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(Neuf heures six minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, je
déclare la séance ouverte et je vous rappelle le mandat de la
commission. La commission de l'économie et du travail est réunie
afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour l'année
financière 1993-1994. Je porte à votre attention que pour
l'étude des programmes 1, 2, 3 et 5 des crédits
budgétaires du ministère, dont nous devons traiter ce matin, il y
aurait une enveloppe maximale de deux heures. M. le député de
Joliette, vous aviez des questions précises ou...
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais remercier,
tout d'abord, le sous-ministre, M. Geoffrion, de m'avoir fourni les documents
demandés, ainsi que Mme Gariépy de m'avoir donné une
information que nous avions demandée concernant un employé
d'Hydro-Québec, employé à la fois d'Hydro-Québec et
d'une firme de communication. Nous avons obtenu les informations à notre
satisfaction et nous vous en remercions.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Joliette, je m'excuse. Il y aurait quelques remplacements. Pour ne pas insulter
nos collègues, si vous permettez, M. le secrétaire, voulez-vous
les identifier?
Le Secrétaire: M. Bélanger (Laval-des-Rapides) est
remplacé par M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon); M. Charbonneau
(Saint-Jean) est remplacé par M. Thé-rien (Rousseau); M. Forget
(Prévost) est remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert); M.
Leclerc (Taschereau) est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Richard): Merci, M. le secrétaire.
Soyez les bienvenus, messieurs. M. le député de Joliette, vous
avez la parole.
M. Chevrette: Merci. Donc, compte tenu que nous avons beaucoup de
sujets, je ne reviendrai pas sur l'affidavit de Mme Sinclair, mais je demeure
convaincu que ça ne touche pas toujours... que ça ne touche pas
le fond du litige. Le fond du litige, c'est la destitution. Une
allégation d'avoir ou pas reçu les motifs, ça ne change
rien, au fond, sur les motifs. Mais ça, je pourrais faire un
débat de droit, même si je ne suis pas avocat, puis ça me
ferait d'autant plus plaisir de le faire avec quelqu'un qui ne l'est pas. Donc,
on pourrait faire un beau combat, mais ça ne changerait rien à la
situation. Donc, quand ça ne donne rien, moi, j'arrête tout de
suite; quand je suis sûr que ça porte, je continue.
M. le Président, ce matin, nous allons toucher plus
particulièrement Hydro-Québec. Étant donné
que...
Le Président (M. Richard): M. le ministre. Discussion
générale Projet Soligaz (suite)
M. Tremblay (Outremont): Avec votre permission, M. le
Président, très brièvement, une autre question qui avait
été posée par le député de Joliette
concernant le projet Soligaz, je pourrais vous donner...
M. Chevrette: Le détail?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Et je puise cette information du
rapport d'enquête et d'audiences publiques sur le projet Soligaz,
approvisionnement et entreposage du terrain de l'équipe de gaz naturel,
à Varennes. Alors, le coût du projet Soligaz, au moment des
audiences, était le pipeline variait entre 146 000 000 $
à 157 000 000 $ et les installations à Montréal, 124 000
000 $. Donc, le projet comme tel, incluant le pipeline qui est retardé
présentement, c'était 270 000 000 $. Ce projet devait engendrer
des retombées économiques ou des investissements de 1 850 000 000
$ ventilés de la façon suivante: l'usine MTB, 200 000 000 $,
doublement de la capacité de l'usine d'éthylène de
Pétromont, 700 000 000 $; l'agrandissement de l'usine de polyethylene de
Pétromont, 80 000 000 $; une usine de chlorure de vinyle, 200 000 000 $;
une usine de styrène, 150 000 000 $; une usine de polypropylene, 370 000
000 $ et, également, une usine de phénol et de cumen de 150 000
000 $ et, si me je rappelle bien, ces 150 000 000 $, c'était le projet
de Kemtec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. (9 h
10)
M. Chevrette: Donc, je n'avais pas exagéré en
parlant de 1 000 000 000 $. Vous êtes rendu à 1 800 000 000 $,
pour me dire que ça ne se réalisera peut-être pas cette
année, peut-être pas l'an prochain, ça va dépendre
de la crise économique. C'est bien ça?
M. Tremblay (Outremont): C'est un projet d'investissement
à moyen et à long terme pour...
M. Chevrette: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...consolider...
M. Chevrette: Mais qui a permis de vous péter les
bretelles à court terme.
M. Tremblay (Outremont): ...la grappe pétrochimique et la
plasturgie dans le Grand Montréal métropolitain, entre autres, et
au Québec, de façon plus générale.
M. Chevrette: Mais, pas plus qu'hier soir, vous n'êtes
capable de me dire que les investissements vont se faire cette
année?
M. Tremblay (Outremont): Si vous pouviez me dire comment vont se
comporter les marchés et me faire des prévisions au niveau de la
conjoncture économique, c'est très difficile. Même les
grandes entreprises qui ont énormément de spécialistes sur
l'évaluation du marché ont de la misère, aujourd'hui,
à nous dire, de façon réaliste, quelles vont être
les prévisions en ce qui concerne le marché.
M. Chevrette: Comment ça se fait que vous êtes plus
réaliste ici qu'en Chambre, quand on vous pose le même genre de
question? Ha, ha, ha! En Chambre, ça va bien, c'est épouvantable,
on jurerait que tout baigne dans l'huile et, ici, vous êtes plus
modéré...
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Chevrette: ...plus sobre, moins effarouché, je ne sais
pas.
M. Tremblay (Outremont): II y a deux réponses à
cette question.
M. Chevrette: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Sûrement parce que le
député de Joliette, aujourd'hui, est plus le député
de Joliette que le leader parlementaire. Donc...
M. Chevrette: Puis, vous, vous êtes plus...
M. Tremblay (Outremont): ...on n'est pas obligé de...
M. Chevrette: ...ministre de l'Énergie que de l'Industrie
et du Commerce, quand vous arrivez ici.
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha! On n'est pas obligé
de répondre sur le même ton à ces questions et, la
deuxième raison, pourtant, ça, il devrait le savoir, le
député de Joliette, je dis toujours la
vérité...
M. Chevrette: Ah!
M. Tremblay (Outremont): ...ça m'en fait moins à me
rappeler, donc...
M. Chevrette: J'ai remarqué ça en Chambre,
hier...
M. Tremblay (Outremont): ...il n'y a pas de problème.
Octroi d'un contrat d'Hydro-Québec international
M. Chevrette: ...avant-hier. On m'a parlé du contrat de
Gobeil, pour partir, pour voir si vous allez dire la vérité.
Revenons au contrat de Paul Gobeil, à la question qui vous a
été posée en Chambre, à laquelle vous n'avez jamais
répondu. Considérez-vous qu'un président
d'Hydro-Québec international, qui s'octroie un contrat dans sa compagnie
même si vous me dites «le conseil d'administration»,
il n'en demeure pas moins qu'il est le président du conseil
d'administration est-ce que vous ne considérez pas que le minimum
de prudence aurait été d'aller en appel d'offres, tout au moins,
pour couvrir à la fois son propre président? Qu'il n'y avait
aucune urgence, contrairement à ce que vous avez dit? Contrairement
à ce que vous avez dit vous avez dit que vous ne mentiez jamais
il n'y a aucune urgence, on aurait très bien pu aller en appel
d'offres ou, tout au moins, prendre des précautions minimales pour ne
pas, précisément, afficher carrément cette situation de
conflit d'intérêts. Ça saute aux yeux. Il n'y a pas
personne qui vous a cru, au Québec. Personne ne vous a cru, au
Québec, dans ce que vous avez dit, sauf certains patroneux. Mais le
monde ordinaire qui vous a écouté dans votre réponse,
personne ne vous a cru, M. le ministre. Vous ne considérez pas qu'un
président de société d'État ne doit pas se placer
en situation de conflit d'intérêts ou qu'il démissionne
carrément?
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, j'ai
donné des faits à l'Assemblée nationale qui se
résumaient sensiblement aux propos suivants: Que Hydro-Québec
concurrence dans un marché qui est très compétitif et
très spécialisé. Il arrive parfois que le gouvernement du
Québec doive faire appel, en négociant de gré à
gré des ententes de services avec des personnes qui ont une expertise
particulière. Le contrat a été octroyé par le
président d'Hydro-Québec international et ratifié, par la
suite, par le conseil d'administration d'Hydro-Québec international.
Tous les contrats qui sont donnés de gré à gré sont
des contrats transparents et ils sont colligés dans les minutes du
conseil d'administration d'Hydro-Québec international. Donc, ce sont les
faits.
Nous avons convenu de demander un rapport complet sur l'octroi du
contrat à la firme Stratact et le président d'Hydro-Québec
devrait nous donner cette information dans les plus brefs délais.
M. Chevrette: Donc, à la suite de la question en Chambre
de mardi, si je comprends bien, vous avez décidé de faire un
petit peu plus de lumière. Parce que vous n'étiez pas satisfait
de la réponse que vous aviez donnée?
M. Tremblay (Outremont): Du tout. Au contraire, la question qui
m'était posée, j'y ai répondu en
donnant les faits et on avait déjà fait des appels
téléphoniques pour être plus informés et avoir un
rapport complet sur l'octroi du contrat à la firme Stratact.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, entre ce qui se fait sur
papier ou ce qui se dit, ce qui se décrit et l'image publique que
représente une telle action, pour la moralité politique, entre
guillemets, et moralité aussi, vous ne considérez pas... Nous qui
prêchons continuellement au gouvernement, comme élus, qu'on ne
doit jamais se placer en situation de conflit d'intérêts... Les
ministres, vous êtes obligés... Je le sais, je l'ai
été. On est obligés d'abandonner nos actions, de se nommer
un tuteur pour 3000 $ ou 4000 $ d'actions dans une caisse d'entraide
économique. J'ai eu toute la misère du monde à les vendre,
à part de ça, parce que ça ne valait rien, à
l'époque. On se détache de tout ça, nous autres. Vous
engagez des gars plus cher qu'un ministre, bien souvent. Ce n'est pas le cas du
président d'Hydro-Québec international. C'est 12 000 $ par
année, je le sais. C'est mille quelques cents piastres par jour quand il
est en mission et il a des jetons pour l'année pour l'équivalent
de 12 000$. Ce n'est pas sur le salaire, mais ne doit-t-on pas exiger de ces
présidents-là, quels qu'ils soient, au moins la même
rigueur quant à l'apparence des conflits d'intérêts qu'on
exige d'un politicien? Quand on les défend, M. le ministre, comme vous
le faites, moi, je prétends qu'on manque le bateau. On prouve à
la population du Québec que ce n'est pas bien, bien grave, ça. Il
y a toujours une bonne raison quand c'est une grosse poche qui se place en
conflit d'intérêts. Mais si c'était un petit, là,
ça ferait longtemps qu'il serait dégommé et qu'il serait
parti.
Sur le plan de la moralité politique, est-ce qu'il n'y a pas
lieu, comme gouvernement, d'exiger plus de rigueur, qu'il s'appelle Gobeil,
qu'il ait été ministre ou qu'il ne l'ait pas
été?
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, je pense
qu'il est prématuré de répondre à la question du
député de Joliette. Je répète que nous avons
convenu de demander au président d'Hydro-Québec un rapport
complet sur l'octroi du contrat à la firme Stratact, Stratégies
d'entreprises inc.
M. Chevrette: Est-ce que vous entendez le rendre public, M. le
ministre? Parce que ça fait bien des fois qu'on pose des questions en
Chambre et on a des rapports complets et on ne les voit jamais. Ça a
été le cas de Barsalou, par exemple, dans une commission
scolaire, un des «chums» d'un de vos ministres. Ça a
été le cas de plusieurs dossiers sur lesquels vous vous asseyiez
confortablement sur le couvert de la marmite et on ne sait jamais quoi! Est-ce
qu'il y a un échéancier? Et est-ce qu'il sera rendu public?
M. Tremblay (Outremont): II me semble que la politique du
gouvernement et je l'ai mentionné à l'Assemblée
nationale il y a quelques jours c'est d'être le plus transparent
possible. Lorsque nous aurons reçu le rapport du président
d'Hydro-Québec, à ce moment-là, nous évaluerons la
possibilité de le rendre public.
M. Chevrette: Donc, depuis mardi, on a décidé de
faire un petit peu plus enquête. On essaiera de fournir une question et
si on n'a pas le temps de questionner, on ne le saura jamais.
M. Tremblay (Outremont): Monsieur...
M. Chevrette: Je le prendrai, soyez assuré de
ça.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, c'est une
interprétation des paroles que je viens de dire. Ce n'est pas ce que
j'ai dit. Ce que je dis, c'est que nous avions eu des conversations
préalablement à la question qui nous a été
posée. Lorsque la question a été posée, je n'ai que
donné les faits et nous attendons le rapport du président
d'Hydro-Québec avant de pouvoir répondre de façon plus
claire...
M. Chevrette: Mais vous, comme ministre...
M. Tremblay (Outremont): ...au député de
Joliette.
M. Chevrette: Vous, comme ministre, êtes-vous d'accord avec
ça? Comme élu du peuple, êtes-vous d'accord avec ça,
vous, qu'un président se place en situation de conflit
d'intérêts? Endureriez-vous ça, à la SDI, vous?
M. Tremblay (Outremont): Le...
M. Chevrette: L'endureriez-vous à la SDI?
M. Tremblay (Outremont): Le but du rapport complet que nous avons
demandé, c'est de dissiper tous les doutes qui pourraient exister.
M. Chevrette: Un député ferait ça et il
serait déjà...
M. Tremblay (Outremont): Vous avez mentionné tout à
l'heure que, comme ministres, nous avons l'obligation, si nous détenons
des actions, de les mettre dans une fiducie sans droit de regard et, à
la Société de développement industriel, il y a certaines
politiques qui répondent de façon très claire à ces
questions-là.
M. Chevrette: On verra. M. le Président, je formule le
voeu que le ministre donne suite à ce qu'il vient de dire et qu'il le
dépose.
Je voudrais aborder les contrats à partage de risques.
M. Tremblay (Outremont): Juste sur ce point, M. le
Président, là, la dernière affirmation du
député de Joliette. Le sous-ministre de l'Énergie et des
Ressources
m'informe que toutes les fois que des documents de cette nature ont
été demandés à Hydro-Québec, ils ont
été rendus publics.
M. Chevrette: Bon. Profitant de cette ouverture, je voudrais
avoir le dépôt du rapport de la vérificatrice
d'Hydro-Québec sur l'Ordre du Temple solaire. D'accord? (9 h 20)
Une voix: Ça a été rendu public.
M. Chevrette: Non. Il y a eu des rapports dans les journaux, mais
on n'a pas eu de dépôt du rapport ici. J'aimerais avoir le
dépôt du rapport de l'Ordre du Temple solaire et, en même
temps, demander à M. Geofftïon, dans ce cas-là, s'il peut
nous donner la méthodologie qui a été suivie lors de
l'élaboration du rapport. Est-ce qu'on a vérifié la nature
des contrats qui ont été dispensés à
Hydro-Québec, en termes de formation? Est-ce qu'il y a eu enquête
complète pour savoir si les individus s'identifiant à l'Ordre du
Temple solaire ont touché de près aux décisions quant aux
cours de formation? J'aimerais savoir ça.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je voudrais
fermer le plus rapidement possible les discussions sur Hydro-Québec pour
les raisons que nous avons convenues ensemble. Il y a eu des discussions
pendant cinq semaines à l'Assemblée nationale... Mais, avant de
fermer le dossier, nous allons, d'ici 11 heures, déposer, pour
l'information du député de Joliette, le rapport en question qui,
d'ailleurs, a été rendu public et rapporté presque
intégralement par les médias.
M. Chevrette: C'est possible, mais on n'a pas eu de rapport.
M. Tremblay (Outremont): On va le déposer.
M. Chevrette: Mais ce que j'aimerais avoir, c'est que M.
Geoffrion puisse s'enquérir de la méthodologie, en particulier au
niveau des contrats de formation ou des séminaires ou des colloques
organisés, pour voir si la doctrine passait par les cours. C'est
important, ça. Je sais qu'il y a une conférence qui a
coûté quelques milliers de piastres. J'espère que ça
va être marqué dans le rapport.
Contrats à partage de risques
Contrats à partage de risques. Depuis cinq semaines
précisément, Hydro-Québec a tenté de justifier
certaines choses. Elle nous a envoyé des papiers. Vous vous rappellerez
que, durant les cinq semaines, il n'y avait pas de chiffres de faits. Il n'y
avait pas de projections de faites pour bien longtemps. Quand ils ont vu qu'on
avait certains papiers, ils ont dit: On en avait, mais on ne les rendra pas
trop publics. Quand ça a sorti public, c'est drôle, il y en avait
jusqu'en 1996 et, après ça, ils ont monté à 2001 et
ils m'ont envoyé ils sont drôles en...jusqu'en 2016,
à un moment donné. Quand ils ont vu qu'on en avait pas mal, ils
ont fait faire des projections a posteriori, projections qu'ils avaient,
ça fait longtemps, et là, ils en ont envoyé jusqu'en 2016
pour essayer de diminuer un petit peu l'impact négatif des contrats
à partage de risques. Mais, même les contrats qu'ils m'ont
envoyés, ils arrivent à 1 558 000 000 $ de pertes, de manque
à gagner par rapport au tarif L, et ce sont leurs chiffres. Je pense que
vous les avez eus par la suite, probablement. Mais vous... Relevez le
Journal des débats, là, un tissu de mensonges. Il faut le
dire comme ça s'appelle: un tissu de mensonges. Il n'y a pas de
projections de faites. Il y en a jusqu'en 1993. Après ça, ils en
ont ajouté deux en 1994-1995, durant les débats. Les deux
sous-ministres qui sont là ont assisté à ça comme
moi. Ils n'en avaient pas, de projections de faites. Moi, je leur ai dit que
j'avais des chiffres jusqu'en 2010. Ils sont arrivés, maintenant ils
sont rendus en 2016 pour essayer de minimiser l'impact. Mais, même avec
leurs chiffres, ils arrivent avec un déficit ou un manque à
gagner de 1 558 000 000 $ avec leurs propres chiffres qu'ils m'ont
donnés.
M. le Président, je me suis permis de vérifier certains
chiffres d'Hydro, non pas à partir des chiffres d'Hydro, mais pour faire
des comparaisons et pour établir, à toutes fins pratiques, ce que
ça représentait, les contrats à partage de risques. On a
même changé Bécancour chez vous. M. le Président,
vous connaissez ce coin-là. À Bécancour, il existait des
contrats à partage de risques au moment où il y a eu des surplus
énergétiques, dans les années... au début des
années quatre-vingt. Mais toutes les formules étaient
basées sur le tiers. L'augmentation du tarif L, les compagnies devaient
payer au moins le tiers. C'était l'inflation américaine. Si elle
était de 6 %, on payait 2 %. L'autre tiers était basé sur
le coût du métal. Donc, s'il y avait une catastrophe dans le
métal, au moins, nous avions des gains sur l'augmentation du tarif, le
tiers, et nous avions le tiers de l'inflation américaine. Ils ont
défait ça, eux autres, et ils ont signé un contrat
à partage de risques. Puis je me suis amusé à le faire par
compagnie. Je voudrais demander au ministre s'il considère, par exemple,
qu'un «payroll» comme la compagnie Alouette... Le
«payroll», tous les employés permanents et temporaires, je
les ai mis à 62 000 $ de moyenne. Ça représente 33 800 000
$, en 1993. Est-ce que le ministre sait que le manque à gagner, juste
pour Alouette, en 1993, est de 59 000 000 $, pas loin du double du
«payroll»? Est-ce qu'il considère qu'ils ont signé un
bon contrat? Un «payroll» de 33 800 000 $, puis juste
l'écart, le manque à gagner par rapport au tarif L consenti,
ça représente 59 000 000 $. On fait plus par le rabais que de
payer... On paie presque le double du coût de la main-d'oeuvre. Est-ce
qu'il considère qu'il avait fait un bon coup pour les contribuables et
les actionnaires québécois? Là, c'est pour 1993. Je vous
parlerai après d'autres dates.
M. Tremblay (Outremont): Bon. M. le Président, ça
fait un certain temps que j'écoute attentivement
le débat entre le leader de l'Opposition, le député
de Joliette, et la ministre de l'Énergie et des Ressources. Le
député de Joliette parle toujours de contrats à partage de
risques...
M. Chevrette: Secrets.
M. Tremblay (Outremont): ...et il ne parle jamais des
bénéfices. Si l'Ontario avait eu la même attitude il y a
plusieurs décennies et n'avait pas investi massivement dans l'acier,
l'Ontario n'aurait pas la prospérité économique qu'elle a
aujourd'hui, entre autres à cause du secteur de l'automobile. Le
Québec a pris un risque calculé en investissant des sommes
considérables dans l'avenir du Québec et deux métaux ou
matériaux importants, c'est-à-dire l'aluminium et le
magnésium.
Il y a des retombées économiques à court terme, et
vous allez le reconnaître, M. le Président; il y a
également des retombées économiques à moyen et
à long terme. Juste quelques chiffres, M. le Président, sur les
retombées économiques à court terme, des investissements
totalisant 5 000 000 000 $ de façon directe et indirecte. Et ça
explique en partie... C'est une réponse au chef de l'Opposition qui pose
la question pour dire: Comment se fait-il que pour les années 1992,
1993, les investissements sont un peu inférieurs à ce qu'ils
étaient les années précédentes? Entre autres, parce
qu'on a eu des projets d'investissements majeurs. Huit mille emplois par
année, 41 000 emplois liés à la construction.
J'étais à Sept-îles, à Baie-Comeau, il y a quelques
jours, et les gens nous remercient parce que, depuis que l'usine a
été annoncée, la municipalité manque de ressources
humaines pour émettre des permis de construction au niveau des
résidences et au niveau de la sous-traitance. Le chiffre d'affaires
global annuel parle de 6 000 000 000 $; des achats de biens et de services par
année, 1 200 000 000 $; et, également, la masse salariale
annuelle parle de 600 000 000 $. (9 h 30)
Récemment, dans le journal, on parlait de SNC-Lavalin qui
soumissionne présentement sur deux contrats internationaux pour des
alumineries. Donc, on s'est servi de notre potentiel énergétique,
dans un premier temps, pour favoriser, dans un deuxième temps,
l'implantation d'usines dans le secteur de l'aluminium et dans le secteur du
magnésium. Nous sommes maintenant rendus à la phase 3 du
développement de ce secteur, en favorisant la transformation secondaire
de ces matériaux, dans quel secteur les technologies de l'information,
de matériel de transport terrestre, l'aérospatial, l'habitat
construction. Donc, c'est facile aujourd'hui de regarder un contrat sur une
durée de 25 ans et dire que, selon certaines hypothèses, il y
aurait éventuellement, comme le dit le député de Joliette,
des pertes, ce que nous appelons davantage des investissements à moyen
et à long terme.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre a eu le document
d'Hydro-Québec «Manque à gagner»? Est-ce qu'il l'a?
Pour 1993, là et on le fera pour chaque année, s'il le
veut, jusqu'en 2016, parce qu'Hydro m'a fourni ça. Ce n'est pas moi qui
parle, là il y a 94 000 000 $ de manque à gagner par
rapport au tarif L dans les alumineries de Bécancour, cette
année. Il y a 59 000 000 $ à Alouette. Lauralco, 53 000 000 $
je vais en prendre juste quatre, à part ça
Reynolds, 76 000 000 $.
M. le Président, ça paie plus que tous les
employés, les employés cadres, les temporaires et ce que
ça rapporte en impôts. C'est un déficit net, au bout, et
ça, non pas pour un an. Juste pour les années 1993 à 2001
je l'ai fait pour une portée de vue, là
Bécancour coûtera 463 000 000 $, un demi-milliard quasiment;
Alouette, 470 000 000 $, un autre demi-milliard. Il va falloir qu'il en
achète, des carottes, à Sept-îles, pour combler le manque
à gagner. 270 000 000 $ à Lauralco; 419 000 000 $ à
Reynolds. Ça, c'est pour à portée de vue. Si vous voulez
le faire maintenant jusqu'à 10, seulement jusqu'en 2001, ce sera 1 622
000 000 $ de manque à gagner par rapport au tarif L. Pas selon les
chiffres de l'Opposition, selon les chiffres d'Hydro-Québec
eux-mêmes. Si vous voulez avoir la feuille, je vais vous la montrer. Je
vous la ferai lire.
Maintenant, de 2002 à 2010... parce qu'Hydro-Québec et le
ministre nous disent: Oui, mais c'est un contrat à risques
calculés. Ça devrait se replacer un jour. De 2002 à 2010,
voyons-les une par une, les quatre: Reynolds, 351 000 000 $; Bécancour,
de 2002 à 2010, 440 000 000 $ de plus; Alouette, 576 000 000 $;
Lauralco, 145 000 000 $, pour un total, de 2002 à 2010, de 1 513 000 000
$ de manque à gagner par rapport au tarif L. Quand vous combinez les
deux périodes, vous arrivez au-dessus de 3 000 000 000 $ de pertes. Il a
fallu qu'il y en ait, des retombées positives, vite, vite, vite.
Ça n'a pas de bon sens. C'est un contrat signé par des enfants
d'école ou des matelots en goguette.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je n'ai pas dit
que c'était un contrat à risques calculés. J'ai dit...
M. Chevrette: C'est ça que vous avez dit tantôt.
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Chevrette: On relèvera les galées parce que je
l'ai écrit en même temps que vous le disiez.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas ça que j'ai dit, M.
le Président, et je n'ai pas peur de relire les galées. Ce que
j'ai dit, c'est que c'est un contrat à partage de risques et de
bénéfices et que le gouvernement avait pris un risque
calculé. Je n'ai pas dit que c'était un contrat à risques
calculés. J'ai dit que le gouvernement avait pris un risque
calculé, mais c'est des contrats à partage de risques et de
bénéfices. Je ne crois pas que nous puissions évaluer ce
risque calculé à court terme, principalement à cause de la
conjoncture écono-
mique qui est moins favorable. Par contre, à moins d'être
un devin, il y a des événements qui peuvent venir bouleverser,
possiblement dans les années qui viennent, l'industrie de l'aluminium.
Je vais n'en citer que deux.
Premier événement, c'est que les producteurs de la
Communauté économique européenne présentement font
des pressions pour imposer des quotas d'exportation aux producteurs de la
Communauté des États indépendants en vue de limiter le
déversement de grandes quantités d'aluminium sur le marché
européen. Si les Américains, qui sont les premiers producteurs
mondiaux d'aluminium donc, très sensibles aux
représentations des compagnies d'aluminium acceptent de soutenir
financièrement le développement de la Russie et d'autres
États indépendants, c'est, entre autres, pour leur permettre de
se développer et de créer de la richesse en Russie et dans les
États indépendants, avec la conséquence que l'aluminium,
au lieu d'être exporté sur les marchés, va servir
principalement au développement de secteurs industriels porteurs
d'avenir en Russie. Donc, premier événement qui pourrait venir,
de façon importante au cours des prochaines années, changer
toutes les hypothèses qui sont dans le document que vous avez.
Deuxièmement, le président américain, Bill Clinton,
considère d'augmenter une taxe sur l'énergie qui favoriserait la
hausse d'un seul coup du prix de l'aluminium de 0,02 $ la livre. Alors, il faut
se mettre dans un contexte international. Les deux mesures ensemble peuvent
venir changer les hypothèses de travail que vous mettez de l'avant.
Alors, ce sont des contrats sur une longue période de temps et, à
ma connaissance, le député de Joliette n'est pas un devin.
M. Chevrette: Non, mais je connais mon dossier. Pourriez-vous me
dire à quel prix est l'aluminium, présentement?
M. Tremblay (Outremont): Oui, il fluctue entre 0,50 $ et 0,55
$.
M. Chevrette: Pourriez-vous me dire quand est-ce que ça
commencerait à être payant, vos contrats secrets? Il faudra qu'il
soit à quel prix la livre?
M. Tremblay (Outremont): Je vais vous...
M. Chevrette: II faudrait qu'il soit à quel prix la livre,
pour que ça soit payant, vos contrats secrets? C'est ça, la
question qui vous est posée.
M. Tremblay (Outremont): Ça dépend des
hypothèses, mais les hypothèses qui ont été
mentionnées par les...
M. Chevrette: Non, ça ne dépend pas des
hypothèses. Des contrats, ce n'est pas des hypothèses, M. le
ministre. Un contrat, ça a des règles fixes. À quel prix
vous vous êtes basés, Hydro-Québec et vous, quand vous avez
autorisé à signer le contrat? À quel prix ça
commence à être payant?
M. Tremblay (Outremont): Le...
M. Chevrette: 0,83 $?
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Chevrette: Oui ou non?
M. Tremblay (Outremont): Le chiffre qui a été
mentionné par la ministre de l'Énergie et des Ressources, c'est
0,75 $, à l'origine. C'était le chiffre qui avait
été mentionné à l'origine. Mais, M. le
Président...
M. Chevrette: II est à 0,52 $. Avec 0,02 $, il a l'air
intelligent.
M. Tremblay (Outremont): ...est-ce que j'ai le droit de poser une
question?
M. Chevrette: Non. Vous êtes là pour
répondre.
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas? Bien, je peux la phraser
d'une façon différente. Je peux donner une réponse. Si,
dans votre portefeuille d'actions, vous aviez eu des actions d'Alcan au cours
des 20 dernières années, est-ce que vous le regretteriez? Au lieu
d'avoir des actions dans d'autres entreprises? Dans l'Alcan. Si vous regardez
l'Alcan, parce qu'il faut dire que quand, nous, comme gouvernement, on prend un
risque calculé de plus de 1 000 000 000 $, selon vos chiffres, il faut
prendre pour acquis qu'il y a des partenaires économiques qui prennent
des risques semblables, mais qui totalisent cinq fois les risques que nous
prenons. Donc, ce que vous êtes en train de dire, c'est que des
multinationales comme Alcan, comme Reynolds, comme Alumax, comme Pechiney et,
également, comme les cinq entreprises d'envergure mondiale qui
investissent dans l'aluminium font une erreur.
Alors, je préfère croire en des multinationales qui ont
donné un rendement important à leurs actionnaires depuis de
nombreuses années que de croire en des projections sur une
période de 20 ans, alors que vous êtes les premiers à nous
dire, à l'Assemblée nationale, que...
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire qu '
Hydro-Québec...
M. Tremblay (Outremont): ...des prévisions de plus de
trois ans n'ont aucune validité. C'est ce que vous nous dites tout le
temps. (9 h 40)
M. Chevrette: Vous êtes en train de me dire
qu'Hydro-Québec, qui m'a fait parvenir il y a à peu près
15 jours ses projections jusqu'en l'an 2016, est dans les carottes. Est-ce que
les documents qu'elle n'a pas voulu rendre publics mais qu'on a... qui
étaient en 2010, c'est dans les carottes? Plus que ça,
Hydro-Québec a même menti à la commission je vais
loin dans mon accusation parce qu'il n'y en avait pas
rappelez-vous ce qu'Hydro-Québec disait, pour
ceux qui ont assisté à la commission il n'y avait
pas d'évaluation et vous le savez très bien. Vous n'avez pas
répondu à la question précise que je vous ai posée:
Jusqu'à quel seuil on commence au moins à ne pas perdre d'argent
de façon dramatique? Je m'aperçois que le ministre a plus de
considération pour le portefeuille des actionnaires que pour l'ensemble
de la population québécoise qui, elle, est tous des actionnaires
d'Hydro-Québec, M. le ministre. Donc, je reconnais que vous avez fait un
choix entre le portefeuille des actions des multinationales et le portefeuille
de la poche de chacun des Québécois, et je ne marche pas avec
vous. On pourra s'en reparler et, là-dessus, je pourrais faire un
débat avec vous en n'importe quel temps.
M. Tremblay (Outremont): Ça va me faire plaisir. On peut
l'avoir immédiatement, M. le Président...
M. Chevrette: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...je n'ai aucun problème. Les
seules données que nous reconnaissons sont les prévisions
d'Hydro-Québec jusqu'en 1995. Deuxièmement...
M. Chevrette: Non, mais ils les ont données jusqu'en
2016.
M. Tremblay (Outremont): ...dans un souci de transparence, est-ce
qu'on pourrait demander au député de Joliette de nous
déposer ses prévisions jusqu'en l'an 2016?
M. Chevrette: C'est Hydro qui nous les a envoyées.
Ça a fait l'objet d'un communiqué de presse d'Hydro. Franchement,
vous n'êtes pas «up to date», comme disent les Anglais.
Hydro-Québec a paniqué quand j'ai commencé à sortir
des chiffres. Us ont produit ça et M. Couture s'était fait
reverser dans le décor, le vice-président, ex-Lavalin. Ils ont
publié ça.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous voulez le
déposer, M. le député...
M. Chevrette: Lui, il arrive non pas aux chiffres qui avaient
été faits par leurs spécialistes à l'interne, ils
ont voulu maquiller l'histoire, l'affaire, parce que, moi, je disais à
Hydro-Québec qu'avec «vos propres chiffres, j'arrive à une
perte jusqu'en 2010, un manque à gagner par rapport au tarif L, à
3 135 000 000 $». Là, M. Couture a dit: Ce n'est pas tout à
fait ça. Celui qui n'avait pas de chiffres durant la commission,
là, il en a retrouvé après la commission. Ils n'ont pas
arrêté à 2010, parce qu'en 2010 ce n'était pas long
pour récupérer pas mal, ils sont rendus à 2016, d'un coup
sec. Mais, malgré ça, ils arrivent à 1 558 000 000 $,
leurs propres chiffres. Ce n'est pas moi qui ai écrit ça,
là, Hydro-Québec! Si vous les croyez jusqu'en 1995, moi, je ne
les crois plus pantoute. Je pense que ça va être une catastrophe
épouvantable parce que, chaque année, c'est un peu plus qu'ils
ont prévu, la catastrophe. On est déjà... Cette
année, la castastrophe 1993 est à 300 000 000 $. L'an prochain,
ce sera au-dessus de 250 000 000 $ et, après ça, c'est tout
près de 250 000 000 $, etc. Il y a des limites à essayer de rire
de nous autres, là! Si vous ne croyez pas ça, les chiffres
d'Hydro-Québec, je les ai reçus d'Hydro le 31 mars 1993,
publiés par Hydro-Québec, c'était en réponse
à des chiffres que j'avais sortis. Là, si vous n'êtes
même pas au courant de ce qui se passe à Hydro, ce n'est pas de ma
faute. Là, je dois vous dire: Renseignez-vous avant de me
répondre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, le document
auquel se réfère le député de Joliette, il n'a plus
besoin de le déposer parce que nous l'avons depuis un certain temps.
M. Chevrette: Ah!
M. Tremblay (Outremont): On l'a depuis un certain temps.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, ne dites pas que ce n'est
pas vrai.
M. Tremblay (Outremont): On voulait bien s'entendre sur le
document. Alors, ce document s'intitule très bien «Contrats
à partage de risques et bénéfices» et fait une
prévision des revenus des contrats, mais ne fait pas une
prévision, selon les hypothèses, sur le prix de l'aluminium.
M. Chevrette: Sur quoi vous vous basez... M. Tremblay
(Outremont): Et comme...
M. Chevrette: ...M. le ministre, d'abord? Expliquez-moi
ça.
M. Tremblay (Outremont): ...j'en ai fait la démonstration
tout à l'heure...
M. Chevrette: Bien voyons!
M. Tremblay (Outremont): ...le prix de l'aluminium pourrait, de
façon importante, fluctuer au cours des prochaines années.
Deuxièmement, le député de Joliette semble dire
qu'on prend beaucoup plus à coeur les intérêts des
actionnaires des entreprises qu'on prend à coeur les
intérêts des contribuables du Québec. C'est absolument
faux.
M. Chevrette: M. le ministre, est-ce que je peux vous poser une
petite question, vite? Vous qui êtes supposé être fort en
chiffres, vous êtes ministre de l'Industrie et du Commerce, si
Hydro-Québec est capable de faire des projections entre le tarif L et le
tarif
qu'ils vont toucher, ils se sont basés sur quoi pour faire le
tarif s'ils ne se sont pas basés sur le prix du métal?
Franchement, là; vous êtes ministre de l'Industrie et du Commerce,
de la Science et de la Technologie! Je suis un petit gorlot professeur et je
comprends ça tout de suite, moi. Il faut que tu te bases sur quelque
chose, Jésus, pour analyser un rendement. Voyons! Là,
j'espère que vous vous êtes trompé dans votre
réponse, parce que ça n'a plus de bon sens.
M. Tremblay (Outremont): Encore une fois, M. le Président,
le député de Joliette déforme mes propos.
M. Chevrette: Je ne déforme pas.
M. Tremblay (Outremont): Si nous prenons les cycles
économiques depuis 1972, on s'aperçoit que le prix de l'aluminium
a fluctué de façon importante. En 1972, il était de 0,60 $
U.S. la livre; en 1974, il était passé à 1,02 $ la livre.
Il a diminué à 0,80 $ la livre en 1975. Je pourrais continuer
pour dire qu'en 1980, il était à 1,15 $ la livre. Par la suite,
il a diminué et il a repris son cours de 1,10 $ en 1988. Donc, on voit
qu'il y a une fluctuation importante.
M. Chevrette: Des pointes de cinq ans. On sait ça.
Là, vous ne nous apprenez rien. Ce que vous m'avez dit tantôt,
dans votre réponse, ça m'a atterré. C'est clair que pour
faire des projections de rendement, M. le ministre, vous avez exclu le taux.
Vous ne tenez plus compte de l'augmentation du tarif L. C'est des calculs a
posteriori pour savoir ce que ça représente. Tout est basé
maintenant sur le prix du métal. Vous ne tenez plus compte de
l'inflation américaine. Vous ne tenez plus compte du coût du
métal comme la formule qu'on avait avant: tiers différence entre
tarif L et l'augmentation, tiers inflation américaine, tiers coût
du métal. Vous avez effacé ça. Vous avez tout basé
sur un prix fixe du métal. En bas, vous payez puis, en haut, ils
paieraient par rapport au tarif L. C'est ça, le contrat qu'on n'a pas eu
mais qu'on devrait avoir parce qu'il y en a quatre qui n'ont pas la clause de
confidentialité. Ceci dit, ne venez pas me dire que ce n'est pas
basé sur le coût du métal, M. le ministre, je vais vous
prendre au sérieux, là.
M. Tremblay (Outremont): C'est basé sur... Je n'ai pas dit
ça, encore une fois, M. le Président...
M. Chevrette: Bien oui, c'est une autre affaire dont je vous
parlerai, ça.
M. Tremblay (Outremont): II est basé sur un prix minimum,
linéaire, linéaire au cours des années alors que,
historiquement, les cycles économiques ont démontré que le
prix de l'aluminium était principalement au-dessus de ce prix minimum.
Donc, il y a des scénarios qui ont été faits. Il y a des
scénarios pessimistes, des scénarios réalistes, des
scénarios optimistes. Nous reconnaissons les chiffres jusqu'en 1995.
M. Chevrette: Les chiffres d'Hydro-Québec jusqu'en 2016,
ce n'est pas bon; puis jusqu'en 2010, ce n'est pas bon.
M. Tremblay (Outremont): Ce sont des hypothèses comme
d'autres.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes en train de me dire
qu'Hydro aurait signé un contrat de 30 ans ou de 40 ans à partage
de risques avec une vision de deux ans? Est-ce que c'est ça que vous
êtes après me dire? Ça fait sérieux en maudit dans
la gestion des deniers publics, ça. Si vous reconnaissez jusqu'en 1995,
là, vous avez... Administrer, c'est l'art de prévoir et ça
s'inscrit dans le cadre d'une gestion de la qualité totale. Bien faire
du premier coup, à tout coup, partout, sans se tromper. Donc,
pourriez-vous me dire que vous ne vous êtes pas trompé dans
ça, d'abord? C'est un premier coup manqué puis ça risque
d'être partout puis toujours, là.
M. Tremblay (Outremont): Le pari qui a été fait par
le gouvernement, c'est que l'aluminium et le magnésium sont deux
matériaux d'avenir et l'avenir dira qui a eu raison. La ministre de
l'Énergie et des Ressources, à plusieurs reprises, a même
mentionné à l'Assemblée nationale, à la suite d'une
question que vous aviez posée, que si le prix de l'aluminium
n'augmentait que de 50 % d'ici 1997, Hydro-Québec
récupérerait ses frais avec les contrats. Donc, ce sont des
hypothèses. On peut en discuter longtemps. La décision, elle est
prise. Le gouvernement a fait le pari que ces deux matériaux
contribueraient de façon marquée à l'avenir
économique et technologique du Québec. (9 h 50)
Vous aurez peut-être, un jour, à expliquer pourquoi toutes
les grandes compagnies internationales font partie de l'Institut de la
technologie du magnésium, pourquoi une entreprise comme Dynacast, qui
est dans 22 pays au monde, a consolidé toutes ses opérations
manufacturières du magnésium à Pointe-Claire, au
Québec, et considère faire la même chose avec l'aluminium.
Nous avons également des entreprises qui sont intéressées
à faire la transformation secondaire de l'aluminium au Québec et,
un jour, nous serons appelés à faire un portrait global des
retombées économiques. À court terme, le Québec a
eu des retombées économiques très positives, à la
suite d'un investissement des Québécois et des
Québécoises dans des secteurs d'avenir pour le Québec.
M. Chevrette: M. le Président, je constate que les
contrats secrets n'ont aucune clause, même incitative, à la
transformation, dans les contrats secrets. Aucune clause, et je mets au
défi le ministre de me le prouver. Ils n'ont même pas
exigé, à la signature des contrats, une clause les obligeant, les
compagnies, à faire de la transformation au Québec. Ça,
c'est clair. Deuxièmement, il affirme très clairement qu'il ne
croit pas aux projections d'Hydro-Québec. Donc, s'il ne croit
pas aux projections d'hydro-québec, passé 1995, c'est donc
dire qu'ils ont signé un contrat sans aucune projection sérieuse;
parce qu'hydro-québec est obligée, avant d'aller sur les
marchés étrangers il devrait savoir ça, lui,
à part de ça de faire des projections sur 20 ans, minimum,
avant de s'engager dans quelque chose, parce que le marché des emprunts,
vous le savez très, très bien, ne répondrait même
pas à une demande d'emprunt. il me semble que, pour un ministre de
l'industrie et du commerce, il devrait savoir ça: 20 ans, minimum. s'il
n'a pas cru aux projections d'hydro-québec au moment où il a
signé le contrat, sur quoi s'est-il basé pour signer le contrat?
sur une vision optimiste des choses? en abolissant, même, des clauses,
pour au moins deux compagnies, reynolds et bécancour, qui avaient au
moins un minimum de rentabilité, c'est que, si on augmentait le tarif l
de 6 % par année, on était au moins sûr d'avoir 2 %, parce
que c'était le tiers de l'augmentation du tarif l. si l'inflation
américaine était de 6 %, tu étais sûr d'en avoir au
moins 2 %. ça faisait donc 4 %, ça. il y a seulement le taux du
métal sur lequel tu pouvais geler, mais pas perdre. tu avais un revenu
minimum d'augmentation, dans ces contrats à partage de risques
là, ce que vous avez même défait. j'ai posé la
question à la ministre et elle m'a dit: c'était par souci
d'équité. je me suis fait avoir avec toute la gang, donc je
voulais me faire avoir aussi par pechiney et par reynolds. franchement, vous
vous en allez où?
C'est bien beau d'avoir les multinationales, mais quand on est
obligé de payer les jobs d'une compagnie, payer les impôts des
travailleurs... que ces travailleurs-là versent... et on est encore dans
le trou? Trouvez-vous que vous avez fait un bon coup? C'est sur ça que
j'attire votre attention. Ce n'est pas le fait qu'on est contre des
multinationales qui viennent ici, c'est le prix à payer pour les avoir.
