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(Neuf heures quatre minutes)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames, messieurs, si vous
permettez, nous allons débuter nos travaux. Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte. Je vous rappelle le mandat de ce matin, qui est de
procéder à l'étude des éléments 1, 2 et 5 et
de débuter l'étude de l'élément 3 du programme 1
des crédits budgétaires concernant le ministère des
Affaires internationales pour l'année financière 1992-1993. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Aucun.
Organisation des travaux
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, je vous
rappelle qu'il n'y a pas d'entente entre les groupes parlementaires sur le
partage du temps. Donc, c'est la théorie du 50-50 qui s'applique. Mais,
comme je l'ai mentionné hier, je considère que l'étude des
crédits constitue quand même une séance qui permet à
l'Opposition officielle de questionner le ministère, le ministre en
particulier. Alors, je serais plutôt d'avis que ce serait du 60-40
plutôt que du 50-50, si mes collègues sont consentants. Alors, je
pense qu'on n'aura pas de problème à ce niveau-là.
Concernant les remarques préliminaires, je vous rappelle,
effectivement, que nous avons une enveloppe de quatre heures,
c'est-à-dire de 9 heures jusqu'à 13 heures. J'invite donc M. le
ministre des Affaires internationales... Tout d'abord, nous lui souhaitons la
bienvenue à notre commission pour défendre l'étude de ses
crédits. Je lui demanderais de nous présenter les personnes qui
l'accompagnent à la table des témoins et, ensuite, de
procéder à ses remarques préliminaires. Bienvenue, M. le
ministre des Affaires internationales.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. MM. les
députés. Les principaux collaborateurs qui m'entourent sont: M.
Renaud Caron, sous-ministre; MM. Cari Grenier, Denis Ricard et
Paul-Émile Blouin, sous-ministres adjoints. Il y a aussi avec nous les
directeurs généraux: M. Paul-André Boisclair, Dominique
Bonifacio, Claude Roquet, Denis Gervais et Jean Clavet, et leurs principaux
collaborateurs.
En guise d'introduction à nos travaux... Il en manque? Est-ce que
j'ai présenté tout...
Une voix: Ça va.
M. Ciaccia: Ça va. Merci. J'aime l'atmosphère
intime de cette salle...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: ...ça nous permet d'avoir des discussions...
En guise d'introduction à nos travaux, je rappellerai les faits
saillants de nos activités internationales de la dernière
année, puis j'évoquerai avec vous les perspectives qui marqueront
les mois à venir.
Comme vous le savez, c'est avec fierté que j'ai rendu publique,
en septembre dernier, la politique d'affaires internationales. Cette
première pour le gouvernement du Québec illustrait
éloquemment l'ouverture du Québec sur le monde. J'aimerais
profiter du temps qui nous est consacré aujourd'hui pour mettre en
relief quelques aspects de ma vision de cette nouvelle politique
gouvernementale.
La politique propose de faire des affaires internationales un instrument
majeur du développement et de l'épanouissement du Québec.
J'insiste sur le fait que cette politique dépasse largement les aspects
reliés strictement au commerce extérieur.
Même si nous accordons beaucoup d'importance aux questions
économiques, la politique fait une large place à la science,
à la culture et au rayonnement du Québec, de même qu'aux
relations que le Québec entretient avec les pays étrangers. Plus
encore, elle nous fournit un cadre qui nous permettra de mieux faire
connaître le Québec, de partager nos valeurs démocratiques
et de contribuer à améliorer la qualité de vie des
Québécois et de leurs partenaires étrangers. Nous allons
voir le nombre de missions que nous avons à l'étranger, le
contenu, la portée de cette politique et la façon qu'elle fait
rayonner le Québec et qu'elle fournit une présence du
Québec à l'étranger.
Parler d'affaires internationales de nos jours, c'est évoquer
tous les domaines de l'activité humaine. En effet, qu'il s'agisse de
l'environnement, de la santé, des communications, de la culture, de
l'éducation, de la science ou des affaires, tous ces domaines comportent
une dimension Internationale dont nous devons tirer parti. La politique tient,
d'ailleurs, largement compte de cette exigence. Aujourd'hui, on ne peut plus se
limiter aux domaines au niveau national; il faut aller plus loin,
élargir nos frontières. Il importe de mieux saisir la
réalité de l'interdépendance et de connaître les
opportunités de même que les responsabilités qu'elle
comporte. Plus encore, même les décisions que
les gouvernements doivent prendre doivent l'être en tenant compte
de leurs relations internationales et de l'opinion de la communauté
internationale. Cette prise de conscience est essentielle. Le monde change. Ces
modifications exercent une influence sur le Québec. C'est pourquoi il
faut bien connaître les enjeux de la scène internationale tout
comme il importe de mieux faire connaître le Québec auprès
des partenaires étrangers.
M. le Président, si les affaires internationales sont
déterminées et déterminantes pour tout le Québec,
cela est particulièrement vrai pour les régions. C'est pourquoi
j'ai entrepris une vaste tournée régionale qui m'a mené,
notamment, en Abitibi, en Mauricie, en Estrie, en Gaspésie, sur la
Côte-Nord, dans l'Outaouais de même qu'en Beauce. Mon objectif,
lors de ces tournées, est de sensibiliser !es gens des régions
aux nouvelles réalités internationales. Je crois fermement en
notre rôle pédagogique au ministère des Affaires
internationales. En effet, il nous revient de donner aux citoyens des quatre
coins du Québec le sens de l'international. Mieux faire connaître
le Québec, les possibilités qui existent dans les pays
étrangers, les programmes que nous avons, parler du rayonnement du
Québec, l'importance de la présence du Québec à
l'étranger, voilà ce que nous faisons lors d'une tournée
régionale. Nous posons les gestes essentiels afin de multiplier les
occasions de collaborer avec l'étranger pour le plus grand nombre
possible de Québécois. (9 h 10)
On le sait, l'évolution de la réalité
internationale à laquelle je viens de faire allusion s'est
manifestée de plusieurs façons au cours des derniers mois. Nous
suivons les négociations du GATT et nous avons multiplié les
interventions afin que les intérêts du Québec y soient bien
défendus. Nous continuerons de le faire en souhaitant que cette ronde
aboutisse à un accord qui protège les acquis de la
libéralisation des échanges commerciaux tout en sauvegardant les
intérêts du Québec.
Les derniers mois ont également permis de constater la valeur de
l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Il
n'y a aucun doute, l'ouverture des frontières favorise la croissance des
échanges et bénéficie, notamment, à ceux qui
disposent d'un marché intérieur réduit. C'est
inévitable, la concurrence entraîne parfois des conflits, mais
nous avons en place un mécanisme de règlement des
différends qui a porté fruit. Par exemple, les décisions
rendues, comme celle qui nous a été favorable dans le cas du porc
et l'entente qui a été signée sur la bière, l'ont
été d'une façon pour ne pas faire naître de division
entre les membres américains ou canadiens. Et cela devrait nous rassurer
dans la protection de nos intérêts futurs.
Le contexte de mondialisation est certes exigeant pour le Québec,
mais il l'est également pour tous ses partenaires. Il suffît
d'observer ce qui se passe aux États-Unis, par exemple, dans les
domaines de l'informatique et de l'automobile, pour réaliser que
même la première puissance mondiale doit consentir à des
ajustements difficiles. Lorsqu'on considère les pertes de 9 500 000 000
$ que GM, IBM et Ford ont enregistrées l'an dernier, on peut
prévoir des changements importants. Phénomène connu: des
100 leaders identifiés par Fortune en 1956, 71 ont disparu en 1991.
Mais, fait nouveau, d'autres sont apparus, comme c'est le cas chez nous pour
Bombardier et SNC-?avalin, pour ne nommer que ceux-là. En conclusion,
l'adaptation permanente est l'une des exigences fondamentales du succès
pour nous tous.
Dans un autre ordre d'idées, les missions à
l'étranger sont l'occasion privilégiée de faire
connaître le Québec à nos partenaires étrangers.
Ainsi, chaque fois que je conduis une mission, je le fais en donnant une image
réaliste et positive de la société
québécoise sous toutes ses facettes, tant politique, culturelle,
économique que sociale. Je profite de ces opportunités pour
établir la base d'une collaboration future entre le pays visité
et le Québec, dans tous les domaines d'intérêt commun.
C'est ainsi que je me suis rendu à plusieurs reprises aux
États-Unis pour y rencontrer des sénateurs, des
représentants des milieux politique, financier et des affaires, des
médias et des universités. Incidemment, dans le dossier de
Grande-Baleine, j'ai rencontré l'association Globe à Washington.
Lors de cette Intervention, j'ai réussi à convaincre les
parlementaires issus du monde entier de la responsabilité du
gouvernement du Québec en matière d'environnement et du respect
de ses autochtones dans ce dossier. Il s'agit là d'une grande victoire
dans la projection d'une image positive du Québec à
l'étranger.
J'ai conduit également des missions en Asie, au Moyen-Orient, en
Afrique, en Amérique latine et en Europe. Parmi les résultats qui
ont déjà été annoncés, je pense
particulièrement au contrat intervenu il y a quelques semaines entre le
Viêt-nam et SNC-Lavalin pour la construction d'un pipeline de gaz naturel
et d'une usine de transformation du gaz et des liquides du gaz dans le Sud du
Viêt-nam. En ce qui a trait aux autres missions, les échanges ont
été amorcés dans le domaine de la recherche ou de la
culture et les discussions se poursuivent pour l'établissement de
contrats ou de partenariats.
Je souhaite souligner ici le rôle dé joué par les
représentants des communautés culturelles associés
à certaines missions à l'étranger. Ces communautés
peuvent nous apporter une meilleure connaissance de leur pays d'origine,
facilitant ainsi les contacts et l'identification des secteurs
d'intérêt commun. Plus encore, la participation des
communautés culturelles aux activités Internationales leur permet
de travailler avec d'autres Québécois et, ainsi, de participer
à toutes les
activités de notre société. Je crois fermement que
c'est en travaillant ensemble qu'on apprend à se connaître et
à s'apprécier. C'est dans cette perspective que j'ai mis beaucoup
d'efforts pour assurer la participation des communautés culturelles
à nos activités, et je me réjouis des résultats
obtenus.
Le Québec a continué de jouer un rôle de premier
plan lors de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement
des pays ayant en commun l'usage du français, qui s'est tenue en France
en novembre dernier. Ainsi, le premier ministre a privilégié une
action coordonnée des institutions multilatérales francophones
autour de projets majeurs centrés sur les principaux
Intérêts communs. En explicitant la politique d'affaires
internationales à ce chapitre, le ministre délégué
à la Francophonie a rendu public un document qui précise les
orientations et les objectifs du gouvernement dans le cadre de la francophonie
multilatérale. Il y reviendra sans doute lors de l'étude des
crédits consacrés à la Francophonie.
Les documents qui ont été remis aux membres de cette
commission auront sans doute permis de se rendre compte du dynamisme et de la
compétence de ceux qui forment ce que le premier ministre a
récemment appelé la «diplomatie
québécoise». Je profite de l'occasion pour exprimer
publiquement mon appréciation de leur travail et de leur
dévouement incessants.
Avant d'aborder les perspectives que nous entrevoyons pour les prochains
mois, j'aimerais faire état des données préliminaires sur
les échanges internationaux de marchandises du Québec pour
l'année 1991. J'attire votre attention sur le fait que ces
données doivent être interprétées avec
précaution. Pour illustrer mon propos, qu'il me suffise de dire que
Statistique Canada vient de réviser les données de 1990 sur
lesquelles étalent fondées les annexes statistiques de la
politique. La correction des données a pour effet d'attribuer au
Québec des exportations supplémentaires de 1 800 000 000 $,
principalement du matériel de télécommunications et de
véhicules automobiles, ce qui ramène le déficit commercial
à 2 400 000 000 $ plutôt qu'aux 4 200 000 000 $ estimés
auparavant.
Il n'en reste pas moins instructif de constater que le commerce
international du Québec, comme celui du Canada, a subi un léger
recul en 1991; sa valeur a baissé de 0,8 % pour s'établir
à 25 900 000 000 $ et celle de ses importations a baissé de 2,8 %
pour atteindre 27 700 000 000 $. Alors, le déficit s'est
élevé à 1 800 000 000 $ plutôt qu'à 2 400 000
000 $, comme il l'était l'année avant, c'est-à-dire une
baisse de 600 000 000 $.
Ces données témoignent à leur façon des
difficultés qui se manifestent sur la scène internationale.
Soulignons toutefois que le Québec et le Canada ne sont pas les seuls
à en ressentir les effets. Ainsi, le taux de croissance des exportations
a diminué en 1991 par rapport à 1990 dans presque tous les pays
industrialisés. Par exemple, les exportations américaines ont
reculé de 1,7 %, et on voit le même phénomène en
Allemagne, où le volume des exportations a diminué sensiblement.
Dans ce contexte international difficile, il nous faut donc redoubler
d'efforts. C'est ce que nous comptons faire au cours de la prochaine
année.
Abordons maintenant certaines mesures qui marqueront la première
année de mise en oeuvre de la politique d'affaires internationales.
Conformément à l'orientation générale du
gouvernement, la contribution des affaires internationales au
développement économique du Québec représente une
des priorités de cette politique. Le développement
économique passe, notamment, par des investissements productifs qui
permettront aux entreprises implantées au Québec de se donner les
moyens de répondre à la demande internationale et d'occuper la
place qui leur revient dans les réseaux internationaux. Voilà
pourquoi le ministère des Affaires internationales va conjuguer plus
étroitement ses efforts à ceux du MICT, du ministère de
l'Énergie, du ministère des Forêts et du ministère
du Tourisme pour rechercher activement les investissements étrangers.
À cette fin, un bureau de prospection des investissements
étrangers est créé au ministère des Affaires
internationales, parallèlement au mandat qu'ont reçu nos
délégations de travailler systématiquement selon les
indications définies par la politique.
En matière de politique commerciale, nous allons continuer
à représenter les intérêts du Québec dans les
négociations du GATT, dans les négociations trilatérales
avec les États-Unis et le Mexique. Nous accentuerons également
nos efforts pour lancer nos entreprises sur le marché américain
en favorisant la connaissance des réseaux de distribution et en les
conseillant dans la recherche d'alliances avec des entreprises
américaines susceptibles de leur faciliter la pénétration
de ce marché. À cet égard, nous poursuivrons le
développement du programme SAM, c'est-à-dire le système
d'agents manufacturiers, qui offre déjà à nos PME une
banque de 5000 inscriptions d'agents regroupant près de 15 000
représentants américains intéressés à
représenter des entreprises québécoises et à vendre
leurs produits aux États-Unis et, ainsi, tirer profit de l'Accord de
libre-échange. Nous encouragerons nos entreprises à conclure des
alliances avec des entreprises européennes, et je pense à
Canadair en Bavière, à Bombardier en Belgique et en Irlande,
à Cascades en France.
Pendant que le MICT favorisera les regroupements au Québec
permettant de mieux affronter la concurrence étrangère, nous
offrirons, par le biais de la SDI et de notre programme d'aide à
l'exportation, un soutien aux entreprises capables d'une action durable sur les
marchés étrangers, y compris dans certains pays d'Europe
centrale et de l'Est.
Avec la collaboration du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, nous ajouterons un volet international au
programme Formation des chercheurs et d'appui à la recherche. Nous
poursuivrons nos efforts avec le ministère du Tourisme sur nos
marchés prioritaires. Nous poursuivrons, avec le ministère des
Affaires culturelles, l'appui à la diffusion culturelle à
l'étranger en misant sur la qualité et sur le
développement de réseaux durables. Du même coup, nous
comptons soutenir, en collaboration avec la SOGIC, les industries de la culture
et de la communication. (9 h 20)
La politique a, pour la première fois dans l'histoire des
affaires internationales du Québec, abordé de façon
systématique le rayonnement du Québec à l'étranger.
Dans la perspective qu'elle a définie, et en étroite concertation
avec les nombreux acteurs qui interviennent dans ce domaine, nous poursuivrons
nos efforts pour faire connaître et faire valoir systématiquement
auprès des milieux décideurs, chez nos principaux partenaires
étrangers, tous les aspects du Québec actuel qui en font
réellement un partenaire d'avenir en Amérique. À cet
égard, nos délégations ont un rôle important
à jouer et, en particulier, celles aux États-Unis, en Europe et
au Japon.
Les documents qui vous ont été déposés
donnent un survol intéressant de toutes ces activités, des
activités bilatérales, de nos relations avec d'autres pays, et je
serai heureux d'y revenir au cours de nos débats.
En ce qui concerne les délégations à
l'étranger, le mandat de certaines de nos missions sera élargi
pour couvrir l'ensemble de nos rapports avec les pays concernés. Ce sera
le cas, notamment, en Allemagne et au Japon. Certains bureaux, dont le mandat
comprendra plusieurs secteurs d'activité, seront convertis en
délégations. J'aimerais aussi signaler la participation du
Québec à l'Exposition universelle de Seville. En dépit de
moyens modestes, nous comptons profiter de cette occasion exceptionnelle pour
promouvoir l'expertise et le savoir-faire québécois tant en
matière technologique que culturelle, faire connaître le
Québec et, ainsi, susciter des alliances avec des partenaires
européens.
Au cours des dernières années, le Québec a
signé de nombreuses ententes. Ces dernières fournissent un cadre
privilégié pour développer avec nos principaux partenaires
des rapports fondés sur des intérêts communs d'importance.
Nous veillerons à ce que ces ententes nous permettent d'atteindre les
objectifs fixés par la politique. Nous avons signé plusieurs
ententes; moi-même, j'ai participé à la signature de 11
ententes, et nous attachons beaucoup d'importance pour établir les liens
avec les pays et promouvoir la présence du Québec dans ces
pays.
En terminant cette première intervention, je voudrais dire un mot
sur certains aspects du budget du ministère pour l'exercice financier
1991-1992. Comme vous le savez, la loi créant le ministère des
Affaires internationales confie à son titulaire le mandat de planifier,
d'organiser et de diriger l'action à l'étranger du gouvernement
ainsi que celle de ses ministères et organismes, de même que de
coordonner leurs activités au Québec en matière d'affaires
internationales. Pour y parvenir, le ministère a inscrit dans une
programmation l'ensemble des activités internationales du gouvernement,
incluant celles du ministère des Affaires internationales et des autres
ministères et organismes. Nous avions pour objectif l'utilisation
optimale de nos ressources. Dans cette période d'austérité
budgétaire, il s'agit d'un souci qui fait certes l'unanimité.
Le résultat de cette opération est concluant. Au total,
les ressources qui y sont consacrées représentent plus de 224 000
000 $, soit le budget de 126 300 000 $ du ministère des Affaires
internationales et 98 000 000 $ consacrés aux activités
Internationales par les autres ministères et organismes. De ce montant,
162 000 000 $ sont consacrés aux activités. Une partie ne peut
être répartie par domaine d'intervention: soutien administratif
des directions, du réseau. Il reste un montant de 124 000 000 $ qui se
répartit ainsi par domaine d'intervention. Je ne ferai pas la liste, M.
le Président, de tous les domaines; on pourra y revenir dans les
questions qui nous seront posées. Mais on volt les montants qui sont
alloués dans différents... comme les ressources humaines, le
rayonnement, et les différents pays, les États-Unis, la France,
l'Europe et tout le reste.
En conclusion, M. le Président, les propos que je viens de tenir
le démontrent clairement, jamais le Québec n'a été
aussi présent, aussi actif que maintenant sur la scène
internationale. Cette situation favorable est le résultat, vous en
conviendrez, de la volonté gouvernementale de faire reconnaître
l'importance des affaires internationales comme instrument majeur du
développement et de l'épanouissement du Québec. Il reste
certes beaucoup à faire, mais je suis convaincu que c'est par la
poursuite des actions et des gectes que nous posons déjà que nous
permettrons au Québec tout entier de relever avec brio le défi de
l'international.
J'espère, en terminant, que ces indications préliminaires
nous permettront d'échanger de la manière la plus fructueuse qui
soit. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
des Affaires internationales, pour vos remarques préliminaires. Je vais
maintenant reconnaît, g le porte-parole de l'Opposition officielle, en
l'occurrence M. le député de Bertrand, également pour ses
remarques préliminaires. M. le député.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. L'étude des
crédits 1991-1992 et des prévisions 1992-1993 du ministère
des Affaires internationales reflète, à mon avis, une image fort
différente de celle que vient de présenter le ministre.
D'abord, j'en tire la conclusion que le ministère des Affaires
internationales traverse une sérieuse période d'inertie par
rapport à l'énoncé de politique internationale que
déposait le ministre en septembre dernier. Permettez-moi, uniquement
à ce chapitre, de vous rappeler que le budget de votre ministère
ne représente qu'un tiers de un pour cent de tout le budget du
Québec. Alors que des groupes culturels, alors que d'autres groupes
préconisent que le budget des Affaires culturelles soit au moins de 1 %
du budget total du Québec, votre budget à vous, qui regroupe,
entre autres, la promotion commerciale, se limite à peine à un
tiers de un pour cent. Le montant exact, c'est 126 359 000 $, sur un budget
total de 41 000 000 000 $ pour le Québec. Bien sûr, lorsque vous
commencez à comptabiliser des activités qui relèvent
d'autres ministères et qui ont des incidences internationales, vous
pouvez sans doute augmenter ce montant, mais le budget qui vous est, à
vous-même, alloué est de moins de 1 %. Alors, je pense qu'il n'y a
pas de quoi se flatter dans un contexte comme celui-là.
D'autre part, les crédits que j'ai examinés
reflètent l'incohérence de certaines de vos politiques par
rapport à l'énoncé de septembre dernier. Pour un
ministère qui regroupe les activités de promotion commerciale,
dont relève à peu près 40 % du produit intérieur
brut et dont dépendent plusieurs centaines de milliers d'emplois, je
pense que ça reflète, encore une fois, un portrait plutôt
statique et plutôt inquiétant des activités de votre
ministère.
D'autre part, les crédits reflètent également la
multiplication des gaffes de certains de vos représentants seniors
à l'étranger et qui, à mon avis, relancent le besoin
encore plus urgent d'instaurer, comme je l'ai demandé à plusieurs
reprises et comme l'Opposition l'a demandé à plusieurs
reprises... l'instauration d'une diplomatie québécoise
professionnelle.
D'autre part, j'en retire également l'incapacité ou le
manque de volonté de se doter d'une politique d'information efficace et
crédible. Et je ne puis m'empêcher ici de relever les propos que
vous avez eus tout à l'heure lorsque vous avez mentionné que,
dans vos démarches à l'étranger, vous présentiez la
situation du Québec dahs la plus grande objectivité.
Permettez-moi de vous dire que plusieurs Québécois, y compris
l'Opposition officielle, s'interrogent sur le genre de portrait que vous tracez
du Québec, d'autant plus que vous vous êtes vous-même
absenté d'un vote à l'Assemblée nationale sur deux motions
importantes portant sur des questions d'ordre constitutionnel, deux votes,
d'ailleurs, que le gouvernement a appuyés. Plusieurs
Québécois s'interrogent sur l'incidence de vos opinions
personnelles, qui sont tout à fait légitimes et que l'on respecte
entièrement, mais qui nous portent à nous interroger sur
l'incidence qu'elles peuvent avoir compte tenu du fait que vous êtes le
patron de toute la politique d'information internationale du Québec. (9
h 30)
D'autre part, on peut s'interroger sur la remise en question du
recrutement d'une immigration francophone ou «francophonisable» au
profit d'ouverture projetée de bureaux dans des pays où la langue
anglaise est la seconde langue d'usage. J'aurai l'occasion de revenir sur cette
question un peu plus tard.
