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(Quinze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Dauphin): Nous allons débuter nos
travaux. Le quorum étant constaté, je déclare ouverte la
séance de la commission des institutions qui a pour mandat, cet
après-midi et ce soir, de procéder à l'étude des
crédits budgétaires concernant le ministère de la
Sécurité publique, programmes 1 à 8, pour l'année
financière 1991-1992. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: II y a un seul remplacement, M. le
Président, M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par M.
Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Je rappelle aux
membres de cette commission que nous avons une enveloppe de cinq heures qui a
été prévue pour cette étude, dont trois heures cet
après-midi et deux heures ce soir. Il y a un autre remplacement?
Allez-y.
La Secrétaire: Oui. M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) sera remplacé par Mme Vermette
(Marie-Victorin).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. À ce
stade-ci, j'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre de la
Sécurité publique et à toutes les personnes qui
l'accompagnent. Je lui demanderais de nous présenter les personnes qui
l'accompagnent à la table des invités - peut-être pas de
nous présenter tout le groupe qui vous suit derrière - et ensuite
de procéder à vos remarques préliminaires. Alors
bienvenue, M. le ministre, et la parole est à vous.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, ainsi que vous l'avez presque
insinué, un grand nombre de personnes sont venues exprimer leur
solidarité avec le gouvernement cet après-midi, je les en
remercie. Mais cette prétention ayant été tout de suite
effacée, je voulais vous présenter immédiatement les
personnes qui m'accompagnent. J'aurai probablement l'occasion de vous
présenter d'autres personnes au cours de la journée, à
mesure que nous pourrons aborder divers programmes. À ma gauche, M.
Jacques Beaudoin, qui est le sous-ministre de la Sécurité
publique. À la gauche de M. Beaudoin, M. Robert Lavigne, le directeur
général dé la Sûreté du Québec. Et
à ma droite, M. Michel Noël-de-Tilly, sous-ministre associé
à l'administration et aux finances au ministère de la
Sécurité publique, évidemment.
Ceci étant dit, je voudrais vous donner communication d'une
brève note que j'ai préparée en guise d'introduction, avec
l'aide de mes collaborateurs. Évidemment, je pense que c'est l'occasion
de faire le point sur l'année écoulée, sur l'année
qui commence, après quoi j'écouterai avec plaisir les propos du
porte-parole de l'Opposition et des députés.
Les vocations du ministère de la Sécurité publique
sont multiples et variées. Elles vont de la protection policière
courante à la gestion des services de détention et de
réinsertion sociale à l'intention des personnes qui
contreviennent aux lois, de la gestion des sinistres d'envergure à
l'émission et au contrôle des permis de vente de boissons
alcooliques, en passant par la recherche des causes et circonstances des
décès. Toutes ces fonctions se retrouvent sous le vocable de la
Sécurité publique, terme large à souhait, embrassant tout
ce qui peut se relier à l'ordre public, à la tranquillité
des citoyens et aux rapports paisibles entre les individus et les
collectivités.
Parmi les fonctions dévolues au ministère de la
Sécurité publique, certaines sont stables et permanentes,
d'autres répondent à des besoins urgents, graves et
impérieux. Vu que ces derniers ont pris beaucoup d'importance en
1990-1991, j'en traiterai d'abord, ne serait-ce que pour répondre
à maintes questions que l'on adresse au gouvernement à ce
sujet.
Au premier rang des événements qui ont fortement
mobilisé les ressources et les énergies du gouvernement en
1990-1991, il y eut évidemment la crise amérindienne. Par son
caractère très dur, par sa longue durée, par l'ampleur des
ressources qu'elle mobilisa, cette crise restera comme l'une des plus
difficiles et des plus coûteuses de notre histoire. Comme les
problèmes qui la suscitèrent ne peuvent trouver de solutions
complètes et définitives à court terme, les effets de la
crise continuent à juste titre de préoccuper l'opinion
publique.
Rappelons d'abord une première caractéristique de la crise
amérindienne. Celle-ci fut à bien des égards
marquée par de nombreux actes criminels qu'aucune société
fondée sur la primauté de la loi ne saurait approuver. Mais elle
fut aussi inspirée par des motifs politiques qui rendaient beaucoup plus
délicate la gestion de la crise.
La Sûreté du Québec fut dès le début
plongée au coeur du dilemme auquel doivent faire face les
autorités publiques en pareille situation. Il n'était pas
possible, vu le caractère très particulier de la crise, que la
Sûreté s'en tienne à une action strictement
policière et se borne à réagir suivant les normes dont
elle use habituel-
lement. Cette approche eut risqué d'engendrer des affrontements
violents que l'autorité politique voulait éviter. Il fallait
ainsi mettre au point jour après jour une stratégie
d'intervention qui visait le dénouement de la crise dans le respect de
la vie humaine et des droits fondamentaux des personnes. Grâce à
l'action conjuguée des forces policières et de l'autorité
politique, grâce aussi à la collaboration qui s'instaura entre les
autorités municipales, québécoises et
fédérales, la crise fut résolue sans effusion de sang, si
ce n'est la mort tragique de l'agent Marcel Lemay, et sans que soient suspendus
les libertés et les droits garantis par les chartes
québécoise et fédérale des droits de la
personne.
Je veux de nouveau souligner que, dans l'ensemble, le gouvernement fut
et demeure satisfait de la performance fournie par la Sûreté du
Québec en relation avec la crise amérindienne. À tous les
niveaux d'intervention, la Sûreté du Québec a fourni
à l'autorité politique l'aide que celle-ci était en droit
d'en attendre. Sa collaboration a été loyale, empressée et
inspirée par le souci de la paix publique. Des épisodes
malheureux sont venus, il est vrai, assombrir le tableau en quelques occasions.
Ces incidents sont d'ores et déjà l'objet d'un examen approfondi
de la part des instances compétentes, mais dans l'ensemble, le bilan de
la conduite de la SQ dans le conflit amérindien demeure très
positif.
Étant donné son caractère inédit et son
ampleur, il était inévitable, par ailleurs, que la crise
crée des situations avec lesquelles ni le gouvernement ni les forces
policières n'étaient habitués à transiger. En un
sens très réel, la crise amérindienne fut
caractérisée par un véritable soulèvement
armé. Ni le gouvernement ni la SQ n'étaient
préparés ou équipés pour faire face à une
telle situation. Que certaines erreurs d'appréciation, que certains faux
pas, que certaines hésitations aient pu se faire jour dans pareil
contexte, on ne saurait s'en étonner. Mais on doit souligner, en retour,
le calme, la modération, le souci des libertés et le respect de
la vie humaine, qui caractérisèrent du début à la
fin l'action du gouvernement.
À mesure que se confirmait la situation de crise
créée par le conflit amérindien, if devint vite
évident que l'action des seules forces policières, qu'il s'agisse
des corps policiers municipaux, de la Sûreté du Québec ou
de la Gendarmerie royale du Canada, ne réussirait pas à
rétablir l'ordre. Après avoir épuisé tous les
moyens dont il disposait, le. gouvernement, avec l'appui de la SQ, fit appel
aux Forces canadiennes. Il me fait plaisir de souligner de nouveau l'excellente
performance des Forces canadiennes et en particulier l'art consommé avec
lequel elles parvinrent à imposer un dénouement non violent de la
crise. Je souligne également avec plaisir le climat de collaboration et
de respect mutuel qui imprégna les rapports quotidiens entre le gouver-
nement du Québec et celui du Canada pendant cette période.
Techniquement parlant, la crise connut son dénouement avec le
démantèlement des barricades érigées à Oka
et le départ des Forces canadiennes, lequel suivit de quelques semaines
le démantèlement des barricades érigées à
Kahnawake et la réouverture du pont Mercier. Depuis ce temps, la paix
est revenue dans les régions touchées par la crise. Mais cette
paix demeure relative et fragile, car les problèmes politiques qui
sous-tendaient les événements de l'été dernier
n'ont pas été résolus et ne pouvaient pas l'être
à court terme. Sur un plan plus immédiat, il reste
également à régler les questions relatives à
l'aménagement du dispositif d'intervention policière dans
certains territoires, en particulier à Kahnawake. Les communautés
mohawks, soutenues à cet égard par les autres communautés
amérindiennes, revendiquent le statut de nation souveraine. Cela les
amène à refuser en principe, comme émanant d'une puissance
étrangère, les lois qui régissent le territoire du
Québec. À cette revendication fondamentale s'est greffée
ces dernières années l'intervention d'éléments qui
préconisent ouvertement le recours à la violence. Tant que le
litige fondamental d'ordre politique n'aura pas été
résolu, la paix publique reposera dans ce secteur sur un rapport de
force fragile et incertain.
Dans les limites de son mandat, le gouvernement, appuyé par la
Sûreté du Québec, s'évertue à gérer la
situation d'une manière qui assure l'observance des lois et le respect
des droits des personnes, tout en évitant toute forme de provocation.
Depuis plusieurs mois, nous cherchons à établir, par un dialogue
continu et sincère, des aménagements mutuellement acceptables aux
populations autochtones et au gouvernement en matière de protection
policière en milieu autochtone. La paix, dans son acception plus large
et vraiment durable, ne sera accessible que le jour où des
négociations loyales entre blancs et autochtones auront permis
d'apporter des réponses satisfaisantes aux justes attentes des uns et
des autres. L'action du ministère de la Sécurité publique
veut s'inscrire à cet égard dans les orientations
générales de la politique gouvernementale en matière
autochtone qu'a définie à maintes reprises, et plus
particulièrement ces temps derniers, le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
En attendant qu'interviennent les solutions justes et durables que tous
souhaitent, il incombe au gouvernement de tirer certaines leçons des
événements de l'an dernier et d'être en mesure de faire
face à toute situation de même nature susceptible de surgir dans
l'avenir. À cet égard, les services de protection
policière qu'assurent conjointement la SQ, la Gendarmerie royale du
Canada et la police provinciale de l'Ontario à Akwesasne, la protection
policière améliorée que la SQ a implantée à
Oka et la patrouille des
routes traversant Kahnawake qu'assurent conjointement depuis le 15
octobre la SQ et la GRC, ont permis d'assurer une paix relative dans ces trois
territoires. La Sûreté du Québec, pour sa part, a retenu de
la crise de l'été dernier bon nombre de conclusions concernant
son organisation en fonction de situations d'urgence. Déjà,
plusieurs carences observées l'an dernier sont en voie de correction. Je
compte d'ailleurs être en mesure de faire une communication publique
à ce sujet, avant que l'Assemblée nationale n'ajourne ses travaux
pour l'été. Étant donné le rôle
prépondérant que la Constitution canadienne confère au
gouvernement fédéral en ce qui touche les populations
amérindiennes, le gouvernement du Québec veille aussi à
maintenir une liaison étroite avec celui-ci concernant les affaires
autochtones. Lors d'un entretien récent que j'ai eu avec mon homologue
fédéral, l'ex-Solliciteur général du Canada, nous
sommes convenus que la Sûreté du Québec et la Gendarmerie
royale doivent continuer de coordonner leurs efforts en vue du renforcement de
la sécurité publique dans les territoires concernés.
J'ajoute enfin, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté
là-dessus, que je fonde mes espoirs principaux en ce qui touche l'avenir
sur la bonne foi et la volonté de paix de l'immense majorité des
personnes qui forment les communautés amérindiennes. Ces
personnes souhaitent, elles nous l'ont dit souvent, un règlement
pacifique et juste des différends qui subsistent. Il m'apparaît
capital que nous leur offrions la réciproque. À l'intention de
ceux qui préconisent encore le recours à la violence, je rappelle
cependant que le gouvernement ne cédera a aucune forme de chantage
armé ou violent et qu'il veillera à maintenir le principe suivant
lequel les lois du Québec et du Canada doivent s'appliquer sur tous les
points du territoire.
Tout en veillant sur la situation à Akwè-sasne, Kahnawake
et Kanesatake, ie gouvernement est conscient de l'opposition qui se manifeste
chez les populations amérindiennes du Grand-Nord à l'endroit des
projets de développement d'Hydro-Québec. Un groupe de travail
interministériei présidé par le sous-ministre de la
Sécurité publique a été créé à
ce sujet. Le groupe veillera d'abord à recueillir toute l'information
pertinente, ce qui est déjà en voie de réalisation. Il
avisera ensuite de l'action qui pourra être requise, mais
déjà, dans ces territoires, une surveillance très active
est exercée par l'autorité policière.
Depuis quelques années, nous avons vu surgir de plus en plus
souvent des situations qu'on pourrait qualifier de transsectorielles, en ce
sens qu'elles débordent le champ de compétence d'un ou de
quelques ministères particuliers et requièrent le
déploiement de tout l'appareil gouvernemental ou, du moins, des
ressources de plusieurs ministères et organismes. Parmi les exemples de
situations de cette nature, mentionnons les inondations qui reviennent chaque
printemps dans diverses régions, le tremblement de terre de 1988, les
incendies de BPC et de pneus usés survenus respectivement à
Saint-Basile et Saint-Amable, la tragédie de Polytechnique et la crise
récente du golfe Persique.
En vertu de la Loi sur la protection des personnes et des biens en cas
de sinistre, le ministère de la Sécurité publique est
habilité à assumer un rôle de leadership dans ces
situations. Il lui incombe d'abord de réunir les ministères et
organismes concernés et de faire en sorte qu'ils interviennent de
manière concertée et harmonisée. Il lui incombe
également de mettre en oeuvre des programmes appropriés d'aide
technique ou financière à l'intention des victimes des sinistres.
À l'occasion des récentes inondations survenues dans la Beauce,
j'ai pu constater directement que le rôle de coordination et d'initiative
de la Direction générale de la sécurité civile est
de plus en plus connu, accepté et assumé efficacement. J'ai pu
également observer que ce rôle est assuré de manière
directe et rapide.
À l'aide des expériences faites ces dernières
années, nous sommes désormais plus familiers avec les types de
besoins auxquels les autorités publiques sont appelées à
répondre à la suite d'un sinistre. Ainsi qu'on le verra dans le
cas des inondations récentes, il devient plus facile, à l'aide de
l'expertise accumulée, de mettre au point rapidement des programmes
adaptés aux besoins découlant de chaque situation.
Parmi les améliorations souhaitables en ce domaine, signalons la
nécessité d'une définition élargie du concept de
sinistre, de manière que ce concept embrasse l'ensemble des situations
susceptibles de porter préjudice à la sécurité des
citoyens et de leurs biens. Signalons aussi le besoin largement ressenti d'une
politique relative à l'indemnisation des personnes victimes de
glissement, d'affaissement ou d'érosion de sol. Bien que des programmes
d'aide en cette matière aient été mis en place sur une
base ad hoc, la fréquence de ce genre de problèmes et leur
importance militent en faveur d'un mécanisme d'intervention plus souple
que l'établissement de programmes par l'adoption de décrets.
En ce qui touche la gestion des programmes d'aide, des critiques
sévères furent formulées il y a quelques semaines
touchant, en particulier, la gestion du programme destiné aux victimes
de la crise amérindienne résidant dans le secteur d'Oka. Selon
les critiques formulées par deux exemployés de la Direction
générale de la sécurité civile, l'application
concrète du programme aurait été entachée de
laxisme. Dès que ces critiques furent portées à mon
attention, je vis à ce que les auteurs soient rencontrés par des
collaborateurs que je désignai à cette fin. Je vis aussi à
ce que le Contrôleur des finances soit saisi sans délai du
dossier. Au cours des trois derniers
mois, le Contrôleur des finances a procédé à
des vérifications. Et dans le rapport qu'il vient de me remettre
à ce sujet, il formule quelques recommandations que nous nous
empresserons de mettre en oeuvre concernant l'amélioration de la gestion
des programmes d'aide. Mais il conclut aussi sans équivoque que les
accusations de laxisme et de mauvaise gestion n'étaient pas
fondées.
De concert avec le ministère de l'Environnement, le
ministère de la Sécurité publique, par
l'intermédiaire de la Direction générale de la
sécurité civile, a été chargé en 1990-1991
de la mise en oeuvre d'un plan de prévention visant à assurer la
sécurité sur sept sites d'entreposage de plus de 250 000 pneus
situés à Saint-Amable, Franklin, Saint-Chrysostome, Saint-Gilles
de Lotbinière, Sainte-Anne-des-Plaines, Notre-Dame-de-Portneuf et
Saint-Paul-d'Abbotsford. Les travaux d'îlotage sont terminés sauf
pour un site, celui de Saint-Chysostome, où ils sont en cours de
réalisation.
Parmi les programmes dont la réalisation s'est poursuivie en
1990-1991, mentionnons la dépollution du dépotoir de LaSalle, le
programme d'aide relié à l'incendie du dépotoir de pneus
à Saint-Amable et le programme d'aide découlant du tremblement de
terre du 25 novembre 1988. En 1991-1992, la Direction générale de
la sécurité civile envisage, entre autres projets, de
développer un programme de prévention et d'aide en matière
de sinistres causés par des mouvements de sol; de procéder
à une révision de son cadre législatif; de proposer au
gouvernement une politique de prévention des sinistres et des mesures
d'urgence à prendre en cas de sinistre; de promouvoir des études
visant à procurer une meilleure connaissance du degré de
vulnérabilité du territoire québécois; de
poursuivre une politique de collaboration avec les municipalités en vue
de la mise au point de programmes locaux et régionaux de mesures
d'urgence et de formation du personnel municipal et bénévole
à cette fin; et enfin de revoir en profondeur, et en collaboration avec
le milieu, toute la question de la formation des pompiers.
Un autre volet majeur de la mission du ministère de la
Sécurité publique lui fait l'obligation d'assurer la protection
de la population contre le crime et les menaces à la
sécurité. Une partie importante de cette mission se
réalise par l'action quotidienne de la Sûreté du
Québec et des corps policiers municipaux. Une autre partie est
confiée aux Services correctionnels, lesquels sont chargés
d'assurer la garde des personnes séjournant dans les centres de
détention, d'assister les cours de justice et la Commission des
libérations conditionnelles dans l'exercice de leurs pouvoirs en
matière de sentences et de libérations conditionnelles, et de
fournir à l'intention des personnes délinquantes des services de
probation et de réinsertion sociale.
La Sûreté du Québec indique qu'une augmentation
inquiétante de la criminalité s'est produite en 1990. Le nombre
d'Infractions criminelles fondées qui furent portées à fa
connaissance de la SQ au cours de la dernière année s'est
élevé à 78 136, soit une augmentation de 15, 9 % par
rapport à 1989. Toutes les grandes catégories de crimes ont connu
une hausse comparativement à 1989, ainsi qu'en témoignent les
données suivantes: crimes de violence, augmentation de 18, 9 %; voies de
fait, 23, 1 %; vols qualifiés, 7, 1 %; délits sexuels 6, 5 %;
crimes contre la propriété 17, 5 %; entrées par effraction
et vols simples, 17, 5 %; vols de véhicules, 28, 8 %; fraudes, 14, 6 %.
Globalement, le taux de solution des dossiers dont a été saisie
la Sûreté du Québec a été de 43, 7 %. Le
nombre de crimes solutionnés est passé de 30 501 en 1989 à
34 131 en 1990. II s'agit-là d'une performance honorable, compte tenu
surtout du fait qu'elle fut réalisée dans une année
où, pendant trois mois, une partie importante des effectifs de la
Sûreté fut mobilisée par la crise amérindienne.
À la lumière de ces données, il n'est pas
étonnant qu'une hausse significative se soit également produite
en ce qui touche le nombre de dossiers dont ont été saisis les
Services correctionnels du ministère au cours des dernières
années. En 1987-1988, 35 538 personnes avaient été admises
à la détention. En 1990-1991, le nombre des personnes admises
à la détention a été de 53 100, soit une
augmentation de 50 % en quatre ans. (16 heures)
Comme le nombre de places disponibles dans les centres de
détention en 1989-1990 était limité à 2737, il a
fallu instituer diverses mesures afin de parer à l'augmentation rapide
des besoins. Le cadre de planification approuvé par le Conseil du
trésor en juin 1989 et rendu public le 1er septembre de la même
année prévoyait l'ajout de 453 places supplémentaires dans
le réseau des centres de détention. Il prévoyait aussi
l'ajout de 52 agents de probation additionnels. Un nouveau centre de
détention a été ouvert l'an dernier à Laval. Des
locaux temporaires ont été ajoutés à Amos. De
nouveaux établissements seront construits en 1992 à Rimouski et
Rivière-du-Loup. À Bordeaux, un pavillon de 192 places est en
construction; un réaménagement majeur des cinq ailes existantes
de la prison de Bordeaux est également prévu. Des
démarches ont également été entreprises à
Montréal afin que les Services correctionnels puissent gérer 250
places dans des locaux appartenant à un établissement
collégial à l'intention de personnes condamnées à
la détention en fin de semaine.
Une deuxième phase du cadre de planification appelée
à se réaliser à compter de 1992-1993 prévoit de
nouvelles constructions à Chicoutimi, 95 places à Roberval, 63
places et à Sept-îles, 30 places. Elle prévoit
également le remplacement du centre de prévention Parthenais
à Montréal par deux nouveaux établissements.
Actuellement,
le nombre de places disponibles en détention
s'élève à 3400.
Par delà ces ajouts nécessaires d'espaces, les Services
correctionnels du Québec, contrairement à une tendance
très accentuée que l'on observe ces années-ci aux
États-Unis, où l'on met beaucoup l'accent sur la
répression, mettent de plus en plus l'accent sur les mesures qui font
appel à la responsabilité des personnes concernées et
visent à promouvoir la réinsertion la plus rapide et la plus
efficace possible de ces personnes dans la vie normale. Le nombre de personnes
mises en liberté sous la surveillance des services de probation n'a
cessé de croître. Il est passé de 6930 en 1987-1988
à 9736 en 1990-1991. De même, on observe une augmentation
importante du nombre de personnes admises à des programmes de travaux
compensatoires. Ce nombre est passé de 9462 en 1987-1988 à 15 561
en 1990-1991.
Les Services correctionnels mettent de plus en plus l'accent sur la
nécessité d'une cohérence entre les divers intervenants du
système de justice pénale, sur l'ouverture à la
communauté, la responsabilisation du contrevenant et l'accès de
ce dernier à une réinsertion sociale progressive. Ils mettent
aussi l'accent, cela va de soi, sur la protection nécessaire du public.
Ils interviennent autant que possible à tous les stades du cheminement
de la personne concernée. Une partie importante de leur travail consiste
à assister les tribunaux concernant la gamme des mesures sentencielles
et non sentencielles disponibles. Ils cherchent à promouvoir et à
rendre disponibles pour les tribunaux toutes les mesures possibles de
substitution à l'emprisonnement. Si le contrevenant est dispensé
de l'incarcération, les services assurent le suivi de l'ordonnance de
probation. À ceux qui sont condamnés à l'emprisonnement -
ces décisions relèvent entièrement du pouvoir judiciaire,
comme nous le savons tous - les Services visent à offrir un milieu
où l'accent est mis sur le respect des droits personnels et
l'orientation vers la réintégration dans la
société:
Parmi les améliorations apportées en 1990 à cet
égard, signalons la mise en oeuvre des recommandations d'un groupe de
travail sur le suicide en milieu carcéral; le dépôt des
recommandations sur ta problématique du sida; l'élaboration de
lignes directrices concernant les drogues dans les établissements de
détention; la mise au point d'une politique de service aux
clientèles autochtones; la préparation de documents d'information
à l'intention des détenus.
À l'intention des personnes condamnées à la
détention, il existe un autre rouage très important: la
Commission québécoise des libérations conditionnelles. La
Commission a pour mandat de rendre des décisions quant à l'octroi
d'une libération conditionnelle et aux conditions dans lesquelles doit
se réaliser la libération. L'année 1990 a marqué un
léger recul dans le nombre des personnes admissibles à la
libération et dans le nombre des personnes rencontrées par la
Commission. Par contre, le nombre moyen de personnes en surveillance a
légèrement augmenté. Il y a également eu une
légère augmentation du taux de révocation des
libérations. On recherchera en 1991-1992 une meilleure articulation
entre le programme de libération conditionnelle, lequel relève de
la Commission, et le programme d'absence temporaire, lequel relève de
l'autorité de chaque établissement.
Parmi les sujets qui sont une source très vive de
préoccupation pour le gouvernement, on doit mentionner l'usage de plus
en plus répandu de la drogue et des stupéfiants. Devant l'ampleur
que revêt le phénomène, le gouvernement créait en
1989 un groupe de travail chargé d'examiner tous les aspects du
problème. Dès 1989, la Sûreté du Québec
s'était vu attribuer par le gouvernement des ressources additionnelles
pour l'action contre la drogue. En 1990, la Sûreté du
Québec a poursuivi son travail dans ce secteur, portant surtout son
attention sur les établissements licenciés, le monde du travail
et les milieux scolaires. Par delà certaines descentes qui ont fait du
bruit, la Sûreté du Québec a poursuivi un important travail
d'information et d'éducation auprès de la jeunesse
étudiante. Nous sommes à réévaluer ce programme,
compte tenu des critiques formulées à son égard
récemment. Chose certaine, les activités de la SQ auprès
de la jeunesse étudiante se poursuivront à l'aide des ressources
qui lui ont été accordées dans le cadre de la mise en
oeuvre des recommandations du rapport Bertrand. Le ministère de la
Sécurité publique verra pour sa part à augmenter la
capacité d'analyse du Laboratoire de police scientifique en
matière de toxicologie; à développer une expertise
comptable pour aider les policiers dans la saisie des produits du crime
reliés à la drogue; à fournir une aide financière
aux organismes communautaires oeuvrant dans le secteur de la lutte à la
drogue; à poursuivre un travail d'information et de formation
auprès du personnel et des détenus des milieux
carcéraux.
La Direction générale de la sécurité et de
la prévention a le mandat d'élaborer et de proposer des
politiques relatives au maintien de la sécurité publique,
à la prévention du crime et à l'amélioration des
méthodes de détection et de répression du crime. Le
personnel de cette direction générale a coordonné les
travaux et les consultations nécessaires à l'élaboration
du code de déontologie des policiers du Québec. Il a
également collaboré et participé activement à
plusieurs travaux de recherche dans le cadre du dossier
Québec-municipalités dans sa composante protection
policière, évidemment.
L'année 1991-1992 sera marquante pour la Direction
générale puisqu'il nous faudra ensemble redéfinir notre
action en matière de prévention du crime, revoir la
réglementation afférente à la Loi de police et instituer
le programme d'inspec-
tion des corps de police.
Ce tour d'horizon ne saurait être complet sans que soit
brièvement évoqué le travail qu'accomplissent d'autres
organismes rattachés au ministère de la Sécurité
publique Je veux parler du coroner, de la Régie des permis d'alcool du
Québec, de l'Institut de police de Nicolet, du commissaire à la
déontologie et du comité de déontologie
policière.
Depuis l'adoption de la Loi sur la recherche des causes et des
circonstances des décès, le rôle du coroner embrasse un
champ plus large qu'autrefois. Le coroner est maintenant un officier public
chargé de s'enquérir des causes et des circonstances d'un certain
nombre de décès afin que cette recherche serve à la
protection de la vie humaine. Le rôle du coroner n'est plus de rechercher
s'il y a responsabilité de la part de tiers, mais de s'enquérir
des causes et des circonstances des décès afin que cette
connaissance serve à la protection de la vie humaine. Cet
élargissement du mandat du coroner a entraîné un
accroissement sensible du nombre de dossiers dont il est saisi. Au cours de la
dernière année, près de 11 000 décès sur 47
000 ont donné lieu à l'intervention de l'un des 13 coroners
permanents et 129 coroners à temps partiel.
Il y a quelques années à peine, le nombre de dossiers dont
était saisi le coroner gravitait annuellement autour de 5000 Les moyens
d'action du coroner sont dune part l'investigation, laquelle porte sur les
aspects techniques et médicaux des décès et, lorsque les
circonstances le justifient, l'enquête publique, laquelle permet
d'entendre experts et témoins. Le coroner dispose de pouvoirs importants
d'enquête et de recherche. Il est également habilité
à formuler des recommandations. Au cours de la dernière
année, les recommandations en provenance du coroner furent abondantes.
Elles s'adressaient principalement au ministère des Transports et au
ministère de la Santé et des Services sociaux.
Créée il y a 10 ans, la Régie des permis d'alcool
du Québec est chargée par le législateur d'exercer un
contrôle sur la délivrance des permis de la vente de boissons
alcooliques, sur la publicité et la promotion de vente de boissons et
sur l'exploitation des débits de boisson et des débits de
fabrication. La Régie a reçu, en 1990-1991, 7556 demandes
concernant 10 001 permis. Elle a rendu 9634 décisions ayant une
incidence sur 12 659 permis. Elle a en outre procédé au
renouvellement de permis et à la perception de droits payables pour les
32 945 permis en circulation au cours de l'année.
Au cours de la dernière année, la Régie s'est vu
confier par le législateur un rôle élargi concernant
l'émission de permis industriels et artisanaux. Elle s'est
également vu accorder des pouvoirs plus étendus pour le
contrôle de la publicité, de la promotion de boissons alcooliques.
La Régie compte soumettre en 1991-1992 un projet de loi qui lui
conférerait des pouvoirs plus étendus concernant la
révocation des permis dans les établissements donnant lieu
à la consommation de drogues.
Je voudrais clore cet exposé en évoquant deux
développements importants qui ont marqué l'année 1990-1991
en matière de formation et de déontologie policière. En
septembre 1990, l'Institut de police de Nicolet se voyait reconnaître le
statut de corporation mandataire du gouvernement, lequel consacre la vocation
propre et l'autonomie de l'établissement. L'Institut offre une gamme
variée de programmes, autant aux futurs policiers qu'aux policiers en
exercice. Aux premiers, il offre une formation de base assortie de nombreux
exercices pratiques. Aux seconds, il offre des cours variés de
perfectionnement.
Parmi les étudiants réguliers de l'Institut, on compte
à la fois des cégépiens et des recrues en provenance des
corps policiers. En raison de la reprise de l'embauche dans les corps
policiers, l'Institut devra faire face dès le mois de septembre de cette
année à des problèmes sérieux d'espace, à
moins que ne soient mis aux point de nouveaux aménagements permettant de
faire face à la demande sensiblement accrue de candidats.
L'année 1990-1991 a enfin vu l'entrée en scène
fonctionnelle des nouveaux mécanismes institués par le
législateur afin d'assurer le traitement impartial et efficace des
plaintes en provenance des citoyens concernant des manquements au code de la
déontologie policière. Entré en fonction depuis 1990, le
commissaire à la déontologie policière a pour rôle
l'examen de toute plainte formulée par une personne concernant la
conduite d'un policier. Il a le pouvoir d'enquêter sur une plainte et de
tenter d'abord de concilier les parties. Puis il a aussi le pouvoir de
décider, après examen de la plainte, soit de la rejeter, soit de
citer le policier à comparaître devant le comité de
déontologie policière auprès duquel le commissaire agit
à titre de plaignant. Le commissaire a enfin le pouvoir de porter en
appel, s'il le juge opportun, les décisions exécutoires du
comité de déontologie policière.
À son entrée en fonction en septembre dernier, le
commissaire à la déontologie héritait de 181 dossiers de
l'ancienne Commission de police du Québec. De ce nombre, il en reste une
dizaine au sujet desquels une décision doit être prise. Le Bureau
du commissaire avait reçu, à la clôture du dernier
exercice, 376 plaintes. De ce nombre, 176 ont été ou seront
prochainement l'objet d'une enquête, 45 plaintes ont donné lieu ou
semblent devoir donner lieu à une conciliation; 97 plaintes ont
été refusées; 6 plaintes ont donné lieu à
des dénonciations contre des policiers, jusqu'à ce jour. (16 h
15)
Les dossiers découlant d'actions policières faites pendant
la crise autochtone ont reçu une attention particulière du
commissaire qui a reçu de cette source 19 plaintes, dont 7
émanaient de
personnes amérindiennes. Certaines plaintes ont dû
être refusées pour défaut de juridiction. Tout acte fait au
cours de l'été dernier et pour lequel une plainte a
été portée après le 1er septembre relève,
non pas du commissaire mais du comité d'examen des plaintes de la
Sûreté du Québec. Ce comité a été
saisi de plusieurs plaintes au sujet desquelles il devrait bientôt
soumettre un rapport au directeur général de la SQ. Si le rapport
- et je souligne particulièrement ces passages - donne lieu à une
ou des citations à comparaître, celles-ci seront ensuite
référées au comité de discipline, lequel en fera
l'examen suivant des règles de procédure garantissant à la
fois le caractère public de l'exercice et la protection des droits des
personnes concernées.
Vu les responsabilités très lourdes qui lui incombent, le
ministère de la Sécurité publique dispose d'un budget
annuel imposant. Les crédits accordés au ministère pour
l'année 1991-1992 totalisent 796 600 000 $. Ils accusent une diminution
de 48 400 000 $ par rapport aux crédits de 1990-1991. Cette diminution
est de 54 300 000 $ si l'on tient compte également d'une
réduction de 6 000 000 $ des crédits permanents. Cette diminution
n'a cependant point la signification ou la portée dont on pourrait
être tenté de l'affubler. Elle s'explique principalement par le
fait que les ressources mises à la disposition de la SQ et de la
Direction générale de la sécurité civile en raison
de la crise amérindienne furent exceptionnellement élevées
en 1990-1991. Si l'on tient compte de ce contexte exceptionnel, on constate que
les crédits attribués au ministère accusent cette
année une légère diminution, comme c'est d'ailleurs le cas
pour la plupart des ministères.
Le secteur des Services correctionnels échappe à cette
règle en se voyant accorder des ressources accrues en raison de
l'alourdissement substantiel des besoins auxquels il doit répondre au
nom de la collectivité.
Je veux terminer cet exposé en adressant mes remerciements
sincères au personnel du ministère et des organismes qui
relèvent de l'autorité du ministre de la Sécurité
publique. Ce personnel m'a réservé un accueil chaleureux et une
collaboration exemplaire depuis mon entrée en fonction, le 5 octobre
dernier. Je réitère mon engagement sans réserve au service
des objectifs que le législateur a voulu proposer au ministère de
la Sécurité publique.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
de la Sécurité publique. Je vais maintenant demander au
porte-parole officiel de l'Opposition officielle, M. le député de
Joliette, leader de l'Opposition, de procéder de même à ses
remarques préliminaires.
M. Guy Chevrette M. Chevrette: Merci, M. le Président. M.
le Président, en fin de semaine, le ministre a déclaré
à Trois-Rivières que, non, il n'était pas
découragé devant les difficultés qu'il éprouve dans
les multiples dossiers dont il a la charge au nom de son gouvernement et que ce
qui était important, c'était que la détermination verbale
soit accompagnée de la détermination du caractère. Selon
lui, il est mieux qu'on parle moins fort, mais qu'on agisse plus fort. Mais
malheureusement, au Québec, c'est le contraire, disait-il.
Les propos du ministre tombent fort bien, car c'est en plein ce que je
pense aussi. Aussi ai-je justement l'intention, au cours de cette
première étude des crédits que nous partageons ensemble,
de vérifier si, au-delà des déclarations
ministérielles ronflantes, il y a réellement de la substance ou
si le ministre et l'ensemble du Conseil des ministres ne sont pas
collectivement les plus beaux exemples du vieil adage "grosse annonce, petit
magasin".
D'entrée de jeu, suite à une réflexion approfondie
sur le rôle de la Sécurité publique au sein de notre
société, réflexion réalimentée par les
nombreux événements qui se sont déroulés au cours
du dernier exercice financier, bénéficiant aussi d'un regard neuf
sur un domaine où j'admets être relativement néophyte,
comme le ministre d'ailleurs, j'émettrai donc les quatre critiques
suivantes à l'endroit de la gestion du gouvernement actuel en
matière de sécurité publique.
Tout d'abord, le ministre de la Sécurité publique doit
exercer ses fonctions à temps plein. Les domaines couverts par ce
ministère, notamment les fonctions policières, sont au coeur de
nos institutions les plus fondamentales. Il mérite mieux que des
ministres à temps partiel. Ce sont des secteurs où l'État
ne peut se permettre de bavures parce que, au-delà du sort politique
réservé à tel ou tel ministre ou à un gouvernement
par l'opinion publique, il y a le problème beaucoup plus sérieux
de la crédibilité des institutions et de la confiance
inébranlable qu'elles doivent inspirer en tout temps.