Si on est obligé de payer les jobs, leur rembourser les impôts
qu'ils versent ou que les travailleurs versent et que c'est... C'est ça,
ça devient des assistés sociaux d'un régime
économique et c'est les citoyens qui paient pour ça. Je comprends
que les actionnaires doivent être fiers de Reynolds, Lauralco, Pechiney
et... Je comprends. J'espère qu'il sont fiers. Vous leur avez
donné vos chemises, vos culottes. Vous êtes en train de montrer
votre vrai visage, là. Ça n'a pas d'allure, ça.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je reconnais le
pessimisme du député...
M. Chevrette: Ce n'est pas le pessimisme, c'est le
réalisme. C'est les chiffres, ça.
M. Tremblay (Outremont): ...de Joliette. Le Québec a une
richesse qui est l'énergie électrique. D'ailleurs, vous n'y avez
pas cru il y a un certain nombre d'années. Donc, c'est très
drôle aujourd'hui de vous entendre défendre ça.
M. Chevrette: On y a cru avant vous. René
Lévesque. Ça, c'est faire outrage à la
mémoire de René Lévesque. Puis, vous n'êtes pas
correct. Vous devriez vous excuser, à part de ça.
M. Tremblay (Outremont): Deuxièmement... J'espère
que vous ne vous comparez pas à René Lévesque.
M. Chevrette: Non, mais c'est lui qui y a cru, à
l'électricité, puis c'est lui qui a cru au Québec. Il n'a
jamais dit qu'il donnerait l'électricité. Il voulait s'en servir
précisément pour le Québec. N'essayez pas de ternir son
image, vous n'arriverez jamais à la cheville de cet homme.
M. Tremblay (Outremont): Vous savez très bien que ce n'est
pas le cas et ne vous comparez surtout pas à René
Lévesque.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui me compare, c'est des maillets
comme vous.
M. Tremblay (Outremont): Alors, premièrement,
l'énergie électrique. Deuxièmement, la phase 2,
c'était de favoriser l'implantation au Québec d'usines qui
pouvaient utiliser cette énergie électrique, donc l'aluminium et
le magnésium. Je n'entends pas le député de Joliette nous
dire que ce ne sont pas des matériaux d'avenir. Troisièmement, la
transformation secondaire. Ça a déjà débuté.
Lorsque Reynolds a investi 41 000 000 $ dans le parc industriel de
Bécancour, c'est sûrement parce qu'on avait une entreprise qui
favorise le développement de l'aluminium au Québec. Reynolds ne
nous a rien demandé. Alors, il faudrait peut-être ajouter, dans
vos coûts de création d'emplois, au moins l'entreprise Reynolds.
Et si, aujourd'hui, on a le parc industriel de Bécancour, qui
était au départ un plan régional, c'est-à-dire un
parc industriel régional qui est devenu un parc industriel international
avec des entreprises mondiales qui ont décidé de s'implanter au
Québec, c'est, en grande partie, à cause du développement
de ce parc et des investissements de la nature de ceux d'ABI. Ça
explique, en partie, pourquoi Petresa a investi récemment 160 000 000 $
au Québec dans un autre secteur industriel. Donc, il faudrait
peut-être également prendre en considération, dans votre
évaluation globale du dossier, que ces investissements sont en partie le
résultat des risques calculés que nous avons pris dans un
secteur.
Et, lorsque nous annoncerons d'autres investissements, j'espère
que vous reconnaîtrez que les décisions qui ont été
prises par le gouvernement, à moyen et à long terme, on ne parle
pas du court terme... À court terme, on les a, les résultats au
niveau de la création d'emplois, au niveau des retombées
économiques et on a développé, en plus, une
crédibilité internationale qui fait que, aujourd'hui, on
crée des emplois permanents de qualité, entre autres dans le
secteur du génie-conseil. Alors, ce que je n'accepte pas, c'est qu'on
regarde, de façon sélective, uniquement une partie de cette
vision
globale alors que, globalement, à moyen et à long terme,
les retombées économiques pour le Québec vont être
très positives.
M. Chevrette: Je me rends compte, M. le Président, qu'il
n'y a aucune connotation entre les propos du ministre et les perspectives
qu'Hydro-Québec elle-même met de l'avant sur papier, que ce sont
de grands mots mais que, dans les faits, c'est un fiasco, ces
contrats-là qui coûteront fort probablement, selon les
évaluations même d'Hydro, d'ici 2010, plus de 3 135 000 000 $ aux
Québécois. Je comprends que certaines compagnies doivent
être très heureuses et aimer beaucoup, beaucoup, beaucoup le
ministre de l'Industrie et du Commerce parce que, moi, si j'avais une industrie
à implanter et si on m'assurait que mon «payroll» est
payé pendant 20 ans et plus que ça, presque le double que je
reçoive, je comprends que je ne vous haïrais peut-être pas.
Mais ce n'est pas pour faire plaisir à des actionnaires d'une compagnie
qu'on est là, c'est pour gérer les deniers publics en fonction
des citoyens du Québec. Les citoyens du Québec qui voient ces
contrats-là et qui en connaissent les effets ne disent pas qu'il
n'aurait pas fallu signer les contrats, ils devraient dire: Est-ce qu'il
n'aurait pas fallu garder un système où, au moins, on
n'était pas perdants? Pourquoi avoir changé, par exemple,
même les contrats à partage de risques existant
antérieurement? Tu avais au moins le tiers, tu avais au moins le tiers
de l'augmentation du tarif qui venait dans tes poches. Tu avais au moins le
tiers de l'augmentation de l'inflation américaine. Tu avais au moins
deux facteurs sur trois qui, eux, ne constituaient pas un risque. Là,
tous les risques sont du côté d'Hydro-Québec et on sait que
vous les avez forcés, vous leur avez tordu le bras parce que, à
l'interne à Hydro-Québec, personne ne voulait signer cela. La
commande est venue du gouvernement. (10 heures)
M. le Président, je voudrais passer à l'abolition des 3000
postes à Hydro-Québec.
M. Tremblay (Outremont): Juste un dernier commentaire que
j'aimerais faire. Je ne veux plus continuer dans une guerre de chiffres, mais
je reconnais que le député de Joliette est contre le
développement économique du Québec et qu'il
préfère, par exemple je fais cette hypothèse
exporter l'énergie pour générer des revenus...
M. Chevrette: Quand le ministre dit ça, M. le
Président, il est malhonnête, il se conduit comme un
«ti-coune». Ce n'est pas ça que je dis pantoute. Je dis
qu'il y avait moyen d'attirer des compagnies, de signer des contrats en vous
basant sur ceux qui existaient avant. Soyez un peu sérieux, là,
soyez un petit peu rigoureux. Vous êtes ministre, là. Je n'ai
jamais dit que je ne voulais pas d'un développement économique.
J'ai dit, par exemple, que je ne voulais pas qu'on achète des jobs pour
40 ans à venir exclusivement en fonction des actionnaires de compagnies,
mais en pensant aux citoyens du Québec qui sont les actionnaires
d'Hydro-Québec. C'est ça que j'ai dit. Ne me faites pas dire
d'autre chose. Conduisez-vous en gars sérieux, un peu.
M. Tremblay (Outremont): L'interprétation que je fais,
c'est qu'il faudrait que le député de Joliette nous dise ce qu'il
ferait avec cette énergie et quels emplois il créerait. Lorsque
je regarde la politique, le document du renouveau du Parti
québécois, c'est une copie conforme de la stratégie de
développement économique du Québec. Donc, vous êtes
d'accord avec ce que nous faisons, mais vous ne voulez pas le dire.
Coupures de postes à
Hydro-Québec
M. Chevrette: En même temps qu'Hydro-Québec
crée des postes, M. le Président, dans certaines compagnies
d'aluminium, en recevant des subventions, pas des subventions, des
tarifications parce que le mot «subvention» est à
bannir du vocabulaire à cause des ententes du libre-échange
en même temps HydroQuébec, parce qu'elle a des
difficultés financières, coupe des postes en région. On va
parler de développement économique des régions? M. le
ministre, vous allez m'expliquer comment Hydro-Québec contribue à
développer économiquement nos régions en coupant des
emplois en région, et 3000 postes à venir dans nos
régions. Est-ce qu'Hydro-Québec, d'une part, crée de
l'emploi en payant les employés des compagnies et coupe dans ses
employés parce que sa santé financière l'oblige à
faire des plans de redressement de 3000 emplois? En quoi ça aide les
régions du Québec?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, on a eu cinq
semaines de discussion avec Hydro-Québec. On avait convenu hier qu'on
parlerait des contrats à partage de risques et de
bénéfices...
M. Chevrette: Non, mais ça... M. le Président,
voulez-vous, je vais vous arrêter 30 secondes. M. le ministre, quand on
étudie le plan d'Hydro, on ne connaît pas les intentions des
ministres. Correct? C'est Hydro qu'on questionne. Après que le plan ait
été adopté, les orientations, après qu'on ait juste
écouté, on ne vote pas en commission parlementaire. Après
que le plan ait été discuté avec Hydro, est-ce que je peux
savoir ce que le gouvernement a dans les tripes, moi? C'est pour ça que
vous êtes là. Si vous n'aviez pas d'idée, si c'était
rien qu'Hydro-Québec qui avait des idées sur
l'hydroélectricité, vous ne seriez pas un ministre de tutelle.
Comme ministre de tutelle, je veux savoir ce que vous avez dans les tripes
vis-à-vis du plan d'Hydro. On ne le sait pas, ça, et j'aimerais
que vous nous le disiez. Ça, ce n'est pas hors d'ordre, M. le
Président. Chaque fois... Ce n'est pas parce qu'on a discuté cinq
semaines avec Hydro... On n'a pas discuté cinq semaines avec la ministre
pour lui demander: Qu'est-ce que vous pensez de ça, Mme la ministre?
C'est au niveau des crédits qu'on demande les orientations des
ministres, vous devriez savoir ça.
M. Tremblay (Outremont): Les décisions administratives
d'Hydro-Québec sont prises par HydroQuébec et, à plusieurs
reprises, la ministre de l'Énergie et des Ressources a dit qu'elle ne
s'immisçait jamais dans des décisions administratives
d'Hydro-Québec. Nous discutons présentement des crédits du
ministère et non pas d'Hydro-Québec. En juin 1993, la ministre a
déjà dit qu'elle ferait connaître, de façon
très claire, ses orientations à la suite de la commission sur
HydroQuébec.
M. Chevrette: M. le ministre, vous venez d'affirmer que la
ministre ne s'ingérait pas dans les questions administratives
d'Hydro-Québec. Elle a donné une directive de ne pas couper
l'hiver, Hydro-Québec a coupé. Elle était en furie, elle
leur a écrit une belle lettre. Les tarifs, dans la gestion, ça,
qui a décidé des tarifs? Mme la ministre. Les contrats à
partage de risques, qui a décidé? Le gouvernement. Allez-vous me
faire croire que vous ne parlez pas à Hydro-Québec? Vous leur
imposez toutes vos volontés. Même la chef de cabinet de la
ministre est rendue secrétaire générale d'Hydro. Voyons!
Il ne faudrait pas nous prendre pour des enfants d'école, là.
M. Tremblay (Outremont): Je pense que c'est une... M. le
Président, la ministre de l'Énergie et des Ressources est la
ministre responsable d'Hydro-Québec, elle a un droit de regard et
d'information, mais elle ne s'immisce pas dans l'administration
d'Hydro-Québec. C'est évident que, au niveau gouvernemental, il
peut se prendre des décisions d'orientation générale, mais
pas des décisions administratives au niveau d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a une directive du ministère
de l'Énergie et des Ressources de ne pas couper l'hiver?
M. Tremblay (Outremont): Du ministère, non.
M. Chevrette: Qui a envoyé les directives à Hydro
de ne pas couper l'hiver?
(Consultation)
M. Geoffrion (François): Hydro en a une, la sienne.
M. Chevrette: Si la ministre ne s'ingérait pas, pourquoi
elle était offusquée, disait-elle, de ne pas avoir
respecté ces consignes de ne pas couper l'hiver? Elle s'est
choquée pour rien? Elle n'a pas d'affaire à se choquer, quoi?
M. Tremblay (Outremont): Non. La ministre peut demander à
Hydro-Québec ou faire valoir son point de vue, lui donner de
l'information sur certaines décisions qui sont prises, mais elle ne peut
pas dire à Hydro-Québec quoi faire.
M. Chevrette: II parle plus fort que nous autres.
M. Tremblay (Outremont): La ministre, à la suite de
certaines décisions d'Hydro-Québec, peut les analyser, peut
informer Hydro-Québec, peut faire des représentations, mais elle
ne peut pas dire à HydroQuébec quoi faire. Ce que la ministre a
demandé, dans le cas que vous soulevez, c'est qu'Hydro-Québec
respecte son règlement.
M. Chevrette: Mais là, vous êtes loin de ma question
initiale qui était les coupures de postes de 3000. Je vous ai
demandé en quoi ça favoriserait le développement
économique de nos régions. À Rivière-du-Loup,
à Victoriaville, dans la Beauce, vous irez demander aux gens...
Même le député qui arrive justement de Beauce-Nord, il a eu
droit à des petites manifs, chez eux. Ça aide beaucoup au
développement économique des régions, ça, le
redressement. Est-ce que vous considérez que ce n'est pas contradictoire
par rapport aux énoncés que vous disiez tantôt? D'une main,
vous donnez beaucoup à des... vous forcez, vous créez un manque
à gagner pour Hydro en signant des contrats qui n'ont pas d'allure puis,
de l'autre main, vous dites à Hydro: Fais ton plan de redressement puis
coupe. Est-ce que vous trouvez ça logique, comme cohérence de
gestion?
M. Tremblay (Outremont): Non. Il me semblait, M. le
Président, que j'avais répondu à cette question, tout
à l'heure. J'ai dit que c'est une décision purement
administrative. C'est la gestion quotidienne d'Hydro-Québec. S'il
fallait donner suite aux remarques du député de Joliette,
à quoi ça servirait d'avoir un conseil d'administration, à
Hydro-Québec, d'avoir un président, d'avoir des
vice-présidents et d'avoir des directeurs, dans les régions du
Québec, qui sont appelés à prendre des décisions
à tous les jours, des décisions qui sont de nature purement
administrative? Ce sont des décisions d'Hydro-Québec et la
ministre ne s'est jamais immiscée au niveau de la gestion quotidienne
d'Hydro-Québec. Ce n'est pas le rôle d'un ministre de tutelle,
quelles que soient les sociétés d'État.
M. Chevrette: Si Hydro-Québec n'avait pas
été forcée de signer des contrats dont les incidences sont
si négatives... Et ça, vous ne me direz toujours pas que c'est
Hydro-Québec. C'est le gouvernement. J'aimerais ça vous entendre
dire le contraire, pour le «fun».
M. Tremblay (Outremont): Je...
M. Chevrette: Est-ce que vous reconnaissez que c'est vous autres
qui avez forcé Hydro-Québec à signer des contrats qui
placent Hydro-Québec dans une situation où elle doit couper des
effectifs, maintenant, pour éviter d'avoir des problèmes de
santé financière?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je n'ai jamais
été personnellement informé que le gouver-
nement du Québec avait forcé Hydro-Québec à
signer des contrats à partage de risques et de bénéfices
avec des alumineries.
M. Chevrette: C'est beau. Vous n'avez jamais été
informé. Bien, informez-vous au plus sacrant, parce que c'est ça
qui se dit partout. Promenez-vous dans les bureaux d'Hydro. Si vous en trouvez
un qui dit que c'est nous qui avons signé ça, ça doit
être parce qu'il est en attente d'une promotion.
M. Tremblay (Outremont): Non. Les...
M. Chevrette: Parce que ceux qui sont sûrs d'eux autres,
ils disent exactement...
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous avez forcé
Pechiney, en 1980?
M. Chevrette: Non. Pechiney, monsieur, en 1980, quand on a
signé avec Pechiney, en 1980, monsieur, pour votre information, nous
étions en surplus de mégawatts, au Québec. On
n'était pas en manque. On n'a pas créé une rareté
pour construire à tout prix. On était, premièrement, en
surplus et, deuxièmement, on avait deux éléments sur trois
dans le contrat à partage de risques qu'il était certain qu'on ne
perdait pas, qu'on gagnait tout le temps. Le tiers de l'augmentation du tarif
L, le tiers de l'inflation américaine et l'autre, c'était le
tiers du métal. Ce que vous avez fait, vous, vous avez signé des
contrats où tous les risques sont sur HydroQuébec et tous les
avantages sont dans les compagnies. C'est ça que vous avez fait. Si vous
ne saviez pas ça, informez-vous et lisez vos propres contrats à
partage de risques. (10 h 10)
M. Tremblay (Outremont): Non, non. M. le Président, on
était informé de ce que le député de Joliette vient
de dire. D'ailleurs, il l'a répété à plusieurs
reprises, tant à l'Assemblée nationale qu'en commission
parlementaire. Tout ce que je réponds, c'est que, au même titre
là, je dois me fier à la parole du député de
Joliette et je l'accepte que le gouvernement n'a pas incité
fortement Pechiney à signer ces contrats, au même titre, je le
dis, je n'ai pas été informé, personnellement, que le
gouvernement du Québec ait fait des pressions pour forcer les
entreprises, c'est-à-dire forcer Hydro-Québec à signer des
contrats à partage de risques et de bénéfices avec les
producteurs d'aluminium.
M. Chevrette: Mais vous regarderez, M. le ministre, pour votre
gouverne et votre information, les contrats à partage de risques
signés dans un cadre de surplus énergétique ont fait
l'objet d'une commission parlementaire. M. Duhaime, à ce
moment-là, avait répondu très longuement à toutes
les questions. À l'époque, il avait même été
félicité par M. Ciaccia au niveau d'une période de
questions sur ledit sujet. Je pourrais vous faire parvenir tout ça, y
compris le décret, alors que, présentement, on a... Ce qu'on a
sur les contrats à partage de risques en ce qui regarde votre
administration, tout ce qu'on a, ce sont les mémoires de M. Ciaccia au
gouvernement, les mémoires au Conseil des ministres. C'est tout ce qu'on
a. Le reste, on ne l'a pas, il n'y a pas eu de commission parlementaire
là-dessus pour renseigner les gens. On le sait parce qu'il y a des gens
qui nous donnent de l'information.
Ceci dit, je voudrais aborder le lac Robertson.
M. Tremblay (Outremont): Juste un petit point. On ne
prétend pas, M. le Président, que l'investissement
qu'Hydro-Québec a fait en 1980 dans Pechiney, c'était une
mauvaise décision. Au contraire, on est d'accord et on en a fait
d'autres. Mais il faut comprendre que, sur une période de 20 ans, quand
il y a eu des surplus en 1980, rien ne dit qu'il n'y aura pas de surplus dans
des années à venir au cours des prochaines décennies
à Hydro-Québec. Donc, l'avenir le dira.
Études concernant le lac Robertson
M. Chevrette: Donc, Robertson. M. le Président, on sait
que, suite à la commission de cinq semaines, justement, du plan
d'Hydro-Québec, on a appris encore dernièrement qu'il se
refaisait des études parce que les hypothèses sont
contradictoires. Il y a eu des hypothèses de faites où le mazout
était carrément plus avantageux, 206 000 000 $, contre 236 000
000 $ à l'hydroélectricité. Il faut se rappeler que c'est
un barrage de 21 MW; 21 MW, ce n'est pas gros, ça, c'est sur la
Basse-Côte-Nord. J'apprenais dernièrement que même Hydro,
à l'interne, se réinterrogeait au niveau du conseil. À la
suite de la parution de certains articles de journaux, on sait qu'il y a eu des
chiffres de fournis, des documents qui ont été fournis lors de la
commission et c'est à la suite de ça, étant donné
qu'on a eu les chiffres, une avalanche de papiers concernant le lac Robertson,
on se rend compte que ça fait plus ou moins sérieux et
qu'Hydro-Québec est en train de refaire des études. Est-ce que
vous êtes au courant de ça?
M. Tremblay (Outremont): Alors, le décret autorisant la
construction, délivré par le Conseil des ministres, demeure
valide. Aucun nouveau geste administratif n'est requis de la part du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Cependant, on assure,
évidemment, un suivi important de ce dossier-là.
Concernant l'étude économique du lac Robertson, telle que
réactualisée par Hydro-Québec, le ministère retient
que l'hydroélectricité demeure la solution la plus rentable
lorsqu'on prend en considération les retombées économiques
et les impacts fiscaux. De plus, vu les sommes déjà
dépensées et engagées dans le cadre du projet, le
ministère estime qu'il n'est pas approprié de remettre en
question le choix d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Donc, vous acceptez l'écart entre les deux
options retenues par Hydro-Québec, de 14,5% plus cher?
M. Tremblay (Outremont): Compte tenu des retombées
économiques et des impacts fiscaux, le ministère considère
qu'il n'est pas approprié de remettre en question le choix
d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Mais les retombées économiques, au
coût du mégawatt, les retombées économiques le
lendemain, c'est quoi pour le milieu? C'est-à-dire que le coût de
construction est de 100 000 000 $ quasiment de différence. Est-ce que
vous considérez que c'est rentable pour les actionnaires
d'Hydro-Québec? Parce que, là, ce n'est pas une compagnie qui va
bâtir. Si j'ai bien compris, le maître d'oeuvre, c'est Hydro,
là. Ils ont déjà choisi tout de suite, tout de suite.
Ça a pris quasiment quelques heures entre le décret et la
signature du contrat. C'est M. Hamel, de Constructions Saint-Laurent, qui a
obtenu le contrat, vite, vite, vite. Vous regarderez dans les
procès-verbaux. On a regardé ça assez sérieusement,
attentivement à part de ça. Mais des retombées
économiques pour qui? Pour Hamel ou bien pour les
Québécois? C'est nous autres qui payons, là. Ce n'est pas
Pechiney qui vient investir ici. Ce n'est pas Reynolds qui vient investir,
là. Ce n'est pas Alouette, là. C'est Hydro-Québec qui
paie.
M. Tremblay (Outremont): Alors, HydroQuébec, dans le
meilleur intérêt des Québécoises et des
Québécois, a eu un choix à faire entre une centrale
hydroélectrique et une centrale au diesel. Hydro-Québec a
opté pour une centrale hydroélectrique de 21 MW au lac Robertson
pour principalement deux raisons. Pas à court terme, à long
terme, une centrale hydroélectrique est plus rentable qu'une centrale
thermique en raison de l'incertitude liée au prix du mazout.
Deuxièmement, une centrale hydroélectrique ne pose pas de
problème au niveau de l'environnement, de la sécurité du
transport et de l'approvisionnement relié au combustible fossile.
M. Chevrette: M. le ministre, là, vous êtes rendu
que, à cause de l'incertitude du coût du pétrole, vous
prenez une décision même si elle est plus coûteuse.
Tantôt, l'incertitude du coût de l'aluminium... Ça, ce
n'était pas grave, on prend des risques. Franchement! Vous changez
d'idée à peu près comme vous changez de chemise,
dépendant de... Ce n'est pas plutôt que vous avez pris une
décision et, après ça, vous essayez de la justifier? Mais
vous vous contredisez dans votre logique et votre cohérence. S'il y a de
l'incertitude dans le coût du pétrole, y en «avait-u»
un petit peu pour l'aluminium tantôt? Franchement, là!
Pourriez-vous être sérieux un petit peu?
M. Tremblay (Outremont): Franchement, M. le
Président...
M. Chevrette: Franchement, oui.
M. Tremblay (Outremont): ...c'est un double discours de
l'Opposition.
M. Chevrette: Mais non.
M. Tremblay (Outremont): Quand c'est le temps de reprocher au
gouvernement de ne pas prendre en considération les impacts
environnementaux, elle ne se gêne pas. Une des considérations
je ne dis pas que c'est la seule c'est l'impact environnemental,
un choix entre le pétrole et l'électricité. Le
gouvernement du Québec et ça, vous êtes le premier
à le reconnaître a toujours considéré que
l'énergie électrique, c'était une source rentable, propre
et d'avenir. Alors, on ne peut pas reprocher à Hydro-Québec de
prendre en considération les problèmes de sécurité,
d'approvisionnement et également environnementaux en faisant son
choix.
M. Chevrette: On avait proposé, nous,
qu'Hydro-Québec scrute la possibilité, monsieur... Je suis
content que vous disiez ça parce que, en ce qui regarde les valeurs
environnementales, d'abord, c'est la première fois que vous le sortez.
Vous ne l'aviez pas dit dans votre première réponse.
Deuxièmement, ce qu'on a dit, nous, c'est que c'était
peut-être l'occasion précisément pour Hydro-Québec
de se préoccuper d'énergie alternative. On avait parlé de
coupler le mazout avec les éoliennes. On y croit et c'est un secteur qui
pourrait, nous dit-on dans ce coin-là, être très favorable
à la mise en pratique, par exemple, de l'utilisation d'une
énergie nouvelle et renouvelable que sont les éoliennes. Est-ce
que ça a été étudié comme hypothèse?
On n'a jamais eu de réponse d'Hydro.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste revenir, avant de
répondre à cette question-là, que c'est la première
fois... Vous dites que c'est la première fois que vous m'entendez parler
de...
M. Chevrette: Non, non. Quand vous avez parlé, dans
votre... La première question que je vous ai posée, vous n'avez
pas mentionné la question de l'environnement. Vous n'avez parlé
que de l'incertitude du prix du pétrole. C'est du moins ce que j'avais
compris. En revenant, vous avez parlé, dans une deuxième
tentative, de l'environnement.
M. Tremblay (Outremont): O.K.
M. Chevrette: Je dis: Certainement, on y a pensé, nous,
parce qu'on a... Au niveau du questionnement de 1'Hydro, on leur a
demandé pourquoi ils n'avaient pas couplé, je veux dire,
combiné...
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais je prends...
M. Chevrette: ...l'énergie éolienne, par exemple,
avec le mazout.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais je prends...
M. Chevrette: Pour 21 MW, ça fait cher du
mégawatt.
M. Tremblay (Outremont): Mais je suis convaincu que lorsque vous
allez relire les galées, vous allez voir que je l'ai bien
mentionné.
M. Chevrette: Peut-être, mais...
M. Tremblay (Outremont): Alors, je prends pour acquis que vous
avez mal compris parce que je me rappelle très bien de l'avoir dit.
Mais...
M. Chevrette: C'est correct.
M. Tremblay (Outremont): ...ça, on peut le comprendre.
Dans les échanges que nous avons, c'est...
M. Chevrette: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Oui, l'énergie éo-lienne a
été prise en considération et Hydro-Québec,
à la suite des études, est arrivée à la conclusion
que c'était l'option la plus dispendieuse.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir cette étude, M.
Geoffrion? Est-ce qu'il y aurait possibilité de nous faire parvenir
cette partie-là d'Hydro-Québec? Parce que, quand on lit,
maintenant, M. le ministre, «authority power wind», je pense qu'il
nous dit que maintenant, le coût du kilowattheure, avec les
éoliennes, a baissé de beaucoup par rapport au prix
antérieur et que ce serait rendu vers les 0,05,5 $, ce qui est sacrement
moins cher que le coût du kilowattheure à 21 MW au coût de
construction qu'on aura là. Donc, j'aimerais qu'on ait l'étude
parce que ça nous permettrait de voir si on ne nous emplit pas une fois
de plus.
M. Geoffrion: Le ministère ne l'a pas. On va se
renseigner.
M. Chevrette: Non, non. Demandez à Hydro.
M. Geoffrion: On va se renseigner, mais elle a probablement
été déposée aussi, de toute façon, dans les
audiences publiques.
M. Chevrette: Non. En tout cas, peut-être au niveau des
consultations particulières, peut-être, mais pas en Chambre.
M. Geoffrion: On va se renseigner, on va la trouver et on va vous
la faire parvenir.
M. Chevrette: Merci.
M. Tremblay (Outremont): Juste pour l'information du
député de Labelle, très brièvement... Excusez. De
Joliette, oui. (10 h 20)
M. Chevrette: Vous avez une obsession pour le
député de Labelle.
M. Tremblay (Outremont): J'ai des cauchemars, je dois vous
dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: J'ai hâte que vous en ayez pour moi, vous
allez me reconnaître.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Là, je vais être dans votre
comté, bientôt. Alors... Je voudrais juste mentionner, parce que
c'est très important, que ce projet de 21 MW, au lac Robertson, va avoir
des retombées économiques et sociales très importantes
pour la population de la Basse-Côte-Nord, dont la création de 225
emplois, des investissements de l'ordre de 340 000 000 $ comprenant 263 000 000
$ en coûts directs de construction.
M. Chevrette: C'est combien d'emplois permanents, par la
suite?
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas de cette
nature-là.
M. Chevrette: C'est moins de 10?
M. Tremblay (Outremont): Bien, on parle entre 10 et 20.
M. Chevrette: Ça «pourrait-u» être 8,
plus précisément, qu'Hydro-Québec nous donne?
M. Tremblay (Outremont): Si vous avez déjà
l'information, pourquoi poser la question?
M. Chevrette: C'est pour vous tester, voir si vous
évoluez, dans vos informations.
M. Tremblay (Outremont): Oui. M. Chevrette: C'est 8.
M. Tremblay (Outremont): Bon, très bien. On prend pour
acquis que vous nous dites toujours la vérité. Donc, c'est 8.
M. Chevrette: Selon les informations qu'on obtient.
M. Tremblay (Outremont): Ah! C'est ça.
Harnachement de la rivière
Ashuapmushuan
M. Chevrette: Si Hydro nous a dit 8, nous autres, on croit que
c'est votre bible. Ça devrait l'être, en
tout cas. Même jusqu'en 2016, pour nous autres. Ça ne
s'arrête pas en 1995.
Ashuapmushuan, juste une petite question rapide, je vais y aller assez
rapidement, si on veut terminer. Je vais essayer, de part et d'autre, de ne pas
allonger parce qu'il y a mon collègue de Laviolette qui doit venir dans
quelques minutes sur les taxes d'essence, comme j'avais dit hier soir. Donc,
sur Ashuapmushuan, on sait que le débat est assez douloureux, si vous me
permettez l'expression. Est-ce que le ministère de l'Énergie a
discuté avec Hydro-Québec de la possibilité, comme
solution alternative, de pouvoir continuer de harnacher l'autre cours d'eau, la
Péribonka, qui est déjà harnachée, qui
présente un potentiel assez intéressant, plutôt que de voir
déchirer le milieu sur une rivière, la rivière
Ashuapmushuan, qui a une valeur patrimoniale dans le milieu, en plus de
provoquer un profond déchirement entre les citoyens, soit du monde
municipal qui veut avoir un fonds de développement régional sur
une longue période par rapport aux environnementalistes et à ceux
qui disent que, si on n'a pas ces fonds de développement
régionaux pour créer des alternatives de développement
économique, on n'en veut pas? Moi, je vous pose la question: Est-ce que
le gouvernement ou le ministère de l'Énergie et des Ressources a
fait une discussion de fond avec Hydro-Québec en ce qui regarde
l'alternative qui est la Péribonka?
M. Tremblay (Outremont): Alors, ce projet d'aménagement a
déjà fait l'objet de plusieurs discussions en commission
parlementaire et la ministre est sensible aux représentations qui ont
été faites par le député de Joliette... pas
uniquement par le député de Joliette, mais par des intervenants
aussi. Au moment de l'adoption de la version définitive du plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec au cours des prochaines
semaines, la ministre sera en mesure de répondre de façon plus
précise au questionnement du député de Joliette. Je
voudrais profiter juste... parce qu'on avait mentionné qu'on le
remettrait avant 11 heures. Alors, on peut déposer à la
commission, M. le Président, le rapport du bureau du Vérificateur
général, mandat qui avait été donné par le
président du conseil, le chef de la direction d'Hydro-Québec, en
date du 10 mars 1993, sur le Temple solaire.
Document déposé
Le Président (M. Audet): D'accord. On va faire distribuer
le document aux membres de la commission. Merci.
Rivières à valeur patrimoniale
M. Chevrette: Merci. Sainte-Marguerite, un autre barrage qui a
fait l'objet de beaucoup de discussions, qui est en audiences publiques. Je
pense même que les audiences publiques devant le BAPE sont
terminées. Je ne suis pas certain, mais... Je pense que ça s'est
terminé la semaine passée ou il y a 15 jours. La question est la
suivante. On sait qu'il n'existe pas de politique ici, M. le ministre, de
reconnaissance de cours d'eau patrimoniaux, à valeur patrimoniale. Il
n'y en a pas, au Québec. Ça relève du gouvernement
canadien seulement. Je pense que cette politique-là... ou le
gouvernement canadien peut décréter certains cours d'eau de
valeur de type patrimonial, de sorte qu'il n'y a pas de possibilité d'y
toucher.
En ce qui regarde Sainte-Marguerite, vous savez que ce projet oblige le
détournement de deux rivières: la Carheil et la Pékans,
et... Pékans, je crois. Est-ce qu'on a pensé à des projets
alternatifs, par exemple, de SM 1, SM 2 et SM 3 qui présenteraient un
potentiel tout aussi important pour Hydro-Québec sans pour autant
affecter de quelque nature que ce soit la possibilité de voir des
détournements de rivières qui risquent de mettre en péril
une rivière de type patrimonial, à mon point de vue, qui est la
rivière Moisie? Est-ce qu'on a pensé à des alternatives,
SM 3, SM 1 et SM 2, comme mon collègue l'a fait valoir devant le BAPE,
ou si Hydro-Québec décide d'une option et, après
ça, elle la justifie comme elle le fait à peu près tout le
temps?
M. Tremblay (Outremont): Dans les audiences publiques du BAPE,
toutes les options et possiblement d'autres que vous n'avez pas
mentionnées sont présentement étudiées et il est
prématuré de prendre des décisions ou d'aller de l'avant
avec certaines propositions avant que le rapport soit déposé. Ce
rapport est prévu pour le 18 mai. Alors, à la lueur du contenu du
rapport, le ministère évaluera la situation pour voir les options
possibles et les décisions à prendre.
M. Chevrette: Comme ministre de l'Énergie, là
ça, je comprends ça, on ne peut pas présumer de ce
que le BAPE nous dira est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de se pencher
immédiatement sur le fait... HydroQuébec, tant et aussi longtemps
qu'on ne l'arrêtera pas, elle va se garrocher sur tous les cours d'eau
possibles. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de penser à une politique
pour décréter que certains cours d'eau seront
déclarés cours d'eau patrimoniaux, de sorte que ça ne sera
pas touchable? Et elle «s'effervescera» ailleurs, sinon, à
chaque fois, M. le ministre, on risque d'avoir des études sur l'ensemble
des cours d'eau sans jamais prendre une décision pour dire qu'on en
conservera quelques-uns intacts, intégraux, parce que ça
représente une valeur patrimoniale extraordinaire.
Est-ce que le gouvernement ou votre ministère a des études
de faites dans ce sens-là et est-ce qu'il entend donner suite? Parce que
c'est une revendication que l'on retrouve de plus en plus, au niveau du
Québec, dans plusieurs groupes d'intervenants.
M. Tremblay (Outremont): La détermination de l'affectation
de certaines rivières, suite à un exercice démocratique,
permettrait d'établir un véritable consensus sur l'avenir des
rivières du Québec. La difficulté réside dans la
conciliation des différents intérêts régionaux et
provinciaux. De nombreux intervenants seront
appelés à travailler sur cette proposition, étant
donné qu'il s'agit d'un débat ou de discussions d'envergure qui
concernent plusieurs ministères, dont, entre autres, le ministère
de l'Environnement et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. (10 h 30)
Le ministère de l'Énergie et des Ressources discute
présentement avec les autres ministères pour former un groupe de
travail interministériel qui aurait pour mandat de faire des
propositions concrètes au gouvernement sur cette idée que
plusieurs intervenants ont mise de l'avant, incluant le député de
Joliette, afin de préserver les rivières de l'exploitation
hydroélectrique.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je vous le dis, je
trouve que ça urge parce que... Prenez l'Environnement, ils
n'hésitent pas à reconnaître des réserves
écologiques. Je pense qu'il y en a au-delà de 150, dans le projet
projeté. Prenez le MLCP, il y en a, des réserves fauniques. Donc,
pourquoi on n'aurait pas également, si on veut garder certains cours
d'eau intacts... Autrement, ça va être nos plus belles
rivières, tantôt. On n'en aura plus une. Elles seront toutes
harnachées. Je crois que c'est urgent, que c'est important et que le
gouvernement, pour celles qui ne sont pas affectées présentement,
devrait regarder les hypothèses plutôt de harnachement de celles
qui le sont déjà plutôt que de permettre d'entacher ou
même de commencer des travaux risquant d'enlever déjà une
valeur patrimoniale à certains cours d'eau. Et ce n'est pas parce qu'on
est contre un projet.
Je vous donne un exemple de SM 3, parce que je suis parti avec ça
pour en arriver à mon raisonnement. SM 3 a 524 MW ou quelque chose du
genre sans détournement de la Carheil et de la Pékans qui
risquent de mettre en péril la rivière Moisie. Est-ce qu'il n'y a
pas lieu de regarder SM 1 et SM 2 pour aller chercher le potentiel du 800 MW
qu'ils veulent aller chercher, plutôt que de mettre en péril,
à court terme, la rivière Moisie qui représente une valeur
patrimoniale et des retombées économiques, M. le ministre, de 25
000 000 $ par an? Ça, c'est plus que les huit employés qui
existeront à SM 3 après la construction du barrage, ce qui aura
provoqué des retombées économiques, je ne le nie pas, sur
le barrage en le faisant, mais qui, par la suite, par rapport au potentiel que
représente une rivière comme la Moisie, risque d'avoir un impact
extrêmement négatif sur le milieu. Donc, il me semble que
ça se concilie, quand on a des objectifs précis, sans pour autant
nuire à la construction de barrages dans la région de la
Côte-Nord. SM 3 et 525 MW pourraient générer de l'emploi
tout autant.
M. Tremblay (Outremont): Nous reconnaissons qu'il s'agit d'un
débat qui est important. Il y a plusieurs points de vue, dont celui qui
est très bien exprimé par plusieurs intervenants et,
également, par le député de Joliette. Nous allons prendre
en considération, dans ce débat, les préoccupations de
tous les intervenants, incluant celle véhiculée par le
député de Joliette.
Projets de cogénération
M. Chevrette: Sur la cogénération, j'aimerais
savoir on en a parlé beaucoup, mais pas suffisamment pour
être au fait des grandes difficultés est-ce le
ministère et là, je m'adresse, bien sûr, à
ceux qui sont au courant, au ministère est-ce que vous êtes
au courant des difficultés que rencontrent plusieurs projets ou
plusieurs promoteurs de projets? On me dit qu'il y a beaucoup de projets qui
sont en discussion, mais que ça ne progresse pas, qu'il y a des
difficultés énormes. C'est 760 MW, si ma mémoire est
fidèle, que le gouvernement et Hydro-Québec ont fixé comme
objectif à court et à moyen terme et, comme c'est là, on
est loin de l'objectif, on est loin de la coupe aux lèvres. Est-ce que
vous êtes conscients des difficultés et quelle est la nature de
ces difficultés? J'aimerais savoir surtout ça.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la question est
adressée au ministère. Alors, je demanderais à M.
Geoffrion d'y répondre.
M. Geoffrion: On va vous donner je suis en train de mettre
ça ensemble l'information factuelle sur ce qui est signé
et sur ce qu'on a et où c'est rendu. Mais, avant, je vais revenir sur le
fond de votre question qui est l'espèce de difficulté de partir
ça. C'est un peu dû au fait que c'est nouveau, au Québec.
On n'a pas de tradition dans la cogénération, on commence, c'est
la première fois. C'est la première fois qu'Hydro achète
ça, c'est la première fois que du monde vend ça. Puis, il
faut faire affaire souvent, sur le plan technologique, avec des gens de
l'extérieur. C'est des négociations qui sont complexes. Ça
me fait penser à une convention collective. S'il y a plusieurs... Vous
ne voulez pas toujours être le premier parce que vous êtes inquiet
que les autres signent mieux après, d'un côté de la table,
et, de l'autre côté de la table, vous faites attention au premier
que vous signez parce que vous avez peur que ça vous coûte le
même prix après.
Je pense que les intervenants se sont regardés un bout de temps,
mais je pense qu'ils commencent à développer des formules qui
marchent. Je pense que c'était le coup d'en avoir une couple qui
trouvent la bonne formule contractuelle pour que, après ça,
ça démarre, puis c'est un peu ce qui est en train de se produire.
On dirait que les vis-à-vis ont réussi à trouver la
manière d'entrer ça dans un contrat, ce genre d'activité
là. Je demanderais peut-être à M. L'Homme de vous
dire...
M. Chevrette: Je ne veux pas oublier ce que j'ai à vous
demander. Est-ce qu'on s'assurera, cependant, qu'il y aura certaines balises
pour ne pas que ça devienne des subventions déguisées
à l'entreprise?
M. Geoffrion: II y en a une actuellement qui est, je pense, la
meilleure balise. La politique d'Hy-dro puis c'est appuyé par le
gouvernement c'est qu'elle n'achètera pas plus cher que ses
coûts évités. Donc, elle ne paiera pas plus cher cette
énergie-là.
M. Chevrette: C'est toujours basé sur le prix de
Grande-Baleine rendu à Montréal, 0,044 $?
M. Geoffrion: Oui.
M. L'Homme (Denis): Au moment où on se parle, il y a 24
projets qui sont à divers états de négociation et de
préparation, mais il y a 5 projets qui sont déjà
signés avec Hydro-Québec, et il y en a 1, et un important, celui
d'Indeck, à Hull, qui passera en audiences publiques du BAPE au cours du
mois de mai.
Alors, la balle est dans le camp des promoteurs, de monter leur
financement, de signer le contrat avec Hydro-Québec, de signer un
contrat de gaz avec les producteurs albertains. C'est sûr que ce n'est
pas facile. C'est des contrats à long terme qu'ils doivent obtenir de la
part des producteurs albertains. Mais il reste qu'il y en a 5, et des
importants. Il y en a un: société de cogé-nération
du Québec, à Chapais, pour la biomasse forestière, 25 MW;
valorisation énergétique RIGDIM, qui est à
Montréal, pour les déchets urbains, 45 MW; il y a 139 MW, celui
d'Indeck dont je viens de parler; 146 MW, Tembec, au Témiscaminque, qui
est aussi signé; société de cogénération du
Québec à Saint-Félicien qui est une valorisation de
biomasse forestière pour 15 MW. Alors, ceux-là sont
signés.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous répondez à des
promoteurs qui nous disent qu'Hydro est très difficile de fonctionner
dans les légaux, qu'elle met toutes sortes de petites conditions qui
n'ont pas été annoncées? Est-ce que vous avez ce genre de
remarques, au ministère? On le reçoit, comme Opposition; vous
devez sûrement l'avoir au ministère, vous autres aussi.
M. Geoffrion: Oui, on a eu ce genre de commentaires à
l'occasion. Mais peut-être qu'à l'occasion, Hydro pèche par
trop de prudence, en termes de sécurité d'approvisionnement, mais
aussi je pense que les fournisseurs ne sont pas, habituellement, des
producteurs d'électricité, à l'origine, et, eux, ils
pèchent peut-être par une vision, des fois, un peu trop simpliste
de c'est quoi, fournir leur énergie. Fournir l'énergie sur un
réseau puis juste à une usine, c'est deux choses. À
l'occasion, ils sont peut-être surpris de la complexité des
exigences d'Hydro, mais je pense qu'un peu des deux côtés... Il y
en a des deux bords, de cela. Techniquement, ce n'est pas simpliste.
M. Chevrette: Vous devenez, à toutes fins pratiques, un
peu le genre pas arbitre, mais, entre guillemets...
