(Quatorze
heures cinquante-neuf minutes)
Le
Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît! Prenez place. Alors, ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est
réunie afin d'étudier le volet Économie des crédits budgétaires du portefeuille
Économie, Science et Innovation pour l'exercice financier 2016-2017.
Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
• (15 heures) •
La Secrétaire :
Non, M. le Président.
Économie
Le
Président (M. Cousineau) : Il n'y a pas de remplacement. Ça va bien comme ça. Donc, nous
procéderons à une discussion d'ordre
générale avec des blocs de 20 minutes, incluant les questions
et les réponses. Il y aura des
remarques préliminaires d'une durée totale
de 34 minutes, et les crédits concernant ce portefeuille seront votés à la
fin de l'étude des crédits, soit mardi le 19 avril. D'accord?
Remarques préliminaires
Alors, la répartition
du temps pour les remarques préliminaires : Mme la ministre, vous aurez
17 minutes, 10 minutes pour
l'opposition officielle et sept minutes pour le deuxième groupe d'opposition.
Maintenant, le temps que vous ne
prendrez pas sur vos remarques préliminaires sera rapporté ou accumulé, là, sur
les blocs de 20 minutes qui
vous appartiennent. Donc, Mme la ministre, bonjour.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Bonjour.
Le
Président (M. Cousineau) : Vous pouvez présenter les gens qui vous accompagnent, et puis on vous
laisse la parole pour les 17 prochaines minutes.
Mme Anglade : Parfait, excellent. Alors, les gens qui
m'accompagnent aujourd'hui : à ma gauche, Martin Massé, mon chef de
cabinet; à ma droite, nous avons le sous-ministre Jocelin Dumas; et, à mon extrême
droite, nous avons Pierre Gabriel Côté, qui est P.D.G. d'Investissement Québec.
Également, je
remercie toute l'équipe du ministère. Et des gens d'Investissement Québec et
mon cabinet sont présents en arrière pour la période des crédits. Alors, merci
à toute l'équipe.
Le
Président (M. Cousineau) : Je demanderais ici tout de
suite, au départ, un consentement si la ministre a besoin d'avoir
l'aide des personnes pour répondre aux questions qui sont à la table. Est-ce qu'on a un consentement immédiatement? Ça va, monsieur? La deuxième opposition, ça va aussi? Parfait. Donc, vous pourrez, Mme la
ministre, transférer des questions, là, aux gens qui vous accompagnent.
Mme Anglade :
C'est excellent, et j'apprécie beaucoup. Alors, merci à mes collègues de
l'opposition.
Alors,
M. le Président, je suis heureuse de participer aujourd'hui à ma première
séance d'étude des crédits et je tiens à rappeler que le développement
économique du Québec s'inscrit dans un environnement qui est en profonde mutation, en profonde transformation. Le contexte
mondial se caractérise en effet par quatre éléments clés : le
premier, la mondialisation des marchés et
l'émergence de nouvelles économies; le second, la chute des prix des ressources
naturelles, et l'impact évidemment que cela a sur notre devise; le troisième,
le développement durable et l'accessibilité... pardon, l'acceptabilité sociale,
qui est nécessaire dans tous les projets qui sont déployés à travers le monde;
et, finalement, l'avènement de l'ère numérique, la quatrième révolution
industrielle, dont nous parlerons plus en profondeur dans les minutes qui suivent. Le Québec doit impérativement
saisir les occasions d'affaires que suscite ce nouveau contexte mondial et doit miser sur des forces indéniables qu'il
a : d'abord un secteur manufacturier innovant, ensuite une économie du
savoir compétitive, un leadership environnemental affirmé et une créativité qui
lui est reconnue de par ses pairs.
La vision économique
de notre gouvernement est claire, nous voulons créer un Québec prospère,
innovant et durable, un Québec qui mise sur
les forces de ses régions. Dans le plan économique du Québec qui date de
mars 2015, le gouvernement a clairement
exposé les deux grands défis auxquels nous devons répondre afin de stimuler
notre croissance économique. Il faudra, dans un premier temps, améliorer
le taux d'emploi et, dans un second temps, la productivité.
C'est le rôle du ministère
que je dirige de déployer les bons moyens afin d'améliorer la productivité de
nos entreprises, de toutes les tailles, à
travers toutes les régions du Québec. Nous le faisons par de l'accompagnement
et par des programmes de soutien
financier. Nos interventions actuelles et celles à venir du
budget 2016-2017 vont directement dans ce sens : améliorer la
productivité pour produire plus, pour exporter plus, pour créer plus de
richesse.
Dans le cadre
de ce plan, vous me permettrez de traiter de quelques initiatives qui me
semblent particulièrement prometteuses :
le manufacturier innovant, bien sûr, l'augmentation de nos exportations,
l'accroissement de l'innovation au Québec
sous toutes ses formes, prendre le nécessaire virage numérique qui s'impose, et
stimuler l'entrepreneuriat québécois.
Le Québec peut compter sur une économie qui est
diversifiée, caractérisée par une expertise de pointe dans plusieurs secteurs d'activité tels que
l'aérospatiale et les sciences de la vie. Vous me permettrez de parler plus en
détail de l'aérospatiale. Vous savez à quel
point le gouvernement a investi en devenant propriétaire de l'avion du
CSeries pour soutenir Bombardier dans la
croissance et dans son développement. Et c'est pour une raison qui est fort
simple que nous faisons ça, c'est
parce que l'industrie de l'aérospatiale est l'un des principaux moteurs
économiques du Québec, avec quelque
200 entreprises dans le domaine, 40 000 personnes qui y
travaillent, et qu'il génère des ventes de plus de 15 milliards de
dollars par année.
L'industrie
mondiale connaît de profonds changements liés notamment à la mondialisation de
la chaîne d'approvisionnement et au déplacement de la production vers
les pays à faible coût de main-d'oeuvre. Les exigences environnementales telles que la réduction des émissions de gaz à effet
de serre ajoutent aussi aux défis de l'industrie. Les entreprises
québécoises doivent donc suivre les grandes tendances mondiales en aérospatiale
et considérer les enjeux qu'elles soulèvent, en particulier le plan de
l'innovation et de la main-d'oeuvre.
De son côté,
le gouvernement du Québec doit s'assurer d'offrir aux entreprises et organismes
du secteur des outils qui sont
adéquats pour renforcer leur position d'excellence et tirer pleinement profit
des nombreuses occasions qui vont se présenter aujourd'hui, à court
terme, à moyen terme et à long terme. J'aurai donc le plaisir de rendre
publique très prochainement la future Stratégie québécoise de l'aérospatiale,
qui va s'inscrire directement dans la préoccupation première du gouvernement, qui est celle d'avoir un secteur manufacturier
innovant fort. Afin de soutenir sa mise en oeuvre, une enveloppe additionnelle de 70 millions de
dollars a été annoncée lors du discours du budget 2016-2017. Avec les
crédits déjà prévus, ce sont près de 250 millions de dollars qui seront
investis par notre gouvernement afin de renforcer et de diversifier la structure de l'industrie, de soutenir la croissance de
l'industrie, d'accompagner les PME dans leur développement et de miser
sur l'innovation comme moteur de croissance des interventions.
Du côté des
sciences de la vie maintenant. Les sciences de la vie constituent un autre
secteur-phare de l'économie québécoise
qui demeure au coeur des priorités gouvernementales. Plus de
25 000 personnes contribuent à son succès au Québec, et en particulier dans la région de
Montréal, qui se classe au septième rang des plus grandes régions
métropolitaines en Amérique du Nord
pour la concentration d'emplois dans ce domaine. Pour soutenir l'essor du
secteur, je rappelle qu'un groupe de
travail a été mis en place l'année dernière afin de proposer des pistes de
solution tangibles pour répondre aux besoins du secteur.
Dans le cadre
du budget 2016-2017, notre gouvernement a annoncé un soutien concernant
certaines de ces pistes de solution
définies lors des travaux. Je vais en énumérer quelques-unes :
100 millions de dollars sur cinq ans pour des prêts participatifs consacrés au secteur des sciences de
la vie; 20 millions de dollars pour la mise en place du nouveau
fonds d'amorçage en sciences de la vie,
Amorchem; 5,3 millions de dollars sur cinq ans pour la mise en place de
l'initiative sur la recherche clinique précoce; 500 000 $ pour la
mise en place d'un processus visant l'accélération de l'évaluation des nouveaux
médicaments par l'Institut national d'excellence en santé et en services
sociaux. Grâce à ces initiatives, le Québec
renforcera sa position de chef de file dans le domaine des sciences de la vie
et va réaffirmer son leadership sur la scène canadienne et sur la scène
internationale, évidemment.
Les
exportations sont évidemment au coeur des stratégies du gouvernement. Ces
exportations se font d'abord, principalement
au niveau des biens, hein, des biens qui sont manufacturés. Nos
industries-phares exportent toujours plus de biens que de services, de sorte que le Québec compte aujourd'hui parmi
les économies les plus ouvertes au monde. Les exportations nous permettent de croître en dépit des limites de la
taille du marché québécois, de profiter de la croissance de la demande étrangère et d'augmenter la
compétitivité de nos entreprises. Par l'entremise de l'équipe d'Export
Québec, le ministère de l'Économie, de la
Science et de l'Innovation travaille activement à accroître le volume des
exportations de nos PME et à mettre en place une stratégie d'exportation
qui sera dévoilée au cours des prochains mois.
Les missions
commerciales figurent parmi les services les plus en demande, car elles
permettent aux entreprises à la fois
d'explorer de nouveaux marchés, d'en saisir les occasions d'affaires et
d'ouvrir des portes auprès de clients potentiels, et ce, dans les différentes régions du monde. L'an
dernier, 46 missions ont permis d'accompagner pas moins de
500 entreprises québécoises à l'international. L'ensemble des
interventions d'Export Québec, y compris les missions commerciales, ont mené à
la signature de 123 ententes entre nos PME et des intermédiaires de vente,
à la conclusion de 89 accords industriels et transferts de technologie et
à des ventes fermes de près de 200 millions de dollars. Pour poursuivre et
intensifier notre action en matière d'exportation, un montant additionnel de
32,5 millions de dollars a été investi cette année et inclus dans le budget,
donc, 2016-2017 de mon collègue Carlos Leitão.
Évidemment, la croissance économique du Québec
dépend énormément de tout le secteur de l'innovation. En innovation, on parle
des domaines qui sont transversaux. Peu importe le secteur que l'on choisit, il
faut que l'on soit plus innovant. Alors, M.
le Président, je poursuis en rappelant qu'accroître cette innovation et
développer une véritable culture en
la matière représentent des conditions de succès pour la prospérité du Québec.
Il faut inévitablement miser sur l'économie du savoir, bien sûr, et
l'innovation, et la créativité afin que le Québec demeure compétitif,
concurrentiel.
Les
prochaines années seront cruciales pour le déploiement optimal de notre système
de recherche et d'innovation. Nous allons donc maintenir nos
interventions en continuant d'appuyer la science et l'innovation, de la
recherche fondamentale
jusqu'à l'appropriation des technologies par les entreprises et la société,
ainsi que des innovations sociales et organisationnelles.
Parce que, quand on parle d'innovation, on ne parle pas uniquement d'innovation
industrielle, mais bien sûr les domaines sociaux sont également
considérés là-dedans et font définitivement partie de la différence que l'on retrouve au Québec. Nous allons de plus continuer
d'encourager les maillages et les partenariats appuyés, entre autres,
par le réseau QuébecInnove, qui facilite l'accès au système d'innovation
québécois.
• (15 h 10) •
Porté par
l'objectif de renforcer constamment
notre écosystème d'innovation, notre gouvernement lancera cet automne les travaux qui mèneront à l'élaboration d'une nouvelle stratégie
de la recherche et de l'innovation. Nous voulons nous assurer qu'elle
sera adaptée aux enjeux auxquels le Québec fait face. Le Québec dispose déjà
d'un écosystème d'innovation qui est bien intégré. Le gouvernement du Québec
est présent à toutes les étapes de cet écosystème, de la recherche fondamentale à la commercialisation,
mais il est évident que nous voulons renforcer l'élément de commercialisation
quand on parle d'innovation, parce que là
est un peu le nerf de la guerre, et nous devons investir davantage
d'efforts pour nous améliorer en matière de commercialisation.
Je veux
m'assurer que l'appui financier du gouvernement se fait de la manière la plus efficiente possible
et qu'à toutes les étapes de nos
interventions nous aurons des interventions qui vont être calibrées sur les
meilleures pratiques mondiales,
l'importance de se comparer aux meilleurs de manière systématique pour nous assurer de déployer les
meilleurs systèmes et les meilleures
méthodologies ici, au Québec. C'est donc dans cet esprit que je vais requérir
la collaboration des principaux
intervenants du milieu afin de nous doter d'un plan d'action renouvelé et d'une
vision rassembleuse, pour nous
assurer de la capacité d'innovation du Québec soit porteuse et qu'elle permette
de rayonner et de créer de la richesse.
Tout ce que
je viens de décrire avant ne serait pas possible si nous n'avions pas les
talents nécessaires pour occuper les postes des différents emplois que
nous avons au Québec, donc l'importance, pour nous, du talent. Le talent est primordial pour le développement économique, pour
l'accroissement de notre richesse collective. Et les innovations sont l'oeuvre de créateurs talentueux — et c'est là qu'on parle de talent — nous devons donc continuer à attirer, à
retenir et à développer les talents du Québec.
D'emblée, nous disposons d'incitatifs efficaces
pour attirer les chercheurs et les experts étrangers. Je pense notamment au congé fiscal d'une durée maximale de
60 mois s'appliquant au salaire versé et permettant de recourir à
une expertise précise en recherche
scientifique et développement expérimental. De plus, nos infrastructures et nos
équipes de recherche démontrent une grande
capacité d'attraction des talents, qui sont ouvertes aux collaborations
internationales. Pour donner un exemple, le
psychiatre et ingénieur physicien M. Pierre Marquet, un chercheur reconnu
mondialement, s'est joint à l'équipe
du centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale du Québec.
Nous disposons également d'un programme
de promotion de la culture scientifique et d'intégration sur le marché du
travail hautement reconnu notamment par
nos collègues français. À l'été 2015, quelque 170 étudiants étrangers
parmi les meilleurs du monde sont venus faire un stage de recherche dans une université québécoise. Cette année, nos universités vont en accueillir
près de 200. Enfin, grâce à son parc
d'infrastructures de recherche de calibre mondial, le Québec
attire et retient davantage de chercheurs émérites. Cela contribue à
répondre plus facilement aux besoins de développement de plusieurs technologies
émergentes et à favoriser la collaboration entre les centres de recherche, les établissements
postsecondaires et les entreprises.
Il nous faut également
penser à toute la question du numérique et prendre le virage du numérique.
Le numérique constitue un vecteur
majeur pour la croissance de tous les secteurs d'activité de l'ensemble
de la société québécoise. La stratégie
numérique, lors de ma nomination,
le 28 janvier dernier, a été clairement annoncée, à ce moment-là, en
disant qu'il allait falloir que nous nous dotions d'une véritable stratégie,
qui sera présentée dans les prochains mois. Le budget 2016-2017
prévoit à cet effet 162 millions destinés à plusieurs mesures en la
matière, dont notamment
78 millions sur les premières cinq initiatives de la stratégie,
33 millions de dollars pour la bonification du crédit d'impôt relatif à l'intégration des technologies, 49 millions
de dollars... en fait, presque 50 millions
de dollars, je devrais dire, pour un appui aux grands projets visant la transformation numérique des organisations.
Au cours des prochaines semaines, je dévoilerai le plan d'action en économie numérique, le premier
jalon de cette stratégie qui donnera au Québec les moyens d'intensifier
ses efforts et de se positionner avantageusement au sein de l'économie
numérique mondiale.
Je tiens, bien entendu, à souligner les efforts
importants que nous déploierons afin d'instaurer une culture du numérique au Québec et plus particulièrement au
sein des entreprises. Quand on parle de stratégie numérique, ça touche plusieurs secteurs : la santé, l'éducation,
les relations avec les citoyens. Il est évident que, pour nous, on va vouloir
mettre une emphase spécifiquement sur
l'économie. Plusieurs mesures du budget 2016-2017 et une enveloppe de
28,2 millions de dollars sur cinq ans
soutiendront les investissements relatifs à l'acquisition de solutions — l'industrie 4.0 — et
permettront d'accélérer la transformation
numérique des entreprises grâce notamment à l'adoption de solutions de commerce électronique par
les détaillants et des entreprises de commerce et de gros, à l'acquisition de
logiciels d'analyse pour optimiser la production, la chaîne logistique, la
gestion du transport des PME manufacturières.
Autre volet important...
Le Président (M. Cousineau) :
...
Mme Anglade : Deux minutes, M. le
Président. Je vais tâcher de rester dans mes temps.
Autre volet
important, l'entrepreneuriat. L'entrepreneuriat est évidemment le nerf de la
guerre, parce qu'il nous faut continuer à créer de nouveaux fleurons au
Québec. Le soutien en matière de démarrage et de croissance d'entreprises
innovantes est déterminant pour favoriser la création d'emplois et le
développement régional.
Permettez-moi
de dire deux mots sur l'entrepreneuriat collectif. Notre gouvernement reconnaît
la grande contribution des
entreprises d'économie sociale à la vitalité socioéconomique du Québec et
appuie les initiatives favorables à leur développement. Le Programme
d'immobilisation en entrepreneuriat collectif, issu du Plan d'action
gouvernemental en économie sociale 2015-2020, constitue l'un des outils
financiers que nous mettons à leur disposition.
Entrepreneuriat
féminin, également. L'entrepreneuriat féminin représente un enjeu majeur pour
le développement économique de nos
régions et demeure une priorité pour nous. En vue d'améliorer son offre de
services et de financement, Femmessor Québec adoptera une approche
unifiée, complète et accessible.
Finalement,
le transfert des entreprises va avoir un important impact également au niveau
économique, et nous voulons nous
assurer de pouvoir accompagner nos entrepreneurs pour assurer... c'est
justement ce transfert d'une génération à l'autre, lorsque le temps est
venu pour les personnes de partir à la retraite, pour les dirigeants de partir
à la retraite.
M. le
Président, notre gouvernement a entre les mains un plan solide pour stimuler
l'économie québécoise, un plan qui
prend forme grâce à la mise en place de stratégies gouvernementales et de
grands projets économiques rassembleurs pour tout le Québec. Au cours de la dernière année, nous avons lancé le
Plan Nord à l'horizon 2035 et le plan d'action 2015-2020 qui s'y attache, la Stratégie québécoise du
développement de l'aluminium, la Stratégie maritime du Québec, le Plan d'action en électrification des
transports, le Plan d'action gouvernemental en économie sociale, la stratégie
PerforME, la politique énergétique rendue publique au début du mois, et, plus
tôt aujourd'hui, toute la stratégie par rapport
au secteur manufacturier innovant. Ce sont ces interventions, tel que prévu,
qui vont faire en sorte que nous allons assurer la prospérité du Québec.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, Mme la ministre
de l'Économie, Science et Innovation. Avant de passer la parole au prochain intervenant, je souligne la présence de
Maxime LeBel, c'est un jeune de cinquième secondaire de l'école Mont-de-La Salle, qui est ici comme
observateur, mais aussi comme un stagiaire du programme Jeunes
Explorateurs, et il accompagne son député, le député de Laval-des-Rapides.
Alors, maintenant, M. le député de Sanguinet,
pour les 10 prochaines minutes, pour l'opposition officielle.
M. Alain Therrien
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Je ne prendrai pas tout mon temps. Je vais le reporter
pour les questions à la ministre puis
je vais tout simplement faire les salutations d'usage. Je commence toujours par
le président. Je vous salue, M. le Président. Je salue votre équipe. Je
salue la ministre et son équipe également. Je salue les députés de la partie gouvernementale. Je salue mon collègue recherchiste
et je salue évidemment le député de Johnson, de la seconde opposition.
Je suis très content de travailler avec vous.
Alors donc,
ceci étant dit, moi, ce que je vais faire, je vais laisser mon temps pour
justement poser davantage de questions à la ministre et faire avancer la
connaissance humaine. Voilà.
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, très bien, M. le député de Sanguinet...
M. Therrien :
J'oubliais de saluer Maxime. Salut, Maxime.
Le
Président (M. Cousineau) : Bon. C'est bon. Alors donc,
comme je l'ai mentionné au début, neuf minutes seront reportées à chacun des blocs, là, sur les blocs qui vous
concernent. Donc, je passerais maintenant la parole au député de
Johnson. M. le député de Johnson, pour les sept prochaines minutes, vos
remarques préliminaires.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je vais reprendre les salutations de
mon collègue. À vous tous,
salutations. Et surtout merci de prendre votre temps puis de participer à cet
exercice-là, qui est très important dans le travail que l'on fait.
Plus
spécifiquement pour Mme la ministre, c'est un plaisir d'avoir à travailler avec
vous pendant ces quelques heures. Et
puis ce que je vais chercher à faire avec vous, c'est vraiment d'échanger,
d'avoir des échanges sur certains points puis d'en venir qu'à connaître un petit peu à quelle enseigne vous vous
logez par rapport à certaines situations. Puis, les deux années précédentes, j'appréciais beaucoup
votre prédécesseur, mais c'était un grand conteur. Les gens sortaient...
quand on était finis, on n'avait pas appris
grand-chose. Mais vous, vous êtes d'une jeunesse et puis d'une éducation,
et tout ça, puis j'espère bien, quand je
vais sortir de ce passage-là, de vraiment savoir où la ministre de l'Économie
se loge et puis, après ça, bien,
qu'est-ce qu'on va pouvoir construire ensemble, parce qu'on est ici pour les
mêmes objectifs, travailler les mêmes objectifs. Ça fait que ça, c'est
l'objectif de mes échanges ici avec vous.
Et puis, un dernier commentaire aussi, je peux
vous dire mon appréciation d'avoir reçu des plans de la part du gouvernement. On a eu aujourd'hui la
publication... la présentation de deux plans. On sait que ça fait quelques
années qu'on demande au gouvernement, à
votre gouvernement, d'avoir une présentation de la part d'Investissement
Québec, d'en avoir une de la part du
ministère de l'Économie, ça fait que c'est apprécié. Ce qui est un petit peu
moins apprécié, c'est de l'avoir eu
la journée de l'étude des crédits, et d'autant plus que ce que je remarque,
c'est que le plan d'Investissement Québec
a été approuvé par le conseil d'administration le 22 mars, on est rendus
le 14 avril, on aurait peut-être pu l'avoir quelques journées avant. Au ministère de l'Économie, ça semble avoir été
compliqué, vous n'avez pas eu le temps de le signer, ça fait que je
présume que ça s'est fait cette nuit. Alors, on vous excuse pour ça.
Alors, ça va être tout, M. le Président. On va
garder le temps restant pour les interventions. Merci.
• (15 h 20) •
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de Johnson.
Donc, on distribuera cinq minutes sur vos blocs d'ici la fin des
crédits. J'ai vu que faisiez de l'âgisme un petit peu, là, nous autres, on
s'est sentis visés, nous autres, ici, franchement.
Discussion générale
Alors donc, nous allons entreprendre l'étude des
crédits par un premier bloc de 20 minutes. M. le député de Sanguinet, de l'opposition officielle,
porte-parole en matière d'économie, en matière d'innovation, alors à vous la
parole.
M. Therrien :
Alors, merci, M. le Président. Donc, je réitère mes salutations d'usage.
Écoutez, je vous ai entendue dans
votre propos d'introduction, vous voulez stimuler l'entrepreneuriat, vous
voulez encourager l'innovation, encourager l'économie du savoir. Écoutez, je n'ai pas... tu sais, au niveau
manufacturier, vous voulez faire en sorte de développer un tissu manufacturier, là, entre autres dans la
haute valeur ajoutée. Moi, je trouve ça le fun, là, je trouve ça bien, là, je
trouve ça intéressant. Mais, tu sais, à un
moment donné, il faut que les bottines suivent les babines, tu sais, puis il
faut qu'on ait une preuve tangible de
ce que vous allez faire concrètement suite à votre propos, que je considère
comme étant intéressant, mais il faut regarder c'est quoi, les
résultats, quels sont les résultats.