Or, le gouvernement libéral, depuis son élection de 1985 -
et là-dessus, le premier ministre est le premier à blâmer -
a toujours préféré laisser le ministère de la
Sécurité publique vivre d'expédients et d'accommodements.
Cinq ministres en cinq ans et demi. Le règne le plus long à date
a été de 18 mois. Durant cette période, pas plus de deux
ans avec des ministres à temps plein: M. Latulippe, 18 mois, et Herbert
Marx, 6 mois. Le reste du temps, on assiste à des jumelages, soit au
hasard des circonstances politiques, Justice avec Herbert Marx et
Rémillard, ou encore au hasard du partage des dossiers
supposément communs, où il est loin d'être sûr que la
Sécurité publique en sorte gagnante. À titre d'exemple,
Transports avec M. Elkas; et, le dernier en liste, les Affaires municipales
avec M. Ryan. Résultat net: Petit train-train quotidien,
absence de motivation, suivi politique à peu près nul d'un
ministre à l'autre, compromission inévitable dans certains
dossiers en raison du cumul des ministères, instabilité dans les
relations hiérarchiques, influence exagérée du bureau du
premier ministre.
Évidemment, il y a moyen de vivre avec cela, mais lorsqu'une
crise éclate, comme celle de cet été à Oka et
Kahnawake, non seulement ce laisser-aller chronique peut-il être
pointé du doigt comme étant en grande partie responsable de la
crise elle-même, mais cette dernière devient d'autant plus
difficile à résorber que le manque de préparation amplifie
les manques d'autorité et les absences de coordination. Le dommage
auprès de la population québécoise et aussi celle
extérieure au Québec devient alors vite irréparable.
J'estime donc que la crise de cet été, qui a causé mort
d'homme, 120 000 000 $ de dommages - c'est le budget, en passant, de plusieurs
ministères; c'est même deux fois celui de l'OPDQ - j'estime donc
ainsi que la perte irréparable pour la réputation du
Québec est en grande partie due à cette politique de temps
partiel du gouvernement libéral, et que le premier ministre avait
commencé à en semer les germes dès la formation de son
premier Conseil des ministres en 1985.
Bien sûr, le ministre actuel m'apparaît exercer un pouvoir
politique et une maturité plus conformes aux exigences du poste. Mais
encore là, il y en a et il y en a épais sur la tartine. Cette
surcharge ne peut que le condamner à la défensive et à
l'autoritarisme, surtout dans ses relations avec la Sûreté. Il ne
saurait, dans de telles circonstances, y avoir de temps ministériel pour
d'autres valeurs importantes comme la confiance et surtout l'écoute. De
plus, dans le tandem obligé Affaires municipales et
Sécurité publique, la dimension fiscalité municipale
l'emporte sûrement. La preuve, la facturation aux petites
municipalités des coûts de la Sûreté, sans que
l'aspect qualité des services policiers ne soit jamais soulevé.
J'y reviendrai d'ailleurs tout à l'heure. Pour toutes ces raisons donc,
un sérieux coup de barre devrait être donné par le premier
ministre, mais je n'en vois malheureusement aucun à l'horizon.
Deuxième point, le dossier de la crise autochtone a besoin de sa
commission Cliché. Le parallèle est saisissant. En 1974, les
relations de travail à la Baie James se faisaient dans un climat pourri:
favoritisme, criminalité, menaces, absence d'encadrement
réglementaire législatif. Le saccage a été
l'explosion qui a jailli des braises. Après le choc proprement dit, la
commission Cliché, par son côté enquête publique - on
se rappellera d'ailleurs de l'impact des audiences des témoins à
la télévision - aura permis d'extirper le mal, de sortir le pus.
Il y a eu une prise de conscience à tous les échelons des milieux
qui oeuvraient autour du chantier de la Baie James. Même chose dans la
population, ce qui a suscité d'énormes pressions auprès du
gouvernement pour qu'il mette de l'ordre dans son affaire, ce qu'il a bien
été obligé de faire d'ailleurs à la toute fin.
C'est la même chc se en ce qui a trait aux
événements de cet été. Le gouvernement du
Québec, par la voix du ministre de la Sécurité publique, a
pris la plus mauvaise option possible en se cantonnant dans des attitudes de
chaise musicale de ministres, d'attachés politiques boucs
émissaires, et de couvercle sur la marmite. C'est un choix politique
calculé, et je sais que le ministre est prêt à vivre avec
ça.
Cependant, le gouvernement, en privant les Québécois et en
se privant lui-même de l'instrument précieux que constitue une
commission d'enquête, n'a pas à s'étonner du fait qu'il
n'ait pas avancé d'un pouce dans sa volonté de faire
reconnaître l'application des lois du Québec et du Canada ainsi
que l'autorité des agents de la paix par la communauté mohawk de
Kahnawake. Sept mois après le dénouement de la crise, nous en
sommes toujours, grosso modo, au même problème de cet
été et tous les indices sont présents pour qu'une nouvelle
crise éclate sans que l'État québécois n'ait
progressé quant à sa capacité de faire face à ce
genre de situation.
Si le gouvernement du Québec n'est pas prêt à donner
l'exemple en acceptant de se plier lui-même à un examen public de
ses responsabilités ainsi que de ses méthodes de travail, comment
peut-il espérer avoir une crédibilité auprès des
autochtones lorsqu'il leur demande de mettre de l'eau dans leur vin? Comment
demander aux policiers de la Sûreté de continuer comme si de rien
n'était, d'agir en professionnels, alors qu'ils n'auront jamais
l'occasion publique de donner leur version de la crise? Comment enfin y faire
comprendre quelque chose à la population, et plus
particulièrement à celle de la grande région de
Montréal, lorsqu'elle voit le territoire de Kahnawake devenir, à
toutes fins pratiques, une enclave armée et immunisée,
lorsqu'elle constate que les lanceurs de pierres sont jugés promptement
- et avec raison - alors que les coups de feu et les contrebandiers restent
impunis, lorsqu'elle paie avec ses taxes les pots cassés et les comptes
qui vont avec: 71 000 000 $ en coûts de police, 2 057 189 heures de temps
supplémentaire, 19 000 000 $ en indemnisations à la population
locale, dont 3 000 000 $ aux autochtones eux-mêmes, ce qui, à
prime abord, m'apparaît un chiffre proprement stupéfiant, surtout
lorsqu'une large partie de cet argent - 1 430 000 $ - a été
versé à 592 personnes n'ayant comme toute coordonnée qu'un
casier postal. Une vérification sommaire des données fournies par
le ministère montrerait même que de l'argent a également
été versé à des autochtones - et je pèse mes
mots ici - qui étaient à la fois des acteurs et des
négociateurs de la crise de cet été. Je trouve même
le nom d'une personne que je sais - par la SQ, la
Sûreté du Québec - étroitement reliée
à la contrebande de cigarettes.
Ne rien faire, ne pas tenter d'apporter de réponses, ne pas
forcer les éléments radicaux ou criminels à
dévoiler publiquement leurs véritables intentions ou motifs,
c'est paver la voie à une crise encore plus grande, c'est susciter, de
la façon la plus sûre, l'incompréhension et les
préjugés qui sont à l'origine du racisme et de la
xénophobie, ce que l'on veut justement combattre. C'est enfin ancrer
à jamais dans les cerveaux l'association Warriors et tous les
autochtones, ce que les autochtones modérés eux-mêmes
dénonceraient, j'en suis sûr, s'ils avaient l'occasion publique de
sortir du cercle vicieux: argent, armes, Warriors, argent, armes, etc.
Malheureusement, cette occasion ne nous sera pas donnée, comme
société, parce que le gouvernement en a décidé
autrement. À la place, nous aurons peut-être droit à un
rapport circonstanciel négocié avec la Sûreté du
Québec et nous devrons vivre avec l'ignominie d'un simple rapport
incomplet d'investigation de coroner sur la mort du caporal Lemay dont le
décès ne semble même pas mériter une enquête
publique du coroner, en bonne et due forme. Quelle pitié! Avant
l'annonce d'hier, le gouvernement fédéral, lui, semble avoir
mieux compris la situation. Pourtant, Dieu sait s'il en a, des choses, lui
aussi, à se reprocher.
Le ministère traîne la patte - troisième sujet - en
matière de valorisation de la fonction policière. La police est
un service nécessaire, et je suis d'accord jusqu'à un certain
point avec le ministre pour dire que c'est un service qui se paie. Mais encore
faut-il que la population désire ce service et le connaisse mieux. Il
faut faire disparaître cette image du policier qu'on n'appelle qu'en
dernier recours, mais qu'une fois rendu a cette dernière
extrémité, là, on l'aime, la police, et ça presse
en maudit, peu importent les ressources disponibles sur le terrain. D'un autre
côté, encore faut-il que lorsqu'on pèse sur le bouton, il y
ait une réponse, qu'il y ait effectivement du service. (16 h 30)
De plus, encore faut-il que le policier lui-même se sente
valorisé dans sa fonction. Je trouve parfaitement ironique qu'en 1991,
malgré toutes les ressources déployées par les
ministères et les municipalités, l'image classique du policier,
soit celle de deux policiers qui font la patrouille en auto, loin de tout,
comme aseptisés et déconnectés de la réalité
des quartiers ou des municipalités ou des routes rurales où ils
ont à patrouiller. Il y a plus que les images des vidéos de "Rock
et Belles Oreilles". Il semble manquer une vision directrice, un plan
modèle qui s'articulerait autour de notre corps d'élite national
que doit être la Sûreté du Québec, mais tout en
incorporant les connaissances des réalités d'une grande
métropole urbaine que possède cet autre grand corps policier
qu'est le Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je n'ai pas l'impression que le ministère réussit à
faire cette unité de vision et surtout à y incorporer le Service
de police de la Communauté urbaine. De toute façon, il est loin
de disposer des outils légaux, en regard de la Loi de police, pour ce
faire. Pour le moment, le leadership m'apparaît être exercé
beaucoup plus par le ministère fédéral du Solliciteur
général avec son document de réflexion intitulé
"Police défi 2000", une vision sur l'avenir de la police au Canada, et
les multiples colloques et occasions de réflexion que ce
ministère provoque en relation avec cette réflexion. Pourtant, ce
ministère n'a strictement rien, sur le plan constitutionnel, à
faire là-dedans, car, sur le plan constitutionnel, c'est nous au
Québec, qui nous rarnassons à sa remorque, et ça, je
trouve ça inconcevable. J'invite donc le ministre à s'inspirer de
cette voie qui lui est tracée par le ministère
fédéral et d'y inscrire avec plus de force le ministère de
la Sécurité publique.
Pour ce qui est des services comme tels qui sont offerts par la
Sûreté du Québec, plus particulièrement en
région, je partage le scepticisme profond des gens des régions
qui, en réaction à la réforme de la fiscalité
municipale, répugnent à défrayer les coûts pour des
services de la Sûreté qui sont inexistants Je ne m'adresserai pas
au ministre des Affaires municipales mais bien au ministre de la
Sécurité publique pour dire que je trouve parfaitement incorrect
pour les populations visées de constater que, le soir et la nuit, au
Québec, dans 57 postes sur les 107 des différents districts, il
ne se trouve qu'un seul véhicule de patrouille en fonction. Avec les
kilomètres à parcourir entre les postes, vous pouvez imaginer ce
qui arrive lorsque l'appel de détresse vient de loin ou lorsqu'il y a
plus d'un appel. Dans 13 de ces postes, Grande-Vallée en
Gaspésie, Matane en Gaspésie également, Saint-Ambroise
dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, Saint-Pamphile dans Rivière-du-Loup,
Saint-Michel-des-Saints dans la région de Lanaudière-Joliette,
Laforge en Abitibi-Témiscamingue, Fermont, Baie-Trinité,
Blanc-Sablon, Sept-lles, Tadoussac, il n'y a pas de patrouille la nuit. Peu
importe l'événement, vous vous en passez ou vous attendez
très longtemps. Pour quelqu'un qui vit dans une agglomération
urbaine, c'est une perspective qui est proprement impensable pour ne pas dire
carrément épeurante.
Aussi, quand le ministre des Affaires municipales et de la
Sécurité publique parle de taxer, à partir de 1992, 1247
nouvelles petites municipalités pour le service de police qu'il estime
se chiffrer actuellement à 135 000 000 $, j'ai l'impression qu'il tire
une charrette qui, elle, ne suit tout simplement pas. Nous ne devons pas vivre
sur la même planète, sans doute. Si le ministre impose sa
réforme, les ressources devront suivre, sinon le rôle du policier
ne pourra qu'en être dévalorisé davantage puisque
les agentes et les agents ne pourront tout simplement pas
répondre à la demande.
Le quatrième point. Le ministère doit mettre fin à
la confession concernant la durée des sentences effectivement
purgées au Québec. Confusion, excusez. Ça aurait pu
être une confession du ministre, par exemple. Dernièrement, une
nouvelle faisait la une dans tous les médias. Le ministère avait
donné des directives pour que les détenus puissent être
libérés après la purge du sixième de leur sentence.
Aucun démenti en haut lieu n'est venu corriger cette nouvelle. Aussi,
tout le monde, appareil judiciaire compris, est persuadé que le
système est effectivement trop laxiste, que cela n'a pas de bon sens,
qu'il va falloir que les sentences soient augmentées en
conséquence, etc.
Moi, je sais, chiffres du ministère à l'appui, qu'il n'y a
qu'une quarantaine de détenus sur 3142 qui bénéficiaient,
au 22 mars 1991, de moins du sixième de leur sentence avec le programme
dit d'absence temporaire. Mais personne ne le sait dans la population et aucune
explication valable n'a été fournie par le ministre ou le
sous-ministre. L'impression est donc maintenant bien ancrée, ce qui ne
peut que saper auprès de l'opinion publique tous les efforts de
réinsertion et de réadaptation du ministère.
Le ministre a donc péché par omission et aurait dû
être plus loquace, mais sans doute n'en avait-il pas le temps. Selon moi,
donc, c'est tout ce fameux programme des absences temporaires qui doit
être étalé sur la place publique et
décortiqué, car il y avait quand même, au 22 mars à
23 h 59, 239 détenus sur les 674 condamnés à 6 mois et
plus qui en étaient entre le sixième et le tiers de leur sentence
et qui bénéficiaient d'une liberté temporaire et ne
séjournaient pas en prison. Quand on parle de ceux qui avaient
purgé plus du tiers de leur sentence, c'est 402 autres détenus
sur 789 qu'il faut ajouter. Et je ne vous parle pas des détenus qui
purgent des sentences de six mois et moins. Ces statistiques sont troublantes,
car je suis persuadé que le commun des mortels ou même des
procureurs de la Couronne et des juges, pensent que ces détenus purgent
leur sentence en prison.
Quels sont les paramètres et les conditions d'application de son
programme? Le pouvoir devrait-il être laissé au directeur du
centre de détention sans qu'il y art de représentant de la
couronne? N'y a-t-il pas danger que les absences servent à régler
des problèmes de surpopulation? Il est plus que temps que le ministre
prenne le taureau par les cornes et fasse publiquement le tour de ce programme
trop peu connu, mais dont le côté occulte est en train de jeter le
discrédit sur l'ensemble du système judiciaire et
correctionnel.
En terminant, j'aimerais cependant signaler la très bonne
présentation de tous les documents qui nous ont été
fournis pour l'étude de ces crédits. Il en est de même
d'ailleurs pour les engagements financiers. Si les autres ministères
suivaient l'exemple du vôtre, nous en serions très ravis.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M. le
député de Joliette, pour vos remarques préliminaires. Nous
allons maintenant procéder à l'étude des différents
programmes. Est-ce qu'on commence par le programme 1?
M. Chevrette: Je commencerais peut-être par la
Sûreté.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Hull.
M. LeSage: Question de règlement. Habituellement, dans les
commissions parlementaires, à la suite des remarques
préliminaires du ministre, l'Opposition fart des remarques
préliminaires; par la suite, le ministre a également un droit de
réplique aux remarques préliminaires du député de
l'Opposition.
Le Président (M. Dauphin): C'est-à-dire, M. le
député de Hull, pas nécessairement en vertu du
règlement. Sauf qu'en pratique, en ce qui me concerne. comme
président, effectivement, je donnais à l'occasion un droit de
réplique de quelques minutes Alors, je ne sais pas si M. le ministre
veut utiliser quelques minutes pour répliquer ou bien si on
procède immédiatement à la période
d'échange.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Je prendrais bien quelques minutes. Je ne serai pas
long. J'ai bien apprécié le ton réservé de
l'intervention du porte-parole de l'Opposition. Je pense qu'il a fait une
critique qui s'appuie sur une observation des faits, dans un bon nombre de cas.
que nous devons enregistrer avec beaucoup d'intérêt. En ce qui
touche la direction du ministère de la Sécurité publique,
je reprendrai brièvement les commentaires qu'il a faits. Je voudrais lui
signaler que ce qui est le plus important à mon point de vue dans ce
secteur, c'est la conception qu'on se fait de l'autorité Je pense que ce
qui est requis pour qu'il y ait une bonne orientation du côté de
la police, ce n'est pas nécessairement que le ministre soit rendu
à la Sûreté du Québec tous les jours, qu'il
s'intéresse à toutes les enquêtes particulières qui
sont en cours. On a un corps qui est organisé à cette fin, qui
est financé à cette fin, qui a sa structure de direction de haut
jusqu'en bas.
Je pense que ça prend une direction d'expérience, une
direction par une personne qui connaît bien l'appareil gouvernemental et
les mécanismes qui constituent notre mode d'être en
société. En ce qui touche le devoir d'écoute, en
cette matière, je pense que c'est la première fonction de
l'autorité en ces matières que d'être capable
d'écouter. Et de ce point de vue-là, je pense que ceux qui
connaissent le ministre actuel savent qu'il est capable de mettre les heures
qu'il faut pour écouter puis essayer de comprendre. Je pense que c'est
le point de départ de toute sagesse véritable.
Je pense que c'est peut-être bon d'avoir un titulaire qui n'a pas
de nom à se faire avec ça, qui n'a pas de cause à
promouvoir, qui n'a pas son nom attaché à une réforme ou
l'autre parce que les gens savent d'avance ce qu'il est capable de faire. De ce
point de vue-là, il y a du pour et du contre. C'est évident qu'on
pourrait faire un plaidoyer pour un ministre à temps complet, mais ce
n'est pas sûr que ce serait nécessairement la meilleure solution
dans ce cas-ci, pas plus que dans certains autres secteurs. Oui, il y a
matière à discussion, puis je respecte l'opinion contraire sur ce
point. Elle a été formulée avec une dignité
exemplaire d'ailleurs, que je n'ai pas à critiquer.
Au sujet de la crise amérindienne, je pense que... Ha, ha, ha! Ce
n'est pas parce que je veux le mettre de mon côté, M. le
Président. Je n'essaie pas du tout.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le ministre.
M. Ryan: Au sujet de la crise amérindienne, M. le
Président...
M. Chevrette: II va en lâcher une bonne. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Ryan: Vous pouvez la réserver, mais ça va
être long. Au sujet de la crise amérindienne, le
député dit qu'on n'a pas avancé d'un pouce dans la
volonté de faire reconnaître l'application des lois du
Québec et du Canada ainsi que l'autorité des agents de la paix.
"I beg to differ", comme on dit, je sollicite le privilège d'enregistrer
mon désaccord. Je vous assure qu'il y a une situation
considérablement changée sur les routes qui traversent Kahnawake.
Et si quelqu'un veut contester ce fait, je pense qu'il n'a qu'à se
rendre sur les lieux, a constater ce qui existe aujourd'hui et à
consulter les personnes qui ont connu la situation antérieure pour se
rendre compte qu'il y a une énorme différence.
Je signale que, de manière générale, il s'est aussi
institué une collaboration, dont le public n'est pas toujours
informé, entre les corps policiers qui sillonnent les routes, le
territoire de Kahnawake et les "peacekeepers". Il y a des formes de
collaborations qui sont quotidiennes. Vous me direz que ça ne permet pas
à la Sûreté du Québec de pénétrer
à l'intérieur du village pour l'instant. Je vais expliquer ce
fait-là une nouvelle fois, en tout cas, le plus simplement possible.
Les Mohawks, comme je l'ai dit dans mon message liminaire, se
considèrent comme une nation et ils considèrent comme
émanant d'une puissance étrangère les lois et les formes
d'autorité que prétend exercer directement, selon eux, le
gouvernement du Québec. Nous n'acceptons pas cette théorie. Nous
sommes complètement en désaccord avec cette théorie. Mais
c'est la théorie qui a inspiré leurs activités au cours de
la dernière année. Là, ils ont gardé un symbole, un
vestige de cette théorie, dans la présence de ces barricades
à l'entrée du village de Kahnawake. Nous savons qu'elles sont
là. Nous avons des yeux pour les voir. Nous avons entrepris de mettre au
point avec le conseil de bande un dispositif d'intervention policière
qui reconnaîtrait la nécessité d'un corps de police
autochtone dans cette communauté-là - je pense que le
député de Joliette sera d'accord avec moi là-dessus -
deuxièmement, qui reconnaîtra la nécessité d'une
intervention de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie
royale sur le territoire complet de la réserve, y compris, par
conséquent, le village, dans toutes les matières qui
relèvent de la compétence de ces corps policiers.
Nous sommes en train de discuter ces choses, et c'est un
élément essentiel, évidemment, de tout règlement
éventuel, que ce problème qui subsiste devra être l'objet
d'une solution acceptable à tout le monde, y compris, au premier chef,
au gouvernement. Mais pour le moment, nous préférons continuer
à rechercher l'amélioration de la situation par la voie de la
collaboration et du dialogue. J'ai acquis la conviction, au cours de la
dernière année, que le conseil de bande est formé de
personnes qui veulent la paix publique, qui veulent des relations harmonieuses
avec l'ensemble de la société québécoise.
J'espère que la réaction que nous essayons de donner de notre
côté, qui est une réaction empreinte de bonne foi et de
sincérité, produira des résultats.
Je ne partage pas, encore une fois - je tiens à le dire avec
toute la clarté dont je suis capable - je ne partage pas l'alarmisme de
certains qui répandent gratuitement sur les ondes ou dans les journaux
la perspective de catastrophes qui menaceraient de fondre sur le Québec
du jour au lendemain. Je ne pense pas que nous en soyons à ce point. Je
ne dispose pas, pour l'instant, d'informations qui m'autoriseraient à
l'affirmer. Ça ne diminue en rien le devoir de vigilance qui m'incombe,
mais je pense que j'ai aussi le devoir de donner l'appréciation que j'ai
des faits, conformément à la perception que m'en donnent les
sources d'informations souvent privilégiées auxquelles j'ai
accès. Ça, c'est un point que je veux établir très
clairement, et je considère, tout en considérant que la paix
relative que nous avons demeure une paix fragile, que le jugement, le
pessimisme que certains
portent n'est pas justifié. (16 h 45)
Le député de Joliette a parlé du programme d'aide
aux victimes de la crise amérindienne. Il a fait écho à
certaines critiques formulées par deux ex-fonctionnaires de la Direction
générale de la sécurité civile qui ont
oeuvré à Oka. Dès que ces critiques ont été
portées à mon attention, comme je l'ai dit tantôt, je les
ai portées à la connaissance du Contrôleur des finances du
ministère des Finances, et j'ai demandé avec insistance qu'on
fasse une enquête dans les meilleurs délais. Les rapports de cette
enquête ont été remis ces jours derniers. Je les rendrai
publics d'une journée à l'autre. Je n'y toucherai pas, en aucune
manière, je peux vous l'assurer. On pourra constater, en en prenant
connaissance, que toutes les allégations particulières
formulées par les deux personnes qui avaient été à
l'origine des accusations n'ont pas pu être justifiées par
l'enquête qui a été faite.
Le Contrôleur des finances établit d'autre part, à
l'aide d'un contrôle qu'il a fait sur un échantillonnage de cas
choisis selon les règles de l'art, qu'il n'y a pas eu de gaspillage, de
galvaudage ou de laxisme dans la gestion du programme. Il y a un certain nombre
de décisions incertaines qui ont dû être prises. Quand vous
êtes aux prises avec une crise comme celle-là... Le
député a dit tantôt qu'il y avait des personnes
amérindiennes parmi celles qui réclamaient de la compensation.
Moi, les premières fois que j'ai entendu ça, ça m'a un
petit peu étonné, parce que j'étais un petit peu victime
de l'imagerie populaire disant: C'est eux autres qui agressent, comment
ça se fait qu'ils vont être du côté des
bénéficiaires en même temps? J'ai vite compris, quand j'ai
visité les bureaux de la Direction de la sécurité civile
à Oka, que les gens qui étaient assis sur les bancs, qui
attendaient d'être traités... Il y avait des femmes indiennes, il
y avait des hommes indiens, il y avait des femmes blanches, des hommes blancs.
Est-ce que, moi, j'avais le droit de dire: Lui n'est pas correct, elle n'est
pas correcte, lui n'est pas correct? Je pense qu'on ne pouvait pas
procéder comme ça. Il fallait traiter tout le monde sur un pied
d'égalité, puis je félicite nos services d'avoir
évité de verser en ces choses dans quelque forme de
discrimination que ce soit.
Si des cas sont établis où il y aurait eu une aide
versée sans justification, cette aide sera
récupérée par les moyens normaux. Mais, dans l'ensemble,
je suis en mesure d'affirmer, après la vérification farte par le
Contrôleur des finances, que la gestion du programme a été
faite d'une façon très efficace, d'abord, puis
deuxièmement, fort correcte dans l'ensemble. On reprendra, je pense
bien, dans le débat qui va suivre - je ne veux pas mobiliser le temps
davantage - le débat sur la voie que nous avons choisie, le rapport ou
l'enquête par rapport à tous les événements de la
crise amérindienne. Je ne veux pas insister là- dessus, M. le
Président, je pense que c'est clair, ça. À propos des
chiffres...
Le Président (M. Dauphin): Brièvement, M. le
ministre Ensuite de :a, on va procéder dans les programmes.
M. Ryan: À propos des chiffres qu'a cités le
député de Joliette concernant les Services corrrectionnels, en
particulier les libérations temporaires, les congés temporaires,
les absences temporaires, nous y reviendrons quand nous parierons des Services
correctionnels. Je pense que ce n'est peut-être pas le moment de faire ce
débat-là. Je ne voudrais pas que nous nous aventurions tout de
suite dans ces choses plus particulières.
Je termine par un mot sur la réforme qui est proposée aux
municipalités en matière de fiscalité. Ce que nous
demandons aux municipalités qui n'ont pas de corps de police
actuellement, ce n'est pas de financer tout le service qui est fourni par la
Sûreté du Québec. Nous estimons que, sur un budget global
d'à peu près 500 000 000 $ - de tout près de 500 000 000
$, nous le verrons tantôt - la Sûreté du Québec
consacre à peu près, disons, 250 000 000 $ aux services de base
qu'elle offre à ces municipalités qui n'ont pas de corps de
police, puis nous leur demandons d'absorber 70 000 000 $ sur 250 000 000 $,
c'est-à-dire moins du tiers. Elles n'ont pas à se plaindre, par
conséquent, qu'on les égorge ou qu'on leur demande des choses
impossibles.
Jusqu'à maintenant, c'était reçu gratuitement.
Puis, c'est curieux, tant qu'elles ne payaient pas, il n'y avait pas tellement
de plaintes, puis de critiques, puis de ci, puis de ça. C'est curieux,
il y en a dès qu'on leur a parlé de payer une contribution: Je
n'ai rien, moi. Elles étaient protégées sans le savoir.
C'est un peu comme l'eau pure qu'on boit, quand on ne connaît pas le
dispositif qui en assure la pureté, on dit: Je n'ai pas d'affaire
à payer pour ça, ça sort de ma chantepleure naturellement.
La sécurité publique, c'est un petit peu la même chose. On
l'a sans s'en apercevoir. Je pense que le député de Joliette est
comme moi; il représente une circonscription qui a une bonne partie
rurale. En général, nos villages ruraux connaissent très
bien la Sûreté du Québec. Ils la connaissent surtout sous
un jour positif. Ils sont habitués de côtoyer la
Sûreté du Québec, comme ils côtoient leurs
édiles municipaux, finalement, puis leur député. Ils
s'entendent très bien avec elle, puis de manière
générale, ils apprécient hautement les services qu'ils en
reçoivent. Moi, ce sont mes conclusions là-dessus...
M. Chevrette: M. le Président, moi, je voudrais...
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
ministre. M. le député.
Crise amérindienne Indemnités
versées
M. Chevrette: Je voudrais aborder le programme 6, mais je
voudrais souligner au ministre que j'ai fait sortir les noms en ce qui regarde
le programme d'indemnités. Je dois tout de suite vous dire, M. le
ministre, que nous relevons cinq noms de négociateurs durant la crise
mohawk sur la liste des personnes indemnisées, en toute apparence les
même noms; cinq noms parmi les négociateurs mohawks que l'on
retrouve dans la liste des indemnisés. Il y a un nom additionnel qui
fait partie de la liste des débits clandestins visés par la
Sûreté du Québec - dans les débits clandestins de
vente de cigarettes - qui est aussi indemnisé. Et il y a une personne
inculpée qui est indemnisée également, selon toute
apparence. J'avais le choix de me servir de mon immunité pour vous
donner les noms. Je vais faire en sorte que demain, par exemple, je vous
livrerai la liste de ces noms. Mais c'est pour dire qu'il y a cinq
négociateurs qui, selon toute apparence, sont des personnes qui
négociaient le dénouement de la crise, et qui sont sur la liste.
Et tout ça, c'est sur la liste des indemnisés. Ça
m'apparaît quand même être gros.
Quant aux quelque 5000 personnes payées à partir de
l'identification d'un code postal, à qui on n'a même pas
demandé des preuves ou seulement le permis de conduire pour identifier
une preuve de résidence, M. le ministre, avec le va-et-vient qu'il y a
eu cet été à Kahnawake, où des gens même de
l'Ontario ou des États-Unis pouvaient être dans les parages,
ça m'apparaît peu rigoureux, comme formule de paiement. Avec toute
la condescendance qu'on peut faire à ceux qui ont administré le
programme, avec toute la confiance qu'on peut faire, ça m'apparaît
être non seulement du laxisme, mais ça m'apparaît
inadmissible, dans le cadre de l'administration des deniers publics, de ne pas
avoir exigé au moins une preuve concrète d'établissement,
de lieu de résidence. Un permis de conduire aurait au moins
été une preuve minimale, mais encore. Je n'appelle même pas
ça du laxisme, j'appelle ça de l'incompétence
administrative - vous me permettrez l'expression - mais c'est de même que
je le juge. Ce sont des deniers de l'État, ça. Quand c'est tout
près de 2 000 000 $ qui ont été versés de
même, ça m'apparaît grave, ça m'apparaît
très grave.
Également, M. le ministre, je veux souligner une
différence de conception. Comme vous avez donné au ministre le
droit de réplique, M. le Président, moi, je vais faire une
réplique sur l'enclave que représente Kahnawake. On vit dans un
territoire québécois où la libre circulation des personnes
doit être assurée. Vous semblez trouver normal qu'il n'y ait pas
libre circulation totale des personnes au Québec et qu'on assiste
à une partie de territoire qui constitue une enclave où
l'immunité est presque totale pour ceux qui sont à
l'intérieur. Et, attention, un bon conseil, évitez le village de
Kahnawake. On va retrouver ça à plusieurs reprises. Est-ce que
c'est normal de vivre dans une société où les barricades
empêchent les gens de passer? M. le ministre, vous nous en fournissez la
preuve en ayant indemnisé tout près de 4000 autochtones. Vous
avez indemnisé tout près de 4000 autochtones, dans la liste que
vous m'avez envoyée, sur presque 16 000 indemnisés. Ne
trouvez-vous pas important... Si vous avez jugé ou si vos services ont
jugé que 4000 autochtones avaient le droit à une
indemnité, c'est donc dire que vous reconnaissez que ces gens-là
n'avaient pas le plein exercice de leurs droits et qu'ils ont été
pénalisés. C'est donc dire que vous reconnaissez que ces
gens-là sont empêchés de faire librement leurs gestes,
d'agir librement, puisque vous n'auriez pas indemnisé ces gens-là
si vous n'aviez pas jugé qu'ils n'avaient pas connu de préjudice.
C'est donc dire que vous reconnaissez par le fait même que les Warriors
les ont empêchés d'agir librement.
Si tel est le cas, M. le ministre, vous n'avez pas touché
à l'aspect que je soulignais au début. Si tel est le cas,
allons-nous longtemps laisser des fiers-à-bras qui font le trafic des
cigarettes, le trafic qui contribue à armer des individus qui veulent
s'ingérer dans le trafic de l'essence également... Est-ce qu'on
va laisser longtemps une population que l'on juge brimée dans ses droits
sous la tutelle de ces gens-là?
Enquête publique réclamée
Est-ce que vous ne croyez pas qu'une enquête publique
contribuerait à démasquer ces individus, à redonner
confiance à la majorité silencieuse pour qu'elle reprenne le
pouvoir sur son territoire, ou si vous allez continuer à vous asseoir
sur la marmite bien comme il le faut, puis donner l'impression que vous agissez
fort alors que, au moment où on se parle, les barricades sont toujours
dressées, qu'il y a au moins 80 % d'armes qui sont demeurées sur
le territoire, nous dit-on, puis qu'il continue à y avoir des rafales
une fois de temps en temps et des gestes extrêmement dangereux qui
contribuent à garder ce climat de tension puis ce climat de terreur?
Qu'est-ce qui vous empêche d'aller dans une enquête publique pour
donner véritablement à ces citoyens l'occasion de raconter
exactement ce qu'ils vivent? Qu'est-ce qui vous empêche de donner
à ces citoyens l'occasion de démasquer ce noyau dur qui
empêche la majorité?
Et si vous me dites: Ils se considèrent comme une nation puis ils
sont tous d'accord, je vous poserais la question: Pourquoi les avez-vous
indemnisés, d'abord? Parce que votre attitude,
présentement, pas de mauvaise foi, j'en suis sûr, mais votre
attitude contribue présentement, M. le ministre, à dire à
toute une autre population, à côté: Qu'est-ce que ça
nous donne, nous autres? Il y a deux justices. Va-t-il falloir se bâtir
des barricades? Vous entendez de plus en plus ça. Vous entendez du monde
avec des réactions encore plus négatives, et c'est ça qui
crée le germe du racisme. Quand un citoyen me dit: Ça "va-tu" me
prendre une plume? Ou ça "va-tu" me prendre un K7 dans les mains ou une
mitraillette? Si, M. le ministre, vous jugez qu'il y a des vestiges, moi, je
dois vous avouer que les armes sont plutôt modernes. Parmi ces vestiges
et ces ruines, comme vous le dites, il y a des armes ultramodernes.
Je suis un peu peiné de voir que vous ne donnez pas l'occasion,
que vous ne voulez pas donner une occasion à des citoyens,
précisément, de reprendre confiance. Il y en a eu des
enquêtes publiques par le passé. J'ai donné l'exemple de la
commission Cliché qui était terrorisée par un petit noyau
de fiers-à-bras. Ça fait 15 ans de cela, 16 ans, puis on a une
paix relative dans le monde de la construction, puis les travailleurs ont
repris le contrôle de leur association. Je demande: À qui
ça sert, présentement, la situation, si ce n'est pour
établir et continuer à laisser aux Warriors et à ceux qui
vivent du fruit du crime le soin de maintenir leur emprise sur une population
en général? Je ne comprends pas, absolument pas votre attitude
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, il faut ramener les chiffres à leur
vraie proportion. Le député a parlé de 4000...
M. Chevrette: II me semble.
M. Ryan: ...autochtones qui auraient été
indemnisés.
M. Chevrette: Je peux me tromper, mais...
M. Ryan: Le vrai chiffre, c'est 2209.
M. Chevrette: 2200?
M. Ryan: 2209, au 15 avril 19..
M. Chevrette: C'est beaucoup, quand même.
M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: C'est beaucoup, quand même.
M. Ryan: Vous ne savez pas qui c'est. Ils ont peut-être le
droit d'être indemnisés autant que les autres, fort
probablement.
M. Chevrette: Bien sûr. Je ne dis pas non.
M. Ryan: Très L an. On s'entend là-dessus et c'est
important d'avoir...
