(Quatorze
heures)
Le Président (M.
Simard) : Bonjour, mon cher Eric. Puisqu'il est 14 heures, à
l'ordre, s'il vous plaît! Chers collègues, je constate que nous avons quorum.
Bienvenue à tous.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Finances des crédits budgétaires du portefeuille
Finances pour l'exercice financier 2020‑2021.
Une enveloppe totale de six heures a été allouée pour l'étude de ces
crédits, qui sera répartie comme suit : quatre heures aujourd'hui et deux
heures demain soir, à compter de 19 h 30.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Alors, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est
remplacée par M. Allaire (Maskinongé) et Mme Melançon (Verdun) est
remplacée par M. Fortin (Pontiac).
Finances
Le
Président (M. Simard) : Bienvenue à nos différents collègues. Nous
allons donc procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et le
ministre par blocs d'environ 20 minutes pour permettre à chaque groupe
d'opposition d'écouler graduellement son
temps de parole. Le temps d'échange inclut, bien entendu, les réponses et les
questions. À noter qu'il y aura une suspension de 15 minutes, après
deux heures d'échange, afin de permettre aux représentants d'autres organismes
de prendre place.
Je
vous rappelle qu'actuellement nous avons avec nous les représentants de la
Caisse de dépôt et de placement du Québec et ceux de l'Autorité des
marchés financiers.
Avant de céder la
parole au député de Pontiac, je tenais simplement à le saluer, le remercier
d'avoir exercé la vice-présidence de notre
commission. Il est appelé maintenant à de nouveaux défis, et j'en profite pour
saluer, bien sûr, la nomination de la députée de Verdun.
Discussion générale
Alors, M. le député,
la parole est à vous.
M. Fortin : Merci. Merci, M. le Président. Merci pour vos gentils mots. Je salue...
D'entrée de jeu, là, je salue tout le
monde. Je pense que tout le monde est heureux de se retrouver dans un contexte
de débats et d'échange ici, à l'Assemblée nationale. Je salue le ministre, son équipe, les gens de la Caisse de
dépôt et l'AMF qui sont avec nous, l'ensemble des députés qui sont
présents aujourd'hui et mon estimé collègue de Robert-Baldwin, qui a toujours
une plus-value très importante aux débats de la Commission des finances publiques.
Je
vais commencer, si vous le permettez, M. le Président, avec un débat qui a
suscité beaucoup d'intérêt au cours des
derniers jours, des dernières semaines. Le ministre sera certainement d'accord
avec moi là-dessus, et je pense que c'est
important de le faire étant donné l'importance que la Caisse de dépôt a pour
beaucoup de Québécois, l'importance des investissements que fait la Caisse de dépôt non seulement pour la caisse
de retraite des Québécois
et des Québécoises, mais aussi pour
le développement économique au Québec. Alors, ça vaut la peine de parler de dossiers
comme ceux du Cirque du Soleil lorsque
ces dossiers-là soulèvent beaucoup de questions chez ces Québécois, ces Québécoises qui confient leurs épargnes à la Caisse
de dépôt et placement du Québec.
Il y a énormément
de questions qui ont été soulevées dans les derniers jours par rapport à l'achat, à quelques-unes
des transactions en lien avec la Caisse de dépôt et le Cirque du Soleil, mais à l'achat des parts de Guy Laliberté par
la Caisse de dépôt et placement du Québec. Cette transaction-là a eu lieu en février, le
17 février, si je ne m'abuse, là, juste avant, disons, que la
pandémie soit bien présente au Québec, mais alors que la pandémie était
déclenchée à plusieurs endroits à travers le
monde, et pandémie qui forçait certaines juridictions, plusieurs
juridictions, à revoir la possibilité même de tenir des événements où
les participants prenaient place physiquement, où on était en personne.
Alors,
à ce moment-là, la Caisse de dépôt et placement du Québec a fait le choix de
doubler sa mise dans la... par rapport
au nombre d'actions qu'elle détient au Cirque du Soleil. À ce moment-là, moi,
j'aimerais savoir l'analyse que la Caisse de dépôt a faite. Au
17 février, là, la Caisse de dépôt savait qu'il y avait pandémie, l'OMS
avait déjà déclaré qu'il y avait pandémie
mondiale, il y avait des impacts importants en Chine. Je pense qu'il y avait
au-delà de 100 000... au-delà de
100 000 cas ou environ 100 000 cas à ce moment-là. Il y
avait des décès dans les pays européens, il y avait des cas identifiés
ici, au Canada. J'aimerais savoir, à ce moment-là, qu'est-ce qui faisait croire
à la Caisse de dépôt que c'était un bon investissement étant donné le contexte.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous, M. le député. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
vais répondre brièvement, puis ça me fera plaisir de... Puisque je pense que vous voulez poser directement la question...
D'abord, bonjour à tous. Je salue les collègues de l'opposition. Et je vais
être concis. Ne vous
inquiétez pas. Je sais qu'on gère du temps, mais qu'on a un processus
démocratique à suivre. J'aimerais juste
corriger une affirmation. La pandémie a été déclarée par l'OMS le 11 mars.
Puis ça, c'est très important. Et j'aimerais souligner... Puis je vais parler en terme général d'investissement et je
vais laisser au P.D.G. de la caisse le soin de nous expliquer les détails du processus
d'investissement reliés à cet investissement puisqu'il était là. C'est lui qui
l'a fait. Mais, lorsqu'on fait un
investissement et que l'investissement... la transaction a lieu en février, l'investissement, évidemment,
a été considéré avant, à la fin 2019,
il y a un processus d'évaluation, de négociation. Et, lorsqu'on fait un investissement, il
y a tout un éventail de distribution de
probabilités de succès et d'insuccès. Et de juger un investissement au mois d'août avec l'information que nous avons au mois d'août, information qui n'était pas disponible au mois de février, je
crois que ce n'est pas approprié. Et
il est indéniable qu'avec ce qu'on sait aujourd'hui l'investissement n'était pas un bon investissement. Mais je pense que c'est important de rappeler à tous que la pandémie a
été déclarée au mois de mars et que l'ensemble d'informations qui
étaient disponibles entre la fin 2019 et le mois de février n'est pas le
même qu'aujourd'hui. Alors, je m'arrête ici.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous, M. le ministre. Souhaitiez-vous un complément d'information?
M. Fortin :
Oui, bien sûr, M. le Président, bien sûr.
Le
Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il consentement afin que M. Emond puisse s'adresser à
nous? Il y a consentement. M. Emond, pour les fins de nos travaux,
auriez-vous l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
M. Emond
(Charles) : Oui,
certainement. Charles Emond, P.D.G. de la Caisse
de dépôt et placement du Québec.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Merci, M. le député. Je voudrais dire d'entrée de jeu, juste
avant de répondre précisément à votre question, parce que je n'en ai
jamais eu la chance, c'est un honneur d'être ici aujourd'hui et ce fut
un privilège d'être nommé P.D.G. de la caisse en février dernier. Et je vous
remercie pour la tribune que vous nous accordez aujourd'hui.
Il est
important pour moi de revenir sur cet investissement-là, la question que vous
posez, puis je vais en profiter pour que ma réponse puisse inclure tous
les faits, de façon détaillée, sur le contexte de l'époque, mais, encore plus important, le pourquoi et le... comment le
10 % additionnel a été acquis de M. Laliberté en février 2020. Donc,
je vous demanderais juste trois, quatre minutes pour répondre très
précisément à votre question.
Il y a quatre affirmations que j'aimerais faire.
Le 14 février, et non le 17 février, mais le 14 février, jour de
l'annonce de la transaction, aucun fait ne
validait la possibilité d'une pandémie et encore moins d'un confinement
planétaire sans précédent, fermant le cirque
en 48 heures pour une période aujourd'hui encore indéterminée. On a écrit
que le cirque avait plusieurs spectacles en Chine. Le cirque avait un
seul spectacle en Chine, qui ne générait aucun profit et allait représenter au mieux 0,3 % des revenus totaux
prévus pour 2020. La situation en Chine n'avait aucun impact économique sur le cirque en date du 14 février. En
janvier, février et même en mars 2020, des milliards de transactions par des
investisseurs reconnus étaient annoncées
dans le secteur du divertissement à travers le monde. Des spectacles
sportifs ou culturels se déroulaient en
toute normalité devant des milliers de gens, les preuves sont multiples et
publiques, jusqu'au 11 mars, lorsque la pandémie a été déclarée.
Quelques exemples. Le 14 février, il y a
500 cas de COVID...
M. Fortin : ...peut respecter le temps de parole, ce serait apprécié.
Le Président (M. Simard) : Oui. Très
bien. Alors, généralement, il y a une...
M. Emond (Charles) : Combien de
temps?
• (14 h 10) •
Le Président (M. Simard) : ...il y a
une équivalence dans le temps d'échange entre l'opposition et le gouvernement, et, comme vous parlez, en définitive, en extension de la parole du ministre,
je cède la parole au député.
M.
Fortin : J'apprécie le
contexte que tente de donner le président de la Caisse de dépôt. Essentiellement, là, si je comprends son
propos, c'est qu'à ce moment-là, selon son estimation, il n'y avait
pas d'impact sur les opérations chinoises, disons, du Cirque du Soleil et il
y avait des événements
qui se produisaient partout à travers le monde. Alors, on ne pouvait pas
prévoir, comme le disait le ministre, ce qui se passait.
Je mets ça de
côté deux secondes. Est-ce
qu'aujourd'hui vous pouvez nous dire combien vous avez payé pour acheter
le 10 % de parts de Guy Laliberté?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Oui, tout à fait. Le
14 février, le 10 % a été acquis de M. Laliberté pour le prix de 75 millions US. On l'a
acheté avec la rigueur et les critères habituels pour accroître notre poids et
notre influence en vue d'accomplir deux choses, M. le député. Le premier
objectif était d'améliorer, pour nos déposants, le rendement insuffisant à nos yeux mais positif du
premier 10 % déjà détenu dans le cirque depuis cinq ans. Comment on
aurait fait ça? En recentrant la stratégie
du cirque vers son coeur de métier et s'assurer également, j'en conviens, que
son bilan soit bien géré prudemment. Et la deuxième raison, si je peux juste
finir en 15 secondes : pour se positionner stratégiquement, car certains acquéreurs étrangers manifestent, à la fin
de 2019, à la Caisse de dépôt leur intérêt pour le cirque en même temps que des actionnaires
existants du cirque nous informent vouloir ou devoir vendre leur
participation en tout ou en partie.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
75 millions US à la veille de la pandémie, c'est ce que vous avez payé
pour 10 %. Est-ce que... Il y a
quelques années, en 2015, là, la caisse s'était... avait aussi acheté
10 %, environ, là, du Cirque du Soleil. Comment ça se compare à ce
que vous aviez payé en 2015? Avez-vous payé plus ou moins pour 10 % du
Cirque du Soleil?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Essentiellement le même chiffre, en dollars, total, M. le député. En 2015, c'était 71 millions
de dollars US.
M. Fortin : ...de la valeur du Cirque du Soleil est la même aujourd'hui
qu'elle est en 2015?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci. Ce que
j'aimerais dire, c'est qu'à ce moment-là la réponse à votre question est : sensiblement la même,
oui.
M. Fortin : ...au mois de février.
M. Emond
(Charles) : Oui. Et ce que
je vous dirais, c'est que, quand on regarde les transactions qui se font
dans le monde à ce moment-là, en février
2020, il y a deux choses qui sont faites. Ça a été acheté à
une valeur beaucoup moindre
que des sociétés comparables se transigent, où des transactions similaires
étaient faites. Dans un deuxième temps, qu'il
y ait une pandémie ou pas, il était, je pense, prudent d'estimer qu'un
ralentissement économique serait là dans les prochaines années.
Donc, par rapport aux projections qui nous avaient été données sur la performance du
cirque, on avait réduit de façon significative ces projections-là pour se donner
une marge de manoeuvre importante et arriver à une valeur qui était beaucoup
moindre qu'on nous demandait et à l'intérieur des paramètres qu'on voulait,
transaction qui, d'ailleurs, je tiens à le souligner, a failli ne pas être avec
M. Laliberté parce que plusieurs discussions étaient en cours.
M.
Fortin : ...et là, quand vous entendez le ministre,
là, qui, il y a quelques instants, là, a dit que ce n'était
pas un bon investissement, quand vous
entendez le premier ministre, il y a quelques jours, dire que ça ne fait pas partie de
ses bons coups, est-ce que...
je suis certain que vous pouvez comprendre ça à la lueur de ce que vous savez aujourd'hui, mais ce serait quoi, la valeur, aujourd'hui, de votre
10 %, selon vous, du 10 % que vous venez d'acquérir, là, en février,
là? Ça vaut quoi en ce moment?
M. Emond
(Charles) : Le 10 %
qu'on vient d'acquérir, tout comme le 10 % qu'on avait acquis il y a
cinq ans, aujourd'hui, comme on l'a dit lors de la parution de nos
résultats, il y a deux semaines, on l'a radié entièrement, pas
juste le dernier 10 %. On l'a radié à
zéro parce que le cirque est fermé complètement. Il est passé de
100 millions de revenus par mois à zéro, avec des employés à payer,
des fournisseurs à payer, en 48 heures. Probablement la première
entreprise à fermer, probablement la... sûrement la dernière à rouvrir.
Donc, est-ce qu'on se réjouit de ça? Je peux vous le dire, absolument pas. À la Caisse de dépôt, on ne se réjouit pas de ça.
Mais la décision a été réfléchie. On l'a fait d'une façon prudente, tant d'un point de vue opérationnel que stratégique, parce
qu'il valait mieux, selon nous, avoir
20 % avec des droits que 10 % à être en arrière, sur le banc du
passager, sans pouvoir avoir l'influence qu'on considérait qui était
requise pour ramener le cirque où est-ce qu'on croyait qui était dans la bonne
voie, revenir à son coeur de métier, gérer sa dette plus prudemment.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Pontiac.
M.
Fortin : Bien, je n'en ai absolument
aucun doute, là, que la caisse, disons, ne considère pas non plus que
c'était un bon investissement et qu'elle n'est pas contente, disons, de la façon
que les choses se sont passées. Quand on paie 75 millions
pour quelque chose et que quelques semaines plus tard, quelques mois plus tard,
on radie la valeur complètement, qu'on
estime que la valeur est a zéro, on ne peut pas être content de ça comme
gestionnaire de caisse, comme ministre des Finances, comme députés d'opposition ou comme Québécois qui place son
argent avec la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Mais il y a
encore des questions qui se posent par
rapport à cette transaction-là, parce que
c'est... ça n'a pas été, disons, rendu très clair dans la tête de beaucoup
de gens. Quand on dit que M. Laliberté va conserver des intérêts économiques dans le
Cirque du Soleil, qu'est-ce ça veut dire? Et là je fais référence à un article
de La Presse, le premier qui a
été publié le 17 février, justement, qui dit que M. Laliberté va conserver des
intérêts économiques, mais qu'on n'était pas en mesure de les préciser.
Qu'est-ce que ça veut dire?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Bien, le commentaire n'est pas pertinent, parce
que M. Laliberté ne détient plus rien
dans le cirque. Peut-être
que l'article fait référence, d'où peut-être
la confusion, à l'intérêt que M. Laliberté a manifesté publiquement peut-être
à revenir comme propriétaire du cirque. Mais M. Laliberté a fait une vente
finale, définitive. Il ne détenait plus aucun intérêt économique, pour répondre
à votre question.
M.
Fortin : Très bien.
Par rapport à la façon que la caisse fonctionne, là, vous
avez... et je pense que vous avez été, justement, au coeur de toutes les
discussions avec le Cirque du Soleil depuis un certain temps, même avant que
vous soyez président, si je comprends bien.
J'ai cru comprendre, et là je vous cite M. Lamarre, le P.D.G. du cirque :
«La caisse a toujours exprimé, dans nos réunions du conseil
d'administration, qu'elle était intéressée à prendre une participation plus grande dans le cirque...» Ça, ça a... Ce
qu'il dit là, essentiellement, ça reflète certains des propos que vous
teniez, que vous teniez en grande estime, disons,
le Cirque du Soleil. Je pense que vous y avez référé comme marque
emblématique, et plusieurs des Québécois vont se reconnaître là-dedans.
Mais, quand
vous dites : La caisse a... Quand on dit : La caisse a toujours
exprimé, dans nos réunions du C.A., qu'elle
était intéressée à prendre une participation plus grande dans le cirque, on est
en droit de se poser des questions, à savoir :
Est-ce que ça veut dire qu'on a signifié notre intérêt trop vite, qu'on a payé
trop cher? Moi, si je vais voir mon voisin,
là, puis je lui dis : Ta maison, elle est belle. Je l'aime, ta maison.
J'aimerais ça habiter ta maison. Il me semble que je me verrais dans ta
maison, à un moment donné, quand il va être prêt à mettre en vente, il va venir
me voir, puis je suis pas mal sûr qu'il ne voudra pas me la vendre à rabais.
Alors, est-ce
que vous pensez que d'exprimer, dans les réunions du conseil d'administration d'une entreprise
dans laquelle vous détenez déjà des parts, est-ce que vous pensez que c'est une
bonne façon de s'assurer qu'on en a pour le maximum pour notre argent lorsque
vient le temps d'acheter des parts?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Ce que je vous dirais, c'est,
quand il y a eu des discussions pour augmenter
notre participation de la part d'autres actionnaires parce qu'ils voulaient ou plutôt devaient vendre, ça a toujours été manifesté par les gens en question.
On ne se promène pas en courant dans les corridors en disant : J'aimerais
acheter! J'aimerais acheter! D'ailleurs,
dans le processus menant à l'achat du 10 % de M. Laliberté, on parlait avec plus
qu'un actionnaire parce qu'il l'avait
manifesté en premier lieu. Et on avait tracé une ligne dans le sable au prix
qu'on voulait payer, de la façon que
je vous l'ai expliqué tout à l'heure. Et on a raccroché le téléphone à quelques
reprises. Il s'est adonné que c'est M. Laliberté qui a rappelé
quelques jours plus tard puis qui a accepté notre offre aux conditions qu'on
voulait.
Le 10 %
additionnel nous intéressait parce qu'il y avait quand même une tendance au
niveau du bilan. Parce qu'il faut
rappeler que le cirque générait des flux monétaires importants au niveau de ses
opérations, mais il avait une dette qui montant. Et il y avait certains droits qu'on pouvait acquérir en
obtenant ce 10 % là qui nous intéressait et qui rendait ça attrayant si c'était fait au bon prix, avec les
fonds minimums requis pour obtenir ces droits de gouvernance là
additionnelle. Ça nous plaçait avec un poids, une influence plus importante
qu'au cours des cinq années précédentes. Merci.
M. Fortin : Je comprends que ce n'est pas aller dans les
corridors en criant, là : On veut acquérir! On veut acquérir! Mais, quand on en parle au conseil
d'administration, ça fait un peu la même chose. Ça dit aux gens qui ont besoin
de le savoir qu'on est intéressé puis
qu'on est prêt à payer le prix. Est-ce que vous pensez que c'est possible que,
justement, le fait que vous considériez le
cirque comme étant une marque emblématique, le fait que c'était votre dossier
pendant un certain temps, je vous pose la question, là, mais je le fais
sans aucune malice, mais je vous pose la question, est-ce que vous pensez que c'est possible que tout le reste, là,
vous ayez pu le mettre de côté parce que c'était quelque chose qui vous
tenait à coeur depuis un certain temps, que vous ayez été un peu aveuglé par
justement cette participation individuelle que vous aviez dans le dossier de la
caisse depuis un certain temps?
• (14 h 20) •
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Non. Catégoriquement non. Pour
vous expliquer comment les choses fonctionnent, premièrement, j'ai de la
misère à croire que, dans les minutes des procès-verbaux, là, la caisse ait manifesté son intérêt ouvertement pour
acquérir des participations. Ce n'est pas le forum approprié. Alors que tu
es là comme membre d'un conseil avec des
devoirs de fiduciaires, tu ne t'exprimes pas comme actionnaire, tu t'exprimes
comme membre d'un conseil d'administration qui voit aux intérêts globaux de
l'organisation et pas seulement de la caisse.
Néanmoins,
pour répondre à votre question, il y a trois niveaux et trois paliers
d'approbation à la caisse pour un investissement
comme ça qui va regrouper une trentaine de personnes, une dizaine de personnes,
voire plus, à chacun des paliers. Il n'y a pas de décisions qui se
prennent caché dans le bureau du P.D.G. de la Caisse de dépôt pour quelque investissement que ce soit. Mais je suis content
que vous me le demandiez parce que c'est la dernière chose que
j'aimerais que les Québécois pensent, que
c'est de la façon que la Caisse de dépôt est gérée. Même dans les gros
investissements, même
le conseil d'administration est amené à réviser ces investissements-là. Donc,
il y a eu un processus très rigoureux. Il n'y a personne qui a de veto,
et c'est de cette façon-là, de façon très transparente, comme n'importe quel
autre investissement, que ce 10 % là a été acquis, M. le Président.
M.
Fortin : Je l'apprécie, M.
le Président, ce que le président-directeur général nous dit. Je pense que tous
les Québécois veulent que la caisse
fonctionne comme ça, avec une certaine rigidité. Mais je suis aussi surpris que
lui et je suis certain de ne pas être
le seul d'être aussi surpris que, dans les réunions du conseil d'administration...
Ce n'est pas moi qui l'invente, là.
C'est le P.D.G. du Cirque du Soleil qui nous dit : La caisse a toujours
exprimé, dans nos réunions du conseil
d'administration, qu'elle était intéressée à prendre une participation plus
grande. Il ne nous dit pas : Ça a été dit de façon anecdotique une
fois. Il ne nous dit pas : Ça a été dit en passant, comme ça, dans le
corridor une autre fois. Il nous dit : La caisse a toujours exprimé, dans
nos réunions du C.A., qu'elle était intéressée.
Alors, si le
P.D.G. est surpris, bien, nous aussi, on est surpris, puis c'est pour ça qu'on
se demande si, réellement, là, c'était la meilleure transaction au
meilleur moment, si c'était la meilleure chose à faire pour le bas de laine des
Québécois. Il demeure encore beaucoup de
questions autour de cette transaction-là, M. le Président, et je pense qu'il
y a encore beaucoup de réponses à donner aux Québécois.
Le Président (M. Simard) : Je vous
remercie, M. le député de Verdun... de Pontiac, pardon. Nous allons maintenant
céder la parole au député de Rosemont pour une période d'environ
9 min 40 s.
M.
Marissal : Bien, merci, M. le Président. Messieurs, dames, bonjour. Je
ferai court dans les salutations parce que je n'ai pas beaucoup de
temps. Je vais essayer d'être bref dans mes questions. Je vous demanderais, si
possible, de faire de même dans vos réponses.
J'ai une
question pour M. Emond, qui a dit tout à l'heure que, le 14 février, aucun
fait public ne laissait croire à une éventuelle
pandémie. Or, en quelques clics, ici, de souris, on fait «OMS timeline», W-H-O
en anglais, et on se rend compte que, dès le 30 janvier, l'OMS,
après une nouvelle rencontre d'urgence, avait conclu à un «public health
emergency of international concern». Je suis en train de chercher la traduction
en français, là. USPPI.
Bref, vous
comprenez le topo. Je pense que, le 30 juin, on sentait très bien la
gradation. Et chaque jour amenait son lot de mauvaises nouvelles. Chaque
jour, la température de l'OMS montait un peu. Je ne suis pas épidémiologiste,
là, mais je n'ai pas été tellement surpris, en mars, d'apprendre qu'on allait
prononcer le mot «pandémie».
Vous, là,
avec votre batterie de monde puis d'analystes, là, vous aviez fait le pari
qu'il n'y aurait pas de pandémie?
Le
Président (M. Simard) : Alors, je cède la parole à M. Emond, à moins
que le ministre souhaite intervenir.
M. Emond (Charles) : Merci, M. le
Président. Merci, M. le député.
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le député. Une couple de faits pour vous
montrer, dans la vérification diligente... et les faits qu'on essaie
d'amener. Je vais vous donner quatre, cinq exemples, puis vous pourrez les
commenter. Bien, le 12 février, l'OMS tenait d'ailleurs une rencontre
de deux jours avec 300 experts de 48 pays présents physiquement en personne dans leur siège social de
Genève. Il y avait 500 cas, à ce moment-là, de COVID dans le monde,
en dehors de la Chine, majoritairement en
Asie. Donc, beaucoup de gens parlaient d'un épisode comme le SRAS à ce moment-là. Ici, on a le Canadien qui perd 4-3
contre Dallas devant 21 000 personnes le 13 février, puis mon
fils joue ici, à Québec, au Centre
Vidéotron, au Tournoi de hockey pee-wee du Carnaval, avec des milliers de
parents puis leurs enfants.
Il y a même...
Quand on a regardé les analyses de la Bank of America, les relevés de cartes de
crédit de millions de consommateurs,
les dépenses de divertissement étaient soutenues jusqu'au 6 mars à travers
le monde. Il y avait aussi des sondages,
dans le secteur du divertissement, faits par la firme EY, que je pourrais vous
fournir, où est-ce que tout le monde... tous les répondants des exécutifs du secteur sont très favorables sur
les conditions du secteur du divertissement, d'autant plus que le secteur du divertissement, même en
2009, quand il y avait eu une récession, était un secteur qui était resté
stable, surprenamment, parce que, quand les gens ne voyagent pas, ils vont dans
le divertissement. C'est parce que c'est une chose d'aller d'une épidémie...
(panne de son).
Le Président (M. Simard) : M. le
député de...
M. Emond (Charles) : ...
Le Président (M. Simard) : Oui, très
bien. Merci, M. Emond. M. le député de Rosemont... Nous avons un problème
de micro...
M.
Marissal : Je suis persuadé... Parce que j'ai beaucoup de respect pour
la caisse de dépôt, puis la raison pour laquelle on pose beaucoup de
questions, là, c'est que, là, ici, il y a deux fleurons flétris, la caisse puis
le cirque, puis il n'y a personne qui ne sort grandi de l'aventure, là. Je suis
persuadé que la caisse n'évalue pas ses opportunités, ses occasions de placement avec les assistances des
matchs du Canadien. Je suis pas mal sûr que vous ne faites pas ça de
même. Ça fait que de dire qu'il y avait
encore 21 000 personnes au Centre Bell... Oui, la veille de la
déclaration de pandémie, on était quelques milliers réunis ici, au Palais des congrès,
dans un huis clos budgétaire, au troisième sous-sol, ici, qui était
probablement la pire chose à faire à ce moment-là. On ne le savait pas, mais on
s'en doutait, qu'il y avait quelque chose qui s'en venait.
Moi, la question, là,
qui me crève les... pas les yeux, mais les oreilles, c'est : Pourquoi
pensez-vous que Guy Laliberté, qui connaît
vraiment ça, là, vraiment, c'est lui qui l'a crée, le cirque, pourquoi vous
pensez qu'il vous a rappelé puis,
tout d'un coup, il a dit : Ça va être correct, j'accepte à vos conditions?
Parce que, là, vous dites : C'est à vos conditions. Ce qui ne lui plaisait pas avant,
semble-t-il — vous
dites vous-même que vous avez raccroché le téléphone — là, tout d'un coup, lui rappelle puis
dit : Ah! bien là, finalement, ça va être correct. Ça vous... Je ne sais
pas.
Le Président (M.
Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Je vous remercie. Bien, ce n'est pas à moi à
spéculer sur les raisons pourquoi M. Laliberté aurait voulu vendre ses actions, lui ou d'autres actionnaires avec qui
on parlait, malgré qu'on a notre propre opinion, mais je ne pense pas que c'est à nous de spéculer
là-dessus. Puis je vous entends, M. Marissal. Ce que j'aimerais dire,
c'est : Quand on regarde une
transaction... Je ne dis pas qu'on était complètement... on faisait de
l'abnégation volontaire de ne pas vouloir voir une épidémie en Chine et
puis ce qui pouvait se passer. Mais c'est autre chose de passer d'une épidémie
à une pandémie, à un confinement, à une
entreprise, le cirque, qui serait fermée pendant des mois. Donc, quand on nous
a présenté soit les demandes pour
vendre le cirque, avec les projections que la direction nous montrait, on a
réduit ça, là, par une somme importante, un pourcentage important qui
prévoyait, là, un scénario de ralentissement économique important. Mais vous dire, en toute candeur, qu'on aurait
prévu que le cirque fermerait les lumières en 48 heures puis qu'on
avait un scénario avec zéro de revenu,
passant de 100 millions à zéro million de revenu par mois en 48 heures,
non, il n'y avait pas un scénario comme ça. Peut-être baisser les
revenus de 30 %, payer moins 35 % que ce qui se fait dans le marché,
avoir une marge de manoeuvre, mais 100 %, non.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de Rosemont.
M.
Marissal : Vous disiez tout à l'heure à mon collègue de Pontiac que
vous vouliez investir notamment les 10 % pour vous positionner de
façon stratégique. Visiblement, vous ne pouvez pas dire que ça a fonctionné
aujourd'hui.
Le Président (M.
Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Merci. Écoutez, si aujourd'hui il n'y avait pas de
pandémie... C'est parce que c'est une question...
Il faut aller au... S'il n'y avait pas de pandémie... Le cirque n'était pas en
crise financière, comme on a écrit, d'ailleurs,
avec ses créanciers d'aucune façon. Sans pandémie, si le cirque n'avait pas
fermé ses lumières, le 228 millions, aujourd'hui, serait inscrit à 100 % dans nos livres, et les
déposants... J'en conviens, c'est pour ça qu'on voulait avoir plus de poids et d'influence autour de la table, le
rendement était insuffisant, à nos yeux, avec nos critères. Mais les
déposants n'avaient pas perdu un seul sou.
Puis je ne dis pas que c'est ça, la barre qu'on essaie d'atteindre, mais
c'était le contexte dans lequel il
était. Puis je préfère avoir 20 % et des droits de gouvernance pour avoir
un peu plus un mot à dire dans certains éléments très importants du
cirque, que ce soit qui seraient les prochains actionnaires du cirque, si
l'opportunité se présentait, plutôt que de
se retrouver en 2015 à se joindre un peu plus à la fin, et regarder aussi au
niveau de la dette quand on a
articulé à quelques reprises au niveau du conseil qu'on n'aimait pas la
tendance qui se dessinait. Mais, vous savez, on avait 90 %
d'actionnaires devant nous.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de Rosemont.
• (14 h 30) •
M.
