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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez prendre place,
s'il vous plaît! Si vous voulez prendre place, nous allons commencer nos
travaux.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
vous rappelle le mandat de la commission. Nous sommes réunis afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Travail pour l'année financière
1993-1994.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Leclerc (Taschereau) est
remplacé par M. Bergeron (Deux-Montagnes); M. Claveau (Ungava) est
remplacé par M. Dufour (Jonquière).
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, au nom des membres
de la commission, je veux souhaiter la bienvenue au ministre du Travail et
à toute son équipe pour étudier, ce matin, les
crédits qui le concernent, soit les crédits du ministère
du Travail.
Alors, la façon de procéder, vous disposez d'une vingtaine
de minutes pour faire part de vos remarques préliminaires; la même
chose pour M. le député de Jonquière et pour M. le
député de Drummond. Ensuite, suivra un échange entre les
parties. Nous sommes réunis pour une période de quatre heures, je
crois. Je crois que c'est cela. Alors, nous terminons nos travaux à 13
heures. Enfin, pour l'entente de temps, est-ce que vous préférez,
M. le député de Jonquière, que nous procédions par
programme ou si vous voulez y aller dans une discussion assez large...
M. Dufour: D'une façon ou de l'autre...
Le Président (M. Audet): ...et, à la fin, nous
pourrons adopter les programmes?
M. Dufour: Moi, je pense qu'on pourra adopter les programmes
à la fin parce que, quand on parle de relations du travail, on en
découvre pas mal et on en couvre aussi aussi long.
Le Président (M. Audet): Ça va, ça? Une
voix: Oui, ça va.
Le Président (M. Audet): O.K. Alors, M. le ministre, je
vous reconnais. Vous avez 20 minutes pour vos remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. Chers collègues,
mesdames et messieurs, vous me permettrez, avant de discuter des crédits
du ministère pour l'année 1993-1994, de vous présenter
ceux et celles qui m'accompagnent aujourd'hui. Du ministère, bien
sûr, Mme Nicole Malo, sous-ministre, qui est d'ailleurs entrée en
fonction le 3 mai dernier, donc au début de cette semaine; M. Pierre
Gabrièle qui a été sous-ministre du Travail de novembre
1991 à avril 1993; également, Jean Larivière qui est
secrétaire au ministère; M. Errol Dubreuil, de la Direction
générale de l'administration; Mme Bibiane Francoeur, responsable
de la Direction des ressources financières et matérielles.
Pour les organismes, vous avez reconnu, de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, M. Robert Diamant et
M. Pierre Shedleur; de la Régie du bâtiment, M. Réal
Mireault; de la Commission de la construction du Québec, M. Alcide
Fournier, et l'ensemble de leurs collaborateurs. Ces personnes, M. le
Président, sont à la disposition des membres de la commission
pour répondre ou compléter les informations et ce, afin
d'apporter une meilleure compréhension des dossiers et, ainsi, en
faciliter l'exercice.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi, tout d'abord, de faire un bref
rappel de la mission et des mandats du ministère du Travail. Par la
suite, je tracerai un bilan des réalisations de l'année qui s'est
terminée le 31 mars et, ensuite, je conclurai sur les priorités
du ministère pour 1993-1994. (10 h 20)
Mission et mandats du ministère. Depuis la création de la
Régie du bâtiment et ce, en février 1992, le
ministère du Travail a vu sa mission se redéfinir autour des
questions reliées au monde du travail. Pour l'essentiel,
désormais, le ministère vise, par ses actions, à
établir et maintenir de saines relations de travail entre les parties
patronales et syndicales et à favoriser le dialogue entre les employeurs
et les salariés de leurs associations respectives.
Les principaux champs d'intervention du ministère du Travail ont
trait, un, à l'application de la Loi sur les décrets de
convention collective, à l'application du Code du travail, plus
particulièrement en matière de médiation, de conciliation,
l'arbitrage, les enquêtes, de même, bien sûr, qu'en
matière d'accréditation, à l'application de la Loi sur la
santé et sécurité du travail quant au volet de
l'évaluation médicale, à l'application des lois et
règlements régissant l'industrie de la construction, à une
expertise en recherche et statistiques sur le marché du
travail offerte aux partenaires et intervenants
intéressés.
Les principales réalisations du ministère en 1992-1993.
Cette période a été marquée par plusieurs
réalisations axées sur l'objectif de bien servir les diverses
clientèles. Cette période a aussi permis l'adoption des lois 185,
35, 71 et 74 et les règlements qui en découlent. Par ailleurs, si
cette commission le souhaite, lors de la période d'échanges, on
pourra s'entretenir sur les activités du ministère en regard des
requêtes, plaintes et demandes en matière de conciliation, de
médiation, d'arbitrage et d'enquête, de même qu'au chapitre
de la recherche des statistiques, activité qui occupe la plus grande
partie du personnel dont je veux souligner, ici, l'engagement et le
professionnalisme.
L'année 1992-1993 a aussi été marquée d'un
engagement à réviser nos approches et à adapter nos
interventions aux réalités nouvelles du marché du travail.
Je profiterai de l'occasion pour souligner quelques dossiers
particulièrement éloquents à ce chapitre. Tout d'abord, le
ministère a redéfini sa mission et sa vision. Cette
redéfinition a donné lieu à la publication de la brochure
«Regard sur l'avenir» qui se veut un document synthèse sur
les orientations et sur le plan stratégique mis de l'avant par mon
ministère.
Sans plus tarder, permettez-moi de vous énumérer
brièvement quelques orientations. Le ministère du Travail et les
changements dans l'organisation du travail. Ce premier volet vise à
satisfaire certains besoins nouveaux de notre clientèle et ce, à
l'occasion de changements dans l'organisation du travail, en particulier dans
le contexte de la mondialisation des échanges. Ils concernent les
salariés et les entreprises qui se concertent pour prendre des mesures
à long terme afin d'accroître régulièrement la
productivité, d'améliorer la qualité des biens et services
et de consolider les emplois d'avenir. Ce volet vise également à
assurer une participation valorisante des ressources humaines à l'oeuvre
et à leur satisfaction au travail. Mon ministère entend donc
apporter aux parties engagées dans de tels processus toute l'aide
nécessaire, que ce soit par une information sectorielle de pointe visant
à faciliter les négociations et les réorganisations en
question ou par des échanges concrets avec ces milieux et ce, afin de
prévoir les besoins et actions requises ou encore en mettant à
leur disposition l'expertise appropriée à leur sujet.
Concernant le ministère et ses interventions en relations de
travail. Dans ce volet, le ministère du Travail vise
l'élargissement de la notion de relations de travail pour y ajouter une
préoccupation de prévention plutôt que de se limiter
à ces interventions ou situations de conflits. C'est pourquoi sont
envisagées des démarches visant à améliorer, au
sein même des entreprises, les rapports de travail et, ainsi, assumer un
rôle davantage proactif dans un contexte de concertation avec nos
partenaires. Voilà pourquoi des actions concrètes seront prises
en ce sens afin de ne pas s'en tenir qu'au discours. Par exemple, les
méthodes de travail et les modes de fonctionnement entre les diverses
unités et équipes du ministère, chez nous, sont
présentement revus afin de les rendre plus polyvalents et
interdisciplinaires. Des pistes d'action ont donc été
dégagées et ce, afin de mieux servir les besoins de la
clientèle. Cette nouvelle approche a d'ailleurs été mise
en application en novembre dernier, lors du forum sur les relations de travail
dans l'industrie du vêtement. D'autres expériences ont
été réalisées dans le secteur des
décrets.
Vous savez sans doute qu'une démarche de réflexion sur les
décrets de conventions collectives a donné lieu à la
création d'un comité interministériel, lequel est
composé de représentants du ministère du Travail, du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle et du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. D'ailleurs, cette semaine, des audiences, qui
sont présidées par le sous-ministre adjoint chez nous,
responsable du dossier de la construction et de la recherche, M. Jacques Henry,
ont lieu à ce sujet. C'était à Québec en
début de semaine et, aujourd'hui et demain, c'est à
Montréal, sur l'ensemble des décrets.
Dans cette même perspective, a été confié
à M. Louis Laberge et Gilles Lavallée, le soin de revoir le champ
d'application de la Loi sur les relations de travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction. Je ferai connaître les suites à ce rapport dans les
meilleurs délais. De plus, le ministère du Travail a
procédé à un examen du régime de
négociations vous en savez quelque chose entre les
policiers et pompiers municipaux et les municipalités. Cet examen a
permis le dépôt du projet de loi 74, lequel a été
adopté, on s'en souvient, le 25 mars dernier.
Au cours de cette période, le ministère a également
été associé à la démarche de concertation de
grappes industrielles qui interpellent, au premier chef, les relations et les
conditions de travail et une entente de concertation interministérielle
entre le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et
le ministère du Travail.
Les priorités pour 1993-1994. Les crédits que nous
discutons aujourd'hui reflètent les choix faits par mon ministère
en fonction de deux préoccupations majeures: l'évolution des
besoins et des clientèles desservies et, bien sûr, l'état
des finances publiques.
À l'invitation de mon collègue au Conseil du
trésor, et tel que retrouvé dans le document
«Opération réalignement», le ministère du
Travail a amorcé, au cours de la dernière année, une
réflexion sur la qualité des services offerts, et ce, en relation
avec les besoins de notre clientèle. Au cours de l'année
1993-1994, le ministère du Travail entend intensifier ses efforts pour
concrétiser les orientations qu'il s'est données.
Dans le contexte économique actuel, le ministère entend
être davantage proactif, c'est-à-dire privilégier la
prévention des conflits en utilisant pleinement l'expertise
diversifiée de nos ressources réunies au sein d'équipes
pluridisciplinaires ou en interaction constante et ce, afin de
développer des solutions originales et adaptées à la
réalité de chacun des secteurs. J'aimerais profiter de l'occasion
pour vous entretenir quelques instants du
processus suivi, afin d'illustrer comment, ce faisant, ont
été insufflés un dynamisme et une motivation
renouvelés au sein même du ministère. (10 h 30)
Le réalignement de nos activités s'est effectué
dans un climat de concertation qui, j'en suis persuadé, ferait l'envie
des principaux partenaires au rapport du travail. D'ailleurs, nous ne pouvions
procéder efficacement à cet exercice important sans, au tout
premier chef, mettre en pratique le discours que nous souhaitons voir
s'implanter dans les rapports de travail de nos clientèles. Pour cette
raison, on a donc fait appel à l'expertise de l'ensemble de notre
personnel dans le cadre d'échanges en groupes pluridisciplinaires, ou
groupes de travail. Le document d'orientation, «Regard sur
l'avenir», est le fruit de cette large consultation. Je suis convaincu
qu'un tel message aux partenaires des relations du travail n'aurait pu
être livré en aussi peu qu'une dizaine de mois sans cette
concertation qui s'est manifestée au sein de mon ministère. par
ailleurs, je suis heureux de constater que le taux de règlement des
conventions collectives sans intervention d'un tiers et sans arrêt de
travail n'a cessé de progresser et ce, depuis 1986. au cours de 1992,
79,6 % de toutes les conventions collectives signées ont
été conclues sans l'intervention d'un tiers, conciliateur ou
arbitre et sans arrêt de travail et celles-ci visaient 86,2 % de tous les
salariés assujettis à ces mêmes conventions. de plus, le
recours à un arrêt de travail comme moyen de pression dans le
cadre d'une négociation de convention collective a, au cours de cette
période, chuté il est important de le souligner de
3,9 %. le pourcentage des conventions collectives signées après
un arrêt de travail s'établissait, en 1988, à 7 %, 6,7 % en
1989, 5,3 % en 1990 et 4,7 % en 1991. de tels résultats ne sont pas que
la résultante d'une situation économique difficile, mais
reflètent un changement de mentalité accompagné d'un
changement des besoins auxquels le ministère est très
sensible.
Au cours des derniers mois, mes collègues des Finances et du
Conseil du trésor ont insisté sur la nécessité
d'effectuer un sérieux coup de barre. Le ministère du Travail a
choisi de prendre le cap d'une démarche de qualité en
s'intégrant au projet de réalignement du gouvernement.
En conclusion, M. le Président, avant d'entendre mes
collègues et de débuter l'étude des crédits du
ministère du Travail et des organismes qui en relèvent, vous me
permettrez d'insister, d'une part, sur le fait que la réorganisation
administrative du ministère du Travail a été
réalisée avec le souci de diminuer l'impact auprès des
personnes concernées en profitant de départs anticipés ou
volontaires, en procédant à des réaffectations et sans
affecter, il est bien important de le souligner, la qualité et la
quantité des services que nous offrons à notre clientèle.
Alors, ça termine mes remarques préliminaires, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Jonquière, vous avez la parole.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. C'est sûr que
c'est toujours avec attention qu'on examine les crédits d'un
ministère, surtout quand c'est la première fois. À venir
jusqu'à maintenant, je n'ai pas la prétention d'être un
expert dans le domaine du travail. J'espère, je souhaite ne jamais en
devenir un et pour une simple raison, c'est que je puisse jeter un regard sur
ce qui se déroule en étant le meilleur interprète possible
de l'analyse de la situation.
Chaque dossier, comme le ministre l'a souligné, et c'est de bonne
guerre, c'est à l'effet qu'il y a un coup de barre de donné pour
diminuer les coûts, mais il n'a pas parlé longuement sur les
problèmes qui nous confrontent ou qui confrontent le ministère
actuellement. Je n'ai pas la connaissance du dossier depuis de très
longs mois, ni de nombreuses semaines, mais j'ai un constat tout de même
à apporter par rapport à ce qui se déroule depuis les
dernières années.
Examinons attentivement ce qui se passe sur le terrain. On se sert,
actuellement, d'une situation difficile, assez souvent, pour régler des
comptes ou pour arrêter ou pour mettre de la pression sur des parties
pour abaisser les coûts, tout ça sous le couvert d'une possible
relance ou sous le couvert de la mondialisation des marchés. Je ne vous
cache pas que ça m'inquiète. Lorsque je vois les grosses
entreprises, la façon qu'elles procèdent, c'est qu'elles mettent
à pied des gens en disant: II faut diminuer et rationaliser les
coûts: On a affaire à une compétition mondiale. Moi, je
pense plutôt qu'on a affaire à un débridage de la
façon de faire les choses, ou la façon de faire des affaires, de
la part des grosses entreprises, et elles-mêmes
déréglementent les prix d'une façon telle qu'elles vont en
deçà du prix coûtant, ce qui fait qu'il nous reste juste un
tournant à prendre, c'est d'aller vers les employés et leur dire:
Ça coûte trop cher.
Je veux juste vous donner l'exemple de la compagnie de l'industrie de
l'aluminium, que je connais quelque peu, l'Alcan. Sous le couvert de la
rationalisation, ou des coûts trop élevés à
l'interne, on en profite pour ratisser, ramener les employés à un
état de dépendance tel qu'ils n'ont plus le choix. Quand vous me
dites que les relations de travail se sont améliorées, moi, je
vous dis: Non, elles ne se sont pas améliorées; mais les
employés n'ont plus le choix, c'est du «Crois ou meurs». Tu
acceptes des diminutions ou tu sacres ton camp. C'est ça, le langage qui
est tenu sur le plancher. Abitibi-Price est pareil. Quand on vend le prix de
l'aluminium à 0.55 $ ou 0.60 $ sur le marché, il est en bas du
prix; et pour rattraper ces prix-là, on en profite, et un jour, on verra
la stratégie des compagnies qui fait qu'on pourra augmenter les profits
de la même façon, parce qu'on aura fait le ménage, comme on
dit. Et on ne dit jamais sous quel principe on le fait. Moi, je dis: Si les
compagnies sont en difficulté, si elles ont des problèmes, il y a
une façon d'amener des parties ou des gens à travailler ensemble,
c'est d'abord le partenariat. Amener les gens à parler ensemble; et le
problème ne découle pas d'une
partie seulement, parce que les employés n'ont pas seulement
à faire les frais ou à payer pour les coûts pour les
changements apportés, mais aussi, les autres parties doivent être
prenantes à cette démarche-là. Donc, ça, si on veut
parler des contrats de travail, il faut qu'il y ait des partenaires. Les
partenaires, c'est l'ensemble, c'est le tout, et ce n'est pas juste ce qu'on
fait là. Donc, ce n'est pas un nouveau partenariat que les industries
nous ont apporté; c'est vraiment du «Crois ou meurs». quand
je regarde plus spécifiquement l'état des négociations
actuelles dans la construction, on fait porter l'effort d'un côté
seulement. on a pris 25 % du coût de la construction, et c'est
là-dessus que certaines personnes ont décidé de faire
porter les efforts; et ce n'est pas surprenant que ça ait avorté.
une négociation, ce n'est pas la place pour régler des comptes;
c'est une place pour établir des relations et des règles. bien,
moi, je dis: on a manqué un peu notre coup, là-dedans. il y a des
gens qui n'ont pas été assez éveillés. si on avait
voulu ramener une vraie relance de la construction parce que, si c'est
pour la relance, c'est «mon oeil!», hein; c'est vraiment du
libéralisme économique au plus bas niveau, qu'on fait là
si on veut faire une relance, vraiment, il aurait fallu faire, comme on
a fait en quelque part, dans corvée-habitation, où on a
amené plusieurs partenaires à s'asseoir, à discuter,
à ouvrir les livres, et à s'engager. examinons ce qui s'est
passé dans la construction. c'est seulement l'employé qui en fait
les frais. on ne contrôle pas les coûts de terrains; on ne
contrôle pas les coûts des matériaux de construction; on ne
contrôle pas les différents services, les coûts des services
qui sont appliqués; on ne contrôle pas les coûts des
professionnels; on ne contrôle pas... l'intérêt de l'argent,
il est très bas, actuellement. bravo! on ne contrôle à peu
près rien, si ce n'est que toute la demande va porter sur 5 % du
coût total de la construction. on ne contrôle pas les profits des
entrepreneurs, non plus. et là, on veut parler de relance? bien, moi, je
vous dis que c'est un règlement de comptes, et moi, je ne peux
participer à une démarche semblable. je m'interroge
sérieusement, parce que je suis préoccupé par ça,
moi.
Moi, je ne m'en cache pas, je viens de la même famille que le
ministre du Travail; je sors d'un milieu ouvrier. J'ai été plus
longtemps employeur qu'employé, mais je n'ai jamais oublié mes
origines; je n'ai jamais, surtout, oublié le milieu qui m'a élu,
et qui m'a permis de faire le travail que je fais là; et pour moi, il y
a quelque chose de malsain, actuellement, qui se passe. Il faudrait que les
gens se rasseyent et commencent à se parler un peu plus que ça;
si on veut établir des partenariats, il va falloir que les gens
s'asseyent et puissent discuter plus froidement de la situation. Et ce n'est
pas en prenant une classe de gens pour essayer de les démolir... Et
c'est possible qu'il y ait des erreurs, qu'il y ait des problèmes, et
que ça soit trop cher à des endroits, mais ce n'est pas vrai que
c'est juste d'un bord que ça vient. Moi, j'ai vu des gens qui sont venus
nous faire des grands discours sur la place publique, en disant: Les
employés sont trop payés. Et ils ont des trains de vie de 300 000
$, 400 000 $ par année, ces gens-là. Moi, je dis: Un instant! Tu
sais, moi, des grands «preachers», j'ai peur de ça.
Ça m'inquiète. Ça m'intrigue et ce n'est pas comme
ça qu'on bâtit des nouvelles relations de travail, qu'on va
bâtir une nouvelle société. (10 h 40)
C'est un peu l'état de la réflexion que j'ai actuellement,
là, par rapport à ce qui se passe concernant la
négociation, qui semble des éléments cruciaux et qu'on
touche aussi à travers le fonctionnement du ministère. Si on
parle du travail au noir, bien sûr qu'on est juste à
côté du travail au noir. On a voulu déréglementer la
rénovation. On n'a pas réussi à obtenir... On n'a pas
frappé sur... Peut-être qu'on avait des bonnes cibles, mais on n'a
pas frappé le résultat. On n'a pas eu le résultat et la
loi n'a pas donné ce qu'on cherchait. Pourquoi? Parce qu'on n'applique
pas la loi correctement? Est-ce qu'il ne manque pas des inspecteurs pour
s'assurer que ce travail-là se fait comme il faut? Le travail au noir,
on l'a démontré ou ça a été
démontré assez largement la semaine dernière, c'est un
état, c'est une situation globale. Ce n'est pas une personne par rapport
à une autre. C'est le tout, tout le monde qui est complice et il faut
chercher les causes, mais il faut aussi, si on a des instruments, les appliquer
clairement et correctement.
Vous savez, au point de vue des relations de travail, moi, je voudrais
bien qu'on soit correct, que ça aille bien, mais, sans être
pessimiste à l'extrême, il faut toujours admettre qu'actuellement
la situation des relations de travail est à son plus bas niveau. Moi, je
ne chercherai pas, à travers la statistique, à savoir combien il
y a de négociations signées. Je lisais ce matin que Abitibi-Price
à Aima sont en négociations. Ils remettent tout en cause, leur
affaire. Ils vont peut-être signer, mais ce n'est pas parce que les
relations de travail sont meilleures, c'est parce qu'on n'a plus de choix.
C'est: L'usine va fermer si vous ne faites pas ça. Les employés
ont tellement d'exemples. Il y a tellement de faillites et de fermetures
d'usines qu'ils ne veulent plus prendre de chance. Donc, ils s'écrasent.
Je ne dis pas qu'ils sont corrects ou pas, je ne porte pas de jugement de
valeur. Je fais juste dire: Est-ce que vraiment les relations de travail sont
dans une situation normale? Une négociation je ne le reprendrai
pas c'est une situation, en principe, de force, quelque peu, et
lorsqu'il y en ajuste un qui a encore de la force et que l'autre n'en a pas, ce
n'est pas une négociation. C'est vraiment une imposition comme
telle.
Vous savez, les employés de l'État, ils sont en
état de crise. Les employés de la construction ont des
problèmes. Quand on regarde l'attitude des entreprises dans l'ensemble
du territoire, elles aussi, directement, elles procèdent à des
mises à pied et, en même temps, la recherche du profit le plus
possible et on n'est peut-être pas...Peut-être que c'est difficile
de déceler qu'il y a des profits dans l'entreprise, mais ça va
revenir. Ça ne peut pas toujours s'administrer comme si on était
en état de crise perpétuelle. Donc, si on veut établir de
nouvelles bases, il va falloir qu'on fasse autre chose. Il va falloir
qu'on tienne notre monde beaucoup plus à l'écoute.
En ce qui concerne les différentes commissions, corporations qui
sont sous l'égide du ministère du Travail, je veux juste faire
allusion, bien sûr, à la CSST on aura l'occasion d'en
décider ou d'en discuter plus largement. Le problème de la CSST,
ça semble crucial; ça semble très grand. Il y a beaucoup
de déficits. Est-ce qu'on se pose vraiment les questions, toutes les
questions par rapport à ça? Est-ce que c'est ça qu'on
voulait se donner? Est-ce qu'on est consentant à donner ces
avantages-là? Si oui, est-ce qu'on paie trop cher ou est-ce qu'on paie
pour l'argent? Vous savez, quand je vois un match de hockey, moi, je trouve que
c'est bien trop cher, un match de hockey à 43 $, 46 $. Quand je vais au
baseball, c'est la même chose. Quand je vais au théâtre,
c'est encore trop cher. J'accepte de le faire. Quand j'achète une
automobile, c'est aussi trop cher. C'est trop facile de dire: C'est trop cher,
quand on n'analyse rien. Tout est trop cher, en fait, mais il faut l'analyser,
à savoir: Est-ce vrai que c'est trop cher ou pas? Moi, je ne suis pas
convaincu. Possiblement qu'il y a des coups de barre à donner. Il faudra
peut-être aller un petit peu plus en profondeur, puis penser de mettre
sur pied une commission d'enquête pour faire une en-quêtre purement
et simplement et analyser les coûts. Les employeurs nous disent que c'est
trop cher d'un côté. Les autres, les employés disent: Non,
ce n'est pas trop cher. Il doit y avoir une vérité quelque part.
Elle est peut-être plus difficile à saisir, mais ce n'est pas
correct, à mon point de vue, de juste dire: Ca coûte trop cher.
Moi, les messages que j'ai de tous les bords et de tous les côtés
ne me convainquent pas. C'est peut-être trop cher. La santé, c'est
trop cher; la maladie, c'est encore bien plus cher. C'est quoi, le
phénomène? Donc, il y a une recherche à faire
là-dedans. On ne peut pas se contenter d'aller à3000000
000$ou4000000000$ de déficit. Le gouvernement a sa part de
responsabilités. On ne peut pas avoir des inspecteurs et ne pas les
payer. Il faut que le gouvernement aussi respecte ses engagements par rapport
à ça. Toute la faute n'est pas sur le même
côté. Il y a une analyse à faire, par rapport à
ça.
En tout cas, moi, en ce qui me concerne, je n'ai pas peur du travail,
mais je dis, par rapport à la CSST, qu'il y a quelque chose à
faire. Quant à la Commission de la construction, elle est jeune, elle
est mise sur pied. Mais, pour quelqu'un qui arrive sur le terrain et qui voit
autant de dossiers qui sont l'apanage ou qui appartiennent au ministre du
Travail, on a le droit, on peut s'interroger à savoir: Est-ce qu'il n'y
a pas du ménage à faire, un peu, dans tout ça?
C'est beau, on a plusieurs règlements, on a surtout des
règlements, il y a des parties de lois, il y a des décrets sur
lesquels on s'interroge. Le ministère du Travail ne doit pas faire
exception à ce qui se passe un peu partout. Vous savez, dans des
maisons, on est obligé de faire du ménage, de temps en temps.
Est-ce que le ministère du Travail dit: Bien oui, on va se mettre
à l'écoute et on va couper les coûts? Mais ce n'est
peut-être pas ça. Ce n'est peut-être pas une
réflexion en profondeur comme moi je les aime. C'est aller un petit peu
plus loin et voir c'est quoi, qu'on cherche. En tout cas, est-ce qu'on a
vraiment les bonnes cibles? Est-ce qu'on se donne vraiment des bons
«targets» là, en langage ordinaire, pour arriver quelque
part? Le ministère du Travail est un ministère qui est complexe,
il y a beaucoup de choses.
En conclusion, bien sûr, on aura l'occasion de discuter un peu de
tous les éléments qu'on a, que j'ai mis un peu sur la table et
dont le ministre a parlé. Mais, à mon point de vue, et c'est
ça que je conclus, on a souvent l'impression, à tort ou à
raison, que le ministre semble absent des grands débats. Quand c'est la
CSST, tout le monde en parle, mais le ministre ne parle pas. Quand il y a des
fermetures d'usine, je n'entends pas souvent le ministre en parler. C'est quoi,
cette non-ingérence par rapport au ministère? Est-ce que c'est le
rôle du ministre de rester à côté du débat,
d'analyser et se réserver? Je ne le sais pas. Je vous dis, là, ce
que je crois, ce que je pense, et je ne fais pas d'accusation, je fais juste
donner, moi, ce sur quoi je réfléchis. Les lois qu'on a, est-ce
qu'on les applique bien? Est-ce que, vraiment, le ministre accepte toutes ses
responsabilités et les fait pleinement? Est-ce qu'il exerce assez son
mandat de surveillance sur les organismes de son ministère? Je vous le
dis, pour le moment, je reste avec une idée que le ministre du Travail
ne s'implique pas suffisamment dans son ministère.
Le ministre aura, bien sûr, l'occasion de nous prouver le
contraire. Moi, je ne souhaite pas mieux, mais je vous donne ma perception et
je conclus en disant ce que je vous disais au début: Je n'ai pas la
prétention d'être un expert au point de vue du travail, mais
j'essaie de représenter le mieux possible ceux et celles qui ne sont pas
ici, dans le fond, et qui nous élisent, à l'effet que le travail,
c'est important. C'est une façon aussi de se valoriser pour beaucoup de
gens et, sans le travail, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui
seraient ici, autour de la table, mais il y aurait, aussi, moins de
gouvernement parce que sans le travail, pas de production; pas de production,
pas de profits, pas de taxes, il n'y a rien qui peut fonctionner. Donc, dans
une société, ce n'est pas une charité, travailler, c'est
un droit. Et, considérant que c'est un droit, notre devoir, c'est
d'essayer de mieux baliser et protéger ce droit-là. Voilà,
M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Jonquière. Oui, M. le député de
Drummond, nous sommes à l'étape des remarques
préliminaires. Donc...
M. St-Roch: Je me demandais, M. le Président, si M. le
ministre voulait faire les... (10 h 50)
Le Président (M. Gobé): Ah! Non, bien, vous n'avez
pas à le demander, c'est la présidence qui dirige les travaux et,
en plus, je vous aviserai que lorsque nous sommes à l'étape des
remarques préliminaires, ce n'est pas un débat. Donc, il n'y a
pas de contrepartie qui peut intervenir ou rectifier. Ça se fait lors de
l'étude élément par élément et là,
les gens peuvent débattre.
En attendant, c'est simplement une période pour permettre
à chacun des membres de la commission de faire valoir, pendant 20
minutes, des remarques en ce qui concerne l'ensemble du ministère.
Alors, vous avez la parole pour 20 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. M. le
Président, d'entrée de jeu, hier, lorsque qu'on a
étudié les crédits d'un autre ministère, je
m'étais étonné de voir que la commission de
l'économie et du travail siégait encore dans la salle 1.38. Pour
ceux qui ne sont pas familiers avec les procédures de notre
système, la salle 1.38, à l'étude des crédits, est
les catacombes de l'Assemblée nationale.
Nous en sommes aujourd'hui à notre troisième
ministère, M. le Président, et en m'interrogeant pour savoir
pourquoi, parce que notre commission est celle de l'économie et du
travail, et celle que le gouvernement est censé en avoir fait une
priorité au niveau de l'économie pour la relance de
l'activité au Québec. Puis je me suis étonné que
les cinq ministères qui relèvent de la commission de
l'économie et du travail, qui sont le coeur de la relance et du
développement, siègent à la salle 1.38, camouflés,
lorsqu'on sait la procédure d'enregistrement des débats et du
suivi.
À la lecture et à l'analyse hier soir et en poussant la
réflexion des crédits globaux, on s'aperçoit que les cinq
ministères qui relèvent de la commission de l'économie et
du travail auront subi des coupures dans l'année 1993, dans le budget
1993-1994.
Ceci étant dit, M. le Président, je peux comprendre
pourquoi le leader du gouvernement, par stratégie, isole la commission
de l'économie et du travail pour faire en sorte qu'elle ait moins de
visibilité et qu'on puisse moins mettre à la lumière du
jour les problématiques qui vont affecter notre
société.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Drummond, s'il vous plaît. Je pense qu'on parle là d'un
problème d'affectation de locaux. On sait que lorsqu'il y a quatre
commissions qui siègent, les locaux sont répartis pour le mieux.
Et je pense qu'il serait aléatoire et imprudent de commencer à
laisser entendre que le leader puisse affecter des locaux à une
commission ou à une autre. Personnellement, comme parlementaire et pour
avoir présidé grand nombre de commissions pour l'étude des
crédits, je n'ai pas eu cette impression-là, et je souhaiterais
qu'on ne puisse pas répandre cette impression aux gens qui sont
là, qui nous écoutent, à l'effet que la commission de
l'économie et du travail se trouve reléguée dans des
salles de moins bonne qualité.
De toute façon, qu'importe la salle, l'important c'est la
qualité des gens qui sont autour de la table et des idées qu'ils
font valoir. Aussi, M. le député, vous avez 20 minutes pour faire
valoir ces idées-là. Et pour les locaux, je transmettrai votre
remarque aux autorités de l'Assemblée nationale qui ont à
voir à la répartition des salles et non pas le leader.
M. St-Roch: Alors, M. le Président, j'espère que ce
temps-là n'est pas sur mon temps de remarques préliminaires que
vous avez fait. Je vous encouragerais, pour clore cette partie de mon
intervention, à regarder seulement les statistiques et on verra.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas dans votre
temps. Simplement, vous avez parlé d'intendance et d'administration de
cette séance, et je tenais, à titre de président pour
cette période-ci, à vous faire valoir qu'il n'appartenait pas au
leader de répartir les locaux, que c'est l'Assemblée nationale,
que c'est l'administration de l'Assemblée nationale. Le leader n'a rien
à voir là-dedans et si vous avez des recommandations à
faire pour les commissions, je vous encouragerai à le faire à la
présidence comme vous le faites, mais aussi à l'administration de
l'Assemblée nationale ou au bureau du président qui est
responsable de ce service-là. Et je ne crois pas que le président
puisse aimer ou ne pas aimer une commission, en favoriser une plutôt
qu'une autre.
Alors, peut-être que, par écrit, vous pourriez envoyer
à la commission vos remarques. Cela fait deux fois que vous les faites
et je ne voudrais pas que les travaux de cette commission soient
entachés par l'image que vous tentez de répandre à l'effet
qu'on n'est pas dans une bonne salle et que ça nuit à notre bon
fonctionnement et à la qualité des gens qui sont autour de la
table.
M. St-Roch: Avec le respect...
Le Président (M. Gobé): C'est terminé, M. le
député.
Oui, est-ce une question de règlement?
M. Lemire: Question qui se rattache à ce que
l'intervention du député de Drummond...
M. St-Roch: M. le Président, je m'excuse, on en est aux
remarques préliminaires. M. le député de Saint-Maurice
aura tout le temps voulu, dans ses remarques préliminaires, pour faire
des réponses.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! M.
le député de Drummond, je m'excuse. Vous avez soulevé un
sujet important qui touche l'intégrité de cette commission et de
son fonctionnement. J'ai fait une remarque. Maintenant, j'ai M. le
député de Saint-Maurice qui, lui, a une question de
règlement. Je vous écoute.
M. Lemire: Ça se rapporte à l'intervention du
député de Drummond qui a fait la même intervention hier, M.
le Président. Et, à la suite de son intervention, j'ai
moi-même été voir le leader et j'ai demandé au
leader pour quelle raison la commission de l'économie et du travail
siégeait ici en commission. Et les remarques qu'on m'a faites, et les
analyses qu'on m'a rendues, c'est que, à l'analyse qui a
été faite par le leader dans les autres commissions, il y a plus
de groupes qui viennent, qui sont interpellés dans les autres
commissions et on a essayé de garder, de regarder, avec la
grandeur, le nombre de personnes, et, présentement, la commission de
l'économie et du travail, ce matin, à ce que je sache, il y a
encore des bancs vides ici. On n'est pas trop serrés, on est assez
à l'aise. C'est une des raisons qu'on m'a données.
Le Président (M. Gobé): Merci M. le
député. La commission a pris bonne note de vos remarques et je
vous ai laissé aller parce que vous avez de l'information pertinente
à nous donner et je pense que tout le monde, maintenant, est
éclairé. M. le député de Drummond, vous allez
pouvoir continuer vos remarques en ce qui concerne les activités du
ministère du Travail et le ministre, dans une
sérénité d'esprit. On a été rassuré
par les raisons qui ont motivé que nous soyons dans cette salle. Alors,
M. le député, vous avez la parole.
M. St-Roch: Merci M. le Président. Alors, M. le
Président, le deuxième point, ce matin, de mon intervention aux
remarques préliminaires, c'est que j'ai beaucoup de sympathie pour le
ministre du Travail. J'ai eu l'occasion d'intervenir et d'ajouter plusieurs
fois que, dans la politique moderne, on se doit d'avoir une vision de l'avenir,
on se doit d'avoir une équipe et on se doit d'avoir un programme. Oui,
le ministre du Travail a une vision de l'avenir. Une équipe, je l'ai
toujours... et le ministre sourira, c'est comme une partie de football: II y a
une équipe offensive, une équipe défensive. Or, je pense
que ce matin, oui, il est très bien équipé, avec tout
l'appareil administratif, avec tout le professionnalisme que je reconnais
à l'équipe du ministère du Travail.
Mais, lorsque je regarde et que je déborde et que je vois, sur
l'équipe offensive, qui est l'équipe politique puis le programme
aussi, parce que programme dit budget, on a des coupures dans tous les
domaines, le ministre a énormément de sympathie. Quand je regarde
le monde de demain... Puis j'ai eu l'occasion, hier aussi, dans mes remarques,
de dire à M. le ministre que, oui, je souscrivais aux statistiques dont
il nous avait fait part concernant le grand secteur des relations de travail du
privé avec l'excellent tour de négociation sans intervenants du
ministère, ou qui que ce soit, pour la fixation... Mais ça
soulève présentement des inquiétudes pour moi, et je crois
qu'on est en train de se préparer un avenir et qu'on peut voir les
nuages qu'on appelle cumulus, dans le langage météorologique,
s'accumuler devant nous et puis qu'on est en train de pelleter en avant des
difficultés auxquelles on aura à faire face dans les
années à venir.
Mon collègue de Jonquière y a touché, en disant,
oui, qu'aujourd'hui il y a certains rapports de force qui peuvent faire que nos
travailleuses et nos travailleurs sont obligés de faire des concessions
devant la mondialisation. Or, j'ai toujours cru et je crois encore que c'est au
législateur, c'est à l'équipe gouvernementale aussi,
à essayer de préparer et de bâtir un meilleur avenir. Je
pense que, dans le monde modernej'ai devant moi un ministère du
Travail et je reconnais l'excellence de vos équipes, M. le ministre.
J'ai eu la chance de les côtoyer, côté privé et
côté public. On a des fonctionnaires, au ministère du
Travail, qui sont impeccables, qui sont compétents, qui sont à la
recherche de l'excellence. Mais, je déplore, moi, qu'au niveau
gouvernemental, et c'est là que je dis que, quand je dis que j'ai de la
sympathie pour notre ministre, que son équipe, qui est le gouvernement
et qui est aussi le président du Conseil du trésor, on
l'équipe très mal pour faire face à l'avenir. Parce que le
ministre, appelons-le le ministère de l'emploi, appelons-le le
ministère du Travail, donnons-lui le nom qu'on veut, je prétends
qu'aujourd'hui, c'est une anormalité, en 1993, d'avoir un ministre du
Travail qui a très peu à dire au niveau de la formation
professionnelle; il sert un peu de consultation. Ça, je déplore
ça. Je déplore, en 1993, que, dans une image de globalité
et aussi d'établissement de grandes politiques, on ait un ministre du
Travail avec son équipe, qui sont les compétences, finalement, au
niveau de la négociation, au niveau de la prévention, mais qu'ils
soient complètement exclus de la gestion du personnel que je vais
appeler public et péripublic, parce que ça relève de notre
loi, ça relève du président du Conseil du trésor.
Et Dieu sait, quand on regarde notre monde moderne, que les négociations
qui ont lieu dans le secteur public ont un effet de domino sur le secteur
privé, que les demandes qu'ils ont faites, dans des corps de
métiers qui appartiennent au secteur public, on les retrouve aussi dans
le secteur privé.
Alors, on sait les tensions, et je n'ai pas l'intention, ce matin, de
revenir avec toutes les tensions qu'on voit se bâtir, à l'heure
actuelle, au niveau des négociations du secteur public. Mais ça,
c'est une lacune à laquelle on ne s'est pas encore adressé en
tant que gouvernement. Quand est-ce qu'on aura un ministre, un ministère
qui sera complètement revalorisé, qui aura toutes les ficelles du
travail, de l'emploi, de la réglementation et des lois? Ça, je
déplore ça, ce matin, moi, que je ne voie aucune vision, et je le
dis, j'ai beaucoup de sympathie pour M. le ministre, parce que je crois que,
s'il était la personne responsable, c'est probablement ça qu'il
nous aurait annoncé comme premier paramètre ce matin, mais
seulement, il n'a pas le feu vert. (11 heures)
Je regarde les autres problématiques aussi, les nuages qui
s'accumulent devant nous, M. le ministre. Le 7 juillet 1992, 10 premiers
ministres se sont entendus sur un contexte de négociation d'un futur
Canada, sauf un item, qui était la clause 6, qui était toute
l'entente économique de libre circulation des biens, des capitaux, des
personnes et des services. J'ai retrouvé, moi, dans l'entente de
Charlottetown, curieusement, au point 6 aussi, le même volet
économique qui est la libre circulation des biens, des services, des
capitaux, des personnes. On ne s'est pas entendu, ce coup-là, à
11 premiers ministres. Et les nuages commencent à s'accumuler devant
nous, parce que durant la même période, l'OCDE nous dit que ce qui
va prévenir le développement, l'accroissement du standard de vie
des Québécois, des Canadiens et des Canadiennes, bien, c'est ces
barrières qu'on a au niveau
financier, au niveau tarifaire, au niveau de la libre circulation. C'est
ce qui va prévenir, qui va mettre le Canada en danger au niveau de son
évolution économique et de son standard de vie futur. Alors,
c'est sûr et certain qu'on a énormément de pression
à regarder, et quelque soit le système dans lequel on sera
impliqués ici en tant que Québécois et
Québécoises, il va falloir arriver avec une espèce de
libre-échange.
