
fédéral
Maintenant, là où le problème se complique, c'est
que nous avons, au Québec, depuis de nombreuses années, une
entente avec le gouvernement fédéral en vertu de laquelle les
détenues de compétence fédérale sont accueillies
à la maison Tanguay, à Montréal, qui est de
compétence provinciale, puis la coexistence dans le même
établissement de détenues des deux catégories permet
d'avoir un bassin de population qui rend possible la fourniture de services de
meilleure qualité, selon nous. Cet arrangement-là fonctionne bien
depuis de nombreuses années. Et il y a un arrangement semblable en
Colombie-Britannique, si mes souvenirs sont bons, hein?
Alors, nous autres, ils nous sont arrivés avec le projet d'une
nouvelle prison. Il n'était pas question de location au moment où
on nous en a parlé. Puis nous avons réagi comme suit. Nous leur
avons dit: On aimerait mieux si vous vous mettiez avec nous pour regarder
comment on pourrait améliorer l'établissement qui sert
actuellement, qui est encore très bon. Il y aurait des
améliorations à faire, ne serait-ce que dans les services
professionnels qui sont offerts dans un établissement comme
celui-là. Il y aurait des améliorations à faire. On serait
prêt à regarder ça avec vous. Puis là ils sont
même venus visiter l'établissement récemment, les
discussions continuent avec nos services. J'ai reçu la visite du maire
Beaudry là-dessus, puis il m'a fait part de son intérêt
pour un endroit comme celui-là. Je pense qu'il ne pensait pas à
vous en particulier, mais, il nous a fait part de son intérêt.
M. Chevrette: Pour compenser vos taxes municipales.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Mais il ne vous a pas dit tout ce qu'on lui
a donné avec le centre musical, là. Vous le savez, hein?
M. Chevrette: ii est encore perdant. m. ryan: pardon? M.
Chevrette: ii est encore perdant.
M. Ryan: Bien, je ne pense pas, parce que M. Beaudry n'accepte
jamais d'être perdant...
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: ...en affaires. M.
Chevrette: Ah oui!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Alors, nous lui avons dit: Si le
fédéral prend la décision que ça va être un
centre distinct, là, moi, ce que je dis au fédéral, c'est
qu'il va mettre une certaine catégorie de détenues en Cadillac
puis les autres vont être en Volkswagen. Je pense que ce n'est pas
correct, ça. Je pense que, comme il n'y a pas un volume
considérable, quand on peut mettre ça tout ensemble, il me semble
que c'est infiniment préférable. Parce que ce n'est pas que vous
y soyez deux ans et un jour ou bien deux ans moins un jour, dans bien des cas,
qui fait une différence radicale, vous savez. Mais j'ai dit: Si le
fédéral décidait deux ans, à ce moment-là,
le problème de l'emplacement se poserait dans des termes
entièrement différents. D'abord, moi, je demanderais l'avis de
nos gens, à ce moment-là, puis, si le fédéral me
consultait sur l'emplacement, vous pouvez être sûr que je ne ferais
pas, moi, de guerre à Joliette. Je ne ferais pas de guerre à
Joliette et, dans ce sens-là, je demeure, pour le moment,
complètement réservé là-dessus. Mais, notre
préférence, c'est pour le maintien de l'entente en vertu de
laquelle nous exerçons la pleine responsabilité sur les
détenues des deux catégories.
M. Chevrette: En fait, ce n'est pas une question de lieu, c'est
une question de fonctionnement et de...
M. Ryan: C'est ça. O.K.?
M. Chevrette: D'accord. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, je suis prêt
à reconnaître un nouvel intervenant, M. le député
d'Ungava.
Autorisation d'absence temporaire
M. Claveau: On va passer du bocal au contenant. J'aimerais parler
maintenant de la problématique des absences temporaires. On en a
discuté, vous vous en souvenez, lorsqu'on a fait la modification de la
loi sur les absences temporaires, on avait parlé de tout ça. On
sait que la nouvelle loi est applicable, selon ce qu'on note, au 15 juin 1992.
Donc, jusqu'au 15 de juin, c'est l'ancienne loi qui s'applique et, en
l'occurrence, l'article 22.1 de l'ancienne loi, qui dit que «pour
l'application de la présente section, un détenu est une personne
incarcérée dans un établissement de détention pour
une peine d'emprisonnement inférieure à six mois, à la
suite d'une condamnation en vertu d'une loi ou d'un règlement en vigueur
au Québec». La partie importante, là-dedans, c'est
«emprisonnement inférieure à six mois». Ça,
c'est la loi telle qu'elle est actuellement et telle qu'elle devrait
s'appliquer jusqu'au 15 juin.
On a pris au hasard une journée. Il y a 365 jours, des fois 366,
sur le calendrier, alors on en a pris une au hasard, c'est la journée du
21 février 1992, à 23 h 59. On avait à l'extérieur,
à ce moment-là, pas 1, pas 10, pas 50, on avait 144
détenus de plus de six mois, donc qui, de toute façon, ne sont
pas supposés entrer dans le programme des absences temporaires, parce
que ce n'est pas prévu dans la loi. Qu'on ait modifié la loi,
c'est une chose, mais ce n'est pas prévu dans la loi du 1er mars 1989,
qui s'applique jusqu'au 15 juin 1992. Il y en avait 144 qui étaient
à l'extérieur, qui, normalement, ne devaient pas y être,
pour des raisons de ressources communautaires et 255 qui étaient aussi
à l'extérieur pour d'autres programmes, sur un total de 823.
C'est-à-dire qu'on en avait 24 % à l'extérieur.
On divise, en plus, en temps de sentence. Donc, moins de un
sixième de la sentence, il y en avait quatre; de un sixième
à un tiers de la sentence, il y en avait 76. Alors, le total de tout
ça, ça nous en donne effectivement 745, quand on additionne tout
ce beau monde là, qui étaient à l'extérieur, des
six mois et plus, donc de ceux qui ne devaient pas avoir accès au
programme d'absence temporaire. Pour toutes sortes de raisons, on en avait 745
qui y étaient. Puis, pour ceux qui étaient admissibles au
programme, qui avaient des peines de moins de six mois mais qui devaient, pour
entrer dans le programme, encore selon la loi actuelle, à l'article
22.3, avoir purgé pour le moins un tiers de leur peine, on en avait 40
qui avaient purgé moins du sixième de leur peine et on en avait
190 qui avaient purgé entre le sixième et le tiers de leur peine.
Donc, on en avait encore 230 dans les six mois et moins de peine qui,
normalement, n'étaient pas admissibles en vertu de l'article 22.3.
Ça fait, ça - 745 plus 240 - 985 qui étaient
illégalement, en vertu de la loi du 1er mars 1989, en dehors des murs.
Pas parce que je veux les garder en dedans, c'est parce que la loi
prévoit qu'ils sont supposés être en-dedans. Il y en avait
au-delà de 900 qui étaient en dehors. (16 heures)
Je veux bien croire que vous avez des problèmes de surpopulation,
mais est-ce qu'on se doit de transgresser les lois de façon aussi
évidente pour régler des problèmes? Ce n'est pas
évident. Comment voulez-vous demander aux gens de respecter les lois
quand, à l'intérieur même du ministère, on ne les
respecte pas? C'est ça qui est la triste réalité. On aura
beau avoir toutes les raisons du monde pour ne pas les avoir
respectées... Moi, quand je vais à la
chasse, si je tire deux fois sur le même orignal et que, par
hasard ou par malheur, il y en a deux et que je ne le savais pas, il y en a
deux de tombés, bien, ce n'est pas parce que je ne le savais pas que je
ne suis pas coupable de braconnage. Là, c'est la même chose qui
s'applique là-dedans. Vous pouvez avoir toutes les meilleures raisons du
monde pour justifier votre point de vue, il n'en reste pas moins qu'ils
étaient illégalement - et ça, jusqu'au 15 juin 1992,
jusqu'à l'application de la nouvelle loi - en dehors des prisons.
Ça fait pas mal de monde, ça! Vous m'auriez dit: Cinq ou six,
peut-être. Un problème, là, quelqu'un dans la famille qui
est mal pris, une mort accidentelle, n'importe quoi. Quelques-uns, oui. Mais
940 ou 920, c'est un peu fort, vous en conviendrez, M. le ministre.
Je voudrais qu'on m'explique vraiment qu'est-ce qui se passe. Je
voudrais qu'on m'explique aussi, en vertu de la largesse dans l'application de
la loi actuelle, comment peut-on vous faire confiance dans l'application de la
prochaine loi qui entre en vigueur le 15 juin?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je rappellerai juste un point. Quand nous avons
présenté la loi 147, les députés se souviendront
que j'avais indiqué qu'il y avait une certaine marge
d'inégalité à laquelle nous étions contraints par
les circonstances. Je l'avais indiqué clairement, et c'était un
des objets de la loi 147 de permettre qu'on gère ces situations d'une
façon plus correcte, plus authen-tiquement vraie. Ce n'est pas
étonnant, surtout avec les phénomènes dont nous avons eu
la description aujourd'hui, que le problème existe encore
maintenant.
Maintenant, existe-t-il dans les proportions qu'a
suggérées le député d'Ungava? Je n'en suis pas
sûr. J'aimerais que le directeur des services correctionnels nous donne
sa version là-dessus, peut-être, en partant des mêmes
données qu'a résumées le député d'Ungava,
nous dire exactement ce qu'elles signifient.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Oui, M. le Président. J'ai en main le
tableau auquel fait référence le député d'Ungava.
Dans un premier temps, je voudrais mentionner qu'un des objectifs principaux de
la loi 147 était justement de clarifier les mécanismes de
libération des centres de détention et de les rendre plus
transparents, plus précis. Dans la loi 147, on précise d'une
façon très nette la juridiction de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles et la
juridiction du directeur général sur les absences temporaires. Et
la loi 147 a été travaillée en collaboration avec la
Commission québécoise des libérations conditionnelles dont
la présidente est ici, justement aujourd'hui, et pourra expliquer
davantage, si vous le désirez.
Maintenant, quand on parle des absences temporaires et que vous faites
référence à l'article 22. 3, l'article 22. 3 parle
effectivement d'un type d'absence temporaire qui s'appelle les absences
temporaires pour réinsertion sociale, qui ne peuvent être
accordées qu'après le tiers. Par contre, les absences temporaires
pour raisons médicales ou pour raisons humanitaires peuvent être
accordées à tout moment. La loi a été votée
en 1979 et n'a pas été amendée depuis ce temps-là.
Et, effectivement, l'interprétation qu'on a donnée à
l'absence temporaire pour raisons humanitaires est large, et c'est en vertu de
ces absences temporaires là, pour raisons humanitaires, que des gens
sortent entre le sixième et le tiers. En ce qui concerne les gens qui
sortent après le tiers - ce qui va être corrigé à
partir du 15 juin - ce qui se faisait en pratique, c'est que les personnes
refusaient ou allaient devant la Commission québécoise des
libérations conditionnelles, laquelle mentionnait qu'elles pouvaient
continuer leur programme d'absence temporaire. Les juridictions entre le
directeur général et la Commission québécoise ne
sont pas très claires actuellement, et c'est ce que ta loi 147
modifie.
Je comprends les chiffres que vous donnez, j'ai les mêmes devant
moi. Vous avez raison que, pour les six mois et plus, il y a environ 655
personnes qui bénéficient d'absences temporaires, que ce soit en
ressources communautaires ou dans d'autres programmes qu'on appelle les PEMO.
Ces personnes-là sont sorties en vertu d'une absence temporaire pour
raisons humanitaires, et la loi nous permet de les sortir sans tenir compte de
délais. Sauf qu'actuellement, dans la nouvelle loi, après le
tiers, en vertu de ce qui est convenu avec la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, celle-ci ne
les référera plus au programme d'absences temporaires, et la
Commission québécoise va nécessairement prendre une
décision. Et, si la Commission québécoise refuse de les
libérer, elles seront réintégrées à
l'intérieur et elles pourront avoir une absence temporaire
préparatoire à la libération conditionnelle entre le
sixième et le tiers.
Ça serait plus facile à expliquer si on avait un tableau,
mais, dorénavant, l'absence temporaire pour réinsertion sociale
pourra être accordée à compter du sixième, et
celle-ci - je parle pour les six mois et plus - prendra fin rendu au tiers de
la sentence, et la Commission québécoise des libérations
conditionnelles aura nécessairement à prendre une décision
sur ces cas-là. On est conscients qu'il y avait place à
interprétation, et c'est ce que la loi 147 modifie.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député.
M. Claveau: En tous cas, moi, je ne peux pas faire autrement que
d'accepter toutes ces justifications-là, mais il n'en reste pas
moins
que, moi, si on me dit que la pêche à la truite commence
à minuit le 1er mai, si je me fais prendre le 30 avril à 18
heures avec de la truite dans mon «pack-sack», je ne suis pas en
loi. J'aurai beau avoir toutes les justifications que je voudrai... Alors, je
ne comprends pas comment ça se fait qu'on se permette un tel laxisme
dans l'application des lois par les institutions gouvernementales, alors que
l'on est d'une rigidité mur à mur quand il s'agit de l'individu
qui, lui, bon, bien, tout en essayant de bien faire, peut à l'occasion
faire une coche mal taillée, sans le vouloir. J'ai beaucoup de
difficultés à accepter ce genre de point de vue là.
Quand on me parle de raisons humanitaires, moi, je veux bien aussi qu'on
applique avec un certain laxisme la notion de raison humanitaire. Mais, quand
975 détenus sur 3457, à minuit, à 23 h 59 le 21
février 1992 - ça, ça fait presque un sur quatre,
ça fait 25 % - sont en dehors des murs pour raisons humanitaires
seulement, parce que c'est la dernière chose qui reste pour s'accrocher,
là, il faut croire que ça va mal dans l'humanité au
Québec. Il y a un curieux problème. Je ne peux pas croire, moi,
qu'on ait 25 % de nos détenus, en même temps, qui se retrouvent
dans la même situation humanitaire, à moins qu'ils soient tous
membres de la même famille et qu'il y ait eu un décès. Vous
savez, là, je ne veux pas caricaturer à l'extrême, mais,
quand on regarde des chiffres semblables, on ne peut pas s'empêcher
d'avoir le goût de ridiculiser un peu la situation. Moi, je pense qu'il y
a une application excessivement large du principe, et, si on se permet
ça comme gouvernement, bien, on devrait le permettre aussi au citoyen de
temps en temps, quand il se trompe, sur la route ou ailleurs.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: II y a beaucoup de compréhension qui est
manifestée à l'endroit des citoyens. Prenez ceux qui ont des
amendes à payer pour les délits de la route, par exemple, ils ne
sont pas mis en prison dès qu'ils n'ont pas payé leur amende; ils
reçoivent des avis et des avis... Avant qu'ils soient amenés en
prison, il faut qu'ils en aient accumulé pas mal.
M. Claveau: Ils paient des intérêts et sont
traînés en cour...
M. Ryan: Ils font du temps, au bout de la ligne, et au bout de
la...
M. Claveau: ...et ils paient les frais de cour, et ils paient
tout. Vous pouvez être certain qu'ils n'oublient rien!
M. Ryan: oui, c'est sûr. mais ils ont toutes les chances
possibles de régler ça sans aller en prison. il y a même un
régime spécial qui est fait pour eux.
M. Claveau: Dans le calcul des détenus qu'on a là,
est-ce que les gens qui sont condamnés à des peines de fin de
semaine sont compris? Il y en a pas mal, là, qui purgent des peines
uniquement... Tu signes le vendredi soir et tu resignes le dimanche pour
sortir.
M. Carrier: Oui. Vous parlez de votre tableau...
M. Claveau: Oui.
M. Carrier: ...vous parlez du tableau? Dans le tableau, ce sont
uniquement... et on l'a dans le titre du tableau: «Répartition des
personnes condamnées à une peine continue».
M. Claveau: Oui, mais... Je vais poser ma question
différemment.
M. Ryan: Pour les sentences intermittentes, là. (16 h
10)
M. Carrier: Les sentences intermittentes, il y en a à peu
près 500 par fin de semaine, et - j'ai vérifié vos
données, que vous aviez données ce matin, là - ce que je
peux vous donner comme information, c'est qu'au cours de la dernière
année il y a eu 40 880 jours-personnes de sentences intermittentes. Avec
les sentences intermittentes, en vertu du programme qui a été
établi il y a une couple d'années, ce qui arrive, c'est que, la
première fin de semaine, les gens font leur temps en détention;
à partir de la deuxième fin de semaine, ils font leur temps en
détention ou dans une ressource communautaire, de 9 heures à 17
heures, parce qu'on était obligé de geler 500 places à
travers la province uniquement pour les fins de semaine. J'ai
vérifié pour Roberval, et j'ai les chiffres pour Roberval, pour
les mois de janvier, février et mars; au mois de janvier, on a 41
journées-personnes dans les CRC et 19 en détention; pour le mois
de février, 73 dans les ÇRC et 29 en détention et, pour le
mois de mars, 95 et 110.
M. Claveau: Ça, vous appelez ça comment? Les
centres de recherches... Comment vous appelez ça?
M. Carrier: Les centres? M. Claveau: Les CRC?
M. Carrier: Oui, les maisons de transition. Ce sont des endroits
où on garde les individus, du matin au soir, mais on n'est pas...
M. Claveau: Mais le soir, à 17 heures, ils s'en vont dans
un logement en ville?
M. Carrier: Oui. Puis ils reviennent le dimanche matin. Les
magistrats ont été informés
de cette situation-là, parce que ces 500 individus se trouvaient
à prendre 500 places en détention, seulement le samedi. C'est
comme si on avait un hôtel qui était utilisé seulement le
samedi. Et la magistrature s'est montrée à l'aise avec cette
façon de faire.
M. Claveau: Pourquoi les condamner pour les fins de semaine,
à ce moment-là?
M. Carrier: Les condamner pour les fins de semaine, les juges qui
les condamnent pour les fins de semaine, c'est parce que ce sont des individus
qui ne sont pas jugés dangereux. Ce sont des individus qui sont, toute
la semaine, du lundi au vendredi, en liberté et qui, parfois, ont un
emploi. Alors, la sentence de fin de semaine, c'est une punition. C'est comme
on avait dans le temps qu'on allait au collège, la retraite du samedi
matin, la retenue du samedi matin.
