Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte, qui a pour mandat ce matin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires concernant le
ministère des Affaires internationales pour l'année
financière 1991-1992. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements quant aux membres de la commission?
La Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, je signale aux
membres de la commission des institutions qu'il n'y a pas d'entente qui est
intervenue entre les deux leaders sur un partage de temps. Cependant, comme
président, je souligne tout de suite que je vais agir en
équité et que je vais reconnaître évidemment les
parlementaires de tout groupe parlementaire qui désireront questionner
notre invité de ce matin.
Alors, il y a de prévu une enveloppe de quatre heures pour
l'étude des crédits de ce ministère, donc jusqu'à
environ midi trente ce matin, pour reprendre cet après-midi pour environ
une heure. Alors, à ce stade-ci, j'aimerais, au nom des membres,
souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires internationales et lui demander
peut-être de nous présenter les personnes qui l'accompagnent
à la table des invités, pour ensuite procéder à ses
remarques préliminaires. M. le ministre...
Remarques préliminaires
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Alors, je voudrais
vous présenter mes principaux collaborateurs, le sous-ministre du
ministère des Affaires internationales, M. Renaud Caron, et MM. Cari
Grenier et Denis Ricard, sous-ministres adjoints. Il y a aussi avec nous les
directeurs généraux, MM. Jean Tardif, Jean Clavet, Jean Duquette,
Paul-André Boisclair, Dominique Bonifacio, Claude Roquet, Denis Gervais,
et leurs principaux collaborateurs, et M. Paul-Émile Blouin,
sous-ministre, mais à l'extérieur, qui ne peut pas être
avec nous aujourd'hui.
Alors, conformément aux dispositions de notre règlement,
nous allons procéder aujourd'hui à l'étude des
crédits du ministère des Affaires internationales. La
présentation des crédits du ministère nous permet de faire
le bilan de la dernière année ainsi que de faire part de cer-
taines orientations majeures pour l'année qui s'en vient.
Vous me permettrez donc de vous rappeler quelques faits saillants de
notre activité internationale des derniers mois et de vous
présenter quelques éléments de réflexion au sujet
des défis auxquels nous devrons faire face tous ensemble au cours des
prochaines années.
J'aimerais d'abord vous rappeler que la création du
ministère des Affaires internationales, en novembre 1988, est le
résultat de la fusion des ministères du Commerce extérieur
et des Relations internationales. Si je me permets ce rappel, c'est pour vous
signifier l'importance qu'accorde le gouvernement à développer
une approche globale dans ses activités internationales. Nous nous
occupons de commerce, oui, mais nous sommes aussi actifs dans la prospection
d'investissements étrangers, dans la diffusion des produits culturels
à l'étranger, dans les accords de coopération
technologique entre les universités, dans la coopération
multilatérale, pour ne nommer que ces domaines. Car même si nous
donnons une priorité à l'économie, il faut bien comprendre
que les affaires internationales doivent être perçues comme un
tout. En effet, nous ne pouvons ignorer, par exemple, que les activités
culturelles servent au rayonnement du Québec, que la qualité de
nos centres de recherche sert aussi à attirer des investissements
étrangers au Québec, que notre participation à la
francophonie est essentielle à notre développement en tant que
parlant français. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons
entrepris, il y a un peu plus d'un an, d'intégrer toutes les composantes
de l'activité internationale des différents ministères et
organismes dans notre programmation annuelle. Il est ainsi plus facile pour le
ministère des Affaires internationales d'assurer une plus grande
cohérence dans les gestes posés par le gouvernement du
Québec sur la scène internationale. Cet exercice nous a permis de
mieux mesurer l'ampleur de nos activités internationales et de rajuster
notre approche en fonction de nos priorités et de nos principaux
partenaires.
Permettez-moi maintenant de vous présenter quelques faits
saillants des actions du ministère au cours des derniers mois. Il ne
s'agit pas d'une revue exhaustive, qui serait trop longue et fastidieuse, mais
d'exemples pouvant servir à illustrer notre approche et certaines de nos
priorités.
Aux États-Unis, principal partenaire commercial du Québec
dont l'influence se fait aussi sentir sur le plan culturel, nous avons
concentré nos efforts sur les questions touchant le
libre-échange. Évidemment, nous avons continué
d'appuyer les entreprises québécoises désireuses de
percer le marché américain à l'aide de missions et de
participations à de nombreuses foires commerciales. Nous avons aussi
appuyé des activités culturelles de toutes sortes, dont un
très bon exemple est peut-être l'impressionnante percée des
troupes de danse montréalaises à New York l'automne dernier. Le
libre-échange a été au coeur de nos préoccupations.
C'est ainsi que nous avons défendu les intérêts commerciaux
du Québec dans les dossiers des produits de la mer, des produits
agricoles et du bois d'oeuvre. C'est aussi parce que nous tenons à ce
que les entreprises québécoises profitent pleinement de cet
accord que nous avons entrepris systématiquement d'identifier les
réseaux de distribution aux États-Unis. Ce travail devrait nous
permettre, d'ici quelques mois, de mieux orienter les entreprises qui
désirent vendre leurs produits chez nos voisins du Sud vers les
principaux distributeurs régionaux et nationaux. Il s'agit, selon moi,
d'un outil indispensable pour remplir les promesses du libre-échange.
Favoriser une perception plus juste de la réalité
québécoise aux États-Unis est aussi une
préoccupation du gouvernement québécois. Cela est
particulièrement important par les temps qui courent, puisque
l'information au sujet du débat constitutionnel véhiculée
par certains médias peut être parfois inquiétante pour nos
partenaires américains. C'est pourquoi je suis allé en novembre
dernier à New York et à Boston pour expliquer la nature de notre
débat constitutionnel. De telles visites sont importantes, et je me
propose de reprendre cette initiative si le besoin s'en fait sentir.
Comme vous le savez, il y aura bientôt des négociations
pour en arriver à une entente tripartite entre le Canada, les
États-Unis et le Mexique. Dès août 1990, le Québec a
incité le Canada à prendre part à ces négociations.
II s'agit pour nous de conserver les avantages de l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis tout en profitant des
opportunités offertes par le marché mexicain. C'est dans ce
contexte que nous avons rapidement entrepris des pourparlers avec les
autorités mexicaines, afin de mieux connaître nos entreprises et
nos marchés respectifs. Je me suis d'ailleurs rendu au Mexique, il y a
quelques semaines, avec des gens d'affaires du Québec, pour souligner
l'importance que nous accordons au resserrement de nos liens commerciaux avec
ce pays. La réaction des Mexicains aux initiatives
québécoises a été excellente. Le président
mexicain, M. Salinas de Gortari, était d'ailleurs à
Montréal hier avec une délégation de gens d'affaires
mexicains. Je crois sincèrement que nous avons tous avantage à
travailler de plus près avec les Mexicains. C'est un pays qui offre un
grand potentiel de développement économique, et certaines
affinités culturelles devraient nous permettre des percées
intéressantes et une collaboration étroite. Nous avons d'ailleurs
récemment signé des ententes de coopération avec
l'État de Mexico ainsi qu'avec le District fédéral. Ces
ententes, qui portent sur des secteurs tels que le développement
industriel, l'environnement et la forêt, nous permettent de bâtir
sur du solide.
Avec l'Europe, partenaire avec lequel nous entretenons des liens
culturels, économiques et politiques très étroits, les
derniers mois auront été riches en événements de
toutes sortes. Avec l'avènement de l'Europe des Douze et avec
l'ouverture à l'Est, nous devons revoir notre approche avec toute
l'Europe. À cause de ces transformations fondamentales, le
ministère des Affaires internationales n'a ménagé aucun
effort pour assurer une présence québécoise et
développer de nouveaux partenariats avec l'Europe.
Avec la France, tout d'abord, les échanges culturels semblent
avoir atteint un rythme de croisière impressionnant. Au plan politique,
le principe d'une visite du premier ministre Rocard est acquise. Notre nouveau
délégué général, qui a fait l'objet
très rapidement de l'accueil le plus chaleureux de la part des
autorités françaises, est à pied d'oeuvre pour
préparer cet important événement. De plus, lors de ma
rencontre avec le ministre français des Affaires
étrangères, M. Roland Dumas, nous avons convenu d'axer nos
échanges économiques dans quatre secteurs stratégiques,
soit l'environnement, les technologies de l'information, l'aérospatial
et l'audiovisuel. Plusieurs rencontres ont eu lieu au cours des derniers mois,
et j'espère qu'elles permettront une collaboration concrète et
efficace avec la France dans ces secteurs d'avenir. Il est de plus encourageant
de constater le nombre croissant des investissements et les transferts de
technologie dans les deux sens entre la France et le Québec. Il s'agit,
sans aucun doute, de la meilleure façon d'assurer aux entreprises
québécoises un meilleur accès au marché
européen. Bref, qu'il s'agisse de recherche, de l'industrie culturelle
ou de questions sociales, nous demeurons des partenaires de premier plan. En
matière d'investissements, d'accords technologiques et
d'échanges, le Québec demeure, de loin, le premier partenaire de
la France au Canada.
La réunification de l'Allemagne oblige ce pays à
réorienter ses priorités vers l'intérieur et vers l'Europe
de l'Est. Cependant, à cause de sa puissance industrielle et
financière et de la qualité de son savoir technologique,
l'Allemagne est un partenaire important pour le Québec. Depuis 1989, les
investissements allemands au Québec, en cours de réalisation ou
à la veille d'être annoncés, représentent plus de
200 000 000 $ dans des domaines aussi divers que les produits pharmaceutiques,
les produits du bois ou l'électronique. Évidemment, nous voulons
"prioriser", dans nos échanges avec l'Allemagne, le secteur des
technologies. Là aussi, les perspectives d'avenir sont
intéressantes.
En Grande Bretagne, en Italie et en Belgi-
que, pour ne nommer que ces pays, nous avons continué nos efforts
pour attirer des investissements, pour multiplier les contacts entre
entreprises et pour bâtir notre coopération technologique et
culturelle sur des bases solides. Les investissements en provenance du
Royaume-Uni, par exemple, dépassent les 300 000 000 $ depuis la fin de
1989. En Europe, comme aux États-Unis, nos délégations
travaillent à identifier des opportunités d'affaires. Mais dans
la perspective de l'Europe unie, nous avons tenu à mettre l'accent sur
la recherche de partenaires potentiels, car nous croyons qu'il s'agit du
meilleur moyen d'assurer aux entreprises d'ici une présence sur place et
d'acquérir une bonne connaissance de ces marchés. Et cela ne vaut
pas uniquement pour les grandes entreprises. Avec des initiatives telles que la
semaine Québec-Italie, à la fin de 1989, nous avons permis
à des entreprises de taille plus modeste d'amorcer une collaboration
plus étroite avec des partenaires européens. Le succès de
cette initiative a été tel que nous répéterons
l'expérience, en Italie cette fois, en mai prochain.
La situation en Europe de l'Est commande une approche différente.
Parce que les règles du jeu, dans ces nouvelles démocraties, ne
sont pas toujours bien définies, mais aussi parce que nous croyons avoir
le devoir d'aider ces pays à réussir leur transition, nous avons
tenté avec succès, je crois, de marier audace et prudence dans
nos relations naissantes avec cette partie du globe.
Audace, parce que nous avons agi rapidement avec des entreprises et des
universitaires pour établir des ponts. Le Québec, qui a
réussi à transformer rapidement une économie
essentiellement rurale en une économie industrielle avancée, a
certainement une expertise à offrir aux pays de l'Est.
Prudence, car nous avons tenu à bâtir nos relations au sein
d'ententes entre les gouvernements, ce qui assure une certaine
continuité. Et, à cet égard, des ententes ont
été signées avec la Hongrie, la Tchécoslovaquie et,
tout récemment, la Pologne. De plus, je crois qu'il est important de
souligner ici que l'idée d'avoir une approche intégrée est
essentielle à une coopération fructueuse avec l'Europe de l'Est.
Il est souhaitable que la collaboration se fasse à la fois sur les plans
économique, universitaire et culturel.
I! s'agit bien sûr d'une entreprise parfois complexe, mais
où nous pouvons compter sur des appuis solides et sur un enthousiasme
exceptionnel du côté européen. La collaboration
exprimée entre diverses entreprises québécoises et les
gouvernements québécois et tchécoslovaque pour l'ouverture
d'une vitrine commerciale et culturelle du Québec à Prague me
permet d'espérer un avenir des plus intéressants dans cette
partie du monde.
Avec l'Asie, région du monde où notre balance commerciale
est largement déficitaire, nous devons redoubler d'efforts pour mieux
faire connaître le Québec, ses produits, sa culture, son
intérêt à travailler avec cette partie du monde dans le
domaine technologique. Dans cette région, nous devons faire preuve de
patience, de persévérance et de détermination. Je me suis
rendu au Japon, en Corée du Sud et à Hong Kong le printemps
dernier, tout comme mon collègue de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie l'a fait à l'automne. Ces missions sont importantes, car
elles nous permettent de créer des relations de confiance essentielles
si nous voulons travailler avec les Asiatiques. Et croyez-moi, ces missions ne
sont pas inutiles. L'annonce faite lundi dernier à Tracy souligne
l'importance de développer des liens étroits avec cette partie du
monde, particulièrement la Corée. Cet investissement de
près de 500 000 000 $ n'aurait pas été possible sans un
effort concerté de la part de plusieurs ministères.
Je vous ai donné quelques faits saillants de nos actions dans les
trois grands blocs économiques régionaux. Cela ne veut pas dire
que nous ne sommes pas actifs en Amérique du Sud, au Moyen-Orient ou en
Afrique. Ces régions, où nos entreprises sont peut-être
moins habituées à faire des affaires, encore que nos entreprises
de génie-conseil ou les organismes de coopération internationale
y sont très actifs, offrent toutefois de nombreuses opportunités.
J'ai été à même de le constater lors d'une
brève mission au Venezuela il y a quelques semaines. Le potentiel pour
les échanges technologiques, pour la coopération universitaire,
pour la vente de biens et de services et même pour les investissements au
Québec est là, et nous pouvons en bénéficier si les
différents intervenants québécois conjuguent leurs efforts
pour développer une collaboration véritable et efficace. Et c'est
ce à quoi travaille le ministère des Affaires
internationales.
Notre action ne se limite pas qu'aux relations bilatérales. Lors
des récentes négociations du GATT, par exemple, non seulement
avions-nous été consultés, avions-nous un observateur
présent au sein de l'équipe canadienne, mais nous avons largement
contribué à définir la position canadienne. Ce qui nous a
permis d'avoir une influence considérable dans ce forum
international.
Le plus important forum multilatéral pour le Québec
demeure sans aucun doute celui de la francophonie. Notre contribution comme
notre participation aux différentes activités de la francophonie,
notamment notre participation à la Conférence des ministres de la
Culture, s'inscrivent dans la perspective de renforcer le potentiel commun dans
ces secteurs importants pour l'avenir des parlant français. Et dans
cette perspective, je sais que mon collègue le ministre
délégué à la Francophonie travaille sans
relâche pour faire avancer cette coopération si importante pour
notre avenir.
En résumé, nous avons tenté de
réorienter
nos priorités, depuis l'automne 1989, vers un meilleur
accès aux marchés et un renforcement des liens technologiques aux
États-Unis, vers une recherche intensive de partenaires en Europe de
l'Ouest, vers le développement accéléré de nos
relations avec l'Europe de l'Est. Nous avons aussi porté une plus grande
attention aux investissements étrangers, notamment par la nomination
d'un conseiller en investissements qui a la tâche d'établir nos
priorités et d'assurer une plus grande coordination de nos
activités dans ce domaine. (10 heures)
J'aimerais maintenant jeter brièvement avec vous un regard sur
l'avenir. Au cours des prochaines années, il sera de plus en plus vrai
de dire qu'il devient absolument nécessaire de prendre en compte la
dimension internationale dans pratiquement tous nos domaines d'activité.
En d'autres termes, les affaires internationales vont représenter un
instrument essentiel pour assurer le développement économique,
culturel, social et politique du Québec. C'est dans cette optique que
nous travaillons à l'élaboration des éléments d'une
politique des affaires internationales Je sais que nos amis de l'Opposition
vont s'étonner qu'elle ne soit pas encore rendue publique. Je tiens
à les rassurer, c'est pour bientôt. Les consultations sont
très avancées, et nous sommes entrés dans ce que je
qualifierais de dernière phase.
Les consultations menées au cours des derniers mois permettent
d'entrevoir certaines lignes de convergence de plus en plus partagées
par les divers intervenants.
La première, c'est qu'à l'heure de la mondialisation,
compte tenu de notre système socio-économique, c'est en relevant
le défi de l'ouverture que nous pourrons le mieux assurer notre
développement. La concurrence va nous obliger à miser sur nos
forces pour nous donner le moyen d'agir sur de larges marchés.
La seconde, c'est que nous vivons dans un monde où
l'interdépendance est omniprésente Notre développement
économique, social et culturel est étroitement lié
à colui do nos partenaires.
La troisième, c'est que les affaires internationales constituent
en quelque sorte une toile d'araignée où les fils sont
interreliés: les échanges n'obéissent pas à une
simple logique commerciale. Même les échanges économiques
sont influencés par des affinités culturelles ou linguistiques,
des choix politiques, des considérations historiques, des liens humains
autant que par la qualité des produits et l'habileté à
comprendre les autres. Pour réussir sur la scène internationale,
il faut arriver à composer avec ces différents facteurs.
Je retiens une quatrième ligne de convergence. Dans un contexte
aussi mouvant et aussi complexe, on ne peut plus agir au coup par coup et se
fier à l'improvisation II faut se donner une stratégie
partagée par les divers intervenants. Une stratégie implique de
pouvoir se situer de façon réaliste dans le contexte
international actuel, choisir ses priorités et ses objectifs, organiser
les divers efforts autour de ce qui peut nous assurer des percées
durables à l'étranger et consentir à une action
soutenue.
M. le Président, je vois que le temps avance. Je voudrais
peut-être faire une brève référence aux montants des
crédits que nous allons étudier devant nous. Je voudrais vous
dire un mot sur certains aspects du budget du ministère pour l'exercice
1991-1992. Les crédits passent de 106 500 000 $ l'an dernier à
117 100 000 $ pour le prochain exercice. L'augmentation est attribuable
notamment â l'extension du réseau: Prague, Vienne, Rabat et Le
Caire pour l'immigration. La progression des coûts de son fonctionnement
est, entre autres, due au taux de change, à l'accroissement des loyers
au Québec et au développement de l'informatique.
Le ministère des Affaires internationales est d'abord un
ministère de service. La qualité de ses ressources humaines
représente son principal atout. Il n'est donc pas étonnant que
les traitements constituent le premier poste de dépenses avec 47 % du
budget total. Par rapport à l'an dernier, la part des dépenses de
transfert passe de 16 % à 14 % pendant que celle des dépenses
d'activités passent de 33 % à 36 % et celle des dépenses
de capital de 2 % à 3 %. Le réseau de nos représentations
à l'étranger requiert 43 % du budget par rapport à 39 % en
1990-1991. Nous voulons souligner par là l'importance que nous attachons
à son action et à son efficacité. Le budget
consacré au développement des affaires bilatérales et
multilatérales ainsi qu'à la coordination des affaires
internationales se maintient au même niveau, soit 39 800 000 $.
J'espère que ces indications préliminaires nous permettront de
procéder à un échange de vues utile et
construc-trf. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M le ministre,
pour vos remarques préliminaires. Je vais maintenant reconnaître
M. le député de Bertrand, qui est le porte-parole de l'Opposition
officielle.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord, comme c'est la première fois que j'ai l'occasion de passer
à travers cet exercice, féliciter les fonctionnaires du
ministère des Affaires internationales pour l'excellence et le
professionnalisme de l'information qu'ils nous ont présentée,
ainsi que remercier le cabinet du ministre d'avoir répondu aux questions
qu'on lui avait posées pour faciliter les échanges. Ceci
étant dit, j'aimerais commenter certaines indications que nous a
données le ministre aussi bien
sur les activités passées de son ministère que sur
la planification des prochaines années.
D'abord, le ministre, je pense, s'attendait effectivement à ce
commentaire, puisqu'il a lui-même indiqué que l'Opposition
soulignerait le fait qu'il n'avait pas encore déposé son
énoncé de politique générale des relations
internationales du Québec. Effectivement, nous trouvons un peu
surprenant que, depuis maintenant plus d'un an, on nous ait promis cet
énoncé de politique et qu'il n'ait pas encore été
déposé, principalement dans un contexte où non seulement
on assiste à une mondialisation des échanges sur le plan
commercial, mais également où l'évolution de la
conjoncture constitutionnelle et interne, aussi bien au Québec qu'au
Canada, exigerait une présence beaucoup plus forte et beaucoup plus
pertinente, principalement dans les pays qui revêtent un
intérêt particulier pour nous.
J'aimerais néanmoins relever certaines affirmations du ministre
dans son énoncé qui, à mon avis, ne se reflètent
pas tout à fait dans la pratique. Vous avez dit, M. le ministre, que le
Québec devait se donner une stratégie partagée par les
différents intervenants. Vous dites également que c'est dans
cette perspective que le gouvernement entend fonder son action internationale
sur la recherche constante d'un véritable partenariat avec les divers
milieux québécois. Je me limiterai à ces deux citations
pour relever le fait que la composition de votre comité consultatif, qui
doit travailler à la préparation de votre énoncé de
principe, me semble fortement biaisée du côté des liens
strictement commerciaux.
En passant au travers de la liste de la quinzaine de membres de ce
comité, je me suis aperçu qu'il n'y a aucun représentant
des milieux universitaires du point de vue politicologues éminents qui
ont commenté et qui se sont penchés sur l'évolution des
relations internationales, canadiennes et québécoises. Il n'y a
également aucune personnalité ressource qui a marqué
l'évolution de la diplomatie québécoise. Des
personnalités, je pourrais vous en suggérer qui auraient pu faire
partie de ce comité. Il n'y a également aucun représentant
des milieux culturels impliqués dans les échanges culturels entre
le Québec et les différents pays, et il n'y a aucun
représentant des organismes non gouvernementaux, des ONG. Alors, je
pense que si vous dites, d'une part, que votre objectif est de refléter
les actions, les objectifs et les priorités des différents
intervenants au Québec qui sont actifs sur le plan international,
ça devrait d'abord se refléter au niveau d'un comité qui
doit pondre les lignes directrices de cette politique d'ensemble.
J'aimerais également attirer l'attention de la commission sur
l'évolution du budget du ministère. Effectivement, cette
année - mais non seulement cette année, ça remonte aux
trois années passées, tout du moins - on note une augmentation
beaucoup plus rapide des dépenses de fonctionnement du ministère
alors que la part relative des transferts aux programmes eux-mêmes a
diminué, en particulier en ce qui concerne les programmes
destinés aux entreprises et à la coopération
internationale. À ce sujet, j'aimerais également souligner que si
on regarde la promotion des échanges commerciaux, et en particulier le
programme APEX, plusieurs lacunes ont sauté à mes yeux en
examinant ce programme.
D'abord, j'ai noté que depuis 1985-1986, c'est-à-dire
depuis la dernière année où ma formation politique
était au pouvoir, le budget consacré au programme APEX a
diminué, à toutes fins pratiques, de 50 % en termes de
dépenses réelles. D'autre part, ce programme a non seulement
aboli certaines dispositions qui existaient auparavant et qui étaient
axées entre autres sur la formation de nos jeunes qui
s'intéressaient au domaine international, en particulier le programme
Comex, dans lequel vous avez sabré, et également au niveau de
certaines lacunes quant aux instruments financiers que prévoit ce
programme... J'ai d'ailleurs noté qu'il y avait une partie importante -
on pourrait y revenir plus tard - des crédits, dans le contexte du
programme APEX, qui avait été non utilisée par les
entreprises.
Au niveau des lacunes de ce programme, je mentionnerai entre autres le
fait de ne prévoir aucune disposition pour que nos entreprises puissent
assurer un suivi de leurs démarches sur le plan international. Vous avez
mentionné tout à l'heure l'utilité des visites comme moyen
de promotion de nos exportations. Effectivement, je partage votre opinion,
c'est important qu'on aille sensibiliser les acheteurs potentiels
étrangers à nos produits. Il est également important que
nos entrepreneurs établissent des liens directs et établissent
des liens personnels avec leurs acheteurs potentiels. Mais ce qui manque, dans
tous ces programmes-là, c'est la possibilité pour nos entreprises
d'assurer un suivi une fois que la visite commerciale a eu lieu, une fois que
les gens qui participent à cette mission ont établi les premiers
contacts.
En ce sens, il y a quelques années, encore une fois lorsque notre
formation politique était au pouvoir, nous avions conçu la
possibilité pour une entreprise, dans le contexte du programme APEX, de
jouir d'une subvention ou d'un financement à 50 % pour les entreprises
qui engageraient non pas un spécialiste de marketing chez elles, comme
le prévoit le programme actuel, mais qui engageraient une firme de
représentants, une maison de commerce, quelqu'un, en d'autres mots, qui
est sur place pour cogner à la porte et faire en sorte que le suivi, une
fois le premier contact établi, soit maintenu.
Également, je note, dans l'ensemble de la politique du commerce
extérieur du Québec, qu'il n'existe aucune disposition pour
moderniser certains instruments financiers tels que les
garanties de prêt, tels que les avances de fonds du volet
international de la SDI, contrairement à ce qui a été
même préconisé par certaines résolutions du Parti
libéral et qui avaient déjà été
entérinées par le Parti québécois
lui-même.