Si on prend,
par exemple, les résultats depuis deux ans... Je sais que vous êtes récemment
arrivée, Mme la ministre, je ne veux
pas vous accuser de quoi que ce soit, mais, tu sais, si on regarde les
résultats du Parti libéral, vu qu'ils sont là, bien, on est obligés de
constater que les résultats ne sont pas là, on n'a pas ce que vous dites. Le
tissu manufacturier est en décrépitude. C'est du jamais-vu depuis 1976.
Moi, si je
regarde la croissance économique qu'on avait prévue l'année passée... l'année
passée, on avait prévu 2 %. J'avais
demandé au ministre à l'époque : Vous ne trouvez pas ça un peu
enthousiaste, optimiste? Il m'avait dit : Non, non, c'est réaliste.
Finalement, on a débouché à du 1,1 %. Cette année, il dit : Ça va
être 1,5 %. Je lui demande, même question :
Vous ne trouvez pas que c'est optimiste? Il dit : Non, c'est réaliste.
Vous voyez mes inquiétudes? Tu sais, on joue dans le même film, ça veut dire que probablement que ça va être beaucoup
moins que 1,5 %, si on se fie à ce qui est arrivé l'année passée.
Et, l'année d'avant, ça avait été la même histoire.
On regarde au
niveau des investissements. En 2014, vous aviez prévu 1,3 % d'augmentation
des investissements privés, on a eu
moins 9 %. En 2015, vous aviez prévu 5,3 %, on a eu moins 4,7 %.
Là, cette année, il prévoit 0 %, 0 %. Pas 3 %, pas 5 %, pas 10 %, pas 15 % :
0 %. Puis, étant donné que vous avez toujours raté vos cibles de façon...
ou est-ce que la situation était pire que prévu, là, on part avec du
zéro. Je veux dire, ça ne va pas très bien.
Et là je me
dis : Bien, c'est peut-être parce qu'ils n'ont pas de politique
économique. Peut-être que c'est ça. J'essaie de comprendre pourquoi la
croissance économique, elle est si faible au Québec. Une des raisons,
probablement, c'est qu'il n'y a pas de
politique économique. Bien, écoutez, je regarde la mission qui a été la plus
coupée depuis l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, c'est la mission
économie et environnement. On peut dire que c'est important, là, on parle
d'économie et environnement. Cette mission-là a baissé l'année passée de
10,2 %, de 10,2 %.
Là, vous me
sortez des chiffres, vous dites : Bien, écoutez, tu sais, on met tant de
dollars dans ci puis tant de dollars dans
ça. Bien, moi, quand je vois qu'on a baissé de 10,2 %, je m'aperçois que
chaque dollar qui est mis à quelque part est retranché ailleurs, et même
plus. Ça veut dire qu'on se trouve dans une situation où vous êtes en train de
dégonfler la balloune de croissance
économique, parce que vous vous retirez, vous vous retirez de l'économie. Vous
êtes un gouvernement de droite, un
gouvernement néolibéral, je veux dire, tout le monde sait ça, plus à droite que
l'ancien président du Conseil du trésor,
c'est un précipice. Ça fait que c'est sûr que vous n'allez pas encourager les
interventions de l'État dans l'économie, c'est sûr, ce n'est pas dans
votre idéologie, et on le voit.
Alors,
au-delà de vos propos, moi, je veux savoir, là, pourquoi ça a baissé de
10,2 %. Puis où ont été les coupures? Qu'est-ce que vous avez coupé
de 10,2 %? D'où ça vient, ça, ces coupures-là? Voilà, c'est ma question.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord, merci, M. le député
de Sanguinet. Alors, je passerais maintenant la parole à la ministre. Je vous précise qu'on calcule un petit peu, là, le
temps de question versus le temps de
réponse. Comme là, vous avez pris autour de quatre minutes avec votre
préambule, bien, on s'attend à peu près à la même chose de la part de la ministre.
Mme Anglade : Deux minutes.
Le Président (M. Cousineau) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Anglade : Alors, merci pour les questions
qui ont été formulées par mon collègue le
député de Sanguinet.
Écoutez,
peut-être revenir en arrière pour dire à quel point je
m'inscris dans la logique selon laquelle il faut qu'on ait des budgets équilibrés. C'est la première chose que je
dirais. Parce que le Québec est particulièrement endetté, son ratio d'endettement est élevé, et il faut trouver l'équilibre nécessaire
pour pouvoir faire des choix. La réalité, c'est que, lorsqu'on regarde les sociétés qui sont particulièrement endettées, et qui continuent de s'endetter, et qui n'ont pas de plan de
match pour réduire le niveau de dette, à ce
moment-là il n'y a plus de choix à faire, on n'est plus capable de décider où
on va être capable d'investir et où on va être capable de poser des
gestes concrets.
Alors, dans les deux dernières années, il y a eu
ce nécessaire retour à l'équilibre budgétaire. Qui permet quoi aujourd'hui? Qui permet de faire des choix et de poser des gestes concrets. Ce qui
est important, pour nous, lorsqu'on se tourne vers l'avenir — parce qu'on est dans le présent et on est dans
l'avenir — c'est
justement de miser sur une politique économique qui soit
cohérente. Et, pour qu'elle soit cohérente, il faut que tous les acteurs soient
particulièrement impliqués dans cette politique économique.
Aujourd'hui,
on a déposé, donc, trois plans : le plan du ministère, le plan
d'Investissement Québec et également le
plan du CRIQ. Et nous avons envoyé un message très clair. Nous avons dit qu'au
niveau économique on a besoin d'avoir un pilier. Quel est ce pilier?
C'est le manufacturier innovant. Vous avez utilisé des termes durs quand vous
avez parlé du manufacturier, vous avez
dit : C'est en décrépitude. Eh bien, justement, c'est pour ça qu'il faut
que l'on intervienne, particulièrement.
Le néolibéralisme voudrait qu'on n'intervienne pas du tout. Le néolibéralisme
voudrait qu'Investissement Québec
n'existe pas. Le néolibéralisme voudrait que le 8 milliards de dollars qui
est présentement sous la gestion d'Investissement Québec n'existe pas.
Or, ce n'est pas le cas. On ne peut pas appeler ça un gouvernement néolibéral
quand on a 8 milliards de dollars qui sont sous la direction
d'Investissement Québec.
Pourquoi l'investissement particulier au niveau
du manufacturier? Parce que ça représente 14 % du PIB, mais, au-delà même du 14 % de PIB, on parle
de 10 000 entreprises, on parle de 450 000 emplois dans ce
domaine. Et investir dans le
manufacturier, c'est investir dans la production de biens qui, à terme, sont
exportés. Et vous savez comme moi que
nous sommes une société exportatrice. Lorsqu'on se compare, on a un PIB
d'environ... je ne pense pas trop me tromper
en disant d'environ 300 milliards de dollars, et là-dessus 25 % de ce
PIB là est exporté. Alors, les exportations sont réellement
fondamentales. Mais, pour nous assurer de cette croissance de nos exportations,
il faut quelque part que nos entreprises soient compétitives, et c'est la
raison pour laquelle le manufacturier innovant va être au coeur de la stratégie
gouvernementale.
Vous avez
parlé des investissements. Une des choses que nous voulons faire, que nous
avons commencé à faire, notamment
bien avant mon arrivée, avec l'arrivée de Pierre Gabriel Côté chez
Investissement Québec, c'est de commencer à transformer l'organisation
qu'est Investissement Québec et être plus présents sur le terrain, répondre
davantage aux besoins des entreprises,
aller... trouver, en fait, des entreprises qui ont des projets innovants que
l'on veut mettre de l'avant. Et c'est ce que nous comptons faire par la
suite avec les différentes initiatives.
Mais M. le
Président me fait signe, et je ne veux pas qu'on me dise que je suis une
conteuse non plus, donc je vais m'arrêter là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Bon. M. le député de Sanguinet, allez-y.
M. Therrien :
Moi, j'aimerais plus que vous répondiez à mes questions que vous contiez des
histoires, là, pour vrai, là. Quand
vous dites : Néolibéralisme... Écoutez, là, je peux concevoir, là, qu'un
gouvernement qui arrive en 2014 puis qui n'a pas promis les coupures qu'il a faites, il ne peut pas arriver puis
scraper Investissement Québec de 9 milliards, il ne peut pas scraper l'intervention de l'État du début à la
fin. Sauf que, si on regarde le néolibéralisme que vous avez appliqué,
là, depuis deux ans, bien, c'est quoi? C'est des coupures, c'est des
diminutions de 10,1 % dans la mission économique, c'est une austérité, c'est des coupures en santé, c'est des coupures en
éducation, c'est les coupures de CPE puis c'est une ouverture dans le privé. Vous êtes bien partis,
mais vous le savez que ces petits pas... Comme disait Confucius : Le
plus grand des voyages commence toujours par un petit pas. Mais vous en avez
franchi plusieurs, petits pas, en direction de l'austérité et du
néolibéralisme.
Moi,
j'aimerais, Mme la ministre, que vous répondiez
à ma question. Moins 10,2 %, c'est quoi, les coupures,
pour qu'on arrive à moins 10,2 %? Parce que, là, je n'ai pas pris les
chiffres, là, n'importe où, là.
• (15 h 30) •
Mme Anglade : Excusez-moi. Est-ce
que...
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, Mme la ministre.
M.
Therrien : Oui,
allez-y.
Mme
Anglade : Oui. Non, mais
c'est juste pour clarifier. La source du 10,2 % de réduction, c'est quoi?
Parce que, lorsque je regarde les chiffres, ce n'est pas ça qu'on a.
Alors, on veut juste comprendre, on va parler de la même chose.
M.
Therrien : Bien oui. Le rapport mensuel des opérations
financières au 31 décembre 2015, Finances Québec, puis c'est écrit que les missions économie et environnement, c'est moins 10,2 %. Moi, je veux savoir qu'est-ce que vous avez coupé à
10,2 %. C'est ça, ma question.
Mme
Anglade : Dans le budget,
pour cette année, le ministère, c'est plus que 10 % d'augmentation. Alors, c'est juste ça que j'essaie de comprendre.
En fait, quand vous regardez les chiffres, en
matière économie vous verrez qu'il y a une augmentation tant l'année
dernière que cette année au niveau des budgets. Donc, c'est pour ça que je ne
sais pas où on regarde précisément.
M.
Therrien : Bien,
écoutez, je vais vous aider, là.
Mme Anglade : Oui, aidez-nous.
M.
Therrien : Dépenses
du fonds général, économie et environnement, là, on est passé de
3,9 milliards à 3,5 milliards, moins 10 %.
Mme
Anglade : Économie et environnement, vous dites?
M.
Therrien :
Économie et environnement. Je veux juste savoir c'est quoi, là, qu'est-ce qu'on
a coupé.
Le Président (M.
Cousineau) : Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, je vais demander à mon équipe de regarder les
chiffres. Ce que je peux vous dire, c'est que dans le budget du...
Pardon?
M.
Therrien : Excusez-moi, je veux juste vous relire le titre
du document pour que ça vous aide à trouver, là : rapport mensuel
des opérations financières, volume 10, numéro 8, Finances Québec.
Juste pour vous aider, là.
Le Président (M.
Cousineau) : Vous êtes à quelle page?
Des voix :
...
M.
Therrien : On peut attendre, là, regardez, on peut discuter
d'autre chose, puis ensuite on reviendra quand la réponse sera arrivée.
Mme
Anglade : Parfait. Bien, alors, je vais les laisser chercher
spécifiquement pour faire la comparaison qui est nécessaire à la
discussion. Mais le...
M.
Therrien :
O.K., ça va, ça va. On est ici pour un bout de temps, là.
Le
Président (M. Cousineau) : Il faut faire attention pour ne pas
parler en même temps, là, parce qu'on enregistre en même temps. Donc,
faites attention à cela, s'il vous plaît.
M.
Therrien :
Oui, je suis d'accord.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet... ou Mme la ministre.
Mme Anglade :
Bien, alors, juste par rapport aux investissements, il est évident que notre
souhait, c'est qu'il y ait davantage
d'investissement, d'investissement privé. Pour qu'il y ait davantage
d'investissement privé, il faut qu'il y
ait des actions très concrètes qui soient prises pour aller stimuler cet
investissement-là, c'est pour ça que, nous, ce que nous voulons faire,
en faisant du manufacturier innovant un pilier, c'est de nous assurer d'aller
rencontrer les entreprises, d'encourager les investissements, tirer sur
certains projets. Parfois, une entreprise va dire : Je veux investir
5 millions dans un projet, mais la
bonne réponse à la question, c'est : Je veux faire 10 millions
d'investissement, parce qu'il faut aller faire 10 millions d'investissement pour aller chercher quelque
chose d'encore plus innovant. Et c'est ce que nous voulons faire dans l'encadrement des entreprises avec
Investissement Québec. Donc, notre objectif, c'est justement d'aller
stimuler ces investissements-là et de répondre aux enjeux que nous avons en
matière de manufacturier.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Moi, écoutez, je regarde le budget, là, ministère
des Finances, c'est écrit là-dedans, là : Croissance économique des... croissance des investissements,
zéro. Zéro. Ça veut dire que, là, tout ce que vous me dites, là, ça va
amener 0 % de croissance. Et ça, c'est dans le meilleur des cas, en
supposant que vous ne vous trompez pas comme d'habitude,
vous ne surestimez pas vos évaluations des investissements. Ça veut dire
qu'après tout ce que vous me dites, là, le ministre des Finances vous dit : Écoutez, on vous aime bien, là,
à l'Économie, mais ça va être zéro de croissance des investissements. Ce
n'est pas un aveu de défaite en partant, de votre ministère? Il prévoit zéro.
Moi, à votre place, je dirais : Oh boy! Je te dis qu'il me fait confiance,
c'est effrayant!
Une voix :
M. le Président, est-ce qu'on peut s'adresser à la présidence?
Le Président (M.
Cousineau) : Bien là, ça fonctionne quand même relativement
bien...
M.
Therrien :
Je ne manque pas de respect, là, je parle...
Le
Président (M. Cousineau) : Non, non, s'il vous plaît. Ça
fonctionne relativement bien. Si je m'aperçois, à un moment donné, que
ça dérape, je pourrai intervenir. Pour l'instant, là, ça va aller. Mme la
ministre.
Mme
Anglade : Sur le point du... Sur les chiffres dont vous parliez tout à
l'heure, qu'ils sont en train de regarder, on parle bien du ministère de l'Économie, de la Science et de
l'Innovation, c'est à ça que vous faites référence quand vous parlez des
réductions?
M.
Therrien : Mission
économique et environnement.
Mme
Anglade : Mais il y a «environnement» là-dedans. Alors, je ne sais pas
si...
M.
Therrien :
Bien là, si vous me dites qu'environnement, ce n'est pas assez important, vous
coupez 10 %, on est en voiture.
Mme Anglade :
Non, non, ce n'est pas ce que je dis du tout. Non, non.
M.
Therrien :
O.K., j'espère, parce que, là...
Mme Anglade :
Ce que je dis, c'est qu'on est ici au niveau du ministère de l'Économie, de la
Science et de l'Innovation, et, par conséquent, lorsque vous parlez des
crédits, nous, on parle des crédits de ce ministère-là. Alors, je ne sais pas
si vous parlez de crédits d'autres ministères, qui sont tout aussi
importants... Vous parlez de l'éducation, de la santé, puis ça me plaît bien de
parler de toutes sortes de sujets, mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui ça
porte sur le ministère de l'Économie, des Sciences et de l'Innovation.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député.
M.
Therrien :
Oui, oui. Merci, M. le Président. Mais là c'est parce que moi, j'utilise le
rapport mensuel des opérations financières,
là, je n'ai pas sorti un lapin de mon chapeau, là. Puis je regarde les chiffres
puis... moi, je regarde ça, puis je
m'interroge, puis je me dis : Bien, la ministre, elle, elle est censée
pouvoir me donner des réponses précises sur des chiffres qui sont
véridiques, c'est le gouvernement du Québec. Je veux savoir, moins 10 %...
Là, vous me dites : Ah! l'environnement
est là-dedans. Bon, bien, O.K. Si l'environnement est là-dedans, ça veut dire
qu'il y a des coupures à l'Environnement et à l'Économie, à moins, tu
sais, je veux dire, je sais les maths un peu... à moins que tu aies des augmentations de 5 % en environnement puis
une diminution de 15 % en économie. Moi, je veux savoir, là, c'est
quoi, la diminution de 10,2 %, en
supposant, là, que c'est réparti équitablement avec l'Environnement, ce qui
serait étonnant parce qu'Environnement, c'est quand même un ministère
important, là.
Le Président (M.
Cousineau) : On va laisser la ministre répondre, M. le député
de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui, oui, je vais la laisser répondre.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, je regarde les différents chiffres, qui sont des
documents du Conseil du trésor, et ce que l'on constate : dans le budget des dépenses de 2015-2016, si on
additionne tous les montants, on tombe à 767 millions de dollars. Si on regarde la même colonne pour
2016-2017, on additionne l'ensemble des chiffres, on tombe à
809 millions de dollars.
Alors,
je veux bien, peut-être qu'on pourrait... si vous voulez regarder les chiffres
que l'on a versus les vôtres, mais c'est ce que j'ai ici. Donc, je ne
vois pas de diminution.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député.
M.
Therrien : En tout respect, Mme la ministre, je pense que
vous êtes un peu mélangée dans vos chiffres. Vous me donnez la croissance de 2016-2017 dans le
budget d'aujourd'hui. Moi, je vous parle d'augmentation de 2014-2015, d'avril à décembre, et de 2015-2016. Si je compare
les deux périodes, bien, on s'aperçoit que c'est moins 10,2 %. Ça,
ça veut dire que... Et c'est comparé d'avril
à décembre, de 2014-2015 et de 2015-2016, soit la croissance des dépenses
de l'année passée, de 2015-2016, qui a fini le 31 décembre.
Bon,
là, moi, ce que je m'aperçois, c'est que vous n'avez pas de réponse à ça. Là,
écoutez, moi, je veux bien qu'on continue
là-dessus, mais je pense que... Moi, dans mon cas, pas de réponse, c'est une
réponse. J'aimerais passer à autre chose, là, parce que, là, décidément,
on ne s'entend pas, là.
Le Président (M.
Cousineau) : Allez-y, passez à autre chose. Bien, peut-être...
Oui, vous voulez... Allez-y, Mme la ministre.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, je pense qu'il faut comparer des pommes avec
des pommes. Non, mais écoutez... Non, mais j'essaie de répondre à la
question.
Une voix :
...
Le
Président (M. Cousineau) : Un instant, là. Faites attention de
ne pas parler en même temps, allez-y doucement, sinon...
M.
Therrien :
...
Le Président (M. Cousineau) :
Non, non, mais je comprends, M. le député de Sanguinet...
M.
Therrien : ...
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet...
M.
Therrien : Non, non, mais je ne suis pas un gars de
troisième année. Des pommes avec des pommes. Voyons!
Le
Président (M. Cousineau) : Non, je comprends, là, mais...
Écoutez, ça allait bien. Si vous préférez que ça passe par moi, bien là,
je vais exiger que ça passe par moi.
M.
Therrien : ...passer par vous. Tant qu'à entendre des
affaires de même, j'aime mieux passer par vous, M. le Président, bon.
Le Président (M.
Cousineau) : Bon. Bien, soyez poli, là, puis il faut se calmer
un petit peu.
M.
Therrien :
Je suis très poli, je suis très poli.
Le Président (M.
Cousineau) : Alors, allez-y, Mme la ministre.
Mme
Anglade : M. le député de Sanguinet, nous avons un bon 10 heures
à passer ensemble, alors je vais tâcher de répondre à vos questions, on va s'entendre pour qu'on collabore puis
qu'on essaie de faire avancer le débat. J'essaie de prendre... J'essaie de comprendre d'où viennent
vos chiffres parce que je ne reconnais pas vos chiffres. Alors, ce que
je comprends dans ce que vous faites
aujourd'hui, c'est qu'il y a... Le moins 10 %, le 10,2 % dont vous
parlez, je crois qu'il provient des dépenses du fonds général, il y a
une ligne où vous voyez moins 10,2 % de variation. Est-ce bien ça?
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui, ça se peut que ce soit ça, en effet.
Mme Anglade :
Oui, d'accord. C'est bien ça?
M.
Therrien :
Oui.
Mme
Anglade : Ce document-là, vous voyez en haut, à la ligne plus haut,
c'est écrit «avril à décembre». Avril à décembre n'est pas une année complète, nous, on compare d'année à année,
et c'est la raison pour laquelle on compare des pommes avec des poires. Ce n'est pas une insulte, c'est un terme juste
pour dire qu'on ne compare pas la même chose.
Alors,
si on revient en arrière, quand on compare les budgets, il n'y a pas de
diminution. Le 10,2 %, c'est avril à décembre. Alors, si on veut faire les comparables, comparons les années
entières, voilà la clarification. Et je vais tâcher de répondre le mieux
possible à vos questions mais en regardant les mêmes données. Merci, M. le
Président.
Le Président (M.
Cousineau) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Parfait, parfait. Si on fait une moyenne pondérée, là, d'avril à décembre,
c'est moins 10 %, ça représente le
trois quarts d'une année. Ça veut dire que, si vous voulez renverser la
tendance de janvier à mars, ça prend une croissance des dépenses de 30 % pour arriver. Là, tu sais, je veux
dire, c'est une moyenne pondérée, ce que je fais là, je réfléchis avec une moyenne pondérée. Ça veut dire
que vous me dites que ce n'est pas bon, parce que probablement que janvier, février, mars, ce serait une augmentation
de 30 % des budgets. C'est la seule façon d'arriver à zéro,
techniquement. Si dans les neuf premiers mois... Monsieur, vous êtes un ancien
prof de maths. Si les neuf premiers mois tu as moins 10 %, ça veut dire
que, les trois premiers mois, pour arriver à zéro, tu fais une moyenne
pondérée, c'est plus 30 %.
Là,
vous me dites : On compare les pommes avec des poires. Bien, moi, je...
Écoutez, c'est correct, regarde, on va passer à autre chose. De toute
façon, vous avez donné votre réponse, c'est bien correct, là.
Le Président (M.
Cousineau) : Bien, poursuivez.
• (15 h 40) •
M.
Therrien : Moi, je voudrais parler de ce qui m'intéresse,
parce que, tu sais, quand j'ai dit que vous aviez 1,1 %
d'augmentation du PIB l'année passée, la moitié de l'augmentation, c'est les
exportations, ça vient des exportations, la
moitié. Et ce n'est pas compliqué, hein, vous le savez, vous êtes brillante,
là, vous savez que c'est le taux de change, là, qui a fait en sorte qu'on a exporté davantage. Je pense qu'il n'y a pas
trop de secret là-dessus, puis on ne tombera pas en bas de notre chaise en faisant une analyse comme ça.
Et j'espère et j'imagine que vous n'avez pas d'impact sur le taux de change, là, on s'entend là-dessus aussi. Donc, la
moitié de la croissance économique de l'année passée a été tout
simplement provoquée par un phénomène
externe qui n'est pas dans votre contrôle et qui, heureusement, puis c'est le
fun, je trouve ça le fun, a amené une
croissance économique supplémentaire au Québec. Ça veut dire que, n'eût été de
ça, bien, on aurait eu une croissance de 0,6 %.
Là,
vous me dites : On est axés sur les exportations. Moi, j'en suis, hein?
Moi, quand j'écoute ça, là, je trouve ça génial. Puis je pense que, vos antécédents, là, professionnels, là, vous
étiez tournée là-dessus pas mal, il me semble, là, je trouve ça
intéressant. Et ça, ça augure bien, tu sais, je me dis : Bien, coudon,
elle connaît ça un peu, là.
Le Président (M.
Cousineau) : 30 secondes, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Sauf que, dans votre plan de match, au niveau des dépenses... Je voudrais
peut-être y revenir plus tard, d'abord. Voulez-vous, je vais couper...
Le Président (M. Cousineau) :
Comme vous voulez.
M.
