(Quatorze
heures)
Le Président (M.
Giguère) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Emploi et Solidarité sociale
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Emploi et Solidarité sociale des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi, Solidarité sociale pour l'exercice
financier 2018-2019. Une enveloppe de quatre heures a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs) remplace M. Lamontagne (Johnson).
Le Président (M.
Giguère) : Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires,
puis nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et
les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du
temps qui leur est alloué.
Puisque nous avons
débuté nos travaux à l'heure, 14 heures, et qu'une période de quatre
heures doit être consacrée à l'étude de ces
crédits cet après-midi, y a-t-il consentement pour suivre nos travaux... On
n'en a pas besoin.
Remarques préliminaires
Nous débutons donc
avec les remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 12 minutes.
M.
François Blais
M.
Blais : Alors, je vous remercie, M. le Président. Je veux saluer les
collègues, bien sûr mes collègues du parti ministériel, mes collègues de l'opposition, mesdames et messieurs.
Alors, c'est un plaisir de prendre part à l'étude des crédits du ministère du Travail, de l'Emploi et de
la Solidarité sociale pour les volets Emploi et Solidarité sociale. Je suis
accompagné de mon directeur de cabinet, M.
Stéphane Gosselin, et de la sous-ministre au Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Mme Line Bérubé, et bien sûr
de toute une équipe de fonctionnaires, qui sont là pour nous appuyer, là,
dans cette importante reddition de comptes.
Permettez-moi, avant
de commencer, de faire un bref survol des différentes missions liées au volet Emploi
et Solidarité sociale, puisqu'elles sont
nombreuses, M. le Président. Le ministère est notamment responsable de l'offre
de services destinée à la main-d'oeuvre et aux entreprises, des
programmes d'aide financière de dernier recours et du programme Objectif emploi, des actions et mesures visant à lutter contre
la pauvreté et l'exclusion sociale, de Services Québec, du Secrétariat à l'action communautaire autonome et aux
initiatives sociales, du comité Entraide et du Secrétariat Entraide, du Régime
québécois d'assurance parentale, du Directeur de l'état civil, et du
Registraire des entreprises du Québec.
J'ai également sous ma responsabilité la Commission des partenaires du marché
du travail, dont le mandat est de contribuer
à l'élaboration des politiques et mesures gouvernementales dans le domaine de
la main-d'oeuvre et de l'emploi. Ces
responsabilités, bien que variées, poursuivent des objectifs communs, soit de
contribuer à la prospérité, à la richesse collective et au développement économique et social du Québec ainsi que
d'offrir un accès simplifié aux services publics.
Comme
vous le savez, l'emploi se porte très bien au Québec. Depuis l'arrivée de notre
gouvernement, plus de 230 000 emplois
ont été créés, dont une forte proportion à temps plein dans le secteur privé.
Jamais, jamais, dans l'histoire du
Québec, le niveau d'emploi à temps plein des 15 ans et plus n'a été aussi
élevé, avec plus de 3,5 millions de personnes en emploi. Le taux de
chômage, au cours de cette même période, est passé de 7,8 % à 5,6 %.
Le taux d'activité des 15 à 64 ans
était, en mars dernier, à son sommet historique à 80,2 %. Le taux d'emploi
des 15 à 64 ans était, quant à lui, à 75,9 %, également un sommet historique. Du côté de l'assistance
sociale, celui-ci était de 5,9 % en décembre dernier, là aussi, un
plancher historique. Cette situation représente une excellente nouvelle pour
l'ensemble des travailleuses et travailleurs.
Elle signifie que les possibilités d'emploi et de développement de carrière
seront très grandes au cours des prochaines années.
Cette situation, bien
que favorable, soulève de nombreux enjeux, relativement... de nouveaux enjeux,
pardon, relativement à l'adéquation entre
l'offre et la demande sur le marché du travail, qui incitent notre gouvernement
à redoubler d'efforts afin de mieux soutenir les entreprises, la
main-d'oeuvre actuelle et future.
Lors de
l'étude des crédits de l'an dernier, j'ai eu la chance d'échanger au sujet du
Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre.
Cet événement s'est tenu en février 2017 en présence de membres de notre
gouvernement et de représentants de ses partenaires
syndicaux, du milieu des affaires, de l'éducation et de la formation ainsi que
les organismes de la société civile.
Le rendez-vous nous a permis d'échanger au sujet des difficultés liées au
marché du travail. Parmi les constats émis, M. le Président, on note particulièrement celui lié aux besoins de la
main-d'oeuvre. Des entreprises de partout au Québec m'ont mentionné éprouver actuellement
d'importantes difficultés liées au recrutement de la main-d'oeuvre. Certains
doivent parfois refuser des contrats,
supprimer des quarts de travail. Il s'agit d'une problématique à laquelle nous
devons nous attarder puisqu'elle freine la croissance économique du
Québec.
Cet important
rendez-vous a eu une grande influence sur les actions mises en place par le
ministère dans la dernière année,
puisque plusieurs mesures découlaient des grands constats qui y ont été émis. Donc, plusieurs actions à court terme ont
donc été mises en place.
En
avril 2017, nous avons annoncé un investissement additionnel de 29,5 millions
de dollars sur cinq ans dans le Programme
d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi, le
programme PRIIME, afin d'augmenter de
20 % son taux de participation. Le taux de subventions salariales de PRIIME a été augmenté, les critères
d'admissibilité ont été élargis.
Toujours
en avril 2017, nous avons annoncé une bonification de 10 millions de dollars sur cinq ans du soutien versé par le MTESS pour la francisation en milieu de travail. Ces sommes
visent à favoriser l'intégration et le maintien en emploi des immigrants et des personnes ne maîtrisant pas ou peu le
français, en plus d'inciter davantage d'entreprises à recourir à ce service. Désormais, le taux de
remboursement des frais de francisation en entreprise est porté à 100 %,
dans tous les cas.
Nous
avons également convenu d'une prolongation de l'entente-cadre
avec le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, garantissant ainsi
un financement minimal de 47,3 millions de dollars annuellement jusqu'en
2021.
Toujours
dans les suites du Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre, des
investissements de 2,5 millions sur cinq
ans ont été annoncés pour mieux accompagner les entreprises dans la gestion
d'une main-d'oeuvre diversifiée. Une somme
de 10 millions sur cinq a été réservée afin de soutenir les
entreprises dans le développement des compétences.
En
juin 2017, nous avons dévoilé la première stratégie ministérielle
d'intégration professionnelle des Premières
Nations et des Inuits. Cette stratégie, élaborée avec la Commission des
partenaires du marché du travail et le Comité consultatif
des Premières Nations et des Inuit, permettra une meilleure utilisation des
moyens dont dispose le Québec pour augmenter leur participation au
marché du travail.
De plus, en
novembre 2017, nous avons investi 385 000 $ pour la mise en
place du projet pilote un premier emploi en sol québécois de la
Fédération des chambres de commerce du Québec. Le budget 2018-2019 a
accordé 3 millions supplémentaires pour
permettre de bonifier ce projet, réalisé dans cinq régions. Il permettra
notamment à la fédération de sensibiliser les employeurs à l'embauche de
personnes immigrantes, d'informer les entreprises sur les programmes
gouvernementaux disponibles, de contribuer à l'embauche de 100 personnes
immigrantes dans un premier emploi.
Je vous
rappelle également qu'au terme du rendez-vous national la
première stratégie avait annoncé l'élaboration... le premier
ministre, pardon, avait annoncé
l'élaboration d'une stratégie nationale sur la main-d'oeuvre. Afin d'alimenter
les travaux entourant cette stratégie et de
consulter les partenaires du marché du travail sur les actions mises en place à
la suite du rendez-vous, j'ai mené à l'automne 2017 une tournée de consultations dans les
17 régions du Québec, dont la vôtre, M. le Président. Ces
travaux sont presque terminés, je serai en mesure d'annoncer prochainement la
stratégie nationale sur la
main-d'oeuvre 2018-2023.
D'ailleurs, vous savez certainement que le budget 2018-2019 annonçait des
investissements de plus de 800 millions pour cette stratégie. La stratégie
prendra en considération les réflexions, les propositions
soumises lors du rendez-vous et de la tournée par les partenaires et prendra en
compte les différents enjeux et défis
liés à la main-d'oeuvre de l'ensemble des régions et des secteurs, incluant les
secteurs public et parapublic. Elle mettra
de l'avant des actions à court, moyen et long terme, axées sur les besoins
concrets et réels des différents milieux en matière de main-d'oeuvre et
d'emploi.
En plus des actions et travaux liés au Rendez-vous
national sur la main-d'oeuvre, le ministère a poursuivi ses interventions régulières auprès des entreprises. Permettez-moi
de vous livrer quelques données préliminaires intéressantes à cet égard
pour l'année 2017-2018.
13 126 entreprises ont été soutenues
par l'entreprise... par l'entremise, pardon, des mesures et services aux
entreprises pour un total de 111 millions de dollars. 60 millions ont
été investis dans la mesure de formation de la main-d'oeuvre, volet entreprise, afin de favoriser le développement et
l'acquisition de compétences transférables en milieu de travail.
20,7 millions ont été investis pour des projets économiques d'envergure et
des projets majeurs. Ces projets permettront
de soutenir la création de 6 149 emplois, d'assurer le maintien de
4 122 emplois existants. 902 projets ont été soutenus par l'entreprise des programmes relevant
du Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la
main-d'oeuvre pour un total de 49 millions de dollars.
• (14 h 10) •
Du côté des interventions auprès d'individus,
345 886 personnes ont bénéficié des services publics d'emploi en 2017-2018 pour un montant total de 788 millions de dollars. Cette clientèle provenait à 56,9 % de l'assurance emploi, 33,4 %
provenaient de l'assistance sociale et 24,7 % provenaient de la clientèle
sans soutien public du revenu.
M. le
Président, j'aborde maintenant le volet Solidarité sociale du ministère. Au fil
des dernières décennies, le Québec
s'est doté d'un éventail de programmes et mesures visant à soutenir
financièrement les ménages qui n'ont pas eu les mêmes chances que d'autres. Entre autres, le régime de soutien du
revenu a permis au Québec de se démarquer en matière d'équité et de justice sociale. Les investissements réalisés à
cet égard ont porté leurs fruits. Les résultats obtenus montrent une
amélioration de la situation des personnes à faibles revenus, particulièrement
en ce qui concerne les familles avec
enfants. En outre, le Québec a mieux réussi que d'autres provinces à contenir
la hausse des inégalités de revenus.
En ce qui concerne les clientèles des
programmes d'aide financière de dernier recours, il est bon de savoir que
celles-ci sont en baisse constante depuis
les 10 dernières années. De janvier 2008 à janvier 2018, le
nombre de ménages prestataires de ces
programmes a diminué de 11,6 %. Il est passé de 337 594 ménages
à 298 485. Pour la même période, le
nombre d'enfants dont la famille a eu besoin de l'aide financière de dernier
recours a, quant à lui, connu une baisse de 25,9 %.
Malgré
les progrès des dernières années et les efforts du ministère pour les mobiliser
vers l'emploi, je conviens qu'un nombre encore trop élevé de
prestataires ayant le potentiel d'intégrer un emploi ne profitent pas des
occasions offertes pour intégrer le marché
du travail actuel. À ce sujet, comme vous le savez, le ministère a procédé à la
mise en oeuvre du programme Objectif
emploi, qui est en vigueur depuis le 1er avril 2018. Ce programme est
obligatoire pour les personnes sans
contraintes et admissibles au programme d'aide sociale pour la première fois.
Il offre un soutien financier accru en fonction de la démarche
poursuivie par son participant.
Avec
ce programme, nous souhaitons développer une nouvelle approche afin d'amener
ces personnes à développer leur employabilité, notamment par
l'entreprise... l'entremise, pardon, d'activités de développement des compétences.
Chacun des participants, dès son entrée au
programme, est rencontré pour une évaluation afin de convenir d'une intégration
en emploi adaptée à sa situation et à ses aspirations. Ce plan tient compte de
son profil spécifique, de ses besoins en développement
de compétences, de la situation du marché du travail de sa région et du type
d'emploi recherché. Le plan d'intégration prévoit des mesures nous permettant
d'accompagner le participant selon ses perspectives d'intégration à l'emploi. Une personne pourra ainsi bénéficier
d'accompagnement en matière de recherche active d'emploi, de développement
des compétences ou de développement des
habiletés sociales. Il s'agit d'un programme qui revêt une grande importance
pour notre gouvernement puisqu'il implique
de revoir nos façons de faire afin de mieux accompagner les participants.
Bien
que ce programme s'adresse aux personnes admissibles pour une première fois au
programme d'aide sociale, je vous
rappelle, M. le Président, que l'ensemble des personnes prestataires ont
toujours accès aux mesures et services du ministère si elles souhaitent
entreprendre une démarche d'intégration du marché du travail. Le principe que
nous appliquons est d'amener les gens à
développer leur propre projet et de les soutenir pour le réaliser. Nous
souhaitons que ces personnes
entreprennent une démarche menant à l'amélioration de leurs conditions de vie
par le travail, ce qui passe, dans beaucoup de cas, par le développement
des compétences.
L'année 2017-2018
a également été marquée par d'importantes réalisations en matière de lutte
contre la pauvreté et l'exclusion
sociale. Le 10 décembre 2017, en compagnie du premier ministre du
Québec, M. Philippe Couillard, et de la ministre déléguée à la Réadaptation et à la Protection de la jeunesse, à
la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Mme Lucie
Charlebois, j'ai annoncé le Plan d'action gouvernemental sur l'inclusion
économique et la participation sociale 2017-2023.
Ce plan novateur, qui prévoit des investissements de près de 3 milliards
de dollars, vise à sortir de façon permanente, permanente, plus de
100 000 personnes de la pauvreté. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Giguère) : Merci beaucoup, M. le ministre. Vous
avez dépassé un petit peu votre temps, on va le déduire sur votre bloc, là, tantôt, M. le ministre. J'invite
maintenant le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses
remarques préliminaires pour un maximum de sept minutes.
M.
LeBel : Est-ce que je peux... Bonjour, tout le monde. Ça va être ça,
mes remarques préliminaires, puis je vais reporter mon temps sur mes
questions tantôt.
Le Président
(M. Giguère) : Merci beaucoup.
M. LeBel :
Merci.
Le
Président (M. Giguère) : Je cède la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires pour un
maximum de cinq minutes.
M. Schneeberger :
M. le Président, je vais faire comme mon collègue de Rimouski, et on reprendra
la discussion sur mon bloc. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Giguère) : Merci. Je suis maintenant prêt à reconnaître
une première intervention de l'opposition officielle pour un premier
bloc d'échange. M. le député de Rimouski, la parole est à vous.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Encore une fois, bonjour, tout le
monde. M. le ministre, on va faire un... On a quatre heures, on va essayer d'aller chercher le plus d'informations
possible. Vous dire, en commençant, par exemple, que ça m'impressionne de voir toute l'équipe autour de vous. Puis, pour
avoir déjà été à la place de votre voisin, comme chef de cabinet de ce
ministère-là... Je veux rendre hommage à ce ministère-là, c'est des gens qui
travaillent avec des humains et des
situations pas faciles. Et, pour l'avoir vécu, pour avoir vu les gens
travailler, ça prend du monde de coeur, puis je voulais vous saluer, les
gens qui sont là.
Maintenant,
je vais commencer assez rapidement sur le programme Objectif emploi. On en
parle depuis un bout de temps, j'ai
participé à l'adoption du projet de loi, il est en vigueur depuis le
1er avril, il a déjà un mois de fait. Est-ce que déjà des gens ont été rencontrés? Est-ce qu'il
y a déjà des choses qui ont été faites depuis un mois? Est-ce que la machine
est en marche? Est-ce qu'on a été capables, comme prévu, lancer le programme le
1er avril?
M. Blais : Alors, oui, M.
le Président, oui, comme prévu, là, à partir du 1er avril dernier, là, toutes
les nouvelles demandes à l'aide
sociale sont d'abord évaluées pour voir s'il s'agit bien d'un premier demandeur
qui est éligible à Objectif emploi.
Parce que, vous le savez fort bien, les personnes qui ont des contraintes ne
sont pas éligibles, là, à Objectif emploi. Donc, c'est démarré dans tous
les centres locaux d'emploi, sur tout le territoire du Québec.
Le
gros enjeu pour le démarrage du programme, ça a été des modifications
importantes, qui ne sont pas terminées encore, il y a encore du travail à
faire, au niveau des systèmes informatiques, faire en sorte que l'Emploi et,
disons, la Sécurité du revenu, là,
communiquent davantage d'informations ensemble. Mais c'est déjà, oui, à
l'oeuvre, depuis maintenant, là, tout près d'un mois.
M.
LeBel : Mais est-ce que des premiers demandeurs ont déjà été
rencontrés? Parce que, là, votre objectif, c'est de faire en sorte qu'on
puisse rencontrer les personnes. Est-ce que ça, c'est en marche? Est-ce qu'il y
a des gens, des premiers demandeurs qui ont déjà été rencontrés au Québec par
votre ministère?
M.
Blais : Oui. Alors, moi, j'ai été dans deux CLE récemment, un CLE de
Québec et un CLE de Montréal, pour voir un peu comment ça se passait dans les
CLE, donc, différents, avec des populations, là, une clientèle assez
différente. Donc, effectivement, là,
dans certains cas, la rencontre a lieu le même jour que l'inscription, dans
d'autres cas, la rencontre est reportée, parce qu'il peut y avoir un peu
plus de monde, dans le CLE, cette journée-là, donc on préfère reporter la
rencontre pour avoir plus de temps avec la personne, mais, en général, on
essaie de faire ça... on avait prévu dans les meilleurs délais possible.
M. LeBel :
Est-ce que vous pouvez me dire combien de personnes ont déjà été rencontrées
depuis un mois?
M.
Blais : J'ai une information complémentaire qu'on me donne, on dit
que, le jour même, jusqu'ici, le jour même, 58,7 % des personnes ont leur première rencontre, donc,
formellement. Donc, c'est important. Et, dans les quatre jours, c'est
20,8 %.
Maintenant,
pour les personnes qui sont admissibles, qui ont été jugées admissibles à
Objectif emploi — je pense
que c'est ça, le sens de la question — c'est 138.
M.
LeBel : Ça veut dire qu'il y a 138 personnes qui ont été
rencontrées par les différents CLE au Québec dans le cadre du programme
Objectif emploi.
M.
Blais : Oui. Les 138, c'est les personnes qui sont acceptées à
l'intérieur du programme, qui sont considérées comme pouvant faire partie du programme. Puis il y a d'autres personnes
qui sont en attente d'une rencontre, pour lesquelles il y a une décision qui n'a pas été encore prise
sur est-ce qu'ils vont être intégrés ou pas au programme. Alors, si vous
voulez avoir le nombre de demandes reçues...
pour Objectif emploi ou pour l'ensemble? Pour Objectif emploi, c'est
1 378.
M.
LeBel : Est-ce que ça correspond aux prévisions que vous vous étiez
faites? Pour un mois, c'est beaucoup de monde, non?
• (14 h 20) •
M. Blais :
Écoutez, bon, les mois pour l'inscription à l'aide sociale, ça varie selon la
période de l'année, là. Effectivement, là,
la première semaine du mois d'avril, il y a eu quand même beaucoup
d'inscriptions, on a été assez surpris de
ça, un peu plus que d'habitude. Il faut éviter de trouver des explications,
mais certains pensent que ça pourrait être lié simplement au fait qu'Objectif emploi, il faut le rappeler, donne quand
même des montants substantiellement plus élevés, là, aux participants,
hein, donc c'est possible qu'il y ait un peu de bouche à oreille qui se soit
fait, là, parmi des clientèles potentielles
pour dire : Écoutez, attendons jusqu'au 1er avril. Mais ça, c'est vraiment, là, une hypothèse
qui n'est pas validée d'aucune façon. Mais effectivement, pour le
moment, là, on a un bon taux d'effectifs qui vient.
M.
LeBel : Mais là, si je
comprends bien, c'est des primodemandeurs. Ça veut dire qu'il y aurait
1 000 personnes qui se sont inscrites à l'aide sociale en
avril pour la première fois? C'est beaucoup.
M.
Blais : Oui, donc,
1 378, c'est donc... Je vais vous donner deux chiffres : 1 378, tout à l'heure, et 1 091, c'est les
personnes qui ont eu une rencontre préalable. Mais ce n'est pas encore
l'entrevue d'évaluation et d'aide à l'emploi, hein, donc cette fameuse entrevue pour laquelle on a eu des discussions,
on voulait absolument qu'elle se fasse. Mais c'est des discussions préalables qui permettent
d'évaluer qu'il y a autour de 1 091 qui seraient des clientèles
potentielles, là, à fort potentiel pour Objectif emploi.
M.
LeBel : Mais je comprends
que c'est des primodemandeurs, c'est des gens qui viennent d'arriver à l'aide
sociale...
M. Blais :
Oui, bien, la clientèle d'Objectif emploi, c'est des primodemandeurs.
M.
LeBel : Ça fait qu'en avril,
cette année, 1 000 personnes se sont inscrites à l'aide sociale comme
primodemandeurs. Vous me dites que c'est un peu plus élevé que
d'habitude. Je trouve que c'est beaucoup.
M.
Blais : Bien, la première
semaine, ça a été un petit peu plus élevé. C'était un retour de Pâques, hein, il y a
toutes sortes de choses qui peuvent se passer dans la vie des personnes,
qui peuvent emmener peut-être à faire une demande d'aide sociale. Mais, quand on regarde le chiffre
que je vous ai donné tout à l'heure et qu'on le multiplie par 12 mois, on
se rend compte que c'est à peu près les
chiffres dont on a toujours parlé, à peu près 15 000 nouveaux
demandeurs, là, par année à l'aide sociale au Québec.
M. LeBel : O.K. Une autre question par
rapport à l'aide sociale toujours, on en a parlé un peu en commission parlementaire l'autre jour, dans les consultations sur le projet de loi n° 173, c'est tout l'aspect des pensions alimentaires.
Il y a quand même une motion de la Chambre, une résolution qui a
été adoptée par tous les partis politiques, qui demande de soustraire,
là, le calcul de la pension alimentaire par rapport à l'aide sociale. Le texte
était :
«...que [le gouvernement du Québec] agisse avec diligence et équité afin que les
pensions alimentaires pour enfants cessent d'être traitées comme un
revenu pour [les parents créanciers] dans le calcul des prestations d'aide
sociale...»
On en a
discuté en commission, je
pense qu'encore là tous les partis
semblent plutôt être ouverts. J'aimerais ça avoir votre analyse... Est-ce
que des gens ont travaillé ça, chez
vous, ont analysé la situation et est-ce
qu'il y a de l'ouverture en ce sens-là?
M. Blais : On est en train de le
regarder en ce moment-là. Pour rappeler où est-ce qu'on en est exactement aujourd'hui, à l'aide sociale, le premier
100 $ est exempté, là... de pension alimentaire est exempté à 100 $
par enfant, donc, on est une des premières provinces à le faire.
Donc, il y a eu un engagement, ici, on sait très
bien, là, des élus. Vous savez très bien que le Parti québécois, pendant 18 mois, avait annoncé qu'il le
ferait, il ne l'a pas fait. On est en train de le regarder. C'est sûr qu'en ce
moment, avec ce que l'on a comme,
disons, exemption, là, du premier 100 $ par enfant, on touche 75 % de
la clientèle, ou à peu près
75 %, j'y vais de mémoire, là. Donc là, on toucherait des revenus plus
importants, des pensions alimentaires plus importantes si on allait de l'avant avec une exemption, là,
supplémentaire. Donc, c'est ça, on est en train d'évaluer en ce moment.
M.
LeBel : O.K. Vous savez,
moi, je ne suis pas le genre à... «Le Parti québécois a été là 18 mois»,
c'est bien correct, on peut bien se faire ça, mais, dans le fond, moi, je me
fous un peu de tout ça, je me dis : Il faut répondre à la motion. Puis, dans nos comtés, on voit des cas, il
y en a des cas... Puis l'argent est pour les enfants, là, tout le monde en
convient. Je sais que vous l'analysez, mais,
sincèrement, pensez-vous qu'on pourrait avant les prochaines élections... ça
s'en vient vite, est-ce qu'on pourrait
ouvrir là-dessus? Est-ce qu'il y a des chances... Entre autres, dans l'étude du
projet de loi n° 173, je pense
qu'il y a une opportunité. Est-ce que vous pensez que, réellement, il y a des
chances qu'on avance là-dedans puis qu'on donne suite à la motion
unanime?
M.
Blais : On l'examine en ce moment, avec ce que ça comporte. Je vous
rappelle qu'il y a déjà 75 %, hein, des personnes qui sont totalement exemptées, là, pour leurs pensions
alimentaires. Il reste 25 %, c'est des pensions alimentaires nécessairement beaucoup plus élevées. On essaie de
voir les conséquences, avantages aussi et inconvénients potentiels.
Donc, c'est ça qu'on examine.
M. LeBel : Bonjour, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Richard) :
Bonjour, M. le député de Rimouski. Bonjour, M. le ministre.
M. Blais : Bonjour, madame.
M.
LeBel : O.K. Ça fait que, si on pouvait arriver avec un amendement à
173 éventuellement, on pourrait peut-être avancer là-dessus. Je pense que la deuxième opposition a la même opinion
là-dessus, sur les pensions alimentaires. Ça fait que je pense qu'on est
capables de faire un bout de chemin.
L'autre
question qu'on a souvent par rapport à l'aide sociale, c'est toute la question
de la vie maritale, le droit à l'amour, qu'on appelle. Il y a des cas, c'est assez triste, des fois, hein, des
gens qui arrivent à l'aide sociale pour différentes raisons, et ils ont un conjoint ou une conjointe, puis là
ils n'ont pas droit à l'aide sociale parce que le conjoint ou conjointe
gagne un peu trop, et là c'est tout le ménage qui s'enfonce dans la pauvreté.
L'histoire,
ça, de la vie maritale, je sais que vous avez déjà... Dans le projet de loi n° 173 sur le revenu de base pour les contraintes sévères, vous avez décidé d'y
aller sur la personne... personnaliser, c'est-à-dire... Puis là vous
laissez tomber ces pénalités-là pour
la vie maritale. Pourquoi ça ne pourrait pas se faire sur l'ensemble
des gens qui sont à l'aide sociale?
Pourquoi il faut aller... Est-ce qu'il
y a moyen d'humaniser un peu ce système-là? Est-ce que ça a été analysé
aussi de votre côté?
M.
Blais : Bien, il y a moyen d'individualiser la sécurité du revenu,
hein, comme l'assurance-emploi est un programme qui est individualisé, il y a d'autres programmes qui le sont, il y a
d'autres programmes qui ne le sont pas. Évidemment, les conséquences seraient extrêmement importantes.
On a décidé de le faire dans le cas du revenu de base, donc le programme
est fortement individualisé, on pourra l'examiner d'un peu plus près, là, en
commission parlementaire. Et les enjeux, bien
sûr, d'équité, là, entre différents groupes dans la société... Parce que, là, à
ce moment, très clairement, il y aurait des situations carrément plus souhaitables... plus payant de rester à l'aide
sociale plutôt que d'être actif. Donc, c'est surtout ce type d'élément là. Il faut modifier la sécurité du
revenu pour l'individualiser, et c'est une tâche qui n'est pas facile, je peux
vous le dire, là.
On
peut le faire dans le revenu de base parce qu'on a campé, on a défini une
catégorie assez claire, là, et assez définie.
Mais, si on veut ouvrir ça, et vous savez que moi, je pense qu'il faut aller
dans cette direction-là, c'est l'avenir, c'est le XXIe siècle au niveau de la sécurité du revenu, il va
falloir modifier de façon importante le programme actuel d'aide sociale.
M.
LeBel : Bien, je suis content d'entendre ça, parce qu'effectivement je
pense qu'on est rendu là. Je pense qu'on est rendu là.
Sur un autre
dossier, vous savez, je suis aussi porte-parole du dossier maritime et je suis
très préoccupé par ce qui se passe à
la Davie. À la Davie, il y a 700 à 800 travailleurs qui ont été... qui
n'ont pas pu continuer parce qu'il manque de contrats du fédéral. Puis on se bat pour essayer de garder nos
travailleurs, c'est des travailleurs avec beaucoup... avec des compétences. Et là ils sont soit en chômage
soit... et on risque de perdre cette expertise-là, que ces travailleurs-là
partent sur d'autres chantiers, et je
me demandais... Là, on me dit... Les informations que j'ai de la Davie, c'est
que ces travailleurs-là,
actuellement, ils vont arriver à court, là, de soutien. Est-ce qu'il y a, chez
vous, au ministère de l'Emploi, des
démarches qui sont particulières pour faire en sorte de conserver l'expertise
de ces 700 à 800 travailleurs du chantier maritime de la Davie?
M.
Blais : Mais il y a deux
choses, dans le cas de ces travailleurs-là, c'est bien connu, là, notamment
dans Bellechasse, que c'est des travailleurs qui ont une grande
valeur sur le marché, hein? Je veux dire, quand il n'y a plus d'emploi
à la Davie, ils se trouvent rapidement
des emplois ailleurs, dans différentes organisations, parce que c'est des
soudeurs, et on en a un grand besoin, parce
qu'on dit souvent dans les entreprises : C'est que nous, on n'a pas les
moyens de payer comme la Davie, hein, donc...
En même temps, si vous faites allusion au trou
noir, je ne sais pas s'il y a une allusion à la possibilité de gens qui se
retrouveraient dans une situation où ils n'ont plus accès à l'assurance-emploi
parce qu'il n'y a pas assez de semaines... Je ne sais pas si vous faites
allusion directement au trou noir dans votre question.
M.
LeBel : Ce qu'on me dit, du côté de la Davie, c'est que les
travailleurs, probablement, ça, c'est le trou noir où ils arrivent à
bout de... il y a une période d'attente, là, qu'ils n'ont pas de revenus.
M. Blais : ...en tout cas, pour ceux
qui vont perdre leur emploi, ils ont droit à l'assurance-emploi, mais, nous, Emploi-Québec les appuie pour se retrouver un
emploi ailleurs. Je peux vous dire... Sans minimiser la situation, hein, parce
que, clairement, il y a une perte d'emploi
ou une perte de revenus à travers ça, il faut dire qu'il s'agit d'un groupe qui
est très, très recherché, là, sur le marché du travail pour des entreprises
qui, cependant, ne peuvent pas payer autant que, c'est bien connu, là,
la Davie.
M. LeBel : Mais l'objectif, ce
serait de les garder à la Davie, avec des contrats.
M. Blais : Oui, on a besoin de ce
chantier, il est important pour le Québec.
M.
LeBel : O.K.
Vous parlez du trou noir, je sais que, sur la Côte-Nord, chez nous, dans le Bas-Saint-Laurent, il y a eu beaucoup de démarches faites auprès du
gouvernement fédéral. Le fédéral vous a donné... ou a décidé de refiler
un certain montant d'argent, je pense que c'est autour de 10 millions
exactement...
• (14 h 30) •
Une voix : ...
M.
LeBel : ...6,4 pour le Québec,
pour essayer de compenser ce fameux trou noir, le fait que les gens n'ont pas
de revenu puis sont... Comment ça fonctionne là-dessus? Est-ce que
vous avez des gens déjà qui sont en formation? Est-ce que c'est enclenché, ce système-là?
M.
Blais : Oui, c'était
enclenché. Donc, moi, j'ai fait cette annonce-là il y a un mois, même un petit peu plus... quelques jours, un peu plus d'un mois de ça. Donc, j'étais à Sept-Îles, l'endroit où il y a quand même
pas mal de travailleurs qui sont
concernés par le trou noir. Dès cette journée-là, le vendredi, il y avait
une conférence avec les principales régions touchées par le trou noir pour s'assurer que le lundi on puisse déjà
commencer à accueillir des personnes qui sont dans le trou noir ou qui vont être
prochainement dans le trou noir, et de développer une offre de formation.
