(Quinze
heures trente-cinq minutes)
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Économie
La commission est
réunie afin de terminer l'étude du volet Économie des crédits budgétaires du
portefeuille Économie, Science et Innovation pour l'exercice financier 2016-2017.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Girard (Trois-Rivières) remplace M. St-Denis
(Argenteuil).
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Alors, lors de l'ajournement de nos travaux, le 14 avril
dernier, le groupe parlementaire formant le gouvernement avait débuté un
bloc d'échange de 20 minutes. Il reste donc 10 minutes à ce bloc.
Avant
de céder la parole à un représentant du parti ministériel, j'aimerais vous
demander un consentement pour prolonger
nos travaux jusqu'à 18 h 30, puisque nous avons
30 minutes de retard. Consentement? Consentement, Mme la ministre? Ça va? Alors donc, je cède la parole... Évidemment,
s'il y a des gens qui doivent partir à 18 heures,
bien, vous le ferez, mais on a quand même,
là, du travail à faire, puis il y a un consentement que j'ai reçu, donc nous allons
poursuivre jusqu'à 18 h 30.
Qui
du parti ministériel prend la parole, s'il vous plaît? Il reste
10 minutes. Oui, Mme la députée de Fabre, je
crois.
Discussion générale
(suite)
Mme Sauvé :
Merci, M. le Président. Alors, la dernière fois, la semaine dernière,
j'ai utilisé le temps qui m'était alloué
pour parler... commencer à parler de l'économie sociale, mais c'est à ce point un secteur important
que je pense que ça mérite une deuxième intervention, alors je
vais poursuivre en vous parlant, cette fois-ci, de l'économie
sociale un peu dans son histoire et aussi les différents types d'organismes
qu'on y retrouve.
Il faut partir de
1900... Tout le monde connaît bien l'histoire d'Alphonse Desjardins. Tout le
monde connaît peut-être un peu moins bien aussi l'histoire du YMCA, en
1905, qui était un OBNL, et qui ont été les premiers au Québec à
offrir aux ouvriers une formation après les heures de travail. Il y a
bien des exemples qu'on pourrait donner, mais tous ces exemples sont les premières étapes qui ont
mené à l'inscription du domaine de l'économie sociale. Ce sont des initiatives
communautaires qui s'inscrivaient, évidemment, en lien avec les réalités vécues
par les citoyens et auront permis l'émergence
de nouvelles pratiques au Québec. Évidemment, je ne pourrai pas être exhaustive à nommer tous
les secteurs qu'occupent les entreprises d'économie sociale, mais je
vais en nommer suffisamment pour témoigner un peu de la vitalité du secteur. Alors, il
faut parler, bien sûr,
des maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence, les centres de femmes, les organismes aussi qui viennent
en aide, en soutien aux personnes aînées; l'habitation, évidemment.
Il
faut nommer les coopératives
agricoles, forestières, les OBNL également dans le domaine culturel, loisirs et tourisme.
Bref, une vitalité de secteurs qui fait partie du rayonnement qu'elles ont.
Quant
à l'histoire du Chantier de l'économie sociale, qui a vu le jour en avril 1999, je pense
que c'est important de le nommer comme pilier de ce grand secteur et
porteur de la vision de l'économie sociale. Alors, précédant la création du Chantier de l'économie sociale, il y a
eu tout un groupe de travail sur
l'économie, M. le Président, qui s'était mis en place, en mars 1996, et qui a travaillé en préparation au Sommet de
l'économie et de l'emploi. Les travaux ont été à ce point éloquents que, finalement, il fallait
constituer une structure socioéconomique, qui est devenue le Chantier de
l'économie sociale au Québec. Alors,
un petit survol juste pour ramener un peu, là, la vitalité du secteur et
l'historique lié au chantier.
Je
veux également souligner, parce que c'est important, c'est un événement qui
fera partie de notre agenda du début
de l'automne... je veux absolument nommer un événement qui s'en vient, qui est
le Forum mondial de l'économie sociale
et solidaire, qui aura lieu, donc, à Montréal, donc c'est exceptionnel, ça se
passera du 7 au 9 septembre prochain. Et c'est une association internationale qui existe depuis 2013, qui
réunit les gouvernements locaux, les acteurs de la société civile voués à l'essor de l'économie sociale et
solidaire. Donc, il y a à peu près 2 000 participants qui sont
attendus. Et, bien sûr, les
coorganisateurs du forum sont la ville de Montréal et le Chantier de l'économie
sociale. Ça se passera au Palais des
congrès, donc un événement qui devrait permettre la collaboration entre les
gouvernements locaux et les acteurs de l'économie sociale pour le
développement, entre autres, des villes.
• (15 h 40) •
Donc,
un portrait, un événement. J'arrive tranquillement vers l'annonce qui a eu
lieu, donc, très récemment, qui avait
lieu en mars dernier, le 4 mars, où la ministre a annoncé un premier appel
de projets sur le Programme d'immobilisation d'entrepreneuriat collectif, un autre acronyme, le PIEC, avec une
confirmation de 20 millions de
dollars sur un horizon de cinq ans.
Alors, je veux vous parler de cette annonce-là, qui s'inscrit, encore une fois, dans le premier objectif du plan d'action gouvernemental, qui
est de soutenir les organismes d'économie sociale.
Évidemment,
il y a eu une réaction favorable à cette annonce, un premier 2 millions pour la première année, et entre
autres M. Aussant, directeur du
Chantier de l'économie sociale, a dit quelque
chose, un extrait que je veux
mentionner, qui est fort intéressant, il a dit ceci : «...l'expansion
du secteur de l'économie sociale [est] soutenue par de nombreux entrepreneurs qui ont intégré la notion d'impact
social dans leurs projets et investissements.» Alors, il voulait témoigner de l'évolution
ou de la présence, de la conscientisation des entreprises de plus en plus
grande au niveau de l'impact à s'engager
socialement. Je pense très sincèrement et personnellement que le Chantier de l'économie sociale a joué un
rôle, ainsi que les actions gouvernementales, mais je trouvais
intéressant que le directeur du chantier le souligne.
Alors, le
fameux PIEC, ce programme qui a permis un premier appel de projets, c'est vraiment un élément-phare du plan d'action. Comme je l'ai nommé, il souhaite
favoriser le développement des entreprises d'économie sociale, stimuler
la vitalité des territoires, accroître la qualité de leur environnement. Alors,
évidemment, ça s'adresse aux entreprises d'économie
sociale. L'appel des projets s'est clos le 31 mars dernier. Et, si j'y
vais sur une ligne un peu opérationnelle, si vous me le permettez, M. le Président, l'admissibilité de ces
projets-là, il fallait que ça fasse partie d'un plan d'expansion, développement d'offre de services, maintien des
activités, et, de plus, l'entreprise d'économie sociale qui soumettait un
projet devait regarder à son développement
entrepreneurial et l'accomplissement de sa mission collective. Trois volets
ont été retenus pour le déploiement de ces
projets : rénovation — donc, évidemment, amélioration, réfection, restauration — construction, construction et recyclage
évidemment, et acquisition de bâtiments nouveaux pour assurer, donc, la
desserte des biens et des services.
Alors, au
moment où on se parle, les projets ont été déposés, il y a une analyse qui va
se faire. Qui va faire cette analyse-là?
Alors, ce sont les directions régionales du ministère de l'Économie qui vont
travailler à l'analyse, et la sélection finale des projets va être faite par le comité national de sélection,
donc des représentants du ministère, d'Investissement Québec, en lien avec les priorités gouvernementales.
Alors, je le mentionnais tantôt, premier appel de projets, 2 millions.
20 millions, donc... Alors donc, ça se déclinera jusqu'en 2019.
La question à
la ministre, c'est... Je voulais vous entendre, Mme la ministre, sur votre
vision de collaboration avec le Chantier de l'économie sociale afin
d'effectivement stimuler, consolider un peu le secteur.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, merci. Merci à ma collègue de Fabre de la question.
Il est évident que la collaboration avec
le Chantier de l'économie sociale est importante et même prioritaire, surtout
dans la perspective où on se dit qu'au point
de vue gouvernemental on a décidé d'investir de manière importante dans
l'économie sociale. Et peut-être revenir en arrière pour dire les raisons qui ont poussé le gouvernement à
investir dans l'économie sociale. Je le disais préalablement, il n'y a pas de développement économique sans développement
social. Il est donc impératif de trouver les moyens, de trouver des
pistes de solution entre le développement économique et le développement
social.
Vous savez,
un des grands enjeux que l'on a, et ça, ce n'est pas un enjeu qui est
québécois, c'est un enjeu qui est mondial, c'est évidemment la
croissance des inégalités qui existent. Or, dans une société comme la nôtre, où
on a pu constater que l'écart entre les
riches et les pauvres à travers le Canada est le plus faible au Québec, ça
vient notamment du fait qu'on a pu,
au fil des années, vraiment concilier ces deux volets de développement
économique et de développement social.
Lorsqu'on
parle du Chantier de l'économie sociale, il y a une expertise qui s'est
développée à travers les années, vous
avez énuméré plusieurs des actions qui ont été prises depuis les
20 dernières années dans ce domaine-là, au point tel où le forum auquel vous faisiez référence, qui va
avoir lieu en septembre, voit le jour au Québec parce que notre expertise
a été reconnue au niveau international. Et
même, quand les différentes personnes à l'extérieur du Canada se déplacent ici,
elles constatent les avancées qui ont été
faites. Alors, nous allons poursuivre dans le développement de l'économie
sociale mais avec des gestes tangibles dans les prochaines années.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Alors, pour
les 22 prochaines minutes, je cède la parole au député de Sanguinet,
porte-parole de l'opposition officielle en matière de commission... en matière
d'économie.
M.
Therrien : Merci,
M. le Président. Alors, je salue tout le monde, Mme la ministre et l'équipe, les gens de la partie
ministérielle, le député de Johnson. Alors, je vous salue tous.
Écoutez, par
rapport à Hydrocarbures Anticosti, depuis que ça a été créé, Ressources Québec
a changé trois fois la présidence. Je
voudrais savoir en gros, là, c'est quoi, les motifs qui ont fait en sorte qu'on
a changé trois fois la présidence d'Hydrocarbures Anticosti? Y a-tu une
raison particulière? Est-ce qu'on peut avoir de l'information là-dessus?
Le
Président (M. Cousineau) : Avant de répondre, un instant, ça me
prend un consentement pour permettre à M. Dumas
et M. Côté de pouvoir répondre. Est-ce que j'ai un consentement de la part
des parlementaires? Consentement. Alors, votre nom puis votre titre,
monsieur.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Oui, bonjour. Pierre Gabriel Côté,
président-directeur général d'Investissement Québec.
Moi, depuis que je suis là, il n'y a
pas eu vraiment de changement, mais il n'y a pas eu de raison spéciale qui m'a
été évoquée pourquoi il y a eu des changements dans le passé.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Est-ce qu'il y a d'autres ressources parmi vous
qui pourraient nous expliquer pourquoi il y a eu trois fois des
changements à la tête d'Hydrocarbures, qui seraient de Ressources Québec ou...
Je vous demande ça...
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Juste pour clarifier, juste pour clarifier la question,
quand on parle des changements, c'est des changements de quelle année à
quelle année?
M.
Therrien : Bien, depuis 2014, là, trois fois on a changé la présidence du conseil d'administration
d'Hydrocarbures Anticosti.
Mme Anglade :
Le président du conseil d'administration.
M.
Therrien :
Oui, c'est ça.
Mme Anglade :
Qu'il ait changé trois fois depuis 2014, voilà.
M.
Therrien : C'est ça. Y a-tu quelqu'un... Peut-être,
monsieur, vous ne le savez pas, mais y a-tu quelqu'un dans vos collègues qui pourrait nous expliquer, là?
Parce que ça suscite un certain questionnement de la part des intervenants.
Le Président (M.
Cousineau) : M. Côté.
M. Côté (Pierre
Gabriel) : Moi, depuis mon arrivée, il y a eu un changement,
effectivement, à cause de la maladie, on a
changé le président du conseil, et on a quelqu'un qui est en intérim
actuellement. Mais, avant ça, je dois dire que je ne suis pas au
courant.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Donc...
Mme Anglade :
Excusez-moi. Est-ce que vous voulez qu'on aille chercher plus d'informations?
On a dit un changement à cause de maladie au
cours de la dernière année, c'est pour ça qu'il y a un intérim présentement.
Est-ce que vous voulez qu'on aille
chercher des informations sur avant l'arrivée en poste de Pierre Gabriel Côté?
C'est ça, la question?
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet, est-ce que ça...
M.
Therrien : Bien,
disons que... Honnêtement, je suis un peu étonné du fait que je n'aie pas de
réponse à cette question-là. Parce que les bruits que j'entends sont à
l'effet que ça a ralenti un peu, là, le processus, là, qui serait... Là, il y
en a qui disent non, mais moi,
j'aimerais savoir pourquoi ça fait trois fois qu'on le change en dedans
de deux ans, là.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, juste
comprendre aussi la question. Est-ce
qu'il s'agit... Quand on dit «ralentir le processus», est-ce que vous
parlez d'Anticosti spécifiquement, des investissements?
M.
Therrien :
Oui.
Mme
Anglade : Parce que là-dessus je pense que je pourrais céder la parole
à M. Pierre Gabriel Côté, qui pourra répondre à la question qu'il n'y a pas vraiment eu de ralentissement lié à la présidence du conseil. Alors, je recède
la parole à Pierre Gabriel Côté.
Le Président (M.
Cousineau) : C'est moi qui transfère les paroles, Mme la
ministre.
Mme Anglade :
Ah! Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M.
Cousineau) : Il n'y a pas de dommage. M. Côté.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Oui.
Peut-être pour ajouter à la réponse de tout à l'heure : avant mon arrivée, il n'y a pas eu de
changement à la présidence du conseil d'administration de Ressources Québec. Il
y en a eu un récemment, comme je vous ai dit, pour cause de maladie.
Il n'y a pas eu de
ralentissement dans la gestion du projet Anticosti pour quelque raison que ce
soit. À ma connaissance, depuis mon arrivée, ça suit son cours. C'est un
partenariat qui fait l'objet d'une entente qui a été mise en place avant mon arrivée mais qui, depuis que je
suis là, se déroule bien. On est en gestion active au niveau des contrats, et ça se poursuit comme prévu.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
• (15 h 50) •
M.
Therrien : Bien, c'est parce qu'il y a une contradiction avec ce que j'ai entendu au préalable,
mais, bon, je ne peux pas inventer des réponses, là.
Par rapport à
la rentabilité économique du projet d'Anticosti, souvent le premier ministre...
Je ne sais pas si vous, Mme la
ministre, vous l'avez déjà mentionné, je ne voudrais pas vous mettre des mots
dans la bouche, peut-être que vous ne
l'avez pas mentionné, mais le premier ministre, il disait que ce ne serait pas
rentable économiquement, Anticosti. Et ici j'ai une étude
environnementale stratégique propre à Anticosti, Évaluation financière,
évaluation des retombées économiques et
scénarios possibles de développement de l'exploitation d'hydrocarbures, c'est fait par le ministère des Finances, et, à la page 25, je vais vous lire
le début, là, on parle de rentabilité financière, à la page 25, puis je vais vous lire juste
quelques lignes, là : «Sur la base des connaissances actuelles, les
résultats du modèle financier montrent que l'exploitation des hydrocarbures
de l'île d'Anticosti pourrait présenter un potentiel commercial.
«La
probabilité que le projet soit
rentable est estimée entre 80 % et 86 %, selon l'option de transport
de gaz naturel analysé.»
Alors...
Bien, je peux continuer : «Le taux de rendement interne moyen de
l'exploitation des hydrocarbures de l'île
d'Anticosti est estimé entre 11,5 % et 11,7 %, selon l'option de
transport analysée, ce qui est supérieur au taux de rendement nominal de
10 % généralement recherché par l'industrie.»
Ma question est la suivante : Qui a raison,
le premier ministre ou les fonctionnaires de Finances, Québec?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, il est
évident que, dans le cadre d'Anticosti, avec le cours des matières premières...
Vous savez comme moi que c'est ce qui
est venu faire en sorte que les gens pensent qu'il est de moins en moins
rentable d'aller avec Anticosti.
Mais, cela
dit, revenons à l'entente qui a été signée par la première ministre de l'époque, Mme Marois. Ce qu'on a dit, c'est qu'on allait poursuivre l'entente qui avait été établie avec
les différents partenaires. Pour 2016, ce qui est prévu, c'est qu'il
y ait trois fracturations qui nous
permettent d'aller réellement évaluer le plein potentiel, et suite à ça il y aura
des discussions, et on pourra mieux évaluer la situation.
La réalité,
c'est que tous les documents que l'on a sont des documents
qui sont prospectifs, dans la mesure où on ne peut pas confirmer de manière certaine les quantités qui sont dans
nos propres gisements, dans nos propres sols. C'est la raison pour laquelle nous devons procéder à un
certain nombre de fracturations, à partir du moment où nous aurons, évidemment, les autorisations du ministère de l'Environnement, et ça, ça va dépendre encore
du ministère de l'Environnement. Donc, je pense qu'en 10 ans... Qu'un projet
est moins rentable à cause de la chute du prix des matières premières, il me
semble que cette affirmation est totalement légitime dans le contexte qui nous
intéresse.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Bien, écoutez, c'est parce que j'ai lu ce document-là,
qui est très bien fait, très intéressant, et j'ai entendu le ministre des Ressources
naturelles et le premier ministre dire que ce n'était pas rentable. Moi, je veux
savoir sur quoi ils se basent, en sachant que le ministère a fait des
études. Je peux comprendre, là, ce que vous m'expliquez, mais ça ne répond pas à ma question.
Préalablement, je voudrais savoir sur quoi le ministre des Ressources
naturelles puis le premier ministre — puis vous êtes ministre de l'Économie, vous
devriez être capable de me répondre à ça — ils
se sont basés pour dire que ce n'était pas rentable, alors que j'ai un document
ici, très bien fignolé, qui me dit... Ça a été fait en octobre 2015, là, le baril n'était pas à
150 $, là, en octobre 2015. Alors, moi, je vous demande :
Qu'est-ce qui peut expliquer que le ministre
des Ressources naturelles et le premier ministre nous disent que ce n'est pas
rentable, alors que ce document-là
nous dit que c'est probablement rentable entre 80 % et 86 %? Je le
sais, que c'est des projections, on
s'entend très bien là-dessus, mais, je veux dire, c'est des fonctionnaires
quand même chevronnés qui ont fait une étude comme ça, qui est de grande qualité. Alors, moi, je veux savoir sur quoi
ils se sont basés pour dire que ce n'était pas rentable.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, je ne peux que répéter ce que j'ai dit au
préalable. Je comprends très bien qu'il y a des fonctionnaires qui sont
chevronnés qui se sont penchés là-dessus et qui ont fait une étude par rapport
à ça, mais, encore une fois, pourquoi
pensons-nous que nous devrions faire des fracturations hydrauliques aujourd'hui
pour poursuivre la connaissance que
l'on a du terrain, pour savoir si réellement... Il n'y a personne qui à
100 % peut garantir, aujourd'hui, ce
que l'on a aujourd'hui à Anticosti, personne. La réalité, c'est que nous devons
poursuivre un contrat et nous assurer qu'il
existe réellement des options, et c'est pour ça que nous allons faire respecter
le contrat, nous allons aller de l'avant, à partir du moment où nous aurons, encore une fois, les autorisations du
ministère de l'Environnement pour procéder. Je ne peux pas répondre plus que ça sur cette question
de rentabilité là, outre que le fait que, vous savez comme moi, les prix
des matières premières, qui varient, ont une influence
sur la rentabilité de tout projet, ce que l'on constate d'ailleurs à Anticosti mais également dans d'autres projets.
Donc, il est évident que ça a une influence sur la rentabilité du projet à
terme.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Alors, ce que je peux comprendre, c'est que, quand le premier ministre puis le
ministre des Ressources naturelles nous disent que ce n'est pas
rentable, ils se basent sur du vent ou à peu près rien. Et moi, j'ai davantage confiance aux gens qui vous
accompagnent, qui, parmi ceux-là, ont travaillé sur ce document-là, ce
dossier-là, pour nous dire qu'il y avait une rentabilité possible sur ce
projet-là.
Ceci étant
dit, on est d'accord pour dire que les mouvements des matières premières, c'est
cyclique, ils appellent ça des
supercycles, je conviens de ça, absolument, sauf qu'on ne va pas renoncer à vie
à des mines de quelque sorte, comme, entre autres, de fer, parce que tu
as des fluctuations.
Alors, moi,
écoutez, moi, là-dessus, je peux comprendre que vous n'avez aucune réponse à me
donner, c'est ce que je peux conclure. Je passerais à une autre
question.
Vous avez des
travaux prévus au contrat et vous avez des certificats d'autorisation. Moi,
j'aimerais savoir, là, la liste des travaux prévus et qu'est-ce qui peut
se faire avec ou sans les certificats d'autorisation qui sont en attente.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, lorsque l'on donne une réponse qui ne convient pas au
député de Sanguinet, il le confirme puis
il dit : On n'a aucune réponse. Ce n'est pas qu'on n'a aucune réponse, je
vous ai fourni une réponse, quand je vous ai répondu à la question d'Anticosti, pour vous dire que, peu importe la
manière dont vous regardez la situation, nous allons aller de l'avant avec l'entente qui a été signée
pour déterminer la qualité des gisements puis voir pour la suite des choses.
Une voix : ...
Mme Anglade : Maintenant, pour
effectuer... Vous allez pouvoir répondre à la...
Le
Président (M. Cousineau) : Vous avez un point de règlement,
monsieur... Un instant, Mme la ministre. Vous avez un point de
règlement, M. le député?
M.
Therrien :
C'est parce que je lui pose une question, elle me répond autre chose, donc,
pour moi, je n'ai pas de réponse, c'est tout. Elle me dit : Oui,
mais on va aller jusqu'au bout avec... Je comprends, mais ce n'est pas ça, ma
question. Ma question, c'est : Comment se fait-il que... Sur quoi se sont
basés le premier ministre et le ministre des Ressources
naturelles pour dire que ce n'était pas rentable? C'est ma question. Je n'ai
pas eu de réponse, vous me parlez du
contrat que vous allez respecter. Heureusement que vous allez le respecter, ça
me sécurise, là, mais moi, je n'ai pas de réponse.
Puis,
écoutez, c'est comme ça, j'en conclus ça, que je n'ai pas de réponse, là, je
veux dire, c'est tout. On peut parler de d'autre chose, là, ça ne me
dérange pas...
Le Président (M. Cousineau) :
Bon. Donc, sur l'autre question, Mme la ministre. Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, ce n'est pas une question de règlement, là,
je comprends que ce n'était pas une question de règlement. Vous avez
posé une question par rapport aux travaux qui doivent être effectués. Il y a
toute la planification qui se poursuit, mais, pour aller de l'avant avec les
trois puits de fracturation, il nous faut avoir une autorisation au niveau environnemental, on ne peut pas aller de l'avant
sans qu'il y ait cette autorisation-là. Et ça, il n'y a pas d'autres
travaux qui peuvent avoir lieu, à part la planification autour des projets.
Le Président (M. Cousineau) :
Un complément de réponse, M. Côté?
M. Côté (Pierre Gabriel) : Oui.
Le Président (M. Cousineau) :
Rapidement.
M. Côté (Pierre Gabriel) : Je peux
ajouter rapidement qu'on gère l'avancement des travaux avec un comité technique du conseil d'administration, qui se
réunit régulièrement pour planifier les travaux. Donc, tout ça suit son cours
comme prévu. Et, lorsque le temps sera venu
de faire connaître la planification pour l'été qui s'en vient, bien, on le
fera, mais c'est en train de se faire actuellement.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
La demande pour la certification a été faite en mi-février, je pense, c'était
censé tomber pour mai. Est-ce qu'il y
a des... Est-ce que ça respecterait cet échéancier-là, selon la connaissance
que vous avez de ce dossier-là?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Côté.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Oui, je n'ai pas d'indication contraire que ça
va suivre son cours à ce stade-ci.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Le premier ministre parlait des études hydrologiques
comme étant extrêmement importantes. On sait qu'elles ont été déposées, mais on n'a pas pris connaissance encore
de ces études-là. Alors, est-ce qu'on peut avoir de l'information là-dessus? Ou, si on n'a pas
d'information, pourquoi on ne l'a pas obtenue encore? Parce que, semble-t-il,
selon le premier ministre, c'est un test
absolu, ces études hydrologiques là. Alors, si on les a... Est-ce qu'on va être
capables d'obtenir des informations sur ces tests-là?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
En fait, c'est une question à poser au ministère de l'Environnement, c'est le
ministère de l'Environnement qui dispose de ces études-là.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Environnement. O.K. Il y aurait une lettre
d'intention signée par le premier ministre Charest et Pétrolia le
29 août 2012. Est-ce que c'est exact?
Le Président (M.
Cousineau) : Qui va répondre à cette question-là, Mme la
ministre ou M. Côté?
Mme Anglade :
Une lettre d'intention...
M.
Therrien : Comme quoi ils pouvaient aller de l'avant avec la
prospection sur l'île d'Anticosti. Est-ce que ça existe, cette lettre-là
entre le gouvernement libéral et...
Mme Anglade :
Bien, écoutez, je vais demander aux gens de vérifier puis de me revenir avec la
réponse. Moi, ce que je sais, c'est qu'il y
a eu un contrat qui été signé sous l'ancien gouvernement avec la première
ministre Marois, c'est ce contrat-là
que nous sommes en train d'exécuter parce qu'il a été signé par la première
ministre du Québec de l'époque.
Maintenant,
s'il y a eu une lettre d'intention envoyée... Écoutez, on peut vérifier, vous
répondre à votre question. Ceci
étant, je pense que ça ne change pas le cours des choses, hein, ça ne change
pas le cours des choses dans la mesure où nous avons un contrat dûment
signé par l'ancienne première ministre du Québec.
Le Président (M.
Cousineau) : Un complément de réponse, M. Côté, pour le
député?
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Écoutez, mon équipe me dit que la lettre
d'intention en tout cas que nous, on est au courant, c'est venu d'IQ auprès de l'entreprise et ça a été signé par un
des exécutifs d'Investissement Québec à ce moment-là. C'est la seule
lettre pour laquelle notre équipe est au courant.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Ça se serait fait...
M. Polo :
M. le Président...
Le Président (M.
Cousineau) : Oui. Un instant.
M. Polo :
J'ai une question de pertinence, parce que...
Le Président (M.
Cousineau) : Ah! ça se passe très bien.
M.
Therrien :
Non, c'est quoi, ça, la question de pertinence?
Le Président (M.
Cousineau) : Un instant.
• (16 heures) •
M.
Polo : ...de pertinence parce que ça se passe sur les crédits de la
Stratégie numérique, et là on parle de Pétrolia. Je pense que j'inviterais mon collègue de Sanguinet à participer à l'étude des crédits au niveau...
volet Mines, à ce moment-là.
Le
Président (M. Cousineau) : Mais, avec tout le respect... M.
le député de Laval-des-Rapides, premièrement, ce n'est pas une question de règlement. Deuxièmement, l'économie, science et
innovation, on est en plein là-dedans. Le député de Sanguinet peut poser ses questions. C'est très large, c'est
très large. On peut même poser des questions sur le prix d'un crayon qui
a été dépensé au niveau du ministère. Alors, c'est très large. Allez-y, M. le
député.
M.
Therrien : Si je
devais intervenir à chaque fois sur la pertinence des propos de mon collègue,
là...
Le
Président (M. Cousineau) : ...on n'ouvre pas de débat. On
n'ouvre pas de débat là-dessus.
M.
Therrien :
...de Laval-des-Rapides, vous n'êtes pas un exemple à suivre.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député, on n'ouvre pas de débat.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Écoutez, les commentaires de la ministre, là, de dire
que ce n'est pas important... Moi, je pose
des questions. C'est moi qui pose des questions, puis j'aime avoir des
réponses. Si je pose des questions,
c'est que je juge ça important. Alors donc, j'espère avoir des réponses, tout
simplement. Si je pose des questions, c'est parce que je trouve ça
important, O.K.? Bon.
Alors,
la lettre a été signée par Investissement Québec. Est-ce que c'était sous le
règne du Parti libéral du Québec, avant l'élection du Parti québécois,
en 2012?
Le Président (M.
Cousineau) : M. Côté.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Ça s'est fait en août 2012 de notre part,
donc... Vous me le direz, je n'ai pas suivi...
M.
Therrien :
Non, non, c'est ça. Vous avez passé le test. Qu'est-ce que...
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Qu'est-ce que disait cette lettre-là d'intention?
M.
Côté (Pierre Gabriel) :
C'était une intention, proprement dite, de participer au projet, mais il n'y avait aucun détail. L'entente finale a été signée en 2014, donc ce qui
avait été comme initié comme proposition au départ a été complètement différent dans l'entente qui est maintenant en place, mais
c'était une intention, comme on le fait souvent.
M.
Therrien : Est-ce qu'on peut dire que la porte aurait été ouverte par le Parti libéral à l'époque? Parce que, quand tu as une lettre d'intention, ça
veut dire que tu as l'intention d'aller dans un sens, non?
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Moi,
je suis Investissement Québec, je n'ai pas à savoir si c'était le cas ou non,
là, mais, chez nous, pour la prospection d'investissement, bien, on a
signé une lettre d'intention comme société d'État.
Le Président (M.
Cousineau) : Oui. Je rappellerais peut-être ici un point
d'ordre, là. Les fonctionnaires qui accompagnent la ministre peuvent répondre à
des questions administratives. Lorsqu'on parle de questions politiques, bien là, c'est au politique de répondre. Alors, il faut
faire bien attention. Des questions d'ordre administratif,
des questions d'ordre financier, là,
à ce moment-là, les fonctionnaires peuvent répondre, mais, la ministre, c'est
au niveau politique. Ça va, M. le député de Sanguinet?
M.
Therrien : Bien, moi, je vais vous dire, je lance la
rondelle dans cette direction-là, ils peuvent s'amuser avec autant
qu'ils veulent, puis le «slap shot» peut venir de n'importe où.
Le Président (M.
Cousineau) : Oui, oui, mais il y a quand même des balises à
respecter.
M.
Therrien : Bien, moi, je n'ai pas de problème avec ça, c'est
à eux de gérer ce que je leur pose comme questions. Qui était président
d'Investissement Québec à l'époque?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre, pouvez-vous répondre à cette
question?
Mme
Anglade : C'était Jacques Daoust, si je ne m'abuse. C'était Jacques
Daoust. Puis, peut-être pour clarifier pour
le député de Sanguinet, tout à l'heure, quand j'essayais de... Tout à l'heure,
vous aviez des questions, et j'ai dit : J'essaie de comprendre la pertinence, pour essayer de
comprendre où vous vouliez en venir, pour pouvoir mieux répondre à vos questions, hein? Alors, ce n'est pas une histoire
de vous poser des questions, puis on y répond. Je comprends très bien qu'il faille qu'on réponde à vos questions, mais
j'essaie juste de voir comment est-ce que je peux mieux arriver à répondre
à votre question à terme puis de comprendre
l'objectif, surtout si c'est un objectif politique, surtout dans l'optique où
on essaie d'informer les Québécois sur l'objectif que vous souhaitez
atteindre.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député
de Sanguinet... En passant, on ne peut pas nommer un ministre ou un député qui est à l'Assemblée nationale par son
nom de famille, il faut le nommer par son titre.
Mme Anglade :
Ah! c'est à cause de...
Le Président (M.
Cousineau) : Oui, ce n'est pas grave.
Mme Anglade : Excusez-moi. Alors, ce
serait le député de Verdun à ce moment-là? C'est ce que vous...
Le Président (M.
Cousineau) : Ou son titre comme ministre, aussi.
M.
Therrien : Le
ministre du Transport.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
Mme Anglade : Oui, alors l'actuel
député de Verdun.
M.
Therrien :
Écoutez, ça va. De toute façon, là, j'ai posé une question, j'ai eu ma réponse.
Donc, je suis très content, je suis
ici pour ça. Quand vous dites qu'il faut informer les Québécois, bien, c'est
justement pourquoi je pose ce genre
de question. C'est que j'essaie de lutter contre une certaine désinformation
qu'on a eue depuis un petit bout de temps sur ce dossier-là. Mes
questions sont en lien avec cette démystification-là, tout simplement.
Question par
rapport à Anticosti, les pertes boursières de Ressources Québec, suite aux
déclarations du premier ministre,
entre autres Pétrolia, c'est évalué à combien à peu près? Avez-vous une idée,
comme, tu sais, les paroles du premier ministre,
comment elles ont affecté la capitalisation boursière des entreprises qui sont
impliquées dans cette exploitation éventuelle d'Anticosti?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre, est-ce que vous...
Mme
Anglade : Bien, je pourrai céder la parole à mon collègue, mais je
pense que, clairement, le premier ministre s'est exprimé à ce sujet à un certain nombre de reprises, et la question
que vous soulevez a été clarifiée dans la mesure où on a clairement spécifié que nous allons poursuivre, respecter
l'engagement du contrat et procéder dans la mesure où nous allons avoir
les analyses du ministère de l'Environnement.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Oui, je comprends très bien, mais... Écoutez,
je comprends très bien, mais vous êtes une femme d'affaires...
vous étiez une femme d'affaires, là vous êtes en politique, je ne pense pas que
vous êtes en affaires, mais vous savez à
quel point la confiance des investisseurs est fragile puis est importante
pour une économie comme la nôtre. Entre le moment des propos de notre premier ministre puis le
moment où vous avez justement eu cette rétractation-là pour dire : On va respecter, là... il y a
un délai, là, puis ça a affecté la confiance des investisseurs. Moi-même, écoutez,
là, je ne suis pas ministre,
là, j'ai rencontré des investisseurs, j'ai rencontré des gens qui m'en ont
parlé, qui m'ont dit : Comment tu
peux investir dans une économie où tu vois le premier ministre renier éventuellement ou dire qu'il va renier sa signature?
Ça fait que c'est sûr que ça a eu des impacts sur la capitalisation boursière des entreprises
qui sont impliquées, alors que le premier ministre ne voulait même pas, au départ, les rencontrer. Vous n'avez pas
d'estimation ou d'évaluation sur la chute des actions en pourcentage? Honnêtement, j'aimerais savoir, là, quels ont été les dommages causés par les
entreprises qui ont été impliquées dans ce dossier-là. Et là on ne comptabilise
pas les problèmes liés, justement, à la perte de confiance que des investisseurs potentiels ont pu avoir en
investissant au Québec et qui ont finalement dû reculer à
cause de cette incertitude. Et moi, je vous
le dis, j'en ai entendu, des gens, qui m'ont dit ça. Alors, je n'exagère pas,
là.
Vous savez
que, dans certains pays en voie de développement, on fait tout pour faire en sorte que les
investisseurs aient confiance au gouvernement, aux établissements gouvernementaux, et ici on arrive dans une situation
où on crée une incertitude de ce calibre-là.
Alors, est-ce que je pourrais avoir une idée sur
la perte boursière qui a accompagné ces propos malheureux?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre, en 1 min 30 s.
Mme
Anglade : Bien, alors, on y
reviendra dans le prochain segment pour qu'on puisse répondre plus longuement, mais pour vous dire que bien malin celui qui sait lire le cours des
actions de toutes sortes de compagnies dans un contexte bien défini, hein, et peu importe la femme
d'affaires ou l'homme d'affaires que l'on est, ça nécessite d'avoir une question un peu plus spécifique.
Donc, est-ce qu'on pourrait avoir, quand vous parlez de variations, si vous voulez avoir
une réponse à votre question, de quelle période à quelle période? Parce que
moi, je peux regarder un cours d'une action puis émettre des hypothèses,
je peux très bien le faire si c'est quelque chose qui vous semble pertinent. Cela dit, j'aimerais savoir de quelle
période dont on parle et de quelle
compagnie dont on parle également. Parce
qu'on dit les compagnies, le cours du
marché, c'est de quelles compagnies, de quelle période à quelle période?
Merci.
Le Président (M. Cousineau) :
D'accord, Mme la ministre. Il reste une minute, monsieur.
M.
Therrien : Oui, de
toute façon, au pire... Bon, écoutez,
ça, c'est une prévision ex post. En économie, il n'y
a rien de plus facile qu'une
prévision ex post. Quand je vous demande quelle est la chute boursière, là,
c'est une chute qui a déjà eu lieu. Ça
fait que, là, je ne parle pas de
prévision, là. Puis là je vous parle du 4 décembre, si ça peut vous faire
plaisir, du 4 décembre jusqu'au
moment où vous avez dit... vous avez officialisé l'idée que vous alliez
respecter le contrat. Je ne me
rappelle pas de la date exacte, là, mettons, c'est en fin mars que vous...
Donc, ce n'est pas compliqué, ça, là. Je
pense qu'on peut s'entendre pour dire que tout le monde est capable
d'évaluer le cours boursier qui a déjà eu lieu.
Le Président (M.
Cousineau) : Ça termine le bloc. Vous pourrez répondre au
prochain bloc de l'opposition officielle. Maintenant, je dois passer la parole à un représentant du parti ministériel. Je crois comprendre que c'est M. le député de... un instant...
Une voix : Trois-Rivières.
Le
Président (M. Cousineau) : Trois-Rivières. M. le député de
Trois-Rivières, à vous la parole pour les 19 prochaines minutes.
• (16 h 10) •
M. Girard : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, nous sommes ici pour parler d'économie. Le député de Sanguinet tantôt parlait d'un dossier où il y
avait peut-être eu de la désinformation. Au niveau économique, bien, je pense,
c'est important de donner la bonne information à la population qui nous écoute,
et j'aimerais pouvoir discuter avec la ministre
du Développement économique du Québec depuis les deux dernières années, entre
autres ce qui a été mis en place au
niveau du budget. Malheureusement, on se fait souvent dire que le gouvernement
n'a pas de politique économique. Par contre, je voudrais qu'on discute
de certains points.
Entre autres,
j'aimerais débuter par le Baromètre des affaires de la FCEI. Le Baromètre des
affaires de la FCEI est un indicateur
qui nous donne le niveau de confiance des entrepreneurs par rapport à
l'économie, et, lors du dernier baromètre
de la FCEI, j'aimerais souligner que le Québec arrive la deuxième meilleure
province au Canada. Je lis une petite
partie du baromètre de la FCEI : «Le niveau d'optimisme des propriétaires de
PME du Québec est resté plutôt fort ce
mois-ci. L'indice est descendu d'un point, alors qu'au Canada c'est descendu de
beaucoup plus, mais il demeure au deuxième
rang du classement, juste derrière la Nouvelle-Écosse. Les plans d'embauche à
court terme se sont renforcés : 34 %
des propriétaires d'entreprises comptent augmenter leurs effectifs contre
seulement 3 % qui prévoient les réduire. Par ailleurs, ils sont
52 % à penser que la performance de leur entreprise est bonne, ce qui est
un sommet à l'échelle nationale.» Donc, le Québec est premier de classe.
Également, au
niveau de la création d'emplois, le Québec est le deuxième meilleur créateur
d'emplois au Canada dans la dernière
année, et des emplois dans le privé. C'est, M. le Président, ce qui nous donne
de la richesse, qui va créer de la
richesse, créer des emplois dans le secteur privé. Donc, des bonnes nouvelles
pour l'ensemble des Québécois, des bonnes nouvelles pour notre économie
au Québec.
Pourquoi on
en est là? Pourquoi on a des bonnes nouvelles? Bien, je crois sincèrement que
les deux derniers budgets du
gouvernement, qui ont été des budgets équilibrés, ce que l'on n'avait pas vu
depuis belle lurette, nous permettent de pouvoir regarder l'avenir avec
beaucoup d'optimisme. Ces budgets équilibrés comportent de nombreuses mesures,
des mesures économiques extrêmement
importantes pour nos PME, nos PME, soit dit en passant, qui sont situées dans
les régions du Québec. Ce sont eux
qui nous permettent de pouvoir se développer et de créer des emplois en région,
et on sait que l'économie du Québec passe maintenant par le
développement de nos PME.
Je vais
dicter certaines mesures que l'on a vues : entre autres, la réduction
générale du taux d'imposition de 8 % à 4 % pour les PME du secteur primaire et pour les PME
manufacturières; déductions additionnelles pour le coût de transport des
PME manufacturières qui sont éloignées des grands centres, une belle mesure
pour aider les régions du Québec; également,
soutien à l'innovation et à l'exportation, avec Créativité Québec entre autres,
150 millions pour permettre de pouvoir
continuer à innover dans nos PME; la bonification de l'enveloppe d'Export
Québec, aider nos PME à exporter, c'est
ce qui nous crée de la richesse, c'est ce qui va nous amener de l'argent au
niveau du Québec; réduction de la cotisation au Fonds des services de santé, on sait que nos PME ont ce qu'on appelle
la taxe sur la masse salariale, si on veut donner de l'oxygène à nos
PME, leur permettre de se développer, leur permettre de créer des emplois,
c'est important de diminuer cette fameuse taxe salariale qu'ils ont à payer, et
c'est ce que l'on fait, qu'on a mis en place dès le dernier budget; déductions additionnelles pour les coûts
de transport des PME manufacturières; crédit d'impôt pour les activités de recherche; plusieurs mesures,
145 millions, entre autres, pour l'efficacité énergétique des PME. C'est
ce qui fait que les résultats, avec
le rapport de la FCEI... C'est ce qui fait que notre création d'emplois est
parmi les meilleures au Canada. Donc, ce sont des belles mesures qui ont
permis à nos PME de pouvoir continuer à se développer.
