Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mercredi 4 mai 2022
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Vol. 46 N° 28
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
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Leitão, Carlos J.
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Simard, Jean-François
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Ghazal, Ruba
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Girard, Eric
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Leitão, Carlos J.
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Ouellet, Martin
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Leitão, Carlos J.
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Asselin, Mario
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Caron, Vincent
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Chassin, Youri
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Chassin, Youri
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Alors, merci, chers collègues. Bienvenue à toutes et à tous. Je constate que
nous avons quorum. Nous sommes, conséquemment, prêts à débuter nos travaux.
Comme vous le savez, la Commission des
finances publiques est aujourd'hui réunie afin de procéder à l'étude du volet
Finances des crédits budgétaires du portefeuille du même nom pour l'exercice
financier 2022-2023. Une enveloppe de 1 h 45 min a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la Secrétaire, bonjour. Y a-t-il des
remplacements, ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, M. Émond (Richelieu) est remplacé par M. Caron
(Portneuf); Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par Mme IsaBelle
(Huntingdon); M. Skeete (Sainte-Rose) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); et M. Arcand (Mont-Royal—Outremont) est remplacé
par Mme Nichols (Vaudreuil).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Comme nous avons commencé près de sept minutes en retard, y aurait-il
consentement afin de poursuivre au-delà de l'heure prévue et de respecter les
temps impartis à chacun d'entre vous?Il y a consentement.
Nous allons procéder comme nous procédons
dans l'étude de ces crédits, c'est-à-dire par blocs d'échange qui vont osciller
autour de 15 à 20 minutes par intervention. Et nous commençons aujourd'hui
par le porte-parole de l'opposition officielle et député de Robert-Baldwin.
Cher collègue, à vous la parole, et vous disposez d'environ 18 minutes.
M. Leitão : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, M. le Ministre, M. le sous-ministre,
nos collègues de l'Autorité des marchés financiers ainsi que du ministère, chers
collègues. Alors, nous allons donc commencer cette partie de l'étude des
crédits.
Et, M. le Président, j'aimerais en
discuter de quelques enjeux avec l'Autorité des marchés financiers, si cela...
Vous regardez là, mais vous êtes là. M. Morisset, bonjour. Et peut-être, ça ne
vous surprendra pas, M. Morisset, que j'aimerais parler un petit peu de
cryptomonnaie, d'investissement. Comme quelqu'un a dit à un journaliste qui a
dit, je pense, la semaine dernière, en parlant des cryptomonnaies, il s'est un
peu échappé, il a dit «de la cryptomanie», et j'avais trouvé que, ah! ce n'est
pas mauvais, ça. Parce qu'en effet moi, je perçois ça comme étant une espèce de
manie, plutôt qu'un instrument d'investissement.
Je commence en vous citant un article du
journal du Globe and Mail, qui, lui, citait des travaux de la Banque du
Canada en disant que... je vous lis juste juste la manchette : «Bitcoin
investors tend to have low financial litteracy», donc les investisseurs en
bitcoins ont tendance à avoir un très bas niveau de littératie financière.
J'aimerais savoir d'abord si, à l'AMF, vous partagez cette opinion. Et, si oui,
bon, qu'est-ce que vous... quel est le plan, qu'est-ce que vous allez mettre en
œuvre?
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Donc, y aurait-il consentement afin que M. Morisset s'adresse à
nous? Il y a consentement. M. Morisset, vous êtes un habitué de nos
travaux, mais néanmoins auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter en
vos titre et fonctions, s'il vous plaît?
M. Morisset (Louis) : ...marchés
financiers. Bien, merci, M. le député, pour votre question. Vous référez, donc,
à cette étude récente de la Banque du Canada, dont on partage, là, entièrement,
si on veut, les conclusions ou les perceptions. C'était une étude qui a couvert
la période de 2016 à 2020. Et je vous dirais que le phénomène s'est accentué,
s'est exacerbé depuis. Même 2020, l'année dernière, on a vu véritablement, là,
une frénésie, si on veut, dans le marché des cryptoactifs. Et oui, notre
perception est à l'effet que des investisseurs, d'abord jeunes, souvent les
jeunes, s'intéressent aux cryptomonnaies dans l'espoir, là, de faire de
l'argent <rapidement...
M. Morisset (Louis) :
...
s'intéressent aux cryptomonnaies dans l'espoir, là, de faire de l'argent >rapidement,
des investisseurs peu éduqués, si on veut, au niveau financier, s'intéressent à
ce phénomène. Alors, on partage, là, les mêmes conclusions. Nous, on avait
mandaté le CIRANO pour faire une étude avec nous, l'année dernière, puis on
arrivait à peu près au même constat.
Ce qu'on fait, bien, on met beaucoup
d'énergie à la sensibilisation des investisseurs, des jeunes, des moins jeunes,
aux risques associés aux cryptoactifs, le risque de volatilité, mais le risque
de fraude. En ce moment, vous avez peut-être remarqué, on a une campagne, là,
qui bat son plein, on est dans la presse une fois par semaine avec des messages
de prévention liés à la fraude, liés aux cryptoactifs. On est sur Facebook, on
est sur différents sites Internet. En ce moment, on est dans une campagne qui
vise davantage les 45-65 ans, peut-être davantage les hommes qui
s'intéressent plus, peut-être, que les femmes à ce phénomène, et y voient
peut-être plus de valeurs. On s'est intéressés beaucoup aux jeunes. L'automne
dernier, on a fait une campagne de sensibilisation sur les médias sociaux qui
intéressent les jeunes. On était sur TikTok, par exemple, sur Twitch, qui est
une plateforme qui intéresse les jeunes qui s'intéressent aux jeux vidéo, les
jeunes gamers. Alors, on est, je pense, très présents et puis on cherche à
sensibiliser, donc, les jeunes et les moins jeunes à la fraude.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Leitão : Très bien,
merci. Et, écoutez, je suis entièrement d'accord et je vous encourage à
continuer dans cette direction. D'ailleurs, je vous encourage même à aller plus
loin, et c'est de ça que j'aimerais parler un peu plus avec vous.
Parce que, personnellement, moi, je pense
qu'on ne devrait même pas l'appeler un actif, parce qu'à mon avis une
cryptomonnaie, un bitcoin ou une autre n'a pas, à mon avis... n'a pas vraiment
de valeur intrinsèque, ça ne représente rien, ça ne donne aucun rendement, ce
n'est pas comme une obligation, ce n'est pas comme un «stock», rien. Donc,
est-ce qu'il n'aurait pas eu lieu, pour les autorités réglementaires, l'AMF et
les autres, mais ici on parle de l'AMF, d'aller un peu plus loin et de dire ça
très clairement : Cette affaire-là, ce n'est pas un actif, là — ça
ressemble... d'ailleurs, ça a beaucoup de caractéristiques d'un montage de
Ponzi — donc d'aller plus loin et d'être beaucoup plus explicite? Ce
n'est pas seulement les risques, mais c'est vraiment quelque chose... de l'air
chaud, là, en tout cas, à mon avis.
• (11 h 30) •
M. Morisset (Louis) : Bien,
écoutez, à certains égards, je vous dirais que je partage votre perspective
d'économiste sur le produit en question. Maintenant, tu sais, le bitcoin se
transige, ces jours-ci, à 42 000 $ US, quand même, et c'est un actif
qui a valu 67 000 $ US, en quelque part au mois de novembre dernier. Donc,
il y a des gens qui ont une perspective différente de la vôtre et qui
attribuent de la valeur à cet actif-là qui est considéré comme une marchandise,
en quelque sorte. Alors, je suis personnellement d'accord avec votre analyse,
mais la réalité, c'est que c'est un actif qui, aux yeux de plusieurs, a une
certaine valeur et qui est un actif peut-être d'avenir.
Cela étant dit, notre perspective, c'est
que le phénomène n'est pas appelé à disparaître, à moins qu'une catastrophe,
là, technologique ou un autre enjeu majeur, là, se cristallise dans les
prochaines semaines, prochains mois. C'est un phénomène qui est en expansion,
qui intéresse malheureusement, je vous dirais, de ma perspective, M. et Mme
Tout-le-monde, mais qui intéresse de plus en plus des grands acteurs institutionnels,
des fonds de pension, et autres. Alors, notre perspective, c'est qu'il faut
l'encadrer. On ne peut pas encadrer la marchandise elle-même, mais on peut
encadrer le produit financier, la valeur mobilière ou l'instrument dérivé qui a
comme sous-jacents cette marchandise.
Alors, on ne va pas aussi loin que vous le
souhaiteriez, parce qu'il est... pour nous, il ne serait pas justifié d'aller
aussi loin, mais on sensibilise le plus possible les gens au risque. Et puis,
comme je vous dis, il y a un risque de volatilité certain, mais il y a un
risque de fraude, et ça, en ce moment, c'est notoire.
M. Leitão : Très bien.
Merci. Bon, deux commentaires. D'abord, je pense qu'un des attraits, peut-être
même l'attrait principal de ce produit-là, c'est justement anonymité, donc on
peut investir dans une affaire, et personne ne va nécessairement savoir si vous
détenez cet investissement-là. Et comme M. le ministre l'a mentionné hier, et
avec raison, s'il y a des gains en capital...
11 h 30 (version révisée)
M. Leitão : ...le ministre l'a
mentionné hier, et avec raison, s'il y a des gains en capital, bon, il faut les
déclarer parce que c'est taxable. Mais, si ce n'est enregistré nulle part et
que vous détenez de tels produits, ça devient difficile, donc ça peut et, à mon
avis, ça encourage l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent, etc. Alors, ce
serait peut-être plutôt pour vos collègues de Revenu Québec que directement
pour vous, mais directement pour vous, pour l'Autorité des marchés financiers,
on comprend très bien que maintenant c'est un phénomène mondial. Donc, quelle
que soit la réponse des autorités réglementaires, il faut que ce soit coordonné
avec toutes les autres autorités.
Alors, à cet égard-là, bon, au Canada, on
a le Heads of Agencies qui travaille sur plusieurs enjeux. J'aimerais savoir si
cette discussion-là a lieu parmi ce groupe de régulateurs canadiens et, au
niveau international, qu'est-ce qui se passe.
M. Morisset (Louis) : M. le
Président, oui, bien, absolument, il y a des échanges au niveau pancanadien
avec nos homologues régulateurs de marché à travers le Canada, mais aussi
avec... au sein, comme vous le dites, des Heads of Agencies avec les homologues
fédéraux. En ce moment, ce qui nous interpelle de façon spécifique, c'est ce qu'on
appelle les «stablecoins», les cryptos stables, si on veut, les jetons stables
qui ont davantage le potentiel de se développer avec des véritables
caractéristiques, là, propres à l'argent, à des monnaies. Parce que je ne pense
pas qu'on peut dire aujourd'hui que le bitcoin ou d'autres cryptomarchandises
ont ces caractéristiques-là, mais les cryptos stables ont ce potentiel-là.
Alors, en ce moment, il y a des travaux qui sont en cours pour établir avec les
homologues provinciaux-fédéraux la bonne façon d'encadrer à terme les «stablecoins»,
les cryptos stables.
Ça, c'est un sujet qui est actif en ce
moment, mais il y a des échanges, évidemment, au niveau international, au sein
de l'Organisation internationale des commissions de valeurs, auquel on
participe. Vous avez raison que c'est un phénomène qui a tout intérêt à être
encadré de façon harmonisée le plus possible. Et, par exemple, au niveau de l'Organisation
internationale des commissions de valeurs, il y a des travaux actifs sur la finance
décentralisée auxquels on participe.
Alors, oui, c'est un phénomène qui est
mondial. Il y a des joueurs locaux, il y a des joueurs nationaux, il y a des
joueurs internationaux, mais on est pleinement conscients, là, qu'il faut
trouver des solutions nationales, dans un premier temps, et internationales, et
on y contribue.
M. Leitão : Parce qu'en
effet, M. le Président, en effet, toute cette tendance vers la «DeFin», la…
M. Morisset (Louis) : Oui,
«DeFi».
M. Leitão : …la finance décentralisée,
ça amène beaucoup de questionnements, beaucoup d'enjeux de nature réglementaire.
Parce qu'on sait très bien que les institutions financières ont un pouvoir de
création d'argent, c'est une masse monétaire qui est un pouvoir extraordinaire,
et donc ça demande une réglementation très stricte, ce qui est le cas avec les
joueurs traditionnels. Maintenant, il y a toute une série de nouveaux joueurs
qui ne sont pas traditionnels du tout et qui ont tendance à échapper à cette
réglementation. Dans certains quartiers, cela est perçu comme étant une bonne
chose, l'État ne nous contrôle plus, nous sommes libres, maintenant, là, la
liberté. Bon, je ne veux pas commencer sur ça parce que sinon on sera ici toute
la journée, mais c'est ce pouvoir-là de création de monnaie que le système
financier détient, qu'il faut qu'il soit bien réglementé, et c'est là où je
trouve qu'il y a une faille maintenant. Je pense que les... C'est peut-être un
commentaire qui est plus pertinent pour la Banque du Canada que pour vous, mais
vous en parlez souvent, j'en suis certain, avec nos amis de la Banque du
Canada.
Mais comment on fait pour réglementer
cette finance décentralisée et son pouvoir de création d'argent qui,
potentiellement, peut échapper à toutes sortes de réglementations et tous les
risques financiers que cela peut engendrer?
M. Morisset (Louis) : Oui.
Bien, écoutez, c'est... Le phénomène des cryptoactifs, je le disais, est en
expansion. Le Conseil de stabilité financière a annoncé, si on veut, il y a relativement
peu de temps, que c'était un phénomène qui était susceptible de perturber
évidemment, à terme, le système financier global. Donc, aujourd'hui, on voit,
on sent qu'au niveau du Conseil de stabilité financière, des banques centrales,
la nôtre ici, au Canada, il y a une préoccupation qui est grandissante. Encore
une fois, je... vous avez votre perspective sur ce phénomène-là, on la partage
à bien des égards. La Banque du Canada, les autorités ici,
fédérales-provinciales, doivent travailler de concert pour <trouver...