Moi, je pense que, la cogénération, on doit la faire le
plus possible. C'est générateur d'emplois dispersés
à travers le Québec et non pas concentrés dans un endroit
au Québec. Je comprends qu'il faut prendre des mesures pour ne pas que
ça devienne des producteurs d'électricité et qu'ils
dévient de leur rôle premier qui est, d'abord et avant tout, de
créer de l'emploi dans l'industrie, et que ça ne devienne pas
également des formules déguisées de subventions. Mais,
ceci dit, on pense que c'est un secteur à encourager. Et si on est sur
la même longueur d'onde dans nos perceptions, je pense qu'on peut faire
évoluer certains dossiers, en tout cas.
M. Geoffrion: On est très attentifs à
l'évolution des discussions.
M. Chevrette: Merci, mais je voudrais laisser... Après
ça, je finirai par des petites vite.
M. Tremblay (Outremont): Je veux juste ajouter quelque chose.
C'est un débat important et c'est la raison pour laquelle la ministre de
l'Énergie a mentionné, à la suite de la commission
parlementaire, qu'il y aurait un débat public sur l'énergie et
que cette option serait prise en considération, à ce
moment-là, comme d'autres options possibles. (10 h 40)
Prix de l'essence dans les régions
bénéficiant d'une réduction de la taxe de vente
M. Jolivet: M. le Président, ma question va porter sur le
programme 3. Le sujet, c'est le prix de l'essence dans les régions qui
bénéficient d'une réduction de la taxe de vente. Je vous
donne un peu ce qui en est. C'est tout le secteur de la Haute-Mauricie. On sait
qu'on a eu des démarches assez difficiles pour, finalement, faire
inclure dans ce secteur de la Haute-Mauricie, à l'époque, non
seulement au niveau des taxes sur l'essence mais aussi sur les prêts et
bourses au niveau des étudiants des régions
éloignées. Parce que La Tuque est à la fois
éloignée et proche, d'une certaine façon. Elle n'est pas
assez loin pour être dans des dossiers comme ceux-là et, des fois,
elle est trop loin pour les régions concentriques dont la
Basse-Mauricie.
Alors, le gouvernement du Québec avait permis aux consommateurs
situés dans ces régions éloignées de
bénéficier d'une réduction de taxe imposée sur le
prix à la pompe de cette essence-là. Il y a certaines
communautés qui bénéficient de taxes moins
élevées sur le prix de l'essence et le cas de la Haute-Mauricie
en est un exemple. Dans ce cas, cependant, les taxes du Québec
représentaient, aux dernières nouvelles, 0,1587$ du total du prix
à la pompe de l'essence, en janvier dernier, alors que pour les autres
municipalités de la Mauricie et des Bois-Francs, les taxes
représentaient, en moyenne, environ 0,185 $ du prix à la pompe.
Donc, logiquement, on devrait comprendre que les régions
bénéficieraient de ces rabais de taxes et devraient payer
l'essence à un coût moindre parce qu'il y a des rabais qui sont
consentis. Mais ce n'est pas tout à fait la réalité.
Dans la dernière lettre que j'ai reçue, je l'ai
reçue cette semaine, le 27 avril, le Conseil du travail de La Tuque et
ceux qui s'occupent du dossier indiquaient que le prix de l'essence dans le
Haut-Saint-Maurice est d'environ 0,07 $ le litre plus élevé que
dans la région du centre Mauricie, soit, pour l'essence sans plomb
ordinaire, donc 0,633 $ partout à La Tuque, 0,563 $ à
Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières et au Lac-Saint-Jean. J'avais
écrit des lettres à la ministre et on m'a indiqué
certaines choses intéressantes, à l'époque, d'autant plus
que M. Vallières était venu à La Tuque, à la
Chambre de commerce, parler de ce dossier-là.
À toutes fins pratiques, les taxes fédérales sont
à peu près les mêmes, le coût de transport aussi.
Mais quand on regarde dans les tableaux qui nous ont été fournis,
au niveau de la colonne des coûts reliés au raffinage et à
la mise en marché, on a des écarts importants. A La Tuque, sur
0,638 $ le litre du prix de l'essence, 0,3319 $ servent à
défrayer le raffinage et la mise en marché alors qu'ailleurs dans
la même région, cet item tourne autour de 0,28 $. Alors, quand on
regarde toutes les cotes, là, prix à la pompe, raffinage,
transport, taxe provinciale, taxe fédérale, ça
s'équivaut pas mal. C'est quand on arrive dans la colonne raffinage et
mise en marché. Donc, de là à penser que les
pétrolières empochent les rabais de taxes, il n'y a pas une marge
très, très large. Alors, c'est dans ce sens-là que les
gens disent: Qu'est-ce qui arrive? Pourquoi? Comme le soutenait la ministre,
dans une lettre qu'elle m'envoyait le 15 mars dernier, que cette situation
n'est pas exceptionnelle, dit-elle, à La Tuque, et que au moins 50
municipalités situées dans la même zone de taxes subissent
le même phénomène. Alors, moi, une question que je pose:
Pourquoi, ce qui semblerait, là, qui coûterait le plus cher, c'est
le raffinage et la mise en marché? Est-ce que le raffinage coûte
le même prix ailleurs? Il me semble que le raffinage ne devrait pas
changer. Ça devrait être, donc, la mise en marché qui est
le problème. Est-ce que la mise en marché, parce qu'il y a un
monopole à La Tuque, il n'y a pas moyen d'aller acheter le gaz ailleurs,
que, là, il y a quelqu'un qui empoche? Alors, j'aimerais savoir: Est-ce
qu'on a vérifié si, oui ou non, ces rabais de taxes qui sont
décrétés par le gouvernement pour des lieux visés
comme la Haute-Mauricie profitent aux citoyens? Ils profitent à qui?
Profitent-ils aux pétrolières? Profitent-ils aux gens qui sont
les vendeurs à la pompe? À qui ça profite? Moi, j'aimerais
d'abord savoir ça.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Alors, nous sommes
bien conscients que certains détaillants d'essence de la province se
sont livrés, au cours des derniers jours, à une guerre de prix.
Les guerres de prix font partie des règles du jeu dans un marché
de libre concurrence pour stimuler la demande et augmenter les parts de
marché. Il faut reconnaître que tout est à l'avantage du
consommateur québécois qui a pu profiter de bas prix ces derniers
temps. Par contre, et comme toujours, nous suivons avec attention
l'évolution du dossier afin d'éviter des hausses abusives. C'est
le Bureau d'inspection du prix de l'essence du ministère de
l'Énergie et des Ressources qui assume ce rôle de surveillance.
À votre demande, à la demande du député de
Laviolette, un représentant du ministère de l'Énergie et
des Ressources est allé discuter des rabais d'essence devant la Chambre
de commerce de La Tuque. Les personnes de votre comté, qui, d'ailleurs,
sont très impliquées et avec raison, ont soulevé cette
question, ont même émis plusieurs communiqués de presse au
cours des trois dernières semaines. Je demanderais à la personne
la plus compétente, peut-être la seule que nous ayons avec toutes
les réponses techniques, de vous répondre. C'est M.
Jean-Noël Vallière. Alors, il est ici, il va se faire un plaisir de
répondre...
M. Jolivet: Je m'excuse, juste avant qu'il me dise ça, M.
le Président, il va me répondre ce qu'il a répondu
là-bas, c'est parce qu'il y a une bataille ailleurs, et vous n'en
profitez pas, dans le fond. Si je prends Cap-de-la-Madeleine,
Trois-Rivières et à La Tuque... Autrement dit, il dit: Votre
secteur à vous autres, il est correct, il n'y a pas de problème.
C'est ailleurs qu'il y a une bataille des prix. Vous autres, vous n'en profitez
pas, dans le fond. C'est ça que ça veut dire, si je regarde
logiquement. Allez-y, je vais attendre.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, monsieur...
M. Tremblay (Outremont): M. le député de
Laviolette, on va attendre sa réponse.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça. Alors, M.
Vallière.
M. Vallière (Jean-Noël): Quand on veut statuer sur
les... Quand on regarde ce qui se passe au niveau des prix, il y a deux
façons de le faire. Les prix peuvent être en fonction d'une
structure de coûts, donc on additionne tous les éléments de
coûts, le brut, la part du détaillant, la part de la
pétrolière, les taxes, les coûts de transport, et ça
donne un prix. Sur le marché, par exemple, il n'y a pas juste ça
qui fonctionne, il y a aussi les forces du marché et les guerres de prix
qui arrivent. Donc, temporairement, le prix peut être totalement
détaché d'une structure de coûts. Ce qu'on a
remarqué au BIPE, jusqu'au début des guerres de prix, à
l'automne 1991, les prix de l'essence avaient tendance à s'arrimer
presque parfaitement à la structure de coûts. Donc, on
additionnait tous nos éléments et on avait le prix à la
pompe. Lorsque le pétrole brut augmentait de quelques dollars le baril,
le prix à la pompe suivait avec, évidemment, un décalage
de 60 jours, à l'époque. Ce qui s'est passé depuis
l'automne 1991 avec les guerres de prix, c'est qu'il n'y a plus de mesure, il
n'y a plus de juste mesure entre la structure de coûts et le prix
à la pompe, et ces guerres de prix ont touché presque
exclusivement les régions centrales, Québec, Montréal,
Trois-Rivières et Sherbrooke. Les deux protagonistes dans cette
guerre-là, c'est les pétrolières d'un côté,
les indépendants de l'autre, et c'est évidemment pour des parts
de marché. Ce dont on s'est aperçu dans les cinq ou six
dernières années, c'est que les indépendants ont
grugé des parts de marché qui étaient, entre guillemets,
traditionnellement acquises aux pétrolières. Ils en sont à
26 % maintenant...
M. Jolivet: ça, là, on n'a pas grand temps, mais je
vais vous poser la question. je prends les taxes fédérales, c'est
à peu près équivalent partout, on ne chiale pas; les taxes
provinciales étaient 15,87 % par rapport à 18 %, 19 %, on ne
chiale pas, c'est ça. il y a eu un rabais de taxe, il est là. le
rabais de taxe est là. le transport, on ne chiale pas, 1,70 $, on
comprend que monter à la tuque, c'est différent d'aller à
victoriaville ou d'aller à bécancour. ça, on comprend
ça, 1,70 $, on ne chiale pas. quand on va au raffinage et mise en
marché, j'imagine que raffiner du pétrole, du gaz pour la pompe
à montréal, pour un gars qui l'achète à
montréal et raffiner pour un gars qui l'achète à
chicoutimi, d'après moi, le raffinage ne doit pas coûter plus
cher. il reste quoi, donc? il reste la mise en marché. la mise en
marché, c'est là qu'on a un problème, 0,3319 $ par rapport
à 0,28 $, 0,29 $, c'est là, le problème. on dit, nous
autres: pourquoi avoir fait des rabais de taxe, si ça ne profite pas aux
consommateurs? est-ce que vous allez me dire que la mise en marché... et
c'est là la question qui est posée par le conseil du travail de
la tuque: est-ce que ça veut dire qu'il y a des gens qui empochent, et
ça serait le gars à la pompe qui l'empocherait? eux autres, ils
disent non. qui l'empoche? moi, s'il y a un rabais de taxe, pourquoi ils n'en
profitent pas? faites une vérification. les gens vous demandent une
enquête; vous dites, comme réponse: c'est ça.
Les gens ont été découragés de votre
réponse, à la Chambre de commerce. C'est pour ça qu'ils
continuent la bataille, parce que ça n'a pas de bon sens...
M. Chevrette: Et, ce matin, on est aussi
découragé.
M. Jolivet: Expliquez-moi.
M. Vallière: Bon, j'étais presque rendu...
M. Jolivet: O.K.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallière: ...tantôt, dans mon explication, quand
vous m'avez coupé la parole.
M. Chevrette: Mais, aboutissez, parce qu'à 11 heures,
c'est quasiment fini. (10 h 50)
M. Vallière: O.K. Quand je dis que les prix dans les
régions centrales sont détachés de la structure de
coûts, ce qu'on avait observé au BIPE jusqu'à l'automne
1991, c'est que la part de la pétrolière, ce qui revient à
la pétrolière pour le raffinage, la commercialisation, la
distribution et son rendement sur le capital investi, c'était 0,145 $.
Au moment où on se parle, cette même part de la
pétrolière est 0,05 $ ou 0,06 $ le litre à Québec
et à Montréal. Quand je vous dis... Alors qu'à La Tuque,
la part de la pétrolière se rapproche toujours du 0,145 $ qui
était le... Donc, la structure du marché à La Tuque n'a
pas généré des guerres de prix comme des régions
centrales, ce qui fait que la part de la pétrolière et l'ensemble
des coûts...
M. Jolivet: Ce que les gens de La Tuque disent, c'est bien
simple. L'impression qui nous reste, là, après avoir entendu ce
que vous avez dit, c'est que la guerre de prix ailleurs fait en sorte qu'eux
autres, ils paient plus parce qu'il n'y en a pas, de guerre des prix, il y a un
monopole. Écoute, la question qu'ils posent dans la lettre du 27 avril,
c'est: En conséquence, c'est adressé au Bureau
d'inspection et d'information du prix de l'essence ils disent:
Écoutez, aidez-nous, nous vous prions de prendre les dispositions qui
s'imposent afin de nous aider à faire briser le monopole du prix de
l'essence détenu par les détaillants de la région du
Haut-Saint-Maurice. On arrive à cette conclusion là. N'ayant pas
de guerre de prix, n'en aura jamais, bien, ils vont payer plus par rapport
à tout le reste où, là, ils se disent victimes d'une
guerre de prix ailleurs. En tout cas, moi...
M. Geoffrion: Mais je pense qu'on ne peut pas empêcher une
pétrolière de réduire ses prix sur certains
marchés. Ce qu'on constate, par contre, c'est qu'elle n'a pas
renoncé à son profit à La Tuque.
M. Jolivet: M. Levesque, quand il a fait son budget, il voulait
rendre service à ces régions-là, mais, d'après ce
que je peux voir, ce n'est pas ça. Je vais vous poser une question. Il y
a eu une vérification qui a été faite à
Mont-Laurier c'est à peu près identique, en termes de
niveau, parce que c'est la partie de mon comté... Pour me rendre
à Parent, il faut que je passe par Mont-Laurier mais je vous dis
bien honnêtement, expliquez-moi pourquoi il y a eu une enquête
là-bas, il y a eu des décisions, je ne sais pas ce qui s'est
passé finalement, mais qu'il n'y en avait pas à La Tuque?
Pourquoi on ne vérifierait pas, au niveau de La Tuque, plus
profondément que la réponse que vous nous donnez. C'est une
réponse décourageante pour des gens de régions
éloignées qui ne comprennent pas pourquoi, si l'Etat a dit des
rabais, ils paient plus cher qu'ailleurs. Expliquez-moi ça.
M. Geoffrion: Notre problème, c'est que le marché
à La Tuque, il a deux qualités. Ce qu'on constate, c'est que
c'est un marché concurrentiel. Il y a des indépendants, il y a
des gens en concurrence, ce n'est pas le monopole...
M. Jolivet: Voulez-vous je vais vous dire une affaire? À
Lac-Édouard, l'Environnement vient de fermer tous les garages. Il y en
avait un. Tout fermé. Ils n'ont plus de gaz. J'ai essayé de
savoir comment on pouvait avoir une pompe pour, au moins, les bateaux sur le
lac Edouard, et avoir la pompe pour les gens qui viennent de l'Europe, dans
bien des cas, par les autobus, pour avoir du gaz à La Tuque, à
Lac-Édouard. Vous savez les prix exorbitants qu'on demande, de telle
sorte que ce ne sera pas possible. À Parent, au bout de
la course, il n'y a plus personne qui veut amener du mazout, plus
personne. Le monde va vivre de quoi, demain matin? En tout cas, je vous dis que
ça n'a pas de bon sens.
M. Chevrette: Ça, c'est au-delà des analyses. C'est
le vécu quotidien, mon cher spécialiste.
M. Vallière: Tout ce que je pourrais rajouter, c'est que
ce n'est pas parce qu'il y a des guerres de prix à certains endroits et
la part de la... ils vendent en bas des coûts de production avec des
parts de pétrolières à 0,05 $, 0,06 $, 0,07 $ et 0,08 $ le
litre, qu'on peut obliger le marché à vendre à perte
partout au Québec. Il y a certains endroits, La Tuque est
peut-être un exemple, il y a l'Abitibi, il y a la Gaspésie,
où la part de la pétrolière est demeurée, selon les
normes, stable à 0,145 $, alors qu'elle a dégringolé
ailleurs.
M. Jolivet: Tout ce que je vous demande, trouvez-moi un moyen de
régler ça. C'est ça que je vous demande, au nom de la
population de la Haute-Mauricie.
Une voix: II n'y en a pas.
M. Jolivet: Bien, que l'État prenne sa décision,
à ce moment-là, à ce niveau-là. Qu'il fasse quelque
chose. Ça n'a pas de bons sens. Ça n'a pas d'allure. Plus de
pétrole à Lac-Édouard, on a de la misère à
avoir du mazout à Parent. Il fait «fret», à Parent,
l'hiver. Il n'y a plus personne qui veut monter là. On a de la
misère à avoir du monde là. Il y a du monde qui vit
là et il y a une usine qui vit là, elle a besoin de ça, ce
mazout-là. Il n'y a plus personne...
M. Geoffrion: On va regarder les problèmes
d'approvisionnement auxquels vous vous référez.
M. Chevrette: M. le Président, il me reste à peu
près six questions. J'avais dit au ministre qu'on accorderait
également... qu'on adopterait globalement. La première question,
c'est la sûreté à Hydro-Québec. Je vais vous donner
les sujets, ça vous permet de faire la chaise musicale:
sûreté Hydro-Québec, sécurité des barrages,
stratégie québécoise d'efficacité
énergétique je dirai juste un mot
Euro-Québec Hydro-Hydrogène, et autobus électriques.
Sécurité interne à
Hydro-Québec
Donc, première petite question sur la sûreté
à Hydro-Québec. Je suis allé questionner le ministre de la
Sécurité publique, je crois que c'est la semaine dernière,
jeudi dernier, et on m'a dit que ce n'était pas finalisé, je
pense, le rapport final. Est-ce que Mme la ministre de l'Énergie a un
document émanant d'Hydro-Québec concernant sa propre
sûreté, son comportement, ses mandats qu'elle se donne,
étant donné que... Vous savez que dans les médias
d'information je crois que c'est un médium électronique,
même, je ne suis pas sûr que ce n'est pas la télé
le président de la sûreté d'Hydro, à
Radio-Canada, si ma mémoire est fidèle, a annoncé qu'il
faisait du renseignement. Donc, est-ce que vous avez vérifié
cela? Même si M. Drouin, président d'Hydro, a contredit ou a remis
à sa place le... il n'en demeure pas moins qu'il a affirmé qu'il
se faisait du renseignement. Est-ce que vous avez pris les informations sur
cette dimension?
M. Tremblay (Outremont): Cet aspect relève du ministre
responsable de la Sécurité publique, puis je pense que vous avez
déjà posé cette question au ministre de la
Sécurité publique.
M. Chevrette: Non, mais au moment où on l'avait
posée au ministre de la Sécurité publique, Mme la ministre
elle-même disait qu'elle prendrait de l'information, si ma mémoire
est fidèle, auprès d'Hydro-Québec. D'abord, juste le nom
«sûreté», entre vous et moi, sûreté
Hydro... Ça pourrait être sécurité Hydro, je ne le
sais pas, mais s'apparenter à une police... On sait que c'est surtout
des anciens policiers des renseignements spéciaux de la
Sûreté du Québec qui font partie de la
sécurité d'Hydro. Mais est-ce que la ministre ne devrait pas
suggérer à Hydro-Québec, d'abord, de changer le nom de sa
garde de sécurité pour éviter les tendances naturelles
à faire de... Parce qu'il y a une dimension de respect des droits et des
libertés dans ça. Ce n'est pas un corps de police national,
ça; c'est une sécurité pour fins de sauvegarder les biens
meubles, si j'ai bien compris, d'Hydro-Québec. Donc, est-ce que la
ministre ne pourrait pas prendre en considération, d'abord, que ce soit
une garde de sécurité ou une agence de sécurité et
que ce soit limité à jouer le rôle d'une agence de
sécurité et non pas d'une sûreté, d'une police avec
toutes les dimensions de renseignements tactiques, tout ce que vous voulez?
C'est juste dans ce sens-là, en tout cas, que je veux passer le
message.
M. Tremblay (Outremont): Oui. La ministre de l'Énergie et
des Ressources a demandé à Hydro-Québec des informations
sur le sujet qui est mentionné par le député de Joliette.
La ministre de l'Énergie et des Ressources va également
être informée de la suggestion que vous faites et prendra
sûrement en considération vos propos.
Sécurité des barrages
M. Chevrette: merci. sécurité des barrages. on sait
qu'en 1987, afin de se conformer aux standards internationaux,
hydro-québec adoptait des normes sévères visant à
évaluer régulièrement l'état de ses barrages.
cependant, selon les documents internes à hydro-québec obtenus
par radio-canada en janvier dernier, les études de comportement des
barrages ne sont réalisées que dans 15 % des cas, et ça
n'a jamais été nié par hydro-québec par la suite.
moi, je voudrais savoir, d'abord, au niveau du ministère de
l'énergie et
des Ressources qui a une responsabilité vis-à-vis de la
sécurité publique: Est-ce qu'on a été mis au
courant de cette lacune qui plane sur la fiabilité d'une cinquantaine de
barrages, puis, si oui, quelles mesures ont été prises?
M. Tremblay (Outremont): Alors, HydroQuébec connaît
l'état de sécurité de ses barrages grâce à un
processus de surveillance conforme aux normes internationales. D'ailleurs, le
comité de révision international, qui est composé de cinq
experts internationaux complètement étrangers à
Hydro-Québec, n'a jamais, depuis le début de son existence, en
1988, constaté aucune pratique incorrecte d'Hydro-Québec en
regard des normes internationales. Également, l'expertise
d'Hydro-Québec est fréquemment requise au sein des grandes
organisations internationales qui se préoccupent de la
sécurité des barrages. Finalement, plus de la moitié des
effectifs d'Hydro-Québec en génie civil, 150 personnes sur 300,
est affectée exclusivement à la sécurité des
barrages.
M. Chevrette: comment expliquez-vous qu'hydro-québec n'ait
pas répondu à l'affirmation que seulement 15 % des cas... que
dans 15 % des cas, on avait procédé à la
vérification par rapport aux standards internationaux? est-ce que c'est
vrai ou si c'est faux, ça?
M. Tremblay (Outremont): M. Denis L'Homme va donner la
réponse à cette question.
M. L'Homme: En fait, ce que l'on constate, c'est qu'il y a une
divergence au niveau des standards. Ce n'est pas la sécurité qui
est en cause, c'est l'acceptation du standard international qui est en
discussion.
M. Chevrette: Est-ce que c'est Hydro-Québec qui remet en
cause certains standards internationaux?
M. L'Homme: Bien, qui les remet en cause... Moi, je ne le dis
pas, mais... On ne dit pas que les barrages sont insécures pour autant,
on dit que la norme est peut-être discutable. Enfin, c'est ce qu'il
faudrait examiner.
M. Chevrette: Ce n'est pas en 1987 que vous aviez adopté
des normes ou des standards internationaux? Les barrages du ministère,
eux, est-ce qu'ils doivent répondre aux mêmes standards
internationaux?
M. L'Homme: On n'a pas de barrages.
M. Chevrette: Vous n'en gérez pas, vous autres?
M. L'Homme: C'est le ministère de l'Environnement
qui...
M. Chevrette: Puis le privé? Ah! Ça relève
de l'Environnement. (11 heures)
M. L'Homme: Les barrages au Québec, le ministère de
l'Environnement en a. Nous, on n'en a pas.
M. Chevrette: O.K. Est-ce qu'ils sont soumis aux mêmes
standards internationaux?
M. Geoffrion: Ça ne doit pas, non. J'imagine qu'un immense
barrage puis un petit, ça ne doit pas être le même genre de
standards.
Le Président (M. Audet): Je ne veux pas couper rien, mais
est-ce qu'il y a consentement pour prolonger un peu, de quelques minutes?
M. Chevrette: Quelques minutes.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: On a commencé à 9 h 10. Le
Président (M. Audet): O.K. Ça va. M. Geoffrion: On
parlait des ingénieurs...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a possibilité de demander
à Hydro de me fournir cette information-là? D'abord, les
divergences au niveau des normes pour savoir quelles sont les divergences qui
existent; deuxièmement, pour savoir comment il se fait qu'on a
répondu... Ces normes sont à 15 % seulement. Il doit y avoir une
raison, mais ça ne doit pas être seulement à cause des
divergences. J'aimerais savoir ça.
Autobus électriques
L'autre cas, au niveau des autobus électriques. On en parle de
plus en plus. Est-ce que le ministère de l'Énergie participe
à ça?
M. Tremblay (Outremont): En fait, la personne qui parle des
autobus électriques, c'est M. Deshaies. J'ai rencontré M.
Deshaies, il y a quelques semaines, et nous avons présentement une
proposition d'Autobus Deshaies inc., les autobus électriques, nous la
considérons à son mérite. C'est essentiellement une
proposition, dans un premier temps, pour faire de la
recherche-développement additionnelle sur le processus. Nous avons
convenu d'un échéancier assez rapide pour analyser le potentiel
de l'autobus électrique. C'est évident que si on peut
l'intégrer dans une politique globale pour favoriser le
développement de ces autobus électriques et, également,
prendre en considération toutes les questions environnementales...
M. Chevrette: Est-ce qu'Hydro participe à ces
échanges et à cette expertise?
M. Tremblay (Outremont): Hydro-Québec lui a octroyé
une aide financière de 5000 $ pour... Excusez.
Le ministère de l'Énergie et des Ressources lui a
octroyé une aide financière de 5000 $ pour ses études de
faisabilité. Mais ce que nous discutons présentement avec lui,
c'est une aide financière beaucoup plus importante, possiblement dans le
Fonds de développement technologique.
M. Chevrette: Mais Hydro, par son pourcentage annuel... Elle a un
gros pourcentage, 1,5 %, je crois, de son budget qui va à la recherche
et au développement. Est-ce qu'Hydro est mise à contribution dans
ce projet via l'IREQ ou via d'autres structures?
M. Tremblay (Outremont): Présentement, non. Est-ce qu'on
fera appel à Hydro-Québec? Possiblement. Mais nous sommes encore
à l'analyse du dossier qui nous a été remis, il y a
quelques jours, par M. Deshaies. Après ça, je pense que s'il y a
une volonté gouvernementale de donner suite au projet, ça peut
être par Innovatech, ça peut être par le Fonds de
développement technologique, ça peut être par,
possiblement, Hydro-Québec, mais on n'est pas rendu à identifier
le pourvoyeur de l'aide financière.
Projet Euro-Québec
Hydro-Hydrogène
M. Chevrette: Euro-Québec Hydro-Hydrogène, on sait
que le projet est en marche depuis déjà un certain temps. Le 22
janvier 1992, le gouvernement du Québec autorisait l'octroi d'une somme
de 7 900 000 $ dans le cadre de la poursuite de ce projet. Le 26 août
dernier, cette somme était transférée à
Hydro-Québec à titre de gérante du projet, selon nos
informations, sur la recommandation de la ministre de l'Énergie et des
Ressources. Je voudrais savoir, tout d'abord... Peut-être faire le point
sur le projet, dans un premier temps, et, dans un deuxième temps, je
voudrais savoir combien d'argent a été dépensé
jusqu'à maintenant dans le cadre de ce projet. Troisièmement,
quelles sont les échéances? Sur le dossier, ce seraient les trois
questions auxquelles j'aimerais avoir une réponse.
M. Tremblay (Outremont): Alors, c'est un projet très
important qui a été initié par le ministère de
l'Énergie et des Ressources avec la Communauté économique
européenne. Dans un premier temps, à la suite d'une participation
gouvernementale avec HydroQuébec, les conclusions étaient
à l'effet que le coût était plus élevé et,
deuxièmement, qu'il y avait une perception de problèmes de
sécurité. Par contre, à cause du grand potentiel, le
ministère de l'Énergie et des Ressources, la ministre responsable
et Hydro-Québec ont décidé de cibler davantage leur
intervention vers l'utilisateur. C'est la raison pour laquelle des partenaires
utilisateurs se sont joints à ce projet. De façon plus
précise, au Québec, on parle, dans les moteurs d'avion, de Pratt
& Whitney; on considère également la possibilité de
Prévost Car; MCI a été identifiée. Au niveau de la
Belgique, on parle de Van Hool, pour les autobus. Donc, c'est toujours un
projet qui est d'actualité. On pense que, possiblement à cause de
l'effet de serre dans des villes comme Los Angeles, éventuellement, si
nous utilisons au maximum notre potentiel énergétique,
l'hydrogène liquide pourrait nous placer dans un créneau
d'excellence d'ici l'an 2000, même s'il s'avérait que le
coût de l'énergie, par exemple l'essence... L'essence pourrait
peut-être devenir comme dans le secteur des pâtes et papiers; on
pourrait faire une nouvelle réglementation et dire: Écoutez,
ça a des considérations environnementales, donc on fait du
recyclage, désencra-ge. Peut-être que, là, on dirait:
L'hydrogène liquide. Mais c'est un projet que la ministre a à
coeur. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie est
également impliqué dans ce dossier-là et nous avons des
partenaires au niveau de la Communauté économique
européenne et des partenaires industriels québécois. Donc,
ça continue et nous espérons pouvoir donner suite à des
investissements additionnels le plus rapidement possible.
M. Chevrette: Combien de dépensés, globalement?
M. Tremblay (Outremont): 1 000 000 $.
M. Chevrette: Sur les 7 900 000 $?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: Les 7 900 000 $ sont corrects?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Dans l'autorisation, il y a un
engagement gouvernemental de 7 900 000 $, mais déboursés
présentement, c'est 1 000 000 $.
M. Chevrette: O.K. Et l'échéancier, c'est l'aube
des années 2000.
M. Tremblay (Outremont): C'est 1997 pour la phase de
démonstration actuelle. Lorsque je mentionnais l'an 2000, c'est plus le
rôle d'éducation, parce qu'il y a un rôle d'éducation
important présentement, entre autres au niveau de la perception pour la
sécurité. Donc, avec le rôle d'éducation et que les
utilisateurs en fassent, par exemple, un usage plus industriel, il semblerait
que l'an 2000 nous apparaît réaliste.
Stratégie d'efficacité
énergétique
M. Chevrette: O.K. Dernier sujet, dernière question, c'est
au niveau de l'efficacité énergétique. Tout le monde parle
d'efficacité énergétique. On dit: C'est bien beau, la
construction de gros barrages, on ne doit pas être contre, mais on doit,
d'abord et avant tout, axer toute notre action ou la grande partie de notre
action sur l'efficacité énergétique. Au Québec,
tout le monde en traite. Tous les groupes soit écologiques, soit...
Même les groupes industriels ne se gênent pas pour dire: Oui, il
faut aller vers des technologies modernes puis aller au niveau de
l'efficacité énergétique.
Comment expliquer que ni Hydro-Québec, ni le ministère de
l'Énergie et des Ressources, ni le gouvernement ne pensent
véritablement à un programme d'abord d'isolation du parc
immobilier à cause de notre climat, pour répondre
véritablement, donner un coup de barre extraordinaire dans le domaine de
l'efficacité et de la conservation de l'énergie, de la diminution
de la consommation de l'énergie? (11 h 10)
M. Tremblay (Outremont): En fait, on n'a pas dit qu'on n'a pas
évalué ce moyen. Par contre, lorsqu'on regarde la nouvelle
politique énergétique du gouvernement, là, au niveau de
l'efficacité énergétique, il y a des données, de
façon très claire, qui ont été mises de l'avant par
la ministre de l'Énergie et des Ressources. C'est avec beaucoup de
satisfaction qu'on a pris connaissance de la nouvelle politique
énergétique mise de l'avant récemment par le Parti
québécois, le document de réflexion. On y reconnaît
presque une copie conforme de la politique annoncée par la ministre de
l'Énergie et des Ressources, il y a plusieurs mois.
M. Chevrette: Je m'excuse, mais, efficacité
énergétique, quand on parle d'efficacité
énergétique, puis qu'on s'en vient avec des gadgets floridiens...
Par exemple, la lampe opaque, vous savez très bien que ça a un
effet habituellement contraire, l'hiver, M. le ministre. Vous devez savoir
ça autant que moi. Vous avez fait un petit peu de physique et de chimie
et vous avez étudié ça. Vous savez très bien que la
lampe opaque ne dégage pas de chaleur l'hiver, donc ce sont les plinthes
électriques qui marchent. Les experts, même à Hydro, les
ingénieurs qui connaissent ça, les ingénieurs de
l'entreprise privée nous disent qu'au Québec, c'est un
véritable programme d'isolation du parc immobilier qui contribuerait
davantage à créer une efficacité énergétique
beaucoup plus grande que de s'amuser avec les gadgets. Est-ce que... Et dans la
politique que vous avez lue, si vous l'avez lue, vous aurez remarqué
qu'une des premières choses qu'on recommande, c'est justement un
programme d'isolation de nos maisons, etc., et ça ne fait pas l'objet de
vos préoccupations, semble-t-il. J'aimerais savoir pourquoi.
M. Tremblay (Outremont): Alors, deux points. Dans la
stratégie, il y a un plan d'action, des changements au Code du
bâtiment pour améliorer l'isolation, premièrement.
Deuxièmement, il y a également toute la question de la domotique
et de l'immotique je vois le député de Joliette, on parle
de la maison intelligente et il est démontré de
façon très claire que 40 % des maisons, d'ici l'an 2000, vont
être des maisons intelligentes. On en construit 45 000 par année,
et ce ne sont pas des maisons intelligentes. Quand on parle de conservation de
l'énergie, on pourrait, au niveau du consommateur, de la consommatrice,
épargner 7 % de la facture mensuelle d'énergie électrique.
Donc, ça, ce n'est pas des gadgets, c'est la réalité,
c'est un rôle d'éducation, et toute la politique
d'efficacité énergétique est orientée
principalement vers un rôle d'éducation au niveau des
consommateurs et des consommatrices. J'aurais aimé trouver dans la
politique du Parti québécois... nous aider, nous tendre la main
au niveau de la domotique et de l'immotique, parce que c'est réellement
la voie à suivre. D'ailleurs, vous n'avez qu'à regarder... Les
médias, depuis un certain temps, parlent beaucoup de domotique et
d'immotique de façon très positive et des projets-pilotes ont
lieu dans l'ouest de Montréal et dans certaines régions du
Québec. Donc, peut-être que ça pourrait faire partie de la
réflexion également du Parti québécois.
M. Chevrette: Je suppose que nos ingénieurs et nos
architectes vont travailler aussi dans ce sens-là, par exemple au niveau
de l'énergie solaire, etc.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: Ça, je comprends. Mais tout le parc
immobilier existant, quand on fait des vérifications à
l'infrarouge, on se rend compte que, dans plusieurs secteurs, il y a des pertes
d'énergie épouvantables. Bien souvent, vous savez très
bien, M. le ministre, que c'est dans des milieux économiquement pauvres
en plus qu'on a les plus mauvaises conditions de logement et d'isolation. Quand
ils ne sont pas propriétaires en plus, bien souvent... C'est pour
ça, la grande distinction qu'on fait, c'est: Organisons-nous pour isoler
nos maisons, mais sans affecter, bien sûr, le revenu des gens qui sont
économiquement très faibles. Il y a le parc immobilier existant
auquel il faut penser. Vous me répondez en fonction du futur. Moi, je
pense que, oui, ça, on vous suit.
Non seulement on devrait accélérer et former, même,
nos architectes et nos ingénieurs en fonction de cela, mais faire une
éducation très forte au niveau des constructeurs de maisons
également. Juste l'angle de la maison peut faire économiser un
bon pourcentage, je n'en disconviens pas. Mais pour le parc existant, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de faire un effort concret? Parce que les objectifs
sont ambitieux, pour les années 2000 à 2010. Les objectifs de
récupération, les pourcentages visés sont ambitieux et
Hydro-Québec modifie toujours à la baisse. On a pu l'observer
durant la commission. En l'espace de trois heures, d'ailleurs, M. Bolduc a
baissé ses objectifs. Mais si on veut les atteindre, ici, au
Québec, ce genre d'objectifs là, il faudrait peut-être
aller à ce qu'il y a de plus pressant, et c'est le parc existant.
M. Tremblay (Outremont): Oui. La discussion s'est faite au niveau
de la rentabilité des mesures additionnelles qui pouvaient être
mises de l'avant. Alors, la rentabilité évaluée en
fonction d'autres mécanismes n'est peut-être pas assez importante.
Il y a un projet-pilote, en ce moment, avec la ville de Montréal, en
discussion, pour voir comment on pourrait possiblement faire plus au niveau de
la rénovation des bâtiments existants.
Le Président (M. Audet): Merci. Oui.
M. Tremblay (Outremont): Je veux demander à M. Geoffrion,
juste une seconde, d'ajouter un complément de réponse.
M. Geoffrion: Les rendements dans l'isolation de l'enveloppe,
particulièrement dans le résidentiel, commencent à
être décroissants. Il faut comprendre que, sur 20 ans, de 1971
à 1991, la facture énergétique a baissé de 45 %,
à peu près, dans le résidentiel. Donc, les
différents programmes d'isolation, ça a donné du
rendement. Ça a touché à peu près 830 000
habitations. On intervient de plus en plus à travers les normes sur les
matériaux qui ont droit ou pas d'entrer dans une construction. Donc, on
se dit que si on a des matériaux qui ont de bonnes qualités
énergétiques et qu'on norme ça, c'est probablement une
manière peu coûteuse et on fait le choix dans les constructions
neuves.
Et là, on s'attaque maintenant à la rénovation de
la même manière. Effectivement, la rénovation, souvent,
qu'elle soit bonne ou mauvaise sur le plan énergétique, augmente
les loyers. Particulièrement dans certains quartiers, on est sensibles
à ça. On est en train de regarder des choses avec la ville de
Montréal pour faire quelques expériences-pilotes de
rénovation qui seraient aussi efficaces sur le plan
énergétique. Mais nos rendements commencent à être
décroissants.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça termine
la période que nous avions pour l'étude...
M. Tremblay (Outremont): Juste avec votre permission, un instant,
je voudrais profiter de cette occasion pour remercier le député
de Joliette...
Le Président (M. Audet): Brièvement, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...de sa compréhension et de sa
collaboration. Je voudrais également remercier l'équipe du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour son aide et,
également, toute l'équipe politique de la ministre de
l'Énergie et des Ressources qui m'a appuyé dans ce mandat
très difficile que j'avais. J'en suis bien heureux et bien content.
Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça termine
la période que nous avions pour l'étude des crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour l'année
financière 1993-1994.
Adoption de l'ensemble des crédits
Est-ce que les crédits financiers et les programmes et les
éléments de programmes du ministère de l'Énergie et
des Ressources pour l'année financière 1993-1994 sont
adoptés?
M. Chevrette: Sur division, compte tenu des baisses que j'ai
soulignées au début.
Le Président (M. Audet): Adopté sur division.
Alors, ça met fin à nos travaux. Je vais suspendre les travaux
jusqu'à 16 heures.
(Fin de la séance à 11 h 17)
(Dix-sept heures deux minutes)
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît! Je
déclare la séance de la commission de l'économie et du
travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission. La commission est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Tourisme pour
l'année financière 1993-1994.
Alors, je rappelle brièvement aux membres de la commission les
règles de procédure. M. le ministre, vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour nous faire part de vos remarques
préliminaires. Ensuite, M. le porte-parole de l'Opposition officielle
pourra procéder lui aussi, à son tour, avec des remarques
préliminaires d'une vingtaine de minutes. Ensuite, s'il n'y a pas
d'autres remarques des parlementaires, nous pourrons débuter
l'échange qui touche aux crédits.
Est-ce qu'il y a une entente pour le déroulement de nos travaux;
si vous voulez procéder par programme ou si c'est une discussion plus
large, comme ça se fait aussi couramment?
M. Vallerand: La seule entente qu'on a convenue, je pense, c'est
de faire quatre heures sans arrêt. Sur la répartition, moi, je
suis ouvert, selon les besoins de l'Opposition et ce qu'ils
préfèrent.
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, on échange sur
les dossiers qui touchent le tourisme.
M. Blais: Oui. Si vous me permettez, on pourrait y aller... Vous
avez des remarques préliminaires, appa-ramment. On verra. On pourra
parler comme ça un peu et après ça on tombera dans les
éléments plus précis, si vous le permettez.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous ferez des
remarques préliminaires, vous aussi, M. le député?
M. Blais: Bien, ça va dépendre de la façon
dont...
Le Président (M. Audet): Vous avez le droit d'en faire
pendant 20 minutes.
M. Blais: Oui, oui, on verra.
Le Président (M. Audet): C'est parce qu'à ce
moment-là, moi, je mets fin à la période des remarques
préliminaires. Je dois le faire en vertu du livre, pour débuter
l'échange, pour ne pas qu'on revienne après ça avec...
M. Blais: O.K. D'accord. Ça va.
Le Président (M. Audet): D'accord? M. Blais:
Oui.
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, je vais maintenant
reconnaître M. le ministre. Vous disposez d'une vingtaine de minutes.
Remarques préliminaires M. André
Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président.
Permettez-moi, tout d'abord, de saluer mon vis-à-vis de
l'Opposition, M. Blais, et également les membres de cette commission, et
de vous présenter les gens qui m'accompagnent. Du cabinet, M. le
Président, Mme Maya Raie, directrice du cabinet; Bernard Philie,
attaché politique; Jean Audet, attaché politique; Michel Bureau,
attaché politique, et André Ménard, attaché de
presse. Du bureau du sous-ministre, Mme Johanne Bergeron, sous-ministre par
intérim; M. Pierre-A. Thibaudeau, secrétaire du ministère.
Des directions du ministère, M. Roland Guérin, qui est directeur
général de l'administration et des ressources humaines; M. Robert
Madore, directeur des ressources financières et matérielles; Mme
Gilberte Tremblay, analyste, Direction des ressources financières et
matérielles; Mme Sonya Lachance, Direction des ressources
financières et matérielles; M. Michel Carpentier, directeur
général du marketing; Mme Lucille Daoust, directrice de la
planification et de la recherche; Mme Esther Lemieux, Direction de la
planification et de la recherche; M. Michel Lambert, directeur des projets; M.
Julio Leblanc, Direction des établissements touristiques, et Mme
Raymonde Beaudoin, conseillère juridique, Direction des affaires
juridiques. De la Société du Palais des congrès de
Montréal, M. Bruneau Fragasso, président-directeur
général; M. Jean-Guy Sylvain, vice-président à
l'administration, et Mme Monique Marier, directrice des services comptables. De
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, M. Pierre
Brodeur, directeur général, et M. Jean-Pierre Sylvestre,
directeur des services administratifs.
M. le Président, distingués collègues, je pense
qu'il est important de rappeler que, conformément à son mandat,
le ministère du Tourisme a pour mission de créer des conditions
favorables afin de stimuler, il va de soi, la demande touristique
québécoise, canadienne et internationale. Il doit soutenir, par
ses actions et c'est important qu'on le comprenne les entreprises
touristiques du Québec afin que celles-ci y répondent
adéquatement. Cette mission, vue globalement, s'oriente autour d'un
objectif central, c'est-à-dire la croissance des recettes touristiques,
démontrant ainsi la part de l'industrie
touristique à la vitalité économique du
Québec tout entier. Une façon de rappeler l'activité
touristique, c'est d'abord et avant tout une activité
économique.
Dans le cadre de ses mandats ainsi définis, le titulaire du
ministère du Tourisme agit également de concert avec les
organismes qui sont sous sa responsabilité, c'est-à-dire la
Société du Palais des congrès de Montréal, la
Régie des installations olympiques et l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec.