Therrien :
Je vais revenir là-dessus tantôt parce que je sais que vous allez répondre
longuement, parce que vous avez une vaste expérience là-dedans, puis je
veux vous entendre, O.K.? O.K., merci.
Le Président (M. Cousineau) :
Très bien, M. le député de Sanguinet. D'accord, alors nous allons passer maintenant au prochain bloc. J'alloue
20 minutes à un représentant du parti ministériel. Oui, M. le député de
Saint-François.
M.
Hardy : Alors, bonjour, Mme la ministre, M. le Président. Saluer les
collègues qui sont tout autour de la table, du côté ministériel comme du
côté de l'opposition.
Moi, M. le
Président, je vais entretenir Mme la ministre sur les sièges sociaux et les
acquisitions d'entreprises québécoises.
En 2014, le
Québec comptait 568 sièges sociaux, dont 96 faisaient partie des 500 plus
grandes entreprises canadiennes. Le
Québec occupe le deuxième rang sur le plan du nombre de sièges sociaux au
Canada, soit 20 %. Cette part
est comparable à son poids économique, mais l'Ontario détient le premier rang.
Pour la même année, les sièges sociaux étaient responsables de
52 072 emplois directs au Québec. Avec 92 emplois en moyenne par
siège social, le Québec devance l'Ontario,
qui en a 87, et le Canada, 83 emplois. En 2014, les activités des sièges
sociaux contribuaient à 0,73 % du PIB du Québec, soit plus de
2,3 milliards de dollars. Les retombées économiques chez les fournisseurs
liées aux activités des sièges sociaux au
Québec sont estimées à plus de 700 millions et près de
2 100 empois en 2014. Toujours en 2014, la rémunération
annuelle moyenne des emplois dans les sièges sociaux était de
61 340 $, comparativement à 44 324 $ en moyenne au Québec.
Entre 2000 et 2016, on compte plus d'une
vingtaine d'entreprises québécoises d'importance acquises par des intérêts hors Québec. La récente transaction du
rachat de RONA par Lowe's Canada et la vente de St-Hubert à l'entreprise
canadienne Cara ont cependant ravivé une
certaine inquiétude au sein de la population. L'opposition, faisant preuve
de populisme économique, a tenté de nous faire croire que le Québec est
assiégé.
On a eu une
analyse des recommandations du rapport du groupe de travail. Dans son rapport
publié en 2014, le Groupe de travail sur la protection des entreprises
québécoises a émis neuf recommandations de nature législative, réglementaire et
fiscale visant à favoriser l'attraction et la rétention des sièges sociaux au
Québec.
Dans son plan budgétaire 2014-2015, le
ministre des Finances annonçait que, tout en considérant les facteurs
stratégiques identifiés par le groupe de travail pour faire du Québec un
endroit attirant pour les sièges sociaux, le gouvernement
entend d'abord recevoir les commentaires du milieu des affaires et financier
afin d'évaluer l'opportunité d'adopter
les mesures proposées, notamment les modifications législatives concernant la
Loi sur les sociétés par actions et la Loi sur les valeurs mobilières. À
la demande du ministre des Finances, M. Mario Albert, qui a été
président-directeur général de l'AMF et
d'Investissement Québec, et maintenant de Finance Montréal, a été chargé
d'entamer le processus de consultation
sur les recommandations du rapport Séguin. Après analyse, il appert que les
changements recommandés par le
rapport n'accorderaient que peu ou pas de protection aux entreprises publiques
québécoises existantes en cas d'OPA hostile — l'OPA, pour les gens qui nous écoutent, c'est
l'offre publique d'achat — et qu'ils risqueraient d'affecter négativement
la valeur des entreprises québécoises et de réduire leur accès au capital, et ainsi
singulariseraient, en quelque sorte,
le Québec dans l'espace économique canadien. Face aux
risques qu'une entreprise québécoise d'importance fasse l'objet d'une OPA hostile, l'analyse permet
d'établir que les sociétés qui souhaitent se mettre à l'abri peuvent déjà utiliser certains mécanismes existants, notamment avec des actions multivotantes, et que le Fonds
du développement économique et d'Investissement
Québec sont en mesure de mobiliser rapidement
des ressources financières majeures pour assurer le
maintien et le développement des sièges sociaux au Québec.
Récemment,
certains observateurs des marchés financiers ont tenté de faire un
rapprochement entre la vente du Cirque
du Soleil, de RONA et de St-Hubert à des intérêts hors Québec
et la recommandation du groupe de travail. Or, dans ces cas précis, la transaction était
souhaitée par toutes les parties, et les recommandations du groupe de
travail relatives aux OPA hostiles n'auraient pas pu trouver application.
Il convient
de souligner qu'en septembre 2015 l'AMF et les autres autorités
canadiennes en matière de valeurs mobilières
ont fait l'annonce de la mise en place prochaine d'un régime d'offres publiques
d'achat harmonisé, qui aurait notamment pour effet de donner plus de temps aux conseils
d'administration afin que ceux-ci soient en mesure de trouver des
solutions alternatives à une vente à l'initiateur d'une OPA hostile, rendant
ainsi plus complexe l'acquisition des entreprises canadiennes par ce moyen.
De plus, le gouvernement entend continuer ses efforts afin de mettre en place un environnement socioéconomique favorable aux
sièges sociaux. Dans le budget du Québec 2014-2015, la mise à jour économique
de décembre 2014 et le budget
du Québec 2015-2016, le gouvernement a annoncé diverses mesures permettant d'améliorer
la compétitivité de l'environnement
fiscal du Québec, ce qui devrait favoriser la rétention et
l'attraction des sièges sociaux, par des gestes en faveur d'une
réduction du fardeau fiscal pour les sociétés et assurant la stabilité du
régime fiscal, par la politique gouvernementale sur l'allègement réglementaire et administratif et la mise sur pied
du Comité conseil sur l'allègement réglementaire et administratif.
La
politique gouvernementale sur l'allègement réglementaire et administratif
adoptée par décret en janvier 2014 vise à s'assurer que les coûts, pour les entreprises, liés à l'adoption
des normes de nature législative ou réglementaire sont réduits à l'essentiel requis. Le développement des
nouvelles normes doit s'inspirer de 10 principes de bonne
réglementation. Tous les projets de
réglementation qui ont un impact sur les entreprises ou qui les concernent
doivent faire l'objet d'une analyse
d'impact réglementaire. Les analyses d'impact réglementaire produites par les
ministères et organismes doivent être publiées systématiquement et
rendues accessibles sur les sites Internet des MO concernés.
Une clause
PME stipule que le fardeau des exigences réglementaires et administratives des
nouvelles normes doit être modulé en
fonction de la taille des entreprises. Une clause vise à s'assurer que les
exigences adoptées par le Québec ne sont pas plus restrictives que
celles de ses principaux partenaires commerciaux. Les MO concernés doivent
élaborer un mécanisme de révision des normes selon leurs spécificités.
Si on parle
du cas précis de St-Hubert, nous avons été proactifs, Investissement Québec
était en discussion avec M. Léger
depuis plusieurs mois. Nous comprenons également qu'il y a eu des discussions
au niveau de la Caisse de dépôt et placement.
Il est évident que, dans un scénario idéal, St-Hubert aurait été racheté par un
entrepreneur québécois. Ceci étant dit, nous n'avons jamais eu
l'occasion de faire une contre-offre, et la décision finale appartient au
président de l'entreprise.
La coalition CAQ-PQ essaie de nous faire croire
que nous sommes assiégés. Ils devraient prendre la peine de s'informer. Les entreprises québécoises sont
davantage des prédateurs que des proies, comme le faisait valoir l'étude
de KPMG. Selon les statistiques encore plus récentes, du
1er janvier 2010 au 24 février 2016, 258 transactions
où des intérêts québécois ont fait des
acquisitions à l'étranger, versus 85 transactions où des intérêts
étrangers ont fait acquisition d'entreprises québécoises. La valeur
moyenne de ces transactions, dont les montants ont été révélés, est également à
l'avantage du Québec, soit 500 millions
versus 400 millions. L'opposition fait du développement économique d'une
autre époque, je pense.
Donc, M. le Président, ça m'amène à poser la
question à Mme la ministre, c'est une question probablement à deux volets : Est-ce important pour vous, Mme
la ministre, les sièges sociaux? Et que pouvons-nous faire pour en
retenir et en attirer davantage chez nous?
• (15 h 50) •
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme
Anglade : Alors, je remercie le collègue pour son introduction et pour
sa question. Il est évident que les sièges sociaux jouent un rôle fondamental
dans notre économie. Pourquoi est-ce que les sièges sociaux jouent un rôle fondamental? C'est parce que des décisions
stratégiques importantes sont souvent prises au sein de sièges sociaux, et
c'est la raison pour laquelle les sociétés, en général, aiment bien garder
leurs sièges sociaux.
J'élargirais
un peu la définition de sièges sociaux en parlant de centres de décision
mondiaux également. Pourquoi? Parce qu'il y a des compagnies qui sont
installées ici qui ont un nombre d'employés extrêmement important et ont développé des domaines d'expertise très novateurs
et qui font en sorte qu'ils font rayonner le Québec. On peut penser, par
exemple, à des compagnies qui ne sont pas de
propriété québécoise, comme Pratt & Whitney,
comme Ericsson, comme Ubisoft, mais
qui ont un impact considérable dans l'économie québécoise. Et en fait, souvent, ce que l'on remarque,
c'est que ces sociétés étrangères qui sont
installées chez nous avec des sièges sociaux décisionnels — on
ne peut pas appeler ça un siège social en tant que tel, mais c'est vraiment
des centres décisionnels mondiaux — font en sorte de faire
croître l'économie québécoise de manière importante. Donc, lorsqu'on considère
la question des sièges sociaux dans son entièreté,
je crois qu'il serait pertinent d'inclure, justement, ces centres de décisions
mondiaux. Et évidemment qu'on veut en avoir plus, le plus possible, et
on veut s'assurer, dans la mesure du possible, qu'ils restent ici.
La réalité
est que nous vivons dans une économie ouverte et qu'il va y avoir des moments
où des entreprises de chez nous vont
vouloir aller à l'étranger acquérir d'autres entreprises et que l'inverse va se
produire également. Nous, ce que l'on
veut, c'est, le plus possible, que les Québécois soient... renforcent leur
économie avec les entreprises ici et puissent aller vers l'extérieur.
Mais on a
tendance à penser, comme vous le disiez si bien, qu'on est un peu assiégés ici,
au Québec, dans la mesure où on a
beaucoup d'entreprises qui viennent acheter chez nous et pas l'inverse.
Pourtant, ce que l'on constate, c'est que les Québécois sont d'abord et avant tout des prédateurs, «prédateurs»
voulant dire qu'ils vont à l'étranger et qu'ils veulent acheter des
entreprises. Évidemment, on parle souvent de Couche-Tard, mais il y a aussi la
caisse, il y a aussi WSP, il y a aussi
Cogeco, il y a aussi CGI, il y a aussi Saputo, il y a différents exemples de
fleurons que nous avons qui vont à l'étranger
et qui achètent des entreprises, mais on en parle peu. Personne ne parle de
l'acquisition qui a été faite par Pages Jaunes d'une société canadienne il y a quelques semaines, personne ne
parle des transactions récentes de Couche-Tard parce que, dans le fond, ça passe un peu sous le radar,
alors que, lorsqu'on vient acquérir une entreprise ici, c'est sûr qu'il
y a un élément émotif, qui se comprend très
bien, parce qu'on a développé un certain sentiment, un certain lien avec nos
entreprises.
Si on prend,
par exemple, le cas de St-Hubert, bien, moi, quand je suis née, il y avait des
St-Hubert, hein, puis on se souvient
tous d'être allés chez St-Hubert, d'avoir même amené nos... mes parents m'ont
amenée chez St-Hubert, puis j'amène
mes enfants chez St-Hubert. La réalité, c'est qu'il y a un attachement émotif,
et qu'il faut évidemment prendre en compte.
Dans le cas de St-Hubert, il reste que c'est une
décision d'un homme d'affaires qui a décidé de vendre à une entreprise privée, puis c'était sa décision. Et,
nous, ce qu'il est important que nous fassions, c'est que nous soyons là
pour accompagner les entreprises, c'est que nous soyons là pour dire :
Écoutez, si vous avez besoin d'aide, on va répondre présent. Et, dans le cas qui nous occupe, effectivement il y a eu des
discussions notamment avec Investissement Québec pour dire : Écoutez, si vous êtes intéressé à assurer une
transition, un transfert de société, prendre votre retraite, nous, on peut jouer un rôle, on
peut vous accompagner là-dedans. Encore faut-il que le président veuille se
faire accompagner et veuille de cette option-là. Alors, évidemment, ce
ne sera pas toujours une fin que l'on aurait souhaitée.
Mais
il faut se rendre compte d'une chose. Tout à l'heure, je disais que les
Québécois sont davantage des prédateurs que des proies. Depuis 2010, il y a eu 258 transactions qui ont
impliqué des sociétés québécoises à l'extérieur du Québec. Inversement, il y a eu 85 transactions de
sociétés extérieures au Québec qui sont venues acheter des sociétés
québécoises. Donc, nous sommes largement des
prédateurs. Et, lorsqu'on compare la valeur des transactions, là encore, nous
sommes gagnants.
Ce
qui est vraiment important, à mon avis, lorsque l'on parle de sièges sociaux,
sont deux éléments. Le premier, c'est
que, lorsqu'on regarde l'ensemble des transactions qui ont eu lieu dans les
dernières années, 2 % des transactions étaient réellement des
transactions hostiles. Lorsqu'il y a une transaction hostile, on veut être
présents, on veut dire à la personne qui n'a
pas envie de se faire acheter qu'on va intervenir, qu'on va être à ses côtés.
Ça s'est produit dans le cas de RONA
à l'époque où l'offre de Lowe's n'était pas une offre souhaitée ou souhaitable
par la direction de RONA, et là, effectivement,
le ministre des Finances de l'époque s'est particulièrement impliqué,
M. Bachand, pour essayer de voir de quelle manière on pouvait
intervenir. Alors, pour 2 % des hostilités, encore une fois, nous allons
répondre présents.
L'autre
volet qui est aussi important, c'est évidemment d'assurer la pérennité des organisations à travers
la relève entrepreneuriale. Nous
avons au Québec, dans le secteur privé, peut-être
210 000 entreprises. Si on enlève les entreprises qui ont
moins de cinq employés, peut-être qu'on est rendus à 100 000, 90 000,
100 000. La réalité, c'est que, dans les prochaines
années, au moins 50 000 entreprises vont devoir passer la main.
Alors, ce qu'il faut, c'est créer une adéquation pour assurer le
transfert d'entreprise d'une génération à l'autre.
En
décembre dernier a été créé le centre de transfert pour les entreprises du
Québec. La raison de la création de ce centre,
c'est pour assurer une meilleure transition entre des gens qui ont des
entreprises à vendre et qui n'ont pas de relève et des gens qui ont envie de prendre la relève, justement... Et on
constate qu'il y a beaucoup de personnes... en fait, il y a beaucoup de
personnes très motivées, très emballées, très enthousiastes à l'idée de devenir
entrepreneurs, à l'idée de poursuivre leur
carrière dans un environnement plus entrepreneurial et de reprendre une
entreprise. Inversement, il y a beaucoup de formation, je vous dirais, à
faire pour s'assurer que les personnes qui doivent céder leurs entreprises le fassent effectivement. Alors, tout le volet de la
relève entrepreneuriale est extrêmement prioritaire pour nous dans la
mesure où elle va permettre de reprendre les entreprises.
L'autre
élément qui est aussi fondamental, c'est qu'au-delà de la reprise d'entreprise
il nous faut créer le nouveau CGI, il
nous faut créer le nouveau Saputo, il nous faut le prochain Cirque du Soleil,
enfin toutes sortes d'entreprises qu'il nous faut créer, qui n'existaient pas avant et que l'on doit mettre...
on va s'assurer de faire croître. Et là-dessus on a un défi d'accompagnement qui est extrêmement
important, on en est très conscients, et c'est la raison pour laquelle on travaille activement avec
Investissement Québec, avec le ministère pour nous assurer de mener ces
initiatives à terme et de s'assurer qu'on réponde à ces objectifs-là.
L'autre élément et le
dernier peut-être avant de conclure là-dessus : lorsque l'on parle de
centres de décision mondiaux, il faut
également aider le président de l'entreprise local, le président Canada ou le
président d'une des filiales étrangères
ici à se vendre auprès du siège social, à vendre la valeur du marché du Québec,
à vendre la main-d'oeuvre, à vendre les coûts, à vendre l'idée de venir
s'installer au Québec comme étant une idée payante pour l'entreprise. Et un exemple de ça, c'est certainement Bridgestone, à
Joliette, parce qu'ils avaient l'opportunité d'aller dans plusieurs
endroits au niveau international. Or, ils ont décidé de choisir le Québec.
Pourquoi? Parce qu'on a outillé également la personne qui était là, on a essayé
de l'accompagner du mieux qu'on a pu, parce que la personne était également...
le président d'entreprise était très
volontaire, volontaire, avait beaucoup
d'initiative. Mais plus on se tient debout ensemble, plus on accompagne nos leaders, plus ils sont capables de
présenter une image unie et de convaincre la maison mère d'investir, également.
Mais
ça, c'est un autre exercice qu'il nous faut continuer à faire. Donc, c'est
différents volets qu'il nous faut regarder. Et vous avez bien raison de
poser cette question, cher collègue. Merci, M. le Président.
• (16 heures) •
Le Président
(M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Oui, il nous
reste une minute.
Une voix :
...
Le Président
(M. Cousineau) : Pardon?
Une voix :
...
Le Président
(M. Cousineau) : Bien, absolument, absolument. Donc, on va
transférer...
Mme Anglade :
Je peux continuer?
Le Président
(M. Cousineau) : Oui, vous voulez terminer la minute?
Allez-y, madame.
Mme Anglade :
Non, non, bien, je peux...
Le Président
(M. Cousineau) : Allez-y, Mme la ministre.
Mme Anglade : Ah!
bien oui, bien, écoutez, si... Mais, toujours sur les transferts et les sièges
sociaux, je dirais la chose suivante,
c'est qu'à plusieurs reprises on nous a dit à quel point l'accompagnement des
gens pour les sociétés mères était important. Donc, il y a un volet
là-dedans qu'il va falloir aussi renforcer.
Et
il faut se rendre compte à quel point nous sommes en compétition partout à
travers le monde, que tout le monde cherche
à attirer des sièges sociaux. Tout le monde cherche à être très présent dans ce
secteur-là. Et ce qu'il nous faut, c'est vraiment être à l'affût des opportunités, être efficaces dans nos
approches que l'on a par rapport aux sièges sociaux et ne pas perdre de vue que cette veille que l'on fait est extrêmement
stratégique et nécessaire. Et il faut que l'on continue à renforcer la
veille que nous faisons avec des données aussi pour pouvoir aller chercher des
entreprises en Europe, chercher des entreprises
aux États-Unis et assurer la vente, entre guillemets, du Québec d'un point de
vue image, pas la vente d'actif par contre, parce qu'on veut qu'ils
viennent ici. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Alors,
nous allons passer au deuxième groupe d'opposition.
M. le député de Johnson, qui est porte-parole en matière d'économie,
d'innovation et de science, vous aviez 21 minutes, M. le député, je
vous ajoute deux minutes de votre cinq minutes de vos remarques préliminaires,
donc on vous donne 23 minutes.
M. Lamontagne :
Merci beaucoup, M. le Président. Mme la ministre, les sièges sociaux, on va y
revenir. Dans un premier temps, le défi qu'on a au Québec... Tantôt,
quand vous disiez, là : On a deux défis importants au Québec, il y a le taux d'emploi puis il y a la productivité,
en réalité le défi du Québec, là, cette petite nation là de 8 millions,
là, qui est sur un déclin tranquille depuis
des années... Si on regarde tous les indicateurs, tous les chiffres, là, on
peut les regarder de toutes les
façons, on a eu de la misère depuis 20, 30 ans à tirer notre épingle du
jeu d'une façon comparable à nos pairs un petit peu partout, là, dans l'ensemble économique industriel, là,
mondial ou nord-américain. Bon. Alors, le défi qu'on a, ce n'est pas seulement de faire un peu mieux, ce
n'est pas seulement d'essayer de battre ce qu'on a fait l'année passée.
Tu sais, l'an passé, on a réussi 0,9 %.
Bien là, cette année, si on réussit à faire 1,1 %, tu sais, on va avoir
bien, bien réussi, on va avoir fait nos devoirs.
Pour
la pérennité de notre économie, pour la pérennité de nos services, il ne faut
pas juste qu'on soit bons, il va falloir
qu'on soit excellents. Il va falloir qu'on devienne un modèle dans le monde. À
un moment donné, il va falloir qu'il y
ait des gens, là, dans un certain nombre d'années, qui regardent puis qui
pointent vers le Québec : Allons voir qu'est-ce qu'ils ont fait, ces gens-là, pour transformer ce
qui était une espèce de petit train, pout! pout!, puis qui s'en allait
tranquille en descendant tranquillement, pour devenir un modèle dans le monde.
Il
y a quelques mois, Montréal est nommée, je pense, 20e dans les 20 villes
de start-up au monde, et tout ça. Le lendemain
ou le surlendemain, j'écoute aux nouvelles ou je lis un texte, c'est un de nos
jeunes entrepreneurs émérites du Québec
qui dit : Bien, écoute, on a été nommés 20es, c'est bien beau, que
c'est qu'on va faire pour être les 10es? Ça, c'est cette
mentalité-là qu'il faut qu'on développe au Québec.
Puis,
si on regarde tous nos indicateurs, on regarde tout ce qu'on fait, puis qu'on
se projette dans le temps, puis qu'on
a une petite variation, là, de 0,1 %, 0,2 % puis 0,3 %, avec les
contraintes qu'on a au niveau de notre population, on a notre démographie, les services qu'on s'offre, ça
va être un échec. Quand on contemple le budget qui a été déposé, là, par
votre collègue le 17 mars, on regarde
ses prévisions sur cinq ans... Je prie le bon Dieu presque à tous les soirs
pour que vous puissiez battre ça.
Parce que, si c'est ça qui se passe pour vrai, ça ne sera pas le fun, Mme la
ministre, ça ne sera vraiment pas le fun.
Ça
fait que tout ça pour nous amener à parler d'Investissement Québec. L'an passé,
on a parlé avec M. Côté à la toute fin, alors cette année on va
commencer avec vous. On va pouvoir vous libérer après ça — si
c'est correct avec vous, Mme la ministre.
Dans ce contexte-là,
aujourd'hui vous déposez un plan stratégique. Ça fait un an et quelques mois
que vous êtes en poste. Puis, dans l'optique où je mentionne à la ministre que,
si, quand on se projette dans le futur, le meilleur scénario qu'on peut projeter, c'est juste de faire une petite
différence, on va échouer. Peut-être qu'on va avoir du plaisir à l'essayer dans
le parcours, mais, quand on va arriver à destination, on va avoir échoué.
Ça
fait que, quand je regarde, mettons, les investissements privés qu'on
va chercher à l'étranger, les investissements privés qu'on a au Québec, c'est certain qu'Investissement Québec, c'est
un véhicule important pour amener de l'investissement au Québec.
On regarde les efforts que vous déployez, c'est des milliers de sociétés
que vous sollicitez, c'est un certain nombre
de projets qu'on réussit à conclure. Mais, quand on regarde les projections
qu'on a... O.K., je ne connais pas les résultats au
31 mars. Avez-vous les résultats au 31 mars?
Une voix :
...
M. Lamontagne :
Pas du tout? On n'a même pas une petite idée, à peu près, préliminaire?
M. Côté
(Pierre Gabriel) : On a une idée préliminaire de faire...
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Johnson, là, vous vous
adressez à M. Côté?
M. Lamontagne :
Oh! Excusez-moi, M. le Président. C'est bon. Oui.
Le Président (M. Cousineau) :
C'est parce que, pour les fins d'enregistrement, ce serait intéressant, là, que
ça passe par moi.
M. Lamontagne :
Oui, oui.