On sait, et je vous interrogerai là-dessus, M. le ministre, qu'il
y aura des négociations à Vancouver les 6 et 7 juillet. On sait
qu'il y a déjà eu deux rencontres des ministres de l'Industrie et
du Commerce, qui semblent être ceux qui vont piloter ce
dossier-là. Je n'ai pas la peine de vous le dire, parce que je sais que
vous êtes très bien informé qu'il y aura
énormément de problématiques ici, au niveau du
Québec, dans plusieurs secteurs, pas simplement financiers, mais aussi
au niveau de la libre circulation des personnes, des travailleurs et des
travailleuses. Ça, c'est des problèmes qui sont devant nous, et
c'est drôlement inquiétant, parce qu'à 2 occasions, en
juillet et en août, 10 premiers ministres et 11 premiers ministres n'ont
jamais réussi à s'entendre avec une formule qui était
équitable pour l'ensemble de la collectivité canadienne. Alors,
ça, c'est un nuage qu'on a devant nous auquel il va falloir faire
face.
Dans les autres problématiques, M. le ministre, il y a toute la
problématique de l'industrie de la construction. On a eu la chance
d'élaborer vendredi dernier, lors de la commission parlementaire. Il y a
la CCQ qui est ici. On sait les problèmes financiers causés par
le ralentissement de la construction. On sait aussi, à cause du travail
au noir, que toute cette problématique-là fait en sorte qu'on a
encore des zones qui vont être grises et, pour prendre un language
d'aviation, qu'il va y avoir énormément de turbulence au niveau
des équilibres financiers dans ce secteur-là. Ça aura un
impact aussi sur le rendement de la CCQ, parce que, avec ma petite
expérience de vie privée, et ayant toujours été un
redresseur dans l'industrie privée, avant que le terme n'existe, je peux
vous dire que, lorsqu'on a des situations financières qui sont
chaotiques, c'est très difficile d'avoir une motivation auprès de
nos travailleurs et travailleuses et de les encourager à se surpasser,
parce que la direction passe ses instants maximum à essayer de redresser
la situation financière. Règle générale, c'est au
détriment d'autres choses qui sont actuelles, qui en souffrent.
Alors, l'industrie de la construction, il va falloir y voir. Je pense,
moi, et je ne vous surprendrai pas ce matin en vous disant que j'ai toujours
cru que ça devait passer par une commission parlementaire je
disais tripartite, et mon collègue de Jonquière m'a fait une
remarque qui était pertinente à la suite des auditions de
vendredi. Il m'a dit: Tu devrais dire quadripartite, dans une commission
parlementaire, parce que tu as oublié les consommateurs, qui devraient
être impliqués aussi au niveau de régler cette
problématique-là.
J'entendais, M. le ministre, et on sait le rapport Sexton-Picard...
J'entendais une interview de M. Jean Sexton à Radio-Canada, lundi. On
lui demandait: Est-ce que le rapport Sexton-Picard est encore
d'actualité, M. Sexton? Il a dit à l'interviewer: Vous savez,
dans un monde de globalisation où les frontières s'effondrent
très rapidement, j'ai acquis la certitude maintenant qu'il faudra
arriver avec deux lois ou deux décrets, appellons-les comme ça:
un pour le résidentiel et un pour tout ce qui est commercial et
institutionnel, génie civil.
Alors, ça, c'est quelque chose sur quoi il va falloir se pencher
en tant que collectivité, parce que, avec tout le respect et
l'expérience que je reconnais à M. le ministre du Travail, il va
admettre ce matin que, si on avait à négocier tous les deux le
décret qui était toute la grande construction, incluant le
génie civil, en regardant les demandes qui sont sur la table, autant
côté patronal que syndical, on serait d'accord, qu'on n'aurait pas
à aller jusqu'à 5 heures le matin, et qu'il serait très
tôt en soirée où on pourrait prendre le verre de
l'amitié et dire: Marché conclu. Alors, la problématique
est de plus en plus dans le secteur résidentiel. Il va falloir le
reconnaître en tant que législateurs et se donner aussi les outils
nécessaires pour être capables de faire face à cette
probabilité-là.
Or, il y a d'autres secteurs aussi qu'il va falloir regarder. Je
regarde, moi, toute cette grande problématique du secteur privé.
Mon collègue de Jonquière y a touché, oui. La tentation,
lorsqu'on est patron, c'est facile d'imposer des choses. Parce que, dans la
fameuse pyramide de Maslow des besoins des individus, lorsqu'on est rendu au
cinquième niveau, et la journée où notre pain et notre
beurre commencent à faire défaut, qui sont nos besoins de base,
on retombe très vite dans l'échelle de nos priorités.
Je pense que, à l'heure actuelle, quand je regarde cette
mondialisation, ces réalignements économiques qui sont en train
de se passer au niveau planétaire et aux niveaux québécois
et canadien, il y a énormément de pression, aussi, et c'est
facile et c'est tentant, lorsqu'on est un employeur, de couper les salaires, de
ne pas faire face, au niveau de la sécurité du travail, à
la prévention, de ne pas aller dans la maintenance préventive au
niveau de l'équipement, de ne pas investir devant les ressources
humaines. C'est la facilité. On est tenté, souvent, de le
faire.
Je suis d'un âge que j'ai toujours pensé
privilégié. Je suis un gars de la Révolution tranquille.
Mes vingt ans, c'était l'année 1960. Mais, très jeune
aussi, administrateur, j'ai vécu la période des années
soixante-dix, et M. le ministre va reconnaître que, à cette
période-là, on est arrivé avec une situation qui
était pas mal similaire, où c'était facile d'imposer, dans
la période de 1970 à 1974, des conventions à cause des
contextes économiques. On sait que les prix qu'on a eu à payer,
à partir de 1976, on a vu un mouvement pancanadien où les grands
employeurs ont été traités de «corporate
bums», dans certaines campagnes politiques. Alors, il y aura un prix
à payer, il y aura des nuages qui s'accumuleront devant ces
pressions-là.
Moi, je crois encore aujourd'hui qu'une des façons que
l'État québécois aura de se donner les outils pour
régler ces problématiques-là, c'est avec un nouveau
ministèrej'aime à l'appeler le ministère de
l'emploi qui aura toutes les ficelles et qui sera capable de mettre en
place ce qu'on voit dans certains pays, où il y a un comité
tripartite qui est composé de la partie gouvernementale, de la partie
syndicale et de la partie patronale. Et qu'on ne regarde pas simplement les
grandes négociations publiques, mais qu'on regarde une économie
d'une façon globale, puis de dire: En tant que collectivité,
voici les grands domaines; voici les grands pourcentages d'augmentation qu'on
peut se donner, en tant que collectivité. Voici les grandes conditions,
les grands bénéfices marginaux. Puis il arrivera des
tantôt, dans ces pays-là, où on va dire: Bien, cette
année, à cause de la récession, à cause des
ralentissements, on ne peut pas se donner ces outils-là, mais, par
contre, on va reconnaître que, dans certains secteurs d'activité,
il y a des inéquités, puis on va s'attacher à corriger ces
places-là.
Ça, ça serait une vraie politique du travail. Ça,
ça serait une table de concertation où l'affrontement serait mis
de côté. Je réalise que c'est peut-être
idéaliste, c'est peut-être essayer d'élever le débat
beaucoup plus que ceux qu'on voit, à l'heure actuelle, le terre à
terre, de gain à très court terme. Puis moi, je pense que la
société québécoise va être capable
d'évoluer, puis on va être capable de maintenir notre standard de
vie si on est capable de dépasser la vision de courte vue pour
être capable d'avoir une vision de moyen et de long termes. Je pense,
moi, que c'est la responsabilité gouvernementale, à même
les budgets, à même ses crédits, à même ses
lois, ses règlements, d'amener la collectivité à
évoluer vers ces sommets-là.
Il y a un autre domaine, aussi, qui pointe et où il y a des
horizons et des nuages qui sont drôlement inquiétants, et c'est
toute la grande problématique de la CSST. Moi, je suis drôlement
inquiet, parce qu'on ne peut pas continuer à accumuler les
déficits, puis il n'est pas mon intention, ce matin, d'essayer de
rétablir ou d'établir des pourcentages de responsabilité
à qui que ce soit. J'aime regarder la globalité des choses puis
être capable de dire, à un moment donné: Oublions donc les
coupables du passé. Ce n'est pas important, le passé. C'est
simplement l'histoire qui devrait mieux nous guider à mieux
préparer l'avenir puis à éviter les erreurs. Mais je crois
qu'on est obligé d'admettre que, lorsqu'on regarde les déficits
qui sont déjà là, présentement, on peut d'ores et
déjà prévoir pour l'année en cours et les
années à venir, le contexte économique aidant, et on est
en train de se préparer des années qui vont être plus que
turbulentes en avant de nous.
Moi, ce que je crains, M. le ministre... Parce que ça,
c'était un grand contrat social... Puis vous êtes aussi familier
que moi, qui date des années trente, que, à un moment
donné, les travailleurs et les travailleuses ont abandonné leurs
droits de poursuite pour aller dans un système, pour dire: Bien, c'est
la règle qu'on se donnait. Puis je pense que ça a
été un principe qui a été fantastique, ce qu'on
s'est donné, en tant que collectivité québécoise.
Alors, ce que je crains, moi, devant ces déficits accumulés,
bien, c'est qu'un jour, ça sera ten- tant de dire qu'on n'est plus
compétitifs, qu'on ne peut plus se permettre. Puis vous savez comme moi
qu'il y a des secteurs de la construction, à l'heure actuelle, où
ça peut représenter jusqu'à 18,50 $ du 100 $, qui vont
faire un 3,50 $ de l'heure. Puis il y en a que c'est même plus que
ça.
Alors, quand je regarde ça, moi, on voit tout de suite
l'élément de compétitivité qui ne sera plus
là, même dans la création d'emplois, ici, au Québec,
dans plusieurs secteurs vulnérables, puis on va avoir tendance à
couper les salaires. Non. C'est là qu'il va falloir se dresser. Alors,
il va être tentant, à un moment donné, pour des groupes de
pression de dire: Bon, bien, faisons sauter la CSST, puis dire au gouvernement:
Bien, ramassez donc le grand déficit, mettez donc ça dans le
consolidé. Mais, à ce moment-là, si on disait: On va
repartir à neuf avec une nouvelle CSST mieux équipée,
mieux réglementée, mieux légiférée, on vous
dirait: Non. Faisons-la sauter complètement, puis abandonnons un paquet
d'acquis qu'on s'est donnés, en tant que collectivité, au travers
des années.
Alors, ça, ce sont des inquiétudes, moi, que je vois, au
niveau des relations de travail, qui sont drôlement importantes. Parce
que ce n'est pas simplement la sécurité du travail, la
sécurité de la personne, de nos travailleurs et de nos
travailleuses, mais c'est aussi la santé économique, le
développement culturel et social du Québec, le climat social qui
peut être perturbé par des mesures qui, souvent, nous apparaissent
sans importance. (11 h 10) alors, à la lecture de la documentation que
vous m'avez fait parvenir et que j'ai consultée, qu'on a à notre
disposition, on peut voir que la situation que j'ai dépeinte, elle est
grise, elle n'est pas brillante, même si on a le soleil, ce matin. est-ce
qu'elle est irrécupérable? non. je pense qu'on a encore le temps.
et je me plais à dire à mes électrices et à mes
électeurs... parce que je suis aussi un fils d'ouvrier. je n'ai jamais
oublié, non plus, m. le député de jonquière, mes
origines, et j'ai le plaisir de représenter une collectivité
où 95 % de mes électeurs et électrices sont des
travailleurs d'usine, des cols bleus ou des cols blancs. j'ai le plaisir de
représenter une collectivité où est-ce que... en 1976,
c'était une ville qui avait l'image à peu près la plus
noire au québec. puis un jour, il y a des hommes et des femmes qui ont
rêvé d'être capables de se prendre en main puis,
au-delà des gouvernements, de dire: on va bâtir un nouveau climat
ouvrier. on va bâtir une nouvelle paix sociale, puis on va
développer. puis aujourd'hui, même s'il y a eu une
récession, même si on reçoit, parfois, en tant que
député puis je n'entrerai pas dans les détails
parce que le président va me rappeler à l'ordre certains
coups que j'appelle en bas de la ceinture, j'ai le plaisir de
représenter une collectivité où la fierté du
travail est importante.
On est en pleine semaine des olympiades industrielles qui ont
donné naissance aux Mercuriades, au niveau de la chambre de commerce,
où on met en évidence les travailleurs et les travailleuses de
chez nous,
où on met en évidence, aussi, l'industrie. Et un des
premiers prix qui est donné, c'est pour le climat de travail, les
relations de travail. Ça, c'est un des premiers prix qu'on donne puis
qu'on reconnaît, dans notre collectivité. Pourquoi? Parce que,
à partir des relations de travail, on a été capables de
changer le climat social de Drummond. On a été capables d'amener
cette ville, qui est une ville ouvrière, à une des villes qui est
reconnue à l'échelle de la province comme étant une des
villes de haut lieu de culture. On a été capables de
développer des événements, maintenant, qui ont des
renommées internationales, à partir du travail des hommes et des
femmes, et à mettre ensemble nos acquis. Alors, je pense qu'il y a
quelque chose, aussi, des expériences qui ont été faites
dans cette collectivité-là qui pourraient être profitables
à l'ensemble.
Or, vous allez comprendre pourquoi mon intérêt, au niveau
des relations de travail, est si important. J'ai eu la chance de le dire hier
et je le répète, et je vais conclure avec ceci, M. le
Président. Je crois encore, en 1993, en la dignité du travail. Je
crois encore, moi, que nos Québécois et nos
Québécoises veulent occuper une tâche à la mesure de
leurs qualifications, à la mesure de leurs espérances et de leurs
rêves, qu'ils veulent s'épanouir, puis qu'à partir de
ça on serait capables de se développer culturellement, on serait
capables de se développer financièrement et globalement d'arriver
aussi puis je pense que c'est encore idéaliste, mais je vais le
dire à être capables de dire: Un jour, j'aurai à
passer le flambeau, puis j'aurai monté une marche, puis la
génération qui suivra pourra aller plus haut.
Ce que je crains, M. le ministre et M. le Président, à ce
moment-ci, bien, on est à l'orée que... Pour la première
fois, nous, de la génération des dirigeants, passerons le
flambeau à la génération qui nous suit avec une baisse du
standard de vie, avec un paquet de nuages gris, et c'est ce qu'on est en train
de préparer. Et je me plais à dire à mes électeurs
et électrices: À mon humble avis, on a encore seulement deux ans
devant nous avant d'arriver à minuit pour être capables de mettre
en place les mécanismes qui font appel... Parce que c'est ça qui
est le plus inquiétant. Changer des choses physiques, c'est rapide;
bâtir de la brique et du mortier, c'est rapide; changer des comportements
et des attitudes, ça se fait avec le temps, c'est la nature humaine.
Alors, il nous reste deux ans. On est à 11 h 59.
Alors, j'espère, M. le Président, comme je l'ai fait
jusqu'ici, dans tous les travaux, de quelque commission parlementaire à
laquelle j'ai participé, aborder cette commission, encore là, et
les travaux, l'étude de l'économie du travail avec ouverture
d'esprit, en essayant d'apporter les humbles expériences du
député de Drummond, mais être surtout le digne
représentant de ces citoyens et citoyennes. Et je vous remercie, M. le
Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Gobé): Très bien. Merci, M.
le député de Drummond. Y a-t-il d'autres parlementaires, autour
de cette table, qui désirent faire des remarques préliminaires?
Alors, étant donné qu'il n'y en a pas, nous allons donc
maintenant, sans plus attendre, entamer l'étude des crédits du
ministère.
J'ai cru comprendre, au début de la séance, qu'il avait
été convenu que, au lieu d'aborder les programmes programme par
programme, élément par élément, il y aurait une
discussion d'ordre général sur certains sujets en particulier.
Alors, il y a consentement, semble-t-il, pour ce faire. Alors, à ce
moment-là, ça nous permet de commencer tout de suite, mais je
rappellerai quand même que, pour pouvoir faire en sorte de respecter
l'alternance ou la liberté de parole, un peu, d'autres parlementaires
autres que ceux de l'Opposition, même au niveau de l'Opposition, le
député indépendant de Drummond, essayons de nous en tenir
à des blocs d'une vingtaine de minutes, peut-être, puis,
après ça, demandons à d'autres parlementaires s'il veulent
intervenir, pour ne pas que le temps soit pris toujours du même
côté. Tout en rappelant, quand même, que les crédits,
l'étude des crédits, c'est l'instant et le moment non seulement
privilégiés, mais très importants pour l'Opposition, de
questionner le gouvernement et ses politiques et ses programmes. Donc, c'est
normal qu'une grande partie du temps, par consentement, soit laissée
à la discrétion du représentant officiel de
l'Opposition.
Vous avez la parole, M. le député de Jonquière.
Discussion générale Abolition des
décrets dans divers secteurs
M. Dufour: Oui, M. le Président. Je voulais qu'on parle un
peu des décrets. Le ministre a fait allusion, tout à l'heure, au
fait que son sous-ministre est dans le dossier, qu'il est en train d'examiner
une situation globale sur tout ce qui se passe. On sait que, actuellement, il y
a une trentaine de décrets qui sont appliqués par le ministre du
Travail et qu'il y a une tendance qui semble vouloir se développer
à l'effet qu'on pourrait abolir certains décrets, dont celui de
la coiffure, en particulier. Il semble y avoir un mouvement, des pour et des
contre.
Chez nous, l'abolition du décret de la coiffure a eu pour effet
de diminuer un peu le nombre de personnes, officiellement, qui font le
métier de coiffeur ou de coiffeuse. Ça ne veut pas dire qu'il y a
moins de monde qui a recours à ces services-là, mais, c'a
créé un certain nombre de petites unités sur lesquelles on
n'a pas de contrôle pour l'hygiène et la sécurité.
Et il y a du travail au noir, parce qu'il y a des montants d'argent qui
transitent quelque part vis-à-vis de ça.
Est-ce que l'abolition du décret de la coiffure est une bonne
façon de voir les choses? Je m'interroge là-dessus. Au point de
vue de l'hygiène, c'est important, en tout cas, à mon point de
vue, et lorsque c'était par décret peut-être que les
petites municipalités ne l'avaient pas les municipalités
un peu musclées pouvaient intervenir pour empêcher les salons de
coiffure dans les maisons privées. C'a augmenté de ce
côté-là et
c'a diminué ailleurs. Donc, il y a un phénomène
que, sûrement, votre sous-ministre va réexaminer.
Mais, dans l'ensemble des décrets, est-ce que, actuellement, vous
commencez à vous former une opinion par rapport à ça? Les
décrets de garage, les décrets de verre plat, le vêtement,
les agences de sécurité, les meubles, il y a un paquet de
décrets, mais, actuellement, est-ce qu'on a l'intention de
déréglementer et laisser tomber tout ce pan-là de notre
société qui remplace, effectivement, des négociations de
conventions normales?
M. Cherry: M. le Président, je remercie mon
collègue de Jonquière de soulever l'aspect des décrets.
Comme je le disais dans mes remarques préliminaires, il reste, au moment
où on se parle, 31, 32 décrets qui regroupent, quand même
et il est important de le souligner à l'exception de celui
de la construction, bien sûr, environ 140 000 personnes. Vous en avez
environ 100000 qui sont assujetties à des décrets concernant les
services, et, l'autre, la balance, les 40 000, dans le secteur
manufacturier.
Donc, l'exercice qui est présentement en cours, avec la
collaboration du ministère de l'Industrie et du Commerce et la Formation
de la main-d'oeuvre aussi... Ils sont en audition cette semaine. Il y a eu une
première journée à Québec, et, aujourd'hui et
demain, se poursuivront à Montréal les audiences pour l'ensemble
des intervenants dans ce dossier-là. Comme ministère, bien
sûr, c'est un exercice qui est extrêmement important, important
parce que les intervenants du milieu, et dans chacun des secteurs que je viens
de décrire, viennent nous dire quelle est leur vision. À la
lecture des mémoires, ceux qui ont suggéré qu'ils
voulaient être entendus, on s'aperçoit que, à
l'intérieur des mêmes groupes, il y en a qui font des
distinctions. Certains souhaitent le maintien, d'autres souhaitent l'abolition,
à l'intérieur des mêmes groupes, sous le même
chapeau, et pour des raisons tout à fait à l'opposé. Donc,
il est important de fournir une audience à cela et c'est ce qui se fait
présentement.
Vous me permettrez aussi de vous rappeler que la 101 des décrets,
ça remonte à 1934. la première remarque, quand j'avais
consulté un fonctionnaire du gouvernement, la première
réflexion qu'il m'avait faite, c'est: m. le ministre, si la loi des
décrets, qui a été votée en 1934, existe encore
aujourd'hui, elle prouve qu'elle avait son utilité. ça, ça
a été sa première réflexion, une loi qui dure aussi
longtemps. est-ce qu'on devrait continuer à la maintenir dans sa forme
actuelle? est-ce qu'il faut complètement l'abolir, ou est-ce qu'il faut
y apporter des modifications pour la moderniser dans l'ensemble des secteurs ou
dans certains de ses secteurs? c'est l'exercice auquel les parties sont
conviées et qu'elles sont en train de faire présentement.
à partir de cet exercice-là, pour répondre directement
à votre question, c'est ça qui va aider la réflexion qu'on
veut faire comme ministère.
(11 h 20)
Le comportement que j'ai dans ce dossier-là, il est le même
que pour l'ensemble des dossiers du ministère. Parce que, dans vos
remarques préliminaires, vous avez aussi dit: Comment ça se fait
que le ministre n'intervient pas aussi souvent ou de façon aussi
publique? Je vous avouerai que c'est par choix, que j'ai choisi de faire
ça, parce que, à mon avis, le succès du ministère
du Travail, c'est important que ça rejaillisse d'abord sur les parties
qui en font le succès.
C'est pour ça que, dans l'ensemble, par exemple, de ce qu'il est
convenu d'appeler maintenant les contrats sociaux, c'est la nouvelle mode... Il
y en a une vingtaine au Québec. Hier, on avait l'occasion
d'échanger ensemble là-dessus, et j'ai pris des exemples dans
chacune des centrales syndicales pour faire l'illustration que ça se
passe partout. Il y a des gens qui, de temps à autre, communiquent au
ministère du Travail et disent: Quel est le modèle que le
Québec se donne? Est-ce le modèle allemand? Est-ce le
modèle suédois? C'est le modèle québécois.
Et quelle est la principale caractéristique du modèle
québécois? C'est que, sur les 20 contrats sociaux qu'on a au
Québec, il n'y en a pas deux qui sont identiques. Parce que, chaque
fois, on pense que, pour maximiser les chances de succès, il faut qu'on
respecte les particularités qui sont propres à cette
industrie-là, à ce secteur d'activité économique
là. Et ce qui est vrai dans l'acier n'est pas nécessairement vrai
chez Weston, dans le pain, et n'est pas nécessairement vrai dans un
autre des services. Il faut faire la distinction, il faut la respecter.
Ça, c'est la vision que j'ai, comme ministre du Travail. Au
degré où les parties seront fières de s'identifier
à des réussites comme celles-là, c'est par la confiance
que tu bâtis la confiance. Dans ce sens-là, bien sûr, on les
aide à cheminer. On met des services à leur disposition. On tente
de mettre des groupes qui sont intéressés en contact avec des
expériences qui ont été vécues, quels sont les
succès qu'ils ont identifiés et quels sont les problèmes
qu'ils ont rencontrés, pour qu'on profite, chacun, des
expériences, des succès ou des erreurs que certains ont connus
dans le cheminement. Et ça, il est important que ça se passe
entre les parties. Bien sûr, on leur fournit l'encadrement
nécessaire, mais il est important que ce soit les parties sur qui
rejaillit le succès de ça. Bien sûr, ça rejaillit
sur l'ensemble de la collectivité québécoise, au niveau de
la façon dont sont exercées les relations de travail au
Québec. Vous avez cité l'exemple, tantôt, de l'Alcan. Vous
disiez que, chez vous, ils sont en négociations, l'employeur fait
valoir.
Parmi les principales qualités qu'on doit retrouver dans
l'ensemble des succès en relations de travail, il faut qu'il y ait de la
transparence et il faut que l'information circule. Ça, c'est des gages
de succès. Ce sont des espèces de prérequis. Ce n'est pas
toujours facile d'accepter ça, mais il faut que ça se fasse. Je
citerai en exemple, là-dessus, celui qui a probablement le plus grand
nombre d'expériences à citer, les investissements que fait le
Fonds de solidarité. Vous vous souviendrez peut-être que, parmi
les premiers investissements qu'a faits le Fonds de solidarité, il les a
faits dans des secteurs dont
les relations de travail étaient identifiées comme
très difficiles, qui, souvent, faisaient suite à des
conflits.
Mais quand on échange, de façon régulière,
l'information de l'entreprise, quels sont ses objectifs, quelle est sa
planification, où est-ce qu'on veut aller... Par exemple je viens
du secteur privé, vous le savez comme moi, vous venez du même
milieu souvent, à ces réunions de direction d'entreprise,
si on se fie uniquement aux vendeurs, les gens de marketing, eux autres, on a
l'impression que, quasiment à toutes les portes où ils vont
frapper, ils vont vendre des produits. Mais il est important qu'ils reviennent
aussi à la réalité et dire pourquoi ils n'ont pas
réussi à vendre à tel endroit. Est-ce que c'est à
cause des prix? Est-ce que c'est à cause de la qualité? Est-ce
que c'étaient les frais de transport, les dates de livraison qui
n'étaient pas correctes? Finalement, quand on réussit à
obtenir un contrat et que la livraison se fait et que là, on est
convaincu de la qualité de notre produit et qu'il va y avoir ce qu'on
appelle un «repeat», une répétition, une
deuxième commande, et que là on réalise que, des fois, la
commande revient parce qu'ils n'ont pas trouvé là-dedans la
qualité qu'ils souhaitaient, alors, là, il y a tout un partage de
la responsabilité.
Et un fait très intéressant, sur le nombre
d'investissements qu'à faits le Fonds de solidarité, qui se
situent, si ma mémoire est bonne, à au-delà de 80, et
certains en sont maintenant à leur deuxième ou même
à leur troisième renouvellement de convention collective, c'est
qu'il n'y a pas eu de conflit de travail ou presque. Pourquoi? Parce que
l'information n'arrive pas qu'au moment de la crise c'est à
ça que vous référez, vous dites l'Alcan et ailleurs
mais qu'elle circule, que les travailleurs, leurs représentants y ont
accès de façon périodique dans le cheminement et qu'ils
peuvent partager ensemble les problèmes, les espoirs et les
réalisations, et au degré où ils vont réaliser
ça, au degré où ils vont cheminer ensemble.
Et ça, dans ce sens-là, comme moi, vous êtes
sûrement au courant que le Fonds de solidarité fait aussi ce qu'on
appelle de la formation économique des représentants. C'est un
mot qui, il y a peut-être une dizaine ou une quinzaine d'années,
aurait été banni dans le langage syndical, mais aujourd'hui, dans
l'obligation, dans la responsabilité qu'ont les porte-parole syndicaux
de bien représenter les travailleurs et les travailleuses qui leur font
confiance, ils ont l'obligation de bien connaître ça, de savoir
lire un bilan, d'avoir une vision de problématique. Ils sont
obligés, et je pense que ceux qui possèdent cette
information-là le font avec l'exercice du sens de la
responsabilité.
Par exemple, et sans tourner le fer dans la plaie de certains secteurs
d'activité économique importants au Québec, on
réalise que, il y a quelques années, s'il y avait eu cette
approche-là, peut-être que, au lieu de réclamer des
augmentations de salaire ou d'avantages sociaux au point de vue
coûts, ils sont importants si on avait misé sur le
recyclage et la formation de la main-d'oeuvre, si on avait misé sur le
renouvellement de l'équipement avec lequel on produit, on ne se
retrouverait pas dans certains secteurs d'activité économique
avec les difficultés auxquelles on fait face au- jourd'hui. C'est la
nature humaine qui veut que, souvent, c'est en période de
difficulté que le meilleur qu'il y a dans l'homme sort, dans l'humain,
et dans ce sens-là, je crois qu'au Québec on possède les
qualités nécessaires pour être capable d'en arriver
à cette vision-là des choses.
Donc, en ce qui concerne les décrets de l'ensemble de
l'activité économique, je vous le dis, on en a sollicité
189 organismes et groupes, puis il y en a 49 qui nous ont soumis des
mémoires et qui sont en train de se dérouler aujourd'hui. Donc,
comme je vous dis, il y a vraiment un éventail complet, et à
l'intérieur d'un même secteur, sous un même chapeau de
décret, il y a des groupes qui disent: Moi, je suis dans ce
décret-là, j'en veux l'abolition du côté
patronal et dans le même groupe, d'autres entrepreneurs disent:
Moi, j'en souhaite le maintien pour telle et telle raison. Donc, il est
important que ça soit connu de façon publique. Qu'on cesse de
venir faire le pèlerinage dans le bureau du ministre et là, la
porte fermée, lui faire des révélations qui ensuite font
qu'on tient un autre langage sur la scène publique. On est passé
cette période-là, on est dans les années quatre-vingt-dix,
on s'enligne vers l'avenir, et il est important qu'on fouille l'ensemble de
ça. (11 h 30)
La loi était bonne, elle a fait ses preuves, elle a fait son
temps. Est-ce qu'on doit la garder dans le même format? Si on doit la
modifier, de quelle façon elle doit être modifiée? Est-ce
qu'on doit y ajouter des responsabilités additionnelles comme, par
exemple, la formation de la main-d'oeuvre? Dans certains cas, des
comités paritaires où siègent là patrons et
syndicats, pour l'ensemble des secteurs d'activité économique
à la grandeur du territoire québécois, est-ce qu'en
modifiant les responsabilités des comités paritaires on
n'identifierait pas là des partenaires privilégiés qui
connaissent mieux que quiconque au Québec les besoins de main-d'oeuvre
et les besoins de formation? Souvent, dans ces secteurs-là, ce sont des
entreprises de taille moyenne ou importante disons même
importante, à 300, 400 employés qui n'ont pas les moyens,
comme entreprises individuelles, de s'offrir des services de formation et de
recyclage, mais qui, en prenant l'ensemble de l'industrie, là,
pourraient se doter de services qui répondraient à l'ensemble de
ce secteur d'activité économique là. Il faut se. poser la
question. À l'heure actuelle, ce n'est pas dans leur mandat; certains le
font, mais ce n'est pas dans leur mandat. Ce sont des mesures transitoires,
présentement.
Donc, est-ce qu'on n'aurait pas intérêt à regarder?
Parce qu'il me semble que, pour la formation de la main-d'oeuvre dans les
secteurs, là, qui sont structurés et qui fonctionnent bien comme
tels, il n'y a pas de meilleurs intervenants, pour le gouvernement, que ceux
qui font de ça leur responsabilité quotidienne, et patrons et
syndicats qui ont développé des façons de bien travailler
ensemble. Alors, je vous donne, là, l'orientation dépendamment
des secteurs.
M. Dufour: Je sens qu'on a dépassé quelque peu la
question que j'avais posée concernant les décrets.
Vous avez parlé des contrats de travail. Ça va. Moi, je
n'ai pas d'objection à vous écouter. On m'a dit, jusqu'à
un certain point, que vous ne parliez pas beaucoup, mais là, je
m'aperçois que vous êtes prêt à en parler, et
ça, c'est une bonne chose.
M. Cherry: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça fait un échange. Je trouve que le
ministre, il doit nous donner un peu l'heure juste. Quand on pose une question,
nous répondre par un oui ou par un non, ce n'est peut-être pas
suffisant. C'est de même qu'on va se connaître un peu mieux, et
c'est de même, aussi, qu'on va voir où vous allez.
Impacts du libre-échange sur les
décrets
Lorsque, par rapport aux décrets... Est-ce que vous avez
analysé, ou est-ce que vous faites analyser les impacts du
libre-échange, par rapport à votre réflexion? Le
libre-échange, ça peut avoir des influences sur les
décrets. Si on n'a pas les mêmes règles, comment on arrive
à établir les règles du jeu correctement? Comment vous
interprétez, par exemple, aussi, ce qui se passe avec le
Nouveau-Brunswick, là, par rapport à tout ça? Est-ce que
vous avez une idée?
M. Cherry: O.K. Dans... M. Dufour: Ou des
idées?
M. Cherry: O.K. Dans un premier temps, par rapport à votre
question du libre-échange, je vous ferai remarquer que, sur les 140 000
personnes qui sont assujetties 140 000 et quelques à
l'ensemble des décrets, toujours à l'exclusion de celui de la
construction, on a convenu, tantôt, qu'il y en a environ 100 000 qui sont
dans les services, pour qui l'effet du libre-échange, l'entretien des
édifices, les mécaniciens de garage, la coiffure... Il n'y a pas
grand impact là-dedans, comme tel, là, par rapport au
libre-échange...
M. Dufour: Mais le meuble?
M. Cherry: ...sur l'aspect du libre-échange. Là,
quand on va dans le secteur manufacturier, les autres 40 000...
M. Dufour: Le meuble.
M. Cherry: ...les meubles, portes et fenêtres...
M. Dufour: Le vêtement.
M. Cherry: ...le verre, ceux-là, là il y a
même les cercueils là-dedans...
M. Dufour: Oui.
M. Cherry: ...le vêtement, l'ensemble des vête-
ments, il y a... Il reste quatre décrets actifs, par exemple, dans le
vêtement. Est-ce qu'ils ont intérêt à être
maintenus? Si oui, ont-il intérêt à être maintenus,
les quatre, séparément, ou auraient-ils intérêt
à être regroupés pour se doter de services par rapport
à l'ensemble de l'activité économique?
Ça, c'est des réflexions qu'on fait dans le moment et que
les audiences de cette semaine vont nous aider à mieux camper
là-dedans. C'est pour ça, aussi, que je l'ai dit
tantôt et vous m'offrez l'occasion de le rappeler on a
associé à cette démarche-là, sur la
réalité des décrets en 1993, le ministère de
l'Industrie et du Commerce et le ministère de la Formation
professionnelle, ce qui est devenu la Formation de la main-d'oeuvre, parce que
ce sont des ministères qui sont interpellés dans le type de
préoccupations que vous soulevez, par rapport au commerce, le
libre-échange, Industrie et Commerce, et, bien sûr, par rapport
à la formation de la main-d'oeuvre, qui est de la responsabilité
de mon collègue Bourbeau. C'est pour ça que la concertation
gouvernementale se fait de ces trois ministères-là, dont cette
activité-là est interpellée. C'est pour ça qu'on
fait ça conjointement.
M. Dufour: Mais, raisonnablement, dans combien de temps on peut
s'attendre que votre réflexion va être complétée, et
où il va y avoir des décisions, une ou des décisions
d'arrêtées?
M. Cherry: J'ai toutes les raisons de croire qu'ils devraient
compléter leur rapport, là, durant, disons, juin et juillet, avec
la période d'accalmie. J'ai l'impression que, pour l'automne, on devrait
avoir des idées plus arrêtées sur l'avenir des
décrets.
M. Dufour: Et vos idées arrêtées,
après les audiences, comment vous allez procéder? Est-ce que vous
avez l'intention de remettre ça à la consultation? Est-ce que
vous allez vous brancher sur quelque chose, là? Comme c'est les
décrets, vous pouvez toujours dire: On va imposer. Mais ce n'est pas
tout à fait ça, je pense, qu'on recherche, là, une
espèce de consensus, là.
M. Cherry: À ce moment-ci, je vous dirais que je pense
qu'on va procéder, probablement, de la même façon qu'on l'a
fait avec le comité interministériel qui s'est penché sur
la situation des policiers-pompiers et des villes: former un comité
interministériel qui fait des audiences, qui reçoit des
mémoires, qui informe, et, après ça, on rend public. Ce
que vous me demandez, aujourd'hui, là, c'est la façon dont j'ai
l'intention de cheminer.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Drummond.
Coordination gouvernementale et mobilité des
travailleurs
M. St-Roch: Oui. Avant qu'on quitte les décrets,
M. le ministre, juste à votre dernière remarque, si on
regarde où ça a débouché, aussi, cette
procédure-là, en considérant les policiers et les pompiers
vous l'avez même mentionné, d'ailleurs, avec justesse dans
vos remarques préliminaires on a débouché sur la
loi 74 avec des innovations qui sont intéressantes, aussi, dans la loi
74, parce que je pense qu'on a réussi à mettre, pour une des
rares fois, une loi où il y a des clauses crépusculaires,
où les commissions vont avoir à évaluer. Je pense que
c'est une loi, moi, à mon humble avis, qui se veut une loi
avant-gardiste au niveau du modèle. Alors, j'espère qu'on aura le
même patron, là, qui va déboucher, suivant votre
consultation.
Vous avez mentionné le décret du vêtement. Mon
collègue a touché, aussi, à la relation avec le
Nouveau-Brunswick. On sait l'industrie du vêtement, à l'heure
actuelle, puis on sait toute l'importance que le ministère de
l'Industrie et du Commerce veut donner, aussi, au niveau du design et de la
mode. On veut en faire une plaque tournante et une capitale. Et quand on
regarde, au niveau de la confection, on sait que les décrets ici ont eu
un effet qui a fait en sorte que beaucoup d'entrepreneurs se sont
dirigés vers le Nouveau-Brunswick parce qu'il y avait beaucoup plus de
décloisonnement, beaucoup moins de restrictions, à ce
moment-là, au Nouveau-Brunswick qu'au Québec. Alors,
j'espère qu'on regardera cette problématique-là, aussi,
avec la relation.
Mais d'une façon un petit peu plus globale, dans mes remarques
préliminaires, j'avais touché aussi la ronde de Vancouver,
là, qui va avoir lieu les 6 et 7 juillet. La table à laquelle
vous avez référé, est-ce que c'était la table aussi
qui a fait en sorte que le ministère du Travail a fait les
recommandations au ministre de l'Industrie et du Commerce? Parce que le
ministre de l'Industrie et du Commerce aura à déposer les cahiers
de demandes, ou la position du Québec pour les 6 et 7 juillet. Et si on
regarde les mécanismes, les ministres, après ça, des
différentes provinces et du fédéral s'entendront avec un
calendrier de négociations. Alors, est-ce que M. le ministre serait
capable de nous dire, ce matin, là, qu'est-ce que, de son point de vue
à lui en tant que ministre du Travail, ça a donné comme
mandat à son collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce,
à mettre à la table, ou dans le plat commun, là, pour
faire un échéancier les 6 et 7 juillet, à Vancouver?
M. Cherry: Au moment où on se parle, justement, en
préparation de la réunion à laquelle vous
référez, bien sûr, on travaille en concertation. On le
fait, bien sûr, avec le ministère de l'Industrie et du Commerce,
avec le ministère des Approvisionnements et Services, avec,
évidemment, le ministère du Travail. On fait ça en
concertation parce que, comme vous l'indiquez, il y a là-dedans un appel
à certaines lois ou réglementations qui couvrent certaines
activités qui relèvent de nous autres. Donc, on fait ça en
concertation. Même si c'est le ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie qui en est le porte-parole, bien sûr, au
niveau, là, des activités interministérielles, on fait
ça en concertation parce qu'on est interpellés pour certaines de
nos responsabilités.
Et quand vous référez à celui du Nouveau-Brunswick,
on se souviendra que, même si on a voulu identifier de façon un
peu particulière on y réfère rapidement le
secteur de la construction par rapport à la circulation des travailleurs
entre les deux provinces... Merci de l'occasion de rappeler que, même si
médiati-quement on a fait de ça un événement
important, de mémoire, là, le nombre d'incidents entre le
Québec et le Nouveau-Brunswick, entreprises du Québec ou
entreprises du Nouveau-Brunswick là, quand il y a eu des incidents,
c'est quatre ou cinq dans les quatre, cinq dernières années. Une,
c'est une de trop, on est d'accord, on s'entend, mais de là à
vouloir stigmatiser le secteur de la construction comme étant celui qui
est responsable de ça, vous avez raison de le soulever, ça
s'élargit à ça. (11 h 40)
Vous venez de soulever le secteur de la couture, du vêtement. On
pourrait facilement parler, vous en conviendrez, du secteur de la forêt,
de nombreux Québécois qui vont travailler au Nouveau-Brunswick et
qui non seulement font l'abattage des arbres, mais font aussi le transport.
Vous avez de nombreux Québécois qui vont rendre des services dans
le milieu hospitalier, au Nouveau-Brunswick, à la frontière, de
nombreux Québécois qui aussi, comme activité
économique, vont dépenser leurs gains en partie importante dans
des villes frontalières au Nouveau-Brunswick. Donc, tout ça, il
faut en tenir compte. C'est pour ça qu'il faut qu'il y ait une
concertation de la politique gouvernementale.
On a aussi parlé des achats. On a voulu se servir de
l'entrée de la construction, mais on a parlé d'une politique
d'achat gouvernementale, aussi. Et, dans ce sens-là, il est important
que le dialogue qui existe entre les provinces, qui n'est pas facile, soit
maintenu et qu'il y ait une position gouvernementale uniforme. Et je pense que,
dans ce sens-là, ça chemine. La situation de la construction m'a
permis de rappeler, puis je sais que vous êtes familier avec ça,
dans la construction, ce qu'on appelle le sceau rouge, le «red
seal» qui permet à des travailleurs de pouvoir se déplacer
d'une province à l'autre pour aller exercer leur activité
économique, en autant qu'ils respectent, au Québec, les
règles du Québec, qui sont exprimées de façon
différente au Nouveau-Brunswick, mais qui existent en Ontario ou
ailleurs.