Je retire également de l'examen de ces crédits la
stagnation des crédits à la promotion commerciale, contrairement
à ce que vous nous aviez indiqué lors de la dernière
étude des crédits et contrairement à ce que vous avez
indiqué au chef de l'Opposition lors d'une question récente qu'il
posait en Chambre; stagnation des crédits a la promotion commerciale par
rapport aux dépenses de voyage énormes, sup-posément
attachées à la promotion commerciale, et également
l'allocation partisane des fonds de promotion des programmes APEX et
APEX-Marketing. Je reviendrai également là-dessus.
J'ai également relevé la stagnation, pour ne pas dire le
recul, dans nos relations avec la France, le manque de jugement dans la
participation à certaines commissions mixtes où le Québec
est invité à participer et où il a un intérêt
majeur par rapport à la participation à d'autres réunions
d'incidence mineure.
Je soulèverai également l'incapacité de votre
gouvernement et de votre ministère à rassurer les
Québécois sur des négociations internationales de
conséquence majeure en raison, entre autres, d'une approche
effacée, discrète, pour ne pas dire complètement
secrète. J'ai également l'intention de soulever
l'irresponsabilité dont le ministère fait preuve au chapitre de
la dotation du réseau de représentation du Québec en
matière de personnel senior. Et, enfin, j'ai relevé, dans
l'allocation des fonds discrétionnaires du ministre, une tendance
à favoriser certains groupes de communautés culturelles au
détriment d'autres groupes, ainsi que l'importance des fonds
alloués à des activités qui n'ont absolument aucune
incidence, ni directe ni indirecte, avec les activités
internationales.
Enfin, je termine mes remarques d'introduction en signalant ma
déception face au manque de dynamisme de votre ministère que
reflètent les crédits que vous nous avez déposés
et, surtout, au moment où le Québec s'engage dans une
période historique peut-être la plus importante de son histoire
contemporaine. Alors, voilà, M. le Président, pour mes remarques
préliminaires. Si vous le permettez, je poserai tout de suite une
première question au ministre.
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant, si vous me
permettez. Je crois, M. le ministre, que vous voulez réagir aux propos
du député, pour la correction peut-être?
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Juste pour quelques instants, M. le Président,
pour vous indiquer et indiquer au député de Bertrand que j'avais
espéré avoir un débat sérieux sur les
activités des Affaires internationales. Maintenant, si le
député de Bertrand n'est pas au courant et n'est pas
informé de tout ce qui se fait au ministère, je serais
très heureux de lui fournir une séance d'information pour qu'il
puisse poser les bonnes questions et pour qu'il puisse souligner les bons
éléments, les vrais éléments de nos
activités S'il le veut, je pourrais même suspendre, demander de
suspendre l'étude des crédits, vous fournir une séance
d'information et revenir plus tard à l'étude des crédits,
si vous le désirez. Si vous ne le désirez pas, nous allons
continuer.
Quand vous dites qu'il y a un manque de dynamisme, j'espère que
vous allez vous excuser auprès de plus de 850, 900 fonctionnaires du
ministère des Affaires internationales et auprès des gens qui
m'accompagnent ici, quand vous dites qu'il y a un manque de dynamisme, parce
que ces gens-là sont dynamiques, ils travaillent d'arrache-pied pour
faire connaître le Québec à l'étranger et pour
poursuivre toutes les activités internationales du Québec
à travers le monde.
Quand vous parliez que vous vouliez instaurer une diplomatie
québécoise professionnelle, est-ce que vous voulez insinuer que
les gens qui m'accompagnent ne sont pas professionnels? Voulez-vous insinuer
que les représentants des délégations à
l'étranger ne sont pas des professionnels? Je crois que ça
mérite une excuse de votre part auprès de tous ceux qui
travaillent, qui se dévouent incessamment pour travailler pour le
Québec et qui se sentent vraiment, ce matin, au résultat de vos
interventions, vraiment insultés. Que vous m'insultiez, moi,
personnellement, quant à ma présence à l'Assemblée
nationale, ça, je peux prendre ça et ;« vais me
défendre. Et je vais vous expliquer que, sur le fond, je n'ai pas de
difficulté avec mon gouvernement; c'était juste que je voulais
indiquer que je ne voulais pas m'associer avec le Parti québécois
sur la direction, sur le dossier constitutionnel. Mais ça, on peut y
revenir. Alors, quand vous portez des accusations, que vous faites des
représentations ou des commentaires sur l'aspect politique, ça,
on peut se défendre, mais je crois que, quand vous commencez à
insulter tous les fonctionnaires sur le dynamisme du ministère,
là, je crois que vous allez un peu trop loin.
Comme je l'ai dit, je suis prêt à vous fournir une
séance d'information où tous les gens qui m'accompagnent pourront
être présents pour vous donner la vraie information. Je peux
revenir, M. le Président, je ne veux pas prendre plus de temps sur tous
les autres aspects.
En ce qui concerne les crédits, quand vous dites que c'est un
tiers de un pour cent, vous omettez d'inclure les programmes de tous les autres
ministères, les universités. Quand on va en mission,
sûrement vous oubliez que tous ceux qui viennent en mission avec nous
dépensent leur propre argent, c'est leur argent qui est
dépensé pour faire ces tournées à travers le monde
entier. Alors, ce sont toutes des sommes additionnelles. La défer ;e des
intérêts commerciaux du Québec, ça, c'est, par
exemple, une question importante, et je ne pense pas que vous en ayez dit un
mot. Toute la question du GATT, toute la question des ententes
trilatérales... Le libre-échange, vous ne l'avez même pas
mentionné, du tout, dans vos remarques préliminaires.
M. le Président, franchement! Quand vous dites: La partisanerie
dans les programmes APEX, bien franchement là, c'est une autre insulte
à tous les fonctionnaires. C'est des programmes normes; les
recommandations sont faites par les fonctionnaires du gouvernement, qui sont
acheminées, et les programmes sont accordés. Alors, quand vous
dites que c'est de la partisanerie, soit que vous n'êtes pas au courant
de la façon que les programmes et ces sommes sont distribuées, ou
c'est une insulte toute simple et toute pure à ceux qui sont
impliqués dans l'administration de ces programmes.
Document déposé
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Juste avant d'appeler les éléments 1, 2, 3 et 5 du programme 1 du
ministère, j'accepte le dépôt du document que vous m'avez
fait parvenir concernant les corrections aux renseignements
supplémentaires du budget 1992-1993. Je vais demander au
secrétaire de la commission de voir à la distribution du
document. Alors, les éléments 1, 2, 3 et 5 du programme 1 sont
donc appelés. Je vais reconnaître un premier intervenant en la
personne du député de Bertrand. (9 h 40)
M. Beaulne: Oui, M. le Président. Moi, je ne peux pas
laisser passer, sans réplique, les propos du ministre. Je trouve qu'il
est trop facile pour le ministre de cacher le manque de dynamisme de la
politique du ministère derrière les fonctionnaires qui
travaillent pour le ministère. Il ne s'agit aucunement ici de remettre
en question la qualité et le professionnalisme des employés du
ministère. Il s'agit de contester et de s'inquiéter du manque de
dynamisme de votre politique. Ça n'a rien à voir avec les
activités du personnel du ministère lui-même.
Discussion générale
Ceci étant dit, je n'ai pas besoin d'ajourner
pour une séance d'information; j'ai ici une pile de questions
à vous poser, y compris sur les sujets auxquels vous avez fait allusion
tout à l'heure. Justement, la première question que je veux vous
poser porte sur les négociations concernant l'accord trilatéral
de libre-échange.
Négociations de l'accord trilatéral de
libre-échange
Aux termes de la cinquième ronde de négociations qui s'est
tenue à Montréal du 6 au 8 avril dernier, des divergences
majeures sont apparues et subsistent toujours entre les États-Unis, le
Mexique et le Canada; en fait, plus de 14 mois après le début des
négociations. Le 13 avril dernier, vous émettiez un
communiqué où vous exposiez un peu votre position face à
ces négociations-là et vous exposiez également certaines
interrogations que vous aviez. Enfin, vous avez annoncé que vous alliez
rendre public sous peu un document d'information sur les positions du
Québec, qui servirait de document de base pour les consultations que
poursuivrait le gouvernement d'ici la ratification de l'accord. Alors, ma
première question sur l'accord de libre-échange avec le Mexique
est la suivante: Est-ce que vous pouvez faire le point sur l'état des
négociations depuis les événements que vous avez rendus
publics dans votre communiqué du 13 avril? Pouvez-vous confirmer, entre
autres, que les secteurs de l'énergie, du textile, des vêtements,
de l'agriculture et de l'automobile demeurent encore aujourd'hui des sujets
d'impasse majeure entre les États-Unis, le Mexique et le Canada?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciacda: M. le Président, quand j'ai
suggéré une séance d'information, les remarques que le
député vient de tenir confirment la nécessité d'en
faire une. Vous mélangez les négociations commerciales
multilatérales avec les négociations trilatérales
Canada-États-Unis-Mexique. Quand vous demandez de publier les
informations pour donner en détail la position du Québec,
ça a déjà été fait, l'année
passée, pour les négociations multilatérales pour le GATT.
Ça, ça a été rendu public. Et, quand on les rend
publiques, c'est parce qu'on consulte, premièrement, tous les
intervenants; on établit des positions, on rend publiques les positions
qu'on défend et qui, jusqu'à date, ont été
acceptées par le gouvernement fédéral. Alors, vraiment, la
séance d'information, je pense qu'elle devient de plus en plus
importante.
Quand vous parlez qu'il n'y a pas de dynamisme dans la politique, je
vous suggérerais, encore une fois, de consulter tous ceux qui ont
été impliqués dans les différents milieux. Cette
politique n'a pas été produite, n'a pas été
écrite en vase clos. Ce n'est pas quelque chose qui a été
pondu sans la consultation ou la participation de tous les milieux
concernés: les milieux universitaires, les milieux culturels, les
milieux des entreprises, et les réactions que nous avons reçues
à cette politique étaient très, très, très
positives. Alors, peut-être, dans la séance d'information que je
vous offre, je pourrais même inclure d'amener les différents
représentants de tous ces secteurs pour vous informer, vous, sur le
contenu de la politique et leur participation.
Ce n'est pas seulement dans le domaine commercial. Dans le domaine
commercial, évidemment, nous avons consulté différents
milieux de l'entreprise, mais, dans le domaine universitaire, le recteur de
l'Université du Québec à Trois-Rivières, les HEC,
l'Université Laval, toutes les universités au Québec ont
participé et ont été consultées dans la formulation
de cette politique. Les milieux culturels ont été
consultés; même les organisations non gouvernementales. Alors, on
a fait la consultation de l'ensemble des intervenants de la
société québécoise, qui ont un intérêt
ou que l'international peut toucher, et c'est de cette façon que nous
avons fait cette politique des affaires internationales.
Je ne sais pas ce qui vous est arrivé à matin, vous, ce
que vous avez pris pour déjeuner, mais, normalement, les crédits
des Affaires internationales sont très positifs en termes... Je ne vous
demande pas d'être d'accord avec moi sur tout ce que je fais. Ce n'est
pas ça que je vous demande. Mais on a seulement quatre heures pour faire
une revue d'ensemble de toutes les activités du Québec. Soyez
plus positif; on pourrait être plus fructueux. On pourrait recevoir des
suggestions, on pourrait étudier certains dossiers, certaines
matières. Mais, quand vous commencez avec des affirmations
complètement erronées, quand vous commencez à mettre
à dos et à insulter tout le monde autour de vous, comment
voulez-vous que les quatre prochaines heures soient positives et fructueuses?
Moi, je suis prêt à répondre à toutes vos questions,
mais je vous demanderais, et ce n'est pas encore trop tard, de changer un peu
d'attitude. Savez-vous? changez d'attitude, puis vous allez voir que vous allez
avoir toute la collaboration dont vous avez besoin et toutes les informations
dont vous avez besoin, si vos questions sont bien préparées
naturellement.
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, je vais
reconnaître M. le député d'Iberville; ensuite, je
reviendrai à vous, M. le député de Bertrand. Oui? Vous
n'aviez pas terminé? Excusez-moi.
M. Ciaccia: Bien, je voulais donner des informations sur
l'énergie... Parce qu'il semble y avoir, encore une fois, divergence de
vues entre votre approche à vous et l'approche de votre chef, parce que
lui, il a indiqué qu'il était très
satisfait des positions que nous avions prises, spécialement sur
les négociations du GATT. Maintenant, est-ce que vous voulez savoir les
positions que nous avons dans l'entente trilatérale
Canada-États-Unis-Mexique ou est-ce que vous voulez savoir les positions
que nous prenons dans les discussions du GATT, les discussions
multilatérales?
M. Beaulne: Non. Le GATT, ça, ça viendra plus
tard.
M. Ciaccia: Alors, vous demandez...
M. Beaulne: Là, c'est l'accord de libre-échange
avec le Mexique.
M. Ciaccia: L'accord de libre-échange avec le Mexique.
Premièrement, la position qu'on prend dans l'accord de
libre-échange trilatéral, c'est de maintenir les mêmes
positions, les mêmes approches que nous avons dans l'entente de
libre-échange avec les États-Unis. On souhaite que les exceptions
prévues, par exemple, au niveau de l'investissement dans l'entente de
libre-échange avec les États-Unis, soient maintenues. On pense
ici aux industries culturelles, aux marchés publics et aux subventions.
Je crois que, jusqu'à date, ces positions sont maintenues.
La question de l'énergie est très controversée au
plan politique. Ce n'est pas au niveau d'Hydro-Québec, au niveau interne
du Québec, mais c'est une position que les Américains ont prise
pour répondre à la question énergétique du Mexique,
toute la question du monopole du gouvernement du Mexique, de Pemex, dans la
distribution et l'exploration de l'énergie. Mais les clauses sur
l'énergie s'appliquent seulement au niveau fédéral, aux
sociétés fédérales. Elles ne s'appliquent pas aux
sociétés d'État du Québec ou des autres provinces.
Dans ce sens-là, nous avons la protection, mais nous voulons être
encore très vigilants pour nous assurer vraiment qu'il n'y ait pas de
changement et que ce soit très clair.
Les textiles et les vêtements posent des problèmes
techniques importants, notamment en ce qui concerne les règles de
contenu nord-américain, et, pour l'automobile, l'un des principaux
objectifs est d'ouvrir l'accès au marché mexicain pour les
produits canadiens et américains. Alors, les discussions se poursuivent
encore, ce n'est pas encore finalisé, et nous nous assurons que les
positions du Québec soient défendues par le gouvernement
fédéral. Et je me suis engagé, comme j'ai fait dans les
négociations du GATT, à publier un document. On l'a fait sur
l'entente de libre-échange avec les Américains, on l'a fait sur
les négociations multilatérales et on va le faire très
prochainement sur les négociations trilatérales. (9 h 50)
M. Beaulne: Bien, c'est exactement le document que je vous
demandais de déposer ou quand vous le déposeriez. Ce n'est pas
moi qui n'ai pas compris, c'est vous qui n'avez pas compris. Le document auquel
je fais allusion, c'est précisément celui-là. L'autre,
celui qui est rattaché à l'Uruguay Round, ça, vous l'avez
déposé, on le connaît.
M. Ciaccia: Le document sur les négociations
trilatérales sera rendu public d'ici quelques semaines.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Iberville.
Augmentation du budget du MAI et programme
APEX
M. Lafrance: Oui, M. le Président, merci. J'aimerais
apporter un commentaire et peut-être poser une question au ministre
aussi. Tout d'abord, j'ai aussi trouvé le début de cette
commission... Je déplore l'attitude, du moins l'ambiance du
départ de cette commission. J'ai trouvé les propos du
député de Bertrand un peu pointilleux, partisans et mesquins,
surtout en ce qui touche le programme APEX. J'ai de la misère à
m'associer, même de très loin, à ses propos. Là
où je ne le rejoins pas, c'est quand il parle d'un tiers de un pour
cent, qu'il parle du budget global du ministère des Affaires
internationales. Et, M. le ministre, je me réfère au tableau 1,
ici, qu'on a dans notre documentation. Est-ce que je lis correctement lorsque
je vois qu'il y a une augmentation de 9 000 000 $ sur 117 000 000 $? Une
variation, donc - J'ai fait le calcul rapidement - de 13 %. C'est quand
même significatif. Est-ce que je Ils correctement?
M. Ciaccia: Un instant.
M. Lafrance: Je me réfère au tableau 1.
Une voix: Ça ne fait pas 10 %.
M. Lafrance: II y a quand même une augmentation. Oui,
ça fait moins que 10 %, d'accord. Mais ça fait quand même
une augmentation de 9 000 000 $ dans votre budget?
M. Ciaccia: Oui On a augmenté, cette année, de 117
000 000 $ à 126 000 000 $.
M. Lafrance: Bon.
M. Ciaccia: C'est 9 000 000 $ de plus, mais on a passé...
L'année avant, c'était, je crois, 88 000 000 $. Alors, en
l'espace de deux ans, nous avons passé, le ministère, de 88 000
000 $ à 126 000 000 $. Une partie, c'est l'indexation des salaires,
toutes les rémunérations. Il y a eu certaines compressions. Il y
a eu 1 800 000 $
d'augmentation, c'est pour la mise en oeuvre de la politique des
affaires internationales; une augmentation de 2 600 000 $ sur le plan directeur
de la gestion de l'information; et 2 500 000 $ sur le Fonds de la gestion des
immeubles du Québec à l'étranger. Je crois que ce sont des
augmentations assez importantes. Tenant compte de la récession, tenant
compte des contraintes budgétaires, nous avons augmenté nos
budgets dans des secteurs où il était nécessaire
d'injecter plus d'argent, et ça n'exclut pas, ça, tous les
travaux que les autres ministères font, toutes les sommes qui sont
dépensées à l'international par les autres
ministères et par les autres organismes.
M. Lafrance: Effectivement, mais c'est...
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Iberville.
M. Lafrance: Oui, bien, c'est l'observation que je voulais faire,
parce que, selon moi, compte tenu quand même de la récession et
des difficultés économiques que nous traversons
présentement, j'ai de la misère à comprendre pourquoi le
député de Bertrand a soulevé le...
M. Ciaccia: Je n'ai pas compris le début de votre
intervention.
M. Lafrance: Je disais que je voulais quand même souligner
cet aspect, parce que, compte tenu de la récession et des
difficultés économiques à travers lesquelles nous passons
présentement, il y a eu quand même des augmentations de budget au
ministère des Affaires internationales.
M. Ciaccia: Oui, il y a eu des augmentations,
définitivement...
M. Lafrance: Oui, des augmentations sensibles.
M. Ciaccia: ...et je crois que ce sont des augmentations
importantes.
M. Lafrance: D'accord. Merci.
M. Ciaccia: Et vous avez mentionné aussi APEX.
Peut-être qu'on peut revenir plus tard au programme APEX, mais vous
l'avez mentionné et même le député de Bertrand l'a
soulevé. Dans les six dernières années, nous avons
reçu environ 700 à 800 dossiers par année, en moyenne. La
dernière année, nous avons reçu plus de 900 demandes, la
dernière année, parce qu'on a voulu faire un effort pour inciter
les petites et moyennes entreprises à faire plus d'exportations. Alors,
ça a eu comme résultat de faire plus de demandes au
ministère. Alors, en six ans, ça fait entre 4000 et 5000 dossiers
qui sont acceptés, autour de 70 %, selon des normes approuvées.
Les normes sont approuvées par le Conseil du trésor. À la
connaissance du responsable qui s'occupe du programme APEX depuis six ans, il
n'y a jamais eu de partisanerie politique de la part de ceux qui les analysent
et qui font les recommandations. D'ailleurs, il y a trois niveaux de
révision et d'acceptation des demandes.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Ciaccia: Et je crois que...
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi. Sur le même
sujet?
M. Ciaccia: Vous savez, c'est un programme qui est assez
important. Je sais que, quand le chef de l'Opposition m'a posé une
question sur APEX, j'ai signalé que le fait qu'il y avait eu plus de
demandes on avait injecté plus d'argent. Par exemple, une compagnie
comme ATS Aerospace, à Saint-Bruno, qui a obtenu un contrat très,
très important dans le domaine aérospatial, elle l'a eu en partie
parce qu'elle a profité du programme APEX. Alors, les retombées
de ce programme sont très considérables pour les entreprises
québécoises.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau.
Négociations de l'accord trilatéral de
libre-échange (suite)
M. Kehoe: Sur le même sujet que le député de
Bertrand qui a posé une question concernant la négociation de
l'entente de libre-échange tripartite entre le Mexique, les
États-Unis et le Canada. Vous avez mentionné que les
intérêts du Québec sont protégés dans
ça. J'aimerais savoir de quelle manière le Québec
participe aux négociations? A-t-il des rencontres? Est-ce qu'il
participe aux rencontres avec les deux autres pays ou si c'est toujours par le
Canada, par l'entremise du Canada?
M. Ciaccia: Voici la procédure. Nous établissons
les positions du Québec. Le ministère consulte les autres
ministères, l'entreprise privée, les secteurs qui sont
concernés. Nous développons ces positions. Il y a des
comités au niveau sous-ministérlel. Les sous-ministres
rencontrent les sous-ministres fédéraux pour leur faire part de
leurs positions. Il y a des conférences
fédérales-provinciales. Mol, je rencontre mon homologue
fédéral pour lui faire part de nos positions. Alors, nous avons
toutes en place des mesures de consultation pour nous assurer que, quand le
gouvernement fédéral - parce que c'est lui seulement qui est
assis à la table de négociation - quand lui va négocier
avec les États-Unis,
avec le Mexique, ou qu'il va négocier le Uruguay Round avec les
autres pays, il ait nos positions et qu'il ait accepté de
défendre les positions que nous avons établies. Ceci a
fonctionné avec le GATT. Ceci a fonctionné avec l'entente de
libre-échange, et c'est les mêmes procédures que nous
utilisons pour l'entente trilatérale avec le Mexique.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Nous revenons au
député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. J'aimerais faire un
bref commentaire. Ça fait deux fois que j'entends un commentaire de la
part du ministre et de la part du député d'Iberville sur le ton
qu'ont pris ces échanges. Si le ton a été quelque peu
incisif de ma part, c'est que je pense que, de votre part, il y aurait lieu de
faire preuve d'un peu plus de réalisme plutôt que de nous
présenter, de façon angélique et de façon tout
à fait fantastique le portrait actuel, plutôt que de faire comme
le font certains de vos collègues, entre autres, le ministre du
Commerce...
Une voix: De l'Industrie... (10 heures)
M. Beaulne: ...de l'Industrie et de la Technologie, lorsqu'il
fait ses présentations, de présenter ses programmes à la
lumière des contraintes auxquelles il fait face. Je pense que, sans
verser nécessairement dans la polémique, il n'est pas
nécessaire, non plus, de tomber dans l'angélisme et dans le
meilleur des mondes.
D'autre part, pour revenir aux commentaires du député
d'Iberville sur l'augmentation de 9 000 000 $ à laquelle il a fait
allusion, là-dessus, il y a 5 300 000 $ qui sont des augmentations de la
masse salariale, donc aucunement reliées directement aux programmes
eux-mêmes.
Pour revenir sur la question du libre-échange avec le Mexique,
j'ai deux autres questions additionnelles. On pourrait passer plusieurs heures
là-dessus, mais, finalement, pour pouvoir toucher à d'autres
sujets, je vais me limiter à deux autres Interventions. L'une d'entre
elles est un peu rattachée à ce que disait le
député de Chapleau. Est-ce que le Québec est
régulièrement informé, par le gouvernement
fédéral, de l'évolution des négociations? Est-ce
que vous, comme ministre, vous êtes satisfait? Je vous pose la question
parce que d'autres premiers ministres, dont le premier ministre de l'Ontario,
M. Rae, et celui de la Saskatchewan ont laissé entendre qu'ils
n'étaient pas suffisamment informés. Alors, c'est la raison pour
laquelle je vous pose la question, à vous, comme ministre
québécois responsable de ce dossier.