Marissal : Est-ce qu'il y avait quelque chose qui vous interdisait
de revoir les conditions que vous aviez d'abord fixées quand M. Laliberté vous rappelle, là? Il n'y avait pas de
marche arrière? C'était nécessairement en avant? Vous ne pouviez pas dire : Bien là, écoute, O.K.,
mais on va rejaser, parce que... pandémie, peut-être, ou, en tout cas, il y a
quelque chose... la business n'est pas si
sûre que ça. Est-ce qu'il y avait un mécanisme qui vous permettait... ou alors
c'était : S'il rappelle, on lui donne ça?
Le Président
(M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. M. le député, quand
M. Laliberté a rappelé — puis on ne savait pas si ça allait être lui ou quelqu'un d'autre, puis
peut-être que personne n'aurait rappelé — il a accepté les conditions, qui étaient nettement en deçà de ce que l'on voulait,
qui comprenaient une marge importante d'écart entre les deux et qui, pour
nous, venaient prendre en compte tout risque
éventuel. C'était un prix nettement en deçà de ce qui se faisait dans le
marché, c'était la ligne exactement qu'on
avait tracée dans le sable. On ne voulait pas plus que 10 %. D'autres
voulaient nous vendre plus que 10 %, on ne voulait pas, on voulait
obtenir le maximum de droits avec la plus petite somme, au meilleur prix
possible, de n'importe qui. Mais ça a duré sur un an, tout ça, et il n'y avait
pas de presse, on a été disciplinés.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Très rapidement sur un autre sujet — il y en aurait eu
100 autres, là, mais l'actualité en aura décidé
autrement — vous
avez un investissement, à la caisse, chez Raytheon. Qu'est-ce que vous avez...
Vous avez investi dans quoi? Dans l'armement de Raytheon, qui est un fournisseur d'armes
connu, là, majeur aux États-Unis, ou... Quel est votre placement ou quel
est notre placement, devrais-je dire, dans Raytheon?
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Écoutez, c'est des titres qu'on
détient, je n'ai pas le montant exact, dans
Raytheon. Il faudrait que je vous revienne. Mais c'est un investissement qu'on
a, parfois qu'on détient directement, parfois
via des indices qui comportent des paniers de titres, et puis Raytheon est
connu comme un titre qui rencontrait les critères de rendement qu'on cherche de qualité. Il y a parfois des
opérations, une partie de leurs opérations, qui peuvent contenir un
certain élément au niveau des armements, mais en fonction de nos critères ESG,
qu'on applique.
Le Président
(M. Simard) : Merci, M. Emond. Je cède maintenant la parole
au député de Pontiac pour une période de 20 minutes.
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Juste rapidement, là, il y a un point qui
a été soulevé en partie, je pense, par le député de Rosemont qui est
intéressant. Et quand vous disiez, un peu plus tôt, là, M. Emond — et je
m'adresse directement à M. Emond, mais
vous comprenez que c'est par vous, M. le Président — quand on disait, un peu plus tôt, que, bien, la situation mondiale, elle n'était pas
connue de tous, disons, c'était limité jusqu'à un certain point en
Chine, il y avait quelques cas à
l'extérieur, j'aimerais ça savoir, disons avant le confinement, là :
Est-ce que le gouvernement a donné
une indication quelconque à la caisse
qu'il y avait des enjeux de pandémie qui s'en venaient? Est-ce que
vous avez eu une discussion? Est-ce que
le ministre des Finances vous a dit : Oui, oui, c'est sérieux, là, la
pandémie, c'est grave? Est-ce qu'il y a eu une discussion à un moment
donné à ce niveau-là avant d'apprendre comme tout le monde, là, qu'il y avait
des mesures drastiques de confinement qui seraient mises en place?
Le Président (M.
Simard) : M. Emond. Ah! M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Je vais le prendre.
Le Président (M.
Simard) : À vous la parole, M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : Merci.
Mais, d'abord, je tiens à dire que, depuis
la nomination de M. Emond, nous avons des discussions fréquentes qui se sont... dont la fréquence s'est accrue
avec la situation de la pandémie, de la récession mondiale et des difficultés du marché boursier,
qui, depuis, est revenu, mais c'est un autre sujet. Mais je tiens à dire
que le gouvernement suivait les instructions
de la Santé publique, et, puisque nous avons choisi de tenir le dernier
événement d'importance au Québec,
c'est-à-dire le budget, si nous avions eu toute information que ce n'était pas
la bonne chose à faire... En fait, ce
que j'essaie de vous dire, c'est qu'on n'avait aucune information privilégiée
outre que les informations que nous
recevions de la Santé publique, la Santé publique nous a dit que nous pouvions
tenir le budget, et que nous avons bien
sûr mis des mesures additionnelles avec des serveurs, et puis, vous vous en
souvenez, on ne s'est pas serré la main, puis etc. On prenait des précautions. Mais, lorsque... dans nos
discussions à aucun moment je n'ai fait part d'informations privilégiées
sur la pandémie à M. Emond puisque je n'en avais pas.
M. Fortin : Parce que vous n'en aviez pas. O.K. Je m'en allais ailleurs, M. le
Président, mais, si le ministre ouvre la porte, là... Parce que vous n'en aviez pas. Donc, la ministre de la
Santé elle-même ou le premier ministre, à la date du budget, parce que
vous y faites référence, là, à ce moment-là, on ne vous avait pas dit :
C'est gros, ce qui s'en vient, ça va être majeur?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : Bien, en fait, ce qu'on voyait, c'est que l'économie
en Chine, depuis le mois de janvier, était en difficulté. Mais, à ce
moment-là, l'Europe fonctionnait toujours, l'Amérique du Nord... Et l'évolution
de la pandémie, est-ce qu'elle allait — à ce moment-là, c'était une épidémie — est-ce que ça allait se détériorer ou se
contrôler, être localisé? Non, on n'avait
pas d'informations privilégiées. Mais on a toujours des scénarios de risques,
là, bien sûr.
M. Fortin : Mais le ministre nous dit : Ce qu'on voyait, mais je comprends, je
le sais, ce qu'il voit. On le voyait tous.
Tout le monde le voyait. Tout le monde lisait les journaux, tout le monde
écoutait les nouvelles, tout le monde voyait la même chose. Mais la ministre de la Santé n'a jamais dit au ministre des
Finances : C'est quelque chose de majeur qui s'en vient, là, il va y avoir des répercussions sur
l'économie québécoise, peu importe, là? Ça, cette discussion-là n'a pas eu lieu en date du
10 mars, disons, là?
Le Président
(M. Simard) : M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Mais, en fait, je
conteste votre affirmation, là, que nous faisons au mois d'août, aujourd'hui,
qu'on savait tout au mois de mars. C'est absolument
faux. La pandémie a été déclarée après le budget, le confinement
en Europe, en Amérique du Nord, est venu après le budget, et de prétendre qu'on
savait tout ça au mois d'août, je suis désolé, c'est faux.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Fortin : ...on aura amplement le temps de revenir là-dessus
au cours de vos crédits. Je vais profiter du fait que la Caisse de dépôt
est avec nous, si vous le permettez, bien sûr.
J'aimerais
qu'on parle des résultats quand même décevants, là, à certains niveaux, de la Caisse de dépôt. Certains sont dus, et je le
comprends, vous le comprendrez, M. le
Président, les Québécois
vont le comprendre, certains sont dus à la gravité de la crise économique qui est... dans laquelle on est en ce moment. En même temps, il y a des choses qui se sont produites avant la crise
économique et pour lesquelles les résultats étaient quand même assez décevants
de la part de la Caisse de dépôt, et, elle-même, je l'ai entendue l'admettre à
quelques reprises, là, à travers ses réactions publiques.
Si
on regarde l'immobilier, entre
autres... Et là, pour la petite
histoire, là, il y a eu au tout début... Disons, si je retourne en février, la Caisse de dépôt mettait fin à l'emploi du responsable des centres commerciaux, c'est-à-dire Claude Sirois, qui était président, centres commerciaux. Un peu plus tard, je crois que c'est en mars, M. le Président... non, en fait, c'était plus
tard, c'était en juin, là, c'étaient 57 employés de cette division-là
qui étaient laissés aller. Et on a appris plus tard, M. le Président, on a appris récemment, en fait, en
juillet, qu'Ivanhoé Cambridge, bien, ils demandaient l'aide des
Américains, avaient embauché la firme new-yorkaise Raider Hill pour aider à
restructurer une division qui avait des résultats plus que décevants.
Deux
choses. D'abord, Raider Hill, c'est une firme américaine. On a
laissé partir 57 Québécois qui s'occupaient de ce volet-là chez Ivanhoé Cambridge, filiale de la Caisse de dépôt, et, aujourd'hui dans l'organigramme même, apparemment,
selon tout ce qu'on lit dans les médias, dans l'organigramme même d'Ivanhoé
Cambridge, les gens de Raider Hill s'y retrouvent.
Alors, j'ai une question
pour la Caisse de dépôt : Est-ce que c'est acceptable, selon vous? Est-ce
que c'est acceptable dans vos pratiques, à l'intérieur de votre champ d'expertise, de, d'un côté, laisser partir 57 Québécois,
de l'autre côté, dire : On va
remplacer ces gens-là par une firme américaine qui avoue ouvertement, là, qui
avoue ouvertement ne même pas avoir l'intention de visiter les centres
commerciaux qu'ils ont été embauchés pour gérer? Est-ce que c'est une pratique
d'affaires raisonnable au Québec, ça?
Le Président
(M. Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Merci, M. le Président, puis je répondrai, puis, si vous me permettez, je
passerai peut-être aussi la parole,
avec votre permission, à mon collègue Macky Tall, qui est également
président du conseil
d'administration d'Ivanhoé Cambridge.
Si je comprends bien
votre question, parce que je veux y répondre directement au point, votre
question est : Est-ce qu'il est acceptable d'utiliser des consultants
américains si on a congédié des gens locaux? C'est ça?
• (14 h 40) •
M. Fortin :
Oui — je
vous écoute...
M. Emond
(Charles) : O.K.
Le Président (M.
Simard) : M. le député.
M.
Fortin : ...je vous écoute — pour
gérer les centres commerciaux.
M. Emond (Charles) : Oui. Il faut comprendre que Raider Hill est probablement la meilleure firme d'investissement
au monde dans cette expertise-là. Vous
faites un lien, si je peux me permettre, qui est peut-être un peu... qu'on
pourrait débattre. Raider Hill n'est pas
venu gérer les centres d'achats. Raider Hill est un consultant qui nous permet,
avec son expertise pointue, de voir à
comment mieux valoriser, repositionner ces actifs-là, ces centres commerciaux
là, dont on a constaté, même avant la pandémie, vous avez raison, les
tendances, les vents de face que cette classe d'actifs là doit subir, et qui se
sont accélérés, et qui ont fait qu'on a accéléré notre plan de repositionnement
depuis quelques mois.
La
raison pourquoi on a dû procéder à ces changements de personnel là, des
gens qu'on a tous très, très bien traités, en passant, au niveau de leurs indemnités, c'est que ce sont des gens qui étaient encore dans le développement de
centres d'achats, alors qu'on tente plutôt de réduire notre exposition ou de
revaloriser ces actifs-là. Alors, ce que Raider Hill fait et ce que ces
employés faisaient sont deux choses différentes. Mais, si je peux me permettre,
je passerais aussi la parole à M. Tall.
Le Président
(M. Simard) : Avant, M. le député...
M.
Fortin : ...c'est possible.
Le
Président (M. Simard) : Ça vous va? Alors, M. Tall, pour les fins
de nos travaux, pouvez-vous vous présenter, s'il vous plaît?
M. Tall
(Macky) : Oui. Macky Tall, chef des actifs réels et des placements
privés à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue, monsieur. À vous la parole.
M. Tall (Macky) :
Merci. Donc, pour ajouter aux commentaires que M. Emond a faits en réponse
à la question du député, c'est de
rappeler, avec cette... que la pandémie a accéléré des tendances lourdes qu'on
observait déjà dans le secteur immobilier,
notamment au niveau des centres commerciaux, et que cet exercice de
repositionnement avait déjà été démarré. Et ce qui a été fait, le
recrutement de Raider Hill, n'avait pas rapport avec le départ de
57 personnes. Il s'agissait simplement,
pour l'équipe de gestion d'Ivanhoé Cambridge,
d'aller chercher une des meilleures firmes dans le monde dans le secteur des centres commerciaux pour venir
contribuer à la réflexion et à ce repositionnement-là, qui est bien engagé,
pour être sûre justement que ce secteur soit performant à l'avenir.
M. Fortin : Vous allez comprendre, messieurs, que quand on lit quelque chose comme ça, quand on apprend que le président québécois ici, à la maison-mère, à Montréal,
est démis de ses fonctions, quand on apprend que 57 Québécois en charge de cette division-là sont congédiés, sont
laissés aller, quand on apprend qu'une firme américaine est embauchée
pour vous aider à travers tout ça et, quand
on lit, de la part du chef de l'investissement Sylvain Fortier, que
Raider Hill est le meilleur
cabinet-conseil du genre et qu'il faut rester humble dans tout ça... Rester
humble dans tout ça, là, honnêtement, je crois que les Québécois, avec toute l'éducation qu'ils ont aujourd'hui, ont toute l'expertise nécessaire, que ce soit pour... en période de croissance, que ce soit en période de
décroissance, pour épauler la Caisse
de dépôt dans les décisions à
prendre. Je peux comprendre que
Raider Hill est expert en la matière, mais ce que je vous dis, c'est qu'il
y a des Québécois, à la limite
il y a des Canadiens, qui sont tout à fait capables de nous aider là-dedans.
C'est notre argent que vous gérez. Le fait d'embaucher une firme américaine pour faire quelque chose comme ça surprend, déçoit beaucoup de gens au Québec.
Mais,
de façon plus globale, là, j'ai une question, parce que vous faites
référence au fait... Effectivement, vous entamez une nouvelle phase,
disons, par rapport à votre centre... aux centres commerciaux, et je peux
comprendre, là. Il y a beaucoup de gens qui regardent ce qui se passe au niveau
de l'achat en ligne, qui regardent ce qui se passe au niveau de l'achalandage
dans les centres commerciaux puis qui se disent : Avec tout ce que vous avez
d'investi là-dedans, bien, comment est-ce qu'on va avoir des retours positifs?
Comment est-ce qu'on peut s'attendre à ce que ça aille bien? Et là je serais curieux de savoir un peu de détails autour
de votre stratégie, parce que le commerce de détail au niveau des grandes surfaces... les achats en
ligne, en fait, au niveau des vêtements, au niveau des articles de sport,
qui prennent énormément de place dans les
centres commerciaux, bien, ils sont en diminution massive depuis la
pandémie, oui, mais avant la pandémie aussi.
Alors,
comment est-ce que vous comptez faire fructifier l'argent des Québécois
là-dedans? Et, M. le ministre, en deuxième
partie, là, est-ce que vous avez une attente spécifique? Est-ce que vous avez
un chiffre, quelque chose à
quoi vous vous attendez par rapport au retour sur l'investissement que la
caisse va avoir pour ses centres commerciaux?
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : C'est-à-dire que nous avons des attentes sur l'ensemble
du portefeuille, et l'immobilier est une
composante importante du portefeuille, et l'immobilier, il y a différentes
catégories, et tout ça, c'est dans un processus de diversification : actions, obligations, infrastructures,
placements privés et immobiliers. Et, dans l'immobilier, il y a les
catégories : bureaux, commercial, résidentiel, et donc nos attentes sont
pour l'ensemble du portefeuille à long terme. C'est ça qui est le... nos
attentes.
Par
catégorie d'actifs? Non. Et, permettez-moi, je pense que monsieur... Parce que
vous nous amenez sur l'avenir des
centres d'achats. C'est très intéressant, et je veux laisser M. Tall nous
parler. Mais, si vous pouvez préciser le nombre d'employés d'Ivanhoé Cambridge et ce que les gens qui ont quitté
faisaient... Parce que je pense qu'il y a inadéquation entre les gens
qui sont partis et la contribution qui va venir du consultant. Je laisse la
parole à M. Tall.
Le Président (M.
Simard) : M. Tall.
M.
Tall (Macky) : Oui, M. le ministre. 57 employés sont partis sur
1 200. Donc, le coeur des employés, et de la compétence, et de
l'expertise d'Ivanhoé, reste en place. Le commentaire d'humilité de M. Fortier
auquel vous faites référence, c'est
simplement de dire qu'Ivanhoé Cambridge fait face à un environnement sans
précédent, notamment au niveau des centres commerciaux, et, dans de
telles circonstances, tout en prenant les décisions à l'interne et en gérant nous-mêmes nos actifs, c'est de s'assurer d'aller
chercher toutes les perspectives, tous les points de vue. Mais je peux vous confirmer, comme président du conseil
d'Ivanhoé Cambridge, que c'est l'équipe de direction d'Ivanhoé Cambridge
qui fait les analyses, les recommandations, qui prend les décisions et qui gère
les centres commerciaux.
Le Président (M.
Simard) : M. le député. M. le député de Robert-Baldwin. Cher collègue,
à vous la parole.
M. Leitão :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour. Combien de temps il nous
reste maintenant?
Le Président (M.
Simard) : Cinq minutes.
M. Leitão :
Cinq minutes. Très bien. On va probablement revenir après.
Alors,
messieurs, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue. Restons sur l'immobilier,
l'immobilier commercial. Si j'ai bien
compris, M. Emond, de ce que vous aviez dit publiquement récemment, donc, les
résultats de la caisse pour les derniers six mois sont légèrement
négatifs, et une grande partie de l'explication, c'est justement dans le
secteur de l'immobilier. On comprend tous
l'enjeu, un secteur qui était déjà en train de changer, et là, maintenant, on
est dans une toute autre... dans un nouveau monde.
Et
là je reviens aux questions que mon collègue avait posées sur les
55 exécutifs, dirigeants qui ont
été remerciés, parce que,
là, maintenant, je
comprends qu'il faut revoir la stratégie,
tout à fait, mais dans le contexte de la pandémie et
dans le contexte où le commerce de détail
joue un rôle très important dans notre économie, particulièrement dans nos villes, dans nos grandes villes,
et c'est un secteur qui doit être accompagné dans les mois et même les années à
venir. Alors, ma question : Est-ce
que votre stratégie
de repositionnement a changé? Nous
sommes maintenant au mois d'août. Est-ce qu'elle a changé depuis le début, étant donné l'ampleur de la récession que nous
vivons? Et le caractère stratégique de ces actifs-là dans les centres-villes de Montréal et les autres
grandes villes, c'est... À mon avis, on ne peut pas les laisser tomber.
Alors, comment est-ce que vous allez aborder ça?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
• (14 h 50) •
M. Emond
(Charles) : Merci. Merci, M. le député. Et, juste pour préciser, pas
que ça n'enlève rien, mais, pour rectifier les faits, c'est
18 personnes sur les 57 d'Ivanhoé qui ont été remerciées qui étaient
basées au Québec.
Mais votre
question est très importante, M. le député, va au coeur des réflexions qu'on a.
Je vais essayer d'être précis. Ce
sont des actifs qui font face à des difficultés. Il y a le commerce de détail,
dont vous parlez, mais le spot, si je peux me permettre ainsi, est
souvent bon. Il s'agit de voir... Également, dans certains cas, on essaie
d'intensifier et bonifier notre plan. Ce que
ça veut dire : dans certains cas, il faut probablement les vendre, dans
pas tous les cas. Dans d'autres cas spécifiques... peut-être une
revalorisation de ces actifs-là qui doit être faite.
Je vous donne
un exemple. On voit, par exemple, Amazon actuellement en discussion avec des
grands propriétaires d'immeubles qui ont des détaillants qui souffrent.
Peut-être que tu peux rajouter, à ce moment-là au sein d'un centre commercial, un volet logistique avec tout le
commerce en ligne, par exemple. Un autre élément qu'on ne fait pas juste
comme propriétaires, mais qu'on peut aider nos locataires, les détaillants, on
est dans la... on est investis, à la caisse, directement
dans la société qui s'appelle Lightspeed, qui offre une solution aux
détaillants informatiques pour faire un peu le saut un peu plus vers le
commerce en ligne. Lightspeed a réussi à offrir via notre intervention à tous
nos détaillants gratuitement ce logiciel-là pour qu'ils puissent accélérer leur
propre numérisation.
Et je dirais
que le regard lucide qu'on a posé sur ces actifs-là s'inscrit... Même si on l'a
fait en premier, avant nos pairs
canadiens, avant qui que ce soit, ce qu'on a réussi à regarder comme valeur
raisonnable et prudente, eu égard à la pandémie,
s'inscrit exactement dans la même dévaluation qu'on a vue pour des gros joueurs
comme Brookfield ou autres ailleurs
qui sont venus à la conclusion... ou avec l'indice, qui est sorti plus tard que
nos résultats dans l'immobilier commercial
et qui parle des mêmes réductions de valeur. Donc, on a un plan, c'est de
prendre ces actifs-là, les faire évoluer ou les vendre puis aider ceux qui sont à l'intérieur des centres
d'achats pour faire en sorte qu'on
n'abandonne pas ces centres commerciaux là, comme vous faites mention.
M. Leitão :
Très bien, et c'est là où vraiment je voulais aller. Je vous incite fortement à
garder un oeil très attentif à ces
centres d'achats là et aux locataires, qui n'ont pas de revenu non plus. Ce
n'est pas aussi tragique que le Cirque du Soleil, où le revenu est tombé à zéro. Mais, pour beaucoup de ces
magasins-là, le revenu, même s'il n'est pas à zéro, il est très bas, ils
ne peuvent pas vraiment rencontrer les échéances en termes de loyers, etc. Et
donc la Caisse de dépôt, puisqu'elle est un grand propriétaire, un grand
locateur, je pense que vous avez aussi une responsabilité envers les commerçants du Québec qui sont vos locataires à
leur donner des conditions pour qu'ils puissent passer à travers, parce
que j'ai bien l'impression qu'en termes de commerce au détail les choses ne vont
pas revenir aussi vite que ça. M. le Président
m'a dit qu'il faut finir, et j'avais toute une autre série de questions sur ça,
mais je pense que je vais revenir après, parce qu'en quelques secondes ça ne donnerait rien, mais je vais revenir
sur cette question de commerce au détail. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Merci, collègue. Merci beaucoup, cher
collègue. Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de saluer le ministre des Finances,
M. Tall, M. Emond. M. Emond,
bienvenue. C'est votre première présence à l'Assemblée nationale à titre de
P.D.G. Félicitations pour votre
nomination! Vous savez que la Caisse de dépôt représente beaucoup pour les
Québécois, donc c'est un poste prestigieux qui vient... de grandes
responsabilités, et nous, comme parlementaires, on devient un peu le porte-voix
des citoyens. Et c'est pour ça que les questions qu'on pose aujourd'hui
viennent un peu chercher les réponses que M.,
Mme Tout-le-monde peuvent se poser.
Je voudrais
revenir sur le dossier du Cirque du Soleil. M. Emond, vous avez dit
plusieurs choses, mais il y a certaines
choses que j'aimerais circonscrire. Je vais y aller quand même de façon
succincte, puis ça va vous permettre de mettre la table pour les
réponses que je cherche d'obtenir.
Si j'ai bien
compris, tout à l'heure vous nous avez dit que, dans le cas de l'investissement
de la caisse ou le 10 % des
rachats de M. Laliberté, c'est passé à travers trois comités
d'investissement. C'est ce que j'ai compris. C'est bien ça?
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Ouellet : Vous avez dit tout
à l'heure que c'est important pour la Caisse de dépôt, qui était membre déjà actionnaire du Cirque du Soleil, d'avoir une position
prépondérante supplémentaire, considérant
un rachat futur possible selon les
tractations du marché. D'accord. Donc, vous êtes détenteur d'informations quand
même privilégiées, puisque vous êtes
à la table des décisions. Pouvez-vous expliquer aux Québécois comment se
fait-il que c'est un... puis j'enlève le contexte pandémie, là, juste en
termes strictement financiers, là, pouvez-vous expliquer aux Québécois comment ça que c'est un bon deal, alors qu'on sait que le cirque a perdu
71 millions en 2018, 80 millions en 2019 et qu'il était surendetté de
1,6 milliard au moment de la
transaction? Ça a passé le filtre, trois comités, et tout le monde a dit :
Vous savez quoi? Malgré ça et malgré
le filigrane de la pandémie, c'est un bon deal. J'aimerais que vous expliquiez
aux Québécois, Québécoises comment se fait-il
qu'avec tous ces indicateurs vous avez décidé quand même, comme institution,
pas vous personnellement, mais comme institution d'aller de l'avant.
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Juste pour être
clair, quand vous dites : On a perdu le 71 millions, et ensuite vous dites 80 millions, hein?
C'est ça que vous m'avez mentionné?
M. Ouellet : 71 en 2018 et 80 en
2019.
M. Emond
(Charles) : Oui. C'est parce qu'au moment... En 2020, on n'a pas perdu
un sou dans cette aventure-là. Et ce
n'est pas 80 millions, 2019, là, c'était une débenture de
30 millions, puis votre premier 71 millions est bon. Mais, juste pour prendre un peu de recul, néanmoins,
quand on est en février 2020 bien précisément... Puis je suis d'accord avec vous, cette dette-là, au Cirque du Soleil, trop élevée à mon goût, trop
élevée à notre goût, il y a une tendance. Mais ça ne veut pas dire qu'il y avait une crise
financière, comme il a été écrit, avec les créanciers. Le cirque, depuis cinq
ans et jusqu'à ce moment-là, n'a aucun enjeu avec aucune banque, il est
à l'intérieur de façon intégrale et entière de tous ses ratios financiers. Malgré ça, ça ne veut pas dire, en
gestionnaire prudent, que tu penses que la dette devrait continuer à
monter indéfiniment. C'est une opération qui
générait 135 millions de flux monétaire à la fin 2019. Les revenus
étaient en hausse de 22 %, ses bénéfices en hausse de 13 %, un
peu plus élevés qu'en 2015.
Il y a eu des
déceptions, j'en conviens. Les promesses de croissance du Cirque du Soleil,
notamment en Chine, n'ont pas été au
rendez-vous. Mais c'est une chose d'avoir un investissement stable qui déçoit
versus un investissement qui était
déficitaire et en crise financière. Ça, ça n'existait pas. Mais, avec un peu de
mouvement au niveau des actionnaires...
Mais ce n'est
pas la raison principale pourquoi on le fait. C'est qu'avec le 10 %
additionnel on avait des droits tout d'un
coup par rapport à être consultés, avoir un poids, une influence plus grande
sur quel devrait être le niveau de dette et aussi sur la vente
éventuelle de l'entreprise, qui n'était pas une panique, mais, à terme, on se
disait... Et je reviens à deux choses que
j'ai dites lors de la parution des résultats. Tout ça a été fait dans le but de
rattacher aux deux conditions de succès
pour le futur du cirque : avoir un opérateur, un joueur stratégique qui
allait opérer le cirque plutôt qu'un consortium de joueurs financiers qui allait, en deuxième lieu, deuxième
condition, opérer le cirque, oui, avec un niveau de dette, mais un
niveau de dette plus raisonnable que ce qu'un joueur financier est tenté de
faire en général. C'était le but, d'avoir plus d'influence pour atteindre ces
deux objectifs-là à terme. Mais on a été patients, et l'opportunité s'est
présentée de l'obtenir, le 10 %.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M.
Ouellet : Je ne veux pas
faire trop de mathématiques financières, mais je vais essayer d'être concis
pour que les Québécois, Québécoises
comprennent bien, parce que, dans les tractations des fois, c'est complexe, là.
Mais il a été dit dans les médias que
la transaction... lors du premier achat du Cirque du Soleil, les consortiums
qui ont acheté ont financé la dette à même l'actif du Cirque du Soleil.
C'est bien vrai?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Je comprends ce
que vous voulez dire, ils ont pris les flux monétaires que le cirque
génère puis ils se servent de ça pour dire
combien ils pourraient emprunter sur l'actif. Vous avez raison de ce point de
vue là.
M.
Ouellet : Donc, vous
connaissez cet état de fait là et vous décidez quand même d'investir, et vous
avez dit le chiffre tout à l'heure, 75 millions $ pour acheter
l'autre 10 %. Quel était, selon vous, l'horizon pour rentabiliser cet investissement-là? Au-delà du fait que vous nous
dites : On prend une prise de position, on va être entendus autour
du conseil d'administration, on aura une voix prépondérante, quelle était
l'évaluation du rendement pour faire le retour sur l'investissement avec
ce rachat-là de 10 % des actions de M. Laliberté?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Emond.
• (15 heures) •
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le Président. Donc, combien de temps on prévoyait pour rentabiliser le
dernier 10 %, M. le député? En fait, dans nos investissements, on regarde toujours
ça à long terme parce qu'on est un
investisseur de long terme. Mais soyons
raisonnables, regardons sur une période de cinq ans. On était là depuis
déjà cinq ans. On regarde sur un
horizon cinq ans puis on s'assure de... avec l'investissement de 10 %,
qu'on obtiendrait un rendement qui serait dans les critères que nos
déposants exigent et méritent.
Je vous
dirais que, de notre côté, le Cirque du Soleil, c'est une histoire très simple.
Le Cirque du Soleil faisait un minimum
de profitabilité, bon an mal an, là, facilement au-delà de 100 millions $
par année avec les shows de cirque, les spectacles de cirque et à Las Vegas. Les spectacles de cirque,
c'étaient les meilleurs. Ce qui a causé un peu d'enjeu, c'est qu'il y a eu quatre,
cinq spectacles en dehors du coeur de métier, un peu plus dans ce que
j'appellerais «divertissement au sens large» qui ont moins bien
fonctionné. Mais un spectacle qui fonctionne moins, tu as avancé de l'argent,
puis les bénéfices ne sont pas là, ça fait
monter la dette. Et à ce moment-là, nous, on voulait recentrer le cirque vers
son coeur de métier, on voulait
également... on avait déjà un plan d'action pour arriver à certaines économies
de coût, et puis on voulait ramener la dette à des niveaux qui nous
apparaîtraient à terme, même s'ils étaient soutenables pour les banques, plus
prudents, compte tenu des particularités du modèle d'affaires du cirque.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M.
Ouellet : M. Emond,
vous avez été nommé par le gouvernement, vous avez eu une discussion avec le
premier ministre, il a dû vous parler du
nationalisme économique. Est-ce que, lors de votre nomination, il a été
question, entre vous et lui, d'une prise de participation plus grande
dans le Cirque du Soleil?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond (Charles) : Non, jamais.