M. Morisset (Louis) :
...les
autorités ici, fédérales-provinciales, doivent travailler de concert pour >trouver
des solutions et évidemment aussi réfléchir avec les régulateurs
internationaux, avec des homologues de d'autres pays sur ces solutions-là.
Le phénomène de la finance décentralisée, c'est…
disons que c'est... on en entend parler davantage en ce moment, c'est complexe.
On est en train, nous, ici, avec nos homologues des autres provinces, de
l'analyser aussi. Mais la finance décentralisée, ça repose sur des protocoles
informatiques, sur des contrats intelligents qui s'exécutent sans intervention
humaine, c'est… Donc, il y a un monde d'acteurs décentralisés, informatiques,
puis il y a un monde de véritables acteurs, comme vous et moi, qu'on peut
rencontrer puis qu'on peut plus aisément mettre à l'ordre s'ils ne respectent
pas la réglementation en place. Alors, c'est un phénomène en émergence qui
prend beaucoup d'ampleur. Et, comme je le disais tout à l'heure, bien, on
travaille avec nos homologues internationaux pour comprendre le phénomène,
analyser, évidemment, ces nouvelles composantes, je vous dirais, quasiment à jour…
à chaque jour et puis éventuellement trouver des solutions à l'échelle
planétaire.
Le Président (M. Simard) : Je
vous invite néanmoins, M. Morisset, à peut-être une plus grande synthèse.
M. Morisset (Louis) : Oui,
parfait.
Le Président (M. Simard) : Le
sujet est fascinant, mais nos traditions veulent qu'il y ait quand même un
équilibre entre le temps d'intervention de l'opposition et de l'intervenant. Monsieur…
cher collègue.
M. Leitão : Ça va, M. le
Président. Bien, merci, mais je me… je m'arrange bien avec M. Morisset,
pas de problème. Parlant justement de stabilité financière, je veux parler un
petit peu d'autre chose, mais, dans le cas de la stabilité financière, ça va
peut-être vous surprendre, et peut-être vous aussi, M. le ministre, ça va vous
surprendre là où je veux aller, mais on commence à entendre aussi des
avertissements des autorités réglementaires que le prochain problème potentiel,
en termes de stabilité financière, c'est le marché immobilier, puisque les taux
d'intérêt augmentent, puisque les propriétaires de maisons au Canada, au Québec
ont des niveaux d'endettement élevés, parce que les prix sont très élevés,
donc, surtout ceux qui ont acheté plus récemment se retrouvent avec des
hypothèques très élevées, et avec un risque de hausse de taux d'intérêt
beaucoup plus rapide et beaucoup plus haut que ce qu'on pensait il y a à peine
six mois. Donc, des risques financiers qui proviendraient d'une bulle
immobilière qui éclate, «been there, done that», on a vu qu'est-ce que ça peut
provoquer. Je ne suis pas en train de dire que c'est ce qui va arriver ici mais
ce que ça peut provoquer si une bulle immobilière éclate.
• (11 h 40) •
L'AMF a, bien sûr, un rôle aussi, donc, de
réglementation, de réglementer les institutions financières québécoises qui
offrent des hypothèques. Est-ce que cela, pour vous, ce risque-là est un risque
important? Encore une fois, comment vous voyez ça? Et puis je suis certain
aussi que vous avez des discussions avec vos homologues canadiens. Alors,
comment... Est-ce qu'il y a des mesures exceptionnelles qu'on devrait prendre?
Ou est-ce qu'on est tout simplement en mode vigie, là, pour s'assurer que les
risques de crash ne sont… sont moins… sont contenus? Voilà.
M. Morisset (Louis) : Merci
pour votre question. Bien, c'est un risque sérieux qui nous interpelle et sur
lequel on travaille activement avec les institutions qu'on encadre. On fait des
tests de tension ou on s'assure que les tests de tension soient menés pour bien
comprendre, là, l'impact et mitiger les risques si la bulle immobilière
éclatait. Donc, on regarde ça très sérieusement, vous avez raison que
l'accroissement du marché immobilier des dernières années a exacerbé ce
risque-là, mais on suit ça de très près.
M. Leitão : Est-ce que
vous pensez qu'au Québec ce risque-là est moins fort, plus fort qu'ailleurs au
Canada? Écoutez, nous avons... bon, nous avons une institution dominante qui
est le Mouvement Desjardins, mais il y en a d'autres aussi, il y a d'autres
joueurs dans ce marché-là. Est-ce que vous pensez que les risques ici sont...
Qu'est-ce que vous pensez?
M. Morisset (Louis) : Bien,
notre perspective, c'est que les risques ici sont encore moins forts, moins
présents qu'ailleurs au Canada. Le prix des <maisons...
M. Morisset (Louis) :
...forts,
moins présents qu'ailleurs au Canada. Le prix des >maisons a augmenté de
façon importante, très importante dans les dernières années, mais, je veux
dire, n'était pas et n'est pas au niveau de ce qu'on peut observer à Toronto, à
Vancouver ou dans certaines autres grandes villes canadiennes. Alors, à ce
stade-ci, c'est un risque qu'on suit de très près et qui continue de nous
préoccuper, mais on le considère moins présent, moins fort, si on veut, pour
répondre à votre question, qu'ailleurs.
M. Leitão : Merci. Oui.
L'autre partie de ma question était en ce qui concerne la stabilité ou solidité
des institutions financières, donc des prêteurs hypothécaires. Oui, il y a les
consommateurs, les débiteurs, les personnes qui ont des hypothèques qui peuvent
être à risque ou pas, mais il y a aussi les institutions financières. Est-ce
qu'elles sont... Est-ce qu'elles ont les reins assez solides pour pouvoir
absorber un choc si un tel choc devait arriver?
M. Morisset (Louis) : La
réponse, c'est oui.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Leitão : Déjà en
conclusion?
Le Président (M. Simard) : Déjà,
mais vous pouvez emprunter sur votre bloc.
M. Leitão : D'accord.
M. Morisset (Louis) : Mais
la réponse est oui. Quand je parlais de test de tension, c'est justement ce
qu'on évalue notamment. Les ratios prêt-valeur sont moins élevés au Québec
qu'ailleurs au Canada, qu'ailleurs... en Ontario, par exemple. Alors, oui,
c'est quelque chose qu'on regarde de très près.
M. Leitão : Très bien.
Merci. On continuera après. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Mercier qui dispose de
14 minutes.
Mme Ghazal : Oui, très
bien. Merci beaucoup. Rebonjour, M. le ministre. Bonjour. Je vais revenir à M.
le ministre. J'ai 14 minutes, mais je vais en profiter, vu que j'ai
M. Morisset devant moi. Bonjour, madame.
M. Girard (Groulx) : Retraite
Québec est ici aussi.
Mme Ghazal : Oui, c'est
ça.
Le Président (M. Simard) : Pardon?
Mme Ghazal : Oui, c'est
ça, on n'était pas au courant. Bon. C'est bon. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : On
n'a pas compris, M. le ministre.
Mme Ghazal : Il voulait
juste présenter aussi que madame...
M. Girard (Groulx) : Souligner
qu'avec l'AMF nous avons aussi Retraite Québec aujourd'hui.
Mme Ghazal : Oui.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, bienvenue à tous. Madame.
Mme Ghazal : Très bien.
Donc, une minute plus tard… je veux continuer sur l'accès à la propriété. Je
pense que l'année passée… En fait, plus les prêts hypothécaires puis la
surchauffe immobilière. L'année passée, vous avez ajusté, en fait,
l'encadrement des prêts hypothécaires résidentiels non assurés en établissant
un nouveau taux admissible qui sera le taux le plus élevé entre le taux
hypothécaire contractuel majoré de 2 % et un taux plancher établi à
5,25 %. Avec la situation actuelle qui a évolué, est-ce que c'est toujours
le cas ou vous allez réajuster ça?
M. Morisset (Louis) : Merci
pour la question. Non, c'est un taux qu'on considère encore acceptable. On
continue d'évoluer et d'évaluer la situation. C'est un taux qui est arrimé aussi
au taux, si on veut, que le BSIF, le régulateur fédéral qui encadre les banques
a mis également en place. Donc, les mesures sont arrimées, mais il y a des
échanges avec le BSIF, notamment. Puis, s'il y avait lieu de réajuster, on le
fera, mais, à ce stade-ci, on considère que c'est encore acceptable.
Mme Ghazal : Mais il y
aurait une possibilité que vous changiez ça. Parce que, là, vous dites que là,
à ce moment-là, c'est acceptable, on regarde la situation, mais après ça vous
pouvez agir.
M. Morisset (Louis) : Oui.
Si le prix de l'immobilier continuait d'augmenter, de décupler au fil des
années, oui, il y aurait lieu de... Parce que c'est...
Mme Ghazal : Ça s'en va
pour ça.
M. Morisset (Louis) : Pardon?
Mme Ghazal : Ça s'en va
vers ça.
M. Girard (Groulx) : Non,
mais l'objectif, c'est de limiter l'endettement.
M. Morisset (Louis) : Exact.
M. Girard (Groulx) : Alors, et
de protéger notamment les premiers acheteurs qui n'ont, par définition, pas
d'équité dans leur maison parce que c'est leur premier achat. Mais on limite
l'endettement en s'assurant que ceux qui font des achats ont la capacité de
payer s'il y a des hausses de taux. Or, les hausses de taux se matérialisent
devant nous, sous nos yeux…
Mme Ghazal : Oui, puis ça va
continuer.
M. Girard (Groulx) : …donc
c'est très important d'avoir cette limitation de l'endettement.
Mme Ghazal : Puis est-ce
qu'il y a d'autres outils dans la boîte à outils, si on veut, de l'AMF pour, justement,
limiter ça, que d'avoir cet encadrement, là, des prêts hypothécaires avec les
taux? Est-ce qu'il y a d'autres outils que vous pouvez faire pour limiter…
limiter l'endettement?
M. Morisset (Louis) : Bien,
c'est le principal outil. Puis comme M. le ministre l'a bien expliqué,
c'est de créer des conditions pour que les emprunteurs, malgré les hausses de
taux, puissent faire face à la situation. Alors, c'est pour ça que je le disais
tout à l'heure, si les taux devaient augmenter de façon très rapide puis de
façon très importante, comme certains le pensent, bien, il y aura certainement
lieu de réfléchir à ces mesures-là, mais c'est encore la mesure la plus
appropriée, oui.
Mme Ghazal : On va
suivre ça de près. J'avais demandé... j'avais envoyé une lettre, au mois de
février dernier, à l'AMF pour faire une enquête, là, sur Celsius Network, dans
laquelle investit la Caisse de dépôt et placement du Québec. Puis là j'ai reçu
la réponse, puis ce n'était pas très clair si on était en train de le faire ou
pas en train de le faire, oui ou non, en tout cas, c'était un petit peu
laconique. Donc, est-ce que l'AMF est en train de faire une enquête sur cette <société-là...
Mme Ghazal :
...est-ce
que l'AMF est en train de faire une enquête sur cette >société-là…
M. Morisset (Louis) : On fait
des vérifications.
Mme Ghazal : ...qui est dans
la cryptomonnaie, dont un des dirigeants avait été arrêté, mais maintenant il
ne travaille plus là?
M. Morisset (Louis) : Exact.
Exact. Puis, oui, on vous a répondu récemment. On fait des vérifications sur
cette société, en assumant qu'elle conduit des affaires au Québec, et le type
d'activité de cette société-là qui est nouvelle, là, dans le monde crypto, là,
par rapport à ce qu'on pouvait observer il y a deux ans, par exemple, qui est
de recevoir des dépôts en crypto, en bitcoins, par exemple, puis de payer des
intérêts, notamment dans une crypto ou dans sa propre crypto. Est-ce que ce type
d'activité là, bon, constitue un placement de valeurs mobilières? Est-ce qu'on
est en train d'enfreindre la réglementation au Québec dans la mesure où il y
aurait, au Québec, des gens qui sont clients de Celsius, ce dont on présume? Ce
sont des vérifications qui sont menées également aux États-Unis. La SEC, comme
vous l'indiquiez, est là-dessus. Donc, on travaille de concert avec la SEC, mais
l'angle qui est le nôtre, c'est est-ce qu'ils conduisent des activités au
Québec, et on le présume, encore une fois. L'investissement de la Caisse de
dépôt, c'est une autre question, mais, encore une fois...
Mme Ghazal : Puis c'est quoi,
le résultat de votre enquête?
M. Morisset (Louis) : Ah!
bien, on continue de comprendre, d'abord, ce qu'ils font. Et éventuellement, tu
sais, il se peut que ce qu'ils font en ce moment ne respecte pas la
réglementation en vigueur, donc qu'ils émettent des valeurs mobilières, qu'ils
distribuent des valeurs mobilières. Cela étant dit, cette activité-là, encore
une fois, elle risque de se maintenir dans le temps, puis la question va être,
puis je reviens peut-être à la question précédente qui m'avait été posée :
Quel genre d'encadrement approprié doit être mis en place pour ce type
d'entreprise là?
Mme Ghazal : Puis est-ce que
vous faites des recommandations au gouvernement pour avoir un encadrement
législatif, par exemple?
M. Morisset (Louis) : Bien,
on n'est pas rendus là, on n'est pas rendus là. Est-ce que c'est le type
d'encadrement qui devrait être... en fait, qu'on a aujourd'hui pour les
véritables institutions financières, qui, à terme, devrait être un encadrement
approprié pour une entreprise comme Celcius ou il y en a d'autres, là, dans ce
domaine-là? Ça fait qu'on n'est pas rendus là. On regarde, donc on prend ce
qu'ils font puis on cherche à trouver éventuellement l'angle d'encadrement
approprié. Puis ça, on le fait aussi dans le contexte où on travaille avec nos
homologues fédéraux là-dessus aussi.