D'autre part, est-ce que vous pouvez nous dire si, à votre
connaissance, les négociations en cours sur la notion d'investissement
compromettent la marge de manoeuvre du gouvernement du
Québec, la marge de manoeuvre nécessaire à
l'atteinte de ses objectifs de modernisation et de développement de
l'économie dans toutes les régions du Québec, condition
que le gouvernement pose comme adhésion à l'accord
trilatéral de libre-échange?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Ciaccia: O.K. je vous remercie pour la question. je vais
essayer d'être moins angélique. peut-être que c'est mon
héritage culturel qui me porte à être un peu plus
angélique que les autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Écoutez, je suis enthousiaste de ce que je
fais et de mon ministère. Je trouve qu'on fait des choses fantastiques.
On est 6 000 000 ou 7 000 000 à l'intérieur du Canada, on va dans
le monde entier. On a une présence dans le monde entier. Quand on va
dans des missions économiques avec les universités, avec les
représentants culturels, l'accueil qu'on reçoit, les ententes que
nous signons... Moi-même, j'ai signé 11 ententes avec d'autres
pays. Je ne peux ne pas parler de ça. Je ne peux pas cacher mon
enthousiasme. Vous appelez ça de l'angélisme; moi, j'appelle
ça de l'enthousiasme de mon ministère, de tous les intervenants
pour l'international. Alors, je vais essayer d'être moins enthousiaste.
Je vais vous donner quelques exemples des ententes qu'on a signées. On a
signé des ententes avec le Viêt-nam, deux ententes avec la Chine.
On a signé des ententes, comme vous le savez, en Europe de l'Est. J'ai
signé une entente avec l'Iran, le Yémen, la Pologne.
Je sais que vous vous plaignez de ma position constitutionnelle, mais
c'est notre constitution, telle qu'elle est présentement, qui nous
permet de faire ces choses-là. Alors, oui, je suis enthousiaste. Je vais
essayer, d'abord, si ça peut vous mettre de meilleure humeur,
d'être moins enthousiaste. Je vais Juste répondre à vos
questions, «factuellement».
Vous avez posé la question sur les informations que le
gouvernement fédéral nous donne. Je dois vous dire - et ceci,
ça n'a rien à faire avec l'option constitutionnelle que j'ai,
parce que quand c'est le temps de critiquer le fédéral, je le
fais - que, pour la question d'information, il y a eu 56 réunions,
durant la dernière année, pour donner des informations.
Maintenant, si les gouvernements NPD des autres provinces voulaient faire, je
ne sais pas, quelque sorte de politique ou bien si eux n'étaient pas
informés, je ne le sais pas, nous, on ne peut pas faire cette critique
du gouvernement fédéral. On est bien informés. Non
seulement on les informe de nos positions, mais on est informés au fur
et à mesure que les discussions ont lieu, de la
réaction, soit des États-Unis, soit du Mexique et, s'il y
a des ajustements à faire, on les fait. Alors, en termes d'information,
on n'a pas de problème.
Maintenant, la question d'investissement. Le gouvernement du
Québec est d'avis que l'entente trilatérale devrait s'inspirer du
contenu de l'accord canado-américain et maintenir les principes et les
exceptions qui y sont expressément prévus. Le Québec
souhaite également, comme je lai mentionné tantôt, que les
exceptions prévues au niveau de l'investissement, dans le cadre de
l'entente de libre-échange avec les Américains, soient
maintenues. Et, comme je l'ai dit - je pensais, ici, plus spécifiquement
aux industries culturelles, aux marchés publics et aux subventions - il
faudrait, à l'instar de ce qui a été convenu dans
l'entente de libre-échange avec les Américains, préserver
la possibilité de négocier avec les investisseurs des transferts
de technologie et des mandats mondiaux de production. Alors, ça, c'est
la position que nous avons. Et, jusqu'à date, nous n'avons pas
d'indication que cette position sera menacée, quoique les
Américains aient demandé d'enlever certaines balises sur le
montant des investissements. Présentement, en haut de 150 000 000 $, il
y a un examen au niveau fédéral. Les Américains ont
demandé au gouvernement fédéral d'enlever toutes les
restrictions sur les examens, mais je ne pense pas que ceci affecte la position
du Québec pour protéger ces secteurs qu'il veut protéger
et pour attirer des investissements au Québec.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Sur le même sujet, oui, M. le député de Sherbrooke
ou...
M. Hamel: Concernant, justement, les négociations
trilatérales, M. le ministre. Est-ce que c'est la même position
pour le Québec concernant l'énergie, le textile, le
vêtement et l'agriculture?
M. Ciaccia: C'est la même position. Vous savez, il faut
comprendre que les Américains, eux, veulent l'accès au
pétrole mexicain. Maintenant, les Mexicains disent que leur constitution
prévoit que c'est Pemex qui a l'exclusivité, qui a le monopole de
l'exploration et de la distribution. Alors, ils ont inséré, ils
ont présenté une formulation - pour l'énergie - pour y
avoir accès exactement et pour pouvoir investir dans le domaine
énergétique qui touche principalement le pétrole.
Maintenant, dans le libellé de cette proposition, ce n'est pas restreint
au pétrole - c'est pour ça qu'on est très vigilant - mais
c'est restreint strictement aux sociétés d'État
fédérales. Alors, ça n'affecte pas les
sociétés québécoises.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand.
Négociations du GATT
M. Beaulne: Maintenant, pour changer de sujet, mais toujours dans
le contexte des négociations multilatérales, concernant les
négociations du GATT. On ne va pas refaire toute la genèse, ici,
des négociations et des préoccupations du Québec. Je pense
que tout le monde autour de la table les connaît suffisamment bien. Ce
que je voudrais poser comme question, plus particulièrement, c'est de
vous demander si, à la lumière des négociations, telles
qu'elles progressent, à l'heure actuelle, vous êtes confiant de
voir l'article 11 du GATT, sur lequel insiste beaucoup le Québec,
clarifié et renforcé, d'une part? Est-ce que vous partagez les
récentes déclarations du ministre fédéral, Pierre
Blais, qui disait aux producteurs agricoles québécois de
s'adapter à la disparition des offices de commercialisation qui sont
remplacés par des tarifs d'importation?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre. (10 h 10)
M. Ciaccia: Dans les négociations du GATT, il y avait
plusieurs échéances qui avaient été prévues.
On devait arriver à une entente en 1991, en 1990, excusez, quand on est
allé même à Bruxelles. Ça devait être la
dernière étape des négociations, au mois de
décembre 1990. Les négociations n'ont pas été
finalisées, principalement dû au secteur agricole, et on a
fixé d'autres échéances. Ça devait se faire en
décembre 1991 et, après ça, on a dit en avril 1992. Au
moment où on se parle, on ne sait pas si on va même pouvoir
arriver à une entente avant les élections américaines.
Alors, il semble y avoir, il y a définitivement de la difficulté
entre la Communauté européenne et les Américains sur le
sujet de l'agriculture et aussi sur le sujet des services. Les
Américains veulent restreindre l'accès aux services pour leur
pays et les Européens ne veulent pas faire trop de changements dans le
secteur agricole.
Maintenant, l'agriculture, sans doute, le secteur qui reste le plus
litigieux dans le cadre de ces négociations... Même si le projet
d'accord du 20 décembre, le rapport Dunkel, constitue toujours une base
de négociation, plusieurs pays souhaitent qu'il y soit apporté
des modifications. Le Québec soutient toujours la position canadienne en
vue d'une clarification et d'un renforcement de l'article 11.2c. Je crois qu'un
appui important nous est venu du président de la Communauté
européene, M. Jacques Delors, qui a évoqué la
possibilité, le 23 avril, que l'accord final comporte des exceptions
pour des pays, notamment pour les offices de commercialisation. Alors,
ça semble être une ouverture, mais il n'y a toutefois rien
d'acquis. Les programmes de financement agricole, d'assurance-revenu et
d'as-
surance-récolte pourraient toutefois être
préservés, pour l'essentiel, et faire partie d'une
catégorie verte non sujette à l'imposition des droits
compensateurs.
Maintenant, en ce qui concerne les déclarations d'autres
ministres, je sais que, lors de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, mon collègue, le ministre, M.
Picotte, a déclaré: J'espère que cela ne se signera pas
parce qu'on n'a pas assez de garanties que cela ne nous nuira pas. Ça,
ça a été l'opinion que, lui, a évoquée.
Jusqu'à date, depuis qu'il a fait ces déclarations, il y a eu la
déclaration de M. Jacques Delors. Alors, je pense qu'officiellement
c'est encore notre position, et il semble y avoir une ouverture pour une
certaine protection.
Il y a d'autres sujets très positifs. Si vous voulez que je vous
informe sur les autres sujets qu'on négocie dans le GATT. Il y a les
institutions, les subventions et le dumping. Il y a des règles plus
claires, plus précises. Ils vont limiter la possibilité
d'initiatives arbitraires et discriminatoires de la part de certains pays - par
exemple, les États-Unis, qui imposent unilatéralement des droits
compensatoires. Le GATT va nous donner une certaine protection. La
propriété intellectuelle, les créateurs
québécois - par exemple, dans les produits pharmaceutiques et les
logiciels - vont bénéficier d'une meilleure protection. Il y a
tout l'accès au marché des marchandises. L'objectif initial d'une
réduction des tarifs d'un tiers devrait être atteint et
l'industrie du bois, du papier, des télécommunications et des
ressources naturelles devrait notamment en bénéficier. Il y a
tout le secteur des services. Les secteurs de l'ingénierle-consell et
des services financiers devraient notamment bénéficier d'un
premier accord de libéralisation des services dans le cadre du GATT. Les
services culturels ne seront pas visés par cette libéralisation
et les accords de coproduction audiovisuelle seront, d'ailleurs,
expressément protégés. Alors, les secteurs que nous
voulons protéger, au Québec, le seront et les secteurs qu'on veut
ouvrir - par exemple, les services comme toutes nos compagnies, nos
sociétés d'ingéricr'e - ça va leur permettre
d'avoir un plus grand accès aux marchés. Il reste le textile et
les vêtements et, au minimum, l'industrie québécoise
devrait bénéficier d'une période de transition de 10 ans.
Il reste encore à obtenir des engagements fermes du Canada, du
gouvernement fédéral, pour la mise en place de mesures
d'adaptation spécifiques à ce secteur. C'est, grosso modo, les
positions que nous défendons et le progrès, dans certains de ces
secteurs, qui a été fait dans les négociations.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Je comprends les déclarations du ministre de
l'Agriculture du Québec, M. Picotte, mais je me demandais si vous
partagiez ce qui semble être, sinon un scepticisme, du moins, une sorte
de pessimisme du ministre fédéral, Pierre Blais, quant à
la possibilité, en dernier ressort, de sauvegarder les piliers du
système agricole canadien, puisqu'il disait, récemment, aux
agriculteurs québécois de commencer à s'ajuster à
la disparition des offices de commercialisation. C'est donc dire, enfin, si on
écoute les propos de M. Blais, lui, semble un peu sceptique quant
à la possibilité de se tirer complètement indemr.s de ces
négociations, d'une part. D'autre part, on sait que M. Dunkel va
être de passage à Québec; est-ce que vous comptez le
rencontrer à ce moment-là?
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, M. le
rr.inistre.
M. Ciaccia: La déclaration du ministre Blais avait
été faite avant la déclaration de M. Jacques Delors.
Alors, je crois qu'on a raison d'être un peu plus optimiste,
présentement, que ne l'était M. Blais, à l'époque,
au moment où il a fait cette déclaration. Moi, je crois qu'on
doit être un peu plus optimiste que ça.
En ce qui concerne la visite de M. Dunkel, on est en contact avec son
bureau. On va certainement chercher à le rencontrer, lors de sa visite
ici.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Si je
peux apporter, peut-être, un commentaire, parce que je viens d'un
comté, moi, qui est avant tout agricole. Je pense, M. le ministre, qu'il
y a quand même un consensus des intervenants du monde agricole
vis-à-vis toute cette question du GATT touchant l'agriculture.
C'est-à-dire que l'UPA, tout le monde, la Coopérative
fédérée, vous-même, le ministre de l'Agriculture,
travaillez dans le même sens, dans ces négociations très
difficiles. Le Québec a donc une approche très cohérente
à la table de négociation. Est-ce exact?
M. Ciaccia: Oui. Non seulement ça, mais nous avons fait
front commun avec l'UPA et la Coopérative fédérée
pour appuyer les positions qu'elles prenaient et les faire valoir au
gouvernement fédéral. Je peux vous dire que le gouvernement
fédéral a accepté et défend cette position.
À la dernière conférence
fédérale-provinciale, ou à l'avant-dernière - parce
qu'à la dernière, on parlait plutôt d'autres sujets comme
la bière et l'entente avec le Mexique - la position pour défendre
l'article 11.2c était vraiment unanime à travers le Canada. On a
obtenu des appuis de toutes les autres provinces. Ça a dû avoir un
effet. C'est pour ça qu'on a toujours défendu une position
solidaire, ne pas se diviser, et qu'on a toujours insisté. Souvent, on
me demandait et on essayait de nous faire dire:
Bien, regardez le rapport Dunkel, il ne prévoit pas 11.2c.
Quelles mesures avez-vous prises comme alternative? Quels sont... J'ai dit:
Non, notre position c'est de la maintenir. On n'a pas d'alternative, c'est
celle-là. Alors, ça a dû porter un peu de fruits, cette
approche de notre part et de la part du gouvernement, surtout de la part du
gouvernement fédéral qui a toujours maintenu cette position parce
qu'il semble y avoir une ouverture dans la déclaration de M. Jacques
Delors pour faire cette exception. Ça démontre qu'on l'a
défendue. Ça démontre que le gouvernement
fédéral l'a défendue et que, maintenant, il semble y avoir
une brèche, il semble y avoir une réaction que, peut-être,
il va falloir faire une exception pour nous.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci. M. le
député de Bertrand.
Image du Québec aux États-Unis
M. Beaulne: Oui, je vous remercie de ces éclaircissements.
Maintenant, dans un autre domaine qui préoccupe, je pense, de
façon unanime, la plupart des Québécois,
indépendamment des positions politiques, c'est la
détérioration de l'image du Québec aux États-Unis.
C'est important parce que les États-Unis sont notre principal
débouché commercial et parce qu'on connaît les impacts
qu'ont eus, au cours des derniers mois, les campagnes publicitaires contre le
Québec, à la fois contre les ventes d'électricité
et contre le projet hydroélectrique de Grande-Baleine.
Je sais, d'autre part, que vous avez personnellement entrepris certains
voyages dans les États de la Nouvelle-Angleterre, à New York et
ailleurs aux États-Unis, pour expliquer la position du Québec
dans le dossier autochtone et, également, pour expliquer la position du
gouvernement du Québec dans le dossier de Grande-Baleine. J'aimerais
savoir, par contre, au-delà de ces démarches personnelles que
vous avez faites, comme ministre, quelles sont les dispositions que le
ministère a prises avec les bureaux et les délégations du
Québec aux États-Unis pour renforcer le réseau
d'information et pour équiper les bureaux du Québec de
façon à pouvoir répondre à ces campagnes de
dénigrement? (10 h 20)
M. Ciaccia: Premièrement, ce qu'il faut savoir, c'est
qu'il y a eu beaucoup d'articles de journaux, de publicité très
négative vis-à-vis du Québec. Mais, dans plusieurs de ces
cas - on pourrait dire, peut-être, dans 80 % des cas -parce que vous
parlez des États-Unis et de ce qu'on fait aux États-Unis - dans
la plupart des cas, la réaction ou les articles qui sont faux, qui
donnent la mauvaise information, c'est des articles et des commentaires qui
viennent de Montréal, d'Ottawa ou de Toronto. Mon ministère
effectue régulièrement un relevé des articles parus dans
la presse étrangère, et cette compilation nous confirme que les
correspondants de médias étrangers, en poste à
Montréal et à Toronto, signent la plupart des articles traitant
de ces questions. On constate également que ce sont souvent des gens qui
vivent ici ou à l'étranger, peut-être des Canadiens qui
vivent ici ou à l'étranger, qui signent des commentaires sur
l'actualité québécoise.
Alors, quand on parle de la défense de l'image du Québec
à l'étranger, il faut bien comprendre qu'une bonne partie du
travail doit se faire à partir d'ici. Qu'on veuille l'accepter ou non -
et je ne fais pas ce commentaire d'une façon négative ou d'une
façon partisane - tout le débat constitutionnel n'aide pas la
réaction des journalistes américains, même
européens, vis-à-vis du Québec parce qu'ils ont de la
difficulté à comprendre la possibilité de
démembrement du Canada. Maintenant, je sais que vous ne partagez pas
cette opinion, mais c'est un fait, et beaucoup des articles que nous voyons
sont le résultat de cette... se situent dans ce contexte-là.
Maintenant, je vous dirai que, sur le dossier Grande-Baleine, mon
ministère suit de très près tout ce qui se passe à
l'étranger. Un comité interne a été mis sur pied,
il y a près d'un an, déjà, pour recueillir et analyser les
commentaires reçus des délégations sur ce sujet et
proposer des stratégies d'action ou des pistes de réponse.
Dès l'automne dernier, en collaboration avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources, le Secrétariat aux Affaires
autochtones, le ministère de l'Environnement et Hydro-Québec,
nous avons organisé des séances d'information à
l'intention des correspondants étrangers en poste à
Montréal, Toronto et Ottawa. Moi-même, j'ai rencontré
certains de ces correspondants et, même, quand je suis allé
à Los Angeles, je leur ai dit... Ils se sont vantés, ils ont dit:
Mais on a un correspondant canadien à Toronto! J'ai dit: Oui, mais le
problème que vous avez d'avoir un correspondant à Toronto, c'est
qu'il donne de l'information de Toronto, puis il ne connaît pas la
réalité québécoise. Quand plusieurs de ces
journalistes viennent nous voir au Québec, ils réalisent que la
réalité est différente de ce qu'ils perçoivent a
Toronto ou ailleurs.
Nous avons effectué une séance d'information semblable en
Europe, aux États-Unis, avec le personnel des délégations,
le personnel des ambassades et le consulat canadien. Nos bureaux et
délégations ont reçu régulièrement des notes
d'information leur fournissant des éléments pour répondre
aux principaux arguments des opposants au projet. Nous avons accueilli ici des
dizaines de journalistes étrangers, et je n'ai pas besoin de vous
répéter toutes les rencontres que, personnellement, j'ai eues
avec les journalistes de New York, Washington et Los Angeles et toutes mes
visites aux États-Unis. Hydro-Québec, c'est une
société autonome aussi, hein? Il faut comprendre que, nous, on
fait notre travail. On
donne les informations, mais Hydro-Québec, pour ses actions,
c'est une société autonome qui doit se défendre
elle-même aussi pour ses actes. On peut coopérer avec, on peut
collaborer, on peut faire notre possible mais, essentiellement, on ne peut pas
dire à Hydro-Québec ce qu'ils doivent faire pour les informations
et tout le reste. Ça, c'est un élément qu'on doit prendre
en compte. Mais Hydro-Québec a assuré la défense, par
exemple, du projet Grande-Baleine devant le Tribunal international de l'eau, en
Europe, et on a collaboré avec eux. Nous avons envoyé des
conférenciers dans des universités américaines
prestigieuses, dont Berkeley et Harvard.
En résumé, nous avons assuré la défense des
intérêts du Québec sur ce dossier et sur l'image du
Québec, et nous continuerons à le faire partout où cela
sera nécessaire. C'est, par exemple, un des rôles que jouera la
délégation québécoise qui doit se rendre au Sommet
de la terre, à Rio, en juin prochain. Nous avons nos
délégations, nous avons nos séances d'information, nous
avons le comité interministériel et nous faisons toutes ces
démarches pour donner une information réaliste et
nécessaire sur l'image du Québec.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
M. Ciaccia: D'ailleurs, ça a changé beaucoup en
Europe suite à l'information qu'on a donnée aux
législateurs de l'association Globe à Washington, après
qu'un représentant d'Hydro-Québec se soit rendu à
Bruxelles, suite aux interventions de notre délégué
général, M. Lorrain, à Bruxelles. Je pense que
l'atmosphère est beaucoup plus tranquille et beaucoup plus positive
vis-à-vis du Québec, maintenant.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
que vous avez terminé sur ce sujet, parce qu'il y a M. le
député de Chapleau, aussi, qui a demandé la parole. Alors,
M. le député de Bertrand et, ensuite, M. le député
de Chapleau, sur cette même question.
M. Beaulne: En fait, vos réponses soulèvent encore
plusieurs questions. D'abord, je dois dire que je partage avec vous vos
commentaires préliminaires en réponse à cette question,
à savoir que la question constitutionnelle a définitivement une
incidence sur tout ça. Je pense qu'indépendamment de nos
opinions, on doit le reconnaître. Raison de plus, à mon avis, pour
qu'on règle la question une fois pour toutes et qu'on tienne un
référendum sur la souveraineté le plus rapidement
possible, comme prévu par la loi 150, d'une part.
D'autre part, vous avez mentionné des rencontres, vous avez
mentionné des relevés de presse et ainsi de suite. Ça,
ça fait partie des outils utiles à la détection de
l'évolution de la perception que les Américains se font du
Québec, sauf que vous n'avez rien mentionné en ternies
budgétaires. Est-ce qu'il y a des crédits? Est-ce qu'il y a des
budgets qui ont été alloués spécifiquement aux
délégations pour couvrir des activités
spécifiquement d'information, au-delà des rencontres et
au-delà de ce qui peut se faire à partir du ministère,
ici, d'une part?
D'autre part, je conçois très bien qu'Hydro-Québec
est une société autonome, sauf que je ne sais pas tellement
comment interpréter vos commentaires sur le rôle du
ministère par rapport à celui d'Hydro-Québec, compte tenu
du fait qu'un représentant québécois à la
délégation de New York, Gérard Cellier, avait dit,
à l'époque, que, lorsque la propagande anti-Québec a
commencé, qu'au fond, la question de la Baie-James, c'était
surtout une affaire qui relevait d'Hydro-Québec et que la
délégation elle-même, relevant du ministère des
Affaires internationales, n'avait pas tellement à intervenir sur cette
question. C'était à Hydro-Québec de se défendre
elle-même.
Enfin, vous êtes sans doute au courant du fait qu'il y a un projet
de loi qui a été déposé à la
Législature du Massachusetts pour interdire au régime de retraite
des employés de l'État d'acheter des obligations émises
par HydroQuébec. Il s'adonne que la délégation du
Québec à Boston est sans représentant senior, sans
délégué général, depuis 1990. Est-ce que
vous avez l'intention de nommer un délégué à
Boston, en particulier, suite à ce qui vient de se produire au
Massachusetts, pour ne pas que ça fasse boule de neige dans d'autres
États? Est-ce que vous avez l'intention de muscler un peu plus la
représentation du Québec à Washington? Je sais que
ça ne fait pas partie de vos priorités, ça - je reviens
là-dessus à chaque étude des crédits. Je connais,
d'ailleurs, la réponse: probablement la même que l'année
passée. (10 h 30)
Mais, enfin, je pense que tout ce qui se passe, à l'heure
actuelle, la campagne de dénigrement contre le Québec, les
discussions trilatérales sur le libre-échange, la montée
du protectionnisme aux États-Unis, tout ça, à mon avis,
justifierait qu'on établisse une délégation du
Québec à Washington.