Le
Président (M. Cousineau) : Lorsque c'est avec la ministre, ça va, là, on a le contrôle, mais là vous
voulez que M. Côté vous réponde?
M. Lamontagne :
Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Cousineau) :
Bon. Alors, M. Côté...
M. Lamontagne : Juste, vite, si on a un chiffre préliminaire pour
2015‑2016. Parce que, là, on repart avec des prévisions pour 2016-2017 puis on a comme une
année, là, qu'on ne sait pas du tout où on était. On a-tu une petite idée, par
rapport à 2014-2015, qu'est-ce qu'on a réussi ou...
Le Président
(M. Cousineau) : M. Côté.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Oui, M. le député. Les chiffres qui vont être annoncés bientôt, lors du rapport
annuel de juin, vont être passablement les mêmes que ceux de l'année qui s'est
terminée, l'année passée.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Johnson.
M. Lamontagne : O.K. Merci
beaucoup. Alors, quand je regarde vos
prévisions, où on me dit que, pour l'an 1, l'an 2, l'an 3, grosso modo, avec l'application de notre
planification stratégique, avec tous les changements qu'on fait à l'intérieur d'Investissement Québec, ce
nouveau souffle qu'on donne à Investissement
Québec, grosso modo... Ce que
je vois, là : l'an 1,
1 150 000 000 qu'on va générer, d'investissement; l'an 2,
1,2 milliard; puis, l'an 3, 1 250 000 000.
Ça, grosso modo, c'est ça qui est projeté.
Ça veut dire qu'on a une croissance d'à
peu près 50 millions de dollars, par année, d'investissement qu'on va aller chercher
à l'étranger.
Ça,
quand on regarde des chiffres comme ça, c'est sûr que, dans un contexte de
rouler la boîte, faire travailler le monde,
puis tout ça, je veux dire, ça peut être satisfaisant. Mais, avec les défis qu'on
a au Québec, M. le
Président, M. le président d'Investissement
Québec, est-ce que vous trouvez que ces cibles-là sont encourageantes par
rapport à notre capacité à rencontrer les défis qu'on a dans le futur? Moi, je
ne les trouve pas tellement ambitieuses, mais je voudrais avoir votre avis. Vous êtes un homme d'expérience,
trouvez-vous que ça, là, ça va vraiment apporter de l'eau au moulin pour rencontrer les défis qu'on a à rencontrer,
là, pas à battre les chiffres qui sont dans le budget de M. Leitão du
mois de mars, mais à rencontrer les défis qu'on a pour plus tard?
Le Président
(M. Cousineau) : M. Côté.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Oui. La
façon dont ces cibles-là sont établies, c'est un peu avec l'historique. En
même temps, une société
d'État comme la nôtre, qui est, en fait, le bras financier du gouvernement, se doit d'avoir des cibles qui sont
pragmatiques. Le milliard d'investissement étranger prospecté par année de plus, bien, sur
trois ans, c'est 3 milliards de
projets de plus au Québec. Dans ces projets-là, il y en a beaucoup qui vont faire l'objet de
financement en attraction d'entreprises. Il y en a d'autres qui ne
requièrent pas de financement parce que, de par les travaux de bien vendre le Québec, ils s'installent ici de toute façon. Et
c'est dans un contexte aussi de maintenir le niveau d'attraction comme
ça.
Il
y a à peu près une dizaine d'années, il y avait 400 sociétés d'attraction
d'investissement sur la planète, maintenant il y en a 4 000. Donc, on a à compétitionner avec beaucoup de
territoires sur la planète pour attirer les entreprises. Et on a réussi à travers les années à maintenir un niveau,
et on pense qu'on va l'augmenter à travers le temps. Donc, c'est une cible qui est pragmatique. Mais en même temps, le
fait de tenir une croissance qui va nous amener en trois ans
3 milliards d'investissement au Québec,
de sociétés étrangères, dans le contexte, on trouve que c'est une cible qui est
ambitieuse, parce que, partout ailleurs, c'est en décroissance. Nous, on veut
s'assurer de la maintenir et de croître.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Johnson.
• (16 h 10) •
M. Lamontagne :
O.K. Ça fait que, M. le Président, ce que vous me dites, c'est que les valeurs,
les cibles qui sont là, ce
sont des cibles d'augmentation?
M. Côté
(Pierre Gabriel) : C'est des cibles annuelles.
M. Lamontagne :
O.K. Le chiffre de cette année, ça va être quoi?
M. Côté
(Pierre Gabriel) : 1 milliard, grosso modo. 1 milliard de
plus à chaque année.
M. Lamontagne : O.K. O.K., c'est 1 milliard de plus, ce n'est pas 1 milliard additionnel. C'est-à-dire qu'on prend l'année d'avant, puis, si on
fait à peu près la même chose, ça va être le même milliard.
M. Côté (Pierre Gabriel) : Sur
trois ans, c'est 3 milliards de projets projetés, qui est notre cible
d'attraction d'investissement étranger.
M. Lamontagne :
C'est bon. Puis vous me dites que, dans le fond, pour établir ces chiffres-là,
on se base sur l'historique. Alors, il est
plausible, dans la prochaine année, que, si vous faites à peu près la même
sorte de travail avec la même sorte
d'efficacité, avec la même sorte de plan, bien, vous allez faire à peu près les
mêmes chiffres que l'année d'avant, plus ou moins quelques pour cent,
puis, si ça va bien, un petit peu plus. O.K.
Ça fait que
moi, en tout respect, je ne veux pas dire que, là, dans les prochaines années,
on va avoir 3 milliards de plus
d'investissement. Là, j'écoutais ça, je dis : Wow! Il y a de quoi que je
n'ai pas bien lu, là. Je n'ai pas bien lu le plan, là.
M. Côté (Pierre Gabriel) :
C'est la somme des trois.
M. Lamontagne :
Mais je comprends que la somme des trois, ça donne 3 milliards. Comme si
on prend la somme des 10 dernières années, probablement que ça
donne 10 milliards.
M. Côté (Pierre Gabriel) : Non,
c'est...
M. Lamontagne : Bien, en tout
cas, ou 8 ou 6...
M. Côté (Pierre Gabriel) : Je
n'ai pas les chiffres, là, parce que c'était...
M. Lamontagne : Non, non, mais
ce que je veux dire, c'est que, si on prend la somme de tout ça, ça donne des
milliards.
M. Côté (Pierre Gabriel) : Ça a
été en croissance à chaque année.
Le Président (M. Cousineau) :
...pour ne pas parler en même temps, s'il vous plaît.
M. Lamontagne : C'est bon.
Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci. Ça s'adresse...
M. Lamontagne : Si on prend la
somme de...
Une voix : Je m'excuse.
M. Lamontagne : Non, non, c'est
moi aussi... Il y a l'expérience, là-dedans.
Le Président (M. Cousineau) :
Je crois que Mme la ministre avait un complément de réponse aussi, M. le député
de Johnson.
M. Lamontagne : Alors, je vais
laisser Mme la ministre...
Mme Anglade : M. le député de
Johnson, je vous trouve, en fait, assez sympathique, hein? Vous avez parlé
d'ambition, vous avez parlé de transformation, de numérique...
Une voix : ...
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, M. le député de Johnson.
M. Lamontagne : Je veux bien
entendre Mme la ministre, mais par contre c'est en relation avec les
investissements de...
Mme Anglade : Absolument.
M. Lamontagne : Ah! parfait,
excellent.
Mme Anglade : Oui, oui, oui,
absolument.
M. Lamontagne : Parce que,
là... Puis pas de préambule, je n'ai pas beaucoup de temps. Allons au point,
s'il vous plaît.
Mme Anglade : Allons, tout à
fait, directement au point. Lorsque l'on parle d'Investissement Québec pour
l'économie... Parce que vous dites : Voici les cibles d'Investissement
Québec. Puis je sais que vous voulez revenir spécifiquement
à ça, mais je veux juste prendre un pas de recul et dire : Investissement
Québec est un des moyens que nous avons à notre disposition. Un autre
élément qui est fondamental, c'est que nous avons d'autres institutions au Québec qui ont un rôle à jouer, et je pense qu'un
des messages que l'on voulait envoyer aujourd'hui et qu'on va continuer d'envoyer, c'est qu'il
faut assurer une cohérence avec les différents joueurs. Il y a également le
fonds de la FTQ, le FSTQ, il y a la
Caisse de dépôt, il y a d'autres institutions, des banques qui s'impliquent, et
il va falloir qu'on soit capables de créer une cohérence, une vision avec les autres acteurs, les chambres de
commerce, etc., pour assurer cette croissance-là. De un.
De deux,
lorsque l'on parle d'un montant investi de 1 milliard, il faut qu'on fasse
mieux avec les dépenses que l'on fait.
Et une des choses que l'on veut faire par rapport notamment aux manufacturiers
innovants, c'est de se dire : Peut-être que c'est la même somme d'argent, mais elle est investie différemment,
elle est investie plus efficacement, ce qui va nous permettre d'atteindre de meilleures cibles et des
cibles plus ambitieuses. Donc, ce n'est pas juste une histoire de mettre
des sous en plus, c'est de dépenser l'argent
de manière beaucoup plus efficace et beaucoup plus ambitieuse que ce qu'on
a fait par le passé.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Johnson.
M. Lamontagne :
Le point que je faisais, Mme la ministre, ce n'est pas l'idée de mettre des
sous en plus, c'est que, dans le cadre des défis qu'on a, si la
contribution annuelle, ça se chiffre à 4 %, 5 % par année puis c'est
ça qui vient contribuer au pot général, on va manquer de gaz. Ça va en prendre
plus que ça.
Alors, moi, quand j'entends que la prévision
d'Investissement Québec, grosso modo, c'est d'aller chercher 50 millions de plus par année
d'investissement étranger en fonction de l'historique — parce que c'est sûr qu'on travaille avec un historique — bien, moi, c'est sûr que ça m'inquiète, puis
je ne trouve pas ça ambitieux. Ça, c'est un des points que je faisais,
Mme la ministre.
Un autre point que je voudrais amener :
dans les rapports d'Investissement Québec, à chaque année on a les objectifs avec l'intervention que vous faites, on
a un objectif d'emploi. On dit : On a atteint tant d'emplois de créés
puis on a atteint tant d'emplois de
sauvegardés. Bon. Est-ce que c'est possible d'avoir ces objectifs-là au début,
c'est-à-dire : L'an prochain, on
prévoit que le travail qu'on va faire va nous donner tant d'emplois? Puis là,
après ça, on arrive à la fin de l'année
puis on peut regarder un peu... on peut mesurer qu'est-ce qu'on a acquis,
qu'est-ce qu'on a fait, qu'est-ce qu'on a dit, on peut avoir un
historique. Je ne l'ai pas trouvé. Peut-être que je n'ai pas bien cherché.
Mais, en bout
de ligne, moi, de me faire dire à la fin de l'année : On a réussi à faire
ça, je suis content de le savoir, mais,
moi, ce que j'aime avoir des gens autour de moi, dans la vie, avec qui j'ai
travaillé puis avec qui je travaille, bien, au départ on fait un constat, on a une vision, on se fixe des objectifs, on
se met en oeuvre, puis après ça on regarde ce qu'on a fait, puis après ça on essaie de voir si on a bien
fait, si on peut faire mieux. Ça fait que, un : Est-ce qu'il y a des
objectifs qui sont fixés en début? Si oui, quels sont-ils? Sinon, pourquoi?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Côté.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Merci. Des objectifs en termes d'emploi,
historiquement, à Investissement Québec, il n'y en a pas eu. C'était le résultat de fin d'année qui était mesuré
avec une reddition de comptes sur tous les... l'effet des projets qu'on
avait mis en oeuvre, que ce soit l'attraction d'investissement étranger, que ce
soient des projets à notre réseau régional,
etc., on faisait une mesure de ce qui était soutenu et créé. Il n'y a pas eu
dans le passé, et il n'y en a pas non
plus dans le plan, d'objectif sur les emplois, parce que c'est le résultat d'un
paquet de choses qui ne sont pas juste l'effet d'Investissement Québec
mais de la combinaison de plusieurs variables.
Exemple :
on travaille beaucoup en collaboration et en partenariat avec nos partenaires
financiers. Vous voyez aussi dans
notre plan qu'on veut augmenter la participation de nos partenaires financiers
parce qu'on prend qu'on... Nous, il faut avoir un effet catalyseur,
mobilisateur de capitaux. Et nous, souvent, sur 1 $, on veut en avoir un
ou deux qui s'ajoutent à nous pour faire des
projets qui sont encore plus porteurs. Et, l'effet de ça, bien, nous, on le
mesure à la fin avec une table, un
processus qui est vérifié par nos vérificateurs généraux, et c'est ce que vous
trouvez dans nos statistiques de fin d'année à chaque fois.
Mais il n'y a
pas de cible de début d'année parce qu'il y a plein de choses qu'on ne contrôle
pas, dans l'effet de génération des
emplois, comme société d'État. Donc, c'est la façon dont c'est fait depuis
longtemps puis c'est comme ça qu'on
mesure à la fin d'année le résultat, sans avoir de cible, parce qu'on ne
contrôle pas assez les éléments pour être en contrôle de livrer sur ces
objectifs-là.
Le Président (M. Cousineau) :
M. Johnson.
M. Lamontagne : Pardon?
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, oui, M. le député de Johnson.
M. Lamontagne : Merci. Dans un
contexte comme ça, rapidement, étant donné qu'on attend juste à la fin de l'année, voir qu'est-ce qui s'est passé... Il y a
un historique de collaboration avec les partenaires dont vous parliez.
Tout ça, ça existe. Je comprends qu'il y a
plein de choses qu'on ne contrôle pas, mais cette espèce d'écosystème là, là,
lui, il existe, ça fait qu'à un moment donné on peut se fier un petit
peu sur ce qui se passe.
Mais l'idée
d'avoir des cibles, là, que ce soit pour vous, à titre de président, votre
personnel, vos équipes, et tout ça... Ça
ne serait pas intéressant d'avoir des cibles pour commencer l'année ou
commencer... Je ne sais pas, moi, il me semble je me sentirais un petit peu au défi puis vivifié un
petit peu de savoir que j'ai des cibles à atteindre, plutôt qu'attendre à
la fin de l'année, savoir ce que j'ai fait.
Le
Président (M. Cousineau) : Oui, monsieur...
M.
Côté (Pierre Gabriel) : En fait, la cible d'emploi est le résultat de
tout ce qu'on fait mais avec le résultat de beaucoup d'autres choses qui
sont faites dans l'économie. Donc, on n'est pas en contrôle de pouvoir mettre
une cible là-dessus, et c'est le résultat
qu'on mesure. C'est l'élément ultime que vous voyez dans la somme des actions
qu'on prend. Évidemment, c'est de
créer de la richesse économique. Oui, la création d'emplois, mais aussi
beaucoup d'autres effets à long terme qui ne sont pas mesurables
maintenant mais qui vont être mesurables plus tard.
Je
vais vous donner des exemples. On fait des interventions avec nos capitaux, qui
sont souvent du capital très patient,
pour initier quelque chose qui va être utile plus tard. Tout le secteur
minier... je vais le citer en exemple parce qu'actuellement on fait beaucoup d'investissement dans le secteur minier
pour préparer la relance. Bon. Est-ce que, si je mets une cible sur un investissement, de dire que, dans quatre ans, on
va créer des emplois parce qu'on protège un actif qui n'est peut-être pas en opération aujourd'hui... Je
vais prendre les installations de Cliffs qui sont mises sous la
protection de la faillite. On a acheté ça,
on a mis ça... Ça a pris un an, là, le projet a été long. On n'aurait pas pu
trouver une façon de mesurer l'emploi là-dessus parce qu'il n'y en a
pas, ça n'opère pas aujourd'hui, c'est zéro par rapport à zéro.
Donc, on s'inscrit
dans la patience au niveau du capital, pour des résultats à long terme, qui ne
sont pas mesurables sur une base annuelle.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Johnson.
M. Lamontagne :
Excellent. Du coq à l'âne, on va parler du Programme d'immigrants
investisseurs. Je pense que c'est Investissement Québec qui s'occupe de
ça?
Une voix :
Oui, on gère ça pour le gouvernement, oui.
• (16 h 20) •
M. Lamontagne : Là, ça va être bref, il me reste juste quelques
minutes, juste qu'on se donne des questions-réponses.
En
2014, il y avait un des points du budget que c'était d'améliorer l'efficacité
du Programme d'immigrants investisseurs. J'avais demandé au ministre à l'époque :
O.K., améliorer, ça veut dire quoi, améliorer l'efficacité? Il m'expliquait que
ce n'était pas mesurable, là, mais que c'est un effort qu'on faisait. Bon.
Aujourd'hui, le Programme d'immigrants investisseurs, moi, j'aimerais ça savoir
un peu qu'est-ce que ça rapporte, qu'est-ce que ça contribue en termes d'emploi
puis comment c'est contrôlé.
Puis je vais vous
dire une chose en arrière de ma question. C'est que moi, dans mon comté, j'ai
une petite municipalité qui a à peu près
1 000 habitants. Puis cette municipalité-là, elle a un dépanneur.
Puis, dans le dépanneur, il n'y a pas
grand-chose sur les tablettes depuis des années. Mais par contre, à tous les
trois ans, il y a un changement de propriétaire. Ça fait des années qu'à
tous les trois ans il y a un nouvel investisseur qui est passé par votre
système puis qui s'en vient opérer le
dépanneur, à la grande tristesse du village. Ça fait que moi, quand je regarde
ça, je me dis : Il me semble
que, le programme, ce n'est pas à ça qu'il doit servir. Comment c'est contrôlé?
Qu'est-ce qu'on fait avec l'argent? Où
il va? Comment ça marche, ce programme-là, pour dire qu'à un moment donné on a
un succès, à part ça? C'est la motte de millions qu'on ramasse, qu'on
met à la banque? C'est quoi?
Le Président
(M. Cousineau) : M. Côté.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Oui. M. le député, la façon dont ça fonctionne,
c'est qu'avec le ministère de l'Immigration
le programme qui est mis en place, de faire de l'attraction et de
l'immigration, demande — puis je peux faire peut-être un 101
rapidement, là — un
dépôt qui est mis à contribution par la génération de l'intérêt dans une négociation pour que l'immigrant s'installe ici,
et en espérant qu'il y ait rétention. L'intérêt sur les placements qui
sont faits, bien, on le donne en
contributions directes à des entreprises partout au Québec. On le fait dans à
peu près toutes les régions du
Québec. Et foncièrement, bon an, mal an, à chaque année, on parle de 30,
35 millions, qui est l'intérêt sur le capital qui est donné en subventions aux entreprises directes dans tous
les domaines. Les critères de ça sont établis en collaboration, bien sûr, avec d'autres acteurs du gouvernement. Parce
que nous, on gère le programme pour le gouvernement. Donc, on met en
place tous les processus.
Il
y a souvent des gens qui accompagnent ces gens-là pour s'assurer que les
argents viennent chez nous. C'est passablement
complexe, comme programme, mais ça génère beaucoup d'activités, parce que,
lorsqu'on fait la sélection, on vise
à avoir le maximum de retour sur l'investissement, qui est en fait une
subvention, là. C'est une subvention qui est donnée à même les revenus du capital qui est mis chez nous, et qui
fructifie, et dont les intérêts sont donnés aux entrepreneurs.
Les critères du
déploiement du capital, si c'est... C'est bien votre question?
M. Lamontagne :
Bien, en réalité, moi, c'est plus au niveau des retombées. Moi, je regarde dans
mon petit village, là, honnêtement, ça ne va pas bien, là.
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Bien, les retombées en tant que telles, on les
mesure, on les mesure en fin d'année, c'est
même chose que pour les autres projets. En fin d'année, on va voir chaque
projet, on... Est-ce que ça a maintenu ou sauvé des emplois? Et, cette
année, à date, là, la statistique, c'est qu'on a fait 247 transactions
avec nos capitaux qui venaient du immigrants
investisseurs. Dans toutes les régions du Québec, on a déployé
35 millions, et ça a donné, bon an, mal an, à peu près 1 200 emplois
qui ont été maintenus ou sauvegardés. Donc, on le mesure, c'est ségrégué dans
nos statistiques et, dans notre rapport annuel, ça s'y retrouve à chaque année.
Le Président
(M. Cousineau) : D'accord. M. le député de Johnson, il
vous reste deux minutes.
M. Lamontagne :
Merci. Je vous donnerai de l'information pour enquêter si ça fonctionne bien
dans mon petit village, leur programme.
Dernière question que je vais vous
demander : Dans votre nouveau plan cette année... Dans le plan d'avant, il
y avait un objectif que vous aviez, que
c'était de contribuer à maintenir la propriété québécoise des entreprises, puis
là on ne le retrouve pas cette année, à moins que j'aie mal lu. Y a-tu une
raison?
M. Côté
(Pierre Gabriel) : Il est dans une portion du plan. Je vais vous trouver
la page rapidement. Mais on en a fait,
nous, comme d'habitude, un élément important, parce que chez nous... — on me glisse à l'oreille «page 18», M.
le député. Et pourquoi on fait ça, c'est
qu'en région, bon an, mal an, on fait à peu près une centaine d'interventions
de relève, des petites, des moyennes,
et on investit, bon an, mal an, à chaque année, une centaine de millions. On ne
parle pas des grands projets, mais on
parle de partout en région, des projets de relève, on en a une centaine par
année. Donc, le maintien des centres décisionnels et soutien à la
relève, c'est un élément important de notre mission.
Et, bien
entendu, on le sait tous, la statistique le dit, 40 % des chefs
d'entreprise vont être en relève prochaine, là, puis ça nous appelle à être proactifs puis à aller voir ces gens-là,
avant qu'ils aient des décisions importantes à prendre, pour les
soutenir, pour garder ces entreprises-là au Québec.
M. Lamontagne : Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci. Ça termine ce
bloc. Nous allons passer maintenant à un représentant ou une
représentante du parti ministériel pour les 20 prochaines minutes. Mme la
députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci,
M. le Président, Mme la ministre, collègues. Alors, je vais profiter de ce temps qui m'est alloué
pour parler de l'économie sociale. C'est un vecteur important pour le
développement de notre économie au Québec, et j'étais très heureuse d'entendre
la ministre, dans son introduction, parler de ce souhait de reconnaître
l'action des organismes qui sont liés à l'économie sociale.
Je vais vous
faire un propos pour un peu s'approprier davantage l'action des organismes
d'économie sociale, mais tranquillement
je vais me diriger vers l'annonce qui a été faite par la ministre au mois de mars,
donc tout récemment, pour le renouvellement
de l'entente de partenariat avec le Conseil québécois de la coopération et de
la mutualité pour stimuler le développement des coopératives.
Alors, dans
un premier temps, les entreprises d'économie sociale, ce sont les coopératives,
ce sont les mutuelles, ce sont les
organismes à but non lucratif. Il y en a 7 000, M. le Président. Donc, on a 7 000 entreprises d'économie sociale au Québec, et, parmi
elles, il y a à peu près 3 300 entreprises d'économie sociale.
Le chiffre
d'affaires. Très important et très impressionnant comme chiffre. De 2002 à maintenant, le chiffre d'affaires des
entreprises d'économie sociale a doublé. On est passé de 17 milliards à
33,4 milliards, donc c'est très,
très impressionnant. C'est
150 000 personnes qui travaillent dans les entreprises d'économie
sociale. Et moi, je vous dirais... Puis
je vais me permettre de vous dire mon appréciation un peu personnelle, parce
que j'y crois beaucoup, je connais bien ce secteur-là et j'ai été
sur le conseil d'administration d'une entreprise d'insertion pendant plusieurs
années.
Quand on regarde la mission des organismes d'économie
sociale, il y a cette dualité, M. le Président, entre, évidemment, l'activité
économique et la mission sociale. Et je vous dirais que je suis très admirative
de cet équilibre, qui peut sembler
fragile, de rendre une entreprise productive, concurrentielle tout en
accompagnant les personnes dans un mieux-être,
dans une mise en mouvement parfois vers l'employabilité, parfois vers une citoyenneté
plus active. Alors, c'est un équilibre qui n'est pas simple, mais les
entreprises d'économie sociale y arrivent de façon extraordinaire.