J'ai eu le plaisir de vous présenter l'année
passée, lors de la dernière commission d'étude des
crédits du ministère, les principales orientations de
l'Énoncé de politique et du plan d'action en matière de
tourisme. C'est heureux que ce soit encore le député de Masson,
M. Blais, qui soit le critique en matière de tourisme pour l'Opposition
parce qu'il était présent, il était dans cette fonction
l'an dernier également. Cette première politique gouvernementale,
il faut l'avouer, la première dans l'histoire du tourisme au
Québec, fut rendue publique en janvier 1992. Un an jour pour jour
après son rapport public, soit le 14 janvier 1995, je présentais
un premier bilan annuel des réalisations.
À la lumière de ce bilan, vous me permettrez d'insister
sur le fait que cette première année d'application de la
politique constitue un tournant majeur pour l'industrie touristique
québécoise et je vous laisserai le soin d'en juger de par
l'énumération des réalisations qu'on va faire. Tournant
majeur en effet parce que le thème central de la mise en oeuvre du plan
d'action, le partenariat, s'est concrétisé de manière
significative avec l'ensemble de nos partenaires. Tout d'abord, l'entente
Canada-Québec sur le développement touristique, doté d'une
enveloppe budgétaire de 100 000 000 $, a permis de soutenir
financièrement divers projets reliés à la mise en
marché internationale du Québec, la mise en valeur de prêts
d'équipement, de soutien à la formation et la réalisation
d'études importantes. à ce jour, depuis la signature de l'entente
intervenue il y a à peine un an, 51 200 000 $ ont été
engagés dans des projets. cette entente concrétise une
collaboration efficace entre le ministère du tourisme et le gouvernement
fédéral dans les dossiers touristiques. de plus, en
matière de mise en marché, de nouvelles initiatives ont permis
d'accroître la présence du québec sur les marchés.
la campagne des fêtes, par exemple, du 350e anniversaire de
montréal, réalisée grâce à un partenariat
actif avec le milieu, a eu des retombées plus que positives. aussi, le
«guide de forfaits», distribué à 1 800 000
exemplaires sur les marchés, a contribué à la hausse de
plus de 6 % du taux d'occupation des hôtels de la région de
montréal pendant l'été dernier. c'est assez significatif,
m. le président. je le mets en exergue, ce résultat
d'augmentation de 6 %, parce qu'il faut comprendre qu'on est encore en pleine
récession et que c'est 6 % par rapport à une année
antérieure qui était aussi une année de récession.
ce n'est pas le début d'une croissance économique, mais, en
pleine récession économique, je pense que c'est le
résultat des efforts de promotion du ministère et
également de l'événement que l'on appelle
communément maintenant les festivités du 350e anniversaire de
Montréal.
La visibilité du Québec en France a été
particulièrement renforcée au moyen d'une campagne publicitaire
de relation de presse efficace. Cela a permis d'appuyer les efforts de
l'industrie sur ce marché outre-mer d'importance, puisque 8 touristes
français sur 10, au Canada, choisissent le Québec comme
destination. Les recettes en provenance de ce marché sont passées
de 107 000 000$ en 1989 à près de 182 000 000$ en 1991, ce qui
n'est pas négligeable pour les industries touristiques
québécoises.
La promotion hivernale du Québec sur les marchés
nord-américains a été ciblée autour du ski alpin et
de la motoneige. La réalisation d'une carte des forfaits ski s'est faite
conjointement avec les principales stations, les hôteliers et les
régions de ski impliquées. (17 h 10)
L'innovation en matière d'outils promotionnels a permis au
Québec de se distinguer parmi ses concurrents. Ainsi, la brochure
«Circuits» aide les autocaristes, grossistes et agences de voyages
à concevoir des programmes de séjour au Québec. Elle a
été citée en exemple lors du dernier congrès de la
prestigieuse association d'autocaristes nord-américains, National Tour
Association.
De plus, un vidéo présentant les attraits du Québec
sous l'angle de l'aventure et de la grande nature appuie la visibilité
du Québec lors de manifestations extérieures. L'innovation
technologique caractérise également de nombreux secteurs
économiques et le tourisme n'y échappe pas. L'industrie
touristique du Québec doit s'adapter à un environnement
technologique de plus en plus sophistiqué, je pense que tout le monde en
convient. Or, dans cette perspective, la mise en opération de la
Centrale de réservations touristiques du Québec permet de miser
sur un nouvel instrument à la fine pointe de la technologie assurant une
commercialisation efficace des produits touristiques du Québec. Ce
projet implique plusieurs partenaires du milieu à son financement et
à sa mise en oeuvre.
Au niveau du développement de l'offre, le bilan de la
première année de l'énoncé de politique est plus
que significatif. Les investissements publics et privés ont permis de
consolider certains attraits et de voir à innover par l'ajout
d'infrastructures qui renforcent le positionnement concurrentiel du
Québec sur le plan touristique. Mentionnons, parmi les principales
réalisations d'importance, l'annonce de l'implantation de deux casinos,
un à Montréal et l'autre dans Charlevoix, à venir. Les
investissements pour le casino de Montréal sont de 95 000 000 $ et
permettront de créer plus de 1600 emplois. Ce nouvel attrait permettra
d'engendrer des retombées touristiques additionnelles
évaluées à 64 000 000 $ sur une base annuelle.
Également, l'aménagement d'un nouveau Centre des
congrès à Québec et la contribution substantielle du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire 54 000 000 $, permettront
à la région de se positionner comme destination majeure pour les
clientèles d'affaires. Ces travaux créeront près de 4000
emplois.
Dans le cadre de l'entente fédérale-provinciale, le
gouvernement du Québec s'est impliqué dans le
redéveloppement du mont Tremblant. La région des Laurentides
pourra devenir l'une des meilleures destinations séjour en
Amérique du Nord. La société Intrawest planifie des
investissements de plus de 400 000 000 $ d'ici les prochaines années.
Ceux-ci créeront plus de 6000 emplois directs et indirects. Toujours
dans le cadre de l'entente, le plan de mise en valeur du site des chutes
Montmorency à Québec permettra d'ajouter à la gamme
d'attraits dans la région de Québec. Ce projet totalise 15 000
000 $ en investissements et favorisera la création de 300 emplois
directs et indirects. Et encore, dans le cadre de l'entente,
l'aménagement du camp spatial à Laval, avec des investissements
de près de 28 000 000 $ et la création de plus de 400 emplois
directs et indirects, ce qui n'est pas marginal, M. le Président, encore
une fois, particulièrement dans le contexte économique difficile
dans lequel on se retrouve et encore plus difficile pour certaines industries,
notamment les industries touristiques.
De plus, l'année 1992 a été soulignée par
l'ouverture de nombreux attraits d'excellence tels que le Biodôme, le
nouveau Musée d'art contemporain à Montréal, la nouvelle
annexe du Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée
McCord, le train Hull-Wakefield dans l'Outaouais, et j'en passe. le
ministère du tourisme a été fort actif dans le domaine de
la formation et de la sensibilisation au cours de la dernière
année. volet important du plan d'action, certaines réalisations
soutiennent l'excellence au sein de l'industrie. mentionnons tout
particulièrement la campagne de sensibilisation à l'accueil des
touristes, de 1 000 000 $ sur deux ans dans la région de
montréal, qui associe l'industrie touristique et les milieux d'affaires.
elle se poursuit cette année de manière à véhiculer
une attitude positive à l'endroit des gens qui nous invitent.
j'ouvrirais une parenthèse, m. le président, en disant
qu'à la suite de cette campagne d'accueil nous avons conduit des
sondages auprès des touristes qui étaient venus à
montréal et plus de 95 % se sont dits satisfaits à tous
égards autant au niveau de l'accueil, de la qualité de
l'hébergement, de la qualité de la nourriture et de la
qualité des événements. c'est un fait qui mérite
d'être souligné, parce que je ne pense pas que plusieurs
régions touristiques puissent se vanter d'avoir un succès aussi
probant que celui que montréal a connu à la suite de ces
dépenses qui visaient l'amélioration de l'accueil
touristique.
Également, il y a eu la mise sur pied d'un comité
permanent sur le développement des ressources humaines en tourisme, qui
regroupe les principales associations représentant l'industrie. De plus,
des comités d'adaptation de la main-d'oeuvre ont été
formés dans les secteurs des grossistes et agences de voyages et dans
l'hôtellerie et la restauration. Le ministère initie cette
démarche en collaboration avec le ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Cela
permet de bonifier l'utilisation des sommes destinées à la
formation et au perfectionnement dans l'industrie touristique.
Le soutien du ministère à la mise sur pied de la chaire en
tourisme, favorisant ainsi la recherche appliquée dans l'industrie en
collaboration avec l'Université du Québec à
Montréal. Déjà, cet organisme mène divers projets
de recherche reliés au produit, à la gestion dans le secteur,
etc. L'établissement, à Montréal, d'un secrétariat
régional de l'Organisation mondiale du tourisme. La contribution du
ministère permet ainsi de développer des liens qui appuient le
rayonnement international de Montréal et du Québec.
Déjà, un colloque international sur les tendances mondiales en
tourisme, dès la fin du mois de mai, permettra d'accueillir des
représentants de nombreux pays.
Ces réalisations majeures, dès la première
année de mise en oeuvre de l'énoncé de politique,
fondées sur un partenariat renouvelé entre le ministère et
l'industrie, permettent de miser sur la volonté d'agir ensemble et sur
des gestes qui ont un impact structurant pour l'avenir du tourisme au
Québec.
On doit, M. le Président, je pense, envisager l'avenir avec
beaucoup d'optimisme. En effet, l'industrie touristique peut contribuer
davantage à l'économie du Québec et des régions. Il
faut capitaliser sur des perspectives de croissance qui sont à sa
portée. La performance des dernières années l'a
démontré, globalement, les recettes touristiques du
Québec, tous marchés confondus, sont passées de 3 000 000
000 $ à 4 000 000 000$ entre 1986 et 1992. Le rythme de croissance s'est
ralenti en 1991-1992, principalement à cause de la récession
économique. En effet, la conjoncture économique difficile aux
États-Unis et au Canada explique une croissance modérée
des recettes de 1991 à 1992. Celle-ci est surtout tributaire du
ralentissement du tourisme d'affaires et du resserrement des dépenses de
consommation des ménages. Ce sont les facteurs qui influencent le plus
directement l'industrie touristique en période de récession. il
ne faut pas oublier que, sur tous les marchés, le volume de touristes au
québec s'est fortement accru avant que ne frappe la récession.
ainsi, le nombre de touristes américains entrant au canada via le
québec a connu une hausse appréciable de 24 % entre 1984 et 1988.
si ma mémoire est fidèle, cette croissance de 1976 à 1981
a été à peu près de 19 % avant la récession
de 1981. en effet, en 1992, le québec a réussi à tirer
parti de la conjoncture. les recettes touristiques ont augmenté de 1,6
%, et c'est attribuable surtout au fait que le volume de touristes
québécois et ontariens au québec s'est maintenu. de plus,
les recettes en provenance des marchés outre-mer se sont accrues. ces
facteurs combinés ont permis de maintenir le taux d'occupation des
hôtels du québec en 1992.
En 1993, les perspectives sont bonnes et incitent à anticiper une
croissance à nouveau du volume des voyageurs des principaux
marchés. La reprise du tourisme d'affaires est également un
facteur qui risque d'être bénéfique pour le milieu
hôtelier d'ici les prochaines années.
La question du déficit. L'obligation de relativiser
les faits. Je ne voudrais pas passer sous silence la question du
déficit touristique, parce que je sais très bien que mon
collègue de l'Ooposition va le souligner à un certain moment
donné. A l'exemple d'autres destinations, la santé de
l'économie du tourisme au Québec se mesure principalement par
l'importance des recettes, le taux de croissance et la création
d'emplois générés. Je pense que ce sont les facteurs qui
nous permettent de mesurer du résultat appréciable, depreciable,
ou autrement vu, de l'erré d'aller de l'activité touristique. (17
h 20) au québec, la croissance du tourisme a contribué au
maintien et à la création de près de 15 000 emplois
directs entre 1986 et 1990. ce n'est donc pas en se basant sur le
déficit que l'on peut juger la performance de l'industrie. au contraire,
le déficit est occasionné par une tendance lourde où, dans
la majorité des pays industrialisés, les voyages internationaux
sont à la hausse. le québec a tout intérêt à
miser sur cette perspective, étant donné qu'un volume imposant de
québécois voyagent déjà au québec. certains
pays économiquement forts, le japon, l'allemagne, le royaume-unis ou la
suède, connaissent des déficits touristiques imposants. le canada
et le québec n'y échappent pas non plus. la situation du
déficit doit être relativisée en tenant compte des
avantages comparatifs des produits que le québec est en mesure d'offrir.
or, le déficit international s'explique en grande partie par la
recherche d'attraits que le québec n'est pas en mesure d'offrir en
comparaison des destinations soleil en hiver. sa progression est plus
accentuée aux états-unis à cause des séjours
prolongés dans les états du sud, en particulier la floride. de
plus, il est important de souligner que la part du québec dans les
dépenses des voyages au canada a diminué progressivement au fil
des ans. celle-ci est passée de 24 % en 1977 et est maintenant de 15 %
en 1991. c'est donc dire que d'autres facteurs entrent en jeu en matière
de déficit. la croissance démographique, l'immigration
internationale sont des facteurs clés. ainsi, d'autres provinces,
principalement l'ontario, sont aux prises avec une croissance plus rapide de
leur déficit touristique que le québec.
Les dépenses per capita. Je sais aussi que c'est une mesure de
comparaison de mon collègue de l'Opposition. Certains attribuent la
croissance du déficit touristique au manque de leadership en
matière de promotion du Québec sur les marchés
touristiques. Au Québec, les budgets de promotion touristique ont
été accrus continuellement depuis 1987. Ils sont passés de
11 500 000 $, lors de l'exercice 1987-1988, à 21 900 000 $ en 1992-1993.
Alors que le Québec augmentait ses budgets, le gouvernement ontarien les
diminuait progressivement, plus spécifiquement depuis 1990-1991. C'est
ainsi que le gouvernement du Québec consent plus d'argent per capita
à la promotion touristique que celui de l'Ontario en 1992-1993.
Le Président (M. Audet): En conclusion, M. le
ministre.
M. Vallerand: En conclusion, en tenant compte des dépenses
globales, incluant des dépenses comme les frais administratifs
reliés à l'envoi de brochures, c'est probablement autant que le
Québec consacre à la promotion du tourisme, et cela risque
d'être encore plus vrai en 1993-1994. Très brièvement, M.
le Président, j'aimerais aussi, ou j'aurai peut-être l'occasion,
parce qu'on y reviendra...
M. Blais: Si vous avez besoin de trois ou quatre minutes,
allez-y, il n'y a pas de problème.
M. Vallerand: ...par secteur... C'est-à-dire que j'en ai
un peu plus, alors je ne veux pas empiéter sur le temps de mon
collègue. Je dirai, en terminant, qu'on aura le temps de revenir sur la
contribution des sociétés d'État qui sont sous la
responsabilité du ministère du Tourisme, à savoir la
Société du Palais des congrès de Montréal et
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie. Et je conclus en disant que le
bilan du plan d'action du ministère, sur une base annuelle, est
très significatif, très probant, sur le plan du résultat
j'entends, et ne connaît pas de commune mesure par rapport aux
années passées.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le porte-parole de
l'Opposition officielle, M. le député de Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Il est assez simple, pour un ministre qui a un budget d'une centaine de
millions, de faire une vingtaine de feuilles et de décomposer qu'est-ce
qu'il y a dans ces 100 000 000 $ là et de dire: J'ai
dépensé... Vous avez dépensé votre budget, c'est
sûr. C'est assez simple à faire. Cependant, quand on regarde,
Québec est un pays nordique, comme certains pays nordiques. Le ministre
nous dit qu'avec l'évolution des pays développés, dont le
Québec fait partie, c'est normal que les gens des pays plus
développés, plus industrialisés voyagent plus, et le
Québec fait partie de ça. De là à en justifier un
déficit... Le déficit on en reparlera, mais, dans la
présentation du ministre, même dans sa politique qu'il a
présentée il y a à peu près 15 mois, on ne voit
rien. À part des phrases bien fleuries, bien tournées, on ne voit
rien. On ne voit rien dans des principes du ministère.
D'abord, on se demande pourquoi il y a un ministère du Tourisme
au Québec. On sait qu'il va y avoir des refontes de ministères et
on a tendance à croire, en regardant les budgets depuis plusieurs
années, depuis 1985 à aujourd'hui, qu'il est fort possible que ce
ministère disparaisse ou se scinde, soit confondu avec un autre, je ne
sais pas, Communications, Tourisme, Chasse et Pêche et Culture, je ne
sais pas, si on veut tomber à 20 ou 22 ministres. Mais il me semble que
le ministre du Tourisme... Et le ministère du Tourisme au Québec,
c'est un ministère d'une grande importance, même si son budget
n'est que d'à peu près 100 000 000 $. Mais cette
importance-là, je ne la sens pas. Je ne sens pas d'âme, je ne sens
pas de principes
dans la politique du ministère, une politique qui pourrait
distinguer, d'abord, ce ministère d'un pays nordique
développé des autres pays nordiques développés, ni
des autres provinces qui sont nordiques il y a juste la
Colombie-Britannique qui ne peut pas entrer là-dedans les autres
provinces canadiennes qui ont à peu près le même climat que
nous. C'est bien sûr que nos longs hivers, pour le ministère du
Tourisme, posent des problèmes, parce que les gens courent le soleil. Je
ne vois pas de principe qui distingue le ministère du Tourisme du
Québec des autres principes des autres provinces canadiennes, des autres
pays nordiques.
J'en viens à dire ceci: Nous avons, au Québec, comme
argument de taille à un ministère du Tourisme, une chose
excellente, c'est le fait que c'est un pays français. Toute la base du
ministère, je ne parle pas de la comptabilité, bien
gérée, non je parle de la base, de l'esprit qui devrait
gérer ce ministère, en Amérique du Nord, vous avez la
chance d'avoir un coin de terre francophone. Québec est la patrie de la
francophonie en Amérique du Nord si on ne veut pas employer le
mot «pays», je ne veux pas faire de partisanerie là-dedans,
du tout. Juste le fait de dire ça, il y a des petits sourires qui se
glissent. Ça me fâche. On peut être fier d'être
Québécois, tout en étant fédéraliste. Je ne
veux pas qu'on mêle ça à l'option de mon parti, c'est une
autre chose. Mais l'ouverture... Si on prenait le Québec et qu'on avait,
au ministère, la politique suivante: C'est la patrie de la francophonie,
c'est une sorte de petite France en Amérique du Nord, venez donc la
visiter, ne fût-ce que ça, comme principe distinctif du
Québec des autres pays nordiques, qui sont pris, eux aussi, à
aller au soleil... On ne sent pas, dans ce ministère, les traits
caractéristiques des principes que ce ministère devrait
défendre, comme représentant le Québec.
En plus de ça, de ne pas sentir de principes... Des fleurs et des
saisons, des oiseaux et des moineaux, ce que vous avez sorti, ça a
passé comme une feuille qui tombe à l'automne. Je veux bien
croire que le livre est beau je l'ai vu, il est très beau
mais il n'y a pas de politique, là. C'est l'agencement de belles
périphrases, aussi belles les unes que les autres, avec des photos aussi
attirantes les unes que les autres. Elles n'ont que la valeur du papier
où ça a été imprimé. Il n'y a rien. On
dirait que c'est la sainte frousse d'être ce que nous sommes et de
l'annoncer et de le prendre comme chair, comme l'ossature d'un
ministère. Et autour de ça, si on y greffe la bonne
volonté de certainement tout le monde dans votre ministère,
l'argent que vous avez à dépenser, etc.. En gros, je ne trouve
rien de tangiblement fort pour guider que ce ministère demeure un
ministère distinct. Parce que, justement, il ne reconnaît pas dans
sa politique qu'il y a un territoire distinct. Et ça m'offusque un peu,
moi, comme membre d'Opposition, bien gros, bien gros. (17 h 30)
En plus, il ne semblerait pas non plus que les efforts soient faits pour
augmenter les crédits du ministère, pour parer au déficit
et pour aider l'industrie qui réclame beaucoup. On va le voir au fur et
à mesure que les chapitres vont venir, bien sûr. Parce qu'un
examen attentif des budgets du ministère du Tourisme depuis 1985 indique
que le gouvernement libéral a dépensé environ 12 335 100 $
de moins que le niveau des dépenses de 1985-1986, dernière
année que le Parti québécois était au pouvoir.
Alors, si on compare, le gouvernement libéral a dépensé
environ 12 335 100 $ de moins que le niveau de dépense de 1985-1986 en
dollars constants. La seule année où le gouvernement
libéral a injecté plus de crédits qu'en 1985-1986,
toujours en dollars constants, est l'année 1991-1992, pour un total de
108 716 900 $ et il faut mentionner que c'est l'année où le toit
du Stade a déchiré. C'est donc dire que ce n'est pas par
philosophie, c'est par obligation de la nature que vous avez
dépassé le budget 1985-1986 en dollars constants. Donc, le peu
d'intérêt du gouvernement pour le tourisme se fait malheureusement
sentir et c'est toute l'industrie, en bout de ligne, qui écope et, par
ricochet, tout le Québec
Si on regarde en dollars constants, le budget 1985-1986 était de
107 512 000$; en 1986-1987, 96 400 000 $ on va passer les cents
en 1987-1988, 90 000 000$; en 1988-1989, 95 000 000$; en 1989-1990, 99 000
000$; en 1990-1991, 95 500 000$; en 1991-1992, 108 116 000$-en voilà un
qui dépasseen 1992-1993, 106 918 000$, et cette année,
1993-1994, 95 176 000, ça devrait être, en dollars constants, pour
ne parler que de celui qu'on a devant les yeux. Et le budget, en
réalité, est de 92 636 200 $.
Alors, on voit que, depuis 1985, au lieu d'avoir une force au
ministère du Tourisme pour donner les moyens de redresser les
déficits constants et pour redresser aussi le chômage dans cette
industrie-là, ce n'est pas les budgets qui ont aidé à
ça. à moins que le gouvernement ne veuille pas voir sous son
véritable jour l'industrie touristique, voici quelques faits qui en
établissent l'importance au québec, en 1990. la dimension
touristico-économique du québec représentait les valeurs
suivantes. ça, ce sont des classiques, quelques valeurs: les recettes
touristiques globales, de l'ordre de 4 000 000 000 $. on dit 4 400 000 000 $
pour l'année qui vient. l'activité touristique est égale
à 2,5 % du revenu intérieur. on dit que c'est gros, seulement,
c'est gros quand on le regarde en soit, mais l'ontario, c'est 3,6 %. tout est
relatif, là. ça veut dire qu'il y a de la place pour de la
remontée très, très facilement. des rentrées
fiscales de l'ordre de 657 000 000 $, 2 600 000 000 $ en termes de valeur
ajoutée; 210 000 québécois et québécoises y
travaillent l'hiver et l'été, 240 000. le tourisme crée
2,3 fois plus d'emplois que le secteur manufacturier. c'est quelque chose de
très connu. c'est pour ça que je passe assez vite. cela
représente plus de 20 000 entreprises qui fournissent des emplois. la
recette touristique internationale du québec compte pour 4,4 % de la
valeur des exportations du québec en 1989. les autres années qui
viennent, je ne les ai pas. plus spécifiquement au niveau de l'em-
ploi on parle des emplois créés pour chaque
augmentation de 1 % du taux d'occupation dans le domaine hôtelier, 1000
emplois directs sont ainsi créés: la compagnie SECOR, puis Samson
Bélair Deloitte ont sorti une étude là-dessus que le
ministre connaît très bien, et ce sont des firmes
sérieuses. On a tendance à croire leurs chiffres sans qu'on ait
fait nous autres mêmes l'étude.
Lorsque les dépenses touristiques affectées au
Québec génèrent 100 emplois pour une entreprise
directement touchée par le tourisme, elles en créent
également 31 indirectement. Donc, il y a 31 % de création
indirecte. Ça coûte 49 000 $ pour créer un emploi dans le
domaine touristique. Ça coûte à peu près 600 000 000
$ pour en créer un dans l'aluminium. Ça fait que je ne sais pas
si la ministre de l'Énergie et des Ressources défend mieux ses
dossiers, parce qu'elle a créé plus d'emplois dans le domaine de
l'aluminium, à 600 000 000 $ la copie, que le ministre, à 49 000
$ la copie.
Il est malheureux de constater que le tourisme ne fait pas partie des
priorités gouvernementales, bien que le voyage et le tourisme
constituent la principale source de création d'emplois au Québec.
En effet, notre industrie touristique est connue et reconnue pour créer
instamment des emplois. De plus, elle constitue la deuxième industrie en
importance au Québec.
D'ailleurs, de l'aveu même du ministre, le tourisme et le loisir
sont des activités économiques qui représentent des
retombées de plus de 6 000 000 000 $ au Québec. Ce sont des
secteurs moteurs pour toutes les régions du Québec et fortement
créateurs d'emplois.
Également, l'OCDE prévoit que le tourisme deviendra la
première industrie à l'échelle mondiale vers l'an 2000.
Vous avez certainement lu la grosse brique là-dessus où on dit
qu'en l'an 2000 ce sera la source, mais, avec les budgets que l'on a, on ne
dirait pas que le ministre s'enligne vers l'an 2000 où le Tourisme, au
lieu de diminuer en importance comme c'est le cas depuis 1986, dans ses
budgets, devrait augmenter ses budgets pour venir faire face à
l'industrie numéro un de l'an 2000, ce qu'on ne voit pas venir
actuellement avec la philosophie qui sous-tend la politique du ministère
du Tourisme, si philosophie il y a qui sous-tend le ministère du
Tourisme. le bureau international du travail considère lui aussi que le
tourisme sera le principal produit d'exportation à l'échelle
mondiale en l'an 2000. en janvier 1992, un sondage léger &
léger établissait que 94 % des québécois et des
québécoises évaluent l'industrie touristique
québécoise comme un moyen de développement
économique important pour le québec ainsi que pour ses
régions, et surtout pour ses régions.
Enfin, si on regarde l'avenir, le ministre du Tourisme s'est fixé
comme objectif de doubler les recettes touristiques annuelles du Québec
d'ici l'an 2000, soit des recettes de l'ordre de 7 700 000 000 $. Vous vous
souvenez de cet autre communiqué que vous aviez fait à
l'époque. On voudrait, d'ici l'an 2000, l'amener à 7 700 000 000
$ par année, pour baisser le déficit tou- ristique, bien
sûr. Cet énoncé semble contradictoire lorsque l'on regarde
dans les faits quels efforts sont investis par le gouvernement du Québec
dans cette industrie. Alors, il y a contradiction entre les visées, les
énoncés qu'on voudrait monter à 7 700 000 000 $ les
montants et, d'un autre côté, le ministre lui-même qui ne
défend pas des budgets, et son budget est à la baisse depuis
1985-1986. Il y a une baisse énorme entre 1985-1986 et aujourd'hui.
Alors, c'est très simple. Je crois que, lorsqu'on n'a pas de
philosophie comme ministère, une philosophie bien marquée, mais
qu'on se considère tout simplement comme un gérant de budget pour
une province qui est exactement comme les autres, qui n'a pas de
caractéristique spéciale, qu'on est juste là comme bons
gestionnaires je ne dis pas que c'est mal géré, le
tourisme, pas du tout on pourrait passer le ministère à
l'entreprise privée et lui donner le budget. Elle économiserait
peut-être de l'argent.
L'entreprise privée n'est pas obligée d'avoir des
idées. Elle est là pour bien gérer. Les idées de
distinction entre les pays, eux autres, qu'ils vendent un crayon en Alaska ou
au Mexique, c'est le même maudit crayon. Tandis qu'un ministère il
a sa responsabilité sociale devant les gens qu'il représente, une
responsabilité culturelle, et cette responsabilité culturelle
doit donner au ministère des principes de base, et ces
principes-là on ne les sent pas. On y reviendra dans la promotion
tantôt. Pour le moment, c'est ce que je veux dire.
Le ministère est complètement dénué de tout
principe provocateur de revenus et de création d'emplois. Et ce n'est
pas en faisant deux, trois ententes avec Coca-Cola ou je ne sais qui qu'on va
redonner des signes distinctifs. Il n'y a personne qui va partir des
États-Unis pour venir boire un coke au Québec, plutôt que
de le boire à Boston. Il va falloir qu'on trouve quelque chose de plus
distinctif que ça comme énoncé de principes.
Alors, moi, en remarques préliminaires, je voulais tout
simplement dire ça, qu'il n'y a pas de principes qui semblent
sous-tendre la politique. Il n'y a pas de politique de tourisme au
Québec. Il n'y en a pas. Il y a des gestionnaires qui semblent bien
faire leur affaire. Et ce n'est pas aux fonctionnaires à sortir
ça, là. C'est aux parties en place à mettre une politique
et des principes de politique touristique. Les gestionnaires sont là
pour bien gérer et faire ce que le parti au pouvoir leur demande de
faire.
Bien sûr qu'ils ont l'esprit de créativité. Mais il
ne faut pas demander aux fonctionnaires, surtout... Une seconde. De votre
côté, vous ne demanderez pas à vos fonctionnaires de faire
une petite étude pour voir, advenant la souveraineté, de quelle
façon on conduirait le ministère du Tourisme. C'est incompatible
avec ce que vous pensez. Moi, si j'étais là, je pourrais le
faire. C'est donc dire que les fonctionnaires font ce qu'on leur demande avec
leurs capacités, et avec tout ce qu'ils ont comme talents. Mais ils ne
peuvent pas donner une piqûre de principes à un parti qui manque
de seringues pour se piquer sur des principes. Il n'y a aucune serin-
gue de principes qui traîne dans le tiroir du Parti libéral
et, je pense, encore moins au ministère du Tourisme. Alors, moi,
c'étaient les remarques préliminaires que je voulais faire. (17 h
40)
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? M. le
ministre, en vertu du règlement, vous pouvez vous prévaloir de
votre droit de réplique. Si vous voulez répliquer aux remarques
préliminaires du député de Masson, vous pouvez le
faire.
M. Vallerand: Je pense que...
Le Président (M. Audet): Sinon, on va procéder
à l'échange.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Non, M. le Président, je pense qu'il est
nécessaire de corriger certaines choses, certaines croyances, certaines
erreurs dans ce que le député de l'Opposition avance, avant de
passer à la période de questions. Je peux comprendre, M. le
Président, que c'est dérangeant pour l'Opposition, c'est choquant
pour l'Opposition que de constater que, pour la première fois
parce que c'est une Opposition qui n'a pas de virginité, ils ont
déjà été au pouvoir le ministère du
Tourisme s'est doté d'une politique précise et d'un plan d'action
qui ne s'est pas fait en vase clos, qui s'est fait en association
étroite avec l'ensemble de l'industrie, qui a été
accueilli unanimement, sans discordance, par l'ensemble de l'industrie. Et non
seulement le plan d'action mettait de l'avant des principes directeurs
importants qu'on n'avait jamais pensé mettre de l'avant
antérieurement, mais il était aussi accompagné d'un plan
d'action précis. C'est précis au titre de la promotion du
marketing, des objectifs précis au niveau de l'amélioration du
produit, des objectifs avec un calendrier précis au niveau de la
formation de la main-d'oeuvre. Un an après c'est rare dans un
gouvernement un an, jour pour jour, après, on fait le bilan du
plan d'action. C'est le propre de l'Opposition, qui s'appelle
«Opposition», des gens qui sont là pour s'opposer. Alors,
dans cette fonction «oppositionniste», on est critique, ça
va de soi. Bon.
Mais il y a une compréhension raisonnable dans les critiques
qu'on peut faire en s'en remettant à certains facteurs objectifs de
réalisation, et c'est là que ça dérange le
député de Masson. C'est là que ça dérange
l'Opposition. Un an après, près de 500 000 000 $
d'investissements réalisés ou en voie d'être
réalisés un an après. On va les
énumérer, à part ça. On va citer les projets.
Près de 8000 emplois créés en pleine année de
récession. Je parle de 1992-1993. On l'a rendu public en 1992 et, un an
après, en 1993, on faisait le bilan. Sur un an, près de 8000
emplois créés. C'est fatigant ça, c'est fatigant quand on
a été là pendant neuf ans et qu'on n'a pas jamais
été capable de faire ça. C'est évident, je les
comprends. Je ne prétends pas qu'ils n'ont pas du tout d'imagination. Je
constate qu'à cette époque-là ils n'en avaient pas
tellement, tout simplement.
Donc, de dire que le ministère est sans imagination, que le
ministère est sans politique créative, que le ministère
n'a rien réalisé, ce n'est pas tout à fait vrai. Mais on
ne se targue pas d'être les seuls responsables de ces
réalisations-là. C'est parce qu'on l'a fait de concert avec
l'entreprise privée. Le gouvernement n'a jamais créé de
jobs dans le secteur touristique, c'est l'entreprise privée qui le fait.
Et, si le principe d'action du gouvernement c'était de gager sur le
gouvernement, l'entreprise publique, pour créer des jobs et renforcer
l'industrie touristique, je pense qu'on se tromperait. C'est peut-être la
conviction de mon collègue de l'Opposition, ce n'est pas la mienne.
Là dessus, je pense qu'on est complètement différent. J'ai
toujours dit que l'activité touristique était une activité
économique, que l'activité économique c'était une
responsabilité du secteur privé. Le gouvernement est là
à la marge, en soutien à l'industrie, mais ce n'est pas le
principal acteur, bien au contraire. Et je pense qu'on se tromperait royalement
si jamais on pensait se substituer aux initiatives dans l'entreprise
privée.
Mais, par ses orientations, par son plan d'action, on a
questionné plusieurs choses de façon imaginative. On est revenu
à un nouveau positionnement générique sur le plan du
marketing et de la promotion, surtout à l'étranger, en conjuguant
avec le couple culture-nature. Je prends la peine de le souligner, parce que je
sais que mon collège de l'Opposition est sensible à ce
positionnement qui tient compte, d'une part, de la dimension culturelle, donc
du fait français au Québec.
Vous avez raison, je pense que c'est une distinction qui nous permet
d'espérer de mieux se positionner par rapport à la concurrence
sur certains marchés, par exemple, nord-américains. Il est
important de vendre, en Amérique, davantage la dimension culturelle du
Québec, sur le plan touristique, que la nature parce que nos espaces
nord-américains se ressemblent un peu. Le produit d'aventure ou les
grands espaces, ça se ressem- . ble un peu plus en Amérique du
Nord. On peut avoir des distinctions par régions
nord-américaines, mais moins sur le plan européen. Sur le plan
européen, on vend davantage la dimension grands espaces, nature, que la
dimension culturelle. Et la conjugaison de ce nouveau positionnement
générique là a permis non seulement d'avoir des
résultats probants sur le retour du nombre de touristes qu'on a obtenu,
mais ça permet aussi un positionnement générique qui a une
continuité dans le temps, ce qui n'a jamais été le cas
avant, et ce que j'ai déploré pendant longtemps. Et ce à
quoi le député de Masson a fait référence tout
à l'heure, ce avec quoi je ne suis pas du tout d'accord, ce n'est pas la
France en Amérique, le Québec. C'est une erreur magistrale que de
tenter de vendre aux Américains de venir... Il y a eu une année,
M. le député, ça va vous intéresser, ils ont fait
une campagne justement dans votre temps, en tentant de capitaliser sur ce fait
français de cette façon-là. Je ne dis pas qu'ils ont eu
tort de
capitaliser sur le fait français, mais ils disaient:
«Europe next door». J'utilise l'expression anglaise parce que
c'était une campagne conduite aux États-Unis.
Et on visait, à ce moment-là, de dire aux
Américains: Venez au Québec, c'est beaucoup plus près et
ça coûte moins cher. Mais c'est l'Europe, ça ressemble
à l'Europe. «Europe next door». L'erreur monumentale qu'on a
commise sur ce plan-là, c'est que le Québec n'est pas en Europe.
Le Québec est en Amérique, et à partir du moment
où, pour différentes raisons, comme la
déréglementation dans le secteur du transport, les
Français ont réussi à faire des forfaits qui
concurrençaient le Québec en termes de prix, les
Américains ont décidé d'aller davantage en France, en
Europe, comme telle, et non pas de venir au Québec. Qu'est-ce qui nous
restait comme distinction? On ratait sur tous les plans l'objectif qui
était visé. Et c'est une réalité que je rappelle
aux membres de l'entreprise touristique de dire: C'est un fait français
en Amérique du Nord. La compréhension de l'Américain qui
s'en vient dans un contexte culturel français différent en
Amérique du Nord n'est pas la même que l'Américain qui
choisit une destination touristique en France, qui est en Europe,
complètement différente. Alors, il faut faire attention.
Et l'autre conséquence grave, à mon avis, c'est qu'on n'a
pas de continuité sur notre positionnement pour se distinguer. On peut
très bien se distinguer en Amérique du Nord par le fait
français, l'ensemble de notre environnement culturel, mais en rappelant
que c'est au Québec, c'est en Amérique du Nord, avec nos
distinctions qui nous sont propres. Et là on établit un
positionnement générique qui a une continuité à
chaque année. C'est ce qu'on a créé.
Je pense que c'est assez créatif, imaginatif, et les
résultats sont probants et l'ensemble de l'entreprise est relativement
satisfaite également de ce positionnement.
Le député a parlé, et je pense que ça campe
très bien la mission du ministère, si jamais il y avait fusion,
pour des raisons... Je ne suis pas à même de connaître
quelles sont les intentions du gouvernement vis-à-vis de la
réduction du nombre de ministères et, conséquem-ment, de
ministres; il y a un redressement de finances publiques à faire, il y a
une réorganisation administrative publique à faire. Il est
possible, M. le député, il est possible... Mais je ferai en sorte
et j'espère que vous partagez ma conviction, que vous partagez
également ma préoccupation que, s'il y a fusion de
ministères, le Tourisme ne soit pas perdant dans le regroupement si
jamais il a lieu. Puis on parle de façon hypothétique, là.
Mais je ne dis pas que votre observation est dénuée de fondement
puisqu'on parle beaucoup de réorganisation administrative. C'est
probable. Mais je ferai en sorte et j'espère que je pourrai
compter sur vous à ce moment-là que le ministère du
Tourisme soit le ministère maître dans les autres activités
qu'on voudra y greffer, compte tenu, comme vous l'avez dit, de l'importance
économique motrice de cette activité-là, compte tenu aussi
que c'est une industrie qu'on anticipe comme étant l'industrie
première à l'horizon de l'an 2000, ce qui est déjà
le cas en France, sachez-le.
Depuis le Bicentenaire de la Révolution française, la
première industrie en importance en France et on pensait
l'atteindre en 1996 c'est maintenant le tourisme. Et je pense qu'il faut
faire en sorte de prendre nos parts de marché. Puis, pour prendre nos
parts de marché, il faut savoir où on s'en va. Pour savoir
où on s'en va, il faut savoir qui nous sommes, quels sont nos produits,
comment on peut les commercialiser et quel est l'élément
concurrentiel à l'intérieur duquel on se retrouve pour
commercialiser nos produits, également.
Je pense qu'on n'a pas à avoir honte de la qualité de nos
produits, on n'a pas à avoir honte non plus de la concertation et de
l'unanimité de l'entreprise pour déborder sur nos marchés
plurinationaux parce qu'il faut être présents sur ces
marché-là. Et on l'a vu à l'exercice depuis quelques
années, depuis mon arrivée au ministère. Je prends
ça en exemple, je ne prétends pas que c'est uniquement ma
responsabilité. Depuis mon arrivée au ministère, on a
multiplié le nombre de représentants d'entreprises touristiques
québécoises sur les marchés internationaux. Dans les
présences des «travel markets», Atelier Canada à
Paris, «travel market» à Londres, bourses internationales,
celle de Berlin, ITB Berlin, sur l'ensemble, sur tous les grands marchés
de vente de produits touristiques aux États-Unis, il y a une
augmentation sensible. Et je prends à témoin Atelier Canada
à Paris, M. le Président; de tous les représentants du
Canada à Paris, la délégation québécoise
représente plus des deux tiers, et les deux tiers, depuis trois ans, qui
se rendent sur le marché de vente et d'achat de produits, de forfaits
touristiques québécois, Atelier Canada font leurs frais, ils font
des profits. Je pense que c'est quand même très singulier. La
nouvelle bourse touristique du Québec qui a remplacé le salon qui
existait a aussi des succès très importants pour la vente de nos
forfaits sur le marché américain. (17 h 50)
Je pense qu'on peut multiplier les exemples, donc, et je sais que le
député de Masson, M. le Président, le sait
également, C'est sa fonction d'être critique, mais, dans le fond
de lui-même, il sait reconnaître les bons coups du
ministère, suffisamment bons, ces coups-là, pour savoir que le
ministère a une mission qui lui est distinctive et, si jamais il y a un
fusionnement d'organismes, qu'il gardera ce rôle moteur.
Je termine, M. le Président, au niveau des budgets, parce que je
ne peux pas laisser passer ça. M. le député de Masson, je
ne sais pas où vous avez pris vos chiffres, mais les chiffres que vous
nous citez sont contraires à la réalité.
Et je vais vous donner le budget original de 1985-1986 avec le budget
modifié et je vais aller de 1985-1986 jusqu'en 1992-1993 et vous allez
voir qu'il y a eu une progression quasiment constante et que, contrairement
à ce que vous dites, le budget le plus élevé du
ministère, c'est en 1992-1993, et non pas en 1991-1992 comme tel. Donc,
il y a eu une augmentation substantielle.
Je reconnais avec vous qu'il y a eu une diminution du budget cette
année et la diminution du budget cette
année, elle est imputable à des raisons que vous
connaissez. On doit exercer un redressement substantiel de notre financement
public pour des raisons qui sont imperatives sur le plan économique. Et
ce redressement-là passe par une contribution de l'ensemble des
ministères. Le ministère du Tourisme n'y échappe pas. Il a
décidé de faire sa contribution et sa participation sauf que, M.
le Président, et je termine là-dessus, la diminution du budget de
l'an dernier par rapport à cette année a été faite,
exécutée uniquement à l'intérieur de redressements
administratifs. Notre enveloppe de promotion et de marketing est
demeurée la même. On n'a pas touché à un seul sou de
notre enveloppe de promotion de marketing parce qu'on considère que
c'est là l'essence même du ministère.
Donc, nous avons protégé l'essentiel tout en ayant la
conviction qu'on devait aussi souscrire au redresse^ ment majeur de nos
finances publiques.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça met fin
aux remarques préliminaires et au droit de réplique. On peut
commencer la période d'échanges, M. le député
de...
M. Blais: Non, mais vous avez dit que j'ai cité des
budgets de 1985 jusqu'en 1992 et que les chiffres ne correspondaient pas.
Est-ce que ce serait possible d'avoir les vôtres en dollars constants de
1985 jusqu'à 1993?
M. Vallerand: Est-ce que c'est en dollars constants ou en dollars
courants? En dollars courants.
M. Blais: Oui, courants et constants, j'ai les deux. J'ai
donné les deux.
M. Vallerand: Bon, alors, moi, les budgets originaux: 1985-1986,
69 000 000 $...
M. Blais: 79 200 000 $.
M. Vallerand: ...budget modifié 80 366 000$; 1986-1987,
original 73 000 000 $, modifié 75 226 000$; 1987-1988, 72 000 000$,
modifié 73 974 000 $; 1988-1989, 79 880 000 $, modifié à
80 686 000$; 1989-1990, 81000 000$, modifié à 83 550 000 $
je vais rapidement 1990-1991, 88 697 000 $ à 93 000 000 $;
1991-1992, 99 000 000$, modifié à 108 000 000$; 1992-1993, 105
000 000 $, modifié à 112 000 000 $. Donc, le plus haut budget
à été 1992-1993.
M. Blais: D'un à l'autre, 1990-1991, moi, j'ai 87 000 000$
en budget direct, vous me dites 93 000 000$...