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: Vous avez soulevé plusieurs sujets dans vos
commentaires et vos questions. Je vais essayer de les prendre un par un. En ce
qui concerne les budgets pour ce rayonnement, l'image du Québec: Oui,
nous avons alloué des budgets, non seulement notre ministère,
mais d'autres ministères aussi. Par exemple, pour Rio, chaque
ministère a alloué 25 000 $ additionnels pour cette
conférence. Hydro-Québec a des budgets additionnels
spéciaux pour faire face à
cette question. Alors, oui, la réponse est: Nous avons des
budgets additionnels pour fournir les informations, pour communiquer toutes les
informations et donner la réalité de l'image du Québec
dans ces pays.
Vous avez mentionné que la délégation, à New
York, avait dit que c'était une affaire d'Hydro-Québec et que ce
n'était pas l'affaire de la délégation. Oui, j'ai
déjà eu un commentaire qui a été fait, mais,
effectivement, ce commentaire ne s'est pas traduit dans les faits. Je peux vous
assurer que ce commentaire ne s'est pas traduit dans les faits. La
délégation de New York s'occupe d'Information, s'occupe des
éditorialistes, des leaders d'opinion, et fait son travail pour fournir
l'information sur le projet Grande-Baleine, sur tout l'aspect de la Baie James,
pas juste Grande-Baleine, parce que ça va au-delà de
Grande-Baleine. Vous savez, Grande-Baleine, c'est un projet
hydroélectrique, mais ce sont les droits. Qu'est-ce que nous faisons,
comme société, pour protéger les autochtones? C'est
ça que les Américains ne savent pas, et c'est de ça que
nous les informons. Nous n'avons de leçon à prendre de personne,
à ce niveau-là. Quand on leur donne cette information, que
ça soit à New York ou à Washington - je vais revenir
à ça, votre dernier commentaire - ils sont vraiment surpris. Les
commentaires qu'on reçoit, c'est que, dans certains cas, ils disent:
Vous en faites trop. J'ai reçu ce commentaire-là d'un
éditorialiste, moi. Alors, il est nécessaire, non seulement de
donner l'information sur Grande-Baleine - ce que Hydro-Québec fait, ce
que nous faisons - mais d'aller au-delà de ça, de donner
l'information sur le traitement que nous faisons, comme société,
aux autochtones, aux groupes minoritaires qui sont dans notre
société, les avantages qu'ils ont. Et ça, nous le
faisons.
La question de Boston. Oui, nous avons, à Boston, M. Guy Leblanc,
qui est très compétent, mais qui est délégué
par intérim. Nous avions trouvé un délégué
permanent, il y a quelque temps, mais quand on devait le nommer, il a
accepté une autre position. Alors, nous sommes à la recherche et
nous espérons pouvoir trouver un autre délégué
permanent, le plus tôt possible.
Washington. Non, je ne suis pas d'accord avec vos commentaires. Nous
sommes très présents à Washington, spécialement
durant les quatre derniers mois. Nous sommes présents, de notre
délégation de New York, à Washington, mais nous sommes,
présents aussi de Québec à Washington. Nous faisons des
voyages constamment, nous sommes constamment là. Nous rencontrons des
hommes politiques, nous faisons des représentations aussi par
l'entremise de l'ambassade - ça, c'est vrai - mais ces
représentations sont faites non seulement par l'ambassadeur et son
personnel, mais elles sont faites par nous. Alors, je pense que je dois un peu
corriger les affirmations que vous avez faites. Nous portons beaucoup
d'attention à Washington, spécialement maintenant, au
règlement de certains dossiers et à l'information de l'image du
Québec. Nous avons été présents, non seulement pour
rencontrer des hommes politiques, mais auprès de beaucoup d'associations
qui ont de l'influence et qui regroupent plusieurs représentants, des
leaders d'opinion. Moi-même, dans la dernière année, j'y
suis allé quatre fois, j'ai fait quatre voyages à Washington. Le
personnel de mon ministère y va - je pourrais dire -
régulièrement.
Alors, je crois que je voudrais rectifier cette Idée que nous
nous fions seulement à l'ambassadeur canadien. Oui. Il est là. On
travaille avec lui, mais on ne se limite pas strictement aux services et aux
représentations de l'ambassadeur. On est présent
régulièrement.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
que vous avez terminé sur cette question? Alors, M. le
député de Bertrand.
Budget consacré aux activités
d'information aux États-Unis
M. Beaulne: Simplement pour apporter une petite précision.
Vous avez mentionné qu'il y avait des budgets qui avaient
été consacrés à l'information. Vous avez
mentionné Hydro-Québec, vous avez mentionné d'autres
agences ou d'autres ministères. Mais, en ce qui concerne le
ministère des Affaires internationales lui-même, pouvez-vous nous
donner un ordre de grandeur de ces budgets qui ont été
consacrés strictement, par votre ministère, aux activités
d'information aux États-Unis?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Ciaccia: Pour l'aspect, l'activité rayonnement... Nous
avons 4 800 000 $ dans notre budget, pour le rayonnement.
M. Beaulne: Ça veut dire quoi, ça, le
rayonnement?
M. Ciaccia: Le rayonnement, c'est les informations, c'est
défendre les intérêts du Québec, c'est informer le
monde. Si quelqu'un prend le «Petit Robert»... Je vais vous donner
la définition de «rayonnement». Non, mais...
M. Beaulne: Non, mais ça peut être rayonnement
commercial, aussi. Ça peut être n'importe quoi, ça.
Une voix: Dans notre politique, c'est indiqué.
M. Ciaccia: C'est indiqué dans la politique. Ça
serait bon, un jour, que vous la lisiez, cette politique-là!
Des voix: Ah, ah, ah!
M. Beaulne: Je l'ai épluchée de a à z.
M. Ciaccia: Ce serait bon. Il y a beaucoup d'information... Vous
allez changer votre approche, votre attitude.
M. Beaulne: On ne la lit pas avec les mêmes lunettes. C'est
ça, le problème!
M. Ciaccia: Non, écoutez! C'est très important, le
rayonnement, l'information sur le Québec - on est très conscient
de ça - c'est la base. Si on ne donne pas la vraie information, comment
pouvons-nous aider nos entreprises, notre secteur culturel, nos
universités? Je pense que c'est quelque chose qu'on réalise et
qui fait partie de notre politique. On y attache une très grande
importance. Vous m'avez demandé une question sur le budget. Je vous le
dis: c'est 4 800 000 $. Maintenant, en termes de budget... C'est une offensive
aux États-Unis. Il y a 250 000 $ pour ce problème particulier,
présentement.
Vous savez, quand vous parlez du rayonnement, ça porte fruit.
J'ai fait la liste de toutes les activités... rencontrer des
journalistes, tout le restant. Je pense que si vous avez eu l'occasion de lire
Business Week, il y a quelques semaines, il y avait un article
très, très positif sur le Québec. Maintenant, Business
Week, c'est une revue qui a une assez grande importance. Ça, c'a
été le résultat du processus dont je vous ai fait part
tantôt, des rencontres de notre comité, de moi-même, de
représentants du ministère et d'autres ministres.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Oui, M. le Président. Je pense que M. le
ministre...
M. Ciaccia: ...je ne veux pas tout vous le lire, parce que je ne
veux pas vous enlever le temps de vos questions. Mais si vous prenez le
chapitre 6 do la politique, pas |uste le résumé, le chapitre 6,
qui va vous donner... Sur le rayonnement, ça commence: Dans un monde
où les communications occupent une place croissante, l'information
représente un facteur primordial pour l'action. Agir pour être
connu et identifier des décideurs dans un contexte où
l'information surabondante devient un enjeu majeur de la compétition
internationale, aussi bien pour les acteurs publics que privés.
Là, ça continue... (10 h 40)
Une voix: C'est la stratégie.
M. Ciaccia: ...toutes les stratégies, toute l'importance,
les éléments de base, l'action du gouvernement, les orientations.
Il y a un chapitre spécial consacré au rayonnement, qui est une
des priorités de l'activité de notre politique.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre,
pour cette précision additionnelle. M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, vous avez parlé du
problème de l'image du Québec à l'extérieur de
notre province et de l'effort que vous avez fait, des rencontres avec les
médias, des séminaires et ainsi de suite. J'imagine que l'image
négative du Québec, que l'on vit actuellement, les deux gros
problèmes, c'est la question de la Baie James et la question de la
Constitution, la position constitutionnelle, les négociations qui sont
en voie actuellement. Quand vous rencontrez les médias, quand vous
faites ces efforts, je comprends bien comment vous pourrez contrecarrer les
mauvaises publicités concernant des Cris qui sont allés à
New York et toutes ces affaires-là, quand vous allez expliquer comment
on traite les autochtones ici, au Canada, les droits fondamentaux de ces
personnes-là. Cette partie-là, je la comprends.
Mais, j'imagine le deuxième aspect de l'image du Québec,
la question constitutionnelle, les négociations qui sont en voie,
actuellement. À ce moment-là, durant ces rencontres, est-ce que
vous abordez ça spécifiquement ou est-ce que votre orientation
est plutôt vers la question de l'image du Québec par rapport
à la Baie James et aux autres problèmes? La question
constitutionnelle, c'est continuellement à l'agenda?
M. Ciaccia: Quand on va en mission, qu'on rencontre des hommes
politiques des autres pays, nous leur donnons des informations sur le
Québec. Nous donnons, comme information, la réalité
québécoise: société majoritairement francophone
avec une communauté anglophone, des communautés culturelles et la
présence de nations autochtones, ce qui fait le tout, qui compose la
société québécoise. Aussi, nous faisons
l'information sur l'évolution du Québec. De la Révolution
tranquille... alors que nous étions principalement une
société agricole... la Révolution tranquille, tous les
changements, les transformations de notre société. Maintenant,
nous sommes devenus une société hautement technologique, nous
avons développé de l'expertise et l'on fait la liste de tous les
domaines. Ceci, ça ouvre les yeux à plusieurs de ces pays parce
qu'eux aussi sont en transformation et, nous, nous l'avons fait. Nous l'avons
réussi et nous avons développé de l'expertise dans les
télécommunications, le transport, la biotechnologie, le
pharmaceutique et tout le reste, sans avoir perdu cette... Aussi, avoir
continué notre expertise dans l'agro-alimentaire et l'agriculture.
Alors, tout ceci fait partie de l'information, de l'image qu'on donne pour
intéresser, pour informer te inonde entier de ce que nous sommes, de ce
que nous pouvons faire et de l'intérêt qu'il pourrait y avoir pour
ces pays, avec nous, comme partenaires d'avenir en Amérique.
Maintenant, je dois vous dire les deux questions qu'on me pose. La
première, c'est sur la Constitution et aussi sur les autochtones. Je
pense que j'ai déjà mentionné notre approche sur les
autochtones. Quand on explique toutes les ententes et tout ce que nous faisons,
ce que nous avons fait comme société, comme gouvernement, je dois
vous dire, la réaction d'un législateur du Japon qui a dit qu'il
voudrait que leurs... parce qu'ils ont des groupes autochtones minoritaires,
qui ont une différente culture, au Japon, comme nous avons ici. La
réaction est que les groupes autochtones, dans le reste du monde,
souhaiteraient avoir les bénéfices que nous leur avons
accordés par l'entente de la Baie James. Alors, nous faisons le point.
Nous expliquons la réalité du Québec et tous les aspects
très positifs, à savoir que nous sommes une société
avec une culture différente du reste du Canada, du reste de
l'Amérique du Nord. En ayant cette culture différente, nous
pouvons être plus sensibles aux autres cultures, plus sensibles à
faire affaire avec eux, à transiger avec eux, à être
présents dans leur pays.
En ce qui concerne le dossier constitutionnel, c'est une
préoccupation que tous les pays ont, parce que l'image du Canada est une
image très positive. Il a la réputation et l'image d'être
un pays tolérant qui a une puissance économique, où les
gens de différentes cultures - les «linguistiques»,
anglophones, francophones - vivent ensemble. C'est l'image qu'ils ont. Alors,
la position que nous prenons, l'explication que nous leur donnons, c'est une
explication, une position très réaliste. Nous leur disons que les
objectifs de notre gouvernement sont ' de maintenir le Québec à
l'intérieur du Canada, mais qu'il faut des changements à la
Constitution pour répondre à cette vision qu'ils ont du Canada,
et que cette vision doit se concrétiser dans la Constitution. On doit
institutionnaliser la présence québécoise, la culture
québécoise, l'identité québécoise dans la
Constitution, et nous devons apporter certains changements pour des raisons
économiques, pour rendre plus efficace notre système
constitutionnel et répondre aux aspirations du Québec et, aussi,
des autres régions.
Mais je suis réaliste et je leur dis: La décision va
dépendre de la population. C'est la population, c'est le peuple du
Québec qui va décider de son avenir constitutionnel. Mais je leur
fais part de nos objectifs, de ce que nous essayons de faire et des changements
constitutionnels qui sont nécessaires pour répondre aux besoins
du Québec. Je crois que c'est un portrait réaliste et je dois
vous dire que ça donne une autre image parce qu'ils se font toutes
sortes d'idées de ce qui se passe au Québec, comme, des fois,
nous, on se fait toutes sortes d'idées sur ce qui se passe dans d'autres
pays quand on n'y va pas et qu'on se fie seulement aux coupures de presse.
Alors, ça, ce sont les trois sujets: la réalité du
Québec, en termes de toute leur expertise, en termes de ce que nous
faisons comme société, notre culture, tout ce que nous sommes.
Nous avons le bénéfice des deux cultures. Nous sommes
Nord-Américains, mais nous avons une culture européenne. Nous
pouvons faire le pont entre l'Europe et l'Amérique et les autres
dossiers constitutionnels et autochtones. Je dois vous dire que l'accueil, la
réception qu'on reçoit après les explications sont
très, très positifs.
On a seulement à juger par les résultats de ces missions,
par l'accueil et le suivi de tous les intervenants, que ce soit les hommes
d'affaires, que ce soit les universités. On a des universités au
Viêt-nam, des universités québécoises qui ont des
ententes au Viêt-nam, qui ont des ententes en Pologne. Tout notre secteur
culturel en Europe de l'Est, maintenant, en Asie, en Europe, naturellement, et
aux États-Unis. On rencontre des hommes d'État, on rencontre des
premiers ministres et des présidents. C'est clair que notre premier
ministre l'a fait. Mais, à l'occasion, dans certains pays, les
présidents et les premiers ministres rencontrent aussi le ministre des
Affaires internationales du Québec.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand, je pense que c'est une question connexe, sur
le même sujet?
M. Beaulne: Oui.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, je vais vous
laisser la parole et, après ça, j'aimerais peut-être
suggérer une pause de quelques minutes, étant donné qu'on
a quatre heures de travaux de prévues et que nous arrivons, à
toutes fins pratiques, à la mi-temps. Alors, M. le député
de Bertrand.
Acquisition d'équipement de l'armée
américaine par les Mohawks d'Akwesasne
M. Beaulne: Effectivement, ce qui a le plus contribué
à la détérioration de notre image aux États-Unis,
c'est la publicité négative que font les groupes autochtones et,
entre autres, - il ne faut pas se le cacher - la crise d'Oka. Hier, M. le
ministre, je vous posais une question à l'Assemblée nationale,
question à laquelle vous avez répondu de façon
plutôt évasive, concernant le don ou la vente d'équipement
du surplus de l'armée américaine aux Mohawks d'Akwesasne. Cette
question préoccupe énormément la police de l'État
de New York. Elle préoccupe également les résidents
canadiens et québécois adjacents à la réserve,
comme en a témoigné la question qu'a posée, à la
Chambre des communes, le député Don Boudria. Elle
préoccupe, évidemment, au plus haut point, également,
l'ensemble des Québécois. Je pense que, suite à ce qu'on
apprenait, hier, aux nouvelles concernant le déroulement du
procès des Warriors d'Oka, cette question revêt
une importance particulière. Ça demeure une
poudrière. Je pense que tout le monde l'admet et, compte tenu du fait
qu'on apprenait, hier, que le procès des Warriors d'Oka va reprendre le
11 mai et que ça peut durer de quatre à six mois, avec la
possibilité qu'on ne peut pas escompter, avec la possibilité que,
dépendant du déroulement de ce procès-là et du
dénouement de ce procès-là, on puisse faire face à
des situations semblables à celle qu'on a vécue à Oka et
à Kah-nawake, je vous répète ma question: Est-ce que vous
avez l'intention de demander au gouvernement américain, par un moyen ou
l'autre - soit par le gouvernement canadien, soit de le faire directement en
convoquant le consul américain ici, à Québec - d'imposer
au moins un moratoire sur le don ou la vente d'équipement de
l'armée américaine aux Mohawks d'Akwesasne, pu moins en attendant
que le ministre de la Sécurité publique de votre propre
gouvernement fasse sa propre petite enquête sur la situation dans ce
coin-là?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Ciaccia: Ma réponse, hier, était peut-être
un peu plus précise qu'elle n'avait l'air de l'être, mais je suis
d'accord avec vous que c'est un sujet très important, très
sérieux. La situation à Oka n'est pas facile. Quand vous
parlez... L'une des raisons, hier, pour lesquelles j'ai répondu de la
façon que je l'ai fait, c'est parce que je voulais informer aussi, je
voulais prendre cette occasion - c'est pour ça que je vous ai
remercié pour la question - pour informer la population du Québec
et l'Assemblée nationale de toutes les mesures, les
représentations que nous faisons, non seulement au niveau des
délégations, mais aussi au niveau politique. Il y a une des
questions, les droits et les libertés de la personne, qui est
très importante pour les Américains, et c'est très
Important, pour nous, de les informer de nos lois, de la Charte des droits que
nous avons et de l'attention que nous portons. (10 h 50)
Vous savez, la crise d'Oka... J'iiesue à faire des commentaires
parce que j'étais trop près de cette crise, mais il n'y a
personne qui est capable de me répondre ou de me contredire quand je
leur dis que, dans aucun autre pays au monde, il n'aurait pu y avoir une crise
de ce genre dans un milieu urbain - parce que le pont Mercier, c'est à
Montréal - sans un bain de sang, sans pertes de vies plus que,
malheureusement, la perte de vie initiale du caporal Lemay. Ça
démontre le degré de civilité que nous avons, le
degré de tolérance que nous avons comme société,
comme gouvernement, et les mesures qu'on a prises. Vraiment, on n'a pas
d'excuses à donner à personne ni de leçons à
prendre de personne, sur ce sujet. C'est Important d'Informer les
Américains de cela. Le sujet que vous soulevez, ce n'est pas vraiment un
sujet des affaires internationales, il y a toute la sécurité
publique, il y a toute la question autochtone.
Quand vous parlez d'un moratoire, un moratoire présume qu'il y a
déjà des permis où ces ventes peuvent se faire
légalement. À ma connaissance, il n'y a pas de permis qui sont
donnés par le gouvernement américain pour vendre des armes aux
Mohawks à Kahnawake. À ma connaissance, si ces activités
se produisent, ce sont toutes des activités illégales.
Maintenant, ce sont des questions qui devraient plutôt se poser au
ministre cnargé de la Sécurité publique. Mais, en ce qui
concerne les représentations au niveau des Américains, le
contexte international, vous pouvez être assurés qu'on fait toutes
les représentations nécessaires pour protéger les
intérêts du Québec.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Je
réalise que vous voulez revenir en additionnelle sur cette même
question. J'aimerais peut-être suspendre pour quelques minutes, quitte
à revenir sur le même sujet.
M. Beaulne: Ce n'est pas long, on peut passer à autre
chose après, complètement.
Le Président (M. Lafrance): Oui, très rapidement.
Alors, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Effectivement, il existe une directive du
gouvernement américain permettant de donner - pas de vendre - de donner
des surplus de l'armée américaine, pas seulement aux Mohawks,
mais à d'autres groupes qui en font la demande. Mais j'apprécie
beaucoup ce que vous nous dites, là, au sujet des démarches que
vous faites pour informer les Américains sur notre position concernant
les autochtones. Je partage entièrement, non seulement vos propos, mais
ceux de Mme Bacon, à savoir qu'on n'a strictement rien à se
reprocher, sauf que vous n'avez pas tout à fait répondu à
ma question de façon spécifique. Vous dites que ça
relève du ministère de la Sécurité publique, c'est
vrai. Mais, à moins d'avis contraire, les démarches auprès
des gouvernements étrangers relèvent de votre juridiction. Ce
n'est pas au ministre de la Sécurité publique de demander aux
Américains, même s'il le jugeait approprié, de ne pas
envoyer d'armes ou d'équipement de l'armée américaine - ce
ne sont pas toutes des armes, c'est de l'équipement, de façon
générale - aux Mohawks d'Akwesasne. Il me semble que ça
fait partie de la description de tâches ou de la définition du
mandat du ministère des Affaires internationales d'entreprendre ce genre
de démarches. Est-ce que, oui ou non... Mettons la question
différemment.
Advenant que le ministère de la Sécurité publique
vous demande d'entreprendre des démarches auprès du gouvernement
américain, directement ou Indirectement, pour interdire le
don ou la vente d'équipement de l'armée américaine
aux Mohawks d'Akwesasne, allez-vous entreprendre les démarches?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Ciaccia: À ma connaissance, ce que le gouvernement
américain fournit - vous avez parlé de don aux Mohawks
d'Akwesasne, du côté américain - c'est du matériel,
des équipements. Ce n'est pas des armes que le gouvernement
américain leur fournit. Écoutez, ils ne sont pas... c'est pas des
fous à plein temps! De donner des armes quand, l'année
dernière, il y a deux ans, c'est un hélicoptère qui s'est
fait descendre sur la réserve, à New York. Alors, ce n'est pas
des armes que les Américains donnent. Ils peuvent fournir des
matériaux, des équipements, comme ils le font pour plusieurs
groupes qui ont besoin de ces choses-là.
En termes de relations ou de collaboration entre groupes policiers, les
groupes policiers du Québec et de New York, je crois, sont en constante
communication. Ils n'ont pas besoin de passer par le ministère des
Affaires internationales pour s'échanger de l'information ou autre chose
qu'ils doivent faire. Nous, on est en relation avec l'État de New York,
et les sujets du genre que vous mentionnez sont la responsabilité
principale du ministère de la Sécurité publique. Si le
ministère de la Sécurité publique juge que c'est
nécessaire de faire une intervention au niveau international, à
ce moment-là, c'est vrai qu'il va communiquer avec nous et nous allons
collaborer et faire les représentations nécessaires, comme
ça a été fait, dans certains cas, dans le
passé.
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre.
J'aimerais donc suspendre nos travaux pour quelques minutes, très
brièvement, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 11 h 8)
Le Président (M. Lafrance): Je vous demanderais, s'il vous
plaît, de reprendre votre siège. Je déclare donc nos
travaux rouverts et je laisse la parole à M. le député de
Bertrand.
Programme de promotion aux exportations
M. Beaulne: Oui, merci, M. le Président. Alors, j'aimerais
aborder maintenant la question des programmes de promotion aux exportations, en
particulier le programme APEX et le programme PSEMI, Programme de soutien
à l'emploi en marketing international. Quand on regarde les
crédits pour 1991-1992 et 1992-1993, on s'aperçoit, à
toutes fins pratiques, qu'il existe pour ces deux programmes-là une
situation de gel: 2 451 000 $ en ce qui concerne le programme APEX et 2 307 000
$ en ce qui concerne le Programme de soutien à l'emploi en marketing
international. En fait, cette situation de gel démontre que le ministre
a été incapable d'obtenir des budgets supplémentaires
auxquels il s'était engagé.