Alors, à Laval, il y a des entreprises
d'insertion. Il y en a une, la firme Jeunes au travail, à qui je pense, que je connais très bien, qui s'occupe des jeunes
décrocheurs et qui fait un travail formidable. Il y a bien sûr l'Atelier de tri
matières plastiques, qui a d'ailleurs
gagné un prix de la chambre de
commerce il y a quelques années. Il y
a aussi — je
ne veux pas en oublier — évidemment, Textil'Art, qui recycle donc le textile en des produits très, très
créatifs. Alors, elles ont chacune, ces entreprises, leur propre créneau
et elles contribuent vraiment au mieux-être des personnes.
Évidemment,
je dois parler d'une coopérative, parce que je veux en venir à ça, la
Coopérative de soutien à domicile, à
Laval, qui est un de nos fleurons, je dois le dire, et qui a été initiée au
départ par les quatre CLSC du territoire de Laval. La coop de soutien à domicile a
été nommée coopérative de l'année en 2001.
• (16 h 30) •
En terminant
sur mon petit portrait un peu fier de Laval, je vous nommerais la concertation
entre ces organismes-là. Il y a une
table qui existe, qui est le pôle régional d'économie sociale, où il y a ces
réflexions, cette vision et ce partage aussi des bonnes pratiques entre
chacune des organisations.
Alors, écoutez,
il ne faut pas mettre de côté l'importance des organismes d'économie sociale,
ils contribuent. Ils contribuent de
façon économique, ils contribuent à l'essor des communautés et ils contribuent
à l'évolution des personnes pour la qualité de leur vie
de façon très, très générale.
Il y a eu ce
plan d'action là qui, en mai 2015, a été lancé par le gouvernement, un plan d'action, donc, quinquennal, 2015-2020. C'est 20 mesures, c'est 100 millions, c'est
20 ministères qui ont été consultés pour son élaboration et c'est six objectifs. Alors, je me dirige tranquillement
vers l'annonce qui a eu lieu au mois de mars pour vous dire que, dans le
cadre de ce plan d'action, dans les six
objectifs, le premier, qui est d'outiller les entreprises d'économie
sociale, bien, il y a eu le
renouvellement de ce partenariat-là au
niveau... bien, en fait, dans un objectif de développement des
coopératives. Alors,
en fait, c'est 20 millions au Conseil québécois de la coopération et de la
mutualité pour soutenir la mise en oeuvre du Plan stratégique des réseaux coopératifs. Alors, c'est fort
important, cet objectif-là, et j'entends bien la reconnaissance de
l'action en économie sociale, j'entends bien le renouvellement de l'entente.
Ma question à
la ministre est la suivante : Avec le renouvellement de cette entente,
comment, concrètement... — je commence à être un petit peu fatiguée, la voix manque,
M. le Président. Alors, comment, concrètement, donc, ce renouvellement d'entente va pouvoir stimuler et peut-être, évidemment,
on le souhaite, augmenter le nombre de coopératives au Québec? J'y suis
arrivée. Un petit peu d'eau.
Le Président (M. Poëti) :
Alors, Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Anglade :
Merci. Alors, peut-être, d'abord dire que l'économie sociale, comme ça a été
mentionné, représente un secteur
d'activité extrêmement important. Il y a 7 000 personnes qui oeuvrent
dans ce domaine... 7 000 entreprises,
pardon, qui oeuvrent dans ce domaine, donc, générant près de 33 milliards
de dollars en termes d'impact
économique. Donc, c'est extrêmement important de miser sur l'économie sociale
pour un certain nombre de raisons. Je
le dis souvent, la croissance économique, ce n'est pas uniquement une
croissance économique, c'est une croissance
sociale. Un va avec l'autre, et c'est pour ça qu'on ne peut pas penser en
termes économiques sans penser en termes sociaux, d'où l'importance
accordée dans le budget du gouvernement pour l'économie sociale.
Il faut
remarquer qu'au Québec nous avons une particularité, on est arrivés à avoir un
équilibre. Les inégalités sociales,
bien qu'elles existent, il ne faut pas le sous-estimer, elles existent au
Québec, elles sont moindres que ce qu'on retrouve dans les autres régions du Canada. Donc, on a réussi à avoir
une société, somme toute, assez égalitaire. Mais l'aspect social est
important.
Puis, vous
savez, moi, je suis députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, et, dans Saint-Henri—Sainte-Anne, il y a des familles qui vivent avec beaucoup de pauvreté et puis il y a
également des gens qui ont beaucoup d'argent. Les écarts sont importants. Donc, trouver cet équilibre entre
les plus riches et les moins riches n'est pas facile, et l'économie sociale nous permet une voie de passage.
Elle permet une voie de passage, et on est admirés, d'un point de vue
international, pour ça, d'ailleurs en
témoigne le Forum mondial de l'économie sociale qui va avoir lieu ici en
septembre pour une première fois. Ça
témoigne de l'intérêt que les gens nous portent quand ils regardent le travail
que l'on fait en économie sociale.
Ce que
l'annonce qui a été faite permet d'amener, c'est de miser sur des innovations
sociales, c'est de miser sur des initiatives
qui sont porteuses d'espoir, c'est sûr, mais porteuses de résultats tangibles
également. Donc, avec les mesures que l'on
amène, ce qu'on tente de faire, c'est d'identifier là où on se démarque
particulièrement et le déployer davantage dans d'autres régions ou dans
d'autres initiatives, et c'est ce que nous voulons faire avec ces initiatives.
Quelques
commentaires additionnels que j'aimerais faire. D'abord, lorsque l'on parle
d'économie sociale, on inclut évidemment
les coopératives. Et une autre valeur ajoutée aux coopératives, c'est bien sûr
le fait qu'elles sont complètement ancrées
dans leurs communautés, et donc, par conséquent, c'est les gens qui se prennent
en main. Il y a une espèce de prise de
conscience collective lorsque l'on parle de coopératives, et ça fait en sorte
aussi que ce sont des sociétés qui ne sont pas très... difficilement délocalisables, puisque ce sont des gens qui
se sont mis ensemble pour soutenir une communauté, pour développer des
services.
Alors,
lorsque l'on regarde l'ensemble de l'assiette de l'économie, avoir un volet
d'économie sociale, ça représente un
peu la diversification dont on a besoin, mais aussi l'ancrage au niveau de
l'économie de manière plus large.
Donc, ce que l'on souhaite faire, c'est poursuivre dans cette veine et
poursuivre dans des domaines bien spécifiques. Vous avez mentionné tout
à l'heure un exemple à Laval. Un des domaines où il y a le plus d'opportunités
en termes d'économie sociale, c'est bien sûr
l'accompagnement des personnes âgées pour qu'elles restent à domicile le plus
longtemps possible. C'est un secteur
qui est en pleine croissance, c'est un secteur qui répond à un besoin criant,
besoin urgent de la population avec notre
vieillissement et c'est également une opportunité pour les gens qui veulent
être dans le domaine coopératif.
Dernière
chose, parce qu'il faut quand même faire le lien avec l'entrepreneuriat, il y a
beaucoup de personnes qui oeuvrent
dans les coopératives, et c'est également un bon moyen de développer la relève
entrepreneuriale à l'intérieur des coopératives.
Et, dans un contexte où il va y avoir beaucoup d'entreprises qui vont changer
de mains, la relève entrepreneuriale que
l'on veut former, que l'on souhaite voir émerger, qui est déjà là jusqu'à un
certain point, bien, elle peut également exister à travers les coopératives. Ce sont de très, très bons outils
pour développer, justement, ces compétences et en profiter à terme. Alors, voilà pourquoi l'économie sociale
revêt une importance aussi particulière pour le gouvernement. Merci.
Le Président (M. Poëti) :
Merci, Mme la ministre. Le député de Laval-des-Rapides pour
9 min 17 s au total.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais prendre la parole pour... Bien, en
fait, je vais commencer par faire une
mise en contexte, M. le Président, parce que je vais interpeller la ministre
sur l'annonce qu'elle a faite aujourd'hui sur le plan d'action, là, pour... le plan stratégique pour
Investissement Québec. Mais, avant tout, je vais parler de ma région, comme ma collègue de Fabre l'a fait juste avant
moi, de quelle façon notre région, au niveau économique, se distingue et
performe, pour utiliser un terme que je connais bien, également.
Ceci
dit, parce qu'on parle d'Investissement Québec... Et j'ai eu l'occasion de
rencontrer le directeur régional de
Laval-Laurentides d'Investissement Québec dans le passé, je comprends très bien
les actions qui sont posées sur le terrain.
J'aimerais tout d'abord commencer par vous expliquer que, bon, Laval,
malheureusement, et on fait un grand travail à ce niveau-là, au niveau politique, là, pour faire rayonner Laval
encore plus, mais malheureusement, bien souvent, à cause de la proximité géographique avec Montréal et
souvent... passe un peu des fois sous le radar, mais c'est quand même
une population de
420 000 personnes, qui croît à tout près de 7 %, ce qui est
presque le double de la croissance démographique pour l'ensemble du Québec, ce qui a un impact, justement, sur le
développement économique qui est fait sur le territoire lavallois. C'est un territoire où nous accueillons
de plus en plus de nouveaux arrivants, également, ma collègue de Fabre a
eu l'occasion de travailler directement avec eux dans le passé. Mais également
c'est un impact direct aussi de par ce dynamisme économique qu'on voit à
travers l'ensemble des 10 000 à 11 000 entreprises sur le
territoire lavallois, un dynamisme économique qu'on voit également au niveau de
l'entrepreneuriat.
Vous
avez parlé également de l'entrepreneuriat, Mme la ministre, brièvement. Je sais
que ce n'est pas votre mandat. On a
notre collègue responsable des PME, avec qui j'ai eu l'occasion de faire les
crédits hier matin, qui en a parlé. Mais ce qui est intéressant au niveau de l'entrepreneuriat — puis ma collègue de Fabre a travaillé
pendant presque 20 ans au carrefour jeunesse-emploi, qui a aussi un
mandat au niveau de l'entrepreneuriat — c'est que, par exemple, au
niveau des clientèles comme les jeunes, les
clientèles des nouveaux arrivants, c'est des clientèles qui stimulent
grandement ce désir d'entreprendre, ce souhait de se lancer en affaires,
d'être autonomes, d'être indépendants économiquement parlant — je
rassure mon collègue de Sanguinet à ce niveau-là. Mais ce qui est intéressant,
c'est que je vais faire un lien avec une
étude de la Fondation de l'entrepreneurship, qui a été faite sur le territoire
lavallois, qui a été publiée il y a de cela
deux ans et qui parlait justement de quelle façon l'indice entrepreneurial des
jeunes et des clientèles immigrantes à Laval
était, en fait, le triple des natifs. Et c'est très encourageant pour nous de
voir, justement, ce grand potentiel, ce grand bassin d'innovation, de
personnes qui souhaitent se lancer en affaires. Et là où le travail doit être
fait, et vous l'avez mentionné, vous,
également, c'est dans l'accompagnement, parce que c'est des personnes
nouvellement arrivées ou c'est des
jeunes qui n'ont pas encore des réseaux d'affaires établis, des mentors, des
conseillers, etc., pour, justement, bien les guider, bien les
accompagner, bien les conseiller dans leur cheminement à ce niveau-là.
Laval,
j'ai l'occasion à tous les jours, au quotidien, dans le cadre du travail que je
fais sur le terrain dans mon comté de
Laval-des-Rapides, de le voir, au niveau du parc industriel — la plus vieille partie du parc industriel
est établie dans mon comté — est foisonnante de projets. Juste la semaine
dernière, j'ai eu l'occasion de participer au gala de la chambre de commerce de Laval, le gala Dunamis, voir de
quelle façon cette communauté d'affaires se mobilise justement pour
redonner et bâtir cette fierté lavalloise à ce niveau-là.
• (16 h 40) •
On
voit également de quelle façon, concrètement, les actions du gouvernement du
Québec, que ce soit au niveau économique,
que ce soit au niveau gouvernemental, stimulent ce développement économique.
J'ai juste à mentionner, par exemple,
la Place Bell, qui est en construction actuellement, où le gouvernement du
Québec s'est engagé pour 25 % du total
des 200 millions accordés ou estimés pour la construction de cet
amphithéâtre. J'ai moi-même également travaillé, de concert avec la
ministre, l'ancienne ministre de la Culture, sur les rénovations des infrastructures
culturelles et artistiques dans la salle
André-Mathieu à l'automne dernier, une intervention sur un projet d'à peu près
3 millions de dollars, directement, également au niveau de mon
comté.
Principaux
employeurs également, c'est une fierté des Lavallois, que ce soit Provigo,
Multi-marques, Costco, le Groupe
Hexagone, anciennement Simard et Beaudry, mais également Alimentation
Couche-Tard. Et aussi mes collègues et moi
avons fait une annonce régionale en concert ou, si on peut dire, synchronisée
avec la ministre responsable des PME pour
annoncer les quatre plus récentes entreprises des PME PerforME, et nous sommes
rendus à huit sur un total d'à peu près 60 au niveau national. Nous
sommes rendus à huit à ce niveau-là.
Ce
qui est très intéressant, Mme la ministre, au niveau économique, au niveau de
la mise en contexte, c'est que l'ensemble
de ces interventions-là se font de concert entre les différents acteurs sur le
territoire : anciennement le CLD de Laval, qui est aujourd'hui, maintenant, intégré au service économique de
la ville de Laval, et également, et je pense que ça va être annoncé prochainement si je ne me trompe pas, le service de
soutien aux exportations, et on va avoir l'occasion de parler d'exportation un peu plus tard, je suis
convaincu, vous en avez déjà parlé également, mais le service de soutien
aux exportations, l'ORPEX, l'organisme
régional de promotion des exportations, est également intégré au service
économique de la ville de Laval à ce niveau-là.
Tout
cela pour vous dire que je pense qu'on a un bilan, on a des actions sur
lesquelles nous pouvons être fiers, être
fiers comme membres du gouvernement, comme collègues, mais également être fiers
pour, justement, cette croissance économique
pour la région. Et l'annonce que vous avez faite aujourd'hui va dans cette
direction-là, va dans la direction, justement,
de favoriser ce meilleur accompagnement, de favoriser, justement, cette prise
d'initiative ou ce leadership que doit
assumer, avec votre vision, avec votre soutien, Investissement Québec au niveau
des régions, à ce niveau-là, et même combler,
jusqu'à un certain point... et mon collègue de Johnson va sourire lorsque je
vais le mentionner parce qu'il le fait et
l'an dernier il l'a fait également, mais combler un peu le manque, si on peut
dire, cette faille du travail que les CLD devaient accomplir sur le terrain, des failles qui ont été, en fait,
répertoriées par le Vérificateur général l'an dernier dans leur rapport au mois de mars 2015, ce travail
qui devait être accompli sur le terrain pour accompagner nos
entrepreneurs, que ce soit la mauvaise
utilisation des fonds locaux d'investissement, que ce soit la sous-utilisation
des FLI pour stimuler l'entrepreneuriat en région. Et je pense qu'à ce
niveau-là le plan stratégique que vous avez annoncé aujourd'hui avec M. Côté démontre justement ce souhait, pour
une institution comme Investissement Québec, de prendre pleinement sa
place sur le territoire.
Donc, je ne sais pas
combien de temps...
Le Président
(M. Cousineau) : Il vous reste 1 min 32 s.
M. Polo :
Je vais peut-être, à ce moment-là, plutôt que d'avoir à contraindre la ministre
à répondre à l'intérieur d'une
minute, reprendre la minute qu'il me reste sur le prochain bloc, puis là, à ce
moment-là, je terminerais, puis la ministre pourra, à ce moment-là,
élaborer sur la question d'Investissement Québec et le plan stratégique.
Le
Président (M. Cousineau) : Nous, on met ça en banque, mon
cher ami.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Alors, merci. Donc, je
passerais au bloc suivant. Est-ce que vous aviez une question? Oui, Mme
la ministre.
Mme Anglade :
Est-ce qu'il y a moyen de suspendre pendant trois minutes?
Le Président
(M. Cousineau) : Absolument, Mme la ministre, ça va me
faire plaisir.
Mme Anglade :
Oui? Trois minutes, puis je reviens tout de suite.
Une voix :
...
Le Président
(M. Cousineau) : Sur le temps du gouvernement,
effectivement. Alors, nous allons suspendre trois minutes.
Mme Anglade :
Trois minutes. Merci. Je vous reviens.
(Suspension de la séance à
16 h 44)
(Reprise à 16 h 47)
Le
Président (M. Cousineau) : Donc, nous reprenons nos travaux. M. le député de Sanguinet,
vous avez donc 20 minutes sur votre bloc. Débutez.
M. Therrien : Oui, merci, M. le Président. Je reviens à mon
intervention, à la dernière intervention que j'avais faite, et vous devinez que c'était sur les
exportations. Je voudrais vous entendre là-dessus. Vous avez parlé, à un moment donné, dans votre laïus de
départ, que c'est important, les exportations, puis j'en suis convaincu aussi. Par
contre, évidemment, le commerce extérieur appartient à votre ministère, mais il
faut comprendre aussi que le ministère des Relations internationales est un
appui évident, là, tu sais. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que je vous
dis là?
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
C'est un appui, oui, mais les exportations relèvent définitivement de mon ministère.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député.
M. Therrien : Je suis d'accord. On s'entend. Mais, tu sais, on
peut s'entendre aussi sur le fait que les délégations puis les bureaux
vont aider les exportateurs éventuellement, peuvent aider.
Mme Anglade :
Jusqu'à un certain point, oui.
M. Therrien :
Oui? O.K.
Mme Anglade :
Jusqu'à un certain point, oui.
M. Therrien : O.K. Je regarde à la page 82 du budget
des dépenses, crédits des ministères et organismes, je vois qu'en 2015-2016 vous aviez prévu 25 056 000 $ pour les exportations, et, pour
2016-2017, c'est 25 009 000 $. Ça veut dire qu'il y aurait une légère diminution d'une
quarantaine de mille de dollars. Est-ce que vous me suivez, Mme la
ministre? Est-ce que vous me suivez?
Mme Anglade :
Oui, bien, je vous suis pour le 25 056 000 $, parce que je crois
qu'il est dans le livre des... Vous regardez le livre des crédits, mais,
dans le budget pour 2016-2017, on a un total qui se compare à ça, de
32 millions.
M. Therrien :
32 millions au lieu de 25 millions?
Mme Anglade :
Au lieu de 25. Bien, en fait, 2017-2018, mais ça, c'est des prévisions, oui.
M. Therrien :
O.K. Et d'où vient cette augmentation-là pour... Aidez-moi, là. Pourquoi on ne
le voit pas dans les crédits du ministère? Juste pour savoir, là, c'est
quoi, la différence?
Mme Anglade :
Alors, ce que je comprends, c'est que ça a été annoncé au budget et que ça
s'ajoute aux crédits qui avaient été déposés plus tôt. C'est ça?
Une voix : ...
Mme Anglade :
Oui, c'est ça, qui ont été déposé la même journée, mais ça s'ajoute dans les...
Parce que le ministre des Finances a
annoncé des ajouts, donc c'est pour ça que ça ne paraît pas dans le livre des
crédits. Mais, quand on regarde dans
le budget, si vous regardez le détail du budget, il y a des montants
additionnels qui ont été mis et qui permettent d'arriver à un budget
final de 32 millions de dollars pour le commerce extérieur pour 2016-2017.
M. Therrien :
Donc, c'est 7 millions de plus.
Mme Anglade : C'est bien ça,
c'est bien ça.
Une voix : 7,5.
M. Therrien :
O.K., puis c'est... 7,5, O.K., on s'entend là-dessus.
Mme Anglade : On s'entend
là-dessus.
• (16 h 50) •
M. Therrien :
Bon, je suis content de voir ça, parce que, là, je voyais qu'il y avait un gel
ou même pire qu'un gel, une
diminution, légère diminution. Par contre, on sait déjà que des bureaux de
Taipei, Santiago, de Moscou sont fermés, il y a eu des compressions à Berlin, Washington, Atlanta. Là, je parle
des budgets... de ce qui a précédé cette année, là. Déjà, le MRI a été coupé, là, assez fortement.
C'est un des ministères qui a écopé le plus de l'austérité libérale, là.
Et, quand je regarde à la page 152, je
m'aperçois qu'on va passer cette année de dépenses de 47 millions à
39 millions, ça veut dire une diminution de 15 % dans les
représentations du Québec à l'étranger.
Alors, moi,
je me demande... Tantôt, tu sais, moi, je m'étais enligné pour dire :
Bien, il y a un gel au niveau du commerce
extérieur, mais il y a une diminution dans cet aspect-là qui... Écoutez, il
faut l'avouer, là, je veux dire, c'est une contribution au commerce
extérieur. Et là, avec l'information que vous me donnez, finalement, une
augmentation de 7 millions dans votre
poste à vous, mais une diminution de 7 millions de l'autre côté, est-ce
que c'est une bonne façon de stimuler les exportations? Vous pensez que
vous allez réussir à stimuler les exportations de cette façon-là? Je ne le sais
pas, là, j'ai...
Mais là, tu
sais, vous m'avez donné un 7 millions de plus... Je vous crois sur parole,
là. Le 5... ou 7 millions de plus,
mais vous pensez que c'est suffisant pour atteindre les objectifs? Parce que,
là, vous... Considérez que le taux de change
a augmenté, donc il y a un effet négatif qui va arriver, là, qui est probable,
qui va arriver bientôt. Là, tu as l'effet en J, là, dans les exportations, ça veut dire que ça prend un laps de temps
avant que les exportations soient influencées par un mouvement du taux de change, là, il y a comme un
délai. Alors, vous pensez que vous allez stimuler les exportations à peu
près en ayant, à peu près, le même budget, là, et une augmentation du taux de
change qu'on a vue?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade :
Parfait. Répondre rapidement sur le taux de change, c'est sûr qu'à chaque fois qu'on
a un dollar plus faible, ça stimule les
exportations, mais, inversement, c'est plus difficile de faire des achats pour
améliorer la productivité. Donc, lorsque le taux se rapproche de la parité,
c'est à ce moment-là que, peut-être, ça devient plus difficile pour les exportations, mais ça nous favorise, à ce moment-là,
pour des achats de matériel. Alors, moi, je pense qu'il ne faut pas baser
une politique économique en fonction d'un taux de change qui varie, je pense
qu'il faut regarder de manière plus large
les fondamentaux, et les fondamentaux sont dans les investissements que l'on
fait dans les entreprises.
Maintenant,
pour votre question spécifique par rapport au MRI, d'abord vous dire que, dans
les changements qui ont été effectués au niveau du ministère des
Relations internationales, il n'y a pas eu de coupe auprès des employés
commerciaux. Donc, le nombre d'employés commerciaux a été maintenu, de un.
De deux, je
pense que, lorsque l'on parle d'exportation, ce qui est vraiment à privilégier
en matière d'exportation, au-delà du
géographique, c'est le géographique et le sectoriel. Et, de plus en plus, les
approches en matière d'exportation visent
à faire des exportations d'un point de vue sectoriel. Lorsque l'on regarde nos
entreprises, ce qui est important pour
elles... C'est sûr que c'est un avantage que d'avoir une personne sur le
terrain de l'autre côté qui est capable de regarder ce qui se passe, c'est certain, mais, de manière
encore plus fondamentale, c'est d'avoir une stratégie très ciblée
géographiquement, sectoriellement qui
te permet d'être beaucoup plus pointu et de miser sur des marchés très clairs.
Alors, je pense que, dans les
stratégies d'exportation que l'on va mettre de l'avant, justement, dans les
prochains mois, ce que vous allez voir, c'est que cette matrice-là,
c'est elle qui va être déterminante pour vraiment rencontrer les objectifs
d'exportation.
Mais, de manière encore plus fondamentale, les
exportations, c'est quoi? Ce sont des exportations de biens. On arrive à exporter quand nos biens sont particulièrement
innovants, quand nos entreprises sont particulièrement compétitives. Donc, il faut qu'on investisse de manière
importante au niveau des investissements des entreprises elles-mêmes pour
les rendre compétitives, pour les rendre
productives, pour que, quand elles arrivent dans un marché au niveau de
l'exportation, elles soient capables vraiment de percer ces marchés-là.