M.
Ouellet : Avez-vous échangé
avec le gouvernement avant, pendant et après la transaction du Cirque du
Soleil?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Merci, M. le
Président. J'ai informé la veille simplement pour dire qu'on allait
acheter la participation le jour même, le précédent, la veille, là, de
l'annonce de la transaction, c'est tout.
Le Président (M. Simard) : M. le
député.
M. Ouellet : Qu'a été la réaction du
gouvernement suite à votre annonce?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond (Charles) : Merci de nous
avoir informés.
M.
Ouellet : Merci de nous
avoir informés? On ne vous a pas dit : C'est une bonne chose, c'est une
mauvaise chose, est-u certain? Sérieusement, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Non, pas de
commentaire avec une émotion particulière, mais je dirais que,
certainement, puis je pense que c'est dans
le cadre aussi de la réaction pour l'ensemble de la population du Québec, avec
le mandat de la caisse, c'est rare
qu'on nous reproche d'augmenter notre participation ou notre influence au sein
d'une entreprise québécoise qui a un rayonnement international. Je me
fais critiquer pour beaucoup de choses, mais celle-là, c'est plutôt rare.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M. Ouellet : Ma question au ministre
des Finances : C'est une bonne transaction?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, je
veux vraiment distinguer, en investissement, l'information que vous avez
avant de faire l'investissement et
l'information que vous avez après. Et, sur la base de l'information qu'on a
aujourd'hui, ce n'est pas un bon investissement.
Au moment où la transaction a été faite, au mois de février, et je tiens à
souligner que les discussions
dataient de 2019, là, les discussions n'ont pas commencé le 10 février, O.K.,
sur la base de l'information qui était
disponible en février, connaissant le professionnalisme de la caisse, je n'ai
aucune raison de croire que cet investissement-là n'était pas justifié. Mais, bien sûr, lorsqu'on
fait un investissement, il y a une distribution de probabilités des risques
que ça fonctionne, des risques que ça ne fonctionne pas.
Le
Président (M. Simard) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Nous passons maintenant la parole au député
de Robert-Baldwin pour une période de 20 minutes.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, messieurs, on va continuer sur ce qu'on avait
commencé tantôt, M. Tall, M. Emond, sur le commerce au détail. La
caisse était bien sûr un très grand propriétaire d'immeubles, propriétaire de centres d'achats, donc c'est très
important, ce secteur, pour la caisse, et donc pour nous tous.
Alors, ma
première question, je ne sais pas lequel des deux pourra y répondre,
mais : Quelle est votre évaluation aujourd'hui, au mois d'août
2020, quelle est votre évaluation des perspectives pour les dépenses de
consommation, notamment
au Québec, parce que c'est là où ça nous concerne, mais, d'une façon plus
générale, en Amérique du Nord, comment
vous voyez... vous avez beaucoup d'économistes, donc on connaît certains, comment
vous voyez l'évolution de ce secteur-là? Parce que cette évolution, elle
devrait évidemment colorer votre stratégie.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Emond.
M. Emond (Charles) : Je vais passer
la parole à mon collègue, M. Tall.
Le Président (M. Simard) :
M. Tall, à vous la parole.
M. Tall
(Macky) : Alors, puisque...
Merci, M. le Président. Puisque votre question, en fait, je peux la
prendre à deux niveaux, le premier, c'est au
niveau de l'économie globale et des hypothèses de reprise économique. Il y a
beaucoup de débats et d'experts sur
l'analyse selon laquelle une reprise sera en V ou sera plus longue. Et c'est beaucoup
relié à des questions médicales, sur
la capacité, la vitesse avec laquelle un vaccin ou un traitement médical vont
être développés.
Et, en ce qui
concerne les centres commerciaux spécifiquement et votre question sur la
consommation, en fait, la clé, et ce qui est en train de changer et que
la pandémie a accéléré, c'est comment les consommateurs consomment, qu'est-ce qui est le canal ou plutôt c'est
maintenant une consommation de plus en plus omnicanale. Et, en plus, donc
de venir dans les centres commerciaux, il y a cette accélération de
l'utilisation du commerce électronique.
Donc, la
première question, c'est la vitesse avec laquelle l'économie va reprendre et
c'est beaucoup relié à des questions médicales, et donc à la force de
l'économie au cours des prochains mois, mais également sur la façon dont les
consommateurs consomment.
Et notre
réflexion, M. Emond y faisait référence un peu plus tard, c'est de faire une
réflexion centre commercial par centre commercial pour être sûr de les
adapter aux besoins et à la façon dont les consommateurs vont justement se comporter à l'avenir. Et c'est une offre où,
finalement, on amène des usages additionnels aux centres commerciaux.
Donc, en plus de la consommation habituelle, de venir et de dépenser dans des
magasins de détail, c'est également d'offrir dans des centres commerciaux
d'autres services qui sont recherchés par la population.
Le Président (M. Simard) : M. le
député.
M.
Leitão : Merci. Très bien. Mais en termes un peu plus précis, en
termes de volume de croissance de PIB... Comme vous savez, le... bon, on
verra bien quelque part à l'automne, M. le ministre, il devrait avoir une mise
à jour budgétaire avec des anticipations de
croissance de l'économie. Mais, mon point est que les centres-villes, et
parlons du centre-ville de Montréal
parce que c'est de ça qu'il s'agit principalement, Montréal est le coeur
économique du Québec, et le
centre-ville de Montréal est le coeur économique de Montréal. Si le
centre-ville de Montréal ne fonctionne pas parce que les gens ne
viennent pas au centre-ville, il y a un risque énorme, à mon avis, d'entrer
dans un cercle vicieux de fermeture, après
fermeture, après fermeture. Et, dans la stratégie pour empêcher un tel... pour
faire échec et mat à un tel cercle
vicieux, la Caisse de dépôt, en tant que gros propriétaire, a un rôle à jouer
en termes de soutenir les commerçants qui ne peuvent pas payer les loyers. Alors, est-ce que vous avez mis en
place un programme de soutien à vos locataires pour qu'ils puissent passer à travers une période qui
peut être longue? Pas seulement trois mois, six mois, mais ça peut... on
peut... D'ici un an, on peut être encore
dans une situation extrêmement problématique pour les centres-villes des
grandes villes, Québec aussi.
Le Président (M. Simard) : M. Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui, M. le Président. La réponse à la question de M. le
député, c'est que, oui, nous avons posé plusieurs gestes. Le premier au
coeur de la crise, dès les débuts, nous avons procédé à un report des loyers de
nos détaillants, de nos locataires dans nos
centres commerciaux pour les mois d'avril et de mai. Ça a été fait
immédiatement.
La deuxième
mesure concrète que nous avons prise, M. Emond y a fait référence un peu plus
tôt, c'était justement avec ces
détaillants qui devaient s'adapter à cette évolution rapide de la façon dont
les consommateurs se comportent, ça a été,
en partenariat avec Lightspeed, de leur offrir une solution de vente en ligne
multiple sans frais pendant un an. Donc, ça les a vraiment aidés à
s'accélérer et à s'adapter. Et on a accompagné ces détaillants-là. Donc, ça, ça
a été une mesure concrète pour leur permettre de générer, de continuer à
générer un certain chiffre d'affaires dans la période où les centres
commerciaux étaient tous fermés et, par la suite, où l'achalandage est plus bas.
Et puis, bien, troisièmement, ce que nous avons
fait également, c'est que nous avons, au niveau d'Ivanhoé Cambridge, été
impliqués avec les gouvernements du Québec et du Canada pour les mesures qui
ont été mises en place également pour appuyer...
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Une dernière chose. Dans
cet ordre d'idée là, dans ce contexte-là, il me semble que ça aurait été extrêmement utile de garder vos exécutifs de ce
secteur-là, d'Ivanhoé Cambridge, qui connaissaient
très bien, souvent personnellement,
qui connaissaient les locataires. Je comprends le rôle des consultants
américains que vous avez engagés, mais
je ne pense pas que les consultants américains vont nécessairement être au courant de la réalité très locale, et donc
ça aurait été important de garder ces gens-là.
Le Président
(M. Simard) : Merci. M. Tall, à vous la parole.
M. Tall
(Macky) : Si on regarde les rapports
que M. Emond a déjà mentionnés, nous avons gardé... Ivanhoé Cambridge a gardé les bons experts
qui connaissent bien le secteur et le terrain et qui sont impliqués localement.
Les personnes qui sont parties sont notamment celles qui étaient responsables
du développement de nouveaux centres commerciaux. On s'entend que ce n'est plus
à propos dans l'environnement dans lequel on est.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin :
Oui, merci. Merci, M. le Président. Je voudrais juste faire suite à certains
des commentaires que M. Emond et
M. Tall viennent de faire. J'apprécie ce que vous avez dit, M. Emond,
là, sur le commerce de détail. Vous avez
dit qu'il était en difficulté, là, dans plusieurs endroits au Québec. C'est
vrai. M. Tall, vous avez fait... vous nous avez présenté un peu le
programme qui a été offert à certains des détaillants qui sont dans vos centres
commerciaux pour justement qu'ils puissent avoir accès au commerce en ligne de façon
plus simple. Donc, vous avez identifié un besoin puis vous avez dit : O.K.
bien, on a besoin de les aider si on veut que notre propre actif, là, nos
centres commerciaux réussissent bien, mais qu'eux réussissent bien parce
que c'est un secteur en difficulté.
M. le ministre, je crois que vous pourriez apprendre des gens de la Caisse de dépôt, parce qu'il y a eu
beaucoup... il y a beaucoup de gens, dans le
secteur du commerce de détail qui ont de la difficulté ces jours-ci, qui se
demandent où est son gouvernement...
où est leur gouvernement. Et il y a des entreprises, dans le commerce de
détail, vous le voyez, là, qui
ferment leurs portes au quotidien. Il y a eu très peu d'aide de la part du
gouvernement pour ce secteur d'activité là.
Alors, je
demanderais au ministre d'abord : Est-ce que vous considérez que la caisse
est en train de faire ce que vous-même
vous refusez de faire? Mais, d'abord, est-ce que vous êtes d'accord avec ce
qu'affirme le président de la Caisse de dépôt? Le commerce de détail est
en difficulté et a besoin d'aide.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, M. le Président. Alors, pandémie, récession,
récession atypique, ferme 40 % de l'économie,
déconfinement qui se passe bien présentement, certains secteurs sont affectés
de façon plus permanente, dont celui auquel vous référez, le commerce du détail. Alors,
je reconnais, j'ai dit plusieurs fois, que le secteur du commerce de détail, qui était d'ailleurs un secteur qui était
en difficulté, la pandémie... avant la pandémie, la pandémie a accéléré
cette tendance de commerce en ligne. Le Canada
et le Québec étaient en retard par rapport aux États-Unis
ou d'autres pays quant à la percée du commerce en ligne, mais la
pandémie a accéléré ça.
M.
Fortin : Vous ne voyez pas
le problème que les seuls commerces de détail qui ont vraiment
de l'aide, disons, de l'aide du gouvernement ou de ses filiales, c'est ceux qui se retrouvent dans les centres
d'achats de la Caisse de dépôt
et placement du Québec? Un commerce qui se retrouve, là, sur la rue
principale, à Rivière-Ouelle ou ici, là, sur la Grande Allée, à Québec, a eu très peu d'aide, sinon aucune aide du gouvernement du Québec jusqu'à maintenant. Alors, est-ce
que, dans votre tête, c'est logique que la
seule aide gouvernementale qui soit offerte aux commerces de détail le
soit pour ceux qui sont dans les centres d'achats détenus par la Caisse
de dépôt et placement du Québec?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, je réfute l'allégation de mon collègue de Pontiac, puisque l'aide d'urgence pour les loyers commerciaux du Canada
paie 75 % des loyers pour une période de cinq mois pour les petits commerces
de détail, et le Québec a accepté de
participer à ce programme avec le gouvernement du Canada et même a décidé de
doubler. Nous sommes la province, la seule
province, qui a doublé sa participation dans ce programme pour aider les
commerces de détail en difficulté.
Le Président (M. Simard) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M.
Fortin : ...M. le Président, que le gouvernement du Québec
a abandonné, a délégué sa responsabilité envers le commerce de détail au gouvernement canadien. Il se
fie sur un programme du gouvernement canadien, et là... O.K., le commerce de détail, au Québec, là, a eu droit à
cette aide-là du gouvernement canadien, peut-être bonifiée, bonifiée,
j'en conviens. Sauf que ceux qui sont dans
les centres commerciaux qui sont propriété de la Caisse de dépôt ont eu une
aide supplémentaire. La Caisse de dépôt a vu
un besoin au-delà de ce qui était déjà disponible, là, et s'est dit :
Nous, on peut en faire plus. Nous, on
veut accélérer encore davantage, nous, on veut qu'on aille plus loin. Caisse de
dépôt, indépendante, ils l'ont fait,
probablement, là, et fort probablement, sans en parler au gouvernement. C'est
très bien. Mais l'idée, elle est bonne.
L'idée est bonne. Alors, est-ce que c'est quelque chose que vous comptez
appliquer pour l'ensemble du commerce du détail au Québec?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, l'idée est bonne. D'ailleurs, lorsque j'ai l'occasion de discuter avec
le P.D.G. de la Caisse de dépôt, une de mes questions est souvent : Combien de locataires
participent au programme d'aide d'urgence pour le loyer commercial puisque celui-ci paie
plus de 75 % du loyer pour les locataires pour une période de cinq
mois? C'est extrêmement intéressant. : Les deux coûts principaux d'un
opérateur de commerce au détail sont son personnel et son loyer.
Le Président (M. Simard) : ...M. le
député.
M.
Fortin : ...M. le
Président, au niveau du personnel,
là, les gens qui ont perdu leur
emploi, bien, ils se sont fait aider
par la PCU, ils se sont fait aider par un programme fédéral. Le programme de
loyer a été amorcé par le gouvernement fédéral. Le gouvernement du Québec,
là, a délégué sa responsabilité au gouvernement fédéral en matière d'aide aux
commerces de détail.
Là, la Caisse
de dépôt et placement du Québec nous arrive avec une proposition qui est tout à
fait valable, qui va au-delà des
programmes fédéraux, bonifiés soient-ils. Ils nous disent : Nos
commerçants avaient besoin d'aide pour faire de la vente en ligne. On
est allés plus loin que ce que n'importe quel gouvernement a fait.
Est-ce que
vous allez faire un programme? Est-ce que vous allez adopter un programme
similaire à celui qui a été mis de l'avant par la Caisse de dépôt?
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : J'aimerais juste apporter une précision pour le député de
Pontiac. Lorsque le gouvernement fédéral
a introduit le programme de loyers commerciaux, il y a eu énormément de
discussions avec les provinces avant son introduction puisque les
provinces y participaient.
Alors, dans
la conception du programme... Vous avez une définition, vous pensez que le gouvernement
canadien est arrivé avec ce programme-là et
qu'on a dit : Tiens, c'est une bonne idée, on va embarquer dans le train.
Non. En avant de la conception, nous avons été consultés. Pour le
prolonger d'un quatrième mois, d'un cinquième mois, nous avons été consultés. C'était même notre idée de le prolonger
puisque l'adoption n'était pas... puisque tous les fonds n'étaient pas
consommés. Nous étions ceux qui demandaient la prolongation.
C'est un programme fédéral, mais la
collaboration pour aider les commerces de détail entre le fédéral et le
provincial a été excellente.
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. Fortin : Troisième fois, M. le Président, je vais
m'essayer une troisième fois. Est-ce que vous allez adopter un programme
comme celui qui a été mis de l'avant par la Caisse de dépôt pour aider le
commerce de détail?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : ...qui est en...
responsable du développement de nos entreprises aura effectivement l'occasion
de vous divulguer ses efforts pour aider les
entreprises avec le commerce électronique. Et nous apprécions énormément
la contribution de la caisse, ce qui a été fait, et avec Lightspeed, une autre
entreprise québécoise, qui a son siège social à Montréal. Alors, je pense que
vous avez ce qu'on appelle une synergie. Je vous en remercie. Bon travail!
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fortin :
Si je peux m'adresser à M. Tall deux secondes ou à M. Emond...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
M. Fortin :
Quand est-ce que ça a été mis en place, votre programme?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond. Pardon, M. Tall, alors.
M. Tall (Macky) : Je n'ai pas
la date précise, mais je pense...
M. Fortin :
Environ.
M. Tall
(Macky) : ...au mois de mai, probablement, avril ou mai, je vous
dirais. Je pourrais vous revenir avec la date précise.
M. Fortin : Très bien. Alors, dès le mois de mai, la Caisse
de dépôt a vu que certains de ses commerçants étaient en difficulté et a dit : O.K., il faut faire quelque
chose. Là, aujourd'hui, le ministre des Finances... Ça a pris trois fois, il a
fallu poser la question
trois fois avant qu'il nous dise : Ah! bien, savez-vous quoi? Le ministre
de l'Économie pourra se pencher là-dessus. On est... mai, juin, juillet, août. Là, on est trois mois
plus tard. On est trois mois plus tard, trois mois après que la caisse a vu ce qui était nécessaire,
pensé à quel programme pourrait aider les entreprises, a approché les
commerçants, leur a demandé si c'était quelque chose qui était utile, qui faisait leur affaire, a mis en place le programme.
Le programme fonctionne, et, trois mois après tout
ça, le ministre des Finances nous dit : Oui, c'est vrai, il faudrait peut-être
que le ministre de l'Économie considère quelque chose comme ça.
M. le Président, c'est la démonstration même que le gouvernement du Québec a
abandonné sa responsabilité
envers les commerçants du Québec. Malheureusement, là, les seuls qui ont eu l'aide gouvernementale à ce
niveau-là, c'est ceux qui sont dans
les centres d'achats propriété de la Caisse
de dépôt. Tant mieux pour eux, mais,
pour tous ceux qui sont sur nos rues
principales partout au Québec, ceux qui sont au centre-ville de Montréal,
ceux qui sont dans nos petits villages, ceux qui font vivre le coeur économique
de nos régions, M. le Président, eux, ils n'auront rien eu. Est-ce que le ministre
des Finances est satisfait de ça?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard
(Groulx) : Je me demandais
s'il allait y avoir une question, là, parce qu'on était dans l'énoncé politique.
M. Fortin : ...
M. Girard
(Groulx) : Je veux juste
être clair avec vous, la numérisation des entreprises, ça n'a pas
commencé avec la pandémie, là, il y a
du travail qui a été fait sous votre gouvernement, il y a du travail qui a été fait depuis que nous
sommes au pouvoir, il y a
du travail supplémentaire qui devra être fait. C'est un processus
continu, et, certainement nous allons continuer d'aider les entreprises.
• (15 h 20) •
M.
Fortin : Très bien,
M. le Président. Puisqu'il reste trois minutes au bloc, je
vais me permettre une dernière question. J'ai entendu, j'ai entendu le ministre
des Finances... En fait, ce n'est pas vrai, j'ai entendu le premier ministre, la semaine dernière, nous dire : La Caisse de dépôt fait parfois des bons coups, fait parfois des mauvais coups, des
moins bons coups. Des fois, on fait des bons
coups, des fois, on fait des mauvais coups. Et, très clairement,
là, le ministre des Finances nous dit : Bien, ce deal-là, là, celui du Cirque du Soleil, il est
dans la catégorie des moins bons coups. Alors, s'il y a plusieurs bons coups et plusieurs
mauvais coups, est-ce qu'il peut nous dire un autre bon coup de la Caisse de
dépôt et un autre mauvais coup de la Caisse de dépôt?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : La question...
Excusez-moi, précisément, un bon coup et un mauvais coup?
M.
Fortin : Oui. Oui. Le
premier ministre nous dit que la Caisse de dépôt fait des bons deals et des
moins bons deals. Alors, je lui demande de nous donner un bon deal et un
moins bon deal.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Fortin :
Outre celui du Cirque du Soleil.
M. Girard
(Groulx) : Bien, écoutez, je vous rassure, sur plus de
325 milliards d'actifs, là, il y a plusieurs bons coups et des mauvais
coups, là. On a une approche de portefeuille, on vise, de notre côté,
6,35 % de rendement.
Alors, un bon
coup, la détention d'obligations du gouvernement du Québec. Bravo! Vous avez eu
d'excellents rendements, je vous en
félicite. Moins bon coup, je pense que, lors de la divulgation des résultats, le P.D.G. a souligné une
sous-pondération dans les titres technologiques qui ont extrêmement bien
performé dans la crise.
Le Président (M. Simard) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M. Fortin : ...M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Oui, tout
à fait. Il vous reste 1 min 15 s, cher collègue.
M.
Leitão : Alors, j'aurais une
question pour M. Morisset, puisque vous êtes là, quand même et parce que c'est quand même très important,
et le temps va nous manquer, mais je vais soulever avec vous une question qui
m'a été soulevée par des groupes de
courtiers hypothécaires. Suite à notre fameux projet de loi n° 141, on
avait réglementé ce secteur-là, qui est maintenant sous la
responsabilité de l'AMF, et il semble qu'il y a des enjeux en ce qui concerne
la rémunération et les commissions qui sont
payées, des personnes qui ne sont pas courtiers hypothécaires mais qui
exercent cette fonction-là. Alors, je vous demanderais de jeter un coup d'oeil
attentif.
Le
Président (M. Simard) :
Alors, y a-t-il consentement pour que M. Morisset puisse s'adresser à
nous? Consentement. M. Morisset, pour les fins de nos travaux,
brièvement vous présenter, s'il vous plaît. Très rapidement.
M.
Morisset (Louis) : Oui, bien
sûr. Donc, Louis Morisset, président-directeur
général de l'Autorité des marchés financiers.
Alors, merci. D'abord, merci pour votre question. On a été gâtés par le passé
avec des questions, donc je ne m'en plains pas aujourd'hui si on ne
s'adresse pas plus que ça à nous, mais merci pour la question.
Écoutez, oui, vous avez
raison, depuis le 1er mai, nous avons, dans le fond, l'encadrement de la
discipline du courtage hypothécaire, et il y
a effectivement eu certains accrochages, je dirais, en termes, là, de ces
enjeux de rémunération auxquels on
s'attarde. Bien sûr, il y a des changements. On a mis en place un encadrement
qui a modulé les règles, donc il y a des choses qui étaient permises
antérieurement qui ne sont plus permises, et ce, dans l'intérêt du
consommateur.
Alors, on est bien au fait, là, des gens qui
s'en plaignent et on jette un oeil attentif à ces problématiques-là en ce
moment.
M.
Leitão : Croyez-vous que ça
précipitera des changements législatifs ou c'est quelque chose que vous
pouvez régler sans procéder avec des changements législatifs?
M. Morisset (Louis) : À ce stade-ci,
je vous dirais que c'est des choses qu'on peut régler nous-mêmes. Et
éventuellement, s'il y a lieu de faire des changements législatifs, on les
proposera au gouvernement, bien sûr.
M. Leitão : Très bien. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Ça
va? Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont pour une période de
9 min 45 s.
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Je veux revenir rapidement, là, sur le Cirque du Soleil. D'abord, pour
rétablir un fait, le président-directeur général de la caisse, tout à l'heure,
a dit que, le 14 février, il y avait 500 cas déclarés en Chine. Moi,
j'en trouve 5 000. Il y a un...
Une voix : Hors Chine.
M. Marissal : En Chine.
M. Emond (Charles) : Non, moi, j'ai
dit : 500 cas hors Chine.
M.
Marissal : Très bien. Et,
autre fait, dans la ligne du temps... parce
que la ligne du temps, là, c'est
l'essentiel, ici, là, pour comprendre
comment ça s'est passé, tout ça. Et, pour faire référence à une question de mon
collègue de Pontiac sur le fait que le gouvernement
aurait été au courant ou savait, on a appris, dans un article étoffé de L'actualité
il y a quelque temps, que, le 9 mars — je vous regarde, mais ça concerne davantage
le ministre des Finances — donc, la veille du
budget, Dr Horacio Arruda et toute son équipe étaient en réunion d'urgence au
bureau du premier ministre, à Montréal. Et ce que l'on rapporte, c'est qu'il a dit : On n'y échappera pas,
ça vire en pandémie, et le Québec sera durement touché.
Alors,
j'étais un peu étonné, tout à l'heure, d'entendre le ministre dire que,
finalement, on s'inquiétait surtout de ce
qui se passait en Chine, mais qu'on ne savait pas trop ce qui s'en venait.
Vraisemblablement, la Santé publique savait ce qui s'en venait. Ça,
c'est clair. Mais, bon, bref, je m'égare.
Je me suis
mal exprimé, je pense, tout à l'heure, M. Emond, sur une possible clause
qui aurait existé entre vous et M. Laliberté.
Donc, je pose la question directement, là. Est-ce qu'il y avait une clause qui
disait : Dans un temps limité, ce sera
tant par action? Quand vous dites... vous aviez des conditions, là, et qu'il a
accepté vos conditions, qui, finalement, l'auront avantagé, on s'entend, si c'était une partie de poker, il est
parti avec le magot, et vous avez perdu votre chemise, est-ce qu'il y avait, donc, une telle clause,
limitée dans le temps ou fixée dans le temps, qui disait que, pour un temps
x, là, ce sera tant s'il exerce son... sa possibilité de vous vendre?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
Emond.
M. Marissal : Donc, vous aviez
toute la possibilité de renégocier à la baisse?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond?
M. Emond
(Charles) : Bien, juste pour être bien sûr que je réponde à votre
question, M. le député, quand on a fait la transaction, le 14 février 2020, à ce moment-là, la vente est
finale et définitive. Avant ça, il n'y avait pas une clause, là, comme vous invoquez, qui dirait : Pendant
cette période de temps là, notre offre tiendrait. C'étaient des discussions
verbales, une négociation qu'on a eue
avec lui, mais aussi avec d'autres, je dirais, même sur une période d'un an,
qui ont arrêté, qui ont recommencé, qui ont repris à la fin. Mais il n'y
avait pas une clause d'entente. Il aurait pu ne jamais rappeler, ça aurait pu être l'autre actionnaire qui rappelle,
ça... aurait pu n'avoir aucune transaction. Il n'y avait rien comme ça.
Mais à un moment donné, quand on a approuvé,
avant Noël, il y a comme une entente, là, de principe qu'on semble avoir
quelque chose, et puis on est passés à nos
comités d'investissement un peu plus tôt que le 14 février, là, je vous
dirais. Il commence à en avoir un le 15 janvier, le
30 janvier, quand la pandémie n'était encore même pas... encore moins un
concept que le 14 février. Il n'y avait pas une clause écrite dans un
contrat entre actionnaires où est-ce qu'on se devait de faire quoi que ce soit.
M.
Marissal : Je comprends. En décembre, avant les fêtes, vous ne pouviez
pas reculer, de toute façon, malgré le changement de contexte.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. Emond.
M. Emond (Charles) : Disons, juste
avant Noël et puis le 15 janvier, quand... parce qu'au début c'est une entente — on semble avoir une entente verbale, mais il
faut mettre ça sur papier — qui a eu lieu vers le 15 janvier, où est-ce que là... c'est sûr qu'entre le 15 janvier,
pour être bien précis, le 14 février, tant que tu n'as pas signé, tu peux
changer d'idée ou tu peux renégocier, puis il y avait d'autres négociations
puis deux choses qu'on a enlevées. Mais ce n'est pas une transaction, comme je dirais, par exemple, où
est-ce qu'il y a une annonce et, disons, il y a une revue réglementaire,
pendant des mois, où est-ce que, pendant
cette période-là, si des choses importantes arrivent, bien, tu as une clause
dans un contrat qui pourrait dire que
je recule. Mais on a négocié, on a avancé, il n'y a pas de changement pour nous
dans les faits, encore moins avant Noël, pas plus à la mi-janvier et,
comme j'ai dit, pas plus le 14 février. Donc, c'était une vente finale,
définitive, une transaction scellée à ce moment-là.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Rosemont.
M. Marissal : Très bien. Vous avez
nommé récemment Marc-André Blanchard dans un nouveau poste que vous avez créé.
Pourquoi lui et à ce poste-là?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Écoutez,
la caisse s'est développée énormément à l'international depuis cinq ans, il y a des bureaux ouverts à New York
et à Paris depuis un peu plus longtemps, mais l'essentiel du déploiement de plus de
140 milliards,
les cinq dernières années en dehors du Canada, ici, j'entends, a été très
important. Et c'est dans une stratégie qu'on se doit de continuer de
faire dans un monde complexe, où les rendements vont être un peu partout, puis
il faut se diversifier.
M.
Marissal : Je ne veux pas
manquer de respect, mais le temps file, là, la question, c'est beaucoup à
lui. Il se trouve que j'ai couvert la
politique longtemps, je sais qui est Marc-André Blanchard, je ne
l'attendais pas nécessairement là, puis je ne suis pas le seul. Le
salaire de 500 000 $, il n'a même pas commencé encore, c'est quand
même un gros salaire pour quelqu'un qui va avoir des grosses... Alors, pourquoi
lui?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
• (15 h 30) •
M. Emond
(Charles) : M. Blanchard nous apparaissait avoir un profil unique à
plusieurs égards avec ce qu'on tente
de faire. Il a été à la tête d'un groupe de plus de 1 000 employés,
avocat chez McCarthy Tétrault comme président et président du conseil. Il a un réseau unique dans le monde, tant avec
divers gouvernements qu'avec différents investisseurs. Il est connu partout au Québec. Il peut aider les
entreprises du Québec, aller à l'étranger, vice versa, apporter des
investisseurs étrangers qui veulent
venir au Québec. Il va être capable également de nous amener une gouvernance intégrée. On arrive à une certaine taille critique. La caisse, on se
doit d'avoir quelqu'un qui a une expérience, des contacts à
l'international. Et je voulais
rapprocher les bureaux de la caisse, la gestion rigoureuse de ces bureaux-là,
du siège social avec un leadership fort à Montréal.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M. Marissal : Vous connaissiez
M. Blanchard avant, soit professionnellement ou personnellement?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond (Charles) : Je l'avais
rencontré à une seule reprise.
M.
Marissal : O.K. Et il y a beaucoup
de liens, quand on fait un peu de recherche, entre la Banque Scotia, qui
est votre ancien employeur, et McCarthy Tétrault, qui était dirigé par
M. Blanchard. Avez-vous eu à transiger d'une quelque façon que ce soit
avec Me Blanchard ou son bureau quand vous étiez à la Banque Scotia?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Je suis pas mal
certain que la Banque Scotia a transigé avec McCarthy Tétrault comme avec tous les grands bureaux d'avocats. Moi,
personnellement, je n'ai jamais fait un dossier directement avec
M. Blanchard. Non, jamais.
M.