M. Chevrette: C'est 4000 demandes, M. le ministre.
M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: C'est 4000 demandes, 2200 indemnisés.
M. Ryan: 2869 demandes, dans le rapport que j'ai ici, pour
hébergement et subsistance.
M. Chevrette: Nous autres, c'était 4000. On avait vu
ça dans vos chiffres.
M. Ryan: II y en a d'autres qui ont demandé les frais
divers, mais, en général, c'est ceux qui étaient
déjà bénéficiaires de subventions
d'hébergement et de subsistance. Alors que, des Blancs, il y en a eu
6524. S'il y a des noms là-dedans... Il faut faire attention avec les
noms. Il peut arriver qu'une personne ait été...
M. Chevrette: M. le ministre, sans vous reprendre, à vos
propres pages: Nombre total de réclamations reçues, 4232; nombre
de réclamations acceptées, 2913. Je ne voudrais pas, quand
même, qu'on nous dise qu'on se sert de faux chiffres C'est vos chiffres
et c'est vos livres.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Ryan: Le vôtre est en date du 2 avril, puis le mien est
en date du 15 avril
M. Chevrette: À plus forte raison. Il doit y en avoir
peut-être plus depuis ce temps-là. Ça ne doit pas avoir
baissé. Ça ne peut toujours pas avoir baissé du 2 au 15.
C'est à la page 0002.
M. Ryan: Quand vous parlez de nombre total de réclamations
reçues, ce n'est pas nécessairement d'individus qui ont
réclamé. Ça peut être des réclamations au
titre d'hébergement, au titre de frais divers, au titre de frais de
transport. Ceux qui ont réclamé "hébergement", c'est
ça qui est important. Le reste c'est secondaire. Les vrais chiffres,
c'est 2869 et ceux qui en ont reçu jusqu'à ce jour, c'est 2209.
C'est ça. On additionne toutes les réclamations et ça fait
4000. Ça ne fait pas 4000 personnes. (17 heures)
M. Chevrette: Oui, O.K.
M. Ryan: Je pense qu'on s'entend là-dessus.
M. Chevrette: C'est correct, ça. Non, je ne vais pas
m'obstiner sur le type de réclamation.
M. Ryan: Parce j'ai assez feuilleté ces rapports-là
depuis quelques mois que...
M. Chevrette: C'est parce qu'on avait vos chiffres.
M. Ryan: J'aime ça qu'on critique. Ça nous permet
de faire sortir la vérité.
Une voix: C'est déjà beau.
M. Ryan: Oui. Qu'il y ait eu certains noms de personnes qui
auraient bénéficié d'aide et que ça donne lieu a
des questions, c'est fort possible. Dans les conditions où tout
ça a été fait, c'est fort possible. Je vous avertis que le
Contrôleur des finances dit que la vérification au point de vue de
l'adresse et de l'identité a été faite de manière
beaucoup plus poussée que vous ne semblez le considérer. Quand
vous allez lire le rapport du Contrôleur des finances, tout ça est
traité dedans. Je pense bien qu'on est obligé de s'en tenir...
Ça a été fait, ça, a posteriori. On a fait une
vérification sérieuse. Moi, j'aime mieux prendre ça que de
me fier à des impressions. Ça, on verra, mais je vous assure que
ce n'est pas du tout le rapport que j'ai reçu.
Dans les cas qui ont bénéficié, il peut arriver que
certains aient été des deux côtés de la
clôture, mais vous connaissez notre principe de base: si une personne
était condamnée par les tribunaux pour avoir participé
à une action criminelle et a bénéficié d'une aide,
c'est évident que ces choses-là vont être supprimées
et qu'on lui réclamera l'aide en question. On ne peut pas la juger
avant, même si elle est traduite devant les tribunaux. Je ne pense pas
que ça serait un motif suffisant pour aller lui réclamer le
remboursement. C'est évident qu'il y avait une certaine mesure de
confusion. On ne peut pas le nier non plus. Je vous dis, la bonne
méthode pour nettoyer ça, c'est la méthode de la
vérification administrative. Ce n'est pas d'aller jeter tout ça
sur la place publique, dossier par dossier. On pourrait étaler 3000
dossiers sur la place publique. On n'en finirait pas. Je considère que
ce n'est pas la bonne manière.
L'autre, l'aspect politique du problème, le gouvernement a choisi
une autre voie. M. Sirros, le ministre délégué aux
Affaires autochtones, a institué sa consultation en vue de mettre au
point une politique québécoise en matière autochtone, que
nous n'avions point, malgré les prétentions de l'Opposition, nous
n'en avions point. Quand nous relisons aujourd'hui les déclarations qui
ont fait l'objet d'adoption solennelle par l'Assemblée nationale, nous
trouvons qu'elles étaient drôlement théoriques par rapport
aux événements concrets que nous avons vécus et que, sur
certains points très importants, elles n'apportaient pas de
réponse. Il faut les chercher. Je crois que la méthode qu'a
retenue mon collègue, le ministre délégué aux
Affaires autochtones, est la bonne. Il va donner à tout le monde la
chance de s'exprimer. On va mettre au point une politique qui sera plus
collée à la réalité.
Je serais porté à dire une petite chose
légèrement malicieuse en conclusion. Je crois me souvenir
qu'à un de ses conseils nationaux, le parti auquel est inscrit le
député de Joliette a fait venir des représentants des
nations autochtones, y compris un représentant de Kahnawake. Si mes
souvenirs sont bons, c'était M. Billy Two Rivers, contre lequel je n'ai
rien. C'est une des personnes qui fait partie du conseil de bande de Kahnawake.
Est-ce que quelqu'un, à l'occasion de cette séance
d'amitié, leur a demandé d'enlever les barricades à
Kahnawake, et ce que ça faisait là, ça? Leur avez-vous dit
que vous ne les recevriez pas tant qu'ils n'auraient pas enlevé
ça? Je ne me souviens pas.
Mais, nous autres, on ne les courtise pas de cette
manière-là. On leur parle franchement. Je leur ai dit quelle
était notre position. Je leur ai dit que des histoires de minouchage, il
n'y en aurait pas tant qu'on n'aurait pas réglé ces
problèmes-là, mais qu'on allait faire montre du maximum de bonne
foi et de respect de notre côté. Mais je pense qu'on a
démontré... Je ne veux pas toujours évoquer ce
fait-là, mais il est absolument pivotant dans l'histoire des six
à huit derniers mois. À un moment donné, il y avait des
incidents qui se produisaient sur les routes. À un moment donné,
il s'est trouvé qu'il y avait deux groupes qui s'affrontaient, un de
chaque côté de la route, le 8 janvier dernier. Qu'est-ce qui est
arrivé? À ce moment-là, la Sûreté du
Québec et la Gendarmerie ont dit à ces personnes qui voulaient
s'emparer du contrôle des routes: Vous allez retourner chez vous, ce
n'est pas votre place de diriger le trafic sur la route 132. Il a fallu user de
moyens qui dépassaient les moyens habituels. Il a fallu user de moyens,
puis je dois rendre hommage à M. Lavigne, parce que c'est une chose dont
nous avons eu l'occasion de discuter, puis je me souviens très bien que,
cet après-midi là, le grand chef du conseil de bande m'a
téléphoné pour me supplier d'intervenir auprès de
la Sûreté pour qu'elle ne fasse rien. J'ai dit: Si vous voulez
qu'elle ne fasse rien, enlevez vos gens de là. La chose a
été placée clairement et il a été bien
indiquée qu'il n'y aurait pas de recul là-dessus. Mais nous
entrerions dans le village de Kahnawake à des conditions, à un
moment, et suivant des modalités que nous définirions et que nous
jugerions les plus conformes aux exigences du bien public, en essayant de faire
ça le plus tôt possible de manière à pouvoir
réparer la politique d'abstention qui avait régné depuis
1978.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Chevrette: Pour vider la question de l'enquête publique,
est-ce que le ministre n'est pas conscient qu'il est en train de se bâtir
simplement une perception très forte dans la tête des
Québécois francophones vivant aux alentours de Kahnawake et que,
tout en ayant un objectif qui est noble, vous êtes en train
d'accréditer dans la tête d'autres personnes qu'il y a deux types
de justice? Est-ce que vous êtes conscient de ça?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je dois justement me rendre à Châteauguay
vendredi. Je rencontrerai les autorités policières pour
m'enquérir auprès d'elles de ce qui se passe
réellement.
M. Chevrette: Non, mais la population. Je ne parle par des
policiers.
M. Ryan: Je rencontrerai les élus de Châteauguay, je
rencontrerai les élus de la MRC, et je vais recueillir leurs
impressions. Je sais que, quand on est plus proche. Évidemment, je
rencontre plus souvent des gens d'Oka, puis les réflexes
qu'évoque le député de Joliette existent, c'est sûr,
mais il faut parler avec ces gens-là et leur dire qu'on ne peut pas
avoir trois stratégies en même temps. Il faut avoir une
stratégie et la tenir tout le long, comme le gouvernement a fait pendant
toute la durée de la crise amérindienne. Il ne s'est pas
laissé influencer par les propos du chef de l'Opposition qui disait: II
faudrait leur rentrer dedans sur le pont. On a dit: Non, ce n'est pas
l'attitude qui témoigne du meilleur jugement politique, ça. On a
endossé les critiques qui allaient avec ça. À un moment
donné, vous l'avez souligné vous-même, on était en
bas dans les sondages. Ça ne me fait rien, je ne les lis à peu
près pas, mais depuis ce temps-là, on a fait du chemin. Les gens
s'aperçoivent qu'on avait une politique responsable, puis il n'y a
personne qui peut sérieusement mettre en question la ligne de fond qu'on
a suivie pendant cette crise-là. Moi, j'en suis très fier comme
ministre, en tout cas. J'essaie de la continuer, honnêtement.
M. Chevrette: Mais si vous êtes si fier que ça,
comment expliquez-vous que votre premier ministre ait dégommé
deux de ses ministres tout de suite après la crise, et ça
pressait? Il y a quelque chose qui cloche dans votre affaire, M. le ministre.
Je veux bien que vous essayiez de sauvegarder votre gouvernement, parce que
vous êtes le seul pompier qui semble être capable de relever
quelques défis, mais vous ne viendrez toujours pas me faire accroire,
à moi qui ai 15 ans de vie politique dans le Parlement, qu'une crise qui
donne lieu à deux démissions de ministres, bonne mère!
qu'on les tasse littéralement et que vous pouvez crier bravo, puis vous
péter les bretelles jusqu'à demain matin? Il y a quelque chose
qui a accroché, M. le ministre. Voyons! Quand la Sûre é du
Québec est obligée de faire un sondage pour voir le degré
de mécontentement ou de contentement de ses propres policiers, c'est
parce que ça a été comme sur des roulettes? Voyons!
Arrêtez de nous en faire accroire. Ne nous prenez pas pour des petits
matelots en goguette, voyons!
M. Ryan: Les remaniements ministériels, M. le
Président, on peut les interpréter de 25 manières. Il faut
avoir vécu toutes les circonstances qui ont conduit à un
remaniement pour être capable de les apprécier comme il faut. Je
n'enlève pas au député de Joliette le droit d'avoir son
jugement là-dessus, mais je lui dis que son jugement est dangereusement
mal informé. Il n'a qu'une partie de l'information à sa
disposition. Je pense qu'il y a bien d'autres facteurs qui ont influencé
le premier ministre dans les jugements qu'il a faits.
Rapports sur les événements
M. Chevrette: Bon. Votre rapport, vous allez le déposer
quand? L'avez-vous ici?
M. Ryan: Non, je ne l'ai pas ici. Nous sommes en train de le
travailler.
M. Chevrette: O. K.
M. Ryan: La dernière fois que nous en avons parlé
avec le député de Joliette - que je suis heureux de tenir au
courant de chaque étape là-dedans - j'avais dit que j'avais
reçu un premier document de la Sûreté du Québec, que
j'en avais rediscuté avec le directeur de la Sûreté du
Québec. Depuis ce temps-là, nous avons eu de nouveaux textes dont
nous discutons ensemble.
M. Chevrette: Trouvez-vous ça normal de négocier un
texte de même?
M. Ryan: Oui. Je pense que c'est une bonne chose, parce qu'il y a
eu tellement une symbiose pendant cette période-là entre
l'autorité policière puis l'autorité politique. C'est des
événements qu'on a vécus ensemble au jour le jour, puis
dans n'importe quelle crise de ce genre il est presque impossible qu'il en soit
autrement.
M. Chevrette: Fondamentalement, ça n'a pas d'allure.
M. Ryan: Attendez un petit peu. Permettez-moi de compléter
ma réponse. Ça va être bref.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: II y a aussi l'analyse des carences qu'on a pu constater
dans l'organisation, dans le fonctionnement de l'organisation pendant ce
temps-là, et les remèdes qu'il convient d'apporter. Ce sont
toutes des choses dont il faut qu'on discute ensemble. Ce n'est pas des empires
séparés, ça. On les discute dans un climat de
collaboration et de franchise. Mais je vous dis que vous aurez un document
public avant l'ajournement d'été. J'aurais aimé le
produire un petit peu plus vite, mais vous l'aurez. Je pense que c'est un
document qui vous apportera des éclaircissements très
intéressants.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Ryan: Et, à ce moment-là, je vais prendre un
autre engagement, M. le Président. Je vais aller plus loin. Si, sur la
base de ce document-là, le député de Joliette voulait que
nous revenions en commission parlementaire pour en discuter, nous le ferons
volontiers.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Chevrette: ...fondamentalement, ce qui a toujours
été demandé, c'était le rapport tel que
relaté par les policiers, leur perception, ce qui s'est passé, ce
qu'ils ont conçu. Ce n'est pas un rapport négocié qu'on
veut avoir. Vous êtes Solliciteur général. Là, on va
avoir le fruit d'échanges, de longs échanges - parce que vous
parlez longtemps, vous écoutez beaucoup - de longs longs échanges
avec un dossier tout amendé, un dossier trituré qui ne donnera
pas véritablement la vision réelle du corps policier qu'est la
Sûreté du Québec. On va avoir un rapport tout
trituré, amenuisé sur bien des aspects. Tous les aspects, par
exemple, qui traitent du gouvernement, allez-vous me dire qu'on va retrouver,
par exemple, dans le rapport final, que les ordres étaient
contradictoires, qu'ils venaient d'un M. Parisella, du bureau du premier
ministre, tantôt de Sam Elkas, tantôt de l'attaché politique
de M. Elkas, tantôt de Ciac-cia, tantôt d'un ministre qui se
promenait sur le terrain? Est-ce qu'on va avoir ça? Ça va
être tout disparu, ça.
M. Ryan: Je pense bien que vous ne vous attendez pas à
ça. Je pense qu'on ne s'attend pas à ça et ce n'est pas
ça...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: ...qui est tenté par personne. On veut savoir ce
qui est arrivé le 11 juillet Je vais vous donner un exemple concret. On
veut savoir ce qui est arrivé le 11 juillet, comment il se fait que les
événements se sont produits comme ils se sont produits, les
leçons qu'on retire de ça, et tout. Ça, vous l'aurez
clairement dans le rapport. On veut savoir ce qui s'est produit à
certains jours, comme le 12 août, par exemple, au pont
Saint-Louis-de-Gonzague, ce qui est arrivé là, exactement. Il y
aura des renseignements précis là-dessus. On veut savoir quelles
sont les carences qu'on a constatées en cours de route et ce qu'on
entend faire pour les corriger. Ça sera écrit ça,
très clairement.
M. Chevrette: Avec les nuances que vous avez bien voulu y
mettre...
M. Ryan: Mais là, voudriez-vous...
M. Chevrette: ...et en élaguant, en ôtant, par
exemple, du rapport les bouts qui traitaient de l'ingérence du politique
dans le policier. Ça sera un rapport qui fera plaisir au
gouvernement.
M. Ryan: Vous supposez que...
M. Chevrette: Alors qu'un rapport de police, M. le ministre, vous
savez très bien, un rapport de police, c'est rédigé
après l'événement. On leur demande de juger de
l'événement, ce qui a manqué, ce qui a été
correct et ce qui est... Là, ce n'est pas ça qu'on va avoir. Un
rapport négocié, moi c'est la première fois que je vois
ça, là, qu'on nous annonce qu'il y aura un rapport
négocié entre la Sûreté du Québec et le
ministre de la Sécurité publique. Moi, je trouve ça
inadmissible; c'est gros, et c'est long. C'est long en maudit d'écrire
un rapport nuancé; ça fait sept mois que la crise est finie.
M. Ryan: On n'a pas tout le temps, chaque jour, pour consacrer
des heures à ces choses-là, M. le Président.
M. Chevrette: C'est pour ça que je disais que ça
prendrait un ministre à temps plein. Je vous l'avais dit.
M. Ryan: Pas nécessairement. Pendant ce temps-là,
la compréhension des choses mûrit dans chaque esprit, et ce n'est
pas mauvais non plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je pense que vous aurez un rapport objectif et
véridique. Je peux vous promettre ça.
M. Chevrette: O.K. ça, c'est pour le rapport de la police.
Donc, j'ai compris qu'on aurait quelque chose de négocié.
Pour le rapport du vérificateur des finances...
M. Ryan: Le mot "négocié", je pense que ce n'est
pas un mot que j'entérinerais.
M. Chevrette: Vous pouvez donner un synonyme. Je sais que vous
êtes très cultivé, mais ça avait l'air de dire
ça pareil. Je ne suis pas... Non, c'est "transsectoriel".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est un nouveau mot dans le vocabulaire du
ministre.
M. Ryan: Oui. Il n'est pas encore dans le dictionnaire.
M. Chevrette: Ça va être un rapport
"transsectoriel".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ça va être un rapport juteux. M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Chevrette: ...pour demander au ministre son autre rapport sur
le Vérificateur général, non, le vérificateur des
finances ou le Contrôleur des finances. Le Contrôleur des finances,
celui-là, est-ce que vous l'avez?
M. Ryan: Oui, oui.
M. Chevrette: II est terminé?
M. Ryan: Oui.
M. Chevrette: Pouvez vous le déposer?
M. Ryan: Je le rendrai public...
M. Chevrette: Avez-vous encore des choses à
élaguer?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...je le rendrai public, dans sa teneur
intégrale, au cours des prochains jours.
M. Chevrette: Une question que je voudrais vous poser: Si vous
connaissiez les adresses, pourquoi ne pas les avoir écrites?
M. Ryan: Pardon?
M. Chevrette: Vous dites: C'a tout été pas mal
parfait. Si vous connaissiez les adresses, si vous connaissiez
véritablement le lieu de résidence, pourquoi ne pas l'avoir
écrit?
M. Ryan: Sur les listes qui vous ont été
données?
M. Chevrette: Oui.
M. Ryan: On pourra demander. Je ne sais pas. Je n'ai pas
vérifié ces listes-là, moi. (17 h 15)
M. Chevrette: C'est une joyeuse brique, je peux vous le dire. Je
me la suis payée, tard, une nuit.
M. Ryan: Regardez, je vais vous donner... Le Président
(M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: ...une explication parce qu'il n'y a rien qui
m'inquiéterait comme de penser que vous pourriez perdre le sommeil
à cause de ça.
M. Chevrette: Je n'ai pas l'impression. J'ai l'impression que
ça vous ferait plaisir.
M. Ryan: Un de mes collaborateurs me remet une note. Ce
collaborateur est celui qui me représente le plus directement
auprès des gens de Kahnawake. C'est une présence que vous
connaissez, c'est M. Jeff Kelly, que vous pourrez rencontrer si vous le voulez
parce qu'il est libre de ses allées et venues avec son ministre. On me
dit ici que toutes les adresses à Kahnawake sont des boîtes
postales. Les rues n'ont pas de nom. Saviez-vous ça, vous?
M. Chevrette: On a la rue Ellen, par exemple, Ellen Gabriel; la
rue Gabriel, ça existe. Je l'ai fait le tour moi aussi, M. le
ministre.
M. Ryan: Voici ce qu'on me donne, là. On vérifiera
ça ensemble, si vous voulez partir, mais avant de partir trop loin, je
vous assure que dans le rapport du Contrôleur des finances, que je
rendrai public, il est clairement indiqué qu'on faisait de la
vérification d'adresses. On demandait dans tous les cas le permis de
conduire, d'abord, qui est quand même un très bon moyen de
vérification pour 99 % des cas. Après ça, on a
procédé à bien d'autres moyens. Est-ce que les noms et
adresses dans les listes qui vous ont été données
étaient compris pour plusieurs personnes?
M. Chevrette: La majorité avaient des adresses.
M. Ryan: Parce que nous autres.. Moi, j'avais compris que, du
point de vue de l'accès à l'information, on n'était pas
tenus de donner des adresses...
M. Chevrette: Non, non, mais vous nous avez envoyé deux
briques, c'est-à-dire le même contenu. Je pourrais la montrer, M.
le ministre.
M. Ryan: En tout cas, j'ai des réserves.
M. Chevrette: Je dirais à 80 %, à l'oeil, les
adresses sont là. Mais ça, je dois vous avouer que vous pouvez le
regarder vous autres mêmes, mais vous ie savez. Il y a quelques pages qui
n'ont pas de casier postal...
M. Ryan: En tout cas, pour Kahnawake, je voudrais que vous
reteniez l'explication que je vous ai fournie. Pour les noms qui sont de
Kahnawake je réitère l'explication que j'ai proposée
tantôt.
M. Chevrette: Sj je vous envoie des noms, comme je vous ai dit
tantôt, est-ce que ce sera vérifié?
M. Ryan: Absolument.
M. Chevrette: O.K.
M. Ryan: Je vais demander qu'on vérifie rigoureusement.
S'il y a eu des choses qui ont été faites sans fondement, je
demanderai qu'elles soient corrigées.
Sûreté du Québec Coûts
reliés à la crise amérindienne
M. Chevrette: Bien beau. M. le Président, les coûts
reliés à la crise. On dit: En temps supplémentaire,
policiers, 71 384 700 $, et les coûts reliés à la crise, 91
667 700 $. Je voudrais savoir quelle est la partie pour l'hébergement et
la partie pour... Le temps supplémentaire, on l'a, mais combien c'a
coûté en hébergement? Combien pour le transport?
M. Ryan: Oui, on peut donner tout ça. Tous les programmes
d'aide jusqu'à maintenant, si mes souvenirs sont bons, ont
entraîné des déboursés de près de 20 000 000
$.
M. Chevrette: Oui, c'est à peu près 20 000 000 $,
effectivement. 20 300 000 $ ou...
M. Ryan: Parlez-vous pour les membres de la Sûreté,
là?
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Ryan: Ah! On va vous donner ça, pour les membres de la
Sûreté.
M. Chevrette: Sûreté du Québec, programme
6.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous sommes toujours
dans le programme 6?
M. Chevrette: J'aimerais savoir combien il y a pour
l'hébergement, et combien il y a pour le transport?
M. Ryan: Le montant total, M. le Président, 14 523 000 $
en frais de voyages, couchers et repas.
M. Chevrette: 14 000 000 $.
M. Ryan: 14 523 000 $.
M. Chevrette: Couchers et repas?
M. Ryan: Oui. Frais de voyages aussi.
M. Chevrette: Donc, 14 000 000 $ pour hébergement,
transport et repas.
M. Ryan: C'est ça.
M. Chevrette: Remarquez bien, si vous n'êtes pas capable de
nous répondre de façon décortiquée, vous pourrez
l'envoyer par la suite, là. Moi, j'aimerais savoir combien pour
l'hébergement? Combien pour le transport? Combien pour les repas?
M. Ryan: Je peux tout vous le donner. Regardez, pour
l'hébergement et les repas - voulez-vous le prendre - pour Akwesasne,
c'a été 2 785 000 $, O.K.? Pour Kahnawake et Kanesata-ke, 11 306
000 $. Maintenant, en plus, il y a le transport.
Est-ce que ça va, ça, comme renseignement?
M. Chevrette: Oui, mais si vous l'avez pour... Moi, ce n'est pas
nécessairement Kanesa-take ou Kahnawake. J'aimerais savoir les trois
chiffres: hébergement, tant - la crise - les repas, tant; les
transports, tant.
M. Ryan: Là, on n'a pas la division par repas ou par
coucher ici.
M. Chevrette: Bon, en autant que vous me l'envoyiez.
M. Ryan: Je ne ie sais pas. On va voir si ça
peut-être être obtenu parce que s'il faut examiner chaque note de
frais, là, pour sortir ça, je ne peux pas vous le promettre.
M. Chevrette: C'est comptabilisé dans un seul poste?
M. Ryan: Oui, c'est ça. La personne présente son
compte. Je ne sais pas comment c'était présenté. Si c'est
présenté ensemble...
M. Chevrette: En tout cas, si vous l'avez, vous nous le ferez
parvenir.
M. Ryan: Je ne voudrais pas... Si on l'a, si c'est possible, M.
le Président, mais je ne voudrais pas prendre d'engagement à
l'aveuglette.
M. Chevrette: Non, non, je comprends ça.
M. Ryan: Je pense qu'on se comprend facilement
là-dessus.
Le Président (M. Messier): M le ministre
M. Chevrette: Combien est attribuable à des dommages
causés à l'équipement? Les dommages causés à
l'équipement, les frais sont de quel ordre?
M. Ryan: Ici, c'est marqué Autres dans les
catégories que j'ai ici, moi. Vous avez surtemps, hébergement et
repas, utilisation de la flotte automobile de la SQ, transport,
télécommunication, hélicoptère, puis Autres. Puis
dans Autres, c'est marqué Achat, fourniture et capital. C'est
probablement là que ça serait. On a la réponse
plutôt, à votre question
Voici les éléments. Le coût total des dommages
matériels, 134 056 $; remplacement de six véhicules automobiles,
118 694 $; réparation de véhicules, 12 750 $, bris d'immeubles,
2132 $; puis réclamations personnelles de policiers pour bris d'effets
personnels, 480,33 $. Ils n'ont pas exagéré.
Je pourrais envoyer au député de Joliette une copie d'un
tableau que j'ai devant moi, qui donne les grands frais suivant les têtes
de chapitre que je viens de mentionner pour chacun des deux fronts principaux,
celui de Akwesasne, puis celui de Kahnawake. Et je lui signale seulement que
les montants que je viens de donner sont compris dans le montant qui est
marqué Autres, achat de fourniture et équipe ment. Sur les 36?
000 $ qui sont encourus, il y avait 134 000 $ pour les réparations
d'équipement et tout ça.
Équipement et rôle des policiers
M. Chevrette: On sait que le chef de la Sûreté, M.
Lavigne, et d'autres ont déclaré, lors des engagements
financiers, que la Sûreté n'était vraiment pas
équipée pour faire face à ce type de manifestations qui
sont survenues l'été dernier. Sans qu'il soit question d'acheter
des chars d'assaut ou des tanks, est-ce qu'il est dans l'intention du ministre
cependant de doter la SQ d'équipement beaucoup plus adéquat pour
faire face à ce genre de manifestation? On sait que le climat est loin
d'être disparu et qu'on n'est pas sûr que ce type
d'événement ne se reproduira pas, d'autant plus que tout est en
place, comme c'était avant ou à peu près. Ce que je veux
savoir, c'est: Est-ce qu'au niveau des orientations du ministre et de son
ministère, il se dessine des décisions à l'effet de doter
la Sûreté du Québec d'équipement beaucoup plus
adéquat, au moins pour des activités, peut-être pas
guerrières, mais pour des activités de sécurité qui
permettraient de protéger à la fois i.-s policiers et le public
en général?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je suis bien content que cette question soit
soulevée de nouveau parce qu'on a un peu plus de temps pour en discuter;
on va peut-être réussir à faire un peu de lumière
autour de tout ça. Moi, j'ai déjà déclaré
à quelques reprises, puis je le répète volontiers
aujourd'hui, que je n'ai pas l'intention de recommander au gouvernement que la
Sûreté du Québec se tranforme en organisation militaire ou
paramilitaire. C'est une force qui est au service de l'ordre public, qui n'a
pas la même mission que les Forces armées. Par conséquent,
il y a un certain type de situation pour lequel je pense bien que nous serons
d'accord pour considérer qu'il ne faudrait pas orienter dans cette
direction-là notre force policière.
Ceci étant bien clairement établi, il y a un
deuxième point que je voudrais établir non moins clairement,
c'est que, quand la société demande à des hommes et
à des femmes de se constituer les gardiens de l'ordre public, elle doit
leur donner des conditions de travail convenables, ça va de soi. Elle
doit leur donner une raisonnable liberté d'action aussi, je pense que
nous en conviendrons sans difficulté. Elle doit aussi leur accorder une
protection minimale dans l'exercice de leurs fonctions. Si elle les appelle
à exercer des fonctions dangereuses, elle doit leur accorder des
instruments de protection et de défense appropriés. C'est pour
ça que, dans notre société, les policiers dûment
assermentés sont en général des personnes porteuses
d'armes. On leur confie ce privilège parce qu'on considère qu'il
va de pair avec la mission qui leur est confiée dans la
société
Maintenant, que dans le type de société où nous
vivons, il puisse surgir des situations requérant que les forces
policières puissent être transportées dans des conditions
de sécurité exceptionnelles, je pense que c'est un point qu'il
est facile d'établir aussi. Puis la preuve en est que
déjà, à l'heure actuelle, la Sûreté du
Québec possède un véhicule blindé qui sert à
transporter ses effectifs dans des situations spéciales.
Disons que vous avez une situation de prise d otage. Il peut arriver
que, pour s'approcher d.u lieu de l'événement sans danger, il
faille un véhicule qui soit prémuni contre les effets des coups
de feu, par exemple. La Sûreté dispose d'un véhicule
à cette fin. Est-ce qu'il y aurait lieu d'en ajouter d'autres de
manière à pouvoir faire une charge plus efficace dans une
situation comme celle qui avait surgi à la côte Saint-Michel
à Oka7 Ça, c'est une question sur laquelle il faut se
pencher avec beaucoup de prudence et
de précaution.
Nous savons tous que les Forces armées disposent de
véhicules de cette nature. Et il est écrit dans la Loi sur la
défense nationale qu'une province peut réquisitionner le concours
des Forces armées, soit sous forme de matériel, soit sous forme
de secours en effectifs humains. Je crois qu'avant de considérer toute
possibilité d'addition à l'équipement dont dispose
à cet égard la Sûreté du Québec, il faudra
que nous examinions soigneusement les avenues de collaboration qui existent
avec les Forces armées. Et si les véhicules dont disposent les
Forces armées, dans l'hypothèse où ils deviendraient
nécessaires, peuvent être rendus disponibles dans des conditions
qui répondent aux attentes légitimes de la Sûreté du
Québec, je privilégierais de toute évidence cette voie
avant de recommander qu'on aille plus loin.
Maintenant, j'ajoute un dernier point, c'est qu'il existe un bon nombre
de corps de police en Amérique et ailleurs dans le monde, qui sont
dotés de véhicules qui, tout en étant munis de dispositifs
de protection adéquats, ne sont pas des véhicules militaires; ce
sont des véhicules conçus à des fins policières.
Dans cet ordre de grandeur là, si, moi, on me soumet des propositions
qui soient raisonnables et dont les besoins auxquels elles veulent
répondre soient sérieusement établis, j'aurai le devoir,
en conscience, de les examiner et de soumettre des recommandations
appropriées au gouvernement. Mais nous n'en sommes pas encore à
ce stade-là. Nous sommes au stade où nous allons examiner ce
problème avec les Forces armées pour bien s'assurer qu'on aura
épuisé toutes les possibilités avant d'engager des
dépenses quand même assez élevées. (17 h 30)
M. Chevrette: Donc, en résumé, si j'ai bien compris
ce long laïus, il n'y a pas d'armes neuves ou nouvelles qui ont
été encore envisagées. Ça m'amène donc
à vous poser la question. Aux derniers engagements financiers, le
directeur Lavigne nous avait dit qu'il était incapable d'empêcher
l'occupation du pont Mercier avec les effectifs et ie type d'armement qu'il a
présentement. Vous avez sans doute étudié les lacunes
depuis ce temps puisque ce sera dans un rapport élagué et
négocié.
Mesures pour prévenir l'occupation du pont
Mercier
Pourriez-vous nous dire si vous avez réfléchi sur ce point
depuis la dernière fois qu'on s'est vus et si vous êtes mieux
préparés à empêcher l'occupation du pont
Mercier?
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant, M. le
ministre. Juste avant que vous répondiez à la question, Monsieur,
pour le son, est-ce que vous pourriez augmenter le volume du ministre un peu?
J'ai peine à entendre, moi, ici. Alors, M. le ministre, allez-y.
M. Ryan: M. le Président, la question qui est posée
par le député de Joliette a déjà été
soulevée en commission parlementaire, comme il l'a rappelé
lui-même. À cette question, je réponds que le dispositif
policier est mieux averti aujourd'hui qu'il ne l'était l'an dernier.
J'ai rencontré récemment, moi, des citoyens à Oka. Ils
m'ont dit: S'il arrive quelque chose, qu'est-ce qui va se produire? Mais
normalement, je pense que le sens commun va nous faire voir ça
facilement. C'est que, dès qu'un signe se produit, nous sommes mieux
équipés pour améliorer tout de suite la protection
policière. Si vous réagissez immédiatement, à ce
moment-là, les chances qu'arrive l'événement dont a
parlé le député de Joliette sont reculées d'autant.
Mais encore une fois, le principal facteur que nous mettons en oeuvre, c'est
celui du rapprochement avec ces populations pour qu'elles ne soient pas
induites ou qu'elles ne se laissent pas entraîner à approuver des
choses comme celle-là.
Ceci étant dit, je préfère ne pas considérer
comme dans l'ordre des choses qui seraient susceptibles de se produire dans un
avenir prévisible la question qu'a soulevée le
député de Joliette. Je veux l'assurer que nous maintenons une
liaison entre les autorités compétentes, fédérales
et provinciales, et différents corps policiers impliqués qui
permettra, en temps utile, d'apporter une réponse efficace à
toute situation qui pourrait surgir.
M. Chevrette: Je ne le souhaite pas, moi non plus, mais je
demanderais peut-être à M. Lavigne: Est-ce qu'il y en a un plan
depuis l'expérience vécue? Est-ce qu'il y a un plan
d'intervention rapide de pensé, depuis ce temps-là, par la SQ
pour empêcher l'occupation du pont Mercier?
M. Ryan: Je vais être prudent là-dessus parce que,
là, nous entrons dans des choses très délicates. Je vous
dirai que nous avons discuté de ces choses longuement, la
Sûreté les travaille, elle en cause également avec la
Gendarmerie royale. Moi-même, je dois avoir une rencontre avec les
autorités des Forces armées au cours des prochains jours. Nous
faisons le point continuellement sur la situation. Et ce qui s'impose, la
Sûreté me le faisait valoir, ces jours derniers, ce n'est pas
qu'on dise: Là, s'ils arrivent, on va les poigner. C'est qu'on ait un
cadre de réflexion plus large, qu'on se dise que si une situation
semblable devait arriver... Parce qu'il y a une foule de facteurs qui sont
impliqués. Il y aura encore des facteurs politiques. Malheureusement
pour vous, M. Lavigne, on va être encore là et heureusement pour
nous, vous serez encore là. On va être ensemble, on va être
obligés de décider de nos choses ensemble. Il ne
faut pas se faire d'illusion. Mais moi, je trouve qu'il y a eu une
évolution considérable dans la façon d'entrevoir les
événements qui pourront se produire et de voir comment devront
s'agencer les interventions de tous ceux qui seront appelés à
intervenir. De ce point de vue là, je peux garantir à tous les
députés qui sont ici que la capacité de réaction
sera beaucoup plus rapide que dans les circonstances antérieures.
M. Chevrette: Je reprends ma question. Je ne demande pas de
divulguer les plans d'intervention. C'est normal que dans ce genre de crise, si
elle devait se répéter, je suppose qu'on ne commettra pas les
mêmes bêtises. Je suppose qu'on ne procédera pas de la
même façon sinon, on n'apprendrait pas de nos propres erreurs.