Vous savez
qu'on ne peut pas se substituer à l'assurance-emploi. Le fédéral nous donne un appui financier pour
mettre en place des formations, parfois des formations qualifiantes,
parfois des formations très générales. Et, quand les personnes
s'inscrivent à ces formations-là, on a obtenu du fédéral que, dès leur inscription,
là, il y avait rétroactivité, même si la formation
n'était pas encore faite. Et on a aussi obtenu du fédéral que personne
ne reçoive moins que ce qu'ils avaient de l'assurance-emploi auparavant.
La
Présidente (Mme Richard) : C'est tout le temps dont disposait l'opposition officielle. Nous allons maintenant du côté du gouvernement. Et la parole est laissée au
député d'Orford. Bonjour.
M.
Reid : Merci. Merci, Mme la Présidente. Emploi-Québec dispose d'un modèle prévisionnel qui lui permet d'établir, comme son nom l'indique, une prévision
du nombre de postes qui seront à pourvoir au Québec au cours des prochaines années en
raison de la création d'emplois. Oui, on crée beaucoup d'emplois depuis quelques
années, beaucoup plus que dans les... peut-être
au moins la dizaine d'années précédente, mais aussi à cause du remplacement de postes libérés à la suite des départs à la retraite.
Depuis
10 ans, on parlait... enfin, pendant un grand bout, on parlait surtout des
départs à la retraite, parce que les nouveaux
postes, les nouvelles jobs, comme on dit, ce n'était pas beaucoup
les créations annuelles. Maintenant, les deux s'ajoutent, et je pense que ça rend le problème plus aigu plus rapidement,
le problème de remplacement des personnes qui partent et, effectivement, le problème
de l'emploi.
Et cet exercice d'Emploi-Québec
permet d'établir un diagnostic de perspectives d'emploi pour chacune des professions. Et j'ai obtenu certains chiffres,
peut-être pas pour chaque profession, mais c'est très intéressant, et ces chiffres-là, ces estimations-là permettent aux
acteurs du marché du travail, que ce soient les individus eux-mêmes, mais
beaucoup les entreprises, les associations
d'entreprises, les organismes et évidemment les ministères d'avoir accès à une
information de plus en plus à jour pour les
soutenir adéquatement dans leur prise de décision, qu'on pense, par exemple,
au soutien des travaux dans le cadre de la
mise en oeuvre des plans d'action pour améliorer l'adéquation entre la
formation et les besoins du marché du travail. Et, cette adéquation, on
y reviendra dans quelques instants.
Mais,
si on regarde un petit peu les perspectives que nous donnent ces modèles,
perspectives d'emploi à moyen terme,
donc on parle de 2015-2019, bien, selon les prévisions d'Emploi-Québec, qui
sont basées, toute cette analyse-là, sur
un scénario également économique du Conference Board du Canada, produit en
juin 2015, alors on a environ... les chiffres qu'on m'a donnés, c'est
721 700, mais, en tout cas, mettons d'environ 720 000 emplois
qui seraient disponibles au Québec
entre 2015 et 2019. Le quart de ces emplois devait être pourvu pour répondre...
devra être pourvu pour répondre à la
création nette de 168 000 emplois. On parlait de création tantôt, il
y a beaucoup de création d'emplois, la création nette, 168 000, et les trois quarts pour remplacer,
553 000... enfin, on prévoit même, la prévision est assez précise,
553 300 départs à la retraite. Donc, c'est les deux aspects.
Et on voit, là, c'est comme un quart, trois quarts.
L'emploi devrait être
en hausse dans la grande majorité des 33 secteurs industriels. La
croissance devrait se concentrer du côté des
services surtout. Alors, dans les services, les secteurs industriels où les
plus fortes créations d'emplois, en
nombre d'emplois, sont prévues sont les soins de santé — et on ne s'en étonnera pas — et assistance sociale, le commerce de détail, les services professionnels,
scientifiques et techniques — ça, c'est quand même quelque chose qui devient de plus en plus évident, je pense, au fur
et à mesure du développement de notre économie dans le XXIe siècle — et les
services de l'hébergement et de la restauration, qui vont se développer
d'autant mieux que notre tourisme se développe, et qu'on réussisse
évidemment à le développer davantage. Mais on prévoit qu'il y en aura un besoin
important.
Plus
de la moitié, 52 %, des emplois à pourvoir au cours de la période
reviendront à des jeunes de moins de 25 ans qui ne sont pas encore sur le marché du travail — dont mon fils qui a 10 ans, bon, je lis
ça attentivement. Les personnes nouvellement
immigrantes en occuperont 20 %, et les actuels chômeuses et chômeurs,
7 %. La hausse du taux d'activité des
différents groupes d'âge contribuera à hauteur de 20 %, dont 5 % pour
les personnes de 65 ans et plus, et j'y reviendrai tantôt. Selon
les estimations des économistes, des directions régionales d'Emploi-Québec,
l'emploi sera stable ou en croissance dans
toutes les régions du Québec. Sa croissance annuelle moyenne variera de
0 % — c'est-à-dire
la stabilité — dans la région du Bas-Saint-Laurent, jusqu'à
1,2 % dans la région des Laurentides. Grâce à la hausse prévue de l'emploi, le taux de chômage devrait diminuer
dans toutes les régions. Donc, c'est ce qui est prévu par les modèles.
Alors, si on regarde
un peu maintenant la vision à plus long terme, 2015-2024, alors, selon ces
prévisions-là d'Emploi-Québec, près de
1,4 million d'emplois seront disponibles au Québec entre 2015 et 2024. La
croissance de l'emploi est appelée à
ralentir, par contre, pour des raisons démographiques, par la suite. On estime
qu'en 2024 le taux de chômage devait
se situer à 5,6 %. «Ainsi, les perspectives [...] seront favorables pour
les jeunes finissants, les personnes au chômage, les travailleuses et
travailleurs plus âgés désirant demeurer actifs et les personnes immigrantes
[également].» Donc, autrement dit, on a une
période qui est devant nous, assez loin, donc, et qui est une période assez
intéressante pour l'emploi.
Si
on regarde la vue d'ensemble, les défis, les actions, etc., alors la poursuite
des interventions soutenues auprès des
personnes sous-représentées sur le plan de l'emploi favorisera le développement
des compétences et de l'employabilité de
ces groupes afin qu'ils puissent occuper les emplois disponibles dans les
prochaines années. On n'a pas beaucoup le choix, il faut développer ce
secteur-là.
La
participation au marché du travail des personnes en âge de travailler, 15 à
64 ans — c'est ce
qu'on dit comme définition, pourtant,
après ça, on est capables de travailler encore — devrait continuer à atteindre des sommets,
tandis que le chômage devrait
continuer de reculer. On estime que la main-d'oeuvre jeune, personnes
immigrantes, travailleuses et
travailleurs plus âgés sera au rendez-vous en nombre suffisant pour répondre
aux besoins du marché du travail, mais le
défi sera de faire en sorte qu'elle ait les qualifications répondant aux
exigences des entreprises. On va y revenir dans quelques instants.
Ainsi,
des centaines de milliers d'emplois seront à pourvoir au cours des prochaines
années, faisant de l'adéquation formation-emploi
un des grands défis du marché de l'emploi actuel au Québec. Il y a des emplois
disponibles au Québec. Il y a plus de
72 000 postes affichés en moyenne par mois sur le site Placement en
ligne d'Emploi-Québec uniquement. De
nombreuses entreprises indiquent avoir des besoins de main-d'oeuvre, mais ne
sont pas en mesure de les remplir. Je pense
qu'il n'y a pas beaucoup de députés à l'Assemblée nationale qui ne vivent pas
ça dans leurs comtés avec une ou plusieurs entreprises. C'est mon cas,
en particulier à Stanstead et Magog.
Alors,
ces deux objectifs... les deux objectifs du gouvernement par rapport, donc, à
l'adéquation formation-emploi se
ramènent à deux grands thèmes : favoriser l'intégration en emploi d'un
maximum de travailleurs, notamment des jeunes, des décrocheurs, des immigrants et des travailleurs expérimentés, et je
vais avoir une question là-dessus dans quelques instants. Et le deuxième grand thème, c'est : «S'assurer que la
main-d'oeuvre soit qualifiée et qu'elle puisse répondre aux besoins du marché du travail.» C'est deux aspects,
donc : des individus conformes qui peuvent travailler à plusieurs
endroits, les entreprises qui, par ailleurs, ont des besoins bien
spécifiques.
J'aimerais
commencer par la question d'intégration en emploi. Et, quand on parle de quatre
grandes catégories de travailleurs,
on parle... le quatrième que j'ai nommé, c'est le travailleur expérimenté. M.
le ministre le sait très bien, que,
dans mon comté, on s'est intéressés beaucoup à ça, parce qu'en l'espace de
quelques années, il y a bientôt sept, huit ans, on a perdu 5 000 emplois dans une ville de
25 000 personnes. C'est comme si on perdait 600 000 emplois
à Montréal, plus qu'un demi-million.
Alors, ça a été énorme. Une bonne partie de ces employés-là étaient dans des
industries qui ont commencé à exister
au milieu du XIXe siècle, donc c'est des gens qui vivent dans une
tradition... peu de scolarisation, et
ils entrent très tôt dans les usines, etc. Donc, on a des travailleurs âgés
dans mon comté, à Magog en particulier, c'est vrai aussi à Stanstead.
Par exemple, les coupeurs de pierre, bon, bien, ça, c'est un emploi qui a
diminué.
Alors, on a
des gens qui ont un certain âge et pour lesquels on cherche différentes
solutions. Par exemple, on essaie de
voir avec les entreprises qui ont des besoins en usine est-ce qu'ils pourraient
prendre des gens à mi-temps. Parce que, souvent, un travailleur
expérimenté assez âgé, il est prêt à travailler, il est encore capable, mais
soutenir un effort continu pendant les
35 heures ou les 40 heures qui sont nécessaires, c'est quelque chose
qui est difficile, donc on essaie de
voir avec ça. Et on a des discussions intéressantes qui se font, où il va
peut-être falloir penser à un incitatif pour aider des entreprises, parce que c'est un travail
supplémentaire assez complexe dans l'organisation des cédules de travail, etc.
Donc, ça, c'est un élément important.
Et il y a d'autres éléments aussi où on essaie
de trouver des façons dans les services, des nouveaux types de services, où on pourrait, effectivement, rendre
service à une population. Nous, on a une population en plus de retraités
qui ont quand même des moyens relativement
aisés, la plupart du temps. Ils ont vendu à Montréal une maison, ils en
achètent une autre moins chère chez
nous et ils ont un peu d'argent pour vivre. Et donc on essaie de voir si on ne
peut pas trouver des façons de rendre ces services-là mieux et que les
personnes aînées puissent le faire.
Alors, ma
première question, ce serait de
demander à M. le ministre dans quelle mesure est-ce qu'on... Bien, c'est sûr
qu'on s'intéresse à ça. Et dans quelle mesure est-ce qu'on travaille, de façon
plus générale au Québec, pas juste dans mon comté, évidemment, sur ces façons-là de faire... de permettre aux
personnes aînées qui ne sont pas sur le marché du travail de pouvoir y
participer mieux?
• (14 h 40) •
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, M. le député d'Orford. M. le ministre.
M. Blais : Il reste combien de
minutes, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Richard) :
Il vous reste six minutes.
M.
Blais : Six minutes. Bon. Je remercie le collègue pour sa question,
puis il a raison d'insister sur l'importance de la contribution des
travailleurs expérimentés, là, au Québec.
Donc, bon,
très clairement, dans plusieurs régions du Québec aujourd'hui, on vit le
plein-emploi, hein? Quand on était
étudiants, on entendait la théorie du plein-emploi, mais là on vit le
plein-emploi, avec ses nombreux avantages, au niveau des salaires, au
niveau de la possibilité, hein, de gravir rapidement les échelons dans des
organisations, la possibilité de rapidement accéder au marché du travail aussi.
Donc, c'est vraiment une situation qui est historique.
Et un des
défis qui accompagnent le plein-emploi, cependant, c'est le défi de la rareté
de la main-d'oeuvre, et là on voit,
là, comment les travailleurs expérimentés peuvent jouer un rôle à ce niveau-là.
Quand on regarde ce défi de la main-d'oeuvre
et les avantages bien sûr sur le plan des personnes, mais aussi comme société,
le défi, il y a 90 000 emplois, en ce moment, vacants, postes vacants au Québec. C'est du jamais-vu, là.
Je n'ai jamais vu autant de postes vacants au Québec, dont des postes
vacants depuis longtemps.
Quand on
regarde la contribution des groupes qui sont un peu plus éloignés du marché du
travail, on sait que la participation
des femmes sur le marché du travail au Québec est exceptionnelle, elle est de
loin... Le Québec est la province où
le taux de participation des femmes est le plus élevé, notamment, probablement,
grâce à des services de garde qui sont à
peu près répartis dans toutes les régions du Québec. Ça a certainement
collaboré à la participation des femmes sur le marché du travail.
Donc, où
est-ce qu'on a encore de la marge de manoeuvre, donc des groupes qui sont plus
éloignés? Pensons aux personnes à l'aide sociale, on voit qu'ils sortent
de plus en plus de l'aide sociale. Pensons, dans certaines régions en périphérie, aux autochtones. On l'a vu récemment
avec ce qui s'est passé chez Wal-Mart, même les personnes handicapées veulent contribuer, sont capables d'exécuter des
tâches. Et là où on peut faire des pas les plus importants, c'est nécessairement au niveau des travailleurs
expérimentés. Pourquoi? Parce que les Québécois prennent, en moyenne, leur
retraite un peu plus tôt que la moyenne
canadienne et beaucoup plus tôt que la moyenne américaine. Si les Québécois
prenaient leur retraite un petit peu plus
tard, en moyenne, six mois, huit mois, un an, en moyenne, pas plus, l'impact
sur le marché du travail, l'impact sur le PIB, là, serait considérable.
C'est la
raison pour laquelle, dans le dernier budget, le ministre des Finances a décidé
d'accélérer, là, la prime pour les
travailleurs expérimentés, de faire en sorte qu'elle soit plus généreuse et
qu'elle arrive plus tôt dans le parcours personnel de la personne. Mais on sait aussi, puis mon collègue l'a
évoqué, qu'il y a aussi des difficultés qui ne sont pas uniquement d'ordre financier, mais il peut y avoir
des difficultés d'ordre des perceptions. Il y a des employeurs qui peuvent
avoir une certaine réticence à embaucher des travailleurs qui sont
expérimentés, parfois plus âgés qu'eux-mêmes, considérer
que ça peut coûter plus cher comme main-d'oeuvre. Il y a des employeurs qui ont
de la difficulté aussi parfois à
réorganiser le travail, parce que, le collègue a raison, souvent, les
travailleurs expérimentés, ce qu'ils demandent, ce n'est pas plus de
salaire, mais plus de temps et plus de souplesse dans l'organisation de leur
temps de travail. Et nécessairement, compte
tenu de la pénurie de la main-d'oeuvre, nécessairement, on voit en ce moment
des travailleurs et
on voit des conventions collectives très clairement évoluer pour donner cette
souplesse-là puis donner... faciliter, là, les perspectives d'organisation sur le marché du travail. Très concrètement,
chiffres à l'appui, on voit en ce moment, là, une prolongation de la vie
active des Québécois, les Québécois commencent à prendre leur retraite un peu
plus tard en ce moment, et c'est extrêmement bénéfique, j'espère, pour
eux-mêmes et pour l'ensemble de la société.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci, M. le ministre. M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Qu'est-ce qu'il reste comme temps, là?
La Présidente (Mme
Richard) : Il vous reste deux minutes.
M.
Reid : Bien, écoutez, j'ai une autre question à poser. De
plus en plus, surtout pour les travailleurs, disons, d'un certain niveau de formation... ou on voit des
entreprises qui ont besoin de travailleurs spécialisés et qui font des efforts,
qui paient des fois des sommes considérables
pour aller les chercher dans d'autres pays. Moi, j'ai fait quelques tests avec
des entreprises de Magog Technopole, les
50 entreprises ne font pas ça, mais il y en a au moins sept ou huit qui
ont les moyens de faire ce genre de
chose là, et c'est les travailleurs surtout en informatique. Et, quand on paie 25 000 $ ou 40 000 $ pour aller chercher un travailleur en quelque part aux Indes, qu'on
n'est pas sûr qu'il va rester si longtemps non plus, on commence à être
ouvert à d'autres types de participation financière, et je ne sais pas s'il y a
des éléments intéressants là-dedans, dans les possibilités d'interaction et
d'éléments conjoints entre le ministère, dans des régions données pour des besoins spécifiques, et les universités, et les collèges, et les entreprises qui
sont prêtes, comme elles ne l'étaient pas auparavant, qui sont prêtes à,
effectivement, participer à des efforts dans lesquels ils vont fournir
financièrement des ressources.
M. Blais :
Bien, l'exemple que vous citez, c'est un exemple un peu limite, parce qu'on
parle de 40 000 $ ou 45 000 $
pour aller chercher une ressource, donc c'est beaucoup d'argent. En moyenne,
les entreprises québécoises qui vont chercher de la main-d'oeuvre à l'extérieur
du pays, c'est entre 5 000 $ et 15 000 $ par individu.
C'est beaucoup d'argent pour une entreprise, hein? Ils le font parce
qu'il y a rareté.
Dans la Stratégie
nationale sur la main-d'oeuvre qu'on va présenter, il va y avoir des mesures
pour aider les entreprises dans ces démarches-là,
pour diminuer les délais, parce que les délais sont très coûteux, bien sûr,
c'est une perte en termes
économiques, et aussi pour diminuer les coûts, là, de transaction et de
transition des personnes qui viennent de l'étranger.
La Présidente (Mme
Richard) : Il restait quelques secondes. On va le rapporter sur
l'autre bloc.
Merci.
Nous allons maintenant du côté du deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Drummond—Bois-Francs,
vous avez la parole.
M.
Schneeberger : Merci, Mme la Présidente. Alors, bienvenue,
le député de Rimouski, M. le ministre, et tous ses collègues qui
l'accompagnent en arrière, autour de lui, et aussi bonjour aux députés
ministériels.
Alors, M. le
ministre, je vais commencer tout bonnement au niveau des places au niveau de la
prématernelle. Dans un document où vous parlez du Plan d'action gouvernemental
pour l'inclusion économique et la participation sociale 2017-2023, vous parlez notamment des classes de maternelle
dans les milieux défavorisés, et puis vous dites : Bon, bien, le gouvernement a instauré des classes en
maternelle dans les milieux défavorisés, et autres. Et c'est très bien. Ça, il
n'y a pas de problème avec ça. Vous connaissez la position de la CAQ là-dessus,
sur les prématernelles.
Par contre,
actuellement, si je regarde les places qui sont offertes
partout au Québec, c'est-à-dire toutes classes confondues, c'est environ... si mes chiffres sont bons, c'est 4 335 places. Et, au niveau des études de
crédits, les familles ayant des...
des ménages ayant une prestation de dernier recours, on parle d'enfants d'âge
préscolaire, alors c'est sûr qu'ici c'est
du 0-4 ans, on parle ici de 30 676 enfants d'âge préscolaire.
Alors, c'est sûr que, si on fait la moyenne, dans quatre ans ces
30 000 enfants là, ils vont tous être passés...ils vont tous avoir eu
l'âge préscolaire requis.
Si je regarde les
documents, vous, vous dites : Oui, il faut mettre la prématernelle
d'avant-plan. Maintenant, avec les places
offertes, on voit décidément qu'il y a un manque. Maintenant, est-ce que le
ministre, lui, croit que tous les
enfants de quatre ans, d'âge, dans le fond, prématernelle, ayant, justement, un
problème ou qui... visant sûrement des ménages ayant une prestation
d'aide financière devraient avoir recours à une place en prématernelle?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Blais : Bien, le choix du gouvernement est assez clair là-dessus,
hein? On l'a annoncé, là, c'est un investissement — j'ai bonne mémoire, mais je m'excuse pour
les chiffres — peut-être
de 60 millions de dollars dans la stratégie...
pas dans la stratégie, mais dans le plan sur l'inclusion économique et sociale,
là. C'est de favoriser, donc, des places
en service de garde pour les enfants des personnes qui sont à l'aide sociale.
On le fait pour les enfants, dans ce cas-là, on le fait pour les enfants. Donc, c'est s'assurer la gratuité complète
pour ces enfants-là, qui, en passant, est beaucoup plus qu'une place d'une maternelle quatre ans, parce
que c'est... Vous savez, un service de garde, c'est à l'année, là, hein? C'est
été... pendant toute l'année. Ça commence
très tôt le matin, ça finit beaucoup plus tard l'après-midi. Donc, ça permet
plus facilement, là, aux gens d'aller sur le marché du travail,
notamment les mamans ou les parents de ces enfants-là.
Donc, si on l'a fait, c'est qu'on croit
effectivement que ces enfants-là peuvent bénéficier et ne bénéficient pas
suffisamment des services et puis des places en garderie.
La
Présidente (Mme Richard) : Oui, M. le député.
• (14 h 50) •
M.
Schneeberger :
Alors, parfait. Bien, j'aime bien la réponse du ministre, Mme la Présidente.
Par contre, maintenant, si je regarde les budgets, justement,
parce qu'étant donné que... Je comprends que ce n'est pas son ministère direct,
mais en même temps c'est les intentions du ministère
d'Emploi et Solidarité sociale, c'est lui-même qui le dit. Si on regarde les
places au niveau des budgets 2017-2018, bon, il
y a eu de l'argent, il y a
eu 11 millions d'investis, et autres, on a créé une centaine de classes. Par contre,
2018-2019, dans le budget, là, tu sais, on a encore les intentions nobles,
oui, on a la Stratégie
0-8 ans, par contre pas de montant, on n'a pas de montant précis.
Alors, c'est sûr que, s'il n'y a pas de montant précis... C'est-à-dire que
c'est beau d'avoir une bonne volonté, mais, à un moment donné, bien, ça prend
de l'argent pour créer des places. Et puis, à ce moment-là, c'est beau que
le ministre dise : Oui, je veux, c'est important,
la prématernelle quatre ans dans les
milieux défavorisés, mais actuellement on ne comblera pas les besoins, parce
qu'il y a une volonté, mais il n'y a pas de montant d'inscrit.
Alors,
moi, j'aimerais bien ça qu'il parle à son ministre de l'Éducation puis que vous
vous entendiez là-dessus, parce qu'actuellement, malheureusement, les
deux ministères, là, la volonté est là, mais tu sais, c'est... Tu sais, aux Olympiques, là, pour gagner une médaille, là, puis
on a des Olympiques qui vont venir, là, cette semaine, là, bien, c'est bien beau d'avoir une volonté de s'entraîner,
mais, si tu ne vas pas t'entraîner, tu ne la gagneras pas, la médaille. Alors,
c'est ça, la réalité. C'est bien beau
d'avoir une bonne volonté, mais maintenant il faut mettre les budgets sur la
table, puis, si on ne les a pas, bien, alors qu'on arrête de dire qu'on
a la volonté.
Alors, je n'ai pas
vraiment de question, mais, peut-être, le ministre peut se défendre là-dessus
puis regarder qu'est-ce qui peut être fait.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Blais : Mme la Présidente, effectivement, mon collègue n'a pas
vraiment de question, là, hein? On est ici pour les crédits, pour parler d'emploi, je pense que c'est un sujet
important, c'est un sujet fondamental pour le Québec, et pour parler de solidarité et de pauvreté. Donc,
effectivement... Bon, alors j'essaie de comprendre un peu, si le collègue veut
parler d'emploi... Bon, son parti dit :
Nous, nous allons créer des emplois de qualité. Alors, j'aimerais savoir
qu'est-ce que c'est qu'un emploi de
qualité. Peut-être même pourrait-il me dire qu'est-ce que c'est que des emplois
qui ne sont pas de qualité. Je voyais
récemment que chez Cascades, là, on annonce, je ne sais pas trop, chez lui, là,
je pense, 75 emplois ou quelque
chose du genre... 90 emplois. Ces emplois-là, bon, ces salaires horaires
seraient autour de 16,53 $. C'est chez lui, là, chez Cascades. Est-ce que ça, c'est un emploi qui n'est pas de
qualité? Moi, je pense que c'est un emploi de qualité. Je pense que tous les emplois que les Québécois
occupent en ce moment, les 4,5 millions de Québécois, sont des emplois
de qualité. Donc, j'aimerais qu'on parle de cette réalité-là ensemble :
C'est quoi, des emplois de qualité, pour la CAQ et qu'est-ce qui sont des
emplois qui ne sont pas de qualité, même qui devraient être négligés ou mis de
côté?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger : Oui, Mme la Présidente. Bon, regardez, le
ministre s'en va sur les emplois de qualité, là, si vous voulez mener le débat là-dessus, là, on va le
faire, mais, en tout cas, moi, je ne veux pas aller là-dessus, parce que les
emplois de qualité, à Drummond, là,
il y en a beaucoup, puis ce n'est pas forcément dû au gouvernement, parce que
c'est l'initiative locale des gens d'affaires qui créent ces emplois-là.
Puis on pourrait en discuter très longtemps.
Par
contre, moi, ce que je vous dis, c'est qu'au niveau des statistiques, les
chiffres déposés par le ministère, on parle
de 30 676 enfants qui sont d'âge préscolaire, c'est-à-dire
qu'actuellement, là, ces enfants-là n'ont pas accès tous à une place en prématernelle quatre ans, dans le but
justement de dépister les problèmes d'apprentissage, et autres. Puis on sait très bien que c'est là, le hic. Et
pourquoi, Mme la Présidente, je vous pose cette question-là? Parce que, malheureusement, il y a des quartiers défavorisés
où est-ce que normalement il devrait y avoir des CPE, il n'y en a pas. Un bel exemple à Drummondville, un quartier plus
défavorisé, il n'y a pas de CPE. Pourtant, il y en a partout ailleurs,
mais il n'y en a pas dans ce quartier-là.
Alors,
le but premier des CPE, à la base, je vous le rappelle, vous étiez... c'est le
gouvernement du Parti québécois qui avait instauré ça, c'était justement de
favoriser ces jeunes-là à aller à l'école et de développer leurs sens et leur acuité. Et malheureusement, bien, dans
certains cas, je ne dis pas partout au Québec, là, bien sûr, mais on manque
cette bataille-là. Et puis moi, je pense que
c'est les prématernelles quatre ans qui devraient être instaurées partout dans
les milieux défavorisés, certainement au
début. Mais actuellement, avec les chiffres qu'on a, bien, l'intention est là,
mais la réalité ferait en sorte qu'il n'y a pas des places pour tous ces
jeunes-là dans un avenir rapproché.
Combien de temps, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme
Richard) : Il vous reste 12 min 21 s.
M.
Schneeberger : O.K., parfait. Bon. Mme la Présidente, au
niveau des contraintes sévères à l'emploi, dans la nouvelle loi n° 173, on parle ici qu'on
viendrait justement toucher 84 000 personnes, qui seraient touchées
par le projet de loi. Par contre, si
on regarde les statistiques, on parle ici de 127 535 adultes qui
présentent des contraintes sévères à l'emploi, de janvier 2018,
c'est-à-dire qu'il y a 127 535 personnes qui ont fait des demandes et
qui ont été classées contraintes sévères à l'emploi.
Alors, entre
84 000 et 127 000, j'aimerais savoir, au ministre, la différence, là,
de ces personnes-là : Ils se situent où dans le programme, sur le
projet de loi n° 173?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Bien, ce qu'on a mentionné, c'est qu'on voulait créer un
revenu de base puis qu'il y aurait un délai, là, pour y avoir accès, de six ans, là. Puis, quand on regarde nos
données, ça se justifie par le fait que, pendant les premières années, il y a beaucoup plus de sorties qu'on
pense à la solidarité sociale. Les gens réussissent à régler leurs problèmes,
parfois de santé mentale... Il n'y a pas
longtemps, j'étais avec des agents d'aide sociale, à Montréal, qui me
disaient : Oui, il y a des
problèmes de santé mentale, mais les médicaments sont aujourd'hui beaucoup plus
précis qu'auparavant. D'autres règlent leurs problèmes de santé, là.
Mais,
écoutez, moi, si vous voulez qu'on regarde la possibilité que les 126 000
rentrent immédiatement aux revenus de
base, avec les effets de rétention qu'il va y avoir inévitablement... On s'en
va en élection dans quelques mois, alors le collègue pourra en faire la proposition, et puis... Il ne nous a
jamais entendu parler, pendant quatre ans, de pauvreté, donc, s'ils veulent aller sur ce terrain-là, bien,
qu'ils en fassent la proposition, puis ils feront le calcul, puis on saura
exactement combien ça coûte, et puis ils avanceront.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Schneeberger :
Mme la Présidente, je ne veux pas initier ici le débat, là, qui est le plus fin
d'entre nous, là, ce n'est pas ici...
C'est que vous, vous amenez un projet de loi où ce que vous avez une cible de
84 000 personnes, et puis, juste
au niveau des chiffres du ministère, là — c'est une question qui a été posée, là, dans
l'étude de crédits, là — c'est 127 535.
Alors, je voudrais savoir : Vous, dans vos statistiques, ces personnes-là,
entre 85 000 et 127 000, il arrive quoi avec gens-là? Est-ce que c'est des gens qui vont
retourner sur le marché du travail? Vous estimez déjà que ces gens-là vont
retourner sur le marché de l'emploi? On parle ici de personnes contraintes
sévères à l'emploi, on ne parle pas de personnes
qui sont aptes à l'emploi. Donc, c'est quand même beaucoup de personnes, là. On
parle de pas loin de 40 000 personnes, là. Ce n'est pas rien.
La Présidente (Mme Richard) :
Allez-y, M. le ministre.
M.
Blais : ...encore une fois, là, ces personnes-là sont admissibles à la
solidarité sociale, donc ils reçoivent un montant qui est supérieur à
ceux qui sont à l'aide sociale sans contraintes. Ils vont demeurer à la
solidarité sociale ou ils vont en sortir,
hein? C'est 50 %, à peu près, des personnes qui arrivent à la solidarité
sociale qui, dans les premières années,
vont en sortir. Et c'est la raison pour laquelle on a mis ce délai-là,
simplement pour s'assurer que les personnes, là, hein, sont vraiment,
vraiment aux prises avec des situations de handicap importantes.
Mais je vous
rappelle, là, hein, c'est mal parti, là, on ne parle pas d'emplois de qualité
et d'emplois qui ne sont pas de qualité aujourd'hui. On n'a pas la définition
de ce que c'est qu'un emploi qui n'est pas méritant, donc qui n'est pas
de qualité, puis on ne parle pas de pauvreté non plus.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député.
M.
Schneeberger :
Bien, Mme la Présidente, moi, j'essaie de comprendre, parce qu'au niveau des
chiffres, là, on parle d'une cible de
12 mois, alors que, dans le programme, on parle d'une période qui est de
plus de cinq ans, là, de 66 mois, là. Alors, moi, j'essaie juste de
comprendre la différence, je veux dire, c'est... À chaque fois, c'est comme ça.
On parle ici de personnes ayant une
capacité supérieure ou égale à 12 mois et on parle de 127 000, alors,
bon, selon les chiffres, est-ce
que... les chiffres actuels, mes statistiques, est-ce que vous avez quelque
chose là-dessus, entre 12 mois et 60 mois,
le nombre de personnes qui retournent sur le marché du travail? Si vous ciblez
une cible de 84 000, j'imagine que
vous avez des chiffres du nombre de personnes qui, entre 12 mois et
66 mois, retournent sur le marché du travail.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le ministre.