Les gens, par exemple, au Nouveau-Brunswick, qui possèdent le
sceau rouge qui leur permet de venir exécuter, qui ont une carte de
compétence pour venir non seulement au Québec, mais pour aller
travailler ailleurs, il y en a 10 500. Parce que certains d'eux
possèdent une spécialité qui leur est propre, qu'on ne
retrouve pas souvent. Au Québec, des gens qui possèdent le sceau
rouge, selon les informations que la CCQ m'a fournies, il y en aurait environ
750. Peut-être que le Québécois qui oeuvre dans le secteur
de la construction souhaite moins une mobilité que le souhaitent des
gens d'autres provinces. Je vous dis ça comme ça. Est-ce que
c'est uniquement une question de langue? Est-ce que les Québécois
qui vont oeuvrer préfèrent le faire dans d'autres régions
du globe plutôt que dans d'autres
régions canadiennes? Ce sont des questions qui peuvent se
soulever, à mon avis.
Réglementation de l'industrie du
textile
M. St-Roch: Ma préoccupation était surtout, M. le
ministre... Quand je regarde cette grande problématique là, je
souscris à vos remarques au niveau de la construction, mais ma
préoccupation, c'est surtout tout le volet des décrets du
vêtement. Parce que je pense qu'on a connu une industrie des textiles qui
était florissante, qui était l'industrie de la mode, au niveau
gouvernemental, puis ça, ça date de 1981, parce que
j'étais de l'autre côté et j'avais eu l'opportunité
d'être impliqué, à un moment donné, au renouveau du
textile. Alors, depuis 1981 le gouvernement du Québec met
énormément d'efforts pour essayer de refaire de Montréal
la capitale de la mode.
On sait les annonces qui ont été faites par le
ministère de l'Industrie et du Commerce, on sait les montants d'argent
qui sont mis là, mais la création, en tant que tel, oui,
ça prend des créateurs, mais ça va prendre des
exécutants, tout à l'heure, pour transformer en vêtements.
Puis il y a eu énormément, là, une bonne prise dans la
foire, les décrets versus les non-décrets ou la libre entreprise
tous azimuts, au Nouveau-Brunswick, au niveau de la confection. Puis où
est-ce qu'est réellement la création d'emplois? Dieu sait
qu'à Montréal on a besoin de création d'emplois, puis
ça serait un secteur qui pourrait nous aider, probablement, à
revaloriser beaucoup de secteurs de Montréal, parce que ça ne
demande pas des infrastructures qui sont excessivement dispendieuses au niveau
de ce type d'industrie là.
Alors, je vois, moi, que les décrets au niveau du vêtement
peuvent être un fer de lance majeur pour la création d'emplois
à Montréal et c'est pour ça que... Je sais que vous allez
surveiller ça de très près, mais c'est peut-être un
endroit où il faudrait donner une attention un peu plus
particulière, quand on regarde cette grande problématique de
chômage dans la région de Montréal puis d'emplois futurs
pour le Québec.
M. Cherry: Suite au commentaire que vous venez de faire,
collègue de Drummond, le forum qu*on a tenu sur le vêtement, qui
regroupait l'ensemble des quatre, ça s'est tenu le 16 novembre dernier.
Et ce qu'on a convenu, c'est que ça nous prend une entente d'industrie.
C'est ça que ça nous prend. Il faut arrêter de se
séparer les uns, les autres. Il faut travailler collectivement. Donc, le
regroupement est urgent.
Bien sûr, en plus de ma responsabilité de ministre du
Travail, j'ai aussi une sensibilité qui est mienne, étant
Montréalais. Bien sûr, c'est celle-là. Et vous ajouterez
à ça aussi une responsabilité ministérielle qui est
la mienne. Le secteur auquel vous référez, qui est celui du
vêtement, de la couture, nombreuses gens issues des communautés
culturelles, un secteur... Beaucoup, beaucoup de femmes, une main-d'oeuvre en
majorité féminine est issue des gens des communautés
culturelles, donc des gens qui ont besoin, des gens qui, parfois, sont plus
vulnérables, ont besoin d'un encadrement plus serré des choses
qui répondent le mieux à leurs besoins. Alors, c'est dans ce
sens-là qu'on a convoqué, le 16 novembre, ce forum, et c'est pour
cette raison-là qu'on tente de les faire cheminer sur un plan
d'industrie plutôt que de le faire uniquement décret par
décret par décret.
M. St-Roch: En conclusion, M. le Président, sur ce volet.
M. le ministre, vous admettrez que, au lieu de voir passer les camions
parce qu'on adore recevoir le trafic à Drummondville de
Montréal vers le Nouveau-Brunswick avec seulement la coupe, j'aimerais
mieux voir passer les vêtements déjà
confectionnés.
Travail au noir dans l'industrie du textile
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Drummond. M. le ministre, j'ai peut-être une
question à vous poser. Vous avez abordé le domaine du textile, de
la mode, montréalais en particulier. Seriez-vous capable de nous
indiquer s'il se pourrait qu'il existe à Montréal le même
genre de situations qu'on retrouve dans les grandes villes comme Paris, Londres
ou Berlin, qu'on verrait éclore des ateliers clandestins de travail au
marché noir ou au noir, dans le domaine du textile et de la confection,
avec des gens venant seulement de communautés... Je vais
préciser. On sait qu'on a découvert, dans certaines villes, des
ateliers complets avec des Turcs ou avec des gens d'Afrique ou même du
Moyen-Orient, qui font de la confection. Au lieu de la faire à Hong
Kong, ils la font à Paris ou à Berlin ou ailleurs. Est-ce que,
avec l'arrivée de nos nouveaux types de réfugiés, en
particulier, et la crise économique qu'on connaît, avec la
taxation importante que les entreprises ont à subir, CSST et tout
ça... On voit que, dans la construction, il y a là un
échappatoire pour un certain nombre d'entrepreneurs afin de pouvoir
continuer à travailler ou, du moins, c'est ce qu'ils disent, mais ils le
font. Est-ce que cette situation ne pourrait pas on n'en parle pas dans
les journaux encore exister chez nous, au niveau de la confection?
M. Cherry: je vous avouerai qu'il n'y a pas de doute dans mon
esprit que ça peut, que ça doit exister dans la région
montréalaise, mais je suis convaincu que ça existe ailleurs sur
le territoire québécois. évidemment, ailleurs sur le
territoire québécois, la présence des gens issus des
communautés culturelles étant moins importante, c'est un autre
groupe de notre collectivité québécoise qui s'adonnerait
à ça. dans la région montréalaise, à cause
de la forte présence des gens issus des communautés
culturelles... les statistiques nous indiquent que 90 % des gens issus des
communautés culturelles qui sont au québec vivent dans la grande
région de montréal, donc ce sont des emplois qui ont besoin qu'on
les regarde.
Ce n'est pas facile. Il y a une diminution... Ce n'est pas
illégal, le travail à domicile, comme tel. Je pense bien qu'il
n'y a personne qui a dit que c'est dans
le décret. Est-ce que les heures sont rapportées? Est-ce
que la façon dont ils sont payés... De quelle façon c'est
fait? Est-ce qu'on leur envoie les lots en disant: Ça paie tant, prends
le temps qu'il faut pour le faire, c'est comme ça? Ils peuvent le faire
à la pièce aussi, c'est dans le décret. C'est vraiment un
secteur qui est difficile. Les gens, quand on les a rencontrés, et dans
leurs mémoires et aux forums, ils nous disaient que, quand on prend par
bloc de cinq ans, on constate, on note une diminution constante du nombre de
gens qui sont actifs. Et, pourtant, quand on regarde le volume d'affaires, au
niveau de la coupe et de l'achat des tissus, donc, c'est parce que leur
assemblage, la confection, c'est celle-là qui est de plus en plus
disséminée sur le territoire québécois.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Est-ce que vous êtes conscient qu'il se pourrait aussi, et je pèse
mes mots, qu'un certain nombre de personnes issues de classes de gens qui sont
des réfugiés ou qui sont des immigrants, qui sont même des
Québécois d'origine, citoyens canadiens par la loi, immigrants
reçus aussi, puissent faire ce genre de travail à domicile ou en
groupe, dans des endroits assez discrets, et être en même temps
récipiendaires d'aide sociale?
M. Cherry: Je ne suis pas au courant de ça, mais est-ce
que je serais prêt à dire que, parce que je ne suis pas au
courant, ça n'existe pas?
Le Président (M. Gobé): Non, non.
M. Cherry: C'est une autre affaire. Je vous ferais remarquer que,
dans le vêtement pour dames, par exemple c'est quand même un
secteur important il y a 12 000 salariés, dont 8000 sont dans la
sous-traitance. (11 h 50)
Le Président (M. Gobé): Mais je ne parle pas des
salariés officiels, moi, là, je parle des salariés non
officiels. D'accord? Les officiels, on les connaît, ils n'ont pas d'aide
sociale, c'est évident, bien, je présume. Il ne manquerait plus
que ça. Ha, ha, ha! Je parle des autres, les clandestins, qu'on pourrait
appeler, pas résidents clandestins, travailleurs clandestins, à
domicile ou en groupe.
M. Cherry: Ce n'est pas un travail clandestin que de faire de
l'assemblage de vêtements à domicile, ce n'est pas clandestin. Ce
qui pourrait rejoindre les propos que vous tenez, c'est: Est-ce qu'ils font
ça sans aucune forme de déclaration? Et, même, vous
associez à cela...
Le Président (M. Gobé): C'est cela que je viens de
dire.
M. Cherry: ...s'ils ne pourraient pas être
bénéficiaires de programmes gouvernementaux tout en
exécutant ça. Je ne suis pas capable de vous dire si ça
existe ou non.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il n'y aurait pas
un intérêt de votre administration à se pencher
là-dessus, ne serait-ce que pour prévoir des
phénomènes qui pourraient peut-être s'amplifier dans les
prochaines années? C'est l'essentiel de ma question. Vous ne m'avez pas
répondu, par exemple.
M. Cherry: Les décrets permettent le travail à
domicile. Les décrets permettent la sous-traitance.
Le Président (M. Gobé): Ma question n'était
pas là, M. le ministre. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de voir
à ce quelqu'un de votre administration se penche sur ce
phénomène qui, peut-être, actuellement est marginal, mais
qui pourrait s'intensifier dans les prochaines années, afin que nous ne
soyons pas surpris avec un phénomène qui serait difficile
à régler par la suite?
M. Cherry: M. le Président, si vous permettez, je
demanderais à celui qui, jusqu'à vendredi dernier, avait la
responsabilité de sous-ministre du Travail de compléter, parce
que c'était une des responsabilités qu'on lui a confiées,
le forum sur l'ensemble des décrets. J'aimerais ça que M.
Gabrièle puisse compléter.
Le Président (M. Gobé): Comprenez bien que je parle
du travail non officiel, au noir, si vous préférez.
M. Gabrièle (Pierre): M. le Président, le travail
à domicile est inclus dans le décret pour vêtements pour
dames comme étant officiel. C'est-à-dire, un manufacturier
pourrait donner à domicile, à des travailleuses ou à des
travailleurs, des lots pour l'assemblage. Quand on parle du travail au noir,
c'est l'évasion fiscale dont vous parlez. Et ce n'est pas de la
juridiction du ministère du Travail, c'est plus de la juridiction du
ministère du Revenu que du ministère du Travail. Nous, ce que
nous vérifions: Est-ce que le travail à domicile est inclus dans
la réglementation du décret? Est-ce que le manufacturier
lui-même peut donner de l'assemblage à faire à domicile?
Est-ce qu'il paie les taux du décret? Est-ce qu'il déclare les
heures? Tout ça se fait. Après, l'autre volet dont vous parlez,
c'est-à-dire si ces personnes-là déclarent leurs revenus
au gouvernement, ce qu'on appelle l'économie souterraine, ça, ce
n'est pas de la juridiction du ministère du Travail. Donc, nous ne
pouvons pas...
M. Gobé: Maintenant, je ne suis plus président,
donc je peux parler comme membre de la commission. C'est plus facile pour moi.
Le président a repris la place. Alors, avec la permission du
président, je peux continuer.
Le Président (M. Audet): M. le député de
La-Fontaine, vous pouvez poursuivre.
M. Gobé: Merci.
Le Président (M. Audet): Je vous remercie de m'avoir
remplacé.
M. Gobé: Ça m'a fait plaisir. S'il est vrai qu'il
n'est pas de votre jurisprudence ou de votre responsabilité la collecte
ou la vérification des paiements fiscaux aux ordres de gouvernement, il
n'en reste pas moins qu'il est sous la responsabilité de votre
ministère de voir à ce que les normes minimales de travail qui
concernent la CSST, le paiement, la sécurité et la santé,
soient respectées. Et il me semble que, si quelqu'un ne déclare
pas son emploi ou sa production, il ne paie pas non plus de CSST ou il ne
respecte pas non plus les normes de sécurité minimales et les
horaires et ces choses-là. Alors, à ce moment-là, il y a
une responsabilité là aussi. Il me semble que c'est facile de
dire: C'est fiscal, ce n'est pas moi, mais ce n'est pas juste fiscal. Si je ne
paie pas d'impôt, je ne le dis pas ce que je fais, sinon vous allez venir
chercher l'impôt. Si je ne le dis pas, je ne respecte pas le reste non
plus.
M. Gabrièle: M. le Président, quand on fait du
travail à domicile, il y a un comité paritaire, par exemple le
Comité paritaire du vêtement pour dames. Donc, les manufacturiers
qui donnent du travail à domicile à des personnes doivent
déclarer le nombre d'heures qu'ils donnent comme travail à
domicile, doivent payer les prélèvements qui s'ensuivent et
doivent payer aussi le taux horaire pour la personne salariée qui
était inscrite au décret. Quelquefois, donc, au niveau du
vêtement pour dames, quand on fait du travail à domicile ou
même du travail en usine, dans une manufacture, on peut y aller par taux
horaire ou à la pièce. Les deux sont prévus, il y a des
taux à la pièce et un taux à l'heure. Donc, le
manufacturier peut demander à une personne, en disant: J'ai 250 robes
à faire assembler. Je peux te payer à la pièce. Donc,
quand on paie à la pièce, c'est selon les coutures, c'est
décrit dans le décret du vêtement pour dames. Ou il peut
payer à l'heure. Il doit payer le taux en vigueur dans le décret
et faire les déclarations voulues.
Le Président (M. Gobé): Mais vous ne semblez pas
comprendre ce que je vous dis. Je ne vous parle pas des manufacturiers qui
donnent du travail à domicile, je vous mentionne la possibilité
et il ne m'appartient pas, comme député, de donner des
exemples qu'il existe, dans la région de Montréal, un
système de confection...
M. Gabrièle: Souterrain.
Le Président (M. Gobé): ...souterrain. Et la
question que je pose, c'est: Est-ce que votre ministère est responsable
des normes du travail, de l'application des normes? Vous n'êtes pas
responsable des lois du travail au Québec, le ministère du
Travail?
M. Gabrièle: La Commission des normes minimales, c'est la
Main-d'oeuvre qui en est responsable.
Le Président (M. Gobé): Vous êtes
responsables de l'application...
M. Gabrièle: La Commission des normes minimales, c'est la
Main-d'oeuvre.
M. Gobé: Ma question est la suivante: Est-ce que le
ministère du Travail, le ministre entend se pencher sur cette
possibilité-là du développement de filières
souterraines de confection de haut en bas de la gamme? Parce qu'ils ne
passeront pas chez le manufacturier. Ils vont du designer qui le fait, qui
l'amène à le faire au noir, et ça se retrouve dans les
magasins, dans un circuit parallèle.
M. Gabrièle: Nous en avons discuté.
M. Gobé: C'est le problème des cigarettes qui
commence.
M. Gabrièle: Nous en avons discuté au forum du 16
novembre sur le vêtement, et l'organisme de contrôle que les
parties se sont donné est le comité paritaire avec ses
inspecteurs. Ce n'est pas que nous, comme ministère du Travail, on veut
se cacher derrière les comités paritaires. Les décrets,
l'organisme de contrôle de l'application des décrets, c'est les
inspecteurs du comité paritaire. Ce ne sont pas les inspecteurs du
ministère du Travail, nous n'avons pas d'inspecteurs.
M. Gobé: Merci.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous avez parlé du sommet, vous avez
parlé de transparence durant la discussion. Je peux vous dire que, au
sommet, on n'était pas invités, ça s'est fait à
huis clos. Donc, vous n'avez pas été transparents, à ce
moment-là, parce que votre sommet que vous avez fait sur le
vêtement, c'a été fait ça à huis clos.
L'Opposition n'était pas présente, ni invitée. Ma question
n'est pas celle-là. Ha, ha, ha! C'est une remarque, celle-là.
Coordination gouvernementale et mobilité des
travailleurs (suite)
Ma question: Est-ce que vous entrevoyez la possibilité d'aller
changer, par exemple, les règles pour le travail? Quand vous nous dites
qu'il y a 10 500 personnes au Nouveau-Brunswick qui sont mobiles, on en a
seulement 700 au Québec, on peut se réjouir de ça, mais
c'est 7 fois plus. Est-ce que ça veut dire que nos gens sont moins
mobiles? Est-ce que vous pensez qu'un jour on va être obligés de
changer les règlements de déplacement?
M. Cherry: Non. Selon les informations, le sceau rouge, c'est le
travailleur qualifié qui exprime le désir et qui fait la
démarche nécessaire pour l'obtention de ce sceau-là, qui
lui offre une mobilité additionnelle. Donc, ce que je vous ai
donné par les chiffres, le constat, c'est
qu'il y eu le nombre de gens, 10 000, qui, au Nouveau-Brunswick, ont
réclamé ce sceau rouge-là, et ceux que je vous ai dit,
c'est ceux du Québec. Il y en a 700, pas qui sont moins
compétents, mais ceux qui se sont proclamés du sceau rouge pour
acquérir cette mobilité-là, c'est ce nombre-là. (12
heures)
Je veux juste ajouter, et je n'ai pas de chiffres pour vous le soutenir,
c'est l'expérience, le contact de ces gens-là. Un nombre
important de Québécois que vous et moi pouvons connaître,
qui oeuvrent depuis longtemps dans l'industrie de la construction, allaient
plutôt sur des chantiers dans des régions autres du monde. Combien
de Québécois qu'on connaît sont allés au Maroc, en
Algérie, etc. Donc, il semble que, en tout cas, moi, les
Québécois que je connais, leur mobilité, ils tentaient
plus de l'exercer dans la forme que je vous décris plutôt
qu'interprovinciale. C'est l'explication que je pourrais donner à la
différence, là.
M. Dufour: Mais vous n'instituez pas la possibilité de
réglementer ou de revoir le règlement de déplacement si
ça se représente, s'il y a des recommandations, si vous
êtes sûr de conclure à ça.
M. Cherry: Évidemment vous êtes au courant qu'il y a
une analyse qui va être faite par un groupe de travail du caucus du
parti, qui va regarder l'ensemble des activités. Comme vous dites,
peut-être que vous souhaitez qu'on en reparle quand viendra l'aspect de
la construction, parce que c'est un peu de ça qu'on parle
présentement, pour regarder l'ensemble de tout ça. À mon
avis c'est une opinion que je vous donne on a la perception que,
parce que la façon de fonctionner est différente dans les autres
provinces, il semble comme si c'était que le Québec... C'est vrai
que le Québec est la seule province qui a une législation qui
couvre le placement sur l'ensemble de son territoire. Mais le placement, en
Ontario ou au Nouveau-Brunswick, s'exerce par convention collective qui
s'applique dans des régions de la même façon, vous savez.
Mais on a tendance à dire que parce que le Québec a une
législation différente, c'est comme si le Québec
était responsable de... Ça s'exerce au Nouveau-Brunswick ou en
Ontario. Quand un employeur veut se déplacer avec ses travailleurs de la
zone a à la zone b pour l'exercice d'un contrat dans sa profession, il
fait face aux mêmes obligations. Il dit: Quant tu vas venir ici, tu as
obtenu le contrat, mais tu vas prendre les gens de la région b
même si tu origines de la région a. Au Québec, on a une
façon différente de le faire. On a tendance certains
à laisser véhiculer la prétention que c'est le
Québec qui est responsable de ça, parce que nous, on a une
législation pour l'ensemble du territoire. Ça se pratique
ailleurs. Et, même, je pense que je peux vous dire ça, on a
présentement des représentations qui nous sont faites. Par
exemple, un groupe qui s'est identifié comme le Comité SOS
Chibougamau, qui, eux, souhaiteraient avoir une sous-région parce qu'ils
prétendent que, parce qu'ils font partie de la grande région de
ce coin-là, ils invoquent que parce que le bureau de placement est
à Jonquière, ils disent: C'est des gars de Jonquière et de
Chicoutimi qui viennent travailler chez nous pendant que nous autres, on a la
compétence pour le faire et on n'est pas capables. Donc, à
l'intérieur d'une même région en territoire
québécois, indépendamment de frontières
provinciales, s'exercent là aussi des représentations à
cause, si vous voulez, de réglementations sur notre territoire.
Exclusion de certains groupes du champ d'application
des décrets
M. Dufour: À travers l'étude de vos décrets,
est-ce que vous avez examiné la possibilité d'exclure certains
organismes ou certains groupes des décrets? Par exemple, on a des
représentations des commissions scolaires. Ils ont fait des
représentations publiques à des municipalités. Leur
argument est peut-être simple, difficile à accepter* mais ils
disent: Quand on a des employés faisant partie de conventions
collectives exerçant un métier qu'ils peuvent accomplir,
même si c'est couvert par le décret, pourquoi vous nous
assujettissez au décret? C'est un peu l'argument que les commissions
scolaires servent aux municipalités. Par exemple, une
municipalité qui a un service d'électricité. Pour
certaines raisons, à certains moments, elle fait de la construction de
lignes. Ils ont des gens qui sont des hommes de ligne, qu'on appelle il
n'y a pas beaucoup de femmes, mais ça pourrait être des femmes de
ligne si on aime mieux, il n'y a pas de discrimination hommes ou femmes
de ligne qui font des travaux et qui sont couverts par leur convention.
Ça va. A la minute qu'ils veulent aller un petit peu plus loin dans leur
construction, à ce moment-là, ils sont obligés de recourir
des fois à de la main-d'oeuvre privée, des fois ils donnent
à contrat. À contrat, il n'y a pas de problème, mais si
c'est de la main-d'oeuvre privée et que la municipalité reste
maître d'oeuvre, les décretsj'ai les cas, c'est exact
obligent la municipalité à payer le prix du décret et ce
n'était pas le but de ça. Les commissions scolaires j'en ai
un cas, ici, où on parle d'installer des systèmes d'alarme
elles sont couvertes par le décret. C'est dans ce sens-là que...
Je sais qu'il y a eu beaucoup de représentations par rapport à
ça, mais c'est quoi? Est-ce que vous l'examinez, ça, à
travers votre démarche actuelle?
M. Cherry: O.K. Quand vous touchez à cet aspect-là,
vous soulevez... Ça, c'est le champ d'application du décret. Et
je vais prendre l'exemple des municipalités. Égouts et aqueducs,
ils sont exclus avec leurs employés réguliers. Quand la
municipalité possède des employés pour faire l'entretien
de son réseau régulier, que ce soient des électriciens,
des plombiers, des employés que possède la municipalité
pour faire l'entretien ou des modifications ou des rénovations mineures,
elle peut le faire, mais ça se limite où? Effectivement, les
employés qui ont été embauchés par la ville, dont
la responsabilité est celle de l'entretien, jusqu'où ils peuvent
déborder avec des installations nouvelles, des modi-
fications importantes? Et là, toute la difficulté, c'est
des rénovations on a exclu le domiciliaire dans
l'industriel, dans le commercial, c'est mineur: Bien, mineur, c'est quoi,
mineur? «C'est-tu» mineur par rapport à... Mineur, c'est en
bas de 14 ans, d'après votre réflexion. Mais, par exemple, est-ce
qu'une partie d'activité économique de 100 000 $, quelqu'un
pourrait dire que c'est mineur parce que l'ensemble du coût des travaux,
c'est 1 500 000 $? Donc, 100 000 $, c'est mineur. Mais il semble que la
difficulté est le champ d'application. Vous soulevez l'aspect des
systèmes d'alarme, l'entretien, bon, O.K. Est-ce que l'installation d'un
système d'alarme il n'existe pas, là c'est de
l'entretien, ou est-ce que l'installation devrait relever de la
rénovation, est-ce que ça devrait relever du décret et
que, ensuite l'entretien dudit système puisse se faire par les
employés de la commission scolaire ou de la municipalité? C'est
ça, le champ d'application; c'est un terrain, là, qui est... Si
tout était blanc d'un côté et noir de l'autre, on n'aurait
pas de difficulté. Mais on se promène du gris pâle, presque
blanc, au gris foncé, presque noir, et c'est là qu'il faut tenter
d'identifier...
M. Dufour: Est-ce que c'est dans le mandat des gens qui font
l'étude actuellement, là? Est-ce qu'ils regardent ça?
M. Cherry: J'ai dit tantôt qu'on va rendre public,
incessamment, le rapport du comité Laberge-Lavallée, Laberge
étant l'ancien président de la FTQ, et l'autre, M.
Lavallée, qui est un cadre supérieur à l'Alcan, qui se
sont penchés, qui ont fait des auditions...
M. Dufour: Gilles Lavallée?
M. Cherry: Gilles Lavallée, c'est ça.
M. Dufour: Je le connais bien.
M. Cherry: Vous le connaissez bien? Ils ont eu des auditions, ils
ont entendu les groupes, et ils m'ont fait parvenir le rapport que je vais
rendre public incessamment. Us se sont penchés sur l'ensemble de la
problématique de ça. Vous avez mentionné, pour les
commissions scolaires, les systèmes d'alarme. Bon. Dans la construction
résidentielle, on pourrait parler des systèmes de balayeuses
centrales, l'installation des portes de garage, le pavé uni, le
paysagisme. Tout ça fait partie des responsabilités du champ
d'application. Les machineries de production; celui qui a un équipement,
les pépines pour creuser. Mais ça, on va rendre ça public
incessamment, le rapport de ce comité-là, dont le mandat s'est
terminé le 31 mars. Ils ont produit leur rapport le 15 avril, et on va
le rendre public.
M. Dufour: Ah! le rapport, vous l'avez en main?
M. Cherry: Oui, on l'a depuis une semaine ou deux.
Groupe de travail sur la réglementation dans
l'industrie de la construction
M. Dufour: Tout le temps sur le champ de la
«supplétion», mais aussi en allant un peu plus loin, on
parle que vous avez mis sur pied un comité vous l'avez
annoncé vendredi passé composé de sept
députés ministériels, concernant les assouplissements qui
pourraient être apportés au décret de la construction.
Ça, ça a été officialisé ou si ça ne
l'est pas?
M. Cherry: C'est un groupe de travail qui a été
formé, dont la composition devrait être rendue publique
aujourd'hui, si les informations sont...
M. Dufour: O.K.
M. Cherry: ...et qui veut regarder l'ensemble de la
réglementation dans l'industrie de la construction; parce que je
suis certain que vous, ça vous est arrivé, dans votre travail de
député vous avez des représentations qui vous sont
faites. Est-ce que c'est une responsabilité qui relève du
ministère du Travail? Est-ce que c'est une responsabilité qui
relève du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle? Quand
c'est un permis, ça relève de quel organisme? Est-ce que
ça relève de la Régie du bâtiment? Donc, il est
normal qu'un groupe veuille se pencher sur l'ensemble de tout ce qui
régit l'industrie de la construction: dans un premier temps, le
décret qu'on vient de prolonger, vendredi, de 45 jours, avec ses
implications et ses responsabilités, qui sont les salaires et les
conditions de travail, et, parallèlement à ça, toujours
dans le même champ d'activité économique, l'ensemble des
lois et réglementations qui touchent la carte de compétence, le
placement, les bassins, si c'est pour des licences, à la Régie,
tous ces champs-là. Et les députés souhaitent regarder
tout ça pour être capables de bien cerner, bien identifier et
faire une contribution positive à l'ensemble de ce secteur
d'activité économique si important pour le Québec. (12 h
10)
M. Dufour: Moi, je pense que vous pouvez avoir des initiatives et
c'est votre droit, mais 45 jours, ça me semble un peu court. Comment
vous pensez que... On va faire juste du «surf», on va aller juste
sur les bords, on va arrondir les coins. Mais, faire un travail en profondeur,
quand je regarde le nombre de lois qui sont en application, comment ça
fonctionne, les enjeux qui sont en cause, comment, raisonnablement penser que,
dans 45 jours... Bien, peut-être que les députés sont plus
productifs que bien des gens, en tout cas, ils sortent de la classe de monde
qu'on connaît, en tout cas, au moins, mais comment ils vont faire pour
arriver avec des recommandations sur lesquelles vous pourrez vous appuyer pour
poser un jugement de valeur?
Moi, quand je vous parlais, au début de mon petit exposé,
du fait qu'il y aurait du ménage à faire, c'est un grand
ménage. Je ne parlais pas juste d'un petit ménage, là; ce
n'est pas juste un balayage, c'est aussi un lavage,
c'est aussi un grattage. Vous savez, on peut faire toutes sortes de
ménages, là. Il y en a où c'est toujours propre mais ils
prennent la poussière et ils envoient ça sous le tapis. Il y en a
d'autres qui décident qu'ils enlèvent le tapis, ils lavent le
tapis, ils lavent le dessous et on repart à neuf.
Par rapport à ça, j'ai peur, moi, qu'on repousse le
problème en avant... C'est peut-être normal d'en parler. Moi aussi
je suis un peu de cette opinion-là, mais 45 jours, quand on voit la
profondeur des problèmes qui sont soulevés, là, les enjeux
qui sont en cause, le nombre d'intervenants. Là, on ne fera pas
évoluer les mentalités. Si vous en avez l'impression, ça
ne me semble pas, en tout cas, de la façon dont vous procédez,
avec des diktats: fais ci, fais ça. Peut-être que 45 jours,
ça va vous donner le temps, mais moi, je veux juste vous souhaiter bonne
chance si vous êtes sous l'impression que le comité de
députés va vous donner... Sans calculer, sans porter de jugement
sur la valeur des députés là, quels que soient les
députés, j'ai des doutes, sur 45 jours, qu'ils puissent vous
apporter des solutions satisfaisantes et des avenues intéressantes
à prospecter et à...
M. Cherry: Vous m'offrez l'occasion et je vais en profiter pour
faire la distinction. Les 45 jours, c'est pour le décret de la
construction concernant les salaires et les avantages. La même limite ne
s'impose pas au groupe de travail. Bien sûr, ils vont être
très actifs durant cette période-là aussi, mais vous avez
raison, pour faire le type de travail d'identification, de familiarisation, de
sensibilisation, ils feront connaître leur mode de travail mais ils ont
déjà indiqué et je ne veux pas être le
porte-parole, en leur nom qu'ils veulent entendre des groupes, des
individus, des spécialistes dans ce domaine-là. Ils veulent, eux,
être capables de bien décortiquer. Alors, dans ce sens-là,
les 45 jours, vous avez raison, ne s'appliquent pas à eux, ça
s'applique aux parties par rapport au renouvellement du décret pour les
salaires et les conditions.
M. Dufour: Mais vous aurez définitivement une position
à prendre, au bout de 45 jours. On parle d'information, on parle de
transparence. Moi, je veux bien croire que... La façon, c'est
peut-être d'avoir des groupes bien spécialisés à
l'interne pour faire des études, une ou l'autre, mais vous n'avez pas
toutes les parties là-dedans. Vous vous exposez, tout de même,
à ce que les recommandations fassent du feu quelque part, si jamais
elles aboutissent quelque part. En tout cas, on a de petits exemples,
là. Il me semble que votre démarche est très, très
restreinte par rapport aux objectifs visés. Quand on joue avec le feu,
on a intérêt à avoir le plus de précautions
possible, ou, en tout cas, le plus de moyens pour ne pas se faire
brûler.
Moi, je vous le dis, je pose la question. Juste du bord
ministériel, dans l'état actuel des choses, sur une étude
aussi importante et aussi pointue sur un état de situation, une
situation de fait qu'on connaît, qu'on vit, là, on va se ramasser
avec des lendemains qui chantent ou des lendemains qui pleurent. J'ai plus
l'impression qu'on va avoir des lendemains qui pleurent.
M. Cherry: Bien sûr, par rapport aux 45 jours, je me
répète, là, ça s'adresse au renouvellement du
décret par rapport aux salaires. Bien sûr, si, suite à des
groupes de travail, des consultations, des auditions particulières,
ça débouchait je dis bien «si» sur des
modifications législatives, le Parlement en sera saisi, donc, avec son
cheminement normal. Et, s'il y avait et je dis bien «s'il y
avait» des modifications à des formes de
réglementation après les auditions qui auront été
faites, bien sûr que, comme ministre, je ferai mes recommandations au
gouvernement qui, lui, les traitera de façon habituelle.
Et le souhait que nous avons exprimé vendredi concernant la
prolongation de 45 jours, c'est que cette période-là serve aux
parties et que nous n'aurions, nous, qu'à dire: Maintenant que vous vous
êtes entendus, on conduit dans ces formes que vous vous êtes
entendus. Sinon, il faudrait, à ce moment-là, prendre des
responsabilités et décider de quelle façon, comme ministre
du Travail, je traiterai la situation. L'objectif que nous avons tous
exprimé, c'est que cette période-là serve aux parties pour
qu'elles se prévalent de leur responsabilité,
responsabilité de représenter les gens. En tout cas, c'est la
conception que j'en ai. Ça t'oblige à le faire chaque fois que tu
es convoqué à une table de négociation. Bien sûr que
c'est difficile, bien sûr que je ne rêve pas en couleurs de
façon réaliste. Il y a des sensibilités qui sont beaucoup
plus grandes que d'autres dans certains aspects, mais ça, ça fait
partie du défi qu'on accepte. Quand on accepte de représenter des
entrepreneurs ou qu'on accepte de représenter des travailleurs, des
travailleuses, ça vient avec; il y a la responsabilité et tu te
dois d'être là et de les faire valoir. C'est pour ça que
j'ai prolongé de 45 jours, parce qu'on les a entendus en commission
parlementaire, vendredi. Ils nous l'ont confirmé, il n'y a pas eu de
négociation.
Et vous avez été dans ce secteur-là et le
député de Drummond le rappelait tantôt, lui-même a
été du côté patronal et il s'identifiait comme
redresseur d'entreprise, à l'époque. Bien, quand tu arrives
à une table de négociation, surtout quand arrive une personne
additionnelle qui s'appelle conciliateur ou médiateur
d'expérience, la première question qu'il nous pose, il nous dit:
Bon, quelle est la liste des clauses sur lesquelles vous vous êtes
entendus? La première façon de procéder, c'est la liste
des clauses une par une où aucune des parties n'est en demande,
où aucune des demandes ne peut avoir une influence. Tu dis: M. le
conciliateur, voici: celles-là, on n'est pas en demande, elles ne seront
pas affectées; voici la liste des clauses sur lesquelles on n'est pas en
demande. Ça, c'est déjà tout initiale, comme on dit.
Après ça, il dit: Voici les clauses sur lesquelles on s'est
entendus. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a plusieurs et, après
ça, il dit: Voici la liste des clauses qui sont en litige. Et là,
à partir de ça, le conciliateur essaie de trouver: Y a-t-il des
accommodements? Y a-t-il permettez-moi l'expression du
rapprochement quelque
part? Y a-t-il du mou? Où c'est que ça va être le
plus difficile? Mais, tout ça n'ayant pas été fait
et c'est le rapport que m'en a fait le conciliateur j'ai acquis la
conviction qu'il n'y avait pas eu de véritable négociation. Donc,
ils ont négocié la forme de la table. Va-t-on parler des 23
métiers un par un? Et une des parties aurait même
déposé ses demandes le 10 mars, quelques semaines avant
l'expiration du délai.
Très actifs dans le monde des communications: organiser
conférences de presse, organiser manifestations, organiser visites de
députés vous en avez reçus excellents pour
faire ça, et je ne nie pas la façon de le faire.
M. Dufour: Ils ont été gentils chez nous.
M. Cherry: Ils ont été gentils chez vous? Ha, ha,
ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cherry: Comme ils disent en anglais: «Keep your fingers
crossed». Je ne leur nie pas la façon de faire ça mais, en
même temps, à mon avis, ils ont la responsabilité de
représenter leurs gens, d'être à la table et d'en discuter.
Vous l'avez soulevé dans vos remarques préliminaires, ce n'est
pas toujours facile. Est-ce qu'ils ont l'habitude de le faire? Certains nous
ont dit, en commission parlementaire: Ça fait 20 ans qu'on n'a pas
été capables d'exercer notre véritable rapport de force,
c'a toujours été le gouvernement, indépendamment de son
origine, qui nous a toujours imposé ça par décret. C'est
ce qu'ils sont venus nous dire, vendredi. Tous les gouvernements ont agi de la
même façon; certains ont permis le vide juridique, d'autres ne
l'ont pas permis. Ceux qui l'ont permis, c'a été ou pour des
courtes périodes, comme la dernière fois où c'a
été permis, ou des périodes plus longues, pour les fois
précédentes. Dans certains cas, il a fallu une loi
spéciale, à cause de la situation. (12 h 20)
Donc, comme ministre du Travail, ils m'ont convaincu que la conception
que j'en ai, d'assumer la responsabilité comme porte-parole, ils ne
l'avaient pas exercée.
C'est pour ça que je les ai conviés à 45 jours
additionnels avec un conciliateur et avec le sous-ministre adjoint responsable
du dossier de la construction. Il faut qu'ils se parlent de leurs vrais
problèmes. Ils ont, à mon avis, la responsabilité de faire
ça parce que, autrement, ils vont nous amener dans une situation qu'eux
autres mêmes décrient après. Ils disent au gouvernement:
Mêlez-vous-en pas. Moi, je veux bien ne pas m'en mêler, à
condition qu'eux s'en mêlent, de leurs affaires. Mais, quand ils viennent
me faire la démonstration qu'ils ne se sont pas préoccupés
de leurs affaires, moi, j'ai la responsabilité, comme ministre, de
recommander à mon gouvernement: II faut que les parties exercent leurs
responsabilités. Et quand elles ne l'ont pas fait, je les convie pendant
45 jours à le faire.
Le Président (M. Audet): Je veux juste avant revenir sur
le groupe de travail dont on parlait tantôt. C'est sûr que 45
jours, ce n'est pas bien, bien long là, mais dans les prochaines heures
j'en parle parce que je suis un des membres du comité on
aura à se rencontrer ensemble, les membres du comité,
décider de quelle façon on veut travailler d'abord. Ça, ce
n'est pas encore décidé. Je pense qu'on va le faire en
comité. De quelle façon on va le faire ensuite, quels moyens on
va prendre, est-ce qu'on va faire des consultations particulières ou des
choses comme ça? Ça sera décidé dans les prochaines
heures. Moi, j'ai bon espoir, en tout cas, en tant que membre du comité
c'est sûr que le délai n'est pas long qu'à
l'intérieur de 45 jours on puisse en venir à certaines
recommandations. Du moins, je le souhaite et je pense que les gens de la
construction, en général, le souhaitent aussi. Parce qu'on sait
qu'il y a des problèmes qui existent présentement. Alors, vous
serez informés. Puis moi, je compte bien gros sur mes collègues,
évidemment, pour qu'on puisse livrer quelque chose au bout de 45 jours.
Comme vous le disiez tantôt, M. le député de
Jonquière, pas que ce soient des larmes mais que tout le monde soit au
moins heureux un peu de ce qui ressortira de ça. Et je compte aussi bien
gros, évidemment, sur les gens de la construction, de l'industrie. Que
ce soient les entrepreneurs, que ce soient les travailleurs, tout ça, on
est là tous pour travailler ensemble, pour essayer de trouver des
solutions. Ça fait des années qu'à tout bout de champ on
se retrouve au bout de 3 ans avec le décret, puis le décret, puis
le décret. J'ai l'impression qu'on se promène un peu toujours
dans les sentiers battus. Alors, on va essayer d'en sortir et on va le
décider dans les prochaines heures, comme je vous le disais, pour voir
ensemble... On ne peut pas rendre tout ce monde-là heureux, je pense que
c'est impossible. Il ne faut pas rêver non plus, mais essayer au moins de
rendre l'ensemble un peu plus de bonne humeur qu'ils le sont
présentement.
Alors, M. le député de Drummond, je vais vous
reconnaître.
M. St-Roch: Oui. Merci, M. le Président. Dans la
foulée de votre exposé, M. le Président, je me suis
imposé, personnellement, ce que j'appelle un droit de réserve,
jusqu'en décembre 1993. Parce qu'à un moment donné de ma
carrière politique, j'ai fait partie aussi d'un groupe de travail de
députés ministériels. Il y a eu un rapport de produit.
Alors, quand je regarde les recommandations qui s'adressaient
spécifiquement au volet qu'on regarde ce matin, toute la politique,
toutes les grandes avenues qui regardent le ministère du Travail, je
regarde les recommandations spécifiques que ce groupe de
députés a faites... J'ai vécu chacun des moments
intensément aussi, je passerai ça sous silence. À partir
de décembre 1993, mon droit de réserve se finira par respect pour
mes collègues avec qui j'ai travaillé. Mais, M. le
Président, je suis sceptique, personnellement. Je suis sceptique devant
les résultats puis aussi devant le rapport qui s'est appelé
maintenant le rapport Poulin. Il y a des recommandations qui s'adressent
à
l'industrie puis au ministère du Travail. Alors, elles sont
connues depuis décembre 1991.
