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(Neuf heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
a pour mandat, ce matin, de faire l'étude des crédits
budgétaires concernant la protection du consommateur,
c'est-à-dire le programme 11 du ministère de la Justice, pour
l'année financière 1991-1992. Mme Giguère, est-ce qu'il y
a des remplacements quant aux membres de la commission?
La Secrétaire: Non, il n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Je vous remercie. Alors, je
rappelle que, puisque les deux bureaux de leader ne m'ont pas avisé
qu'il y avait nécessairement une entente sur le partage du temps,
règle générale, nous devons suivre le règlement qui
est un partage équitable du temps, finalement, entre les deux groupes
parlementaires.
Je rappelle que nous avons une enveloppe de 3 heures pour faire
l'étude des crédits, c'est-à-dire de 9 h 30 à 12 h
30; donc, nous sommes une quinzaine de minutes en retard. Je demanderais
maintenant, tout en souhaitant la bienvenue au ministre responsable de la
protection du consommateur, qu'il procède à ses remarques
préliminaires, mais avant, peut-être nous présenter les
personnes qui l'accompagnent. Alors, M. le ministre, bienvenue.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. C'est
toujours un plaisir, M. le Président, de travailler sous votre
présidence.
M. le Président, je voudrais vous présenter les personnes
qui m'accompagnent. Tout d'abord, Mme Marie Bédard, présidente de
l'Office de la protection du consommateur, qui est à ma droite. Avec
nous, nous avons quelques fonctionnaires de l'Office de la protection du
consommateur. Je voudrais signaler la présence de M. Jacques Vignola,
vice-président, et de M. Guy Beaudet, aussi vice-président.
De même, M. le Président, nous avons avec nous ce matin le
Commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité, M. William Schwartz aussi, le Commissaire aux
plaintes en matière de protection du territoire agricole, M. Roch Rioux.
Ces gens sont avec nous, M. le Président, pour qu'on puisse informer le
plus adéquatement possible les membres de cette commission sur toute
question qui pourrait être posée quant aux activités de ces
organismes.
M. le Président, il me fait un très grand plaisir
d'être ici, ce matin, pour procéder à l'étude des
crédits de l'Office de la protection du consommateur pour l'année
1991-1992. Nous aborderons, en premier lieu, les crédits de l'Office de
la protection du consommateur; ensuite, ceux du Commissaire aux plaintes en
matière de protection du territoire agricole; finalement, ceux du
Commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité.
En ce qui regarde les crédits de l'Office de la protection du
consommateur pour 1991-1992, en 1991-1992, les crédits de l'Office de la
protection du consommateur sont de 13 664 400 $, dont 752 600 $ en subventions
dans le cadre du Programme d'aide aux associations de consommateurs.
Au cours du dernier exercice financier, quelques amendements ont
été apportés aux règlements d'application de la Loi
sur les agents de voyage afin d'obliger ceux-ci à mieux divulguer les
prix des voyages dans leur publicité. De plus, l'Office a
élaboré un projet de loi régissant la location à
long terme, projet de loi que je viens d'ailleurs tout juste de déposer
et qui fera en sorte que les contrats de location à long terme seront
désormais régis par une réglementation
spécifique.
J'ai présenté ce projet de loi, M. le Président,
à l'Assemblée nationale, hier midi. Cette nouvelle
réglementation comporte des dispositions précises concernant,
notamment, les garanties, les possibilités de rachat, la valeur
résiduelle et la publicité. Mentionnons également que nous
avions, dans l'avant-projet de loi sur les obligations, proposé
d'intégrer au Code civil les dispositions à caractère
civil de la Loi sur la protection du consommateur. Les intervenants ont
cependant, en commission parlementaire, souhaité que soit
conservé le cadre juridique actuel de la Loi sur la protection du
consommateur. Même si l'ensemble des règles particulières
aux contrats de consommation ne se retrouve pas au projet de Code civil, on y
trouve cependant certaines dispositions propres aux contrats de consommation.
Ces dispositions étaient intégrées dans le but d'assurer,
dans le Code civil, une référence aux contrats de
consommation.
Notons, à titre d'exemple, M. le Président, la
définition du contrat de consommation, laquelle se réfère
aux contrats régis par la Loi sur la protection du consommateur, et les
nouvelles dispositions sur les clauses abusives externes au contrat ou
illisibles, lesquelles s'appliquent aux contrats d'adhésion et aux
contrats de consommation. Par ailleurs, certaines dispositions d'application
générale en matière
d'obligation auront un impact en matière de consommation d'une
façon fort évidente. Il en est ainsi, par exemple, de la
codification de la règle jurisprudentielle selon laquelle les garanties
suivent le bien, du principe de la responsabilité du fabricant pour les
produits défectueux et de l'hypothèque mobilière qui
pourra constituer une source de financement susceptible de permettre
l'obtention d'un taux moindre d'intérêt lorsqu'on fait un
prêt.
Enfin, en matière de consommation, M. le Président, c'est
dans le secteur immobilier que le nouveau Code civil comporte les dispositions
les plus importantes. Notons brièvement qu'au chapitre du droit des
biens, le projet de Code civil organise les régimes de la
copropriété tant indivise que divise, établissement de la
copropriété, droits et obligations des copropriétaires,
administration de la copropriété, dissolution de la
copropriété.
L'année 1991 constitue, M. le Président, un jalon
important dans l'histoire de l'Office de la protection du consommateur qui,
cette année, célèbre ses 20 ans. Aussi, avant de faire la
rétrospective des activités de l'Office au cours de l'exercice
financier 1990-1991, permettez-moi de prendre quelques minutes pour souligner
les 20 ans de l'Office de la protection du consommateur.
Vingt ans, voyez-vous, c'est l'âge de la maturité. C'est
aussi l'heure des bilans et des nouvelles orientations dans un contexte
où, comme je le disais récemment, il faudra de plus en plus tenir
compte des réalités et des préoccupations nouvelles en
matière de consommation dans une société où tous
ont le droit d'être protégés.
Nous pouvons être fiers, M. le Président, des
réalisations du Québec en matière de défense des
droits des consommateurs. Voici, d'ailleurs, un bref historique de
l'évolution de la législation en matière de consommation
au cours des 20 dernières années. Tout d'abord, la loi 45, Loi
sur la protection du consommateur. L'Office de la protection du consommateur,
en effet, a été créé le 14 juillet 1971, lors de la
sanction de la première Loi sur la protection du consommateur, la loi
45. Elle a été placée sous la responsabilité du
ministre des Institutions financières, des Compagnies et des
Coopératives du temps, avec le statut administratif de direction
générale de ce ministère.
Le premier rôle de l'Office consistait à surveiller
l'application de la Loi sur la protection du consommateur qui régissait
principalement les contrats de commerces itinérants, les contrats de
prêt d'argent et ceux qui sont assortis d'un crédit. D'autres
responsabilités étaient dévolues à l'Office:
éduquer et renseigner le consommateur, faire des études et des
recommandations au gouvernement, promouvoir et subventionner la création
et le développement de services et d'organismes destinés à
protéger le consommateur et, finalement, coopérer avec les
ministères et organismes gouvernementaux. La loi 45 constituait le
premier pas du Québec visant à rétablir entre
consommateurs et commerçants l'égalité qui avait
été rompue, notamment par la production de masse, l'apparition
des services de marketing et l'utilisation plus fréquente du
crédit.
L'autre pas important est intervenu le 22 décembre 1978 avec la
sanction d'une nouvelle Loi sur la protection du consommateur, la loi 72. Par
cette loi, l'Office accédait au statut d'organisme gouvernemental
relevant directement du ministre des Consommateurs, des Coopératives et
des Institutions financières. La Loi sur la protection du consommateur,
rappelons-le, régit actuellement les principaux secteurs de la
consommation, précise et offre davantage de recours aux consommateurs;
elle couvre tous les contrats de consommation aussi bien au comptant
qu'à crédit; elle contient aussi des dispositions concernant les
garanties, la réparation d'automobile ou de motocyclette, la
réparation de certains appareils domestiques, les pratiques de commerce
et la publicité. Elle confirme enfin, M. le Président, le
rôle dévolu à l'Office de la protection du consommateur et
le pourvoit de structures nouvelles adaptées à sa juridiction et
à ses pouvoirs accrus.
Depuis 1988, des amendements à la loi ont permis de soumettre le
secteur de l'habitation aux dispositions de la loi concernant les pratiques de
commerce et la publicité. De plus, un amendement relatif aux garanties
supplémentaires dans l'automobile a permis d'assurer la protection
financière des consommateurs en obligeant les commerçants
à mettre en sécurité les sommes versées à
l'avance par les consommateurs pour des services futurs.
L'entrée en vigueur de la Loi sur le recouvrement de certaines
créances et le transfert de l'administration de la Loi sur les agents de
voyage en 1981 sont venus élargir de façon substantielle les
responsabilités de l'Office. La Loi sur les arrangements
préalables de services funéraires et de sépulture,
dernière venue de la législation québécoise en
matière de consommation, cette loi a principalement pour but de mieux
protéger les acheteurs d'arrangements préalables. Par cette loi,
les directeurs de funérailles se voient tenus de déposer en
fiducie 90 % du prix des biens et services à être fournis au
moment du décès et ce, dans le meilleur intérêt des
consommateurs.
C'est 20 ans d'histoire, 1971-1991, qui placent le Québec
à l'avant-garde du droit de la consommation et du respect des
consommateurs. Toutefois, il y a encore à faire et il faudra s'ajuster
aux changements que vit actuellement notre société, toujours dans
cet objectif, M. le Président, de rechercher un juste équilibre
des forces entre commerçants et consommateurs, entre fabricants et
utilisateurs, entre hommes et femmes qui vivent dans une société
et qui
partagent le même objectif d'une société plus juste,
plus équitable.
Le consommateur québécois des années
quatre-vingt-dix vit dans une société qui l'incite à
consommer pour améliorer sa qualité de vie. L'omniprésence
de la publicité et l'utilisation de plus en plus fréquente du
crédit, de même que la prolifération des contrats de
location à long terme et ce, tant dans le secteur de l'automobile que
dans celui des biens immobiliers, voilà autant de réalités
nouvelles auxquelles les consommateurs seront désormais
confrontés.
Par ailleurs, au cours des 20 dernières années, les
efforts conjugués de l'Office de la protection du consommateur et de ses
partenaires, les associations et groupes de consommateurs, ont eu pour effet de
rendre le consommateur québécois plus combatif, plus instruit et
mieux informé. Celui-ci devient également de plus en plus
responsable. L'endettement constitue une réalité importante, de
même que l'accès de plus en plus facile à des biens de
consommation. Dans cette optique, il faut donc tenir compte des technologies
nouvelles, telles que les transferts électroniques de fonds et l'argent
de plastique qui, très utilisés, facilitent encore davantage les
achats et conduisent souvent à l'endettement.
Par ailleurs, M. le Président, les problèmes de
consommation qui seront ceux des années 2000 ont déjà
commencé à se faire sentir et s'ajoutent aux
réalités actuelles. En effet, la préoccupation pour la
santé et un environnement sain, le vieillissement de la population,
l'ampleur de la concurrence et la mondialisation croissante des marchés
inciteront les entreprises à élaborer des programmes complexes de
publicité ei de marketing pour attirer la clientèle. Ces
programmes devront toutefois respecter les dispositions de la Loi sur la
protection du consommateur, concernant les publicités trompeuses et les
pratiques de commerce.
Depuis sa création il y a 20 ans, l'Office de la protection du
consommateur a toujours défendu les intérêts des
consommateurs. L'Office est évidemment conscient des problèmes et
besoins actuels de sa clientèle. Il est également très
préoccupé par ceux des clientèles plus vulnérables
qui ne recourent pas spontanément à ses services. Je parle des
jeunes, des personnes âgées, des communautés culturelles,
des assistés sociaux ou encore des femmes, chefs de famille
monoparentale.
L'Office de la protection du consommateur est au service de tous les
Québécois et son principal objectif est de rétablir
l'équilibre entre consommateurs et commerçants. Son action
s'appuie sur deux principes fondamentaux, soit le respect de l'autonomie du
consommateur et la nécessaire collaboration des agents impliqués
dans le domaine de la consommation.
Depuis sa création en 1971, l'Office de la protection du
consommateur est présent sur tout le territoire du Québec. Son
réseau de 12 bureaux régionaux reçoit chaque année
plus de 380 000 plaintes ou demandes de renseignements du public. L'Office
s'efforce également d'anticiper et de suivre le développement des
nouvelles problématiques de consommation. La stratégie
d'intervention de l'Office relativement au traitement des plaintes repose avant
tout sur l'autonomie des consommateurs et la prise en charge personnelle, afin
d'éviter autant que possible des recours longs et coûteux devant
les tribunaux.
L'Office privilégie une approche préventive et tente de
fournir aux consommateurs toute l'information pertinente concernant leurs
droits et obligations, afin qu'ils puissent entreprendre eux-mêmes les
démarches nécessaires en vue de solutionner leurs
problèmes. Toutefois, il est évident que l'Office interviendra si
les démarches effectuées par les consommateurs
échouent.
Au cours des prochaines années, l'Office tentera d'accentuer ses
interventions pour mieux rejoindre les clientèles qui ne le connaissent
pas ou qui ne recourent pas à ses services. Une attention
particulière sera portée aux jeunes qui constituent un maillon
essentiel dans la longue chaîne visant à faire des consommateurs
québécois des consommateurs encore plus critiques et mieux
armés pour mener à bien la défense de leurs droits.
Voilà un des mandats de l'Office en 1991.
Au cours de l'exercice 1990-1991, M. le Président, l'Office de la
protection du consommateur a poursuivi ses activités préventives,
notamment en ce qui concerne l'information et l'éducation des
consommateurs. Tout au long de l'année, l'Office assure une
présence constante dans les médias écrits
électroniques et ce, dans toutes les régions du Québec. Il
peut rejoindre ainsi chaque semaine plus de 1 000 000 de consommateurs. Le plus
souvent, ces chroniques ou communiqués de presse permettent de donner
des conseils pratiques relativement à des sujets d'actualité,
tels que les vacances à temps partagé, les rappels d'automobiles,
les achats à distance, les concours publicitaires.
Par ailleurs, soulignons le lancement, dans le cadre de la Semaine
nationale de la consommation, en 1990, des deux premiers rapports tirés
de l'enquête sur les habitudes de consommation au Québec. Les
contenus de ces deux premiers rapports furent également repris dans le
cadre d'une campagne d'information et de sensibilisation ayant pour
thème "Osez vous plaindre, ça porte fruit". Sept fois sur dix, le
résultat est satisfaisant, selon l'enquête. Les objectifs de cette
campagne étaient donc de convaincre les consommateurs
québécois de l'utilité et de l'efficacité
d'entreprendre des démarches pour solutionner leurs problèmes de
consommation. Ce que nous pouvons retenir de cette campagne, M. le
Président, c'est que l'Office, en dépit de moyens fort
limités, a quand même réussi à toucher 18 % de la
population du Québec avec
son message "Osez vous plaindre, ça porte fruit". L'Office a
poursuivi des activités d'information et d'éducation
auprès des milieux d'affaires, afin que les commerçants soient en
mesure de bien respecter leurs obligations.
C'est ainsi que dans le cadre de sa stratégie visant à
faire respecter les dispositions des lois qu'il administre, permettez-moi, M.
le Président, maintenant de prendre quelques instants pour parler de la
popularité du magazine Protégez-vous, une publication de
l'Office. En ces temps économiquement difficiles, le tirage
dépasse les 150 000 exemplaires, faisant de Protégez-vous
le troisième plus important magazine au Québec après
L'Actualité et Châtelaine. Même s'il est
privé de revenus publicitaires, le magazine s'autofinance par les
revenus d'abonnement. Protégez-vous rejoint directement plus d'un
demi million de consommateurs par mois.
Les tests qu'on y retrouve sont la clé du succès de
Protégez-vous, et pour cause. Ces tests répondent au choix
des consommateurs eux-mêmes et constituent une mine de renseignements
pour toutes les catégories de consommateurs. Également au cours
de la dernière année, les représentants de l'Office ont
rencontré les délégués d'une quinzaine
d'organismes, soit pour leur livrer de l'information ou en recueillir, soit
pour leur offrir un soutien technique.
Je tiens à souligner le travail considérable des
associations de consommateurs qui, depuis de nombreuses années,
s'efforcent d'aider les plus démunis. Ainsi, de nombreux
Québécois aux prises avec une situation d'endettement
problématique ont pu bénéficier d'une aide
précieuse. De plus, au cours des dernières années, les
associations ont pris position sur plusieurs sujets d'importance. Leur
intervention a contribué à alimenter les débats qui ont
même été à l'origine de changements
appréciables, particulièrement dans des dossiers tels que la
location à long terme, les biens mobiliers et la publicité
à sensation.
Par ailleurs, l'Office a également poursuivi ses efforts afin de
mieux outiller les intervenants auprès des aînés. C'est
dans cette optique que le document "Les aînés consomment" a
été produit et diffusé. Cette synthèse traite plus
particulièrement des caractéristiques des aînés aux
plans démographique, économique ou social et de leur façon
de consommer ainsi des recours possibles.
Soulignons enfin la collaboration de l'Office à la planification
du colloque "Vieillir sans violence" et sa participation à la mise
à jour de la seconde édition du Guide du passage à la
retraite publié par le magazine Le bel âge. L'Office
poursuit son travail d'information auprès des communautés
culturelles en faisant la promotion des divers outils pouvant faciliter leur
apprentissage dans le domaine de la consommation. Les chroniques de l'Office de
la protection du consommateur destinées aux communautés
culturelles et diffusées dans divers médias se sont
également poursuivies.
Pour l'Office et son réseau de bureaux régionaux, le
service à la clientèle constitue une priorité. Lien par
excellence avec l'extérieur, les bureaux régionaux sont en
contact étroit avec les consommateurs et les commerçants du
Québec. Les 696 000 communications de l'an dernier en sont la preuve.
Les préoccupations des consommateurs concernaient principalement: les
véhicules de transport, pour 23,5%; les services offerts par les
ministères et les organismes publics et les entreprises privées,
pour 19,1 %; le mobilier et la décoration, pour 15,8 %; l'habitation,
11,1 %; les services financiers, 8 %; les services et les biens personnels, 7,2
%; les sports et loisirs, 6 %; enfin, les services divers, 3,6 %.
Il est important de souligner, M. le Président, qu'en 1990-1991
les bureaux régionaux ont traité environ 14 300 dossiers de
plaintes comparativement à 8597 l'an passé. Ces dossiers
touchaient directement 19 500 consommateurs, soit quelque 5100 de plus que l'an
passé. Par ailleurs, dans 75 % des cas, l'intervention de l'Office a
permis d'indemniser les consommateurs ayant soumis un problème, ce qui
représente un taux supérieur à celui de l'an dernier, soit
71 %.
Cette activité d'indemnisation de l'Office est non seulement
bénéfique pour les consommateurs, mais elle a pour effet de
réduire le nombre éventuel de recours aux tribunaux. Soulignons
enfin que les bureaux régionaux jouent également un rôle
important au niveau de la prévention. À ce chapitre, deux
opérations majeures ont été menées l'an dernier
auprès des marchands de meubles et des commerces de piscines pour
assurer le respect des dispositions relatives au dépôt en fiducie
des sommes versées en acompte par les consommateurs.
En 1990-1991, les commerçants assujettis à la Loi sur les
arrangements préalables de services funéraires et de
sépulture ont, quant à eux, continué à être
soumis à un programme d'inspection destiné à assurer la
protection des sommes engagées par les consommateurs et la
conformité des méthodes de vente.
En terminant sur ce premier sujet de l'étude des crédits,
permettez-moi, M. le Président, de souligner à nouveau le travail
accompli au cours des 20 dernières années par l'Office de la
protection du consommateur et ses partenaires, les associations de
consommateurs et les milieux d'affaires, pour assainir le marché et
assurer un juste équilibre au niveau des transactions commerciales entre
les commerçants et les consommateurs.
Je veux donc saluer le travail de Mme la présidente, Mme Marie
Bédard, et de toute son équipe pour ce travail remarquable qu'ils
ont effectué cette année encore. (10 heures)
En ce qui regarde le Commissaire aux plaintes en matière de
protection du territoire agricole, j'aborderai, M. le Président, ce
qui
regarde le poste du Commissaire aux plaintes en matière de
protection du territoire agricole, maintenant, dans ce deuxième temps,
rôle qui a été institué par la Loi modifiant la Loi
sur la protection du territoire agricole, adoptée en 1989. La loi
prévoit, en effet, que le commissaire est nommé par le
gouvernement qui détermine la durée de son mandat et les
conditions de sa nomination et de son traitement. Le commissaire actuel, M.
Roch Rioux, a été nommé en juin 1989 pour un mandat de 5
ans. Il est entré en fonction le 14 août 1989. Le mandat du
commissaire consiste à examiner les plaintes qui lui sont soumises par
les producteurs agricoles.