On entend
de plus en plus parler à l'international que le Québec est une province qui est
innovante. On a des produits qui sont
de qualité. Les entreprises à l'externe qui achètent les produits de chez nous
sont satisfaites, sont fières. Je vais prendre
l'exemple d'une entreprise de chez nous, Hardy Filtration, qui est une petite
PME à Trois-Rivières qui fabrique des
filtres pour filtrer l'air dans les bâtisses commerciales, et cette entreprise
a récemment... Il y a deux semaines, j'étais à l'entreprise, et ils m'ont présenté leur dernier contrat qu'ils ont
signé à Dubai. C'est un contrat qui était rédigé en arabe. Donc, une petite PME de Trois-Rivières qui exporte
à Dubai depuis quelques semaines, une entreprise qui fonctionnait sur un quart de jour seulement au niveau de la
fabrication, depuis quelques semaines un quart de jour et un quart de soir, une entreprise qui avait une trentaine d'employés,
qui est maintenant à 75 employés et qui est toujours en processus d'embauche.
Des exemples
comme ceux-là, on en a beaucoup. Malheureusement, on ne parle que des
entreprises qui vivent des
fermetures, on ne parle que des problématiques de certaines entreprises au
Québec. Mais, nos histoires à succès, nos belles PME, nos belles entreprises qui performent, malheureusement on
n'en parle pas. Et on en a. On en a dans les régions et on en a dans toutes les régions du Québec.
Donc, je pense que c'est important de parler de ce qui a été mis en place,
de ce qui a été fait.
Également, ce
qui est important pour nos PME et nos entreprises, c'est d'avoir des
liquidités, c'est d'être capables d'avoir
de l'argent, de l'argent pour innover, de l'argent pour exporter. Donc, on
continue à travailler au niveau du gouvernement
avec, exemple, les fonds de capital de risque, donc le crédit d'impôt pour les
fonds fiscalisés qui sont Fonds de
solidarité FTQ, le Fondaction au CSN, Capital régional et coopératif Desjardins
qui donne un bon coup de main aussi au niveau de l'innovation. On parle du Fonds
Teralys, dans lequel le gouvernement continue d'investir pour donner des
capitaux, permettre d'avoir du capital de risque pour nos entreprises.
Bien sûr, le
processus d'allègement réglementaire qui se poursuit à l'heure actuelle pour
continuer d'aider nos PME à pouvoir avoir le plus de temps possible pour
travailler dans leurs entreprises et non pas être prises avec de la paperasse et toutes sortes de documents à remplir
pour le gouvernement. Donc, l'allègement réglementaire leur permet de se
consacrer à 100 % à la fabrication, à la vente, à l'exportation, à la
croissance de l'entreprise.
Le démarrage
d'entreprise, ça demande beaucoup
de temps. La croissance, la gestion de la croissance de l'entreprise également
demande beaucoup de temps à nos entrepreneurs. Lorsque l'on a des
petites entreprises au Québec, c'est souvent l'entrepreneur qui fait toute la paperasse. Les entreprises de 10,
15 employés, c'est souvent l'entrepreneur lui-même qui est pris avec toute cette poutine administrative,
donc l'allègement réglementaire permet également de donner de l'oxygène à nos PME.
Donc,
j'aimerais que la ministre nous parle un petit peu de ce qui a été
mis en place, des mesures des derniers budgets
et comment ces mesures-là ont un impact positif sur nos PME, comment ces
différentes mesures là vont permettre de pouvoir continuer à faire
croître nos PME, pouvoir continuer à faire croître l'emploi dans chacune des
régions du Québec, l'exportation. On peut
rajouter à ça, bon, l'effet du taux de change qui nous aide au niveau de
l'exportation, des choses comme ça,
mais comment toutes les mesures économiques nous permettent de pouvoir vraiment
développer nos PME et développer notre économie au Québec à l'heure
actuelle?
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de
Trois-Rivières. Alors, Mme la ministre de l'Économie.
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Alors, avant de répondre, j'aimerais quand même saluer le député de Trois-Rivières parce que c'est quand même
quelqu'un qui a été très actif dans la dernière année pour les PME et notamment
a reçu le prix Coupe-paperasse or en 2016.
Alors, lorsqu'il s'adresse à nous, on sait qu'il y a une crédibilité dans le
secteur, et je le remercie pour son intervention.
Alors, les
PME, il est évident que le coeur de notre économie, 95 % des 210 000
et quelques entreprises que nous avons
au Québec sont des PME, donc c'est visiblement quelque chose qui est
extrêmement important lorsqu'il s'agit de penser à la prospérité puis à la croissance de nos PME. Dans les
différents budgets, il y a eu des mesures très claires qui ont ciblé les PME et qui ont été saluées notamment
par plusieurs organisations, notamment la FCEI dont on parlait un peu plus tôt. On n'a qu'à penser, par exemple,
dans le plus récent budget, à la réduction au niveau de la masse salariale
en réduisant la taxe sur la masse salariale
avec le fonds santé. Ça a un impact direct sur les entreprises et ça permet aux
entreprises de donner... ça leur permet
d'avoir un peu plus d'air. Un peu plus d'air pourquoi? Pour investir, au bout
du compte.
Également,
dans des secteurs clés comme les technologies, parce que nous voulons que les
entreprises, nos PME investissent en matière technologique, il y a des
différents crédits d'impôt qui ont été mis de l'avant pour faciliter ce
travail-là. D'autre part, nous sommes, comme on le dit souvent, une économie
d'exportation. Sur un PIB avoisinant 300 milliards,
on a certainement 25 % de ça qui est lié directement aux exportations et
donc, des mesures additionnelles qui
ont été incluses dans ce budget, on parle de 32 millions de dollars,
32,5 millions de dollars qui ont été attribués cette année pour l'exportation, pour qu'on les
accompagne davantage. Parce que, lorsque l'on parle à nos entreprises, ce
qu'elles nous disent d'abord, c'est
que cet accompagnement est très important pour elles. Donc, beaucoup de mesures
qui ont été mises de l'avant.
L'autre élément qui est très important, c'est
l'élément des ressources humaines. On est confrontés à un enjeu démographique extrêmement important aujourd'hui.
On n'a qu'à regarder... Depuis que je suis jeune qu'on parle de courbes démographiques et que ça va se transformer, que,
vous allez voir, il va y avoir moins de personnes sur le marché du travail
et puis... C'est toujours une menace qui
plane, et qui plane, et qui plane. Mais maintenant, aujourd'hui, elle est bien
réelle et elle est bien tangible. Si,
dans les années 2000, on avait 40 000 personnes, bon an, mal an,
qui entraient dans l'âge... travailler dans la population active, donc,
mettons, le 15-65 ans, la réalité, aujourd'hui, elle est tout autre, et on
voit qu'il y a une décroissance dans cette
population-là, et elle décroît à un rythme d'environ 5 000, grosso modo,
par année.
Donc, ça a
des incidences extrêmement importantes, parce qu'on a besoin, justement, de main-d'oeuvre,
et souvent la capacité de croître est
intimement liée à la qualité de la main-d'oeuvre, d'où la nécessité pour nous
d'investir dans des formations et
l'adéquation travail et formation pour nous assurer que les personnes ont
toutes les ressources nécessaires. Ce
qui m'emballe quand même, je dois le dire, hier j'étais au Conseil du patronat,
et j'étais en compagnie de gens qui ont
été félicités pour l'oeuvre de leur vie, mais également avec de jeunes
entrepreneurs, et, si je reprends le propos des jeunes entrepreneurs, ils disaient... En fait, depuis les dernières
années, je vous dirais, les six dernières années, ils constatent un progrès
remarquable dans la capacité des gens d'entreprendre. Ça se
reflète dans le sondage de la FCEI mais également dans la volonté de
ces jeunes-là de se dire : On a un environnement qui fait en
sorte qu'on a plus envie d'entreprendre aujourd'hui.
• (16 h 20) •
Maintenant, je ne dis pas que tout est parfait et qu'il n'y a pas d'autres mesures à ajouter. Mais, quand on a des jeunes entrepreneurs qui sont reconnus par leurs
pairs, reconnus par les plus seniors également qui nous disent qu'il n'y a pas eu un meilleur
moment pour investir qu'aujourd'hui quand tu es entrepreneur, ça témoigne du
fait qu'on a investi dans des ressources, dans des... l'argent dans des
ressources, dans l'accompagnement qui leur permet de croître.
Moi, je vous
dirais que, pour les PME, je vois, pour les plus jeunes en tout cas, deux enjeux importants, le premier : savoir que, lorsque l'on se part en entreprise, on ne part pas en entreprise pour
desservir le Québec, on part en entreprise pour desservir le monde. Il faut avoir une vision globale du monde pour
pouvoir vraiment avoir une perspective, surtout lorsque l'on parle d'une société du numérique,
dans un premier temps. Dans un deuxième temps, je pense aussi qu'on doit faire appel à des gens qui sont plus
expérimentés pour partager ce savoir-là et, au-delà du mentorat, je pense qu'il
y a des éléments que l'on pourrait
mettre de l'avant qui feraient en sorte qu'il y aurait plus de liens entre les
générations qui ont réussi et qui veulent s'investir avec des jeunes
entreprises.
Finalement,
j'aimerais peut-être souligner une initiative qui a été mise de l'avant, le
CTEQ, donc le Centre de transfert des entreprises du Québec, qui a été
mis en place au mois de décembre 2015. Et ce que l'on constate, c'est qu'il y a des gens qui veulent reprendre des
entreprises et il y a des gens qui veulent en céder, également. Il faut trouver
un moyen de faire le meilleur arrimage et le
meilleur maillage au Québec entre ces deux groupes d'individus. Nous en avons besoin au Québec. C'est plus de 115 000
personnes qui vont prendre leur retraite comme chef d'entreprise dans
les prochaines années, et il nous faut créer cette relève, et justement le CTEQ
vient répondre à ce besoin-là.
Donc,
je remercie le député de Trois-Rivières pour la question qu'il m'a soumise, et nous
voyons qu'il y a des actions,
qui sont très concrètes, qui ont été mises de l'avant pour justement
soutenir les PME et dans toutes les régions du Québec. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Un autre intervenant ou M. le député de Trois-Rivières encore
une fois? M. le député de Trois-Rivières, cinq minutes.
M. Girard :
Merci, M. le Président. La ministre m'enlève les mots de la bouche avec le
CTEQ, le Centre de transfert d'entreprises du Québec. Effectivement, nous avons
un défi, un défi démographique, c'est que nous avons plusieurs de nos entrepreneurs
qui arrivent très près de la retraite. Donc, si nous voulons garder nos entreprises
ici, au Québec, si nous voulons
garder la profitabilité et garder les emplois ici, ça nous prend de la relève,
et souvent la relève n'est pas dans la famille. Donc, on doit travailler
avec des cédants et des repreneurs, les mettre en contact, travailler ensemble, et c'est ce que le CTEQ fait pour
pouvoir faire vraiment une bonne association entre les entreprises qui sont
disponibles et nos jeunes entrepreneurs. On sait que les jeunes veulent de plus en plus entreprendre, donc il faut les aider à trouver des occasions
d'affaires, les aider à trouver des entreprises qui sont disponibles pour
pouvoir continuer à les développer.
Mme
la ministre, pour ceci, ensuite, quand on fait un transfert d'entreprise ou
qu'on fait un démarrage d'entreprise, souvent
on entend parler du financement, la difficulté de trouver du financement.
J'aimerais que vous puissiez m'entretenir un petit peu sur les différentes sources de financement. Bien sûr, on
sait que nous avons Investissement Québec qui est disponible. Bon, il y a le Fonds de développement
économique. Il y a
des acteurs régionaux. On a des Femmessor dans les régions, on a des développeurs économiques, on a toutes sortes de
sources de financement. On a différents partenaires, j'en parlais tout à l'heure, que ce soit Capital régional et coopératif Desjardins, que ce soit Fonds de solidarité FTQ,
que ce soit le Fondaction CSN. Donc,
on a des partenaires économiques, Amorchem, entre autres, qui est disponible,
InnovExport. On a de l'argent un petit peu partout.
Comment
on fait pour vraiment travailler tout ça ensemble? Et avons-nous suffisamment
de possibilités au Québec pour
aider nos entrepreneurs à démarrer et à faire croître les entreprises?
Et est-ce qu'on a suffisamment de partenaires au niveau financement?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Bien, je vais répondre à une partie de la question et après ça je vais céder la
parole à mon collègue d'Investissement Québec.
La
réponse à la question par rapport à l'argent : je pense que nous avons de l'argent
de disponible aujourd'hui. Je pense
que ce qui est très important, puis c'est le mot sur lequel j'insiste beaucoup,
c'est toujours le mot de cohérence dans les actions que nous posons, cohérence dans les
différents types de financement que nous avons et nous assurer aussi que les entrepreneurs se sentent épaulés, se sentent
accompagnés. Il nous faut donc être extrêmement présents sur le terrain, et, vous avez
raison, on a besoin de mobiliser les différents groupes qui interviennent.
Alors,
on a, à différents niveaux... C'est sûr que ce sont des petits montants quand
on parle, peut-être, de la caisse de... Quand on parle de la Caisse
de dépôt, pardon, ce sont des gros
montants. Ils sont moins impliqués dans les petites transactions, mais ils sont quand même
impliqués et présents au Québec de manière importante. Investissement Québec, les
différents fonds que nous avons au niveau du Fonds de développement économique également, qui viennent renforcer cet écosystème-là.
Alors,
ce qu'il faut faire, c'est nous assurer de la grande cohérence à travers tout
ça. Et, la semaine dernière, lorsque
je présentais les plans d'Investissement Québec avec M. Côté, qui est ici, le
plan du ministère et également le plan du CRIQ,
c'était justement de montrer qu'il y avait une cohérence d'action dans les
gestes qui étaient posés. Et ce que j'entends faire dans les prochains mois, c'est de m'assurer de renforcer cette
cohérence-là mais en élargissant le bassin de personnes impliquées pour
qu'on ait une réelle mobilisation autour du développement économique au Québec.
Si je peux me
permettre, j'aimerais aussi que Pierre Gabriel Côté puisse intervenir sur cette
question.
Le Président (M.
Cousineau) : Bien sûr, madame. Alors, M. Côté, pour deux
minutes.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Oui. Pour ajouter, la cohérence dont parle la
ministre, c'est de travailler en partenaire dans l'écosystème financier, et on a développé, je vous dirais, dans les
12 derniers mois, beaucoup de façons de faire avec nos partenaires pour investir dans des montages
financiers où IQ s'inscrit souvent en amont des montages pour ajouter sa
valeur, qui est celle d'être beaucoup plus patient au niveau du capital.
S'il
y a quelque chose qui nous différencie des autres acteurs financiers, c'est
qu'on est toujours dans le très long terme,
avec un niveau de risque augmenté, et, lorsqu'on prend une part de risque
additionnel, souvent c'est la clé qui va faire que les montages fonctionnent. Et ça se reflète beaucoup dans nos
chiffres que c'est le cas. Parce que le niveau de risque n'est pas
comparable à nos partenaires, mais, 80 % des interventions qu'on fait, on
le fait avec des partenaires. Lorsqu'on le
fait seul, c'est que souvent personne d'autre ne veut le faire parce qu'il
s'agit d'un enjeu qui est beaucoup plus difficilement réglable dans une
situation qui est plus difficile. Sinon, on veut le faire avec des partenaires.
Et peut-être
ajouter, au niveau du capital de risque, on gagne à faire connaître un peu ce
qu'on fait en capital de risque.
Parce que, oui, on le fait beaucoup à travers des fonds, au-delà de
70 fonds dans lesquels on investit tout près de 100 millions de
dollars par année. Et la saveur de cet argent-là, lorsqu'il est rendu chez
l'entrepreneur, bien, il a pris la saveur
d'Anges Québec, de Teralys et d'autres fonds, mais c'est des capitaux qui
viennent d'Investissement Québec. Et on commence à faire de plus en plus des
interventions directes. On l'a fait dans les 12 derniers mois pour ajouter
à l'offre dans l'écosystème
financier, mais, somme toute, on ne l'a pas fait seul non plus. Donc, on en a
fait avec la Caisse de dépôt et on en a fait aussi avec d'autres
partenaires.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. Côté. Alors, pour les
prochaines 23 minutes, je passerai la parole au deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Johnson.
M. Lamontagne : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme la ministre. C'est un plaisir d'être avec vous.
Mme la
ministre, quand on dépose un plan, c'est parce qu'on veut pointer dans une
direction. Alors, on a fait un certain constat d'une situation, et après
ça on a une certaine vision par rapport à ce qu'on veut faire à partir de cette
situation-là, puis on a un certain nombre
d'énoncés puis de moyens pour atteindre les objectifs. Puis ça fait trois plans
que ce gouvernement-là dépose. C'est votre
premier plan à vous, auquel vous participez, avec le budget du 17 mars,
mais c'est le troisième plan. Puis,
comme je vous disais la semaine passée, moi, la direction dans laquelle ça
pointe, à savoir une croissance très faible pour le Québec pour les cinq
années à venir, si on se compare avec nos autres partenaires canadiens puis avec l'ensemble nord-américain, ce
qu'on en retient, sans aller dans les virgules et tout ça, c'est qu'on va
faire moins bien qu'ailleurs. Ça, moi, ça m'inquiète.
Puis ce que
j'aimerais voir dans un plan, moi, c'est voir qu'en quelque part, à un moment
donné, il y a un virement qui se
fait, puis, à un moment donné, on vient qu'on fait à peu près aussi bien
qu'ailleurs, puis, à un moment donné, si on est vraiment bons, bien, on fait mieux qu'ailleurs. Puis ça, je ne vois
pas ça dans ce qui nous est soumis par le gouvernement, puis c'est dans
son troisième budget.
• (16 h 30) •
Puis, en lien
avec ça, j'aimerais ça encore revenir à mon ami M. Côté, d'Investissement
Québec. Quand je regarde, là, les
trois dernières années, le financement autorisé pour Investissement Québec puis
je regarde les prévisions pour les trois
prochaines années... Tu sais, l'an passé, je vous avais demandé... j'ai
dit : Bon, écoutez, là, on s'aperçoit qu'avec 1 milliard on crée à peu près tant d'emplois,
à peu près tant d'interventions. Si on vous donnait 1 milliard de plus...
Puis là vous m'aviez répondu : M. le député, ce n'est pas l'argent
qui manque, c'est les projets, O.K.?
Moi, quand je
regarde, en 2012-2013, il y avait un financement autorisé à Investissement
Québec de 1 060 000 000 $;
2013-2014, 1 milliard; 2014-2015, 935 millions. La dernière année,
vous m'avez dit : Là, ce n'est pas sorti encore, mais ça devrait être à peu près comme l'année passée. Puis
là on regarde, 2016-2017, 967 millions; 2017-2018, 1 020 000 000 $; 2018-2019,
1 060 000 000 $. Moi, quand je regarde ça, là, avec tous
ces plans-là qu'on va avoir faits pendant
toutes ces années-là, en 2018-2019 j'ai encore le même financement d'autorisé,
d'Investissement Québec, que j'avais
en 2012-2013. Moi, j'aimerais ça que vous m'expliquiez en quelques minutes, là,
le même nombre de minutes que je
viens de prendre, tu sais, comment on arrive pour qu'à chaque année on ait
seulement... bien, pas seulement, on s'entend que c'est beaucoup d'argent, mais qu'on ait 1 milliard, grosso
modo, qu'on a de financement autorisé. Vous me dites que ce n'est pas l'argent qui manque, que c'est les
projets. On a des plans pour générer de l'action, de l'activité, puis, je veux
dire, en 2018-2019, je vais être à la même place que j'étais en 2012-2013. Je
ne comprends pas ça.
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, M. Côté, pour répondre au voeu du député, vous avez trois minutes.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Oui, oui, d'accord. Dans le plan stratégique que
vous avez devant vous, c'est un plan qui
opérationnalise beaucoup plus Investissement Québec dans le démarchage de
projet. Je réitère mon commentaire de l'année
dernière, on disait qu'à quelque part, dans l'écosystème québécois, il est bien
nourri au niveau capital. Nous, on fait
une tranche d'investissement qui est dans le plus risqué, et, de ce fait, notre
rôle est de plus en plus de débusquer, de mettre... d'aller chercher, d'aller faire du démarchage de projet pour
être capable non seulement d'amener des interventions de notre part,
d'Investissement Québec, mais aussi de mes partenaires financiers.
Je le
mentionnais tantôt, on a une cible qui est quand même remarquable dans notre
plan cette année, c'est qu'on va
faire 80 % de nos interventions et plus avec des partenaires financiers.
Pourquoi? Parce que le flot de capitaux, souvent, va dépendre du fait que je peux jouer un rôle pour
prendre une prise de participation en deuxième rang ou en troisième rang dans
un prêt, qui fait qu'avec des partenaires financiers qui prennent moins de
risques en premier rang, bien, moi, je vais être capable de conclure une
transaction.
Je ne peux
pas me substituer, dans l'hypothèse où je mettrais 1 milliard de plus...
Et c'est certainement des choses qu'on
regarde à tous les ans, de demander du capital-actions additionnel au
gouvernement, le cas échéant où on verrait l'opportunité de déployer du capital additionnel, mais il faut prendre
en considération qu'on a des partenaires financiers, qui seraient les premiers à se dire qu'on prend
leur place. Nous, on doit être ceux qui déclenchent, qui incitent, qui font en
sorte qu'on vienne
ajouter de la valeur à des transactions qui autrement n'arriveraient pas, et,
pour ça, bon an, mal an, 1 milliard par année...
Là aussi, il
faut mesurer le succès, M. le député... c'est dans le levier qu'on a au niveau
des projets. En 2014-2015, vous vous
souviendrez que nos interventions de 934 millions avaient généré pour
6,8 milliards de projets. Si vous faites le ratio versus interventions et génération de projets, on a eu une très
belle année. Cette année, ça s'enligne encore très bien. Le levier qu'on donne à nos interventions,
c'est vraiment la clé, et la mesure, qui, pour nous, nous satisfait le plus.
Avec 1 $ investi d'Investissement
Québec, un levier de 5 $ sur le financement d'un projet parce que je l'ai
fait avec un fonds fiscalisé, parce
que je l'ai fait avec la BDC, parce que je l'ai fait avec une banque, toujours
en prenant des risques additionnels,
parce que mes sûretés sont souvent moins bonnes, bien, c'est là qu'est la clé
du succès pour Investissement Québec.
Sinon, bien,
je prends la place de gens que je bousculerais dans l'écosystème, qui seraient
les premiers à dire que je joue un peu sur leur patinoire. Parce que les
projets, pour moi, là où la clé est, réside dans notre succès, c'est de les débusquer et de les amener. Et vous savez quoi?
Souvent, on se dit que nous, on est ceux qui vont amener des projets qui
vont devenir, probablement, s'ils sont bien
ficelés et ne demandent pas d'intervention au niveau du risque élevé, des
clients pour mes partenaires dans l'écosystème. Donc, ça explique le
raisonnement au niveau de notre milliard. Merci.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Johnson.
M.
Lamontagne : Je comprends ce que vous me dites au niveau du levier.
L'histoire de la patinoire, ça, honnêtement,
je l'achète moins, dans le sens que, si vous en créez, de l'action, puis vous
en créez, des affaires, bien, ils vont
trouver le moyen de suivre la parade. Sinon, ils n'ont pas d'affaire dans la
parade, O.K.? Vous n'avez pas à vous retenir
puis à mettre les «brakes» pour vous assurer que tout le monde a sa part, ce
n'est pas de même que ça marche, surtout avec la croissance qu'on a au
Québec.
Qu'est-ce qui
ferait... Qu'est-ce qu'il faudrait qu'il arrive, mettons, pour que, dans trois
ans, vous êtes encore là, puis moi,
je suis encore là, puis là ce n'est pas 1 milliard qu'on a
d'Investissement Québec, là, mais c'est 1,5 milliard, c'est 1,7 milliard qu'on a de financement
autorisé puis qu'on a réussi à «leverager» avec tous les autres partenaires?
Ça, ça veut dire que, là, on aurait
fait accélérer... Quand le ministre des Finances parle d'accélération, lui, il
parle de passer de 0,1 % à 0,3 % d'augmentation, mais, si on
veut que ça marche au Québec dans quelques années puis on ait du fun, 0,1 % puis 0,3 % par année, ça ne marche
pas, 3 %, 4 % d'investissement, d'augmentation d'investissement, ça
ne marche pas. Ça serait-u possible
qu'on soit ensemble dans trois ans puis que ce n'est pas 1 milliard qu'on
aurait, de capital autorisé, mais c'est 1,5 milliard? Puis, pour y
arriver, c'est quoi que ça prendrait?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre... ou M. Côté.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Si je peux me permettre peut-être de complémenter
ma réponse au niveau de l'aspect risque
qui nous appartient comme étant une zone dans laquelle on doit opérer, la moyenne
des institutions de financement au Québec, au niveau des provisions pour
perte — puis je
m'excuse, c'est un peu technique, là, mais ça permet de comprendre — c'est... bien, des institutions financières,
je vous dirais, qui ne sont pas dans la zone d'Investissement Québec, les autres, ça se tient à peu près entre
0,5 % et 3 %. Moi, chez nous, la provision pour perte moyenne, c'est
à peu près de 11 % par année. Donc, je ne suis pas une institution
financière qui est normale.
L'autre
chose, c'est que le rendement sur mes capitaux propres aussi, qui est une
mesure... Puis je vous invite à lire un
peu ce qu'on a mis dans le plan. Chez nous, à 2 %, 3 %, on est...
bien, on n'a pas perdu d'argent, mais on en a fait un petit peu. Mes partenaires financiers, que ce soit
la caisse, les fonds fiscalisés, visent le plafond, là, au niveau des
rendements financiers, alors que moi,
je vise une génération d'économie par la génération de projets pour amener ces
gens-là à pouvoir investir.
Et quelque
chose que je veux ajouter peut-être avant de passer la parole à Mme la
ministre, c'est les investissements privés.
Oui, on peut compenser en partie les investissements privés par des moyens qui
font en sorte qu'on stimule des investissements, puis on a le
portefeuille pour le faire, mais, dans les trois dernières années, 2013, 2014
et 2015, c'est moins 8 %, moins
10 % et moins 2 % d'investissement privé au total au Québec, c'est le
reflet un peu de ce qui se passe un
peu au Canada. Et nous, on doit travailler dans l'écosystème pour stimuler les
investissements privés, mais, pour les compenser
au complet, je pense qu'on parle de chiffres qui ne seraient même pas... qu'il
manquerait de zéros, là, pour faire la substitution.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre, un complément de réponse.
Mme
Anglade : Oui. Alors, j'aimerais réagir parce que je pense qu'il y a
une prémisse qui est un peu erronée. On
pense qu'on devrait mettre 1 milliard puis 1,5 milliard, peut-être
2 milliards à terme. La réalité, c'est qu'il n'y a pas un projet qui a du sens pour l'intérêt des Québécois
qu'on ne fait pas aujourd'hui, il n'y en a pas un. S'il y a un projet qui
arrive sur mon bureau, puis on se dit :
Écoute, on devrait faire ce projet-là, personne ne dit : Est-ce qu'on
manque d'argent? Ce n'est pas ça, la
question qui se pose. La réalité, c'est que, si, dans trois ans, on revient
puis on avait Investissement Québec
qui vient me voir puis me dire : Bien, nous, on a tellement de projets,
là, on n'a pas d'argent pour financer, puis ce sont tous des excellents
projets, il va falloir qu'on trouve les moyens de financer ça pour que ça ait
du sens.
Alors, ce que
je veux dire par là, c'est qu'on a besoin d'aller trouver les projets qui
existent, d'où l'importance de
poursuivre le virage client entamé par Investissement Québec, d'où l'importance
pour eux d'aller sur le terrain puis d'être collés aux pulsations des entrepreneurs,
pulsations des entreprises pour être capables d'investir dans des projets,
dans des projets qui rapportent.
Puis
l'autre élément qui est important, c'est que... On parle d'investissement
privé. Comme gouvernement, on ne peut pas se substituer à
l'investissement privé, mais ce qu'on peut faire, c'est donner une impulsion,
c'est donner une direction, et c'est justement
ce que l'on fait avec le plan qui est proposé. On a besoin de créer cette
mobilisation avec qui? Avec les
acteurs économiques. Donc, ça commence dans notre cour, mais après ça ça
s'étend. Et c'est exactement le plan de match que nous avons pour les
prochains mois.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Johnson.
M.
Lamontagne : ...M. le Président, merci. Pendant que vous parliez de
provisions pour perte, j'aurais une question pour vous, Mme la ministre. Dans
le budget qui vient d'être déposé, à la page 84, on parle, le
programme 2, Économie, Science et
Innovation : «Interventions relatives au Fonds du développement
économique», on a quatre catégories d'intervention,
puis on s'aperçoit qu'on a, quand ils disent «ventilation par supercatégories»,
là, des créances douteuses et autres
provisions qu'on est rendu à 152 millions. Sur une période de deux ans, on
a pris... C'est comme si on prenait 50 millions
de dollars par année de créances douteuses dans ce poste-là. Je serais curieux de
savoir qu'est-ce qu'il en est. En une minute, si c'est possible.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, en fait, spécifiquement parlant, sur la question que vous posez, lorsqu'on regarde les mandats
gouvernementaux et les autres programmes, il y a une augmentation d'environ 50 millions,
c'est à ça que vous faites référence, hein, de 50 millions...
M.
Lamontagne : ...50 millions cette année.
Mme Anglade :
Oui. Alors, il y a différents projets sur lesquels... Je peux... Il y a cinq
projets...
(Consultation)
Mme
Anglade : Alors, il y a
cinq projets... Oui, bien, en fait, juste pour qu'on clarifie une chose,
lorsqu'on décide d'approuver un projet et que l'on met... et que l'on
décide de faire un prêt, peu importe, qu'on fait un prêt à terme, on s'assure toujours d'avoir une créance par rapport à ça au niveau budgétaire, pour s'assurer de pouvoir rencontrer les objectifs
budgétaires au cas où il y aurait des pertes. Donc, ça s'accumule au fur et à
mesure.
Là,
dans ce cas-ci, on a cinq projets qui ont été présentés, puis je ne sais pas si
on peut déposer... C'est ça qu'on peut déposer ici directement?
M.
Lamontagne : Bien, je ne veux pas qu'elle me les énumère. Je les
consulterai, puis, si après ça...
Le Président (M.
Cousineau) : Il n'y a pas de problème.
Mme Anglade :
Bien, c'est ça, je pense qu'il y a une page au complet qui les présente. À ce
moment-là...
M.
Lamontagne : Puis c'est expliqué...
Des voix :
...
Le Président (M.
Cousineau) : Excusez, excusez. Vous voulez la déposer, Mme la
ministre, la page?
Mme
Anglade : Bien, je peux la
déposer. Je ne pense pas qu'il y ait de problème à ce que je le dépose, hein? Non,
c'est ça, je voulais juste vérifier qu'il n'y a pas de...
Le Président (M.
Cousineau) : Parce que ça devient public si c'est déposé.
Mme Anglade :
Ça devient public si c'est déposé.
Le Président (M.
Cousineau) : Est-ce que c'est votre intention?
Mme Anglade :
Ça ne pose pas de problème? Non, non, ça ne pose pas de problème.
Le
Président (M. Cousineau) : Pas de problème? Bon, d'accord. Alors, continuez à répondre, et puis on
pourra déposer après.
Mme Anglade : Bien, en fait, je
pense que ce que souhaiterait le député de Johnson, c'est le consulter pour
pouvoir revenir sur cette question-ci, pour pouvoir répondre à sa question.
Document
déposé
Le Président (M.
Cousineau) : Oui, pas de problème. Alors, ça va comme ça, Mme
la ministre. On va... Oui, on va en faire des copies pour les membres de la commission.
Continuez, M. le député de Johnson.
M.
Lamontagne : Parfait. Je vais faire un petit peu de coq-à-l'âne, parce
que j'ai M. Côté qui est ici avec Mme
la ministre, ce soir on est supposés
parler d'exportations, on va en parler là un petit peu. Bien, ce soir,
c'est le titre de notre commission, Exportations et Innovation.
Moi,
j'aurais une question, ça m'intrigue. Quand Investissement Québec, qui est notre grand démarcheur un peu partout dans le monde pour nous amener des investissements ici, nous dit, mettons : On a rencontré 900 sociétés
à l'extérieur en 2013-2014,
ciblées ou recommandées pour leur intérêt envers le Québec, l'an passé ça a été
1 000 sociétés, ça fait qu'on s'aperçoit qu'on est très actifs pour chercher à susciter des propositions ou l'intérêt des gens. Exportations, je comprends que ce n'est pas le dossier d'Investissement Québec, que c'est Export Québec ou c'est le ministère
qui fait ça. Rapidement, quel lien qu'il y a
entre le ministère puis Investissement
Québec, mettons, qui pourrait aider au niveau
des exportations? Rapidement.
Le Président (M.
Cousineau) : M. Côté. Rapidement.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Oui.
Je vais me permettre de répondre parce que, cette réflexion-là, on l'a eue dans
les derniers mois, puis effectivement autant on veut travailler en attraction,
maintenant on veut utiliser notre réseau, parce
que, quand même, on a un réseau extrêmement bien nourri, on a 17 bureaux
en région, on en a 12 à l'international, pour que le réseau travaille aussi en amont. Donc, on ne veut pas se
substituer à d'autres acteurs qui font aussi, comme le ministère, du
travail pour aider les entrepreneurs à exporter, mais, là où il y a des liens,
où on peut faire aussi avec notre réseau
régional, en région, avec un démarcheur qui serait à Londres ou à Paris, bien,
on va le faire, alors que le réflexe n'était
pas là avant. Maintenant, on veut que ce soit un réflexe, chez nous, qui soit
aiguisé pour référencer ces dossiers-là, pour qu'on puisse faire le lien. Parce qu'on a le réseau, il s'agissait
juste de pouvoir en tourner la direction pour nos clients au moment venu. Donc, on peut enrichir encore
l'offre au niveau des services d'exportation avec ce qu'on a déjà comme
réseau au Québec et à l'extérieur.
M.
Lamontagne : Bien, moi, je suis surpris d'apprendre qu'avant
maintenant on ne faisait pas ça.
Mais,
si je peux renchérir, moi, quand j'entends, mettons, que, l'an passé, il y a
50 projets qui ont été «closés» mais
qu'on a sollicité 900 firmes, bien, c'est quand même 850 firmes à qui
on pourrait vendre des choses à l'extérieur du Québec. Je comprends qu'on a des bureaux à l'extérieur du Québec.
Est-ce qu'on a des vitrines à l'extérieur du Québec qui nous permettent de mettre en valeur ce qu'on a
à vendre? Parce que les efforts que vous faites pour recruter des gens, je veux dire, c'est comme un câble, ça, là, ça
peut aller dans les deux sens. Puis c'est le même effort, hein? Ça veut dire
qu'on a... Dans les deux dernières années,
là, on a 1 900 sociétés, puis là-dessus on en a «closé» à peu près
120 ou 140, selon vos derniers
rapports. Ça veut dire qu'on a quand même 1 700 sociétés qui potentiellement
pourraient bénéficier des produits du Québec, qu'on a. On est-u équipés
pour pousser vers ces entreprises-là les produits du Québec?
Puis
comment on est équipés dans nos 17... Au-delà de parler, on a-tu des
«showcases» un peu, dans nos bureaux à
l'extérieur, qu'on est capable, à un moment donné, de faire un peu une
démonstration de ce qu'on a, de tout ce qu'on a à offrir, des produits
qu'on a à exporter?
Le Président (M.
Cousineau) : Oui, M. Côté.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Comme je vous l'ai dit, ce réflexe-là, il
était déjà là, mais on veut l'aiguiser beaucoup plus parce que le réseau
nous offre une formidable opportunité de le faire. Et la plupart de nos bureaux
aussi, il faut ajouter, sont dans la
délégation du Québec, donc cette vitrine-là avec Export Québec,
elle est déjà... Parce
qu'on est déjà souvent dans la même... donc, on
partage souvent des vitrines lors d'expositions dans les créneaux
manufacturiers, biotechs, aéronautique,
etc., où on participe avec nos collègues du ministère
des Relations internationales, et
aussi dans les missions qu'on fait
avec le ministère de l'Économie. Donc, on ne manque jamais une opportunité
d'aller au-devant des clients potentiels et en amont et en aval, au
niveau de notre réseau, je vous... mais on va être encore meilleurs.
Le Président (M.
Cousineau) : D'accord. Je crois que la...
M.
Lamontagne : ...prochain
rapport. Ça fait qu'on pourrait avoir de quoi qui parle de ça
un petit peu, parler de notre performance à ce niveau-là...
Le
Président (M. Cousineau) : M. le député de Johnson, je crois... M. le député de Johnson,
je crois que la ministre
a un complément de réponse à vous donner aussi.
Mme
Anglade : Bien, en fait, c'était sur la question des investissements
directs étrangers, parce que vous avez fait
le lien entre exportations... un lien très pertinent entre exportations et
investissements directs étrangers, mais je pense que l'autre élément qu'on veut regarder également, c'est comment coordonner
les efforts entre... de la prospection au niveau des différents
organismes qui s'occupent de la prospection pour le Québec. On a Québec
International qui en fait, on a Montréal
International qui en fait. Il faut qu'on ait une force de frappe encore plus
grande pour pouvoir contacter des entreprises à l'étranger.
Donc, il y a aussi une volonté, à ce
niveau-là, de consolider les efforts que l'on a pour miser sur les
investissements directs étrangers,
donc ce volet-là est tout aussi important. Je comprends le volet exportations
puis le lien entre les deux, entre
exportations et investissements directs étrangers, mais, même au niveau des
investissements directs étrangers, il y a une volonté de notre part de
consolider les efforts.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député
de Johnson, il vous reste quatre minutes.
M.
Lamontagne : Quatre minutes. On va aller dans votre annonce de la
semaine passée, là, le 500 millions pour le manufacturier innovant,
puis on va se garder le 847 millions pour ce soir. C'est correct? Parce
que ça doit être deux montants différents,
je présume. 500 millions, ça doit être en plus du 847 millions. Oui,
c'est ça? C'est une question que je vous pose. C'était de du nouvel
argent, c'était...
Mme Anglade :
Là, quand vous parlez de 847 millions, non, c'est dans le budget au
complet...
M.
Lamontagne : C'est dans le budget, vous avez 847 millions, là,
pour accélérer l'innovation et...
Mme Anglade :
...c'est pour le budget au complet.
Le Président (M.
Cousineau) : Faites attention pour ne pas parler en même temps,
s'il vous plaît.
M.
Lamontagne : C'est bon. Investissement Québec, dans votre plan
stratégique, on a un montant de 275 millions qui est une cible, on
dit : «Valeur annuelle des montants de financement autorisés pour les
projets issus du secteur manufacturier»,
bon, 275 millions. C'est comparé à quoi avant? Avant, qu'est-ce qu'il en
était? Maintenant, c'est notre cible. Quelle sorte de cible on avait
avant?
Le Président (M.
Cousineau) : M. Côté.
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Bon an, mal an, c'était entre 200 et
250 millions par année, donc c'est une moyenne qui se situe entre les deux chiffres. On veut
bonifier ça comme un minimum annuellement et, de ça, on veut segmenter beaucoup plus le manufacturier innovant, donc le
cibler beaucoup plus, sans dénigrer le reste du manufacturier, au contraire,
mais le plan de match, c'est de s'assurer
qu'on adresse une situation qui... Vous l'avez vu un peu dans le plan au niveau
des statistiques de dépenses en
matériel, des investissements pour les nouveaux... les systèmes manufacturiers
innovants, etc., qui sont en déclin,
et surtout notre position concurrentielle au niveau de notre manufacturier par
rapport à des joueurs qu'on a comparés
dans notre plan, là, qui, je pense, nous font sursauter. Il faut absolument
adresser ça en segmentant une partie de nos investissements, en ciblant
le manufacturier innovant.
Donc, l'argent neuf,
dans ça, le gouvernement a à peu près 75 millions, par année, de plus dans
le secteur et...
M.
Lamontagne : Ça, c'est dans votre milliard?
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Ça, c'est dans mon milliard, et puis on parle
uniquement de mes fonds propres. Donc, quand
on fait la sommation de tout ça, il faut ajouter aussi ce que le ministère fait
au niveau du Fonds de développement économique
pour trouver à la fin, dans l'équation, le 500 millions qu'on cible, en
additionnant les deux sur trois ans, il faut mettre ça sur trois ans au
niveau du manufacturier innovant.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Johnson.
1 min 30 s.
M.