En fait, j'ai fait ressortir les galées et, lors de
l'interpellation du 29 novembre dernier, vous aviez confirmé que le
budget 1991-1992 du programme APEX avait été épuisé
au 1er octobre de l'an dernier. Vous vous étiez alors engagé
à obtenir des budgets supplémentaires, et je cite les
transcriptions des galées: «En ce qui concerne APEX, on a
déjà demandé des budgets supplémentaires.»
Fin de la citation, C'est le Journal des débats du 29 novembre
1991. Je continue la citation: «En ce qui concerne les montants APEX, je
pense qu'on va augmenter les montants pour pouvoir répondre aux besoins
de notre clientèle.»
Par la suite, en réponse à une question que vous posait le
chef de l'Opposition le 16 avril dernier, vous affirmiez que vous aviez obtenu
ces budgets supplémentaires pour APEX. D'après les demandes de
renseignements particuliers adressées par l'Opposition et auxquelles
vous avez répondu dans les volumes, la question 2 du tome 2, on observe
des dépenses probables de 2 257 200 $ pour APEX en 1991-1992 par rapport
à des crédits de 2 451 000 $; donc, le ministère aurait
dépensé 194 000 $ de moins que les crédits prévus.
(11 h 10)
Ma question au ministre est la suivante. Pour l'exercice financier
1991-1992, quel est le budget supplémentaire que votre ministère
a obtenu par rapport aux crédits votés de 2 451 000 $? Comment
pouvez-vous expliquer que les crédits dévolus en 1992-1993 pour
APEX soient gelés au même niveau que 1991-1992, alors que vous
vous étiez engagé à obtenir des budgets
supplémentaires pour répondre aux besoins des PME?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: II faut comprendre une chose sur le programme APEX:
on fixe un budget, mais c'est lié aux demandes. Même si on fixait
un budget plus élevé, si on n'a pas de demandes, on ne peut pas
dépenser l'argent. Ce qui est arrivé l'année
dernière, c'est suite à des actions que le gouvernement a prises
pour encourager les sociétés québécoises, les
entreprises québécoises à s'impliquer dans l'exportation.
On a fait une tournée régionale, on a expliqué dans notre
politique que seulement 13 % des PME au Québec sont impliquées
dans l'exportation tandis que, dans d'autres pays, le chiffre monte
jusqu'à 70 %, 73 %. Alors, suite à ces efforts que nous avons
faits, on a reçu plusieurs autres demandes
naturellement, parce qu'elles voulaient s'impliquer dans ce
marché international. Quand les budgets ont été
épuisés, et on a reçu des demandes, je crois, 300 demandes
de plus, là, je suis allé au Conseil du trésor et on a
obtenu 540 000 $ pour répondre aux nouvelles demandes. Alors, il faut
comprendre le processus budgétaire et le processus des demandes
APEX.
Et j'espère que les paroles du député ont
dépassé sa pensée quand il a mentionné que les
décisions d'APEX étaient faites sur une base partisane, parce que
c'est très décourageant pour ceux qui administrent, les gens du
ministère qui administrent ce programme. C'est un programme norme; il y
a des critères très spécifiques. Tantôt, si vous
voulez, je pourrai vous donner les changements que nous allons apporter au
programme APEX pour le rendre encore plus attrayant et pour qu'il
réponde plus aux besoins de nos entreprises québécoises
pour s'impliquer dans l'international. On veut augmenter ce chiffre de 13 %. On
veut que les entreprises québécoises réalisent le
potentiel énorme qui existe dans d'autres marchés et qu'elles
utilisent leurs ressources humaines et qu'on les aide à utiliser leurs
ressources humaines, leurs produits pour faire de l'exportation.
Alors, en termes de montants, moi, je n'ai aucune difficulté. Il
y a plus de 4 000 000 $ qui sont alloués comme budget de base pour le
programme APEX, mais je peux vous assurer que s'il y a des demandes
additionnelles, comme c'est arrivé au mois d'octobre dernier... J'ai
mentionné que j'avais obtenu les montants en octobre - c'est vrai,
c'était au mois de novembre, un mois après - quand j'ai
répondu à la question du chef de l'Opposition, mais on les a
obtenus, et sans difficulté, parce que c'était un besoin
réel. On ne refusera pas à nos entreprises
québécoises de s'impliquer dans l'international. Ça
crée des emplois. Vous savez, 30 % des emplois au Québec
dépendent de nos activités internationales. Non seulement on ne
veut pas que ça réduise, on veut les augmenter, on veut les
créer, ces emplois, et le programme APEX est un moyen excellent.
Je vous ai donné l'exemple de ATS Aerospace, à
Saint-Bruno, qui a fait une percée très importante dans le
domaine aéronautique. Ils ont obtenu un contrat en Autriche et
partiellement dû au programme APEX qui leur a permis de faire des
démarches, de faire des études, d'obtenir des informations, ce
qui leur a permis de faire cette percée.
Je peux vous donner les chiffres que mon sous-ministre vient de me
fournir. Pour l'ensemble des volets, le ministère a reçu, au
cours de l'exercice 1991-1992, 1011 demandes, comparativement à 777 en
1990-1991. Alors, quand vous parlez que notre politique des affaires
internationales n'est pas dynamique et n'a pas de conséquences, je crois
que vous faites ces affirmations gratuitement, sans regarder les faits, parce
qu'une des conséquences directes de la politique, ça a
été l'accroissement des demandes, parce qu'on a voulu... On a
fait les tournées régionales. On veut intéresser les gens,
que ce soit en Gaspésie, en Estrie, dans la Beauce - le pays d'origine
de mon sous-ministre, on ne doit pas le négliger - à
Trois-Rivières, en Abitibi, sur la Côte-Nord. C'est la
première fois qu'on a une présence des Affaires internationales
en région et la réaction, il y a eu plus de... Parce que, quand
je vais en région, je n'y vais pas seul. Ce n'est pas seulement le
ministre qui va faire des discours. Je suis accompagné des
représentants de mon ministère qui font des contacts, qui
demandent aux entreprises... On fait de la publicité avant d'arriver:
Les entreprises qui sont intéressées à obtenir de
l'information, à obtenir de l'aide technique, à obtenir de l'aide
financière, présentez-vous devant les représentants du
ministère des Affaires internationales. Et, pendant cette
tournée-là, on a eu plus de 220 entreprises
québécoises qui ont rencontré les représentants de
notre ministère pour s'impliquer dans l'international.
Alors, je suis heureux que vous réalisiez l'importance du
programme APEX. Évidemment, votre chef, le chef de l'Opposition, l'a
réalisée lui aussi, parce qu'il m'a posé une question sur
les montants, mais, nous aussi, nous le réalisons et nous faisons tout
le nécessaire pour s'assurer non seulement que les ressources
financières soient disponibles, mais nous avons apporté - si vous
voulez le savoir dans d'autres questions que, peut-être, vous allez me
poser, je ne veux pas prendre tout le temps... Nous allons apporter des
changements importants au programme APEX pour qu'il puisse répondre aux
exigences, aux demandes des entrepreneurs québécois et aux
demandes et aux exigences de la situation internationale qui change
constamment.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, si
vous me permettez, M. le député dïberville.
M. Lafrance: Oui, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord, si vous me permettez, dire un mot de bienvenue. Voilà quelques
Instants, j'avais le privilège de vous remplacer à la
présidence, et on m'a informé qu'il y avait un groupe de
visiteurs du comté de Frontenac, de notre collègue Roger
Lefebvre, qui allait nous faire le plaisir d'assister à nos travaux.
Alors, j'aimerais, au nom de tous les membres de la commission, leur souhaiter
la bienvenue parmi nous, d'autant plus que mes parents sont originaires de
Thet-ford Mines qui est, je pense, dans le comté de Frontenac.
M. le Président, j'aimerais m'arrêter un peu sur cette
question de partisanerie. J'ai mentionné au tout début, dans mes
propos, que je m'expliquais mal ça. J'ai consulté la liste des
bénéficiaires du programme APEX et je dois vous dire
que, dans ça, il y a des compagnies du comté d'Iberville
qui ont reçu des subventions et que je n'étais même pas
moi-même au courant de leurs démarches. Je l'ai su,
évidemment, par après et je vois confirmation ici. D'autant plus,
aussi, que tous les comtés, je pense, à peu près tous les
comtés sont mentionnés dans cette longue liste.
M. le ministre, vous avez parlé de budget qui pouvait fluctuer
relativement à ce programme APEX; c'est donc dire que les plafonds
peuvent être ajustés. Je vois aussi qu'il y a différentes
facettes du programme; on parle de mission individuelle, exposition,
études et stratégies. Est-ce qu'il y a des montants maximums
auxquels ont droit les compagnies dans chacun de ces programmes? Je vois que
les montants varient énormément aussi avec les compagnies et les
différents programmes. Alors, est-ce qu'il y a des montants maximums que
vous pouvez attribuer dans certains programmes? (11 h 20)
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le député.
Premièrement, je voudrais, moi aussi, souhaiter la bienvenue aux gens du
comté de Frontenac. Quand j'étais ministre de l'Énergie,
j'avais le plaisir de visiter ce comté, spécialement Thetford
Mines, pour faire la promotion de l'amiante et je peux assurer les
résidents de ce comté que nous continuons nos efforts pour
promouvoir l'amiante sur le marché international. On travaille en
étroite collaboration avec l'Institut de l'amiante, avec mon
ex-collègue, M. Michel Gratton, pour nous assurer que nous allons faire
la promotion de ce produit parce que nous y croyons. Tous les problèmes
qu'on soulève en ce qui concerne les aspects négatifs, ces
problèmes-là sont soulevés, pas pour des raisons de
santé - parce qu'il y a eu toutes sortes d'améliorations de ce
produit-là; maintenant, il est totalement sécuritaire... Il y a
des lobbies qui veulent remplacer l'amiante. C'est pour ça qu'ils en
font objection. On a réussi, aux États-Unis, à
arrêter un décret qui voulait empêcher l'utilisation de
l'amiante aux États-Unis. Dans tous les marchés internationaux,
on va continuer à promouvoir ce produit parce qu'on réalise que
c'est important pour votre région.
Maintenant, quand vous avez soulevé la question de partisanerle,
s'il y a des sujets, des questions de partisanerie, je crois que le
député de Bertrand devrait plutôt nous féliciter de
la façon que le programme est administré. Le député
ministériel vient de nous donner des exemples où lui n'est
même pas au courant que certaines entreprises de son comté
reçoivent... Et c'est de même, tes entreprises font affaire
directement avec le ministère. Moi, je reçois souvent des
plaintes. On appelle au cabinet, on dit: On a fait une application et on n'a
pas reçu... notre application n'a pas été acceptée.
C'est bien simple. On leur répond: C'est parce que vous ne rencontrez
pas les normes. Si vous ne rencontrez pas les normes - et les normes sont
très sévères et très claires - là, vous ne
pouvez pas l'avoir, vous ne pouvez pas tirer avantage du programme APEX.
Maintenant, je ne sais pas quelle autre question... Excusez. Ah oui! Il
y a des montants...
M. Lafrance: Oui, je voulais savoir s'il y a des plafonds...
M. Ciaccia: Oui, il y a des montants...
M. Lafrance: Je sais qu'il y a des règles
d'admissibilité, mais est-ce qu'il y a des plafonds de montants?
M. Ciaccia: II y a des montants naturellement, des maximums. Pour
la mission individuelle, le maximum par demande est de 8000 $. Pour les
expositions, c'est 10 000 $. Pour les études et stratégies, c'est
15 000 $. Pour le volet adaptation au marché, c'est 20 000 $. Pour le
volet préparation de soumissions, c'est 15 000 $ et, pour le volet
emploi en marketing international, c'est 50 000 $ sur deux ans.
Mais ce que nous faisons présentement - l'ancien programme
comprenait ces six volets - nous sommes maintenant en train d'avoir un nouveau
régime. Il va avoir la même structure, mais il va avoir des
différences. On va accorder une aide, dans certains cas... l'aide va
être améliorée. Plus particulièrement, nous
introduisons la notion de «nouveaux exportateurs». Quand j'ai
mentionné tantôt qu'on n'a pas assez de petites et moyennes
entreprises, bien, on veut encourager les nouveaux exportateurs,
c'est-à-dire les entreprises qui n'ont jamais exporté. Et,
à ces entreprises, afin de les inciter à exporter, nous
accorderons une aide plus substantielle, soit de 70 % au lieu de 50 % des
dépenses admissibles. Ce statut de nouvel exportateur sera maintenu
pendant trois ans pourvu que l'entreprise fasse un effort suivi et progresse
dans ses ventes à l'étranger.
Puis il y a un autre volet qui est très important, c'est le volet
préparation de soumissions qui sera remplacé par un volet
appelé projets majeurs. Ce volet vise à partager avec
l'entreprise une partie des dépenses reliées à la
réalisation de projets majeurs d'exportation de biens, services,
technologies ou savoir-faire d'origine québécoise sur des
marchés étrangers. On a trouvé dans le passé,
à l'examen, qu'il y avait certains projets majeurs qui avaient besoin
d'une aide additionnelle sous plusieurs facettes et qui ne se qualifiaient pas,
on ne pouvait pas les rentrer dans les volets qui existaient. Alors, on a
modifié ça pour permettre ce qu'on appelle des projets majeurs.
Dans le passé, c'était cas par cas, il fallait aller au Conseil
du trésor. Maintenant, on va faire des critères, on va baliser
ça, et ça va se faire régulièrement par le
ministère.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
je suis prêt à reconnaître un autre intervenant, M. le
député de Bertrand.
Motifs des refus de subvention dans le cadre des
programmes APEX et PSEMI
M. Beaulne: Oui. J'aimerais, moi aussi, souhaiter la bienvenue
aux visiteurs du comté de Frontenac, d'autant plus que je pense que
c'est important d'inciter les électeurs et les électrices de nos
comtés mutuels à venir voir ce qui se passe à
l'Assemblée nationale. Au fond, ce sont eux qui paient pour faire
fonctionner ce service, et l'Assemblée nationale, c'est avant tout la
maison du peuple avant d'être celle des députés. Donc, moi
aussi, je profite de l'occasion pour vous souhaiter la bienvenue à notre
commission.
Ceci étant dit, j'aimerais revenir quand même sur certains
points précis qui ont été soulevés. Vous avez dit
tout à l'heure que vous aviez obtenu des crédits
supplémentaires. Vous avez mentionné le chiffre de 540 000 $. Je
veux bien croire que vous avez obtenu des crédits
supplémentaires, mais est-ce que c'est à ces 540 000 $ auxquels
vous faites allusion? Et si ce n'est pas ça, quel est le montant de ces
fameux crédits supplémentaires que vous avez obtenus? D'une
part.
D'autre part, je pense que la conversation commence à
s'éterniser un peu sur la question de partisanerie. Je suis prêt
à modérer, si vous voulez, mes propos à ce
sujet-là, mais permettez-moi quand même d'exprimer une certaine
surprise. Mettons que c'est une coïncidence. J'ai fait le calcul et, sur
les dépenses du programme APEX de promotion, il y a 8,7 % de ces
sommes-là qui ont été allouées à des
comtés représentés par les députés de
l'Opposition officielle. Ça m'intrigue un peu. Ça m'intrigue un
peu d'autant plus que je suis le président du caucus de la
région, et en particulier de la Rive-Sud de Montréal qui a vu une
augmentation qui a été responsable de la création
d'à peu près 50 % des nouveaux emplois au Québec l'an
dernier, qui est une région d'entrepreneurs forts dynamiques...
Ça m'intrigue beaucoup de voir que seulement 8,7 % de ces crédits
APEX ont été alloués à des entreprises
situées dans des comtés représentés par
l'Opposition. Vous allez peut-être me dire que c'est une
coïncidence, peut-être que c'est parce que nos entreprises n'en ont
pas fait la demande. Enfin.
Pour régler cette question-là une fois pour toutes, je
vous demanderais de déposer la liste des entreprises qui ont fait la
demande et qui ont été refusées. Dans le cahier, ici, on a
la liste des entreprises qui se sont vu octroyer des subventions. Je pense que,
si vous déposiez la liste de celles à qui on a refusé des
subventions en indiquant les motifs de ces refus, ça pourrait
peut-être aider à trancher cette discussion.
Si je prends maintenant le Programme de soutien à l'emploi en
marketing international, les chiffres sont encore un peu plus surprenants.
Seulement 4,9 % des fonds de ce programme ont été alloués
à des demandes provenant de compagnies situées dans des
comtés représentés par l'Opposition officielle. Alors, je
vous réitère ma demande, encore une fois, pour ce
programme-là: déposez la liste des entreprises qui ont soumis des
demandes et qui se sont fait refuser, avec les motifs de ce refus, et je pense
que ça va aider à modérer nos transports et à
éclairer cette situation-là une foh pour toutes.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. M. le ministre.
M. Ciaccia: Franchement, je pense que vous tire? des fausses
conclusions des chiffres que vous avez. Je veux bien croire que vous avez fait
un examen. Je ne sais pas, on peut le vérifier, mais je vais prendre
pour acquis que vous avez raison...
M. Beaulne: Je ne peux pas inventer ce qui n'est pas dans le
cahier. (11 h 30)
M. Ciaccia: ...que c'est 8 % des comtés de l'Opposition.
Et vous en venez à la conclusion: Ah! il y a de la partisanerie.
Avez-vous jamais pensé que, peut-être, les comtés qui sont
représentés par les députés ministériels sur
l'île de Montréal, dans le centre de Montréal, les endroits
comme Québec où il y a des députés
ministériels, c'est là qu'ils représentent des
comtés industriels, ils représentent des comtés où
il y a des activités, des entreprises qui font de l'exportation?
Pensez-vous que mon ministère en arrière va dire: Bien, de quel
comté ça vient, et je ne l'accepterai pas? C'est pas mal une
insinuation assez grave. Ce n'est pas le député d'un comté
rural qui va faire tellement d'APEX, mais des comtés à
Montréal, peut-être en Abitibi où II y a plus
d'activités industrielles, Sherbrooke dans l'Estrie. Je suis bien
certain, peut-être, si vous regardez en Gaspésie, que le
député de Bonaven-ture va se plaindre, il va avoir la même
plainte que vous. Il va dire: Je n'ai pas d'APEX dans mon comté.
Ça n'a rien à faire avec la localisation du comté.
Ça n'a rien à faire avec la qualité du
député, qu'il soit ministériel ou non, qu'il soit
intelligent ou moins Intelligent. C'est les demandes. Les demandes proviennent
et on répond. Et parce qu'il n'y en a pas beaucoup dans ce genre de
comté là, dans les régions, c'est pour ça que j'ai
fait une tournée régionale, pour susciter des demandes,
exactement dans ces comtés où il y a peut-être des
entreprises qui pourraient faire de l'international et qui ne le font pas. On
veut rendre ça disponible pour elles. On veut qu'elles
s'intéressent parce que ce n'est pas tout le monde qui pense
international; c'est très limité. Je vous ai donné les
chiffres.
C'est très limité, le nombre d'entreprises, le nombre
d'entrepreneurs qui pensent à faire de l'international, on veut
l'augmenter.
En ce qui concerne votre demande d'avoir la liste, je peux vous donner
la liste de ceux qui ont été acceptés. Je dois m'informer
si je peux vous donner les autres parce qu'il y a certaines informations... La
liste de ceux qui ont été acceptés est déjà
là. Il faudrait que je m'informe si je peux vous donner la liste des
autres, s'il y a des informations confidentielles, quelle est la coutume
de...
Une voix: Les raisons aussi.
M. Ciaccia: Ah oui! vous avez demandé les raisons du
refus. Premièrement, quand vous dites qu'il y en a 8,7 %, s'il n'y a pas
de demandes, on ne peut pas répondre. C'est un programme qui est
basé essentiellement sur la demande. Ce n'est pas quelque chose qu'on
distribue, qu'on peut distribuer à l'ensemble des régions au
Québec. Et les motifs de refus sont basés sur les normes du
programme seulement. Ce n'est pas une question discrétionnaire. Si une
personne rencontre les normes, elle reçoit. SI elle ne rencontre pas les
normes, elle ne reçoit pas.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand...
M. Ciaccia: Je vais voir. Je vais m'informer des demandes qui ont
été refusées pour voir si ça peut être
dévoilé ou s'il y a des informations confidentielles. En ce qui
me concerne, je n'ai aucune objection parce que moi, je suis prêt
à donner toutes les informations à tout le monde, en
complète transparence.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Je pense...
M. Ciaccia: Si vous avez des comtés où vous dites
qu'il n'y a pas assez de demandes, portez-les à mon attention et on va
essayer d'en susciter, des demandes, dans ces comtés-là. Il n'y a
rien qu'on voudrait mieux que de pouvoir répondre, spécialement
pour des petites et moyennes entreprises.
M. Beaulne: Moi, je suis tout à fait d'accord avec vous,
mais vous comprendrez que, si on ne doit pas donner l'interprétation que
je donne à ces pourcentages-là, je ne vois pas pourquoi vous
devriez avoir des réticences à déposer la liste. On ne
demande pas des renseignements confidentiels sur les bilans. On demande la
liste des entreprises et des comtés, présentée un peu
comme celles qui ont été acceptées, la liste des
entreprises qui ont fourni des demandes.
M. Ciaccia: On va vous la fournir. M. Beaulne: Bon!
M. Ciaccia: On va vous fournir la liste de tous ceux qui ont fait
la demande et qui n'ont pas été acceptés.
M. Beaulne: D'accord. Il y a un autre aspect sur lequel je
m'interroge en examinant les crédits ici et, en juxtaposant ça
aux voyages de promotion commerciale pour 1991-1992... Je suis d'accord avec
vous, pour avoir été dans ce domaine-là, que plusieurs
entreprises ne sont pas au courant des programmes qui existent et que le
programme APEX comme les programmes de ce genre-là sont des programmes
qui fonctionnent sur la base de demandes. Alors, si vous jugez la demande
Insuffisante et si les crédits sont gelés, II y a peut-être
moyen, compte tenu de l'importance des exportations pour l'économie du
Québec, de faire un effort supplémentaire, ne serait-ce que pour
susciter la demande intérieure pour ces programmes-là. Parce que,
lorsqu'on compile l'ensemble, les coûts des voyages de promotion
commerciale, et je dis strictement de promotion commerciale, on exclut les
participations à des commissions, et ainsi de suite, qui sont
là-dedans, strictement les voyages de promotion commerciale, de
vous-même, les députés qui vous ont accompagné, le
personnel du cabinet, les fonctionnaires, enfin, tout ça se monte
à 1 188 000 $, ce qui représente 52 % des dépenses du
programme APEX et 85 % des dépenses du Programme de soutien à
l'emploi en marketing international. Si les crédits APEX et les autres
sont gelés, avez-vous l'intention également de geler les
dépenses au niveau de la promotion commerciale en ce qui concerne les
voyages? Parce qu'à ce moment-là, quand on atteint des
proportions de l'ordre de 52 % des dépenses APEX et de 85 % des
dépenses de l'autre programme, simplement en voyages de promotion
commerciale, il y a quelque chose d'un peu incohérent.
M. Ciaccia: Excusez. Je vais essayer de vous expliquer ce qui se
passe et pourquoi ces choses-là se font de cette façon.
Premièrement, il n'y a pas de gel. C'est vrai que, l'année
passée, le Conseil du trésor a coupé le programme APEX
parce qu'on ne l'utilisait pas. Alors, les montants n'étaient pas
utilisés, ils l'ont coupé. Mais, quand on a rendu notre politique
publique, quand on a annoncé notre politique, il y a eu des demandes, on
a non seulement fait remettre les montants qui étaient coupés,
mais on a obtenu des montants additionnels. Quand vous dites qu'il y a 1 000
000 $ de coûts de voyage des fonctionnaires, des ministres et tout le
reste...