M. Claveau: J'ai un cas précis, que je n'ai pas pris
nécessairement au hasard plus que ça, c'est un cas qui est sorti
dans les journaux, il n'y a pas si longtemps que ça, le 7
décembre. André Pélissier écope de 30 fins de
semaine ou 30 week-ends - malheureusement, on a utilisé le terme
«week-end» - de prison, trouvé coupable d'agression
sexuelle. Est-ce que ce M. Pélissier... J'aimerais savoir vraiment si ce
M. Pélissier - et je prends le cas comme ça, il y en a
probablement bien d'autres, mais, lui, il est dans les journaux - a
effectivement fait ses 30 fins de semaine en prison pour agression sexuelle? Il
y en a qui ont fait plus que ça. En tout cas, je n'ai pas à juger
du jugement, sauf que je prends le cas précis, il est là.
M. Carrier de façon générale, les personnes
qui sont condamnées pour des délits de violence purgent leurs
fins de semaine en détention.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a moyen de savoir d'une façon
précise...
M. Carrier: Pour M. Pélissier?
M. Claveau:... devant la commission, si, depuis le 7
décembre, M. Pélissier purge vraiment sa peine au centre de
détention de Québec, tel que ça devrait être, toutes
les fins de semaine?
M. Carrier On va le vérifier, puis on va vous informer de
la situation.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Claveau: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 3?
Programme de travaux compensatoires
M. Claveau: Dans le cadre des programmes de détention,
oui. Il y a le Programme de travaux compensatoires qui mérite
d'être regardé aussi, je pense, avec un certain sérieux. On
en a parlé aux engagements financiers, oui, on a parlé d'une
étude qui n'a quand même pas été faite pour des
pinottes, qui devait avoir comme vertu de permettre au gouvernement de prendre
une décision éclairée sur la pertinence des travaux
compensatoires et le niveau que l'on devait donner à ce
programme-là, en termes d'importance et de budget. J'aimerais savoir
où on en est rendu là-dedans et qu'est-ce que ça va amener
à long terme. Est-ce qu'on continue le programme? Il me semble avoir vu,
dans les crédits, qu'il y avait effectivement de l'argent prévu
pour ça.
M. Ryan: Regardez... Est-ce que vous avez formulé votre
question, monsieur...
M. Claveau: Oui, je veux savoir où on en est rendu dans
toute la question des travaux compensatoires. Le premier contrat devait
être terminé le 31 mars et les organismes...
M. Ryan: Comme vous le disiez, le contrat était
expiré, il fallait procéder à un renouvellement, et tout
ça. Avant de procéder au renouvellement, le ministère a
fait faire une étude pour voir comment tout ça coûtait,
comment tout ça pourrait coûter. La conclusion de l'étude,
c'est que le prix moyen d'un dossier était devenu pas mal
élevé. Il est pratiquement de 95 $, le prix moven d'un dossier
traité par ces services-là. En vertu d'améliorations que
nous souhaitons pouvoir faire accepter par l'autre partie, il y aurait moyen de
descendre le coût à 84 $ au lieu de 95 $. Là, les choses
sont en discussion. Le contrat a été prolongé d'une
période de trois mois, jusqu'à la fin de juin, et, d'ici
là, il devrait intervenir une nouvelle entente.
M. Claveau: Est-ce que les organismes avec lesquels vous faites
affaire, organismes de référence...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais peut-être donner juste une
précision? À la place du chiffre 84, il y a de nouvelles
études qui ont été faites - je ne voudrais induire
personne en erreur - et c'est plutôt de 77 dont il est question
maintenant. Mais, là, ici, ce n'est pas une proposition que nous faisons
publiquement. Nous vous fournissons une indication qui n'est en aucune
manière un engagement. Là, il me semble que ce coût est un
coût raisonnablement acceptable, mais qu'au-delà de ça il y
a une certaine surcharge.
M. Claveau: J'essaie de comprendre, parce
que, tel qu'on en a discuté aux engagements financiers, il reste
que ce n'est pas le genre de dossier, enfin, ou le genre d'activité
où on peut énormément compter sur les économies
d'échelle, comme ça peut être le cas dans autre chose. Pour
en avoir discuté avec les organismes, plus ils ont de cas à
traiter, plus ça devient coûteux par cas. C'est facile à
comprendre: parce qu'il y a de plus en plus de gens qui y sont
référés, ils sont obligés de prendre tout le monde,
d'abord. Si le jugement dit: Tu t'en vas aux travaux compensatoires, tu t'en
vas aux travaux compensatoires; ils n'ont pas le choix de les accepter. Alors,
plus ils en ont, plus ils sont obligés de faire de recherches dans le
milieu et moins le bassin des groupes qui sont capables de donner du travail
à ces gens-là est grand. Alors, il arrive un certain temps
où c'est vraiment un casse-tête à n'en plus finir pour
essayer de trouver de l'ouvrage pour tout ce beau monde qui n'a pas payé
son amende. Ça, c'est souvent une partie du problème.
Alors, les personnes, au lieu de passer, je ne sais pas, moi, 30 minutes
pour décrocher le téléphone et téléphoner
à trois ou quatre organismes de référence ou à des
employeurs éventuels pour trouver leur monde, elles en sont rendues,
dans certains cas, à des heures et des heures de recherche. Ça,
ça devient beaucoup plus cher du dossier, parce que la personne qui le
fait, elle n'est pas moins payée l'heure pour autant. Ce qui fait que
les dossiers augmentent. Ça demande aussi plus d'espace dans les
bureaux. Plus il y a de monde, plus ça demande d'espace. Souvent, ces
organismes-là ont des petits locaux assez restreints. Alors, à la
limite, ils peuvent partager... Au départ, ils pouvaient partager du
temps. La personne faisait ça un peu moitié-moitié, en
temps donné aux travaux compensatoires et une autre partie du temps
donné au service de l'organisme lui-même. Mais, plus il y a de
cas, moins ça devient possible. Alors, à ce moment-là,
ça devient une personne qui est engagée à temps plein et,
des fois, même, ce n'est pas suffisant d'avoir une personne à
temps plein uniquement pour placer les gens qui sont au Programme de travaux
compensatoires.
Ce sont tous des éléments qui augmentent les coûts
au lieu de les diminuer, en augmentant le nombre de candidats. C'est ce que,
à ma connaissance, en tout cas, les organismes contestent dans
l'étude que vous avez commandée à si grands frais.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, si les organismes ont raison de ne pas
être tout à fait d'accord avec certaines interprétations
qui rassortent de l'étude coûteuse que vous avez.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, moi, je vous dirai que je n'ai pas eu de
contact direct avec les organismes encore. Ils m'ont écrit à
plusieurs repri- ses, ces derniers mois, pour demander qu'une rencontre ait
lieu et, comme il y avait des conversations qui étaient en cours, je ne
voulais pas mêler les cartes non plus. J'ai préféré
attendre un petit peu que les négociations avancent. Si on arrivait
à un point où ça semblerait une situation absolument
insoluble, là, je verrais à regarder ça de plus proche.
Mais, pour le moment, les échanges se poursuivent normalement au niveau
de la Direction des services. Dans la mesure où on va arriver à
des coûts moins élevés, je pense que tout le monde au
gouvernement sera relativement satisfait. On n'est pas allé plus loin
que ça pour l'instant.
M. Claveau: Oui, mais vous comprendrez, M. le ministre, que les
organismes ne pourront tout de même pas accepter des coûts moyens
par dossier qui soient en deçà de ce que ça leur
coûte réellement et qu'à ce moment-là vous risquez
de vous retrouver avec plus personne dans le milieu qui va vouloir prendre ces
ententes-là. (16 h 20)
M. Ryan: Nous sommes très conscients de ça. C'est
pour ça que nous négocions avec modération et prudence
aussi. Et nous ne voulons pas que ça s'en aille à bride
déployée non plus, parce qu'il faut exercer un contrôle sur
l'augmentation des coûts. Mais, en même temps, il faut être
conscient de certaines réalités. C'est ce qu'on essaye de faire.
Je pense que ça se fait dans un bon esprit.
Encore une fois, si on vient à s'entendre au niveau de la
Direction des services correctionnels et de ces organismes-là, moi, je
me dis: «God be blessed». D'un côté, tant mieux. C'est
tant mieux! Que tout le monde soit loué! C'est parfait! Mais, moi, je
suis toujours là pour vérifier s'il y a quelque chose qui ne
marche pas, mon sous-ministre également, et on surveille ça de
proche. Et, au besoin, on essaiera d'aider la négociation à
s'acheminer vers un résultat heureux.
Mais, ces organismes-là, ils sont un élément
très important du système de services qui sont offerts à
la clientèle des services correctionnels. Nous attachons beaucoup
d'importance au travail qu'ils accomplissent. Une chose est sûre, c'est
que le coût moyen d'une journée de services rendus dans des
organismes comme ceux-là est infiniment plus modeste que le coût
moyen d'une journée de services rendus dans un établissement
proprement dit. Alors, nous avons tout intérêt, dans la mesure
où ça donne de bons résultats, à recourir à
cette formule avec une * certaine préférence, même.
M. Claveau: Vous savez, M. le ministre, il y a quelque chose que
je ne comprends pas dans cette démarche-là, dans la
démarche que vous nous exposez. D'une part, vous nous dites que ce sont
des organismes dont vous êtes très content et qu'ils ont un
rôle important à jouer, et vous
les louangez. Mais les tapes dans le dos, ce n'est pas suffisant, ce
n'est pas assez pour vivre, en tout cas. À l'occasion, il faut avoir
quelque chose à se mettre sous la dent. Donc, tout en les flattant et en
les félicitant, vous essayez de les acculer au pied du mur sur le plan
budgétaire, en disant: Vous nous êtes trop coûteux.
Ce n'est pas des organismes, M. le ministre, qui ont l'habitude de vivre
dans le luxe et dans le débordement budgétaire, vous savez. Ces
organismes-là ont l'habitude d'avoir des fonctionnements ou des budgets
très serrés, de contrôler toutes leurs dépenses,
parce que ça fait partie de l'essence même de leurs
activités dans les milieux où ils travaillent. Ce n'est pas des
gens qui ont l'habitude des gros salaires et des fonds de pension et des
dépenses de voyage, et tout ça. Ils sont habitués à
fonctionner avec le strict minimum.
Alors, quand ils disent: C'est ça que ça nous coûte
pour opérer, et en bas de ça on n'arrive pas, que le gouvernement
se permette de se payer des grosses études à grands frais par des
firmes expertes pour contester ces chiffres-là et essayer de prouver que
ça coûte moins cher que ça, je trouve, moi, que ça
ne rajoute pas beaucoup à l'intérêt, à l'importance
et aux fleurs que vous pouvez leur lancer d'autre part sur la qualité de
leur travail. On serait peut-être mieux de dire: Oui, c'est vrai, vous
faites une mosus de bonne job et, en gros, vous ne nous coûtez pas cher,
donc on accepte vos frais. Il me semble que ça serait plus emballant,
pour moi, en tout cas, comme intervenant, de voir agir comme ça,
plutôt que me sentir enquêter dans le dos par un groupe d'experts
payés par le gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Pour compléter le dossier, il y a à peine
quelques années - je pense que c'était en 1984 - le coût
moyen d'un dossier était de 15 $. Là, il était rendu, l'an
dernier, à 94 $. Et là le Conseil du trésor, voyant passer
les réquisitions pour des versements ajustés au nouveau prix, a
dit: Pourriez-vous faire une vérification? Est-ce que ça
coûte si cher que ça? Nous avons fait faire la
vérification, dont vous avez parlé, d'ailleurs. Et la
vérification nous a conduits à négocier de manière
un petit peu plus serrée, à leur dire: II faut des ajustements
là-dedans. On ne peut pas aller en augmentation aussi abrupte. Il faut
qu'on mette de la modération là-dedans. Et c'est ça qui
est l'essence de l'exercice poursuivi depuis quelques mois. Il n'est pas
question de les acculer à des déficits, de les acculer à
ne rien faire. Au contraire, déjà, dans l'ordre de grandeur dont
j'ai parlé tantôt, nous sommes dans une situation qui est
fichument améliorée par rapport à ce que nous avions il y
a à peine six ou sept ans.
M. Claveau: En tout cas, j'espère que, avant le 30 juin,
on trouvera un moyen d'arriver à une solution satisfaisante pour tout le
monde et que le gouvernement pourra continuer à bénéficier
des excellents services de ces groupes de référence là,
tout en s'assurant que ça leur soit un peu profitable aussi dans leurs
autres activités dans les milieux concernés. Parce que ça
devient un peu une source de financement pour ces organismes-là, comme,
à certains égards, la Régie de l'assurance-automobile, par
la gestion de ses bureaux locaux, se sert aussi d'organismes comme ça et
que les bénéfices sont du financement pour ces
organismes-là. Il ne faut pas que ces organismes-là, qui ont
déjà des vocations bénévoles, soient
obligés, en plus, de grignoter sur le petit peu de fonds qu'ils ont dans
les milieux pour donner un service qui, autrement, serait donné à
grands frais par le gouvernement, à travers une machine énorme et
des conventions collectives souvent, pour le moins, un peu plus remplies que
les conditions de travail dans lesquelles sont déjà ces
gens-là, dans ces organismes communautaires là.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions sur le
programme 3?
M. Ryan: II y a le programme 3.2.
Rapport du Protecteur du citoyen
M. Claveau: Ou' j'aurais un autre dossier concernant toujours la
question des détenus. C'est le rapport du Protecteur du citoyen qui a
constaté Mrs certain nombre d'anomalies, enfin, ou de situations qui
pourraient être améliorées quant à la qualité
des services, conditions de vie, mesures diverses prises à
l'intérieur des prisons envers les détenus. Et le Protecteur du
citoyen proposait, entre autres, qu'on mette en place un comité de
travail ou une table d'étude - appelons-la comme on voudra - afin de
pallier un certain nombre de ces anomalies-là, sinon à l'ensemble
de ces anomalies. J'aimerais savoir si le rapport du Protecteur du citoyen est
regardé par le ministre de la Sécurité publique avec
autant d'égards que le rapport du coroner devrait être
regardé par l'ensemble des ministères et si les recommandations
du Protecteur du citoyen ont quelque importance que ce soit aux yeux du
ministre?
M. Ryan: Je sais que l'an dernier, quand...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: ...le Protecteur du citoyen avait publié son
rapport, il avait consacré certains passages au ministère de la
Sécurité publique, en particulier aux services correctionnels. Et
je me suis empressé de vérifier pour connaître
l'état
des relations entre la Direction des services correctionnels et le
bureau du Protecteur du citoyen, et j'ai constaté, à ma grande
satisfaction, que ces rapports étaient excellents et que,
déjà, plusieurs des sujets abordés dans le rapport du
Protecteur étaient l'objet d'une solution ou d'une démarche qui
devait conduire assez rapidement à une solution. Par conséquent,
je pense qu'il y a convergence entre les préoccupations de la Direction
des services correctionnels et les préoccupations du Protecteur du
citoyen, et je pense que les rapports existent sur une base continue, qu'il n'y
a pas beaucoup de dossiers qui sont laissés sans traitement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Encore là,
au-delà des grandes intentions, le Protecteur du citoyen constate, dans
son rapport 1990-1991, une augmentation de 18 % des plaintes des détenus
en rapport avec ce qu'il y avait dans son rapport de 1989-1990 - donc 18 %
d'augmentation des plaintes dans une seule année - pour atteindre un
grand total de 1478 plaintes sur 3167 détenus. Ça, ça veut
dire que c'est quasiment un sur deux qui avait à se plaindre. Et la
plupart de ces plaintes-là avaient comme raison des atteintes aux droits
des détenus. La question de surpopulation, bon, on en a parlé
déjà, mais il y a toute la question des mesures d'isolement, du
port de menottes, des chaînes aux pieds - ça se fait encore? Je
pensais que c'était dans les systèmes galériens
français du XVIle siècle; ça se porte encore, des
chaînes aux pieds?
M. Ryan: Je n'ai pas beaucoup de souvenirs qui remontent
là.
M. Claveau: La gestion des sentences aussi fait souvent partie de
ces plaintes-là. Alors, j'aimerais savoir, là, comment ça
se fait qu'au-delà des grandes intentions on a encore, dans la
dernière année, 18 % d'augmentation des plaintes pour des
questions d'atteinte aux droits des détenus.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (16 h 30)
M. Ryan: Tout d'abord, je pense bien qu'il faudrait mentionner
que les détenus sont dans une situation qui les prédispose
à ce genre de démarche. Ils sont là à la
journée longue, à attendre la fin de la sentence, ça fait
que les moindres choses qui ne sont pas satisfaisantes les frappent
peut-être plus que d'autres. J'ai remarqué qu'à la prison
de Bordeaux vous avez un système de communication
téléphonique avec l'extérieur. Moi-même, j'ai
été surpris, je n'étais pas au courant. N'importe quel
détenu peut téléphoner à l'extérieur sans
surveillance ni contrôle par personne, à moins qu'il y ait une
autorisation spéciale donnée par un juge de surveiller les
conversations d'un tel ou d'un tel. Ça fait qu'ils peuvent communiquer
à tout propos. Et il y en a un certain nombre qui trouvent des griefs
facilement. Facilement. Ils peuvent en faire 10 dans une journée. Alors,
ça, le Protecteur du citoyen garde un oeil là-dessus. Et comme je
l'ai dit tantôt, les rapports de communication entre le Protecteur du
citoyen et la Direction des services correctionnels sont continus. Par
conséquent, il y a une bonne collaboration. Qu'il y ait un peu plus de
plaintes ou un peu moins, je ne pense pas que ce soit un indice décisif.
Il peut arriver que, dans un endroit où les gens ne sont pas au courant
des recours qui leur sont donnés, il y ait très peu de plaintes
et que la situation soit plus mauvaise que dans un autre où ils sont au
courant. Ça, je ne le sais pas vraiment. Et peut-être que M.
Carrier pourrait nous donner quelques commentaires là-dessus, M. le
Président?
M. Carrier: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Au cours de la dernière année, nous
avons eu de fréquentes rencontres avec le Protecteur du citoyen pour
modifier complètement la façon de traiter les plaintes. Ce qui a
été convenu avec le Protecteur du citoyen, c'est qu'il y aurait
un autre niveau avant que le détenu se plaigne au Protecteur du citoyen,
parce qu'il y a plusieurs des plaintes qui sont d'ordre très mineur.
Alors, le détenu qui se plaint que sa soupe n'est pas chaude, là,
on pense que ce n'est pas nécessaire de faire faire une enquête
par le Protecteur du citoyen.