Dans un autre contexte, vous avez abordé l'importance des
relations France-Québec et le nouvel élan que vous voulez leur
donner. Dans ce sens, je pense qu'il est assez révélateur que les
premières remarques du nouveau délégué
général à Paris aient été dans le sens de
dire qu'il fallait rattraper le temps perdu. S'il faut rattraper le temps
perdu, c'est donc qu'il y a quelque chose qui a été perdu dans le
parcours, et c'est M. Dufour lui-même qui l'a dit. (10 h 15)
Également, toujours au niveau des relations France-Québec,
l'absence, depuis plus d'un an, d'un conseiller senior ou d'un directeur en
communications a fait dire à Louis-Marie Robi-taille dans certains
articles, récemment, que le Québec pourrait même faire la
souveraineté sans que les Français s'en aperçoivent. Et
vous conviendrez avec moi, M. le ministre, que dans le contexte de
l'ébullition politique et constitutionnelle actuelle au Québec,
il est pour le moins hautement négligent de ne pas nommer rapide ment un
représentant senior en communications à Paris. Également,
dans le sens de renforcer nos politiques avec la francophonie et les relations
également avec la France, il serait tout à fait approprié
qu'on nomme dans les meilleurs délais un conseiller senior en relations
multilatérales à notre délégation
générale de Paris.
Ces commentaires m'amènent à poser un autre diagnostic. Je
pense qu'il est temps, et je le fais présentement au nom de ma formation
politique et comme porte-parole officiel en cette matière du Parti
québécois et de l'Opposition, je pense qu'il est temps
franchement, sur une base de consensus, d'accepter de mettre au point une
diplomatie québécoise professionnelle. Cet effort avait
été amorcé par le ministre Claude Morin, il y a plusieurs
années. Quand je regarde les nominations des
délégués généraux, non pas que je veuille
porter un jugement désobligeant sur les individus eux-mêmes qui
détiennent ces postes, mais je note qu'à l'exception de M.
Paré à New York, quatre sur cinq des
délégués généraux ne provenaient pas du
ministère des Affaires internationales et étaient avant tout des
nominations politiques, soit des anciens ministres ou des amis du
régime. M. Dufour est un pas dans la bonne direction, mais je pense, M.
le ministre, que vous conviendrez avec moi que, si on veut véritablement
se doter non pas seulement d'un bel énoncé de principe sur papier
des relations internationales du Québec, il faut également se
doter des instruments et des ressources humaines pour les concrétiser.
Et je pense que l'occasion est bonne, à l'heure actuelle, compte tenu
des postes vacants qui s'annoncent non seulement au niveau des
délé- gués généraux mais au niveau
également des autres postes, de donner un signal clair et précis
à la fonction publique québécoise et en particulier
à la fonction publique du ministère des Affaires internationales
que, véritablement, nous sommes engagés dans la voie de
l'établissement de ce professionnalisme. Parce qu'il n'y a rien de plus
démotivant pour un professionnel de carrière, dans ce domaine
comme dans tout autre domaine, de ne pouvoir aspirer aux postes les plus
intéressants dans la carrière. Alors, c'est un point que je vous
recommanderais d'étudier et qui, personnellement, je puis vous le
déclarer, fart partie d'une des priorités de notre formation
politique.
Au niveau également des structures dont nous devons nous doter,
il y a le réseau. Tout a l'heure, le ministre a mentionné qu'au
niveau des échanges commerciaux, nous affichions un déficit
important dans le commerce avec l'Asie. C'est vrai, mais ça commence
à faire un bout de temps et ça commence à traîner
pas mal en longueur, la question de l'ouverture d'une délégation
du Québec à Séoul. On pourra y revenir un peu plus tard,
mais je note qu'il y a quelque temps, vous nous aviez indiqué que
l'ouverture de cette délégation ou que les ententes avec le
gouvernement fédéral étaient imminentes. Mais on n'a
toujours pas de délégation à Séoul. D'autre part,
nous n'avons pas non plus de délégation en Afrique du Nord, au
Maghreb, en particulier. En ce qui concerne l'Europe de l'Est, un premier pas a
été fait à Prague, mais je ne suis pas sûr que ce
soit exactement dans le sens d'une représentation gouvernementale telle
qu'on la conçoit traditionnellement.
Au niveau des négociations multilatérales, de nombreux
défis nous attendent. Les négociations du GATT ont quelque peu
échoué, l'automne dernier. Jusqu'à un certain point, on
peut s'en féliciter, parce que je ne suis pas sûr que ça
aurait été nécessairement dans la direction des
intérêts des producteurs agricoles du Québec, si les
propositions, telles que présentées par les États-Unis et
le gouvernement fédéral, avaient été
appliquées. Et dans ce sens, je pense qu'il est important que le
gouvernement du Québec s'assure non seulement d'une présence
constante comme observateur à ces négociations-là, mais
également d'une participation active aux négociations pour que
nos intérêts soient pris en considération. Et dans un
contexte qui nous touche de plus près, à mesure que les
discussions s'intensifient concernant l'élargissement du traité
de libre-échange au Mexique, il serait important pour le gouvernement du
Québec de faire connaître sa position, de participer à ces
négocia tions et surtout de saisir l'occasion de faire accepter par le
gouvernement fédéral certains programmes dont vous avez fait
mention, certains programmes d'adaptation de notre main-d'oeuvre, certains
programmes d'appui à nos entreprises
dans une période de transition - chose qui avait
été promise dans le contexte du débat sur le
libre-échange avec les États-Unis - qui n'ont pas
été concrétisés, ni par le fédéral,
ni par personne, mais qui pourraient peut-être être mis de l'avant
dans la conjoncture de l'ouverture du traité au Mexique.
Si je puis me permettre un commentaire un peu plus politique, M. le
ministre, je pense que même si les déclarations d'hier du
président du Mexique sur nos affaires internes me sont apparues quelque
peu déplacées, les propos que rapporte La Presse à
votre sujet, ce matin, c'est-à-dire que le message que vous avez
décodé, vous, des propos du président du Mexique, c'est
qu'il préfère négocier avec un Canada entier plutôt
que fragmenté, je pense que ce ne sont pas des commentaires à
alimenter positivement les négociations avec le Mexique. D'autant plus
que le premier ministre lui-même s'est contenté d'être
discret et n'a pas fait de commentaires sur ce sujet.
Nous aurons également l'occasion de faire le point sur la
coopération avec les pays de l'Est, principalement en regard du Centre
de commerce et de culture du Québec à Prague, mais
également sur nos relations avec la Roumanie qui, pour le Québec,
revêtent une importance particulière en raison des
affinités culturelles, en raison également de l'activité
de la communauté roumaine au Québec au cours des dernières
années, principalement pendant tout le contexte de bouleversement
politique qui s'est effectué dans ce pays.
Vous avez mentionné tout à l'heure l'importance de la
francophonie. Je conviens avec vous que c'est une dimension absolument
essentielle de nos relations. Cependant, vous me permettrez de revenir sur le
malheureux silence de votre gouvernement concernant la problématique du
transfert du sommet francophone de Kinshasa à Paris. Je sais que c'est
votre ministre délégué, M. Rivard, qui est responsable de
ce dossier, mais vous me permettrez de dire que j'ai trouvé plutôt
surprenant de lire dans la Gazette des déclarations de son
adjointe à l'effet que le gouvernement du Québec ou, tout du
moins, le ministre responsable de la Francophonie s'en remettait
entièrement entre les mains du gouvernement fédéral dans
cette question, alors que l'approche traditionnelle du Québec a toujours
été de faire valoir son point de vue. Ça ne veut pas dire
que ce point de vue a toujours été retenu, mais, au moins, le
gouvernement du Québec n'est jamais allé déclarer
ouvertement qu'il s'en lavait les mains et qu'il s'en remettait au gouvernement
fédéral pour établir une position dans un domaine aussi
vulnérable que celui-là. À ce niveau-là, je
comprends que, pour des raisons d'image, plusieurs gouvernements aient choisi
de sauter dans le bateau du respect des droits humains pour se donner bonne
presse, mais si on regarde les activités concrètes, entre autres,
les programmes qui sont même énumérés dans les
crédits à la coopération, le gouvernement canadien a quand
même engagé des crédits assez importants au niveau de la
coopération au Zaïre. Alors, il faudrait bien que l'on mette nos
actions là où est notre bouche, comme on dit en bon
français.
Également dans le contexte de la francophonie, étant
donné qu'un aspect important de cette francophonie c'est l'Afrique
francophone, je m'étonne que, depuis maintenant plus de 10 ans que la
question a été mise sur le tapis, le Québec n'ait pas
encore de délégation à Dakar. J'aurai l'occasion de
revenir sur cette question, parce que, lorsqu'on parle de francophonie, il
faudrait bien, à un moment donné, savoir où sont nos
barrières: est-ce le gouvernement fédéral qui nous
empêche d'établir des liens là où on voudrait les
établir, ou est-ce le gouvernement du Québec qui ne prend pas la
décision d'effectuer les investissements nécessaires et d'y
mettre les ressources humaines et matérielles qu'il faut pour lui donner
toute l'ampleur voulue?
Alors, M. le ministre, c'est en quelque sorte, de façon assez
schématique et assez rapide, l'ensemble des commentaires d'ouverture que
j'avais, et j'espère que, dans le contexte plus détaillé
de notre étude des crédits, vous pourrez répondre à
certaines questions beaucoup plus précises que j'aurai à vous
poser. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Bertrand, pour vos remarques préliminaires. M.
le ministre, désirez-vous réagir brièvement aux
commentaires du député, ou procéder à la
période de questions?
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Premièrement, je
voudrais remercier le député de Bertrand pour voir qu'au
départ, il est plutôt positif sur notre approche, mais qu'il nous
signale certaines lacunes que nous sommes prêts à discuter avec
lui. Brièvement, je voudrais juste faire le point sur certains des
sujets qu'il a soulevés. Premièrement, sur la politique
internationale et sur le comité consultatif. Premièrement, le
comité consultatif n'est pas le seul comité, ce ne sont pas les
seules personnes, les seuls gens que nous consultons sur cette politique. Il y
a des gens de tous les milieux que nous consultons. Je dirais même que,
jamais auparavant au Québec, il n'y a eu un lien entre les partenaires
publics et privés, le lien entre le ministère, le gouvernement et
ses partenaires. Je pense que c'est une première que nous avons faite
dans tous les domaines. Et quand il mentionne certaines lacunes en ce qui
concerne les conseils, les consultations, je peux vous dire que vous avez
oublié de mentionner qu'en termes de procédures ou de
consultants, des personnes comme Marcel Bergeron, comme M. Jean Chap-
delaine, qui viennent d'un milieu très... Ils connaissent le
milieu des affaires internationales et ils font partie de nos consultants. Et
le comité consultatif, ce n'est pas le mandat. On lui a donné un
mandat et le mandat n'était pas seulement de consulter sur la politique
interna tionale du ministère, mais il y avait un autre mandat un peu
plus restreint. Alors, je crois que c'est ne pas bien lire ou ne pas bien
interpréter le rôle du comité consultatif, le rôle
des autres intervenants, le rôle de tous les aspects, que ce soit
culturel, économique, universitaire, technologique, tout le reste. Tous
ces milieux, je peux vous l'assurer, sont consultés, et vous allez
pouvoir juger vous-même, quand on rendra publique notre politique des
affaires internatio nales.
En ce qui concerne les dépenses de fonctionnement, vous avez
mentionné le programme APEX. On peut aller en détail plus tard,
mais je peux vous dire seulement ceci, qu'il y a eu une maturité depuis
que le programme a été conçu et mis en application. Et
nous sommes en train de le réviser. Quand vous dites que les
dépenses sur APEX ont été réduites, on n'a
refusé aucune demande, et s'il y a moins de demandes, c'est que le
milieu, les entreprises ont moins besoin de ce programme. Et vous mentionniez
ce que le Parti québécois faisait, quand vous étiez au
pouvoir, en ce qui concerne le programme APEX et d'autres
éléments, bien je peux vous dire que ça fait quelque temps
que vous n'êtes plus au pouvoir. Et depuis ce temps, le monde a
évolué. Et cette évolution se traduit par des change ments
dans nos programmes On n'est pas figés en 1976 ou en 1981 Nous devons
répondre aux besoins du m/lieu. (10 h 30)
Et quand vous dites qu'il n'y a pas de suivi, je voudrais porter
à votre attention les suivis aux États-Unis, par exemple,
seulement en exemple. Premièrement, nous faisons les suivis non
seulement aux États-Unis, mais nous le faisons dans les missions que
nous avons entreprises en Europe de l'Est. Il y a des comités que nous
avons créés pour faire les suivis. Aux États-Unis, la
direction générale des États-Unis effectue
systématiquement un suivi trois mois après la participation des
entreprises à des activités commerciales en territoire
américain. Et c'est ça, le rôle des
délégations et du personnel des délégations,
entreprendre ce suivi, et il se fait.
Vous avez mentionné qu'il n'y a aucune disposition pour
moderniser les instruments de finance. Je crois que vous n'êtes pas au
courant de tout ce qui se fait, soit au ministère des Affaires
internationales. soit au ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie II y a des changements de programmes avec la SDI pour aider
à l'exportation, et nous sommes présentement en discussion pour
d'autres outils de financement pour aider nos exportateurs
québécois.
Les relations avec la France, je pense que ce n'est pas un nouvel essor
que nous "voulons" donner, c'est un nouvel essor que nous "avons" donné.
Et quand vous avez mentionné le nouveau délégué
général, M. Dufour, vous avez oublié de mentionner que
lui-même avait dit qu'il était étonné du grand
volume de dossiers, de l'augmentation des activités, des dossiers qui se
sont ouverts et qui se sont faits entre la France et le Québec depuis
son départ du ministère en 1976. Ça, c'est un autre
aspect; je pense que vous ne l'avez peut-être pas entendu, c'est pour
ça que vous ne l'avez pas mentionné, mais il l'a dit, et il l'a
dit clairement. Et, durant l'étude des crédits, nous allons
porter à votre attention toutes les activités, tous les
changements, tous les nouveaux dossiers, les investissements, le tourisme, les
relations commerciales, culturelles, entre le Québec et la France. Et je
sais que peut-être vous n'êtes pas au courant de toutes ces
activités, mais ça nous fera un grand plaisir de les discuter
avec vous.
Quand vous avez parlé de la diplomatie, de mettre...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, si vous
permettez, juste brièvement...
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...puisqu'on pourra revenir
à la période de questions, là.
M. Ciaccia: O.K. Je voulais juste faire le point sur ça.
On pourrait aller dans le détail des nominations. Votre diplomatie,
quand vous parlez de gens du ministère qui devraient être des gens
de carrière, vous aviez nommé dans votre cas Yves Michaud, Louise
Beaudoin, Jean Morin, Jocelyne Ouellette. Ça faisait partie de la
nouvelle diplomatie du Québec. Je pourrais vous faire la liste de tous
les gens, à l'intérieur du ministère, qui font
carrière. Nous avons même créé un corps d'emploi de
conseiller en affaires internationales, et l'objectif, c'est de promouvoir,
d'offrir et de s'assurer qu'une carrière en affaires internationales
puisse se faire à l'intérieur du ministère, afin
d'améliorer notre expertise.
C'est vrai que ça prend beaucoup de temps, vous avez
soulevé beaucoup de points. Sur Séoul, sans faire d'annonce
aujourd'hui, je peux vous dire qu'on va être en mesure de satisfaire les
questions que vous avez soulevées en ce qui concerne notre
présence. Sur le GATT, il y a des mécanismes qui nous permettent
de protéger complètement et entièrement les
intérêts du Québec, et lus positions - et ça, c'est
important qui ont été mises de l'avant par le gouvernement
fédéral ont été des positions
développées entre le Québec et le gouvernement
fédéral, et à la satisfaction de nos
intérêts.
En ce qui me concerne, vous me permettrez deux ou trois autres minutes,
M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): C'est parce qu'on m'indique
qu'ils ont des questions sur tous ces sujets-là. Ça fait qu'on
pourrait y revenir pendant la période des questions.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Peut-être un dernier
point, là, puis ensuite de ça, on procédera à la
période de questions.
M. Ciaccia: Un dernier point sur la visite du président du
Mexique, M. Salinas de Gortari. Je crois que les propos qui ont
été tenus... On n'a rien à se reprocher de la
réaction que nous avons eue, et je peux vous dire qu'en réunion
privée avec le président, il a convenu de déterminer des
secteurs d'intérêt entre le Québec et le Mexique et le
pouvoir de nous donner un échéancier pour mieux poursuivre des
projets dans des secteurs d'intérêt au Québec. Je crois que
la visite du président, avec à peu près 70 hommes
d'affaires du Mexique, a été très fructueuse et va nous
permettre d'accroître nos relations commerciales et culturelles avec ce
pays.
Je veux souhaiter la bienvenue à l'ex-critique des Affaires
internationales, M. Brassard, le député de Lac-Saint-Jean. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Juste
avant d'aborder les différents éléments du programme 1,
j'aimerais accepter le dépôt, comme président, de la liste
des fonctionnaires à l'étranger. Alors, Mme la secrétaire,
si vous voulez bien distribuer cette liste à tous les membres de la
commission, ensuite, je me permettrai... Maintenant, au préalable,
est-ce que vous désirez aborder élément par
élément, ou voir l'ensemble des différents
éléments du programme?
M. Beaulne: Peut-être élément par
élément.
Promotion et développement des affaires
internationales
Le Président (M. Dauphin): Élément par
élément. Alors, j'appelle l'élément 1 du programme
1, évidemment, et je vais reconnaître, pour débuter, le
porte-parole de l'Opposition, M. le député de Bertrand.
Direction et soutien administratif
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Au niveau de
l'énoncé de politique générale, êtes-vous en
mesure de nous dire si vous allez déposer cet énoncé avant
l'ajournement de la session au mois de juin?
Énoncé de politique sur les affaires
internationales
M. Ciaccia: Je préfère ne pas donner
d'échéancier exact, parce que nous continuons nos consultations.
Nous voulons nous assurer que tous les éléments d'une politique
soient compris, soient bien étudiés, que ce soit complet,
com-préhensif. Je crois que c'est plus important pour nous de nous
assurer que nous avons une politique qui va pouvoir répondre vraiment
aux besoins du Québec que de dire: C'est important que ce soit
déposé au mois de mai ou au mois de juin. Si ça ne se fait
pas au mois de mai ou au mois de juin, certainement ça va aller au
début de l'automne. Alors, la seule chose que je peux vous assurer,
c'est que nous consultons tous les milieux intéressés, les
milieux importants, et aussitôt que nous aurons complété
toutes nos consultations, nous rendrons publique cette politique.
M. Beaulne: Je comprends votre point de vue, mais il reste que
vous aviez promis cet énoncé de politique depuis maintenant un
bon bout de temps, et vous dites que vous êtes en train de
procéder à des consultations. J'ai mentionné les lacunes
du fameux comité consultatif, et vous avez indiqué
également, dans votre énoncé en préambule qu'il y
avait d'autres mécanismes de consultation qui existaient. J'aimerais
bien savoir quels sont ces mécanismes formels de consultation et,
d'autre part, si vous entendez procéder à une consultation
publique sur cette question en commission parlementaire.
M. Ciaccia: Premièrement, vous vous référez
toujours à des engagements que j'ai pris pour rendre publique la
nouvelle politique des affaires internationales. C'étaient des objectifs
que nous avions en termes de temps, mais ce n'était pas coulé
dans le ciment. Je pense que vous allez admettre avec moi que l'important, ce
n'est pas nécessairement la date, mais le contenu. Alors, si ça
prend un peu plus de temps, je pense qu'on est plus intéressés
à s'assurer que le contenu répond adéquatement à
nos besoins.
En ce qui concerne le comité consultatif, je pense que j'ai
mentionné déjà que vous... Je ne pense pas que vous
interprétiez correctement le mandat du comité consultatif. Je
n'ai pas créé un comité consultatif pour la politique des
affaires internationales, pas du tout. Le comité consultatif a tout
à fait un autre mandat sur les actions du ministère, sur les
aspects économiques, sur les aspects universitaires, et sur les aspects
culturels aussi. Alors, ça inclut plusieurs intervenants mais ça
n'inclut pas tous les intervenants ni tous ceux que nous consultons et que nous
allons encore consulter sur la politique des affaires internationales. Je pense
que je
voudrais que ce point soit clair pour que vous ne pensiez pas que c'est
seulement le comité consultatif qui nous donne des réactions, des
avis ou des recommandations sur notre politique. Il y a beaucoup d'autres
secteurs, d'autres intervenants, d'autres milieux qui nous font leurs
suggestions.
Maintenant, est-ce que nous allons avoir des consultations publiques?
Une fois que la politique sera complétée et que nous aurons un
document, il va falloir que cette politique soit acceptée par le
gouvernement, au Conseil des ministres, et la décision... Nous allons
voir, à ce moment-là, s'il y a d'autres mesures que nous devrions
prendre.
M. Beaulne: L'an dernier, vous vous étiez quand même
engagé à mettre sur pied une consultation publique par la voie de
la commission parlementaire, un peu comme vous l'aviez fait dans le domaine de
l'énergie lorsque vous étiez responsable de ce dossier-là.
D'ailleurs, je peux même vous citer le relevé officiel, le
Journal des débats du 23 mai 1990, où vous disiez: En
termes de consultation, je pense que je vais faire la même chose que j'ai
fait avec la politique énergétique. On l'a préparée
en consultation avec les différents milieux, j'ai l'intention de faire
la même chose avec la politique internationale, consulter les
différents milieux, la soumettre au gouvernement et, après
ça, la rendre publique et voir les réactions. Alors, tout ce que
je vous demande, c'est si oui ou non vous avez l'intention de procéder
de la même façon pour les questions internationales et une
idée un peu plus précise de l'échéancier que vous
avez en tête, étant donné que vous aviez
déjà, l'an passé, indiqué un certain
échéancier, je pense qu'au niveau des grands principes, on
s'entend. On s'entend sur le besoin, sur l'importance d'avoir un
énoncé de politique général, surtout dans le
contexte actuel. Mais vous comprendrez qu'il est important, pas seulement pour
l'Opposi tion mais pour I ensemble du public qui s'intéresse à
ces questions-là et aux principaux intervenants, d'avoir une idée
de l'échéancier que vous avez en tête là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
M. Ciaccia: Bien, je suis heureux que vous voyiez l'importance de
la politique des affaires internationales pour le Québec, mais je
voudrais vous faire deux points. Premièrement, je n'ai jamais pris
d'engagement formel en ce qui concerne une date. C'était un souhait,
c'était l'évaluation que j'avais faite à ce moment de la
possibilité d un échéancier, mais maintenant, ça a
été révisé, premièrement.
Deuxièmement, je fais exactement ce que vous venez de citer sur la
politique énergétique. On consulte les différents milieux,
je procède exactement de la même façon, il n'y a aucun
changement. Alors, quand la politique sera complétée - elle est
en cours - je vais la soumettre au gouvernement et c'est à ce
moment-là qu'on la rendra publique.
M. Beaulne: Allez-vous la soumettre à une commission
parlementaire comme la politique énergétique?
M. Ciaccia: Non, la politique de l'énergie n'a pas
été soumise à une commission parlementaire, je regrette.
J'ai l'intention de suivre les mêmes modalités, le même
cheminement, la même procédure, les mêmes consultations, en
principe, que j'ai faits avec l'autre politique, et c'est ça que je fais
présentement.
M. Beaulne: Vous savez, ça demeure quand même assez
flou parce que je vous rappellerai qu'en 1985, notre formation politique avait
quand même fait quelque chose de concret au niveau de la consultation,
puisque nous avions tenu le sommet qui s'appelait "Québec dans le
monde". Je dois avouer, M. le ministre, que vos réponses sont
plutôt floues non seulement au niveau de l'échéancier mais
au niveau de la consultation. Vous dites que le comité consultatif qui a
été mis sur pied et qui est fortement biaisé du
côté de la représentation strictement commerciale est
simplement un aspect, mais quels sont les autres aspects? Quels sont les
mécanismes de consultation formels? Est-ce que vous appelez comme
ça, au petit bonheur, n'importe qui qui vous passe par la
tête?
M. Ciaccia: Écoutez, la formule que vous aviez du sommet,
c'est de grandes paroles qui n'aboutissaient pas à des actions
concrètes. J'ai choisi de ne pas utiliser cette formule. La formule que
j'ai choisie, c'est la formule qui est assez exigeante parce que la
réaction des différents milieux qui sont très
impliqués, la réaction de ceux qui sont impliqués dans la
préparation de la politique, ils trouvent que la formule et les travaux
sont exigeants. Je crois que vous allez être en mesure de porter un
jugement sur la politique quand elle sera rendue publique. Si vous faites
référence à votre formation politique et à ses
actions du passé, j'espère que... Oui, il y avait toute la
chicane entre les Relations internationales, le Commerce extérieur, et
tout le reste, qui a fait du tort à l'extérieur du Québec.
Ça ne nous aidait pas cette chicane, cette division. Mais, je ne veux
pas revenir sur le passé Je veux juste porter ça à votre.
Parce que, continuellement, vous revenez sur les actions de l'ancien
gouvernement mais j'espère - si vous vous référez à
vos actions que la critique que vous allez faire et les commentaires que vous
allez porter sur notre politique des affaires internationales ne seront pas de
la même nature que les commentaires qui ont été
portés sur la politique énergétique par votre formation
politique. Ils se sont limités à
critiquer la couleur du livre, que c'était bleu, blanc, rouge,
que c'était blanc, puis que c'étaient plutôt des couleurs
qui n'étaient pas propices à une politique
énergétique. J'espère que, quand vous allez l'avoir, vous
allez passer à côté de la forme du livre et que vous allez
vous en tenir à la substance. La seule chose que je peux vous dire,
c'est qu'on peut en parler les prochaines deux heures et demie, si vous voulez.
Que la politique ne soit pas rendue publique, ce n'est pas ça qui va
accélérer les travaux, ce n'est pas ça qui va me porter
à vous dire: Oui, elle va être rendue publique à une telle
date. Elle sera rendue publique quand elle sera prête, pas avant ni plus
tard que ça.
Le Président (M. Dauphin): Vous permettez, M. le
député. Sur le même sujet, M. le député
d'Iberville, puis je reviendrai avec vous après.
