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(Quinze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames, messieurs, le quorum
étant constaté, je déclare donc la séance de la
commission des institutions ouverte, qui a pour mandat, aujourd'hui, de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
concernant le ministère de la Justice, programmes 1 à 9, pour
l'année financière 1992-1993.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Claveau (Ungava) est
remplacé par M. Bélanger (Anjou).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors,
puisqu'il n'y a pas de convention sur le partage du temps, règle
générale, le temps est partagé équitablement. Soyez
sans crainte que, comme président, je vais m'assurer qu'il y ait droit
de parole pour tous les membres de la commission.
Je passe maintenant la parole et je souhaite d'abord, évidemment,
la bienvenue au ministre de la Justice pour l'étude de ses
crédits. Je vais lui demander de nous présenter les personnes qui
l'accompagnent et ensuite de cela de procéder à ses remarques
préliminaires. Alors, M. le ministre de la Justice, bienvenue à
l'étude des crédits de votre ministère.
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le Président. M.
le Président, vous me permettrez tout d'abord, donc, de vous
présenter, à ma droite, Me Jacques Chamberland, qui est le
sous-ministre de la Justice, et, à ma gauche, Mme Suzanne Levesque,
directrice de cabinet, et Mme Linda Dion, attachée de presse. Je suis
aussi accompagné, M. le Président, des principaux directeurs
généraux et des sous-ministres associés de la Justice,
présidents d'organismes aussi qui sont ici avec moi. J'ai tenu à
ce que tous ces gens soient ici, et nous sommes plusieurs, M. le
Président, parce que je considère que cet exercice est un
exercice hautement démocratique et que c'est mon devoir, comme ministre,
de pouvoir présenter à cette commission la situation la plus
complète possible en ce qui regarde la justice et les organismes qui
dépendent du ministre de la Justice. Dans le but de pouvoir donner aux
questions qui nous seront posées par les membres de cette commission les
réponses les plus complètes, j'ai donc cru bon de me faire
accompagner, M. le Président, de tous ces gens qui font un travail
remarquable, je tiens à le dire, au départ, et qui seront ici
pour répondre, eux aussi, aux questions, parce que je m'attends bien
à leur demander directement, avec la permission de la commission, de
répondre à certaines questions qui pourraient m'être
posées par les membres de cette commission. Or, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Alors, au nom de la commission,
bienvenue, évidemment, à tous vos collaborateurs et
collaboratrices. Maintenant, nous pouvons procéder à vos
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, c'est avec plaisir
que j'entreprends pour la quatrième fois l'étude des
crédits du ministère de la Justice. Je voudrais tout d'abord
remercier, pour le travail exceptionnel accompli, tous les membres du
ministère de la Justice et tous les membres, les organismes relevant du
ministre de la Justice. L'étude des crédits des ministères
constitue un exercice qui est éminemment démocratique et il
demande beaucoup de préparation, et ce travail a été fait
consciencieusement par tous les membres du ministère.
M. le Président, la dernière année a
été particulièrement active au ministère de la
Justice. Onze projets de loi ont été adoptés par
l'Assemblée nationale, parrainés par le ministre de la Justice,
et un a été présenté et est actuellement devant la
commission des institutions. Cette année, par ailleurs, a
été marquée par deux événements majeurs pour
la justice au Québec. Je veux parler, bien sûr, de l'adoption du
Code civil du Québec et aussi de la tenue du Sommet de la justice, en
février dernier, qui fut, comme le mentionnait le juge en chef de la
Cour suprême, le très honorable Antonio Lamer,
l'événement du siècle au Québec en matière
de justice. De plus, cette année a été marquée, M.
le Président, par l'annonce de projets d'importance respectant les
grands principes qui nous guident dans notre action au ministère de la
Justice, soit la qualité et l'accessibilité à la justice.
(15 h 50)
Ces projets sont, M. le Président, je les énumère
rapidement: la réforme de la justice en matière administrative,
la réforme du programme d'aide et d'indemnisation des victimes d'actes
criminels, le programme de soutien aux organismes communautaires, le nouveau
programme d'aide juridique, la justice en milieu autochtone, le programme de
médiation familiale, l'extension de la médiation pour le
recouvrement des petites créances à toutes les régions du
Québec, l'aug-
mentation du montant maximal des créances admissibles aux petites
créances et l'accès à certaines personnes morales, la
violence à l'égard des personnes âgées, le suivi du
rapport Guérin sur l'administration de la justice en matière
criminelle, le programme de judiciarisation en matière criminelle, la
mise en oeuvre des recommandations du groupe de travail sur la lutte contre la
drogue et le groupe de travail sur l'application de la Loi sur la protection de
la jeunesse, le groupe de travail Jasmin. C'est dans ce contexte, donc, M. le
Président, le contexte de cette activité intense et dans celui de
l'objectif du gouvernement de rationaliser les dépenses, tout en
améliorant la qualité des services, que nous devons
procéder à l'étude des crédits du ministère
de la Justice.
M. le Président, les crédits qui font aujourd'hui l'objet
d'une étude détaillée se regroupent en quatre grands
secteurs, à savoir les institutions judiciaires, les régimes de
sécurité du revenu, les services de soutien et le contentieux. En
incluant le secteur de la gestion juridique du cadre socio-économique
dont les crédits ont fait l'objet d'une étude
détaillée devant la commission des institutions, le 15 avril
dernier, la croissance des crédits du ministère, pour l'exercice
financier 1992-1993, représente une majoration de 23 772 000 $, soit 5,4
%. Cette majoration de l'enveloppe budgétaire est d'autant plus
significative que le ministère a été appelé,
à l'instar des autres ministères et organismes, à
contribuer à l'objectif gouvernemental du contrôle de la
croissance des dépenses pour un montant de 3 696 800 $.
Cette contribution à l'objectif gouvernemental de
réduction des dépenses s'ajoute à la non-récurrence
de certains crédits, pour un montant de 1 080 500 $, et à
l'ajustement, à la hausse, de notre enveloppe budgétaire relative
aux loyers payables à la Société immobilière du
Québec et aux dépenses de télécommunications, pour
un montant total de 4 556 000 $, et ce, à la suite de l'entrée en
vigueur, le 1er janvier 1992, du fonds spécial des registres du
ministère de la Justice. Cet exercice de réduction de nos
dépenses s'est effectué sans remettre en cause des principes
d'accessibilité, de qualité et d'universalité de la
justice.
Outre les crédits obtenus à la suite de l'application des
paramètres d'indexation, l'augmentation de nos crédits s'explique
principalement de la façon suivante: premièrement, le
règlement de la convention collective de travail des substituts du
Procureur général, de même que celle des avocats et des
notaires: 4 488 100 $; l'ajustement de l'enveloppe budgétaire de l'aide
juridique, notamment au chapitre des honoraires de la pratique privée: 9
000 000 $; l'ajustement de l'enveloppe budgétaire relative au versement
des indemnités aux victimes d'actes criminels: 2 290 000 $; l'ajustement
de l'enveloppe des loyers payables à la Société
immobilière du
Québec: 899 500 $; le soutien financier aux organismes
communautaires: 500 000 $, et le développement des services de justice
en milieu autochtone: 450 000 $.
Enfin, je vous signale que cette majoration de nos crédits
1992-1993 ne tient pas compte des crédits additionnels qui nous seront
octroyés en cours d'année par le Conseil du trésor, pour
donner suite aux engagements que j'ai annoncés lors du récent
Sommet sur la justice et qui a déjà reçu l'aval du Conseil
des ministres. Je pense, notamment, à l'extension de nos services de
médiation en matière familiale ou au recouvrement des petites
créances.
M. le Président, au cours de la dernière année,
j'ai présenté à l'Assemblée nationale neuf projets
de loi, qui s'ajoutaient aux trois projets que j'avais présentés
au cours de l'année précédente. Parmi ces projets, onze
ont été adoptés et le douzième est actuellement
à l'étude en commission parlementaire. Parmi les 11 projets de
loi que j'ai parrainés et qui ont été adoptés, je
me permets de rappeler ceux qui me semblent être les plus importants,
soit de par leur essence, soit de par leur portée. Le premier à
ce titre est sans contredit le Code civil du Québec, le nouveau Code
civil du Québec. Tous les juristes se rappelleront de la date du 18
décembre 1991 comme étant celle de l'adoption et de la sanction
du Code civil du Québec.
C'est ainsi qu'un an, jour pour jour, après sa
présentation à l'Assemblée nationale, était
adoptée la loi appelée à régir les rapports des
Québécoises et Québécois entre eux ainsi que les
biens qu'ils possèdent. Lors de son entrée en vigueur, le nouveau
Code viendra remplacer le Code civil du Bas-Canada, adopté il y a un peu
plus de 125 ans, soit en 1866.
Le Code civil du Québec constitue l'une des pièces
législatives les plus fondamentales adoptées par
l'Assemblée nationale au cours du XXe siècle. Il est le fruit
d'un labeur de plus de 35 ans, qui a monopolisé d'innombrables heures de
travail de la part d'une multitude de juristes chevronnés et de
parlementaires de cette Assemblée, pour compléter l'étude
des 3168 articles que comporte la version finale du Code civil du
Québec. La réforme du Code civil doit être
complétée législativement par l'adoption d'une loi
d'application que j'aurai l'honneur de présenter à
l'Assemblée nationale au cours des prochaines semaines. De plus, j'ai
l'intention, en collaboration avec les avocats et notaires, d'accorder la plus
grande attention à l'information du public.
Toujours en rapport avec la réforme du Code civil, nous avons eu
l'occasion d'étudier et d'adopter, au printemps 1991, la Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant la constitution du fonds
des registres du ministère de la Justice. Ayant pour objet la
constitution d'un fonds spécial destiné à subvenir au
financement de divers services reliés à l'enregistrement et
à la publicité de documents, le fonds des
registres permettra de financer l'implantation du registre de
l'État civil, de même que le seul des registres de
publicité foncière et de publicité des droits personnels
et réels mobiliers, institué par le Code civil du
Québec.
Dans le cadre des travaux de la sous-commission parlementaire sur le
Code civil du Québec, certaines questions importantes ont
été discutées pour en venir, finalement, à la
conclusion qu'elles devaient être étudiées par le futur
Institut québécois de réforme du droit. J'ai d'ailleurs eu
l'honneur de présenter un projet de loi en ce sens devant
l'Assemblée nationale, en novembre dernier, et ma volonté est de
voir adopté, au cours de la présente session, ce projet de loi
sur l'Institut québécois de réforme du droit.
La commission parlementaire des institutions devrait se réunir
prochainement pour procéder à l'étude article par article
de ce projet dont l'objet, comme son nom l'indique d'ailleurs, est de
constituer un institut ayant pour mandat de soumettre au ministre de la Justice
des propositions portant sur la réforme et le développement du
droit.
Toujours dans le domaine du droit civil, nous avons également eu
l'occasion d'étudier et d'adopter, en 1991, la Loi concernant la
Convention des Nations unies sur les contrats de vente internationale de
marchandises. Cette loi est venue intégrer au droit
québécois une convention adoptée par l'Organisation des
Nations unies et régissant, notamment, la formation des contrats de
vente internationale de marchandises de même que les droits et
obligations des vendeurs ou des acheteurs. Cette convention entrera en vigueur
au Québec, le 1er mai 1992, soit la même date que celle
arrêtée pour les neuf autres provinces canadiennes et les
Territoires du Nord-Ouest, qui se sont également déclarés
liés.
Vous me permettrez, M. le Président, d'élaborer quelque
peu sur ce que le juge en chef du Canada, donc, le juge Antonio Lamer,
qualifiait comme événement de très grande importance,
même d'événement le plus important du siècle en
matière de justice, et je veux parler du Sommet sur la justice.
Indépendamment de la formule utilisée pour en témoigner,
l'importance du Sommet sur la justice pour la société
québécoise ne fait, effectivement, aucun doute. Ce Sommet sur la
justice s'imposait au terme d'un quart de siècle de changements
significatifs dans la société québécoise et, tout
particulièrement dans le domaine de la justice. Au cours de cette
période, en effet, la société québécoise
s'est orientée résolument vers la protection et la promotion des
droits et des libertés de la personne et s'est dotée, donc, d'un
système juridique à la mesure de cet objectif.
Il m'est apparu nécessaire de susciter une réflexion
collective de façon, notamment, à favoriser la collaboration
entre les divers Intervenants socio-économiques, juridiques et gou-
vernementaux et à sensibiliser la population aux enjeux actuels de
l'administration de la justice. Le Sommet sur la justice a été
ainsi la première manifestation d'une nouvelle dynamique de concertation
sociale dans le domaine de la justice. La justice concerne tous les citoyens
à des degrés divers, d'où le thème du Sommet sur la
justice: «La justice, une responsabilité à
partager».
En effet, le gouvernement n'est pas le seul à devoir assumer la
responsabilité de la mission justice. Il y a certes le rôle de
veiller à la mise en oeuvre et au soutien des politiques importantes et
des institutions fondamentales mais, pour permettre à ces politiques et
à ces institutions d'être efficaces, l'ensemble des intervenants,
dans une société, doivent être mis à contribution.
En outre, il est évident que l'État ne peut résoudre seul
les problèmes touchant la justice au Québec. Il s'agit d'un
constat qui nous amène à reconnaître avec réalisme
que l'injection de nouvelles ressources et la création de nouveaux
programmes ne sont pas les seuls moyens qui réussiront à combler
toutes les attentes et à produire tous les effets escomptés.
L'État doit pouvoir compter sur la complémentarité des
actions et des initiatives des différents intervenants pour faire en
sorte que la justice, dans tous ses aspects, soit le plus possible celle qui
est souhaitée par la population. (16 heures)
Le Sommet, qui s'est déroulé du 17 au 21 février
1992, est le résultat d'une démarche préparatoire de plus
de 20 mois. Pour mener à terme cette entreprise, en effet, M. le
Président, cela supposait la mise en oeuvre, parfois con-comittante,
d'une démarche de consultation, d'identification des sujets à
traiter, d'analyse de la situation, de concertation préalable sur chacun
des sujets retenus, de sélection des participants à la table du
Sommet et, enfin, d'élaboration et d'évaluation de propositions
et d'obtention de décisions gouvernementales.
L'été et l'automne 1990 ont permis de procéder
à une vaste consultation sur les questions qui devaient alimenter le
Sommet. L'institution d'un comité d'orientation, au printemps 1991,
m'aura permis de regrouper avec moi différentes personnes pour me
conseiller afin de planifier, de coordonner le Sommet sur la justice. Je les
remercie très sincèrement de leur précieuse
collaboration.
Le choix des sujets qui ont été traités au Sommet
s'est appuyé sur les résultats d'une vaste consultation. Les
autorités du ministère de la Justice, assistées d'une
équipe permanente de fonctionnaires chevronnés, se sont
appliquées à enrichir le contenu du Sommet et le présenter
de façon cohérente, en tenant compte des objectifs poursuivis.
Onze sujets ont ainsi été idenfiés et regroupés
sous les 3 grands thèmes suivants: la personne et la justice, la
société et la justice, les institutions et la justice.
Des groupes de travail sur chacun des 11 sujets du Sommet ont
été mis sur pied, auxquels les représentants de groupes
socio-économiques et intervenants du milieu juridique étaient
invités à y participer, suivant leurs intérêts pour
les questions examinées. À la fin de l'automne de 1991, plus de
425 personnes représentant 148 organismes ainsi que 8 ministères
avaient participé activement aux groupes de travail, sans compter les
personnes et les organismes qui ont préféré cheminer de
façon autonome. Au terme de la démarche de consultation et de
concertation, plus de 450 propositions formelles ont finalement
été maintenues par les organismes consultés, pour
éventuellement faire l'objet de délibérations dans le
cadre du Sommet.
Le Sommet sur la justice a été une réussite. Il a
notamment permis de réunir ensemble les groupes communautaires, les
corporations juridiques, la magistrature, les représentants des
différents milieux, syndicats, affaires, monde municipal et scolaire et
le gouvernement, pour discuter de l'administration de la justice au
Québec. Nous nous sommes entendus sur un bon nombre de propositions et
nous devons maintenant en entreprendre la réalisation.
Déjà, tous les efforts au sein de notre ministère sont
mobilisés afin de prendre les moyens appropriés pour
réaliser les engagements du gouvernement.
Afin de rendre accessible l'information qui découle des travaux
du Sommet sur la justice et aussi pour faciliter le suivi des engagements, le
secrétariat du Sommet a commencé la préparation des actes
du Sommet sur la justice. Ceux-ci devraient être disponibles dans les
prochaines semaines. Ils renfermeront, pour chaque proposition synthèse
soumise aux délibérations, les propositions et les engagements de
tous les participants concernés. J'y ferai part, également, de
mes positions et de mes engagements à l'égard de quelques sujets
qui, faute de temps, n'ont pu malheureusement être abordés.
La tenue du Sommet sur la justice m'aura permis, comme ministre, de
réaliser un engagement que j'avais pris en ce sens, dès 1990, au
cours d'une cérémonie soulignant le 25e anniversaire de la
création du ministère de la Justice. Cette
cérémonie m'aura permis, par ailleurs, d'annoncer l'institution
du prix de la Justice, lequel a été décerné, pour
la première fois, le 4 juin 1991, suite à l'analyse d'une
quinzaine de candidatures par les membres du jury du prix. Ce jury était
composé de l'honorable Claude Bisson, juge en chef de la Cour du
Québec, qui agissait à titre de président et de quatre
autres membres, soit, Mme Francine Pelletier, journaliste, Mme Aoura Bizzarri,
présidente du Collectif des femmes immigrantes, M. André
Migneault, président de Moisson Québec, et M. André
Côté, doyen de la Faculté de droit de l'Université
Laval. Suite aux recommandations du jury, c'est à Mme Diane Lemieux,
coordonnatrice du Regroupement québécois des centres d'aide et de
lutte contre les agressions à caractère sexuel, les C A LACS, que
revient le titre de première récipiendaire du prix de la Justice
du Québec, pour son travail remarquable visant à dénoncer
et à contrer la violence faite aux femmes.
Pour ce qui est du prix de la Justice 1992, la période de mise en
candidature est présentement en cours et ce, jusqu'au 8 mai prochain. La
cérémonie de remise de ce prix, qui vise à souligner la
carrière ou les réalisations d'une personne qui a
contribué à promouvoir, de manière exceptionnelle,
l'accomplissement des valeurs fondamentales de la justice, aura lieu le 4 juin
1992 au palais de justice de Montréal.
Lors du Sommet sur la justice, j'ai annoncé mon intention de
présenter à l'Assemblée nationale et au cours de la
présente session un projet de loi portant sur l'organisation de la
justice administrative. J'entends donner suite à cet engagement dans les
prochaines semaines. Ce projet a pour objet de préciser et d'encadrer
des organismes dont les fonctions consistent à prendre des
décisions suivant un processus de nature juridictionnelle. Le projet
contiendra également des règles sur le statut des membres et sur
un cadre général de preuve de procédure. De plus, le
projet proposera l'institution d'un conseil de la justice administrative qui
sera chargé, notamment, d'adopter et de voir au respect d'un code de
déontologie. De même, il proposera la création d'un
tribunal des recours administratifs, qui aura notamment juridiction pour
entendre en appel les décisions de différents organismes
administratifs, appels qui pourront porter sur des questions de fait ou de
droit.
Lors du Sommet sur la justice, M. le Président, je me suis aussi
engagé à procéder à une réforme en
profondeur des programmes d'aide et d'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Les principaux éléments de la réforme visent,
tout d'abord, l'actualisation des indemnités versées aux
victimes, pour correspondre davantage à la réalité et aux
besoins des victimes et de leurs proches. Ils visent aussi
l'élargissement des conditions d'admissibilité, en portant de un
à trois ans le délai de prescription, en permettant aux proches
des victimes de recevoir des traitements de réadaptation en
psychothérapie, afin d'être en mesure de supporter
adéquatement la victime, et en rendant admissibles à une
indemnisation les personnes blessées, lors d'une intervention pour
contrer un crime.
Aussi, M. le Président, cette réforme vise le regroupement
des ressources dans un seul organisme en créant une commission de l'aide
et de l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Cet organisme
relèvera du ministre de la Justice et exercera les mandats actuellement
conférés au Bureau d'aide aux victimes d'actes criminels et
à la Direction de l'Indemnisation des victimes d'actes criminels. Ce
regroupement
devrait favoriser une plus grande accessibilité aux citoyennes et
citoyens en instituant un guichet unique.
Finalement, M. le Président, la réforme visera à
compléter la réorganisation des services d'aide en implantant 13
nouveaux centres d'aide aux victimes d'actes criminels, les CAVAC, d'ici 1995.
Ces 13 nouveaux CAVAC s'ajouteront au réseau des 8 déjà en
opération. Ces centres dispensent des services d'accueil, d'information
et de support aux victimes, et le gouvernement verra de plus à
consolider les ressources des CAVAC afin de leur permettre de réaliser
pleinement leur mandat. À cet égard, M. le Président, je
prévois déposer un projet de loi à l'automne 1992 pour
adoption au printemps 1993.
M. le Président, la complexité de l'administration de la
justice et la diversité de ses composantes ont conduit à des
regroupements de citoyens interpellés par les mêmes questions. De
la même manière, un nombre important d'organismes et de
regroupements communautaires, formés pour des raisons tenant compte des
origines culturelles de leurs membres, de leur situation sociale et de leurs
handicaps, s'intéressent à des questions reliées
directement à l'administration de la justice.
Il existe ainsi au Québec plusieurs organismes et regroupements
communautaires dont l'action porte, principalement ou accessoirement, sur
l'information de citoyens ou groupes de citoyens en regard du fonctionnement du
système judiciaire. Cette action peut aussi prendre la forme
d'assistance à des personnes ou parfois se concrétiser par des
interventions auprès des divers intervenants impliqués dans
l'administration de la justice. Ces organismes, dans la mesure de leurs
ressources, exercent un rôle complémentaire à celui du
ministère de la Justice. Il s'agit d'une contribution fort importante,
puisqu'elle aide à rapprocher la justice des justiciables.
Si ces organismes ne sont pas toujours des intervernants connus ou
reconnus, il n'en demeure pas moins qu'ils supportent notre action ou celle des
autres intervenants traditionnels en matière de justice. C'est pourquoi,
comme ministre responsable de l'administration de la justice,
considérant que l'apport des intervenants communautaires est essentiel,
je souhaite faciliter leur action en créant un programme de subventions
destinées aux organismes à but non lucratif dont les objectifs et
les activités seraient reliés à l'administration de la
justice.
Comme je l'ai annoncé également lors du Sommet, j'ai
l'intention de procéder à une consultation publique sur le
nouveau programme d'aide juridique. Un document de consultation me sera soumis
sous peu et nous permettra de mener les discussions les plus complètes
possible pour réformer notre système d'aide juridique, dans le
souci d'une meilleure accessibilité à la justice. (16 h 10)
M. le Président, je me dois aussi de souligner les nombreux
travaux préparatoires, au Sommet sur la justice, sur le sujet autochtone
et, particulièrement, la table de délibération, qui ont
constitué des événements privilégiés pour
discuter de l'avenir de l'administration de la justice en milieu autochtone. En
effet, M. le Président, les difficultés vécues par les
autochtones en cette matière démontrent qu'il est devenu
nécessaire, non seulement d'améliorer la qualité des
services judiciaires existants, mais également d'explorer avec eux de
nouvelles avenues visant a les impliquer davantage au sein de structures
chargées de rendre la justice qui soient en accord avec leurs valeurs
culturelles.
Avec la collaboration exceptionnelle de mon collègue, le ministre
délégué aux Affaires autochtones. M. Christos Sirros, nous
avons pu établir un climat serein et harmonieux qui a
régné tout au long des discussions. C'est dans cet esprit que
j'appuie la proposition portée par M. le juge Jean-Charles Coutu, au nom
de la Conférence des juges du Québec, en annonçant la mise
sur pied d'un comité de consultation responsable de discuter avec les
nations autochtones, au cours des prochains mois, notamment de
différents modèles complémentaires de justice mieux
adaptés à leurs besoins et à leurs traditions.
Dans le cadre du Sommet sur la justice, des efforts ont
été aussi consacrés à l'examen de moyens
alternatifs de résolution des conflits. C'est ainsi que j'ai pris des
engagements concernant la médiation en matière familiale et la
médiation aux petites créances. En matière familiale, il
existe présentement deux services publics de médiation: celui de
Montréal, depuis 1981, et celui de Québec, depuis 1984. Ces
services sont gratuits. Leur clientèle provient de la classe moyenne, et
ils sont situés dans les palais de justice de Montréal et de
Québec. Des services de médiation sont aussi disponibles dans le
secteur privé. Les médiateurs - il y en a entre 300 et 400 au
Québec - exercent principalement comme avocats, notaires, travailleurs
sociaux et psychologues. Les coûts de la médiation sont
suportés par les parties, et l'Association de médiation familiale
du Québec compte environ 200 membres. Les confrontations des parties
à un procès en matière familiale ont des effets
particulièrement désastreux sur les parents et, mentionnons-le,
sur les enfants.
La médiation familiale permettra donc aux couples ayant
intenté des procédures judiciaires l'un contre l'autre de
régler à l'amiable et par une voie parallèle à la
voie judiciaire dans laquelle ils sont engagés les problèmes
découlant de leur décision de se séparer ou de divorcer.
La médiation pourra ainsi éviter des confrontations souvent
pénibles devant le tribunal. Cette méthode implique
l'intervention d'une tierce personne neutre qui facilite le dialogue, la
négociation et l'entente entre les parties. L'objectif premier de la
médiation est de per-
mettre aux parties d'en arriver à une entente satisfaisante et
mutuellement acceptable qui réponde à leurs besoins et à
ceux de leurs enfants en termes de garde, de droit de visite et de sortie,
d'aliments dus au conjoint ou aux enfants, de partage du patrimoine familial et
d'autres droits patrimoniaux résultant du mariage. Cette entente doit
par la suite être entérinée par le tribunal. La
médiation, en tant que mode de résolution des conflits, constitue
un service complémentaire à la Cour supérieure et, en ce
sens, elle ne remplace pas le système judiciaire, mais elle le
complète.
J'ai donc annoncé, M. le Président, au Sommet sur la
justice, avec l'appui du Conseil des ministres, ma volonté, ainsi que
celle de mon collègue de la Santé et des Services sociaux et de
la ministre déléguée à la Condition féminine
et à la Famille, d'offrir des services gratuits de médiation dans
tous les districts judiciaires du Québec lorsqu'elle a été
ordonnée par le tribunal. J'entends présenter un projet de loi
modifiant le Code de procédure civile en ce sens à la
présente session.
Ce projet donnera suite à l'ensemble des propositions
formulées par les participants au Sommet et permettra
premièrement au tribunal, à tout moment du déroulement
d'une cause contestée, de prononcer une ordonnance pour ajourner
l'instruction de la demande et référer les parties au service de
médiation. Deuxièmement, la médiation devrait viser les
couples mariés, avec ou sans enfant, ainsi que les couples non
mariés avec des enfants. Troisièmement, il s'agit d'une
médiation globale portant sur la garde des enfants, les droits de visite
et de sortie, la pension alimentaire et le partage des biens.
Quatrièmement, le service de médiation devrait être de type
fermé, c'est-à-dire que rien de ce qui aura été dit
ou écrit au cours d'une médiation ne sera recevable en preuve
dans une procédure judiciaire et que le médiateur ne sera pas
contraignable. Cinquièmement, la médiation continuerait à
être pratiquée dans une optique de multidisciplinarité des
différentes professions impliquées. Sixièmement, dans sa
discrétion, le tribunal pourrait tenir compte des circonstances telles
que la violence familiale, avant de référer les parties en
médiation. Septièmement, pour pratiquer la médiation, il
faudrait être accrédité conformément à un
règlement du gouvernement.
J'ai l'intention, M. le Président, de rendre ce service de
médiation accessible dans l'ensemble des districts judiciaires au
printemps 1993. Le service de médiation aux petites créances
existe depuis 1986 dans certains districts judiciaires. Les villes
présentement desservies par ce service sont celles de Montréal,
de Hull, de Laval, de Québec et de Lévis, et la médiation
est volontaire et implique le consentement des deux parties. Le rôle du
médiateur consiste à assister les parties en établissant
tous les aspects du litige et en les informant de leurs droits respec- tifs.
Lorsque les parties en arrivent à une entente, elle est consignée
par écrit et entérinée par le greffier pour
équivaloir à un jugement de la cour. Dans les cas où la
médiation ne permet pas aux parties d'en venir à une entente, la
cause est référée à la cour afin qu'une
décision finale soit rendue par le juge.
Le service de médiation est intervenu dans 15 % des dossiers
ouverts aux petites créances, avec un taux de succès - entente,
donc, acceptée par les deux parties - de 80 %. Ce service permet donc,
de surcroît, de réduire considérablement les délais
d'audition à la Cour des petites créances tout en favorisant la
participation des justiciables au règlement de leurs litiges. Compte
tenu des avantages offerts par le service de la médiation et du fait
qu'ils s'inscrivent dans les objectifs premiers du ministère, j'ai
annoncé, au Sommet sur la justice, qu'ils seraient étendus
à l'ensemble des districts judiciaires. Je souhaite que les justiciables
puissent profiter de cette mesure dès le printemps 1993.
M. le Président, la Cour du Québec, chambre civile,
division des petites créances, occupe, aujourd'hui, un rôle de
premier plan auprès de l'ensemble des justiciables. Plusieurs groupes et
associations, dont le groupe de travail sur l'accessibilité à la
justice, ce qu'on a appelé le rapport Macdonald, du nom du professeur
Roderick Macdonald de l'Université McGill, m'ont soumis
différentes propositions afin d'améliorer le système
actuel de recouvrement des petites créances. Après l'analyse des
recommandations et afin de maximiser l'accessibilité des justiciables
à la Cour des petites créances, j'ai annoncé, au Sommet
sur la justice, avec l'appui du Conseil des ministres, que je
présenterais des modifications au Code de procédure civile pour,
premièrement, que le montant maximal des créances admissibles
soit porté de 1000 $ à 3000 $ et, deuxièmement, que
l'accès à la division des petites créances soit
étendu aux personnes morales comptant cinq employés ou moins,
à l'exclusion des agences de recouvrement et des acheteurs de
créances. J'ai annoncé également que le statu quo serait
maintenu quant à la représentation par avocat et la
compétence matérielle de la division des petites créances.
J'ai l'intention de présenter les modifications législatives
nécessaires à la session d'automne 1992.
M. le Président, lors du Sommet sur la justice, les
différents intervenants ont soumis certaines propositions relatives
à la violence faite aux personnes âgées. Il s'agit
là, M. le Président, d'un sujet qui me préoccupe beaucoup,
et j'ai annoncé la mise en place, dans les prochains mois, pour les
personnes âgées, d'une politique en matière de violence
semblable à celle adoptée à l'égard de la violence
conjugale. Dans le cadre de cette politique, les policiers et les procureurs de
la couronne recevront une forma-
tion adaptée à la situation des personnes
aînées. Cette politique visera à contrer la violence
physique et la violence psychologique que je qualifie d'inacceptable à
l'égard de ce groupe particulièrement vulnérable.
À cet effet, M. le Président, j'ai demandé à
un comité de la Direction générale des affaires
criminelles et pénales de cerner la nature de l'intervention du
ministère public dans la problématique de la violence faite aux
personnes âgées, et ce comité dégagera des
propositions d'intervention susceptibles de répondre à cette
problématique et devrait me faire rapport à l'automne 1992.
M. le Président, le Sommet sur la justice nous aura donné
aussi l'occasion de nous pencher sur le suivi à donner à
différents rapports qui m'ont été remis au cours de
l'année 1991. Le rapport Macdonald nous aura fourni un éclairage
intéressant sur différents aspects touchant les sujets dont je
viens de traiter. Le rapport Guérin aura permis, lui aussi, de
concrétiser certains engagements en matière de justice criminelle
et pénale, et c'est ainsi que, dans le cadre du Sommet sur la justice,
j'ai exprimé mon accord avec les recommandations du rapport portant sur
le recours à des témoins délateurs et sur le processus de
la négociation de plaidoyer en matière criminelle. (16 h 20)
M. le Président, concernant l'utilisation des témoins
délateurs, j'ai annoncé les principales mesures suivantes que je
reprends: tout d'abord, la constitution d'un comité contrôleur
composé des représentants des différents intervenants
chargés de négocier une entente avec le témoin
délateur; deuxièmement, l'élaboration d'une directive au
substitut du Procureur général créant les obligations:
obligation de déposer en preuve, au procès, l'entente
écrite Intervenue avec le délateur; obligation de remettre,
à l'accusé ou à son avocat, une copie de cette entente par
le biais du mécanisme de la divulgation de la preuve. J'ai l'intention
d'instaurer ce nouveau système dès le 1er juin prochain, M. le
Président.
En ce qui regarde la négociation et le dépôt de
plaidoyer, j'ai annoncé mon intention de procéder à
l'élaboration de directives au substitut du Procureur
général de façon à mieux encadrer le processus de
négociation de plaidoyer. Ces directives prévoiront
également un mécanisme de contrôle de ce processus de
négociation et lui assureront une plus grande transparence.
Principalement, le substitut aura l'obligation, lorsque ce sera possible,
d'informer la victime du résultat de la négociation de plaidoyer.
Le substitut aura l'obligation, au moment du plaidoyer, de
révéler à la cour la nature, les motifs et toutes les
circonstances de l'entente intervenue avec l'accusé ou son procureur.
Ces mesures pourraient être mises en application à compter de juin
1992. La Direction générale des affaires criminelles et
pénales travaille actuellement à l'élaboration des
directives annoncées, pour ensuite les soumettre à l'approbation
de l'assemblée des substituts en chef et les substituts en chef adjoints
et adjointes, à sa réunion du 14 mai prochain. Quant au
comité contrôleur en matière d'utilisation de
témoins délateurs, il est actuellement en fonction.
M. le Président, le ministre de la Justice, en sa qualité
de Procureur général, assume la responsabilité des
poursuites criminelles et pénales et il a, ainsi que les substituts qui
agissent en son nom, le pouvoir de poursuivre, mais aussi la discrétion
de ne pas poursuivre. Récemment, un groupe de travail interne a
été formé avec le mandat d'évaluer les moyens de
donner suite à la volonté d'établir un programme de
déjudiciarisation en matière criminelle au Québec. Cela
nous permettra l'adoption d'une politique de non-judiciarisation en
matière criminelle, tel que je l'ai annoncée lors du Sommet sur
la justice. Cette politique sera conçue de manière à
maintenir la crédibilité des poursuites criminelles et tiendra
compte des intérêts de la victime. Il est important de mentionner
que la collectivité peut tirer profit de la non-judiciarisation,
particulièrement lorsque des mesures de rechange sont effectuées
à son bénéfice.
Prenons, par exemple, un remboursement à la victime. Des
représentations ont été faites auprès du
gouvernement fédéral, afin de modifier le Code criminel, pour y
insérer une disposition comparable à celle que l'on retrouve
à l'article 4 de la loi sur les jeunes contrevenants, ce qui devrait
permettre au Procureur général d'adopter un programme de mesures
de rechange. En plus d'éviter la stigmatisation de la conduite de
citoyens ayant commis des infractions moins graves, la non-judiciarisation aura
un impact sur l'encombrement actuel de nos tribunaux siégeant en
matière criminelle.
L'implantation d'une telle politique devrait se faire en deux phases. La
première, au cours de la présente année, consisterait en
particulier à inciter tes substituts du Procureur général
à utiliser plus largement leur discrétion et à
réduire le nombre d'accusations à l'égard de délits
criminels mineurs, lorsqu'il s'agit d'une première infraction. Prenons,
par exemple, le cas d'un vol à l'étalage, de vagabondage. Ceux-ci
procéderont à l'envoi d'une lettre d'avertissement au
contrevenant admissible à cette politique, conformément à
certaines balises qui auront été identifiées. La seconde
phase pourrait être annoncée lors de l'entrée en vigueur
des dispositions législatives autorisant le Procureur
général à adopter un programme de mesures de rechange,
auxquelles seront éventuellement associés les différents
intervenants ainsi que les groupes communautaires. Il est évident qu'une
telle politique ne pourra être établie qu'à l'égard
des
infractions de moindre gravité et dans des conditions
prédéterminées, de façon à ne pas
discréditer l'administration de la justice.
Pour la Direction générale des affaires criminelles et
pénales, la recommandation 17, formulée par le groupe de travail
sur la lutte contre la drogue, dans son rapport déposé, en juin
1990, était celle qu'il fallait mettre en oeuvre en priorité.
Cette recommandation visait, premièrement, la création
d'équipes de substituts spécialisés dans la lutte contre
les drogues et, deuxièmement, le développement de lignes de
conduite visant à poursuivre la sensibilisation de l'ensemble des
substituts à la nécessité d'accorder une attention toute
particulière aux dossiers relatifs aux drogues et aux
stupéfiants, notamment au niveau des représentations sur
sentence.
Concernant la création d'équipes de substituts
spécialisés, les postes suivants ont été
attribués à la Direction générale des affaires
criminelles et pénales: pour l'exercice 1991-1992, 14 postes de
substituts et 6 de soutien; pour 1992-1993, 7 postes de substituts et 5 de
soutien, ce qui veut dire un total de 21 substituts et de 11 soutiens. Les
équipes ont été constituées et sont en
opération depuis avril 1991. Le mandat de ces équipes a
été déterminé en janvier 1991 et, à la
même époque, une substitut en chef adjointe du bureau de la
couronne de Montréal, Me Louise vïliemure, a été
désignée responsable provinciale de ces équipes.
Dans les régions n'ayant pas bénéficié de
l'attribution de postes de substitut pour la composition des équipes,
des responsables régionaux ont été désignés
et font partie de l'équipe provinciale. Jusqu'à ce jour, il s'est
tenu trois sessions spéciales de formation des équipes de
substituts spécialisés. Un comité de travail de la
Direction générale a élaboré une véritable
politique de poursuites en matière de drogues et de stupéfiants,
politique qui a été approuvée par l'assemblée des
substituts en chef du Procureur général le 31 mai 1991 et qui est
en vigueur depuis cette date.
En décembre 1990, le groupe de travail présidé par
le juge en chef adjoint Michel Jasmin a reçu le mandat d'évaluer
l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse et de la loi sur les
jeunes contrevenants. Ce groupe de travail a maintenant complété
la première partie de son mandat avec le dépôt, le 29
janvier 1992, de son rapport sur la Loi sur la protection de la jeunesse. Ce
rapport est actuellement sous étude et, de concert avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux, nous entendons y
donner suite le plus rapidement possible. Quant à la deuxième
partie du mandat confié au groupe Jasmin sur l'application de la loi sur
les jeunes contrevenants, le rapport est attendu à la fin de l'automne
prochain. Il reste également à venir les recommandations de ce
groupe de travail sur le fonctionnement de la Commission de protection des
droits de la jeunesse. Cela est attendu en automne également.
M. le Président, en terminant, je veux vous rappeler que les
dispositions de la Charte des droits concernant les fonctions du Tribunal des
droits de la personne sont entrées en vigueur le 10 décembre
1990. L'année 1991-1992 a donc été une année
d'implantation et fut la première année d'opération du
Tribunal des droits. Dès son entrée en fonction, le Tribunal a
adopté des directives quant à son fonctionnement. De plus un code
de déontologie a été préparé et devrait
être publié à la Gazette officielle du Québec
incessamment. Le Tribunal a été doté des effectifs,
des locaux et du matériel nécessaires pour traiter les dossiers,
lesquels peuvent être entendus dans tous les districts judiciaires du
Québec. 39 demandes introductives d'instances ont été
déposées devant le Tribunal, au cours de cet exercice financier.
La Commission des droits de la personne a été requérante
dans 26 de ces dossiers. Les autres demandes ont été
déposées par des individus directement. Le Tribunal a rendu 8
jugements, dont 4 au fond et 4 au niveau des requêtes
préliminaires. Enfin, il y eut 8 règlements hors cour. À
ces activités, il faut ajouter des séances de formation des
membres du Tribunal de même que la promotion nécessaire du
rôle et des activités de ce Tribunal. Je veux souligner à
cette commission l'implication et le dynamisme de la présidente du
Tribunal des droits de la personne, Mme le juge Michèle Rivet.
Voilà, M. le Président, un survol sommaire des
réalisations de cette année et des grands projets qui nous
animent pour les prochains mois. Je voudrais, M. le Président, remercier
M. le sous-ministre, Jacques Chamberland, et tous les sous-ministres
associés, M. Michel Bouchard, à la Direction
générale des affaires criminelles et pénales, Mme Use
Morency, à la Direction générale des affaires
législatives, M. Jean-K. Samson, à la Direction
générale des affaires juridiques, M. Clément
Ménard, à la Direction générale de
l'enregistrement, M. Raymond Benoît, à la Direction
générale du personnel et de l'administration ainsi que M. Freddy
Henderson, récemment nommé président à la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles, et qui
a occupé le poste de sous-ministre associé à la Direction
générale des services judiciaires jusqu'au 24 avril dernier. Je
veux les remercier de leur disponibilité et de la qualité du
travail accompli. Mes remerciements vont également, M. le
Président, à toute leur équipe du ministère de la
Justice. (16 h 30)
M. le Président, en terminant, je veux aussi remercier les
organismes qui sont ici et qui relèvent du ministre de la Justice, qui
sont associés au ministre de la Justice, M. Kevin Saville,
président de la Commission de protection des droits de la jeunesse, M.