En conséquence, ce qui a été convenu, c'est qu'il y
aurait trois niveaux de plaintes avant de se rendre au Protecteur du citoyen.
Le détenu va faire une plainte à son chef de section - il va
pouvoir faire une plainte, et le système est en cours actuellement et
fonctionne très bien -et, si on ne réussit pas à
régler le problème à ce niveau de responsabilité,
il va se plaindre au directeur de l'établissement de détention -
et il y a des formules à cet effet - et après il se plaint au
provincial. Et ça a été mis sur pied avec le Protecteur du
citoyen qui est tout à fait d'accord avec ça, et le Protecteur du
citoyen va intervenir en appel. Alors, les plaintes que vous avez au nombre
d'au-dessus de 1000 cette année... Compte tenu qu'on veut
améliorer rapidement et efficacement les services aux détenus, on
pense que ce système-là responsabilise davantage les
intervenants du milieu.
Le problème avec le système du Protecteur du citoyen,
c'est qu'il y avait une plainte qui était faite, mais elle était
traitée deux mois après, alors que le détenu, souvent,
était déjà parti. Alors, actuellement, le détenu va
se plaindre directement au chef de section, après au
directeur de l'établissement et après au central. Et le
Protecteur du citoyen est très à l'aise avec ce
système-là; on le rencontre d'ailleurs la semaine prochaine pour
faire un premier bilan du système qui, nous dit-on, fonctionne
très bien actuellement. Alors, l'an prochain, normalement, il devrait y
avoir beaucoup moins de plaintes au Protecteur du citoyen.
M. Claveau: J'espère qu'on sera encore tous là pour
s'en parler.
M. Ryan: Beaucoup moins.
M. Claveau: Alors, ça va, en ce qui me concerne, pour le
programme 3. On a fait pas mal le tour.
Le Président (M. Dauphin): Alors, le programme 3,
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle le
programme 4, Sécurité et prévention, tout en remerciant M.
Carrier pour sa magnifique participation. M. le ministre.
M. Ryan: Merci, M. Carrier. Je voudrais signaler, à moins
que les députés aient des questions là-dessus, qu'il y
avait 3.2, la Commission québécoise des libérations
conditionnelles. Il n'y a pas de questions spéciales
là-dessus?
M. Ciaveau: Non, on n'avait rien de spécifique. On
constate que les budgets sont un peu augmentés, donc on n'a pas trop
à se plaindre de ce côté-là. On suppose que
c'était pour des bonnes raisons.
M. Ryan: Je pense qu'on a donné les raisons.
M. Claveau: Ah oui!
M. Ryan: Je voudrais au moins profiter de l'occasion pour
signaler ceci. Le député se souviendra que, lors de l'adoption de
fa loi 147, nous avons adopté des dispositions qui augmentaient le
nombre des commissaires.
M. Claveau: C'est ça, de 7 à 12.
M. Ryan: Parce qu'il y avait une accumulation de travail, de
dossiers considérable au cours des dernières années et que
ça requérait un nombre de commissaires plus élevé.
Alors, les crédits nécessaires à ces améliorations
ont été fournis par le Conseil du trésor, ce qui permet de
porter de 23 - si mes souvenirs sont bons - à 35 le nombre d'effectifs
équivalents à du temps complet qui sont autorisés pour la
Commission des libérations conditionnelles, ce qui augmente ses
crédits pour la présente année d'environ 700 000 $.
Ça montre encore une fois l'esprit de progrès qui anime le
gouvernement dans tout le secteur correctionnel. Nous mettons beaucoup,
beaucoup d'importance sur le travail qu'accomplit la Commission des
libérations conditionnelles, et je voudrais souligner que la Commission
accomplit très bien ce travail. Je pense que l'absence de questions de
la part du député d'Ungava m'incline à penser qu'il
partage l'avis que je viens d'exprimer, et je l'en remercie cordialement.
M. Ciaveau: Disons, M. le Président, pour répondre
brièvement au ministre, qu'on a eu l'occasion de discuter passablement
de tout ce qu'il vient de nous expliquer lorsqu'on a adopté la loi qui
permettait de faire passer de 7 à 12 les commissaires à la
Commission des libérations conditionnelles, et on en a aussi
parlé aux derniers engagements financiers. Dans l'ensemble, on a
l'information qui nous semble être intéressante d'avoir dans le
moment. Je suis certain qu'on aura d'autres occasions d'entendre Mme Collette
au besoin là-dessus. Je sais qu'elle aurait probablement aimé
pouvoir intervenir et répondre encore à quelques-unes de nos
questions, puisqu'elle s'est donné la peine de se déplacer pour
participer à la commission, je l'en remercie. Malheureusement, en ce qui
nous concerne, on n'avait pas prévu pour aujourd'hui de questionner sur
la Commission.
M. Ryan: Très bien.
Sécurité et prévention et
Sûreté du Québec
Le Président (M. Dauphin): Alors, le programme 3 est
adopté. Nous remercions évidemment la présidente de la
Commission québécoise des libérations conditionnelles de
sa patience et de sa présence avec nous aujourd'hui.
J'appelle le programme 4, Sécurité et prévention.
M. le ministre.
M. Ryan: À propos de Sécurité et
prévention, M. le Président, si vous me permettez quelques
brèves remarques liminaires. Tout d'abord, j'ai souligné plus
tôt l'évolution de la criminalité au cours de la
dernière année. Nous avons observé, dans de nombreux
domaines, une augmentation significative de l'incidence de criminalité.
Je donne quelques exemples: en matière de délits sexuels,
même si le nombre de délits n'est pas très
élevé, il y a quand même une augmentation de 16,14 %; en
matière de vols qualifiés, une augmentation de 9,81 %; en
matière de voies de fait, une augmentation de 7,25 %; en matière
d'homicides, une augmentation de 5,06 %; en matière de vois de
véhicules avec moteur, 20 % d'augmentation; introductions par
effraction, augmentation de 13,4 %; des vols de 1000 $ et moins, une
augmentation de 8,27 %.
Par conséquent, on constate que, sur à peu près
toute la ligne, il y a une augmentation significative de la criminalité
qui entraîne inévitablement un alourdissement du fardeau des corps
policiers, un alourdissement du fardeau des tribunaux et un alourdissement du
fardeau des services correctionnels, comme nous l'avons vu plus tôt. Il
est bien important de garder cette toile de fond à l'esprit quand on
discute de ces sujets.
Comme organisation policière nous avions, au 31 décembre
1991, en plus de la Sûreté du Québec et du Service de
police de la CUM, 162 corps municipaux, ce qui donne un total de 13 238
policiers professionnels, des policiers à temps complet qui
étaient au service de ces organismes, dont 4243 à la
Sûreté du Québec; 4435 au SPCUM; 4560 dans les 162 corps de
police municipaux ailleurs qu'à Montréal.
Au cours de la dernière année, il n'y a pas eu beaucoup de
mouvement dans les effectifs. Il y a eu 513 départs, dont 78 % pour mise
à la retraite, et 507 nouvelles entrées. Ce qui veut dire qu'on
est resté à peu près au même niveau d'effectifs
où on était l'année précédente.
Les coûts totaux encourus pour protection policière se sont
élevés à 1 268 000 000 $, soit 508 000 000 $ pour la
Sûreté du Québec, 372 000 000 $ pour le Service de police
de la CUM, 377 000 000 $ pour les corps de police dans des municipalités
comptant plus de 5000 habitants et 11 000 000 $ dans les municipalités
comptant moins de 5000 habitants. (16 h 40)
On estime les coûts de police, selon qu'on prenne le per capita ou
par constable, par policier... On peut compter comme on voudra, ce sont les
deux manières les plus courantes d'établir les coûts de la
police. Si on se place sur une base per capita, évidemment, les citoyens
des villes où on a déjà un corps de police se trouvaient
à payer plus parce qu'ils contribuaient - ceci avant la loi 145 - au
financement de la SQ comme citoyens, à travers tout le Québec, et
ils contribuaient en plus au financement de leur police locale. Ce qui veut
dire qu'à Montréal, par exemple, sur le territoire de la CUM, le
coût moyen de la police per capita était de 282 $; dans les
municipalités de 5000 et plus, ayant un corps de police, 193 $; dans les
municipalités de moins de 5000, avec un corps de police, 159 $, et, dans
les municipalités sans corps de police, le coût était de
73,53 $. Ceci explique une des raisons d'être de la loi 145: nous
voulions avoir un partage plus équitable des responsabilités
entre les citoyens qui sont à la base. Et, grâce à la
contribution qui sera désormais perçue de la part des
municipalités qui n'ont pas de corps de police, qui recourent par
conséquent aux services offerts par la Sûreté du
Québec, il y aura un équilibre qui ne sera pas parfait, mais qui
sera plus satisfaisant que celui qu'on pouvait encore dégager à
la fin de l'année 1991.
On me demande souvent combien coûte un policier, combien ça
coûte à la société. Un policier de la SQ, tout
compte fait, coûte environ 119 000 $ par année. Un policier au
SPCUM coûte 83,90 $. Évidemment, il y a des facteurs de distance.
N'oublions pas que la Sûreté du Québec est établie
à travers tout le territoire. En plus, elle fournit un certain nombre de
services hautement spécialisés qui ajoutent au coût de cet
organisme. Dans les municipalités de 5000 et plus, le coût est de
85,30 $; 5000 et moins, 80,01 $, et, pour l'ensemble des municipalités,
la moyenne à travers tout le Québec, la moyenne, si on prend nos
13 000 policiers dont j'ai parlé, le coût moyen par policier est
de 95 800 $. 95 800 $, O.K.? Alors, c'est de l'argent. Par conséquent,
on ne joue pas avec ça impunément. Ce n'est pas des sujets dont
on traite avec légèreté non plus, mais ce sont des
données qu'il faut porter à la connaissance de la commission pour
l'examen qu'on fait.
Là, la loi 145 est entrée en fonction, en application
depuis le début de l'année. Déjà, il y a beaucoup
de mouvement qui se produit. On pourra en parler tantôt si les
députés sont intéressés à connaître
les derniers développements là-dessus. Mais voilà les
points que je voulais porter à la connaissance de la commission à
ce moment-ci de son examen.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Ryan: Ce n'est pas...
Le Président (M. Dauphin): Alors...
M. Ryan: M. le Président, je voudrais vous faire juste une
remarque.
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi.
M. Ryan: Je voudrais faire juste une remarque, et ça
dépendra de la réaction des députés. Selon l'ordre
des programmes que nous devons discuter... Là, nous discutons le
programme 4. La Sûreté du Québec vient au programme 6. Nous
n'aurons pas énormément de temps pour tout ça; il y a
d'autres sujets également. Si les députés n'ont pas
d'objection, je pourrais inviter M. Lavigne, le directeur général
de la Sûreté, à s'asseoir à la table avec nous et on
pourrait peut-être prendre 4 et 6 ensemble, ça donnerait plus de
liberté. Je ne sais pas si vous pourriez...
M. Claveau: On n'osait pas vous le proposer, M. le ministre, mais
c'était par timidité un peu.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez deviné nos
pensées, M. le ministre.
M. Claveau: Ha, ha, ha!
M. Ryan: On se comprend très bien, ça, il n'y a pas
de doute là-dessus. Non, j'apprécie la courtoisie, et je vous en
remercie. Alors, merci. M. Côté. Vous, vous pouvez rester avec
nous, M. Côté. Je vais vous présenter ces
personnes-là. M. Côté va rester ici. M. Côté,
ça, c'est un collaborateur qui est au ministère depuis longtemps,
qui a fait carrière pendant un certain nombre d'années dans la
Sûreté du Québec. C'est un des rares policiers qu'on a
réussi à «civiliser». Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charles): II y a des exceptions!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! «Civiliser». J'ai mis,
après «civil», un trait d'union, c'est-à-dire:
retourner à l'état civil. Pour le reste, je ne garantis rien,
parce qu'il y a des marques indélébiles, des fois, comme le
sacrement de confirmation. Alors, M. Côté...
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne aussi...
M. Ryan:... est un petit peu la mémoire vivante du
ministère, il a vécu toutes les étapes de l'entrée
en scène et du développement du ministère, et M. le
sous-ministre recommandait récemment qu'on lui confie la Direction des
affaires policières au sein de la Direction générale de la
sécurité et de la prévention, à titre temporaire.
Je pense que le conseil du sous-ministre était très judicieux, je
suis content que M. Côté soit là.
M. Lavigne est à ma droite. Tout le monde le connaît, il
est venu à plusieurs reprises en commission parlementaire. Ils se feront
tous les deux un grand plaisir de me seconder dans les réponses que je
suis censé apporter à vos questions.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député d'Ungava.
Surveillance des groupes d'extrême
droite
M. Claveau: Ça nous fait plaisir de recevoir M.
Côté et M. Lavigne à la table, et je suis certain qu'on
saura bénéficier de toutes leurs connaissances dans le
domaine.
Je vois que le ministre vient de nous faire une
énumération assez complète, qui sera sûrement
très intéressante à lire par les différents
intervenants, de tous les chiffres et les statistiques concernant le
ministère, les différentes activités policières au
Québec, le nombre de policiers compétents, etc. D'ailleurs, je
présume que tous les policiers qui opèrent au Québec sont
compétents.
J'aurais quand même un certain nombre de petits dossiers à
travers ça qui, je pense, méritent un certain approfondissement
ou, du moins, une certaine réflexion ou commentaire
supplémentaire. Le premier de ces dossiers que je veux aborder, c'est
l'émergence des groupes d'extrême droite, surtout dans les milieux
urbains. On a vu depuis quelques années, et comme
phénomène même très récent, au cours des tout
derniers mois, l'émergence de certains groupes d'extrême droite,
extrêmement durs aussi, qui sont en train d'imposer un nouvel ordre
social. J'aimerais savoir quelles sont les mesures concrètes, comment
est-ce que la Sûreté du Québec et le ministère de la
Sécurité publique entendent contrer l'émergence ou
l'ampleur que prétendent prendre ces groupes. Et j'aimerais aussi, par
la même occasion, entendre la Sûreté du Québec et le
ministère de la Sécurité publique nous donner leur point
de vue quant au rassemblement des groupes néo-nazis qui, nous dit-on,
est prévu pour l'été 1992, à Sorel.
M. Ryan: M. Quinn, qui est assis à la droite de M.
Lavigne, est directeur général adjoint de la Sûreté
du Québec, en charge des enquêtes criminelles; il a
remplacé à ce poste M. Therrien, qui a pris sa retraite au cours
de la dernière année, après de nombreuses années de
loyaux et très efficaces services. Alors, je souhaite la bienvenue
à M. Quinn aussi, dont l'expérience et les états de
service sont largement connus dans les milieux policiers et même en
dehors.
M. Lavigne (Robert): Concernant les groupes d'extrême
droite, tout le monde en a parlé, on l'a vu dans les journaux et, comme
vous l'avez si bien dit tantôt, ces groupes-là font surtout leurs
activités dans les centres urbains. Il y en a quelques-uns à
l'extérieur des centres urbains mais très peu. Nous, à la
Sûreté, comme vous le savez, dans les centres urbains, on y va sur
demande, en assistance, et ce qu'on fait, c'est surtout de tenter de
connaître et de suivre l'évolution du dossier, comment ils sont
organisés, etc.
M. Claveau: Excusez, vous avez terminé votre
intervention?
M. Lavigne: Bien, concernant les groupes d'extrême droite,
oui.
M. Claveau: Non, mais c'est parce que, moi... Écoutez,
c'est vrai que c'est dans les grands centres. Mais, tel qu'on l'a vu, par
exemple, encore il n'y a pas si longtemps, si la Sûreté du
Québec est intéressée à infiltrer les
coopératives d'habitation dans le Grand Montréal, j'imagine aussi
qu'elle doit s'intéresser aux groupes néo-nazis qui sont,
à mon avis, relative-
ment plus dangereux qu'un militant dans une coop d'habitation. Est-ce
que, définitivement, vous pensez avoir les informations
nécessaires et le contrôle adéquat de la situation pour
faire en sorte d'assurer à nos concitoyens que ces groupes-là ne
prendront pas une ampleur exagérée dans les prochaines
années? (16 h 50)
M. La vigne: Oui. D'abord, à la première partie de
la question, à l'effet qu'on infiltre une coopérative, je dois
vous dire que ce n'est pas le cas. On n'infiltre pas les coopératives.
On fait du travail sur des dossiers criminels ou du travail sur des dossiers
où on croit qu'un crime pourrait être commis. Donc, on n'infiltre
pas les coopératives.
Concernant les groupes d'extrême droite, il y a une organisation
au Québec qu'on appelle le BRQCO, le Bureau de recherche du
Québec sur le crime organisé. De ce bureau-là font partie
tous les grands corps de police du Québec, comme au conseil
d'administration, et la plupart des corps de police au Québec font
partie du BRQCO pour faire des échanges d'information. Les groupes
d'extrême droite, pour les appeler ainsi, font l'objet de discussions
à travers l'ensemble des corps policiers. Il y a des colloques, des
discussions spécifiques sur ces groupes-là pour que l'information
soit transmise à tous les corps policiers et pour que nous aussi on
puisse détenir l'information. Maintenant, durant l'année 1992, il
est prévu aussi un atelier concernant ces groupes-là;
probablement que l'atelier sera tenu à la grandeur du Canada. Il sera
probablement tenu par le fédéral. Nous, pour le moment, on croit
que la situation est bien sous contrôle. Il faudra voir comment ça
va se développer. Et, encore là, on va porter assistance aux
municipalités dans toute la mesure qu'on va pouvoir le faire. On croit
qu'on connaît bien les groupes à l'intérieur du BRQCO. On
connaît leurs activités, parce que l'échange se fait. Et
ça va continuer a fonctionner de cette façon-là. On va
être tenu à jour à travers les ateliers, les colloques,
etc.
M. Claveau: Est-il vrai, enfin, qu'effectivement il se
préparerait une rencontre de différents groupes néo-nazis,
à Sorel, pour cet été? Moi, en tout cas, j'ai eu vent de
ça. Est-ce que, si c'est le cas, le ministre entend empêcher un
tel rassemblement?
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: On a entendu cette rumeur-là, nous autres
aussi. On tente de confirmer si ça peut être possible que
ça soit effectivement tenu. On n'a pas de confirmation à date
à ce sujet-là.
M. Claveau: On va changer de sujet. Le Président (M.
Dauphin): O.K.