M. Beaulne: Liés à la promotion commerciale.
M. Ciaccia: Pardon? M. Beaulne: Liés
à...
M. Ciaccia:... liés à la promotion commerciale,
vous n'incluez pas, dans ce chiffre-là, les montants qui sont
dépensés par ceux qui nous accompagnent, qui paient toutes leurs
dépenses. On peut faire toutes sortes d'interprétations. Moi, je
pourrais dire: Regardez, en Italie, par exemple, c'était la plus grosse
mission, II y a 60 personnes qui m'ont accompagné. Je pourrais bien
faire le même exercice que vous, chiffrer les dépenses des 60
personnes et les ajouter au programme APEX et dire: Regardez, ça fait
partie du programme APEX, mais au lieu que ce soit le gouvernement qui les a
payées, c'est eux autres qui les ont payées. Si je faisais
ça, le programme APEX ne serait pas de 4 000 000 $, il serait de 25 000
000 $, parce que, dans les missions économiques, tous ceux qui nous
accompagnent paient leurs dépenses complètement. Et je ne suis
jamais accompagné de moins de 12, 13 personnes; ça, c'est le
minimum. Normalement, c'est plus que ça, j'ai 20, 30 et 40 personnes qui
m'accompagnent dans des missions. Alors, on pourrait bien dire: Regardez,
ça, ça fait partie du programme APEX, parce que l'un des volets
du programme APEX, c'est les voyages, assister dans d'autres pays pour faire la
promotion de leurs...
Mais il n'y a pas de gel. Je peux vous assurer qu'il n'est pas question
de geler le programme APEX. Ça va dépendre des demandes, puis on
ne peut pas s'engager au début à dire: On va geler les missions
économiques, parce que je ne pense pas qu'on aiderait les entreprises
québécoises qui trouvent ça très utile. Puis
même, je ne vous l'ai pas dit, mais ils se battent pour venir avec nous,
ils trouvent qu'on ne fait pas assez de missions économiques. On essaie,
parce qu'on est limités dans le temps et dans les occasions, de le faire
autant que possible. (11 h 40)
Quand on fait une mission économique en Iran et qu'on suscite des
contrats qui peuvent avoir des projets de 1 000 000 000 $ je dois vous dire que
la dépense du gouvernement, c'est un très bon placement.
Écoutez, les quelques mille piastres, qui ont été
dépensées pour le voyage en Iran, vont rapporter beaucoup de
dividendes. Le voyage qu'on a fait au Viêt-nam pour faire la promotion du
consortium, pour récupérer le gaz naturel qui brûlait en
mer et, pour le récupérer, l'amener avec pipeline pour qu'il soit
utilisé au Viêt-nam, c'est un projet d'une centaine de millions de
dollars. Je vous dis que notre voyage est payé plusieurs fois. En Chine,
avec GEC Alsthom et les consortiums de vendeurs d'équipements qui sont
dans la phase finale d'un projet de 300 000 000 $ qui va fournir 5000
personnes-année de travail au Québec pour fournir les
équipements. J'aimerais, moi, avoir beaucoup plus de temps pour faire
plus de ce genre de mission là, parce que les retombées pour le
Québec sont énormes.
Quand on est allés au Salon de l'aéronautique du Bourget
l'année dernière, et j'ai rencontré - là-bas, c'est
le premier... Mme le premier ministre de la France... Cette semaine, il y avait
une réunion du cabinet où ils ont approuvé l'achat, de
Canadair...
Une voix: Des CL-215.
M. Ciaccia: Oui, des CL-415...
Une voix: CL-415.
M. Ciaccia:... un contrat, un projet de plus de 200 000 000 $. En
plus de ça, il y avait des entreprises qui nous ont accompagnés
qui ont eu des contrats qui s'élèvent à 397 000 000 $,
pour les sociétés québécoises qui étaient
présentes au Salon de l'aéronautique du Bourget en 1991. Alors, 1
000 000 $, j'aimerais vraiment être capable de dire: Ce n'est pas 1 000
000 $, je vais en faire pour 10 000 000 $, parce que, quand on voit les
résultats, ça rapporte beaucoup pour le Québec.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Beaulne: Pour apporter une précision, pour
répondre à votre question, non, ce chiffre-là n'inclut pas
ceux qui vous accompagnent, c'est-à-dire les représentants des
entreprises ou les autres qui vous accompagnent. C'est simplement les
compilations qui sont dans le tome, ici, ceux qui vous accompagnent...
M. Ciaccia: Oui, oui.
M. Beaulne:... oui, mais de votre ministère; enfin, ceux
pour lesquels le ministère des Affaires internationales a
défrayé les frais de voyage. Non, la question, ce n'est pas les
retombées à moyen ou à long terme ou les contrats que
peuvent développer les entreprises, c'est simplement qu'au niveau des
programmes eux-mêmes de promotion des exportations... Il y en a deux
essentiellement: il y a APEX et il y a l'autre, le Programme de soutien
à l'emploi en marketing international. Vous dites que vous avez
modifié les normes du programme APEX. Je trouve que les budgets
alloués à ces deux programmes-là, qui sont des programmes
spécifiques d'aide à l'exportation surtout pour les entreprises
qui veulent développer une expertise internationale, vous vous plaignez
vous-même, dans votre énoncé de politique internationale,
qu'une faible proportion des entreprises québécoises exportent,
et je pense que c'est un constat qu'il faut tenter de renverser. Mais je pense
qu'il y a une disproportion, et c'est la raison pour laquelle j'avançais
ces chiffres-là, il
y a une disproportion entre le montant qui est consacré aux deux
programmes par rapport aux voyages de promotion commerciale. Cette proportion
devrait être rétablie de façon plus significative. Si vous
dites, d'un côté, que vous avez des programmes, mais que les gens
n'appliquent pas pour l'ensemble des crédits qui sont prévus,
pour toutes sortes de raisons, bien, faites un effort spécial pour
inciter les entreprises qui n'exportent pas présentement à se
lancer sur la scène internationale, sinon on revient toujours à
la case départ.
M. Ciaccia: Vous ne faites pas les bonnes comparaisons. Vous
comparez des pommes puis des oranges. APEX ne couvre pas les missions
commerciales et APEX dépend des demandes. Est-ce que vous me dites - et
je suis d'accord avec vous et on le fait, de susciter des demandes... On en a
suscité 300 de plus l'automne dernier et on va continuer à le
faire. Plus on va en susciter, plus on va pouvoir répondre aux demandes
et augmenter les sommes à APEX, mais sûrement. Supposons que les
demandes n'augmentent pas, vous ne suggérez pas que j'arrête de
faire des missions commerciales parce que le monde ne demande pas APEX? Ce
n'est pas ça que vous me dites?
M. Beaulne: Bien non!
M. Ciaccia: Alors, vous réalisez l'importance des missions
commerciales. Il faut que je les fasse. Les entreprises, les universités
et le secteur culturel l'exigent.
Maintenant, APEX, c'est un programme. Ne vous limitez pas seulement au
programme APEX. Je pourrais vous dire: Écoutez, il y a 25 000 000 $ de
la SDI qui sont prêts pour les exportations. On aurait bien pu appeler
ça APEX volet 2, mais ce ne l'est pas; c'est le programme de la SDI
qu'on a travaillé avec eux, qu'on a développé avec eux
pour promouvoir les exportations. Je pourrais bien vous mentionner les montants
au MAPAQ pour l'agro-alimentaire, pour faire la promotion strictement du
secteur agroalimentaire. Alors, vous ne pouvez pas limiter ou juger APEX comme
un programme seul, comme le seul programme, la seule façon de faire des
exportations et un programme limitatif. Même si j'augmente les budgets...
je pourrais bien augmenter le budget à 10 000 000 $, mais si je n'ai pas
de demandes, je ne peux pas l'utiliser, tandis que les missions commerciales
couvrent complètement un autre aspect de nos activités. Mais on
va augmenter, on va susciter...
Une voix:...
M. Ciaccia: On va demander, on va susciter plus de participation
à APEX. Je ne veux pas me répéter; on l'a fait
l'année dernière et on a eu plus. Selon diverses études,
il y aurait environ 2500 entreprises ' exportatrices au Québec et, en
1991-1992, nous avons reçu 1000 demandes. Maintenant, ce chiffre de
2500, moi, je voudrais l'augmenter; je voudrais qu'il y ait 3000, 4000, 5000
entreprises exportatrices, et on va faire notre possible pour susciter plus de
demandes.
Il y a aussi la SOGIC qui fait des programmes d'exportation dans le
domaine culturel; le tourisme aussi. Alors, si vous voulez faire un volet
exportation, il ne faut pas se limiter seulement à APEX; il faudrait
faire la liste de toutes les activités et de tous les autres programmes,
non seulement de notre ministère, mais des autres ministères avec
lesquels nous travaillons en étroite collaboration.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Si vous
me permettez, je vais reconnaître maintenant M. le député
de Chapleau.
Retombées des missions commerciales
M. Kehoe: Oui, M. le Président. M. le ministre, on apprend
par les médias que, durant la dernière année, vous avez
fait plusieurs missions commerciales. Vous êtes allé en voyage,
vous venez juste de le mentionner, ça fait partie de votre travail,
nécessairement. Pourriez-vous nous dire: Dans la plupart de ces
voyages-là, est-ce que vous y allez avec les fonctionnaires de votre
ministère? Qui y va avec vous et quels sont les résultats de
ces... Est-ce qu'il y a eu des ententes signées suite à ces
missions commerciales que vous avez faites, que ce soit en Europe de l'Est, en
Asie, au Moyen-Orient, ainsi de suite? Pourriez-vous nous donner un compte
rendu de ce qui se passe? Qui y va avec vous? (11 h 50)
M. Ciaccia: Oui. Toutes les missions que je fais, les voyages que
je fais sont, dans la plupart des cas, des missions économiques, et je
suis accompagné par des représentants de mon ministère et
des intervenants, soit dans le secteur privé, dans le secteur
universitaire ou dans le secteur culturel, sauf quand je vais à
Washington et dans le Nord-Est américain où, là, mes
voyages ont d'autres buts que de faire de la promotion commerciale. C'est
plutôt des aspects politiques et des dossiers particuliers.
Les missions économiques sont très importantes, non
seulement pour ceux qui nous accompagnent. Ça peut varier, comme je vous
donnais les chiffres avant; je pense que le moins qu'on n'ait jamais eu,
c'était 11, jusqu'à 60. Dans plusieurs de ces cas, nous signons
des ententes soit avec des régions, soit avec des pays. Ça peut
être des ententes spécifiques, sur la fiscalité; ça
peut être une entente dans le domaine des affaires sociales, des
transferts de technologies, ou ça peut être des ententes sur la
coopération générale où on identifie des secteurs.
On en a fait plusieurs. J'en ai fait en Italie; j'en ai fait dans la
région d'Émilie-Romagne, Émilia-
Romagna, et j'en ai fait avec le sénateur Butini au niveau de la
république italienne. Le premier ministre en a signé en
Bavière. J'ai fait des ententes avec la République tchèque
concernant la coopération, l'installation du Centre de commerce et de la
culture du Québec à Prague. On a signé même une
entente avec le ministère de l'Énergie du gouvernement de la
République islamique d'Iran; il y a plusieurs projets qui totalisent des
centaines et des centaines de millions de dollars qui sont présentement
en voie de négociation. On a signé des ententes avec la
République du Yémen, la république gabonaise. Au
Bénin, ce qu'on a fait, on a fait un comité de suivi. Au
Bénin, ce qu'on veut faire, on veut appuyer les efforts de
démocratisation qui se poursuivent dans ce pays. Alors, un comité
de suivi pour tenir compte de plusieurs activités, plusieurs aspects de
nos interventions, soit de faire des interventions à la Banque africaine
de développement, la Banque mondiale pour des projets qui sont
essentiels pour le bien-être du Bénin.
Dans tous ces projets, il y a un aspect naturellement politique, il y a
un aspect relations, relations entre le Québec et ces pays, qu'on veut
promouvoir, on veut la présence du Québec, et il y a aussi les
relations qui amènent les entreprises québécoises à
faire affaire avec ces pays. Ces missions réussissent très bien.
La réaction, je n'en ai pas... Il n'y a pas une de ces missions
où les gens ont trouvé que ça n'avait pas
été une réussite et, même, on cherche... la demande
est plus que, des fois, on peut répondre. Dans certains cas, c'est
important que ce soit une mission ministérielle pour établir
certains liens au niveau politique avec les hommes d'État de ces pays.
Il y a plusieurs autres missions aussi qui se font, qui ne sont pas des
missions ministérielles, qui sont accompagnées, quoi? par le
sous-ministre ou un fonctionnaire du ministère, dans des sujets, dans
des secteurs particuliers, et ça, on a toute la liste. Je pense que
ça a été inclus dans les documents qui vous ont
été fournis, la liste de toutes les missions qui ont
été faites, incluant les missions ministérielles.
On a même signé des ententes en Chine avec le gouvernement
Hubei, la province de Hubei, avec Shanghai, et il y a des projets de grande
envergure qui se discutent présentement. Et, au Viêt-nam, on
voulait être un des premiers à être présents, au
Viêt-nam. La présence du Québec...
Une voix: Comme on l'a fait dans les pays de l'Est.
M. Ciaccia: Comme on l'a fait dans l'Europe de l'Est, parce qu'on
prend une avance, on établit des relations, on introduit l'image du
Québec, le rayonnement du Québec, la présence du
Québec, et on présente les différents intervenants du
Québec dans ces pays. Et ça nous donne une ouverture et une
avance sur les autres, non seulement sur les autres provinces canadiennes, mais
sur les autres pays qui ne sont pas encore rendus à cette étape
des relations avec le Viêt-nam.
Participation des communautés culturelles du
Québec aux missions commerciales
M. Kehoe: Dans vos propos d'ouverture, vous avez mentionné
la participation des communautés culturelles dans ces
démarches-là. Je pense que c'est une nouvelle approche.
Pourriez-vous expliciter un peu plus la politique de votre ministère
pour accroître la participation des communautés culturelles de ces
différents pays que vous visitez ou quand vous faites une mission
commerciale ou économique?
M. Ciaccia: Bien, je crois que la présence des
communautés culturelles dynamiques au Québec est un atout
précieux qu'on aurait intérêt à développer
pour favoriser le renforcement de nos rapports avec leur pays d'origine.
D'ailleurs, ça fait partie de notre politique. On propose de faire
participer davantage les communautés culturelles aux activités du
Québec avec l'étranger et, déjà, au cours des
derniers mois, II y a différentes initiatives qui ont été
prises pour traduire concrètement cet objectif. On a eu la participation
active de Vietnamiens d'origine à la mission que j'ai dirigée au
Viêt-nam. On a mis en place les premiers jalons pour
l'établissement d'un réseau de coopération universitaire
et de mission scientifique entre des industries et des institutions
québécoises, incluant Concordia et McGill, et les institutions
indiennes - indiennes, pas de Kanesatake, mais indiennes des Indes -grâce
à l'implication de scientifiques membres de ces universités,
originaires du sous-continent indien. On a mis en place une vitrine du
Québec à Prague grâce à l'implication et
l'engagement des membres du Conseil d'affaires tchèque et slovaque. Il y
a eu la participation active et régulière des communautés
culturelles aux chambres de commerce, qui mettent en relation les gens
d'affaires d'ici et d'autres pays, par exemple, le Royaume-Uni,
Canada-Allemagne, même au Moyen-Orient.
On a donné aussi l'appui de notre ministère à la
deuxième édition du colloque qui est organisé par les
Hautes Études commerciales, qui est Intitule «Autrement
entreprenants II», qui aura lieu le 27 mal prochain. Ce colloque a pour
objet de mettre en présence des entrepreneurs de différentes
communautés culturelles et d'origine québécoise avec des
entrepreneurs de certains pays afin de leur faire connaître les occasions
d'affaires sur les différents territoires, de même que les
possibilités de jumelage et de partenariat, parce qu'on fait la
promotion de partenariat. C'est un des éléments, une des
façons de percer certains marchés. Et, cette année, les
territoires
visés par le colloque des Hautes Études commerciales sont
la France, l'Italie, le Viêt-nam, le Chili et le Moyen-Orient. Et les
directions générales d'Europe, Amérique latine,
Moyen-Orient et Asie organiseront des rencontres avec les organismes
représentatifs des communautés culturelles pour examiner des
moyens de les faire participer activement aux activités internationales.
Alors, on croit que c'est un actif que nous avons, que nous devons... C'est
davantage de travailler avec eux pour augmenter nos activités
internationales.
Dans le cours des activités régulières du
ministère des Affaires internationales, la Direction de la formation
réalise des activités de formation destinées aux gens
d'affaires, et ça comprend autant les immigrants entrepreneurs. Alors,
c'est tout un autre volet additionnel que nous avons ajouté à nos
activités.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: oui. j'écoutais tout ça. c'est
très beau, on va se croiser les doigts, et on verra ce que ça
donnera aux crédits de l'an prochain.
M. Ciaccia: J'espère que je n'ai pas été
trop angélique.
Droits compensateurs sur le magnésium
M. Beaulne: Oh non! non, non. Personne ne peut prêcher
contre la vertu. On verra, à l'étude des prochains
crédits, ce que tout ça donne.
Maintenant, j'aimerais aborder un autre sujet qui nous concerne
particulièrement. C'est la question des droits compensateurs sur le
magnésium, qui concerne Norsk Hydro. Comme vous le savez, en
décembre dernier, le Département américain imposait un
premier droit compensatoire de 32,5 %, je pense, sur les exportations de
magnésium produit par Norsk Hydro, surtout en raison des tarifs
préférentiels d'Hydro-Québec. Alors, dans une
décision qui avait été rendue le 13 février
dernier, le Département du commerce américain imposait un autre
droit compensatoire de 32,74 % sous prétexte, cette fois-ci, que Norsk
Hydro ferait du dumping aux États-Unis. Si on calcule tout ça,
ça veut dire que le maintien de ses décisions impliquerait des
droits de 66 %, ce qui forcerait, effectivement, Norsk Hydro, probablement,
à réévaluer ses investissements au Canada. Les deux
décisions qui devaient être rendues le 27 avril par le
gouvernement américain ont été reportées au 19
rhai, et le Département américain a invoqué des
complications surgies dans l'étude du dossier. J'aimerais savoir de
vous, M. le ministre, quelle démarche vous avez entreprise auprès
des autorités américaines dans ce dossier-là, d'une part,
et quelles sont ces soi-disant complications qui ont amené le
Département américain à reporter sa décision du 27
avril au 19 mai?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (12 heures)
M. Ciaccia: C'est un dossier qui est assez complexe. Je vais
essayer de vous donner toutes les informations jusqu'au moment où on se
parle. Il y a deux aspects à la cause de Norsk Hydro.
Premièrement, il y a les droits compensatoires sur le contrat avec
Hydro-Québec. Comme vous l'avez signalé, ça impose une
décision préliminaire de 32,7 % ou 32,4 %.
Ceci, c'est un des volets de la cause. L'autre volet, ce sont les
droits... c'est la cause antidumping. Le gouvernement américain
prétend que Norsk Hydro vend moins cher que leur coût de
production, qu'ils font du dumping sur le marché américain. Cet
aspect, vraiment, n'a rien à faire directement. Ce n'est pas
contrôlé, ce n'est pas directement lié aux activités
du gouvernement comme le contrat avec Hydro-Québec.
La décision préliminaire, qui avait été
rendue l'automne dernier, devait être finalisée... on devait avoir
une décision finale le 13 février. Alors, nous avons
réussi à obtenir un délai pour aligner les deux causes.
Normalement, ce n'est pas de cette façon que ça se fait, parce
que Norsk Hydro, quand le gouvernement américain lui a demandé
des informations dans la cause de dumping, Norsk Hydro a refusé de lui
donner l'information. Alors, les droits de 32,7 % qui ont été
rendus officiels le 13 février, Norsk Hydro le savait déjà
qu'il était pour y avoir cette douane qui serait imposée pour
l'antidumping.
Les Américains n'ayant pas reçu l'information de Norsk
Hydro sur leurs coûts de production, toutes les informations pour
l'antidumping, ils sont allés sur ce qu'ils appellent «best
information available». Ils ont constitué eux autres mêmes
un dossier, puis ils ont imposé 32,7 %. Nous avons réussi
à faire reporter la décision préliminaire - originalement,
c'était le 27 avril - jusqu'au 18 mai pour faire aligner les deux
causes. L'avantage, pour nous, c'était, premièrement, d'explorer
d'autres alternatives, notamment, essayer d'avoir un règlement pour
régler non seulement les droits compensatoires qui ont été
mis pour le contrat d'Hydro-Québec, mais aussi pour l'antidumping.
Nous, on prétend - et notre position ne change pas - que les
contrats à partage de risques sont des contrats commerciaux normaux. Ils
ont été inspirés de Brownsville Public Utilities Board.
C'est eux qui ont inventé ce contrat. Alors, c'est une compagnie
américaine. On dit aux Américains: On peut faire ce genre de
contrat. On ne doit pas être pénalisé pour utiliser les
mêmes genres de contrats qui sont acceptés internationalement,
dans le commerce international. Vous ne pouvez pas nous pénaliser.
Vous-même, vous les utilisez, puis on s'est inspiré de votre
pratique.
Alors, du côté juridique, on poursuit la défense de
la cause. Maintenant, ce serait bien bon pour nous... C'est pour ça
qu'on a réussi à faire aligner les deux causes, pour obtenir,
pour essayer de régler la question d'antidumping. Au moment où on
se parle, on est en discussion avec le Department of Commerce, parce que les
discussions se font au niveau du gouvernement fédéral, avec
l'ambassadeur, qui représente le gouvernement fédéral,
leur avocat, le Department of Commerce, nos avocats et les avocats de Norsk
Hydro.
Alors, au moment où on se parle, tout est en suspens, en termes
de décision finale et on espère, si c'est possible, arriver
à un règlement avant le 18 mai. Si on ne peut pas arriver
à un règlement avant le 18 mai, on va poursuivre notre
contestation juridique et on va utiliser les mécanismes de l'entente de
libre-échange qui nous permettent de contester la décision - s'il
y a une décision finale, parce qu'il n'y a pas encore de décision
finale - devant le panel binational.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
Ensuite, je reconnaîtrai M. le député de Sherbrooke.
M. Beaulne: Je remercie le ministre sauf que, si je comprends
bien le processus, ça risque d'être quand même pas mal long
encore tout ça avant une décision finale. Pendant ce
temps-là, les droits compensatoires s'appliquent.
M. Ciaccia: Écoutez!
M. Beaulne: Bien, les droits compensatoires ne s'appliquent pas,
mais la décision finale risque de prendre pas mal de temps, enfin, si je
comprends bien tout le processus.
M. Ciaccia: Non. La décision finale, c'est pas
nécessairement... ça peut aller assez vite. Écoutez, je
suis d'accord avec vous que c'est un dossier qui est très important.
C'est important pour Norsk Hydro, c'est important pour nous, pour
préserver les emplois à B^cancour. On va utiliser tous les moyens
à notre disposition pour obtenir un règlement convenable parce
que, dans mes rencontres avec le Department of Commerce - c'est moi-même
qui les ai rencontrés à plusieurs reprises, la dernière
rencontre était la semaine dernière - c'est de dire:
Écoutez, on veut un règlement accéléré. On
ne veut pas retarder et on veut que le règlement permette à Norsk
Hydro de continuer ses opérations à Bécancour. Alors, il y
non seulement l'intervention de nos avocats, mais, moi-même et le
ministère, nous nous occupons activement de ce dossier.