Ceci étant dit, avec tout le respect que j'ai pour M. le ministre
aussi, puis j'ai dit dans mes remarques préliminaires que j'avais
beaucoup de sympathie pour lui parce qu'il a une vision de l'avenir, il a une
équipe qu'il est capable de consulter. Mais quand il arrive au plan de
marche puis le finaliser, il faut qu'il fasse face à l'insulteur en
chef, il faut qu'il fasse face au propriétaire de l'Exécutif du
gouvernement.
Moi, ce que je n'ai jamais compris, en 8 ans comme député
à l'Assemblée nationale ici, on arrive à une conjoncture,
M. le ministre, que les gens vont avoir à faire face qu'on n'est jamais
reconnu. Parce que je me souviens, en 1991, lorsque le député de
Drummond se levait dans un certain caucus pour dire: La récession, elle
n'est plus conjoncturelle, elle va être structurelle puis elle va durer,
puis ça n'ira pas avant 1994, on pensait qu'il était un pelleteux
de nuages. Autant que, à l'heure actuelle, les deux parties puis
c'est mon évaluation personnelle, à tort ou à raison,
quand je regarde le côté patronal ou le côté syndical
tout le monde pense encore qu'on vit dans un milieu qui est
conjoncturel, que, lorsqu'il va y avoir une reprise économique, tout va
devenir beau et rose. J'ai essayé avec mes humbles moyens parce qu'on
n'a pas encore adopté la loi 73 ça fera le sujet d'un
autre débat. On traîne ça à l'Assemblée
nationale. Mais quand je regarde, moi, à l'heure actuelle, on est dans
une situation dans l'industrie de la construction, à cause de la
pyramide d'âges qui se déplace, qui va devenir structurelle, et
elle est pire parce qu'il y a une partie qui est conjoncturelle. À
l'heure actuelle, il faut aborder, je pense, la vision de l'industrie dans son
ensemble, et bon Dieu! que c'est un secteur qui est vital au
développement économique du Québec, avec des yeux
nouveaux.
Moi, 45 jours... Lorsqu'il faut faire des virages pas de 10
degrés, pas de 180 degrés, mais de 360 degrés et approcher
l'industrie, bien, M. le ministre, vous avez beaucoup plus d'expérience
parmi cette grande industrie-là. Un exemple, la partie syndicale va
avoir énormément de difficultés à admettre... Et
tout le monde le sait, tous ceux qui ont touché de près ou de
loin à cette industrie-là savent que tant et aussi longtemps
qu'on ne dit pas qu'il y a deux secteurs bien spécifiques et deux
domaines, les reconnaître avec des passages de l'un à l'autre,
comme je l'ai décrit vendredi, on s'en va dans un cul-de-sac.
Un des problèmes majeurs, et je comprends, être un chef
syndical, ce matin, ce serait difficile pour moi, non parce que je ne le
comprendrais pas, mais de m'adresser à mes membres et dire:
Écoutez les gars... Parce qu'on a toujours dit qu'un ouvrier, c'est un
ouvrier, un plombier, c'est un plombier, mais il y a des conditions, avec les
changements technologiques, avec les méthodes de construction, il y a
des déphasages. C'est comme une industrie ça. Une automobile,
ça se faisait à la mitaine autrefois, aujourd'hui, ça se
fait avec des robots, et on a beoin des techniciens pour fixer les rivets, on
n'a plus besoin de soudeurs manuels.
Alors, c'est des changements aussi auxquels l'industrie fait face. Moi,
je demeure convaincu, et vous avez fait énormément de
négociations, M. le ministre, qu'il arrive à un moment
donné que le patron dise: Oui, je me suis mis dans le coin, et le chef
syndical dit: Je me suis mis dans le coin, et vous avez assez
d'expérience, quand on se rencontre tous les deux dans le passage, on le
reconnaît, mais on dit: Maudit, ça nous prend quelqu'un quelque
part pour nous sauver la face, et pour nous permettre de dire qu'on...
Ça, c'est la réalité et c'est le vécu du terrain
que j'ai vécu, et, j'en suis sûr et certain, que vous avez
vécu aujourd'hui.
Aujourd'hui, je pense que ça prends une bouée. Et moi, ce
que ne j'ai jamais compris, il y a une institution qui s'appelle: les
commissions parlementaires, je l'ai dit et je le redis, et on l'a
recommandé dans un certain rapport dont je ne parlerai pas parce que je
suis sur un droit de réserve, comme je vous dis, tant et aussi
longtemps... Et mon collègue de Jonquière avait raison de me
dire: II y a une autre partie que tu as oubliée, c'est les
consommateurs; qu'on asseoie ces gens-là ensemble. Et je vais vous
donner la raison, et avec tous les torts qu'on pourra lui reconnaître et
les résultats finaux, ici, il y avait très peu de
députés, c'est des députés de régions qui
arrivaient à l'Assemblée nationale, et on parlait de l'importance
et que le Québec de demain, ce serait le Québec du
développement des régions. On passait comme des gens qui
parlaient un peu dans les airs, jusqu'à ce qu'un jour, il y ait une
commission qui s'est appelée Bélanger-Campeau. Et on va
reconnaître à Bélanger-Campeau qu'elle est sortie de
Québec et elle est allée voir le vrai monde sur le terrain.
Qu'est-ce qui a été, à l'étonnement de tout le
monde, le premier consensus? Et même encore aujourd'hui, il n'y a
personne qui va être en désaccord que le Québec de demain,
ça va passer par le développement du Québec des
régions. Pourquoi? La base dans chacune des régions est venue
dire: Aie! un instant, chez nous, c'est de même que ça va se
faire. Moi, je demeure convaincu, M. le ministre, que tant et aussi longtemps
qu'on n'ira pas s'asseoir dans les régions, écouter les gens de
la base, écouter le monde municipal, le monde scolaire, le monde
privé, le monde de la construction pour être capables de
dégager ce consensus-là, bien vous savez... Quand on est quatre
parties alentour d'une table, qu'on se fait dire à la grandeur du
Québec, dans les 16 régions administratives: C'est là que
ça va passer, c'est dur à ce moment-là de dire... Et c'est
médiatiser ça et on sait que lorsqu'une commission parlementaire
le fait, elle reçoit dans chacune des régions, avec le maximum de
vision des médias, bien c'est difficile de dire après qu'il n'y a
pas un consensus, on se l'est fait dire à la grandeur du Québec.
moi, ce que je crains, ce qui va arriver dans 45 jours, le patron continuel,
là les deux parties n'ont pas le choix, elles vont faire un bout de
chemin en quelque part, et le gouvernement, parce que ce ne sera pas le
législateur, ça va être le gouvernement qui va arriver
à la fin, il va dire: bon, ils se sont entendus sur 60 %, 70 %, 80 % des
clauses, ça, on les décrète, ça fait
l'unanimité. Là, on va regarder le résiduel et on
va dire: Bon, on va en donner un petit coup à droite, un petit coup au
patron là, un petit coup au milieu syndical là, il ne faut pas
que ça affecte trop l'économie québécoise dans son
ensemble.
Finalement, les deux parties vont sortir en beau maudit après le
gouvernement et après le législateur, et vont dire: Ouf. on l'a
échappé belle, et dans trois ans on se reverra comme on fait
depuis 20 ans, d'année en année, de négociation en
négociation. Mais il y en a une autre qui est fondamentale, M. le
ministre. Autrefois, on était correct, on s'en sortait parce que la
conjoncture économique reprenait. Demain matin, prenez la grande
construction: travaux civils, institutionnels, gouvernementaux, et qu'on mette
ça en application, on n'entendra pas parler de construction. Pourquoi?
Tous les vrais travailleurs de la construction vont aller travailler dans la
grosse construction et le même problème va exister, mais,
seulement, il va y avoir du pain et du beurre pour tout le monde. Et je le
répète, elle est conjoncturelle. (12 h 30)
II y a des problèmes fondamentaux, la planification des travaux,
des grands travaux gouvernementaux, que ce soit publics, parapublics et
péripublics, ça, tant qu'on ne s'adressera pas pour être
capables d'avoir un échiquier et un plan d'ensemble, une gestion
intégrée de ce grand secteur-là, on s'en va se casser la
gueule. Vous allez admettre avec moi, et je vais être le premier à
l'admettre, que c'est tout un changement de mentalité, à partir
du gouvernement, de nous, les politiciens, les législateurs qui voulons
tous avoir le bout de route chez nous, au moment présent, à tous
les printemps, de dire: Non, on va le faire dans une planification
intégrée. Alors, ce sont des changements qui sont profonds, qui
vont appeler à cette grande concertation, au Québec. Puis moi,
avec tout le respect que j'ai, puis Dieu sait qu'on ne reprochera jamais au
député de Drummond de ne pas avoir de respect pour ses
collègues, parce que je suis un député, je sais ce que les
hommes et les femmes qui sont en politique ont à faire pour
défendre les intérêts de leurs citoyens.
Pour conclure, vous allez me permettre, pour avoir vécu ce qui
est appelé le rapport Poulin, d'être très sceptique sur les
résultats qu'on attendra, puis j'ai peur, moi, qu'on se ramasse encore,
si je regarde l'échéancier de 45 jours, à la fin d'une
session parlementaire, c'est toujours propice, parce qu'on siège jour et
nuit ici, à l'Assemblée nationale, à faire encore quelque
chose qui n'aura rien réglé, qui sera cahin-caha, qu'on s'en sera
sauvé. Le gars qui a pris trois, quatre bouillons, puis qui a eu la
respiration articielle, c'est pas grave, il reste un peu handicapé, mais
il dit: Je suis bien chanceux, je suis encore vivant, je respire. C'est
ça qu'on va essayer de faire avec notre patient qui est la grande
industrie de la construction. Quant à moi, on n'irait pas mettre en
place des moyens qui vont régler ce problème une fois pour
toutes. Puis, moi, je le dis encore, puis je vous l'offre, à ce
moment-là, on devrait élargir ce mosus de débat, puis
inclure les membres, puis ne pas avoir peur d'utiliser les institutions,
d'utiliser la commission de l'économie et du travail comme pierre
d'assise pour essayer de dégager.
M. Cherry: M. le Président, en réplique aux
commentaires du député de Drummond, je n'ai aucune
difficulté à souscrire et ils ont été
soulevés par notre collègue de Jonquière, que, bien
sûr, 45 jours, en espérant que c'est cette période qui va
régler l'ensemble des problèmes du secteur de la construction. Ce
n'est pas ça. Je pense que ça, c'est... C'est pour ça
qu'on fait une distinction bien nette. Les 45 jours, c'est pour le
décret de la construction: salaire, conditions de travail. Le travail,
le groupe de travail des députés, c'est pour l'ensemble des lois
et réglementations. Ce que vous soulevez, ça s'adresse, à
mon avis, beaucoup plus à l'après-décret qui pourrait
prendre la forme, les états généraux de la construction.
Est-ce que c'est un sommet de la construction? Est-ce que c'est un groupe
itinérant qui... Mais ça, c'est Faprès-décret. Vous
avez raison, là-dessus, il faut s'adresser à l'ensemble. Et c'est
ce que veut faire le groupe de travail des députés, dans un
premier temps. Et là-dessus, dans la dernière année,
à un moment donné, c'était la commission de la
construction qui souhaitait tenir comment vous décriviez
ça, vous autres, là un séminaire, l'AECQ, qui est
l'organisme qui représente les entrepreneurs, souhaitait tenir un
colloque. Des représentations ont été faites au
ministère, souhaitant que le ministère chapeaute, d'une
façon ou d'une autre. Mais, dans la période de crise qu'on
traverse présentement, tenter d'aborder, avec la
sérénité qui est obligatoire... Je pense qu'il faut
trancher les choses de façon... l'ordre dans lequel on les a mises: dans
un premier temps, le décret, avec la négociation, ce que
ça implique et, pour l'ensemble des lois et réglementations, ce
qui pourrait s'appeler le contrat social, le sommet, bon... Ils se donneront
bien la forme qu'ils jugeront la plus productive. Et vous avez raison, il faut
regarder l'ensemble de l'activité économique qui est le secteur
de la construction.
Vous avez également, M. le député Drummond, fait
référence et vous avez parlé du rapport Poulin. Et vous
vous souviendrez sans doute que, parmi ces recommandations, certaines
touchaient le travail au noir, certaines touchaient les suites à donner.
Bon, il y avait le crédit impôt rénovation, bien sûr,
c'en est un qui est véhiculé. Il existe, découlant des
lois 185 et 186, suite au rapport Sexton-Picard et certains aspects du rapport
Poulin concernant ça, 19 mesures, certaines sous la
responsabilité de la CCQ, d'autres s'adressent à la Régie
du bâtiment. Ce sont des outils que nous, les législateurs, leur
avons confiés pour qu'ils puissent mieux exercer leurs
responsabilités pour contrer le travail au noir.
Je profite de l'occasion parce que, vendredi, en commission
parlementaire, j'ai soulevé ça. Les gens qui siègent
à la Commission de la construction du Québec sont l'AECQ d'un
côté puis les associations syndicales de l'autre. Vous retrouvez
de ces mêmes représentants, des membres de l'AECQ qui sont membres
de corpora-
tions, qui siègent à la Régie du bâtiment.
Les associations syndicales siègent à la Régie du
bâtiment. Donc, comme législateurs, nous avons confié aux
mêmes personnes qui siègent aux organismes qui ont la
responsabilité de ce secteur d'activité économique
là, des outils pour mieux accomplir les objectifs qu'on veut. Il s'agit
de voir comment ils le font. Ce sont les mêmes.
Évidemment, je l'ai dit vendredi puis je l'explicite davantage,
il est tellement plus facile de demander au législateur de lui donner
des lois additionnelles. Comme législateur, je ne parle peut-être
pas aussi souvent que certains le souhaiteraient. Peut-être que la
responsabilité, la conception que j'en ai, c'est de regarder ce qui est
fait avec les lois puis les règlements qu'on met à leur
disposition, comment ils sont appliqués, quelle sorte de délais,
quelle sorte de jonctions il y a de faites entre les deux. Est-ce qu'ils
identifient des difficultés ou est-ce que, tout simplement, ils
souhaitent qu'on parle d'autre chose plutôt que de s'occuper des lois et
règlements qu'on a mis à leur disposition? Je pense qu'on a la
responsabilité de le faire, que ce soit dans le domaine de la
construction, qui nous préoccupe, puis ces propos-là, je les fait
miens dans un autre secteur d'activité dont on parlera aujourd'hui, qui
est celui de la CSST. C'est cet après-midi qu'on va parler de ça?
Tant mieux! Je vous le dis d'avance, on va regarder ça de cette
façon-là aussi. On ajoute des outils dans le coffre d'outils de
ceux qui ont la responsabilité de la gestion. Et là, des gens
voudraient nous faire regarder encore des nouvelles choses. Moi, je vous dis
qu'avant qu'on regarde encore de nouvelles choses, on va regarder de quelle
façon sont utilisés les outils qu'on a mis à leur
disposition.
M. Dufour: Moi, je veux bien. Je veux bien. La seule chose
que...
Situation de l'industrie de la construction
M. St-Roch: Juste un commentaire, si vous permettez. De mon
enfance, M. le ministre, je retiens, moi, un ami de la famille qui était
père Oblat, qui me disait: Moi, quand je m'en vais en mission, je ne
leur parle pas de l'Évangile puis je ne leur parle pas du bon Dieu. Je
commence à leur emplir le ventre. Quand ils sont repus, là, je
peux m'asseoir puis je peux commencer à m'adresser à ce qui est
en haut des épaules.
Mais quand je regarde la problématique, avec tout ce qui s'en
vient puis avec votre exposé, pour moi, c'est difficile à
comprendre qu'on va laisser quelqu'un... on va les laisser s'approcher puis
après ça, bien, on leur donnera un décret puis on dira:
Venez vous asseoir, maintenant, puis on va regarder le futur avec
sérénité et horizon. Alors, moi, M. le ministre,
j'espère... On verra dans 45 jours parce que, de tradition, on a
toujours décrété pour trois ans dans l'industrie de la
construction. Mais je pense, moi, que si on veut... si on est obligé,
puis j'espère qu'on va... Moi, ça serait la pire chose, avant de
partir, ici, au 15 juin, qu'on soit obligé encore de s'asseoir, puis
d'avoir une commission parlementaire, puis être obligé de parler
de décret dans la construction. Mais si jamais le gouvernement et vous,
en tant que ministre responsable, étiez obligés de le faire,
j'espère qu'on va envoyer un signal, aussi, devant ce sommet-là,
devant ce forum-là, ou ces états généraux que vous
avez appelés.
Puis il y a un commentaire sur lequel j'aimerais avoir une
clarification. Vous avez dit qu'ils voudront bien se donner... J'espère
que le législateur va être là comme partie prenante pour
dire: Je vais être le maître d'oeuvre. J'aimerais ça avoir
cette clarification-là. Mais, si vous êtes obligés
d'imposer un décret pour envoyer ce message-là, pour ôter
toute animosité, puis commencer à préparer le terrain de
cette super-rencontre pour régler une fois pour toutes ces
problèmes-là, puis d'avoir ce contrat social, que le
décret ne sera pas plus qu'un an... Parce que si on s'en va encore
décréter un décret de trois ans puis faire un sommet, puis
avec Tanimosité qu'on leur laisse libérer, bien, j'ai
l'impression que le vieil ami de la famille qui était Oblat, va dire:
Bien, tu as manqué royalement le bateau, St-Roch, parce que tu as
essayé de parler à quelqu'un qui avait l'estomac vide, puis, en
plus de ça, bien, qui avait des bleus parce qu'il venait de sortir d'un
combat de boxe. (12 h 40)
M. Cherry: M. le Président, évidemment, dans les
responsabilités qui sont celles du ministère du Travail, bien
sûr, il faudra assumer le rôle de leadership. Bien sûr. Les
parties ont besoin qu'on les accompagne. Je vous rappellerai aussi que
l'article 51 de la loi permet aux parties, en tout temps, quand elles
s'entendent entre elles, de revenir voir le législateur et de faire la
démarche, de dire: On a convenu ensemble de modifier. Ac-cepteriez-vous
de rouvir le décret et d'insérer maintenant cette nouvelle
entente qu'il y a entre les parties?
Et ça, c'est possible à l'intérieur de la loi avec
l'article 51. Donc, il s'agit de le faire. Les parties peuvent prendre
l'approche de dire: Bon, on va attendre que la bonne période de la
construction revienne. Les statistiques qui sont invoquées, selon les
chiffres de la CCQ, et on pourra en parler, c'est qu'on parle de 1995-1996.
Donc, la période difficile est trop longue pour qu'on puisse
espérer les solutions du passé. Les difficultés qui sont
devant nous, qu'on vit, ceux qui ont des responsabilités, les exercer.
On ne peut plus attendre qu'elles se replacent d'elles-mêmes. On ne peut
plus attendre le lancement de grands, grands travaux. Tant mieux s'ils
arrivent. Tant mieux s'ils arrivent plus rapidement que la situation nous
permet de le voir à ce moment-ci. Tant mieux.
Mais, en tout cas, l'école où je suis allé, c'est
que c'est sous pression que, bien souvent, tu sors ce qu'il y a de meilleur,
pour celui qui accepte d'exercer ses responsabilités. Alors, c'est la
façon dont je convierai nos partenaires. C'est la façon dont
j'entends le faire. Mais c'est toujours possible. Ils peuvent le faire. Ils
peuvent s'entendre. Ils peuvent nous faire des représentations pour le
modifier, le décret. Et, comme législateurs, vous comme moi, on
ne souhaiterait pas mieux que d'avoir à témoigner d'une entente
d'industries,
d'une volonté commune des parties. On ne souhaite pas mieux que
ça. C'est à ça qu'ils vont être conviés. Et
comme vous et moi, et tous autour de la table, on l'a exprimé vendredi,
et même le leader de l'Opposition, le député de Joliette, a
dit, en Chambre, que lui même, ce qu'il souhaite, c'est que les 45 jours
permettent qu'ils se soient entendus et que nous confirmions l'entente par
décret.
M. St-Roch: Ça, M. le ministre, vous n'avez pas à
me convaincre, vous avez absolument raison que la pire des négociations,
le pire règlement négocié est encore meilleur que celui
qui a été imposé. Ça il n'y a aucun doute dans mon
esprit. Mais ce que je crains moi, et c'est mon expérience vécue,
pour avoir oeuvré aussi dans des multinationales, c'est qu'un jour, avec
toute la batterie d'experts et d'avocats qu'on a alentour d'une table... Je me
suis retrouvé à prendre un café avec mon chef syndical. On
se regardait tous les deux et on a dit: Est-ce qu'on se reconnaît dans le
jargon de ce qu'ils sont en train de nous négocier?
«C'est-u» ça qui est notre vécu de tous les
jours?
On avait convenu tous les deux qu'on ne se reconnaissait plus nous
autres, parce que nos problèmes, quand on regardait les textes
juridiques, qu'on regardait les conclusions, ce n'était pas nous autres,
ça. Et, à partir de ce moment-là, on a pris une
décision commune qu'on enlèverait tout ce beau monde et qu'on
négocierait ça, juste les gars locaux entre nous autres, parce
que c'était notre milieu de travail et qu'on le connaissait. Et on a
réussi à négocier une convention collective qui a
été... D'ailleurs, on continue encore... après une dizaine
d'années, il faut croire qu'elle n'était pas si vilaine que
ça, parce qu'elle avait été faite avec les épices
locales pour répondre à des besoins qui sont locaux.
Quand je regarde le grand secteur de la construction, et vous
connaissez, parce qu'on s'est côtoyés d'assez près, mon
aversion pour le corporatisme, parce que pour moi, le corporatisme, je fais une
différence entre les hautes directions et le vécu des gens
à la base. Alors, moi, quand je m'en vais chez moi, dans ma
circonscription j'ai eu de la visite moi aussi, c'était plaisant
de rencontrer les travailleurs et les travailleuses de la construction
quand je m'asseois, moi, et que je recontre aussi mes entrepreneurs locaux et
qu'on s'écoute et qu'on se parle, avec le langage que je vous tiens ce
matin, tout le monde est d'accord, et on me dit: Pourquoi ça n'arrive
pas?
C'est parce que quand je reprends le corporatisme, là, il y a
d'autres intérêts sur lesquels on n'élaborera pas. Je pense
que vous en êtes pleinement conscients. C'est pour ça que je vois
l'importance, à un moment donné, d'asseoir ces gens-là et
de ne pas les mettre juste à Québec. À Québec, on
va faire face juste au corporatisme encore. Mais là, quand on se
déplace ça, je l'ai vécu, en tant que
président d'une commission parlementaire, moi, d'aller chez le vrai
monde rencontrer les vraies gens on voit les vrais problèmes et
c'est beaucoup plus facile à ce moment-là pour les parties
d'avoir une entente parce que, comme je vous le disais tantôt, et je vais
clore là-dessus, M. le Président, si, dans 16 régions du
Québec on se fait dire que c'est là qu'est le règlement,
que ça soit, je vais dire, législation, que ça soit
corporatif syndical, ça va être difficile, lorsqu'on va revenir
alentour d'une table, de dire: le consensus qui s'est dégagé,
c'est ça, on va y souscrire. Tout le monde va être heureux
à ce moment-là, parce qu'on aura unanimité.
J'espère, moi, qu'on sera capable et j'espère encore qu'il y aura
un règlement négocié. Mais, même s'il y avait un
règlement négocié à 11 h 59, dans 44 jours d'ici,
moi, je pense qu'on ferait une erreur, M. le ministre, si on acceptait de dire:
Ouf! On l'a échappé belle et on reviendra dans trois ans. Il
faudra quand même s'adresser... Vous le souligniez avec justesse, le seul
désaccord que j'aurai cet après-midi avec la CCQ, lorsqu'ils
disent 1995-1996, que vous avez mentionné, moi, je vais leur dire que ce
n'est pas avant l'an 2000 qu'on reviendra avec une situation qui sera normale.
Alors, c'est juste l'échéancier. Une chose est certaine, les 4
à 5 prochaines années vont être dramatiques au niveau de la
construction, au niveau du ralentissement.
C'est pour ça qu'il faudra quand même tenir ces
forums-là, ces états généraux. Je ne m'enfarge
jamais avec les noms, mais cette super-rencontre, cette supersérie au
niveau de l'industrie de la construction, qui nous permettra une fois pour
toutes, bon Dieu, de régler les problèmes et d'avoir devant nous
autres une quinzaine d'années réellement de paix et de
prospérité où on pourra parler à l'industrie
d'innovation, de domisme et nommez-le...
M. Cherry: m. le président, le député de
drummond ouvre, de façon importante, la discussion par rapport à
ce secteur d'activité économique là. je rappellerai la
première déclaration que j'avais eu à faire comme ministre
du travail concernant le secteur de la construction. ça fait maintenant
plus de deux ans et demi que j'ai la responsabilité de ministre du
travail. je réalisais qu'en nombre de travailleurs, le secteur de la
construction représentait environ 5 % de la force ouvrière
québécoise, mais occupait environ 50 % du temps comme ministre du
travail. et je leur ai dit à eux, donc, je n'ai aucune hésitation
à le répéter ici, que j'identifiais que la façon
traditionnelle qu'avaient les acteurs dans ce secteur-là, c'était
de venir porter leurs problèmes sur le bureau du ministre. ça,
ils sont champions là-dedans, champions toute catégorie. je le
leur ai dit à eux. et l'exemple qu'on a vécu ensemble vendredi,
en commission parlementaire, je leur ai dit et je le répète:
c'est la faiblesse de la légitimité des organismes autour de la
table. j'utilise le mot «légitimité».
Pendant que l'AECQ, qui a la responsabilité, de par la loi, de
parler au nom de l'ensemble des entrepreneurs, il y a presque autant d'opinions
que d'associations d'entrepreneurs au Québec, comme si c'était un
concours de torpiller celui qui a la responsabilité d'être le
porte-parole, dans un premier temps. Dans un deuxième temps, on l'a
invoqué chacun à notre tour et chacun à notre
façon, on dit: S'il y a du travail au noir, c'est parce qu'il y a des
entrepreneurs qui acceptent
d'en faire et il y a des travailleurs qui acceptent d'en faire. Donc,
comment peut-on vulgariser le comportement des intervenants? Les associations
d'entrepreneurs viennent nous dire: De plus en plus, pour survivre, on est
obligé de le faire. Il y a même, en commission parlementaire, sur
185, un mémoire d'une corporation qui est venue écrire, noir sur
blanc, au moins 5 façons de tricher le système. Et, en question
de la collègue de Chicoutimi qui avait la responsabilité du
dossier, je me souviens encore de sa question: Mais, à vous entendre, on
a le sentiment que la tricherie est érigée en système dans
l'industrie de la construction. Et la réplique est venue on ne peut plus
claire. Il a dit: Non, madame, comme nous disons, nous, dans la construction,
on ne triche pas, on s'adapte. Façon polie de dire aux
législateurs: Faites-donc les lois que vous voudrez, nous autres, on va
s'organiser pour leur application de la façon dont on veut. Ça,
c'est au niveau des entrepreneurs. (12 h 50)
Au niveau des travailleurs parce qu'il y a des gens qui acceptent
certains disent que ça leur est imposé. Les entrepreneurs
nous disent que c'est sollicité de la part des travailleurs. Ils disent:
Moi, si tu n'acceptes pas qu'on fonctionne de cette façon-là, je
ne travaille pas pour toi. Donc, il s'agit de la légitimité,
parce que le comportement est le suivant. Les entrepeneurs et les travailleurs
disent à leur association respective: Négociez donc ce que vous
voudrez; négociez donc les salaires, les conditions, les primes que vous
voudrez, nous autres, dans le champ, on appliquera ça comme on voudra.
Il y va de la légitimité de ceux qui ont la responsabilité
d'être leurs porte-parole de s'ajuster à cette
réalité-là. Et ça, c'est le message que je leur dis
publiquement: Ils ont l'obligation de faire face à ça. C'est bien
beau de vouloir prétendre parler au nom de l'industrie, mais quand on
sait que ça fonctionne comme ça... Ah, personne ne veut en
parler, comme si c'était une vache sacrée: Les banques d'heures,
tiens! Les banques d'heures. Il paraît que c'est illégal dans
l'industrie de la construction; selon la loi, ça l'est. Dans les faits,
comment ça fonctionne? Il y a des travailleurs qui disent: Quand je fais
du temps supplémentaire, mets-le-moi de côté, parce que si,
dans deux ou dans trois semaines, on a trois jours de pluie, moi, j'aimerais
bien ça, avoir mes 40 heures par semaine. Ça m'aide à
stabiliser mes paiements avec mon gérant de banque. Ils le font, ils
s'entendent entre eux, mais il paraît que ce n'est pas correct de faire
ça.
Tant que ceux qui prétendent parler au nom de cette
industrie-là ne seront pas capables de reconnaître les
réalités du quotidien, du fonctionnement, et des travailleurs et
des entrepreneurs, ils tiendront un langage de sourds qui fera que leurs
commettants diront: Ils sont décrochés de la
réalité; nous autres, on va faire ce qu'on veut pour fonctionner.
D'où l'importance de l'après-décret: sommets, forums,
états généraux. Il faut que ce monde-là se parle
des vraies affaires, des vraies affaires.
Quand ils viennent nous dire: La seule chose sur laquelle on s'entend,
ce qui est le cancer de l'industrie de la construction, c'est le travail au
noir. Mais quand il s'agit d'asseoir les mêmes intervenants pour se doter
d'outils pour le contrôler... En 1986, la création de la
Régie du bâtiment... On pourrait en parler aujourd'hui; par
exemple, identifier que des entrepreneurs qui seraient pris en défaut
fréquemment, en violation de l'ensemble du décret, pourraient
voir un système de points de démérite, comme nous avons
tous, comme citoyens québécois, pour nos permis de conduire, qui
ferait que, lors du renouvellement du permis de conduire, donc, de la licence
d'entrepreneur, elle coûterait plus cher à cause de sa mauvaise
façon, ou du nombre d'infractions qu'il aurait eues, et le nombre de
points de démérite. Ça, c'est est une façon.
Augmentation de renouvellement de la licence; peut-être que le bon de
garantie coûterait plus cher parce qu'il exerce mal sa
responsabilité d'entrepreneur. L'attestation de conformité, pour
la protection du consommateur. Vous l'avez soulevée tous les deux,
tantôt. C'est ça. Ça, c'est la façon de dire qui est
responsable des travaux pour lesquels j'ai payé. Le petit couple qui se
présente à la caisse populaire, ils travaillent tous les deux, et
c'est la course le matin pour aller placer les petits à la garderie,
pour aller chacun faire leur job, et on s'appelle, si on fait du temps
supplémentaire, pour dire: Ramasse-les, parce que moi, je ne peux pas.
En tout cas, moi, mes enfants, c'est comme ça qu'ils fonctionnent, pour
réussir à être propriétaires d'une petite maison; et
quand ils en prennent possession, bien sûr, on a mis des miroirs dans la
salle de bain, et on a mis des chantepleures chromées et des belles
lumières. Mais des fois, la qualité n'est pas toujours
là.
Comment on peut, de façon raisonnable, responsable, identifier
qui a la responsabilité de corriger ça? Les plans de garantie.
Ça, c'est des façons de protéger le consommateur; on a mis
ça dans les lois. C'est des outils; et là, ils voudraient nous
amener sur le chemin de législations additionnelles, pendant que, comme
responsable de ces législations-là, je ne vérifierais pas
de quelle façon ils les utilisent? Quelle sorte
d'échéancier, de calendrier, ils se sont donnés? Hum, hum,
hum! Ça ne ressemble pas à celui qui vous parle. Le
député de Jonquière me décrit souvent comme
quelqu'un qui est jovial, toujours de bonne humeur, la main tendue. Oui, s'il y
a moyen de s'entendre; et je pense qu'il y a moyen d'être en
désaccord sans être désagréable. J'essaie ça
aussi, tout le temps; et je veux, le plus possible, laisser la cueillette du
succès à ceux qui peuvent le mieux en bénéficier.
C'est important, pour eux, qu'ils s'identifient à des succès,
plutôt que de s'identifier à des démarches pour mettre de
la pression sur le législateur.
Mais je ne me substituerai pas à leur manque de
responsabilité, par exemple; ça, je ne me substituerai pas
à ça. Moi, les miennes, je vais les exercer. Et, quand ils
m'auront convaincu qu'ils utilisent bien les outils que j'ai mis à leur
disposition, oui, je serai prêt à regarder, ensemble, autre chose,
si c'est nécessaire. Mais de mettre l'éclairage sur des
améliorations à venir quand on n'utilise pas bien ou pas du tout
les services qui sont mis à leur disposition, je ne marche pas et je
ne
le dirai pas la porte fermée. Je vais offrir aux parties le temps
et la chance de se corriger avant. Mais je pense que, comme législateur,
je n'ai pas le droit de cautionner des comportements comme ceux-là. Ils
ont la responsabilité de prendre leurs responsabilités en
main.
C'est un secteur d'activité économique, on parle de 17 000
000 000 $ d'activité économique. Vendredi, le
député de Drummond a soulevé ça. Je ne fais pas de
coq-à-Fâne. Le député de Drummond, vendredi, a dit:
Comment ça se fait qu'à la CSST, vous rapportez 78 000
travailleurs dont les heures ont été enregistrées à
la Commission de la construction? Comment ça se fait que vous avez 120
000 permis, 120 000 cartes de compétence? Comment ça se fait
qu'il y en a c'est vous qui avez soulevé ça le premier
30 000 qui auraient perdu leur carte? Non, ils n'ont pas perdu leur
carte, il faut se le dire. Parce qu'ils n'ont pas enregistré une heure,
leur carte ne leur est pas renouvelée automatiquement. Pourquoi un grand
nombre d'entre eux en ont-ils besoin? Ce sont ceux qui exercent les fonctions
de maintenance pour les municipalités, pour les commissions scolaires,
les cégeps. Ils en ont besoin pour dire: J'ai ma carte comme
électricien, j'ai ma carte comme plombier, pas pour faire des travaux de
construction, pour faire des travaux de maintenance. Parce qu'ils
n'enregistrent pas d'heures, leur champ d'activité n'étant pas
celui-là, ils n'en ont pas enregistré donc, elle ne leur est pas
renouvelée automatiquement. Mais ils n'ont qu'à l'invoquer et
dire: Je l'ai déjà détenue et, automatiquement, on la leur
renouvelle. Donc, ça fait une partie de la distinction. Donc, quand on
invoque 120 000 cartes dans l'industrie de la construction, il n'y a pas 120
000 travailleurs, travailleuses dans ce secteur-là qui y oeuvrent de la
façon dont, vous et moi, on est préoccupés par le
décret. Mais ils ont besoin de leur carte de compétence pour
continuer à oeuvrer de façon quotidienne dans ces champs
d'activité là, autres que ceux assujettis au décret. C'est
important de le dire. C'est ça, la distinction. Et certains
détiennent une double carte de compétence.
Des licences d'entrepreneur? La Régie en émet quoi? 28
000? 28 000. Il y en a 18 000 qui font un rapport de leurs activités
à la CCQ. Les autres 10 000, ils font quoi? Ils sont tous actifs dans la
rénovation? Ce sont ces questions-là qu'il faut... On ne posera
pas ça dans les 45 jours en période de crise. Mais ceux qui sont
membres du comité commencent à avoir une idée de la
dimension des choses qu'il faudra regarder.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cherry: Parce que c'est de cette façon-là. C'est
en s'adressant aux vrais problèmes de l'industrie, en s'adressant aux
vrais intervenants, qu'on va trouver les solutions qui vont être
appropriées. Autrement, ils vont, encore une fois, tenter de repasser
l'ensemble du problème aux législateurs et eux se camoufler
certains d'entre eux derrière des activités de
corporatisme que le député de Drummond a décrites.
M. Dufour: M. le Président, question de directive, il est
est 12 h 56, là.
Le Président (M. Audet): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On a commencé en retard, ce n'est pas la faute
de celui qui vous parle. Moi, j'étais là à l'heure mais on
nous avait donné une mauvaise adresse. On a attendu, il n'y avait
personne. Et là, bien, on peut continuer les travaux jusqu'à 13 h
15. Mais moi, j'aimerais, là, par exemple, qu'on soit un petit peu plus
concret, un peu plus précis. Je comprends que le ministre veut passer
ses messages, je comprends que le député de Drummond a beaucoup
de messages aussi à passer mais nous autres aussi, on en a quelques-uns.
J'aimerais aussi avoir des réponses courtes et précises. J'ai
quelques dossiers sur lesquels je vais avoir quelques questions. Ça va
aller assez vite. Mais cet après-midi, comme je l'ai dit, j'aimerais le
consacrer à la CSST qui est un gros dossier.
Il y a des dossiers qui sont importants mais là, je ne sais pas
si le ministre a décidé de nous «filibuster» mais il
prend du temps beaucoup. Je ne suis pas contre ça, mais on pourrait
rallonger les heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement,
étant donné qu'on a...
M. Dufour: Après-midi on va prendre nos 15 minutes, parce
que moi, on ne me coupera pas 15 minutes.
Le Président (M. Audet): Étant donné qu'on a
commencé en retard ce matin, là.
M. Dufour: Oui, mais ce n'est pas de ma faute, moi. Nous autres,
ils nous ont dit: Allez en bas. Ça vient de votre leader à vous
autres.
Le Président (M. Audet): C'est parce qu'il y a eu...
M. Cherry: Souhaitez-vous qu'on l'ajoute maintenant ou qu'on
l'ajoute à la fin?
M. Dufour: Bien c'est ça que je propose. C'est ça
que je suggère. Si on ne propose pas tout de suite, on va prendre les
premières 15 minutes cet après-midi...
Le Président (M. Audet): Ce soir, on finit à quelle
heure?
M. Dufour: ...pour poser des questions.
Le Président (M. Audet): On finit à 17 h 30 ce
soir. On pourrait finir à 17 h 45.
M. Cherry: Donc, on pourrait finir à 17 h 45. M. Dufour:
Moi, je n'ai pas d'objection. Le Président (M. Audet):
Ça vous va?
M. Dufour: En autant que vous ne m'ôterai pas les 15
minutes.
Le Président (M. Audet): O.K.
M. Gobé: De toute façon, ce temps-là peut
être imparti moitié moitié entre vous et les gens du
gouvernement.
M. Dufour: oui, mais comme c'est là, je n'ai plus
moitié moitié, je suis à peu près à 10
%.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ce n'est pas grave là mais...
M. Gobé: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Un instant, là, un
instant. (13 heures)
M. Cherry: Je pense, M. le Président, que le
député de Jonquière va maintenant moins utiliser le fait
que le ministre du Travail ne parle pas souvent de ses dossiers.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Non, non, ce n'est pas dans ce sens-là. Moi, je
n'ai pas d'objection à ce que vous passiez vos messages et tout
ça. Ça se prête assez bien. D'ailleurs, j'ai vécu
l'expérience avec d'autres ministres. Vous avez juste à
travailler avec le ministre de la Justice et vous allez voir qu'on ne peut pas
poser trop trop de questions.
Le Président (M. Audet): M. le député de
La-Fontaine, vous vouliez intervenir?
M. Gobé: Oui, j'aimerais juste rappeler que lors de
l'étude des crédits, le ministre peut intervenir autant de temps
qu'il veut et aussi souvent qu'il le veut et son temps n'est pas
comptabilisé sur le temps des intervenants. Ça fait que vous
pouvez parler deux heures, si vous le voulez, M. le ministre, c'est
prévu, mais à la condition que...
Le Président (M. Audet): Vous m'enlevez les mots de la
bouche, M. le député. Vous m'enlevez les mots de la bouche.
M. Cherry: Merci, bon appétit, tout le monde! Le
Président (M. Audet): Non, c'est que M. le député de
LaFontaine faisait remarquer...
M. Gobé: C'est dans le règlement. C'est dans le
règlement.
M. Dufour: Gobé, arrête-moi ça!
Le Président (M. Audet): Alors, on suspend nos travaux.
Nous allons ajourner nos travaux.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 31)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît. Je déclare la séance de la commission de
l'économie et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission. Nous sommes réunis afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
Travail pour l'année financière 1993-1994. Nous allons
entreprendre nos travaux immédiatement et nous allons poursuivre
jusqu'à 17 h 45, tel qu'on l'a entendu ce matin. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je voulais juste conclure sur la discussion qu'il
y a eu avant le dîner. C'est que moi, j'ai l'impression que 45 jours,
c'est insuffisant, mais je suis surtout très surpris de la confiance que
le ministre accorde à son comité mis sur pied, où on
travaille parallèlement. Il me semblait que c'était le travail du
ministre de le faire, mais s'il confie le mandat à un comité...
Mais ce n'est pas surprenant, ce n'est pas la première fois que
ça se fait dans la vie parlementaire des dernières années.
Moi, je vous dis que ce dossier-là est plus «touchy» ou plus
complexe, et j'ai comme l'impression qu'on va gagner du temps, mais on ne
trouvera pas la solution.