Mme Ghazal : O.K. Puis, quand
vous allez faire l'enquête en parlant avec vos homologues fédéraux, aux
États-Unis, etc., est-ce que... quand est-ce que ça va aboutir? Puis qu'est-ce
que vous allez faire? Est-ce qu'il va y avoir des recommandations? Est-ce qu'il
va y avoir un rapport d'enquête qui va être rendu public pour que les gens
sachent qu'est-ce que ces gens-là font, qu'ils les comprennent? Si vous, vous
êtes en train de le comprendre, on peut imaginer que les Québécois ne le savent
pas. Quand est-ce que ça va aboutir, ça?
M. Morisset (Louis) : En
fait, je ne peux pas vous répondre de façon précise. Et, encore une fois, je… la
réflexion, c'est : Quel type d'encadrement doit être mis en place ici,
ailleurs, pour ce type d'entreprise là? Puis éventuellement, bien, il y aura
des actions qui vont être posées, encore une fois, ici ou ailleurs… et ailleurs,
soit les activités telles qu'elles sont conduites aujourd'hui vont devoir
cesser, soit les activités vont éventuellement devoir évoluer. Mais à ce
stade-ci, c'est encore, là, très prématuré pour s'avancer.
• (11 h 50) •
Mme Ghazal : Bien, merci. Là,
je me dirige vers le ministre, j'avais une question aussi par rapport à ça.
Est-ce que vous trouvez... est-ce que vous trouvez ça risqué que la caisse
investisse dans la cryptomonnaie dont on... même l'Autorité des marchés
financiers essaie de comprendre qu'est-ce que ces gens-là font?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que... juste pour faire un peu... poursuive un peu l'idée de l'AMF, c'est
que l'encadrement d'une institution de dépôt est beaucoup plus serré que
l'encadrement d'une plateforme de transaction sur le Web, là. Alors, c'est pour
ça qu'on dit qu'on doit d'abord comprendre ce qu'ils font. Parce
qu'effectivement, s'ils sont ici pour récolter des dépôts, là, c'est une autre
histoire, et il y aura tout un encadrement formel extrêmement rigoureux. Alors,
votre question, précisément, c'est : Est-ce que je suis inquiet que la caisse
de...
Mme Ghazal : Bien oui, c'est
que la caisse investit l'argent des Québécois dans cette... je ne sais pas
comment appeler ça, secteur, industrie encore inconnue qui... Est-ce que vous
trouvez ça risqué ou pas que la caisse investisse là-dedans, alors qu'on ne
sait pas encore... C'est un peu une boîte noire.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est... Dans le 420 milliards d'actifs de la caisse, là, il y a toute une
allocation d'actifs. Alors, il va y avoir un... puis je l'ai, je pourrais
donner les chiffres exacts, mais je ne veux pas prendre trop de temps, mais il
y a des actifs liquides, des actions, des obligations, il y a des placements
privés, il y a de l'infrastructure, il y a l'immobilier. Puis là il y a un panier
d'actifs très risqués. Et puis là, ce qui est important, c'est que le risque
total soit contrôlé. Et c'est certain que cet actif-là, il est <certainement...
M. Girard (Groulx) :
...total
soit contrôlé. Et c'est certain que cet actif-là, il est >certainement...
dans la distribution de probabilité de la nature rendement-risque, là, il est
certainement à l'extrême droite de la distribution, c'est-à-dire très haut
risque, très haut rendement et… très haut rendement potentiel et risque très
élevé.
Mme Ghazal : Oui. Donc, ce
que je comprends, ce que vous dites, c'est : C'est risqué, c'est dans le
petit pot risqué, ce n'est pas, peut-être, des gros montants, là, on ne le sait
pas, ils disent 750 millions, mais ça inclut des partenaires. Là, je parle
juste de cette compagnie-là, là, je ne connais pas les autres. Donc, vous dites :
C'est très risqué, on ne sait pas ce que ça va donner, mais c'est correct que
la caisse tente sa chance puisque...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, moi, en tant que ministre, là, je… bon, je suis là, il y a le
conseil d'administration, il y a la caisse. La caisse, c'est un fiduciaire, il
y a des déposants avec des politiques de placement. Par exemple, si un déposant
voulait mettre dans sa politique de placement que, sous aucune considération,
il ne veut avoir des cryptos, ou des cryptoactifs, ou des entreprises dans les
cryptoactifs, il peut le demander dans sa politique de placement.
Mme Ghazal : Mais le ministre
ne peut pas dire : Hum! je suis mal à l'aise.
M. Girard (Groulx) : Mais le
ministre n'est pas un gestionnaire de portefeuille. J'essaie de... Ce n'est
vraiment pas le rôle du ministre de comparer, par exemple, Loblaws à Metro,
puis de dire : Pourquoi vous avez tant d'actions de Loblaws puis tant
d'actions de Metro? Ce n'est pas mon rôle.
Mme Ghazal : Je comprends, mais
il peut y avoir comme : Hum! Il me semble qu'on devrait attendre avant de
mettre les billes des Québécois, peu importe combien, là-dedans…
M. Girard (Groulx) : Mais ce
qui est important…
Mme Ghazal : …alors qu'il y a
beaucoup de choses nébuleuses puis beaucoup d'enquêtes qui sont faites.
Peut-être que ça pourrait être juste une indication que le ministre peut donner.
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'ai plein d'indications que je pourrais leur donner, j'en fais un devoir de ne
pas leur donner, parce que ce n'est pas mon rôle. Ils ont des politiques de
placement, ils ont des rendements anticipés, ils doivent... et c'est à eux de
prendre leurs décisions, et c'est toujours la relation rendement-risque
anticipée.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée.
Mme Ghazal : Très bien. Il me
reste peu de temps.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 3 min 30 s.
Mme Ghazal : Oui, merci. Moi,
ça m'inquiète, je me dis : C'est quand même le bas de laine des Québécois,
il faut faire attention. Oui, ils peuvent aller dans des choses plus risquées,
etc., peut-être qu'ils devraient se tenir loin de la cryptomonnaie. Et ce n'est
peut-être pas mon rôle de le dire, mais je le fais quand même, puis je trouve
que c'est important, puis j'aurais aimé entendre le ministre donner ces
indications-là, mais il dit que ce n'est pas son rôle.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
n'ai pas fait... au cours de nos échanges, hier et aujourd'hui, vous ne
m'entendrez pas faire aucun endossement des cryptoactifs. Je l'ai dit, ce n'est
pas une monnaie d'échange, ce n'est pas un véhicule d'investissement. Et, dans
ce cas-là, la Caisse de dépôt a choisi d'investir dans une entreprise parce
qu'elle la considère innovante. C'est à eux de défendre ce choix et pas à moi.
Mme Ghazal : Accès à la
propriété, surchauffe immobilière, le ministre a déjà dit : Bien là, on
est en processus de rattrapage de la folie immobilière qui se passe en Ontario
et ailleurs, il le répète souvent. Il ne dit pas, évidemment, «la folie», mais
cette surchauffe-là, c'est comme si c'était normal, on rattrape, on a comme du
retard dans cette surchauffe immobilière qui fait mal aux familles puis aux
premiers acheteurs. Et, tout à l'heure, je l'entendais répondre à une question
en Chambre, et il a dit que le marché est en train de s'ajuster
automatiquement, puis ça va rentrer comme dans l'ordre, ça va se faire tout
seul, sans intervention pour protéger les premiers acheteurs. Est-ce que le
ministre croit à la main invisible du marché?
M. Girard (Groulx) : Ah! ça,
c'est une excellente question pour une étude de crédits, là, hein? Ça, c'est
sûr, là, qu'on va essayer de faire une manchette avec ça. Le ministre a étudié
en économie, et le concept de la main invisible est bien enseigné dans les
facultés d'économie, dépendamment du professeur que vous avez ou le cours.
Mme Ghazal : J'ai étudié aux
HEC. J'ai étudié aux HEC.
M. Girard (Groulx) : Ça dépend,
ça dépend, là. On vous enseigne l'ensemble de l'histoire de la pensée
économique, ça va du néosocialisme au libre marché. Alors, votre question,
c'est?
Mme Ghazal : Est ce que le
ministre croit... Le néosocialisme, je… oui… Est-ce que le ministre — je
note — croit que le marché immobilier, en ne faisant rien, va
s'ajuster puis va permettre aux premiers acheteurs d'acheter tout simplement?
Puis, de toute façon, c'est tout à fait normal, on est en train de rattraper la
surchauffe d'ailleurs. Est-ce qu'il croit à ça, que ça va se faire tout seul
sans aucune intervention de l'État?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, d'abord, j'aimerais être clair, là, quand vous dites qu'on ne fait rien,
là, je suis en complet désaccord avec ça. D'abord, on a resserré les règles
d'octroi hypothécaire des institutions financières pour limiter l'endettement.
Ensuite, on a fait une consultation publique sur les pratiques des courtiers
immobiliers pour s'assurer qu'ils travaillent dans l'intérêt des <acheteurs...
M. Girard (Groulx) :
...pour
s'assurer qu'ils travaillent dans l'intérêt des >acheteurs, parce que...
Mme Ghazal : Oui.
M. Girard (Groulx) : Vous
êtes d'accord?
Mme Ghazal : Oui, oui, je la
connais, celle-là, c'est une vieille, vieille demande qui ne va pas rien
changer. Est-ce qu'il y a d'autres mesures?
M. Girard (Groulx) : Bien,
puis ce que j'ai dit... Quand vous dites : Le ministre pense ça va
s'ajuster tout seul, ce que j'ai dit, c'est une information, c'est que les
mises en chantier en 2021, au Québec, sont en hausse de 50 % par rapport à
la moyenne 10 ans. Donc, les constructeurs de maisons résidentielles
constatent que la demande est forte et donc construisent plus.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : Et le
gouvernement construit plus de logements sociaux et veut construire des
logements abordables. Donc, puisque la demande est extrêmement forte, on
travaille sur l'offre.
Mme Ghazal : ...
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
ce sera partie remise.
M. Girard (Groulx) : C'est un
excellent sujet, ça me fera plaisir...
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup pour votre collaboration. Je cède maintenant la parole au député de
Robert-Baldwin, qui dispose de 18 min 40 s. Et je suis très,
très attentif du temps et de nos règles, parce que j'ai à côté de moi...
M. Leitão : Je vous surveille
aussi.
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, puis j'ai à côté de moi la présidente de la Commission de l'économie qui
me souffle dans le cou. Alors, il faut que je sois vraiment, là, rigoureux. À
vous la parole.
M. Leitão : Bien, 19 secondes
qu'on a… M. Morisset, on va continuer dans le domaine des risques
financiers et le rôle des régulateurs. Donc, on avait parlé, bon, de la
stabilité des prêteurs, des entreprises financières qui accordent des prêts. Ça
semble être sous contrôle. Très bien. Mais ce que le BSIF a aussi souligné,
c'est qu'ils s'inquiètent un peu. En fin de compte, ce sont les mêmes enjeux
qu'on avait remarqués, surtout aux États-Unis, 2006, 2007, des enjeux de
vérification du revenu. Donc, les prêteurs hypothécaires, encore là, je ne
parle pas des grandes banques ou de Desjardins, mais les... parce qu'il y en a
d'autres, prêteurs hypothécaires, où peut-être... pas peut-être, mais où, des
fois, toutes ces bonnes pratiques de bien vérifier toute l'information,
notamment la vérification du revenu, semblent être plus ou moins rapides et pas
très rigoureuses. Est-ce que c'est quelque chose que vous remarquez au Québec
aussi? Et, si oui, comment est-ce qu'on fait pour s'assurer que les bonnes
pratiques soient respectées?
M. Morisset (Louis) : Ce
n'est pas un aspect qu'on a remarqué de façon particulière. C'est un aspect
qui, dans le contexte, encore une fois, dans lequel on évolue, peut être
peut-être plus susceptible, avec le prix de l'immobilier qui croît, plus
susceptible d'arriver. Mais on s'assure, si on veut, avec les institutions
qu'on encadre, que ces enjeux-là sont regardés de près. Mais est-ce qu'on a
constaté quelque chose de particulier dans la dernière année? Non, la réponse, c'est
non.
• (12 heures) •
M. Leitão : Très bien. Parce
que maintenant, c'est l'AMF aussi qui supervise, réglemente les courtiers
hypothécaires. Je ne suis pas en train de dire que les courtiers hypothécaires
ne font pas un bon travail. Je ne suis pas en train de dire ça du tout. Il ne
faut pas qu'ils commencent à envoyer des messages parce que ce n'est pas ça du
tout. Mais des fois, dans le feu de l'action, on va aller vite dans le
processus d'approbation. Et des fois, ces vérifications-là se font un peu en
retard, et c'est ça qui peut amener à des risques systémiques importants.
Alors, vous, est-ce que... Donc, vous avez
dit que vous n'avez pas remarqué ça, ce n'est pas préoccupant. Et même avec les
courtiers hypothécaires, ça aussi, ce n'est pas une question qui se pose?
M. Morisset (Louis) : Bien, sur
les institutions financières, je l'ai mentionné, nos lignes directrices sont
claires puis nos institutions surveillent ça de près. À l'égard des courtiers
hypothécaires, évidemment, ils ont des obligations claires dans la loi, doivent
s'assurer évidemment de comprendre la situation financière de leurs clients, et
tout ça. Donc, on va assumer, pour les fins de notre discussion, que ces
obligations-là sont respectées. Mais il est clair que si on avait des indices
que le travail des courtiers hypothécaires est problématique à cet égard-là, on
interviendrait, mais on n'a pas d'indice à cet effet en ce moment.
M. Leitão : Très bien. Bon, il
y a toutes sortes de nouveaux produits, là, qui sont apparus...