On a réussi à obtenir beaucoup de concessions,
jusqu'à date, du gouvernement américain. Même si Norsk
Hydro - je ne sais pas quelle était sa stratégie ou les
informations - n'a pas fourni l'information sur ('antidumping, quand j'ai
rencontré le Department of Commerce, j'ai dit: Écoutez, ça
va créer un précédent d'essayer de régler
('antidumping quand la compagnie ne donne même pas les informations. On a
réussi quand même a obtenir deux choses: retarder le jugement
final du 13 février, aligner les deux causes, et obtenir le consentement
du Department of Commerce afin d'avoir un règlement, non seulement sur
les droits compensatoires sur le contrat avec Hydro-Québec, mais aussi
sur l'antidumping. Alors je pense qu'on a fait beaucoup de progrès,
tenant compte des conditions dans lesquelles on se trouvait avant le 13
février avec la décision préliminaire et avec le refus de
Norsk Hydro de donner des informations sur l'antidumping. On réalise
l'importance de ne pas retarder les discussions et de ne pas retarder, s'il y a
un jugement final, de contester et de prendre toutes les mesures
nécessaires pour que ce soit contesté et qu'on protège nos
droits.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Sherbrooke.
Bilan de l'Accord de libre-échange
canado-américain
M. Hamel: Merci, M. le Président. Sur ce même sujet
du traité de libre-échange canado-américain, j'aurais une
question peut-être plus globale. M. le ministre, pourriez-vous nous faire
le bilan, à date, de ce traité? (12 h 10)
M. Ciaccia: Le bilan. J'ai certains chiffres ici. Attendez un
peu. D'une façon générale, le gouvernement juge que la
mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange se fait de manière
satisfaisante, avec un minimum de problèmes techniques, et que les
mécanismes de règlement des différends fonctionnent
adéquatement. Avant l'entente de libre-échange, on pouvait avoir
- et on a déjà eu - les mêmes problèmes avec le bois
d'oeuvre et différents items. Ils pouvaient imposer des droits
compensatoires. L'avantage de l'entente de libre-échange, c'est que,
maintenant, on peut contester. Dans le cas de l'industrie du porc, on a
contesté et on a obtenu un remboursement d'environ 10 000 000 $ aux
exportateurs québécois.
Les réductions tarifaires prévues ont eu lieu. Ces
réductions sont échelonnées sur 5 à 10 ans, selon
la catégorie des produits. De plus, tel que prévu à
l'Accord, deux rondes d'élimination accélérée des
droits de douane portant sur 650 catégories tarifaires,
représentant environ 8 000 000 000 $ d'échanges commerciaux
bilatéraux, ont déjà été
complétées. On va avoir une troisième
r&ùde.
Maintenant, en termes de jugement total sur l'Accord de
libre-échange, il ne faut pas oublier qu'on a eu une récession.
C'est difficile,
des fois, de quantifier tous les bénéfices. En plus de la
récession, on avait le taux de change du dollar canadien qui
était augmenté. Mais, malgré ça, les exportations
américaines au Canada ont diminué de 0,3 % entre 1988 et 1991,
alors que les exportations canadiennes aux États-Unis ont
augmenté. Alors, si on regarde globalement, en termes de
résultats, bien, les exportations canadiennes, totalement, ont
augmenté. Ce qui est encore plus intéressant, pour nous, c'est
que, pour la même période, les exportations américaines au
Québec ont augmenté de 5 %, mais nos exportations aux
États-Unis ont augmenté de 11,7 %. Alors, on peut vraiment dire,
si on regarde ces chiffres-là... Il peut y avoir d'autres causes,
d'autres raisons, mais le résultat net, c'est qu'avec l'Accord de
libre-échange, les exportations du Québec aux États-Unis
ont augmenté.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
Droits compensatoires sur le bois d'oeuvre
M. Beaulne: Dans un dossier un peu semblable à
celui-là, la question des droits compensatoires sur le bois d'oeuvre.
Tout simplement, pour récapituler un peu. Le 6 mars dernier, les
États-Unis décidaient d'imposer un droit compensatoire de 14,5 %
sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre. L'application uniforme de ce
droit compensatoire à toutes les provinces, de façon uniforme,
pénalise davantage le Québec et la Colombie-Britannique. Dans un
communiqué de presse que vous émettiez vous-même, vous
annonciez que le Québec en appellerait de la décision
américaine, l'estimant particulièrement décevante pour le
Québec.
Alors, ma question est bien simple: Quelles actions ou quels gestes
entrevoyez-vous prendre pour que le gouvernement américain sursoie
à l'application de la surtaxe de 14,5 %, d'une part? D'autre part,
est-ce que vous ne reconnaissez pas que l'application uniforme d'un taux de
14,5 %, qui pénalise plus directement le Québec, découle,
en grande partie, de la décision du gouvernement fédéral
de mettre fin, en septembre dernier, à l'entente qui avait
été négociée en 1986 avec les États-Unis,
qui était plus équitable, celle-là, puisqu'elle
prévoyait un taux différencié de surtaxe qui
s'élevait, à ce moment-là, à 3,1 % pour le
Québec?
M. Ciaccia: Oui, effectivement, quand il y avait l'entente -
comme ils l'appellent, le Memorandum of Understanding - entre le Canada et les
États-Unis, originalement, c'était 15 %. Mais, il y a eu
différents taux pour les différentes provinces, dépendant
de leur régime. Nous, on a réussi à le réduire
à 3,1 % pour l'automne, pour cette année. Le Canada a mis fin
à cette entente unilatéralement, ce qu'il avait le droit de faire
d'après l'entente, parce qu'il y a beaucoup de secteurs de l'industrie
qui croyaient qu'on ne devrait pas payer du tout, même pas les 3 %. Mais
vous avez raison qu'on payait moins avec l'entente que, présentement,
les 14,8 % qui nous pénalisent. Cependant, on travaille avec
l'industrie, puis on conteste les 14,8 % complètement. Le
Nouveau-Brunswick a été exclu et on croit, nous, que les
conditions de notre régime sont de la même nature que celles du
Nouveau-Brunswick parce qu'il y a des droits de coupe. Les entrepreneurs
forestiers doivent payer des charges pour la construction des routes et tout le
reste. On croit qu'on ne devrait rien payer, en termes de droits
compensatoires, étant donné les conditions imposées par le
régime forestier et le gouvernement du Québec à
l'industrie. Alors, on conteste cette décision. La décision
finale devrait avoir lieu le 18 ou le 19 mai, et on travaille en étroite
collaboration avec l'industrie.
La position qu'on prend est très simple. Premièrement, on
fait front commun avec toute l'industrie canadienne pour abolir
complètement les 14,8 % et on a l'appui, je dois vous dire, de plusieurs
intervenants américains parce qu'en imposant ce droit...
Premièrement, le coût du produit a augmenté aux
États-Unis, le coût des maisons a augmenté. Alors, la
position qu'on prend, c'est qu'on ne devrait pas en payer du tout.
Mais, si, pour une raison ou une autre, le gouvernement américain
juge que, dans certaines provinces, les conditions ne sont pas les mêmes,
en termes de régime forestier, de droits de coupe, d'imposition ou de
coûts à l'industrie, on ne devrait pas être
pénalisé parce que d'autres provinces ont des régimes
différents des nôtres. Là, on demanderait, et on demande,
qu'il n'y ait aucuns droits qui soient imposés au Québec, qu'on
traite les conditions au Québec, qu'on tienne compte de notre
régime comme on en a tenu compte, évidemment, dans l'entente,
parce qu'on payait beaucoup moins que beaucoup d'autres endroits au Canada.
C'est aussi la position de l'industrie, l'industrie est d'accord avec
nous. Il y a des négociations entre-temps, il y a des discussions. On
attend la décision finale le 18 ou le 19 mai. Maintenant, si, pour une
raison ou une autre... Nous autres, on est confiants qu'on va gagner le 19 mai,
mais, si, pour une raison ou une autre, on ne gagne pas... Si on ne gagne pas -
je ne sais pas si ce sera pour des raisons politiques, durant une année
électorale, aux États-Unis -vous pouvez être assurés
qu'on va immédiatement aller au binational, comme on l'a fait dans le
cas du porc. Les 10 000 000 $ qu'on a payés, ils ont été
remboursés et on a gagné. Alors, on travaille étroitement
avec l'industrie, on est en contact avec eux et on développe les
positions avec eux. Le gouvernement fédéral reflète les
conditions de l'industrie et nos positions à nous, et ça, c'est
l'état du dossier, au moment où on
se parle.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Orford.
Une voix: D'Iberville.
Le Président (M. Dauphin): D'Iberville, excusez-moi,
Iberville.
État des relations France-Québec
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Ayant servi quelques
années à l'ambassade du Canada à Paris, j'ai toujours
été très préoccupé par les relations
franco-québécoises. M. le député de Bertrand a
mentionné, je pense, très brièvement, dans ses propos
d'ouverture, les relations franco-québécoises et, aussi, les
relations entre la Délégation du Québec à Paris et
les représentants canadiens, avenue Montaigne. J'aimerais donc vous
poser une question à deux volets. Tout d'abord, on entend
régulièrement parler, dans les médias, que le
Québec diminue ses moyens, notamment au niveau culturel. Je pense qu'on
a mentionné en direction de la France, ce qui tendrait à
démontrer que la relation franco-québécoise ne va pas
très bien. Alors, j'aimerais savoir de quoi il en est exactement,
quelles sont les relations avec la France, et si nous avons diminué,
effectivement, notre représentativité québécoise en
sol français, que ce soit au niveau culturel ou autre?
Deuxièmement, j'aimerais savoir quelles sont les relations entre les
avenues Pergolèse et Montaigne, en France?
M. Ciaccia: C'est vrai que, depuis quelque temps, il y a une
certaine presse qui laisse entendre que les relations
franco-québécoises semblent connaître des
difficultés. Pas aujourd'hui, encore... Je ne sais pas si le
député de Bertrand va reprendre le même refrain mais, dans
le passé, je pense que, lui aussi, a repris ce thème.
Réglons d'abord la question de la réduction des moyens
consacrés à l'action culturelle à Paris. On a entendu dire
- j'ai lu, moi-même, des articles dans les journaux - qu'on
réduisait nos activités culturelles. Ce n'est pas vrai que nous
fermons nos services culturels. Il s'agit plutôt d'un
déménagement. Il y avait la fin du bail sur la rue du Bac. On ne
pouvait pas faire autrement, le propriétaire veut l'utiliser pour ses
fins à lui. On n'avait pas le choix, il n'a pas voulu le renouveler. Ce
n'est pas nous qui ne pouvions pas le renouveler, c'est lui. C'est une firme
qui s'appelle Au Bon Marché, pas le «Bon bon marché»
de la rue Masson, là - c'est moins dynamique sur la TV - mais c'est eux
qui ont repris les locaux. Alors, il faut qu'on compose avec ça. Nous
déménageons certaines activités des services culturels
à la délégation, en attendant, mais ça ne veut pas
dire que nous laissons tomber le volet «vitrine culturelle». Sur la
rue
Pergolèse, c'est moins achalandé, en termes de trafic. Il
ne faut pas avoir une vitrine culturelle sur la rue Pergolèse, c'est
plus tranquille. (12 h 20)
Alors, pour les expositions, nous pourrons utiliser, selon les besoins,
soit de nouveaux locaux, soit les réseaux de galeries et les salles
déjà en place dans la capitale française. Pour les
projections, c'est-à-dire cinéma et télévision, un
espace a été aménagé à la
délégation. Pour les projections visant de plus larges publics,
nous prendrons des arrangements avec des salles bien situées à
Paris.
Quant à la bibliothèque - parce que, ça aussi,
ça fait partie de nos services - elle sera intégralement
relocalisée sur Pergolèse, dans des espaces spécialement
aménagés à cette fin et accessibles au public.
J'ai aussi entendu dire que certains des buagets culturels ont
été réduits substantiellement. Comment peut-on dire
pareille chose quand on pense que le ministère des Affaires culturelles
investit en France 1 000 000 $; le ministère des Affaires
internationales, 200 000 $; et la SOGIQ, 1 000 000 $. Je voudrais aussi
indiquer que Mme Pierrette Petit, une fonctionnaire du ministère des
Affaires culturelles, vient d'être nommée directrice des services
culturels.
J'ajoute que, dans la dernière année, nous avons
créé un nouveau poste, celui de responsable des industries
culturelles, confirmant que le volet culturel est une priorité en
France, comme nous l'avons annoncé en présentant notre politique
internationale. Alors, comment on peut parler de réduction? Je peux vous
donner des exemples: la Radio-activité, le MIDEM de Cannes, le
cinéma, le Festival du cinéma québécois à
Blois, le Festival du film de Cannes. Dans l'audiovisuel, dans toutes les
activités culturelles, on est présents. J'aimerais aussi parler
de «Parallèle France-Québec»; c'est une
émission de radio produite par la délégation et
diffusée dans plus de 45 stations locales.
En termes de rayonnement, au moment où on se parle, le
Québec est l'hôte d'honneur de la plus grande foire
régionale en France, la Foire d'Avignon. On y attend plus de 100 000
personnes; des activités de nature économique et culturelle y
sont organisées. Alors, il n'y a pas d'autre pays que la France qui
puisse nous permettre un traitement spécial comme celui-là:
espace gratuit pour nos exposants, large couverture régionale. Pour moi,
c'est une preuve éclatante de la reconnaissance de notre action et de
notre présence en territoire français. Voici l'affiche qui a
été préparée par le gouvernement français,
à ses dépens, et...
Une voix:...
M. Ciaccia: Les années précédentes,
c'était le Japon et le Mexique et, cette année, c'est le
Québec. Alors, ça vous donne un peu l'envergure,
l'importance qu'on attache aux relations Québec-France.
Dans l'économique, je peux vous donner quelques données.
Premièrement, celle que je vous ai mentionnée: le gouvernement
français a confirmé l'achat de 12 CL-215. Puis, la valeur
d'achat, c'est 300 000 000 $. Au cours de la dernière année, de
nombreux salons et foires: le Salon de l'aéronautique du Bourget - je
répète un peu, j'ai donné ces chiffres-là - des
contrats de 397 000 000 $ pour les entreprises québécoises, soit
70 % des ventes canadiennes. Les Journées européennes des
composites à Paris; BloExpo à Paris; des activités comme
les mardis d'affaires organisés par la délégation,
à chaque mois - il y en a 10 par année, II y a 100 industriels et
gens d'affaires en moyenne; les rencontres industrielles
franco-québécoises - les dernières, en octobre et
novembre, à Paris, portant sur le secteur de l'environnement; les
séminaires sur le Québec - organisés par les services
économiques de la délégation, en région; les
déjeuners du délégué général avec les
agents économiques - en tout, mise en présence de 500 PME
françaises et québécoises.
Il y a aussi la coopération scientifique et technique. Dans le
domaine de la science et de la technologie, une centaine de projets de
recherche conjoints et de nombreux colloques et séminaires. Le Colloque
franco-québécois: eau et environnement, économie et
gestion de l'eau à Paris, en juin; le colloque Le français,
langue scientifique, en mai, à Paris; le Séminaire
franco-québécois sur les technologies de l'information, mettant
en présence entreprises, chercheurs et administration; le Congrès
forestier mondial en septembre, à Paris, au cours duquel le
Québec a exposé sa politique forestière propre; Les
entretiens Jacques-Cartier, tous les ans, à Lyon, portant sur des
thèmes variés: environnement, muséologie, sciences; le
Congrès international conjoint France-Québec et
Québec-France, en juillet. La délégation appuie
l'Association France-Québec qui, avec ses 63 régionales et ses
6000 membres en France, contribue, par ses nombreuses activités,
à mieux faire connaître le Québec. Il y a les
échanges des jeunes, environ 1000 par année. Il y a la Commission
permanente de coopération. Moi-même, j'ai reçu une
invitation du ministre des Affaires étrangères de la
République française, M. Roland Dumas, pour être
présent avec lui dans le département de la Dordogne, à
l'été 1992.
Alors, je peux vous dire que je crois sincèrement que les
relations entre le Québec et la France sont vraiment en plein essor.
Elles ne peuvent pas vraiment être mieux. Ce n'est pas seulement sur des
intentions, sur des mots, mais c'est sur des faits concrets. Je vous ai
souligné toutes les actions qu'on prend, les invitations, la
présence, les entreprises et, dans tous les domaines, non seulement le
domaine économique, mais le domaine culturel et scientifique.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Vous
avez une question additionnelle là-dessus?
Relations entre l'ambassade du Canada et la
Délégation générale du Québec en
France
M. Lafrance: Le deuxième volet de ma question, très
brièvement, M. le ministre, touchait cette relation particulière
entre l'ambassade du Canada et la Délégation du Québec. Je
mentionne ça parce que j'étais à Paris, moi, à la
fin des années soixante-dix, à l'ambassade du Canada, où
la majorité des gens qui sont là sont francophones aussi. Il y
avait une animosité publique qui faisait la manchette des journaux et
qui était très déplaisante, du moins, localement, à
Paris, en autant que moi, comme Québécois, j'étais
concerné. Est-ce que la situation a changé depuis? J'assume que
oui, mais j'aimerais juste...
M. Ciaccia: II me semble qu'il y avait une animosité dans
le temps que M. Bouchard était là comme ambassadeur, mais,
depuis, je pense que ça s'est amélioré de beaucoup, et les
relations entre l'ambassade et la délégation, il n'y a aucun
problème. On respecte les compétences de chacun, et il y a une
collaboration dans plusieurs dossiers, notamment la francophonie. Je crois que
toutes les activités que je vous ai mentionnées, les invitations
qu'on reçoit, la présence des ministres en France, je pense que
ça démontre que ça va bien. Je crois vous dire que
ça s'est amélioré beaucoup depuis qu'il y a un autre
ambassadeur à Paris.
M. Lafrance: Je ne voulais pas mentionner de personnalité
du tout, mais, comme représentant à l'étranger, j'ai
toujours pensé qu'il était très important... l'image,
évidemment, qu'on y reflète. C'est pourquoi j'ai pensé
toucher cette question-là. Je vous remercie.
M. Ciaccia: Écoutez, je n'ai reçu aucune
objection... puis, il n'y a aucun problème, le fait que le ministre,
étant le ministre des Affaires étrangères, m'a
invité, moi, directement. Le ministre a invité le ministre des
Affaires internationales du Québec à être présent,
avec lui, en France. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Bertrand. (12 h 30)
M. Beaulne: Oui, je vais revenir avec un peu la même
chanson, mais avec un refrain différent. Une grande partie des
informations que vous nous avez données, de toute façon, se
trouvent dans le rapport annuel du ministère. On aurait pu les lire
là. Mais je pense que nous ne sommes pas les seuls à constater
que, finalement, les relations entre la France et le Québec,
malgré la répétition des indices économiques
que
vous reproduisez à chaque fois qu'on aborde cette
question-là, que les relations sont plutôt au neutre. Ce n'est pas
seulement l'Opposition officielle, au Québec, qui le dit, II y a
l'ancien premier ministre de France, Jacques Chirac, qui la mentionné en
juillet 1991. Il y a également le président du groupe
d'amitié France-Québec, à l'Assemblée nationale
française, Pierre-André Wiltzer, qui s'est inquiété
de - je cite - «la panne dans les relations gouvernementales
franco-québécoises».
Comme on le sait tous, il y a un nouveau premier ministre, en France,
qui vient d'être nommé récemment. Par contre, ça
fait depuis 1989 qu'il n'y a pas eu de rencontre officielle au niveau des
rencontres bilatérales prévues depuis 1977. Alors, je ne veux pas
m'éterniser, là, au niveau des questions. Est-ce que le
gouvernement du Québec a entrepris des démarches auprès
des autorités françaises depuis la nomination du nouveau premier
ministre, M. Bérégovoy, pour l'inviter à venir au
Québec, cet été, et reprendre cette pratique des relations
bilatérales au niveau des premiers ministres? D'autre part, est-ce que,
compte tenu de ces interruptions et de ce semblant - peut-être pour des
raisons de conjoncture, mettons ça sur la faute de la conjoncture -
finalement, ce report indéfini des rencontres officielles au niveau
bilatéral ne reflète pas un intérêt diminuant de la
part du gouvernement du Québec pour ce genre de relations et,
finalement, ne reflète pas une impression que les rencontres au niveau
politique sont négligeables? Le ministre revient toujours avec les
CL-215 et les autres contrats. Bon, ça, on le sait. Ça devient un
chapelet de répétitions. Mais, au niveau des relations
politiques, franchement, je pense que la plupart des observateurs des relations
franco-québécoises s'entendent pour dire que ça pourrait
être un peu plus actif.
M. Ciaccia: Je pense que le député de Bertrand
commence à manquer d'arguments. Franchement, je pense que vous essayez
de créer. Vous êtes vraiment au fond du baril. Quand vous dites
que je parle seulement des CL-215... je vous ai fait une lista
d'activités qui n'ont rien à faire strictement avec
l'économique. Oui, je vais le mentionner, l'économique, parce que
c'est important. Mais, il y a des activités économiques, il y a
des activités culturelles, il y a des rapports, des relations et des
activités institutionnelles, puis il y a aussi des rapports et des
activités politiques. L'une est aussi importante que l'autre. La
dernière visite du premier ministre du Québec à Paris...
il l'a constaté et il a eu une réception très chaleureuse.
Moi-même, j'ai rencontré - quand je suis allé en France -
Mme Cresson, le premier ministre, qui s'était engagée, en disant:
Bien, en 1992, je vais faire une visite au Québec. Alors, les visites
ministérielles se poursuivent de part et d'autre. Dans de nombreux cas,
ça se traduit par la signature d'ententes ou de plans d'action. En
1991-1992, une dizaine de ministres québécois se sont rendus en
France et, autant de Français, au Québec. Vous voulez des
résultats, bien je vous en ai donné. La visite du premier
ministre, en novembre 1991, l'engagement des premiers ministres pour donner la
priorité aux secteurs stratégiques de l'environnement, des
industries audiovisuelles, des technologies de l'information et de l'espace, ma
visite en juin 1991 - c'est vrai que je vais répéter, on a fait
l'annonce, à ce moment-là, de 12 CL-215 - la visite de Mme
Robillard en octobre 1991, la signature d'ententes en matière de
sciences et de technologie, d'enseignement supérieur - ce n'est pas
strictement l'économique - de recherche, de formation professionnelle.
Pour ça, là, ça prend une volonté politique des
deux côtés. Ça veut dire... et je vous ai donné
l'exemple de la Foire d'Avignon - je ne sais pas si vous écoutez toutes
les différentes activités - regardez, du 25 avril au 3 mai, Foire
d'Avignon: invité d'honneur, le Québec. Après ça,
vous osez dire que nos relations sont froides. Je ne vous comprends pas.
Maintenez un minimum d'objectivité. Le ministre des Affaires
étrangères m'invite personnellement à être avec lui,
dans sa région, dans la région où il est élu, et
vous dites que ce sont des relations froides! Je vais vous lire la lettre. Il
me dit: «M. le ministre - ça, c'est moi, ça - comme vous le
savez, une exposition d'art contemporain québécois se tiendra au
château de Biron, dans le département de la Dordogne, à
l'été 1992. L'inauguration de cette exposition pourrait avoir
lieu le samedi 4 juillet, et il me serait particulièrement
agréable que vous puissiez y être présent, à mes
côtés. Je vous prie d'agréer, M. le ministre, l'expression
de mes sentiments les meilleurs.» Est-ce que c'est une lettre froide,
ça?
Les activités que je vous mentionne, ce sont des activités
dans tous les secteurs. Vous avez parlé de l'invitation du nouveau
premier ministre de France, M. Bérégovoy; l'invitation a
déjà été transmise et on prend les mesures
nécessaires pour concrétiser ce projet. Si les rencontres n'ont
pas eu lieu, ce n'est pas par manque de volonté politique de pari et
d'autre, c'est la conjoncture. C'est la situation, comme vous le savez, qui
existait en France, des situations particulières, mais les relations,
les activités, je vous le dis, sont loin d'être froides.