Yves Lafontaine, président de la Commission des droits de la
personne, M. Gilles Moreau, président de la Commission des
services juridiques, Mme Nicole Douville Fontaine, curatrice publique, M. Allan
Zilbert, du Fonds d'aide aux recours collectifs, M. Georges Lalande ainsi que
M. Bertrand Roy qui ont agi comme président et président par
intérim de la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles, et Mme Christine Vien, directrice du Bureau d'aide aux
victimes d'actes criminels. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M. le
ministre de la Justice, pour vos remarques préliminaires. Maintenant, je
vais reconnaître, au nom de l'Opposition officielle, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, en signalant que le ministre de
la Justice s'est servi de 43 minutes. Alors, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, évidemment, comme président, je vous
permets de prendre le même nombre de minutes, à votre
discrétion, et je crois que M. le député d'Anjou aura
également des remarques préliminaires. Alors, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Vous allez
me permettre de vous saluer, ainsi que les collègues de cette commission
parlementaire, le ministre et les personnes qui l'accompagnent ainsi que les
dirigeants d'organismes. Vous l'avez bien dit, je suis accompagnée du
député d'Anjou, qui a la responsabilité du programme 4,
c'est-à-dire le programme qui s'adresse particulièrement à
l'aide aux justiciables, et, également, je suis accompagnée de Me
France Thériault, qui est maintenant recherchiste pour l'Opposition sur
les dossiers de justice et autres dossiers.
Alors, M. le Président, cette année, les crédits du
ministère de la Justice totalisent la somme de 461 011 800 $. À
première vue, ça peut sembler une augmentation si on les compare
aux crédits prévus l'an dernier. Mais, en réalité,
M. le Président, lorsque l'on prend connaissance des dépenses
effectuées durant l'année qui s'est terminée le 1er avril
dernier, dépenses qui ont totalisé 457 200 000 $, donc, on se
rend compte que la croissance des crédits autorisés au ministre
de la Justice, en regard de ce qui s'est réellement
dépensé durant la dernière année, finalement, c'est
une augmentation qui totalise 0,8 %. On est bien loin de l'augmentation du taux
d'inflation qui fait autour de 2,3 %.
Et, finalement, ce dont on se rend compte, c'est que lorsque l'on
calcule le taux d'inflation, simplement depuis les quatre dernières
années... J'ai voulu faire l'exercice pour, dans le fond, rendre justice
au ministre. J'ai voulu faire l'exercice seulement depuis qu'il est ministre de
la Justice. Il l'a dit lui-même, c'est son quatrième exercice de
crédits aujourd'hui. Ça fait déjà 48 mois. Alors,
pour le souligner, je me suis dit qu'il faudrait faire simplement l'exercice de
se demander si ses crédits avaient évolué selon le taux
d'inflation depuis qu'il est là. Il faut se rendre compte que, si tel
avait été le cas, ce sont des crédits totalisant 488 348
420 $ que nous aurions examinés aujourd'hui. Alors, on est bien loin,
vous le comprendrez. On est à 27 000 000 $ manquants, et ce n'est pas
peu quand on connaît la situation endémique qui se vit au
ministère de la Justice et qui se vit également dans les
organismes que les dirigeants qui sont avec nous aujourd'hui
représentent.
Alors, M. le Président, le ministre a lui-même parlé
du Sommet comme ayant été un événement majeur. Il a
même rappelé les propos du juge en chef de la Cour suprême
qui espérait que cela soit l'événement du siècle
pour la justice. La crainte que j'ai, je vous le dis bien simplement, c'est que
cet événement majeur se convertisse en déception majeure.
Et je ne voudrais pas que ça devienne la déception du
siècle en matière de justice. J'avais eu l'occasion de le
rappeler au ministre en mars dernier, lorsque nous avons souligné par
une interpellation le premier mois d'anniversaire du Sommet sur la justice.
J'avais eu l'occasion de lui rappeler qu'il ne pouvait plus tergiverser avec le
calendrier des réformes, surtout compte tenu des espoirs que le Sommet
avait suscités et du niveau d'expectative très haut qui avait
résulté des travaux du Sommet sur la justice, et qu'il y avait,
en conséquence, une obligation d'agir.
Et, déjà, j'avais des appréhensions, M. le
Président, à l'effet que le ministre n'ait obtenu l'appui de ses
collègues du Conseil des ministres, que cet appui n'ait
été obtenu qu'en principe, sans l'ajout de budgets
supplémentaires et à la condition d'autofinancer les mesures
déjà annoncées. Et, moi, je pense que c'est ce qui se
produit, M. le Président. Nous aurons six heures pour échanger
là-dessus aujourd'hui, pour en faire la démonstration.
J'avais, évidemment, eu souvent l'occasion, aux crédits de
l'an passé et à ceux des années
précédentes... Je fais toujours l'exercice, à chaque
étude des crédits, de relire ce que le ministre s'engageait
à faire durant les années antérieures et ce que
l'Opposition lui réclamait. Et, finalement, ce dont on se rend compte,
c'est que le Sommet aura servi à justifier des réformes qui
étaient des mesures simples, efficaces, qui ont fait depuis longtemps
l'unanimité et qui étaient même déjà
annoncées depuis bien des années.
Je vais résumer celles sur lesquelles nous avons longuement
échangé durant les quatre années antérieures
où nous avons examiné les crédits. Il s'agissait,
notamment, de l'élargissement des services de médiation
familiale, de la révision de 1000 $ à 3000 $ de la
réclamation maximale devant la Cour des petites créances, de
l'adoption de la réforme des tribunaux adminis-
tratifs, de l'indexation des critères d'admissibilité
à l'aide juridique, du Programme d'accès à
l'égalité dans l'administration de la justice et de la mise en
vigueur de la Loi sur la perception des pensions alimentaires.
Il s'agit là de six mesures simples et efficaces, qui ont fait
depuis longtemps l'unanimité en matière d'accessibilité
à la justice. Et il faut comprendre que ces mesures ont toujours
été retardées à chaque examen des crédits
sous prétexte qu'elles allaient être réalisées dans
l'année qui allait suivre, ou encore retardées pour le motif
qu'on allait en discuter au moment du Sommet. Je vais retenir ces six mesures,
M. le Président, parce qu'un examen qui se révèle,
finalement, décevant, pour nous qui espérions de bonnes annonces
dans ces crédits, nous permet de constater qu'il n'y a strictement aucun
crédit pour donner suite - et je reviens.
Par exemple, prenons l'élargissement des services de
médiation familiale. Le ministre a fait l'annonce d'un projet de
réforme en matière de médiation familiale. Je le prends
pour ce qu'il était, au Sommet, son projet. Je ne fais pas état
ici des diverses critiques qui ont été formulées, et je ne
fais pas état de la controverse que ça a suscité. Je
prends simplement l'engagement qu'il a pris au Sommet, tel qu'il fut
annoncé. Et je remercie, d'ailleurs, son ministère pour
l'ensemble des informations qui nous ont été transmises pour
cette étude des crédits, et qui sont contenues dans le livre des
renseignements généraux et particuliers requis par l'Opposition
officielle. (16 h 40)
On y retrouve, notamment aux pages - malheureusement, je n'ai pas la
pagination, M. le Président, mais ce sera vraiment bien facile de les
retrouver. On y retrouve, donc, aux pages 129 et suivantes, l'étude
réalisée au ministère en matière de projets de
médiation familiale. Plus exactement à la page 194, on fait un
court résumé de l'étude réalisée par le
ministère de la Justice, portant sur les coûts reliés
à la médiation familiale. Et à la page 195, on nous
signale que, pour donner suite à cet engagement, il faudrait, donc, que
le ministère de la Justice et le ministère de la Santé et
des Services sociaux procèdent à l'établissement de 47
postes, dont 32 médiateurs, pour un budget annuel total s'élevant
à 3 620 000 $, incluant une provision estimée à 1 086 000
$ pour des mandats confiés au secteur privé. Et on ajoute que,
pour la première année d'implantation, des coûts
supplémentaires de 500 000 $ - donc un demi million
supplémentaire - doivent être prévus pour
l'aménagement des bureaux des médiateurs et des postes de
travail.
Donc, M. le Président, il est évident que l'ensemble du
projet sur lequel le ministre de la Justice a pris son engagement au Sommet a
déjà été chiffré, comme on peut le calculer,
à environ 4 100 000 $. Après avoir pris connaissance, hier, des
propos de son collègue, le ministre de la
Santé et des Services sociaux qui, lui, en réponse
à mon collègue, le député de Shefford, a
annoncé que la mesure ne verrait pas le jour - la mesure de la
médiation familiale - avant le prochain exercice financier 1993-1994,
moi, j'attends du ministre de la Justice la même transparence. Quand il
nous dit, aujourd'hui, qu'en cours d'année il irait chercher des budgets
supplémentaires au Conseil du trésor, je lui demande s'il en a
parlé à son collègue de la Santé qui, lui,
répondait au député de Shefford que cette mesure-là
ne serait pas implantée pour l'actuel exercice 1992-1993.
Ce que je dois, par ailleurs, constater, c'est qu'en cette
matière, en regard de cet engagement et de l'action législative
que le ministre nous annonce pour le printemps, cette action législative
qui devrait résulter en l'adoption d'une loi avant la fin de la
présente session, il faut comprendre qu'il n'y a aucuns crédits
quant à la mise en vigueur de ce service à la population.
Est-ce que j'ai besoin - je n'ai pas besoin de le faire - de rappeler
qu'en matière de médiation familiale c'est une saga, n'est-ce
pas, qui dure maintenant depuis 1986? On a connu ce contentieux entre la
Santé et les Services sociaux et la Justice. Mme Lavoie-Roux, ministre,
annonçait déjà ce projet d'élargissement à
l'ensemble des districts judiciaires de la ressource de médiation
familiale. Mais j'arrête là, M. le Président, parce qu'on
aura l'occasion d'y revenir quand on fera l'examen de chacun des programmes.
J'arrête là pour ia médiation familiale, mais on va faire
l'exercice pour ces mesures simples et efficaces qui ont fait l'objet
d'engagements au Sommet, qui avaient fait, d'ailleurs, l'objet d'engagements du
ministre lors des crédits des années antérieures et pour
lesquels on ne retrouve aucuns crédits cette année.
Là, M. le Président, je veux vraiment rappeler un
très mauvais souvenir, qui est celui du délai dans la mise en
vigueur de la loi votée en juin 1988 sur la perception des pensions
alimentaires. C'est quand même vraiment décevant de se rendre
compte qu'il peut y avoir une activité législative intense - le
ministre nous a annoncé cette activité législative intense
il y a quelques minutes - mais elle n'en résulte pas pour autant en
l'amélioration des services à la population. Je pense,
évidemment, que l'exemple, s'il en fallait un, est certainement celui de
la perception des pensions alimentaires. Pensez que cette loi, adoptée
en juin 1988, verra, un an plus tard, un contrat par soumissions publiques
être accordé pour étudier la conception administrative,
n'est-ce pas, de cette loi déjà adoptée un an
auparavant.
Je me reporte, ici, tout simplement à l'échange que nous
avions au moment de l'étude des engagements financiers, il y a à
peine quelques semaines de cela, où nous apprenions qu'après que
ce contrat ait été accordé en juillet
1989 et que le travail ait été
réalisé par la firme qui avait obtenu le contrat en 1990, et
après que l'approbation ait été autorisée par le
Conseil du trésor en mars 1991, approbation de la conception
administrative, il y a eu, à ce moment-là, un gel des
technologies; et ce gel des technologies a résulté dans un
délai qui fait que, quatre années après l'adoption de
cette loi, elle n'est pas encore en vigueur. On sait que ça n'est qu'en
janvier dernier, en janvier 1992, que, finalement, le Conseil du trésor
a débloqué simplement les fonds pour ce qu'on appelle
«architecture fonctionnelle», dans la jargon informatique.
Je veux tout de suite informer le ministre que je
souhaiterais obtenir de lui une information concernant les crédits
périmés, qui apparaissent à la page 110 des renseignements
que nous avons obtenus et qui indiquent qu'en matière de système
de gestion - au programme 5 - il y a des crédits périmés
de 3 230 000 $ au ministère de la Justice, c'est-à-dire 70 % de
cet élément. Et, évidemment, la question est de savoir si,
lorsqu'il y a eu cette péremption du système de gestion, il
s'agissait, à ce moment-là, justement du gel de la conception et
de l'implantation du service de perception automatique des pensions
alimentaires.
Alors, M. le Président, je reviens donc à ces
mesures. J'en ai d'abord examiné une, celle de l'élargissement
des services de médiation familiale, et j'aimerais maintenant... J'en ai
examiné une, puisque le ministre nous a annoncé qu'il entendait
légiférer dès ce printemps sur cette mesure
d'élargissement des services de médiation familiale. La
deuxième mesure est celle de la révision de 1000 $ à 3000
$ de la réclamation maximale devant la Cour des petites créances.
C'est là également une intervention législative que le
ministre nous avait annoncée pour le printemps d'abord et, finalement,
qu'il nous a annoncée pour l'automne prochain lors de
l'interpellation.
Ce que je constate, c'est que dans les crédits qui
seront examinés aujourd'hui il n'y a aucun ajout pour des postes
afférents à cette révision qui, nécessairement,
fera porter le nombre de dossiers de 50 000 qu'ils sont actuellement devant la
Cour des petites créances à plus de 100 000, me dit-on. J'imagine
que le ministre a déjà en poche une estimation, et des
coûts et du personnel qui devra être embauché pour mettre la
loi en vigueur; il ne suffit pas juste d'adopter une législation, encore
faut-il la mettre en vigueur.
En Ontario, lorsque cette disposition a fait porter
à 3000 $ le plafond de la créance - qui permet, d'ailleurs,
à certains districts, à titre expérimental, de hausser
jusqu'à 7000 $ cette créance - on a indiqué que le nombre
de dossiers allait doubler. Alors, si on applique le même calcul au
Québec, le nombre de dossiers - on y reviendra, évidemment -
étant porté à 50 000, il
faut s'attendre, donc, à ce qu'il y ait près
de 100 000 dossiers qui aient à être entendus devant la Cour des
petites créances. L'élargissement de la médiation en Cour
des petites créances ne viendra quand même pas à bout de
l'ensemble de ce volume de nouveaux dossiers puisque le ministre lui-même
faisait état - et les études, d'ailleurs, réalisées
à cet effet en font état - d'environ 15 % des dossiers qui
donnent lieu à une médiation. C'est considérable, le
coût afférent à cette révision de 1000 $ à
3000 $! C'est considérable parce que, évidemment, ce sont des
juges de la Cour du Québec qui auront à entendre ces causes, et
il y a tout un support administratif à leur fournir. (16 h 50)
Et je constate que, dans les crédits pour
l'année 1992-1993, il n'y a strictement aucun ajout de juge, il n'y a
strictement rien qui soit prévu pour qu'une telle mesure soit mise en
vigueur. Alors, le ministre nous en annonce l'adoption pour l'automne prochain.
Il faut donc comprendre qu'il en reportera la mise en vigueur au moment
où il obtiendra les crédits requis.
En ce qui concerne l'adoption de la réforme des
tribunaux administratifs, ça, ça m'inquiète d'autant plus
que si le ministre voulait sérieusement donner suite à cette
réforme des tribunaux administratifs, comme il l'a déjà
annoncé, ça supposerait - et il le sait déjà - un
déboursé annuel supplémentaire - qui n'est pas
actualisé, mais qui était déjà chiffré dans
ce mémoire présenté au Conseil des ministres en septembre
1989 - de 2 127 919 $ pour la première année et de 2 000 000 $
pour les années subséquentes. Il faut, évidemment, faire
l'exercice d'actualiser ces déboursés, mais il est évident
qu'entreprendre une réforme de la justice en matière
administrative, c'est aussi assumer les coûts afférents auxquels
devra donner lieu à l'implantation de cette réforme.
Quant à la quatrième mesure simple et
efficace qui est parmi celles qui sont retardées depuis des
années et qui font pourtant l'unanimité en matière
d'accessibilité, il y a, évidemment, l'indexation des
critères d'admissibilité à l'aide juridique. Je laisserai
mon collègue d'Anjou en parler plus longuement. Qu'à ce stade-ci,
simplement, il me soit permis d'invoquer cette directive du Conseil du
trésor, directive transmise à la Commission des services
juridiques et à l'ensemble des directions régionales, directive
à l'effet de procéder à une compression de 6 115 000 $
cette année et à une compression additionnelle de 3 500 000 $
l'an prochain, avec un plan de rationalisation sur lequel mon collègue
d'Anjou reviendra. Mais c'est une épée de Damoclès qui
pèse au-dessus de la Commission des services juridiques - on aura
sûrement l'occasion d'en parler avec son président - quand on
pense que la Commission n'est assurée que du versement des trois
prochains mois et que la Commission sait déjà qu'à partir
du 1er juillet
elle aura à déposer son plan de
rationalisation si elle veut continuer à obtenir des versements du
Conseil du trésor. C'est une mise à pied de 44 avocats - mon
collègue y reviendra - et, évidemment, plus tout le personnel
administratif qui suR. Alors, là-dessus, je sais que le
député d'Anjou est, évidemment, préparé
à faire cet échange avec le ministre.
Je voudrais, M. le Président, tout de suite, revenir
sur nos mesures et aborder la cinquième qui est celle du programme
d'accès à l'égalité dans l'administration de la
justice et celle du programme d'accès à l'égalité
au ministère de la Justice. En prenant connaissance des renseignements
généraux et des renseignements supplémentaires, on
constate qu'il y a un virage important à effectuer à
l'égard de la sous-représentation des communautés
culturelles au ministère de la Justice.
Cette année, M. le Président, ce n'est pas
une amélioration que l'on constate en matière d'accès
à l'égalité pour les membres des communautés
culturelles, c'est une détérioration de la situation. C'est un
recul de la présence des membres des communautés culturelles au
sein du ministère de la Justice. Pourtant, on avait assisté
à l'adoption d'un programme d'accès à
l'égalité. Ce programme, d'une durée de quatre ans, qui
vise les minorités visibles, signifiait, au ministère de la
Justice, un objectif de 1,7 % de présence de membres des
communautés culturelles... c'est-à-dire un objectif de 2,8 % -
excusez-moi, M. le Président - la présence n'étant que de
1,7 %. Alors, l'objectif de 2,8 %, on peut se dire entre nous que c'est un
objectif qui a l'air raisonnable. Bien, loin de l'atteindre, le recul est tel
que, actuellement, la présence a diminué à 1,2 %. Et je
vais simplement citer au texte ce que l'on conclut dans ces renseignements qui
nous sont fournis: «II va sans dire qu'une publicité
gouvernementale visant l'attraction des membres de communautés
culturelles à la fonction publique ne pourrait que favoriser leur plus
grande participation aux concours ministériels.»
Évidemment, j'ai fait l'examen dans les
crédits pour voir si une telle publicité nous était
annoncée pour la présente année, et je n'en ai rien
trouvé. Au contraire, je constate que - et j'y reviendrai, d'ailleurs -
les dépenses en matière de campagnes d'Information m'ont l'air
d'être comprimées également, et ça m'inquiète
- je fais là un aparté - à l'égard de cette
nécessaire campagne d'information sur le Code civil. Dans ce cahier qui
nous a été transmis par le ministère, on lit simplement
que le ministère est à élaborer le programme à
mettre en place dans le cadre de la campagne d'information sur la
réforme du Code civil. C'est donc dire que les crédits ne
prévoient aucun budget permettant une telle campagne d'information sur
la réforme du Code cMI. Ce n'est quand même pas une campagne
d'information à usage limité, là. Ça va supposer
une campagne considérable. Quand on
pense qu'on reporte tout ça, donc, à
1993-1994! Et j'y reviendrai, d'ailleurs, M. le Président, notamment sur
toute cette question de la date d'implantation de la réforme du Code
civil, compte tenu de ce que l'on laisse entendre quant à la
difficulté d'implantation des différents registres. Mais on aura
l'occasion d'y revenir. Alors, donc, quant à cette cinquième
mesure, pourtant simple et efficace, qui consiste à mettre en place des
programmes d'accès à l'égalité, on peut constater,
malheureusement, que, plutôt que de s'améliorer, en tout cas, tout
au moins à l'égard des minorités visibles, la situation de
leur représentation se détériore au sein du
ministère.
J'ai déjà, évidemment, abordé
cette sixième mesure qui est celle de la perception des pensions
alimentaires. Je ne saurais, M. le Président, trop insister sur la
nécessité d'accélérer le processus pour mettre en
place une loi déjà adoptée depuis quatre ans et que l'on
brandit régulièrement pour manifester des bonnes intentions mais
qui ne résulte pas en ressources qu'on met à la disposition des
personnes qui, en attendant, elles, sont en grande difficulté. (17
heures)
Alors, je constate donc, M. le Président, que pour
la présente année la situation au ministère de la Justice
ne suit même pas le taux d'inflation en regard des dépenses
effectuées l'an dernier. Également, H me semble que ce Programme
de soutien aux organismes communautaires, annoncé à grand renfort
de publicité au moment du Sommet et attendu... Là, il faut bien
comprendre que ce programme de 1 000 000 $ annoncé par le ministre,
évidemment, est attendu impatiemment par le milieu, qui a
participé en toute bonne foi au Sommet et qui espère poursuivre
son implication dans les dossiers relatifs à la justice et aussi au
droit des personnes. Alors, je ne peux pas m'imaginer que ce 1 000 000 $ est
coupé de moitié. Dans les crédits, j'ai retrouvé,
au Programme de soutien aux organismes communautaires, un crédit de 500
000 $, au programme 5. Alors, ce crédit de 500 000 $ est le seul que
j'aie pu retrouver dans l'ensemble des crédits. Je ne demande pas mieux
que d'être rassurée par le ministre, mais H va devoir m'indiquer
à quel élément de programme on retrouve le montant de 1
000 000 $, tel qu'il était annoncé. Tant mieux si ce 1 000 000 $
est en surplus du programme de 500 000 $. Tant mieux, M. le Président,
puisque ce Programme de soutien aux organismes communautaires de 500 000 $
correspond déjà à des subventions qui étalent
accordées dans le passé. Mais le ministre aura à me
l'Indiquer, parce que ça manque de transparence. Après une
étude vraiment minutieuse, je dois dire que je n'ai pas retrouvé
ce 1 000 000 $ qui est, je le répète - et le ministre le sait,
d'ailleurs - impatiemment attendu dans le milieu.
La plus forte baisse, visible tout au moins, dans les
crédits, se retrouve au niveau du
programme 3, c'est-à-dire au niveau du programme de Protection
des droits et libertés de la personne. C'est dans ce programme 3 qu'on
retrouve les crédits de la Commission des droits de la personne et de la
Commission de protection des droits de la jeunesse. Ces budgets n'ont pas connu
une augmentation équivalente à celle du taux d'inflation. Alors,
on aura à revenir sur cette question, M. le Président, compte
tenu de l'augmentation substantielle des plaintes devant la Commission des
droits et libertés et compte tenu également des délais
considérables, qui augmentent, évidemment.
J'avais fait part, lors des crédits de l'an passé, de
l'appréhension que j'avais à l'égard de la perte du
contrôle parlementaire sur des budgets à l'égard de fonds
constitués par des lois particulières. Je dois dire que mes
appréhensions se trouvent confirmées cette année parce
qu'il y a deux fonds qui relèvent du ministère de la Justice - le
Fonds d'indemnisation des victimes d'actes criminels et le fonds spécial
des registres - et, dans l'un et l'autre de ces fonds, nous ne retrouvons pas,
présentement, les informations nous permettant d'en comprendre les
opérations.
En ce qui concerne le fonds des registres, la seule information est
contenue dans le budget 1992-1993 déposé à
l'Assemblée, et ça consiste en un tableau très succinct,
qui tient en une page, à la page 160, et qui nous fait comprendre que ce
fonds des registres est passé de 7 401 000 $ pour l'année
dernière à 36 479 000 $ cette année. Vous comprendrez, M.
le Président, que nous souhaitons avoir beaucoup plus d'informations sur
les opérations de ce fonds des registres. Notamment, nous retrouvons,
dans un des éléments des crédits, un transfert des locaux
occupés par les services du ministère, des locaux qui
étaient... qui sont, en fait, occupés par les services du
ministère. Nous retrouvons un transfert de 4 000 000 $ du budget du
ministère de la Justice au fonds des registres. Alors, nous
souhaiterions avoir une ventilation de ce que le fonds des registres assume
comme dépenses reliées à l'enregistrement, à la
publicité des documents d'État, en matière de personnel,
en matière d'autres dépenses de fonctionnement.
Il en va de même pour ce qui est du Fonds d'indemnisation des
victimes d'actes criminels. Dans le livre des crédits, tout ce que nous
retrouvons, c'est ceci: «La Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels est sous la responsabilité du ministre de la Justice et est
administrée par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.» Mais, ce que nous souhaitons, c'est
qu'il soit possible au ministre de nous transmettre, pour la deuxième
partie de l'examen des crédits, ce soir, un état de fait beaucoup
plus détaillé des opérations en matière
d'indemnisation, compte tenu de l'administration qu'en fait la CSST, de
même que des opérations du fonds des registres.
Alors, M. le Président, je laisserai le député
d'Anjou terminer ces remarques préliminaires, et je voudrais tout
simplement terminer en vous signalant, comme à notre habitude, notre
volonté de collaboration. Nous souhaitons, pendant la présente
session, évidemment, encore une fois, offrir au ministre toute notre
collaboration. Mais notre intention, M. le Président, est de faire en
sorte que les engagements qui ont été rendus publics au moment du
Sommet donnent lieu à de véritables réalisations. Nous
pensons que la pire des choses qui puisse se produire, c'est qu'il y ait une
déception qui vienne, de façon contagieuse, se répandre
dans la communauté juridique et les milieux communautaires qui, de bonne
foi, ont participé au Sommet. Et soyez convaincu, M. le
Président, que nous allons prendre tous les moyens qui sont à la
disposition de l'Opposition pour suivre de près, et le calendrier, et
les budgets afférents à la réalisation des engagements du
Sommet. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, pour vos remarques
préliminaires. Alors, maintenant, pour une période approximative
de 10 minutes, je vais reconnaître M. le député d'Anjou
pour des remarques préliminaires et, ensuite, je demanderai au ministre
de la Justice de répondre aux différentes interrogations de Mme
la députée et de M. le député. M. le
député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Je vais faire seulement quelques brèves remarques au
niveau préliminaire. Comme l'a dit ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve, c'est en particulier le programme 4, qui est
intitulé Aide aux justiciables, qui me préoccupe. J'ai eu la
chance d'assister au Sommet sur la justice très peu de temps
après mon élection. Je m'en serais voulu de manquer un tel
événement, et je crois qu'on se doit tous de saluer l'impact d'un
tel événement. Je partage aussi, quant à moi, la
même préoccupation que ma collègue, à savoir que cet
événement marquant ne se transforme pas en déception, et
particulièrement quant au dossier de l'aide juridique.
Alors, évidemment, ayant assité à ce Sommet, j'ai
aussi assisté à la présentation des paramètres d'un
nouveau régime d'aide juridique qui nous sera probablement - je dis bien
probablement - soumis. Parce qu'on nous dit qu'on va nous préparer un
document, ou on devra nous présenter un document de consultation. On n'a
pas encore eu d'indication, à savoir si ce document de consultation
reprendra ce nouveau régime proposé ou s'il sera
différent; nous n'en avons aucune idée. Cependant, il faut
s'attendre à ce que je pose des questions sur les paramètres du
nouveau régime qui nous a été présenté lors
de ce Sommet.
Lors des questions que j'ai posées au ministre de la Justice
à plusieurs reprises, lors de l'interpellation, lors de l'étude
des engagements financiers et lors de ma question, récemment, en
Chambre, j'ai cru détecter de la part du ministre une intention qu'il me
donnait ou qu'il me prêtait quant à mon opposition avouée
de couvrir la classe moyenne. Je tiens tout de suite à rassurer le
ministre, il n'en est rien. Il n'est pas de mon intention de m'opposer au but
d'une couverture de la classe moyenne par un système d'assurance d'aide
juridique. Je me pose plutôt des questions quant à la façon
de le faire. Le but est louable en soi, mais il faut regarder de quelle
façon on peut couvrir la classe moyenne, et à quel coût. Je
suis moi-même, comme tous les membres de l'Opposition, très
conscient des limites de la capacité de payer de l'État, et je
crois qu'on doit être très conscient que, quand on présente
et quand on critique, aussi, un programme, on doit toujours être
conscient de cette limite de payer de l'État et des citoyens. Donc, II
faut s'interroger sur la façon de couvrir la classe moyenne. (17 h
10)
Maintenant, aussi, il va falloir voir au financement. S'il n'y a pas de
nouveaux fonds qui sont octroyés, justement, pour cette couverture
supplémentaire, il faudra voir comment cette couverture va se financer,
bien voir à ce qu'elle ne se finance pas au détriment de la
classe la plus défavorisée de la population qui est
présentement couverte par le régime actuel d'aide juridique.
Et le dernier point, je pense, qu'il va falloir aussi voir dans ce
nouveau régime d'aide juridique, c'est l'attrait de ce régime.
C'est bien beau de présenter un nouveau régime, mais est-ce que
ce nouveau régime va réellement répondre à un
besoin? Est-ce qu'il va être attrayant par rapport aux autres options
disponibles ou à être disponibles très bientôt sur le
marché? Alors, je pense que c'est toutes ces questions-là qu'on
doit regarder d'une façon très consciencieuse.
Maintenant, comme on en est à l'étude des crédits
de 1992-1993 - et rien ne nous permet encore d'entrevoir qu'en 1992-1993 le
nouveau régime d'aide juridique va être implanté - je vais,
évidemment, poser beaucoup de questions sur le régime actuel
d'aide juridique, car il ne sert à rien, je pense, de vanter le nouveau
régime si, présentement, le régime actuel n'arrive plus
à faire ce qu'il doit faire. Et, à cet effet-là, je suis
particulièrement inquiet, inquiet de l'essoufflement du régime
présentement, de son incapacité ou de sa capacité,
à la toute dernière minute, de payer ses comptes d'aide, ses
relevés d'honoraires aux avocats de pratique privée. Avocats
dont, d'ailleurs, je crois, dans le futur, on va de plus en plus solliciter la
participation audit régime. Aussi, je pense que, la loi étant
inchangée depuis 1972, il va falloir se poser des questions quant
à la façon dont la loi, présente- ment, permet de pallier
certaines demandes qui pourraient être urgentes.
Pour en revenir à toute la question de l'essoufflement du
régime actuel, je vais évidemment poser des questions à
propos de la directive du Conseil du trésor qui, je dois l'admettre,
m'embarrasse beaucoup. Elle m'embarrasse beaucoup parce que, à la fois,
elle touche l'exercice 1992-1993 et elle touche l'exercice 1993-1994. Je ne
mets nullement en doute la bonne volonté du ministre de la Justice et
son intention d'aller chercher des crédits supplémentaires
auprès du Conseil du trésor, mais je me pose la question quant
à la volonté du Conseil du trésor d'allouer ou d'accorder
des crédits supplémentaires pour un quelconque nouveau
régime d'aide juridique suite à la directive qui a
été émise au mois de mars 1992.
Alors, ce sont tous ces aspects qui me préoccupent, et je crois
qu'un des buts, justement, de cette étude des crédits est de
permettre de rassurer la population quant à l'impact des coupures ou du
budget qui est annoncé pour les programmes existants. Je vous
remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député d'Anjou.
Avant d'aborder le programme 1, est-ce que, M. le ministre de la
Justice, vous voulez réagir aux propos et remarques?
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Simplement, M. le Président... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Simplement, M. le Président, pour
remercier Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve et M. le
député d'Anjou pour leurs commentaires. Ils soulèvent des
points qui sont importants, et je crois que tous les commentaires qui ont
été faits méritent qu'on puisse les discuter pour qu'on
puisse avoir le tableau le plus complet possible de ce que nous voulons faire
à la Justice.
J'entendais Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve dire
qu'elle s'inquiétait quant aux suites que nous pourrons donner à
nos engagements pris au Sommet sur la justice. Je vais immédiatement la
rassurer en disant que je me suis fait un devoir, avant d'aller au Sommet sur
la justice, d'aller voir mes collègues du Conseil des ministres; et on
sait ce que ça signifie d'aller au Conseil des ministres avec des
projets. Avant d'accepter un projet, le Conseil des ministres, tout d'abord,
prend l'avis de ses comités ministériels, comités
ministériels qui sont là pour étudier les impacts sociaux,
politiques, culturels, économiques et aussi légaux - par la
technique législative - comme vous le savez, M. le Président, par
le Comité de législation que j'ai l'honneur de
présider.
Donc, c'est à la suite de toutes les études qui ont
été faites à ces différents comités et,
finalement, au niveau du Conseil des ministres que j'en suis arrivé, au
Sommet sur la justice, à présenter cet ensemble de mesures que
j'entends mettre de l'avant, comme ministre de la Justice, pour adapter la
justice à l'évolution de notre société.
Donc, j'ai l'appui du Conseil des ministres, et nous avons, dans les
crédits, les crédits suffisants pour l'application des mesures
que nous devons mettre en application maintenant. Maintenant, il faut bien
comprendre, M. le Président, que les crédits viennent quand nous
faisons les lois. Alors, dans certains cas, lorsque les lois ne sont pas
faites, c'est évident que nous n'avons pas les crédits, parce que
la loi n'est pas faite. Dans la mesure où le législateur n'a pas
exprimé son intention, donc la dépense n'étant pas
annoncée législativement par la volonté souveraine du
Parlement, de l'Assemblée nationale, par conséquent, il n'y a pas
les crédits qui s'en dégagent. Mais ces crédits seront
dégagés lorsqu'il y aura législation, que ce soit en
matière de médiation en matière familiale, que ce soit en
ce qui regarde le recouvrement des petites créances, qui passe de 1000 $
à 3000 $; ce sera lorsque les lois seront en application, et les lois
seront en application quand on aura fini notre travail.
Mais j'aurai l'occasion d'y revenir tout à l'heure, M. le
Président, et de préciser, donc, tous ces éléments
pour qu'on puisse vraiment s'entendre sur les mesures que nous entendons
proposer - et ce printemps et l'automne prochain, en particulier, et aussi une
partie du printemps prochain - pour compléter tous les engagements que
nous avons pris au ministère de la Justice.
Je termine en disant, M. le Président, que lorsque au Sommet sur
la justice on a pris ces engagements, c'est des engagements que nous avons pris
après des études très sérieuses. Nous les avons
pris après mûre réflexion. On n'en a pas pris beaucoup,
mais les engagements qu'on a pris, ils vont être tenus.
M. le Président, peut-être que la meilleure façon de
procéder, et je la soumets à votre décision...
Peut-être que nous pourrions procéder par des questions qui me
seraient posées d'une façon générale. J'ai pris des
notes lorsque Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve parlait,
bien sûr, et quand M. le député d'Anjou parlait. Je sais
aussi que les autres membres de cette commission vont poser des questions,
alors, peut-être que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et M. le député d'Anjou pourraient revenir
avec des questions en fonction, quand même, de leurs remarques
préliminaires pour que je puisse répondre à ces questions,
de même que répondre aux questions posées par les autres
membres de la commission. Et, avec votre permission, M. le Président,
comme je l'ai mentionné au tout début de mon exposé, je
n'hésiterai pas à faire appel aux sous-ministres, aux
présidents d'organismes, aux fonctionnaires qui sont ici et qui, de par
leurs compétences, peuvent venir éclairer la commission.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci beaucoup, M. le
ministre de la Justice. Moi, je suis bien prêt à me soumettre
à la volonté des membres de la commission. Nous pouvons
procéder avec des questions qui touchent l'ensemble des 9 programmes et
adopter, à la toute fin de la journée, les programmes 1 à
10. Alors, je laisse ça à votre discrétion. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Ajustement relatif à la réforme de la
TVQ
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le Président,
avant d'aborder des programmes, je souhaiterais avoir une information, une
réponse à une question qui s'est posée à l'examen
des crédits, parce que ça revient dans chacun des
éléments. Ça s'intitule: L'ajustement relatif à la
réforme de la TVQ.
M. Rémillard: La TVQ?
Mme Harel: L'ajustement relatif à la réforme de la
TVQ. J'ai posé la question à mes collègues. Nous avons
examiné la question en caucus. Je l'ai posée aux personnes qui
conseillent l'Opposition, et nous ne comprenons pas la rationalité qu'il
y a dans ces sommes qui sont inscrites pour chacun des éléments
de chacun des programmes, où on retrouve, donc, toujours cet ajustement
relatif à la réforme de la TVQ. Dois-je comprendre qu'il
s'agirait d'une économie réalisée durant les trois mois -
avril, mai, juin - où cette taxe n'est pas perçue? Est-ce que le
ministère en paie? Est-ce que le ministère de la Justice doit en
payer? Alors, j'aimerais avoir une réponse générale, parce
que, évidemment, ça revient dans tous les programmes. (17 h
20)
M. Rémillard: Oui. Alors, M. le Président, c'est
une question bien pertinente. On sait que la couronne, le gouvernement n'est
pas taxé, n'est pas sujet aux taxes. Et pour la TPS, comme pour la TVQ,
à ce moment-là, comme il n'y a pas paiement par le
ministère, ça veut dire que les biens nous coûtent moins
cher. Alors, à partir du 1er juillet, s'il y a des taxes TVQ et que le
ministère de la Justice ne les paie pas sur les biens qu'on doit
acquérir, il y a donc une baisse des prix pour les acquisitions des
biens et services qui, autrefois, étaient taxés. Donc, c'est un
coût moindre.
Mme Harel: mais le ministère ne paie pas de taxes, parce
que la couronne n'en paie pas. alors, n'en payant pas, il n'en paiera pas plus.
qu'est-ce qu'il y a de nouveau, là?
M. Rémillard: C'est parce que c'est une taxe qui viendrait
au 1er juillet prochain. Alors, comme cette taxe ne sera pas applicable au
ministère de la Justice, il en découle une baisse des prix. Si
vous me permettez, peut-être que M. le sous-ministre serait plus savant
que moi et pourrait vous donner plus d'explications que moi sur ce
sujet-là. Je vais demander à Me Chamber-land, M. le
Président, avec votre permission, s'il pourrait compléter ma
réponse.
Le Président (M. Dauphin): Pour les fins du Journal des
débats, Me Chamberland, sous-ministre de la Justice. Me
Chamberland.
M. Chamberland (Jacques): Malheureusement, M. le
Président, je ne serai pas plus convaincant, peut-être, que le
ministre de la Justice. En fait, j'ai la même explication que lui. C'est
l'explication que j'ai demandée à mes fonctionnaires de me
fournir parce que, tout comme Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, en regardant les crédits, je me suis posé
la question: Pourquoi il y a une réduction d'un certain montant? Et
l'explication que j'ai, c'est ce que le ministre vous a exprimé,
c'est-à-dire que c'est une réduction qui est calculée en
fonction de l'entrée en vigueur de la TVQ le 1er juillet. Le calcul
avait été fait en fonction d'une taxe de 8 % à compter du
1er juillet et, comme l'analogie qui a été faite, c'est entre
cette nouvelle TVQ et la TPS, le gouvernement étant exclu de la TPS, le
gouvernement sera exclu de la TVQ. Le calcul découle d'une
réduction des prix pour l'acquisition des biens et services qui
étaient autrefois taxés. C'est la seule explication que je peux
vous donner. C'est une explication fiscale, de technique comptable, mais les
fonctionnaires du ministère étaient satisfaits des explications
qu'ils ont reçues. Et c'est la même réduction, je crois,
que vous allez trouver dans tous les livres des crédits de tous les
ministères. Maintenant, si la taxe n'entre pas en vigueur ou si elle
entre en vigueur à un taux moindre que 8 %, j'imagine qu'il y aura un
ajustement des crédits des différents ministères, dont
celui de la Justice.
Mme Harel: J'ai justement posé la question à mes
collègues de l'Opposition pour savoir s'ils retrouvaient de telles
dispositions uniformes dans leurs livres des crédits, et aucun n'avait
l'air d'avoir été informé de dispositions semblables. Je
comprends que vous pensez que l'ensemble des livres des crédits de tous
les ministères comportent de telles dispositions.
Le Président (M. Dauphin): M. Chamberland.