12 h (version révisée)
M. Leitão : ...à toutes sortes
de nouveaux produits, là, qui sont apparus dans le marché, des choses que moi,
je ne connaissais pas, et je commence à m'intéresser à ça, des hypothèques avec
équité partagée, «shared equity mortgages», des «combined loan plans», où il me
semble qu'encore une fois, donc, la réglementation de ce nouveau type de
produits est peut-être un peu plus complexe. Est-ce que cela tombe dans votre
cour? Est-ce que c'est l'AMF qui doit s'assurer que ces nouveaux produits
soient bien encadrés ou est-ce que ça dépend du BSIF?
M. Morisset (Louis) : Encore
une fois, on a des responsabilités similaires à l'égard d'institutions
différentes. C'est des questions, des enjeux qu'on regarde et qu'on étudie et
pour lesquels on discute avec le BSIF. Si des mesures devaient être mises en
place pour contrôler et mieux contrôler ces phénomènes qui, comme je vous dis,
sont émergents, bien, on le ferait de façon, idéalement, là, conjointe avec le
BSIF.
M. Leitão : Parce que,
surtout, il me semble que les hypothèques avec équité partagée, ça devient...
je pense que ça va devenir un outil quand même assez intéressant, surtout dans
un contexte de prix extrêmement élevés et où, peut-être, plusieurs générations,
deux générations peuvent partager une même propriété. Donc, cet aspect-là, il
faut que les règles soient claires pour éviter des problèmes plus tard.
Un autre sujet, M. Morisset, parce que ça
fait partie aussi des enjeux des autorités réglementaires, ce sont les
changements climatiques. Et là j'aimerais l'aborder deux côtés, deux choses :
d'abord, en ce qui concerne l'adaptation aux changements climatiques et en ce
qui concerne surtout l'industrie de l'assurance. Parce qu'avec les changements
climatiques, bon, les événements extrêmes se multiplient et donc,
potentiellement, pour les compagnies d'assurance, les pertes ou les coûts, les
coûts peuvent être significatifs : inondations, incendies, etc. Alors,
dans ce domaine-là de l'adaptation aux changements climatiques et les impacts
financiers de ce qui existe déjà, est-ce que l'AMF... Est-ce que, d'abord, c'est
quelque chose qui vous préoccupe et puis qu'est-ce que vous faites pour suivre
ces nouvelles tendances?
M. Morisset (Louis) : Bien,
ça nous occupe, ça nous préoccupe sous différents fronts. Peut-être, ça, je
prends d'abord celui qui touche les institutions financières québécoises :
Comment ces institutions-là intègrent, dans leur processus de gestion de
risques, les risques climatiques? Comment ils tentent de les mitiger? On est
là-dessus en ce moment. D'ailleurs, l'automne dernier, on a, par voie de
sondage, sondé chacune des institutions financières faisant affaires au Québec,
y compris les assureurs, pour comprendre leur processus de gestion de ces
risques, et on est en train d'analyser les données qu'on a récoltées, pour se
faire une tête, si je peux m'exprimer ainsi, sur comment ces risques-là sont
intégrés en ce moment et est-ce que des encadrements plus spécifiques devraient
être développés par l'autorité là-dessus. Alors, on le regarde de très près.
Sur le plan, par exemple, des émetteurs
assujettis, des compagnies publiques, compagnies cotées en bourse, on a publié,
l'automne dernier, en octobre, un projet de règlement visant à exiger de la
divulgation spécifique sur les risques et opportunités climatiques. Ça, on a
publié ce règlement-là en octobre. Depuis, bien, vous savez, je pense tous, on
a... L'International Sustainability Standards Board a été créé en novembre. L'ISSB
a publié un exposé sondage, avec leurs attentes en termes de divulgation
climatique. Ça fait qu'on est en train d'analyser tout ça pour, éventuellement,
être en mesure d'imposer aux émetteurs canadiens des obligations spécifiques
sur les risques climatiques. Alors, on regarde ça, ça nous occupe passablement,
je vous dirais.
M. Leitão : Oui. En tout cas,
merci. Parce que, oui, je pense que... ça m'intéresse beaucoup aussi et je
pense que c'est un enjeu qu'on doit non seulement le suivre de près, mais
arriver avec des propositions concrètes. Et c'était ça, la deuxième partie de
ma question, sur les changements climatiques. C'est que tout le monde, tout le
monde et son beau-frère se réclame, maintenant, d'être vert et d'adhérer à des
critères environnementaux, ESG, tout ça. Mais, à la fin de la journée, il faut
que quelqu'un <vérifie ça...
M. Leitão :
...
environnementaux, ESG, tout ça. Mais, à la fin de la journée, il faut que
quelqu'un >vérifie ça. C'est très beau de faire un «mission statement»,
écrire ça, mais, dans les faits... Et donc ce sont les autorités
réglementaires, l'AMF, au Québec, il me semble qu'ils doivent s'assurer, qu'ils
doivent certifier qu'en effet la banque XYZ qui a... ou la coopérative XYZ qui
a dit qu'elle a comme mission toutes ces choses-là, bon, qu'ils ont, en même
temps, mis en œuvre aussi les procédures pour le concrétiser. Donc, ça, vous me
dites que vous travaillez sur ça aussi, sur une série de protocoles pour
pouvoir vérifier et certifier ces déclarations-là?
M. Morisset (Louis) : Oui.
Bien, je dirais qu'on n'est pas rendus à pouvoir penser, même certifier ça,
mais c'est une préoccupation qu'on partage, l'écoblanchiment, aujourd'hui.
Comme vous dites, tout le monde qui s'estime respecter les principes ESG, le
font-ils dans les faits? Je vous donne un exemple, là, pour vous signifier
notre intérêt puis les travaux qu'on a faits.
En janvier, on a publié un avis, au niveau
pancanadien, avec nos collègues des autres provinces, qui s'adressait
spécifiquement aux fonds d'investissement qui se prétendent être des fonds ESG,
avec des lignes directrices, des lignes de conduite, des bonnes pratiques pour
permettre aux investisseurs d'être plus confortables que, quand on prétend être
un fonds ESG... on en est un véritablement. Donc, on a regardé ce front-là, on
va, c'est sûr, faire des vérifications, notamment avec les collègues des autres
provinces, au cours de la prochaine année, sur l'intégration de ces lignes de
conduite. Mais c'est un sujet, là, qui nous préoccupe et qui préoccupe, bien
sûr, les régulateurs à l'échelle internationale.
M. Leitão : Donc, comme
vous établissez ces lignes directrices, par la suite, vous allez vous... après
ça, il faut aussi s'assurer, faire le suivi qu'en effet ce que vous aviez émis
comme ligne directrice soit suivi par l'entreprise.
M. Morisset (Louis) : Exact.
Dans les processus de vérification ou d'inspection, oui, c'est certain qu'on va
faire des «spot checks», si je peux m'exprimer ainsi, on va faire des
vérifications ponctuelles, ciblées, spécifiques. On va le faire, absolument,
oui.
M. Leitão : Et l'arrivée
du ISSB, à Montréal, l'International Standards Board, je présume que vous allez
travailler en très étroite collaboration avec eux, puisqu'ils vont être ici,
donc...
M. Morisset (Louis) : Oui.
On espère. On espère que le fait qu'ils vont avoir un de leurs deux bureaux
d'importance à Montréal va nous permettre de développer des liens étroits avec
cet organisme-là, ce serait dans notre intérêt collectif. Évidemment, ça
demeure une organisation internationale qui se doit de répondre à des besoins
planétaires, mais, oui, j'ose croire qu'on va pouvoir développer avec eux un
lien privilégié. À ce stade-ci, ils sont en train de s'organiser, de
s'installer, c'est, disons, embryonnaire. Mais c'est notre espoir, oui.
• (12 h 10) •
M. Leitão : Très bien. Merci.
J'aimerais revenir un petit peu sur les cryptomonnaies, un enjeu que j'avais
soulevé, d'ailleurs, hier, avec le ministre des Finances et qui concerne... et Revenu
Québec et qui concerne les fameux guichets. Avec l'AMF, M. Morisset, vous
vous rappellerez qu'on a une certaine histoire, avec les fameux guichets, mais,
bon, c'est une autre histoire. Mais là, maintenant, c'est des guichets de
bitcoins, qui existent et qui maintenant sont sous la responsabilité de Revenu
Québec. Mais la question que j'ai pour l'AMF, c'est : Qui vérifie, pas
nécessairement les guichets, là — mettre les vignettes, ce n'est pas
ça, bon, ça, c'est Revenu Québec — mais la propriété de ces
guichets-là? Les compagnies qui installent ces affaires-là, qui leur donne le
permis pour pouvoir déployer ces guichets? Est-ce que c'est l'AMF, ou est-ce
que c'est Revenu Québec, ou personne?
M. Morisset (Louis) : Ça
doit être Revenu Québec. Nous, à l'Autorité, on s'intéresse puis on est très
actifs au niveau des plateformes d'échange de cryptomonnaies, des plateformes
virtuelles. On en voit plusieurs, là, qui s'affichent de plus en plus à la
télévision, offrant leurs services, et autres. Donc, on travaille à inscrire
des plateformes d'échange de cryptomonnaies. Mais, en ce qui a trait aux
guichets <automatiques...
M. Morisset (Louis) :
...
plateformes d'échange de cryptomonnaies. Mais, en ce qui a trait aux guichets
>automatiques, ça, c'est vraiment de... c'est du ressort de Revenu
Québec, à tous égards.
M. Leitão : Très bien.
Même pour, donc, le... — «issuance» — délivrer des permis,
une compagnie, compagnie XYZ qui veut installer des machines, donc, ces
compagnies-là doivent obtenir leur autorisation de Revenu Québec, pas de
l'Autorité des marchés financiers?
M. Morisset (Louis) :
Absolument.
M. Leitão : Donc, ça, c'est un
peu particulier. Moi, je penserais que ça serait plutôt dans la cour de l'AMF. Parce
que, par exemple, au Royaume-Uni, il y a quelque chose qui, il me semble, est
un peu semblable à l'AMF, qui est le Financial Conduct Authority, et là-bas,
eux ont décidé de suspendre la délivrance de permis pour de telles machines,
jusqu'à ce qu'ils puissent avoir une meilleure idée d'exactement qui est
propriétaire de quoi. Alors, vous me dites qu'ici c'est quelque chose qui n'est
pas vraiment dans votre cour?
M. Morisset (Louis) : Non,
parce qu'encore une fois c'est associé à l'autorisation qui doit être donnée à
l'entreprise qui veut exploiter un tel guichet. Donc, dans le processus,
j'imagine, on va remonter la chaîne puis on va faire les vérifications
appropriées. Nous, peut-être juste vous resituer, on encadre le marché des
valeurs mobilières, les instruments dérivés. Lorsqu'un produit financier est
une valeur mobilière, puis plus spécifiquement un contrat d'investissement,
bien, on a juridiction. Et donc les plateformes qui font.. permettent les
transactions de cryptoactifs sont, plus souvent qu'autrement, pas dans tous les
cas, mais plus souvent qu'autrement, des plateformes qui transigent des valeurs
mobilières. Puis ça, ces entités-là doivent être inscrites, doivent s'inscrire
et être encadrées par les régulateurs au Canada, dont nous.
M. Leitão : Très bien, merci.
Donc, merci. Mais, bon, moi, je pense que... Et peut-être, là, je m'adresserais
plutôt au ministre des Finances, parce qu'il me semble que ces guichets-là, ces
machines-là, souvent, sont une porte d'entrée dans cette industrie-là, et donc des
personnes, surtout les jeunes, surtout la clientèle que M. Morisset essaie
de cibler avec ces campagnes de sensibilisation, entrent dans ce milieu-là par
les guichets de bitcoins, parce que là on peut acheter des fractions de
bitcoin, donc on peut investir, investir entre guillemets, 100 $, 200 $,
etc., et donc c'est perçu comme un investissement.
Vous avez déjà dit, M. le ministre, on est
d'accord, que ce n'est pas un véhicule d'investissement, le bitcoin. Mais, plus
précisément, pour l'autorisation du déploiement de ces machines-là, bon, c'est
Revenu Québec qui est responsable de superviser ça, vous ne pensez pas que ça
devrait être peut-être suivi d'un peu plus près, de nous assurer qu'il n'y ait
pas une prolifération de machines à chaque coin de rue, là?
M. Girard (Groulx) : En
fait, ce qui s'est passé, c'est que c'est une industrie innovante, en
émergence, qui était nettement en avance sur la réglementation. Alors, on a vu
des guichets de cryptomonnaies apparaître, au Québec, avant qu'on soit bien
organisés pour les réglementer puis les encadrer. Et puis là c'est pour ça que
l'AMF, puis Revenu Québec, puis le ministère des Finances, puis, dans certains
cas, le ministère de la Sécurité publique, bien, on travaille ensemble pour les
encadrer. Parce que les guichets sont apparus avant qu'il y ait un département
d'octroi des vignettes de guichets cryptomonnaies, là. Cette industrie-là est
en émergence, puis ça se passe rapidement. Alors là, on coordonne nos actions,
Revenu Québec fait des inspections.
Et, là où je suis complètement d'accord
avec vous qu'on doit mieux encadrer cette industrie et qu'on doit surveiller la
provenance des fonds, totalement d'accord avec vous, c'est une de nos
inquiétudes qu'il y a du blanchiment d'argent qui se fait dans ces guichets-là.
Mais, là où je ne suis pas d'accord, ce serait d'interdire. Parce que, si on
interdit, par exemple, l'activité x, c'est certain que les gens vont continuer
d'aller sur d'autres plateformes, à l'extérieur. On ne peut pas contrôler tout
ce qui se fait sur le Web en cryptomonnaie, et donc il faut prendre une
approche d'encadrement et de réglementation et non d'interdiction.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la <parole...
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la >parole.
M. Leitão : ...
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va? Bien, vous auriez un troisième bloc, si vous voulez poursuivre
légèrement.
M. Leitão : On va
poursuivre.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va?