Mais la question est simple et directe. La Sûreté, elle, dans le
cadre de ses capacités d'intervention - je n'ai pas dit qu'elle devait
accomplir des gestes qu'elle n'est pas capable d'accomplir - avec les effectifs
qu'elle a et en coordination avec les autres, est-ce qu'elle s'est
défini un rôle précis, un plan d'action précis et un
plan d'intervention précis? C'est ça ma question.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Ryan: Je ne peux pas répondre oui à ça
parce que je contredirais ce que je viens de dire. Elle s'est donné un
cadre de réflexion et de préparation sensiblement élargi
qui permet de mettre au point rapidement un plan d'action pour faire face
à telle, telle... Il y a peut-être 56 situations
différentes qui pourraient surgir demain. Si on avait un plan trop
arrêté en fonction seulement d'une hypothèse, celle qui
s'est produite en juillet dernier, on risquerait de passer complètement
à côté de la cible. On essaie de prévoir toutes les
possibilités, de voir comment le dispositif quand même important
qui est à la disposition des forces de l'ordre peut être
déployé devant une situation comme celle-là.
M. Chevrette: M. le ministre, je comprends sur le territoire.
Mais si j'ai posé la question, je l'ai posée en fonction d'un
endroit stratégique. Je ne l'ai pas posée en fonction d'une
collaboration sur l'ensemble du territoire, en avant, en arrière, de
côté, par eau, par air, parce qu'il y a des mouches à feu
qui ont volé un peu bas durant cette crise-là. Mais j'ai
parlé bien spécifiquement en fonction du pont Mercier. La
question est très claire. C'est en fonction du pont Mercier. Il n'y a
pas 40 issues pour arriver au pont Mercier. J'y suis allé assez souvent
et encore tout dernièrement. C'est vrai qu'il y en a un joyeux paquet en
bas, toutes sortes de chars et toutes sortes de couleurs, qui passent là
à la vitesse qu'il faut. Je sais tout ça.
Mais en fonction spécifique de cet endroit extrêmement
stratégique qui a pour conséquence... Parce que la crise n'aurait
pas été la même,
M. le ministre, vous le savez pertinemment, si le pont Mercier n'avait
pas été bloqué. Les effets de la crise sur la population
québécoise n'auraient pas été ressentis de la
même façon si le pont Mercier n'avait .oas été
bloqué. Ce n'est pas au centre de désintox d'Oka que la pression
se faisait, c'est au pont Mercier, sur les citoyens. C'est pour ça que
j'ai demandé spécifiquement en fonction du pont Mercier. Est-ce
que la réponse est la même?
M. Ryan: La réponse, c'est celle que je vous ai
donnée depuis une demi-heure.
M. Chevrette: Combien il y a d'effectifs actuellement
déployés à Kahnawake?
M. Ryan: Je vais demander à M. Lavigne de vous fournir des
renseignements. Peut-être en même temps, si le député
n'a pas d'objection, il pourra nous donner des renseignements sur Akwesasne,
peut-être sur Oka également. Ça va faire le tour du
sujet.
Encore une fois, on va vous le donner dans les grandes lignes. Je ne
voudrais pas qu'on entre dans les détails parce que je ne veux pas qu'on
commence à répandre combien il y a d'agents à Oka, par
exemple, ou... Mais, de manière générale, je demanderais
à M. Lavigne de donner un portrait, mais je ne veux pas qu'on
procède par unité numérique et dire on en avait tant il y
a six mois et tant maintenant. Il y a des choses qui évoluent de jour en
jour, dépen-damment des situations auxquelles nous faisons face. Je
voudrais qu'on reste dans un portrait général, en toute bonne
foi.
M. Chevrette: Si le ministre craint, c'est un ordre de grandeur
que je veux. En temps normal, il y avait tant de policiers, mais après
cette crise-là, on ne me fera pas accroire qu'il y en a moins. Il y en a
plus. Je veux avoir un ordre de grandeur de ce que ça coûte au
Québec présentement, les effectifs accrus par rapport à
avant la crise. C'est aussi simple que ça. Il n'y a pas de beurrage de
tartine.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne (Robert): Si c'est une question de coûts,
actuellement, c'est environ 50 000 $ par jour.
M. Chevrette: Par rapport à combien avant? C'est pour
avoir un ordre de grandeur.
M. Lavigne: 50 000 $ additionnels par jour. M. Chevrette:
Additionnels. O.K.
M. Lavigne: Pour les trois places. Maintenant, il y a beaucoup de
cet argent-là... Évidemment, je ne pourrais pas vous donner
la
proportion exacte, mais il y a une partie de cet argent-là qui va
être puisée à même nos budgets d'opération
normale. Mais les coûts pour les trois endroits, actuellement, c'est
environ 50 000 $ par jour.
M. Chevrette: 50 000 $ pour Akwesasne, Kahnawake et
Kanesatake.
M. Lavigne: Oui.
M. Chevrette: O.K. Une dernière question là-dessus,
combien il y a d'effectifs chez les "Peacekeepers"? Est-ce que vous le savez
à l'oeil, vous?
Une voix: 15.
M. Chevrette: 15? Payés par le fédéral?
O.K.
Le Président (M. Dauphin): Le programme 6 toujours, M. le
député?
Enquête sur les débits
clandestins
M. Chevrette: Oui, le programme 6 toujours, Sûreté
du Québec tout le temps. On sait qu'il a circulé au Québec
ces derniers temps, un rapport de police. Celui-là n'a pas
été négocié. Il indiquait un organigramme fort
important sur les débits clandestins. M. Lavigne va peut-être le
reconnaître de loin. Il n'a pas semblé être
négocié. Je voudrais savoir ce rapport-là qui a fait
l'objet de publication par des médias électroniques - je pense
que c'est CKAC - et par un journal également - je pense que c'est La
Presse - où on en est au niveau de l'enquête,
présentement.
M. Ryan: Tout d'abord, je ne suis pas en mesure de corroborer
l'affirmation du député, laissant entendre que le rapport qui
aurait connu une certaine diffusion dans La Presse serait celui que,
moi, j'ai reçu. Je ne suis pas en mesure de faire des comparaisons parce
que je n'ai pas le texte intégral qui a coulé dans les
journaux.
M. Chevrette: Je vous l'enverrai, M. le ministre. Je vous
l'enverrai.
M. Ryan: Vous pourrez me l'envoyer. Je ferai mes
vérifications, mais pour le moment, je ne suis pas en mesure de dire que
c'était le même. Cependant, je puis dire qu'on m'a remis un
rapport il y a déjà plusieurs mois, qui était le
résultat d'études faites par des conseillers, des forces
policières, des conseillers comptables, en particulier, qui contenaient
différentes supputations. Ce n'étaient pas toutes des choses
démontrées, c'étaient des supputations. On disait: On
suppose qu'il y a tant de cartouches de cigarettes qui sont vendues par
semaine, on les vend tel prix. Si on payait le plein montant des taxes, on
paierait tel montant, tout ça, mais il y a une foule de choses qui ne
sont pas encore des choses de nature à être publiées.
J'espère que ça va vous aider à comprendre pourquoi on ne
publie pas toujours toutes les choses qui émanent de la police. Il y a
une foule de choses qui étaient surtout à vérifier
là-dedans. L'enquête continue, le travail de la police continue.
Évidemment, le ministère du Revenu - je l'ai déjà
dit en réponse à une question à la Chambre - a ses
intérêts là-dedans parce que, lui, quand des contribuables
lui apparaissent comme ne s'acquittant pas de leur devoir, il a ses moyens pour
faire enquête à leur sujet et aller chercher des papiers. Je ne
sais pas si ça vous est arrivé que des inspecteurs de
l'impôt se présentent chez vous et demandent accès à
tous vos livres, et tout, ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Ils le
font dans ce cas-là, je l'ai déjà dit, ils ont
institué des... Ils ont même obtenu le droit de faire des saisies,
des perquisitions. Maintenant, ils continuent l'étude des documents
qu'ils ont saisis à l'occasion de ces perquisitions, et là, je ne
suis pas en mesure de dire aujourd'hui, où ils en sont rendus.
M. Chevrette: M. le ministre, il y a quand même eu dans ce
dossier six mandats de perquisition et, comme vous dites, ça fait un
certain temps.
M. Ryan: Ils ont saisi au mois de décembre à peu
près, si mes souvenirs sont bons.
M. Chevrette: Ils ont saisi des comptes de banque dans ça.
Il était impérieux et urgent, il était impératif,
dis-je, voire même nécessaire, disait ce rapport de police: "Pour
ces raisons et dans le but d'atteindre les objectifs visés, il est
impératif, voire nécessaire, que le ministère du Revenu du
Québec loge une plainte auprès de la Sûreté du
Québec en rapport avec ces éléments."
Précisément, la Sûreté avait suffisamment
d'instruments, d'outils et de données pour pouvoir procéder en
bonne et due forme. Est-ce que ça a été fait?
M. Ryan: Ça, c'est le ministère du Revenu, comme je
l'ai dit tantôt, qui a l'initiative de cette démarche. Dès
qu'il aura établi sa preuve complète, s'il l'établit, il
fera rapport au ministère de la Justice, au Procureur
général, pour recommander qu'un certain nombre de poursuites
soient instituées mais, à ma connaissance, on n'en est pas rendu
là. Moi, je vous réponds sous toute réserve parce que
cette partie-là ne relève pas de ma compétence à
moi. Dans le cours de l'opération et avant même de l'entreprendre,
le ministère du Revenu a demandé une certaine collaboration
à la Sûreté du Québec, il a demandé si on
avait des informations qui pouvaient être utiles. Il y a eu des
échanges d'informations
pertinentes, mais pour le moment, je ne suis pas en mesure de vous dire
où en est rendue cette opération-là parce que...
M. Chevrette: Mais cette recommandation qui vous a
été faite par la Sûreté du Québec, de
demander que le ministère du Revenu porte plainte à la
Sûreté pour pouvoir travailler, ce n'est pas encore fait?
M. Ryan: Bien oui. Ça a donné lieu à des
pourparlers entre les deux ministères, il y a longtemps. Il a
été convenu entre les deux ministres qu'au stade où en
était cette affaire-là, c'était préférable
que le ministère du Revenu procède. Ça, c'était en
décembre dernier, si mes souvenirs sont bons.
M. Chevrette: C'était le 14 décembre. Les mandats
de perquisition ont eu lieu le 14 décembre 1990. Ah oui! On a les
numéros, on a tout. Ce n'est pas pour ça, c'est parce que je
pensais que la Sûreté était prête à agir
immédiatement. (17 h 45)
M. Ryan: Non, non. Il avait été convenu que
c'était l'autre trajet, pour toutes sortes de raisons que je n'ai pas
à dévoiler ici; c'était l'autre trajet qui était
susceptible de donner plus de résultats dans l'immédiat.
M. Chevrette: M. le ministre, c'est sérieux et on doit
faire diligence quand il se transige des chèques, des traites de 800 000
$ de la claque. On fouille dans les banques, on est allé jusque dans des
banques, vous le savez; on est allé visiter des coffres-forts. On est
allé visiter des bureaux d'accueil. On est allé visiter des
entrepôts. Il y en a eu en Hérode! On laisse aller ça
allègrement.
M. Ryan: Pas du tout, pas du tout. On se dit que la pire chose
qui pourrait arriver là-dedans, c'est l'interférence. Il y a un
ministère qui prend ses responsabilités, ce sont des choses dont
il avait la responsabilité. Nous sommes toujours disponibles pour le
seconder en tout temps. Nous ne voulons pas porter ombrage à son
action.
M. Chevrette: Quand la police a la certitude qu'il y a un
réseau, quand cette même Sûreté a un rapport de la
Gendarmerie royale qui a suivi ces fraudeurs, elle l'a en main, comment vous
pouvez expliquer que vous n'ayez... Elle ne peut pas agir purement et
simplement auprès d'un procureur de la couronne qui loge une plainte,
surtout quand vous avez les convictions?
M. Ryan: II y a une chose d'abord que le député
connaît sans doute, c'est que si la Sûreté institue une
démarche, c'est que pour avancer, pour accumuler une preuve
sérieuse, elle a besoin de renseignements qui proviennent du
ministère du Revenu. Là, il y a des règles de
confidentialité qui guident l'action du ministère du Revenu qui
ne sont pas faciles à contourner. Il faut qu'on soit rendu très
loin dans l'accumulation d'une preuve p ;ur que le ministère du Revenu
puisse considérer la possibilité d'intervenir. En
général, il préfère pousser ses affaires
lui-même le plus loin possible.
Maintenant, une autre chose que je vous dirai, qui est de sagesse
commune, je pense - je ne parle pas comme expert en matière
policière, je pense que ça saute aux yeux - c'est que si vous
poursuivez une opération d'envergure - ça, c'en est une
d'envergure - à chaque pas que vous faites, il faut que vous mesuriez la
preuve que vous allez être capable d'aller chercher et la preuve que vous
risquez de détruire ou d'annuler aussi en avançant. Des fois, il
peut arriver que ça soit mieux d'attendre un petit peu pour être
sûr que pour avoir un dixième de preuve, vous n'en perdrez pas
neuf dixièmes. Il faut attendre de cerner votre proie comme il faut et
être bien sûr que vous allez ramasser le gros du paquet. Des fois,
c'est préférable d'attendre, mais sans perdre de vue les cibles
qui sont visées. Là, je ne veux pas entrer dans les techniques,
M. Lavigne pourra en parler beaucoup plus que moi.
On a eu l'occasion de discuter d'un certain nombre d'affaires au cours
des derniers mois, c'est des choses qu'on constate assez vite. À un
moment donné - je vais prendre juste un exemple et je le tire de mon
ancienne expérience de journaliste, celui-là, je ne viole par
conséquent aucun des secrets de la Sûreté du Québec
- il y avait souvent, nous autres, des renseignements qui nous arrivaient sur
de l'écoute électronique, quand j'étais journaliste. Il y
avait des policiers, des fois, qui nous téléphonaient et
disaient: Nos supérieurs ne veulent pas publier ça, ils sont de
connivence avec quelqu'un. Regardez, on a entendu un tel dire ça. Il y
avait un petit bout de conversation, c'était deux minutes: Viens me
rencontrer tel soir, à tel coin de rue. Le gars partait tout de suite,
c'était une preuve, c'était un indice. Après ça, il
cherchait dans le reste de toutes ses bobines interminables, il ne trouvait
rien. Ça fait qu'on était parti... Souvent, les journalistes plus
jeunes voulaient partir dans toutes les directions. Lancer ça,
c'était important, il y avait un nom connu, tu sais. Je leur disais: II
a droit à sa réputation, même s'il est en politique. Je
faisais toujours attention, soigneusement, qu'on ne salisse pas de
réputation inutilement; deuxièmement, qu'on n'aille pas permettre
à quelqu'un de se sauver en ayant trop vite une indication que la police
a l'oeil sur lui.
Alors, il y a toutes sortes de considérations "prudentielles"
dont on pourrait deviser très longuement, mais je pense qu'on se
comprend là-dessus. Je vous assure que, sur ce point-là... Moi,
c'est un des premiers dossiers dont la Sûreté m'a saisi quand je
suis entré en fonction; on a vu
tout de suite qu'on ne pouvait pas lancer toute une batterie dans le
champ le lendemain matin.
M. Chevrette: Après que c'est sorti publiquement...
M. Ryan: Ça ne change rien que ce soit sorti.
M. Chevrette: ...après que les documents sont en main,
est-ce qu'il n'y a pas urgence d'agir? Est-ce qu'il ne faut pas faire
diligence, précisément?
M. Ryan: Non. Comme Je vous !'ai dit...
M. Chevrette: Écoutez, vous dites
précisément qu'il ne faut pas mettre les gens au courant, ils
pourraient peut-être se sauver. Vous leur donnez la chance de partir en
Hérode! de ce temps-ci parce que...
M. Ryan: Mais dans ce cas-là, dormez tranquille, les
papiers ont été saisis déjà. Le gars, s'il veut se
sauver une fois que les papiers ont été saisis, ils Iront le
chercher là où il sera, j'Imagine. Mais ils avaient
été saisis dans ce cas-là..
M. Chevrette: II y en avait beaucoup cet été
derrière les barricades et il y avait peu d'élus, à la
fin.
M. Ryan: Comme je l'ai indiqué, le rapport dont j'avais
été saisi, sans faire d'indiscrétion, il portait sur des
données qui relevaient d'avant la crise. Il ne faudrait pas prendre ces
chiffres-là comme signifiant que ça reflète la
réalité d'aujourd'hui sur laquelle...
M. Chevrette: Je n'ai pas parlé des chiffre encore.
M. Ryan: Très bien, très bien.
M. Chevrette: Si j'avais eu le goût de vous questionner sur
les chiffres, je l'aurais fait. Je vous ai parlé exclusivement des
actions... Ce n'est pas pour rien. Si vous voulez parlez de chiffres, je vais
vous en parler d'un chiffre. Il y a non seulement des rumeurs, mais ça a
été confirmé par des individus, qu'effectivement, il
existait un fonds - sans le chiffrer - qui était déposé
dans une institution. Vous m'avez dit qu'il y avait enquête
là-dessus, à la Standard Life, si ma mémoire est
fidèle, qu'il y avait un fonds qui pouvait varier entre 30 000 000 $ et
60 000 000 $, dépendant de la date à laquelle on se
réfère. Si on se réfère avant la crise, c'est 60
000 000 $, si on se réfère à ce temps-ci, il paraît
que ça a diminué pas mal, c'est rendu à quelque 30 000 000
$. Où en est rendue l'enquête là-dessus
précisément?
M. Ryan: Selon mes renseignements, cette affaire est l'objet de
l'attention de la Gendarmerie royale du Canada.
M. Chevrette: La Sûreté du Québec n'est pas
dans le dossier?
M. Ryan: Non. C'est la Gendarmerie royale du Canada qui examine
ce dossier-là.
M. Chevrette: ...qui a terminé...
M. Ryan: ...qui examine ce dossier-là.
M. Chevrette: Mais est-ce que c'est par entente que la
Sûreté n'intervient pas?
M. Ryan: La Gendarmerie en a été saisie par ses
propres moyens.
M. Chevrette: Ça veut dire que la Sûreté
n'est aucunement dans le coup de ça.
M. Ryan: Non. Je n'ai pas de communication à faire
là-dessus.
M. Chevrette: Ni par ses renseignements spéciaux ni par sa
structure...
M. Ryan: Non, je ne veux pas que vous infériez ça
de ce que j'ai dit. Je ne veux pas que vous infériez cela de ce que j'ai
dit.
M. Chevrette: Mais en Chambre, vous ne m'avez pas répondu
que ça faisait l'objet d'une enquête. Je vais aller chercher les
galées, mais en Chambre...
M. Ryan: Une enquête policière, oui.
M. Chevrette: ...il me semble que vous m'aviez
répondu...
M. Ryan: Ce que je vous dis aujourd'hui, je vous le dis sur la
base de renseignements qui ne sont pas très anciens.
M. Chevrette: Bon. C'est donc dire...
M. Ryan: Ça ne veut pas dire quand un cas...
M. Chevrette: ...que quand vous m'avez répondu, ce
n'était pas vrai.
M. Ryan: II y avait une enquête policière
déjà à ce moment-là.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça, je vous ai demandé
si la Sûreté enquêtait...
M. Ryan: Ah! Je ne me rappelle pas.
M. Chevrette: ...vous m'avez dit oui. Et là, aujourd'hui,
vous me dites que la Sûreté n'est même pas dans le coup.
M. Ryan: Non, mais ce n'est pas ça que je vous ai dit
aujourd'hui. Je regrette, ce n'est pas ça que je vous ai dit.
M. Chevrette: ...quoi?
M. Ryan: J'ai dit que la Gendarmerie menait une enquête,
mais ça n'autorise pas à conclure que la Sûreté
n'est pas intéressée dans cette affaire-là.
M. Chevrette: Donc, la Sûreté...
M. Ryan: II arrive très souvent que les corps vont
travailler sur un même sujet quand c'est un sujet d'envergure, ce n'est
pas impossible, ça.
M. Chevrette: Non, ça, je le reconnais en particulier pour
les drogues; ça, je reconnais cela, mais ici, dans un trafic qui peut
relever des crimes économiques, de là à conclure que quand
on parle des débits clandestins de cigarettes et qu'il y a une
orientation d'y aller sur l'essence, si la SQ s'est déjà permis,
il y a un an à peine, d'avoir un organigramme de tout ça, de
là à aller au compte de banque qui serait le lieu sacré
des résidus de... C'est pour ça que je suis surpris que la
Sûreté ne soit pas là.
M. Ryan: Je vous dis que rien n'autorise à établir
tous ces liens dans l'état actuel de nos informations.
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, M. le
député, à moins que ce soit sur le même sujet, il y
a deux députés ministériels qui m'ont demandé la
parole tantôt...
M. Chevrette: Je finirai tantôt, vas-y.
Le Président (M. Dauphin): ...notamment M. le
député d'Iberville.
M. Lafrance: Oui, merci, M. le Président. M. le ministre,
je me réfère à vos notes d'introduction, en particulier
à la page 29 où vous parlez des crédits de 796 600 000 $
qui ont été accordés au ministère pour 1991-1992,
ce qui accuse une diminution de 48 400 000 $ et à ça,
évidemment, vous ajoutez les 6 000 000 $ supplémentaires, ce qui
totalise une diminution de 54 300 000 $. Plus loin, vous dites qu'il ne faut
pas, pour autant, associer à cette diminution un gel gouvernemental
vis-à-vis des crédits du ministère puisque la crise, en
1990-1991, avait amené un budget exceptionnellement élevé.
Si j'en conclus bien, le ministère de la Sécurité publique
est à toutes fins pratiques, épargné des gels
gouvernementaux, pour des raisons, évidemment, qu'on peut comprendre.
J'aimerais savoir, peut-être plus particulièrement de la bouche du
sous-ministre, si vous remettez quand même en cause, au sein de votre
ministère, les différents programmes.
M. Ryan: À la demande du secrétaire
général du gouvernement, chaque ministère doit
procéder à une réévaluation de ses programmes. Une
directive a été adressée récemment à tous
les sous-ministres à cet effet. Chacun doit demander à ses chefs
de grands services de faire ce travail-là. C'est une opération
majeure au cours de la prochaine année.
Une voix: On ne comprend rien.
Le Président (M. Dauphin): Effectivement, on a bien de la
difficulté à vous comprendre ici.
M. Ryan: Je vais parier plus fort.
M. Chevrette: C'est peut-être le micro aussi.
M. Ryan: Le micro est un petit peu éloigné. C'est
peut-être l'intervenant qui ne parle pas assez fort.
Le Président (M. Dauphin): Comme vous faites actuellement,
c'est parfait.
M. Chevrette: Imposez-vous! Comme vous avez dit en fin de
semaine, parlez moins, mais parlez plus fort.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Agir fortement et parler faiblement.
M. Chevrette: C'est ça. Allez-y!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est ce que j'essaie de faire.
M. Chevrette: Allez-y et on va vous aider.
On peut vous faire fâcher, si ça peut vous permettre de
parler plus fort. On en a à la tonne pour le faire.
M. Ryan: Mais aujourd'hui, je vais être difficile...
M. Chevrette: Je le sais.
M. Ryan: ...à enrôler. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je le sais, vous vous êtes
autosuggestionné.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous avez récité vos prières
matutinales.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Au cinquième du Laurier.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Iberville, avez-vous votre question?
Sécurité civile Programmes de
formation
M. Lafrance: Oui, peut-être pour être un peu plus
précis, en page 15, en haut, vous marquez: "Pour suivre une politique de
collaboration avec les municipalités en vue de la mise au point de
programmes locaux et régionaux de mesures d'urgence et de formation du
personnel municipal et bénévole à cette fin..." Est-ce
qu'on pourrait avoir certaines précisions vis-à-vis de ces
programmes-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre
M. Ryan: Nous entrons dans un autre programme. C'est la Direction
de la sécurité civile, ça. J'aimerais bien, tantôt,
que le sous-ministre associé, M. Paradis, soit invité à
fournir certaines précisions sur ce point-là, ce serait
très utile. Si le président veut que nous le fassions maintenant,
je n'ai pas d'objection.
M. Lafrance: J'apprécierais, si c'est possible, oui.
Le Président (M. Dauphin): On a touché
différents programmes depuis le début de nos travaux. Vous n'avez
pas d'objection, MM. les députés, sur la sécurité
civile...
M. Chevrette: Non, parce qu'il y a un de mes collègues qui
a une question à poser et ce sera probablement à 20 heures,
à la Sûreté, c'est dans le domaine des drogues. Donc,
ça ne me dérange pas en autant qu'à la fin, on
puisse...
M, Ryan: Très bien. Alors, voulez-vous, M. le
Président, que nous demandions au sous-ministre, M. Paradis...
Le Président (M. Dauphin): Oui. M. Paradis.
M. Ryan: ...d'aborder cette question-là qui a
été soulevée par le député d'Iverbille?
Le Président (M. Dauphin): Avec plaisir, M. le
ministre.
M. Ryan: M. Paradis.
Le Président (M. Dauphin): M. Paradis - en passant, M. le
ministre - qui, depuis les derniers crédits, a changé de
physionomie, si je comprends bien, a perdu un peu de poids.
M. Paradis (Jean-Jacques): Ah ça! oui.
Le Président (M. Dauphin): Ça vous va bien.
M. Paradis (Jean-Jacques): 20 livres.
M. Ryan: Pas parce qu'il a changé de ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Jean-Jacques): Non. Il n'y a pas de relation de cause
à effet. Pour répondre à la question de M. ie
député d'Iberville, pour la formation, cette année, ce
qu'on veut faire, c'est développer trois programmes: un pour les
directeurs généraux des municipalités; un pour les maires,
et on veut développer un troisième programme de formation qui
toucherait les pompiers. La présentation qui vous a été
faite cet après-midi couvre ces programmes, mais, au moment où on
se parle, ça n'affecte pas le budget de cette année.
C'est-à-dire que pour la formation qu'on développe, dont le
premier cours aura lieu demain à Trois-Rivières, pour les
directeurs généraux - on commence - c'est pris à
même le budget de fonctionnement qu'on avait l'an passé,
c'est-à-dire qu'on n'a pas eu de crédits additionnels pour
ça. Les seuls crédits additionnels qu'on aura seront
éventuellement pour les pompiers. Mais au moment où on se parle,
on est à préparer un programme de formation pour les pompiers. On
n'est pas en train de préparer un programme pour faire de la formation,
c'est-à-dire qu'on négocie avec 13 associations de pompiers au
Québec pour réexaminer toute la question de la formation des
pompiers volontaires. Il y a 22 000 pompiers au Québec, plus ou moins,
et là-dessus, il y en a probablement 16 000 ou à peu près
qui sont des volontaires à propos desquels une formation de plus grande
qualité est requise maintenant, et à toutes fins pratiques
exigée par le milieu, et à propos desquels on est en train
d'établir une politique gouvernementale pour être sûr qu'il
y aura une formation équilibrée à partir des besoins
réels et non pas à partir d'une association qui a un désir
particulier de pouvoir s'exprimer. (18 heures)
Alors nous, ce qu'on a fait, à partir du moment où la
Sécurité civile a eu comme mandat de récupérer la
Direction générale des incendies du ministère des Affaires
municipales, c'est un des dossiers sur lesquels on s'est attablé l'an
passé. À la réunion, au congrès du 23 mai prochain,
on est censé présenter à toute l'as-
sociation la proposition que le gouvernement entend débattre.
Sauf que là, on n'est pas en train de dépenser de l'argent pour
la formation, on est toujours à la politique.
Pour revenir en arrière, la formation concrète des
directeurs généraux, qui commence demain, on l'assume. Pour celle
des maires, on est en train d'examiner avec le gouvernement
fédéral le programme d'Arnprior, c'est-à-dire le programme
qui est donné en Ontario par PCC Canada, la Protection civile du Canada,
notre interlocuteur au Québec. On est en train d'examiner quelque chose
qui correspond plus aux désirs des maires, plutôt qu'un programme
qui est lié comme pensée à la notion de défense
civile. Alors nous, on veut faire de la prévention et de la
sécurité civile. Donc, on n'est pas tout à fait dans le
même concept. On est à mettre ça au point, et plusieurs
maires qui sont allés se faire former en Ontario sont revenus en nous
disant: II n'y aurait pas moyen, peut-être, que le Québec puisse
avoir un programme qui lui conviendrait plus particulièrement, à
partir du concept de prévention plutôt qu'à partir d'un
concept de guerre nucléaire, de notion de bunker, ou tout ce que vous
voudrez?
Alors, ce sont les trois programmes auxquels on s'attaque cette
année: un concret, un en développement, et puis le
troisième qui va requérir probablement pour l'an prochain quelque
chose comme 150 000 $.
M. Lafrance: Est-ce qu'au niveau des directeurs
généraux et des maires, ça va être facultatif
ça?
M. Paradis (Jean-Jacques): Par définition, on ne peut pas
obliger personne, au niveau de la sécurité civile, à
suivre les cours qu'on offre. Donc, nous, on établit des relations avec
le monde municipal parce qu'ils sont les premiers intervenants, ils sont sur
leur terrain. Ce qu'on essaie de faire, c'est de se définir d'abord
comme coordonnateurs en cas de crise, et, dans un deuxième temps,
essayer d'offrir des supports de consultants comme experts dans des secteurs
spécifiques. Donc, si les maires veulent avoir de l'aide, on leur donne.
Quand on organise des cours, on leur offre, et, à ce moment-ci ces
cours-là sont assumés par nous. Actuellement, ne vous fatiguez
pas, on a plus de demandes qu'on est capables d'en assumer. Je pense que le
problème n'est pas de savoir s'il y a des gens qui vont refuser, le
problème c'est de savoir comment on va faire pour tous les prendre.
On a fait un projet pour les cinq prochaines années, on a 9255
demandes. Au moment où on se parle, le programme fédéral
en assumait 518 par année. Là, il y a comme un trou quelque part
qu'on essaie, nous, de combler.
M. Lafrance: Je dois vous dire que c'est un programme que je
trouve très intéressant, puisque j'ai déjà
participé à un tel programme à Kinsgton, en Ontario,
où il y avait des membres des Forces armées...
M. Paradis (Jean-Jacques): C'est ça.
M. Lafrance: ...des policiers de l'Ontario et aussi des maires
qui participaient à ce genre de colloque qui durait, je pense, deux
jours.
M. Paradis (Jean-Jacques): De deux à quatre jours, selon
la spécificité du programme, et on essaie d'adapter ça au
Québec.
M. Lafrance: O.K. Je vous remercie.
M. Paradis (Jean-Jacques): Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député. Est-ce que vous voulez continuer avec la
Sécurité civile ou retourner à la
Sûreté du Québec.
M. Chevrette: Non, je reviendrais...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull, vous, c'était... Excusez-moi, M. le député...
M. Chevrette: C'est sur quel programme?
Le Président (M. Dauphin): C'est sur quel programme,
vous?
M. LeSage: Moi, j'ai trois questions. Je ne sais pas à
quel niveau se situent ces questions-là dans le programme. Ça
concerne, entre autres, le 911 dans la région de Montréal. Je
pense qu'il y a une lacune quelque part. Ça concerne la prison de
Hull.
M. Chevrette: Les prisons vont venir au programme tantôt.
Le programme des prisons, on va y revenir tantôt.
Système 911
M. LeSage: Mais pour la sécurité dans la
région de Montréal, si vous permettez, M. le
député... C'est parce que j'ai vécu une situation, M. le
Président, récemment. La question s'adresse au ministre, il peut
peut-être laisser quelqu'un d'autre répondre. Je sais que le
ministre des Communications s'en vient avec un projet de 911 dans la province
de Québec. Tout récemment, j'étais sur la 40, près
de Montréal, et il y avait un incident qui pouvait causer des
carambolages là, c'était une situation dangereuse. On sait que
plus ça va, plus il y a de personnes qui ont des
téléphones cellulaires dans leurs voitures. Moi, je suis chanceux
j'en ai un - ce n'est pas moi qui le paie mais en tout cas - je m'en sers
quand
c'est le temps. C'est l'Assemblée nationale qui le paie.
M. Chevrette: Là, il y en a qui vont penser autre
chose.
M. LeSage: Ça, ça n'a pas d'importance. Il y en a
d'autres qui en ont et qui le paient, des compagnies le paient, mais ce qui est
important c'est de s'en servir. Comme un maire de l'Ontario disait, lui, ne
serait-ce que pour des raisons de sécurité, son
téléphone cellulaire était payé. C'est
indispensable. Il n'en demeure pas moins, M. le Président, que lorsque
j'ai vu cet incident, j'ai signalé le 911 et c'est la
Sûreté de Montréal qui m'a répondu. En tout cas, la
Sûreté de Montréal, je leur ai signalé l'incident en
question et on m'a répondu: Ça, ça ne relève pas de
nous autres, c'est la police provinciale parce que la 40, c'est
surveillé par la police provinciale. Il n'y a pas de problème,
pouvez-vous leur dire. Ils ont répondu: Non, il faut que vous appeliez
la police provinciale. Quand on est tout seul dans la voiture, on n'a pas le
livre du téléphone à côté de nous et on n'est
pas toujours dans la ville où on demeure. Là, il faut que je
rappelle le 411 pour demander le numéro de téléphone de la
Sûreté du Québec. Puis, là, on me refile à
Laval, au poste de Laval, il y a une perte de temps qui est créée
avec tout ça. Je me demande si ça peut être corrigé
dans la région de Montréal ou dans les régions où
il y a le 911 présentement, et si vous avez tenu également des
communications avec le ministère des Communications en prévision
de l'instauration du 911 à travers la province.
M. Ryan: Je vais vous donner des indications
générales pour commencer puis peut-être que mon
sous-ministre, M. Beaudoin, voudra ajouter les explications
complémentaires. Je pense que déjà, certaines
régions sont desservies par le système 911. Ça donne
d'excellents résultats dans l'ensemble. Il y a un désir
général de voir ce système se répandre à
travers tout le Québec, Maintenant, comment doit-il être
établi à travers tout le Québec, sous quels auspices, de
quelle manière exactement? Là, il y des interprétations
qui sont différentes. Vous avez parlé du ministère des
Communications qui a un projet dont le ministre s'est ouvert publiquement
à plusieurs reprises, il n'y a pas d'étonnement là-dedans.
Il y a les forces policières qui sont très
intéressées aussi, la Sûreté du Québec au
premier chef. Alors, là, il va falloir que les ministères
concernés se mettent à table ensemble pour établir
où, comment, sous quels auspices doit être établi un
système 911 puis à quelles conditions, le plus économique
possible. Moi, comme ministre de la Sécurité publique, je suis
très intéressé à cette question parce que selon les
renseignements dont je dispose, là où le système 911
existe, les quatre cinquièmes des appels sont des appels qui concernent
la police. Alors, il va falloir que la police soit impliquée de
très près dans la mise au point de ce système, et j'ai
l'esprit ouvert. On verra ce qui sera proposé par le ministère
des Communications et on avisera sur ce qu'il y a de mieux. Les
décisions seront prises par le gouvernement. Mais c'est un
problème très réel que soulève le
député de Hull. Je veux l'assurer que nous l'examinons de
près. Je ne sais pas si M. Beaudoin voudrait ajouter quelque chose
là-dessus. Allez-y M. Beaudoin.
M. Beaudoin (Jacques): Juste pour ajouter...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M.le
sous-ministre, M. Beaudoin, juste pour les fins du Journal des
débats.
M. Beaudoin:... aux propos de M. Ryan. 90 % des appels qui sont
dirigés vers le 911 concernent la police, 5 %, les pompiers, et l'autre
5 %, c'est le reste, probablement les ambulances. Le problème
fondamental qui se pose, c'est que l'on prête des vertus
bénéfiques un peu exagérées au 911,
c'est-à-dire que le 911, c'est simplement une opératrice qui
reçoit les appels, qui les aiguillonne vers les endroits
appropriés. Pour instaurer un système semblable, il faut beaucoup
de coordination et il faut beaucoup de relation avec les besoins des corps
policiers. Le problème que vous avez vécu, c'est un
problème un peu comme on vit avec les ondes de radio le soir quand vous
voyez des postes américains qui rentrent. Bien, c'est un problème
de débordement du pouvoir de réception ou d'acheminement des
appels de la Communauté urbaine. Normalement, si on avait les
réseaux 911 un peu partout, régionalement, il y aurait ce qu'on
appelle en français des "channel guards" pour que les appels ne
débordent pas la région qu'ils doivent desservir. Le ministre a
mis sur pied un petit comité de travail composé de la
Sécurité civile, de la Sûreté et d'autres
intervenants qui s'ajouteront en cours de route pour vraiment faire que...