Europe de l'Est
M. Lafrance: Oui, merci, M. le Président. Toujours sur
cette question d'échéancier et d'énoncé de notre
politique extérieure, j'assume que votre ministère a dû
être influencé par la situation des pays de l'Est et
évidemment, l'écroulement du mur de Berlin et tout ce qui s'est
ensuivi. C'était absolument, je pense, imprévisible sur la
scène internationale. J'ai remarqué d'ailleurs dans vos propos
d'ouverture que vous aviez mentionné que votre ministère avait
été très actif du côté, je pense, de la
Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Pologne. Est-ce que vous
pourriez nous préciser les intentions du ministère à
l'égard de l'ouverture vers ces nouveaux marchés?
M. Ciaccia: Premièrement, nous avons été le
gouvernement qui a réagi le plus vite quand les événements
d'Europe de l'Est sont survenus. Nous avons immédiatement pris contact
et signé des ententes avec le gouvernement de la Tchécoslovaquie,
avec le gouvernement de la Hongrie. Pour des raisons internes en Pologne, on
n'a pas pu faire cette entente avant le mois dernier, mais notre
intérêt était là. (10 h 45)
Et l'approche que nous avions, c'est qu'il y a deux
éléments. Il y a l'élément d'ouverture de nouveaux
marchés pour les entreprises québécoises, mais il y a
aussi l'aspect de transition, la responsabilité que nous avons comme
gouvernement d'aider d'autres pays et spécialement ces pays en Europe de
l'Est, pour aider leurs institutions démocratiques par nos actions.
Quand on parle d'une politique des affaires internationales, c'est clair qu'il
y a beaucoup de changements et que nous devons prendre en considération
ces changements. Ça peut être une des raisons. En prenant en
considération tous les changements qui se produisent, il faut faire des
révisions, des changements, mais je peux vous assurer que le personnel
du ministère qui travaille à cette politique le fait avec un
dévouement que j'ai rarement vu.
Les contacts avec les communautés culturelles deviennent un
élément absolument essentiel et très important parce que
ce sont ces communautés, par exemple, qui sont venues ici en 1956
après les événements de Hongrie, qui sont venues ici
après le printemps de Prague et après tout ce qui s'est produit
en Pologne. Alors, nous travaillons en étroite collaboration avec eux
aussi. Ces gens font partie des personnes et des groupes que nous consultons
pour finaliser, pour préparer notre politique. Nous avons aussi une
entente avec la République fédérative de Russie. Mais vous
voyez, dans le dernier mois, il y a quelques semaines, les changements qui se
produisent dans ce coin du monde. Alors, nous devons être
présents, nous devons être actifs, nous devons nous assurer que ce
ne sont pas seulement des mesures à court terme pour ces pays. Nous
devons assurer la présence québécoise à moyen et
à long terme. Pour ce faire, nous devons être actifs maintenant,
et c'est ça que nous avons fait avec nos missions, avec notre
présence, avec les ententes que nous avons signées avec ces
différents pays.
M. Lafrance: En Tchécoslovaquie là, est-ce qu'on a
un pied-à-terre dans le moment? Est-ce qu'on a des représentants
officiels? Qu'est-ce qui a été signé exactement?
M. Ciaccia: En Tchécoslovaquie, nous avons choisi
d'innover avec un nouveau concept: le concept d'un bureau de commerce et de
culture. Nous avons eu des demandes de la part de différents secteurs au
Québec pour avoir une présence eux-mêmes, suite à
l'entente qui avait été signée entre M. Calfa et le
premier ministre Bourassa. Il faut évaluer la situation dans chaque
pays. La situation en Europe de l'Est est complètement différente
en termes de relations avec les gouvernements, en termes du rôle du
gouvernement, en termes... Le secteur privé est en train de se former,
en termes de privatisation. La situation en Europe de l'Est est totalement
différente de celle de l'Europe ou d'autres pays du monde. Alors, on a
trouvé cette formule. Pourquoi cette formule? Pour assurer,
premièrement, une présence québécoise. Ça
c'était important. Deuxièmement, pour donner les services que les
intervenants du Québec demandaient, que ce soit au niveau universitaire,
que ce soit au niveau culturel, parce qu'il y a des échanges culturels.
Si je peux porter à votre attention le film qui a été fait
sur la vie de Vaclav Havel, c'est SOGIC qui a participé à la
production de ce film suite à la mission que nous avions faite. Alors,
notre présence... Je regrette, c'est le rôle de l'Opposition de
toujours trouver, de critiquer et de faire ressortir les aspects moins
positifs, mais notre approche n'est
pas strictement économique. Nous réalisons l'aspect
culturel qui a des retombées, qui a un lien entre la culture et
l'économie. Vous ne pouvez pas seulement dire: On va faire des relations
économiques avec tel, tel pays. Il faut connaître le pays, il faut
qu'il nous connaisse. Pour nous connaître, pour les connaître, il
faut avoir ces échanges culturels, que ce soit au niveau d'un film de
Vaclav Havel, que ce soit au niveau de la promotion de nos artistes, la
présence de nos artistes, c'est nécessaire. Mais on ne pouvait
pas réagir à Prague de la même façon que nous
réagissons à Paris, à Rome, à Dùsseldorf
avec une délégation. Ce n'était pas ça le besoin.
Le besoin c'était de créer la présence, d'avoir la
présence parce que c'était important d'avoir la présence
des firmes, des sociétés, des intervenants
québécois à tous les niveaux. Alors, nous nous sommes
adaptés aux nouveaux besoins et nous avons conçu cette nouvelle
formule: Centre de commerce et de la culture du Québec à Prague.
Les infrastructures, c'est le gouvernement du Québec qui les a
financées. Nous avons formé un comité, un conseil
d'affaires tchèque et Québec... et de l'autre côté,
le ministre Vladimir Dlouhy a fait la même chose. Alors, nous avons le
suivi au niveau gouvernemental et au niveau des entreprises qui sont
présentes. Pour encourager d'autres entreprises, nous avons la
présence de la communauté tchèque et slovaque de
Montréal et nous avons l'engagement et le suivi du gouvernement de la
République de Tchécoslovaquie.
M. Lafrance: Est-ce que je me trompe, M. le ministre, en disant
que c'est le Québec, dans les années cinquante ou soixante -
quand il y a eu des troubles dans ces pays-là, en Hongrie et en Pologne
- qui, à l'époque, a accueilli le plus d'immigrants venant de ces
pays, premièrement? Est-ce qu'on met, justement, à profit la
richesse culturelle et le fait qu'il y a des enfants de ces
immigrés-là qui sont évidemment des
Québécois très actifs aujourd'hui?
M. Ciaccia: Vous avez entièrement raison, c'est une des
premières choses que j'ai faites. Ces gens sont venus au Québec
en 1956. Nous avons des communautés culturelles très actives,
très dynamiques de ces pays. Avant de me rendre dans ces pays, je les ai
rencontrées, parce que je comprends le désir des
communautés culturelles du Québec de participer aux
activités québécoises et d'appuyer les activités de
notre société. Elles veulent participer, elles cherchent
seulement l'occasion, et des fois on oublie qu'elles sont présentes et
on oublie de les impliquer. Mais dans ce cas-ci, on ne les a pas
oubliées. On les a rencontrées non seulement avant d'y aller,
mais après que j'y suis retourné et qu'on a eu d'autres
rencontres. Plusieurs des membres de ces communautés sont venus avec
nous, étaient présents dans les missions Ces gens-là qui
avaient créé des entreprises ici sont prêts - parce qu'ils
connaissent leur pays - à faire des partenariats, à augmenter et
à accroître la présence québécoise et celle
des entreprises du Québec dans ces pays. Je l'ai fait pour la Hongrie,
la Tchécoslovaquie, la Pologne, l'Asie. C'est un engagement que je me
suis donné: avant d'aller dans les pays où nous avons une
présence, où nous voulons faire des échanges commerciaux,
culturels, réellement du Québec, rencontrer les
communautés culturelles ici, avoir leur avis, leurs recommandations,
leur participation, et jusqu'à date, la réaction a
été très positive.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, M. le Président. J'ai une simple
remarque à propos de l'énoncé de politique dont la
gestation semble tellement pénible et l'accouchement on ne peut plus
difficile. Je voudrais dire au ministre qu'à force de repousser
l'échéance, il court le risque de se retrouver dans la situation
où on s'est retrouvés, c'est-à-dire de rendre public son
énoncé de politique juste avant de quitter le pouvoir. À
ce moment-là, il va devenir caduc parce qu'il faudra se mettre à
la tâche pour bâtir la politique internationale d'un Québec
souverain. Alors, si vous voulez commencer à l'appliquer un peu,
dépêchez-vous.
Le Président (M. Dauphin): M le ministre.
M. Ciaccia: On me dit de vous remercier pour le conseil, mais je
vais me passer de commentaires sur cet aspect-là...
M. Brassard: C'est arrivé.
M. Ciaccia: ...sauf pour vous dire que, premièrement, la
gestation n'est pas pénible, M. le député de
Lac-Saint-Jean. On a beaucoup de plaisir et beaucoup d'intérêt. On
nous dit: Bien, c'est la première fois. Est-ce que vous, comme
gouvernement avant, vous aviez fait une politique des affaires internationales?
Non.
Une voix: Non
M. Ciaccia: Oui, vous en aviez fait une? M. Brassard: Un
énoncé, bien oui M. Ciaccia: Un énoncé.
M. Brassard: Mais c'est ça que je vous dis. C'est qu'on
l'a rendu public et on n'a pas eu le temps de l'appliquer parce qu'on s'est
fait battre aux élections. Alors, si vous continuez de retarder c'est ce
qui va vous arriver.
M. Ciaccia: Oui, mais ce n'est pas une politique. Aïe! un
instant! Faisons la distinction entre une politique et un programme politique,
un programme électoral.
M. Brassard: Non, un énoncé de politique.
M. Ciaccia: Dans le milieu de la campagne électorale, vous
êtes sortis avec des énoncés.
M. Brassard: Non, non.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que je vais faire. Ne vous
inquiétez pas. La politique va sortir beaucoup avant
l'échéance des prochaines élections.
M. Brassard: Ne confondons pas là... (11 heures)
M. Ciaccia: Ne vous inquiétez pas de ça. Ce n'est
pas ça que j'ai fait avec la politique énergétique. Votre
collègue se réfère constamment à la politique
énergétique. On l'a rendue publique à une période
où on a pu la mettre en application, où on a pu avoir une
réaction du milieu intéressé. Nous allons faire la
même chose avec la politique des affaires internationales. Ne vous
inquiétez pas.
M. Brassard: Non, mais c'est parce que je veux rétablir
les faits, M. le Président, rétablir les faits. Ce dont je parle,
il ne s'agit pas d'engagements électoraux, ni de programme de parti,
là, il s'agit de l'énoncé de politique qui avait
été rendu public par le ministère des Affaires
internationales à la suite, justement, d'une large consultation et du
sommet de tous les intervenants qui s'était tenu en juin 1985. Alors, je
ne parle pas de programme électoral. Je vous parle d'un
énoncé de politique qui avait été rendu public,
mais très tard en 1985, et comme on le sait, en décembre 1985, on
s'est fait remercier par la population. Alors, si vous ne vous grouillez pas,
c'est ça qui va vous arriver.
M. Ciaccia: Ah! Inquiétez-vous pas pour nous, on n'est pas
dans la même situation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Pour vous, l'écriture était sur le mur
au mois de juin 1985.
M. Brassard: Votre aveuglement me comble d'aise.
M. Ciaccia: L'écriture n'est pas sur le mur. En tous les
cas, si c'est une date que vous cherchez, je ne vous en donnerai pas une.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez...
M. Ciaccia: Si c'est un engagement formel, vous ne l'aurez pas,
excepté que nous allons travailler avec diligence.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Je vais maintenant
reconnaître le député d'Anjou.
M. Larouche: Alors, je vais ajouter mes félicitations
à celles de l'Opposition. Est-ce que je peux me référer
à certaines questions dans les cahiers relatifs aux réponses aux
demandes de renseignements généraux adressées par
l'Opposition.
Le Président (M. Dauphin): ...tantôt, malgré
qu'on ait débordé sur d'autres éléments.
Programme APEX et missions ACTIM
M. Larouche: C'est seulement dans le détail. Quand vous
prenez l'élément 1, vous allez au niveau des chiffres et
là, ça serait simplement quelques renseignements. Dans le cahier
2, le tome 2 de ces questions, je vois la liste des dossiers APEX. Est-ce qu'il
y a une connection quelconque au niveau de certains comtés, je pose la
question comme ça là. Si je regarde au niveau d'Anjou, par
exemple, il y a trois dossiers, ou quatre: les portes Premdor, Meubles
Déco, Eco équipement. En fin de compte, il y a trois dossiers. On
a un parc industriel quand même assez dynamique. Si je regarde le
comté de Saint-Louis, le comté de Saint-Louis c'est le
centre-ville de Montréal, vous avez une foule de dossiers. Je ne suis
pas jaloux, remarquez là, je veux dire, on est tous au Québec,
ça profite à tout le monde, mais je voudrais juste voir est-ce
que il y a ...
M. Ciaccia: II n'y a aucune relation entre le programme APEX et
le comté.
M. Larouche: Ça va à la demande?
M. Ciaccia: Ça va à la demande. Naturellement, si
le centre d'affaires dans le milieu de Montréal suscite plus de demandes
parce que les hommes d'affaires sont là, on ne refuse pas des
programmes. Je pense qu'on n'en a pas refusés dans la dernière
année fiscale.
M. Larouche: Dans le même ordre d'idée, pour ce type
de dossiers, c'est que je suis surpris, moi, de voir le peu de
déboursés. En date du 19 mars 1991, il y a beaucoup d'entreprises
dont le dossier est en marche, mais il n'y a rien, il n'y a pas de
déboursés.
M. Ciaccia: Excusez, là, à quelle page?
M. Larouche: Si vous prenez l'ensemble du dossier APEX, vous avez
des chiffres, je trouve qu'il y en a beaucoup. Par exemple, si je prends
la page 23, il y a 121670 Canada, c'est Mex Systems, dans le
comté de Sainte-Anne. Il n'y a rien là, il n'y a rien de
payé.
M. Ciaccia: Alors, peut-être que je pourrais demander
à mon sous-ministre, M. Caron, de donner l'information additionnelle
M. Caron (Renaud): II y a deux explications, soit que les
chèques n'ont pas été émis ou que le dossier n'est
pas rendu a l'étape du paiement. Mais, il n'y a pas de problème.
L'argent est engagé, à partir du moment où on accepte une
demande, l'argent est engagé et est versé à partir du
moment où les conditions sont remplies.
Soit dit en passant, même si le nombre d'entreprises qui ont fait
des demandes a diminué, le nombre de dossiers qui ont fait l'objet
d'acceptation depuis 1986 a augmenté.
Pour l'Opposition, il y a peut-être une petite confusion dans un
des documents qu'on vous a donnés. Le budget qui est indiqué ne
comprend pas le programme APEX EMPLOI d'un budget de 2 350 000 $. Donc, c'est
peut-être une des raisons qui explique, dans un des tableaux. Il
apparaît dans un autre tableau, mais dans le tableau résumé
ici, à la question T. 2... On va vous donner une copie corrigée.
Je pense qu'il y a une petite confusion par rapport à la remarque. Vous
avez indiqué tout à l'heure que le budget avait diminué
alors qu'il n'a pas diminué.
Le Président (M. Dauphin): M.le
député d'Anjou.
M. Larouche: Dans la section 6, les missions ACTIM, missions
françaises et missions québécoises, je trouve que
ça ne coûte pas cher une mission: 1175 $, 1938 $... Qu'est-ce
qu'ils font? Qu'est-ce que c'est qu'une mission ACTIM? Est-ce que c'est un
cocktail? C'est quoi?
M. Ciaccia: Non, non..
M. Larouche: Parce qu'on ne va pas loin aujourd'hui avec...
M. Ciaccia: C'est plutôt une preuve de
sobriété.
M. Caron: C'est au niveau des entreprises. Nous, on paie les
dépenses locales et la France paie les titres. Il y a un partage des
frais là-dedans. C'est une des raisons pour lesquelles ça vous
semble... Mais effectivement, l'objectif n'est pas de...
M. Ciaccia: Ce sont des entreprises qui viennent au
Québec.
M. Caron: Ce sont des entreprises qui viennent, ou celles de
Québec qui y vont. Donc, on partage les coûts
là-dedans.
M. Larouche: Pourquoi n'a-t-on pas le nom de la mission?
M. Caron: La mission, on peut... On les a ici. On ne l'avait pas
donné?
M. Larouche: Est-ce que je pourrais avoir la liste des missions
françaises et québécoises? Il y a eu 25 missions
françaises...
M. Caron: Le problème c'est que dans certains cas, il
semble que c'est confidentiel.
M. Larouche: Ils sont venus faire quelque chose ici.
Voyez-vous...
M. Caron: Si des entreprises viennent pour un investissement qui
est en cours de discussion actuellement, ils ne veulent pas qu'on le mette sur
la table.
M. Larouche: Alors, l'entreprise garde ça pour elle.
M. Caron: S'il y en a qui sont publiques, on serait bien
disposés à vous les donner.
M. Larouche: Si c'était une entreprise fictive.
M. Caron: II n'y a aucun problème là-dessus. Je
pense qu'on n'a pas hésité à donner les informations qui
étaient publiques.
M. Ciaccia: Quand les entreprises, pour des raisons de
confidentialité, nous demandent de ne pas rendre certaines choses
publiques, je crois que c'est de notre devoir, si elles jugent que pour des
raisons de confidentialité, pour mieux poursuivre leurs
activités, question de compétitivité, de concurrence,
alors on respecte...
M. Caron: Souvent ça implique...
M. Larouche: Mais d'autre part, elles bénéficient
des fonds publics. Bénéficiant des fonds publics, je pense qu'une
entreprise qui reçoit, par exemple, 2 493, 17 $, vient chercher de
l'argent de l'Etat, elle prend le risque qu'on sache quelle entreprise c'est.
Surtout, que c'est sur le passé.
M. Caron: Pour le bénéfice de M. le
député, de l'Opposition et des membres de la commission, on va
regarder la liste. S'il y en a qu'on doit retirer, on va les retirer. Mais
c'est indiqué.
M. Larouche: Si le "deal" est fait.
M. Caron: Oui, c'est ça, pas de problème.
M. Larouche: D'autre part, pour les missions françaises -
et c'est ma dernière question - je
regarde les noms, je suis en train de me demander si ce n'est pas...
L'Orgueilleuse, la Coquille, la Trappe, Rillieux-la-Pape, est-ce que ce sont de
vrais noms, ou...? En France, vous êtes allés là?
M. Caron: Oui. Ce n'est pas des noms fictifs, certains.
M. Larouche: Des noms de théâtre ou...
M. Caron: On se permet certaines choses, mais il y a une
limite.
M. Larouche: Alors, ce sont de vrais noms. Je n'ai pas
fréquenté beaucoup la campagne française, je suis en train
de me demander si ça existe vraiment. Alors, vous me confirmez...
M. Caron: Vous vous appelez bien Ciaccia, vous, il y a des
Français qui trouvent que votre nom est bizarre aussi.
M. Ciaccia: Je reçois les mêmes questions des fois
sur mon nom.
M. Larouche: Ça peut être dangereux pour vous, par
exemple.
Une voix: Ce ne seraient pas des missions de renseignements, par
hasard, ce sont des noms de code?
M. Larouche: Alors, ça répond à mes
questions, si vous me donnez...
M. Caron: Effectivement, M. Veinard ça existe, M. Bateau,
malheureusement ce sont les gens avec lesquels... Il y a également un M.
Mercier aussi, donc ce n'est pas...
M. Larouche: Si je pouvais avoir la liste de ça, je serais
satisfait.
M. Ciaccia: ...un local.
M. Larouche: M. Caron?
M. Caron: Oui.
M. Larouche: Si je pouvais avoir la liste...
M. Caron: Oui. Il n'y a aucun problème.
M. Larouche: ...des deux missions, françaises et
québécoises.
M. Caron: Et québécoises et françaises,
oui.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député d'Anjou.
M. Larouche: Oui, merci.
Le Président (M. Dauphin): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Pour conclure sur la
question de l'énoncé de politique générale, tout ce
que je peux dire c'est qu'aussi bien sur le plan personnel que sur le plan des
priorités administratives, dans l'entreprise privée qu'au
gouvernement, lorsqu'on accorde une priorité à quelque chose, on
s'organise pour l'obtenir et pour y parvenir. Dans ce sens-ià, le
principe fondamental de toute bonne gestion qu'on apprend dès les cours
d'introduction en administration, c'est de se fixer des
échéanciers. Alors, tout ce que je peux retenir de votre refus de
nous donner une idée précise de l'échéancier, c'est
que vous considérez qu'un énoncé général de
politique internationale est quelque chose d'important pour le Québec,
d'intéressant pour le Québec, mais que ça ne fait pas
nécessairement l'objet de la priorité de votre
ministère?
M. Ciaccia: Un instant! Absolument pas, c'est la priorité
que nous avons.
M. Beaulne: Eh bien, donnez-nous un échéancier.
N'importe qui qui va à l'école d'administration l'apprend.
M. Ciaccia: Oui, nous en avons un échéancier. C'est
un échéancier interne.
M. Beaulne: Eh bien, dites-le.
M. Ciaccia: Non, je ne veux pas vous le donner.
M. Beaulne: Ah! Alors pourquoi?
M. Ciaccia: Parce que...
M. Beaulne: En vertu de quoi?
M. Ciaccia: ...si pour une raison ou une autre, je suis
obligé de faire des modifications, encore une fois, vous allez venir en
commission: Le ministre a dit qu'au mois de mai il était pour faire
ceci, regardez, on est le 1er mai, regardez, on est arrivés au 24 mai,
puis ce n'est pas encore fait.
M. Beaulne: Écoutez...
M. Ciaccia: Je veux m'éviter des débats
stériles comme le présent débat là.
M. Beaulne: Je ne pense pas que ce soit stérile.
M. Ciaccia: On a un échéancier.
M. Beaulne: Je ne pense pas que ce soit un débat
stérile, M. le ministre.
M. Ciaccia: Les gens qui travaillent sur ce dossier le
connaissent l'échéancier, et ils le respectent.
M. Beaulne: Je pense que vous conviendrez avec moi, aussi bien au
niveau de la politique internationale du Canada que de celle du Québec,
il existe quand même un certain consensus de base. Lorsque le
gouvernement fédéral a proposé des énoncés
de politique internationale, ça s'est fait de façon très
civilisée et, de toute façon, ça rejoint un certain
consensus de la part de la population. Donc, il n'est pas question, comme
Opposition, de revenir sur des dates et de vous en tenir rigueur pour des
questions strictement techniques. D'autre part - mon dernier commentaire sur le
sujet - vous savez aussi bien que moi que la scène internationale a
comme carac téristique principale d'être en mouvement constant. Ce
n'est pas une scène fixe. Alors si on prend ça pour acquis, il va
toujours y avoir des changements. Il va y avoir des changements de plus en plus
précipités. Donc, ce n'est pas une excuse pour retarder
l'application et la produc tion d'un énoncé de principe.
Ma dernière question là-dessus: Est-ce que, oui ou non,
vous avez l'intention, quelle que soit la date, puisque vous ne voulez pas nous
dire la date, de soumettre cette politique-là en commission
parlementaire?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Premièrement, sur les commentaires que vous
avez faits en ce qui concerne la politique fédérale. À ma
connaissance, je ne suis pas au courant de ce qui s'est produit pour la rendre
publique, mais je ne crois pas qu'on ait rendu publics des
échéanciers, puis tout le reste De toute façon, c'est leur
problème, pas le mien. Moi, je dois évaluer la situation telle
qu'elle existe ici, les recommandations que nous font tous les intervenants.
Mais d'un point de vue positif, je vais essayer d'être assez positif avec
vous. Nous réalisons l'importance d'une politique des affaires
internationales. Nous réalisons que ce n'est pas en fin de mandat que
nous devrions rendre publique une telle politique, et ce n'est pas mon
intention de le faire. Mais je crois honnêtement et raisonnablement
qu'après seulement un an et demi d'existence, étant donné
le mandat qui m'a été confié par le premier ministre, je
ne crois pas que vous puissiez vraiment me faire des reproches parce que je
n'ai pas une politique que je pourrais rendre publique aujourd'hui. Si je vous
disais que ce n'est pas une priorité, si je vous disais que je n'ai pas
l'intention de la rendre publique prochainement, si j'essayais d'en diminuer
l'importance, si je ne vous disais pas qu'on est en consultation avec les
différents milieux, peut être que vous pourriez nous faire des
reproches, mais je crois que nous démontrons une bonne foi Les fonction
naires du ministère travaillent avec acharnement à cette
politique, les milieux concernés, parce que c'est assez
compliqué, c'est assez complexe, et on veut s'assurer qu'elle
reflète les vrais besoins du Québec. Alors, la seule chose que je
peux vous assurer c'est qu'aussitôt que la politique sera
complétée, je vais la soumettre au gouvernement. Si elle est
acceptée par le gouvernement, on va la rendre publique.
En ce qui concerne une commission parlementaire, je n'ai pas fait de
commission parlementaire sur la politique énergétique. Au moment
où on se parle, je n'ai pas l'intention, je vais être assez franc,
je n'essaierai pas de vous dire oui, peut-être, je vais aller au
gouvernement, je vais être direct avec vous, franc et transparent: je
n'ai pas l'intention de soumettre la politique à une commission
parlementaire avant qu'elle ne soit acceptée par le gouvernement. Je
n'ai pas l'intention de la soumettre à une commission parlementaire.
Non. (11 h 15)
M. Beaulne: O.K.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Nous
allons procéder maintenant à l'élément 2, soit la
représentation du Québec à l'étranger. M. le
député de Bertrand.