Le commissaire est assisté d'experts provenant du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
du ministère des Affaires municipales. Son mandat est d'entendre les
plaintes des producteurs agricoles qui se croient lésés par un
règlement d'urbanisme ou un règlement relatif aux nuisances en
zone agricole, et de produire des avis sur des plaintes portées contre
une municipalité par un agriculteur. Les plaintes peuvent être
portées contre des règlements d'aménagement adoptés
par des municipalités en vue de restreindre à certaines zones de
production des activités telles les élevages de porc, de renard
et de vison. Après s'être prononcé sur la
recevabilité de la plainte, le Commissaire en avise la
municipalité concernée et voit à en diffuser la teneur par
publication dans la presse locale, afin de permettre à tout
intéressé de présenter des observations.
Dans un esprit de conciliation, le commissaire peut convoquer les
parties et les intervenants pour les entendre et même,
éventuellement, tenir une audience publique. Son rôle est
essentiellement celui d'un examinateur et d'un commentateur. Le mandat du
commissaire s'insère dans une dynamique politique et administrative un
peu particulière, puisqu'il est appelé à se prononcer sur
des questions qui font l'objet de divergences entre les parties
concernées.
L'institution qu'est le commissaire fait partie d'un ensemble
législatif proposé par mon collègue, le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. En effet, la Loi
modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole a créé
un quatuor législatif composé de, premièrement, la
Commission de protection du territoire agricole du Québec,
deuxièmement, du tribunal d'appel en matière de protection du
territoire agricole, troisièmement, du fonds des activités
agricoles, fonds spécial pour assurer la défense des producteurs
dans certaines circonstances et enfin, quatrièmement, du Commissaire aux
plaintes en matière de protection du territoire agricole dont je viens
tout juste de décrire le mandat.
Pour lui assurer son caractère d'indépendance et
d'impartialité, la loi prévoit que le Commissaire relève
du ministre de la Justice.
Terminons, M. le Président, avec le mandat du Commissaire aux
plaintes des clients des distributeurs d'électricité. Cette
responsabilité est encore très récente, le bureau
n'étant en opération que depuis septembre 1989. Permettez-moi de
rappeler les éléments principaux du mandat de ce commissaire. Le
commissaire reçoit les plaintes des clients d'Hydro-Québec quant
à la livraison et à la fourniture d'électricité
à des fins d'habitation dans un logement, lorsque les clients sont en
désaccord avec les conclusions qui leur ont été transmises
par le distributeur d'électricité. Le recours au commissaire
constitue une deuxième instance dans le cas d'échec de la
procédure de révision des plaintes qui relève, en
première ligne, de la responsabilité d'Hydro-Québec.
Le commissaire peut requérir un supplément d'information
auprès des parties, convoquer ces dernières à une
rencontre, le cas échéant, procéder à la
vérification des stipulations de l'abonnement et des pratiques suivies
par la société d'État et, enfin, transmettre avec
diligence un rapport de ses constatations ou recommandations à
l'intention des parties.
Depuis sa création, le commissaire a étudié des
plaintes dans les domaines suivants: facturation, lecture des compteurs,
délais, pannes, raccordement avec le système local de
distribution d'électricité, communications avec le personnel et
réclamations pour dommages matériels aux propriétés
privées, il s'agit d'un domaine qui se prête bien à la
conciliation, puisque la dimension matérielle et économique
domine largement l'action administrative de nature industrielle et
commerciale.
Au cours de l'exercice financier qui se termine, M. le Président,
plus de 1118 abonnés ont communiqué par écrit avec le
commissaire pour demander son intervention. Plus de 50 % de ces plaintes ont
fait l'objet d'enquêtes approfondies. Également, le bureau du
commissaire a reçu au-delà de 6190 appels
téléphoniques sollicitant des renseignements relatifs à la
procédure d'examen des plaintes ainsi que l'aide du commissaire pour des
problèmes urgents. La loi concernant l'examen des plaintes des clients
de distributeurs d'électricité aura permis la mise en place de
moyens additionnels permettant aux consommateurs de faire valoir leurs droits
en créant un bureau de plaintes au sein de la compagnie
d'électricité, ce qui n'existait pas auparavant, et un
mécanisme d'appel, soit la création d'un poste de commissaire,
occupé présentement par M. Schwartz.
Il me fera, évidemment, grand plaisir, M. le Président, de
répondre aux questions des membres de cette commission. Je vous
remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre,
pour vos remarques préliminaires. Je vais maintenant reconnaître
la porte-parole de l'Opposition officielle, Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, il me fait
plaisir, pour une deuxième année consécutive, de
participer à l'étude des crédits pour la protection du
consommateur. Je souhaite vivement, M. le Président, que le travail
important que nous réaliserons ensemble ce matin permettra
l'amélioration des mesures de protection pour les consommateurs
québécois.
Nous étudierons les trois éléments distincts du
programme 11 intitulé Protection du consommateur, soit: l'Office de la
protection du consommateur, organisme reconnu pour son travail d'information,
de prévention et d'action auprès des consommateurs
québécois depuis maintenant 20 ans; le deuxième
élément, le Commissaire aux plaintes des clients des
distributeurs d'électricité, qui a déposé son
premier rapport annuel en décembre 1990 et dont le mandat, trop
restrictif à notre avis, laisse de sérieuses interrogations,
autant à l'Opposition qu'aux associations de consommateurs et même
au Protecteur du citoyen; enfin, M. le Président, nous devons examiner
aussi attentivement le mandat du Commissaire aux plaintes en matière de
protection du territoire agricole qui devait être révisé
suite à son triste bilan de l'an dernier. Nous aborderons
spécifiquement les principaux dossiers touchant la Loi sur la protection
du consommateur et, parfois, des éléments manquants dans cette
loi, tout en nous assurant du suivi des dossiers traités l'an dernier
lors de l'étude des crédits.
De manière générale, on note que le mandat de
l'Office de la protection du consommateur, tel que défini dans le cahier
explicatif des crédits 1991-1992, va au-delà de ce qu'on nous dit
habituellement. Le mandat de l'Office de la protection du consommateur, tel que
défini dans le cahier, va jusqu'à la promotion des
intérêts des consommateurs devant les organismes gouvernementaux
dont les activités affectent les consommateurs. Les consommateurs
québécois ont dû subir tout au long de l'année des
lois et des réglementations de divers ministères qui les ont
pénalisés sévèrement. Les consommateurs
québécois auraient eu besoin, au cours de la dernière
année et encore maintenant, de l'Office pour les protéger contre
les abus du gouvernement.
À ce chapitre, je me serais attendue à des
réactions de la part du ministre responsable de la protection du
consommateur. Son silence dans tous les débats qui ont touché
directement la vie des consommateurs est révélateur. Les
augmentations de taxes scolaires, les augmentations des tarifs
d'électricité, l'imposition de la TVQ, les transferts au monde
municipal qui se traduiront par des augmentations de taxes municipales, les
augmentations des frais de scolarité, les augmentations du coût
des permis et des plaques d'immatriculation, toutes les mesures de son
gouvernement qui ont affecté directement la vie des consommateurs n'ont
suscité aucun commentaire de la part du ministre.
Au niveau de l'information et du traitement des plaintes, il faut
évidemment souligner le bon travail de l'Office de la protection du
consommateur. Mais pour l'aspect revendication auprès des organismes et
des ministères, il faut rappeler le rôle de plus en plus actif des
associations de consommateurs. Leur performance cette année est assez
exceptionnelle car elles ont dû agir rapidement sur une multitude de
projets de loi et ce, malgré de faibles ressources. La reconnaissance
face à ces groupes devrait se traduire par des augmentations de
subventions. La récession économique et les augmentations de
taxes ont augmenté de façon dramatique les demandes d'assistance
budgétaire et les interventions de ces groupes. Pourtant, les ressources
personnelles et financières n'ont pas suivi.
M. le Président, nous célébrons cette année
les 20 ans de l'Office de la protection du consommateur et je crois que c'est
le meilleur moment pour faire le bilan et présenter les perspectives
d'avenir. Je crois bien sincèrement que les consommatrices et les
consommateurs québécois méritent qu'on leur accorde toute
l'attention voulue dans un ministère bien à eux. La protection du
consommateur, autrefois, était reconnue par le gouvernement du Parti
québécois puisqu'on lui consacrait un ministère, d'abord,
le ministère de la Consommation, des Corporations et des Institutions
financières, puis, par la suite, le ministère de l'Habitation et
de la Protection du consommateur. Le gouvernement actuel a voulu minimiser
l'importance de la consommation en lui enlevant son ministère et en n'en
faisant qu'un programme parmi tant d'autres, le programme 11 du
ministère de la Justice. Ce geste du gouvernement est très
significatif et je continuerai, pour ma part, M. le Président, à
demander, tout comme l'an dernier, le retour du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur, deux domaines très
importants, à bien des points de vue indissociables et
sérieusement négligés.
De plus, l'Office doit faire face cette année à une
réduction de son budget de 447 000 $, soit 3,4 %, et à une
coupure de quatre postes, sans oublier que la région administrative de
Lanaudiè-re, bien que créée en 1987, n'a toujours pas son
bureau régional. Ces coupures s'expliquent difficilement, compte tenu de
l'augmentation des dépenses de l'État de 6 % pour la
présente année et aussi de la hausse de 23,3 % du budget
alloué au Commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité, et de l'augmentation de 1,1 % pour le Commissaire
aux plaintes en matière de protection du territoire agricole De telles
augmentations ne sont aucunement justifiées tant que l'on n'aura pas
démontré la nécessité de maintenir ou
d'accroître le rôle de ces commissaires aux plaintes. Puisque le
peu d'efficacité que nous avons vu l'an dernier ne
nous a nullement... Nous n'avons nullement jugé qu'il y avait
lieu d'avoir des augmentations à ce niveau, à moins d'augmenter
leur rôle. Le commissaire aux plaintes des clients d'Hydro-Québec
reçoit cette année 607 200 $ et un ajout de trois personnes.
Est-ce justifiable, lorsqu'on sait qu'au cours de l'année 1989-1990 le
commissaire a traité spécifiquement 70 plaintes et que, de toute
évidence, celui-ci n'a pas les pouvoirs ni l'indépendance
nécessaires pour jouer pleinement son rôle? Le ministre
responsable devrait prendre ses responsabilités et apporter des
modifications législatives pour en faire un véritable protecteur,
ou abolir le poste et confier cette juridiction au Protecteur du citoyen qui
possède une excellente expertise et les pouvoirs nécessaires pour
traiter les plaintes relatives à tous les distributeurs
d'électricité, et non seulement à Hydro-Québec.
Par ailleurs, le Commissaire aux plaintes des producteurs en
matière de protection du territoire agricole reçoit un budget de
371 100 $. Je considère que ces deux commissaires, qui ont un total de
978 300 $ et 17 personnes... Je considère que ces montants, lorsqu'on
compare le montant qui est alloué aux 41 organismes de protection du
consommateur, c'est-à-dire 752 600 $... J'ai la ferme conviction que le
budget dévolu aux deux commissaires serait utilisé plus
judicieusement par ces organismes, puisque ces derniers traitent beaucoup plus
de plaintes que les commissaires.
M. le Président, je terminerai mes remarques préliminaires
en souhaitant que nous puissions avoir le temps d'examiner très
sérieusement le rôle des deux commissaires et, à ce titre,
je proposerais au ministre de la Justice que nous puissions commencer
l'étude des crédits de la protection du consommateur par les
éléments 3 et 2 du programme 11.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Terrebonne, pour vos remarques préliminaires.
Alors, M. le ministre, voulez-vous prendre quelques minutes pour réagir
aux remarques?
M. Gil Rémillard (réplique)
M. Rémillard: Oui. Bien, réagir... peut-être
apporter des informations, M. le Président, tout simplement...
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Rémillard:... dans le but de bien informer cette
commission. Mme la députée de Terrebonne a souligné que
les budgets de l'Office étaient diminués cette année, et
je voudrais expliquer quand même la réelle signification des
chiffres. Si on regarde, de fait, dans le livre des crédits, on
s'aperçoit que le budget de l'Office diminue en théorie de 3, 4
%, soit 477 400 $. Cependant, il y a des points qu'il faut prendre en
considéra- tion, qui sont très importants pour situer dans leur
réel contexte ces chiffres. Le premier, c'est que, l'an passé,
une somme de 250 000 $ du budget de l'Office était prévue pour le
financement des causes types de la MIUF. Cette année, vous ne la
retrouvez pas. Donc, c'est 250 000 $ de moins, qui se retrouvent dans le
budget. (10 h 15)
Deuxièmement, la cessation de la publication du magazine
Protect Yourself permettra à Protégez-vous de
probablement atteindre son objectif d'autofinancement, et l'amélioration
de sa performance va entraîner des économies de 374 300 $ au
départ.
Troisième élément aussi à prendre en
considération, c'est que les loyers d'édifices diminuent cette
année, pour un montant de 47 100 $, une diminution dans nos loyers de 47
100 $. Alors, si vous calculez tout ça, M. le Président, de fait,
le budget de l'Office devient de 1, 42 % augmenté et non pas
diminué. Alors, c'est pour ça que je tenais à faire ces
remarques, pour qu'on comprenne bien la signification des chiffres. Donc, le
budget en pratique de l'Office n'est pas diminué, mais il est
augmenté de 1, 42 %.
Maintenant, une autre remarque très rapide en ce qui regarde le
bureau de Lanaudière que réclame Mme la députée
Terrebonne, et je me souviens qu'elle l'avait fait l'an dernier aussi. Je veux
simplement lui rappeler qu'il y a toujours le bureau de
Saint-Jérôme qui couvre la région de Lanaudière, et
je regarde ici des chiffres: il y a de Joliette, qui nous arrivent de la
région de Lanaudière, donc par Joliette, 7500 appels. Selon
l'évaluation de l'Office, ce n'est pas suffisant pour avoir un bureau
directement. Ça ne veut pas dire qu'on n'en ouvrira pas un
éventuellement, mais, pour le moment, avec 7500 appels, ce n'est pas
suffisant pour ouvrir un bureau. Cependant, on projette avoir une nouvelle
ligne téléphonique; on va voir les résultats que ça
peut donner.
Alors, M. le Président, c'étaient les remarques que je
voulais faire à la suite des commentaires de Mme la
députée de Terrebonne.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
J'appelle donc le programme 11 du ministère de la Justice, et je vais
reconnaître Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: J'avais demandé, à la fin de mes
remarques préliminaires, M. le Président, si le ministre
était prêt à examiner l'élément 3 et
l'élément 2 avant l'élément 1.
M. Rémillard: Les deux... Alors, vous voulez commencer par
les deux commissaires, oui. Alors, 3...
Le Président (M. Dauphin): Alors, il y a une demande,
commencer avec 3 et 2, ou 2 et 3...
M. Rémillard: 2 et 3, alors...
Mme Caron: Je m'excuse, Mme la présidente de l'Office,
c'est pour vous consacrer plus de temps après.
M. Rémillard: Alors, l'électricité. M.
Schwartz, si vous voulez venir vous asseoir ici.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si je comprends bien,
vous souhaiteriez avoir 3 avant 2?
Mme Caron: Mais ce n'est pas grave...
Le Président (M. Dauphin): Ce n'est pas grave. Bon,
d'accord.
Mme Caron: ...on peut faire 2. Non, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Dauphin): Alors 2. Bienvenue, M.
Schwartz.
Commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité
Mme Caron: Bonjour, M. Schwartz. Je tiens à
préciser immédiatement que les critiques sévères,
bien sûr, que j'adresse et que je vais continuer d'adresser, et les
questions peut-être un peu serrées que je vais poser concernant
les deux commissaires aux plaintes n'ont strictement rien à voir avec la
personne, mais bien plutôt avec le rôle limitatif qu'on leur
accorde. Donc, le commissaire aux plaintes est entré en fonction le 1er
septembre 1989 et a reçu, entre le 1er septembre 1989 et le 31 mars
1990, 506 plaintes. Vous avez enquêté sur 70, ce qui indique que
436 des plaintes ont été rejetées. Au 31 mars 1990, 27
plaintes étaient réglées et 43 étaient en cours.
Parmi les motifs de rejet, j'ai noté que 26 % étaient dus
à des faits antérieurs à l'entrée en vigueur de la
loi; 6 %, c'était la nature commerciale de la plainte; 7 %, des
problèmes de relations du travail ou des plaintes relatives concernant
les tarifs et 61 %, des plaintes devaient être transmises à
Hydro-Québec pour un premier traitement, puisqu'on sait que dans la
procédure les gens doivent commencer par se plaindre officiellement par
écrit à Hydro-Québec. Votre budget est augmenté de
23,3 %, trois personnes additionnelles. Lorsque nous avons
vérifié certaines plaintes qui avaient été
rejetées, nous nous sommes aperçus que la loi 135, entrée
en vigueur en juin 1989, ne concerne que les 3 000 000 d'abonnés du
service domestique d'Hydro-Québec. Les clients commerciaux sont exclus,
de même que la douzaine d'autres petits distributeurs du réseau
québécois. D'ailleurs, Me André-Gilles Brodeur a
expédié au ministre de la Justice une lettre à ce sujet
pour lui demander, tel que le prévoit l'article 2 de la loi 135, que les
autres distributeurs d'électricité soient ajoutés.
Parmi les éléments que nous avions soulevés
l'année dernière, lorsque nous avions rencontré le
Commissaire aux plaintes, j'avais évidemment relevé le dossier le
plus important, à mon avis, c'est-à-dire les suspensions
d'électricité l'hiver, et nous avions ressorti plusieurs chiffres
à ce moment. En 1987, pour la période d'hiver, il y avait eu 6758
suspensions; en 1988, 9653 et, en 1989, 1760, selon ce qu'on avait
interprété suite au conflit de travail. Donc, Hydro-Québec
avait donné un répit aux citoyens québécois. Dans
son rapport annuel, le Commissaire aux plaintes nous mentionne n'avoir
reçu que 11 plaintes concernant les suspensions. Il a cependant
formulé une recommandation précise concernant cette pratique
d'Hydro-Québec qui se lit comme suit, et je cite: Avant de
procéder à une interruption de service pour nos paiements,
Hydro-Québec doit démontrer la plus grande flexibilité
possible pour éviter cette dernière, surtout en hiver, en tenant
compte de la capacité de payer de ses clients. Dans la pratique
quotidienne, nous nous sommes aperçus, surtout cette année avec
les augmentations des tarifs d'électricité, que finalement les
personnes les plus démunies n'arrivent absolument plus à payer le
loyer et l'électricité. Lorsqu'on fait le calcul avec ces
personnes, le problème, il est vraiment là, il est vraiment au
niveau de l'électricité. Nous aurions souhaité avoir
peut-être une politique, que le ministre responsable de la protection du
consommateur demande une politique du côté des tarifs
d'électricité pour les personnes les plus démunies
à sa collègue, la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Du côté de la Fédération des ACEF, il y a eu
des critiques sévères aussi concernant le rôle du
Commissaire aux plaintes. On jugeait le système coûteux et
inefficace à cause du pouvoir de recommandation qui est vraiment trop
limité, et il faut rappeler que c'est vraiment un pouvoir de
recommandation. Les ACEF ont développé, au cours des
dernières années, une expertise dans le traitement des plaintes
des familles qui étaient menacées de coupure, et elles sont
devenues extrêmement efficaces. On s'aperçoit aussi que dans la
pratique courante, de plus en plus, Hydro-Québec réfère
aux ACEF des clients en difficulté.
Le Protecteur du citoyen a, lui aussi, formulé des critiques
sévères à l'endroit du commissaire. Il qualifiait le
fonctionnement de lourd et inefficace. Pour lui, la plainte par écrit
est aberrante, de même que l'obligation de la soumettre à
Hydro-Québec avant qu'elle ne soit référée au
Commissaire. Me Jacoby se plaint que le Commissaire n'ait pas fait mention des
résultats des 27 enquêtes dans son rapport. Il s'interrogeait
aussi sur les refus des plaintes qui ont précédé la loi
135. Le Protecteur du citoyen conteste cette décision. De plus, il
conteste
également l'indépendance du rôle du Commissaire,
puisqu'il ne peut obliger Hydro-Québec à lui remettre un document
et qu'en cas de refus il doit donc porter plainte au ministre de la Justice,
celui-là même de qui il relève.
Vous comprendrez donc que, devant toutes ces critiques et nos
interrogations personnelles, je devrai vous poser, effectivement, plusieurs
questions. Est-ce que vous pouvez nous donner le résultat des 27
enquêtes qui étaient terminées entre le 1er septembre 1989
et le 31 mars 1990, et nous repréciser les raisons du refus d'examiner
les 112 plaintes qui précédaient la loi 135? Est-ce que vous
croyez qu'une plainte écrite doit demeurer nécessaire pour tout
citoyen qui désire se plaindre à Hydro-Québec? Est-ce que
cette première étape doit absolument être maintenue?
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant, Mme la
députée. Juste pour vous signaler que les questions doivent
s'adresser au ministre qui, lui, peut se référer au commissaire
pour réponse.