Marissal : Très bien.
Je vous ai interpellé dans une lettre ouverte. Vous avez eu la délicatesse de
me réécrire, de me répondre. Je l'ai publié tel quel sur mes réseaux
sociaux pour vous donner l'occasion de répondre. J'apprécie la réponse. Je ne
suis toujours pas rassuré, par contre, de la façon dont vous voulez diriger les
destinées de la caisse.
Un
de vos premiers réflexes a été de relancer les investissements de la caisse
dans les hydrocarbures, profitant évidemment de la débandade des pétrolières. On peut la
comprendre, la mécanique, là, on peut comprendre la mécanique boursicoteuse ici, là.
Mais, ce faisant, est-ce que vous ne nous condamnez pas, par la caisse, à
rester dans cette filière encore et toujours, puisque, de toute
évidence, vous souhaitez la reprise puisque vous avez investi là-dedans?
Le Président (M.
Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Non, je
peux vous rassurer, M. le député, la direction stratégique de réduire au
niveau des hydrocarbures, c'est catégorique.
La destination est connue, et puis c'est là qu'on va. Puis on a d'ailleurs
fait... on continue à faire des
progrès. À chaque année, on a des cibles, qu'on se fixe, de réduction. Juste
les derniers six mois, c'est une baisse de 2 milliards en hydrocarbures. On a baissé, depuis quelques
années, 30 % tout ce qui est
notre production pétrolière, puis ça va continuer de baisser.
Maintenant,
je sais à quoi vous faites référence parce que je l'ai écrit dans la lettre, je
ne veux pas éviter ça. Lorsque des
marchés baissent de 30 %, 35 %, on va réinvestir au creux du marché,
on va copier nos portefeuilles pour acheter au plus bas. Donc, ça peut amener, si on a une position, c'est vrai, dans
une société, dans le secteur des hydrocarbures, qu'elle peut monter parce qu'on recopie nos portefeuilles,
parce que ça doit se faire. C'est des mouvements de milliards de
dollars. Mais ça ne veut pas dire qu'à la fin de l'année, avec nos cibles, ça
peut être une hausse temporaire, mais qu'on ne continue pas dans la même
stratégie, direction, de baisser nos hydrocarbures.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de Rosemont, en conclusion.
M. Marissal :
Oui, mais, cela dit, vous investissez notamment dans Suncor, qui souhaite la
construction de pipelines ultracontroversée qui passent sur des terres autochtones, et vous participez de facto à
la pérennité de l'industrie...
Le Président
(M. Simard) : Merci. Merci, cher collègue. Je souhaite... Je cède
donc la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais vous parler un petit peu
de gestion de risques. Je vais maintenant le... Ceux qui nous suivent :
Ah non! De quoi il va... Non, mais c'est important, vous allez voir.
Nous
avions posé plusieurs questions à la Caisse de dépôt. Et la question 66,
justement, c'est une question qui traite de la gestion du risque, et
vous avez répondu, et très bien, vous avez élaboré sur le risque de marché, les
risques opérationnels. D'accord, très bien. On en discutera une autre fois,
quand on aura un peu plus de temps.
Mais
là où je veux arriver, c'est un peu dans la lignée que ce que mon collègue a
commencé, c'est qu'il y a un type de
risque qui s'appelle le ESG, environnemental, social, gouvernemental. Et là
vous avez juste un petit paragraphe qui parle... dans la réponse à la question, un petit paragraphe qui parle,
donc, de ce que vous avez fait dans ce domaine-là. Vous avez dit, dans la réponse à la question, que
vous aviez examiné une centaine de dossiers. J'aimerais juste avoir un
peu plus de détails, s'il vous plaît.
Le Président
(M. Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Merci, M. le Président. Donc, si je comprends bien,
M. le député, vous aimeriez avoir un petit peu plus de matériel sur
notre approche, tout ce qui concerne l'ESG, à la Caisse de dépôt.
M. Leitão :
Oui.
M.
Emond (Charles) : Je peux peut-être essayer de limiter ça dans le
cadre des six derniers mois, être un peu récent, même si c'est quelque
chose qu'on fait depuis plusieurs années.
On concrétise nos
engagements, en fait, puis il y a une résilience dans nos activités. Ça touche
tant aux changements climatiques — je pourrais revenir sur chaque axe — le leadership et le rayonnement au niveau de
toute la diversité, tout ce qui était
fait également dans le contexte de cette crise-ci. Et toute l'intégration ESG,
on a des équipes ESG dédiées qui regardent chacun de nos
investissements.
Donc, je dirais, côté
changements climatiques, bien là je pense que c'est un volet qui est assez
intuitif dans ce premier volet là.
Aujourd'hui, puis ça va faire un lien un peu avec la question du député de
Rosemont, chaque dollar qu'on investit émet 20 % moins de GES qu'il
y a trois ans. Nos actifs sobres, nos actifs verts ont doublé en trois ans, dépassant nos cibles. On est un leader au sein de
certaines organisations comme le Réseau de leadership des investisseurs,
dont on est un membre cofondateur, que je
suis président... coprésident du conseil, où est-ce qu'on fait une foule de
choses au niveau tant de la diversité que
des changements climatiques. Et ce que j'aimerais dire, c'est que, par exemple,
en ESG, et ça, quand j'ai fait un
discours au secrétaire général de l'ONU, il y a quelques mois, la caisse, à
notre connaissance, le seul investisseur d'envergure au monde à avoir
intégré des cibles de baisse d'intensité carbone dans la rémunération de ses
dirigeants... Il n'y a personne d'autre, à notre avis, dans le monde qui a fait
ça.
Au
niveau de la diversité, toute l'égalité femme-homme, la caisse a fait une
vingtaine d'engagements. Exactement aussi
comme actionnaire, on mobilise l'industrie, on sensabilise... pardon, on
sensibilise nos entreprises en portefeuille en votant pour s'assurer qu'il y ait une diversité. Et on a reçu une
certification EDGE qui fait de nous un standard mondial dans les
rapports homme-femme en milieu de travail.
M.
Leitão : Merci. Je ne veux
pas vous presser non plus, mais j'aimerais qu'on reste sur le volet
environnemental, parce que c'est un enjeu
que j'avais discuté avec votre prédécesseur déjà avant. Et le contexte pour
cette discussion, je nous ramène à 2015, au discours de Mark Carney, à Londres, je pense,
où il a lancé l'idée des actifs qui pouvaient être perdus, là, le
«stranded assets».
Nous sommes maintenant
en 2020. Oui, la caisse a fait... vous avez mis en place, votre prédécesseur et
vous, une série de mesures. Mais je pense
qu'il faut aller plus loin et plus vite. Nous sommes maintenant
cinq ans plus tard, et je pense que cette question des actifs qui
peuvent perdre de la valeur, cette question, elle est très pertinente, et ça peut
arriver assez vite. Je comprends la stratégie d'acheter des actions quand la valeur est moins élevée,
etc. Mais, vraiment, je vous encourage fortement à quitter ce
secteur, parce que je suis profondément convaincu que ces actifs-là vont
devenir «stranded» et plus tôt que tard. Donc, je vous encourage à faire ça.
Dans un même
ordre d'idée, vous avez aussi... et vous étiez là avant le portefeuille Québec,
qui est quand même important,
plusieurs dizaines de milliards de dollars. Est-ce que, pour ce
portefeuille-là, pour ces activités de «private equity» que vous avez avec les entreprises québécoises,
est-ce que vous appliquez les mêmes critères environnementaux ou c'est
plutôt «deal driven» et pas nécessairement?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
Emond.
M. Emond
(Charles) : Mêmes critères.
Puis on ne pourrait pas se permettre. Au Québec, je dis toujours que la barre est encore plus haute, nos standards sont
les plus rigoureux. Puis ça fait un lien avec ce que je tenais à dire puis
de vous mentionner, c'est... pour nous, ces
critères-là, d'être dans des actifs avec un caractère durable qui vont fournir
un rendement durable à nos déposants, parce
qu'il y a un coût implicite caché sinon, ces «stranded assets» là, que vous
appelez, sont très présents dans nos
processus et font partie... il y a une composante dans notre processus ESG pour
chacun des dollars investis au Québec, comme dans l'enveloppe de
4 milliards qu'on a faite ou nos investissements habituels au Québec. Ça,
je peux rassurer là-dessus.
• (15 h 40) •
M.
Leitão : Et je vous... en
terminant, je pense que mon collègue a encore quelques questions, mais, en
terminant, de mon côté, je vous encourage à
être aussi créatif dans le financement de nouvelles technologies vertes, les
Cleantech, que vous avez été... le Cirque du
Soleil. Mais ça, c'est un autre jour qu'on y reviendra. Mais ce secteur-là des
Cleantech est important, ça fait partie... ça devra faire partie de notre
avenir, et je pense que la caisse a un rôle à jouer là-dedans.
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher collègue. M. le député de Pontiac.
M.
Fortin : Oui, merci, M. le
Président. J'étais content d'entendre le président de la Caisse de dépôt de parler d'égalité
homme-femme, je pense que c'est... il y a matière à en parler autour de la
table d'ici. Je pense qu'on pourrait peut-être faire mieux, bien
humblement, M. le Président.
Mais, au niveau des ESG, une des composantes
importantes de ça, c'est tout le secteur environnemental, évidemment, là, comme en parlait mon collègue.
Vous vous souviendrez, M. le Président, lors de la dernière campagne électorale, la quasi-entièreté du plan de la Coalition avenir Québec sur les matières environnementales était basée
sur le transport en commun. Et le
plan de transport en commun qui avait été présenté par celui qui est
aujourd'hui ministre de l'Environnement, bien, il présentait certains projets de transport en commun pour
lesquels on avait besoin de l'approbation de la caisse. Le député à l'époque, la Coalition avenir Québec, avait
un peu oublié ça, il l'avait mis comme chose faite dans son grand plan
de transport montréalais.
Mais aujourd'hui il y a lieu de savoir où on est
rendus avec ces projets-là, qu'est-ce qui se passe dans cette évaluation-là. Parce que c'est des projets, vous
le savez, là, qui sont importants pour de nombreuses gens, des gens qui
se sont peut-être établis dans certaines
régions en entendant l'idée qu'il y aurait le transport en commun dans ces
endroits-là. Alors, j'aimerais ça savoir, de
la part de la Caisse de dépôt... parce que vous vous êtes fait poser la
question l'an dernier ici, en
commission parlementaire, et, à ce moment-là, là, votre évaluation n'était pas
faite des différents projets encore, je pense au projet de prolongement
du REM vers Chambly, vers Mirabel, vers l'Est-de-Montréal.
Alors,
j'aimerais ça que la caisse nous donne un aperçu d'où ils sont rendus et est-ce
qu'effectivement, là, ces projets-là sont intéressants pour la caisse ou
est-ce qu'on... la Coalition avenir Québec va devoir revoir l'entièreté de la
planche à dessin pour son programme de transport en commun.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
Emond.
M. Emond (Charles) : Si vous me
permettez, M. le député, je passerais la parole à M.Tall, qui est également P.D.G.
de CDPQ Infra et qui... je pourrai compléter au besoin.
Le Président (M. Simard) : M. Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui, Merci, M. le Président. Donc, ce que je peux vous confirmer, c'est que les travaux ont
substantiellement avancé sur ces nouveaux projets. Vous avez raison, ce sont
des projets importants, potentiellement structurants. Et, malgré la pandémie,
nos équipes d'ingénieurs ont pu... ça fait partie des choses qui se font bien
en télétravail, donc ont pu maintenir une
bonne cadence. Et donc je suis assez confiant, là, que, d'ici la fin de
l'année, on va pouvoir revenir au gouvernement avec toutes les conclusions de nos analyses, qui, vous vous
rappellerez, dans le cadre de l'entente
entre CDPQ Infra et le gouvernement...
les études portent sur deux aspects importants, premièrement, la
faisabilité technique et, deuxièmement, également la faisabilité économique.
Est-ce
que ça peut... est-ce qu'il y a des solutions pratiques aux projets que le
gouvernement nous a demandé de regarder?
Est-ce que ce sont des solutions qui sont faisables? Donc, il faut regarder les
tracés, il faut regarder les contraintes physiques. Et au niveau
économique, est-ce qu'il y a des solutions à des coûts économiques à haut
niveau pour ces différentes options techniques qu'on aura eues. Donc, le
travail est très avancé.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. M. le député.
M.
Fortin : Alors, vous
maintenez votre échéancier d'ici la fin de l'année. D'ici la fin de
l'année 2020, là, vous allez revenir au gouvernement et leur
dire : Voici les critères pour lesquels on embarquerait.
M. Tall (Macky) : Les grandes
conclusions.
M.
Fortin : Oui. Les grandes
conclusions de votre étude. Est-ce que... Là, je mets de côté le niveau
technique, là, parce que vous m'avez parlé
des deux volets, là, je mets de côté le niveau technique, mais le niveau
financier, le niveau économique, là,
parce qu'il faut que ça marche du côté... évidemment, vous êtes la Caisse de
dépôt du Québec, il faut que ça
marche du côté financier pour vos investisseurs. Qu'est-ce que vous cherchez,
comme conditions? Est-ce que vous avez une petite idée déjà de ce qui
pourrait être nécessaire?
Le Président (M. Simard) : M. Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui. Merci, M. le Président. Deux volets. Le premier, au
niveau économique, c'est d'être sûr que...
d'avoir une idée à haut niveau avant d'aller plus loin dans ces projets. Sur la
faisabilité économique, qu'il n'y a pas des éléments qui font... que le
coût ne soit pas trop important. Donc, que ce soit des solutions qui sont
viables, c'est un premier élément.
Et le
deuxième qui est relié à votre question, c'est que, si nous allons de l'avant
avec ces projets, nous allons investir les
fonds de la caisse, et, pour cela, il faut aller chercher des rendements pour
nos déposants, pour les Québécois. Et, à ce niveau-là, ces rendements vont être en ligne avec les attentes à long
terme de tous les Québécois sur les rendements que la caisse doit
générer.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M.
Fortin : Alors, vous ne
dites pas oui, vous ne dites pas non. Pour l'instant, vous dites : On va
vous présenter nos conclusions en décembre, avant décembre, en tout cas,
là, ou, du moins, vous allez en parler au gouvernement.
M. Tall (Macky) : Ce serait
prématuré de dire oui avant que tout le travail soit complété ou non.
M.
Fortin : Bien sûr,
bien sûr. Alors, M.
le ministre, votre plan de transport en commun, il n'est pas au point mort, c'est
encore possible qu'il y ait investissement de la Caisse
de dépôt. Et donc il y a
encore une chance, M. le
ministre, il y a encore une chance que vous ayez un projet de transport en
commun pour le Grand Montréal.
Et, parlant de transport en commun, entre autres,
là, M. le Président, si je change de registre quand même, Bombardier Transport, il y avait
une entente entre Bombardier Transport et Alstom qui a été — je crois, ça aussi au mois de février — conclue, si je ne m'abuse. La caisse est un
actionnaire important de Bombardier Transport, je pense que c'est
environ 30 quelques pour cent, j'y vais de mémoire, là. Mais, récemment, on a
appris que les résultats trimestriels de Bombardier
Transport ne plaisaient pas beaucoup à Alstom. Ils se sont rendu compte qu'il y
avait des enjeux, que c'était, disons, ce qu'ils appelaient une
évolution négative, et là qu'ils voulaient revoir à la baisse, disons, le
contrat. Une des résultantes initiales du contrat, c'était que la Caisse de
dépôt et placement, à cause de son investissement auprès de Bombardier de Transport,
devenait actionnaire principale d'Alstom. Est-ce qu'il y a une chance, est-ce
qu'il y a une possibilité qu'après avoir
regardé toutes ces analyses-là que la caisse ne soit pas l'actionnaire
principal de Alstom à la conclusion de cette révision à la baisse,
disons?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond (Charles) : Nous, on
continue. Cette transaction-là avance bien, elle a passé certaines étapes récemment, la Commission européenne, il reste
d'autres étapes à franchir. Mais je vous dirais que, s'il y a une
transaction, là, c'est dans ce qu'on a envisagé pour être l'actionnaire de
référence d'Alstom. Il n'y a rien qui a changé là-dessus.
M.
Fortin : O.K. Alors, peu importe la révision négative, la conclusion
d'une entente, là, si l'entente passe toutes les étapes dont elle a besoin de passer, même avec les résultats
trimestriels négatifs, la caisse demeurerait l'actionnaire principal,
dans toutes les circonstances?
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Bien, ça dépend du scénario hypothétique que vous nous
dessinez, c'est-à-dire qu'il n'y a pas que
la Caisse de dépôt et Alstom à la table. Si Alstom disait à Bombardier qu'il
les paie zéro puis qu'il paie la Caisse de dépôt, j'ai beau être l'actionnaire de
référence, ça me tente bien. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a
plusieurs parties à la table. Donc, votre
question est un peu hypothétique. Mais, dans les faits actuels, il n'y a pas de
changement, aucun changement de conviction
de la Caisse de dépôt sur les mérites de cette transaction-là pour le Québec,
pour la caisse.
M. Fortin : O.K. Mais vous êtes l'actionnaire à 30... je pense que c'est 32 %,
là, de Bombardier Transport. Alors, dans cette entente-là, dans ce contrat-là qui a été conclu il y a quelques mois quand
même, c'est quoi le montant
minimal que vous pouvez... que la caisse
obtient dans cet achat-là? Tiens, je
pense qu'on parlait de quelque
2 quelques milliards, là, initialement. Mais là, si on revoit à la
baisse, disons, les projections financières ou les résultats mêmes de Bombardier Transport,
si Alstom dit : Bien, je veux revoir le contrat en conséquence, et, de toute évidence, il peut le faire à travers les termes du contrat, c'est quoi le
montant minimal que la caisse peut empocher?
Le Président
(M. Simard) : Merci. M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Merci, M. le Président. Peut-être juste pour rétablir les faits, la caisse a à peu près 36 % aujourd'hui de Bombardier Transport, mais vous étiez dans le bon code
postal. Nous avons décidé, dans l'annonce de la transaction, de rouler à 100 % ce que nous détenions déjà
dans Bombardier Transport. Donc, la caisse n'encaissera
pas d'argent comptant, et en plus... donc, c'est un 3 milliards
canadiens, disons, pour rendre ça simple, ce qu'on a déjà dans Bombardier Transport, et
nous avons investi 1 milliard additionnel en argent frais, et nous allons
avoir les 4 milliards investis dans Alstom pour être l'actionnaire de
référence à hauteur d'à peu près 18 % à un prix qui est connu d'à peu près
44 euros qui est aujourd'hui 48 euros. Et donc ce n'est pas une question
d'un minimum. Vraiment, Alstom veut
la caisse. C'est un élément important comme actionnaire de référence.
M. Fortin : Mais il y a une question de minimum quand même parce que,
même si vous le réinvestissez en actions, là, même si le 2,1 milliards ou le 2,2 milliards initial, là,
que vous deviez toucher, était réinvesti en actions puis que vous en rajoutiez à ça, il y a quand même
un montant qui est lié à cette transaction-là qui devient des actions d'Alstom,
vous en conviendrez, là. Alors, est-ce que...
selon les résultats de Bombardier Transport, jusqu'où on peut descendre ce
2,1 milliards-là?
Le Président
(M. Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Je pense
que vous essayez de faire un lien entre combien on va avoir dans Alstom si
le prix venait à être révisé. J'aimerais
préciser que la caisse passe avant Bombardier Transport dans toute cette cascade d'événements
là. Alors, de notre côté, il y a
un rendement minimum qu'on obtenait, selon notre entente avec Bombardier Transport,
qui va se transposer avec un montant dans les mêmes sommes, que je vous ai
raconté, que je vous ai parlé, qui va être réinvesti au complet dans Alstom
pour devenir l'actionnaire de référence de 18 % avec...
Le
Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Merci
beaucoup, M. Emond. Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque pour une
période de 9 min 45 s.
• (15 h 50) •
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, je présume que c'est
moi qui vais clore cette partie du débat, effectivement. Avant de la
clore, j'aurais peut-être encore une autre question concernant le Cirque du
Soleil, M. le P.D.G. de la Caisse de dépôt.
Bon, évidemment, vous l'avez souligné, c'est 228 millions $ qui ont
été radiés, donc ça, pour M., Mme
Tout-le-monde, on ne le verra pas, on a perdu cet argent-là, ça, c'est un fait.
La question que les gens se posent, c'est :
Une fois qu'on a payé ça à M. Laliberté, comment on a payé ça? Est-ce que la Caisse de dépôt a
utilisé une de ses filiales dans les paradis fiscaux pour faire cette
transaction avec M. Laliberté?
Le Président (M.
Simard) : M. Emond.
M.
Emond (Charles) : Merci, M. le Président. Absolument pas, puis on est
investis dans une société... une entité québécoise au sein du Cirque du
Soleil.
Le Président (M.
Simard) : M. le député.
M. Ouellet : Donc, la question suivante : Est-ce que, dans ce cas... est-ce que
les Québécois peuvent penser que M. Laliberté paiera de l'impôt sur
cette transaction de 79 millions $?
Le Président (M.
Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Je comprends votre question, mais, malheureusement, je ne
m'occupe pas des impôts de
M. Laliberté. Je n'ai pas cette vision-là de l'autre côté, en arrière de
la transaction, de comment il procède à ses propres choses, comment les
choses sont structurées ou sa situation financière, là, je m'excuse.
Le Président (M.
Simard) : M. le député.
M.
Ouellet : Je vais préciser
ma question. Est-ce qu'on a versé l'argent des actions à... est-ce qu'on a
versé l'argent, pardon, à la société Groupe du... Soleil inc., qui sont
aux îles Caïmans?
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. Emond.
M. Emond (Charles) : Ce que je peux
vous répondre, c'est que nous, on est investis au sein d'une entité québécoise,
au sein du Cirque du Soleil, aucunement à travers l'une de nos filiales dont
vous faites référence.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M.
Ouellet : Donc, on ne peut
pas faire la traçabilité finale de la transaction. Ce que je comprends, c'est
que vous avez fait une transaction à travers une filiale québécoise de
la caisse, mais l'usufruit s'est rendu directement dans une compagnie que détient M. Laliberté, mais on
n'en est pas certain si, effectivement, suite à cette transaction,
M. Laliberté paiera des impôts ici, au Québec et au Canada.
Le Président (M. Simard) :
M. Emond. M. Emond, je vous en prie.
M. Emond
(Charles) : Je vais répondre, oui. Non, je ne suis pas en mesure de
vous répondre sur cet aspect-là, je n'ai pas ces informations-là de mon
côté pour répondre clairement à votre question.
M.
Ouellet : Si vous me
permettez, M. le P.D.G., j'aurais peut-être une autre précision à obtenir
de votre part. Dans le Journal de
Montréal du 13 juin... titrait que la caisse détenait toujours des
placements dans 348 sociétés incorporées dans les paradis fiscaux.
Vous êtes le
nouveau P.D.G., j'ai déjà eu ces discussions-là avec M. Sabia, votre
prédécesseur. C'est quoi votre vision
à la caisse? Quand est-ce qu'on va se sortir des paradis fiscaux? À quel moment
la caisse va pouvoir dire : Quand j'investis, j'investis dans des
entreprises qui paient leur juste part d'impôt, et ce, peu importe où elles se
trouvent à travers le monde?
Le Président (M. Simard) :
M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Je suis content que vous me posez la question, parce que
j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus, mais je sais que le temps est
limité.
Premièrement,
je veux être clair, on est totalement, totalement opposés à toute forme
d'évasion fiscale puis, je dirais, au-delà de ça, à toute utilisation
abusive, même si c'est considéré légal, des règles fiscales. Nous, on les rencontre toutes, nos obligations fiscales, partout où on investit, et je rappelle
que la caisse aussi est exemptée à plusieurs endroits.
Mais je vous
dirais la chose suivante : Je suis sensible à cet enjeu-là, et on est en
train de changer certaines choses. C'est
un enjeu mondial, c'est un enjeu complexe. Il y a une absence de
consensus à travers le monde. Pour certains, on parle de pays à fiscalité réduite. Des gens utilisent
les paradis fiscaux, parfois des pays à fiscalité réduite sont utilisés pour
des raisons d'affaires, avec aucun avantage
fiscal. Mais j'ai demandé un bilan détaillé. Je vous dirais que, dans les
18 derniers mois, on a fait une
réduction de plus de... à peu près 5 milliards dans tout ça. On a convaincu des partenaires,
dans les dernières années, à plus de
30 reprises pour modifier des structures
dans des pays à fiscalité réduite que... même si la caisse n'en retirait aucun avantage. Et ce n'était pas
fait pour des raisons fiscales mais des raisons d'affaires que
j'expliquerai, qui représentaient plus de
9 milliards de transactions. Puis, depuis ma nomination, j'ai demandé un
bilan détaillé, on a effectué des
ventes, des restructurations pour diminuer notre exposition. Donc, je vous
entends puis je veux vous dire que je suis sensible à la perception
là-dessus.
Ceci étant
dit, il faut juste comprendre que, dans certains cas, comme dans le cas des
pays qui faisaient partie de la liste de l'Assemblée nationale, qui est
un critère qui nous importe, on a parfois des entreprises dans lesquelles ont
été investis... comme Novartis ou Nestlé, où
est-ce que... En Suisse, les gens paient... pardon, les sociétés paient
28 % d'impôts, puis qui fait
partie d'une liste de pays à fiscalité réduite. Donc, je vous dirais que le
consensus bouge beaucoup. L'OCDE parle
d'un taux de 12 %, mais nous, on va faire partie du débat pour faire
avancer les choses puis s'assurer qu'il y ait un cadre précis que les
gouvernements vont mettre en place, puis on va réduire notre exposition le plus
possible.
M.
Ouellet : Je comprends, M.
le président-directeur général, que ça va faire partie d'un plan qui sera
présenté par la Caisse de dépôt. Seriez-vous
intéressé à venir déposer ce plan-là à l'Assemblée nationale, devant la
Commission des finances publiques,
pour qu'on puisse effectivement le questionner et échanger avec vous sur cette
stratégie moyen, long terme pour
sortir... Parce que, oui, les Québécois et Québécoises comprennent que le
portefeuille des Québécois à la Caisse de
dépôt doit faire du rendement, mais je pense qu'il y a une chose qu'ils veulent
surtout, c'est que les gens paient leur juste part d'impôt. Et présentement, lorsqu'on voit ce qui se passe, il y a
plusieurs entreprises qui font plusieurs bénéfices et, malheureusement,
ne contribuent pas à parts égales en matière d'équité fiscale.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
Emond.
M. Emond
(Charles) : Ce qu'on veut se donner, c'est un cadre avec une
obligation de moyens, mais pas nécessairement
d'arriver à zéro et à un certain résultat, puis je vais vous expliquer
pourquoi. Par exemple, ces pays à fiscalité réduite ou neutre, appelez-les comme vous voulez, vont être simplement
utilisés parce qu'il va y avoir des cinquantaines d'investisseurs à travers le monde qui
investissent au sein d'une société. Cette société-là, qui opère dans plusieurs
pays, va payer ses
impôts à chacun des pays où elle opère. L'argent revient dans le pays à
fiscalité neutre, une fois réduit des impôts, aux gens qui sont là, les 100 investisseurs, et ils se versent des
dividendes déjà réduits des impôts, ils vont repayer, encore
une fois, des impôts dans leur pays respectif, dans le cas ici, avec le Canada,
dans notre cas, à la Caisse de dépôt, zéro.
Ce que je veux dire, c'est que ça n'empêche pas
ces sociétés-là de payer les impôts où elles doivent à chaque endroit, et on ne fait pas ça pour en retirer un
avantage fiscal, c'est pour des raisons d'affaires. Dans d'autres cas, ça
peut être d'autres raisons que ces
entreprises-là vont utiliser, des fois, pour être dans un pays où est-ce que le
droit juridique protège mieux les
actionnaires, mais pas pour des raisons nécessairement fiscales. Puis
nous, on ne fait pas d'abus, de ce point de vue là, pour que nos sociétés
de portefeuille ne paient pas les impôts qu'elles doivent payer dans les pays
qu'elles opèrent, ça, je peux vous rassurer là-dessus.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M.
Ouellet : Donc, si je comprends bien, vous allez revoir vos investissements ou vos cadres qui permettent de prendre une décision pour savoir si vous
investissez ou pas dans une entreprise, mais il
n'y aura pas de plan qui va
être présenté pour dire : Bien, sur un
horizon de trois à cinq ans, voici de quelle façon la caisse va se diriger en
conséquence.
Le Président (M. Simard) : M. Emond.
M. Emond
(Charles) : Je vous dirais
que je sais où est-ce qu'on peut probablement réduire des choses. Ce qui est difficile, c'est comment les prochaines
transactions vont arriver, parce qu'il
y aura toujours ce que je viens de
décrire qui va exister tant qu'il n'y aura
pas un cadre législatif fiscal précis pour tout le monde. Néanmoins,
je pense qu'on peut et qu'on doit,
partout où c'est possible à chaque fois que c'est possible, quand il y a
une alternative puis que la caisse a de l'influence, de pouvoir procéder à réduire l'utilisation de ce système-là que, si même la caisse n'en retire
rien, je comprends ce que les Québécois disent par
rapport à ne pas encourager un
système qui donne l'impression de susciter, évidemment, un malaise,
parce qu'on utiliserait des pays qu'on
appelle paradis fiscaux, mais qui sont des pays à fiscalité réduite pour des
raisons d'affaires. Mais je pense qu'on est capables de faire mieux, puis on va
renforcer nos processus pour s'imposer cette discipline-là au sein des équipes d'investissement.
Ça, je vous le promets.
Le Président (M. Simard) : M. le
député.
M.
Ouellet : Merci. Ma dernière
question à l'AMF. Je vais être très court. M. le
président-directeur, dans les médias le
20 février dernier, vous avez dit qu'il était sain de se demander si on
n'était pas allé trop loin avec la réglementation du secteur financier. Alors, ma question : Comment pouvons-nous savoir, advenant un assouplissement réglementaire, si l'AMF n'est pas en train
de sacrifier la protection des consommateurs à l'efficacité du secteur
financier?
Le Président (M. Simard) : M.
Morisset.
• (16 heures) •
M.