M. Chamberland: C'est la compréhension que j'ai, madame.
Maintenant, j'ai assez à débattre avec nos propres crédits
sans avoir à regarder ceux des autres ministères, mais je viens
de poser la question et on m'assure que c'est comme ça. C'est
systématique. C'est paramétrique dans l'ensemble des
ministères et pour l'ensemble des crédits. Maintenant, je n'ai
pas vérifié personnellement
Mme Harel: Très bien. Alors, écoutez, je le ferai
à nouveau à l'intermission et on pourra peut-être y revenir
lors de la reprise. Je comprends que, à ce moment-là, il y aura
une sorte de détaxe. C'est comme une sorte de détaxe, n'est-ce
pas, celle qu'on peut aller chercher quand on est un consommateur à
l'étranger? Le ministère a une détaxe, d'une certaine
façon, et ça représente une économie parce que,
finalement, ces montants-là sont inscrits dans les crédits comme
étant des économies qui viennent diminuer les dépenses
afférentes pour chacun des programmes. C'est ça qu'il faut
comprendre?
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Très bien. Alors, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Je suis prêt à
vous reconnaître pour une première intervention, à moins
d'indication...
Mme Harel: Je souhaiterais que l'on puisse appeler le programme
4.
Aide aux justiciables
Le Président (M. Dauphin): J'appelle le programme 4,
secteur institutions judiciaires, programme 4, qui concerne l'aide aux
justiciables. Je suis prêt à reconnaître un premier
intervenant ou une première Intervenante. Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Documents déposés
Mme Harel: Oui, M. le Président, pour les fins de notre
discussion, je proposerais aux membres de cette commission d'accepter le
dépôt de l'avis du Conseil du trésor daté du 10 mars
1992, le C.T. 179661. Nous pourrions, à ce moment-là, en faire la
distribution et le remettre au ministre et, comme ça, nous
échangerions sur les mêmes données d'information. Est-ce
qu'il y a consentement?
Le Président (M. Dauphin): En vertu du règlement,
si je ne m'abuse, seul le président peut accepter le dépôt
d'un document. Alors, s'H n'y a pas d'indication en sens contraire, j'accepte
le dépôt du document. Vous en avez des copies pour tous les
membres de la commission? On va faire faire des photocopies.
M. Rémillard: Nous pourrions prendre une petite pause
nature en attendant la photocopie?
Le Président (M. Dauphin): Oui. Alors, nous allons
suspendre nos travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 27) (Reprise à 17 h
42)
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission des
institutions reprend ses travaux. Je vais donc accepter le dépôt
du C. T. no 179661.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel:... j'en ai un deuxième à vous demander
de consentir au dépôt. Je vais tout de suite en faire faire la
distribution, parce qu'il est déjà photocopié. C'est le C.
T. 179655. Il est au même effet, à savoir qu'il porte sur l'aide
aux justiciables et il accompagne, finalement, le C. T. dont vous avez
accepté le dépôt.
Le Président (M. Dauphin): Alors, j'accepte le
dépôt du deuxième C. T., no 179655, auquel cas la
distribution se fait actuellement. Alors, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard:... me permettez-vous de demander au
sous-ministre Chamberland de faire un complément de réponse en ce
qui regarde la question technique en ce qui regarde la TVQ et la TPS? Il aurait
un complément de réponse à apporter, avec votre
permission, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Me
Chamberiand.
M. Chamberiand: Merci, M. le Président. M. le
Président, nos informations sont, après vérification
auprès du Conseil du trésor, qu'il s'agit bien d'une
donnée paramétrique qui a été appliquée
à l'ensemble des ministères. Maintenant, la seule explication que
je peux voir, c'est que, dans les documents que l'Opposition a reçus et
qui donnent les détails des crédits du ministère de la
Justice, nous avons identifié spécifiquement cet ajustement en
l'identifiant à la réforme de la TVQ. Peut-être que la
même identification précise n'a pas été faite dans
les autres ministères - c'est de la spéculation de ma part - mais
c'est la seule explication que je peux vous donner.
Mme Harel: Alors, donc, c'est basé sur une
TVQ de 8 % au 1er juillet?
M. Chamberiand: C'est le modèle qui avait
été utilisé à l'époque, on parle de quelques
semaines déjà, au moment où les crédits ont
été alloués aux différents ministères.
M. Rémillard: Au moment où nous parlons, M. le
Président, c'est la situation.
Mme Harel: Mais je comprends que, si elle n'est que de 4 %, ce
n'est pas une bonne nouvelle, c'est une mauvaise nouvelle, parce que ça
vous réduit l'économie réalisée et ça vous
oblige à des compressions.
M. Chamberiand: J'imagine que c'est comme votre verre d'eau:
Est-il à moitié plein ou à moitié vide? C'est un
peu le même genre de situation. C'est...
Mme Harel: Une bonne nouvelle pour les citoyens et une mauvaise
nouvelle pour le sous-ministre.
M. Chamberiand: Ou vice versa. Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Ce qui est bon pour le sous-ministre est bon
pour les citoyens aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Vous savez que notre sous-ministre a une
brillante carrière.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Ha, ha, ha!
Alors, merci des explications. Alors, nous revenons, M. le
député d'Anjou, toujours, effectivement, sur le programme 4, Aide
aux justiciables.
M. Bélanger (Anjou): alors, je dois comprendre qu'on
accepte le dépôt. vous avez accepté, m. le
président, le dépôt des deux directives du conseil du
trésor?
Le Président (M. Dauphin): Oui.
Commission des services juridiques
Plan de rationalisation du système d'aide
juridique
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Alors, sur ces deux
directives, M. le Président, j'aimerais demander la question suivante au
ministre de la Justice: Est-ce que le ministre peut nous confirmer que, suite
à l'effet de ces deux directives du Conseil du trésor, cela va
résulter directement entre une perte ou un déficit de 6 500 000 $
pour l'exercice financier 1992-1993 pour la Commission des services juridiques,
et de
3 500 000 $ pour l'exercice financier 1994? De plus, est-ce que le
ministre peut nous confirmer que, suite à ces coupures pour ces deux
exercices financiers, ça va se traduire, pour 1992-1993 seulement, par
des coupures, des mises à pied de 123 personnes du système d'aide
juridique, soit 44 avocats, 53 membres du personnel de soutien et 26
stagiaires?
M. Rémillard: M. le Président, H s'agit, pour cette
année, de 6 200 000 $ et de 3 500 000 $ pour l'an prochain. Maintenant,
M. le Président, il faut situer ces chiffres dans leur réelle
perspective et dans leur réel contexte. Tout d'abord, il faut bien
réaliser l'évolution des coûts de l'aide juridique dans les
dernières années. Me permettez-vous, M. le Président, de
vous donner quelques-uns de ces chiffres? Par exemple, en 1984-1985, l'aide
juridique coûtait au gouvernement 59 387 000 $, en 1987-1988, 65 169 200
$, en 1989-1990, 81 380 500 $ et, en 1992-1993, M. le Président, on en
est rendus à 98 498 800 $. Donc, on est partis, en 1984-1985, de 59 387
000 $ à 98 498 000 $ en 1992-1993. Le budget de l'aide juridique a
presque doublé en cette période quand même pas tellement
longue.
Alors, M. le Président, j'ai déjà exprimé
mon intention comme ministre de réformer le système de l'aide
juridique pour le rendre plus juste, plus équitable, et une telle
réforme passe par une rationalisation de l'administration de l'aide
juridique, pour que l'État puisse donner moins pour l'administration et
plus pour le service. C'est la règle qui nous guide dans tous les
services publics, M. le Président, et c'est la règle que je suis
comme ministre responsable de l'aide juridique. Il faut qu'on puisse
rationaliser les dépenses et qu'on puisse améliorer la
qualité du service.
Lorsqu'on parle de la justice, on parle d'un service public qui est
essentiel dans une société, qui fait partie d'une façon
intégrante de la vie d'une société et, par
conséquent, c'est le devoir du gouvernement de voir à ce que ce
service soit accessible, soit universel, soit de qualité et ce que
ça signifie, M. le Président, c'est qu'on doit trouver les
moyens, lorsqu'on parle d'accessibilité, lorsqu'on parie de justice,
pour que des plus démunis aux plus riches, mais aussi nous
référant aux citoyens de la classe qu'on appelle la classe
moyenne, que tous ces gens, tous ces membres de la société aient
un accès à la justice. Alors, il faut réformer l'aide
juridique, d'une part, rationaliser l'administration. (17 h 50)
Est-ce que ça signifie des coupures d'effectifs, M. le
Président? C'est trop tôt pour dire qu'il y aura ces coupures
d'effectifs, ces coupures de postes. C'est trop tôt. On n'en est pas
à la conclusion, au moment où nous nous parlons, de dire qu'il y
aurait des coupures d'effectifs. On en est à dire qu'il doit y avoir des
rationalisations d'administration qui signifient quand mê- me des
montants appréciables. Est-ce que ça signifie des coupures
d'effectifs, des pertes de postes? On ne peut pas nécessairement le dire
et probablement que ça signifie certaines pertes de postes, d'effectifs,
mais on ne peut pas mettre le chiffre et on ne peut pas établir
présentement le nombre de postes qui devront être abolis. Il est
trop tôt parce que nous sommes présentement en discussion pour
savoir comment on pourra en arriver, donc, à ces rationalisations,
à ces coupures, quels moyens seront utilisés. Sans doute que
ça signifiera quelques coupures de postes. Mais combien? Entre autres,
en ce qui regarde les occasionnels, oui, c'est vrai. Mais combien? Les chiffres
avancés par le député d'Anjou sont des chiffres qui sont
des hypothèses hautement hypothétiques.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, le ministre a en main le C.T.
du 10 mars, 179661. Je l'inviterais à examiner le paragraphe 12 qui dit
ceci: «De demander au ministère de la Justice et à la
Commission des services juridiques de soumettre pour le 1er juillet 1992 un
plan de rationalisation qui permette en 1992-1993 l'autofinancement des
activités de fonctionnement.» Je vais lui demander d'abord de
préciser ce que ça signifie, l'autofinancement des
activités de fonctionnement. Deuxièmement, «en 1993-1994,
la récupération des économies non réalisées
en 1990-1991 et 1991-1992, soit 3 500 000 $. Ce plan devra comporter des
mesures précises de réduction du coût des effectifs et des
loyers.»
Alors, donc, il ne s'agit pas simplement, comme vous le disiez, de
rationaliser dans l'administration. Il s'agit de rationaliser dans les
effectifs qui offrent le service à la population. Ce plan de
compression, de réduction des effectifs, c'est pour le 1er juillet 1992.
On est, à ce qu'il me semble, à la veille du 1er mai. Alors, je
demanderais au président de la Commission des services juridiques s'il
est exact que, le 26 février dernier et le 25 mars dernier, au cours de
réunions tenues avec les directeurs généraux, vous avez
examiné le détail des crédits pour 1992-1993 ainsi que les
deux décisions, les deux directives du Conseil du trésor, et que,
depuis lors - donc, c'est en cours présentement - vous avez
déjà tenu deux réunions sur les réductions
d'effectifs et de loyers. Non seulement je vous comprends de l'avoir fait,
parce que j'inviterais le ministre à prendre connaissance du paragraphe
13 qui dit ceci: «D'aviser le ministère de la Justice et le
Contrôleur des finances que dans l'attente de ce plan, la Commission ne
pourra recevoir que les trois premiers versements mensuels de la subvention
allouée à son fonctionnement.» Ça, ça veut
dire avril, mai, juin. Alors, je comprends parfaitement que vous soyez en train
de mettre au point votre plan de réduction d'effectifs, sinon vous ne
recevrez pas
de versement à partir de juillet. Alors, j'imagine que ça
doit être prêt, là.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...avant de demander à M. Moreau, le
président de la Commission des services juridiques, de répondre,
vous me permettrez de dire simplement que ce qui est en cours,
présentement, c'est le processus qui nous permet de discuter avec les
corporations régionales et qui nous permet donc d'établir le plan
de rationalisation qui comprendra, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, certainement des réductions du coût des effectifs, comme
le demande le Conseil du trésor. Mais on ne peut pas dire, à ce
moment-ci, combien de postes occasionnels, par exemple, pourront être
touchés. On verra, dépendamment des ensembles des coupures qu'on
pourra faire et quels moyens on peut prendre pour avoir une rationalisation
effective et, entre autres, tendre à cet équilibre, comme on le
dit dans le paragraphe 12, d'autofinancement des activités de
fonctionnement. Sur ce sujet-là, M. le Président, vous me
permettrez de me référer à Me Moreau pour donner plus
d'explications.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau (Gilles): M. le Président, pour répondre
plus spécifiquement aux questions de la députée,
j'aimerais effectivement confirmer le fait qu'aux réunions du 26
février et 25 mars derniers, auxquelles vous faites allusion, j'ai eu
l'occasion d'expliquer aux directeurs généraux, à la
réunion du 26 février, quel serait le cadre budgétaire
pour l'année 1992-1993. À la réunion du 25 mars, j'ai
informé les directeurs généraux, les corporations
régionales qu'il y aurait effectivement une compression de 6 200 000 $
à faire pour être en mesure d'entrer dans notre budget, autrement
dit, d'autofinancer les dépenses de fonctionnement, ce à quoi
vous faisiez allusion tout à l'heure.
Suite à cette réunion du 25 mars, au cours de laquelle je
demandais aux directeurs généraux de faire comme la Commission,
de commencer à se préparer à faire ces compressions et de
se presser de faire un plan de compressions, étant donné que
l'année débutait le 1er avril, j'ai transmis, le 7 avril dernier,
le budget détaillé, le budget à chacune des corporations
régionales, avec, donc, un objectif de compressions précis pour
chacune. Il était, à ce moment-là, convenu que ces plans
de compressions devaient entrer à la Commission le 30 avril, à la
fin du mois, afin que la Commission puisse préparer un plan global de
compressions.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le ministre.
M. Rémillard: ...me permettez-vous simplement de
mentionner que, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le budget
de la Commission pour cette année est quand même de 98 498 800 $,
et il était l'an dernier de 88 280 900 $. Donc, il y a quand même
une augmentation considérable, plus de 10 000 000 $ d'augmentation de
budget, cette année. Alors, je voulais insister sur ce point, en
complément de la réponse que vient de faire M. Moreau.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée.
Mme Harel: Est-ce que le ministre de la Justice va convenir que
ce qui semble être une augmentation qu'il qualifie de considérale,
qu'il évalue à 10 000 000 $ et qui amène son
ministère à indiquer, d'ailleurs, dans le livre des
crédits, pour l'aide aux justiciables, une augmentation de 11,6 %...
Est-ce qu'il va convenir que, de ces 10 000 000 $, 3 000 000 $ sont
consacrés à l'indexation de la rémunération, 5 000
000 $ sont consacrés au paiement d'honoraires - et mon collègue
d'Anjou reviendra là-dessus - pour des avocats et des notaires de
pratique privée, que ces 5 000 000 $ sont non récurrents, que
l'an prochain... Et j'invite le ministre à prendre connaissance du
paragraphe 2 de la directive du Conseil du trésor, qui indique bien que
ces 5 000 000 $ qui ont été, cette année, consacrés
au paiement des honoraires sont non récurrents. (18 heures)
Je reviendrai sur cette question qui est fondamentale parce que, en plus
des compressions de 6 200 000 $ pour cette année, de 3 500 000 $ pour
l'an prochain, l'an prochain, la Commission va devoir en plus trouver, dans ses
budgets réguliers, ces 5 000 000 $ qui ne reviendront pas. Tout ce que
le Conseil du trésor alloue, c'est 1 000 000 $ pour les honoraires.
finalement, dans les 10 000 000 $, il y a donc ces 3 000 000 $, l'indexation de
la rémunération, il y a les 5 000 000 $ non récurrents
pour des honoraires qui n'étaient pas payés - et mon
collègue d'anjou va revenir là-dessus - et il y a 2 000 000 $ de
récupération fédérale. ça ne donne rien,
ça, aux justiciables, la récupération
fédérale. c'est 2 000 000 $, et j'aimerais que le ministre
s'explique sur les 2 000 000 $ de récupération
fédérale qui apparaissent au livre des crédits dans les 10
000 000 $ d'augmentation. ces 2 000 000 $ qui sont versés au
fédéral, moi, je voudrais savoir à quelles fins cette
récupération a été faite.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, tout d'abord,
il faut comparer budget à budget. Dans tous les budgets, à un
moment donné, vous avez des comptes à recevoir et des comptes qui
sont
envoyés à la fin de l'année. Ça peut passer
sur l'autre année. Ça arrive dans tous les budgets. Ça va
arriver encore l'an prochain. En fait, c'est une façon d'administrer qui
se comprend très bien lorsqu'on a un organisme de cette sorte, où
vous avez une partie importante des dépenses de l'organisme qui arrivent
par des comptes qui sont envoyés par les avocats.
Il faut comprendre qu'il faut comparer budget et budget. Ce qui peut se
passer avec 5 000 000 $ pour des factures qui sont acheminées en fin
d'exercice 1991-1992 par la pratique privée, ça se peut fort bien
que ça arrive aussi pour 1992-1993. C'est quelque chose qui fait partie
d'une administration courante d'un tel organisme. On ne pourra pas
éviter ça. Il faut comparer budget et budget. Ça peut
très bien se passer aussi dans la prochaine année.
Mme Harel: Parce que ça doit se passer, comme vous le
dites, vous avez raison...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...parce que ça fait partie de l'administration
courante et qu'on ne peut pas l'éviter. Le fait que le Conseil du
trésor, déjà dans sa directive, déclare que c'est
non récurrent, que pour les autres années, justement, ce qu'on ne
peut pas éviter va devoir être pris dans le budget
régulier, ce que ça indique, c'est qu'on est en train de
privatiser l'aide juridique de façon régulière, puisque,
à partir des budgets qui devaient normalement être alloués
aux services offerts par la Commission et par les bureaux d'aide juridique, on
diminue les effectifs. On va diminuer les budgets, mais on va continuer
à payer des honoraires et on va obliger la Commission, sur son budget
régulier, à payer ses honoraires.
M. Rémillard: Bien, écoutez, ça,
là-dessus, je voudrais être bien clair, M. le Président. Il
n'est absolument pas question, ni de proche, ni de loin, de privatiser le
système d'aide juridique. Le système a été
conçu avec un choix qui est offert aux consommateurs, aux justiciables,
je devrais dire, entre le privé et le public. Ma décision, comme
ministre de la Justice, c'est de respecter aussi ce choix. Donc, je veux
être bien clair là-dessus, M. le Président, le
système d'aide juridique va continuer à offrir des services au
niveau d'avocats qui sont des avocats payés par l'État,
c'est-à-dire fonctionnaires de l'État.
Il y a les fonctionnaires privés qui acceptent des mandats de
l'aide juridique. Les deux systèmes vont continuer à s'appliquer.
Donc, pas question de privatiser l'aide juridique. Tout ce que je dis, tout
simplement, M. le Président, c'est que, dans la mesure où on
comprend ce système de comptabilité qui est inhérent au
genre d'exercice qu'on voit à la Commission, H faut comprendre que ces 5
000 000 $ n'ont rien d'exceptionnel et que, l'an prochain, ça peut
être autant, au lieu de 5 000 000 $, 6 000 000 $. On ne sait pas comment
arrivera la situation.
Mais j'aurai l'occasion, tout à l'heure - probablement qu'on va
continuer à en discuter - de déposer des graphiques ici devant la
commission pour montrer l'évolution de la demande d'aide juridique, et
on verra comment c'a évolué, et les membres de cette commission,
M. le Président, verront comment a évolué ce service et
à quel point il est devenu urgent de pouvoir réorienter,
réorganiser, ajuster l'évolution de ce système d'aide
juridique.
Quant aux 2 000 000 $, maintenant, bon, c'est strictement technique.
C'est pour nous permettre d'aller récupérer de l'argent qui nous
vient du fédéral qui, par son programme, nous paie lorsque les
timbres judiciaires sont payés pour introduire des actions par l'aide
juridique. Alors, c'est strictement technique. Mais je vais laisser Me Moreau
compléter ma réponse, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: Alors, M. le Président, j'aimerais ajouter,
concernant les effectifs qui ont été identifiés comme ceux
qui devraient possiblement être touchés dans cette compression,
que, lorsque nous avons distribué les budgets aux corporations
régionales, nous avons essayé de quantifier ce que pourrait
représenter une compression de cet ordre. C'est ainsi qu'on est
arrivés à un certain nombre d'avocats, de personnels de soutien
et de stagiaires, mais avec, cependant, la consigne d'essayer d'effectuer le
plus possible des compressions dans le fonctionnement de la Commission et des
corporations régionales afin, si possible, de diminuer l'impact de la
compression sur les traitements et sur le nombre de personnes qui pourraient,
possiblement, ne plus être à l'emploi du réseau d'aide
juridique, de sorte que lorsque nous recevrons les pians de compressions nous
serons en mesure de voir si les mesures de compressions, dans le
fonctionnement, les autres dépenses, vont permettre, et jusqu'à
quel point, d'amoindrir l'effet sur le personnel.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Me Moreau. SI vous me
permettez, M. le député d'Orford, est-ce que c'est sur le
même sujet?
M. Benoit (Orford): Oui, le C.T.
Le Président (M. Dauphin): Je reviendrai à vous
tout de suite après, M. le député d'Anjou. M. le
député d'Orford.
M. Benoit (Orford): Sur le C.T. du 10 mars 1992, 179655, j'aurais
peut-être deux questions, M. le ministre. La première. Je suis un
peu surpris, quand je regarde ça, de voir la proportion, au chapitre de
la représentation des réfugiés
politiques, une augmentation de 28 %. J'aimerais que vous
m'éclairiez un peu sur cette augmentation absolument fulgurante de cette
clientèle qui, soudainement, semble avoir besoin de l'aide juridique.
Comment ça se produit-il et quel est la cause de ça, là?
C'est un peu invraisemblable.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, alors, M. le Président, je pense
que le député d'Orford vient de mettre le doigt sur une situation
qu'on doit étudier de près. On sait que, comme
société, je dirais, priviligiée sur cette planète,
nous avons des responsabilités humanitaires face à des gens qui
n'ont pas, dans leur pays, la possibilité de vivre en
sécurité, où leur vie est menacée. Le Canada a
signé les conventions, les traités internationaux nous liant,
donc, à des obligations de recevoir ces personnes, ces hommes, ces
femmes, ces enfants qui ne peuvent demeurer dans leur pays d'origine, et le
Québec est une terre d'accueil. Le Québec a toujours
été une terre d'accueil et tient à exprimer tout son
soutien à ces gens qui en ont besoin.
Il appert cependant, M. le Président, qu'il y a des abus
considérables à bien des niveaux en ce qui regarde les
réfugiés dits politiques, parce que, quand on parle de vrais
réfugiés politiques, c'est une chose. Je n'en parlerai pas, je
n'aborderai pas, ici, tout le problème de l'immigration qui se fait par
cette filière ou tout le problème que ma collègue, la
ministre de l'Immigration, évidemment, a à discuter avec sa
collègue, la ministre de l'Immigration fédérale, mais je
peux vous dire qu'en ce qui regarde l'aide juridique, comme il appert à
ce C.T. 179655, il est évident qu'on a là un problème
majeur. C'est un accroissement de nos dépenses, en ce qui regarde l'aide
juridique, de près de 27 800 000 $. Alors, c'est un sujet qui nous
préoccupe énormément, et je vais demander à Me
Moreau, si vous voulez, M. le Président, de nous donner plus
d'informations.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau. (18 h 10)
M. Moreau: Alors, M. le Président, effectivement, la
demande d'aide juridique augmente constamment. Par exemple, pour l'année
1990-1991, 263 700 personnes ont été admises à l'aide
juridique alors que, pour l'année 1991-1992, la projection que nous
faisons est de 294 000 personnes, alors que, pour 1992-1993, nous nous
attendons à avoir une demande admise dépassant les 298 000
personnes à l'aide juridique. Parmi celles-ci, les dossiers de
l'immigration sont en progression constante, c'est-à-dire ceux qui sont
en demande d'un statut de réfugié. En 1988-1989, il y avait 5637
dossiers admis sous cette rubrique, alors que, en 1991-1992, 13 900 dossiers
auront été admis, et la projection, pour 1992-1993, est de 15 000
dossiers. Évidemment, dû également à la conjoncture
économique, le nombre d'assistés sociaux ayant augmenté,
le nombre de demandes a grossi également de façon importante pour
cette raison et, notamment, les causes en criminel sont passées, en
1990, de 107 000 à 125 000, en 1991-1992.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le député
d'Orford.
M. Benoit (Orford): Je voudrais revenir, M. le ministre, sur
cette augmentation de 28 %. Je n'essaie pas, ici, de prendre les
réfugiés ou les immigrants sous quelque forme, là.
J'essaie juste de comprendre. Est-ce que les lois ont changé pour que
les gens... Qu'est-ce qui a causé cette augmentation? On n'a pas
vraiment eu plus d'immigrants au Québec, je pense, dans les
dernières années. Les statistiques se maintiennent à peu
près. La clientèle a changé. On est allé vers une
clientèle peut-être plus francophone, mais qu'est-ce qui a
amené cette augmentation? Est-ce que c'est les lois qui sont plus
compliquées? Est-ce que ce sont les avocats qui ont vu là une
source de revenus nouvelle et intéressante? Effectivement, est-ce que
les statistiques que je pense posséder sur l'immigration ne seraient pas
exactes? Qu'est-ce qui a fait, effectivement, qu'on ait une augmentation de 28
%? Je veux dire, j'ai été en affaires pendant toute ma vie, et
une augmentation de 28 %, il y avait une raison. Ça ne se produisait pas
juste comme ça. Quelle est la raison de cette augmentation-là?
Pourquoi ces gens-là, soudainement, ont un si grand besoin d'aide de se
faire représenter? Est-ce que les lois... Est-ce qu'il y a des nouvelles
lois fédérales qui ont compliqué la vie à ces
gens-là?
M. Rémillard: Oui, vous venez d'apporter... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: m. le président, le
député d'orford vient d'apporter une partie de la réponse
à sa question. c'est-à-dire qu'il y a des nouvelles lois
fédérales qui amènent des conséquences, et on en
voit, ici, quelques-unes de ces conséquences. maintenant, je vais
demander aussi à me moreau de compléter.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: M. le Président, la demande peut
également fluctuer en tenant compte de la situation dans les pays
d'où viennent ces personnes, et plus l'instabilité s'installe
dans ces pays, plus la demande augmente, et ça pourrait être
l'effet inverse lorsque la situation est différente, sauf que là
on ne peut pas vraiment la prévoir parce que cette situation dans ces
pays ne peut pas se prévoir un an d'avance.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Si vous
me permettez, M. le député d'Anjou, une dernière.
M. le député de Chapleau, sur le même sujet.
M. Kehoe: Oui, sur le même sujet, M. le ministre. Vous avez
mentionné que la loi fédérale a changé concernant
les réfugiés ou les immigrants. Je note, au paragraphe 5 du C.T.
179655, qu'il y a une invitation de votre part à négocier avec le
fédéral, de payer à 100 %, de recouvrer à 100 % le
coût de la première étape des dossiers des revendicateurs
du statut de réfugié. Où est rendu le dossier? Est-ce que
le fédéral est réceptif à cette démarche?
Où est rendu le dossier?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je vais demander au sous-ministre, M.
Chamberland, si vous voulez, de répondre à cette question.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: Effectivement, nous sommes en négociation
avec le gouvernement fédéral pour amener le ministère
fédéral à assumer la totalité des coûts
reliés à la première étape des dossiers de
revendicateurs du statut de réfugié. Les informations que j'ai
sont à l'effet que les discussions progressent bien et qu'on devrait
être en mesure de boucler la boucle d'ici quelques semaines.
M. Kehoe: La première étape représente un
montant, une portion importante. Quand vous parlez d'augmentation de 28 %, la
première étape est une des étapes les plus importantes
dans le processus.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: À l'heure actuelle, on dépense
environ 1 400 000 $ pour des demandes reliées à la
première étape. Le gouvernement fédéral nous
rembourse, en vertu du programme, ce qu'on appelle le RAPC, 50 % de ces
coûts-là. Nous cherchons à obtenir le remboursement des
autres 50%. Donc, le montant qui est en jeu dans les discussions actuelles est
d'environ 700 000 $ pour la première étape.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Me Moreau, de par la réponse
que vous m'avez donnée tout à l'heure relativement au plan,
disons, que vous avez présentement établi pour répondre
aux compressions budgétaires qui vous sont demandées, je dois
bien comprendre que vous confirmez les chiffres que j'ai avancés
relativement aux mises à pied projetées?
M. Moreau: Ce que je confirme, c'est que, lorsque nous demandons
à quoi correspond une compression de cet ordre-là, nous en
arrivons, à ce moment-là, à un chiffre de 44 avocats, 26
stagiaires et 53 personnes de soutien. Mais c'est un chiffre théorique,
si vous voulez. Ça ne veut pas dire que c'est ça qui va
être compressé. On ne sait pas quel est le nombre de personnes qui
devraient être coupées, étant donné que, comme je
disais tantôt, nous tentons d'augmenter les compressions dans le
fonctionnement, notamment dans les autres dépenses, et si nous en
arrivons à rationaliser certaines choses, à titre d'exemple, si
certains bureaux étaient fusionnés, par exemple, ces fusions
éventuelles pourraient générer des économies qui
pourraient éviter de mettre à pied un certain nombre de personnes
dans le réseau.
M. Bélanger (Anjou): Alors, je dois comprendre qu'il n'y a
aucune de ces mises à pied...
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci. Donc, je dois comprendre qu'il
n'y a aucune de ces mises à pied qui a été
présentement mise en application. C'est ça?
M. Moreau: À ma connaissance, non, parce que je n'ai pas
encore reçu des corporations régionales les plans de compressions
et, comme disait tantôt M. le ministre, c'est bien sûr qu'il y en
aura, sauf qu'on ne peut pas dire combien au moment où on se parle. Et,
encore une fois, la Commission souhaite beaucoup que tous les efforts soient
faits pour que des compressions dans les dépenses des sièges
sociaux, notamment, soient faites afin de limiter le nombre de personnes qui
pourraient être mises à pied, tout en admettant, bien sûr,
qu'il sera inévitable que du personnel soit mis à pied, non pas
du personnel permanent, du personnel temporaire. Mais c'est au fur et à
mesure que des locaux dont les baux viendraient à échéance
pourraient se libérer qu'il serait possible, dans certains cas, de
rationaliser. Évidemment, on sait fort bien que, dans la majorité
des cas, ce n'est pas possible, mais, dans les cas où ça le
serait, ça pourrait générer certaines économies qui
vont, espérons-le, diminuer l'impact sur le personnel.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou, en vous signalant, M. le député, juste une question de
formalité...
M. Bélanger (Anjou): Sûrement.
Le Président (M. Dauphin): ...c'est que les questions
doivent s'adresser au ministre, et le
ministre peut demander, évidemment...
M. Bélanger (Anjou): Je m'en excuse.
Le Président (M. Dauphin): ...à Me Moreau de
répondre à sa place. Juste un détail réglementaire.
M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): merci, m. le président. est-ce
que je peux demander la permission à m. le ministre de poser une autre
question à me moreau?
Mme Harel: Ça dépend laquelle. Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): Ha, ha, ha! Quelle est la date, pour
votre Commission, la date limite pour mettre en vigueur ces mises à
pied, si le plan reste tel quel?
M. Moreau: Alors, les corporations régionales sont les
employeurs de ces employés. Évidemment, la Commission,
également, engage du personnel. L'objectif recherché par la
Commission est de transmettre le plus rapidement possible le plan de
rationalisation et de compressions au gouvernement, étant donné
que, plus vite certaines compressions sont faites, plus il est facile
d'atteindre un objectif, puisque, à chaque fois qu'un mois
s'écoule, il y a quand même un douzième de cette
compression non effectuée qui vient s'ajouter au reste de
l'année, au fardeau pour le reste de l'année. Donc, pour
répondre à votre question, nous voulons préparer ce plan
de compressions, à la Commission, dès que nous recevrons des
corporations régionales leurs plans locaux, que nous n'avons pas encore
reçus.
M. Bélanger (Anjou): Merci.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vais revenir à M. le
ministre. Je ne suis pas sûr que M. le ministre comprend - en tout cas,
il pourra me le confirmer - exactement la portée du paragraphe 2 de la
directive 179655. Je vais le relire: «De reconnaître des
crédits récurrents de 1 000 000 $ pour régulariser
l'impact du nouveau tarif payable aux avocats de la pratique privée qui
acceptent des mandats de l'aide juridique à même l'ajout de
crédits non récurrents de 5 000 000 $ inscrits à la
Commission des services juridiques lors de l'étape des crédits
détaillés 1992-1993.»
Est-ce que M. le ministre est conscient qu'en 1993-1994 les 5 000 000 $
qui, présentement ont été rajoutés, dit-on, pour
faire face uniquement aux comptes à payer, est-ce qu'il est conscient
qu'ils ne seront plus là en 1993-1994? (18 h 20)
M. Rémillard: Bien non, ils ne seront plus là parce
que les comptes seront payés, pour payer des comptes qui sont faits.
Maintenant, il y a 1 000 000 $ qui, lui, sera récurrent. Alors, on
verra...
M. Bélanger (Anjou): Mais revenons justement...
M. Rémillard: Vous savez, je pense que c'est facile
à comprendre, dans le système de comptabilité qu'on peut
avoir dans un organisme comme ça. Les comptes à recevoir ne vous
arrivent pas tous dans l'année. À un moment donné, vous
terminez votre année financière, puis vous avez des comptes qui
sont arrivés en dernier. Donc, il vous faut de l'argent pour combler
ça. Ça va se passer l'an prochain comme ça s'est
passé cette année.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Rémillard: Alors, cette année, il y en avait
plus. On vient de parler d'un problème qu'on a au niveau des
réfugiés politiques mais, l'an prochain, il peut y en avoir aussi
beaucoup. On verra comment les choses vont évoluer. Mais il faut voir
qu'on ne peut pas finir l'année financière et que tout ce qui a
été fait comme travail, tous les honoraires professionnels sont
payés, tous les comptes à payer arrivent juste à temps
pour terminer l'année financière. C'est normal qu'il reste des
comptes à payer.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Justement, revenons à cette
question des comptes à payer. Nous avons demandé des
renseignements particuliers relativement aux comptes à payer en date du
31 mars 1992, comptes à payer d'honoraires d'avocats pour la Commission
des services juridiques. Alors, au tableau, à la page 140, je constate
à mon grand étonnement que malgré les sommes qu'on rajoute
in extremis, en retard, pour payer des comptes passés dus, le 31 mars
1992, on a encore plus de 5000 comptes impayés qui représentent
plus de 1 600 000 $.
Alors, je demande la question suivante à M. le ministre: Est-ce
que c'est normal cette situation-là? Puis ne doit-on pas aussi concevoir
que, dans une politique de coupures de postes, justement, cette demande
auprès des avocats de pratique privée va aller en augmentant?
Donc, ces comptes à payer vont aller en augmentant, et qu'est-ce qu'on
apprend? On va avoir encore moins d'argent pour payer ces comptes d'avocats.
Alors, est-ce que cette situation n'est pas un peu anormale et alarmante?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Justice.
M. Rémillard: Je vais vous donner les
chiffres à ce jour ou maintenant, là. Au 23 avril 1992,
des comptes de 0 à 44 jours, il y en a 165 à payer, pour un
montant de 64 300 $. Des comptes de 45 à 59 jours, il y en a 1383, pour
un total de 415 900 $. Des comptes de 60 à 75 jours, il y en a 292, pour
un total de 83 700 $. Donc, ce qui veut dire qu'au moment où nous nous
parlons, en fait, au 23 avril, il y avait 1840 comptes qui n'étaient pas
payés, pour un montant de 563 900 $.
Alors, c'est une situation qu'on peut considérer comme
étant une situation très saine, si vous comparez de la
façon dont a toujours procédé la Commission. Le montant
global qui est en demande, les comptes qui arrivent à la Commission...
Je vais demander à M. Moreau de compléter. Mais je pense que 1840
comptes pour à peine 500 000 $, M. le Président, ça
m'apparaît raisonnable. Maintenant, je vais demander à Me Moreau,
si vous me permettez, de compléter ma réponse.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: L'objectif que la Commission des services juridiques
recherche historiquement est de garder les arrérages de paiement des
comptes entre 45 jours et 55 jours, maximum. Habituellement, ça se
situe, dans la situation idéale, à tout près de 45 jours.
Nous avons effectivement connu des difficultés qui nous ont
amenés à dépasser ces délais, mais je peux vous
dire qu'au moment où on se parle, sauf quelques cas d'exception, la
plupart des comptes ne dépassent pas la période normale de 55
jours. Il y en a une petite minorité de ceux-ci qui dépassent 55
jours et qui sont en voie d'être payés. Les problèmes que
nous pourrions avoir actuellement, au moment où on se parle, seraient
plus administratifs que financiers pour payer ces comptes, parce que nous avons
les sommes d'argent qu'il faut pour payer et nous sommes en train de reprendre,
si vous voulez, le temps perdu pour nous mettre à l'heure en essayant de
revenir à cette cible qui se situe entre 45 et 55 jours.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
de compléter en disant qu'il y a eu une rencontre, récemment,
entre le Barreau et le président de la Commission, M. Moreau, pour
discuter de tout ce problème. Et moi, le rapport que j'ai, c'est que la
rencontre s'est très bien déroulée, que le Barreau est
satisfait de la rencontre et qu'il doit y avoir une autre rencontre qui doit
avoir lieu en juin pour assurer le suivi de ce dossier.
M. le Président, je dois, pour ma part, quitter pour quelque
chose de très urgent. Il reste quelques instants. Est-ce que je peux
laisser pour quelques minutes - je serais de retour dans trois minutes - ou
bien, si je permets, ajourner?
Une voix: Laissez, laissez.
M. Rémillard: Oui? Laissez! Laissez! J'ai envie de ne pas
laisser.
Le Président (M. Dauphin): À tantôt, M. le
ministre. Alors, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, le président de la
Commission des services juridiques nous indiquait tantôt une augmentation
importante de la demande auprès de l'aide juridique. Cette demande, il
la chiffrait à 294 000, en 1991-1992, comparativement à 263 200,
en 1990-1991. Alors, c'est quand même une augmentation de près de
10 % en moyenne. Je pense qu'on peut attribuer cette demande, justement,
à la progression absolument vertigineuse du nombre de
bénéficiaires d'aide sociale. En un an, de mars à mars
dernier, ça a été 42 000 nouveaux
bénéficiaires au Québec. J'imagine que l'aggravation de la
pauvreté a un effet qui, par lui-même, augmente le seuil
d'admissibilité à l'aide juridique. Alors, ce n'est pas
l'indexation qui augmente le seuil d'admissibilité; c'est la
pauvreté.
Cependant, je le félicite de vouloir réduire tous les
délais en ce qui concerne le paiement des comptes d'honoraires. Mais
moi, je lui renvoie la question sur les budgets qu'il aura à sa
disposition l'an prochain pour payer ces comptes d'honoraires. Dans les C.T.
que nous avons déposés, nous voyons... Au C.T. 179655, au
deuxième paragraphe, à la première page, on dit ceci:
«À cette augmentation de la demande s'ajoutent les honoraires
payables en tout début d'année résultant de la facturation
reçue au cours des deux derniers mois de l'exercice financier.»
Et, pour 1990-1991, ces honoraires payables étaient de 5 500 000 $.
Je comprends que le président de la Commission a dû se
présenter devant le Conseil du trésor pour obtenir un ajout
à son budget dans le fonds de suppléance. D'ailleurs, le
député d'Anjou faisait valoir qu'il y a un montant de 4 000 000 $
qui a été débloqué au mois de février, je
crois, justement pour pouvoir donner suite à ces demandes de paiement
d'honoraires. Mais ce que le Conseil du trésor vous dit, c'est que, en
plus des coupures de 6 500 000 $ cette année et de 3 500 000 $ l'an
prochain, vous ne pourrez pas venir chercher un budget pour payer ces
honoraires. Ce sera non récurrent, et il faudra, j'imagine, que vous les
payiez à même votre budget régulier.
D'une part, la demande augmente parce que la pauvreté augmente,
donc, l'admissibilité augmente. D'autre part, le nombre d'effectifs va
certainement diminuer et, donc, le nombre de dossiers dont des avocats de
l'aide juridique vont
eux-mêmes s'occuper va pour autant diminuer. Mais ça peut
signifier que ces dossiers vont se retrouver dans des bureaux de pratique
privée, et il est possible qu'il y ait une augmentation. J'imagine
qu'elle est estimée. À combien vous l'estimez, l'augmentation des
honoraires payables, compte tenu de cette diminution d'effectifs et compte tenu
du fait que les budgets de cette année seront non récurrents? En
d'autres termes, combien vous estimez qu'il vous en coûtera pour aller
payer ces comptes d'honoraires qui vont augmenter dans la pratique
privée?
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau?