Représentation du Québec à
l'étranger Délégation de Los Angeles
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Comme je l'ai
indiqué en préambule, il est important pour le Québec
d'avoir une représentation professionnelle à l'étranger.
Lorsqu'on aborde cette question, il est difficile de passer sous silence ce qui
s'est développé à la délégation de Los
Angeles avec M. Genest comme représentant. Le
délégué du Québec à Los Angeles a fait
l'objet d'une enquête administrative du ministère, en novembre
dernier, à partir de certains agissements du
délégué. Nous avons eu à peine quelques bribes de
l'enquête administrative qu'a effectuée M. Chapdelaine. Entre
autres, M. Chapdelaine, en diplomate discret qu'il est, affirmait et je cite:
"Qu'il y a place à beaucoup d'améliorations au bureau de Los
Angeles et que le ministère aurait dû surveiller plus
étroitement le délégué Genest."
M. le ministre, j'aimerais que vous nous disiez de quelles
améliorations il s'agit et à quelles améliorations M.
Chapdelaine fait allusion. J'aimerais également savoir si vous avez
l'intention de déposer aux membres de la commission les conclusions de
l'enquête administrative de M. Chapdelaine. Pourquoi, après que M
Chapdelaine eut relevé certaines irrégularités, dont on ne
connaît pas toute l'ampleur parce qu'elles n'ont pas été
rendues publiques, est-ce que vous n'avez pas immédiatement
révoqué le mandat de M Genest comme la loi vous y autorise?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Ciaccia: Puisque c'est une question administrative, je vais
demander à mon sous-ministre, M. Caron, de répondre à
cette question.
M. Caron: En ce qui concerne cet examen administratif, dans ce
cas-là, évidemment, dans la demande que l'on a faite à M.
Chapdelaine, ce sont des documents internes qui sont produits à la
demande du sous-ministre ou du ministère comme on en a fait, au cours de
la dernière année, dans plusieurs délégations
où on fait un suivi au plan administratif, suivi des règles,
suivi de l'administration, suivi de la gestion financière, suivi de la
gestion des ressources humaines, et c'est tout à fait de nature interne.
Dans le cas de ce document-là, il contient un certain nombre de
renseignements nominatifs. Donc, il n'est pas disponible en vertu de la loi
d'accès à l'information.
Comme on l'a fait dans les examens qu'on a faits dans d'autres
délégations, lorqu'il y a des correctifs au plan administratif
à faire, on les fait. Dans ce cas-là, il y en a qui ont
été faits, comme il y en a qui ont été faits dans
d'autres délégations. On pourrait parler d'autres
délégations également. À l'occasion, il est fort
utile d'examiner au plan administratif, d'envoyer une mission de
spécialistes. Dans ce cas-là, M. Chapdelaine y est allé;
dans d'autres cas, c'est le directeur général de l'administration
qui est allé; dans d'autres cas, c'est un groupe de personnes comprenant
l'administration financière et l'administration du personnel,
dépendamment. Dans certains cas, on a utilisé également
des firmes-conseils en informatique parce qu'il y avait des problèmes
à ce niveau-là particulier. Il nous apparaissait qu'il y avait
des problèmes. Donc, dans ce cas-là, il s'agit de questions de
nature strictement administrative.
Le Président (M. Houde): Oui. Toujours sur le même
sujet?
M. Beaulne: Oui. Alors, écoutez, il va falloir qu'on
procède un peu à la pièce. Est-ce que c'est vrai que M.
Genest aurait autorisé un homme d'affaires américain du nom de
Bill Reddin à travailler à partir des bureaux de la
délégation du Québec à Los Angeles comme "broker"
ou comme courtier en poisson en provenance des Maritimes? C'est vrai ou ce
n'est pas vrai?
M. Caron: Semble-t-il qu'il y aurait un homme d'affaires, comme
ça s'est fait, semble-t-il, dans d'autres cas depuis plusieurs
années, pendant des périodes de quelques semaines, un mois, deux
mois. À l'occasion, il y a des hommes d'affaires québécois
qui passent dans un bureau. Je peux vous dire que c'est vrai, ça. Il a
effectivement été dans le bureau, mais il n'y est plus, et c'est
terminé.
M. Beaulne: Oui, mais le poisson, c'était du poisson des
Maritimes ça?
M. Caron: Le poisson n'était pas dans le bureau.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaulne: Non, mais les bureaux étaient occupés
gratuitement par quelqu'un.
M. Caron: Je peux vous dire que M. Chapdelaine n'a pas
relevé ce type d'aspect-là. Je pense que M. Genest a
répondu à ces aspects-là. Nous, à notre
connaissance, il n'y avait pas de problème de nature administrative
lié à cet aspect-là. S'il y avait eu des problèmes
de nature administrative liés à ce que vous soulevez, on l'aurait
corrigé comme on l'a fait dans d'autres cas.
M. Beaulne: Alors, est-il vrai également que M. Genest
s'est rendu à Tijuana au nord du Mexique pour visiter un temple
apparemment, lors d'un voyage dont toutes les dépenses ont
été payées en dehors de son territoire. On sait
très bien, aussi bien au ministère des Affaires
extérieures à Ottawa qu'ici, que lorsqu'il y a des
délégués ou des représentants affectés
à un territoire, c'est eux qui sont mandatés pour faire ce genre
de voyage là. Dans le cas présent, compte tenu du fait qu'on a
une délégation à Mexico, qu'est-ce que M. Genest allait
faire à Tijuana, tous frais payés, en dehors de son
territoire?
M. Caron: Le rapport administratif. Nous avons demandé
d'examiner les différentes pièces comme ça se fait
habituellement pour les comptes de dépenses. Dans le cas des comptes de
dépenses à la délégation, il n'y a pas eu
d'irrégularité relevée dans ce cas-là. Au
contraire, même M. Chapdelaine a évoqué qu'au plan
financier, la délégation était extrêmement bien
gérée.
Le Président (M. Houde): M. le député.
M. Caron: Dans ce cas-là, il n'y a pas
d'irrégularité au plan des comptes de dépenses. Donc,
respect des règles fixées par le Conseil du trésor, que
nous appliquons. Donc, moi, je n'ai aucune idée. Est-ce qu'il est
allé à Tijuana? Je n'ai aucune idée. Je vais vous dire que
ça n'a pas fait l'objet d'une enquête.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Beaulne: Mais M. Genest s'est effectivement rendu au Mexique,
n'est-ce pas?
M. Caron: Aucune idée.
M. Beaulne: Avez-vous, oui ou non, payé
ses dépenses?
M. Caron: On me dit ici que, peut-être, il est allé
visiter une maquiladora dans laquelle il y a des entreprises de la Californie
qui sont impliquées dans ce.
M. Brassard: Ç'a été défrayé
par l'État?
M. Caron: En tout cas, tout ce que je peux vous dire c'est que
les comptes de dépenses de M. Genest à la
délégation ont été scrutés et qu'ils
respectent les règles. Ils ont été approuvés, la
Direction générale de l'administration peut vous le
confirmer.
M. Brassard: II n'y a pas de note sur Tijuana.
M. Caron: Les règles, ce sont celles qui sont
fixées par le Conseil du trésor et que nous appliquons
intégralement chez nous. On se fait un devoir d'appliquer ça de
façon intégrale. Il y a certainement un très grand nombre
de ces pièces-là qui sont manipulées chez nous, il faut
les respecter.
M. Beaulne: Est-ce que le territoire de représentation de
M. Genest inclut l'Alaska?
M. Caron: Oui.
M. Beaulne: Parce qu'il se serait rendu à Anchorage...
M. Caron: Oui, ça comprend son territoire.
M. Beaulne:... pour rencontrer un maire de la place.
M. Caron: Depuis le début du bureau, ça comprend le
territoire.
M. Beaulne: Oui, mais il s'est rendu à Anchorage
apparemment pour une excursion de pêche, et le prétexte
invoqué, c'était de rencontrer un maire de l'endroit. Encore une
fois, les frais de ce voyage, mis à part certains frais reliés
à l'excursion de pêche qui ont été
défrayés par lui-même, tout le reste a été
défrayé par la délégation du Québec.
M. Caron: Non. Je vous ai dit tout à l'heure que les
comptes de dépenses, les dépenses reliées aux
activités d'un délégué, ils sont
vérifiés. Les dépenses admissibles réclamées
par cette délégation sont jugées respectant les
règles. C'est ce que je peux vous dire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Caron: Ç'a été jugé conforme...
L'ad- ministration de cette partie-là a été jugée
conforme aux règles qui sont fixées par le Conseil du
trésor.
M. Beaulne: Bien, si tout est jugé conforme, alors
pourquoi est-ce que vous...
M. Caron: Les réclamations de dépenses, mon cher
monsieur. Je vous parle des dépenses...
M. Beaulne: Oui mais si...
M. Caron:... réclamées qui sont payées par
le ministère.
M. Beaulne: Si tout semble aussi conforme, pourquoi
êtes-vous réticent à déposer l'étude
administrative de M. Chapdelaine?
M. Caron: Parce que ça comprend des renseignements de type
nominatif et que c'est strictement de nature interne. Au plan administratif,
c'est mon devoir à moi et le devoir des responsables de l'administration
d'examiner de façon régulière les documents, la
façon dont sont gérés les bureaux. On l'a fait dans ce
cas-là au cours de l'année 1990 dans cinq bureaux, et je n'ai pas
entendu parler des autres au cours de l'année 1990.
Le Président (M. Houde): Excusez. M le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, il s'agit d'une
enquête administrative. Bon. Je pense que le sous-ministre a parfaitement
raison de dire que ce rapport tombe sous le coup des dispositions de là
loi...
Une voix: D'accès.
M. Brassard:... d'accès à l'information et qu'il
n'est pas tenu de le rendre public ou de le déposer. Cependant, comme il
s'agit d'une enquête réalisée à même des fonds
publics et qui porte sur l'utilisation de fonds publics par un fonctionnaire du
gouvernement du Québec - en l'occurence un délégué
général du Québec à Los Angeles - je pense qu'il
est absolument essentiel, c'est le rôle d'une commission parlementaire
qui étudie les crédits et le fonctionnement d'un
ministère, de savoir si, à tout le moins, les conclusions de M.
Chapdelaine, à la suite de son enquête, sont à l'effet
qu'il y a eu ou pas irrégularités. Y a-t-il eu ou pas
irrégularités? Je ne vous demande pas de déposer le
rapport Je vous demande simplement si la conclusion de l'enquête c'est
qu'il y a eu de la part de M. Genest, dans son fonctionnement et dans ses actes
en tant que délégué, irrégularités? Y a-t-il
eu irrégularités?
M. Caron: Non. Premièrement, il ne s'agit
pas d'une enquête au sens, je pense, que vous relevez...
M. Brassard: Une enquête administrative. M. Caron:
...c'est un examen administratif. M. Brassard: Oui, oui.
M. Caron: On en a fait, au cours de l'année, à
Paris, à Bruxelles, à New York, à Atlanta, à Rome
et à Los Angeles. Non, monsieur, il n'y a pas eu
d'irrégularités de relevées.
M. Brassard: Bon. Alors, dans les documents, il est
mentionné, à la page 40 du tome 1, dans la liste des voyages,
sous le nom de M. Genest, une rencontre avec M. John Parisella qui est le chef
de cabinet du premier ministre, qui aurait eu lieu au bureau de Montréal
le 25 octobre dernier, le 25 octobre 1990. C'est quelques jours avant le
début de l'enquête administrative de M. Chapdelaine.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Brassard: La première question, d'abord, à ce
sujet-là, comment se fait-il que le chef de cabinet du premier ministre
a convoqué à ses bureaux le délégué
général de Los Angeles? Je n'ai pas l'impression que c'est
coutumier, que c'est pratique courante. Que le ministre convoque un
délégué général, ça m'apparaît
normal. Que le sous-ministre fasse la même chose, oui. Mais là, le
chef de cabinet du premier ministre du Québec convoque le
délégué général de Los Angeles qui se
dépêche d'arriver, de venir à son bureau de
Montréal. Pourquoi? Juste avant l'enquête administrative,
pourquoi? Et à quelle fin?
M. Caron: On me dit que, dans la direction générale
concernée, il a été convoqué ici pour une
réunion pour fixer la programmation de l'année future, mais qu'il
en a profité probablement pour rencontrer le
délégué. Moi, je n'avais pas vu ce compte-là. Je
vois qu'il y a une certaine transparence dans... Il s'agit strictement d'une
journée dans un compte qui a fait... Il avait été
convoqué pour une rencontre sur la programmation 1991-1992.
M. Brassard: Depuis quand, pourquoi et à quelle fin? Ma
question est demeurée sans réponse. Pourquoi et à quelle
fin un chef de cabinet, le chef de cabinet du premier ministre, prend-il la
peine de convoquer à ses bureaux un délégué
général, celui de Los Angeles?
M. Caron: Je ne sais pas s'il a été
convoqué. D'après ce que j'en sais, il n'a pas été
convoqué. Il peut peut-être souhaiter le rencontrer.
M. Brassard: C'est un hasard?
M. Caron: Nous, on n'a aucune idée là-dessus,
monsieur.
M. Brassard: II passait à Montréal comme ça
et il a dit: Hop! Tiens, je vais aller voir M. Parisella.
M. Caron: Bien oui. C'est ça. Il était à
Montréal pour la réunion de programmation que nous avions
déterminée avec les gens, les délégués. Si
les délégués rencontrent, en dehors de leur mandat,
d'autres personnes ou...
M. Brassard: Étiez-vous au courant de cette
rencontre-là?
Mme Caron: II y a des délégués qui
rencontrent des ministres et des membres de l'Opposition également, et
nous, on...
M. Brassard: Mais, au moment où ça a eu lieu,
étiez-vous au courant, étiez-vous présent ou le ministre
était-il présent à cette rencontre-là avec M.
Parisella?
M. Caron: Moi, je n'étais pas présent, non. M.
Ciaccia: Non, je n'étais pas présent.
M. Beaulne: Savez-vous de quoi il a été
question?
M. Caron: Aucune idée, monsieur. Ce que l'on sait c'est
que pour la partie qui nous concerne, la partie administrative, il a
été convoqué pour la préparation de la
programmation 1991-1992. Pour cette partie-là, on est au courant de ce
qu'on a dit, et on est au courant de ce qu'on prévoit pour
l'année 1991-1992 au plan budgétaire. (11 h 30)
M. Brassard: Mais est-ce que vous pourriez prendre une
information auprès du bureau du premier ministre? Est-ce que ce serait
possible de savoir pour quelle raison M. Genest a été
convié, ne disons pas convoqué là, ou invité
à une rencontre avec M. Parisella, le chef de cabinet?
M. Ciaccia: Peut-être que je pourrais faire une suggestion
au député de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Houde): Allez, allez.
M. Ciaccia: Puisque c'est une dépense qui relève
aussi du Conseil exécutif, peut-être que ces questions que vous
posez maintenant pourraient être posées lors de la discussion des
crédits du Conseil exécutif.
M. Caron: Pour compléter la réponse...
M. Ciaccia: On va essayer de vous trouver la réponse.
M. Caron: Pour compléter la réponse que je veux
donner, M. le député, si vous allez plus loin dans le cahier, un
peu plus bas, vous allez voir à l'item 010109, la raison pour laquelle
nous l'avions convoqué, la partie administrative ici. M. Dionne,
délégué à Atlanta, Lucie Latulippe, à
Boston, M. Vézina, à Chicago, M. Genest, à Los Angeles et
Léo Paré, à New York, ont été
convoqués aux mêmes dates pour une réunion de nature
administrative. Vous l'avez ici en bas, et les coûts sont réunis.
Un peu plus bas.
M. Brassard: Et le supplément c'est quoi?
M. Caron: C'est parce qu'il restait une journée de plus,
donc une journée de plus que ceux qui sont indiqués plus bas,
donc il a dû faire une pièce justificative
supplémentaire.
M. Brassard: Une journée de plus pour rencontrer M.
Parisella. Ma question, est-ce que le contrat de M. Genest sera
renouvelé?
M. Ciaccia: Excusez-moi?
M. Brassard: Est-ce que le mandat ou le contrat de M. Genest va
être renouvelé?
M. Caron: Le mandat de M. Genest se termine en juin et il se
termine en juin.
M. Brassard: Donc, il ne sera pas renouvelé?
M. Caron: If n'y avait pas de renouvellement obligatoire ni de
nécessité de renouvellement. Son mandat est de trois ans.
Normalement, les mandats sont de trois ans. C'est un mandat normal, donc on a
demandé d'y mettre fin.
M. Brassard: C'est assez fréquent que vous renouveliez,
des mandats? Est-ce que c'est arrivé que vous renouveliez des mandats de
délégué?
M. Caron: Au cours de la dernière année, Reed
Scowen a fait l'objet d'un renouvellement. On a demandé à
Léo Paré de demeurer pour une quatrième année,
mais, normalement, l'entente que l'on a avec le personnel, ce sont des mandats
de trois ans, ou dans certains postes, de deux ans. Dans les postes difficiles,
ce sont des mandats de deux ans, et dans les autres, des mandats de trois ans.
C'est la règle que l'on maintient. Souvent, ça implique des
familles, donc on a à considérer ces aspects-là. Mais
normalement, les mandats sont soit de deux ans soit de trois ans, exactement
comme ça se fait au gouvernement fédéral.
M. Brassard: II y a fréquemment des renouvellements?
M. Caron: II y en a à l'occasion, et dépen-damment
des contextes, on est obligés de vivre avec différents contextes
là-dessus.
M. Brassard: Mais là, si je comprends bien, si je
réussis à décoder vos propos et vos réponses, c'est
que M. Genest a fait l'objet d'une enquête administrative de la part de M
Chap-delaine. D'après ce que vous me dites, les conclusions, c'est
qu'ils n'ont rien trouvé, il n'y a pas d'irrégularités.
Alors, ce qui est sorti dans les journaux ce n'est pas vrai, c'est faux, ce
n'est pas exact, mais son contrat ne sera pas renouvelé. En d'autres
termes, si je comprends bien, vous n'avez pas osé y mettre fin tout de
suite, ou le révoquer, mais vous ne le renouvellerez pas. Mais par
contre, il n'y a rien d'irré-gulier dans son comportement, ses actes ou
ses actions. Tout est beau, bien, parfait.
M. Caron: Au plan administratif il n'y a pas
d'irrégularités qui ont été relevées. Il y a
certains aspects qui peuvent être relevés au plan administratif et
que nous corrigeons. À New York, nous n'avons pas mis fin au mandat du
délégué général de New York même s'il
y a eu un examen administratif, et la même chose à Atlanta,
à Rome. On se donne, on se fait un devoir d'examiner de façon
séquentielle, pour couvrir sur une période de trois ans, au plan
administratif, le fonctionnement de chacune des délégations Quand
il y a des questions qui méritent des correctifs, on les corrige. Mais
dans ce cas-là, vous avez parlé d'irrégularités,
non, il n'y a pas eu d'irrégularités.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M le
député de Bertrand. Ensuite, je reconnaîtrai M. le
député d'Orford, et M. le député d'Anjou.
M. Beaulne: Oui, les pratiques administratives auxquelles vous
faites allusion, ce ne sont pas des enquêtes vraiment, les examens
administratifs des bureaux à l'étranger, ça fait partie
ça de la routine normale. Mais, ici on ne parle pas d'une routine
normale, et je ne pense pas que M Chapdelaine soit allé faire un tour
d'examen administratif habituel comme on l'entend, aussi bien au
ministère des Affaires internationales du Québec qu'au
ministère des Affaires extérieures du Canada qui a exactement la
même pratique.
Ceci étant dit, est-ce que le fait, si vous dites que, sur le
plan administratif, c'est si impeccable que ça, alors quelles sont les
raisons pour lesquelles... Vous avez fait allusion, tout à l'heure,
à certains renseignements qui ne peuvent pas être
divulgués, bon je veux bien être...
M. Caron: Nominatifs, il faut bien comprendre le sens du mot
"nominatif" quand c'est
des informations qui impliquent peut-être des personnes. Par
exemple, comptes de dépenses de personnes, je ne sais pas. Le titre
"nominatif je pense que ça été examiné...
M. Beaulne: Oui, c'est quoi que vous entendez par des...
M. Caron: Je vais vous faire donner la définition de notre
directeur des services juridiques, qui va vous donner exactement le sens de ce
que ça veut dire. L'examen administratif, une des choses sur lesquelles
je voulais compléter ma réponse. Nous avons l'intention
d'implanter au ministère une pratique qui est faite également au
ministère des Affaires extérieures, c'est-à-dire
l'inspectorat. Nous avons, dans le passé, utilisé non seulement
des personnes de l'interne mais d'autres personnes, notamment Marcel Bergeron
à qui nous avons demandé en 1989, au moment où il
était à la retraite, d'aller examiner deux ou trois
délégations. Cette année, en 1990, M. Bergeron nous a fait
des examens administratifs dans quatre délégations et des
recommandations qui portent, par exemple, sur le classement des gens qui sont
payés, etc.
M. Brassard: Est-ce que M. Chapdelaine en a fait plusieurs?
M. Caron: Monsieur, pourriez-vous nous donner la
définition de renseignement nominatif?
M. Brassard: M. Caron, est-ce que M. Chapdelaine en a fait
plusieurs, des enquêtes administratives?
M. Caron: Depuis que je suis au ministère, c'est la seule
que nous lui avons demandée, M. Bergeron. L'année
précédente, c'est M. Bergeron qui en avait fait. Au cours de
l'année, il y a des gens du ministère également qui sont
allés.
M. Brassard: II est au ministère lui, M. Chapdelaine?
M. Caron: M. Chapdelaine, non. Il est à la retraite, tout
comme M. Bergeron. Marcel Bergeron est à la retraite. C'est
souvent-Autant aux Affaires extérieures que chez nous, ils utilisent des
gens à la retraite qui ont une grande expérience pour faire
ces... Il y a aussi au niveau de l'Immigration, nous avons utilisé
l'ambassadeur Hardy qui est à la retraite, l'ancien ambassadeur
fédéral, M. Hardy, que monsieur peut-être...
M. Brassard: Mais M. Chapdelaine c'est la seule qu'il a
faite?
M. Caron: À ma connaissance, oui.
M. Beaulne: Mais quelle est votre définition
là?
M. Dupré (Jean-Paul): Alors, simplement la
définition que la loi sur l'accès prévoit à ses
articles 54, 55 et suivants. Ce sont des renseignements qui concernent une
personne physique et qui permettent de l'identifier. Selon les
définitions qu'a pu en donner la Commission d'accès à
l'information dans ses décisions, c'est peut-être... À
l'égard des fonctionnaires, il y a déjà des renseignements
qui sont publics. Le salaire d'un fonctionnaire, d'un cadre, est public mais le
salaire d'un membre du personnel qui n'est pas cadre n'est pas public. Son
échelle de salaire l'est, et il peut y avoir eu des évaluations
de rendement de personnel ou des allusions au rendement de personnel.
Ça, ce sont des renseignements qui sont confidentiels en vertu de la
loi.
M. Beaulne: Bon, si c'est ça le cas, je pense qu'il y a
effectivement certaines informations, comme l'évaluation sur le
rendement, qui touchent uniquement les individus concernés. Mais si
c'est si impeccable que ça, au moins la partie administrative - parce
que c'est là-dessus qu'ont porté les allégations dans les
journaux et ailleurs - au moins la partie administrative, y compris les
dépenses, seriez-vous prêts à rendre cette partie-là
du rapport de M. Chapdelaine publique ou à la déposer à la
commission, puisque c'est si impeccable?
M. Caron: Je pense que le document... Au fait là, il ne
s'agit pas d'un document publié. Ce n'est pas de cette
façon-là que ça fonctionne. Des gens sont mandatés
pour aller examiner - six délégations l'an passé, en 1990
- les différentes procédures administratives. Ils nous remettent
une analyse et des recommandations. Nous avons demandé aux services
juridiques d'évaluer ces documents internes là. On nous dit que,
comme ça contient des renseignements nominatifs, c'est
protégé par la loi d'accès.
M. Beaulne: Et les recommandations également.
M. Caron: Les recommandations également sont
protégées par la loi d'accès.
M. Beaulne: Bon.
M. Caron: II s'agit peut-être que...
M. Brassard: Est-ce que l'une des recommandations était de
ne pas renouveler le mandat de M. Genest?
M. Caron: C'est confidentiel. C'est protégé par la
loi d'accès.
M. Brassard: Est-ce que la décision de ne
pas renouveler le contrat de M. Genest a été prise
à la suite d'une recommandation de M Chapdelaine?
M. Caron: Moi, je ne suis pas celui qui nomme.
M. Brassard: M. le ministre.
M. Caron: Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'au plan
administratif, nous avons indiqué que le mandat de M. Genest se
terminait à telle date, et il se termine à telle date.
M. Brassard: Dans quel contexte la décision de ne pas
renouveler le contrat de M. Genest s'est-elle prise?
M. Ciaccia: Premièrement, ce n'est pas le ministre non
plus qui nomme les délégués, c'est le Conseil
exécutif.
M. Beaulne: Non, mais vous faites des recommandations, ça
ne se passe pas par-dessus votre tête.
M. Ciaccia: Les recommandations que je fais dans plusieurs
dossiers, c'est pour les nominations.
M. Beaulne: Avez-vous, suite à l'enquête de M.
Chapdelaine, recommandé le prolongement du mandat de M. Genest ou
avez-vous recommandé de terminer son mandat tel que prévu?
M. Ciaccia: Je pense que les recommandations qui sont faites par
le ministre au Conseil exécutif sont plutôt de nature
confidentielle. C'est les résultats, les nominations, les
non-renouvellements ou le renouvellement qui sont importants.
M. Beaulne: Je pense qu'effectivement, on a tout compris.
Le Président (M. Dauphin): Je vais maintenant
reconnaître M. le député d'Orford.