Morisset (Louis) : Merci
pour votre question. Écoutez, c'est le grand débat, là. L'idée, c'est de toujours garder l'équilibre approprié entre la
protection du consommateur puis cette efficience des marchés financiers. Je
pense qu'au cours des 10 dernières années il y a eu... puis, en
fait, depuis la dernière crise, 2007‑2008, il y a eu une certaine inflation réglementaire à travers le monde, et puis je pense
que la situation actuelle milite en faveur de s'assurer que les
obligations qui ont été ajoutées au fil des
années demeurent pertinentes. Alors, ce sera la... Je dirais qu'il y a une
espèce de vague de fond d'allègements réglementaires à travers le pays.
Dans certaines provinces, c'est encore plus fort...
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Morisset. Cela clôt donc notre premier bloc d'échange.
Nous allons
suspendre momentanément nos travaux pour une période d'environ 10 minutes,
le temps de faire place à nos nouveaux invités. À plus tard.
(Suspension de la séance à 16 h 01)
(Reprise à 16 h 14)
Le
Président (M. Simard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je constate
que nous avons quorum et que nous sommes pile-poil, là, dans nos temps.
Donc, merci beaucoup pour votre ponctualité.
Je cède immédiatement la parole au député de
Pontiac. Cher collègue.
M. Fortin : Merci, M. le Président. Bonjour aux gens qui se
joignent à nous, les gens de la SAQ, de Loto-Québec, de la Société québécoise du cannabis et... il m'en
manque un, M. le Président, j'oublie... l'Institut de la statistique,
merci. Avant de faire appel directement à
votre expertise, là, j'aimerais ça revenir sur quelque chose que le ministre a abordé. Je ne pensais pas l'aborder aujourd'hui, M. le
Président, mais, puisqu'il nous a ouvert la porte en cours de route, le
ministre, à quelques reprises, a fait
référence à : On ne peut pas juger au mois d'août ce qu'on ne savait pas
au mois de mars, hein, on ne peut
pas... et c'est tout à fait logique, sauf qu'il y a des choses qu'il savait au
mois de mars, malheureusement, ou que ses
collègues au gouvernement savaient au mois de mars, et c'est là qu'on a
certaines questions, certains enjeux à soulever.
Parce qu'on avait beaucoup
vu le ministre des Finances au tout début de la pandémie, hein? Évidemment, il
a déposé son budget le 10 mars, la
veille, apparemment, de la déclaration de pandémie mondiale de la part de
l'OMS, mais quelques mois après le
début de la veille gouvernementale par rapport à la COVID-19, budget qui...
immédiatement, là, beaucoup de gens
se sont demandé, mon collègue de Robert-Baldwin en premier lieu, si ce n'était
pas un budget qui était déjà périmé,
hein? C'est comme acheter une miche de pain, là, qui est déjà passée date, M.
le Président. C'est un achat, mais on sait en partant que ça ne nous
servira pas bien, bien.
Alors, le
ministre a fait référence à ce qu'il savait en date du 10 mars, mais je
reviens à ma question, ma question que
j'avais tantôt, là : À cette date-là, au moment où il a présenté son
budget, il nous est arrivé avec le budget, au moment où... Comme, lui, il y a fait référence avant
nous-mêmes, M. le Président, je pense qu'il voulait peut-être préempter
nos questions. À ce moment-là, est-ce qu'il
avait eu une conversation avec la ministre de la Santé, quelqu'un au bureau
du premier ministre ou un fonctionnaire, un
sous-ministre quelconque, qui lui aurait dit : Ça va être gros, ça va être
important, ça va avoir des incidences massives sur l'économie du Québec?
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : La réponse, c'est non, O.K.? Ce que nous savions... Puis je
vais prendre le temps d'expliquer ce
que nous savions, parce qu'au ministère des Finances nous avons plus de
125 économistes de qualité, et je fais mes propres recherches économiques, et tout le long du mois de janvier, au
niveau économique, et non au niveau épidémiologique, ce qu'on voyait, c'est que 25 % de l'économie
mondiale était en difficulté, et il était possible, à ce moment-là, que...
Et je vous dirais que le champ de bataille, c'était l'Europe, puis, si ça
partait de l'Asie puis ça allait en Europe, ça allait se compliquer, puis, si ça restait contenu en Asie,
c'était plus positif. C'est ça qu'on savait. Et on n'était pas... on
constatait ça, et c'est pour ça qu'à la
page A.4 du budget... Parce que le budget, il faut être clair avec les
citoyens, publié le 10 mars, mais disons
essentiellement qu'il était terminé le 1er mars. Donc, à la fin février,
nous avons ajouté un encadré, la page A.4, qui dit : Il y a une épidémie de COVID-19, et
ceci implique des risques importants pour l'économie mondiale, nous en
sommes conscients, mais nous disons aux
Québécois : Nous n'avons jamais été en meilleure posture pour faire face à
de potentiels soubresauts économiques parce que nos finances publiques
sont en ordre, parce que l'économie québécoise vient de connaître trois ans de
croissance solide.
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. Fortin : Là, ce que le ministre des Finances vient de nous
dire, là, c'est qu'en janvier lui-même voyait déjà ce qui se passait ailleurs dans le monde, voyait ce
qui se passait en Chine. Et il a raison, les analystes et les économistes
au ministère des Finances, c'est des analystes et des économistes de grande
qualité. Et je suis convaincu que le ministre lui-même
a fait sa propre analyse économique, mais il nous disait qu'en janvier il
regardait déjà ce qui se passait ailleurs, il disait : Ça va bien aller si ça reste en Asie et quelques
soubresauts ailleurs, mais il avait déjà cette préoccupation-là, hein,
de toute évidence, il avait déjà une préoccupation.
Alors, est-ce
que lui-même, en se disant, là : Bien, moi, dans les prochaines semaines,
je dois écrire un budget, je dois
prévoir ce qui va se passer avec la croissance économique au Québec, je dois
annoncer toutes sortes de mesures, je dois
confirmer les budgets à la Santé et ailleurs dans l'appareil gouvernemental
québécois, est-ce que lui s'est dit, sachant qu'il se passait quelque chose, voyant qu'il se passait quelque chose,
sachant que, si c'était contenu en Chine, ça irait mieux que sinon, est-ce qu'il s'est dit :
Bien, je vais aller voir le directeur de la santé publique, je vais lui
demander ce qu'on pense de comment ça va se propager au Québec?
• (16 h 20) •
M. Girard
(Groulx) : Je n'ai pas été
voir le directeur de la santé publique. Par contre, je tiens à vous
dire qu'au mois de février le
scénario de base pour l'économie mondiale, c'était une croissance modérée, et
autour... Lorsqu'on est ministre des Finances, on est un peu payé pour s'inquiéter, on a toujours, dans notre perspective, des scénarios
difficiles, parce
que les scénarios heureux aussi, dans la distribution de probabilités, on va très
bien s'en accommoder. Mais ça fait partie
des responsabilités d'être conscients de tous les risques, les risques
climatiques, les risques épidémiologiques. Mais je tiens à dire que lors de la conception
du budget, à la fin février, le scénario de base pour l'économie mondiale était
une croissance modérée et non pas une
récession mondiale. Et, c'est important, la situation a évolué extrêmement rapidement, personne ne savait,
au mois de février, que nous allions fermer 40 % de l'économie à la
troisième semaine de mars au Québec.
M.
Fortin : M. le Président, je ne demandais pas au ministre s'il savait qu'on allait fermer 40 % de l'économie. Je lui demandais simplement s'il avait été consulter
les gens de la Santé publique pour voir comment ça pourrait... c'étaient
quoi, les différents scénarios, comment...
si le virus entrait au Québec, quels pourraient être les scénarios plutôt que
de déposer un document qui fait comme... et qui fait référence passagère,
disons, à la COVID, là. J'ai trouvé toutes les instances où on y fait référence, il y en a huit, et, souvent, on parle
justement d'un risque à l'économie mondiale, mais jamais on ne parle de risque à l'économie
québécoise, jamais, et là je peux comprendre pourquoi. Le ministre des
Finances n'est même pas allé parler à la
ministre de la Santé, qui, elle, faisait une veille tout autre, là, pas
nécessairement une veille juste économique,
mais une veille de... ou, du moins, j'espère qu'elle le faisait, une veille de
comment ça pouvait se propager et quelle sorte d'impact ça pouvait avoir
sur la population.
Je vous avoue
que je suis surpris que le ministre des Finances n'ait pas pris le temps, avant
de déposer son budget, d'aller voir
soit sa collègue de la Santé, soit les gens au cabinet du premier ministre,
soit le directeur de la santé publique pour, au moins, essayer de comprendre ce que ça
pouvait avoir comme impact au Québec. J'en suis surpris, surtout qu'on a
ajouté, là, huit passages rapides, huit mentions, disons, là, de la COVID. Et,
pour avoir, moi aussi, lu le texte de L'Actualité sur la question, je me souviens d'un employé du
bureau du premier ministre qui disait : Bien, on partait aux presses pour le budget puis, rapidement, là, on a
ajouté un ou deux paragraphes sur la COVID. C'est la seule réelle
mention de la COVID dans tout ce document-là.
Mais je
comprends ce que le ministre nous dit. Le ministre nous dit : Là, moi, je
n'ai pas écrit ça le 9 mars, là, je l'ai écrit avant le 1er mars. On l'a écrit pendant le mois de février,
c'était fini le 1er mars, on l'a envoyé à l'imprimeur. Mais le 9 mars, le 9 mars, le premier
ministre lui-même s'est assis avec le directeur de la santé publique, donc la
veille, la veille du dépôt du budget,
au matin, il s'est assis avec le directeur de la santé publique et a dit... a
eu une conversation, à savoir qu'est-ce
qui pouvait se passer au Québec, et là tous les scénarios drastiques, là, sont
apparus à ce moment-là, tellement, tellement,
que le chef de cabinet du premier ministre a dit à ce moment-là : J'avais
juste hâte d'expédier le budget pour qu'on
passe aux choses sérieuses. Comme si ça, ce n'était pas quelque chose de
sérieux, comme si l'exercice budgétaire au Québec, là, ce n'était pas quand même... Malgré tout ce qu'on... tout
l'effort qu'on doit mettre, qu'on a dû mettre, qu'on continue de mettre dans
la pandémie, l'exercice de reddition de comptes et de prévisions budgétaires
gouvernementales, c'est un exercice
incroyablement sérieux. Il y a 1 000 personnes qui sont allées
s'assembler — moi,
j'en étais, vous en étiez, M. le
ministre — pour
comprendre c'était quoi, le plan du gouvernement pour les prochaines années.
Alors, c'est un exercice qui est extrêmement sérieux.
Mais, le
9 mars, à la lueur de ça, est-ce qu'on vous a approché? Est-ce que le
cabinet du premier ministre vous a approché
en disant : Peut-être qu'on devrait reconsidérer déposer le budget demain?
On sait qu'il était fini, on sait qu'il était imprimé, on sait déjà le contenu, là, mais, à ce moment-là,
sachant tout ça, sachant que tout pouvait changer, est-ce qu'on s'est dit... est-ce qu'on vous a
demandé : Penses-tu encore qu'on devrait le faire, qu'on devrait le mettre
de l'avant?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Fortin : Pensez-vous? Je le dis
gentiment, j'utilisais un «tu», mais je m'en excuse.
M. Girard (Groulx) : Excusez, je
pense que son micro était fermé, je n'ai pas entendu.
M. Fortin :
Non, non, je m'excusais d'avoir utilisé le singulier, plutôt que le pluriel,
c'est tout.
Le Président (M. Simard) : Non, ça
va très bien.
M. Girard
(Groulx) : Ah! O.K. Bon,
alors, M. le Président, je ne sais pas son titre exact, là, mais le
directeur de la Santé publique,
M. Arruda, comme on le connaît, a rencontré le premier ministre la veille
du budget. Mais c'est important de réaliser que l'épidémie, son
évolution, c'est progressif, O.K.? Alors, la fin de semaine avant le budget, le
sous-ministre et moi, M. Côté, on s'est
parlé et on a dit : Étant donné l'évolution de l'épidémie, il faut faire
le maximum pour assurer une sécurité
sanitaire au budget. Qui décidait s'il était acceptable, d'un point de vue
sanitaire, de tenir le budget? La Santé
publique, pas le ministère des
Finances. Alors, on a pris des
mesures comme... la plus connue était de ne pas se serrer la main. Je n'ai serré aucune main la journée du
budget. C'est quand même exceptionnel, M. le Président. Alors, on a pris...
on s'est ajustés.
Est-ce que suite à la rencontre du premier
ministre et de M. Arruda, le 9, on m'a parlé de la rencontre? Non, pas
immédiatement. On m'en a certainement parlé après. Et je vous rappellerais que
moi, je suis économiste, ancien trésorier de
banque, spécialiste des marchés financiers. Le 9 mars, les marchés boursiers
ont perdu 7 %, ce n'est vraiment pas
une bonne journée. Alors, je tiens à mentionner que c'est un continuum. La
situation évoluait extrêmement rapidement. Ce que nous savions le
7 mars, le 8 mars, le 9 mars, le 10 mars, c'était une
évolution.
Et on a
présenté le budget, et c'est au bénéfice des Québécois, parce que
ça permet à l'ensemble des ministres et ministères de déployer dans... On a eu la fermeture, et là on a le
déconfinement, et là nous, on est prêts à déployer les crédits, les ministres peuvent agir. Alors, s'il n'y avait
pas eu de budget, les ministres qui n'étaient pas dans la gestion de
crise n'auraient pas pu faire le
déploiement. Et, par exemple, prenons... et je termine, peut-être
même un peu long, excusez-moi, si on
prend le Plan pour une économie verte, le fait qu'on ait déposé le cadre
financier de la lutte aux les changements climatiques va permettre au ministre
de l'Environnement de le déployer, ce plan-là.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M.
Fortin : Le problème avec ce
qu'avance le ministre des Finances, c'est qu'il nous dit lui-même qu'il a
écrit son budget. Et à, je ne parle pas de
la situation sociosanitaire par rapport à l'événement comme tel, là, ça, c'est
une autre «ball game», ça, mais, pour
ce qui est dans le budget, pour le contenu du budget, il l'a écrit au mois de
février. Le 9 mars, il dit lui-même que les marchés fluctuaient de
façon importante, il y avait quelque chose qui se passait dans le monde économique. Ça, tout le monde va s'en... tout le monde, là, peut retourner voir, le ministre
des Finances a raison là-dessus,
il se passait quelque chose de majeur dans le monde économique.
Le
premier ministre du Québec apprenait toutes sortes de scénarios catastrophes
et jamais il n'a dit — je ne blâme pas le ministre des Finances — jamais le premier ministre n'a été voir le
ministre des Finances pour lui dire : Sais-tu quoi? Le contenu de ton budget, là, on n'est plus sûrs
si ça tient, les prévisions économiques, on n'est plus sûrs si ça tient,
tout ça. Peut-être qu'on va avoir besoin de
plus d'argent, en Santé, peut-être qu'on va en avoir besoin de moins ailleurs,
peut-être qu'il va
falloir tout réorganiser. On est juste allés de l'avant pour pouvoir passer aux
choses sérieuses, au par après, en sachant
très bien que tout ce que vous aviez là-dedans, là, il y en avait une grande partie, peut-être
pas tout, mais il y en avait une grande partie qui ne tenait plus la
route. Et ça, je trouve ça, pour vous-même, là, M. le ministre des Finances, je
trouve ça décevant.
Question...
M. Girard
(Groulx) : ...commenter?
M.
Fortin : Bien, je vous pose la question. Vous pouvez commenter,
si ça vous va, M. le Président.
M. Girard
(Groulx) : Allez-y avec la question.
M. Fortin :
Avec quel moment on vous a informé de l'ampleur de la situation sanitaire et de
l'impact que ça pouvait avoir au Québec?
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
• (16 h 30) •
M.
Girard (Groulx) : Merci. Et,
quand je vous dis que la solution... lorsque je vous dis que la solution est...
la situation évoluait extrêmement rapidement, le 10 mars, les marchés
boursiers ont ouvert en hausse de 5 %. Alors, la volatilité que nous observions dans les marchés financiers, à ce
moment-là, montrait le haut degré d'incertitude quant à l'évolution de la situation. Donc, le 10 mars, les marchés, suite à la baisse
prononcée du 7, d'un point de vue économique, O.K., pas épidémiologique, encore une fois, le 10 mars était une
journée positive, d'espoir. L'événement marquant, c'est la fermeture de la frontière américaine à
l'Europe, une décision du président américain qui, je crois, est venue le
mercredi soir. Alors, le budget était le mardi, lundi le 9, moins 7 :
mardi positif, mercredi négatif, mais, en soirée, annonce du président américain, fermeture de la frontière
avec l'Europe. Et c'est là, d'un point de vue économique, puisqu'on
mettait fin à la mobilité de la
main-d'oeuvre et des personnes... c'était clair que l'impact économique allait
être extrêmement important.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le député.
M. Fortin : Mais l'enjeu, là, l'enjeu, M. le Président, ce n'est pas nécessairement
que ça a baissé le 9, que ça a remonté le 10. L'enjeu, c'est la
volatilité, l'enjeu, c'est l'incertitude, l'enjeu, c'est qu'à partir de ce
moment-là, là, il n'y avait plus rien qui tenait. À partir du moment où le
premier ministre a appris tout ça, le 9 mars, en fait, à partir du moment où la ministre de la Santé a appris tout
ça, quelques jours avant, nécessairement, à partir du moment où le
directeur de la Santé publique puis les
experts gouvernementaux savaient qu'il y avait toutes sortes de scénarios
catastrophes sur la table, à ce
moment-là, ce document-là devenait périmé. Pas le 10 mars, quand il a été
déposé, pas le 11 mars, quand, le lendemain,
le premier ministre... le président américain a fermé les frontières. Déjà, à
travers cette volatilité extrême, à travers cette incertitude, c'est là
que le document est devenu périmé.
Comme
je vous l'ai dit, M. le Président, je n'en veux pas au ministre des Finances,
mais il y a des gens qui ne l'ont pas
informé de la situation, il y a des gens qui ne lui ont pas dit : On
devrait reconsidérer le dépôt du budget, il y a des gens qui ne lui ont pas dit : On ne le sait
pas, ce qui va se passer le lendemain, le 11, le 12, le 13 mars. C'est ça
qui est de valeur, M. le Président, dans cette histoire-là, c'est que le
ministre des Finances a été obligé de refaire une partie de l'exercice, a été obligé d'aller voir tous ses
partenaires ici, autour de la table, toutes les sociétés d'État, et de leur
dire : Bien, j'ai besoin de chiffres révisés, hein? Ce que vous m'aviez
donné initialement, là, on va recommencer, on va recommencer l'exercice.
Nécessairement, il fallait qu'il le fasse. Mais c'est ça qui est de valeur, M.
le Président.
Si le ministre a un
commentaire, je vais le prendre, sinon je vais continuer.
Je
vais m'attarder quelques instants, là, ici, parce que je ne veux pas
m'éterniser là-dessus et je ne pense pas qu'il me reste beaucoup de temps. En fait, il me reste si peu de temps, M. le
Président, là... Tout ce que je vais
dire sur ce sujet-là, sur l'évolution
de la situation... Et, encore là,
encore là, le ministre des Finances n'est pas à blâmer pour avoir tenu
un événement de 1 000 personnes où
lui ne serrait peut-être pas la main à personne, mais il y a bien d'autre monde
dans la salle qui se serrait la main,
il y en a quand même. Par réflexe, le monde le fait naturellement. Quand on met
1 000 personnes dans une salle, ça arrive.
M. Girard
(Groulx) : ...
M.
Fortin : Effectivement, effectivement. Mais le 10 mars,
là, le même jour où lui, il a tenu son budget avec 1 000 personnes, avec des consignes, il y a des gens, au
bureau du premier ministre, qui se sont dit... qui limitaient déjà leurs
contacts avec l'extérieur, qui
disaient : Il n'est pas question d'aller à l'épicerie pour nous, qui se
sont enfermés au bureau et qui l'ont
raconté aux médias par la suite, le même jour. Alors, cet exercice-là,
malheureusement, M. le Président, malheureusement,
il a mené à un travail, là, de grande qualité de la part des économistes du
ministère des Finances, mais qui était
déjà périmé, comme le disait mon collègue. Il a mené à un événement qui
n'aurait pas dû avoir lieu dans les circonstances qu'il a eu lieu. S'il y a des gens, au bureau du
premier ministre, qui savaient autrement, qui savaient les risques, qui
savaient ce qui s'en venait, qui savaient la
situation sociosanitaire et qui savaient qu'il y avait une immense incertitude
au niveau économique et au niveau sanitaire, ce budget-là n'aurait
jamais dû être déposé, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci à vous,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député...
M. Girard
(Groulx) : Je peux répondre?
Le Président (M. Simard) : Le
temps...
M. Girard (Groulx) : Oui,
définitivement. J'aimerais avoir une réponse, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très,
très, très succinctement.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Bien, ce que je constate, c'est que l'opposition
semble vouloir utiliser l'information du mois d'août pour faire des
prédictions au mois de février, là. O.K.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. M. le député de Rosemont, à vous la parole.
M.
Marissal : Bien, en tout respect pour le ministre, je vous dirais que
ça s'appelle un «post-mortem», puis, par définition, un post-mortem, ça
ne peut pas se faire avant. C'est comme ça que ça fonctionne.
Une voix : ...
M. Marissal : Mais je ne veux pas
engager le dialogue directement tout de suite.
Le Président (M. Simard) : La parole
est au député de Rosemont. Monsieur, nous vous écoutons.
M. Marissal : Je vous salue d'abord,
messieurs et mesdames, surtout. Ça fait du bien, la salle s'est un peu féminisée, parce que c'est vrai que, tout à
l'heure, il y avait beaucoup de messieurs ici. Alors, bienvenue. Merci
d'être là, encore une fois.
Je réitère ma
suggestion, surtout en cette période un peu trouble, là, de pandémie où on a
des dispositions de salle particulières, qu'il ne serait pas mauvais
qu'on ait, comme ça se fait ailleurs, et c'est pour vous, M. le Président, la suggestion, d'avoir le nom de nos invités — il n'écoute pas, le président, mais ce n'est
pas grave, on lui fera le message par
la suite — parce
que, là, il y a vraiment beaucoup de monde. J'en reconnais plusieurs; d'autres...
des visages nouveaux. Alors, au
moins, les gens qui seraient appelés à répondre à nos questions pourraient
avoir un petit panneau avec le nom. Ça se
fait ailleurs, c'est facile à faire, et puis en plus ils ont des noms, ces
gens-là. Là, je suis obligé d'y aller un petit peu «random».
Le Président (M. Simard) :
...remarque, cher collègue.
M. Marissal : J'en suis...
Le Président (M. Simard) : Nous en
prenons acte.
M. Marissal : C'est gratuit. C'est gratuit,
en plus.
Le Président (M. Simard) : Tant
mieux.
M. Marissal : Je voudrais régler quelque chose rapidement,
puisque nous avons SQDC, Loto-Québec et SAQ. Où en êtes-vous... Vous pouvez
répondre très succinctement à la question. Où en êtes-vous pour vos politiques
de bonis salariaux pour la présente année et peut-être même la prochaine? Parce
que l'économie, souhaitons-le, prendra du mieux,
mais, avant de reprendre le rythme qu'on avait prépandémie... Alors, il y a
différentes informations qui circulent sur Loto, sur SAQ, sur SQDC. Pourriez-vous éclairer ma lanterne? Où en
êtes-vous? Vous y allez dans l'ordre que vous voulez. Bien non! Tiens,
madame, allez-y.
M. Girard (Groulx) : M. le
Président, je veux mentionner que l'Institut de la statistique du Québec est
ici également. D'accord?
M. Marissal :
Voyez! D'où l'importance d'avoir les fameux noms avec les titres des gens que
nous recevons, puisqu'on en reçoit en ce moment en rafale.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Marissal : Pardonnez-moi,
monsieur, de vous avoir oublié.
Le
Président (M. Simard) : Alors, en réponse à l'intervention du
député de Rosemont, madame, auriez-vous... Donc, il y a consentement
afin que la représentante de Loto-Québec s'adresse à nous. Madame, pour les
fins de nos travaux — SAQ,
pardon, oui — auriez-vous
l'amabilité de vous présenter?
Mme Dagenais (Catherine) :
Certainement. Alors, Catherine Dagenais, P.D.G. de la SAQ. Merci.
Le Président
(M. Simard) : Nous vous écoutons.
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, c'est... Je réponds? Je peux répondre?
Alors, à la
SAQ, on a effectivement un programme de rémunération global qui inclut, en
fait, la rémunération variable et la
rémunération fixe. La bonification est prévue, donc, dans cette rémunération-là
et est réalisée en fonction de la performance, d'une part, de la SAQ,
c'est une précondition, et, d'autre part, de la performance individuelle de nos
gestionnaires. Alors, ce n'est pas un
automatisme et c'est... En fait, aujourd'hui, ce que je vous dis, c'est que je
ne peux pas répondre de l'année qui
vient de commencer, là, au mois d'avril, mais on va suivre l'évolution des
résultats. Mais c'est vraiment une
rémunération qui est un tout, et donc la partie fixe est donc fixée en fonction
qu'il y a une partie variable.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député.
M. Marissal :
M. le Président, si je peux me permettre, je reviendrai à Mme Dagenais par
la suite, j'ai des questions plus
précises sur, justement, la rémunération. Mais, si les deux autres directrice
et directeur généraux peuvent répondre, j'apprécierais pour qu'on ait un
portrait de la situation le plus juste possible.
Mme Roiter
(Lynne) : Lynne Roiter,
présidente et chef de la direction de Loto-Québec. Alors, pour l'année
en cours, à Loto-Québec aussi,
traditionnellement, notre rémunération est divisée en deux, le salaire, et il y
a habituellement une augmentation de
salaire et aussi une rémunération incitative, dépendant des résultats. Mais,
pour l'année en cours, la décision a été prise d'un gel de salaire pour
tous les cadres et aussi qu'il n'y aurait pas de rémunération incitative de
payée à aucun cadre, peu importent les résultats de l'année.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Une voix : ...président et chef de la direction de la...
C'est simple, il n'y a aucun boni en cours ni pour l'année
prochaine.
• (16 h 40) •
M. Marissal : Est-ce que je peux
avoir une appréciation de ce qui vient d'être dit de la part du ministre des Finances
quant à la variabilité dans les traitements des cadres supérieurs des sociétés d'État? Certains n'en ont pas du tout, d'autres, qui connaissent de bonnes années mais qui sont en situation
monopolistique, on s'entend, s'en versent et d'autres, qui connaissent des mauvaises années ou une
mauvaise année en raison de la pandémie, décident de ne pas s'en verser.
C'est quoi, la norme? Il n'y a pas de norme? C'est à la gueule du client?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard
(Groulx) : En fait, la rémunération des dirigeants, des hauts dirigeants, parce que je pense que votre question, c'est pour l'ensemble du personnel, là, mais c'est évidemment
déterminé par les emplois supérieurs, le conseil d'administration d'une société
d'État, et entériné par le gouvernement.
Mon opinion
est que les résultats 2019‑2020 sont ce qu'ils sont, mais, étant donné... Donc, il y a
toute une politique de rémunération. Mais, étant donné la situation extrêmement
difficile dans laquelle l'ensemble de la population se trouve, il faut faire
preuve de réserve et de jugement dans le versement de ces primes-là, O.K., et
c'est ce qui est fait.
Pour l'année en cours... Parce que la pandémie,
bien qu'il y ait un deux semaines de pandémie dans l'année précédente, les résultats ont été peu affectés. La
plupart des sociétés d'État... En fait, je dirais, l'ensemble des
sociétés d'État ont fait mieux que ce qui
était prévu pour l'année passée. Mais, pour l'année en cours, la rémunération
variable est par définition variable,
et, si les résultats ne sont pas bons pour l'année en cours, ça va affecter
significativement la rémunération.
M.
Marissal : En fait, ma question est plus sur le côté aléatoire de la
mesure. Je m'explique. La SAQ connaît de bons mois. Plein de monde qui compense, je pense, là. Ça a été dit, ça
se constate. La SAQ, par ailleurs, est toujours restée ouverte, contrairement à certains autres commerces
qui ont dû fermer, même ouverte le dimanche assez rapidement dans le processus de déconfinement. Mais la SAQ, c'est un monopole. Alors, pourquoi la SQDC, qui est un
monopole d'État... Évidemment,
il y a un concurrent qu'on ne peut pas tenir en compte, puisqu'il est illégal.
Mais la SQDC, c'est un monopole d'État
qui dit : Pas! On n'en fait pas, de bonus. Année mauvaise ou bonne année,
il n'y en a pas. Loto-Québec, cette année, verse 10 millions en
bonis de rémunération à son personnel, ses hauts dirigeants et ses cadres.
Alors, pourquoi cette forme aléatoire dans les sociétés d'État au Québec?
M. Girard (Groulx) : Je pense que,
pour la SQDC, c'est la nature du produit, là. On a voulu s'assurer, là, qu'il n'y aurait pas de promotion, de volumes de
ventes, de rémunération basée sur la profitabilité, on a évidemment un enjeu de santé publique. Et
la SQDC, je pense, c'est la nature du produit.
Vous avez
fait référence au monopole de la SAQ. Ce n'est pas parce qu'on est un monopole
qu'une pandémie, c'est facile. En
fait, les résultats de la SAQ vont bénéficier de l'achalandage plus grand sur
le site Web et en succursale, mais vont
être affectés négativement par la fermeture des restaurants. Et donc, d'aucune
façon il n'y a une certitude que, parce que la SAQ est un monopole, il y aura hausse des revenus suite à la pandémie,
et les bonus vont être très généreux lorsqu'ils seront versés l'an prochain. La pandémie est un défi opérationnel extrêmement important pour la SAQ. La SAQ a perdu une part de marché qui
était les restaurants, et c'est à eux... On a une dirigeante de grande qualité,
on a un conseil d'administration de qualité, il y a des directives de la Santé
publique, et c'est à eux de bien servir les Québécois, de protéger
les Québécois, les employés, et on verra les résultats en temps et lieu, et ça
va affecter la rémunération variable.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Rosemont. Il vous reste 10 secondes.
M.
Marissal : Je ne ferais
certainement pas l'argument ici que le cannabis, c'est bon pour la santé, mais
je vous soumets humblement que le jeu et l'alcool aussi causent de
graves problèmes dans la société et que nous devrions avoir les mêmes mesures
de santé publique sur la non-promotion à tout vent de ce genre de produits.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Merci à vous, cher collègue.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) :
Volontiers. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, mesdames, messieurs, bienvenue, merci d'être là. Alors, j'aimerais continuer avec vous, Mme Dagenais,
de la SAQ. Un enjeu qui attire toujours l'attention de tout le monde, les prix, les prix, le processus d'établissement de
prix. Donc, récemment, vous avez... la SAQ a annoncé des hausses de
prix.