M. Vallerand: En 1991-1992 ou 1990-1991?
M. Blais: En 1990-1991, j'ai 87 000 000 $, et il y a une petite
différence là...
M. Vallerand: On est à 93 000 000 $ modifié.
M. Blais: Ah! ça, là...
M. Vallerand: O.K. Je vous donne mon chiffre, là.
M. Blais: Oui, oui, d'accord, c'est ce que je voulais. En
1991-1992, j'ai 106 725 000 $.
M. Vallerand: J'ai 108 000 000 $.
M. Blais: Vous avez 108 000 000 $. Et, pour 1992-1993, j'ai 106
918 000 $...
M. Vallerand: J'ai 112 000 000 $.
M. Blais: ...et vous avez 112 000 000$. Mais, pour cette
année, est-ce que vous avez le même chiffre que moi, 92 636 000
$?
M. Vallerand: J'ai 92 645 000 $, donc il y a une
différence de 14 000 000 $.
M. Blais: Bien, en tout cas, ce sont des chiffres qu'on a pris,
venant de votre ministère, dans les livres de renseignements...
M. Vallerand: C'est pour ça que je vous les souligne. Il y
a des...
M. Blais: Malgré les différences qu'on a là,
c'est sûr qu'avec le chiffre que vous avez, de 108 000 000 $, en
1992-1993, ça change l'année où vous devez avoir des
félicitations pour avoir fait plus que nous en 1985-1986. Je vais
changer mon année de place pour vous féliciter, il n'y a pas de
problème, mais ça demeure quand même qu'il y a une
différence d'au moins une douzaine de millions de moins au budget que
vous avez eu en attribution.
M. Vallerand: C'est-à-dire l'an dernier, cette
année 14 000 000 $. On peut tout à l'heure y revenir, on va vous
dire où on a coupé, mais il y a une différence de 14 000
000 $.
M. Blais: II y a eu une baisse énorme dans ces
choses-là.
M. Vallerand: On n'a pas touché à la promotion,
c'est bien important.
M. Blais: Oui. On va en venir à la promotion,
tantôt.
M. Vallerand: O.K.
M. Blais: Bon. Je trouve que vous m'avez répondu de
façon assez gentille, quand même, ça me fait plaisir.
J'espère que c'est une habitude qui va continuer.
Parce que j'étais très mal à l'aise en arrivant,
quoique je suis un type qui essaie de ne pas le laisser percevoir. Je devenais
très, très mal à l'aise, avec les expériences
passées. Mais, ça va bien et je vous félicite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Cependant, je voudrais revenir à la charge, si
ça m'est permis.
M. Vallerand: M. le Président, une question. Est-ce que la
commission peut recevoir ces propositions de félicitations de la part du
député de l'Opposition? Oui? O.K. C'est correct. Qu'on l'inscrive
pour les années futures. Ha, ha, ha!
Discussion générale Création
d'emplois
M. Blais: II n'y a aucun problème. Je sais que vous ne
refusez aucune auréole.
Vous avez répété, à différentes
reprises: les traits distinctifs qui nous sont propres... Je vous demandais les
principes d'agir de votre ministère. Vous êtes tombé dans
une fausse expérience, laquelle, vous dites, a été faite
de notre temps. Je ne sais pas en quelle année, parce que, moi, je suis
ici depuis 1981, peut-être que ça a été fait avant,
mais, en tout cas. Les traits distinctifs qui nous sont propres seraient dans
vos principes d'agir dans l'image du Québec. Qu'est-ce que vous avez,
comme traits distinctifs qui nous sont propres? C'est quoi, au
ministère, les traits distinctifs qui nous sont propres qui motivent vos
principes d'agir? Ce que vous m'avez dit, là, j'aimerais ça
savoir lesquels.
En deuxième, parce que la question est très courte. La
baisse est encore vraiment de 12 000 000 $ sur le budget, et vous disiez, dans
un premier élan, dans vos premières trois minutes, que votre
politique a fait fleurir 8000 emplois. Bon, vous en êtes très
content et ce n'est pas négligeable. Je suis d'accord que ce n'est pas
négligeable, mais, dans la finalisation de votre présentation,
vous prenez la peine de dire: Le gouvernement du Québec ne crée
pas d'emplois. Alors, quelle relation faites-vous, dans le premier verset de
votre épître, en disant que vous avez créé 8000
emplois par votre politique et, dès qu'on tombe aux Galates, vous dites:
Le gouvernement ne crée pas d'emplois par ses politiques?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Vallerand: Le premier volet de votre question, je pense qu'il
ne faudra pas trop se perdre dans le jardin de la connaissance. Quand on parle
de se positionner de façon distinctive par rapport à des
attributs qui nous sont différents par rapport à d'autres, je
pense qu'on joue essentiellement, surtout en Amérique, la carte
culturelle, le fait français au Québec. De façon plus
explicite, on a axé une campagne publicitaire visuelle en conjuguant le
fait français, par exemple dans des épellations qui peuvent se
prononcer aussi bien en français qu'en anglais, et une imagerie qui va
alentour de ça, etc.
M. Blais: C'est bon.
M. Vallerand: De telle sorte qu'on veut la perpétuer, la
continuer, lui donner une pérennité dans le temps parce que, vous
le savez, en marketing ou en promotion, c'est important de
répéter le même message. Alors, répéter le
même message mais en fonction d'un attribut qui est différent de
ce qu'on pourrait trouver ailleurs. Donc, c'est un avantage comparatif pour
attirer du tourisme. C'est un peu en fonction de ça. Je vais vous
épargner la panoplie des moyens et des instruments, mais,
essentiellement, c'est ce sur quoi on gage énormément.
Puis, il me fera plaisir de... Je pense que vous l'avez
déjà vu, sinon je peux vous envoyer l'ensemble des instruments de
promotion qui conjuguent le fait français sur les marchés
américains. On le fait également avec l'Association de
l'hôtellerie de villégiature par nos brochures, non seulement le
ministère, etc., et j'en passe. (18 heures)
Pour votre deuxième question, M. le député, en
m'adressant au président, bien évidemment, c'était la
création d'emplois. Vous sembliez souligner une équivoque entre
le fait de dire: Je me taxe, ou, en tout cas, je me targue de dire: Nous avons
créé 8000 emplois, nous avons dépensé 500 000 000
$. J'ai bien dit: Non. Le gouvernement peut uniquement se donner le
crédit suivant, parce que c'est ma philosophie et c'est ma conviction
profonde. Quand j'ai dit: C'est au secteur privé à prendre
l'initiative, c'est une activité économique lucrative, donc, que
l'activité touristique. Le gouvernement doit revenir en soutien à
la marge, et non pas de façon à remplacer totalement l'initiative
du secteur privé. Si bien qu'on a créé davantage un
contexte favorable pour que nos entreprises puissent exercer des
dépenses, par exemple, d'investissements. Exemple, mont Tremblant, je
pense qu'Intrawest nous a approchés, il y a plusieurs années,
pour voir la possibilité de devenir propriétaire du mont
Tremblant, d'investir substantiellement, de redévelopper la montagne et
même de créer un centre qu'on appelle quatre saisons,
également. On a reçu ces gens-là, on leur a parlé,
on les a mis en contact avec nos programmes qui peuvent les soutenir
financièrement, très directement, la Société de
développement industriel. Au fil du temps, avec les accommodations que
nous avons faites, ils ont décidé d'investir, et je vous parlais,
tout à l'heure, d'un investissement qui va friser le demi-milliard, et
davantage avec le temps, mais connu, annoncé, 500 000 000 $. Je pense
qu'on a été très instrumental. On ne se targue pas d'avoir
investi les 4 000 000 000 $ et on ne se targue pas d'avoir créé
l'ensemble des emplois, 1600, 1800 emplois, mais je pense qu'on est
instrumental pour le faire. Je pourrais vous donner d'autres exemples, dans la
mesure où, par exemple...
Le Président (M. Audet): Excusez-moi, M. le ministre,
juste deux secondes. Il y a consentement pour dépasser 18 heures?
M. Blais: On file, on file.
Le Président (M. Audet): On file? Alors, si, à un
moment donné, vous sentez le besoin d'une pause, vous m'en ferez part,
parce que cinq heures...
M. Blais: Et vous-même, si vous sentez le besoin, il faut
vous faire remplacer, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Mais, moi, je peux le faire plus
facilement, peut-être, que vous, là. Alors, poursuivez.
M. Vallerand: O.K. On pourrait donner d'autres exemples, M. le
Président, en m'adressant au député de Masson. Je prends
le Biodôme. Je ne pense pas que le gouvernement a créé la
totalité des emplois, mais le gouvernement a mis un certain montant,
avec la ville de Montréal et d'autres gouvernements. On a
créé un biodôme qui est un succès, sur le plan
touristique, vous le savez, extraordinaire. On a dépassé toutes
les anticipations qu'on pouvait même projeter, au moment où on l'a
construit, en termes de nombre de visiteurs. Je pense que la
démonstration du succès du Biodôme n'est plus à
faire.
Je peux prendre, éventuellement, moi, j'y crois, c'est
peut-être contestable dans l'esprit du député, mais le
casino. Je pense que le casino, c'est un investissement de 50 000 000 $ qui va
créer à peu près 2000 emplois directs, à peu
près 3000 emplois indirects pendant le temps de la construction. Je
pense que ce sont des exemples probants, mais la distinction que je voudrais
apporter, la distinction que je voulais apporter, puis je l'ai peut-être
mal faite, c'est de dire: On ne veut pas s'approprier la paternité de
l'ensemble de ce résultat. On a créé un contexte
favorable, on a eu un énoncé de politique, on a fait
connaître nos règles du jeu à l'industrie, on a eu un plan
d'action pour leur donner un certain support, puis le résultat qu'on
mesure, c'est ça, mais l'essentiel de ça, M. le
député, c'est le secteur privé, ce n'est pas le
gouvernement, à mon avis. Et c'est heureux que ça soit ainsi.
M. Blais: Je suis d'accord que... Mais ça, on est
d'accord, je pense, là-dessus. Le gouvernement ne doit pas être
toujours là, à 100 %, mais il est un soutien souvent
monétaire pour que les choses se réalisent pour le bien de
l'ensemble. Je comprends très bien le ministère, j'ai exactement
le même principe. Et, sous ce principe, supposons que vous êtes
content que mont Tremblant, vous avez aidé, que le Biodôme, vous
avez aidé, dans bien d'autres domaines aussi, vous l'avez fait. C'est
donc dire que l'apport gouvernemental est d'une importance capitale, parce que
c'est parfois la petite différence qui manque pour que l'entreprise
privée initie de nouveaux projets, de nouvelles choses très
fortes pour le Québec.
Fort de votre principe qui est le mien et que, dans votre budget, il y a
une diminution de 10 000 000 $, cette année, dans ces montants, qui sont
là pour soutenir... Vous venez de me dire... Je suis fort du fait que
vous avez dit: Dans le marketing, je n'ai aucune coupure. Ça va? Et,
à ce poste, il y a une coupure de 10 000 000 $, à peu près
arrondissons les chiffres. C'est donc dire que les apports de soutien et
les apports provocateurs d'initiatives très rentables pour le
Québec sont diminués, cette année, de 10 000 000 $. Ne
croyez-vous pas qu'à cause de ça le manque d'efforts du
gouvernement dont vous êtes ministre place l'industrie dans une mauvaise
posture et empêche son développement futur, et que vous êtes
moins provocateur, moins initiateur de nouveaux emplois, sans vous en targuer
totalement mais en partie?
M. Vallerand: M. le Président, je peux comprendre la
préoccupation du député. Si on constate qu'on a un budget
de 112 000 000$, 114 000 000$ qui est amputé d'une dizaine de millions,
on dit: II y a moins de moyens qu'il y avait, l'an dernier, donc, sur le plan
de l'intervention, il va être moins efficace que l'an dernier, O.K.?
M. Blais: Juste dans ce domaine... M. Vallerand: C'est
correct.
M. Blais: ...c'est là qu'est la grosse coupure, d'à
peu près 10 000 000 $.
M. Vallerand: Je comprends, d'ailleurs, votre
préoccupation. Ça peut être logique, là. Sauf
que...
M. Blais: Ça peut être logique!
M. Vallerand: Non. Ça peut être logique
dépendant de la façon dont c'est fait. Ça dépend
quels sont les instruments essentiels que le ministère a pour soutenir,
comme vous dites, à la marge, les actions de l'entreprise pour arriver
à l'objectif qu'on se fixe qui est assurément, et vous le
partagez, une augmentation des revenus touristiques, puis une augmentation de
la création d'emplois qui va de pair, etc., davantage, à mon
avis, que le déficit, quoique le déficit est un indice
macroéconomique très large, mais il faut savoir le décoder
comme il faut. C'est dans la façon de faire et c'est ce que je vais vous
indiquer. Ces compressions-là se résument, M. le
Président, à peu près en trois points. D'abord,
l'activité des programmes terminés: 350e anniversaire de
Montréal, c'est 5 000 000 $ de moins. Ce n'est pas récurrent. On
l'a donné l'an dernier. On ne le donne pas. Il n'apparaît plus au
budget. Vous avez 5 000 000 $ de réglés, là. On a
diminué la prise en charge d'intérêts et prêts sans
intérêt du Programme d'aide à l'investissement touristique,
1 200 000 $. Je ne pense pas que ce soit catastrophique sur le plan de l'aide
à l'entreprise. Mais je peux comprendre votre préoccu-
pation. mais je vous donne là... on est déjà rendu
à 6 000 000 $, on est rendu à plus que 60 %.
Rationalisation des dépenses qui explique la différence
des deux budgets. Fusion des permis de restauration avec le MAPAQ. Vous
connaissez le projet de loi. Bon, ça nous permet des économies de
1 200 000 $ et de 28 emplois à temps complet au ministère. Mais
je veux bien vous dire là, et c'est important, que ce ne sont pas des
mises à pied. Les gens sont recyclés ou ce sont des postes qui ne
sont pas renouvelés, qui sont envoyés ailleurs, mais il n'y a pas
de mises à pied. Bien, ça fait une économie comme telle de
28 emplois à plein temps. compression des dépenses de
fonctionnement du ministère, 3 600 000 $. et, au point de vue
administratif toujours, compression des dépenses de fonctionnement
à l'institut de tourisme et d'hôtellerie, puis on leur en demande
beaucoup, 0,9 %, puis ils ne sont pas millionnaires. puis, allez visiter les
lieux, ils font un travail extraordinaire, déjà dans une
situation de contraintes budgétaires qui est assez particulière.
eux aussi ont décidé de souscrire pour presque 1 000 000 $.
compression des dépenses également à la
société du palais des congrès de montréal. puis,
dieu sait qu'on a une concurrence assez exceptionnelle, mais les gens ont pris
la responsabilité de diminuer de 1 000 000 $, surtout dans les
dépenses administratives. on aura peut-être l'occasion tout
à l'heure de poser des questions à son président. une
restructuration administrative qui touche 29 postes qu'on appelle à
plein temps du ministère pour 1 300 000 $.
M. Blais: C'est les donneurs de permis ça, là?
M. Vallerand: Non, non. C'est des fusions de directions, qu'on me
dit, à l'intérieur du ministère.
Le Président (M. Audet): II y a M. le député
des Îles-de-la-Madeleine qui veut intervenir, là, à ce
stade-ci. Allez-y, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Une voix: Allez-y, il n'y a pas de problème, il
achève, là.
M. Vallerand: Non, non. Je pense que c'était suite
à la question du député de Masson. Alors, ça campe
à peu près l'essentiel de la diminution. On n'a pas touché
du tout, et je termine sur ça, parce que je veux bien vous faire la
démonstration, à nos budgets de promotion qui étaient de
16 000 000 $...
M. Blais: Ils ne sont pas touchés ceux-là? M.
Vallerand: Pas du tout, pas un sou. M. Blais: Ça va.
M. Vallerand: De 16 000 000 $ en 1985 à maintenant 21 862
000$.
M. Blais: Écoutez... En tout cas, j'ai le droit de trouver
ça drôle, là. C'est bien sûr que le 350e, il ne
reviendra pas tous les ans. Mais le ministère a un budget pour voir
à ces choses-là. Bon. Cette année, le ministère,
pour voir à ces choses-là, il va avoir 10 000 000 $ de moins. Le
mont Tremblant, il est fini aussi. Ce n'est pas récurrent ça. Le
Biodôme, il n'est pas récurrent. Mais vous avez, avec ce
budget-là, fait des choses comme celles-là. Mais vous avez pris
une série de choses non récurrentes et quelques petits montants,
là, puis vous expliquez que les 10 000 000 $ s'en vont à cause de
ça. C'est ce qui semble vouloir être fait, là. Ce n'est pas
ça? C'est ça que je veux savoir d'abord.
M. Vallerand: Si vous permettez, non, ce n'est pas ça.
Parce que le 5 000 000 $ qu'on diminue, on disait: II n'est pas
récurrent, mais il n'était pas dans les budgets. Il nous a
été donné pour le 350e. Alors, on nous l'a donné
pour un an, il n'est pas renouvelable. On n'ampute pas le budget du
ministère d'une somme qui était présente dans ses budgets
parce que le 350e n'est plus là. C'a été un montant qui
nous a été ajouté à notre budget, et on ne le
répète pas cette année.
Le Président (M. Audet): Ça va? M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, je vous reconnais. Vous
pouvez parler, allez-y.
Partenariat avec le secteur privé
M. Farrah: Merci de me reconnaître, M. le Président.
Dans l'énoncé de politique, on sait que le ministère, le
gouvernement recherchait un plus grand partenariat avec différents
organismes ou avec le secteur privé principalement. Et, par ailleurs,
ça génère quand même des retombées plus
importantes au niveau touristique. Alors, je ne sais pas si vous avez
comptabilisé les retombées économiques des investissements
faits par nos partenaires, ce qui fait en sorte qu'en termes de
retombées touristiques, même si ce n'est pas le gouvernement qui
investit, c'a généré des investissements importants,
très importants même.
M. Vallerand: Très bonne question, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Si vous me permettez,
strictement, de faire... Oui, j'ai un tableau d'ailleurs, très
explicite. C'est une excellente question, au même titre que le
député de Masson. Je ne fais pas de discrimination. Non, c'est
une bonne question dans le sens suivant. Permettez-moi de le qualifier. C'est
que le ministère a pris des initiatives, depuis quelques années,
comme on le disait, pour se concerter davantage avec le secteur privé de
sorte d'augmenter ses moyens sans pour autant que ces moyens-là soient
à la charge des fonds publics, soient à la charge des
contribuables. (18 h 10)
M. Farrah: Sans augmenter les dépenses gouvernementales.
C'est ça.
M. Vallerand: On a demandé à l'entreprise de
participer davantage. Je vais vous donner des exemples. Le Grand Prix du
tourisme québécois, on a dépensé, en 1985, plus ou
moins 300 000 $. On l'autofinance avec des contributions, maintenant, de...
Bon, j'ai parlé de Coke, mais je vais vous parler de la bière
Molson, Mouvement Desjardins, Inter-Canadien, Centrale de réservations
touristiques du Québec, etc. Donc, ces mêmes sommes d'argent
là sont toujours dans les budgets puis on s'en sert davantage pour
d'autres fins de promotion. Le salon Vacances Québec, en 1985, ça
nous coûtait à peu près 250 000 $. En 1993, c'est
l'entreprise privée maintenant qui s'en occupe, mais elle le fait en
association avec nos partenaires. Les ATR sont impliquées, elles
réalisent deux salons, un l'hiver, un l'été. Savez-vous
combien ça nous coûte maintenant? 20 000 $. «Bienvenue
Québec», la bourse de voyage créée par le
ministère du Tourisme, c'est maintenant réalisé par le
secteur privé, l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec. On fournit uniquement l'assistance technique. C'est autant
d'argent de récupéré qu'on peut utiliser à d'autres
fins.
En 1985, par exemple, le coût des publications
éditées par le ministère du Tourisme était
absorbé dans sa quasi-totalité par le ministère.
Aujourd'hui, l'association avec l'entreprise privée a permis d'augmenter
le nombre et la variété des publications parce qu'elles sont
assumées maintenant par le secteur privé, par les associations et
les membres des associations. C'est autant d'argent de
récupéré qu'on peut utiliser dans nos ententes avec les
ATR, qu'on peut utiliser dans la promotion touristique.
Je ne sais pas si on a chiffré ces montants-là, mais, moi,
j'ai une règle qui dit que, depuis qu'on a augmenté notre
concertation avec les ATR parce que le ministère est un des
ministères les plus concertés de tout l'appareil gouvernemental
le ministère met peut-être à peu près en
publicité, je dirais, quoi, à peu près 7 000 000 $? On en
récupère à peu près 21 000 000 $. Donc, la
participation du secteur privé est à peu près de 14 000
000 $. Incroyable. Pour les mêmes 7 000 000 $ d'avant, on a maintenant un
résultat de 21 000 000 $. On a augmenté l'enveloppe de nos moyens
de 14 000 000 $, c'est-à-dire du double. Ça, se sont des
initiatives qui nous permettent maintenant d'avoir des moyens supérieurs
à avant sans pour autant augmenter les fonds publics pour y arriver. Et
c'est une tendance qui se dessine, à l'intérieur du
ministère, de plus en plus de plus en plus.
M. Farrah: Ça va. Merci, M. le Président. ^ Le
Président (M. Audet): Merci, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. le député de Masson.
M. Blais: Le budget, l'année passée, vous dites,
vous expliquiez par la fête de Montréal, etc. L'année
d'avant, est-ce que vous avez défini quel était le budget,
l'année d'avant, dans ce secteur-là? Je ne l'ai pas ici, moi. On
ne l'a pas ici.
M. Vallerand: Pour le 350e, par exemple?
M. Blais: Non, non. À ce poste-là où vous
vous désengagez de 10 000 000 $, cette année. Vous ne vous
désengagez pas dans la promotion, vous vous désengagez dans le
développement.
M. Vallerand: Non. Dans l'administration. M. Blais: Et
vous dites...
M. Vallerand: Pas le développement, l'administration.
M. Blais: Pardon?
M. Vallerand: Dans l'administration, pas le développement.
On n'a pas touché au développement parce que, pour nous autres,
le développement, c'est...
M. Blais: Une seconde, là. On va parler des mêmes
chiffres. Je vais les sortir pour être bien sûr qu'on parle de la
même chose. Parce que je n'ai pas toujours l'argot qu'il faut pour vous
expliquer. L'élément 2, Promotion et développement du
tourisme. Il était à 41 349 500 $ en 1992-1993, puis, en
1993-1994, il est à 31 434 100 $. C'est la deuxième ligne. On a
tous le même chiffre? Est-ce que ça va?
M. Vallerand: Je pense qu'on n'a pas le même... M.
Blais: Bien...
M. Vallerand: Oui, c'est correct, budget 1992-1993. Parce que je
ne l'ai pas devant moi.
Crédits alloués au développement
touristique
M. Blais: Bon. Ça, c'est Promotion et développement
du tourisme. Si, dans la promotion, je prends ce que vous m'avez dit, qu'il n'y
a pas de changement de chiffres, ça veut donc dire qu'en
développement touristique il y a 10 000 000 $ de partis. Il n'y a pas 10
000 000 $ de partis? Alors, comment expliquer que c'est 10 000 000 $ qui ne
sont plus là puis qui sont là pareil?
(Consultation)
M. Blais: Vous pouvez le dire au micro, madame, vous savez.
M. Vallerand: Oui. Allez-y, Mme la sous-ministre. Mme Bergeron,
qui est sous-ministre.
M. Blais: Mme Bergeron, avec plaisir.
Mme Bergeron (Johanne): Entre les deux, on pourra entrer ensuite
dans les détails plus micro, mais globalement, en 1991-1992, c'est 108
919 003 $ que j'ai
ici. L'an dernier, 112 533 400 $ et 92 648 $...
M. Blais: Non, je m'excuse, on ne parle pas... Mme Bergeron:
Ce que vous avez vérifié... M. Blais: Regardez le
budget, le programme 2. Mme Bergeron: Ah! Dans le...
M. Blais: Promotion et développement, c'est de ça
qu'on parle depuis 20 minutes.
Mme Bergeron: Oui. O.K.
M. Blais: Promotion et développement,
élément 2: 1992-1993 effacez les cents 41 300 000 $
et, en 1993-1994, 31 400 000 $. Il y a donc 10 000 000 $ de moins.
Mme Bergeron: Oui.
M. Blais: M. le ministre m'a dit que, dans la promotion et le
marketing, c'est les mêmes montants que l'année passée.
Ça veut donc dire que, dans le développement touristique, il y a
une baisse de 10 000 000 $. Cette baisse de 10 000 000 $, vous l'expliquez en
disant que 5 000 000 $ ne vont pas à Montréal, etc. C'est comme
ça que vous l'expliquez, là.
M. Vallerand: Oui, si vous permettez, M. le Président.
M. Blais: C'est comme ça que vous l'expliquez. La question
que je demandais: L'année d'avant, 1991-1992, c'était quoi? Je ne
l'ai pas ici.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Vallerand: Oui, premièrement, il y en a pour 9 915 400
$, si on s'entend sur les 10 000 000 $, à 9 915 000 $. Il y a eu un
transfert d'effectifs provenant de la direction au soutien administratif,
indexation des traitements, pour 166 000 $, 45 000 $; Aide à
l'investissement touristique, programme terminé, 1 159 000 $; 350e
anniversaire de Montréal, 5 000 000 $..
M. Blais: Oui, oui, j'ai vu ça.
M. Vallerand: Non, mais, tout à l'heure, c'était
pour l'autre année. C'est parce que les 5 000 000 $, ça a
été 10 000 000 $ au 350e, c'est 5 000 000 $ sur deux ans.
M. Blais: Deux années à 5 000 000 $.
M. Vallerand: C'est ça. Alors, ces 5 000 000 $ reviennent.
Réforme de la TVQ, 144 000 $; transfert de deux employés au
ministère des Affaires internationales et un à l'OPDQ, retrait de
traitement occasionnel à la
Direction des établissements touristiques pour 153 000 $; une
compression de 16 effectifs, fusion des permis de restauration, soutien aux
ATR, compression des budgets de fonctionnement pour 9 915 400 $.
M. Blais: Puis le montant total de l'item 2, en 1991-1992... Je
sais qu'en 1991-1992, la promotion, c'était 20 404 000 $. Le total,
c'est quoi? Est-ce que c'était dans les 40 000 000 $ aussi?
M. Vallerand: En 1991-1992? 20 404 000 $ que vous avez, vous?
M. Blais: Oui, pour la promotion. Et le total de l'item 2?
Malheureusement, je ne l'ai pas ici.
M. Vallerand: Qu'est-ce que vous appelez l'item 2, mon cher
collègue?
M. Blais: L'élément 2.
M. Vallerand: L'élément 2 du programme.
M. Blais: Promotion et développement touristique.
M. Vallerand: Oui, qui était de 41 489 000 $. M. Blais:
Bon, 41 489 000 $, en 1991-1992?
M. Vallerand: De 41 349 000 $, je m'excuse. Il y a un
écart de 9 000 000 $.
M. Blais: De 41 000 000 $?
M. Vallerand: Oui, 41 349 000 $, il y a un écart de 9 000
000$. C'est...
M. Blais: Bon. On voit bien qu'en 1991-1992 c'était 41 000
000 $; en 1992-1993, 41 000 000 $ aussi, à peu près, et la
promotion reste à peu près constante, dans les 20 000 000 $,
disons. Ça veut dire que, dans le développement du tourisme, il y
a une baisse cette année et au moins pour la première fois depuis
trois ans, parce que des événements, il y en a toujours. Des mont
Tremblant, il en arrive toujours, des biodômes aussi, à moins que
ce soit dans l'Industrie et Commerce qu'on passe le Biodôme mais,
à ce moment-là, pourquoi ce serait le ministre qui en
parlerait?
M. Vallerand: Ce que je vous expliquais, dans les crédits
accordés pour la promotion, il y avait 6 000 000 $ plus 4 000 000 $, on
l'a divisé 5-5, c'est 6-4, pour le 350e anniversaire de Montréal.
Non, crédits accordés pour la promotion, 6000000$; 4000000$ pour
le 350e anniversaire de Montréal, qui fait l'écart; indexation et
traitement, 337 000 $; ajustement pour Aide à l'investissement
touristique, c'est 149 000 $; virement des loyers, info-tourisme, 227 000 $;
virement des crédits de la direction administrative pour la Direc-
tion des communications, 682 000 $; travaux d'infrastructure à
Memphrémagog, 9 188 000 $, c'est la deuxième année. C'est
les autres 9 000 000 $.
Mais il est imputable. Je le sais, la confusion peut provenir du fait
qu'à l'élément 2, Promotion et développement du
tourisme, il y a une diminution de 10 000 000 $. Votre question, c'est de dire:
Si vous dites que votre promotion n'a pas diminué, comment ça se
fait ce 10 000 000 $? Ce qu'on vous dit, c'est que, dans les
éléments de développement, on les a pris au niveau de
l'administration, tel que je viens de l'énumé-rer. On n'a pas
touché aux éléments de l'argent de promotion qui servait
à faire nos promotions sur notre marché intra-Québec, le
marché américain, sur les marchés européens, sur le
Programme de publicité coop, sur le Programme de promotion
coopérative également. On n'a pas touché à
ça. On l'a pris à l'intérieur de nos fonctionnements. (18
h 20)
M. Blais: Je vais vous demander une question peut-être plus
terre à terre. Qu'est-ce que vous appelez le développement
touristique? Et donnez-moi deux exemples. Voilà, on va commencer par
ça.
M. Vallerand: Oui, en tout cas, je...
Mme Bergeron: Ce que vous voulez savoir...
M. Vallerand: C'est parce que c'est comptable. Si vous permettez,
on peut faire référence à des...
Mme Bergeron: ...c'est l'attribution comptable en promotion et
développement touristique à cet
élément-là.
M. Blais: Oui, la promotion, ça, je sais ce que ça
veut dire la promotion, c'est entendu, mais la promotion reste la même
depuis à peu près trois ans, bon. Mais, développement
touristique, est-ce que c'est un autre mot «fancy» pour dire de la
promotion ou si c'est de l'aide au développement, en réel?
M. Vallerand: M. le député, moi, je pense, mais je
vais les laisser répondre, que, dans le développement qui va
à la promotion, c'est tout le soutien technique. Ce n'est pas l'argent
qui est consacré concrètement à la promotion, ça va
être le soutien technique, administratif, et, là-dedans, vous avez
déjà une partie importante qui est la récurrence des 5 000
000 $. Donc, vous en avez la moitié... En fait, c'est 4 000 000 $
où on a indexation de salaire, transfert de personnel, etc., qui
allaient dans le développement, mais qui étaient technique
à la promotion.
Mme Bergeron: J'ai votre réponse. Ça comprend les
crédits afférents aux directions suivantes, c'est-à-dire,
planification, recherche, ATR, Direction des établissements
touristiques, projets, Direction des investissements, le budget de
l'étude qui est à la Direction des projets, organismes
sectoriels, les subventions qu'on peut y verser. Essentiellement, ce qu'on
entend techni- quement. ..
M. Vallerand: C'est le soutien à la promotion.
Mme Bergeron: C'est ça. C'est largement pour ces
directions-là qui ont...
M. Blais: O.K. Bien, c'est peut-être ça qui...
Pourquoi me répondiez-vous que c'est l'aide à une entreprise
tantôt, c'est l'aide au mont Tremblant, au Biodôme. C'est ça
que je ne comprends pas. Vous avez parlé de ça, à ce que
je me souvienne.
M. Vallerand: Aide à l'investissement touristique, 1 200
000 $.
M. Blais: Ça, c'est au ministère de l'Industrie et
du Commerce qu'on prend l'argent. Où est-ce, sur quelle ligne?
M. Vallerand: Non, non, chez nous; 1 200 000 $, je vous l'ai
donné.
M. Blais: Où est le mont Tremblant, sur quelle ligne?
C'est ça que je veux savoir.
M. Vallerand: Non, non, mais c'est sur l'ensemble. Vous l'avez
globalement.
M. Blais: Sur l'ensemble. Il est dans toutes les lignes?
M. Vallerand: Je vous l'ai donné en détail tout
à l'heure, 1 200 000 $.
M. Blais: Non, mais, à quel élément est-il?
Où est-il?
Mme Bergeron: Le budget du programme aide à
l'investissement était dans Promotion et développement. Le
programme a été terminé cette année, il s'est
finalisé, et, à partir de ce moment-là, le ministre a
indiqué tantôt que, pour 1 200 000 $, ça expliquait
l'écart entre 1993-1994 et 1992-1993. Ça, c'est un premier
point.
M. Blais: L'aide au Biodôme, où est-ce? Mme
Bergeron: Quant au Biodôme... M. Blais: Sur quelle ligne?
Mme Bergeron: ...et au mont Tremblant, ce n'est pas dans les
budgets du ministère, et ce n'est jamais apparu.
M. Blais: Bon, c'est à l'Industrie et Commerce? Mme
Bergeron: Non, pas nécessairement, c'est... M. Blais:
Ailleurs, ce n'est pas chez vous.
Mme Bergeron: Ça dépend... Non, ce n'est pas chez
nous comme tel.
M. Blais: Bon, bien, c'est quoi de dire que le ministère
du Tourisme a aidé le Biodôme, a aidé le mont Tremblant?
C'est à ça que je voulais en venir. Vous le voyez bien où
je voulais en venir.
M. Vallerand: Non, non, mais, comme on me dit, sauf pour la
promotion. On ne parlait pas... M. le Président, il faudrait que le
député distingue des choses. Quand on parlait du Biodôme
tout à l'heure, le député a posé une question
très spécifique au niveau de l'élément 2, Promotion
et développement. Il y a une différence d'à peu
près 10 000 000 $, 9 000 000 $ quelque chose. J'ai fait
l'énumération du pourquoi de la différence à partir
de réduction de ce qu'on appelle le développement technique, dans
le développement, le soutien technique à la promotion sans
toucher à la promotion.
Quand j'ai parlé du Biodôme tout à l'heure, au
niveau de l'aide, on l'a aidé par un prêt participatif de la SDI,
on l'a aidé sur une aide technique.
M. Blais: Ce n'est pas le Tourisme.
M. Vallerand: Non, mais je regrette infiniment, c'est le Tourisme
qui était porteur du dossier, c'est le Tourisme qui a donné les
avis techniques, c'est le Tourisme qui a... Bien oui, mais... C'est le Tourisme
qui a donné l'avis sectoriel pour le financement.
M. Blais: Je suis d'accord, donc, c'est à l'Industrie et
Commerce, à la SDI qu'on rencontre ces sommes-là. Si on dit oui,
ça va tout régler.
M. Vallerand: Mais on n'a jamais comptabilisé ça
dans l'enveloppe de promotion. Il faut bien s'entendre.
M. Blais: Non, non.
M. Vallerand: O.K., c'est correct.
M. Blais: Si on dit que c'est à Industrie et Commerce, ou
ailleurs, ça va, à la SDI, ça va. Ce n'est pas dans le
budget du ministre, et...
M. Vallerand: Je n'ai pas dit ça non plus, là, il
faut bien s'entendre.
M. Blais: Non, non, non, mais ça semblait être
ça. C'est ça que je veux savoir.
M. Vallerand: O.K.
M. Blais: Et, quand on dit développement du tourisme,
ça pourrait arriver, mais ce n'est pas ça. Merci.
Le Président (M. Audet): Ça va, M. le
député de
Masson?
M. Blais: O.K. Ça va, mais ça demeure quand
même que vous pouvez déplorer qu'il va vous manquer 10 000 000 $
promotionnels cette année.
M. Vallerand: Non, non, pas du tout.
M. Blais: II ne vous manquera pas 10 000 000 $ parce que vous
vous contentez de 31 000 000 $ plutôt que de 41 000 000 $, mais ça
fait votre affaire.
M. Vallerand: II ne manquera pas 10 000 000 $ promotionnels. Il
va manquer 10 000 000 $ au niveau du soutien administratif à la
promotion, parce qu'on a fait des transferts de postes, on a fait des
fusionnements de directions, etc. Mais on n'a pas touché à un sou
de l'argent qui était gagé sur la promotion touristique, sur nos
trois marchés principaux. On n'a pas touché un sou de nos
enveloppes pour la promotion coop et la publicité coop, d'aucune
façon. C'est ça qui est important.
Une voix: Saine gestion, voilà! Saine gestion.
Le Président (M. Audet): Ça vous va, M. le
député de Masson?
M. Blais: C'est parce que vous avez assaini la gestion, vous avez
coupé 10 000 000 $ sur 40 000 000 $, mais seulement... Non, plus que
ça. S'il y a 20 000 000 $ qui va directement à la promotion
directe, comme vous dites, là, il reste 11 000 000 $ seulement pour
l'administration, les patentes à l'intérieur. Ça veut donc
dire que vous étiez donc bien gras dur depuis quelques années
avec le double?
M. Vallerand: Non. C'est parce que vous mettez les...
M. Blais: Ça a pris du temps à prendre un bon
geste, si c'est rien que de la gestion!
M. Vallerand: M. le député, on ne met pas dans
l'enveloppe les traitements et salaires des employés qui sont à
la Direction de la promotion. On met uniquement les sommes qui servent à
la promotion comme telle. Alors, la différence peut vous
apparaître substantielle. Donc, dans la réduction, les transferts
de postes, 28, que je vous ai énumérés, ça fait
moins, mais ce n'était pas de l'argent qui servait à la promotion
pour nous autres.
M. Blais: o.k. je sais que les salaires sont à
l'élément 1, là. c'est compliqué, cette
affaire-là, la différence entre développement et
promotion. c'est compliqué.
M. Vallerand: Non, non, on a des salaires à
l'élément 2 au niveau des gens qui travaillent à la
direction du marketing et de la promotion. On ne les entre
pas dans les budgets de la promotion comme tels. Émission des
permis de restauration
M. Blais: O.K. Les compressions d'effectifs... Le permis qui s'en
va à l'Agriculture vous fait économiser 1 200 000 $. Je trouve
que c'est beaucoup, là. J'aimerais ça avoir quelques petites
explications. Et, deuxièmement, les compressions d'effectifs de 600 000
$ qui doivent être connexes. Peut-être qu'il y a du personnel qui
s'en va ou c'est quoi, là, si c'est autre chose.
M. Vallerand: Je vais demander à du personnel du
ministère de vous répondre.
M. Blais: Oui, oui.
M. Vallerand: Mais je voudrais bien que l'on comprenne que l'on
n'abdique pas notre permis au MAPAQ. C'est une entente administrative avec le
MAPAQ. D'ailleurs, il y aura un permis d'émis par le MAPAQ, mais
conjointement avec le ministère du Tourisme, et on conserve toute notre
responsabilité d'inspection dans les restaurants et notamment
l'inspection au niveau des prix affichés sur les menus.
M. Blais: La baisse de 1 200 000 $ est explicable par quoi?
Mme Bergeron: Par la baisse des effectifs et du budget de
fonctionnement associé à ces effectifs-là au
ministère. La réduction des effectifs à la DET suite
à un guichet unique en matière d'émission de permis de
restauration il faut avoir un permis quand même du
ministère du Tourisme c'est 28 ETC. ETC, ce sont des emplois
équivalents temps complet, pour nous. Ça peut être une
personne ou deux personnes qui se partagent un emploi à la
mi-année. Ça, ça nous mène...
M. Blais: JBC, «j'ai bien compris»...
Mme Bergeron: Oui.
M. Blais: ...c'est ça que ça veut dire chez
nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bergeron: Ça, ça nous amène...
M. Blais: JBC, mademoiselle.
M. Vallerand: Un autre comme ça, M. le
député: CQFD, «ce que le frère disait».
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): Mme Bergeron, vous pouvez
continuer.
Mme Bergeron: Les salaires associés à ces effec-
tifs-là, plus les budgets de fonctionnement qui y sont afférents
nous amènent à une économie globale de l'ordre de 1 200
000 $.
M. Blais: C'est la réduction de personnel et l'autre... Au
MAPAQ avec le même personnel, ils vont rendre le même service. Ils
vont faire signer deux permis au lieu d'un, ou je ne sais pas quoi, ou un seul,
c'est encore mieux. Puis les 600 000 $ de compression d'effectifs, c'est
d'autres effectifs dans d'autres domaines?
Mme Bergeron: Oui, il y a eu d'autres compressions. Il y a eu une
compression le 31 mars 1992, l'année dernière, toujours en
ETC.
M. Blais: Oui, je comprends.
Mme Bergeron: Parce que c'est le langage administratif
généralement utilisé.
M. Blais: D'accord, d'accord.
Mme Bergeron: Au 26 mai, on a eu une autre compression de 7, de 2
% additionnels en décembre 1992, encore une fois de 7 ETC. Ensuite, il y
a eu les compressions associées à 8 ETC. Ensuite, il y en a eu un
autre demandé de 2 % par année additionnels sur S ans. Ça
a conduit à 7 ETC. Ensuite de ça ce n'est pas une
compression le Conseil du trésor nous avait permis d'utiliser 5
ETC supplémentaires pendant quelques années pour aider à
la mise en place de la nouvelle loi, à l'époque, des
établissements touristiques, à faire du dépistage pour les
établissements opérant sans permis, et ces ETC-là ont
été accordés sur une base temporaire, et ça se
terminait le 31 mars. Donc, c'est 5 ETC, et il y a eu une mutation aussi pour 1
ETC. La plupart de ces postes-là...
M. Blais: MBM, «merci beaucoup, madame».
Mme Bergeron: ...toujours en ETC.. Cette réduction
d'effectifs a été réalisée par l'abolition de
postes vacants. L'abolition aussi de certains ETC occasionnels incluant la DET,
la relocalisation du personnel sur d'autres postes vacants pour 17 et aussi
avec les départs d'employés, on a joué sur les postes
vacants, et il y a eu seulement 2 personnes qui ont dû être
déclarées en disponibilité au sein du ministère
à cause de corps d'emploi trop spécifiques.
M. Blais: II y a une réduction, M. le ministre, qu'on
appelle «Abolition des congés d'intérêts sur des
prêts». Ça veut dire que le ministère ne supportera
plus de prêts au nom d'un autre? On a aboli ça, ce
support-là, c'est ça, ou une partie des prêts ou une partie
des intérêts? (18 h 30)
M. Vallerand: Oui. On a révisé le programme d'aide
à l'investissement touristique. Anciennement, on
accordait des prêts sans intérêts. Et la nouvelle
politique s'est inscrite dans celle de la SDI du secteur manufacturier, c'est
de faire des prêts participatifs avec intérêts. Si bien que
la marge de crédit qu'on avait pour soutenir ces prêts sans
intérêts là, on l'a virée en termes de
réduction pour 1 200 000 $, parce qu'on en fait.
M. Blais: O.K. J'avais préparé une question pour
qu'on comprenne exactement les mesures de réduction de 1 200 000 $
là, pour l'hôtellerie et puis le Palais des congrès. Mais,
en parlant tantôt, j'ai compris que c'était 900 000 $ à un
et 700 000 $ à l'autre. J'ai bien compris?
M. Vallerand: C'était 900 000 $ plus...
M. Blais: Et 700 000 $ pour donner 1 600 000 $.
M. Vallerand: C'est 1 000 000 $ pour le Palais puis 900 000 $, je
pense, pour l'ITHQ.
M. Blais: C'est ça, 700 000 $, puis 900 000 $. Quand vous
avez parlé tantôt, vous l'avez dit, je l'ai noté. C'est
bien ça, là? O.K. Il y a: Autres variations, 1 200 000 $. Est-ce
que c'est encore des ETC, des BMV ou des GMW?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Vous comprenez que je laisse répondre Mme la
sous-ministre. Elle fait très bien ça et elle connaît bien
ses dossiers en plus. Je me sens plus à l'aise et confortable.