M. Caron: Pour le contrat de M. Genest, la raison pour
laquelle... Il y avait une indication, à la fin de son contrat,
c'est-à-dire que six mois avant la fin de ce contrat, on devrait
signifier la fin du contrat. C'est le sens de la lettre que j'ai
envoyée.
M. Brassard: Quand vous lui avez signifié que son contrat
ne serait pas renouvelé par une lettre...
M. Caron: Non, je n'ai pas signifié que son contrat ne
serait pas renouvelé. Je lui ai signifié que son contrat se
terminait à telle date et qu'il devait...
M. Brassard: Quand vous lui avez envoyé cette
lettre-là, est-ce que vous aviez eu entre les mains le rapport
Chapdelaine?
M. Caron: Je ne peux pas vous dire si je l'avais eu.
M. Brassard: À quelle date la lettre et à quelle
date le dépôt du rapport?
M. Caron: II faudrait que je vérifie, je n'ai pas...
M. Ciaccia: On va vérifier et on va vous donner la
réponse.
M. Caron: On pourra vérifier. Ça ne pose pas trop
de problème.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M le
député d'Orford
Organismes internationaux au Québec
M. Benoit: M. le ministre, à la page 7 de votre
présentation, vous parlez de l'élaboration des
éléments d'une politique des affaires internationales qui est
à venir. Dans le rapport annuel du ministère des Affaires
internationales, à la page 56, vous parlez des associations diverses et
des organisations internationales. J'aimerais ça vous entendre un peu
plus. Je vois qu'il y a une série d'organismes et d'organisations, aux
pages 54 jusqu'à 57. Quel est le rôle du Québec? Qu'est-ce
qu'on va chercher dans ces organismes-là? Est-ce qu'on peut quantifier
les retombées? Qu'est-ce qu'on va chercher à travers tous ces
organismes-là? J'aurai d'autres questions d'organismes qui ne sont pas
là.
M. Ciaccia: Pour nous, c'est très important, non seulement
de maintenir les organismes internationaux qui se sont établis au
Québec, mais d'essayer, dans la mesure de notre possible, d'encourager
la venue d'autres organismes internationaux, soit à la ville de
Québec, soit à Montréal, mais qui viennent au
Québec, parce que nous considérons que c'est important pour nous
d'avoir cette présence, pour plusieurs raisons. Premièrement, il
y a un aspect économique. Deuxièmement, il y a un aspect de vie
internationale. il y a un aspect d'attraction internationale, il y a des
retombées. Et il y a aussi la question qu'on veut que des
régions, des villes comme Montréal et comme Québec soient
plus présentes au niveau international.
A Montréal, les organismes qui existent sont l'IATA,
l'Association du transport aérien international, la SITA, la
Société internationale de télécommunications
aéronautiques, l'OACI, le Comité international des jeux de la
francophonie, le Forum francophone des affaires. Nous avons aussi le
Secrétariat du protocole de Montréal de
la couche d'ozone, c'est le protocole de Montréal qui a
été signé dernièrement. Il y a la SCCIM. Ce n'est
pas vraiment un organisme international au sens multilatéral, mais
ça travaille dans le domaine international. (11 h 45)
À Québec, les organismes internationaux sont les suivants:
l'Institut de l'énergie des pays francophones, qui a été
créé suite au sommet qui a eu lieu à Québec. Il y a
eu un engagement, une entente entre les différentes parties de
créer cet institut et qu'il soit situé au Québec. Il y a
le Bureau de l'UNESCO, l'Association internationale francophone des
aînés, le Secrétariat permanent des peuples francophones.
Et nous travaillons présentement sur d'autres organismes pour les
attirer au Québec. C'est une des activités à laquelle nous
attachons beaucoup d'importance. Par exemple, quand on a signé le
protocole d'entente de Montréal sur la couche d'ozone, non seulement
c'est assez prestigieux, mais c'est très important au niveau
environnemental et au niveau des budgets parce qu'il y a un budget d'à
peu près 250 000 000 $. La SITA, par exemple, j'ai rencontré le
président qui est venu de France. On a assisté à un
souper, il y a deux semaines, pour élargir leur présence à
Montréal, pour attirer plus de personnel, plus d'activités de
leur organisme, qu'ils soient dirigés, qu'ils soient présents
à Montréal plutôt que dans d'autres villes
nord-américaines. Les retombées sont importantes pour nous et
nous poursuivons activement les démarches pour attirer ces organismes au
Québec.
M. Benoit: M. le ministre, du fait que nous ne soyons pas un
pays, mais une province, quelle est l'approche de ces organismes-là?
Comment nous reconnaissent-ils? Est-ce que chaque organisme a ses règles
et nous jouons avec ces règles-là ou est-ce qu'il y a des
protocoles internationaux d'entente?
M. Ciaccia: Oui, il y a des protocoles d'entente. Tous ces
organismes, sauf l'IATA et l'OACI, ont été créés et
sont venus au Québec sans l'administration du gouvernement
libéral. Il y a des protocoles d'entente. Par exemple, il y a des
régimes fiscaux spéciaux. Alors, nous faisons des
représentations. L'OACI a fait des représentations au
gouvernement fédéral et le gouvernement fédéral a
accepté de donner un régime spécial d'exemptions fiscales.
Nous aussi, nous l'avons fait. Nous l'avons fait dans le cas de la SITA. Nous
poursuivons, avec le gouvernement fédéral, pour obtenir ces
bénéfices, ces exemptions fiscales pour l'organisation de la SITA
et nous avons renouvelé l'entente avec l'OACI. Alors, je pourrais dire
que nous, comme gouvernement du Québec, nous poursuivons, de notre part,
la recherche de ces organismes et, dépendant de quel organisme il
s'agit, des fois, on peut demander l'appui du gouvernement
fédéral pour nous aider à l'attirer au Québec. Des
fois, c'est nous-mêmes qui le faisons. C'est plutôt un genre de
collaboration que nous avons avec le gouvernement fédéral,
spécialement dans les régimes fiscaux.
Il y a un organisme que nous cherchons à attirer au
Québec, Inmarsat, qui s'occupe de toutes les
télécommunications par satellite. C'est une organisation
très importante qui est située présentement à
Londres. Alors, nous avons travaillé avec le gouvernement
fédéral et plusieurs autres organismes pour essayer de donner les
informations à Inmarsat pour les attirer au Québec. Nous
travaillons aussi la ville de Montréal qui est très active dans
ce dossier. Alors, il y a une collaboration non seulement au niveau du
gouvernement fédéral, mais aussi au niveau des administrations
municipales. Par exemple, dans le cas Inmarsat que je viens de mentionner, il
faut travailler étroitement avec la ville de Montréal et la
proposition que nous avons faite à Inmarsat était d'appuyer la
ville de Montréal, une proposition commune, parce que pour attirer ces
organismes, il faut rendre le projet attrayant. Des fois, ce sont seulement des
avantages du régime fiscal, mais, des fois, il y a aussi de l'argent,
des subventions, de l'aide que nous devons placer à leur disposition
pour les attirer ici. Dans le cas d'Inmarsat, il y a une proposition» de
la ville de Montréal, une proposition du gouvernement du Québec
et une proposition du gouvernement fédéral pour injecter des
sommes assez intéressantes pour rendre le projet d'Inmarsat attrayant
à Montréal. Alors, le gouvernement fédéral a
accepté de verser, je pense, une somme de quelque 15 000 000 $. Il s'est
engagé pour attirer Inmarsat à Montréal. Alors, nous
attendons la décision qui sera prise prochainement par le conseil
d'administration de cette organisation.
M. Benoit: J'aimerais vous questionner, M. le ministre, si vous
me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Une dernière
question.
Commission des Grands Lacs et Commission
Québec-Vermont
M. Benoit: J'aimerais vous questionner sur trois organismes un
peu plus précis, un peu plus pointus, comme les gens de Québec
disent. Le premier, c'est l'organisme qui regroupe les États alentour
des Grands Lacs. Nous étions membres de cet organisme, et j'aimerais
voir si, effectivement, il y a des retombées positives. C'est un peu
plus pointu. Je ne m'attends pas à ce que vous ayez... Si, vous, vous
n'avez pas les réponses, on pourra les obtenir éventuellement. Il
y a cet organisme que vous avez inauguré, il y a un an ou environ,
Québec-Vermont. Qu'est-ce qui
s'est fait depuis un an? Je suis particulièrement
intéressé parce que c'est adjacent à mon comté.
Est-ce qu'il y a eu des retombées? Vous avez eu, par la suite, un autre
organisme qui découlait de celui-là, qui était le lac
Memphrémagog; vous avez fait la même chose avec le lac Champlain.
Je voudrais savoir ce qui s'est fait de ce côté-là.
Finalement, j'aimerais savoir, avec des organismes comme la Croix-Rouge, quelle
est notre politique quant à des organismes qui aident au moment des
grandes guerres et des grands conflits mondiaux.
M. Ciaccia: Comme vous le savez, nous appuyons les efforts de la
Croix-Rouge et nous agissons de manière ad hoc, dépendant de la
situation. En Roumanie, nous avons fait une contribution par l'entremise de la
Croix-Rouge. Nous avons fait la même chose au Moyen-Orient et au
Pérou. Alors, nous appuyons par des gestes concrets,
financièrement, les efforts de la Croix-Rouge, dépendant des
situations qui peuvent survenir.
Maintenant, en ce qui concerne les États, l'organisation sous les
Grands Lacs, je sais que nous avons été présents, non
seulement moi-même, mais d'autres ministres du gouvernement du
Québec sont présents à cette organisation.
Peut-être que je pourrais demander à notre directeur
général des États-Unis, M. Jean Duquette,
d'élaborer un peu plus sur les autres ententes que vous avez
soulevées.
Le Président (M. Dauphin): M. Duquette.
M. Duquette (Jean): Merci, M. le ministre. En ce qui concerne la
Commission des Grands Lacs, le Midwest américain, pour la Direction
générale des États-Unis et le ministère, est devenu
notre troisième pôle institutionnel après la
Nouvelle-Angleterre et l'État de New York. Essentiellement, la
Commission des Grands Lacs s'est ouverte, l'année dernière,
à des provinces. Dans ce cas-là, on a invité l'Ontario et
le Québec à se joindre aux délibérations des
gouverneurs. Vous y étiez présent d'ailleurs pour remplacer M.
Bourassa. Notre présence à l'intérieur de la Commission
s'est accentuée depuis ce temps-là. Je serai d'ailleurs dans
trois semaines à leur conférence, à leur réunion do
mi-année qui a lieu, cette année, à Détroit et
Windsor, pour discuter encore. En fait, le dossier qui nous préoccupe,
c'est l'environnement, la pollution des eaux autant que la pollution de l'air,
et c'est ce dossier-là qu'on veut faire avancer par rapport à
ça. Ça se confirme, pour nous, comme étant un pôle
institutionnel important.
M. Benoit: Québec-Vermont, maintenant, et les deux lacs,
Champlain et Memphrémagog.
M. Duquette: Oui. En ce qui concerne la Commission
Québec-Vermont, la Commission conjointe a été
créée il y a deux ans. Vous en faites partie d'ailleurs. J'en
faisais partie alors que j'étais délégué à
Boston. Ce groupe-là a eu, principalement à cause de la partie
vermontoise... Au début, il y a eu des changements politiques au
Vermont, vous le savez, et, du côté du Vermont, notre partenaire
n'a pas toujours livré ce qu'on aurait voulu qu'il livre dans les
délais. Par contre, du côté québécois, il y a
eu des réalisations qui ont été faites, entre autres, la
production d'un guide de marché du Vermont pour nos entreprises qui
veulent pénétrer, la formation d'un club de jeunes entrepreneurs
qu'on veut développer, il y a eu des échanges avec le Board of
Trade de Montréal et la Chambre de commerce de Burlington qui sont
chapeautés. Il y a eu également des échanges dans le
domaine culturel à l'occasion du festival Mozart ou du Flynn
Théâtre à Burlington qui se sont développés.
Alors, du côté de la Commission qui est un jeune organisme et qui
n'a aucun financement, qui vit du bénévolat de ses membres et du
secrétariat que le ministère assure de notre côté,
alors que le ministère équivalent au Vermont le fait, le
gouverneur Snelling, qui vient de se faire élire au Vermont, veut donner
de la vigueur du côté du Vermont à cette
Commission-là. Je l'ai rencontré il y a trois semaines à
Boston; il m'a confirmé son intérêt pour aller de l'avant.
En ce qui concerne les deux lacs, vous savez que le Québec a
signé un accord conjoint avec le Vermont, Vermont-Québec, sur la
protection du lac Memphrémagog et du bassin autour du lac
Memphrémagog. Ce comité-là a été
formé au printemps 1990 et s'est réuni à trois ou quatre
reprises depuis ce temps-là avec les trois spécialistes de chaque
côté de la frontière. Il y a également l'entente qui
avait été signée avec le Vermont, l'État de New
York et le Québec sur la protection du lac Champlain qui
également se développe dans la même direction.
M. Benoit: M. le Président, ma dernière question
est très courte. J'ai appris ça depuis que je suis parlementaire,
à écouter mes adversaires d'en face. Une très courte
question. Est-ce qu'on voit des retombées de ces deux
commissions-là? Au niveau des deux lacs, est-ce qu'on peut voir des
retombées après un an ou si c'est encore bien des
réunions?
M. Duquette: Après un an, la première étape
de ces commissions-là, en ce qui concerne les deux lacs, était de
faire l'état de la situation pour voir le niveau de pollution,
vérifier les affluents qui tombent et les sources de pollution qui
viennent de là. Cet effort-là est pas mal entamé. Les
étapes subséquentes vont aller dans le sens de trouver des moyens
pour contrecarrer cette pollution-là ou pour préserver les abords
du lac et la qualité de l'eau.
M. Ciaccia: Je veux vous remercier de votre
participation pour les questions sur ces organismes et souligner que
vous-même êtes au courant de l'importance parce que vous
étiez présent lors de plusieurs réunions... Je crois
qu'avec le Vermont, il y avait eu une réunion même quand
j'étais ministre de l'Énergie. Nous avions tous les deux
participé au conseil d'administration et aux décisions qui
étaient prises par cet organisme. Mais il est important d'encourager et
d'appuyer non seulement la Commission, mais aussi les mécanismes de
Québec-Vermont, parce que nous avons des liens avec la
Nouvelle-Angleterre. Nous avons beaucoup d'activités au niveau
commercial, au niveau culturel aussi. Nous sommes des voisins, et
c'était très important que nous poursuivions nos activités
avec eux. Ceci a des effets non seulement sur les projets spécifiques,
plutôt de l'environnement, qui font partie de ces ententes, mais
ça a des retombées sur d'autres activités entre le
Québec et la Nouvelle-Angleterre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je vais reconnaître brièvement le député
d'Anjou, pour reprendre avec le député de Bertrand tout de suite
après.
Délégation de Los Angeles
(suite)
M. Larouche: Je ne sais pas si ce sera bref, parce que je reste
avec un arrière-goût, une certaine insatisfaction concernant la
question du délégué du Québec à Los Angeles.
Moi, je trouve que c'est lui faire injustice que de garder sous silence
certaines choses. Les procès-verbaux de la commission vont rester,
disons, pour les 100 prochaines années et de quoi a l'air le
délégué du Québec à Los Angeles, M. Emile
Genest? On fait tout un plat parce qu'il rencontre le chef du cabinet du
premier ministre, puis on veut d'un autre côté se prétendre
un État qui aurait des... Prenons par exemple, l'ancien gouverneur
Sununu qui est chef de cabinet de Bush et quelqu'un arriverait en commission
parlementaire et dirait: Quoi! il a rencontré Sununu. Surtout que cette
rencontre avec M. Parisella coûte 238,55 $ quand on en voit d'autres dans
les comptes publics: ici 7475 $. Jacques Defoy, 7039 $, Michel Gagné, et
ainsi de suite. Pour 238 $, on sème le doute que le
délégué du Québec à Los Angeles, M. Emile
Genest, comploterait quelque chose. Puis quand vient le temps de "blaster\ je
pense que je l'ai fait. Par exemple, le 1er novembre, je parlais du personnel
qui entourait le premier ministre, mais quand c'est le temps de dire d'autre
chose, je le dis. Il faut quand même être équilibré
dans cette affaire-là. Ça, c'est un premier point. (12
heures)
Le deuxième point, on s'en fait parce qu'il rencontre un marchand
de poisson puis parce qu'il va voir un temple à Tijuana, là, on
dit que ça ne sent pas bon, il rencontre un marchand de poisson, parce
qu'il va à Anchorage, en Alaska...
C'est fort. Mais là, on laisse tout ça. Qu'est-ce qu'il
est allé faire? Il est allé s'installer un bateau. Voyez-vous, il
est délégué du Québec à Los Angeles, sur la
côte ouest. Je pense que c'est un poste assez important, si vous couvrez
toute la côte ouest. On dit que, depuis le début, ça va du
nord-ouest, à Anchorage, à la limite du Mexique. Puis vous avez
été, M. le député, au ministère des Affaires
extérieures du Canada; moi, je n'y ai jamais été. Mais il
me semble que, quand on a un délégué de la trempe de M.
Emile Genest pour couvrir un territoire aussi grand, on doit le respecter et ne
pas semer des doutes. Je ne blâme pas l'Opposition de soulever des
questions, mais je souhaiterais que le gouvernement, malgré les articles
54 et 55 qui disent que des renseignements sont confidentiels parce qu'ils
concernent une personne physique qui pourrait être identifiée,
ainsi de suite, malgré ces articles-là, soumette au moins le
mandat. Quel était le mandat de cette commission d'enquête
administrative? Quels ont été ses résultats? Qu'est-ce qui
a été trouvé? Il y a déjà eu, par exemple,
le rapport Trudeau. Êtes-vous au courant de ça? C'est M. Trudeau
qui était professeur à l'École nationale d'administration
publique - M. Caron, M. le sous-ministre, vous avez été à
l'école là - et qui a fait un rapport sur les façons, les
modes de gestion de nos délégations. Il y a eu plusieurs autres
rapports. Alors, il y a des cadres qui existent sur la gestion. Je veux dire,
quand on a ces cadres-là, comment... Puis on sait la compétence
aussi de M. Chapdelaine, la compétence de nos fonctionnaires au niveau
international, elle est évidente. Alors, pourquoi? Lorsque le
gouvernement ne répond pas à des questions très
précises, moi, je dis qu'il porte préjudice à ce
délégué du Québec à Los Angeles. Alors,
voyez-vous, le silence du gouvernement face à des questions fort
légitimes de l'Opposition fait en sorte qu'il y a préjudice.
Moi, je termine en disant ceci: Je souhaite que le mandat de M. Genest
soit reconduit, au mois de juin. Je le souhaite. Je ne le connais même
pas. Je l'ai vu dans la famille Plouffe. C'est tout. Par contre, on sait quel
type de marché il y a sur la côte ouest. Puis un gars qui ne se
gêne pas pour aller vers le froid, l'Alaska, puis vers le chaud, le
Mexique...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: ...mérite bien de rester au centre, à
Los Angeles, avec les anges. Alors, c'est ce que je lui souhaite, puis je vais
voir à faire en sorte qu'il continue à voguer sur les eaux bleues
de la Californie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Est-ce que vous voulez commenter cette intervenant?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Je veux
remercier le député d'Anjou pour son intervention. Le
sous-ministre, je crois, a souligné, a dit qu'il n'y avait pas
d'irrégularités dans le rapport de M. Chapdelaine sur le
délégué général à Los Angeles. C'est
vrai que c'est tellement facile de semer des doutes sur
l'intégrité ou sur la performance d'une personne et ces
doutes-là, malheureusement, suivent cette personne. Ça fait
partie de leur bagage et c'est très dangereux. C'est pour ça que
c'est vrai qu'il faut faire très attention. Même, je ne crois pas,
moi, pour des fins, je ne sais pas, politiques... Il faut être prudent.
Je veux seulement souligner qu'il y a eu un excellent rendement de la
délégation de Los Angeles sur le plan économique et sur le
plan culturel. Alors, dans les faits, le rendement pour le Québec a
été très bien.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Bertrand. Ensuite,
ce sera au tour de M. le député de Chapleau.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je pense que les
derniers propos de mon collègue d'Anjou sont exacts, dans le sens qu'il
n'est pas tout à fait équitable que la réputation des
individus soit ternie. Ça, on est parfaitement conscients. Comme vous
avez remarqué ce matin, nous, on n'a pas cherché à ternir
la réputation de qui que ce soit. On a simplement cherché
à obtenir, comme vous l'avez demandé vous-même, le
dépôt de l'enquête administrative de M. Chapdelaine, du
moins la partie administrative sur laquelle portent les allégations.
Vous avez bien vu, on nous refuse, pour toutes sortes de raisons techniques, de
publiciser ce rapport justement dans l'objectif ou bien de blanchir la
personne, si c'est le cas, et de mettre fin à ces allusions-là ou
bien, le cas échéant, de prendre les procédures qui sont
exigées. On ne peut pas, néanmoins, ne pas revenir à une
citation de M. Chapdelaine lui-même qui dit qu'il y a beaucoup
d'améliorations à faire au bureau de Los Angeles et que le
ministère aurait dû surveiller plus étroitement le
délégué Genest. Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est M.
Chapdelaine qui l'a dit. Donc, dans ce sens-là, vos propos rejoignent
exactement l'objectif que nous avions en tête. Et compte tenu du fait que
le ministère ne veut pas déposer la partie administrative de cet
examen de M. Chapdelaine, est-ce qu'à tout le moins, vous pourriez
déposer à la commission la lettre que le sous-ministre a
envoyée à M. Genest, mettant fin à son contrat?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, on peut le...
M. Caron: Soit dit en passant, on cherche à savoir
où vous prenez cette déclaration de M. Chapdelaine. Je n'ai
aucune idée où vous prenez ça. J'ai déjà
discuté avec M. Chapdelaine et je ne sais où vous prenez cette
déclaration-là. Il m'a fait un rapport verbal, une partie verbale
et une partie de son examen écrit qui comprenait des recommandations. Et
je ne sais aucunement où vous prenez cette déclaration-là.
Vous faites référence à une déclaration ou à
quoi?
M. Larouche: C'est ça que je pense, M. le
Président. C'est que... Et là à ce niveau-là...
Une voix: Un article de journal.
M. Beaulne: C'est quelque chose qui a été
publié dans les journaux.
Des voix: Ah! ah! ah!
Une voix: Ah bon! Excusez.
M. Beauine: Non, mais c'est exactement ça. Écoutez,
c'est exactement la question et ça rejoint exactement les demandes. S'il
n'a rien à se reprocher, déposez-le.
M. Caron: Non, mais ce que vous avez constaté, moi, je ne
veux pas aller plus loin. Je vais me limiter strictement à l'aspect
administratif. Suite à l'examen administratif, il n'y a aucune
accusation quelconque qui a été portée puisqu'il n'y avait
pas d'irrégularités. Disons que je me souvenais vaguement du
rapport et que je n'ai jamais entendu cet aspect-là. Je pense qu'on a
extirpé des paroles.
Le Président (M. Dauphin): C'est terminé. Oui, M.
le député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui, finalement, pour conclure, l'autre point que je
tenais à faire en prenant cet exemple-là, non seulement pour
obtenir de la part du ministère des éclaircissements sur ce qui a
été publié dans les journaux un peu partout parce que,
nous, on n'a pas cette information-là et je pense que le public est en
droit de l'obtenir, mais, d'autre part, également parce que ça
soulève, encore une fois, un des points principaux qui font l'objet
prioritaire, en tout cas, de nos préoccupations en ce qui concerne le
ministère des Affaires internationales, c'est-à-dire de doter le
ministère d'un véritable professionnalisme au niveau de la
représentation. Je ne veux pas dire que M. Genest n'est pas un
professionnel, sauf que ça s'adonne que ce n'est pas quelqu'un qui est
issu des rangs de la fonction publique québécoise et du
ministère des Affaires internationales. Vous me direz que c'est une
coïncidence, mais ça s'adonne comme ça.
Le Président (M. Dauphin): M le député
d'Anjou, sur le même sujet.
M. Larouche: Oui, peut-être pour clore cette affaire, il
serait peut-être bon que les faits
soient rétablis, quitte à masquer ce qui ne doit pas
être dit, mais au moins, qu'on dise: Voilà. Puis même s'il
ne provient pas des rangs, que ce n'est pas un fonctionnaire ou n'importe quoi,
je trouve ça donc dommage de dire: On va ternir la réputation de
quelqu'un par ce qu'il n'a pas écrit, il n'y a rien de paru dans les
journaux puis le gars passe pour un fou, ou encore il passe pour un fou parce
qu'il y a eu un article d'écrit sur lui dans le journal. Il y a quelque
chose. Alors, il faudrait que le ministère des Affaires internationales
examine ce point-là de façon très particulière,
rétablisse les faits quant au préjudice très grave qui a
été porté. M. Genest, le délégué du
Québec, s'il doit être condamné, qu'il le soit. Mais
là, je n'encense pas le gouvernement. Je dis: C'est votre attitude de
secret qui amène à poser des questions.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je ne pense pas qu'il y ait de secrets. Je pense que
le sous-ministre a affirmé, a déclaré assez clairement
qu'il n'avait pas d'irrégularités d'après l'examen qui a
été fait par M. Chapdelaine. Ce que je déplore, c'est que
les allégations qui sont faites soit ici en commission parlementaire ou
dans les journaux ne rendent pas justice au personnel de la
délégation qui, je peux vous assurer, travaille bien et produit
beaucoup de résultats et de bonnes choses pour le Québec. Et
ça serait malheureux si, à la suite de ces allégations,
ça pouvait jeter un doute sur l'efficacité,
l'honnêteté, l'intégrité du personnel de la
délégation à Los Angeles.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. M. le
député de Bertrand. Oui, sur le même sujet? M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je peux parler en
connaissance de cause de M. Emile Genest parce que j'ai eu la chance d'aller
à Los Angeles sur mon bras et non sur le bras d'autres et j'ai
été très bien reçu là-bas. J'ai
demandé des explications et ils m'ont très bien répondu,
le personnel aussi bien que M. Genest. Je n'étais pas seul,
j'étais avec mon fils. C'est un endroit où il fait bon de
visiter, de prendre des informations parce qu'il est reconnu. On a parlé
avec d'autres personnes également. On est sorti quelques soirs parce que
j'ai couché trois soirs là-bas. Puis la maison du Québec
est très bien cotée là-bas incluant son personnel. Merci.