M. Claveau: J'aimerais peut-être qu'on parle pendant
quelques minutes...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Si vous me permettez, sur le sujet qu'a soulevé
le député d'Ungava, il y aurait peut-être quelques
remarques qu'il conviendrait d'ajouter. Parce qu'on a entendu toutes sortes
d'observations depuis une couple de mois au sujet d'activités
d'infiltration ou de surveillance politique qui seraient faites par la
Sûreté du Québec ou les corps policiers. Je pense que le
fait que la question ait été soulevée nous permet
d'apporter des clarifications à ce sujet.
Tout d'abord, en ce qui touche la région de Hull où de
semblables activités ont pu avoir lieu il y a quelques années,
des procédures sont en cours devant les tribunaux actuellement. Il y a
une cause qui est en train d'être instruite par les tribunaux et sur
laquelle je ne voudrais pas exprimer de commentaires, de peur d'avoir l'air de
vouloir influencer les verdicts qui seront rendus. Je préfère
m'abstenir de tout commentaire à ce sujet.
Maintenant, en ce qui touche l'activité des corps de police
concernant des mouvements sociaux ou autres, la politique, comme je la vois,
est la suivante. Les corps policiers n'ont pas à suivre, à titre
policier, l'activité des mouvements sociaux, culturels ou autres,
politiques non plus. Maintenant, ils ont une tâche de prévention
de la criminalité qui est permanente aussi, qui est inscrite dans leur
vocation. Et là où il y a des possibilités de
déviance criminelle, même de la part de gens qui sont en col blanc
souvent, qui peuvent être très instruits, c'est la
responsabilité des corps policiers de suivre l'actualité de
manière à pouvoir identifier les foyers de troubles avant que des
situations de criminalité ou de délinquance ne surviennent.
Je me souviens, quand est arrivée la crise amérindienne,
que de fois on a dit: Bien, si on avait donc prévenu, si on avait
été plus présents, si on avait surveillé davantage
les choses peut-être qu'on n'en serait pas rendu au point où on en
est. C'est facile à dire quand il y a une crise, mais, quand on retourne
en période tranquille, il n'est pas facile de définir la
responsabilité de la police. Il me semble que le critère qui peut
le mieux guider l'activité de la police là-dedans demeure ce
critère d'illégalité réelle ou potentielle.
«Potentielle» doit être interprété avec tout le
discernement qu'on demande, mais on ne peut pas exclure cette
dimension-là de l'horizon de la police parce qu'on la réduirait
à être un simple corps de réaction une fois que le mal est
fait.
Puis, ce n'est pas facile. Il peut arriver en cours de route qu'il y ait
des erreurs qui se commettent. On a signalé un cas, il y a quelque
temps. Je pense que les milieux policiers recon-
naîtront eux autres mêmes que ce n'était
peut-être pas la décision la plus heureuse de l'année,
ça, celle qui a été prise, à laquelle a fait
allusion le député d'Ungava, mais mieux vaut s'en rendre compte,
le corriger tout de suite puis essayer de faire mieux. Mais on ne pourrait pas
donner la garantie absolue, je pense que celui qui ferait ça n'agirait
pas de manière responsable: Ne vous inquiétez pas, ils sont
vraiment enfermés dans leur quartier, puis on ieur a dit de se fermer
les yeux; ils ne regardent rien, ils n'ont pas connaissance de rien. Ce n'est
pas ça le rôle de la police dans une société
extrêmement vivante, puis souvent même explosive comme celle qu'on
a aujourd'hui.
Alors, ce n'est pas facile de trancher. Ça demande d'être
examiné de près, puis je suis content que les
députés exercent une surveillance là-dessus. Je serai
toujours disposé à collaborer avec eux pour leur fournir des
explications sur des incidents qui pourraient survenir. Et je veux dire que
j'ai eu une excellente collaboration de la Sûreté du
Québec. Chaque fois que j'ai demandé des renseignements
là-dessus, on a vidé le dossier. Je peux dire la même chose
du Service de police de la CUM également qui m'a fourni des
renseignements immédiatement, chaque fois que je les ai demandés,
comme la loi m'y autorise.
Alors, de ce point de vue, je vous donne les choses, mais personne n'est
à l'abri d'imperfections ou d'erreurs de parcours Oui?
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Claveau: Bon je comprends la ministre dans la philosophie qui
sous-tend son argumentaire, sauf que, dans des sociétés comme la
nôtre, en tout cas, j'imagine qu'on doit pouvoir compter sur
énormément de discrétion en ce qui concerne notre vie, nos
activités, nos loisirs, nos choix personnels, nos possibilités
d'exprimer nos opinions tout en étant conscients du fait que,
effectivement, il y a certains groupes ou certains milieux qui sont un petit
peu plus difficiles et où on a peut-être intérêt
à regarder avec une lunette un petit peu plus précise. Ce n'est
pas une raison pour vouloir prendre le contrôle sur l'ensemble de la
population et établir finalement, sans que ça paraisse, un
véritable état policier. En tout cas, si c'est vers ça
qu'on s'en va, moi, vous pouvez être certain que vous ne m'aurez pas avec
vous dans votre démarche.
Je pense qu'on doit être excessivement minutieux dans les choix
qu'on fait dans ce domaine-là et qu'il y a des endroits, finalement,
où on n'a pas le droit à l'erreur. Il y a peut-être, vous
savez... J'imagine que quelqu'un qui travaille dans une centrale
nucléaire a probablement moins le droit à l'erreur que quelqu'un
qui travaille n'importe où ailleurs, pour le moins. Il y a des endroits
où on ne peut pas se permettre l'incompétence et l'erreur, et
ça, c'en est un.
Alors, à partir du moment où les droits d'une personne
peuvent être brimés parce qu'on a fait une erreur, on peut
s'imaginer qu'il ne s'agit là que de la pointe de i'iceberg, que. si on
s'est trompé dans un cas, il y a probablement pas mal d'autres cas qui
grenouillent par en dessous. C'est ça le problème dans ce genre
de choses. L'idée, ce n'est pas de se donner les moyens ou de
s'empêcher de se donner les moyens pour être efficace et pour
vraiment protéger la population, mais c'est de se donner pour le moins
les bons outils et de ne pas achaler indûment ceux qui n'ont pas à
être achalés. (17 heures)
M. Ryan: j'ajouterai seulement un commentaire, là, c'est
que souvent le passage de la légalité a illégalité
se fait dans un soir. ce que je veux dire, moi, j'ai quand même suivi de
très près révolution politique et sociale du québec
depuis 40 ans. j'ai reçu, par exemple, pendant des années des
appels de menace la nuit, chez moi. un appel de menace la nuit, c'est un acte
criminel, si je comprends bien. c'était fait par des gens qui arrivaient
d'une réunion politique légale. moi, je n'ennuyais pas la police
avec ça, je m'arrangeais avec mes troubles mais ma femme n'aimait pas
ça. mes enfants non plus. à ce moment-là, mettez-vous dans
la position de !a police. il y a des hommes politiques qui vont rapporter
ça à la police. j'ai reçu des menaces. je recevais
même des envois. c'était enveloppé dans des union jack, des
balles de carabine, puis c'était écrit: tu vas recevoir ça
dans la tête la prochaine fois que tu vas sortir de chez vous.
À ce moment-là, la police, il faut bien quelle fasses ses
enquêtes. Moi, je ne les rapportais pas. Comme je vous dis,
j'étais habitué. Je me suis habitué à vivre avec
ça. Mais un citoyen ordinaire, il a le droit de faire rapport à
la police de ces choses-là, puis la police a l'obligation de faire des
vérifications. Où voulez-vous qu'elle... Elle n'ira pas faire
ça dans les égoûts de la rue Sainte-Catherine, elle va
aller faire ça là où se tiennent les gens et tout. Il peut
arriver que des erreurs arrivent. En réponse à ce que vous dites,
il va arriver, des fois, qu'il puisse y avoir des erreurs. C'est impensable
qu'il n'y en ait jamais. La règle que vous énoncez est parfaite.
Puis, s'il y en a, je pense qu'il faut les corriger puis les redresser. Mais
ça, c'est la problématique véritable à laquelle
font face ceux qui ont la charge de maintenir l'ordre public dans une
société. Moi-même, comme ministre de la
Sécurité publique, je ne peux pas être aussi
indifférent à ces choses-là que je l'étais quand
j'étais journaliste, parce que je suis responsable. Si un citoyen vient
me faire part d'appels comme ça qu'il reçoit, il faut que je les
transmette à M. Saint-Germain, à M. Lavigne, au chef de police de
Laval, suivant la provenance de la plainte dont je suis saisi, puis que je
suive également le cheminement du dossier pour être
bien renseigné puis pour pouvoir m'assurer qu'on fait tout ce
qu'on peut pour éliminer ce genre d'acte criminel, encore une fois, mais
qui est souvent fait par des gens qui sont bien habillés, qui ont l'air
d'être des personnes distinguées, qui ont même des
idées généreuses, des fois, en politique, au plan social.
Mais ils sont capables de faire ça. Alors, c'est pour ça que je
ne voudrais pas qu'on se situe dans une espèce de niche abstraite non
plus en s'imaginant qu'il n'y a aucune espèce de problème. Il y
en a, des problèmes.
M. Claveau: Mais vous savez, M. le ministre, que même la
vertu peut mener à l'exagération.
M. Ryan: C'est absolument juste. Ha, ha, ha!
M. Claveau: II y a mon collègue...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Montmorency.
Jeux de hasard
M. Filion: Merci, M. le Président. Moi, ça va
être assez succinct et rapide. J'aimerais poser quelques questions, M. le
Président, à la Sûreté du Québec et aux corps
policiers en général. J'aimerais savoir de leur part s'ils sont
favorables à rétablissement de casinos et d'un système
vidéopoker qui serait contrôlé par l'État,
actuellement, sur le territoire québécois, et qu'est-ce qu'ils en
pensent, eux, qu'on soit en train d'institutionnaliser le jeu de hasard au
Québec.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: L'opinion de la Sûreté est connue depuis
un bon moment déjà. Dans le jeu, la Sûreté a
toujours été extrêmement réservée dans ses
opinions sur le jeu. Les vidéopokers et les casinos, quant à
nous, il y a une nette différence, et il faut voir les deux dossiers,
ces deux façons de jouer, comme deux dossiers différents. Il y a
environ deux ans, voyant que le jeu se répandait de façon...
devenait, en tout cas, un peu plus acceptable - parce qu'il y en avait dans
plusieurs provinces du Canada - la Sûreté a
réanalysé sa position et a émis l'opinion que des casinos,
sous le contrôle gouvernemental, des casinos de type européen sous
le contrôle gouvernemental et avec un contrôle approprié des
forces de l'ordre pouvaient être acceptables. Donc, l'opinion de la
Sûreté sur les casinos, tels que les plans nous ont
été soumis, ça nous semblait acceptable.
Les vidéopokers. La Sûreté est contre toute forme
d'exploitation des vidéopokers, sauf dans des salons qu'on appellerait
«salons de vidéopoker» et qui seraient exploités par
l'État égale- ment. Mais, dans le cas des vidéopokers, on
est très, très, très réservé. Je vous donne
une idée générale, là. Ce n'est pas dire... Il faut
voir le projet. On n'en a pas vu de projet, à date, qui répondait
à...
M. Filion: En principe, êtes-vous d'accord avec le fait que
le jeu de hasard est un excellent moyen, que ce soit par le vidéopoker
ou les casinos, de blanchir de l'argent, de l'économie au noir, entre
autres, ou de la drogue?
M. Lavigne: Dans les casinos tels que ceux qui ont
été discutés, où nous, on a été
sensibilisés, il n'y a à peu près pas de
possibilité de blanchiment d'argent.
M. Filion: Comment pouvez-vous dire qu'il n'y a pas de
possibilité de blanchiment d'argent? Qu'est-ce qu'ils vont faire pour
opérer?
M. Lavigne: quand il est contrôlé par l'état,
chaque joueur... il y a tout un processus. chaque joueur est identifié
et les gagnants, également, sont identifiés.
M. Filion: Mais, même s'ils sont identifiés, il
reste quand même que deux personnes peuvent se présenter avec
chacune 100 000 $, acheter des jetons et, une fois entrée à
l'intérieur, la personne donne ses jetons à l'autre personne qui
retourne à la caisse et il vient de se blanchir 100 000 $ additionnels,
non? Est-ce que ça peut se faire, dans le modèle que vous
parlez?
M. Ryan: Les experts se consultent.
M. Lavigne: Non. C'est parce que je veux essayer de vous donner
la meilleure réponse dans le plus court délai. Côté
sécurité, sans aller dans le détail, il n'y aurait pas
possibilité parce que chaque joueur... Ça serait signalé,
à ce moment-là.
M. Filion: Ça serait signalé? M. Lavigne:
Oui.
M. Filion: Ce ne serait pas possible qu'une personne puisse
remettre ses jetons à une autre personne qui irait les
échanger?
M. Lavigne: En tous les cas, ce serait extrêmement
difficile de le faire pour des montants comme celui que vous mentionnez.
M. Filion: Non, mais, là, je prenais un exemple important,
mais ça peut être 5000 $, 10 000 $, ça peut être 3000
$, ça peut être à répétition, ça peut
être une... Mettez 100 personnes qui décident de blanchir de
l'argent à raison de 3000 $, 4000 $ chacune, ça vous fait 300 000
$.
M. Lavigne: Oui. Quand on rapetisse le montant, effectivement, il
peut y avoir un peu plus de place, mais ça, ça existe à
chaque fois qu'il y a des échanges importants d'argent. Ça
pourrait être fait avec une loterie tout à fait légale,
comme un gagnant de 1 000 000 $ à Loto-Québec, par exemple.
M. Filion: Oui, mais disons qu'à Loto-Québec c'est
le hasard, c'est un jeu.
M. Lavigne: Oui, mais le gagnant peut être changé de
nom. Il pourrait y avoir du lessivage d'argent.
M. Filion: Bien, en tout cas, écoutez, c'est plus
difficile dans ce sens-là.
M. Lavigne: II y a toujours des possibilités.
M. Filion: C'est que la personne qui gagne, normalement, se
présente puis elle s'identifie, elle a gagné.
M. Lavigne: Oui, mais il y a toujours des possibilités.
Moi, si je veux lessiver un certain montant, je peux acheter un billet gagnant
et offrir plus cher que le montant du billet.
ML Filion: Mais, alors, qu'est-ce que vous pensez du rapport du
Département de justice de l'Oregon? Est-ce que vous avez pris
connaissance de ce rapport-là?
M. Lavigne: Sur les vidéopokers, le rapport en question,
c'est nous qui l'avons transmis.
M. Filion: Bon. Et, dans ce sens-là, vous ne pensez pas
c'est la même mécanique de blanchiment qui puisse s'appliquer? Ce
n'est pas de la même façon que ça s'opère?
M. Lavigne: Non.
M. Filion: Comment est-ce que ça s'opère, avec le
vidéopoker?
M. Lavigne: Le vidéopoker. C'est parce que, dans le
vidéopoker, ce qu'on a vu comme projet, il y a des appareils par
milliers répandus sur tout le territoire québécois ou sur
tout le territoire d'un État donné et le contrôle, à
ce moment-là, est absolument... Il est très difficile, sinon
impossible.
M. Filion: Mais on dit même que le système qui est
en application au Nouveau-Brunswick, actuellement, qui est sous le
contrôle de l'État, permet pas d'enrayer le blanchiment de
l'argent.
M. Lavigne: II n'est pas sous le contrôle de l'État,
au Nouveau-Brunswick.
M. Filion: II est en partie sous le contrôle de
l'État?
M. Lavigne: En partie, l'État et le privé
l'exploitent.
M. Filion: Et quelle est la partie du privé? C'est au
niveau de la fourniture et du service des machines?
M. Lavigne: L'État et le privé se séparent
un certain pourcentage des bénéfices. Le privé exploite,
l'État achète les équipements.
M. Filion: Mais ce système-là est quand même
vertement décrié par le rapport de l'Oregon, au niveau du
blanchiment de l'argent.
M. Lavigne: Et par nous aussi. M. Filion: Et par vous
aussi? M. Lavigne: Oh oui!
M. Filion: Mais c'est ce système-là qui semble
vouloir...
M. Ryan: Mais il faut dire qu'il y en a qui...
M. Lavigne: Mais ça, c'est...
M. Ryan: ...le trouvent satisfaisant, le système du
Nouveau-Brunswick. Il ne faudrait pas que vous partiez p.. peur avec le rapport
de l'Oregon, non plus. Il y en a qui ont une opinion différente.
M. Filion: Du rapport de l'Oregon?
M. Ryan: Du système du Nouveau-Brunswick. La
Sûreté le voit avec une certaine réserve, mais ce n'est pas
une parole d'évangile non plus. Et, moi-même, je suis contre les
vidéopokers personnellement, ça fait que tout ce qui est
sévère fait mon affaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Oui.
(17 h 10)
M. Ryan: Mais, tu sais, j'ai un esprit libéral en
même temps, ça fait que j'essaie de laisser la
réalité indiquer aussi ce qu'elle est. Dans ce cas-là, il
y a de la discussion. C'est ça que je veux vous dire.
M. Filion: vous pensez que le rapport de l'oregon, ce n'est pas
un rapport sur lequel on peut nécessairement se fier concernant le
blanchiment de l'argent?
M. Ryan: Bien, regardez. C'est le rapport
d'une délégation de l'Oregon qui est allée
là; ce n'est pas la fin du monde! C'est bon, c'est très
important. On nous l'a communiqué, puis nous en avons pris connaissance
avec profit.
M. Filion: Mais il y a quand même des gens de la GRC qui
ont participé?
M. Ryan: c'est parce que je ne voudrais pas que vous partiez
d'ici - puis je ne veux pas contredire m. lavigne; nous autres, on est
habitués de discuter librement - avec l'idée que l'opinion, c'est
ça, puis c'est ça. je ne voudrais pas que vous ayez une fausse
impression.
M. Filion: Non. Moi, je pose surtout des questions pour bien
comprendre la dimension du problème. Parce qu'il faut quand même
comprendre qu'il y a un problème.
M. Ryan: Je suis d'accord avec vous, mais j'indique ces
réserves-là pour que vous en teniez compte aussi...
M. Filion: Vous nuancez.
M. Ryan: ...dans la mesure où vous voudrez rapporter
l'opinion du gouvernement.