C'est beau de penser un système à partir d'ici, de Québec,
avec un grand aspect provincial, mais les besoins ne sont pas semblables dans
toutes les régions. On n'a qu'à penser à Montréal
où 50 % des besoins sont pour la police, Montréal et la
région. Québec, 25 % et le reste des régions du
Québec se partagent les 25 %. La Sûreté du Québec,
si vous permettez, est actuellement à repenser tout son réseau de
télécommunications. Elle est déployée aux quatres
coins du Québec et elle a un centre de réception dans chacune des
capitales régionales. Par exemple, Rimouski, Baie-Comeau, etc. Nous
sommes en train de regarder dans le repositionnement de son réseau -
pour qu'il soit plus moderne - comment ses centres pourraient servir de
réception aux appels pour que quand les citoyens appellent de
Sept-îles ou encore de Grande-Vallée à Rimouski, il y ait
quelqu'un qui puisse recevoir les appels. On fait
face à un problème... À Montréal, on a un
problème de démographie et de densité; en province, on a
un problème de territoire et de distance. Donc, je pense bien que d'ici
environ deux mois, on pourra remettre au ministre un rapport lui donnant des
hypothèses, des alternatives, et ce rapport-là tiendra compte
aussi de la volonté des municipalités, ce qui est très
important, je crois.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député d'Orford. Ensuite, nous retournons à M. le
député de Joliette.
M. Benoit: Je voudrais juste, dans le même sens que mon
confrère, le député de Hull, excepté que c'est
à l'inverse, dire ce qui m'est arrivé. J'ai appelé la
police provinciale, et on m'a dit qu'il fallait parler au maire. Alors, j'ai
demandé au poste de Sherbrooke, à la police provinciale, de me
donner le nom de ce maire et son numéro de téléphone. On
n'était pas capable de le faire. J'ai été surpris et
j'avais porté ça à l'attention à l'époque.
J'espère maintenant que si ça se reproduisait, la
sécurité provinciale serait capable d'indentifier le nom,
l'adresse et le numéro de téléphone d'un maire. Je pense
qu'en cas de crise, ce serait le minimum qu'on pourrait donner à une
personne qui veut aider.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Alors, M. le
député de Joliette, je crois que vous voulez appeler le programme
1?
Recherche des causes et des circonstances des
décès
M. Chevrette: II y aura une question à 20 heures sur le
programme 6, M. le Président, par ma collègue. Je voudrais
reprendre, par ordre chronologique.
Nomination d'un coroner en chef
Le ministère de la Sécurité publique, programme 1,
la nomination du coroner en chef, pour partir. M. le Président, je
voudrais comme préambule dire que le coroner est une institution
extrêmement importante et pour laquelle celui qui occupe le poste doit
jouir d'indépendance, puis il doit être complètement
à l'abri de toute intervention politique. On sait, M. le
Président, que le mandat du coroner en chef, est échu depuis juin
1990. Je suis d'ailleurs un peu mal à l'aise d'en parler devant lui,
mais je n'ai pas d'alternative, ça n'a pas d'allure, 10 mois... Depuis
10 mois qu'on a un coroner en chef dans l'expectative... Mais j'y vais
carré au ministre, je pense qu'il n'y a rien de mieux que d'y aller
carrément. Un coroner en chef, c'est comme un juge, ça. Places-tu
un juge dans l'expectative, 10 mois? Je trouve ça personnellement
inacceptable. D'abord, est-ce que le ministre, lui, trouve ça normal que
le coroner en chef n'ait pas été confirmé dans son poste,
et ça, depuis juin dernier? Trouve-t-il normal qu'un individu soit
placé ainsi dans une position hautement inconfortable? En fait, j'aurai
trois questions sur le sujet. À moins que vous ne
préfériez que je les pose toutes les trois, puis... Oui?
M. Ryan: Peut-être les trois en même temps.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Chevrette: Est-ce que vous ne croyez pas que, dans les
circonstances, le coroner en chef ne dispose pas de toute la latitude
nécessaire pour déclencher les enquêtes qui auraient une
connotation plutôt politique? Quand le ministre entend-il
régulariser la situation du coroner en chef?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Chevrette: L'autre question, oui, j'avais oublié, c'est
important. Qu'est-ce que vous décidez - autant vous que le coroner en
chef parce que vous avez tous les deux le pouvoir - dans le cas du caporal
Lemay? Quand la décision va-t-elle se prendre? Ça n'a pas de bon
sens de traîner de même.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: II me fait plaisir de répondre aux questions du
député de Joliette, je pense que ce sont des questions - je n'ai
pas à juger de ça, mais je le dis spontanément - fort
pertinentes. La loi actuelle prévoit que le coroner en chef est
nommé pour un mandat de cinq ans. Au terme du mandat, le coroner en chef
peut être reconduit ou peut être changé. La loi
prévoit également que pour être coroner en chef, une
personne doit être coroner. Ça veut dire que s'il était
question de nommer un autre coroner en chef, il faudrait que ce soit un des
coroners déjà en fonction ou encore un coroner qui serait
nommé d'abord coroner. Ça, c'est très important. (18 h
15)
Là, il y a deux choses qui sont un petit peu exceptionnelles dans
ceci. Il y a d'abord la durée limitée du mandat. Je pense que
c'est une affaire à 50-50, comme je les appelle. Il y a des avantages
à avoir un mandat de cinq ans parce que la personne a sa permanence
garantie comme coroner. Si elle n'est pas renouvelée comme coroner en
chef, elle demeure coroner. C'est ça qui est sa raison d'être dans
la vie, c'est d'être coroner, ce n'est pas nécessairement
d'être coroner en chef. Il y a des avantages, 9 y a des
inconvénients également. Quand la personne est nommée
seulement pour cinq ans, comme le soulignait le député de
Joliette, les troisième et quatrième années qui
précèdent la cinquième, ça
arrive assez vite, ça. À un moment donné, il y a
des questions qui commencent à se poser dans l'esprit du titulaire,
j'imagine, et ce n'est peut-être pas de nature à favoriser
toujours la stabilité et la continuité de tout ça. C'est
une question que je me pose, moi aussi, et qui explique un petit peu la
prudence avec laquelle j'ai procédé dans le traitement de ce
dossier.
Maintenant, j'avais constaté - je le dis bien franchement devant
M. Grenier qui est ici parce qu'on a parlé de ces choses-là
ensemble, évidemment - qu'il y avait eu une augmentation des
dépenses assez substantielle dans le secteur que dirige M. Grenier.
J'avais entendu toutes sortes de choses. Comment ça se fait que
ça a augmenté comme ça? Quand on regarde le mandat
élargi qui a été donné à l'institution du
coroner à la suite de la nouvelle loi adoptée en 1986, je crois,
on comprend que ça ne peut pas être la même chose
qu'autrefois parce que, là, le coroner n'intervient pas seulement pour
voir s'il y a des tiers qui sont intervenus dans un décès, il
enquête sur les causes et les circonstances d'un décès en
général. C'est que ça explique que, l'an dernier, il y a
11 000 décès qui ont fait l'objet d'enquête sur un total de
47 000, alors que, naguère, c'était à peu près
autour de 5000. Alors, moi, j'ai voulu procéder à toutes les
vérifications nécessaires avant d'en venir à une
conclusion qui serait, à mon humble jugement, la meilleure. En
réponse à la question du député de Joliette, je
veux l'informer que je m'apprête à soumettre très
prochainement une recommandation au gouvernement à ce sujet.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Ryan: II reste le cas du caporal Lemay. M. Chevrette:
Oui.
Enquête sur le décès du caporal
Lemay
M. Ryan: Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire en Chambre, je
crois, déjà, le sous-ministre, M. Beaudoin, a reçu, il y a
environ un mois et demi, le rapport d'enquête de police, lequel avait
été confié, en l'occurrence, au Service de police de la
CUM. C'est un rapport volumineux dont M. Beaudoin m'a communique les
conclusions générales. Après avoir pris connaissance des
conclusions, j'en ai reparlé avec M. Beaudoin et mes conseillers et j'ai
demandé que ce rapport-là soit transmis au coroner investigateur,
parce qu'un coroner investigateur a été nommé. Comme vous
le savez, le travail du coroner se fait en deux étapes: il
procède d'abord à une investigation sur les causes et
circonstances d'un décès et, ensuite, s'il le juge opportun, il
recommande qu'une enquête soit tenue selon les règles d'une
enquête publique qui doit comporter une comparution de témoins et
d'experts, etc. Dans ce cas-ci, le rapport a été transmis au
coroner investigateur qui est en train d'en faire l'examen. Il lui appartiendra
de décider s'il doit recommander qu'une enquête soit
instituée sur ce point-là. À ce moment-là, moi,
quand j'aurai pris connaissance de la conclusion du coroner et du coroner en
chef, je verrai s'il y a lieu pour moi d'intervenir, mais je ne voudrais pas
devancer le processus dans lequel eux doivent apporter leur contribution
normale.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, vous comprendrez que
ça devient quasi indécent. On est rendu à plusieurs mois.
Je ne sais pas si vous avez fixé un échéancier au coroner
investigateur, mais il me semble qu'on ne peut pas laisser sonner le premier
anniversaire sans avoir pris des décisions. Ça n'a pas de bon
sens. Dans nos cours de justice, vous savez ce qui arrive avec des causes qui
traînent trop, là? Il y a des juges qui sont rendus qu'ils
décident: Bon, il n'a pas eu de chance, salut, bonjour! Il me semble
qu'on ne doit pas attendre que l'usure fasse son oeuvre et démontrer
qu'on veut chercher par les moyens qui sont facilement, en passant,
utilisables, il s'agit de décréter qu'il y en ait une
enquête publique. Ça, c'est très facile, en faisant venir
des témoins, en assignant des gens qui ont été
mêlés de proche à des événements. Si on n'est
pas capable d'y aller par le biais de l'investigation policière,
ça n'a pas été mis là pour rien dans ia loi,
là, cette capacité d'enquête publique...
M. Ryan: Mais, regardez, normalement... Moi, je ne suis pas un
expert de ces choses, loin de là. Mais j'ai quand même
frayé avec ces problèmes-là pendant de nombreuses
années quand j'exerçais le métier de journaliste. Il y a
une chose normalement pour instituer une enquête, il faut que vous ayez
certaines chances que ça donne quelque chose; ce n'est pas une partie de
pêche qu'on fait. On se dit: On a pas mal d'éléments. Vous
avez été mêlé à une, et vous savez combien
c'était vrai dans ce cas-là. On avait ramassé des
éléments pendant des années dans certains cas. Ce
n'étaient pas des histoires de dernière heure. À un moment
donné, là, il y a assez d'éléments pour faire la
matière d'une enquête qui va permettre de faire la lumière,
très bien. Mais dans ce cas-ci, il appartiendra au coroner investigateur
de faire ses recommandations, et aux autres qui sont intéressés
de tirer les décisions qui s'imposent. Mais si on veut qu'une
enquête soit faite, il faudra que le rapport de police apporte certains
éléments parce qu'ils ont interrogé tout le monde qui
pouvaient être interrogés. Ils ont fait une enquête qui a
duré plusieurs mois, et c'est ça qu'il va falloir juger,
là. En tout cas, le coroner investigateur va produire son rapport de
toute
manière, accompagné de sa conclusion.
M. Chevrette: M. le ministre, en tout cas, l'évaluation
qu'on en fait, c'est que si on veut qu'il y en ait une enquête, il va
falloir prendre des moyens assez rapides. Sinon, le délai aura tellement
fait son oeuvre que, pour assigner des témoins... Déjà, il
y a des témoins qui ne sont probablement pas d'ici, qui auraient pu
être affectés, qui auraient pu être assignés à
une enquête publique. Et ça, on le sait, il y avait du monde d'un
peu partout cet été au Québec. Plus on prend du temps pour
enclencher une enquête publique permettant à ces individus
identifiés par la Sûreté, identifiés par la GRC,
identifiés par l'armée... S'il y a une identification, il y en a
eu des photos, vous le savez, ça a coûté... M. Lavigne nous
a expliqué comme vous en avez pris des petites photos durant les
événements, vous étiez assis près de lui lors des
engagements financiers, M. le ministre. S'il y a eu autant de photos, il y a
sûrement un bon nombre d'identifications. S'il y a un bon nombre
d'identifications, ça doit être assez facile d'en assigner
quelques-unes. Vous savez que sous serment et avec un questionnement
serré, on peut obtenir certaines révélations. Moi, je
pense qu'il va falloir qu'on se branche. On en fait une ou on n'en fait pas
une. Mais qu'on arrête de laisser persister l'idée qu'on cherche
fort. Je n'ai pas l'impression qu'on cherche trop fort, moi. J'ai toujours
l'impression qu'on a hâte qu'on n'en parle plus. C'est plutôt
ça que ça sent.
M. Ryan: Peut-être que vous avez cette
impression-là, mais mon devoir c'est de la dissiper. Je vais la dissiper
par le calme et non pas par des algarades. Je voudrais que M Beaudoin ajoute
peut-être un élément d'explication sur la dernière
observation du député de Joliette.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, M. Beaudoin,
allez-y.
M. Beaudoin: Oui, peut-être. M. le ministre pourra demander
au coroner, par la suite, d'ajouter. Je pense que M. le député
confond un peu les éléments ou les objectifs qui étaient
permis par l'ancienne loi des coroners qui permettait de faire une
enquête un peu style juge d'instruction, d'aller chercher des
témoins, de les interroger de façon à les confondre avec
des faits et, subséquemment, de les accuser devant les tribunaux. La
dernière enquête du coroner qui a été faite au
Québec avec cette philosophie-là, c'est celle justement, M. le
député de Joliette, qui s'est déroulée à
Joliette dans le cas des Hell's Angels. Par la suite, la loi a
été réformée, et, en 1986, elle ne donne droit au
coroner que de faire des recherches en vue de trouver les causes de la mort,
pas pour tenir des tiers responsables, mais simplement pour amélio- rer
la qualité de vie de ceux qui survivent.
Contrats à la morgue de
Trois-Rivières
M. Chevrette: O.K. M. le ministre, vos
responsabilités ou celles du coroner. c'est d'attribuer aussi des
contrats à des morgues. Lors des engagements financiers, nous vous
avions posé des questions pour savoir qui, comment, quand et où
c'était attribué, avec les montants payés. Vous nous en
avez envoyé une liste assez volumineuse là, à travers le
Québec. Ce qui nous a frappés - je le dis très candidement
- c'est qu'il y ait un contrat qui a été accordé à
la firme J. Philibert & Fils inc. de Trois-Rivières, où le
député de Trois-Rivières est toujours actionnaire de
ladite firme, puisque nous avons le rapport annuel. Le rapport nous
démontre que M. Paul Philibert, rue Laurent-Létour-neau à
Trois-Rivières est toujours actionnaire, après en avoir
été le P.-D.G. Est-ce qu'il n'y a pas une règle
gouvernementale qui empêche l'octroi de tels types de contrats?
M. Ryan: Peut-être qu'on pourrait le demander à M.
le coroner pour commencer, que je salue cordialement, et dont j'apprécie
le travail. Peut-être qu'on pourrait lui demander de nous indiquer
comment on procède pour les octrois de ces contrats-là. Parce
que, je vous dirai en toute humilité, je ne le sais pas.
M. Chevrette: C'est fort possible.
M. Ryan: Puis vous m'avez rappelé que j'ai
déjà été approché par des entrepreneurs de
mon comté qui auraient voulu que j'intervienne quand j'étais
député, et puis heureusement qu'ils ne m'en ont pas parlé
depuis que je suis ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le coroner, M. Jean
Grenier.
M. Grenier (Jean): M. le Président, dans le cas des
morgues, comme j'avais répondu l'an dernier, sauf une exception, on ne
procède pas par appel d'offres. Le plus souvent, il s'agit d'une entente
entre les morgues qui ont déjà été
désignées dans une région et qui se répartissent le
travail entre elles, par bonne entente. J'interviens uniquement lorsqu'il n'y a
pas entente, et, en général, on trouve moyen de négocier
une entente. Les entrepreneurs ou directeurs de funérailles d'une
région, en général, lorsqu'ils sont
intéressés à rendre des services au coroner, en attendant
l'entrée en vigueur du règlement que l'on attend et qui va venir
changer le contexte complètement, il n'est pas encore entré en
vigueur, il est à l'étude au bureau des règlements...
M. Chevrette: Mais, je vous parle des contrats. Si j'ai bien
compris, ce sont des contrat de transports et services rendus par les morgues
désignées. Vous désignez ça du 1er avril au 31
janvier, donc c'est six mois, ce sont des contrats de six mois.
M. Grenier: Non, je m'excuse, les morgues ou les directeurs de
funérailles sont désignés. De mémoire, je n'en ai
désigné au plus deux ou trois sur les 242 depuis cinq ans. C'est
simplement reconduit d'année en année par entente à
l'amiable entre les directeurs de funérailles d'une région. Par
exemple, dans la région de Québec il n'y en a qu'un qui est
intéressé, les autres ne le sont pas. Alors, à ce
moment-là, il n'y a ni appel d'offres ni rien.
M. Chevrette: Puis dans certains coins ils se chicanent pour en
avoir.
M. Grenier: Alors que dans d'autres coins ils se chicanent pour
en avoir. Mais vous savez bien que ce ne sont pas les transports du coroner
qu'ils veulent avoir, c'est autre chose.
M. Chevrette: Mais c'est la majorité des salons
funéraires qui veulent partager à tour de rôle.
M. Grenier: La majorité préférerait ne rien
avoir à faire avec ça.
M. Chevrette: Mais dans certains milieux, c'est pas
ça.
M. Grenier: C'est ce qu'on vise présentement, et on va y
arriver, j'espère, d'ici un an, aussitôt que ce
règlement-là sera adopté. Ça les embête
autant que ça nous embête. Sauf celui qui n'en a pas, il est
défavorisé vis-à-vis de l'autre. Alors, comme on est en
statu quo depuis cinq ans, bien, ça fait cinq ans que les mêmes,
à l'occasion, sont défavorisés.
M. Chevrette: Puis là, l'octroi, c'est de
l'automatisme.
M. Grenier: Le renouvellement est automatique, sauf s'il y a
demande d'ajout, que l'on étudie. En général, on essaie de
ne pas élargir les 245 qu'on a déjà alors qu'une
quarantaine suffirait.
M. Philibert: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Philibert: La morgue à Trois-Rivières, moi,
j'étais au collège, j'avais 13 ou 14 ans, quand l'entreprise
familiale a commencé à s'en occuper. Depuis ce temps-là,
c'est comme ça. Maintenant, au début des années 1980, les
entrepreneurs de pompes funèbres de la rive sud ont décidé
de ne plus s'occuper de cet aspect-là. Ils nous ont supplies, je ne me
souviens pas qui là, mais je sais que les autorités nous avaient
suppliés, étant donné qu'on était organisés
pour desservir Trois-Rivières, d'accepter de desservir également
la rive sud. Ça, je me rappelle de ça au début des
années 1980.
Maintenant, la règle au niveau des conflits
d'intérêts, ça s'adresse aux membres de l'Exécutif,
si ma mémoire est bonne. Quand on a un peu d'initiation au monde des
affaires, on sait qu'une entreprise familiale qui s'incorpore, c'est davantage
symbolique le pourcentage des actions qui sont détenues. Ce qu'il est
important de considérer, c'est que l'actionnaire majoritaire est celui
qui prend toutes les décisions, et que, dans mon cas, pour être
très très clair - vous pourrez le vérifier dans mon
rapport d'impôt si vous voulez avoir des précisions - aucun
dividende dans l'entreprise familiale ne m'est payé depuis que nous
sommes incorporés. Voilà, M. le Président.
M. Chevrette: C'est parce qu'en vertu de l'article 65 de la Loi
sur l'Assemblée nationale, il est dit ceci: "Un député ne
peut, directement ou indirectement, participer à un marché avec
le gouvernement, un ministère ou un organisme public." Donc, c'est
à partir de ce principe de loi que j'attirais l'attention du ministre.
Moi, je ne sais pas, il y a un jurisconsulte, je le reconnais, je comprends
tout ça. Il serait peut-être bon qu'on fasse clarifier ça,
parce qu'à partir de la loi de l'Assemblée nationale, puis quand
on voit... Si le député n'était pas un actionnaire,
l'entreprise familiale, ça ne l'empêche pas de participer, avec 40
contrats de plus, ça ne me dérange pas, là. C'est parce
que, dans le rapport annuel, le nom du député est là comme
actionnaire. C'est ça, c'est différent d'être actionnaire,
puis qu'une entreprise familiale dont tu n'es pas actionnaire fasse affaire,
moi ça, je n'aurais même pas posé la question, M. le
ministre. J'ai compris ça.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je pense que le
député de Joliette soulève une question. On va la regarder
en toute bonne foi à la lumière de la loi. Je pense qu'il est
évident, seulement par les montants qui sont impliqués, qu'il n'y
a personne qui est allé s'engraisser dans une affaire comme
celle-là. M. le coroner me dit: S'il fallait qu'il s'enlève de
là demain matin, je n'aurais plus personne dans cette
région-là. On va regarder tout le dossier très rapidement,
puis il faut que la loi soit respectée d'abord, c'est entendu. Je pense
qu'on est d'accord là-dessus. Puis, pendant
qu'on est tous de bonne foi là-dedans, c'est bon, c'est pour
ça qu'on a un examen comme celui-ci, c'est pour que ces questions soient
portées à notre attention.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: Oui, on est obligé d'ajourner..
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que nous adoptons le
programme 1?
M. Chevrette: Toute la gang ce soir, en deux minutes.
M. Philibert: On peut revenir après le souper?
Le Président (M. Dauphin): Oui, on revient à 20
heures.
M. Chevrette: Pour ne pas empêcher les
députés de parler, on est mieux de garder l'adoption finale
à la fin.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, nous adopterons tous
les programmes à la fin de nos travaux, ce soir. La commission des
institutions suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, nous allons
reprendre nos travaux puisque nous sommes déjà plus de quinze
minutes en retard sur notre programme. Alors, nous reprenons nos travaux
effectivement, et nous terminions le programme 1. Alors, vous me
suggérez d'appeler quel programme, maintenant, MM. les
députés et Mme la députée?
M. Chevrette: M. le Président, j'avais annoncé
avant le souper que nous aurions une question au programme 6.
Le Président (M. Dauphin): Alors programme 6,
Sûreté du Québec. Une question sur les drogues, je
pense.
Sûreté du Québec (suite)
M. Chevrette: C'est exact et... Peut-être une question sur
les coroners aussi. Tout d'un coup qu'il m'en viendrait une en écoutant
les autres.
Le Président (M. Dauphin): Soit. M. le
député. Alors, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Lutte contre la drogue
Mme Vermette: Je sais que mon collègue, il n'est jamais
à court d'idées, alors... Ha, ha, ha! Alors, ça me fait
plaisir de vous accueillir en fait et de pouvoir regarder avec vous un volet de
plus en plus important dans notre société, mais qui est un
fléau, par contre, celui de la consommation des drogues. Je pense qu'en
tant que responsable de la police provinciale, vous avez une rôle
très important à ce niveau-là. Alors, moi, je voudrais
demander au ministre... Actuellement, il se tient une conférence
à Washington au niveau des maires. Justement, M. Hamelin, le
président du comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal déclarait: Malheureusement, je dois confirmer
que cette tendance se poursuit, la tendance à la hausse.
Déjà, l'année passée, M. Doré
déclarait qu'il y avait une nette tendance à la hausse et que
malheureusement, ce n'est pas en ordre décroissant, mais bien au
contraire, ça augmente de plus en plus. Alors, comme dans beaucoup
d'autres villes, les trafiquants de drogue ont non seulement accru leur volume
d'activités mais ils ont aussi perfectionné leurs
méthodes. En fait, je voudrais savoir si ailleurs qu'à la ville
de Montréal, on peut faire le même constat, c'est-à-dire
que c'est en nette progression? À ce moment-là, est-ce qu'il y a
eu beaucoup plus de perquisitions cette année que les années
passées, plus d'arrestations que les années passées? Si
oui, est-ce qu'on peut déduire qu'il y a eu une augmentation de la
consommation ou qu'il y a eu une augmentation du trafic de drogue?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais que le directeur de
la Sûreté soit invité à répondre à
cette question.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. Lavigne.
M. Lavigne: Je vais tenter de faire une réponse
complète. Si jamais elle est incomplète, vous allez me le
signaler Au niveau des drogues, comme aperçu général,
notre perception à la Sûreté, c'est qu'il a beaucoup plus
de drogue en circulation au Québec présentement que les
années passées. Puis, on base notre jugement là-dessus,
sur les quantités de drogue saisie. Vous entendez
régulièrement aux nouvelles: un nouveau record
québécois, un nouveau record canadien. Il y a trois ou quatre
ans, on saisissait de la cocaïne par kilo, un kilo, deux kilos de
cocaïne et on trouvait ça excellent. On trouvait que c'était
une grosse cause. Il y a à peu près trois ans, la plus grosse
saisie de la Sûreté était de 20 kilos. Quelques mois plus
tard, on a saisi 25 kilos. Je vais vous rappeler seulement une cause où
on a procédé l'an dernier sans saisie parce
qu'on n'attendait plus, c'était trop dispendieux. On avait assez
de preuves pour procéder contre le réseau de trafiquants sans
attendre que la drogue arrive. On a porté des accusations pour un
complot pour importation de 1500 kilos de cocaïne. On a porté des
accusations pour l'importation de huit tonnes de marijuana. Ça, c'est le
même réseau qui avait fait ça lors d'une cause.
Récemment, vous avez vu aussi dans les journaux, c'a
défrayé les nouvelles pendant une semaine ou environ. La GRC a
fait des saisies de 200 kilos et quelque de cocaïne à Mirabel, une
valeur de 162 000 000 $ sur le marché noir. Donc, les montants de
drogue, la quantité de drogue qui est maintenant importée, qui
transite sur le territoire québécois, quant à moi, est
plus importante maintenant que dans le passé. On en saisit plus, mais il
y en a beaucoup plus. Maintenant, la question qu'on pourrait se poser: Est-ce
que c'est tout pour consommation québécoise?
Mathématiquement, c'est impossible parce que pour que les
Québécois consomment cette drogue-là, il faudrait que tous
les Québécois - on a fait à un moment donné une
évaluation - soient des drogués à plein temps. Donc, c'est
mathématiquement impossible. Par contre, la drogue est là, elle
est disponible et il faut continuer à combattre pour tenter de
réduire sur deux niveaux...
M. Chevrette: J'aurais une question juste là-dessus.
M. La vigne: Oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'il n'est pas possible, M. Lavigne, qu'il
puisse entrer au Québec, par des voies ou des réseaux
différents, des quantités astronomiques, mais que l'objectif de
départ puisse être purement et simplement pour consommation
québécoise, et que la concurrence provoque, ce qui se produit
dans certaines villes, Outlaws contre Hell's Angels... Puis, ce n'est pas parce
qu'il y en a trop que les marchés ne peuvent pas être concurrents
à l'intérieur et que l'origine de la consommation ne peut
être québécoise. Point.
M. Lavigne: Avec les quantités qui sont saisies ou sur lesquelles
on enquêtait lors d'importation sur d'anciennes causes - parce que je
vous parle toujours d'anciennes causes - c'est à peu près
impossible que ce soit seulement québécois. Il faut se rappeler
que les États-Unis ont resserré de beaucoup les contrôles
et souvent, la drogue passe par le Québec pour retourner soit aux
Etats-Unis, soit vers l'Ouest du Canada. Il y a beaucoup d'importation qui se
fait par bateau, et on a un fleuve qui se prête bien à ces
entrées de drogues là.
M. Chevrette: Si ça passe par le Québec, est-ce que
c'est parce que le Québec est con- sidéré comme une
passoire?
M. Lavigne: J'espère que non.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a des régions plus
particulières que d'autres, justement, où vous avez
constaté qu'il y a plus de circulation de ce produit-là, de
drogue, et qu'il y a une plus forte consommation, notamment dans des
régions où il y a des ports, puisque c'est par voie fluviale?
M. Lavigne: Tout dépendamment du genre d'importation. Les
régions les plus touchées, quant à moi, au niveau
importation, c'est le centre du Québec, c'est Montréal, qui est
la région d'où originent la plupart des trafics, Montréal
ou ses environs. Cependant, si, par exemple, il y a eu des importations,
à un moment donne, qui se sont faites à l'aide de petits avions,
bien là, ça entrait pour se rendre à Montréal, mais
ça entrait à travers... Une importation sur laquelle on a
travaillé, l'endroit d'entrée, c'était
Trois-Rivières ou dans les environs de Trois-Rivières.
Maintenant, c'est ça, c'est plus concentré vers
Montréal. Ça se dirige là généralement,
parce que les gros aéroports sont là aussi. Il faut se rappeler
que Mirabel... Il y en a beaucoup qui sont importées directement. La
saisie de la GRC, c'était à l'intérieur de barils qui
passaient à Mirabel.
Mme Vermette: Ce qu'on disait, monsieur, il y avait deux points
importants. Est-ce que vous avez suffisamment de personnel qualifié pour
faire face, justement, à cette augmentation du trafic? Est-ce qu'il n'y
aurait pas besoin d'y avoir aussi des gens au niveau civil, je veux dire des
policiers en civil, des policiers pour aller dans différents endroits ou
réseaux? Est-ce que vous avez suffisamment de personnel pour faire face?
Aussi, pour ce qu'on disait, c'est que ces gens-là, leurs
méthodes sont de plus en plus perfectionnées. Alors, est-ce que
vous prévoyez, vous autres aussi, vous équiper pour faire face
à ces trafiquants qui sont de plus en plus coriaces?
M. Lavigne: Au niveau de la Sûreté, on est assez
bien équipé, on est assez bien pourvu. D'ailleurs, c'a
été signalé dans le rapport Bertrand. Les faiblesses de la
police ne sont pas nécessairement en termes de personnel, ni en termes
d'équipement, mais au niveau judiciaire. Les faiblesses étaient
surtout sur une autre partie du système, au niveau des avocats, par
exemple. Pas assez d'avocats de la couronne spécialisés pour
procéder avec les causes, peut-être même au niveau des juges
et, finalement, au niveau de la garde en prison. Les services correctionnels
avaient un besoin à ce niveau-là. C'est ce que le rapport
Bertrand disait.
Mme Vermette: Oui, mais dernièrement, il y a eu des
nominations de procureurs...
M. Lavigne: Oui.
Mme Vermette: ...qui étaient...
M. Lavigne: II y a eu des corrections de faites. Ça se
présente beaucoup mieux maintenant qu'il y a un certain temps. Nous, on
a été bien traités, disons, en termes de personnel et en
termes d'argent. Le gouvernement nous a octroyé du monde et nous a
octroyé aussi de l'argent pour travailler sur la drogue.
Mme Vermette: Est-ce que vous pouvez nous dire les sommes
d'argent qui vous ont été octroyées?
M. Lavigne: La somme qui a été octroyée,
c'est 6 000 000 $.
Mme Vermette: Pour avoir augmenté le personnel et aussi
tout ce qui pourrait vous aider, finalement...
M. Lavigne: Non, ça, c'est à part du personnel.
Mme Vermette: À part du personnel.
M. Lavigne: Oui. Le dernier montant, c'est 6 000 000 $. Nous, on
l'attribue à la lutte au crime organisé, mais on sait que la
majorité du crime organisé travaille au niveau drogues, donc
c'est appliqué là.
Mme Vermette: Vous travaillez en collaboration dans la
région de Montréal et sur le territoire de Montréal. Vous
travaillez sûrement en collaboration avec d'autres corps policiers.
M. Lavigne: Oui. GRC... Les grands corps policiers, on est en
communication constante: GRC, Montréal et nous, parce qu'on a besoin
d'échanger sur différents dossiers. En plus, on a un
système d'information qu'on a spécialisé où 40
corps policiers du Québec de plus petite envergure vont être
reliés prochainement. Il y en a déjà plusieurs qui le
sont, mais il va y en avoir 35 autres qui vont se joindre. (20 h 30)
Mme Vermette: Dernièrement, la police de la CUM se donnait
comme politique Tolérance zéro. Est-ce que, M. le ministre, vous
envisagez une opération de ce genre à l'ensemble du territoire du
Québec, puisqu'on disait que, maintenant, ce dont on se rend compte,
c'est que, de plus en plus, c'est comme si dans la société on
acceptait la consommation de la drogue occasionnelle pour certains cas?
M. Ryan: Posez une question, parce que je ne suis pas trop fort
sur les slogans.
Mme Vermette: Non. C'était la police de la
Communauté urbaine de Montréal qui a fait une opération
Tolérance ^éro, c'est-à-dire que dès que tu es pris
le moindrement avec de la drogue, tout de suite tu es passible d'un
délit et tu risques d'être incarcéré, peu importe le
nombre de grammes que tu peux avoir sur toi. Je vous demandais: Est-ce que vous
vous envisagez une opération de ce genre dans l'ensemble du territoire
du Québec, puisqu'on constate que de plus en plus, en fin de compte, on
s'aperçoit que, dans la population, il faut travailler avec la
répression, bien sûr, mais au niveau de la population, c'est comme
s'il y avait une forme de tolérance vis-à-vis de la consommation
de drogue?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: La police de la CUM a donné un slogan à sa
campagne: Tolérance zéro. Mais tout le monde sait, si on analyse
ça sérieusement, qu'on ne peut pas en arriver à ce
point-là. Il faut viser à ce que la drogue disparaisse. Elle ne
peut pas disparaître du jour au lendemain, parce que ça
répond à des points faibles de la nature humaine, c'est un
produit ou une sorte de produit qui a des facilités tout à fait
extraordinaires de pénétration, puisqu'il ne prend pas beaucoup
de place.
Soyez assurée que je vais tout mettre en oeuvre de mon
côté pour qu'il y ait une coordination, une concertation la plus
efficace possible des forces de police à tous les niveaux pour enrayer
ce fléau-là. Mais c'est une tâche de longue haleine parce
que ça se rattache à une conjoncture internationale très
difficile. Il y a des pays entiers qui vivent de ça et pour qui c'est
devenu quelque chose de légitime. Les États-Unis,
eux-mêmes, avec toute la force qu'ils ont, ne sont pas capables de venir
à bout de ça du jour au lendemain. Je pense qu'il faut se
préparer à une action de longue haleine, ce qui n'empêche
pas d'être très ferme dans l'immédiat aussi.
Le Président (M. Dauphin): Avez-vous terminé?
Mme Vermette: M le ministre, face à cette opération
zéro, ce qui veut dire qu'au niveau des tribunaux, il y a un engorgement
dans nos prisons qui sont déjà surpeuplées, ça fait
des prisons plus surpeuplées et, en fait, ça s'attaque à
toutes catégories d'individus, peu importe leur situation.
Est-ce que dans les prisons, actuellement, vous envisagez des programmes
de réhabilitation et de désintoxication? Quand il y a des jeunes,
est-ce qu'on prévoit une approche plus par- i ticulière dans ces
cas-là?
M. Ryan: Oui. Je suis accompagné ici de M. Carrier qui est
le sous-ministre associé en charge des Services correctionnels.
J'aimerais qu'il vienne parler, si la commission est intéressée
au problème de la drogue dans les centres de détention, de
l'ampleur du problème et, aussi, des moyens qui sont pris pour
l'enrayer.
Je veux féliciter M. Carrier parce que j'ai eu l'occasion de
recourir à lui récemment. Un député m'avait saisi
d'un problème très aigu en matière de drogue. Je ne vous
dirai pas où c'était, mais à propos duquel la
réponse de la police locale n'était peut-être pas aussi
empressée qu'on l'aurait souhaité. J'ai parlé à M.
Carrier. Je lui ai demandé s'il pourrait aller rencontrer les citoyens
qui étaient concernés par le problème. En dedans d'une
semaine, 10 jours, il était allé rencontrer ces gens-là
qui m'ont dit qu'ils avaient été très heureux de la
rencontre avec lui, et il y a des actions qui ont suivi, immédiatement
après.
Si vous êtes intéressés, je pense que c'est en plein
la personne qui peut vous fournir des renseignements parce que, moi, c'est une
chose qui manque à mon expérience, je n'ai jamais
été pensionnaire là encore.