C'est ce que je voulais...
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: ...je voudrais remercier le député pour
l'occasion de souligner... Je viens de me rappeler qu'il y a à peu
près 10 jours, nous avons reçu le comité aviseur du
Sénat de la Californie. Il y avait trois membres de ce comité
dont le président et le but de leur rencontre, leur visite à
Montréal, c'était d'étudier la possibilité d'ouvrir
un bureau à Montréal pour l'État de la Californie. Ils
examinaient deux autres endroits au Canada. Et je peux vous dire qu'ils
n'avaient que des louanges à donner, en ce qui concerne le travail de la
délégation à Los Angeles. C'était très
gratifiant pour nous parce que c'était des aviseurs au Sénat de
la Californie, de Los Angeles, qui avaient des remarques et des
félicitations à l'égard du personnel de la
délégation de Los Angeles. (12 h 15)
Le Président (M. Dauphin): Très bien. M. le
député de Bertrand.
Relations France-Québec
M. Beaulne: Pour passer aux relations France-Québec plus
particulièrement, vous avez dit, M. le ministre, que, d'après
vous, les relations entre la France et le Québec avaient toujours
été au beau fixe et qu'il n'y avait eu aucun ralentissement dans
ces relations. On interprète probablement différemment les propos
de M. Dufour lorsqu'il dit: Je veux occuper tout l'espace qu'on avait avant.
Mais je prends à la page 28 du cahier explicatif des crédits de
votre ministère où la Direction générale de France
écrit: "La Direction générale France entend profiter de la
visite au Québec du premier ministre français pour donner une
nouvelle impulsion aux relations franco-québécoises."
D'après mon dictionnaire à moi, lorsque l'on parle de donner une
nouvelle impulsion, c'est qu'il y avait quelque chose qui avait ralenti quelque
part. Je sais que vous refusez d'admettre qu'il y a eu un certain
ralentissement, mais j'aimerais savoir comment vous interprétez cet
énoncé dans votre propre cahier explicatif qui vient d'une de vos
propres divisions, d'une part? Et rattaché à ça, puisque
vous parlez maintenant d'une rencontre possible et d'une visite de M. Rocard
à Québec, quelles sont concrètement les priorités
pour le Québec dans le cadre de cette rencontre éventuelle qu'on
souhaite prochaine entre M. Bourassa et M. Rocard? Et est-ce que vous pouvez
nous faire le point sur les négociations avec la France concernant le
contrat des CL-215, les avions de Canadair, les avions-citernes pour lutter
contre les incendies?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je remercie le député de Bertrand de me
donner l'occasion d'expliquer le sens de la citation qu'il nous a donnée
à la page 28 en ce qui concerne une nouvelle impul-
sion. Je voudrais faire un bref historique des activités depuis
que je suis ministre des Affaires internationales. Ma première mission
officielle, ma première visite officielle, a été en France
et j'ai rencontré le ministre des Affaires étrangères, M.
Roland Dumas. Et quand vous dites que nos relations avec la France ont pris un
recul, ce n'est pas conforme aux faits parce que, durant cette visite, on s'est
entendus, on a discuté non seulement les relations France-Québec,
tous les éléments des échanges que nous avions eus, mais
nous sommes allés plus loin.
Nous avons discuté de deux sujets d'importance capitale, non
seulement pour nous mais pour la France, qui démontrent
l'intérêt que la France a à travailler avec nous, la
collaboration et l'intérêt que nous aussi avons, et la nouvelle
impulsion se trouve dans les comités que le ministre des Affaires
étrangères de la France et moi-même, nous nous sommes
entendus de créer, suite à cette rencontre. Nous voulions tirer
avantage de deux éléments. Nous avons l'entente du
libre-échange avec les Américains, alors nous avons dit à
la France. Que pouvons-nous faire pour encourager les entreprises
françaises à venir s'installer au Québec, non seulement
pour desservir le marché québécois, le marché
canadien, mais pour tirer avantage de l'entente du libre-échange
où vous pouvez desservir le marché nord-américain?
Ça a été un intérêt marqué de
la part de M. Dumas, il a dit: Oui, c'est une chose à laquelle nous
devons nous intéresser. Et d'autre part, l'autre élément,
c'est l'Europe de 1992, quand il va y avoir le marché unique. Nous avons
suggéré des mesures que nous pourrions prendre, nous avons
posé la question. Que pouvons-nous faire, au Québec, pour nos
entreprises, pour nos universités, pour tous les secteurs qui seraient
intéressés dans ce nouveau marché unique, dans cette
nouvelle perspective de l'Europe de 1992, que pourrions-nous faire pour en
tirer avantage? Parce qu'avec le marché unique, être à
Paris, être en France, veut dire être dans toute l'Europe, alors
que, présentement, il faut être dans chaque pays de l'Europe
Alors, pour poursuivre nos activités, qui sont d'une importance
capitale pour l'Europe 1992, pour le traité du libre-échange,
nous avons convenu de créer des comités de travail entre la
France et le Québec. Et les comités de travail sont dans quatre
secteurs importants pour nous: l'environnement, les technologies de
l'information, et j'ai déjà mentionné dans mes remarques
préliminaires, l'aérospatiale et l'audiovisuel Alors, l'impulsion
à laquelle fait référence la page 28, c'est pour ces
quatre comités, une nouvelle impulsion dans les transferts de
technologie, dans l'Europe 1992, parce que, avant mon mandat, l'Europe 1992
n'était pas encore une réalité. Elle va devenir une
réalité. On n'avait pas l'entente du libre-échange. Alors,
il faut donner une nouvelle impulsion pour que le
Québec, la France, puissent tirer avantage de ces nouveaux
marchés, de ces nouvelles conditions. Alors, c'est l'explication
très simple. Et nous avons mis sur pied ces quatre comités. Et
durant la visite du premier ministre qui est acquise, c'est une question de
discuter des dates, on est en discussion pour savoir quand le premier ministre
va venir visiter et même le ministre Dumas, pour montrer encore les
bonnes relations et qu'il n'a jamais été question de
détérioration ou de recul... Au contraire, le ministre Dumas a
invité M. Dufour dans sa région, et il l'a même
transporté dans l'avion gouvernemental. Alors, je crois que c'est un
signe de très bonnes relations. Je ne sais pas dans quel contexte...
Parce que des fois vous citez M. Dufour ou un autre, mais je ne sais pas dans
quel contexte vous le faites.
En ce qui concerne les activités, l'état des relations
France-Québec, je voudrais seulement porter à votre attention -
et je vais venir à la question des CL-215 tantôt - les relations
économiques avec la France. Partons de ça. Les investissements:
60 % des 300 sociétés françaises au Canada sont
établies au Québec. En ce qui concerne les accords industriels,
d'avril à décembre 1990, il y a 16 accords qui ont
été signés et 31 projets sont en négociation dans
le cadre du programme ACTIM, programme dont on a discuté tantôt,
le député d'Anjou avait posé certaines questions sur les
budgets, les compagnies, les sociétés qui venaient ici. En ce qui
concerne la question du commerce, la France est notre quatrième client,
après les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Dans le
domaine du tourisme, la France est notre deuxième client après
les États-Unis. La coopération institutionnelle
franco-québécoise est axée en majorité sur la
recherche et sur les secteurs d'avenir, et a fait l'objet d'une attention et de
moyens accrus tant du côté français que
québécois.
Alors, je crois que c'est - je vais être poli - inexact de parler
de relations qui n'ont pas augmenté, qui ne se sont pas accrues entre la
France et le Québec. Et encore une fois, je ne sais pas quel est le but
du député de Bertrand de vouloir semer des doutes sur ces
relations. Même le consul général de France ne comprend pas
cette attitude, non seulement de votre part à vous, je ne sais pas
à qui d'autre vous avez parlé dans votre parti, parce que
c'était l'attitude de votre prédécesseur, le
député de Lac-Saint-Jean, à tel point que le consul
général de France s'est senti l'obligation de faire une
déclaration publique dans une lettre qu'il a envoyée au journal
La Presse. Alors, vous savez, vous avez le privilège, le droit de
poser des questions, de soulever des sujets, mais if faut aussi être
prudent. Parce que je suis convaincu que ce n'est pas votre intention qu'en ce
qui concerne nos relations entre la France et le Québec, il y ait des
doutes qui soient semés et
que sûrement vous ne voulez pas semer des doutes sur le travail du
personnel au ministère, de tous ceux qui sont impliqués dans le
travail que nous faisons entre la France et le Québec, parce que, pour
signer le nombre d'ententes que vous avons faites, ça ne se fait pas
tout seul. Ce n'est pas seulement le ministre qui peut faire ça, loin de
là. Ça prend tout un appui. Ça prend un appui des
fonctionnaires, de ceux qui sont intéressés, de tous ceux qui
oeuvrent dans le milieu, que ce soit dans les associations
franco-québécoises, que ce soit au ministère des Affaires
internationales, que ce soit au ministère de l'Industrie et du Commerce.
Et je crois, encore une fois, que ça ne rend pas justice à tous
ces efforts quand vous faites des affirmations comme vous le faites. Ça
me fait plaisir, d'une certaine façon, de corriger, de rectifier les
déclarations que vous faites par des faits concrets. Ce ne sont pas des
opinions que je vous émets. Ce sont des faits concrets. Et
prochainement, nous allons procéder à une autre mission en France
pour laquelle nous serons accompagnés par les différents secteurs
du Québec, spécialement dans le domaine aéronautique.
Pensez seulement au contrat d'airbus avec Bombardier. Et nous allons, cette
fois-ci, dans les régions de France pour étendre notre
présence, notre rayonnement, nos activités. Nous avons non
seulement posé des gestes, mais nous avons des faits très
concrets en ce qui concerne les activités, les échanges, les
relations entre la France et le Québec et, sans vouloir faire la
morale...
M. Beaulne: Les CL-215, où est-ce qu'ils en sont?
M. Ciaccia: Pardon? Oui, je vais y venir. Mais vous m'avez
posé une question sur les relations France-Québec, et je crois
que c'est assez important pour que je fasse le point, pour que je ne vous le
donne pas juste brièvement. Et sans faire la morale à quiconque,
je pense qu'il faut mettre les relations France-Québec au-dessus des
relations partisanes, de partis, que ce soit le Parti québécois
ou le Parti libéral. Je crois que, dans ce contexte, nous avons les
mêmes intérêts en termes de promouvoir les
intérêts du Québec, les intérêts des
intervenants, des sociétés québécoises dans les
différents domaines et dans les activités que nous avons avec la
France.
En ce qui concerne le possible achat des CL-215, il s'agit de 12
appareils. Et, à la demande du gouvernement français, Canadair a
soumis, le 14 septembre 1990, une proposition pour la fourniture d'avions
CL-215T, le modèle T. Le 6 décembre, le ministre
délégué auprès du ministre de l'Intérieur,
M. Philippe Marchand, confirmait à Bombardier la décision du
gouvernement français de renouveler sa flotte d'avions amphibies de la
sécurité civile et lui demandait de fixer une date le plus
tôt possible pour l'engagement des négociations. Et, le 26
décembre dernier, le premier ministre français, M. Michel Rocard,
confirmait, à son tour, au premier ministre du Québec la
décision du gouvernement français. Les négociations sont
engagées depuis la mi-janvier entre Bombardier et les
représentants tant de la sécurité civile que du service de
compensation industrielle du ministère de l'Économie, des
Finances et du Budget. Et je pourrais vous dire que le gouvernement du
Québec se réjouit de la décision du gouvernement
français d'acquérir 12 CL-215T. Et je pourrais ajouter aussi que
les différentes interventions du gouvernement du Québec et de la
délégation générale du Québec à Paris
ont donc porté fruit. Et c'est un sujet que j'avais discuté lors
de ma première visite officielle à Paris. C'est quelque chose que
nous avons poursuivi, que la délégation générale a
continué, et, en terminant, je pourrais vous dire que la
société Bombardier est optimiste. Une entente commerciale devrait
être signée avant l'été pour pouvoir lancer la
production en septembre, et ceci, afin de pouvoir fournir les avions pour
l'été 1994. Ce sont les échéanciers et les
discussions qui ont lieu entre Bombardier et les intervenants
français.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Ciaccia: J'espère que ce n'est pas une question de
partisanerie. Je pense que nous avons tous le même intérêt
à encourager notre industrie et plus spécialement la compagnie
Bombardier à poursuivre et à compléter ses
négociations pour ces appareils.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Il nous
reste environ 10 minutes ce matin, et je crois, M. le député de
Bertrand, que vous avez d'autres questions, tout en tenant compte qu'il y a
deux parlementaires qui m'ont également demandé d'intervenir et
tout en tenant compte également que nous avons une heure cet
après-midi aussi.
M. Beaulne: Bon. Je vais être assez bref. D'abord, vous
m'avez demandé où je puisais les informations, les
déclarations de M. Dufour. Bien, je peux vous donner l'article, une
copie, c'est l'édition de La Presse, samedi 2 mars, c'est un
article de Mario Fontaine, entrevue avec M. Dufour.
M. Ciaccia: Je ne prendrai pas les articles de journaux
là, j'essaie de parler des faits. Moi, je fais une distinction entre les
articles de journaux et les faits.
M. Beaulne: Et justement, c'est à mon tour à
répondre là. L'autre aspect, justement, vous parlez de
faits...
M. Ciaccia: Oui
M. Beaulne: Bon, moi, je marche d'après les faits
également, et on ne peut que constater, malgré tout ce que vous
dites, qu'au niveau des nominations des personnes, il y a quand même, en
termes diplomatiques, des choses bizarres qui se passent. Ça vous a pris
au-delà d'un an avant...
M. Ciaccia: Lesquelles?
M. Beaulne: ...de nommer un délégué
général permanent. M. Bergeron a fait un excellent travail, mais
vous n'avez confirmé qu'un an après la nomination d'un
délégué permanent. Vous avez laissé, pendant
au-delà d'un an, jusqu'à aujourd'hui encore, le poste de
conseiller senior en communications vacant au moment où on vft des
moments importants ici. Vous avez encore laissé vacant un conseiller
à la francophonie. Bon, ce n'est pas un poste qui a été
créé, mais c'est un poste qui a été hautement
recommandé.
J'ai trois questions rapides tout simplement parce que... Puis un autre
commentaire sur vos allégations...
M. Ciaccia: M. le Président, juste une, M. le
Président, si vous me permettez...
M. Beaulne: ...vous avez dit tout à l'heure que le
conseil... Écoutez, écoutez, vous avez parlé, c'est
à mon tour. Vous avez...
M. Ciaccia: On va se calmer, calmez-vous.
M. Beaulne: ...non, parce que vous avez fait des
allégations tout à l'heure à l'effet que moi-même ou
ma formation politique faisions des allégations non fondées
concernant l'évolution des relations France-Québec. Bien, je vais
vous dire que c'est tant mieux si vous avez un excellent personnel pour
maintenir ce niveau de relations, parce qu'il ne semble pas qu'il y art des
directions très très précises de formulées. Et mes
questions sont les suivantes.
Une voix: Les faits.
M. Beaulne: Quand allez-vous confirmer une visite de M. Rocard
qui a été jusqu'ici reportée?
Une voix: Ça s'en vient.
M. Beaulne: Oui, ça s'en vient, ça fait plusieurs
fois qu'on nous le dit. Quand allez-vous nommer un conseiller senior à
la délégation du
Québec pour s'occuper des communications? Et avez-vous
l'intention de créer un poste de conseiller à la francophonie? Et
si oui, quel est votre échéancier à ce
niveau-là?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, en
réponse.
M. Ciaccia: Bon, merci, M. le Président, je pense qu'on va
rester calme, on ne s'énervera pas...
M. Beaulne: Oui, mais privons-nous d'allégations
alors.
M. Ciaccia: Oui, mais je l'ai fait très calmement, mon
allégation. Quand vous nous reprochez de ne pas avoir nommé un
délégué général à Paris et d'avoir un
délégué par intérim, vous ne trouvez pas, M le
député de Bertrand, que c'est un peu une insulte à la
compétence, à l'intégrité, à la
capacité de Marcel Bergeron. Le fait qu'il était là par
intérim n'enlève pas sa compétence, n'enlève pas le
travail qu'il a fait. Je pense que c'est pendant qu'il était là
que la décision a été prise d'acheter les CL-215. Je n'ai
pas vu d'achats de CL-215 pendant que vos diplomates du Parti
québécois étaient a Paris. L'ère de la diplomatie
ne nous a pas donné les résultats que nous avons aujourd'hui avec
la France. Et je pourrais vous en mentionner d'autres. La prise de
participation de 30 % de la part de Gaz de France dans Distribution Ner-gitec,
filiale de Gaz Métropolitain, qui est vouée à la
fabrication et à la commercialisation de hautes technologies
gazières françaises en Amérique du Nord. L'acquisition par
l'entreprise Jean Lefebvre, deuxième entreprise routière de
travaux publics en France, dans une entreprise québécoise.
Je pourrais continuer à faire la liste. Ce ne sont pas des
opinions. Ce ne sont pas des allégations que je vous fais. Ce ne sont
pas des articles de journaux que je vous lis. Ce ne sont pas des citations hors
contexte. Quand la personne parle pour 15 minutes et puis que vous prenez trois
mots, comme on le fart souvent, c'est le travail des journalistes, c'est
ça qu'ils font, mais vous utilisez ça. Alors, je vous
ramène un peu à la réalité et aux faits concrets.
Et ne persistez pas à essayer de détruire les réputations,
de nuire aux réputations de ces gens-là. Je ne pense pas que
ça ajoute à notre débat.
J'aimerais avoir avec vous un débat positif et constructif.
Demandez-nous ce que nous devrions faire, dans quel secteur, identifiez des
secteurs. Donnez-nous des suggestions, ce qu'on pourrait faire de plus. Queis
secteurs sont négligés? Quelles sont les mesures additionnelles
qu'on pourrait prendre pour augmenter toutes les activités que je viens
de porter à votre attention? Ça, ça pourrait être
positif. Mais je trouve que c'est un peu stérile de continuer à
jeter des doutes sur toutes les activités de gens de bonne foi, de
compétence et d'intégrité, qui oeuvrent dans ce domaine,
incluant les gens que vous voyez devant vous.
En ce qui concerne un représentant délégué
pour la francophonie, je pense que, suite au
prochain sommet, une décision pourrait être prise à
ce sujet. En ce qui concerne l'agent de communication, c'est en cours et la
nomination sera faite prochainement. En ce qui concerne la date, le principe
est acquis, le premier ministre Rocard sera ici, mais los propositions do dates
sont en cours et quand elles seront finalisées et que le gouvernement
français nous autorisera à donner la date précise, nous le
ferons.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Nous
terminerons l'avant-midi avec M. le député d'Anjou.
M. Larouche: J'ai justement une question plus précise au
niveau des voyages des ministres depuis le 1er avril 1990. Page 3, c'est la
question 3, dans le cahier 2, c'est-à-dire tome I. Gaston Blackburn,
rencontre sur le jumelage des rivières Dordogne et Jacques-Cartier. Qu'a
donné le jumelage des deux rivières?
M. Ciaccia: Ça a été une demande
spécifique du ministre des Affaires étrangères de la
France, M. Dumas, dans sa région. C'est un projet auquel il tenait
beaucoup. Et il a fait cette invitation et il a demandé à M.
Blackburn de se rendre, et c'était pour le relancement du saumon...
M. Larouche: ...fertiliser la rivière Dordogne, un
mélange des deux...
M. Ciaccia: Fertiliser les deux rivières. Exactement.
M. Larouche: Je suis convaincu que ça va donner de bons
résultats. C'est un plan triennal?
M. Ciaccia: Peut-être que je pourrais demander plus de
détails à...
M. Larouche: Est-ce que M. Rocard... M. Ciaccia:
Ricard.
M. Larouche: ...je veux l'appeler M. Rocard, M. Ricard. C'est
ça, Ricard?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Pour les fins de
l'enregistrement...
M. Ricard (Denis): Denis Ricard, sous-ministre adjoint aux
Affaires internationales. Il s'agit d'une entente qui date d'une certaine
époque déjà et l'objectif était: Voilà deux
rivières qui donnent des similitudes à plusieurs points de vue et
qui font face aux mêmes problèmes, notamment au niveau de
l'ensemencement de saumon. L'objectif était de voir com- ment on
pouvait, faisant face aux mêmes problèmes, dans le cadre de nos
relations avec la France, s'assurer qu'on pouvait tenter de trouver des
solutions identiques. C'est l'objectif, c'est l'échange d'expertise pour
résoudre ce problème.
M. Larouche: Est ce que je pourrais avoir copie d'un dossier
technique à cet égard-là? Ce n'est pas confidentiel?
M. Ciaccia: Certainement, pas de problème. Même
quand j'avais rencontré M. Dumas, à ma première visite
officielle, on avait discuté de ce projet. Et il considérait
très important... Et même, on avait parlé de la
rivière Jacques-Cartier, je l'avais invité à venir au
Québec et il devait tenter de faire une visite au Québec.
M. Larouche: Je prends note que vous allez m'expédier, de
la part du sous-ministre adjoint et du sous-ministre en titre, la liste des
documents que j'ai demandés.
M. Ricard: Nous vous l'enverrons en tenant compte aussi, bien
sûr, du fait que nous ne sommes pas le seul ministère
impliqué. Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche est aussi impliqué dans le dossier.
M. Ciaccia: Nous allons obtenir les informations.
M. Larouche: Le temps de faire un petit paquet. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. La commission
suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 40)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames et messieurs, nous
allons reprendre nos travaux, puisqu'il nous reste une autre période
d'une heure, afin de terminer l'étude des crédits du
ministère des Affaires internationales. Nous allons donc poursuivre
jusqu'à 16 h 30 nos travaux. Je vais maintenant reconnaître un
premier parlementaire, M. le député de Bertrand, qui est
porte-parole de l'Opposition officielle.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Pour continuer dans la
discussion qu'on avait amorcée ce matin sur le réseau des
délégations du Québec à l'étranger,
j'aimerais revenir sur la délégation du Québec à
Londres. Le poste de délégué général est
libre maintenant depuis janvier, M. Scowen étant revenu au
Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer s'il compte
combler le poste rapidement?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Présentement, nous avons un
délégué par intérim, et je voudrais prendre
l'occasion pour signaler le bon ouvrage qui a été fait à
Londres de la part de tous les membres de la délégation. C'est
pour des raisons personnelles que l'ex-délégué du
Québec à Londres a dû indiquer au gouvernement son souhait
de rentrer en tout début d'année plutôt qu'à
l'été 1991. Les démarches pour désigner un nouveau
délégué général du Québec à
Londres ont été entreprises dès que le retour
anticipé de M. Scowen a été convenu, et elles se
poursuivent normalement Le gouvernement est en mesure d'assurer qu'un nouveau
délégué sera en poste à Londres dans les plus brefs
délais.
M. Beaulne: Les plus brefs délais, pouvez-vous être
un peu plus spécifique?
M. Ciaccia: Nous espérons avoir quelqu'un en poste avant
la fin du printemps.
M. Beaulne: Et en ce qui concerne la délégation du
Québec à New York et à Boston? À Boston, c'est
vacant à l'heure actuelle, à New York, M. Paré est encore
là. Est-ce que vous comptez lui offrir un prolongement, ou si vous
comptez le remplacer? Le cas échéant, la même question
s'adresse aussi bien pour la délégation de New York que Boston,
dans quels délais comptez-vous combler ces postes-là?
M. Ciaccia: J'ai demandé à M. Paré de
demeurer en poste. Nous regardons pour un délégué à
Boston. Et cela aussi dans un délai assez rapproché, nous devrons
être en mesure d'avoir une nomination à Boston, peut-être
dans quelques semaines pour le poste de Boston.
M. Beaulne: Pour le prolongement de M. Paré, est-ce que ce
serait pour un an ou plus? Est-ce qu'il faut accréditer les rumeurs, en
fait, qu'on a lues dans les journaux - je m'excuse encore de citer les
journaux, mais on a lu ça comme tout le monde - que M. Lalonde serait
affecté à New York?
M. Ciaccia: Je ne vous reproche pas de citer les journaux. Je
pense qu'il faudrait comprendre le sens de mon intervention. C'est juste que,
quand il y a des citations, certains propos attribués à quelqu'un
qui a été cité, c'est possible qu'il ait dit plus que ce
qui est seulement dans le journal, peut-être que c'est possible
d'élaborer sur ses propos, mais je ne vous fais pas de reproches de
citer les journalistes, loin de là. Nous examinons la situation à
New York et nous serons en mesure de prendre une décision finale
prochainement.
Présence en Corée du Sud
M. Beaulne: Dans un autre continent, maintenant. Vous avez fait
état au cours de votre préambule, et c'est tout à fait
vrai, que le Québec a beaucoup à faire pour ramener son commerce
avec l'Asie à un niveau plus acceptable. Pouvez-vous nous dire où
en sont les discussions concernant l'ouverture d'une délégation
à Séoul?
M. Ciaccia: Nous attachons une importance particulière
à la Corée du Sud. Il y a eu des investissements importants qui
sont venus de la Corée du Sud au Québec. Le potentiel est
énorme et nous poursuivons nos démarches pour intéresser
autant que possible les échanges entre le Québec et la
Corée du Sud. Depuis plusieurs années, les échanges
économiques entre le Québec et la Corée vont en
s'accroissant rapidement. Il y a encore un potentiel d'investissement
additionnel. Inutile de se référer à l'investissement qui
a été annoncé, cette semaine, de Sammi Steel. Il y a
beaucoup de potentiel. Alors, nous portons une attention particulière.