Lamontagne : Oui, O.K. Alors, dans le 500 millions que vous avez
annoncé la semaine passée avec Mme la ministre,
là, il y a quelle portion qui était attribuable à Investissement Québec puis au
Fonds de développement économique? C'est le 500 millions total?
M. Côté (Pierre
Gabriel) : Fonds propres, 225 millions.
M.
Lamontagne : Sur trois ans.
M. Côté (Pierre
Gabriel) : «Yes.» Absolument, oui.
M.
Lamontagne : Ça fait 75 millions par année. Ça, c'est du nouvel
argent?
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Oui. Dans le manufacturier innovant, c'est du
nouvel argent ciblé directement pour ce secteur-là.
M.
Lamontagne : Puis ça en sus du milliard, ou bien c'est à l'intérieur
du milliard qui était dans le budget?
M. Côté
(Pierre Gabriel) : C'est à l'intérieur du milliard, à l'intérieur du
milliard, mais il est ciblé au niveau de la tarte directement...
M. Lamontagne : O.K. Ça
veut dire qu'on avait un 75 millions avant, on l'a pris, on ne sait pas
trop où est-ce qu'il était ou ce qu'il faisait, puis là on s'est
dit : Maintenant, on va l'appeler «manufacturier innovant».
M.
Côté (Pierre Gabriel) : Il était ciblé dans des secteurs différents,
là, mais on veut le ramener directement... Et on va en faire une
reddition de comptes, bien entendu, dans notre... à la fin de l'année.
M.
Lamontagne : ...faites attention à ce que vous dites...
• (16 h 50) •
M. Côté (Pierre
Gabriel) : Non, non, mais c'est...
Le
Président (M. Cousineau) : Attention pour ne pas parler en
même temps, c'est difficile pour l'enregistrement.
M.
Côté (Pierre Gabriel) :
Pardon. Oui, il va y avoir une reddition
de comptes qui va être faite au niveau des fonds propres et aussi avec
mes collègues du ministère au
niveau du FDE, pour le succès du déploiement des interventions.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, M. le député de
Johnson, ça termine le temps qui était alloué à votre bloc. Je passerais maintenant la parole... Je suis
prêt à reconnaître un député du parti ministériel. M. le député de
Jean-Lesage, vous avez 19 minutes.
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Je suis très heureux d'intervenir aujourd'hui,
M. le Président. Salutations à toute l'équipe de la ministre et, naturellement,
à mes collègues.
Écoutez,
pour parler... en fait pour revenir aux entreprises manufacturières, qui sont
un point très important pour l'économie
et qui embauchent, naturellement, plusieurs milliers d'emplois dans toutes les
régions du Québec, et on n'en parle
pas assez souvent, les régions du Québec, effectivement, en tant qu'adjoint
parlementaire, naturellement, aux PME, j'ai
régulièrement le plaisir de rencontrer des dirigeants d'entreprises innovantes
et aussi à l'exportation et de pouvoir constater
le talent, le talent de ces entreprises-là, M. le Président, et la créativité
de nos dirigeants québécois. Alors, je pense que tout n'est pas noir,
loin de là, et on a au contraire plusieurs, plusieurs belles choses à venir
dans ce sens.
Étant un ancien
administrateur, justement, de la Chambre de commerce de Québec, j'ai eu la
chance aussi de rencontrer, dans mon passé,
des entreprises, que ce soit dans le parc technologique de Québec, que ce soit
dans les parcs industriels, à quel point, M. le Président, que l'on peut
constater... plusieurs entreprises innovantes et avec un grand potentiel, naturellement, pour tout l'ensemble de
leur oeuvre. Et c'est ça qui est malheureux, souvent on est un petit peu...
on voit ce qui se passe dans les journaux,
on voit les difficultés, mais on ne voit pas la beauté des choses qui sont,
souvent, à la portée, naturellement,
de ces entreprises-là, qui fait en sorte... qui nous font rayonner. Et il faut
être impliqué, il faut avoir été là pour, justement, le constater.
Un
autre message que je tiens à passer : La ministre parlait tout à l'heure
de jeunes qu'elle a pu voir et à quel point... Justement, voilà une quinzaine de jours, c'était la remise des Fidéides
ici, à la Chambre de commerce de Québec, et à quel point... 700 personnes qui étaient reconnues, en fait, pouvoir
être reconnues... naturellement, toutes ont été reconnues, plusieurs, là, de beaux lauréats, mais à quel
point il y avait une stimulation, à quel point c'était le fun de voir... Même
que j'étais très surpris de voir des
entreprises qui y participaient et que je ne connaissais pas, dans la région de
la Capitale-Nationale, et qui nous
font voir qu'il y a des beaux jeunes pour, naturellement, l'avenir, puis qui
fait en sorte qu'on n'a pas à se casser la tête sur ce côté-là. Avec des possibilités, il y a naturellement des
gens qui vont en prendre connaissance et puis aller plus loin.
Mon
collègue a parlé souvent aussi, dans son ancienne vie, par rapport,
naturellement, à tout ce qu'on a fait pour la réglementation, pour les
aider, c'est ce qu'on entend le plus souvent parler. Alors, ça aussi, c'est une
chose qui est majeure pour ces
entreprises-là, peu importe, manufacturières ou autres. Ces gens-là n'ont pas
le temps de s'enfarger dans la
paperasse et dans tout ce qu'il peut y avoir de réglementation, qui souvent est
un inconvénient à leur progression. Alors, ça aussi, c'est une
préoccupation que...
Mais
par contre, pour les entreprises manufacturières, depuis le tournant des
années 2000, le secteur a aussi, au Québec, été soumis à plusieurs perturbations outre la volatilité de
notre dollar, qui est quand même important, la récession qu'il a pu y avoir et la reprise économique
mondiale hésitante — il faut
quand même le constater aussi, ce n'est pas juste nous qui avons certaines difficultés, hein, on
voit à quel point la compétitivité à l'extérieur aussi est importante — l'entrée de marchés extérieurs, que ce soit la Chine, qui est quand même un
joueur très important, le conflit du bois d'oeuvre aussi, qui a touché énormément l'économie de nos régions,
et l'utilisation généralisée d'Internet et la montée des médias électroniques
qui ont entraîné un ajustement structurel majeur des industries des pâtes et
papiers et de l'impression. Alors, voilà, M.
le Président, le défi de nos entreprises. Mais plusieurs mesures ont été
annoncées dans le dernier budget, j'y reviendrai tout à l'heure, mais
ces entreprises manufacturières, avec le rôle de richesse et de créativité
d'emplois qu'elles ont, comme tel, dans toutes les régions du Québec, c'est
important.
J'aimerais
intervenir sur un autre point qui est aussi un peu... qui a fait la manchette,
à titre d'exemple Bombardier qui a
fait tant la manchette... C'est vrai que, si on n'avait pas fait ça, on se
serait fait critiquer de ne pas l'avoir fait, il y a toujours un petit peu un sens inverse quand on est
à l'opposition, mais, quand on regarde l'importance que ça a eue et que ça a encore, il y a peut-être des nouvelles à
venir très intéressantes, mais ne serait-ce que de penser aux
40 000 emplois qui y sont
directement associés dans l'aérospatiale... Et cela vient de toutes les régions
du Québec, M. le Président. D'ailleurs, mon collègue me parlait justement ce matin d'une entreprise de son
comté, qu'il pourra peut-être parler tout à l'heure, qui a une pièce
importante, de qualité, qui fait en sorte que les avions peuvent profiter de ce
talent-là québécois.
Alors, je
pense qu'on a des belles choses, il faut voir positif. Je pense que la ministre
est en mesure, avec l'annonce qu'elle a faite de son plan... Alors, moi...
Puis, dans la mise à jour économique
parue en décembre 2014, M. le Président, il y avait déjà des belles choses
qui ont été annoncées pour appuyer les PME
manufacturières : la réduction de la cotisation au Fonds des services de
santé pour les PME des secteurs
primaire et manufacturier, la bonification de la déduction additionnelle pour
les coûts de transport des PME manufacturières, la bonification des taux
de crédit d'impôt pour les activités de recherche en partenariat et
145 millions pour soutenir l'efficacité énergétique des PME, dont les PME
manufacturières.
Alors,
ma question à la ministre : Pour 2015-2016, Mme la ministre, le gouvernement
a annoncé diverses mesures pour
accroître, naturellement, la compétitivité et l'accès au financement des PME,
M. Côté en parlait tantôt, notamment dans le secteur manufacturier.
Alors, j'aimerais un petit peu vous entendre là-dessus.
Le Président (M.
Poëti) : Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Anglade : Quand on parle du secteur manufacturier, au Québec, on parle
de 14 % du PIB. Si on considère que
ça a une incidence également sur le secteur des services... Parce que, sur
chaque emploi créé dans le secteur manufacturier, on crée un demi-emploi dans le secteur des
services, ça peut correspondre, en fait, quand on fait la somme, à 20 % du
PIB au total. Donc, c'est un secteur qui est
significatif. Et il est d'autant plus significatif qu'on parle de
450 000 emplois au total au Québec, on parle de
10 000 entreprises, qui sont largement des PME, hein, il faut
s'entendre que ce sont largement des PME.
Et,
lorsque l'on fait la comparaison avec d'autres sociétés qui se comparent
allègrement à la nôtre, on constate que
celles qui ont investi dans du manufacturier innovant arrivent à tirer
davantage leur épingle du jeu à terme, d'autant plus que l'on parle de secteur manufacturier de production, de
fabrication ancré dans les communautés, hein, c'est moins... beaucoup plus, en fait, que même des services. Même
si, d'un point de vue PIB, les services occupent une place prépondérante aujourd'hui, on sait que, si on ne
mise pas suffisamment sur le secteur manufacturier, à terme, c'est un effritement, et aussi le fait qu'on n'ait pas
investi dans différents secteurs en même temps. Donc, pour nous, le
manufacturier innovant est capital, et il est capital dans différents
secteurs.
Lorsqu'on
parle de capital manufacturier innovant, on a souvent tendance à parler de la
vieille économie puis de la nouvelle
économie. C'est une expression que je n'affectionne pas particulièrement, parce
que je ne pense pas qu'on a deux
économies en parallèle, je pense qu'on a une seule économie et que cette
économie-là est en train de se transformer, peu importent les secteurs dans lesquels on évolue. On n'a qu'à penser
au secteur du bois, par exemple, qui occupe un gros morceau,
40 000 travailleurs dans le domaine de la foresterie, mais, même dans
le domaine de la foresterie, qui peut
sembler être un secteur plus traditionnel, on a des innovations vraiment
pertinentes qui font en sorte qu'on est capable de faire des biens manufacturiers innovants ici. Même chose dans le
secteur des métaux. Une première transformation de nos mines, c'est
considéré comme du manufacturier innovant.
Alors,
le message qu'a voulu envoyer le gouvernement la semaine dernière en présentant
des plans intégrés à la fois
d'Investissement Québec, du ministère et du CRIQ, c'est de dire :
Vraiment, on va miser sur le manufacturier innovant, et au lieu de se dire : On va juste dire...
on va mettre plus d'argent, on va réfléchir à la manière dont on dépense
l'argent et on va s'assurer de
l'orienter là où sont les priorités gouvernementales. Si on fait les chiffres
de manière globale, c'est près de
1,4 milliard qui a été investi dans les trois dernières années. Comme le
faisait remarquer le député de Johnson, ce n'est pas nécessairement des sommes additionnelles qui vont être
mises de l'avant. Cela dit, c'est 500 millions que l'on dépensait dans des secteurs qui étaient moins
innovants, où, là, on veut faire un virage et on veut réellement investir
dans de l'innovation.
Le
message est clair, c'est qu'à terme il faut absolument que nos entreprises se
modernisent, il faut absolument qu'elles
s'automatisent, il faut absolument qu'on pense aux nouvelles technologies. Et
ce n'est pas une vue de l'esprit que
d'encourager les entreprises à le faire, parce qu'on ne peut pas être dans une
société du savoir comme dans laquelle on
est ou on prétend l'être sans vouloir mettre l'épaule à la roue. La réalité,
c'est qu'il y avait eu des opportunités d'investissement par le passé qui n'ont
pas été toutes saisies, et là on doit vraiment opérer un virage beaucoup plus
significatif.
• (17 heures) •
Donc, le
manufacturier innovant, on le constate dans les secteurs clés également pour
l'exportation, parce qu'évidemment, lorsque
vous regardez les exportations, on en parlera un peu plus tard, mais 80 %
des exportations... plus de 80 %
des exportations que nous faisons sont des exportations dans le domaine de
l'aérospatiale. Donc, c'est pour ça, par exemple, que, lorsque l'on parle de manufacturier innovant de manière
générale, il est également très pertinent de parler de manière spécifique
de certains secteurs.
Je
parlais du bois. Permettez-moi de dire deux mots sur l'aérospatiale, parce que
c'est exactement ça. L'aérospatiale, il
y aura une stratégie de l'aérospatiale qui sera déposée dans les prochains
mois. Et l'aérospatiale, c'est exactement ça, dans la mesure où on investit dans des produits de pointe, des produits
de pointe que l'on exporte également, donc qui créent énormément de
richesse pour le Québec. Et donc avoir une stratégie bien claire
sur comment on va produire, quelles sont
les attentes que l'on a par rapport au secteur, dans quel domaine précis en
termes de pièces que nous voulons produire ici, qui sont les joueurs
internationaux que l'on aimerait attirer, de quelle manière on veut
internationaliser nos PME. Parce qu'une grande question que nous avons par
rapport à l'action de la croissance économique, c'est l'internationalisation de nos PME. Donc, pour ce secteur en particulier,
on va avoir des mesures claires et spécifiques pour le manufacturier innovant. Mais ça se décline
également dans d'autres secteurs. Et c'est ça, la beauté, en fait, d'investir
dans ce domaine-là en particulier, c'est que ça peut se décliner dans
toutes les régions du Québec, et tout le monde peut y trouver son compte, tout
le monde doit y trouver son compte.
L'industrie
des services n'est pas en reste, puisque l'industrie des services, au fil des
années, a su démontrer que l'approche des crédits d'impôt a réellement
permis à une industrie d'émerger. Notamment quand on pense aux films d'animation ou bien aux
jeux vidéo, on voit à quel point cette industrie-là a pu bénéficier du contexte
favorable des crédits d'impôt. Et
donc il y a différentes mesures qui ont été mises de l'avant qui ont été... que
les entreprises se sont appropriées, dont
elles bénéficient. Et, nous, ce que nous voulons, c'est poursuivre en cette
veine. Et puis on pourra parler, dans un autre contexte, de la stratégie du numérique. Mais, encore une fois, le
message gouvernemental est très clair par rapport au manufacturier
innovant. Merci.
Le Président (M. Poëti) :
Merci. M. le député, la parole est à vous.
M. Girard :
Merci, M. le Président. Mme la ministre, je voudrais, dans un premier temps,
vous féliciter, féliciter pour
l'annonce de la semaine dernière en collaboration avec le P.D.G.
d'Investissement Québec. Une belle annonce qui a été faite et qui démontre la collaboration entre le ministère et
Investissement Québec, qui démontre un partenariat pour travailler ensemble, travailler avec le
manufacturier innovant, travailler à exporter, travailler à faire connaître ce
que l'on fait de bien au Québec. Donc, je voulais vous en féliciter.
Et je vais
faire un petit peu de pouce sur ce que vous avez mentionné tout à l'heure. Le
manufacturier est un peu la base de
l'écosystème économique, c'est-à-dire que l'on fabrique des produits qui vont
être vendus à l'étranger, ce qui nous
apporte des capitaux supplémentaires. Ces capitaux-là vont nous permettre de
faire rouler notre économie. C'est-à-dire les gens vont acheter des voitures, donc on va faire vivre le détaillant
de voitures, on va aller à l'épicerie, on va aller au restaurant, on va aller au cinéma, etc. Mais, si
on veut amener de l'argent neuf, c'est par les exportations et par le
manufacturier qu'on va vendre à l'extérieur.
Donc, c'est la base de l'écosystème et c'est doublement important de pouvoir le
soutenir.
J'aimerais
apporter à l'attention de la commission un article du 13 avril dernier, Des
investissements majeurs à venir à
Bécancour : «La haute
direction d'Olin a réitéré sa confiance dans les installations d'Olin Produits Chloralcalis — des produits
de chlore — dans le
parc industriel et portuaire de Bécancour en débloquant des budgets importants
pour la mise à niveau de l'usine.»
Au même
moment où la compagnie va cesser la production de chlore à l'usine d'Henderson
au Nevada et qu'elle va diminuer sa
production à Freeport au Texas en raison de la compétition qui provient de la
Chine et de la Russie, Olin va effectuer
des investissements importants à Bécancour pour, premièrement, améliorer le
rendement de l'usine. Deuxièmement, ces
investissements vont permettre de consolider 150 emplois à l'usine de
Bécancour, qui sont des emplois, soit dit en passant, qui sont très bien rémunérés, et ces investissements vont faire,
en quelque sorte... c'est un vote de confiance pour l'usine, et va faire
en sorte que l'usine va pouvoir encore être opérationnelle pendant plusieurs
années.
Olin a pris en considération l'excellence du
travail qui se fait aux installations de Bécancour. Nous sommes innovants, nous sommes des gens qui sont
performants. Olin consolide ainsi le
positionnement de son usine et Olin mentionne qu'ils vont approvisionner des clients dans un rayon de 500 miles,
soit le Québec, les provinces voisines, également le nord-est des États-Unis. Donc, on mentionne
que d'autres projets sont également sur la table, éventuellement, et ça ouvre
la porte à d'autres opportunités.
Malheureusement, on parle souvent d'entreprises qui ont, dans les derniers mois, dernières
années, été achetées à l'étranger,
des investisseurs américains qui ont mis la main sur une entreprise
du Québec, des investisseurs ontariens qui ont pris le contrôle d'une entreprise
au Québec. Mais on a des histoires à succès qui sont extrêmement intéressantes pour le Québec, où c'est le Québec qui amène de la
production chez nous, qui prend de la production qui se fait à l'étranger et
qui l'amène chez nous. Donc, on a beaucoup
de belles histoires comme celles-là. Malheureusement on n'en parle pas assez souvent.
J'aimerais
vous entendre, Mme la ministre, sur... avons-nous d'autres histoires comme
celle-là? Est-ce qu'on a des entreprises qui s'installent chez nous? On entend souvent
parler de ceux qui s'en vont, mais moi, j'en connais plusieurs...
Et je
pense que, pour les gens, ce serait important
de parler de ces belles entreprises qui s'en viennent chez nous, de ce que l'on a pu attirer chez nous dans les dernières
années, les types d'entreprises dans les secteurs d'activité, les emplois que
l'on a créés dans des secteurs innovants. Il s'est passé quoi, à l'inverse,
pour le Québec dans les dernières années?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : Alors, merci de la question. D'abord,
je vais répondre en parlant brièvement des acquisitions. Parce qu'hier... il faut
croire que l'événement auquel j'assistais m'a particulièrement inspirée, mais
on a de belles histoires au Québec.
Quand on
prend, par exemple, le Groupe Deschênes, le Groupe Deschênes qui
avait parti une petite entreprise
de tuyaux à chauffage dans l'est de Montréal,
sur la rue Notre-Dame, et on est rendu maintenant à la troisième génération où il y a eu
des... de père en fils, en fait, dans ce cas-ci c'est de père en fils. Ils ont
réussi à transmettre finalement le leadership,
le savoir-faire, la vision également de l'entreprise, et ça a donné des résultats extrêmement tangibles. Et donc nous avons
plusieurs entreprises comme celle-là — parce que beaucoup de nos entreprises sont des entreprises familiales,
évidemment — qui
arrivent à transmettre ça à leurs enfants.
Et donc on a
un défi de transmettre l'entreprise.
Et ce que l'on a facilité dans le
dernier budget, c'est justement
la transmission d'une entreprise
à quelqu'un de la famille. Parce qu'avant il y avait des règles qui étaient plus exigeantes et qui faisaient en sorte que ça devenait presque
plus rentable de le donner... de le vendre à l'étranger que de le laisser à l'intérieur même de la famille. Donc, on a enlevé
ces barrières-là justement pour faciliter ce genre de transfert. Donc, ce
sont des initiatives qu'il va falloir que l'on poursuive.
Maintenant, vous parlez d'un sujet qui est fort
important, c'est celui des compagnies étrangères qui viennent s'installer ici. Il y en a plusieurs qui sont
installées depuis longtemps, au point où on pense finalement qu'elles font
partie de notre
écosystème et que ça fait partie de la fibre québécoise, jusqu'à un certain
point. On n'a qu'à penser à un Pratt & Whitney,
on n'a qu'à penser à un Ericsson, on n'a qu'à penser à un Ubisoft, qui a plus
d'employés ici qu'il n'en a ailleurs
dans le monde. Ce sont des gens qui sont venus s'implanter ici, qui ont pu
croître ici et qui maintenant représentent des sièges sociaux — pas sièges sociaux à proprement parler, mais des centres
décisionnels mondiaux, qualifions-les de cette manière-là — très importants ici dans des domaines très spécifiques. Et là on a
en effet de belles histoires et de belles réussites.
Un des enjeux que nous avons et sur lequel on
doit travailler particulièrement, c'est que chaque personne qui représente une entreprise étrangère ici est aussi
notre meilleur ambassadeur auprès de la société mère. Et il faut donc nous
assurer d'accompagner ce président ou cette
présidente de l'entreprise, qu'on appellera le président Québec ou le président
Canada, qu'on soit capables de l'accompagner
et de lui faire voir le... de s'assurer qu'il ait tous les outils en main pour
bien représenter le Québec auprès de
l'entreprise mère. Et là c'est un enjeu qui est fondamental pour la réussite et
le succès de cette entreprise dans sa capacité à attirer des projets
innovants et structurants pour l'économie québécoise.
Et je sais qu'il y a un signe d'une minute,
alors je dois... Je continuerai un peu plus tard, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Il vous
restait quand même 45 secondes. Peut-être un mot supplémentaire?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
oui, un mot supplémentaire. Il y avait, hier... C'était bien parce que c'était
un exemple de père en fille, qui s'est
transmis. Alors, il y avait la présidente et chef de la direction,
Mme Marie-Claude Houle, qui a
reçu un prix également pour l'entreprise EBC. Et c'est un autre exemple concret
de transfert à l'intérieur d'une même famille
qui a réussi. Et je pense que ce que nous devons faire, au Québec, c'est
multiplier ce type d'exemple de transfert là à terme pour l'ensemble des
entreprises du Québec, dans la mesure du possible, évidemment. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Alors,
je passerais maintenant la parole au député de Sanguinet, porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'économie, science et innovation. M. le député de Sanguinet, pour
22 minutes.
• (17 h 10) •
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Alors, par rapport à la question — on avait terminé là-dessus — sur la perte de capitalisation des
entreprises qui étaient impliquées dans l'exploitation éventuelle d'Anticosti,
les dates, c'est du 4 décembre au 16 février.
C'est le 16 février que le premier ministre a finalement dit qu'il allait
respecter l'entente. Je ne sais pas
si éventuellement vous voulez sortir les chiffres, là, peut-être pas tout de
suite, là, éventuellement, tu sais, laisser le temps aux gens, là... Juste avoir une idée, là, en pourcentage, là,
de la diminution de la valeur des actions. Parce qu'entre autres il y a Bourque, là, qui est en Gaspésie,
qui aurait peut-être eu... qui aurait écopé un peu dans le projet, là, via la
chute des actions de Pétrolia.
Moi, je
voudrais vous entretenir, Mme la ministre, par rapport à Aveos. Il va falloir
que vous m'éclairiez. Pour vrai, là.
Parce que c'est sûr que j'ai déposé une pétition pour Aveos. Je suis impliqué
dans le dossier probablement, tu sais, par intérêt, comme vous l'êtes,
là, mais vous, vous avez une responsabilité davantage que la mienne, là.
C'est à peu
près 2 000 emplois, on s'entend là-dessus. La Cour d'appel, je pense
que c'est en novembre, a statué qu'Air
Canada devait réengager le nombre de personnes qui était prévu dans la loi, je
pense, de 1980... — là,
j'aurais dû faire mes devoirs, je
n'ai pas fait mes devoirs, bon, en tout cas — et que ces gens d'Aveos là étaient censés
retrouver le chemin du travail. Et on était censé obliger Air Canada de
respecter les conditions établies par la Cour d'appel.
Ce qu'on a
appris par la suite, c'est qu'il y aurait eu désir de votre côté — puis dites-moi si je me trompe, là — de ne
pas donner suite à cette poursuite-là, de la part de votre gouvernement. Est-ce
que je me trompe ou c'est ça? C'est là où est-ce qu'on en est par
rapport à ce jugement en Cour d'appel?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : Merci. Alors,
permettez-moi juste de faire un bref retour. Lorsque l'on parle des employés d'Aveos, vous dites près de 2 000, en fait je
pense que le chiffre... au total, c'était 1 800, mais, les employés qui
étaient directement affectés par Air
Canada, on parle de 1 200 personnes, juste pour clarifier les
chiffres, on parle de 1200 personnes. Ceci étant, c'est 1 200 personnes, c'est
1 200 travailleurs, c'est 1 200 familles. Alors, ce n'est
pas pour minimiser la situation, par ailleurs.
Revenons à un
contexte plus large qui est l'aérospatiale, parce que je ne pense pas qu'on
puisse dissocier Aveos de tout le
contexte de l'aérospatiale : 40 000 emplois, 200 PME et la
conviction profonde, tant au gouvernement que dans le milieu, que la croissance dans le secteur de
l'aérospatiale, qui, en passant, représente la plupart... une vaste portion de
nos exportations — en termes de chiffres, il arrive bien bon
premier — passe
par le succès de la série C. Et c'est dans cette optique-là, qui suit une logique de manufacturier
innovante... — donc
vous voyez qu'on a de la suite dans les idées — qui fait
en sorte qu'on a décidé d'investir dans Bombardier. Et, pour clarifier aussi
quand on parle d'investir, c'est qu'aujourd'hui les Québécois, collectivement, nous sommes propriétaires d'un avion à
49 %. La raison pour laquelle on l'a fait, c'est parce que c'est ce qui a garanti de manière la
plus certaine le fait que nous allons prospérer dans le domaine de
l'aérospatiale.
Dans ce
contexte-là, il y a Air Canada qui a proposé également d'acheter des Cseries.
Et, nous, ce que nous avons dit...
Parce qu'Air Canada a sur la table 45 avions... 45 commandes fermes
plus 30. Nous, ce que nous avons dit, c'est que, dans le cas où il y aurait une entente entre Air Canada et
Bombardier pour l'achat de Cseries, dans le cas où l'entreprise serait également intéressée et se commettrait à
investir dans le système de maintenance au Québec, donc ouvrir également un système de
maintenance pour la série C ici, qui créerait, à terme, 1 000 emplois...
Ce que nous disons, c'est que nous
pensons qu'il y a moyen d'avoir une entente avec Air Canada qui permettrait
justement la création de ce centre de maintenance là.
Maintenant,
nous n'avons pas retiré la poursuite. Nous sommes toujours devant les tribunaux,
je tiens à le préciser, nous sommes
toujours devant les tribunaux. Et, lorsque l'on jugera que ce sera dans
l'intérêt de l'ensemble des Québécois de retirer la poursuite, s'il devait y
avoir des commandes placées et s'il devait y avoir un investissement pour
un centre d'excellence, à ce moment-là nous considérerions la chose. C'est ce
que nous avons dit.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Écoutez, dites-moi où est-ce que je me trompe dans mon raisonnement. Vous
avez... en tout cas, dans l'entente,
là, éventuellement, là, avec Air Canada, il y aurait un centre de maintenance
des CSeries. Ce centre-là verrait le
jour à peu près en 2025, dans ces eaux-là. Qu'est-ce qui se passe pour les
1 800? Parce que, là, vous parlez de 1 200, mais... en tout
cas, eux vont dire que c'est 1 800, là.
Mme Anglade :
C'est 1 200.
M. Therrien :
Oui, mais... En tout cas, c'est 1 800, là. J'avais vu la nomenclature.
Mme Anglade :
...
M. Therrien :
Regardez, ce n'est pas grave, là. Mettez 1 200 si ça peut vous faire
plaisir, là. Qu'est-ce qui arrive aux
1 200 personnes jusqu'en 2025? Première question. Puis deuxième
question : Quand tu regardes en 2025, qu'on ait ce centre-là, est-ce que vous pensez qu'on serait
capables d'absorber 1 200 travailleurs au sein de ce centre-là? Ma
question est simple, je veux
dire : Jusqu'en 2025, qu'est-ce qu'on fait avec ces gens-là? Puis, en
2025, est-ce qu'on en a assez? Parce
qu'il y en a qui vont dire qu'eux ils vont revamper des avions, mais ils ne
changent pas nécessairement l'huile, tu sais? Pour changer l'huile, tu n'as pas besoin d'autant de monde que ça. Avec
les CSeries, là, disons que, quand tu l'achètes neuf, là, la maintenance
n'est quand même pas très, très importante, souhaitons-le, là.
Alors
donc, deux questions : Qu'est-ce qu'on fait avec ces gens-là jusqu'en
2025? Puis, à partir de 2025, c'est-u suffisant, mettons, pour 1 200?
Mais, comme je vous dis, là, 1 200, c'est parce que vous supposez qu'il y
a 600 personnes qui auront trouvé un travail dans le domaine de
l'aviation, mais ce n'est pas nécessairement le cas.
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Alors, dans les dernières années, le gouvernement a été actif dans le dossier
d'Aveos. Vous vous rappelez que c'est évidemment le gouvernement qui a
décidé d'aller en cour par rapport à ce dossier-là.
Quand
j'ai dit qu'il a été actif indépendamment de ce qui se passait avec le litige,
il y a eu quand même différentes initiatives
qui ont vu le jour. Notamment, il y a une aide de 7 millions de dollars
qui a été attribuée à AJW Technique pour la création de 214 emplois justement dans l'idée aussi que des postes
d'Aveos seraient... d'anciennes personnes de chez Aveos pourraient
occuper ces emplois-là. Également, 30,9 millions à Lockheed Martin
Canada pour la création de 220 emplois,
et une aide à Premier Aviation, à l'époque, pour 190 emplois. Donc,
il y a eu des initiatives, d'un point de vue gouvernemental, pour faire en sorte que les personnes, les
1 200 personnes... Parce qu'il s'agit bien de
1 200 personnes. Ce n'est
pas pour me faire plaisir, c'est parce que ce sont les faits. Il y a
1 200 personnes qui sont touchées par ça. C'est des
initiatives qui ont eu lieu.
Maintenant,
on s'entend tous pour dire que le litige en tant que tel ne crée pas d'emploi,
n'a pas créé un seul emploi dans les
dernières années, dans les derniers quatre ans. Pas un emploi n'a été créé.
Donc, ce que l'on dit, c'est qu'on pense qu'à terme on serait plus gagnants de créer un centre d'excellence sur
la CSeries et de s'assurer qu'il y ait des postes de qualité qui soient créés et maintenus que de
poursuivre au niveau du litige. Mais, là encore, ça sous-entend qu'il y ait des
commandes qui soient placées et, là encore,
ça sous-entend qu'il y ait effectivement la création du centre d'excellence.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Bon, écoutez, moi, je pourrais vous demander : Est-ce que ces
conditions-là sont écrites avec... ou
vont être écrites avec Air Canada s'ils achètent finalement des CSeries?
Mais moi, honnêtement, je vous écoute puis je trouve ça bien, mais moi, je suis un employé d'Aveos, là, je ne suis pas
content d'entendre ça, là, parce que vous ne me donnez... vous ne me
sécurisez pas mon emploi, alors que la Cour d'appel oblige Air Canada à
m'engager. Vous ne m'engagez pas... vous n'engagez pas un processus dans lequel
je vais retourner au travail dans le domaine prescrit.
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Je veux juste clarifier quelque chose. Le jugement de la Cour d'appel est un
jugement qui est déclaratoire. Ce que
ça signifie, un jugement déclaratoire, c'est qu'ils sont... on reconnaît que la
manière d'interpréter la loi par le
gouvernement est exacte et que donc Air Canada avait des responsabilités.
Ceci ne force pas. Donc, ce n'est pas
un jugement exécutoire, ce qui veut dire que ça ne force pas Air Canada.
Il faudrait entamer davantage de poursuites pour le rendre exécutoire. C'est juste ce point-là que j'aimerais
clarifier. On est dans un jugement qui est déclaratoire.
Le Président
(M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Sanguinet.
M. Therrien :
Déclaratoire ou non,
Marc Garneau veut changer la loi qui oblige Air Canada à engager ces gens-là. Il veut changer la loi. Puis, dans la loi, c'est très clairement
écrit que ces gens-là... il n'y aura plus d'obligation d'Air Canada pour
engager ces gens-là. Est-ce que vous avez fait une représentation? Est-ce que
vous allez auprès du gouvernement fédéral pour défendre les employés d'Aveos?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade :
De ce que je comprends, c'est que c'est le projet d'amendement du fédéral,
c'est pour l'avenir, hein, c'est ça?
Ce n'est pas pour le passé, c'est pour l'avenir, dans un premier temps. Mais,
dans un deuxième temps, j'ai également
dit que, nous, ce que nous souhaitions d'abord et avant tout, c'est d'avoir le
fédéral autour de la table pour garantir le succès de la CSeries. Ça a
été clairement le positionnement du gouvernement.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Aveos se sent menacée. Les employés d'Aveos se sentent menacés par le
changement de la loi par
M. Garneau, et vous considérez qu'ils ne sont pas impliqués par le
changement de la loi, c'est ce que vous me dites?
• (17 h 20) •
Mme Anglade : Non, j'ai dit que
la loi était pour l'avenir et pas pour le passé, donc... Le passé reste
toujours d'actualité, de un. Et, de deux, je
pense que ce que l'on demande au gouvernement fédéral, bien au-delà d'un
amendement, ce qu'on demande au gouvernement fédéral, c'est une
implication claire au niveau de l'aérospatiale, qui représente 40 000 emplois au Québec, le secteur
premier en recherche et développement, et surtout l'avenir du Québec. Alors,
c'est ce qu'on demande, d'abord et avant tout, au niveau du fédéral.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Vous avez mis 1,3 milliard dans la CSeries. Corrigez-moi si je me trompe,
il y a une entente là-dedans qui dit que,
pour les 20 prochaines années, la construction sera faite et aussi le
centre sera établi à Montréal ou, en tout cas, au Québec. C'est ça?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : Là, vous voulez
dire pour le Cseries ou vous parlez d'Air Canada?
M. Therrien :
Oui. Non, CSeries. Là, j'ai changé de registre, là. Je parle du CSeries, votre
entente, là. Vous avez une entente avec CSeries qui... avec Bombardier
dans la société en commandite. Et, dans l'entente, vous dites : Nous
devons... Ils doivent respecter l'idée qu'on doit engager des gens et produire
ici. Est-ce que je me trompe?
Mme Anglade :
Sur cette question-ci spécifiquement... Parce qu'elle a rapport à Bombardier,
et l'entente qui existe entre Bombardier, c'est vraiment mon collègue
des Transports qui est responsable de ce dossier.
M. Therrien :
Donc, vous ne répondrez à aucune question, même si c'est Investissement Québec
qui est chargé de... Je pense que c'est Investissement Québec qui va...
Mme Anglade :
Dans ce cas-ci, c'est vraiment le ministre des Transports qui est responsable
de ce dossier-ci. Si vous me parlez
de l'entente spécifique entre Bombardier et le gouvernement, c'est vraiment le
ministre des Transports qui est là-dessus.
M. Therrien :
Vous ne la vouliez vraiment pas, hein? O.K., on va parler de d'autre chose.
Mme Anglade : Ce sont les choix
du premier ministre.
M. Therrien :
Oui, O.K. Je comprends très bien.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Alors, si on regarde l'évolution économique récente, là : croissance économique
de 1,1 %, investissement, je pense que
c'est moins 4,7 % — je vous dis ça de mémoire, là — c'est moins 4,7 % l'année dernière.
Cette année, on prévoit 0 %, mais on a
toujours été en bas des prévisions, donc, si on prévoit 0 %, probablement
qu'on aura un autre recul. On a créé
300 emplois en un an, à peu près un emploi par jour. Et il y a eu des
coupes, dans les dernières années, à
l'intérieur des ministères, là... en tout cas, de l'ensemble des... Il y a des
ministères qui n'ont pas eu de coupes, mais
les ministères où est-ce qu'il y a eu le plus de coupes, c'est, entre autres,
dans le ministère de l'Économie. Je pense que c'est Économie puis Relations internationales qu'il y a eu le plus
de coupes. Alors donc, on se retrouve dans une situation...
Puis, si je regarde le budget des
dépenses, là, crédits des ministères et organismes, là, page 82... Parce
qu'on avait regardé ça ensemble, Mme la ministre, là. J'avais parlé, là, de
commerce extérieur, et vous aviez dit : Bien, non, il n'y a pas de gel, parce qu'il y a eu une augmentation
suite à une décision du... Je vais juste vous donner le temps de... Vous
me suivez toujours, là?
Mme Anglade :
Oui.
M. Therrien :
Bon. Puis on avait parlé de ça, puis vous aviez dit qu'il y avait
7 millions qui avaient été rajoutés dans le commerce extérieur. Puis ça m'avait plu. Parce que je me disais,
tu sais : Vous avez un gel, alors que vous faites la promotion du commerce extérieur avec assez
d'acharnement. Puis ça vous honore, mais là je me disais : Si les bottines
ne suivent pas les babines, ça ne nous donne rien.
Vous
dites qu'il y a 7 millions de plus. Moi, je vous crois sur parole. Ça a
l'air que le ministre des Finances aurait dégagé ça. C'est-u
7 millions? Oui? Je pense que c'est 5 ou 7, là.
Une voix :
...
M. Therrien :
O.K. Puis, tu sais, on voyait que, le soutien de l'innovation, tu avais une
diminution. Ça veut dire que tu as eu
une chute au ministère de l'Économie, dans les dernières années, assez
importante. Et, en plus, cette année, ce
que vous proposez, là, c'est à peu près un gel. Il y a une augmentation,
mais... Je pense que vous avez bien répondu à la question, là. Il y a une augmentation. Quand tu regardes à la
page 84, là, on passe de 234 à 285, mais ça vient des créances douteuses. Et vous avez présenté, là, des
créances douteuses de 50 millions. Ça veut dire que l'augmentation liée à votre ministère, c'est au niveau des
créances douteuses seulement. Si on inclut le 7 millions que vous aviez
dit que le ministère des Finances avait introduit récemment, bien, vous
vous retrouvez à avoir une légère augmentation.
Moi,
je vous dirais, on s'entend, là, devant une situation économique aussi
difficile... tu sais, c'est le moins qu'on puisse dire. Tu as 1,1 % de croissance, tu as un recul, depuis deux
ans, de l'investissement, vous... pas vous promettez, mais vous prévoyez 0 % cette année, création
de 300 emplois dans un an. Je vais te dire que ça prend un bon coup de
barre, là. Tu sais, ça prend une action assez puissante de votre ministère.
Et vous m'aviez répondu... Parce que je vous en
avais parlé la semaine passée, puis vous aviez dit, avec l'aide d'Investissement
Québec, que vous aviez mis pour les trois prochaines années 500 millions
de plus, bien, en tout cas, 500 millions
que vous alliez destiner à l'innovation puis au secteur manufacturier, là, de
pointe, innovante. Moi, je trouve ça bien agréable puis bien le fun, là.
Investissement
Québec... Puis tantôt on a mentionné, suite aux questions très brillantes de
mon collègue de Johnson — il m'en doit une, parce que je viens de le
flatter. Vous reprenez la parole ce soir, je vais vous écouter, probablement — alors, 75 millions, 75... — ça fonctionne comme ça entre les deux, il y
a une convergence qui s'effectue, là — bon, 75 millions,
75 millions...
Des voix :
...
M. Therrien :
Il ne le sait pas, il y a une convergence.
Une voix :
...
M. Therrien :
Oui, oui, c'est ça. Bien, il sourit, là, c'est déjà un bon pas de franchi.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet, vous irez souper ensemble pour...
M. Therrien :
Pas de problème, je m'entends très bien avec mon collègue.
Alors,
il y a eu 75 millions, 75 millions, 75. Dites-moi si je me
trompe : 75 millions, 75 millions, 75 millions donnés
par Investissement Québec, qui est prévu
dans ce type de secteur d'activité, le reste, ça vient du gouvernement.
Est-ce que c'est vrai, Mme la
ministre? C'est parce que, là, on est à 225, ça veut dire qu'il y a 275 qui
devraient être versés par le ministère. Jusqu'à date, je ne suis pas
pire.
Mme Anglade :
Pas pire.
M. Therrien :
Pas pire.
Le Président
(M. Cousineau) : Ça va, ça va, M. le député.
M. Therrien :
Non, non, mais jusqu'à date, je veux dire. Non, non, mais, tu sais, j'ai le
droit d'avoir mes... tu sais, de
faire des erreurs. Parce que j'en ai fait une, entre autres, en 1998, je pense,
mais bon. D'où il vient le 275 millions? J'aimerais vous entendre
là-dessus.