M. Schwartz (William D.): J'ai la forte impression que M. le
ministre va me passer la parole tout de suite. Alors, avec votre permission, M.
le ministre.
Le Président (M. Dauphin): Une question technique pour les
fins du Journal des débats, vous identifier ainsi que votre
qualité. Nous vous connaissons très bien, mais pour des raisons
techniques.
M. Schwartz: Je suis William Schwartz, commissaire aux
plaintes.
M. Rémillard: Je reçois la question, M. le
Président, et je la communique.
Le Président (M. Dauphin): Ha, ha, ha!
Formidable!
M. Schwartz: Merci, M. le ministre. J'ai lu avec
intérêt les commentaires des ACEF, de la Fédération
des ACEF ainsi que les commentaires du Protecteur, notre grand Protecteur du
citoyen. En réponse à votre question, à savoir pourquoi on
n'a pas fait de recommandation durant notre première année
d'existence qui était une période de sept mois, il est important
de préciser que notre bureau a réellement traité toutes
les 506 plaintes écrites ainsi que les 3000 appels
téléphoniques que nous avons reçus durant nos sept
premiers mois d'exploitation.
Rappelons-nous qu'au cours de cette période Hydro-Québec a
connu un conflit de travail très sérieux. Et ce conflit a
affecté les opérations du bureau du commissaire. Enfin, de
nombreux abonnés nous ont contactés directement. Souvent, le
motif de leur appel avait trait à des problèmes urgents qui
nécessitaient un traitement immédiat.
Grâce à notre ligne de communication avec la
société d'État, ça nous a permis de régler
ces cas d'urgence de façon immédiate et officieuse, nonobstant le
fait que pour ces cas la procédure de la loi 135 n'a pas
été suivie.
C'était vraiment une période exceptionnelle pour les gens
d'Hydro-Québec ainsi que pour le bureau du commissaire. En fait, vous
savez très bien que la procédure prévue par la loi
prévoit que les gens doivent s'adresser en premier à
Hydro-Québec et, en deuxième instance, s'ils sont insatisfaits de
la réponse que donne le distributeur, au commissaire aux plaintes.
Durant cette période, notre bureau est devenu un bureau de plaintes
d'Hydro-Québec.
Alors, c'est inexact... J'ai trouvé un peu simpliste, Mme la
députée, l'analyse de nos statistiques qu'a faite la
Fédération des ACEF. Il est bien évident que pour monter
un bureau, il y a un coût relié à ces opérations. En
ce qui concerne les motifs de rejet de plaintes durant cette première
période, certaines demandes n'ont pu faire l'objet d'une intervention du
commissaire. Tout simplement, elles n'entraient pas dans le cadre de la loi.
C'est le cas des plaintes des clients commerciaux, institutionnels et
industriels. Comme vous l'avez remarqué vous-même, la loi
s'applique à plus de 3 000 000 d'abonnés résidentiels. Il
y a des cas dont l'effet de la mésentente remontait à une date
antérieure à son entrée en vigueur et d'autres, qui
n'avaient pas été directement adressés au distributeur,
comme la loi le prévoit, ont été transmis à
Hydro-Québec. (10 h 30)
Quand j'entends vos commentaires, il me semble que vous nous posez la
question: Est-ce que ça vaut la peine de dépenser tant d'argent
pour faire respecter une telle loi? Ma réponse est: Oui, absolument,
dans la mesure où les objectifs de la loi 135 ont été
atteints. Rappelons ces deux objectifs. Premièrement, la loi a
obligé Hydro-Québec à créer une procédure,
à établir une procédure formelle d'examen des plaintes et,
deuxièmement, elle a créé un mécanisme permettant
aux clients en désaccord avec le premier traitement de soumettre
l'affaire à un commissaire. Donc, l'objectif du commissaire n'est pas de
faire augmenter le nombre de plaintes à son attention, mais plutôt
de le diminuer.
Les commentaires du Protecteur du citoyen à l'effet que la
procédure est lourde et inefficace, à notre avis, cette
procédure est simple à comprendre et à appliquer.
L'abonné qui veut porter plainte n'a qu'à écrire à
Hydro-Québec. La société d'État doit
répondre dans un délai de 30 jours. Si l'abonné est
insatisfait de cette réponse, il peut alors s'adresser au commissaire.
La procédure favorise donc un traitement rapide des plaintes avant
même l'intervention du commissaire, et notre expérience
démontre que la plupart des plaintes fournies à l'attention
d'Hydro-Québec sont réglées avant même
l'intervention du commissaire.
À notre avis, l'obligation du distributeur de procéder
à un premier traitement des plaintes nous paraît
l'élément le plus positif de la loi. Que la plainte porte sur un
problème de facturation, une erreur de facturation, sur une demande de
raccordement, sur une réclamation ou sur toute autre question
liée à la fourniture d'électricité à des
fins d'habitation dans un logement, Hydro-Québec est mieux
placée, surtout mieux placée que le commissaire, pour traiter ces
plaintes et satisfaire les plaignants. D'ailleurs, cela fait partie des
obligations de la société d'État. En ce sens, les
obligations du commissaire concernent des problèmes ponctuels. En effet,
le commissaire est comme une deuxième instance, un deuxième
recours, mais il peut jouer un rôle très important en
évaluant le premier traitement des plaintes pour en identifier les
causes.
Donc, sur le plan individuel, notre mission est de traiter les plaintes
que nous recevons après un premier traitement. Sur un plan global, le
commissaire peut identifier les causes des plaintes, mettre en relief les
causes les plus fréquentes et faire des recommandations de nature
générale dans son rapport annuel.
Mme Caron: Bon. Alors, je vais revenir à mes questions
précises, puisque dans la plupart des questions je n'ai pas eu une
réponse précise, là, et vous m'avez même
ajouté un autre élément. Vous me dites, M. le ministre, le
commissaire aux plaintes me dit que dans la majorité des cas le citoyen
consommateur n'a pas besoin de traiter avec lui puisque les plaintes se
règlent directement après la première plainte à
HydroQuébec. C'est exactement ce que vous m'avez dit. Donc, la plupart
des plaintes ont été dirigées à
Hydro-Québec, se sont réglées et c'est tant mieux.
C'était l'aspect le plus positif de la loi.
Ma question est bien simple: Est-ce que, comme État
québécois, on peut se payer un bureau qui a coûté,
l'an dernier, 492 600 $ avec neuf personnes - cette année, il va en
coûter 607 200 $ - pour seulement quelques plaintes qui peuvent,
effectivement, être traitées par le commissaire pour toutes sortes
de raisons? Le peu de plaintes qui restent, elles restent parce que, ou
ça a été réglé par Hydro-Québec, ou
parce que ça remonte avant la juridiction de la loi 135, ou parce que
les distributeurs d'électricité ne sont pas inclus, puisque,
présentement, la loi ne s'applique qu'à Hydro-Québec
encore. Et lorsque je regarde le travail et le nombre de plaintes que les
associations de consommateurs doivent traiter et même, comme
députés, ce qu'on doit traiter dans un bureau de comté, on
traite beaucoup plus que 506 plaintes par année, on a plus que 5000
appels et on a quatre fois moins de budget et trois fois moins de
personnes.
Concrètement, comme société, est-ce qu'on peut se
payer ça?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Rémillard: Tout simplement, M. le Président,
avant de demander à M. le commissaire de répondre, je ne voudrais
pas répondre à sa place, mais je voudrais simplement souligner
que, lorsque Mme la députée parle de 506 plaintes, il faut bien
qu'elle comprenne qu'à ce moment-là elle se réfère
à la période du 1er septembre 1989 au 31 mars 1990, ce
n'était pas une année complète. Alors, pour la
période du 1er avril 1990 au 31 mars 1991, vous avez un total de 1118
plaintes. Juste pour placer les chiffres: 1118 plaintes. Autre information
aussi, dans l'organisation... Dans le processus suivi pour les plaintes, dans
un premier temps, il y a le processus directement à Hydro-Québec
et vous avez le commissaire qui agit, en fait, un peu en appel de la situation.
C'est pour ça que ça a été créé comme
tel. Je vais laisser M. le commissaire compléter l'information.
Mme Caron: Peut-être juste une question: Sur vos 1118
plaintes, combien d'enquêtes?
M. Schwartz: Plus de 600, Mme la députée. Je vais
vous donner les chiffres exacts. Pour la période du 1er avrH 1990 au 31
mars 1991, notre bureau a reçu plus de 1100 plaintes écrites et
plus de 6000 appels téléphoniques. Parmi les plaintes
écrites, près de 600 ont nécessité une
enquête formelle et nous avons émis plus de 100
recommandations.
Jusqu'à ce jour - parce que je suppose que vous allez me poser
cette question également - plus de 85 % de nos recommandations ont
été suivies par Hydro-Québec dans les cas individuels.
Notons que le nombre de cas ayant nécessité une enquête
formelle est huit fois plus élevé qu'à la période
précédente, soit du 1er septembre 1989 au 31 mars 1990, une
période de sept mois.
Mme Caron: Vous expliquez ça comment, cette recrudescence
subite? peut-être à la publicité qui a entouré un
petit peu le rôle?
M. Schwartz: Le commissaire n'a pas jugé nécessaire
d'émettre les recommandations durant les sept premiers mois de ses
opérations.
Mme Caron: Si vous avez eu des recommandations, 100
recommandations... sur 600, et 85 % ont eu un résultat positif. Donc, on
parle de 85 réussites.
M. Schwartz: N'oubliez pas, Mme la députée, qu'il y
a des milliers de plaintes qui ont été traitées par
Hydro-Québec avant le deuxième traitement du commissaire. On
présume que ces plaintes ont été traitées de
façon satisfaisante parce que seulement, je dirais, à peu
près 20 % des plaintes adressées à Hydro-Québec
sont, plus
tard, adressées au bureau du commissaire.
Il ne faut jamais oublier également - et je pense que c'est
essentiel de l'ajouter - que dans la réponse que donne
Hydro-Québec à ses abonnés, elle doit mentionner le
recours possible auprès du commissaire. Alors, dans un certain sens,
elle invite les abonnés à demander l'intervention du commissaire
s'ils sont en désaccord avec la réponse qu'elle leur donne.
Mme Caron: Mais Hydro-Québec jouerait de toute
façon son rôle normal, je pense, de société
d'État, même si le commissaire aux plaintes n'existait pas, de
traiter les plaintes qu'elle reçoit en premier. Est-ce qu'à ce
chapitre le commissaire aux plaintes a fait des recommandations au ministre
pour demander que les autres distributeurs d'électricité soient
soumis à la loi, puisqu'il n'y a que 3 000 000 d'abonnés qui sont
soumis? Et lorsqu'on vous a refusé des documents à
Hydro-Québec... Est-ce que c'est arrivé, d'abord, qu'on vous
refuse des documents?
M. Schwartz: Jamais, madame.
Mme Caron: Non? Parfait. Est-ce que vous avez demandé que
les autres soient inclus?
M. Schwartz: C'est une des premières questions que j'ai
posées au ministre dès le début de notre mandat. Pour
nous, une application universelle de la loi ne peut qu'avoir un effet
bénéfique sur tous les citoyens du Québec, vu les
éléments positifs de la loi 135.
Mme Caron: Comme commissaire, est-ce que vous considérez
que votre pouvoir de recommandation est suffisant et est-ce que vous
considérez que vous avez en main tous les pouvoirs pour remplir
adéquatement votre rôle? Et est-ce que vous avez demandé
une augmentation de ces pouvoirs-là?
M. Schwartz: Mme la députée, avant d'accepter le
mandat, j'ai lu la loi et j'ai constaté que les pouvoirs qui m'ont
été confiés sont des pouvoirs qui sont, par tradition,
donnés aux ombudsmans, si vous voulez, un pouvoir de recommandation. Il
est bien évident que le succès du commissaire dans son rôle
dépend largement de la façon dont les plaintes sont
traitées par la société d'État. Je dois vous dire
qu'à date nous avons eu le concours d'Hydro-Québec dans le
traitement des plaintes et dans le processus d'enquête qu'on fait
régulièrement. Alors, pour nous, le fait que la grande
majorité de nos recommandations soient suivies nous indique qu'on n'a
pas besoin d'en demander d'autres.
Mme Caron: Est-ce que vos rapports avec les associations de
consommateurs ou les ACEF... Quelle sorte de rapports vous avez avec ces
groupes-là?
M. Schwartz: On n'a pas de rapports formels avec ces groupes.
Mme Caron: Du côté des coupures
d'électricité, c'est un sujet qui est très
préoccupant et on sait qu'il y a peu de plaintes qui concernent les
coupures qui arrivent jusqu'à votre bureau. Est-ce que vous avez
l'intention de faire des recommandations précises là-dessus ou
est-ce que c'est parce que ce type de plainte là n'a pas de juridiction,
finalement, chez vous?
M. Schwartz: Des recommandations par rapport aux interruptions de
service pour non-paiement? Nous avons fait une recommandation à cet
effet, à laquelle vous avez déjà fait allusion, mais il
faut d'abord reconnaître que le problème des suspensions
d'alimentation à cause de l'incapacité de payer le service met en
relief le problème plus vaste de la pauvreté, un problème
social qui concerne tout le monde. On reconnaît, d'une part, le droit
d'Hydro-Québec d'être payée pour les services qu'elle rend;
même, on doit reconnaître son pouvoir d'interrompre les services si
les factures ne sont pas payées à échéance. Il est
parfois difficile, à mon avis, de trouver l'équilibre entre les
besoins d'une entreprise, comme notre société d'État, et
les besoins de ses clients. D'ailleurs, compte tenu de la nature essentielle du
service d'électricité, nous avons recommandé, dans notre
premier rapport annuel, qu'Hydro-Québec démontre la plus grande
flexibilité possible pour éviter ces interruptions de service,
surtout durant l'hiver, en tenant compte de la capacité de payer de ses
clients. Il est vrai, Mme la députée, que cette recommandation ne
réglera pas le problème de la pauvreté et ne satisfera
peut-être pas tout le monde, mais nous croyons qu'elle peut favoriser une
diminution du nombre de suspensions d'alimentation. C'est l'objectif de notre
recommandation.
Mme Caron: Comme le problème...
Le Président (M. Dauphin): Vous permettez, madame?
Mme Caron: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Je vais revenir à vous
tantôt. M. le député de Beauce-Nord m'avait demandé
la parole tantôt. On reviendra avec vous après, si vous le
permettez.
M. Audet: Merci, M. le Président. Alors, M. Schwartz, M.
le ministre, je pense que, dans le fond, lorsque votre organisme a
été créé, il y avait un problème, d'abord,
au niveau de la livraison du service, à cette époque-là,
à HydroQuébec; livraison d'énergie et tout ça, il y
avait des plaintes qui découlaient de ça. Ce n'est pas que je
veuille que votre... Possiblement que votre organisme aura toujours un
rôle à jouer auprès
de la clientèle et Hydro-Québec, mais je pense que c'est
dans votre intérêt et dans l'intérêt des clients que
les plaintes diminuent, d'une certaine façon. (10 h 45)
II y a une chose. Au niveau du pouvoir de recommandation, moi, j'ai une
région chez nous, la Beauce, entre autres, à forte concentration
agricole, et on vit des problèmes avec Hydro Québec. D'ailleurs,
un de mes électeurs vous a écrit. Je veux souligner d'ailleurs...
Même si ça ne fait pas partie de votre mandat, je pense que le
rôle ou la liaison, le joint que vous avez fait entre cet
individu-là, mon électeur ou le client, si on veut, et
Hydro-Québec a donné quand même des fruits.
Il y a juste une chose que je voudrais ajouter. En vertu du pouvoir de
recommandation que vous avez, on sait que l'ombudsman, par exemple, du
Québec, le Protecteur du citoyen a déjà fait des
recommandations dans des secteurs qui vont à l'extérieur de son
mandat par exemple, sur quelque sujet que ce soit qui lui aurait
été souligné ou signalé. Je veux en venir
là-dessus... C'est que... Peut-être que vous allez
reconnaître l'individu, je ne sais pas. C'est que j'ai chez nous, moi...
Je vous parlais tantôt de l'agriculture. Au niveau du réseau, on a
un problème important qui tend à s'aggraver. C'est au niveau de
ce qu'on appelle des tensions parasitaires. Vous en avez été
informé probablement. Alors, ces gens-là, la plupart des
agriculteurs, même si on dit que ce sont des petites compagnies, des
petites industries, mais assez souvent aussi ce sont des particuliers qui sont
agriculteurs, qui... Bon. On sait la situation de l'agriculture au
Québec présentement, alors ils n'ont pas de recours comme tels,
au-delà des recours légaux habituels qui coûtent des sommes
considérables, surtout lorsqu'on s'attaque à des compagnies ou
à des firmes comme Hydro-Québec.
Alors, moi, je souhaiterais... Ça serait peut-être une
chose... C'est une chose peut-être sur laquelle j'aimerais que vous vous
penchiez, que vous regardiez. Je ne vous dis pas là... Que vous
l'évaluiez en tout cas. Parce qu'il y a une certaine clientèle
d'Hydro-Québec - je parle des agriculteurs entre autres - qui n'a pas de
recours envers Hydro-Québec, autres que les recours légaux.
J'ai un exemple chez nous d'un monsieur qui a fait un recours
légal contre Hydro-Québec dans le cas de tensions parasitaires
comme ça, où il y aurait eu perte au niveau de ses animaux, au
niveau de sa production, des pertes considérables. Alors, il est
allé en cour avec HydroQuébec, il s'est ramassé avec une
facture astronomique. Lui, il avait un petit avocat de la région, si on
veut; Hydro-Québec est arrivée avec cinq ou six procureurs. Ils
ont la science infuse, parce que, bien souvent, ils sont les seuls à
disposer... ils ont non seulement le monopole, mais ils ont aussi toute la,
comment dirais-je, connaissance du réseau et tout ça. Alors,
c'est difficile d'aller, de gagner ou d'avoir gain de cause. Finalement, on a
pu régler pour... On a pu s'entendre, mais, quand même...
Alors, c'est juste pour vous dire, c'est une chose sur laquelle
j'aimerais que vous vous penchiez, parce qu'il y a une clientèle
d'Hydro-Québec qui n'est pas... Ce n'est peut-être pas
nécessairement de l'habitation ou du logement, ou un individu...
Très souvent, c'est un individu, mais la boite ou Hydro-Québec
ou.. Bon. Le système fait en sorte que, d'une certaine façon, le
seul recours qu'il pourrait avoir, c'est quelqu'un comme vous. Alors,
j'aimerais peut-être que vous le regardiez ou que vous fassiez
peut-être, à un moment donné, des recommandations à
Hydro-Québec. Parce que, chez nous, ça devient... Puis contre
Hydro-Québec, bien, malheureusement, à tort ou à raison,
on n'a pas souvent raison dans des cas comme ceux-là.
M. Schwartz: J'ai bien pris note de vos commentaires, M. le
député, mais j'aimerais ajouter également le fait qu'il
existe, au sein d'Hydro-Québec, une procédure pour les plaintes
qui ne sont pas couvertes par la loi 135. Et si on peut vous aider ou aider
votre abonné à ce sujet, ça me fera plaisir de le
faire.
M. Audet: Pardon?
M. Schwartz: Je vais m'assurer... Si vous m'envoyez les
détails de cette réclamation, cette plainte, cette
mésentente, ça sera un plaisir pour moi de m'assurer de faire le
suivi à l'effet que la plainte de votre électeur soit
traitée par l'entreprise de façon officieuse.
M. Audet: D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député de Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'ai le même
problème depuis trois ans; ce n'est pas dans mon comté, c'est
dans le comté voisin, mais peu importe. Il s'est plaint à
Hydro-Québec, il est allé au ministère de l'Agriculture,
il est allé au ministère de l'Environnement, il revient à
HydroQuébec, puis il a encore le même problème, puis sa
production change chaque fois qu'Hydro-Québec augmente son volume dans
la ligne. Parce que, lui, il disait, il n'y a pas plus tard qu'un mois: Ils
vont avoir besoin d'électricité, puis ma production va diminuer.
Comme de fait, l'augmentation d'électricité... Puis lui, il est
assez habitué chez lui comme cultivateur, rien que par le son de la
ligne qui passe au-dessus de ses bâtisses, tout de suite, c'est beaucoup
plus dangereux, et sa production diminue. Puis ils se foutent de lui, il n'y a
rien à faire. Il a installé une machine qu'ils lui ont
imposée, qui a coûté
1550 $, et ça n'a rien changé. Ça devient
dangereux, ça devient énervant et, pour lui, il y a un manque
à gagner énorme. Ça fait que, si vous avez dit à
mon collègue tantôt de se référer à vous avec
le client, je vais faire la même chose d'abord et je pense que ça
va faire...
M. Schwartz: II est bien évident... Je ne peux pas traiter
la plainte comme telle, mais je peux mettre votre client ou la personne en
question en contact avec Hydro-Québec et je peux l'assurer que le suivi
de cette plainte sera fait auprès de cette entreprise.