M. Filion: Est-ce que vous avez travaillé en collaboration
avec la GRC au niveau de ce rapport-là, de l'Oregon? Est-ce que vous
avez été consulté? On me dit que la GRC aurait
participé à ce rapport-là, de l'Oregon.
M. Lavigne: je ne suis pas au courant. nous, on a obtenu le
rapport de l'oregon parce qu'on s'informe toujours de ce qui se passe dans les
milieux de jeu. la grc est surtout impliquée dans d'autres provinces que
le québec, comme au nouveau-brunswick, par exemple. mais, là
encore, je vous rappelle qu'on parle de vidéopoker, on ne parle pas de
casino.
M. Filion: Non, c'est exact. C'est parce que je voulais faire le
parallèle. On semble vouloir, actuellement, institutionnaliser autant le
vidéopoker que le casino. Alors, on se pose la question. La
Sûreté semble rébarbative à l'un, puis elle accepte
l'autre. Alors, pour l'ensemble de la population, ça demeure toujours
des jeux de hasard et des jeux qui, à toutes fins pratiques,
entraînent ce qu'on appelle des joueurs compulsifs dans les deux cas.
M. Lavigne: Oui.
M. Filion: Alors, les événements ou les
conséquences du jeu sont quand même des conséquences qui se
ressemblent beaucoup. Alors, on cherche à comprendre pourquoi la
Sûreté est pour l'un et n'est pas pour l'autre.
M. Lavigne: C'est parce que les casinos sont dans des endroits
extrêmement restreints. On parle peut-être de un, deux endroits. Et
le contrôle de ces endroits-là est beaucoup plus facile à
faire, par exemple, que de contrôler actuellement les vidéopokers
au Québec. Il y en a une vingtaine de mille en circulation au
Québec.
M. Filion: Mais, à ce compte-là aussi, on
réussit à contrôler le système de Loto-Québec
par des terminaux, etc. Est-ce qu'on ne peut pas arriver aux mêmes
résultats avec le vidéopoker qui serait branché sur un
ordinateur? Ce n'est pas la même mécanique qui s'applique,
à ce moment-là, au niveau du contrôle des données
financières ou de l'exécution du travail?
M. Lavigne: II y a des façons de contrôler, sauf
que, lorsque vous... Il y a des façons meilleures que d'autres, disons,
de contrôler l'exploitation de vidéopokers. Cependant, lorsque
vous parlez d'exploitation de vidéopokers vraiment, les
vidéopokers, ce n'est pas malin. On regarde ça, puis ça a
l'air d'un écran de télévision. Ce n'est pas agressif, ce
n'est pas agressant. Sauf que, si on le répand... C'est la
quantité de ces appareils-là répandus au Québec,
dans la société québécoise, qui, à notre
avis, deviennent accessibles à peu près à tout le monde,
qui devient très difficile à contrôler quant à qui
va jouer sur ces appareils-là.
Un casino, c'est un endroit déterminé, et même il y
a des normes. À ce qu'on connaît dans les casinos, habituellement,
il y a des normes même sur l'habillement, sur les montants à
jouer. Il y a des caméras qui sont préinstallées, on peut
visionner. Il y a une sécurité interne en plus d'une
sécurité policière qui devrait avoir lieu si un casino est
exploité. Donc, un casino, c'est un endroit... C'est vrai qu'il y a du
jeu, c'est vrai que ce sont des jeux de hasard. Et, comme je vous l'ai dit
dès le départ, je vous donne l'opinion de la Sûreté.
Je ne veux pas dire que c'est la meilleure, là, mais, nous, on est
convaincus de nos opinions. Un casino, c'est un endroit où le jeu est
localisé. On a toujours été très restreignants, si
vous voulez, dans nos opinions sur le jeu. Sauf qu'un casino c'est un endroit,
ou peut-être deux endroits, ce n'est pas des centaines d'endroits
à contrôler.
M. Filion: Par contre, vous êtes toujours quand même
d'accord que le blanchiment de l'argent peut s'exercer quand même dans un
casino?
M. Lavigne: Dans de petites mesures, oui, mais c'est beaucoup
plus dangereux de le faire et de se faire prendre à cet
endroit-là qu'à d'autres endroits. Je peux vous dire que, si les
normes de surveillance que l'on préconise sont appliquées, en
tout cas, ce serait dangereux pour celui qui
tenterait de le faire. Ça ne veut pas dire qu'on les prendrait
tous, mais, s'ils y vont avec 100 000 $, j'ai l'impression qu'on les prendrait.
S'ils y vont avec des petits montants, c'est bien évident qu'avec un
petit montant ça peut être fait, mais il ne faudrait pas que
ça soit répété trop souvent parce qu'on s'en
apercevrait aussi.
M. Filion: En principe, vous devez être contre
également le système qu'on veut commencer à mettre
à la télévision, via Vidéotron, je crois, un
système où les gens vont avoir accès au jeu à
l'écran de télévision. Est-ce que la Sûreté
du Québec s'est penchée sur ce phénomène-là
également?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Si vous me permettez, là-dessus, je ne voudrais
pas que les personnes qui suivront notre travail soient induites en erreur. H y
a toutes sortes de jeux qui peuvent être présentés à
la télévision. Je crois qu'il y en a une forme qui a
été autorisée, qui a été soumise par
Loto-Québec il y a quelques mois et qui a été
autorisée par le gouvernement. Je ne sais pas si on a commencé
à la présenter à la télévision, mais il y a
une autorisation qui a été donnée. Ce jeu-!à a
été considéré comme admissible sous l'angle
social.
M. Filion: C'est un jeu, M. le ministre, qui rejoint quand
même le jeu du vidéopoker à toutes fins pratiques. C'est
dans ce sens-là que je posais ma question à la
Sûreté du Québec. Pour eux, si ça demeure un jeu qui
y ressemble, s'ils sont d'accord ou pas. J'essaia de comprendre.
M. Ryan: Mais il faut dire, tantôt... C'est parce que je ne
veux pas qu'on éternise non plus la discussion dans des avenues qui
pourraient être plus ou moins pertinentes.
M. Filion: Oui.
M. Ryan: M. Lavigne a bien dit tantôt, à propos des
vidéopokers, que, situés dans un contexte précis, à
ce moment-là la Sûreté du Québec pouvait les
considérer admissibles sous l'angle qui l'intéresse, elle, de
l'incidence de la criminalité, de la surveillance de ce qui va se passer
là-dedans et tout. Il n'a pas dit que c'était mauvais et
répudiable en soi de manière complètement
inqualifiée. C'est pour ça que, si c'est présenté
sous des formes qui ont été jugées admissibles à la
télévision... Encore une fois, chacun peut avoir ses opinions, et
les miennes sont plutôt réservées en ces choses. Il faut
bien voir aussi que les lois sont faites pour la majorité et, dans la
mesure où des bonnes normes éthiques sont
protégées, je pense que personne n'a le droit d'imposer son
opinion aux autres dans ces matières. Plus votre opinion est
sévère, moins vous avez le droit de l'imposer. Ça vous
donne plus de liberté pour la pratiquer vous-même.
M. Filion: Je suis d'accord avec vous, M. le ministre,
c'était simplement une question de principe...
M. Ryan: Correct.
M. Filion:... si, pour eux, c'était identique au
vidéopoker, ce système-là, ou bien si c'était autre
chose au niveau...
M. Ryan: La seule chose que je voulais réserver, c'est que
vous demandez au directeur de la Sûreté de porter un jugement sur
une décision qui a déjà été prise par le
gouvernement. Au cas où il l'aurait oublié, je ne voulais
pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je n'étais pas inquiet, mais...
M. Filion: Alors, je crois que je comprends, monsieur.
M. Lavigne: Il a deux façons de l'exprimer: soit qu'il le
dise ouvertement ou un coup de pied en dessous de la table.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Alors, ça va, M. le
député?
M. Filion: Oui, j'ai encore d'autres petites questions, M. le
Président. Après ça, moi, je vais quitter. C'est
concernant la collaboration entre la Sûreté du Québec et la
Gendarmerie royale du Canada. Est-ce que la Sûreté du
Québec... On sait que la Sûreté va à l'occasion, et
même de façon générale, assister des
enquêteurs du ministère du Revenu du Québec pour faire des
perquisitions, aller sur place, s'assurer de l'exécution légale
d'un mandat de saisie ou de perquisition. Est-ce qu'il existe des ententes
entre la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du
Canada sur des façons de saisir ou d'aller chercher des perquisitions
autorisées par un juge? Est-ce qu'il arrive que vous ayez une entente
d'exécution conjointe, ensemble, ou que vous demandiez ou que vous
pourriez demander l'assistance de la GRC dans certains mandats?
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Je veux tenter de comprendre la question.
M. Filion: Ma question est la suivante...
M. Lavigne: Est-ce que je peux l'exprimer pour voir si je la
comprends bien?
M. Filion: Oui, oui, allez-y, et je vous corrigerai si
jamais...
M. Lavigne: Vous me demandez: Est-ce que nous et la GRC pouvons
exécuter des mandats de perquisition, soit un qui assiste l'autre dans
l'exécution d'un mandat, par exemple?
M. Filion: Oui.
M. Lavigne: Effectivement, ça pourrait arriver.
M. Filion: Est-ce que c'est déjà arrivé?
M. Lavigne: Ah! j'imagine que oui. Ah oui! J'imagine que oui,
parce que, écoutez, c'est une opération policière. La GRC,
ce sont des agents de la paix. Par exemple, on va parler d'un dossier de drogue
où on aurait peut-être travaillé conjointement ou
peut-être la GRC aurait besoin d'un plus grand nombre de policiers pour
l'aider à faire ses perquisitions ou vice-versa, c'est fort possible.
Les deux sont des agents. Nous sommes tous les deux des agents de la paix
assermentés au Québec et il y aurait des possibilités que
ce soit fait. (17 h 20)
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
allez-y!
Intervention de la Sûreté du
Québec sur les réserves indiennes
M. Filion: Pour mon information personnelle - parce que j'ai
posé la question à plusieurs personnes et je n'ai pas encore eu
de réponse précise - concernant les saisies qu'on peut exercer
sur les réserves indiennes, on dit qu'on ne peut pas saisir des biens
sur une réserve indienne. Est-ce que ce sont des biens personnels?
Est-ce qu'on peut saisir des biens qui sont dans le cadre de l'exploitation
d'une entreprise, comme des inventaires de marchandises qui sont
destinées à la vente ou à un commerce quelconque, peu
importe le commerce? Est-ce que la Sûreté du Québec peut
saisir ce genre de biens ou si, vraiment, ce n'est pas possible pour elle de
saisir quoi que ce soit sur une réserve indienne?
M. Lavigne: Là encore, je comprends un peu mal la
question. Mais disons que, si c'est un dossier criminel qui existe...
M. Filion: Oui, criminel.
M. Lavigne: ...et que, par exemple, il y a eu des biens
volés, effectivement, on peut les saisir sur la réserve.
M. Filion: Vous pouvez les saisir. Par exemple, une personne qui
ne déclare pas ses revenus à l'impôt, ce qui, à
toutes fins utiles, est une fraude, entre guillemets, criminelle, et qui doit
des sommes d'argent importantes, est-ce que, pour vous, c'est possible d'aller
saisir sur la réserve pour s'assurer que l'État va recouvrer son
butin?
M. Lavigne: Généralement, dans ces cas-là,
c'est le Revenu qui fait ça. Là, il faudrait voir. C'est tout le
débat... Le cas que vous soulevez, c'est tout un débat. Si c'est
le Revenu provincial, par exemple...
M. Filion: Oui.
M. Lavigne: ...est-ce qu'une loi provinciale s'applique sur une
réserve? Là, ce n'est pas le cas du Code criminel, par exemple.
Mais, si c'est le Revenu provincial, est-ce qu'une loi provinciale s'applique
sur une réserve? Je ne voudrais pas me prononcer là-dessus.
M. Filion: Mais, à la limite, est-ce que vous ne pourriez
pas vous faire assister de la GRC pour aller exécuter un mandat de la
sorte, parce que la loi provinciale est plus ou moins applicable sur la
réserve?
M. Lavigne: Oui. Si, par exemple, on partait du principe que la
loi provinciale s'applique sur une réserve, les policiers pourraient
assister les gens du ministère du Revenu provincial. Si on dit l'opinion
inverse, que la loi provinciale ne s'applique pas sur une réserve, le
mandat lui-même ne sera pas valide sur la réserve. Il y a tout un
débat concernant ça depuis plusieurs années
déjà, à savoir si les lois provinciales s'appliquent sur
une réserve.
M. Filion: Mais vous n'avez aucune entente entre la GRC et la
Sûreté du Québec pour qu'on puisse exécuter une
obligation de payer son dû au fisc québécois? Il n'y a rien
qui existe dans ce sens?
M. Lavigne: Même la GRC... On n'a pas d'entente parce qu'on
n'en aurait pas besoin d'entente! Si le mandat était légal,
autrement dit - on pourrait l'exprimer beaucoup plus facilement de cette
façon - si c'est un mandat qui a été légalement
obtenu et qui peut être exécuté légalement, la GRC
pourrait nous assister - et on n'a pas besoin d'entente pour ça, on leur
demande et ils nous assistent - et nous pourrions les assister aussi si
l'action était légale.
M. Filion: Mais, en principe, l'action de saisie de biens en
paiement des impôts ordonnée par un juge, c'est légal.
Même sur une réserve indienne.
M. Lavigne: Oui, mais là on tombe dans le débat
d'une loi provinciale. Est-ce qu'une loi provinciale est applicable sur la
réserve?
M. Filion: Écoutez, je vais céder la parole
à un autre de mes collègues. Ça précise quand
même les informations que je voulais.
M. Lavigne: Parce que, si on dit que la loi provinciale
s'applique, c'est parfaitement légal de procéder, nous ou la GRC.
Mais il y a un débat qui est fait là-dessus depuis quelques
années.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député? Alors, juste avant de reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin -- on m'a informé qu'elle avait
des questions - j'aurais... M. le ministre, vous voulez ajouter quelque
chose?
M. Ryan: peut-être un petit mot là-dessus, à
propos des réserves. la situation n'est pas la même dans toutes
les réserves. il y a le cas particulier de kahnawake et d'akwesasne. ce
sont des cas plus difficiles, ceux-là, pour les raisons que nous avons
exposées en chambre à maintes reprises. prenez en matière
de bingos, par exemple. nous exigeons que la loi du québec soit
respectée dans les réserves. nous avons décidé de
faire certains amendements à la loi de manière à faciliter
certaines décisions. mais, à un moment donné, il a
été décidé clairement que les autorisations qui
seront données devront tenir compte des exigences qui sont
définies dans la loi. il peut arriver que, pendant un certain temps,
pour des raisons politiques, culturelles ou sociales, !e gouvernement
décide de ne pas intervenir tout de suite quand il y a une
illégalité. mais c'est considéré comme une
illégalité et l'objet du gouvernement, c'est de ramener les
choses à la légalité dans les meilleurs délais.
Prenez Oka. Il n'y a pas de réserve à Oka. Oka est un
territoire qui est patrouillé par la Sûreté, comme d'autres
territoires, mais ils ne feront pas le même genri d'activités
exactement à Kanesatake qu'ils vont faire dans le village d'Oka
proprement dit. S! y a certains conditionnements qui sont différents.
Les policiers agissent avec beaucoup de tact et de doigté dans ces
situations là. Ce n'est pas aussi facile quand on est sur les lieux que
quand on est en dehors.
J'ai été à Akwesasne, récemment, puis,
à un moment donné, je discutais avec le Conseil de bande et j'ai
dit: Qu'est-ce que vous pensez du rôle de la Sûreté du
Québec, vous autres, ici? Êtes-vous satisfaits ou si vous
n'êtes pas satisfaits? Il y avait une dame qui était là,
c'était une des chefs. Elle a dit: On n'est pas satisfaits, ils ne font
rien. J'ai dit: Comment ça, madame? Elle a dit: Des fois, il y a des
choses qui se passent devant eux autres et ils n'interviennent pas. Et
l'attitude des agents de la Sûreté qui sont sur les lieux... Il y
a un corps de police là. Eux autres sont en soutien au corps de police
local. Ils veulent que le corps de police local prenne ses
responsabilités et exercent ces activités-là. Si jamais ii
survient une situation très difficile, ils sont là en soutien,
mais ils ne sont pas !à pour ce substituer à l'autre, parce que
toute la pédagogie de l'action, c'est de conduire à une prise en
charge par la communauté elle-même là, ils se sont
donnés un chef, qui est un blanc, qui a pour mission, lui,
d'accélérer la transition vers la normalité. quand on voit
la géographie de ces lieux et !'extrême complexité de la
situation, il n'y a pas de solution toute faite qui peut être
trouvée demain matin. ce n'est pas le coup de garcette qui va
régler ça. alors, ça, c'est des conditionnements dont on
doit tenir compte dans la pratique. mais, là aussi sur !a partie
québécoise de ce territoire, on voudrait bien que les lois
québécoises s'appliquent, mais eux autres ià-bas, il y a
trois territoire?: ontario. new york et québec. pour les indiens, la
frontière, c'est artificiel. la frontière canadienne, ontarienne
et québécoise, ça, c'est des superstructures
créées par des blancs. eux autres, leur vraie
réalité, c'est la grande fraternité mohawk, qui groupe 10
000 personnes. c'est quelque chose! ils ont un conseil de bande pour chacun des
trois secteurs, mais il y a une espèce de conseil supérieur et,
à un moment donné quand il décide que c'est
l'intérêt commun qui est en jeu, c'est ça qui joue. il n'y
a pas de catéchisme qui définit pour nous qu'est-ce qui
relève de celui-vi ou de celui-là, c'est très complexe.
avant qu'on ait compris tout ça, ça prend du temp.
C'est là-dedans que s'exercent les activités de
réponse a !a question que vous avez posée: Comment nos lois
s'appliquent-elles sur le territoire là-bas? Seulement à
Kahnawake, nous autres, nous prétendons que le Code de la
sécurité routière du Québec s'applique; eux autres
prétendent qu'ils n'ont pas à se soumettre aux lois du
Québec. Ça fait que, ce que le Conseil de bande a fait, il a
adopté des règlements qui reproduisent, à toutes fins
utiles, les grandes indications qui sont dans notre Code de la
sécurité routière et ils disent: On applique nos lois
à nous autres, pas celles du Québec. Si le résultat est le
même, on ne fera pas de bataille jusque devant les Nations unies.