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
M. Therrien :
Parce que, là, là, voyez-vous, là, il faut m'impressionner. Parce que, là, vous
voulez stimuler l'économie. C'est difficile
à croire quand on a un parti néolibéral au pouvoir. Mais mettons que ça se
peut, là, vous avez des désirs de
croissance économique soutenue. Puis vous êtes arrivée de la CAQ puis vous
dites : Moi, je vais vous montrer comment une ex-caquiste peut
gérer l'économie. Ça fait que je vous écoute.
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
M. Therrien :
Là, vous voulez impressionner vos nouveaux collègues, là.
Le Président
(M. Cousineau) : Bon.
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. On a un collègue qui a beaucoup d'humour, quand même,
hein? Il faut le reconnaître, hein?
Un peu plus d'humour que la semaine passée, d'ailleurs, ce que j'apprécie
d'ailleurs, ce que j'apprécie, hein? Alors, voilà pour le compliment.
Le Président
(M. Cousineau) : À la grande satisfaction du président...
Mme Anglade :
À la grande satisfaction du président également.
M. Therrien :
Mais j'attends encore les compliments du député de Johnson présentement.
Mme Anglade :
Ah! il s'en vient au souper ce soir.
Le Président
(M. Cousineau) : Ça va venir, vous soupez ensemble. Mme la
ministre.
Mme Anglade :
Il se réserve pour le souper.
Alors,
écoutez, d'abord répondre... Parce que vous faites de beaux préambules, hein,
bien étoffés, dans différents... avec
beaucoup de prémisses, mais j'aimerais revenir sur certaines des prémisses
avant de répondre spécifiquement à vos questions, parce que je pense que
c'est important dans le contexte général.
Lorsque
l'on parle du budget du ministère et lorsqu'on regarde spécifiquement les
crédits, puisque nous sommes dans une
étude de crédits, on regarde le budget 2015-2016, il y avait
775 millions qui étaient attribués. Lorsque vous regardez les
budgets de 2016-2017, vous constatez un montant de 820 millions de
dollars, pour une différence de 45 millions, n'est-ce pas? Ensuite, au niveau du budget, il y a des annonces
additionnelles qui ont été faites pour un total de 33 millions de
dollars. Donc, la différence, au total, c'est 78 millions de dollars.
Donc,
quand on dit que, d'un point de vue gouvernemental, on aimerait voir davantage
de montants attribués au niveau
économique, il est clair que les chiffres témoignent de l'intérêt du
gouvernement d'aller de l'avant puis d'investir de manière plus spécifique en matière d'économie. Donc, c'est de ça dont
on parle quand on parle des chiffres. Maintenant...
M. Therrien :
Ça viendrait de là, 78 millions fois trois, c'est ça?
Mme Anglade :
Non, il ne faut pas...
M. Therrien :
O.K., continuez.
Le Président
(M. Cousineau) : Poursuivez, Mme la ministre.
Mme Anglade :
Je poursuis. Vous faisiez également état d'un rebond des investissements... en
fait, d'un manque d'investissement.
En fait, moi, ce que je voulais vous dire, c'est qu'il y avait, en fait, un
rebond des investissements. Puis j'aurais
aimé vous amener à la page C.12 où on dit : «[Il y a] un redémarrage
des investissements non résidentiels des entreprises. La baisse subite des investissements non résidentiels des
entreprises, qui a débuté en 2013, devrait faire place à une reprise graduelle.» Et tout le reste des
deux pages détaille de quelle manière on fait face justement à cette reprise
et quelles sont les mesures qui sont mises
de l'avant pour parler de cette reprise-là. Alors, peut-être que vous pouvez
relire cette page-là puis qu'on pourra en discuter plus amplement.
Maintenant, lorsque
vous parlez de 275 millions additionnels, le 225 plus le 275, le 275
provient du Fonds de développement
économique, dont Investissement Québec est le mandataire, c'est certain, mais
c'est le Fonds de développement économique
qui... le travail qui est fait au niveau du ministère avec Investissement
Québec. Et là c'est 275 millions sur trois ans, et c'est de là que vient la balance, si vous voulez, du
montant qui fait un total de 500 millions sur les trois prochaines
années.
M. Therrien :
Je m'excuse. Vous dites? Les 30 dernières secondes. Parce que j'étais dans
votre... Vous m'avez dit : Référez-vous à...
Mme Anglade :
Parce que vous m'avez posé la question sur le 275 millions.
M. Therrien :
Oui, oui, c'est ça.
Mme Anglade : Le
275 millions sur trois ans, c'est ça, c'est le montant qui est associé au
Fonds de développement économique,
donc pas les fonds propres, parce que, dans les fonds propres, c'est 225
spécifiquement. Dans les fonds de développement économique, c'est 275
qui est associé à ça.
M. Therrien :
C'est un supplément, c'est de l'argent neuf.
Mme Anglade :
Dans le 225 et le 275, il n'y a pas d'argent neuf en tant que tel, c'est une
allocation. Chaque année, on dépense
un certain montant et on alloue plus dans la catégorie de manufacturier
innovant. Donc, au total, si je peux juste faire un total, peut-être que
ça... Ça va?
M. Therrien :
Oui, ça va. Non, non, je vous suis très bien.
• (17 h 30) •
Mme Anglade :
Oui? Vous me suivez?
M. Therrien :
C'est parce que j'avais perdu les 20,
30 dernières secondes, j'étais en train de regarder votre... Oui,
oui, j'ai très bien compris.
Mme Anglade :
D'accord. Parfait. Alors, c'est ce que je voulais vous dire.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. 1 min 20 s.
M.
Therrien : Ça veut
dire que ce n'est pas des nouveaux fonds, dans le fond. C'est quel
secteur qui va écoper? Tu sais, parce que,
dans le fond, si je vous dis, là : On déshabille Jean pour habiller
Pierre, c'est qui qui se retrouve tout nu?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
...drôles d'images qui apparaissent, puis je préfère ne pas trop y songer.
Le Président (M.
Cousineau) : Une minute, Mme la ministre.
Une voix :
...
Mme Anglade :
Ah! D'accord. Vous voulez prolonger?
Le Président (M.
Cousineau) : Ça ne fonctionne pas comme ça, là. Allez-y, Mme la
ministre, une minute.
Mme
Anglade : Oui. Alors, chaque
année, il y a des décisions d'investissement qui sont
prises, et, traditionnellement, on a
investi dans du manufacturier qui n'était pas nécessairement... qui était
plus traditionnel, une expression que j'aime moins, mais qui était plus
traditionnel, en augmentation de capacité, par exemple, pour aider des
entreprises.
Ce que l'on dit aujourd'hui,
c'est que nous allons prendre ce montant d'argent là et l'allouer à vraiment du
manufacturier innovant. Et, lorsqu'on
parle, par exemple, du virage client qui a été entamé par Investissement Québec et de la transformation de l'organisation, d'être capable d'aller démarcher de nouveaux projets, c'est justement
ce type de nouveaux projets là que
nous voulons faire. On n'a pas besoin, on l'a dit souvent... Plus d'argent.
On parle de milliards de dollars, quand même,
qui sont investis. C'est quand même de l'argent. C'est important comme somme d'argent, là, c'est l'argent aussi de nos contribuables, puis il faut
s'assurer qu'il soit dépensé de la meilleure façon du monde, et c'est ce
que nous faisons avec le 500 millions de dollars.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Alors, devant... à la fin
de ce bloc très harmonieux, je passe maintenant
au bloc suivant. Je m'en vais vers un député du côté ministériel, M. le député de Trois-Rivières, pour les 20 prochaines minutes.
M.
Girard : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, Mme
la ministre, vous n'êtes pas sans savoir ma passion pour le manufacturier, le manufacturier innovant
et les exportations. Tout à l'heure, vous avez abordé, entre autres, le
cas d'Ubisoft, Ubisoft qui est dans les jeux vidéo. Nous avons développé, au
Québec, une expertise en jeux vidéo, un domaine
que l'on n'avait pas ici il y a 10, 15 ans et qui est un grand créateur
d'emplois, qui nous permet d'avoir des emplois de qualité, des emplois intéressants pour les gens ici, au Québec. Donc,
c'est un secteur d'activité drôlement intéressant et c'est le genre de secteur où on doit continuer
à travailler, à investir dans nos manufacturiers, dans ce cas-ci qui font
des jeux vidéo et qui sont vendus un peu partout à travers le monde.
Nous
avons également le secteur de l'aérospatiale. Vous l'avez dit tout à l'heure,
200 PME, tout près de 40 000 emplois au niveau de
l'aérospatiale. On a parlé beaucoup de l'histoire de Bombardier. Je dirais même
que le gouvernement a été fortement critiqué
pour le travail qui a été fait avec Bombardier. Par contre, Bombardier, c'est
un acteur important, un acteur
important de l'industrie aérospatiale dans son ensemble au Québec. Oui, on a le
CSeries, mais on a une entreprise,
qui est Bombardier, qui travaille avec différentes PME, des fournisseurs de
services, des fournisseurs de produits, des sous-traitants. On a une
entreprise qui a d'importantes retombées économiques partout au Québec, dans
différentes régions du Québec.
Lorsqu'un
gouvernement investit, le gouvernement doit tenir compte, bien sûr, du secteur,
dans quel secteur on investit nos sommes d'argent? Le positionnement des
produits et des services qui sont faits par cette entreprise-là, est-ce que ça peut être exportable? Est-ce qu'on a
une longueur d'avance sur ce qui se fait ailleurs? Je dirais également :
L'intégration de cette entreprise-là dans la
chaîne de valeurs. Quels sont les sous-traitants, les fournisseurs que l'on a
aussi autour de cette entreprise-là?
Quelles sont les réalisations passées de l'entreprise en question? Elle s'en va
où, pour le futur, l'entreprise?
Quelles sont les orientations stratégiques? Comment on voit le futur d'une
entreprise comme celle-là? L'importance
qu'elle a également au niveau du tissu économique de son secteur. Au niveau de
l'aérospatiale, Bombardier est un
joueur prédominant. Donc, Bombardier a un impact important sur le secteur, et
ça, c'est vraiment une variable que l'on
doit vraiment analyser quand on fait un investissement. Donc, il n'y a pas
juste le côté monétaire. On doit analyser également les effets
d'entraînement sur les entreprises qui sont des filiales, les entreprises qui
travaillent également, peut-être, à l'extérieur du Québec.
Malgré un
contexte mondial qui est difficile, personnellement, je crois sincèrement que
Bombardier va pouvoir réussir. On
sait qu'on a un avion avec des caractéristiques qui sont innovantes, on a un
avion qui a été classé comme étant très,
très, très performant par différents experts. C'est fait par le génie
québécois, ça crée des milliers d'emplois, ça crée une économie qui est
forte grâce à un domaine d'activité qui est l'aérospatiale.
J'aime bien
me baser... Je suis quelqu'un de très rationnel et j'aime me baser sur des
faits lorsqu'on avance des choses.
Donc, je vais revenir encore à un article qui est paru dans le journal Les Affaires, un article d'il y a un an et demi, une entreprise qui s'appelle MF2 Aéro,
l'entreprise MF2 Aéro est basée à Trois-Rivières, dans mon comté : «Après des années difficiles, MF2 Aéro a retrouvé son
dynamisme. L'entreprise de Trois-Rivières s'est transformée[...]. C'est une véritable
métamorphose qu'a vécue MF2 Aéro depuis 2008», crise économique qui a
fortement frappé le secteur.
L'atelier
d'usinage mauricien qui avait été fondé en 2000 était voué à une mort
imminente. À l'époque, l'entreprise fabriquait
essentiellement des cloueuses à planchers de bois franc, nous explique Frédéric
Tremblay, qui est président de MF2 Aéro.
80 % du chiffre d'affaires de 2003 à 2007 était réparti en deux seuls
clients. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires est beaucoup plus élevé. Ils se sont restructurés. Ils se sont
restructurés rapidement suite à la crise économique. Donc, les dirigeants ont dû passer à l'action. Ils ont créé
différentes divisions, dont une division transport et aéronautique, qui est
devenue le fleuron de cette entreprise. La
fabrication de cloueuses est carrément fermée, ça a carrément disparu.
Maintenant, l'entreprise opère dans
cinq secteurs : transport terrestre, l'aviation, les mines, le médical et
dans différentes sous-traitances industrielles. Au total,
35 employés.
Comme
exemples, l'entreprise travaille avec RT1-Claro, de Laval, sur le programme du
Boeing 737 pour fabriquer des
pièces pour les supports de siège. L'entreprise usine aussi plusieurs bras
d'articulation pour Bombardier, pour la CSeries. Elle collabore également avec Mecachrome, une autre entreprise de notre
région, pour le programme de développement de nouveaux pylônes de moteur pour l'Airbus 320néo. Donc, son
département de R&D travaille énormément à trouver des clients, à
dessiner des nouvelles pièces, à trouver des nouvelles pièces pour différents
clients.
On travaille
également avec Alstom, de nouveaux wagons de métro. On fabrique des pièces,
comme je le disais, pour Boeing, pour
le 737 Dreamliner, on fabrique des pièces pour le Global de Bombardier, on
travaille sur la CSeries et on
fabrique des pièces pour l'Airbus A320néo. Donc, une belle petite PME dans la
région de Trois-Rivières qui travaille dans un secteur aéronautique
grâce au rayonnement d'un Bombardier qui est au Québec, grâce au rayonnement de
l'aéronautique, grâce à cette expertise que
l'on a réussi à développer en raison de l'aéronautique que l'on a et avec
Bombardier qui est notre leader principal au niveau de l'aviation.
Donc, on a
des exemples comme ceux-là dans lesquels on doit vraiment attacher une grande
importance lorsque vient le temps
d'investir dans une entreprise au Québec telle que Bombardier, tout l'impact
que l'on peut avoir. Et, comme je le
mentionnais, bien, cette petite entreprise là, Boeing, Airbus, la Cseries,
travaille avec plusieurs types d'avions à travers le monde et ils sont
reconnus pour la qualité de leurs pièces, la qualité de ce qu'ils fabriquent.
Donc,
j'aimerais vous entendre, Mme la ministre, sur lorsque le gouvernement prend
une décision d'investissement, lorsque
le ministère de l'Économie décide d'intervenir dans une entreprise, on décide
de faire le choix d'intervenir, que ce
soit au niveau du numérique avec un Ubisoft, que ce soit avec un Bombardier au
niveau de l'aéronautique, que ce soit avec
un Kruger, à Trois-Rivières, dans lequel le gouvernement a investi pour
transformer complètement la machine n° 10, qui est une machine à
papier journal dont... La demande de papier journal, on le sait, est en forte
décroissance. Ils ont transformé cette machine en machine à carton parce qu'on
sait qu'avec les achats en ligne, maintenant, avec tout le commerce électronique, tout ce que l'on reçoit
quand on commande en ligne, ça arrive dans des boîtes de carton. Donc,
il y a une forte demande du carton, et cette entreprise-là s'est transformée,
elle a décidé d'innover, et le ministère de l'Économie
a été au rendez-vous pour aider l'entreprise Kruger à Trois-Rivières, a été
également au rendez-vous pour Bombardier, a été au rendez-vous pour
Bridgestone à Joliette.
Donc, quand
on prend des décisions pour intervenir dans nos entreprises, quels sont tous
les facteurs qui sont pris en cause et comment on prend nos décisions
d'investissement au gouvernement?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre, après ce magnifique préambule.
• (17 h 40) •
Mme
Anglade : Alors, merci. Je remercie mon collègue pour la question. Une
décision d'investissement, d'investir dans une entreprise, c'est d'abord
et avant tout de regarder le potentiel qu'elle offre en termes de croissance,
c'est de regarder, évidemment, plus traditionnellement...
et c'est une manière plus traditionnelle de regarder les choses, le nombre
d'emplois. Mais, de plus en plus, il faut se tourner vers la capacité
d'exportation, la capacité de pénétrer de nouveaux marchés, la capacité de croître, la capacité de tirer, le tirant d'eau
qu'il y a en arrière de cette entreprise-là
également. Et pourquoi la capacité d'être un tirant
d'eau? Parce qu'évidemment ça crée, à ce moment-là, un écosystème.
Vous
avez beaucoup parlé dans votre allocution de l'aérospatiale, et
l'aérospatiale... Un des enjeux que nous avons dans le domaine de l'aérospatiale, c'est le fait que nous avons un
certain nombre de donneurs d'ordres, dont fait partie Bombardier. Bell en fait également
partie, Pratt & Whitney également, nous avons des donneurs d'ordres, et
puis, traditionnellement, ce qui se passait
au préalable, c'est que ces donneurs d'ordres là avaient des fournisseurs directement, hein? Ils recevaient directement toutes sortes de matières... ces matières premières, mais de pièces directement au niveau des donneurs d'ordres. Ça a été complètement transformé dans la mesure où ce sont devenus davantage
des intégrateurs, et ils ont davantage besoin de faire affaire avec des
gens qui intègrent ce qu'on appelle les tier 1.
Un des enjeux
que nous avons au Québec, c'est le nombre de tier 1 que l'on veut, que l'on cherche à augmenter pour nous assurer de tirer avantage des PME.
Alors, il y a des enjeux importants pour nos PME, parce
qu'elles ont besoin de
s'internationaliser, parce qu'elles ont besoin de répondre à des besoins de tier 1 au Québec, mais aussi à l'international. Et nous, de notre part, pour offrir des
opportunités de croissance pour nos PME, on doit s'assurer de faire venir ici
des tier 1 qui vont pouvoir aider les PME, ou bien — ça
s'est passé, par exemple, dans le cas de Héroux-Devtek — c'est
de nous assurer qu'ils deviennent
eux-mêmes des tier 1 au niveau de la chaîne de valeurs... de la chaîne
d'approvisionnement de l'aérospatiale.
Donc, on a
des stratégies très spécifiques qui vont être déployées dans les prochaines
semaines pour répondre à ces besoins
de création d'écosystèmes puis de maintien de ces écosystèmes à terme. Mais je
vous dirais que la décision d'investir, c'est notre capacité à
développer la...
Une voix : ...
Mme Anglade : Pardon? C'est correct?
Oui, oui.
Le Président (M. Cousineau) :
Allez-y, ça va bien.
Mme
Anglade : C'est notre
capacité à développer la région, c'est notre capacité à créer des emplois,
c'est notre capacité à croître.
Inversement,
lorsque l'on veut attirer des gens ici, des investisseurs étrangers, ce qui va compter pour eux, c'est le marché, l'accès au marché, parce qu'on vient
ici pour un marché qui n'est pas nécessairement québécois, qui est un
marché davantage d'exportation. On vient ici pour le marché, deuxièmement, pour
les coûts, savoir si on est capables d'opérer
de manière optimale, et, troisièmement, et probablement le volet le plus
important, la qualité de la main-d'oeuvre.
Et là ça nous
réfère à toute la question de la démographie au Québec et de l'importance
d'investir dans nos talents, de les
retenir, parce que c'est un facteur d'attraction qui est fondamental et qu'il
ne faut jamais perdre de vue, parce qu'on représente 0,1 % de la population mondiale, mais on a un poids
beaucoup plus important d'un point de vue économique. Il faut que l'on s'assure d'investir massivement
au niveau de la formation de notre main-d'oeuvre et des talents que l'on
doit retenir ici. Voilà.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Trois-Rivières.
M.
Girard : Merci, M. le Président. Je reviens à la belle petite
entreprise qui est MF2 Aéro, dans mon comté, à Trois-Rivières, et j'ai sorti la fiche sur qui est cette entreprise, et
je regarde le type d'emplois, c'est une équipe de professionnels
composée d'ingénieurs, des programmeurs, des techniciens, des machinistes
expérimentés, agents de méthode de travail. Donc, dans ces secteurs d'activité,
nous avons des emplois hautement qualifiés, des emplois bien rémunérés, des emplois qui sont des emplois
d'avenir, des emplois de carrière pour nos gens au Québec. C'est vraiment
intéressant de voir ce type d'emplois là.
De l'autre
côté, on entend souvent, dans les médias ou en Chambre, qu'on regarde combien
d'emplois nous avons créés. Et, ayant
une formation économique, ayant travaillé beaucoup dans le domaine de la PME
dans mon poste précédent, j'ai parcouru le Québec, j'ai fait le tour de
plusieurs régions du Québec, et, curieusement, ce que j'ai entendu, c'est beaucoup de PME qui sont dans des domaines
d'avenir, que ce soit l'aéronautique, que ce soit du numérique, que ce soit
du manufacturier, qui ont beaucoup de postes
de disponibles, mais ils ont de la difficulté à trouver de la main-d'oeuvre
qualifiée. Moi, ce que j'entends sur le
terrain, ce n'est pas qu'il faut créer des emplois, c'est qu'il faut trouver
des employés qualifiés. Parce que
j'ai même entendu des entrepreneurs des PME me mentionner que leur croissance
était en péril en raison d'un manque
de main-d'oeuvre. Donc, ils ont des contrats... ils sont obligés de refuser des
contrats, ils sont obligés de refuser certaines commandes parce qu'ils
ne pourront pas livrer la marchandise par une difficulté à trouver de la main-d'oeuvre. On le voit en Montérégie, on le
voit en Mauricie, on le voit en Beauce. Beauce a mis en place un organisme
qui s'appelle Beauce embauche pour essayer
d'aller recruter des gens qualifiés un peu partout au Québec et les amener en Beauce pour pouvoir travailler dans leurs
entreprises de fabrication, des entreprises de manufacturier, de transformation, etc.
Donc, le défi
n'est pas tant la création d'emplois, mais le défi est vraiment
la main-d'oeuvre qualifiée. Et, avec
le vieillissement de la population, de plus
en plus de gens qui partent à la retraite, donc on a également un défi
d'innovation, parce qu'on sait
qu'avec l'innovation on peut produire probablement plus, plus rapidement, avec
un peu moins de main-d'oeuvre.
Donc, Mme la
ministre, comment vous voyez l'avenir du Québec avec ce défi de main-d'oeuvre
et comment on va pouvoir se tirer
d'affaire? Puis on en a, des emplois qui sont intéressants, on en a, des
emplois bien rémunérés. On dit quoi à
nos jeunes qui nous écoutent, nos jeunes qui se dirigent... qui sont au
secondaire, qui regardent vers le cégep,
vers le professionnel, qui
disent : Est-ce que je vais avoir un emploi plus tard, dans quel domaine?
On a des domaines drôlement intéressants, et on les envoie où ces jeunes-là pour pouvoir
se trouver un emploi intéressant et pour qu'ils puissent contribuer, contribuer à développer
l'économie du Québec, contribuer à développer nos secteurs d'avenir,
qui sont l'aéronautique, le numérique, le manufacturier innovant? On dit
quoi à nos jeunes?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Il y a deux volets
importants à votre question, deux éléments de réponse, parce qu'on parle, dans
un premier cas, de productivité puis, dans
un autre cas, on parle de démographie. Tout
à l'heure, je faisais référence au
contexte démographique qui nous rattrape.
C'est le cas aujourd'hui puis c'est ce que vit l'entreprise à laquelle
vous faites référence.
Et
donc il est impératif pour nous de former une main-d'oeuvre qui va pouvoir
rencontrer ces objectifs-là. Je vais faire référence à mon collègue qui est à l'Éducation, mon collègue député de
Jean-Talon, parce que toute la question aussi du décrochage scolaire est liée. Alors, la
persévérance scolaire, on doit s'assurer que les gens persévèrent pour qu'ils
puissent persévérer et obtenir des emplois de qualité. Dans quoi est-ce
qu'ils doivent étudier? Bien malin celui qui peut dire à quelqu'un dans quoi vous devriez étudier. Tous les
secteurs, jusqu'à un certain point, se valent, mais il est clair qu'on a
vu un déclin au niveau des carrières scientifiques. Et vous savez que je suis également
ministre de la Science, et c'est quelque
chose qui me rejoint particulièrement. Je pense qu'il y a des carrières
scientifiques qui sont sous-estimées, notamment chez les femmes, et que l'on doit faire encore plus pour attirer des
femmes dans les domaines de science, dans les domaines d'avenir, pour
combler justement les postes desquels on parle, notamment.
Donc,
l'aspect démographie nécessite la persévérance scolaire, nécessite une emphase
dans des domaines spécifiques, nécessite
également le maintien de personnes qui travaillent ici qui ont des permis
temporaires. Par exemple, nous avons
des études qui démontrent qu'un sixième des travailleurs temporaires
spécialisés qui viennent ici... donc on parle de gens qui viennent
combler des postes et qui ont un travail. Ils ont un travail, ces gens-là. Un
sixième de ces personnes-là décide de faire
une demande de résidence permanente au bout de leurs contrats de travail, alors
que la moitié d'entre elles aimerait bien rester ici.
L'enjeu
ici, c'est de nous assurer qu'on a un processus facilitant pour que ces
personnes décident de rester, à terme, au Québec. C'est d'ailleurs une
des mesures qui est dans le budget, qui passe peut-être un peu inaperçue mais
qui est hautement, hautement stratégique,
c'est notre capacité à aller convaincre ces gens-là, de dire : On sait que
c'est pertinent pour nous de vous
avoir, on sait qu'on veut que vous restiez et que vous amenez quelque chose
d'un point de vue économique, vous
travaillez dans le domaine, on aimerait que vous restiez ici. Comment est-ce
qu'on peut accélérer ce processus-là?
Et c'est justement la mesure qui a été adoptée pour retenir notamment les
travailleurs spécialisés et également des
étudiants étrangers qui ont envie de rester parmi nous. Donc, cet enjeu
d'adéquation aussi main-d'oeuvre et formation est extrêmement important, puis il y a différents ministres qui se
penchent sur cette question-là. Ça, c'est le premier volet.
Le second volet dont
vous parlez, bien, c'est la productivité. Moi, je pense que la réponse à la
question réside notamment dans notre emphase
que l'on veut mettre au niveau du manufacturier innovant. Quand on parle de
productivité, souvent les gens ont
tendance à dire : Automatisation, technologies de l'information, ça veut
dire moins de ressources, on va
avoir moins de personnes pour faire le travail. Mais la réalité, c'est que,
lorsqu'on automatise, lorsqu'on devient plus compétitif, lorsqu'on
acquiert des parts de marché, à ce moment-là, ta capacité augmente, et donc ça
te permet d'absorber ce que tu aurais pensé perdre en matière de productivité,
parce que ta part de marché augmente.
• (17 h 50) •
Une
très bonne illustration de ça, c'est Bridgestone.
Bridgestone, aujourd'hui, ils se sont dit : On va augmenter notre capacité. On va augmenter notre capacité en
déployant de nouvelles machines, en déployant de nouveaux robots, des robots de dernier cri. Ce faisant, je dirais,
bien, il va y avoir un impact au
niveau de la main-d'oeuvre. Ils sont tellement certains qu'il
n'y aura pas d'impact au niveau de la main-d'oeuvre, ils sont tellement certains qu'ils vont
être capables d'augmenter leur part
de marché de manière importante et de percer de nouveaux marchés, justement,
qu'ils se sont commis sur le nombre
d'emplois qu'ils allaient maintenir. Alors, c'est vous dire à quel point, la
productivité, on doit la regarder dans un contexte de performance et de
compétitivité qui va permettre de maintenir, voire de créer des emplois.
Donc, c'est sur ces
deux volets-là qu'il faut investir de manière importante, l'un plus humain,
l'autre plus technique, mais tout aussi important dans la manière de faire et
de les intégrer.
Dernier point que
j'aimerais soulever, c'est que, lorsqu'on parle d'innovation, on parle souvent
d'innovation, automatisation, robotisation,
etc., mais il y a également une innovation au niveau des processus
d'affaires, la manière de faire les choses, la manière de transiger,
l'intégration de ces technologies, et ça, ça fait également partie de la notion
d'innovation, qui est, encore une fois, fondamentale pour le Québec, ne serait-ce que par les questions
démographiques avec lesquelles nous vivons.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Il reste 45 secondes.
M.
Girard : Bien, peut-être
juste terminer sur un point que je
trouve intéressant aussi, qui a été
fait dans ma région encore. C'est que
j'étais avec les manufacturiers Mauricie—Centre-du-Québec il y a deux semaines, et ce qui a été fait, c'est que les manufacturiers avaient besoin
d'assembleurs, monteurs, machinistes, et ils ont engagé des gens qui n'avaient
pas la formation. Et, avec votre collègue
ministre de l'Emploi et avec Emploi-Québec, ils ont mis sur pied une formation
au cégep. Et les gens ont été engagés avant
même d'avoir la formation et ils sont déjà employés de l'entreprise. Ils s'en
vont faire la formation au cégep et ils sont
déjà certains d'avoir un emploi dans l'entreprise à leur sortie, donc ça les
incite à faire le cours rapidement. C'est le genre de chose qu'on va
mettre en place. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de
Trois-Rivières. Alors, je passe au bloc suivant pour 21 minutes. M. le député de Sanguinet, porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'économie, science et innovation.
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je reviens à la
page C.12, là, vous parlez : Le rebond des investissements
est en cours. En 2014, on parlait de reprise, on a eu moins
11 %. En 2015, on parlait de redressement, on a eu moins 4 %. Et là on parle de rebond, alors je me permets
d'être inquiet. Il ne suffit pas de qualifier les circonstances et de faire en
sorte de jouer avec un peu d'optimisme pour
que ça se réalise, malheureusement. Je nous souhaite une augmentation des
investissements, tu sais, on souhaite ça, mais ça ne se fait pas par miracle,
là, tu sais.
La
réalité, c'est que ce que je m'aperçois, c'est que les plans... Bon, tu sais,
on parle au niveau des mines, au niveau de l'économie. Quand on va présenter des plans, souvent ça ressemble à
du marketing un peu, tu sais. Le plan national sur l'énergie, c'était un peu ça, là. La réalité, c'est que le
gouvernement ne met pas d'argent à nulle part. Ça fait que tu ne peux
pas faire des miracles, on s'entend là-dessus.
Vous avez une volonté, puis ça, ce n'est pas
vraiment le sujet de discussion, là, mais, tu sais, vous avez une volonté
d'équilibrer le budget puis vous le faites
par l'érosion des dépenses. C'est votre choix, c'est correct, mais il arrive
des situations où est-ce que ce choix
que vous faites là, bien, il transpire partout dans vos décisions puis partout
dans vos plans d'action. C'est que
les plans d'action, souvent, sont malheureusement un peu vides parce que vous
n'avez pas les moyens. Puis c'est ce qu'on note, en tout cas, depuis que
vous êtes au gouvernement. Puis là je vous exclus, vous êtes arrivée récemment. C'est ce qu'on note. On lit les
politiques, comme votre politique que vous avez présentée la semaine passée,
mais on reste sur notre appétit, malheureusement.
Puis je ne vous critique pas, là, tu sais, vous faites votre possible. Tu sais,
quand vous me dites : Bien là, écoutez...
Tu sais, je lui dis : On déshabille Jean pour habiller Paul, ou peu
importe le prénom...
Tu sais, le député de
Trois-Rivières, il a dit quelque chose d'intéressant tantôt...
Une voix :
...
M.
Therrien :
Bien, oui, je lui envoie des fleurs à lui aussi, là. Ça fait qu'il va falloir
que... Éventuellement, peut-être, vous allez
en avoir, Mme la ministre. Non, mais, quand il dit : Ce n'est pas, là, tu
sais, le travail que ça prend, c'est...
il faut trouver les travailleurs, puis c'est un problème, il a raison. Il a
raison, c'est... Dans les entreprises de pointe, d'innovation, c'est plus difficile. Puis je suis sûr que vous le savez
plus que moi parce que vous avez été ministre, puis c'était votre travail de faire le tour du Québec,
puis je pense que vous pourriez m'en apprendre, m'expliquer puis me donner
des exemples de long en large et en détail.
Alors,
quand je vois, là, que vous transposez le budget dans un domaine que vous me
semblez... en tout cas, vous n'avez pas tellement défini le domaine, mais c'est
un domaine plus traditionnel, c'est ce que j'ai compris, à un domaine
plus innovant, plus performant, plus de pointe, bien, tu dis : Il y a deux
choses là-dedans : c'est qu'on va perdre des emplois dans ce domaine-là, puis on va créer des emplois dans le domaine
où est-ce que vous allez insister. Bien, écoutez, c'est arithmétique. On appelle ça, en économie, le
coût d'opportunité. Si tu enlèves de
l'argent en quelque part puis tu en
mets ailleurs, bien, il
y aura des conséquences négatives à l'endroit où est-ce que vous allez diminuer
l'argent que vous allez mettre. À moins
que vous soyez magicienne, je pense que, probablement, c'est ce qu'on va avoir.
Puis là... Ah! bien, j'ai hâte de voir vos propos. Vous avez l'air d'une
magicienne.
Puis,
en plus, c'est que ça peut amener du chômage structurel. C'est qu'on se
retrouve avec des chômeurs à un endroit
qu'on ne sera pas capable de récupérer dans le domaine en expansion. Puis, là
où l'austérité fait très mal aussi... Puis
je suis sûr que, quand on aura terminé la politique, on prendra une bière, puis
vous direz : Maudit que tu avais raison quand tu m'as dit ça! Mais
je ne pouvais pas le dire, moi, j'étais ministre d'un gouvernement qui prônait
l'austérité.
Mais, quand tu
enlèves de l'argent dans l'éducation, quand tu crées... Puis là, encore une
fois, l'Université du Québec à
Trois-Rivières, là, mentionnait qu'elle avait de la difficulté à arriver. Bien,
absolument, tu as une situation où est-ce que tu n'es pas capable de
fournir les travailleurs, comme le député de Trois-Rivières mentionnait, tu
n'es pas capable de les fournir, ces
travailleurs-là, parce que tu as perdu de l'argent dans, justement, la
formation adéquate des producteurs des services que tu as de besoin dans
le domaine en expansion.
Ceci
étant dit, on est tous pour ça, de mettre de l'argent dans l'innovation. Tous
les gouvernements sont pour ça. Puis là
on vous écoute puis on dit : Wow! C'est génial. Mais mettez de l'argent
neuf puis ne coupez pas dans l'éducation. Aidez les universités à répondre à la demande que vous faites au niveau
de la main-d'oeuvre. Tu sais, il faut que ça soit orchestré de façon large, puis moi, je m'excuse,
là, mais ce n'est pas ce que je vois. Ça fait qu'essayez de me convaincre
du contraire pour le fun. Je demande juste ça, hein, que vous...
Mme Anglade :
Pour le fun.
M.
Therrien :
Pour le fun, bien oui. Moi, je trouve ça le fun. Quand on parle d'économie, je
trouve ça le fun.
Le Président (M.
Cousineau) : Il n'y a rien de méchant là-dedans puis...
Mme Anglade :
Non, non, il n'y a rien de méchant. C'est...
Le Président (M.
Cousineau) : Puis magicienne, ce n'est pas méchant non plus.
Allez-y.
Mme
Anglade : Non, non. D'ailleurs, je le trouve bien sympathique, le
député de Sanguinet aujourd'hui, je dois le dire.
M.
Therrien :
Je suis toujours sympathique.
Mme Anglade : Bien, on pourra en
discuter un autre jour, autour de la bière que vous m'avez proposée.
Le Président (M. Cousineau) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Anglade : Écoutez, 2 milliards, c'est de l'argent. Est-ce que
c'est de l'argent? C'est de l'argent, 2 milliards de dollars.
Une voix : ...j'aimerais ça
avoir ça dans mes poches.
Mme
Anglade : Oui, hein? 2 milliards de dollars, quand on parle de
rigueur budgétaire, entre le budget de l'année passée puis le budget de cette année, c'est 2 milliards de plus
qu'il y a dans les dépenses gouvernementales. Ce n'est pas un petit montant, ce n'est pas peu. C'est
2 milliards de dollars d'investis de l'ensemble des contribuables pour les
programmes au Québec. Alors, je pense
qu'il faut remettre un peu en perspective les dépenses gouvernementales puis
revenir aussi sur le fait que l'équilibre budgétaire n'est pas chose
facile, mais c'est ce qui nous permet justement de réinvestir ce
2 milliards là aujourd'hui.
Deuxièmement,
vous parlez d'éducation. C'est 1,2 milliard, particulièrement, qui ont été
investis pour les prochaines années, que l'on a annoncés.
Ensuite,
lorsque l'on parle d'innovation, l'innovation, c'est aussi un processus qui
nous amène à faire les choses différemment,
de manière plus efficace et de manière plus efficiente. L'argent qui est
dépensé d'un point de vue gouvernemental, l'argent qui est investi, je devrais dire, dans les différents projets,
ce n'est pas un jeu à somme nulle. Alors, ce que l'on souhaite, ce n'est pas de dire : Nous allons
donner moins à untel et plus à untel. Nous voulons relever le niveau du lac,
hein, de l'eau du lac. Nous voulons relever
le niveau de l'eau. Pour ce faire, on veut investir là où il y a vraiment
matière à croissance. Une entreprise
qui vient nous voir et qui nous dit : Écoutez, si j'investis
5 millions dans cette machinerie-là, je vais pouvoir continuer à croître, mais, si j'investis
10 millions dans un domaine qui est encore plus performant, est-ce que vous allez m'accompagner?, nous, ce qu'on dit,
c'est que, dans la philosophie, dans l'approche que nous allons avoir,
on va dire oui. On va répondre présent, on va vouloir accompagner cette
entreprise-là pour qu'elle se modernise plus rapidement.
Le message,
ce n'est pas de dire : On va trouver une entreprise qui n'avait pas de
financement avant puis on va lui en
donner. Le message, c'est de dire : Toutes les entreprises qui vont nous
présenter des projets, notre rôle, ça va être de les stimuler. Ça va être de leur dire : Écoutez, en matière, là,
d'innovation, en quoi est-ce que les investissements que vous allez faire vont vous permettre de percer de
nouveaux marchés, vont vous permettre d'augmenter vos exportations, vont vous permettre d'être plus productifs et
d'être plus compétitifs? En quoi est-ce que cet achat-là est meilleur que
l'autre achat qui ferait en sorte que
vous allez décupler vos résultats? C'est ça qu'il faut qu'on fasse. C'est ça
qu'on appelle de l'accompagnement stratégique, de l'accompagnement
pertinent.
Et ça, là, ça
ne veut pas dire qu'il faut dépenser plus d'argent. Ça veut dire qu'il faut
réfléchir encore plus à la manière
dont on dépense cet argent-là pour amener l'innovation dont on a besoin.
L'innovation, c'est un mot qui est un peu
galvaudé, malheureusement, mais on met trop souvent l'emphase sur uniquement la
robotisation et l'automatisation, qui
sont quand même des éléments qui sont clairement définis dans la littérature.
En passant, si les gens veulent savoir quel
est le premier niveau d'innovation, le deuxième niveau, le troisième niveau,
c'est défini dans la littérature, mais je vous dirais que, dans la
manière de penser, dans la manière de réfléchir, c'est de ça dont on parle
quand on parle de transformation organisationnelle, notamment avec Investissement
Québec, notamment
avec le ministère, mais c'est cette manière et cette
approche de faire qui est différente, qui vise à donner des résultats très
tangibles.
• (18 heures) •
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Le message que je comprends, c'est que vous
n'avez pas plus d'argent, mais... — vous
allez me laisser terminer, parce que je sens que vous êtes, bon, prête à
l'attaque — c'est
que je n'ai pas plus d'argent, mais je vais faire en sorte que les retombées de chaque dollar soient supérieures dans la façon que
je vais dépenser. Moi, c'est ce que j'ai compris. Ça veut dire que vous
allez travailler sur l'efficacité, et ça vous honore.
Chose que je
n'aime pas : quand vous parlez de 2 milliards, ce n'est pas
comme ça qu'on pense un budget d'État, on
parle en pourcentage. Tu sais, 2 milliards, c'est sûr que
c'est de l'argent, là, mais, tu regardes par rapport au budget total de l'État,
c'est à peu près 2 % d'augmentation.
Là, ce qu'on dit souvent : 2 %
d'augmentation, c'est génial, on a plus de dépenses, ainsi de suite, sauf que
les besoins de la population vont en
augmentant, première des choses. Deuxième des choses, tu as ce qu'on appelle
l'augmentation de l'inflation. Ça
veut dire que... Là, vous me parlez en termes nominaux, il faut parler en
termes réels. Ça veut dire que toute
chose coûte plus cher à la fois pour les gens qui achètent des choses que pour
le gouvernement qui engage des gens, puis ainsi de suite. Je n'ai pas
besoin de faire ça bien, bien longtemps. Ça veut dire que votre 2 %
d'augmentation, là, il vient de s'émietter.
Si on regarde le rapport Thomson au niveau de la santé, ils disent, dans le
rapport Thomson, que, juste si tu
veux juste préserver les services à la population dans la santé, c'est 6 %
de plus d'augmentation que tu devrais mettre dans la santé. Ça veut dire
que votre 2 milliards, là, il vient de s'éroder passablement. Ça veut dire
que votre 2 milliards que vous dites
comme étant si élevé, là, ça se trouve à être une augmentation très faible, qui
ne correspond pas à l'augmentation des besoins que la population a, en
jumelant ça à l'augmentation de l'inflation... bien, l'inflation.