M. Houde: II va être bien fier. Je vous remercie beaucoup.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Oui, M. le Président. M. le ministre, j'ai eu
l'impression avec quelques cas, particulièrement avec des jeunes
agriculteurs dans mon comté, chaque fois, finalement, que les gens qui
ont donné le dernier verdict étaient les mêmes qui,
originellement, avaient porté la plainte. Dans un cas précis,
c'est un jeune agriculteur qui, effectivement, va vivre dans la maison de ses
parents. On connecte l'électricité à la maison des parents
et, ensuite, à la ferme. Alors, il perd l'avantage pécuniaire
d'avoir l'électricité réduite à sa résidence
et on s'aperçoit de ça quatre ou cinq ans après, alors
qu'on l'a autorisé. Le jeune vient nous voir. On retourne à
Hydro-Québec. Et là, n y a des délais incroyables. C'est
dispendieux. Et j'ai l'impression, chaque fois, que les gens qui appellent
retournent avec la même personne qui prend la décision,
c'est-à-dire le même inspecteur dans le champ qui a fait toute
l'enquête. Souvent, il s'est bâti des relations avec un peu
d'animosité entre tout ce beau monde. Dans deux cas précis, on
n'a pas été capable de se sortir des enquêteurs originaux
qui ont fait les enquêtes. J'ai l'impression qu'on tourne en rond,
finalement. Il n'y a pas quelqu'un un peu plus haut qui dit: Bon, on va se
servir de notre bon sens dans ce cas précis.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je reviens au
problème des coupures d'électricité, des suspensions
d'électricité l'hiver et au problème des familles les plus
démunies. Est-ce que vous avez été saisi ou avez-vous
été mis au courant d'une demande de la FACEF, de la FNACQ et du
Front commun des assistés sociaux qui réclament l'abolition du
programme de mise en administration des familles assistées sociales?
M. Schwartz: Oui
Mme Caron: Et qu'en pensez-vous? Que pensez-vous de la
création d'un groupe de travail qui serait chargé de trouver des
solutions précises à ce problème qui est de plus en plus
important, finalement, dans notre société?
M. Schwartz: Bien, ça, votre deuxième question, je
donnerais mon appui à toute mesure qui peut avoir l'effet de rendre plus
facile le paiement des comptes d'électricité de ceux qui se
trouvent dans l'incapacité de les payer. En ce qui concerne votre
première question, et surtout l'application de la loi 137, je partage
complètement et entièrement les opinions des ACEF. D'ailleurs, on
a eu l'occasion de discuter ces questions il y a quelques mois avec les
représentants d'Hydro-Québec, et nous espérons que les
modifications nécessaires seront apportées à la loi sans
délai.
Mme Caron: Dernière question, M. le commissaire: Est-ce
que vous estimez que votre rôle est essentiel?
M. Schwartz: Dans la...
Mme Caron: Et est-ce que vous ne croyez pas que le Protecteur du
citoyen pourrait jouer ce rôle, finalement, de négociateur avec
HydroQuébec?
M. Schwartz: Le Protecteur du citoyen, j'ai beaucoup de respect
pour le poste qu'il occupe. Je dois vous dire honnêtement que je ne suis
pas toujours, je ne partage pas toujours ses opinions, mais j'ai surtout un
grand respect pour le poste qu'il occupe. Je ne suis pas un expert dans les
pouvoirs du Protecteur du citoyen, mais je présume qu'il n'a pas plus de
pouvoirs que les pouvoirs de recommandation que nous avons également.
Est-ce que lui, comme individu, est en mesure de répondre aux besoins de
la population? Je ne peux pas vous répondre. Mais je peux vous assurer
que j'ai signé un contrat de cinq ans et, jusqu'au moment où le
ministre mettra fin à ce contrat, j'ai l'intention de continuer à
remplir le mandat.
Mme Caron: Je vous remercie beaucoup. Une dernière
question sur le sujet au ministre de la Justice, responsable de la protection
du consommateur. Le commissaire aux plaintes vous a déjà fait des
demandes de modifications législatives, à savoir de pouvoir
couvrir les autres distributeurs d'électricité. Est-ce que vous
avez l'intention de donner suite et d'augmenter son pouvoir?
M. Rémillard: C'est...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...une possibilité. Oui, M. le
Président. Merci. C'est une possibilité que j'ai.
Nous sommes en train de faire une évaluation du fonctionnement et
des coûts présentement, et on veut voir la véritable
utilité que ça pourrait représenter que de couvrir les
autres aspects, les autres secteurs. Mais c'est une possibilité.
L'étude n'est pas encore complétée, mais je pense que
c'est certainement une possibilité.
Mme Caron: Et vous, à titre de ministre responsable de la
protection du consommateur, est-ce que vous considérez que ce rôle
pourrait être aussi bien rempli, et à moindre coût, par le
Protecteur du citoyen?
M. Rémillard: Le Protecteur du citoyen a sa
responsabilité et je dirais que, dans un domaine aussi
spécialisé, il est intéressant d'avoir un organisme, une
personne aussi spécialisée, c'est-à-dire qui regarde
spécifiquement ce secteur. Toutes vos questions, Mme la
députée, ont démontré à quel point le
secteur de hydroélectricité, donc un service public de
première nécessité pour l'ensemble des citoyens du
Québec, à quel point c'était important que ce service
public soit rendu dans les meilleures conditions de qualité,
d'efficacité, d'universalité, en fait, toutes ces grandes
qualités qu'on doit voir dans un service public. Il n'y a pas de
régie qui gouverne Hydro-Québec parce que, normalement, un
service public devrait être sous la gouverne d'un chien de garde qu'on
appelle, c'est-à-dire une régie, qui est là et qui voit
à ce que les services soient rendus convenablement, surtout quand il
s'agit d'une situation de monopole, comme c'est habituellement le cas dans les
cas de services publics. Pour assurer que le citoyen ait une bonne
qualité de services, qu'il ait aussi un mécanisme pour pouvoir
revendiquer ses droits, on a une régie. Et là, on a beaucoup
d'exemples de régies qui existent et qui font un très bon
travail.
Dans le cas d'Hydro-Québec, il n'y a pas cette régie. Par
les commissions parlementaires, par l'Assemblée nationale, par le
ministère de l'Énergie et des Ressources, il y a un
contrôle qui se fait, mais il n'y a pas de régie directement.
Donc, il n'y a pas cet organisme quasi judiciaire spécialisé qui
voit à ce que le service soit rendu de la meilleure façon
possible, en respectant la qualité du service. Et c'est dans ce
contexte-là, étant donné qu'il n'y a pas de régie,
que je trouve intéressant qu'il y ait un commissaire pour recevoir les
plaintes et les traiter d'une façon, donc, tout à fart
spéciale, particulière, en fonction d'une expertise qu'il peut
développer. Vous savez sans doute qu'une opinion juridique a
été demandée au ministère de la Justice, à
savoir: Est-ce que le Protecteur du citoyen a compétence pour intervenir
à l'égard d'un acte du commissaire? Et cette opinion juridique
est très claire: Non, le Protecteur du citoyen n'a pas
compétence. Par conséquent, pour ma part, je considère que
la situation actuelle mérite qu'on la conserve pour encore un bout de
temps, qu'on l'apprécie et qu'on en voie les résultats. Mais,
pour ma part, je considère qu'il est intéressant qu'un organisme
spécialisé comme le commissaire puisse avoir le mandat de
recevoir en appel les plaintes des citoyens sur un service public aussi
essentiel, aussi vital que celui de l'électricité.
Mme Caron: Est-ce que, M. le ministre, vous considérez
comme normal que, pour un service aussi essentiel et vital, le commissaire ait
pu avoir le pouvoir de recommander uniquement 85 dossiers sur 600 demandes en
un an, et pour un budget de 607 200 $? Et si la commission des institutions qui
présentement réévalue le mandat du Protecteur du citoyen
faisait la recommandation d'étendre le rôle du Protecteur du
citoyen aux plaintes à Hydro-Québec, est-ce que vous vous y
opposeriez?
M. Rémillard: Dans le contexte actuel... Tout d'abord, je
dois vous dire que le commissaire aux plaintes existe depuis un an et demi
seulement. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un nouveau poste, d'un
nouveau rôle, et que la population n'est pas encore tout à fait
familière avec ce rôle. Il faut que les gens s'habituent, qu'ils
puissent savoir qu'il y a un commissaire qui est là pour recevoir leurs
plaintes. Alors, il y a un mécanisme naturel, je dois dire, qui va se
mettre en place. Après un an et demi d'existence seulement, je pense
qu'il faut se garder de poser des diagnostics trop sévères. (11
heures)
Au départ, je crois, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, que ce poste s'imposait. Au départ, étant donné
l'importance du service public, étant donné aussi la situation de
monopole d'Hydro, étant donné l'absence de régie,
d'organisme quasi judiciaire qui puisse contrôler, ça s'imposait
qu'on puisse avoir un tel commissaire. Dans la mesure où il y a un
commissaire qui joue ce rôle, pour ma part, je préfère
pouvoir travailler à améliorer les outils, les moyens à la
disposition du commissaire que de faire en sorte qu'un autre organisme, un
autre intervenant vienne s'impliquer dans le dossier, vienne compliquer les
choses. Moi, je veux avoir un canal qui est là, qui est de plus en plus
connu, qui est spécialisé et qui fait en sorte que le citoyen qui
a des droits puisse les revendiquer et avoir le plus efficacement possible une
réponse à ses questions et une solution à ses
problèmes. Je ne crois pas que si on met deux organismes, Protecteur du
citoyen et commissaire, en même temps dans le même champ d'action,
on serve les meilleurs intérêts du citoyen.
Mme Caron: II est bien évident que si la commission des
institutions recommandait d'étendre le pouvoir du Protecteur du citoyen
pour les plaintes des clients des distributeurs d'électricité
le rôle du commissaire serait aboli. Il ne serait nullement
question d'avoir les deux dans le même champ d'action. Donc, ma question
est bien précise: Si la commission des institutions recommande
d'étendre le pouvoir du Protecteur du citoyen à ce réseau,
est-ce que vous allez vous y opposer?
M. Rémillard: Pour ma part, je souhaite que
l'expérience, parce que c'est toujours une expérience que nous
faisons avec le commissaire, on puisse la continuer et qu'on puisse en faire le
bilan après les cinq ans de l'exercice du premier mandat qu'on a
confié dans le cadre de ce commissaire et qu'on puisse ensuite prendre
une décision. Mais ce n'est pas après un an et demi qu'on prend
une décision. Et, pour ma part, je reviens toujours sur les principes
qui doivent nous guider. Vous avez un service public de première
nécessité. Vous n'avez aucun contrôle direct d'un organisme
quasi judiciaire sur cet organisme-là. Par conséquent, il me
paraît important d'avoir un organisme, d'avoir ce commissaire qui est
là et qui doit voir à ce que les problèmes que peuvent
avoir les citoyens face à cette immense entreprise qu'est
HydroQuébec ou d'autres éventuellement, d'autres fournisseurs
d'électricité, puissent trouver solution le plus rapidement
possible.
Tout à l'heure, le député d'Orford, le
député de Beauce-Nord, le député aussi de... Je
pense qu'il y avait aussi un autre député qui a mentionné
le même problème de certains de leurs commettants qui viennent
à leur bureau de comté et qui leur parlent des problèmes
qu'ils ont souvent avec Hydro-Québec, une grande machine. Ce n'est pas
facile de faire face à Hydro-Québec quand on est un petit
consommateur. Alors, c'est toujours dans ce cadre-là, pour ma part, que
je considère que le poste de commissaire aux plaintes est fondé
et qu'on devrait attendre la fin du mandat de cinq ans pour faire le bilan et
prendre une décision.
Mme Caron: J'aimerais juste vous rappeler, M. le ministre, que
dans les cas que vous venez d'évoquer justement des
députés le commissaire aux plaintes n'a pas de pouvoir et ne peut
pas les régler. C'est Hydro-Québec qui doit les régler. Je
dois juste souhaiter qu'après cinq ans j'espère que le budget
n'augmentera pas de 23,3 % chaque année, parce que ça risque
d'être un budget extrêmement élevé.
M. Rémillard: Écoutez, je ne vous comprends pas
dans votre remarque, Mme la députée. Je ne vous comprends pas,
parce qu'il s'agit de protéger le consommateur. Et là, vous nous
reprochez de mettre trop d'argent pour qu'on puisse protéger
adéquatement le consommateur. Je ne vous comprends pas. Je pense que,
dans la mesure où il y aura un budget satisfaisant, bon Dieu, pour une
fois qu'on a un budget qui correspond aux obligations que nous avons, et il y a
encore beaucoup à faire. Je ne vous dis pas qu'on ne peut pas en cours
de route, dans -ces cinq ans, améliorer des outils présentement
à la disposition du commissaire, on peut le faire. On doit donner les
sommes d'argent nécessaires pour qu'il puisse faire son travail. Et
regardez aussi l'augmentation du nombre de plaintes et les plaintes aussi, les
enquêtes qui ont été faites qu'il ne faut pas oublier. Vous
voyez qu'après un an et demi il y a un travail quand même
extrêmement intéressant qui est fait. On se reverra l'an prochain,
je l'espère, et on fera le point encore. Ça fera à ce
moment-là deux ans et demi. On sera à la mi-expérience, si
vous voulez, et puis on pourra faire le point. Il ne faut pas nous reprocher de
donner trop d'argent au commissaire pour protéger les consommateurs.
Mme Caron: Protéger les consommateurs, à mon avis,
M. le ministre, c'est aussi regarder le rapport qualité-prix, donc
efficacité-coût, et j'avoue que, pour le moment en tout cas, on va
donner la chance au coureur, mais pour le moment, de notre côté,
nous ne sommes pas satisfaits des résultats. Je vous remercie
infiniment, et je vous rappelle que ces reproches ne s'adressaient aucunement
à votre personne, mais bien au poste.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez... Oui, M.
le ministre, allez-y. J'aurai une question, moi aussi, après, pour M.
Schwartz, mais allez-y.
M. Rémillard: Je vous en prie, posez la question, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Je vais me reconnaître,
donc. Je veux juste bien comprendre. Vous dites que depuis un an et demi il y a
eu 600 enquêtes formelles. Ce n'est pas ça?
M. Schwartz: Non. Durant la période qui commence le 1er
avril 1990 et qui se termine à la fin de mars 1991, une période
de 12 mois, nous avons traité 6000 plaintes téléphoniques,
6000 demandes téléphoniques, 1100 plaintes écrites, et
nous avons commencé des enquêtes dans 600 de ces 1100
plaintes.
Le Président (M. Dauphin): Et puis vous avez fait 100
recommandations?
M. Schwartz: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Dont 85 %, c'est-à-dire
85 de ces 100 ont eu un résultat...
M. Schwartz: ...ont été suivies.
Le Président (M. Dauphin): C'est-à-dire
qu'Hydro-Québec a corrigé la situation?
M. Schwartz: Elles ont été suivies.
Le Président (M. Dauphin): O.K. Ça va.
M. Rémillard: M. le Président, tout ce que je
voulais dire, c'est que votre question vient de clore très bien les
échanges que nous avons eus, parce que vous venez de démontrer
d'une façon particulièrement éloquente par votre question,
M. le Président, qu'après un an et demi, en particulier dans la
dernière année, il y a un travail très intéressant
qui est déjà fait. On va continuer. Je sais que le commissaire -
et je veux souligner son bon travail - va continuer à le faire, et moi,
comme ministre responsable, je vais essayer de faire tout ce que je peux pour
lui donner tous les outils possibles et le champ d'action nécessaire
pour protéger le consommateur, dans un champ aussi important que celui
de l'électricité.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Merci
beaucoup, M. Schwartz. Maintenant, nous allons aller à
l'élément 3, Commissaire aux plaintes en matière de
protection du territoire agricole.
Commissaire aux plaintes en matière de
protection du territoire agricole
Mme Caron: M. le Président, le Commissaire aux plaintes en
matière de protection du territoire agricole - que je n'ai pas eu la
chance de rencontrer l'année dernière, alors ça me fait
plaisir de vous rencontrer - n'est pas tenu, selon la loi, de produire un
rapport annuel, de sorte que nous n'avons pas d'indication concernant ses
activités. Cependant, nous savons que le commissaire aurait reçu
neuf plaintes et qu'il n'a pu agir sur aucune d'elles puisqu'elles portaient
sur des projets de zone agricole, et non sur des activités qui
étaient déjà pratiquées.
La loi 100 créant ce poste précise qu'il peut agir lorsque
est mis en cause un règlement d'urbanisme ou relatif aux nuisances
affectant des activités agricoles pratiquées en zone agricole.
L'incapacité d'agir du commissaire s'explique par le caractère
restrictif de son champ de compétence dévolu par la loi. Nous
avons d'ailleurs lu une analyse du statut juridique de ce commissaire, et Me
Daniel Mockle nous précisait que son rôle était
limité à celui d'un examinateur, d'un commentateur, qui ne
dispose, finalement, d'aucun pouvoir spécial ni d'aucune immunité
particulière. Il ajoute que le commissaire se définit
lui-même comme un observateur silencieux.
Pour sa part, le commissaire souhaiterait sûrement des pouvoirs
plus étendus, semblables à ceux du Protecteur du citoyen,
c'est-à-dire pouvoir d'enquête, de contraindre à
témoigner, de remettre, d'obtenir des documents, puis de faire des
recommandations dans un rapport annuel. De plus, le commissaire se retranche
derrière une opinion juridique datée du 4 janvier 1990 du
ministère de la Justice pour décliner sa compétence
vis-à-vis des plaintes qui lui sont soumises.
L'UPA a écrit au ministre Pagé pour lui demander de
réviser le statut du commissaire. Le ministre est resté muet. Son
successeur, M. Picotte, s'est engagé à revoir son mandat. On sait
que, présentement, il y aurait des consultations en région sur
les modifications proposées. Le projet de loi devrait normalement
être déposé à l'automne 1991. J'aimerais
connaître. On sait aussi que l'année dernière, suite
à une question que nous avions posée à l'étude des
crédits, on nous avait affirmé que le commissaire avait
reçu l'an dernier, en tout et pour tout, 13 demandes d'information et 8
plaintes jugées irrecevables, pour un budget de 366 900 $ et 5
personnes; cette année, on parle d'une hausse de 1,1 %; donc, 371 100 $
pour 5 personnes toujours.
M. le ministre, ma question est bien simple: Est-ce que vous
considérez que ce poste, tel qu'il existe présentement et avec
les pouvoirs ou les non-pouvoirs que le commissaire possède, doit
être maintenu? Sinon, quelles sont les modifications législatives
que vous comptez apporter, parce que l'année dernière, lorsque
nous avons traité de ce sujet, vous avez dit vous-même que le
rôle devrait être à redéfinir?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. Merci, M. le Président. Il
m'apparaît évident, M. le Président, que le mandat du
Commissaire aux plaintes en matière de protection du territoire agricole
doit être revu complètement. Lorsqu'il a été
créé, c'était dans le but d'être celui qui pourrait
recevoir les plaintes des agriculteurs en ce qui regarde un autre aspect
essentiel de notre vie en société, c'est-à-dire la
protection du territoire agricole, ce territoire qui nous permet de cultiver.
Nos agriculteurs... Donc, c'est important, par une loi qui existe, de
protéger ces terres agricoles. On sait qu'il y a souvent beaucoup de
difficultés qui se posent, entre autres, en ce qui regarde les
municipalités, les règlements municipaux. D'une part, les
municipalités se disent habilitées à faire des
règlements en fonction de l'urbanisme, qui peuvent avoir certaines
conséquences sur le travail des agriculteurs. D'autre part, vous avez
des agriculteurs qui ont des terres qu'ils cultivent et qui considèrent
qu'ils doivent avoir tous les moyens nécessaires peur cultiver leurs
fermes, leurs terres.
En conséquence, l'UPA, je sais, souhaite que le commissaire
demeure, mais on veut qu'il ait un mandat revu et corrigé. J'ai
moi-même écrit, le 9 janvier 1991, à mon collègue,
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation; j'ai
aussi écrit à mon collègue, le ministre des Affaires
municipales, le 9 janvier
1991 toujours, pour leur suggérer un groupe de travail qui
pourrait le plus tôt possible faire le point et nous faire des
recommandations. Déjà, comme vous l'avez mentionné, Mme la
députée, il y a des consultations qui se font par le ministre de
l'Agriculture, à savoir quel pourrait être le mandat qu'on
pourrait confier au commissaire pour qu'il soit efficace et qu'il ait un
véritable rôle à jouer. Mais pour répondre à
votre question, il m'apparaît évident qu'on doit se pencher sur le
rôle, sur le mandat du commissaire.
Mme Caron: M. le ministre, l'an dernier, le 1er juin 1990, c'est
exactement ce que vous m'avez dit: M. le Président, il m'apparaît,
pour répondre à cette question de la députée, qu'il
faut revoir ce rôle du commissaire et peut-être compléter
son rôle. J'ai écrit au ministre de l'Agriculture et au ministre
des Affaires municipales et je leur ai demandé de collaborer avec nous
pour qu'on puisse cerner de plus près le rôle du commissaire
à la lumière de l'expérience que M. le commissaire, M.