• (15 heures) •
M.
Blais : Donc, c'est à la page 21 du plan de lutte, là, que l'on a
présenté en décembre dernier, là, vous avez un schéma, Mme la Présidente, qui est assez clair, là, qui montre, là,
les taux de sortie à la solidarité sociale. Je ne parle pas de l'aide sociale, je parle de la solidarité
sociale. Ces taux-là bien sûr augmentent et, à un moment donné, ils plafonnent.
Et c'est à ce moment-là, je pense, que... Ce
que nous disent les gens sur le terrain, mais ce que nous disent aussi les
statistiques, c'est que ça prend une
intervention puis il faut être plus généreux, là, pour ces personnes-là, parce
qu'elles vont rester beaucoup plus
longtemps, là, piégées dans la pauvreté. Et ce que l'on veut, nous, c'est les
sortir d'une manière définitive, là, de la pauvreté.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député.
M.
Schneeberger : Bon,
en tout cas, Mme la Présidente, j'y reviendrai ultérieurement, là-dessus.
Je veux parler du projet de loi n° 70, Mme
la Présidente. J'ai questionné la semaine passée la ministre Santé publique, et
puis je questionnais pour savoir si son ministère avait conclu des ententes
avec le ministère d'Emploi et Solidarité, et
malheureusement je n'ai pas eu de réponse. Elle m'a parlé qu'il y avait un
programme de 2008 qui a été mis en
place, mais on s'entend que 2008, là, ça fait 10 ans, là, on n'est pas là
du tout. Et puis moi, j'ai appuyé, mon parti a appuyé le projet de loi n° 70, parce que je pense que, si ce projet
de loi là est appliqué comme il se doit, c'est-à-dire avec les articles qu'on a vus,
et autres, avec les intentions... je pense qu'à la base, pour beaucoup de
personnes, c'est un bon projet de
loi, parce que, moi, dans mes convictions, c'est de dire : Sortir
quelqu'un de la pauvreté, c'est de ne pas le laisser pour compte chez
lui, c'est-à-dire de l'accompagner.
Et
j'avais demandé à l'époque au ministre... on parlait souvent... J'ai fait le tour des organismes
communautaires, qui étaient souvent contre le projet de loi, par contre,
je voulais savoir pour quelles raisons. Et c'est surtout des organismes comme
Les Auberges du coeur, Habit-Action, à Drummondville, ou des organismes qui
viennent en aide directe, qui font un
encadrement après la sortie des jeunes dans des centres jeunesse, là, on parle
de jeunes de 17 ans et demi, 17 ans
trois quarts, qui se retrouvent souvent, malheureusement, à la rue et
ils manquent d'encadrement. Ce n'est pas la totalité, par contre, parce
qu'il y a quand même certaines initiatives locales qui se font déjà. Mais, ces
gens-là, la plupart va demander
l'aide de dernier recours. Et, moi, ce que j'avais demandé, c'est que ces
jeunes-là, justement, soient mieux accompagnés.
Et ce qu'on avait prévu dans le projet de loi, c'est qu'au niveau de la
classification il y ait la troisième voie, c'est-à-dire le développement des habiletés sociales. Et,
malheureusement, le projet de loi est actuellement en place, et je ne trouve, actuellement, aucune entente qui a eu
lieu avec... peu importe, un organisme, quoi que ce soit, directement en
lien avec le projet de loi n° 70. La seule entente qui a eu lieu
actuellement, et ça ne cadre pas tout à fait au niveau de développement des habiletés, pour certains points,
oui, c'est avec les carrefours jeunesse-emploi, qui avaient déjà, de toute
manière, des ententes, là, ce n'est pas nouveau, là, c'est... Bon, il y a eu
des ententes.
Moi,
j'aimerais savoir, je repose la même question au ministre : Maintenant,
est-ce que vous avez des ententes? Est-ce
que vous prévoyez avoir des ententes avec quelques organismes que ce soient? Et
là je vous le demande parce que je
sais très bien que ce n'est pas directement des organismes qui sont sous vos
responsabilités, c'est au niveau de la Santé, mais on avait parlé de ça. Puis c'est important, parce qu'actuellement,
là, j'ai parlé pas plus tard qu'hier à une personne qui travaille à un bureau de Drummondville, bureau
de Drummondville au niveau de l'emploi, que je connais personnellement, puis il me dit : Bien, il dit, on n'a pas
grand-chose là, il dit, une chance qu'on a une initiative locale, avec la
commission scolaire, qui existait
déjà. Mais ça, c'est local, moi, je parle d'un plan national. Mme la ministre,
j'aimerais savoir si le ministre peut
me répondre là-dessus, parce qu'on parle ici de jeunes, et je ne voudrais pas
que ces jeunes-là soient laissés pour
compte. Parce qu'on a établi un nouveau programme, encore une fois des belles intentions,
mais il faut que ça suive. Merci.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci beaucoup, M. le député. M. le ministre.
M.
Blais : Donc, on a demandé aux intervenants, là, dans les CLE, de se
mettre en contact avec le réseau de la santé,
je pense que c'est ça qui intéresse le collègue, là, et des services sociaux,
là, pour développer des ententes et des passerelles.
Une
des grandes difficultés que peut connaître Objectif emploi, là, c'est de
continuer à propager l'idée qu'il existe des bons emplois et des mauvais emplois. Je vais prendre un exemple très
concret, là. Chez vous, là, à Warwick, là, les résidences du Patrimoine — vous connaissez ces gens-là, probablement? très
bien — ils ont
deux emplois à combler, niveau
d'études secondaires, aucun diplôme — aucun diplôme, ça tombe bien, beaucoup de
nos jeunes à l'aide sociale n'ont pas
terminé leurs diplômes — aucune année d'expérience et 12,85 $ de l'heure. Si vous
continuez à dire : Ce sont des
mauvais emplois, parce que, comme le dit votre chef, en bas de 20 $ de
l'heure, c'est des mauvais emplois, il y en a trop, le signal que vous envoyez à des jeunes, là, qui sont à l'aide
sociale, qu'on veut encourager à prendre un emploi, là, le signal, c'est que ça ne vaut pas la peine tant qu'un emploi n'est pas à 20 $
ou 25 $ de l'heure. Et ça, c'est une perception
qu'il faut absolument corriger, parce que l'idée des bons et des mauvais
emplois nuit en ce moment, notamment à la perception
de ces jeunes-là que l'on veut encourager à aller vers un premier emploi, une
première expérience de travail.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger : Oui, Mme la Présidente. Malheureusement, je
n'ai eu aucune réponse. Le ministre parle de bons et de mauvais emplois. S'il parle de ces personnes-là, à ce
moment-là, ce n'est pas les personnes qui sont classées au niveau du
développement des habiletés sociales, il va être classé au niveau de recherche
active d'emploi. Je n'ai pas parlé de ces
jeunes-là, je parle des jeunes qui sont classés, quand ils font une demande,
les nouveaux demandeurs, au niveau du développement habiletés sociales,
développement des habiletés sociales. On parle de jeunes, là, que... souvent,
ils ne sont même pas aptes à avoir un emploi tellement
ils sont hypothéqués. J'espère qu'il ne les a pas oubliés, le ministre, ces jeunes-là? Parce que moi, je ne les oublierai
pas, M. le ministre. Puis je vais vous questionner, puis je vous l'ai déjà
dit, je ne vous lâcherai pas là-dessus.
Parce que, peut-être, l'opposition officielle a voté contre ce projet de loi,
peut-être qu'il y avait ces
doutes-là, moi, je vous ai fait confiance. Actuellement, là, je ne suis pas sûr
que ça marche et j'aimerais ça que... Les ressources sont là, ils veulent juste
être aidés financièrement pour pouvoir donner un service adéquat à ces jeunes-là. Puis on sait très bien que ce n'est pas
toujours facile, mais au moins, s'ils auraient un peu d'argent, peut-être
que ça avancerait.
Alors,
est-ce qu'il peut me dire s'il a des ententes conclues, ou vous êtes en
processus? Parce que, là, actuellement, je n'ai rien, rien.
La Présidente (Mme Richard) : Merci, M. le député. On va donner
quelques secondes, environ une quarantaine de secondes. M. le ministre.
M.
Blais : Oui, il y a des ententes conclues, oui il y a des processus.
Et dire à ces jeunes-là que des emplois en dessous de 20 $ de
l'heure, c'est des mauvais emplois, c'est un très, très mauvais message.
La Présidente (Mme Richard) : Merci. Quelques secondes encore, M.
le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger :
Bien, regardez, Mme la Présidente, là je pense qu'on s'obstine, là. Le ministre
est un être intelligent, là, je n'ai pas
parlé de bons ou mauvais emplois, là. Je parle de personnes qui ont besoin
d'aide juste pour le développement
des habiletés sociales, pour pouvoir avoir accès à un emploi. Je ne parle pas
d'emploi de 10 $, ou 12 $,
ou peu importe le nombre de dollars de l'heure qu'il veut, là. Je parle d'avoir
accès à ces emplois-là. C'est tout.
La Présidente (Mme Richard) : Merci. C'est tout le temps qui
était disponible pour le deuxième groupe d'opposition. Nous allons maintenant
du côté du gouvernement. M. le député de Laval-des-Rapides, vous avez la parole.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ma question pour le ministre va être en lien
avec la Stratégie nationale sur la
main-d'oeuvre dont le ministre et le premier ministre ont fait mention au cours
des derniers mois, au cours de la
dernière année, et je pense que le ministre s'apprête à la dévoiler au cours
des prochaines semaines ou prochains mois, à tout le moins c'est ce
qu'on comprend de par les déclarations publiques.
Mme la Présidente, le
Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre s'est tenu les 16 et 17 février
de 2017. Un événement qui a réuni les partenaires syndicaux, milieux
d'affaires, chambres de commerce, communautaire, social, éducation et également
au niveau de la formation.
Préalablement
à la tenue de ce Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre, à
l'automne 2016, il y a eu aussi des consultations, dans l'ensemble des régions, qui ont été réalisées,
notamment entre les dates du 9 septembre et 28 octobre 2016,
qui a permis de rencontrer un grand nombre de participants, que ce soit au
niveau des entreprises, que ce soient des partenaires du milieu du travail et
de l'emploi, notamment. Et, lors de la clôture du Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre, c'est là que le premier ministre a
annoncé qu'une stratégie nationale sur la main-d'oeuvre serait élaborée.
Donc,
le ministre et son équipe au cabinet et, bien sûr, au ministère ont travaillé
sur cette stratégie. Ma question pour
le ministre : Alors, M. le ministre, vous avez annoncé qu'une stratégie
nationale de l'emploi serait rendue publique, pouvez-vous nous en
parler? Pouvez-vous également nous parler des actions qui ont suivi la tenue du
Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre,
donc depuis un an? Et quel impact ont-ils eu au niveau de la main-d'oeuvre,
plus précisément?
La Présidente (Mme Richard) : Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le ministre, vous avez la parole.
• (15 h 10) •
M.
Blais : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, tout d'abord, dire
que cette idée d'une stratégie nationale de la main-d'oeuvre, dont nous
n'avons jamais eu besoin auparavant, parce que, bon, on n'était pas dans un
contexte économique très différent, cette
idée-là, elle a été demandée lors du Rendez-vous national de la main-d'oeuvre. Le premier ministre y a répondu, il s'y est engagé donc. Et, dans le dernier budget,
on a vu à la fois les traces de ce qui s'en vient, c'est-à-dire des investissements
de plus de 800 millions de dollars pour favoriser la main-d'oeuvre au Québec.
Elle donne suite à une tournée que j'ai faite dans toutes les régions du Québec,
et j'ai rencontré près de 800 organismes, organisations, différents,
dans toutes les régions du Québec,
pour faire le constat des réalités,
qui sont, bien sûr, différentes d'une région à l'autre, par
rapport aux besoins de main-d'oeuvre.
Alors, ce qui nous a
été dit, c'est assez intéressant, parce que la rareté de la main-d'oeuvre est
un phénomène relativement récent. On en
parle beaucoup maintenant dans les médias, partout, de cette rareté-là, mais
c'est un phénomène relativement
récent, mais qui est ressenti très fortement dans plusieurs régions. Donc, je
peux vous dire, la stratégie, là, pour
vous donner quelques éléments, là... Essayez d'imaginer qu'au Québec il y a
4,5 millions de personnes, à peu près, au travail. Malheureusement, à cause de la démographie chez les jeunes,
il y a une perte de plus... il y a de moins en moins de jeunes qui rentrent sur le marché du travail.
Donc, comment on peut faire pour conserver ce 4,5 millions, ou à peu près,
de travailleurs dans les prochaines années, compte tenu du défi démographique?
Alors, il y a
plusieurs éléments de la stratégie qui vont vers les clientèles plus éloignées
du marché du travail, nécessairement, on a
parlé tout à l'heure des travailleurs expérimentés et d'autres groupes, donc
pour essayer de faire des gains à ce
niveau. Il y a aussi des éléments de la stratégie qui sont importants pour
appuyer les entreprises. Parce qu'on se rend compte, au Québec, c'est qu'on est quand même dans une économie où
il y a beaucoup de PME, et les entreprises n'ont pas toutes un secteur
de gestion de ressources humaines élaboré. Parfois, ils n'en ont pas du tout,
un employeur essaie de trouver des solutions
lui-même. Et ça peut devenir extrêmement compliqué lorsque vous voulez faire
venir, par exemple, des immigrants,
trouver des travailleurs immigrants, ou lorsque vous voulez vous intéresser,
par exemple, à des clientèles qui sont plus éloignées du marché du
travail, par exemple des personnes handicapées.
Donc,
Emploi-Québec est un organisme, est une organisation qui, jusqu'à récemment,
était là pour appuyer les chômeurs pour qu'ils se trouvent un emploi et les
personnes à l'aide sociale pour aussi qu'ils aillent vers l'emploi. Ça
demeure une des missions les plus importantes d'Emploi-Québec. Mais
Emploi-Québec, dans les prochaines années, va être aussi davantage en soutien
aux entreprises vis-à-vis de l'intégration de ces différentes personnes. Et
bien sûr il y a l'enjeu de l'immigration, il
faut s'assurer de favoriser une intégration qui répond aux besoins des emplois,
et notamment en région. Ce qu'on a découvert dans cette tournée, c'est
que, maintenant, les régions crient leur famine, ils disent qu'eux aussi, ils
ont besoin de travailleurs immigrants pour répondre aux besoins des
entreprises.
Donc, il va y avoir
tout ça, dans la stratégie, des éléments, bien sûr, pour appuyer les personnes
qui sont plus éloignées du marché du
travail, et beaucoup d'éléments en soutien aux entreprises qui doivent faire
face à ce défi-là, qui doivent
réorganiser le travail, prendre des décisions de management, mais aussi aller
chercher des ressources qui sont un peu plus éloignées, pour lesquelles
ils ne sont pas toujours bien préparés.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Beauce-Sud...
M.
Giguère : Non, on va prendre Saint-Maurice, si ça ne vous dérange pas.
La Présidente (Mme
Richard) : ...non, Saint-Maurice. Excusez-moi.
M. Giguère :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Je vous salue. Vu que c'est ma première
intervention, je voudrais saluer M. le ministre et son équipe, mes collègues,
collègues de l'opposition.
On
parle beaucoup de main-d'oeuvre, de manque de main-d'oeuvre, de manque de main-d'oeuvre spécialisée. Moi, Mme la Présidente, mon comté, c'est Saint-Maurice, qui inclut la ville, entre autres, de Shawinigan. On recule de voilà quelques années, on était, là... on manquait d'emploi. Et
puis je me souviens très bien en août 2014, lors d'une visite en Beauce, ça m'avait frappé, il y avait
des affiches «Nous embauchons». Moi, un gars de région, de Shawinigan,
c'était tout le contraire, je me disais : Ça ne se peut pas. Tu sais,
j'avais de la misère à cette réalité-là. On en entendait parler, mais, cette réalité-là, on la voyait loin. Et
puis, aujourd'hui, bien, ce phénomène-là, on le vit en
région aussi, en Mauricie.
Je
vais vous donner un petit exemple. Il
y a eu un petit salon de l'emploi à Shawinigan, au mois d'octobre, où est-ce
qu'il y avait 850 emplois... d'offres qui étaient
faites, mais il y a eu juste 1 100 visiteurs durant la journée. Ce n'est pas 1 100 personnes qui étaient
nécessairement en recherche d'emploi, qui ne travaillaient pas. Il y a beaucoup
de ces gens-là, qui ont été visiter le salon d'emploi, qui avaient déjà
un emploi.
Et
puis on voit aussi... M. le ministre a parlé tantôt... il a ouvert un petit peu
la porte sur l'immigration. Moi, j'ai une
entreprise CGI, chez moi, qui a 200 employés, et puis ça fait deux ans et
demi qu'ils sont implantés chez nous, il y a 26 nationalités. Je peux vous
dire que, dans une ville de 50 000 habitants comme Shawinigan,
26 nationalités, ça change un
visage pas à peu près. Et c'est le bien que l'université, elle emmène, c'est
super bien. On a d'autres entreprises qui manquent de soudeurs aussi, on
a des grosses entreprises, on a des manques.
Et
puis pourquoi je vous parle de ça? C'est parce que ça revient aussi, c'est une
difficulté de recrutement. On vit les mêmes
problématiques dans le domaine agricole, car, les trois dernières décennies, le
nombre de travailleurs agricoles n'a
pas progressé, il y a une moyenne, là, qui est restée pas mal la même. Mais il
y a des particularités quand même un petit peu spéciales en agriculture,
c'est que la main-d'oeuvre est surtout masculine. On parle d'une main-d'oeuvre
masculine à 68 %. Et puis de cette main-d'oeuvre-là, il y a 38 % de
la main-d'oeuvre qui est âgée de plus de 55 ans. Dans la société, c'est 21 % de l'ensemble du marché du travail.
Donc, on voit qu'il y a des personnes un peu plus âgées qui travaillent
dans le domaine agricole et surtout masculines. Les heures travaillées, je
pense que mes collègues, là, de l'opposition
ne seront pas surpris d'apprendre que les travailleurs agricoles, c'est des
grands travailleurs — oui, je
vois la deuxième opposition me
sourire, puisqu'il a été dans ce domaine-là, même l'opposition officielle — on parle quand même de
42 heures-semaine, comparé à 34 heures le restant de la société.
Mais
tout ça, c'est bien beau, mais le secteur agricole fait face à des défis en
matière de main-d'oeuvre. Parce que, si
on recule de quelques décennies en arrière, c'était surtout de la main-d'oeuvre
familiale. Il y avait un emploi sur cinq qui venait de la famille. Mais, on le sait, avec les années, un, les
familles sont moins nombreuses, et aussi nos jeunes, ils vont à
l'extérieur. Mais il y a beaucoup de jeunes, quand même, qui s'en vont dans le
domaine agricole. Au Québec, il y a aux
alentours de 1 000 jeunes qui sortent des institutions à chaque
année, et ce ne sont pas tous des enfants de fils d'agriculteurs, il y
en a qui épousent l'agriculture, qui veulent travailler dans ce domaine-là.
Mais
une des difficultés qu'ils rencontrent, les productions... les entreprises
agricoles, c'est les compétences qui sont requises. Et une des
compétences aujourd'hui, c'est dans le numérique. Je ne sais pas si vous avez
eu la chance de visiter les entreprises
dernièrement, mais ce n'est plus la même agriculture que voilà 10, 15,
20 ans en arrière. On voit des robots
de traite, les animaux, les vaches vont se faire traire 24 heures sur 24 à
tour de rôle. Puis on voit toutes sortes de productions aussi, là, que
ça soit dans le maraîcher, l'irrigation qui se fait, là, par téléphone
cellulaire.
Voilà
quelques années, quand ça a commencé, ces affaires-là, avec le numérique et le
cellulaire... J'ai un ami qui demeure à Saint-Boniface, dans mon comté, un
producteur avicole. Il était, là, sur... L'hiver, il prend toujours sa semaine
de vacances, il a la chance, et puis il
était sur une plage, et puis son téléphone, son alarme sonne. Il y avait une
problématique de ventilation dans les
poulaillers. Vous savez que, dans un poulailler, la ventilation, c'est extrêmement
important. Et puis il a réussi à résoudre son problème d'où ce qu'il
était, sur la plage. C'est sûr qu'il a envoyé quand même son père vérifier si tout était correct, parce que c'était,
là... on recule de cinq, six ans en arrière. On voit, là, qu'il a des grosses
demandes.
Et puis on parle
aussi d'une problématique de relève, des jeunes. Mais il faut savoir aussi que
les jeunes en agriculture aujourd'hui ne sont pas différents de nos jeunes de
la société. Pour eux, la qualité de vie, c'est très, très important. Ils veulent avoir une qualité de vie
avec leurs enfants puis, oui, prendre des vacances. Tantôt, j'ai parlé des
heures travaillées, mais, je suis convaincu,
d'ici quelques années, on va voir les heures diminuer, parce qu'eux, pour eux,
c'est une valeur très importante, la qualité de vie. Mais il faut qu'ils
compensent avec de la main-d'oeuvre, de la main-d'oeuvre spécialisée.
On
a parlé beaucoup de main-d'oeuvre de travailleurs expérimentés qui viennent de
l'extérieur. Moi, j'ai une entreprise chez moi, là, qui fait du poireau et des
asperges, et puis c'est tous des travailleurs, là, qui viennent de l'extérieur.
Donc, on voit qu'on a une problématique, et puis j'aimerais ça que, M. le
ministre, vous nous parliez un petit peu des programmes que vous avez. Je sais
que vous avez des ententes avec l'Union des producteurs agricoles pour les
travailleurs, là, qui viennent de l'extérieur. Et puis c'est quoi que vous nous
proposez?
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Richard) : Merci. Ça va, M. le député de
Saint-Maurice? Merci. M. le ministre, vous avez la parole.
M.
Blais : Alors, merci beaucoup pour la question. Effectivement, il y a
des ententes, là, avec l'UPA, là. Il y a un grand défi de main-d'oeuvre, vous l'avez bien dit, il y a un
très grand défi de main-d'oeuvre au niveau... dans le secteur agricole. Ce que l'UPA nous avait demandé,
là, c'est d'avoir des ententes spécifiques avec Emploi-Québec pour trouver des approches. On sait que, ces dernières
années, dans certains cas, là, on a eu recours aux travailleurs immigrants.
Donc, si les chiffres que j'ai ici sont
bons, là, «le Programme des travailleurs étrangers temporaires permet aux
employeurs de Québec de recruter des travailleurs étrangers temporaires agricoles», et on parle, pour 2016, de
9 080. Et ça, c'est des chiffres
qui sont en hausse, hein? Et les agriculteurs vont vous dire que, sans cette main-d'oeuvre-là, ce serait impossible d'y arriver, là.
Par la suite, il faut comprendre que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a participé à l'élaboration de la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre. Et ils avaient
des demandes assez spécifiques par
rapport à la formation
des jeunes dans le domaine, et auxquelles on va donner suite, je peux vous le
dire tout de suite. Ils avaient des demandes sur la question des travailleurs temporaires étrangers pour faciliter les
conditions actuelles. Et avec le ministère
de l'Immigration on est en démarche pour donner suite à ça.
Et
vous avez parlé aussi du numérique. C'est étonnant, mais il faut
le dire, là, le numérique fait partie de plus en plus des éléments de base, là, d'à peu près tous les emplois. Et, dans la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre, il y a
des sommes quand même conséquentes pour favoriser l'apprentissage du numérique,
pour les travailleurs du Québec, dans différents domaines. Il ne s'agit pas d'en faire des informaticiens, du tout, hein,
mais c'est simplement de les rendre compétents pour qu'ils puissent travailler avec ces outils-là. Et, je peux vous
dire, le domaine de l'agriculture nous a fait aussi des demandes assez spécifiques là-dessus.
Il y a plusieurs emplois qui vont être comblés en agriculture dans les prochaines années.
Il y a
un enjeu, bien sûr, comment je pourrais dire, de faire passer, là,
d'une entreprise à... une main à une autre main. Souvent,
les entreprises familiales, on sait que c'est assez compliqué.
La Présidente
(Mme Richard) : ...c'est tout le temps...
M. Blais :
Très bien.
La Présidente (Mme Richard) : ...que disposait le
gouvernement. Peut-être revenir dans un prochain bloc pour une réponse plus longue. Nous allons maintenant du
côté de Québec solidaire. M. le député de Gouin, vous avez la parole
pour commencer l'échange avec le ministre.
M. Nadeau-Dubois :
Pour une durée de 12 minutes, si je ne me trompe pas, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Richard) : C'est exact, M. le député.
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup. Bonjour à tous et toutes, M. le ministre, son équipe, collègues
parlementaires également.
J'ai
peu de temps, alors je vais aller droit au but. M. le ministre, il y a deux ans
environ, ma prédécesseure dans Gouin, Françoise David, dans le cadre de
l'étude détaillée du projet de loi n° 70, avait posé une question. Elle
avait demandé au ministre de quel chercheur
il s'inspirait pour justifier les mesures punitives qui étaient incluses dans
le projet de loi n° 70. À cette question-là, à l'époque, le
ministre avait répondu qu'il s'inspirait d'un philosophe, le philosophe anglo-saxon John Rawls. Et puis vous savez que
j'ai, comme le ministre, un parcours en sciences sociales, en philosophie,
alors c'est une réponse qui m'avait surpris.
Parce que, bien que je ne suis pas personnellement un grand admirateur, un
grand fan de Rawls, j'avais trouvé quelque
peu décalée la réponse de la ministre par rapport aux écrits de John Rawls
qu'on connaît. Alors, j'aimerais
interroger le ministre sur cette question-là. Et donc je vais avoir des
questions peut-être un peu plus philosophiques qu'à l'habitude dans le
cadre de l'étude des crédits, bien que j'y viendrai.
Le
ministre sait comme moi que ce que fait John Rawls, c'est une expérience de
pensée, hein? C'est pour ça qu'on le
connaît beaucoup, l'expérience de pensée du voile d'ignorance ou de la position
originelle, et c'est un outil philosophique que John Rawls utilise pour réfléchir à ce qui est juste et ce qui est
injuste. Il cherche comme ça à définir les injustices. Et, pour identifier les injustices sociales, John
Rawls, donc, invente cette expérience de pensée, cette mise en situation
théorique, philosophique, où il nous dit : Bien, pour savoir ce qui est
juste et injuste, il faut s'imaginer des citoyens et des citoyennes rationnels mais
placés dans une position d'ignorance quant à leur position réelle dans la
société, d'où la fameuse idée du
voile d'ignorance. Il nous dit : On met les citoyens et citoyennes sous un
voile d'ignorance. Ils ne savent pas
s'ils vont devenir riches, s'ils vont devenir pauvres, s'ils vont être en haut
ou en bas de l'échelle sociale et, dans cette position-là, ils sont à mieux de débattre, de délibérer ensemble
de qu'est-ce qui est une structure
sociale juste et qu'est-ce qui est
une structure sociale injuste. Parce que, sous ce voile d'ignorance, bien, on
permet aux gens de ne pas être influencés dans leur délibération par leurs intérêts personnels, parce qu'ils ne
savent pas s'ils seront riches ou pauvres, ce qui veut dire que le ministre ou moi, placés dans une telle
situation, on devrait juger de ce qui est juste et injuste sans savoir si on
deviendrait ministre de la Solidarité sociale ou député de Gouin.
Je
pense que j'ai bien résumé l'expérience de pensée de John Rawls, et le ministre
me corrigera si j'ai mal compris, mais
ma question est la suivante : Est-ce que le ministre croit que, dans une
telle situation, des citoyens, des citoyennes libres choisiraient, placés sous le voile d'ignorance, de vivre avec un
peu plus de 400 $ par mois? Parce qu'en vertu de la loi qu'il a pilotée, du projet de loi n° 70,
une personne qui subirait trois pénalités en vertu du programme Objectif emploi
devrait survivre avec à peine plus de
400 $ par mois. Alors, ma question pour le ministre est très simple :
Placés sous le voile d'ignorance,
devant décider de ce qui est juste et injuste, est-ce que le ministre de la
Solidarité sociale jugerait qu'il est juste qu'une personne vive,
survive, en fait, avec à peine plus de 400 $ par mois?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le ministre.
M. Blais :
Alors, je vais répondre comme Rawls a répondu à cette question, et puis la
question c'est que, oui, il y a des
conditions de réciprocité. Il a écrit... j'ai écrit un article là-dessus d'ailleurs,
je pourrai vous le passer, dans lequel Rawls
explique pourquoi, dans son système de pensée, il y a l'exigence de
réciprocité. Donc, ce n'est pas la réciprocité hobbesienne, c'est simplement l'idée que chacun doit pouvoir participer
au système de coopération sociale selon sa capacité. Quand quelqu'un a
la capacité de travailler, etc., il devrait pouvoir faire un effort et
participer. Et Rawls a été très explicite
sur la question de l'inconditionnalité du revenu, en disant qu'il trouvait que
c'était un risque de favoriser — bon, il avait pris une image — les
surfeurs de Malibu.
Plus tard, il
y a un philosophe, que j'apprécie encore plus que Rawls, qui s'appelle Philippe
Van Parijs, qui est le grand
défenseur de l'allocation universelle aujourd'hui dans le monde, qui a dit,
comme moi-même j'ai dit dans mon livre à une autre époque, qu'effectivement,
pour les jeunes, il faudrait peut-être penser à lever, hein,
l'inconditionnalité de l'allocation universelle, pour s'assurer de leur
plein développement du capital humain.
Si vous êtes
favorable, par exemple, à l'instruction obligatoire, je pense que vous l'êtes
certainement, jusqu'à un certain âge,
on peut, en termes de réciprocité, de justice, de développement de capital
humain, aussi être favorable à obliger de donner, dans certains cas, des
obligations à des personnes pour les aider à développer leur capital.
Donc, vous
avez chez Rawls un défenseur certainement d'Objectif emploi, ça, je peux vous
le dire tout de suite, et vous avez
chez Philippe Van Parijs, qui est un défenseur de l'inconditionnalité, l'idée
qu'on devrait pouvoir ouvrir dans certains
cas l'inconditionnalité pour favoriser le développement humain des personnes
qui n'ont pas eu l'occasion comme vous puis comme moi, là, de le
développer quand ils étaient jeunes.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, je connais bien la citation de Rawls à laquelle
le ministre fait allusion. Je l'avais d'ailleurs ressortie, puisqu'il le cite dans son livre. La citation dit... C'est
Rawls qui parle, bien sûr, mais le ministre cite Rawls dans son livre. La citation, c'est : «Ainsi ceux
qui font du surf toute la journée à Malibu devraient trouver une façon de
subvenir à leurs [propres] besoins et ne pourraient bénéficier de fonds
publics.»
Donc, si je comprends bien la réponse du
ministre, il compare les bénéficiaires, en fait, les gens inscrits au programme
Objectif emploi à des gens qui font du surf toute la journée sur la plage.
• (15 h 30) •
M. Blais :
Pas du tout, hein, pas du tout, parce qu'il a d'autres éléments dans l'ouvrage.
Il faut aller lire l'ouvrage de Rawls
au complet, mais, dans cette section-là, il y dit très bien qu'il ne veut pas,
lui, donner un conseil en termes de politique
publique en disant ça. Il dit que, du point de vue des principes, bien sûr, il
est possible de poser des conditions, là, minimales, celles-là ou
d'autres, là. Donc, il faut faire attention pour rendre justice à Rawls. Rawls
est un des grands penseurs de la social-démocratie
du XXIe siècle, là. Mais effectivement, sur cette exigence de la
réciprocité là, il l'a toujours défendue.