Qualification de l'entrepreneur choisi au chantier
Jean-de-la-Lande
Là-dessus, j'ai quelques questions avant de passer à la
CSST, puis j'avais dit que j'essaierais de conserver une heure pour la CSST. On
voulait parler un peu du travail au noir. J'avais posé des questions sur
Jean-de-la-Lande, à Montréal. Je ne sais pas si c'est
complété ou pas. Je n'en ai pas eu de nouvelles, je n'ai pas eu
de complément de réponse. Jean-de-la-Lande, on disait que les
corporations parapubliques ne respectent même pas les décrets de
la construction. Ce n'est pas de la rénovation, Jean-de-la-Lande, c'est
de la construction. On ne respecte pas nécessairement les salaires du
décret, puis j'avais demandé au ministre, à ce
moment-là, s'il entendait prendre des mesures pour empêcher
ça. Si le gouvernement ne respecte pas ses décrets, comment
voulez-vous que ça fonctionne? C'est un mauvais exemple.
M. Cherry: M. le Président, concernant le
dossier de Jean-de-la-Lande, on se souviendra que c'est un budget
à partir de sommes allouées par lé ministère de la
Santé et des Services sociaux. On se souviendra que la maison
Jean-de-la-Lande est allée en appel d'offres public, que le contrat a
été octroyé au plus bas soumissionnaire. Et
l'intervention, je pense, de notre collègue de Jonquière faisait
suite à des représentations du deuxième soumissionnaire,
le deuxième soumissionnaire invoquant que celui qui a obtenu le contrat
n'avait pas toutes les licences requises pour faire exécuter le travail.
Alors, je pense qu'il ne s'agit pas de travail au noir. Il n'y a rien qui nous
indique que les travailleurs sur le chantier n'étaient pas des gens avec
leur carte de compétence. Les représentations qui ont
été faites nous viennentet là je travaille de
mémoire du deuxième soumissionnaire, qui prétend que
celui qui a obtenu le contrat ne possédait pas toutes les licences pour
faire exécuter les travaux. De mémoire, c'est comme ça
qu'on traite ça. Mais dans le sens où on laisse entendre le
travail au noir, c'est comme si les gens qui exécutaient les travaux,
eux, n'étaient pas des gens assujettis au décret de la
construction. Les taux. Je ne pense pas que c'est ça qui a fait l'objet
des représentations auxquelles je réfère, mais
c'était plutôt invoquer que la sous-catégorie de licence,
il ne la possédait pas. Je ne sais pas si le président de la
Régie peut compléter ma réponse.
Mireault (Réal): C'est effectivement le cas. Celui qui a
obtenu le contrat...
Le Président (M. Audet): Si vous voulez vous identifier,
monsieur, pour le Journal des débats.
M. Mireault: Réal Mireault. Je m'excuse.
Alors, celui qui a obtenu le contrat avait une sous-catégorie de
licence d'entreprise, d'entrepreneur en construction, qui n'était pas
une sous-catégorie d'entrepreneur général, mais
d'entrepreneur spécialisé. Or, celui qui n'a pas obtenu le
contrat, lui, a en plus de spécialisé, général, et
prétendait que c'est lui qui devait avoir le contrat. C'est vraiment une
question de conflit d'interprétation quant aux sous-catégories de
licence ou règlements de qualification. Mais celui qui a obtenu le
contrat a une licence d'entrepreneur, donc il n'y a pas, effectivement, de
travail au noir, mais c'est strictement une question d'interprétation
qui doit se décider devant les tribunaux, s'il y a lieu.
M. Dufour: Donc, ce n'est pas réglé encore.
M. Mireault: Ce n'est pas réglé encore, Même,
je ne pense pas que c'a été soumis aux tribunaux, que je sache.
Mais vraiment, là, je ne le sais pas.
M. Dufour: On avait l'information que ça avait
été soumis devant les tribunaux, mais là on ne le sait
plus. Ça va.
M. Mireault: Je ne le sais pas.
Commission de la construction du Québec (CCQ)
Diminution des revenus
M. Dufour: Quand on parle moi, je vais passer vite les
questions... La semaine dernière, on avait un communiqué à
l'effet que la CCQ n'avait pas les moyens de payer ses employés à
la date fixe parce qu'elle avait dépassé sa marge de
crédit auprès de la banque. Je comprends qu'ils n'ont pas
payé le jeudi, ils étaient supposés être
payés lundi ou mardi, mais ce n'est pas normal. D'autre part, le
ministère a des sommes qu'il ne paie pas à la CCQ pour
l'inspection. Il y a un montant de quelques millions de dollars. Je ne sais pas
si je me trompe, là. C'est payé, ça?
M. Cherry: Ce à quoi vous référez pour
l'inspection, c'est la CSST, ce n'est pas la CCQ.
M. Dufour: Ah! O.K. Mais, en fait, la CCQ a un rôle
à jouer. S'ils n'ont pas l'argent pour payer, je comprends qu'ils
peuvent laisser des parties de leur travail. Comment on peut motiver des
employés s'ils ne reçoivent pas leur montant d'argent? S'il n'y a
pas d'argent, ça ne doit pas être spontané. Il doit y avoir
quelque chose qui ne marche pas.
M. Cherry: Si vous permettez, je vais débuter la
réponse et peut-être demander au président de la Commission
de la construction de compléter.
On en a parlé amplement de la situation de l'industrie de la
construction. Les entrepreneurs tentent de se partager le peu de travail qu'il
y a, puis les travailleurs également. Donc, tout le monde est conscient
de la diminution du nombre d'heures qui sont rapportées à la CCQ.
On réfère, il y a quelques années passées, à
110 000 000 d'heures, et au moment où on se parle, les
prévisions, c'est quoi, 67 000 000 heures pour la période en
cours.
Donc, il y a vraiment une diminution importante des revenus de la
Commission de la construction à cause de la diminution de
l'activité économique, ce qui est bien normal, mais les
employés de la CCQ ont une clause de sécurité d'emploi
dans leur convention collective qui est bien simple, qui est loin d'être
compliquée, qui dit: La Commission de la construction du Québec
ne fera pas de mises à pied. C'est simple, c'est rassurant, mais quand
vous avez une diminution de 110 000 000 d'heures à 67 000 000 d'heures
avec une clause comme celle-là, ça rend la gestion de l'organisme
passablement difficile.
Depuis le début de l'année, et là le
président pourra compléter, des approches ont été
faites concernant des alternatives, ne serait-ce que la contribution à
des régimes de retraite ou d'autres facteurs de cette nature-là
qui n'ont pas porté les fruits qu'escomptait l'administration. Je pense
que, pour compléter la réponse, peut-être M. Fournier, qui
est président de l'organisme, pourra enchaîner.
M. Founder (Alcide): Alors, merci, M. le ministre. Alcide
Fournier, président de la Commission de la construction. D'abord, je
pense que je n'apprends rien à personne que nous avons une situation
très difficile dans l'industrie de la construction. Comme le disait le
ministre, nous, à la Commission, on est financés principalement
par un prélèvement sur la masse salariale qui est donc
directement proportionnel aux heures travaillées dans l'industrie de la
construction. (16 h 40)
Pour vous donner un exemple, en 1989, il était rapporté
à la Commission de la construction 117 800 000 heures, et en 1993, notre
prévision est de 67 000 000 d'heures. Ça veut dire, en termes de
revenus, que chaque 1 000 000 d'heures rapporte environ 400 000 $ à la
Commission de la construction. Donc, une baisse de 50 000 000 d'heures veut
dire une perte de 20 000 000 $ annuellement sur un budget d'environ 53 000 000
$ qu'on avait. Donc, ça fait une diminution très importante des
revenus. Même avec cette situation-là, on a eu quand même un
règlement avec le gouvernement, en ce qui concerne le remboursement des
frais administratifs pour notre mandat de la formation professionnelle. On
s'est entendus sur une somme de 10 000 000 $ qui doit être versée
à la Commission sur 3 ans. La première partie a été
versée l'an dernier et il y a une partie qui doit être
versée également cette année, ce qui nous permet de faire
face à un déficit de caisse prévu pour cette année
de 3 100 000 $ seulement avec un déficit accumulé de 6 700 000
$.
Il est bien évident que, comme le disait également le
ministre, dans la convention collective, il y a une clause de
sécurité d'emploi, ce qui ne nous permet pas de diminuer les
effectifs aussi rapidement qu'on le voudrait dans certains cas. Par contre,
depuis le début de la diminution des heures, on avait quand même
un montant d'effectifs approuvé par le Conseil du trésor de 894
postes en 1990, et, actuellement, on est 747 personnes. Donc, il y a eu une
diminution quand même importante des effectifs à la Commission. En
plus, on doit ajouter, à ces postes-là, une diminution de 24
personnes qui sont en congé de maternité, maladie, etc., qui sont
en congé long terme. Donc, on a eu quand même une diminution
d'effectifs importante. on a également coupé toutes les
dépenses administratives. la plupart de nos dépenses, nous, 75 %
au départ, étaient en salaires. on a coupé, dans le reste,
à peu près toutes les dépenses. vous avez dû
entendre parler aussi qu'on a fermé notre bureau de gaspé. on a
discontinué les lignes inwats à la commission,
c'est-à-dire que les salariés qui devront nous appeler en longue
distance devront maintenant payer les longues distances. on a réduit le
temps supplémentaire 2 fois de 50 %, on a réduit les frais de
réunion, les frais de transport, etc. sur le plan des dépenses
administratives, ce qui pouvait être réduit l'a été,
et sur le plan des effectifs également.
Un autre élément, je pense, qu'il faut ajouter à
ça, c'est que, depuis le 1er avril dernier, on assume un mandat nouveau.
C'est compléter le transfert de la formation professionnelle qui a
été fait à la Commission en 1987. On assume maintenant la
passation des examens de qualification dans l'industrie de la construction
ainsi que la gestion des carnets d'apprentissage. À ce
chapitre-là, juste pour vous donner un exemple, le MMSR utilisait 67
effectifs à travers la province, et nous, on a ajouté un effectif
à Montréal. Donc, on a absorbé, purement et simplement, le
mandat à travers les effectifs qu'on avait déjà. Or, c'est
sûr que ça occasionne un certain nombre de difficultés au
service à la clientèle dans les régions, etc.
Par contre, si on essaie d'analyser la situation aussi sur les revenus
potentiels que pourrait avoir la Commission de la construction, comme on est
financé directement par l'industrie, pour les travailleurs, pour les
employeurs, il n'est pas question, actuellement, d'augmenter le
prélèvement. C'est-à-dire, ce qu'ils nous paient, les
représentants des associations siégeant au conseil
d'administration chez nous nous ont fait valoir qu'ils ne consentiraient pas
à une telle augmentation. Donc, on est dans une situation
financière difficile.
Techniquement, ce qui est arrivé, c'est que notre marge de
crédit, qui est limitée à 8 500 000 $ avec la caisse
centrale, au moment de faire la paye, était à 8 400 000 $. On
était pratiquement à 8 500 000 $. Ça, c'est la marge de
crédit régulière, 8 500 000 $, qui est assumée
à même la garantie sur des bâtisses comme le siège
social à Montréal, pour lequel on est propriétaire.
Ça sert à garantir notre marge de crédit.
On a aussi négocié, avec la caisse centrale, un
crédit rotatif, parce que nous, l'argent entre à la Commission
à partir du 15 du mois, date à laquelle sont dûs les
rapports mensuels. Donc, on a un crédit rotatif de 2 000 000 $ entre le
1er du mois et le 15 du mois qu'on rembourse, par la suite, jusqu'à la
fin du mois. Et c'est pour ça qu'on a dû attendre le 1er mai pour
payer les salaires. Certains employés ont reçu leur paye le 1er
mai, c'est-à-dire deux jours plus tard que la date prévue, qui
était le jeudi. Le 1er mai, c'était un samedi. D'autres l'ont eue
le dimanche et d'autres le lundi, et ça, ça dépendait avec
quelle banque ils faisaient affaire.
Or, essentiellement, c'est un problème que je qualifierais de
technique, au niveau de la marge de crédit, mais je pense que c'est un
peu la pointe de l'iceberg, parce que la situation financière de la
Commission n'est pas reluisante, si on peut dire.
Alors, je ne sais pas si...
Réduction des services dans les régions
M. Dufour: Mais on peut conclure, tout de même, par rapport
à ça, que, à la CCQ, il y a comme un problème de
fonctionnement à quelque part. S'ils ne sont pas capables de donner de
services en région, c'est une diminution à la clientèle.
Moi, je veux bien qu'on rationalise les services, mais si on coupe des... Ce
n'est pas miraculeux, là, ce n'est pas le miracle de
Sainte-Anne-de-Beaupré, là. Si vous coupez du personnel, si vous
coupez les services, c'est facile de baisser les budgets. On peut baisser
n'importe quel budget de cette
façon-là. Mais je pense que le travail doit être
surtout en rationalisant et en essayant de donner les mêmes services
à moindre coût. Ça, c'est de la rationalisation dont on
peut s'attendre d'un service paragouvernemental. Actuellement, si, dans les
régions, ils sont obligés de payer les longues distances, il n'y
a plus de ligne INWATS, c'est une diminution de services.
M. Founder: Oui, jusqu'à un certain point, il faut
considérer ça comme une diminution de services,
c'est-à-dire la coupure de lignes INWATS. Il faut quand même
considérer que près de 82 % de notre clientèle va pouvoir
continuer à nous appeler sans frais, particulièrement avec la
nouvelle répartition des régions de Bell Canada dans la
région de Montréal. Donc, malheureusement, là, et je pense
qu'il faut le dire, c'est les régions éloignées,
étendues géographiquement, qui vont être plus
affectées par cette disposition-là.
La même chose si on regarde la fermeture de notre bureau de
Gaspé. Le bureau de Gaspé, c'était, en tout cas, un besoin
exprimé aussi par les gens de la région. Nous, on
espérait, lorsqu'on l'a ouvert, répondre à ce
besoin-là. Par contre, l'expérience que ça nous a
donnée, c'est que les gens communiquaient avec notre bureau de
Gaspé par téléphone. On a eu une moyenne de 2,5 visiteurs
par jour à notre bureau de Gaspé. Donc, tout le reste des
transactions avec la Commission ont été faites par
téléphone ou par courrier. Donc, ça veut dire que, par
téléphone ou par courrier, on peut rejoindre l'autre bureau le
plus proche, qui est celui de Rimouski de la même façon, et on a
fermé le bureau de Gaspé. C'est une mesure qui, cette
année, nous fait économiser, je dirais moins de 100 000 $, mais
l'an prochain, c'est autour de 220 000 $ qu'on va économiser.
La situation est telle que, d'un côté, on n'a pas de
revenus potentiels additionnels, donc il faut absolument regarder
vis-à-vis des dépenses. Comme le ministre le disait, nous, on a,
dans notre convention collective, la clause qui dit: L'employeur ne fait pas de
mises à pied. C'est clair. On peut l'interpréter de tout bord, de
tout côté, elle veut dire la même chose.
M. Dufour: Ça a été signé comment,
cette convention-là? Ce n'était pas une négociation?
M. Founder: Ah, Mon Dieu! Ça a été
signé, je pense, si ma mémoire est bonne, en 1980. C'était
suite à une longue négociation à la Commission. Comme vous
savez, une convention collective est toujours le fruit d'un échange.
À cette époque-là, l'Office de la construction
c'était l'Office fournissait les automobiles à une
majorité de ses employés. En récupération des
automobiles, on a donné une sécurité d'emploi, etc. Alors,
c'est le fruit d'une négociation en 1980.
Le Président (M. Audet): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous voulez intervenir?
M. Farrah: Bien, on parlait du bureau de Gaspé qu'il y a
chez nous, mais je ne veux pas...
M. Dufour: O.K. Vas-y.
M. Farrah: Ça va? Moi, la fermeture du bureau de
Gaspé, en ce qui me concerne... Parce que chez nous, de toute
façon, on fonctionnait majoritairement par téléphone,
donc, à ce moment-là, téléphoner sur une ligne 800
à Rimouski ou à Gaspé, il n'y a pas de différence
de ce côté-là. Je suis conscient des contraintes
budgétaires aussi, faisant partie de la formation ministérielle
il y a des commandes gouvernementales, et ça, j'en suis conscient
mais ce qu'on me dit, c'est que, même au niveau de la ligne
téléphonique, c'est toujours engagé. Je ne sais pas, mais
est-ce que ça peut faire en sorte, si vous avez fermé
Gaspé, peut-être, d'augmenter le personnel un peu, d'augmenter
l'efficacité au niveau téléphonique? On me dit qu'il y a
un très, très grave problème à résoudre
ça, c'est ma première question parce qu'on me dit
que c'est toujours engagé, d'une part. Et, deuxièmement, est-ce
que les difficultés financières peuvent faire en sorte que, au
niveau de l'inspection, entre autres, sur un territoire aussi grand que le
nôtre, ça peut faire diminuer l'inspection, forcément,
parce que vous avez des problèmes budgétaires en termes de
déplacement, peut-être, là?
M. Founder: D'abord, sur la réponse
téléphonique, comme je vous l'ai dit, nous, on pense que c'est un
problème très temporaire. Étant donné qu'on assume
le mandat de gestion du carnet d'apprentissage et des examens depuis le 1er
avril, ça a créé un achalandage inhabituel dans nos
bureaux. Plusieurs détenteurs veulent vérifier si, effectivement,
ils vont pouvoir faire estamper leur carnet d'apprentissage, comme auparavant,
etc. Ils veulent savoir quand ils vont pouvoir s'inscrire à l'examen,
etc. Donc, ça a créé un achalandage, là, je dirais,
exceptionnel, dans nos bureaux, pour le début d'implantation du mandat.
Il y a plusieurs personnes, aussi, qui avaient été
«cédulées» à l'examen par le ministère
de la Main-d'oeuvre, et là, elles ne savaient plus où s'informer
pour voir si la date était toujours bonne. Donc, elles ont appelé
en masse au niveau de nos bureaux régionaux, ce qui a occasionné,
évidemment, une difficulté à répondre. Lorsque les
gens n'appelaient pas, ils venaient au bureau. Ça nous a obligés,
dans certains bureaux, par exemple, pour certaines périodes dans la
journée, d'arrêter de répondre au téléphone
pour servir la clientèle qui se massait dans le bureau. Donc, nous, on
pense que c'est une difficulté temporaire, et lorsque le mandat va
être rodé, ça devrait se normaliser.
Votre deuxième question, j'avais...
M. Farrah: Les problèmes budgétaires que vous
connaissez, est-ce que ça peut avoir un effet au niveau de
l'efficacité de l'inspection? Parce que, notamment, une région
comme la nôtre, qui est quand même très grande, on sait que
les frais de déplacement sont excessivement dispendieux. Alors, est-ce
qu'il y a un lien à faire avec ça ou aucunement? (16 h 50)
M. Fournier: Non, il n'y a pas... Pour ce qui est de
l'inspection, sauf les gens, là, qui ont pris leur préretraite
il y en a 17 qui ont pris leur préretraite au mois de novembre
le nombre d'inspecteurs est resté le même et les sommes
affectées aux déplacements ont été maintenues pour
les inspecteurs. Même, dernièrement, on a ajouté des sommes
pour le temps supplémentaire pour les inspecteurs, parce qu'on avait
fait des coupures dans le temps supplémentaire, et on en a
rajouté un certain montant pour pouvoir nous permettre de faire des
inspections le soir et les fins de semaine et répondre plus à
notre clientèle, à ce niveau-là.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière.
Niveau des cotisations
M. Dufour: Quand les employeurs décident de ne pas
augmenter les cotisations, là, est-ce qu'ils ont vraiment l'autonomie
pour le faire? Est-ce qu'on est obligé de vivre avec ces
contraintes-là? Parce que c'est fait par loi, ça. C'est le
ministre qui est responsable de l'application.
M. Fournier: Si vous me permettez, c'est fait par
règlement prévu, là, en fonction de cette loi-là.
La résolution, ou enfin, la... C'est un règlement annuel qui doit
d'abord être adopté chez nous et présenté pour
ratification au gouvernement. Donc, le premier décideur, c'est les
représentants de l'industrie.
M. Dufour: Mais ils sont obligés de rendre des comptes. Si
le gouvernement disait: Vous avez beau dire que vous ne les monterez pas, mais
nous autres, on décide que vous allez faire face à vos
obligations.
M. Fournier: Je ne le sais pas. Je pense que le gouvernement n'a
pas ce pouvoir-là.
M. Dufour: II n'a pas ce pouvoir-là?
M. Fournier: Ha, ha, ha! Non. C'est que, il peut... En tout cas,
je ne voudrais pas rendre de jugement sur le banc, aujourd'hui, là.
M. Dufour: Non, non, mais je ne vous demande pas ça...
M. Fournier: Mais je pense que...
M. Dufour: ...je vous demande une opinion.
M. Fournier: ...la législation est faite de telle
façon que le gouvernement approuve ou désapprouve la proposition
de règlement.
M. Dufour: S'il n'approuve pas, il fait quoi?
M. Fournier: On n'a pas de prélèvements, on n'a pas
de financement.
M. Cherry: C'est 0,75 %.
M. Dufour: Est-ce que ça veut dire que c'est comme un
chien qui court après sa queue?
M. Cherry: 0,75 %, c'est ça?
M. Fournier: oui, c'est 0,75 %...
M. Cherry: 0,75 %.
M. Fournier: ...du côté des salariés et 0,75
% du côté des employeurs. La loi prévoit qu'on peut aller
jusqu'à 1 % de chaque côté.
Régie du bâtiment du
Québec
M. Dufour: On aura peut-être des occasions d'aller un petit
peu plus loin dans notre questionnement lors de l'étude des engagements,
des crédits financiers ou autrement, là. On verra bien. La
Régie du bâtiment a loué un local à la FTQ, à
Montréal.
M. Cherry: Oui.
Taux de location d'un local
M. Dufour: Les échos qu'on en a, c'est qu'il semble que
les taux qu'on a accepté de payer sont plus élevés que
ceux du marché. Est-ce que vous pouvez nous donner une explication
plausible à ça?
M. Cherry: Comme vous témoignez de l'intérêt
pour ce dossier-là, le ministère qui a fait ça, c'est le
ministère des Approvisionnements et Services. Évidemment, c'est
un organisme qui relève de celui qui vous parle, qui est la Régie
du bâtiment, mais comme la Régie a fait connaître à
la SIQ ses besoins, c'est la SIQ qui a la responsabilité d'être
à la recherche de locaux pour accommoder l'organisme. Et ce à
quoi vous référez, c'est quelque chose qui s'est passé
entre la SIQ et... Ça ne relève pas du ministère du
Travail, autre que l'organisme qui y serait logé en est un qui
relève de moi. Ce n'est pas quelque chose qui s'est transigé
entre le ministère du Travail et l'édifice de la FTQ, si vous
voulez bien.
M. Dufour: Oui, mais, d'un autre côté, l'organisme
concerné n'est pas obligé de payer plus cher que le prix du
marché, s'il juge que ça n'a pas de bon sens. Même si la
SIQ dit: C'est ça qu'on a à vous proposer, si ça n'a pas
de bon sens, il peut toujours dire: Ça ne marche pas.
M. Cherry: De mémoire, là, je vous avouerai que je
ne me souviens pas que ce qui a fait l'objet de l'intérêt qui a
été manifesté à ça soit celui du prix
chargé. C'était, je pense, qu'on invoquait plutôt que la
procé-
dure n'avait pas été suivie habituellement. M. Dufour:
II y avait une espèce de... M. Cherry: Oui.
M. Dufour: ...différend, au point de vue syndical, en
disant: Ce n'est pas tout à fait correct qu'une régie aille dans
les locaux de la FTQ. Ça, ce n'est pas de ce dossier-là que je
parle. Moi, je vais aller en dehors de ça et je vais dire...
Financièrement parlant, parce qu'on a le souci... En tout cas, on est
rendu qu'on coupe les coins, là. On est en train de manger les barreaux
de chaise, là.
M. Cherry: Peut-être, M. le Président, on pourrait
demander au président de l'organisme, M. Mireault, de compléter
la réponse.
M. Mireault: D'abord, la demande de la Régie était
à l'effet de regrouper tous ses effectifs à Montréal dans
un endroit déterminé, et c'est effectivement le ministère
des Approvisionnements et Services qui a la décision finale, en fin de
compte. On nous a offert trois propositions de locaux différentes et une
seule était acceptable, parce que les délais étaient
faciles à rencontrer, et c'était dans l'édifice au 425, je
pense, Crémazie, appelé Édifice FTQ ou Fonds de
solidarité, je ne le sais pas.
Mais strictement au point de vue financier, pour rester
là-dessus, là, la première proposition qui nous a
été faite de la part de la SIQ, les coûts de loyer,
contrairement à ce qu'on prétendait ou qu'on prétend
maintenant, étaient moindres que ceux que nous payons actuellement dans
les locaux que nous occupons, mais je dis bien dans une première
proposition. Ladite proposition a été amendée et, à
ce moment-là, la deuxième proposition, la proposition
amendée, représentait des coûts supérieurs à
ceux qu'on paie présentement, mais ce n'est pas la Régie qui paie
la différence, s'il y a différence. Ce n'est pas
réglé. On a demandé des explications. Effectivement, il
n'y a rien de réglé. On est en échange de discussions sur
la proposition qui nous est faite, et les coûts, ce n'est pas
déterminé de façon définitive, sauf que ceux qui
nous ont été indiqués étaient supérieurs
à ceux qu'on avait précédemment. Et s'il y a
différence, c'est le ministère des Approvisionnements et Services
du gouvernement, évidemment, de toute façon, qui paie la
différence et non pas la Régie du bâtiment. Ce n'est pas
à nous à autofinancer s'il y a une différence
supplémentaire à la hausse.
M. Dufour: Ces coûts dont vous me parlez puis ces documents
dont vous me parlez, est-ce qu'ils sont publics? Est-ce qu'on pourrait en
obtenir des copies?
M. Mireault: Non, bien, ils ne l'ont pas été, mais,
honnêtement, c'est des échanges de propositions. Il n'y a rien de
déterminé au moment où on se parle.
M. Dufour: Et vous n'êtes pas emménages non
plus.
M. Mireault: Ah, pas du tout.
M. Dufour: Vous êtes toujours en négociation?
M. Mireault: On est toujours en négociation. Il n'y a rien
d'accepté au moment où on se parle.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez qu'il va y avoir une
décision?
M. Mireault: II devrait y avoir une décision rapidement.
On prévoyait déménager le 1er juin. Alors, on est vraiment
en discussion la plus corsée possible. Là, on est dans les
derniers échanges d'information.
M. Dufour: II finit quand, le bail que vous aviez?
M. Mireault: Bien nous, il n'y a pas de bail comme tel.
L'édifice où nous sommes, Henri-Bourassa, c'est
propriété de la SIQ, la Société
immobilière...
M. Dufour: Oui.
M. Mireault: ...et celui sur Crémazie, c'est le
gouvernement aussi.
Fonds de formation
M. Dufour: Ah, bon. Là, on chevauche un peu, mais j'essaie
d'en savoir le plus... Le fonds de formation, actuellement, qui est
gelé, là, il y a quelqu'un qui a dit: On ne donne pas... Il y a
eu un fonds de formation de négocié.
M. Cherry: Le 0,10 $ pour la formation?
M. Dufour: C'était de 0,10$, oui, justement. Actuellement,
il semble qu'il n'y a pas d'accumulation de cotisations parce qu'il semblerait
que les employeurs ont décidé qu'ils ne donnaient pas. Est-ce
qu'il y a quelque chose qui s'est développé là-dedans?
M. Cherry: Pour répondre, il y a accumulation. Pour vous
situer, c'est que, à compter du 25 avril, entrait en vigueur le premier
0,10 $ qui doit commencer à s'accumuler pour la formation, ce qui a fait
l'objet d'une entente négociée entre les parties, qui a fait
l'objet d'une demande en vertu de 51 on s'y référait ce
matin ce qui fait que le décret a été amendé
pour permettre le début de ça. Ce qui a fait l'objet d'une
contestation, c'est que, au moment de son entrée en vigueur, un
organisme patronal qui s'appelle l'APCHQ, l'Association provinciale des
constructeurs d'habitations du Québec, a demandé un jugement
déclaratoire en invoquant donc, c'est devant les tribunaux
que l'organisme qui avait signé ça au nom des entrepreneurs,
l'AECQ, l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec, n'avait pas suivi la procédure de
ses statuts et règlements. Donc, c'est ce qui est invoqué. Ils
demandent un jugement déclaratoire, mais au moment où on se
parle, il y a quand même des... On m'informe, là, qu'il y a
c'est tout récent, ça a à peine deux, trois semaines
quand même des débuts de versements qui ont
été faits. (17 heures)
M. Dufour: Donc, il y a accumulation excepté que, ce que
vous me dites, il y a une injonction qui empêche.
M. Cherry: Une demande de jugement déclaratoire, qui
n'empêche pas l'accumulation, là. Ce n'est pas plaidé au
moment où on se parle.
M. Dufour: Bon, comme je dis, on pourra peut-être avoir
l'occasion d'échanger sur d'autres dossiers, mais si on veut passer
à la CSST, il faudra bien qu'on commence à le faire. Je trouve
que c'est un dossier qui est important.
M. Cherry: Oui.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail (CSST)
Évolution de la situation
financière
M. Dufour: Parce que si on regarde le programme 6, le dernier
état financier en date du 31 décembre, le déficit de la
CSST atteint 655 800 000 $. C'est une baisse de 137 000 000$, de 17,2%, par
rapport à 1991, où le déficit atteignait un sommet de 791
900 000 $. Le président actuel de la CSST, son organisme aurait
commencé... M. Diamant est-il encore président?
M. Cherry: Jusqu'au 17.
M. Dufour: Jusqu'au 17. Selon le président actuel de la
CSST, M. Diamant, son organisme aurait commencé à corriger sa
situation financière. À preuve, entre autres, cette diminution,
baisse du nombre de victimes attribuable à la baisse des
activités économiques, bien que nous ne pouvons partager les
idées de la soi-disant prise en charge de la prévention d'une
meilleure application des mesures d'assignation temporaire; dimimution de la
durée moyenne d'indemnisation, qui est passée de 74 à 68
jours; baisse des coûts d'administration, bien qu'ils aient
augmenté de 10,8 %, 227 900 000$ par rapport à 210 900 000$ en
1991. Malgré cela, il est évident que la performance
financière de la Commission s'avère plus défendable
politiquement, en particulier devant les charges répétées
du CPQ, entre autres, sur la pertinence d'un tel organisme.
Il ne faut pas se leurrer quant à la viabilité de
l'organisme. Si le déficit diminue, le passif actuariel l'argent
nécessaire au respect des engagements financiers demeure
préoccupant dans la mesure où les engagements non
capitalisés passent de 2 900 000 000 $ à 3 400 000 000 $, portant
ainsi le total du passif à ce poste à 7 500 000 000 $. il s'agit
d'une manipulation actuarielle qui nous amène à un niveau de
capitalisation de seulement 54,2 %, une diminution importante par rapport
à 1989, où ce niveau atteignait 65,8 % et où la csst
réussissait, sous la gouverne de mme forget, à dégager un
surplus de 213 100 000 $. il est à noter que, pour 1989, le taux de
cotisation était fixé à 2,75 $, taux prévu pour
1993, à la différence toutefois que l'économie se remet
à peine de 2 années de récession. nous apprenons, d'autre
part, que des comités avaient été formés pour
réévaluer entre autres la valeur actuarielle des engagements au
titre des prestations, en d'autres termes, aux engagements futurs de la
commission.
Entre-temps, en ce qui a trait à la politique de capitalisation
retenue par la Commission, on note, pour 1992, une décision pour
surseoir à la cotisation spéciale prévue aux fins
d'éliminer sur 20 ans le solde des engagements non capitalisés au
31 décembre 1982, et également de ne pas appliquer en 1993 une
charge spéciale pour amortir le déficit réalisé
depuis 1990. Tantôt, j'ai dit que c'étaient des engagements non
capitalisés au 31 décembre 1982, mais c'est 1992.
Ma question au ministre ou à quelqu'un, à son
représentant: Comment la décision de surseoir à la
cotisation spéciale peut-elle avoir influencé le déficit
à la baisse?
M. Cherry: Dans un premier temps, je veux juste qu'on se rappelle
le cheminement du dossier de la CSST depuis que j'en ai la
resposnabilité ministérielle. De façon plus
particulière, on se souviendra que, suite à l'annonce du
déficit de 1991, celui qui était de 791 000 000 $, à
l'époque, à la suggestion de parties qui sont à la CSST,
qui sont impliquées là-dedans, certains m'avaient fait remarquer:
M. le ministre, nous avions déjà débuté certains
travaux au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, et ce que
nous souhaiterions, c'est que vous réactiviez ce mandat-là.
Voulez-vous nous permettre à nous, les parties, qui siégeons au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, de vous faire des
suggestions de nature législative et administrative? C'était
l'ensemble des intervenants. Parce qu'ils me disaient: À la CSST, c'est
surtout entre le Conseil du patronat et la FTQ, qui est majoritaire, tandis
que, au Conseil consultatif, tous les organismes syndicaux, nous
siégeons de façon égale là, la CSN, la CEQ. Donc,
on souhaiterait que vous élargissiez le forum, M. le ministre, ce qui
nous permettrait de vous faire des représentations.
Donc, comme il s'agit de s'adresser à la CSST... Tout le monde se
souvient que la CSST est un organisme paritaire, donc, quand les parties m'ont
demandé de référer le dossier à un organisme
où elles siègent, là, bien sûr, vous comprendrez que
j'ai accédé à leur demande et en leur disant bien
sûr, en convenant de la durée que ça devait avoir.
C'était en octobre 1991 et elles devaient me faire rapport en mars
1992.
Après la première ou la deuxième réunion,
pour
m'assurer d'être bien informé du suivi de ça, j'ai
mandaté celui qui était, jusqu'à vendredi dernier,
sous-ministre au ministère chez nous, M. Gabrièle, d'aller
assister aux réunions et de me faire rapport du cheminement, à
laquelle réunion siégeait, également, le président
de la CSST, comme il s'agissait de discussions de nature administrative et
législative. Donc, ils ont pris le temps. On avait des rapports que,
effectivement, il y avait des échanges. À certaines
périodes, ça semblait moins déterminant comme solution;
d'autres périodes, il semblait qu'il y avait des espoirs.
Donc, comme j'avais accepté parce que c'est un organisme
paritaire de leur faire confiance, de faire confier le mandat qu'elles
m'avaient demandé, j'ai attendu jusqu'à la fin de la
période. Finalement, à la fin de mars, à ma grande
déception, ils ont communiqué avec moi en disant qu'ils ne
réussissaient pas à s'entendre. Donc, chacun voulait me
présenter ce que vous me permettrez de décrire comme sa liste
d'épicerie. Le patronat avait sa liste d'épicerie, les syndicats
avaient leur liste d'épicerie et la CSST, qui disait: Je souhaite que
les parties me fassent des suggestions pour qu'on travaille ensemble, elle n'en
avait pas.
Donc, dans les circonstances, j'ai décidé de
présenter un projet de loi, qui s'appelle la loi 35, qui ajoutait des
outils, à mon avis essentiels, pour permettre à la CSST de mieux
remplir ses obligations envers les accidentés du travail. Ça,
c'est dans un premier temps, mais je vous rappelle que, parallèlement
aux mesures législatives que devaient me suggérer les parties,
qui, malheureusement, n'ont pas réussi à le faire, elles devaient
également me faire des recommandations de nature administrative. Elles
devaient me faire des suggestions de nature administrative. À part de
scinder le poste de président en deux, je ne me souviens pas qu'il y en
ait eu tellement qui aient fait l'objet de consensus et d'unanimité.
Donc, dans les circonstances, j'ai également mandaté
l'organisme qui s'appelle la CSST, avec ceux qui en ont la
responsabilité, de me présenter un plan d'action, de redressement
de mesures administratives, bien sûr en tenant compte du signal de la loi
35, de la volonté du gouvernement de leur fournir des moyens
additionnels de le faire. Donc, on a mis en place toute une série de
mesures administratives. On a commencé et on a ciblé par
priorités. L'ensemble du fonctionnement de la CSST est
révisé de façon systématique, en
«priori-sant», bien sûr, les endroits les plus dispendieux.
Donc, on a décidé de cibler, dans un premier temps, la
réadaptation. Ensuite de ça, on s'adresse aux autres endroits.
(17 h 10)
Alors, c'est ça qu'on a fait. Une série de mesures ont
été mises en place. Des projets-pilotes ont d'abord
été mis sur pied. Au lieu de s'adresser à l'ensemble des
21 bureaux administratifs sur le territoire québécois, on a
d'abord ciblé 3 ou 4 bureaux pour mettre en place la nouvelle
façon de fonctionner, bien identifier les pistes de solution, et
là, finalement, déjudiciariser le système, bien sûr,
parce que ça, ça me semblait la volonté de tout le monde,
par la conciliation, nous assurer qu'on aurait plus rapidement un diagnostic de
la situation médicale par le BEM, qui nous permettrait le plus
rapidement d'identifier quels sont les besoins de l'accidenté, pour
pouvoir lui fournir le plus rapidement possible la possibilité de
retourner au travail ou la réadaptation.
Parce qu'une des difficultés qu'on a identifiée,
là-dedans, c'est que trop souvent s'installait, chez certains
accidentés, une fausse sécurité, que tant qu'ils n'avaient
pas obtenu d'un expert médical ou d'un spécialiste médical
un diagnostic sur leur dossier, ils resteraient à la maison et ils
continueraient à percevoir des rentrées en oubliant qu'un des
aspects de la loi, c'est que l'employeur a des obligations de les
réintégrer pour une période maximum de deux ans.
Après ça, il n'a plus cette obligation de... Donc, cette fausse
sécurité, chez certains accidentés, qui les couvrait pour
une période de temps, les plaçait, après la période
de deux ans, bien souvent devant une situation économique
extrêmement difficile. Ça, je ne parle que de l'aspect
économique. Je pourrais ajouter à ça l'aspect social et la
dévalorisation de l'individu qui se voit diminué dans son
rôle de pourvoyeur, en bonne partie, du revenu familial et tout ce que
ça implique comme bouleversement.
Donc, la loi 35 avait ça comme objet, mais, en même temps,
voulait donner le signal à l'ensemble de l'appareil de la CSST qu'il y
avait, chez le législateur, une volonté de s'adresser, mais de
façon vraiment méthodique, à tout ce qui est le
fonctionnement de la CSST. Et je reviens à une déclaration que je
faisais ce matin, que ce soit dans le domaine de la construction ou dans le
domaine de la CSST ou de la Régie du bâtiment, c'est la même
chose. Pas que je me refuse, dans mon rôle de législateur,
à légiférer encore. Des huit projets de loi que j'ai
pilotés, comme ministre du Travail, depuis deux ans et demi, trois
s'adressaient à la CSST. Mais avant d'en avoir des additionnels, moi, je
veux m'assurer que tout a été fait de façon
précise, solide, constante, puis après ça on y verra.
Mais on me disait: L'appareil, la machine... Parce que des gens me
disaient: Oui, mais, M. le ministre c'est une déclaration que
vous avez citée tantôt Mme Forget, elle, elle a
été capable de gérer ça, cette
boîte-là. Elle a même fait des surplus. Bon. Je suis
convaincu que Mme Forget est une excellente gestionnaire. Puis Mme Forget,
comme M. Diamant, aujourd'hui, puis comme la personne qui lui succédera
doivent composer avec une réalité qui s'appelle un conseil
paritaire. Et il y a parfois des pressions qui viennent d'un côté
ou de l'autre, qui obligent ceux qui ont cette responsabilité-là
à en prendre bien soin, avec le résultat que Mme Forget s'est
créée une instance.
À un moment donné, il est arrivé un nouveau
tribunal d'appel qui s'appelle la CALP, qui découle du ministère
de la Justice. Donc, le réflexe, trop instinctif, c'est qu'un nombre de
causes qui étaient déjà dans la machine ont
décidé de se prévaloir de ce nouveau niveau d'appel qui
s'appelle la CALP. Donc, la période ou tu institues ça, ça
te libère si je peux utiliser le mot temporairement de
payer ces cas parce qu'ils sont en instance d'appel, mais quand les jugements
de
cette nouvelle instance d'appel arrivent, et règle
générale, c'est quoi, trois ans, quatre ans plus tard...
Une voix: Dépendamment des délais.
M. Cherry: ...dépendamment... surtout quand il s'agit
d'initier un nouveau processus. On sait que, avant que tu formes le personnel,
puis que la jurisprudence s'installe, puis tout ça, bon, c'est long.
Alors, deux ans, trois ans, quatre ans plus tard, là, tu
récoltes le fruit de ça, et, dans les circonstances, le fruit
s'est ramassé, dans les dernières années, jumelé
à une baisse d'activité économique, donc, à moins
de revenus. Ajoutez à ça les sentences qui commençaient
maintenant à être exécutées, puis dont le
résultat de ces décisions, c'est la CSST qui le reçoit, et
on se retrouve dans la situation qui a été décrite l'an
passé et qui s'est renouvelée à un niveau moindre cette
année, mais, avec les explications que je viens de vous donner, qui vont
nous amener, j'en suis personnellement convaincu, à l'implication de la
vaste majorité des fonctionnaires de la CSST, de la volonté de
ses dirigeants puis de ses fonctionnaires. Parce qu'on s'est adressé
à eux autres pour les impliquer dans le processus. On leur a permis, par
la loi 35, de modifier leurs décisions, ce qui ne leur était pas
permis avant.