M. Moreau: Alors, pour le moment, il est impossible de le
chiffrer, étant donné que nous ne savons pas combien d'effectifs
pourraient disparaître du réseau de l'aide juridique. C'est
lorsqu'on sera en mesure d'avoir ce chiffre que l'on pourra, à ce
moment-là, évaluer quel est l'impact sur les honoraires des
avocats de pratique privée. Ce qu'il faut essayer de faire en
rationalisant, c'est de diminuer le plus possible cet impact, autrement dit,
d'éviter que ça devienne un vase communicant automatique.
Cependant, il faut bien admettre que, pour partie, ce sera
nécessairement un vase communicant. Je n'en connais pas le pourcentage
au moment où on se parle, mais nous essaierons de faire tout ce qu'il
faut, en rationalisant, pour diminuer cet impact afin de faire des
économies, mais en étant bien conscients - et je me
répète - que, pour une partie, ce sera effectivement un vase
communicant. (18 h 30)
Mme Harel: ...une fausse économie, une économie
à la sauce du Conseil du trésor, une économie dans les
effectifs de la Commission des services juridiques et le budget de la
Commission, mais une augmentation dans les honoraires de pratique
privée.
M. Moreau: Comme je le disais, évidemment, ça
dépend du pourcentage qui pourra, à ce moment-là,
être économisé en rationalisant. Mais, bien sûr, pour
le pourcentage où il ne sera pas possible de rationaliser, comme je le
disais, ça va être un vase communicant vers les avocats de
pratique privée. En ce sens-là, pour cette partie-là,
ça ne sera pas une économie, bien sûr. Alors, donc, je
pense qu'on peut résumer en disant qu'en partie ça devrait
être une économie et, en partie, ça devrait ne pas en
être une.
Quant à l'augmentation de la demande à laquelle vous
faisiez allusion et dont j'avais parlé, c'est bien sûr que, pour
1992-1993 et l'année qui vient, c'est une situation qui est
préoccupante. Au-delà de cette projection et du chiffre qui est
indiqué, la Commission doit évidemment étayer cette
projection d'un dossier qu'elle est en train de monter présentement, de
préparer et ce, le plus vite possible afin de pouvoir évaluer,
non seulement évaluer, mais essayer d'identifier les causes de cette
augmentation de façon plus précise par secteur et d'être en
mesure de voir exactement ce qui nous attend à l'avenir, dossier que
nous n'avons pas au moment où on se parle. Nous sommes en train de le
préparer.
Mme Harel: Bon nombre d'avocats de l'aide juridique nous disent
en privé que l'aide juridique est devenue le contentieux du
bien-être social, que près de 40 % de l'ensemble des dossiers
seraient générés par des législations
adoptées dans ce Parlement, notamment la loi 37, une législation
qui fait obligation aux personnes qui s'adressent à l'aide de dernier
recours d'obtenir, si elles peuvent le réclamer, une ordonnance de
pension alimentaire, alors qui, donc, génère tout un volume de
causes de personnes qui vont à l'aide juridique et qui contestent, qui
vont tout simplement se chercher une ordonnance de pension alimentaire de
manière à diminuer les coûts relatifs à l'aide
fournie.
Il en serait ainsi dans un certain nombre de législations qui
impliquent un test de revenus et qui, pour donner de l'aide, exigent qu'il y
ait préalablement l'épuisement des autres recours. Est-ce que
vous avez chiffré... À combien, finalement,
s'élèvent les dépenses qui sont encourues par ces
législations? Avez-vous envisagé possiblement de charger aux
ministères concernés ce qu'il en coûte pour être leur
contentieux? En définitive, c'est comme si vous deveniez, d'une certaine
façon, le contentieux de ces ministères.
M. Moreau: Ah, c'est une question...
Le Président (M. Dauphin): Si vous le permettez, juste
avant de répondre, Me Moreau, puisque nous avons dépassé
18 h 30, évidemment, nous avons consentement des membres pour continuer
un peu, puisque nous avons perdu 15 minutes au début, de toute
façon. Nous avons commencé 15 minutes en retard.
Alors, si vous me permettez, dernière réponse, Me Moreau.
Ensuite, nous allons suspendre jusqu'à 20 heures et j'aimerais beaucoup
que nous commencions à 20 heures. Alors, j'avise tous les membres de la
commission et nos invités que nous débuterons à 20 heures
pile tantôt.
Me Moreau, je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. Moreau: Alors, Mme la députée, nous n'avons pas,
effectivement, fait une telle étude, une telle analyse. La question est
fort intéressante et j'en prends bonne note. Nous allons la regarder de
très près et le plus rapidement possible.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, Me
Moreau. Nous suspendons jusqu'à 20 heures et, encore une fois,
nous débuterons à 20 heures pile.
(Suspension de la séance à 18 h 34)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
est ouverte, reprend ses travaux. Il est 20 h 7. Je remercie les
députés, nos invités, de leur ponctualité et je
suis prêt à reconnaître un premier intervenant en la
personne de M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
J'aimerais qu'on revienne à la directive du Conseil du trésor no
179661, en particulier au paragraphe 15 de cette directive, qui m'a
frappé immédiatement. Il y est mentionné de
«demander au ministre de la Justice de proposer des amendements à
la loi sur l'aide juridique de façon à accroître le
contrôle gouvernemental sur la Commission, notamment au titre des
effectifs.»
Alors, ma question au ministre est la suivante: Est-ce qu'il a
l'intention de donner suite à cette directive et, si oui, a-t-il
déjà commencé à donner suite à cette
directive?
M. Rémillard: C'est une question qu'on va examiner parce
que de la façon que la loi a été pensée et de la
façon que tout ça fonctionne, je pense que le
député d'Anjou le sait très bien, c'est qu'il y a les
corporations, donc, régionales, qui sont autonomes, qui fonctionnent
d'une façon autonome. Même, c'est un processus
décentralisé, fortement décentralisé, avec des
conseils d'administration au niveau des régions, avec des directeurs
généraux et, donc, une possibilité de gestion qui est
autonome et qui peut se situer dans un contexte qui n'est pas toujours celui
dans lequel la Commission dans son ensemble voudrait que les choses
évoluent. Je pense, sur le plan budgétaire, par exemple, qu'une
corporation régionale peut avoir une évolution budgétaire
ou d'effectifs qui n'a pas les mêmes critères d'évolution
qu'une autre corporation régionale. (20 h 10)
Alors, ce que nous dit le Conseil du trésor, c'est: Vous devriez
voir comment on pourrait avoir un contrôle gouvernemental plus serre.
Moi, je veux quand même protéger l'aspect décentralisation.
Je veux aussi protéger l'aspect autonomie qui est l'esprit de la loi.
Mais je veux qu'on s'assure aussi qu'on ait une administration efficace, avec
des balises au niveau de l'ensemble du réseau qui pourraient
déterminer des critères administratifs au niveau des effectifs,
au niveau administratif, qui devraient être respectés.
Donc, je suis prêt à regarder ça, mais je veux bien
qu'on respecte la décentralisation qui existe déjà et la
marge de manoeuvre d'autorité administrative qui peut exister au niveau
des régions, tout en trouvant le moyen, comme j'ai dit tout à
l'heure, d'avoir une administration plus coordonnée avec l'ensemble
d'une volonté.
M. Bélanger (Anjou): Quand le ministre de la Justice
entend-il faire cette réflexion ou faire cette démarche?
M. Rémillard: J'ai déjà rencontré le
président à ce sujet-là. J'ai rencontré d'autres
personnes aussi. C'est des choses que nous discutons présentement. Comme
je vous ai mentionné aussi au tout début de nos discussions, dans
la perspective de la réforme que je veux faire, comme ministre de la
Justice, de l'aide juridique, il est important que cette réforme, dans
ses modalités d'application, puisse s'asseoir sur une réforme
aussi administrative. Donc, c'est un élément de la réforme
administrative qu'on doit aborder. Mais je crois que, fondamentalement, les
principes qui nous ont guidés, en 1972, devraient être les
mêmes qui devraient nous guider maintenant. Les modalités
d'application doivent être adaptées, évidemment, à
l'évolution de notre société. Mais je vous ai parlé
tout à l'heure - pas tout à l'heure mais avant la pause - de ce
libre choix entre le secteur privé et le secteur public. Pour moi, il
doit demeurer. Je vous ai parlé de l'autonomie au niveau de
l'administration régionale. Je vous dis: Oui, dans la mesure où
on trouvera le moyen aussi d'avoir une coordination de gestion dans l'ensemble
pour l'expression de la volonté gouvernementale. Alors, j'ai
déjà entamé des discussions qui vont m'amener à
présenter tout ça dans son ensemble.
Moi, M. le Président, je trouve toujours ça... placer les
témoins de votre commission parlementaire au-dessus de ce lustre
magnifique! Au-dessous, dis-je, non pas au-dessus!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: II y a eu Damoclès qui a
déjà eu un dîner comme ça et qui se sentait
très mal à l'aise.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Moi, je dois paraître quand même
très détendu.
Une voix: Le Roi-Soleil.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Et la lumière se fit!
M. Rémillard: Et la lumière se fit!
Le Président (M. Lafrance): ...M. le ministre...
M. Rémillard: Après nous, le déluge, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): ...vos paroles ont
sûrement aidé à clarifier la situation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): M. le député
d'Anjou, est-ce que vous avez terminé? Parce que M. le
député de Chapleau, aussi, aimerait...
M. Bélanger (Anjou): Non, j'aurais une autre question
là-dessus, pour continuer.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on peut s'attendre à
un projet de législation avant le 15 mai sur cette question du
contrôle des effectifs?
M. Rémillard: Non, non, absolument pas. M.
Bélanger (Anjou): Pour l'automne?
M. Rémillard: On verra, mais écoutez, le
cheminement que je voudrais suivre en matière d'aide juridique, le
cheminement que j'aimerais suivre... C'est que, là, on travaille
à ce document de consultation. Je voudrais que ce soit un document de
consultation le plus complet possible qui nous permettrait d'aborder, bien
sûr, la réforme dans l'aspect substantif, mais je n'élimine
pas la possibilité d'aborder toute la question administrative. On est en
train d'examiner cette possibilité-là. Ensuite, quel serait le
mécanisme de consultation? Est-ce que ce serait une commission
parlementaire? Je ne veux pas m'engager aujourd'hui formellement, mais je l'ai
déjà dit et je le répète, c'est certainement une
grande possibilité. Je ne veux pas m'engager parce que je vais voir le
document de consultation qu'on va faire et je pourrai en reparler à ce
moment-là avec l'Opposition et avec les membres de cette commission qui
sont intéressés à ce dossier, de voir quels seraient les
moyens les plus efficaces de consultation. Mais une commission parlementaire
est certainement quelque chose qu'on devrait, je pense, avoir à l'esprit
sérieusement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Oui, merci, M. le Président. M. le ministre,
dans les compressions de 6 500 000 $ que le Conseil du trésor a
demandé de faire, nécessairement, il va y avoir des compressions
dans les différents bureaux locaux. Il y a des bureaux, des corporations
locales qui sont syndiquées, des employés qui sont
syndiqués, et il y en a d'autres qui ne le sont pas. Je le sais
pertinemment bien parce qu'ils sont venus me voir, certains employés
dans notre bureau, à Hull, à l'aide juridique de l'Outaouais, qui
ne sont pas syndiqués. Nécessairement, là où ils
sont syndiqués, il y aura une permanence d'emploi pour les permanents et
il n'y aura pas de coupures. Mais les autres sont inquiets du fait qu'ils ne
sont pas syndiqués et qu'ils n'ont pas la même protection. Je me
demande, à ce moment-là, ce que ça va être. Est-ce
qu'ils vont être traités de la même... Je pense qu'il y a
deux endroits, y compris l'Outaouais, et il y a un autre endroit où les
employés ne sont pas syndiqués. Leur protection, à ce
moment-là, les employés, les permanents, les avocats ou les
notaires, les avocats surtout, est-ce qu'ils vont être, à ce
moment-là... Est-ce qu'il y aura la même protection que s'ils
étaient syndiqués?
M. Rémillard: M. le député de Chapleau, vous
me posez une question bien pertinente et vous mettez le doigt sur un
problème qu'on a parce que notre objectif, c'est qu'il n'y ait pas de
situation différente entre les employés. Maintenant, je vous
avoue que ça peut être difficile à certains égards,
mais je vais demander à Me Moreau de répondre à votre
question, si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: M. le Président, cette question est fort
pertinente. En effet, dans deux corporations régionales, les avocats ne
sont pas syndiqués et les corporations régionales doivent
appliquer un plan de compressions, et ce plan doit être remis à la
Commission. Je pense que, dans ces dossiers, la Commission s'est
déjà interrogée sur cette question. Je pense que la
Commission a un rôle certainement de régularisation pour s'assurer
que tout le monde soit traité de la même façon et s'assurer
que les employés non syndiqués n'aient pas un traitement plus
difficile pour cette raison.
C'est lorsque j'aurai l'occasion de parler avec les deux directeurs
généraux concernés de leur plan de compressions que nous
pourrons nous préoccuper de cette question.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
M. Kehoe: Juste une dernière question dans le même
sens.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Là où il y a une convention collective,
il n'y en aura pas de coupures. Ils ont une permanence d'emploi, les personnes
qui sont syndiquées. À ce moment-là, il n'y a personne
parmi les permanents qui sera coupé. Aussi on peut dire que ce sera la
même chose dans les
deux endroits où ils sont. Ils ne sont pas syndiqués. Il
n'y aura pas de coupures. Que ce soit Se personnel ou que ce soit des
professionnels qui sont permanents, ils ne seront pas coupés.
Le Président (M. Dauphin): Me Moreau.
M. Moreau: Si, dans une corporation régionale, dans le
plan de compressions, on inclut du personnel qui est dans cette situation, la
Commission des services juridiques, qui a dit aux corporations
régionales qu'elle pouvait les aider au cas où elles auraient des
problèmes en préparant leur plan de compressions, îa
Commission va s'assurer de les aider de façon à éviter ces
situations-là.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Toujours sur le
programme 4, j'ai d'autres demandes d'intervention. M. le député
d'Orford, mais je suis prêt à respecter l'alternance.
Entendez-vous. M. le député d'Anjou, c'est sur le même
programme? Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, je souhaite simplement qu'on
puisse terminer peut-être d'ici quelques minutes le programme 4,
puisqu'il y a quand même plusieurs autres programmes qui nous attendent,
et le temps nous est compté. Alors, je souhaiterais peut-être
qu'il y ait deux autres interventions et qu'on puisse tout de suite entamer le
programme 1.
Le Président (M. Dauphin): J'ai deux dernières
interventions sur le programme 4: MM. les députés d'Anjou,
ensuite d'Orford. M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Pour terminer sur le dossier de l'aide juridique, il faut
dire que je commence comme député et comme porte-parole de
i'Oppo-sition officielle, mais j'ai été vraiment frappé,
peut-être encore plus frappé que par les deux directives sur
lesquelles j'ai réussi à mettre la main, car j'ai appris qu'en
1989 il y a un vice-président, à la Commission des services
juridiques, qui a été nommé à un salaire qui frise
les 90 000 $ par année. Alors, on parle évidemment de Me
André Saint-Jean. J'ai appris que, l'an dernier, lors de l'étude
des crédits, on nous a confirmé que Me Saint-Jean, de 1989
à 1991, n'avait pas encore siégé ou occupé de
poste, en tout cas, travaillé comme vice-président de la
Commission des services juridiques. Ma collègue, Mme Harel, avait,
à ce moment-là, demandé des explications à Me
Rémillard, au ministre de la Justice, qui avait confirmé qu'il
devait y avoir, sous peu, un changement d'affectation de la part de Me
André Saint-Jean. (20 h 20)
Qu'est-ce que j'apprends en février 1992?
Son salaire, toujours à titre de vice-président de !a
Commission des services juridiques, a été augmenté
à tout près de 98 000 $. Donc, j'en déduis qu'il est
encore vice-président de la Commission des services juridiques, et,
quand on consulte le bottin de la Commission des services juridiques, son nom
est absent. On appelle à la Commission des services juridiques de
Montréal. On ignore qui est ce monsieur. J'aimerais savoir ce qui en
est, alors qu'on parle de restrictions budgétaires, qu'on parle de
manque d'argent. Comment peut-on se permettre d'avoir un vice-président
qui est payé près de 100 000 $, qui ne siège pas depuis
1989? Est-ce que je pourrais avoir des éclaircissements sur cette
situation de Me Saint-Jean? le président (m. dauphin): m. le
ministre.
M, Rémillard: M. le Président, le député
d'Anjou est un jeune député, c'est-à-dire qu'il
débute comme député et il fait bien son travail.
D'ailleurs, il vient de mentionner quelque chose que je trouve
particulièrement difficile. L'an dernier, la question m'était
posée et j'avais dit que, dans les prochains jours, incessamment, il
devait avoir des fonctions. Ce n'est pas la faute de ce M. Saint-Jean. Ce n'est
pas de sa faute, à lui. Ce monsieur-là attend quelque chose au
niveau de sa compétence. Pour ma part, je déplore une telle
situation, je l'ai dit et redit, et je l'ai mentionné à plusieurs
reprises, avec toute l'énergie dont je suis capable. Vous allez me dire;
Ça n'a pas donné grand-chose. Vous avez raison, mais je trouve
cette situation-là pour le moins difficile. C'est une nomination qui
vient du Conseil exécutif, et je trouve ça déplorable
comma situation, déplorable.
M. Bélanger (Anjou): Entend-on faire... Est-ce qu'on va...
La situation va-t-elle continuer encore longtemps?
M. Rémillard: Alors, pour ma part, je vais certainement
continuer... Je ne voudrais pas vous dire la même chose que je vous ai
dite l'an dernier, mais je vais continuer à dire que cette
situation-là ne peut pas durer comme ça, qu'elle doit être
corrigée, respectant les circonstances. Comme je !'ai dit, je le
répète, ce n'est certainement pas !a faute de M. Saint-Jean,
comme ce n'est la faute de personne à la Commission. C'est strictement
une question de nomination qui tarde.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme Harei:
...là.
Le Président (M. Dauphin): Sur la même question, Mme la
députée.
Mme Harel: Bien, d'abord, ça laisse songeur.
Est-ce que ça signifie que la Commission n'a finalement pas
besoin d'un vice-président ou peut s'en passer, étant
donné qu'il y en a un qui est nommé depuis bientôt quatre
ans et qui n'a pas siégé depuis toutes ces années?
Ça manifeste une certaine désinvolture, je ne dis pas du
ministre, mais du gouvernement à l'égard de la Commission des
services juridiques. Au moment où des compressions sans
antécédents connus vont être appliquées à la
Commission des services juridiques, c'est quand même quelque chose qui
est gênant pour le gouvernement.
M. Rémillard: C'est gênant, pas pour le
gouvernement, pour un processus de nomination qui se trouve au niveau du
Conseil exécutif, pas pour le gouvernement, parce que mes
collègues du gouvernement impliqués au niveau gouvernemental ont
fait des interventions aussi énergiques que les miennes. Maintenant, de
dire qu'on n'a pas besoin de vice-président, si vous me permettez, je
n'arriverai pas à cette conclusion-là. Je vais simplement arriver
à la conclusion qu'actuellement il y a des gens qui travaillent
très, très, très fort, et je veux rendre un hommage
particulier au président; dans les circonstances, avec la
rationalisation que nous faisons, ce n'est pas facile pour le président,
ce n'est pas facile pour les gens qui travaillent avec lui. Ce n'est pas facile
pour tous les gens qui travaillent à l'aide juridique et qui font un
travail remarquable. Je veux leur rendre hommage. Je sais à quel point
ce que ces gens-là vivent actuellement, et certains peuvent être
déçus. Je suis très conscient de ça comme ministre.
Mais je veux dire qu'il faut, ensemble, travailler ensemble, trouver les moyens
de rationaliser notre administration, offrir la meilleure qualité de
services possible et, là-dessus, je veux rendre hommage au
président, M. Moreau, à toute son équipe qui fait un
travail remarquable.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de d'Orford.
M. Benoit (Orford): Oui. M. le ministre, j'aimerais parler un peu
de l'aide juridique. Je vais vous conter un fait vécu de la vie et
peut-être essayer d'aider des gens. Il y a des gens de mon comté
qui sont venus me voir, en tête le maire et l'échevin d'un village
où, depuis trois ans, des gens, se servant de l'aide juridique,
actionnent la ville pour une histoire de calvette, et ça revient
année après année. Au début, c'étaient le
maire, les échevins qui me disaient que ça n'avait pas d'allure,
et là c'est les citoyens qui sont venus avec le maire, les
échevins, me disant: Non seulement on paie à l'aide juridique
pour ce citoyen pour qu'il se défende, et c'est son droit de le faire,
mais on paie aussi, nous, comme citoyens de la municipalité, et on pense
qu'il y a abus dans le système.
Alors, je le disais plus tôt, je n'ai pas une formation d'avocat,
mais, froidement, quand je regarde ça, les citoyens viennent me dire: On
paie sur les deux bords, et ce bonhomme-là revient année
après année pour à peu près la même calvette,
dans le même village. Où est-ce qu'on va arrêter ça?
La question que je vous pose: Est-ce qu'il y a abus dans le système?
Comment pouvons-nous ralentir ces abus-là? Est-ce qu'il y a des plans...
Je sais que vous sortez d'un Sommet sur la justice. J'imagine que vous avez
regardé ces aspects-là. Quelles sont les avenues qu'on peut
regarder, M. le ministre, pour arrêter ce genre de choses ou, tout au
moins, les ralentir?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député d'Orford soulève un cas, et je suis convaincu que
plusieurs membres de cette commission pourraient m'apporter aussi plusieurs
cas, des cas où, manifestement, il y a eu des injustices parce que des
gens se retrouvent aux prises avec une situation difficile, parce que certaines
personnes peuvent avoir droit à l'aide juridique, d'autres ne l'ont pas,
n'auraient pas plus les moyens de se payer un procès, mais ne l'ont pas,
de par les seuils d'admissibilité, et peuvent se retrouver, finalement,
ruinés. Pour moi, je vous avoue, depuis quatre ans que je suis ministre
de la Justice ou à peu près, j'ai reçu, je dirais, des
centaines de lettres de gens dans une telle situation.
Celui qui, par exemple, a gagné sa vie honorablement, mais
modestement, et les enfants partis de sa maison, qu'il a souvent
contribué à construire lui-même, a un logis dans son
sous-sol - les enfants sont partis et tout ça - il le loue, et un ou une
locataire qui est sur l'aide sociale et qui peut avoir l'aide juridique peut le
poursuivre, causer des problèmes, et ces gens-là ont le droit de
le faire. Je ne blâme pas ces gens-là de le faire. Ça peut
être sans abus, simplement dans leurs droits. Mais le problème,
c'est le propriétaire. Lui, n'a pas plus les moyens de faire face
à l'action prise par son ou sa locataire. Il peut se retrouver
même ruiné, complètement ruiné. Alors, il y a des
cas extrêmement pathétiques qui me sont racontés. D'autre
part aussi, il faut comprendre que des gens qui ont un droit et qui n'ont pas
les moyens parce qu'ils sont juste au-dessus de la marge du seuil juridique de
l'accessibilité à l'aide juridique, ils ne peuvent pas faire
revendiquer leurs droits.
Alors, c'est pour ça qu'il faut réformer ce système
d'aide juridique. On va proposer une réforme qui se veut plus
équitable. J'en ai proposé certains grands principes, au moment
du Sommet sur la justice. Certains éléments que j'ai
présentés, à ce moment-là, seront ajustés,
mais les principes demeureront les mêmes. Moi, je ne
peux pas comprendre qu'on puisse laisser un système dans une
situation où, finalement, le citoyen à revenus moyens, et revenus
moyens, c'est vraiment moyens, de 15 000 $, si vous voulez, à 50 000 $,
et même mettez-les à 75 000 $... qui se retrouve souvent dans une
situation où il n'a pas plus les moyens de se payer un procès que
celui qui gagne 8000 $ ou 9000 $. Or, II faut trouver un moyen qui va nous
permettre de donner le système le plus équitable possible. (20 h
30)
Alors, dans le document d'information ou de consultation que nous
préparons, j'ai essayé de présenter un mécanisme
qui pourrait empêcher les abus. Je tiens, entre autres, à ces 20 $
pour ouvrir un dossier. Je tiens à ces 20 $. Moi, pour ma part, un
service gratuit est un service qui peut porter à l'abus au
départ. Je dis que c'est le devoir de l'État de s'occuper des
plus démunis de la société. C'est notre
responsabilité, c'est notre devoir. Mais, à un moment
donné, il y a des limites et, pour moi, au niveau de l'aide juridique,
ces 20 $ pour ouvrir un dossier, c'est un principe sur lequel je vais
revenir... Ça, je peux vous le dire tout de suite, je vais revenir avec
ce principe-là. Je sais qu'il va y avoir des protestations, mais je suis
prêt à le défendre. Je vais me battre pour ça. On
verra les réactions, mais j'y crois, moi, fermement. Comme ministre, je
crois à ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
d'un commun accord, nous allons changer de programme. Oui, M. le
député de Hull, sur le même sujet? Dernière
intervention...
M. LeSage: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): ...et sans appel.
M. LeSage: Étant donné que la députée
de Hochelaga-Maisonneuve avait mentionné qu'il y avait seulement deux
intervenants et qu'elle est également intervenue pour en faire un
troisième, je vais faire le quatrième. C'est seulement un
commentaire, M. le Président. Sur les 20 $, M. le ministre, que vous
voulez imposer sur l'ouverture d'un dossier, je veux tout simplement vous
signaler que je ne crois pas que ce soit un montant prohibitif; si on se
réfère, par exemple, à l'ouverture d'un dossier dans les
OMH, alors que l'on exige un montant de 25 $, je ne pense pas que les 20 $ pour
un dossier, comme vous le suggérez, soient trop élevés.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Hull, pour vos commentaires. Tel qu'entendu, nous
allons adopter tous les programmes à la fin, vers 23 heures mais,
maintenant, j'appellerais, après avoir terminé le programme 4, le
programme 1, Formulation de jugements. Je suis prêt à
reconnaître un premier intervenant. Je remercie Me Moreau de sa
participation.
Mme Harel: M. le Président...
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je peux
libérer M. Moreau? Il n'y aura pas d'autres questions.
Mme Harel: Monsieur le... ça me...
M. Rémillard: Non, avec le consentement.
Mme Harel: Oui, H y a consentement, parce qu'il nous reste encore
huit programmes et il nous reste à peine deux heures et demie. Je
souhaite que, finalement, les personnes qui se sont déplacées,
certainement pour échanger avec nous, aient l'occasion de le faire.
Le Président
(m. dauphin): alors, me moreau, vous
êtes libéré, mais vous pouvez rester avec nous
jusqu'à 23 heures, si vous voulez bien.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Formulation de jugements
Le Président (M. Dauphin): Alors, je reviens au programme
1, avec la Formulation de jugements, et je vais reconnaître Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Projet de création d'un tribunal unifié
de la famille
Mme Harel: Merci, M. le Président. Alors, sur ce programme
1, à l'occasion de l'examen que nous en faisons, ça me permet de
demander au ministre où il en est quant à la question du tribunal
de la famille, où il en est dans l'échange qu'il nous avait
annoncé vouloir entreprendre avec le fédéral sur cette
question. Est-ce qu'il y a un pas qui est réalisé? Qu'est-ce qui
s'est fait depuis trois mois?
M. Rémillard: Alors, vous voulez parler d'un tribunal de
la famille...
Mme Harel: Oui...
M. Rémillard: ...unifié...
Mme Harel: ...je veux parler de celui dont on parlait au
Sommet.
M. Rémillard: Oui, alors, c'est le tribunal unifié
de la famille. En fait, ce n'est pas une idée nouvelle, une Idée
qu'on a reprise au Sommet, qui avait été suggérée
au Sommet et qu'on a reprise, d'ailleurs, qu'on retrouve aussi
dans le rapport Jasmin, la première partie du rapport Jasmin,
première conclusion. Je pense que c'est une excellente idée qu'on
puisse rassembler, dans un tribunal de la famille, une cour
spécialisée, donc, tous les aspects reliés à la
famille. Il y a un problème constitutionnel qui se pose, en fonction de
l'article 96, qui dit que ce genre de cour est considéré comme
une cour supérieure à certains égards, et, par
conséquent, la nomination de ses membres devrait être faite par le
gouvernement fédéral.
Mais on a commencé à élaborer ce qu'on pourrait
inclure dans ce tribunal de la famille. Les plans sont actuellement au travail,
on y travaille et on essaie de trouver un moyen... j'essaie de trouver un moyen
pour qu'on puisse le faire à l'intérieur de nos juridictions. Il
y a un groupe de travail qui a été fait au sein du
ministère et qui travaille sur cet aspect-là en particulier. Mais
j'ai l'impression, finalement - ce n'est pas la première fois qu'on
aborde ce sujet-là - qu'il va falloir en discuter avec Ottawa et essayer
de trouver un moyen. Mais, avant d'en arriver à cette
conclusion-là, je veux voir le résultat du groupe de travail qui
a été formé.
Mme Harel: M. le Président, à ce sujet-là...
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée.
Mme Harel: ...je rappellerais au ministre ce qu'en disait le juge
en chef invité à clôturer le Sommet, simplement une phrase
du discours qu'il nous tenait au banquet. Je le cite: «II ne faut surtout
pas faire ou faire faire des études qui ont déjà
été faites lorsqu'elles ont été bien faites. La
fusion des tribunaux, dont je vous parfais tantôt, a été,
après moi, étudiée encore deux fois, et deux rapports ont
été déposés, et j'ai eu à chaque fois
l'impression de me relire.» Fin de la citation. Cette fusion des
tribunaux, nous rappelait-il, était étudiée depuis 30 ans
maintenant. Alors, ce groupe de travail, il est composé de qui?
M. Rémillard: Alors, c'est un groupe... Alors, bien,
premièrement, si vous me permettez un commentaire sur ce qu'a dit le
juge en chef Lamer, il faut bien comprendre que le juge Lamer se
référait, à ce moment-là, à l'unification
des tribunaux de première Instance au niveau des juridictions
québécoises. C'est ce qui a été fait avec la Cour
du Québec. Mais, si le juge en chef veut parler de l'unification des
cours de première instance, Cour du Québec et Cour
supérieure, qui a été discutée aussi au Sommet sur
la justice, je pense que, là, c'est une autre chose. Je ne dis pas que
c'est un sujet qu'on doit éviter. Je pense qu'on doit l'aborder aussi,
et on en a parlé au Sommet aussi. Mais le juge en chef, hormis que je
l'aie mal interprété - et qu'on me corrige si je l'ai mal
interprété - se référait aux tribunaux de
juridiction québécoise. Et on l'a fait. La Cour du Québec
rassemble les cours qui existaient à ce moment-là. C'a
été fait en 1988. Rappelez-moi votre question. Je l'ai
oubliée. Ah! le groupe de travail.
Alors, le groupe de travail, c'est un groupe interne au ministère
parce que je veux avoir l'état de la situation, ce qu'on peut mettre
à l'intérieur de ce tribunal de famille, tout ce qu'on peut y
mettre, et ensuite les problèmes constitutionnels et d'organisation que
ça peut poser. Le mandat que j'ai donné, c'est qu'on puisse
trouver le plus possible les moyens de procéder sans amendements
constitutionnels.
Promotion de la condition féminine
Mme Harel: Mais qu'arrive-t-il au comité dont vous
annonciez la création, portant, je dirais, sur la question du sexisme?
En fait, vous ne lui aviez pas trouvé de nom, mais...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...en fait, on peut se comprendre si j'en parle comme
étant le comité sur le sexisme dans l'administration de la
justice. Où est-ce que ça en est rendu?
M. Rémillard: Oui. Alors, c'est quelque chose qu'on est en
train de mettre en application, mais je dois vous dire que, déjà,
il y a de plus en plus de femmes qui sont au niveau de l'administration, au
ministère de la Justice. On fait des efforts considérables. Quand
on regarde... Je regardais justement l'organigramme et j'invite Mme la
députée à regarder l'organigramme du ministère, et
de voir qu'il y a certainement encore beaucoup d'améliorations à
faire. Mais il y a quand même une évolution de la situation, et le
groupe devrait être en opération prochainement. C'est un suivi
interne, si vous me permettez l'expression, du Sommet sur la justice, mais on
peut l'aborder aussi en ce qui regarde la nomination des juges.
Dans la nomination des juges aussi, on met l'accent pour qu'il y ait de
plus de plus de juges qui sont femmes, et c'est une volonté que j'ai
depuis quatre ans que je suis ministre de la Justice. Ça fait quatre ans
que j'essaie de faire tout ce qui m'est possible de faire pour qu'on puisse
faciliter l'accès des femmes à la magistrature. Les
résultats sont peut-être encore modestes, mais ça tient
compte aussi, bien sûr, du pourcentage de femmes qui se présentent
aux concours. Mais il reste qu'il y a une amélioration
considérable.
Mme Harel: Au moment où on se parle, il y a 9,6 % des
juges qui sont des femmes. Des cinq juges que vous avez nommés l'an
passé, combien étaient des femmes? (20 h 40)
M. Rémillard: Attendez. J'ai des statistiques ici,
là. J'ai 1991, l'année civile 1991... Sur 27 juges, 8 femmes.
Alors, c'est 30 %, si vous voulez. Mais il faut dire qu'il y a seulement 80
femmes qui se sont présentées comme candidates, alors qu'il y
avait 352 hommes. Alors, il y a 18 % des femmes qui se présentent, qui
sont dans les concours, et les nominations, 30 %. Là où il y a
problème, c'est quant au nombre de femmes qui se présentent aux
concours; premier problème. Deuxième problème, dans
certains concours, il n'y a presque pas de femmes. Si vous ouvrez un concours
au niveau de la chambre de la jeunesse, vous pouvez être assuré
que vous allez avoir plusieurs femmes en candidature. Si vous ouvrez au niveau
civil, au niveau criminel, vous en avez beaucoup moins. Ça ne veut pas
dire, même si on me présente une liste...
Finalement, vous savez comment ça fonctionne. C'est que, moi, le
ministre de la Justice, je reçois la liste faite par le comité de
sélection. Vous avez un juge en chef, vous avez le bâtonnier ou
son représentant et quelqu'un du public. Ils m'envoient une liste. Des
fois, c'est juste une personne. D'autres fois, ça peut être deux,
trois, même un peu plus parfois. Quelquefois, ils mentionnent qu'un
candidat ou une candidate se distingue d'une façon toute
particulière. D'autres fois, il y a une réserve autre.
Finalement, la marge de manoeuvre du ministre de la Justice n'est pas si grande
que ça. Il ne faut pas penser que c'est une grande marge de manoeuvre
qu'on a pour nommer des juges. La loi qu'on a faite, je crois et je trouve que
ça fonctionne très bien parce que c'est vraiment objectif; c'est
un concours, c'est vraiment transparent. Mais il reste quand même qu'on
se retrouve... Lorsque le Conseil des ministres prend sa décision, sous
la recommandation du ministre de la Justice, le choix, souvent, est
arrêté par le concours lui-même.
Mme Harel: Mais nous diriez-vous qu'aucune femme qui s'est
distinguée de façon notoire dans sa profession et qui
correspondait à toutes les exigences de la sélection n'aurait
été écartée pour d'autres raisons?
M. Rémillard: Je ne peux pas vous dire ça. Moi, ce
que je peux vous dire, c'est que je suis convaincu... Quand vous avez, vous
savez, le juge en chef, vous avez le bâtonnier ou la
bâton-nière - parce qu'on a eu beaucoup de
bâton-nières, un peu moins maintenant; il y a une année, on
avait trois bétonnières, dont celle du Québec - et que
vous avez quelqu'un du public... Moi, je fais toujours... Une chose que je
respecte, c'est que, au moins, sur ces trois personnes, il y ait toujours une
femme. Là, les gens qui se présentent sont rencontrés. Il
y a des entrevues - c'est un concours, c'est une entrevue - et ils les
entendent, et ils font des recommandations au ministre. Alors, qu'est-ce que
vous voulez, là! J'essaie de dire: Oui, on favorise les candidatures de
femmes.
Mme Harel: Et vous, vous faites des recommandations au Conseil
des ministres.
M. Rémillard: Moi, je fais la recommandation au Conseil
des ministres à partir de la liste qui m'est faite. La liste qui m'est
faite, ensuite, il y a les vérifications d'usage, c'est-à-dire,
par exemple, qu'on va communiquer avec le Barreau et on va demander au Barreau:
Est-ce que vous avez un dossier de discipline? On va faire les
vérifications qui s'imposent. Mais, après ça, qu'est-ce
que vous voulez...
Mme Harel: Avez-vous l'intention d'agir pour inciter les femmes
avocates à poser leur candidature lorsqu'elles correspondent aux
critères? Avez-vous l'intention...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...d'adopter un programme d'action positive en cette
matière?
M. Rémillard: Oui, je le fais. Chaque fois que j'ai
l'occasion de prendre la parole et d'intervenir dans les occasions où on
me permet... Chaque fois que je fais mon intervention au Barreau, lors du
congrès du Barreau - vous étiez là, vous étiez
présente la dernière fois, entre autres - je l'ai
mentionné, je le dis, je le mentionne. De fait, de plus en plus de
femmes se présentent, de plus en plus. Quand on regarde ça, dans
les Facultés de droit, c'est rendu, je pense, que un peu plus de 50 %
des étudiants dans les Facultés de droit, c'est des
étudiantes.
Mme Harel: En plus d'en parler dans vos discours, est-ce que vous
avez l'intention d'adopter un programme d'action positive, comme c'est le cas -
vous le mentionniez - pour le ministère, en matière
d'accès à l'égalité? Avez-vous l'intention de vous
en inspirer pour adopter un tel programme en matière de nomination des
juges?
M. Rémillard: Bien, je vais vous dire, si vous regardez
les statistiques que je vous ai données, tout à l'heure, 30 % -
si, évidemment, vous prenez en considération les 18 % de
personnes qui se présentent et qui sont femmes, et, sur ces 18 %, on en
prend 30 %. C'est déjà une performance qui est pas mal, qui est
déjà très bien, toujours dans le contexte du processus que
je viens de vous décrire.
Mme Harel: Évidemment, le ministre est conscient que 42 %
des femmes juges le sont au tribunal de la jeunesse.
M. Rémillard: Mais oui.
Mme Harel: Alors, donc... M. Rémillard: Mais
oui.
Mme Harel: ...il y a un rattrapage à faire dans les autres
cours et, à ce moment-là, est-ce qu'il se satisfait d'un
pourcentage de 30 %? J'imagine que moins que l'alternance ne pourrait pas le
satisfaire.
M. Rémillard: Dans certaines régions, comme, par
exemple, dans la région de Montréal, si ma mémoire est
bonne - je vais vous sortir les statistiques - je pense qu'on est à 50 %
pour la dernière année. Bien oui, j'ai les statistiques ici.
Alors, cinq femmes ont été nommées, ce qui constitue un
pourcentage de 50 %, 1991-1992, dans la région de Montréal.
Alors, dans une région, on atteint 50 %. Bon.
Mme Harel: Avez-vous l'intention de l'atteindre dans les autres
régions?
M. Rémillard: Mais, sur ces 50 %, vous avez raison aussi,
c'est que la chambre de la jeunesse a la majorité et on leur dit.
Souvent, on suscite, on dit: Ecoutez, la chambre civile ou la chambre
criminelle... Mais, écoutez, moi, je ne peux quand même pas
obliger les gens à aller à un endroit.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a une coordon-natrice à la
condition féminine au sein du ministère?
M. Rémillard: Oui. Je peux demander à Mme...
à M...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Quel lapsus, M. le Président! Je ne
voudrais pas que M. le sous-ministre sente son poste en cause. Au contraire! Au
contraire!
Une voix: ...les deux.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: Je suis heureux d'avoir momentanément
amélioré les statistiques du ministère...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chamberland: ...mais il y a effectivement une coordonnatrice
à la condition féminine, Mme Alice Mercier, qui est
rattachée à mon bureau, qui se rapporte à moi directement
et qui surveille tous les dossiers relatifs à la condition
féminine.
Mme Harel: Je regardais l'organigramme de votre bureau qui se
retrouve au programme 5, élément 1, à la page 1, et,
justement, dans cet organigramme, sachant que, directement de vous, en tant que
sous-ministre relevait le coordon-nateur des activités en milieu
autochtone, je pense, la Direction du Bureau d'aide aux victimes d'actes
criminels et la coordonnatrice à la condition féminine... Enfin,
ça ne signifie sans doute pas la place qu'elle occupe, mais elle n'est
pas dans cet organigramme. Alors, il y aurait peut-être lieu de le
refaire. C'est récent, ce poste de coordonnatrice à la condition
féminine?