C'est assez surprenant d'ailleurs, il y a plusieurs personnes qui ont débattu
de cette exigence-là. Mais, au nom de
la cohésion du système, le jour où les citoyens ont l'impression que
certains ne font pas un effort minimal, à la hauteur de ce qu'ils pourraient faire, ce jour-là, il y a
un risque de désagrégation de la société ou que les gens ne croient plus, là, que
la société, elle est juste et équitable pour tout le monde. C'est un peu, là,
le coeur de sa pensée, je pense.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, alors,
on a ce qu'on appelle en philosophie un conflit d'interprétation ici, parce que, pour ma part, je suis pas mal
certain que de laisser des gens survivre avec 424 $ par mois, ça
contrevient à une idée fondamentale chez
Rawls, qui est l'idée selon laquelle il y a une dignité minimale en bas de
laquelle c'est justement la cohésion
sociale qui est mise en danger. Quand on plonge des gens dans une pauvreté si
extrême, on met beaucoup plus la
cohésion sociale en danger que si on leur permettait un niveau de vie un peu
plus digne, bien qu'en admettant, en effet, qu'ils ne travaillent pas.
Ceci étant
dit, il y a un autre raccourci, je trouve, dans la réponse du ministre, c'est
quand il me dit : Si les gens ne sont pas sur le marché du travail,
bien, ils ne contribuent pas à la société. Moi, je ne suis pas d'accord avec
lui. Et d'ailleurs les gens qui travaillent
au jour le jour auprès des gens sur l'aide sociale ne sont pas d'accord avec
lui également, parce que la
contribution à la société, ça ne se limite pas au marché du travail. Bien sûr,
le travail rémunéré, c'est une forme de
contribution. Il y a aussi d'autres formes de contribution. Alors, quand le
ministre nous dit que donner plus de 424 $ par mois à quelqu'un, c'est, dans le fond, le payer pour être dans
l'oisiveté ou le payer pour qu'il ne contribue pas à la société, il a en fait une conception très étroite
de ce que c'est, contribuer à une société démocratique. Ce n'est pas seulement
être un salarié, il y a beaucoup d'autres manières.
Et je ne suis
pas d'accord non plus avec lui lorsqu'il dit qu'il n'y a pas de plancher
minimum de dignité. Je suis désolé,
424 $ par mois, il n'y a à peu près personne qui peut vivre dans une
dignité minimale avec ça, et l'auteur dont il se réclame, j'en suis convaincu pour ma part, jugerait que plonger les gens
dans l'indigence, comme le projet de loi n° 70 l'a fait avec
le programme Objectif emploi, ça mine la cohésion sociale de manière beaucoup plus violente et radicale que
le fait de permettre aux gens qui, oui, ne travaillent pas de vivre quand
même une vie digne.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le ministre.
M.
Blais : ...j'aimerais dire
au collègue que, si c'est le cas, là, le Danemark, qui est la société
la plus égalitaire au niveau des revenus en ce moment, n'est pas une
social-démocratie, que la Suède n'est pas une social-démocratie, que la Finlande n'est pas
une social-démocratie, parce que tous les pays que je viens de citer ont des
exigences de réciprocité, au sens de
Rawls, là, ont des exigences de réciprocité pas mal plus fortes que les
exigences qu'il y a dans Objectif
emploi, parce que, dans le cas d'Objectif emploi, on ne demande
même pas à quelqu'un d'atteindre quelque résultat
que ce soit. Tout ce que l'on désire,
c'est qu'il soit dans une démarche, démarche de son choix, qui est réaliste, et
qu'il puisse progresser à l'intérieur de cette démarche-là. Je pense
qu'il y va de la dignité humaine aussi, hein, que les personnes puissent se
développer puis qu'on puisse les aider à se développer.
Objectif emploi est un programme très coûteux financièrement. Il demande beaucoup,
beaucoup de soutien, là, de la part des intervenants, mais aussi, financièrement, là, beaucoup
d'argent, qui est versé aux personnes qui participent.
En contrepartie, c'est normal qu'on puisse
exiger un certain nombre de choses, compte
tenu que le volontariat a eu ses
limites dans le passé avec cette clientèle-là en particulier.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le député.
M.
Nadeau-Dubois : J'ai peu de
temps, il me reste à peine une minute. Alors, je vais poser une question plus
simple et plus concise au ministre. Rawls dit aussi que nous sommes...
que tous les êtres humains sont dotés d'un sens de la justice, d'une capacité presque instinctive à identifier les situations
de justice et d'injustice. J'aimerais savoir si, en vertu de son sens de la justice personnel, le ministre
juge que vivre avec environ 400 $
par mois, quand on est une personne vulnérable... En fait, est-ce que
cette situation-là est compatible avec son sens de la justice?
M.
Blais : La justice, c'est
d'être plus généreux, hein, vis-à-vis des personnes qui ont des contraintes sévères à
l'emploi — ça, c'est le sens de la justice de Rawls et c'est le
mien — bien sûr, pour ceux qui n'ont pas de contraintes et qui sont capables de collaborer à la société,
de les aider à la collaboration. C'est tout, là. C'est très clair et c'est le sens
de la justice de l'ensemble des Québécois, j'en suis sûr, certain.
La
Présidente (Mme Richard) : Quelques secondes, M. le député... Malheureusement, bien, les secondes ont filé,
c'est malheureusement tout le
temps que vous disposiez. Nous allons
maintenant du côté du gouvernement, et, M. le député de Saint-Maurice, vous avez la
parole.
M.
Giguère : Merci beaucoup. J'aimerais ça compléter avec la main-d'oeuvre agricole. Notre gouvernement a dévoilé le 6 avril
passé sa Politique bioalimentaire 2018-2025 — Alimenter notre monde. Avec cette nouvelle
politique bioalimentaire, l'objectif
est double : mieux répondre aux attentes des consommateurs, tout en
soutenant mieux les entrepreneurs et
les organismes oeuvrant dans le secteur. Les enjeux de disponibilité
et de compétence de la main-d'oeuvre... est au coeur des priorités de la
politique.
Où est-ce que
je veux en revenir, M. le ministre, c'est les travailleurs saisonniers puis les
travailleurs permanents. Avec les
années, si on recule de voilà quelques décennies, on avait surtout des
travailleurs saisonniers dans l'horticulture, et puis, avec les années,
l'agriculture s'est développée dans les productions, là, animalières, que ce
soit laitière, porcine, bovine. Eux veulent avoir surtout des
travailleurs permanents.
Première des
choses, j'aimerais ça que vous nous expliquiez c'est quoi, un travailleur
saisonnier et permanent, selon les
critères que vous avez, et, pour les permanents, est-ce que vous avez des
solutions à amener à nos producteurs?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Blais : Bien, je pense qu'on va
s'entendre ensemble sur le fait qu'en agriculture, même si ce n'est pas des emplois à 20 $ de l'heure et plus, ce sont
des emplois de qualité, hein? Je pense que tous les emplois en agriculture
méritent d'être réalisés, des gens
qui travaillent fort, pas toujours les moyens de payer des gros salaires, mais
c'est des emplois de qualité et des emplois nécessaires.
Ce qui s'est passé ces dernières années, c'est
que le... Il y avait une inquiétude, de peut-être 20 ans, là, sur les
travailleurs saisonniers. On considérait qu'au Québec, au Canada, il y avait
trop de travail saisonnier et que, comme économie,
c'est une économie qui était un petit peu affaiblie par ça. Aujourd'hui, on se
rend compte que le travail saisonnier a
diminué, mais il est devenu fondamental dans les secteurs où il va continuer
d'être saisonnier, hein? Pensons à la foresterie, pensons aux pêcheries,
le tourisme. Par définition, ça va demeurer saisonnier. Et là on fait face à
une réalité, et les employeurs de ce
secteur-là nous disent : Écoutez, nous, on est en concurrence avec des
emplois permanents, à temps plein, et
il faut que vous nous aidiez. Et je dois avouer qu'Emploi-Québec ne les
traitait pas toujours de la même façon, en termes d'accessibilité aux formations. Et on a changé ça, notamment
après le Rendez-vous national de la main-d'oeuvre. On a accepté de modifier nos règles pour que les
travailleurs saisonniers puissent aussi avoir accès à de la formation pour
développer leurs qualifications puis développer, bien sûr, l'expertise dans les
entreprises.
Le travail
saisonnier n'est pas un sous-emploi, c'est un emploi qui est nécessaire. C'est
pour ça qu'il faut éviter de juger les bons emplois, les mauvais emplois, les
emplois bien payés, tout ça. Les travailleurs saisonniers sont
nécessaires à notre économie, il faut trouver des façons de les appuyer.
Récemment, on a dû intervenir à propos de la problématique
du trou noir, vous connaissez peut-être cette problématique-là dans votre
région... un peu moins dans votre région
que dans d'autres régions. C'est une situation où les personnes, disons, n'ont
pas accès à suffisamment de semaines d'assurance
emploi pour combler la période où ils sont sans emploi et revenir ensuite à
leur travail saisonnier. Donc, on pensait
que le fédéral allait bouger là-dessus, allait apporter des modifications à
l'assurance-emploi. Ces modifications-là n'ont pas été apportées.
Cependant, le fédéral a versé aux provinces un certain montant — dans
le cas du Québec, c'est
6,4 millions — pour
trouver des arrangements en termes de formation pour ces personnes-là, pour
leur aider à traverser financièrement le trou noir.
Nous, ce que
l'on a dit, c'est qu'on acceptait cet argent-là, mais à condition qu'on ait une
vision à plus long terme et pérenne
sur la question du travail saisonnier. Est-ce qu'on peut penser à des
arrangements dans lesquels les employeurs sont aussi partie prenante — parce que les employeurs ont un problème
aussi, là, avec leur main-d'oeuvre — et dans lesquels les employeurs ont un avantage à trouver... à
intégrer qui c'est de la formation, qui c'est de la préparation à l'emploi pour
maintenir et conserver leur main-d'oeuvre sur un plus long terme?
Donc, on est dans ces eaux-là en ce moment,
mais, disons, il y a plus de jugements de valeur par rapport aux travailleurs saisonniers. Le travailleur
saisonnier, il n'est pas quelqu'un qui attend d'avoir un autre emploi, c'est
quelqu'un qui peut très bien vivre de
son emploi, mais cependant il faut trouver une façon pour l'aider à traverser
des périodes qui sont un peu plus mortes.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Lesage.
• (15 h 40) •
M. Drolet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Salutations au ministre, salutations à son
équipe, salutations, naturellement, à votre ministère et à mes collègues
ici présents après-midi.
Je suis très
heureux d'être ici pour l'étude des crédits budgétaires destinés à l'Emploi et
à la Solidarité sociale, pour aborder
un thème qui me tient particulièrement à coeur, la pénurie de main-d'oeuvre au
niveau de la restauration, et l'hôtellerie, et tout ce qui concerne
l'événementiel, mais aussi, naturellement, pour l'ensemble des PME du Québec.
Mme la Présidente, le succès des 230 000 emplois
créés depuis quelques années, le plus bas taux de chômage, du jamais-vu, et les gens qui prennent naturellement
leur retraite sont la cause de cette situation qui prévaut en ce moment.
Mais, pour la restauration, c'est un domaine
que je connais bien pour y avoir été moi-même propriétaire, il y a une
proportion importante d'employés qui
sont à temps partiel, particulièrement l'été. Pour les étudiants, c'est très
intéressant. Par contre, pour
l'employeur qui, lui, a fait affaire avec les étudiants durant la période de
l'été, arrive à la mi-août et dans la grosse saison, encore une fois, de pic de visites touristiques, puis on sait
que les températures, maintenant, de plus en plus, se continuent plus tard à l'automne... alors là les
élèves, les étudiants rentrent à l'école, et malheureusement, encore une fois,
les employeurs de la restauration tombent le bec à l'eau avec la pénurie de
main-d'oeuvre.
Le taux de
roulement du personnel est très élevé aussi, principalement dans le domaine de
la cuisine. On sait très bien qu'il y
a une pénurie énorme dans la cuisine, c'est très important, ce secteur-là en
particulier. Le taux d'achalandage fluctue
beaucoup durant l'année en fonction des saisons touristiques. Encore une fois,
beaucoup de facteurs jouent dans ce
sens-là, les températures... est un élément très important pour l'achalandage.
Ce n'est pas évident. Vous savez très bien que gérer une business... On a tant d'employés sur le plancher, mais la
température est très belle le matin, on met du monde. À un moment donné, oups! il se met à pleuvoir,
trop de monde, l'effet pervers aussi du sens inverse. Alors, ce n'est pas
évident pour ce domaine-là d'être capable de contrer cette difficulté, d'autant
plus qu'avec la pénurie...
Je reviens là-dessus, que la restauration vit
donc avec encore plus d'intensité le phénomène de la pénurie de main-d'oeuvre. Comme adjoint parlementaire aux PME,
c'est mon téléphone qui a sonné lorsque le projet pilote France-Québec sur la main-d'oeuvre n'avait pas
clairement établi que le personnel de cuisine était inclus dans la liste des
professions ciblées par le projet pilote.
Ça, ça a bien été important, parce que je pense qu'on a réglé la situation,
mais ça a été quand même... En
partant, l'Association des restaurateurs du Québec, et tout ça, m'ont quand
même clairement identifié qu'il y avait comme un problème là. Alors, au
moins, ça a été réglé, et voilà un bel exemple de succès.
Dans le
milieu, la compétition est très forte pour embaucher du personnel et le garder.
Plusieurs initiatives font d'ailleurs
les manchettes des journaux. L'Association des restaurateurs du Québec :
programme de stages rémunérés à l'emploi,
alors, pour être en mesure d'être capables de se doter... et de donner une
possibilité, surtout avec les nouveaux arrivants. Alors, voilà un
programme que l'ARQ a pu mettre en oeuvre pour essayer de se donner un coup de
main.
Des
entrepreneurs organisent des voyages de recrutement, même, à l'étranger, pour
être capables de... pour venir au
Mexique pour trouver des cuisiniers. Alors, c'est des moyens qu'ils ont pris,
quelques restaurateurs, pour être capables d'aller chercher du monde là-bas, pour contrer cette pénurie de
main-d'oeuvre là, particulièrement en cuisine. Puis, même, un autre aussi prend des gros moyens, avec les
autobus, pour faire une publicité, naturellement, pour recruter, encore une
fois. Alors, ce n'est pas peu dire, on n'a pas vécu ça dans le passé, ce
n'était pas quelque chose qui était comme ça. C'est incroyable.
Dans mon
comté, aussi, un propriétaire de restaurant qui a signé une lettre pour appuyer
la demande de certificat d'immigration pour un motif humanitaire. Il
l'embauchera à la minute où il obtiendra son permis de travail.
Encore il y a
deux semaines, dans le cadre de consultations particulières pour mon projet de
loi n° 70 — je dis
«mon», mais c'est notre projet de loi
n° 70, mais qui est important pour la RACJ — les représentants de la restauration
et de l'hôtellerie, les festivals et
événements nous parlaient de la difficulté qu'ils ont d'embaucher, de garder
dans leurs rangs de nouveaux
travailleurs. Beaucoup de compétition aussi, M. le ministre, entre eux, parce
que c'est sûr que, veux veux pas, il y
a aussi là de la compétition, et des fois les salaires... c'est qu'ils vont
donner un petit peu plus à l'un... fait en sorte que les ratios de salaires aussi augmentent. Alors,
encore une fois, pour un domaine qui n'est quand même déjà pas facile,
c'est encore une fois un ajout additionnel à leurs problèmes.
Emploi-Québec
pose déjà plusieurs actions, a favorisé l'adéquation entre les aspirations de
la main-d'oeuvre et les besoins des
employeurs, par exemple les formations aux personnes pour intégrer le marché,
les subventions salariales pour
faciliter l'intégration à l'emploi, un soutien aux personnes immigrantes pour
une première intégration au marché du travail, de la formation continue
en entreprise, et un soutien aux entreprises pour la gestion des ressources
humaines.
Plus
spécifiquement pour le tourisme, une attention particulière a été accordée à la
formation et à la gestion des ressources
humaines dans le cadre du Plan de développement de l'industrie touristique
2012-2020. Le ministre du Tourisme a aussi contribué à la préparation du Rendez-vous
national sur la main-d'oeuvre et participe aux travaux du comité de
l'élaboration d'une stratégie nationale sur la main-d'oeuvre.
Il y a des
mesures qui ont été mises en oeuvre pour les domaines du tourisme et de la
restauration, mais le constat est que
les besoins en main-d'oeuvre sont toujours et sinon plus importants. Alors, M.
le ministre, j'aimerais savoir... sur
deux points : Quelles actions Emploi-Québec met en oeuvre pour répondre à ce besoin criant de main-d'oeuvre dans le domaine de la
restauration? Et aussi est-ce que d'autres projets
pilotes, à l'instar de celui entre
Québec et France, sont à l'étude pour être capables de combler cette difficulté?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le député de Jean-Lesage. M. le ministre.
M.
Blais : Un des milieux où
c'est le plus difficile en ce moment au
niveau de l'emploi, c'est la
restauration, et les conséquences sont pratiques et bien réelles. On le sait,
pas loin d'ici, là, il y a des restaurants qui ne sont plus ouverts
le matin, qui ouvrent le midi et qui ouvrent
le soir, et ça va continuer à évoluer, probablement. Il y a différents changements qui se passent même sur le terrain pour s'assurer,
là, que... de réorganiser parfois, même, les pourboires, là, pour s'assurer
qu'il y a une meilleure distribution entre la cuisine et les personnes qui sont
au service. On s'entend tous que c'est des emplois de qualité, hein? Mais, bon, c'est des emplois exigeants, pas
très bien... pas toujours rémunérés à 20 $ et plus de l'heure,
mais c'est normal, c'est le marché qui veut ça. Il y a un changement important
qui s'en vient au Québec, disons, pour répondre en partie à ces
difficultés-là.
Au Québec,
l'immigration que nous avons faite, c'était une immigration qui était favorisée
lorsque les personnes avaient des
diplômes. Plus vous aviez un diplôme élevé, plus vos chances de venir au Québec
étaient grandes. Et on a décidé
d'inverser le processus pour faire en sorte que, si vous, vous êtes un
employeur et vous avez une offre d'emploi pour un travail qui n'est pas
nécessairement qualifié, ne nécessite pas un diplôme, mais vous êtes prêt à
prendre un travailleur étranger, et une
personne est prête à venir prendre votre travail, hein, qui est à l'extérieur,
cette personne-là, elle devient
prioritaire au niveau de l'immigration. Et on sait que, dans la restauration,
il y a quand même pas mal de gens qui viennent de l'extérieur.
C'est pour ça
qu'il y a un enjeu important en termes d'intégration des immigrants puis de
faire en sorte qu'il y a une
correspondance entre le profil de la personne puis les besoins du marché du
travail. Mais ça va être impossible dans les prochaines années... Moi, je ne connais personne... Moi, je
rencontre beaucoup d'employeurs, hein, vous aussi, hein? Impossible en région, partout au Québec, de s'en
sortir si on n'a pas des immigrants. On ne dit pas plus d'immigrants, mais, si on n'en a pas au moins autant qu'avant...
Il y a 50 ou 60 ans, on faisait des enfants, donc on pouvait peut-être
à la limite se passer de ça. Aujourd'hui,
vous avez quoi, là? 30 000... 50 000, à peu près, immigrants par
année au Québec, qui rentrent au Québec. Je mets de côté les demandeurs
d'asile, il y en a 20 000, là, on ne les choisit pas, c'est des
circonstances humanitaires, on accepte de jouer notre rôle avec le Canada. Il y
en a 30 000 qui sont des immigrants économiques,
que l'on choisit. Et, sur ces 30 000 là, là... il faut bien les choisir,
il faut choisir un profil qui convient très bien avec nos besoins dans
les régions.
Et c'est sûr que, dans les prochaines semaines,
la CAQ va devoir continuer à s'expliquer sur le fait que, sur ces 30 000 là, il y en a 10 000 de
moins, hein, qu'on va mettre de côté, donc un tiers de nos immigrants
économiques. On ne peut pas... On n'a
pas de contrôle sur les 20 000 humanitaires. Donc, un tiers de notre
immigration économique, dans les prochaines
années... si on avait le malheur d'avoir un gouvernement caquiste, hein, un
tiers, on ne pourra pas y toucher. Il y
a 90 000 emplois en ce moment à combler au Québec. Ça veut dire qu'on
aurait à peu près 20 000 immigrants. Même des immigrants qui sont totalement, là, disons en
harmonie avec les besoins du marché du travail, on ne réussirait pas à
passer au travers.
Donc, il y a
un enjeu de quantité. Il n'y a personne au Québec, dans les... chez les
employeurs, je ne sais pas si vous en connaissez, vous, mais il n'y a aucun
employeur qui dit : On peut se passer, en ce moment, là, d'immigrants.
C'est impossible de s'en sortir. Et il y a
un parti politique, qui est né, si je me souviens bien, à l'origine, pour
favoriser le développement économique du Québec, qui, parce qu'il a
décidé de jouer un peu sur les ficelles, disons, plus identitaires, fait en sorte qu'on aura moins... on aurait possiblement
moins d'immigrants dans le moment de l'histoire du Québec où on a besoin
d'avoir une immigration qui est appropriée selon nos besoins sur le marché du
travail.
Donc, il y a
une question de quantité, puis ensuite il y a une question, vous avez raison,
de formation. Donc, de plus en plus, on finance, on est partenaires de
formations, donc d'écoles de formation, là, qui font en sorte que très
tôt les gens peuvent retourner sur le marché
du travail, et être en stage, et entamer, là, leur travail. Restauration,
hôtellerie, ils ont des gros enjeux. Et, sans immigration...
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup.
• (15 h 50) •
M. Blais : ...on ne sait pas comment
ils vont s'en sortir.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Rimouski, vous avez la parole.
M.
LeBel : Oui, merci. C'était bien, votre échange philosophique tantôt.
Là, je vais revenir avec le trou noir, je ne sais pas si vous arrivez
avec un aspect philosophique derrière le trou noir, mais je ne sais pas si ça
s'est trouvé...
Une voix : ...
M.
LeBel : ...parce que votre
collègue de Saint-Maurice aussi a raison de parler des travailleurs saisonniers, puis, dans les
régions comme la mienne, Bas-Saint-Laurent ou la Gaspésie, la Côte-Nord aussi, c'est une situation qui... il y a beaucoup, beaucoup de travailleurs
saisonniers, ça fait que... le trou noir, ça fait que ça nous a frappés dur.
Vous avez
parlé tantôt qu'avec l'argent puis l'entente avec le fédéral
vous avez commencé à faire des formations. J'aimerais ça savoir le nombre de personnes qui est en processus de formation,
là, à partir de cette entente-là que vous avez avec le fédéral.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M. Blais : Alors, si mes chiffres
sont à jour, je pense qu'ils le sont, ici, donc, il y a quatre régions qui sont
particulièrement touchées par le trou noir, ça ne veut pas dire
que ça n'existe pas ailleurs au Québec, mais quatre régions, là : Gaspésie, Les Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, Charlevoix
et Portneuf, Bas-Saint-Laurent aussi, bien entendu. Donc, ce
que j'ai ici comme chiffres, là, donc, au
niveau des travailleurs saisonniers qui sont déjà, en ce moment, en formation, si je comprends bien, là, aux Îles-de-la-Madeleine, 18 participants; en Côte-de-Gaspé,
10 participants; à Rocher-Percé, 22 participants; et
Bonaventure, deux participants.
Il y a
deux autres ententes de formation MFOR, volet entreprises, ça, c'est une
façon, disons, d'éviter le trou noir, je
suppose, en collaborant, là, en amont avec les entreprises. Donc, la
Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin pour 60 travailleurs, l'entente est prévue débuter aujourd'hui, le 30 avril. Une entente est aussi en préparation avec l'entreprise Les Pêcheries Marinard, du CLE
de la côte Gaspésie, et les détails seront connus bientôt.
Maintenant,
pour la Côte-Nord, si
vous voulez, je peux continuer, la Côte-Nord,
j'ai, secteurs Haute-Côte-Nord, Escoumins,
Forestville : «Au total, 89 participants sont inscrits aux formations
suivantes», donc on me donne les différents types de formation dans lesquels ils sont. D'autres secteurs, donc
le CLE de Baie-Comeau, 10 participants en informatique; pour Sept-Îles, pour le moment, aucun; Havre-Saint-Pierre,
aucune personne en formation actuellement, deux personnes sont en attente. Donc, le total des participants pour la Côte-Nord, 99. Et je peux continuer avec Portneuf,
si vous voulez...
M. LeBel : Est-ce que...
M. Blais : ...le total, c'est 190.
M. LeBel : Combien?
M. Blais : 190.
M. LeBel : Est-ce que ça correspond
à vos objectifs ou...
M.
Blais : C'est un peu
difficile parce qu'on n'a pas d'information précise du fédéral sur le nombre de personnes
touchées par le trou noir. On a tout essayé pour en avoir. On avait un certain
nombre de chiffres, là, mais, disons, c'était... Et ce que l'on sait, c'est que, comme il y a quand même
des perspectives d'emploi quand même intéressantes en ce moment, bien, il y en a un certain nombre qui se sont trouvé d'autre
chose en attendant. Donc là, on parle des personnes qui sont arrivées au
bout de leurs semaines, il y en a encore d'autres qui pourraient arriver dans
les prochaines semaines.
Supposons
qu'on a... Il y a une publicité, en ce moment, disons, médiatique,
qui commençait aujourd'hui, pour essayer de récupérer les personnes peut-être
qui n'étaient pas encore au courant, là, qu'il y avait des programmes de formation
qui leur sont offerts. On a participé avec les Action-Chômage, qui ont diffusé l'information il y a plus d'un mois, et avec d'autres organismes, les CLE, bien sûr, mais là on sentait
le besoin peut-être de faire un autre tour de roue en faisant
une publicité, dans, disons, les radios, là, pour informer les gens que ces
services-là leur sont disponibles.
M.
LeBel : Merci. On parle des
régions, ces régions-là, que c'est des régions où il y a beaucoup...
il y a un territoire rural important.
À la période des questions,
la semaine dernière, mon collègue de Jonquière a déposé un tableau — je vais
vous le remontrer — sur
la création d'emplois au Québec, et la ligne verte ici, c'est la création d'emplois en milieu rural, vous voyez
la descente, la création d'emplois. Ça fait que, ce qu'on voit au Québec, il y a
eu de la création d'emplois, mais
ça se passe surtout en ville. Le monde rural y goûte de ce temps-ci, il y a
l'exode rural, il n'y a pas d'emploi... moins d'emplois dans le milieu rural. Puis on voit, dans
un autre tableau, l'impact que ça fait, là, les jeunes... le bleu ici, c'est
les jeunes qui partent en milieu rural, et
ici ça, c'est les 65 ans et plus en milieu rural. Cette tranche d'âge là
augmente, ça fait que tout ça crée une situation difficile pour le monde
rural.
Dans mon coin de pays, vous connaissez les
opérations Dignité, dans les années 70, où on a voulu fermer des villages parce
qu'il y avait... la dévitalisation
était très élevée. Les gens se sont mobilisés pour éviter ça. Les anciens qui
étaient là, quand je fais le tour dans mon comté, j'ai Esprit-Saint, puis à
Esprit-Saint ça a été le coeur des opérations Dignité, ce qu'ils me disent,
c'est qu'on revit à peu près les mêmes situations qu'on vivait à l'époque.
Je me demande
si, à l'Emploi, au ministère de l'Emploi, vous avez une préoccupation à cette
réalité-là, à cette réalité du déclin de l'emploi en milieu rural. Je
pense que c'est... Je ne sais pas si vous avez des gens qui travaillent là-dessus, s'il y a une préoccupation, ou est-ce
que, dans votre stratégie de la main-d'oeuvre et de l'emploi, vous avez
une vision par rapport à l'emploi en milieu rural?
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Peut-être, si c'est possible de déposer éventuellement le...
mais je pense que ça a paru dans les journaux, il me semble, je l'avais vu, mais pas sous cette
forme-là, il y a peut-être... la forme est un petit peu plus, bon, explicite,
là, à d'autres fins, mais, si je me
souviens bien, c'est l'évolution de la population active, et non pas
l'évolution de la création d'emplois.
Je ne sais pas si on s'entend bien là-dessus. C'est l'évolution de la
population active, est-ce que c'est possible? Et non pas celui de la
création d'emplois.
C'est
différent parce que la population active, si elle diminue en région, et je
pense qu'elle diminue pour les raisons que vous avez évoquées, donc il y a le
vieillissement de la population et, comme il n'y a pas de main-d'oeuvre,
en tout cas, il y a moins... hein, les
régions sont affectées davantage par les effets démographiques que les grands
centres, qui accueillent un peu plus
de ressources nouvelles, et d'immigrants, et de jeunes, hein? Vous savez très
bien, les jeunes qui vont étudier à
l'Université Laval parfois ne reviennent pas ensuite à Rivière-du-Loup ou à
Rimouski. Donc, il y a un déplacement de main-d'oeuvre et un déplacement
démographique, mais ce n'est pas une diminution de la création d'emplois, mais
davantage de la population active, mais ça, je verrai le tableau.
Maintenant, pour votre... oui?
M. LeBel : ...c'est la note
économique de la FQM...
M. Blais : Oui, oui.
M.
LeBel : ...je vais vous
déposer le document, mais c'est vraiment... c'est le niveau d'emploi, c'est
l'évolution de l'emploi entre les milieux urbains et les centres...
M. Blais : Non, c'est la population
active, combien il y a de gens dans les régions qui sont au travail.
M. LeBel : ...de l'emploi en milieu
urbain, c'est l'emploi qui existe, c'est ça...
M.
Blais : Voilà. Donc, ce n'est pas du chômage, hein, on comprend bien,
le chômage a diminué, mais il y a moins de gens au travail dans la population active. Ce n'est pas une bonne
nouvelle parce que ça veut dire qu'il y a moins de gens qui travaillent, il y a plus de gens
retraités, puis on sait que c'est les jeunes qui amènent de l'énergie, qui
amènent des nouvelles idées, et les jeunes s'en vont. Ce n'est pas un
phénomène qui est nouveau, effectivement, là.
Dans le cas
de la... je ne veux pas être trop long là-dessus, mais, dans le cas de la
tournée qu'on a faite, des régions, là,
ce qu'on nous a beaucoup demandé, beaucoup demandé, puis je pense que le
ministre de l'Immigration va répondre à
ça... ou a déjà commencé à répondre à ça, c'est de favoriser l'immigration en
région. Il y a eu des fortes demandes, je vous dirais même plus fortes que Montréal, pour favoriser l'immigration
en région, pour donner un peu de souffle. En Gaspésie, par exemple, là il y a des exemples très concrets de Français,
c'est un phénomène de réseau, là, qui sont venus s'installer en
Gaspésie, là, près de Gaspé, puis, bon, qui sont plus jeunes, puis qui sont
dynamiques.
Donc, il y a
une demande très forte à ce niveau-là, du point de vue des régions, là, pour
augmenter... non pas pour la diminution du chômage, qui est déjà bas,
mais pour augmenter la population active.
M.
LeBel : Selon le document de la FQM, on dit : «...entre décembre 2015
et 2017, la période durant laquelle la
croissance de l'emploi au Québec a été la plus marquée, il y a eu une perte
nette de 23 000 emplois dans les petits centres de population
et les régions rurales...»