Rioux, a maintenant et de compléter peut-être le mandat du
commissaire pour qu'il y ait le plus d'efficacité possible. La question
de l'information auprès des citoyens, là encore, je vais vous
répondre que, oui, on devrait essayer d'informer le public de
l'existence de ce commissaire, mais j'espère donc, dans un avenir
prochain, pouvoir travailler avec mes deux autres collègues pour
compléter le mandat du commissaire. (11 h 15)
Là, M. le ministre, vous me mentionnez que vous avez
écrit... On se parlait le 1er juin 1990. Vous avez écrit à
vos deux collègues !e 9 janvier 1991 et nous en sommes toujours au
même point. Est-ce que le public a été davantage
informé? À ma connaissance, l'UPA dénonce le rôle
actuel. Ce qu'elle souhaite, c'est plus de pouvoirs parce que,
présentement, tous les dossiers qui ont été soumis
à l'attention du Commissaire, il ne pouvait absolument rien faire, il ne
pouvait pas intervenir. Quand on regarde le budget du commissaire aux plaintes,
c'est un montant qui est de très peu inférieur à ce que
les 41 associations de consommateurs reçoivent pour faire le travail
qu'elles font au Québec, alors qu'on sait très bien qu'à
la Commission de protection du territoire agricole le tribunal d'appel a de 8
à 10 mois d'attente pour sortir des jugements qui sont rendus, mais
qu'il n'a pas le personnel pour justement les faire partir, les jugements.. Ne
trouvez-vous pas, M. le ministre, qu'il faudrait peut-être
accélérer un petit peu dans ce dossier-là? Je ne voudrais
pas me retrouver l'année prochaine, à la même date -
j'espère qu'on va se retrouver à la même date - et qu'on
ait exactement la même réponse année après
année.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: En tout cas, M. le Président,
Mme la députée de Terrebonne ne peut pas m'accuser de ne
pas avoir de la suite dans les idées.
Mme Caron: Ça, c'est presque une cassette, M. le
ministre.
M. Rémillard: Elle ne me dira pas que je suis une
girouette.
Mme Caron: Ah! une cassette presque!
M. Rémillard: Bien que ce ne soit pas la girouette qui
change de côté, c'est le vent.
Mme Caron: Ça dépend des sujets.
M. Rémillard: Oui. Alors, je peux vous dire dans ce
contexte-là... M. le Président, je peux dire à Mme la
députée que mon pouvoir en ce qui regarde le commissaire aux
plaintes est avant tout un pouvoir épistolaire, c'est-à-dire que
je peux écrire aux ministres concernés, mais je ne suis pas le
ministre de l'Agriculture et je ne suis pas le ministre des Affaires
municipales. Le ministre de la Justice a la responsabilité de la loi et
du commissaire comme tel parce qu'on veut assurer à ce commissaire toute
l'indépendance et l'absence de conflit d'intérêts, un petit
peu comme on l'a fait tantôt pour M. le commissaire, en ce qui regarde
l'électricité. Mais il faut bien comprendre que le ministre de la
Justice n'a pas l'autorité pour regarder directement dans la
matière traitée par le mandat du commissaire parce que ce mandat
se réfère directement soit à la responsabilité du
ministre de l'Agriculture, soit à la responsabilité du ministre
des Affaires municipales.
Alors, mon rôle, c'est que j'ai écrit, j'ai
mentionné qu'il fallait faire des changements. J'en ai parlé
à mes collègues. À mes deux collègues, j'en ai
parlé. Ce qu'il y a de nouveau, parce qu'il y a un élément
nouveau, c'est que je leur ai mentionné qu'un groupe de travail, qui
pourrait être dirigé par M. Rioux, serait certainement apte
à pouvoir nous faire des recommandations le plus tôt possible, en
consultation avec le milieu. Quand vous avez dit tout à l'heure que
l'UPA voulait conserver le rôle du commissaire, mais lui donner de
véritables pouvoirs, oui, vous avez raison. Vous avez raison et, pour ma
part, je souhaite que le commissaire, que M. Rioux ait un travail utile
à faire et, pour ça, ça signifie qu'on doit revoir son
mandat. Ça m'apparaît évident. Je l'ai écrit, je
l'ai dit à mes collègues. À partir de là, j'en ai
même parlé. À partir de là, j'entends
peut-être encore écrire. Je vais encore susciter leur
intérêt, mais on m'a dit... Je sais que le ministre de
l'Agriculture y travaille présentement. Il est actif, il travaille, il
consulte sur le terrain. Il se pourrait donc qu'il y ait des dispositions
législatives pertinentes qui soient proposées pour faire en sorte
que le
mandat soit effectif et que ce mandat puisse apporter une contribution
pour la protection du territoire agricole et du travail de nos
agriculteurs.
Mme Caron: Si je comprends bien, M. le ministre, le Commissaire
aux plaintes en matière de protection du territoire agricole
actuellement n'a pas de pouvoir, le ministre de la Justice responsable de la
protection du consommateur n'a pas de pouvoir sur le Commissaire aux plaintes
en matière de protection du territoire agricole...
M. Rémillard: Attention, là! Ne mêlez pas
toutes les sauces. N'oubliez pas la protection du consommateur.
Mme Caron: Bien, c'est exactement ce que vous nous avez dit,
là.
M. Rémillard: Non. La protection du consommateur, on va
voir ça tout à l'heure. Là, on se retrouve avec le
commissaire aux plaintes.
Mme Caron: C'est à titre de responsable de la protection
du territoire agricole.
M. Rémillard: Bien oui, comme tel. Alors, le responsable,
le commissaire actuel, est sous la juridiction du ministre de la Justice dans
le but...
Mme Caron: Responsable de la protection du consommateur.
M. Rémillard: Et aussi protection du consommateur. Mais,
là, ce n'est pas parce que les gens mangent des carottes qu'il faut
commencer à faire la relation comme telle.
Mme Caron: Je veux juste vous rappeler que ces trois
éléments sont dans le même programme qu'il y a en
tête de chapitre, Protection du consommateur.
M. Rémillard: En tout cas, vous pouvez faire les relations
que vous voulez. Mais, là...
Mme Caron: Bien, dans le livre de...
M. Rémillard: Oui, mais peut-être pour une question
administrative. Une question administrative. Mais dans les faits, entre le
rôle pour le Commissaire aux plaintes en matière de protection du
territoire agricole et la Loi sur la protection du consommateur, ce sont deux
choses complètement différentes. Vous en conviendrez au
départ.
Mme Caron: Oui, mais vous êtes responsable des deux choses.
Et vous me dites que vous n'avez pas de pouvoir.
M. Rémillard: Bien, je suis responsable. Ce que je vous
dis, en fonction du commissaire, c'est que, pour ma part, étant le
ministre responsable de l'application de la loi, on se rend compte que cette
loi n'accorde pas les pouvoirs nécessaires au commissaire pour qu'il
puisse faire le travail qu'il devrait faire. C'est évident. À
partir de là, il faut que des changements soient faits en
conformité avec les besoins qui existent. Or, ces besoins doivent
être analysés en fonction des deux ministères qui sont
directement concernés: Agriculture directement et Affaires municipales.
Je vous ai dit qu'au niveau de l'Agriculture mon collègue est actif dans
le dossier et que, déjà, il a fait plusieurs consultations, qu'il
continue à en faire, que l'UPA manifestement veut conserver le
rôle du commissaire, mais avec des pouvoirs effectifs pour qu'il puisse
faire un véritable travail. Reste à voir maintenant quelles sont
les modifications législatives qu'on pourrait apporter, parce qu'il y a
aussi à prendre en considération des municipalités qui,
par leur règlement de zonage en fonction de la loi sur l'urbanisation,
ont aussi leur responsabilité en fonction de la collectivité
qu'elles desservent. Et, là, c'est mon collègue des Affaires
municipales qui fait ses consultations aussi. Moi, je leur ai
suggéré, comme il y a deux ministères d'impliqués,
pour qu'on fasse une concertation et qu'on en arrive le plus tôt possible
à des résultats et à des modifications législatives
pertinentes: Pourquoi ne pourrait-on pas créer un groupe de travail
dès qu'on aura ces consultations sur le terrain, et ce groupe de
travail, présidé par M. Rioux, pourrait nous faire rapport dans
les délais les plus brefs pour qu'on puisse présenter des
dispositions législatives en conséquence? C'est ça que je
vous ai dit.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Est-ce que, M. le ministre, le commissaire peut nous
faire rapport de ses activités au cours de la dernière
année, le nombre de plaintes ou de demandes d'information reçues
et traitées? Et peut-être qu'il pourrait, en même temps,
nous exprimer de quels pouvoirs additionnels il aurait besoin pour exercer
véritablement ses fonctions.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, me permettez-vous
juste d'ajouter, avant de passer la parole à M. le commissaire, M.
Rioux, que, de fait, l'an dernier, le commissaire faisait partie de
l'étude des crédits du ministère de la Justice. Et cette
année...
Mme Caron: Ça faisait partie de la protection du
consommateur mais, au moment où nous les avons étudiés,
vous n'aviez pas pensé que ces deux commissaires seraient vus et vous
m'avez proposé de les revoir à la Justice.
M. Rémillard: À la Justice. On l'a vu à la
Justice, c'est ça que je vous dis.
Mme Caron: Mais ils faisaient partie du programme 11 tous les
deux, comme cette année.
M. Rémillard: Oui. Mais, écoutez, c'est strictement
administratif. Ce que je vous dis, c'est que c'était à la
Justice. Cette année, c'est, au point de vue administratif, la
protection du consommateur. Mais ce sont strictement des questions
administratives. C'est le ministre de la Justice qui est le ministre
responsable de l'application de ces deux lois. Mais il n'y a pas de relation
entre protection du consommateur...
Mme Caron: La protection du consommateur... aussi fait partie de
la Justice. C'est le programme 11 pour les trois éléments.
M. Rémillard: Oui, mais écoutez, je pense qu'on va
s'entendre sur un point. Entre protection du consommateur et Commissaire aux
plaintes en matière de protection du territoire agricole ou le
commissaire responsable des plaintes en matière
d'électricité, ce sont trois choses complètement
différentes.
Mme Caron: Qui sont inscrites sous la même tête de
chapitre, Protection du consommateur, programme 11.
M. Rémillard: C'est une question administrative.
Mme Caron: Eh oui! M. Rémillard: D'accord.
Mme Caron: C'est pour ça qu'on les traite ensemble.
M. Rémillard: Alors, on s'entend. Bien oui, mais c'est
juste une question administrative. M. le commissaire, si vous vouliez
répondre à la question.
Le Président (M. Dauphin): Alors, juste pour les fins du
Journal des débats, M. le ministre, M. Roch Rioux, qui est
Commissaire aux plaintes en matière de protection du territoire
agricole. Allez-y!
M. Rioux (Roch): C'est bien ça. M. le Président,
madame, nous avons eu 8 demandes de renseignements qui ont été
acheminées à nos bureaux, auxquelles on a répondu. Ce
n'était pas, disons, relatif à des plaintes particulières.
C'étaient des renseignements divers, souvent concernant les
activités d'organismes qui gravitent un peu alentour du secteur
agricole. Nous avons eu également 2 plaintes que nous n'avons pu
recevoir parce qu'elles ne coïncidaient pas avec ce que la loi exige pour
qu'une plainte puisse l'être.
Mme Caron: Ce qui veut dire, M. le commissaire, qu'en deux ans
vous avez eu 21 demandes d'information et 10 plaintes jugées
irrecevables.
M. Rioux: Exactement.
Mme Caron: Est-ce que vous considérez que votre rôle
est essentiel?
M. Rioux: Bien, je dois vous dire qu'il ne m'appartient pas,
à moi, de déterminer si mon rôle est essentiel. Vous pouvez
me demander si j'ai beaucoup d'ouvrage.
Mme Caron: Ça, je n'ai pas besoin de vous le demander.
M. Rioux: Vous pouvez me demander si je suis bien fatigué,
ce serait... Mais en ce qui concerne la question à savoir si cet
organisme doit demeurer, c'est une décision qui est à
caractère politique et à laquelle je ne peux pas, moi-même,
donner de réponse précise. Je peux avoir des opinions
personnelles là-dessus, mais qui ne sont pas nécessairement
celles qui doivent être communiquées dans un forum comme celui-ci.
Disons simplement que, si l'organisme tel qu'il est constitué ne devait
pas connaître de modifications législatives, il me paraît
évident, à ce moment-là, que non seulement il ne remplit
pas un rôle qui est utile, mais qu'évidemment il devra
éventuellement être remplacé par autre chose ou voir son
contenu ou le mandat modifié de façon que le commissaire
devienne, disons, pour employer une expression assez particulière,
opérationnel, mais d'une façon efficace.
Mme Caron: Écoutez, M. le ministre, l'an dernier, pour un
budget de 366 900 $ et 5 personnes, le commissaire a reçu 13 demandes
d'information et 8 plaintes jugées irrecevables. On augmente son
enveloppe, cette année, de 1,1 %, on maintient 5 personnes. Donc, 371
100 $ pour 5 personnes et, la dernière année, il a reçu
une diminution. Il en avait très peu, mais il en a encore moins: 8
demandes de renseignements et 2 plaintes jugées irrecevables. Une
question bien simple: L'an dernier, devant les 13 demandes d'information et les
8 plaintes jugées irrecevables, nous nous sommes parlé le 1er
juin 1990, vous avez écrit à vos collègues le 9 janvier
1991, donc 7 mois plus tard. Nous avons le résultat de cette
année qui est 8 demandes de renseignements et 2 plaintes jugées
irrecevables. Est-ce que vous comptez réactiver très rapidement
le dossier?
M. Rémillard: Je vous l'ai dit et je vous le
répète, mes collègues sont déjà à
l'oeuvre et ce,
déjà depuis même près d'un an maintenant. Il
y a du travail qui se fait, il y a de la consultation qui se fait. D'une part,
vous avez l'UPA qui se fait une certaine idée du rôle du
commissaire; d'autre part, vous avez aussi les municipalités qui ont une
autre idée du rôle du commissaire. Il y a des consultations qui se
font.
Maintenant, pour ma part, comme ministre de la Justice, ce que je leur
dis, et je confirme ce que M. le commissaire Rioux vient de dire: Si on ne
modifie pas le rôle du commissaire, mieux vaut tout simplement abolir le
poste. C'est aussi évident que ça. Si on veut faire du
commissaire un commissaire avec de véritables pouvoirs, oui, très
bien, je veux bien, comme ministre de la Justice, faire en sorte qu'il puisse
avoir de véritables pouvoirs et ce n'est à moi à savoir
quels pourraient être les pouvoirs qu'on pourrait lui donner, parce que
je ne connais pas les besoins des agriculteurs ni la réalité des
choses telles qu'elles se passent en milieu municipal, mais je sais que mes
collègues responsables de l'agriculture et des municipalités sont
au travail, qu'ils vont proposer des modifications législatives. Je leur
ai proposé un comité de travail présidé par M.
Rioux. Il va faire rapport. Je vous confirme tout simplement que, s'il n'y
avait pas de modifications législatives, je pense que c'est une perte de
temps pour M. Rioux et que ça ne sert pas du tout les objectifs qui
étaient au départ les objectifs que l'on retrouve dans le mandat
ainsi que le rôle de M. Rioux. (11 h 30)
Mme Caron: Devant le peu de demandes, M. le ministre, pourquoi ne
pas avoir réduit le nombre de postes cette année? On a
réduit le nombre de postes à l'Office de la protection du
consommateur, pourquoi ne pas avoir réduit...
M. Rioux: Disons que nous n'avons pas renouvelé
l'engagement du conseiller juridique qui m'avait été
affecté. En ce qui concerne les postes qui demeurent, le minimum qu'il
faut pour un organisme d'État, il faut tout de même qu'il y ait
une secrétaire pour le président de l'organisme. Je peux tout de
même apprendre à dactylographier, je peux également
répondre au téléphone, mais ça devient un peu
fastidieux à la longue et je crois que nous avons...
Mme Caron: Mais vous êtes six là... vous êtes
cinq.
M. Rioux: J'ai une réceptionniste, j'ai un conseiller en
administration, c'est un poste un peu particulier, semi-professionnel, qui aide
à la rédaction du budget. J'ai ma secrétaire et ma
réceptionniste et je n'ai pas besoin d'avocat. Je n'en ai pas repris.
Alors, à l'heure actuelle, c'est un organisme qui doit survivre avec un
nombre de membres minimum. On peut bien lui enlever un bras, c'est douloureux,
c'est difficile de fonctionner, mais je pense qu'il y a un minimum de membres
qu'on doit avoir alentour de soi.
Maintenant, je crois que le problème n'est pas de se demander
jusqu'où on peut couper pour que cet homme puisse enfin finir par
mourir, mais jusqu'où on peut aller pour justifier le maintien de cet
organisme. Si on dit que l'organisme doit être maintenu, il doit
être maintenu au minimum avec les personnes qui sont actuellement
présentes, quitte éventuellement à les augmenter si
l'organisme devenait fonctionnel au point où un arrivage de dossiers qui
pourraient être sous-traités, etc., justifierait à ce
moment-là une augmentation de personnel. Mais, moi, je ne peux pas ne
pas avoir de réceptionniste et je ne peux pas ne pas avoir de
secrétaire, ni n'avoir quelqu'un qui m'aide dans mon budget. Vous
n'auriez peut-être pas ce budget-là devant vous aujourd'hui.
Mme Caron: Écoutez, M. le ministre, cinq personnes pour
dix demandes, ce serait inacceptable dans tous les domaines, tout à fait
inacceptable. Moi, ce que je dis, c'est que le rôle n'ayant absolument
pas eu... Il n'y avait pas de demande. Il n'y en avait pas l'année
dernière. On aurait sûrement pu réduire le personnel tant
et aussi longtemps que le mandat n'est pas révisé. Si le mandat
est révisé, c'est évident que... Mais à cinq
personnes, même si le mandat est révisé, j'ai bien
l'impression qu'ils vont pouvoir faire un bon bout de chemin.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Là-dessus, M. le Président, il
faut bien comprendre une chose. Je comprends, c'est évident qu'il n'y a
pas beaucoup de plaintes et, je l'ai dit tout à l'heure, si ça
devait demeurer comme ça, je pense que ça ne vaut pas la peine de
maintenir un commissaire, c'est évident. Donc, ou bien il y a des
modifications législatives ou bien le poste est aboli. Pour ma part,
c'est mon diagnostic.
Maintenant, il faut comprendre une chose aussi. Le commissaire ne se
croise pas les bras pour autant. Le commissaire a du travail à faire,
c'est-à-dire qu'il a monté des dossiers, il a monté une
documentation, il a fait du travail qui doit être fait lorsqu'on
crée un nouveau poste de ce genre-là et qu'on aborde un dossier
aussi difficile que ce dossier du zonage agricole en relation avec l'urbanisme.
Et on sait à quel point c'est un sujet qui est complexe, qui est
difficile. Par conséquent, le commissaire a mis beaucoup d'efforts
dernièrement, depuis sa création, à monter des dossiers,
à préparer, si vous voulez, le terrain que je dirais
d'information, de référence, de documentation. Et c'est là
que ça peut être extrêmement important, dans la mesure
où on lui donnera les outils nécessaires et le mandat
nécessaire, de pouvoir faire un travail qui pourra être utile si
on lui donne le mandat nécessaire et se référer à
un travail qu'il fait déjà depuis sa
nomination, en fonction d'une préparation de documents
d'information qui est aussi nécessaire.
Mme Caron: Je vous remercie, M. le ministre. Je vous remercie, M.
le commissaire et vous avez vraiment toute ma sympathie parce que j'ai vraiment
l'impression que vous devez vous sentir comme le réparateur Maytag du
gouvernement.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, et le
député d'Orford aurait une question aussi.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je veux dire
simplement à Mme la députée qu'en lui offrant ses
sympathies, presque ses condoléances, elle semble vouloir la mort du
commissaire.
Mme Caron: Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit, M. le
ministre. J'ai bien dit qu'on devait ou lui donner un véritable
rôle... Et je ne comprends pas qu'on ne l'ait pas fait au cours de la
dernière année, suite à la petite cassette.
M. Rémillard: Bon. Alors, elle devrait dire: Bonne vie au
commissaire dans une vie nouvelle!
Mme Caron: Mes sympathies, mais pas de la sympathie dans le sens
mortuaire.
M. Rioux: Non, non, je n'ai pas l'intention qu'on distribue mes
cendres bientôt.
M. Rémillard: Je voulais simplement que vous puissiez
préciser votre pensée, Mme la députée.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Orford.