Donc, c'est cet investissement-là qui, à long terme, va être payant.
À mon avis, jusqu'à... Ah! j'ai déjà terminé mon
temps. Bien, alors...
M. Therrien :
Elle peut terminer. Oui, oui, vous pouvez terminer.
Mme Anglade :
Oui, en tout cas... Voilà.
Le Président
(M. Cousineau) : D'accord.
M. Therrien :
Mais vous auriez pu continuer, ce n'est pas grave.
Mme Anglade :
Oui, je peux? Bien, alors...
M. Therrien :
Bien, une minute, mettons, parce que vous étiez dans votre élan, là.
Mme Anglade :
Oui, oui, merci.
M. Therrien :
Puis là je vous trouve intéressante, là.
Mme Anglade :
Juste là?
M. Therrien :
Oui, je vous avoue. Tantôt non, mais là oui.
Le Président
(M. Cousineau) : On ne vous dérange pas?
M. Therrien :
Non, ça va aller.
Le Président
(M. Cousineau) : Allez-y, Mme la ministre.
Mme Anglade :
Ce que je disais, c'est que c'est vraiment là le nerf de la guerre. C'est que,
pour que nos entreprises soient
vraiment compétitives, il faut qu'elles soient productives, donc il faut qu'on
investisse dans l'automatisation, dans les produits innovants, plus que de dire... Puis, si vous me demandez de
faire un choix, on n'a pas besoin de faire ce choix-là, puisqu'on a les deux, mais c'est encore plus
fondamental de faire ça que de dire : On a un représentant,
nécessairement, commercial à l'étranger. Je veux dire, c'est là qu'est le nerf
de la guerre en matière d'exportation.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Donc, vous dites que la représentation à l'étranger n'est pas si importante que
ça, ce qui est important, c'est l'innovation. C'est ça que vous me
dites?
Mme Anglade :
Je vous dis que, dans le fondamental, dans la croissance économique, ce qui est
fondamental, c'est qu'on ait des entreprises
qui soient compétitives. Il n'y a pas d'exportation pour nos entreprises si nos
entreprises ne sont pas concurrentielles à
l'international. Pour être concurrentielles à l'international, il faut qu'elles
aient des produits concurrentiels, il
faut qu'il y ait une structure où on innove, et c'est ça qui va faire en sorte
qu'elles seront capables d'exporter. Après viennent, évidemment, les
ouvertures sur le marché. Si on a une personne qui est sur un terrain... si on a une personne qui est au Brésil et qui est
capable d'ouvrir des portes pour nous, ça facilite l'exportation, mais, si
ton produit, il n'est pas bon, tu n'as pas plus réglé le problème.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
On ne parlait pas d'un investissement de 1 $ qui rapportait 7 $ quand
tu donnais de l'argent au ministère des Relations internationales? Il n'y a pas
cette base de comparaison, de dire que... qui prouve que les délégations puis les gens à l'étranger ont une
importance? J'aimerais ça que vous répondiez en une minute, pas plus,
parce que j'ai d'autres questions à vous poser.
Le Président
(M. Cousineau) : Mme la ministre.
Mme Anglade :
Vous faites référence à un chiffre que je ne connais pas. 1 $ investi au
MRI rapporte 7 $?
M. Therrien :
Oui, au MRI ou, en tout cas, à la représentation internationale, peut augmenter
jusqu'à 7 $ les exportations.
Mme Anglade :
Je ne pourrais pas vous répondre. Peut-être que je peux demander à mon équipe
de chercher, puis je vais vous revenir là-dessus.
M. Therrien :
Non, ça va. Non, non. C'est une règle...
Mme Anglade : Je ne peux pas
vous répondre.
M. Therrien :
O.K. Par rapport... C'est quoi qu'on exporte le plus au Québec?
Mme Anglade : Bien, en
général...
M. Therrien :
Non, le produit qu'on exporte le plus. Vous parlez d'exportation des produits.
Qu'est-ce qu'on exporte le plus au Québec?
Mme Anglade :
Bien, c'est des produits de l'aviation, de l'aéronautique, de l'aérospatiale.
Ce sont les premiers produits qu'on va exporter de manière importante.
M. Therrien :
Vous êtes sûre?
Mme Anglade :
Bien, c'est tous les secteurs. L'aéronautique, oui, tous les secteurs... De
manière générale, tous les secteurs
de l'aérospatiale, de l'aéronautique sont les secteurs dans lesquels vous allez
voir une plus grande exportation, d'où l'importance de Bombardier.
M. Therrien : Je
vois le collègue qui travaillait avant au commerce extérieur, on va juste
vérifier.
O.K. Vous
dites que l'innovation, c'est important. L'innovation, c'est important. Vous
mettez 7 millions de moins cette année en innovation. Donc là, tout
le laïus que vous me dites, ce n'est pas grave si on coupe à l'étranger. Vous regardez, là, encore le même budget des dépenses,
crédits des ministères et organismes, c'est 7 millions de moins
dans Soutien à l'innovation, sans compter
que les universités vont avoir des problèmes financiers. Déjà, les recteurs
sortent pour dire qu'ils ont des problèmes majeurs.
Le Président (M. Cousineau) :
C'était une question. Mme la ministre.
Mme Anglade :
Donc, le 7 millions... Je vais céder la parole à mon sous-ministre
simplement pour la réponse au niveau du 7 millions des
exportations.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le sous-ministre, M. Dumas.
M. Dumas
(Jocelin) : Oui, bien, écoutez, on peut sortir les chiffres précis,
mais, sommairement, là, c'est que les programmes
de transfert ne sont pas touchés. Puis même il y a plusieurs initiatives qui
ont été bonifiées dans le discours sur
le budget. Puis la différence de 7 millions, là, c'est dans le service de
dette qui est lié au programme de soutien aux infrastructures de
recherche. Alors, la dépense chez nous, c'est le service de dette. On a fait
une évaluation serrée des besoins pour l'an
prochain, et il y a un montant de 7 millions de réduction au service de
dette, mais ça n'a aucun impact soit sur les investissements qu'on fait
ou les programmes de transfert aux clientèles.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député.
M. Therrien :
Est-ce qu'on est d'accord pour dire qu'il n'y a pas d'augmentation de l'appui
qu'on peut donner à l'innovation?
Mettons que vous me dites que la diminution est due au service de la dette.
Moi, je vous pose la question parce que
je ne le sais pas, moi. Je vous pose la question, c'est vous l'expert. Est-ce
qu'il y a une augmentation de l'appui à l'innovation? Tu sais, c'est la
question que je vous pose, là. Parce que vous me dites que c'est important.
Moi, je veux savoir...
Mme Anglade : Oui, bien sûr.
Alors...
M. Therrien :
Est-ce que vous appuyez l'innovation?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
• (17 heures) •
Mme Anglade : Oui, bien, écoutez, aujourd'hui on parle de
7 millions, mais ce qu'on constate, c'est qu'aujourd'hui on vient
d'annoncer pour le manufacturier innovant 500 millions de dollars sur les
trois prochaines années, en termes d'allocation. Alors, je pense que c'est un
message assez fort qu'on envoie en matière d'innovation pour le secteur
manufacturier.
J'aimerais peut-être revenir, peut-être, à votre
question. Vous m'aviez dit : Est-ce que je suis sûre que c'est le secteur de l'aérospatiale qu'on exporte le plus?
Je vais juste regarder les chiffres avec vous rapidement. Le premier
secteur, c'est évidemment avions,
hélicoptères, autres véhicules aériens, donc le secteur de l'aérospatiale, de
l'aéronautique qui est le premier
élément. Après vient, évidemment, l'aluminium. Et puis, après ça, bon, il y a
les produits de la foresterie, puis ça se décline de différentes
manières, les minerais... Alors, on peut les décliner avec vous.
Mais c'est
clair que l'aérospatiale et l'aéronautique jouent un rôle fondamental. Et c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle le
gouvernement insiste autant en matière d'investissement pour le secteur de
l'aérospatiale avec Bombardier. Parce
que non seulement c'est un secteur d'exportation important, mais en plus c'est
un secteur fondamental en termes de recherche et développement pour le
Québec.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Je comprends très bien, mais, à toutes les autres positions... D'abord, c'est
un test que je vous faisais passer,
là. Toutes les autres positions, c'est des matières premières. Donc, quand vous
me dites que... Moi, je souhaiterais que
l'innovation soit extrêmement importante, mais actuellement, le profil
industriel du Québec, malheureusement — c'est un commentaire que je fais, je veux juste passer à autre chose
ensuite —malheureusement,
on a un profil encore d'exportation
de matières premières. C'est dû, entre autres, à cause du malaise hollandais,
que vous connaissez sûrement.
J'ai une histoire à vous raconter, vous me dites
si vous l'appréciez ou non puis si je me trompe en quelque part. Ça va?
Mme Anglade : Oui, allez-y.
M.
Therrien : Je vous
raconte une histoire. C'est à mon tour de vous raconter une histoire, là. Vous
avez dit que... c'est le député...
Mme Anglade : Ce n'est pas moi, la
conteuse, c'est vous, le conteur.
M.
Therrien : Oui,
c'est ça. Bon, moi, je suis raconteux, O.K.? Bombardier a des problèmes
financiers, la série C ne fonctionne
pas, ça ne lève pas, alors le gouvernement libéral décide d'aider Bombardier
pour justement que ça fonctionne,
pour que Bombardier ait les liquidités nécessaires. Par contre, on s'entend, à
peu près tout le monde, pour dire que
c'est un mauvais deal. Il y a trois personnes qui disent que c'est un bon
deal : le premier ministre, l'ancien ministre de l'Économie puis le nouveau ministre de l'Économie.
Tout le reste sur la planète Terre disent que c'est un mauvais deal, à part les gens qui sont dans Bombardier. Je vois
des gens qui me regardent de travers, mais lisez les journaux puis c'est
ça qu'on dit.
Ensuite,
étant donné que les commandes de série C ne montent pas comme on se
l'attend, et vous avez investi entièrement dans quelque chose qui
n'avait aucun revenu encore, donc ça vous met dans une position difficile, on approche Air Canada et on lui dit :
Qu'est-ce que tu dirais de faire des options d'achat sur la CSeries, parce que
ça va sauver notre deal, qui est un mauvais deal, on s'entend? Et, pour
s'assurer que tu fasses une bonne affaire, bien, on a tout simplement une cour d'appel qui vous a dit que tu
devais donner des emplois à 2 000 personnes qui étaient
anciennement chez Aveos et garantir ces
emplois-là, et, à partir de ce moment-là, bien, si tu m'aides dans mon mauvais
deal, bien, moi, à ce moment-là, je
vais sacrifier 2 000 emplois puis je ne vais pas vous poursuivre pour
m'assurer qu'Aveos a gardé leurs emplois.
Finalement, vous présentez le deal et vous dites qu'Aveos, finalement, est
protégée parce qu'il va y avoir un centre d'excellence qui va ouvrir en 2025. Sauf que le problème, c'est qu'on
est en 2016, puis, qu'est-ce qu'il va arriver avec les neuf prochaines
années, je ne le sais pas.
Finalement,
Bombardier faisant fi de l'entente que vous avez négociée avec eux, puis qu'on
prend les contribuables... l'argent
des contribuables, 1,3 milliard, dans une situation où est-ce qu'on est
dans de l'austérité libérale, où
est-ce qu'on vient chercher de l'argent dans nos poches constamment... Vous
prenez 1,3 milliard, vous mettez ça dans une société en commandite,
et vous n'avez aucun pouvoir sur Bombardier, et eux vont pousser l'insulte à
l'injure en congédiant
2 400 personnes au Québec en février et en déplaçant au Kansas
75 employés, suite à la fermeture du centre d'essai de Mirabel.
Alors donc, ce qu'on se dit, c'est que c'est un mauvais deal puis vous avez
sacrifié 2 000 emplois d'Aveos pour justement justifier ce mauvais
deal là. Elle est où, la pogne, dans mon histoire?
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Anglade : Bien, écoutez, il y en
a...
M.
Therrien : ...bonne
histoire?
Mme
Anglade : C'est une bonne histoire, mais c'est une histoire qui ne
doit pas être basée sur des faits, hein? Alors, pendant que...
M.
Therrien : ...
Le Président (M. Cousineau) :
Un instant, là.
Mme Anglade : Pendant que... Vous
aimez lire les journaux. Je constate que vous aimez lire les journaux, quand
même.
M.
Therrien : ...vous
aussi, là.
Mme Anglade : Mais oui, moi aussi.
Et justement je suis en train de le lire. Alors, à 15 h 18,
aujourd'hui : Delta achèterait au
moins 75 avions de CSeries de Bombardier. Alors, voilà une bonne nouvelle qui vient juste d'être annoncée
dans les médias. Je ne sais pas si on peut se fier toujours à ce qui est écrit
dans les journaux, mais voici une nouvelle qui vient d'être annoncée.
M.
Therrien : Oui, toujours...
Mme Anglade :
J'aimerais...
M.
Therrien :
...
Mme Anglade :
J'aimerais...
Le Président (M.
Cousineau) : Faites attention pour ne pas parler en même temps,
s'il vous plaît! Allez-y, poursuivez, Mme la ministre.
Mme Anglade :
Parfait.
M.
Therrien :
Il y a des gens d'Aveos qui vous écoutent, madame, en passant.
Mme
Anglade : Il y a beaucoup de personnes qui doivent nous écouter, puis
c'est très bien qu'ils nous écoutent. Alors,
un certain nombre de choses que je vais défaire dans votre histoire. La
première, et je vais revenir à mon... parce que vous avez fait un point sur les matières premières au départ. Je
veux juste qu'on clarifie une chose : lorsque l'on parle de
manufacturiers innovants, on parle aussi de manufacturiers innovants qui
touchent les matières premières, puis la transformation
du bois, puis la transformation de métaux. Donc, ce n'est pas uniquement un
secteur qui est au niveau de l'aérospatiale, ce sont des secteurs qui
touchent d'autres vecteurs de notre économie et qui font en sorte qu'on est
capables de miser sur les exportations, de un.
De
deux, la raison pour laquelle le gouvernement a décidé d'investir dans
Bombardier... Vous nous disiez tout à l'heure : Mon Dieu! Vous avez
coupé 7 millions de dollars en innovation; mais là l'innovation c'est
important, c'est fondamental, vous coupez 7 millions. En fait, on investit,
on annonce aujourd'hui qu'on veut, au contraire, mettre 500 millions de dollars. Mais, parallèlement à ça, l'endroit où il
y a le plus de recherche et développement qui se fait, c'est justement
dans le secteur de l'aérospatiale.
Lorsque l'on parle de
RONA, lorsque l'on parle de St-Hubert, vous venez nous voir et vous nous
dites : Mon Dieu! Vous n'êtes pas
intervenus. Premièrement, dans un des cas, on a proposé quelque chose, on a eu des discussions, ce n'est pas arrivé, c'est dans le cas de St-Hubert.
RONA, l'entreprise voulait vendre. Là, on est dans Bombardier, un
secteur névralgique, névralgique pour le Québec, puis vous nous dites :
Ah! bien là, vous avez fait un mauvais deal.
Écoutez,
moi, quand je lis les journaux... On ne doit pas lire les mêmes journaux. On ne
doit pas lire les mêmes journaux parce qu'on voit...
M.
Therrien :
...
Mme Anglade :
... — c'est
sûrement ça, en effet — on
voit qu'au contraire les gens saluent le fait qu'on ait investi dans le CSeries. Plus que ça, qui demande à ce que les gens
soient impliqués? Le maire de Montréal demande à ce que le fédéral fasse quelque
chose, la première ministre de l'Ontario a demandé à ce que le fédéral
s'investisse, on a demandé au fédéral de s'investir. Donc, je pense qu'il y a
une volonté générale de dire que c'est fondamental.
Lorsque l'on parle
des emplois chez Bombardier...
M.
Therrien :
...
Mme Anglade :
...lorsque l'on parle des emplois...
M.
Therrien :
...
Mme Anglade :
Bien oui, je réponds à votre question.
Le Président (M.
Cousineau) : Non, un instant! Un instant!
M.
Therrien :
...
Mme Anglade :
Bien, si vous voulez écouter...
Le Président (M.
Cousineau) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Anglade :
Écoutez-la.
Le Président (M.
Cousineau) : S'il vous plaît! Un instant!
M.
Therrien :
...
Le
Président (M. Cousineau) : C'est moi qui ai la parole, monsieur... M. le député de Sanguinet, c'est moi qui ai la parole, là.
D'accord? Moi, je pense que ça se passe bien, mais il faudrait laisser répondre
la ministre. Puis, par la suite, moi, quand je fais signe que vous devez arriver à une conclusion pour
qu'on puisse passer la parole aux députés, bien, il faut aussi aller
dans ce sens-là.
Alors,
terminez rapidement, Mme la
ministre, puis après ça, bien, peut-être
une autre petite question, parce qu'il vous reste une minute.
Mme
Anglade : Bien, écoutez, pour le bienfait de mon collègue, ça ne me
dérange pas de terminer maintenant pour qu'il repose une question, pour
que je puisse poursuivre. C'est comme il le souhaite.
Le Président (M. Cousineau) :
D'accord. Monsieur...
M.
Therrien :
O.K. C'est parce que la Caisse de dépôt n'a pas investi de la façon que vous
l'avez fait. Puis, le fédéral,
actuellement il n'y a rien dans le budget qui mentionne qu'ils veulent
justement aider Bombardier. Ceci étant dit, on n'est pas contre l'aide à Bombardier, ce n'est pas ça, ce n'est pas ça
du tout. C'est la façon que vous l'avez fait, qui a été condamnée par à
peu près tout le monde, sauf votre gouvernement.
Bien non,
mais écoutez, là, je veux dire, franchement... Bien non, mais, je veux dire,
vous avez actuellement un deal que
vous n'avez même pas voulu garder dans votre ministère, vous voulez le donner à
un autre ministre, qui dit : Va-t'en
avec ton deal, parce que vous n'êtes même pas à l'aise avec l'idée de défendre
ce deal-là, puis après vous me dites : C'est un bon deal puis tout
le monde dit ça. Je n'ai pas lu en nulle part que c'était un bon deal, pas en
nulle part.
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, M. le député...
M.
Therrien : Il y a
une façon de faire les choses.
Le
Président (M. Cousineau) : ...ça termine le bloc de
l'opposition officielle. Nous allons passer au prochain 20 minutes
de... M. le député de Laval-des-Rapides pour les prochaines 20 minutes.
D'accord?
M. Polo : Merci beaucoup, M. le
Président. Ça va donner l'occasion à mon collègue de Sanguinet de reprendre son
souffle, également.
M.
Therrien : J'en ai,
du souffle.
M. Polo : Non, en effet. Des fois...
M.
Therrien : ...prêt
à jouer longtemps...
• (17 h 10) •
M.
Polo : Des fois, un peu trop longtemps, en effet. M. le Président,
j'ai pris la parole dans le bloc précédent pour mettre la table, pour donner l'occasion à la ministre d'intervenir, à
nouveau d'élaborer sur le plan stratégique qui a été présenté aujourd'hui, mais j'ai retrouvé certaines
données... Parce que j'ai profité de l'occasion, M. le Président, pour vanter les mérites, là, de notre région à moi et
la collègue de Fabre, pour expliquer c'est quoi, le tissu économique
qu'on retrouve, là, sur le territoire de la
ville de Laval et dans notre région, également. Un aspect important également à
souligner au niveau de ce dynamisme
économique, comment il se répercute sur les données d'emploi : à
l'automne 2012, le taux de chômage,
pour la région de Laval, se situait à 8,6 %, aujourd'hui il se situe à
7,9 %. Donc, il y a eu un progrès notable, à ce niveau-là, depuis
les trois... un peu plus que les trois dernières années, également.
La stratégie
de développement économique sur le territoire lavallois, Mme la ministre, a été
essentiellement centrée sur quatre pôles de développement économique,
puis je vais vous les souligner, parce que, vous-même ayant travaillé auparavant, là, dans le secteur économique, je
suis convaincu que vous avez une belle expérience. Mais, spécifiquement
pour la région de Laval, il y a vraiment quatre pôles qui ressortent
spécifiquement.
Tout d'abord,
le Biopôle. Comme vous le savez, on a une cité du biotech à Laval. Sur le
territoire lavallois, on compte plus
de 100 organismes et entreprises dans ce secteur-là. C'est un secteur
qui... D'ailleurs, La Cité du biotech a signé de nombreuses ententes avec des partenaires internationaux. Je vais vous
en nommer quelques-unes : Méditech Santé de Paris, le Parc scientifique de Barcelone, le parc scientifique de
l'Institut madrilène de développement, le Bayern Innovativ, Cientific
Park à ce niveau-là, la cité biotech des finances, à Lyon également, et j'en
passe, là, parce qu'également on mentionne
ici Shensu, à Shanghai, également. Ça, c'est un pôle important, à partir duquel
nous avons également, mes collègues
et moi, à Laval à l'automne dernier, fait une annonce importante. Parce qu'il y
a eu, malheureusement, au début de 2015,
une fermeture d'entreprise. GlaxoSmithKline était très présente sur le territoire
lavallois. Vous connaissez très bien la grappe du secteur de la santé.
Mais, ceci dit, GlaxoSmithKline s'est quand même engagée, avec le soutien de
votre ministère, s'est engagée à investir
47 millions au cours des cinq prochaines années, ce qui a permis de
préserver 50 emplois directs de
ces opérations-là et surtout sous un volet qui permettra également de stimuler
des «spin-offs», donc de stimuler l'innovation
et la recherche et, à partir de là, également stimuler la création
d'entreprises qui pourront ressortir de cette nouvelle mouture de sa
présence sur le territoire lavallois, qui s'appelle le centre Neomed, à ce
niveau-là.
Un autre secteur
important de développement industriel et économique à Laval, c'est le e-pôle,
donc le pôle de développement du commerce
électronique et des technologies de l'information. C'est plus de
540 entreprises directement associées à ce secteur-là sur le territoire lavallois. C'est
près de 7 200 emplois directs associés à ce secteur-là. Et notamment ce qui est très intéressant à ce
niveau-là, c'est au niveau de Laval Technopole, c'est que le parc
scientifique et de haute technologie et la présence d'entreprises de classe
mondiale, comme Technologies 20-20, Tenrox, Digico Réseau Global, et autres,
font justement rayonner Laval non seulement dans la province du Québec, mais
également à l'international.
Un
autre pôle industriel, c'est le Pôle récréotouristique, également. Comme vous
le savez, nous avons déjà des infrastructures hôtelières à Laval, mais la
construction de la Place Bell, à Laval, va également permettre non seulement
l'attraction, si on peut dire, d'institutions sportives, mais également de
spectacles, dans le domaine culturel, à grand déploiement. Parce que c'est
quand même un amphithéâtre de presque 12 000 places, donc certains
artistes qui ne peuvent pas se présenter au Centre Bell, à Montréal, de par sa
configuration, peuvent toujours, justement, choisir de se présenter à la Place
Bell et donc de faire bénéficier cet influx d'argent ou, si on peut dire, de
consommation qui va se faire sur le
territoire lavallois et également à travers les installations
récréotouristiques, et j'en passe, parce qu'il y en a plusieurs, à ce
niveau-là.
Ma
collègue de Fabre, une bonne partie de sa circonscription est occupée par des
terres agricoles. Et, sur le territoire lavallois, un des quatre pôles
importants à Laval, c'est l'Agropôle. Et non seulement la circonscription de
Fabre en bénéficie, la circonscription de
Vimont et également, et beaucoup, la circonscription de Mille-Îles, donc, aux
extrémités de Laval. Et, comme notre
ministre régionale a l'habitude de le mentionner, à l'ouest, donc, dans le
territoire de Fabre, c'est les fleurs
et, à l'est, c'est l'agriculture. Donc, non seulement nous essayons, et c'est
là le caractère innovant de ce développement
industriel... Non seulement c'est de stimuler ou de conserver la présence de
ces fermes, de ces institutions, si
on peut dire, dans le domaine agricole, mais il y a également des partenariats
qui se font entre, justement, le collège
Montmorency, qui a permis justement de créer, d'instituer le centre collégial
de transfert de technologie en lien avec l'industrie agroalimentaire et
le MAPAQ, également.