Tu sais,
c'est ça que je veux vous dire, c'est qu'il y a une... Vous ou votre collègue,
l'autre jour, parlait que... sortait les
chiffres de chômage. Quand on regarde ce tableau-là, c'est sûr que le chômage
baisse dans le monde rural, les jeunes s'en
vont, puis les plus vieux sortent du marché du travail, ça fait que c'est clair
que le chômage va baisser, mais ce n'est pas parce qu'il s'est créé de
l'emploi, au contraire.
Il y a une dévitalisation, dans ces villages-là.
Ça fait que j'essaie de voir est-ce qu'il y a une stratégie. Puis la stratégie
de l'immigration, ça pourrait être intéressant, mais c'est la destination de la
population immigrante selon les natures au
Québec. Dans le milieu rural, 5 % des immigrants vont s'installer dans des
régions à forte densité rurale, à forte population rurale. Ça fait qu'on
voit que l'immigration ne suit pas.
Je pose la
question parce qu'il y a un lien... c'est économique, mais il y a un lien, avec
le ministère de l'Emploi, qui est
important. Il me semble... À une certaine époque, il y avait une politique nationale
de la ruralité qui existait. Le gouvernement
actuel a aboli cette politique-là, mais, depuis, je me demande : Est-ce
qu'il y a une préoccupation pour la ruralité dans ce gouvernement-là? Et
il me semble qu'au niveau de l'emploi vous devriez en avoir une.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Écoutez, comme je l'ai mentionné tout à l'heure...
D'abord, moi, je pense qu'il faut une
petite correction, là, dans une des
affirmations. Clairement, il y a eu création d'emplois même dans les régions,
mais... Il y a eu une création d'emplois même dans les régions,
ça, c'est très, très clair. Cependant,
l'effet démographique, clairement présenté,
là, il est plus fort dans les régions, puis parce qu'il y a moins de personnes
qui rentrent, il y a plus de personnes qui sortent sur le marché du
travail. Ça, c'est très clair et c'est vérifiable.
Donc, l'enjeu, là... Dans la Stratégie nationale
de la main-d'oeuvre, il y a des enjeux pour favoriser tous les employeurs du Québec, notamment les PME qui
veulent faire du recrutement à l'extérieur ou qui veulent conserver leur
main-d'oeuvre. Il y a des éléments pour
renforcer aussi les offres de formation en région. Parce que ce qu'on nous dit
en région,
c'est que nous, souvent, on manque de personnes pour démarrer une cohorte pour
une formation, je ne sais pas, moi,
d'électricien, par exemple, on en demande 10 puis on en a seulement sept. On ne
part pas la cohorte, il n'y aura pas de formation d'électricien, alors qu'on sait
très bien qu'il y a des besoins, hein, pour ce travail-là, mais, pour des
raisons administratives et bureaucratiques du ministère de l'Éducation,
il n'y a pas assez de personnes.
Donc,
on a augmenté les budgets pour que les régions puissent démarrer ce qu'on
appelle les petites cohortes, pour
que les gens puissent faire leur formation chez eux et rester ensuite chez eux.
Il y a eu beaucoup de demandes à ce niveau-là
dès la première tournée, ça a été réitéré, puis, on voit dans les deux derniers
budgets, les budgets du ministère de l'Éducation pour favoriser les petites
cohortes, notamment en région, ont été augmentés de façon non négligeable.
La Présidente (Mme
Richard) : M. le député.
M.
LeBel : Mais c'est souvent
ça, le problème, quand on parle de création d'emplois en milieu rural. C'est
que la logique des programmes, la logique de l'administration centralisée,
c'est une logique qui ne prend pas en considération la réalité qui est vécue dans le milieu rural, tu
sais, les PME, là, améliorer l'accès à des PME, et tout ça. Les PME en milieu
rural, il y en a quelques-unes,
mais il faut mieux les soutenir, mais ce n'est pas la même chose que, même,
dans les centres urbains en région, il y a
une grande différence entre intervenir pour l'emploi dans les villages du
Bas-Saint-Laurent qu'à Rimouski même,
qu'à Matane ou qu'à Rivière-du-Loup. Et ce que je me demandais : Est-ce qu'il y avait quelqu'un dans votre ministère ou du monde qui réfléchissait à ça
puis qui disait : Nous autres, on est responsables de l'emploi, est-ce
qu'on a une vision par rapport à ce
territoire rural qu'on voit? Ils sont vraiment... ils ne bénéficient pas. Vous
avez parlé au début... Dans vos
commentaires, vous avez parlé de la création d'emplois, la création d'emplois,
vous avez... mais on voit que le monde rural ne bénéficie pas de cette
création d'emplois.
Un
autre élément là-dedans, je voyais ici «les aînés, 65 ans et plus», je
suis aussi porte-parole des aînés, je me demandais, puis quelqu'un en a parlé tantôt, les travailleurs
expérimentés... Quand j'ai participé à votre rendez-vous sur la main-d'oeuvre, qui était intéressant, bien, il
n'y avait personne qui représentait les aînés autour de la table. La Commission
des partenaires du marché du travail, il n'y
a aussi personne qui représente les aînés autour de la table. Est-ce que vous
seriez ouvert à, éventuellement, intégrer
aux partenaires du marché du travail des représentants des groupes aînés pour
qu'ils viennent nous parler de leurs préoccupations puis d'une situation qu'on
voit de plus en plus, de plus en plus de travailleurs aînés? Est-ce
qu'il y a une ouverture de votre part là-dedans?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Donc, il existe déjà un comité consultatif, hein, pour les
personnes expérimentées, bon, sur le marché du travail, là, qui donne des avis, là, à la CPMT, là, aux partenaires
du marché du travail. Donc, il faut comprendre que les partenaires, c'est les grands
partenaires syndicaux, patronat, le milieu de l'éducation, le milieu
communautaire, puis on essaie de
limiter ça à un nombre déjà qui est assez important. Maintenant, on a ajouté
aussi l'éducation, si je ne me trompe pas,
là, aussi, qui fait partie prenante, qui peut faire partie prenante des
décisions. Et ensuite il y a des comités consultatifs un peu plus sectoriels comme ce que vous
recherchez, comités consultatifs, si je me souviens bien, pour les
autochtones... oui, il y en a un pour
les personnes handicapées, je crois, et il y en a aussi pour les travailleurs
expérimentés ou les personnes plus
âgées. Et elles ont comme mandat, là, d'appuyer la CPMT en termes de
recommandations, là, pour s'assurer que ces groupes-là, il y en a d'autres, là, ne soient pas oubliés dans la vision
que l'on se donne, là, des besoins du marché du travail.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le député de Rimouski,
1 min 13 s.
M.
LeBel : J'aimerais, si vous étiez capable... Je vais vous déposer le
document de la FQM, puis, en échange, déposez-moi donc le document de la
composition du comité consultatif, si c'était possible. J'aimerais ça.
La Présidente (Mme
Richard) : Est-ce que vous pouvez nous le déposer, le document?
M. Blais :
On le fera suivre, oui.
M.
LeBel : ...pour revenir dans mon premier bloc. Je vous avais posé des
questions sur des primodemandeurs. Vous
m'avez dit qu'il y avait 1 300... en avril, cette année, il y a eu
1 300 quelques personnes qui ont demandé de l'aide sociale pour la première fois. Est-ce que ce
serait possible d'avoir... Pour comparer les autres années, est-ce qu'il serait
possible d'avoir un tableau qui me dit... En avril, l'année passée, est-ce que
c'était à peu près la même situation?
M.
Blais : Oui. Mais c'est les mêmes chiffres qu'à peu près l'année
passée, ça, on est toujours autour de 15 000, à peu près, par année, divisés par 12, avec des mois
où il y en a plus puis des mois où il y en a moins. Donc, on met... Ça,
c'est des informations qu'on peut vous donner, oui.
M. LeBel :
Merci.
La Présidente (Mme Richard) : Merci, M. le député de Rimouski. M.
le député de Laval-des-Rapides, parce que nous retournons maintenant du
côté du gouvernement.
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans le bloc précédent de
mon collègue de Jean-Lesage, mon collègue de
Jean-Lesage a questionné le ministre sur le poids de plus en plus important,
là, de la contribution des personnes d'origine
immigrante sur le marché du travail, de quelle façon justement le revenu et
l'intégration au marché du travail ont
un impact direct au niveau de différentes industries, dans différentes régions.
Et j'aimerais poursuivre sur le même sujet,
si vous le permettez, Mme la Présidente, j'aimerais entendre le ministre nous
expliquer quelles sont les actions que le gouvernement pose, quelles sont les mesures mises en place, quels sont
les programmes disponibles pour ces néo-Québécois, nouveaux Québécois, qui, après avoir appris la
langue, justement, font appel aux différentes ressources gouvernementales
pour les accompagner dans leurs démarches de
recherche d'emploi, d'intégration au marché du travail, de formation également.
Et,
comme vous le savez, Mme la Présidente, nous faisons face à un défi,
maintenant, je dirais même national, de pénurie de main-d'oeuvre et pour lequel — ma collègue de Fabre nous le rappelle tout
le temps — bien
sûr, l'immigration est une des portions, une des solutions possibles à cet
enjeu, mais il y a également d'autres clientèles, que ce soient les jeunes, que ce soient les personnes d'expérience,
les travailleurs d'expérience, etc. Donc, l'immigration est une de ces
clientèles qui justement peuvent nous aider à faire face à ce défi.
J'aimerais
donc entendre le ministre nous faire l'étalage des programmes mis en place,
disponibles actuellement, des
mesures, mais également peut-être faire le lien avec ce qu'il a entendu au
niveau de, justement, le Rendez-vous national de la main-d'oeuvre et
quelles ont été les mesures qui ont été mises en place, suite à ce Rendez-vous
national de la main-d'oeuvre, pour accompagner la clientèle immigrante? Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. M. le
ministre.
• (16 h 10) •
M.
Blais : En fait, pour donner tout d'abord un portrait d'ensemble de la
situation puis là où est-ce qu'il faut encore faire des efforts avec l'intégration des immigrants sur le marché du
travail, donc, aujourd'hui, là, depuis quelques mois maintenant, le taux
d'emploi des immigrants sur le marché du travail est aussi important et aussi
élevé que le taux d'emploi des
natifs, des non-immigrants. Ça veut dire, ça, qu'on a fait tout un bout de
chemin et qu'ils s'intègrent très bien
sur le marché du travail, et, si on n'avait pas eu les immigrants ces dernières
années... Parmi tous les emplois qui ont été créés, la moitié ont été
occupés par des personnes immigrantes. Vous vous rendez compte, hein? Puis,
pendant ce temps-là, il y a des partis
politiques qui nous disent : Non, on en a trop, on va diminuer ça de
10 000, c'est un problème. C'est un problème.
Là où on a un enjeu
puis là où il faut reconnaître qu'on a encore un effort à faire, c'est du côté
de Montréal, notamment, parce que les immigrants arrivent à Montréal, vous le
savez, et ils restent pour la plupart, c'est le taux d'emploi, hein, sur le marché du travail pour les personnes qui sont
arrivées depuis moins de cinq ans. En d'autres mots, ça prend un certain temps au Québec à ce que les
immigrants s'intègrent sur le marché du travail. Mais, encore là, ce taux-là,
compte tenu bien sûr de l'excellent marché
du travail que nous avons en ce moment, ce taux-là diminue année après année,
et, si on peut améliorer ce taux-là, ça va
signifier très bientôt... ça pourrait être même... je me demande si ce n'est
pas déjà fait... Oui, c'est fait, là,
j'ai un article de Francis Vailles, du 16 avril, qui dit : «Pour la première
fois, le taux d'emploi des immigrés
au Québec dépasse celui des natifs.» Ce n'est pas un problème, là, on n'a pas
un problème, là. Le plus important, il y
a un enjeu pour s'assurer qu'ils puissent intégrer un peu plus rapidement le
marché du travail. Je vous ai dit que, dans la sélection préalable que nous faisons parfois à l'immigration, on n'a
pas toujours choisi les profils dont on avait besoin. Les règles sont changées dorénavant, puis on va
aller vers des profils qui s'appliquent bien, bien mieux à nos besoins, et là ça se voit à peu près pour tous les groupes
d'âge, et on fait aussi bien que l'Ontario, qui est réputé, là, pour avoir des
facilités d'intégration.
Donc,
maintenant qu'est-ce que l'on a fait ou qu'est-ce que l'on a annoncé? Bien, une
des choses qui a été annoncée, c'est
de favoriser, pour une intégration plus rapide, quand ça s'applique, notamment
en région, que la francisation puisse se
faire en partie sur le marché... dans l'emploi. Donc, il y a déjà des
commissions scolaires, aujourd'hui, qui accompagnent les personnes immigrantes qui ne parlent pas le
français et qui les accompagnent en emploi, puis fait en sorte d'abord qu'ils
puissent agir en sécurité, hein, pour eux-mêmes, ensuite effectuer leurs tâches
et communiquer, bien sûr, avec leurs collègues. Donc, ce que l'on comprend,
c'est que la francisation dans une classe ne convient pas à tout le monde. Ça convient à des jeunes, mais, si vous avez
35 ans, 40 ans, vous êtes dans un pays étranger, vous n'avez pas de
repère, et votre principale préoccupation, c'est : Est-ce que je
vais pouvoir nourrir ma famille, moi?, est-ce que je vais pouvoir vivre
décemment?, il est préférable de pouvoir donner un accès plus rapide au marché
du travail et accompagner en francisation la personne. Parce qu'on sait déjà
que les enfants, bien entendu, eux, vont aller à l'école en français.
D'autres
choses que l'on a faites, là, puis qu'on a annoncées, là, pour l'immigration,
c'est qu'on a augmenté la valeur du
programme PRIIME, qui est un programme d'insertion. Finalement, c'est une
insertion sur le marché du travail où
vous payez jusqu'à la moitié... — je ne me trompe pas, jusqu'à la moitié,
c'est bien ça? Alors, maintenant, c'est rendu... on a augmenté à
70 % le salaire qui est remboursé à l'employeur d'une personne immigrante
qui en est à sa première expérience de
travail. Donc, pour l'employeur, ça coûte très peu cher, et le taux de succès
des personnes qui passent par PRIIME,
je pense, c'est au-dessus de... tout près de 90 %, autour de ça. Ça
signifie que les gens ou bien continuent là où ils ont fait leur stage, donc, subventionné ou ils
continuent dans le même domaine. Alors, ça montre très bien que, si on aide
un peu les gens, si on subventionne ou bien
le salaire ou on subventionne l'accompagnement de l'employeur, parce que,
parfois pour l'employeur, c'est de
l'accompagnement, ça représente des coûts, le taux d'intégration sur le marché
du travail, là, est très élevé.
Encore
une fois, rien n'indique que les immigrants sont un problème au Québec et qu'on
doit diminuer de façon radicale, là, leur nombre, là, dans les
prochaines années.
La
Présidente (Mme Richard) :
M. le député de Laval-des-Rapides, ça va? Oui. M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère :
Oui. Merci, beaucoup. Combien qu'il reste de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Richard) :
Il vous reste 7 min 45 s.
M.
Giguère : O.K. Merci beaucoup. M. le ministre, j'aimerais ça vous
entendre parler sur l'entente-cadre avec le carrefour jeunesse-emploi. Il faut savoir que, dans cette entente-là,
il y a un projet pilote de placement étudiant qui a été créé pour cinq
régions du Québec. Et ces régions-là, c'était le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la Capitale-Nationale, la Mauricie — chez moi — l'Estrie puis l'île de Montréal, et puis il
en découle des engagements pris lors du Rendez-vous national sur la
main-d'oeuvre, en février 2017. Il sera réalisé à nouveau entre mars et
juin de cette année.
Lors du Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre,
le premier ministre a rappelé l'importance du travail saisonnier — vous en
avez parlé tantôt, mais je veux que vous reveniez sur ça — comme levier essentiel pour l'ensemble de la
jeunesse. Le projet pilote confirme la volonté du gouvernement d'accompagner
les jeunes du Québec dans leurs démarches
de recherche d'un emploi saisonnier. Il offre par ailleurs aux employeurs des
régions visées un accès plus facile à la
main-d'oeuvre étudiante. On sait que cette main-d'oeuvre-là, ces jeunes-là vont
chercher beaucoup d'expérience avec ces emplois saisonniers là.
Et puis le Réseau des carrefours jeunesse-emploi
et le gouvernement partagent le même objectif, soit celui de mobiliser tous les
jeunes afin de répondre à nos besoins criants de main-d'oeuvre actuels et
futurs et leur assurer une meilleure chance de succès. J'en ai profité,
dernièrement j'ai... À chaque année, je rencontre plusieurs fois Carrefour jeunesse-emploi de Shawinigan, qui font un travail
fabuleux sur le terrain. Et puis la directrice m'expliquait dernièrement
que le contexte économique change dans les
dernières années, et la clientèle du Carrefour jeunesse-emploi de Shawinigan
a maintenant accès à de nombreux emplois,
qu'ils soient spécialisés ou non spécialisés, et puis ces jeunes-là, ils ont
surtout besoin, souvent... Dans ce temps-ci, ils ont besoin d'un simple petit
coup de pouce pour poursuivre leurs démarches, ce qui fait que le carrefour jeunesse-emploi
travaille énormément, présentement, à accompagner une clientèle qui est beaucoup
plus lourde, qui est plus loin du marché du travail. Et puis chaque jeune, chaque personne, avec la pénurie de main-d'oeuvre que nous avons,
il est important de les... je n'aime pas ça dire ça, mais récupérer, qu'ils
puissent, là, participer à la collectivité en travaillant. Ça, c'est très important. Il se fait un travail
fabuleux, le carrefour jeunesse-emploi à Shawinigan, et dans les autres
carrefours aussi.
Je voudrais
revenir sur ma question sur l'entente-cadre avec le Réseau des carrefours
jeunesse-emploi Québec, M. le ministre.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le député de Saint-Maurice. M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Donc, avec le développement d'Objectif emploi, on était conscients que ça nous prenait des
partenaires pour accueillir cette
nouvelle clientèle là. 15 000 personnes
par année, aux deux tiers, ce sont des personnes de moins de 35 ans, donc des jeunes, plusieurs, premières
expériences de travail, donc on le savait, qu'on avait besoin de partenaires.
Les carrefours jeunesse-emploi ont
l'avantage d'être répartis sur tout le territoire, hein? Il n'y a pas beaucoup
d'organismes de cette nature-là, là,
qui sont répartis également sur tout le territoire du Québec, qui pouvaient
offrir un service à ces jeunes-là.
Donc,
l'entente que nous avons eue, c'était faire en sorte, tout d'abord, qu'ils
puissent accueillir ces jeunes-là et qu'ils
leur offrent un service d'accompagnement. Un service d'accompagnement peut
être, tout d'abord, psychosocial, hein,
pour répondre en partie à mon collègue tout à l'heure, mais ça peut être aussi
de l'accompagnement pour définir, bien, quel genre de profil j'ai, quel
genre d'emploi m'attire, etc.
Et, dans ces projets pilotes là, il s'agissait
de trouver des moyens, très concrètement, de mettre en lien des employeurs... très concrètement, des employeurs
avec des jeunes qui sont accompagnés depuis un certain nombre de mois, disons, ou de semaines par des carrefours
jeunesse-emploi. Il est trop tôt pour vous donner les résultats de cette
expérience-là, parce que, bon, ça a commencé un peu tardivement, on vous
reviendra l'an prochain avec les résultats.
Mais disons qu'il y a en ce moment un mouvement,
là, notamment dans les carrefours jeunesse-emploi, face à Objectif emploi. On se rend compte qu'il y a des clientèles, il faut
bien le dire, qui sont très éloignées du marché du travail, qui n'ont pas l'attitude... le savoir-être, je ne
parle pas du savoir-faire, mais parfois même le savoir-être, là, qui est
nécessaire pour occuper minimalement
un emploi. Et on se rend compte qu'il y a des employeurs qui ont besoin d'être,
disons, aidés à gérer, un peu, des
situations qui peuvent survenir avec ces jeunes-là. Et c'est là que le
carrefour jeunesse-emploi nous propose d'aller un peu plus loin puis de faire
reconnaître, hein, dans leur travail, l'accompagnement des employeurs.
J'en ai parlé
tout à l'heure, les employeurs sont aux prises avec des nouvelles situations.
Le Québec s'est développé avec une
abondance de main-d'oeuvre. Maintenant, ce n'est plus le cas. Les employeurs
doivent gérer des situations pour lesquelles
ils n'ont pas été formés, ils ne sont pas des travailleurs sociaux ni des psychologues,
et c'en prend parfois, là, pour... Donc, il y a aussi, dans cette
perspective-là d'entente avec les carrefours jeunesse-emploi, la volonté puis
la reconnaissance que l'accompagnement, là,
des employeurs, c'est nécessaire dans certains cas. Parce qu'en accompagnant
les employeurs on accompagne aussi les jeunes pour leur intégration, là, à plus
long terme.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Oui. On voit que le programme, il s'ajuste au milieu, il
s'ajuste, là, comme vous avez expliqué, là, que c'est... ça change,
c'est beaucoup plus... la clientèle est beaucoup plus lourde, qu'il s'ajuste en
conséquence.
Vous parlez
beaucoup des employeurs puis, quand vous parlez de l'employeur, que c'est que
les employeurs vivent. Dans mon comté, ça arrive fréquemment que je
rencontre des employeurs, puis effectivement c'est ça qu'ils vivent. C'est que le jeune ou le...
ils ne rentrent pas travailler le matin puis ils ne se sentent pas responsables.
J'aimerais ça que vous reveniez un petit peu sur que c'est que vous
faites pour aider les employeurs dans cette démarche-là.
La Présidente (Mme
Richard) : M. le ministre.
• (16 h 20) •
M.
Blais : Bien, c'est-à-dire qu'il y a différents programmes, là, qui
reconnaît un peu, disons, le fardeau, si je peux parler ainsi, ou
l'impact, là, que ça a sur une entreprise d'embaucher des personnes qui sont
sur le marché du travail. Souvent, on y va
par stages. On finance des stages, donc on diminue le coût, hein, pour
l'employeur de la personne. En contrepartie, bien, l'employeur peut
donner un encadrement plus important. Ça, ça fonctionne, en général, très bien.
Ce
que l'on fait aussi, c'est qu'on participe parfois au déploiement... Il y a des
employeurs qui décident d'avoir un lien
de collaboration avec des maisons d'enseignement, je ne sais pas si ça existe
chez vous, là, mais fort probablement cégeps
ou encore écoles secondaires, écoles de formation professionnelle, il y en a
chez vous, là, dans votre coin, là, en tout cas il y en a à
Trois-Rivières. Et eux, là, ont des ententes, disons, de collaboration assez
étroite avec des groupes d'employeurs, parce
que parfois ce n'est pas un employeur, ça peut être des groupes d'employeurs,
qui vont très tôt, là, collaborer à la formation de la personne, qui vont les
intégrer, là, sur le marché du travail un peu plus tôt, qui vont leur donner des... qui vont développer à l'intérieur...
disons, sur le terrain, qui vont développer des compétences. Disons, en ce
moment, les entreprises qui s'en sortent
bien, qu'elles soient plus fortunées ou moins fortunées, ces dernières années,
c'est les entreprises qui ont établi des collaborations assez étroites
avec les lieux de formation.
La Présidente (Mme Richard) : Merci beaucoup, M. le ministre,
c'est tout le temps dont disposait le gouvernement. Nous allons maintenant vers le deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Drummond—Bois-Francs, vous avez la parole.
M.
Schneeberger : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la
Présidente, je vais y aller avec un cas de ce qu'on appelle un cas de comté, comme tous les députés
ici présents connaissent, et puis ça fait directement appel, justement,
aux conditions actuelles, là, de la solidarité.
Alors :
«Mon fils autiste, sans déficience intellectuelle, a 27 ans. Nous n'avons
jamais bénéficié de services publics pour
l'aider dans son développement. Les listes d'attente étaient déjà existantes il
y a 27 ans. Nous avons fait une demande d'aide sociale pour lui lorsque nous fûmes à bout de ressources
financières et épuisés devant le manque cruel de travail et d'options de
vie pour sa condition.
«Je
suis devenue une mère qui travaille et gère les demandes et la paperasse de l'aide
sociale, une aidante naturelle, psychologue,
moteur de recherche d'emplois acceptant les personnes handicapées, un fonds de
retraite consacré à payer des soins à mon jeune adulte, et j'en passe.
Nos seuls moments de répit étaient lorsque le budget nous permettait de l'envoyer passer quelques semaines, aux deux,
trois ans, chez de la famille en Italie. Cette année, nous aurions bien aimé
lui faire profiter du climat et de la présence de ses cousins et cousines.
Votre loi, cependant, l'en empêche.
«J'ai
contacté une agente d'aide sociale, qui m'a informée que, pour les personnes
reconnues handicapées et celles qui
ne trouvaient pas de travail, la loi était la même, aucune dérogation possible.
En plus, elle m'a informée que je dois fournir
le reçu du billet d'avion pour savoir qui l'a payé, comme s'il en avait les
moyens, de payer des frais de voyage. Je dois donc fournir aussi la durée du voyage et lui faire parvenir tous
les documents jugés nécessaires pour un voyage d'une durée limitée de deux semaines. Elle m'a même
conseillé de le faire partir la dernière semaine du mois et qu'il revienne la
première du mois suivant, en me disant que c'était la seule façon de pouvoir
réaliser ce voyage. Je ne sais pas si vos agents sont au courant combien ça coûte un voyage en Italie, en plus de
fournir l'argent pour les frais engagés par la famille qui le reçoit.
«Après
cette conversation avec l'agente d'aide sociale, je me suis sentie vraiment une
mère de quelqu'un de spécial, quelqu'un
qu'on a à coeur de surveiller pour pouvoir être certain qu'il n'abuse pas du
système, quelqu'un qui est en marge de la société et quelqu'un qui est
né handicapé et maintenant privé d'un droit de voyager pour visiter sa
famille.»
Alors,
Mme la Présidente, M. le ministre a probablement, sûrement vu ce cas de comté,
peut-être dans les médias, et autres,
mais, étant donné que ce n'est pas le seul... Je suis le premier à vouloir des
règles correctes, que ce soit... tu sais, qu'il n'y ait pas d'abus par certaines personnes qui pourraient peut-être
avoir de mauvaises intentions. Par contre, ici, on parle d'une personne qui est jugée contraintes
sévères à l'emploi, mais qui peut quand même exercer des travails. On l'a
vu notamment dans le projet de loi n° 173, il y a beaucoup de personnes
handicapées qui disent : Regarde, ne nous laissez pas de côté. Ici, par contre, on parle d'une personne qui a la
chance d'avoir une famille très travaillante et qui peut, par souci de son bien-être, l'envoyer une fois aux
deux, trois ans dans sa famille en... en tout cas, chez de la famille en
Italie, pour surtout aussi un répit. Parce
qu'on sait très bien que, des personnes qui s'occupent de gens qui ont des
handicaps, c'est très lourd puis c'est du sept jours sur sept.
Mme
la Présidente, moi, ce que j'aimerais
savoir du ministre : Est-ce
qu'il y a moyen, que ce soit par le projet de loi n° 173 ou par règlement... des cas de cette
espèce-ci, très typiques... Je connais la loi, bon, il y a
des mesures, là, on parle de sept
jours consécutifs, ou 15 jours par mois, ou quoi que ce soit. Mais ici on
parle de personnes... pas des personnes, là, qui sont sur l'assurance chômage et puis
que, finalement, ils passent trois
semaines en Floride, là. On parle vraiment de personnes qui ont un
handicap, ici on parle d'un handicap autiste. Mais ce n'est pas des personnes,
là, qui veulent flouer le système, là. On parle de personnes humaines qui ont
aussi besoin, des fois, d'un peu changer d'air.
Et
puis ces personnes n'ont jamais abusé du système, parce que, justement, ils
l'ont toujours... ils l'ont pris en charge.
Puis là, après 27 ans, ils se décident de demander de l'aide publique.
Alors, est-ce que le ministre pourrait revoir ses critères, pour que des cas similaires ne se reproduisent pas, pour
qu'au moins ces gens-là puissent une fois dans leur vie voyager sans
être pénalisés?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Blais : Bien, écoutez, on va regarder le cas, là, ce n'est pas un
problème. Simplement nous donner le cas, puis on va le regarder, ce
n'est pas un enjeu.
M.
Schneeberger :
Mme la Présidente, il ne faut pas qu'il me dise : On va regarder un enjeu,
là. Ce n'est pas des... C'est des
critères, ah! c'est très bien, que, là, c'est... Il ne peut pas partir. On le
sait, là, il faut qu'il parte à la fin du mois, sur le critère, puis qu'il revienne, là... En plus, il faut choisir sa
date. On n'est pas ici, là, du... Je ne veux pas qu'on en fasse du cas
par cas. C'est un cas qui est présenté, mais ce n'est pas le seul. Ce n'est pas
le seul.
Alors, c'est
des gens qui doivent se battre pour au moins que... Tu sais, on parle ici...
c'est des parents qui envoient un
enfant en voyage, là. Oui, c'est sûr que l'enfant est adulte, je veux bien,
mais on s'entend que, si ça ne serait pas de l'aide financière des parents, cette personne-là ne voyage pas. Alors,
pourquoi la pénaliser doublement? Parce qu'on a quelqu'un qui dit :
Regarde, je vais prendre mon argent pour envoyer mon fils, mais, pendant ce
temps-là, bien, son appartement, bien, il
faut qu'il se paie quand même. Et puis ce n'est pas quelqu'un qui a fraudé le
système, là, c'est un handicap sévère.
Dans le fond,
c'est le gros bon sens. Moi, ce que je veux savoir du ministre : Des cas
de même, est-ce qu'on peut revoir les
règles pour que des cas comme ça... Qu'on demande des moyens, là. Je ne dis pas
qu'on accepte comme ça, puis tout est
beau, mais au moins que ces gens-là, s'ils peuvent partir, là... On ne parle
pas des personnes qui partent en voyage aux trois mois, là. C'est des personnes
qui, par chance, ont de la famille qui sont capables de leur payer un voyage,
mais en même temps qui se retrouvent
pénalisées. Alors, en plus de payer le voyage, il faudrait qu'il paie son
appartement, parce que, là, il va être coupé sur l'aide. C'est tout
simple.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M. Blais : Peut-être pour resituer
un peu ce débat-là, là, il faut se rappeler qu'on a resserré les règles, là, concernant les déplacements à l'étranger des
personnes à l'aide sociale. Et je peux vous dire qu'on a eu un appui très fort
de la population pour resserrer les règles.
Cependant, on a fait plusieurs cas d'exception, de dérogation, très explicites
dans les règlements, pour les personnes à la
solidarité sociale. Je comprends que le cas, c'est quelqu'un qui est à la
solidarité sociale, je crois? Donc,
soumettez-nous le cas, on va le regarder pour voir s'il fait partie ou pas des
dérogations. Je ne peux pas vous
répondre comme ça, là, sur le chaud. On va le regarder d'un peu plus près. Moi,
j'ai des équipes qui font ça très, très bien, au cabinet, puis qui
s'assurent, là, que tous les cas soient étudiés à leur valeur.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le député.
M.
Schneeberger : Oui.