M. Benoit: M. le ministre, peut-être juste mettre dans un
juste contexte le zonage agricole et donner une opinion plus qu'une question,
finalement. Dans le comté où je suis, pour vous montrer la
pression qu'il y a eu sur les terres agricoles... Il y a 55 000
résidents permanents et on figure, l'été, qu'on monte
à entre 100 000 et 120 000 personnes dans le comté d'Orford
à cause des lacs et de la proximité des plans d'eau. Alors,
imaginez-vous la pression qu'il y a eu depuis une quinzaine d'années sur
toutes sortes de gens qui ont voulu dézoner à peu près
tout ce qui pouvait être dézoné. Pour avoir
été autant pris entre les promoteurs . sur un bord, les
propriétaires de chalet, les agriculteurs, je dois dire,
honnêtement, que c'est un des grands problèmes qu'on a dans nos
bureaux de comté, des gens qui, constamment, viennent nous voir, ne sont
pas satisfaits des jugements. Mais au fur et à mesure qu'on
étudie les jugements qui ont été rendus, qu'on comprend
l'esprit de la loi-
Moi, je dois avouer que je suis d'accord qu'on regarde de nouveau toutes
ces lois-là, je n'ai pas de problème avec ça, mais je dois
admettre que cette loi-là a rendu service énormément
à nos régions. Il y a une question d'éducation. Au moment
où la loi a été passée, tout le monde, finalement,
se disait: En attendant qu'on puisse me dézoner. De plus en plus, les
gens réalisent que cette loi est là pour rester et que ce sera
compliqué d'être dézoné. Le contrepoids de
ça, c'est que, maintenant, les promoteurs essaient de travailler
à l'intérieur de cette loi-là, non plus de la
défier ou de jouer aux fins-fins avec la loi, mais bien de voir
où est-ce qu'il y a des zones où ils peuvent se construire. Au
total, je pense que cette loi-là a été importante. Les
gens qui viennent nous voir, finalement, souvent ne sont peut-être pas
satisfaits de cette loi-là, mais, après explications, ils
comprennent que c'était nécessaire dans l'histoire du
Québec.
Moi, encore une fois, je n'ai pas de problème qu'on regarde cette
loi-là, mais je pense qu'elle a très bien servi les
intérêts de l'agriculture, les intérêts des
régions périphériques à Montréal et j'irais
avec toute la parcimonie nécessaire, . si on doit regarder cette
loi-là. Je ferais bien attention d'ouvrir ça "at large". J'ai vu
assez d'anarchie en zonage, en habitation, en plein de choses dans nos
régions et, à cause de lois bien faites, je pense que j'irais
bien lentement. C'est vrai que les gens se plaignent, c'est vrai que les gens
voudraient construire une maison sur un cap de roche, telle la vieille
expression. La seule remarque que j'aurais, c'est peut-être que certains
jugements sont rendus sur-le-champ, des gens qui, effectivement, sont venus
voir sur-le-champ et peut-être que certaines études ont
été faites du haut des airs un peu vite. Mais, au total, moi, je
dois dire qu'après chaque étude de jugement que j'ai faite,
j'étais drôlement d'accord avec ce qui avait été
décidé.
Mme Caron: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Caron: Je m'excuse, M. le Président, c'est simplement
pour préciser au député que ce n'est absolument pas la Loi
sur la protection du territoire agricole dont il est question ce matin,
absolument pas la Loi sur la protection du territoire agricole, mais bien la
loi qui a créé le commissaire aux plaintes.
M. Benoit: Oui, oui. Je le sais.
Mme Caron: Ce sont deux sujets tout à fait
différents.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, ce n'est pas deux
sujets complètement différents, voyons donc, c'est deux sujets
qui sont intimement reliés. Et ce que vient de dire le
député d'Orford est un témoignage comme
député, comme il l'avait fait tout à l'heure en ce qui
regarde le commissaire à l'électricité, mais en fonction
des cas. Parce que ce sont des cas très concrets que, dans les
comtés qui sont particulièrement touchés par des
situations d'agriculture avec les municipalités...
Mme Caron: Oui, mais ces cas-là ne sont pas
réglés par le commissaire aux plaintes.
M. Rémillard: Oui, mais écoutez, c'est relié
directement et c'est bon. Si vous voulez qu'on change... Oui, mais c'est vous,
tout à l'heure, qui nous disiez qu'actuellement le mandat n'est pas
suffisant, qu'il faut le changer, ce mandat-là. Donc, s'il faut le
changer, le mandat, voyons-le en fonction de la perspective dans laquelle on
devrait le situer Or, cette perspective, c'est en fonction du zonage agricole.
Je suis convaincu, moi, que le député de Berthier, comme celui de
Beauce-Nord aussi, tout à l'heure, qui peuvent nous donner aussi des cas
qu'ils ont traités dans leur comté, ils vont vous dire qu'un
instant, eux aussi ne sont pas plus contents avec le fait que le commissaire
n'ait pas les pouvoirs pour exercer ses fonctions, mais qu'ils ont des cas,
dans leur comté, qui démontrent fort bien qu'il faut... Ou bien
on change le mandat ou bien on l'abolit, mais n'oublions pas de situer... Si on
veut vraiment donner au commissaire son rôle, tel qu'on voulait le faire,
n'oublions pas de le situer dans le contexte du zonage agricole. C'est
ça, la raison d'être. S'il n'y avait pas de zonage agricole,
est-ce qu'il y aurait un commissaire?
Mme Caron: On ne demande pas le changement de la loi.
M. Rémillard: À ce moment là,
écoutez...
Mme Caron: L'argumentation était à l'effet qu'on
demandait le changement de la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Rémillard: C'est pour ça que je trouve que les
témoignages qu'on vient d'entendre, M. le Président, sont
très pertinents.
Le Président (M. Dauphin): Sauf que, Mme la
députée, nous sommes évidemment au stade de l'étude
des crédits, et ce n'est pas nécessairement très limitatif
sur les sujets que nous pouvons aborder. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'élément 3? M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. Juste un questionnement,
une question que je veux vous poser. Libre à vous là...
Écoutez, on a souvent, comme l'a mentionné le ministre
tantôt, des cas de zonage agricole dans nos comtés, pour toutes
sortes de motifs, toutes sortes de raisons. Je ne sais pas si vous allez
corroborer ce que je ressens, des fois, chez moi. Sentez-vous, dans les
plaintes que vous avez, que les commissaires, par exemple, appliquent la loi
avec la même rigueur et la même cohérence dans l'ensemble
des cas? Je vais vous dire pourquoi. Moi, chez nous, j'ai des cas, par exemple,
qui sont similaires ou qui se ressemblent, si on regarde tout, quand ils
tiennent compte des nuisances agricoles, par exemple, la direction des vents,
les odeurs, les bruits, de tout ce que vous voulez, de la classe des terres
agricoles, de tout ça. On met tous les mêmes facteurs, les
critères sur lesquels ils vont baser une décision. Dans certains
cas, ils vont reconnaître ou ils vont accepter une aliénation ou
un lotissement ou le dézonage quasiment comme ça là,
instantanément. Un autre commissaire va recourir à certaines
choses, des fois, que la loi ou la réglementation, bon, c'est un peu
ambigu, puis... Écoutez, ils rendent des... Il y a des places, en tout
cas... Ce que je veux dire, c'est que pour des décisions semblables on
va rendre une décision blindée à l'effet qu'on ne peut
rien faire, que c'est agricole, que ça va rester agricole ad vitam
aeternam, puis dans des cas pareils, on dit: Oui, on ne voit pas d'entrave
à l'exploitation de l'agriculture, ça ne cause pas de
préjudices. Comprenez-vous ce que je veux dire? Dans les plaintes que
vous avez, est-ce que c'est ça? Est-ce que vous sentez que la rigueur,
qu'on a une rigueur qui...
Le Président (M. Dauphin): M Rioux.
M. Rioux: Bon. Disons que si j'étais membre de la
Commission de protection du territoire agricole, je pourrais peut-être
vous apporter une certaine réponse, si je jugeais opportun de me
substituer à la Commission, ce sur quoi je n'aurais pas
l'autorité, même dans ce cas.
La Commission de protection du territoire agricole fait partie de ce
quatuor, je ne dirais pas musical mais législatif, qui est
accompagné, dans l'exécution de ses morceaux, de la Cour d'appel,
du fonds spécial destiné aux agriculteurs, ainsi que du
commissaire. Bon. Le commissaire, donc, que je suis est dans une situation un
peu ambiguë, en ce sens que l'organisme qu'il dirige s'appelle
également le Commissaire, et je suis le commissaire du Commissaire. Je
m'occupe strictement des plaintes qui lui proviennent d'agriculteurs, à
la suite d'un règlement dont il déduit qu'il entrave les
activités pratiquées. Je n'ai absolument aucune relation avec les
questions de zonage agricole. Si la Commission s'adonne, à certaines
reprises, à des décisions quelconques, il y a un tribunal d'appel
qui, lui, est là pour en discuter. Ça ne sera certainement pas le
Commissaire aux plaintes en matière de protection du
territoire agricole qui va aller se mettre le doigt dans une chasse
gardée, d'où je me le ferais enlever ou couper.
M. Audet: Oui, mais, excusez...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Audet: Si je comprends, quand quelqu'un fait plainte chez
vous, c'est parce qu'il sent que la loi n'a pas été
respectée. C'est bien ce que je dois comprendre.
M. Rioux: La loi n'a pas été respectée sur
un plan tout à fait particulier. Il ne prétend pas que la loi n'a
pas été respectée. Il prétend qu'il se sent
entravé dans une activité agricole, suite à un
règlement municipal. Il ne le qualifie ni d'illégal ni de
légal. Il peut être parfaitement légal, mais ça
l'entrave. Alors, il dit: Venez donc voir ce qui se passe chez nous.
M. Audet: O.K.
M. Rioux: Si c'est un règlement, un règlement
d'urbanisme évidemment, qui entrave une activité
pratiquée, là, le cas, ça commence à nous
intéresser davantage. À ce moment-là, on se penche sur le
règlement et on commence à faire des études du dossier,
des enquêtes, etc. Et puis, éventuellement, on accepte la plainte
et on continue notre travail.
Mais ce n'est que sur ce secteur... Ce mandat est relativement
restreint. La Commission de protection du territoire agricole a un mandat
drôlement plus vaste que celui-là, parce qu'il vise un autre
résultat. La Commission a été formée dans un but
tout à fait particulier, qui est diamétralement différent
de celui qui prévalait à la rédaction de la loi qui a
formé, qui est à la base du rôle que joue...
M. Audet: Si, par exemple, la Commission rend une décision
qui limite... J'ai un cas chez nous, j'ai un exemple.
M. Rioux: Oui.
M. Audet: Un producteur agricole veut acheter la terre de son
voisin, en avant, de l'autre bord de la rue, lot contigu, qui, lui, vient de
cesser ses opérations. C'était une ferme immense, alors on donne
comme prétexte ici que ça peut... Lui est producteur agricole.
Mon cas, là, il est producteur agricole. On dit que s'il
achète... Dans un cas, on dit que s'il achète ça, c'est
vrai que ça va consolider l'entreprise agricole, c'est le terme qu'on
emploie souvent, et puis que ça ne vient pas créer de contrainte
à l'autre producteur agricole qui se départit de ce
lot-là. (11 h 45)
Dans un autre cas, la même chose. On dit qu'on peut supposer dans
ce cas-ci que le lot en face, qui est quand même contigu à la
ferme, pourra ou sera susceptible de créer, dans un avenir à
moyen ou à court ou à long terme, l'implantation de fermettes, de
petites fermettes. Je vous donne là et j'ai regardé les deux
décisions et je vous dis, M. le commissaire, qu'elles sont... En tout
cas, la classe de sol, les vents, ça se ressemble beaucoup, le milieu et
tout ça. Bon. Ce n'est pas le même commissaire, évidemment.
Et c'est là-dessus, moi, que je posais ma question tantôt. Je
comprends votre rôle, mais dans un cas comme celui-là, par
exemple, le producteur agricole, il dit: Oui, mais ils ne veulent pas me
reconnaître ça. Moi, j'en ai besoin parce que j'ai des porcs,
alors, en vertu de la loi de l'épandage, j'ai besoin de tant d'hectares
par tête de porc pour épandre. Là, l'Environnement me
harcèle... Comprenez-vous? C'est...
M. Rioux: Dans la mesure où le problème que vous
soulevez échapperait par hasard à un des organismes formés
par le ministère de l'Agriculture dont c'est le rôle exclusif
d'établir les politiques agricoles, ce serait peut-être
souhaitable que, dans certains cas, certains de ces problèmes puissent
être dévolus au commissaire aux plaintes. Mais encore faudra-t-il
qu'il y ait là une certaine logique dans le type de plaintes qui seront
acheminées. C'est pour ne pas qu'on ait de plaintes en vertu d'un
règlement ou des plaintes en vertu d'un accident d'automobile ou des
histoires comme ça. Disons qu'il faut qu'il y ait une certaine forme de
logique dans tout ça. À ce moment-là, c'est le rôle
du ministère de l'Agriculture, qui est maître d'oeuvre des
politiques agricoles, de déterminer ce qui, pour lui, est le mieux et
d'assigner aux personnes qui lui semblent les plus responsables le soin de
remplir les rôles qu'il définit dans la loi. Dans le cas
présent, ils avaient besoin d'un commissaire qui soit un peu
indépendant du municipal et de l'agriculture pour pouvoir jouer un
rôle... qu'il ne se sente pas lié. Alors, l'heureux gagnant, je le
félicite, a été le ministre de l'Agriculture qui a
été l'heureux titulaire.
M. Audet: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Audet: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Pas d'autres questions? Oui.
Dernière question sur l'élément 3, M. le
député de Berthier et adjoint parlementaire au ministre de
l'Agriculture.
M. Houde: Est-ce que je peux me permettre de m'adresser au
ministre, mais m'adresser plus spécifiquement à M. Rioux? Depuis
que la Commission a été mise sur pied, la Commission
de protection du territoire agricole, pour entendre les plaintes,
c'est-à-dire entendre les appels, lorsqu'elles sont refusées en
première instance à la protection du territoire agricole et
qu'elles s'en vont en appel, depuis environ un an, ce n'est plus les
mêmes personnes qui entendent les plaintes. Est-ce que, de votre part,
vous avez moins de demandes à ce moment-là?
M. Rioux: Là, j'aimerais que vous précisiez votre
question parce que vous dites: Lorsque quelqu'un n'est pas satisfait des
décisions de la Commission et qu'il va en appel, vous me demandez
comment je réagis.
M. Houde: C'est-à-dire pas tout à fait. C'est que
lorsqu'ils vont... D'abord, Ils ne vont plus devant les mêmes personnes
pour se faire entendre à nouveau lorsqu'ils vont en appel. C'est un
comité qui a été mis en place depuis un certain temps.
Est-ce qu'à partir de ce moment-là vous avez moins de plaintes
qu'avant? Est-ce que vous avez moins de demandes qu'avant?
M. Rioux: Je ne pourrais pas juger de la quantité des
plaintes. Le nombre que j'ai reçu peut être sujet à
certains facteurs. Vu le peu de plaintes que j'ai reçues, je ne pourrais
pas en déduire qu'elles sont dues nécessairement à la
formation d'un tribunal d'appel des décisions de la Commission de
protection du territoire agricole.
M. Houde: Ah bon! Parce que moi, ce que je peux vous dire, pour
nous, en tant que députés d'un comté rural comme la
plupart le sont, ici, aujourd'hui, c'est que ça va beaucoup mieux avec
la loi 90, Loi sur la protection du territoire agricole. Les gens sont beaucoup
plus satisfaits parce qu'ils ont la chance de se faire entendre à
nouveau, mais pas devant la personne qui leur a refusé et qui,
aujourd'hui, serait obligée de dire oui. Là, c'est beaucoup plus
facile pour des personnes qui entendent l'appel à l'effet que... Comme
l'exemple, la semaine dernière. J'ai un client qui m'appelle et il dit:
Mon voisin a une terre. Moi, j'ai acheté la terre. Je veux construire
une maison avec mon frère à côté. Je ne peux pas
détacher la première maison de la terre; à
côté, il a la permission de construire quatre maisons sur quatre
lots détachés. Ça fait qu'il dit: Qu'est-ce qu'on fait
avec ça? Je lui dis: Donne-le-moi. Donne-moi le numéro des deux
dossiers et je dois appeler à la protection cet après-midi pour
savoir quelle est la raison. Pourquoi? C'est dans le même rang. C'est
deux terres contiguës. Il ne peut pas faire quelque chose que l'autre ne
peut faire. C'est pour ça. C'est des choses comme ça...
M. Rioux: Écoutez, je ne doute pas du tout que la
commission d'appel puisse jouer un rôle qui vous paraît
intéressant par rapport à la situation antérieure, mais le
rôle de la commission d'appel n'a absolument aucune influence, ni directe
ni indirecte, sur la performance du Commissaire aux plaintes en matière
de protection du territoire agricole.
M. Houde: Ah bon! En tout cas, juste pour vous dire que ça
va beaucoup mieux que ça n'allait auprès des producteurs. Ils
sont beaucoup plus satisfaits.
M. Rioux: J'espère que ça aura des
répercussions bénéfiques, mais je ne les ai pas encore
senties.
M. Houde: Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Rioux.
Alors, nous revenons à l'élément 1, Office de la
protection du consommateur. Mme la présidente, Mme Bédard,
rebienvenue parmi nous.
Office de la protection du consommateur
Mme Caron: Merci beaucoup, M. Rioux. Alors, nous allons commencer
l'étude de l'élément 1. Je suis très heureuse de
rencontrer la nouvelle présidente et je m'excuse, tout de suite au
début, pour tous les gens de l'Office qui ont eu à attendre quand
même assez longtemps. Je pense que les deux commissaires aux plaintes
méritaient qu'on les étudie un petit peu plus longuement puisque,
l'année dernière, nous avions eu en tout et pour tout huit
minutes pour analyser ces deux dossiers.
Il y a énormément de dossiers que je souhaitais traiter au
niveau de l'Office, mais je vais devoir accélérer, compte tenu du
temps qui nous est alloué. Du côté du financement des
organismes de protection du consommateur, pour 1990-1991, on nous parle de 752
600 $ pour 41 organismes. Lorsqu'on considère que les deux commissaires
aux plaintes coûtent à l'État 978 300 $... Moi, j'aimerais
vous entendre, Mme la présidente, sur le financement des organismes de
protection du consommateur, à savoir si, pour 1991-1992, vous avez
l'intention d'augmenter ces budgets, puisque les associations de consommateurs
ont eu davantage de demandes au cours de la dernière année,
surtout au niveau des consultations budgétaires. On sait qu'il y a eu
une recrudescence à cause de la situation économique qui est
difficile et on sait aussi qu'au niveau des représentations et de la
défense des intérêts des consommateurs, il y a eu davantage
de représentations aussi de la part des associations de consommateurs.
Alors, les chiffres pour 1991-1992, est-ce que vous comptez augmenter les
subventions?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je veux
signaler que, dans le budget que nous présentons, il y a une
augmentation de 4,3 % pour les subventions aux associations de consommateurs.
Donc, on augmente les subventions aux associations de consommateurs. Je vais
demander à Mme la présidente de compléter.
Mme Bédard (Marie): Le budget de subventions pour les
organismes de protection du consommateur a subi, cette année, une
augmentation de 4,3 %. Je crois qu'il est important de dire que le budget de
subventions aux organismes a toujours été, si vous me permetttez
l'expression, protégé à l'Office. On a maintenu le niveau
ou on a tenté d'avoir une augmentation. Ce budget-là n'a jamais
été touché. Je pourrais ajouter également
qu'à ce budget-là on pourrait ajouter des montants qui
n'apparaissent pas au budget de subventions, des montants qui sont
versés à l'ACQ et à l'APA, des montants quand même
assez importants, de l'ordre de 70 000 $: 35 000 $ sont versés pour le
"Guide de l'auto", et pour le "Guide des jouets", le "Guide des livres", un
montant de 35 000 $ est ajouté, plus un autre montant de 40 000 $ qui
est versé aux associations pour des essais routiers. Ça
n'apparaît pas au budget de subventions, mais c'est des montants que les
associations reçoivent.
Bon. Si on ajoute le Protégez-vous... Protégez-vous
publie régulièrement des articles. Dans le dernier
numéro, on voit une page d'annonce du nouveau magazine Consommation
de l'ACEF centre; cette page-là est une page de 6000 $, mais c'est
une collaboration qu'on a avec les associations de consommateurs. Vous parliez
de consultations budgétaires. Un des mandats de l'Office est d'assurer
un soutien aux organismes. On apporte un certain soutien technique. Au niveau
de la consultation budgétaire, j'imagine que vous êtes au courant
que des discussions sont faites actuellement, un travail est fait entre les
associations, la FACEF, et l'Office pour regarder l'importance de la
consultation budgétaire pour savoir si c'est une activité qui est
rentable. Alors, des gens de chez nous travaillent avec les ACEF à ce
niveau-là et on verra les résultats, parce que... Je me demande
même s'il n'y a pas eu une rencontre hier ou il doit y en avoir une
prochainement, mais les données n'étaient pas précises.