Donc,
l'objectif, sur une... l'objectif, la vision stratégique de Laval 2035, de la
ville de Laval, est de justement placer la ville de Laval comme une
figure de proue en recherche et développement dans le secteur de l'agriculture urbaine. Et ça, nous le voyons... Quand vous vous
promenez sur la 440, vous avez une entreprise, en fait, dans le secteur
de Chomedey — le nom m'échappe — où, sur, en fait, le toit, vous voyez une
serre hydroponique, une serre, à ce moment-là, et ça, c'est de plus en
plus la coutume de profiter justement, là, de ces espaces-là, à ce niveau-là.
L'autre
aspect que je voulais également vous mentionner... Bon, tout ça pour vous dire
qu'il y a un écosystème qui est
groupé... Puis ma collègue de Fabre me faisait la remarque, tantôt, de quelle
façon elle apprécie qu'on vante les mérites... qu'on soit fiers,
justement, de s'exprimer au nom de notre région, puis je le fais également à
côté, là, de mon invité aujourd'hui, là, Maxime LeBel, mais tout ça pour vous dire
que les actions posées directement par les différents intervenants, que ce soit la direction régionale du ministère de l'Économie, Mme Larose, que ce soit à travers Investissement Québec... Les différents acteurs sur le territoire
lavallois provoquent et génèrent des résultats tangibles, desquels bénéficient nos citoyens.
Parce qu'ultimement c'est ça, notre
responsabilité, c'est d'être ici avec vous, de vous accompagner, de
vous... de partager avec vous certaines
idées, de vous démontrer également de quelle façon les gestes qu'on pose au
quotidien, qui... Parfois, pour le commun
des mortels, 500 millions peut représenter un chiffre énorme, même
intangible pour les citoyens, mais,
au jour à jour, au quotidien, c'est des hommes, des femmes, des jeunes
également qui bénéficient des gestes qu'on pose et de cette responsabilité-là que vous, vous avez, comme nous avons
ici, ce privilège-là de siéger ici et, à vos côtés, de faire partie du
parti ministériel.
Donc, tout ça pour
mettre la table, justement, pour vous inviter à élaborer sur l'annonce que vous
avez faite aujourd'hui — j'étais à vos côtés, je vous ai accompagnée
lors de cette annonce-là — pour vous inviter à élaborer justement sur cette vision, sur ce travail de préparation,
cette concertation qui a été faite — pour certains, peut-être un peu trop
longue, ça a pris du temps pour accoucher, mais, les bonnes choses, il faut
prendre leur temps pour bien les préparer — mais tout ça pour vous
inviter à élaborer sur ce plan stratégique et vous donner la parole pour
justement vous exprimer.
Le Président (M.
Poëti) : Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Anglade : Alors, merci, M. le Président. M. Lamontagne... Bien non, je
dois m'adresser à M. le président. Donc,
bien, merci pour l'introduction qui a été faite et qui me permet de remettre un
peu le contexte de la présentation de ce
matin. Et je pense que votre tour d'horizon va permettre de bien mettre la
table pour répondre à ce que l'on veut changer, voire améliorer...
enfin, accélérer, chez Investissement Québec, en termes de changements.
Dans la foulée du
dépôt des trois rapports, le premier message que l'on souhaitait envoyer, c'est
un message qui va vous rejoindre
certainement à Laval, un message de cohérence : la cohérence dans les
actions qui sont prises, du gouvernement,
qu'on ait une société d'État comme Investissement Québec parfaitement alignée
avec ce que le ministère propose, et un organisme comme le CRIQ
également aligné avec ce que le ministère propose.
Lors
des deux derniers... deux mois et demi depuis que j'ai mes responsabilités
additionnelles à mon rôle de députée,
j'ai pu m'entretenir avec plusieurs intervenants, plusieurs entreprises,
plusieurs groupes. On a travaillé de pair, conjointement avec... de concert, pardon, avec Investissement Québec,
avec les acteurs du milieu, et puis forts également d'une vingtaine d'années d'expérience, notamment
en usine, en industrie, que constatons-nous? On constate qu'il y a une
nécessité d'investir de manière importante et structurée dans le manufacturier
innovant. Et pourquoi le manufacturier innovant? D'abord, parce que le
manufacturier représente 14 % de notre PIB, dans un premier temps, mais,
dans un second temps, et on l'a vu tout à
l'heure lorsque l'on parlait des exportations, représente la vaste majorité des
exportations que nous avons aujourd'hui, au-delà de 80 %.
Il est vrai, néanmoins, qu'il y a du service à
20 % des exportations, puis il est vrai que, lorsqu'on regarde les
exportations spécifiquement à l'intérieur de la fédération canadienne, les
services ont un poids important, mais il est également
vrai qu'au niveau des services il y a eu des initiatives qui ont donné des
résultats. Il y a eu des croissances importantes
dans des domaines comme le jeu vidéo, comme les films, la production
cinématographique. Donc, il y a une espèce de dynamique qui s'est
installée et qui fait en sorte que c'est un secteur qui va relativement bien.
• (17 h 20) •
Par contre,
le secteur du manufacturier a reculé. Or, que constatons-nous lorsqu'on se
compare? Si vous allez dans un pays comme l'Allemagne, la
diversification qu'ils ont pu faire en investissant de manière importante dans
le manufacturier leur a permis de faire face aux cycles que nous ne contrôlons
pas. Hein, c'est l'enjeu de l'économie : souvent,
il y a beaucoup de choses qui arrivent que nous ne contrôlons pas, mais,
lorsque l'on a un plus grand contrôle sur les choix que l'on fait en
termes d'investissement, là ça nous permet de passer à travers les moments qui
sont plus difficiles. Donc, c'est la raison
pour laquelle le gouvernement décide d'aller de l'avant avec une stratégie qui
mise justement sur le manufacturier innovant et qui touche, je le
précise, toutes les régions du Québec.
Tout à
l'heure, mon collègue de l'opposition, le député de Sanguinet, voulait tester
mes connaissances. Je pense qu'il a
bien vu que je comprenais que les exportations étaient d'abord dans le secteur
de l'aérospatiale, de l'aéronautique. Il amenait le point des ressources naturelles, ce qui est vrai, ça
correspond beaucoup à un nombre important d'exportations que l'on fait. Cela dit, lorsqu'on regarde les
ressources naturelles, on est capables également, dans ce secteur-là, de
faire de l'innovation.
Le domaine de
la foresterie, bon, c'est 60 000 emplois dans ce domaine-là. Oui, on
coupe les arbres, on exporte du bois,
mais les produits du bois, les produits du bois... les granules de bois qu'on
décide de transformer en matière à
chauffage, qu'on décide de transformer pour créer de nouvelles sources
d'énergie font partie des transformations que l'on doit considérer comme
étant innovantes. De la même manière pour les minerais : si l'on décide de
faire une première transformation au-delà de
prendre les minerais, mais qu'il y a vraiment de la transformation qui s'opère,
là encore, on parle de manufacturiers
innovants. Alors, l'avantage de se concentrer là-dessus, c'est que c'est un
levier important qui permet de toucher toutes les régions, dans tous les
secteurs.
Maintenant, certaines personnes aiment bien
l'expression «il faut que les babines suivent les bottines», il faut aussi dire de quelle manière on veut faire ça.
C'est bien de le dire. Comment on le fait? Dans un premier temps, la
claire décision gouvernementale étant d'allouer 500 millions de dollars
dans le manufacturier innovant, c'est de
l'argent. C'est bien, mais ce n'est pas tout. Il y a également le besoin
d'accélérer, de donner un plus grand élan à la transformation qui a déjà commencé à arriver chez Investissement Québec.
Dans quel but? Dans le but de nous assurer que nous avons des gens sur
le terrain qui vont être capables d'aller trouver les bons projets, de les
stimuler.
Parce que,
vous savez, c'est une chose que de dire : Il faut que les gens innovent,
il faut que les gens investissent, mais
d'avoir des gens qui vous approchent, qui en parlent, de mobiliser tous les
acteurs, de mobiliser les chambres de commerce... Vous avez sans doute
lu aujourd'hui la réaction des différents groupes, le groupe Manufacturiers et
exportateurs du Québec, la Chambre de commerce du Montréal métro, la Fédération
des chambres de commerce du Québec, la
fédération de l'entreprise indépendante, les groupes sont sortis pour dire à
quel point ils étaient contents de voir
qu'il y avait un accent qui était mis au niveau du manufacturier innovant. Or,
pourquoi est-ce qu'ils sortent? Parce que leurs propres membres le
demandent depuis fort longtemps.
Permettez-moi,
si je peux le faire, juste lire quelques citations, mais : «Les
entreprises attendaient un signal positif, auquel répond aujourd'hui le gouvernement en alliant le développement
économique aux défis technologiques contemporains.» Je pourrais vous en citer plusieurs autres, et mon
collègue de Sanguinet pourra les lire dans les journaux qu'il
affectionne particulièrement.
Cela dit, il faut, encore une fois, que cette
transformation, au niveau d'Investissement Québec, continue de s'opérer pour qu'on ait des gens qui soient des
promoteurs, qui soient des gens qui accompagnent les entreprises partout
à travers la province, et ça va être un levier fondamental pour nous.
L'autre
élément que j'ajouterais, c'est qu'aujourd'hui on parle souvent d'économie
traditionnelle et d'économie nouvelle.
Pour moi, il n'y a pas deux économies, il y a une économie : il y a une
économie qui se transforme. Ce n'est pas des gagnants ou des perdants, tout le monde doit gagner, on doit monter
le niveau de l'eau pour tout le monde. Donc, si, dans des technologies,
vous êtes au bas de l'échelle, bien, vous devez monter au premier niveau, puis
au deuxième niveau, puis au troisième
niveau. Nous avons des gens qui sont des tops performants au niveau des
technologies, au niveau de
l'innovation, mais on doit monter le niveau de l'eau pour tout le monde, parce
que c'est comme ça qu'on va réussir à faire en sorte qu'on va créer de
la prospérité à terme.
Pas une économie traditionnelle, pas une
économie nouvelle, vraiment une économie en transformation, et ça va s'articuler autour de la cohérence que l'on va
avoir en mettant d'autres acteurs. Aujourd'hui, nous sommes assis avec le CRIQ, avec Investissement Québec, mais demain
nous allons vouloir mobiliser d'autres joueurs autour de la table pour envoyer un message clair. Le Québec, avec
8 millions de personnes, représente 0,1 % de la population mondiale,
mais nous avons une force de frappe, qui est
encore insoupçonnée, mais qu'il va falloir mobiliser encore davantage pour
assurer la prospérité du Québec. Voilà, M. le député de
Laval-des-Rapides, la réponse à votre question.
Le Président (M. Poëti) : M. le
député, pour 2 min 23 s, incluant la réponse.
M.
Polo : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vais interpeler la
ministre sur les exportations. Je sais que le collègue de Sanguinet a déjà commencé à aborder la question, mais, comme
je veux faire un préambule, puis comme c'est un dossier que je connais bien, également, à titre d'adjoint
parlementaire puis auprès de l'ex-ministre de l'Économie, j'ai beaucoup travaillé notamment au niveau des
exportations, je vais préférer, à ce moment-là, reporter la minute qui
reste, à peu près, là, juste pour en
profiter puis bien répondre à certaines des interventions du collègue de
Sanguinet qui remet...
En
fait, vous savez quoi, je vais vous donner quelques statistiques intéressantes
au niveau des exportations. Parce qu'il a voulu
jouer un petit jeu avec la ministre, et je pense que la ministre l'a retourné
faire ses devoirs, en essayant, si on
peut dire, de la piéger sur ses connaissances en exportations puis les
domaines... Et voilà. Donc, c'est malheureux que le collègue utilise...
M.
Therrien :
...
M. Polo :
...son temps pour essayer de faire des petits jeux de cette façon-là, mais,
bon, chacun ses...
M.
Therrien :
Le Président (M.
Poëti) : ...M. le député de Sanguinet, s'il vous plaît! Juste terminer
le temps de parole, s'il vous plaît.
M. Polo :
Chacun ses priorités. Ceci dit, il faut dire qu'entre 2004 et 2015 les
exportations québécoises ont progressé,
annuellement ou de façon annualisée, de 19 %. Un autre aspect très
intéressant de la progression des exportations, c'est aussi la
diversification des exportations québécoises. Il y a 15 ans, le Québec
exportait 85 % de ses exportations internationales
vers les États-Unis, aujourd'hui ce pourcentage-là se résume en à peine
69 %. Certains verront ça comme un désavantage, malgré que c'est notre plus grand partenaire économique,
d'autres le verront comme un avantage parce que de s'exposer de façon
aussi importante à une seule économie, on l'a vu avec la crise financière de
2008, ça peut nous affecter directement.
Alors,
la diversification, que ce soit vers l'Europe, que ce soit vers l'Asie, que ce
soit vers l'Amérique latine, est une bonne
chose pour le Québec. La signature des ententes commerciales du Canada, avec
l'accord économique de commerce global
avec l'Europe et également avec le traité transpacifique, est une bonne chose
pour le Québec, pour nos entreprises, leur
ouvrir les portes. Et, lorsque le collègue fait référence à certaines
fermetures de certaines antennes, je dois également le corriger à ce
niveau-là, M. le Président. Pourquoi? Parce que...
Le Président (M. Poëti) : Hélas! M. le député de Laval-des-Rapides, on ne
pourra pas passer à cette étape-là, nous devons passer maintenant à la
deuxième opposition. Le député de Johnson, pour une période de 23 minutes.
• (17 h 30) •
M.
Lamontagne : Merci, M. le Président. Je vous salue. Mme la ministre,
je vous ai écoutée, à plusieurs reprises, parler de toute la question des sièges sociaux et puis j'ai entendu brillamment
mon collègue de Saint-François s'exprimer aussi sur les sièges sociaux. Et puis, à chaque fois que vous avez à
intervenir et puis mentionner un peu qu'est-ce qui se passe puis c'est quoi, le défi au niveau des
sièges sociaux, vous mentionnez, avec conviction, le fait que, statistiques
à l'appui, le Québec est davantage un
prédateur qu'une proie, hein, c'est-à-dire qu'on achète beaucoup plus
d'entreprises à l'extérieur qu'on se fait acheter d'entreprises ici, au Québec.
Puis
c'est certain que, vu de cet aspect-là, on va dire : Écoutez, bon, le
Québec se porte bien puis, dans le fond, on est très actifs sur les marchés, et tout ça. Mais la ministre devrait
savoir qu'il y a une très grande différence, au niveau de la
contribution économique, de qu'est-ce qui se passe... Quand, mettons, exemple,
Saputo a acheté la compagnie australienne Warrnambool, qu'est-ce
qui s'est passé? Oui, ils ont fait une acquisition à l'étranger, c'est très bon
pour l'entreprise, ça vient consolider son
succès, sa base, c'est bon pour les actionnaires, puis après ça, bien,
peut-être qu'au Québec, où est le
siège social de l'entreprise, peut-être qu'il y a un employé de plus qui va
s'ajouter, ou quelque chose comme ça,
ou il y a peut-être une petite rationalisation qui va se faire, mais, grosso
modo, ça va être bon pour l'entreprise. Mais ça ne fera pas nécessairement une grande différence pour le tissu
économique d'une ville, du Québec ou de l'écosystème.
Par contre, si, mettons, l'entreprise australienne avait
acheté Saputo, bien, la conséquence au niveau des emplois
directs de Saputo, mais après ça au niveau de tout l'écosystème de services...
tu sais, qu'on parle des comptables, les avocats,
les analystes, les publicistes, et tout cela, bien, sur une période de quelques
mois, quelques années, ça serait parti. Ça fait que de comparer
ou de dire... d'établir la performance en disant : On est meilleurs ou on
est, dans le fond, plus prédateurs
que des proies, au départ je ne pense pas que c'est la bonne façon de regarder
ça. Puis, sans prendre bien, bien des minutes, j'aimerais ça juste vous
entendre là-dessus, Mme la ministre.
Le Président
(M. Poëti) : Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Anglade :
On est dans une économie ouverte. Si vous me demandez : Est-ce que je
préfère qu'on ait des sièges sociaux
qui grandissent au Québec, et qui restent au Québec, et que, toute leur vie,
ils n'iront jamais ailleurs, et qu'ils vont continuer à grandir, et que
c'est ma préférence qu'on en ait 500, 1 000, 2 000, 3 000?, la
réponse, c'est oui. La réponse, c'est oui
parce qu'il est évident qu'avoir un siège social ici est une valeur ajoutée
inestimable. Il n'y a pas de doute là-dedans, O.K.? On va être très
clairs là-dessus.
Mais on vit dans un
monde réel. Un monde réel veut dire qu'il faut qu'il y ait une économie
ouverte. Alors, je ne dis pas, je ne dis pas
qu'il est normal que des entreprises partent et viennent et que ça n'a pas
d'impact. Ce que je dis, par contre, c'est
qu'on a tendance à se voir comme étant des assiégés. On n'est pas des assiégés.
On est des gens qui parcourent le
monde, qui développent, qui font connaître le Québec, qui vont à l'étranger,
qui vont acquérir. Puis, quand vous
dites qu'une société comme Saputo qui achète, ça ne donne pas vraiment de
valeur ici, dans certains cas ça peut
ne pas donner de valeur, dans d'autres cas ça peut être significatif, parce
qu'ils sont capables de créer des synergies extrêmement importantes,
dont bénéficient les Québécois.
Et, l'autre élément, vous le savez
comme moi, vous avez été en affaires, vous savez comme moi que,
lorsqu'on a des antennes un peu partout, on
a des employés qui voyagent, qui apprennent les meilleures pratiques, qui
parcourent le monde. Ces gens-là, ces
Québécois, quand ils reviennent, ils contribuent à l'essor de l'économie du
Québec. Donc, on gagne beaucoup à ce qu'il y ait ces échanges-là. Donc,
quand nos compagnies acquièrent des entreprises à l'étranger, il y a certainement un bénéfice, qui n'est pas un
bénéfice peut-être direct, demain matin, en termes d'emploi, mais qui
est certainement un bénéfice en termes d'apprentissage et en termes de
meilleures pratiques.
Et je ne veux pas
élaborer trop longtemps pour que vous me disiez que je prends trop de temps,
mais ma perspective, c'est : Dans un
monde idéal, j'aimerais qu'il y ait 30 000 sièges sociaux au Québec.
Mais la réalité, c'est qu'on vit dans une économie ouverte où il faut
faire la part des choses.
M. Lamontagne :
Je suis d'accord avec vous. Écoutez, première des choses, loin de moi l'idée de
dire qu'il faut qu'on ait une
mentalité d'assiégés ici. Si c'est le message que... En tout cas, ce n'est
certainement pas le message que je veux vous transmettre aujourd'hui.
D'entendre qu'on vit dans un monde ouvert, tout à fait.
Puis d'ailleurs je
lisais un article très intéressant à votre sujet dans L'Actualité. Puis,
à un moment donné, le journaliste vous
demande : «Le gouvernement doit-il intervenir pour favoriser le
développement économique ou laisser agir les lois du marché[...]?» Vous dites : «Il doit intervenir pour un
certain nombre de raisons. [...]il y a une concurrence féroce entre États pour attirer des entreprises.» Bon, je
suis vraiment content de vous entendre dire ça, de vous entendre dire,
tantôt, à quel point c'est une richesse
d'avoir un siège social. Ça, je suis convaincu que vous êtes... vous savez tout
à fait ça, O.K.?
Alors,
moi, le sens de mon intervention par rapport à ça, Mme la ministre,
c'est : On a deux choix quand... C'est certain qu'on va en perdre, des entreprises, O.K.? Mais, étant donné que
c'est si important, puis on est conscients de la richesse que c'est — tu sais, moi, je dis qu'il faut en prendre soin un peu là comme la
prunelle de nos yeux, bon — qu'est-ce qu'on peut
faire pour faire ça? C'est certain qu'on ne se dit pas... On ne peut pas tous
les acheter, ce n'est pas ça, mais est-ce que ça se ferait d'avoir une
stratégie qui viserait à protéger puis à développer nos sièges sociaux?
Moi,
honnêtement, je crois que c'est possible. Je crois que c'est possible dans un
contexte... pas où là on apprend qu'un
siège social est en train de se faire acheter, ou une compagnie, là on va aller
voir qu'est-ce qu'on peut faire pour aider, non, dans un contexte où on est proactifs puis on a vraiment une
stratégie dont l'objectif, c'est de tout mettre en oeuvre, dans la mesure du possible, dans le contexte mondial
dans lequel on opère, pour faire en sorte que, quand on en perd un, ce n'est pas parce qu'on n'avait pas mis les efforts
puis l'énergie pour pouvoir le conserver par une façon stratégique, et
tout ça, mais parce qu'on sait que c'est bon pour nous, hein? Moi, je crois que
c'est possible de faire ça, là.
Oubliez
la partisanerie, et tout ça, tu sais, comme quand on a eu une motion il y a
quelque temps. Moi, de voir votre parti
dire, dans le fond : Non, on ne devrait pas essayer d'avoir une stratégie
pour protéger puis développer nos sièges sociaux, je trouvais ça triste
qu'on ne soit pas unanimes à l'Assemblée nationale pour avoir un discours comme
ça.
Mme Anglade :
Quelques réactions par rapport à vos commentaires. On va s'entendre sur
beaucoup de choses. C'est évident
qu'il faut qu'il y ait une veille par rapport à nos sièges sociaux, c'est une
évidence. Et d'ailleurs
c'est des discussions que nous avons.
Un des signes qui peut vous laisser croire qu'il y a effectivement une veille, c'est justement St-Hubert, hein? Il y avait une
veille, on regarde nos sièges sociaux, on regarde ce qui se passe.
Il faut
faire attention, il y a des compagnies qui sont publiques. Alors, quand
les compagnies sont publiques et qu'on
dit : On va faire une veille, puis voici les entreprises
qu'on va surveiller, on envoie un message au marché. On envoie un
message au marché qui n'est pas positif, pour l'entreprise dont on parle, nécessairement,
qui peut faire diminuer la valeur de l'entreprise, qui peut avoir un impact néfaste sur l'entreprise. Alors, il faut
faire attention lorsqu'on
regarde les veilles. Quel type d'entreprise est-ce que l'on regarde, est-ce que ce sont des entreprises
privées? Auquel cas, c'est différent.
Est-ce que ce sont des entreprises publiques? Auquel
cas, c'est une autre façon de regarder la problématique.
Lorsque l'on voit un
exemple comme RONA, on constate que, peu importe... Honnêtement, dans ce
cas-ci, il y avait une décision... Quand 99,9 % de l'actionnariat décide d'aller dans un
sens, il est difficile pour nous de dire : Non, non, non, on veut
le garder. Parce qu'au bout du compte c'est les actionnaires aussi qui doivent
prendre une décision par rapport à ça.
C'est
pour ça qu'il est important, à terme, de développer la relève, qu'il y ait des
choix, que, pour RONA, on ait plusieurs
opportunités à l'intérieur même de l'économie québécoise, que, pour St-Hubert,
il y ait également des opportunités à
l'intérieur du Québec. Certains vous diront qu'il y en avait dans le cas de
St-Hubert et que ça aurait pu être gardé sous, j'allais dire, monopole, mais sous l'emprise du Québec, si vous voulez,
ou bien sous le leadership québécois. Mais la réalité, c'est que, les entreprises privées, à un moment
donné, c'est le président qui décide s'il veut le laisser à sa fille ou
pas, et puis il y a une décision qui est prise. Et puis nous, on ne peut qu'accompagner.
Donc, moi, je vous
dirais que je suis 100 % d'accord dans la nécessité du gouvernement de
faire de la veille, de regarder ce qui se
passe. C'est d'abord ce que nous faisons. Il faut faire attention à nos
entreprises qui sont publiques, par ailleurs, dans ce sens-là.
Le Président
(M. Poëti) : M. le député de Johnson, pour
13 min 26 s.