Mme la Présidente, le ministre parle de cas traités, c'est-à-dire que ça doit
être comptabilisé, les cas qui sortent de
l'ordinaire, réguliers. Si c'est comptabilisé, je ne demande pas au ministre de
me donner les chiffres, mais est-ce que son ministère pourrait regarder
ça, combien qu'il y a des cas similaires? Si vous me dites qu'il y a trois cas au Québec par année, je veux
dire, on n'en fera pas un cas. Mais ce n'est pas vrai qu'il y a trois cas,
il y en a plusieurs, cas comme ça. Et puis,
par contre, ce n'est pas des cas qui, tu sais... Je ne pense pas que ça va...
je ne pense pas que le Québec va tomber en déficit parce qu'il y a
quelques cas de même qui sont sur la table... et puis que ces gens-là,
finalement, doivent se battre juste pour pouvoir aider leurs jeunes, là.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Moi, je propose à mon collègue de faire comme l'ensemble des
autres collègues, là, les 125 collègues ici, là. Ce qu'ils font, c'est que, quand ils ont des
cas spécifiques... le collègue aussi de Rimouski l'a fait. Il y a des cas
spécifiques comme ça, ils veulent s'assurer qu'ils sont correctement traités,
là, par la loi, les agents, donc ils peuvent entrer
directement en lien avec mon cabinet, puis on les regarde, voir dans quelle
catégorie ça rentre exactement, puis on va pouvoir le faire
correctement. Ici, ce n'est pas le lieu de répondre à une question comme ça.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le député.
M.
Schneeberger : Mme la
Présidente, je ne pense pas que c'est
au ministre de régler du cas par cas. S'il
faut que ça en arrive au ministre à
chaque fois pour régler du cas par cas, on s'entend que les délais, là, il va
falloir s'y prendre longtemps d'avance. Ici, on parle... Dans ce cas-ci, là, il n'y a
pas eu de règlement, la personne a fait des démarches, mais ça s'est arrêté là. Et puis, bon, bien, la
personne a été pénalisée... ou, en
tout cas, ça a été deux semaines
maximum, puis, tu sais, c'est ça, le billet d'avion coûte le même
prix, là, et tout. C'est des cas très simples, mais en même temps c'est des cas... Dans le fond, c'est le côté humaniste qu'il faut
regarder, là, ce n'est pas des personnes, là, qui ont fraudé quoi que ce
soit, là. On parle de personnes qui ont travaillé très fort, puis même, tu
sais, on le voit dans la lettre, là, la personne... les parents sont subvenus aux besoins de l'enfant... bien, de l'enfant,
du jeune adulte pendant plusieurs années avant même de demander de l'aide
sociale. Ce n'est pas des cas qui abusent du système, là, on parle de gens
honnêtes qui font leur possible puis que, finalement, en étant honnêtes,
ils se retrouvent pénalisés pour des règlements comme ça.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M. Blais : On
travaille très au sérieux, là, et effectivement on règle des cas, parfois, ça
peut arriver, des cas d'exception. Il me
semble que vous le présentez comme un cas d'exception qui ne rentre peut-être
dans aucune catégorie, qui mériterait d'être considéré. Les fonctionnaires
n'auront pas de matériel pour régler ces cas-là, si jamais, là, effectivement, c'est des instructions auxquelles on n'a jamais pensé. C'est pour ça
que c'est important de pouvoir recourir au ministre, au cabinet, pour les regarder, les
examiner. C'est ce qu'on va faire. Moi, ça ne me gêne pas du tout, on a une
équipe pour le faire, ils font très bien
ça, il faut que j'aie l'entièreté de l'information pour y arriver. Normalement, c'est aux fonctionnaires de le
faire, ils le font très bien, ils le font à partir des directives, bien sûr,
qui sont devant eux.
Si des cas
n'entrent pas dans une case ou l'autre, puis, pour des raisons humanitaires, il faut
changer notre approche, on le fait,
on le change, on fait ça régulièrement. C'est un ministère qui travaille avec
des gens qui sont dans des situations fragiles,
il faut avoir une certaine sensibilité humaine, là, pour traiter chacun des cas, on le
fait. Vous direz à cette dame, à la mère, bien sûr, là, que, bien, son
fils, là, fait partie des personnes, probablement,
si le projet de revenu de base est adopté,
qui va voir son revenu augmenter de 40 % dans les prochaines années. Il va
avoir des revenus les plus importants, pour
une personne handicapée, de tout le Canada, si on réussit, avec votre collaboration,
à faire adopter ce projet de loi là.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger :
Alors, le ministre devrait réussir parce qu'on lui a déjà dit qu'on collaborait
au projet de loi n° 173. Parlant du
projet de loi n° 173, il y a des organismes sur l'employabilité de
personnes qui ont des diagnostics de santé
mentale qui sont venus nous voir et nous ont dit : Il faut vraiment aider
ces gens-là à les prendre en charge pour qu'ils puissent éventuellement
retrouver le marché du travail.
Alors, on
sait très bien que la santé mentale, c'est un domaine très large qui est
malheureusement encore tabou et
souvent, des fois, difficile à diagnostiquer. On ne parle pas ici d'un handicap
physique, ça, c'est visuel, un handicap physique, quelqu'un qui lui manque une jambe ou qui est... peu importe,
là, c'est beaucoup plus facile, là, on est capable, des fois, d'adapter son milieu de travail
peut-être plus simplement. Par contre, les personnes qui ont des diagnostics de
santé mentale négatifs, ces gens-là, des
fois, bien, ce n'est pas évident au niveau du suivi, et autres. Et on sait très
bien que la santé mentale, au niveau
du suivi, au niveau de de la santé publique, là, c'est encore un gros, gros,
gros problème, et puis ce n'est pas un problème qui diminue,
malheureusement.
Alors, avec
le projet de loi n° 173, j'aimerais savoir, Mme la Présidente, c'est quoi,
le plan de match au ministre pour justement venir en aide à ces gens-là.
Moi, j'aimerais ça qu'il me parle un petit peu de c'est quoi qu'il prévoit, c'est quoi qui va être fait. Parce que c'est comme
un peu le projet de loi n° 70, là, on a des bonnes intentions, maintenant
quel est le plan de match? Il va-tu y avoir
une certaine réforme ou des programmes qui vont être mis sur pied pour
justement ces personnes-là?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Le Québec
est une des provinces les plus avancées pour l'intégration des personnes handicapées sur le marché
du travail. Ce printemps, dans les
prochaines semaines, on va présenter la nouvelle stratégie pour l'intégration
des personnes handicapées sur le marché du travail. On a l'intention de
continuer à investir dans le domaine.
Je sais que
c'est peut-être le dernier commentaire de notre collègue,
là, je veux lui rappeler que, simplement dans sa région, Centre-du-Québec, il y a aujourd'hui 3 822 emplois,
hein, offres d'emploi qui ne sont pas comblées. Je réitère toujours la
même question : Est-ce que là-dedans il y a des emplois de qualité et il y
a des emplois qui ne sont pas de qualité,
dans les 3 822 offres d'emploi dans son secteur? Et qu'il réponde
aussi à la question : Comment on va faire au Québec pour combler ces emplois-là si on dit qu'il
faut mettre la hache dans l'immigration au Québec puis couper 33 % de
notre immigration économique, alors qu'on
n'a jamais eu autant besoin de personnes pour occuper les emplois, notamment
chez lui, dans le Centre-du-Québec?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger :
Mme la Présidente, je pense qu'on parle le français ici, hein? Puis moi, en
tout cas, la question que j'ai posée,
je n'ai même pas eu une réponse du ministre, là. On est vraiment à côté, comme
on dit en bon québécois, à côté de la
track, parce que, là, je parlais de santé mentale, puis M. le ministre me parle
de qualité d'emploi. Alors, je veux bien,
là, qualité d'emploi, mais je n'ai pas demandé ce que c'est... Je n'ai même pas
parlé si... Tu sais, admettons, j'aurais pu poser la question :
Est-ce que les personnes qui ont des problèmes de santé mentale peuvent avoir
des emplois de qualité? Là, au moins, on aurait parlé de qualité d'emploi. Mais
ce n'était même pas ça, ma question.
Je veux
savoir : Est-ce que ces personnes-là... Selon le projet de loi
n° 173, c'est quoi, son plan de match? Est-ce qu'il y a des programmes qui vont être mis sur
pied? Quelle est sa vision? Mme la Présidente, c'est un homme de vision,
il a écrit plusieurs livres. Alors, il a une
vision certaine, là. Je ne pense pas que je le mets au pied du mur aujourd'hui,
là.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Bien, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, je vais
réitérer... Mais je pense que j'ai bien compris la question. Donc, à peu près, là, pour ce qui est de
la solidarité sociale, 55 % de la clientèle... non, 43 %, pardon,
c'est de la santé mentale, c'est des gens qui sont aux prises avec des
situations de santé mentale. Plusieurs trouvent une solution aujourd'hui à leur
problème de santé mentale, vont retourner sur le marché du travail eux-mêmes,
et d'autres, pas. Les
cas les plus graves, bien sûr, ils vont être... ils auront droit, là, au revenu
de base. Mais on va présenter une stratégie, hein, sur l'intégration des personnes handicapées. Notamment, les
problèmes de santé mentale sont couverts, et ils vont avoir accès à des
programmes, parce qu'on a besoin de tout le monde.
Je
le réitère, puis vraiment ce n'est pas une fronde, je le réitère, il n'y a pas
de bons emplois et de mauvais emplois, d'emplois
de qualité et de mauvaise qualité. Il y a des emplois qui doivent être pris par
tout le monde au Québec, et les perspectives n'ont jamais été aussi bonnes,
aussi positives dans les prochaines années. Je pense qu'il faut vraiment
parler d'emplois ici aujourd'hui. Je pense
qu'on n'en parle pas suffisamment, de la situation à la fois de plein-emploi,
mais l'importance, là, que ces emplois-là soient pris par tout le monde, quel
que soit le type d'emploi.
La Présidente (Mme
Richard) : M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger : O.K. Le ministre focuse vraiment sur la
qualité des emplois, hein? En tout cas, on va le... Je pense que les
citoyens ont compris.
Alors,
étant donné qu'il ne veut pas parler du futur, parlons du présent et du passé.
Je reviens sur le projet de loi n° 70. Je lui avais posé tout à l'heure les questions sur tout ce qui est du
domaine de la classification, les gens qui sont classés au niveau de développement
des habiletés sociales. Je pense qu'on l'a intégré au niveau du projet de loi
n° 70, et puis il a voté pour, à
ce que je sache. Alors, je reviens. Il parlait d'ententes. Maintenant, on
peut-u savoir lesquelles? Quelle entente a été mise? C'est quoi? On peut-u en avoir le mot, on peut-u... Juste un
soupçon. Mais à date, là, je n'ai rien entendu, à part la qualité des emplois, là, je n'ai rien entendu.
Alors, je laisse, là, une autre fois, la chance au ministre, là, de
s'expliquer.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Dans l'entente que nous avons avec les carrefours
jeunesse-emploi, là, on a reconnu que les carrefours jeunesse-emploi pouvaient aussi accompagner les
jeunes au niveau du développement de leurs habiletés sociales. Donc, ils pouvaient les accompagner dans un contexte où
il n'y a même pas de recherche d'emploi active pour un certain temps, où il n'y a même pas la possibilité d'un retour
sur le marché du travail. Les habiletés sociales, ça peut être quelqu'un qui
n'est pas encore en logement, qui n'a pas de
logement, quelqu'un qui a des problèmes de financement, qui est dans un
réseau qui est toxique, et on a reconnu aux carrefours jeunesse-emploi la
possibilité et le financement, là, pour qu'ils puissent les accompagner.
Mais
je reviens toujours là-dessus : dire à ces jeunes qu'au Québec il y a des
bons emplois puis il y a des mauvais emplois,
c'est un message très, très négatif, parce que ce n'est pas ça qu'ils ont
besoin d'entendre. Ils ont besoin d'entendre que tous les emplois, c'est une
première marche vers un autre emploi, vers un emploi qu'ils vont désirer
peut-être davantage. Mais il faut
qu'ils commencent quelque part. Propager l'idée qu'il existe au Québec, chez
vous, dans votre circonscription, des mauvais emplois, c'est très
négatif pour la jeunesse québécoise.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme
Richard) : M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Schneeberger :
Oui. Bien, Mme la Présidente, je suis un peu surpris parce que je viens
d'apprendre que Centre-du-Québec il y avait de mauvais emplois.
Une voix :
...
M.
Schneeberger : C'est moi qui ai dit... Quand j'ai dit ça?
J'aimerais ça savoir où est-ce qu'il y a de mauvais emplois au
Centre-du-Québec?
M. Blais :
C'est sur le site Internet de la CAQ qu'il y a des mauvais...
M.
Schneeberger : Ah bien, trouvez-moi les paroles, trouvez-moi...
Moi, je vais vous questionner là-dessus, là, parce que c'est bien beau
faire peur au monde avec n'importe quoi, là, tu sais, mais je n'ai jamais dit
qu'il y avait de mauvais emplois au
Centre-du-Québec. Au contraire, on a beaucoup de demandes d'emploi, et puis,
avec la pénurie de main-d'oeuvre, les emplois ont tendance... les
salaires, à augmenter, ça fait que tant mieux, tant mieux, hein?
Mais je n'ai toujours pas eu de réponse au niveau
de ma question initiale, c'est-à-dire : Est-ce qu'il y a des ententes
qui... S'il n'est pas capable, je vais lui
dire, moi, qu'est-ce qu'il y aurait à faire. Les Auberges du coeur, la transition, les maisons de transition pour les jeunes qui sortent des centres jeunesse,
là... Et souvent, malheureusement... Mme la
Présidente, si demain matin, tous nos jeunes de 18 ans,
on les mettrait à la porte de chez nous, là, je ne suis pas sûr que ça irait bien pour tous. Pourtant, ils sont dans de
très bonnes familles, la majorité. Alors, imaginez ces jeunes-là qui ont eu des
passés pas très roses, qui ont eu une vie dure, ces gens-là ont besoin de... au
moins pour ceux qui le veulent, là, je ne parle pas de faire de l'unanime, là,
mais au moins que les jeunes qui en ont besoin, ils puissent avoir un
encadrement, pas à temps plein, mais
au moins au besoin. Et actuellement,
bien, je ne vois rien au niveau du projet de loi n° 70 qui est là. Et puis, comme j'avais dit, Mme la Présidente,
c'est avec la Santé et Services sociaux que ça va se faire, et puis je ne vois
rien qui est fait en ce sens-là.
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. En 40 quelques secondes, M. le ministre.
M.
Blais : Bien, écoutez, je vous demande... je suggère d'aller sur le
site Internet de la CAQ, vous allez voir d'abord qu'on parle de bons
emplois... qu'il n'y a pas assez de bons emplois au Québec. Alors, c'est à vous
de nous dire qu'est-ce que c'est qu'un
mauvais emploi. Et vous mettrez à jour les chiffres de l'emploi qu'il y a sur
votre site Internet parce qu'ils sont loin d'être fidèles à la réalité
du plein-emploi qu'on vit dans plusieurs régions.
La
Présidente (Mme Richard) :
Quelques secondes, M. le député de Drummond—Bois-Francs, 20 secondes environ.
M.
Schneeberger :
Bien, regardez, je ne perdrai pas ma salive pour ne pas avoir de réponse.
Alors, je vous souhaite une belle fin d'après-midi. Merci.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci à vous également, M. le député.
Document déposé
Nous allons
maintenant du côté du gouvernement, mais, juste avant, je vais déposer les
documents dont faisait mention le
député de Rimouski. Je les dépose au secrétariat de la commission. Et, M. le
ministre, je pense que vous vous étiez engagé
avec le député de Rimouski à déposer la liste des membres du comité de la table
des partenaires, si je ne m'abuse.
M. Blais : Oui, quand on les aura,
on va le faire, oui.
La
Présidente (Mme Richard) :
Juste nous dire que vous allez les faire parvenir à la commission, puis on les
fera suivre par la suite.
M. Blais : C'est le comité
consultatif des personnes âgées, c'est ça?
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Richard) :
Parfait. Merci beaucoup. Donc, nous débutons nos échanges. Mme la députée
de Fabre, vous avez la parole.
Mme
Sauvé : Merci, Mme la Présidente. Alors, comme c'est ma
première intervention, j'aimerais bien sûr saluer le ministre, les gens de son cabinet, son équipe,
mes collègues, les collègues des oppositions, et c'est un grand plaisir pour
moi aujourd'hui de pouvoir intervenir dans cette étude des crédits.
Je vais
aborder de façon globale, mais ensuite plus spécifique, le plan de lutte,
avec... comme sous-points, donc, j'aurai
trois questions. Je parlerai bien sûr du revenu de base qui fait l'objet du
projet de loi n° 173, je parlerai ensuite du Fonds québécois des initiatives sociales, plus connu sous l'acronyme
FQIS, et je parlerai aussi d'Objectif emploi. Il faut que je revienne
absolument sur Objectif emploi.
D'entrée de
jeu, vous me permettrez un petit commentaire, Mme la Présidente, je suis très
heureuse de voir que la deuxième opposition s'intéresse enfin à la lutte
à la pauvreté aujourd'hui et de façon aussi intense.
Alors donc,
parlons-en, du plan de lutte, qui est un plan de lutte très ambitieux, qui est
le troisième plan de lutte, qui s'appelle
le Plan d'action gouvernemental pour l'inclusion économique et la participation
sociale de 2012 à 2023. L'objectif,
l'ambition, c'est de sortir 100 000 personnes de la pauvreté. C'est
la première fois, en fait, Mme la Présidente, qu'on chiffre ainsi, avec un livrable, un objectif très, très précis,
quantifié, la volonté de pouvoir soutenir les personnes en situation de
pauvreté et d'avoir un objectif aussi précis.
Alors, le
premier bloc, bien sûr, c'est le revenu de base, qui est un élément fondamental
du plan de lutte, et il a eu, pour
avoir été présente lors des consultations, il a eu... Ce projet de loi
n° 173 qui vise à instaurer le revenu de base pour des personnes ayant des
contraintes sévères à l'emploi, il a eu un très bon accueil auprès des
différents groupes qui ont été
présents. Entre autres, l'Office des personnes handicapées du Québec disait que ça représentait, ce projet de loi, des avancées significatives
et sans précédent pour les personnes
handicapées et leurs familles au plan
non seulement du soutien
du revenu, mais aussi de leurs conditions
de vie. D'ailleurs,
j'aurai une question là-dessus, au ministre, un
petit peu plus tard.
Alors, au
niveau du budget, il y a 29 millions sur cinq ans qui favorisent des personnes handicapées du marché
du travail, et c'est très clair que la situation actuelle... si on regarde, là, les données,
disons, assez récentes, on parle, par
exemple, de mars 2017, il y a
128 000 personnes, au
Québec, qui éprouvent des contraintes sévères à l'emploi. Alors, il y en a qui ont des problématiques de santé mentale, des
problématiques de santé physique. Alors, il y a des troubles de la personnalité, il y a différentes
problématiques, mais les problèmes de santé mentale sont effectivement fort importants. Alors, on parle de contraintes sévères, la nuance est
très importante. Avec le projet de
loi, qui va bientôt débuter son
étude, alors qu'on a 128 000 personnes, au Québec, qui ont des
contraintes, on vise à sortir de la pauvreté, juste avec cette mesure-là,
84 000 personnes. Alors, ce n'est
pas rien. Et je vous dirais que non seulement il y a eu les regroupements
provinciaux qui sont venus nommer...
Je pense qu'il y a même un organisme qui a dit : Il faut que je me pince
tellement je suis heureux de ce
projet de loi, ça fait une grande différence. Et tout le monde, bien qu'il y a
eu des éléments... des questionnements, des clarifications qui ont été demandées, on s'entend qu'il y a un grand
consensus de dire que c'est une extraordinaire nouvelle.
Moi, je veux vous parler,
comme j'aime le faire, d'un organisme de mon comté. J'aime ça parler de Laval, qu'est-ce que vous voulez, Mme la
Présidente, je ne peux pas m'en
empêcher. Alors, je vais vous parler de l'APADHL, qui est un organisme de Laval-Ouest qui travaille
auprès des personnes âgées, défavorisées et handicapées, et je suis très
en lien avec cet organisme-là, qui fait un travail extraordinaire. J'ai même
participé à leur fête hawaïenne avec une jupe
hawaïenne. C'était de toute beauté. Alors, j'ai des photos pour ceux qui
veulent aller voir ça. Mais je veux saluer Mme Petit, je veux saluer Mme Ménard, qui travaillent de façon
incroyable, c'est deux femmes de coeur, tout l'ensemble du conseil d'administration, des gens de coeur qui travaillent à donner de la
dignité aux personnes qui vivent ces problématiques. Parmi leur clientèle, il y a
70 % qui vivent la déficience
intellectuelle, 23 %, des problématiques de santé mentale, 7 %, des
maladies dégénératives. Alors, il y a des
activités, mais il y a aussi des plateaux de travail, des ateliers où les
personnes qui participent, de façon
assez assidue, je dois le dire, ont des petites tâches manuelles pour
différentes entreprises. Donc, en
termes de dignité des personnes, en termes de mettre dans l'action, développer
les compétences et donner le sentiment de contribution à ces
personnes-là, c'est vraiment un travail admirable. Alors, je voulais les
saluer.
Donc, ma
première question au ministre par rapport au revenu de base pour les personnes
à contraintes sévères : Au-delà
de la prestation, qui, je le crois, a déjà augmenté depuis janvier 2018,
quels sont les autres éléments favorables en lien avec le projet de loi?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, Mme la députée de Fabre. M. le ministre.
• (16 h 50) •
M.
Blais : Alors, dans le cas de ce projet-là, ce qu'il fallait éviter...
je ne suis pas encore certain qu'on a réussi complètement, mais ce qu'il fallait éviter, c'est de donner l'impression
qu'on voulait donner une rente à vie à des personnes qui sont lourdement handicapées pour qu'elles
demeurent chez elles, et puis en se disant : Bien, voilà, on a bonne
conscience, maintenant on leur a donné de l'argent, et puis, voilà,
c'est la seule obligation que l'on a à leur endroit.
Donc, on a
modifié de façon importante... on en a fait allusion un peu plus tôt, je pense,
avec les collègues d'en face, on a modifié les conditions de ce revenu
de base là pour faire en sorte tout d'abord qu'il soit en grande partie individualisé, donc ce qui va faciliter la
construction de ménages sans que les pénalités soient trop importantes; que les
personnes qui vont quand même sur le marché
du travail, serait-ce pour un petit
travail, quelle que soit la qualification qu'on veut donner à ce que c'est qu'un bon emploi, un mauvais emploi,
mais quelqu'un qui veut aller sur le marché du travail, même à
temps partiel, puissent recevoir des
revenus de travail sans être pénalisés comme ils le sont aujourd'hui, donc ce qui est très favorable parce
que ça... on est loin d'une rente à
vie, là, et de «les personnes qui la reçoivent n'ont pas le droit de travailler, s'ils travaillent, ils
perdent tout»; et finalement la possibilité aussi d'avoir des actifs sans tout perdre, bien
sûr, lorsque ces actifs-là arrivent
dans leur vie, serait-ce quand les parents, par exemple, d'un enfant
handicapé veulent leur laisser un
héritage pour améliorer leurs conditions
de vie. Donc, ces trois conditions-là
sont importantes pour parler d'un revenu de base.
Qu'est-ce que c'est qu'un revenu de base? C'est un socle à partir duquel il est possible
d'aller chercher d'autres revenus,
d'autres possibilités, vivre avec un conjoint, partager un logement,
avoir mis de côté un certain patrimoine sans être
pénalisé. Donc, c'est vraiment l'esprit de ce socle sur lequel on peut ensuite
aller chercher d'autres revenus.
Cependant,
puis vous le savez, vous étiez là, en commission, on a eu des représentations assez
explicites de la part des organismes
de défense des droits des personnes
handicapées, qui nous ont dit : Revenu de base, hein, c'est une avancée majeure, mais n'oubliez surtout pas
l'enjeu de l'intégration sur le marché du travail. Donc, les sous, c'est important,
surtout pour une clientèle qui a très peu de chances d'atteindre le marché du travail, mais, pour tous ceux qui sont
capables d'effectuer des tâches, d'apporter une contribution, serait-ce une
contribution modeste, ça nous prend... ils nous l'ont rappelé fortement : Ça nous prend, là, votre prochaine stratégie
d'intégration sur le marché du
travail des personnes handicapées.
Et on s'est
engagés... Il y aura déjà des
éléments à l'intérieur de la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre, mais
on s'est engagés à aussi déposer cette
stratégie-là. Qu'est-ce qu'il va y avoir? Bien sûr, des mesures que l'on
connaît déjà, qui ont prouvé, bien,
leur efficacité, donc les contrats d'intégration au travail, les CIT, hein, qui
financent une partie du coût du
travailleur pour compenser le handicap, et aussi, bien sûr, une place
importante pour ce qu'on appelle les entreprises adaptées qui sont en
mesure d'encadrer des personnes qui ont des handicaps parfois assez lourds. On
a d'excellentes entreprises comme ça ici, à Québec. Vous en avez aussi, si je
me souviens bien, là, à Laval.
Donc, on nous
a dit : Oui au revenu de base, avancée majeure, mais n'oubliez pas le
front de l'intégration sur le marché du travail. Et on a bien
l'intention de tenir promesse sur ces deux fronts.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci. Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, merci, M. le ministre, pour cette réponse. Je veux aller maintenant du côté du FQIS, donc le Fonds
québécois d'initiatives sociales, qui a été institué suite à l'adoption de la
Loi visant à lutter contre la
pauvreté et l'exclusion sociale. Je vous dirais que c'est un financement qui
est fort généreux, qui est
historique, ce qui est prévu au budget, puisque, quand on regarde, dans le
fond, l'évolution du financement, il y a eu une augmentation, on était à 115 millions et on est maintenant à
160 millions. Donc, c'est une augmentation de 39 %, et il y a eu une transition qui a permis vraiment, là,
la prolongation... en mai 2016, qui a permis à 236 projets au Québec
de pouvoir poursuivre, donc, leur initiative.
Je veux bien
parler du FQIS comme étant un financement de projets. Et ça fait appel à une
valeur très chère au niveau de l'action communautaire autonome, qui est
d'ailleurs en lien avec la politique québécoise de 2001, qui est la
valeur de l'innovation. Donc, le FQIS, c'est vraiment du financement de projets
ponctuels dans l'adaptation, dans la réponse à des problématiques de leur milieu. Et je
vous dirais qu'un des projets auxquels je pense, qui a bénéficié, entre autres,
de la prolongation du FQIS, et je souhaite qu'il puisse déposer... j'espère
qu'ils auront la bonne idée de déposer à
nouveau, à Laval, c'est avec Le Centre communautaire Val-Martin, qui est dans
le comté de mon collègue de Chomedey, et qui a travaillé un projet pour
les jeunes de 15 à 17 ans, qui s'appelle le Projet Ça Cliq. C'est de la
construction identitaire, c'est un projet en
partenariat, c'est vraiment un milieu de vie qui permet à des jeunes qui sont
sur le point de décrocher ou qui sont
dans une étape de vulnérabilité de pouvoir être dans un accompagnement très
global et de pouvoir, donc, soit se
raccrocher au niveau des études ou encore envisager l'avenue du marché du
travail lorsqu'ils ont terminé leurs
études. Alors, voilà là une belle initiative, encore une fois, à Laval, qui a
bénéficié de ce fonds-là. Et il y en a de multiples autres.
Alors donc,
il y a un appel de projets qui va être annoncé bientôt avec une enveloppe de
5,3 millions de dollars. Donc,
il y a eu, à Laval... En même temps
que l'annonce provinciale, il y a eu l'annonce pour, à Laval, le financement
du FQIS, avec la poursuite des alliances
pour la solidarité, c'est 2,5 millions qui ont été annoncés sous peu. Alors, je sais
que c'est un projet... c'est un fonds qui
est très porteur pour de multiples initiatives et qui valorise la concertation
des acteurs locaux et régionaux. Je sais que c'est une priorité pour le ministre
et pour le gouvernement, alors j'aimerais ça vous entendre, M. le ministre, justement sur l'importance qu'a ce fonds-là, alors que son
financement se voit augmenté de façon importante.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, madame. M. le ministre.
M.
Blais : Donc, le Fonds québécois
d'initiatives sociales est lié historiquement, là, à la loi-cadre, hein, et
puis, bon, l'idée qui est derrière
ça, c'est qu'on peut bien diminuer la pauvreté économique, mais il va subsister
quand même... surtout
aujourd'hui, à notre époque postmoderne, là, où il y a
de plus en plus de personnes qui vivent seules, désaffiliées, des communautés brisées, donc les solidarités du
passé, la famille, la communauté, ça s'est désagrégé. Donc, il faut aussi,
au-delà des ressources financières, qui sont
bien importantes, bien, assurer qu'il
y a un tissu social qui est capable
de prendre en charge, là, des
personnes qui sont désaffiliées, qui vivent des difficultés. Donc, ça a été
créé dans cet esprit-là, de créer des alliances. Et les besoins varient
selon les régions. À Rimouski, il y a certains types de services qui existent,
qui fonctionnent bien, mais il manque peut-être
des services qui mériteraient d'être développés. Donc, le FQIS, le financement
permet de développer des initiatives, des nouveaux projets.
Donc, effectivement, dans le dernier plan, on a annoncé une hausse assez importante, là, de
38 %, je pense — c'est
ça, ce que vous avez dit, 38 %, là — du
budget. Il y avait deux choses qu'il fallait faire maintenant.
Il fallait s'assurer qu'il y a
des projets, en ce moment, qui ont été prolongés. Alors, la semaine dernière,
j'ai envoyé une lettre à tous les groupes concernés qui reçoivent un financement de ce programme-là pour leur
demander s'ils étaient intéressés, bien
sûr, à continuer le projet jusqu'au
31 décembre prochain et, si oui, de nous le faire savoir, et on va
simplement, automatiquement, prolonger le projet. On pense qu'il y aura pas mal de gens qui vont être intéressés
par l'offre. Et en même temps, là, on s'adresse aux préfets des MRC pour
s'assurer, là, qu'ils puissent nous aider dans la gestion de la future grappe,
là, de FQIS, donc, prochainement, là. On les a déjà contactés par
téléphone informellement, je vais aussi leur écrire, pour leur donner un peu les lignes directrices de la gestion des
prochains FQIS. Je peux vous dire, sur le terrain, c'est assez attendu, ça
donne beaucoup de possibilités, mais surtout c'est le principe que les
régions sont plus en mesure de définir leurs besoins.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci. Je suis désolée, M. le ministre, dans un autre bloc, vous pourrez
compléter votre réponse. Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle, M. le député de Rimouski.
M. LeBel : Merci, Mme la Présidente.
Bien, on va continuer un peu là-dedans, parler un peu des groupes communautaires. Je viens de faire une tournée du
Québec, là, d'aller rencontrer un peu partout les groupes pour parler de la lutte à la pauvreté, parler des situations.
Les groupes communautaires, depuis trois ans, ils sont surchargés. Il faut
voir que le désengagement de l'État un peu
partout dans les services publics a ramené beaucoup de monde à aller vers les
services des groupes communautaires, et ça a paru sur le terrain, puis les
groupes communautaires n'ont pas vu leur financement augmenter depuis ce temps-là. On a annoncé des projets, on a
annoncé des augmentations de financement, mais souvent à l'an 2, l'an 3, l'an 4, on est rendus en
2023, mais concrètement, sur le terrain, on est loin d'un financement
adéquat aux groupes communautaires.
Puis on a
développé aussi, depuis quelques années, ici, une façon de financer les groupes
communautaires, où on finance par
projets. On dit : On va te financer, mais à condition que tu fasses telle,
telle chose, telle, telle chose, ce qui fait que le financement à la mission de base a diminué, mais on va
financer pour des projets, ce qui, souvent, dénature les groupes communautaires. Parce qu'un groupe
communautaire, quand ça... Créer un groupe communautaire, c'est créer à partir des besoins de la communauté. Les gens
qui se regroupent, parce qu'ils veulent dénoncer une situation ou corriger une
situation en intervenant bénévolement ou autrement, bien, c'est eux autres qui
décident, ça vient de leurs tripes, là, c'est des gens qui sont
ensemble. Et là, quand on finance conditionnellement à donner tel, tel service,
bien, on vient tranquillement briser la mission autonome des groupes
communautaires.