(Consultation)
M. Vallerand: C'est que le député de l'Opposition,
il a de bonnes questions. Toute l'équipe se cherche.
M. Blais: Non, mais, si vous m'aviez donné le cahier
explicatif, je n'aurais demandé aucune question là-dessus. Je
vous donne un avis pour la prochaine.
Mme Bergeron: Ce que vous voulez avoir, monsieur...
M. Blais: C'est le dernier, là, à la page 200 des
cahiers des crédits. Oui, 1 200 000 $. En gros, là.
Mme Bergeron: Parfait, Autres variations et restructuration. En
gros, restructuration administrative, on a aboli une direction
générale. O.K. Ça s'appelait la Direction
générale de la planification et de la recherche. On a
fusionné ça. On appelle ça maintenant la Direction de la
planification et de la recherche. Ça se traduit essentiellement par
l'abolition de quelques postes de cadres et des effectifs de soutien qui y sont
associés. On n'a pas nécessairement coupé, là, si
vous voulez, dans les gens qui réalisaient les activités.
Ça, c'est un élé- ment. Ensuite, au niveau de
l'administration aussi, on a fait là aussi une restructuration. On a
fusionné deux directions: ressources matérielles et
financières. Maintenant, on appelle ça Direction des ressources
matérielles et financières. Le poste de directeur
général a été maintenu, mais il a été
appelé à gérer directement la Direction des ressources
humaines, et la Direction de l'informatique a été maintenue
là. Elle existait déjà.
M. Blais: C'est physiquement faisable? Il n'y a pas de
problème?
Mme Bergeron: II n'y a pas de problème. Ça va
bien.
M. Blais: C'aurait dû se faire avant d'abord.
Mme Bergeron: Alors, en sus de ça, quand même, il y
a eu des compressions en matière de fonctionnement, budget de voyages.
Je peux aller dans les détails: téléphonie, postes et
messagerie, les trucs qu'on envoie par Purolator. Alors, je pourrais y aller
par poste si vous le désirez. Dépenses d'informatique...
M. Blais: C'est juste le gros de l'affaire. Et, si vous aviez une
feuille toute prête, là, pour m'expliquer les crédits
périmés de l'année passée, sans me les lire, si
vous l'avez, juste me la remettre, ce serait suffisant.
Mme Bergeron: Les crédits périmés. Ce qu'on
vient de donner, le montant est de 1800 $. Maintenant, M. Madore pourrait
peut-être...
M. Blais: Les crédits périmés,
l'année passée, c'est 2 548 000 $, je pense.
Mme Bergeron: Ah! O.K.
M. Vallerand: On va demander à M. Madore de venir vous
expliquer ça. Mais est-ce que vous préférez qu'on vous les
envoie? On peut vous les donner tout de suite, si vous voulez.
M. Blais: Oui, vous pouvez me les donner, mais ce n'est pas
nécessaire de lire tout ça. Si vous me faites parvenir la
feuille, si j'ai une question, je le ferai. Lire ça, c'est fastidieux.
Parce que les ETC, là, je ne pense pas que beaucoup de monde comprenne
ça.
Mme Bergeron: C'est un objectif de crédits à
périmer. Si vous voulez avoir le détail où on l'a pris, on
va vous le donner.
M. Madore (Robert): En fait, ce qui reste en...
Le Président (M. Richard): M. Madore. Allez-y, M.
Madore.
M. Madore: ...solde à liquider, c'est le gel qui avait
été imposé par le Conseil du trésor de 652 900
$
plus l'objectif de crédits à périmer de 1 976 000
$. Donc, c'est ce qui reste dans les crédits du ministère au 31
mars. Au 31 mars, peut-être que vous avez des chiffres là
qui...
M. Blais: Si vous voulez passer cette feuille-là à
ma recherchiste ici. On a quelques questions, on reviendra. Ça va?
M. Vallerand: Ça, c'est le sommaire. Pas le sommaire mais
les montants globaux.
M. Madore: Ça, c'est ce qui reste dans l'ensemble du
budget du ministère.
M. Blais: Merci. Merci pour le moment. Ça va bien,
hein?
Le Président (M. Richard): Je suis content de... M.
Blais: Ça va mieux que l'année passée.
Le Président (M. Richard): Je suis content de vous
l'entendre dire.
M. Vallerand: On s'améliore d'année en
année, M. le député.
Une voix: C'est excellent.
Promotion du tourisme au Québec
M. Blais: Pour rester dans la promotion, dans la promotion, il y
a la promotion intérieure, la promotion extérieure, appelons-les
comme ça, pour les besoins de la cause. Je pense que tout le monde va
comprendre. Je vous disais, au début, qu'il ne semble pas y avoir de
principe de base qui guide l'ensemble du ministère. Vous m'avez
répondu, là-dessus, que vous avez certains traits distinctifs du
Québec que vous prenez, la culture et la nature, les mettre ensemble
pour essayer de... Bon.
Il m'est souvenance que, lorsque le Parti québécois
était au pouvoir, de 1976 à 1985 moi, je suis
arrivé en 1981 il s'était produit un
phénomène entre 1970 et 1980 où les
Québécois, à cause, justement, d'une publicité
très bien faite, avaient pris goût à voyager au
Québec. Et ce goût était basé sur une chose
très spécifique: la fierté d'être
Québécois et d'être ce que nous sommes. C'était
basé sur ça. On a vu, à l'époque, d'extraordinaires
slogans, qui ont poigne, d'ailleurs: «On s'attache, au
Québec»; «On prend le tour du Québec». Vous
vous souvenez certainement de ça. Des compagnies de la couronne
disaient: «Nous sommes Hydro-Québécois». Et
l'influence de ça a même gagné l'entreprise privée.
On avait une compagnie de bière pour ne pas la nommer, Labatt
qui disait: «On est 6 000 000, faut se parler». On
était 6 000 000 de Québécois, à l'époque,
etc. Il y a eu une espèce de consensus avec un focus
généralisé dont le gouvernement était le grand
promoteur et le grand moteur pour dire aux québécois: vous ne
voyagez pas beaucoup chez vous. c'est sûr, il faut qu'on voyage plus. il
y a un moyen qui a été pris. la publicité était
là: soyons fiers d'être québécois, voyageons chez
nous. on a un beau pays; visitons-le. ça a donné des
résultats extraordinaires, à un point tel qu'en 1980 ça a
fait une montée spectaculaire. nous étions rendus... certains
chiffres disent que si % des dépenses des québécois, de
leurs dépenses de voyage étaient faites au québec,
d'autres disent 49,7 %. je ne veux pas m'obstiner là-dessus, disons 50
%. la moitié des dépenses des québécois, en 1980,
ont été faites grâce à cette machine qui avait
été mise en route sur la fierté d'être ce que nous
sommes.
Est arrivé le référendum de 1980 dans les
éléments, où les gens au gouvernement, à
l'époque, ont perdu leur référendum et c'a fait,
après, même si le Parti québécois a pris le pouvoir
en 1981, une espèce de «backlash», parce que les
Québécois avaient perdu le référendum. Il est
arrivé deux choses très importantes. La première, il y a
eu une rencontre officieuse à Ottawa: M. Trudeau et M. Chrétien
qui ont fait venir la plupart des grandes compagnies pour leur demander de
refuser, dorénavant de façon officieuse, je vous le dis
d'entrer dans ce jeu de la fierté québécoise, parce
qu'elle était porteuse, entre guillemets, d'une sorte d'option politique
qui était à répudier.
Deuxièmement, la crise aidant, le Parti québécois a
commencé, dans les années 1982, 1983, à être un peu
discrédité pour plusieurs causes. Et là on a vu
apparaître à la télé et partout, partout...
Là, M. Beaulieu, de la brasserie Labatt, a été mis
à la porte, a été rangé de côté.
Toronto a pris la publicité de Labatt, HydroQuébec a
arrêté de dire: On est Hydro-Québécois. On se
faisait reprocher, en Chambre... Je me souviendrai toujours que M. Paradis,
à l'époque, qui est aujourd'hui ministre de l'Environnement,
disait: Nous sommes prêts à donner notre chemise pour qu'une fleur
de lys se promène sur une queue d'avion. Il y avait des réactions
très vives de l'Opposition, à l'époque, contre cette
publicité, disant que c'était porteur d'un message d'un parti
politique. (18 h 40)
En troisième lieu, on a vu apparaître ceux qui
étaient du consensus Chrétien-Trudeau, on a vu apparaître
Bell Canada, Esso, on a vu naître Petro-Canada. Et on voyait toujours, en
filigrane, ne fût-ce qu'un campeur, avec un petit sac puis le drapeau du
Canada, qui passait dans toutes les annonces d'Esso, de tout. On ne voyait que
le drapeau du Canada et la fierté d'être Québécois
était mangée par ça. C'était conscient, officieux
mais voulu. Tant et si bien que, lorsque nous avons perdu le pouvoir, c'est
bien sûr que tous ces slogans d'appartenance et de fierté au
Québec ont été garrochés, mis à la poubelle
de façon définitive, pour ce qu'il en restait. Ce qui a fait que,
de 1980 à aller jusqu'en 1990... J'ai les chiffres exacts pour ne pas me
faire reprendre, qui sont là; une seconde, je vais vous les citer. Les
voyages au Québec étaient, en 1980, de 47,9 %; en 1986, ils ont
déjà baissé à 39,3 %; en 1988, à 31,8 % et,
en 1990, on parle de 28,2 %. Je n'ai pas
les derniers chiffres. Justement parce qu'il n'y avait pas de principe
directeur dans la promotion qui intéressait les Québécois
à visiter d'abord le Québec par fierté. Et même
à l'époque, vous vous souviendrez, beaucoup de gens... Et on a le
droit d'être fédéraliste, souverainiste, ce n'est pas de
ça que je veux parler pantoute. On mêlait tellement ce goût
d'être Québécois, fédéraliste ou pas,
souverainiste ou pas, ça n'a rien à voir, que le drapeau du
Québec, vu qu'on l'avait toujours mis en exergue durant le mandat du
Parti québécois, était reconnu comme le drapeau du Parti
québécois. Quand on en vient à dire ça, c'est qu'on
est mal pris.
Pourquoi, maintenant je demande au ministre du Tourisme
depuis que vous êtes là, en 1985, avez-vous continué
à entretenir ce manque, je pourrais dire, de direction pour redonner aux
Québécois, si ça a été perdu parce
que, nous autres, on a perdu le pouvoir... Pourquoi ne pas redonner ce
goût du Québec, indépendamment des partis politiques
indépendamment? Ça a poigne, la preuve a été faite.
Pourquoi est-ce qu'on n'a pas quelque chose? Le tapis blanc, c'est beau. J'en
ai vu des annonces. Mais on dirait qu'il ne faut pas que ça nous rende
fiers. Un pays, que ce soit le Danemark, l'Italie, n'importe lequel, si on veut
visiter un coin, on donne aux gens qui l'habitent le goût de le visiter
en les mettant fiers de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont. Pourquoi n'est-ce
pas revenu dans les normes de votre ministère? Je pense que c'est une
très belle question, M. le ministre.
M. Vallerand: C'est une question qui est très normative.
Une question normative, pour moi, c'est une question qui est sujette à
appréciation dépendant des biais personnels qu'on peut avoir. Je
pense que c'est très difficile d'apporter une réponse objective
à une question qui sous-tend une appréciation qui peut
différer d'opinions d'un individu à un autre. Donc, moi,
d'entrée de jeu, je veux bien situer ça pour vous dire que je
n'embarquerai pas là-dedans, en autant que je suis concerné.
Je pourrais peut-être y répondre de la façon
suivante, en vous demandant puis je sais que vous allez me
répondre oui, donc je vais répondre pour vous, mais je peux
même vous laisser répondre: Est-ce que vous trouvez que les
Japonais sont des gens fiers? Est-ce que les Anglais sont des gens fiers?
M. Blais: Ça dépend d'où ils viennent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Les Anglais d'Angleterre.
M. Blais: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Les gens d'Angleterre sont des gens fiers. Est-ce
que vous savez, M. le député en passant par le
président parce qu'il faut toujours s'adres- ser au président
que ce sont des pays qui connaissent des déficits, en proportion,
touristiques plus élevés que le Québec? Mais ils sont tout
aussi fiers qu'on peut l'être. Donc, la politique de promotion
touristique de ces pays fiers, comme vous aimez qu'ils soient, comme nous
sommes et on n'a pas perdu d'élan à ce titre-là
a des résultats similaires aux nôtres.
Je vais tenter de répondre encore de façon relativement
objective. On peut avoir des références pour pouvoir comprendre
si on s'est trompé en faisant le contraire. Je regarde les chiffres de
1985 à aujourd'hui parce que je n'ai pas ceux d'avant les
Québécois voyageant au Québec de 1985 à
aujourd'hui, non, ils se sont maintenus à au-dessus de 14 000 000. Je
vais vous les donner pour votre gouverne. Les deux seules fois où ils
ont diminué...
M. Blais: Non, non. La proportion.
M. Vallerand: Non, non, non. Pas la proportion, le nombre.
M. Blais: Le pourcentage.
M. Vallerand: Le nombre, le nombre. Les deux seules fois
où ils ont diminué, M. le député, c'est dans les
deux cas de récession. Et, dans votre temps, il y a eu une diminution
à partir de la récession de 1981, 1982, 1983. Puis, chez nous, il
y a eu une diminution à partir de la récession de 1990. Mais,
dans toutes les autres années, c'est demeuré sensiblement le
même ou ça augmentait de 100 000 par année, en moyenne,
quelque 14 000 000.
M. Blais: L'argent, M. le ministre...
M. Vallerand: Non, non, je parle du nombre de visiteurs, en
millions.
M. Blais: Oui, vous parlez de pourcentage de l'argent
dépensé par les Québécois, à
l'extérieur et à l'intérieur, en argent courant.
M. Vallerand: C'est ce à quoi je vous réponds. Je
vous le dis, je vous donne un exemple extérieur. Des pays fiers, comme
vous dites, et indépendants, ils ont connu, en proportion, des
déficits plus accentués que le nôtre. Donc, on revient
à votre notion de déficit, des gens qui dépensent plus
ailleurs qu'ils dépensent ici. Je vous donne, en termes de nombre de
Québécois, au Québec, à peu près, en
moyenne, sur 10 ans, la seule diminution, c'est en temps de récession
et, si vous voulez l'avoir en revenus... Est-ce qu'on les a en revenus? Les
dépenses sont demeurées sensiblement les mêmes, sur la
même période, à l'exception des deux... Je peux vous donner
les chiffres. Je pense que c'est des mesures objectives.
Donc, tout ça pour vous dire que c'est très variable que
la question d'orchestrer de grandes campagnes de publicité pour
s'assurer que les gens vont être telle-
ment fiers qu'ils vont davantage, par exemple, voyager au Japon, un
exemple, je veux être universel, ou en Angleterre, ou au Québec,
ça varie, d'une année à l'autre. Il y a des courants qui
sont internationaux, il y a des tendances, etc. Et, au-delà de
considérations purement nationalistes, je ne suis pas persuadé,
moi, que de grandes campagnes comme «Attachez-vous au
Québec»... Moi, personnellement, j'ai beaucoup de réticence
à proclamer ça. Non, je vais vous dire pourquoi.
M. Blais: Ça, je le sais.
M. Vallerand: Je respecte votre point de vue. Non, je ne veux pas
être irrespectueux. C'est parce que ça va dans le sens contraire
d'une liberté fondamentale qui est celle de la liberté de
mouvement, en autant que je suis concerné. Et je préfère,
comme ministre du Tourisme, dire à mes clientèles: Vous vous
insérez dans un contexte de concurrence qui est international; prenez
les dispositions, on est prêt à vous aider avec nos moyens, pour
être capables de contrer cette concurrence internationale. Si vos
concurrents font mieux que vous, organisez-vous pour faire mieux que vos
concurrents. Et je pense que c'est le meilleur conseil qu'on peut donner
à l'entreprise, de sorte que l'entreprise soit prête à
affronter cette mondialisation des échanges, qui n'échappe pas au
tourisme, comme vous le savez, qui est de plus en plus international.
Parce que, vous le savez, M. le député, dans le domaine
touristique, on a été les premiers, depuis longtemps, à
pratiquer le libre-échange; ça existe chez nous. Il n'y a
personne qui peut nous en montrer parce qu'il n'y a jamais eu de
barrière d'entrée au niveau de la mobilité des touristes,
d'autant plus, il faut le comprendre, qu'on fonctionne à l'inverse,
notre produit est fixe, nos personnes sont mobiles. Il n'y a jamais de
barrière d'entrée pour un touriste, de n'importe quel pays,
à venir ici, à l'exception de certains pays où il y a des
contrôles de change. Il n'y a pas de barrière d'entrée
indirecte, par exemple, au niveau de la qualité, des évaluations
qualitatives des produits. On pratique le libre-échange, nous autres,
depuis plusieurs, plusieurs années, et il se prolifère,
actuellement, sur le marché international, une augmentation de cette
concurrence internationale.
Le meilleur conseil qu'on peut leur donner, c'est de ne pas dire: On va
faire en sorte que les Québécois, par exemple, vont s'attacher au
Québec, pour les garder ici. C'est impossible. Le
Québécois aura toujours ce besoin d'aller ailleurs. Le
Québécois aura toujours besoin d'aller visiter une destination
ailleurs. Mais je vous donne cet exemple. Sauf qu'on reprend... On peut
dégrader vos thématiques. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de bonnes
idées dans ce que vous dites, mais j'aimerais mieux un peu plus
dégrader en disant: Le goût du Québec, on a
différents leitmotive qui nous permettent, justement, de créer
cette fierté au Québec. On l'a dans l'accueil, on l'a dans la
qualité de nos destinations, on l'a dans notre publicité. On l'a
aussi dans la reconnaissance de l'excellence touristique, comme vous le savez,
puis ce n'est pas l'unique action qu'on mène, mais je pense que Les
Grands Prix du tourisme québécois, qui existent et qui ont
été créés par vous autres, huitième
édition cette année, on reconnaît l'excellence. Et, en
reconnaissant l'excellence des produits touristiques, on fait la
démonstration de la qualité de nos destinations auprès de
nos Québécois, dans des médias de vaste public, comme TVA,
etc., et ailleurs. On peut rejoindre ça également. On utilise la
dimension culturelle avec des artistes de chez nous qui se rendent dans les
régions et qui vantent...
Je pense que ça rejoint ce que vous tentez de nous
suggérer en termes de fierté. Mais il y a une façon de le
dégrader, et j'essaie de le tenir à l'intérieur d'une
compréhension où on s'exclut un peu de notre âme
nationaliste. Ce n'est pas mauvais, mais, des fois, ce n'est pas
nécessairement ce qui peut le mieux nous guider par rapport à
l'orientation d'une activité qui est économique et
concurrencée comme telle. Ça ne veut pas dire qu'il faut mettre
de côté cet élément de fierté, mais je pense
qu'il faut davantage conseiller à nos clientèles de
s'insérer dans une concurrence qui est internationale. Et c'est
ça, les enjeux de demain, et c'est comme ça que nos entreprises
seront prêtes à affronter la concurrence et à prendre leur
part de marché dans les années à venir. On conjugue
davantage, de ce côté-là. Mais on ne met pas en veilleuse
la question de la fierté.
M. Blais: O.K. D'abord, une rectification. «On s'attache au
Québec», ça ne voulait pas dire de rester au Québec,
c'était: Attachez vos ceintures dans les autos. Si vous ne vous en
souveniez plus, je vous rappelle... (18 h 50)
M. Vallerand: Oui, oui, mais Hydro-Québécois...
Non, je comprends, mais, comme vous l'avez dit, ça conditionnait les
esprits. Vous pensiez que ça conditionnait les esprits.
M. Blais: Hydro-Québécois, ça voulait dire
l'électricité, ce n'était pas une compagnie d'huile.
M. Vallerand: Je ne suis pas certain.
M. Blais: C'est-à-dire que ça... «Prends le
tour du Québec», c'était les pistes cyclables et ces
choses-là, vous vous souvenez...
M. Vallerand: Ça, c'était plus touristique.
Ça, c'était plus touristique.
M. Blais: C'est bien ça, c'est bien, mais ça
n'empêche pas, ça, les mouvements internationaux. Mais comment
pouvez-vous, du même souffle, un... Je reviendrai aux chiffres
tantôt dont vous parliez, mais restons sur le principe. Pourquoi
pouvez-vous, du même souffle... Je vous ai demandé, au tout
début, quel est le principe distinctif qui faisait foi chez vous. Vous
m'avez dit: culture et nature, et que c'était ça qu'à
l'étranger vous vous attachiez à vendre, vous vous
évertuiez de vendre, culture et nature. Pourquoi, quand vous allez
à
l'étranger, le principe de la fierté de ce que le
Québec est et le principe de la nature qu'il possède sont bons
et, quand vous arrivez parmi la classe québécoise, vous me
diriez, d'un autre souffle, que d'être fiers de ce que nous avons, nous
les Québécois, et d'être fiers de ce que nous sommes, ce
n'est plus bon? J'ai un peu de difficultés à comprendre
ça. Ça, c'est de un.
De deux, j'ai pris aussi la peine, au tout début, quand on a
parlé des déficits touristiques, etc., de parler de Samson
Bélair, RCMP, du groupe SECOR, en disant que ce sont de bonnes
compagnies, et vous m'avez dit oui; et, très fier, vous m'avez
répondu oui. Eh bien, j'ai une étude de SECOR ici qui dit: La
part du marché du Québec dans les dépenses touristiques
des Québécois: 1980, 47,9 %; 1986, 39,3 %; 1988, 31,8 % et 1990,
28,2 %. C'est donc dire qu'on ne peut pas dire que ça a
été constant, ou soit SECOR fait des études qui ne sont
pas valables, et on a dit au début que c'était faux, que
c'était une bonne compagnie. Et c'est là que vient mon argument:
dès qu'on abandonne, sur notre territoire, cette fierté,
indépendamment des partis politiques... Mais, si on accepte de vendre
à l'étranger la culture et la beauté de la nature du
Québec on le faisait antérieurement sur notre propre
territoire, ça rapportait de bons échos voici que,
maintenant, ça ne serait bon pour vous que pour l'extérieur, pour
les gens qui n'habitent pas le Québec, et ça ne serait pas
motivant pour les gens du Québec de revenir à 50 % de leurs
dépenses à l'intérieur? J'ai un peu de difficultés
à comprendre.
M. Vallerand: Pourtant, ce n'est pas difficile. Ce que j'ai
tenté de dire en réponse à votre conviction que, si on
jouait la fierté québécoise, on aurait peut-être
plus de succès, c'est que, moi, je suis tout à fait d'accord avec
vous, sauf que vous l'avez mis en perspective, cher collègue, en
m'adressant au président de cette commission. Vous êtes parti
d'une opinion politique, vous y avez droit, oui, mais, écoutez,
subtilement, vous avez parlé d'une rencontre Trudeau-je ne sais pas qui,
qui disait: Ne jouez plus aux compagnies étrangères la
fierté québécoise, et vous l'avez dégradée.
Et, après ça, vous avez dit: Labatt dit: «On est 6 000 000,
faut se parler», mais que le président de Labatt a
été foutu dehors, etc. Si ce n'est pas une opinion politique qui
campait la mesure de votre accent nationaliste pour jouer la promotion du
Québec, je voudrais bien que vous m'expliquiez après coup.
Alors, vous êtes parti. Je l'ai contourné, je ne l'ai pas
pris dans cette dimension-là, je ne l'ai pas situé dans cette
perspective-là, mais je l'ai compris comme ça, et je pense que...
À moins que ça soit le contraire, que ce que vous me disiez tout
à l'heure, c'est ce que vous vouliez dire. Et, moi, j'ai dit: cette
dimension-là, cette perspective-là, elle est normative, elle est
subjective, elle est sujette à appréciation, et vous y avez
droit, et j'ai le droit de penser le contraire, je parle de cette
appréciation politique, de la reprendre comme étant une
référence pour augmenter notre efficacité de promotion
auprès des Québécois, pour hausser leur fierté et
qu'ils dépensent plus; dans cette dimension-là, je suis circons-
pect.
Mais, si on élimine cette dimension politique là et on
dit: On joue à l'intérieur d'une compréhension de la
situation concurrentielle de l'industrie touristique à travers
l'Amérique du Nord, le Canada et l'Europe, mais davantage le
marché secondaire, primaire, qui sont les États-Unis, le Canada
et le Québec, de jouer l'axe culture-nature, de jouer sur la
fierté de l'excellence du produit touristique et d'en faire sa
démonstration, de jouer et de vanter la qualité de nos paysages,
de nos 18 régions touristiques et il y en a plus, on les a
admi-nistrativement divisées à 18, mais vous le savez, c'est
encore plus large que ça j'en suis, de le reconnaître d'en
faire la promotion. Et je pense que nos résultats sont tout aussi
probants que les résultats que vous pensez avoir obtenus dans les
années quatre-vingt en jouant sur cette fierté un peu
politisée, vous me permettrez l'expression comme telle.
Je regarde uniquement les résultats en France depuis 1985
à aujourd'hui où on joue la dimension culture: on a une
augmentation de 84 000 visites. Pas 85 000, 84 900. On est rendu à 253
000 et on avoisi-ne on n'a pas les chiffres de 1992, on était
au-dessus de 250 000 les 300 000 pour 1993. Ce n'est pas
négligeable. Je ne pense pas que nos actions de promotion soient
tellement loin des évaluations qu'on a faites au terme de
l'efficacité qu'on recherchait. C'est ce que je veux vous dire. Mais
ça ne nous exclut pas, et je veux bien qu'on se comprenne, là. Je
ne prétends pas que de mettre en veilleuse ou de ne pas faire appel
à la fierté des Québécois, ça nuit aux
résultats touristiques. Pas du tout.
Et je reviens à SECOR; 47 % des dépenses, est-ce que vous
me parlez de 1989?
M.Blais: En 1980,47,9 %.
M. Vallerand: moi, je vous ramenais à l'article que vous
avez publié dans le droit où vous mentionnez que la part
du québec dans les dépenses touristiques des
québécois était passée, je pense, le chiffre que
vous citez, c'est pas loin de 44 % ou quelque 43 à 31 % ou 32 %.
M. Blais: C'est 31,8 % en 1988.
M. Vallerand: À 32 % ou...
M. Blais: De 47,9 % à 31,8 % en 1988, si vous voulez ces
deux années-là. J'en ai d'autres.
M. Vallerand: bon! 1988. mais, en 1989, en tout cas, les chiffres
qu'on a, nous, pour la période correspondante, 1986 à 1990, ce
n'est pas une diminution de 44 % ou 41 % à 32 %, c'est une diminution de
34 % à 32 %. ce n'est pas une perte de 340 000 000$ et 17 000 emplois.
pour la période considérée, bien au contraire, les
recettes de l'activité touristique dans le marché
québécois ont augmenté de 180 000 000 $ pour la
période considérée.
Évidemment, si on avait maintenu notre pourcentage de l'apport du
Québec, des Québécois dans le marché
Québécois, à 34 %, ça aurait été 102
000 000 $ de plus. Ça veut dire à peu près 282 000 000 $.
Mais ce n'est pas ce que vous affirmez. Ce n'est pas une perte de 340 000 000
$. C'est une diminution de l'augmentation des recettes pour la période
considérée. Ce n'est pas négatif, ça. Il y a trois
façons de le mesurer. On peut avoir nos recettes totales qui augmentent
plus vite d'une année à l'autre. On appelle ça un rythme
croissant. Nos recettes augmentent moins rapidement. On dit un rythme
décroissant, ou les recettes diminuent en termes absolus et on dit que
c'est négatif. C'est trois mesures...
M. Blais: Avez-vous des chiffres?
M. Vallerand: ...et là, ce que vous disiez dans votre
article et ce que vous tentez de redire, c'est que c'est une perte
négative. bien au contraire, c'est une diminution de l'augmentation
imputable à la récession, mais on a augmenté. et, pour
tous les marchés confondus, m. le président, m'adressant au
député de masson, ça a été une augmentation
de plus de 1 000 000 000 $, de 32 % pour la même période
considérée, 1989-1990. ce n'est pas négligeable, en termes
de revenus. on aurait pu faire plus. n'eût été de la
récession, est-ce qu'on aurait pu faire plus, indépendamment de
la récession? je vous ramène au résultat de 1989 qui a
été un des meilleurs résultats de toute la décennie
de 1980, c'a été 1989 sur le plan du nombre de touristes, sur le
plan des recettes touristiques.
Donc, c'est important de souligner ces éléments-là,
parce que, quand on fait ça, M. le Président, on ne fait pas
ça pour tenter de vanter ces mérites ou ces réalisations
politiques; on le fait au nom de l'industrie, et Dieu sait que l'industrie en a
besoin. L'industrie a besoin qu'on fasse connaître ses
réalisations. L'industrie a besoin qu'on lui démontre qu'elle est
en croissance. L'industrie a besoin qu'on lui démontre également
que les opportunités à venir sont considérables. Ils ont
besoin de se faire dire qu'ils ont un excellent produit, etc. Et, moi, c'est
dans cet esprit-là que je compare les chiffres de M. le
député par rapport aux résultats concrets, factuels,
observables et vérifiables. (19 heures)
M. Blais: o.k. vous me parlez de 1986 à 1990. ça,
c'est comme... il y avait 40 % de décrocheurs en 1986 et il y en a 39 %
maintenant en 1990. on a fait un gain de 1 %. mon dieu, qu'on est bon! mais
oui, mais, en 1970, ça décrochait à 12 %. en 1980,
après avoir pris ça en 1970 à 27 %, 28 %, la politique qui
a été mise d'avant pour que les québécois voyagent
sur le territoire québécois a fait monter ça à
près de 50 % et, après que ça a été
abandonné, ça a tombé. c'est ça que je veux vous
faire comprendre. c'est donc dire que les principes que vous adoptez pour
vendre le québec à l'étranger, ce qui est la
différence, la différence du québec comparativement aux
autres provinces, et la nature et la culture, quand c'est le temps de le mettre
au québec... ce n'est pas moi qui suis partisan là-dessus. je dis
qu'il y avait des gens à ottawa qui avaient peur de réveiller
cette fierté-là et puis le parti libéral a endossé
cette politique-là en arrivant et l'a tenue au même rythme que
demandé par ottawa. moi, je ne crois pas que ça fasse monter ou
baisser la souveraineté ou les votes péquistes, c'est en dehors
de la partisanerie, ça. les dépenses au québec sont
descendues à 28,2 % en 1990 puis la souveraineté est à 55
%. ça n'a rien à voir avec ça; elle a monté depuis,
ça n'a rien à voir avec les partis politiques. ce n'est pas parce
que je suis politicien que je dis ça, c'est du côté
économique.
En Haïti, ils sont pauvres, vous auriez pu prendre Haïti. Vous
avez pris d'autres pays qui vont moins bien que nous autres. Vous auriez pu
prendre d'autre chose. Le problème, c'est que chaque pays, sur son
territoire, vante les gens de son territoire, leur donne de la fierté de
voyager dans leur nature qui est belle, quel que soit le pays. On a
renoncé à ça depuis que le Parti québécois
est parti et c'est néfaste pour l'économie. C'est ça que
je dis. Indépendamment qu'on soit fédéraliste ou
souverainiste, j'ai pris la peine de le dire, ça n'a rien à voir.
Vous hésitez encore à dire... Pour vous, d'exploiter la
fierté, c'est comme si c'était dangereux. Mais voyons donc! En
France, ils vantent les bienfaits de la cathédrale de Reims ou que
sais-je encore. C'est vanté dans les pays, ça. Voyons! Soyez
fiers de la tour Eiffel, venez la voir, ça se dit ça, pour les
Français en France. Ça ne veut pas dire qu'ils vont fusiller les
Allemands le lendemain matin, ça n'a rien à voir. Mais, ici, vous
ne l'exploitez pas au cas, au cas où ça rapporterait aux
adversaires politiques et, là-dessus, je tiens à vous
blâmer, j'ai le droit, j'ai le droit. C'est ça que j'ai dit, pas
autre chose.
M. Vallerand: Mais c'est à tort. Il n'a jamais
été dit qu'on ne voulait pas exploiter cette
fierté-là. C'est vous qui introduisez les standards de
référence. Ce n'est tout de même pas moi qui ai dit en
introduction à votre question, quand vous l'avez introduite au tout
début, de tabler davantage sur cette fierté-là... Vous
êtes parti d'une espèce de complot machiavélique du
fédéral.
M. Blais: C'est vrai, c'est vrai.
M. Vallerand: Bon, vous admettez que c'est vrai, alors admettez,
M. le député, que vous avez...
M. Blais: C'est vrai que le complot a eu lieu.
M. Vallerand: ...fixé des standards de
référence qui ne peuvent pas servir au genre de discussion que
nous avons. Moi, je ne crois pas à l'explication que vous donnez; vous
avez le droit d'y croire. Mais, en établissant un standard de
référence comme ça, tout ce que je vous ai dit, c'est que,
nous, on veut tabler sur la fierté des Québécois. Notre
responsabilité, comme gouvernement... Parce que, «Le
Québec, c'est les vacances», ce n'est quand même pas un
slogan qui ne fait pas appel à la fierté des
Québécois. C'est le slogan du
ministère.
M. Blais: Où, où, où?
M. Vallerand: Mais partout.
M. Blais: Non, non, mais qu'elle fierté? «Le
Québec, c'est les vacances». L'Ontario, c'est les vacances;
Madrid, c'est les vacances; Acapulco, c'est les vacances. Quand on n'est pas en
commission, on est en vacances, il n'y a pas de fierté là-dedans,
là.
M. Vallerand: Bon, en tout cas, nous, quand on n'est pas en
commission, on travaille. Mais, de toute évidence, je pense qu'on ne
pourra jamais rejoindre vos standards au niveau de l'utilisation d'une
fierté parce qu'elle est directement campée à votre
ambition d'un nationalisme qui vise la séparation du Québec du
reste du Canada. Alors, je le sais très bien, vous y avez droit. La
formation le défend, mais on ne peut pas utiliser ce standard-là,
nous, dans nos publicités, parce que, puis vous l'avez dit, même
si c'était le cas et j'espère que ça ne le sera
jamais parce que c'est un non-sens économique, en autant que je suis
concerné, là c'est que le rôle du ministère
du Tourisme, c'est davantage un rôle qui vise à soutenir l'action
de nos entreprises en fonction des impératifs de marché.
Ça n'exclut pas, bien au contraire, de tabler sur une notion de
fierté quand on fait des efforts de promotion à
l'intérieur du Québec. Ça n'exclut pas ça, bien au
contraire. Regardez nos brochures de publicité. On a un guide qui est
distribué aux États-Unis...
M. Blais: Non, parlons interne, là.
M. Vallerand: Non, il y a 400 références
culturelles du Québec dedans, là.
M. Blais: C'est de l'interne qu'on parle; externe, c'est une
autre chose. Interne, juste interne.
M. Vallerand: Dans notre fierté, nous, on est universel.
On est interne aussi, mais on est externe. C'est ça que j'essaie de vous
dire là. On est aussi interne. Et «Le Québec, c'est les
vacances», l'ensemble des moyens de publicité qui sont
utilisés, on met l'accent sur la fierté du résultat de la
qualité du produit touristique, l'excellence des destinations, mais, si,
comme député de l'Opposition, M. le député, vous me
demandez de rejoindre vos standards qui sont ceux que vous avez
explicités tout à l'heure, qu'il faudra s'accommoder d'un
pseudo-machiavélisme politique à l'extérieur du
Québec, qui fait qu'on veut atténuer nos ardeurs parce que, si on
est trop ardent ici, ça nuit à la Fédération
canadienne, moi, je ne crois absolument pas à ça. Je dis: Vous
avez le droit à votre opinion, c'est normatif, c'est subjectif, mais ne
me demandez pas d'incorporer des standards comme ça quand on va
élaborer nos politiques de promotion touristique. Voyons donc! C'est
ridicule!
M. Blais: en commission parlementaire, le mémoire
présenté à la commission de l'éducation par
l'association touristique du québec, dit ceci à la page 9:
«les québécois voyageant au québec. en 1990, les
québécois voyageant au québec ont dépensé 1
400 000 000 $, soit 34 % de nos recettes touristiques. le poids de ce
marché est à la baisse depuis 1980, alors qu'il
représentait une part de plus de 51 % de nos revenus touristiques
totaux. de meilleures conclusions sont plus que possibles.»
La question, si on ne veut pas parler de fierté, moi, je dis que
c'est à cause qu'on a arrêté d'exploiter la fierté
des Québécois que c'a baissé de façon dramatique.
Vous ne voulez pas en parler, vous n'y croyez pas, laissons-les tomber,
point.
M. Vallerand: Ça fait une heure qu'on en parle, Yves.
M. Blais: Non, mais n'en parlons plus. Ça ne fait pas une
heure quand même. N'en parlons plus.
Dites-moi maintenant quels sont les efforts que le ministère du
Tourisme fait, depuis 1985, pour rejoindre les standards de 51 % des
dépenses des Québécois au Québec, et de quelle
façon va-t-il s'y prendre pour le faire remonter à ce point que
la publicité antérieure l'avait fait monter?
M. Vallerand: C'est parce que vous confondez plusieurs choses, je
pense.
M. Blais: Comme quoi?
M. Vallerand: Pas négativement, là. Bien,
c'est-à-dire, en tout cas, peut-être pas confondre, vous isolez
une variable que vous considérez très importante dans le
résultat de l'objectif de faire en sorte que les Québécois
prennent des vacances davantage au Québec.
M. Blais: Oui, Oui.
M. Vallerand: Vous isolez la variable de la fierté, de
façon singulière, au niveau de la promotion. Et je ne dis pas que
ce n'est pas un facteur important, mais c'est un facteur parmi d'autres,
peut-être plus important que d'autres. Le fait qu'on ait une culture
française en Amérique, je pense qu'il faut tabler
là-dessus et qu'il faut l'utiliser au maximum sur les marchés
étrangers. Il faut également, je pense, sensibiliser nos
Québécois à cette fierté-là. Ils le sont
déjà d'ailleurs. Ce n'est pas le rôle du gouvernement.
C'est très prétentieux de penser qu'on peut sensibiliser les
autres davantage que nous le sommes. Les gens ne sont pas bêtes, les gens
sont sensibilisés aussi, et je n'ai jamais eu cette
prétention-là de penser que les autres sont moins
sensibilisés que moi. Chacun a sa façon de voir les choses. Mais
c'est une variable parmi d'autres.
Vous avez, M. le député de l'Opposition, en m'adressant
à vous, M. le Président, la dimension de la concurrence
également qui est extrêmement importante.
Vous avez une autre variable extrêmement importante qui est celle
des revenus, et c'est le propre de tous les pays industrialisés: plus
vos revenus augmentent, les revenus réels, plus les gens visitent
ailleurs. C'est le cas de tous les pays industrialisés, aussi fiers
soient-ils de ce qu'ils sont comme tels. C'est même historique tellement
c'est observable. Bon.
Vous avez aussi le phénomène des tendances dans
l'industrie. Vous le savez, on constate la venue de touristes venant d'autres
régions, de façon considérable pendant deux ou trois ans.
Tout à coup, oups! il y a une perte du marché et c'est une
recrudescence d'un autre marché.
Vous avez le facteur du taux de change qui n'est pas propre qu'au Canada
je pense qu'on peut prendre celui du Canada parce qu'il est très
volatile depuis quelques années qui affecte les
clientèles, qui affecte non seulement les clientèles qui
viennent, mais les clientèles du Québec qui vont ailleurs. Quand
il y a un affermissement du dollar, il est moins dispendieux de voyager
ailleurs, donc vous voyez plus de Québécois aller ailleurs. Quand
le dollar diminue, et on le constate encore cette année et l'an dernier,
plus le dollar est faible moins les Québécois voyagent, c'est
plus dispendieux d'aller ailleurs.
J'aimerais ça qu'on puisse prendre en considération, M. le
député, pour éclairer notre débat, pour informer
tout le monde, qu'il y a plus qu'une variable.
Alors, si on prend en considération l'ensemble de ces
variables-là, on peut peut-être trouver une explication à
certains fléchissements ou à certaines augmentations. On ne
s'attribue pas tous les succès. Quand on a des succès, ce n'est
pas une variable isolée de l'action gouvernementale comme je le disais
tout à l'heure. C'est le secteur privé, c'est un ensemble de
facteurs qui influencent une conjoncture qui favorise le résultat.
Et je pense que, quand vous regardez la diminution des dépenses
des Québécois au Québec, je ne dis pas que vous n'avez pas
raison de le citer, mais je ne pense pas que la solution passe uniquement par
une action de promotion qui vise à exacerber ou, en tout cas, à
augmenter la fierté. Je ne dis pas que c'est négligeable, mais je
pense qu'il faut prendre en considération, si on veut être
très responsable, d'autres considérations comme celles que j'ai
énumérées tout à l'heure pour arriver aux
résultats que vous anticipez qui sont tout à fait nobles, et je
pense que je les partage, de voir les dépenses des
Québécois au Québec augmenter. (19 h 10)
M. Blais: mais ceci, le fait que les québécois
voyagent beaucoup moins chez eux, ça accentue le déficit
touristique du québec. l'industrie touristique québécoise
est en déclin, ça c'est sûr. depuis plusieurs années
déjà, elle traverse des moments pénibles. cette situation
est due en grande partie au fait que les québécois ont
diminué leurs voyages au québec la grande partie est
là. ce n'est pas le seul facteur, mais c'est un des principaux facteurs:
les québécois ne voyagent plus chez eux. plutôt que de
voyager chez eux à 50 %, 51 %, ils voyagent à 28 %, 30 %, et
c'est énorme la différence que ça fait, c'est
énorme, et ceci, d'après moi, c'est la promotion, qui est le
principal facteur, qui est mal ciblée, qui est trop craintive et qui est
frileuse. En effet, on observe que les touristes québécois ont
une attitude rébarbative face au tourisme québécois en
raison, notamment, de toutes ces taxes. Bien sûr, les taxes n'ont pas
aidé, c'en est un des facteurs, je vous le concède. Alors qu'on
enregistrait, au milieu des années soixante-dix, une augmentation
significative des voyages faits au Québec par les
Québécois, nous assistons, depuis 1980, à un déclin
progressif de la part du marché au Québec comme destination
touristique de nos concitoyens. le même phénomène de
diminution prévaut concernant la part relative aux dépenses
effectuées par les touristes québécois chez eux. depuis
1986, la part que détient le québec, dans les dépenses
touristiques totales des québécois, est passée de 40 %
à 31,8 %, ce qui représente des pertes évaluées
à 340 000 000 $ pour la seule année 1989. en termes d'emplois
perdus, cette perte se chiffre à environ 7000 emplois des 8000
faits tantôt, vous en perdez 7000 par ça directement par la
baisse, juste la baisse de touristes québécois qui voyagent au
québec. on disait que 8000 emplois c'était...
M. Vallerand: C'était extra.
M. Blais: Mais c'est vrai que c'est extra, mais on en perd 7000
de l'autre main, et 2000 en emplois indirects. On est 1000 en dessous. Plus
précisément, en 1990, cette part est passée à 34 %
de nos recettes touristiques, pour un montant qui dépasse 1 400 000 000
$. Le poids de ce marché est donc à la baisse depuis 1980, alors
qu'il représente une part de plus de 51 % de nos revenus touristiques.
Je le disais tantôt, en termes moins précis.
En consultant les statistiques, nous sommes à même de
constater que la balance au compte touriste se détériore sans
cesse, faisant ainsi jongler le déficit de cette industrie à
chaque année. Au début des années soixante-dix, le
déficit touristique du Québec se chiffrait à environ 6 000
000 $, pour atteindre à la fin de cette décennie la
décennie soixante-dix 206 000 000 $. Le déficit est de 290
000 000 $ en 1980, de l'ordre de 462 900 000 $ en 1986. De fait, les touristes
québécois dépensent à cette date plus à
l'intérieur du Canada à 1 271 000 000 $. 1 270 000 $,
excusez-moi, ce n'est pas des milliards, c'est un million. Excusez-moi, M. le
Président, si je vous dérange, vous êtes bien
attentif...