Ma question est...
bon, d'abord, est très, très simple : Pourquoi? Pourquoi vous avez haussé
les prix? J'ai une bonne idée pourquoi, mais j'aimerais vous entendre
là-dessus. Vous avez haussé certains prix, pas tous les prix.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Dagenais.
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui.
Merci. Alors, effectivement, j'avais annoncé au printemps que le... enfin,
on a deux augmentations de prix prévues dans l'année, une en mai et une en
novembre, et, compte tenu des circonstances, au
mois de mai, on a choisi de reporter l'augmentation de prix, qui est liée en
fait au fait que nos fournisseurs demandent... enfin, ont eux aussi des
coûts à assumer et veulent augmenter leurs prix.
Il y a la
taxe d'accise aussi qui a augmenté depuis le 1er avril et que nous avons
absorbée depuis... en fait, d'avril à ce
dimanche, qui représente, là, 1,9 %, il y a la valeur du dollar américain
et de l'euro aussi qui sont défavorables quand on achète ces produits-là et... Mais ce que je tiens
à dire là-dessus, c'est qu'on a choisi de reporter et de ne faire qu'une
seule augmentation de prix dans toute
l'année 2020, c'est la première fois depuis... nombreuses années, et on a
négocié toutes les augmentations de
prix qui sont demandées par nos fournisseurs. Bien, elles ne sont pas
acceptées, elles sont négociées une par
une, ce qui fait qu'on a été capables de contenir l'augmentation à 1,8 %
en tenant compte, justement, de la hausse de la taxe d'accise, de la dévaluation du dollar versus le dollar
américain, versus l'euro et aussi les demandes d'augmentation de prix
des producteurs sur leurs produits.
M. Leitão : Très bien, merci. Donc,
cette année, 2020, il y a eu cette augmentation, et puis il n'y n'en aura pas
d'autre?
Mme
Dagenais (Catherine) : Non,
il n'y en aura pas d'autre, puis je pourrais même ajouter qu'en n'importe
quel temps, à tous les mois, si nos producteurs veulent baisser le prix, on
baissera le prix, hein, on ne dira pas non.
M. Leitão : C'est là où je m'en
allais justement, et...
Mme Dagenais (Catherine) : Pour le
consommateur.
M.
Leitão : Et ce que j'ai...
ça veut dire... Ce que j'aimerais comprendre, parce que je n'ai jamais bien
compris pourquoi, les prix s'ajustent, mais
les conditions du marché changent, et donc un détaillant, qui qu'il soit,
ajuste ses prix presque de façon
continue. Pourquoi la SAQ a cette approche de le faire seulement deux fois par
année? Cette année, c'est exceptionnel, mais, généralement, c'est deux
fois par année. Pourquoi pas aussi un ajustement continuel des prix à la
hausse, mais aussi à la baisse? Parce que le dollar canadien, au moins, ça veut
dire... ça va dans les deux directions. Donc, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas
un ajustement continuel des prix?
Mme
Dagenais (Catherine) :
Alors, avant, il y a quatre ans, quand on a... la SAQ a baissé les
prix de 1,40 $ au détail, là,
pour le consommateur, on avait précédemment des baisses de prix... on
permettait aux fournisseurs sept hausses de prix dans l'année, et, en fait, ce que ça faisait, c'est que ça faisait
fluctuer aussi le prix à la hausse, mais c'était... il y avait une mauvaise perception du consommateur. Alors, on a réglé cette situation-là en disant : Ce n'est que
deux fois par année, et il est très
rare qu'un même producteur... un même produit, en fait, se verrait augmenter
deux fois dans la même année. Toutefois, la baisse de prix est prévue...
En fait, il n'y a aucun moment de l'année que ce n'est pas accepté. Alors, le
consommateur peut voir une baisse de prix, et il y en a tous les mois.
M. Leitão :
Très bien, merci. Parce que, bien sûr, la SAQ est un des plus gros acheteurs
«wholesale» au monde, je pense, vous
êtes... donc, vous avez vraiment un pouvoir de marché intéressant. Ce que
j'aimerais savoir, c'est pourquoi vous
n'utilisez pas ce pouvoir de marché là d'une façon un peu plus directive.
C'est-à-dire, les prix n'ont pas besoin toujours d'augmenter. Si l'acheteur, comme la SAQ, est
important... Et, dans le domaine du commerce au détail, on voit que ceux
qui ont un pouvoir d'achat substantiel
réussissent souvent à obtenir de bons escomptes. Alors, pensez-vous que vous
pouvez utiliser ce pouvoir d'achat de façon
plus... je ne veux pas dire le mot «agressive», mais d'une façon plus directive
que ce que vous faites?
• (16 h 50) •
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, écoutez, moi, je suis convaincue que la SAQ fait
son devoir de négociation à la
lettre, c'est-à-dire que chaque demande d'augmentation de prix est négociée et
challengée. Il n'y a rien d'automatique, là, depuis les trois, quatre dernières années. Et d'ailleurs, ce que ça
donne, c'est, concrètement, là, ce n'est pas Catherine Dagenais qui le dit, concrètement, la SAQ a les meilleurs prix au Canada de toutes les provinces
canadiennes, et ce, depuis les trois dernières années. On négocie.
M. Leitão :
Merci. Concernant les produits québécois, produits locaux, la société a fait un
grand effort de bien mettre ces produits en évidence et de participer au
développement de cette industrie. Nous savons tous comment ça a progressé. Ma question est que, dans le
décor, il y a une action... Je pense, c'était l'Australie
qui l'avait menée devant l'Organisation mondiale du commerce, et je
pense qu'il y a eu une décision préliminaire de l'OMC qui n'est pas très favorable
aux producteurs canadiens. Alors, comment est-ce que vous voyez l'évolution de
ce marché-là, le marché local, dans le contexte d'une possible restriction qui
nous soit imposée par l'OMC?
Mme
Dagenais (Catherine) : Je ne commenterai pas la plainte de
l'Australie, parce que ce n'est pas à moi à le faire, là. Je peux supporter le gouvernement là-dedans. Mais ce que je
peux vous dire toutefois, c'est que la SAQ joue un rôle clé pour développer, pour mettre de l'avant tous
les produits du Québec, que ce soient les vins ou les spiritueux du Québec, et d'ailleurs les résultats sont probants,
là. Les spiritueux du Québec représentent déjà, à la fin de l'année qui
s'est terminée au mois de mars, 140 millions de dollars. C'est presque
15 % du marché des spiritueux vendus à la SAQ et, depuis le début de la pandémie, bien, ça a encore plus explosé.
Les spiritueux sont à 80 % d'augmentation sur les ventes de l'année
dernière en période comparable, et les vins du Québec sont également à
60 % de plus que l'année dernière.
Alors, tous les produits du Québec sont disponibles, bien entendu, sur SAQ.com,
mais aussi en succursale, parce que c'est là qu'on en vend le plus, et
on travaille main dans la main avec l'industrie pour s'assurer de faire une
belle place à ces produits-là.
M.
Leitão : Très bien, merci. Mais c'est là où je vois un certain risque, parce que la SAQ donne
un traitement particulier, disons-le, au produit local, aux produits québécois,
et c'est ce traitement-là que la SAQ donne aux producteurs québécois qui peut être contesté par nos partenaires
commerciaux. Alors, ce que cela pourrait — et je ne sais pas, là — occasionner,
c'est que ce même traitement là, qui est accordé maintenant
aux producteurs locaux, puisse être aussi élargi à d'autres producteurs, donc la facilité de pouvoir vendre dans
le réseau des épiceries, par exemple, que ce ne soit plus... toutes ces règles-là changent. Alors, est-ce que la SAQ est
prête à faire face à une telle éventualité? Si jamais, au point de vue réglementaire, on doit s'ajuster parce
qu'il y aurait une décision qui viendrait de l'OMC, êtes-vous prête à
ajuster votre modèle d'affaires pour pouvoir faire face à une certaine
compétition?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien,
d'une part, j'aimerais dire que la SAQ est très soucieuse de respecter les
lois internationales et que nous le faisons.
On n'enfreint pas à aucune loi internationale, on se le ferait dire
effectivement par nos partenaires, et
donc on traite avec nos partenaires étrangers de la même façon qu'on traite
avec les partenaires ici locaux, on respecte... en respectant les lois
internationales et le traitement national dont vous faites référence.
Le
mandat que j'ai, que le gouvernement me donne, c'est d'opérer la SAQ telle
qu'elle est, donc de sécuriser les revenus
de l'État. On a remis 1 126 000 000 $ à la fin de l'année
qui vient de se terminer, qui est 7 % de mieux que l'année
dernière, et je compte bien continuer dans cette veine-là dans la prochaine
année.
M.
Leitão : Oui. Bien, vous
avez raison, la question aurait dû être posée au ministre des Finances, parce
que c'est une décision
gouvernementale, c'est-à-dire la façon dont on a établi les règles. Je pense
que ce n'est pas la SAQ qui force les producteurs étrangers à faire quoi
que ce soit, c'est la façon dont on s'est organisés au Québec pour donner ce
quasi-monopole à la SAQ.
Donc,
M. le ministre, est-ce que le gouvernement est en train de regarder la
possibilité d'ouvrir un peu le modèle d'affaires de la SAQ pour
peut-être s'ajuster au... ça, ça veut dire avant que cela ne nous soit imposé
par les accords internationaux, est-ce que
le gouvernement pourrait prendre de l'avance et commencer d'ores et déjà à
considérer une certaine ouverture du monopole de la SAQ?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : Bon,
alors, le dossier de la plainte de l'Australie, c'est un dossier qui est en
cours, qui est actif. La plainte de
l'Australie concerne plus d'une province, et nous sommes représentés par le
gouvernement canadien à l'Organisation mondiale du commerce, et, bien
sûr, le ministère de l'Économie est très impliqué, et j'ai été consulté. Alors, il y a un processus de négociation qui est
en cours, et je n'ai rien à ajouter de précis, la négociation est en
cours. Mais vous avez... Là où c'est juste, ce que vous dites, c'est qu'à la
base de la plainte de l'Australie c'est le traitement préférentiel aux produits
québécois.
M.
Leitão : Très bien.
Je vous mentionne que votre collègue l'actuel ministre des Transports, à l'époque, était un fervent partisan de l'ouverture de la SAQ, donc
d'ouverture du monopole de la SAQ, donc vous pouvez peut-être
en discuter avec lui. Et la raison
pour laquelle je soulève cette question, c'est que j'ai vraiment l'impression que,
plus tôt ou plus tard, les règles
internationales vont changer, et le Québec devra s'ajuster. Alors, avant d'y arriver,
prenons un peu de... Avant que cela
ne nous soit imposé, prenons l'initiative et faisons-le à notre propre rythme, et je pense
qu'on serait gagnants.
Mais j'ai une dernière question. M. le Président,
j'ai combien de temps?
Le Président (M. Simard) : Il vous
reste 6 min 40 s.
M.
Leitão : Ah!
six minutes. Parce que, Mme
Dagenais, j'aimerais parler... Je ne sais pas, M. le ministre, si vous
voulez réagir ou pas à...
M. Girard
(Groulx) : Bien, je voudrais
dire... Je comprends l'aspect politique du jeu parlementaire,
mais, pour moi, c'est deux questions
complètement séparées, là. Il y a une plainte, à l'Organisation mondiale du commerce,
de l'Australie sur un enjeu précis et il y a
trois provinces d'impliquées, il y a des négociations qui sont en cours, et le rôle du gouvernement du Québec, c'est de faire le maximum pour protéger les
producteurs québécois, puis on est là, O.K.? La concurrence, le statut du monopole et... ça, c'est
un autre sujet. Si vous voulez en discuter, ce n'est pas... C'est un
sujet qui est plus large que la plainte de l'Australie.
M. Leitão : Très bien. Peut-être
qu'on en discutera assez rapidement.
Mais, Mme
Dagenais, j'aimerais aborder un autre sujet qui, je suis sûr, vous passionne, moi,
ça me passionne : les bouteilles. Qu'est-ce qu'on fait avec les bouteilles? Donc, il y aura une consigne? Peut-être
que oui, peut-être que non. Je pense, peut-être que oui.
Comment ça va marcher? Parce que vous aviez déclaré, je pense, publiquement qu'en
fin de compte la SAQ n'a pas de... Ça veut dire : ce n'est pas une question
où vous êtes opposée ou pas opposée, là. Si les règles changent, vous allez vous adapter, là. Mais,
concrètement, pas si, mais quand on va aller vers une consignation pour
les bouteilles de vin, est-ce que les
succursales de la SAQ vont être des points de chute où les gens vont pouvoir
aller rendre leurs bouteilles vides? Comment ça va se passer?
Le Président (M. Simard) :
Mme Dagenais.
• (17 heures) •
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui. Tout d'abord, tantôt, j'ai fait une
erreur, j'ai... Le bénéfice qu'on a remis au gouvernement est de
1 226 000 000 $. Alors, petite correction, je me suis... un
petit lapsus.
Alors, pour
ce qui est du verre, bien, on a annoncé, en janvier dernier, avec le
gouvernement, que la SAQ ferait partie, en fait, du changement, avec
l'industrie, pour ce qui touche la consigne du verre. On travaille avec RECYC-QUÉBEC parce qu'on n'est pas seuls dans ce
dossier-là, hein? La SAQ met en circulation du verre, mais n'est pas la
seule. Il y a eu un retard dans le projet,
compte tenu des circonstances de la COVID, et il y a eu d'autres priorités
opérationnelles pour tous les détaillants, épiciers, SAQ combinés, et nos
partenaires, nos fournisseurs aussi.
Ceci étant dit, on travaille sur différents
pilotes, qui vont être testés plus vers l'automne, et donc je n'ai rien à annoncer aujourd'hui parce qu'on est en... on
regarde les différents pilotes. Mais, évidemment, la SAQ va participer.
Ce qu'on veut, c'est le faire le plus facilement possible pour le citoyen, et
c'est pour ça qu'on le regarde avec le reste de l'industrie, pour s'assurer que le citoyen n'ait pas 10 endroits à faire
pour aller porter ses contenants. Alors, c'est un dossier qui nous tient
à coeur, qui me tient à coeur et qu'on regarde... qu'on va regarder plus cet
automne.
M.
Leitão : ...le volume de bouteilles est considérable, et donc, quel
que soit le système qu'on met en place, il faut s'assurer qu'il fonctionne, et je pense que c'est important que les gens
puissent avoir... ne pas avoir une multiplication des points de chute,
parce que ça va diminuer l'adhésion au nouveau régime.
Est-ce que les... Parce qu'il y a déjà une
consigne, non? Parce qu'il y a déjà quelques sous par bouteille...
Mme
Dagenais (Catherine) : ...certains produits, mais c'est de façon très,
je dirais, exceptionnelle, là. Sur les bouteilles
de bière, notamment, certaines bouteilles de bière, mais c'est un petit volet
de la business. Alors, il faut tout regarder.
Si on est pour consigner les bouteilles de vin, bien, il faut le faire de façon
efficace et efficiente aussi, là, en termes de coûts. Et puis il faut s'assurer qu'on trouve une deuxième vie au
verre, parce que, présentement, vous le savez, le verre ne vaut rien,
donc il faut créer un marché pour que le verre prenne de la valeur, et c'est
là-dessus aussi qu'on travaille.
M.
Leitão : ...l'exemple qui nous est donné souvent, enfin, quelquefois,
c'est l'exemple de l'Ontario, avec les «beer stores», où les gens
peuvent aussi ramener leurs bouteilles de vin. Au Québec, on n'a pas
l'équivalent de «beer stores», donc ça se
pourrait très bien que ça tombe sur vos épaules de trouver une façon
de récupérer les bouteilles. Moi, je ne
suis pas certain que toutes les succursales de la SAQ soient physiquement
capables de mettre en place des moyens de récupérer les bouteilles. Alors, comment est-ce que vous... Vous avez
des groupes, chez vous, qui étudient cette question?
Mme Dagenais (Catherine) : ...qu'on
a une équipe qui se penche sur la question. Et tout le monde sait qu'il n'y a
pas d'espace, dans nos succursales, pour accueillir toutes les bouteilles qu'on
met en circulation. Alors, c'est de travailler
avec des partenaires ou des... En fait, ça peut être des gobeuses sur les
terrains, dans les villes, pas nécessairement sur nos stationnements. On
a des baux aussi. Vous savez qu'on n'est pas propriétaires de nos magasins.
Alors, il y a certains
endroits où il n'y a pas d'espace à l'extérieur pour répondre à cette
demande-là. Et c'est pour ça, donc, qu'il
y a des intervenants... Les intervenants,
quand on parle des intervenants, bien, il
y a les villes, il y a
les fournisseurs, il y a les détaillants. Il y a beaucoup
de gens qui sont impliqués dans ces discussions-là pour qu'on soit capables de
tester un modèle qui tienne la route et qui ne dédouble pas ce qui est
fait par la collecte sélective. On veut que ce soit une réussite.
M. Leitão : Très bien. En conclusion,
bon. Bon, en conclusion... Je conclus.
Le Président (M. Simard) : ...cher
collègue.
M.
Leitão : Mais, non, je pense
que c'est important que la récupération des bouteilles se passe bien et je pense
que la SAQ a un rôle à jouer. Voilà, j'ai conclu.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, cher collègue. Je cède la parole au député de René-Lévesque. Cher
collègue, il vous reste... enfin, vous aurez 9 min 40 s.
M. Ouellet : Il me reste? Je
commence.
Le Président (M. Simard) : Bien, c'est
ça.
M.
Ouellet : Donc, bonjour à
vous tous, messieurs et mesdames. Je vais commencer, juste pour être certain
d'avoir bien compris... J'ai compris le ministre,
tout à l'heure, nous disant que la rémunération à la SQDC ne
convient pas de bonis, puis ça, je
suis d'accord. J'ai entendu, tout à l'heure, Loto-Québec nous dire : Peu importent les résultats, gel de
salaire, pas de bonis. Et, du côté de Loto-Québec... de la SAQ, pardon, ce que j'ai compris, c'est : On verra selon
la situation. Pourquoi, comme toute autre société
d'État puis Loto-Québec, pour la nommer, dans ce contexte de pandémie, on ne demanderait
pas un effort et, comme le ministre
le dit, une certaine réserve pour, déjà, dire : Peu importe ce qui va se
passer, on devrait, nous, comme société d'État, minimalement faire comme
Loto-Québec, c'est-à-dire demander à nos dirigeants et à nos cadres de renoncer
aux bonis et, surtout, d'avoir un gel de salaire pour la prochaine année? Pourquoi
ne pas faire ça?
Mme Dagenais (Catherine) : J'ai
oublié de vous dire qu'il y a un gel de salaire, et ça a été annoncé avant Loto-Québec, d'ailleurs, il y a plusieurs mois.
Alors, il y en a un, gel de salaire. Ça fait que j'ai juste oublié de le
dire.
M. Ouellet : Mais les bonis seront
toujours possibles?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien,
en fait, les bonis vont être tributaires des résultats qu'on va avoir,
donc...
M. Ouellet : Non, mais... Puis je
vous entends. Ce que Loto-Québec nous dit : Peu importent les résultats,
il n'y en aura pas. Pourquoi, à la SAQ, ce serait différent? Parce qu'on est sûrs d'avoir des bons
résultats, tandis que Loto-Québec, on est sûr que les résultats pourraient être
moins bons? J'essaie juste de... J'essaie de me mettre à la place des Québécois et des Québécoises. On regarde la SQDC
puis on comprend qu'il n'y a pas de bonis parce qu'on n'en fait pas la promotion, mais j'ai Loto-Québec, qui est un monopole, j'ai la SAQ, qui est un monopole, et, au final,
c'est deux poids, deux mesures. Pourquoi?
Expliquez ça à M. et Mme Tout-le-monde à la maison, là, qui regardent la SAQ,
puis qui dit que les bouteilles de vin vont augmenter, puis ils vont
dire : Bon, ça va servir à payer les bonus. Expliquez ça à M. et Mme
Tout-le-monde à la maison.
Le Président (M. Simard) :
Mme Dagenais.
M. Ouellet : S'il vous plaît, je
suis direct, mais, excusez, c'est juste pour...
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui,
alors, bien, écoutez, j'entends très bien votre question. À la SAQ, il n'y a
pas eu de mises à pied. En fait, tout le
monde travaille depuis le début. Oui, les gens sont privilégiés. Je peux dire
que l'équipe a travaillé très fort
pour répondre à la demande du Québécois. Gérer la SAQ, bon, oui, c'est un
monopole, monsieur l'a dit tout à
l'heure, mais on gère les coûts aussi
de façon très serrée. Alors, ce n'est pas un automatisme. Oui, il y a la
ligne du haut, en fait, qui est pas mal
égale à l'année dernière, puis on a des coûts qui sont supérieurs à l'année
passée. Alors, ce que nous sommes en
train de faire, c'est de gérer toute cette barque-là pour s'assurer qu'on
remette le plus possible au gouvernement, qui en a sérieusement besoin,
on le sait, dans un contexte qui affecte tout le monde.
Alors, pour
le moment, la décision qui a été prise par le conseil d'administration,
c'est de dire : Bien, il y aura un boni si les résultats sont atteints, et ça fait partie de la
rémunération de nos cadres, qui n'ont pas toujours été à la SAQ,
qu'on va chercher ailleurs, donc il y a une compétitivité de marché aussi à
respecter, et ça a été la position, là, du conseil jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le député.
M. Ouellet : Donc, ça a été discuté.
Parce que, tu sais, je me mets à la place du ministre des Finances, il nous présente un budget, il nous présente un
énoncé complémentaire, il y a une réserve, les temps seront durs, et tout le
monde devra faire son
effort, mais, d'un autre côté, du côté de la SAQ, on ne demandera pas de faire
cet effort-là. Et ces sommes-là, données en boni, seraient des sommes qui,
techniquement, si elles n'étaient pas versées en boni, pourraient être
versées en dividendes au gouvernement du Québec. Tu sais, vous me voyez venir, là? Donc, l'argent
versé aux bonis pourrait servir à augmenter les dividendes, qui, malheureusement,
pour certaines sociétés d'État, seront plus bas à cause du contexte de la
pandémie.
Je veux
savoir si, au conseil d'administration, vous en avez discuté ardemment pour dire : Est-ce que
ce serait une bonne chose, considérant le contexte, qu'à la SAQ, pour la
prochaine année, on convainc tout le monde de réserver les bonis puis on met ça
de côté?
• (17 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Mme Dagenais.
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui,
alors, ça a été discuté au conseil
d'administration. La décision qui a
été prise avec le conseil d'administration, c'est de geler les salaires des dirigeants. On
n'a pas gelé les salaires de nos gestionnaires de premier niveau pour
garder un certain écart avec nos employés syndiqués à la SAQ.
Ceci étant
dit, je reviens sur la rémunération globale. Ça fait partie... Le choix qui a
été fait depuis toujours, c'est d'avoir
un salaire fixe plus bas, et de reconnaître la performance individuelle de nos
cadres, et de, donc, les bonifier, de leur donner un salaire variable en
fonction de l'atteinte ou non de leurs objectifs.
M.
Ouellet : Juste en terminant
là-dessus, c'est juste que mettez-vous à la place de
certains restaurateurs qui ont vu leurs
commerces fermer, qui n'ont pas pu vendre de l'alcool et qui ont vu leurs
revenus diminuer, et, pendant ce temps-là, la SAQ est demeurée ouverte et a été déconfinée aussi, les dimanches, plus
rapidement que les autres. Bref, vous comprenez un peu la grogne que les gens ont, puis surtout les propriétaires
d'entreprise de restauration, qui ont dit : On a eu de la misère, on essaie de s'en sortir, mais, d'un autre
côté, on a un monopole qui a pu bénéficier de conditions différentes que
nous et qu'au final ces gens-là seront rémunérés. Alors, vous comprenez un peu
dans quel contexte.
Puis, honnêtement, puis je me fais un peu le porte-parole d'autres Québécois et Québécoises, il faudrait peut-être ravoir cette
discussion-là au conseil
d'administration pour dire : Peut-être
que la première décision n'était pas la bonne, mais on va voir ce qui va
se passer cet automne. Je ne présume rien d'une catastrophe économique ou d'un
ralentissement économique, mais ça risque peut-être
de frapper fort, et j'invite la SAQ à avoir une attention particulière sur ces
bonus.
J'aimerais
garder l'attention sur la SAQ encore. J'aurais d'autres questions
pour les autres comparses, là, mais vous avez fait référence, tout à
l'heure, au fait que la SAQ met de
l'avant les produits québécois. Origine Québec a été créé, Préparé au Québec et Embouteillé au Québec ont été
créés aussi. Et, en 2019‑2020, la SAQ a rendu disponibles plus de 800 produits québécois, et la catégorie des
gins a poursuivi sur sa lancée en enregistrant une augmentation des ventes
de volume de 55 % par rapport à l'exercice précédent. Or,
plusieurs microdistilleries ont de la misère à faire leurs frais et de vivre de leur travail lorsqu'on sait que la SAQ
s'approprie à peu près 52,1 % du prix d'une bouteille de gin ou de
vodka.
Donc, vous
allez me voir gros comme un ballon de plage : Qu'est-ce que la SAQ pense
d'apporter des dispositions législatives
pour aider nos microdistilleries à mieux vivre et survivre dans le futur? Le
ministre de l'Économie a déjà dit, dans
les médias, qu'il se ferait un défenseur de l'association des microdistilleurs
et qu'il y avait un pas à franchir pour les aider à mieux exporter et faire connaître ces produits-là. Donc, est-ce
que la SAQ serait d'accord pour éliminer la majoration sur la vente sur
place?
Mme Dagenais
(Catherine) : Ça, c'est la question à 1 000 $. Écoutez,
d'une part, les spiritueux du Québec vont très bien, hein? Ils sont vendus à la SAQ, et je peux vous dire que ces
producteurs-là sont très satisfaits de ce qui est vendu à la SAQ. Je le disais tout à l'heure, on a franchi
140 millions à la fin de la dernière année et on va largement dépasser
ce montant-là dans l'année qui va venir. La
marge de 52,1 % versus la marge habituelle de la SAQ, là, de 57,8 %,
pardon, on a enlevé, on a retiré, là, les
frais administratifs, et donc cette marge-là retourne dans les coffres de
l'État. De prendre une décision comme
ça, de dire : On ne le fera plus, bien, il y a des conséquences sur le
traitement national. Alors, avant de dire
oui, non, je pense qu'il faut le regarder dans son ensemble pour voir comment
on traite le reste des produits qui ne sont pas assujettis aux produits
que vous parlez.
M. Ouellet : On a fait un bon bout de chemin, en matière de législation, pour permettre à nos microbrasseurs de prendre de
l'expansion. Puis, rappelons-nous, avant ça, les bières de microbrasserie, on
trouvait ça, des fois, même exclusivement à la SAQ, et le marché s'est vraiment
libéré, on en trouve dans les dépanneurs, on en trouve dans les microbrasseries. Et puis on a adopté
des lois qui permettent, effectivement, à nos microbrasseurs de grandir, et de
prospérer, et de faire connaître, et c'est ce que les microdistilleurs
s'attendent aussi pour leur industrie, d'être capables de croître et de
grandir.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Ouellet : Peut-être que ma question
irait au ministre des Finances. Déjà?
Le Président (M. Simard) :
...secondes à peine.
M. Ouellet : Est-ce
qu'on devrait regarder un ajustement législatif pour permettre à nos
microdistilleurs de prendre de l'expansion?
M. Girard
(Groulx) : J'ai combien de temps?
Le Président
(M. Simard) : Brièvement, brièvement, s'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : O.K. La responsabilité, pour cette législation que vous
évoquez, appartient au ministre de l'Économie.
Il y a toujours des discussions ou des réflexions qui sont en cours. C'est
certain que, moi, comme ministre des Finances, une de mes considérations, c'est les finances
publiques du Québec. Alors, c'est une des variables dans
l'équation. Je laisse le ministre de l'Économie répondre lors de l'étude des
crédits, si vous lui posez cette question.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le ministre. M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Merci,
M. le Président. J'ai entendu le
député de René-Lévesque, à l'instant, dire qu'on ne faisait pas la
promotion des produits à la SQDC, on ne fait pas la promotion des ventes à la
SQDC. J'ai entendu le ministre des Finances, il y a quelques instants, nous dire : On ne fait la
promotion du volume des ventes à la SQDC. C'est bien ce que vous avez
dit, M. le ministre?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : J'ai dit que ce ne serait pas approprié d'avoir une rémunération
qui serait basée sur la promotion de la vente.
M. Fortin : ...j'ai cru comprendre que... en
tout cas, moi, j'ai... on pourra
regarder, là, mais je suis pas mal sûr que ce que vous avez dit, c'est qu'on ne fait pas la promotion du volume de
ventes. Donc, j'aimerais juste ça qu'on prenne quelques instants, quand même, là, vous et moi, si vous le permettez, je
vois que vous avez votre iPad à côté de vous, là, qu'on aille voir le site Web de la SQDC, si vous voulez. Et allez-y avec moi, là, mais, moi... on a trouvé un produit.
Si vous allez sur sqdc.ca... J'aimerais ça que vous le regardiez, si ça ne vous
dérange pas. Je peux vous l'expliquer, si vous voulez, là.
M. Girard
(Groulx) : Je vous écoute, par respect, allez-y.
M. Fortin : O.K.,
très bien. Sur le site Web de la SQDC, évidemment, là, il y a tout l'inventaire
des produits qui sont vendus dans les
différentes succursales de la SQDC. J'en ai sorti un, mais il y en a plusieurs comme ça, M. le ministre. J'ai un produit devant moi, et les gens qui
veulent, là, pourront facilement le retrouver, ça s'appelle le Purple Chitral, C-h-i-t-r-a-l, qui est un produit, quand même, à haute teneur en THC. Si je clique sur le format un gramme, il
est vendu 10,90 $, donc 10,90 $ du gramme. Si je clique
sur le format 3,5 grammes, il est vendu 28,20 $. Faites la
mathématique rapide, là, c'est 8,06 $ le gramme. Donc, plus on en achète,
moins c'est cher. Est-ce que c'est correct, ça, d'après vous, M. le ministre?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : Bien, en fait, je veux juste... Parce que je connais
votre style un peu, là, mais je veux juste clarifier, là, O.K.? Ce que j'ai dit, c'est que ce ne serait pas
approprié que la rémunération des dirigeants soit fonction de la
promotion des ventes, O.K.? Ça, c'est l'aspect
rémunération.