En ce qui concerne votre question plus spécifique, un décret
gouvernemental récemment a autorisé le Québec à
ouvrir une représentation dans ce pays. Et il y a quelques jours,
quelque temps, une réunion entre fonctionnaires d'Ottawa et du
Québec a mis la dernière main à un projet d'entente
Québec-Canada sur des modalités administratives d'une telle
insertion du représentant économique du Québec à
l'intérieur de l'ambassade du Canada. Alors, nous aurons une
représentation du Québec à l'ambassade canadienne à
Séoul.
M. Beaulne: Bon. On parle d'un fonctionnaire du Québec
à l'intérieur de l'ambassade canadienne à Séoul et
non pas d'une représentation autonome du Québec dans des bureaux
distincts?
M. Ciaccia: Parce que c'est un fonctionnement tout à fart
autonome, avec son personnel, mais les avantages sont que, premièrement,
c'est les mêmes procédures que nous faisons dans l'immigration. Le
fait que nous sommes dans l'ambassade du Canada permettrait que la
représentation québécoise soit opérationnelle
très rapidement Le représentant du Québec pourrait avoir
accès à l'information que possède l'ambassade du Canada
sur la Corée ainsi qu'au réseau de contacts déjà
développés par le personne) de l'ambassade. Or, il pourrait aussi
participer de plein droit aux activités officielles. Et la
représentation du Québec bénéficierait, de ce fait,
d'une crédibilité accrue et pourrait profiter des
bénéfices rattachés au statut diplomatique; et les
coûts d'installation et le fonctionnement seraient également moins
élevés que si le gouvernement du Québec ouvrait une
représentation autonome.
Maintenant, ce n'est pas seulement pour des raisons budgétaires,
quoique dans le contexte actuel, les raisons budgétaires soient
importantes. Mais encore plus important que le budget et les dépenses,
c'est le démarrage plus rapide des activités du
représentant, l'accès à l'information, tout en maintenant
et en retenant l'autonomie fonctionnelle de notre représentant.
M. Beaulne: Oui, je comprends, c'est une formule d'ailleurs qui a
déjà été utilisée dans le passé
à Abidjan, dans d'autres coins du monde, cet espèce d'arrangement
avec les ambassades canadiennes, mais au niveau de la nomination de ce
conseiller à l'ambassade du Canada à Séoul, est-ce que
c'est pour prochainement? Je soulève la question, parce que lors de
l'étude des crédits l'an dernier, vous aviez indiqué
à mon prédécesseur, le député de
Lac-Saint-Jean, que ces ententes étaient en voie de finalisation.
Ça, c'était il y a un an. Alors, pouvez-vous nous dire à
peu près quand vous verriez en poste cette personne?
M. Ciaccia: Dans les prochaines semaines, la nomination pourrait
être faite officiellement, et comme vous l'avez signalé, ce n'est
pas seulement un précédent, nous l'avons fait à Abidjan,
mais c'est la pratique courante que nous utilisons dans les bureaux de
l'immigration.
M. Caron: II y aura deux techniciens du personnel de soutien avec
lui normalement; il y a des ressources qui sont prévues dans ce
sens-là. Normalement, si ça se finalise, je pense que...
M. Ciaccia: Non seulement on nomme un représentant, mais
il est évident que le personnel de soutien, pour qu'il puisse accomplir
ses tâches adéquatement, sera nommé aussi.
Afrique francophone
M. Beaulne: Depuis un certain temps, le gouvernement canadien a
procédé au rappel et même à la fermeture de certains
postes d'attachés commerciaux à ses ambassades en Afrique, en
Afrique francophone entre autres. Est-ce que votre ministère a
réagi à cette décision du gouvernement
fédéral compte tenu de l'importance du volet de la francophonie
et entre autres de l'Afrique francophone pour nos relations, en particulier, au
niveau des retombées des liens pour les compagnies
d'ingénieurs-conseils qui ont été assez actives en
Afrique, les compagnies québécoises Lavalin, SNC, etc.?
Et toujours dans le même contexte en Afrique, j'aimerais que vous
éclaircissiez un point qui a été soulevé par Michel
Dupuis, ancien ambassadeur du Canada, lors de sa présentation à
la Commission Bélanger-Campeau. À Saint-Hyacinthe, le 20 novembre
dernier, M. Dupuis a prétendu, en réponse à une question
que je lui ai posée d'ailleurs, que s'il n'y avait pas de
délégation du Québec à Dakar, ce n'est pas parce
que le gouvernement fédéral avait refusé son acquiescement
au Québec comme ça avait été le cas dans les
années soixante-dix, mais parce que le gouvernement du Québec ne
s'était pas prévalu de la possibilité que lui offrait le
gouvernement fédéral d'ouvrir une délégation
à Dakar. Alors, j'aimerais que vous nous apportiez des
éclaircissements d'abord, quant à votre réaction sur le
retrait de certains représentants commerciaux dans les ambassades
canadiennes en Afrique et d'autre part, sur cette question de la
délégation du Québec à Dakar. C'est une question
qui fait l'objet de discussions entre le fédéral et le
Québec depuis maintenant au-delà de 15 ans, et, compte tenu des
déclarations de M. Dupuis, j'aimerais que vous nous disiez si c'est le
gouvernement du Québec qui ne s'est pas prévalu de la
possibilité d'ouvrir une délégation à Dakar ou si
c'est le gouvernement fédéral qui, encore une fois, a
traîné de la patte et a refusé son autorisation.
M. Ciaccia: Bon. Sur le premier point, en ce qui concerne le
retrait des aviseurs économiques du gouvernement fédéral,
nous avons une réunion, cette semaine, entre nos sous-ministres, pour
expliquer, pour examiner et voir toute cette question. Alors, il y aura cette
réunion entre le gouvernement fédéral et nos
représentants pour examiner cette question et voir les recommandations
et les décisions qui s'imposeraient.
En ce qui concerne Dakar, le problème qui se pose à Dakar,
c'est que nous examinons les possibilités d'avoir des
représentants du Québec dans ces régions, mais si nous
allons à Dakar, la question qui se pose, c'est: Est-ce que nous serons
aussi obligés d'aller dans d'autres villes de cette région? Parce
que ça peut soulever certains problèmes. Alors, c'est quelque
chose qui est très délicat. Nous reconnaissons l'importance de la
région, de tous les aspects connexes à une représentation
du Québec, nos intérêts, tout ce que nous voulons faire
pour participer à la francophonie. Le réseau a progressé
depuis plusieurs années, mais la décision finale, en ce qui
concerne une représentation du Québec à Dakar, n'a pas
encore été prise et nous examinons toutes les questions qui
pourraient être soulevées, tous les problèmes que ça
pourrait soulever et quelles solutions nous pourrions y apporter.
Entre-temps, nous avons extensionné, nous avons élargi le
mandat du conseiller à Abidjan qui, originairement, était
strictement conseiller en éducation et qui, maintenant, s'occupe
d'autres dossiers et est aussi conseiller en économique. (15 h 45)
M. Beaulne: Oui. À Abidjan, ça fait longtemps
également qu'il y a quelqu'un qui est en poste là. Mais vous
n'avez pas répondu directe-
mont à ma question, dans le sens... Laissez-moi la formuler
autrement Si vous choisissiez d'ouvrir une délégation à
Dakar, entre autres, comme M. Rémillard semblait l'avoir souhaité
en 1987 - même, si je me souviens bien, il s'était engagé
à en ouvrir une - si le gouvernement du Québec décidait
d'installer une délégation à Dakar, est-ce que oui ou non,
en ce moment, vous disposeriez ou vous auriez un avis quelconque ou une
réponse quelconque du gouvernement fédéra) disant que vous
seriez autorisés à le faire?
M. Ciaccia: Disons que pour votre dernière question, on
n'a pas besoin, pour le moment, d'un avis du gouvernement
fédéral. On serait autorisé à avoir une
représentation à Dakar Je voudrais seulement porter à
votre attention que nous sommes déjà présents à
Dakar avec la CONFEMEN, la Conférence des ministres de
l'Éducation. Alors, il y a une certaine présence
québécoise. Quant au reste, bien, il s'agit de continuer à
examiner la situation et de prendre éventuellement une
décision.
M. Beaulne: Oui, mais ne trouvez-vous pas, surtout à la
lumière du retrait, de la diminution de la représentation
fédérale, entre autres, dans le domaine commercial dans cette
partie, que le temps serait venu, pour le Québec, d'avoir une
présence bien identifiable? Je comprends qu'il y a quelqu'un à
Abidjan. D'ailleurs, ça fait presque 20 ans que ça dure, mais il
y a également l'ensemble des instances de la francophonie. Mais si vous
me dites que vous êtes autorisés à ouvrir une
délégation à Dakar, ça, évidemment, c'est
une décision du gouvernement du Québec de choisir si c'est sa
priorité ou non. Étant donné que c'est un sujet qui a fait
l'objet d'un contentieux assez serré entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec dans le passé,
j'aimerais que vous m'indiquiez sur quelle base vous pensez que vous êtes
autorisés à ouvrir une délégation à Dakar et
que si vous preniez la décision demain matin, le gouvernement
fédéral ne vous dirait pas: Non merci, on ne vous permet pas de
l'ouvrir.
M. Ciaccia: Premièrement, la décision n'est pas
prise. Deuxièmement, il est possible qu'il y ait encore quelques petites
ficelles à attacher, quelques petits détails pour finaliser avec
le gouvernement fédéral, mais nous ne prévoyons pas de
difficultés à cet égard, pourvu que nous prenions une
décision. La question à se poser pour une représentation
dans cette région, c'est: Est-ce que Dakar est le meilleur endroit?
Est-ce que c'est Dakar? Est-ce qu'on devrait élargir encore plus
à Abidjan? Ce sont des questions que nous nous posons, et nous n'y avons
pas encore répondu. Quand nous aurons les réponses à ces
questions, nous prendrons une décision. Entretemps, nous avons beaucoup
d'autres réseaux, tout le réseau et ces questions seront... Quand
vous avez mentionné que maintenant que le gouvernement
fédéral a pris une certaine décision en ce qui concerne
les conseillers économiques, justement, vendredi, il va y avoir une
réunion entre les représentants du gouvernement
fédéral et nos représentants pour discuter de cette
question, et, suite au résultat de cette discussion, les recommandations
qu'on pourrait avoir, bien, ça va nous aider à prendre une
décision en ce qui concerne une représentation plus permanente
dans cette région.
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
député, je vais reconnaître M. le député de
Chapleau.
Libre-échange avec le Mexique
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M le ministre, hier, je
pense que vous avez rencontré le président du Mexique, M.
Salinas, concernant les négociations entre le Canada, les
États-Unis et le Mexique sur le libre-échange entre les trois
pays. Je comprends que lors des négociations entre le Canada et les
États-Unis en 1984, pour l'Accord de libre-échange entre le
Canada et les États-Unis, la province de Québec était un
joueur majeur dans ce dossier-là. En ce qui concerne le dossier avec le
Mexique, le tripartite des négociations qui sont actuellement en cours,
pourriez-vous nous dire le point sur le dossier, où sont rendus...
Est-ce que vous prévoyez une entente dans un avenir assez
rapproché? Les négociations, comment vont-elles et quand est-ce
que ça va se terminer, ou dans quel sens?
M. Ciaccia: Bon, premièrement, parlons, comme vous l'avez
soulevé, de la question du rôle du Québec et du rôle
du gouvernement fédéral. Nous avons le même
mécanisme, comme vous vous rappelez, que durant les négociations
pour l'entente du libre-échange avec les États-Unis; nous avions
établi des mécanismes pour participer aux discussions, à
l'élaboration des positions du gouvernement fédéral. Et
ces mécanismes qui ont réussi, qui nous ont assuré que les
positions que nous défendions, que nous proposions au gouvernement
fédéral étaient acceptées - il y a même
certaines propositions que nous avons faites, que les autres provinces, le
gouvernement fédéral n'avait pas acceptées au
début, qu'il a acceptées finalement pour refléter les
intérêts du Québec - ces mêmes mécanismes
seront en place pour les négociations trilatérales avec le
Mexique et les États-Unis. Alors, nous sommes confiants que de la
même façon que nous avons pu protéger les
intérêts du Québec dans l'entente du libre-échange,
nous aurons le même mécanisme pour assurer cette protection dans
les mécanismes avec la négociation trilatérale. En ce qui
concerne les délais, ça ne dépend pas de nous. Les
échéanciers que les Mexicains se sont
fixés, c'était pour la fin de 1991. Mais ceci
dépend de l'acceptation par les États-Unis du "fast track",
c'est-à-dire les négociations accélérées.
Alors, nous aurons plus d'informations sur cela quand les Américains
auront pris des décisions. Entre-temps, nous avons des groupes de
travail. Même durant la visite du président Salinas, nous nous
sommes déjà rencontrés plusieurs ministres mexicains et
plusieurs membres du cabinet du gouvernement du Québec pour amorcer un
genre de discussion sur certains sujets, certains points, et discuter certains
items qui pourraient être intéressants pour nous deux. J'ai aussi
rencontré des sénateurs mexicains au Mexique pour discuter des
intérêts du Québec et les informer de certaines
procédures, certains moyens que nous avions pris. Et j'ai même
rencontré des membres de la Chambre des députés mexicains.
Alors, nous continuons nos études. Nous avons nos groupes de travail.
Nous allons attendre présentement la décision du gouvernement
américain pour commencer officiellement les négociations, les
discussions trilatérales.
M. Kehoe: Bien sûr, la position de Québec dans le
dossier s'est prise. La province est en faveur de l'accord tripartite avec
Mexico et les États-Unis aussi. Est-ce que la position est
finalisée ou si c'est encore en négociations? Les
négociations dont vous parlez, est-ce que ce sont des détails? La
position globale...
M. Ciaccia: Nous avons un accord de principe de la part du
Conseil des ministres. C'est sujet à élaborer des positions au
fur et à mesure que les négociations vont procéder, mais
nous avons les éléments principaux sur les sujets qui sont
d'intérêt au Québec. Quand je parle d'intérêt
principal, c'est l'agriculture, la question des règles de
l'hygiène, les marchés publics, et tout le reste. Alors, nous
avons un accord de principe d'initier les discussions et nous allons
élaborer des positions plus précises. Nous faisons des
études sur différents secteurs. Nous travaillons avec d'autres
ministères. C'est évident que le ministère de l'Industrie
et du Commerce est impliqué et que tous les autres ministères qui
seront touchés, le ministère des Affaires culturelles, le
ministère des Transports pour le reste, auront une participation dans
l'élaboration de nos positions.
M. Kehoe: Dans l'ensemble, le Mexique et les États-Unis
semblent être très favorables à une entente. Dans
l'ensemble, est-ce que c'est seulement le restant du Canada? Si
Québec... Vous dites que, dans l'ensemble, leur position est assez
ferme, assez définitive. Vous êtes en faveur du
libre-échange tripartite entre les trois pays. Mais y a-t-il une
réticence du reste du Canada, des États-Unis ou du Mexique? On
sait que le Mexique, bien sûr...
M. Ciaccia: Le gouvernement fédéral a
déjà accepté de participer à ces
négociations. Mais, comme dans le cas du libre-échange avec les
États-Unis, l'Ontario était contre et ils se sont encore
prononcés contre les discussions multilatérales. Cependant,
à la conférence fédérale-provinciale que nous avons
eue pour discuter de ce sujet, l'Ontario a pris la position qu'ils
étaient contre, mais, néanmoins, qu'ils participeraient à
l'élaboration du processus et de leur position. Alors, officiellement,
ils sont contre, mais ils ne sont pas absents du dossier. Quand vous dites que
les Américains et les Mexicains ont déjà accepté,
je crois que les Mexicains, certainement...
M. Kehoe: En principe.
M. Ciaccia: II va falloir que les Américains, que le
président Bush obtienne l'autorisation du Congrès pour le "fast
track" avant de pouvoir commencer ces négociations. Peut-être que
le président est favorable, mais il doit encore avoir une approbation de
sa Législature.
M. Kehoe: La balance des provinces du Canada sont-elles en faveur
globalement ou si...
M. Ciaccia: Globalement, le reste du Canada, oui, est favorable.
La seule qui a exprimé des réticences, c'est l'Ontario. Toutes
les autres provinces... Spécialement, l'Alberta est très
favorable. Il y a des provinces qui sont plus favorables que d'autres, qui ont
exprimé plus le désir de participer et d'avoir cette entente,
mais la seule province qui s'est vraiment opposée, c'est l'Ontario.
M. Kehoe: Donc, dans l'ensemble, l'accord devrait être
confirmé ou finalisé d'ici la fin de l'année 1991 si le
Congrès des États-Unis...
M. Ciaccia: Bien, si... Non, non. Ça, c'est
l'échéancier que les Mexicains ont suggéré. Nous
croyons que c'est un peu optimiste de croire que nous puissions, d'ici la fin
de 1991, finaliser un accord trilatéral entre les trois pays, mais c'est
un objectif. À savoir si ça va être signé ou non, je
pense que personne, au moment où on se parle, ne peut donner une
garantie que cette entente sera finalisée. Il y a de la bonne
volonté de la part des Mexicains, il y a certainement la volonté
du gouvernement fédéral et certainement de notre gouvernement,
mais ça va dépendre, premièrement, de la décision
des États-Unis. Et, deuxièmement, ça va aussi
dépendre des négociations acceptables à toutes les
parties. Parce que nous, dans cette entente, nous allons nous assurer, comme
nous l'avons eu dans l'entente du libre-échange avec les
Américains, d'avoir des périodes de transition, d'avoir des
mesures de sauvegarde, d'avoir toute la protection nécessaire pour les
intérêts du Québec, et ça pourrait
certainement Inclure les industries culturelles qui sont
déjà exclues dans l'entente du libre-échange avec les
États-Unis. Alors, ça va dépendre du fait que toutes les
parties puissent en arriver à un accord,
M. Kehoe: D'accord.
M. Ciaccia: La fin de 1991, je pense que c'est un peu
optimiste.
M. Kehoe: D'accord. Merci.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas d'autres questions, M. le
député?
M. Kehoe: Oui. Juste dans un autre ordre d'idées...
M. Ciaccia: Une dernière
M. Kehoe: Le représentant du Québec à Rome,
pourriez-vous me dire si son mandat va être terminé bientôt
ou si...
M. Ciaccia: Non. Il est encore dans son premier mandat, mais il
ne se termine pas avant une autre année, je crois.
M. Kehoe: Une autre année?
M. Ciaccia: À la fin de 1992. (16 heures)
M. Kehoe: D'accord. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le ministre. M. le
député, on revient avec M. le député de
Bertrand.
M. Beaulne: Oui, dans un ordre connexe à la question sur
le libre-échange avec le Mexique. Au fond, si je comprends bien, le
scénario va ressembler pas mal à celui qui prévalait lors
des discussions du premier accord avec les États-Unis, et le
Québec compte bien y être adéquatement
représenté et faire valoir ses intérêts. Vous avez
mentionné tout à l'heure que vous faisiez un certain nombre
d'études d'impact sur les différents secteurs de
l'économie du Québec Est-ce que ces études-là vont
être rendues publiques?
M. Ciaccia: Pardon. Excusez?
M. Beaulne: Est-ce que vous allez rendre publiques ces
études?
M. Ciaccia: Oui. On veut le faire de la même façon
que nous l'avons fart dans l'accord du libre-échange. On va publier des
documents qui portent sur les différents sujets
d'intérêt.
M. Beaulne: Bon.
M. Ciaccia: Et nous avions consulté aussi tous les
différents secteurs qui sont affectés
Alors, les consultations se feront aussi à ces différents
niveaux, dans tous les différents secteurs des industries
québécoises.
M. Beaulne: Bon.
M. Ciaccia: Et nous l'avons fait, non seulement pour l'entente du
libre-échange, mais nous l'avons fait aussi pour développer nos
positions dans les négociations de l'Uruguay Round avec le GATT.
Centre commercial et culturel à Prague
M. Beaulne: Lors de vos remarques préliminaires, vous avez
fait allusion à la nouvelle formule de représentation, de
présence en Europe de l'Est avec le Centre commercial et culturel du
Québec à Prague. Je pense qu'il faut rendre à César
ce qui est à César. C'est une formule originale, au fond, c'est
une formule intéressante.
M. Ciaccia: Merci.
M. Beaulne: Et je pense que ça vaut la peine d'être
essayé. Maintenant, pour mieux saisir exactement en quoi ça
consiste, ça, cette forme de représentation-là, ce n'est
pas évidemment des bureaux qui relèvent directement du
gouvernement du Québec, alors j'ai quelques questions un peu d'ordre
technique, là, sur cette forme de présence. D'abord, pouvez-vous
nous dire qui assure la permanence de ce centre et est-ce qu'on compte des
fonctionnaires du ministère des Affaires internationales dans
l'administration du centre? Et si ma mémoire est bonne, je pense que te
ministère avait avancé 150 000 $ comme fonds de démarrage.
Est-ce que ces fonds ont été remboursés au
ministère et, s'ils ne l'ont pas été, comptez-vous les
percevoir dans un avenir rapproché? Et finalement, pour terminer ce
volet-là, est-ce que vous comptez appliquer cette formule-là dans
d'autres pays d'Europe de l'Est?
M. Ciaccia: Bon, je vous remercie pour votre question et je suis
heureux de voir que vous constatez que cela peut être une formule
intéressante, tenant compte du contact de l'Europe de l'Est, tenant
compte des nouveaux besoins de nos entreprises d'être présentes
dans différents pays, parce qu'il y a plusieurs années, dans le
passé, les exportations étaient... Le rôle des industries
québécoises était plutôt limité à
l'exportation de biens et services. De plus en plus, il y a des partenariats,
il y a des investissements ailleurs, alors ils ont besoin d'une présence
à l'extérieur, et ce bureau leur permet d'avoir une
présence. Premièrement, sur les aspects techniques, le
contrôle de ces locaux demeure et va toujours demeurer sous le
contrôle
du gouvernement du Québec, parce que s'il y a des choses qui se
produisent, qui sont - bien, je ne peux pas m'imaginer - contraires à
nos intérêts, nous devons maintenir un contrôle sur
l'opération des lieux. Alors, ça, c'est le premier... Et alors,
c'est nous qui signons le bail, c'est nous qui imposons les conditions à
ceux qui utilisent les lieux. Deuxièmement, les 150 000 $, ça a
été payé par nous, et ils ne sont pas remboursables; ce
sont les frais d'aménagement, d'immobilisations pour les installations
et les équipements. Alors, c'est une dépense du gouvernement pour
l'opération des locaux. Et il y aussi une subvention de 10 000 $ de
fonctionnement au Conseil d'affaires tchèque et slovaque du
Québec qui est le gestionnaire du Centre sur lequel nous sommes
représentés, mais lequel gestionnaire doit respecter les
conditions du bail que nous avons signé. Le bail, c'est signé par
le gouvernement du Québec, et nous l'avons négocié avec le
gouvernement de la Tchécoslovaquie et les autorités municipales
de Prague. Est-ce qu'il y avait d'autres questions?
M. Beaulne: Le personnel. Est-ce qu'il y a des gens du
ministère?
M. Ciaccia: Oui, il y a des employés dans le Centre et la
gestion va au Conseil d'affaires tchèque et slovaque qui est
gestionnaire du Centre, et il y a un gestionnaire et un personnel de soutien.
C'est pour donner des services, mais le but de ces locaux, c'est d'avoir un
endroit où des sociétés québécoises, des
intervenants du Québec, peuvent aller, peuvent utiliser tous les
services dont ils ont besoin en termes de secrétariat, de
téléphone, de fax, et tout le reste. Et nous aussi,
naturellement, on a le droit de l'utiliser. Si, pour une raison ou une autre,
on sent le besoin d'avoir une présence accrue à Prague parce
qu'il y a certains événements, certains projets ou certaines
discussions à poursuivre avec le gouvernement tchèque, ou qu'il y
a des représentations à faire pour certaines entreprises parce
qu'il y a déjà des entreprises là, on pourrait, si c'est
nécessaire, avoir une présence additionnelle dans ces bureaux
pour promouvoir les intérêts du gouvernement et des
sociétés, des intervenants québécois.
M. Beaulne: Est-ce que vous avez un protocole d'entente...
M. Ciaccia: Excusez. Vous m'avez demandé si c'est une
formule qu'on pourrait utiliser ailleurs.
Une voix: Dans l'Est, oui.
M. Ciaccia: Oui. Il y a d'autres pays qui ont exprimé...
Ils ont su, ils ont appris que nous avions ouvert ce bureau. Vous savez, la
Tchécoslovaquie a un peu les problèmes que nous avons au niveau
constitutionnel. À Bratislava, ils veulent qu'on ouvre un bureau parce
que le bureau à Prague est dans la république tchèque, il
n'est pas dans la république slovaque. Alors, je crois qu'il y a des
pourparlers pour ouvrir une succursale à Bratislava. Nous ne voulons pas
causer des problèmes constitutionnels, loin de là, à nos
amis tchèques et slovaques. La Hongrie a exprimé
l'intérêt d'avoir un bureau à Budapest, et, quand je suis
allé à Varsovie, le même intérêt a
été démontré par plusieurs ministres polonais.
Alors, nous examinons ces endroits. À Varsovie, on nous a même
offert des locaux que nous allons examiner.
M. Beaulne: Est-ce qu'il existe une sorte de protocole d'entente
entre le ministère et le Conseil d'affaires tchèque et
slovaque?
M. Ciaccia: Oui, il y a un protocole d'entente qui est en train
d'être complètement finalisé. Mais le but de ça,
c'est de permettre au Conseil de faire la gestion des locaux, mais avec la
protection pour le gouvernement du Québec que, s'il y a des gestes
posés que nous pouvons considérer contre nos
intérêts ou qu'il y aurait un conflit d'intérêts
parmi ceux qui sont impliqués, nous aurions le dernier mot.