Avant, quand le fonctionnaire constatait qu'il y avait une erreur qui
était faite, la seule façon qu'elle pouvait être
corrigée, c'est qu'il fallait que l'accidenté en appelle. Il n'y
avait pas d'autre façon. Même si celui qui avait fait l'erreur
avait mal coché ou avait mal identifié ce que l'accidenté
lui avait dit, la seule solution qu'il avait de faire changer ça, c'est
dire au travailleur accidenté: Va en appel, puis voici le formulaire
ici, là, puis signe, puis va en appel de ma décision, puis quand
ça passera, je vais aller dire que je suis d'accord avec toi. Mais
pendant tout ce temps-là, par exemple, on payait. L'organisme payait. De
là l'importance de dire que, bien souvent, même si le processus
est long à cause de la lourdeur de son mécanisme, il ne faut pas
identifier ça comme des gens qui abusent du système. Mais le
système est ainsi fait, était ainsi fait que ça prenait
cette durée-là.
Donc, de là l'insistance de celui qui vous parle de
réviser l'ensemble des méthodes de fonctionnement, l'ensemble de
l'aspect administratif de la gestion de cette loi-là pour qu'on puisse
vraiment identifier où sont les problèmes et où sont les
pistes de solution. Je vous assure qu'il y a une volonté fortement
exprimée par les travailleurs puis les travailleuses qui sont à
la CSST. Ils en ont eux des pistes de solution. Il s'agit de les
écouter, de les consulter, de travailler avec eux, leur donner la
formation qui est nécessaire. Décloisonnement dans certains cas
de façon trop traditionnelle qu'avaient certains aspects de la CSST de
fonctionner... Et, avec ça, je vous dis qu'il y a moyen
d'espérer. Il y a moyen d'espérer, et comme vous avez
référé à certaines positions qu'a prises le CPQ,
qui dit, par exemple: Bon, vous n'êtes pas pour augmenter, vous
n'êtes pas pour le faire, là-dessus, ce qu'ils invoquent, parce
qu'ils sont...
Et j'inviterais les gens de la CSST à vous témoigner des
choses qui leur sont offertes comme pistes de solution. Ils ont dit: Bien,
avant qu'on accepte d'ajouter d'autre argent là-dedans, on veut voir la
révision que vous êtes en train de faire de l'ensemble du
fonctionnement de l'appareil, ce à quoi on peut s'attendre. Quels sont
les objectifs? Parce qu'ils ont besoin de retourner devant leurs membres aussi
pour les convaincre de ça. Donc, avant d'ajouter de l'argent, il s'agit
de voir.
Et je vous avouerai que, dans le budget de cette année, qui est
une diminution importante des coûts, les effets de la loi 35 ne se sont
pas monétairement encore manifestés autrement que par la
volonté du législateur, par l'introduction de 35, de fournir des
vrais outils additionnels pour pouvoir mieux gérer, de façon plus
efficace, déjudiciairiser puis rendre service à
l'accidenté.
Et le Bureau de l'évaluation médicale qui est un outil
important à la loi 35 est entré en vigueur depuis le 1er
novembre. Et, depuis ce temps-là, on a eu aussi à faire face
à un moyen de pression de grève de spécialistes qui
voulaient se servir de ça comme moyen de pression pour négocier
un peu de façon différente, ce qui a eu comme résultat que
le bon démarrage qu'a connu le BEM a subi un afflux qui,
présentement là, est sous contrôle et est en train de
s'estomper puis prendre un rythme de croisière normal.
Alors, peut-être que l'actuel président de la CSST, M.
Diamant, pourra compléter. Il est accompagné également de
Pierre Shedleur qui, les deux ensemble, je suis convaincu, vous fourniront les
réponses dont vous avez besoin.
Le Président (M. Audet): M. le président de la
CSST, voulez-vous ajouter?
M. Diamant (Robert): Je pense que les propos de M. Dufour et les
propos de M. Cherry sont dans le même sens, à toutes fins
pratiques. La situation financière de la CSST, tout le monde en convient
facilement, est extrêmement préoccupante. Mais ce n'est pas un
phénomène récent. Il faut remonter dans l'histoire un peu.
Cette loi, la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, a été adoptée en 1985. Si on regarde les
exercices financiers de 1985 à 1992, il y en a huit. De ces huit
exercices financiers, vous avez six exercices où il y a eu des
déficits et deux où il y a eu des surplus. M. le ministre l'a
évoqué tantôt, les deux années où il y a eu
des surplus, 1988 et 1989, comme par hasard, il s'agissait déjà
des premières années de la mise en application de la loi
où des programmes comme celui de la réadaptation étaient
à leur début. La réadaptation, c'est un droit nouveau qui
est venu dans cette loi-là. Ça existait avant, la
réadaptation, mais ça n'était pas un droit, et, à
partir du moment où ça devient un droit et un véhicule
privilégié pour rencontrer la philosophie de cette loi-là,
il est sûr que la mise en place de ces programmes a entraîné
beaucoup, disons, de tâtonnements et de difficultés. (17 h 20)
Donc, l'organisme a connu aussi, au cours de 1988-1989, une
activité intéressante, dans la mesure où on était
en plein coeur d'une période d'activité économique qui a
été la plus belle des années 1980, on en convient
facilement, et aussi, qui a généré des revenus
intéressants pour la Commission. Quand l'économie va bien, les
revenus de la Commission vont avec. Et ça a été aussi, on
l'a souligné, des années où on avait un taux de cotisation
qui était à 2,75 $ du 100 $ de masse salariale, qui a, par la
suite, été réduit à 2,50 $ en 1990, 2,32 $ en 1991,
et on est revenu à 2,50 $ en 1992, et pour 1993, on est à 2,75 $.
Je pense que c'est des choses dont il faut se rappeler. C'est des
éléments, disons, qui permettent de...
M. Dufour: II n'est pas appliqué, 2,75 $. Excusez.
M. Diamant: Pardon?
M. Dufour: 2,75 $, pour 1993, il n'est pas appliqué,
là. Vous êtes à 2,50 $.
M. Diamant: II est appliqué en 1993.
M. Dufour: II y a une augmentation réelle?
M. Diamant: Oui.
M. Dufour: C'est quoi, le discours de la CPQ, là?
M. Diamant: II ne parle pas pour... Il parle pour 1994, parce que
vous savez qu'il faut établir...
M. Cherry: En juin.
M. Diamant: ...le taux de cotisation...
M. Dufour: O.K., correct. Excusez.
M. Diamant: ...pour 1994 au mois de juin.
M. Dufour: Je vous ai dit que je ne suis pas un expert.
J'apprends.
M. Diamant: O.K. Alors, dans ce contexte-là, je pense
qu'on convient facilement, tout le monde, que la situation financière
est fort préoccupante, et la récession a exacerbé cette
situation-là. Je veux dire, la récession a fait en sorte que ce
régime social fort important a été attaqué de plein
fouet et a subi beaucoup de conséquences de la récession, comme
les autres régimes sociaux au Québec en ont subi la
conséquence. Mais, dès 1990, on a senti venir ça, et,
à ce moment-là, on a examiné tout de suite quelles
étaient les principales causes, les principaux éléments
qui devraient être pris en considération si on voulait, autant que
possible, prendre la maîtrise de la situation financière.
On avait déjà, à ce moment-là, et M.
Shedleur peut en témoigner c'est à lui que j'avais
confié le mandat de présider un groupe de travail
identifié des problématiques très précises, qui
étaient l'augmentation des coûts en assistance médicale et
en réadaptation. Déjà, à ce moment-là, on
voyait poindre des difficultés au niveau de la gestion de la
réadaptation. Aussi, on a observé, à ce moment-là,
l'augmentation du nombre de jours moyens d'indemnisation. En 1988, on a
augmenté à 44 jours le nombre de jours moyens d'indemnisation. En
1991, on s'est retrouvés avec 73,9, donc, une augmentation de 30 jours.
Et chaque jour moyen, vous le savez, représente, dans le cas d'un
accident d'origine, c'est 10 000 000 $, et, dans le cas de récidive,
rechute et aggravation, on parle de 50 000 000 $. Donc, vous avez là une
cause directe de l'augmentation des coûts. On entre dans le régime
plus facilement et on n'en ressort pas. On est bien dans le régime.
Maintenant, il ne suffit pas de dire ça. Il suffit d'essayer de
voir quelles sont les causes, qu'est-ce qui a engendré cette
situation-là. Je pense que l'application du régime qui est
fondé sur le fait que toute décision relativement à
l'état de santé du travailleur, à sa lésion
professionnelle, est assujettie à l'avis du médecin traitant, va
constituer, disons, pour nous, une prise de conscience qui était
nécessaire, d'avoir une information médicale qui soit
adéquate et qui soit disponible rapidement, pour que toute
décision relative à l'admissibilité de la personne au
régime, relative à sa guérison et à sa
capacité de retourner au travail, relative à ses soins, pour que
ces décisions-là se prennent rapidement, pour qu'on
réduise tous les coûts qui sont associés à ces
décisions-là, les coûts qui concernent l'indemnisation des
gens. Plus ils restent longtemps dans le régime, plus ça
coûte cher, plus ça coûte de soins, aussi. Il faut les
payer, ces soins-là.
Et aussi, finalement, autour de ça, il y a un système de
contestation des décisions on l'a dénoncé à
grand renfort de statistiques et de chiffres au cours des dernières
années qui produit une spirale incroyable, une inflation
incroyable dans le domaine de la révision des décisions. On est
passé, à la Commission d'appel, à des délais... Ils
ont atteint trois ans, trois ans et demi d'attente avant que votre dossier soit
inscrit au rôle et que vous obteniez une décision, alors que,
pendant ce temps-là, le «meter» marche, c'est le
«running bill». Quand la décision est prise, si elle est
favorable à la Commission, vous ne pouvez pas récupérer le
fric. Ce n'est pas possible. Alors, il y a des coûts là-dedans.
L'inflation du système de contestation, de révision des
décisions, le système d'appel des décisions a
été un facteur majeur de la croissance des coûts.
Souvenons-nous que cette loi-là a été
adoptée en 1985. On est en 1993. C'est huit ans plus tard. Une
institution qui a une expérience de trois ans, quatre ans, une
institution de cette envergure-là, c'est une jeune institution, et les
problèmes ont commencé à sortir vraiment dans
l'application du régime dans les quatre, cinq années suivantes
M. le ministre en a fait état tantôt par
l'application d'un mécanisme important qui s'appelle la Commission
d'appel. Les décisions n'ont
pas pu venir plus rapidement sur l'ensemble des objets. C'est une loi,
la LATMP, qui a combien d'articles? Près de 600 articles. Alors, avant
qu'on ait le fin mot de la signification, de la portée de ces articles
de loi là, ça prend du temps, et ça, ça doit subir
le test des tribunaux. C'est ces tribunaux-là qui reçoivent les
appels des accidentés ou les employeurs qui ne sont pas satisfaits. Tout
ça, c'est des facteurs qui ont contribué, disons, à
générer une situation financière extrêmement
difficile et difficile à apprécier et aussi difficile à
maîtriser et associée à une activité
économique qui a été, comme vous le savez, en
récession continuelle depuis 1988-1989.
Dans ce contexte-là, les correctifs qui ont été
apportés M. le ministre les a évoqués tantôt
à ce jour sont essentiellement des correctifs administratifs.
Parce que les correctifs de la loi 35, vous n'avez pas pu en voir les
résultats en 1992. La loi a été adoptée en juin,
mise en application en novembre, et on a commencé à mettre en
place les mécanismes à partir de novembre, décembre. Donc,
aux états financiers de 1992, vous n'avez rien de ça
là-dedans. Absolument rien.
Or, on a quand même des indices extrêmement
intéressants à retenir. On a une réduction du nombre
d'accidents qui est importante. On est rendu à 146 500 accidents
d'origine, comparativement à 176 000 l'année
précédente. Vous allez me dire: Ça aurait dû
permettre la diminution des coûts. Oui, d'une certaine façon. Par
ailleurs, disons, la réduction de l'activité économique
n'explique pas ces résultats-là entièrement. Ce sont les
effets, les mécanismes prévus à la loi au niveau de la
prévention, mais ce sont aussi des effets des activités
entreprises par les travailleurs et les employeurs pour réduire le
nombre, éviter le nombre d'accidents du travail.
Pour les besoins financiers de l'année 1992, on a un
déficit, à l'intérieur des 655 800 000$, de 85 000 000 $.
Pour les besoins financiers de l'année 1991, en 1991, on avait un
déficit de 283 000 000$. Donc, on a amélioré notre
performance de 200 000 000 $ pour les besoins financiers de l'année en
question. Donc, ça, c'est important pour nous. Au total, on a des
revenus moindres que ceux qu'on avait prévus dans l'ordre de 391 000 000
$. Si on décortique les 655 000 000 $, il y a des revenus de cotisations
moindres de 391000 000$. Comme je vous l'ai dit tantôt, ça
s'explique par une baisse d'activité économique et aussi une
activité économique différente de celle qu'on avait
prévue, et on a des dépenses plus élevées que
prévu de 264 000 000 $. Relativement parlant, par rapport à 1991,
c'est une performance qui est appréciable. (17 h 30)
On a réduit et vous avez évoqué ça,
M. Dufour, tantôt, dans votre présentation les frais
d'administration de l'ordre de 18 700 000 $. 18 700 000 $ sur une
prévision de 240 000 000 $ et quelques, c'est quand même une bonne
performance. Il n'y a pas beaucoup d'organismes qui ont réussi à
appliquer ça, dans une période de difficultés comme celle
qu'on avait, de réduire, de contraindre leurs frais d'administration
à ce niveau-là. On avait fait le même exercice
l'année précédente, on a dépensé 10 000 000
$ de moins que le budget prévu, et, malgré ça, on a
autofinancé une partie de l'application de la loi 35. Toutes les
dépenses prévues pour l'année 1992, on les a
assumées, 2 000 000 $ et quelques, ce qui fait une performance de
réduction de nos frais d'administration de l'ordre de 20 000 000 $. Ce
n'est pas mal pour un organisme en difficulté. Évidemment, il y a
probablement encore beaucoup de choses à faire là-dessus. On a
évoqué tantôt qu'on a réduit de six jours le nombre
de jours moyen en consolidation et en réadaptation. C'est quand
même important, c'est un pas dans la bonne direction.
La loi 35 on l'a dit tantôt s'attaque ou, en tout
cas, voulait s'attaquer, ou nous fournir, à l'organisme, des outils au
moins sur deux plans: la révision du processus décisionnel en
matière médicale... On a évoqué la mise en place du
Bureau d'évaluation médicale, la nécessité,
maintenant, qu'on a d'avoir recours à un médecin expert et
d'obtenir une décision plus rapidement. On a aussi, de fond en comble,
je pense, remodelé les mécanismes de révision et d'appel
en introduisant la reconsidération administrative et la conciliation
à tous les niveaux, mode de règlement qui est
privilégié dans la mesure où il est beaucoup plus
efficace, beaucoup plus rapide, moins coûteux, et qui permet aussi une
justice qui est plus satisfaisante parce que ça oblige les parties
à dialoguer et à convenir de choses entre elles.
On a aussi mis en place une section particulière pour la
révision en financement. On a rendu les décisions du Bureau de
révision exécutoires, même si elles font l'objet d'un
appel, pour éviter ce que j'évoquais tantôt, la
création de... Dans le fond, quand personne n'a rien à perdre, on
continue dans les mécanismes de la révision, on va en appel
jusqu'au bout.
On a aussi fait en sorte que tous les litiges en bas de 1000 $ soient
réglés et que les décisions soient finales au Bureau de
révision. On a toute une série d'autres mécanismes qui, on
en a la conviction, vont donner des résultats déjà. On
est, aujourd'hui, au début de mai, on a des données
préliminaires où on note une réduction du nombre d'appels,
du nombre de demandes de révision au Bureau de révision dans
l'ordre de probablement 15 % à 20 %. nos mécanismes de
conciliation ont à peine commencé à marcher parce que nos
conciliateurs ne sont pas tous en fonction. il faut les former, il faut
installer tout le système, les procédures. on a sur la table des
demandes de conciliation, parce que, obligatoirement, à chaque fois que
quelqu'un va devant le bureau de révision, maintenant, on offre la
conciliation, obligatoirement. et c'est plaisant d'avoir ça parce que,
à chaque fois qu'on l'offre, dans 50 % des cas, il y a une des parties
qui l'accepte. il nous reste à convaincre l'autre partie. et
déjà, dans les dossiers qui ont été traités
par les conciliateurs, même s'ils sont peu nombreux, on observe qu'il y a
des règlements qui se font à ce niveau-là. donc, on a
espoir qu'on va désengorger les mécanismes de révision et
d'appel.
Un autre volet, M. le ministre en a parlé tantôt, c'est
toute notre démarche de révision de nos pratiques. On a eu des
démarches extrêmement lourdes de révision des politiques au
niveau de la CSST. Le conseil d'administration, au fil des ans, a fait, par le
biais de ses comités, une révision complète des
politiques. Et dans ce contexte-là, ça a produit des recueils de
politiques, mais, dans les façons de faire, on a observé des
difficultés dans la gestion, et j'en ai évoqué
tantôt quelques-unes, particulièrement dans le domaine de la
réadaptation. M. Shedleur, le président et chef des
opérations, conduit, depuis quelques mois maintenant, une
activité intense dans la révision de tous nos programmes et nos
façons de faire en matière de réadaptation. On a
commencé notre action là-dedans de façon, encore une fois,
à s'assurer que celles et ceux qui ont besoin d'une réadaptation,
qui ont droit à la réadaptation, aient accès aux
programmes très rapidement et, aussi, qu'ils puissent
bénéficier de l'application intégrale de ce que la loi
prévoit, qui est le droit au retour au travail par le biais de la
réadaptation. On va faire la même chose avec tous les autres
volets de notre mission, qu'il s'agisse du financement, qu'il s'agisse de
l'indemnisation, qu'il s'agisse aussi du suivi médical.
Finalement, en conclusion, ce que je dirais, c'est que, essentiellement,
si on veut que le régime marche, c'est de faire tout en notre pouvoir
pour mettre au coeur des préoccupations de toutes les parties
concernées la prévention des accidents du travail.
Dernièrement, je faisais une visite industrielle à
Rimouski, et un employeur chef d'entreprise disait que, quant à lui, il
avait appliqué l'idée que l'accident qui coûte le moins
cher est celui qui n'arrive pas. C'est simple comme raisonnement. C'est une
grosse scierie, Lulumco, tout le monde connaît ça, un gros
fabricant de bois d'oeuvre. Il a commencé ça avant la loi 17,
avant 1979, et avant la loi 42, avant 1985, et, aujourd'hui, son entreprise a
une des meilleures performances en matière de santé et de
sécurité dans son secteur. Il contrôle complètement
ses coûts. Et je dois ajouter, quoi que ça ne change pas
nécessairement quelque chose à l'affaire, que ce n'est pas un
milieu syndiqué. Dans ce comité de santé et de
sécurité, il y a plus d'employés qu'il y a de
représentants de cadres, et ça marche.
Dans toutes les entreprises qui font de la prévention et de la
gestion de l'ensemble des paramètres de leur dossier de santé et
sécurité une priorité, avec l'engagement de la direction,
la participation des entreprises, on réussit directement à
réduire les coûts. Parce qu'il faut le dire aussi, vous l'avez
évoqué, il faut réduire les coûts du régime
de santé et de sécurité. Il ne faut pas juste avoir
l'équilibre financier, il faut réduire les coûts.
On en parle de compétitivité. Si on veut que notre
économie soit compétitive, il faut réduire les coûts
du régime. Il y a moyen de les réduire, et pour moi, le seul
moyen, ce n'est pas de contester devant les tribunaux, c'est d'éliminer
les dangers, puis de réduire le nombre d'accidents du travail, et de
faire en sorte que le régime soit appliqué comme il a
été conçu, même si on devait lui apporter certains
correctifs.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Diamant. M. le
député de Jonquière.
Principe du paritarisme
M. Dufour: Oui. Comme vous parlez de réforme, etc., et que
vous êtes sur votre départ ou à peu près, est-ce que
vous remettez en cause le paritarisme? Ça semble être la question
la plus cruciale à laquelle on a à faire face. Vous, vous partez,
vous êtes dégagé. Je pourrais vous entendre parler dans
quatre, cinq ans, et vous allez nous dire: On aurait dû faire ça.
Mais vous, avant de partir, dans votre testament là, dites-vous que le
paritarisme, ça doit être remis en cause?
M. Diamant: Est-ce que vous conviendrez avec moi que, quand on
met en cause le paritarisme, on met en cause la structure même de ce
régime de santé et de sécurité du travail. Parce
qu'au fond, quand on pense au paritarisme, on pense presque toujours au fait
qu'on ait un conseil d'administration paritaire. Or, ce n'est pas ça. Le
paritarisme commence peut-être là, mais il ne finit pas là.
Le paritarisme, il est présent dans tous les volets de ce régime
de santé et de sécurité du travail. Quant à moi,
qu'on remette en question le fonctionn-ment du conseil d'administration parce
qu'il est paritaire, parce qu'une des parties paie la facture directement et
que l'autre... On dit que les travailleurs ne paient pas la facture, mais c'est
une façon de voir les choses. On peut le voir tout à fait
autrement. Je pense aussi que les citoyens, en général, se paient
un régime de santé et de sécurité à travers
une cotisation qui est prise à même les masses salariales
versées par les employeurs. Or, c'est sûr que, pour l'entreprise,
c'est un facteur de coûts importants que la cotisation, mais quand on
pense ou qu'on parle de la participation aux coûts, la participation aux
coûts, je pense que c'est tous les citoyens du Québec qui y
contribuent d'une façon ou d'une autre.
Le paritarisme au conseil d'administration, ça présente
des difficultés. C'est dur. Le paritarisme dans les autres volets
d'application de ce régime-là, ce n'est pas simple non plus. (17
h 40)
Mais, quant à moi, la dernière place où je le
ferais disparaître, le paritarisme, ça serait dans l'entreprise,
parce que c'est ma conviction que c'est là que les travailleurs et les
employeurs doivent s'asseoir dans un contexte qui n'est pas celui de la
négociation des conditions de travail, mais dans un contexte qui est
que, si on gère bien notre santé et notre sécurité,
si on en fait un critère de performance de l'entreprise, c'est tout le
monde qui est gagnant. L'entreprise est plus performante si elle gère
bien son dossier de santé et de sécurité, et elle ne peut
pas le faire toute seule. Ce ne sont pas les dirigeants d'entreprise tout seuls
qui peuvent faire ça. Il faut qu'ils fassent ça avec les
travailleurs sur le terrain. Et ça, les preuves sont faites. Toutes les
entreprises performantes, et j'en ai une longue liste je ne
peux pas toujours le dire publiquement parce que ce sont des
renseignements qui les concernent, mais elles sont contentes quand on vante
leurs bons coups toutes les entreprises performantes ont compris
ça. C'est fondamental.
Donc, le paritarisme dans le système, pour moi, c'est un acte de
foi. J'y crois, je l'ai vu, je l'ai vu marcher, et je pense que c'est la
garantie de succès du régime de santé et de
sécurité du travail. Remettez en cause, si vous voulez, le
fonctionnement de son conseil d'administration, mais ce n'est pas là,
quant à moi, qu'est le plus gros problème.
M. Dufour: II y a un paritarisme pareil au conseil d '
administration?
M. Diamant: Oui, certainement.
M. Dufour: Mais, s'il n'y avait pas de paritarisme, ça
ferait quoi?
M. Diamant: Je ne le sais pas. Imaginez que vous prenez des
décisions...
M. Dufour: Ce n'est pas facile de suivre votre raisonnement,
là.
M. Diamant: C'est très hypothétique, très
hypothétique. Imaginez que vous prenez des décisions au conseil
d'administration qui concernent 2 000 000 de travailleurs et qui n'ont pas voix
au chapitre, je pense que vous avez un problème. C'est mon idée.
Remarquez que, par ailleurs, il y a des moments qui sont très
frustrants, au conseil d'administration, pour les employeurs, qui sont
très frustrants, parce qu'il y a certains comportements qui sont
difficiles à admettre pour les employeurs par rapport à...
Disons, que c'est souvent, surtout, par rapport aux attitudes.
Mais ça, ça n'empêche pas que la
réalité du régime de santé et de
sécurité du travail concerne tous les citoyens. Le gouvernement
est présent là-dedans. C'est lui qui fait les lois. C'est vous
autres, les élus, qui faites face, chaque jour, à la
réalité des citoyens qui sont impliqués dans le
régime. Donc, vous devez être partie à ça, comme les
travailleurs doivent être partie à ça, comme les employeurs
doivent être partie à ça. Faire ça isolément,
chacun dans votre coin, je ne suis pas sûr. On pourrait toujours penser
que le gouvernement pourrait édicter des lois et des règlements
et des normes et engager des inspecteurs et dire que c'est de même que
ça va marcher. Ça pourrait se faire comme ça, mais je ne
suis pas sûr que ça serait la bonne solution.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond.
Réintégration des travailleurs
indemnisés
M. St-Roch: Oui, M. le Président. M. Diamant, je ne vous
ferai pas le coup, parce que vous êtes sur votre départ, vous
êtes à votre dernière présence, probablement,
à la commission de l'économie et du travail en tant que
président-directeur général de la CSST, mais moi, j'ai
encore la phobie du corporatisme, et je ne vous ferai pas le coup de vous dire:
M. Diamant, un des vrais problèmes, ce n'est pas le paritarisme, au
niveau de la CSST, c'est peut-être le fait qu'il y a le gouvernement, il
y a le patronat, il y a les syndicats, il y a les médecins et il y a des
avocats. Et je n'en dirai pas plus, parce que tout le monde a son petit empire,
à un moment donné, qu'il veut protéger.
J'ai fait des remarques préliminaires, au début, et moi,
je pense que la CSST, il faut remonter un peu à pourquoi on a la CSST et
les acquis de 35. Je pense que, ôter le paritarisme, ce n'est pas
ça qui va régler le problème. Le problème à
régler, ça va être une question de culture et une question
de le réaliser, et ça va passer par la prévention. Tant et
aussi longtemps que le côté patronal comme le côté
syndical ne se rentreront pas dans la tête que c'est là... C'est
là que ça va se régler.
Une de mes questions va s'adresser à M. le ministre. M. le
ministre, quand on regarde la CSST, à l'heure actuelle, au niveau de la
réhabilitation et au niveau de la consolidation des dossiers et
ça, on le voit couramment dans nos bureaux de comté
après qu'on a consolidé un dossier, il n'y a pas obligation de
l'employeur à reprendre le travailleur à sa charge. Moi, je vais
vous dire une chose, je suis prêt à vous donner mon support, et
peut-être que, si on veut inciter M. le ministre à faire de la
prévention... D'habitude, dans le monde des affaires et dans le monde
réel de la vie, quand on va jouer dans le portefeuille, là, on
commence à penser que c'est sérieux et que c'est grave. Alors, M.
le ministre, vous ne pensez pas qu'il est temps qu'on fasse un amendement
à la loi 35 je ne sais pas si on l'appellera 35, 35a ou 35b ou 45
de dire que, après qu'on aura consolidé un dossier,
même si la personne a 30 % ou 40 % d'incapacité, il est de la
responsabilité de l'employeur de réengager cette
personne-là?
À l'heure actuelle, on sait ce que ça va amener aussi.
Ça va amener la partie syndicale à le réaliser aussi,
parce que, souvent, à cause de la séniorité, il faudrait
que la personne aille déplacer quelqu'un qui serait peut-être un
peu plus jeune ou un peu plus vieux ou qui ait une séniorité par
emploi parce que c'est là qu'il va être capable de faire la
tâche. À mon humble avis, moi, tant et aussi longtemps qu'on ne
mettra pas ça, on va arriver avec tous les efforts que la CSST fait, et
je l'ai dit quand on a fait la 35, à ce moment-là, on va
ôter 350 000 000 $ à 400 000 000 $ de déficit, et on
restera toujours collés avec 200 000 000 $ à 250 000 000 $ de
déficit chronique, tant et aussi longtemps qu'on ne convaincra pas tout
le monde que ça va passer par ce que M. Diamant a élaboré,
la maintenance préventive, la sécurité, la
prévention. C'est là que ça va passer. Alors, moi, je
verrais ça comme un outil. J'aimerais avoir la réaction de M. le
ministre.
Le Président (M. Audet): Brièvement, puisque
l'enveloppe de temps se termine, là.
M. Cherry: M. le Président, c'est ce que j'ai
évoqué rapidement tantôt, puis vous me permettrez de
clarifier ça. Si j'ai bien compris, vous dites que l'employeur a
l'obligation de reprendre le travailleur accidenté. Cette période
obligatoire où l'employeur a l'obligation de reprendre son travailleur
accidenté quand il est prêt à revenir au travail, c'est
deux ans. Si, après deux ans, l'employeur n'a plus pas si
il n'a plus l'obligation de le reprendre. Bon. C'est ce à quoi je
référais tantôt, cette fausse sécurité qu'ont
certains accidentés du travail, que tant qu'ils sont dans le
régime, tant qu'ils continuent à percevoir des prestations, et
que ça peut durer. Mais quand la minute de vérité arrive
et que là, finalement, il dit: Bon, bien, là, j'ai
épuisé tous les recours, finalement, j'ai ma décision de
la CALP, donc, finalement, si j'ai tout perdu, là je retourne
travailler, là, l'employeur dit: Ça fait trois ans, trois ans et
demi de ça, je n'ai plus de job pour toi ici. Ton emploi, je n'ai plus
d'obligation de te reprendre.
C'est là toute la base de l'orientation de la loi 35. La loi 35
veut qu'on ait un médecin spécialiste qui va, le plus rapidement
possible, nous donner un diagnostic de l'accidenté pour qu'on puisse
décider le plus rapidement possible ce dont on a besoin pour qu'il
retourne travailler. On est en train de changer toutes les méthodes, les
relations entre la CSST puis l'employeur. Les employeurs qui pensent que,
après deux ans, il n'y a plus de problème, ils continuent
à contribuer dans le pot général. On est capable,
maintenant, de leur faire la démonstration que de le laisser dans le
système le plus longtemps possible coûte 150 000 $ en moyenne
je ne me trompe pas, là, 150 000 $ et que souvent, un
diagnostic rapide, les soins appropriés et une modification parfois
minime du poste de travail qui a causé l'accident permettent à
cet individu-là de revenir dans la société, de diminuer
les coûts de l'entreprise et de revaloriser l'individu dans sa famille
puis sa dignité. mais ça, là, c'est une nouvelle approche
quand on parle de la csst. ça, c'est tout à fait nouveau. les
gens avaient tendance à nous dire, puis, m. le président, je
termine là-dessus je pourrais en dire fort longtemps: tant que je
ne reviendrai pas à 100 % comme j'étais avant, je ne retourne pas
travailler. quand tu as une incapacité de 2 %, de 3 % ou de 5 %, ce
n'est pas ça l'approche qu'il faut prendre. il faut dire: tu as une
incapacité de 3 %, on va l'évaluer puis on va payer pour. mais la
question, c'est dire: qu'est-ce qu'on fait avec le 97 % qu'il te reste? comment
est-ce qu'on valorise ça? puis, comment est-ce que tu contribues avec
ça à la société? je pense que c'est ça toute
l'approche qu'il faut changer, puis c'est ça qu'on est en train de
changer à la csst, de fond en comble, pour maintenir les services,
maintenir les bénéfices et rendre crédible ce pour quoi a
été créée la csst.
Adoption des crédits
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, ça met fin
à l'enveloppe de temps que nous avions pour l'étude des
crédits du ministère du Travail. Alors, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que les
éléments et les programmes des crédits financiers du
ministère du Travail pour l'année financière 1993-1994
sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, au nom des
membres de la commission, M. le ministre, je vous remercie et je remercie aussi
les gens qui vous ont accompagné, qui ont répondu aux questions
des parlementaires.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures et,
à 20 heures, nous reprendrons à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine.
(Fin de la séance à 17 h 49)
(Vingt heures cinq minutes)
Le Président (M. Gobé): La séance de la
commission de l'économie et du travail va maintenant commencer. Je vous
demanderais de bien vouloir regagner vos places et de faire silence. Merci
beaucoup.
Je vous rappellerai le mandat de notre commission ce soir, qui est de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour l'année
financière 1993-1994, et les programmes sont les programmes 1, 2, 3 et
5.
Organisation des travaux
Rapidement, je rappellerai les ententes qui, en général,
régissent ces crédits. Vu qu'on ne m'a pas avisé qu'il y
avait d'entente particulière, s'applique la règle de
l'alternance, et chaque député qui désire adresser la
parole ou questionner le ministre peut le faire.
M. Chevrette: Répétez donc ça.
Le Président (M. Gobé): J'ai dit: Je rappelle aux
membres de la commission, M. le député de Joliette il me
fait plaisir de vous accueillir ici, d'ailleurs, bonjour...
M. Chevrette: Moi de même.
Le Président (M. Gobé): ...qu'à moins
d'entente prise entre les parties, la règle habituelle est que le temps
est alloué de manière égale entre tous les membres de
cette commission, tout en tenant compte que c'est un moment
privilégié pour l'Opposition de poser les questions et d'obtenir
certaines informations sur la gestion du ministère. Alors, cela fait
appel à la coutume et non pas à la réglementation. Alors,
il n'y a pas eu d'entente, donc nous allons commencer par les remarques.
M. Chevrette: II n'y a pas eu d'entente, mais vous savez
très bien que la bonne collaboration existe et, ordinairement, c'est la
coutume qui l'emporte au niveau des crédits.
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est ça. C'est
ce que je pense que les membres...
M. Chevrette: Et la bonne collaboration vaut en autant que la
coutume est respectée.
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est ça. M.
Chevrette: C'est bien.
Le Président (M. Gobé): On se comprend, sauf qu'il
était important de rappeler dès le début...
Une voix: ...
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, Mme
la députée, je vais terminer. Il était important de
rappeler dès le début que le temps était quand même
imparti équitablement, pour le cas où il y aurait un peu de
discussion. Ça permet, à ce moment-là, de se reporter sur
quelque chose de précis. Mais je souhaite que nous n'en arrivions pas
là et que ça se passe le plus amicalement possible et le plus
tranquillement possible.
Je pense qu'il y a un remplacement à cette commission. Ça
me prendrait le consentement, M. le député de Joliette, pour
annoncer un remplacement. Est-ce qu'il y aurait votre consentement?
M. Chevrette: En fonction de voir la coutume se respecter, je
vais être consentant.
Le Président (M. Gobé): Merci. Alors, M. le
secrétaire.
M. St-Roch: Puis je vais consentir aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Oh! je m'excuse, M. le
député de Drummond. Je ne vous avais pas aperçu, vous
venez d'arriver?
M. St-Roch: Ça fait au-delà de cinq minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Ah! Merci bien. Bienvenue,
vous aussi. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean) est
remplacé par M. Camden (Lotbinière).
Le Président (M. Gobé): Merci. Bonjour, M. Camden,
ça me fait plaisir de vous avoir.
Nous allons donc maintenant passer à la période des
remarques préliminaires. Je rappellerai que, M. le ministre, vous avez
20 minutes pour faire vos remarques préliminaires. Par la suite, M. le
député de Joliette, vous sont allouées aussi 20 minutes;
M. le député de Drummond, s'il le désire, lui aussi, ainsi
que tous les membres de cette commission.
Ceci met donc fin à mes remarques personnelles à titre de
président, et je vous passe la parole, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Merci beaucoup, M. le
Président. Vous avez mentionné, il y a quelques instants, qu'une
commission parlementaire, c'est un moment privilégié pour
échanger. Alors, c'est également un moment
privilégié pour moi de remplacer la ministre, Mme Lise Bacon,
responsable de l'Énergie et des Ressources, pour l'étude des
crédits du ministère. C'est également un moment
privilégié de pouvoir échanger avec le leader
parlementaire, le député de Joliette, ailleurs qu'à la
période de questions, donc deux bonnes heures de discussion intense sur
Énergie et Ressources. Je sais que le leader parlementaire, le
député de Joliette, prend beaucoup à coeur ce secteur,
comme le député de Drummond également.
Alors, j'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent
ce soir: M. François Geoffrion, que vous connaissez très bien, le
sous-ministre; M. Denis L'Homme, qui est sous-ministre associé à
l'Énergie, qui va se joindre à nous dans quelques instants; M.
Guy Morneau, sous-ministre associé aux Terres; Me Jean Giroux,
président de la Régie du gaz naturel; et, également,
l'équipe de Mme Lise Bacon qui est présente. Et, à cause
de l'intérêt que les fonctionnaires portent à
Énergie et Ressources, ils ont considéré de venir en grand
nombre supporter le ministre par intérim de l'Énergie et des
Ressources, mais surtout d'entendre les commentaires et les questions
constructives du leader parlementaire, le député de Joliette.
M. Chevrette: Je croyais que c'était pour une autre raison
qu'ils venaient.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II était insecure.
M. Tremblay (Outremont): Alors, j'aimerais vous indiquer
brièvement à quoi serviront ces crédits ou, plutôt,
vous donner un premier aperçu de ce que nous retrouverons en 1993-1994
au ministère de l'Énergie et des Ressources. (20 h 10)
En ce qui concerne les dossiers ministériels, l'année qui
vient devrait mettre un point final à la réorganisation
entreprise par suite de la création du ministère des
Forêts. Elle devrait se traduire concrètement par le regroupement
à l'Atrium de la quasi-totalité des services qui étaient
autrefois dispersés à la grandeur de la région de
Québec. Ce regroupement nous permettra d'améliorer notre service
à la clientèle et d'augmenter fortement notre efficacité.
C'est pour aller encore plus loin que nous entreprenons la révision
complète de nos procédures de processus de travail pour augmenter
la qualité de nos services tout en diminuant nos coûts de
production. Notre démarche, qui a été amorcée au
cours des derniers mois, s'inscrit dans le cadre du projet de réaligne-
ment de l'appareil public.
Dans le secteur de l'énergie, plusieurs dossiers retiendront
l'attention du ministère. Au cours de l'année, dans le secteur
énergétique, nous assurerons un suivi de la commission
parlementaire sur le plan de développement. Il y a des décisions
à prendre concernant ce plan de développement et,
également, le plan de développement 1993 d'Hydro-Québec.
Elles seront annoncées en juin. Nous aurons aussi, le printemps
prochain, à examiner en commission parlementaire les résultats
obtenus par Hydro-Québec en regard de son engagement de performance. Il
s'agit là de quelque chose de tout à fait nouveau. C'est la
première fois, en effet, que nous pourrons évaluer la gestion
d'Hydro-Québec en fonction d'indicateurs de performance mesurables. Cela
va nous permettre d'assurer un suivi beaucoup plus rigoureux de la gestion
d'Hydro-Québec pour le plus grand bénéfice des
consommateurs.
Il nous faudra, par ailleurs, rafraîchir des volets de la
politique énergétique en y associant la population. Nous nous y
attarderons dès cette année. Nous poursuivrons la mise en oeuvre
de la stratégie d'efficacité énergétique en
procédant, notamment, à une réorganisation du Bureau de
l'efficacité énergétique pour en faire une entité
beaucoup plus performante.
Dans le secteur des hydrocarbures, nous suivrons plusieurs dossiers dont
la mise en application de la réglementation sur les produits
pétroliers, la protection de nos intérêts devant l'Office
national de l'énergie et la formation de quatre comités
reliés aux grappes industrielles. Enfin, nous continuerons à
soutenir financièrement les efforts de recherche-développement en
énergie et en efficacité, car c'est là que réside,
croyons-nous, la clé de notre performance économique future. Le
développement technologique est, en effet, un facteur important
d'utilisation des ressources énergétiques et de réduction
des coûts de production de l'énergie. Il constitue aussi l'un des
moyens les plus efficaces pour assurer le développement
économique dans le respect de l'environnement.
Toujours dans ce domaine, nous avons l'intention, au cours de
l'année, de procéder à un inventaire des dépenses
effectuées au Québec en matière de
recherche-développement énergétique. Nous voulons mieux
cibler nos efforts de soutien à la recherche-développement en
énergie en mettant l'accent sur l'efficacité
énergétique de façon à assurer une plus grande
complémentarité des diverses interventions. Actuellement, le
ministère, par son Programme d'aide au développement des
technologies, est associé au financement du quart des projets de
recherche-développement qui se font présentement au
Québec, si on exclut le domaine de l'hydroélectricité. Il
faut dire, par ailleurs, que les efforts financiers dans ce dernier domaine
sont très importants; en 1990, HydroQuébec avait investi 125 000
000 $ des 170 000 000 $ qui avaient été consacrés cette
année même à la recherche-développement .
M. le Président, en ce qui concerne le secteur des terres,
évidemment, le ministère de l'Énergie et des Ressources
entend poursuivre la réforme du cadastre sur
ces bases bien relancées, et il va maintenir ses efforts pour
assurer la fine pointe en matière de télédétection
et de géomatique, en assurant, notamment, le suivi du plan
géomatique gouvernemental.