Les ACEF nous disaient que c'était très rentable pour le
gouvernement d'investir dans la consultation budgétaire. Quand on s'est
tous mis autour d'une table, finalement, ces propos-là ne se sont pas
traduits dans des démonstrations très pratiques. Alors, on
travaille avec eux. On a deux ressources qui travaillent, je ne veux pas dire
à temps plein, mais deux ressources qui les supportent, et on verra les
résultats et les démarches qu'on pourra entreprendre si c'est
pertinent de les entreprendre.
Je pense également que tout le monde, compte tenu des budgets
réduits, participe à un resserrement. Les employés de la
fonction publique y participent. Est-ce que c'est pertinent de tenter,
réaliste de tenter d'augmenter aujourd'hui? Je crois qu'on a
réussi à maintenir le budget des associations de consommateurs.
On l'a même augmenté cette année. On fait un travail
auprès d'elles pour voir, pour bien cibler l'activité qui
pourrait être plus importante. Alors, avec ces données-là,
on fera une évaluation et les démarches qui s'imposent, si c'est
nécessaire.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Peut-être juste
apporter un petit élément. En 1985-1986 et 1986-1987, il y avait
eu un gel. On avait donné exactement les mêmes subventions pour
les associations de consommateurs. Il y avait eu une augmentation en 1987-1988,
une augmentation en 1988-1989; par contre, un nouveau gel en 1989-1990.
Mme Bédard: Oui, en 1990-1991...
Mme Caron: En 1990-1991, une augmentation.
Mme Bédard: ...une augmentation, c'est ça. Mme
Caron: D'accord. Est-ce qu'on doit...
Mme Bédard: Mais ce que je disais tout à
l'heure...
Mme Caron: ...prévoir un nouveau gel?
Mme Bédard: Mais ce que je voulais dire, si vous le
permettez, Mme la députée, c'est qu'on a toujours maintenu... On
n'a pas... Alors que des activités de l'Office ont vu leur budget
parfois être diminué, celui des subventions n'a jamais
été coupé.
Mme Caron: II y a eu des gels ou des augmentations. On me parle
d'augmentation de 4,3 % alors qu'on sait que les dépenses de
l'État augmentent de 6,9 %. Comme le travail a quand été
beaucoup plus lourd pour les associations de consommateurs cette année,
je pense qu'on les a vues à peu près dans toutes les commissions
parlementaires et elles ont été nombreuses - le ministre a
participé à certaines très célèbres - les
associations de consommateurs ont participé à tous les
débats de la société cette année. Au niveau de la
consultation budgétaire, elles ont eu beaucoup de demandes, beaucoup de
demandes à cause du taux de chômage qui a augmenté.
Automatiquement, les gens cherchaient des solutions et se sont tournés
du côté des associations de consommateurs. Alors, est-ce qu'il n'y
aurait pas eu lieu d'augmenter au moins au niveau des dépenses de
l'État?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais
peut-être rappeler, si vous me le permettez, les objectifs qui nous
guident dans ce programme que nous avons d'aide aux organismes de protection du
consommateur. On a deux objectifs principaux. Le premier, c'est de participer
au financement du fonctionnement d'organismes de protection du consommateur qui
accordent une part importante à l'action volontaire, au
bénévolat, de même qu'au financement de ceux qui se
préoccupent d'améliorer leur autonomie financière. Je ne
voudrais pas qu'on perde de vue cet objectif. C'est pour nous très
important, l'aspect bénévolat, entre autres. Le
bénévolat, ça n'a pas une grande, grande tradition, une
longue tradition au Québec, ça. On en arrive maintenant à
avoir un bénévolat tout à fait exceptionnel. Il n'y a
quand même pas tellement, tellement d'années, on laissait aux
communautés religieuses, entre autres, le bénévolat au
niveau des centres de santé, au niveau de l'éducation, au niveau
des gens plus démunis de la société. Et là,
maintenant, il y a un changement complet de mentalité. Ça
implique aussi le niveau de la consommation et les organismes que nous voulons
aider dans leur financement, nous voulons qu'ils puissent aussi faire appel au
bénévolat et qu'ils puissent aussi développer leur
autonomie financière. Donc, c'est un objectif qui est pour nous
très important. (12 heures)
Le deuxième, c'est de participer au financement de leurs projets
visant à favoriser une plus grande autonomie des consommateurs et la
protection de leurs intérêts. Ça aussi, c'est important
pour nous qu'on puisse consacrer de plus en plus l'autonomie du consommateur.
En fonction de ces deux objectifs, M. le Président, je mentionnais donc
tout à l'heure l'augmentation des sommes d'argent que nous donnons aux
organismes. Cette année, ce sera de 752 600 $, et je me permets de dire
que le Québec est la province qui alloue la plus grande somme d'argent
aux associations de consommateurs. Si on compare à l'Ontario, par
exemple - j'ai des chiffres qu'on me donne ici - l'Ontario leur consacrait 72
000 $ en 1988-1989, et c'était la province la plus
généreuse. Donc, ce n'est rien a comparer avec ce qui se passe au
Québec. Et on peut être fier du système, que ce soient les
ACEF, que ce soient d'autres organismes. Je sais que j'ai reçu une
lettre, hier je pense, à mon cabinet, là, de la
Fédération des associations, j'ai justement reçu une
lettre que je vais regarder, je vais vous trouver ça ici. C'est une
lettre de la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec. Évidemment qu'on me dit qu'il est
primordial que le budget de l'OPC soit augmenté, particulièrement
celui de l'enveloppe destinée aux groupes de consommateurs du
Québec. C'est ce que nous faisons, mais je vais regarder tous les
aspects de cette lettre, parce qu'elle m'est arrivée hier. Je l'ai
reçue hier, en fin d'après-midi.
Tout ça pour dire, M. le Président, que, pour nous, ce qui
est important, c'est qu'on puisse aider ces organismes de protection en
fonction du travail qu'ils font au niveau du consommateur, qu'on le fasse en
fonction des deux objectifs qui nous guident. Alors, il faut qu'ils aient une
autonomie financière. On ne peut pas toujours les financer à 100
%. On peut les aider au départ, mais qu'ils puissent avoir quand
même comme objectif leur autonomie financière, et j'insiste sur
cet aspect-là.
Mme Caron: Merci, M. le ministre. Du côté du
bénévolat, nous sommes parfaitement d'accord. Je pense que, si le
bénévolat n'existait pas au niveau du Québec, il ne se
passerait rien, même dans les partis politiques.
Vous savez, du côté de l'autonomie financière, il y
a un problème, parce qu'il y a effectivement un danger. Si on demande
aux associations de consommateurs d'aller chercher leur autonomie
financière, elfes doivent se tourner vers les consommateurs. Elles ne
peuvent pas se tourner vers leurs clients consommateurs qui ont le plus besoin
d'elles, ils n'ont pas les moyens de financer. Elles ne peuvent pas non plus se
tourner du côté des commerçants, parce qu'il y a risque de
conflit d'intérêts. Elles sont très limitées au
niveau des ressources de financement pour avoir une autonomie, là. Et ce
n'est pas évident que les consommateurs les plus en moyens sont
prêts à financer les associations de consommateurs, parce que ce
ne sont pas eux qui ont besoin la plupart du temps des services des
associations de consommateurs. Je pense que la FNACQ, avec l'appui de plusieurs
organismes, donc 17 autres organismes, a formulé en janvier 1990 des
demandes précises à votre bureau, M. le ministre, et à ce
moment-là au président de l'Office quant au financement des
associations de consommateurs. Le document est assez volumineux. On parlait de
mécanismes de financement à long terme, peut-être d'un plan
triennal. On parlait d'instauration d'un programme de subventions
récurrent, assurant un montant au moins égal à la
subvention reçue au cours de l'année précédente. La
FNACQ s'était également inquiétée des intentions du
gouvernement fédéral d'effectuer des coupures au programme de
subventions parce que, selon le ministre Pierre Blais, le programme s'adressera
avant tout aux associations pancanadiennes telles que l'Association des
consommateurs du Canada, éliminant ainsi la FNACQ et la FACEF.
Est-ce que, suite aux demandes précises qui ont été
déposés par la FNACQ en janvier 1990, vous avez
décidé de préparer un plan triennal? Parce que je me
souviens, l'année dernière, lors de l'étude des
crédits, vous nous aviez spécifié: S'ils ont des demandes
précises à nous formuler, qu'ils le fassent Donc, on janvior
1990, Ils ont
déposé des demandes. Qu'en est-il de ces demandes?
M. Rémillard: Évidemment, Mme la
députée, vous savez qu'on doit suivre les règles
administratives au niveau de l'État. Quelquefois, ça cause des
problèmes au niveau des associations, j'en conviens. Les associations
trouvent ça difficile qu'à tous les ans elles soient
obligées de revenir négocier leur budget, elles ne savent pas si
ça va être augmenté ou diminué, et ce n'est pas une
situation facile. D'autre part, il faut comprendre aussi qu'au niveau de
l'État et de ces organismes qui existent décentralisés,
l'État doit voir chaque année une évaluation en fonction
de l'administration qui a été faite. Donc, dans les faits, il y a
une récurrence; dans les faits, les budgets sont toujours en fonction de
ce qu'ils ont été et ils sont normalement majorés pour
nous. On tient à ce que, comme on l'a mentionné tout à
l'heure, ou bien ils aient été gelés ou bien ils aient
été augmentés. Et on n'a pas diminué les budgets
donnés aux associations. Cependant, on ne pourrait pas instituer, en
principe, cette récurrence parce que ça va à rencontre des
normes du Conseil du trésor qui existent depuis bon nombre
d'années.
Mme Caron: Du côté de la Santé et des
Services sociaux, des plans bien précis... Je pense, par exemple, aux
maisons d'hébergement, où il y a des plans triennaux qui sont
là. Est-ce que ce ne serait pas envisageable pour...
M. Rémillard: Le problème, c'est que, dans les cas
que vous mentionnez, quitte à les vérifier, il s'agit de cas
d'immobilisation. Souvent, dans ces organismes de santé, le coût
d'immobilisation est important, et c'est en fonction de l'immobilisation que
vous avez donc une garantie de récurrence. Mais dans le cas d'un budget
d'une association comme la nôtre, ce sont les normes du Conseil du
trésor. À ce qu'on m'informe, c'est qu'on ne peut pas
procéder à cette récurrence.
Mme Caron: Je vous remercie.
Je voudrais aborder un dossier qui a été soumis à
plusieurs reprises au cours de l'année. Il y a eu de la documentation
qui est parvenue à votre bureau ici, là-dessus sûrement, la
garantie des maisons neuves et de restauration résidentielle. Il y a
deux entreprises privées qui, actuellement, offrent de telles garanties:
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec et
l'Association de la construction du Québec. Il y a de plus la garantie
de construction pour vices cachés du Code civil. Le ministre
connaît très bien les difficultés d'accès à
la justice d'un grand nombre de Québécois; nous y sommes revenus
à plusieurs reprises au cours de l'année. L'APCHQ garantit, entre
autres, les vices cachés pendant un an de la prise de possession; il y a
la garantie de cinq ans pour pertes partielles et totales. Le constructeur doit
adhérer au programme Garantie des maisons neuves pour que le
propriétaire soit protégé, ce qui laisse supposer que
plusieurs propriétaires ne sont pas protégés parce que le
constructeur, lui, n'a pas à adhérer au programme de garantie.
Est-ce que vous savez que l'Association des consommateurs du Québec
dénonce ces programmes et réclame tout simplement la mise en
vigueur des articles 77 à 85 de la Loi sur le bâtiment, la loi 53
qui avait été sanctionnée le 20 juin 1985. La
Société d'habitation du Québec travaille actuellement sur
ce dossier avec les ministères du Travail et de la Justice en vue de
soumettre des recommandations pour la protection du consommateur. On sait qu'en
1989-1990 l'Office a reçu 28 249 plaintes concernant l'habitation et 26
879 demandes de renseignements. On ne connaît pas le nombre relatif
à la construction de maisons neuves. Donc, est-ce que vous entendez
répondre à cette demande de l'Association des consommateurs du
Québec, qui demande la mise en vigueur des articles 77 à 85 de
Loi sur le bâtiment, la loi 53?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, Mme la députée. Vous avez
souligné tout à l'heure, donc, que le ministère de la
Justice travaille en collaboration avec les autres ministères à
faire le point sur l'ensemble de la situation en ce qui regarde le cas
spécifique que vous venez de mentionner. Je vais me
référer à Mme la présidente pour vous
répondre.
Le Président (M. Dauphin): Mme Bédard.
Mme Bédard: L'Office travaille avec la Régie des
entreprises de construction avec les deux plans de garantie, l'APCHQ et l'ACQ.
Un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les
consommateurs lors de l'achat d'une maison neuve, c'est celui de la protection
financière. Les consommateurs acheteurs d'une maison neuve peuvent se
voir confrontés à certaines situations, suite à la
déconfiture de leur entrepreneur, tels la perte de dépôt,
des travaux inachevés, des vices cachés, etc. Les plans de
garantie qu'offrent les constructeurs pourraient représenter la
réponse à ces problèmes, à condition d'y apporter
certaines améliorations. Ce sont ces points-là qu'on discute
actuellement avec les représentants des deux plans de garantie. Les
discussions ne sont pas terminées; elles sont amorcées depuis
près d'un an, à ma connaissance, avec les deux groupes. À
ce jour, les plaintes des consommateurs et l'examen attentif de ces plans par
l'Office et la Régie des entreprises de construction nous ont
amenés à nous interroger sur certaines améliorations
à apporter à ces plans; principalement la
couverture du plan de garantie, le consommateur ne sait pas toujours
s'il est protégé ou comment il est protégé;
l'étendue de la couverture, le consommateur ne sait pas ce qui est
couvert par le plan; l'exercice de la garantie, la réclamation du
consommateur parfois est assez difficile et fait objet presque d'une course
à obstacles et la suffisance des réserves.
Alors, c'est sur ces points-là que nous discutons avec les deux
plans de garantie pour améliorer la situation des consommateurs.
Mme Caron: Mais le problème qui existe aussi, c'est que
les constructeurs ne sont pas obligés d'adhérer au programme
Garantie des maisons neuves.
Mme Bédard: Avec l'application du nouveau programme Mon
taux, mon toit, nous avons fait des représentations auprès de
la... ce pourquoi la SHQ s'est jointe au dossier, suite aux
représentations que l'Office a faites et la Régie des entreprises
de construction. Alors, juste une... Les plans, effectivement, ne sont pas
obligatoires. Si, un jour, ils le deviennent, suite à nos propositions,
on en fera une promotion.
Mme Caron: Mais pourquoi tout simplement ne pas mettre en
application la recommandation de l'Association des consommateurs du
Québec, c'est-à-dire la mise en vigueur des articles de la loi
qui sont déjà là, qui a été
sanctionnée le 20 juin 1985? Tout simplement mettre les articles 77
à 85 de la Loi sur le bâtiment en application. Qu'est-ce qui
empêche cette mise en vigueur?
Mme Bédard: Bon. La mise en vigueur de ces articles
viendrait rendre obligatoires les plans de garantie, mais nous
considérons qu'avant de les rendre obligatoires il y a une
amélioration de ces plans-là qui doit s'effectuer pour assurer
une meilleure protection des consommateurs.
Mme Caron: Ah bon! Alors, vous allez, dans un premier temps,
améliorer...
Mme Bédard: C'est ce que, nous, on tente de faire.
Mme Caron: ...et, ensuite, mettre en vigueur les articles.
Mme Bédard: Avant qu'ils soient mis en vigueur,
l'amélioration des plans doit s'effectuer effectivement.
Mme Caron: Pour quand pensez-vous pouvoir faire ces deux
points?
Mme Bédard: La partie du dossier qui nous concerne, soit
l'amélioration des plans de garantie, nous, notre agenda dans ce
dossier-là, c'est d'ici à la fin de l'été, pour
arriver à des ententes avec les plans de garantie.
Mme Caron: Donc, M. le ministre...
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, Mme la
députée...
Mme Caron: Juste pour finir là-dessus...
Le Président (M. Dauphin): ..parce que j'ai deux autres
députés qui m'ont demandé la parole, mais allez-y, dont un
sur le même sujet, mais terminez. M. le député de Hull
après.
Mme Caron: Ça s'adresserait à M. le ministre.
Puisque, au niveau de l'Office, on prévoit voir à
l'amélioration du programme Garantie de maisons neuves d'ici à
l'été, selon Mme la présidente, est-ce que vous comptez
demander à votre collègue la mise en vigueur des articles 77
à 85 de la Loi sur le bâtiment, suite à
l'amélioration du programme?
M. Rémillard: C'est des questions qu'on va regarder. Comme
le disait tout à l'heure Mme la présidente, il faut regarder tout
ça. Et vous vous êtes référée vous-même
aussi aux études que fait le ministère de la Justice
actuellement. Alors, les études sont en cours. Je ne peux pas
répondre à votre question immédiatement aujourd'hui. Mais
ce que nous recherchons, c'est la meilleure garantie possible pour les
consommateurs, c'est évident. C'est une piste. Maintenant, on verra ce
que les études vont nous donner.
Mme Caron: Donc, ce n'est pas le plan que vous me donniez
tantôt.
Mme Bédard: Mais si les plans... L'agenda pour la
réalisation d'une entente à ce niveau-là, madame? Je
m'excuse... (12 h 15)
Mme Caron: Vous me disiez tantôt que, dans un premier
temps, vous comptiez améliorer le programme Garantie des maisons neuves
et, ensuite, réclamer la mise en vigueur des articles. J'ai donc
demandé au ministre de la Justice s'il entendait suivre ce plan.
Finalement, il me dit...
M. Rémillard: Oui, ce que je vous dis...
Mme Caron: ...qu'il ne le sait pas. Il va analyser,
dépendamment des résultats.
M. Rémillard: Mais, non, ce que je vous dis... Je me suis
référé à ce que Mme la présidente venait de
vous dire tout simplement pour vous dire que je vais avoir les résultats
de leur étude des plans. Il y a le ministère de la Justice qui
est impliqué aussi, comme vous l'avez mentionné vous-même.
Je vais regarder ça, je vais l'analyser et je vais prendre une
décision.
Mme Caron: Est-ce que vous pensez que c'est un dossier qui peut
se régler au cours de la présente année?
M. Rémillard: J'espère qu'il va se régler
dans les meilleurs délais, et je sais que c'est une priorité au
niveau de l'Office, comme Mme la présidente l'a dit. Elle vient de vous
l'expliquer. Alors, pour ma part, on va suivre ce dossier de très
près.
Le Président (M. Dauphin): Si vous le permettez, je vais
reconnaître M. le député de Hull; ensuite, M. le
député d'Iberville.
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. le ministre, dans le
même sens que la députée de Terrebonne, j'aimerais vous
entretenir sur les garanties des nouvelles constructions, plus
spécifiquement en région limitrophe à une autre province.
Et là, je m'explique. Une subsidiaire d'une firme de Toronto construit
des maisons dans une ville du Québec et, bien sûr, elle
adhère à l'APCHQ aux fins de garantie. Mais elle fait faillite.
Et on découvre des vices de construction dans l'immeuble. L'APCHQ, dans
le cas dont a eu affaire à traiter, a fait des réparations. Le
propriétaire s'est plaint à nouveau pour dire que les
réparations n'avaient pas été faites selon les
règles de l'art, ce qui a été reconnu par l'APCHQ. Par
contre, l'APCHQ est d'avis qu'il n'y aura pas de problème avec les
réparations et elle est convaincue, pour une année... Il n'y aura
pas de problème. Mais, en tout cas, il peut y en avoir par la suite.
Mais où je veux en venir, M. le ministre, c'est que ça m'a
frappé, ce dossier, parce que j'ai dit: Écoutez, les petites
créances... C'était pour un montant de 1200 $. J'ai dit: En tout
cas, tu peux t'arranger pour aller aux petites créances. Aux petites
créances, ils disent: Oui, mais c'est une firme de l'Ontario. Alors,
j'ai dit: C'est simple, va aux petites créances de l'Ontario. Il y en a
à Ottawa. Alors, la personne se présente à Ottawa pour se
faire dire que la firme en question est originaire de Toronto. Alors, si elle
veut défendre ce dossier, elle doit aller à Toronto. Je veux
dire, ça n'a plus de limite, M. le ministre. Je me suis même fait
dire par les petites créances de Hull: S'il arrive un incident lorsque
vous êtes en voyage aux Îles-de-la-Madeleine, vous devrez aller
défendre votre dossier aux Îles-de-la-Madeleine. Je suis conscient
de ça. Si je me déplace pour aller ailleurs et si j'ai quelque
chose à réclamer de quelqu'un, il est normal que j'aille
là-bas. Mais je suis chez nous, dans ma ville, et j'achète une
maison chez nous d'un constructeur d'ailleurs et je dois me déplacer
ailleurs pour défendre mes intérêts. Il me semble qu'il y a
quelque chose qui n'est pas correct.