Deuxième chose : l'éducation,
vous n'avez même pas 2 % cette année. L'année passée, vous aviez 0 %,
alors que tes besoins sont en
augmentation, les universités crient famine. Cette année, si tu exclus les
régimes de retraite que... l'argent que vous avez mis dans les régimes
de retraite, on n'a même pas 2 % d'augmentation.
Ceci
étant dit, vous faites un choix, mais il faut être lucide, vous ne pouvez pas
dire : On va couper la dépense pour
arriver à déficit zéro puis on va pouvoir dépenser, puis ainsi de suite. Soyez
conséquents, dites : On coupe dans les dépenses puis on ne peut pas avoir de politique économique qui soit
costaude, tu n'as pas d'argent pour le faire. Je ne vous tutoie pas, là, je vous dis : Tu n'as pas
d'argent pour faire ça, vous n'avez pas les moyens. Ça fait que ça donne des
affaires comme ça.
Je
vais vous lire... Ça, je l'ai pris dans votre plan stratégique. Je vais vous
lire ça, là, puis j'aimerais ça que vous me commentiez ça. On joue ce jeu-là. Est-ce que vous êtes prête, Mme la
ministre? Puis, si vous arrivez avec une bonne réponse, je vais vous
féliciter. Êtes-vous prête? Est-ce que vous jouez la partie avec moi?
Le Président (M.
Cousineau) : Allez-y, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Oui. Là, moi, je regarde ça, aïe! là, je suis
excité comme un caniche qui attend de la visite, je dis : Mon Dieu! Seigneur! Enfin un plan stratégique!
Puis moi, j'ai toujours pensé, là, qu'un plan stratégique économique, pour
vous autres, c'était aussi facile que de
faire une mise en pli pour un chauve, là, mais là je vous dis : Ah! bien,
ils ont essayé.
Je
vous lis ça puis je veux vous entendre : «Trois orientations claires et
six axes d'intervention bien précis découlent de ces enjeux — vous parlez des enjeux de l'organisation efficace et qui se
renouvelle. À terme, ce plan vise l'atteinte des 15 objectifs distincts qui seront mesurés à l'aide de
27 indicateurs et de 32 cibles à atteindre.» On veut des chiffres? On
en a.
Qu'est-ce
que c'est que vous voulez dire là-dedans? Ça, c'est à la page... Il n'y a pas
de page. Il y a tellement de chiffres qu'il n'y a pas de numéro de page.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
M.
Therrien :
Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
Mme
Anglade : Écoutez, est-ce que le député de Sanguinet nous dit que
l'équilibre des finances publiques est une
mauvaise chose? Parce que, si ce n'est pas ce qu'il nous dit, il est en
contradiction avec ses propositions qu'il... avec les propos qu'il
tient, il est en contradiction, parce qu'on ne peut pas à la fois dire :
On veut l'équilibre des finances publiques,
mais on veut dépenser nettement plus ailleurs, 6 % dans un certain
endroit, 3 % dans un autre endroit, ça ne marche pas comme ça. Je veux dire, à un moment donné, il y a les plus
puis il y a les moins, puis il faut que ça s'équilibre.
La
réalité, aujourd'hui, c'est que vous avez un budget qui a 2 milliards de
dépenses de plus dans les programmes que
le budget précédent, de un. De deux, la réalité, c'est que, d'un point de vue
économique, si on parle strictement d'argent, j'ai fait les chiffres avec vous, j'ai pris la peine de montrer les
chiffres exactement pour montrer comment on arrivait à une augmentation
de 78 millions au niveau de budget. Donc, l'importance de l'équilibre
budgétaire est là.
Maintenant,
prenons la vision économique de manière plus globale. Pour avoir un impact, il
va falloir qu'on mise sur des piliers qui sont clairs, trois piliers.
Le
premier, c'est le manufacturier innovant. J'ai expliqué pourquoi, tout à
l'heure, le manufacturier était innovant et pourquoi il était pertinent
pour nous et qu'en aucun cas, et je répète, en aucun cas on est en train de
dire qu'on déshabille saint Pierre pour
habiller saint Paul, bien au
contraire, on est en train d'accompagner les gens vers la croissance. Et ne pas comprendre que mieux investir de
l'argent est une bonne chose, c'est un enjeu en soi, parce que
ce n'est pas vrai que l'on a 1,4 milliard à investir sur trois ans et qu'on n'est pas capables de le faire de
manière à ce qu'on maximise de manière importante le manufacturier
innovant.
Deuxième
élément : les exportations. Les exportations sont le nerf de la guerre
dans une économie... On est dans une
économie ouverte, on est dans une économie d'exportation. À 25 %, au Québec,
c'est significatif. Ce qu'il faut, c'est renforcer ce domaine-là. Le premier pilier, qui est le manufacturier
innovant, vient directement renforcer les exportations que nous voulons faire à terme au Québec.
Lorsque l'on parle des exportations, on parle également de sociétés étrangères
qui viennent s'établir ici dans le but
d'exporter davantage également, et, là encore, on a des mesures qui sont très
claires, très ciblées, des volontés
concrètes de transformer les organisations... Puis je peux vous en parler
longtemps, des organisations à transformer. Ça prend un certain temps,
mais c'est la bonne chose à faire à terme, et il faut qu'on soit capables de
poser des gestes importants dans ce sens-là.
Troisième
pilier, on en a parlé longuement avec mes collègues plus tôt, c'est toute la
question de l'entrepreneuriat. Pourquoi?
Parce que la majorité de nos entreprises sont des PME, parce que
la majorité des entreprises vont connaître un changement au niveau des chefs d'entreprise, et qu'il nous faut
former la relève en matière entrepreneuriale, et qu'il faut également
créer les nouveaux CGI de ce monde, créer les nouveaux WSP, créer les nouvelles
organisations, les nouveaux Cogeco. Et donc l'entrepreneuriat, c'est également
un pilier.
Avec
ces trois piliers-là, on a la recette qui nous permet d'accélérer la croissance
et la prospérité, à terme, au Québec.
C'est ce que nous voulons faire, ce sont les
actions que nous sommes en train de mettre en place, et les stratégies qui ont
été mises auparavant répondent à ça. Lorsque
l'on parle, par exemple, du Plan
Nord, toute la question de la
transformation vient rejoindre
directement le manufacturier innovant. La Stratégie maritime s'intègre très bien
parce que ce que l'on veut faire avec la Stratégie maritime, c'est justement trouver des moyens
pour exporter davantage et puis des outils, des outils pour le faire, et
tout s'intègre.
Nous avons donc déposé
trois plans, trois plans qui assurent une cohérence entre le ministère, Investissement
Québec et le CRIQ. Et ce que nous voulons faire, c'est assurer la mobilisation
de l'ensemble des acteurs, et c'est ce que nous allons faire, M. le
député de Sanguinet.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Bien, en tout cas, vous n'avez pas répondu à ma
question, là. Bien non, mais, là, écoutez, allez lire ça puis...
1,4 milliard, là, vous voulez investir 1,4 milliard, vous me dites que vous allez le faire de façon
coordonnée, intelligente, efficace,
ainsi de suite. Est-ce qu'avec ça on
va être capables d'atteindre 0 % de croissance des investissements? Je
veux vous entendre en une minute
parce que j'ai d'autres questions. Est-ce que cet effort magistral que vous
allez faire, 1,4 milliard, là, ça va nous permettre d'atteindre le
0 % qui est estimé par le ministère des Finances?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : L'objectif étant de le
dépasser.
M.
Therrien : Mais
c'est ça qui est écrit dans le budget.
Mme
Anglade : Je vous parle de l'objectif, l'objectif étant de le
dépasser. Ce que l'on veut, c'est qu'il y ait plus de croissance. Ce que l'on veut, c'est qu'on crée
plus d'emplois. Ce que l'on veut, c'est que notre société soit plus innovante,
plus performante, plus compétitive à
l'international. Ce que l'on veut, c'est nous assurer que les Québécois
rayonnent à l'international puis qu'on ait des plans pour le faire, qui nous
permettent d'assurer cette croissance-là. C'est ça qu'on veut, M. le député de Sanguinet. Et ce n'est
certainement pas avec de la pensée magique qu'on va réussir à le faire, c'est
avec des plans structurés et...
Une voix : ...
Mme Anglade : Je parle.
Le Président (M. Cousineau) :
Attention! Ne parlez pas en même temps, s'il vous plaît.
M.
Therrien : Mme la
ministre, c'est ça que vous faites,
de la pensée magique. Là, j'aimerais ça parler quelques minutes, là, parce
que vous avez parlé beaucoup.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Sanguinet, on va laisser la ministre conclure. Concluez, Mme la
ministre, là, puis après ça je crois qu'il y a une autre question.
Mme
Anglade : M. le député de Sanguinet, quand vous posez une question puis vous n'aimez
pas la réponse, vous répondez :
Je n'ai pas ma réponse, mais la réponse que vous voulez, c'est la réponse que
vous avez dans votre tête. Moi, ce que je vous donne, c'est la réponse
correcte à la question qui est posée.
Aujourd'hui, vous me demandez ce que l'on souhaite faire avec les différents plans
qui sont proposés. Ce que l'on
souhaite faire, c'est assurer la croissance économique de manière structurée en
misant sur trois piliers, je vous les répète :
manufacturier innovant, exportations, entrepreneuriat. C'est là-dessus que l'on
mise et c'est en mobilisant tous les acteurs.
Et je signale au passage que les acteurs économiques du Québec,
sur le dépôt du plan la semaine passée, se sont tous mobilisés pour dire
qu'on allait exactement dans la bonne direction.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet, il vous reste
3 min 40 s.
• (18 h 10) •
M.
Therrien : Bien, écoutez, juste vous dire rapidement, là :
D'équilibrer le budget, moi, j'en suis, j'en suis, le Parti québécois
est pour équilibrer le budget, on sait, on l'a dit depuis le début. Sauf qu'il
y a deux colonnes, il y a la colonne des
dépenses puis la colonne des revenus, puis on pense que la meilleure façon
d'arriver à l'équilibre, c'est par la prospérité, pas par l'austérité.
Quand vous
parlez du rapport Thomson, 6,4 %, je pense, ou 6,1 % d'augmentation
des dépenses en santé, ça, le message
qu'on dit, c'est que, si on fait les choses comme on faisait avant... Le
message qui est lancé par le rapport Thomson, c'est de faire l'approche patient, c'est ce qu'on avait suggéré de
faire. Alors, si vous voulez
améliorer les dépenses puis les faire plus intelligemment, il faut
changer la façon de faire des dépenses, entre autres, dans la santé, de faire
les soins à domicile davantage et, ce que
vous ne faites pas, de changer toute la façon de dépenser dans la santé. C'est
de mettre l'argent dans les CLD que vous avez démolis, c'est de mettre
une politique économique sur place en insistant sur l'innovation, en mettant de l'argent dans l'innovation, en mettant de
l'argent dans les universités pour faire en sorte que ces gens-là puissent avoir une formation adéquate
pour répondre aux défis, faire en sorte que les CPE ne soient pas coupés
de la façon que vous avez faite, parce qu'on
le sait et tout le monde le sait, dans le domaine, que les enfants qui vont
dans des CPE vont faire en sorte
d'être plus efficaces au niveau scolaire et vont faire des meilleurs
travailleurs par la suite, c'est prouvé scientifiquement. Ça, on appelle
ça des investissements.
Par exemple, Robert Gagné, qui est aux
HEC Montréal, qui est assez à droite, Robert, là, on peut dire que Robert,
là, il est très à droite puis... À un moment donné, ils ont posé la
question : Est-ce qu'on devrait faire des maternelles quatre ans? Puis Robert Gagné, il dit : Il
faut faire des maternelles quatre ans. C'est un économiste chevronné des HEC. Puis ils ont demandé combien ça coûterait de faire
des maternelles quatre ans, il a dit — écoutez ça, la réponse : Je m'en
fous complètement, c'est hyperrentable pour une société de mettre des
maternelles quatre ans.
C'est
comme ça qu'on bâtit un pays, c'est comme ça qu'on bâtit une économie, on
investit dans les ressources humaines. On ne les coupe pas, les
ressources humaines. On ne coupe pas dans l'éducation, on ne coupe pas dans les
services aux jeunes qui ont des problèmes
d'apprentissage, on ne coupe pas dans les jeunes qui ont de la misère à se
nourrir adéquatement, on ne coupe pas dans l'aide aux devoirs, ce n'est
pas ça qu'on fait.
Si
vous voulez la développer, l'économie, je vous donne le truc pour la
développer, l'économie. L'innovation, c'est bien le fun. Si vous mettez de
l'argent dans l'innovation, puis il n'y a pas personne qui est capable de
suivre votre innovation, il n'y a pas
personne au Québec qui est capable de la faire, l'innovation, vous allez avoir
les budgets que vous voulez, avec les trois piliers que vous voulez,
vous n'arriverez à rien.
Parce
que, justement, le rôle de l'État, c'est d'être prévoyant, c'est de faire en
sorte de mettre l'argent là où ça compte
puis de faire en sorte de ne pas décourager l'initiative comme vous avez fait
avec les CLD. Quand vous parlez de l'entrepreneuriat puis vous
dites : Il faut développer l'entrepreneuriat, puis vous coupez dans les
CLD à 52 % des dépenses des
entrepreneurs potentiels... Puis on sait très bien, au Québec, que le problème
majeur dans l'entrepreneuriat, ce n'est pas les idées, ce n'est pas la
bonne volonté des gens, qui vont pousser un peu partout — puis
le député de Trois-Rivières pourra confirmer
ce que je dis là — c'est
justement de faire en sorte que les Québécois qui ont des idées qui
germent dans leurs têtes puissent avoir du financement adéquat pour pouvoir
développer leurs entreprises.
Le Président (M.
Cousineau) : En conclusion.
M.
Therrien : C'est ça qu'il faut faire dans l'économie moderne
dans laquelle on vit. Vous êtes en train de couper la volonté puis les
capacités des citoyens dans votre politique d'austérité.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci.
M.
Therrien : C'est ça que vous offrez à la population
québécoise, puis vous pensez que je vais donner mon aval à ça?
Impossible.
Le
Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît! Merci, M. le député
de Sanguinet, c'est tout le temps que nous avions pour le bloc. Donc, nous allons passer au dernier
bloc. Je vais demander même à mon confrère de me remplacer. Alors, ça
prend un député qui... Oui, M. le député de Laval-des-Rapides. Vous avez
20 minutes.
M. Polo :
Merci. Merci beaucoup. Bien, je vais peut-être inviter mon collègue de
Trois-Rivières à compléter.
Le Président (M.
Poëti) : M. le député de Trois-Rivières, la parole est à vous.
M.
Girard : Merci, M. le Président. Je veux juste revenir... J'ai compris
ce que mon collègue a mentionné en parlant des CLD. Je ne reviendrai pas nécessairement sur le rapport destructeur
du Vérificateur général sur les CLD, comme quoi plusieurs CLD ont pigé dans le FLI pour... Peut-être que mon collègue
pourra y revenir, mais je veux juste... Bon, j'aime bien avoir des articles concluants quand on avance
des choses. Je veux vous donner un petit article qui a paru récemment dans un journal à Bécancour, Un bilan
exceptionnel avec un nouveau C.A. entrepreneurial pour le CLD de
Bécancour : «Le conseil d'administration du CLD de la MRC de
Bécancour a tenu, hier soir, son assemblée[...] — bon, blablabla. [...]Le CLD est le guichet de première ligne pour
le développement économique. [...]"Les résultats obtenus [...] dépassent
largement [les] attentes. L'aide financière
apportée aux entrepreneurs est la meilleure depuis 1998, soit depuis la
création du CLD"», pour soutenir les projets structurants.
Donc,
la nouvelle structure a permis de soutenir beaucoup plus de projets, d'aller
encore plus loin. Le C.A. n'est composé
seulement que d'entrepreneurs, ce sont tous des entrepreneurs autour de la
table, et les résultats sont extrêmement concluants. Le CLD est très content, la MRC sont très fiers de ce qui se
passe, et c'est une force supplémentaire pour le développement de la région. Et on a un article qui est très, très, très
concluant sur la nouvelle mouture de développement économique dans la région de Bécancour grâce à la
modification de l'ancien CLD, qui est devenu un organisme beaucoup plus
entrepreneurial, avec des résultats beaucoup plus concluants.
Sur ce, je laisse la
parole à mon collègue de Laval-des-Rapides. Merci.
Le Président (M. Poëti) : Merci, M. le député de Trois-Rivières. La parole
est à vous, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais aborder la question de l'industrie des
sciences de la vie et des technologies
de santé avec la ministre, sur justement une industrie qu'elle connaît bien en tant
qu'ancienne présidente de Montréal International. Comme j'ai l'habitude de faire,
puis au contraire du député de Sanguinet, là, j'aime faire la pédagogie, j'aime poser des questions mais également
informer le public qui nous écoute, parce
que, malheureusement, de l'autre côté, des fois, comme la ministre
l'a souligné, il y a tout un discours, il y a déjà toute une réponse
de prédéterminée... Puis malheureusement il sort toujours déçu de cet
exercice-là, parce que ça ne répond jamais à ses propres attentes.
Ceci
dit, au niveau de l'industrie de la santé, M. le Président, une industrie importante pour l'économie du Québec,
comme la ministre la connaît bien, une
industrie où on retrouve plus de 450 entreprises, 25 000 Québécois,
Québécoises qui
sont associés à cette industrie-là, une industrie qui, dans le contexte
mondial, continue à se développer... Et, à ce niveau-là, j'aimerais retourner en arrière, faire juste un
bref historique, parce que c'est une industrie qui vit des transformations,
que ce soit ici, au Québec,
ou au niveau mondial. J'ai pris quelques notes, puis vous me
permettrez, M. le Président, là, d'en faire mention pour mettre la
table à ma question.
La politique
du médicament publiée en 2007 prévoyait la mise en place d'un forum permanent
d'échange entre le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère
de l'Économie, Science et Innovation
et l'industrie biopharmaceutique. Ce
forum, constitué de représentants de haut niveau, avait permis d'alimenter la
réflexion, qui a permis la création
et qui a entouré l'organisation du Forum québécois des sciences de la
vie et d'assurer au Québec un rayonnement important et une visibilité
continue auprès des maisons mères des compagnies pharmaceutiques. En 2012, le
FQSV a été organisé par le MESI à la
demande du premier ministre du Québec. Cet important exercice de consultation avait permis de
dégager un consensus autour des grandes orientations clés pour ce secteur
qu'est les sciences de la vie. Le premier ministre de l'époque, trois ministres et 300 acteurs
de haut niveau dans toutes les sphères de l'industrie, du monde de la recherche et du réseau de la santé avaient
participé à l'événement. Les ministères concernés avaient pris des actions pour
donner suite à ce forum. Toutefois, après les élections de septembre 2012,
que mon collègue de Sanguinet a vécues à l'époque,
aucun suivi formel du Forum québécois des sciences de la vie n'avait été fait, et les
rencontres du forum permanent d'échange avaient cessé.
En
juin 2014, les ministères de
l'Économie, Science et Innovation et
de la Santé et Services sociaux ont
participé au congrès international BIO
qui a eu lieu à San Diego. Lors de cette mission, les représentants de
10 entreprises pharmaceutiques
ont exprimé le souhait de relancer le dialogue entre l'industrie et le
gouvernement. Les ministres se sont montrés
réceptifs à cette demande. De plus, les membres de la grappe des sciences de la
vie et des technologies en santé, Montréal
InVivo, ont également souligné leur intérêt pour la tenue d'un nouvel événement
qui permettrait de réunir l'industrie, le
monde de la recherche et le réseau de la santé. Peut-être que je me trompe,
mais peut-être la ministre était présente à cette importante mission, à
l'époque.
Annoncé lors
du discours sur le budget de 2015-2016 et lancé en avril 2015, donc il y a
exactement un an, le Groupe de travail
sur les sciences de la vie a comme mandat de déterminer des pistes d'action qui
permettront d'assurer le développement
durable de l'industrie des sciences de la vie au Québec, et ce, en tenant
compte du nouveau contexte dans lequel il évolue et la pérennité
financière du système de santé et des services sociaux québécois, actuellement
en transformation. Quatre chantiers de
travail ont été mis sur pied et ont pour mandat de faire des recommandations au
groupe de travail sur les thèmes
suivants : l'intégration de l'innovation dans le réseau de la santé et des
services sociaux, les défis de la
recherche et l'innovation — nous pourrons également élaborer sur l'innovation un peu plus tard
aujourd'hui, ce soir — les défis de l'industrie
et le rayonnement du secteur à l'international. Au mois de novembre dernier
s'est tenue la deuxième rencontre du groupe de travail, et les
coprésidents de chacun des chantiers y ont présenté les travaux réalisés
jusqu'à maintenant. Plusieurs enjeux ont été
identifiés par chacun des chantiers de travail, et ces derniers travailleront
dans les prochains mois à étayer des propositions de piste d'action pour
faire face à ceux-ci. Lors de la troisième et dernière rencontre, si je ne me trompe pas, qui aura lieu le 5 mai prochain,
les coprésidents des chantiers présenteront les pistes de solution
proposées afin de pallier aux enjeux identifiés.
Bref, voilà
l'état de la situation, là, de cette industrie, tel que mentionné, qui est
importante pour notre économie. Mme
la ministre connaît bien l'industrie des sciences de la vie et technologies de
la santé. Pouvez-vous... Je vous invite à élaborer sur les différentes
actions et votre vision de cette industrie pour notre économie et pour le
Québec. Merci.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Poëti) : Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme
Anglade : Merci. Merci, M. le Président. Alors, en effet, l'industrie
des sciences de la vie, le secteur des sciences
de la vie est important, puis, lorsque l'on voit tous les investissements qui
ont été faits également dans nos milieux hospitaliers, il est clair qu'on a un potentiel extraordinaire. Et ce
qui est remarquable dans cette industrie-là, c'est qu'avec le développement des
pharmaceutiques qui a évolué, puis qui a évolué... qui a fait en sorte qu'il y
a eu une transformation au niveau de
ce secteur-là, on a développé des professionnels, des gens du milieu qui sont
extrêmement forts, extrêmement reconnus au niveau international et sur
lesquels maintenant il faut miser dans la transformation de tout ce secteur-là.
Mais, M. le
Président, vous allez me permettre de revenir sur les propos de mon collègue le
député de Sanguinet, parce qu'honnêtement j'étais éberluée d'entendre le
député, mon collègue, dire : Écoutez, imaginez, au Québec, là, s'il n'y a pas d'innovation, les gens ne sont pas
capables de suivre, etc. Et honnêtement je n'ai jamais vu, je n'ai jamais
entendu encore de député décrire une vision
si pessimiste, si repliée sur elle-même, si petite par rapport au génie québécois.
Et je ne peux pas m'empêcher de penser à
quelqu'un comme Bernard Lamarre, qu'on a accompagné la semaine dernière
dans ses derniers moments, jusqu'à ses funérailles, et de me dire : C'est
de ça dont nous avons besoin, c'est de ce leadership-là,
c'est cette vision-là dont nous avons besoin au Québec. Nous avons besoin
d'ambition, nous avons besoin d'audace. Nous ne pouvons pas nous arrêter
en nous disant : Ah! bien, écoutez, si l'innovation n'arrive pas, là, on
va laisser tomber les gens. C'est une vision
petite de l'économie, et jamais nous n'allons être capables d'aller faire
croître l'économie avec cette vision
petite des choses. Ce qu'il faut, au contraire, c'est avoir de l'ambition,
c'est avoir de l'audace, c'est avoir de l'innovation.
Et je ne sais
pas si le député de Sanguinet fait les mêmes lectures que moi, mais moi, la
semaine dernière, lorsque je lisais
les choses suivantes, je lisais : «La Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante accueille favorablement les investissements en faveur du secteur
manufacturier innovant...» Je lisais que «le plan déposé aujourd'hui est la
meilleure politique
économique que le gouvernement pouvait déposer en ce moment, et la plus
porteuse dans les circonstances». Je
lisais : «Les trois plans stratégiques présentés aujourd'hui par la
ministre Anglade vont dans la bonne direction et lancent un message très clair aux entreprises.» Dans le
milieu économique, dans le milieu des entreprises, c'est de ça dont on a
besoin, on a besoin d'un message fort, on a
besoin d'un message porteur, on a besoin de... porteur d'espoir, d'innovation,
mais aussi de l'ambition, de voir grand, de
voir... de dépasser les frontières et de ne pas avoir un repli sur soi. Et
c'est à ça que je réponds
particulièrement aujourd'hui, parce que le rôle du gouvernement, c'est
d'envoyer ce message-là. Le rôle du
gouvernement, c'est de jouer un rôle de leader, de leader au niveau de la
mobilisation des acteurs que nous avons, comme je discutais avec mes collègues plus tôt, au niveau du ministère, au
niveau du CRIQ, au niveau d'Investissement Québec, mais de l'ensemble
des acteurs, et c'est ce que nous faisons.
Alors, quand
j'entends un député dire : Mais là, si on n'est pas capable de faire de
l'innovation puis on n'est pas capable de suivre... Ce n'est pas ni la réponse
ni la question. Le fondamental, c'est comment nous allons nous rendre et ce
que nous proposons à l'ensemble des citoyens du Québec avec les plans qui ont
été déposés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Poëti) : Merci, Mme
la ministre. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. En effet, j'aurais peut-être
dû vous inviter à répondre à notre collègue de Sanguinet. Mais je vais donc revenir sur le sujet, effectivement, de l'industrie
de la santé et de l'attraction et la rétention de ces entreprises-là. Puis je vois que le P.D.G. d'Investissement
Québec est à vos côtés. Et vous avez eu ce mandat-là... vous l'avez encore plus aujourd'hui, mais vous
l'avez également eu dans un autre rôle auparavant, avant votre actuelle
vie politique. L'attraction des
investissements étrangers, l'attraction de filières internationales, de
filières étrangères de venir s'établir
au Québec, dans une région comme Laval, avec ma collègue de Fabre, nous sommes
choyés, nous avons un parc de la
santé, Armand-Frappier, qui permet justement d'attirer des filiales, etc., mais
nous avons un exemple de toute cette concertation-là
que vous venez de mentionner, de souligner, de cette ambition, de quelle façon le
rôle majeur que peut jouer un gouvernement dans l'attraction de ces
entreprises-là ici, au Québec, peut avoir un impact.
L'exemple de
Valeant, Valeant à Laval, O.K., Valeant est un exemple de quelle façon le
gouvernement du Québec et
Investissement Québec, différents partenaires se sont mobilisés, se sont
concertés justement pour attirer une entreprise importante et qui vit une
croissance importante également. Je vous donne l'exemple de Valeant peut-être
pour vous inviter à élaborer,
justement, sur les différents mécanismes, sur le travail qui doit être fait de
promotion à l'international, les
outils qui sont utilisés, certaines fois financiers, d'autres fois fiscaux,
etc., et la mobilisation des différents partenaires à ce niveau-là. Donc, peut-être élaborer, justement,
sur la procédure à suivre, les différents outils à utiliser à ce niveau-là.
Merci.
Le Président (M. Poëti) : Mme la
ministre.
Une voix : ...
Le Président (M. Poëti) : Oh! je
m'excuse. On a consentement? Monsieur...
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Si je peux me permettre, dans notre plan
stratégique, on a vraiment mis l'accent sur l'attraction d'investissement étranger en favorisant ce qu'on appelle
l'effet de meute, c'est de coordonner, planifier, organiser avec nos partenaires qui sont déjà sur le terrain
à l'international avec nos services à nous pour vraiment faire la différence.
J'expliquais, la dernière fois que j'étais
ici, qu'il y a 15 ans il y avait 400 organismes d'attraction
étrangers sur la planète, maintenant
il y en a 4 000. Donc, on a compétitionné avec ce qu'on a à offrir au
Québec. Et on a de la vente à faire, parce que c'est de la vente, c'est du démarchage, et l'effet de meute qu'on
envisage de mettre en place va amener définitivement à cibler beaucoup
plus d'opportunités, d'éviter la redondance et de s'assurer qu'aussi
Investissement Québec ait le leadership,
oui, avec Montréal international et Québec International, parce qu'ils sont
bien structurés et bien engagés, et ils ont des ressources, mais aussi avec les régions. Il y a des secteurs au
Québec qui ont besoin d'être aidés aussi pour l'attraction internationale, surtout des zones portuaires comme
Sept-Îles ou d'autres secteurs, qui comptent sur nous autres pour les
représenter à l'international, lorsqu'il y a des projets, pour les amener ici,
au Québec.
Donc, tous
secteurs confondus, ça veut dire que, cet effet-là, bien, on va le sentir — et, encore là, on le verra dans les
résultats au niveau de la reddition de comptes — par des opportunités
additionnelles. Et souvent, plus souvent qu'autrement,
lorsqu'on vient à attirer une entreprise, elle investit elle-même dans son
démarchage pour venir chez nous. Nous,
on peut trouver des programmes ou des façons avec soit le Fonds de
développement économique ou nos propres fonds propres pour les établir au Québec, mais beaucoup le font sans
avoir même besoin de financement, parce qu'ils se financent eux autres mêmes. Mais il fallait les
éclairer vers la voie du Québec avec les avantages qu'on a, encore là, les
mêmes qu'on répète toujours. On a de la main-d'oeuvre qualifiée qui est
disponible dans des régions plus que d'autres, on est d'accord, mais on essaie de les orienter vers ces régions-là. On
a de l'électricité verte qui amène des entreprises ici parce qu'on est très compétitifs, au niveau
international, au niveau des tarifs, mais le fait qu'elle soit verte,
l'électricité, amène des gens comme Amazon pour venir ici pour créer un
futur qu'on appelle le «green clouding», donc l'effet de «cloud» vert avec l'énergie
d'Hydro-Québec renouvelable.
Mais l'effet
de meute dont on parle ici est quand même majeur, et coordonner, planifier avec
les mêmes ressources a un effet non
pas multiplicateur, mais un effet souvent qui est exponentiel au niveau des
résultats. Et c'est ce qu'on planifie faire dans notre plan.
Le Président (M. Poëti) : Merci,
monsieur. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : M. le Président, j'aurais une autre question pour le P.D.G.
d'Investissement Québec, justement, peut-être
pour l'inviter à élaborer sur la présence d'Investissement Québec à
l'international et, justement, de quelle façon ces structures-là ou ces bureaux d'Investissement Québec à
l'international se déploient, et jouent ce rôle de démarchage, et font ce rôle de démarchage là. Et peut-être
nous informer sur certains des secteurs dans lesquels ils mettent un peu plus
d'énergie ou certaines industries, sans
nécessairement peut-être nous dévoiler, là, des secrets ou des scoops, mais
peut-être élaborer à ce niveau-là également.
• (18 h 30) •
M.
Côté (Pierre Gabriel) : On a 12 bureaux à l'étranger, et là où on
se démarque par rapport à nos partenaires, c'est que nous, on est présents sur le terrain, et ça donne une
opportunité pour l'effet de meute, d'avoir des gens qui, eux, sont dans
leurs valises, souvent de pouvoir... de conjuguer des bureaux qu'on a, l'effet
de support qu'on a pour aller rencontrer des
entreprises, des clients potentiels pour Investissement Québec. Et ça se fait
en planifiant des zones qu'on va appeler
de chasse — je
m'excuse, le terme, là, mais c'est vraiment un peu le terme qui est
utilisé — puis les
secteurs, bien, dépendent beaucoup
des pays où on opère. Donc, c'est sûr et certain que, lorsqu'on va à
Londres — on a un
bureau à Londres dans la délégation
là-bas — bien, on
cherche beaucoup les «fintechs», parce que c'est un marché financier qui est
très développé, pour venir ici, secteur
financier. Lorsqu'on va, exemple, en Asie, bien, on regarde aussi les
ressources naturelles, parce qu'on sait qu'il y a un attrait pour les
ressources naturelles, pour ces pays-là, à long terme.
Donc,
on fait connaître... Donc, on cible beaucoup, dépendant des secteurs, là où on
peut offrir quelque chose de différent.
La compétition est très forte, donc on doit se démarquer souvent par pas juste
du financier mais par la façon dont
on peut mettre en valeur ce lien-là entre ceux qui cherchent des opportunités
de développer et les forces du Québec.
Donc,
ce travail-là est vraiment important, c'est un levier majeur, au niveau
d'Investissement Québec, pour créer de
la richesse. Et ce réseau-là, pour nous, bien, il va continuer de se développer
par des ressources qui vont voyager encore un peu plus, parce que les marchés se développent. Celui de la Corée,
entre autres, se développe. Même si on n'a pas de bureau sur le terrain là-bas, bien, on a des gens
qui peuvent rayonner à partir de bureaux existants pour couvrir ces marchés-là nouveaux qui sont en pleine croissance.
Donc, on a les ressources pour faire la différence, et notre plan, de
fait, qu'on coordonne beaucoup mieux dans le futur avec d'autres acteurs, va
nous donner des résultats.
Le Président (M.
Poëti) : M. le député, pour 2 min 4 s.
M.
Polo : Merci. Merci. Je pense que je vais terminer en spécifiant
qu'effectivement, que ce soit à Laval ou que ce soit dans la grande région de Montréal, le secteur de la santé et
surtout le secteur des sciences de la vie, technologies de la santé jouent un rôle important, primordial.
Effectivement, il y a des grands bouleversements qui se vivent actuellement au niveau de cette industrie-là, mais
c'est quand même 25 000 Québécois, Québécoises qui vivent de cette
industrie-là.
On
voit toute une transformation qui s'effectue. Oui, il y a eu certaines
entreprises comme AstraZeneca, qu'on a vu
à Laval, qui s'est repliée, mais qui a quand même décidé de continuer à
investir pour assurer une présence à travers des nouveaux projets comme Neomed, notamment, qu'on a annoncé l'automne
dernier avec l'ancien ministre de l'Économie. C'est toute une transformation qu'on voit sur ce terrain-là. Ceci dit,
il y a tout un écosystème d'organismes, de filiales, d'institutions de
recherche, que ce soit aussi avec les chaires de recherche des universités, qui
est en... Toutes ces institutions-là sont en
train, actuellement, de se mobiliser justement pour préserver ce capital humain
qu'on a réussi à bâtir et à
développer, là, au Québec depuis un grand nombre d'années, à préserver ce
capital humain justement pour assurer la pérennité à travers, justement, ce remodelage qui est en train de se
faire sur le terrain. Et je salue, bon, les efforts que fait
Investissement Québec afin de continuer d'attirer de nouvelles entreprises.
Je
dois vous avouer... Je vous ai amenés sur la piste de Valeant, même si
peut-être vous n'avez pas élaboré à ce niveau-là,
mais j'ai un parti pris pour Valeant parce que ma femme travaille chez Valeant,
et donc, à ce niveau-là, je connais très
bien le fonctionnement, et la présence, et la croissance de cette entreprise-là
à Laval, et qu'on voit, là, justement sur le bord de la crise, donc...
Le Président (M.
Poëti) : M. le député, pour saluer, il vous resterait deux secondes.
M. Polo :
Bien, j'aimerais saluer, donc, effectivement.
Le Président (M. Poëti) : Alors, compte tenu des circonstances, la
commission va suspendre ses travaux jusqu'à 19 h 30 afin d'entreprendre l'étude du volet Innovation et
Exportations. Merci à tous. La salle ne sera pas barrée. Si vous voulez
amener vos effets, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à
18 h 33)
(Reprise à 19 h 31)
Le
Président (M. Cousineau) : ...à tous et à toutes. La Commission
de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
téléphoniques ou électroniques.
Innovation et Exportations
La commission est réunie afin d'étudier le volet
Innovation et Exportations des crédits budgétaires du portefeuille Économie,
Science et Innovation pour l'exercice financier 2016-2017.
Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements? Ça, écoutez ça, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
des remplacements, Mme la secrétaire?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Girard (Trois-Rivières) remplace M. St-Denis (Argenteuil);
M. Villeneuve (Berthier)
remplace M. Bergeron (Verchères); et M. Ouellet (René-Lévesque)
remplace M. Leclair (Beauharnois).
Le
Président (M. Cousineau) : Voilà. Merci. Alors, nous procéderons à une discussion d'ordre général
et puis par des blocs de 20 minutes. Et puis, donc, je vais céder
la parole pour débuter avec les représentants de l'opposition officielle,
M. le député de René-Lévesque. Quel nom célèbre! Alors, M. le député de René-Lévesque, vous avez 20 minutes... Non,
excusez-moi, 17 min 30 s. Allez-y.
Discussion générale
M. Ouellet : D'accord. Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, chers amis collègues. Avant de commencer, je vais tout de suite laisser la parole à mon collègue
André, qui va commencer tout de suite sur le thème...
Le Président
(M. Cousineau) : De Berthier.
M. Ouellet : ... — de
Berthier, effectivement — qui
va commencer tout de suite avec le thème de l'innovation.
Le Président
(M. Cousineau) : D'accord. Alors, M. le député de Berthier,
à vous la parole.
M. Villeneuve :
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Cousineau) : Ça me fait énormément plaisir.
M. Villeneuve : Bonsoir à vous, bonsoir aux gens qui vous
accompagnent, donc, la commission. Bonsoir, Mme la ministre, ainsi que les gens qui vous accompagnent.
Collègues de l'Assemblée nationale et toutes les personnes présentes, je vous
salue.
Je
vais être très succinct et rapide, M.
le Président. On sait que,
présentement, le Québec vit une situation économique difficile, pour ne pas dire anémique. Et, quand on regarde,
là, qu'en 2015... 4,7 % moins, négatif, en termes d'investissement privé, c'est quand même
quelque chose de particulier. La même chose cette année. Dans
le budget, vous prévoyez... la ministre prévoit, M. le Président,
0 % de croissance de l'investissement privé.
Quand
on sait que l'investissement privé, c'est le moteur de l'économie, rien de
moins, quand on voit la devise canadienne
à son plus bas niveau depuis très longtemps... en tout cas, un très, très
bas niveau, quand on regarde le prix du baril de pétrole, M. le
Président, on a là une conjoncture qui est favorable à, finalement, bien
sûr — mon
collègue sûrement vous en parlera — de
l'exportation. Mais on a là des éléments qui sont quand même...
qui pourraient être intéressants, qui pourraient être... jouer de façon
à ce que ça puisse aider l'économie du Québec.
M. le Président, juste dire, et je trouve ça important, des études de l'OCDE indiquent
que 50 % de la croissance du PIB
peut être attribuable à l'innovation. 50 % du PIB peut être attribuable à
l'innovation. Quand on sait que la PNRI, la Politique nationale de la recherche et innovation, M. le Président, depuis deux ans, n'a pas été appliquée par le gouvernement du Québec — la PNRI qui avait été déposée par Pierre Duchesne, c'est
quand même assez affolant de voir qu'on vient de
perdre deux années complètes. Et ce n'est pas de très bon augure pour la suite
des choses.
En
fait, ma question, M. le Président, et j'y arrive directement : Dans la mise à
jour économique à l'automne 2014, le gouvernement actuel, M. le Président... Et on peut lire, à la page D.37 : «40 % des
entreprises ayant réclamé des crédits
d'impôt à la recherche et développement avaient un niveau de dépenses
admissibles inférieur à 50 000 $», et, M. le Président : «Ainsi, à compter du
3 décembre 2014, les entreprises ne pourront bénéficier de ces
crédits d'impôt que pour leurs dépenses admissibles excédant un certain
seuil», qui est de 50 000 $.
Quand
on pense... Et là je suis certain que la ministre connaît très bien ça. Quand
on pense que ça soit aux applications
mobiles... On a des jeunes et des moins jeunes, mais beaucoup de jeunes, M. le
Président, qui, dans leurs garages,
dans leurs sous-sols, développent des applications mobiles. Eh bien, ces
gens-là, M. le Président, on a monté le seuil, le gouvernement actuel a monté le seuil à 50 000 $. Ça
veut dire que ces gens-là se retrouvent souvent sans investisseur, sans moyens financiers pour pouvoir
justement développer ces applications mobiles là. Donc, on leur a coupé
les ailes.
M.
le Président, est-ce que la ministre est consciente qu'on vient de se couper de
gens qui sont très performants en
termes d'innovation et que finalement on risque de rater, à certains égards...
à plusieurs égards, des belles occasions d'affaires et de développement
d'applications mobiles, entre autres?
Le Président
(M. Cousineau) : Merci, M. le député de Berthier. Mme la
ministre.
Mme Anglade : Bien,
M. le Président, d'abord, je vais vous dire que je suis très contente
d'entendre le député de Berthier
parler d'innovation. Parce que, contrairement au député de Sanguinet qui nous a
dit : On ne savait pas s'il allait
y avoir de l'innovation, si on pouvait miser sur l'innovation, là, si on allait
être capable au Québec d'en avoir, je pense
que je reconnais dans vos propos le fait que l'innovation est non seulement
importante, mais quelque chose qu'il faut que l'on pousse parce que la
croissance est assurée à terme par l'innovation. Donc, première constatation.