M.
Fortin : Je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche que
vous n'avez pas dits, M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : D'accord, parfait. Pour concurrencer le marché noir,
puisque l'objectif de la légalisation, c'est la capture du marché noir,
la SQDC doit être compétitive. Or, le prix sur le marché noir est fonction
de... des transactions se font en gros
volumes et à plus bas prix. Notamment, et là je ne suis pas un spécialiste, mais,
notamment, une once... Il y a beaucoup
de transactions qui se font en onces, qui, je crois, est 28 grammes?
Merci. Et donc, oui, à la SQDC, pour être compétitive et capter le
marché noir, si vous achetez 28 grammes, c'est moins cher qu'un gramme.
M. Fortin : M. le
Président, moi, je suis surpris
d'apprendre ça de la part du ministre, qu'il est d'accord à ce que plus on en achète, moins c'est cher. Je suis
franchement surpris. De un, c'est écrit exactement le contraire dans
la loi, M. le ministre, c'est illégal de faire ça. Ce qui est fait par
la SQDC en ce moment, là, c'est
illégal, on doit vendre au même prix, peu
importe le volume. Alors, je ne sais pas où vous avez pris cette
explication-là. Mais, deuxièmement, M. le Président, c'est le gouvernement de la CAQ qui se bat pour
limiter l'accès au cannabis depuis le début de son mandat, c'est lui qui
a limité l'accès aux 21 ans et moins.
Alors là, il dit essentiellement aux consommateurs, là : Achetez-en plus,
ça va être moins cher. Il me semble
qu'il y a une contradiction évidente et que c'est pas mal la dernière chose
qu'on veut quand on parle de cannabis.
Il me semble qu'on veut, de façon générale, oui, permettre l'accès, mais
limiter l'accès en même temps. On ne forcera pas le monde à acheter
15 grammes parce que c'est moins cher que s'ils en achetaient un gramme.
Alors,
je vous repose la question, M. le ministre. Je veux savoir si c'est... Vous
m'avez dit que c'était correct parce que
c'était la façon de concurrencer le marché noir. Je demande au président de la
SQDC, là, si la technique de vente qui est utilisée ou la... Le fait que c'est moins cher plus on en achète, est-ce
que la SQDC se retrouve en contravention de la loi, là? Pour nous, c'est
écrit très clairement dans la loi.
Le
Président (M. Simard) : Alors, M. Bergeron, à vous la parole.
• (17 h 20) •
M. Bergeron (Jean-François) : En fait, M. Fortin, vous avez absolument raison
pour le un gramme, mais le format de
base est le 3,5 grammes. Alors, si vous regardez un produit de
3,5 grammes avec un produit de 15 grammes, c'est le même prix ou, s'il y a une différence de prix,
elle est vraiment due à la manutention, qui, pour un producteur, coûte
moins cher de mettre 15 grammes dans un
contenant que quatre fois 3,5 grammes. Donc, c'est purement... ce n'est
même pas un incitatif au
15 grammes, c'est vraiment parce que le producteur nous le vend moins
cher, et, pour nous, c'est important de compétitionner le marché noir. Donc, il faut aller avec les marges les
plus stables. Donc, c'est vraiment les prix qui se reflètent, donc c'est
les prix d'achat.
Pour
qu'est-ce qui est du un gramme, c'est un format qui est extrêmement cher de
mettre dans un contenant, avec la législation
fédérale au niveau de l'étiquetage de l'emballage, de tout ce que ça prend pour
mettre un gramme. C'est tout simplement des coûts de production. Si vous
regardez les préroulés, par exemple, c'est un autre format où il y a de la manutention, ce qui fait que le produit va coûter plus
cher, pas parce qu'on va faire de la promotion. Ce que M. le ministre voulait parler en termes de prix versus la
quantité, c'est qu'il y a effectivement des produits ou une strate de format,
sur le marché noir, qui est le
28 grammes, qui est l'once, et les produits qui se vendent en format de
28 grammes n'ont pas la déclinaison dans d'autres formats justement
pour ne pas faire la promotion. Donc, un produit de 28 grammes, on va le
retrouver seulement dans le format 28 grammes, et il nous permet vraiment
d'aller chercher le marché noir pour ce type de consommateur là.
Alors,
le gramme, pour nous, c'est un produit de commodité, parce que notre format de
base, de référence, c'est le 3,5. Et, si vous regardez entre le 3,5 puis
le 15 grammes, vous allez voir pratiquement le même coût.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. Bergeron. M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Mais, si je regarde la loi, là... Et je vais vous la lire, là :
«La Société québécoise du cannabis ou un producteur de cannabis ne
peut :
«2° diminuer le prix
de vente au détail en fonction de la [qualité] de cannabis, [...]ou offrir ou
accorder au consommateur un rabais sur le
prix du marché du cannabis.» À partir du moment où vous vendez du un gramme,
là, vous ne pouvez pas dire que vous
faites le contraire de ce que la loi proscrit. La loi vous dit : Vous
n'avez pas le droit de vendre moins cher.
Et
l'esprit de la loi est encore plus clair, parce que, quand je vais voir les
propos de tant des députés de l'opposition de l'époque que de la ministre de l'époque, ils nous disent très
clairement : C'est clair, dans notre esprit, que, si vous achetez un gramme ou 30 grammes, le prix pour
30 grammes, c'est 30 fois le prix du gramme. Donc, c'est exactement
le même prix, là. C'est ce qui est
dans les exemples qui ont été apportés par les députés du Parti québécois, dans
les exemples qui ont été utilisés par
la ministre. Ce qu'on dit très clairement, c'est : Si c'est 8 $ le
gramme, bien, tu en achètes 30, c'est huit fois 30. Ce n'est pas ce qui est en train d'être fait. Puis on peut
justifier avec le produit... le format de référence si on veut, mais, en
même temps, pour le consommateur, lui, il voit un produit qui est moins cher
s'il en achète plus. Est-ce que ça, pour vous, M. le ministre, c'est
acceptable?
M.
Girard (Groulx) : En fait, là, la nuance, là, c'est que ce n'est pas
le même produit, O.K.? Alors, la question, c'est, pour compétitionner le marché noir, il y a un produit qui est
moins cher de grande quantité, puis ce produit-là n'est pas disponible
en plus petites quantités.
M. Fortin : Non, mais ici, là... Je reviens à mon exemple initial, là. Il y a... Ça
se vend en un gramme, ça se vend en
3,5 grammes, ça se vend en 15 grammes. Le président de la SQDC a
raison, 3,5 grammes puis à 15 grammes, ça se vend au même prix. Mais j'ai un incitatif à ne pas
acheter un gramme. Ça, est-ce que ça va contre l'esprit de la loi, selon
vous?
M.
Girard (Groulx) : Je pense que je vais laisser répondre... Vous avez
bien expliqué votre politique de prix.
M. Bergeron (Jean-François) : En fait, notre interprétation de la loi, nous,
c'est qu'on prend la même marge, peu importe.
Donc, on n'influence pas le prix de vente, on prend tout simplement la même
marge. Et, pour un produit d'un gramme,
on ne le considère pas comme un même produit parce que le format, le contenant
coûte tout simplement plus cher à
produire. Sa plateforme vient avec le format aussi. Donc, logiquement, la
manutention, de prendre une fleur d'un gramme et de le mettre dans un
pot, il y a de la perte par rapport à la plante elle-même.
Donc,
pour nous, le un gramme, c'est un format, vraiment, qui est à part, tout comme
le préroulé. Vous pourriez me prendre
le préroulé comme un exemple. C'est la même fleur, c'est la même souche, c'est
le même produit, mais il est dans un
contenant de format préroulé, qui, pour nous, est un autre produit, c'est un
autre SKU. Non, mais ce n'est même pas un jeu de mots, là, on n'essaie même pas de jouer sur le mot. C'est que, pour
nous, ce n'est définitivement pas le même produit.
M. Fortin : Mais, pour le consommateur, c'est le même produit. Celui qui achète le
un gramme ou le 3,5 grammes, c'est le même produit. Si j'achète
3,5 fois celui d'un gramme, je vais avoir exactement le même produit à la
fin de la journée, donc...
M. Bergeron (Jean-François) : Mais trouver une fleur qui pèse exactement un
gramme... C'est une portion de la production, versus un 3,5 où, là,
vraiment, on peut prendre n'importe quel format de la fleur pour la mettre dans
un contenant 3,5 grammes.
M. Fortin : Mais vous allez convenir avec moi, là, que, si on prend un pas de recul
puis qu'on regarde ça du point de vue
du consommateur, plus j'en achète, moins c'est cher, puis ça, c'est un problème,
puis ça, ça va contre l'esprit de la loi.
Je ne peux pas croire qu'il y a quelqu'un, au gouvernement de la Coalition
avenir Québec, qui est d'accord avec ça. Je trouve ça inconcevable. Pour
un gouvernement qui disait, là, depuis le début, vouloir restreindre l'accès au
cannabis, je ne peux pas croire.
Mais, sur le
point spécifique que le président de la SQDC vient de faire en nous parlant de
ses marges, là, il y a un tout autre
enjeu. Parce qu'on a demandé à la SQDC... À la question 161, on leur a demandé
c'était quoi, leur politique de fixation
des prix. Il n'y en a pas, de politique. C'est la réponse qu'on nous a donnée,
là. La Société québécoise du cannabis n'a
aucune politique de fixation des prix. On a demandé celle de la Société des
alcools du Québec. Elle a 20 quelques pages,
la politique de fixation des prix, si je ne m'abuse, et, là-dedans, là, on
parle d'à peu près tout, là, on parle de... En fait, tout ce qui protège le consommateur est là-dedans, tout ce qui
protège le consommateur d'une hausse de prix incompréhensible,
déraisonnable, est dans la politique de fixation des prix de la Société de
l'alcool du Québec.
Mais, à la
SQDC, il n'y a absolument rien. Alors, la SQDC, là, pourrait acheter un produit
à 1 $ puis le vendre pour
5 $, pour 10 $, pour 15 $, pour 20 $, et il n'y a
absolument rien pour protéger le consommateur. Est-ce que ça, c'est acceptable,
M. le ministre?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, j'aimerais que vous expliquiez votre politique de
prix, là. On vous a posé une question, vous avez répondu que vous
n'aviez pas de politique, alors, si vous permettez, je laisserais le P.D.G. de
la SQDC répondre, puisqu'il n'a pas répondu à votre question.
Le Président (M. Simard) : Très bien.
M. Bergeron.
M.
Fortin : Bien, en fait, M. le Président, le P.D.G. a répondu. On nous a dit : La Société québécoise du cannabis n'a aucune politique
de fixation des prix. À la base, je veux savoir si le ministre est d'accord
qu'il n'y ait pas de politique de fixation de prix.
Le Président (M. Simard) : Merci. M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, j'aimerais
comprendre le sens de votre... de la réponse pour vous donner mon
opinion, parce que, là, il y a eu une question, vous n'avez pas eu de réponse,
vous me demandez : Comment vous interprétez sa réponse? Alors...
M. Fortin :
Entendons le président de la SQDC.
M. Girard (Groulx) : Pardon?
M. Fortin :
Entendons le président de la SQDC.
Le Président (M. Simard) : Très bien.
M. Bergeron.
M.
Bergeron (Jean-François) :
On n'a pas de politique de prix écrite, c'est vrai. Cependant,
notre façon de faire, c'est de
conserver la compétitivité que le producteur nous vend sur les tablettes. Donc,
la compétitivité entre les producteurs demeure
toujours la même. Donc, si un producteur est plus efficace
et nous vend un produit à meilleur prix, sur les tablettes, ils vont se
retrouver... Mais on n'a pas de politique écrite à cet égard.
L'autre
élément important, c'est que c'est vrai que ça peut donner
l'impression qu'on ne protège pas le client, mais il faut penser qu'on compétitionne le marché noir,
qui est drôlement agressif sur les prix, et, selon Stats Canada,
le Québec a des prix 25 % en bas
de la moyenne nationale des autres provinces. Alors, on démontre quand même
une certaine rigueur. Mais c'est vrai qu'il n'y a pas une politique
écrite.
M.
Fortin : Mais le... Quand je
regarde la politique de la SAQ, là, c'est très clair, le prix de vente
des biens, là, est établit en
ajoutant au prix de base, le prix de base du bien, une majoration déterminée à
partir des taux spécifiques et en ajoutant,
s'il y a lieu, la taxe spécifique, la taxe sur les produits et services et la taxe
de vente du Québec. Ça, c'est
clair. Ça, on comprend. Mais le problème,
avec les produits de la SQDC, c'est que la SQDC ne dévoile pas combien ils
paient aux producteurs. Comme
consommateurs, là, les gens n'ont aucune idée de combien vous payez le produit,
alors ils ne savent pas c'est quoi,
la marge, ils ne savent pas c'est quoi... combien vous avez payé, il n'y a absolument
rien qui les protège de...
Quelqu'un, là, qui a besoin de ce produit-là, qui veut ce produit-là ou un autre
produit, n'importe lequel sur vos tablettes,
il n'a aucune espèce d'idée combien vous avez payé, est-ce que
vous l'avez majoré, combien vous l'avez majoré puis est-ce que c'est un prix raisonnable qu'il est en train de
payer. Est-ce que la SQDC a l'intention d'avoir une politique
de fixation des prix bientôt? Parce que, pour l'instant, là, il n'y a absolument
rien pour protéger le consommateur.
M. Bergeron
(Jean-François) : Si je peux répondre.
• (17 h 30) •
Le
Président (M. Simard) : M. Bergeron.
M.
Bergeron (Jean-François) : Oui. Bien, dans nos rapports
financiers, c'est assez facile de voir le coût des marchandises vendues, on parle de 22 % de marge, on parle de
22 % de marge, qui n'est pas la majoration, la majoration, c'est même moins que ça. Donc, on parle de
22 % à 23 %, dépendamment de la famille de produits. Donc, on a
vraiment une majoration ou des marges extrêmement basses, puis, évidemment, ça
s'explique parce qu'on compétitionne le marché noir. Nous, le gramme moyen se vend, taxes incluses, actuellement autour
de 6,70 $ le gramme, alors... et ça inclut toutes les taxes, les taxes d'accises, alors que, sur le
marché noir, c'est 6 $. Et le reste du Canada, c'est 10,30 $ le
gramme. Là, on est nettement en bas.
Maintenant,
c'est vrai qu'on devrait avoir une politique écrite. On est encore à un an et
demi de notre démarrage. On essaie de
comprendre comment le marché noir se positionne. On fluctue l'ajustement en
fonction de la réaction par rapport
au marché noir. Quand on a introduit le produit de 28 grammes, celui qu'on
vous parlait tantôt, on a connu vraiment une baisse de notre prix moyen parce que le mix change. Donc, on est
encore dans une dynamique importante. On essaie de comprendre comment le marché se positionne. Alors, c'est pour cette
raison-là qu'on a n'a pas cristallisé actuellement une politique.
Mais,
ceci dit, c'est clair que les producteurs savent très bien les marges que l'on
prend. Ce n'est pas un secret pour personne. Et, mathématiquement, c'est
assez facile de faire la mathématique si on regarde nos états financiers.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Sur les prix, M. le Président, deux choses. D'abord, ça nous apparaît
logique d'avoir une politique écrite
de fixation des prix, et non juste une politique qu'on peut expliquer quand on
se la fait demander verbalement. Mais, deuxième
chose, M. le Président, et je vais terminer là-dessus sur les prix, je demande
formellement à la SQDC, et au ministre
de s'en assurer, de s'assurer que, lorsqu'un produit est vendu, on ne le vend
pas moins cher plus on en achète. C'est la base même de l'esprit de la loi. L'esprit de la loi dit : On ne
fait pas de la promotion sur le volume du produit qu'on achète, on veut limiter l'accès. Si c'est vraiment
ça, l'objectif du gouvernement, là, bien, limitons l'accès en ne
diminuant pas le prix quand on en achète
davantage. Et on peut trouver toutes sortes de façons de l'expliquer en disant
que c'est des produits différents, à
la base, plus j'en achète, moins ça me coût cher. Puis ça, c'est un problème
quand on parle de cannabis.
Dernière
chose pour la SQDC, M. le Président. Le programme de récupération, qui a fait
sourciller bien du monde ce matin,
est-ce que la SQDC est en mesure de nous dire que ce programme-là, au niveau
environnemental, a des bénéfices plus grands que le programme régulier
de la collecte sélective?
Le Président (M.
Simard) : M. Bergeron.
M. Bergeron (Jean-François) : Oui, merci, M. le Président. D'abord, on est
conscient que le suremballage au niveau
du cannabis est un enjeu important, et pas juste au Québec puisque c'est de
production fédérale. Donc, toutes les provinces
achètent les mêmes produits avec le même suremballage. L'initiative qui a été
lancée à la SQDC cette semaine, on l'a fait en prototypage, c'est une
option de plus qui s'offre aux consommateurs. Donc, ce n'est pas une option qui
compétitionne RECYC-QUÉBEC, c'est une option
supplémentaire. On a visité les installations de TerraCycle, qui est le
joueur en question, pour voir ce qu'ils faisaient avec le produit, et ils
produisent des matériaux de composite pour la construction, un genre de
deux-par-quatre en plastique. On a trouvé ça fort intéressant d'offrir une
option de plus.
Ceci
dit, le consommateur est toujours légitime de mettre son contenant dans le
recyclage, et c'est un prototype, et ça ne nous coûte absolument rien de
plus parce qu'il est souvent...
M. Fortin : Ma question n'est pas sur le fait que le consommateur a le
choix et pas sur combien ça vous coûte et pas sur le fait que vous avez visité des installations. Ma question,
c'est de savoir, au point de vue environnemental, là : Est-ce que vous avez analysé ce qui est le meilleur? Est-ce que c'est le
nouveau projet que vous avez en place ou est-ce que c'est la collecte
sélective?
Le Président (M.
Simard) : M. Bergeron.
M. Bergeron (Jean-François) : C'est un amalgame de ce qui peut s'offrir. Nous,
on s'est assuré qu'il y avait
un circuit fermé dans le recyclage avec
l'option TerraCycle, là, mais c'est la meilleure réponse que j'ai pour vous, M.
Fortin.
M. Fortin : Non, mais ça ne peut pas marcher, ça, M. le Président, on ne peut
pas... de n'importe quelle société d'État ou ministère québécois, là, on ne peut pas dire : On a un programme
de recyclage puis on va changer ce
programme-là sans mesurer si, au niveau environnemental, il est
meilleur. Comment est-ce qu'on peut dire : Bon, bien, il y a une entreprise privée, là, qui vient nous voir, elle
fait un programme de recyclage, ou de réutilisation, ou de récupération,
mais on ne sait même pas s'il est meilleur
au niveau environnemental que le programme qu'on a déjà? Il me semble qu'à
la base, là, la base, la première question
qu'on devrait se poser, c'est : Au niveau de l'environnement, on est-u en
train de faire mieux ou on est en
train de faire pire? Puis, à partir de là, on regardera si ça nous coûte
quelque chose, à partir de là, on regardera si c'est la meilleure chose
pour le consommateur. Mais la base là-dedans, c'est de dire : Bon, c'est
un programme de récupération, est-ce que
c'est meilleur au niveau environnemental? Est-ce que cette analyse-là a été
faite, oui ou non?
Le Président (M. Simard) : Très
brièvement, M. Bergeron.
M. Bergeron
(Jean-François) : Je tiens à
dire qu'on n'a pas la prétention de remplacer le programme de RECYC-QUÉBEC,
on offre une option de plus. Et on s'est assuré, avec nos capacités, qu'il y avait
effectivement un circuit de recyclage et des produits se
retrouvaient. Je pense que... je ne suis pas capable de garantir non plus que
RECYC-QUÉBEC recycle l'entièreté du
plastique. Alors, au même titre, je ne peux pas vous garantir que c'est
100 % mieux que RECYC-QUÉBEC, mais c'est une option de plus.
Le
Président (M. Simard) : Merci, merci, M. Bergeron. Je cède maintenant
la parole au député de Rosemont.
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Retour rapide sur ce que je n'ai
pas eu le temps de finir tout à l'heure avec la rémunération de la SAQ. Je ne veux pas «shamer» personne ici, là, comme diraient mes ados, mais Mme la
présidente-directrice générale de la SAQ, l'an dernier, a touché
65 millions $. En fait, elle vient de le toucher...
65 000 $, pardonnez-moi,
excusez-moi, 65 000 $. Là, on aurait eu une grosse nouvelle.
65 000 $ de rémunération en bonis, et je crois que c'est Mme Filion qui est derrière, si je suis
physionomiste efficace, 84, en fait, presque 85 millions $. On avait
appris, un peu plus tôt dans l'année,
qu'une ancienne vice-présidente et cheffe de la direction... non, ce n'est pas
ça, c'est l'ancienne dame aux ressources
humaines... était partie, elle, avec presque 500 000 $ de boni de
départ ou d'indemnité de départ, je devrais dire, sans qu'il n'y ait
trop d'explications, d'ailleurs, de la SAQ.
En
passant, je vous invite à la plus grande des transparences. Je le fais avec
toutes les sociétés d'État, mais on ne peut pas donner 500 000 $ à quelqu'un qui s'en va puis
faire une ligne dans un communiqué ou un courriel de réponse aux journalistes qui posent des questions. Ce n'est
pas acceptable. En tout cas, l'ancien journaliste que je suis ne
l'accepte pas, puis le contribuable, encore moins.
Mais,
quand je regarde ces chiffres-là... puis encore là, je ne veux pas «shamer»
personne, vous êtes là, puis c'est vous qui occupez ces postes-là. Mais
vous ne trouvez pas que vous poussez le bouchon un peu loin?
Une voix :
De quel bouchon parlez-vous?
M.
Marissal : Le bouchon de la
rémunération. Si j'étais cabotin, je dirais que c'est «open-bar» pas mal, là,
les bonis à la SAQ. Parce que,
moi, quand je vais dans les SAQ de mon quartier, je les connais bien, je les
apprécie, surtout ces temps-ci parce qu'ils travaillent dur, c'est Noël, là,
c'est Noël quatre, cinq fois par mois depuis le début de la pandémie.
Ils travaillent dans des endroits trop petits où ce n'est pas possible d'avoir
la distanciation. Il ne faut pas toucher les bouteilles,
mais qui ne touche pas une bouteille avant de l'acheter? Il faut bien la
regarder, il faut bien lire c'est quoi. Ils n'ont pas eu l'équipement de
sécurité nécessaire au début.
J'ai appelé... je
n'ai pas dit que c'est moi qui ai fait changer les choses, mais, au début de la
pandémie, sur les représentations des commis
de la SAQ à côté de chez moi, sur la rue Masson puis dans Angus, j'ai pris
l'initiative d'appeler le ministre
des Finances pour lui dire : Ce serait bien qu'il y ait des gardiens de
sécurité dans les SAQ, parce que, moi, les commis, ce qu'ils me disent, c'est qu'il y a des gens qui vont se battre
pour de l'alcool puis que ça ne va pas. Puis ce n'est pas leur job, ce
n'est pas des «doormen» puis des «doorwomen». Ce n'est pas ça, leur job.
Mais
ces gens-là sont au front depuis le début parce que l'alcool est apparemment un
service essentiel au Québec. Là, vous
faites des millions parce que les gens soignent leur dépression avec de
l'alcool, malheureusement, et c'est un autre problème. C'est pour ça que les ventes augmentent tant que ça cette
année, ce n'est pas pour l'expérience client, là. Ce n'est vraiment pas le fun aller à la SAQ ces temps-ci
puis ce n'est pas la faute des employés, c'est parce que c'est
contingenté. Tu attends des fois une
demi-heure dehors au gros soleil ou
sous la pluie, tu as un masque, tu es pressé, les employés sont
surutilisés, ils sont pressurisés puis ils ne sont pas de bonne humeur, puis je
les comprends.
Toute
cette longue tirade pour vous dire que ce n'est pas un peu cynique de continuer
de vous verser des bonus dans ces
circonstances alors que la majorité de vos cadres, corrigez-moi si je me
trompe, travaillent en télétravail, ils ne sont même pas en contact avec le public, alors que ces gens-là, commis
plancher, sont en contact avec le public, ils ont mis leur santé à risque au début et même encore aujourd'hui, parce que ce n'est pas tout
le monde qui porte le masque
comme il faut, là? Puis, en plus, il faut se
battre avec les idiots qui ne veulent pas porter le masque. Alors, vous ne
trouvez pas ça un peu cynique de continuer votre politique de
rémunération avec bonus?
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
• (17 h 40) •
M.
Girard (Groulx) : Je vais prendre
à la première partie de la question. Peut-être vous pourrez adresser la dame des ressources humaines qui a quitté. Écoutez,
la Société des alcools du Québec donne un dividende de 1,2 milliard de
dollars au gouvernement du Québec.
Lorsqu'on inclut la taxe de vente, ça frise les 2 milliards. Il y a
400 agences, plus de 400 agences,
plus de 400 succursales. C'est une entreprise complexe. On a une femme de
grande qualité qui la dirige, on en
est fier. Sa rémunération globale comprend une portion variable. Et le total de
sa rémunération à 512 000 $,
pour la complexité de sa tâche, je
suis à l'aise avec ça et je suis content qu'on ait une femme de qualité qui
verse ce dividende et qui gère cette complexité.
Quant à la pertinence
d'un bonus pour l'année 2020‑2021, on doit d'abord faire l'année 2020‑2021
avant de décider un bonus, etc., là. Il y a un travail à faire, c'est complexe,
vous le dites vous-même, les conditions sanitaires, il y a perte de marchés au niveau des restaurateurs. On n'est pas rendu
à se partager les bonus de 2020‑2021, là. On est au mois d'août, le cinquième mois de l'année fiscale, c'est une situation
extrêmement difficile, et on va évaluer la rémunération de Mme Dagenais pour l'année 2020‑2021 en temps
et lieu avec recommandation du conseil d'administration.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de Rosemont, souhaitiez-vous réagir?
M. Marissal : Le portrait
vaut aussi pour Loto-Québec, qui, d'emblée, a pris la décision qu'il n'y aurait
pas de bonus pour cette année. Ça me
semble être la chose à faire, et vous pouvez encore le faire. Vous avez le
pouvoir de dire : Cette année...
Je ne remets pas en question les qualités de Mme Dagenais et de son
équipe, ce n'est pas ça pantoute, mais soyons
quand même réalistes, là, la SAQ, c'est un monopole. Moi, si je veux acheter du
vin, à moins d'acheter du vin de dépanneur,
si je veux acheter du vin millésimé, avec un conseil, je n'ai pas le choix d'aller ailleurs qu'à la SAQ. La preuve en est que c'est un monopole puis que les affaires
vont bien, c'est que, même dans les circonstances hyper désagréables d'achat en ce moment, les ventes sont bonnes, puis
les gens font la queue pour y aller. S'ils pouvaient aller ailleurs, ils
iraient ailleurs, là. Alors, je ne remets pas
en question les qualités de madame, là, vraiment pas, je ne veux pas
m'embarquer là-dedans puis je ne fais pas ça. Je dis juste que...
entendons-nous sur la complexité.
Mais, si encore la
SAQ avait révolutionné son service de livraison, je dirais... mais mon
expérience de client de la SAQ vous dirait que ce n'est pas le cas, ce n'est
pas arrivé, il n'y a pas eu de révolution. Il y a eu des délais
épouvantablement longs au début, jusqu'à trois semaines. Le choix des produits
a fondu comme peau de chagrin. Alors, je
vous invite, en tout respect pour les gens qui dirigent la SAQ, à... Tiens, la
modération a meilleur goût, a bien meilleur goût. C'est ça qu'on dit à
la SAQ? Bien, ça vaut pour les bonus aussi, quant à moi.
Rapidement, je
voudrais vous parler du bingo, M. le ministre. Vous allez comprendre pourquoi,
parce que Loto-Québec est ici. Je parle de l'industrie du bingo qui
crie famine, qui crie à l'aide. Depuis le début de la pandémie, il y a six salles de bingo qui ont fermé au Québec, il y
en a quatre qui sont en train de mourir. Juste les six salles qui ont
fermé, ça fait 82 organismes orphelins qui tiraient leurs revenus des
bingos. Ça va vraiment mal dans le bingo.
Et
Loto-Québec, là-dedans, est accusé de prédation, est accusé
de parasitage du milieu du bingo, notamment avec toutes sortes de produits qui se multiplient dans les bingos. Et j'ai
même entendu parler de gestionnaires de bingo que Loto-Québec vend des gratteux dans les salles de bingo où, tenez-vous bien, dans
son immense générosité, va vous donner un
estampilleur à carte de bingo si vous grattez trois émojis caca. Alors, en
plus, je trouve ça assez honteux d'infantiliser les gens qui vont au bingo, là, de leur donner des
estampilleurs à billet de bingo si vous avez trois émojis caca sur votre
gratteux.
Est-ce
que vous pouvez vous engager à donner un coup de main sérieux à cette
industrie, à la remettre sur ses pieds? Parce qu'au rythme où vont les choses on a perdu 35 salles et
maintenant presque 40 salles depuis 2008, et, au rythme où vont les
choses, il n'y en aura plus, de bingo, dans trois ans ou quatre ans au Québec.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Vous avez dit : On a perdu 35 salles. Depuis
quand?
M. Marissal :
Depuis 2008, on a perdu 35 salles.
M. Girard
(Groulx) : Depuis 2008?
M.
Marissal : Depuis 2008.
Ajoutez les six qui viennent de fermer plus les quatre qui sont en train de
mourir, c'est toute une industrie qui va très, très mal, et pour plein de
raisons.
M.
Girard (Groulx) : O.K. Oui,
bien là je pense que je vais... j'aimerais passer la parole à Mme Roiter, qui
pourrait nous parler de son... le rôle de
Loto-Québec avec les bingos, parce que c'est ça que vous dites, que Loto-Québec
a des pratiques prédatrices envers
les bingos. Alors, je pense que Mme Roiter sera en mesure d'y répondre. Quant à
la tendance lourde de la disparition
des bingos depuis 2008, bien, vous m'en informez aujourd'hui, mais je ne suis
pas surpris, là. Alors, c'est peut-être au niveau de l'aide aux organismes
qu'on peut faire quelque chose. Je ne pense pas qu'on va pouvoir ralentir une
telle tendance lourde.