M. Chamberland: Moi, je suis au ministère depuis avril
1988 et le poste existait en avril 1988. Maintenant, je ne sais pas,
l'organigramme que vous avez devant les yeux. Moi, celui que j'ai devant les
yeux indique que la Direction des communications relève du
sous-ministre, et c'est Mme Nicole Legendre qui en est la directrice, que la
Direction de la vérification interne relève du sous-ministre de
la Justice, et c'est Mme Lyne Bergeron qui en est la directrice, que le Bureau
d'aide aux victimes d'actes criminels relève du sous-ministre, et c'est
Mme Christine Viens qui en est la directrice. Il y a un directeur de mon
bureau, Pierre Legendre, qui relève de moi également. Il y a en
plus le coordon-nateur aux activités autochtones et la coordonnatrice
à la condition féminine. Mais je n'ai pas l'organigramme que vous
semblez avoir devant les yeux. (20 h 50)
Mme Harel: Alors, il est au programme 5, élément 1,
à la page 1 du livre des crédits. Et les mandats, en fait, que
l'on retrouve sont à la page suivante. Dans ces mandats, on retrouve les
différents bureaux, mais quoi qu'il en soit, sur cette question, le
temps nous manque pour l'aborder plus amplement. Le ministre s'est
engagé, à la clôture du Sommet, à mettre sur pied un
comité tripartite sur cette question avec, je pense, la magistrature et
le Barreau. Est-ce que des démarches ont été faites en ce
sens jusqu'à maintenant?
M. Rémillard: Oui. Alors, ça, c'est tout le suivi
du Sommet. J'ai eu une première rencontre où j'ai pu en parler au
niveau du juge en chef de la Cour du Québec, mais on est toujours
à mettre en place ce groupe. Ce n'est pas encore finalisé.
Le Président (M. Dauphin): ...sur le programme 1.
Déontologie judiciaire et perfectionnement des
juges
Mme Harel: Le juge Gobeil, à l'occasion d'une des
Conférences des juges, proposait un amendement à l'article 1298
de la Loi sur les tribunaux judiciaires, qui portait sur l'obligation de
réserve.
M. Rémillard: L'obligation de?
Mme Harel: De réserve. À ce moment-là,
c'était en novembre dernier, à l'automne 1991, à la suite
d'une Conférence des juges du Québec, aux termes, je pense, d'un
débat public qui avait eu lieu, le juge Gobeil avait souhaité que
le législateur modifie l'article 129 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires, de façon à autoriser les juges à faire partie
de mouvements caritatifs ou de mouvements populaires, pour leur permettre, et
je le cite: de cadrer mieux avec la nécessité d'une
présence au milieu social. Cette recommandation, elle a
été faite l'automne dernier. Est-ce qu'il y a eu des suites
depuis? Est-ce que le ministre envisage d'apporter une telle modification
à la Loi sur les tribunaux judiciaires pour favoriser l'implication des
juges, finalement, dans leur milieu, l'implication sociale,
évidemment?
M. Rémillard: C'est une question qui est très
importante, M. le Président, parce que ça soulève
peut-être toute la question d'une perception qu'on pouvait avoir de cette
réserve que doit avoir un juge, réserve dans la rédaction
de son jugement et réserve aussi dans sa vie. On a toujours
interprété restrictivement - moi, à mon sens, trop
restrictivement - cette réserve des juges. Cependant, nous
considérons qu'il s'agit là surtout d'éthique qui
relève directement des juges eux-mêmes, et l'opinion que j'ai, au
niveau du ministère de la Justice, c'est qu'on n'a pas besoin d'amender
la loi pour qu'on puisse permettre aux juges d'avoir plus de latitude dans
l'exercice de leur activité sociale. Je pense que c'est au juge en chef
de pouvoir élaborer un cadre d'action. Puis, bien sûr, il y a le
Conseil de la magistrature qui est là pour peut-être venir
établir les balises qu'on devrait suivre, mais moi, comme ministre de la
Justice, ce qu'on me donne comme information, c'est qu'on n'a pas besoin
d'amender la loi.
Deuxièmement, je ne voudrais pas m'immis-cer, à ce
niveau-là, dans l'action du juge. La magistrature est
indépendante. Mon seul commentaire serait qu'il faut être
extrêmement prudent, parce qu'il n'y a pas de responsabilité
peut-être plus importante dans une société que celle de
juger ses semblables. Qui juge les autres sera jugé. Ce que ça
signifie, c'est que le juge doit être intègre à tous les
niveaux, et plus il y a d'activités à certains niveaux, plus il
est susceptible d'être touché par critiques ou par d'autres
actions. Alors, ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas avoir
d'activités sociales - bien au contraire, je le favorise - mais ce que
je dis, c'est qu'il faudrait être très prudent et avoir des
balises quand même bien déterminées. Mais j'aimerais que
ces balises soient établies par la magistrature en se
référant, entre autres, au Conseil de la magistrature.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Mme Harel: En parlant de perfectionnement...
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: ...des juges, M. le Président, on se rend
compte, à l'évolution des budgets de perfectionnement, qu'ils
sont en diminution constante. En 1989-1990, le budget de perfectionnement
était de 250 289 $, en 1990-1991, de 172 691 $, et là, dans les
crédits, on retrouve un budget de perfectionnement de 167 888 $. Alors,
loin de s'améliorer, malgré toutes les déclarations
publiques, pourtant, en faveur d'une formation constante, compte tenu de
l'évolution rapide, d'abord, des législations elles-mêmes
et aussi de l'évolution rapide des phénomènes sociaux dans
la société, alors, compte tenu de tout cela, comment peut-on
expliquer une diminution dans les budgets de perfectionnement des juges, d'une
part? Puis, en fait, on se rend compte que même à cela, le budget
de 1991-1992, pour moitié, a servi a un colloque annuel du Conseil de la
magistrature. C'est 75 000 $ sur les 167 000 $ qui ont été
consacrés au 13e colloque annuel.
M. Rémillard: Oui. Écoutez, j'ai demandé...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...qu'on me fournisse les chiffres exacts.
Moi, ce que je sais, c'est qu'on a une augmentation considérable du
budget du perfectionnement pour les juges. On me souligne ici... M. le
sous-ministre me souligne qu'on a tellement augmenté ce poste en ce qui
regarde, donc, les sommes pour le perfectionnement qu'on a donné un
poste de plus pour administrer le programme de perfectionnement Alors,
j'attends qu'on me donne les chiffres, M. le Président. Alors, le
budget, en 1992-1993, est de 1 000 017 $ et il était, en 1991-1992, de
885 000 $. En plus, il y a ce poste que je viens de mentionner.
Maintenant, l'autre problème que vous soulignez, Mme la
députée, à savoir: Oui, mais s'il y a 75 000 $ qui vont
pour un colloque, là, je n'ai pas juridiction. Moi, comme ministre de la
Justice, ils me font des demandes et je vais au Conseil du trésor. On
plaide pour ces demandes-là. Je donne l'argent, et c'est la magistrature
qui administre cet argent-là. S'ils décident de mettre 75 000 $
dans un colloque, je n'ai pas un mot à dire. Je peux faire des
commentaires quand je rencontre le juge en chef, mais je n'ai pas d'autres
commentaires. Mais il faut dire aussi qu'un colloque, ce n'est pas simplement
la soirée dansante...
Mme Harel: Non, non.
M. Rémillard: ...de la clôture. Il y a quand
même aussi un colloque bien organisé, qui est un
élément important dans la formation. mais je peux vous
dire que nos magistrats sont très heureux du budget de perfectionnement.
il faut dire qu'ils auront un code civil à apprendre. nous, on l'a
appris. ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vous inviterais
à procéder à l'examen du programme 2.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous entreprenons le
programme 2, Soutien administratif à l'activité judiciaire.
Soutien administratif à l'activité
judiciaire
Mme Harel: On retrouve, à la page 5 du livre des
crédits, la non-récurrence du projet sur la
récupération des retards dans la perception des amendes et autres
ajustements. Il y a donc une diminution de 23 postes qui étalent
affectés à cette récupération des amendes. Est-ce
qu'on peut nous faire le bilan où c'en est présentement? Est-ce
que c'est complété, c'est terminé, est-ce que le travail a
été finalisé quant à la récupération
des amendes? Est-ce que les retards qui étaient assez
considérables ont été réduits, là? (21
heures)
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je peux
demander à Me Chamberland de répondre à la question, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: Merci, M. le Président. Avec quelque
temps, je pourrais vous trouver les chiffres précis. Je peux vous
répondre en termes généraux pour l'instant. Effectivement,
au moment où le projet spécifique a été
amorcé, les retards étaient considérables au niveau de la
perception des amendes, d'où, d'ailleurs, l'obtention des postes
occasionnels que nous avons eus à cette occasion. Je peux vous dire - et
je pourrai vous donner des détails plus précis tantôt ou
à un autre moment - que nous avons réussi, grâce à
ce projet spécifique, à réduire considérablement
les amendes impayées au gouvernement. Dans certaines régions,
nous sommes à date. Dans d'autres, il y a encore un léger retard,
mais, au moment où je vous parle, les informations que j'ai sont
à l'effet que ça ne justifierait pas de nouveaux postes pour
l'instant. Nous croyons que nous serons en mesure de maintenir le niveau des
comptes à recevoir, quant aux amendes, à un niveau satisfaisant.
Alors, on me remet des chiffres au 31 janvier 1992. Nous avions
récupéré 33 000 000 $ des 51 000 000 $ de comptes à
recevoir qui étaient enregistrés, au moment où le
programme a débuté. Comme vous voyez, le résultat de cet
effort qui a été fait a été très
positif.
Services judiciaires en milieu autochtone
Mme Harel: À ce programme 2, qui porte sur le soutien
administratif à l'activité judiciaire, on retrouve la Direction
des services professionnels, je pense, de qui relève la coordination des
services judiciaires en milieu autochtone, et, également, la
coordination des services aux cours municipales. On retrouve, dans
différents programmes, ce dossier des services en milieu autochtone,
mais... On comprend donc qu'il y a eu un ajout de crédits pour,
j'imagine, l'embauche de conseillers parajudiciaires auprès des
autochtones, un ajout de 75 000 $ de crédits, et, également, un
ajout de 175 000 $ pour dispenser des services-conseHs relatifs à la
réglementation locale et à la formation des intervenants
judiciaires en milieu autochtone. On retrouvera d'ailleurs, un peu plus loin,
un montant de 200 000 $ en ce qui concerne, je crois, la consultation qui sera
entreprise auprès des nations autochtones. Peut-on nous faire un bilan
de ce qui est entrepris actuellement en matière de justice
autochtone?
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je vais faire
les commentaires et je vais demander ensuite, soit au sous-ministre
Chamberland, soit à quelqu'un d'autre auquel il voudra se
référer, de compléter. M. le Président, j'ai eu
l'occasion de dire, dans mes remarques préliminaires, à quel
point c'était un dossier, pour nous, important, et, au Sommet sur la
justice, nous avons eu une table complète en ce qui regarde, donc, la
justice en milieu autochtone, et c'est une table qui a eu beaucoup de
succès. Nous avons, en travaillant, entre autres, avec M. le juge Coutu,
la possibilité de mettre en place un mécanisme d'administration
de la justice qui serait plus conforme aux traditions et aux façons de
faire des autochtones, tout en respectant le principe qu'il y a un
système de justice, il n'y en a pas deux. Mais il y a des
possibilités que nous avons, au niveau de l'administration de la
justice, qui nous permettent d'adapter cette administration aux coutumes,
conventions et façons de faire des autochtones.
Vous vous souvenez, M. le Président, qu'à la suite du
Sommet un groupe de travail a été créé pour aller
consulter les communautés, pour qu'on puisse s'entendre sur le genre de
mécanismes qu'on veut mettre en place. On parle, par exemple, de juges
de paix qui pourraient être autochtones. C'est une possibilité. On
parle de sentences, de pénalités qui pourraient être
accordées, dans certains cas, par des conseils spéciaux
autochtones. En fait, il y a plusieurs mécanismes qui peuvent s'adapter
très bien à l'administration de la justice et être plus
conformes à la réalité autochtone, entre autres les deux
niveaux, et je termine là-dessus, M. le Président. Ce qu'on
mentionne ici, c'est les suites du Sommet: l'ajustement relié au
dossier
de la gestion des créances, l'ajout de crédits pour
dispenser des services-conseils relatifs à la réglementation
locale et à la formation des intervenants judiciaires en milieu
autochtone, et c'est un élément qui fait suite au Sommet sur la
justice. La même chose en ce qui regarde l'ajout de crédits pour
les conseillers parajudiciaires auprès des autochtones. C'est la
même chose. Alors, je vais demander à Me Chamberland de
compléter, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: Merci, M. le Président. Tout d'abord, le
comité, le groupe de travail dont le ministre avait annoncé la
mise sur pied lors du Sommet sur la justice, effectivement, on a
réfléchi, depuis ce temps-là, à la façon de
mieux former ce comité et, au moment où je vous parle, on voit un
comité léger, parce que c'est important de pouvoir faire le plus
de communautés possible, de se déplacer rapidement, facilement,
de gens qui connaissent le milieu. Je ne vous le cache pas, on souhaiterait que
le juge Coutu accepte de travailler à ce comité et je pense que
les chances sont bonnes qu'il accepte de travailler avec nous à ce
comité sur lequel il y aura, également, trois
représentants de ministères: un pour la Justice, un pour la
Sécurité publique et possiblement un représentant du
gouvernement fédéral, également, pour faire le lien avec
le ministère des Affaires indiennes, qui a évidemment un
intérêt dans le dossier.
De plus, dans les régions où nous fournissons des services
de cours itinérantes, notre souhait serait qu'un dernier membre
s'ajoute. Quelqu'un des services judiciaires, quelqu'un qui est habitué
d'organiser les sessions de la cour itinérante dans cette région
s'ajouterait au comité de travail. Alors, comme vous voyez, c'est assez
léger. Le mandat est connu. Je pense que je n'ai pas à revenir
sur le mandat. Il a fait l'objet d'une annonce au Sommet sur la justice et il
était décrit amplement et précisément dans le
communiqué de presse qui a été émis le jour
même. Maintenant, il devrait idéalement commencer ses
démarches avec le beau temps. Donc, avec le mois de mai, juin et, si
c'est possible, évidemment, si on a un juge. Le juge Coutu, lui, a ses
rôles, ses termes à respecter. Alors, il faut coordonner un peu
tout ça, avec les communautés autochtones aussi.
Voilà où nous en sommes au niveau du comité de
consultation. Maintenant, au niveau de la formation des intervenants
judiciaires, M. le Président, vous serez sûrement heureux
d'apprendre que, dès le mois d'août de cette année, nous
aurons un premier cours, une première session de formation, à
laquelle travaille d'ailleurs le juge Coutu, et qui sera offerte aux juges qui
siègent en milieu autochtone, ainsi qu'aux intervenants du
système judiciaire. Ce cours sera donné dès te mois
d'août de cette année. Alors, je pense que ce sont de bonnes
nouvelles de ce côté-là. À plus long terme, nous
travaillons à la mise en place d'un programme encore plus
élaboré, possiblement avec l'Université du Québec
avec laquelle nous sommes en pourparlers sur le sujet. Alors, les dossiers
avancent de façon régulière sur tous les fronts.
Mme Harel: Je comprends donc que, sur le groupe de travail
chargé de la consultation, il n'y aurait aucun autochtone?
M. Chamberland: Au moment où je vous parle,
évidemment, on s'en va voir les autochtones. Alors, il y en aura
évidemment, dans chacune des communautés... C'est avec les
autochtones que nous discuterons. Alors, ils seront partout, ils seront
omniprésents à chacune des réunions. C'est pour eux que
nous allons là et c'est avec eux que nous dialoguerons.
Mme Harel: Mais la recommandation reviendra au groupe de travail
dans lequel ils ne siégeront pas.
M. Chamberland: Je pense qu'il faut comprendre l'esprit de la
démarche. C'est d'en arriver à une entente avec eux. Alors, il
n'est pas question de faire de recommandations qui ne rencontrent pas leur
approbation. Il s'agit de s'entendre avec eux, et c'est dans cet esprit que le
comité ira les rencontrer. Ce n'est pas un domaine où le
comité peut nous faire des recommandations si la communauté n'est
pas d'accord. Je pense que, dans ce sens-là, la question est un peu
théorique, si on veut. On va chercher leur approbation, on va chercher
leur accord. (21 h 10)
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, Mme la
députée, M. le député d'Orford, sur le même
programme.
Accessibilité aux registres de l'état
civil
M. Benoit (Orford): Oui, sur le même programme, M. le
Président. Des représentations ont été faites, M.
le ministre, auprès de certains des députés ici. Les
groupes de généalogie, qui écrivent l'histoire de nos
ancêtres, se plaignent que les registres qui sont dans les régions
seront centralisés dans les deux villes de Montréal et de
Québec. Représentant une région... Ces gens-là ne
sont pas très heureux de cette décision-là. Qu'est-ce qui
sous-tend cette décision de ramener vers les deux grands centres toute
la généalogie, finalement?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...oui, alors, la question du
député d'Orford est très pertinente parce que, de
fait, j'ai eu des représentations qui m'ont été faites par
la Société d'histoire et la Société de
généalogie de Québec. Entre autres, on a eu l'occasion de
les rencontrer. Lorsqu'on a fait la réforme du Code cMI, on a eu
l'occasion de prendre contact avec eux et nous sommes donc
particulièrement sensibles à leurs préoccupations. Alors,
il y a eu une réunion qui a eu lieu à Montréal le 29 mars
dernier. C'était une réunion à laquelle étaient
invitées toutes les sociétés d'histoire et toutes les
sociétés de généalogie du Québec. Il y avait
aussi d'autres organismes intéressés, et Me Guy Lavigne,
directeur de l'état civil, donc, du Québec, du ministère,
était là.
Je peux vous dire que j'ai ici une lettre signée par le
président du comité conjoint de sociétés d'histoire
et sociétés de généalogie du Québec, M.
Gaston Chapleau, qui se montre satisfait des commentaires qu'il a reçus,
donc, du responsable du ministère de la Justice, et qui nous dit qu'il
est prêt, donc, à travailler, à collaborer avec nous pour
trouver les meilleurs moyens pour que, d'une part, on puisse avoir cet
accès, pour eux, à ces banques de données mais, d'autre
part, il faut qu'on puisse aussi comprendre, et je pense qu'il le comprend,
qu'on doit protéger les renseignements personnels.
Alors, d'une part, il y a les renseignements personnels à
protéger, et, pour moi, comme ministre de la Justice, M. le
Président, c'est une grande préocupation. Je trouve que, dans
beaucoup de domaines, on laisse aller beaucoup de choses qui nous
amènent à avoir des banques de données sur les citoyens
et, pour ma part, comme ministre de la Justice, ça m'inquiète
beaucoup. Alors, il faut être très prudent. Ça ne veut pas
dire qu'il faut fermer complètement la porte, mais il faut trouver le
moyen terme. Alors, c'est là que le groupe de travail qui est
formé, en accord avec le président du comité conjoint,
donc, M. Chapleau, va me permettre de faire des recommandations et de
travailler en étroite collaboration avec ce comité conjoint.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée, avez-vous terminé? Oui?
Mme Harel: Comment? Une voix:...
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet? M. le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: À quelle date ce service sera-t-il effectif?
M. Rémillard: Alors, on parle du 15 août au plus
tard, M. le Président, mais je vais demander à M. le
sous-ministre de répondre au député de Sherbrooke, si vous
me permettez.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberiand.
M. Chamberiand: Oui, M. le Président. Suite à
toutes les interrogations qui se sont posées sur l'accessibilité
aux registres de l'état civil et en concertation avec le ministre de la
Justice, finalement, on a décidé de mettre sur pied un groupe de
travail dont le mandat est, justement, d'examiner cette question de
l'accessibilité aux registres de l'état civil. Il s'agit de voir
s'il y a moyen d'accommoder tout le monde, finalement. Il y a eu beaucoup de
demandes de la part des régions, il y a eu des demandes de la part des
sociétés de généalogie. Comme vous le voyez, le
climat est très bien avec eux en ce moment, mais, quand même, le
problème demeure, il faut essayer d'y trouver une solution.
Le groupe de travail est dirigé par une ressource
extérieure au ministère de la Justice, une ressource qui provient
d'une firme de consultants spécialisée en matière
organisation-nelle et, justement, avec une spécialité sur la
décentralisation et la déconcentration d'activités
administratives. Alors, une vue nouvelle, une vue plus fraîche, si on
veut, sur le dossier dans le but de trouver des solutions. Ces gens-là
doivent soumettre un rapport au ministre de la Justice au plus tard le 15
août 1992. Alors, espérons que le rapport contiendra les
réponses aux questions que les gens se posent.
M. Hamel: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je remercie le député ministériel
d'en avoir fait mention parce que c'est là une question
extrêmement importante et on est tous l'objet de représentations
constantes. Moi, j'ai cru comprendre du ministre que nous allions de toute
façon examiner cette question en commission parlementaire, lors de
l'examen du règlement qui doit être adopté concernant
l'application des registres. Lorsque des porte-parole de ces différents
organismes m'ont rencontrée, je leur avais transmis, de bonne foi, que
nous allions avoir un examen attentif article par article du règlement
qui doit, dans le fond, être adopté pour permettre
l'accessibilité, notamment, aux registres.
Le ministre... C'est toujours le cas?
M. Rémillard: C'est toujours prévu. Je regarde ici,
dans notre échéancier, là, et je vois automne 1992 pour le
projet de règlement en commission parlementaire. Alors, normalement, on
vise fin novembre, début décembre, quelque chose comme
ça.
Mme Harel: Mais on aura l'occasion d'en faire une étude
parlementaire à ce moment-là.
M. Rémillard: Parlementaire. On va essayer de trouver une
solution. Comme je vous dis, je pense qu'on poursuit tous le même but, le
même objectif.
Le Président (M. Dauphin): D'autres questions sur le
programme 2?
Nouvelles responsabilités accordées aux
cours municipales
Mme Harel: Oui, toujours au programme 2, cette fois, concernant
les cours municipales. J'abrège, M. le Président, compte tenu du
peu de temps qu'il nous reste. J'aimerais entendre le ministre nous indiquer
quelles sont ses intentions en matière de transfert de
compétences au niveau des cours municipales. On avait effleuré la
question, l'année dernière, puisqu'on attendait le jugement, je
pense, ou qu'il venait simplement de... Le jugement de la Cour suprême,
à ce moment-là, venait d'être connu. Mais j'avais pris
connaissance, au dernier congrès de l'Union des municipalités du
Québec, de leur crainte de se voir transférer des
compétences sans que les budgets suivent. Est-ce qu'il y a des
pourparlers, présentement, entre le ministre de la Justice et l'UMQ ou
l'UMRC? Où est-ce que ça en est exactement?
M. Rémillard: Tout d'abord, M. le Président, je
dois dire que, il n'y a quand même pas tellement longtemps, c'est en 1989
que nous avons fait la Loi sur les cours municipales. On a donc refait la
structure et l'organisation de ces cours municipales. Pour moi, c'est une loi
très importante parce que, pour beaucoup de citoyens, la seule
expérience qu'ils ont avec la justice, c'est au niveau souvent d'une
cour municipale. C'est important qu'on puisse avoir des cours qui sont bien
organisées, où on montre un maximum d'exercice de justice,
d'impartialité. Par conséquent, il y a eu toute une organisation
qui faisait suite, il faut dire, à des jugements de la Cour
suprême en ce qui regarde l'indépendance que doivent avoir tes
juges des cours municipales.
Cette réforme a porté fruit, et la réorganisation
se fait. Des nominations de juges municipaux auront lieu, même dans les
prochaines semaines, et on peut dire qu'on a des cours municipales qui assurent
une justice beaucoup plus accessible. Entre autres, M. le Président, je
suis particulièrement heureux de voir qu'il y a maintenant 50 % des
séances de ces cours municipales qui doivent avoir lieu après 18
heures, le soir. Et ça, pour moi, c'est très important.
J'espère persuader Québec, Montréal et Laval... Vous savez
que ces trois villes ont des chartes spéciales, donc, ne sont pas
soumises à la loi que nous avons faite en 1989. Mais j'aimerais bien les
persuader de faire la même chose et que 50 % des audiences puissent se
tenir le soir.
En ce qui regarde maintenant de nouvelles juridictions que nous
pourrions donner aux cours municipales, j'ai eu l'occasion d'en parler au
Sommet sur la justice, et ça pourrait être, oui, une façon
de faire pour rendre encore la justice plus accessible. Nous sommes
présentement en négociation avec chaque municipalité. Il
va falloir qu'on négocie au niveau de chaque municipalité. Je ne
veux pas imposer. Le principe ne sera pas d'imposer de nouvelles
responsabilités, mais de voir comment on peut leur donner ces nouvelles
responsabilités et comment elles peuvent les assumer; toutes les
poursuites par voie sommaire, comment nous pourrions nous entendre. (21 h
20)
Bien sûr qu'à ce moment-là se pose la question des
amendes. Les municipalités vont nous dire: C'est très bien, vous
nous donnez des responsabilités nouvelles, mais ça coûte
combien? Comment on fait ça? Qui va payer ça? Ou bien: Ça
va rapporter combien? Moi, je ne suis pas intéressé non plus
à ce que les cours municipales soient des caisses enregistreuses. Il y a
quand même... Les cours municipales sont là. Je ne veux pas que ce
soit des charges additionnelles pour les municipalités, Ce n'est pas des
caisses enregistreuses non plus. Alors, H faut que ce soit des organismes qui
sont là pour rendre justice. Je crois que la justice peut être
rendue en matière pénale, en matière de poursuites
sommaires, d'une façon peut-être plus accessible, si on fait des
ententes avec les municipalités.
Alors, on veut faire des ententes. Il y a des questions qui se posent,
qui ne sont pas toujours faciles. On a un plan d'action, actuellement, qui est
en voie de finalisation. On va aborder chacune des municipalités
où H y a des cours municipales, et on va voir ce qu'on peut faire.
Évidemment, si elles ne sont pas intéressées, je ne
forcerai pas.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a un groupe de travail, actuellement,
qui est en place?
M. Rémillard: Au sein du ministère même, au
niveau du sous-ministre Michel Bouchard, au niveau des affaires criminelles et
pénales, le plan de travail est en train de s'élaborer.
Mme Harel: Au Sommet sur la justice, vous aviez été
beaucoup plus explicite. Vous parliez, à ce moment-là, d'un
transfert vers les municipalités. En termes exacts, vous parliez de
mettre en place les outils conduisant à l'élaboration d'un
protocole d'entente concernant l'application de la partie 27 du Code criminel
par les cours municipales.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: En fait, vous pariiez de cours"
municipales qui allaient traiter un plus grand nombre d'infractions
punissables sur déclaration sommaire.
M. Rémillard: Je vous dis la même chose. Mme
Harel: Vous le souhaitez toujours?
M. Rémillard: Je le souhaite toujours. Ce que je vous dis,
c'est que...
Mme Harel: Mais vous n'êtes pas prêt à payer
le prix que les municipalités demandent, c'est-à-dire qu'elles
disent oui, mais il faudrait, à ce moment-là, percevoir les
amendes pour pouvoir compenser les frais que ça encourt.
M. Rémillard: Bien, je veux dire qu'il faut des
discussions. Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas l'imposer. Je crois
que c'est un service que les cours municipales peuvent rendre et devraient
rendre. Mais je dois m'assurer, comme ministre de la Justice, qu'elles sont
capables de les rendre convenablement. Je ne veux pas imposer non plus des
charges additionnelles aux municipalités; il n'en est absolument pas
question. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne veux pas non plus
qu'on voie là des caisses enregistreuses.
Mme Harel: Vous savez que, présentement, certaines
municipalités appliquent, en fait, le Code de la sécurité
routière et que le gouvernement leur transfère à peu
près pour un peu plus de 1 000 000 $ d'amendes, de contraventions
qu'elles perçoivent. Si je comprends bien, ce n'est pas rendu plus loin,
finalement, que ça l'était l'an passé. On en est à
peu près au même point.
M. Rémillard: Ahl non, non, on est plus loin. Là,
on est en train d'élaborer notre plan d'action, et on va débuter
quand même, dans un avenir prochain, les contacts avec chacune des
municipalités qui sont intéressées. On va susciter leur
intérêt - vous pouvez être sûre de ça - et on
va aller les voir. Et puis, comme le sous-ministre me le souligne avec raison,
il y a la volonté du gouvernement. J'ai la décision, quand
même, du gouvernement qui nous permet de négocier avec les
municipalités un partage des amendes. On ne l'avait pas, ça,
avant, et là on l'a; reste à voir dans quelle proportion.
Ça reste à voir. Je comprends qu'il faut que ce soit avantageux
pour elles. Je ne vois pas pourquoi elles prendraient une responsabilité
si elles n'ont pas un avantage. Mais ii faut qu'on pense que le premier
avantage, c'est celui du citoyen.
Mme Harel: Je ne pense pas qu'elles cherchent
nécessairement des avantages. En tout cas, elles ne semblent pas le
faire comme tel. Mais elles cherchent à ne pas avoir à assumer le
fardeau.
M. Rémillard: Au départ, je pense que ça,
c'est le minimum. Elles n'ont pas à supporter un fardeau de plus. Et
ça, comme ministre, je veux bien les assurer, elles n'auront pas
à supporter un fardeau de plus. Cependant, H faut un protocole
d'entente. Je ne voudrais pas non plus que ce soit l'occasion pour aller
chercher aussi des sommes d'argent supplémentaires. Alors, il y a un
juste équilibre, si vous me permettez l'expression, à
trouver.
Mme Harel: C'est en juin dernier que la Cour suprême se
prononçait sur la question de l'impartialité des juges
municipaux. Par ailleurs, la revue Maîtres du mois d'août
faisait paraître un sondage réalisé auprès des
avocats qui se retrouvent devant les cours municipales et, pour ces praticiens,
69 % d'entre eux disaient ne pas croire à l'impartialité des
juges municipaux. Je ne sais pas si vous avez pris connaissance de ce sondage
publié dans la revue Maîtres du mois d'août 1991. Je
ne sais pas s'il faut réfléchir à cette question ou si
c'est là quand même un indicateur important. Les praticiens, qui
sont en contact avec les cours municipales, sont majoritairement d'avis qu'il
n'y a pas l'impartialité requise.
M. Rémillard: Je m'excuse, je n'ai pas en mémoire
ce sondage. Remarquez que j'ai l'habitude de ne pas commenter les sondages,
mais peu importe. Probablement que c'est là une peracep-ion qu'il y
avait des cours municipales et des juges municipaux dans le passé, quand
même dans un passé assez récent. Je vous ai dit, tout
à l'heure, qu'il y aurait plusieurs nominations de faites, à la
suite des nouveaux concours qui sont ouverts, pour respecter le processus de la
loi avec un concours qui Implique le président... Qu'est-ce qu'il y a
à part ça? Il y a le Barreau, qui est toujours là, puis
quelqu'un du public, donc, un processus très semblable à celui
des juges de la Cour du Québec.
Donc, il y a une impartialité qui va apparaître de plus en
plus, une indépendance de la magistrature qui va apparaître de
plus en plus. Il y a aussi les efforts de la Conférence des juges
municipaux, avec le président, M. Jean Denis Gagnon, qui fait un effort
considérable aussi. Alors, il se peut qu'un tel sondage se
réfère à une perception qui n'était pas toujours
une perception des plus heureuses dans le passé, mais moi, je suis
convaincu qu'avec les nouveaux aménagements ça devrait
s'améliorer considérablement.
Mme Harel: Toujours au programme 2, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui.
Rénovation de palais de justice
Mme Harel: Cette fois, j'aimerais aborder la question de la
rénovation et de la réfection de palais de justice. Je comprends
qu'il n'y a pas de crédits prévus à cet effet pour
l'année 1992-1993. C'est bien le cas? Des cinq projets majeurs, parce
qu'il y avait déjà cinq projets sur lesquels on est revenus, lors
des années antérieures, Laval, Rivière-du-Loup,
Saint-Jean-sur-Richelieu, Co-wansville et le tribunal de la jeunesse à
Montréal. Ça, ce sont des projets qui ont débuté
depuis 1988.
M. Rémillard: M. le Président... Mme Harel:
Oui. Non, allez-y...
M. Rémillard: Excusez-moi. Vous n'avez pas
terminé?
Mme Harel: Non.
M. Rémillard: Je demanderais simplement à M. le
sous-ministre Raymond Benoît de répondre à la question.
J'aimerais qu'il puisse vraiment nous faire la situation là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M. Benoît.
M. Benoît (Raymond): Oui, M. le Président. En ce qui
concerne la question de Mme la députée concernant les budgets
relatifs à la construction et au réaménagement, je pense
qu'il faut préciser tout d'abord que ces budgets-là
apparaîtront au budget des loyers du ministère, une fois la
réalisation accomplie des projets de construction. Apparaissent
actuellement dans nos loyers les projets déjà
réalisés antérieurement. Alors, en ce qui concerne les
projets à venir, qui ont été prévus dans notre plan
directeur, ces budgets-là sont actuellement prévus,
évidemment, dans les budgets d'investissements de la
Société immobilière, mais apparaîtront à nos
budgets, par la suite, sous forme de location. (21 h 30)
Mme Harel: Maintenant, à l'égard du projet de
Trois-Rivières, dois-je comprendre que Trois-Rivières fait
partie... En fait, non, Trois-Rivières ne fait pas partie des cinq
projets majeurs qui ont été acceptés, là, en 1988.
Il s'agissait, je pense, d'un autre groupe de priorités qui avaient
été identifiées au ministère. Alors, à part
ces cinq projets qui sont en cours, là, il y a eu d'autres études
et des projets qui ont été identifiés comme étant
prioritaires?
M. Benoît (Raymond): Je pourrais peut-être
résumer globalement le plan. Ça va vous situer les divers
projets. Dans une première phase, une première étape, nous
avions identifié cinq projets majeurs, soit le projet de Laval, de
Rivière-du-Loup, de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Cowansville et de la
chambre de la jeunesse à Montréal. Alors, vous savez que Laval,
Rivière-du-Loup, Saint-Jean-sur-Richelieu sont en pleine
réalisation. Le palais de justice de Cowansville est à
l'étude, présentement, et nous discutons avec le Conseil du
trésor quant à la formule la plus rentable pour ce
projet-là. Celui de la chambre de la jeunesse de Montréal est
actuellement rendu au niveau de l'étude auprès du
ministère des Approvisionnements et Services et de la
Société immobilière. Suivront, par la suite, les autres
étapes d'approbation gouvernementale. Alors, ces projets-là,
donc, sont plus avancés.
Par ailleurs, dans un deuxième temps, nous avions, en mai 1991,
déposé la deuxième étape de notre plan directeur,
et c'est à ce document, j'imagine, que vous faisiez
référence, qui contenait 26 projets et qui accordait une certaine
priorité envers certains de ces projets-là. Alors, on avait
regroupé ces 26 projets-là dans des groupes différents, et
ce qui est envisagé, ce qui est proposé au Conseil du
trésor, puisque ça a été déposé au
Conseil du trésor, c'est une priorité, en particulier pour les
projets de Saint-Jérôme, Valleyfield, Trois-Rivières et
Mont-Laurier, en vue d'une réalisation et d'une livraison de ces projets
de construction, de réaménagement pour les années
1994-1995, 1995-1996, dans le cas de Valleyfield et Trois-Rivières, et
Mont-Laurier, l'année suivante, 1996-1997.
Alors, c'est les projets immédiats qui ont un
échéancier plus serré et pour lesquels nous avons,
évidemment, entrepris les travaux plus appropriés, non seulement
d'identification des besoins, parce que ça, ça a
été fait dans le plan directeur, globalement, qui a permis
d'identifier les lacunes et d'établir les priorités, mais nous
avons amorcé la préparation de programmes architecturaux et nous
allons les transmettre, au fur et à mesure, à l'approbation du
ministère des Approvisionnements et Services, qui émettra le
certificat de conformité et ainsi de suite. Les étapes que vous
connaissez, je pense, viendront par la suite.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin):... sur les cours municipales,
Mme la députée. M. le député de Hull.
Perception d'amendes par les cours municipales
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. le ministre, on sait
que, dans les cours municipales, beaucoup de cas qui y sont
référés relèvent du code de la route, entre autres,
les stationnements ou la vitesse, ainsi de suite. Il arrive souvent,
également, que les contrevenants sont condamnés ex parte et H est
parfois difficile et onéreux, pour les municipalités, de
collecter ces amendes. Est-ce qu'il y a un programme qui a
été mis sur pied, à l'essai ou est-ce que vous
proposez d'en mettre un? Est-ce que ça pourrait être
étudié, à savoir que les cours municipales des
différentes municipalités, on agence leur système avec le
ministère des Transports pour faire en sorte que le contrevenant qui
n'aurait pas payé une contravention se verrait refuser son
renouvellement d'immatriculation?
M. Rémillard: Alors, je ne sais pas si, dans la question
du député de Hull, je vois des reliquats de son expérience
à la municipalité, comme greffier de la municipalité,
mais, de fait, la ville de Montréal nous a fait des
représentations quelque peu dans ce sens-là, si ma mémoire
est bonne, mais je vais m'informer. C'est un problème qui se pose.
Comment on pourrait... Est-ce qu'on devrait aller jusqu'à dire, comme
vous le suggérez, que les permis pourraient être en cause pour des
gens qui ne paieraient pas les amendes?
Il y a déjà toute la question du robot qui... le sabot
de... Pas le robot, mais le sabot. Ha, ha, ha! Excusez-moi, M. le
Président. Mais est-ce qu'on peut aller plus loin que ça? Je vous
avoue que je ne m'aventurerai pas pour le moment, mais c'est actuellement
à l'étude, on regarde ça. Et, plus
particulièrement, la ville de Montréal nous a fait des
suggestions à ce niveau-là, et nous sommes en discussion avec
eux.
M. LeSage: J'aimerais, si vous le permettez, M. le
Président, faire remarquer à M. le ministre que,
présentement, avec le système actuel, une personne qui demeure
à Famham, qui vient à Hull, qui reçoit une contravention,
ils ne courront pas après. Ils n'enverront pas un policier signifier au
bonhomme qui demeure à Farnham de revenir à Hull. Ils ne le
feront pas. La même chose avec la personne qui demeure à
Québec et qui se fait prendre à Montréal ou vice versa.
Mais, avec un tel système, je pense que toutes les municipalités
pourraient récupérer des énormes sommes d'argent qu'elles
laissent sur la table présentement. Ça m'amène à
vous demander, M. le ministre, si vous êtes pour étudier cette
situation-là, de tenir en considération également les
régions frontalières, et peut-être entamer des pourparlers
avec la province de l'Ontario, par exemple, alors que plusieurs
résidants ontariens viennent au Québec, reçoivent des
contraventions et retournent chez eux, et, là, c'est de l'argent perdu.
D'abord, on ne peut pas aller leur signifier en Ontario, et ils ne reviendront
pas au Québec. S'ils reviennent au Québec, ils courent
peut-être une chance, dans les années à venir, de se faire
reprendre, que le policier appelle au poste et qu'on retrouve sur la console ou
sur l'informatique qu'il a une contravention, et qu'on l'arrête sur le
champ, mais, à part ça, c'est de l'argent qui est laissé
sur la table. Je sais, par expérience, qu'il y a beaucoup d'argent dans
l'Outaouais qui est laissé sur la table dans les différences
municipalités en provenance de l'Ontario. Alors, si vous êtes pour
étudier cette politique-là, peut-être qu'on pourrait aussi
étudier la possibBité d'avoir une entente avec la province de
l'Ontario.
M. Rémillard: M. le Président, bien sûr que
le député de Hull met le doigt sur un problème. C'est un
problème. Je connais assez votre région, la ville, Hull, pour
savoir que c'est un problème. C'est un problème pour l'Ontario,
c'est un problème pour le Québec. Alors, pour Ottawa et aussi
pour Hull, c'est un problème. Ça relèverait d'une entente
interprovinciale, et on a le même problème en matière, par
exemple, de taxation. Des gens qui achètent un bien, comme vous le
savez, en Ontario, et qui le font livrer à Québec, il y a tout un
problème de taxation qui existe aussi ou, vice versa, quelqu'un de
l'Ontario qui achète au Québec et qui fait livrer à
Ottawa, il y a tout un problème de taxation. Alors, ça, ça
demanderait des ententes interprbvlnciales. Moi, je ne voudrais pas donner
d'opinion juridique ici, mais ça soulève beaucoup de
problèmes constitutionnels. Mais, en ce qui regarde l'intérieur
du territoire québécois, vous mentionnez entre les villes, par
exemple, je peux vous dire qu'on regarde ça attentivement.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le député
de Vimont.
Mme Harel:...
M. Fradet: Oui, merci.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Je me sens très, très mal à
l'aise, à ce moment-ci de nos travaux, compte tenu de l'heure qui passe
rapidement. Je me sens mal à l'aise qu'on ait fait venir des personnes,
qu'on en soit toujours au programme 2, qu'on ait fait venir des dirigeants
d'organismes de Montréal qu'on n'aura pas l'occasion d'entendre, puis
c'est, finalement, la seule occasion que l'on a, annuellement, pour
échanger, notamment avec la Commission de protection des droits de la
jeunesse, notamment avec la Commission des droits de la personne.