Deuxième
constatation, c'est que je ne pourrais pas être plus en accord avec vous par
rapport aux investissements qui
doivent être faits en matière d'innovation. Et c'est la raison pour laquelle on
a présenté la semaine dernière un plan, qui mise sur quoi? Sur du manufacturier innovant, un plan qui mise à
accompagner les entreprises pour 500 millions de dollars sur trois ans. Alors, on ne parle pas de
50 000 $ ici et là, on parle de 500 millions de dollars sur
trois ans que l'on veut investir dans justement ce que l'on discute, qui
est le manufacturier innovant, justement, là, avec des exemples concrets qui ne sont pas loin de votre région, si
je ne me trompe pas. Parce que, quand on parle de Bridgestone, là, ce n'est
pas trop loin de chez vous. Et c'est ce type d'innovation là sur lequel on veut
miser et aller de l'avant.
Pour
l'investissement privé, je pense que ce qui est important, c'est que le
gouvernement envoie un message clair, envoie
un message clair aux entreprises. Et je vous dirais que, lorsque je regarde la
réception des entreprises, que ce soient les différentes associations au niveau des chambres de commerce, au
niveau du Conseil du patronat, au niveau de l'entreprise indépendante qui représente les PME, toutes disent
qu'on va dans la bonne direction en misant particulièrement là-dessus et en faisant une réallocation des fonds
spécifiquement pour un manufacturier innovant. Alors, c'est d'abord et avant
tout là-dessus que l'on mise.
L'autre
élément, que vous n'avez pas mentionné, dans le budget, mais qui est aussi
important, c'est le premier... ce
qu'on appelle traditionnellement, je vous dirais, le «patent box». Mais en fait
ce que ça veut dire, c'est qu'à partir du moment où vous avez un brevet qui a été breveté au Québec et que vous
générez des revenus par rapport à ce brevet-là, l'imposition que vous
allez avoir sur ce revenu-là est beaucoup plus faible que s'il n'était pas
généré par ce brevet. Et donc ça a des
incidences pour encourager les gens à venir breveter ici, au Québec, et à venir
exploiter les brevets dans leur
production. Donc, il y a des mesures très spécifiques qui ont été mises de
l'avant au niveau de l'innovation. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Berthier.
M.
Villeneuve : Bien, j'aurais aimé savoir de la part de la
ministre, M. le Président — mais elle aura l'occasion d'y
répondre, j'imagine, un jour ou l'autre — pourquoi avoir coupé justement cette aide-là
à nos jeunes et moins jeunes qui, justement, développent des applications
mobiles. Pourquoi, dans un moment si morose?
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
C'est vrai qu'il y a eu un resserrement, mais il faut regarder la recherche et
l'innovation de manière beaucoup plus large.
La réalité, c'est que, lorsque l'on compare... Et, quand on fait l'étude des
crédits d'impôt au Québec, et
particulièrement au niveau de la recherche et développement, si vous comparez
le régime sous la juridiction du Québec par rapport aux autres
juridictions que sont les autres provinces canadiennes ou les États américains,
vous constaterez rapidement qu'on est très
avantagés au Québec par rapport aux autres juridictions. Et c'est quelque chose
sur lequel on veut continuer de miser.
Un
resserrement, certes, mais en aucun cas on devient moins compétitifs qu'une
autre juridiction, de un. De deux, les montants d'argent qui sont associés à
ça, il faut les voir de manière plus large et regarder l'ensemble des
programmes en matière d'innovation, si on veut parler de toute la chaîne
d'innovation.
Le Président
(M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Ça va, M. le
député de Berthier?
M. Villeneuve :
Ça va.
Le Président
(M. Cousineau) : D'accord. Alors, M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Mme la ministre, vous m'avez fait travailler un
petit peu en fin de semaine avec le
dépôt de trois plans d'action en fin de la semaine. Ce n'était pas prévu dans
mes études, mais j'ai pu compléter en cette
fin de semaine, avec mes enfants, la lecture de ces trois documents-là. Mais je
n'ai rien trouvé de stratégique dans les exportations. Et je cite le
budget, page 103, que «les sommes consacrées aux PME exportatrices dans le
cadre du présent budget [contribuent]
directement à la mise en oeuvre de la stratégie à l'exportation», qui sera en
cours d'élaboration en 2016. Donc, depuis deux ans, si je comprends
bien, on navigue à vue d'oeil et non pas aux instruments.
J'aimerais citer le
ministre des Finances, M. Leitão, qui nous disait, le
25 janvier 2016...
Le Président
(M. Cousineau) : Attention! Le «M. Leitão» était de
trop, c'est «M. le ministre des Finances».
• (19 h 40) •
M. Ouellet : ... — oui,
merci — M. le
ministre des Finances qui citait, au mois de janvier 2016, le 25... qui se
disait déçu des résultats des exportateurs québécois : «On pensait
d'ailleurs que la croissance économique du Québec serait plus vigoureuse parce
qu'il y aurait des exportations plus vigoureuses que ça. [Bref,] c'est un peu
décevant.»
Par
la suite, j'aimerais citer l'organisation que vous connaissez assurément très
bien pour les avoir rencontrés, je
présume, les Manufacturiers et exportateurs du Québec, qui nous disait, en
octobre 2015, que les compressions nuisent au commerce extérieur, et ils
déploraient effectivement cette situation-là : «Les compressions budgétaires minent le moral
des exportateurs. [...]Or, le vent de
compressions gouvernementales affecte le moral des gens d'affaires[...].
Mais le simple fait de cesser de couper dans les délégations du Québec à
l'étranger et dans les programmes d'aide ne suffira pas. Le gouvernement doit
"s'armer pour [...] faire beaucoup plus dans les années à venir".»
Plus tard, soit le 4 avril, ils demandent
«au gouvernement d'accélérer [le] soutien au manufacturier», et tout récemment :
les «Manufacturiers et exportateurs du Québec [sont] très heureux du virage
innovation annoncé par le gouvernement du Québec».
Donc, on a
une situation en évolution, mais ça a pris deux ans avant de faire quelque
chose. Nous avions un plan Priorité
emploi, plan de développement du commerce extérieur, Mme la ministre, de 2013 à 2017. Alors, j'aimerais savoir, pendant ces deux années, qu'est-ce que le ministère
n'a pas aimé pour ne rien faire et proposer quelque chose, donc des mesures et des moyens financiers, présentement, et qu'on n'a toujours pas une stratégie à l'exportation entre les mains pour la
suite?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Je vais répondre à différents volets, parce qu'il y a une multitude
de questions, mais je vais essayer d'y répondre le plus spécifiquement
possible.
Lorsque l'on
regarde les exportations du Québec, ce que l'on constate en premier lieu, en termes de familles de produits qui sont
exportés, d'abord il y a tous les volets de l'aérospatiale et de
l'aéronautique qui sont exportés en premier lieu, ensuite vient l'aluminium, ensuite viennent les métaux sous
différentes formes, puis le bois, les pâtes et papiers, puis finalement
l'électricité.
Lorsqu'on
regarde les stratégies gouvernementales qui ont été mises de l'avant, on remarque
que, par rapport à ces
cinq catégories-là, elles viennent s'intégrer les unes aux autres aux
différents volets de l'exportation. Je n'ai qu'à prendre l'aluminium, qui est la deuxième famille la plus exportée au Québec,
et là il y a une stratégie de l'aluminium qui a été mise en place. Même chose pour les métaux. Lorsque
vous regardez les métaux, tout le Plan
Nord est orienté pour soutenir...
Malgré la faiblesse des prix des matières
premières et des métaux, ce que l'on constate, c'est qu'il y a
un plan de match qui fait en sorte
que, s'il y a reprise, quand il y a reprise, ça nous permet
d'être à l'affût dans ce secteur-là. Le secteur de l'aérospatiale, qui est le premier, on pourra en
parler plus amplement, mais c'est un des volets qui va être déposé dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, au niveau de l'aérospatiale. Donc, lorsque vous regardez les plans qui ont été mis de l'avant dans les deux dernières
années, vous constatez qu'ils
viennent directement compléter les éléments-phares de la stratégie au
niveau des exportations.
Je suis contente de constater qu'effectivement
vous citez les Manufacturiers et exportateurs du Québec et les commentaires qui ont été faits par le passé, mais,
force est de constater, avec les discussions que nous avons eues avec
Manufacturiers et exportateurs, et leur perspective — je
vais les citer — de
la semaine dernière : «Le plan déposé aujourd'hui
est la meilleure politique économique que le gouvernement pouvait déposer en ce
moment, et la plus porteuse dans les
circonstances.» Pourquoi est-ce que les manufacturiers exportateurs disent
cela? C'est parce qu'ils savent très bien qu'en misant sur le manufacturier innovant, qui rejoint le point du
député de Berthier, c'est qu'on est en train de combiner des éléments-phares pour le Québec dans tous les
secteurs d'activité et qui vont nous permettre de rayonner sur la scène
internationale, qui vont nous permettre de nous enrichir en créant davantage
d'exportations.
Quant au budget lui-même, si vous regardez les
chiffres, vous verrez que, dans le dernier budget, il y a une augmentation de 7,5 millions au niveau des
exportations, qui vient donc renforcer la perspective ou la volonté du
gouvernement d'agir directement pour voir les exportations augmenter dans les
différents volets.
Donc, moi, je
vous dirais qu'il y a une cohérence dans tout ça, et surtout il y a une
accélération qui se fait, et qui se fait sentir, et que les gens
justement sur le terrain, les entreprises elles-mêmes et les représentants des
entreprises apprécient particulièrement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Quand ça fait deux ans qu'on n'a pas mangé,
on peut se faire mettre n'importe quel plat, on va le trouver bon. Tu sais, je peux comprendre qu'ils
sont contents, mais, pendant deux ans, ils n'ont rien eu. Alors, tu me
sers un baloné : j'ai faim.
Cela étant
dit, vous parlez de cohérence dans le programme, vous parlez d'un
7 millions. J'aimerais attirer votre attention justement sur les
crédits du ministère de l'Économie, des Sciences, Innovation. Quand on regarde
dans le programme 1, on voit que
certaines sommes ont effectivement diminué. Quand on prend le développement des
secteurs industriels stratégiques,
des projets économiques majeurs et des sociétés d'État, on voit une diminution
de 10 %; commerce extérieur et
exportations, statu quo, donc je ne vois pas plus de moyens, je ne vois pas
votre 7,5 millions — on pourra me
l'expliquer; services aux entreprises et affaires territoriales, moins
608 000 $; et soutien à l'innovation, moins 4 %, donc 6,47 millions; Programme ESSOR, moins
7 %, et on aura l'occasion d'en reparler plus tard, mais, dans un des
plans qui a été déposé, dont celui du
CRIQ, on fait la nomenclature d'un de ces outils; Créativité Québec, qui permet
d'appuyer les entreprises dans le
développement, l'amélioration, la précommercialisation et l'acquisition de
nouvelles technologies, donc il vise
à appuyer le secteur manufacturier qui regroupe des entreprises à forte valeur
ajoutée qui contribuent de façon importante à la production de biens,
moins 40 %.
Alors,
en quoi on peut être cohérent quand on dit qu'on met des moyens
supplémentaires, quand on fait la nomenclature des différents programmes, soit
celui du ministère et celui du CRIQ, et on voit qu'il y a une baisse des
investissements de ce côté-là?
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Oui. Parfait, merci. Lorsque l'on regarde les chiffres pour les exportations,
au niveau des crédits, il y a un
montant qui est de 25 millions, que vous voyez certainement dans les
documents que vous avez — et je regarde dans le
document, à la page 82 du budget de dépenses — qui est à 25 millions. Et dans le
budget a été ajouté 7 millions, pour
un total de 32 millions de dollars au niveau des exportations. Donc, il y
a une augmentation au niveau des montants pour les exportations.
J'aimerais
quand même revenir sur un commentaire que vous avez fait par rapport aux
représentants des entreprises. Lorsque
vous avez, on peut dire, une certaine unanimité, parce que la Fédération des
chambres de commerce du Québec, les
Manufacturiers et exportateurs du Québec, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, la FCEI — qui ne représente, en
passant, pas nécessairement des entreprises des mêmes secteurs, étant donné
qu'il y en a qui sont dans la petite
PME et dans la grande entreprise — disent que c'est exactement ce qu'il fallait
faire pour l'économie du Québec, je pense qu'on peut, au-delà du repas
et de ceux qui n'ont pas bien mangé, selon votre analogie, je pense qu'on peut s'entendre pour dire que le repas est très, très
bon et qu'ils veulent en avoir davantage. Alors, on est avec eux pour les
accompagner spécifiquement dans ce domaine-là.
Maintenant,
si on veut parler du budget global du ministère au niveau de... Là, vous avez
parlé... vous avez présenté des
40 %, je peux peut-être répondre spécifiquement, mais il faudrait juste me
donner... que je les prenne bien en note pour pouvoir vous répondre spécifiquement. Mais globalement on a un
ministère qui avait un budget de 775 millions de dollars en 2015-2016. Or, pour le
budget 2016-2017, on parle de 820 millions de dollars. Si on ajoute à
ça, lors du dépôt du budget, des
montants additionnels de 33 millions de dollars, ça vous fait une
variation de 78 millions de dollars pour le budget, au total, du ministère. Donc, clairement, une volonté non
seulement exprimée, mais une volonté d'agir avec des montants
supplémentaires qui ont été donnés.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député, avec
1 min 34 s. Rapidement, question rapide.
M. Ouellet : Mme la ministre, est-ce qu'il serait faux d'avouer que, dans cette
augmentation-là, on a vu que c'est les mandats gouvernementaux et autres
programmes qui se sont vu bonifier? On est passé de 124 millions à
186 millions, donc un bond de
62 millions. Est-ce qu'effectivement le gouvernement s'est donné plus de
moyens pour intervenir directement dans des mandats gouvernementaux?
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Oui. C'est du soutien à l'investissement, oui. Ce n'est pas faux d'avouer... Je
ne sais pas comment répondre à votre question, mais...
M. Ouellet :
...un petit peu inversé.
Mme Anglade :
Mais, oui, c'est exact, c'est de l'argent que l'on met pour l'investissement,
oui, entre autres.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député.
M. Ouellet : Donc, selon vos prérogatives et selon ce que vous trouvez intéressant,
et essentiel, et important de faire,
et non pas à l'intérieur de d'autres programmes comme Créativité ou comme
Essor, qu'on aurait pu effectivement bonifier
et permettre à des entreprises de l'utiliser, donc vous utilisez un
interventionnisme d'État pour piloter l'économie, quand on avait déjà
d'autres fonds qui accompagnaient les entreprises et qui... présentement, ils
sont moins gros.
Le
Président (M. Cousineau) : Mme la ministre, rapidement.
Quoique vous pourrez répondre sur l'autre bloc aussi, ça vous
appartient.
Mme Anglade :
Bien, écoutez, c'est simplement pour dire qu'à différentes situations se
présentent différentes opportunités
d'agir et qu'effectivement il y a des fonds, mais il y a un moyen d'intervenir
plus directement également. Puis je pourrai étaler... élaborer la
prochaine...
Le
Président (M. Cousineau) : Bien sûr. Alors, merci, Mme la
ministre. Alors, pour le prochain bloc, je reconnais un membre du parti ministériel. Alors, oui, M. le
député de Saint-François. Et vous avez, M. le député de Saint-François,
19 minutes. Puis là la ministre pourra poursuivre, si elle le désire.
• (19 h 50) •
M. Hardy
(Saint-François) : Merci, M. le Président. Mme la ministre, moi, je
vais vous parler d'innovation aussi. Je vais vous parler du soutien à la
recherche publique.
Développer
une véritable culture de l'innovation est une condition de succès pour la
prospérité future du Québec. C'est
également le meilleur moyen d'améliorer nos pratiques et d'atteindre les
niveaux de productivité de nos partenaires en Amérique du Nord. De plus, l'enjeu de la
productivité est particulièrement important pour les entreprises du secteur
manufacturier en raison de la vive concurrence des pays à faible coût de
main-d'oeuvre. Pour conserver leur place et améliorer sur les marchés
extérieurs et intérieurs, les entreprises du Québec doivent produire à des
coûts compétitifs. L'augmentation de leur productivité devient donc un
incontournable.
Cela est
d'autant plus vrai dans le contexte actuel de la mondialisation des marchés et
de libération continue des échanges,
d'où l'importance pour le gouvernement
du Québec de soutenir la recherche,
autant par les institutions publiques que par les entreprises. Les investissements en recherche
et développement, l'intégration des technologies de l'information et des communications en entreprise et l'innovation dans les produits et processus
sont certains des moyens connus pour accroître la productivité. Le gouvernement
agit sur plusieurs de ces fronts pour développer et stimuler une véritable culture de l'innovation dans l'optique
d'assurer la prospérité future du Québec. Il cible notamment le soutien à la
recherche publique et à l'innovation en entreprise.
Le gouvernement du Québec peut se targuer d'être la province qui supporte
le plus la recherche publique au Canada. Le gouvernement reconnaît le rôle stratégique
que jouent les universités dans l'écosystème de la recherche et offre un
soutien important aux projets de recherche. Par exemple, un montant de
5,3 millions sera dédié à des projets d'études cliniques précoces en
partenariat avec le Centre universitaire de santé McGill, le Centre hospitalier
de l'Université de Montréal et le Centre hospitalier universitaire de
Sainte-Justine.
Les trois fonds de recherche sont également des
éléments importants de l'écosystème de la recherche et de l'innovation de la province. Plusieurs thèmes sont
abordés par ces fonds, dont... Au fonds de la nature et technologies, on
parle du thème sur le transport de
l'énergie, les changements climatiques, les processus de fabrication, les
mégadonnées. Au fonds de société et
culture, il y a les différentes formes d'expression, les nouveaux médias,
l'immigration, l'itinérance, le
vieillissement de la population. Au fonds santé, il y a la cartographie
génétique, les allergies, le métabolisme cérébral, les habitudes de vie, et bien d'autres. L'essentiel
de leur mandat consiste à gérer des programmes de bourses et de subventions.
La qualité de
nos infrastructures représente un autre levier important pour stimuler la
recherche. Le Québec attire et retient davantage des chercheurs
émérites. Les infrastructures de recherche et d'innovation permettent notamment
l'expérimentation sur des plateformes
réalistes, facilitant la collaboration entre les centres de recherche et les
entreprises.
Plusieurs
projets majeurs d'infrastructure sont en cours. Pour le gouvernement du Québec
toutes les étapes de la chaîne
d'innovation, de la recherche fondamentale jusqu'à la commercialisation d'une
technique ou une mise en pratique d'une
innovation sociale, forment un tout. En 2016-2017, le ministère de l'Économie,
de la Science et de l'Innovation amorcera des travaux pour l'élaboration
d'une nouvelle stratégie de l'innovation.
Mme la
ministre, pouvez-vous élaborer sur les différentes pistes d'action du ministère
de l'Économie, de la Science et de l'Innovation pour stimuler la
recherche? Et comment est-ce que ça peut s'inscrire dans la nouvelle stratégie
en innovation qui devra être élaborée sous peu?
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Saint-François. Mme la ministre.
Mme Anglade :
M. le Président, est-ce que nous avons le même consentement que plus tôt pour
céder la parole...
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, écoutez, nous avons un
consentement pour le sous-ministre, mais là vous avez monsieur...
Mme Anglade : C'est le
scientifique en chef que nous avons...
Le Président (M. Cousineau) :
Le scientifique en chef?
Mme Anglade : Oui, du Québec,
que nous avons.
Le Président (M. Cousineau) :
Ça nous fait plaisir de vous rencontrer. Est-ce qu'on a un consentement pour
permettre au scientifique en chef et au sous-ministre de répondre aux questions
avec la ministre? Ça me prend un consentement, M. le député de...
Une voix : Oui, absolument.
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, ça va? M. le député de Johnson aussi? Pas de problème.
Mme Anglade :
En matière de recherche, j'aimerais céder la parole au scientifique en chef du
Québec, M. Rémi Quirion.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Donc, vous vous
présentez et donnez votre titre, puis on vous laisse aller.
M. Quirion
(Rémi) : Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec. Excusez-moi,
j'ai un peu de difficultés avec une mauvaise toux.
Certainement,
on est très fiers, au Québec, de la recherche qui est faite dans nos
institutions. Le réseau universitaire québécois
est très, très fort, très solide, les collèges aussi, très forts. C'est unique,
les cégeps et tout ça, la recherche qui se fait en milieu collégial,
très, très haut niveau, les partenariats entre nos universités, nos collèges et
le secteur privé. Et
ça, c'est un des éléments, certainement, dans une stratégie de recherche et
innovation, le partenariat entre l'industrie et le milieu public.
Donc, par
exemple, nos jeunes étudiants qui sont en formation présentement dans les
collèges et les universités ont
l'opportunité de faire des stages en milieu de pratique, en grande industrie,
comme Bombardier, par exemple, ou aussi, encore plus intéressant, dans la petite et moyenne entreprise. Et, avec
ça, très souvent ça permet de créer des liens entre les PME et le milieu académique et par la suite de
bâtir des collaborations à très long terme entre la recherche qui se fait
dans le milieu académique et la recherche dans le milieu privé.
Donc,
plusieurs niches d'excellence au Québec en recherche et innovation. Très
certainement, on connaît tous l'aérospatiale,
mais aussi, bien sûr, les sciences de la vie. Si on pense aux nouvelles
infrastructures à Montréal, par exemple le Centre hospitalier universitaire de l'Université de Montréal, celui
de l'Université McGill, celui maintenant en construction à Sainte-Justine, ici, à Québec, bientôt le grand
centre hospitalier, ça permet de la recherche de très, très haut niveau dans
le domaine des sciences de la vie. Et, dans
le dernier budget, il y avait un financement pour les études cliniques
précoces, donc la première fois qu'on
essaie des nouvelles molécules, des nouveaux médicaments chez l'homme, et on
aimerait développer une niche d'excellence
dans ce domaine-là ici, au Québec, pour attirer davantage d'investissements de
l'industrie au Québec, dans le domaine de la recherche clinique.
Il y en a
dans bien d'autres domaines aussi. Vous avez mentionné l'innovation sociale.
C'est bien sûr, on aime bien les
aspects... les projets à saveur économique, mais tout ce qui est innovation
sociale dans la société moderne, très, très,
très important, que ce soit par rapport à l'immigration, que ce soit par
rapport au vieillissement de notre société, au décrochage scolaire pour les jeunes, et tout ça. Donc, aussi, de la
recherche dans le domaine de l'innovation sociale est tout à fait
essentielle.
Dans le
domaine nature et technologies, les sciences pures et le génie, nos jeunes et
les moins jeunes font de la recherche
de pointe dans plusieurs grands domaines, par exemple l'exploration minière,
aussi, dans le Nord, la Stratégie maritime,
tous des domaines d'excellence au Québec. Pour nous, en collaboration bien sûr
avec la ministre, et le ministère, et le
gouvernement du Québec, c'est finalement d'identifier des niches d'excellence
pour le Québec pour s'assurer qu'on va
être compétitifs à l'international, qu'on va être les meilleurs à
l'international. Et on fait de la recherche pour être les meilleurs au
monde.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. Quirion. M. le député de Trois-Rivières.
• (20 heures) •
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Comme l'a mentionné mon collègue tout à
l'heure, au niveau du Québec, nous ne
sommes pas outillés. Et je pense que ce n'est pas notre objectif non plus de se
battre avec la production de masse, ce qu'on appelle la «mass production», qui
se fait en Chine, qui se fait en Inde, donc beaucoup de produits à faible coût.
Par contre,
innovation, les produits de niche, des produits spécialisés, c'est un domaine
dans lequel on peut vraiment tirer
notre épingle du jeu et c'est un domaine dans lequel on est reconnu, le Québec,
au niveau international. J'ai parlé plus tôt aujourd'hui de
l'aéronautique, entre autres des domaines particuliers, certaines entreprises
qui développent vraiment des produits, des
pièces vraiment très pointues pour certains secteurs d'activité :
aéronautique, haute technologie, etc. Je
suis surpris de voir... surpris mais content de voir que le Conference Board
accorde une note enviable de B au Québec pour ce qui est du progrès au niveau commercialisation, recherche et
propriété intellectuelle. On est devant le Japon et devant l'Allemagne.
Donc, on est en mesure de tirer notre épingle du jeu au niveau de l'innovation.
Pour ce
faire, pour continuer à innover et pour nous permettre de mettre à profit notre
savoir, nous avons au Québec ce qu'on
appelle les CCTT, les centres collégiaux de transfert de technologie. Les CCTT,
on en a plusieurs, 49 au Québec, dont 43 en technologies, six en pratiques
sociales. Ils exercent dans des domaines particuliers, dans des domaines
d'activité qui sont vraiment
spécialisés : de la recherche appliquée, du soutien technique auprès des
entreprises. Ils vont élaborer des
projets, ils vont diffuser certains projets. Et les CCTT permettent aux
entreprises de s'approprier des technologies
nouvelles. Ils vont vraiment développer des nouvelles technologies pour mettre
nos entreprises à l'avant-plan. Ça va
permettre à nos entreprises d'avoir des avantages concurrentiels importants,
grâce aux liens qu'on fait avec les CCTT. Ils vont participer, bien sûr, au développement économique du Québec
grâce à ce qu'ils font pour nos entreprises dans plusieurs
domaines : microélectronique, matériaux composites, robotique,
aérospatiale, biotechnologies, métallurgie, et
j'en passe. Pour 2014-2015, plus de 2 700 PME au Québec ont bénéficié des services des CCTT. Donc, ce sont des
centres collégiaux dans lesquels nous avons
des professeurs d'expérience, des chercheurs et des étudiants qui travaillent
en lien direct avec des PME, 396 produits qui ont été développés et la
création de tout près de 392 emplois.
Permettez-moi, M. le Président, de parler de
deux CCTT que nous avons dans la région de Trois-Rivières, dans ma région, qui
travaillent activement en transfert de technologie. Le premier, c'est celui
qu'on appelle le C2T3, qui est un centre
collégial de transfert en technologie de communication, donc tout ce qui est
télécommunications. C'est des professionnels qui ont une vaste
expérience en télécommunications, en réseaux, qui sont formés au niveau des technologies, et c'est une équipe diversifiée de
docteurs et de chercheurs qui travaillent avec les étudiants, avec les entreprises
pour développer des systèmes de télécommunications. Donc, la mission est de
soutenir le développement technologique des
entreprises spécialisées en télécommunications notamment par de l'assistance
technique, de la recherche appliquée,
du transfert technologique, du soutien à la formation — on peut former des employés, on forme
également nos étudiants. Donc, c'est ce que font nos CCTT.
Le deuxième
que l'on a dans la région de la Mauricie, c'est le Centre de métallurgie du
Québec. J'ai même un petit échantillon
ici. Ça, c'est un bloc moteur d'un moteur Ford qui a été fait avec une
imprimante 3D au CCTT, c'est un travail qui se fait avec Ford Canada, un nouvel alliage. C'est loin d'être du
baloné, en passant. Et c'est vraiment quelque chose de concret qui va servir à nos entreprises, et ça
se fait chez nous, dans les centres de transfert de technologie. À Trois-Rivières, au CMQ,
là, le Centre de métallurgie du Québec, c'est une équipe qui est composée de
chercheurs, d'ingénieurs,
d'enseignants, ils mettent leur expertise ensemble pour développer des nouveaux
procédés de fusion de métaux, des
procédés de... de nouveaux alliages métallurgiques pour vraiment travailler
dans différents secteurs, comme l'aéronautique
ou peu importe, et ça permet à nos entreprises d'être les meilleures au monde,
de développer des nouveaux produits, des nouveaux services, des nouveaux
alliages, que ce soit par fusion de métaux, que ce soit par soudure de nouveaux métaux, et d'être capables d'améliorer la
capacité de nos métaux, améliorer la force de ces métaux-là. Et, on le sait, de plus en plus, dans l'exemple que j'ai
ici, c'est de réduire de beaucoup le poids des véhicules automobiles, donc
économie d'énergie. On parle de plus en plus
d'économie d'énergie, les voitures électriques doivent être de plus en plus
légères, donc c'est important de réduire le
poids. C'est par ce genre d'activité que l'on peut permettre à nos entreprises
de pouvoir être des leaders dans ces domaines-là, et ça se fait par les CCTT
que l'on a partout à travers le Québec.
Ceci étant dit, Mme la ministre, on continue à
travailler avec nos CCTT, et j'aimerais que vous puissiez nous entretenir sur
l'impact de nos CCTT et comment on voit le travail qui se fait entre nos
étudiants, nos chercheurs, nos professeurs,
soit vous ou notre scientifique en chef, et voir comment on peut continuer, au
Québec, à être le plus innovants possible,
maximiser les capacités que l'on a en termes d'innovation, en termes de
recherche, et les mettre à profit pour nos
PME, et comment on peut vraiment travailler pour continuer à être les premiers
à travers le monde avec le réseau que l'on a au Québec.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Trois-Rivières. Mme la ministre ou...
Mme Anglade : En fait, M. le
Président... Alors, merci à mon collègue député de Trois-Rivières. Ce que l'on
constate avec les CCTT, en fait, c'est qu'on arrive, au début de la chaîne, à
impliquer des gens qui sont plus jeunes, à impliquer la nouvelle génération
avec les technologies, avec les entreprises directement, et on a besoin de
faire cette initiative-là parce que plus on
s'implique en amont, mieux on est capable après de transmettre les notions
d'innovation, de transfert technologique et de s'approprier la culture
dont on a besoin pour la suite des choses.
On sait qu'en
matière d'innovation un des enjeux qui est important, c'est le fait qu'on ait...
qu'on soit capable de faire de la
recherche. Alors, je veux bien séparer recherche et innovation, mais, quand on
parle d'innovation qui va en entreprise, on a un enjeu au niveau de la
commercialisation. Or, ce que l'on fait dans les CCTT, c'est justement cette réflexion par rapport à la commercialisation, tout
de suite les impliquer au niveau de l'industrie, et ça permet donc aux
gens d'être sensibilisés à ça très tôt.
Maintenant,
ce qu'il va nous falloir faire de manière encore plus systématique, c'est
d'impliquer nos entrepreneurs et de
nous assurer qu'eux soient capables de commercialiser encore plus rapidement et
d'être encore plus à l'affût de ce qui se passe au niveau international, et, pour y arriver, il faut être
résolument tournés vers l'international. Parce que ce que l'on constate, c'est que ces entreprises-là... et
d'ailleurs ça m'était... j'avais une bonne discussion hier avec des
entrepreneurs qui évoluent à l'international, c'est qu'il faut
qu'ils soient capables d'avoir une vision globale rapidement, parce que, tout ce que tu développes en matière
technologique, il ne faut pas penser que c'est quelque chose qui va rester
chez toi. À une époque, on pouvait garder des secrets chez soi puis
avoir du temps devant soi pour le développer. La réalité aujourd'hui, c'est qu'à partir du moment où on développe une technologie chez soi,
elle est en train de se développer ailleurs et à vitesse grand V. Donc, tout le financement est extrêmement
important, en matière d'innovation, pour les soutenir, surtout dans une période où il y a
une accélération et tu ne veux pas perdre le momentum. Et six mois, un an peut
représenter énormément de... un grand défi pour une entreprise si on
n'est pas capable d'obtenir son financement.
Donc, le
message par rapport aux CCTT, c'est que ça nous permet d'instaurer rapidement
une culture dont on a besoin après,
quand on continue dans la chaîne de développement de leur propre profession mais également de nos
produits.
Peut-être quelques mots de la part de mon sous-ministre.
M. Dumas(Jocelin) : Si vous
permettez.
Mme Anglade : Oui, je permets.
Le Président (M. Cousineau) :
Oui. Alors, M. le sous-ministre. M. Dumas.
M. Dumas
(Jocelin) : Oui. Quelques
commentaires sur l'importance des CCTT dans le système d'innovation québécois.
Le système
d'innovation québécois, dans
le fond, là, ça part de la recherche
puis ça va jusqu'à la commercialisation. Il y a différentes étapes entre les deux : la preuve de concept,
ensuite validation, démonstration, précommercialisation et enfin
commercialisation.
On parlait
tantôt des éléments qui pourraient composer une politique de recherche et
d'innovation. Un des grands objectifs
du gouvernement, évidemment, c'est de s'assurer que tout ce processus
d'innovation est bien alimenté à chacune des étapes. Alors, en amont, au
niveau de la recherche fondamentale, évidemment,
les universités sont impliquées, il y a les fonds de recherche de M. Quirion, des organismes comme Génome
Québec. Et, quand on continue le long de la chaîne, bien, il y a d'autres organismes qui
interviennent. Deuxième étape après la recherche : preuve de concept. À
cette étape-là, on voit surtout les sociétés
de valorisation, qui bénéficient de l'appui aussi du gouvernement du Québec. Ensuite, validation, bien, on a des organismes d'intermédiation, les
réseaux de recherche industrielle, les CLT. Un petit peu plus loin avec la
validation, on a nos grands organismes de recherche, mais qui sont présents quand
même, là, assez largement dans le système
d'innovation. Donc, nos grands organismes de recherche, il y a le CRIQ, l'INO,
le CRIM — Centre
de recherche informatique
de Montréal — l'IRCM,
COREM dans le domaine minier. Et, nos fameux CCTT, on les retrouve à l'étape
de démonstration, qui vient avant la
précommercialisation, et qui nous produisent ce genre de petite merveille que
le député nous a montrée. Alors, ils
occupent une place vraiment importante dans la chaîne d'innovation au Québec.
Et ce qui est intéressant avec les CCTT aussi, c'est qu'ils sont présents
dans toutes les régions du Québec, ils travaillent très étroitement aussi avec nos créneaux d'excellence, en étroite collaboration
avec les entreprises aussi, et ce qui fait qu'un peu partout à travers le Québec, en région, on a des
petits bijoux d'entreprises qui sont très innovantes et qui ont des capacités
d'exportation pour nous permettre de créer de la richesse partout à
travers le Québec.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. Dumas. Alors, je passerais, pour le prochain bloc, la parole
à M. le député
de Johnson, de la deuxième opposition, porte-parole en matière d'innovation et exportations. M. le député de Johnson.
M. Lamontagne : Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
...24 minutes.
M.
Lamontagne : 24? Merci. Mme la ministre, tantôt le président d'Investissement
Québec a fait un commentaire qui, honnêtement, m'a vraiment
surpris quand il s'est mis à parler d'une certaine retenue qu'il fallait avoir
ou une certaine considération parce qu'il y
a plusieurs personnes sur la patinoire, quand je lui demandais :
1 milliard, ça peut-u être 1,2,
1,3?, puis il s'est mis à exprimer des réserves par rapport aux autres
partenaires, qu'il ne faut pas se faire accuser de, tout ça. Honnêtement, moi, je
pensais que la prochaine tâche d'Investissement Québec, c'était de tout faire
pour faire progresser le
développement économique du Québec, là, puis, moi, d'entendre un commentaire
comme ça, ça m'a vraiment saisi. Est-ce que vous endossez ça? Pour
30 secondes, là. Ce n'est pas le sujet de la soirée, là, mais...
Le Président (M. Poëti) : Mme la
ministre.
• (20 h 10) •
Mme
Anglade : Merci. Je pense que le commentaire qui a été effectué est un
peu le reflet des dernières années qu'il
y a eu en termes de joueurs sur la patinoire, je vais le qualifier de cette
manière-ci. Et c'est pour ça que, lorsque je parle de l'économie
du Québec, je parle beaucoup de la cohérence que
nous avons besoin d'avoir auprès de l'ensemble des acteurs. Parce que je pense que nous avons des institutions, que l'on prenne la caisse, que l'on prenne le fonds de la FTQ, qui sont rendues à une étape, avec Investissement Québec également, à une étape où on est capables d'avoir des conversations. On veut assurer la cohérence du développement économique du Québec,
ce qui, il faut le reconnaître, n'a pas
nécessairement été le cas par le passé. C'est ça, la réalité. Je décris quelque
chose qui est assez... avec lequel je pense que tous les joueurs seraient en accord, avec ça. Je pense qu'il y a une
nécessité d'assurer une cohésion, une cohérence dans les actions
gouvernementales, et, dans le premier geste qu'on a posé la semaine dernière,
de réunir autour d'un même dépôt le
ministère, Investissement Québec et le CRIQ, c'est une première étape dans
cette direction-ci. Je crois qu'il y
a une nécessité d'aller plus loin pour justement qu'on soit capables d'avoir ce
type de conversation là et qu'on soit capables
de se dire quels sont... comment est-ce qu'on peut gagner le plus souvent
possible, auprès de nos entreprises, puis
être le plus agressifs possible, être le plus ambitieux possible. Mais, pour
ça, il faut avoir des conversations franches et transparentes et assurer
cette cohérence-là.
Donc, le
commentaire qui a été fait, je le comprends comme étant un constat de ce qui se
faisait beaucoup par le passé, une
volonté surtout de changer cet état de fait, et je peux vous assurer que c'est
définitivement l'esprit qui m'anime.
Le Président (M. Poëti) : M. le
député.
M.
Lamontagne : Merci. Un autre point, Mme la ministre, qui me surprend,
vous m'avez donné la liste des montants pour les provisions, je vois, pour Ciment McInnis, que, l'année passée,
on a pris une provision de plusieurs dizaines de millions, là, pour créances douteuses. Cette année, dans le budget, on
a, écoute, une quarantaine de millions encore qui est pris pour créances douteuses. C'est beaucoup
d'argent, surtout dans un contexte où on a pompé tout cet argent-là... Puis
votre prédécesseur nous expliquait à quel
point c'était un placement extraordinaire pour la province de Québec puis que
les centaines de millions qui étaient pompés
là-dedans, là, c'était vraiment... c'était le jackpot pour la province, là.
Moi, quand je vois 40 millions
puis... quand je vois tous ces millions-là de mis en mauvaises créances, bien,
j'ose penser qu'un jour vous allez
renverser ces mauvaises créances là parce que ça va avoir été une mauvaise,
mauvaise créance, mais, dans un
contexte de ressources limitées comme on a parlé tantôt, bien, moi, chaque fois
que vous mettez 40 millions de côté, là, pour de la mauvaise créance à McInnis, c'est 40 millions de moins
de disponibles pour le développement régional, c'est 40 millions de moins de disponibles parce qu'on
provisionne 40 millions de mauvaises créances. Moi, j'aimerais mieux
qu'on ait 40 millions... qu'on
l'investisse, plutôt que dans une mauvaise créance, surtout dans un contexte où
ce projet-là nous a été vendu comme un placement extraordinaire, là. Une
minute.
Le Président (M. Poëti) : Mme la
ministre.
Mme Anglade : Les bonnes pratiques...
Le
Président (M. Poëti) : À
titre d'information, Mme la ministre, vous prenez le temps pour répondre, qui
ne peut pas être déterminé par le député de Johnson, en tout respect.
Mme
Anglade : Mais je comprends l'esprit qui anime le député de Johnson,
par ailleurs.
Alors,
rapidement, sur cette question, les bonnes pratiques exigent que, lorsqu'on
fait un prêt auprès d'une entreprise,
on soit obligé de provisionner, de faire des provisions. Donc, la bonne
pratique, c'est de faire ça. Si vous voyez un montant de 40 millions, si je ne me trompe pas, pour Ciment
McInnis, c'est donc que 250 millions, donc, avaient été prêtés et que par conséquent... Il y a des
méthodes qui permettent d'établir quels sont les pourcentages que l'on doit
retenir en termes de provision. Donc,
il ne s'agit pas de mauvaises créances, il s'agit de provisions pour des
éventualités, et c'est le cas du projet... On ne fait que respecter les
bonnes pratiques de gouvernance dans ce cas-ci.
Le Président (M.
Poëti) : M. le député.
M.
Lamontagne : ...mon point, c'était : 40 % sur un projet
comme ça, qui nous a été présenté comme étant tellement un bon projet,
je trouve ça beaucoup.
Pour revenir à la
cohérence, tantôt vous parliez de l'importance, Mme la ministre, d'assurer la
cohérence des acteurs. Moi, j'aimerais ça revenir à notre écosystème de
démarchage pour les investissements directs étrangers puis j'aimerais ça vous citer, parce qu'à un moment
donné, bien, vous avez une certaine expérience au niveau d'organismes qui s'investissent au démarchage à l'étranger.
Vous dites : «Il faut une approche cohérente pour attirer des
investissements étrangers. Je l'ai vu à Montréal International, où j'ai
travaillé deux ans. [Investissement Québec] faisait [des] choses, [Montréal International] faisait [des choses],
Québec International [faisait des choses,] et ainsi de suite. Les trois se
parlaient, mais [on n'avait aucune]
force de frappe réelle ensemble? [...]il faut que ça change.» Bien, je présume
que déjà, aujourd'hui, vous avez un
plan. Puis vous avez probablement déjà entrepris de mettre en place votre plan,
constatant votre dynamisme. Alors,
est-ce que je peux avoir une petite idée de ce que vous entendez faire à court
terme, moyen terme, là, pour qu'on soit plus cohérents au point de vue
de la prospection d'investissements étrangers?
Le Président (M.
Poëti) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, j'ai eu de nouvelles
responsabilités le 28 janvier. Je ne pense pas trop me tromper en disant qu'on était probablement
le 1er février que j'étais assise et que je parlais exactement de ce
point-là avec mes collègues
d'Investissement Québec, la notion de force de frappe et la notion de
coordonner les efforts. Pour moi, il m'apparaît évident que les
organismes que sont Montréal International, Québec International et
Investissement Québec doivent travailler de
concert. Pourquoi? Parce que, pour toute entreprise que l'on veut aller démarcher... On peut prendre les États-Unis, par exemple, dans un secteur en
particulier, il n'y a
pas 50 entreprises que l'on veut aller démarcher dans le domaine de l'aérospatiale au niveau des États-Unis.