En ce qui concerne le domaine public, nous allons parachever la
préparation des plans régionaux de villégiature. Nous
avons, d'autre part, l'intention de définir la vocation et l'usage
dominant des terres publiques intramunicipales, ce qu'on appelle
généralement les lots publics intramunicipaux. Nous
procéderons, par ailleurs, à une étude sur l'ensemble des
utilisations des terres publiques et sur leurs interrelations. De plus, nous
poursuivrons notre opération de modification du plan d'affectation des
terres publiques que nous avons entreprise l'an dernier, tout en terminant le
plan initial. C'est ainsi que nous mettons la dernière main à la
production de la proposition de plan d'affectation pour le territoire de
l'Administration régionale Kativik.
Enfin, nous nous préparons à remettre au ministère
des Affaires municipales le document présentant les orientations
générales du ministère en matière
d'aménagement du territoire. Par la suite, nous devrons participer, tout
comme les autres ministères, aux rencontres régionales
organisées par le ministère des Affaires municipales avec les
responsables de la préparation des schémas d'aménagement
dans les municipalités régionales de comté. Ces rencontres
nous seront très utiles pour la deuxième étape de
l'opération, soit la régionalisation de nos orientations.
En conclusion, je peux vous affirmer que le ministère de
l'Énergie et des Ressources relèvera le défi d'assurer une
gestion optimale des ressources énergétiques, minérales et
territoriales du Québec, en fournissant à sa clientèle,
à des coûts toujours moindres, des services d'une qualité
que l'on veut sans cesse croissante. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Joliette, vous avez la parole.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous me permettrez tout
d'abord de souhaiter à ma collègue, Mme Bacon, un prompt
rétablissement en souhaitant qu'elle soit des nôtres le plus
rapidement possible.
Ceci dit, je voudrais également dire au ministre, compte tenu du
fait que c'est quand même un dossier assez complexe, l'énergie, et
que je sais que remplacer un ministre au pied levé, pour l'avoir fait
dans le passé, il nous soit fort aise de faire appel aux fonctionnaires
ou même au personnel politique, parce que le but recherché, c'est
d'avoir les réponses les plus adéquates possible, et je comprends
qu'on ne peut assimiler dans quelques heures l'ensemble d'un dossier à
multiples volets, que ça, je le comprendrai. Je ne veux absolument pas,
dès le départ, quelles que soient mes allusions ou quelles que
soient mes répliques, qu'il se sente, de façon mesquine,
attaqué de quelque nature que ce soit. Je fais tout simplement mon
travail de député de l'Opposition, et vous comprendrez que je
vais essayer de bien le faire, en plus.
Ceci dit, je voudrais remercier les fonctionnaires qui se sont
déplacés, également, en si grand nombre. Au début,
je croyais que c'était une question de sécuriser le ministre par
intérim, avec l'ouverture que j'ai faite. Donc, tous ceux et celles
parmi vous qui auraient des réponses fort adéquates à me
donner, vous comprendrez que j'accepterai que vous veniez vous substituer
à quelque personne que ce soit, qui sont derrière les micros,
pour avoir la meilleure réponse possible. Mais vous me permettrez, tout
d'abord, de souhaiter la bienvenue, également, au sous-ministre, M.
Geoffrion, et aux autres sous-ministres, ainsi qu'à Mme Legris, qui est
membre du cabinet de Mme Bacon, qui est assise à l'avant. J'ose
espérer que cette étude de crédits nous permettra de faire
la lumière sur l'ensemble des intentions du ministère.
l'année budgétaire 1993-1994 constitue la huitième
année de gestion libérale du ministère de l'énergie
et des ressources. de plus en plus, on sent, et je l'affirme de mon
siège, l'usure du pouvoir gagner du terrain. rien de neuf n'est
proposé. on gère à la petite semaine, sans vision et, dans
bien des cas, on semble avoir carrément abandonné. au
ministère de l'énergie et des ressources, c'est
particulièrement le cas pour le volet minier, que je n'aborderai pas,
mais je vais vous dire pourquoi j'en parle, le volet minier du ministère
sur lequel mon collègue d'ungava s'est penché la semaine
dernière. je rappellerai rapidement à la ministre,
c'est-à-dire au ministre par intérim, que les crédits
alloués au programme 4 portant sur le développement de la
ressource minérale ont chuté de 25,8 %, alors que cette industrie
se meurt et qu'elle a précisément besoin de coups de main et non
pas de coups de pied. en excluant le programme 4 sur les mines, les
crédits du ministère de l'energie et des ressources totalisent,
pour cette année, 69 700 000 $, soit une diminution de 2 % par rapport
aux crédits de 1992-1993, toujours, bien sûr, avec l'exclusion du
programme 4. cette diminution n'est pas, à première vue,
très spectaculaire, mais, quand on analyse de plus près les
crédits 1993-1994, des données à faire frémir
l'économie québécoise qui a tant besoin d'investissements
par les temps qui courent sautent aux yeux.
En effet, lorsqu'on regarde les crédits de transfert,
c'est-à-dire les crédits qui sont destinés aux
entreprises, aux institutions d'enseignement, aux individus et aux organismes
à but non lucratif, des baisses parfois dramatiques s'y retrouvent.
Encore une fois, je passerai sous silence les crédits de transfert
affectés au volet mines qui, à l'instar des autres volets,
subissent des diminutions considérables. Le député
d'Ungava, je le rappelle, vous en a parlé longuement la semaine
passée. Mais allons-y. (20 h 20)
Crédits de transfert aux entreprises afin de les aider à
développer de nouvelles technologies, et là, je m'adresse au
ministre de l'Industrie et du Commerce qui parle souvent de nouvelles
technologies, baisse de
57,5 % ; pour les aider à accroître leur efficacité
énergétique, chute de 6,1 %. crédits de transfert aux
institutions d'enseignement dans le but d'encourager la recherche et le
développement, diminution de 49,4 %. crédits de transfert
accordés aux organismes sans but lucratif, également pour
l'aspect recherche et développement, diminution de 49,4 %... excusez,
68,4 %. au total, pour l'ensemble des crédits de transfert, soit ceux
qui sont susceptibles d'avoir un impact direct sur l'économie
québécoise, la diminution moyenne est de 38,7 %, un bel effort du
ministère pour participer à la relance économique!
cependant, il y a plus désolant que ça. au moment même
où on exige de la population qu'elle se serre encore davantage la
ceinture, que l'on ne cesse d'augmenter les taxes et les tarifs, que l'on
impose un ticket modérateur sur les médicaments, voilà que
le ministère de l'énergie et des ressources, après avoir
réduit son soutien à l'économie québécoise
de l'ordre de 38,7 %, a trouvé le moyen de dépasser les
crédits autorisés l'an dernier concernant le programme 5 du
ministère, soit la direction ou, si l'on préfère,
l'administration interne, une hausse de 1 600 000 $, dépenses probables
de 30 000 000 $ contre les crédits votés de 28 300 000 $.
laissez-moi vous dire que ce montant aurait, j'en suis convaincu, davantage
servi le domaine de l'énergie et des ressources s'il avait
été dépensé en recherche et développement ou
encore en efficacité énergétique, deux secteurs qui ont
fait l'objet de coupures drastiques au chapitre des crédits de
transfert. si j'étais ministre de l'énergie et des ressources, je
serais gêné face à cette donnée.
Nous aurons l'occasion, au cours des prochaines heures, de revenir sur
les crédits proprement dits, et le ministre aura le temps de trouver
sans doute de belles explications. J'espère qu'en plus, eh bien! elles
seront bonnes, ces explications. L'étude des crédits est aussi
l'occasion, pour l'Opposition, de dresser un bilan des activités du
gouvernement dans les différentes sphères d'activité
où il intervient.
En matière d'énergie et ressources, la dernière
année a sans contredit été marquée par
Hydro-Québec. Que le ministre le veuille ou non, Hydro-Québec,
même si ses crédits ne sont pas soumis à l'examen des
parlementaires, relève de la responsabilité du ministre qui est,
à son tour, responsable devant l'Assemblée nationale. C'est donc
à lui que nous devons adresser nos questions sur la
société d'État qui a vécu une année
plutôt mouvementée.
D'abord, de concert avec le gouvernement et le ministre, qui, comme ses
fonctions l'exigent, défend avec vigueur les intérêts
d'Hydro-Québec, je me dois de dénoncer, une fois de plus, la
campagne de dénigrement dont est victime Hydro-Québec. Je le dis
très franchement, ça me dégoûte de voir comme on a
recours au mensonge et au sensationnalisme sur le dos de tous les
Québécois pour mousser des causes qui, par ailleurs, sont fort
légitimes. Au lieu de poursuivre une campagne de désinformation
à l'étranger, j'inviterais ceux et celles qui ont des choses
à dire à le faire ici, au Québec. Nous avons prouvé
dans le passé que nous pouvions nous entendre ici, sur notre propre
territoire.
Ceci étant dit, la société d'État n'est pas
sans reproche, d'autre part. Je dirais même qu'elle court parfois
au-devant des problèmes. En effet, comment ne pas trouver malhabile
qu'Hydro-Québec pour défendre sa réputation aux
États-Unis, ait eu recours à une firme qui a déjà
compté pour clients les instigateurs de la tragédie de Bhopal, en
Inde, ou encore le régime militaire d'Argentine des années
soixante-dix. Cela est malhabile, et le ministre devrait y voir.
Mais ce qui a retenu davantage l'attention au cours de la
dernière année, c'est, bien entendu, l'étude, pendant cinq
semaines, du plan de développement 1993-1995 d'Hydro-Québec qui a
pris fin il y a à peine un mois. D'abord, cette commission parlementaire
a fait ressortir l'urgence de tenir dans les plus brefs délais un vaste
débat public sur la problématique énergétique
québécoise. D'ailleurs, la ministre, dans son allocution de
clôture du 24 mars dernier, a entrouvert la porte à un tel
débat. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter que Mme la ministre,
lorsqu'elle reviendra, passe des paroles aux gestes. Je ne m'attarderai pas sur
la liste des consensus qui se sont dégagés lors de cette
commission, la ministre de l'Énergie et des Ressources les connaît
tout aussi bien que moi, j'en suis sûr.
Toutefois, cette commission nous aura également permis de
constater à quel point ce gouvernement s'est dangereusement
fourvoyé dans le choix des avantages qu'il a accordés aux grandes
industries énergivores. Les contrats à partage de risques ou dits
secrets imposés par le gouvernement libéral à
Hydro-Québec nous feront perdre des millards de dollars.
Hydro-Québec l'a finalement admis, le 31 mars dernier. Seulement pour
cette année, c'est 300 000 000 $ de pertes. Je l'ai dit et je le
répète, n'eussent été ces pertes, la
société d'État aurait pu offrir une augmentation
zéro de ses tarifs et ainsi donner un peu de répit aux
contribuables du Québec. Et que le ministre ne vienne pas me dire qu'il
s'agit de deux choses différentes. Il s'agit de la même
boîte, peu importe qu'il y ait plusieurs comptes de banque. Les pertes
découlant des contrats secrets ou à partage de risques
imposés par votre gouvernement ont une incidence sur la santé
financière d'Hydro-Québec. Nous aurons l'occasion de revenir sur
ce sujet dans les prochaines heures, car j'ai un certain nombre de questions
à poser au ministre.
D'autres dossiers ont également retenu mon attention en vue de
l'étude des crédits. Toujours dans le domaine de
l'hydroélectricité, certains projets importants comme celui du
lac Robertson, qui me semble ne pas avoir fait l'objet d'une analyse
financière très rigoureuse, ou encore celui de la rivière
Ashuapmushuan, qui est très contesté. Je me suis aussi
intéressé au sort réservé aux autres sources
d'énergie telles que le gaz naturel, l'hydrogène, le solaire et
l'éolien. J'aurai des questions sur ces sujets, notamment en ce qui
regarde le projet Soligaz, dont on ne cesse de diminuer l'ampleur après
avoir fait miroiter mer et monde. J'aurai également des questions sur la
politique du ministère de l'Énergie et
des Ressources en ce qui concerne les petites centrales
hydroélectriques et la cogénération.
Du côté de la gestion des terres publiques, je
questionnerai à propos de l'attitude arrogante du ministère
vis-à-vis les villégiateurs situés dans les ZEC ainsi que
sur la réforme du cadastre qui demeure incontournable à toute
bonne étude des crédits.
Enfin, j'aurai quelques questions sur le climat plutôt malsain qui
semble régner à la Régie du gaz naturel, notamment en
raison de la destitution de l'ancienne présidente. Mon collègue
de Laviolette, dans les prochaines heures, également, aura, quant
à lui, des questions à adresser au ministre au sujet du rabais
des taxes sur l'essence pour les régions éloignées qui,
à sa face même, est détourné de son objectif
premier, soit celui de profiter aux consommateurs et non aux
pétrolières.
Voilà donc un bref tour d'horizon des dossiers qui, pour notre
part, feront l'objet d'un questionnement au cours des six prochaines heures.
Sans plus tarder, je suis prêt à débuter et je vous dis
merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de Drummond, vous
avez la parole.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. M. le
Président, vous allez me permettre, dans un premier temps, de souhaiter
à Mme la députée de Chomedey, vice-première
ministre et ministre de l'Énergie et des Ressources, un prompt
rétablissement en lui disant: Madame, reposez-vous bien; vous avez
toujours été un actif pour le Québec et pour
l'Assemblée nationale.
Ceci étant dit, M. le Président, on a eu la chance
d'échanger avec M. le ministre lorsqu'on a fait les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce. J'ai toujours dit à M.
le ministre qu'en politique moderne, aujourd'hui, puis de nos jours, il fallait
avoir trois choses pour réussir, entre autres, qu'il fallait avoir une
équipe. Et comme j'ai toujours comparé la politique à une
équipe de football, je vois, ce soir, que M. le ministre a amené
avec lui et est drôlement bien supporté par son équipe
défensive. Ils sont très nombreux. Alors, je suis sûr et
certain qu'on aura un très bon match de football ce soir, M. le
ministre, avec les gens qui vous accompagnent.
M. Tremblay (Outremont): Elle est offensive. Offensive!
M. St-Roch: Non. Parce que, offensive, d'habitude... je pense
plutôt que ce serait, comme vous le savez très bien...
Une voix: ...
M. St-Roch: Non, c'est le gouvernement. On ne reviendra pas
là-dessus, M. le ministre.
Comme mon collègue, le député de Joliette, l'a
souligné, on est au sortir d'une commission parlementaire qui s'est
échelonnée sur cinq semaines, où on a eu l'avantage de
prendre connaissance de 88 mémoires qui ont totalisé
au-delà de 3400 pages de texte. Je pense qu'il y a des grands consensus
qui se sont dégagés et qui affecteront, à plus ou moins
brève échéance, le ministère de l'Énergie et
des Ressources. (20 h 30)
Je réalise pleinement, M. le ministre, qu'au pied levé,
avec les nombreuses responsabilités qui vous sont dévolues, vous
n'avez peut-être pas eu la chance et l'opportunité de suivre cette
commission parlementaire. Mais, au cours de nos échanges, il n'est pas
de mon intention, à ce moment-ci, de reprendre volet par volet tous les
programmes du ministère je pense que mon collègue de
Joliette y a touché mais simplement de rappeler peut-être
deux volets qui sont de la responsabilité du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
Premièrement, une des recommandations et une des choses, je
pense, en tant que ministère de l'Énergie et des Ressources et
responsable aussi du développement des ressources hydrauliques du
Québec, c'est qu'il nous est apparu clairement que, si on ne prend pas
garde, d'ici la fin de cette décennie-ci, on n'aura plus aucune
rivière qui n'aura pas été harnachée au
Québec. Or, il est peut-être temps au Québec qu'on engage
un vaste débat surtout dans la foulée de ce qu'on a vu et de ce
qu'on a découvert sur l'Ashuapmushuan et aussi sur la rivière
Moisie. Il est probablement temps que le Québec songe à se donner
des rivières patrimoniales qui pourraient faire en sorte que les
générations futures puissent prendre connaissance que
c'était une rivière, au Québec, à l'état
sauvage. Je n'ai pas entendu dans vos remarques préliminaires ni dans la
documentation qui nous a été fournie cette intention
gouvernementale de commencer ce vaste processus de consultation et
d'échanges au Québec pour se doter de cette
politique-là.
Une autre chose aussi, à la lecture de votre documentation, qui
m'est apparue évidente aussi, et comme Charles Taylor le dit très
bien dans ses études, et comme le monde moderne aussi des 15
dernières années nous a appris, c'est la fragmentation des
consensus, de sorte qu'aujourd'hui dans la collectivité
québécoise, puis au même titre que dans les autres
collectivités, il est très difficile d'avoir ces grands consensus
qui vont nous permettre d'établir de grands consensus et de grands
contrats sociaux.
Or, il y avait une recommandation que le député de
Drummond s'était permise, et il va vous la refaire ce soir, lorsqu'on
avait terminé en remarques de conclusion à la fameuse commission
sur le plan de développement d'Hydro-Québec, c'était la
création d'un groupe de recherche, pour être capable de faire
l'évaluation des valeurs sociales qui sont la base des
méthodologies de planification à grande échelle
d'aujourd'hui, et, deuxièmement, la validité pratique des
méthodologies fondées sur les principes de la planification et de
la gestion intégrée des ressources dans une perspective de
collaboration transdépartementale et de développement
durable.
Je pense que ça rejoint beaucoup les échanges aussi, M. le
ministre, que nous avons eus lorsque nous avons fait l'étude des
crédits du département de l'Énergie et des Ressources.
Un autre, troisième volet sur lequel on aura probablement la
chance d'échanger Mme la ministre nous en avait touché,
d'ailleurs, mot lors de ses remarques préliminaires sur la
première partie de l'étude des crédits, secteur mines
c'était toute la remise en question du Bureau de
l'efficacité énergétique, en se rappelant qu'un des grands
consensus qui s'était dégagé aussi de la commission de
l'économie et du travail sur le plan de développement et une des
grandes lacunes qui nous est toujours apparue et qui nous apparaît
encore, nous les parlementaires, depuis de nombreuses années, à
suivre l'évolution d'Hydro-Québec, c'étaient les mesures
de contrôle, les outils de surveillance que nous avions sur les fameux
plans de développement déposés par Hydro-Québec.
Or, une des grandes sources de préoccupations que le
député de Drummond a, devant l'importance de l'efficacité
énergétique et devant le peu de mesures de contrôle qui
m'est apparu lors de la commission parlementaire, je pense qu'il va être
du devoir, soit à l'intérieur du Bureau de revalorisation, du
rôle du Bureau de l'efficacité énergétique, ou du
ministère à quelque part, ou de la commission parlementaire, de
se donner ces outils de contrôle.
En terminant, un sujet qui est particulier à ma région.
Lorsqu'on regarde tout ce qui touche le gaz naturel, j'espère qu'on aura
quelques minutes au cours de ces six heures pour échanger sur la
prospection gazifère au Québec parce que, si on en croit toujours
les experts, et c'est peut-être un beau rêve pour la
collectivité québécoise, la journée où on
sera capable de développer des ressources gazifères ici,
combinées à notre force hydroélectrique, on serait une des
sociétés qui serait peut-être une future Arabie Saoudite du
Nord de l'Amérique.
Ceci étant dit, M. le Président, comme je l'ai
manifesté jusqu'ici à toutes les commissions parlementaires,
j'aborderai ces travaux-là avec la même ouverture d'esprit et en
recherchant toujours le même objectif, c'est d'être le
représentant de ses citoyens et citoyennes en tant que
député ici, à l'Assemblée nationale, et de
m'assurer que, par l'entremise de mes questionnements, au sortir de cette
étude, mes concitoyens et mes concitoyennes auront un meilleur
éclairage sur les budgets, les stratégies et les politiques
présentes et futures du ministère de l'Énergie et des
Ressources.
Sur ce, M. le Président, je vous remercie, et je suis prêt
à passer à l'étude des crédits.
Organisation des travaux (suite)
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Drummond, je vous remercie. M. le député
de Jonquière, auriez-vous des propositions à faire pour qu'on
puisse organiser l'étude des crédits afin que...
Une voix: Jonquière?
M. Chevrette: De Joliette.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, j'avais le
député de Jonquière, cet après-midi. C'est du
ressort des membres de la commission et non pas du ministre, mais on tient
compte de son opinion aussi, c'est sûr, mais des membres parlementaires
de décider de l'organisation des travaux lors de l'étude des
crédits. Alors, je pense qu'il serait bon qu'entre nous, en tenant
compte des préférences aussi...
M. Chevrette: voici ce que j'ai dit au ministre avant le
début de la commission on avait l'air peut-être de deux
trafiquants de fonctionnement. mais ce que je lui ai dit, c'est que je visais
à pouvoir passer au travers en quatre heures au lieu de six
ça, je le lui ai dit personnellement en autant, bien sûr,
que j'aie le plus de temps possible. s'il y a des membres qui prennent plus que
60 % du temps et que je n'ai pas le temps, bien, je lui demanderai deux heures
additionnelles. mais, mon objectif, il n'y a pas de cachette, c'est de passer
à travers, ce soir et demain matin. et, de façon très
informelle, j'ai dit au ministre: à la fin, nous l'adopterons
globalement. je pense qu'on peut s'entendre dans ce fonctionnement-là,
indépendamment que ça n'a pas l'air à suivre les
programmes. j'ai toujours fait ça avec mme bacon, de toute façon,
et on s'entendait. à la fin, on adoptait les crédits globalement,
dans les 15, 20 dernières minutes du temps qu'il nous restait.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Jonquière... de Joliette. M. le
député de Drummond, rapidement...
M. St-Roch: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...parce qu'on ne fera pas
un débat là-dessus.
M. St-Roch: Non, non, très rapidement. Alors, vu que
l'objectif m'apparaît très louable, M. le Président, je
peux vous assurer qu'on va essayer...
Le Président (M. Gobé): ...d'être succinct,
précis et court.
M. St-Roch: Oui...
Le Président (M. Gobé): Très bien.
M. St-Roch: ...de concourir à réaliser cet
objectif-là de quatre heures.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Est-ce
que, du côté gouvernemental... Oui? Donc, consentement. C'est
très bien. Alors, M. le député de Joliette...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président... Le
Président (M. Gobé): M. le ministre, oui.
Vous voulez faire valoir un argument?
M. Tremblay (Outremont): Oui... Non. Très
brièvement, je voudrais répondre, pour l'information du
député de Joliette, à quelques-uns de ses propos dans ses
remarques préliminaires.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, M. le
ministre, mais les remarques préliminaires ne sont pas un instant de
débat; on doit passer à l'examen des crédits et, par la
suite, vous pourrez répondre. Lorsqu'on aura appelé un
crédit, vous aurez l'occasion.
M. Chevrette: Là, si j'ai le goût de...
Le Président (M. Gobé): C'est la règle, et
c'est comme ça que ça se passe.
M. Chevrette: Si j'ai le goût de vous entendre, je vous
questionnerai. Sinon, vous en ferez votre deuil. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Discussion générale Congédiement
de Mme Pierrette Sinclair
M. Chevrette: Je voudrais commencer par Soligaz... Excusez, pas
Soligaz, le congédiement de Mme Pierrette Sinclair. Tout de suite je
vous le dis, je sais que c'est devant les tribunaux, je n'embarquerai donc pas
sur aucune des dimensions susceptibles d'être incorrectes avec notre
gouvernement par rapport à ce qu'on appelle contribuer à faire un
«mistrial». Au contraire, je n'ai que trois questions, toutes
petites. La première question. On sait que Mme Sinclair a
été remerciée de ses services, qu'elle fut
remplacée, que ça fait l'objet de poursuites devant les
tribunaux. Mais ma question première, qui n'est pas reliée au
procès lui-même, je voudrais savoir: Pourquoi refuse-t-on de lui
donner les motifs de congédiement?
M. Tremblay (Outremont): Étant donné qu'il s'agit
d'un problème de relations de travail, je demanderais à...
M. Chevrette: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): ...M. François Geoffrion, le
sous-ministre, de répondre à cette question.
M. Geoffrion (François): Déjà, ce que vous
dites est un des allégués qui est contesté par la partie
gouvernementale.
M. Chevrette: Vous prétendez l'avoir donné,
à ce moment-là?
M. Geoffrion: La partie gouvernementale va...
C'est délicat, parce que je rentre, justement, dans le fond du
débat.
M. Chevrette: Non, non, mais moi, c'est avant le procès,
ça. Jésus! Vous l'avez remerciée!
M. Geoffrion: ...
M. Chevrette: Lui avez-vous donné ou vous ne lui avez pas
donné? C'est une question qui se répond assez clair,
là.
M. Geoffrion: C'est un des litiges qui est discuté devant
le juge, justement, si ça a été ou pas donné. C'est
pour ça que...
M. Chevrette: Mais vous, vous devez savoir si vous lui avez
donné ou si vous ne lui avez pas donné?
M. Geoffrion: J'aime mieux ne pas rentrer dans les
détails, parce que ça me forcerait à reprendre ici
l'argumentaire de la partie gouvernementale, qui est justement devant le juge.
Je pense que, justement, le sub judice, là, vous êtes en plein
dedans.
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que je pensais que le sub
judice, c'était sur les motifs de congédiement. Ça, je ne
les attaque pas. Ce que je vous demande, je ne vous demande pas pour quels
motifs vous l'avez congédiée, je ne vous demande pas le
bien-fondé des motifs de congédiement, je vous demande: Avez-vous
ou pas... Selon les renseignements que j'ai, vous ne lui avez pas fait
connaître les motifs de congédiement. «C'est-u» vrai
ou bien si c'est faux?
M. Geoffrion: Je ne pourrai pas répondre...
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, M. Geoffrion.
Juste pour faire une petite mise au point...
M. Geoffrion: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...puis M. le leader le
sait bien, parce que, souvent, il est amené à intervenir sur ces
sujets-là. Lorsque quelque chose est devant un tribunal, ou une cause
est pendante, la plus grande prudence est recommandée et de rigueur,
surtout venant d'un haut fonctionnaire de notre gouvernement. Ça
pourrait avoir des incidences fâcheuses quant au déroulement de ce
procès. Vous pouvez répondre, malgré tout, en tenant
compte de ça, aux questions de monsieur...
M. Chevrette: Non, non, mais j'ai pris la peine... M. le
Président, je m'excuse, j'ai pris la peine de dire à M. Geoffrion
que je ne veux pas rentrer sur la valeur des motifs. Ça, je comprends
ça.
M. Geoffrion: Oui, oui. Ce que je vous dis, M. le
député, c'est que, justement...
M. Chevrette: Mais à ce que je sache, devant les tribunaux
civils, c'est sur les motifs, sur la valeur des motifs.
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que je vous demande. Je vous
dis qu'il est de coutume, au niveau de l'État, de faire connaître
les motifs de congédiement.
M. Geoffrion: C'est différent... (20 h40)
M. Chevrette: Les avez-vous fait connaître ou vous ne les
avez pas fait connaître? C'est ça que je vous demande. Je ne vous
demande pas la valeur de chacun d'eux, là, des points, là.
M. Geoffrion: Le fait que les motifs aient été
donnés ou pas à Mme Sinclair est un élément de
controverse actuellement entre les parties, et c'est pour ça que je ne
veux pas rentrer dedans.
M. Chevrette: Donc, vous êtes devant les tribunaux civils,
si j'ai bien compris, même sur la démarche et non pas sur le
contenu.
M. Geoffrion: Sur l'ensemble des événements, soit
leur forme ou soit leur motivation.
M. Chevrette: Je vous sens mal pris en maudit!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Geoffrion: Pardon?
M. Chevrette: Je vous sens mal pris.
M. Geoffrion: Ce n'est pas ça, c'est que je pourrais nuire
à une comme à l'autre partie si je vous répondais. C'est
la base du sub judice, c'est...
M. Chevrette: Est-ce que c'est le sous-ministre en titre qui
donne les motifs de remerciement ou bien si c'est la ministre?
M. Geoffrion: Normalement, dans la gestion gouvernementale, c'est
celui qui nomme qui démet. Donc, pour toute personne au gouvernement, si
une présidente d'organisme a été nommée par le
Conseil exécutif, sur proposition du premier ministre...
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes au courant si le Conseil
exécutif a fait connaître des motifs ou pas?
M. Geoffrion: Je ne peux pas répondre à ça.
M. Chevrette: Vous ne pouvez pas répondre à ça.
M. Geoffrion: Je ne peux absolument... Vous me ramenez toujours
à la même question. Tout ce que je peux vous dire...
M. Chevrette: Je m'essaie, mais vous essayez, vous aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Geoffrion: Je ne peux pas répondre à
ça.
M. Chevrette: Je ne veux pas rentrer sur le fond, je m'en tiens
à la forme.
M. Geoffrion: Je ne peux pas répondre à cette
question-là, je suis moi-même témoin.
M. Chevrette: En relations de travail, dans votre
ministère...
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: ...quand il y a un congédiement, faites-vous
connaître les motifs?
M. Geoffrion: Bien sûr, de la manière dont c'est
prévu aux conventions collectives.
M. Chevrette: Bon. Là où il n'y a pas de convention
collective, mais où il y a des directives administratives, est-ce que
vous vous y conformez?
M. Geoffrion: Bien sûr, il s'agit du personnel
d'encadrement.
M. Chevrette: Est-ce que, dans le personnel d'encadrement... Je
peux continuer?
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que, là où il y a du personnel
d'encadrement, M. Geoffrion...
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: ...ordinairement, il est de commune renommée
que vous fassiez connaître les motifs?
M. Geoffrion: Bien sûr.
M. Chevrette: Bien sûr. O.K. Dans ce cas-ci, vous refusez
de répondre. Bien sûr.
M. Geoffrion: Bien sûr. M. Chevrette: Bien
sûr. M. Geoffrion: Pour les motifs.
M. Chevrette: Bon. C'est beau. Donc, on le saura, un jour ou
l'autre, si vous avez fait connaître ou pas les motifs de
congédiement.
M. Tremblay (Outremont): Le tribunal décidera.
M. Chevrette: C'est-à-dire que ce n'est pas le tribunal.
Le tribunal va constater si vous l'avez fait ou si vous ne l'avez pas fait. Ce
n'est pas lui qui va décider si vous l'avez fait ou si vous ne l'avez
pas fait. Il devra constater, j'espère. J'ai fait assez d'arbitrage pour
savoir que ce n'est pas le tribunal qui va décider si vous l'avez fait
ou si vous ne l'avez pas fait.
M. Geoffrion: II va constater.
M. Chevrette: Vous allez faire la preuve que vous l'avez fait ou
bien verbalement ou bien par écrit. Est-ce qu'il y a des écrits
là-dessus?
M. Geoffrion: Je ne peux pas répondre.
M. Chevrette: II n'y a pas d'écrits là-dessus? Vous
ne savez pas s'il y a des écrits?
M. Geoffrion: Je ne peux pas répondre.
M. Chevrette: Vous ne savez pas s'il y a des écrits?
M. Geoffrion: Ce n'est pas ça que je vous dis. Je ne peux
pas vous répondre.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de...
M. Geoffrion: À cause de la directive de la
présidence.
Le Président (M. Gobé): ...de Joliette, s'il vous
plaît.
M. Chevrette: C'est quoi? Mon questionnement est tout à
fait dans l'ordre.
Une voix: Oui, oui.
M. Chevrette: II n'est pas rentré dans le fond. J'en suis
toujours au questionnement de forme. Je voulais savoir si monsieur avait des
connaissances du dossier. Vous avez des connaissances du dossier?
Le Président (M. Gobé): En relations de travail.
M. Geoffrion: Partielles. M. Chevrette: Partielles.
M. Geoffrion: Bien sûr, je n'étais pas en fonction
à l'époque.
M. Chevrette: Mais les parties partielles que vous connaissez,
est-ce qu'il a été porté à votre connaissance qu'il
y aurait eu au moins, indépendamment du fond... est-ce qu'il y a eu des
motifs qui ont été transmis, d'une forme ou d'une autre?
M. Geoffrion: M. le député, je ne peux pas rentrer
dans le contenu du dossier. J'ai témoigné devant le juge.
M. Chevrette: Ah! vous avez été témoin?
M. Geoffrion: Tout à fait. Bien, en fait, pas devant le
juge...
M. Chevrette: Mais ça, voyez-vous, je ne savais même
pas ça. Ça me met bien plus à l'aise de vous
questionner.
M. Geoffrion: J'ai subi un interrogatoire par la partie
adverse.
M. Chevrette: Et vous étiez plus loquace que ça,
j'espère, devant le tribunal?
M. Geoffrion: Tout à fait, c'était mon devoir de
l'être.
M. Chevrette: Et vous ne vous sentez pas imputable, au bout de la
table, pour répondre aux questions des députés, vous?
M. Geoffrion: Oui, mais j'ai un devoir de répondre aux
directives de la présidence.
M. Chevrette: La présidence a dit de ne pas embarquer sur
le fond, mais, là, j'en suis sur la forme.
Une voix: M. le Président, question de règlement.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée de...
M. Geoffrion: Le litige peut porter aussi sur la forme.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le sous-ministre,
aussi. Une minute, s'il vous plaît, Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata a demandé la parole.
Mme Dionne: Oui, M. le Président. J'aimerais rappeler que
l'article 35(3) de notre règlement s'applique, je pense, dans les
questions qui sont posées sur le dossier et je me permettrai de vous
relire la décision sur cet article-là, M. le Président.
«L'article 35(3) interdit de parler du fond d'une affaire qui est devant
les tribunaux lorsque les paroles prononcées peuvent porter
préjudice à qui que ce soit. Cet article n'interdit pas,
cependant, d'identifier les demandeurs et les procureurs au dossier.
D'ailleurs, cette information est disponible au greffe de la Cour.»
Alors, je voulais juste vous rappeler la décision
qui a été rendue le 30 avril 1986, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien, Mme la
députée. Je vous mentionnerai que j'avais, quelques minutes
précédant votre intervention, rappelé à M. le
député de Joliette toutes ces implications de cet article, et M.
le sous-ministre en était pleinement conscient. Alors, je vous remercie
de cette précision et je pense qu'en plus de ça, M. le
sous-ministre répond au nom du ministre, à sa place. Et un autre
article dit aussi...
M. Chevrette: Est-ce que vous avez... Moi, je suis prêt
à me...
Le Président (M. Gobé): ...qu'un ministre n'est pas
obligé de répondre à une question...
M. Chevrette: Bien, c'est ça.
Le Président (M. Gobé): ...s'il juge contraire
à l'intérêt public.
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, peut-être
pourrions-nous, maintenant, passer à d'autres...
M. Chevrette: Non, mais tant et aussi longtemps qu'il a le droit
de ne pas répondre, je peux questionner...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...je ne crée pas de préjudice.
Le Président (M. Gobé): C'est exact, on ne peut pas
vous en empêcher.
M. Chevrette: Merci, monsieur. Parce que, en vertu des
règlements, il n'y a rien qui m'empêche, tant que je ne touche pas
le fond d'une chose... ça n'oblige pas l'individu qui est
questionné à répondre. Si sa conscience est étroite
au point de juger puis je ne dis pas ça pour M. Geoffrion
que la forme fait aussi partie du procès, c'est son droit. J'aimerais
avoir le dépôt de l'acte d'accusation pour le démontrer,
pour qu'il puisse me prouver que la forme fait partie du procès. Parce
que je veux bien qu'on me donne des réponses, mais on va les justifier.
Je suis là aussi pour exiger ça.
M. GeofTrion: On n'a pas ici les copies de l'action, je crois. Il
y a deux actions d'intentées. On ne les a pas? C'est des documents
publics.
M. Chevrette: Non, je comprends, mais si vous affirmez...
M. GeofTrion: Ça va nous faire plaisir de vous les faire
parvenir.
M. Chevrette: ...que la forme fait partie du procès, vous
devez être capable de me le prouver, parce que vous me refusez une
réponse en vertu, dites-vous, du fait que ça fasse partie du
procès. Prouvez...
Le Président (M. Gobé): Excusez, M. le
député de Joliette. M. Geoffrion, est-ce que c'est un document
qui est public?
M. Geoffrion: Oui. M. Chevrette: Bon.
Le Président (M. Gobé): Donc, qui a
été mis à la disposition du grand public...
M. Geoffrion: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...en
général.
M. Chevrette: Est-ce que je peux l'avoir?
Le Président (M. Gobé): Bon. À ce
moment-là, il n'y a pas de problème, s'il est de
notoriété publique, à ce qu'il soit vu...
M. Geoffrion: Non, non, je n'ai...
Le Président (M. Gobé): ...mais ça ne veut
pas dire qu'on a le droit de le commenter ou de porter des jugements de fond
là-dessus.
M. Chevrette: Non, non, je comprends... Le Président
(M. Gobé): O.K.
M. Chevrette: ...mais je veux voir jusqu'à quel
point...
M. Geoffrion: Mais je n'en ai pas de copie.
Le Président (M. Gobé): C'est public. Un document
public est public.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut l'avoir demain matin à 9
heures?
M. Geoffrion: Bien sûr.
M. Chevrette: Parce que je reviendrai là-dessus. Est-ce
que M. Guy Leclerc est toujours à l'emploi de la société,
de la Régie du gaz naturel?
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est aux mêmes fonctions?
M. Geoffrion: Je vais laisser répondre M. Jean Giroux.
M. Giroux (Jean): Mon nom est Jean Giroux, je suis
président de la Régie du gaz naturel. Alors, M. Leclerc est
encore à l'emploi de la Régie à titre de
vice-président.
M. Chevrette: II est aux mêmes fonctions que... M.
Giroux: Aux mêmes fonctions.
M. Chevrette: O.K. Est-ce qu'il a fait partie à date...
pas fait partie, mais a fait l'objet d'une évaluation quelconque sur son
rendement depuis qu'il est là?
M. Giroux: Depuis qu'il est là?
M. Chevrette: Ça, ça ne doit pas être sous
procès, là!
M. Giroux: Non, ça, ce n'est pas sous procès,
quoique le nom de M. Leclerc revient abondamment là-dedans. Qu'il ait
fait l'objet d'une évaluation... Moi, je suis président depuis le
14 septembre, alors je n'ai pas complété suffisamment de mois
encore pour m'asseoir avec lui et procéder à cette
évaluation-là.
M. Chevrette: Mais vous êtes président? M. Giroux:
Je suis président.
M. Chevrette: Est-ce que quelqu'un vous a demandé une
évaluation de M. Leclerc?
M. Giroux: Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez senti le besoin d'en
faire?
M. Giroux: Dans le courant de l'été ou pour
l'automne, il va y avoir une évaluation à faire. C'est normal
dans le cadre de la fixation de la rémunération des membres des
tribunaux administratifs et des hauts fonctionnaires, ça se fait
couramment. Il y a une évaluation qui doit être produite.
M. Chevrette: Est-il exact qu'il y a de nombreuses personnes qui
se plaignent de son assiduité au travail, entre autres?
M. Giroux: Depuis que je suis là, M. Leclerc a rempli les
mandats que je lui ai confiés et il est présent au travail. Il a
eu des absences pour cause de maladie, grippe, des choses comme ça, mais
ce n'est rien de différent ou de spécial, ça peut arriver
à tout le monde.
M. Chevrette: Demain matin, à 9 heures, j'aimerais avoir
l'acte des deux poursuites, parce que je voudrais véritablement revenir
sur le contenu, si tel est le cas. Si tel n'est pas le cas, je demanderai le
respect de la commission parlementaire et l'obligation de répondre de
ceux qui sont imputables. Et je crois qu'un sous-ministre l'est.
M. Geoffrion: Pour les gens qui relèvent de lui, M. le
député.
M. Chevrette: Pardon?
M. Geoffrion: Pour les gens qui relèvent de lui, M. le
député.
M. Chevrette: Devant l'Assemblée nationale.
M. Geoffrion: Non, mais pour ses employés.
M. Chevrette: Devant l'Assemblée nationale.
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: C'est ce que je dis.
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: C'est ici, là.
M. Geoffrion: Oui, mais on est imputable de nos gestes ou des
gestes qu'on pose envers les gens...
M. Chevrette: Oui, oui. Mais je vous demanderai...
M. Geoffrion: ...qui sont nos employés.
M. Chevrette: Soyez sans crainte, je vous demanderai si vous avez
des gestes.
M. Geoffrion: Non, la seule distinction que je veux faire...
M. Chevrette: Vous ne me donnerez pas de leçon
là-dessus.
M. Geoffrion: Non, non.
M. Chevrette: Je ne les prendrai pas.
M. Geoffrion: Je veux simplement vous signaler que la
présidence de la Régie, le président de la Régie ne
relève pas du sous-ministre.
M. Chevrette: Non, je sais ça. Bien, si vous
répondez au nom du ministre, imaginez-vous bien que je vais questionner
quelqu'un, moi. Vous soufflerez vos réponses au ministre, ça ne
me dérange pas, moi. Je vais vous questionner. Vous comprenez?
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: Parfait, monsieur. (20 h 50)
Le Président (M. Gobé): Très bien. Merci, M.
le député de Joliette.
Projet Soligaz
M. Chevrette: Soligaz. On se rappellera que, quand on a
annoncé ce projet-là, Soligaz j'ignore si le ministre
était en fonction à l'époque, peut-être qu'il s'en
rappellera de toute façon, on parlait d'un projet de 1 000 000
000 $. Or, aujourd'hui, on en est rendu à un projet d'environ 80 000 000
$. Je voudrais savoir, d'abord, ce qui se passe. Est-ce que c'est parce que les
investisseurs sont moins intéressés? C'est quoi?