M. Leitão : Oui, oui.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de René-Lévesque, vous disposez de 14 minutes.
M. Ouellet : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais les utiliser judicieusement. Donc, merci aux
gens de l'AMF, merci aux gens de Retraite Québec, mais je veux m'adresser au
ministre, pour ces 14 minutes. Ce n'est pas sans discrédit sur votre
travail, là, mais j'ai d'autres enjeux que j'aimerais discuter avec le
ministre.
Surprise, au salon bleu ce matin, votre
chef, notre premier ministre, le premier ministre a dit qu'il était peut-être
ouvert à revoir la rémunération variable des sociétés d'État. Donc, je
pianotais, depuis tout à l'heure, et, comme on en a discuté hier en commission,
puis les gens le savent maintenant, c'est du domaine public, la SQDC, elle, n'a
pas de rémunération variable. C'est inscrit, je ne sais pas si c'est dans une
loi ou dans un règlement, mais c'est inscrit comme étant proscrit.
M. Girard (Groulx) : Dans
sa loi constitutive.
M. Ouellet : Dans sa loi
constitutive. Donc, pendant que les collègues échangeaient avec vous, j'ai
écrit quelques amendements pour Loto-Québec et de la SAQ et j'aimerais vous les
soumettre, parce que ce n'est pas compliqué. En tout cas, quand j'ai entendu le
premier ministre, ce matin, nous dire : Il faut respecter les contrats, je
comprends, il y a des conventions collectives puis il y a des ententes qui ont
été faites avec les salariés. Mais je vous soumets ça bien humblement, est-ce
qu'il serait possible que : dans l'exercice d'un travail au sein de la
Société d'alcools du Québec ou de Loto-Québec, que toute nouvelle embauche ou
tout renouvellement ne contienne pas de rémunération variable, autant pour la
haute direction que pour les employés-cadres — point; deuxième alinéa :
que les conventions collectives qui arriveront à échéance ne pourront pas être
renouvelées avec des conditions incluant des rémunérations variables? Est-ce
que c'est le genre d'amendement qui serait possible, selon vous?
M. Girard (Groulx) : Bon,
là, moi, je dois vous dire, ça fait quatre ans que je suis ministre des
Finances...
M. Ouellet : Tu as été
surpris, hein, à matin?
M. Girard (Groulx) : ...puis
je suis surpris qu'à l'étude des crédits on parle toujours des mêmes sujets,
O.K.? Parce que, si on prend la SAQ, 1,3 milliard de ventes, il y a
une pandémie, les restaurants ferment, ils sont en détresse, la fréquentation
des succursales augmente, or il faut accroître la distance. C'est complexe,
gérer la Société des alcools, on a une femme exceptionnelle,
Mme Dagenais...
M. Ouellet : Je ne
remets pas ça en question...
M. Girard (Groulx) : ...on
la rémunère approximativement un demi-million de dollars pour gérer une
business de plus de 6 000 employés, 1,3 milliard de revenus.
Alors, moi, je ne comprends pas qu'à chaque année on vient ici puis on fait une
grosse histoire avec la rémunération de Catherine Dagenais.
M. Ouellet : Non, non,
attendez un petit peu, là, là, vous me mettez des mots dans la bouche, que je
n'ai pas dits. Je vous ai dit ma surprise ce matin, et probablement la vôtre
aussi, d'entendre le premier ministre dire qu'on devrait commencer à regarder
pour qu'il n'y ait plus de rémunération variable dans les sociétés d'État, puis
je pense qu'il a exclu la Caisse de dépôt. Ça fait que ma question n'est pas
sur la Caisse de dépôt, elle est sur les sociétés d'État comme la SAQ et
Loto-Québec. Alors, j'entends le premier ministre dire ça ce matin, j'ai
préparé un amendement. On n'est pas en étude détaillée, mais je vous dis juste,
M. le ministre, que, si on veut le faire, on peut le faire. Donc, ma question :
Êtes-vous d'accord avec votre premier ministre?
M. Girard (Groulx) : Ma
question... D'abord, j'étais à la même période de questions que vous, j'étais
assis un petit peu plus proche que vous, je n'irais pas jusqu'à prétendre que
j'ai mieux entendu que vous parce que j'étais plus proche, mais je n'ai pas
entendu les mêmes choses que vous, O.K.? Bon, ce que... dans le fond, ce que
vous me dites, c'est que vous voudriez prendre la rémunération variable de Mme
Dagenais puis la transformer en salaire pour qu'elle ait une rémunération
équivalente?
M. Ouellet : Non, ce
n'est pas ça que je dis.
M. Girard (Groulx) : Ou
vous voulez l'éliminer puis qu'elle gagne moins?
M. Ouellet : Non, ce
n'est pas ça que je dis.
M. Girard (Groulx) : Bien,
je vous pose la question, je veux de la clarification, avant de me prononcer
sur votre amendement.
M. Ouellet : Bien, oui. Bon
coup. Ce que je veux, c'est que je veux répondre à l'affirmation du premier
ministre en ayant une solution pragmatique. Le premier ministre nous a dit :
Il faut faire attention, dans une société de droit, il y a des droits qu'on
doit respecter, et ça, c'est vrai, il y a des conventions collectives qui
incluent, pour le personnel syndiqué, des rémunérations variables pour les
sociétés d'État.
• (12 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Le
gouvernement du Québec respecte ses contrats.
M. Ouellet : Absolument.
Deuxième chose, il y a des contrats individuels pour le personnel cadre et les
hauts dirigeants, ça, ce sont des contrats qui sont signés entre le conseil
d'administration et les individus, et il faut honorer ces contrats-là, je suis
d'accord. Ce qu'il nous a dit ce matin, c'est qu'on pourrait commencer à
regarder si, effectivement, la rémunération fixe est encore applicable ou
devrait s'appliquer dans le cas des sociétés d'État. Et donc, ce que je postule
ce matin : Quelle est, vous, votre vision de cette rémunération fixe qu'on
devrait peut-être enlever et peut-être la transformer par une autre forme de
rémunération? Je veux juste... vous, là, ce matin, quand vous avez entendu ça
du...
M. Girard (Groulx) : À
rémunération équivalente?
M. Ouellet : Donc, vous,
rémunération équivalente? O.K., au moins c'est clair.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
non, mais je veux... Non, je vous pose...
M. Ouellet : Ce n'est
pas clair?
M. Girard (Groulx) : C'est
une question que <vous pose...
M. Ouellet :
...clair.
M. Girard (Groulx) :
O.K.,
non, mais je veux... Non, je vous pose...
M. Ouellet :
Ce
n'est pas clair?
M. Girard (Groulx) :
C'est
une question que >vous pose.
M. Ouellet : Ah! bien non,
c'est vous, le ministre.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous, vous dites que c'est à rémunération équivalente?
M. Ouellet : Avez-vous
répondu à ma question? Est-ce que vous êtes d'accord à l'abolition de la
rémunération variable?
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, on va prendre le cas de Loto-Québec, O.K.? Eux, là, ils n'ont pas eu
une bonne année, O.K.? On attendait 1,4 milliard de dollars, en 2020,
ils ont fait à peu près 300 millions. Comprenez-vous? Il n'y en a pas eu,
de rémunération variable, les résultats n'étaient pas bons. Ce n'est pas
étonnant, les casinos étaient fermés, O.K.? Donc, pas de rémunération variable.
Donc, avec votre proposition de prendre sa
rémunération variable et de lui verser une rémunération équivalente en salaire,
on n'aurait pas pu corriger pour la performance. C'est ça, la rémunération
variable est fonction de la performance de l'institution et aussi de rencontrer
les objectifs. Par exemple, dans le cas de Loto-Québec, il y a toute une
responsabilité sociale, ce n'est pas... La rémunération du principal dirigeant
n'est pas seulement en fonction des revenus, elle est également fonction du
respect de sa responsabilité sociale.
Bref, si votre proposition, c'est de
prendre la rémunération variable, de l'inclure dans le salaire, puis que la
somme de l'absence de rémunération variable plus le salaire donne exactement le
même montant qu'il aurait eu de toute façon, je pense qu'on y perd au change
parce qu'on n'aura pas l'évaluation de sa performance dans sa rémunération.
M. Ouellet : Et donc, selon
vous, si on enlève la rémunération variable, on va perdre des hauts dirigeants
et du personnel cadre dans les sociétés d'État?
M. Girard (Groulx) : Ça
dépend. Ça dépend si... Et c'est pour ça que je vous demande : Est-ce que
c'est à rémunération équivalente?
M. Ouellet : Non.
M. Girard (Groulx) : Non? Vous,
vous coupez la rémunération variable?
M. Ouellet : Oui. C'est ma
proposition.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Bien, votre proposition,
c'est donc de couper la rémunération de nos dirigeants de sociétés d'État?
M. Ouellet : Ma proposition,
c'est d'enlever la partie variable des rémunérations. Et comme tout contrat
sera à renégocier, il s'agira de voir dans quelles conditions le dirigeant ou
le cadre veut opérer en fonction du nouveau cadre législatif qui va exister.
Tout est une question de négociation.
M. Girard (Groulx) :
O.K. Donc, dans les faits, ce
que vous proposez, c'est couper la rémunération de nos dirigeants de sociétés
d'État à vocation commerciale. Et puis, non, je ne suis pas en faveur de ça et
puis je ne suis pas convaincu que les autres employés de l'État seraient en
faveur de ça non plus, qu'on coupe leur rémunération totale.
M. Ouellet : Ça fait partie
d'un débat de société que je pense qu'on doit avoir. Parce que, oui, M. le
ministre, sans discrédit à votre commentaire, les mêmes sujets reviennent parce
que les mêmes problèmes existent. Et ce n'est pas juste dû à votre gouvernement,
c'est dû aux autres gouvernements qui sont passés avant vous et les prochains
qui seront subséquents à votre gouvernement, aussi. Donc, prenez-le pas
personnel, mais, si les mêmes sujets reviennent, c'est que, dans certains cas,
il y a des problématiques qui ne sont pas réglées, et, à force de les ramener,
et d'en discuter, et d'en débattre, la société évolue et les projets de loi
s'amendent. Combien il me reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 6
min 20 s.
M. Ouellet : Parfait. On va
aller ailleurs, un tout nouveau sujet, quelque chose de nouveau, tout récent,
d'accord? Je vous fais une fleur, là. Je veux vous parler de deux exemples qui
nous ont été soumis par les groupes OSBL en habitation, le Réseau québécois des
OSBL d'habitation.
La Villa Belle Rivière de Richelieu, un
immeuble de 60 logements, la convention avec la SCHL est échue en 2014, et
on a appris que trois administrateurs ont vendu l'immeuble, le 8 avril,
pour la somme de 2 millions, soit 32 000 unités. Et on ne sait
surtout pas qu'est-ce qui va advenir avec l'organisme et ces actifs et surtout
les locataires qui étaient là, qu'est-ce qui va arriver avec eux. La même chose
est arrivée avec la Cité des retraités de l'Estrie, projet Faubourg Mena'Sen — peut-être
que je la prononce mal, là — complexe de 172 logements à
Sherbrooke, convention SCHL échue en 2015. Les cinq administrateurs ont vendu
l'immeuble le 25 février pour la somme de 18 millions. L'organisme a
été dissous. L'avis de dissolution indique que les actifs ont été partagés
entre les cinq actionnaires.
La discussion que je veux avoir avec vous,
M. le ministre, puis ce n'est pas l'enjeu, l'argent vient-tu du fédéral ou il
vient du Québec, parce que, tôt ou tard, lorsqu'on construit des logements
sociaux, ça appartient, au final, à l'État, mais ça appartient à l'OSBL. Mais,
lorsque les conventions échuent, il y a un vide, et là on voit apparaître des
administrateurs qui décident, puis dans certains cas, même, là, je n'ai pas
tous les détails, il y en a qui ont même changé les noms des administrateurs
juste avant que ça se passe : on vend les bâtiments, les administrateurs
mettent l'argent dans leurs poches, on change la vocation. Et on est en train
de perdre un capital de patrimoine qui nous sert, comme Québécois, Québécoises,
à offrir des logements abordables à des clientèles qui en ont besoin et, dans
certains cas, des clientèles plus âgées.
Donc, ma question : Avez-vous
commencé à réfléchir, au gouvernement, à cette problématique? Parce que ça
commence à arriver, là. Il y a d'autres villas, d'autres bâtiments qui vont
arriver à échéance, parce qu'ils ont tous été construits... pas tous en même
temps, mais le programme a 35 ans, ils vont, comme, tous arriver à
échéance. Est-ce que vous avez déjà porté votre réflexion pour que le Québec ne
perde pas ce patrimoine, qu'il demeure accessible et disponible pour les
personnes, pour avoir un toit sur la tête et, surtout, que des gens sans <scrupule...
M. Ouellet :
...
personnes, pour avoir un toit sur la tête et, surtout, que des gens sans >scrupule
décident de se mettre millionnaires avec de l'argent qui a été payé par l'impôt
des contribuables?
M. Girard (Groulx) : Il me
reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 4 min 6 s.
M. Ouellet : Ah! c'est bon.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, à mon tour de vous lancer des fleurs. Je vous remercie d'amener ce sujet
qui est extrêmement important et je vous remercie même de votre fair-play, de
m'avoir averti qu'on allait avoir cette discussion, parce que, sinon, on
n'aurait pas pu aller au fond des choses. Je pense, c'est une question qui est
extrêmement importante. Je dois dire que le ministère des Affaires municipales
et le ministère des Finances sont concernés par cette situation. C'est quand
même assez récent que nous avons été éveillés à cette problématique et donc
qu'on la regarde. Et, si vous permettez, j'aimerais que mon sous-ministre
responsable de la réglementation du secteur financier, mais il pourra vous
expliquer pourquoi c'est lui qui suit ce dossier... Est-ce qu'il pourrait venir
nous dire qu'est-ce qui se passe dans ce dossier, pour deux minutes, par
exemple?
M. Ouellet : Consentement, M.
le Président.
M. Girard (Groulx) : En fait
vous pouvez vous asseoir là, je pense, puis Pierre, tu peux rester ici.