Alors, je demanderais peut-être à mes collègues de
faire en sorte que l'Opposition puisse, comme c'est l'habitude lors des
crédits, avoir un maximum de temps à sa disposition.
M. LeSage: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull.
M. LeSage: ...cet exercice que l'on poursuit présentement
n'est réservé qu'à l'Opposition ou
si c'est réservé à tous les membres de cette
commission?
(21 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Effectivement.
C'est-à-dire que, comme je l'ai mentionné dès le
début de nos travaux, c'est qu'en l'absence de convention entre les
groupes parlementaires le temps est réparti équitablement,
normalement, 50-50, sauf que, ayant siégé moi-même dans
l'Opposition pendant cinq ans, évidemment, à l'étude des
crédits, l'Opposition a quand même droit à un peu plus de
temps, si vous voulez avoir l'heure juste de ma part. Cependant, les
députés ministériels ont le droit de prendre la parole
aussi.
M. LeSage: M. le Président, l'Opposition a-t-elle droit
plus que le parti au pouvoir?
Le Président (M. Dauphin): Je viens de vous
répondre.
M. LeSage: C'est quoi? Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Dauphin): C'est normalement 50-50, sauf
que la pratique veut que l'Opposition ait peut-être le droit à un
peu plus de temps. Je reconnais que le parti ministériel n'a pas
abusé du temps depuis que nous avons commencé nos travaux. Donc,
la parole est au député de Vimont.
M. Fradet: Juste sur le même sujet M. le ministre, parce
que j'entendais mon collègue de Hull dire qu'il n'y avait pas de moyens
pour une municipalité qui donnait un billet à un individu de
récupérer si cet individu-là ne faisait pas partie de la
municipalité. Juste une question, un point d'interrogation, parce que
j'ai eu, il n'y a pas tellement longtemps, quelqu'un dans mon bureau qui avait
justement subi quelque chose dans ce sens-là. Il avait eu une
contravention pour stationnement dans un centre d'achats, une contravention de
10 $ en 1984 et, pas plus tard que cet automne, au mois de novembre 1991, H a
eu un mandat d'arrêt contre lui par un policier d'une autre
municipalité. De un, à l'époque, je me demandais s'il
avait le droit d'avoir un mandat d'arrêt quand le monsieur n'a jamais
reçu un billet dans le stationnement. Je sais que ce n'est pas
peut-être pertinent pour vous, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, mais c'est juste parce que je voulais avoir des...
Mme Harel: Pas seulement pour moi, mais je ne pense pas que
ça le soit tout court, M. le Président.
M. Fradet: On a touché le sujet. Alors, M. le ministre, je
ne sais pas si, de un, premièrement, on avait, contrairement à ce
que M. le député de Hull pensait... Est-ce que les
municipalités ont ce recours-là, justement, effectivement, de
récupérer les amendes?
M. Rémillard: La justice, elle trouve son homme, sa femme
aussi, remarquez. Elle a le bras long.
M. Fradet: Parce que M. le député de Hull
adit...
Mme Harel: ...la pertinence. Ça concerne le Code de la
sécurité routière. C'est adopté par le ministre des
Transports, et c'est une autre commission parlementaire qui a
étudié la question.
M. LeSage: Je m'excuse, M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve peut plaider la pertinence. Moi
aussi, je pourrais la plaider...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull, sauf que je vous signale que si...
M. LeSage: ...mais je pense que les pouvoirs qui sont
conférés aux cours municipales - et c'est le sujet qu'on traite
présentement - ce sont des pouvoirs qui sont conférés par
le ministre de la Justice.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Justice.
M. Rémillard: M. le Président, je pense bien que
j'ai répondu au député de Vimont. C'est une question
strictement que la municipalité, si elle veut prendre les moyens pour
aller chercher la personne qui est fautive, elle va les prendre. Mais,
habituellement évidemment, ça demande des moyens, et souvent, ce
ne sont pas toutes les municipalités qui veulent les prendre.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Fradet: De toute façon, M. le Président, ce
n'était pas le but de mon intervention. Juste parce que vous avez
mentionné aussi, au début, qu'on pouvait poser des questions, pas
nécessairement programme par programme, j'aurais aimé poser des
questions au ministre dans le domaine de la toxicomanie, par rapport au
ministère de la Justice, et, avant que le temps ne soit
écoulé, à 23 heures, je ne sais pas si je peux profiter de
l'occasion pour poser des questions strictement...
Le Président (M. Dauphin): Après
vérification, ce serait dans le programme 9.
M. Fradet: Oui, mais on a mentionné, au début, que
le ministre était ouvert à discuter d'un programme-Le
Président (M. Dauphin): Je vais vous reconnaître
définitivement au programme 9. Ce-
pendant, à moins que l'ensemble des députés
veulent...
M. Fradet: Si ça peut réconforter l'Opposition, je
ne prendrai pas...
Le Président (M. Dauphin): Un instant, je n'ai pas
terminé, M. le député de Vimont. À moins que les
députés consentent à ce que vous posiez votre question du
programme 9 tout de suite, je n'y vois pas d'objection.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vous demanderais de
poursuivre l'étude du programme 2, puis ensuite on entendra, au
programme 3, la Commission des droits de la personne, puis la Commission de
protection des droits de la jeunesse. Et puis, si on peut
accélérer les travaux, on va peut-être arriver au programme
9.
Le Président (M. Dauphin): Cependant, si nous continuons
à faire des questions de règlement pendant 15 minutes, on ne
terminera pas nos travaux. Alors, moi, je vous...
M. Fradet: M. le Président, si, à 23 heures, on
n'est pas rendu au programme 9...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Vimont, je vous dis tout de suite que je vais vous reconnaître avant 23
heures sur le programme 9. Ma décision est prise. Continuons le
programme 2. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 2? Il n'y a
pas d'autres questions?
Mme Harel: Bien, M. le Président, s'il vous plaît,
là. Moi, je fais des crédits dans plusieurs commissions
parlementaires. Je préside la commission parlementaire de
l'éducation et je fais des crédits à la Main-d'oeuvre et
à la Sécurité du revenu. Hier soir, j'étais aux
crédits de la Santé, avec le ministre de la Santé, et je
peux vous dire que le climat et l'attitude des députés
ministériels n'étaient pas ceux que je constate ce soir.
Alors, une autre question, M. le Président, concernant le
transfert de Saint-Jérôme à Laval.
M. Benoit (Orford): M. le Président, juste un instant,
là.
Le Président (M. Dauphin): Avez-vous une question au
règlement?
M. Benoit (Orford): Non, je veux juste faire part qu'on a
commencé à 15 h 30 cet après-midi. Il est 21 h 45, et
l'aile ministérielle... Je n'ai pas compté les questions. Au
maximum, nous avons posé six questions depuis le début, M. le
Président. On est à 21 h 45. Alors, je ne vois pas où est
le problème. Franchement, je ne vois pas où est le
problème.
Mme Harel: Alors, si vous ne les avez pas comptées, ne
dites pas que vous en avez posé six.
M. Benoit (Orford): Je ne pense pas qu'on ait abusé de qui
que ce soit ou de notre temps...
Mme Harel: Non, moi, non plus.
M. Benoit (Orford): Loin de là, loin de là, M. le
Président.
Mme Harel: M. le Président, je vous demanderais de
poursuivre au programme 2.
Le Président (M. Dauphin): Sans s'éterniser sur les
questions de règlement, j'ai dit tantôt qu'effectivement le parti
ministériel n'avait pas abusé du temps. Alors, si on continue
à faire des questions de règlement, c'est sûr qu'on n'aura
pas de temps. Alors, je reconnais maintenant Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, ça concerne, M. le Président, le
transfert appréhendé des activités judiciaires en
matière criminelle de Saint-Jérôme à Laval. Dois-je
comprendre que le projet d'agrandissement de ce palais de justice de
Saint-Jérôme, qui est reconnu comme un modèle de
désuétude, là, ce projet est déjà
accepté au ministère de la Justice? Et quelles sont les
intentions du ministre à l'égard de ce transfert qui est,
évidemment, fortement appréhendé dans le milieu de
Saint-Jérôme?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, on sait que
le nouveau district judiciaire de Laval, avec son palais de justice, sera en
opération dès l'automne prochain, et il n'est pas question qu'on
transfère des juridictions qui, présentement, appartiennent
à Saint-Jérôme, et qu'on les transfère à
Laval. À Laval, ça, il n'en est pas question. À Laval,
déjà, il va y avoir beaucoup à faire, M. le
Président, et on va respecter strictement les juridictions telles
qu'elles existent présentement.
Mme Harel: Alors, on peut complètement rassurer les gens
de Saint-Jérôme. Il n'est pas question de transfert de
Saint-Jérôme à Laval d'activités qui se
déroulent actuellement au palais de justice de
Saint-Jérôme?
M. Rémillard: Alors, M. le député de
Prévost, M. le Président, est venu me rencontrer à
plusieurs reprises. Mon collègue, le ministre de la
Sécurité publique, qui est le ministre responsable de la
région, est venu me voir aussi. Mme la députée de
l'Opposition, de Hochelaga-Maisonneuve, m'en parle ce soir, et je fais toujours
la même réponse. Le district de Laval va avoir ses
activités par lui-même, et je n'ai pas l'intention de
dépouiller saint-jérôme de quelques responsabilités.
ma seule préoccupation, c'est d'assurer une justice la plus accessible
possible.
Modifications à la Loi sur les tribunaux
judiciaires
Mme Harel: M. le Président, un document a circulé,
un document de travail portant sur des modifications à la Loi sur les
tribunaux judiciaires concernant les districts de Témiscamingue, de
Pontiac et de l'Abitibi. Je pense que le ministre a reçu, d'ailleurs,
une abondante correspondance à ce sujet. Peut-il nous indiquer quelles
sont ses intentions? Il a dû recevoir sûrement des
représentations, notamment de la communauté algon-quine du grand
lac Victoria et d'ailleurs, de la population du Témiscamingue
elle-même. Alors, a-t-il l'intention de donner suite à ces
modifications, qui inquiètent aussi la population de ces régions,
ou entend-il maintenir la situation comme elle est présentement?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, oui, M. le Président, de fait,
j'ai étudié ce problème et je disais tout à l'heure
que ma préoccupation, c'est d'assurer l'accessibilité à la
justice. Souvent, ce qui se passe, M. le Président, c'est la suite de
l'évolution des populations, l'évolution des
sociétés. Des chefs-lieux qui avaient été
créés, il y a quelques années, n'apparaissent plus comme
les meilleurs endroits pour assurer l'accessibilité à la justice
pour certaines communautés. Alors, on doit quand même composer
avec ça, et c'est dans ce contexte-là que le grand chef Papatisse
est d'accord, qu'on me dit, avec les modifications que nous avons
proposées, c'est-à-dire des modifications... Je pourrais
peut-être demander à M. Corneau, M. le Président, avec
votre permission, qui est responsable de ce dossier, de nous donner plus
d'explications.
M. Corneau (André G.): Alors, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): M. Corneau.
M. Corneau: ...M. le Président, nous avons reçu,
hier, une confirmation à l'effet que les demandes qui avaient
été présentées par le grand chef Papatisse,
concernant la création d'une juridiction concurrente, lui convenaient.
Nous lui avions soumis le projet, nous l'avions soumis également
à la Sûreté du Québec, en Abitibi, ainsi qu'aux
différentes autres communautés: le Barreau
d'Abitibi-Témiscamingue et les différentes MRC environnantes. (21
h 50)
Mme Harel: Alors, qu'est-ce qu'on doit comprendre, là, des
propos que vous nous faites ce soir? Que vous allez procéder à
une modification à la Loi sur les tribunaux judiciaires?
M. Corneau: Effectivement.
Mme Harel: Ce grand chef, là, dont vous nous parlez,
est-il chef de la communauté du Grand lac Victoria?
M. Corneau: Exact.
Mme Harel: Et c'est celui-là même qui, dans une
lettre adressée au ministre, en janvier 1992, signalait que le service
devait être offert à partir de Val-d'Or, je pense.
M. Corneau: Oui.
Mme Harel: Et, donc, la situation va être maintenue?
M. Corneau: Oui, tout à fait.
Mme Harel: Alors, vous nous dites que tous les intervenants
concernés dans le dossier seraient satisfaits.
M. Corneau: Nous avons un accord, hier après-midi,
confirmé de tous les intervenants. Il nous resterait à obtenir
celui de la Sûreté du Québec, et c'est fait.
Mme Harel: Alors, vous entendez déposer cette
législation dès la présente session?
M. Rémillard: Dans les prochains jours parce que... Avant
le 15 mai.
Mme Harel: Avant?
M. Rémillard: Avant le 15 mai.
Mme Harel: Avant...
M. Rémillard: Avant le 15 mai.
Mme Harel: ...le 15 mai.
Alors, pour terminer le programme Soutien administratif, M. le
Président... Durant le Sommet, la magistrature est intervenue pour
souhaiter avoir une autonomie budgétaire, en fait, pouvoir obtenir
directement un budget qu'elle gérerait elle-même et qui serait
soumis à l'approbation de l'Assemblée nationale. Je me rappelle
que, lors du Sommet, le ministre de la Justice a exprimé, et je le cite,
l'intention de mettre en place un processus d'étude sur cette
question.
Alors, j'aimerais savoir si ça a débuté et si la
proposition qui était soumise par la magistrature, qui était
à l'effet de confirmer l'indépendance réelle des tribunaux
en leur permettant de gérer leur propre budget, si cette proposition
allait être mise de l'avant.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, c'est une
question qui est très importante. Lorsqu'on parle de
l'indépendance de la magistrature, c'est très important. On se
souvient à quel point on en a discuté au Sommet sur la justice.
On a décidé de former un groupe de travail pour voir quels
seraient les moyens les plus appropriés pour assurer
l'indépendance de nos tribunaux en ce qui regarde, donc, leur
administration. C'est plus que gérer leur budget, là; c'est
gérer aussi leur personnel, la répartition du personnel de
soutien. Bon, ça veut dire beaucoup de choses.
Mme Harel: L'imputabilité.
M. Rémillard: Pardon?
Mme Harel: C'est l'imputabilité complète.
M. Rémillard: Oui. C'est ça, d'une façon
générale. C'est-à-dire qu'il y aurait un budget global qui
serait voté par l'Assemblée nationale, et ils l'administrent,
comprenant l'embauche, etc. Ça, c'est un modèle. Ce n'est pas le
seul modèle qui existe, remarquez. Il y a peut-être d'autres
modèles aussi. Il y a un groupe de travail multidisciplinaire qui doit
être créé, qui n'est pas encore créé, mais
qui doit être créé et qui devrait nous amener à voir
quels seraient les modèles qui pourraient être les plus conformes
et à notre tradition du parlementarisme, à notre tradition non
pas de séparation des pouvoirs, mais de collaboration entre les
pouvoirs. Parce qu'on parle de séparation de pouvoirs, M. le
Président, mais j'aime mieux parler de collaboration. C'est plus juste
de parler de collaboration de pouvoirs. Un régime de séparation
de pouvoirs, c'est un régime républicain,
présidentiel.
Mme Harel: Quand vous parliez, au Sommet, de mettre en place un
processus d'étude, de quoi parliez-vous exactement?
M. Rémillard: C'est un groupe de travail
multidisciplinaire.
Mme Harel: Qui va être mis sur pied?
M. Rémillard: C'est ça. Ça devrait
être fait dans un avenir assez prochain. Ça fait partie de nos
priorités.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, Mme la
députée?
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'avais pensé
terminer sur une note d'humour parce que, hier, dans les journaux, était
publiée une lettre aux lecteurs - je ne sais pas si le ministre en a
pris connaissance. Non, c'était, en fait, le mercredi 8 avril - dans
laquelle lettre on pouvait lire qu'au palais de justice on ajoutait 10 minutes
par jour à l'horaire régulier des huissiers afin de leur
permettre de préparer le café des juges.
Une voix: Saint-Jérôme.
Mme Harel: Alors, je ne sais pas si le ministre a pris
connaissance de cela.
Le Président (M. Dauphin): Saint-Jérôme.
Mme Harel: Est-ce que c'est une pratique courante ou si ce n'est
que dans le district de Saint-Jérôme qu'une pratique semblable a
lieu?
M. Rémillard: Je peux vous assurer que c'était une
situation qui était très, très locale. Ça n'existe
pas dans d'autres districts. Il faut dire aussi que ça tenait à
l'agencement des locaux à Saint-Jérôme. On sait qu'à
Saint-Jérôme il y a eu des problèmes de locaux. Maintenant,
c'est quand même plus sous contrôle parce qu'on a ajouté des
salles. Il y a aussi - je peux vous assurer - des instructions qui ont
été données pour mettre fin à cette directive. Je
pense qu'on a fait un plat de peu de choses, un plat d'une tasse de
café.
Le Président (m. dauphin): très bien, m. le
ministre. alors, nous entreprenons maintenant le programme 3, soit la
protection des droits et libertés de la personne.
Protection des droits et libertés de la
personne
Commission des droits de la personne
Mme Harel: Alors, M. le Président, dans le livre des
renseignements généraux et des renseignements particuliers requis
par l'Opposition, nous retrouvons, à la page 15, des prévisions
de la Commission des droits de la personne qui ont triplé, en fait, en
matière de dépenses en publicité. Les prévisions
sont de 15 000 $, cette année, en regard de 4932 $, l'an dernier. On y
lit: «Avis dans les journaux aux fins de recrutement.» Ça
m'a intriguée parce que, quand on prend connaissance du budget de la
Commission des droits de la personne, ce n'est pas vraiment de recrutement dont
il s'agit, parce qu'on a l'impression d'assister plutôt à une
diminution de postes. D'ailleurs, dans le livre des crédits, à la
page 3, on voit une diminution de neuf postes comme effectif total.
J'ai eu l'occasion de le dire dès le début de nos travaux,
les budgets de la Commission sont même en deçà du
coût de l'inflation. J'aimerais avoir du ministre une indication sur les
délais quant aux plaintes qui sont actuellement entendues devant la
Commission. Dans les réponses qui nous ont été transmises
aux demandes que nous
faisions, nous retrouvons, aux pages 130 et suivantes, des délais
qui sont de l'ordre de 1735 dossiers, mais c'est pour le 31 décembre
1990. Étrangement, finalement, toutes les réponses qui nous sont
fournies par la Commission des droits de la personne ne valent que pour
l'année 1990-1991 et non pas pour l'année 1991-1992. Alors, comme
nous étudions les crédits pour l'année 1992-1993 et, donc,
les dépenses terminées en 1991-1992, nous n'avons pas de
chiffres, là. Quel est l'état du volume de dossiers en attente?
On a des chiffres pour le 31 décembre 1990. Ça date
maintenant...
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord vous me
permettrez de souligner quand même les changements importants dans le
rôle qu'on donne maintenant à la Commission. La Commission, il n'y
a quand même pas tellement longtemps, avait un rôle qui
était devenu un rôle, même par ses enquêteurs, que
certains qualifiaient de quasi judiciaire. C'est-à-dire que les parties
représentées par avocat tenaient donc à avoir des
représentations au niveau des enquêteurs, des
commissaires-enquêteurs, ce qui alourdissait considérablement le
processus. On a tout changé ça en 1989 lorsqu'on a fait notre loi
sur la Commission, loi qui a créé aussi le Tribunal des droits de
la personne, et qu'on a donné à la Commission son
véritable rôle tel qu'elle l'avait au début, lorsqu'elle a
été créée: rôle de conciliation et rôle
de médiation. (22 heures)
Donc, ce changement dans son rôle, changement qui, maintenant,
apporte des conséquences, est probablement l'effet premier qui nous
amène à avoir des changements au niveau du budget et qui fait
qu'il y a des effectifs peut-être moins nombreux. Mais je vais demander
à Me Lafontaine, qui est le président de la Commission, de donner
plus d'explications, M. le Président, avec votre permission.
Le Président (M. Dauphin): M. le président
Lafontaine.
M. Lafontaine (Yves): Merci. Je ne sais pas les chiffres qui sont
en votre possession; moi, j'ai ceux au 31 décembre 1991 parce que, chez
nous, on suit l'année de calendrier, disons. Je présume que vous
voulez faire une comparaison avec l'année antérieure. Disons
qu'au 31 décembre 1991, qui est le dernier semestre terminé, il y
avait eu 1595 nouveaux dossiers, par rapport à 927 l'année
d'avant, autrement dit un accroissement d'environ 60 % de la demande. Il y a
aussi, au niveau de la fermeture, un accroissement de 21 %. Donc, autrement
dit, on a peut-être perdu un peu. mais on essaie de le corriger. C'est
évident, comme le ministre de la Justice disait tantôt, que la
modification à la Charte a un effet de diminution des délais,
bien entendu. On a aussi fait des modifications administratives qui font en
sorte que le client doit être rappelé dans les 48 heures.
Autrement dit, il y a un service immédiat qui doit être fait. Et
on s'aperçoit que, déjà, dans les six derniers mois, il y
a eu une accélération du processus, en moyenne, de deux mois, ce
qui est beaucoup. On partait quand même à 15 mois, on est rendu
à 13 mois et je m'imagine que, d'ici quelques mois, on devrait quand
même arriver dans un délai qui serait plus raisonnable, disons.
C'est quand même avec les effectifs que vous voyez que nous avons
réussi à faire ça, qui étaient de 140. C'est
évident qu'à 131 il va y avoir un problème. Je ne peux
pas, en même temps, accroître un volume de 60 %, travailler au
niveau de la gestion, si je peux dire, pour essayer de diminuer des
délais, aller plus rapidement dans le processus, s'il y a une diminution
du personnel. Maintenant, j'ai quand même confiance, disons, qu'il y a
une possibilité, peut-être, de rétablir au moins le budget
de l'année d'avant par le fait que ces budgets-là avaient quand
même été donnés d'une façon... par
l'Assemblée nationale elle-même, si je peux dire. Il y en a un qui
était suite, disons, a l'examen que la commission parlementaire avait
fait de la Commission. Il avait été noté, à ce
moment-là, qu'il y avait des délais, je pense, de 20 ou de 22
mois. Et il y avait eu, à ce moment-là, cinq équivalents
temps plein qui avaient été donnés pour cette
fin-là. Je comprends que c'était récurrent jusqu'à
cette année, mais je pense que les chiffres sont là pour
démontrer que c'est encore nécessaire. Quant aux quatre autres
postes, ils découlaient d'une décision du Conseil des ministres
pour le programme qu'on a appelé d'obligations volontaires.
Maintenant, le programme d'obligations volontaires, on le voit, il y a
quand même 106 corporations qui font affaire avec nous, et je pense que
la décision du Conseil des ministres devrait être maintenue dans
le temps; disons qu'on va faire des efforts dans ce sens-là.
Mme Harel: Vous nous parlez de programmes qui sont finalement non
récurrents; on les retrouve dans le livre des crédits, à
la page 3, en fait: Non récurrence de projets spécifiques, fin de
deux projets spécifiques pour six postes. C'est bien de ça que
vous parliez.
M. Lafontaine: C'est ça.
Mme Harel: C'est-à-dire: traitement des plaintes et loi
140. Quand vous parliez d'obligation - comment dites-vous? - delà part
des...
M. Lafontaine: Le programme d'obligations contractuelles.
C'est-à-dire que des entreprises qui font maintenant affaire avec le
gouvernement sont obligées de signer un contrat à l'effet que, si
elles obtiennent un contrat qui est au-delà de 100 000 $, disons, pour
des biens ou des services, ou une subvention au-delà de 100 000 $,
elles s'engagent à mettre en place un programme d'accès
à l'égalité, et c'est la commission qui sert d'expert pour
la mise en place de ces programmes d'accès à
l'égalité.
Mme Harel: Et ce programme d'obligations contractuelles, il est
reconduit? Il est toujours en vigueur.
M. Lafontaine: II est toujours en vigueur, c'est exact.
Mme Harel: C'est un règlement, en fait. Et vous aviez eu
quatre postes pour l'appliquer. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Lafontaine: C'est ça. Exact.
Mme Harel: Est-ce que ces quatre postes vous sont toujours
concédés?
M. Lafontaine: Un seul demeure.
Mme Harel: Et, quant à l'autre programme, il s'agissait de
traitement des plaintes. Donc, c'était l'arrérage des plaintes
pour lequel il y avait eu des employés engagés de manière
à pouvoir liquider ce contentieux-là. C'est ça qu'il faut
comprendre. Il y avait combien d'employés, à ce moment-là,
qui étaient engagés pour le traitement des plaintes en
retard?
M. Lafontaine: Cinq.
Mme Harel: Et ces cinq employés, vous les perdez. C'est
ça qu'il faut comprendre maintenant.
M. Lafontaine: Oui.
Mme Harel: Alors il n'est toujours pas question d'élargir
les services offerts dans les bureaux régionaux. Là je comprends,
à la page 130 de notre cahier, Hull, Sherbrooke, Sept-îles, Rouyn
offrent des services régionaux. C'est ça?
M. Lafontaine: Là-dessus, Mme la députée, on
est en train de regarder si on ne pourra pas faire un aménagement, et
peut-être aussi avec une autre commission, peut-être partager des
locaux ou partager le secrétariat de telle sorte qu'on pourrait
peut-être réussir à fournir dans deux autres régions
sans dépenses additionnelles à peu près. Et c'est
là-dessus qu'on est en train de jeter un coup d'oeil
présentement. Ça pourrait possiblement se réaliser parce
qu'on a déjà des ententes avec une autre commission, disons,
où on partage le secrétariat et le loyer.
Je peux dire que ça s'est avéré utile et heureux et
que ça n'a pas représenté de déboursés
additionnels.
Mme Harel: Vous partagez avec la Commis- sion de protection des
droits de la jeunesse... M. Lafontaine: C'est exact.
Mme Harel: ...des locaux et des frais de fonctionnement et,
à la page 134 de notre livre de crédits, on retrouve les bureaux
régionaux de la Commission de protection de la jeunesse et finalement il
y a une répartition régionale qui est assez intéressante.
Il y a finalement beaucoup plus de régions qui sont couvertes finalement
par les effectifs de la Commission de protection des droits de la jeunesse.
Est-ce que c'est avec la Commission de protection des droits de la jeunesse que
vous êtes en discussion quant au partage des locaux?
M. Lafontaine: Je ne voudrais pas compromettre les discussions,
mais je voudrais aussi peut-être permettre à l'autre commission de
s'exprimer sur le sujet parce que je ne veux pas les engager non plus.
Mme Harel: Bon. C'est donc dire qu'il y a eu 60 % d'accroissement
des nouveaux dossiers.
M. Lafontaine: L'année dernière. L'année qui
vient de se terminer.
Mme Harel: L'année dernière. M. Lafontaine:
Oui.
Mme Harel: Et votre estimation pour cette année, votre
prévision est de combien?
M. Lafontaine: Bien malin qui saurait. C'est un domaine qui me
semble très volatile. Ça peut dépendre. On ne sait pas. En
tout cas, pour moi qui suis nouveau peut-être dans ce domaine-là,
il y a certainement quelque chose de la crise financière. J'ai
l'impression que les emplois sont plus importants. On a plus de plaintes pour
des personnes qui n'ont pas été embauchées, qui disent:
Bon, c'est peut-être à cause de mon handicap ou c'est
peut-être parce que je suis d'une minorité que je n'ai pas
été embauché et parce que les emplois deviennent plus
importants. C'est peut-être ça aussi. Mais moi je ne peux pas
faire de prévision. Certainement pas.
Mme Harel: Mais cet accroissement a lieu dans quelle
catégorie de plaintes?
M. Lafontaine: Présentement, c'est dans le domaine de
l'emploi.
Mme Harel: M. le ministre, compte tenu d'un tel accroissement et
d'une situation économique qui ne semble pas être en voie de
changement pour au moins la présente année, est-ce que vous
n'êtes pas inquiet du fait que cette
diminution d'effectifs peut provoquer un engorgement des dossiers, donc,
du service offert aux personnes?
M. Rémillard: Tout d'abord, M. le Président, la
situation économique devrait s'améliorer
considérablement.
Mme Harel: Quand?
M. Rémillard: Dans les prochaines semaines, les prochains
mois.
Mme Harel: C'est maintenant enregistré. Je vous le citerai
l'an prochain.
M. Rémillard: Au ministre de la Justice. Il est clair que
l'économie va se porter mieux dans les prochains mois. Prenez-en bonne
note. Ça va donner confiance aux consommateurs. Je suis quand même
aussi le protecteur des consommateurs, alors ça vaut ce que je dis. Il
faudrait quand même comprendre qu'il y a eu des efforts
considérables qui sont faits, comme vient de dire M. Lafontaine. Les
délais sont réduits considérablement, même s'il y a
eu cette augmentation. Je crois qu'avec les mesures administratives qui sont
prises on peut encore faire des améliorations. On a eu l'occasion de
s'en parler, M. Lafontaine et moi, à plusieurs reprises.
Je suis ça attentivement et je crois qu'on peut quand même
faire un travail intéressant et s'assurer que le service est bien rendu
dans les conditions actuelles.
Mme Harel: Vous trouvez ça satisfaisant un délai
d'un an dans une plainte de discrimination? Parce que le délai a
été réduit de 13 à 12 mois. Donc, c'est un
délai d'un an. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Non.
M. Lafontaine: Ça dépend d'où on part aussi.
C'est bien sûr qu'un délai d'un an, c'est intolérable en
partant.
Mme Harel: Mais est-ce que c'est... (22 h 10)
M. Lafontaine: Mais par contre, quand on part de 20 mois, 18
mois, de 15 mois, c'est sûr qu'on en regagne. Mon but, ma
priorité, c'est d'ici à l'automne, d'être rendu à
environ de 6 à 8 mois et je pense qu'on peut peut-être l'atteindre
si on réussit à garder les effectifs qu'on avait. Il y a des
chances.
M. Rémillard: Et il y a aussi le nouveau mécanisme,
passer au nouveau mécanisme, l'arbitrage. Alors, j'ai dit que
maintenant, comme je vous le disais tout à l'heure, que la Commission
joue son rôle de médiateur, de conciliateur pour essayer de
régler avant qu'on en arrive à proposer aux parties l'arbitrage
et quand ça ne va pas, bien, la possibilité d'aller au Tribunal
des droits... On pourra en parler tantôt, du Tribunal des droits, parce
qu'il y a une augmentation considérable des causes, ici, devant le
Tribunal des droits. Mais, de plus en plus, aussi, il y a le mécanisme
d'arbitrage qui rentre en application et, là aussi, ça va
permettre de dégager et d'accélérer le processus.
Mme Harel: Ce mécanisme d'arbitrage, quel impact a-t-il
eu, l'an passé?
M. Lafontaine: Trois cas.
M. Rémillard: Trois cas sont allés en
arbitrage.
Mme Harel: Ah, bon, bon. Trois sur combien de milliers de
cas?
M. Lafontaine: Mais ça dépend. On va donner des
gros chiffres, disons. Le tiers des dossiers se règle par
désistement. L'autre tiers, c'est un règlement qui s'obtient
suite à une conciliation, habituellement, disons, qu'on fait entre les
parties et l'autre tiers se rend, lui, à un comité
décisionnel, un comité de plaintes qui lui, décide si
ça va au Tribunal ou bien donc si on ferme le dossier pour absence ou
insuffisance de preuves ou parce qu'on pense qu'il n'y a pas de succès
à obtenir devant le Tribunal avec ça. Et l'arbitrage, lui,
intervient une fois que c'est passé aux commissaires, qui
décident de l'envoyer au tribunal. Là, on offre aux parties, on
dit: Vous pouvez aussi aller en arbitrage. Ce qu'on a noté, c'est ceux
qui sont habitués de faire du droit du travail et qui sont dans le
domaine de l'emploi, eux se sentent à l'aise devant un arbitre, ils
vont... En tout cas, les trois cas qu'on a eus, c'était comme ça,
c'était une question de droit du travail et ils se sentaient à
l'aise devant un arbitre, mais c'est trois.
M. Rémillard: II faut que les gens s'habituent. C'est un
nouveau processus, il faut que les gens s'habituent. Et quand on dit: Vous
allez devant l'arbitre ou bien il y a aussi le Tribunal, les gens s'en vont au
Tribunal, ils sont plus portés au Tribunal. Vous allez voir que la
Commission a déposé 22 actions devant le Tribunal des droits de
la personne et 15 au cours de l'année 1991. Alors, j'espère qu'on
va pouvoir donner plus de place à l'arbitrage, qu'on va pouvoir
développer plus une mentalité qui nous amènerait à
l'arbitrage.
C'était la même chose pour la conciliation. Au niveau de la
conciliation et médiation, ça va beaucoup mieux. Il y a des
résultats, comme vous venez de mentionner, qui sont très
intéressants. On pourrait encore faire mieux là-dessus, mais je
crois qu'il y a une mentalité qui s'est améliorée
considérablement à ce niveau-là.
Mme Harel: ça correspond à combien de dossiers, cet
accroissement de 60 % en 1990-1991 par rapport à 1991-1992? combien y
a-t-il eu de dossiers?
M. Lafontaine: M. le Président, on passe de 927 à
1595.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire que la crainte qu'on peut
avoir, c'est que la diminution d'effectifs provoque un certain engorgement et
que là où il y avait eu une amélioration, une
amélioration bien relative, parce que 12 mois, un an, en matière
de plaintes pour discrimination à l'emploi, il y a quelqu'un qui porte
la plainte qui doit avoir l'impression que ce n'est pas efficace comme
système de protection dans notre société... Parce que,
durant cette année-là, il y a bien de l'eau qui peut couler en
dessous d'un pont.
M. Rémillard: Je crois que vous avez raison de faire le
commentaire, mais on s'est... Dans les conversations qu'on a eues, M.
Lafontaine et moi, l'objectif qui a été fixé, c'est
qu'à l'automne on serait rendus à six mois.
Mme Harel: Mais est-ce que vous pensez, M. le ministre, qu'il
peut remplir ce mandat avec une diminution d'effectifs?
M. Rémillard: Dans les conditions actuelles, c'est ce
qu'on a discuté et tout dépendant de l'évolution,
évidemment, des cas qui peuvent arriver... Comme disait M. Lafontaine
tout à l'heure, c'est difficile de faire des prévisions parce que
ça évolue énormément, on ne sait pas trop, trop
comment. Mais on croit pouvoir en arriver, dans les prochains six mois,
à diminuer quand même ça à six mois.
Mme Harel: Et si, dans les prochains six mois, cette diminution
raisonnable n'a pas eu lieu, est-ce que vous vous portez garant, ce soir, de
corriger la situation, d'y remédier en retournant devant le Conseil du
trésor?
M. Rémillard: Je vais regarder. Je peux vous dire que je
vais regarder la situation de nouveau. Et on va regarder ça. Notre
objectif, c'est, à l'automne, six mois. C'est l'objectif qu'on vise.
Maintenant, on essaie de le faire et, si on ne peut pas y arriver, on va faire
une étude complète de la situation et on va travailler à
trouver une solution.
Mme Harel: Alors, M. le Président, malheureusement il y
aurait évidemment beaucoup d'autres informations sur lesquelles il
serait intéressant d'échanger mais, si on veut procéder
à l'étude de la Commission de protection des droits de la
jeunesse, j'aimerais qu'on puisse immédiatement...
Le Président (M. Kehoe): Une seconde, M. le
député de Hull.
M. LeSage: juste une petite question, m. le président.
j'aimerais savoir si le nombre des plaintes a augmenté durant notre
récession qu'on a vécue?
M. Lafontaine: M. le Président, je ne sais pas si c'est
à cause de la récession, mais ça a augmenté durant
la récession.
M. LeSage: Alors, est-ce qu'on pourrait prétendre que,
s'il y avait une reprise substantielle de l'économie, les plaintes
pourraient diminuer?
Une voix: Je ne sais pas. M. LeSage: Mais ça
pourrait? M. Lafontaine: Ça pourrait.
M. LeSage: Alors, s'il y avait moins de plaintes, vous auriez
probablement assez de personnel, tel que le budget est présentement?
M. Lafontaine: Une chose est certaine, c'est que je ne
demanderais pas de personnel si je n'en avais pas besoin. Ça, c'est
évident.
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends que le programme 4
est déjà...
Mme Harel: Non. C'est-à-dire qu'on est toujours au
programme 3...
Le Président (M. Kehoe): Ah, bon!
Mme Harel: ...et on poursuit avec la Commission des droits de
protection de la jeunesse dans le programme 3.
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Rémillard: M. le Président, nous avons donc avec
nous le président de la Commission, M. Saville, qui est avec nous et qui
pourra répondre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Dauphin): Très bien, Mme la
députée.
Commission de protection des droits de la
jeunesse
Mme Harel: Merci, M. le Président, évidemment, M.
le Président, je souhaiterais qu'on puisse échanger sur cette
étude que la Commission a finalisée durant la présente
année et qui a
mis en lumière la surreprésentation des jeunes de la
communauté noire dans les centres d'accueil pour jeunes. Je pense que
c'est là une situation qui est préoccupante. C'est une
étude qui m'est apparue plus quantitative et je pense que la Commission
procède actuellement à une exploration des causes, je crois, qui
amènent cette situation. Alors, j'aimerais que le ministre puisse nous
informer de ce qu'il entend faire en regard de cette situation-là.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je peux
demander à M. Saville de nous faire le portrait de la situation?
Le Président (M. Dauphin): Très bien. M.
Saville.
M. Rémillard: Ensuite il pourra en discuter, M. le
Président.
M. Saville (Kevin): Merci, M. le Président. Mme la
députée, c'est vrai que nous avons terminé cette
étude sur la représentation des communautés culturelles
dans les centres de réadaptation sur le territoire du Québec. Il
faut retenir que, dans l'ensemble, les communautés culturelles ne sont
pas surreprésentées dans les centres de réadaptation.
Mais, par contre, il y a des exceptions. Les exceptions sont surtout
situées dans la région de Montréal, sauf en ce qui
concerne les communautés autochtones. Et vous comprendrez que les
communautés autochtones sont, en grande partie, situées dans les
régions, et donc il y a surreprésentation, mais dans les
régions. Par contre, notre étude a constaté qu'il y a une
surreprésentation de la communauté noire et de la
communauté latino-américaine dans les centres de
réadaptation dans la région de Montréal. Dans
l'étude, nous avons montré que grosso modo c'est trois fois la
représentativité de la population.
Mme la députée a tout à fait raison. L'objectif de
notre projet de recherche était vraiment de constater. Il y avait
plusieurs groupes communautaires qui ont déclaré depuis longtemps
qu'il y avait une surreprésentation dans les centres de
réadaptation. La Commission a décidé de faire le projet
pour s'assurer de constater vraiment quel était l'état de la
situation. (22 h 20)
Dans un deuxième temps, j'ai annoncé cette année,
dernièrement, que nous allons procéder à une
deuxième étape de notre recherche qui est l'étape pour
vraiment s'enquérir sur les raisons pour lesquelles il y a une
sur-représentation de la communauté noire, de la
communauté latino-américaine et de la communauté
autochtone dans les centres de réadaptation sur le territoire du
Québec. Les résultats de la recherche devraient être
disponibles en juin 1993.
Mme Harel: On retrouve au livre des crédits la
non-récurrence des crédits pour le projet de Kuujjuarapik Est-ce
que c'est parce que ce projet est terminé, et quel est finalement le
bilan que vous en faites?
Le Président (M. Dauphin): M. Saville.
M. Saville: La non-récurrence des crédits
accordés pour le projet c'est juste une question de 7500 $, Mme la
députée. Et, donc, ce que nous avons déterminé de
faire c'est de continuer le projet. La Commission va supporter les frais de ce
projet. Nous avons commencé plusieurs initiatives dans le Grand-Nord
pour nous assurer du respect des droits des jeunes qui sont pris en charge par
l'État, et nous croyons que c'est un projet très important. Donc,
nous avons l'intention de continuer ce projet.
Mme Harel: La hausse finalement des budgets pour l'année
1992-1993 est moins que l'inflation. Je pense que c'est 0,2 % par rapport
à l'an dernier. Il y a même des coupures de personnel, je crois
comprendre. En fait, il s'agit d'un poste qui est dans les effectifs
réguliers. Est-ce que vous entendez donner suite à des projets
comme ceux mentionnés par le président de la Commission des
droits et libertés, des projets de collaboration entre organismes pour
partager des coûts de manière à assurer un service en
région?
M. Saville: Vous savez, Mme la députée, que nous
avons un réseau de bureaux, nous avons notre siège social ainsi
qu'un réseau de 12 bureaux régionaux sur le territoire du
Québec. Nous partageons déjà quatre de ces bureaux avec
une autre Commission. Et, présentement, nous sommes dans un processus de
révision de programmes, et nous sommes en train de regarder la
possibilité d'entreprendre une telle démarche, mais il n'y a pas
de décision de prise pour l'instant.