M. Beaulne: Oui, mais vous n'avez pas répondu à la
question, à savoir si, oui ou non, vous avez transmis une invitation au
nouveau premier ministre pour qu'il vienne au Québec, dans le même
contexte où devait venir Mme Cresson. Cétait essentiellement
l'objet de ma question. Alors, faute d'y répondre de façon
positive, j'en conclus que vous n'avez pas transmis d'invitation de la
sorte.
M. Ciaccia: Je ne sais pas si... Vous n'écoutez pas, vous.
Arrêtez de parler à votre recher-chiste pendant que je vous parle.
J'ai dit...
M. Beaulne: Bien oui, mais répondez donc: oui ou non.
C'est facile.
M. Ciaccia: Bien, je l'ai dit que les démarches ont
déjà...
M. Beaulne: Vous n'avez pas besoin d'un roman à chaque
question qu'on pose.
M. Ciaccia: Bien, écoute donc, j'ai dit que les
démarches ont déjà été prises pour...
M. Beaulne: Tout simplement à faire venir le rapport
annuel de votre ministère.
M. Ciaccia: Bon, voulez-vous que j'utilise vos mots à
vous? Oui, l'invitation a été transmise.
M. Beaulne: Bon, c'est simple.
M. Ciaccia: Mais, je répète: Qu'est-ce que vous
avez pris pour déjeuner, vous, ce matin? Franchement, là...
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie, M. le
ministre. Je pense que M. le député de Sherbrooke avait une
question. Est-ce que c'est sur ce même sujet?
M. Hamel: Non, ce n'est pas sur ce sujet, c'est sur un autre
sujet. Si vous n'avez pas terminé, vous pouvez continuer.
Le Président (M. Lafrance): Bon, alors... M. Beaulne:
Moi, j'ai terminé ce sujet-là.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, je laisse la
parole à M. le député de Sherbrooke.
Création d'une association
d'étudiants
étrangers ayant fait des études
universitaires au Québec
M. Hamel: II avait été question, il me semble,
à un moment donné, d'utiliser ou de formaliser, d'une
façon un peu plus structurée, la mise en place de cette ressource
extraordinaire que sont nos diplômés d'université un peu
partout dans le monde. Est-ce que votre ministère a engagé une
certaine action pour concrétiser ce projet-là, dont il avait
été question à un certain moment? Je pense bien que c'est
un réseau exceptionnel...
M. Ciaccia: Oui...
M. Hamel: ...et si nos diplômés étaient mis
à contribution, bien, ce serait un apport extrêmement
précieux pour le Québec.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, M. le ministre. (12 h 40)
M. Ciaccia: Oui, vous avez raison que nous avons un programme de
bourses pour les étudiants étrangers au Québec. Au total,
il y a un montant de 52 000 000 $ qui est alloué pour ce secteur
d'activité. Ce montant représente une subvention de près
de 50 000 000 $ versée aux universités pour la formation de 9000
étudiants étrangers, et un montant de 1 900 000 $ pour le
programme de bourses d'excellence. Les étudiants étrangers
proviennent, dans une proportion de 39 %, d'Afrique; 28 %, de France; 10 %, de
l'Asie; 9 %, de l'Amérique latine; 6 %, d'Europe; et, 5 %, des
États-Unis. Moi, je crois que c'est un réseau qui pourrait
être utilisé, qui serait, pour nous, un atout considérable.
C'est un réseau considérable pour continuer les relations avec
les étudiants qui viennent ici, parce qu'ils opèrent dans
différentes sphères d'activité qui sont
intéressantes pour nous, qui sont intéressantes pour leur pays.
Ce que je propose de faire, c'est de faire une association d'étudiants
de pays étrangers, qui sont venus étudier au Québec pour
maintenir le lien, avoir des discussions, avoir des réunions
périodiques, pour continuer - parce que c'est une ressource, une
richesse considérable pour nous.
Les 50 000 000 $, c'est bien d'allouer ces sommes pour ces
fins-là, mais on pourrait plutôt améliorer la performance,
on pourrait tirer encore plus avantage de ces bourses en créant cette
association, en maintenant nos liens et nos relations avec ces étudiants
parce que, souvent, ils occupent des postes clés dans leurs pays. Ils
peuvent être des genres d'ambassadeurs pour nous et le lien entre le
Québec et ces pays par l'entremise, en partie, de ces étudiants.
Nous nous proposons prochainement de créer cette association qui aura ce
but-là et qui va nous aider à maintenir les relations et les
liens avec eux.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. J'ai M.
le député de Hull qui a demandé la parole, mais j'aimerais
peut-être respecter l'alternance. M. le député de
Bertrand.
Bureaux d'immigration du Québec à
l'étranger
M. Beaulne: Tout à l'heure, on a fait grand état du
rôle des communautés culturelles dans la politique internationale
du Québec. Il est question que, pour des raisons de restrictions
budgétaires, le gouvernement du Québec procède à la
fermeture des bureaux d'immigration du Québec à Lisbonne et
à Port-au-Prince, deux endroits d'où proviennent des
communautés culturelles importantes au Québec. Si on ajoute
à cela la ferme-
ture du bureau d'immigration du Québec à Buenos Aires, qui
a également recruté les premiers arrivants
latino-américains au Québec, on peut sérieusement
s'interroger sur le message que lance le gouvernement du Québec à
ces communautés culturelles.
Il serait question, par ailleurs, d'ouvrir un bureau d'immigration au
Caire. Alors, j'aimerais que le ministre nous confirme si, oui ou non, le
gouvernement du Québec a l'intention de fermer le bureau d'immigration
du Québec à Lisbonne et à Port-au-Prince parce que, le cas
échéant, je pense qu'il devrait saisir cette occasion pour
rassurer les communautés culturelles qui sont impliquées ici, au
Québec, qui apportent une contribution énorme à la
société québécoise et qui, de plus, font partie de
ces immigrants francophones et «francophonisables»?
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Bertrand. Alors, M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, je pourrais informer le député de
Bertrand que c'est vrai qu'il y a certaines fermetures. Vous oubliez qu'on
ferme à certains endroits, mais qu'on ouvre ailleurs. Tout dépend
de la demande. On ne ferme pas, ça dépend des mouvements
migratoires. Oui, Lisbonne va fermer, mais la raison pour laquelle Lisbonne va
fermer, c'est parce qu'il n'y a presque plus de demandes du Portugal,
d'immigrants du Portugal pour venir au Québec. Alors, plutôt que
de maintenir un bureau à Lisbonne, on a décidé de le
fermer. Ça ne veut pas dire qu'on n'encourage pas et qu'on ne s'occupera
pas de l'immigration du Portugal au Québec, mais on va le faire par
l'entremise d'un autre bureau, de Rome.
Alors, en termes de communautés culturelles, je sais que vous
cherchez toujours des raisons, des bibittes, qu'on pourrait dire, mais je pense
que les bureaux qu'on ouvre... Vous oubliez qu'on en a ouvert un à
Vienne, à Rabat. On a ouvert une maison de commerce et de culture
à Prague, à Séoul, à Taipei - on a un
représentant à Taipei. On a aussi une représentation
à Seville et celle de Port-au-Prince n'est pas fermée. On va
ouvrir aussi au Caire. Alors, c'esi pour tenir compte - c'est normal - des
mouvements migratoires. Ça ne sert à rien d'avoir des bureaux
dans des pays où il n'y a pas d'immigration suffisante qui va venir
à Québec, et de pas en ouvrir dans d'autres pays où la
demande est plus forte. On a fait des examens, par exemple, à Bangkok,
où on devait fermer et, après une étude plus exhaustive,
on a décidé de ne pas fermer.
Alors, ce sont des décisions administratives pour mieux
gérer la politique d'immigration, pour permettre qu'on puisse
répondre vraiment à la demande dans les pays où il y a une
plus grosse demande pour venir au Québec.
En ce qui concerne Lisbonne, moi aussi...
J'ai même rencontré la communauté portugaise. Je
veux rassurer - et je les ai rassurés - les représentants de la
communauté portugaise que les dossiers des ressortissants du Portugal
continueront d'être traités tout aussi efficacement, et que le
bureau de Rome assurera une présence assidue sur le territoire. Il a
donc été prévu que le SIQ, que Rome effectuera des
missions de 12 jours, tous les deux mois, à Lisbonne, et d'une semaine,
tous les trois mois, à Madrid, pour un total de 100 jours au cours de
l'exercice 1992-1993. Un budget de 30 000 $ a été prévu
à cet effet. La réalisation de ce programme devrait assurer aux
candidats portugais et espagnols un service adéquat et ne pas
créer d'inconvénients majeurs dans le traitement de leurs
dossiers.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a pas d'autres points sur cette question... Oui, sur cette même
question? M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: D'abord, en ce qui concerne le bureau à
Haïti. Vous avez dit qu'il n'était pas fermé, vous n'avez
pas dit qu'il n'allait pas fermer. D'autre part, en ce qui concerne le
Portugal, c'est évident que des arrangements à partir du bureau
de Rome n'auront pas la même efficacité. Quand on se base sur la
demande, il faut encore savoir pourquoi il y a une diminution des demandes en
provenance du Portugal. Je pense qu'il y aurait lieu de faire toute la
lumière sur cette situation parce qu'il n'est pas évident que la
demande en provenance du Portugal ait substantiellement baissé. Ce qui a
baissé, ce sont les efforts de promotion puisque les locaux, entre
autres, du bureau d'immigration du Québec, au Portugal, sont tout
à fait non identifiés et qu'à toutes fins pratiques les
efforts sont entièrement dépendants des représentants de
l'immigration fédérale. Alors, je ne pense pas qu'on puisse se
baser sur cette supposée baisse de la demande pour justifier la
fermeture d'un bureau dans un pays qui a amené ici, au Canada, une
communauté qui s'est intégrée à la majorité
francophone du Québec de façon admirable.
Le Président (m. lafrance): m. le ministre, en vous
rappelant qu'il nous reste 12 minutes et que m. le député de hull
aimerait poser une question. alors, m. le ministre.
M. Ciaccia: Est-ce que le député de Bertrand...
Êtes-vous intéressé par la réponse ou bien vous
êtes intéressé seulement à dire toutes sortes
de...
M. Beau'ne: Je vais vous sortir des chiffres...
M. Ciaccia: ...toutes sortes de remarques qui n'ont
absolument...
M. Beaulne: Oui, je suis intéressé par votre
réponse.
M. Ciaccia: ...aucune conséquence, qui n'ont aucun
fondement dans ce que vous dites.
M. Beaulne: Ah, oui! Bien, je vais vous en sortir, des
chiffres.
M. Ciaccia: Êtes-vous au courant, le savez-vous que le
Portugal est entré dans la Communauté européenne,
vous?
M. Beaulne: Êtes-vous déjà allé au
bureau d'immigration, vous?
M. Ciaccia: Savez-vous que les conditions... Bien, laissez-moi
répondre! Je vous ai laissé dire vos conneries, laissez-moi vous
donner la réponse... à vos conneries!
M. Beaulne: Bien, moi, j'ai entendu vos sornettes pendant quatre
heures de temps.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre, on vous
écoute. Ensuite, vous aurez un droit de réplique...
M. Ciaccia: Bon, très bien. (12 h 50)
Le Président (M. Lafrance): ...M. le député
de Bertrand.
M. Ciaccia: Savez-vous que le Portugal est entré dans la
Communauté européenne, M. le député de Bertrand?
Deuxièmement, savez-vous que les conditions...
M. Beaulne: Je le savais probablement avant vous.
M. Ciaccia: Calmez-vous, là.
M. Beaulne: Bien, vous, calmez-vous. Vous êtes
insultant.
M. Ciaccia: Calmez-vous, calmez-vous. Savez-vous que les
conditions économiques...
Le Président (M. Lafrance): Si je peux avoir la parole,
s'il vous plaît. On va respecter l'alternance, le droit de parole de
chacun. Alors, M. le ministre, on vous écoute. Ensuite, M. le
député de Bertrand, je vais vous céder la parole.
M. Ciaccia: Savez-vous que les conditions économiques, au
Portugal, sont sensiblement améliorées? Beaucoup de cette
immigration, la plupart de l'immigration, c'est de l'immigration
économique. Ce n'est pas pour des raisons politiques que le monde
laissait le Portugal. Alors, quand les conditions sont
améliorées... La meilleure promotion qu'on peut faire, on la fait
dans tous nos bureaux. C'est seulement quand il y a eu la baisse... On n'a pas
fermé nos bureaux a l'avance en disant: II va y avoir une baisse
l'année prochaine, on va fermer nos bureaux. Quand on a vu que ça
baissait, et que ça baissait continuellement, malgré tous les
efforts qu'on faisait pour encourager l'immigration du Portugal au
Québec, quand tous ces efforts-là... quand il s'est
avéré qu'il n'y avait pas assez d'immigration, c'est seulement
à ce moment-là qu'on a décidé de fermer le bureau
à Lisbonne. Je vous ai donné les chiffres, je vous ai
donné les procédures alternatives qu'on veut prendre pour assurer
la même efficacité.
Quand vous parlez d'efficacité... Je ne pense pas que vous
êtes en mesure, vraiment, de faire une évaluation de
l'efficacité. Je n'ai pas besoin du député de Bertrand
pour me dire qu'il y a une communauté portugaise importante au
Québec. Je le sais, je suis très au courant et j'ai des liens
avec cette communauté-là, je la connais. Ils sont même
présents dans mon comté, et c'est pour cette raison que je les ai
rencontrés moi-même. Ce n'est pas seulement le ministre de
l'Immigration que j'ai rencontré - parce que c'est sa
responsabilité - j'ai pris la responsabilité, moi-même, de
les rencontrer pour leur expliquer pourquoi. Ils ont compris, ils ont compris
que les conditions économiques changent au Portugal et que la demande de
venir au Québec est moins qu'elle ne l'était. On veut
l'encourager et on va continuer à encourager cette immigration du
Portugal. Mais on peut le faire par d'autres moyens que d'avoir seulement un
bureau à Lisbonne. Je vous les ai donnés, les autres moyens, 100
jours de présence des représentants du Québec au Portugal
pour donner le service nécessaire. Suite à nos efforts, si
ça augmente, si l'immigration de Lisbonne, du Portugal, augmente, on va
revenir, on va réouvrir le bureau à Lisbonne, pareil comme on a
fait à Vienne. On a vu qu'il y avait une demande et nous sommes
allés à Vienne pour traiter des demandes d'immigration.
Maintenant, en ce qui concerne Haïti. Non, on ne ferme pas le
bureau à Haïti. Vous savez qu'il y a un contexte difficile,
ça peut porter à certains déménagements, mais le
bureau lui-même ne ferme pas.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand. C'est une remarque additionnelle,
j'assume, sur cette même question ou est-ce que vous désirez
changer de sujet? Si vous désirez changer de sujet...
M. Beaulne: Non non. C'est une dernière remarque sur ce
sujet-là.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Très
brièvement, s'il vous plaît.
M. Beaulne: Ça m'intrigue énormément de
voir qu'on ouvre des bureaux à des endroits - mis à part
Rabat, que vous avez signalée - où la langue seconde est
l'anglais, par rapport à des pays...
M. Ciaccia: Où? C'est où, la langue seconde?
M. Beaulne: En Egypte.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Beaulne: En Egypte, au Caire.
M. Ciaccia: C'est très francophone. Écoutez, je
vous réitère mon invitation, d'avoir une séance
d'information. L'Egypte fait partie de la francophonie. Alors, ne me dites pas
qu'au Caire, la langue...
M. Beaulne: La Dominique aussi, pour votre information.
M. Ciaccia: ii y a une université française,
à alexandrie. nous, on participe, on a donné 100 000 $,
l'année dernière, à cette université
française...
M. Beaulne: II y a un lycée français à
Washington.
M. Ciaccia: Écoutez. Ou on va discuter sur des
informations exactes ou bien, si vous voulez faire toutes sortes de...
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Si vous
permettez, je vais laisser la parole à M. le député de
Hull, étant donné qu'il reste cinq à six minutes
seulement. Alors, M. le député de Hull.
Fonds de développement international de
Montréal
M. LeSage: Merci, M. le Président. J'ai une question, mais
avant d'en arriver à ma question, M. le Président, j'aimerais
faire remarquer au député de Bertrand que je suis parfaitement au
courant de l'immigration portugaise parce que, dans mon comté, qui est
effectivement à la limite de la ville de Hull, 10 % de ma population est
portugaise. C'est un élément très important dans
l'économie de l'Outaouais québécois. Pour dire que le
ministère ne fait plus rien au Portugal, je vous ferai remarquer que,
conjointement avec le ministère, la ville de Hull a embauché un
animateur culturel d'origine portugaise. Ce dernier assure le lien entre la
ville, différents services gouvernementaux et la communauté
portugaise. Il se rend au Portugal annuellement et il rencontre des gens. Je
suis convaincu que, même avec la fermeture du bureau de Lisbonne, il y
aura sûrement des liens qui pourront continuer à se faire via le
bureau en Espagne. Je ne me rappelle pas dans quelle ville il est situé.
De toute façon, il y aura sûrement des liens qui vont se
continuer.
M. le ministre, moi, j'aimerais revenir localement. Vous avez
annoncé, au début de 1992, par l'entremise de votre
ministère, que votre ministère allait fournir 2 500 000 $, au
cours des cinq prochaines années, au Fonds de développement
international de Montréal. J'aimerais savoir à quoi servira ce
fonds-là, ça va faire quoi?
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Hull. Alors, M. le ministre.
M. Ciaccia: Premièrement, un des objectifs, dans notre
politique des affaires internationales, c'est d'accroître le rôle
international de Montréal. À cette fin, le ministère des
Affaires internationales a obtenu l'autorisation du Conseil des ministres de
verser la contribution du gouvernement du Québec au Fonds de
développement international de Montréal mis à la
disposition de la Société du Centre de conférences
internationales de Montréal, la SCCIM. Alors, il s'agit de 2 500 000 $
répartis sur cinq ans, égalant ainsi les contributions du
gouvernement du Canada et de la ville de Montréal, pour une somme totale
de 9 400 000 $, comprenant aussi la contribution du secteur privé. Ce
Fonds permettra à la Société du Centre de
conférences internationales de Montréal, la SCCIM, de faire la
promotion de Montréal en tant que ville d'accueil des organisations
internationales, en favorisant le déménagement et
l'établissement de sièges, en appuyant leur développement,
et en favorisant l'organisation et la tenue de grandes conférences
Internationales dans la métropole.
Comme vous le savez - il ne me reste pas grand temps, je ne prendrai pas
trop de temps - il y a toute la liste des organisations internationales qui
sont déjà à Montréal et qui font de
Montréal, vraiment, un centre international. Il y a l'OACI, l'IATA, la
SITA. Ces organisations effectuent chaque année plus de 100 000 000 $ de
dépenses au Canada, principalement au Québec. Déjà,
les interventions du Fonds nous permettront d'annoncer, au cours de la
présente année fiscale, la venue certaine à
Montréal de six sièges sociaux ou secrétariats
d'organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales. Ces
organisations viendront s'ajouter à la quarantaine d'organisations
internationales déjà établies à Montréal.
Alors, nous voulons nous assurer qu'une des orientations, qu'un des rôles
de Montréal, comme centre international, soit maintenu et que ce soit
agrandi. C'est pour cette raison que nous avons créé ce Fonds.
Nous avons des réussites et nous poursuivons aussi certains dossiers,
par exemple, l'Université internationale de l'espace. On veut attirer,
à Montréal, l'Université Internationale de
l'espace. C'est pour avoir un fonds pour préparer toutes les
discussions et les présentations. Non seulement on a fourni ce Fonds,
mais on a aussi la collaboration et l'aide du ministère à la
SCCIM.
Lé Président (M. Lafrance): Merci, M. le
ministre!
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Bertrand. Une dernière intervention. (13 heures)
Commission mixte Canada-Maroc
M. Beaulne: Oui, une dernière intervention. Les 23 et 24
avril derniers, se tenait, à Rabat, la quatrième session de la
commission mixte Canada-Maroc. Le gouvernement du Québec n'y a
envoyé aucun représentant, malgré l'invitation du
ministère des Affaires extérieures à y participer. Alors,
j'aimerais que le ministre nous explique pourquoi le gouvernement du
Québec n'a pas jugé opportun de déléguer un
représentant à la quatrième réunion de la
commission mixte qui touche directement les intérêts du
Québec puisqu'on y discutait, entre autres, de contrats importants
rattachés à Vidéotron, MDS Aero Support Corporation, qui
sont impliqués dans des contrats d'au-delà de 50 000 000 $ au
Maroc, alors qu'on apprenait, lors des crédits du ministère des
Transports, que son collègue, M. Elkas, lui, s'était rendu -
à un coût de 70 000 $, avec une délégation de 16
personnes - participer à une conférence dont les incidences pour
le Québec sont définitivement mineures.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre, très
brièvement, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: Je présume - je le sais - qu'il y a d'autres
missions du Canada, d'autres pays, où, des fois, on ne participe pas.
C'est une mission fédérale, on a participé aux travaux
préparatoires. On a vu le contenu. Maintenant, ça ne veut pas
dire qu'on n'a pas un intérêt au Maroc. On a un
délégué à Abidjan qui s'occupe de ce secteur, de ce
pays. On propose aussi, on est en train de discuter et de préparer
peut-être une mission économique et culturelle pour le Maroc.
Maintenant, le fait qu'on n'ait pas été présent... Vous
auriez pu prendre d'autres missions que le premier ministre canadien a faites
en Russie, où on n'était pas avec lui. Il y a des missions
fédérales. Eux autres ne sont pas présents quand, nous
autres, on fait des missions du Québec. Si on avait jugé que
c'était essentiel pour nous d'être là, ils ne nous auraient
pas refusés, puis on serait allé. Ils nous ont consultés
pour la préparation. On a vu le contenu et on a dit: Non, merci, pour
cette fois-ci. Une prochaine fois, soit que nous-mêmes en organisions une
ou, si ça prend une autre orientation, peut-être qu'on va y
être. ce n'est pas plus sérieux que ça.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie, M. le
ministre. Je pense que vous avez un document à déposer avant
qu'on ajourne, M. le député de Bertrand.
Document déposé
M. Beaulne: Compte tenu du fait qu'on achève nos travaux,
je voudrais déposer une série de questions supplémentaires
concernant des renseignements généraux qui nous ont
été fournis et concernant certains déplacements des
employés du ministère des Affaires internationales.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lafrance): Merci. J'accepte donc le
dépôt de ce document. Le temps étant écoulé,
j'aimerais déclarer l'étude des crédits des
éléments 1, 2 et 5 du programme 1 comme étant
terminée. Le programme au complet sera adopté mardi soir prochain
avec l'étude de l'élément 4 qui touche la
francophonie.
Avant d'ajourner, j'aimerais remercier tous ceux et celles
présents pour leur excellente coopération. Je suspends donc les
travaux de cette commission...
Oui, M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais remercier les membres du ministère qui ont travaillé
sur les crédits. Je veux les remercier pour leur travail, pour le bon
déroulement de toutes les informations que nous avons. Je veux remercier
aussi les députés ministériels et l'Opposition en
espérant que, peut-être, dans d'autres commissions, on pourrait
être encore plus positif et avoir des travaux qui vont fournir encore
plus d'information sur les activités internationales du
Québec.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie, M. le
ministre. Je suspends donc les travaux de cette commission sine die, en
souhaitant bon appétit à tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 13 h 4)