M. Ouellet : On va jaser!
Le Président (M. Simard) : ...
M. Stevenson (Eric) : Oui. Je
m'appelle Eric Stevenson, je suis sous-ministre adjoint au ministère des
Finances, et, comme le ministre l'a dit, je suis responsable des lois du
secteur financier, dont la loi qui concerne, là, ces organismes-là.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue
parmi nous. Nous vous écoutons.
M. Stevenson (Eric) : Oui.
J'y vais? Bien, M. le député, on est au courant de cette situation. Les deux
cas que vous mentionnez, je les ai sur mon bureau avec mon équipe, on est en
train d'en faire l'analyse. C'est certain que les lois corporatives qui
concernent les OBNL sont... En fait, les OBNL sont encore dans la Loi sur les
compagnies, partie III, et elles ont des lettres patentes, là. Donc, c'est
des vieilles structures, alors que les corporations, maintenant, au Québec,
c'est la Loi sur les sociétés par actions du Québec. Il y a certains pouvoirs
qui existent, dans cette loi-là, d'enquête, de... sur certaines entités, puis
c'est ça qu'on est en train de regarder pour voir si on peut intervenir dans
ces cas-là.
M. Ouellet : Est-ce qu'il
serait pensable de modifier la Loi sur les compagnies? Moi, j'ai un amendement
déjà prêt. Vous savez, vous me connaissez, M. le ministre, moi, une idée, un
projet de loi, un amendement, ça sort tout de suite. J'en ai un à vous
soumettre qui, probablement... puis je pense qu'ils l'ont transmis à la
ministre de l'Habitation, là, mais :
«L'aliénation autrement que par
l'expropriation ou par vente forcée d'un immeuble de logements ayant été
construit, acquis, restauré ou rénové dans le cadre d'un programme d'aide à
l'habitation du gouvernement, du gouvernement fédéral ou de l'un de ses
ministères ou organismes, l'établissement d'une emphytéose sur tel immeuble
ainsi que la modification de son affectation par une personne morale devra être
autorisé par le ministre, qui peut assortir son autorisation à des conditions
qu'il détermine.
«Le premier alinéa ne s'applique pas dans
le cas de la prise de paiement de l'immeuble ou de l'exercice d'un droit autre
hypothécaire par le créancier hypothécaire dont l'entreprise consiste le prêt
d'argent assorti de sûreté réelle ou par le gouvernement, le gouvernement
fédéral et l'un des ministères ou organismes pour une personne morale
publique.»
Donc, ce qu'il faut comprendre, c'est que
le gouvernement du Québec pourrait avoir un droit de regard sur ces propriétés-là
qui ont été payées par l'impôt des contribuables, pour dire : Non, on
garde ce bâtiment-là. Parce que, la collègue de Mercier en faisait mention tout
à l'heure, il y a une crise du logement, il y a du monde qui cherche à se
loger, et là on va transformer ça, en certains cas, en condos et on va
délocaliser des gens à faibles revenus qui avaient besoin de ce toit-là pour
eux.
• (12 h 30) •
M. Girard (Groulx) : En fait,
ce qu'on vous a dit, M. le député, puis encore une fois c'est une question
extrêmement importante, c'est que... À la question : Est-ce qu'on a un
droit de regard?, c'est oui. On est en train d'étudier si on a les pouvoirs
nécessaires et si on a besoin de plus de pouvoirs. Et le MAMH et le ministre
des Finances travaillent sur cette question qui est extrêmement importante, et
je vous en remercie de souligner l'importance. Puis, votre amendement, vous
pouvez le transmettre, il est à côté de vous, le sous-ministre. On n'est pas
rendus à rédiger des amendements, mais puisque vous l'avez écrit, ça nous fera
plaisir de le consulter.
M. Ouellet : On peut-tu
penser faire ça avant la fin de la session?
M. Girard (Groulx) : S'il y a
urgence, il y aura action rapide.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. Je cède la parole à la députée de Vaudreuil, qui dispose de
18 min 15 s.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je vais partager mon temps avec mon collègue, mais je vais continuer
à faire du pouce sur le sujet. C'est vraiment... Oui, vous pouvez rester. C'est
vraiment... c'est superpertinent, parce qu'il y a plein d'OBNL, là, qui
arrivent en fin de convention. On sait que la plupart des conventions, c'est
35 ans, et il y en a plusieurs, là. Les deux qui ont été cités, là,
Sherbrooke et Richelieu, c'est vraiment problématique. Moi, M. le ministre,
puis c'est correct, là, je suis bien contente que mon collègue dépose une suggestion,
un amendement, mais ça a été fait, mon collègue de Robert-Baldwin a travaillé...
12 h 30 (version révisée)
Mme Nichols : ...dépose une
suggestion, un amendement, mais ça a été fait. Mon collègue de Robert-Baldwin a
travaillé en 2017, puis c'est des changements qu'on a faits, entre autres,
pour les coopératives. Ça fait que ça a déjà été fait, là, dans le... Puis je
vois le sous-ministre qui fait signe oui de la tête, là. Ça fait qu'est-ce que
ça ne pourrait pas être envisagé d'apporter le même genre de modifications?
Parce que, moi, je soulève... On est en crise du logement, on a un problème d'offres,
puis là ce qui arrive en fin de convention comme ça, là, c'est que, justement,
c'est des logements sociaux qui sont repris, qui sont transférés en logements
privés, mais qui ne sont pas nécessairement abordables. Puis il y a un problème
au niveau de la pérennité. On n'a pas de logement social, on n'a pas de... Ça
fait que ça nous permettrait au moins de garder une... Tu sais, on cherche à en
faire, là, je suis en train de régler votre problème, là, on cherche à offrir
du logement social et abordable, là. Juste ces deux projets-là, là, ça ferait
combien de logements qui pourraient rester justement abordables, sociaux,
communautaires? Je reviens sur la question relativement aux coopératives :
Est-ce que ça peut être envisagé de faire quelque chose de similaire?
M. Stevenson (Eric) : Bien,
en fait, comme le disait le ministre, ça ne fait pas longtemps, là, qu'on est
au courant de cet enjeu-là. Et, effectivement, là, on m'a soulevé le précédent,
là, que vous évoquez, de 2017, là, comme étant justement un mécanisme où
un ministre aurait à intervenir pour accepter, par exemple, autoriser une vente
ou un changement de propriétaire, etc.
M. Girard (Groulx) : Avant de
faire une intervention, il faut s'assurer qu'on a le pouvoir d'intervention. On
est tout en train d'analyser cette situation-là. Et, si on n'a pas le pouvoir d'intervention,
bien, il faudra voir si des modifications législatives adoptées avant la fin de
la session aideraient.
Mme Nichols : Oui, en effet,
particulièrement en cette deuxième année consécutive de crise du logement, je
pense qu'il faut justement, là, agir un petit peu plus rapidement. Si vous
permettez, M. le Président, là, en parlant d'agir rapidement, je reviens sur un
autre sujet que ça fait longtemps qui traîne, M. le ministre, l'article 1074.2
du Code civil du Québec, qui est justement, là, une problématique au niveau du
libellé en copropriété. On s'est rencontrés début décembre, projet de loi n° 5.
Vous avez reconnu qu'il y avait une problématique là en lien avec le 1074.2. Le
libellé, d'ailleurs, a été changé, là, trois fois, là, mais ça reste
problématique dans la copropriété, de la façon que c'est appliqué. Puis je le
sais, vous allez me dire : Oui, mais là il y a la responsabilité
contractuelle, extracontractuelle, là, moi, je vous ramène à la volonté du
législateur. Puis je vous ramène aussi à ce qui s'applique dans le milieu, là.
Il y a un vide juridique, là. Si vous regardez les tribunaux, puis là peut-être
pour ceux qui nous écoutent, là, le 1074.2, là, dans le fond, c'est un
changement qui a été apporté au Code civil en 2018. Puis il faut
maintenant prouver qu'un copropriétaire est responsable du sinistre pour que l'assureur
paie la facture. Mais c'est parce qu'en copropriété tout le monde, tout le
monde paie leurs propres assurances. Mais maintenant c'est... je trouve qu'on
vient déresponsabiliser le copropriétaire, c'est-à-dire qu'un copropriétaire
pourrait être négligent. Puis ça ne change rien parce que c'est l'ensemble des
copropriétaires du bloc qui va payer pour le négligeant que ça fait quatre fois
qu'il fait un dégât d'eau, parce qu'il s'en va en Floride six mois par
année, puis que ça déborde à chaque fois.
Ça fait qu'il y a vraiment... C'est
vraiment au niveau du libellé. Et l'interprétation qu'en font les tribunaux
présentement, là, tu sais, ils l'interprètent, là, on... Ça crée des
précédents, puis on les utilise puis ça fait une jurisprudence. Je parlais à
des collègues de la magistrature qui me disaient, puis je vous l'ai déjà dit,
là, ils sont rendus à trancher le papier de toilette qui bloque la toilette,
là, c'est la faute de qui? Je pense qu'ils ont sûrement d'autre chose de plus
important que ça à entendre dans les cours du Québec, là, qui débordent, là, comme
la toilette.
Mais... Ça fait qu'on s'est parlé en
décembre. Il y a eu une pétition de 10 000 noms en février. Vous vous êtes
engagés, vous l'avez reconnue, la problématique, vous vous êtes engagés à le changer.
Votre sous-ministre était là, d'ailleurs, M. Hubert...
M. Girard (Groulx) : ...
Mme Nichols : Non, mais...
Oui, mais ce n'était pas vous qui étiez là au p.l. n° 5, je pense, quand...
M. Girard (Groulx) : C'était
le directeur.
Mme Nichols : Ah! c'était le
directeur. O.K., je m'excuse.
M. Girard (Groulx) : ...
Mme Nichols : Oui, c'est ça,
merci. Bien, merci, M. le ministre. Mais on s'était... vous vous êtes engagés à
le regarder entre trois mois et six mois, c'était en décembre, le
sablier coule. On en est rendus où, au 1074.2, alors qu'il y a vraiment
plusieurs copropriétaires qui ont besoin d'aide?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, ça, c'était une législation qui a été adoptée en 2018. Vous l'avez
mentionné. Et on est au fait de cette problématique-là. Et ce qu'on... on a
toutes sortes de représentations qui sont faites au ministère, elles ne vont
pas toutes dans le même sens. Parce que, là, vous, vous énoncez le problème, vous
êtes parfaitement cohérente, vous l'avez dit, il y a un problème. On est <d'accord...
M. Girard (Groulx) :
...On
est >d'accord, il y a un problème. Mais les solutions qu'on nous
propose, elles, ne sont pas cohérentes. O.K.? Et donc là on pense qu'on a un
travail d'information à faire, d'abord, de consultation, et, oui, on va
apporter des changements. Mais on pense que la réglementation actuelle n'est
pas bien comprise, c'est un des principaux problèmes de la situation que nous
vivons. Et, si vous voulez plus de précisions, là, on va partir dans une
discussion de juristes, et je vais passer la parole à mon sous-ministre, et
vous pouvez poser des questions supplémentaires sur ce sujet si vous voulez.
Mme Nichols : Je vous
remercie de répondre à ma question. Je fais juste vous dire que vous m'aviez
dit que vous étiez pour consulter, là, certains groupes parce qu'on ne
s'entendait pas sur l'interprétation, malgré que, moi, je pense, ce qu'il faut
faire, c'est certainement protéger le consommateur avant de protéger les
assureurs ou protéger le syndicat, bien, le syndicat de copropriété, là. Mais,
quand on a déposé en commission, là, il y a des regroupements qui veulent se
faire entendre, qui veulent vous donner leur position. Il y a le regroupement
des gestionnaires et des copropriétaires du Québec, il y a l'Association des
syndicats de copropriété, il y a l'Association québécoise des gestionnaires. Il
y a Me Yves Joli-Coeur, vous le connaissez, c'est une sommité, vous
demanderez à votre collègue en Habitation, il a participé au projet de loi
n° 16. Il y a Elise Beauchesne de Solution Condo. Il y a le Barreau du
Québec. Il y a la Chambre des notaires, la Chambre des notaires met beaucoup de
pression sur cet article-là. Donc, moi, ce que je me demande, c'est : Vous
en êtes rendu où dans le cheminement? Je comprends qu'il y a des
interprétations, mais on peut s'attendre à une intervention de votre part
autour de quand? Avant la fin de la session, ça serait vraiment apprécié, M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : M. Stevenson,
voulez-vous intervenir? Sur le processus, puis je...
M. Stevenson (Eric) : O.K.
Sur le processus, là, on parle à tous ces gens-là que vous avez énumérés pour
s'assurer qu'on fait la bonne chose. Je rajouterais le Bureau d'assurance du
Canada aussi dans la liste, qui est un joueur important. Vous avez mentionné
que l'article a été modifié à quelques reprises. C'est sûr qu'on ne voudrait
pas le modifier encore puis faire la mauvaise chose, donc on est un petit
peu... on est très prudents, en fait, je devrais dire, sur comment on va le
modifier si on a à le modifier. On pense que nous, on a fait des bonnes choses.
Nous, je m'exclus, là, je n'étais pas là quand ça a été fait, mais mon équipe,
mon prédécesseur ont fait des très bonnes choses en matière de condo. Et, d'un
point de vue politique publique, là, on était d'avis... on est d'avis qu'on a
fait une bonne mesure.
Maintenant, il y a deux choses, comme
a dit le ministre, il y a : Est-ce qu'il faut toucher l'article ou si on
peut faire des interventions au niveau d'éducation par rapport à l'application
de l'article en tant que tel? Mais ça va être deux affaires.