Une voix: On peut remédier à ça!
M. Ryan: Heureusement que la police n'a pas le pouvoir de
condamnation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre! M. le
ministre, est-ce que nous devons conclure que M.
Carrier a déjà été pensionnaire? Alors, M.
Carrier, allez-y.
M. Carrier (Normand): Oui, M. le Président.
Évidemment, quand il y a un problème.
M. Chevrette: Est-ce que c'est oui, vous avez été
pensionnaire ou bien si...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Carrier: De temps en temps j'y vais, mais ce sont des visites
passagères. J'obtiens rapidement des absences temporaires.
M. Chevrette: Vous êtes comme un certain nombre, les fins
de semaine sur signature.
M. Carrier: Ah oui! Évidemment, il y a un problème
dans la société de consommation de drogue. Et ce
problème-là, on le vit aussi au niveau des établissements
de détention. On fait tous les efforts possibles pour détecter
les entrées de drogues dans les établissements de
détention, mais comme c'est possible d'en passer parfois dans les
aéroports, c'est aussi malheureusement possible d'en passer dans les
établisse- ments de détention. Mais suite au rapport Bertrand, il
y a eu des ressources qui ont été allouées pour mieux
contrôler à l'entrée des établissements de
détention cette drogue-là. Par ailleurs, les individus qui sont
dans les établissements de détention... Suite toujours au rapport
Bertrand, on a eu des ressources pour travailler avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux pour favoriser la réadaptation des
gens qui ont vraiment des problèmes de consommation de drogue.
Maintenant, les individus qui sont des trafiquants de drogues, ne se
retrouvent généralement pas dans les établissements de
détention du Québec, mais beaucoup plus dans les
établissements de détention fédéraux qui gardent
les individus qui ont des sentences de deux ans et plus. Par ailleurs, depuis
les trois dernières années, le gouvernement a alloué des
ressources relativement importantes, puisque le budget est passé de 120
000 000 $ à 173 000 000 $ suite à deux décisions
importantes qui ont été prises: une qui a été prise
au mois de juin 1989 et, l'autre, au mois de mai 1990, pour solutionner le
problème de surpopulation dans les établissements de
détention. Ce qui nous permet maintenant de mieux administrer les
sentences de détention au Québec, alors, de cette
manière-là, de mieux faire face au problème de la drogue
dans la société québécoise.
Je pourrais vous donner plus de détails sur le cadre de
planification ou encore sur le plan de redressement pour la région de
Montréal, sur l'ensemble des investissements qui ont été
faits, dont le ministre a d'ailleurs parlé dans son discours
d'ouverture.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Mme Vermette:
Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Berthier, vous aviez une question sur les drogues. Pardon?
M. Chevrette: II reste une question.
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi.
Mme Vermette: II me reste juste une autre question, M. le
Président. En fait, on sait que le principal problème est plus
circonscrit dans la ville métropolitaine de Montréal. Justement,
le maire Doré soutenait à un moment donné qu'on parlait
beaucoup du rapport Bertrand, que ce rapport recommandait entre autres de
soutenir financièrement des initiatives au sein des quartiers. Il
proposait également un renforcement de la coordination entre les
intervenants et des mesures précises pour soutenir les jeunes en
difficulté. M. Doré terminait en disant: Nous souhaitons que le
gouvernement du Québec donne suite à l'ensemble de ces
recommandations. Alors,
je poserai au ministre la question: Avez-vous des motifs de croire que
le souhait de M. Hamelin et du maire Doré vont se réaliser cette
année, puisque cette conférence est en cours cette semaine?
M. Ryan: La députée soupçonne bien que j'ai
toutes sortes de raisons ces temps-ci de chercher à me rendre
agréable aux maires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Puis vous avez du chemin à faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En particulier, cela va de soi, au maire de
Montréal. Dans les mesures que j'ai retenues avec mes collaborateurs
pour la mise en oeuvre de la lutte à la drogue au ministère de la
Sécurité publique, il y a un programme qui portera
particulièrement sur l'aide financière aux groupes
communautaires. Il faut absolument que nous donnions un certain soutien
à des groupes communautaires qui font une action efficace à
partir du milieu lui-même, en étant beaucoup plus proche du milieu
que nous ne pouvons l'être à partir de nos bureaux.
Alors, je n'ai pas encore l'idée du montant exact que nous
arrêterons pour ça, mais il y aura une partie sur le budget qui
nous a été attribué qui ira à cette fin.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a un programme particulier? Est-ce
qu'il y a un nom à votre programme? Je sais que vous n'aimez pas les
slogans, mais vous pouvez peut-être l'identifier.
M. Ryan: Non. Il n'y aura pas de nom. Mme Vermette: II n'y
aura pas de nom.
M. Ryan: Ça va être un programme de soutien ..
M. Chevrette: Ça va être le programme Ryan.
M. Ryan: ...à l'action sérieuse contre la drogue.
Je n'aime pas quand on met mon nom à aucun programme.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Encore moins aux réformes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous donnerez le prénom de votre
frère dans celui-là. Ha, ha, ha!...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: J'en ai deux.
M. Chevrette: II fera ça discrètement.
M. Ryan: Deux, c'est un bon départ.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: O.K.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, Mme la
députée. Alors, M. le député de Berthier, sur les
drogues.
M. Houde: M. le Président, ma question s'adresserait
à M. Lavigne. J'aimerais savoir quel contrôle il y a sur les
Hell's ou des groupes similaires à eux, le fait que dans ma place, ils
ont commencé à étendre leur travail pour contrôler
les bars, si vous voulez, les hôtels, les grills. Qu'est-ce qui arrive
dans votre travail que vous faites? Ça se rapproche des petits centres
depuis un certain temps.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. Lavigne m'a remis un rapport récemment. Mais
comme il en était l'auteur et que je n'ai pas coutume de tripoter les
rapports, quoiqu'on ait pu laisser entendre plus tôt. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je voudrais qu'il résume lui-même
l'essentiel des choses qu'il juge pouvoir dire à ce sujet. Mais je
souligne que le député de Joliette aussi, cette fois-là,
est intervenu auprès de moi, M. le député de Berthier. Il
a déjà attiré mon attention sur le problème des
Hell's Angels dans son secteur, à Joliette, et vous, vous ajoutez qu'ils
sont rendus du côté de Berthier aussi.
M. Houde: Dans ma paroisse, la semaine dernière, ils ont
fait sauter deux bombes près de l'hôtel...
M. Ryan: Non, je pense que...
M. Houde: ...pour prendre le contrôle à la place
d'autres groupes. C'est pour ça que je demande...
M. Ryan: Si M. Lavigne veut fournir certaines indications, je
pense que nous l'apprécierions.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Le phénomène des motards... Si
on recule quelques années en arrière, vous avez vu une
première dans les annales policières qui a été
faite au Québec, c'est-à-dire un corps de police qui s'attaque
aux Hell's Angels, par exemple. C'était effectivement une
première. Les Hell's Angels - les autres groupes de motards aussi, mais
les Hell's Angels en particulier - sont enquêtes lorsqu'ils sont
soupçonnés d'avoir commis des crimes, bien entendu, parce que ce
sont des citoyens qu'au terme de la loi, on est obligés de
considérer comme tous les citoyens. Ils ont les mêmes droits.
Donc, si on les soupçonne d'avoir commis des crimes ou de vouloir en
commettre plus tard, on a des motifs d'enquêter, et le groupe Hell's est
enquêté comme les autres groupes de motards. Je peux vous dire
qu'on est pas mal au courant de la structure, des endroits. On enquête
sur certaines activités. Disons que ça serait à peu
près ça.
M. Houde: O.K. Je ne peux pas dire, je ne veux pas dire que c'est
eux qui ont fait ce qui s'est passé à Saint-Félix
dernièrement, voilà deux semaines, mais c'est un groupe de
personnes qui sont rapprochées d'eux.
Recherche des causes et circonstances des
décès (suite)
Moratoire sur les morgues
Deuxième question, si vous me permettez. Elle va être
brève. En ce qui concerne les morgues, avant le souper on y a
touché un petit peu, mais j'aimerais entendre M. Lavigne. Il y a un
moratoire sur les morgues. Lorsqu'il y a deux, trois salons mortuaires à
un endroit, une résidence funéraire, et qu'il y a seulement,
disons, trois et qu'il y en a deux qui l'ont, et que le troisième
voudrait l'avoir, selon vous, quand pensez-vous qu'on va avoir des
réponses à cette question-là? Peu importe pour les
coroners, mais en tout cas...
M. Ryan: Juste un petit rappel pour notre collègue, les
questions s'adressent au ministre...
M. Houde: Oui, oui.
M. Ryan: ...parce que ce n'est pas une commission
d'enquête.
M. Houde: Non, non, je me suis trompé, je m'excuse, M. le
ministre.
M. Chevrette: C'est le "fun" des fois de s'adresser aux
autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Vous voyez qu'on y va assez libéralement, par
exemple.
M. Chevrette: Des fois, ils ne sont pas assis aussi
confortablement sur la marmite.
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
c'est un fait que les questions s'adressent au ministre.
M. Houde: Oui, oui, je m'excuse. C'est moi qui ai fait
l'erreur.
M. Ryan: Peut-être que l'eau ne bout pas autant que vous
pensez. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: On verra.
M. Chevrette: Je pourrais vous donner des exemples, M. le
ministre.
M. Ryan: On verra.
M. Houde: C'est peut-être le chef des coroners qui pourrait
me répondre parce que c'est lui après-midi qui a parlé.
C'est pour ça, je...
M. Ryan: Sur les coroners, je pense que ça relève
d'un autre secteur. C'est un autre secteur. Je ne sais pas si M. le coroner en
chef est ici. Il a indiqué tantôt qu'il y aurait encore un certain
temps. M. Grenier est-il encore ici?
Une voix: Non.
M. Houde: II a laissé entendre quelque temps, mais c'est
quoi? Est-ce que c'est quelques mois ou bien non un an ou quoi?
M. Ryan: Regardez, j'aimerais... M. Beaudoin va répondre
à ça.
M. Houde: Merci, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dauphin): M. Beaudoin.
M. Beaudoin: Le coroner a dit tout à l'heure qu'il s'en
était tenu à une liste de morgues désignées depuis
au-delà d'une dizaine d'années. Actuellement, ils sont en train
de travailler de deux façons. D'abord, il faut avoir quelqu'un dans les
régions qui puisse ramasser les cadavres...
M. Houde: Oui, oui.
M. Beaudoin: ...quand on en a. À des endroits c'est un
problème parce qu'il y en a trop qui veulent les ramasser... (20 h
45)
M. Houde: Exact.
M. Beaudoin: ...et à d'autres endroits,
personne ne veut les ramasser. D'ailleurs, le député de
Trois-Rivières en a donné l'exemple tout à l'heure.
L'idée d'une morgue, c'est d'avoir de bonnes facilités, d'avoir
des réfrigérateurs et de répondre à certaines
normes. Jusqu'à présent, on a été très
prudent, sur le plan ministériel et gouvernemental, à changer
d'endroit pour la raison qu'on n'avait pas défini de normes.
Actuellement, il y a un projet de règlement qui sera remis, à mon
avis, d'ici 15 jours au ministre, qui réglementera tout le
problème...
M. Houde: À la grandeur de la province.
M. Beaudoin: Pardon?
M. Houde: À la grandeur de la province?
M. Beaudoin: À la grandeur de la province, oui, il faut
toujours penser provincialement...
M. Houde: Oui.
M. Beaudoin: ...d'une part. L'autre dimension que le coroner est
en train de travailler avec ses collaborateurs, c'est de développer une
espèce - excusez-moi le mot anglais - de "joint venture". Comme exemple,
dans la région de Saint-Jean, les entrepreneurs de pompes
funèbres joindraient leurs efforts pour avoir une possibilité de
réponse aux appels à tour de rôle, mais que ce soit
toujours pour les mêmes fins, sans esprit de compétition.
M. Houde: Oui, c'est ça.
M. Beaudoin: Parce qu'on sait que dans les petites
régions, quand on ramasse des corps...
M. Houde: C'est ça.
M. Beaudoin: Dès qu'il entre chez nous, il ressort, mais
de la façon où il doit suivre le processus.
M. Houde: Oui, exact.
M. Beaudoin: Ce sont des ruines.
M. Houde: Oui.
M. Beaudoin: Donc, est-ce que ça répond à
votre question?
M. Houde: Merci beaucoup, j'ai terminé.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le député de Joliette.
Suivi des recommandations des coroners
M. Chevrette: II me resterait deux questions: une sur le coroner
et une sur la Sûreté ou sur le ministère de la
Sécurité publique, plus globalement. Sur le coroner, j'aimerais
savoir ce que le ministre pense des recommandations qui sont faites par les
coroners. Est-ce que le ministre a des statistiques sur le suivi accordé
par les divers ministères aux recommandations du coroner? Si vous en
avez, êtes-vous satisfait du suivi?
M. Ryan: Oui, comme je l'ai indiqué dans mon texte, cet
après-midi, la très grande majorité des recommandations
des coroners s'adressent au ministère des Transports parce qu'elles
portent sur des décès survenus à l'occasion d'accidents
routiers, ou encore au ministère de la Santé et des Services
sociaux parce qu'un grand nombre de mortalités dont sont saisis les
coroners depuis la nouvelle loi portent sur des décès qui sont
survenus dans des centres d'accueil. Vous savez que c'est obligatoire,
maintenant, dans bien des cas, que le coroner soit invité à faire
une investigation. Les recommandations sont évidemment transmises aux
ministères concernés. J'ai fait une revue, l'autre jour, et je
n'en ai trouvé qu'une ou deux qui s'adressaient au ministère de
la Sécurité publique, et elles étaient plutôt de
nature secondaire. Mais dans le cas des ministères en question,
là, je n'ai pas de données précises sur le suivi qui est
apporté. M. Beaudoin me communique qu'il arrive qu'on nous informe que
telle recommandation a été mise en pratique mais je n'ai pas de
données complètes là-dessus à communiquer
maintenant.
M. Chevrette: Moi, il y en avait au moins trois qui me sautaient
aux yeux et j'aurais voulu le questionner mais je me... J'aurais pu parier des
manuels de secours qui ne sont pas traduits en langue française,
j'aurais pu parler des menottes qui... Je ne sais pas ce qu'elles ont les
menottes, à la Sûreté, mais la recommandation 46119
étudie le problème des menottes auxquelles on ne peut se fier.
Après ça, il y avait la recommandation des coroners sur les
"skidoos". Je vais m'arrêter aux "skidoos" parce qu'il y a eu une
vingtaine de morts avec des "skidoos". Est-ce qu'il y a des orientations
précises à prendre au niveau du ministère de la
Sécurité publique ou si ça repose exclusivement sur la
responsabilité du ministre des Transports que vous supervisez par la
suite? C'est quoi, la relation entre les deux?
M. Ryan: À part les menottes, les deux autres, j'ai
nettement l'impression qu'elles relèvent du ministre' des
Transports.
M. Chevrette: Mais votre rôle, c'est de les acheminer?
M. Ryan: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous en assumez
le suivi?
M. Ryan: Le coroner fait ça lui-même. Le coroner en
chef veille à orienter toutes ses recommandations vers leur destination.
Si M. Lavigne a quelque chose à ajouter... Vous avez parlé des
menottes? C'est chez M. Carrier, ça.
M. Chevrette: Ah! C'est M. Carrier. Je ne suis pas au courant des
ustensiles que chacun de vos membres utilise.
M. Carrier: On a la même clientèle. On se sert de
menottes. Concernant les menottes, il est vrai qu'il y a eu une recommandation
du coroner, soit la recommandation que vous avez nommée, la
recommandation 46119 concernant les menottes. Ce qui a été fait
là-dessus, c'est qu'on a acheté un nouveau type de menottes qu'on
est en train de tester dans cinq centres, soit ceux de Bordeaux, Baie-Comeau,
Laval, Québec, et le Pavillon cellulaire de Montréal, pour
s'assurer... Parce que les menottes que nous avions étaient des menottes
au sujet desquelles les détenus réussissaient
généralement à trouver des moyens pour les débarrer
avec toutes sortes de trucs. Alors, on a un nouveau type de menottes qu'on a
achetées, qui sont en train d'être testées et qui,
jusqu'à maintenant, donnent de très bons résultats,
puisqu'on n'a pas encore réussi à s'en défaire. C'est le
suivi qui a été donné chez nous, à ce
sujet-là.
Administration Nomination des hauts
fonctionnaires
M. Chevrette: O. K. M. le ministre, j'ai entendu des
remarques du personnel de la Sécurité publique. J'ai entendu
également de loyaux fonctionnaires qui font leur travail par devoir, pas
toujours par solidarité, mais par devoir, si je me base sur votre
exposé de départ. On me dit que le ministère de la
Sécurité publique est devenu un endroit où tous les "ex"
peuvent entrer. On faisait allusion - et je vous pose la question parce que
c'est une orientation nettement politique du ministre - on sait que M.
Tancrède Paquet est là, c'est un "ex". On parle de M. Normand
Bergeron qui est sur le point de rentrer, un "ex" à la retraite de
quelque part. Les gens nous disent: Est-ce que ça ne serait pas le temps
qu'au ministère de la Sécurité publique, il y ait aussi du
sang neuf, du sang jeune, du sang dynamique pour qu'on puisse conserver ce
goût, en anglais, ils utilisent le "drive"? Est-ce que vous croyez que
ces remarques-là sont légitimées ou si c'est purement et
simplement des paroles en l'air? Ça m'a quand même frappé
de voir, effectivement, ces nominations, de les vérifier et, sur le
fond, c'était vrai en tout cas, quand à la forme, peu importe,
mais j'aimerais entendre le ministre là-dessus, parce qu'on demande
souvent à nos jeunes de se faire valoir et de percer.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Si vous voulez me permettre de faire une remarque avant
de répondre à la question. Quelque chose fut soulevé avant
le repas et je voudrais peut-être compléter la réponse qui
avait été apportée. Le député de Joliette a
posé une question à propos d'un service qui est rendu au bureau
du coroner par une maison funéraire de Trois-Rivières, la maison
Philibert. Il a invoqué la Loi sur l'Assemblée nationale pour se
demander bien honnêtement, je pense, sans arrière-pensée,
s'il y avait quelque violation de la loi ou conflit d'intérêts
dans cette chose-là. Seulement pour les fins du débat, nous
avions dit que nous allions vérifier comme il faut tous les aspects,
nous le ferons, mais seulement pour les fins du débat, je voudrais
compléter la citation de la loi qui avait été
donnée cet après-midi. Le texte de la loi dit: "Un
député ne peut, directement ou indirectement, participer à
un marché avec le gouvernement, un ministère ou un organisme
public. Toutefois, un député peut: avoir un intérêt
dans une entreprise qui participe à un tel marché à la
condition que l'importance de cet intérêt ou les circonstances
entourant la conclusion du marché ne permettent vraisemblablement pas la
collusion ou l'influence indue. " Je ne porte pas de jugement pour l'instant.
Je veux simplement compléter la citation pour souligner de nouveau que
nous ferons toutes les vérifications qui s'imposent auprès des
personnes compétentes.
M. Chevrette: M. le Président, je sais, je l'avais lu
parce que j'ai même parlé avec le député de
Trois-Rivières. Je pense qu'il y a un jurisconsulte à
l'Assemblée nationale et...
M. Ryan: Oui, mais étant donné qu'on a...
M. Chevrette:... ce n'est pas pour rien qu'il existe, donc...
M. Ryan: M. le Président, étant donné qu'on
avait cité le premier alinéa de la loi, je voulais
compléter par cet alinéa...
M. Chevrette: D'accord.
M. Ryan:... additionnel. Je pense qu'on est tous d'accord que le
texte complet parle plus que le texte partiel. En réponse maintenant
à la question qui a été soulevée, je voudrais tout
d'abord dire que, dans le cas des deux exemples qui ont été
mentionnés et qui ne sont peut-être pas les meilleurs... Dans le
cas de M. Paquet, on m'informe qu'il fut occasionnel pendant un an.
Donc, il ne l'est plus, il aurait été occasionnel pendant
un an.
M. Chevrette: II ne l'est plus depuis quand, M. le
Président?
M. Ryan: Depuis le mois de décembre. Ça a l'air que
vous le connaissez tous les deux. Moi, je ne le connais pas.
M. Chevrette: Attendez un peu.
M. Ryan: On pourra dissiper tout soupçon qui aurait pu
exister dans l'esprit du député de Joliette. Ha, ha, ha!
Deuxièmement, dans le cas de M. Normand Bergeron. Il y en a un M.
Normand Bergeron au ministère, à la Direction de la
sécurité civile, mais je ne pense pas que c'est de
celui-là que voulait parier le député de Joliette. Il a
dit que c'était une nomination qui s'en venait bientôt, hein?
M. Chevrette: C'est parce qu'il y a, à la fois les rumeurs
à l'intérieur des ministères, il y a à la fois des
articles de journaux, il y a à la fois ce qu'on... Il y a eu même
des articles de journaux là-dessus.
M. Ryan: Vous savez que vous me faites mal chaque fois que vous
citez...
M. Chevrette: C'est ce matin, M. le ministre.
M. Ryan: Chaque fois que vous m'obligez à dire qu'un
article de journal aurait été faux, vous me faites
énormément de peine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ah! écoutez, voulez-vous que je vous le
lise? M. le ministre, je peux vous le lire. Vous en avez écrit des
choses, vous, qui ne ressemblent plus bien bien à vos agissements,
présentement. Pendant 15 ans, vous en avez fait des "pontifications"
dans le journal Le Devoir, puis je pourrais vous en citer un joyeux
paquet.
M. Ryan: Citez-les.
M. Chevrette: Mais quand on lit, ce matin même, je
n'invente rien, ce matin même... Si vous voulez que je vous le lise au
complet, je peux vous le lire. Ce n'est pas basé sur rien,
ça.
M. Ryan: Je n'ai pas eu le temps de le lire, mais si...
M. Chevrette: Non? Bien, vous le lirez avant de faire des
farces.
M. Ryan: Très bien. Vous pouvez me l'envoyer, je vais le
regarder.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez confirmer qu'il dit ceci? Je
vais vous le lire: "Normand Bergeron quitterait son poste sous peu pour
accepter celui de directeur adjoint au ministère de la
Sécurité publique." Est-ce vrai ou si c'est faux?
M. Ryan: Rumeur sans fondement. M. Chevrette: Pardon?
M. Ryan: Rumeur sans fondement. M. Chevrette: C'est sans
fondement? M. Ryan: Sans fondement.
M. Chevrette: En tout cas, lui, il vient de perdre sa job; il y
en d'autres qui viennent de la...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II avait une job appréhendée.
M. Ryan: Non, mais je voudrais être bien clair. Justement,
en raison de ce que je viens de dire, je ne dis pas que, dans six mois, c'est
absolument interdit que cette personne-là...
M. Chevrette: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: Bien, non. Justement, s'il y avait du fondement, je
dirais. Ça a été discuté, mais ce n'est pas vrai.
Mais, comme ça n'a pas été...
M. Chevrette: II s'agit de retarder d'une couple de mois pour
faire taire la rumeur.
M. Ryan: Non. Je dis au député que c'est une rumeur
sans fondement, dans le contexte où nous nous parions. C'est clair.
M. Chevrette: Puis dans le contexte où vous en avez
déjà parlé, c'est dans combien de mois?
M. Ryan: II n'est absolument pas question de ça. Il y a
des postes vacants au ministère, puis il y a des gens qui vont
mentionner toutes sortes de noms. Avant qu'on arrête un choix, il peut
arriver que 10, 15, 20 noms soient mentionnés. Que ce nom-là ait
été mentionné parmi d'autres, j'en suis le moins
étonné des hommes parce que M. Normand Bergeron, le directeur de
la police de Québec, est un homme pour qui j'ai beaucoup d'estime, qui a
des états de service? remarquables. Si jamais le gouvernement l&
considérait pour une nomination, je n'en serais: point
gêné. Mais je vous dis: Au moment où nous nous
parions...
M. Chevrette: Donc, j'ai bien l'impression qu'il va être
nommé.
M. Ryan: Non, non. Si je peux vous induire sur une fausse piste,
c'est parfait. C'est très agréable à observer dans ce
temps-là.
M. Chevrette: M. le ministre, vous ne me montrerez toujours pas,
après 15 ans, à faire des grimaces en cette Chambre. Si,
déjà, vous ouvrez la porte à ce qu'il entre, puis si
ça vous fait plaisir de nier l'information pour le moment, c'est juste
parce que vous n'avez pas été mis au courant trop trop de ce qui
se brasse, à un moment donné. Vous venez d'ouvrir vous-même
la porte à la possibilité de ça, et c'est
précisément ce qui fait qu'il y a du monde, à
l'intérieur de cette machine gouvernementale, qui en ont plein le dos de
ces processus, puis je les comprends en maudit.
M. Ryan: Regardez, on va se parler sérieusement. On va
laisser faire l'univers de la rumeur, puis des on-dit, puis des frustrations.
On va parler des choses réelles. Les nominations de sous-ministre,
à ma connaissance, sont faites par le premier ministre qui les
recommande lui-même au cabinet. Puis le premier ministre, c'est
comme...
M. Chevrette: Ça dépend de la force du
ministre.
M. Ryan: Le premier ministre consulte le ministre
intéressé. Si le ministre intéressé se tient
debout, il dit: Je voudrais, de préférence, avoir M. Untel ou Mme
Unetelle, ou je n'aimerais pas M. Untel pour telle ou telle raison, puis
ça fait partie du commerce normal, ça, entre le ministre et le
premier ministre. Ce sont des choses dont on ne parle point en public quand on
a le moindrement !e sens des responsabilités. Dans ce cas-ci, il n'a pas
été question de cette nomination-là entre ceux qui ont la
responsabilité de la faire. J'ai l'assurance, après cinq ans
d'expérience, qu'on ne fera pas une nomination comme celle-là
dans mon dos. C'est clair, ça.
Pour le reste, j'en reviens à la question plus large: Est-ce que
le ministère serait une espèce de déversoir où l'on
amènerait des gens de toute provenance et où l'on se plairait
à faire beaucoup de nominations, à ce que j'ai compris,
politiques ou partisanes? Est-ce que c'est ça qu'était
l'implication de la question?
M. Chevrette: Non, non. Des amitiés, plutôt.
M. Ryan: Des amitiés particulières. Là, vous
n'êtes pas dans ma spécialité.
M. Chevrette: Non, ni la mienne. C'est justement pourquoi on
s'entend là-dessus.
M. Ryan: Là-dessus, le ministère a
été formé dans un contexte particulier que nous
connaissons tous. On a réuni, dans ce ministère, des services
qui, autrefois, étaient greffés à d'autres
ministères. Il est arrivé, évidemment-Moi, j'ai entendu
ça qu'on a dit: Bien, un tel pourrait aller là, un tel pourrait
aller là pour telle ou telle raison. Je n'étais pas là
quand les examens ont été faits, et tout, mais, aujourd'hui, nous
sommes rendus au-delà de ça. Je pense qu'on en a eu la preuve par
la manière dont la documentation pour l'étude des crédits
a été préparée, que le ministère est en
train de se doter d'une méthode de travail très sérieuse.
Moi, je fonctionne au ministère depuis le 5 octobre et je peux vous
assurer que je reçois une collaboration d'excellente qualité.
Maintenant, qu'il y ait des éléments... Il y a encore quelques
postes à combler et vous en avez évoqué un dans votre
question, le poste de sous-ministre associé à la
prévention et à la sécurité. Le mot
sécurité est tellement omniprésent que j'hésite
toujours à l'employer, parce que je n'ai pas été
habitué à ce mot-là. Notre métier, nous autres,
c'est l'insécurité, et on aime mieux ça. Mais ça
étant dit, on fera une nomination...
M. Chevrette: La sécurité aux quatre ans.
M. Ryan: Je ne veux pas donner un appui au président du
Conseil du trésor en disant ça. Ce n'était pas du tout mon
intention.
M. Chevrette: Lui, il n'a pas besoin de ça d'ailleurs.
M. Ryan: Non, il est capable de se suffire seul. Ça
étant dit, nous aurons une nomination à faire à ce
poste-là, sous-ministre associé à la prévention et
à la sécurité, c'est très important. Très
important! Nous ferons une nomination consciencieusement et, à ce
moment-là - nous n'en sommes point encore rendus là - quand nous
serons rendus là, nous allons examiner, j'en suis sûr, plusieurs
candidatures et nous choisirons la meilleure personne possible. C'est une
fonction très importante.
M. Chevrette: O.K. Programme 2.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Chevrette: Oui, à la fin, comme je vous l'ai dit
tantôt.
Le Président (M. Dauphin): À la fin, d'accord.
M. Chevrette: Tout d'un coup qu'on aurait... On a 10 minutes. (21
heures)
Le Président (M. Dauphin): Programme 2.
Contrôle des permis d'alcool Pouvoirs de la
Régie des permis d'alcool
M. Chevrette: La Cour d'appel a cassé, le 12 mars dernier,
un des grands fondements de l'exercice de ses pouvoirs par la Régie des
permis d'alcool, soit le critère de la tranquillité publique. Le
ministre a-t-il l'intention d'intervenir de façon législative
pour combler le vide juridique? Est-ce que le ministre a compris ma
question?
M. Ryan: Oui, j'ai compris la question. C'est à propos de
la Régie des permis d'alcool du Québec et au sujet du jugement
rendu récemment par la Cour d'appel du Québec, dont l'auteur fut
un eminent juriste, si j'ai bien compris, le juge Louis Lebel.
Évidemment, ce jugement a entraîné des conséquences
considérables dans le fonctionnement de la Régie, dont je salue
le président, M. Laflamme, qui est à mes côtés
présentement, qui pourra fournir plus de précision.
La Cour d'appel, si j'ai bien compris, a annulé une
décision de révocation de permis qui avait été
rendue par la Régie en invoquant le fait que, dans sa loi constitutive,
la Régie s'est vu accorder le pouvoir de faire des règlements
pour définir le concept de sécurité publique...
M. Chevrette: Tranquillité.
M. Ryan: ...de tranquillité publique et ne l'a point fait.
Jusqu'à maintenant, elle a rendu des centaines de décisions en
définissant le concept de tranquillité publique au gré de
situations qui évoluent très rapidement, surtout quand il y a des
liens avec la criminalité. Il faut qu'il y ait une certaine
élasticité dans ce concept-là pour qu'on puisse
l'appliquer intelligemment. Si on veut mettre tout dans un règlement
étroit, on va condamner la Régie à rendre des jugements
stupides dans certains cas et à passer complètement à
côté d'autres problèmes dans d'autres cas. Alors, je pense
que c'est la raison fondamentale qui expliquait l'absence d'interventions
réglementaires.
Les tribunaux, jusqu'à récemment, avaient
été saisis de plusieurs causes et avaient entériné
les décisions prises par la Régie. Voici que nous sommes dans une
situation nouvelle créée par le jugement de la Cour d'appel. Nous
avons le choix entre trois options: aller en Cour suprême, faire un
règlement ou modifier la loi pour enlever cette disposition qui semble
créer une obligation. Donc, dans la loi, c'est écrit "la
Régie peut", si mes souvenirs sont bons, M. Laflamme? Alors, là,
nous sommes en train de délibérer sur les trois options. Je pense
bien que les décisions en matière d'appel, comme le sait le
député de Joliette, sont prises par le ministre de la
Justice.
Le ministre concerné peut lui faire une recommandation, mais
c'est le ministre de la Justice qui prend la décision. Nous sommes en
train de délibérer sur les trois avenues. L'avenue du recours en
Cour suprême prendrait du temps. Il s'avère assez
problématique, parce qu'il faut dire, sans vouloir faire de
commentaires, que l'auteur de la décision est aussi un juriste
très sérieux pour lequel nous avons éminemment de respect.
La voie réglementaire, ça prendrait un certain temps parce qu'il
faut d'abord concocter ce règlement-là, le passer par toutes les
officines gouvernementales, le soumettre à la prépublication,
puis accepter tout ce qui va avec. Il y a la voie de la modification
législative qui pourrait...
M. Chevrette: Avant le 15 mai.
M. Ryan: ...aller avant le 15 mai et pour laquelle, si nous
avions la collaboration de l'Opposition, nous serions...
M. Chevrette: En doutez-vous?
M. Ryan: Je n'en doute point du tout.
M. Chevrette: Si ça a de l'allure, M. le
Président.
M. Ryan: Je voulais simplement une nouvelle confirmation.
M. Chevrette: Ça doit être dur à administrer
présentement.
M. Ryan: C'est sûr. C'est ça, le problème. Je
pense qu'on va demander à M. Laflamme, si vous le permettez, M. le
Président. J'aimerais que M. Laflamme nous dise la situation pratique
dans laquelle est placée la Régie par suite de ce jugement.
Le Président (M. Messier): Oui. M. le président, il
s'agit de vous nommer pour les fins du Journal des débats.
M. Ryan: J'apprécie que la question ait été
soulevée.
Le Président (M. Messier): En vous nommant pour le
Journal des débats, pour la transcription.
M. Laflamme (Ghislain K.-): Oui. Ghislain Laflamme. Je suis
président de la Régie des permis d'alcool. Le ministre a
admirablement bien résumé la situation. Je n'ai vraiment rien
à ajouter. C'est parfait de ce côté-là. Du
côté fonctionnement de la Régie, évidemment, le
jugement crée des difficultés importantes parce qu'au cours des
10 dernières années, la Régie a développé
une jurisprudence relativement lentement, en prenant des cas de
tranquillité publique
et en s'assurant d'avoir une confirmation auprès de la Cour
supérieure ou même de la Cour d'appel chaque fois qu'on faisait
des pas qui étaient un petit peu plus grands.
Les pas qu'on a faits récemment au cours des deux ou trois
dernières années rejoignent plusieurs des questions que vous avez
posées, dans le sens qu'on a été confrontés aux
problèmes de drogues dans des débits de boissons. On a
reçu beaucoup de plaintes de la part de citoyens à l'effet qu'ils
étaient sollicites, soit par du personnel de l'établissement,
soit par des gens qui prenaient charge de l'établissement et qui
transformaient l'établissement en débit de drogues plutôt
qu'en débit d'alcool.
Nous avons inclus cette notion dans la tranquillité publique,
parce que des gens nous ont vraiment fait la démonstration que
c'était dérangeant d'entrer dans un débit de boissons et
de se faire offrir de la cocaïne, du haschisch, ou n'importe quoi, et
particulièrement pour les dames qui allaient dans les toilettes qui leur
sont réservées, de voir des hommes qui sont là en train
d'aspirer une ligne de cocaïne parce que le comptoir, semble-t-il, est
plus propre dans les toilettes des dames, et c'est généralement
là que ça se produit. Ha, ha, ha! Alors, ça
dérangeait vraiment la tranquilité publique.
Comme nous nous attaquions, si vous acceptez l'expression, comme nous
nous intéressions à la drogue, nous avons évidemment
suscité des réactions de plus en plus virulentes à
l'endroit de nos décisions et plus de décisions
qu'antérieurement ont été portées en
évocation. Heureusement, nous avons continué à les gagner,
sauf la cause de Claudette Thibodeau-Labbé où c'était
encore un débit de boissons où il y avait trafic de drogues. La
cause nous apparaissait plus simple que n'importe quelle autre parce que la
propriétaire elle-même nous avait dit: Oui, je tolère la
consommation de drogues dans mon établissement parce que ce sont mes
meilleurs clients. Je ne peux quand même pas les mettre à la
porte. Sur cette preuve, nous avons suspendu le permis, mais il y a eu une
évocation et on connaît le résultat. Le juge Louis Lebel de
la Cour d'appel a dit que la Régie, ayant le pouvoir d'adopter un
règlement, se trouvait, par interprétation du mot "pouvoir",
à avoir le devoir d'adopter un règlement. Comme elle ne l'avait
pas adopté, ce règlement, à l'avenir, elle devrait adopter
un règlement. Le jugement est à l'effet...
M. Chevrette: Le défaut est du fait... Seulement parce
qu'il n'y a pas de règlement.
M. Laflamme: Simplement parce qu'il n'y a pas...
M. Chevrette: Ils ne remettent pas en cause l'assise
légale.