La même chose dans les différents secteurs, il n'y en aura pas 50 au niveau des
sciences de la vie. Donc, on doit identifier celles qui nous apparaissent les
plus prometteuses, et partager toutes
les informations que nous avons, et s'assurer qu'on ait une seule
force de frappe, une seule porte d'entrée avec elles, puis qu'on puisse
avoir... que quelqu'un puisse avoir le «lead», et puis s'échanger l'information.
Montréal
International, dans ce cas-ci, va jouer un rôle important pour la région
métropolitaine, va pouvoir accompagner l'entreprise de manière spécifique,
notamment en matière d'immigration, et donner... faire les liens avec
l'écosystème montréalais. Investissement Québec joue un rôle fondamental
également dans l'accompagnement pour permettre
le financement de ces entreprises-là et même un certain accompagnement. Donc,
il faut absolument que les actions soient coordonnées.
Pour
qu'elles soient coordonnées, il faut que les personnes s'asseyent à la même
table puis qu'il y ait des objectifs communs.
Donc, c'est là qu'on est rendus dans l'exécution du plan de match. Vous
remarquerez que, dans le document stratégique d'Investissement Québec,
il est particulièrement noté qu'on a besoin d'avoir une coordination très forte
entre les différents organismes, et on cible
particulièrement Québec International et Montréal International justement parce
qu'on veut s'assurer de cette force de
frappe là. Donc, plus spécifique, plus agressif également, une force de frappe
plus grande et plus agressive également sur les réseaux étrangers.
M.
Lamontagne : Je suis content
de vous entendre, Mme la ministre. Puis j'ai bien lu le rapport d'Investissement Québec, j'ai bien lu cette
phrase-là. Par contre, quand je regarde les prévisions de retombées des
efforts de démarchage international
puis que je vois quelques dizaines de millions de plus par année sur des
milliards, je trouve que ce n'est pas conséquent avec cet objectif-là de
force de frappe.
Le
500 millions qui a été annoncé la semaine passée, tantôt,
plus tôt, le président d'Investissement
Québec me disait qu'il
y avait 225 millions qui venaient d'Investissement
Québec, 75 millions par année. Le 275 millions, je présume qu'il vient, quelque part, du ministère
de l'Économie. Vous avez expliqué que ce sont des sommes qu'on prend quelque
part, qu'on les alloue ailleurs pour chercher à ce que ce soit plus efficace,
plus adapté, et tout ça.
Quand
on fait ça, si on prend cette année puis l'an prochain, dans cette
réallocation-là, quelle sorte de ventilation, mettons, on a pour l'an 1 puis l'an 2, puis quelle sorte
d'impact on... Qui ça vise? C'est quoi, nos cibles? Quelle sorte de retombées
on veut avoir? Le nombre de projets? On a-tu des choses comme ça?
Le Président (M.
Poëti) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Oui, je vais répondre. Ça aurait été bien qu'Investissement
Québec soit là également, mais je vais répondre dans le cas
d'Investissement Québec.
L'idée du
275 millions, qui est donc le pendant du 225, il y en a un, c'est les
fonds propres, il y en a un, c'est le Fonds de développement économique,
O.K.? C'est de là que viennent les montants.
Chaque
année... Ce n'est pas comme on prend de l'argent à quelqu'un puis qu'on en
donne à un autre, hein? Pour utiliser
une analogie de votre collègue, hein, ce n'est pas déshabiller saint Pierre
pour habiller saint Paul. On a un montant d'argent, mettons, dans ce cas-ci, 433 millions de dollars dans une
année, et là on décide, ce 433 millions de dollars là, qu'est-ce qu'on fait avec. Et là ce que l'on dit,
c'est qu'il va y avoir une orientation très claire pour que le
433 millions de dollars, il soit
investi dans des projets à haute valeur ajoutée, dans des projets innovants,
dans des projets structurants au niveau
de l'automatisation, au niveau des technologies de l'information, au niveau des
nouveaux processus d'affaires.
Et, en même temps que l'on fait ça, on
dit : On veut attribuer ce montant-là, on veut également démarcher les projets de manière beaucoup plus agressive, donc
avoir des gens qui ne sont pas nécessairement assis dans leurs bureaux à
attendre que les projets arrivent mais au contraire être beaucoup plus sur le
terrain, être beaucoup plus à l'affût de ces projets-là.
Et ça, ce que ça nécessite, ça nécessite une transformation organisationnelle,
parce que, traditionnellement, ce n'est
pas ce que l'on a vu par le passé. Donc, ce que l'on veut, dans cette
transformation-là qui a été entamée par Investissement Québec, c'est
l'accélérer.
Et donc c'est
ce démarchage-là de projets à l'intérieur du Québec, où on va aller débusquer
ces projets intéressants, combiné
avec le fait qu'il y ait une orientation très claire que c'est ces projets-là
qu'on va financer qui va faire en sorte que ça va... que la recette va prendre, si vous voulez. Donc, c'est de
deux manières différentes qu'on approche le problème.
M. Lamontagne : Je peux avoir la
parole?
Le Président (M. Poëti) : M. le
député de Johnson.
M.
Lamontagne : Merci. Pour revenir à la même chose, c'est que, mettons,
l'an 1, l'an 2, sur le 500 millions, on a combien de
millions de prévus l'an 1, l'an 2?
Mme Anglade : Si je ne me trompe
pas, c'est... Disons, l'an 1, là, je n'ai pas le chiffre exact, mais c'est
350, peut-être 400 millions, la première année.
M. Lamontagne : Sur le 500 millions?
Mme
Anglade : Ah! non, non, non,
excusez-moi, excusez-moi. Je pensais que vous parliez du 1,4 milliard qui...
M.
Lamontagne : Non, votre plan
de 500 millions. Non, moi, je parle du 500 millions que vous avez annoncé la semaine passée.
• (20 h 20) •
Mme
Anglade : Du 500 millions. Le 500 millions, c'est... On n'a pas... Bien, ils sont en train
de... on est en train de le
distribuer, mais je vous dirais que c'est probablement 150 millions la première année. Puis, si vous voulez la ventilation exacte, on peut vous la donner, là, je peux vous
la donner dans les prochaines minutes, il faudrait que je fasse les calculs.
M.
Lamontagne : Merci. Puis,
avec ces millions-là, est-ce
qu'on a des objectifs
de projets, d'entreprises? Est-ce
qu'on se dit : Bien, écoute, avec 150 millions, je m'attends d'avoir
tant de projets, d'avoir tant d'investissement?
Mme Anglade : On n'a pas fait le décompte par rapport aux projets. Ce que l'on sait, ce que l'on sait, c'est que, l'année dernière, on a été en mesure
d'accompagner, avec tous les fonds de... les fonds propres, la consolidation et création de 15 000 emplois. Ça, c'est d'ailleurs,
je pense, documenté dans le document stratégique.
Donc, évidemment, on regarde les chiffres
historiques puis on constate ces chiffres-là. Ce que l'on veut, c'est
définitivement les augmenter, mais il n'y a pas de cible spécifique qui a été
identifiée là-dessus.
M. Lamontagne : Pensez-vous que ce
serait intéressant qu'on ait des cibles, des fois? Ce serait-u utile?
Mme
Anglade : Je pense que c'est très intéressant d'avoir des cibles,
notamment dans des plans d'action, parce qu'on définit... Il y a des plans stratégiques qui donnent une
direction, une orientation, puis il y a des plans d'action qui découlent des plans stratégiques, et je pense qu'à
ce moment-là c'est très pertinent d'avoir des cibles à atteindre, en effet.
M.
Lamontagne : Oui, parce qu'au fil des temps il arrive qu'on pose des
questions, puis souvent on va avoir les résultats une fois que l'année est passée, mais on n'a pas beaucoup de
gens qui se commettent pour des objectifs à venir en fonction des
programmes qu'on a.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, c'est pour ça que je pense que c'est
intéressant d'avoir... c'est pertinent d'avoir des cibles. C'est pour ça
que je pense aussi que c'est important d'en avoir une idée globale. Quand vous
regardez le document qui a été soumis par
Investissement Québec, il y a des cibles à différents niveaux, la dernière page
du document, c'est un certain nombre
de cibles dans différents segments. Maintenant, ce à quoi vous faites
référence, il va y avoir des plans
d'action qui vont suivre pour entrer plus spécifiquement dans ce domaine-là, et
là, effectivement, je pense que ce serait bien qu'il y ait des cibles.
M. Lamontagne : Alors, sous votre
gouverne, on va s'attendre à ça.
D'ailleurs,
vous aimez citer tous les gens qui ont encensé votre politique la semaine
passée, je voudrais vous ramener au
communiqué de la Fédération des chambres de commerce, qui prend la peine aussi
d'envoyer un message assez clair qui dit qu'«il est de l'intérêt de tous
les acteurs d'effectuer un suivi rigoureux pour évaluer le succès des mesures. "Nous croyons que les objectifs des
programmes d'aide devraient être chiffrés et les résultats des programmes,
eu égard [des] objectifs, mesurés puis rendus publics."»
Alors,
nous, c'est nos attentes vis-à-vis votre gouvernement, puis ces attentes-là,
depuis le 7 avril 2014, ont été déçues, mais je pense qu'on a une nouvelle direction au ministère de
l'Économie puis j'aimerais ça qu'on soit surpris.
Mme Anglade :
Bien, j'aimerais beaucoup vous surprendre l'année prochaine, lorsque nous
serons dans cet échange.
M.
Lamontagne : Merci. Mme la ministre, toujours dans le volet de nos
investissements dans le manufacturier innovant,
moi, une des craintes que j'ai et que j'ai exprimée depuis la semaine passée,
c'est que, quand on regarde ce qui est
prévu par le gouvernement, on regarde où ça pointe, oui, on a des petites
augmentations, pout, pout, à gauche puis à droite, mais, en bout de ligne, ce n'est pas ça qui va faire en sorte
que vos enfants vont vivre dans un Québec prospère puis que les miens vont vivre dans un Québec
prospère, il va falloir qu'il y ait plus d'accélération que ce que les chiffres
des cinq prochaines années nous prévoient, O.K.?
On
sait aussi qu'au niveau de la productivité, au niveau du secteur manufacturier,
le défi important qu'on a, ce n'est
pas au niveau de la haute technologie, là, le pourcentage de tout ce qui se
fait en haute technologie puis manufacturier au Québec, en tout cas, on n'est pas en retard trop, trop sur nos pairs
nord-américains, haute technologie. Basse technologie, on est
certainement très, très surpondérés en faible technologie.
Alors,
on a deux défis. On a le défi de faire migrer, autant que possible, un nombre
vraiment important d'entreprises, mettons,
de faible à moyenne puis de moyenne à haute technologie, on s'entend là-dessus,
puis, en même temps de ça, bien, on a
un gros défi d'investissement, au Québec. On s'entend que nos investissements
sont gelés un peu, hein, il n'y a pas trop une grosse progression
d'investissement.
Alors,
moi, quand je regarde les mesures qu'on a, je veux dire, on prend des montants
qui sont là, mais on dit : On va essayer de les rendre plus efficaces,
bien, j'espère qu'on va les rendre plus efficaces puis qu'on va réussir à faire
un petit peu mieux qu'on faisait si on n'avait pas essayé de le rendre plus efficace.
Puis après ça il y a plusieurs des mesures
que ça vise à donner une réduction d'impôt, que ça vise à donner un crédit,
mais moi, je regarde... On a quand même
13 000 entreprises manufacturières au Québec, là-dessus je ne sais
pas il y en a combien de milliers potentiellement qui pourraient, je veux dire, être affectées ou
qu'on aurait intérêt à chercher à affecter par notre manufacturier innovant,
mais l'idée d'y aller avec des crédits puis
une réduction d'impôt, bien, ça suppose qu'il y a une entreprise qui est là,
qui va bien, qui s'en va à la banque,
qui emprunte de l'argent, puis qu'une fois qu'elle a fait son projet, bien, à
un moment donné, elle demande son
crédit, elle a sa réduction. On n'aura pas un effet de masse en termes
d'investissement en faisant ça, là, si
on veut à la fois adresser notre productivité puis notre investissement.
D'avoir un programme qui viserait peut-être à investir avec l'entreprise
puis, après ça, à partager le bénéfice, peut-être ça pourrait être utile aussi.
Mais le point de ma question
c'est : Quand on regarde le défi qu'on a, on regarde les moyens qu'on
prend, pensez-vous que ça va aller bien vite, Mme la ministre?
Mme
Anglade : Bien, écoutez,
vous savez comme moi que l'économie, c'est quand
même complexe, hein? Mais, s'il y a quelqu'un qui aime aller vite, c'est moi. J'aime ça aller
vite, j'aime ça que les choses avancent rapidement, O.K.?
Alors, quand on
regarde les investissements que l'on veut faire, je ne pense pas que, la
stratégie d'investir massivement au départ,
on dit : On a un problème en productivité, investissons massivement
l'argent de l'État pour soutenir l'économie... ne va pas aider. Et la raison... Il y a plusieurs
expériences qui ont joué en notre défaveur là-dedans. La raison est assez simple, c'est que ce que l'on veut,
c'est avoir des entrepreneurs qui
sont innovants puis qui se rendent compte du besoin qu'ils ont, le
besoin d'investir, et qu'ils soient accompagnés le plus rapidement possible,
pas des gens qui se disent : Je vais
profiter de la subvention pour essayer de me moderniser, mais je ne modernise
pas mes processus, mais je prends la
subvention. On veut vraiment développer l'esprit entrepreneurial et l'esprit
innovant, et c'est ça qui va faire la différence.
En
termes d'accélération, moi, ce que j'aimerais vous dire, c'est qu'on a déposé
les trois plans, c'est une chose. On
veut assurer la transformation d'Investissement Québec de manière importante,
c'est une autre chose. On veut en plus s'assurer
qu'il y ait une stratégie claire de l'aérospatiale, qui va être déposée
prochainement. En plus, en matière d'innovation,
on veut aller de l'avant avec une stratégie du numérique qui va venir renforcer
le secteur du manufacturier innovant
et qui va en plus donner des ailes à d'autres secteurs qui sont tout aussi
importants au niveau du PIB. Quand on
regarde, par exemple, le secteur du commerce de détail, c'est environ 6 %
du PIB. Ça va venir donner des ailes au secteur du commerce de détail également, la Stratégie numérique. Ensuite, on
pense à une stratégie au niveau des exportations, ensuite une stratégie au niveau de
l'entrepreneuriat. Donc, toutes ces stratégies-là, qui vont être beaucoup plus
détaillées, qui vont faire en sorte qu'on va être capables de renforcer
le système avec un rythme soutenu et un rythme accéléré.
Parallèlement
à ça, quand on regarde les trois piliers que nous avons, en termes de
développement économique, que sont le
manufacturier innovant, les exportations et l'entrepreneuriat, on a parlé plus
en détail tout à l'heure de l'effet de
force de frappe que l'on veut mettre en place pour les investissements directs
étrangers, qui par ricochet ont un impact sur les exportations, puisque les investissements directs étrangers
viennent ici pour conquérir un marché qui est beaucoup plus large que
celui du Québec.
Ensuite, on a les exportations qui viennent...
sur lesquelles on vient miser. Ce n'est pas petit, les montants d'argent qui ont été attribués. On parle d'une
augmentation, à terme, pour les exportations, quand on parle de budget de
2013 à 2018... une
augmentation de 66 % du budget pour les exportations, 66 % du budget
en cinq ans, en termes d'augmentation, donc c'est significatif.
Dernier
volet, dernier pilier, qui est tout aussi important, c'est le volet
entrepreneurial, où, là, on parle de nous assurer d'avoir des créations d'entreprises, le transfert des
entreprises. On parlait du CTEQ, qui a été créé au mois de... qui a été formalisé comme une seule et même entité
au mois de décembre, même s'il y avait différents organismes qui existaient par le passé, mais ça a été consolidé
de manière plus cohérente, qui va venir nous donner de l'air et nous donner
l'impulsion dont on a besoin.
Donc,
avec ces trois piliers-là, d'un point de vue économique, on serait capables
d'assurer la croissance à terme. Est-ce que c'est facile? Non. Est-ce
que nous vivons dans un monde complexe? Oui. Mais il y a une volonté claire du gouvernement de créer cette impulsion-là, qui a
été saluée, d'ailleurs, par les différents acteurs économiques. Maintenant,
on ne va pas rester là-dessus, il faut continuer à pousser, et c'est ce que
nous faisons.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Johnson.
M.
Lamontagne : Je vais vous rappeler, Mme la ministre, que le défi qu'on
a, c'est sûr que c'est d'enregistrer des
succès. Mais, pour mettre frein à cette espèce d'écart là qui se créé depuis
des années entre notre économie puis nos semblables, pour freiner cet écart-là, après ça commencer à le réduire
au bénéfice, encore là, de nos enfants, bien, je veux dire, ça prend plus que des succès ponctuels puis
qu'à un moment donné ça aille un peu mieux, et tout ça. Il faut vraiment...
Il faut que la boule, elle fasse des tours plus vite puis qu'elle ramasse plus
de neige à chaque fois.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Puis moi, je serais intéressée... Je peux poser des questions aussi?
Le Président (M.
Cousineau) : Bien sûr, allez-y. Vous allez voir s'il va vous
répondre.
M.
Lamontagne : C'est ma job, c'est ma job!
• (20 h 30) •
Mme
Anglade : On se partage le... Non, mais on va s'entendre sur une
chose, c'est que réduire l'écart... la première étape étant de contrôler nos dépenses publiques. La première étape, la
plus fondamentale, qui a été faite à l'intérieur de deux ans, c'est de revenir à un équilibre
budgétaire qui nous permettait de faire des choix stratégiques, qui nous
permettait... Alors, ça, quand on me
dit : Il faut que la boule, elle soit plus grosse puis qu'elle aille plus
vite, très bien, on a... la boule a été assez rapidement en matière de
contrôle des dépenses publiques et de rigueur.
On
investit maintenant au niveau de l'économie, au niveau de l'éducation, au
niveau des exportations spécifiquement. Si vous avez des pistes que vous
voudriez me suggérer par rapport à d'autres investissements pour accélérer
la boule, ça me ferait plaisir de les entendre.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Johnson.
M.
Lamontagne : Bien, une
première piste... Écoutez, il me reste deux minutes, puis on ne pourra pas
faire des miracles avec deux minutes.
Le Président (M.
Cousineau) : Et 23 secondes.
M.
Lamontagne :
2 min 30 s. Une première piste que je pourrais vous suggérer,
c'est qu'on a une opportunité extraordinaire
présentement avec le vieillissement de nos fonctionnaires, puis on a, pendant quelques
années, un nombre assez incroyable de
fonctionnaires qui quittent de façon volontaire pour la retraite. C'est une
opportunité extraordinaire de
réorganiser le fonctionnement de l'État quand on sait qu'il y a à peu près
200 quelques mille personnes qui travaillent pour l'État qui ne
donnent pas des services directs.
Et
puis, dans les objectifs que votre gouvernement s'est fixés au niveau, justement, d'une certaine
attrition, il n'y a pas eu nécessairement des objectifs très ambitieux, mais il y avait
quand même des objectifs. Puis, cette année, on est arrivés
au début de l'année, en janvier, puis ils
ont fait le décompte, ils ont dit : Écoutez, on s'était fixé un
objectif de 2 500 départs et
on a eu 5 000. Ils ont
dit : Ça n'a pas de bon sens, on va arrêter ça, on va recommencer à
engager, on va ramener ça à 2 500.
Ça
fait que, moi, ce que je vous dirais, une suggestion, faire... On a une fenêtre
devant nous autres, il y a beaucoup d'argent qui est là, Mme la
ministre, qu'on pourrait prendre puis investir dans le développement
économique. Mais, quand il y a de quoi qui a
l'air de fonctionner, il ne faut pas l'arrêter parce qu'il faut revenir au
budget initial, là. C'est la première
fois qu'on dépasse, qu'on fait mieux. Ça fait que moi, j'encouragerais votre
nouveau collègue... — je ne
sais plus qui est au Conseil du trésor, là, mais celui-là qui était là
avant, il n'était pas pire, mais vous l'avez changé — là,
j'encouragerais à continuer dans cette veine-là. Il y a de l'argent à aller
chercher là, puis ça va nous aider pour le développement économique, Mme la
ministre.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre, 53 secondes.
Mme
Anglade : Bien, en fait, j'allais pouvoir discuter de cette
proposition avec mon sous-ministre. Je suis sûre qu'il sera enchanté
d'avoir la discussion avec moi puis de retenir votre proposition. Merci.
Le Président (M.
Cousineau) : Alors, merci. Il vous reste 32 secondes.
M. Lamontagne : Bien,
32 secondes... Mme la ministre, vous parlez qu'un des trois points pour
vous, c'est l'entrepreneuriat, O.K.? Au
Québec, on a beaucoup de belles initiatives, en Abitibi, à Shawinigan, un peu
partout, mais ces gens-là ne se
parlent pas ou, à la vitesse qu'ils parlent, là, d'être capables de répandre
les bonnes pratiques, là, on n'a pas vraiment un véhicule pour faire ça.
Je vous suggérerais d'en trouver un. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Johnson. Alors, je passerais au prochain bloc, un député
du parti ministériel. Mme la députée de Fabre, vous avez un beau
20 minutes.
Mme
Sauvé : M. le Président, Mme la ministre, chers collègues, alors j'aimerais vous parler,
en fait, du soutien qui est donné aux
organismes en promotion de la science et la collaboration internationale, et je
vais parler des deux volets, mais je
vous dirais que je vais mettre davantage l'accent sur la promotion de la
science, qui est si importante pour nos jeunes au Québec.
Le Québec
vise à se maintenir, évidemment, dans le peloton de tête des États performants
en maintenant un niveau élevé de
dépenses au niveau de la recherche et développement. La cible du gouvernement, c'est vraiment
3 %. Comment on y arrive? Avec l'implication des organismes qui
oeuvrent en promotion de la science et aussi les collaborations internationales. Alors, je sais que le ministère
de l'Innovation a l'intention de maintenir son soutien aux organismes qui
font la promotion de la science et je sais aussi l'intention de travailler à
l'international afin d'attirer les investisseurs étrangers, de faire rayonner
l'offre du Québec, bien entendu.
Je vais me
permettre, M. le Président, un petit moment où, encore une fois, je vous
parlerai de ma fierté de ma région de
Laval. Alors donc, nous avons deux belles institutions sur le territoire de
Laval, que mon collègue connaît bien d'ailleurs :
le Cosmodôme de Laval et le Musée Armand-Frappier, qui sont effectivement des institutions en matière de promotion de la science. J'aime bien quand le Cosmodôme se définit comme
un stimulateur d'intérêt pour les sciences, parce que c'est le cas, avec
son camp spatial, avec ses activités, ses missions virtuelles pour les jeunes,
qui sont autant d'expériences
stimulantes à faire découvrir, donc, bien
sûr, le monde des sciences. Quant au
Musée Armand-Frappier, qui a gagné
d'ailleurs un prix, le prix au niveau de l'attrait touristique régional — c'était
en 2009, le prix Attraction touristique régionale — c'est
vraiment une institution qui est visitée par les enseignants avec leurs
classes. Et si, au début, en 1994, ce
musée se voulait la reconnaissance du Dr Armand Frappier, au fil des ans c'est
devenu véritablement une institution
à mission éducative. Alors, pour notre
grand, grand plaisir, 20 ans du Musée Armand-Frappier en 2014. D'ailleurs,
je vous invite... à ceux que ça
intéresse, il y a une nouvelle exposition au mois de juin, sur la
découverte du cerveau. Alors donc, voilà, mais c'est vraiment une
véritable institution dont on est très fiers à Laval.
Je reviens à
mes propos et je veux vous parler, donc, des collaborations internationales. Le
gouvernement veut développer des
partenariats internationaux, particulièrement en matière de recherche
industrielle, développer et déployer des
stratégies d'attraction de chercheurs étrangers. Je vais vous donner d'ailleurs
un exemple : le Programme de soutien à la recherche, le volet
Soutien à des initiatives internationales de recherche et d'innovation qui vise
à accroître les partenariats internationaux
en innovation en soutenant des projets ou des initiatives stratégiques des
milieux de la recherche et
industriel, un très bon retour en investissement puisqu'en 2014-2015, pour
chaque dollar de subvention gouvernementale, c'est 1,70 $ de
recherche et développement qui a été investi au Québec.
Je me permettrai aussi de parler de l'octroi de
plus de 1 million d'aide financière sur trois ans pour soutenir sept projets réalisés par des entreprises
québécoises, en collaboration avec l'INRS, le Centre technologique des résidus
industriels, l'Université de Sherbrooke,
l'École polytechnique de Montréal, l'Université Laval et l'Institut
Armand-Frappier.
Quant aux organismes de promotion de la science,
qui veulent travailler à renforcer la culture scientifique, encourager la poursuite des études dans le
domaine, augmenter l'intérêt des jeunes, vulgariser aussi la science,
évidemment il y a un grand, grand
travail à faire, même s'il y a des initiatives, des activités et des événements
qui sont très présents. D'ailleurs,
je veux noter une activité qui a eu lieu à travers le Québec au mois de mars,
qui était en lien avec l'intérêt pour les
filles d'accéder, donc, à la formation de la science. Alors, un peu partout, il
y a eu des forums tels que ceux-là pour stimuler un peu l'attrait des
sciences.
Je veux vous
parler, par rapport à la promotion des sciences... Et je sais que la ministre,
de par sa formation, est un modèle
pour bien des jeunes filles qui veulent, donc, considérer la voie des études
dans les sciences. Alors, je peux vous dire
qu'il y a encore du chemin à faire. Si je regarde, par exemple, à l'Université
Laval, il y a un quart des étudiants dans les programmes de sciences qui sont des filles. Donc, il y a, pour les
jeunes, pour les jeunes filles en particulier, un grand chemin à
parcourir.
Et pourquoi est-ce que c'est un obstacle?
Pourquoi c'est difficile particulièrement pour les filles? Il y a de la méconnaissance. Il y a évidemment, parfois,
l'absence, justement, de mentor et de modèle, qu'on ne met pas suffisamment
de l'avant. Il y a des préjugés qui
existent. On pense que les gens en sciences portent le sarrau à la journée, les
lunettes, et tout ça, et puis c'est
très... un travail, finalement, ennuyant, alors que c'est tellement stimulant.
Alors, il y a un grand, grand travail à faire à ce niveau-là.
Mon espoir par rapport à l'attrait des sciences
pour les jeunes... Et je rejoins un peu, quand je parle de ma préoccupation de
l'attrait des sciences pour les jeunes... Cet après-midi, il y avait mon
collègue de Trois-Rivières qui parlait un
peu de l'adéquation entre les emplois qui sont disponibles et l'attraction des
jeunes vers ces emplois. Il y a eu aussi
la politique jeunesse, aussi, qui a été annoncée récemment. Alors, il y a une
préoccupation à faire en sorte que les jeunes
se dirigent vers les sciences. Il y a un soutien gouvernemental, plusieurs
mesures. Il y a une diversité d'actions, il y a des événements. Il y a des conseillers d'orientation aussi qui
sont très bénéfiques à soutenir les jeunes, les accompagner vers des choix d'études,
parce que bien des jeunes... Pour bien les connaître, M. le Président, je peux
vous dire qu'il y a bien des jeunes qui se demandent quels sont les
programmes, et tout ça. Et, dans les salons, les kiosques de sciences, quand il y a des femmes qui sont là à expliquer un
peu les programmes, c'est évidemment intéressant pour les jeunes filles,
donc des modèles féminins. Il y a des nouveaux programmes qui existent en
biogénie qui attirent davantage les filles.
Bref, il y a
un certain élan, il y a une participation plus grande. Il y a des événements
aussi comme le concours Chapeau, les
filles!, expos-sciences, et tout ça. Donc, beaucoup d'espoir que je porte, mais
encore des efforts à donner pour la promotion des sciences auprès des
jeunes et particulièrement des filles.
Alors, ma question à la ministre est la
suivante : Comme modèle pour les jeunes filles qui veulent étudier en sciences, je veux vous entendre dans votre
intention, justement, de soutenir la promotion
des études en sciences pour nos jeunes et particulièrement pour les
jeunes filles.
• (20 h 40) •
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Je vais faire une
brève intervention puis je céderai la parole au scientifique en chef. Mais la députée de Fabre me ramène à il y a 25 ans, quand j'ai
pris la décision d'aller étudier en génie à Polytechnique, et ce choix était
orienté par le fait que c'était très
concret, hein, la science. On pouvait facilement toucher des machines, toucher des usines et avoir une carrière professionnelle dans des
domaines, je dirais, très tangibles, hein? Peut-être
que je ne savais pas encore
que j'allais faire de la politique, peut-être, à l'époque.
Et je me
souviens de réflexions que nous nous sommes faites entre collègues, entre amis,
les amies filles, et certaines qui ne
voulaient pas considérer les sciences, et toutes les discussions que nous avons
eues à ce sujet-là. Et, en rentrant en
génie, force était de constater qu'on était environ 20 % des femmes en
génie à l'École polytechnique et qu'aujourd'hui encore c'est encore le cas, hein, dans les facultés de génie. Il reste
que c'est... dépendant des génies, évidemment, mais, de manière générale, on est... beaucoup, beaucoup
d'hommes, en grande proportion, occupent ces positions-là, si vous
voulez. Et, à l'époque, il y avait également différentes initiatives qui
avaient été mises de l'avant, Femmes en génie notamment, et des camps
scientifiques qui encourageaient particulièrement la promotion des sciences.
Donc, quand
vous me posez la question à savoir si c'est quelque chose qui vient me
chercher, c'est quelque chose qui me
touche particulièrement, étant donné que je suis mère de deux... de trois
enfants, mais de deux filles particulièrement. Cette question de sensibilisation aux sciences est vraiment, vraiment
importante et c'est pour ça que je crois pertinemment qu'il faut
investir très tôt dans des programmes qui permettent aux gens de découvrir les
sciences.
Je vais vous
donner un exemple particulier : Les Scientifines. Les Scientifines, dans
des endroits qui sont plus défavorisés,
ça permet aux jeunes d'avoir accès à des programmes de sciences à l'année
longue. C'est le cas justement dans
le comté de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le comté que je représente comme députée, où on peut voir des jeunes filles qui n'auraient pas accès à ces programmes-là
autrement et qui peuvent justement découvrir les sciences. Et ce fut une
belle surprise pour moi parce qu'il y a
quelques semaines je suis allée passer une bonne heure et demie avec
50 jeunes filles, et, lorsqu'on
leur demandait en quoi elles étaient bonnes, elles disaient : Mais moi, je
suis bonne en sciences, ah, moi, je suis bonne en sciences aussi. Alors,
elles se reconnaissaient là-dedans.
Et on a
besoin de développer ces automatismes-là de manière plus systématique et
répandue, parce que force est de
constater aussi que, dans les gens qui appliquent aujourd'hui dans nos
universités, dans des programmes de génie, certes, mais des programmes de sciences en général, nous
avons... nous sommes en déclin. Ce n'est pas quelque chose qui est spécifique au Québec, c'est quelque chose qu'on
remarque dans l'ensemble des facultés en Amérique du Nord. Je pense
également qu'il y a des tendances assez fortes en Europe, également.
Donc, il faut
vraiment que l'on puisse miser sur ces carrières-là, et nous avons, à
l'intérieur du ministère, différents programmes
que nous soutenons, et peut-être que mon collègue le scientifique en chef
pourra répondre à certaines de ces questions-là.
Le Président (M. Cousineau) :
M. Quirion.
M. Quirion
(Rémi) : Oui. Merci beaucoup et merci à la députée de Fabre. Très
certainement, c'est une priorité pour
nous, au Fonds de recherche du Québec, et pour le ministère. Au niveau des
fonds de recherche du Québec, environ 40 %
des budgets vont pour la relève, donc pour la prochaine génération de
chercheurs. Les jeunes en sciences, les femmes en sciences, c'est
difficile. Donc, il faut avoir des modèles comme la ministre, et il y en a
d'autres. Vous connaissez peut-être, là, une chercheure qui maintenant est loin
d'être jeune, Mme Brenda Milner, à l'Université McGill, qui a découvert où la mémoire était située dans le
cerveau. Elle a 97 ans, elle va toujours à son laboratoire encore
aujourd'hui, là. Donc, ça aussi, ça
peut être un modèle. C'est des modèles qui ne sont pas assez connus ici, au
Québec, et c'est un peu notre rôle d'essayer de les faire connaître.
Ce qu'on a fait aussi au cours des dernières
années, c'est de créer un petit programme qu'on appelle les Étudiants-chercheurs étoiles. Donc, pour des
étudiants de niveau collégial ou universitaire, une publication scientifique
ou une création, si c'est un artiste, et, à
chaque mois, on reconnaît mes trois étoiles du mois : une dans le domaine
de la santé, le fonds santé; une dans
le domaine du génie, le fonds Nature et Technologies; et une dans le domaine
des sciences humaines, sciences sociales, arts et culture, le fonds
société et culture.
Donc, avec
ça, j'ai mes trois étoiles du mois. Et je dois dire que, présentement, ces
trois étoiles du mois sont pas mal meilleures que les trois étoiles au
hockey, là — cette
année, on n'a pas été gâtés. Et, ce qu'on essaie de faire, maintenant, avec ces jeunes-là à chaque mois, plutôt que ça soit moi
qui aille parler dans les écoles secondaires ou les écoles primaires, par exemple, ces jeunes-là,
qu'ils les utilisent... et leur montrer... Ils sont vraiment
très stimulés, comme vous disiez. La recherche, ça
peut être très, très stimulant, emballant. Et on espère qu'on va les utiliser
dans le bon sens du terme pour convaincre
nos jeunes de penser à des carrières en recherche, des carrières en sciences et
en technologies.
Et
je pense que, lorsqu'on allume cette petite flamme là, c'est peut-être
un peu comme la flamme en politique, je ne
sais pas, là, mais par la suite on veut être les meilleurs. On veut être parmi
les meilleurs au monde, et la recherche, la science, nécessairement, vous avez parlé de l'international, nécessairement, la science, c'est à l'international. On ne le fait pas pour nous, ici, localement, on le fait,
là, pour améliorer un processus, ça a été discuté avant avec les CCTT, pour
de la recherche plus fondamentale, pour connaître des connaissances en mathématique,
en astronomie, mais on le fait toujours avec l'idée de l'international et d'attirer les
meilleurs au Québec. Comment on peut attirer les meilleurs cerveaux
au Québec? Bien, c'est en ayant quelques très, très bons
cerveaux ici. Parce qu'on veut travailler
par la suite en équipe. Donc, on doit
s'assurer qu'on a un terreau très fertile dans nos universités, dans nos
collèges et on doit aider ces nouvelles recrues là ici, au Québec, de
développer leurs équipes de recherche ici, au Québec, et eux, par la suite,
vont convaincre nos jeunes d'aller faire des carrières dans le domaine de la
recherche, de la science et de la technologie.
Pour
les femmes, ça nous prend probablement plus de ministres du côté sciences,
technologies et économie, des modèles
féminins, et ça, ça va aider énormément à convaincre des jeunes femmes de
penser à des carrières académiques, des carrières en sciences et en
recherche.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, M. Quirion. Je passerais maintenant la
parole au député de Laval-des-Rapides. Il vous reste six minutes.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Peut-être que je vais inviter
mon collègue qui débutera le prochain bloc
à libérer un peu de son temps pour que la ministre puisse répondre à mes
questions, parce que je veux reprendre les propos, là, de notre collègue de René-Lévesque, hein, qui parlait de
naviguer à vue d'oeil en disant, soi-disant, que, depuis deux ans, on n'a rien fait, le gouvernement n'a
rien fait au niveau d'avoir un plan stratégique au niveau des exportations.
Moi, je le renverrais à faire ses devoirs
parce que l'une des mesures qu'il répète et qu'il a retrouvée, qui a été
annoncée au dernier budget, qui est
l'investissement ou le soutien aux exportations du programme d'exportation,
entre 2012 et 2014 ce programme-là
avait été sous-financé, pour ne pas dire non financé, par le gouvernement de
vos collègues du Parti québécois à l'époque, et les PME en ont été
grandement... en ont souffert grandement à l'époque.
Ceci
dit, j'aimerais... C'est dommage que le collègue de Sanguinet ait quitté parce
que j'avais commencé à lui faire un
peu la... à répondre à son petit jeu de questions et réponses où il voulait
piéger la ministre sur ses connaissances en exportations, mais...
Le
Président (M. Cousineau) : ...faire attention pour ne pas
porter des intentions, là. Il n'est pas ici, le député, alors faites
attention.
M.
Polo : Non. Il a malheureusement cette fâcheuse habitude de quitter
avant d'écouter ses collègues terminer ses interventions, mais bon...
Le
Président (M. Cousineau) : C'est aussi préciser que vous ne
devez pas signifier le départ ou l'absence d'un député. Faites
attention.
• (20 h 50) •
M.
Polo : Ça sera pour l'histoire, en effet. M. le Président, au niveau
de... Bien, je suis convaincu que le député de René-Lévesque va lui faire le message, mais le... Ceci dit, au niveau
des exportations, M. le Président, les exportations intraprovinciales et
internationales représentent 46 % du PIB de la province du Québec. Ce qui
est particulièrement intéressant, c'est la
progression des exportations qui se sont diversifiées au cours des 10,
15 dernières années, où nous avons vu le poids des exportations vers les
États-Unis passer de 85 % à juste en dessous de 70 %, donc autour de
69 %. L'année 2014 et
l'année 2015 ont été particulièrement fructueuses au niveau des
exportations québécoises, malgré les propos
qu'il a relatés, là, du ministre des Finances, parce qu'en fait, pour
l'année 2015, la croissance des exportations a crû de plus que le double des exportations
canadiennes. On parle d'une croissance de 10 % pour totaliser 173,
174 milliards en exportations, quand on regarde canadiennes et
internationales.
Ce
qui est encore plus intéressant, c'est les opportunités qui s'ouvrent et qui
s'offrent à nos PME, à nos entreprises québécoises en fonction de deux
traités de libre-échange qui ont été signés dans le cas du Partenariat
transpacifique, l'accord de principe, au
mois d'octobre dernier, et dans le cas de l'Accord économique de commerce
global avec l'Europe. Pour être plus
précis, le Partenariat transpacifique, c'est 12 pays, 800 millions
d'habitants et c'est 40 % du PIB mondial à ce niveau-là. C'est
aussi et surtout la suppression de 18 000 droits de douane qui vont
entrer en vigueur grâce à ce partenariat-là,
et donc c'est des nouveaux débouchés. Bien sûr, ça inclut les États-Unis et ça
inclut des pays de l'Amérique latine
qui ont des frontières sur le Pacifique, mais ça inclut aussi beaucoup,
beaucoup de pays de l'Asie, l'Asie qui est un continent pour lequel le Québec cherche justement à augmenter sa
présence à travers ses entreprises et à travers ses produits et
services.
De
l'autre côté, donc vers l'Europe, c'est l'Accord économique de commerce global.
Comme je mentionnais, au mois de
février de cette année, la ministre du Commerce international canadienne a
signifié la fin de l'examen juridique du texte. Vous comprendrez qu'avec
28 pays, plus de 15 langues différentes associées à l'ensemble de ces
pays, c'est 500 millions d'habitants et
28 milliards du PIB mondial. C'est un marché énorme. C'est la raison,
entre autres, qui explique aussi le déroulement un peu long, la mise en
application un peu longue à ce niveau-là.
Ceci
dit, il faut le prendre aussi dans un contexte québécois. Et je reconnais qu'il
y a certaines craintes, certaines hésitations, certains doutes de
certaines industries, notamment au niveau du secteur laitier et des produits
tels que les fromages fins. À ce niveau-là, il faut être à l'écoute, et le
ministre de l'Agriculture le fait de belle façon.
Donc, je vais
inviter, peut-être, la ministre, lors du prochain bloc, si mes collègues le
permettent, juste à élaborer un peu
sa vision sur, justement, la stratégie d'exportation, pour laquelle j'ai eu
l'occasion de terminer les consultations il y a de cela quelques semaines,
et donc l'inviter à élaborer sur cette question-là.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. Et il vous reste trois secondes. Alors, vous étiez dans le temps. Vous étiez dans le
temps. Donc, la ministre va prendre bonne note pour vous répondre au prochain
bloc du groupe ministériel.
Je passerais
maintenant la parole au député de René-Lévesque, le porte-parole, pour
17 min 30 s, porte-parole pour le Parti québécois.
M.
Ouellet : Merci, M. le
Président. Alors, on va essayer de rentabiliser ces 17 prochaines minutes,
Mme la ministre. Donc, si je résume,
tout à l'heure on a passé de l'absence de moyens à une cohérence de stratégie
pour le futur. Donc, je suis content
d'entendre que le gouvernement veut être plus interventionniste. Et je vous
dirais, Mme la ministre, que ce n'est
pas l'habitude qu'on a eue avec les gouvernements libéraux. Donc, je suis
content de savoir qu'ils veulent intervenir dans l'économie.