Mme Nichols : Mais, puis
je le dis très poliment, là, tu sais, l'interprétation, là, la cour la fait
déjà, là, l'interprétation, puis il est mal interprété. Ça fait qu'il faut
changer le libellé de la façon qu'il est écrit puis peut-être, en même temps, à
ce moment-là, faire de l'éducation sur ce que veut le législateur. Puis je le
soumets comme ça, je vais céder la parole à mon collègue après, là, mais on
peut changer le libellé et le rendre de nature déclaratoire, c'est-à-dire que
ça n'aura pas d'incidence pour avant, mais le fait qu'il soit de nature
déclaratoire, bien, tu sais, au moins on va venir s'assurer, là, que, pour le
reste des dossiers, bien, il n'y aura pas de préjudice pour les
copropriétaires.
M. Girard (Groulx) : Mais
on s'est engagé à regarder. On le fait, on parle à tous ces gens-là. Mais je le
répète, tous ces gens-là ne disent pas la même chose. Ce n'est pas comme si,
là, c'est facile, la solution, là.
• (12 h 40) •
Mme Nichols : Moi, je
demande juste qu'on garde en tête le point de vue du copropriétaire qui est
lésé.
M. Girard (Groulx) : Certainement.
Mme Nichols : Merci. Je
vais céder le temps à mon collègue.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Alors, M. le ministre, nous allons donc terminer de notre côté. Et
je vous ramène sur le budget.
M. Girard (Groulx) : Merci.
M. Leitão : Quand même, nous
sommes ici aux crédits sur le budget, il faudrait qu'on parle un peu de ça
aussi. Sur deux enjeux, le premier un peu plus rapide, on en a parlé un
peu de ça hier, et puis le deuxième. Le premier un peu plus rapide, ça concerne
encore un chiffre que votre collègue, la ministre de la Métropole, ministre
déléguée aux Transports a encore mentionné aujourd'hui, ce matin, à la période
de question, qu'il y a pour 56 milliards de dollars de projets en
transport collectif. On avait parlé de ça hier, et je veux juste m'assurer
qu'on comprend tous, là, qu'il n'y a pas 56 milliards. Ça, c'est des
projets qui, éventuellement, vont peut-être avoir lieu ou pas. On est encore
très loin d'inscrire ces sommes-là au PQI. Donc, aujourd'hui, là, au moment où
on se parle, au PQI, il n'y a pas 56 milliards de dollars en projets
de transport collectif. Je veux juste m'assurer que c'est bien le cas.
M. Girard (Groulx) : Bien, le 56 milliards,
c'est la <valeur...
M. Girard (Groulx) :
...56 milliards,
c'est la >valeur nominale des projets qui sont considérés, et... mais
comment, le traitement comptable du PQI lorsque vous êtes à l'étude, ce n'est
pas la valeur du projet qui est dans le PQI, mais la valeur de l'étude. Lorsque
vous êtes en développement, c'est : vous provisionnez des montants en
fonction de l'évolution du dossier, et c'est lorsque vous êtes en réalisation
que vous êtes pleinement provisionné. Donc, c'est pour ça qu'il y a une
divergence entre la valeur nominale des projets qui sont considérés ou à
l'étude et la valeur qui est dans le PQI qui tient compte du traitement
comptable des entités publiques.
M. Leitão : Très bien, mais
certains de ces projets-là, comme par exemple un futur REM, ou quoi que ce soit,
sur la Rive-Sud, est, ouest, à Longueuil, ce n'est même pas encore à l'étude,
là. C'est une idée qui a été lancée, et peut-être, un jour, il y en aura ou
peut-être pas.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait... Mais c'est-à-dire qu'on a demandé à la Caisse de dépôt d'étudier ce
tronçon. Il est donc à l'étude, hors bilan.
M. Leitão : Hors bilan, c'est
ça.
M. Girard (Groulx) : Il
serait hors bilan, mais il est à l'étude.
M. Leitão : C'est ça, mais ça
pourrait arriver la même chose qui est arrivée avec le REM de l'Est, mais en
tout cas. Donc, c'était juste ça, cette question des 56 milliards.
Mais l'autre, mais là où je voulais en
finir, M. le Président, M. le ministre... pas «en finir», mais de terminer
notre discussion sur le budget, concerne aussi quelque chose que le premier
ministre a mentionné aujourd'hui, et plusieurs fois d'ailleurs, et d'ailleurs
vous aussi, M. le ministre, hier, on avait parlé de ça aussi, qui concerne
l'obsession du... «obsession» pas dans le sens péjoratif, donc l'ambition,
disons-le comme ça, du gouvernement de rattraper l'écart de richesse avec
l'Ontario. Donc, il y a deux voitures qui circulent sur l'autoroute :
la voiture Ontario, et puis la voiture Québec. Et ce qu'on souhaite, ce que le
gouvernement souhaite, c'est que la voiture Québec dépasse la voiture Ontario.
Mais, pour que la voiture Québec puisse dépasser la voiture Ontario, il faut
que la voiture Québec accélère.
M. Girard (Groulx) : C'est
juste pour confirmer : C'est deux voitures électriques, hein?
M. Leitão : Électriques, en
tous les cas, oui. Une faite en Ontario et l'autre peut-être au Tennessee, bon.
Mais donc il faut aller plus vite que la voiture de l'Ontario. Deux enjeux :
il faut d'abord accélérer la vitesse de notre voiture et puis il faut avoir une
certaine idée de quelle est la vitesse de l'autre voiture. Parce que, si
l'autre voiture aussi circule à une vitesse aussi rapide que la nôtre, on ne va
jamais les dépasser.
Parlons de la vitesse de la voiture
Québec. Dans le budget, les prévisions du ministère des Finances, et que je
partage entièrement. Après, bon, on va se... il y a une période d'ajustement,
après la pandémie, rebond, retour à la normale. Et les prévisions à moyen
terme, c'est que la croissance économique va s'établir aux alentours de
1,5 %. Je ne mets pas ça en doute. Et d'ailleurs, vous, M. le ministre,
vous avez dit hier que votre souhait ou votre objectif, c'est de ramener cette
croissance-là à 2 % pour qu'on puisse accélérer la voiture Québec. Là, ma
question, c'est : Mais comment on va faire? Comment on va faire pour
hausser la croissance qu'on peut considérer comme étant le potentiel de
croissance du Québec à 1,5 %, donc comment on va faire pour le ramener à
2 %? Ça a l'air... ce n'est pas beaucoup, de 1,5 % à 2 %, mais
c'est quand même...
M. Girard (Groulx) : C'est
énorme.
M. Leitão : C'est énorme. Et
donc comment on va faire pour pouvoir y arriver?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bon, alors là, il y a évidemment plusieurs composantes à ça, puis c'est pour ça
qu'on a travaillé avec un consultant externe, c'était pour aller... pour
décomposer l'effort qui devra être fait dans chacune des composantes. Parce
qu'il y a un volet Offre de travail, il y a un volet Productivité, il y a un volet
Infrastructures publiques puis il y a un volet Climat de travail... Climat
d'affaires, excusez-moi, pas le bon terme «climat de travail», Climat
d'affaires au Québec. Alors, au niveau de... Et les estimés qu'on a, c'est que
20 % de l'effort va venir de l'offre de travail, 80 % de l'effort
devra venir de la productivité.
Alors, au niveau de l'offre de travail,
c'est toutes les mesures qui vont permettre d'augmenter le taux d'activité, la
proportion de la population de plus de 15 ans qui est intéressée à occuper
un emploi, et ensuite le taux <d'emploi...
M. Girard (Groulx) :
...ensuite
le taux >d'emploi, c'est-à-dire la proportion de ceux qui cherchent un
emploi, qui ont un emploi, et le capital humain, c'est-à-dire qu'il y a la
contribution d'un emploi donné, plus le capital humain est élevé, plus cet
emploi-là est productif. Donc, 20 % au niveau de l'offre de travail, d'où
le plan Main-d'oeuvre de mon collègue avec 2,9 milliards de crédits,
3,9 milliards de capital.
Ensuite, il y a le volet Productivité...
Puis là je vais être bref parce que vous voulez me couper...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion
M. Girard (Groulx) : Productivité,
on travaille là-dessus sur trois aspects : le fiscal, l'aide directe
et la consultation ou le support au développement des entreprises.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Leitão : Merci. Je ne
voulais pas vous couper, mais...
M. Girard (Groulx) : C'est
bon, c'est bon, allez-y.
M. Leitão : ...le temps
presse un peu. Écoutez, 20 %, 80 %, moi, j'arriverais peut-être à un
autre pourcentage, mais on ne va pas passer beaucoup de temps à discuter de ça,
c'est 25 %, c'est... «whatever». Disons que c'est... pour l'offre de
travail...
M. Girard (Groulx) : Mais,
juste pour être clair, parce que le Québec a fait à peu près comme l'Ontario
les 10 dernières années, n'a pas... Pour utiliser votre terminologie, la
voiture n'a pas surperformé la voiture ontarienne, mais le Québec a fait mieux
au niveau du marché du travail et moins bien au niveau de la productivité dans
les 10 dernières années qui nous précèdent. Dans les 10 années qui
suivent, il va falloir faire beaucoup mieux au niveau de la productivité que
l'Ontario.
M. Leitão : Voilà, c'est
là, c'est là où je voulais aller. Parce que, dans les 10 années qui vont
suivre, on va travailler sur la productivité, on en discutera un autre moment.
Mais parlons de l'offre de travail, ce qui s'en vient, on le sait, on le sait
tous, là, la réalité démographique, ce n'est pas... ce n'est pas une surprise,
là, depuis le temps qu'on le sait, mais ça a été bien confirmé, la semaine
dernière, par les données du recensement publiées par Statistique Canada.
Donc, nous, ce qu'on... ce à quoi on va
assister, au Québec, de façon plus prononcée que dans les autres provinces
canadiennes, c'est une diminution de la population active en termes absolus. Alors,
il y aura moins de personnes sur le marché du travail parce qu'il va y avoir,
au cours des 10 prochaines années, une vague, une vague de personnes qui
vont prendre la retraite.
M. Girard (Groulx) : Non,
je ne suis pas d'accord avec vous. Il n'y aura pas une diminution de la
population active, il va y avoir une augmentation de la population inactive.
M. Leitão : Bon, O.K.,
une diminution...
M. Girard (Groulx) : Non, mais
ce n'est pas la même chose.
M. Leitão : ...de la
population en âge de travailler.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Leitão : Déjà en
conclusion, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Oui,
10 secondes, malheureusement.
M. Leitão : Franchement,
il n'y a pas... il n'y a pas de crédit... Non, mais juste pour vous dire que,
pendant qu'en l'Ontario la population augmente beaucoup plus rapidement qu'ici,
ici elle stagne ou elle diminue. Et ça, moi, je prétends qu'on n'arrivera pas à
2 % de croissance économique avec notre réalité démographique.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Leitão : On en
discutera...
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, cher collègue. Je cède...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Mon
rôle est bien ingrat. Je cède la parole au député de Vanier-Les Rivières, qui
dispose, avec son groupe parlementaire, de 16 min 30 s.
M. Asselin : 16 min 30 s.
Bonjour, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bonjour.
M. Asselin : Salutations
à tous. Et je vais profiter peut-être de la présence de quelqu'un de l'AMF pour
poser une petite question de mon point de vue d'observateur en éducation, vous
savez que c'est un sujet qui m'intéresse. Il y a plusieurs semaines, il y a un
enjeu important au niveau des assurances concernant les associations
étudiantes. Et il est important d'offrir de l'accessibilité aux étudiants par
rapport aux programmes d'assurance, puis l'AMF a émis un communiqué, en
février, pour montrer un peu la voie par rapport aux assureurs pour qu'ils
modifient leurs pratiques. Il y a une volonté de mettre sur pause en même temps
les mesures qu'avait... Il y avait des plaintes, 10-15 plaintes, mais il y
a au-delà de plusieurs milliers d'étudiants qui se soustraient à des régimes
d'assurance. Donc, je voudrais vérifier où est l'avancement du dossier
concernant les assurances, puis qu'est-ce qui a été réalisé à l'heure actuelle.
M. Morisset (Louis) : Bien,
merci... M. le Président, oui, je peux... O.K. Vous avez tout à fait raison, en
février, on a émis un communiqué annonçant que nous allions suspendre les
mesures qu'on avait, effectivement, imposées aux assureurs, qui devaient entrer
en vigueur pour la session de septembre, et lancer une vaste consultation sur
le sujet, consultation qu'on va lancer le 15 juin, ou, en tout cas, à
partir de la mi-juin pour une période de quatre mois. Ce qu'on cherche à
faire ici, c'est d'avoir une consultation de <fond...
M. Morisset (Louis) :
...une
consultation de >fond qui vise à.. bien, à explorer la question de
l'accessibilité, comme vous avez mentionné, là, de... pour les étudiants à ces
régimes d'assurance, dont plusieurs étudiants ont certainement besoin, et en
même temps, également, la question de la protection des étudiants comme
consommateurs de produits et services financiers. Donc, il y a deux éléments
centraux à cette consultation-là.
Au cours des dernières semaines, on a
rencontré des représentants d'associations étudiantes, de fédérations. On
comprend que les objectifs des uns et des autres peuvent ne pas tous être
alignés. Certains préféreraient qu'on consulte plus vite, d'autres veulent
avoir du temps. Bref, on s'est entendus sur une période, donc, de quatre mois
qu'on va lancer, comme je le mentionnais, à partir de la mi-juin jusqu'à la
mi-octobre. On veut une consultation vaste, exhaustive, que toutes les parties
intéressées viennent nous donner leurs perspectives, leurs idées, leurs
solutions.
Et notre objectif au terme de la période
de consultation, c'est de faire rapport, comme on l'avait annoncé, au ministre,
avec, forts des constats qu'on aura, des pistes de solutions pérennes pour
réconcilier, en quelque sorte, ces deux éléments fondamentaux. Alors, ça
va être annoncé officiellement à la mi-juin, comme je le mentionnais.
M. Asselin : Merci. M.
Morisset.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf.
M. Caron : Merci, M. le
Président. Je voulais revenir, moi aussi, sur la question de la cryptomonnaie.