M. Laflamme: Ils ne remettent pas en cause l'assise légale
et ils ne remettent pas en cause l'aspect raisonnable des décisions de
la Régie. Alors, comme l'a mentionné le ministre, au cours des 10
dernières années, nous avons rendu des milliers de
décisions. Mais surtout depuis trois ans, la plupart de nos
décisions de suspension et de révocation étaient
centrées sur la drogue, le commerce de drogues, la présence de
drogues; actuellement, nous sommes en panne, parce que nous ne pouvons pas
traiter ces dossiers.
M. Chevrette: Est-ce qu'un jugement de la Cour d'appel... C'est,
strictement sur le plan légal... J'aurais pu demander à mon
avocat à droite, mais je veux vous le demander: Est-ce que le fait que
c'est déclaré illégal du jour au lendemain par vice
de...
M. Laflamme: De procédure.
M. Chevrette:... conformité d'un règlement,
ça donne emprise automatiquement à des recours civils s'il n'y a
pas amendement?
M. Laflamme: Non. C'est complètement distinct parce que...
Personne, d'ailleurs, n'a accusé la Régie d'avoir agi de mauvaise
foi. Si c'était de mauvaise foi, frauduleusement et vicieusement, ce
serait peut-être une autre chose, mais dans l'exercice de sa
juridiction...
M. Chevrette: La Régie ne fait jamais rien de vicieux.
Ça, c'est clair.
M. Laflamme: Étant tellement confrontés au vice,
nous nous en gardons bien.
M. Chevrette: J'en étais sûr. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Chevrette: Mais, M. Laflamme, dans les circonstances
actuelles, avec le ministre de tutelle, vous seriez banni, honni.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Laflamme: II se contente d'enquêter.
M. Chevrette: Oui, mais je sais que vous comprenez. Ce matin,
à la une du journal Le Soleil, on pouvait lire que l'Association
de distribution alimentaire avait demandé à la Régie des
permis d'alcool un certain élargissement des heures d'ouverture, qui
sont assez conservatrices; actuellement, c'est de 8 heures à 23 heures,
si ma mémoire est fidèle. Est-ce que vous trouvez que ça a
un certain sens, l'élargissement demandé, et est-ce que vous
comptez vous y rendre?
M. Ryan: J'aimerais que M. Laflamme donne son opinion; je me
réserverai de compléter, s'il y
a lieu.
M. Chevrette: Compléter ou corriger.
M. Ryan: Contredire. Mais non, je ne fais pas ça en
public, je garde ça pour la négociation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. Chevrette: Toujours sans marmite.
M. Laflamme: AJors, c'est un petit peu prématuré
pour moi de donner une opinion là-dessus parce que la situation est la
suivante. Le président de l'ADA m'a écrit, m'a envoyé un
mémoire et m'a dit: J'aimerais vous rencontrer pour en discuter. On a
convenu d'une date, qui est le 1er mai après-midi, où il vient me
rencontrer pour en discuter. Donc, à ce moment-ci, j'ai son
mémoire et il me manque ses commentaires. Effectivement, comme vous
l'avez mentionné, ce qu'il nous demande, c'est de porter les heures
d'ouverture des épiceries, qui sont actuellement de 8 heures à 23
heures, de les porter soit jusqu'aux mêmes heures que les bars à 3
heures de la nuit ou, mieux, 24 heures par jour. Sa prétention est
à l'effet que les dépanneurs étant ouverts 24 heures,
c'est embarrassant d'avoir une marchandise qui ne peut pas être vendue 24
heures par jour et qu'entre 23 heures du soir et 8 heures du matin, il y a un
problème. Alors, je vais le rencontrer le 1er mai et je ferai des
recommandations au ministre après cette rencontre, en fonction de
l'argumentation qui m'aura été présentée alors.
M. Chevrette: D'accord. Programme 3.
Le Président (M. Dauphin): Programme 3, Garde des
détenus, réinsertion sociale.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
Absences temporaires et libération au
sixième de la sentence
M. Chevrette: Ah! il revient, lui. Il y en a donc bien des
programmes? M. le ministre, une question: D'où venait l'ordre
donné à Mme Louise Bastien d'émettre une telle directive
et de quelle autorité l'a-t-elle fait? Puis quelles sont ses fonctions
en ce qui regarde le programme des absences temporaires et la libération
au sixième de la sentence? On sait que cette nouvelle-là a fait
assez de mal, merci.
M. Ryan: Regardez, je vais faire une chose. Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: J'ai une belle note devant moi, que je pourrais vous
lire, mais je ne suis pas le lecteur le plus amusant du monde, puis j'ai une
personne qui a été directement mêlée à
l'événement à côté de moi, h' Carrier.
J'aimerais autant qu'il vous donne directement la version.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: M. le Président, Mme Bastien, d'abord, n'est
pas une personne qui travaille au niveau central, au ministère de la
Sécurité publique ou à la Direction des services
correctionnels. C'est une personne qui est directrice des services
professionnels par intérim, au centre de détention de B-16. C'est
le centre que nous avons loué l'an passé, où il y a
environ 150 détenus - qui sont les détenus les moins dangereux de
Bordeaux - qui sont gardés à ce centre-là, qui n'a aucun
barreau parce que c'est un centre à sécurité minimum.
Cette dame-là a écrit une note de service à ses
employés pour leur dire qu'on pouvait considérer, dans certains
cas, que des détenus pouvaient sortir à compter du sixième
pour s'en aller en absence temporaire dans des centres de transition. Ce n'est
donc pas une directive ministérielle, ni une directive directionnelle,
c'est une directive très locale d'un centre de détention de
Montréal, le centre de détention à sécurité
minimum de Montréal. Donc, c'est pour "contexter" un peu la note. Les
journalistes ont interprété qu'il s'agissait d'une directive du
ministère de la Sécurité publique, puisque tous les
papiers que nous utilisons sont intitulés "ministère de la
Sécurité publique". (21 h 15)
M. Chevrette: Je vais vous poser une question. Cette
directive-là, c'était basé sur des critères
quelconques. Surtout une directrice par intérim, elle n'a pas pondu
ça de son propre chef sans s'être basée sur des discussions
antérieures ou des rencontres avec des supérieurs. Vous ne me
ferez pas croire que c'est le fruit de la spontanéité. On vous a
posé une question à la page 68 des questions qu'on a
posées. Vous nous avez donné des chiffres. Il y a au-delà
de 1000, c'est exactement 1153 personnes, en absences temporaires, si vous
compilez Ressources communautaires et autres programmes. À la page 68,
en date du 22 mars 1991, vous nous dites: À 23 h 59 - c'est
précis en Hérode! - il y avait 1153 personnes en absences
temporaires. Je ne voudrais pas que vous cherchiez un petit bouc
émissaire en Mme Bastien, mais nous dire au moins d'où ça
sort, cette histoire-là.
M. Carrier: Non. On ne veut pas faire de Mme Bastien un bouc
émissaire...
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que ça pourrait
être interprété de même. Mais, comme vous voulez que
les journalistes interprètent bien, dites-nous ce qui peut avoir
inspiré Mme
Bastien à faire un petit peu avec 159 ce que vous avez fait avec
1153.
M. Carrier: Au Québec, on a un programme d'absences
temporaires qui est administré en vertu de la Loi sur la probation et
les établissements de détention. Les absences temporaires sont
accordées par le directeur de l'établissement de détention
sur recommandation d'un comité de trois personnes qui est formé
d'un administrateur, d'un professionnel et d'un agent de la paix. Ce programme
d'absences temporaires là s'adresse évidemment à tous les
détenus, et on peut libérer des individus pour raison
humanitaire, pour réinsertion sociale ou pour raison
médicale.
M. Chevrette: Ce sont les trois critères de base.
M. Carrier: Ce sont les trois raisons. Les critères sont
énumérés à l'article 22. Il faut qu'il y ait un bon
comportement, qu'ils se sentent responsables, etc. J'ai l'article de loi; si
vous voulez, je peux vous le lire. Si on regarde un peu en termes statistiques,
pour resituer dans son ensemble le portrait: au Québec, 86 % des
personnes qui sont confiées à la détention sont
gardées en milieu fermé, 78 % sont gardées en
détention, 8 % sont gardées dans les ressources communautaires.
Il y en a 14 % qui bénéficient de programmes d'encadrement en
milieu ouvert, dont 10 % après le tiers et 4 % entre le sixième
et le tiers. Ce sont des chiffres qui constituent une moyenne. Les chiffres que
vous avez en main sont un relevé du 22 mars 1991. Alors, nous, on
fonctionne beaucoup plus sur une base moyenne que sur une base quotidienne,
parce que les chiffres, si on les prend sur une base quotidienne, on ne peut
pas avoir un portrait global du système. Si on prend des données,
par exemple, de fin de semaine, on a 600 personnes inscrites de plus que la
semaine à cause des sentences intermittentes.
M. Chevrette: Ils ne sont pas en dedans nécessairement, M.
Carrier.
M. Carrier: Oui. On va faire...
M. Chevrette: Ils viennent signer le vendredi, et vous le
savez.
M. Carrier: Oui.
M. Chevrette: Écoutez, on ne s'endormira pas,
personne.
M. Carrier: Si vous voulez, M. le Président, ça me
fera plaisir de donner tous les détails concernant l'administration des
sentences intermittentes. D'ailleurs, M. le député nous avait
annoncé cette question-là lors...
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Carrier: ...de la dernière séance des
engagements financiers. Alors, on s'est préparé en
conséquence.
M. Chevrette: J'ai vu ça. M. Carrier: Ceci
étant dit... M. Ryan: Vous allez payer pour. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Chevrette: Je ne paierai pas pour, j'en ai une autre de
prête.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je veux dire que ce n'est pas sûr que vous aurez
le temps de poser votre autre question...
M. Chevrette: On va prendre le temps.
M. Ryan: ...parce qu'il y a de la matière
là-dedans.
M. Chevrette: Oui, mais on peut arrêter un homme qui est
trop long dans ses réponses, fi y a des limites, à l'heure qu'il
est, là.
M. Ryan: Nous autres, on n'oserait pas. M. Chevrette:
Prenez le courage.
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier, allez-y. Aviez-vous
terminé?
M. Carrier: Oui. Alors, je ne sais pas si ça resitue dans
son ensemble, mais je pense que vous nous donnez l'occasion de corriger la
perception que les sentences au Québec ne sont pas administrées
ou sont mal administrées. Je pense que le chiffre important à
retenir, c'est que 86 % des personnes qui sont confiées à la
détention sont gardées en milieu fermé et 78 % sont en
détention. Le programme d'absence temporaire est administré et
les individus qui bénéficient d'absences temporaires, selon les
statistiques dont nous disposons, respectent l'ensemble de conditions, 90 % des
individus respectent les conditions.
Alors, tout ça pour dire que devant l'image qui peut être
donnée suite à la lecture de certains articles ou encore suite
aux problèmes de surpopulation que nous avons eus dans le passé,
l'image actuelle est complètement différente.
M. Chevrette: Mais la question qu'on vous avait posée, M.
Carrier, c'est: Donnez-nous l'image d'une journée. Correct?
M. Carrier: Oui.
M. Chevrette: Vous nous avez donné limage d'une
journée. Le 22 mars, il y avait 1153 personnes dehors. O.K.? C'est
grave, c'est gros ça...
M. Carrier: Oui.
M. Chevrette: ...alors qu'il existe un système de
libérations conditionnelles qui libère au tiers, qui peut
libérer au tiers selon les critères. Là, vous arrivez avec
un nouveau programme administratif, hors libérations conditionnelles,
qui peut libérer, laissé un peu au jugement du personnel local,
d'après ce que j'ai compris. Vous avez même, là, au
sixième par rapport au tiers, 239 personnes - si je regarde votre
tableau de la page 68 - qui sont en libération et qui sont au
sixième de la peine. C'est ça? Il y a des gens qui ne comprennent
pas et pas seulement au niveau de la deputation, là. Il y a du monde qui
s'interroge parmi les procureurs de la couronne, vous le savez. Il y a du monde
qui s'interroge, des personnes reliées à la justice comme telle
qui n'y comprennent pas grand-chose. Je pense que ce serait intéressant
que le ministre s'intéresse à ça et qu'il nous dise
très clairement comment on va diffuser... Je ne vous dis pas qu'il n'y a
pas des objectifs nobles dans ça. C'est parce que, quand on regarde le
portrait d'une journée de justice, on se ramasse - c'est pour ça
qu'on l'a demandé, parce qu'on avait des critiques non officielles, qui
ne sont pas nécessairement dans les journaux - avec 1153 personnes, dont
239 sont à peine au sixième de leur peine. Il y a de quoi
à s'interroger sur le système de justice.
Savez-vous comment c'est interprété, M. Carrier? Il y a
des gens qui disent: Ils règlent par ce programme leur programme de
surpopulation carcérale. Je ne suis pas certain, dans certains cas, dans
certains milieux, que ce n'est pas vrai. Quand les avocats de la couronne et
les policiers ou les gardes - comment on les appelle, le nom précis, il
m'échappe pour le moment, mais ceux qui gardent les prisonniers...
Une voix: Les gardiens de prison.
M. Chevrette: ...les gardiens de prison - nous disent, par
exemple, que x prisonniers, la fin de semaine, sont venus signer le vendredi
matin et qu'ils ne sont pas rentrés, on sauve des repas, on sauve ci, on
sauve ça, ça nous permet d'équilibrer les budgets, c'est
à se demander si, maintenant, le budget ne conditionne pas le
système de justice. C'est des questions que les gens sont en droit de se
poser, ça, si on ne fait pas la lumière. C'est pour ça
qu'on vous a demandé une journée type. J'aimerais que vous
fassiez un peu la lumière là-dessus. C'est beaucoup plus
sérieux qu'on le pense, ce problème-là.
M. Carrier: Vous avez...
M. Ryan: Si vous me permettez, vous avez une photographie d'une
journée, c'est très bien. M. Carrier a ajouté tantôt
des données générales qui indiquent qu'il y a un peu plus
de 86 % des personnes condamnées à la détention qui sont
à l'intérieur. C'est bon d'avoir eu la journée, c'est
excellent. Peut-être qu'on pourrait compléter par le portrait plus
large. Si c'est dans l'ordre de 86,5 %, en excluant les fins de semaine, dont
on pourra parler tantôt parce que c'est un cas spécial, moi,
ça me semble être un ordre qui est quand même convenable. Je
vous assure que j'ai fait des séances de travail avec M. Carrier pour
qu'on essaie de voir - et avec la Commission des libérations
conditionnelles, dont la présidente est ici ce soir également -
comment on pourrait améliorer notre système.
Dans la question du député, il y a un
élément de vérité. C'est vrai qu'il n'y a pas assez
de place dans les prisons pour mettre tout le monde qui est condamné.
C'est peut-être vrai dans une certaine mesure qu'à un moment
donné, on s'est dit: Bon, on va regarder si on ne pourrait pas faire
mieux sans mettre tout l'argent dans le béton. On s'est dit: En mettant
ça sur le côté humain des problèmes qui sont
posés, peut-être qu'on aura de meilleurs résultats à
la longue parce qu'il y a une opinion assez répandue selon laquelle les
prisons sont souvent des écoles de crime, hein? Ça fait que si on
peut trouver des moyens d'avoir des contrevenants, comme on les appelle
aujourd'hui... Moi, j'étais encore au terme délinquant, mais ils
m'ont fait comprendre que ce n'était pas moderne. Toujours à la
recherche du dernier terme pour gagner notre prochaine élection.
De ce côté-là, moi, je seconde la tendance
fondamentale des services correctionnels, parce que, moi-même, j'ai
été travailleur social dans ma jeunesse et j'étais de
cette mentalité-là. Je suis content qu'elle subsiste encore
aujourd'hui.
Maintenant, je voudrais dire au député de Joliette que
nous sommes même en train de préparer une législation qui
va permettre de définir les choses plus clairement. Les
définitions actuelles obligent ces gens-là, des fois, à
être presque en dehors de la loi, alors qu'ils agissent suivant des
nonnes qui, au point de vue professionnel, sont probablement meilleures que
celles qui sont dans la loi...
M. Chevrette: Me permettez-vous juste de vous arrêter 30
secondes, M. le ministre?
M. Ryan: Oui.
M. Chevrette: Ce n'est pas parce qu'on est contre ça, mais
je vous dis: Pourquoi, à ce
moment-là, ne pas, par exemple, modifier les critères aux
libérations conditionnelles avec une latitude plutôt que d'arriver
avec un programme laissé à l'établissement? Vous savez
qu'à ce moment-là, la responsabilité ultime, de toute
façon, n'est pas à l'établissement.
M. Ryan: C'est pour ça que je vous disais que nous sommes
en train de préparer des modifications à la loi, qui vont
clarifier les choses, et que nous visons à effectuer une meilleure
harmonisation entre le programme de libérations conditionnelles et le
programme d'absences temporaires. Il y avait un ajout de places à faire
dans le système. Aujourd'hui, combien a-t-on de places?
Une voix: 3400.
M. Ryan: On était à 2700. On en a ajouté
au-delà de 600 au cours des 18 derniers mois. Il y en a d'autres qui
vont venir s'ajouter, comme vous l'avez vu dans l'exposé que j'ai
présenté cet après-midi. Mais, moi, ma première
confiance, ce n'est pas dans l'ajout de places. J'aime mieux l'autre travail
qui se fait. Je suis prêt à le seconder à fond, à
condition qu'on me donne les garanties que ceux qui ne seront pas
fidèles aux engagements qu'ils ont pris seront appelés à
payer le prix aussi, parce qu'il ne faut pas encourager non plus...
M. Chevrette: Ça vaut ce que ça vaut, ce que je
vais vous dire, M. le ministre, mais on m'indique - et ce n'est pas des gens
farfelus qui m'indiquent ça, c'est des gens sérieux - que
certains juges, parce qu'ils savent qu'au bout d'un certain temps, d'un
sixième de la peine, l'individu peut bénéficier, ajustent
la peine en conséquence. La volonté du juge est qu'il fasse au
moins le temps minimum requis des libérations conditionnelles. À
toutes fins pratiques, si on dit à un individu: Tu mériterais au
moins six mois en dedans, eh bien, on va lui donner le nombre de mois pour
être sûr que l'établissement ne le libérera pas au
sixième au lieu du tiers, si tel était le cas. C'est pour
ça que je vous dis que c'est important ce débat-là que
nous faisons, parce que, si toutes les clientèles commencent à
s'ajuster en fonction de cette possibilité-là, je n'ai pas
l'impression qu'on rend justice au système judiciaire comme tel.
À mon point de vue, il faudrait amender la loi-cadre, comme vous
dites, pour qu'elle soit très claire et que ce soit dans le cadre des
possibilités légales qui sont là. Sinon, je pense que,
effectivement, on pourrait fausser les principes mêmes de la justice,
parce qu'un juge pourrait, en son âme et conscience, prévoir
qu'une sentence, ça vaut un minimum - sans sortie, sans
libération d'aucune nature - de six mois d'incarcération; et s'il
sait qu'après deux mois, l'individu sort, vous comprendrez qu'il va
inconsciemment, et c'est humain ça, tu as beau te prendre pour qui tu
voudras, à un moment donné, il y a des côtés humains
dans ça, et je pense que c'est important qu'on fasse vite dans ce
secteur-là.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, ensuite je
reconnaîtrai un député ministériel.
M. Ryan: En tout cas, je vous assure que tout est prêt,
puis si nous pouvons procéder dès la présente session,
j'en serai fort heureux. Je pense qu'il y aura des améliorations dans ce
projet de loi, qui répondront à certaines questions posées
aujourd'hui.
Maintenant, je voudrais dire à là commission que c'est
tellement important ce sujet-ci, puis on est tellement enclin à le
traiter en dernier, que je me réjouis qu'il ait été
soulevé aujourd'hui à plusieurs reprises. Et je voudrais
même dire aux députés, si la chose devait les
intéresser, qu'il serait peut-être bon que la commission tienne
une réunion spéciale sur ce problème-ci. M. Carrier
favoriserait peut-être même que nous la tenions dans un
établissement de détention pour voir un peu, sur les lieux,
comment les problèmes se posent.
En tout cas, si ces choses-là peuvent être
envisagées, je pense que ça va nous aider à évoluer
ensemble. En ayant des échéances, je pense qu'on va être
obligé de préparer nos dossiers, d'avancer et de tirer des
conclusions. Je n'ai pas d'objection du tout. Je considère que,
malgré les sommes considérables que nous dépensons de ce
côté, c'est un des secteurs les plus négligés de
notre société et que, comme parlementaires, on a des devoirs
d'humanité très importants.
J'ajoute juste un dernier point, M. le Président, parce que le
député de Joliette a parlé des sentences et des juges. Je
ne sais pas s'il a remarqué, l'exposé que j'ai fait cet
après-midi, je l'ai rédigé à dessein comme
ça: Ils assistent, cherchent à assister la magistrature à
toutes les étapes. Ils cherchent à l'informer au maximum de tous
les moyens qui sont à sa disposition avant que la sentence soit rendue.
Il y a un certain nombre de personnes limitées, mais qui, une fois
qu'elles sont rendues sur le banc, peuvent penser qu'elles savent tout. Et
elles jugent du haut de leur grandeur, des fois avec des réflexes
ultraconservateurs. Des fois, si elles prenaient la peine de se renseigner
comme il faut, sur tout le dispositif mis à leur disposition, elles
trouveraient peut-être des manières plus judicieuses de
régler un cas que celles qui ont peut-être cours, suivant
l'exemple que donnait le député de Joliette tantôt. (21 h
30)
Je félicite la Direction des services correctionnels de viser
à ce que les services soient présents à toutes les
étapes du cheminement d'un
dossier. Et c'est ça, la vraie conception du travail social dans
ce secteur-là.
Commission québécoise des
libérations conditionnelles
M. Chevrette: Mais je demeure convaincu, M. le ministre, que...
Je ne veux pas me porter à la défense de ceux qui sont capables
de se défendre deux fois plus que moi, mais je vous dirai que quand on
laisse... Dans ce secteur où on prône la justice égale pour
tous, ça devient extrêmement important de ne pas laisser au
jugement de l'individu seulement, par établissement, le soin d'appliquer
un programme. Je reviens à mon idée première. Il
m'apparaft que les libérations conditionnelles sont plus rodées,
plus préparées, à juger globalement de ces choses. On est
mieux de changer les critères, c'est-à-dire le critère du
pourcentage de la peine que de le laisser à chaque établissement.
Parce qu'à mon point de vue, on va se ramasser précisément
avec des situations où le programme visait des objectifs bien corrects,
extrêmement corrects à part ça, et on risque d'avoir un
cas, à une place, qui jette le discrédit sur l'ensemble du
programme. Et c'est dans ce sens-là que, moi, je pense qu'on est mieux
d'arriver avec une modification législative, comme vous dites, et on
sera heureux d'y contribuer.
M. Ryan: Très bien. Je vois que le député a
fait allusion au travail de la Commission des libérations
conditionnelles. Je souligne que nous avons avec nous la présidente de
la Commission des libérations conditionnelles, s'il avait des questions
à lui poser...
M. Chevrette: Ça me fait plaisir de la saluer.
M. Ryan: ...elle serait disposée à souligner
l'excellent travail...
M. Chevrette: Bonjour, madame.
M. Ryan: ...que la Commission accomplit.
M. Chevrette: Elle est dans mon champ de tir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: La présidente est Mme Renée Collette,
comme tous les députés le savent. Il me fait plaisir de
communiquer que nous augmenterons les effectifs de la Commission de
manière qu'elle puisse s'acquitter elle aussi de son travail de
façon plus complète.
Le Président (M. Dauphin): Très bien, M. le
ministre. M. le député de Saint-Hyacinthe, ensuite M. le
député de Hull.
M. Messier: Toujours sur les libérations conditionnelles,
si je me réfère à un article ou à une revue, c'est
peut-être la première dame à occuper ce poste important, je
crois, la première dame au Québec à occuper ce poste aussi
important.
M. Ryan: Oui, sans doute.
M. Messier: II me semble que j'ai lu ça quelque part dans
une de vos revues
M. Ryan: Sans doute. Ah oui!
Problèmes de surpopulation
M. Messier: J'ai un commentaire sur les services correctionnels
et peut-être deux interrogations qui deviendront peut-être des
questions. Commentaire. Dans le premier mandat, j'ai eu le plaisir de
fêter les 25 ans du Centre de détention de Saint-Hyacinthe et je
pense que c'était une première au Québec. On a fait des
portes ouvertes. On a réussi à relocaliser temporairement, pour
une journée, les détenus et les prévenus dans d'autres
centres pour ouvrir à la population le Centre de détention de
Saint-Hyacinthe. Toute la journée, les gens ont déambulé,
ce vendredi-là. C'a même fait la queue pour voir un petit peu
l'intérieur du centre de détention et voir un petit peu ce qui se
passait à l'intérieur. Et, ça été
très positif, parce que la population a très bien apprécie
de voir c'est quoi le vécu des gardiens et de voir un petit peu
c'était quoi les cellules et tout ce qui se passait à
l'intérieur.
Deux interrogations. La première, c'est concernant... Suite
à des visites, pour en avoir parlé aussi avec l'aumônier
qui est en place, au niveau des prévenus et des détenus, surtout
les détenus, ceux dont le lieu de résidence habituel n'est pas
Saint-Hyacinthe. Il semble y avoir un phénomène de la
région de Québec; il y a plusieurs détenus qui proviennent
de cette région et qui habitent temporairement - disons moins de deux
ans - la région de Saint-Hyacinthe, le centre de détention.
Est-ce qu'il est possible de remédier à ce
phénomène-là parce qu'ils sont loin de leurs familles et
ça occasionne des frais de "longues distances" ou des frais de transport
pour la famille?
Le Président (M. Dauphin): M. Carrier.
M. Carrier: Sur votre commentaire premier, il est vrai que, de
plus en plus, les services ! correctionnels tentent de s'ouvrir sur la
communauté et, de plus en plus, de s'associer avec la communauté
pour favoriser la réinsertion sociale des contrevenants. Tous les
individus qui ! sont incarcérés, finalement, ressortent dans la
société et on tente de plus en plus de mieux les préparer
à faire face à leur vie en société.
Alors, c'est pour ça que les programmes sont mis en vigueur, que
ce soient les programmes d'absences temporaires, le Fonds des personnes
incarcérées ou tous les programmes d'éducation et de
loisirs à l'intérieur des établissements.
Deuxièmement, vous faites allusion à la question des
transferts. Il est vrai que, dans la période où nous avions une
surpopulation assez importante dans la région de Montréal, pour
solutionner ce problème de surpopulation, on a transféré
des individus dans les régions périphériques. Je vous
donne un exemple: Saint-Hyacinthe, Sorel, Valleyfield sont des endroits qui ont
été utilisés pour solutionner le problème de
surpopulation dans la région de Montréal.
Mais, avec le plan de redressement qui a été
décidé l'an passé et qui a été mis en place,
le problème de la surpopulation dans la région de
Montréal, actuellement, est beaucoup moins important qu'il
l'était. Je vous donne certains exemples des mesures qui ont
été prises. L'occupation double de certaines cellules dans 10
établissements nous a permis d'ajouter 235 places, en juin 1990; on
utilise maintenant 50 places de plus, les places de la Sûreté du
Québec, à Parthenais; on a utilisé pleinement les places
de Waterloo en y ajoutant 30 places; on a le programme de surveillance externe
de 330 personnes dans la région de Montréal. Et on a loué
des locaux pour les peines intermittentes dans la région de
Montréal; on a loué le collège Dawson où sont
gardés les gens qui purgent des sentences de fin de semaine, dont on
parlait tout à l'heure.
Alors, ces mesures-là, qui ont été mises en place
au cours de la dernière année, nous ont permis de réduire
les transferts de Montréal vers les régions
périphériques. Je ne dis pas qu'il n'existe plus de transferts,
puisque, dans les périodes de pointe, notamment aux mois de novembre et
mars où le système judiciaire fonctionne à plein, on a
encore du transbordement qui se fait de Montréal aux régions.
Mais actuellement, le problème est beaucoup moins d'envergure qu'il ne
l'était l'an passé.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Messier: Merci, M. le Président. Il y a une
volonté de garder, disons, dans les centres et d'éviter les
périphéries, là, pour... O.K.
M. Carrier: C'est un des objectifs principaux du cadre de
planification de rendre chacune des régions autonome dans la gestion des
contrevenants de sa région.
M. Messier: Parfait. Deuxième question. Et peut-être
que le ministre... J'ai déjà sensibilisé l'ancien
ministre, M. Herbert Marx, j'ai sensibilisé le ministre, M. Elkas, mais
je n'ai pas encore sensibilisé le ministre Ryan, et je suis content que
M. Ryan soit là.
On vit une problématique de main-d'oeuvre agricole. Et chaque
année, le centre de détention de Waterloo envoie quotidiennement
environ - et c'est là le problème, là, on dit environ -
une soixantaine de détenus chez M. Spingola. Et on a une
problématique assez sévère, dans la région de
Saint-Hyacinthe, une pénurie de main-d'oeuvre agricole. Je pense que le
ministre Ryan, qui est quand même un ministre qui vient d'une
région où il y a peut-être pénurie de main-d'oeuvre
agricole... Est-ce qu'il y aurait lieu, je ne le sais pas, sans forcer les
gens, d'essayer d'avoir une pensée pour le secteur agricole? Je sais que
vous laissez, je pense, au niveau des gardiens et au niveau des détenus,
un libre choix du lieu de réinsertion pour la journée. Mais
est-ce qu'il y aurait lieu, je ne sais pas, de tendre tranquillement vers ou
favoriser les détenus à aller vers les régions agricoles
où il y a pénurie de main-d'oeuvre? Chez Spingola, lorsqu'on fait
les... C'est une entreprise maraîchère. On ne peut pas,
évidemment, signer un contrat de service avec le centre, en disant que,
oui, on veut avoir 45 détenus par jour pendant la période de la
récolte, et tout ça. Mais l'entreprise vit certains
problèmes parce qu'on se fie que chaque jour, on va avoir tant de
personnes, et il y a énormément de fluctuation au niveau de la
main-d'oeuvre, des détenus, et tout ça.
Est-ce qu'on peut, à l'interne, favoriser, par quelque moyen que
ce soit, par motivation ou par incitation, ce personnel-là, qu'il vive
dans la région de Saint-Hyacinthe chaque journée, mais essayer de
favoriser les régions comme Saint-Hyacinthe, où il y a
pénurie de main-d'oeuvre agricole? Ce n'est pas dit que dans d'autres
régions - je pense à la région de Sherbrooke, et tout
ça - où vous pouvez les envoyer dans des entreprises du secteur
du bois oeuvré, tout ça, où il y a une main-d'oeuvre assez
abondante, mais pas dans le secteur agricole. On a vraiment des
pénuries. Je ne le sais pas, c'est une interrogation que...
M. Carrier: Oui, je suis au courant que, dans la région de
Waterloo-Saint-Hyacinthe, on envoie des détenus travailler à la
récolte, notamment de champignons, dans la région. Et vous avez
raison de dire qu'il y en a autour d'une soixantaine qui y vont. Par contre, on
essaie aussi de faire en sorte que les détenus puissent
bénéficier de travaux un peu diversifiés. Vous êtes
au courant que ce sont, évidemment, des travaux très saisonniers.
Alors, les individus qui ont du travail dans les imprimeries ou dans la
buanderie, et tout ça, on ne peut pas enlever ces gens-là, qui
travaillent déjà à des activités qui sont
organisées par le Fonds des personnes incarcérées, pour
les envoyer tous pendant le travail saisonnier. Mais, je pense qu'on a
réussi, au cours des dernières années, à
satisfaire, peut-être pas totalement, mais à satisfaire une
partie
des besoins de l'industrie maraîchère dans la
région. Je prends note de votre demande. On pourra essayer de voir s'il
y a possibilité d'augmenter...
M. Messier: J'apprécierais parce que, dans les autres
secteurs d'activité...
Le Président (M. Dauphin): Brièvement, M. le
député, parce que l'heure passe rapidement. M. le
député de Hull après.
M. Messier: Oui. On n'a pas abusé, M. le Président.
Je ne pense pas que le parti ministériel ait abusé de son temps.
Non? Merci.
Je voudrais juste m'assurer auprès de vous, et je reconnais bien
la grande volonté que vous avez. Dans les autres secteurs
économiques, il ne semble pas y avoir certaines pénuries, mais
dans le secteur agricole, et si vous avez toujours la pensée agricole,
il y a pénurie. Merci.
M. Ryan: Je l'ai noté et j'en reparlerai avec les services
compétents.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le député de Hull.
Centres de détention
vétustés
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. le ministre, dans
l'Outaouais, nous avons un centre de détention qui, selon toute
évidence, ne répond plus aux besoins, et ce, depuis longtemps. Je
sais que des pourparlers ont eu lieu entre le gouvernement et la Commission de
la capitale nationale, de même qu'avec la ville de Hull, pour acheter les
terrains requis, les terrains adjacents ou contigus au centre de
détention. Selon les informations que j'ai obtenues récemment, la
CIC a finalement reconnu le prix demandé par la ville de Hull pour les
terrains qu'elle convoite et une entente a également été
conclue avec la CCN pour la zone tampon.
La réponse que j'aimerais avoir, M. le ministre, c'est quand
est-ce que les travaux de réfection de l'immeuble actuel seront
effectués, et quand les travaux de construction de l'agrandissement du
centre de détention débuteront?
M. Ryan: Merci de poser cette question-là, M. le
député. Ça me fait plaisir d'essayer d'y
répondre.
Le cadre dont nous avons parlé plus tôt, le cadre de
planification, prévoit un agrandissement du centre de détention
de Hull dont le nombre de places est appelé à passer de 73
à 131. On prévoit que les travaux devraient être
réalisés pour l'été de 1993.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. LeSage: Merci, M. le ministre. Merci, M. le
Président.
M. Chevrette: Sur quoi avez-vous basé vos critères
pour définir ce qui faisait partie de la première phase par
rapport à la deuxième phase, dans le plan d'immobilisations,
justement?
M. Ryan: Je vais demander à M. Carrier de fournir des
précisions là-dessus parce que je n'étais pas là
quand ça a été arrêté. Je pense qu'il est
beaucoup mieux placé pour vous dire ce qui en est.
M. Carrier: D'abord, le premier objectif du cadre était de
répondre adéquatement à la demande des tribunaux. Alors,
nous avons fart le calcul des besoins qu'il y avait dans chacune des
régions pour mesurer la réponse que les services correctionnels
devaient donner.
M. Chevrette: Est-ce que ce sont des études que vous avez
faites?
M. Carrier: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est possible que vous nous les fassiez
parvenir?
M. Carrier: Oui. Il n'y a rien de secret là-dedans. C'est
le cadre de planification. C'est un document d'à peu près 300
pages.
M. Chevrette: Non, mais ce qui justifie, par exemple, que dans fa
phase I vous transférez Parthenais, dans la phase I vous ajoutez 63
places à Rimouski. Pourquoi Rimouski, par exemple, par rapport à
Sept-lles? Il doit y avoir des raisons qui justifient l'un par rapport à
l'autre?
M. Carrier: Oui.
M. Ryan: Nous fournirons des réponses à ces
questions.
M. Carrier: II y a aussi le deuxième critère.
C'était un critère de vétusté. Comme, par exemple,
on a commencé par remplacer le centre de détention de
Trois-Rivières qui était le plus vieux de la province; on a
remplacé le centre de détention de Sherbrooke qui était le
deuxième plus vieux de la province. Alors, c'est vraiment en fonction
des conditions qui sont offertes actuellement par rapport aux politiques que
nous avons. C'est pour ça qu'on voit qu'il y a un certain nombre de
centres qui sont réalisés et que les autres sont en voie de
réalisation.
Le centre de Parthenais, c'est un problème qui est bien connu
depuis nombre d'années. C'est une des raisons qui a fait qu'on a
prévu construire 300 places dans la première phase et une
deuxième fois 300 places dans la deuxième phase.
Grosso modo, c'est les besoins. On a évalué
les besoins par région et aussi en fonction de la
vétusté des établissements. Comme, par exemple, ceux qui
s'en viennent, les plus proches, sont Rivière-du-Loup et Rimouski qui
sont des établissements qui ont été construits dans le
siècle dernier.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
Sécurité et prévention Rapport De
Coster sur Polytechnique
M. Chevrette: Oui. Le rapport De Coster. Vous avez réagi,
comme ministre, assez rapidement à la publication du rapport De Coster.