Il doit y avoir un trou dans la loi quelque part, qui fait en sorte
qu'on devrait for- cer ces constructeurs-là à venir se
défendre chez nous.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Hull pose une question très pertinente: un cas
de frontière interprovinciale. Il y a tellement de problèmes
juridiques qui se posent justement dans les cas de consommation, lorsqu'on vit
sur le bord des frontières d'une province par rapport à une
autre, entre autres les Hullois et les gens de l'Outaouais qui vivent tout
près des frontières de l'Ontario et qui vont acheter en Ontario,
et les commerçants de l'Ontario qui livrent leur marchandise au
Québec. On a des problèmes de fiscalité qu'on
connaît, mais aussi des problèmes comme vient de mentionner le
député de Hull. Comme ministre de la Justice, je me garderai bien
de donner une opinion juridique comme telle, parce qu'il s'agit strictement
d'une question juridique qui se réfère au lieu où a lieu
le contrat qui, normalement, est le lieu du litige comme tel. Alors, là,
je n'irai pas plus loin, parce que ce serait donner une opinion juridique et,
par conséquent, j'excéderais mes juridictions dans une commission
parlementaire, M. le Président, si ma connaissance de nos règles
est exacte.
Le Président (M. Dauphin): C'est exact.
M. Rémillard: Cependant, peut-être que Mme la
présidente pourrait commenter sur des problèmes de cette nature
qu'il pourrait y avoir et qu'elle pourrait vous donner des
éclaircissements.
Mme Bédard: Le consommateur, effectivement, a un certain
problème. Le commerçant n'ayant pas de place d'affaires au
Québec, il nous est impossible de le poursuivre.
M. LeSage: Le problème qui se pose, si vous me permettez,
M. le ministre, c'est qu'il en avait une place d'affaires. C'était un
subsidiaire de l'Ontario, mais il a fait faillite, alors il n'en a plus. Il en
avait, mais il n'en a plus à cause de la faillite. Il devrait y avoir un
mécanisme quelconque dans l'histoire des faillites qui ferait en sorte
qu'il resterait de l'argent quelque part pour garantir...
Mme Bédard: Écoutez, M. le député, si
on pouvait prendre connaissance du dossier...
M. LeSage: Pas de problème.
Mme Bédard: ...vous pourriez nous faire parvenir le
dossier. On pourrait le faire voir par la direction des affaires
juridiques.
M. LeSage: Ça va me faire plaisir, Mme la
présidente.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le député d'Iberville.
M. Lafrance: M. le ministre, j'ai, je ne dirais pas souvent, mais
à l'occasion, des consommateurs qui se présentent à mon
bureau de comté. Ils sont évidemment conscients des lois sur la
protection du consommateur et du processus aussi pour avoir recours à
ces lois-là. Mais les quatre ou cinq cas que j'ai eus depuis un an et
demi sont relatifs à la lenteur du processus judiciaire. Je
réalise que ce n'est pas dans le mandat, évidemment, de
l'organisation de l'Office de la protection du consommateur, mais ça
affecte quand même des consommateurs comme tels qui se sont plaints de la
lenteur avec laquelle leur cas passe en cour. J'aimerais savoir si vous avez
été sensibilisé à ce problème-là
ailleurs dans la province et si on peut améliorer la situation, parce
qu'on m'a parlé, dans certains cas, de plus d'un an, voire même
jusqu'à deux ans.
M. Rémillard: En fonction de quoi, M. le
député?
M. Lafrance: C'étaient des consommateurs, par exemple,
dans un cas de recours contre une petite compagnie, contre une petite
corporation qui avait fait du revêtement d'aluminium sur le toit. C'est
ce genre de cas. Les gens venaient à moi après que leur avocat
leur eut dit de le faire pour essayer d'accélérer le
processus.
M. Rémillard: Le processus judiciaire, vous voulez dire,
devant les tribunaux.
M. Lafrance: Oui, judiciaire.
M. Rémillard: Là, vous parlez des délais.
Remarquez, les délais devant les tribunaux, ces délais sont
normalement de trois à neuf mois présentement au niveau civil, je
ne parie pas du niveau criminel ou pénal. Au niveau civil, on essaie de
les garder dans cette perspective-là. Maintenant, c'est évident
que, quand vous vous adressez au processus formel de justice,
c'est-à-dire les tribunaux judiciaires, le processus peut être
lent parce qu'if y a le système d'appel, il y a les remises que les
avocats peuvent demander aussi, et c'est très coûteux. C'est comme
ça, comme ministre de la Justice, que j'en arrive à la conclusion
qu'actuellement le citoyen moyen, c'est-à-dire celui qui n'est pas
très pauvre... Et je me réfère à l'aide juridique
qui est a 170 $ de revenu brut pour une personne seule. Alors, il faut vraiment
être pauvre ou bien très riche. Là encore, il faut
être très riche. Mais le citoyen moyen, au milieu, là - et
c'est la très grande majorité de la population - n'a plus les
moyens de se payer un procès. C'est ça, la réalité
des choses. Il n'a absolument plus les moyens. Alors, c'est pour ça
qu'il y a 75 % des cas qui vont se régler hors cour. L'Office de la
protection du consommateur, son action est beaucoup en fonction de la
conciliation, de la médiation, pour amener le consommateur à
régler hors cours, parce que le processus formel, il est lent, il est
difficile, il est coûteux. Même, vous allez gagner votre cause, et
vous allez l'avoir perdue en fonction de l'argent, finalement, que vous venez
de mettre dans votre poche. Ça vous a coûté trop cher de
frais, trop cher d'avocat, non pas parce que les avocats chargent trop cher,
mais eux aussi ont leurs frais à payer.
Le problème, c'est que le processus ne fonctionne plus. C'est
pour ça que je veux saluer le travail de plus en plus important de
l'Office en ce qui regarde la conciliation, la médiation.
Habituellement, ça porte fruit. On rencontre le consommateur, on
rencontre aussi le commerçant, et puis ils parviennent à un moyen
terme et ils s'entendent. S'ils ne s'entendent pas, nos tribunaux sont toujours
là, mais ça signifie quand même un processus qui est lent,
difficile et coûteux. C'est un processus formel. On ne pourra pas
beaucoup améliorer ce processus. On peut ajouter des juges pour diminuer
encore un peu les délais, oui, bien qu'au niveau civil ça ne
cause pas tellement de problème, c'est aux niveaux pénal et
criminel. D'ailleurs, on va probablement ajouter quelques juges très
prochainement encore à la Cour du Québec pour les domaines
criminel et pénal. Mais, ce qu'il faut, c'est développer tous ces
mécanismes de médiation et de conciliation et d'arbitrage qui
peuvent amener les parties à régler leurs litiges sans avoir
recours au processus formel. Et c'est comme ça que l'Office fait un
travail remarquable.
Je pourrais peut-être demander à Mme la présidente
de nous donner des chiffres précis sur les règlements des litiges
par conciliation, médiation.
Le Président (M. Dauphin): Mme Bédard.
Mme Bédard: Peut-être noter que ce pourcentage de 75
% de règlement des problèmes des consommateurs est une
augmentation par rapport à l'an passé. L'an passé, le taux
d'indemnisation était de 71 % des plaintes. Cette augmentation du taux
d'indemnisation est due peut-être à une augmentation de la
productivité, à une augmentation de l'envoi de formulaires de
plainte que l'Office fait aux consommateurs, donc une augmentation des dossiers
traités. On met un accent sur la formation des agents de protection des
consommateurs, ceux qui reçoivent les plaintes, et un accent aussi sur
les directeurs de ces bureaux régionaux pour que ces gens-là
soient à la fine pointe de l'information et des nouvelles lois. Je peux
vous donner des statistiques plus précises en nombre de plaintes et de
dossiers résolus.
Au cours de la dernière année, l'Office a eu
384 397 demandes, dont 206 415 demandes de renseignements, ce qui
correspond à un taux de 53 % et, comparativement, 46 % de ces demandes
étaient des plaintes, soit 177 982 plaintes. À ces 177 982
plaintes, on a expliqué, on a réglé par l'explication de
recours civils aux consommateurs en leur donnant les informations pour qu'ils
puissent entreprendre leur démarche. On a expliqué ces
recours-là à 71 439 consommateurs et on a dû envoyer des
formulaires de plainte à près de 30 000 consommateurs. Ces
formulaires de plainte, peut-être je vais prendre quelques instants pour
expliquer leur rôle. Ce formulaire-là, on l'envoie au consommateur
qui le complète. C'est un formulaire très simplifié. Il en
envoie une copie au commerçant avec qui il a un problème, une
copie à l'Office et il conserve la troisième partie. Le seul fait
d'envoyer le formulaire de plainte au commerçant règle un nombre
très élevé de situations.
M. Lafrance: Je vous remercie, madame, pour toutes ces
précisions. Ça me fait penser que, récemment, j'ai lu de
nombreux articles sur la possibilité que la Chambre des notaires... On
veut essayer de réviser le mandat traditionnel qu'ont les notaires pour
les amener peut-être à conseiller les consommateurs, plutôt
que de les diriger automatiquement vers des firmes d'avocats ou des
procédures juridiques. Est-ce qu'il y a un rapprochement dans ce
sens-là, pour aider toujours le consommateur, entre l'Office de la
protection du consommateur et la Chambre des notaires dans le moment qui
pourrait se faire?
Mme Bédard: Je dois vous avouer, M. le
député, qu'actuellement, non, on n'a pas eu de discussion avec la
Chambre des notaires. On fait notre action de médiation et de
conciliation avec les commerçants. Le taux de succès est assez
élevé et on tente de limiter au maximum les recours aux
tribunaux. Je dois peut-être vous préciser que le délai de
résolution des plaintes, de traitement, est de 20 jours, en moyenne.
Alors, c'est un processus qui est assez rapide.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Je voudrais peut-être, M. le
Président, très brièvement, souligner la pertinence de la
question posée par le député d'Iberville. M. le
Président, c'est d'autant plus pertinent que vous savez que la
réforme du Code civil, j'en ai présenté la première
lecture ou fait la présentation en Chambre au mois de décembre
dernier. Nous présenterons le principe à la mi-mai pour ensuite
procéder à l'étude article par article à partir de
la mi-août. La sanction pourrait avoir lieu probablement en novembre,
l'application en 1993. Donc, c'est un grand projet de société, la
réforme du Code civil. J'y mets toutes mes énergies. (12 h
30)
Dans cette réforme du Code civil, il y a une innovation
très importante qui est l'hypothèque mobilière, donc la
possibilité d'avoir une hypothèque sur dès meubles.
Là - et je l'ai souligné dans mes notes d'introduction - c'est
intéressant de voir que le consommateur pourra avoir une autre source de
financement, à un taux souvent plus acceptable au point de vue
conditions de prêt par les banques, donc une garantie mobilière.
Alors, on pense au rôle du notaire, on pense au rôle de l'avocat,
on pense au rôle de la protection du consommateur qui est là
aussi. Alors, dans un aspect très important, donc, de la réforme
du Code civil, vous aurez cet aspect très important, comme, aussi, je me
permets de le souligner très brièvement, dans la réforme
du Code civil, la responsabilité du fabricant qui, directement, va
être reliée au rôle de l'Office de la protection du
consommateur. Là aussi, on apporte des éléments
nouveaux.
Donc, votre question était très pertinente, M. le
député d'Iberville, et je crois que la réforme du Code
civil va nous amener quand même à des solutions très
intéressantes à bien des interrogations que vous aviez et des
problèmes que vous avez posés.
Le Président (M. Dauphin): Je vous remercie, M. le
ministre. Merci, M. le député. Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Terrebonne, en vous signalant
qu'il nous reste six minutes à nos travaux.
Mme Caron: Merci, M. le Président. En réponse
à de nombreuses plaintes de la part des consommateurs, l'ACEF de
Lanaudière a fait parvenir, en octobre dernier, à l'Office de la
protection du consommateur, un mémoire pour assurer une meilleure
protection aux acheteurs d'électroménagers usagés,
puisqu'il y a beaucoup de plaintes dans ce secteur-là. On propose de
soumettre ce marché à des règles comparables à
celles régissant la vente d'automobiles usagées. Nous avons
soutenu cette demande-là auprès de l'Office. J'aimerais savoir
où en est rendu ce dossier.
M. Rémillard: Dans ce domaine-là, il y a des
recours qui existent déjà, et je demanderais à Mme la
présidente de pouvoir faire le point là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Mme Bédard.
Mme Bédard: Le mémoire de l'ACEF de
Lanaudière contenait deux recommandations: une à l'effet de
modifier la Loi sur la protection du consommateur afin d'adopter certaines
modifications nécessaires qui prévalent à l'achat de
véhicules usagés, et d'informer les consommateurs sur l'achat
d'appareils électroménagers. La Loi sur la protection du
consommateur protège déjà le consommateur sur ces
points-là, et je dois
vous dire qu'au cours des cinq dernières années, soit de
1987 à 1991, l'Office n'a reçu que 138 plaintes concernant la
vente d'appareils électroménagers, qu'on a traitées. Si
vous voulez avoir des statistiques, je peux vous donner la série de
statistiques de résolutions. Peut-être, pour être
brève, je peux vous dire que, finalement, on a regardé, on a
analysé le mémoire. Il nous apparaît que c'est une question
d'exercice des droits des consommateurs plutôt qu'une absence de recours,
parce que notre loi protège et a des dispositions particulières
qui couvrent les demandes de l'ACEF de Lanaudière. On parlait
d'étiquetage, on voulait avoir l'étiquette comme on a sur les
véhicules usagés. Au niveau des véhicules usagés,
bon, si on remarque le taux ou... Un des problèmes, c'est ça. On
nous dit que les étiquettes ne sont pas assez complètes. Alors,
ça ne donnerait pas d'information additionnelle dans ce
secteur-là. Qui est l'ancien propriétaire de
l'électroménager? Qui est l'ancien propriétaire du
frigidaire? Est-ce que ça ajoute quelque chose au consommateur? Je ne
crois pas. C'est un dossier qu'on surveille de très près,
toutefois.
Mme Caron: Dans le même sens puisque... Le
Président (M. Dauphin): Mme la députée.
Mme Caron: ...vous nous ouvrez la porte sur les autos aussi en
même temps. Le ministre vient de déposer un projet de loi et j'ai
lu, en fin de semaine, un article dont vous avez sûrement pris
connaissance, qui mettait à jour une fraude concernant les automobiles.
Et je me réfère à l'article qui a paru le 21 avril:
"Fraude monumentale: 500 autos et 20 000 000 $. Lorsqu'on regarde un petit peu,
il semble que ça se fasse principalement au Québec. Ça se
fait également dans les autres provinces, mais ça se fait d'une
manière plus spécifique, par exemple, au Québec. Il semble
que ce soit assez gros comme activités frauduleuses et qu'il y ait une
enquête actuellement et que, malgré toute la publicité qui
tourne autour de ce sujet-là, les activités frauduleuses
continueraient. Je me demande si l'Office s'est penché sur ce
sujet-là ou si c'est un domaine qui lui est tout à fait inconnu,
qui lui était tout à fait inconnu jusqu'à maintenant.
M. Rémillard: Alors...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...M. le Président, évidemment
que Mme la députée soulève une question d'enquête
policière. Donc, c'est le domaine criminel des fraudes. Par
conséquent, c'est le processus normal qui s'applique,
c'est-à-dire que vous avez une enquête policière. Les
policiers, ensuite, rencontrent un procureur de la couronne. Ils lui expliquent
les preuves qu'ils ont. Le procureur de la couronne étudie et
décide s'il faut porter plainte et poursuivre devant les tribunaux ou
non.
Mme Caron: Est-ce qu'il y avait eu des plaintes des consommateurs
là-dessus, avant?
M. Rémillard: Je peux demander à Mme la
présidente s'il y avait eu des plaintes de consommateurs dans ce
domaine-là.
Mme Bédard: Dans ce cas particulier?
Mme Caron: Parce qu'on parle de 500 autos, 20 000 000 $. Ce
serait une très grosse fraude qui toucherait beaucoup de consommateurs.
Est-ce que vous aviez été saisi de ce
problème-là?
Mme Bédard: On me dit que ce sont les commerçants
qui ont été victimes de fraudes et non les consommateurs.
Mme Caron: Les consommateurs aussi, par la suite, parce qu'il
semble que ce soit une chaîne.
Mme Bédard: Nous, on n'a pas eu de plaintes de
consommateurs à ce sujet-là.
Mme Caron: Vous n'avez pas eu de plaintes?
Mme Bédard: Non. On n'aurait pas eu de plaintes à
ce sujet-là, au sujet de cette fraude-là, non.
Mme Caron: Parce que, si je saisis bien l'article, il semblerait
qu'un citoyen achète, par exemple, une automobile à un
commerçant, fasse financer son automobile, fasse ses paiements,
décide, au bout de x mois, de vendre son automobile à un
consommateur qui, lui, refinance l'automobile et le premier consommateur
continue à faire ses paiements, encaisse l'argent de la vente de
l'automobile. La même automobile peut être revendue à un
troisième consommateur et on continue comme ça et, à un
moment donné, le premier consommateur décide qu'il ne fait plus
les paiements. Il a assez profité de l'argent. Il a fait suffisamment
d'intérêt sur cet argent-là. Il arrête ses paiements
et, là, on va saisir l'automobile. Ça peut être le
deuxième ou le troisième consommateur qui, tout d'un coup, se
fait dire: Votre auto, les paiements sont arrêtés. Et ça me
semble très gros. Je me demandais s'il y avait eu des plaintes chez vous
là-dessus.
Mme Bédard: On m'informe qu'on n'a eu aucune plainte.
Mme Caron: Absolument pas? Moi, c'était nouveau aussi.
Mme Bédard: Et si on en avait eu, on peut vous
assurer...
Mme Caron: Paru; que c'est récent, le 21 avril,
là.
Mme Bédard: Oui. On n'a aucune plainte. Si on avait eu des
plaintes des consommateurs, on les aurait référées au
corps policier concerné. Mais on n'a pas...
Mme Caron: C'est ça. Ça m'a étonnée
qu'il n'y ait eu aucune plainte, en tout cas, à ma connaissance non plus
sur quelque chose d'aussi gros.
Mme Bédard: On suivra quand même cette
question-là.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, Mme la
présidente. C'est tout le temps qui nous était alloué pour
faire l'étude du programme 11 du ministère de la Justice. Alors,
le mot de la fin, peut-être, Mme la députée de Terrebonne
et M. le ministre?
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): En 10 secondes.
Mme Caron: Oui, en 10 secondes. Eh bien, c'est évident que
j'avais encore une kyrielle de dossiers dont j'aurais aimé traiter. Le
dossier de la protection du consommateur est un dossier dont nous pourrions
parler durant plusieurs heures. Je tiens vraiment à remercier le
ministre pour sa collaboration ainsi que la présidente de l'Office de la
protection du consommateur, tout le personnel qui était ici pour nous
aider pour qu'on obtienne des réponses, les deux commissaires aux
plaintes qui ont dû répondre à nos questions. Je pense que,
ce matin, nous avons pu faire le tour de plusieurs sujets, et je vous
remercie.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je voudrais
remercier Mme la présidente de l'Office de la protection du consommateur
et son équipe pour l'excellent travail qu'ils font; remercier les
membres de la commission qui ont participé si activement à nos
débats: le député de Hull, le député de
Berthier, le député de Beauce-Nord, le député
d'Orford et le député d'Iberville qui ont été
très présents et qui ont apporté leur contribution. Je
tiens à les remercier pour ce qu'ils ont fait, et la
députée de Terrebonne, critique officielle de l'Opposition, qui a
posé des questions pertinentes et qui nous a amenés à
discuter des différents programmes de l'Office. Je veux vous remercier,
M. le Président, vous-même, pour votre présidence, et Mme
Giguère, pour le secrétariat, et tout le monde qui a
participé à ces crédits.
Je veux dire, en terminant, que, pour moi, c'est une très grande
préoccupation, comme ministre de la Justice, que 1a protection du
consommateur. Je cherche un plus grand équilibre possible entre le
consommateur, entre le fabricant, entre le commerçant, le vendeur et,
dans ce cadre-là, je présente des projets de loi. Le dernier
projet de loi que j'ai présenté, hier, M. le Président,
c'est pour réglementer la location à long terme des biens
mobiliers comme, par exemple, les voitures, la location à long terme des
voitures ou d'autres biens mobiliers. Je pense que ce sera là une
contribution importante pour une meilleure protection du consommateur. Donc,
merci, M. le Président, à tous ceux qui ont participé.
Adoption des crédits
Le Président (M. Dauphin): Alors, à mon tour, au
nom de tous les membres de la commission, nous vous remercions, M. le ministre,
de vous être prêté à cet exercice démocratique
d'étude de crédits, ainsi que Mme la présidente de
l'Office de la protection du consommateur, les deux commissaires qui
étaient présents tantôt et toute l'équipe qui vous
accompagne, autant politique qu'administrative. Alors, la commission des
institutions a accompli son mandat. Est-ce que le programme 11 du
ministère de la Justice est adopté?
Mme Caron: Sur division. M. Rémillard:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
Est-ce que tous les crédits budgétaires du ministère de la
Justice pour Tannée financière 1991 -1992 sont
adoptés?
M. Rémillard: Adopté.
Mme Caron: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Alors, adopté.
Mme Caron: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 44)