Mme Harel: Est-ce que vous percevez, de façon tangible, un
accroissement des références qui vous sont faites qui seraient
dues à l'aggravation de la situation économique, à la
pauvreté, au chômage? Est-ce que l'an dernier la Commission a
entendu un plus grand nombre de plaintes que par les années
passées?
M. Saville: Je n'ai pas les chiffres, les statistiques pour
l'année qui vient de se terminer. Donc, je ne peux pas vous
répondre d'une façon détaillée. Ceci dit, oui, nous
avons constaté une augmentation au niveau des plaintes portées
à la Commission, comme mon collègue à la Commission des
droits, et je crois que c'est relié, dans un premier temps, au contexte
dans lequel on se retrouve présentement. Aussi je dirais, avec la
réforme de M. Côté, il y a un
certain questionnement dans la population au niveau de quels sont les
services disponibles, comment ça va changer, comment ça va
affecter les services rendus à une clientèle très
vulnérable? Et, donc, je crois aussi qu'il y a une certaine
préoccupation de la part de la clientèle de la Commission au
niveau de l'exercice de leurs droits et des services accordés à
cette population.
Mme Harel: Je crois me rappeler que dans le rapport Jasmin une
des recommandations concernait des modifications à être
apportées à la loi. Est-ce que, M. le ministre, vous avez
l'intention de donner suite à cette recommandation qui était
contenue dans le rapport Jasmin?
M. Rémillard: Je n'ai pas encore reçu... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...les recommandations de la Commission.
Alors, j'ai demandé au président de la Commission de nous donner
son avis. On regarde toutes les possibilités. Mais, le rapport Jasmin,
je veux saluer la qualité de ce rapport très bien fait, et je
pense qu'il y a des éléments là qu'il faut prendre en
considération. Alors, je vais prendre avis, évidemment, en
premier lieu, de la Commission.
Mme Harel: la commission a fait parvenir un très grand
nombre d'avis à différents ministres. en disant les
réponses aux renseignements demandés, je constatais que la
commission a fait parvenir des avis nombreux au ministre
délégué aux affaires autochtones, aux ministres de la
sécurité publique, de la santé et des services sociaux, et
notamment, et je m'en voudrais de ne pas vous en parler en terminant, notamment
un avis sur l'opportunité de légiférer sur l'âge
minimum. vous nous dites ceci: «préparation et transmission aux
ministres de la justice et du travail d'un avis portant sur
l'opportunité de légiférer sur l'âge minimum de
travail au québec». et c'est étonnant à quel point
de nombreux jeunes mineurs, des enfants, travaillent présentement pour
une rémunération. on dit que près de 40 % des
étudiants du niveau secondaire travaillent présentement, et des
études, des reportages, pas des études mais des reportages dans
certaines revues, je pense entre autres à l'actualité,
faisaient état du travail d'enfants de 9, 10, 11 ans, un travail
assidu, pour une rémunération. alors, est-ce que le ministre de
la justice a pris connaissance de l'avis que lui a transmis la commission de
protection des droits de la jeunesse à cet effet et entend-t-il y donner
suite?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je pense que ce qu'il serait
intéressant pour cette commission c'est de demander à M. le
président de la Commission de protection des droits de la jeunesse de
nous faire un petit résumé de l'avis qu'il m'a donné.
Ça pourrait être intéressant.
Le Président (M. Dauphin): M. Saville.
M. Saville: Oui. L'avis comme tel n'a pas... on ne s'est pas
prononcé sur la question. Par contre la Commission s'est
prononcée au ministre en question pour s'assurer que ce type de
phénomène ne cause pas d'autres problèmes sociaux à
l'intérieur de la société. C'était un avis
très général, Mme la députée. Je n'ai pas
copie avec moi. C'est un avis qui a été envoyé par mon
prédécesseur, mais ma compréhension c'est que l'avis
était de nature générale pour s'assurer que soit une
réduction de l'âge minimal, etc., ne causera aucun
problème, ne présentera pas d'autres problèmes sociaux,
donc certains problèmes que vous avez soulevés aussi.
M. Rémillard: m. le président, évidemment
que c'est un dossier, c'est un avis qui a été envoyé au
ministère du travail. moi je l'ai eu parce que j'étais comme
ministre de la justice, là. mais c'est le ministre du travail surtout
qui a ce dossier.
Mme Harel: Alors, M. le Président, compte tenu du temps
qui est à notre disposition, je vais devoir terminer ici l'étude
du programme 3.
Le Président (M. Dauphin): Alors, il n'y a pas d'autres
questions sur le programme 3? Donc nous prenons le programme 5, Administration.
Merci beaucoup à M. Saville pour sa participation.
Mme Harel: M. le Président, ça va être
très rapide parce que j'aimerais bien également pouvoir aborder
le programme 9, comme le souhaitait le député de Vimont.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Administration
Mme Harel: J'aimerais à ce moment-ci, là, que le
ministre nous informe où on peut retrouver le budget de 1 000 000 $
qu'il entend mettre à la disposition des organismes communautaires qui
travaillent à la promotion des droits et libertés. (22 h 30)
M. Rémillard: Oui, M. le Président. J'ai
annoncé au Sommet sur la Justice qu'il y aurait donc un programme de 1
000 000 $ qui serait mis à la disposition, donc, d'organismes qui sont
voués à l'accessibilité à la justice. Nous sommes
à préparer - parce qu'on est en consultation avec
différents groupes - les balises qui pour-
raient encadrer ce programme pour l'administration de ce programme. Nous
espérons que, l'automne prochain, le programme pourrait être en
opération. Donc, ce que nous avons présentement dans les
crédits, c'est un crédit de 500 000 $ parce que ça va
être une demi-année, cette année. Je ne pense pas que
ça soit en application avant novembre ou décembre prochain. On
parle du 1er octobre, M. le Président. J'espère que ça va
être le 1er octobre, mais je me garde une petite marge de manoeuvre. On
vise début octobre. Alors, l'an prochain, ça va être 1 000
000 $. Cette année, si on a 500 000 $ - c'est décrit dans les
crédits. À quelle page? Je pourrai m'informer auprès du
sous-ministre.
Mme Harel: En fait, les 500 000 $... M. Rémillard:
Oui.
Mme Harel: ...moi, je peux vous dire où c'est. Ça,
je l'avais retrouvé...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel:... C'est dans le programme 5...
M. Rémillard: 5, élément 1.
Mme Harel: ...page 5. Oui. C'est ça. C'est le million
qu'il cherchait.
M. Rémillard: Alors, c'est six mois. Alors, en
période de récession économique comme on vit et de
coupures partout, on a pu aller chercher ce nouveau programme de 1 000 000 $
pour aider les organismes qui travaillent à une plus grande
accessibilité de la justice pour des groupes de personnes qui sont
particulièrement vulnérables sur ce plan-là. Je pense
qu'on peut en être fier. On est très content de ce
résultat.
Mme Harel: Alors, quand les formulaires vont-ils être
disponibles?
M. Rémillard: Bien, il faudrait que ce soit disponible au
cours de l'été pour que ce soit en opération en octobre ou
novembre. Normalement, on devrait finir les consultations assez prochainement,
au mois de mai ou juin et qu'on ait toutes les informations au cours de
l'été, et mettre, donc, en application, donner les
premières subventions à l'automne.
Mme Harel: Au programme 5, à l'élément 2, on
retrouve une économie, en fait, de 4 000 000 $ réalisée
grâce au retranchement des crédits relatifs aux loyers de la
Société immobilière du Québec facturés au
fonds des registres en 1992-1993. C'est donc à la page 7 de
l'élément 2 du programme 5. Le fonds des registres - j'en ai
parlé cet après-midi et j'avais parlé également de
l'application de la loi d'indemnisation des victimes, si on peut obtenir les
opérations, le personnel - il y a 37 000 000 $ qui sont prévus
pour cette année. Alors, on n'a pas de contrôle parlementaire sur
le fonds, là. Vous vous rappelez peut-être que l'an dernier
j'avais exprimé des craintes sur cette façon de constituer des
fonds par législation et je me trouvais à avoir mes craintes
confirmées cette année. Alors, je souhaiterais que dans les
crédits on puisse aussi avoir toutes les informations relatives aux
fonds qui relèvent du ministère de la Justice.
M. Rémillard: Le problème, c'est que c'est
extrabudgétaire. Ça n'apparaît pas dans le budget du
ministère.
Mme Harel: Mais qui va faire le contrôle parlementaire de
ça? Quel ministère?
M. Rémillard: en tout cas, ce n'est pas nous. moi, comme
ministre, je ne peux pas dépendre, répondre de ça. ce
n'est pas dans mon... ce n'est pas dans les...
Mme Harel: De quel ministre est-ce que ça relève
alors?
M. Rémillard: c'est moi qui ai la responsabilité de
par la loi, mais l'administration financière, ça n'apparaît
pas dans les crédits de mon ministère directement...
Mme Harel: Mais, il va...
M. Rémillard: ...le ministère de la Justice.
Mme Harel: II va falloir régler cette question-là.
Ce n'est pas possible de penser...
M. Rémillard: Oui, c'est bizarre.
Mme Harel: ...qu'on va procéder avec des fonds publics
sans qu'il n'y ait un contrôle parlementaire. Surtout avec l'ampleur que
va prendre le fonds des registres et puis...
M. Rémillard: Alors, on me dit que ce n'est pas une
situation unique. Tous les fonds, c'est comme ça que ça
fonctionne. C'est un problème qu'on devrait aborder dans son ensemble
c'est-à-dire toute la question des fonds, pas simplement ce fonds-ci.
Maintenant, je peux demander à M. Gauvin, quand même, de
répondre à des questions. Mais je voudrais simplement vous dire
que ça n'apparaît aux crédits du ministère.
Maintenant, vous soulevez une question. Peut-être, M. le
Président, c'est une question qui devrait être posée
à un autre niveau et qu'on pose la question en ce qui regarde l'ensemble
des fonds puisqu'on me dit que c'est comme ça pour tous les autres
fonds.
Le Président (M. Dauphin): Je suis d'accord avec vous
qu'il va falloir éventuellement, comme vous le dites si bien, voir
à éclaircir tout ça. Maintenant, voulez-vous ajouter
quelque chose?
M. Rémillard: M. Qauvin est là, peut-être
pour répondre à des questions, remarquez.
Registre des droits réels mobiliers et
hypothèque mobilière
Mme Harel: Paraissait, dans Le Soleil, la semaine
passée, un article qui faisait état d'une prévision des
spécialistes de la firme d'avocats Lavery, De Billy qui, devant une
centaine de banquiers, fiduciaires, constructeurs, syndics, entrepreneurs,
fournisseurs de matériaux, prévoyaient l'application des
sûretés mobilières et immobilières en juillet 1993
et peut-être même au 1er janvier 1994. Remarquez que les
spécialistes de cette firme félicitaient les législateurs
pour le nouveau Code présenté comme un progrès sans
révolution. Je ne sais pas si le ministre a pris connaissance de cet
article.
Mais qu'en est-il quant à l'implantation des sûretés
mobilières et immobilières? Est-ce que le ministre prévoit
toujours le dépôt de la loi portant sur les hypothèques
mobilières pour cette présente session?
M. Rémillard: Je vais demander à M. Chamberland de
répondre à votre question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): Me Chamberland.
M. Chamberland: Alors, M. le Président, suite aux
instructions du ministre de la Justice, nous travaillons présentement en
vue de procéder à la mise en opération du registre des
droits réels mobiliers - c'est le registre auquel Mme la
députée fait allusion - pour la toute fin 1993 ou tout
début 1994. On vise cette date, et j'ai encore une réunion
aujourd'hui et on semble être sur la bonne voie pour arriver à
l'objectif que le ministre nous a fixé.
Quant à la loi sur...
Mme Harel: C'est un nouvel objectif parce que le ministre avait
fixé le 1er janvier 1993.
M. Chamberland: Nous, on a toujours travaillé en fonction
de 1993 et on continue; 1993, évidemment, est du premier au dernier jour
de l'année, alors on continue dans la même voie.
Évidemment, il y a des développements informatiques importants
à mettre en place et il faut bien cibler le registre en question, il va
être là pour plusieurs années, alors il faut être
sûrs de bien faire les choses. Mais, au moment où je vous parle,
je suis optimiste, tout s'annonce bien.
Maintenant, quant à la loi sur l'hypothèque
mobilière sans dépossession du consommateur, c'est la loi
à laquelle vous faisiez allusion également, l'hypothèque
pour les particuliers, qui a été laissée un pied en l'air
au mois de décembre dernier, il y a un document d'orientation qui est en
voie d'élaboration. On devrait être en mesure de le soumettre au
ministre d'ici quelques semaines. Maintenant, ce n'est pas simple, on a pu s'en
rendre compte lors des débats en commission parlementaire sur le Code
civil. Alors, là aussi, il faut être certains de bien cibler le
produit. Alors, je ne sais pas si le ministre veut ajouter quelque chose, mais,
nous, c'est là où nous en sommes.
M. Rémillard: En ce qui regarde, M. le Président,
l'échéancier, on va essayer de le faire le plus tôt
possible en 1993, mais il y a toute la question informatique et il faut que ce
soit bien fait. Je le comprends, bien que j'aie demandé que ça
puisse se faire dans les meilleurs délais possible, mais je comprends
qu'on ne peut pas brusquer les choses au point de compromettre la
qualité du système.
En ce qui regarde l'hypothèque mobilière, M. le
Président, pour les particuliers, je n'ai pas l'intention de brusquer
non plus les choses, mais j'ai quand même l'intention de procéder,
en fonction de ce qui a été adopté dans le Code civil,
à partir de ce principe que nous avons reconnu dans le nouveau Code
civil, de la possibilité d'avoir une hypothèque mobilière
pour les particuliers. Donc, nous pensons consulter - il y a un document qui
est en préparation, comme vient de dire le sous-ministre - et je vais
consulter pour essayer de cerner, dans toute sa perspective, si vous voulez,
cette question-là puisqu'il s'agit d'une question qui existe dans
d'autres provinces. Alors, je ne vois pas pourquoi, nous, on ne pourrait pas
aussi en arriver à une telle situation, mais, en particulier, je
travaille avec l'Office de la protection du consommateur, et j'ai
demandé à l'Office de la protection du consommateur de faire un
travail de fond et de me produire un avis sur ce sujet-là. (22 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Mme Harel: Votre projet consiste-t-il toujours à vouloir
amender la Loi sur la protection du consommateur par ces dispositions
nouvelles?
M. Rémillard: Bien, je n'ai jamais dit que je le ferais,
j'ai dit que c'était une possibilité. Je vous redis encore que
c'est une possibilité, ou bien une loi particulière, ou d'autres
moyens. Mais je peux vous dire que ça ne se fera pas en catimini, et je
voudrais qu'il y ait quand même la possibilité...
Mme Harel: ...consultation...
M. Rémillard: ...d'exprimer. Je connais vos
réserves à ce sujet-là. D'autres peuvent avoir des
réserves aussi, et on va pouvoir s'exprimer le plus ouvertement
possible.
Mme Harel: Vous nous avez déjà promis une
commission parlementaire.
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. Alors, je vous signale qu'il nous reste 20 minutes, et
il nous reste quatre programmes à étudier.
Mme Harel: C'est-à-dire 20 minutes, plus dix minutes que
nous avons à reprendre pour notre retard de cet après-midi.
Le Président (M. Dauphin): ...et nous avons terminé
cinq minutes plus tard, à 18 h 35.
Mme Harel: C'est ça. Alors, comme nous avions 15 minutes,
j'en soustrais cinq, il en reste 10 de plus.
Le Président (M. Dauphin): ...et il faut assurer à
M. le député de Vimont, évidemment, ses questions sur la
drogue, au programme 9.
Mme Harel: Certainement, M. le Président. Je le souhaite
aussi, parce que je souhaitais aussi qu'il puisse y avoir un échange,
étant donné qu'il y a une diminution de budget au niveau de la
lutte contre la drogue, alors... M. le Président, à ce moment-ci,
je vous inviterais...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...à appeler le programme 9.
Affaires criminelles et pénales
Le Président (M. Dauphin): Alors, abordons dès
maintenant le programme 9: Affaires criminelles et pénales, avec le
consentement des membres de la commission.
Mme Harel: Cinq minutes? Allez-y, allez-y tout de suite.
Le Président (M. Dauphin): Nous allons débuter avec
M. le député de Vimont.
Toxicomanie et criminalité
M. Fradet: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
avez fait allusion dans votre discours d'ouverture, justement, aux
recommandations du rapport Bertrand, et vous savez qu'une des principales
recommandations de ce rapport-là était la formation d'un
comité permanent de lutte aux drogues, qui avait pour mandat de
critiquer l'action gouvernementale et d'orienter ou de donner des pistes, des
lignes à suivre au premier ministre, M. Robert Bourassa, et même,
d'ailleurs, à ce sujet, le comité, à quelques reprises, a
rencontré votre sous-ministre, M. Chamberland, qui est membre du
comité interministériel, qui travaille conjointement avec le
comité permanent de lutte aux drogues. Vous avez, dans votre discours
d'ouverture, mentionné qu'il y avait une recommandation qui
émanait du rapport Bertrand, qui concernait, entre autres, les
substituts du Procureur général en région, et je pense que
ça a été mis en application. Il y avait une
préoccupation, aussi, qui était majeure à l'époque,
et dont nous parlons encore, et le comité permanent aura à
rédiger son rapport prochainement. Il est présentement en phase
de rédaction. Il y avait - on en avait parlé aussi à votre
sous-ministre, M. le ministre - une préoccupation face aux biens qui
étaient saisis lors de crimes face à la drogue, que ce soit de
l'argent ou des biens, et le ministère de la Justice était
supposé faire des recommandations, parce que, présentement, les
argents qui sont saisis s'en vont directement au fédéral. Il
était supposé y avoir des négociations entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial à
savoir si nous, au provincial, nous pouvions récupérer les biens
saisis iors de perquisitions concernant la toxicomanie, et peut-être
même une préoccupation ou une recommandation était à
l'effet de réinvestir ces sous-là et ces biens-là, ces
argents-là, dans, justement, la prévention et la lutte à
la drogue. Je veux savoir si, premièrement, vous avez entamé - je
sais que vous bien occupé présentement dans le domaine des
négociations constitutionnelles, les négociations
intergouvernementales... Je ne veux pas dire que ceci pourrait faire partie des
négociations constitutionnelles. Par contre, un moment donné, si
on veut récupérer ces argents-là, ces sous-là, pour
les investir au Québec, il va falloir commencer nos négociations.
Alors, j'aimerais juste savoir si, premièrement, vous avez entamé
des discussions avec vos homologues fédéraux, et si oui,
deuxièmement, quand est-ce, pensez-vous, que ces sous-là
pourraient être réinvestis dans le domaine de la prévention
et de la lutte à la drogue au Québec?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Bien, je veux
remercier le député de Vimont de sa question. Oui, c'est vrai
qu'on est occupés, évidemment, à discuter du dossier
constitutionnel, mais je peux vous dire que le ministère de la Justice
est très actif; demandez aux fonctionnaires qui travaillent ici, et vous
allez voir que le ministère de la Justice est très actif,
simplement à voir le bilan que je présente ce soir, je pense que
ça montre à quel point le ministère de la Justice est
actif et fait des choses intéressantes.
En ce qui regarde ce problème, pour moi,
qui est un problème très important, de la drogue,
lorsqu'on veut parler de criminalité, oui, à quelques reprises,
j'ai eu l'occasion de m'adresser à ma collègue
fédérale pour lui demander qu'on puisse amender les dispositions
actuelles de la loi concernant la confiscation, qu'on puisse avoir cet argent.
Et je crois qu'on peut dire maintenant que les discussions vont bien, qu'on est
particulièrement sensible à nos demandes et j'ai bon espoir qu'on
puisse en arriver à . une entente là-dessus. Mais celui qui
mène les discussions, les négociations, c'est Me Bouchard, Michel
Bouchard, qui est le sous-ministre associé à la Direction des
affaires criminelles, et, si vous me le permettez, M. le Président,
j'aimerais lui demander de compléter ma réponse.
Le Président (M. Dauphin): Me Bouchard.
M. Bouchard (Michel): Merci, M. le Président.
Effectivement, suite à des rencontres bilatérales avec nos
homologues du fédéral et suite aux instructions reçues du
ministre de la Justice, nous avons intensifié, au cours des derniers
mois, les discussions qui permettraient aux provinces saisissantes en
matière de stupéfiants de conserver le produit de la vente des
biens qui auraient été confisqués, biens obtenus
criminellement. Et M. Doug Lewis, le Solliciteur général du
Canada, a annoncé, au début du mois d'avril, la création
de groupes d'impact dans trois grandes cités canadiennes, dont
Montréal, groupes d'impact constitués de forces de police
combinées de la GRC, de la Sûreté du Québec et des
corps de police municipaux, en vue de donner plus de poids et de poigne
à ces dispositions législatives prévoyant la confiscation
des biens criminellement obtenus par le trafic de stupéfiants. Et, dans
le même souffle, il a annoncé qu'il continuait à
étudier et se montrait favorable au retour aux provinces saisissantes de
ces biens qui auraient été saisis par les forces de police
provinciales et confisqués par les tribunaux provinciaux.
M. Fradet: Merci. M. le Président, si je peux me permettre
de poser encore une question à ce sujet-là. Alors, ça
semble aller très bien dans la récupération de ces
budgets-là. M. le ministre, est-ce que vous pouvez garantir aux membres
de cette commission et, éventuellement, au comité permanent de
lutte aux drogues que si, oui, ces sommes étaient
récupérables par la province de Québec, par le
gouvernement du Québec, elles seraient automatiquement utilisées
pour des fins de prévention et des fins de lutte à la drogue et
non pas transférées au budget pour d'autres fins?
M. Rémillard: M. le Président, on sait qu'au niveau
fédéral, ce qui se fait, c'est que cet argent va au
ministère fédéral de la Santé et du Bien-Être
social. Nous, si c'est transféré au
Québec, moi, ce que je souhaiterais, c'est que ça serait
là pour la prévention et pour qu'on puisse travailler à
mettre au point des programmes pour prévenir et agir dans le domaine de
la drogue à bien des niveaux. C'est ce que je souhaiterais. Maintenant,
je pense que le député de Vimont va comprendre que je n'ai pas
toute la juridiction sur tous ces aspects pour prendre des engagements devant
la commission, ici, ce soir. Mais je peux vous dire que c'est mon souhait, ce
serait mon souhait très fort.
M. Fradet: M. le Président, le député de
Vimont comprend très bien ça mais il comprend aussi que le
ministre fera tout ce qui est possible pour faire en sorte que cet
argent-là soit utilisé à des fins, justement, de
prévention de lutte à la drogue et j'en conviens avec lui.
J'aurais peut-être juste une autre question parce que...
Mme Harel: ...presque 10 minutes mais je consens quand
même.
M. Fradet: Vous consentez, je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Vimont, c'est à vous la parole.
M. Fradet: C'est parce que je pense que c'est un sujet quand
même assez important et surtout sur l'île de Montréal dont
vous représentez un comté. On avait parlé, lorsqu'on avait
rencontré les membres du comité, M. Chamber-land, qu'il y avait
des difficultés sur IHe de Montréal face aux criminels qui
étaient pris sur le fait dans le domaine de la drogue, parce que ceux-ci
étaient considérés comme étant moins dangereux face
à la loi par rapport à d'autres criminels et, tout de suite, on
les ressortait sur la rue et ils continuaient à vendre de la drogue et
à intervenir dans le domaine de la criminalité face à la
drogue. Et je pense qu'il y avait peut-être, M. Chamberiand nous l'avait
mentionné à l'époque en tout cas, des modifications face
aux sentences qu'on pourrait appliquer à ces gens-là qui
commettent des crimes dans le domaine de la toxicomanie. Et, dans votre
discours, vous avez même mentionné qu'il y avait un comité
de travail de la Direction générale qui avait
élaboré une véritable politique de poursuite en
matière de drogues et de stupéfiants. J'aimerais peut-être
juste, ici, pour ne pas perdre de temps, qu'on me transmette cette
politique-là pour que je puisse l'analyser et que le comité
puisse l'analyser. (22 h 50)
Deuxièmement, on sait qu'à Montréal le corps de
police municipal a eu, en tout cas, une politique qui était de dire non
à la drogue et qui a eu pour effet, justement... pas dire non à
la drogue, vous m'excusez, c'était Tolérance zéro, et qui
a fait en sorte que les criminels qui
étaient pris - parce qu'on sait qu'il y avait des
problèmes dans le domaine du crack où une petite quantité
de cette drogue n'était pas reconnue comme étant un
problème assez grave, et on sait qu'une petite quantité de crack
est quand même différente d'une petite quantité de drogue
douce. La police de Montréal, en faisant ce programme, pousse à
l'extérieur de l'île de Montréal ses criminels qui vont
s'installer dans les municipalités de banlieue comme Laval ou de la rive
sud qui, elles, n'ont pas de programme municipal Tolérance zéro.
Je ne sais pas. Je sais qu'on avait parlé de ça et qu'il y aurait
peut-être lieu de modifier la loi face à ces sentences. Je ne sais
pas si vous vous souvenez de ça, M. Chamberland.
M. Rémillard: M. le Président, je peux demander
à M. Chamberland ou à M. Bouchard de répondre à la
question du député de Vimont. Je dois vous avouer que je n'ai pas
connaissance de cet aspect-là. Mais peut-être que M. le
sous-ministre...
Le Président (M. Dauphin): Alors, on s'adresse à la
mémoire de M. Chamberland.
M. Chamberland: Je me souviens d'une chose, en tout cas, c'est de
l'intérêt du député de Vimont pour la cause de la
lutte contre la toxicomanie. Je me souviens beaucoup moins du détail des
opérations et, si vous me le permettez, M. le Président, pour me
permettre de donner une réponse éclairée à la
commission, je demanderais à M. Michel Bouchard, qui a suivi le dossier
quotidiennement, à ma demande, de compléter la
réponse.
M. Bouchard: m. le président, je me souviens, moi,
très bien de tout ça parce que mon sous-ministre et mon ministre
m'avaient demandé d'y apporter une attention particulière.
M. Rémillard: Une brillante carrière!
M. Bouchard: La loi ne peut pas être plus
sévère qu'elle ne l'édicté actuellement à
l'égard des trafiquants de drogue. C'est l'emprisonnement à
perpétuité. Le problème n'est donc pas un problème
d'ordre législatif où il faudrait modifier la loi, mais bien la
façon dont ces lois-là ou cette loi-là est
appliquée.
Je dois vous dire qu'en matière de stupéfiants, et de
trafic de stupéfiants plus spécifiquement, nos tribunaux
considèrent ce crime comme étant très grave. La Cour
d'Appel du Québec a, à maintes reprises, rappelé qu'en
matière de trafic de stupéfiants la norme est l'emprisonnement.
Nous avons, nous, suite aux recommandations du rapport Bertrand, au
ministère de la Justice, élaboré des lignes directrices
à l'intention des substituts du Procureur général, lignes
directrices qui visent à une plus grande uniformité dans les
représentations que les substituts ou les procureurs de la couronne
doivent faire devant les tribunaux. Ces lignes directrices sont en vigueur
depuis le mois de mai 1991. Elles s'adressent non seulement à
l'équipe provinciale des procureurs de la couronne, mais à
l'ensemble des quelque 330 substituts de la province qui, à l'occasion,
ont à faire des dossiers en matière de drogue. Parce que
l'équipe provinciale traite fa presque totalité des dossiers de
drogue, mais non la totalité de ces dossiers-là. Et ces lignes
directrices prévoient notamment qu'en matière de
représentations sur sentence ces représentations que nous devons
faire suggèrent l'emprisonnement dans les cas de trafic et d'importation
de stupéfiants, et surtout le trafic de crack.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Mme Harel: II va falloir mettre une fin parce qu'on n'est plus
à cinq minutes, là!
M. Fradet: vous vous souviendrez de me faire parvenir votre
politique en matière de poursuite. la députée de
hochelage-maisonneuve en a parlé tout à l'heure...
Mme Harel: Peut-être la déposer au
secrétariat de la commission pour qu'elle soit transmise à tous
les membres.
M. Rémillard: On va faire ça.
M. Fradet: Parce que la députée a parlé tout
à l'heure du budget, peut-être juste revenir, si vous me le
permettez, Mme la députée, il y avait eu, lors de la formation du
comité en novembre 1990, un budget qui était alloué au
ministère de la Justice. Pour les années 1990-1991 et 1992-1993,
j'aimerais savoir si ces sous ont été dépensés aux
fins auxquelles ils devaient servir et sinon s'ils ont été
périmés et combien ont été dépensés.
Est-ce possible?
Mme Harel: J'ai la liste des péremptions, je peux
moi-même la remettre au député de Vimont.
M. Fradet: Dans le domaine de la toxima-nie?
Mme Harel: La liste de toutes les péremptions du
ministère. Mais il y a la non-récurrence des crédits. En
1992-1993, M. le député de Vimont, le programme 9 à
l'élément 1, page 6, il y a 97 500 $ qui ne seront plus
dépensés cette année, 1992-1993. Et ça revient
à votre question. C'est non récurrent.
M. Fradet: C'est parce que je me souviens qu'il y avait des
non-récurrence de crédits parce que le travail avait
été fait aussi ou avait été pour faire en 1991-1992
et non parce qu'il se
répétait tous les ans dans le domaine de la
toxicomanie.
Mme Harel: Alors, l'intensification de la lutte contre la drogue,
les crédits alloués en 1990-1991 et 1991-1992 ne le sont pas en
1992-1993. C'est ça qui est indiqué dans nos crédits.
M. Fradet: Oui. Sauf que les détails de ça...
Peut-être que les crédits étaient dépensés
pour une intervention, si je me souviens bien, pour la formation des substituts
du Procureur général et, s'ils ont été
formés une fois, peut-être qu'ils n'ont pas besoin d'être
formés une deuxième fois. Alors, peut-être que ça ne
nécessite pas des crédits supplémentaires pour la
troisième année.
M. Rémillard: Ce n'est pas tout à fait la
situation. Je vais demander à M. le sous-ministre Bouchard de donner des
précisions.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci, M. le Président. Les sommes que nous
avons obtenues du Conseil du trésor, suite au dépôt du
rapport Bertrand, étaient pour procéder à l'embauche de
procureurs de la couronne et d'employés de soutien qui seraient
appelés à traiter spécifiquement des dossiers de drogue.
Ces postes-là ont été comblés dès avril 1991
pour la portion qui nous avait été attribuée pour
l'exercice 1991 et, dès avril 1992, le processus de dotation des quelque
12 postes chemine très bien. Ces postes-là sont des postes
récurrents pour les prochaines années. Et il n'y a pas eu de
coupures au niveau des procureurs de la couronne en matière de lutte
contre les drogues.
M. Fradet: O.K. Merci beaucoup. Étant donné...
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Vimont.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, juste un
instant. Je vous signale que nous terminerons nos travaux à 23 h 10,
pour reprendre le temps perdu de cet après-midi, et nous adopterons tous
les programmes à 23 h 10. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'en suis encore au programme 9. Je vois donc une
non-récurrence des crédits accordés en 1991-1992 pour
l'intensification de la lutte contre la drogue et pour le traitement des
plaintes de la Commission de la construction du Québec: 97 500 $. M. le
Président, je vais devoir, en vrac, aborder tous les dossiers que je
voulais aborder dans cet élément de programme 9, et
j'espère le faire assez rapidement parce que cela concerne des questions
qui préoccupent l'opinion publique ou, en tout cas, qui
préoccupent certainement nos concitoyens.
Autres sujets
D'abord, j'ai pris connaissance de ce dont le ministre a
été certainement informé, à savoir le
«Québecgate» qui s'intitule «La conspiration du
silence», en fait; il y a un peu de tout dans ce livre-là,
l'ivraie et le bon grain. Mais, finalement, ce qu'on y retrouve qui m'a
personnellement inquiétée, c'est essentiellement cette question
d'adolescentes agressées en 1973, des adolescentes cries qui
étaient prêtes à porter plainte et qui ont
répété à plusieurs reprises être prêtes
à porter plainte. Je me réfère ici, entre autres, à
la page 376 de ce document. Les plaintes ont été retirées
en 1974 par le procureur de l'époque, Jacques Viens. Elles n'ont pas
été relogées, ces plaintes, par la suite; et il ne s'est
comme plus jamais rien passé. À la suite de ce qui se produit
à Terre-Neuve, au mont Cashen, je me demande comment il peut être
possible à notre système d'échapper à des
sévices semblables. Alors, j'aimerais savoir si le ministre entend faire
un examen plus approfondi de cette question-là. Les trois jeunes femmes
de l'époque existent toujours. Elles ont été victimes de
ces sévices et elles ont toujours été désireuses de
porter plainte. Je vais les noter en vrac, toutes les questions que je voulais
poser au ministre sur le programme 9, et j'imagine que, peut-être, par
écrit, le ministre pourra me répondre.
Il y a également la question du Ku Klux Klan. C'est une question
qui préoccupe énormément les Montréalais
présentement, d'autant plus, évidemment, que cet
été donnera lieu à des célébrations et
à des assemblées publiques importantes. Je voulais savoir
pourquoi l'inculpation contre un des chefs présumés du Ku Klux
Klan, cette inculpation pour avoir été arrêté en
flagrant délit en possession de cocktails Molotov, pourquoi, finalement,
cette inculpation était tombée. C'est là, à mon
point de vue, une question qui préoccupe mes concitoyens. On a fait
mention d'une insuffisance de preuves. Mais ce qui est évident, c'est
qu'il ne faut aucun laxisme présentement, compte tenu de la situation.
(23 heures)
D'autre part, j'aurais aimé aussi échanger avec le
ministre sur les documents d'Ottawa à l'égard des agissements
illégaux de la GRC sur le territoire québécois. Est-ce
qu'il a des réponses aux diverses demandes qu'il a formulées
avant l'ajournement de Pâques? Est-ce qu'il a officiellement
réclamé par écrit les documents des huis clos dans
lesquels on retrouve des témoignages qui n'ont jamais été
portés à la connaissance des procureurs du Québec?
D'autre part, M. le Président, on me dit qu'il y aurait reprise
des causes contre les aménagistes paysagers. Je crois comprendre que
déjà, en vertu de la loi de la construction,
déjà le Procureur général, dans le passé,
avait intenté 150 causes, me dit-on. Le journal Les Affaires en traitait
encore la semaine passée. Et est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
procéder à des modifications législatives puisque dans les
faits le Procureur général aurait d'ailleurs perdu la
majorité, sinon la totalité, je crois comprendre, de ces
causes?
D'autre part, le ministre a certainement été
informé du dossier des fraudes à l'assurance-chômage, un
dossier qui laisse croire qu'il pourrait s'agir d'une pratique fort
répandue. C'est ce dossier de fraude, notamment, à Beaver Asphalt
et dans un certain nombre de compagnies du holding de Beaver Asphalt. Alors, je
me demandais si la direction des crimes économiques du ministère
avait étudié ce dossier. Il ne s'agit pas uniquement d'une
infraction à la loi d'assurance-chômage qui pourrait donner lieu
à une disposition pénale. On est face à une fraude qui
finalement a une ampleur considérable.
Je rappelle que Beaver Asphalt est passible d'une poursuite à la
suite d'une fraude sur laquelle enquête la GRC depuis plus de deux ans et
que cette compagnie aurait renvoyé au chômage les employés
affectés au déneigement pour ensuite les réembaucher en
payant le différentiel entre les primes versées par
l'as-surance-chômage et le salaire qu'ils gagnaient en temps
régulier. C'est des centaines de milliers de dollars qui sont en cause.
La fraude aurait duré pendant plusieurs années et aurait
impliqué des dizaines et des dizaines d'employés. Alors, il
s'agit de bien d'autre chose qu'une simple infraction qui donnerait lieu
à l'application d'une disposition pénale. Ça
préoccupe, finalement, mes concitoyens. Moi, je m'en suis fait parler
d'autant plus que c'a été abondamment mentionné dans les
médias à Montréal. On me dit que pour tout de suite aucune
plainte encore n'a été portée. Comment peut-on imaginer?
Une personne assistée sociale qui fraude est souvent l'objet non
seulement d'une infraction, mais d'une poursuite, alors que, dans un cas d'une
pratique répandue dans des entreprises, il y a l'air de ne rien se
passer.
Alors, on disait: Le dossier est à l'étude chez les
procureurs de la couronne qui décideront d'ici deux semaines des
accusations qui devraient être portées. C'était là
la nouvelle de CKAC avant Pâques. Moi, je voulais savoir si ces
procureurs de la couronne ce sont ceux du Québec ou si ce sont des
procureurs de la couronne fédérale. Quoi qu'il en soit, les
plaintes ne sont toujours pas portées et, évidemment, je pense
qu'à bon droit on peut craindre qu'il y ait prescription étant
donné que les enquêtes ont été menées l'an
dernier.
Également, M. le Président, j'aurais souhaité
aborder avec le ministre plus longuement, évidemment, les appels
interjetés en Cour supérieure des acquittements pour des
contraven- tions. Ce sont des citoyens qui ne sont pas de ma circonscription,
des citoyens qui m'écrivent en me faisant part de contraventions pour
lesquelles ils ont été acquittés et d'appels
interjetés par les procureurs en Cour supérieure, pas seulement
dans un cas, il s'agit finalement... Moi, j'ai en fait une demi-douzaine de
cas, puis je voulais savoir si c'était là une politique.
C'était une contravention de 50 $, en l'occurrence. Est-ce que c'est
fréquent d'interjeter appel des acquittements? Dans quel cas le fait-on
devant la Cour supérieure? Est-ce qu'il y a une sorte de politique au
ministère en cette matière?
Puis, il y avait aussi le dossier du retrait des plaintes envers Max
Gros-Louis, non pas parce que je prétends que les plaintes
étaient fondées, mais parce que je suis surprise qu'après
avoir été portées elles aient été
retirées. Je souhaiterais que le ministre nous informe des motifs qui
ont amené le retrait de ces plaintes.
M. Rémillard: M. le Président, évidemment je
pense que tous les membres de cette commission vont comprendre que les
questions, peut-être fort pertinentes, que me pose Mme la
députée sont bien délicates pour le ministre de la
Justice, puisque plusieurs se réfèrent à des causes qui
sont pendantes devant les tribunaux ou en instance de l'être.
Évidemment, mes sous-ministres me disent immédiatement,
m'écrivent des notes «attention, dangereux, ne pas
commenter» et on sait à quel point c'est délicat de pouvoir
commenter ces causes parce que je vais compromettre des lois, des
personnes.
Mme Harel: II n'y a aucune cause actuellement devant les
tribunaux sur tous ces dossiers que j'ai abordés, y compris, par
exemple, un premier acquittement; l'appel interjeté devant la Cour
supérieure a donné lieu à un deuxième acquittement.
Alors, donc il n'y a pas de causes dans ce dossier des appels pour des
contraventions acquittées. Il n'y a pas non plus de causes à
l'égard de la fraude de Beaver Asphalt. Pour tout de suite, M. D'Errico
s'en sort. Je ne sais pas pour combien de temps. Il n'y a pas de cause non plus
à l'égard de ces jeunes femmes cries qui ont été
agressées sexuellement il y a 20 ans. Il n'y en a pas non plus dans le
cas de...
M. Rémillard: Ça fait... Excusez-moi de prendre
cette expression-là, je ne sais pas si elle est juste, mais un
pot-pourri, c'est-à-dire que vous me donnez beaucoup, beaucoup de choses
en même temps. Comment je vais les prendre pour répondre à
ça? Vous me parlez de ces trois jeunes Amérindiennes...
Mme Harel: Une par une.
M. Rémillard: ...qui auraient été
agressées. Le Ku Klux Klan, vous savez que c'est devant les tribunaux
à certains égards. Je ne peux pas
l'aborder. Si je l'aborde d'une place, il y a des conséquences
pour l'autre place. Oui. Ensuite, vous me parlez de certaines choses dont
j'avoue que je n'ai aucune connaissance.
Mme Harel: Non, non, le Ku Klux Klan, M. le ministre, il n'y a
pas d'inculpation. Justement, c'est ce sur quoi je vous interroge, pourquoi il
n'y en a pas?
M. Rémillard: II y en a oui. Écoutez...
Mme Harel: Non, pas à l'égard du chef du Klu Klux
Man, Michel Larocque.
M. Rémillard: Parce qu'il y a une relation entre les
événements. Il y a une relation entre les deux causes et je ne
peux pas à ce moment-là parler de cette cause-là. Vous me
parlez de certaines choses dont, j'avoue, je n'en ai pas connaissance. Les
dernières causes que vous me dites, je n'ai pas connaissance.
Maintenant, en ce qui regarde les causes pour les billets, vous me dites, de 50
$ portées en appel en Cour supérieure, je vais demander à
Me Bouchard s'il veut vous répondre là-dessus. Je vous avoue que
je n'ai jamais entendu parler de ça.