Je n'en reviens pas de la complexité de la situation et, en
même temps, de la règle de prudence et de réserve qu'elle
impose au gouvernement et aux forces policières. Je veux souligner ici -
on n'aura peut-être pas l'occasion de le faire avant la fin de nos
travaux - la collaboration exceptionnelle que la Sûreté du
Québec apporte à l'action des pouvoirs publics dans ces
situations. Elle agit avec une réserve... Et je connais la
Sûreté du Québec. Il y a une chose que je m'étais
promis de corriger à l'occasion de nos échanges, c'est une
impression que certains veulent répandre que la Sûreté
agirait comme
elle le fait parce qu'elle a peur d'un tel ou d'un tel. La
Sûreté n'a pas peur de personne. Je l'ai vue agir, moi, dans des
situations difficiles. Elle a les moyens d'agir puis l'énergie voulue
pour le faire. Je pense que, des fois, on fait montre d'une plus grande force
en retenant sa capacité d'agression qu'en la déchaînant. De
ce point de vue, je veux rendre hommage à la Sûreté du
Québec, M. Lavigne, à vos collaborateurs et collaboratrices qui
ont bien compris cette conjoncture très particulière dans
laquelle les gouvernements doivent prendre leurs décisions et qui savent
que le temps est un allié indispensable dans la recherche d'une
stabilité plus grande dans ces territoires et que l'agression
immédiate, fût-elle déclenchée par l'autorité
politique légitime, ne mènera pas aux résultats qu'on
souhaiterait. Alors, ça, c'est la problématique fondamentale. (17
h 30)
Je voulais surtout dissiper l'impression que ça serait la peur
qui dicterait l'attitude et de la Sûreté et du gouvernement. Je me
souviens qu'il est arrivé un incident très important l'an
dernier, au début de 1991. À un moment donné, un groupe
voulait monopoliser le contrôle de la route 132 qui conduit à la
réserve et au pont Mercier. La Sûreté était
là également, avec la Gendarmerie, puis il a fallu des
consultations rapides pour établir qu'est-ce qui arriverait. Il a
été décidé que ce n'était pas tel groupe qui
devait contrôler les routes, mais que c'était la police
légitime du Québec. Puis les policiers ont reçu
l'autorisation de déloger ceux qui s'érigeaient en
contrôleurs de la route. Ils les ont délogés par les moyens
du bord, puis ce n'étaient pas des neuvaines à sainte Catherine
Tekakwitha. Il y a eu un certain nombre de personnes qui ont subi des
ecchymoses puis d'autres contusions, puis qui ont été
obligées d'aller à l'hôpital. C'était dur, mais il
fallait poser un geste clair. Je crois que, du côté du Conseil de
bande, on l'a compris aussi. Il y avait une limite au-delà de laquelle
on n'irait pas. Je pense que c'est ça qui est important.
Mais, nous autres, il y a également des limites dont nous sommes
conscients. On ne veut pas déclencher de situations qui tomberaient hors
de contrôle ou qui entraîneraient des pertes de vie qu'on aurait pu
éviter. C'est pour ça que, moi, je suis fier de faire partie d'un
gouvernement qui a agi en cette matière avec une circonspection que je
n'hésite pas à qualifier d'exemplaire. En comparaison avec ce
qu'on voit dans d'autres parties du monde, dans d'autres pays, je pense qu'on
fait montre d'un degré de civilisation, ici, qui est très
élevé là-dedans. Puis, quand je vois des parlementaires
européens venir se porter en juges de ce qui se passe ici, quand ils
n'ont pas l'air de se rendre compte de ce qui se passe dans certains pays
d'Europe, je me dis que ça leur ferait du bien de voyager un peu, eux
autres aussi, puis ne pas venir rien que pour 24 heures rencontrer des milieux
qui sont vendus d'avance à une seule opinion, mais de venir prendre
l'opinion des responsables qui sont au courant. Moi, j'ai vu des grands
organismes, avec des noms longs comme ça, venir ici faire des
enquêtes, sortir des rapports et, moi-même, comme ministre de la
Sécurité publique, je n'ai jamais reçu une demande de
rencontre de ces gens-là. Ils portent des jugements sur nos actes
après. Bien, ces jugements-là méritent de prendre le bord
du panier.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
M. Ryan: je pense que je tenais à faire ces
remarques-là parce que, vous savez, on est prêt à subir la
critique - ça, ça va de soi - mais, à un moment
donné, il y a un jour pour la vérité aussi.
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, M. le
ministre, je vais me reconnaître pour une question; ensuite, je
reconnaîtrai Mme la députée de Marie-Victorin.
Parlant justement de non-soumission aux lois québécoises,
comme vous le savez, je représente un comté de Montréal
juste en face de la réserve de Kahnawake. D'ailleurs, j'ai une
résidence en face de 111e Tekakwitha et puis, occasionnellement, nous
entendons des coups de feu, surtout tard le soir, 23 heures, minuit. Et puis,
j'avais eu également des représentations de commettants et de
commettantes, après les fêtes, à l'effet que des balles de
fusil, de carabine ou de mitrailleuse avaient été
découvertes sur les propriétés riveraines, soit à
LaSalle, précisément à LaSalle. Sachant pertinemment qu'il
y a une piste cyclable, autant à LaSalle qu'à Lachine, juste en
face de la réserve, alors, dans un premier temps, est-ce que la
Sûreté du Québec a fait enquête sur ces coups de feu
là, après le Jour de l'an ou la journée du Jour de l'an,
dont des balles ont été découvertes là, à
LaSalle?
Deuxièmement, est-ce que ces balles-ià, effectivement,
proviennent de l'autre côté, c'est-à-dire de la
réserve? Quel fusil, carabine ou fusil mitrailleur peut traverser le lac
Saint-Louis ou le fleuve Saint-Laurent? Alors, je sens un peu
d'inquiétude parmi la population, et avec raison, si, effectivement, les
balles peuvent traverser le fleuve et le lac Saint-Louis, étant
donné qu'il y a une piste cyclable avec des gens là et des
enfants qui s'y adonnent à toutes sortes d'activités. J'aimerais
savoir, de la part du ministre ou par l'entremise de la Sûreté du
Québec, pour rassurer la population du sud-ouest de Montréal,
quoi faire dans les circonstances, comment les rassurer.
Je comprends que la Sûreté n'ait pas peur, mais je sais
bien que, si, moi, personnellement, je tire de la mitraillette demain matin, je
présume qu'il va y avoir trois autos-patrouilles en dedans de 15 minutes
qui vont se rendre sur
les lieux. Mais, de l'autre côté, semble-t-il qu'il n'y a
pas de problème! Alors, ces gens-là, de l'autre
côté, est-ce qu'ils se pratiquent au pigeon d'argile à
minuit? Est-ce qu'ils tirent sur des tas de sable ou s'ils tirent dans notre
direction? C'est ça que j'aimerais savoir.
M. Ryan: D'abord, je vais vous donner des précisions sur
l'incident auquel vous avez fait allusion, et M. Lavigne complétera pour
le tableau plus général.
L'incident auquel vous faites allusion est celui d'une balle qui aurait
atterri dans le salon d'un foyer de LaSalle. Une enquête a
été faite par le Service de police de la CUM sur cet incident.
L'enquête a établi que la balle provenait d'un engin comme on en a
observé sur la réserve de Kahnawake au cours de la crise
amérindienne, AK-47, je pense. Selon les études qui ont
été faites quant à la trajectoire du projectile, il
provenait de la direction où se trouve située la réserve,
le village. Alors, dans ce cas-ci, nous avons ces indications.
Maintenant, normalement, aussi longtemps que le gouvernement pratique la
politique à laquelle j'ai fait allusion à maintes reprises, de ne
pas faire pénétrer les forces policières sur le territoire
du village pendant que nous poursuivons les négociations en vue de
mettre au point un système de protection policière acceptable des
deux côtés, normalement, la vérification doit se faire de
l'autre côté, sous la responsabilité des
«peacekeepers». Dans certains cas, ils attrapent de ces
gens-là; dans d'autres, ils ne les attrapent pas. Sur ce cas
précis, je n'ai pas eu le résultat des actions qui auraient pu
être prises. C'est comme ça que les choses se passent pour
l'instant. Sur le phénomène plus large, peut-être M.
Lavigne pourrait-il en parler.
Mais je vais vous dire une chose, c'est qu'il y a d'autres endroits au
Québec où on entend des coups de feu assez souvent. Dans le
secteur de Côte-des-Neiges, on entend des coups de feu assez
fréquemment. Ce sont des têtes légères ou des
esprits anarchiques qui se livrent à ces plaisirs complètement
illégaux. Je ne pense pas qu'il y en ait seulement à un endroit
au Québec, mais, les autres, on en parie beaucoup moins aussi. Ce n'est
pas du tout pour approuver ce qui se fait là que je dis ça, mais
je pense qu'il faut situer ça. Ce n'est pas très
intéressant à Côte-des-Neiges non pius. Et dans la
Petite-Bourgogne, il y en a aussi. Alors, je pense qu'il faut bien prendre
conscience qu'on vit dans une civilisation qui est très difficile,
où les manifestations anarchiques sont assez nombreuses et où le
mépris de la loi est malheureusement assez répandu. On doit le
déplorer et le combattre, évidemment, mais ce n'est pas toujours
facile d'attraper ceux qui sont responsables.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: M. le ministre a à peu près
exprimé tout ce que je voulais dire. Peut-être que la seule chose
que je peux rajouter ou réaffirmer, c'est que, dans le cas précis
que vous avez soulevé, c'est effectivement deux corps de police qui ne
sont pas la Sûreté - la CUM et les «peacekeepers» -
qui ont la responsabilité des territoires, un, de l'endroit où la
balle est allée et, l'autre, da l'endroit d'où la balle est
partie. Excusez!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Ce n'est pas un coup de feu, ni une bombe à
retardement. Ha, ha, ha! Les coups de feu, c'est effectivement
extrêmement délicat. Dans notre système judiciaire - et
c'est peut-être juste ça que je voudrais rajouter, parce qu'on a
le problème aussi sur notre territoire; occasionnellement, à Oka,
par exemple, on entend des coups de feu - il faut faire la preuve hors de tout
doute que c'est teile personne qui a utilisé, dans une intention
criminelle... C'est pas mal dur à prouver. Et ça, il faut le
faire hors de tout doute. Le système est fait de façon à
ne pas condamner un innocent, mais aussi, des fois, protège très
fortement, disons, quelqu'un qui veut s'amuser à tirer, par exemple.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, merci. M. le
député de Montmagny-L'Islet, brièvement, avant de
reconnaître Mme la députée de Marie-Victorin.
(17 h 40)
M. Gauvin: Merci, M. Le Président. je voulais revenir ru
niveau des vidéopokers, m. le ministre ou M. lavigne. Tantôt, on a
mentionné, justement, l'inquiétude au niveau des
vidéopokers. Ce n'était pas l'image qui était agressive,
c'était plutôt le nombre très répandu d'appareils
sur tout le territoire du québec qui était difficilement
contrôlable. J'aimerais vérifier mon impression, qui était
que ça créait un problème social au niveau familial ou au
niveau de l'individu qui dépense de façon exagérée
de l'argent dans ces appareils-là et, à partir de là,
ça crée un problème social au niveau de la famille, d'une
part. C'est évident que ce n'est pas de voir circuler des cerises puis
des raisins à l'écran qui doit créer un problème
à l'individu, mais celui au niveau monétaire. Ce n'est pas
surtout ça... Est-ce que c'est ça qu'on doit retenir comme
réserve au niveau de la légalisation des appareils?
M. Lavigne: Effectivement, vous avez parfaitement raison. Quand
je disais que l'appareil n'était pas agressif, c'est que, souvent, on
peut passer à côté de l'appareil et on dit: Ah bien, c'est
un jeu comme une «pinball machine», par exemple; mais ce n'est pas
le même jeu, ce n'est pas de la même façon que l'argent
entre dedans. L'argent entre très vite dans un vidéopo-ker, et il
y a des personnes qui peuvent, en très
peu de temps, dépenser beaucoup d'argent, puis, souvent, elles
n'ont pas les moyens de le faire.
M. Gauvin: Si jamais on avait à légaliser les
vidéopokers par de la réglementation - en fait, c'est ce qui est
souhaité - est-ce que ça ne réglerait pas le
problème de l'individu qui dépense de façon
exagérée de l'argent?
M. Lavigne: Non.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je veux juste ajouter quelques remarques
là-dessus. Je pense que c'est important de faire le point sur
l'état du dossier en ce qui regarde le ministre de la
Sécurité publique. Au niveau du gouvernement, aucune
décision n'a été prise pour l'instant. Le gouvernement
étudie tout ce secteur. Comme vous le savez, en matière de
vidéopoker, un jugement a été prononcé par les
tribunaux déclarant illégaux les appareils qui sont en
circulation présentement, moyennant toutes sortes de précisions
dont je vous dispense. Le gouvernement doit prendre une décision sur ce
qu'il va faire à la suite de cette attitude qu'ont adoptée les
tribunaux. Est-ce qu'on va supprimer ces appareils-là? Est-ce que le
gouvernement va essayer de les légaliser? Est-ce qu'il va essayer de les
remplacer? Il y a toutes sortes d'hypothèses qui circulent. Et, pour
l'instant, le gouvernement n'a pas pris de décision encore.
Moi, comme ministre de la Sécurité publique, j'ai
été invité à donner mon avis à plusieurs
reprises au cours des 18 derniers mois et j'ai toujours vu à obtenir
d'abord l'avis des chefs de police du Québec pour bien m'assurer que
j'avais en main toutes les données qu'eux autres peuvent posséder
en raison de leur travail quotidien. J'ai tenu plusieurs réunions avec
les directeurs de police au cours desquelles on m'a exprimé des opinions
précises à ce sujet, que je me suis fait un devoir de communiquer
au gouvernement. Je peux vous assurer que le gouvernement ne prendra pas de
décision en ces choses sans que le ministre de la Sécurité
publique n'ait clairement indiqué les balises dont on doit tenir compte
au point de vue de l'ordre public, de la moralité et du respect des
droits des gens, finalement. Je pense que la recherche du gouvernement se fait
dans cet esprit-là, et les corps de police ont à émettre
des opinions très précieuses là-dessus.
Le gouvernement, en plus de l'avis que vont lui donner les corps de
police sous l'aspect, disons, criminalité, doit tenir compte de la
dimension sociale également. Il peut arriver qu'une chose, tout en
étant défendable au point de vue légal, tout en
n'étant pas génératrice de criminalité proprement
dite, soit très nocive au point de vue social, dans le sens que
suggérait votre question. Et, ça, c'est une dimension dont le
gouvernement est très préoccupé aussi. Il essaie de
trouver une synthèse dans tous ces facteurs. C'est pour ça que
des décisions n'ont pas été prises au moment où
nous nous parlons, parce qu'elles font encore l'objet d'échanges.
Il y a plusieurs ministres qui sont concernés par des
décisions comme celles-là. Seulement à titre d'exemple, le
ministre des Finances, pour des raisons qu'on peut soupçonner
facilement. Il y a le ministre du Revenu qui est impliqué dans ces
choses-là parce que, d'abord, il est ministre responsable de la
Régie des loteries et courses; ce n'est pas une chose qui le laisse
indifférent. Il y a le ministre de l'Agriculture parce que,
malgré toutes les discussions vertueuses que nous avons chaque
année, il y a de très nombreux casinos qui ont lieu à
l'occasion des expositions agricoles. Ça marche, par conséquent,
au Québec depuis longtemps. Ça génère un chiffre
d'affaires annuel considérable. En plus, il y a la ministre à la
Condition féminine, ministre à la Famille, évidemment, qui
est intéressée par ces choses-là également. On
pourrait continuer. Il y en a beaucoup. Le ministre de la
Sécurité publique est directement concerné aussi. C'est
pour ça que le gouvernement essaie de concilier les points de vue de
chaque ministre en vue d'arriver à des conclusions qui seront
judicieuses. Quand je dis le ministre de la Sécurité publique,
ça implique, évidemment, les forces policières et, au
premier chef, la Sûreté du Québec.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député? Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Lutte à la drogue et aux
stupéfiants
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Alors,
d'entrée de jeu, je poserai tout de suite mes questions, puisque le
temps se réduit de plus en plus. En ce qui concerne les budgets de
1991-1992, on sait qu'il y avait 6 000 000 $ accordés à la SQ
pour la lutte contre la toxicomanie, la lutte contre la drogue et qu'il y avait
3 000 000 $ supplémentaires pour les autres services. Ma première
question est: Est-ce que les 6 000 000 $ seront récurrents et est-ce
qu'il y aura d'autres additions de personnel puisque, effectivement, ça
avait servi à augmenter le personnel face à la lutte à la
drogue?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Le montant de 6 000 000 $ dont vous parlez pour la
Sûreté du Québec a été inscrit dans la base
de financement de la Sûreté du Québec et est, par
conséquent, récurrent. Il doit servir pour combattre le crime
dans ses manifestations plus acérées, mais il sert surtout pour
la lutte contre la drogue. Peut-être que M. Lavigne pourrait nous donner
quelques éléments sur l'action qui a été faite au
cours de la
dernière année, justement, qui a été une
année particulièrement fertile en réalisations de la part
de la Sûreté du Québec. Ensuite, on rendra compte de
l'autre montant dont vous avez parlé. Ça va?
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Concernant la lutte à la drogue, nous,
à la Sûreté, on a été très fiers
d'obtenir l'argent que vous avez mentionné, parce que ça nous a
permis... Vous savez que découvrir un réseau de drogue, par
exemple, qui provient de la Bolivie ou du Pérou, ça devient
toujours extrêmement compliqué et ce sont de longues
enquêtes. Sauf que, dans l'année qui vient de se terminer, alors
que par les années passées on saisissait pour une valeur
d'environ 60 000 000 $ de drogue sur le marché par année,
l'année passée, on a saisi pour 1 237 000 000 $ de drogue dans
plusieurs opérations très importantes. De plus, nos interventions
dans des opérations plus petites ont été nombreuses,
beaucoup plus nombreuses que par les années passées. Je pourrais
vous citer des chiffres, à votre guise, sauf que les opérations
ont été nombreuses, et même les assistances aux corps
policiers municipaux. On n'a refusé aucune assistance aux corps
policiers municipaux qui nous ont demandé de nous rendre dans leur ville
pour tenter d'éliminer la drogue. En fait, on a eu 23 assistances
majeures qui nous ont été demandées. On les a
accordées et on a fait le nettoyage de ces endroits-là.