J'ai vu des
cas aussi... Je pense aussi au personnel des groupes communautaires. Il y a,
une place, quelqu'un qui dit :
On travaille, nous autres, à sortir les gens de la pauvreté, mais une dame a
dit : Moi, je vais prendre ma retraite des groupes communautaires dans pas long, mais je n'ai rien. Ça fait que ça
va être moi qui va être dans la pauvreté, qui va demander à mon groupe de me donner un coup de main. Tu sais, il y a des
conditions de travail, dans les groupes communautaires, c'est bien pour... c'est bien dire qu'il n'y en a pas,
des bonnes conditions de travail. Ça fait qu'il faut mieux financer les
groupes communautaires.
Les groupes communautaires
revendiquent un bon montant, là, 400 millions, un peu plus de
400 millions. Le gouvernement ici
avance certaines sommes mais, comme je vous dis, des décaissés, surtout en
2023. J'aurais quelques questions
là-dessus, entre autres sur le financement des CDC. Vous décidez d'augmenter le
financement des CDC, il n'y a pas eu
d'augmentation de financement depuis longtemps. C'est peut-être une bonne
chose, avoir un peu d'argent de plus. Mais
est-ce que vous pensez qu'on va pouvoir, à partir de ça... Est-ce que vous
voulez développer le réseau des CDC? Et comment vous voyez les CDC comme
partenaires de votre ministère?
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Dans le cas des CDC, effectivement on veut développer le
réseau, hein? Vous connaissez très bien la problématique des organismes communautaires, il y a toujours une
problématique, qui est historique un peu : premier arrivé, premier
servi. Et là, par la suite, la création des autres organismes, c'est toujours
plus difficile.
Donc, il y
avait un trou dans le réseau puis il y avait une revendication légitime,
notamment à cause de leur rôle, de combler, là, ces trous-là dans les
régions. Je ne me souviens pas du nombre, peut-être qu'on peut me le rappeler? Quatre ou cinq CDC, je pense... cinq potentielles,
qui ont reçu un financement explicite pour mener à leur développement, puis ensuite une augmentation, là, paramétrique,
là, ou à peu près paramétrique, si je me souviens bien, des autres CDC, là,
parce qu'il y avait des inégalités historiques qui s'étaient faites avec le
temps. Donc, ça, c'est l'approche pour les CDC.
M. LeBel : Est-ce que vous allez
développer de nouvelles CDC ou vous gardez le réseau actuel?
M.
Blais : Bien, c'est le réseau actuel plus cinq CDC, que l'on a
reconnues comme telles, là. Parce qu'il y avait des CDC qui étaient sans financement. Ils avaient une existence légale,
si je peux parler ainsi, là, mais ils n'avaient pas de financement, puis
ils attendaient après ce financement-là depuis des années.
M.
LeBel : O.K. Mais est-ce que, dans le financement ou dans le... Est-ce
que vous collez le financement à des attentes particulières par rapport
aux CDC ou c'est au financement de base des CDC?
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Oui, je vais juste vérifier, parce que je ne veux pas faire
d'erreur, mais il ne me semble pas qu'on leur a... On ne leur a pas donné de
nouveaux mandats spécifiques, là. On leur a demandé de continuer à remplir les
mandats qu'ils font. Je vais faire
une vérification. Parce que c'est le sens de votre question, si on leur a donné
d'autres mandats. Mais, bon, ce qu'on me dit, ce qu'on me susurre à
l'oreille, là, c'est que c'est un financement à la mission.
M. LeBel : O.K. Excellent. Par
rapport au FQIS, le Fonds québécois d'initiatives sociales, ce financement-là, depuis deux ans, vous... la dernière année, vous
avez répondu la même chose, vous n'avez pas fait de nouveaux appels de projets, il fallait attendre un nouveau plan de
lutte. Cette année, je crois... je vois que c'est un peu la même chose, vous
avez interpelé les projets pour voir qui... prolonger ces projets-là.
C'est quoi,
le montant? Dans les cahiers, ce que je trouve, c'est qu'il y aurait eu
12 674 000 $ donnés par le Fonds québécois d'initiatives sociales. Il y avait un budget de
23 000 $, si je ne me trompe, mais il a été... 23 millions, puis
il a été décaissé 12 millions, ça se peut-tu?
M. Blais : Votre question, c'est
pour 2017-2018?
M.
LeBel : C'est les crédits d'aujourd'hui, oui. 2018-2019, dans vos
cahiers de crédits, ce que je vois, c'est des...
M.
Blais : Oui. Alors, ce que l'on prévoit décaisser pour le FQIS en 2018‑2019,
bien, vous l'avez, le chiffre, devant vous. Je ne pense pas que ce soit
équivoque.
M.
LeBel : Moi, ce que j'ai ici, ce que vous avez décaissé, là, on parle
de 12 174 000 $. Mais, au budget, ce qu'on avait de
prévu, c'était 23 millions. Est-ce qu'il y a un manque à gagner ou...
M.
Blais : On me dit que c'était en date de février, donc c'est les
chiffres que vous avez... en tout cas, que, le tableau, vous avez... puis là je ne le vois pas, là, il est
un peu loin de moi, mais c'est probablement en date de février, donc il y a eu
d'autres déboursés depuis.
M. LeBel : Il y a eu presque
10 millions de déboursés en deux mois?
M.
Blais : On va essayer de trouver la bonne réponse. Si vous voulez
aller à une autre question, on va... à moins que... Ah?
Une voix : ...
M. Blais : Oui. Donc, le
budget 2017-2018, c'est 23 millions. Est-ce qu'on a le même chiffre?
M. LeBel :
Oui.
M. Blais : Oui? Et votre question,
c'est par rapport à quoi?
M.
LeBel : Ce que j'ai dans vos crédits, vous avez sorti
12 millions, 12 millions 600 quelques mille. Ça veut dire...
M. Blais : Où il est, le
12 millions? Je ne le vois pas.
M. LeBel : Dans le cahier des
réponses que vous nous avez envoyé.
M. Blais : Ah! dans le cahier des
réponses. Très bien.
Une voix : ...
M.
Blais : Oui. On essaie de trouver l'explication, mais je pense qu'il y
a aussi l'année financière avec Montréal... Dans cette enveloppe-là, il y a une entente spécifique pour Montréal, qui est une entente historique qui date d'avant
les FQIS, on a eu un bricolage, là, je pense,
pour s'assurer que, Montréal, on puisse continuer à reconnaître ses fonctions
en termes de développement social, et c'est bien possible que ce soit
lié, là, aux années financières qui soient différentes avec Montréal.
M. LeBel : En tout cas, je vais
laisser les gens chercher autour de vous.
M.
Blais : Oui. Ça cherche en
arrière, c'est possible que ce soit ça, on aura peut-être une explication
additionnelle.
M.
LeBel : Mais, entre-temps, je comprends de votre réponse à ma collègue
tantôt, si vous avez dénoué votre problème
de savoir comment vous allez régionaliser l'enveloppe du FQIS... Dans le passé,
le fonds était régionalisé dans les
conférences régionales des élus, qui avaient une vision régionale puis avaient
des ententes avec chacune des MRC, mais il y avait cette vision régionale. Comme, Bas-Saint-Laurent, il y avait
la vision de l'ensemble de la région, et il y avait une stratégie de lutte à la
pauvreté, et les fonds qui passaient par les alliances étaient distribués dans
cette stratégie-là. Là, actuellement, ce que je comprends, avec la fin
des CRE, vous allez décaisser, vous allez faire transiter le Fonds québécois
d'initiatives sociales par les MRC?
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Vous savez qu'on a développé un fonds de, seulement pour
l'ensemble des régions, 100 millions de dollars, qu'on appelle le FARR, le Fonds d'aide au rayonnement des
régions, le FARR, hein? Donc, ça, c'est pour le développement
économique, hein? Et on a demandé, là, à ce que les élus mettent sur pied une
table, là, pour un peu définir les conditions d'utilisation de ces fonds-là
puis les projets... faire les appels de projets pour du développement économique. Donc, il y a déjà beaucoup de régions
qui sont actives en termes de développement social, qui considèrent que
ça fait partie de leur mission, et d'autres, un peu moins, donc qui ne sont pas
rendues au même niveau.
Alors, ce
qu'on a proposé aux élus régionaux, là, par le biais de leur association, c'est
que ce fonds-là crée une table,
appelons-là la table de développement social — d'accord? — et que... bon, avec des personnes bien sûr
qui ont les compétences pour les
gérer, donc des gens qui sont dans l'intervention sociale, dans votre région ou
dans la mienne, et les gens qui
connaissent les problématiques sociales, qui connaissent les priorités de la
région, les besoins plus spécifiques des
régions, et que donc cette table-là, elle, elle va avoir des consignes, du
matériel qui va être envoyé bientôt aux régions, là, j'en ai parlé tout à l'heure, aux préfets, pour
avoir un petit peu les conditions, là, que l'on prête, là, à la gestion du
FQIS.
Et c'est
cette table-là, non pas les élus, comprenons-nous bien, mais vraiment cette
table-là d'intervenants, là, dans le milieu qui vont décider... qui vont faire
un appel de projets et qui vont décider selon les priorités. Ils vont définir
des priorités de développement social dans
leurs régions. Il y a peut-être des choses que vous avez dans votre région,
mais que vous n'avez pas encore, que
vous aimeriez développer, par exemple, et donc, à partir des priorités, ils
vont faire un appel d'offres, ils
vont recevoir des propositions, puis ils vont trancher, ils vont décider, là,
quels sont les projets qui sont financés pour les cinq prochaines
années.
M.
LeBel : Ça fait que vous êtes... Merci. Comme ça, vous allez créer une
nouvelle structure dans chacune des régions pour gérer ou... pour gérer
ce fonds-là, ou vous allez partir de structures qui existent déjà?
M.
Blais : La gestion comme telle, c'est le ministère, hein, c'est des
fonds qui viennent du Conseil du trésor. Donc, c'est le ministère qui
gère, au sens administratif du terme, là, le fonds. Mais le processus de
décision va être dans les régions. Donc, les priorités sont définies par les
régions, le processus de décision aussi va être établi dans les régions.
M.
LeBel : J'ai compris cette partie-là, mais vous dites : Ils vont
créer une table. Là, vous avez parlé aux préfets, vous allez demander
aux élus de voir avec les gens connus, de la place, qui sont impliqués dans le
milieu social...
M. Blais : Ça ou des organismes,
hein? Souvent, aussi, les organismes sont représentés là-dessus.
M.
LeBel : Bref, vous allez créer une nouvelle structure.
M.
Blais : Bien, c'est une structure ad hoc, hein, parce qu'elle n'a pas
pour but de gérer quoi que ce soit. Elle a pour but simplement de
définir des priorités régionales. Il y a d'ailleurs un montant d'argent qui est
prévu, hein, pour permettre, qui sait, là,
l'animation de cette table-là pour la durée, là, où on va définir les priorités
régionales et on va faire des appels
d'offres. Mais ce n'est pas une structure en bonne et due forme, parce qu'elle
va disparaître ensuite, là, lorsque les priorités vont être définies
puis les projets établis.
M.
LeBel : Et est-ce que c'est dans votre intention de passer par un
réseau déjà existant? J'essaie de voir. Vous allez partir ça de A à Z. Est-ce qu'il y a un réseau québécois de
développement social ou est-ce qu'il y a des gens qui vous interpellent
pour dire : On pourrait prendre ce mandat-là?
• (17 h 10) •
M.
Blais : On est presque à 95 %, comme la dernière fois, hein,
c'est-à-dire que c'est des élus qui vont demander à des organismes, chez vous ou ailleurs, des
groupes, là, de faire... de plancher là-dessus pour définir les priorités. Donc,
les modalités, je comprends, sont
différentes, je vois où est-ce que vous voulez aller, les modalités sont
différentes, mais on est toujours
dans cet esprit où des élus identifient dans leurs régions les personnes qui
sont significatives ou des groupes qui sont significatifs pour porter
cette tâche-là.
M.
LeBel : O.K. Si je dis que
vous allez respecter les stratégies régionales, les priorités régionales à
partir d'une nouvelle table qui va
être mise en place selon... en consultation ou selon ce que les élus des régions vont vous
proposer, quand je dis ça, je ne me trompe pas, c'est comme ça que vous
allez faire, ça ressemble à ça?
M.
Blais : Je n'ai pas tout
suivi, mais il existe déjà des tables, hein? Dans plusieurs
régions, il existe déjà ce type de tables là, donc elles peuvent être
utilisées à ces fins. Et, si elles n'existent pas, bien, elles seront mises en
place. Mais c'est à peu près ce qu'on avait fait, là, dans les deux
derniers FQIS, il n'y a pas une grosse différence.
M.
LeBel : O.K. Toujours
dans le financement des organismes
communautaires, dans le plan
économique, vous avez dit que vous
avez annoncé des investissements additionnels pour la bonification des programmes
de soutien financier aux organismes communautaires. Le ministère
de la Santé et des Services sociaux,
en 2018-2019, 7 millions, 7 millions
par année jusqu'en 2023, puis après ça c'est
marqué «autres ministères», ça fait qu'on parle de 5,5 millions en 2018-2019, 8,5 en
2019-2020, ça augmente, là, 10,6, en 2023, pour un total de
45,8 millions. C'est ce qui était dans le plan économique.
J'aimerais
juste savoir... Parce que, là, c'est «autres ministères», ça fait que ce
n'est pas ventilé, là, puis il y en a
plusieurs, ministères, il y
en a une dizaine, là, qui travaillent
auprès des groupes communautaires, ce que j'ai vu dans les documents.
Vous, le 2 millions que vous avez annoncé pour le Fonds d'aide à
l'action communautaire autonome puis le 800 000 $ aux CDC,
est-ce qu'ils font partie de ce 5,5 millions?
M. Blais :
Non, me dit-on, à l'oreille. Il faut comprendre que, bon, moi, je pars plutôt
avec un chiffre qui est différent, mais on
va arriver au même objectif. Donc, ce qu'on a annoncé dans le plan pour
l'inclusion économique et sociale,
c'est 55 millions, autour, dont un montant pour les CDC et ensuite pour
augmenter le financement des organismes communautaires, en particulier des organismes qui les regroupent et les
organismes de défense de droits, pour lesquels je sais que vous avez une
préoccupation particulière, là.
Et,
en parallèle à ça, vous savez que ce n'est pas nous qui finançons le plus les
organismes communautaires, c'est de
loin le ministère de la Santé et des Services sociaux. Nous, on est un joueur
parce qu'on a un rôle, disons, d'animation. C'est nous qui sommes porteurs de la politique. On a annoncé d'ailleurs
qu'on voulait déposer une nouvelle politique par rapport au développement des organismes communautaires. Mais les
gros joueurs, en termes de financement, de loin, là, c'est peut-être, Famille... je ne sais pas,
Famille peut-être? Peut-être pas. Non? Alors, Santé et Éducation en ont pour
une bonne partie.
La Présidente (Mme
Richard) : Une minute, M. le député de Rimouski.
Une voix :
...
La Présidente (Mme Richard) : On le reporte sur le prochain bloc? Parfait. Nous allons maintenant
du côté du gouvernement. Mme la députée de Fabre, vous avez la parole.
Mme Sauvé :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je vais poursuivre toujours
en lien avec la lutte à la pauvreté, mais ma question autour d'Objectif
Emploi, mais je vais me permettre certains éléments de contexte. Je veux un peu
nous rappeler certains éléments qui ont
amené, dans le fond, le projet
de loi, mais aussi l'obligation. Il faut savoir qu'avant le projet de loi n° 70, quand on invitait les participants, les
nouveaux demandeurs à participer à une démarche en employabilité, il n'y avait que 14 % qui participaient. On a nommé suffisamment aujourd'hui, comme
ailleurs, la réalité de la pénurie de
main-d'oeuvre, et il est clair que, comme le disait le ministre précédemment,
on a été jusqu'au bout du volontariat.
Mais il y a une obligation qui est très importante. D'ailleurs, il faut savoir
qu'avant le projet de loi puis avant le
programme mis en place, quelqu'un qui recevait sa prestation n'était même pas
dans l'obligation de rencontrer un agent d'Emploi-Québec. Alors, il y avait un élément qui devait être mis en
place et il y avait aussi une nouvelle vision qu'on devait se donner.
Je
rappelle aussi que, dans le programme d'Objectif emploi, il y a trois volets.
Il y a le volet, bien sûr... On a parlé beaucoup de l'intégration en emploi, mais il y a aussi au niveau des
études, et il y a le développement des habiletés sociales. Alors, c'est trois aspects, encore là, comme le
soulignait le ministre précédemment, qui ne sont pas liés à un objectif de
résultat, autrement qu'une participation à
la démarche, avec des incitatifs qui viennent valoriser justement cette
participation-là.
L'aspect que
je veux mettre vraiment de l'avant... Et là je vais peut-être briser certains mythes, et j'ai entendu
tantôt des éléments de la deuxième opposition. Moi, pour moi — et là je vais y aller avec mon propre point
de vue, mais en même temps c'est celui,
bien sûr, du gouvernement et du ministre — la reconnaissance des organismes
communautaires, ça passe aussi par la
reconnaissance de leur expertise propre. Alors, il y a des organismes, par
exemple comme Les Auberges du coeur,
qui ont un mandat que je connais très bien et qui ont un mandat très
spécifique, qui font un extraordinaire travail au niveau de l'hébergement, et
tout ça, mais ils n'ont pas l'expertise en employabilité. Il y a d'autres
organismes qui ont une expertise, qui ont une mission liée à des
problématiques de santé, qui sont financés, entre autres, par le PSOC, du ministère de la Santé. Ils ont cette expertise
propre là qui est extraordinaire, ils font un travail phénoménal, mais ils
n'ont pas l'expertise en employabilité.
Alors, quand le ministre nomme que ce soient les
carrefours jeunesse-emploi ou les autres organismes en employabilité, qui vont être la première ligne des partenaires à
accueillir les participants à Objectif emploi, il est en train de reconnaître l'expertise propre en employabilité.
Et ce seront ces organismes qui seront à même de pouvoir dire : Alors,
voilà la voie qui est la plus optimale pour
ce participant, pour ce nouveau demandeur, c'est soit le retour aux études, les
habiletés sociales ou encore l'intégration en emploi. Donc, je pense que la
distinction, elle est très importante.
Et, fait
très terrain, c'est que chacun des organismes en employabilité... Il y en a,
par exemple, 12 à Laval. Ces organismes
en employabilité sont vraiment très enracinés dans leur communauté, travaillent
avec les partenaires, travaillent avec Les Auberges du coeur,
travaillent avec les organismes en santé. Alors donc, ce partenariat naturel se
fait dans l'approche globale, mais la première ligne, c'est la reconnaissance
de l'expertise de ces organismes-là.
Alors, je
disais que j'en ai 12 à Laval, donc j'aimerais ça peut-être les nommer, parce
que c'est vraiment... ils font un travail... Puis là j'essaie de trouver, alors
je vais y aller de mémoire, mais on a trois entreprises d'insertion.
D'ailleurs, je pense que, dans la
salle, il y a le directeur du Collectif des entreprises d'insertion qui est
avec nous. Il y a bien sûr les organismes.
Il y a un organisme qui s'appelle L'Arrimage, pour les problématiques au niveau
de la santé mentale. Il y a L'Étape,
pour les personnes handicapées. Il y a Dimension Travail, pour les femmes. Il y
a, bien sûr, Perspective Carrière, dans
le comté de mon collègue, au niveau des personnes immigrantes. Il y a une
entreprise d'entraînement, Plasmont — là, j'essaie
de n'oublier personne. Bref, ils sont un bon nombre, et ils font un travail
formidable, et ce sera la première ligne, je pense, les premiers
partenaires.
Alors, le
premier mois étant l'accueil de ces 1 000 quelques dossiers en
demande, moi, j'ai confiance en l'expertise de ces organismes-là, qui se sont adaptés au fil des années. Quand
l'économie va bien puis qu'il y a de la création d'emplois, les organismes en employabilité accueillent des
clientèles plus éloignées. Quand c'est le contraire, quand le taux de chômage
est élevé, c'est des clientèles qui sont
plus près de l'emploi. Alors, il faut s'adapter, et les ententes qui sont déjà
en cours avec Emploi-Québec et qui
lient ces organismes-là sont déjà à même, avec l'expertise qu'ils ont, de
pouvoir accueillir et bien accompagner les personnes.
D'ailleurs, je sais que c'est une préoccupation
très louable, là, du collègue de la deuxième opposition quand il parlait des
problématiques de santé mentale. Il faut savoir que, dans plusieurs de ces
organismes en employabilité, il y a des
conseillers d'orientation qui, depuis quelques années, avec la loi n° 21,
ont un acte professionnel plus large qui leur permet d'évaluer les troubles de santé mentale, avec la formation
qui vient de l'ordre. Alors donc, quand je parlais d'expertise, là, dans
les organismes, là, ils ont tout ce qu'il faut en termes de ressources pour
bien accueillir.
Alors, je
m'excuse de ce long préambule, j'étais dans mon île, hein, Mme la Présidente,
vous m'en excuserez. Ma question au
ministre : tantôt, il a survolé un peu, justement, la raison d'être
d'Objectif emploi en faisant le comparatif avec d'autres pays
sociaux-démocrates. Alors, il disait, en fait, que certaines mesures étaient
même plus serrées, plus coercitives. Alors,
je voulais l'entendre, parce que je sais que ça fait partie de la réflexion
d'Objectif emploi, le comparatif avec d'autres pays. Merci.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Fabre. M. le ministre.
• (17 h 20) •
M.
Blais : Quand on a commencé les discussions, là, avec les collègues,
sur Objectif emploi, là, il y a fallu démanteler un certain nombre d'idées préconçues. La première, c'est qu'Objectif
emploi, c'était du «workfare», c'est-à-dire qu'on oblige des
prestataires à fournir une prestation de travail sans être rémunérés, mais
c'est conditionnel pour avoir leur montant d'aide sociale. Et donc ça, on est à
des années-lumière, dans Objectif emploi, de ça.
Et ensuite on avait le choix entre différentes
approches, puis on a regardé vraiment ce qui se faisait au Canada et
ce qui se faisait ailleurs. Une des décisions qu'on a prises assez rapidement,
c'est : concentrons-nous sur les premiers demandeurs. Parce qu'on sait
qu'après deux ans ou à peu près, là, deux ans, oui, à l'aide sociale, la
période de séjour se prolonge de
façon importante. Ce n'est pas du tout un préjugé, ce n'est pas une attaque
contre quiconque, c'est une réalité, puis on peut comprendre pourquoi c'est
ainsi. Donc, on a eu cette... moi, je pense que c'est une bonne idée de dire :
Commençons par les premiers demandeurs et
donnons-leur un encadrement effectivement plus fort, plus serré, avec un
certain nombre d'obligations.
Les autres
questions que l'on devait se résoudre, c'était : Mais qu'est-ce que c'est qu'une
obligation? Alors, on a créé deux types d'obligations. La première,
c'est que... Puis je pense qu'il y a eu un consensus, non pas sur le fait qu'il y ait une sanction, je le sais bien, mais sur le fait que c'était
fondamental que toute personne qui arrive à l'aide sociale ait une
rencontre de fond avec un intervenant pour évaluer un peu sa situation, essayer
de comprendre d'où il vient et est-ce qu'il est porteur d'un projet ou est-ce qu'il peut... éventuellement, il a la capacité de développer un
projet avec de l'aide, comme peut
fournir le carrefour jeunesse-emploi. Donc, c'était la première chose, une
obligation au moins d'une rencontre d'évaluation.
Et ensuite la deuxième décision qu'on a... les
autres décisions qu'on a eu à prendre, c'est qu'Objectif emploi, malgré son nom, ne devait pas porter uniquement
sur la prise d'emploi rapide. D'ailleurs, j'avais fait une déclaration assez
forte au carrefour jeunesse-emploi, à leur
association, il y a un an, je pense, de ça, en disant aux intervenants :
Ne recherchez pas la prise d'emploi
la plus rapide possible, parce que ne n'est pas nécessairement la meilleure. Si
un jeune a un potentiel pour aller plus loin, notamment dans les études,
favorisez le travail sur les études. Donc, Objectif emploi, malgré son nom, ce n'est pas lié uniquement à l'emploi, mais
aussi à d'autres possibilités. Bien sûr, les études devraient en être un parmi
les plus importantes.
Encore une
autre difficulté qu'il fallait abattre, il y avait la situation documentée de
personnes qui ne sont pas en mesure
ni de l'un ni l'autre, qui sont dans un environnement qui est toxique, qui ont
eux-mêmes des problèmes de toxicomanie, ou d'autres raisons, et qui ne sont pas
prêts ni un ni à l'autre. Est-ce que ça ne veut pas dire que ces jeunes-là ne
peuvent pas progresser, on ne peut pas les aider à progresser dans leur
situation? Bien sûr que non. Donc, on a créé, là, cette nouvelle modalité qui est la modalité pour
développer ce qu'on appelle les habiletés sociales, mais c'est assez large.
Et finalement...
non, il y avait aussi l'autre enjeu : Est-ce qu'on doit lier Objectif
emploi à un résultat? Et là, dans plusieurs
pays dans le monde, notamment dans des pays sociaux-démocrates, les exigences
de résultat sont très élevées. Et
certains pourraient dire : Bien, Objectif emploi, la faiblesse d'Objectif
emploi, c'est qu'il n'y a pas de contrainte de résultat. Moi, je pense qu'il faut faire confiance un peu... on commence
un peu dans ce domaine-là, il faut faire confiance aux intervenants, à la situation. Alors, il n'y a
pas d'obligation de résultat, mais il y a l'obligation d'être en démarche,
puis vous savez très bien ce que ça signifie
pour un jeune, d'être dans une démarche positive par rapport à lui, par rapport
à son projet de vie.
Donc, ça a été un petit peu les grandes
questions que l'on a dû résoudre par Objectif emploi, là, pour faire quelque chose qui était vraiment très près de ce
qu'est le Québec, là, aujourd'hui, un Québec sensible à la pauvreté, sensible
à l'exclusion, mais un Québec de plein-emploi, où les possibilités sont plus
grandes que jamais.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Non, ça va. Je remercie
le ministre pour cette réponse. Merci.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Combien de temps il reste,
Mme la...
La Présidente (Mme Richard) :
Il vous reste 4 min 20 s.
M.
Polo : Mme la Présidente, j'aimerais poser... Justement, le ministre en a fait allusion sur la question
précédente de ma collègue de Fabre
par rapport à comment le Québec se compare face à d'autres États, d'autres
sociétés, au niveau de cette question
liée à la lutte à la pauvreté, et, bien souvent, il fait référence aux pays
scandinaves. Et j'aimerais donc l'inviter peut-être à élaborer sur,
justement, cet élément d'où on se situe, en termes de point de référence,
versus les différentes initiatives annoncées,
notamment le plan de lutte à la pauvreté, là, de l'automne dernier, qu'il a
annoncé, et où, grâce à ce plan de
lutte et toutes les actions précédentes, le Québec se situe dans ses actions et
son travail de lutte à la pauvreté. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Donc, on
peut... Les comparaisons en termes de lutte contre la
pauvreté sont un peu difficiles. Donc,
on a des mesures, là. Au Québec, la mesure sur laquelle il y a
un large consensus — en tout cas, là, je voudrais voir qui veut vraiment débattre de ce
consensus-là — c'est
la mesure du panier de consommation. Cette mesure-là a l'avantage de concrètement évaluer, bien, ça coûte combien, au Québec,
se loger, disons, modestement, on s'entend bien, se nourrir correctement, assurer ses besoins de base, et on en arrive à
la définition de la mesure du panier de consommation, puis autour de
18 200 $ par année pour une personne seule. Alors, ça a l'avantage
d'être assez concret.
Mais, la mesure qui est utilisée au niveau
international, on comprend que, là, les paniers de consommation au Portugal et ici, en Espagne ne sont pas les mêmes,
donc on utilise plutôt une mesure de faibles revenus, qui correspond à 60 % du revenu médian dans le pays. Donc,
c'est autant une mesure de pauvreté qu'une mesure... c'est en partie une mesure
d'inégalité, du moins. Alors, cette
mesure-là, elle permet de situer la situation du Québec en ce moment, donc,
parmi les autres pays industrialisés.
Je vous
rappelle que la loi-cadre pour l'inclusion économique et sociale, cette
loi-cadre-là de lutte contre la pauvreté spécifie que le Québec devrait se
retrouver parmi le premier groupe, le peloton de tête en matière de pauvreté...
de lutte contre la pauvreté. Aujourd'hui,
nous sommes dans le deuxième groupe. Donc, ce n'est pas un groupe qui est
gênant, là, du tout, mais, dans la préparation du plan de lutte contre la
pauvreté, on a examiné ce qu'il fallait de plus pour augmenter, hein, notre classement. Et ça, à ma grande
surprise, l'objectif de la loi est un objectif accessible. Attendons de voir
dans les prochaines années. Nous, on
est certains qu'on va sortir au moins 100 000 personnes de la
pauvreté. Ça, c'est presque... c'est budgétaire et mathématique.
Attendons de voir comment les autres pays vont se comporter aussi pendant les prochaines années, mais,
ceteris paribus, comme on dit dans les départements d'économique, si tous les
autres éléments, là, de la situation y sont maintenus, on pourrait rejoindre le
premier groupe des pays qui comptent le moins de pauvreté. Dans ce groupe, si je me souviens bien, il y a la
Finlande, peut-être, la Norvège, le Danemark... — on est en train de lire ça, parce que ma
mémoire... — donc,
est-ce que c'est... oui, c'est les Pays-Bas, la Norvège, la Finlande, le
Danemark.
Donc, ce que l'on a dans le plan, là, ce qui est
explicité à la page 18 du plan, c'est qu'effectivement, avec une diminution de 1,8 % de la pauvreté, ce qui
devrait être... ce qui est la cible de notre plan — d'ailleurs, c'est la première fois qu'il y a une cible aussi explicite dans un
plan, en passant — donc,
effectivement, on va se situer dans le peloton de tête, et ça... Il faut quand
même rappeler qu'on est en Amérique du Nord, là, nous autres, on n'est pas en
Europe, là, hein, donc vous comprenez l'effort qui est fait, en termes
fiscaux, en termes de mesures, c'était assez audacieux.
La
Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Ça va déjà à moi? O.K. Merci. Je vais commencer... Le Conseil
québécois des entreprises adaptées sont
venus nous rencontrer, nous demander un peu qu'est-ce qui... leurs propositions,
leurs projets. Les demandes... Ce qu'ils
veulent, dans le fond, c'est développer le réseau des entreprises adaptées sur
cinq ans. Ce qu'ils disent, c'est qu'on devrait faire un déploiement géographique du réseau des entreprises
adaptées pour favoriser une meilleure répartition de l'offre d'emplois
adaptés dans l'ensemble du Québec, développer de l'employabilité des personnes
handicapées pour favoriser leur transition
vers l'emploi en réponse à la rareté de la main-d'oeuvre. Puis la demande
qu'ils font, sur cinq ans, c'est
875 nouveaux postes permanents, 175 par année, 1 000 postes à durée
déterminée... deux ans, 200 par année, ce qui équivaudrait, pour
2018-2019, là, à un 8,8 millions additionnel dans le programme de soutien
aux entreprises.