M. Lamontagne :
Merci, M. le Président. Pour continuer... Pour 13 minutes?
Le Président
(M. Poëti) : Oui, monsieur.
M. Lamontagne : Oui, merci. Pour continuer dans la même veine, Mme la ministre, je reviens à RONA, il y
a deux façons... Parce que vous dites : Faire une veille, c'est certain.
Mais moi, je pense qu'on peut aller plus loin que faire une veille, au sens où il y a
deux choses : il y a... C'est surtout qu'il peut y avoir des prises de
contrôle hostiles, il peut y avoir
des prises de contrôle hostile, O.K.?
Mais aussi, dans un contexte juste
stratégique, de voir comment on peut influencer...
Parce qu'on peut chercher à influencer.
L'exemple de RONA, c'est un très bon exemple, où on a quand même la Caisse de dépôt qui détenait, là, écoutez, de
mémoire, je pense, 17 % des actions de RONA. Puis on a appris
qu'avant que les négociations se terminent,
dans les semaines précédentes, le président de la Caisse de dépôt a eu des
entretiens avec les gens de
RONA pour... «to level», mettre le terrain, là, pour s'assurer qu'après ça la
transaction se ferait de bonne façon. Dans un cas comme ça, à 17 %, on
avait définitivement un levier, pas pour bloquer mais pour influencer un peu — ultimement, quand ce serait complété,
là — quelle
sorte de garantie ou quelle sorte de résultat on pourrait avoir. Puis, quand on lit le prospectus sur lequel ils
ont voté pour autoriser la transaction, il y a toutes sortes d'intentions,
mais, en bout de ligne, ça reste des intentions.
Mais, dans un cas comme ça, puis dans bien
d'autres cas, si on était proactifs, on identifie un certain nombre d'entreprises stratégiques dans lesquelles on peut
prendre une certaine participation qui est suffisante, pas pour bloquer
mais pour être un intervenant à la table
pour, à un moment donné, dire : Écoutez, on est bien d'accord que vous
fassiez le deal, là, mais ça passe par nous autres; puis nous autres,
«by the way», on est pas mal unanimes au Québec, là, si on a ces conditions-là, ça va bien aller; sinon, c'est plus
compliqué. Les gens, là, ils veulent faire des transactions. Moi, c'est
plus dans ce sens-là que j'inviterais votre
gouvernement à être proactif, vraiment à avoir des idées bien arrêtées, au-delà
de la veille, pour réagir, à déterminer vraiment...
Vous êtes
friande des stratégies. Je vous écoutais tantôt me parler de toute la liste des
stratégies que vous allez déposer,
là. Moi, j'aimerais ça en avoir une, stratégie, pour la protection puis le
développement des sièges sociaux, pas dans un contexte où on est des assiégés, pas dans un contexte où on veut tous
les garder, on ne veut pas qu'ils partent, dans un contexte où on sait qu'à chaque fois qu'il y en a
un qui part, c'est vraiment coûteux pour le Québec, puis on... Ce n'est
pas un défaut de chercher à en préserver le plus possible, Mme la ministre.
• (17 h 40) •
Mme
Anglade : Bien, j'ai envie de vous dire, d'abord, que je vous entends
sur ce que vous dites et qu'on est en discussion
constante... je suis en discussion constante avec mon collègue, mon collègue
des Finances, et qu'il est
évident que, dans ce que l'on fait puis les
gestes que l'on pose... On a posé déjà un certain nombre de gestes, justement,
par rapport aux OPA hostiles, notamment,
pour nous assurer qu'en cas d'OPA hostiles nous ayons plus de temps pour nous
revirer de bord, si vous voulez me passer
l'expression, puis de trouver des solutions concrètes avec les acteurs
financiers, le bras financier du Québec étant Investissement Québec, et
d'autres joueurs.
La seule
chose que je vous dirais, avec laquelle je suis assez en désaccord avec vous,
c'est la Caisse de dépôt. Et
je sais à quel point votre chef aimerait que
le rôle de la Caisse de dépôt soit vraiment d'intervenir, hein, de manière beaucoup plus importante et systématique
dans l'économie du Québec, en fonction des priorités gouvernementales. Or, il y
a des choix qui ont été faits. L'argent qui est à la Caisse de dépôt,
c'est l'argent de nos déposants, c'est le bas de laine des Québécois, parce que ce sont les retraites des
Québécois. Et il y a des objectifs de rendement. On est tous contents
quand la Caisse de dépôt annonce 9 % de
rendement, mais, s'ils annoncent 9 % de rendement, c'est parce qu'ils ont
une politique de diversification,
parce qu'ils font des choix qui ne sont pas des choix politiques mais qui sont
des choix qui sont rentables pour les Québécois.
Alors là,
c'est une philosophie qui est différente. Je ne pense pas que nous devrions
intervenir. Je ne pense pas que je
devrais prendre mon téléphone puis dire à Michael Sabia : Écoute, dans le
cas de RONA, s'il te plaît, ne vend pas, parce qu'on devrait vraiment garder ça, parce qu'on veut avoir telle
influence. À partir du moment où tu commences à intervenir, elle est où, la limite de l'intervention? Et on a
voulu créer délibérément ce mur de Chine, si vous voulez, avec la caisse
pour nous permettre de garantir le bas de
laine des Québécois. La perspective d'Investissement Québec est différente. Et,
à la limite, la perspective du Fonds de solidarité peut être différente.
Là où je vous
rejoins, c'est que ça n'empêche pas la caisse, le fonds, Investissement Québec,
le gouvernement de s'asseoir, puis de
réfléchir collectivement, puis de se dire : Il y a des stratégies qu'on va
mettre de l'avant, tu sais, qu'il y
ait une manière de réfléchir à ça, tu sais, qu'il y ait une cohérence que l'on
devrait assurer. Et je pense que c'est une proposition qui tient totalement la route. Sur un certain nombre de
sujets, hein? Je ne parle pas nécessairement des sièges sociaux, mais d'une politique de mobilisation des
acteurs économiques. Ça, je pense que ça tient totalement la route, et
je vous rejoins là-dessus, et je vous remercie du commentaire.
Le Président (M. Poëti) : M. le
député Johnson.
M. Lamontagne : Merci
beaucoup de votre écoute, Mme la ministre. Dans un autre ordre d'idées, un sujet un petit peu semblable, on a fait quand même
des engagements assez importants dans les derniers mois envers une
entreprise québécoise que je n'aurai pas besoin de nommer mais pour laquelle on
s'est commis à hauteur de 2,5 milliards de dollars américains. Et puis, au
fil des semaines et des mois, il est apparu, en quelque part, à un moment
donné, que la question de l'emploi ou la
question de protéger certains emplois n'avait pas été abordée par le gouvernement. Ça, c'est de la bouche de l'ancien ministre de l'Économie, qui
a dit ça.
Mais c'est surtout... Moi, ce qui m'a troublé,
c'est quand notre premier ministre, en Chambre, en réponse à une question, à un moment donné, est allé
dire : Écoute, tu sais, ce n'est
pas au gouvernement... ou le gouvernement ne doit pas chercher à, tu sais... ou ne peut pas dicter à
des entreprises des règles par rapport à des emplois, et tout ça, même,
ça pourrait nuire à leur compétitivité, ça pourrait nuire à l'entreprise.
Ça, Mme la
ministre, je vais compléter, mais je vais vouloir vous entendre, parce que ce
qui est possible ou ce qui n'est pas possible, ce n'est pas écrit dans
un livre de règlements. C'est deux partis qui négocient, qui, au résultat final
de leurs discussions,
ont décidé jusqu'où ils étaient prêts à aller, un et l'autre, pour obtenir une
transaction. Ça fait que moi, d'arriver puis de voir mon gouvernement
puis la Caisse de dépôt qui se sont commis chacun, séparément — il semblerait que le bras gauche ne sait pas trop ce
que le bras droit fait — pour 2,5 milliards, ce qui était la valeur à peu près de l'entreprise, ou même je pense que l'entreprise
valait moins que ça, puis qu'en bout de ligne on n'a pas jugé opportun d'aborder la question de l'emploi ou même de
sortir de cet engagement-là qu'on a pris avec certaines garanties
d'emploi, je me dis : Écoute, si on ne
peut pas faire ça avec 2,5 milliards, christie, on ne pourra jamais le
faire. C'est vraiment, vraiment impossible à faire, là.
Ça fait que,
moi, d'entendre mon premier ministre pour dire que c'est quelque chose qui ne
se fait pas, ça m'a vraiment interpelé. Puis j'aimerais ça savoir, notre
nouvelle ministre de l'Économie, à quelle enseigne elle se loge par rapport à
ça.
Le Président (M. Poëti) : Mme
la ministre.
Mme Anglade : Les planchers d'emploi... Moi, quand je parle de
plancher d'emploi, moi, j'ai envie de vous dire qu'on s'enfarge beaucoup dans les planchers d'emploi. Et ce qui est fondamental, puis là je vais revenir dans ce genre de dynamique là, c'est de
nous assurer que nos entreprises sont compétitives, qu'elles sont capables de
concurrencer le reste des marchés.
Je vais
abonder dans le sens de mon premier
ministre, pas parce que
c'est mon premier ministre, mais parce
que je crois pertinemment que ce qui est important,
c'est qu'on arrive à croître dans des secteurs comme la CSeries. Je le
pense, j'en suis convaincue. Je suis
convaincue que l'avenir de tous les emplois, des 40 000 emplois que nous avons, c'est
par là qu'il passe.
On a fait
référence tout à l'heure à des gestes que pose la Caisse de dépôt, la main
droite, la main gauche, mais la réalité, c'est que la Caisse de dépôt,
elle, cherche d'abord et avant tout un rendement. Nous, dans le développement économique, on regarde de manière générale les
questions d'emploi qui vous préoccupent. C'est sûr qu'on regarde ça. Et
c'est dans cette optique-là, d'ailleurs, qu'on a décidé d'investir dans
Bombardier.
Mais je vous dirais la chose suivante : Il
y a environ trois semaines, j'ai rencontré 70 leaders du secteur de l'aérospatiale, de l'aéronautique, du monde des
petites entreprises, des grandes entreprises, des syndicats. Nous avons discuté pendant trois heures. Nous avons parlé
d'innovation, nous avons parlé de numérique, nous avons parlé de main-d'oeuvre. À aucun moment, la question du plancher
d'emploi n'a été même abordée. À aucun moment, les gens n'ont dit :
Ah! bien, il faut absolument qu'on garantisse l'emploi quand on fait des
transactions. Pourquoi? Parce qu'ils savent très
bien que l'avenir du Québec puis la prospérité du Québec passent par notre
capacité à être innovants, par la capacité à investir aux bons endroits plutôt que par le maintien des emplois de
manière factice. Et ça, c'est quelque chose qui me rejoint, qui est plus
dans la nouvelle économie.
Le plus grand
moyen pour assurer la compétitivité du Québec à terme, c'est d'assurer sa
capacité à innover puis à créer.
C'est le meilleur moyen. Vous avez été en entreprise, vous savez à quel point
c'est ça qui va faire la différence. Ce n'est pas de dire : S'il vous plaît, mettez tel niveau, tel niveau,
tel autre niveau. Ce n'est pas de s'enfarger dans des planchers
d'emploi, mais c'est de défoncer des plafonds de verre. C'est ça qui est
important. Merci.
Le Président (M. Poëti) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Johnson.
M. Lamontagne :
Alors, M. le Président, je remercie la ministre. Ce n'est pas l'idée de
s'enfarger dans les planchers
d'emploi, c'est simplement l'idée de levier. Quand on a des millions et des millions
avec les fonds publics qu'on investit, est-ce qu'il est légitime de
penser qu'on peut chercher à influencer un petit peu qu'est-ce qu'il se passe
au bénéfice de la collectivité? Bien, moi, je pense que oui.
Parce que, si
on va jusqu'au bout, Mme la ministre, de ce que vous venez de me dire sur les
sièges sociaux puis après ça on prend
ça sur l'emploi, bien, écoutez, on va mettre des milliards, mettons, dans
Bombardier, qui, j'espère, va faire
un succès — j'en
suis actionnaire, ça fait que j'espère que ça va faire un succès. Présentement
ça ne va pas bien, là, hein? Mais
ultimement, si l'entreprise va vraiment bien, il est possible qu'à un moment
donné Bombardier soit achetée, qu'elle
s'en aille. Puis nous, bien, si la caisse a bien fait son travail, on va faire
quelques millions, quelques centaines de millions. Puis, à travers tout cet exercice-là, qu'on va avoir mis des
milliards, on va avoir aidé à sécuriser cette entreprise-là, ce qu'on va en retirer pour le bénéfice de mes
enfants puis de vos enfants, bien, ça va être de l'argent qui va tomber à
la Caisse de dépôt. Je trouverais ça triste, Mme la ministre, que ça se résume
à ça.
Quand on a
une chance d'influencer au bénéfice de la collectivité, je trouve ça triste
qu'on s'en remette strictement aux
lois du marché puis qu'on dise : On va faire le choix de ne pas le faire.
Ça, je trouve ça triste d'entendre ça, vraiment.
Le Président (M. Poëti) : Mme
la ministre.
Mme Anglade : Moi, j'aimerais
vous dire que, dans le cas qui nous occupe, on est dans un cas de croissance, que ça va bien, que, le secteur de l'aérospatiale,
globalement, les entreprises se portent bien. Mais là il faut bien
comprendre qu'on est dans le cas d'une
entreprise qui est en redressement. C'est de ça dont on parle, hein? On est
dans le cas d'une entreprise qui a des enjeux importants et qui
représente un secteur névralgique pour nous. Alors, surtout dans des cas comme ça, il faut que tu ailles cas par cas, parce
que, par définition, ce sont des cas individuels, là, étant donné les
valeurs investies.
• (17 h 50) •
Et
ce que je souhaite d'abord et avant tout, c'est que Bombardier soit une
entreprise qui génère des profits, parce que nous sommes tous,
collectivement, actionnaires à 49 % d'un avion qui s'appelle le CSeries,
de un, et qu'elle soit extrêmement compétitive au niveau international, que
l'on conserve les 40 000 emplois qu'on a dans le secteur de l'aérospatiale de manière prioritaire, et que l'on
puisse voir d'autres emplois créés grâce au fait qu'on ait maintenu ce
CSeries-là. C'est de cette manière-là dont je regarde le problème, pas de
dire : Est-ce qu'on a gardé 500 emplois ou 600 emplois quelque part? C'est vraiment de regarder l'image totale
qui nous est présentée. Ça fait qu'on a une divergence dans nos
perspectives.
Le Président (M. Poëti) : Il
reste sept secondes, alors peut-être un dernier mot.
M. Lamontagne : Merci, M. le
Président. Merci, Mme la ministre.
Le Président (M. Poëti) : Merci, M. le député de Johnson. Nous allons
passer maintenant à la partie gouvernementale pour une période de près
de 10 minutes. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci, merci beaucoup,
M. le Président. J'avais initié, lors du... mon intervention à la fin du bloc
précédent pour aborder le sujet des exportations. En fait, pourquoi je l'ai
fait? Parce que, malheureusement, notre collègue
de Sanguinet a voulu jouer un jeu, bien, on va jouer le jeu ensemble, M. le
Président, de façon respectueuse. En fait, ce que j'aimerais surtout, au
bénéfice de la population, c'est élaborer un peu plus sur les chiffres, sur
l'état des exportations québécoises sans
aucun intérêt de piéger qui que ce soit mais plutôt d'informer, faire de la
pédagogie, à ce niveau-là, pour les
citoyens, et par la suite inviter, là, la ministre à nous faire part de sa
vision au niveau des exportations.
Je vais
commencer par mentionner que le niveau des exportations totales du Québec se
situe aujourd'hui, là, à la fin de
2015, autour de 170, 175 milliards. Surtout, quand on regarde... on sépare
les exportations intraprovinciales versus les exportations internationales, on est retournés à des sommets de
pré-2008, donc juste avant la crise financière de 2008, qui a affecté grandement notre voisin américain.
Ça a quand même pris presque huit ans pour retourner à ces sommets-là. C'est un témoignage, c'est un reflet direct de
quelle façon, justement, notre très grande concentration de nos
exportations internationales envers notre voisin affecte l'économie canadienne
et québécoise.
Par ailleurs, ce qui est important de
mentionner, c'est qu'il y a des efforts constants du Canada, du Québec de vouloir diversifier ces exportations. Ceci dit, il
faut faire attention. Dans un des commentaires du collègue de Sanguinet,
lorsqu'il fait référence à certains bureaux du Québec à l'étranger qui ont vécu
soient des diminutions de personnel ou même,
là, des fermetures... Je vous donne l'exemple de l'antenne du Québec à
Santiago, au Chili, parce qu'il en a fait mention. L'antenne de Santiago au Chili, jusqu'au moment où le bureau a
été fermé l'an dernier, c'est essentiellement une personne responsable de l'administration qui était sur place. Ce
n'était pas un professionnel, ce n'était pas un délégué du Québec à l'étranger, ce n'était pas une personne
spécialisée en développement commercial pour la région du Chili. Et ça
faisait au-delà de cinq, six ans que l'antenne du Québec à Santiago, au Chili,
n'avait pas de professionnel assigné. Donc, on était, de mémoire, le... on
attendait, pour diverses raisons, là, de combler ce poste-là. Mais l'effet
direct sur l'accompagnement, le service qui
est offert aux entreprises québécoises — je vais corriger le collègue de
Sanguinet — n'a
aucun impact pour nos entreprises qui exportent déjà au Chili ou qui souhaitent
exporter au Chili. Et c'est le cas pour d'autres antennes d'autres bureaux.
Parce qu'il y a une nuance.
Il vous a également interpellée sur les ressources
dédiées, le partenariat entre votre ministère, le ministère de l'Économie, avec le ministère des Relations
internationales. Et il y a une différence fondamentale. Dans les emplois,
les représentations du Québec à l'étranger,
il n'y a pas que des... Je le souhaiterais, parce que, comme vous, j'ai un
immense intérêt à ce que le Québec exporte et rayonne au niveau économique à
l'international, mais les effectifs du Québec à l'étranger ou à l'international ne sont pas qu'à caractère économique.
En fait, je dirais même qu'ils sont... En termes de proportion, ce n'est pas la principale, disons,
fonction de ces représentations-là : il y a des fonctions diplomatiques,
il y a des fonctions culturelles
également, et il y a même des collègues de différents ministères. Par exemple,
au niveau du MAPAQ, il y a des
employés du gouvernement du Québec qui travaillent et qui siègent dans des
bureaux du Québec à l'étranger pour justement
stimuler la présence de produits québécois au niveau agro, à ce niveau-là.
Donc, il y a une nuance à apporter à ce niveau-là, j'expliquerai.
Par ailleurs,
la chaîne de services, également, qui est offerte actuellement sur le
territoire québécois pour accompagner
et stimuler nos entreprises à exporter encore plus se décrit de la façon suivante.
Encore là, dans un souci de pédagogie
et d'explication, de faire un portrait des efforts que fait le Québec au niveau
des exportations, on commence par des
organismes régionaux de promotion des exportations. Auparavant, j'ai mentionné
qu'à Laval, Laval Technopole avait un
centre, une équipe dédiée à faire de la sensibilisation, à faire de la
promotion, à organiser des conférences, à même accompagner des entreprises à développer des plans d'affaires à
l'international, O.K.? Parce que c'est la base — on ne peut pas exporter si on n'étudie pas le marché vers lequel on souhaite
exporter — de
connaître la culture d'affaires, de connaître les besoins et les produits et de quelle façon il faut adapter nos
produits et services qu'on souhaite exporter en fonction des marchés
concernés. Donc, ça, c'est la première étape, l'étape de base qui se fait
régionalement.
Et il y a sur
le territoire du Québec 19 ORPEX. Si je ne me trompe pas, je pense que
c'est 19 organismes régionaux de
promotion des exportations qui sont présents sur le territoire. À Montréal,
dans votre vie professionnelle précédant la politique, vous étiez voisine de la chambre de commerce du Grand
Montréal, qui est également... Une de ses divisions, c'est le World Trade Center. Le commissaire à l'international
siège et travaille à l'intérieur du World Trade Center. Et le territoire
montréalais est divisé en trois territoires.
Donc, le plus gros ORPEX sur le territoire de Montréal, c'est le World
Trade Center. Mais il y a également la
chambre de commerce de l'est et le service de développement économique de
l'ouest à ville
Saint-Laurent, si je ne me trompe pas. Et, de cette façon-là, par exemple, ici,
à Québec, c'est Québec International qui a cette fonction-là, cette
responsabilité-là.
Ça, c'est la
proximité, le service de proximité à l'international qui est offert en
partenariat par le gouvernement du Québec,
les MRC et également notre partenaire canadien. Donc, c'est un partenariat
multiple, à ce niveau-là. Par la suite, il y a les divisions, si on peut dire, les bureaux régionaux du
ministère, qui relèvent de notre collègue, si je ne me trompe pas, Mme la ministre responsable des PME, mais,
bref, c'est à l'intérieur du ministère. Elles occupent un espace et un
rôle primordial, parce que non seulement il
faut faire la formation, la sensibilisation, l'accompagnement au niveau d'un
plan d'affaires à l'international, mais il faut également associer à cela des
outils.
Et je suis
convaincu que, dans votre réponse à mon intervention, vous allez me parler du programme
de soutien aux exportations, le PEX,
dans lequel... Dans le dernier budget, on a annoncé un refinancement de ce
programme-là. C'est une mesure de financement pour soutenir les PME qui
souhaitent initier leurs démarches à l'international.
J'ouvre une
parenthèse à ce niveau-là, Mme la ministre, parce que le collègue de Sanguinet
essayait de vous piéger sur une
question, à savoir connaître vos connaissances au niveau des exportations, et
tout ça. Mais il oublie qu'entre 2012 et
2014, alors qu'il faisait partie du parti ministériel du précédent
gouvernement, ils ont aboli... ils n'ont pas financé le programme de
soutien aux exportations, le PEX. Et aujourd'hui il se sent fier de poser des
questions à ce niveau-là et de vous
interpeller, essayer de vous piéger, alors qu'à l'époque où il faisait partie
du parti ministériel, malheureusement, pendant une période de
18 mois, le programme de soutien aux exportations, qui était déjà fort
populaire à la fin du précédent gouvernement
libéral... Malheureusement, les PME en ont souffert à ce moment-là et se sont
ouvertement plaintes de ce manque de soutien. Surtout, pour les PME,
vous le savez comment le cash-flow, le fonds de roulement est très important et de quelle façon même un soutien de
10 000 $, 15 000 $, 30 000 $ peut faire une
énorme différence, peut définir, peut
déterminer la stratégie d'exportation vers des nouveaux marchés pour une PME de
15, 30, 50 employés. Et malheureusement ils... Ils ne s'en
réjouissent pas, ils ne s'en vantent pas, mais ils ont ça à leur historique, si
on peut dire, à leur compte.
• (18 heures) •
Par la suite,
il y a Export Québec, Export Québec qui est une équipe qui relève de votre ministère, de votre
mandat, avec qui, depuis déjà
deux ans, j'ai l'occasion de travailler, de surcroît. Et je pense
que vous allez profiter de l'occasion également pour nous parler de la stratégie
d'exportation qui est en gestation actuellement, qui est en préparation. Et l'équipe d'Export Québec joue un rôle très important
pour faire le relais, faire le lien entre tous ces partenaires qui
travaillent sur le territoire lavallois... le territoire québécois — je
souhaiterais que ce soit uniquement lavallois, mais le territoire québécois,
O.K.? Mais j'ai de la continuité, hein, dans mon intervention, oui, oui, j'ai
de la suite, effectivement — mais
ils font ce lien-là entre ces ressources québécoises et la présence du Québec à
l'international.
Le Président (M. Poëti) : Je suis
désolé, M. le député de Laval-des-Rapides, le temps est écoulé.
Alors, la commission
ajourne ses travaux au mardi 19 avril 2016, après les affaires
courantes, afin de poursuivre l'étude de ce volet. Bonne fin de soirée à
tous.
(Fin de la séance à 18 h 1)