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Girard
(Groulx) : Je passerais la parole à Mme Roiter.
Le Président (M.
Simard) : Mme Roiter.
Mme Roiter (Lynne) : Oui. C'est un plaisir. On parle à chaque année du bingo à la commission parlementaire. C'est une activité... Il y a 23 ans que
Loto-Québec s'est joint pour appuyer, justement, l'industrie de bingo, qui
était alors en décroissance. Donc,
déjà, il y a 23 ans, elle était en décroissance. Nous offrons deux
produits, c'est du bingo en réseau. Donc,
pendant une journée de bingo, il y a deux tournées qui sont offertes, et on a
aussi des billets en languette. Ce que vous me parlez au niveau des
biens instantanés, vous m'apprenez quelque chose. Je n'ai jamais entendu ça...
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
Mme Roiter
(Lynne) : ...et je vais vérifier.
Le
Président (M. Simard) : Merci, Mme Roiter. Merci beaucoup. Je
cède donc maintenant la parole au député de Pontiac.
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Je vais continuer
avec la SQDC rapidement, là. J'ai quelques autres sujets que j'aimerais aborder. Et, d'entrée de jeu,
j'avoue que je connais mes succursales de la SQDC beaucoup moins que le député de Rosemont affirme connaître ses
succursales de la SAQ. Mais, M. le ministre, j'aimerais quand même avoir
votre perspective, parce qu'on n'y est
jamais revenu un peu plus tôt, là. Est-ce que vous acceptez de joindre votre
voix à la mienne et de demander que la SQDC ait une politique de
fixation des prix écrite?
M.
Girard (Groulx) : En fait, je pense qu'un des avantages de ce forum,
c'est l'amélioration continue. Alors, vous avez demandé à la SQDC si elle avait une politique de prix. Elle vous a
répondu : On n'en a pas. Vous considérez que c'est inacceptable. Le P.D.G. répond que c'est une
jeune organisation, maintient compétition des fournisseurs, regarde le marché noir. Alors, je vous dirais qu'on va en
discuter, de la pertinence de ça. Je ne m'engage pas... Je m'engage à en
discuter avec M. Bergeron, à l'étudier,
et si... On va vous revenir là-dessus, puis je vous remercie de l'avoir
souligné aujourd'hui.
Le Président (M. Simard) :
M. le député de Pontiac.
M. Fortin : D'accord. Disons que j'ai senti une meilleure ouverture de la part du
président de la SQDC lui-même, mais,
bon. Je veux juste, d'entrée de jeu, là, sur le deuxième point que j'ai fait à
propos de la SQDC, là... parce que je n'ai pas eu la perspective du ministre, mais je veux lui rappeler que, dans le
plan stratégique de la SQDC, le Plan stratégique 2021-2023, à la page 8, il parle des acteurs du marché
noir, et... disant ça, là, on sent, dans, disons, dans le paragraphe,
on sent que c'est... Ce qu'on décrit à propos du marché noir, ce n'est pas ce
qu'on vise à la SQDC. On dit : «Les acteurs du marché noir, également actifs dans des sites Web illégaux,
font fi de la réglementation et offrent des prix qui décroissent en
fonction du volume.»
Alors,
je demande au ministre : Est-ce
qu'il peut s'engager à ce que la SQDC
ne fasse pas ce que les acteurs du marché noir font clairement, faire fi
de la réglementation et offrir des prix qui décroissent en fonction du volume?
M. Girard
(Groulx) : Là, vous faites référence spécifiquement à la distinction
entre le un gramme et le trois grammes, qui est sous un emballage différent.
M. Fortin : Je vous demande à ce qu'en aucun cas, lorsqu'on achète un gramme d'un
produit, ce soit plus cher que quand
on en achète davantage. Est-ce
que vous pouvez vous engager à ce que
ce ne soit pas pratique courante dans la SQDC?
M. Girard
(Groulx) : Je m'engage à en discuter avec le ministre Carmant,
certainement, et M. Bergeron, m'assurer
que l'interprétation de la loi qui a été faite au niveau d'une marge fixe et
d'un prix de revient qui est différent parce
que l'emballage est différent...
Alors, encore une fois, vous soulevez la question. Je m'engage à
l'étudier, y réfléchir, et ce n'est certainement pas, d'aucune façon,
notre intention, et je ne cautionnerais pas de ne pas respecter la loi.
Alors,
on a une interprétation ici, au
niveau du prix de revient, du coût
qui est différent pour le produit. On va étudier ça, et je vais en
parler aussi au ministre Carmant, certainement.
• (17 h 50) •
M. Fortin : Bien, le minimum, c'est de s'assurer qu'effectivement on respecte la
loi. Encore mieux, ce serait de dire :
On veut qu'on respecte l'esprit de la loi et que, comme il avait été dit dans
les échanges entre les partis d'opposition et le gouvernement de
l'époque, qu'on respecte effectivement que le même produit, à un gramme, trois
grammes, cinq grammes, 20 grammes, soit au même prix.
Deux
questions rapides avant de passer la parole à mon
collègue. M. le ministre, vous êtes ministre des Finances, hein? Alors, les tarifs, les taxes, les
impôts, ça relève pas mal tout de vous. Ce matin, là, on apprenait que les
écoles pouvaient encore augmenter les tarifs
par rapport aux frais de surveillance des élèves. Et
l'explication qu'on a eue ce matin, bien, c'est : Vous savez, on a
manqué de temps, hein, à cause de la pandémie. On a manqué de temps. On n'a pas
pu passer la réglementation.
Il
y a-tu une raison autre que ça? Parce
qu'honnêtement il y en a passé beaucoup, des réglementations pendant la
COVID, là. Ça, c'est un frais que le gouvernement s'était engagé, l'an dernier,
à ce que les parents ne paient plus. Est-ce qu'il y a moyen de faire en sorte
que dans les deux prochaines semaines, avant que l'école commence, on ne paie
pas ce frais-là?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M.
Girard (Groulx) : Je vais discuter de cette situation avec le ministre
de l'Éducation. Là, j'avoue que je n'ai pas de position explicite pour
vous présentement.
M.
Fortin : O.K., mais ce serait le fun que vous le fassiez. Si au moins
vous pouvez vous engager à le faire, là, rapidement, avant la rentrée scolaire, prenez la décision que vous
voulez, là, ça vous appartiendra, mais le ministre de l'Éducation s'est
engagé à ce qu'on ne puisse pas... à ce que les commissions scolaires ne
puissent pas augmenter ces frais-là. Il me semble que ce serait approprié pour
vous d'avoir la discussion. Si vous pouvez vous engager à le faire avant la
rentrée, ce serait apprécié. Est-ce que vous pouvez vous engager à le faire
avant la rentrée?
M. Girard
(Groulx) : Écoutez, je n'ai vraiment pas l'ensemble du dossier, là,
pour répondre à cette question. Alors, si vous permettez, je vais
prendre connaissance du dossier et, à ce moment-là, je pourrai me prononcer.
M. Fortin :
D'accord. Bien, je l'apprécierais, que vous vous prononciez.
Dernière
question pour moi. Je vois les organismes qui sont ici aujourd'hui. On apprécie
toujours leur présence, là, dans le
cadre de l'étude des crédits parlementaires. Je vois l'Institut de la
statistique, la Société des alcools du Québec, Loto-Québec, la SQDC. Il manque un organisme, M. le Président. Postes
Québec. Où est Postes Québec, M. le Président?
C'est une
idée vague qui a été lancée par le ministre de l'Économie à un certain moment,
on ne sait trop pourquoi, hein,
probablement question de nationalisme mal placé dans ce cas-ci. Est-ce que le
ministre de l'Économie vous a approché pour savoir... pour faire une
analyse financière, à savoir est-ce que Postes Québec, c'est une bonne idée ou
c'est une mauvaise idée? Parce que ça
semblait très sérieux de la bouche du ministre de l'Économie, mais on n'en a
jamais réentendu parler. Alors, j'aimerais savoir, vous, comme ministre
des Finances, est-ce qu'on vous a approché pour savoir... pour avoir une
analyse de... est-ce que c'est possible et financièrement viable?
M. Girard
(Groulx) : Alors, je vais
répondre sur deux dimensions. Alors, mon collègue, le ministre de l'Économie,
est un ministre de grande qualité, et un de
ses rôles, c'est de conceptualiser, imaginer. Il est extrêmement créatif. On
cherche des... toutes sortes d'opportunités
du développement économique. Alors, je souligne sa grande ouverture à
considérer des idées comme... C'est vraiment une mauvaise traduction, en
dehors de la boîte, là. Je pense qu'on doit se trouver une expression
québécoise, on peut faire mieux qu'une simple traduction. Est-ce qu'il m'en a
parlé spécifiquement? Non.
M. Fortin : Il
ne vous a jamais demandé d'analyse ou quoi que ce soit par rapport à la
possibilité d'établir Postes Québec?
M. Girard (Groulx) : J'ai déjà
répondu.
M.
Fortin : D'accord. Je vous
remercie de votre honnêteté dans ce dossier, M. le ministre, et je
passerais la parole.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Et
vous avez 10 min 30 s.
M. Leitão :
10 min, très bien. Alors, nous avons le temps de poser une question ou
quelques questions à l'ISQ. M. Florea, bonjour. Vous êtes là, alors
on ne va pas vous oublier.
Écoutez, depuis un certain nombre d'années,
l'ISQ avait une structure financière un peu fragile. Maintenant, il y avait des plans de redressement, et tout ça.
Le temps a passé. Comment ça se situe aujourd'hui? Est-ce que l'institut
s'est stabilisé? Comment ça va?
Le
Président (M. Simard) : Alors, il y a consentement afin que
M. Florea s'adresse à nous? Monsieur, pour les fins de nos travaux,
juste vous présenter brièvement.
M. Florea
(Daniel Lucian) : Oui,
merci. Merci, M. le ministre, M. le Président. Ça me fait plaisir de
répondre à votre question parce que les
nouvelles sont bonnes. L'année financière qui vient de finir, on vient d'avoir
le rapport du Vérificateur général sur
nos états financiers, et je tiens à vous dire aussi que le Vérificateur général
n'a fait aucun commentaire sur nos
états financiers. Vous allez trouver ça banal, mais pour une petite
organisation comme la nôtre, j'ai juste
une comptable et deux techniciennes qui s'occupent d'une gestion financière
assez complexe parce que nous devons comptabiliser le temps mis par
chacun des employés dans chacun des projets qui sont payés des clients. En tout
cas, moi, j'ai... ça m'a fait grand plaisir de ne pas avoir de commentaire de
la part du Vérificateur général.
Mais le
Vérificateur général, lui, il se prononce sur la correctitude des états
financiers, pas sur les résultats, et, du point de vue des résultats, il me fait plaisir de vous dire que nous
avons fini l'année financière 2019‑2020 avec un surplus de 3,4 millions de dollars. Donc, l'Institut
de la statistique n'est plus dans une situation financière précaire, comme
c'était le cas il y a quelques années.
Depuis quelques années, on dégage des surplus qui font en sorte qu'on a réussi
à éponger notre déficit cumulé parce
que les déficits qui se répétaient d'année en année ont créé un déficit cumulé
qui est contraire à notre loi.
L'institut, selon sa loi, n'a pas le droit de faire des déficits cumulés, et
ça, ça donnait tout le temps au Vérificateur général l'occasion de
mettre une note en disant qu'on ne respecte pas notre loi.
Maintenant,
cette belle situation financière, d'où vient-elle? Je ne vais pas vous faire un
discours édulcoré, écoutez, il y a plusieurs facteurs. Moi, je pense qu'il
y a eu une gestion financière très serrée à l'Institut de la statistique. On
regarde les dépenses. On...
M. Leitão :
Écoutez, merci. Je dois vous interrompre, merci, parce que, là où je voulais
aller... Donc, l'institut a repris une
bonne marge de manoeuvre. Très bien.
Mais là nous sommes... Nous faisons face à une situation assez particulière, la pandémie, l'impact que cela a sur
l'économie. Et donc, est-ce que vous jugez que vous
avez les effectifs nécessaires, les ressources nécessaires pour bien analyser surtout les comptes économiques
en ce moment? Parce que, par
exemple, sur le marché du travail, nous savons que Statistique Canada a fait toutes
sortes de travaux pour ajuster ses définitions. Quand on veut mesurer le PIB, bien, on ne vit
pas dans un temps normal. Donc, vous devez aussi vous adapter pour pouvoir continuer de faire ces... de faire
votre travail, qui est très important. Alors, jugez-vous que vous avez
les ressources nécessaires ou est-ce que ça va avoir
besoin... vous allez avoir besoin de ressources additionnelles? Comment vous
voyez ça?
M. Florea (Daniel Lucian) : Jusqu'à
maintenant, on a réussi à maintenir la production des statistiques économiques.
On a déclaré pareil comme service essentiel. Nous, on s'est dit : Durant
cette crise, le gouvernement a besoin d'information économique pour faire sa planification budgétaire
plus que dans une période normale. Alors, nos statistiques, la production de nos statistiques économiques s'est poursuivie, je vous dirais, même mieux
encore. Je ne sais pas si vous avez remarqué, l'Institut de la
statistique, étant donné l'inédit de la situation qu'on est en train de vivre,
a commencé à faire... a donner des résultats
préliminaires pour le mois suivant, chose qu'il ne faisait pas avant. C'est une
business dans laquelle on ne veut pas être de façon permanente parce que
ça s'apparente, au fond, aux prévisions économiques que l'institut ne doit pas faire pour raison de soupçon de conflit
d'intérêts. Vous imaginez que, si nous, on fait une prévision, après ça, on est accusé qu'on s'est arrangé avec
le gars des vues pour que le vrai résultat tombe sur la prévision. Mais,
pendant cette période exceptionnelle, on donne des, ce qu'on appelle des
flashes, donc des estimés préliminaires pour les données économiques à venir,
justement pour aider la planification budgétaire du gouvernement.
Maintenant,
est-ce qu'on va être capable de faire ça, de continuer de faire ça? Moi, je
pense que oui. Je ne vous cache pas qu'il y a une certaine
préoccupation. Si la pandémie perdure et surtout si d'autres sources d'information
commencent à ne plus être disponibles, ça se
pourrait que nos statistiques économiques perdent en précision. Mais,
jusqu'à maintenant, nos équipes se sont
mobilisées pour trouver aussi des façons alternatives de... Une des sociétés
d'État qui n'est pas ici, c'est
Hydro-Québec. On a enclenché un partenariat avec Hydro-Québec justement pour
nous aider à trouver des proxys pour l'activité économique qui
pourraient compenser l'absence d'autres indicateurs qui étaient disponibles en
temps normal.
Donc, pour le
moment, je ne pense pas qu'il y a
un danger. Mieux que ça, c'est notre engagement de poursuivre la production de statistiques
économiques. Dans ces temps difficiles, on sait que c'est essentiel.
• (18 heures) •
M.
Leitão : Très bien, merci beaucoup. Et, oui, continuez, parce qu'on en a tous besoin, de
cette information-là. Merci.
Mme Roiter,
il nous reste quelques minutes, je pense, alors j'aimerais discuter un petit peu avec vous de votre organisation, de Loto-Québec. La pandémie vous a... Je vais me déplacer un
peu, excusez-moi. O.K. Excusez-moi. La pandémie, bien sûr, a eu un effet important sur les activités de
Loto-Québec, c'est... on comprend tous ça. Mais, si
j'ai bien compris, dernièrement, dans les dernières semaines, vous avez annoncé des mises à pied importantes,
majeures. Alors, pourriez-vous nous
dire pourquoi vous avez fait ça, en tant que société d'État, pourquoi vous
avez décidé quand même de
procéder avec des mises à pied significatives?
Le Président (M. Simard) : Madame.
Mme Roiter (Lynne) : Oui. Effectivement,
comme vous mentionnez, on a été très affectés par le COVID, particulièrement le dernier trimestre. Nos établissements de jeu, les ventes d'appareils de loterie vidéo
avaient cessé, et aussi nous avons
cessé, pour environ un mois, la vente, aux points de vente, des
loteries. Donc, en voyant ces changements dans nos opérations, on se
devait, Loto-Québec, de regarder, justement, nos priorités, ce qu'on avait
prévu faire pour l'année, modifier nos
opérations en conséquence, aussi, pour annuler ou reporter... pas annuler, mais
reporter à l'an prochain tous les
projets qui ne nous apportaient pas un avantage économique au cours de cette
année et, aussi, faire uniquement les projets d'entretien de notre
actif, qui étaient urgents.
Alors, cela
étant fait... Évidemment, lorsqu'on a commencé, aussi, au début, on a
gardé tous nos employés, ils étaient
payés, les gens qui travaillaient au casino, sur le plancher, ont été payés
jusqu'au mois de juin, mais... et
parce que, pour nous, l'important,
c'était de garder l'expertise de notre main-d'oeuvre. Et, comme il avait été mentionné au début
de cette session, COVID était très évolutif.
Lorsqu'on a fermé, on ne savait pas quand on était pour
réouvrir. On espérait que ce
serait assez rapidement et on voulait maintenir notre expertise, mais on
a vu, justement, qu'on ne pourrait pas ouvrir rapidement, et aussi que, lorsqu'on a ouvert... et maintenant, au cours du mois
de juillet, et, juste la semaine passée, le Casino de Montréal a ouvert,
mais on voit que c'est très graduel, des opérations partielles. Il y a des gens
qui retournent sur le plancher du
travail, et on se devait donc de regarder à tous nos effectifs, et voir nos
besoins, et faire l'ajustement pour que notre main-d'oeuvre qui était rémunérée représentait justement
nos besoins sur le plan opérationnel. Il y a eu des mises à pied. Je
souligne, c'est des mises à pied temporaires, les gens vont être rappelés au
travail à fur et à mesure que nous reprenons et que nous pouvons reprendre nos
opérations. Nous avons aussi eu des réductions d'heures de travail dans
d'autres secteurs.
Le Président (M. Simard) : Merci,
madame. M. le député.
M.
Leitão : Très bien. Ce que
j'aimerais vous demander aussi : Est-ce que ça aurait été possible de vous
prévaloir du programme de subvention
salariale, le programme fédéral qui paie 75 % des salaires? Je mentionne ça pour que vous... pour pouvoir maintenir le lien d'emploi avec... Je
comprends très bien que vos revenus ont baissé, et donc je comprends la
situation, mais, si vous faisiez appel au programme fédéral de subvention
salariale, les personnes garderaient le lien d'emploi avec l'organisme.
Le Président (M. Simard) : Très rapidement,
s'il vous plaît.
Mme Roiter (Lynne) : Nos employés sont admissibles à tous les
programmes fédéraux qui se présentent, donc, aussi, même le programme fédéral pour le travail partagé. Je veux vous
faire remarquer que nos employés de casino étaient les seuls dans le
monde qui ont continué de recevoir leur salaire lorsque les casinos étaient
fermés.
Le Président (M.
Simard) : Merci beaucoup, Mme Roiter. Nous allons donc maintenant
passer au député de René-Lévesque, qui dispose d'une période de
9 min 40 s.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, mes premières questions vont s'adresser
à la SQDC. J'aimerais ça savoir, M. le président-directeur général, depuis le
changement de la loi, à partir du 1er janvier, qui a fixé l'âge de la
consommation du cannabis à 21 ans, quel a été l'impact sur vos ventes.
M. Bergeron (Jean-François) : Le 21 ans a été implanté au
1er janvier. Je vous dirais qu'il est très difficile, pour nous, d'avoir une idée exacte, parce qu'on est en
pleine croissance, puis une croissance importante, puisqu'on déploie
notre réseau de succursales. Donc, tant que
l'industrie ne sera pas à maturité, c'est très difficile de savoir l'impact
réel. Ce que je sais, c'est que, sur
le Web, c'est la seule place où qu'on a vraiment
une déclinaison de l'âge, même la proportion d'âge de 21 ans à 24 ans a diminué depuis le
21 ans. Vraiment, c'est le 24, 25... c'est le 24 à 35 et 35 à 45
qui semble être la plus importante tranche. Mais je ne peux pas répondre,
mais ça n'a pas d'impact sur nous, ça n'a pas d'impact sur notre modèle
financier actuellement.
M. Ouellet : O.K. Ça n'a pas d'impact... C'est parce que le gouvernement a passé une
campagne électorale à nous dire qu'on va fixer l'âge à
21 ans parce qu'on veut que les gens consomment moins, et ce que vous me
dites, c'est que, peu importe la mesure législative, ça n'a eu aucun impact sur
vos ventes.
M. Bergeron (Jean-François) : Non, non, ce n'est pas ça que je dis. Je dis que
notre modèle financier avait déjà tenu
en compte qu'il y aurait le 21 ans, donc on avait... Parce que
le projet de loi est quand
même arrivé assez tôt après la
légalisation. Ça, c'est une chose. Et ce que je vous dis, pour avoir une mesure
exacte, c'est très difficile aujourd'hui, parce qu'on est en croissance mois
après mois. Donc, je ne peux pas mesurer exactement l'impact.
M. Ouellet :
O.K. Mais, mettons, là, je prends le premier trimestre, là, janvier, février,
mars 2020, puis je le compare à octobre,
novembre, décembre 2019, est-ce que c'est en augmentation, ou en diminution, ou c'est la même?
M. Bergeron (Jean-François) : À chaque mois, on a une croissance, mais, dans le
commerce de détail, le mois de janvier est une période plus creuse, donc
on a eu effectivement une petite décroissance, mais, rapidement, au mois de février, ça a repris. Alors, je ne peux pas dire
que cette décroissance-là, elle est liée à l'implantation du 21 ans, mais
plutôt au commerce de détail qui... au mois de janvier, c'est des périodes plus
creuses.
M. Ouellet : O.K. Donc, vous n'êtes même pas capable d'isoler une succursale qui
existait avant le changement de la loi? Parce que c'est fondamental, là,
je veux dire, je pense que tous les Québécois veulent savoir si le fait d'avoir
changé la loi, ça a eu une incidence. Parce
que la grande question que nous avions : Les jeunes de 18 ans,
19 ans, 20 ans, s'ils
s'approvisionnaient à la SQDC, où est-ce qu'ils s'approvisionnent maintenant?
Ça fait que, si vous me dites que ça n'a
pas baissé, ça veut dire que les gens ont arrêté de consommer. Si vous me dites
que ça a augmenté, je veux comprendre pourquoi. Mais il y a quelqu'un...
Il y a un marché qui s'est déplacé, puis ce n'est pas à coût nul. Ça fait
que...
M. Bergeron (Jean-François) : Bien sûr, bien sûr. Mais, en fait, je ne vous dis
pas que l'impact du 21 ans a un effet
nul. Ce que je dis, c'est qu'on a, dû au déploiement des succursales... on est
en croissance constante, on va chercher le marché noir. On était, voilà un an, autour de 20 % de marché noir.
Là, maintenant, on est rendus autour de 30 %, 35 %. L'année prochaine, on vise 50 % de marché
noir. Alors, il y a encore beaucoup de marché à aller chercher, et, pour
l'instant, il est très difficile... Si on
était à maturité, et qu'on était à 80 % du marché, et qu'on avait instauré
un 21 ans, on aurait pu mesurer l'impact, mais, parce qu'on est encore en croissance...
Juste pour vous donner une petite idée, entre l'année passée et le
trimestre, on parle de plus de 100 % de la croissance, donc on connaît une
croissance importante. Comment le 21 ans s'articule là-dedans, bien, c'est
extrêmement difficile de le mesurer.
Ce
que je sais, c'est qu'avant l'introduction du 21 ans sur le Web, parce que
c'est vraiment là où on mesure l'âge, la proportion du 21 ans était à peu près de 2 %, donc c'était
quand même marginal. Dans les succursales, on demande une pièce d'identité, mais on ne mesure pas, on
n'inscrit pas l'âge sur un registre. Alors, c'est très difficile, pour nous, de
vous dire, avec une précision, l'impact.
Mais, pour l'instant, on connaît toujours une bonne croissance mois après mois,
donc c'est difficile de dire l'impact réel.
• (18 h 10) •
M. Ouellet : Je comprends, M. le président-directeur général, que, si on regarde les
chiffres, aux ventes annuelles, je
comprends que tout est noyé dans cette stratégie-là, qui était de commencer à
déployer d'autres secteurs, mais je pense qu'il serait important, minimalement, d'être capable d'isoler, à
certains endroits, si ça a eu un impact, parce que c'était ça, la véritable volonté du gouvernement, que ça ait un
impact. C'est ça qu'on aimerait mesurer et c'est comme... vous êtes le premier indicateur de la volonté du gouvernement
d'avoir changé la loi et d'y donner effectivement toute la légitimité
d'être dans le sens que ce n'était plus 18 ans puis c'était 21 ans.
Une autre question pour vous. Plan de
déploiement, bon, avec la pandémie, est-ce que ça s'est stoppé? Parce que Laval, troisième ville au Québec, toujours pas
de SQDC. Sur la Côte-Nord, seulement Sept-Îles encore d'indiqué. Je ne sais pas où vous en
êtes rendus, mais, moi, du côté de René-Lévesque, à Baie-Comeau, qui est à
2 h 30 min, on n'a toujours
pas de SQDC, même chose du côté des Îles-de-la-Madeleine. Donc, est-ce que vous
allez accélérer votre plan de déploiement
ou vous vous tenez au même endroit, c'est-à-dire en mode rattrapage, suite à la
pandémie? Je présume que le déploiement n'a pas été à la même vitesse
que vous l'aviez prévu?
M.
Bergeron (Jean-François) : Bien, comme vous l'avez dit,
évidemment, le déconfinement aide à repartir tous nos chantiers. On a commencé l'année à
41 succursales, on veut la finir à 70. Donc, oui, Laval sera couvert, sur
la Côte-Nord aussi, en fait, toutes
les régions. Il y aurait juste le Grand Nord, à la fin de cette année
financière, qui n'aura toujours pas
de succursale, mais, l'année prochaine, c'est prévu. Donc, l'année prochaine,
on devrait être présents, là, vraiment dans toutes les régions administratives. Laval, il y a trois succursales
qui s'en viennent, là, on a signé un bail la semaine passée. Je vous
dirais qu'il y a des questions de zonage aussi. Donc, il faut que les villes
adaptent leur urbanisme, et ça, ça a pris un certain temps dans le cas de
Laval.
M. Ouellet : Et donc ça, c'est le
plan pour la prochaine année, mais avez-vous le plan aussi pour... Parce qu'il y a d'autres régions du Québec qui avaient
déjà levé la main en disant : Considérant les distances entre les deux
villes, c'est difficile, pour le consommateur, de se présenter dans une autre
ville. Je comprends que vous nous disiez : Il y a toujours le Web, mais, écoute, je ne suis pas un consommateur, mais je
présume que, quand on se rend à vos succursales, on a aussi des conseils sur quels types de cannabis, le THC, les
impacts, ce qu'on ne trouve peut-être pas nécessairement en ligne. Donc,
vous comprenez que certaines régions du Québec sont en attente de voir arriver,
dans leur municipalité, d'autres succursales. Est-ce que ce plan-là sera connu
prochainement pour la population du Québec?
M.
Bergeron (Jean-François) :
En fait, pour des questions de négociation avec les bailleurs, on
communique le plan à mesure qu'on avance,
mais je peux vous dire que, cette année, on table pour 70 succursales et,
l'année prochaine, on table pour
autour de 90 à 98 succursales. Ça, c'est dans notre plan actuellement. Et,
comme je vous disais tantôt, toutes les provinces... pas toutes les provinces, pardon, toutes les régions seront
couvertes par une SQDC, et les régions qui ont une plus grande population en auront plus. Mais c'est
vraiment... on est dans le déploiement actif. Évidemment, avec la COVID,
la première moitié de l'année, elle s'est
fait mettre sur pause, mais on a vraiment en déploiement, au niveau du rattrapage...
et on prétend toujours finir ou on prévoit, en fait, finir l'année toujours
avec notre cible de 70 succursales.
M. Ouellet : Pendant le confinement,
quelle a été les ventes à la SQDC? Si on prend... mettons, on va prendre le
mois de... on va enlever mars, là, mais avril, mai, juin, comment ont été les
ventes? Est-ce que vous avez eu une augmentation ou...
M.
Bergeron (Jean-François) :
Les ventes, toujours, mais, comme je vous expliquais tantôt, on est en
croissante constante, là, puis c'est...
M. Ouellet : C'était ma question
piège.
M.
Bergeron (Jean-François) :
Non, non, mais c'est tout à fait explicable, puisqu'on va chercher le marché
noir. Donc, je vous dirais que la COVID a eu
un impact sur la captation de marché noir. Donc, je pense que les gens se
sont virés vers le marché légal, puis je
pense qu'une fois qu'on connaît l'expérience dans une succursale, qu'on voit le
conseil, qu'on voit l'offre produit et les prix, souvent les
consommateurs restent. Alors, actuellement, on a une bonne année, mais on est
sur nos cibles.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Ouellet : C'est déjà terminé?
Le Président (M. Simard) : Il vous
reste 20 secondes.
M.
Ouellet : Ah! écoute,
j'aurais une question pour Loto-Québec, j'aurais aimé qu'ils me parlent un
petit peu des salons de jeux. Qu'en est-il du Salon de jeux de Québec?
Quand est-ce que le plan sera déposé?
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement... Très rapidement, très, très rapidement.
Mme Roiter (Lynne) : Oui. En
20 secondes? Hi! je suis toujours la dernière.
Le Président (M. Simard) : Très
vite, s'il vous plaît, madame. Très rapidement, s'il vous plaît.
Mme Roiter
(Lynne) : O.K. Je m'excuse.
Effectivement, il y a eu les annonces... Vous savez, il y a eu l'étude,
on a fait l'annonce — le ministre l'a faite au mois de
septembre — qu'il
n'y aurait pas de modification dans l'offre de jeux dans la ville de
Québec en raison de l'impact sur Charlevoix. Reste le deuxième volet sur s'il
est opportun ou pas de déménager le Salon de
jeux. Nous avions demandé, à l'automne, des questions supplémentaires au niveau
de l'analyse. Est arrivée COVID, on s'est penchés sur d'autres dossiers
d'urgence. Mais, maintenant, ça...
Le Président (M.
Simard) : Très bien, merci. Et, encore une fois, désolé de vous couper
aussi souvent. C'est une tâche très ingrate qui m'incombe.
Ceci étant dit, compte tenu de l'heure, nous ajournons nos travaux à demain,
le 18 août, 13 h 40. Bonne fin de soirée à toutes et à
tous.
(Fin de la séance à 18 h 15)