Là, ce que je
vois, ce que vous avez annoncé, c'est 5 millions de plus en 2018-2019,
puis 5 millions par année les
années... 6 millions les autres années. Avec l'impact de l'augmentation du
salaire minimum, en plus, ça vient donner un coup pour eux autres. Je voudrais voir un peu... Le conseil considère que les sommes qui ont été
annoncées ne sont pas suffisantes pour déployer le réseau. J'aimerais un
peu avoir votre opinion là-dessus.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
• (17 h 30) •
M. Blais : Alors, oui, donc, la démarche dans laquelle nous
sommes en ce moment, puis c'est sûr qu'il va y avoir de l'argent
supplémentaire, je vous le dis tout de suite, ils le savent d'ailleurs, pour
les entreprises adaptées, donc, il y a une
raison de fond pour ça, c'est qu'en plus de la vocation sociale qui est très
évidente et claire, ce qu'on se rend compte aujourd'hui, c'est qu'avec la pénurie de main-d'oeuvre il y a beaucoup
d'entreprises qui sous-traitent des activités, disons, un peu plus répétitives,
un peu plus redondantes aux entreprises adaptées. En d'autres mots, elles n'ont
jamais eu autant de travail qu'aujourd'hui à faire. Vous comprenez? On ne les finance pas juste pour occuper les
gens, on les finance aujourd'hui plus que jamais pour accepter des contrats pour produire... à
faire des tâches et produire des biens. Donc, ça, c'est vraiment... la
perspective est bonne.
Ce qu'on
regarde en ce moment, donc, en plus du financement... On a un projet pilote avec TAQ, si je me souviens
bien — c'est
ça, hein? — ...
Une voix : ...
M. Blais :
...entre autres, pour voir si c'est possible aussi pour eux de recevoir des
stagiaires, donc des personnes qui
ont aussi un handicap, peut-être un handicap un peu moins lourd que ceux qui
sont là pendant plus longtemps, et qui pourraient profiter de l'encadrement, là, des entreprises adaptées pendant un
certain temps pour ensuite intégrer un marché du travail plus normal,
qui sait, avec un encadrement, là, plus léger. Donc, on a aussi ce...
On essaie de
faire évoluer aussi le modèle, parce que le modèle a beaucoup d'avantages,
mais, il faut le reconnaître, il est
assez coûteux. Tout le monde reconnaît que c'est un modèle assez coûteux, donc
on essaie de le faire évoluer pour qu'il
puisse aussi jouer un rôle d'accueil de stagiaires. On n'a pas encore, je
pense, les évaluations définitives sur ces projets pilotes là. C'est un peu tôt. Mais ça vous donne
un peu une idée d'où est-ce qu'on s'en va avec eux. Mais c'est vraiment
un contexte économique qui leur est très favorable en ce moment.
M. LeBel :
On va avoir besoin de nouvelles injections d'argent, c'est sûr, pour
développer, puis ce que je vois dans vos tableaux, c'est loin de ce
qu'ils auraient de besoin.
Un autre
sujet complètement. L'année passée, on a vu à la télé... puis les gens étaient
un peu estomaqués de voir le monde en
file, les demandeurs d'asile aller au Stade olympique, un en arrière de
l'autre, aller chercher l'aide sociale. C'était un peu désolant de voir tout ça, puis on pouvait comprendre,
mais la formule était un peu particulière, mettons. J'aimerais ça savoir votre plan de match cette
année, parce qu'il y aura encore des demandeurs d'asile. Est-ce que vous
allez améliorer la méthode et est-ce que...
Comment vous pensez que, cette année, en termes de coûts de l'aide sociale
vers les demandeurs d'asile... Comment vous évaluez les coûts cette année?
La Présidente (Mme Richard) :
M. le ministre.
M. Blais : Bien, d'abord, sur
l'an passé, là, je vais vous dire que je suis très fier du travail des
fonctionnaires là-dessus, parce que vraiment
ils ont été impeccables, là. C'était beaucoup de personnes à traiter dans des
conditions pas faciles, avec des documents qui manquent,
tout ça. Donc, je suis très, très content, là. Je pense qu'il y a eu très peu
d'événements singuliers qui ont été révélés, là, comme quoi, là, des familles
étaient laissées pour compte, tout ça. Donc, je les félicite pour le
travail qu'ils ont fait.
Effectivement,
l'an dernier, on a tous été pris de court par la situation, il fallait
s'adapter... vous rappeler même qu'on pensait, pendant un certain temps,
se rendre au centre des congrès de Montréal, hein, pour faire une opération. À l'époque, on pensait qu'on aurait
4 000 personnes. Et puis, finalement, on a décidé de revenir dans la
méthode un peu plus traditionnelle en
allant directement dans les centres où ils sont, là, pour leur remettre le
premier chèque. Ensuite, en général, ils ont une adresse, c'est plus
facile de leur livrer l'autre chèque. Bon.
Ce qu'on ne
sait pas en ce moment, c'est les nombres, hein? En 2017, pour
l'année 2017-2018, si je ne me trompe pas, puis j'y vais de mémoire encore, mais c'est 14... Donc, le coût, je
pense qu'il y a ça dans votre question, le coût pour les demandeurs d'asile en 2017-2018, notre
évaluation, c'est 80 millions, 79,9 %, et on a desservi une clientèle
autour de 14 000 demandeurs d'asile adultes, si je me souviens
bien. C'est beaucoup plus que par le passé. À chaque année, il y a des demandeurs d'asile au Québec, hein?
L'année précédente, il y en avait 2 500. Il y en a déjà eu 5 000. Il
y a déjà eu plus que 14 000. Il y a déjà eu 18 000, je pense,
à l'époque de la catastrophe naturelle en Haïti.
Donc là, bon, notre approche est un peu plus
développée, donc on attend de voir la réponse du gouvernement fédéral, bien sûr, aux demandes qu'on a faites.
Les demandes sont doubles, je vous le rappelle. On veut être remboursés pour les coûts de l'accueil, parce que
c'est des coûts, là, qui sont très importants, mais on veut aussi que le
fédéral, le gouvernement fédéral change son
approche, parce qu'on ne peut pas en prendre plus qu'un certain nombre, et on a
identifié un peu notre capacité
d'accueil, comme gouvernement, là, capacité
d'accueil physique, et bien sûr on n'ira pas au-delà de ça.
La Présidente (Mme Richard) :
M. le député.
M. LeBel : Vous me dites, à l'aide
sociale, pour les demandeurs d'asile l'an passé, 80 millions.
M. Blais : Oui.
M.
LeBel : O.K. 80 millions, ça fait partie de l'enveloppe que vous
négociez avec le fédéral pour être remboursé? Est-ce que vous voulez
être remboursé pour 80 millions?
M. Blais : Je n'ai pas le détail de
comment ça a été décomposé pour... On sait que le montant global, il est de 146 millions. Est-ce que c'est
80 millions? Est-ce que le montant est différent? Je n'ai pas le détail,
là. La composante aide sociale dans 146 millions, peut-être
quelqu'un qui peut nous le dire derrière, mais ça, je n'ai pas ce détail-là.
Il faut
savoir qu'il faut être... Il faut avoir de bonnes règles, là, c'est-à-dire le
fédéral... Dans les ententes que l'on a eues avec le fédéral pour obtenir une partie des responsabilités, hein,
de l'accueil des immigrants, bon, de leur intégration, on a reçu des sommes. On
a toujours reçu des sommes, qui ne sont pas négligeables, notamment pour les
demandeurs d'asile, si je ne me
trompe pas, là, aussi pour les demandeurs d'asile. Mais donc, là, on est rendu
à un niveau, là, qui est bien au-delà
de tout ce qu'on avait pu anticiper. C'est pour ça qu'on est en représentation
et il faut que le fédéral, là-dessus, réponde adéquatement.
M. LeBel : Mais je n'ai pas rêvé
quand on voyait à la télé les gens en filée, aller chercher... dans le Stade
olympique, il y avait plein de monde qui allaient, puis c'était pour l'aide
sociale. Est-ce que ces méthodes-là vont... Est-ce que ça va être encore ça
cette année, ou vous avez trouvé une méthode plus humaine? Puis je ne remets
pas en question, je suis d'accord avec vous
par rapport aux fonctionnaires, là, j'ai l'impression que, l'année passée, ils
devaient être un peu aussi pris de
court. Ils ont fait ce qu'ils ont pu puis... Mais je pense qu'on va profiter de
cette expérience-là pour améliorer la méthode.
M.
Blais : Tout indique qu'on a... Bon, on a défini notre capacité
d'accueil, on va en recevoir moins. Donc, on verra ensuite par quel processus
on va livrer les premiers chèques, s'il y a des vagues importantes, par exemple
l'été, là, c'est... On a eu des vagues, les plus importantes étaient
pendant l'été. Ça va peut-être vous surprendre, mais, dans les discussions
qu'on a eues avec les organismes d'accueil pour les demandeurs d'asile, on nous
a demandé de ne pas nécessairement les
assigner à un endroit, le centre des congrès par exemple, dire : Ils
devraient aller là, parce qu'on trouvait que ça pourrait être
stigmatisant. C'est un enjeu de perception, bien entendu, là. Mais évidemment
personne n'a intérêt à ce qu'il y ait des files d'attente avec des adultes et
des enfants, dans certains cas, là, dans les centres locaux d'emploi. Donc, on a développé... il y a un centre
local d'emploi qui a développé une expertise dans le traitement puis le service direct aux demandeurs d'asile, à Montréal,
qui est situé, si je me souviens bien, sur la rue Saint-Antoine, donc c'est vraiment eux, là, qui ont développé cette
expertise-là. On verra ensuite comment la livraison des premiers chèques,
si on a à revivre quelque chose comme l'an passé, là... comment on va le faire
exactement.
M.
LeBel : Une question... Quand les personnes arrivent, puis, bon, vous
faites l'analyse, et tout ça, puis là ils ont l'aide sociale, c'est quoi, le suivi que le ministère fait avec ces
personnes-là, avec ces demandeurs d'asile là? L'aide sociale, vous allez
repayer à chaque mois? Comment est-ce que...
M.
Blais : Dans le fond, bon, il y a un suivi administratif. Il faut
connaître une adresse, à un moment donné, où est-ce qu'on peut leur
faire un versement. La priorité, pour nous, vous le savez, puis, je pense, pour
vous aussi, c'est qu'ils
aient un permis d'emploi. Donc, ça prend un certain temps. On sait que ça prend
un certain temps. Dès qu'ils ont un permis d'emploi, ils sont accueillis pas
les centres locaux d'emploi et ils ont accès, disons, aux services universels,
là, des centres locaux d'emploi, là. Donc,
c'est comment chercher un emploi sur les bases de données, là, donc ils ont
accès à un certain nombre de services de base, là, pour les aider à se trouver
un emploi pendant la période où, bien sûr, ils vont être... leur dossier
va être soumis à examen.
M.
LeBel : Bien, merci. Sur un autre sujet, j'ai regardé l'évolution
d'effectifs réguliers, là, du ministère, puis j'ai regardé au niveau de l'unité centrale, puis j'ai
essayé de comparer avec l'an passé, et ce que je vois, dans les documents,
là, dans les réponses qu'on m'a données, c'est que, par rapport aux unités
relevant du sous-ministre, on est passé de 180 emplois,
l'an passé, à 33 cette année. Il y a une marge, là, je me demande qu'est-ce qui
s'est passé. Et, dans le secteur Services...
Parce qu'en gros, il y a eu... C'est vous autres, vous réglez ça vous autres
mêmes maintenant, là. Puis, dans le secteur
Services à la gestion et des ressources informationnelles, on est passé de 450
à 673. J'aimerais ça un peu savoir, comprendre qu'est-ce qui s'est
passé. Votre sous-ministre est plus... besoin de moins de monde ou bien...
• (17 h 40) •
M. Blais :
Oui. C'est une personnalité vindicative, il faut le dire, là.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Blais : Mais donc il y a eu un transfert de ressources, donc des
ressources humaines, vers le secteur... Donc, c'est un transfert un peu latéral des ressources humaines vers la
gestion, là. Donc, est-ce que c'est un vase parfaitement communicant et clos? Je ne sais pas. Oui? Ah! oui,
donc, c'est un transfert direct d'un service à un autre service au sein
du ministère.
M. LeBel :
...informationnelles, c'est surtout, là, lui qui a pris le plus de ressources?
M. Blais :
Informationnelles?
M. LeBel :
Parce qu'on me dit : Secteur des services de la gestion et des ressources
informationnelles.
M. Blais :
...le secteur administratif, ça, du ministère, là, qui s'occupe de la gestion,
de la comptabilité et des ressources financières du ministère.
M.
LeBel : Vous savez aussi comment je suis toujours très inquiet de ce
qui se passe avec le comité d'étude sur la pauvreté, ce comité-là, que j'aime lire de temps en temps, puis
j'aime vous en parler... je parle lire de leurs rapports, ce comité-là,
il relève de l'unité qui relève du sous-ministre, il fait partie... Ça fait
que, si on a coupé, on est passés de 180 à
33, est-ce qu'il y a des ressources qui sont restées dans ce comité-là pour
aider le comité? Est-ce qu'il y a eu des coupures dans...
M. Blais :
À ma connaissance, il n'y a pas eu de changement de budget, là, pour le CEPE.
M. LeBel :
O.K. C'est bon.
M. Blais :
On me dit : Effectivement, il n'y a pas de changement budgétaire.
M.
LeBel : Peut-être juste avant de terminer, le... Tantôt, juste pour
être sûr, je vous ai demandé des choses, là, mais il y avait le comité
consultatif aux aînés, vous allez me le donner, les primodemandeurs, alors les
mois... faire le comparable. Puis vous m'avez nommé le nombre de
personnes aussi qui ont entrepris de la formation par rapport au trou noir.
Vous l'avez nommé, mais, si j'avais un tableau, ça ferait mon affaire.
M.
Blais : Je vais vous donner là-dessus, pour les... donc, les
primodemandeurs, l'évolution des primodemandeurs des dernières années, ça, je pense que ça va être assez facile. Et puis,
le trou noir, donc là, les personnes qui sont déjà, là, en formation,
là, ou qui sont déjà inscrites à une formation, je pense que c'est des choses
qu'on a entre les mains.
M. LeBel :
Il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme
Richard) : ...si vous le permettez, c'était la liste des
membres du comité de la table de partenaires...
M. Blais :
Ah oui! Bien sûr. Oui, ça, c'est...
La Présidente (Mme
Richard) : Ça, vous vous êtes engagé envers la commission, là.
M. Blais :
C'est très public. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Richard) : Il vous reste deux minutes, presque
trois minutes. Deux minutes 50 quelques secondes.
M.
LeBel : Bien, regarde, je vais juste en profiter pour revenir un peu
sur le programme Objectif emploi. Bon, ça
fait un mois qu'il est là. Je vois que... j'ai hâte de voir c'est quoi, la...
Le fait que, depuis un mois, on a le programme Objectif emploi, est-ce
que ça a eu un effet sur le fait qu'on a 1 300 personnes qui se sont
inscrites à l'aide sociale ce mois-ci? J'ai hâte de voir ça pour l'analyser.
Moi,
sur le programme Objectif emploi, je suis un peu... moi aussi, quand on parle de
sanctions qui pourraient amener des
gens à vivre avec 400 $ par mois, je... Vous connaissez, bon, notre
discours. Tu sais, on a plaidé pour essayer d'abolir les sanctions. Je ne pense pas que c'est une façon d'amener les
gens au travail, c'est de dire... bien, avoir le bâton, de dire : Si tu n'embarques pas, on va te
couper ton aide sociale. Je pense qu'il y avait d'autres façons de faire pour
intégrer les gens à l'emploi. Je pense qu'il y a d'autres façons de
faire.
J'espère
aussi... Puis j'ai hâte de voir, là, avec le mois qui est fait, on va voir
aussi à l'usage. Le ministre me disait : Bon, tu sais, on va comprendre les situations, avec des rencontres, on
va se coller aux situations des personnes, on va aller chercher les ressources qu'il y a dans la communauté
pour aider les personnes, pour être sûrs qu'on n'échappe personne. J'espère que ça va être comme ça que ça va
fonctionner. Parce qu'il y a des ressources dans le milieu. Ces ressources-là,
il faut bien les financer, mais il y a des ressources qui peuvent aider les
gens à intégrer le marché du travail.
Je me demandais, la...
Juste pour rappeler, là, depuis avril, le programme Objectif emploi est là.
Vous pensez l'évaluer... Est-ce que vous
avec une façon de voir à l'évaluer aux deux mois, aux trois mois? Est-ce qu'il
y a des choses que vous allez...
Parce que, si on échappe... si, dans le processus, vous voyez qu'on échappe des
personnes, vous allez réagir, j'ai bien l'impression. Mais est-ce qu'il
y a une méthode d'évaluation du programme?
La Présidente (Mme
Richard) : M. le ministre.
M.
Blais : Bien, tout d'abord, si on a fait Objectif emploi, c'est que,
dans le processus actuel ou auparavant, on croit... on croyait puis on croit toujours qu'on échappait des
personnes. On échappait des personnes dans le fait de ne rien, rien faire et d'avoir un si bas taux de
participation. Donc, on échappait déjà des personnes, donc c'est de ça dont on
va parler.
Une anecdote, s'il vous plaît... si vous voulez, en terminant. Vous savez, quand j'ai l'occasion, je vais dans les
CLE. Je leur parle, bien sûr,
d'Objectif emploi. Et j'étais à Québec récemment, et on m'a raconté une anecdote qui va
vous rassurer. Donc, un jeune qui sortait
des centres jeunesse, qui était accompagné par un psychoéducateur possiblement,
bon, pour s'inscrire à l'aide
sociale, et le jeune n'était pas tellement
mobilisé, disons-le comme ça, et le psychoéducateur avait beaucoup d'appréhensions par rapport à Objectif emploi,
peut-être avait-il entendu de fausses appréhensions, ils
sont sortis, là, le psychoéducateur certainement, et le jeune aussi, fortement rassurés, hein, par, bien sûr,
la proposition qu'on leur a faite. Donc, je pense qu'on
est au bon endroit, là, compte tenu du plein-emploi actuel.
La Présidente (Mme Richard) : Merci, M. le ministre. Je ne voulais pas vous interrompre, donc on l'a
amputé sur votre propre temps. C'est maintenant
au tour de votre... au gouvernement. M. le député de Laval-des-Rapides,
vous avez la parole.
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Notre collègue de Rimouski a
abordé, justement, les questions d'aide
financière de dernier recours, notamment au niveau des jeunes. Ceci dit, il y a
différentes formes d'aide financière de dernier recours, qui est
essentiellement la base du filet social, et, depuis le
1er janvier 2007, la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles prévoit que les prestataires sont éligibles à
deux programmes : le Programme d'aide sociale et le Programme de solidarité sociale. Les personnes
seules prestataires du Programme d'aide sociale reçoivent une prestation
de base de 648 $ et peuvent aussi se
qualifier pour une allocation de contrainte temporaire de 134 $ par mois,
et, dans le cadre du Programme de solidarité sociale, on parle d'une
prestation plus généreuse, qui s'élève à 1 035 $ par mois. Évidemment, on a seulement accès à ce dernier
programme lorsqu'un rapport médical établit que l'état physique ou mental
de la personne est déficient ou altéré pour une période permanente ou
indéfinie.
Différents
économistes, M. le ministre, remarquent une évolution assez positive du marché
de l'emploi, là, depuis 2014. Cela a des
effets sur le nombre de personnes présentes à l'aide sociale. On observe une
tendance depuis la dernière élection, notamment, et, plus
spécifiquement, il y a eu des variations importantes, là, depuis
septembre 2010 jusqu'à
janvier 2018, sur le nombre de ménages, si on peut dire, bénéficiant des
programmes d'assistance sociale, une variation négative, là, sur un
nombre de mois consécutifs.
J'aimerais vous
entendre, justement, sur les différents crédits d'impôt, différentes
bonifications, différents programmes
destinés aux personnes vulnérables qui sont apparus au cours des dernières
années. Comment la couverture de base
et le revenu disponible des personnes à l'aide sociale ont évolué? Puis
également, au niveau des jeunes, il y a parfois des jeunes avec un beau potentiel, comme vous l'avez mentionné, qui sont
présents à l'aide sociale et qui, pour différentes raisons, n'en sortent
pas. Quel est le portrait de ces jeunes et d'autres groupes qui sont peut-être
présents à l'AFDR?
La Présidente (Mme
Richard) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Alors, merci beaucoup pour la question. Donc, il y a trois...
Je pense qu'il y a trois grands éléments qui ont un impact, là, sur la sortie de l'aide sociale. Le premier
élément, c'est l'emploi, mais la diminution du chômage. Donc, on voit très bien, il y a presque une
continuité, là, similarité entre la courbe du chômage et la courbe de la
diminution des personnes à l'aide sociale.
L'autre facteur qu'il ne
faut pas négliger, vous avez fait mention, c'est des politiques publiques.
Est-ce qu'on a des politiques publiques,
notamment en termes de transferts aux individus, qui favorisent la sortie de
l'aide sociale. Moi, je vais vous
donner un exemple qui est la réussite, une des grandes réussites du Québec, en
termes de politiques publiques, c'est
le fait qu'il y a un certain nombre d'années nous avons décidé de sortir de
l'aide sociale les allocations familiales et que les allocations familiales allaient être versées, les mêmes
montants allaient être versés que vous soyez à l'emploi ou que vous ne
soyez pas à l'emploi. Le message qu'on a envoyé aux gens, c'est que vous n'avez
pas de bénéfice supplémentaire à être à
l'aide sociale, parce que vous allez garder tous ces bénéfices-là, alors, si
vous allez prendre l'emploi. L'assurance
médicaments, c'était, entre autres, pour lisser aussi ce problème. On
disait : Bon, les personnes à l'aide sociale ont droit à l'assurance médicaments, mais les
travailleurs à faibles revenus n'y ont pas droit. Donc, l'assurance médicaments
a été créée pour ça et ça a favorisé, ça a accéléré la sortie de l'aide
sociale.
Et finalement, bien, il y a le travail que les
intervenants sociaux font dans les CLE depuis des années, des rencontres, des programmes pour favoriser des
stages, pour favoriser une remise en question de leur parcours, l'évaluation,
et Objectif emploi, bien sûr, se trouve, hein, dans cette catégorie-là.
• (17 h 50) •
Si on met les trois éléments ensemble, on peut
comprendre assez bien pourquoi il y a eu une diminution aussi importante. Et, quand je parle de diminution importante, depuis que nous sommes au
pouvoir, c'est, de mémoire, 46 000 personnes
qui ont quitté l'aide sociale, 14 000 enfants. Donc, c'est
considérable, c'est du jamais-vu. Est-ce que ça peut continuer à ce rythme-là? Je crois qu'on peut faire encore des
progrès, je pense qu'Objectif emploi va nous aider à continuer à faire des progrès non pas uniquement en
termes de sortie de l'aide sociale, mais aussi en termes de développement humain, développement du capital
humain. Et moi, je pense que le chômage va continuer à diminuer encore
dans les prochaines années, surtout dans certaines régions où il reste encore
assez élevé.
Donc, c'est sûr que, dans un contexte de
plein-emploi, comme on retrouve dans plusieurs régions, on a des conditions parfaites pour favoriser la prise
d'emploi. Je l'ai souvent dit, là, à mon collègue de Rimouski, s'il y avait
25 % de chômage au Québec, ce
serait difficile de justifier de la même façon Objectif emploi, c'est parce
qu'on a 5,9 % que c'est plus facile de dire : Oui,
effectivement, il y a des emplois à prendre, et puis on peut aider nos jeunes à
être les premiers demandeurs à les prendre.
La
Présidente (Mme Richard) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je reconnais maintenant M. le
député de Jean-Lesage.
M. Drolet : Écoutez, je vais aborder rapidement, pour le temps
qu'il peut rester, Mme la Présidente, le ministre sur, naturellement, le Régime québécois d'assurance
parentale. C'est depuis 2006, ce régime soutient chaque année environ 128 000 parents
et octroie près de 2 milliards de dollars en prestations de remplacement
du revenu pour ces travailleurs dans
les premières années suivant l'arrivée de l'enfant. Le régime comprend des
prestations de maternité et de paternité, des prestations parentales et
d'adoption.
Le projet de loi n° 174, loi visant
principalement à assouplir le régime d'assurance parentale afin de favoriser une meilleure conciliation travail-famille, a été
déposé à l'Assemblée nationale le 22 mars dernier. Son objectif premier
est de bonifier le RQAP pour répondre à l'évolution de la réalité familiale des
Québécois et des Québécoises et améliorer leur qualité de vie à une
étape importante : l'arrivée d'un enfant.
Force est de
constater que la cellule familiale a beaucoup évolué avec le temps, les femmes
étant plus présentes sur le marché du
travail qu'avant, les hommes, quant à eux, s'inscrivent moins dans le rôle
traditionnel du pourvoyeur. On observe
aujourd'hui un partage de plus en plus équitable des responsabilités
parentales, et le gouvernement se devait d'adopter le RQRP pour qu'il réponde à
ces nouveaux besoins. Cet objectif sera atteint grâce à diverses mesures, entre
autres la possibilité de constituer une banque maximale de 10 jours de
congé avec leurs prestations non utilisées, banque qui ne pourra être utilisée dans les trois années
suivant la naissance; la prolongation d'un à deux ans, avec l'accord de l'employeur, de la période d'utilisation des
prestations; l'augmentation du nombre total de semaines de prestations de
37 à 42 semaines; l'augmentation de 18
à 25 semaines de la période durant laquelle les prestations de maternité
peuvent être prises après la naissance.
Alors, M. le
ministre, cette loi étant nécessaire pour adopter le RQAP à la réalité
actuelle, par contre nous comprenons
que cela puisse susciter des inquiétudes chez les employeurs qui verront leur
main-d'oeuvre s'absenter plus longtemps
à l'arrivée d'un enfant. Pourriez-vous nous indiquer comment les modifications
du RQAP prennent en considération les besoins des employeurs en matière
de main-d'oeuvre?
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, M. le député de Jean-Lesage. M. le ministre.
M.
Blais : Merci beaucoup. Puis c'est vrai qu'effectivement il y a eu des
inquiétudes de la part des employeurs, ça
vaut la peine peut-être d'essayer de corriger le tir, là. D'abord, le premier
ministre a mis sur pied un comité interministériel pour évaluer nos politiques en matière de soutien
aux familles, pour voir qu'est-ce qu'on pouvait faire de plus, de mieux.
On est au XXIe siècle quand même, et
les familles sont en demande. Donc, vous savez, il y a un projet de loi sur les
normes minimales de travail qui a été déposé, qui tient compte de la
conciliation travail-famille. Et j'ai moi-même déposé un projet de loi pour réformer, améliorer, bonifier
le Régime québécois d'assurance parentale, qui, aujourd'hui, est déjà un des
plus... est le plus généreux, là, du Canada.
Donc là, il y avait toute une question
d'approche, hein? Bon, qu'est-ce qu'on veut? Est-ce qu'on veut que les femmes québécoises fassent plus d'enfants, hein?
Donc, c'est la position de la CAQ, moins d'immigrants, faisons plus d'enfants. Alors, nous, on n'a pas mis le fardeau
sur les femmes, dire : Faisons plus d'enfants, mais on s'est dit :
Comment on peut
améliorer la qualité de vie des parents auprès de leurs enfants? Donc, les
améliorations que l'on fait sont des améliorations qui nous étaient demandées depuis
longtemps. Le régime est en bonne santé financière, je tiens à vous le dire,
est en bonne santé financière, tellement en bonne santé financière que, je l'ai
déjà dit, si on peut diminuer, là, le coût des cotisations dans les
prochaines années, on va le faire.
Donc,
essentiellement, on a bonifié les semaines où les personnes peuvent prendre le
congé. En ce moment, ça doit se faire
à l'intérieur d'un an, là on va jusqu'à deux ans, mais à la condition, il faut
le spécifier, que l'employeur soit d'accord.
Si ça ne fait pas l'affaire de l'employeur, puis on peut comprendre que, dans certains cas, ça ne fait pas
l'affaire, à ce moment-là c'est impossible. Et, dans les grosses mesures,
on permet aussi aux parents qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas prendre l'entièreté des semaines qui
leur sont dues de se constituer une banque de congés, de 10 jours de
congé, pour s'occuper des enfants, parce
que, vous savez, dans les premières
années, les enfants sont ou malades ou ont un rendez-vous chez le médecin. Et ça, c'est vraiment
une innovation sociale extrêmement importante, parce que beaucoup
de gens n'ont absolument
rien financièrement quand ils doivent prendre congé pour leurs enfants. Et on
sait qu'ils vont prendre congé pour
leurs enfants, c'est inévitable, garderie ou pas, ils vont devoir
prendre congé pour leurs enfants, et, à ce
moment-là, bien sûr, ils pourront obtenir une prestation.
Je vous
dirais que cette proposition-là,
c'est celle qui a moins faire réagir le milieu patronal, parce qu'ils savent
très bien que, quand l'enfant est malade, les parents n'iront pas travailler.
Donc, c'est la première, je pense, qui a fait réagir davantage. C'est quand on a
expliqué que quand même il y
aurait un droit de refus, donc, à la
limite, un droit de veto, là, à l'entreprise, je
pense que les gens ont vu que c'était
raisonnable, dans les circonstances. Ça amène un coût pour le régime parce
qu'en mettant plus de flexibilité pour le régime, bien, les parents vont prendre plus de jours, plus de
semaines de congé, mais on a, en ce moment, les moyens.
Il faut
comprendre que le Québec est dans un cercle vertueux : les salaires
augmentent plus vite qu'au Canada, il y a plus de gens qui travaillent, il y
a plus de gens qui travaillent à temps plein qu'avant, donc les gens cotisent davantage,
le fonds est en très bonne santé, on a la disponibilité financière pour
améliorer le fonds de cette façon-là, sans, disons,
je pense, pénaliser trop les employeurs. On comprend que,
pour eux, là, c'est nouveau, ça demande à être géré. Mais je
pense qu'on a bien expliqué le
projet, puis, grosso modo, les employeurs du Québec, à majorité,
sont rendus là.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Peut-être une minute?
M. Drolet : Oui. Merci
beaucoup pour cette réponse, ma chère...
M.
Blais : Mme la Présidente, pour conclure, moi, je vais d'abord remercier les collègues, hein, pour la
qualité des échanges... permis aussi,
dans certains cas, de se démarquer politiquement. On est à la veille, là, d'une élection, donc
ça vaut la peine de se démarquer puis que la population comprenne exactement
un certain nombre d'enjeux.
Je remercie grandement tous les gens qui sont
derrière moi. Il y a une superbe équipe. J'ai eu la chance ces dernières années de travailler avec cette
équipe-là extrêmement professionnelle. Puis je les remercie pour avoir préparé
ce budget. Je les remercie pour avoir
préparé beaucoup de projets d'initiative sociale sur lesquels on a travaillé
ces dernières années. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Richard) :
Merci, M. le ministre.
Adoption des crédits
Donc, le
temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi
et Solidarité sociale est presque écoulé maintenant. Donc, on va
procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Mesures d'aide à
l'emploi, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. LeBel : Sur division.
La Présidente (Mme Richard) :
Adopté sur division.
Le programme 2, intitulé Mesures d'aide
financière, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. LeBel : Sur division.
La Présidente (Mme Richard) :
Adopté sur division.
Merci, M. le ministre, également aux personnes qui vous accompagnent, chers collègues
aussi, pour les échanges. Et je remercie également le secrétariat de la commission.
Et celle-ci
ajourne ses travaux au mardi 1er mai 2018, à 10 heures, où elle
procédera à l'étude des crédits
budgétaires 2018-2019 du portefeuille en Tourisme. Merci beaucoup, tout le
monde. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 59)