J'aimerais savoir si vous vous êtes fixé un
échéancier, parce que vous avez semblé adhérer
à l'ensemble des recommandations du rapport De Coster, et j'aimerais
connaître l'échéancier de la réalisation ou de la
mise en application de ces recommandations. (21 h 45)
Le Président (M. Dauphin): Sur le programme 4, M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Je voudrais tout d'abord souligner l'excellent
travail accompli par le groupe De Coster. M. De Coster a choisi une
méthode originale pour la préparation du rapport du groupe. Il a
divisé les responsabilités entre les membres du groupe qui
avaient été choisis un petit peu en fonction de cet objectif.
J'ai l'impression que M. De Coster est un homme de grande expérience qui
a une très bonne méthode de travail. On s'est retrouvé
avec un rapport en six volets, dont chaque volet a été
placé sous la responsabilité de l'un des membres du groupe de
travail, lequel pouvait être assisté de personnes
compétentes au point de vue technique.
Alors, on s'est retrouvé avec un document qui est un petit peu
déconcertant dans sa forme quand on l'aborde pour la première
fois, parce que la partie générale est difficile à
comprendre tant qu'on n'entre pas dans les parties spécialisées.
Mais l'ensemble de ces parties forme un tout qui est remarquablement complet et
remarquablement objectif aussi, impitoyable là où il fallait
l'être, compréhensif là où il fallait l'être.
On aura remarqué que le rapport a particulièrement
souligné les carences dans ie domaine de la réaction aux
situations d'urgence en ce qui touche les services d'urgence et des soins
préhospitaiiers. Le rapport a fait une analyse complète.
Il y a un autre point qui est très important dans le rapport,
c'est le chapitre qui discute de la coordination, de la planification des
services de santé en fonction des situations d'urgence. On aura
remarqué, quand on fait le tour du rapport, que les recommandations qui
s'adressent au ministère de la Sécurité proprement dit
sont assez limitées en nombre. Il y en a une que je m'étais
empressé d'endosser, c'est celle qui demande qu'un coordonnateur
provincial ou national soit nommé pour assurer la direction des
grandes opérations d'urgence à travers ie Québec.
Savez-vous qu'en relisant la loi sur les sinistres, je me suis aperçu
que cet officier-là était déjà nommé, c'est
le ministre de la Sécurité publique. La loi lui confère le
mandat d'agir à ce titre à toutes fins utiles. Il le fait
évidemment par des intermédiaires.
J'en ai vécu la première expérience à
l'occasion des inondations de ia Beauce. J'ai été appelé
bien avant que l'eau ne soit entrée dans les rues, dans les maisons. Nos
services étaient déjà sur les lieux, suivaient la
situation de très près et nous informaient quotidiennement. J'ai
vu qu'à mesure que la pénétration de l'eau s'accentuait,
il s'est produit un phénomène d'intégration des forces qui
étaient à l'oeuvre: les forces municipales, les forces
bénévoles, les forces policières et les services de la
Direction de la sécurité civile du ministère. Je crois
que, pour répondre à une situation d'urgence qui surgirait, nous
sommes capables de nous retourner très rapidement.
M. Chevrette: Le cas de Saint-Amable aura servi...
M. Ryan: Oui, je pense que oui. M. Chevrette: ...de
leçon dans ça.
M. Ryan: Et je voudrais signaler l'excellent travail de la
Direction générale de la sécurité civile avec qui,
moi, je me sens en confiance, parce que je sais que, s'il arrive quelque chose,
ils n'hésiteront pas à nous déranger à 3 heures du
matin, s'il le faut, ils nous avertiront. On ne pourra pas dire qu'on n'a pas
été avertis. Ils savent bien que ce n'est pas nous autres qui
allons régler le problème dans l'immédiat. Au moins, ils
ont cette courtoisie-là de nous tenir au courant et nous
l'apprécions beaucoup.
Cela étant dit, par conséquent, cette recommandation du
rapport De Coster ne me semble pas trop mal en point en ce qui nous concerne.
Il y a une chose. La loi, comme elle est formulée actuellement, vise les
sinistres attribuables à des causes naturelles. S! ce sont des sinistres
attribuables à des causes humaines, là, la loi n'est pas aussi
explicite. Disons que ça serait une immense catastrophe incendiaire qui
serait causée par une main criminelle ou malade, à ce
moment-là, il y aurait peut-être plus de problèmes de
coordination qui se poseraient. Il faut qu'on règle ce
problème-là. Notre intention, c'est d'envisager une modification
législative qui réglerait ce problème-là comme il
faut.
D'autre part, il existe au gouvernement depuis combien de temps, M.
Beaudoin?
M. Beaudoin: Depuis deux ans.
M. Ryan: Depuis deux ans, il existe un comité
interministériel présidé par le secrétaire
général du gouvernement, M. Benoît Morin, et qui, lui, se
réunit de temps en temps pour voir s'il y a lieu d'agir ou d'envisager
une action dans tel ou tel domaine. Les recommandations sont transmises
immédiatement au chef du gouvernement et au ministre de la
Sécurité publique.
J'ai fait une expérience à l'occasion de la crise du golfe
Persique. On peut en parler avec un petit peu de recul aujourd'hui. Quand nous
sommes entrés dans cette période-là, il y avait beaucoup
d'inquiétudes, en matière de terrorisme en particulier. Je me
souviens que j'avais chargé mon sous-ministre de convoquer une
réunion de toutes les forces policières, les forces de
sécurité civile du Québec. Il y avait le Service canadien
du renseignement de sécurité, la Gendarmerie royale qui
étart là, la police de la CUM, la police de Québec, la
police de Longueuil, la police de Laval; la Sûreté du
Québec y était, au premier titre, évidemment. On
était tous ensemble. On a fait un plan d'action. On s'est dit: II faut
qu'on puisse échanger des renseignements très vite s'il arrive
quelque chose. Et M. Paradis, le directeur de la sécurité civile,
était là aussi. On peut faire ça vite. Les gens sont
disponibles. Ils savent que, si ça arrive, ils sont susceptibles de
recevoir un appel de la part du ministère. C'est dans ce sens-là
que je disais, tantôt: Je suis content de voir qu'il y a une
méthode qui est en train de s'implanter. De ce point de vue là,
en tout cas, c'est l'élément de suite au rapport De Coster, que
je peux annoncer.
Il y a d'autres recommandations qui nous concernent. Il y en a une, si
mes souvenirs sont bons, qui traite de la nécessité d'inclure,
dans les programmes de formation des futurs policiers, des
éléments qui vont mieux les rendre aptes à faire face
à des situations d'urgence qui ne seront pas monolithiques; ce ne sera
pas rien qu'une affaire de police, ou de revolver, ou de meurtre, mais une
affaire qui peut mettre en cause des facteurs nombreux, multiples et
diversifiés. Nous allons causer avec les responsables des programmes de
formation policière, autant l'Institut de police de Nicolet que dans le
secteur des cégeps, pour que ces éléments-là soient
introduits. Est-ce que ça va, ça?
M. Chevrette: Oui. J'aurais aimé avoir du temps davantage.
On pourrait discuter du rapport De Coster sous plusieurs angles, y compris ce
qui ne relève pas de votre ministère puis qui, à mon point
de vue, devrait peut-être être sous l'autorité du
ministère, et je pense au service d'intervention préhospitalier.
Je sais qu'on s'apprête à répondre aux attaques de De
Coster, dit-on. Mais, moi, je pense qu'il y a une coordination première
qui, j'en suis convaincu, relève de la sécurité publique.
Personnellement, je serais prêt à faire une bonne discussion, si
on en avait le temps, parce que je ne suis pas certain que l'autorité
première, dans ces cas-là, ne doit pas être
identifiée, quand c'est un problème d'envergure. Je ne parle pas
d'un accident de la route d'un individu, mais de catastrophes comme
Polytechnique. Je pense qu'on devrait peut-être indiquer la
responsabilité première, de sorte que personne ne pourrait se
défiler devant une coordination. Ce qui fait le noeud, d'ailleurs, de
toute l'argumentation de De Coster est très clair, il y a eu un manque
de coordination évident.
Ceci dit, je pense qu'on pourra se reprendre, peut-être, au niveau
des engagements financiers, puis prendre une discussion de fond parce qu'il me
resterait deux petits points à toucher. Compte tenu de l'heure, il y
aurait un point sur le chapitre 7, un seul point.
Le Président (M. Dauphin): Juste avant, M. le
député de Joliette, sur le programme 4, M. le
député de...
M. Chevrette: Ah! Je m'excuse, c'est sur le programme 4. J'aurais
une seule question.
Le Président (M. Dauphin): Ensuite de ça, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Allez-y.
M. Chevrette: O.K. Je finirai par le programme 8, sur la Beauce.
Une seule question, c'est à la page 80. La crise autochtone a
nécessité de la garde additionnelle pour certains ministres. Vous
nous marquez, à la page 80: II y a le député Sam Elkas. Je
le comprends, il était ministre de la Sécurité publique.
M. John Ciaccia était négociateur, ça peut s'expliquer. M.
Ryan, vous étiez ministre responsable de la région. J'aimerais
savoir pourquoi M. Bourbeau demandait de la garde?
M. Ryan: Oui. Si je me souviens de mon cas particulier, il n'y a
rien eu de spécial.
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que votre nom est
marqué que je dis ça.
M. Ryan: Je le sais bien, mais si vous regardez le montant
à côté, il n'y a pas grand-chose.
M. Chevrette: II n'y a pas de montants d'écrits, nous
autres.
M. Ryan: II y a quatre ministres. Regardez les coûts pour
tout ce qui est arrivé, ça a été surtout des frais
de voyage. Le reste, il n'y a pratiquement rien. Les frais de voyage des gardes
du corps. À ma souvenance, M. le Président, il y a eu - M.
Beaudoin, vous me corrigerez si j'erre - une garde spéciale qui a
été affectée à la résidence de deux
ministres, pendant un certain temps. C'étaient M. Ciaccia et M.
Elkas.
Je ne sais pas combien de temps ça a duré; moi, je
n'étais pas en charge de l'opération. Mais les autres, M.
Bourbeau est venu s'ajouter au comité parce qu'il était le
ministre régional de la rive sud, lui, de la
Montérégie.
M. Chevrette: O.K.
M. Ryan: C'est comme ça qu'il est venu s'ajouter au
comité. Moi, j'en étais comme ministre régional de la rive
nord. Alors, il n'y a pas eu, de ce côté-là...
M. Chevrette: Vous ne vous êtes pas promené avec une
veste anti-balles, vous?
M. Ryan: Non, monsieur. Je l'ai portée une fois quand je
suis allé encourager nos gens de la Sûreté du
Québec. Je voulais montrer à la population qu'il y avait un
problème réel et on ne pouvait pas l'illustrer de
manière...
M. Chevrette: Non, c'est parce que je ne savais pas, M. le
ministre.
M. Ryan: II y en a qui ont fait des gorges chaudes avec
ça, mais ça m'a juste fait sourire.
M. Chevrette: Non, c'est parce que je ne savais pas que M.
Bourbeau était membre du comité.
M. Ryan: Oui, c'est ça, il était membre du
comité.
M. Chevrette: C'est parce que son nom n'est jamais ressorti
durant la crise, c'est pour ça que je me demandais... Je croyais que
c'était M. Picotte qui était membre du comité.
M. Ryan: M. Picotte en faisait partie aussi, à titre de
ministre des Affaires municipales.
M. Chevrette: O.K.
M. Ryan: Parce que les municipalités de Châteauguay
et d'Oka étaient immédiatement concernées, alors il en
faisait partie aussi.
M. Chevrette: O.K.
M. Ryan: Ça va? Encore une fois, les frais de protection,
vous remarquez que c'a été minime. Si ça ne coûtait
pas plus cher que ça dans d'autres secteurs, on serait prêts
à faire face à une nouvelle crise.
M. Chevrette: Ah! ce n'était pas sur les montants.
M. Ryan: S'il n'y avait que ces frais-là...
M. Chevrette: Ce n'était pas sur les mon- tants,
c'était pour la justification. M. Ryan: Correct, très
bien. M. Chevrette: Je ne croyais pas qu'il était...
M. Ryan: Très bien, oui. C'est ça. Il est venu
s'ajouter vers la fin de juillet, si mes souvenirs sont bons, au début
du mois d'août.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
député de Joliette...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le député
de Saint-Hyacinthe.
Institut de police du Québec
M. Messier: Oui, très rapidement, pour laisser
peut-être la parole au député de Beauce. Formation et
perfectionnement, c'est quoi la séparation? Qu'est-ce qui est formation
et qu'est-ce qui est perfectionnement?
M. Ryan: À l'Institut de police?
M. Messier: On voit qu'il y a environ 6 300 000 $. Quel est le
montant assigné à la formation et au perfectionnement des
policiers?
M. Ryan: Regardez, en gros, je demanderai peut-être
à M. Bouchard, - je ne veux pas éterniser le travail non plus -
de fournir quelques précisions. Mais en gros, la formation, ça,
c'est la formation de base.
M. Messier: Oui.
M. Ryan: C'est pour les élèves qui s'inscrivent en
vue de devenir qualifiés pour un travail de policier.
M. Messier: Oui.
M. Ryan: Le perfectionnement, c'est pour les policiers
déjà en exercice.
M. Messier: Déjà en poste. C'est quoi, le montant
d'argent, grosso modo?
M. Ryan: M. Bouchard est directeur de l'Institut de police de
Nicolet, peut-être qu'il pourrait nous donner brièvement...
M. Messier: Bonjour, M. Bouchard.
M. Ryan: ...les éléments de réponse à
votre question.
M. Messier: J'ai déjà eu le plaisir à
l'école des polices, mais pas à la vôtre.
M. Bouchard (Gilles): L'école des polices, vous dites?
M. Messier: Des policiers, oui, mais pas à la vôtre.
J'ai déjà été policier militaire, donc...
M. Bouchard: Ah bon!
M. Messier: ...j'ai été à l'école des
policiers, mais pas à la vôtre.
M. Chevrette: T'as pas l'air de ça pantou-te.
M. Messier: II y en a deux catégories: les 6'4" et les
5'10" comme moi; les 200 livres et les 150 livres.
M. Bouchard: Alors, le budget total de l'Institut est de 11 000
000 $. Il y a 65 % du budget qui est affecté à la formation de
base des futurs policiers.
M. Messier: Je vois 6 300 000 $... 11 000 000 $?
M. Bouchard: 11 000 000 $, si vous comptez les revenus et les
subventions.
M. Messier: Ah! O.K. Et la portion perfectionnement des policiers
est de combien?
M. Bouchard: Le perfectionnement? C'est environ 35 %.
M. Messier: 35 %. C'est la formation de l'ensemble des policiers,
municipaux et provinciaux?
M. Bouchard: C'est l'ensemble des policiers du Québec,
effectivement.
M. Messier: O.K. Pour la Sûreté du Québec,
c'est quoi à peu près?
M. Bouchard: Pour la Sûreté du Québec, on
pourrait dire que c'est environ 50 %.
M. Messier: Du 35 %.
M. Bouchard: Du 35 %, effectivement.
M. Messier: O.K. Est-ce qu'il y a une volonté -
peut-être plus au ministre - d'accentuer la formation continue pour les
policiers de la Sûreté du Québec, à tout le moins?
J'ai déjà écrit une lettre au ministre Sam Elkas sur la
pertinence d'avoir de la formation continue, surtout lorsqu'ils font du radar.
Quand j'ai vu la façon dont ils faisaient du radar, ils ont plus
tendance à provoquer des accidents. En tout cas. J'avais écrit
une lettre assez longue par rapport à ça. Des fois,
peut-être qu'il manque un petit peu de formation continue sur certains
systèmes. Est-ce qu'il y a une...
M. Ryan: Je remercie...
M. Messier: ...volonté, disons, de peut-être
accentuer la formation continue, à tout le moins?
M. Ryan: ...le député de Saint-Hyacinthe de l'appui
qu'il apporte à l'un de mes objectifs les plus chers depuis très
longtemps, c'est l'objectif de la formation continue. Je crois qu'en
particulier dans le secteur de la police, si on pouvait s'orienter de plus en
plus dans cette direction-là, que nous puissions trouver,
évidemment, les ressources pour soutenir une telle orientation, je pense
qu'on contribuerait à rehausser considérablement la
qualité de nos forces policières à travers le
Québec. J'apprécie énormément cette proposition.
C'est un des grands objectifs que je souhaite avoir la chance d'aborder au
cours des prochains mois avec les responsables. On a eu beaucoup de
problèmes immédiats d'intendance à régler au cours
des premiers mois, mais nous allons vers ces question-là, qui sont
vraiment fondamentales.
M. Messier: On pourra vous supporter là-dedans, M. le
ministre.
M. Ryan: J'apprécie énormément. M.
Messier: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le député de Joliette, ensuite...
Sécurité civile (suite)
M. Chevrette: Le programme 8, M. le ministre, on l'aborde
à la toute fin, mais ce n'est pas parce qu'il n'est pas...
M. Ryan: Merci.
Indemnisation des victimes d'inondations
M. Chevrette: ...important. Je pense qu'on se doit de questionner
l'ensemble des programmes. On sait que le programme 8 est le programme visant
surtout la sécurité civile. J'aimerais demander au ministre,
à qui je posais une question le 9 avril dernier, à savoir si
l'indemnisation des victimes des inondations se ferait en fonction de la
politique arrêtée en 1987 ou si, véritablement, il y aurait
une nouvelle politique ou un nouveau décret, parce que, si j'ai bien
compris, la politique est basée sur un décret ministériel
et non pas sur la législation. Donc, ce serait ma première
question. (22 heures)
M. Ryan: Je suis content que la question soit posée en
présence du député de Beauce-
Nord.
M. Chevrette: On s'est entendus. J'en pose deux, puis il prend la
relève.
M. Ryan: Très bien. Parce que ceux qui me connaissent
savent qu'il me harcèle tout le jour avec ce
problème-là...
M. Chevrette: D'ailleurs, vos propos vont être
relatés dans la Beauce.
M. Ryan: ...et qu'il n'aura de cesse que lorsqu'il aura eu son
programme. J'aurais souhaité pouvoir soumettre dès cette semaine
au cabinet un projet de programme. J'ai dû reporter la
présentation à la semaine prochaine, parce que, comme on l'avait
souligné justement au cours des dernières semaines, les
programmes antérieurs en matière d'inondations ont donné
lieu, au chapitre des indemnisations, à des inéquités,
comme on les appelle dans le langage d'ici, des inéquités,
c'est-à-dire des inégalités de traitement. Mais la courbe
des indemnités ne suivait pas toujours une évolution
régulière ou rationnelle et elle produisait des résultats
qui étaient parfois déconcertants. Alors, on a essayé de
définir des critères qui permettraient d'avoir un traitement plus
équitable pour tout le monde et nous avions préparé un
projet la semaine dernière, qui a demandé certaines
vérifications. Nous sommes en train de les faire. Nous devons
siéger de nouveau là-dessus demain, et mon objectif est
d'être en mesure de soumettre un projet au cabinet dès la semaine
prochaine pour qu'il puisse être adopté. Je compte proposer
certaines modifications aux critères qui existaient jusqu'à
maintenant.
M. Chevrette: Aux critères de 1987? M. Ryan:
Oui.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous donner une
idée du nombre de réclamations envisagées dans la Beauce?
Est-ce que vous avez une idée du portrait réel? Il y a des
citoyens pour le domiciliaire, mais il y a des commerces, puis il y a de
l'institutionnel. Est-ce que vous avez une idée assez précise
du...
M. Ryan: Regardez. Je vais vous dire, j'ai eu une rencontre avec
les maires des municipalités concernées la semaine
dernière. Et au début, j'ai invité chaque maire à
faire le bilan de la situation chez lui, comme il l'avait constatée, et
au total, d'après ce que M. Paradis m'indique, suivant les
dernières indications, il faudrait peut-être nous attendre
à quelque 2000 demandes, dont 400 pourraient provenir de commerces et
d'entreprises, si les commerces et les entreprises doivent être compris
de manière plus large que les fois précédentes. Il faut
dire que ce sont des inondations d'envergure. Il faut avoir vu à
Beauceville, en particulier, les dégâts qui ont été
causés. Évidemment, dans certains cas, ce sont des
dégâts qui ne seront pas considérables, puis il y aura des
limites qui seront fixées au montant de l'aide, évidemment.
M. Chevrette: Mais les 2000, c'est pour l'ensemble de la Beauce,
y compris Saint-Joseph, Sainte-Marie.
M. Ryan: Toutes les municipalités qui ont
été visées.
M. Chevrette: Sainte-Marie.
M. Ryan: Les cinq principales qui sont le long de la route, puis
il y en a un certain nombre, 19 en tout. Nous en prévoyons 19 pour
l'instant.
M. Chevrette: O.K. Ça va. C'est une histoire à
suivre mercredi prochain. On questionnera jeudi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Oui, merci, M. le Président. D'abord, je
voudrais - j'y ai fait allusion un peu plus tôt, M. le ministre -
remercier le comité de coordination des mesures d'urgence et souligner
aussi son efficacité lors du sinistre qu'on a connu récemment.
Parce que, en 1987, on avait connu une inondation assez importante aussi dans
la Beauce et on n'avait pas pu profiter de l'expertise ou de
l'efficacité du comité qui a été créé
pour coordonner les mesures d'urgence. Je pense que c'est important parce que
c'a eu pour effet chez nous de sécuriser les gens à
beaucoup d'égards, que ce soit au niveau de leur santé, de leur
sécurité, et tout ça. Je voulais le souligner parce que je
pense qu'on oublie souvent de le faire. Je veux aussi souligner la
présence importante que vous avez eue, M. le ministre, auprès des
gens de la Beauce qui ont été éprouvés.
Prévention des sinistres et mesures
d'urgence
J'aurais une question à deux volets. Dans votre intervention,
vous mentionnez à la page 13 que, suite, par exemple, à
l'incendie qu'il y a eu dans le cas du dépôt de Saint-Amable, de
concert avec le ministère de l'Environnement, le ministère de la
Sécurité publique, par l'intermédiaire de la Direction
générale de la sécurité civile, a été
chargé en 1990-1991 de la mise en oeuvre d'un plan de prévention
visant à assurer... Alors, c'est la Direction générale de
la sécurité civile qui a aussi pris en charge la coordination
d'un plan de prévention. Et un peu plus loin dans votre intervention, on
dit: En 1991-1992, la Direction générale de la
sécurité civile envisage,
entre autres projets, de proposer au gouvernement une politique de
prévention des sinistres et les mesures d'urgence à prendre en
cas de sinistre. Alors, je pense que dans les sinistres, on parle des crues
printanières qu'on peut retrouver en Beauce, ou estivales aussi, parce
qu'il est arrivé à certaines occasions qu'on en ait eu.
Alors, est-ce que, dans le cadre de propositions comme celles-là,
possiblement vous pourrez pondre une espèce de programme de mesures
d'urgence d'abord, pour nous aider si ça se répète.
Deuxièmement, est-ce qu'il y aurait lieu que votre ministère ou
que la Direction générale de la sécurité civile
coordonne un comité pour régler ou atténuer le
problème de crue des eaux? Parce que je pense que vous l'avez compris
lorsque vous êtes venu chez nous, les gens, ce qu'ils nous disent, c'est:
Ce n'est pas de l'argent qu'on veut pour remplacer nos biens, dans le fond,
mais occupez-vous donc de la rivière pour qu'on ait un peu moins d'eau
le printemps ou l'été.
M. Ryan: Quand on parle d'une politique, actuellement nous sommes
obligés de procéder par décret ad hoc. Il arrive une
situation, il faut regarder ce qui en est et on fait un décret. On se
dit: Je ne sais pas si on va être capables dans l'immédiat,
peut-être qu'on n'est pas rendus là, on va l'essayer, mais on
aimerait avoir une politique et, à ce moment-là, il serait encore
plus facile d'agir dans des situations qui arrivent, et surtout d'agir de
manière juste et équitable envers tout le monde. Parce que
là, des fois, c'est selon l'intensité de la situation. On va
décider d'ajouter un critère comme... L'exemple le plus classique
que je puisse vous donner, c'est quand on a ajouté le transport pour la
crise amérindienne. C'est ça. Il y avait beaucoup de discussions
là-dessus. Il y en a qui étaient pour, il y en a qui
étaient contre. Ce n'était pas sûr que c'était
l'aspect le plus vital du programme, en tout cas. Il a été
instauré et il a eu du succès parce qu'il y a eu un paquet de
demandes. Je pense que c'est au-delà de 20 000 demandes, ma foi.
Mais, en tout cas, on veut arriver à une politique qui
embrasserait aussi des secteurs qui ne sont pas couverts actuellement, comme
les mouvements de sols, c'est très important. Actuellement, on est
obligés d'agir... On a eu un cas dans votre comté
récemment. On est obligés d'agir ad hoc, de régler le cas
de M. Untel et de régler en barguignant. Ça fait que si on
pouvait avoir une politique de ce côté-là, je pense que
ça serait très important. On a des cas qui traînent
à Montréal. Le maire de Montréal m'en parie souvent, des
maisons lézardées dans l'est de Montréal. Il n'y a pas de
politique. Ça, c'est 800 dossiers. On est loin d'être au bout du
compte dans nos affaires. On a encore énormément de travail
à faire, et c'est dans ce sens-là qu'on a ça sur le
chantier actuellement.
De l'autre point de vue, la question que vous avez posée est tout
à fait importante. Déjà, la Direction de la
sécurité civile va s'occuper de recueillir les propositions II y
a 13 ministères qui sont concernés par cette question-Jà,
ces propositions-là. Ensuite, on franchira l'autre étape quand on
va avoir reçu les suggestions de chaque ministère. Là, on
verra ce qui pourra être envisagé. Moi, ce que je souhaite, c'est
qu'on puisse trouver certaines mesures ponctuelles qui, sans entraîner
des investissements de centaines de millions de dollars, pourront permettre de
contrôler davantage le mouvement des glaces et des eaux au printemps.
Je causais avec le maire d'une ville du Bas-du-Fleuve, Montmagny,
récemment. Eux autres ont eu des grosses crues certaines années
et ils ont trouvé une solution facile. Ils brisent les glaces plus
tôt, avant qu'elles commencent à faire des dégâts. Il
dit que, depuis ce temps-là, ils n'ont pas de problème. Chez
vous, c'est un autre problème parce que la géographie de la
rivière est très spéciale. Ça va demander certains
découpages qui ne se font pas avec - je m'excuse d'indisposer le
député de Joliette à cette heure-ci - des prières
matutinales.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui. Il y en a qui sont dévots.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député de Beauce-Nord?
M. Audet: Oui, ça va.
M. Chevrette: C'est loin de m'insulter, M. le ministre. Je me
réveille à 5 heures pour penser que vous priez.
M. Ryan: Non La prière du pubJicain est la meilleure.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Chevrette: Juste là-dessus. Ça, vous avez
peut-être raison, M. le ministre, y compris dans des milieux, dans les
zones inondables de 20 ans. Il y a beaucoup de correctifs physiques qui,
à mon point de vue, pourraient être effectués pour
éviter, à très long terme... Il y a des rivières
qui sortent de leur lit à cause de leur configuration, et je suis
convaincu que si on mettait de l'argent dans la prévention, on aurait
moins de catastrophes. Dans le cas de la rivière L'Assomption,
même dans mon comté, qui est sortie de son lit en 1979, par
exemple, il y a des courbes, des méandres extraordinaires, il y a
entassement des glaces, et c'est ce qui arrive.
M. Ryan: Vous me permettrez de mentionner
juste un petit facteur. Le fait que le ministère a une
responsabilité définie en ces choses facilite les affaires
énormément. Le député de Joliette a
été membre d'un gouvernement, il sait comment c'est difficile, la
coordination interministérielle, et, tant qu'il n'y a pas un mandat
explicite qui est donné, les choses traînent. Quand tout le monde
est sur un pied d'égalité, on va là, chacun met son
affaire sur la table et il repart. Il n'y a pas de décision. Mais
là, il y a un pouvoir de convocation et d'action qui a été
confié au ministre de la Sécurité publique; je pense qu'on
en est plus conscient maintenant. C'était dans la loi, mais on n'avait
pas mesuré tout ce qu'il y avait là-dedans. C'est sûr que,
quand on dit que d'autres situations difficiles pourraient surgir, on n'aura
pas autant de difficultés à définir la ligne de conduite
du gouvernement que ça a pu être le cas l'été
dernier où c'était la première fois. On a tiré
beaucoup de leçons de ça. C'est évident qu'on va aller
beaucoup plus vite au point.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je vous
signale qu'il faut adopter nos crédits d'ici quatre minutes. 30
secondes, M. le député de Saint-Hyacinthe. 30 secondes.
M. Messier: Lorsque vous viendrez nous voir, le 18 mai, vous
viendrez au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Vous verrez ce qu'on a fait, soit
des structures permanentes pour éviter la crue des eaux.
M. Chevrette: Je n'y vais pas pour vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Messier: Oui, je le sais.
Le Président (M. Dauphin): Les 30 secondes étant
écoulées...
M. Messier: Vous viendrez quand même dans le centre-ville
de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le député
d'Iberville.
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Une petite question
très courte. Ça touche, je pense, le programme 5, puisque c'est
la déontologie policière. C'est bien ça? J'ai
remarqué dans vos notes d'ouverture, M. le ministre, que vous parliez du
commissaire à la déontologie policière qui a un nouveau
rôle d'examen de toutes les plaintes qui sont formulées par les
personnes. Je suis très heureux, évidemment, de constater
ça, mais il y a une question qui me vient à l'esprit. C'est pour
une clarification. Est-ce que le même service existe au niveau des
policiers municipaux ou s'applique pour les policiers municipaux?
M. Ryan: Oui. Les articles de la Loi sur l'organisation
policière qui traite de déontologie institue deux organismes: le
commissaire à la déontologie et le comité de
déontologie. Si une personne a une plainte à porter contre un
policier en matière déontologique, la plainte s'adresse de par la
loi au commissaire, même s'il s'agit d'un policier municipal.
M. Lafrance: D'accord. M. Ryan: Ça va? M.
Lafrance: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Alors, 30 secondes, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais
réitérer mes remerciements pour la présentation des
documents à toute votre équipe, M. le ministre, et souhaiter que
vous ayez une réponse favorable à la réclamation
fédérale pour la revendication que vous avez faite pour vous
faire rembourser les frais de la crise de l'été dernier. C'est
parce que je n'ai pas eu le temps de vous poser la question, je suis
obligé de la passer de même, mais j'ose espérer que vous
pourrez nous répondre là-dessus un jour. Je tiens à
féliciter, à remercier les fonctionnaires qui ont
travaillé sur les documents qu'on avait demandés. C'est
très bien fait.
Le Président (M. Dauphin): M. Ryan, pour le mot de la
fin.
Contribution financière fédérale
relative à la crise amérindienne
M. Ryan: J'ai remarqué de mon côté, parce que
je fais toujours ces vérifications-là, que l'Opposition avait
posé des questions très judicieuses. Les renseignements
particuliers qu'elle a demandés - les renseignements
généraux, ça fait partie des traditions, mais les
renseignements particuliers étaient particulièrement pertinents
-nos services les ont fournis avec toute la diligence et, en même temps,
le souci d'être complets, qu'ils pouvaient déployer, sans
restriction. Je voudrais, à ce moment-ci, d'abord répondre
à la question implicite que contenaient les remarques du
député de Joliette. Le gouvernement fédéral nous a
écrit pour donner son acceptation de principe à une participation
financière au coût de la crise. Ça, c'est acquis. Il a
même désigné l'agent négociateur qui est
chargé de transiger avec le gouvernement et j'ai désigné,
de mon côté, M. Paradis pour nous représenter dans ces
négociations-là. Les négociations sont en marche. Nous
avons présenté la note complète, nous avons fait le tour
de tout ce que les ministères avaient dépensé à ce
sujet. Je ne suis pas en mesure de donner, aujourd'hui, une idée de
l'ampleur de la contribution que le gouvernement fédéral
fera, mais il est déjà acquis, si j'ai bien compris, que les
dépenses encourues pour les autochtones seront remboursées par le
gouvernement fédéral, y compris, par conséquent, celles
qui ont paru nous inquiéter plus tôt cet après-midi. Je
pense qu'on va arriver à quelque chose de convenable. J'ai
souligné déjà dans mes notes, en toute
impartialité, je pense, que nos rapports avec le gouvernement
fédéral, dans cette crise-ci, me paraissent avoir
été fort convenables, et empreints de civilité et je pense
qu'on va arriver à quelque chose de convenable. L'armée s'est
comportée d'une manière très digne avec le gouvernement du
Québec. En tout cas, moi, je le souligne sans
arrière-pensée, puis sans vouloir tirer partie de ça, je
pense que ça a été bon.
Ensuite, je suis content de ce qui a été dit pour la
qualité de la documentation et de l'information préparée.
Ça nous donne le goût de revenir sur certains thèmes, comme
ça a été mentionné dans nos discussions. Je
voudrais remercier tous les députés pour leur participation, en
particulier mon collègue, le leader de l'Opposition, le
député de Joliette, pour l'intérêt très senti
qu'il porte aux questions de la sécurité civile, la
sécurité publique aussi. Nous en sommes très heureux. Je
pense que c'est constructif pour le Québec.
On me permettra d'avoir une pensée spéciale, à la
fin, d'abord pour les collaborateurs et collaboratrices de mon cabinet qui
oeuvrent dans ce secteur et qui font un travail magnifique. Je voudrais
souligner en particulier le travail que M. Kelly accomplit auprès des
communautés amérindiennes. Il y a un avantage à être
anglophone au Québec, encore aujourd'hui, surtout quand on parle bien le
français. M. Kelly est un nomme remarquable, qui fart montre d'une
compréhension en même temps que d'une clarté dans ses
démarches qui sont en grande partie le fondement de l'attitude que
j'épouse dans ce dossier. Je remercie les autres collaborateurs et
collaboratrices, mon chef de cabinet adjoint qui est à la
Sécurité publique maintenant, M. Jean-René Marchand, et
les autres. Je félicite nos fonctionnaires. Je remercie toute
l'équipe de fonctionnaires qui m'entourent, M. Beaudoin, M.
Noël-de-Tilly, M. Paradis; je ne sais pas si M. Lavigne est encore ici,
mais, en tout cas, je les remercie tous. Il y a une atmosphère de
collaboration. Je pense que vous l'aurez sentie aujourd'hui. On va essayer de
la développer encore davantage pour que la Sécurité
publique ne soit pas un mot ou un terme législatif, mais une
réalité vécue pour le plus grand bien de la population du
Québec.
Merci également à vous, M. le Président, et
à vos collaboratrices qui font un travail excellent. Je salue de
manière spéciale le recherchiste de grande qualité que
s'était adjoint pour cet exercice le chef de l'Opposition. M. Grenier a
une longue connaissance de ces choses et nous devons être prudents avec
lui parce qu'il est capable de nous retrouver dans le détour.
M. Chevrette: Pour information, il n'est pas recherchiste
occasionnel, c'est mon chef de cabinet permanent.
M. Ryan: Oui. Eh bien, franchement, vous êtes
fortuné, puis j'espère que vous en tirerez de plus en plus
partie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: D'ailleurs, M. le ministre, je m'aperçois
que vous en avez regagné au contact de vos fonctionnaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
Adoption des crédits
Le Président (M. Dauphin): Alors, juste avant de conclure,
est-ce que les programmes 1 à 8 du ministère de la
Sécurité publique sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère de la
Sécurité publique pour l'année financière 1991-1992
sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Alors, au nom de tous les membres de la commission, j'aimerais vous
remercier, M. le ministre, de vous être prêté à cette
étude des crédits, ainsi que tous vos collaborateurs et
collaboratrices. J'aimerais également remercier les gens de la
commission, dont Mme Giguère, la secrétaire, qui s'en va voir son
père qui a eu 90 ans aujourd'hui.
Messieurs, mesdames, nos travaux sont ajournés jusqu'à
demain matin, 9 h 30, alors que nous étudierons les crédits du
ministère de la Justice, plus précisément le programme 11
qui traite de la protection du consommateur, à la salle 1.38 de
l'édifice Pamphile-Le May. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 22 h 19)