Mais
j'aimerais aussi aller un peu plus loin dans l'interventionnisme de l'État et
dans la cohérence, si vous me permettez,
puis je veux vous parler du secteur forestier, Mme la ministre. Au cours des
15 dernières années, les entreprises, secteur... généraient 20 % du produit intérieur brut, et
présentement on n'est qu'à 14 %. Et une bonne partie était générée
par le secteur forestier, et on a effectivement vécu un déclin de ce côté-là.
Je vous ai
entendue tantôt, avec les interventions avec mon collègue de Sanguinet, dire
que c'est important que la stratégie
manufacturière s'installe dans les régions, et, dans plusieurs régions du
Québec, ce sont des régions dites forestières. D'ailleurs, dans le
budget, à la page B.76, on parle aussi de certaines mesures dans le
secteur manufacturier et des transformations
des ressources naturelles, pour le fameux tarif L qu'on va pouvoir moduler à
20 %, des investissements pour des taux de 40 % des dépenses
admissibles, exemple, pour des usines de papier et des usines de sciage.
Cependant, une
organisation qui est sur mon territoire, mais qu'on retrouve dans d'autres
territoires du Québec, Résolu, pour
ne pas la nommer, a présentement un litige coûteux en matière d'exportation.
Donc, présentement, ça lui coûte tout
près de 30 millions par année pour ses deux usines, soit celles de Dolbeau
et Kénogami, pour cette fameuse surtaxe
sur le papier surcalandré qui lui... ils sont obligés de payer 17,87 %.
Mais aussi, présentement, nous n'avons toujours pas d'entente, avec le bois d'oeuvre, avec nos collègues américains, et
ce qu'on entend dans l'est du pays et assurément dans l'est du Québec, c'est que les entreprises poussent fort pour que
le gouvernement canadien instaure un libre-échange dans le commerce du
bois.
Alors, avec autant d'interventions et autant de
fougue et d'énergie, tel qu'on vous connaît, j'aimerais savoir, Mme la ministre, si vous avez déjà intervenu ou vous allez intervenir auprès de nos
alter ego canadiens pour qu'on signe cette entente-là de
libre-échange et qu'elle soit favorable pour nos industries forestières dans l'est
du Québec.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Et merci de la question qui est posée par rapport à l'industrie
forestière. Dans le budget qui a été déposé, 2016‑2017, il y a effectivement plusieurs mesures par
rapport à l'industrie. Puis je
vous invite à lire la page B.136, qui détaille les mesures.
Mais votre question
est plus spécifique, elle est plus... a trait à ce qui a trait à la négociation sur le bois d'oeuvre. Ce que
je peux vous dire, c'est que nous avons rencontré... puis là je parle, je dis
«nous» en incluant mon collègue qui est ministre de la Forêt, donc je ne peux pas nommer le nom,
hein? Le ministre de la Forêt, vous voyez c'est qui, avec qui
nous avons rencontré les gens de l'industrie
pour voir de quelle manière est-ce
qu'on pouvait mieux représenter les intérêts
des industries et des travailleurs, parce que c'est des dizaines de milliers
d'emplois qui sont dans ce secteur-ci.
Suite aux
différents échanges que nous avons eus avec l'industrie, on s'est entretenus
avec Mme Freeland, qui est responsable,
en fait, au niveau du Canada, pour la négociation du traité de l'entente de bois d'oeuvre. Ce qu'il
est important de dire et ce qu'il est important
de dire ici, mais surtout de dire à nos homologues fédéraux, c'est qu'il y a
eu une modification du régime forestier au niveau
québécois. On a pris acte du fait que, lors de la dernière
entente, les gens disaient qu'on
n'avait pas un régime forestier qui était vraiment un régime forestier
de libre-échange. Or, ça a été modulé avec une méthode qui permet d'établir des prix qu'on qualifierait, dans notre
système, de libre-échangistes et qui correspond à environ ce que l'on va
retrouver dans six ou sept États américains.
Donc, notre
position a été très claire, elle a été définie au niveau verbal dans les
discussions que nous avons eues avec notre homologue fédéral. Là-dessus,
on a dit : On veut que le régime forestier du Québec soit reconnu, avec la
nouvelle entente, aux États-Unis.
Par la suite, nous avons fait parvenir à l'écrit nos demandes au fédéral par rapport à ce traité de libre-échange.
Nous avons
entendu également... Nous avons très vite retenu les propos du ministre
Stéphane Dion, qui disait que la position du Canada devait être celle de
la reconnaissance du libre-échange avant d'introduire quelques notions de quotas ou bien de tarifs supplémentaires. Et notre
premier ministre, bien, en allant aux États-Unis,
à Washington, s'est même entretenu
avec les personnes concernées par
rapport au libre-échange, par rapport justement à la négociation du bois d'oeuvre.
Je pense
que plusieurs étapes ont été franchies de notre côté. La
position du Québec ne peut pas être plus claire. Il y a
eu un point de presse qui a été fait
spécifiquement à ce sujet-là, et nous continuons à aller de l'avant auprès du
fédéral pour nous assurer que la
position du Québec soit reconnue dans les échanges qu'ils ont avec les
États-Unis sur le bois d'oeuvre.
Lors de la
rencontre qu'il y a eu entre le président Obama et le premier ministre Trudeau,
à partir de ce moment-là, ils avaient
établi qu'il y aurait des négociations sur une période de 100 jours et, à
l'intérieur de ces 100 jours là, qu'on pourrait atterrir avec un projet spécifique avec les États-Unis sur le
bois d'oeuvre. C'est ce que nous souhaitons. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. Alors, M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : Du côté de la
surtaxe du papier surcalandré, donc le Canada conteste l'accord du
chapitre 19 de l'ALENA. Est-ce
que, de ce côté-là, on avance un peu plus aussi? Parce que nos travailleurs
sont assurément, du côté de Kénogami et
de Dolbeau, présentement, en questionnement pour la suite de leurs usines.
Est-ce que, là, on a des actions concrètes qu'on va poser pour faire
sauter cette fameuse surtaxe là?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre. Oui, M. le sous-ministre, M. Dumas.
M.
Dumas (Jocelin) : Bien, la position du Québec, là, c'est que le
dossier qui est auprès du département du commerce américain, là, c'est que le gouvernement du Québec
estime que la taxe qui est imposée à Résolu, elle est disproportionnée, elle est exagérée, elle est mal estimée, donc elle
est non fondée. Et il y a des échanges qu'on a eus avec le ministère fédéral
responsable des relations commerciales, puis
la position du Québec a été répétée, là, à maintes reprises à nos vis-à-vis
américains, à tous les niveaux politiques
administratifs. Alors, les pressions qui sont exercées par le gouvernement du
Québec vont complètement dans le sens d'appuyer l'entreprise Résolu.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le sous-ministre. M. le député de René-Lévesque.
• (21 heures) •
M.
Ouellet : Pour faire un
petit peu de pouce encore sur le domaine forestier, le député de
Trois-Rivières, tout à l'heure,
faisait l'apologie des bienfaits des CCTT, et j'en ai un sur mon territoire, le CEDFOB, et il y a présentement un projet dans les cartons avec le cégep de Baie-Comeau, donc, pour
développer un nouveau pavillon, donc, une nouvelle infrastructure pour faire de l'ingénierie, dans le
cas du génie civil, de l'ingénierie avec des matériaux comme l'aluminium,
et, notre CEDFOB, aussi faire le plus de recherche appliquée et effectivement
transmissible auprès des entreprises.
On a su
dernièrement qu'il y a un nouveau programme fédéral qui va être mis de l'avant pour les établissements
postsecondaires, donc les cégeps et
l'université, alors je m'attendrais de la part de la ministre de mettre tout
son poids, et toute sa volonté, et
toute sa certitude, lorsqu'il y aura ce choix final de présenter ces
projets-là, qu'un projet comme le
mien... comme le nôtre, pardon, en région, qui met le CCTT, qui met la forêt
boréale, qui met l'expertise, les innovations de l'avant... J'espère avoir toute son énergie et sa ferveur pour le
voir cheminer jusqu'au Canada. Alors, j'espère pouvoir compter sur sa
collaboration.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre. Vous voyez qu'on est dans les cas de comté, là.
Mme
Anglade : Les cas de comté, bien, c'est parfait, c'est parfait. C'est
pour ça qu'on est ici d'abord et avant tout, à l'Assemblée nationale.
Écoutez, sur
cette question, toute la question des infrastructures fédérales, c'est un
projet qui est fort ambitieux parce
qu'il nécessite l'implication de tous les joueurs pour des projets très
concrets qui doivent être déposés. Alors, on a donné la date limite de dimanche soir qui s'en vient pour déposer les
projets. La semaine dernière, je rencontrais avec ma collègue Hélène David... ma collègue, pardon,
la ministre responsable de l'Enseignement supérieur, on rencontrait l'ensemble des recteurs des universités du
Québec — et les
cégeps n'étaient pas inclus, mais on a des suivis qui se sont faits par la suite pour inclure également tous les
collèges — pour
nous assurer que tous les projets qui seraient prêts à être soumis pour dimanche qui s'en vient le soient,
pour qu'ils puissent passer à travers un processus qui est très, très, très
serré dans le temps, qui s'échelonne sur les
deux prochaines semaines. Et j'imagine que votre projet va faire partie, donc,
des projets qui seront soumis.
Et il y aura
tout un processus de sélection, à l'intérieur des deux prochaines semaines,
pour pouvoir prioriser... pour
prioriser les montants, parce qu'il s'agit d'un montant total probablement
avoisinant le demi-milliard d'investissement, au niveau fédéral, mais qui va équivaloir à plusieurs milliards,
probablement, d'investissement de la part du Québec avant de pouvoir
obtenir la contrepartie fédérale.
Donc, oui. Et puis vous me parlerez plus en
détail de votre projet, qu'on puisse le suivre.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de René-Lévesque.
M.
Ouellet : On va se parler un
petit peu entrepreneuriat, si vous permettez, Mme la ministre, puis je vais
vous dire pourquoi. Bon, la stratégie
d'Investissement Québec, celui du ministère, le CRIQ, je vous entendais
d'ailleurs tout à l'heure, lors de
l'intervention de mon collègue M. Sanguinet, que tout ce beau monde là
vont travailler ensemble pour mieux
accompagner l'entrepreneur, mieux l'encadrer, mieux l'outiller. Ces ressources
sont présentement sur le territoire, dans les régions,
mais, exemple, là, pour la Côte-Nord, là, elles sont moins accessibles. Je vous
donne un exemple. Dans le cas
d'Investissement Québec, j'ai une ressource à Sept-Îles. Dans le cas de la
direction régionale du MESI, elle est à Baie-Comeau. Donc, si je fais la nomenclature du territoire de la
Côte-Nord, c'est 1 200 kilomètres de littoral, alors vous
aurez compris que nos ressources vont se promener sur le territoire.
Or,
nous avions à l'époque les CLD, et, dans certains cas, il y avait plusieurs
ressources qui étaient dans les MRC. Bon, je sais que le député de
Trois-Rivières... je l'ai entendu à deux reprises nous citer un peu qu'il y a
eu de la mauvaise gestion dans certains CLD et qu'il fallait peut-être
effectivement passer à autre chose, mais je pense que, s'il faudrait destituer le gouvernement pour sa gestion du Fonds
vert, on irait un petit peu plus loin. Alors, il ne faut pas jeter le bébé
avec l'eau du bain.
Alors,
là-dessus, il y a des CLD qui existent encore, il y en a qui ont même été
revampés, mais j'ai vraiment besoin de
vous, je vais être honnête avec vous, là, pour bien arrimer votre stratégie.
Des acteurs qui sont déjà présents, qui sont déjà sur le territoire, j'ai posé la question, parce que je suis tout
nouveau ici, dans les études de crédits, donc j'ai posé la question à votre ministère pour savoir c'était quoi,
l'état des forces des CLD, combien il en reste encore debout, c'est quoi,
leurs moyens. Parce qu'on voit dans le
budget que leurs fonds locaux d'investissement sont prolongés jusqu'en 2019.
Ça fait que j'ai posé la question. Donc, je voulais connaître combien il en
restait, c'étaient quoi, les ressources sur le territoire. Et la question a été soumise, et voici la réponse : «La
réponse à cette question sera répondue par le ministère des Affaires
municipales.» Alors, j'ai posé la question aux Affaires municipales, et on m'a
répondu que «cette question relève du
ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation». Alors, personne ne
peut me répondre ou du moins... Je
l'ai demandé à votre collègue Mme la vice-première ministre, celle qui est à
l'Allègement fiscal, la semaine dernière, lors des crédits en
entrepreneuriat et en PME, et je n'ai pas eu de réponse.
Donc,
s'il vous plaît, Mme la ministre, pouvez-vous m'aider? Qu'est-ce qu'il nous
reste présentement sur le terrain si
on veut arrimer Investissement Québec, les directions des MESI? Êtes-vous capable de me donner cette réponse-là?
Et, sinon, de quelle façon vous allez
déployer davantage de ressources sur les territoires comme les miens, qui sont immenses, pour être capable de livrer la marchandise que
vous voulez, d'être plus prêts, plus forts et plus vite pour les entrepreneurs?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : C'est une très
bonne question que vous posez puis qui est très concrète, donc un exemple
qu'on devrait prendre et qu'on devrait suivre, en fait, dans les prochains
mois, quand on va mettre tout ça en application. Mais, à ma connaissance, au niveau de la MRC, il est
supposé y avoir des acteurs. Quand on parle de CLD puis de transformations
qui devaient être faites, il est supposé y
avoir des acteurs économiques en
train de coordonner la dynamique. Est-ce que ce n'est pas ça qui se produit présentement? Parce que vous m'avez parlé
de quelqu'un du ministère, vous m'avez parlé de quelqu'un d'Investissement
Québec, mais la MRC là-dedans, quel rôle est-ce qu'elle joue?
M.
Ouellet : Bien, exemple, sur mon territoire, j'ai une municipalité qui
a relevé son CLD, elle a investi beaucoup, 1,5 million en fonds privés pour y donner un... Ça fait que
l'organisation, elle est autonome, elle travaille en vase autonome. Dans une autre MRC, on a tout simplement inclus
une partie de l'équipe sur le territoire à l'intérieur de la MRC, et eux
fonctionnent en collaboration.
Mais
présentement, dans le Québec en général, j'aurais aimé connaître combien il
nous en reste, de gens sur le terrain.
Et, s'il nous en manque, est-ce que ça va venir du côté d'Investissement Québec
ou du MESI, pour mettre davantage de
ressources? Parce que l'exemple que je vous apporte sur la Côte-Nord, c'est que
c'est 1 200 kilomètres à couvrir. Donc, si on veut être prêts,
il faut être sur le terrain, et je pense qu'on va manquer de moyens pour le
faire.
Mme
Anglade : O.K. Donc, ce que vous me dites, vous, c'est qu'il faudrait
plus de ressources. C'est ça que vous êtes en train de dire, c'est que
la solution au problème que vous mentionnez, c'est plus de ressources.
M.
Ouellet : Bien, on n'a pas les chiffres. Ce qu'il reste dans les CLD,
ça pourrait nous dire qu'est-ce qu'il nous manque pour faire la suite
des choses.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, c'est parce que, de ce que je comprends,
chaque MRC a eu l'opportunité de décider comment ils voulaient s'organiser puis avoir les ressources nécessaires.
Certains ont donné plus de moyens à l'ancien CLD pour rester en place, ça a été le cas dans différentes régions, ils
ont donné plus de moyens, et, à ce moment-là, les personnes qui étaient en place, elles sont restées
complètement. D'autres personnes ont choisi, comme l'autre exemple que
vous me donniez, de les intégrer à leur MRC directement.
Donc,
je ne peux pas vous dire si aujourd'hui on est en mesure de vous dire combien
de personnes qu'il y a dans les MRC
qui s'occupent du... parce qu'il faudrait, à chacune des MRC, combien de
personnes qui s'occupent du développement
économique et demander à chaque... comment ils se sont organisés par rapport à
la transition, c'est ça que vous
voulez savoir. Ce chiffre-là, je ne pense pas l'avoir maintenant, je me
retourne vers mes collègues, je ne pense pas avoir le chiffre exact à
travers le Québec. Et, encore une fois, ça relève vraiment de la MRC.
Donc, on pourrait
faire un état des lieux. C'est ce que vous souhaitez, c'est qu'on fasse un état
des lieux de la situation? Parce que, moi,
ce qui va être important dans la transition, ce qui va être important par
rapport à la discussion que nous
avons eue par rapport à Investissement Québec puis par rapport au ministère,
c'est que les gens d'Investissement Québec
que vous avez présentement sur votre territoire soient capables d'aller
démarcher sur tout le territoire et que... S'il n'y a pas suffisamment de ressources
spécifiques de la part d'Investissement Québec pour couvrir ce territoire-là,
je m'attends à ce qu'ils reviennent puis
qu'ils disent : Bien là, ça nous prendrait plus de ressources, parce qu'on
démarche des projets, mais on en a
tellement, il nous manque de monde pour continuer à le faire. Ça, c'est une
discussion qu'il va falloir qu'on ait d'un point de vue exécution, c'est
à ça que je m'attends.
Maintenant,
je ne peux pas vous dire, vous répertorier le nombre de personnes qu'il y a,
dans chacune des MRC, qui s'occupent
spécifiquement de développement économique, je ne saurais pas ce nombre-là et
je ne sais pas si dans mon ministère on le sait non plus. Donc, je pense
que la réponse est non.
Maintenant, si vous voulez avoir cette
réponse-là, peut-être que je pourrais demander à d'autres collègues.
M.
Ouellet : Pour moi, ce serait important, mais je pense que pour vous
aussi. Si c'est pour décupler les forces sur le terrain, il faut d'abord savoir qu'est-ce qu'il reste
présentement. Et ces agents-là qui étaient là étaient effectivement des agents multiplicateurs, des gens qui faisaient
un relais auprès des besoins de l'entreprise et qui pourraient s'additionner
aux ressources existantes et donc ne pas
rajouter des ressources non nécessaires, puisqu'on a déjà des gens sur le
terrain qui feraient le relais.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
• (21 h 10) •
Mme Anglade : Mais le travail que
l'on veut voir jouer par Investissement Québec n'est pas le travail qui est présentement joué par les MRC nécessairement. Là,
ce que l'on veut, c'est qu'ils viennent... qu'on ajoute des forces. Elles
sont déjà là. On veut qu'elles soient plus
proactives, qu'elles soient plus actives sur le terrain à travailler en
collaboration avec ces personnes-là.
Qu'une MRC
décide qu'il y a une personne qui est en charge sur le territoire, qu'il y en
ait une autre qui décide qu'il y en
ait trois dans leur territoire, c'est l'autonomie aussi de nos municipalités,
et c'est ce qu'on a décidé de faire, c'est
qu'on a décidé de donner cette autonomie-là à chacune des municipalités pour
décider de la manière dont elles voulaient interagir. Nous, ce qui importe, d'un point de vue gouvernemental, c'est
qu'on ait la couverture nécessaire d'un point de vue Investissement
Québec dans l'ensemble des régions et qu'il y ait ce démarchage proactif qui
s'effectue.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Alors, ça termine... il reste
quelques secondes, ça termine le temps que nous avions pour ce bloc.
Maintenant, nous allons passer au dernier bloc, qui est un bloc de
19 minutes, mais je vous avise
immédiatement que je vais retrancher à la fin deux minutes pour faire voter
l'ensemble des crédits du ministère. Donc, je vais avoir besoin de toute
votre attention à la fin.
Donc, pour les 17 minutes, parce que je
retranche deux minutes, M. le député de Jean-Lesage. Allez-y.
M. Drolet : Merci, M. le
Président. Oui?
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, Mme la ministre?
Mme Anglade : Excusez-moi. Question
de règlement, je pense. M. le Président, pourquoi est-ce qu'on vote aujourd'hui si on a deux heures de crédits demain
sur la Stratégie numérique? C'est juste ça, la question que je me pose.
Le
Président (M. Cousineau) : Oui, c'est parce qu'il n'y avait pas
vraiment... Ce qu'on me dit, c'est qu'il n'y avait pas vraiment de
crédits sur la Stratégie numérique, c'est un volet mais qui a été rajouté, donc
ça ne fait pas partie de l'ensemble du...
Mme Anglade : Il n'y avait pas de
crédits sur la Stratégie numérique? Bien, si vous me dites...
Le Président
(M. Cousineau) : La
secrétaire me dit, Mme la ministre, que ça a été déterminé comme ça par les leaders des différentes formations politiques. Alors donc, les trois formations politiques ont précisé que ce qu'on vote ce soir, c'est l'ensemble des crédits du ministère,
sauf le volet Stratégie numérique, d'accord, qui sera voté à la
fin, demain.
Mme Anglade : Merci, M. le Président.
Très bien.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci. Alors, ça répond à votre question?
Mme Anglade : Oui, ça répond à ma question.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci. Alors, M. le député de Jean-Lesage.
M. Drolet : Permettez-moi, M.
le Président, de permettre à Mme la ministre de répondre à mon collègue, naturellement,
de...
Le Président (M. Cousineau) : Bien
oui, c'était une très bonne question.
M. Drolet : Bien oui, c'était
très pertinent.
Le Président (M.
Cousineau) : Voulez-vous reprendre votre question, M. le...
M. Drolet : Non, non, non, il
ne faut pas... Non, non, non!
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Polo : C'était vous inviter à nous partager votre vision par rapport à
l'exportation et comment vous voyez... justement élaborer sur le travail
qui se fait à travers votre ministère au niveau des exportations, et peut-être
même certains éléments, là, suite à la
consultation, au niveau de la stratégie d'exportation, si vous avez quelques
propos à ce niveau-là, si vous voulez élaborer, bien sûr.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, vous savez, les exportations, lorsqu'on regarde les
exportations... D'abord, les exportations canadiennes, donc le Québec à l'extérieur du Canada, on parle d'environ...
ça se partage bien, 50-50, entre les biens et les services. Par contre, quand on va à l'international, les chiffres
sont beaucoup plus élevés, et là il y a un rapport de 80-20, de manière
plus importante. Mais au global on exporte toujours plus de biens que nous
exportons de services.
Lorsqu'on
regarde les biens que nous exportons, ça se subdivise en différentes
catégories, l'aérospatiale, l'aéronautique, les aéronefs, donc tout ce volet-là, dans les biens, et puis, après ça,
ça se décline avec l'aluminium, ça se décline avec les métaux, ça se
décline avec le papier puis, finalement, l'électricité, etc.
Ce qu'il faut
retenir, c'est que, pour avoir une stratégie d'exportation qui soit cohérente,
il faut qu'on ait une stratégie pour
chacun de ces segments-là, parce que ça nous permet de rentrer à un niveau de
détail beaucoup plus spécifique et beaucoup
plus particulier. Je peux bien vous dire que nos plus grandes... notre premier
marché d'exportation, ce sont les États-Unis,
et que le deuxième, c'est la Chine, etc., mais il faut rentrer dans un niveau
de granularité qui nous permette de
poser les gestes concrets qui font en sorte qu'on est capables d'accompagner
nos exportateurs là où les marchés comptent, là où ça compte pour eux.
Et donc, dans
la stratégie qui a été élaborée, c'était d'abord une stratégie qui est sectorielle,
le premier point étant l'aérospatiale,
la stratégie d'aérospatiale qui va être présentée sous peu, et puis ensuite
vous avez eu l'aluminium, on a eu la
politique énergétique au niveau de l'électricité, le Plan Nord au niveau des
métaux, etc. Donc, une fois qu'on a tous ces volets-là couverts... Puis le papier, en passant, qui est très bien
élaboré dans le budget. Une fois qu'on a l'ensemble de ces éléments-là qui est couvert, maintenant c'est
de savoir par secteur, par marché où est-ce qu'on est capable d'avoir la plus grande force de frappe, quel est le 80-20,
en fait, quel est... Mettre 20 % des efforts puis obtenir 80 % du
résultat, c'est un peu la stratégie que l'on doit adopter quand on va
regarder les marchés d'exportation.
Le feed-back
que nous avons des entreprises, c'est à l'effet que, là où ça marche bien, dans
les missions commerciales, on est
capables d'ouvrir des portes pour elles, notamment sur des marchés asiatiques,
vraiment ça porte fruit, et on doit
poursuivre dans ce domaine-là. Donc, nous avons l'intention de poursuivre, et
c'est la raison pour laquelle les budgets ont été augmentés dans ces
volets-là.
Et puis je
pourrais continuer plus en détail, mais ça vous dresse un peu le portrait de...
la manière d'approcher ça. Mais,
encore une fois, il faut être très spécifiques et très matriciels dans nos
approches pour pouvoir atteindre des résultats concrets.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Ça va, M. le
député de, oui, Laval-des-Rapides? Alors, je passerais maintenant la
parole — là,
c'est vrai — à
M. le député de Jean-Lesage.
M. Drolet :
Merci, M. le Président. Pour terminer ces merveilleux crédits de ce soir,
j'interviens sur l'importance des centres de recherche à vocation, naturellement, industrielle, Mme
la ministre. Pour prospérer, notre économie
doit compter sur les entreprises
productives et compétitives sur les marchés internationaux. Afin de soutenir la croissance et le dynamisme de l'économie québécoise, il est
essentiel de miser sur la science et s'assurer que les résultats de recherche
se transforment en innovation. Les centres
de recherche à vocation industrielle sont importants pour l'économie du Québec,
car ils permettent d'établir un lien entre la recherche, qu'elle soit
fondamentale ou appliquée.
M. le
Président, comme plusieurs personnalités du milieu des affaires, chercheurs en
économie et commentateurs l'ont
souligné, le Québec a depuis de nombreuses années un désavantage qualitatif
dont on a peine à se débarrasser, un taux de productivité globalement
plus faible que nos voisins. À nombres d'heures de travail égaux, les
entreprises québécoises produisent moins que leurs compétiteurs.
Or, pour augmenter notre productivité, il faut
innover. Une société innovante performe mieux et elle est plus compétitive.
Elle peut ainsi aller chercher différents avantages.
M. le
Président, qu'est-ce que c'est, l'innovation? C'est lorsque les découvertes
scientifiques et technologiques créent
de nouveaux produits et services, transforment ceux déjà existants et bonifient
les procédés et façons de faire. Au Québec,
la recherche à vocation industrielle s'appuie sur plusieurs partenaires mais
trois en particulier : le Centre de recherche industrielle du Québec, le CRIQ, l'industrie...
l'Institut national d'optique, l'INO, et le Centre de recherche sur les
biotechnologies maritimes, le CRDB... CRBM, pardon.
Pour en
parler un peu, M. le Président, le CRIQ, fondé en 1969, il offre la gamme de
services en innovation la plus étendue
au Québec. Il contribue à la compétitivité des secteurs industriels québécois
en accompagnant les entreprises, en majorité
des PME, dans leurs démarches d'innovation par de l'information, de l'expertise
et leurs services. Le CRIQ, en particulier, possède une vaste expertise dans de
nombreux secteurs d'activité économique, annuellement plus de
1 600 projets profitables.
Excellant dans le développement de produits à haute valeur ajoutée répondant
aux exigences des marchés, il s'approprie
des nouvelles technologies pour les transmettre, innove en matière
d'écoefficacité. C'est un modèle d'affaires.
L'INO, que je
connais très bien pour être une entreprise de Québec, de la belle région, du
parc technologique, créé en 1985,
l'INO est le plus important centre d'expertise en optique et photonique au
Canada, il se classe parmi les plus
importants en Amérique. L'INO a pour mission d'être un centre d'expertise de
classe mondiale en optique-photonique pour
assister les entreprises en vue d'améliorer leur compétitivité et de contribuer
au développement de nouveaux produits et
à la création de nouveaux marchés pour, naturellement, créer de la richesse. À
ce jour, l'INO a participé à la création d'une trentaine d'entreprises issues de ses recherches. Ses revenus sont
de l'ordre de 34 millions. C'est un chef de file au national et international dans la recherche en
optique-photonique, belle entreprise dans le parc technologique de la belle
région de la Capitale-Nationale.
Le CRBM, créé il y a 12 ans, est un
organisme à but non lucratif qui a pour mission de soutenir la croissance industrielle de la filière biotechnologies
maritimes par la recherche et développement et le transfert d'innovation. Ce
créneau hautement technologique
contribue à la création d'emplois dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie,
région durement touchée par le
chômage saisonnier. De plus, cette filière de biotechnologies oeuvre à la
production et au développement de produits à valeur ajoutée à
destination à plusieurs secteurs d'activité.
C'est par le biais de ces agents d'innovation
que se fait l'arrimage entre les institutions universitaires et les entreprises privées, d'une part, ainsi qu'entre
les découvertes scientifiques et les applications technologiques, d'autre part.
Le budget accordé par le MESI aux centres de recherche industrielle montre le
sérieux de notre gouvernement dans l'investissement pour l'innovation.
M. le
Président, il y a plusieurs entreprises qui sont appuyées par les centres de
recherche, mais j'aimerais aussi vous
parler, en fait, de différentes entreprises de ce que je viens de vous nommer
qui sont basées à Québec, particulièrement Creaform, à Lévis, qui est une entreprise de classe mondiale, avec
325 employés. Vous avez aussi les Produits forestiers Résolu, qui a, naturellement, aussi sa part d'un
marché important; Préverco, qui est ici, à Saint-Augustin-de-Desmaures, qui est une entreprise, naturellement, à haut
niveau dans différents procédés technologiques, qui, naturellement, a été aidée
par les centres de recherche que je viens de vous mentionner tout récemment.
Alors, Mme la
ministre, dans le plan économique de notre gouvernement, pensez-vous... comment
donnez-vous de l'intérêt à cette vision pour ces valeurs ajoutées là,
industrielles?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : J'ai la chance d'avoir avec moi le P.D.G. du CRIQ et je
pense que j'aimerais lui céder la parole. M. Hardy.
• (21 h 20) •
Le
Président (M. Cousineau) :
Est-ce que je peux avoir un consentement pour permettre à M. Hardy de... Oui? Ça prend un consentement.
Consentement? Alors, M. Hardy, à vous la parole. Bienvenue.
M. Hardy
(Denis) : Bonsoir. Merci, M. le Président. Écoutez, le CRIQ, pour parler du CRIQ, évidemment,
c'est environ 1 800 clients
avec qui on travaille chaque année. Et on a eu justement un rapport
d'évaluation qui est sorti, justement,
par le ministère au mois de janvier dernier, qui conclut que, pour chaque
dollar qu'on investit dans les entreprises,
ça génère 2,40 $ des partenaires, donc l'effet de levier est de 2,4. Au
cours des trois dernières années, on a travaillé
sur à peu près 2 953 projets par année en moyenne,
donc ce qui génère quand même un chiffre d'affaires total de
44 millions sur les trois années. Alors, je ne sais pas si je réponds à
votre question, là, mais...
M. Drolet : ...pour ce qui est du CRIQ, on connaît l'importance que vous avez, avec ce que j'ai
mentionné, mais moi, je parle aussi au point de vue de notre
gouvernement, versus notre ministre, versus l'importance que ça a pour, naturellement, l'aspect budgétaire et la suite des
choses pour ces entreprises-là, qui donnent une bonne expertise, en fait, à
l'ensemble de nos petites entreprises qui ont besoin, finalement, de développer
davantage de produits pour se qualifier à l'international.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, c'est évident que toute la recherche qu'on a besoin de
faire va faire en sorte que les... Ce qu'on veut, c'est que les entreprises
continuent d'innover dans les domaines de pointe et qu'elles puissent se
démarquer d'un point de vue
international. L'enjeu qu'on a, c'est qu'on a beaucoup de petites entreprises
mais qui font des petits miracles au
quotidien, en fait, hein, et ce qu'il nous faut, c'est un peu comme ce que
disait le député de René-Lévesque, tu sais,
il va falloir qu'on trouve un moyen de concerter aussi ce monde-là pour avoir
des frappes importantes. L'INO est un
bel exemple de ça parce que ça permet de concentrer les efforts dans un domaine
en particulier puis de créer une espèce d'environnement et d'écosystème,
et par conséquent de momentum qui vient renforcer ce volet-là.
Alors, je
pense que ce qu'il va être important de faire dans les stratégies qu'on met en
place, plutôt que de dire : On
fait une stratégie... on fait feu de tout bois, c'est d'être vraiment très
spécifiques dans les domaines puis de miser sur les effets multiplicateurs. Donc, ce n'est pas de
mettre plein d'argent partout mais de trouver les volets qui vont faire en
sorte que ça va rayonner rapidement.
Le CRIQ en est un exemple parce que ça permet de concentrer à l'intérieur d'une
seule et même entité les énergies déployées par le gouvernement. L'INO,
c'en est un autre, puis il y a d'autres domaines également. Dans le domaine de la santé, par exemple,
on peut miser sur des secteurs en particulier qui ont des impacts sur un ensemble d'entreprises. On parlait tout à
l'heure de Neomed, c'est un exemple de ça, où tu réunis autour d'un même noyau plusieurs entités dans le domaine des
sciences de la vie. Alors, je pense qu'il faut qu'on continue à miser sur ces
chevaux-là, ne pas s'éparpiller, puis identifier les chevaux sur lesquels on
veut vraiment miser. Oui?
M.
Drolet : ...M. le Président, je vais juste peut-être intervenir
sur certains commentaires autant de mon collègue de Johnson que de mon collègue de Trois-Rivières et puis pour un petit
peu l'expérience en général de cette mission-là, en fait, d'entreprise en
général, sans pour autant parler uniquement de celle industrielle que je viens
de parler, mais pour faire en sorte
qu'on sait que c'est sûr que la volonté... D'ailleurs, mon collègue l'avait
déjà entamé beaucoup, de tenter de joindre les ministères, qu'ils se parlent pour davantage donner une certaine
concertation du message économique. Parce que, pour avoir moi-même fait la tournée du Québec à
l'époque pour la stratégie entrepreneuriale, c'est facile à parler, dire qu'on
peut tout faire, mais à quelque part il y a
des gens aussi, ensemble, qui doivent se concerter, des gens de l'industrie.
Parce que, dans une même région, très
souvent, les gens ne se connaissent même pas, ceux qui travaillent au
développement économique de cette
région-là. On a pu constater des fois que les gens n'avaient même pas... ne
s'étaient pas vus depuis je ne sais
pas combien de temps. Alors, de dire que c'est toujours le gouvernement qui est
responsable de mettre en oeuvre, si
vous voulez, la concertation des acteurs à tous les niveaux, là,
d'entrepreneuriat en général, je pense qu'avant tout il faut aussi que les gens se concertent. Il faut qu'on
travaille ensemble, il faut qu'il y ait une volonté de vouloir aller plus loin,
une volonté de donner, en fait, à
l'entrepreneuriat une priorité, mais aussi il faut que tout le monde... Ça
commence par soi-même aussi, ça commence par soi-même, des fois, se
parler et pouvoir donner une importance à ça.
C'est
sûr que ce n'est pas dans votre rayon d'activité, c'est plus ma collègue
députée d'Anjou qui est ministre, qui
est ma collègue... à laquelle je suis adjoint parlementaire, mais vous
comprendrez bien que c'est quand même important de mentionner ça, parce que ça touche quand même les entreprises que
l'on parle depuis tout à l'heure, parce que quelque part, à travers de tout ça, il y a quand même de
l'administratif, il y a quand même dans tout ça des concertations, puis il faut
quand même que le ministère soit aussi là
pour partager les bonnes manières de faire, puis de tenter de les partager pour
que ça puisse avoir une répercussion dans
les 17 régions du Québec de façon équitable, là, pour qu'on puisse en
tirer profit puis, quelque part, que
l'entrepreneuriat soit vu comme une valeur ajoutée au Québec, et non pas vu
comme une valeur que quelqu'un,
malheureusement, a fait quelque chose de pas très bien. Alors, je pense que ça,
c'est bien important. Puis je pense
que, si on peut finir par parler comme ça, puis si chacun de nous, en tant que
partis politiques, travaillait dans ce
sens-là... Parce qu'on a tous des régions qui sont distinctes l'une de l'autre,
on n'est pas plus, parce qu'on est libéral... des différences de région
avec les collègues de la CAQ ou du Parti québécois. Les régions, c'est une
région, alors les problématiques sont les
mêmes. Alors, ce n'est seulement que le candidat qui n'est pas le même, mais
avec la même volonté.
Alors,
je pense que, si on travaille tous ensemble... Mme la ministre, je pense que
c'est peut-être ça que je conclurais avec vous, en vous disant,
bien : Alors, qu'est-ce que vous en pensez?
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre, on peut vous laisser un deux
minutes de conclusion, parce qu'après ça c'est moi qui prends la parole.
Mme Anglade :
Très bien.
Le Président (M.
Cousineau) : Donc, si vous voulez, là, deux minutes pour clore
ça.
Mme
Anglade : Bien, écoutez,
j'ai apprécié beaucoup la qualité des échanges et des questions
qui ont été soumises. Je retiens beaucoup
le degré d'ambition d'accélération que l'on veut mettre en matière économique, ce qui me réjouit grandement
parce que ça vient donner encore plus de soutien aux projets.
En
conclusion, je vous dirais que ce qui est, pour moi, essentiel, c'est qu'on
soit capables, encore une fois, de miser sur les trois éléments qui ont été présentés lors des discussions, que
sont le manufacturier innovant, les exportations et l'entrepreneuriat, et qu'à travers ces trois
piliers-là il se dégage clairement une volonté d'innovation qui va se
concrétiser de manière encore plus tangible avec la Stratégie numérique.
Donc,
vous dire qu'on veut également mesurer les résultats, avoir... Je retiens bien
aussi ce que mes collègues ont mentionné
par rapport à la volonté de mettre des moyens et des objectifs tangibles. Ça
rejoint également mes perspectives.
J'aimerais
particulièrement remercier, si vous me permettez, les collègues qui m'ont
accompagnée pendant les huit heures que nous avons eues ensemble à
passer pour les échanges, donc c'est très apprécié que vous vous soyez
particulièrement impliqués. Alors, est-ce que je peux me permettre de nommer
les...
Le Président (M.
Cousineau) : Non.
Mme Anglade :
Non, non, mais de nommer... Alors, le député de Marguerite-Bourgeoys, le député
de Laval-des-Rapides, la députée de Fabre,
le député de Saint-François, le député de Trois-Rivières, le député de
Jean-Lesage. J'aimerais également
remercier le député de René-Lévesque, le député de Sanguinet et le député de
Berthier, de même que le député de
Johnson et le député de Bertrand. Et, pour la semaine dernière, également, j'aimerais
remercier le député de Maskinongé. Alors, voilà.
J'ai
eu plaisir à faire cet échange-là, mais je pense que j'aurai encore plus de
plaisir l'année prochaine avec vous, une fois qu'on aura plus étayé tous
ces plans-là et qu'on aura des résultats plus concrets. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Alors, j'ai besoin de votre
attention, évidemment. Je vois les gens ranger leurs choses, mais ce
n'est pas terminé.
Alors, ça
s'est bien passé, Mme la ministre, je vous félicite, donc, vos premiers
crédits. Voyez-vous, ce n'est pas si
difficile que ça. Donc, vous avez très bien fait ça. Les députés qui sont
autour de la table aussi, alors je vous félicite.
Adoption des crédits
Alors, le
temps alloué à l'étude des crédits du volet Innovation et Exportations du
portefeuille Économie, Science et Innovation étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix.
Ainsi, est-ce
que le programme 1, intitulé Développement de l'Économie, de l'Innovation
et des Exportations, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Cousineau) : Adopté sur division. Est-ce que le
programme n° 2, intitulé Interventions relatives au Fonds du
développement économique, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Cousineau) : Adopté sur division. Est-ce que le
programme n° 3, intitulé Organismes dédiés à la recherche et à
l'innovation, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Cousineau) :
Sur division. Finalement, est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Économie, Science et Innovation pour l'exercice financier
2016-2017 est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Cousineau) : Sur division. En terminant... Vous
avez un petit mot à dire, Mme la ministre?
Mme Anglade : Après.
Le Président (M. Cousineau) :
Parce que je n'ai pas terminé, moi.
Mme Anglade : Non, non, allez-y,
allez-y. J'irai après.
Documents déposés
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. En terminant, je dépose
les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition. Donc, le
dépôt est fait.
Et puis, avant que j'ajourne, voulez-vous dire...
Vous avez un petit mot?
Mme Anglade :
Oui, peut-être un dernier mot, parce que j'ai remercié l'ensemble de mes
collègues parlementaires, mais
j'aimerais également remercier ceux qui m'ont soutenue dans le travail, donc
l'équipe du ministère, de mon ministère, avec l'équipe, donc, de mon sous-ministre, le CRIQ, Investissement
Québec, qui a été présent durant les six premières heures, et évidemment mon cabinet, alors... le
scientifique en chef qui est ici également.
Alors, merci à tous ceux qui ont participé.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre.
Alors, la
commission ajourne ses travaux au mercredi 20 avril 2016, après les
affaires courantes, afin d'étudier le volet Stratégie numérique. Bonne
fin de soirée à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 21 h 30)