Mme Vermette: Est-ce que vous avez, actuellement, suffisamment
d'agents qui sont sur ce dossier ou si vous escomptez augmenter le nombre de
policiers dans ce secteur?
M. Lavigne: M. Ryan me dit que je n'en ai pas assez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Je suis d'accord avec lui, s'il veut m'en donner
quelques-uns. Dans la drogue, je pourrais vous dire qu'il y a de l'espace, un
énorme espace pour le travail. On pourrait, effectivement, ajouter des
membres. Cependant, on a eu, je pense que c'est il y a trois ou quatre ans, 87
ou 83 membres qui ont été ajoutés spécifiquement
pour la lutte à la drogue. Actuellement, nos unités sont actives
dans toute la province. La drogue, au Québec, avec les saisies qu'on a
vues, il y a peu de limites. On pourrait travailler encore beaucoup plus, c'est
évident, avec plus de ressources, mais il faut se limiter, à un
moment donné.
Mme Vermette: Est-ce que ça veut dire que, pour 1992-1993,
il n'y a pas d'augmentation d'effectif pour la lutte à la drogue?
M. Lavigne: Non.
Mme Vermette: Parfait! L'autre volet, c'était les 3 000
000 $ pour les autres services. On sait que l'argent qui a été
dépensé était surtout pour les services de laboratoire et
l'équipement scientifique. Le reste a été
périmé ou, en tout cas, amputé. En tout cas, il n'a pas
été utilisé pour autre chose. Alors, moi, j'aimerais
savoir, pour l'année 1992-1993, est-ce que vous avez encore l'intention
d'octroyer 3 000 000 $ pour les autres services? Et quels sont, en fait, vos
objectifs à atteindre pour cette année 1992-1993? (17 h 50)
M. Ryan: Tout d'abord, en 1991-1992, la députée a
raison de signaler que le gros poste de dépenses a été
l'acquisition d'équipement scientifique et l'embauche de personnel
additionnel au Laboratoire de police scientifique afin d'améliorer la
capacité d'analyse en matière de toxicologie. Il y avait vraiment
un besoin de modernisation d'équipement de ce
côté-là. Nous avons fait un travail qui permet de produire
des résultats infiniment supérieurs à ceux qu'on avait
auparavant. Je pense que, pour toute la lutte contre la drogue, on a absolument
besoin d'un instrument comme celui-ci, qui est indispensable peur le travail
des forces policières et de beaucoup d'autres intervenants. Alors,
ça, c'est réglé. On a mis 1 087 000 $ dans ce secteur
ià l'an dernier.
Maintenant, déjà au cours de la dernière
année, il y a d'autres montants qui ont été
affectés également. Il y a eu des montants qui ont
été consacrés aux services correctionnels pour la
sensibilisation des détenus aux problèmes reliés à
I? toxicomanie, un programme d'aide financière à certains
organismes qui oeuvrent dans le domaine de la lutte à la drogue, un
programme de formation de conseillers spécialisés en milieu
correctionnel, de formation d'agents des services correctionnels pour
l'évaluation de l'intervention auprès des détenus.
Ça, c'est très important.
Mme Vermette: Moi, ce que j'aimerais savoir, M. le ministre,
c'est: Est-ce que vous avez l'intention de reporter les mêmes sommes?
Est-ce que vous avez l'intention de reporter les 3 000 000 $ pour les autres
services pour cette année? Ce qui me préoccupe, c'est les
objectifs qu'on veut atteindre cette année.
M. Ryan: Mais je vais vous donner d'abord un bon
résumé de ce qui a été fait pour que la question
reçoive une réponse qui va être mieux comprise et
retenue.
Mme Vermette: Oui. C'est parce que j'avais lu la réponse
que vous aviez donnée au député de Vimont, c'est pour
ça que j'étais au courant.
M. Ryan: Alors, c'est la même réponse. Il
n'y a pas de contradiction. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Non, voilà! C'est pour ça que j'ai
passé tout de suite à l'autre, M. le ministre.
M. Ryan: On est chanceux parce que, des fois, ça change de
semaine en semaine. Ha, ha, ha! Alors, si vous vous intéressez davantage
à l'année 1992-1993, je vous en félicite. Moi aussi. On a
prévu pour l'année des crédits d'une valeur totale de 2
883 000 $. Par conséquent, on reste très près du montant
qui...
Mme Vermette: Ils sont ventilés de quelle façon,
puisque les laboratoires sont équipés maintenant?
M. Ryan: Voici. J'en venais justement à ça: achat
d'équipement pour le contrôle du trafic de la drogue dans les
prisons, 100 000 $; sensibilisation des détenus - il faut que ça
continue, ça ne se fait pas tout en un an - 75 000 $ cette année;
aide financière à des organismes oeuvrant dans le domaine, 50 000
$; formation des agents de probation, 300 000 $; rendre accessibles des
services de réadaptation et de relation d'aide aux toxicomanes du milieu
carcéral, 275 000 $; formation de conseillers spécialisés
en milieu correctionnel, 500 000 $.
Un très gros effort est fait de ce côté-là.
Toutes les bases ont été jetées l'an dernier. Et, si vous
faites tout de suite l'addition des montants, on arrive à au-delà
de 1 200 000 $, seulement du côté des établissements
correctionnels où vous savez qu'il y a un problème très
aigu en matière de drogue. Et les victimes de la drogue aboutissent
là, quand ce n'est pas à l'hôpital.
Mme Vermette: Est-ce que ça veut dire que vous avez
l'intention de donner des services sur place? Parce que ça s'en va en
prévention; les agents de probation, c'est quoi, vous faites de la
formation avec eux?
M. Ryan: Peut-être tantôt. Je vais juste finir
l'énumération et, si M. Carrier pouvait revenir nous donner
quelques précisions additionnelles sur la stratégie en milieu
correctionnel, je pense que ça compléterait la réponse
très bien.
Je poursuis. Acquisition d'équipement scientifique au laboratoire
- il faut continuer le travail - 545 000 $ cette année; expertise
comptable pour aider les corps policiers, 65 000 $; programme d'aide
financière à l'intention d'organismes communautaires, 200 000 $ -
le premier, c'était en milieu carcéral; les 50 000 $ dont j'ai
parlé tantôt, c'est des organismes qui gravitent autour du milieu
carcéral, mais, là, en général, 200 000 $ ici -
pour l'Institut de police du
Québec, il y a 60 000 $ qui sont prévus pour des cours de
formation reliés à la drogue; les services policiers, pour
accès à une banque informatisée de renseignements
criminels, 350 000 $ - vous savez que, l'an dernier, c'était seulement
60 000 $; là, cette année, c'est 350 000 $ - crédits
réservés pour la recherche et certains autres
éléments, d'autres initiatives, 275 000 $; engagement d'un
coordonnateur ministériel responsable du dossier au ministère, 85
000 $, tout compris. Ça veut dire que ça nous mène
à 2 883 000 $ en tout.
Mme Vermette: Bon, ça va. Ça veut dire que c'est un
peu plus que l'année dernière, par rapport à ce qui a
été dépensé l'année dernière.
M. Ryan: Oui.
Mme Vermette: C'est ça. Justement, au niveau du milieu
carcéral, vous avez des objectifs précis. Est-ce que ce sera,
finalement, des cures de désintoxication ou vous allez faire de la
prévention? Vous allez faire quoi? Ça fait 800 000 $ qui s'en
vont là.
M. Ryan: Très bien, oui. M. Carrier:
Concernant...
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, pour fins d'enregistrement, s'il vous plaît?
M. Carrier: Oui, Normand Carrier, sous-ministre associé,
ministère de la Sécurité publique.
Le Président (M. LeSage): Très bien, M.
Carrier.
M. Carrier: Concernant l'intervention en matière de
drogue, je pense qu'il est important de dire qu'il y a deux volets. Le premier
volet, c'est l'évaluation des personnes qui sont identifiées
comme étant des toxicomanes et ayant un problème de consommation
de drogue. Alors, cet argent-là va être consacré à
la formation des agents de probation pour les personnes qui sont
traitées en externe. Les personnes qui sont en probation, qui sont en
libération conditionnelle sont rencontrées par des agents de
probation qui doivent être aptes à identifier le problème.
La même chose aussi, il y a des sommes qui sont consacrées pour la
formation des agents correctionnels à l'intérieur des
établissements de détention.
Maintenant, en ce qui regarde le traitement, on a un protocole d'entente
avec le ministère de la Santé et des Services sociaux qui a la
responsabilité d'assumer les traitements spécialisés
à l'égard des toxicomanes. Lorsque ces individus-là sont
traités dans les hôpitaux, la partie surveil-
lance, la partie sécurité dépend du
ministère de la Sécurité publique et la partie traitement
dépend du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Alors, ce qu'on dit, c'est qu'on assume les coûts marginaux qui sont
relatifs à la sécurité.
Mme Vermette: O.K. Une autre question. Quelle est
l'accréditation, de quelle façon fonctionne la reconnaissance des
ressources ou l'accréditation des ressources? Parce que vous n'envoyez
pas les gens n'importe où, donc vous faites affaire avec des ressources
reconnues.
M. Carrier: Oui. Nous, lorsqu'on fait affaire avec des centres
résidentiels communautaires, des centres d'hébergement
communautaires, tout ce qu'on appelle maisons de transition, nous avons un
comité d'accréditation qui est un comité qui est
formé de gens du fédéral et de chez nous, parce que les
deux gouvernements utilisent les mêmes ressources. Maintenant, quand on
parle d'accréditation concernant le traitement des toxicomanes, c'est
sous la responsabilité du ministère de la Santé et des
Services sociaux, parce que ce sont des ressources qui fournissent du
traitement. Mais, pour les organismes avec qui nous avons des contrats, ce sont
des organismes qui sont accrédités par le comité conjoint
fédéral-provincial.
Mme Vermette: D'accord. Est-ce que vous avez déjà
entendu parler d'une ressource qui s'appelle Le Patriarche, et qui aurait pu...
Cette ressource-îà s'occupe principalement de gens qui sortent du
milieu carcéral et a reçu, en tout cas, à un moment
donné, plusieurs personnes, notamment dans le bout de Howick et qui,
actuellement, en fait, n'envoie plus... En fait, les agents de probation
n'envoient plus - comment vous les appelez? pas leurs
bénéficiaires - ...
M. Carrier:...
Mme Vermette: ...en fait, les gens qui sont en milieu
carcéra! ou, en tout cas, en probation vers cette ressource,
apparemment, en tout cas. Est-ce que ce serait possible ou est-ce que ça
se peut qu'il aurait pu y avoir, bon, un genre de directive à l'effet
que cette ressource serait plus ou moins valable pour votre
clientèle?
Le Président (M. LeSage): Ça va? M. Carrier. (18
heures)
M. Carrier: Oui. Concernant la ressource à laquelle vous
faites référence, je n'ai pas, évidemment, le dossier
devant moi, mais j'ai entendu parler d'une ressource; c'est dans la
région de Sherbrooke, je crois.
Mme Vermette: Ils ont sept points de service. Il y en a à
Nominingue, il y en a à
Howick, près de Montréal, à Châteauguay,
à Sainte-Martine, il y en a dans les Cantons de l'Est, effectivement,
à Pierrefonds, à Montréal centre-sud. Il y a sept points
de service.
M. Carrier: Oui. J'ai entendu parler de ce dossier-là,
j'ai entendu dire que les agents de probation avaient eu des informations
particulières concernant une ressource et concernant les traitements qui
y étaient donnés. Il y a certains magistrats qui consultent les
agents de probation avant d'envoyer une personne accusée à une
ressource. Je n'ai pas tout le détail relatif à ça. Ce
n'est pas des choses qui sont impossibles, mais, si vous voulez plus
d'information, je pourrais le vérifier et vous donner...
Mme Vermette: Oui, parce que j'ai reçu une information qui
m'indique qu'à partir de juin 1991 on aurait décidé de ne
plus envoyer ou de ne plus référer des cas dans cette ressource.
Auquel cas, est-ce que ce serait intéressant d'informer le ministre de
la Santé et des Services sociaux, en fait, de cette directive que vous
avez prise ici, à cet effet-là? Parce qu'il semblerait, en tout
cas, justement, qu'il y aurait eu une directive, alors c'est simplement pour
avoir plus d'information.
Par rapport, toujours, à cette même ressource, ser?.it-il
possible aussi qu'au niveau de la sécurité du Québec il y
ait eu des plaintes de logées, des demandes d'assistance vers la
sécurité du Québec pour, justement, certains
bénéficiaires qui étaient à l'intérieur de
cette ressource et qui auraient demandé l'assistance policière
pour pouvoir chercher leurs effets et sortir leurs effets de cette
ressource?
M. Lavigne: De quel endroit?
Mme Vermette: Le Patriarche, à Saint-Jovite.
M. Lavigne: malheureusement, je n'ai pas la réponse. c'est
possible qu'il y ait eu une demande d'assistance, mais je n'ai pas la
réponse immédiatement. je pourrais vous la fournir.
Mme Vermette: Si je vous pose cette question-là, c'est
parce que, au ministère de la Santé et des Services sociaux, ils
sont en train de faire une enquête par rapport au Patriarche, et je pense
que ce serait intéressant que vous vous concertiez là-dessus
parce que, en fait, c'est de la vie de gens dont il est question. Ce n'est pas
parce qu'ils se droguent ou qu'ils sont sidatiques que, finalement, il faut les
envoyer vers n'importe quelle ressource. Je pense que, pour moi, c'est aussi
très important qu'on puisse clarifier la situation, en fait, à ce
niveau-là.
M. le ministre, votre homologue ou le Solliciteur général
du Canada a annoncé dernièrement, le 7 avril, qu'il injectait 33
000 000 $
n ce qui concerne la saisie des profits de la drogue pour, justement,
partager, sur une période de cinq ans, entre trois villes. Il voulait
mettre sur pied, en fait, un comité, qu'il appelle, des unités
spéciales. À partir de ces 270 000 000 $ qu'il a aussi
annoncé dernièrement, il prenait 33 000 000 $, en fait, sur cinq
ans. Ces unités travaillent de concours avec les villes;
Montréal, entre autres, fait partie de ça. Est-ce que les sommes
d'argent vont être réparties équita-blement? Chacun aura la
même part, en fin de compte, entre les trois villes? C'est Vancouver,
Toronto et Montréal. Est-ce que vous vous êtes renseigné
auprès du Solliciteur général pour savoir quelle somme
d'argent reviendrait ici, au Québec, dans le cadre de cette
démarche?
M. Ryan: Oui. La Sûreté du Québec a
été invitée à participer à cette
réunion-là. M. La-vigne m'informe que, sur les 33 000 000 $ - on
avait parlé de cette réunion-là ensemble - la part qui
irait aux corps provinciaux et municipaux serait de 500 000 $. Pour tout le
pays, ça? Pour le Québec? Pour le Québec, 500 000 $.
Mme Vermette: Pour le Québec, c'est 500 000 $? Parce que,
en fin de compte, l'annonce qui avait été faite dans les
journaux, en tout cas, c'était 33 000 000 $ pour trois villes, sur cinq
ans. Est-ce que c'est 500 000 $ pour cinq ans, ou si c'est 500 000 $ seulement
pour 1992-1993, ou si c'est 500 000 $ par année?
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne?
M. Lavigne: Je crois que c'est 500 000 $ pour les cinq ans.
Mme Vermette: En fait, cet argent-là, c'est dans le but de
former un comité antidrogue ou, en tous cas, pour la lutte antidrogue.
Quels sont, en fait, les objectifs de ce comité-là? Bon, on sait
que c'est la lutte antidrogue, mais de quelle façon, en fait... Quel
sera leur mandat, spécifiquement?
M. Lavigne: O.K. L'objectif principal, c'est pour prévenir
le blanchiment de l'argent. Ils vont spécialiser des avocats et vont
fournir les avocats pour plaider ces causes-là de façon
particulière, pour que les causes soient gagnées, parce que c'est
des causes compliquées. Pour les corps policiers, comme on vous l'a dit,
c'est 500 000 $. Ce n'est pas une grosse implication pour les corps policiers
comme tels, quoique les résultats, si les avocats plaident mieux,
peut-être que ça va être très bon.
Mme Vermette: Oui, mais c'est parce que ce que j'ai de la
misère à accepter, M. le ministre, c'est qu'on nous donne si peu.
Est-ce que les autres villes ont les mêmes montants? Quels sont les
montants qui sont alloués aux autres villes? Moi, je pensais que
c'était un tiers, un tiers des 33 000 000 $, sur cinq ans. Je pense que
ça aurait été équitable; pour moi, c'est une
répartition équitable. Alors, comment se fait-il que, pour le
Québec, on ait seulement 500 000 $?
M. Ryan: Regardez, je pense qu'on l'a expliqué
tantôt, M. le Président. Ce programme rendu public par le
Solliciteur général du Canada implique surtout des
dépenses du gouvernement fédéral pour la mise sur pied
d'initiatives ou de services qui vont relever de son autorité à
lui. Ils veulent créer un réseau de «high-powered
lawyers», des avocats de premier calibre pour faire la lutte sur le front
légal et judiciaire à tous les intérêts de la
drogue. Ça, ça va coûter pas mal d'argent. Il y a d'autres
initiatives dont, moi, je ne suis pas informé pour l'instant. Mais la
partie de ce programme qui sera réservée aux
municipalités, aux corps policiers municipaux et provinciaux sera de 500
000 $. On va aller aux renseignements pour voir s'il n'y a pas davantage
là-dedans, parce que l'ordre de grandeur qui a été
mentionné dans la question de la députée mérite
qu'on l'examine de près.
Mme Vermette: En tous cas, M. le ministre, je vous suggère
fortement...
M. Ryan: Ah oui! Ah oui! On va le faire.
Mme Vermette: ...d'aller vous enquérir, parce qu'il y
a...
M. Ryan: On va le faire. On va le faire, madame.
Mme Vermette: ...beaucoup d'argent qui me semble là, en
tout cas, et qui pourrait nous revenir ici, au Québec. De la même
façon, à ce moment-là, si vous discutez avec votre
homologue ou le Solliciteur général du Canada, vous pourriez
peut-être aussi, par la même occasion, discuter de ce qui concerne
les revenus de la vente des biens et des produits de la drogue parce que,
ça aussi, ça représente une somme considérable, et
on pourrait peut-être réinvestir cette somme d'argent là en
prévention. En tout cas, ça serait une bonne source de revenus
pour aider nos organismes, justement, et peut-être empêcher...