C'est un univers à la fois fascinant, à la fois effrayant. Et puis il n'y a pas
une journée qui se passe sans qu'on constate qu'il y a soit une histoire à
succès ou une histoire d'horreur. On voit des gens qui font fortune de manière
colossale rapidement, d'autres qui tombent dans le précipice. Moi, je
voulais... Puis, tout à l'heure, on a bien compris que vous essayiez de mettre
en place des mécanismes ou, en tout cas, des moyens de communication pour
avertir la population. Je pense plutôt à M. et Mme Tout-le-monde ici. Est-ce
qu'on connaît, pour l'instant, la valeur approximative du marché de la
cryptomonnaie au Québec?
M. Morisset (Louis) : Non,
nous n'avons pas cette information, non. On sait que la valeur globale, si on
veut, des cryptomonnaies était quelque chose comme autour de
3 000 milliards, en quelque part, l'année dernière. Les marchés ont
été ébranlés et la valeur a chuté. Mais, précisément au Québec, non, on n'a pas
cette information-là. Elle est... Elle serait difficile, par ailleurs, aussi
à... Ça fluctue tous les jours, donc ce serait difficile à chiffrer, là, de
façon précise.
M. Caron : Puis, tout à
l'heure, le collègue de Robert-Baldwin parlait de guichets. Moi, j'avais noté
les plateformes. Est-ce qu'on doit comprendre que... Moi qui suis un novice
complètement dans ce domaine-là, est-ce qu'on doit comprendre que certaines
plateformes sont inscrites... Déjà, je voudrais faire la nuance entre la
plateforme et le guichet, si vous pouviez m'éclairer. Et, ensuite, est-ce qu'il
existe, donc, un répertoire des plateformes inscrites ou des guichets, en
fonction de la réponse que vous ferez à ma première question?
M. Morisset (Louis) : Parfait.
Oui. Bien, la différence fondamentale, c'est que le guichet permet d'obtenir de
relatives petites sommes directement dans ton... dans le portefeuille virtuel,
si on veut, des individus. Alors, il y a une livraison, si on veut, immédiate
de la cryptomonnaie dans le portefeuille de l'individu. Les plateformes, elles,
d'abord, peuvent permettre des transactions beaucoup plus importantes, là, en
valeur, et il n'y a pas nécessairement... et, dans la plupart des cas, je vous
dirais, il n'y a pas une livraison immédiate de la cryptomonnaie dans un
portefeuille virtuel. La plateforme crée en quelque sorte un droit contractuel
à la cryptomonnaie en question, ce qui constitue une valeur mobilière et ce qui
fait en sorte qu'on a juridiction.
Il y a, en ce moment, au Canada, six plateformes
seulement qui sont inscrites. Il y a une cinquantaine d'autres plateformes qui
ont fait application pour obtenir une inscription. Ça demeure probablement une
fraction des plateformes disponibles aux Québécois, parce que, via l'Internet,
il y a... il y a des plateformes établies partout dans le monde qui n'ont pas
nécessairement démontré leur volonté de s'inscrire et d'être réglementées au
Canada. Mais, en ce moment, donc, il y en a six inscrites puis il y en a
une cinquantaine qu'on est en train de processer, si on veut, avec nos
collègues des autres provinces. Je dirais que ces plateformes-là sont les
plateformes à privilégier, leur identité, des six plateformes, va être mise en <évidence...
M. Morissette (Louis) :
...plateformes,
va être mise en >évidence sur notre site Internet.
Par ailleurs, sur notre site Internet, on
a une liste des plateformes de cryptomonnaies et des entités qui nous
apparaissent, probablement, conduire des frauduleuses. C'est une liste qu'on maintient
à jour, basée sur l'information... l'intelligence, là, qu'on obtient, les
signalements aussi de consommateurs. Alors, il faut amener les consommateurs
vers notre site. Puis, encore une fois, nos messages sont de prévention.
Le Président (M. Simard) : ...merci.
M. Caron : Je comprends. C'est
tellement intéressant, M. le Président, je vous remercie de nous ramener à
l'ordre, mais c'est enrichissant de savoir tout ça. Donc, cette liste, cette
liste en question des six plateformes est publique?
M. Morissette (Louis) : Elle
le sera.
M. Caron : O.K. Et, le
processus, donc, je comprends que c'est assez complexe pour les 50 autres,
là. Parce qu'il y a des échanges qui doivent être menés, de part et d'autre, et
toutes sortes d'analyses, mais est-ce qu'on doit comprendre que le fait de
faire affaire avec une plateforme inscrite apporte un sentiment additionnel de
sécurité à celui qui traiterait via cette plateforme?
M. Morissette (Louis) : La
réponse est oui. L'inscription ne sera jamais un rempart total à la fraude,
mais c'est certain que, dans le processus d'inscription, les plateformes qui
veulent s'inscrire, vraiment, donnent lieu à des vérifications de probité,
d'intégrité, et de compétence, et autres. Alors, je vous dirais, oui, c'est un
rempart efficace, mais, en même temps, il y a... tu sais, il faut le signaler,
il y a des entités inscrites qui ont commis des fraudes dans le passé et c'est
toujours possible, mais oui. Et c'est pour ça qu'on veut diriger les
investisseurs vers ces plateformes inscrites. En même temps, on ne veut pas non
plus... tu sais, il faut être prudent, parce qu'il y a des plateformes qui
souhaiteraient être inscrites immédiatement, mais le processus, le flot de
demandes, la complexité aussi des activités de ces plateformes-là font en sorte
qu'on ne peut pas les inscrire du jour au lendemain. Alors, il faut nuancer le
propos, mais je vous dirais que, oui, allons vers les plateformes, dans un
premier temps, inscrites. Et il y a d'autres initiatives en cours pour faire en
sorte que les plateformes non inscrites mais qui souhaitent s'inscrire
s'assujettissent d'elles-mêmes à certaines de nos exigences. Donc, on sera
davantage rassurés. Et ça, on travaille là-dessus, en ce moment, avec nos
collègues des autres provinces.
M. Caron : Donc là,
actuellement, vous naviguez, si je peux me permettre cette expression, entre
cet équilibre, puisqu'il y a une cinquantaine de plateformes qui sont en
attente, on va dire, d'approbation.
M. Morisset (Louis) : Exact.
M. Caron : Donc, vous nous
dites : Bien, on ne peut pas exclure toutes celles qui ne sont pas
inscrites. Pour l'instant, il y en a que six, mais... Et, à côté de ça, bien,
je comprends aussi dans vos propos ou je crois comprendre, mais corrigez-moi si
ce n'est pas le cas, c'est que ce n'est pas un gage. Les six qui sont inscrites,
est-ce que c'est... est-ce que vous émettez une carte blanche ou... Quelle est
votre responsabilité dans tout ça, c'est-à-dire, pour sécuriser, finalement, l'investisseur?
• (13 heures) •
M. Morissette (Louis) : Bien,
ce que je disais tantôt, la nuance, c'est que l'inscription n'est pas un gage
absolu, en tout état de cause, de l'absence de fraude, parce qu'on a déjà
constaté, malheureusement, que des entités inscrites pouvaient contribuer ou
participer à des fraudes.
Cela étant dit, le processus d'inscription
est un processus très robuste qui nous rassure et qui devrait rassurer les
investisseurs quant à l'intégrité de ces plateformes-là. Les risques demeurent.
Ce sont des actifs extrêmement volatils, dont la valeur peut augmenter, peut
diminuer, mais le risque de fraude est largement, largement minimisé en
procédant à travers une plateforme inscrite.
M. Caron : O.K. Merci. Moi, ça
fait le tour de la question que je voulais poser. Est-ce que j'ai un autre
collègue qui voulait intervenir?
Le Président (M. Simard) : Oui,
la députée de Saint-Jérôme souhaite intervenir.
M. Chassin :...
Le Président (M. Simard) : 5 min 30 s.
M. Chassin :Ah! quand même. Parce que j'ai deux sujets. Alors,
évidemment, M. le ministre, souvent, je pose des questions sur des sujets qui
me préoccupent, mais là j'ai envie de rendre un service à ma collègue de
Mercier puis de parler un petit peu avec vous d'évasion fiscale. Certains...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Chassin :Bien, écoutez, la main invisible, évidemment, pour Adam
Smith, c'était une image, hein, une allégorie pour dire : ça n'existe pas,
la main invisible, mais c'est comme si on observait un résultat de, tu sais.
Puis en même temps, l'évasion fiscale, là, des fois, on a l'impression que
c'est quelque chose d'énorme puis qu'il s'agirait finalement, là,
littéralement, de se pencher pour récupérer des sommes faramineuses, comme si
le ministère des Finances, et Revenu Québec, et tout ça ne faisait rien à
l'heure actuelle. Alors, moi, j'aimerais, au contraire, entendre ce qui est
fait. Et, sachant, là, que c'est toujours facile, dans un cadre financier
électoral, d'éventer quelques millions...
13 h (version révisée)
M. Chassin :...s'inventer quelques millions de dollars provenant de la
lutte à l'évasion fiscale, est-ce qu'on a déjà des outils? Est-ce qu'on fait
déjà de la récupération, est-ce qu'on a des sommes qu'on a récupérées, là,
annuellement en évasion fiscale?
M. Girard (Groulx) : Bien, la
réponse, c'est évidemment oui. Ce qui est récupéré au sens large de l'évasion
fiscale, là, si on inclut tout le travail qui est fait au niveau de l'économie
souterraine, comme la lutte à la contrebande du tabac, du cannabis, et il y a
aussi là-dedans la taxation des plateformes numériques, le Québec a été un
précurseur. Alors, lorsqu'on... tout ça, ça totalise plus de 2 milliards
par année. Lorsqu'on parle d'évasion et d'évitement fiscal, on fait souvent
référence aux planifications fiscales abusives, et là les gens pensent Panama
Papers puis des... ces grandes divulgations qui ont eu lieu. Et alors, au
niveau des planifications fiscales abusives, là, le Québec est quand même un
précurseur. On a des lois d'obligation de divulgation. On a aussi des pénalités
pour ceux qui font la promotion de ces véhicules-là, ça totalise plus de 340...
350 millions par année. À ça s'ajoutent les divulgations volontaires, c'est-à-dire
qu'on permet, une fois dans la vie d'un contribuable, de faire une... de
rectifier sa situation fiscale, et ça, c'est un autre 150 millions.
Donc, au niveau des planifications
fiscales, à peu près 500 millions par année, mais si on prend une
définition plus large, lutte à l'économie souterraine, tout ça, ça totalise
près de 2 milliards par année. Et je vous dirais qu'il reste énormément de
travail à faire, notamment au niveau de la construction résidentielle,
rénovation résidentielle, une industrie qui pourrait... on travaille avec l'industrie
pour améliorer les pratiques. Alors, il reste du travail à faire, mais on a
fait beaucoup de progrès.
M. Chassin :Puis je comprends...
M. Girard (Groulx) : Puis une
partie de ce progrès qui est le résultat du travail de la Commission des
finances publiques, alors il faut le dire.
M. Chassin :Alors, M. le Président, vous recevez les félicitations du
ministre, semble-t-il.
M. Girard (Groulx) : C'était
un autre président, j'oserais dire, mais c'est quand même du bon travail.
Des voix : ...
M. Chassin :Ceci étant...
M. Girard (Groulx) : Excusez-moi
de la précision, M. le Président.
M. Chassin :Puis là, évidemment, je crois comprendre aussi que quand il
reste... on parle du travail qui reste à faire, puis c'est un peu : 100
fois sur le métier, remettez votre ouvrage, là, il y a toujours un peu des
nouveaux, permettez-moi l'anglicisme, des nouveaux «loopholes» à boucher, etc.
Néanmoins, j'imagine que, quand on fait de la lutte à des planifications
fiscales agressives, bien, on trouve les trucs peut-être les plus payants en
premier. Puis plus on essaie d'aller vers des nouvelles voies de récupération,
bien, ça demande peut-être des efforts plus grands pour aller chercher des
sommes un peu moins grandes, est-ce que je me trompe?
M. Girard (Groulx) : Non,
mais on est mieux outillés, c'est-à-dire que la collaboration avec l'Agence du
revenu du Canada n'a jamais été aussi bonne. D'ailleurs, notre nouvelle P.D.G.
de Revenu Québec vient du gouvernement fédéral, c'était une haute fonctionnaire
au niveau du gouvernement fédéral. On a vraiment une excellente collaboration
avec l'Agence du revenu du Canada. On a aussi des ressources, on a plus de 150 personnes
qui se lèvent, chaque matin, chez Revenu Québec, pour faire la lutte aux
planifications fiscales...
M. Chassin :Là, il me reste 20 secondes à peu près...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Chassin :...pour juste dire qu'il y a un sujet que j'aurais voulu
aborder, mais je ne l'ai pas abordé, puis qui est les opérations du financement
de la dette du Québec. Et je tiens quand même à souligner qu'avec la remontée
des taux d'intérêt c'est un travail très important.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, cher collègue.
M. Chassin :Alors, je vous tire mon chapeau.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, le temps alloué à nos échanges est maintenant terminé, et nous
allons procéder, bien entendu, à la mise aux voix de nos crédits.
Conséquemment, le programme 1, intitulé Direction et administration,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) : Adopté
sur division. Le programme 2, intitulé Activités en matière économique,
fiscale, budgétaire et financière, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) :
Adopté sur <division...
Des voix :
...Adopté.
Une voix :
Sur
division.
Le Président (M. Simard) :
Adopté
sur >division. Le programme 3, intitulé Contribution, frais de
services bancaires et provisions pour transférer des crédits, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) : Adopté
sur division. Le programme 4, intitulé Service de la dette est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) : Adopté
sur division. Et, finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2022-2023 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) : Adopté
sur division. Alors, en terminant, je dépose les réponses aux questions de
l'opposition. Je vous remercie à nouveau pour votre précieuse collaboration
Et compte tenu que notre commission a
accompli son mandat, j'ajourne nos travaux sine die. Au plaisir de vous
retrouver.
(Fin de la séance à 13 h 08)