Le Président (M. Audet): Pas du tout, je vous
écoute, M. le député.
M. Blais: ...que ne le font les étrangers en province, 808
200 000 $. Le solde du bilan touristique s'avère négatif depuis
1983, 111000 000$. Il s'est accru régulièrement, sauf en 1982,
où il a baissé de 288 000 000 $. Depuis 1984, c'est entre le
Québec et les pays étrangers que le déficit se
révèle le plus élevé. En 1986, le déficit se
chiffrait à 303 000 000 $, alors
que celui avec les USA se chiffrait à 159 000 000 $. De 580 000
000 $ en 1987, il passe à 837 000 000 $ en 1990, à 1 200 000 000
$ en 1991 et, pour 1992, les chiffres qui sembleraient disponibles, mais non
publiés, près de 2 000 000 000 $. On parle de 1 700 000 000 $, et
certains parlent de 2 000 000 000 $. On ne les a pas, mais, apparemment, c'est
beaucoup plus près de 1 700 000 000 $ que de 1 200 000 000 $.
À noter que le déficit des années quatre-vingt-dix
a dépassé toutes les prévisions. On croyait qu'il
atteindrait 700 000 000 $, alors qu'il a plutôt dépassé les
800 000 000 $. Depuis 1986, le gouvernement libéral a contribué a
faire tripler le déficit, et même à le quadrupler,
puisqu'on croit qu'il atteindra les 2 000 000 000 $ peut-être en 1992 ou
en 1993. C'est que, si on le regarde en tableau, 1985, le déficit
était de 426 000 000$; en 1986, 463 000 000$; en 1987, 586 000 000$; en
1988, 634 000 000$; en 1989, 685 000 000$; en 1990, 1040 000 000$; en 1991, 1
151 000 000 $. Ça, c'est les chiffres du ministère du Tourisme
publiés, présentés du côté international, et
on dit qu'en 1992 c'est non disponible.
Alors, des petites questions bien simples à poser
là-dessus. C'est bien sûr que, si on se base sur certains
énoncés que plus un pays s'enrichit, plus les gens sont riches,
plus son déficit est gros, on doit être «mosusment»
riche au Québec. C'est faux qu'il y a 1 200 000 personnes qui ne
travaillent pas, là, sur le bien-être ou sur le BS, etc. Ça
fait que les autres doivent être riches en torvice parce que le ministre
nous soutient que plus on est riche, plus on voyage et plus le déficit
est gros. Il y a un peu de vrai dans certaines circonstances, mais ce n'est pas
juste ça. Il doit y avoir certainement aussi, là, d'autres
facteurs. Et je crois que l'insuffisance des budgets du ministère,
d'après moi, pourrait être un facteur, parce que, si le budget
diminue de 12 400 000 $ depuis 1985, c'est certainement un des facteurs qui
fait que vous manquez d'argent en promotion, vous n'avez pas d'argent, ni
à l'extérieur, de façon suffisante, ni à
l'intérieur, de façon suffisante, ce qui expliquerait, pas tout,
mais une part de ce déficit qui s'accentue de façon presque
catastrophique.
M. Vallerand: Bon, c'est un fourre-tout un peu cette
référence au déficit, qui paraît facile à
certaines personnes pour expliquer à peu près n'importe quoi.
Vous écriviez... puis je vous en remercie, moi, ça m'a valu deux
photos: ma première photo pour dire que l'industrie touristique
québécoise est en déclin et, moi, je vous ai
répondu et ils ont remis ma photo pour pouvoir dire que
l'activité économique était prometteuse.
M. Blais: Ils auraient dû mettre la mienne, ça
aurait peut-être relevé l'article.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: En tout cas, ils ont choisi la mienne. Probablement
qu'ils ont décidé autrement que vous pensiez.
M. Blais: Bien oui!
M. Vallerand: O.K. C'est objectivement dit, ça. Et, dans
le même article, vous parliez que la part des dépenses des
Québécois dans le marché québécois passait
de 40 % à 31,8 % sur la période 1986 à 1990, que cette
diminution de la part des dépenses des Québécois dans le
marché québécois se traduisait par une perte de 340 000
000 $ sur le plan des revenus et de 7000 emplois sur le plan direct et 2000 sur
le plan indirect.
D'abord, je veux mettre ça en relief. C'est bien important pour
moi parce que, de dire quelle industrie touristique québécoise
est en déclin, je trouve ça épouvantable.
M. Blais: C'est vrai.
M. Vallerand: Si on veut aider notre industrie touristique...
Surtout quand ce n'est pas vrai. C'est ça que je trouve un peu
déplorable. Ce qui m'a amené à répondre et, eux,
ont traduit mon article en disant: Une activité économique
prometteuse, et c'est ce qui est le cas. parce que, cette part-là de 40
% en 1986, m. le député, elle n'est pas passée de 40 %,
comme vous l'indiquez ici, à 31 %, elle est passée de 34 %
à 32 %. ça fait toute une différence, en autant que je
suis concerné. ce n'est pas 340 000 000 $, puis que vous qualifiez de
perte. et puis, là, on va s'expliquer sur la notion de
«perte», je pense qu'on ne calcule pas de la même
façon. je suis prêt à entendre des experts
extérieurs à nos compétences pour savoir lequel des deux
compte le mieux.
M. Blais: Prenez votre temps, l'audience est assez forte, prenez
le temps d'expliquer ça, parce que, s'il fallait qu'il n'explique pas
ça...
M. Vallerand: C'est ça, 340 000 000 $ de perte, qui vient
rejoindre le titre «en déclin», qui va contre les
intérêts de l'industrie, parce que, évidemment, nos
adversaires concurrentiels sur d'autres régions s'en servent pas mal. La
première des choses, c'est ça que ça a comme impact.
C'est de 34 % à 32 %. L'augmentation des recettes provenant des
dépenses des Québécois au Québec pour
l'année considérée, celle que vous citez dans l'article, a
été de 180 000 000 $, non pas une perte de 340 000 000$, 180 000
000$. Le nombre d'emplois maintenus pour la période
considérée est à peu près de 15 000 emplois. Si
notre part de marché s'était maintenue à 34 %,
c'est-à-dire 2 % de plus que la perte qu'on a obtenue à cause de
la récession économique, c'est 102 000 000 $ de plus de revenus
de plus. Ça veut dire ceci, M. le député, ce n'est
pas en déclin ça, ça veut dire que les recettes de
l'industrie touristique au Québec ont augmenté, mais à un
rythme décroissant. Mais elles ont augmenté, pas diminué.
C'est la diffé-
rence entre votre compréhension à votre calcul et la
mienne.
(19 h 20)
Ce n'est pas 9000 emplois, c'est à peine 2000 emplois, 1700, 1697
emplois, selon nos indicateurs du modèle intersectoriel, si les recettes
avaient été de 2 % de plus au Québec. C'est incroyable,
là. Les chiffres sont là puis on titre que l'industrie
touristique québécoise est en déclin. Nos entrepreneurs,
nos concurrents... On a été obligé d'écrire une
lettre à tout le monde pour corriger la situation. Ce qui est plus
grave, M. le député, vous le constatez, c'est que les adversaires
dans les marchés concurrentiels s'en servent: Eh! n'allez pas au
Québec. Regardez, c'est en déclin. C'est en déclin,
ça veut dire que la qualité du produit n'est pas bonne,
l'hébergement n'est pas bon, la nourriture n'est pas bonne. Il y a bien
des choses qui sont en déclin. Ce qui est en déclin... Est-ce
qu'on fuit ce qui décline? Et c'est le message que vous passez dans nos
destinations concurrentielles. Je trouve ça très grave, à
mon avis, quand la situation est tout à fait contraire: augmentation sur
le plan des recettes internes, augmentation sur le plan des recettes externes.
O.K.? De 2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $, avec les chiffres là,
avec les pourcentages, les décimales, à peu près 32 %
d'augmentation pour la même période, tous marchés
confondus. Est-ce que c'est là une industrie en déclin? Bien au
contraire. C'est une industrie en progression. bon. on ramène la fameuse
dimension du déficit touristique et on fait dire à peu
près n'importe quoi à la notion de déficit touristique
comme telle. si la notion de déficit touristique est si importante pour
le député de masson, j'aimerais lui faire remarquer que la part
du déficit québécois dans le déficit international
canadien, m. le député, en 1977, était de 24 %. savez-vous
à combien est cette part actuellement? 15 %. on l'a diminuée
après vous autres. donc, dans la logique de l'importance du
déficit, ça vient contredire un peu les affirmations que vous
faisiez. mais ça, vous pouvez le faire. vous avez le droit à
votre opinion, mais je vous mettrais en garde. faites attention quand vous
l'écrivez parce qu'il y a des journaux qui s'en servent pour dire: en
déclin, puis nos adversaires, sur nos marchés concurrentiels,
s'en servent pour dire: aïe vous savez comment ça s'exerce
les forfaits, les agences de voyages concurrentielles en ontario, au canada
n'allez pas là, c'est en déclin; la qualité de
l'hébergement a baissé, la nourriture n'est pas bonne. vous
comprenez, les gens n'y vont pas. ils s'en servent comme ça. je le sais
que vous ne l'avez pas fait dans ce but-là, mais c'est comme ça
que les adversaires s'en servent.
M. Blais: Ce n'est pas ça qui est marqué non
plus.
M. Vallerand: Est en déclin.
M. Blais: C'est marqué en déclin oui, parce qu'un
ministre qui semble être en déclin avec son budget...
M. Vallerand: Bien non, ce n'est pas vrai.
M. Blais: C'est marqué qu'on a de bonnes institutions.
Aïe! Un instant! Wo!
M. Vallerand: M. le Président, arbitrez un peu le
débat. Je viens de vous donner les chiffres à l'appui. Les
recettes sont en croissance. Vous dites qu'elles sont en diminution. Eux
titrent: En déclin. Ce n'est pas vrai. En croissance. Ils retitrent:
Elle est prometteuse. Mais, rassurez-vous, on a fait l'équilibre. On a
dit: Écoutez, on ne peut pas laisser passer ça. Pas parce que
c'est M. Blais qui l'a écrit, mais parce que le titre peut nuire
à nos clientèles touristiques. Alors, on a fait la contrepartie.
Espérons que les conséquences ne seront pas aussi graves que
celles qu'on espère. Parce que la concurrence s'en sert, vous le savez
très bien. Ils s'en servent: N'allez donc pas là, ça ne
marche pas dans ce coin là. Surtout quand ce n'est pas vrai. Faites
attention à ça, la prochaine fois. Appelez-moi, appelez-moi. Je
vais vous donner les chiffres. Je vais vous expliquer la bonne situation
prometteuse de cette industrie. Ça va normaliser les choses, puis on va
faire attention à nos déclarations publiques pour ne pas nuire
à l'industrie. Si vous voulez venir, moi, ça ne me fera rien, je
suis là pour ça. Mais faisons attention. Parce qu'ils font des
efforts considérables, M. Blais. Vous le savez, M. le
député, comme moi. lundi, je vous ai manqué d'ailleurs, le
club automobile canadien remettait ses quatre diamants. vous savez que c'est
une distinction assez particulière, quatre diamants, dans l'industrie
touristique. en tout cas, je vous renseigne, là. puis sachez-le, puis
informez-vous. c'est très important et c'est très primé.
ils priment l'ensemble des hôtels et des restaurants à travers le
canada à chaque année. je peux me tromper de un ou deux,
là. dans le domaine de l'hôtellerie ils ont donné des
quatre diamants. sur 144 hébergements qui ont été
recensés par le club automobile canadien à cause de certains
critères, ils ont des critères pour les désigner, il y en
a à peu près 54 qui viennent du québec. plus que 30 %.
incroyable! incroyable! je pense que c'est la signification de la
qualité de notre hébergement au québec. exceptionnelle,
davantage en moyenne qualitative que l'ensemble du canada.
Les restaurants. Us ont recensés, par rapport à certains
critères de table, formation des chefs, etc., qualité de la
cuisine, menus, à peu près 54 restaurants à travers le
Canada et 30 ont été primés au Québec.
M. Blais: Si c'est 53, je vais faire un article. Attention!
Attention!
M. Vallerand: Non, mais ne vous moquez pas de ça. Non,
mais faites attention parce que je pense que c'est important. Ça traduit
la qualité de notre équipement touristique au Québec; 34,
c'est plus de 50 % dans le domaine de la restauration. Ça, ça en
est un élément de fierté sur lequel on joue, puis on
conjugue quand on vend nos produits non seulement au Québec, mais
à
l'extérieur du Québec. Et, quand on écrit des
choses semblables, on passe un message à l'extérieur du
Québec comme quoi c'est le contraire de la réalité. Ce
n'est pas le ministère du Tourisme, là, c'est le club automobile
du Canada, M. le député, lundi dernier, à
l'Inter-Continental, et c'est moi qui les ai remis, avec un représentant
de la ville de Montréal. C'est important, ça. on a une
qualité du produit touristique exceptionnelle au québec. bon
dieu! faisons en sorte, conjuguons nos efforts pour le faire connaître
ailleurs, puis, ce faisant, d'amener davantage de touristes, mais pas en
dénigrant les efforts que l'industrie fait, surtout pas. je ne pense pas
que ça soit votre volonté fondamentalement. dans vos excès
de critique que je comprends très bien, des fois, vous vous
égarez, mais je vous y invite de façon sympathique et amicale,
appelez-moi, m. le député, je corrigerai la situation et on
évitera les abus.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Mas-son.
M. Blais: Je ne suis pas assez égocentrique et introverti
pour avoir amené le seul article qui ait paru sur moi depuis longtemps,
avec le faciès du ministre, mais je n'aime pas que vous disiez, et je ne
sais pas pourquoi vous faites ça: M. le député, que vous
descendiez le milieu, c'est effrayant ce que vous faites là. Pourtant,
on a des bons restaurants, des bons hôtels. Sur cet article-là,
monsieur, j'ai dit que c'était en déclin. Si je disais le
ministère, son budget est en déclin, est-ce que ça serait
vrai? Il me semble que oui. Il me semble que ça serait vrai. C'est pour
votre figure, je vais le montrer, je la vois déjà.
M. Vallerand: Prenez juste le titre. Ce n'est pas moi qui l'ai
écrit.
M. Blais: C'est en déclin.
M. Vallerand: C'est de l'industrie dont vous parlez.
M. Blais: C'est en déclin.
M. Vallerand: Ce n'est pas vrai. Prenez les chiffres, ce n'est
pas vrai.
M. Blais: C'est en déclin. En autant que je me souvienne,
je ne me rappelle pas de ça par coeur, j'ai dit: C'est malheureux que
ça soit en déclin comme ça. C'est parce qu'il y a un
manque, quelque part, de support de l'État et du ministère, parce
que nous avons ce qu'il y a de meilleur en nourriture, nous
concurrençons avec tout le monde du côté accueil, etc. Je
suis certain que c'est dedans. Alors, n'allez pas dire, de façon
démagogique, que, par cet article-là, je critique le milieu
touristique québécois. Je suis prêt à en prendre en
masse.
Imaginez-vous donc, si vous aviez eu plusieurs articles, vous auriez
fait une crise cardiaque. Juste un et vous êtes dans tous vos
états. Avec votre photo en plus! Mais, je m'excuse, si, la prochaine
fois, j'ai un article avec ma photo, je vous jure...
M. Vallerand: Envoyez-la-moi.
M. Blais: ...je vais aller vous voir pour m'excu-ser d'avoir un
article. Et, si vous avez un critique qui ne vous frappe pas, s'il y a un
critique en Chambre qui ne passe pas son temps à vous frapper, je pense
que c'est moi. J'essaie de faire...
M. Vallerand: Je ne vous accuse pas de ça, monsieur.
M. Blais: Mais, Seigneur, s'il faut que je fasse comme vous, vous
aider à vous bomber le torse et à vous tirer les bretelles, je
pense que vous le faites assez suffisamment vous-même sans que j'y
participe.
M. Vallerand: Je n'en ai pas. Ce n'est pas vrai, je n'ai pas de
bretelles.
M. Blais: Mais pardonnez-moi d'avoir fait un article dans un
journal durant l'année qui vous a vexé. J'espère que
l'année prochaine vous allez être très vexé, je veux
en faire plusieurs. Parce que c'est vrai que, sous votre administration, le
tourisme perd de son impact économique, et c'est malheureux. Pas
à cause de la qualité de la nature que nous avons à
présenter aux gens, pas à cause de l'accueil que nous faisons
à nos visiteurs, pas à cause de la qualité de nos
hôtels, de nos auberges et encore moins de notre table, mais à
cause et j'ai toujours dit ça, et vous le savez d'une
politique frileuse, réfractaire à ce que nous sommes.
Une voix: Nordiques.
M. Blais: Vous avez la peur de ce que nous sommes, au cas
où ça viendrait blesser des sentiments viscéralement
profonds qui vous habitent, qui sont géographi-quement différents
des miens.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est ça le problème réel. Vos
sentiments en politique sont géographiquement différents des
miens. Je suis un Canadien géographique, vous êtes un Canadien de
coeur, et je suis un Québécois de coeur et vous êtes un
Québécois géographique.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est ce qui nous différencie. Mais on a le
droit à ça. Nous avons le droit à ça.
Si vous le permettiez, M. le Président, et si M. le ministre le
permet, j'aimerais beaucoup faire une courte pause santé, ne
fût-ce que pour aller voir si la ville a
encore un bon système d'eau. Des voix: Ha, ha, ha! M.
Vallerand: Et surtout courante!
Le Président (M. Audet): Alors, nous allons suspendre nos
travaux. Cinq minutes, c'est suffisant?
M. Blais: Oui, quelques minutes.
Le Président (M. Audet): Alors, les travaux de la
commission sont suspendus pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 30)
(Reprise à 19 h 42)
Le Président (M. Audet): Nous allons reprendre nos
travaux. Je vous rappelle que nous sommes toujours à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Tourisme pour
l'année financière 1993-1994.
M. le député de Masson, vous avez la parole.
M. Blais: pour terminer et clore le déficit touristique,
moi, je suis complètement d'accord sur une partie de la réponse
de m. le ministre. c'est qu'il n'y a pas juste le facteur promotion. il n'y a
pas juste le facteur voyages internes d'un pays qui fait que le déficit
est élevé. mais il y a des limites aussi à un
déficit. et, quand on voit que, de façon interne, les voyages, de
1980 à 1990, sont passés à peu près de 50 %
à 32 %, ou 34 %, ou 31 % ou 33 % je vous donne le chiffre que vous
voulez; secor nous donne 28 %, mais vous prendrez le chiffre que vous voudrez
c'est une baisse très significative, très significative.
et je soutiens que la publicité, la promotion interne est un
très, très grand facteur du fait que les québécois
voyagent moins sur le territoire québécois. et je crois que le
ministère aurait tout intérêt à réviser
je sais qu'il fait attention à la hausse la valeur de sa
promotion au québec et à ne pas fuir comme la peste les
réclames qui font appel à la fierté du québec pour
que les québécois le visitent. je dirais ça en conclusion
de cette partie-là.
Centre des congres de Québec
Si vous le permettez, j'aurais quelques petites questions sur le Centre
des congrès de Québec. J'ai un petit préambule, si vous
permettez, M. le Président. Après des années
d'hésitation, de commissions, de rapports, le gouvernement du
Québec, la ville de Québec et le gouvernement
fédéral en sont venus à une entente relativement au choix
du site pour le futur Centre des congrès de Québec. C'est une
très bonne nouvelle pour le monde touristique, c'est une excellente
nouvelle pour Québec, et il était temps. C'a été
long, mais, quand ça aboutit, c'est vrai que c'est bon, et ça va
aider à ce que le ministère ne décline plus et que le
tourisme soit moins en déclin, le fait que le palais des congrès
arrive.
En somme, ce qu'il est convenu d'appeler la proposition Trizec a
été retenue avec modification. Le nouveau site projeté
débordera sur le complexe actuel de Place Québec dont une minime
partie sera démolie et reconstruite pour répondre aux besoins du
futur Centre des congrès.
La décision quant à l'amphithéâtre qui
pourrait être aménagé sur l'emplacement de la salle de
congrès actuelle ne sera analysée qu'à la fin des travaux
de construction. Nul besoin de rappeler que les congrès sont importants
pour toute l'industrie touristique de Québec. Il ne fait aucun doute que
le nouveau Centre des congrès va aider tous les intervenants. C'est
d'ailleurs la ville de Québec qui est la destination la plus
recherchée au Canada pour les congrès. Et c'est une raison
valable. C'est une des raisons qui ont motivé, enfin, une
décision positive sur le nouveau palais des congrès.
Pour 1992, le taux d'occupation des hôtels, pour l'ensemble de la
région de Québec, a été de 51,2 %, ce qui est
légèrement supérieur à la moyenne provinciale de 47
%. Et ça, il faut toujours dire, et M. le ministre le sait, que, quand
on dit que c'a été 51,2 % du taux d'occupation à
Québec, ce sont les chambres déclarées.
Souvent, dans le milieu, autant dans la restauration que dans
l'hôtellerie, les chiffres déclarés et les chiffres
réels peuvent être très, très différents. Ce
serait de bon aloi que quelqu'un au ministère cherche, de connivence
avec le ministère du Revenu, une façon positive, non injuste et
non rétroactive, d'avoir les vraies figures, les vrais chiffres, le vrai
nombre de repas servis dans des restaurants et le vrai nombre de chambres
d'hôtel occupées. On se laisse dire, dans certains milieux, et je
parle de l'expérience de la vie, dans ce milieu-là, on se fait
dire partout... Je me souviendrai toujours, il y a quelques années,
l'hôtel du CN, le Reine-Élisabeth, avait deux jeux de
comptabilité: un pour les inspecteurs d'impôt et un quand la
compagnie venait voir ses vrais revenus le CN. Non, mais c'est rendu
loin, là, quand on y pense. C'est bien sûr que, dans le milieu
dans lequel on oeuvre, on est plus porté à mettre des
enquêteurs sur un type qui reçoit 458 $ de bien-être social
plutôt que 446 $. C'est énorme. On a plus d'inspecteurs pour voir
à ça. Mais sachons que, dans beaucoup de monde de l'industrie, il
y a des pas à faire, et ce n'est pas péjoratif de dire: J'ai une
mauvaise idée... Je vois le ministre arriver, là. Il va ressortir
ma photo, là, et il va repartir... Non, non. Non, je ne veux pas, mais
je suis...
M. Vallerand: Ha, ha, ha! Pas de projection, M. le
député.
M. Blais: ...persuadé que vous savez que, dans ce
monde-là, il y a beaucoup d'établissements qui ont des doubles
livres beaucoup et ceci nous donne des figures curieuses. Et tu
vas voir certains hôtels où il n'y a pas plus de monde une
année, mais il y a eu des
inspecteurs qui sont venus durant l'année, leur occupation monte
et ils ont des fois diminué réellement. Et je suis
persuadé que vous le savez. J'en suis persuadé. Avoir
été président de la chambre de commerce comme vous l'avez
été, vous êtes au courant de tous les trucs du
métier. Alors, que le ministre ne vienne pas me dire qu'il n'est pas au
courant des trucs du métier. Il le sait. Bon! Excusez-moi cet
aparté, mais je pense qu'il était de bon aloi.
Ça ne veut pas dire que tous les gens de l'hôtellerie et de
la restauration sont des gens qui font ça; ce n'est pas ce que je dis.
Mais ceux qui travaillent au ministère, vous savez de quelle
façon ça fonctionne. Ceux qui ne le savent pas mangent toujours
à la maison. Depuis près de quatre ans, l'association des
hôteliers du district de Québec milite ardemment en faveur de
l'implantation d'un nouveau centre des congrès. Au dire même de
son président, il s'agit assurément d'un atout majeur et
essentiel pour la région de Québec. Également, les
congrès constituent la clé de voûte du Château
«Frontenac». Je dis «Frontenac» depuis que je suis
allé à Paris. Je disais «Frontenac» comme tout le
monde avant, mais ils disent: On dit «tabac», il faut dire
«Frontenac», monsieur. Alors, je dis «Frontenac»
maintenant. Et puis j'ai dit: Est-ce que tous les mots en «ac» se
prononcent comme ça? Elle m'a dit: Oui. J'ai dis: En «vrac»
ou en «vrac»?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Elle m'a répondu «en vrac», mais...
M. Vallerand: II y en a un «Frontenac»...
M. Blais: Ils disent «Frontenac». Je suis
resté très surpris, parce que, nous, on est habitué avec
les mots en «ac»...
Des voix: Ha, ha, ha!
(19 h 50)
M. Blais: «En vrac», on est habitué à
le dire de cette façon. Je suis resté un peu ébahi. Alors,
j'aurai quelques questions à vous poser, M. le ministre, sur ce palais
des congrès. Et ça, c'est un beau moment de cette étude
des crédits, parce que c'est quelque chose de très positif. C'est
bien sûr qu'on va essayer de savoir si ça va bouger plus que
ça bouge là, mais c'est un très beau moment des
crédits. C'est vraiment, là... Là, vous pouvez dire que
c'est une belle chose; c'est la seule, mais il faut le dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: II faut le dire, et, quand c'est vrai, je le dis avec
plaisir...
M. Vallerand: On les enregistre, les motions de
félicitations, M. le député. Il me l'a dit
tantôt.
M. Blais: C'est une belle chose, c'est une chose positive. Bon.
Quels sont les échéanciers exacts pour tout le projet dans son
ensemble? On parlait d'une mise en chantier dès ce printemps, et il
semblerait que ça ne commencera certainement pas ce printemps. Tout
d'abord, dans ce sens-là, une petite question là-dessus.
M. Vallerand: Juste en introduction et sans
méchanceté, non, je ne suis pas au courant s'il y a des
évasions sur le plan de l'information financière ou du taux
d'occupation des hôtels. Non, je ne suis pas au courant, et le
ministère du Tourisme n'est pas un ministère de police, de toute
façon. Alors, si ce que vous dites est vrai, faites-le connaître
aux compétences...
M. Blais: Vous n'en n'avez pas entendu parler?
M. Vallerand: ...requises et elles feront le travail, mais ce
n'est pas le ministère... Le ministère du Tourisme ne se veut
surtout pas un ministère policier d'aucune façon, et, tant que je
n'ai pas de preuve que les gens ont fait des choses qui sont plus ou moins
catholiques, je n'accuse personne, de toute façon.
Pour revenir au Centre des congrès de Québec, bien,
j'accepte vos félicitations, pour la troisième fois ce
soir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: ...mais effectivement je pense, M. le
député, que vous avez raison, on ne fait que répondre, je
pense, à la logique des choses, eu égard au rôle
économique moteur de la région de Québec et de la ville de
Québec. Vous avez raison en disant que c'est une des destinations
touristiques les plus recherchées. Moi, j'appelle la région de
Québec «la charmeuse»; elle a des attributs touristiques
extraordinaires, et je pense qu'on peut davantage capitaliser sur ses charmes
en la dotant d'équipements qui vont lui permettre justement d'attirer
dans son sein davantage de touristes qu'elle peut le faire. Et le Centre des
congrès de Québec est un équipement qui va permettre
d'atteindre cet objectif-là.
Vous l'avez laissé sous-entendre, Québec maintenant n'est
plus à même d'accueillir des congrès d'envergure, parce que
Québec n'a pas les espaces suffisants pour les accueillir. Donc,
ça allait de soi. Le titulaire du ministère du Tourisme s'est
fait fort de défendre la création d'un centre des congrès
à Québec à la mesure du potentiel d'attraction touristique
des touristes d'affaires et de conventions. Plus spécifiquement, depuis
assez longtemps, on a même dit qu'à Québec c'était
la priorité, on l'avait déterminé comme étant la
priorité.
L'annonce a été faite, comme vous l'avez mentionné.
Le calendrier de réalisation, ce qui est prévu, M. le
député, début des travaux: septembre 1993, pour ouverture
en septembre 1995.
M. Blais: Québec est la ville la plus demandée au
Canada pour des congrès. Devant l'éventuelle arrivée d'un
nouveau centre des congrès, est-ce que le ministre a une participation
quelconque à voir à ce que ce nou-
veau Centre des congrès fonctionne à 100 %, et quelles
sont les démarches en ce sens qui sont faites par le ministre?
M. Vallerand: Oui, c'est-à-dire que le nouveau Centre des
congrès de Québec sera sous la responsabilité du
ministère du Tourisme au même titre que celui de Montréal.
Le modèle de gestion qui est imaginé est également
identique à celui de Montréal et la responsabilité du
ministère sera similaire, sinon la même, que notre
responsabilité vis-à-vis du Palais des congrès de
Montréal. Je le dis, mais ça devient une référence,
je pense, qui peut rassurer tout le monde, puisque la Société du
Palais des congrès de Montréal connaît un succès
assez exceptionnel. C'est un des centres de congrès les plus
utilisés en Amérique du Nord actuellement. Il y a un taux
d'occupation qui dépasse les 70 %, malgré la récession, en
termes de venue de congrès et de congressistes. Bon, je pense que c'est
une formule éprouvée. On n'a rien à perdre, je pense, que
d'imaginer pour Québec une formule similaire pour assurer à peu
près les mêmes succès.
M. Blais: Nous disions, durant la pause santé,
tantôt, que vous êtes sur le point d'amener un projet de loi en
Chambre pour ce faire. Quand prévoyez-vous qu'il arrivera?
M. Vallerand: On espère être en mesure de
déposer le projet de loi avant le 15 mai, c'est donc dire la semaine
prochaine, M. le député.
M. Blais: Ça va. Est-ce que vous êtes prêt
à jouer au casino?
M. Vallerand: On est dans un métier ou on prend souvent
des risques, M. le député. Allons-y. On est habitué.
Implantation des casinos
M. Blais: J'aurais une première question que je vous ai
demandée en Chambre, à peu près à 7, 8, 10 ou 13
reprises, je ne sais plus. J'ai cessé de les compter, en
désespoir de cause. Etant persuadé qu'en commission
parlementaire, ici, à l'étude des crédits et dans
l'atmosphère qui y règne, vous me répondriez certainement
cette fois-ci à la question, nous avons demandé aussi au ministre
de nous donner, avant de venir à cette commission, toutes les
études concernant les casinos. Et nous avons eu, encore une fois, une
réponse qui se lit à la page 115, pour tous les
intéressés. À la page 115: «Dépôt des
études relativement aux casinos». Deux lignes. Première
ligne: «Le ministère du Tourisme n'a produit aucune étude
spécifique à cette fin». C'est la première fois que
je le lis et qu'en le disant je l'entends, venant du ministère, qu'il
n'y en a pas eu.
M. Vallerand: C'est toujours plus satisfaisant quand ça
prend du temps.
M. Blais: Deuxièmement: «Loto-Québec a
assumé la maîtrise d'oeuvre du dossier et a produit des documents
de support au dossier.» Est-ce qu'on pourrait avoir, M. le
Président, de M. le ministre, les études, pour assumer la
maîtrise d'oeuvre du dossier, produites par Loto-Québec?
M. Vallerand: Oui. Je voulais juste, avant, si vous me le
permettez, vous demander si votre sandwich était bon parce que c'est le
résultat d'une production d'une de nos bonnes tables à
Québec, d'ailleurs, qui fait la réputation, entre autres, de la
région au point de vue touristique.
Deuxièmement, vous dire que Canadiens mène 1-0 aussi. Je
sais que vous êtes intéressé. Et vous dire que les
études, M. le député, je vous l'ai dit souvent, je vous
l'ai dit souvent d'ailleurs en Chambre... Puis, je connais votre
côté moqueur. Vous faites semblant que je ne vous ai pas
répondu, mais vous savez très bien que je vous ai répondu,
dans le fond. C'est que, d'abord, les études qui ont servi à
décider de l'opportunité de créer un casino au
Québec, un à tout le moins pour Montréal qui est en
construction, puis un éventuellement dans Charlevoix on s'est
commis dans les deux régions, il faut le rappeler; il ne faut pas
décevoir nos gens de Charlevoix non plus; on ne les oublie pas
ont toutes été rendues publiques. J'ai même envoyé
copie de ces études-là d'ailleurs, à l'époque
où Mme Dupuis était ma vis-à-vis dans l'Opposition, parce
qu'elle m'avait demandé. ..
M. Blais: Toutes les études du ministère ont
été envoyées à Mme Dupuis. Mais elle ne me les a
pas transmises.
M. Vallerand: Elle ne vous les a pas transmises? Mme Dupuis les a
peut-être égarées.
M. Blais: Mais est-ce que les études du
ministère...
M. Vallerand: Les études que j'ai transmises à Mme
Dupuis là-dessus, je peux vous les faire parvenir.
M. Blais: Toutes les études que le ministère a
faites sur le casino ont été transmises à madame?
J'aimerais que vous me...
M. Vallerand: Non, ce qu'il faut comprendre, c'est que les
études qui ont été faites là-dessus sont surtout
des études dont le ministère du Tourisme n'est pas le
dépositaire. Et c'est ce que mon collègue, M. Ryan, vous a
répondu, je crois, à un certain moment donné en Chambre,
en disant: Écoutez, je jugerai à un certain moment donné
de l'opportunité de les rendre publiques parce qu'il y a des
éléments confidentiels, ne serait-ce qu'à partir de la
sécurité.
M. Blais: II ne parlait que des études sur la
sécurité. Mais les autres études, les études sur le
revenu.
M. Vallerand: Les études sur le revenu sont
incorporées dans ces études-là d'ailleurs. Je ne vous
cache pas et je pense que vous le soupçonnez, le ministère du
Tourisme a été un peu instrumental dans la planification des
revenus anticipés, mais très marginalement. C'est surtout le
ministère des Finances avec Loto-Québec. Et, encore une fois, ces
études de faisabilité financière sont des études
qui appartiennent au ministère des Finances parce que Loto-Québec
relève de la compétence du ministère des Finances, et ont
été purement instrumentales. Le rôle de votre humble
serviteur, dans ce dossier-là, ça a été de
pistonner le projet. Et j'avais la croyance, à l'époque je
l'ai encore que c'était un élément, un
équipement touristique qui proliférait en Amérique du Nord
puis qu'il fallait anticiper, se prémunir et faire en sorte qu'on se
dote, au Québec, de cet équipement-là pour ne pas perdre
davantage de touristes qu'on perd déjà, M. le
député. Vous l'avez mentionné et je ne le nie pas, si on a
un déficit touristique, c'est qu'il y a plus de Québécois
qui vont ailleurs qui restent ici. Alors, il m'apparaissait important qu'on
puisse s'insérer dans cette démarche qu'on voyait un peu partout,
en Amérique du Nord, proliférer à l'époque. (20
heures)
Également, l'autre raison, vous la connaissez, c'est que
Montréal est tributaire d'un tourisme d'affaires. Alors, dans la mesure
où on veut augmenter l'achalandage touristique à Montréal,
il faut compter sur la venue de touristes d'affaires davantage que ce qu'on
connaît actuellement. Et le touriste de convention est un touriste qui
est attiré par l'équipement de casino. Ce n'est pas la
panacée à tous les problèmes touristiques, comme certains
l'ont prétendu, je ne crois pas que ce soit vous, peut-être
d'autres, mais c'est un élément additionnel qui s'insère
dans la trame de la qualité des équipements d'attraction
touristique de la région de Montréal: son Biodôme, les
Expos, les Canadiens, l'Orchestre symphonique de Montréal. Mais c'est
ça qui fait la différence, c'est une masse critique qui fait la
différence au niveau de la dimension concurrentielle pour attirer chez
nous les touristes qui iraient ailleurs.
M. Blais: Est-ce que c'est tout dans vos études, ce que
vous me dites là?
M. Vallerand: Non. Moi, c'était ma
préoccupation.
M. Blais: Bon. Mais est-ce qu'il y en a, des études? Il y
en a ou il n'y en a pas, des études?
M. Vallerand: Je vous explique ma préoccupation. C'est
comme ça que j'ai commencé à vendre le concept des
casinos. Je ne suis pas le seul. D'ailleurs, un de vos collègues de
votre gouvernement de 1981 à 1985, le ministre du Revenu, M. Frechette,
s'était fait 1 ' ardent défenseur...
M. Blais: M. Marcoux.
M. Vallerand: Marcoux ou Frechette?
M. Blais: C'est M. Marcoux qui l'a défendu au cabinet, en
1982. Lui, il était, comme vous, en faveur d'un casino et le cabinet l'a
refusé.
M. Vallerand: Je croyais que c'était le ministre du
Revenu. M. Marcoux. C'est ça. Puis ça s'est quasiment fait. On a
refusé ça. Même avant lui, mais dans le gouvernement
libéral...
M. Blais: Et le Parti libéral, en 1982, refusait aussi.
Vous avez convaincu le cabinet. Vous avez convaincu le cabinet d'avoir un
casino.
M. Vallerand: M. Simard, avant lui, avait quasiment fait la
même chose, M. le député. Alors, je n'ai rien
inventé, c'est ça que je veux dire, moi, tout simplement.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Mas-son.
M. Blais: Vous avez gagné votre point au cabinet. M.
Marcoux, en 1982, n'a pas gagné son point au Parti
québécois, au cabinet. Et le Parti libéral, en 1982,
était contre toute forme de casino. Dans ce temps-là,
c'était M. Cosmo «Maciacia» qui était là
«Maciacia».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Comme les Français diraient. C'est
ça, bien oui, comme dans tabac.
Une voix: Maciocia.
M. Blais: Maciocia? Mais j'ai dit «Cosmos» la
première fois. Je m'excuse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Puis c'est vrai, puis je m'en suis excusé. Il
était contre les casinos. Vous, vous êtes pour aujourd'hui. Entre
la position de votre parti... Et là je tiens à dire que je vous
ai encore demandé s'il y avait des études, puis vous ne m'avez
pas encore répondu. Vous m'avez répondu: La lune est verte, les
étoiles brillent, il y a des nuages qui passent, j'espère qu'on
va finir à 20 h 45 parce que j'ai un rendez-vous pour aller souper.
C'est ça que vous m'avez répondu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est ça que vous m'avez répondu.
M. Vallerand: Vous avez l'approche cosmique, vous,
là...
M. Blais: C'est ce que vous m'avez répondu.
M. Vallerand: ...avec les étoiles et le firmament.
M. Blais: C'est très simple. C'est très simple. Je
l'ai demandé en Chambre à différentes reprises, exactement
comme je viens de vous le demander, puis vous m'avez répondu exactement
de la même façon. Vous ne m'avez pas répondu. Vous avez
donné une réponse, bien sûr, mais pas à la question
que je posais.
En 1982, le Parti libéral était contre les casinos, le
cabinet du Parti québécois était contre les casinos, il
n'y a pas eu de casino. Vous arrivez, vous, comme ministre du Tourisme. Vous en
avez ouvert sept, huit casinos avant qu'ils disent oui. Mais vous en avez
parlé, des casinos. C'était effrayant! À toutes les
semaines, vous disiez: La semaine prochaine, on ouvre un casino. Vous avez
commencé même avant d'être élu, je pense.
M. Vallerand: Ha, ha, ha! Je pratiquais.
M. Blais: Et, à un moment donné, le 15
décembre 1992, le ministre de la Sécurité publique, de la
loi 101, de la nouvelle loi qui s'en vient, l'ancien ministre de
l'Éducation, celui qui a fait des coupures dans tout puis qui nous a
étouffés, tout le monde, il était là avec le
ministre des Finances, et là vous annoncez en trilogie qu'il va y avoir
un duo de casinos et que vous nous donniez le «go». Bon. Vous
disiez: Casino, quasi «yes», quasi «no». Mais quel est
l'argument, quel est le mémoire... Parce que je sais, quand vous arrivez
au cabinet, un ministre qui veut défendre une idée, il arrive
avec un mémoire. J'ai le mémoire de M. Marcoux, quand il
présentait ça pour oui. J'ai le mémoire du Parti
libéral qu'il a présenté ici pour dire non. Vous
n'êtes pas capable de me laisser croire qu'il n'y a pas un document
quelconque pour justifier du non au oui à un casino, qu'il n'y a pas au
moins un document fait chez vous! Est-ce que c'est possible que vous n'appeliez
pas ça une étude? Le document du virement de la proposition non
à la proposition oui qui aurait été fait à votre
ministère et dont nous pourrions disposer?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: M. le député, je vais vous avouer une
chose publiquement, devant tout le monde. Vous êtes difficile à
contourner, très difficile à contourner dans vos questions, parce
que vous êtes bien renseigné. C'est une de vos grandes
qualités, vous êtes très bien renseigné. De savoir
qu'un ministre se présente au Conseil des ministres pour faire accepter
un projet avec un mémoire, ce n'est pas tout le monde qui sait
ça. Je dois le concéder, ce n'est pas tout le monde.
M. Blais: Ah! je suis d'accord avec vous. Il n'y en a pas... Ce
n'est pas tout le monde.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Alors, que vous m'adressiez la question comme
ça...
M. Blais: Mme Charest de la rue Panet, elle ne le sait pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Je dois dire que vous me coincez un peu. Je me sens
un peu coincé, mais ce que je voudrais vous dire, suite à la
question que vous m'avez posée...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: ...je voudrais vous dire que... Non, parce qu'il
peut y avoir de l'interprétation dans la question, dans le sous-entendu
de votre question. Vous partez d'un de mes collègues que je respecte
beaucoup, M. Cosmo Maciocia, qui avait pris une position contre les casinos en
1982, puis vous dites: Vous l'avez accepté. Donc, je vais contre la
ligne de parti. C'est vrai, vous soulevez la question, c'est possible,
ça mérite des explications. Vous dites: Nous, en 1982 je
croyais que c'était M. Frechette, mais c'est M. Marcoux on s'est
amené jusqu'au cabinet avec une décision sur un casino et,
finalement, le cabinet a décidé de ne pas aller de l'avant. Je
pense que ça mérite des explications, à mon avis, pour
justifier la position après coup, post 1984, c'est-à-dire la
décision qui est arrivée, comme vous l'avez dit, en
décembre 1992.
M. Blais: Passez donc à 1993!
M. Vallerand: Premièrement, c'est important de le dire,
vous avez rejeté un concept de casino qui n'est pas le même que
celui qu'on a accepté. À l'époque, c'était ce qu'on
considérait, ce qui était appelé des maisons de jeu, et la
Sûreté du Québec avait certaines réserves.
D'ailleurs, elle avait avisé votre gouvernement et le gouvernement,
à l'époque, dans sa sagesse de l'époque, a
décidé de ne pas donner suite à ce concept-là.
La proposition que, moi, j'ai faite, c'est un casino d'État. Pas
avec succursales multiples de maisons de jeu, un peu comme le proposait votre
collègue de l'époque, M. Marcoux. Je dois vous le dire, ma
proposition de casino, la nature de sa propriété, son
fonctionnement et son contrôle ont reçu l'aval de la
Sûreté du Québec, ce que vous n'aviez pas obtenu en 1982,
parce que, strictement, le concept est différent. Donc, d'un
contrôle plus facile, selon la Sûreté. Ce sont les
premières personnes que j'ai consultées et elles m'ont fait cinq
recommandations.
Et, à la suite de ça, M. le député,
deuxième étape importante de l'explication que je dois vous
donner, c'est que, puisqu'il y avait une ligne de parti acceptée par le
Conseil général, j'ai rencontré toutes les instances du
parti, le caucus des députés, de qui j'ai reçu l'aval,
j'ai également fait passer une proposition au Conseil...
M. Blais: Ils étaient là, les députés
de Laval, oui?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Ils étaient là d'ailleurs à
Laval. Après l'aval, un conseil général à Laval,
puis il y a eu une proposition pour que la politique du parti préconise
la création de casinos à Charlevoix et à Québec.