M. Beaulne: Et lorsque le protocole va être
finalisé, seriez-vous disposé à le déposer?
M. Ciaccia: Si le Conseil est d'accord. Je ne vois pas pourquoi
il ne le serait pas parce qu'il transige avec plusieurs intervenants au
Québec. Avec leur approbation, je ne vois aucune objection à le
déposer.
M. Beaulne: Donc, à toutes fins pratiques, pour le moment,
il n'y a pas de fonctionnaires du ministère des Affaires internationales
qui sont sur place en Tchécoslovaquie en ce moment, dans le contexte de
cette forme de présence.
M. Ciaccia: Non. Chaque fois qu'on va à Prague, en
Tchécoslovaquie, on utilise les bureaux, et il y a beaucoup
d'intervenants québécois qui ont demandé de participer au
Conseil.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull m'a demandé d'intervenir, mais aviez-vous terminé ce
sujet-là?
M. Ciaccia: Non, je voulais juste... D'une certaine façon,
c'est presque l'équivalent, à certains égards, d'une
délégation, par exemple, quand un ministre du Québec ou
quand quelqu'un du gouvernement y va, les locaux sont utilisés. Les gens
qui sont présents nous aident à organiser des rencontres et ils
font un travail de soutien qui aurait été fait normalement en
partie par une délégation.
M. Beaulne: J'aurais, M. le Président, une question un peu
connexe dans le domaine des activités en Europe de l'Est. Il y a un
programme d'aide aux entreprises québécoises qui veulent exporter
ou s'implanter en Europe de l'Est qui a été mis sur pied par la
SDI. Je ne tiens pas à avoir tous les détails de ce
programme-là, mais il y a un volet en particulier sur lequel je vous
demanderais certains renseignements. Si vous ne les avez pas, vous pouvez les
déposer à la commission ou nous les faire parvenir, c'est
concernant une ligne de crédit de 4 000 000 $ qui aurait
été mise à la disposition de la Roumanie. Je ne sais pas
si le montant est exact, mais il y a une ligne..
M. Ciaccia: Par qui?
M. Beaulne: Je pense que c'est par la SDI.
M. Ciaccia: Non, pas à ma connaissance, la SDI
n'opère pas de cette façon. Mais peut-être que c'est la SEE
fédérale.
M. Beaulne: Non, il y a un organisme du gouvernement du
Québec qui, apparemment, aurait un crédit de 4 000 000 $ pour la
Roumanie. Ce n'est pas... D'après vous, ce n'est pas la SDI ni votre
ministère?
M. Ciaccia: II y a des transactions, en Roumanie, pour plusieurs
millions de dollars. Alors, c'est possible que, sans être une ligne de
crédit, ça puisse être des garanties de prêt ou que
ça fasse partie du programme de la SDI, mais pas une ligne de
crédit ouverte. Comme je semble déceler dans votre question,
c'est une ligne de crédit à la Roumanie pour 4 000 000 $.
M. Beaulne: Bon, bien, de toute façon...
M. Caron: Je pense que c'est relié au dossier de vente de
papier journal, dans lequel il y a eu une lettre de crédit
d'émise par une banque pour la vente de papier sujette à des
garanties de paiement par la Roumanie.
M. Ciaccia: Ça va projet par projet, ce n'est pas une
question de donner une ligne de crédit à un pays, ce n'est pas de
cette façon que la SDI opère. Et je pourrais ajouter, en ce qui
concerne les programmes de la SDI de l'aide à l'exportation, que nous
examinons présentement des améliorations à ce programme
pour mieux rencontrer les conditions qui existent en Europe de l'Est. Un des
grands problèmes, c'est la question de marge de crédit, c'est le
financement et d'obtenir le financement nécessaire, d'avoir des
garanties nécessaires. Alors, nous regardons un programme
spécifique pour les pays comme l'Europe de l'Est, pour répondre
aux conditions spéciales qui existent dans ces pays
M. Beaulne: Avez-vous une indication de l'ordre du budget global
de coopération qui est assigné aux pays de l'Europe de l'Est?
M. Ciaccia: II n'y a pas de budget global, on va projet par
projet. S'il y a des partenariats d'assignés, s'il y a des ventes de
faites, les applications sont faites dans chaque projet.
M. Beaulne: Et jusqu'ici, vous en avez appuyé pour un
montant de combien, de ces projets-là?
M. Ciaccia: Je pense que je voudrais vérifier ce montant
avant de...
M. Beaulne: Non, d'accord, c'est...
M. Ciaccia: Oui, je peux vérifier et vous envoyer les
informations.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député. Alors, juste avant de reconnaître M. le
député de Hull, pour les fins d'enregistrement du Journal des
débats, c'est M. Caron, sous-ministre aux Affaires internationales, qui
est intervenu tantôt. M. le député de Hull.
M. LeSage: Merci, M. le Président. Si vous me le
permettez, j'aimerais revenir sur le dossier et les discussions qui sont
présentement en cours avec les Américains et le Mexique sur le
libre-échange. La question que je me pose et que j'aimerais poser, M. le
Président, au ministre: Est-ce qu'il y a des pourparlers qui sont
également en cours? Ou est-ce qu'il y a des possibilités de
pourparlers qui pourraient survenir prochainement pour qu'il y art d'autres
pays qui soient inclus dans ces dossiers de libre-échange, des pays
d'Amérique centrale et des pays d'Amérique du Sud?
M. Ciaccia: Pour le moment, les discussions qui pourraient
s'entamer seraient strictement entre le Mexique, les États-Unis et le
Canada. Alors, ce serait une entente trilatérale et ce serait
limité à ces trois pays. Cependant, le Mexique est en voie
d'élaborer des ententes de libéralisation d'échanges avec
d'autres pays: le Chili, la Colombie et le Venezuela. Mais ceci n'a rien
à faire et n'affectera pas directement les pourparlers qui auront lieu,
s'ils ont lieu, entre le Canada, le Mexique et les États Unis
M. LeSage: Mais est-ce qu'éventuellement, si vous le
permettez, M. le Président, ces pays, soit le Chili, la Colombie et le
Venezuela, ne pourraient pas faire partie de l'entente tripar-tite?
M. Ciaccia: C'est clair qu'éventuellement, ils
pourront le faire, et peut-être que ce serait très
souhaitable, parce que, premièrement, une fois que le Mexique, les
États-Unis et le Canada auront signé cette entente, ce sera le
plus grand marché commun au monde. Je crois que c'est un peu, non pas
une réaction, mais ça fait suite aux annonces de l'Europe 1992,
au Bloc asiatique; alors, en Amérique du Nord, il fallait réagir
et ça a été l'une des réactions. L'autre
réaction - ça a été exprimé par le
président américain - c'est d'étendre les ententes de
libre marché à toute l'Amérique latine. Alors, ce n'est
pas quelque chose qui se fera du jour au lendemain, mais l'idée a
déjà été lancée. Le principe est
accepté. Il s'agit maintenant de procéder par étapes et de
pouvoir négocier et absorber au fur et à mesure les
différents marchés et aussi les conditions dans ces
marchés. Ce ne sont pas tous les pays qui sont prêts, qui sont
disponibles ou qui seraient d'accord ou seraient prêts à faire de
telles ententes, mais le principe, je pense que c'est un principe qui a
été accepté par toutes les parties.
Je voudrais juste préciser, pour le Journal des débats,
que le Marché commun, c'est pour l'Europe 1992; en Amérique
du Nord, ce n'est pas un marché commun, ce sont des zones de
libre-échange. Il y a des nuances à faire en ce qui concerne les
conséquences des deux, mais, essentiellement, les deux, c'est pour
libéraliser et augmenter le commerce entre les différents
pays.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député de Hull?
M. LeSage: Je vous remercie. M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Nous
revenons avec M. le député de Bertrand, en vous signalisant qu'il
nous reste une dizaine de minutes à nos travaux. (16 h 15)
Hydro-Québec en république
Dominicaine
M. Beaulne: Oui. Merci. M. le Président. Le 13 mars
dernier, Hydro-Québec International et la compagnie Sofati mettaient fin
à un contrat de 60 000 000 $ qu'elles avaient conclu, je pense, en juin
1990, avec le gouvernement de la république Dominicaine.
Hydro-Québec International et Sofati auraient mis la main sur des
avances de 20 000 000 $, prétextant que les autorités de la
république Dominicaine rendaient impossible l'application de leur
mandat, entre autres en refusant les permis de séjour et de travail
requis pour les ingénieurs et, je suppose, les spécialistes
concernés.
Vous avez sûrement vu que cette affaire a pris des allures
d'allégations, de scandales, en république Dominicaine, et
ça s'est reflété ici dans La Presse. Pouvez-vous, M. le
ministre, nous faire un peu le point sur cette question et nous dire si, d'une
part, vous trouvez acceptables les explications qui ont été
données par HydroQuébec International et Sofati sur cette
question, d'une part? Et si, à votre connaissance, il y a des fondements
quelconques aux allégations des Dominicains à l'effet que des
pots-de-vin substantiels auraient été versés à des
fonctionnaires en république Dominicaine dans le contexte de ce
contrat-là?
M. Ciaccia: Écoutez, il peut y avoir toutes sortes
d'allégations. À notre connaissance, on ignore
complètement, on n'a aucune connaissance de telles allégations.
L'un des problèmes qui est survenu, c'est que, pour effectuer les
travaux qu'Hydro-Québec et Sofati avaient entrepris, il fallait avoir
des permis du gouvernement de la république Dominicaine. Apparemment,
ces permis retardaient à être émis. Il y a la question
présentement des 20 000 000 $ qui sont en dépôt, et,
présentement, Hydro-Québec International et Sofati sont en
négociation pour régler ce dossier. Alors, je crois que les
allégations sont peut-être allées un peu plus loin en
termes des actes commis supposément par Hydro-Québec. Il y a des
négociations, il y a des discussions. C'est clair qu'il y a un
malentendu sur les termes du contrat et sur l'émission des permis. Mais
je crois que ça va se régler et que ça devrait se
régler. C'est pour ça qu'il y a des négociations entre les
différentes parties.
M. Beaulne: Est-ce que votre ministère compte intervenir
d'une façon ou d'une autre pour rétablir, d'une certaine
façon, les faits, l'intégrité ou l'image
d'Hydro-Québec International, qui a été un peu ternie par
tout ça? Quelles actions avez-vous l'intention de prendre dans ce
dossier-là?
M. Ciaccia: Quand un contrat international de cette nature est
signé, il y a toujours la présence d'un représentant du
ministère des Affaires internationales. Dans le cas présent,
Hydro-Québec International nous a indiqué qu'ils vont faire une
conférence de presse pour expliquer exactement tous les faits du
contrat. Nous suivons le dossier de près parce que nous voulons nous
assurer que l'image du Québec est protégée et qu'il n'y
aura pas de retombées négatives si certaines allégations
s'avéraient être bien fondées, ce dont nous n'avons aucune
indication à date.
M. Beaulne: À l'heure actuelle.
M. Ciaccia: Mais vous pouvez être assurés que nous
allons être présents, nous allons suivre le dossier et nous allons
attendre les informations qui seront rendues publiques par HydroQuébec
International.
Négociations du GATT
M. Beaulne: Une dernière question, M. le Président.
Concernant le GATT, pouvez-vous nous faire le point très rapidement sur
la situation et où en est le dossier à l'heure actuelle?
D'après vous, est-ce que les négociations vont reprendre sous
peu?
M. Ciaccia: Premièrement, partons des positions qui ont
été défendues par le gouvernement fédéral
à Bruxelles dans l'Uruguay Round. Ces positions ont été
établies en étroite collaboration avec le gouvernement du
Québec. Il y a des mécanismes, des groupes de travail du
gouvernement du Québec, du ministère des Affaires internationales
avec les autres ministres sectoriels qui discutent avec le gouvernement
fédéral. Et avant que le gouvernement fédéral
prenne les décisions finales sur les positions qu'il va défendre,
c'est discuté et accepté par ce mécanisme. En ce qui
concerne les secteurs importants pour le Québec, c'est-à-dire que
tous les secteurs sont importants, mais il y a ceux qui sont beaucoup plus
sensibles, où il y a beaucoup plus de problèmes -
premièrement, dans l'agriculture, dans le textile et le vêtement -
les positions établies par le Québec ont été
acceptées par le gouvernement fédéral, et ce sont ces
positions qui ont été défendues à Bruxelles. Il a
fallu qu'on discute avec les gouvernements pour nous assurer que les positions
qui répondaient à nos agriculteurs étaient
défendues. Et même, les représentants de l'industrie
agricole étaient présents à Bruxelles et ils ont vu
eux-mêmes que le gouvernement fédéral défendait les
positions que nous avions développées.
En ce qui concerne l'avenir, comme vous le savez, il n'y a pas eu
d'entente, au mois de décembre, a Bruxelles. Alors, plutôt que de
mettre fin aux négociations, ils ont suspendu les discussions quitte
à revenir Ils devaient revenir à Genève au mois de
février. Présentement, le gouvernement américain devrait
obtenir une extension sur le "fast track" pour qu'ils puissent poursuivre les
discussions, et ça pourrait peut-être prendre de six mois à
un an. La raison pour laquelle il n'y a pu y avoir une entente finale à
Bruxelles, c'est sur les questions agricoles, mais je devrais porter à
votre attention que, même s'il n'y a pas une entente finale, au
début, on n'était pas certain si les positions du Québec
pourraient obtenir un appui d'autres pays. Au moins, on peut dire que l'aspect
positif des négociations à Bruxelles, au mois de décembre,
c'est que, quand le gouvernement fédéral a défendu les
positions du Québec aux négociations, il a pu obtenir l'appui de
plusieurs pays, et de plusieurs pays importants, sur les positions que nous
défendions, spécifiquement sur l'article 11.2c du GATT. Alors, de
ce point de vue, c'a été positif, et, au moment où on se
parle, il faut demeurer optimistes qu'avec l'extension éventuellement,
dans les prochains six mois ou un an, les négociations vont se
terminer.
Si ce n'était de l'agriculture, je crois que les pays en
viendraient à une entente sur la plupart des autres sujets; par exemple,
textile et vêtement, je crois qu'il y avait le début d'une
entente. Je pense que les pays s'étaient entendus, et, encore une fois,
avec la position que nous avions élaborée, nous étions
protégés dans les positions que le gouvernement
fédéral défendait. Je crois que c'est important que
l'Uruguay Round, le GATT soit finalisé parce que les conséquences
seraient assez négatives s'il fallait se fier à la loi du plus
fort. Si on n'a pas le GATT, c'est la loi du plus fort, c'est les pays qui ont
plus les moyens qui vont pouvoir déterminer les règles du |eu. On
préfère nous - et c'est ça le but du GATT - que ce soient
les règles du droit où les gens ont l'opportunité de se
protéger.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Je crois
que M. le député de Berthier aurait une question pour vous.
Litige sur l'industrie du porc
M. Houde: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir de la
part du ministre ce qui arrive en ce qui concerne la production du porc au
Québec, c'est-à-dire au Canada, si vous voulez. Qu'est-ce qui
s'est fait et qu'est-ce qui s'est décidé tout dernièrement
en ce qui touche l'agriculture et plus spécifiquement le porc?
M. Ciaccia: II y avait un différend entre les
Américains et nous sur deux aspects. La question: Est-ce qu'il y avait
des subventions? Deuxièmement, est-ce que les subventions causaient un
préjudice?
M. Houde: Oui
M. Ciaccia: Comme vous le savez, il y a un tribunal pour le
règlement de différends. Dans l'accord du libre-échange,
nous avons fait appel au tribunal. Le tribunal a donné,
premièrement, une recommandation à l'International Trade
Commission de changer sa position qui était d'imposer des droits contre
nos agriculteurs, contre l'industrie du porc. Premièrement, l'ITC n'a
pas accepté cette recommandation. Le tribunal a
réitéré sa décision et l'ITC l'a acceptée.
Alors, ça voulait dire à ce moment-là que les 17 000 000 $
que les producteurs de porc avaient payés en taxes leur seraient
remboursés. Au moment où on se parle, pour des raisons, je crois,
politiques, il y a un mécanisme dans le tribunal où on peut
contester, par voie extraordinaire, la décision du tribunal.
M. Houde: Oui.
M. Ciaccia: Alors, les Américains ont décidé
de se prévaloir de ces trois articles de l'entente du
libre-échange pour contester, par voie extraordinaire, la
décision du tribunal. Mais de la même façon que le
mécanisme a bien travaillé en notre faveur, nous avons fait les
représentations nécessaires; la décision est en notre
faveur; nous sommes confiants que le "panel", les trois juges qui font partie
de cette sorte d'appel du tribunal - ça ne devrait pas être un
appel, mais c'est plutôt une question procédurale - nous sommes
confiants que la décision devrait être en notre faveur. (16 h
30)
M. Houde: Est-ce que ça peut prendre beaucoup de temps
avant que la décision soit prise?
M. Ciaccia: Normalement, il devrait y avoir une décision
dans les 30 jours.
M. Houde: Oui? O.K. Merci. Merci beaucoup.
M. Ciaccia: Ce n'est pas fixé dans la loi, mais ça,
ce serait la...
M. Houde: O.K. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, je vais
reconnaître un dernier intervenant en la personne du député
d'Orford.
Retombées touristiques
M. Benoit: M. le ministre, vous avez des conseillers en tourisme
dans au moins trois maisons aux États-Unis et je pense que vous regardez
pour le faire en Europe. Quelles sont les retombées qu'on a de ces
différents conseillers économiques? Je ne veux pas parler de ma
région, mais la région d'Orford est une région touristique
qui est près des barrières américaines. Quelles sont les
retombées, par exemple, d'un délégué
économique à Boston, face à ma région?
M. Ciaccia: Bon. Est-ce que vous parlez des conseillers
économiques ou des conseillers touristiques?
M. Benoit: Touristiques, oui. Excusez.
M. Ciaccia: Ah! Touristiques. Alors, nous avons...
M. Benoit: Je voulais vous mélanger un peu.
M. Ciaccia: Ah! C'est correct.
M. Benoit: J'ai quasiment réussi, je pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Même s'il est tard dans la journée. Et,
en Italie, à Dusseldorf et à Paris, nous avons ajouté des
conseillers en tourisme, des conseillers touristiques. Pour votre
région, je pense que ça aurait des retombées importantes.
Par exemple, à Boston, toute la publicité touristique de faire
prévaloir les beautés du Québec, les avantages, tout ce
qui serait attrayant pour un touriste américain de venir au
Québec, Québec étant une ville européenne, toute
l'atmosphère, l'ambiance, tout l'aspect francophone, tout l'aspect non
seulement nord-américain, mais un mélange d'Europe et des
États-Unis, ça, c'est toutes des représentations qu'ils
font.
Ils travaillent aussi avec des agences de voyages spécifiquement.
Il vont voir des agents de voyages qui organisent des tours dans
différents pays. Par exemple, s'il y a un tour de 50 personnes qui vont
faire du ski, plutôt que d'aller à Whistler, ils pourraient aller
à Mont-Sainte-Anne ou à Mont-Tremblant. Alors, en plus de la
publicité qui est faite, ils travaillent les contacts avec des agences
touristiques pour amener le tourisme au Québec.
M. Benoit: Est-ce qu'on a une politique précise des
clientèles particulières qu'on veut aller chercher, une
clientèle d'affaires ou une clientèle familiale ou une
clientèle de bord de lac?
M. Ciaccia: Oui. Ça dépend des régions. Par
exemple, en Allemagne, ils vont avoir une approche différente de
l'approche qu'ils auraient en Nouvelle-Angleterre. Ces politiques sont
élaborées par le ministère du Tourisme qui fait ses
études, qui voit la clientèle, qui examine, par exemple, quel
genre de touristes viennent au Canada ou en Amérique de l'Allemagne,
pour voir s'il peut structurer des programmes pour répondre à des
besoins particuliers de ces régions.
Le Président (M. Dauphin): Ça va.
M. Ciaccia: On me donne des chiffres ici...
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Ciaccia: Sur 3 000 000 de touristes américains, 30 %
sont de la Nouvelle-Angleterre, et on espère qu'un bon pourcentage de
ceux-là peuvent venir vous visiter dans votre région.
M. Benoit: C'est ce qu'on espère. Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Alors, deux ou trois mots de conclusion. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je pense que nous
avons fait un bon tour d'horizon des priorités et des différentes
préoccupations du
ministère. Le ministre nous a donné des indications assez
claires concernant l'occupation de postes importants. Je pense qu'il est
absolument nécessaire d'être assez expéditif dans la
nomination de ces postes pour la raison bien simple que, compte tenu de ce que
vit le Québec présentement, II n'y a personne, Je pense, des deux
côtés de la Chambre ici qui est intéressé à
voir des annonces style "Canadian Bond Rating System" apparaître trop
souvent, et c'est là que le rôle de l'information, le rôle
de la présence des représentants du gouvernement du Québec
prend toute son importance.
En guise de conclusion, j'aimerais encore une fois inviter le ministre
à produire dans les meilleurs délais son document de
réflexion sur l'orientation de la politique internationale du
Québec pour le plus grand éclaircissement de tous les
intervenants qui oeuvrent sur la scène internationale pour le
Québec.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M le
député. Pour le mot de la fin, M. le ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
sur la politique des affaires internationales, je peux assurer le
député de Bertrand que nous travaillons pour finaliser cette
politique et je crois que dans des délais assez rapprochés, vous
allez avoir l'occasion de prendre connaissance de notre politique sur les
affaires internationales. Je crois que ce qui est important, ce n'est pas
tellement si elle va être rendue publique au mois de février ou au
mois de juillet ou au mois de septembre. Ce qui est important, c'est qu'elle
réponde aux besoins de notre société. Et si ça peut
prendre quelques semaines, quelques mois de plus, je pense que ça vaut
la peine de prendre le délai pour nous assurer que, quand la politique
sera acceptée par le gouvernement et qu'elle sera rendue publique, elle
pourra vraiment répondre aux besoins de tous les intervenants au niveau
international et aux besoins du Québec. Et je crois que c'est ça,
l'objectif que nous avons. Ce n'est pas nécessairement de se presser et
de dire: Eh bien, il faut avoir notre politique avant que la session se termine
le 20 juin.
Deuxièmement, nous avons parlé de nos relations avec la
France. J'espère qu'on a pu vous convaincre et même si nous ne
vous avons pas convaincus, je crois que vous allez réaliser que nous
avons des faits concrets, des programmes, des sociétés
québécoises, des sociétés françaises. Je
crois que jamais dans l'histoire de Québec et de la France, on a eu
tellement d'activités ensemble. On a eu tellement d'hommes d'affaires
québécois, d'hommes d'affaires français, d'institutions,
d'échanges culturels, de tous les éléments, de tous les
échanges possibles entre les différents milieux du Québec
et la France. On n'en a jamais eu autant que maintenant.
Et je crois que c'est quelque chose qui est non seulement admis par nous
mais même admis par les autorités françaises. Et nous
allons continuer. Ça va demeurer une de nos priorités d'augmenter
encore plus nos échanges avec la France, mais dans tous les domaines.
Des fois, je semble déceler de vos remarques que vous nous faites des
reproches, vous semblez nous faire des reproches qu'on donne un certain accent,
sans exclure le culturel, sur l'aspect économique Je pense que vous
devriez nous féliciter. Les sociétés comme Bombardier,
Cascades, qui vont à l'international, qui donnent une présence du
Québec, on n'a jamais eu ça avant. Les entreprises
québécoises qui vont s'installer en Europe de l'Est. Les
partenariats, les investissements que nous allons chercher, que ce soit au
Venezuela, en Allemagne, en Corée, en Angleterre et même en
France, c'est ça qui va faire développer notre
société parce que si nous n'avons pas une bonne base
économique, une croissance économique, ça va rendre le
rayonnement du Québec et tous les autres aspects de la
société québécoise, ça va rendre leur
épanouissement beaucoup plus difficile.
Alors, je crois que notre approche, sans exclure la culture, sans
exclure le rayonnement, sans exclure les échanges culturels, de nous
assurer que nos délégués généraux s'occupent
de promouvoir les intérêts économiques du Québec,
d'avoir des conseillers économiques, que ce soit dans le niveau du
tourisme, que ce soit dans tous les autres secteurs, de nous assurer que les
représentants, dans les bureaux d'immigration, reflètent vraiment
les besoins du Québec, je crois que ceci est important, et c'est
ça que nous faisons. Je voudrais aussi...
Le Président (M. Dauphin): En terminant, M. le
ministre.
M. Ciaccia: En terminant, M. le Président. Je suis
tellement enthousiaste du travail de mon ministère et de tous les
fonctionnaires, de tous les gens qui nous appuient, que je pourrais vous
parler...
Le Président (M. Dauphin): Des heures et des heures.
M. Ciaccia: ...des heures et des heures. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ciaccia: En terminant, je voudrais remercier l'Opposition
officielle pour sa contribution et pour les questions qu'elle nous a
posées. Je voudrais remercier mes collègues ministériels
pour l'intérêt qu'eux aussi ont démontré dans les
affaires internationales qui deviennent de plus en plus importantes. Et je
voudrais remercier tout le personnel du ministère des Affaires
internationales. Sans leur travail, je ne pourrais pas me vanter de toutes les
choses et de tout ce que nous faisons à l'International. Je veux
remercier
aussi les membres de mon cabinet pour leur appui et leur patience.
Adoption des crédits
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Alors,
nous devons adopter... Est-ce que le programme 1 avec ses différents
éléments est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que les
crédits budgétaires du ministère des Affaires
internationales pour l'année financière 1991-1992 sont
adoptés? Adopté.
Alors, nous avons terminé nos travaux et nous suspendons
jusqu'à 17 heures, alors que nous étudierons les crédits
du ministère des Affaires autochtones. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 41)