M. Bouchard: M. le Président, il m'est difficile de
répondre à cette partie de la question de Mme la
députée, parce que je n'ai pas beaucoup de détails sur les
événements qu'elle nous décrit. Il n'y a pas de politique
systématique d'en appeler des décisions de nos tribunaux au
niveau du ministère de la Justice et de la Direction
générale des affaires criminelles et pénales. Il y a appel
lorsqu'on estime qu'il y a lieu d'en appeler, mais il n'y a pas d'appel
systématique. Je n'ai aucune référence ou aucune
information sur les incidents que Mme la députée nous apporte ce
soir relativement à ces billets d'infraction. Maintenant, il serait
possible d'aller aux sources, d'aller aux informations et de fournir à
Mme la députée une réponse plus complète si nous
avions plus d'information, et je prendrai les moyens qu'il faut pour
répondre à la question ultérieurement. (23 h 10)
Mme Harel: M. le Président, j'en fournirai avec plaisir au
ministre et au sous-ministre chargé de ces dossiers. Mais j'aimerais
qu'on me permette de dire au ministre que j'attends de lui des réponses
- peut-être pas ce soir - mais j'attends de lui des réponses en
regard de ces dossiers que j'ai traités. Je pense que ces dossiers
méritent... Et nos concitoyens ne comprendraient pas qu'il n'y ait pas
de réponse à ce qui les préoccupe, les préoccupe
sincèrement, d'ailleurs.
M. Rémillard: M. le Président, les questions que
j'ai reçues ce soir peuvent s'adresser à moi de deux
façons: comme ministre de la Justice...
Et la très grande majorité, c'était des questions
comme ministre de la Justice. Tout ce qui découle, par exemple, du
Sommet sur la justice, où j'ai parlé des suites qu'on donnerait
au Sommet, les nouvelles politiques, le Code civil, ça, c'est le
ministre de la Justice. Là, maintenant, on me pose des questions en ce
qui regarde mes fonctions de Procureur général. Procureur
général, c'est une institution. Dans notre régime
parlementaire, il y a donc une même personne qui occupe et le fauteuil de
ministre de la Justice et celui du Procureur général, mais il y a
une distinction à faire. Comme Procureur général, c'est
donc moi qui prend la décision de poursuivre. C'est un grand mot de dire
que c'est moi. En fait, je délègue ces pouvoirs au niveau des
substituts, et, entre autres, du sous-ministre qui substitue et qui nous permet
donc de faire un processus judiciaire comme ça doit se passer dans une
société équitable comme la nôtre. Alors, dans ce
cas-là, M. le Président, je dois être extrêmement
prudent. Je vais répondre aux questions auxquelles je peux
répondre.
Mais je pense que Mme la députée, qui est juriste
elle-même, doit comprendre que, lorsqu'il y a des causes qui sont
pendantes devant les tribunaux, je ne peux pas intervenir. Et, lorsqu'il y a
des enquêtes policières en cours, je ne peux pas aussi intervenir.
D'ailleurs, le ministre de la Justice ou le Procureur général ne
fait pas les enquêtes. Le Procureur général, ce n'est pas
le Solliciteur général. Souvent on confond les deux rôles.
Je suis Procureur général, donc, ma fonction c'est
d'apprécier les preuves qui nous arrivent à la suite du travail
du Solliciteur général, qui a fait enquête, donc la police
qui fait enquête, qui nous arrive avec les preuves. Lorsqu'on a les
preuves suffisantes, on poursuit. Lorsqu'on n'a pas de preuves, on ne poursuit
pas. Alors, dans ce cadre-là, M. le Président, moi je suis bien
prêt à répondre aux questions, mais je vais le faire en mon
âme et conscience, en respectant aussi mes devoirs de réserve que
je dois respecter, si je ne veux pas faire avorter, soit des processus qui sont
en cours, soit aussi atteindre aux droits et libertés des gens qui
doivent avoir un processus judiciaire le plus complet possible.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. C'est
malheureusement tout le temps qui nous était dévolu, à ce
stade-ci. Je vais aux membres de la commission: Est-ce que les programmes 1
à 9 - puisque 10 a déjà été
adopté...
Mme Harel: Vous me permettez?
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Vous allez me permettre une
remarque. M. le Président, le ministre sait très bien que
j'ai d'autres occasions que celle-ci pour l'interroger. Alors, j'aurai donc
à le faire en Chambre, en période de questions, puisqu'on n'a pas
pu compléter ces dossiers qui se révèlent importants pour
nous, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, Mme la
députée. Est-ce que les programmes 1 à 9 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
Est-ce que les crédits budgétaires du mistère de la
Justice, programmes 1 à 10, pour l'année financière
1992-1993 sont adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'ajourne donc les travaux à demain matin, 9 heures, pour l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Affaires
internationales.
(Fin de la séance à 23 h 14)
Table des matières
Remarques préliminaires m. normand cherry cet-2891 m. francis
dufour cet-2893 m. jean-guy st-roch cet-2896 organisation des travaux
cet-2900
Discussion générale abolition des décrets dans
divers secteurs cet-2900 impacts du libre-échange sur les décrets
cet-2903 coordination gouvernementale et mobilité des travailleurs
cet-2903 réglementation de l'industrie du textile cet-2905 travail au
noir dans l'industrie du textile cet-2905 coordination gouvernementale et
mobilité des travailleurs (suite) cet-2907 exclusion de certains groupes
du champ d'application des décrets cet-2908 groupe de travail sur la
réglementation dans l'industrie de la construction cet-2909 situation de
l'industrie de la construction cet-2914 qualification de l'entrepreneur choisi
au chantier jean-de-la-lande cet-2918 commission de la construction du
québec (ccq) diminution des revenus cet-2919 réduction des
services dans les régions cet-2920 niveau des cotisations cet-2922
régie du bâtiment du québec cet-2922 taux de location d'un
local cet-2922 fonds de formation cet-2923
Commission de la santé et de la sécurité du travail
(CSST) évolution de la situation financière cet-2924 principe du
paritarisme cet-2929 réintégration des travailleurs
indemnisés cet-2930 adoption des crédits cet-2931
Autres intervenants
M. Jean Audet, président
M. Jean-Claude Gobé, président suppléant
M. Georges Farrah, président suppléant
M. Yvon Lemire * m. pierre gabrièle, ministère du travail
* m. réal mireault, régie du bâtiment * m. alcide fournier,
ccq * m. robert diamant, csst * témoins interrogés par les
membres de la commission
Table des matières
Discussion générale projet soligaz (suite) cet-2961 octroi
d'un contrat d'hydro-québec international cet-2962 contrats à
partage de risques cet-2964 coupures de postes à hydro-québec
cet-2970 études concernant le lac robertson cet-2972 harnachement de la
rivière ashuapmushuan cet-2974 document déposé cet-2975
rivières à valeur patrimoniale cet-2975 projets de
cogénération cet-2976 prix de l'essence dans les régions
bénéficiant d'une réduction de la taxe de vente cet-2977
sécurité interne à hydro-québec cet-2980
sécurité des barrages cet-2980 autobus électriques
cet-2981 projet euro-québec hydro-hydrogène cet-2982
stratégie d'efficacité énergétique cet-2982
adoption de l'ensemble des crédits cet-2984
Intervenants
M. Maurice Richard, président M. Jean Audet, président
suppléant M. Yvan Bordeleau, président suppléant
M. Gérald Tremblay M. Guy Chevrette M. Jean-Pierre Jolivet * m.
françois geoffrion, ministère de l'énergie et des
ressources * m. denis l'homme, idem * m. jean-noël vallière, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Note de l'éditeur: La commission a aussi
siégé en soirée pour l'étude des crédits du
ministère du Tourisme. Le compte rendu officiel en est publié
dans un fascicule distinct.
Table des matières
Remarques préliminaires m. andré vallerand cet-3029 m.
yves blais cet-3029 étude détaillée cet-3030 champ
d'application cet-3030 suspension, refus ou annulation d'un permis cet-3030
règlements cet-3033 dispositions transitoires et finales cet-3037
Autres intervenants
M. Jean-Claude Gobé, président M. Jean-Guy Bergeron * mme
raymonde beaudoin, ministère du tourisme * mme esther lemieux, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. andré vallerand cet-3039 m.
yves blais cet-3039 étude détaillée cet-3041 constitution
et organisation cet-3041 objets et pouvoirs de la société
cet-3050 non-application de la loi concernant les droits sur les mutations
immobilières cet-3051 objets et pouvoirs de la société
(suite) cet-3056 documents, comptes et rapports cet-3057 dispositions
financières cet-3058 dispositions transitoires et finales cet-3058
Autres intervenants
M. Jean Audet, président
M. Raymond Savoie M. Jean Garon * m. paul carpentier, ministère
du tourisme * témoin interrogé par les membres de la
commission
Table des matières
Remarques préliminaires mme lise bacon cet-3061 m. guy chevrette
cet-3061 étude détaillée cet-3061
Autres intervenants
M. Paul-André Forget, président * m. jean robitaille,
ministère de l'énergie et des ressources * témoin
interrogé par les membres de la commission
Table des matières organisation des travaux cet-3067
Remarques préliminaires m. normand cherry cet-3067 m. francis
dufour cet-3068
Auditions centrale des syndicats démocratiques (csd) cet-3068
confédération des syndicats nationaux (csn-construction) cet-3075
conseil provincial du québec des métiers de la construction
(international) cet-3085 fédération des travailleurs et
travailleuses du québec (ftq-construction) cet-3095 association des
entrepreneurs en construction du québec (aecq) cet-3106
Remarques finales m. francis dufour cet-3117 m. normand cherry
cet-3118
Autres intervenants
M. Jean-Claude Gobé, président
M. Jacques Léonard M. Cosmo Maciocia M. Maurice Richard M.
Jean-Guy St-Roch * m. michel fournier, csd * m. louis tremblay, idem * m.
olivier lemieux, csn-construction * m. maurice pouliot, conseil provincial du
québec des métiers de la construction (international) * m.
gérard cyr, idem * m. jean lavallée, ftq-construction * m. yves
paré, idem * reynald couillard, aecq * m. robert brown, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. andré vallerand cet-3120 m.
georges farrah cet-3121 m. yves blais cet-3122 m. jacques léonard
cet-3123
Auditions exposé de la requérante cet-3124 étude
détaillée cet-3126
Autres intervenants
M. Robert LeSage, président M. Paul-André Forget * m.
rémi bujold, consilium inc. * m. william j. atkinson, mccarthy,
tétrault, avocats * mme carole bream, station mont tremblant
société en commandite * témoins interrogés par les
membres de la commission
Table des matières organisation des travaux cet-3143
Secteurs énergie, terres et administration réponses
déposées cet-3144 organisation des travaux (suite) cet-3145
discussion générale prévisions des ventes
d'électricité au québec cet-3146 objectifs en
matière d'économies d'énergie cet-3148 document
déposé cet-3153 contrats à partage de risques cet-3155
élection du président cet-3171 secteurs énergie, terres et
administration cet-3173
Discussion générale (suite) comptes en souffrance des
grandes entreprises auprès d'hydro-québec cet-3173 nouvelles
options tarifaires d'hydro-québec cet-3175 concept de
développement intégré des rivières cet-3177
création d'un organisme de contrôle en matière
d'énergie cet-3180 processus de sélection d'une firmede
communication par hydro-québec cet-3182
Engagements financiers août 1990 cet-3184 septembre cet-3193
octobre cet-3197 document déposé cet-3201 novembre cet-3201
décembre cet-3202 janvier 1991 cet-3204 document déposé
cet-3207 février cet-3209 mars cet-3209 avril cet-3210 mai cet-3211 juin
cet-3212 juillet cet-3212 septembre à décembre cet-3214 janvier
1992 cet-3214 février cet-3214 mars cet-3214 avril cet-3214 mai cet-3216
juin cet-3216 juillet cet-3216 août cet-3216 septembre cet-3218 octobre
et novembre cet-3220 décembre cet-3220 janvier 1993 cet-3221
février et mars cet-3221 avril cet-3224 mai cet-3225 juin cet-3228
juillet cet-3229
Intervenants
M. Jean-Pierre Jolivet, président
M. Réal Gauvin, président suppléant
M. Roger Lefebvre, vice-président de l'Assemblée
M. Paul-André Forget, président suppléant
M. Guy Chevrette
Mme Lise Bacon
Mme France Dionne
M. Jean-Guy St-Roch
M. Yvan Bordeleau
M. Serge Marcil
Mme Louise Bégin
M. Jean-Claude Gobé * m. françois geoffrion,
ministère de l'énergie et des ressources * m. guy morneau, idem *
m. jacques blouin, idem * m. denis l'homme, idem * témoins
interrogés par les membres de la commission
Table des matières organisation des travaux cet-3231
Remarques préliminaires m. guy chevrette cet-3231
Exposé du président du conseil d'administration de la
Société de développement de la Baie James (SDBJ) m. j.
yvon goyette cet-3232 discussion générale cet-3234 modification
du mandat de la sdbj cet-3235 ententes particulières entre la sdbj et
hydro-québec cet-3236 politique d'embauché cet-3237 modification
du mandat de la sdbj (suite) cet-3238 investissement dans la mine joe mann
cet-3240 autofinancement cet-3243 politique d'embauché (suite) cet-3245
politique d'octroi de contrats cet-3246 politique d'embauché (suite)
cet-3246 politique d'octroi de contrats (suite) cet-3248 possibilité de
créer une mrc au nord du 49e parallèle cet-3260
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Jean-Pierre Jolivet M. Jean-Guy St-Roch * m. donald r. murphy, sdbj *
m. michel létourneau, idem * m. réal lavigne, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières réponses déposées
cet-3269
Remarques préliminaires m. andré vallerand cet-3269 m.
yves blais cet-3269 m. andré vallerand cet-3270
Discussion générale avenir du ministère
cet-3271
Engagements financiers amendements à des engagements de mai 1991
cet-3273 février 1992 cet-3274 mars cet-3274 avril cet-3274 mai cet-3282
juin à avril 1993 cet-3285 mai cet-3285 juin à août
cet-3285 septembre cet-3287
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Yvan Bordereau, président suppléant
M. Robert Benoit M. Georges Farrah * m. bruno fragasso,
société du palais des congrès de montréal * m.
pierre o. brodeur, institut de tourisme et d'hôtellerie du québec
* mme johanne bergeron, ministère du tourisme * m. miville vachon,
centre des congrès de québec * témoins interrogés
par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. albert côté cet-3289 m.
jean-pierre jolivet cet-3290 m. albert côté cet-3292 étude
détaillée cet-3294 loi sur les forêts interventions en
milieu forestier cet-3294 permis d'intervention cet-3294 catégories de
permis d'intervention cet-3298 conservation du milieu forestier cet-3305
aménagement forestier pour l'approvisionnement d'usines de
transformation du bois cet-3315 contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier cet-3315 document déposé cet-3318
permis d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de transformation du
bois cet-3327
Aménagement des réserves forestières
aménagement par le ministre cet-3337 conventions d'aménagement
forestier cet-3338
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président M. Paul-André Forget *
m. bernard harvey, ministère des forêts * mme elena clocchiatti,
idem * témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Loi sur les forêts
Aménagement des réserves forestières conventions
d'aménagement forestier (suite) cet-3353 plans et programmes cet-3357
producteur forestier cet-3361 utilisation et transformation du bois cet-3363
dispositions réglementaires cet-3367 infractions cet-3372 utilisation et
transformation du bois (suite) cet-3377 dispositions réglementaires
(suite) cet-3380 infractions (suite) cet-3380 dispositions
générales cet-3387 dispositions abrogatives cet-3390 dispositions
modificatives cet-3393
Intervenants
M. Jean-A. Joly, président
M. Yvon Lemire, président suppléant
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Albert Côté
M. Jean-Claude Gobé * m. bernard harvey, ministère des
forêts * mme elena clocchiatti, idem * m. françois rouleau, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
réponses déposées cet-3397 discussion
générale cet-3397 augmentations de salaire et indemnités
de départ cet-3398 sociétés de conservation cet-3405
emplois en forêt pour les assistés sociaux cet-3408 lots
intramunicipaux cet-3409 engagements financiers cet-3413 août 1992
cet-3413 septembre cet-3419 octobre cet-3443 novembre cet-3446 décembre
cet-3448 janvier 1993 cet-3450 février cet-3452 mars cet-3454 avril
cet-3459 mai à septembre cet-3460
Intervenants
M. Daniel Bradet, président
M. Albert Côté
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Serge Marcil * m. rodrigue desmeules, ministère des
forêts * témoin interrogé par les membres de la
commission
Table des matières
Loi sur le cadastre de la préparation du plan cadastral cet-3463
identification du morcellement cet-3465 dispositions diverses cet-3466
Loi favorisant la réforme du cadastre québécois
financement cet-3467 rénovation cadastrale cet-3469 loi sur les titres
de propriété dans certains districts électoraux
cet-3470
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
Mme Lise Bacon M. Guy Chevrette M. Jean-Pierre Jolivet * mme johanne
michaud, ministère de l'énergie et des ressources * mme jocelyne
lefort, idem * témoins interrogés par les membres de la
commission
Table des matières élection du président
cet-3473 élection du vice-président cet-3473
Intervenants
M. Jean-Pierre Saintonge, président de l'Assemblée M. Jean
A. Joly, président de la commission
M. Réjean Lafrenière M. Christian Claveau
Table des matières
Remarques préliminaires m. normand cherry cet-3475 m. francis
dufour cet-3478 m. guy chevrette cet-3481 m. jean-guy st-roch cet-3481 m.
normand cherry cet-3485 auditions cet-3486 commission de la construction du
québec (ccq) cet-3486 association des entrepreneurs en construction du
québec (aecq) cet-3498 fédération des travailleurs et
travailleuses du québec (ftq-construction) cet-3508 conseil du patronat
du québec (cpq) cet-3522 conseil provincial du québec des
métiers de la construction (international) cet-3535 association de la
construction du québec (acq) cet-3545
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Benoît Fradet M. Serge Marcil M. Jacques Parizeau M. Norman
MacMillan M. Yvan Bordeleau M. Christian Claveau Mme France Dionne * m. alcide
fournier, ccq * m. reynald couillard, aecq * m. robert brown, idem * m. jean
lavallée, ftq-construction * m. yves paré, idem * m. ghislain
dufour, cpq * m. pierre comtois, idem * m. andré duchesne, idem * m.
maurice pouliot, conseil provincial du québec des métiers de la
construction (international) * mme francine legault, idem * m. rené
lafontaine, acq * m. richard di muro, idem * m. jean ratté, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Auditions association des manufacturiers du québec (amq) cet-3559
association provinciale des constructeurs d'habitations du québec inc.
(apchq) cet-3570 association des constructeurs de routes et grands travaux du
québec (acrgtq) cet-3583 confédération des syndicats
nationaux (csn-construction) cet-3591 la corporation des maîtres
électriciens du québec (cmeq) cet-3600 centrale des syndicats
démocratiques-construction cet-3614 mémoire déposé
cet-3623 corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
québec (cmmtq) cet-3623
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Normand Cherry
M. Francis Dufour
M. Guy Chevrette
Mme Jeanne L. Blackburn
M. Jean-Guy St-Roch
M. Serge Marcil
M. Benoît Fradet
M. Jean Audet
M. Norman MacMillan * m. richard le hir, amq * m. gaston charland, idem
* m. charles patry, idem * m. omer beaudoin-rousseau, apchq * m. alain bolduc,
idem * m. serge crochetière, idem * m. françois bernier, idem *
m. bernard brassard, acrgtq * m. richard gagné, idem * m. gabriel
richard, idem * m. gérald larose, csn-construction * m. olivier lemieux,
idem * m. jean grenier, cmeq * m. yvon guilbault, idem * m. jean-guy brown,
idem * m. claude gingras, centrale des syndicats
démocratiques-construction * m. jean brière, cmmtq * m. michel
favre, idem * m. évangéliste bourdages, idem * témoins
interrogés par les membres de la commission
Table des matières remarques préliminaires cet-3635
m. normand cherry cet-3635 m. francis dufour cet-3635 m. jean-guy st-roch
cet-3638 m. guy chevrette cet-3641 m. serge marcil cet-3643
Motion proposant la suspension de l'étude détaillée
du projet de loi 142 pour permettre aux parties de négocier et d'en
arriver à une entente cet-3645 m. guy chevrette cet-3646 m. normand
cherry cet-3647 m. jean-guy st-roch cet-3648 mme jeanne l. blackburn cet-3649
m. jean audet cet-3651 m. francis dufour cet-3653 mise aux voix cet-3655
Motion proposant la création d'une sous-commission chargée
d'étudier des solutions pour contrer le travail au noir dans l'industrie
de la construction cet-3656 décision du président sur la
recevabilité cet-3656 motion proposant d'entendre le ministre du revenu
cet-3656 m. guy chevrette cet-3657 m. jean audet cet-3661 m. jean-guy st-roch
cet-3663 mise aux voix cet-3664 motion d'ajournement cet-3665 mise aux voix
cet-3665
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Norman MacMillan M. Paul-André Forget M. Paul Philibert M.
Réjean Lafrenière M. Jean-Pierre Jolivet
Table des matières organisation des travaux cet-3667
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
Définitions association sectorielle d'employeurs cet-3668
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Normand Cherry
M. Guy Chevrette
M. Jacques Léonard
M. Serge Marcil
M. Jean-Pierre Jolivet
Mme Jeanne L. Blackburn
M. Jean-Guy St-Roch
M. Benoît Fradet
M. Francis Dufour
M. Yvon Lemire
M. Réjean Lafrenière * m. jacques henry, ministère
du travail * témoin interrogé par les membres de la
commission
Table des matières
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
Définitions association sectorielle d'employeurs (suite) cet-3721
amendements déposés cet-3742
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Normand Cherry M. Guy Chevrette M. Jacques Léonard M. Francis
Dufour M. Michel Bourdon M. Jean Audet M. Jean-Pierre Jolivet M. Yvon Lemire M.
Paul-André Forget M. Réjean Lafrenière M. Yvan Bordeleau
M. Jean-Guy St-Roch * m. jacques henry, ministère du travail *
témoin interrogé par les membres de la commission
Table des matières
État de la situation après la rencontre des
présidents des quatre centrales syndicales avec le premier ministre m.
guy chevrette cet-3749 m. normand cherry cet-3749
Discussion sur l'à-propos d'ajourner les travaux m. guy chevrette
, cet-3750 m. jeanaudet cet-3751 m. guy chevrette cet-3751 m. jean-guy st-roch
cet-3752 m. guy chevrette cet-3752 m. normand cherry cet-3753
Motion proposant l'ajournement des travaux m. guy chevrette cet-3753 m.
jean audet cet-3753 m. jean-guy st-roch cet-3753 m. jean-pierre jolivet
cet-3754 m. normand cherry cet-3755 mise aux voix cet-3755
Étude détaillée
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
Définitions construction (suite) cet-3755 secteur génie civil et
voirie cet-3763 secteur industriel cet-3770 secteur résidentiel
cet-3771
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Yvan Bordeleau M. Paul-André Forget M. Jean-Claude Gobé
M. Réjean Lafrenière M. Georges Farrah Mme Louise Harel * m.
jacques henry, ministère du travail * m. andré rochon, idem *
témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
définitions (suite) cet-3777 commission de la construction du
québec cet-3802
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Serge Marcil, président suppléant
M. Jean Audet, président suppléant
M. Normand Cherry M. Guy Chevrette M. Jean-Pierre Jolivet M. Jean-Guy
St-Roch M. Jacques Léonard * m. jacques henry, ministère du
travail * témoin interrogé par les membres de la commission
Table des matières
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction cet-3821
commission de la construction du québec (suite) cet-3821 champ
d'application cet-3836
Intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Jean Audet, président suppléant
M. Normand Cherry M. Norman MacMillan M. Francis Dufour Mme France
Dionne M. Jacques Léonard M. Marcel Parent M. Robert Benoit M. Russell
Williams * m. jacques henry, ministère du travail * témoin
interrogé par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. marc-yvan côté cet-3841
m. jean garon cet-3842 mme denise carrier-perreault cet-3842 m. jean audet
cet-3844 m. roger bertrand cet-3844 m. marc-yvan côté cet-3845 m.
jean garon cet-3845
Étude détaillée institution et organisation
cet-3846 mission et pouvoirs cet-3855 financement cet-3864 comptes et rapports
cet-3865 dispositions finales cet-3867 annexe a cet-3867
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. Jean-Guy Lemieux M. Gérald Tremblay M. Jean Leclerc M. Jean
Filion M. Paul-André Forget M. Michel Després M. François
Beaulne * m. andré samson, ministère des affaires internationales
* témoin interrogé par les membres de la commission
Table des matières
Exposé du président du conseil d'administration de la CSST
m. pierre shedleur cet-3869
Déficit actuariel présentation du sujet cet-3870
Commentaires et questions taux moyens de cotisation cet-3874
recommandations de la firme sobeco cet-3877 ampleur du déficit cet-3879
coûts de la privatisation cet-3881 budget de l'institut de recherche en
santé et en sécurité du travail cet-3882 rendement de la
caisse de dépôt et placement du québec cet-3882 hausse des
frais d'administration de la csst cet-3883 capitalisation à long terme
cet-3884 réduction du déficit cet-3884 hypothèses des
actuaires cet-3886 pertes de revenus reliées au travail au noir cet-3890
assignation temporaire cet-3890 conscientisation des
bénéficiaires cet-3892 réclamations de courte durée
cet-3893 nécessité de la prévention cet-3894 changement de
comportement cet-3896 frais administratifs liés aux délais et aux
contestations cet-3898
Effets de la loi 35, de 1992, (chapitre 11) présentation du sujet
cet-3900 commentaires et questions conséquences de la
déjudiciarisation du régime cet-3902 sommes payées en trop
cet-3904 service de conciliation cet-3907 nouveau processus d'évaluation
médicale cet-3908 durée d'attente d'hospitalisation cet-3910
service de conciliation (suite) cet-3912 délais dans le traitement des
dossiers cet-3912 consolidation et réadaptation cet-3913 travailleurs
accidentés non syndiqués . cet-3914 droit de retour au travail
cet-3915 projet d'entente concernant les caissières de provigo cet-3915
choix du médecin expert par le médecin traitant cet-3917
ceintures de protection pour le dos cet-3918 dossiers de réparation
contestés par des travailleurs cet-3919 image de la csst auprès
du travailleur cet-3923 embauche de conciliateurs cet-3928 durée
d'indemnisation plus longue cet-3929 choix du médecin traitant et de
l'expert cet-3931 travailleurs pénalisés par la loi 35 cet-3933
application de la loi 198 cet-3934
Autres intervenants M. Jean À. Joly, président
Mme Jeanne L. Blackburn M. Jacques Léonard M. Yvàri
Bordeleau M. Francis Dufour M. Jean-Guy St-Roch M. Robert LeSàge M.
Jean-Pierre Jolivet M. Yves Blais M. Jean Filion M. Christian Claveau M.
t'aUl-Ândré Forget * m. pierre lessard, csst * témoin
interrogé par les membres de la commission
Table des matières
Stratégie et démarche de réalignement
présentation du sujet cet-3937
Commentaires et questions évolution des effectifs de la csst
cet-3946 impact du réalignement sur le déficit cet-3947 impact du
réalignement sur les coûts de réadaptation cet-3947 sommes
dues par le gouvernement au niveau des inspections cet-3948 attitudes depuis le
début du réalignement cet-3950 délais d'appel cet-3951
interventions auprès du médecin traitant cet-3952 processus de
contestation et de judiciarisation cet-3954 évaluation des
médecins de la csst cet-3956 ressources en prévention des
maladies professionnelles cet-3957 appréciation de la nouvelle approche
cet-3958 motivation et implication au sein de la csst cet-3959 approche
concernant les médecins experts cet-3961 problèmes reliés
aux maux de dos cet-3962 maintien du volet «inspection» à la
csst cet-3963 résultats attendus des mesures de réinsertion
cet-3963 réactions du conseil d'administration et du ministre du travail
cet-3964 processus de contestation cet-3965
Service à la clientèle présentation du sujet
cet-3968
Commentaires et questions traitement des cas en litige cet-3970 attitude
face aux déficits annuels de fonctionnement cet-3972
employabilité des accidentés du travail cet-3972 traitement des
cas en litige (suite) cet-3976 invocation de la condition préexistante
cet-3977 recours aux services de chiropraticiens cet-3977 groupes prioritaires
cet-3978 évaluation des besoins de capitalisation cet-3978 traitement
des cas en litige (suite) et délais au bureau de révision
cet-3980 présence des pme au conseil d'administration de la csst
cet-3981 scepticisme quant aux effets réels du réalignement
cet-3981 représentativité du conseil d'administration de la csst
cet-3985 attitude face aux déficits annuels de fonctionnement (suite)
cet-3986 coûts en réadaptation et relations avec les cliniques
privées cet-3989 choix du médecin traitant et du
spécialiste cet-3990
Remarques finales m. yvan bordeleau cet-3994 m. jean-guy st-roch
cet-3995 m. francis dufour cet-3996
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
M. John J. Kehoe
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Yves Blais
Mme Jeanne L. Blackburn
M. Jacques Léonard
M. Christian Claveau * m. pierre shedleur, csst * témoin
interrogé par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. serge marcil cet-3999 m. francis
dufour cet-4001 m. jean-guy st-roch cet-4004 m. serge marcil cet-4006 auditions
cet-4007 association des manufacturiers du québec (amq) cet-4007
fédération des travailleurs et travailleuses du québec
(ftq) cet-4016
Autres intervenants
M. Jean A. Joly, président
Mme Claire-Hélène Hovington, présidente
suppléante
M. Serge Ménard M. Yvon Lemire * m. gaston charland, amq * m.
louis leclerc, idem * m. henri massé, ftq * m. yvon bellemare, idem * m.
claude ducharme, idem * témoins interrogés par les membres de la
commission
Table des matières
Auditions conseil du patronat du québec (cpq) cet-4029
confédération des syndicats nationaux (csn) cet-4040 document
déposé cet-4047 centrale des syndicats démocratiques (csd)
cet-4048 m. fernand morin cet-4058 centrale de l'enseignement du québec
(ceq) cet-4066 remarques finales cet-4073 m. jean-guy st-roch cet-4074 m.
francis dufour cet-4075 m. serge ménard cet-4077 m. serge marcil
cet-4078
Autres intervenants
M. Charles Messier, président
M. Russell Williams, président suppléant
Mme Claire-Hélène Hovington * m. ghislain dufour, cpq * m.
r. luc beaulieu, idem * m. claude le corre, idem * m. jacques larose, idem * m.
edmund e. tobin, idem * m. gérald larose, csn * m. claude plamondon,
idem * m. claude gingras, csd * m. louis tremblay, idem * mme monique richard,
ceq * m. jean-marcel lapierre, idem * m. jacques daigle, idem * témoins
interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Exposé du sujet mme louise harel cl- 1
Réponse du ministre m. gil rémillard cl- 3
Argumentation mme louise harel cl- 5 m. gil rémillard ci- 5 m.
john j. kehoe cl- 6 m. pierre bélanger ci- ? m. gil rémillard cl-
8 m. yvon lafrance cl- 9 m. pierre bélanger ci-10 m. gil
rémillard cm 1 m. john j. kehoe cm 1 mme louise harel cm 2 m. gil
rémillard cm 3 m. yvon lafrance cm 4 mme louise harel cm 5 m. gil
rémillard cm 5 m. john j. kehoe cm 6 mme louise harel cm8
Conclusions m. gil rémillard cm 8 mme louise harel cl-20
M. Claude Dauphin, président
Table des matières loi sur les conditions de travail et le
régime de pension des membres de l'assemblée nationale ci-23
régime de retraite ci-23 application ci-23 cotisations cl-25 rente de
retraite cl -31 rente au conjoint et aux enfants ci-43 dispositions diverses
cl-46
Intervenants
M. Claude Dauphin, président
M. Michel Pagé M. Guy Chevrette M. Ghislain Maltais M. Marcel
Parent M. François Gendron * m. michel sanschagrin, commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances * témoin
interrogé par les membres de la commission
Table des matières loi sur les conditions de travail et le
régime de pension des membres de l'assemblée nationale ci-51
régime de retraite dispositions diverses (suite) ci-51 partage et
cession de droits entre conjoints ci-52 administration ci-52 régime de
prestations supplémentaires ci-53 dispositions finales ci-57 articles en
suspens cl-58 loi sur le régime de retraite des agents de la paix en
services correctionnels ci-64 loi sur le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics ci-64 loi sur le
régime de retraite des enseignants ci-64 loi sur le régime de
retraite des fonctionnaires ci-64 disposition finale cl-65
Intervenants
M. Claude Dauphin, président
M. Michel Pagé M. Guy Chevrette M. Jean A. Joly M. Ghislain
Maltais * m. michel sanschagrin, commission administrative des régimes
de retraite et d'assurances * témoin interrogé par les membres de
la commission
Table des matières
Audition commission de la représentation électorale
ci-67
Remarques préliminaires m. marc-yvan côté ci-70 m.
guy chevrette ci-71
Interventions des députés mme louise bégin ci-72 m.
robert lesage ci-72 m. albert khelfa ci-73 m. robert benoit ci-73 m.
henri-françois gautrin ci-74 m. jacques chagnon ci-75 m. andré
boulerice ci-75 mme claire-hélène hovington ci-79 m. yvon
vallières ci-80 m. pierre bélanger ci-81 m. yvon lafrance ci-82
m. réal gauvin ci-82 m. yvan bordeleau ci-83 mme huguette boucher bacon
ci-84
Remarques finales m. guy chevrette ci-85 m. marc-yvan côté
ci-85
Autres intervenants
M. Claude Dauphin, président * m. pierre-f. côté,
commission de la représentation électorale * m. guy bourassa,
idem * m. marc-andré lessard, idem * témoins interrogés
par les membres de la commission
Table des matières projet de loi 290 - loi concernant
certaines fiducies constituées par colin wesley webster cl- 87
Remarques préliminaires mme nicole loiselle ci- 87 m. john j.
kehoe ci- 87
Auditions compagnie trust royal et m. frank rolph ci- 88 étude
détaillée cl- 98 projet de loi 300 - loi concernant la succession
de gérard morissette ci-100
Remarques préliminaires m. denis perron ci-101 m. john j. kehoe
ci-102 auditions ci-102 étude détaillée ci-105
Autres intervenants
M. Claude Dauphin, président
M. Réal Gauvin, président suppléant
M. Pierre Bélanger * m. jules charette, procureur de compagnie
trust royal et m. frank rolph * m. lucien poitras, compagnie trust royal * m.
thomas ballantyne, famille webster * m. harold whittom, famille morissette *
mme barbara-ann morissette, idem * mme jackie morissette, idem * mme helen
delaney morissette, idem * m. andré bergeron, ministère de la
justice * témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières réponses déposées
ci-109
Engagements financiers janvier 1989 cm 10 mars et avril ci-116 mai cm 18
juin cm 19 juillet cm 21 août cm 23 septembre et octobre cm 24 novembre
cm 27 janvier (suite) cm 28 février cm 29 juin (suite) cm31
décembre cm 33 janvier 1990 cm 33 mars cm 34 avril cm 34 mai cm 36 juin
cm 38 juillet cm 39 août cm 41 septembre ci-142 octobre ci-142 novembre
cm 43 décembre cm 43 janvier 1991 cm 44 février cm 44 mars cm 44
avril ci-145 mai cm 46 juin cm 46 juillet cm 46 mai (suite) cm 48 août cm
50 septembre ci-152 octobre à décembre cm 52
Intervenants
M. Réal Gauvin, président
M. Yvon Lafrance, président suppléant
M. Gil Rémillard Mme Louise Harel M. John J. Kehoe M. Pierre
Bélanger * m. jacques chamberland, ministère de la justice * m.
jean-k. samson, idem * m. jean-guy pelletier, idem * m. michel bouchard, idem *
m. guy martin, idem * m. raymond benoît, idem * m. jean prud'homme, idem
* témoins interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Protection du consommateur
Remarques préliminaires m. gil rémillard ci-155 mme
jocelyne caron ci-160 m. benoît fradet ci-162 m. gil rémillard cm
63 organisation des travaux ci-164 commissaire aux plaintes en matière
de protection du territoire agricole ci-164 révision du mandat du
commissaire cm 64 commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité cm 66 plaintes pour suspension d'alimentation cm 67
identification de tous les distributeurs d'électricité cm 69
office de la protection du consommateur cm 70 victimes de la miuf cm 70 vente
itinérante de préarrangements funéraires cm 75 subventions
aux organismes de protection du consommateur cm 82 document
déposé cm 87
Autres intervenants
M. Claude Dauphin, président
M. Robert Benoit, président suppléant
M. Yvon Lafrance, président suppléant
M. John J. Kehoe M. André J. Hamel M. Réal Gauvin * m.
roch rioux, commissaire aux plaintes en matière de protection du
territoire agricole * m. william d. schwartz, commissaire aux plaintes des
clients des distributeurs d'électricité * mme marie
bédard, office de la protection du consommateur * témoins
interrogés par les membres de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. gil rémillard ci-189 mme louise
harel ci-197 m. pierre bélanger ci-201 m. gil rémillard ci-202
ajustement relatif à la réforme de la tvq ci-203 aide aux
justiciables ci-204 documents déposés ci-204 commission des
services juridiques plan de rationalisation du système d'aide juridique
ci-205 formulation de jugements ci-218 projet de création d'un tribunal
unifié de la famille ci-218 promotion de la condition féminine
ci-219 déontologie judiciaire et perfectionnement des juges ci-221
soutien administratif à l'activité judiciaire ci-223 services
judiciaires en milieu autochtone ci-223 accessibilité aux registres de
l'état civil cl-224 nouvelles responsabilités accordées
aux cours municipales ci-226 rénovation de palais de justice cl-228
perception d'amendes par les cours municipales ci-228 modifications à la
loi sur les tribunaux judiciaires cl-232
Protection des droits et libertés de la personne commission des
droits de la personne ci-233 commission de protection des droits de la jeunesse
ci-237 administration ci-239 registre des droits réels mobiliers et
hypothèque mobilière ci-241 affaires criminelles et
pénales ci-242 toxicomanie et criminalité ci-242 autres sujets
ci-245 adoption des crédits cl-248
Autres intervenants
M. Claude Dauphin, président
M. Yvon Lafrance, président suppléant
M. John J. Kehoe, président suppléant
M. Robert Benoit M. Robert LeSage M. André J. Hamel M.
Benoît Fradet * m. jacques chamberland, ministère de la justice *
m. raymond benoît, idem * m. andré g. corneau, idem * m. michel
bouchard, idem * m. gilles moreau, commission des services juridiques * m. yves
lafontaine, commission des droits de la personne * m. kevin saville, commission
de protection des droits de la jeunesse * témoins interrogés par
les membres de la commission
Table des matières organisation des travaux cet-2933
Remarques préliminaires m. gérald tremblay cet-2934 m. guy
chevrette cet-2935 m. jean-guy st-roch cet-2937 organisation des travaux
(suite) cet-2938
Discussion générale congédiement de mme pierrette
sinclair cet-2939 projet soligaz cet-2944 terres publiques ventes de terrains
sur des territoires de zec cet-2945 réforme cadastrale cet-2947 budgets
de recherche à l'ireq cet-2949 document déposé cet-2951
campagne de dénigrement d'hydro-québec à l'étranger
cet-2952 dépenses de réaménagement cet-2954 campagne de
dénigrement d'hydro-québec à l'étranger (suite)
cet-2955 petites centrales hydroélectriques cet-2956 prévisions
de revenus de la prospection gazifère cet-2958 document
déposé cet-2960
Autres intervenants
M. Jean-Claude Gobé, président Mme France Dionne * m.
françois geoffrion, ministère de l'énergie et des
ressources * m. guy morneau, idem * m. denis l'homme, idem * m. jean giroux,
régie du gaz naturel * témoins interrogés par les membres
de la commission
Table des matières
Remarques préliminaires m. andré vallerand cet-2985 m.
yves blais cet-2988 m. andré vallerand cet-2991
Discussion générale création d'emplois cet-2994
partenariat avec le secteur privé cet-2996 crédits alloués
au développement touristique cet-2997 émission des permis de
restauration cet-3001 promotion du tourisme au québec cet-3003 centre
des congrès de québec cet-3013 implantation des casinos cet-3015
autres sujets cet-3023 adoption de l'ensemble des crédits cet-3027
Autres intervenants
M. Jean Audet, président
M. Maurice Richard, président suppléant
M. Georges Farrah, président suppléant * mme johanne
bergeron, ministère du tourisme * m. robert madore, idem * m. pierre-a.
thibaudeau, idem * témoins interrogés par les membres de la
commission
Note de l'éditeur: La commission a aussi
siégé en matinée pour l'étude des crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Le compte rendu
officiel en est publié dans un fascicule distinct.