Non, d'un casino, je ne veux pas vous tromper, le principe d'un casino pour
changer la politique du parti qui était appuyée, à
l'époque, par mon collègue Cosmo Maciocia. Donc, on n'est pas
allé contre une décision du parti, on a fait changer la
décision du parti comme tel, on a consulté tous les
députés par la suite, qui ont donné leur aval. Et, comme
je vous le disais, au Conseil général à Laval, on a obtenu
aussi l'approbation du parti.
Maintenant, à partir de ça, on a continué à
cheminer.
M. Blais: Quelle sorte d'habit vous aviez cette
journée-là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Et vous avez raison, là, je vous rejoins. Je
vous rejoins, vous aviez raison.
M. Blais: C'est une journée où vous aviez un habit
vert, je pense, hein?
M. Vallerand: Vous avez raison, M. le député, on a
confectionné un mémoire.
M. Blais: Ah oui?
M. Vallerand: Ce document, auquel vous faites
référence, je dois vous dire qu'il y a une partie confidentielle,
dans ce mémoire-là, pour des raisons que vous devez
soupçonner. Et, pour le moment, la paternité des trois quarts du
mémoire appartient au ministre des Finances et de la
Sécurité publique, qui ne jugent pas opportun de le rendre public
pour le moment. Et je reprends la déclaration de mon collègue de
la Sécurité publique en Chambre, je pense, suite à une de
vos questions. Et la politique du gouvernement n'a pas changé, pour le
moment. Sauf que toutes les autres études... (20 h 10)
M. Blais: La partie non confidentielle, c'est celle que vous
m'avez donnée, là?
M. Vallerand: Toutes les études qui ont fait la
démonstration du bien-fondé de l'équipement ont
été...
M. Blais: La partie non confidentielle, c'est ça. M.
Vallerand: ...rendues publiques.
M. Blais: Puis la partie non confidentielle, si je ne m'abuse,
c'est ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est ça? Alors, le restant serait confidentiel.
S'il n'y a pas de confidentiel, c'est: Le ministère du Tourisme n'a
produit aucune étude spécifique à cette fin, ce que
l'exposé du ministre vient de contredire. Il dit qu'il a fait toute une
grande démonstration...
M. Vallerand: C'était une expertise.
M. Blais: ...puis il a sorti tout ce qu'il fallait, donc...
Appelez-le expertise, étude, présentation de rapport, papier
défendant quelque chose, c'était une étude, en termes
d'argot parlementaire.
M. Vallerand: Mais qui ne nous appartient pas, M. le
député.
M. Blais: Et vous m'avez dit, tantôt... M. Vallerand:
On a transféré l'expertise.
M. Blais: ...que vous aviez donné toutes les études
à Mme Dupuis. C'est faux, parce que cette étude-là, vous
venez de dire que vous ne vouliez pas la donner, parce qu'il y en a les trois
quarts qui est confidentiel. Alors, on ne peut pas dire du même souffle
qu'on l'a donnée tout en ne la donnant pas. Le quart qui est non
confidentiel, est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Vallerand: Non. Ce que je vous ai dit, tout à
l'heure...
M. Blais: Non?
M. Vallerand: ...que Mme Dupuis l'a, c'est que l'étude de
la Sûreté du Québec vous a été transmise.
Elle a même été rendue publique. On ne vous a pas transmis
quelque chose de confidentiel.
M. Blais: Oui, oui. Mais ce n'est pas ça qui a
décidé de faire un casino, là.
M. VaHerand: Bien, ça a été bien important,
M. le député, parce que... Rappelez-vous, je disais toujours,
à l'époque, que je défendrais les casinos tant et aussi
longtemps qu'on ne me ferait pas la démonstration que ça n'aurait
pas une incidence négative sur la criminalité. Je pense que les
seuls juges, à l'époque, c'étaient les corps policiers qui
pouvaient nous le dire. Et, à partir du moment où les corps
policiers nous ont dit: Oui, c'est possible, pour autant que vous respectiez
six recommandations ils nous faisaient six recommandations c'est
ce qui a permis d'aller de l'avant avec le concept. Sinon, ça se serait
arrêté là, comme ça s'est arrêté, chez
vous, parce que vous n'aviez pas, à l'époque, la
bénédiction si je peux utiliser l'expression l'aval
de la Sûreté du Québec sur le modèle de casino que
vous préconisiez en 1982.
M. Blais: Quand on n'avait pas...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Mas-son, souhaiteriez-vous que les études qui ont été
transmises à votre collègue, qui était porte-parole
officielle avant vous, soient retransmises au secrétariat de la
commission? Parce que, en vertu des règles de la commission, vous pouvez
le demander. À ce moment-là, le ministère devra...
M. Blais: Non, non.
Le Président (M. Audet): Non, non.
M. Blais: Vous êtes bien gentil. Ça peut être
transféré, mais je les ai. C'est parce que, en fin de compte, je
dis que je ne les ai pas, c'est parce que c'est exactement ce que j'ai lu,
tantôt. Il n'y a pas d'études qui ont été faites. Il
a envoyé trois feuilles de papier avec l'étampe, puis sa photo,
puis c'est tout. Alors, les ravoir, moi...
M. Vallerand: Oui, mais je trouve... Vous m'avez montré la
feuille. Vous avez perdu ma photo, par exemple.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'était une machine française. Bon.
Laissons tomber les études. Comme vous voyez, M. le Président,
j'ai encore tenté... et, en Chambre, combien de fois j'ai tenté
de demander qu'on dépose les études, et c'est toujours une fin de
non-recevoir, et je dis encore: C'est une fin de non-recevoir. Et vous
êtes libre, parce que vous avez le droit à ça, puis je ne
vous blâme pas, mais j'essaie, hein? Maintenant...
M. Vallerand: Vous êtes tenace, mais vous avez
déjà tous les éléments de réponse.
M. Blais: Oui. J'ai tout, mais j'en veux d'autres. M.
Vallerand: Vous êtes exigeant.
M. Blais: Maintenant, vous dites que le casino... Ne parlons pas
du casino pour le moment, le casino mal enfanté de Pointe-au-Pic, mais
parlons de celui qui semble être bien enfanté, celui de
Montréal. Il est dit que, le 1er septembre, le personnel se pratiquera
durant tout le mois pour prendre de l'expérience pour ouvrir le 1er
octobre. C'est à peu près ça qu'on dit.
Deux aspects. Premièrement, l'aspect construction, le cheminement
critique de la construction; il semble critique, un peu. M. Michel Crête,
à qui j'ai parlé ce matin, me dit qu'ils sont à peu
près juste à date, qu'il ne semble pas vouloir y avoir de retard,
mais, de ce temps-là, dans la construction, c'est compliqué.
Avez-vous une certitude, premièrement, que les constructions seront
finies et que tout l'équipement sera rentré pour commencer
à donner de l'expérience au personnel à compter du 1er
septembre?
M. Vallerand: J'aimerais ça être capable de vous
répondre, mais ce serait prétentieux de ma part, parce que
ça ne relève pas de ma compétence. Vous comprendrez que,
moi, j'ai défendu le concept, mais la construction relève
maintenant de la compétence de Loto-Québec qui, elle,
relève du ministre des Finances. Donc, moi, je vous prierais d'adresser
votre question au responsable de Loto-Québec, qui est le ministre des
Finances.
M. Blais: Bon.
M. Vallerand: Le ministère du Tourisme n'a pas la
compétence, ce n'est pas lui qui est le chargé de projets sur la
construction, c'est Loto-Québec, et Loto-Québec, c'est le
ministère des Finances. Fâche-toi pas, c'est vrai.
M. Blais: Je suis tout sourire!
M. Vallerand: C'est correct, j'avais peur. Ha, ha, ha!
M. Blais: Bien voyons!
M. Vallerand: Ça a l'air moins serein.
M. Blais: Vous avez des discussions, je prends un exemple pour
faire une comparaison, avec la FTQ, pour les gens qui voyagent au
Québec. Je ne vous ai pas posé de question sur ce
sujet-là.
M. Vallerand: Bonne question.
M. Blais: Mais c'en est une bonne, je le sais. Si vous me
répondiez à ça: C'est la FTQ qui a ça en main, on
verra ce qu'elle décidera... Est-ce que les casinos vont être la
responsabilité du ministère du Tourisme, oui ou non, comme le
Centre des congrès, ou si ça va vous échapper de
façon totale, autant dans l'opération que dans la promotion?
M. Vallerand: Très bonne question. Premièrement, au
niveau de la FTQ, bien non, je vous répondrais, parce que c'est une
initiative de la FTQ avec le ministère du Tourisme: Ensemble, on tente
de voir de quelle façon on va rejoindre l'objectif, qui est
également l'objectif du député de Masson, à savoir
de faire en sorte que nos travailleurs prennent des vacances au Québec.
Alors, avec la FTQ et le ministère, on voit de quelle façon on
pourrait...
M. Blais: C'est un angle.
M. Vallerand: Vous connaissez le projet.
M. Blais: Je pensais qu'on l'aurait dit tantôt.
M. Vallerand: Oui. Alors, je vous réponds ça, quand
vous me posez cette question-là.
Sur la responsabilité du ministère, dans le casino, je
vais vous situer. Il y a trois ministres responsables, et je me nomme en
dernier...
M. Blais: M. Ryan, M. Ryan et M. Ryan.
M. Vallerand: Non, il y a M. Levesque, le ministre des Finances,
parce que Loto-Québec relève de lui...
M. Blais: M. Ryan.
M. Vallerand: ...toute la dimension financière, dont les
études financières, etc., c'est de la compétence du
ministère des Finances; M. Ryan, mon collègue, au niveau
uniquement de la sécurité, toute la question de la
sécurité et du contrôle, et la troisième
compétence, qui est la mienne, humblement, qui se limite uniquement
à la promotion de l'équipement, de concert avec l'industrie
touristique de la région de Montréal.
M. Blais: Sur la promotion.
M. Vallerand: Sur la promotion uniquement.
Une voix: Hors Québec.
M. Vallerand: Hors Québec, uniquement hors Québec,
pas au Québec.
M. Blais: Hors Québec. Mais vous comptez quand même
beaucoup sur le casino quand même pour attirer les gens de
l'extérieur.
M. Vallerand: Oui, puis tous les efforts de promotion
relèvent...
M. Blais: O.K. Ça va de soi.
M. Vallerand: Mais, vous voyez, il y a trois compétences
bien distinctes dans le...
M. Blais: Je suis persuadé que vous faites une grande
planification pour ne pas que les sous de votre ministère soient
dépensés de façon inintelligente. Je suis persuadé
de ça. Je vous regarde l'oeil, je vois que c'est un oeil intelligent et
de bon gestionnaire. Maintenant, si vous me répondez...
M. Vallerand: Je veux que ce soit aussi enregistré, M. le
Président. Ha, ha, ha!
M. Blais: Pour que votre promotion, que vous devez faire
longtemps à l'avance, soit productive, vous devez certainement vous
enquérir auprès des autorités responsables, si vous ne
l'êtes pas dans ce domaine, pour savoir virgule si la
construction sortira en même temps que votre promotion.
M. Vallerand: Très bonne question. Très bonne
question. Vous êtes difficile à contourner parce que... Je n'y
arrive pas. Je ne sais pas pourquoi je dis que vous êtes difficile
à contourner, vous m'avez chaque fois. Vous me mettez dans un coin, et
je réponds d'amblée, et je vous dis la vérité. Je
ne sais pas si ça me sert, mais en tout cas. Encore une fois, vous
m'avez. Écoutez, vous avez raison...
M. Blais: II est narquois, ça n'a pas de sens.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Vous avez raison.
M. Blais: II est narquois.
M. Vallerand: Nous, nous sommes très sensibles à
l'utilisation, la gestion, la planification et l'utilisation de l'argent
public, au sein de mon ministère, extrêmement pointilleux
là-dessus, et les gens qui m'accompagnent, également, partagent
cette préoccupation. En ce qui a trait au casino et à sa
promotion, voyez-vous, l'argent qui sera éventuellement utilisé
pour en faire sa promotion, d'abord et avant tout, vient de Loto-Québec.
Donc, nous sommes, actuellement, à négocier tout
début de la négociation l'argent qu'on pourra voir
disponible pour faire la promotion de l'équipement à
l'extérieur du Québec comme tel, en fonction du calendrier de
réalisation de l'ouverture du casino, qu'on prévoit aux
alentours, dans les eaux c'est situé sur une île, on peut
dire dans les eaux d'à peu près septembre, octobre 1993.
Je pense que c'est l'information que vous avez dû obtenir de M.
Crête il y a longtemps que je ne lui ai pas parlé
mais à peu près. On prévoyait juillet, on voulait l'ouvrir
pour l'été, juillet 1993, mais je pense qu'il faut oublier cette
date.
M. Blais: Si je vous pose des questions sur le personnel, c'est
encore la même chose.
M. Vallerand: C'est Loto-Québec. Le ministère
n'intervient pas, d'aucune façon, dans le choix du personnel;
uniquement, je dois vous dire, par contre, Loto-Québec a engagé
les services de 1TTHQ pour la formation du personnel.
M. Blais: Parce qu'il y a deux arguments qui plaident,
malheureusement, pour qu'il y ait des difficultés à ouvrir le 1er
septembre. C'est que le cheminement critique de la construction... Vous
êtes certainement allé visiter, vous êtes allé? (20 h
20)
M. Vallerand: Non.
M. Blais: Vous n'y êtes pas allé encore?
M. Vallerand: Non.
M. Blais: Vous n'y êtes pas allé?
M. Vallerand: C'est en chantier, ce n'est pas... Vous savez, M.
le député, depuis que l'idée a été
acceptée, je vais en faire sa promotion. Le reste... Il faut se tourner
de bord et travailler à d'autres objectifs maintenant.
M. Blais: Vous n'y êtes pas allé. Moi, si
j'étais ministre du Tourisme, j'y serais allé, et plusieurs fois,
pour être bien certain que les revues que je vais contacter et qui
demandent au moins six mois, huit mois puis neuf mois d'avance pour une
promotion à l'extérieur, que les choses soient entrées, au
moins, que je ne les paie pas pour rien, ne fût-ce que pour ça.
Deuxièmement...
M. Vallerand: Moi, j'ai confiance au président de
Loto-Québec à ce titre-là. Je n'ai pas besoin d'aller
visiter les chantiers. J'ai confiance aux gens qui vont m'aviser
là-dessus, sans pour autant que je visite le chantier.
M. Blais: Mais qu'est-ce qu'on vous a dit là-dessus? Que
ça serait à temps?
M. Vallerand: Étant donné que ce n'est pas de ma
compétence, j'ai à peu près les mêmes informations,
mais ça date de plus longtemps que vous. Vous avez parlé à
M. Crête, ce matin, moi je n'ai pas parlé à M. Crête
depuis au moins trois à quatre mois. Mais, à l'époque,
à cause des difficultés qu'ils ont au niveau de la construction,
on ne pensait pas avant septembre.
M. Blais: Des problèmes des grosses bâtisses.
Avez-vous parlé à M. Bibeau dernièrement?
M. Vallerand: On parle même d'octobre. Est-ce que vous avez
besoin d'un toit? Je peux vous mettre en rapport avec M. Bibeau.
M. Blais: Vous parlerez à Charles, il en a beaucoup.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: On va faire une petite symphonie avec
ça.
M. Blais: Mais il y a quand même... Je vais vous le dire,
vous savez bien qu'il y a eu 155 000 applications.
M. Vallerand: C'est incroyable!
M. Blais: C'est énorme. Ça veut dire que le
Québec est en chômage de façon totale.
M. Vallerand: Ça veut dire qu'au moins on fait des gestes
pour créer de l'emploi, par contre, M. le député, vous le
reconnaissez.
M. Blais: Et ils vont en employer 1004 personnes. Je les ai
toutes ici.
M. Vallerand: C'étaient 700 au début, c'est
monté à 1004.
M. Blais: C'est 1004 en comprenant tout le monde qui y travaille,
mais, de façon directe impliqués dans la manipulation de
l'argent, il va y en avoir 750 à peu près, ceux qui vont avoir
des liens directs avec l'argent, dont 250 croupiers. Les 155 000, il y a deux
firmes qui ont été mandatées pour étudier les
demandes d'emploi. Des 155 000 demandes d'emploi, de là il va en sortir
quelque 15 000, à ces deux firmes-là. Je sais qu'il y a RCMP puis
l'autre je ne sais pas si c'est SQ, mais, en tout cas, deux firmes, et la
deuxième firme je l'ignore.
De là, ils en sortent quelque 15 000. De ces 15 000 là
aptes dans chacune des catégories, ils en pigent 3000,
c'est-à-dire qu'ils ont besoin de 250 croupiers, ils vont
peut-être en piger 400, je ne sais pas comment ça fonctionne. Et,
avec ces 3000, ils vont faire des enquêtes sur ces personnes-là
pour savoir si elles peuvent travailler, surtout les 750 qui vont manipuler, de
façon directe ou indirecte, l'argent. Ça prend des gens à
l'épreuve de tout soupçon.
Ils ont donc fait un comité: 1 ancien policier de Montréal
à sa retraite et 14 policiers de la SQ à leur retraite. Donc, 15
personnes qui étudient les dossiers des personnes
sélectionnées parmi les 3000 pour remplir les postes que vous
n'avez pas été voir encore où ils travailleraient. Mais
vous allez certainement les rencontrer si vous faites la promotion de
ça. Les gens qui vous recevront pour votre photo au casino, il faudra
que ça soient des gens intègres et que votre
sécurité physique soit garantie.
Dans les enquêtes que les policiers font pour vérifier
l'intégrité, disons, d'un postulant, ça peut prendre,
selon le poste, d'une journée, si c'est au vestiaire, jusqu'à
trois semaine à un mois, selon que tu es croupier ou quoi que ce soit.
Si on regarde ça, il y en a 3000, ils sont 15 personnes, ils n'auront
pas fini d'étudier les dossiers avant décembre 1996.
Regardez-les. Mettons que ça prendrait 15 jours pour étudier en
moyenne un dossier, ils sont 15. S'ils continuent à en étudier 1
par jour, ça va prendre 3000 jours. On va arriver en quelle
année? À moins qu'on décide d'ouvrir et de poursuivre les
enquêtes sur le personnel après ouverture, ce qui serait
curieux.
Est-ce que ça ne vous frappe pas, ça, pour faire la
promotion, des gens dont on ne serait pas sûr de
l'intégrité dans un casino, où on a pris toutes les
précautions voulues avant, et c'étaient les objections des
policiers, pour que les gens qui y oeuvreraient seraient des gens, entre
guillemets, dont les moeurs sont indiscutables? Vous comprenez bien ce que je
veux dire, là?
M. Vallerand: Vous savez, vous soupçonnez, M. le
député, que j'aimerais beaucoup, beaucoup répondre
à votre question et vous donner toute l'information.
M. Blais: II ne répondra à rien.
M. Vallerand: Non. Je pense que vous le savez, vous me savez
sincère également, et vous me voyez même un peu
peiné d'être obligé de vous dire: M. le
député, ce n'est pas ma compétence. Si ça avait
été ma compétence, M. Crête, président de
Loto-Québec, serait ici et, assurément, pourrait répondre
adéquatement à vos questions de telle sorte à vous
rassurer sur le calendrier. Mais ce n'est pas ma compétence, c'est celle
du ministère des Finances et de Loto-Québec.
M. Blais: Les coûts de construction non plus? M.
Vallerand: Pas du tout, d'aucune façon.
M. Blais: Je m'excuse d'avoir posé une fois une question
en Chambre à ce sujet et, cette fois-là, vous m'aviez
répondu. Je m'excuse.
M. Vallerand: Ha, ha, ha! On est poli.
M. Blais: Oui. Il faut que je le sois, il faut absolument que
je... Bon bien, alors, on va serrer le casino et on va prendre, on va regarder
la roulette de nos questions. On en a beaucoup, beaucoup. Espérons
tomber sur un des numéros qui vous touchent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Parce que ça semblerait difficile.
M. Vallerand: Mais c'est facile. C'est à vous de bien les
choisir.
M. Blais: Le Centre des congrès, ce n'est pas vous; les
casinos, ce n'est pas vous. Bon. Là, ça va tomber dans des
questions que je n'aime pas, mais que le devoir m'oblige parce que...
M. Vallerand: II reste 15 minutes.
M. Blais: Oui.
M. Vallerand: Bien, vous m'avez dit.
M. Blais: Commentaires sur les demandes de renseignements
généraux de l'Opposition officielle. Ils nous ont envoyé
ça, eux autres. C'est eux autres qui ont envoyé ça. Ils
sont gentils. Ah! qu'ils sont gentils.
M. Vallerand: Ça fait partie de notre mission,
d'être gentils.
M. Blais: Bon. On avait demandé une question sur les
voyages hors Québec du personnel...
M. Vallerand: Du ministère. M. Blais: ...du
ministère.
M. Farrah: Ça a accru le déficit touristique,
ça.
M. Blais: C'est vrai. Neuf voyages totalisant...
M. Vallerand: Ha, ha, ha! Ne lui donnez pas des idées, il
en a assez de même.
M. Blais: Neuf voyages. Puis ce n'est pas votre
responsabilité du tout, le casino.
M. Vallerand: Non, non. C'est possible. Neuf voyages...
M. Blais: Neuf voyages totalisent 19 044,79 $ ayant pour mission:
casinos. On indique: Dépenses autofinancées. De quelle
façon? Et en quoi consiste la mission sur les casinos? Les noms fournis
par votre ministère, on peut vous les donner. Vous savez de quoi je veux
parler. Pour un ministre qui n'a aucune responsabilité dans le casino,
quel était donc l'intérêt, en avril 1992, d'envoyer neuf
missions différentes sur une bâtisse, sur un équipement qui
ne regarde pas le ministère? Je suis obligé de poser ma question
comme ça, moi.
M. Vallerand: C'est très facile. Est-ce que vous avez
terminé votre question, M. le député?
M. Blais: Oui, j'ai complètement terminé.
M. Vallerand: C'est très facile.
M. Blais: Je sais que c'est facile. Tout est facile.
M. Vallerand: Non. C'est que je vous ai bien dit tout à
l'heure que, dans la confection du mémoire, il y avait trois
compétences. Il y avait celle des Finances, celle de la
Sécurité publique, celle du Tourisme. Et celle du Tourisme, dans
ces voyages-là, c'était surtout pour examiner la façon
dont la promotion des équipements se faisait là-bas, de
s'assurer, avec les autorités touristiques, de quelle façon,
également, elles étaient consultées dans la promotion
touristique d'équipement, comment cet équipement-là
amenait de l'achalandage touristique, comment l'équipement était
distribué sur le territoire au niveau de la concurrence. Uniquement,
c'était là le but de ces voyages-là.
M. Blais: Par le biais de votre ministère.
M. Vallerand: En fonction de l'expertise du ministère
qu'on pouvait apporter à l'intérieur de la confection du
mémoire, qui se situait au niveau de la promotion.
M. Blais: Non, non, mais... Écoutez, la décision a
été prise avant que plusieurs de ces voyages-là se
prennent. Un instant, là. C'est le 15 décembre 1992 que vous avez
fait votre conférence de presse comme quoi il y en avait un...
M. Vallerand: Mais le mémoire n'a pas été
confectionné avant ça, M. le député.
M. Blais: Un voyage a été fait du 29 novembre au 8
décembre; l'autre a été fait du 17 au 24 décembre;
l'autre, du 13 au 15 janvier 1993; l'autre... Voyons donc! Sortez-moi d'autre
chose que ça.
M. Vallerand: Mais je pense que vous parlez des voyages de l'ITHQ
au niveau de la formation. Ça, ce n'est pas le ministère,
ça. Je disais tout à l'heure que Loto-Québec a
engagé...
M. Blais: Aïe! Ne me choquez pas, là.
M. Vallerand: ...les compétences de l'Institut pour la
formation du personnel. Ça, c'est une autre chose, ça.
M. Blais: Un instant! Un instant!
M. Vallerand: Vous avez choisi deux numéros, mais deux
numéros gagnants, je pense.
M. Blais: C'est les gens de l'ITHQ.
M. Vallerand: Oui. Ils ont été engagés par
Loto-Québec pour la formation du personnel du casino.
M. Blais: Puis ils les ont envoyés en Europe pour
savoir...
M. Vallerand: Mais oui, pour développer... M. Blais:
Mais l'ITHQ, c'est vous, ça.
M. Vallerand: Oui, c'est moi. Mais je pense que vous comprenez
pourquoi ils y sont allés. C'est suite à l'adaptation...
M. Blais: Est-ce que votre photo est dans la porte de l'ITHQ?
M. Vallerand: J'y ai pensé.
M. Blais: Et je le sais, que vous y avez pensé. Mais
est-ce que vous l'avez mise?
M. Vallerand: J'y ai pensé. Savez-vous quoi? Ils me l'ont
demandé puis j'ai dit non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Vous n'êtes pas sérieux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: Dans le fond, vous venez de dire, vous, que
j'aurais dû dire oui, hein? Ils me l'ont demandé au Palais,
aussi.
M. Blais: Avant de manger, ça aide à
digérer. Après...
M. Vallerand: La photo en entrant. (20 h 30)
M. Blais: O.K. C'est explicable parce que c'est les gens de
l'lTHQ, et que les voyages aient été fait après la
décision, c'est excessivement explicable parce qu'ils vont chercher une
expertise pour aller au casino après. Parfait. Comme réponse,
ça va.
M. Vallerand: Et on me dit que c'a été même
payé par Loto-Québec.
M. Blais: C'a été payé par la Fondation
Gérard Delage, qu'on me dit.
M. Vallerand: Oui, mais ils ont été
remboursés, je crois. C'est à la charge de Loto-Québec. En
tout cas, sous réserve. Il y a quelqu'un... Oui? C'est ça?
Ça fait partie du contrat.
M. Blais: Dépense financée en partie par la
Fondation Gérard Delage puis une autre autofinancée. Ça
doit être Loto-Québec. O.K. Ce n'était pas surtout sur la
dépense. C'était le fait que...
M. Vallerand: Comment ça se fait qu'il y en a tant.
Oui.
M. Blais: ...les voyages ont été faits après
l'annonce et que vous me répondiez que c'était pour
connaître l'expertise.
M. Vallerand: Bien, il y a des gens du ministère qui y
sont allés. Je pensais que c'était ça?
M. Blais: Bien oui! Après qu'on vous ait dit
c'était pour quoi, vous avez fait comme moi, vous avez bien
réagi.
M. Vallerand: Ah! O.K. Non, c'est parce que, moi, je pensais que
vous aviez l'information, M. le député, sur les personnes qui y
sont allées, qui ont été engagées et payées
par Loto-Québec, avant la confection du mémoire, pour voir la
promotion. Je pensais que vous aviez l'information parce qu'il y en a qui y
sont allés. Après ça, c'est Loto-Québec.
M. Blais: Je ne suis pas un bon politicien, je pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: En tout cas, vos résultats électoraux
démontrent le contraire.
Autres sujets M. Blais: Us sont très bons. C'est
peut-être que je
suis plus humain que politicien. Je m'excuse, je vais vous poser des
questions que je n'aime pas mais je vais le faire pareil.
Toutes les cotisations énumérées paraissent
compatibles avec le mandat du ministère, sauf 3 cotisations. Ça,
c'est dans les demandes, la demande 9 qu'on vous avait faite. La demande 9,
pour de plus amples explications, si vous ne la trouvez pas, les cotisations
payées par l'employeur. Il y en a 3: 100 $ à la
bibliotechni-cienne du ministère pour sa cotisation à
l'Association des archivistes du Québec. Quel lien et pourquoi le
ministère paierait-il cette cotisation? C'est juste 100 $, mais c'est le
principe.
M. Vallerand: Le principe. Non. Je vais laisser, peut-être,
M. le secrétaire du ministère vous le dire. Pierre
Thibaudeau.
M. Thibaudeau (Pierre-A.): Il s'agit, cette fois-ci, de la
gestion des documents. Selon la Loi sur les archives nationales, on se doit de
disposer des documents selon la loi. Alors, on a une personne d'engagée
comme bibliotechnicienne, effectivement, qui se doit d'être au courant
des règles de l'art, et l'Association des archivistes du Québec
est un endroit privilégié pour, justement, obtenir ce type
d'informations.
(Consultation)
M. Vallerand: Dites-le à haute voix, ça ne nous
fait rien.
M. Blais: Non, non, c'est parce que la comparaison est sortie de
là. C'est que madame est avocate. Elle paie le Barreau. Elle est
engagée parce qu'elle est avocate. Est-ce que le ministère
devrait lui payer ses choses au Barreau? Est-ce que la bibliotechnicienne
devrait, elle aussi... C'est dans son rôle, qu'elle paie sa cotisation
elle-même. Pas à cause du montant, comme principe. Et la
différence, vous pouvez peut-être me l'expliquer.
M. Vallerand: Ce n'est pas l'explication que j'ai comprise, mais
allez-y donc, monsieur.
M. Thibaudeau: C'est qu'il ne s'agit pas pour elle d'une
condition d'emploi, là. Ce n'est pas une profession comme telle. C'est
à travers son travail, au ministère, qu'elle se doit d'appliquer
la Loi sur les archives nationales. C'est une loi qui a ses propres
règles en terme de classement et de déclassement. Et ça
s'applique à l'ensemble du gouvernement du Québec. Alors, on n'a
pas engagé une archiviste, on a engagé quelqu'un qui avait une
formation générale comme bibliotechnicienne. Et,
particulièrement dans les fonctions qu'on lui demande d'occuper au
ministère, elle se doit de connaître la Loi sur les archives
nationales. Alors, ce n'est pas comme un avocat qui se doit d'avoir une
formation comme telle et, donc, de payer sa cotisation au Barreau du
Québec.
M. Blais: En serait-il de même pour les 25 $ au directeur
des ressources financières, pour sa cotisation à l'Institut de la
gestion financière du Canada?
M. Thibaudeau: Oui, je peux répondre. C'était moi
qui était directeur des ressources financières et
matérielles à cette époque.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est vous-même? Ça vous touche, vous?
M. Thibaudeau: Bien, ça me touchait à
l'époque. J'ai changé de fonction depuis.
M. Blais: Avec ces 25 $ là, vous allez vous acheter des
lames de rasoir, peut-être?
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. Thibaudeau.
M. Blais: Ce n'est pas choquant ça, quand même.
M. Thibaudeau: Non, non, non. Alors, tout simplement, dans mes
fonctions de l'époque, je devais rencontrer mes collègues de
l'administration du gouvernement provincial et également du gouvernement
fédéral. En matière de gestion financière, il y a
des programmes qui sont mis sur pied pour favoriser l'efficience en
matière de gestion financière et ça s'adresse à
l'ensemble des directeurs des ressources financières du gouvernement du
Québec, entre autres, et des organismes publics en
général. C'est dans le secteur public. Alors, il est de mise
qu'un ministère délègue au moins un représentant,
et pourquoi pas le directeur des ressources financières puisqu'on parle
de gestion financière?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Mas-son.
M. Blais: Et, pour la présidente de la compagnie
aquatique, Mme Maya Raie, directrice de cabinet pour l'Institut
d'administration publique du Canada, il y a une somme de 100 $. C'est les
mêmes explications?
Une voix: Si vous voulez.
Le Président (M. Audet): Si vous voulez vous identifier,
s'il vous plaît.
M. Vallerand: Maya Raie, directrice...
Le Président (M. Audet): Non. Il faut que ce soit madame
qui le fasse.
M. Vallerand: Ah! excusez.
Mme Bergeron: Je peux répondre. De façon
générale, M. Blais, ou de façon spécifique...
Le Président (M. Audet): Alors, madame, si vous voulez
vous identifier, s'il vous plaît.
Mme Bergeron: Johanne Bergeron, sous-ministre par
intérim.
Le Président (M. Audet): Ça va. C'est pour le
Journal des débats.
Mme Bergeron: O.K. De façon générale et de
façon spécifique aussi, parce que ça va s'appliquer dans
à peu près tous les autres cas que vous allez voir, que ce
soit...
M. Blais: Non, c'est les trois seuls. J'ai dit que j'en avais
juste trois.
Mme Bergeron: O.K. Mais, pour les autres, c'est vrai aussi. C'est
que ce sont des contributions à certains organismes, instituts ou autres
qui leur permettent d'avoir de l'information ou certains niveaux d'information
qui leur permettent de mieux exercer leur fonction, disons comme un cours, mais
c'est moins cher qu'un cours. Alors, souvent, dans certains cas, ils ont un
petit pamphlet, un dépliant, ils vont à des réunions
où on les informe, disons, des nouveautés dans chacun des
secteurs. C'est équivalent d'un petit montant pour le perfectionnement.
Or, certains ont des congres; ça varie de l'un à l'autre. Il y a
le «Publicity Club», vous en avez toute une série.
M. Blais: Je comprends très bien, quand on s'en parle
comme ça. Mais c'est parce que ma recherchiste a regardé
ça et puis on a vu que c'était au ministère du Tourisme
où il y a le plus de choses, comme ça, payées aux
employés. C'était une vérification de trois, en fait, pour
avoir une explication. Je trouve ça parfaitement logique et je n'ai
absolument rien contre, au contraire. C'était pour avoir une explication
valable. Il y en a plusieurs comme ça, tous les cas sont pareils, comme
dit Mme Bergeron. Ça va.
Mme Bergeron: L'autre élément qui peut
peut-être expliquer qu'on en a plus je ne vous dit pas que c'est
la raison c'est qu'on a intégré les associations et la
question de l'Opposition était: les clubs privés. Si on s'en
était tenu aux clubs privés, il est possible que ça aurait
été plus limité. Parce que, nous, nous avons pris aussi
les associations. Il y a peut-être des façons de répondre
pour expliquer qu'on en a plus, aussi.
(Consultation)
M. Blais: Une question qui nous aiderait du côté
technique, nous autres, à vous surveiller... Et on a demandé,
à la demande 14, la liste du personnel du ministère. Mais vous
n'avez pas donné le port d'attache, soit à Montréal,
Québec ou autre, que sais-je? Est-ce que ça serait possible de
faire parvenir ça au secrétariat afin qu'il nous le renvoie, s'il
vous plaît?
M. Vallerand: II n'y a pas de problème.
M. Blais: On va avoir quelques questions particulières
à poser, là. Ça ne sera pas long. On part. Ils sont
numérotés à la fin, M. Lemire. On les numérote
à la fin. On passe de l'eau Maya à la corbeille de pain...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: geneviève corbeil a un contrat initial de 7160 $
de la part de votre ministère, et il y a eu un supplément de 2833
$. j'ai été 16 ans fonctionnaire, je sais que, souvent, ça
arrive qu'il y ait des suppléments comme ça. mais, pour ce
cas-là en particulier, c'est ça que je voudrais savoir. l'ordre
de 40 %... pourquoi y a-t-il eu un supplément aussi grand?
(Consultation)
M. Blais: La démarche portait sur la qualité
totale, qui est plutôt de l'autre tremblement de terre plutôt que
du Tourisme.
Une voix: Pardon, monsieur? (20 h 40)
M. Blais: Le monsieur qui tremble, M. Tremblay, qu'il s'appelle,
excusez-moi, vous n'avez pas compris. C'est parce que j'allais de l'eau
à la corbeille, au tremblement de terre. Parce que, là, j'ai
hâte qu'on finisse.
M. Vallerand: Après ça, ils ont créé
le pain, ils ont fait le pain, la corbeille. Oui, oui, oui...
M. Blais: Ça achève...
Mme Bergeron: J'essaie de répondre à votre
question, permettez-moi, pour trouver la cause. Je peux vous dire ce que Mme
Corbeil... Elle a travaillé sur...
M, Blais: C'était la demande 11, ça là, si
ça vous éclaire.
Mme Bergeron: Oui. Alors, pendant qu'on regarde vraiment quel
était le montant du supplément de Mme Tremblay... Mme
Corbeil...
Des voix: Ha, ha, ha!
(Consultation)
Le Président (M. Audet): Ça va, Mme Bergeron?
Mme Bergeron: Je veux juste... Pourquoi il y a eu un
supplément de 2000 $ au contrat. Elle a travaillé sur trois
volets, Mme Corbeil: la qualité du service à la clientèle
pour faire un sondage sur la qualité à l'interne, l'accroissement
de la productivité, puis aussi la qualité de vie au travail.
Alors, il y a eu une opération qui impliquait le réseau
d'accueil, plus spécifiquement, où il y avait eu des
employés qui devaient ramasser un certain nombre d'informations pour
avoir, disons, une vue juste de l'ensemble du travail et des processus
utilisés à un ministère dans une optique de
qualité. Alors, finalement, leurs échéanciers
étaient fixés, il me semble, pour la mi-mars, et ça s'est
poursuivi un petit peu plus longtemps, jusqu'au 31 mars, malgré qu'ils
ont fait du temps supplémentaire pour lequel ils n'ont pas
été rémunérés, etc. C'est que,
méthodologiquement, c'était plus long que prévu.
M. Blais: O.K. J'ai une dernière question, ça
serait la finale, mais, je m'excuse, ça se rapporte à quelqu'un
de la Société du Palais des congrès. Vous le prenez en
note, à moins que vous soyez capables de répondre. À la
demande 9, c'est un cas très bizarre. Il y a un M. Fragasso, P.-D.G.
Remarquez, dans l'hôtellerie, on a un institut d'hôtellerie,
ça fait 25 ans cette année, et tous ceux qui ont fait leur cours
là depuis 25 ans, il n'y en a pas un qui a un poste élevé
dans aucun hôtel ou aucun restaurant. Serveur, oui, des affaires comme
ça, mais même au Parlement, ici, c'est des gens de
l'extérieur.
M. Vallerand: C'est parce qu'il faut se promener au
Québec. Non, non, non.
M. Blais: Ils sont très rares, très rares. Alors,
première question, j'aimerais savoir si le ministère a la liste
des postes importants tenus par des élèves qui ont suivi leur
cour à l'institut d'hôtellerie?
Deuxième question...
M. Vallerand: II y en a partout. Il y en a dans
l'hôtellerie.
M. Blais: Ils sont rares, ils sont très rares. M.
Vallerand: Non, non, non.
Le Président (M. Audet): Allez-y. Non, non. Pas de
questions?
M. Blais: On finit à 20 h 45, il n'y a pas de
problème. Mais il y en a très peu, puis on l'avait fait remarquer
déjà, il y en a très peu, mais très peu. Au
Parlement, ici, il n'y en a aucun, comme exemple. Dans les hôtels de
Québec, aucun. Il n'y en a pas, il n'y en a pas. Il y a des serveurs de
restaurant en masse, oui, des plongeurs aussi, mais des postes importants en
hôtellerie après 25 ans, il n'y a pratiquement personne qui tient
des postes importants. On va les chercher à l'étranger. En tout
cas, si le contraire peut m'être prouvé, j'en serais très
heureux. Ce n'est pas juste de faire signe que non, j'aimerais ça
l'avoir, si c'est possible.
Bon, M. Fragasso, qui gagne 115 000 $ par année, je ne suis pas
jaloux de son salaire, il le mérite fort probablement, et, lui, le
Centre des congrès lui paie différentes cotisations de toutes les
sortes. Cependant quand c'est important on lui paie sa cotisation
pour la Chambre de commerce d'Oka, où il demeure. Ça, c'est de
l'exagération. Et ça porte flan à la critique. Si
c'était une chambre de commerce de la ville de Montréal ou des
affaires comme ça... Il demeure à Oka, puis il se fait payer ses
40 $ de cotisation. Ça, là, je trouve que c'est un peu
exagéré, ça demanderait un avertissement, d'après
moi, s'il n'y a pas d'autres explications que celle-là.
M. Vallerand: Non, j'aimerais donner l'explication. Une
première explication d'abord. Il n'est pas question qu'on s'engage ici
à faire le recensement du placement de tous les étudiants
de...
M. Blais: Mais il y a 1900 $ au Club Nautique d'Oka aussi.
M. Vallerand: Non, non, non, non, première étape,
là, première étape, on ne fera pas le recensement de tous
les diplômés de l'ITHQ dans l'ensemble des entreprises des
secteurs public et privé.
M. Blais: Ça serait bon.
M. Vallerand: Bien, demandez-le à l'Institut. Ils ont
peut-être un record, mais on ne s'engagera pas à faire ça
ici. Deuxièmement, contrairement à ce que vous dites, on retrouve
énormément de chefs et de compétences... Parce que
l'Institut, d'abord et avant tout, a été créé pour
former des gens dans les cuisines où on en retrouve davantage. Depuis
quelque temps, ils ont maintenant un programme de gestion en administration
hôtelière et on en retrouve de plus en plus dans
l'hôtellerie, mais le programme est plus nouveau. On a même un bac
avec l'Université du Québec, on a une maîtrise, il y a une
chaire en tourisme et on est en train de travailler un programme de
maîtrise actuellement. Il y en a de plus en plus.
Ceci étant dit...
M. Blais: Nommez m'en 2.
M. Vallerand: ...il ne faut pas associer... Écoutez, on
pourrait en nommer 10 même, si on le voulait. On ne s'arrêtera pas
là-dessus, ça ne donne rien.
Deuxièmement, je ne voudrais pas qu'on associe M. Fragasso
à cette situation-là qui n'existe pas. M. Fragasso est natif de
Sillery, ici. Il a fait toute sa carrière dans le domaine corporatif,
entre autres pour Air Canada, puis il a été choisi pour le Palais
des congrès. C'est un bon Québécois.
M. Blais: Ce n'est pas dans ce sens-là.
M. Vallerand: Non, mais c'est parce que ça pouvait porter
à équivoque. Vous partiez de Fragasso et vous avez dit: C'est
curieux, on ne retrouve pas beaucoup de... Mais c'était deux fois de
votre pensée, là, mais ce n'est pas le cas de monsieur.
M. Blais: De gens qui ont fait leur cour à l'école
de l'hôtellerie, là. Attention, ça n'a rien à voir
avec les noms. Ceux qui ont fait leur cour.
M. Vallerand: Non, c'est parce que ça pouvait porter
à équivoque étant donné que vous avez
commencé avec M. Fragasso. O.K.
L'explication de M. Fragasso. Bien au contraire, il est membre de la
Chambre de commerce d'Oka, et vous savez qu'il existe au Québec
M. Fragasso demeure dans la région d'ailleurs un mouvement qui
s'appelle le Mouvement de la cuisine régionale. Un des artisans de cette
cuisine-là, M. Michel Beaulne, qui est propriétaire de La
Clémentine d'Oka et président de la Chambre de commerce d'Oka,
avait demandé à M. Fragasso d'être présent dans la
Chambre pour l'aider à faire la promotion du circuit. On a
créé au Québec tout un circuit régional de cuisine
de haute qualité, maintenant, qu'on vend comme circuit touristique, et
Bruno a été très actif dans ce mouvement-là.
Le Président (M. Audet): Ça va? D'autres
questions?
M. Blais: On pourrait adopter les crédits, par
exemple.
Adoption de l'ensemble des crédits
Le Président (M. Audet): C'est terminé pour les
questions?
Alors, on va procéder à la mise aux voix des
éléments du programme 1 du ministère du Tourisme pour
l'année financière 1993-1994. Est-ce que les cinq
éléments du programme sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté.
Alors, ça met fin à notre période pour
l'étude des crédits du ministère du Tourisme.
Alors, M. le ministre, mesdames, messieurs, au nom des membres de la
commission, je vous remercie pour votre participation. Sur ce, je vais ajourner
les travaux...
M. Vallerand: Vous me permettez, M. le Président, avant
d'ajourner, de vous remercier pour l'excellence de votre présidence, de
remercier les collègues aussi pour l'excellence de leur travail...
Le Président (M. Audet): II n'y a pas de remarques finales
aux crédits, M. le ministre.
M. Vallerand: ...et aussi le travail positif de mon
vis-à-vis de l'Opposition, le député de Masson.
Le Président (M. Audet): Les travaux sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 20 h 48)