M. Ryan: II a déjà été demandé
au gouvernement fédéral que le produit des sommes qui peuvent
être perçues à même les opérations
policières puisse être retourné aux forces
policières pour financer les nouvelles activités. Jusqu'à
maintenant, la réponse a été négative.
Mme Vermette: Elle a été négative? M.
Ryan: Oui.
Mme Vermette: Et puis, est-ce que vous allez vous satisfaire de
cette réponse-là, M. le ministre? Vous connaissant, avec la
détermination que vous avez, et comme c'est une somme assez
substantielle qu'on peut aller chercher, vous n'avez pas l'intention,
justement, de négocier plus à fond pour favoriser la
prévention au Québec en matière de désintoxication
et de toxicomanie?
Une voix: Déterminé, mais prudent.
M. Ryan: en tous cas, on va faire tout ce qui est raisonnablement
possible pour que les corps qui ont une responsabilité majeure
là-dedans, en particulier la sûreté, les services de police
municipaux, et spécialement celui de la cum, aient une part de ces
budgets-là. ça va être fait. comptez qu'on va faire toutes
les démarches nécessaires pour que nous ayons notre part.
Mme Vermette: Parce que je sais que, oui, ça travaille
toujours en collaboration, et le corps policier de la sécurité du
Québec travaille en étroite collaboration avec la Gendarmerie
royale sur notre territoire; donc, ce serait tout à fait normal que les
sommes d'argent nous reviennent ici, au Québec, et qu'on entreprenne
toutes les démarches et les pressions nécessaires pour que ces
sommes d'argent là reviennent au Québec. En tout cas, ça
serait drôlement bien accepté de la part de tous les gens qui
oeuvrent dans le domaine de la toxicomanie actuellement au niveau du
Québec, et on pourrait peut-être créer un conseil
québécois en toxicomanie qui favoriserait un leadership au
Québec dans le domaine de la toxicomanie, M. le ministre. J'aurais une
question aussi en ce qui concerne... Bon, en fait, il y a beaucoup de
programmes de prévention au niveau des écoles, et vous êtes
très impliqués, en tout cas, tous les corps policiers, les
différents corps policiers sont très impliqués au niveau
de la prévention au niveau scolaire. Même, l'année
passée, on avait un programme particulier. Est-ce que vous avez pu
mesurer l'impact de ces programmes-là? Est-ce que vous êtes
capable de vous donner des unités de mesure pour avoir, finalement, une
analyse exhaustive des résultats? (18 h 10)
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Ryan: Juste en attendant qu'ils se concertent, il y avait un
programme qui consistait en une action auprès des jeunes des
écoles secondaires, qui a donné lieu à des protestations,
vous vous souvenez, au nom des droits de la personne. La...
Mme Vermette: C'étaient des délateurs. M. Ryan:
Pardon?
Mme Vermette: C'étaient des délateurs.
M. Ryan: Oui. Bien, ce n'était pas ça, mais c'est
ce qu'on a présenté. La Sûreté a suspendu ce
programme-là pendant que des vérifications d'ordre juridique se
faisaient quant au respect des droits des personnes et, pour le moment, le
programme est suspendu. On attend des indications des autorités du
gouvernement, du ministère de la Justice et autres, en vue de voir dans
quelles conditions il pourrait être repris, parce que c'est un programme
qui était très apprécié puis très important.
J'ai été très peiné, moi, de voir qu'on a
jugé devoir l'interrompre.
Mme Vermette: Quand vous dites que c'est un programme très
apprécié, il faut savoir sur quelle base il est très
apprécié, et en termes de résultats aussi. Moi, c'est
à ce niveau-là que...
M. Ryan: Oui. À partir de ce moment-là...
Mme Vermette:... je pense que le plus important à
vérifier, c'est si on met l'argent aux bons endroits et les efforts aux
bons endroits, avec des résultats.
M. Ryan: C'est qu'à partir de ce moment-là je veux
juste vous donner cette précision que l'idée n'est pas
abandonnée; Elle a été gardée en réserve
puis, si on nous disait: Ce n'est pas bon, puis les droits fondamentaux sont
foulés aux pieds, on ne continuerait pas dans cette voie-là. Mais
on attend des indications là-dessus prochainement. En attendant, il y a
d'autres initiatives, en particulier la formation d'éducateurs. Je pense
que ce serait important que M. Lavigne commente cette partie-là.
M. Lavigne: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, Mme la
députée?
Mme Vermette: Ah! C'est parce que j'attendais sa réponse,
là...
Le Président (M. Dauphin): O. K. Non, c'est parce qu'il
reste 12 minutes à nos travaux...
Mme Vermette: Oui, ah oui! Je vais avoir juste une toute
petite...
Le Président (M. Dauphin):... et M. le
député de Hull veut poser des questions aussi. Allez-y.
Mme Vermette:... question, mais j'attendais sa réponse,
s'il me la donne. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Si vous lui permettez de me
la donner.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. Lavigne.
M. Lavigne: Je vais vous donner la bonne réponse, rapide.
Concernant les indicateurs, votre question portait sur des indicateurs de
performance et de résultats. Le programme qu'on avait, celui dont M. le
ministre vous a parlé, qui était dans les polyvalentes,
c'était facile d'avoir des indicateurs de performance dans ce
programme-là. Les autres programmes, c'est des programmes de
sensibilisation des élèves qu'on faisait jusqu'à
récemment. Maintenant, ce qu'on a offert aux différentes
écoles de notre territoire, c'est de se mettre à la disposition
des professeurs qui voulaient avoir plus de formation sur les drogues
plutôt que de sensibiliser directement les élèves, ce qu'on
fait aussi, à l'occasion. Mais, là, on a orienté notre
action plus sur la sensibilisation des professeurs parce que, eux, par la
suite, peuvent toucher beaucoup plus de monde. Donc, on pourrait vous
transmettre, si c'est votre désir, les résultats concrets des
programmes dans les polyvalentes et les écoles secondaires. Et
là, actuellement, on va dispenser des séances d'information, pour
l'autre aspect, à 3500 professeurs durant l'année.
Mme Vermette: Je vais en prendre connaissance. Ça me fait
plaisir que vous déposiez ces documents. Et la dernière question
- parce que je sais que le temps presse puis que mon collègue veut
vraiment finir ses crédits - c'est en ce qui concerne le projet
Littoral, en Gaspésie. C'est une ligne 1-800 qui est un petit peu aussi
de la délation, à savoir quand... Parce que c'est les
côtes, bon, puis on sait que ça entre par les bateaux, à
pleines portes. Alors, est-ce que vous avez eu des résultats aussi, face
à ça? Est-ce que ça a été bien
utilisé? Est-ce que les gens ont vraiment donné les
renseignements que vous escomptiez? Est-ce que ça a été de
l'argent bien investi, en d'autres mots?
M. Lavigne: Oui. Jusqu'à date, il est tôt encore
pour faire une évaluation complète parce que le programme
n'existe pas depuis très longtemps. Le projet Littoral est quand
même très récent, mais les citoyens commencent à
nous donner de l'information sur les lignes. Effectivement, c'est
commencé.
Mme Vermette: Vous n'avez pas d'ordre de grandeur,
là-dedans? Pour le nombre de plaintes que vous auriez pu avoir
reçues, parce qu'on le fait soit par téléphone, ou par
écrit, ou...
M. Lavigne: ce n'est pas nécessairement des plaintes mais
plus des observations. souvent, comme on le disait, il y avait juste le
curé du village et la sûreté qui ne savaient pas que, dans
tel village, il y avait des trafiquants de drogue. Maintenant, on demande au
public de participer. On va pouvoir l'évaluer peut-être au bout de
deux ou trois mois. Maintenant, c'est très récent, ça,
c'est quelques semaines seulement. Mais elles ont déjà
commencé à être activées et M. Quinn me dit qu'on a
au moins une trentaine d'appels d'entrés déjà sur ces
lignes-là.
Mme Vermette: Alors, je vous remercie bien. Comme on est
pressé dans le temps, j'aurais pu vous en poser plusieurs autres, mais,
en tout cas, je me suis limitée aux principales. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée de Marie-Victorin. Avant de reconnaître M. le
député d'Ungava, M. le député de Hull, vous avez
une brève question à poser, parce qu'il reste,
évidemment...
M. LeSage: II nous reste combien de temps?
Le Président (M. Dauphin): II reste 10 minutes à
nos travaux, et je sais que M. le député d'Ungava a plusieurs
questions à poser. Par contre, vous m'avez demandé pour
intervenir, alors je vais vous reconnaître à ce moment-ci et nous
laisserons un peu de temps à M. le député d'Ungava pour,
finalement, cibler les questions les plus importantes pour finir le temps.
M. LeSage: Est-ce que les travaux se terminent à 18 h 25,
M. le Président?
Le Président (M. Dauphin): Exact.
M. LeSage: Merci. M. le ministre, j'aimerais poursuivre dans la
même veine que la députée de Marie-Victorin lorsqu'elle
posait la question à savoir si vous aviez des statistiques. Je lisais
récemment un article dans lequel on nous indiquait que la consommation
des drogues chez les jeunes aux États-Unis avait beaucoup diminué
et on nous donnait des pourcentages. C'est peut-être la question que Mme
la députée demandait, finalement. J'aimerais ça, moi,
savoir si, effectivement, au Québec, dans les dernières
années, avec vos programmes de sensibilisation auprès des jeunes,
vous en avez, des statistiques à l'effet que ça diminue
également au Québec, ou est-ce que c'est seulement aux
États-Unis que ça diminue?
M. Lavigne: On n'a pas vraiment de statistiques dans le sens
où vous les demandez sauf que, d'une allure générale, je
peux vous dire que, déjà, on s'en allait dans une école
pour parier de drogue et on ne se sentait pas toujours les bienvenus. Rarement
voyait-on des jeunes s'afficher et dire: Moi, je n'en prends pas, de drogue,
parce que ce n'était pas la mode de ne pas prendre de drogue.
Aujourd'hui, il y a
beaucoup de jeunes qui s'affichent publiquement et disent: Moi,
là, je n'en prends pas. Je pense que ça a des effets parce que,
au fil des années, l'éducation vient à entrer, et
ça va donner des résultats. Concernant les statistiques,
malheureusement, je n'en ai pas, par exemple.
M. LeSage: Est-ce que la Sûreté du Québec est
équipée pour détecter des champs de marihuana des
airs?
M. Lavigne: Oui, on vole de temps en temps dans les airs. Ha, ha,
ha! Non, on fait des enquêtes, mais, souvent, c'est à la suite
d'informations qu'on va aller survoler une région particulière.
C'est difficile à localiser des airs. Il faut quasiment avoir une
idée qu'il peut y avoir un champ à tel ou tel endroit pour s'en
approcher et regarder vraiment ce qu'il y a là.
M. LeSage: Alors, si je comprends bien votre réponse, vous
allez faire des enquêtes similaires ou faire des surveillances
aériennes seulement lorsque vous avez des informateurs qui vous donnent
le «lead».
M. Lavigne: On fait beaucoup de surveillance aérienne.
Même nos pilotes... On a trois hélicoptères. Je veux dire,
s'ils se promenaient et qu'ils voyaient un endroit qui pourrait faire penser
qu'il y aurait une culture de drogue quelconque, ils nous le signaleraient et
on irait. Cependant, je vous dis que les résultats sont plus probants
avec les enquêtes, quand on envoie quelqu'un, parce que c'est difficile
à voir des airs. Il faut s'en approcher vraiment.
M. LeSage: L'autre question, M. le Président ça
concerne justement les trafiquants, les «pushers». Moi, j'ai des
gens qui... J'ai même lu des articles à cet effet-là. On se
demande, dans les différents milieux, comment il se fait qu'un jeune -
je ne veux pas critiquer les sentences qu'on donne aux jeunes ni au dernier de
la ligne qui fait le «pushing» - que ces gens-là, qu'on
pourrait qualifier de petits «pushers», lorsqu'ils se font
arrêter, ont sensiblement les mêmes sentences que le gros
«big boss», je ne sais pas comment il s'appelle, mais le
contrôleur.
Une voix: On veut des noms.
Des voix: Ha, ha, ha!
(18 h 20)
M. LeSage: J'aimerais ça vous en donner, des noms. Moi, on
m'a souvent fait cette remarque-là. Comment se fait-il que...
Même, ça peut être un étudiant qui a peut-être,
je ne sais pas, moi, un petit peu de...
Une voix: La revente dans les écoles.
M. LeSage: Oui, la revente dans les écoles.
Il en a un petit peu, en tout cas, mais lui l'a pris d'un autre gars qui
en avait un petit peu plus, puis lui l'a pris d'un autre qui en avait beaucoup
plus, puis l'autre qui avait ça au baril ou à la poche. Comment
se fait-il qu'au bout de la ligne c'est à peu près la même
sentence?
M. Lavigne: Au niveau des sentences, cest le juge qui...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: On va faire le tour du système judiciaire.
M. LeSage: On peut.
M. Lavigne: Sauf qu'on n'est pas vraiment responsables de la
sentence et on a peu de choses à dire, sauf de faire des
représentations Cependant, je crois que le petit «pusher» et
le moyen «pusher» doivent poser au moins un geste, c'est de vendre
de la drogue à quelqu'un d'autre. Je comprends qu'entre un individu qui
fait une importation importante de drogue et le petit «pusher», il
devrait y avoir une différence, puis il y en a aussi dans les faits,
mais, quand quelqu'un fait un geste de vendre de la drogue a d'autres, bien,
c'est un geste tout à fait illégal. On a vu des petits
«pushers», par exemple c'était une madame qui était
près d'une école et. lorsque sa lumière était
allumée, c'était parce qu'elle avait de la drogue à
vendre. Donc, les jeunes se présentaient puis lui achetaient de la
drogue. Elle n'en vendait pas... Elle ne faisait pas 1 000 000 $ par
année avec ça, c'est évident, mais son geste était
extrêmement néfaste pour la jeunesse du coin.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Lavigne.
Merci, M. le député de Hull. Maintenant, jusqu'à la fin,
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Très
brièvement. M. le ministre, vous comprenez, on pensait pouvoir finir
plus tôt, effectivement, pour vous faciliter, entre autres, une
présence au Conseil des ministres. Malheureusement, vous voyez, les
choses n'ont pas viré comme on le prévoyait. C'est probablement
parce qu'on n'a pas assez de temps pour faire les crédits aussi.
L'armée prochaine, on va vous demander 10 heures. J'espère qu'on
va être bien accueillis et qu'on aura le temps de passer à travers
tous les programmes. On en a fait à peine la moitié,
voyez-vous.
Il y a, entre autres, un programme sur lequel on aurait bien aimé
avoir l'occasion de discuter, c'est le dernier, le programme 8,
Sécurité civile. Je sais qu'il y a un certain nombre de
problèmes qui se posent dans la gestion de ce programme-là. Il y
a eu des articles de journaux là-dessus. Le 26 mars, même,
le sous-ministre est intervenu directement pour essayer de mettre un
holà à toutes les questions d'embauché d'occasionnels,
etc. On aurait bien aimé pouvoir en discuter parce que, encore
là, au niveau de la protection civile aussi, il y a toute la question de
la Commission de la fonction publique qui a fait un certain nombre de
recommandations sur l'utilisation des véhicules, l'affectation de
véhicules d'urgence, etc. Ça nous prouve que, effectivement, avec
six heures, on n'a sûrement pas assez de temps, mais, de toute
façon, on aura probablement d'autres tribunes dans les prochaines
semaines pour continuer à discuter de ces choses-là.
Moi, je veux profiter de la dernière minute qui me reste pour
vous remercier de votre présence, ainsi que tous vos collaborateurs,
puis souhaiter que cet exercice d'aujourd'hui porte tous les fruits
souhaités et désirés par la population.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, voulez-vous dire un dernier mot
avant que nous adoptions tous les programmes?
M. Ryan: Oui, merci. Je voudrais tout d'abord vous remercier, M.
le Président, de la manière magnifique dont vous avez
dirigé nos travaux aujourd'hui, avec autorité mais, en même
temps, avec grande compréhension. Je remercie les collègues des
deux côtés de la Chambre pour leur participation éminemment
constructive à nos travaux. Je remercie les personnes du
ministère qui m'ont accompagné. Je souligne de nouveau la
collaboration exceptionnellement élevée qu'elles apportent au
ministre et, à travers sa personne, au gouvernement.
Je veux signaler une chose, si vous me le permettez. J'ai
été particulièrement édifié par le
caractère éminemment construct des échanges que nous avons
eus aujourd'hui. Nous avons passé toute la journée ensemble, et
il n'y a pratiquement pas eu de partisanerie. C'est à se demander, quand
il y en a, de quel côté ça commence, mais, aujourd'hui, en
tout cas, il y avait un effort de retenue de ce côté-là que
j'ai vivement apprécié. Je voudrais en exprimer ma reconnaissance
aux députés, peut-être surtout de l'Opposition parce que,
de leur côté, c'est encore plus significatif. En
conséquence de quoi, parmi les sujets que nous n'avons pas pu aborder -
et je le regrette beaucoup pour les collaborateurs du ministère qui
étaient ici pour répondre aux questions, le Commissaire à
la déontologie policière, le Comité de déontologie
policière, l'Institut de police du Québec, la Direction
générale de la sécurité civile - si on pouvait
trouver un moment d'ici la fin de la session - je sais que le calendrier sera
extrêmement chargé - s'il y avait un moment où,
informellement ou formellement, la commission voulait se réunir pour
poursuivre les échanges sur un aspect ou l'autre, nous autres, nous
serons volontiers disposés à faciliter une séance
d'information qui permettrait de compléter le travail dans le même
esprit avec lequel nous l'avons accompli aujourd'hui. Je vous remercie et je
crois que vous pouvez compter que le travail se fasse avec le souci de
l'efficacité et du service de l'État et de la population.
Le Président (m. dauphin): merci, m. le ministre. merci,
évidemment, à vous-même, au nom de tous les membres de la
commission, à tous vos collaborateurs et à toutes vos
collaboratrices. est-ce que les programmes 4, 5, 6, 7 et 8 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère de la
Sécurité publique pour l'année financière 1992-1993
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Alors, ayant
accompli notre mandat, nous ajournons nos travaux jusqu'à demain matin,
9 h 30, pour l'étude des crédits budgétaires du
Secrétariat aux affaires autochtones, au salon rouge. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 26)