M. Tremblay (Outremont): Lorsque le projet Soligaz a
été annoncé il y a quelques années, il faisait
partie d'un développement global qui intégrait le
dédoublement de la capacité de Pétromont, des usines en
aval et un projet important avec un pipeline au niveau de Soligaz. Le projet
Soligaz est toujours un projet important pour le gouvernement du Québec
parce qu'il fait partie de la stratégie globale du développement
de la grappe industrielle de la pétrochimie. Mais la conjoncture
économique fait que le projet a dû être révisé
à une taille beaucoup plus réaliste, et c'est la raison pour
laquelle le projet est maintenant de 85 700 000 $ pour la construction d'un
quai, d'une caverne de 950 barils pour l'entreposage du propane, des
installations de distribution et l'amélioration des infrastructures de
déchargement des trains chez Pétromont. Nous sommes
présentement, à cause de la conjoncture économique qui est
moins favorable, à réviser les données économiques
du projet et nous serons en mesure de prendre une décision dans les mois
qui viennent.
M. Chevrette: Quand vous dites que vous avez dû
réviser de façon plus réaliste le projet, il n'y a pas
seulement une question de conjoncture économique. Si vous vous rappelez
le pétage de bretelles qu'il y avait sur le milliard, là, la
conjoncture y étant, mettons, pour quelques centaines de millions,
comment vous pouvez évaluer la dégringolade, là?
«C'était-u» «boosté»?
«C'était-u» ronflant? «C'était-u» dans le
cadre d'une campagne électorale, cette affaire-là? C'est quoi,
cette tendance à avoir l'inflation verbale en pleine
dépression?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président... Le
Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...l'inflation verbale, ce soir, est du
côté du député de Joliette.
M. Chevrette: Je n'ai rien dit. Je vous pose une question.
M. Tremblay (Outremont): À date, nous n'entendons que le
député de Joliette. Il faut réaliser que le milliard qui
avait été prévu, c'était, entre autres, pour le
dédoublement du projet de Pétromont qui impliquait des
investissements de 250 000 000 $, uniquement ce projet, et une usine de MTBE.
Donc, ce que nous disons aujourd'hui, c'est uniquement à cause de la
conjoncture économique. La raison pour laquelle on parle principalement
de Soligaz, c'est, entre autres, à cause de Pétromont. Et
Pétromont, aujourd'hui, à cause de la conjoncture
économique qui est moins favorable, ne réalise pas les
bénéfices anticipés. Au contraire, elle réalise des
pertes importantes. Et tant que la conjoncture ne justifiera pas des
marchés additionnels pour Pétromont, c'est très difficile
de mettre le projet Soligaz en marche. Alors, c'est la raison pour laquelle
nous sommes en train, avec notre partenaire international Union Carbide, de
réviser les données financières. C'est la raison pour
laquelle un comité composé du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, de la Société
générale de financement, des représentants de SOQUIP et du
ministère de l'Énergie et des Ressources se penche sur ce
dossier. Je dois dire qu'en ce qui concerne le ministère de
l'Énergie et des Ressources toutes les approbations au niveau de
l'Environnement et les permis ont été obtenus pour donner suite
à un projet révisé de 85 700 000 $ pour Soligaz. Donc,
nous sommes présentement en train de réviser les
prévisions de revenus de Pétromont, pour nous assurer que
Pétromont sera un partenaire à part entière en tant
qu'utilisateur du...
M. Chevrette: 230 000 000 $ plus 80 000 000 $, ça fait 310
000 000$. On est encore loin du milliard. Comment vous décomposez la
déconfiture?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas les données pour le
projet de MTBE, mais c'est un autre projet de l'ordre de 200 000 000 $.
M. Chevrette: Ça fait 500 000 000 $. M. Tremblay (Outremont):
Bon.
M. Chevrette: On est encore au demi-milliard, à 100 %
près.
M. Tremblay (Outremont): Oui je pourrai vous donner... je n'ai
pas, là... C'est parce que je me fie à vous quand vous dites que
l'annonce était de 1 000 000 000 $.
M. Chevrette: Oui, oui. C'étaient les journaux puis vos
communiqués de presse.
M. Tremblay (Outremont): Alors, il me fera plaisir, demain matin,
de vous ventiler le 1 000 000 000 $ et ce que ça impliquait au moment
de... Mais je dois dire également que, pour Soligaz, le projet
révisé est de 85 700 000 $, mais le projet annoncé
était beaucoup plus important.
M. Chevrette: Combien coûtaient les trois cavernes?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, je pense que
c'était...
M. Chevrette: Par rapport au prix d'une. (Consultation)
M. Tremblay (Outremont): On va vous donner la ventilation demain,
mais, de mémoire, le MTBE, c'était 200 000 000 $, le Soligaz
original, c'était 180 000 000 $, plus un montant de 15 000 000 $ pour
les frais de prédéveloppement du projet, et il y avait le
doublement de la capacité de Pétromont qui était de 250
000 000 $. Alors, là, on est rendu à 450 000 000 $, on est rendu
presque à 650 000 000 $. Je vous donnerai l'information sur les 300 000
000 $ additionnels en prenant pour acquis que...
M. Chevrette: Est-ce que le projet reste quand même global
au niveau de l'approche, à être complété plus tard
ou s'il est amputé une fois pour toutes?
M. Tremblay (Outremont): Non. Le projet est présentement
en réévaluation et révisé à cause de la
conjoncture économique. Pour le moment, on ne parle pas du pipeline,
parce que le pipeline... C'est peut-être ça, les 200 000 000 $ qui
manquaient, parce qu'il y avait peut-être 200 000 000 $ pour un pipeline.
Alors, le pipeline, pour le moment, il est à l'étude. Donc, il
n'est pas annulé. Ça va dépendre de la conjoncture
économique et, surtout, de la rentabilité de
Pétromont.
M. Chevrette: Est-ce que les travaux sont toujours prévus
pour commencer en 1994?
M. Tremblay (Outremont): Ça dépend de la
conjoncture économique, là. C'est très difficile à
prévoir...
M. Chevrette: II n'y a pas de la négociation
présentement avec certaines entreprises pour la construction de la
caverne?
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est tout fait. Ce que j'ai
mentionné tout à l'heure, en ce qui concerne le projet
révisé de 85 700 000 $, les certificats d'autorisation au niveau
de l'Environnement sont obtenus.
M. Chevrette: Ça commence quand?
M. Tremblay (Outremont): Ça va commencer quand la
conjoncture économique va être plus favorable et que nous allons
avoir les données révisées au niveau de
Pétromont.
M. Chevrette: Mais comment une négociation faite en 1992
pourrait être valable pour 1993-1994, peut-être 1995? Vous ne
pensez pas que c'est... Est-ce qu'il y a des clauses de révision dans
ces négociations-là qui sont faites? Parce que...
M. Tremblay (Outremont): C'est évident qu'un contrat ne
peut pas être éternel. Donc, il y a sûrement, dans le
contrat, des clauses qui permettent de réviser les montants,
dépendamment de l'inflation et des coûts additionnels. C'est
possible.
M. Chevrette: Et ça, il y aurait moyen de savoir
ça?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: M. L'Homme peut m'envoyer ça?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: C'est l'important. Avec quelle firme c'est
signé, la construction de la caverne? Ce «serait-u»
Louisbourg Constructions?
M. Tremblay (Outremont): Aucune idée. (21 heures)
M. Chevrette: Donc, je suis un petit peu au courant, d'abord.
C'est correct.
(Consultation)
Terres publiques Ventes de terrains sur des
territoires de ZEC
M. Chevrette: Sur les terres publiques, j'aurais deux, trois
questions, ce n'est pas tellement long. Je voudrais savoir, tout d'abord... On
sait que le ministère à procédé à des ventes
de terrains dernièrement sur les territoires des ZEC. Je voudrais savoir
comment il se fait, puisque le gouvernement est lié par contrat à
chacune des zones d'exploitation contrôlée à la
gérance de ces terres, l'exploitation de ces terres, de ces lacs, de la
faune aquatique et de la faune terrestre... Je voudrais savoir pourquoi il n'y
a même pas eu d'avis d'envoyé aux gestionnaires des ZEC avant de
procéder à la vente des territoires. Mis à part la
courtoisie, il me semble que ça n'a pas de bon sens d'agir de
même. Comment vous justifiez votre entrée dans les ZEC en gros
sabots, bien chargés, sans avis?
M. Tremblay (Outremont): Alors, au niveau du principe, M. le
Président, quand le ministère de l'Énergie et des
Ressources vend, il ne vend pas de façon systématique. Cette
vente répond à un effort de consolidation du territoire
privé. Je demanderais à M. Mor-neau, le sous-ministre
associé aux Terres, de répondre de façon plus
précise à cette question.
Le Président (M. Gobé): M. Morneau, vous avez la
parole.
M. Morneau (Guy): Effectivement, comme l'a dit M. le ministre...
Vous avez référé, M. le député, au fait que
les ZEC ont la responsabilité de gérer la faune.
Oui, c'est vrai, c'est leur responsabilité, la faune. La gestion
du territoire relève du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Depuis 1978, depuis la création des ZEC, le ministère
a procédé, de mémoire, à la vente d'environ 110
emplacements de villégiature à l'intérieur des territoires
sous ZEC...
M. Chevrette: Après consultation avec les
gestionnaires.
M. Morneau: Règle générale, comme les PRDV,
les plans régionaux de développement de la villégiature,
n'étaient pas en vigueur à ce moment-là, il y avait
toujours eu des ententes, j'allais dire, bona fide, avec les ZEC, d'autant plus
que les ventes qui ont été réalisées, M. le
député, l'étaient pour des installations qui
étaient déjà en place depuis de nombreuses années.
Ces gens-là, pour une raison ou pour une autre, souvent, voulaient
moderniser leur emplacement de villégiature pour l'occuper à
l'année. À ce moment-là, pour être capables de
financer leurs installations, pour obtenir un prêt hypoté-caire,
ils devaient détenir un titre clair. À ce moment-là, le
ministère de l'Énergie et des Ressources applique ses politiques
de vente, à savoir que, si c'est à l'intérieur de limites
municipales, s'il y a des territoires privés autour, il n'y a pas
d'objection à parler de la vente. Sur le plan faunique, que ce soit un
locataire ou que ce soit un propriétaire, ça n'a pas d'incidence,
c'est la même utilisation du sol, c'est la même
réalité.
M. Chevrette: Est-ce que l'entente de 1991 est toujours en
vigueur?
M. Morneau: L'entente...
M. Chevrette: Entre le MLCP puis le ministère de...
M. Morneau: Toujours en vigueur, l'entente de 1990, oui.
M. Chevrette: 1991. M. Morneau: 1990.
M. Chevrette: Ce n'est pas celle de 1991 qui prévoit
qu'avant de poser quelque geste que ce soit vous devez mettre les gestionnaires
dans le coup?
M. Morneau: L'entente de 1991 sur le développement de la
villégiature partageait, prenait en compte le potentiel faunique dans
les plans de développement de la villégiature. Il y a eu des
ententes à ce moment-là, auxquelles la Fédération
québécoise de la faune, auxquelles la Fédération
québécoise des gestionnaires de ZEC ont participé, ont
été consultées. On s'ent entendu sur le
développement de la villégiature à des proratas entre les
itinérants, les pourvoiries à droits exclusifs, les pourvoiries
à droits permissionnaires et, finalement, la villégiature. Ces
règles-là sont à la base de la stratégie du plan de
développement régional de la villégiature.
M. Chevrette: O.K. Pourquoi, clairement, ne pas les avoir
avisés et consultés?
M. Morneau: Je vous donne l'exemple, M. le député,
111 terrains vendus en 12 ans...
M. Chevrette: Je ne parle pas de ceux de 12 ans, je parle des 88
qui viennent d'être vendus, qui sont annoncés.
M. Morneau: Les 88 qui viennent d'être vendus, c'est des
gens qui, comme je vous l'ai dit, étaient déjà des
villégiateurs depuis une vingtaine d'années. Alors, on
était à cent lieues de se douter que les gens auraient des
oppositions à ce qu'on convertisse... d'un locataire à un bail,
d'autant plus, comme je vous l'ai dit, qu'on s'est entendu avec le MLCP sur ces
règles-là, ça ne faisait pas problème...
M. Chevrette: Ça vous aurait coûté quoi de
les consulter et de les aviser?
M. Morneau: De la même manière, M. le
député, ça nous aurait coûté quoi quand on a
déterminé les territoires de ZEC, puis on aurait dû
consulter aussi le ministère.
M. Chevrette: Ah! il y a eu une consultation
générale à cette époque-là...
M. Morneau: II n'y en a pas eu...
M. Chevrette: ...vous n'étiez peut-êre pas
là, mais il y en a eu.
M. Morneau: II n'y en a pas eu avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Ça a été un
découpage de territoire qui a été fait relativement
rapidement, la preuve...
M. Chevrette: Non, non, c'était une décision
gouvernementale à l'époque.
M. Morneau: La preuve en est, M. le député, c'est
que la majorité des territoires en ZEC, dans certaines régions,
couvrent des territoires privés, des villages. Alors, je ne peux pas
croire qu'on a consulté tous les citoyens sur leur degré
d'appartenance ou non.
M. Chevrette: Je ne sais pas si vous étiez au
Québec, à l'époque...
M. Morneau: J'étais au Québec.
M. Chevrette: ...mais Jésus! il y a eu une tournée
provinciale de long en large, puis tout le monde s'est exprimé, puis les
SACERF s'excitaient dans le décor. Je me rappelle un peu, moi. Donc, ne
me dites pas qu'il
n'y a pas eu de consultation à l'époque, puis que le monde
était non informé. Pourquoi n'avez-vous pas senti le besoin
d'avoir un minimum de courtoisie, puis d'aviser les gestionnaires de ZEC? C'est
ça que je vous pose comme question.
Le Président (M. Gobé): M. Morneau, avant que vous
répondiez, j'aimerais vous demander de vous adresser à la
présidence et non pas...
M. Chevrette: Exact.
Le Président (M. Gobé): II y a le triangle, et
c'est pour éviter, justement...
M. Chevrette: Sinon, vous risquez que je fasse pareil.
Le Président (M. Gobé): Bien, voilà. Alors,
vous avez la parole, M. Morneau.
M. Morneau: Je ne peux pas vous l'affirmer de façon ex
cathedra, M. le Président, mais il semble que les ventes de terrains qui
ont été faites ont déjà fait l'objet
d'échanges ou de discussions avec certains fonctionnaires du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, étant
entendu que ce ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
s'occupe des clientèles qui relèvent de lui. Dans le cadre des
échanges qu'on a régulièrement sur le plan de
développement de la villégiature, on a discuté de ces
questions. Je suis allé personnellement, M. le Président, au
congrès de la Fédération québécoise des
gestionnaires de ZEC au cours des deux dernières années, puis on
a débattu de cette question-là au vu et au su de tout le monde.
Dorénavant, il y aura des ententes, il y aura des discussions qui auront
lieu aussi avec le MLCP, puis avec la Fédération, puis les
gestionnaires de ZEC, quand il y aura des ventes.
M. Chevrette: Comme ça, c'est la faute du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, M. le Président, s'ils
n'ont pas été avisés.
M. Morneau: La faute...
M. Chevrette: Ça fait toute une réponse,
ça.
M. Morneau: Je ne dis pas que c'est la faute du ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je dis que les pratiques du
ministère de l'Énergie et des Ressources quant à la
cession de terrains en territoire de ZEC étaient connues de ce
ministère, étaient connues des gestionnaires de ZEC depuis 1978,
et ce n'est que tout récemment qu'on s'est insurgé quant à
la possibilité qu'on vende ces territoires. Je vous rappelle, 111
terrains depuis 1978, 0,004 % des territoires de ZEC ont été
privatisés, entre guillements.
M. Chevrette: Ce n'est pas dans cet esprit-là. Vous savez
très bien qu'il y a certains gestionnaires de
ZEC qui disent que, s'il y avait eu des possibilités d'avoir des
offres ou des possibilités de faire des cotations, ça aurait pu
être un moyen d'acheter pour eux et de l'offrir aussi. Il y a
différentes raisons dans ça. J'espère que vous ne les
prenez pas tous pour des insignifiants.
M. Morneau: M. le Président, loin de moi de traiter les
gestionnaires de ZEC d'insignifiants.
M. Chevrette: Bon.
M. Morneau: Mais je veux rappeler au député une
chose. Les gens à qui on a cédé les 88 terrains dont vous
faites mention, c'est des gens qui détenaient déjà, depuis
une vingtaine d'années, un bail de villégiature du
ministère de l'Energie et des Ressources.
M. Chevrette: Bien sûr. Je sais ça.
M. Morneau: Alors, nécessairement, ces gens-là ont
demandé de convertir leur bail en un acte de vente. Compte tenu du fait
qu'ils étaient à l'intérieur des limites municipales,
compte tenu du fait que c'était conforme au règlement de zonage
des MRC, compte tenu du fait que, sur le plan faunique, on n'y voyait aucune
incidence entre un villégiateur locataire et un villégiateur
propriétaire, on a décidé d'octroyer, de passer au droit
du... de céder le terrain pour permettre, dans bien des cas, à
ces citoyens-là de pouvoir emprunter.
Réforme cadastrale
M. Chevrette: O.K. M. le Président, je voudrais parler de
la réforme cadastrale.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
député de Joliette. Vous avez la parole.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait me faire le point
sur la réforme cadastrale.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, le 6 mai 1992,
le Conseil des ministres donnait son approbation au plan de relance de la
réforme cadastrale présenté par le ministère. Le 22
juin 1992, l'Assemblée nationale adoptait la Loi modifiant la Loi
favorisant la réforme du cadastre québécois. Parmi les
modifications apportées, une d'entre elles fait concorder, par une
présomption simple, la description du lot contenu dans le titre de
propriété avec celle du plan de rénovation, de
façon à éviter aux propriétaires d'avoir à
corriger leurs titres. Les travaux de mise en oeuvre des systèmes
d'information de la réforme cadastrale ont débuté le 11
janvier 1993. La nouvelle organisation administrative requise pour soutenir les
activités d'enregistrement et de réforme cadastrale a
été mise en place.
Enfin, le programme de réforme cadastrale s'autofinance
maintenant complètement à partir de quatre sources de revenus:
une portion des frais d'enregistrement des droits réels; une
tarification spéciale propre à la réforme cadastrale et
applicable à l'enregistrement de documents contre les immeubles; les
frais d'enregistrement cadastral; et la commercialisation des produits
cadastraux de la réforme. (21 h 10)
En ce qui concerne les étapes à venir, l'adoption du
règlement sur une nouvelle tarification pour l'enregistrement cadastral
et, en collaboration avec le ministère de la Justice du Québec,
l'élaboration de la planification provinciale et régionale des
interventions en rénovation; en collaboration avec l'Ordre et la
Fédération des arpenteurs-géomètres du
Québec, l'élaboration des normes de pratique et les règles
d'adjudication des contrats pour la réalisation des travaux de
rénovation cadastrale; l'implantation du système d'information
requis pour contrôler et intégrer les produits de la
rénovation; et, enfin, M. le Président, l'octroi des premiers
contrats de rénovation cadastrale au printemps 1994.
M. Chevrette: Est-ce que l'échéance de 2008 est
toujours l'objectif du ministère?
M. Tremblay (Outremont): Oui, M. le Président.
M. Chevrette: J'ai reçu une lettre de la MRC des
Jardins-de-Napierville, qui se lit comme suit: «Attendu que le
ministère de l'Énergie et des Ressources vient de relancer le
programme de réforme cadastrale; attendu que la MRC des
Jardins-de-Napierville a déjà soulevé certains
problèmes posés par l'application de la réforme; attendu
que la principale préoccupation concerne la perte de
référence spatiale aux lots originaires dans les
opérations de remembrement cadastral; attendu qu'il est fondamental que,
dans le cadre d'intervention en matière de réforme cadastrale, le
caractère historique du découpage territorial et de la
référence spatiale actuelle ne soit pas éclipsé; en
conséquence, il est proposé par M. Gabriel Lalonde, maire,
appuyé par M. Michel Fiset, maire maire, maire, c'est des maires
naturellement, c'est des MRC et résolu à
l'unanimité des membres présents que la MRC de La Jacques-Cartier
endosse l'inquiétude posée par la MRC des Jardins-de-Napierville
concernant la réforme cadastrale et formulée dans sa
résolution du 13 janvier 1993 que Mme la ministre de l'Énergie et
des Ressources soit informée que la préoccupation
énoncée par la MRC des Jardins-de-Napierville est partagée
par la MRC de La Jacques-Cartier. Copie conforme transmise à Rémy
Poulin, Jean Filion, Roger Nicolet et la MRC des Jardins-de-Napierville.»
Est-ce que vous avez été mis au courant de ce dossier?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Nous avons reçu une demande
à cet effet, et une rencontre est prévue pour la fin mai
la date, je vous la donne de mémoire, c'est le 25 mai avec les
représentants du ministère et principalement M. Guy Morneau, le
sous-ministre associé aux Terres.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a de nombreuses objections du genre
ou si c'est plutôt isolé, les objections de fond?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je voudrais juste dire que c'est un
dossier, comme vous le savez, qui est très technique. Alors, je pense
que M. Morneau est mieux placé pour répondre à ce cas
particulier et dire s'il y a d'autres cas semblables afin d'informer le
député de Labelle, M. le Président.
M. Morneau: À ma connaissance, il n'y a pas
beaucoup...
M. Chevrette: Ce soir, vous en voulez à mon
comté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Labelle, Jonquière... C'est Joliette la
coquette.
Une voix: ...
M. Tremblay (Outremont): Je vais corriger, M. le
Président. Je n'ai surtout pas pensé du tout, du tout
ça doit être l'heure qui m'a porté à identifier le
député de Joliette... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Non, M. le ministre. C'est
votre habitude des débats avec le député de Labelle.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Le Président (M. Gobé): De grandes heures. Cette
fois-ci, ce soir, vous avez au moins du rafraîchissement, vous avez le
député de Joliette.
M. Tremblay (Outremont): J'en suis très heureux,
d'ailleurs, M. le Président. Alors, c'est bien le député
de Joliette que j'avais à l'esprit.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Vous êtes
pardonné.
M. Morneau: Alors, en complément de réponse
à ce que M. le ministre disait, on n'a pas eu de plaintes ni de
réactions. Il y a eu des communications qui ont été faites
à travers tout le monde municipal qui ont donné les grandes
lignes du plan de la relance de la réforme du cadastre. Mme la ministre
est allée rencontrer les maires à la table
Québec-municipalités pour expliquer le dossier. La
résolution à laquelle vous faites référence, M. le
député, a été signifiée il y a à
peine deux semaines, trois semaines. C'est un problème très
technique qui a trait à la désignation cadastrale des lots. On
voudrait
garder une espèce d'histoire, le lot du rang du canton
Untel...
M. Chevrette: Du canton, oui.
M. Morneau: ...avec les numéros, de sorte qu'on se
ramasserait avec un «identifiant» cadastral relativement long.
Alors, on pense être en mesure d'expliquer, de façon convenable et
décente, aux gens qu'il y a d'autres moyens de retrouver l'historique
des lots que de mettre... en identifiant avec 52 lettres et trois tirets, et
des trucs comme ça. Alors, on a l'impression qu'on va être capable
de leur expliquer la réalité et que ces gens-là vont
très bien comprendre, qu'ils vont trouver l'historique cadastral
autrement que par un numéro de lot.
En plus, juste pour terminer, pour compléter ma réponse,
c'est que le ministère est actuellement à faire une
tournée provinciale auprès des arpenteurs-géomètres
du Québec afin de les sensibiliser au programme de la réforme, au
nouveau Code civil et aux étapes de mise en oeuvre du programme
prévu qui fait qu'on va être en rénovation au printemps
1994. La tournée devrait se terminer le 20 mai.
Budgets de recherche à PIREQ
M. Chevrette: J'ai un de mes collègues qui m'a soumis une
note dont je voudrais faire la lecture et attendre vos réactions. C'est
le député du comté de Mère Marguerite d'Youville,
anciennement Bertrand, qui me dit ceci: «Dans ses remarques
préliminaires, la ministre la semaine dernière, elle avait
commencé à faire des remarques préliminaires au niveau du
secteur des mines et qu'elle devait continuer aujourd'hui affirme
qu'elle continuera à soutenir les efforts de recherche et
développement en énergie et en efficacité. «Cette
affirmation est contredite par ce qui se passe présentement à
l'IREQ. La recherche est abandonnée progressivement au profit de
commandes ponctuelles provenant du siège social, alors que les revenus
annuels de licences sur les technologies développées à
l'IREQ sont comparables à ceux de MIT au Massachusetts. «Cette
recherche est cependant compromise du fait qu'on ne prépare pas de
relève puisque la plupart des postes affectés aux principaux
programmes de recherche sont simplement temporaires.»
Et on me donne des exemples: «L'instrument d'analyse de polluants
environnementaux développé en collaboration avec l'institut
Pierre-Marie Curie de Paris au coût de 700 000 $ est sous la
responsabilité d'un temporaire. La pile ACEP, un des principaux projets
de l'IREQ en ce moment, est développée par des temporaires.
«Cette situation est d'autant plus préoccupante pour l'avenir que
nous formons des chercheurs spécialistes et des doctorats en sciences
qui s'expatrient. «En effet, nos chercheurs au Québec ne trouvent
pas de débouchés puisque à peine 1 doctorat sur 19, chacun
formé au coût de 250 000 $, reste au Québec après sa
formation. Ce phénomène de fuite de cerveaux risque de
s'accentuer avec l'ALENA et l'ALE, puisque, déjà, il est
très facile pour un chercheur avec un doctorat d'obtenir une carte verte
aux États-Unis. «Hydro-Québec prétend assigner 1,8 %
de son budget à la recherche. Or, à l'IREQ, principal centre de
recherche d'Hydro, c'est l'inverse qui se produit. «les budgets
affectés à la recherche sont, en fait, en baisse puisque, de plus
en plus, les sommes prétendument affectées à la recherche
vont, en fait, en frais d'administration. sur 100 000 $ affectés
à la recherche, 32 % passent en administration. «L'IREQ est
géré à la pièce à partir d'économies
de bouts de chandelle. L'incendie du 10 et 11 mars dernier qui a pris naissance
dans un transformateur a produit des dégâts évalués
à 12 000 000 $, alors que la simple construction d'un muret d'isolement
au coût de 2000 $ aurait empêché le feu de se
répandre à d'autres équipements.»
Donc, qu'avez-vous à répondre à ces
allégations, puisque l'IREQ est situé dans le comté de
notre ami Beaulne, et, dans les faits, durant l'étude du plan de
développement d'Hydro-Québec, les mêmes gens sont venus
dire à peu près la même chose que ce que le
député de Bertrand, ou de Marguerite d'Youville, dit
expressément? Qu'est-ce que la ministre, ou le ministre, excusez, a
à répondre à ces allégations, autant de l'IREQ que
du député qui le représente sur son territoire?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, en fait,
l'Opposition a eu cinq heures pour discuter plus particulièrement du
dossier d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Cinq semaines.
M. Tremblay (Outremont): Cinq semaines?
M. Chevrette: Oui. Je ne l'ai pas oublié.
M. Tremblay (Outremont): Puis vous posez encore des questions sur
Hydro-Québec.
M. Chevrette: Oui, parce que, quand tu n'as pas de
réponse, là... Ça arrive qu'on pose une question à
un ministre puis qu'il ne réponde pas. (21 h 20)
M. Tremblay (Outremont): Hydro-Québec a un engagement
d'investir 1,8 % de son chiffre d'affaires en recherche et
développement. Je n'ai pas pris connaissance de la lettre du
député de Marguerite d'Youville. Il me fera plaisir, parce qu'il
y a plusieurs questions, plusieurs affirmations... Il faudrait vérifier
le bien-fondé. Je ne questionne pas le contenu de la lettre, mais, avant
de pouvoir y répondre en détail, il faudrait qu'on me donne le
contenu de cette lettre pour que je puisse...
M. Chevrette: Mais le syndicat de l'IREQ est venu devant nous,
effectivement, dire la même chose.
Est-ce que c'est une politique qui est favorisée par le
ministère de l'Énergie et des Ressources que de confier de la
recherche à des chercheurs qui sont sur une base temporaire? Pourquoi ne
pas utiliser le staff permanent pour garder l'expertise à l'interne?
C'est ça, la question de base. Je comprends que je vous ai lu la lettre,
parce que je voulais être fidèle à ce qu'il m'a
demandé, mais, fondamentalement, c'est la demande de l'IREQ devant la
commission parlementaire sur l'énergie pendant cinq semaines. Que se
passe-t-il? Quelles sont les politiques face à la recherche que vous
préconisez pour les structures d'État ou...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président,
Hydro-Québec a des politiques en ce qui concerne la recherche et le
développement. Il y a eu une commission parlementaire qui a duré
cinq semaines où il y a même eu, le député de
Joliette l'admet, des représentations qui ont été faites.
Je pense que si on me demande de répondre au contenu de la lettre du
député de Marguerite-d'Youville, ça va me faire plaisir
d'y répondre si on me donne l'information. Mais je pense que nous sommes
ici pour discuter des crédits du ministère et non pas pour
revenir sur des questions qui étaient d'actualité et qui sont
toujours d'actualité, mais qui ont été posées lors
de la commission qui a duré cinq semaines concernant
Hydro-Québec.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que je demande. Je ne demande pas
une question à Hydro-Québec. Je demande ce que le
ministère de l'Énergie, qui est un ministère de tutelle
pour Hydro-Québec: Quelles sont les orientations du ministère
face à la recherche qui peut se faire autant dans son ministère
que dans l'Institut relevant d'Hydro-Québec? Est-ce que vous êtes
pour ça, vous autres, que la recherche soit faite par des temporaires,
des occasionnels? Est-ce que vous préconisez que la recherche soit faite
par le staff permanent pour garder l'expertise bien en place, etc.? C'est
ça que je vous demande. Ça, ça ne vous empêche pas
d'avoir des idées, même si vous n'étiez pas là.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président... Le
Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...je peux, si vous voulez, mais je ne
pense pas que ce soit ce que le député de Joliette me demande...
Mais si vous voulez connaître la position du ministère de
l'Énergie et des Ressources en ce qui concerne tous les efforts qui sont
faits au niveau du développement technologique par le ministère,
c'est un peu ce que je voulais commencer à adresser tout à
l'heure lorsque vous m'avez dit que je ne pouvais pas répondre...
Le Président (M. Gobé): Ce n'était pas le
temps.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'était pas le temps. Mais si
c'est ça que vous voulez, ça va me faire plaisir de
commencer.
M. Chevrette: Je vais reposer ma question. Je suis habitué
à ça, en Chambre; ça nous habitue pour les commissions
parlementaires. Est-ce que vous considérez qu'Hydro-Québec via
l'IREQ fait une bonne chose de confier à des temporaires de la recherche
qui peut être extrêmement importante pour le Québec, pour
l'avenir de la société d'État?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président,
Hydro-Québec a une politique d'investir 1,8 % de son chiffre d'affaires
en recherche et développement. Il y a plusieurs moyens de le faire. Un
des moyens, c'est, entre autres, par l'essaimage, et c'est ce
qu'Hydro-Québec a fait avec M3 I en transférant des brevets de la
recherche et développement à cette petite entreprise qui,
aujourd'hui, est présente dans 22 pays au monde. Ce que le
député de Joliette me demande, c'est de m'im-miscer en tant que
ministre responsable de l'Énergie et des Ressources dans la régie
interne d'Hydro-Québec qui, elle, est appelée à
gérer les sommes d'argent pour favoriser le développement
technologique du Québec.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous avez des échanges avec
Hydro-Québec pour discuter de ses orientations en matière de
recherche?
M. Tremblay (Outremont): Dans le cadre du plan de
développement d'Hydro-Québec, oui.
M. Chevrette: M. le Président, je vais demander à
M. le sous-ministre, qui souffle ses réponses, en disant qu'un ministre
de tutelle, ce n'est pas seulement dans le cadre du plan de
développement, c'est une fonction de contrôle et d'indication de
directives. Vous savez très bien que la recherche à
Hydro-Québec, quand vous parlez du plan de développement
d'Hydro-Québec, ce n'est pas le fonctionnement de l'IREQ, ça. Si
un gouvernement considère ou observe que la recherche faite par l'IREQ,
ça ne se fait pas dans des cadres ou dans des normes acceptables pour la
recherche à long terme au Québec, elle a le droit comme ministre,
ou vous avez droit comme ministre de donner des directives, de donner des
orientations politiques. Est-ce que ça vous apparaît normal ce qui
est dénoncé par mon collègue et par d'autres et même
par moi durant la commission?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, il y a des
comités qui existent. Il y a un comité qui existe sur lequel
siègent les représentants du ministère de l'Énergie
et des Ressources et, également, les représentants
d'Hydro-Québec. Il y a également un autre comité où
on discute des politiques d'efficacité énergétique. J'ai
entendu la lecture de la lettre du député de Joliette. Je lui
demande de me donner cette lettre pour qu'on puisse l'analyser et on lui
répondra. Parce que, autant le député de Joliette prend
pour acquis que les affirmations qui sont faites dans cette lettre sont la
réalité, peut-être qu'il y a deux côtés de la
médaille, et la seule façon de
pouvoir répondre de façon constructive aux critiques qui
sont faites dans la lettre du député de Marguerite-d'Youville,
c'est que nous puissions en prendre connaissance et nous reviendrons le plus
rapidement possible au député de Joliette, et également au
signataire de la lettre, pour lui donner l'information sur la politique
d'Hydro-Québec en ce qui concerne la gestion interne, parce qu'on parle
bien de gestion interne de ressources humaines au niveau de l'IREQ.
M. Chevrette: C'est une note. Ce n'est pas une lettre. C'est une
note de mon collègue parce qu'il ne pouvait pas venir. Je vais vous la
transmettre. Il n'y a pas de problème là-dessus.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Joliette, est-ce que vous désirez qu'on en fasse la distribution
à chaque membre de la commission?
M. Chevrette: Oui, oui. Je n'ai aucune cachette, moi. C'est comme
un grand livre ouvert.
Le Président (M. Gobé): C'est cela. C'est parce que
vous l'avez évoquée...
M. Chevrette: La qualité totale passe par l'ouverture.
Document déposé
Le Président (M. Gobé): C'est ça. La
présidence décide donc de l'accueillir et de la faire distribuer.
Alors, qu'on fasse des photocopies pour que chacun des membres la
reçoive et que M. le ministre la reçoive aussi.
M. Chevrette: C'est beau! J'aurai des réponses à ce
moment-là.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Drummond, vous voulez poser une question sur ce sujet-là?
M. St-Roch: Oui, sur le même sujet et brièvement, M.
le Président.
Le Président (M. Gobé): C'est ça, parce
qu'on est sur un sujet, évitons de nous éparpiller un peu.
M. St-Roch: Sur le même sujet, M. le Président,
parce que ça fait partie, ça, et M. le sous-ministre, qui
était présent du commencement à la fin, aussi, va s'en
rappeler, et je pense que M. le ministre va le reconnaître aussi, comme
ministre de tutelle. J'ai affirmé, à ce moment-là, qu'on
avait la responsabilité de s'assurer qu'on avait une masse critique de
chercheurs. Je pense que M. le ministre a assez d'expérience en tant que
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la technologie pour dire que, si on
n'a pas cette masse critique de chercheurs qui ont une sécurité
d'emploi et une continuité dans le temps, bien, à ce
moment-là, on met en danger toutes les capacités futures, dans un
premier temps.
Dans un deuxième temps, j'aimerais rappeler une chose aussi. Dans
mes remarques de conclusion, je m'étais inscrit que 1,8 96, je
l'acceptais pour 1993, 1,9 % en 1994, 2 % en 1995 et 2,8 % à l'horizon
2000. Si on regarde les grands objectifs, et vous avez fait
référence aux grappes, M. le ministre, alors, si on veut les voir
rougir un petit peu au niveau de la recherche et du développement et
arriver à l'échelle d'une capacité des autres pays plus
développés, surtout dans un domaine où on a encore un
avantage certain au Québec, il m'apparaît qu'il faudra
augmenter.
Troisièmement, on touche, ce soir, et je vous comprends... dire:
Bon, bien, il y a un ministre de tutelle, vous avez fait cinq semaines de
commission parlementaire. Mais une chose que j'ai toujours
déplorée, et je vais clore là-dessus, M. le
Président, c'est que, à la suite de la commission parlementaire,
après y avoir passé cinq semaines, j'avais une autre
recommandation qui disait qu'il y aura des recommandations gouvernementales;
oui, c'est inclus dans le plan de développement d'Hydro-Québec.
Mais Mme la ministre, et le gouvernement, par ricochet, auront à
autoriser et à donner le feu vert au plan de développement
d'Hydro-Québec qui inclut la recherche. Et ici, j'ai
déploré, moi, qu'en tant que parlementaire, qu'en tant que membre
de la commission de l'économie et du travail, on ne sache même
pas, à ce moment-ci, après un mois, quelles ont été
les recommandations qui ont été faites sur l'ensemble du plan de
développement d'Hydro-Québec, parce qu'on a vu seulement au
niveau de la tarification. (21 h 30)
J'avais demandé aussi, j'avais fortement recommandé
qu'Hydro-Québec aussi, en contrepartie, lorsqu'elle aurait accueilli les
recommandations, les autorisations gouvernementales nécessaires, qu'elle
fasse les modifications aux propositions qu'elle nous avait soumises, qu'elle
les corrige, qu'elle les actualise et qu'on ait une commission parlementaire de
courte durée où on pourrait regarder, finalement, l'ensemble de
ce plan-là.
En ce qui concerne l'incendie, je me souviens très bien et
on pourrait sortir les galées, parce que c'était arrivé au
courant de la commission de l'économie que j'avais demandé
à Hydro-Québec où les fonds de réparation et de
remise en oeuvre... Ils nous avaient assurés qu'on remettrait ces
équipements-là en oeuvre, mais, par exemple, on était
resté très vague et on nous avait laissé supposer que les
12 000 000 $ nécessaires viendraient des fonds de recherche et
développement à même le 1,8 %.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Drummond. M. le ministre, avez-vous une réponse,
une réaction?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je pense que ce que le
député de Drummond dit, c'est qu'avant de pren-
dre des décisions il faut avoir une vision globale de toutes les
suggestions et des recommandations qui sont faites. Alors, nous sommes
présentement en train d'assurer le suivi de la commission parlementaire
qui a duré cinq semaines sur Hydro-Québec. Peut-être que le
député de Joliette et le député de Drummond auront
encore aujourd'hui des suggestions constructives à faire et, en juin
1993, les orientations du ministère de l'Énergie et des
Ressources seront rendues publiques.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député de Joliette, d'autres questions?
M. Chevrette: Est-il content de ça?
Le Président (M. Gobé): Vous n'avez pas
terminé, M. le député de Drummond?
M. St-Roch: bien, m. le président, si vous me permettez de
terminer. m. le ministre, je pense qu'un jour, au québec, il y a
quelqu'un, en quelque part, il va falloir qu'il prenne le porte-étendard
de la recherche et du développement, qu'il le donne. j'ai
affirmé, depuis huit ans, moi, que je suis parlementaire,
qu'hydro-québec a toujours été le vaisseau amiral du
québec, que ça avait fait ma fierté dans les années
1960, parce que je suis de cette époque-là où on l'a mise
sur pied, et que si on veut donner un symbole aussi à la petite et
moyenne entreprise, principalement, que recherche et développement,
c'est important et qu'en tant que gouvernement on se contenterait de 1,8 %...
et si, au mois de juin, je vois seulement 1,8 %, avec tous les
dégâts qu'il y a eu suite à un incendie malheureux, j'en
conviens, mais qui affectera le 1,8 %, je vais être
énormément déçu. je pense qu'en tant que
gouvernement quand je regarde la marge de manoeuvre d'hydro-québec,
quand je regarde ses grands équilibres, elle a le moyen d'aller à
1,8 % en 1993; on lui donne un an pour se rééquiper; 1,9 % en
1994, 2 % en 1995 et 2,8 % horizon l'an 2000.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Drummond. Pas d'autres questions sur ce
sujet-là, M. le député de...
Une voix: Non.
Le Président (M. Gobé): Non? M. le
député de Joliette, vous avez la parole.
M. Chevrette: Donc, en prenant pour acquis...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous voulez
répondre, réagir à la dernière déclaration
du député de Drummond?
M. St-Roch: II est d'accord. M. le' ministre est d'accord. Alors,
on verra ça au mois de juin.
Le Président (M. Gobé): Bon. M. le
député de Joliette, vous avez donc à nouveau la
parole.
M. Chevrette: Je questionnerai sans doute avant juin, mais...
Une voix: Ha, ha, ha!
Campagne de dénigrement d'Hydro-Québec
à l'étranger
M. Chevrette: Ceci dit, je voudrais parler de la campagne
anti-Hydro-Québec à l'étranger. Moi, j'ai appuyé
fortement Mme Bacon tout au cours des campagnes de dénigrement qui ont
eu lieu, surtout à New York bien sûr, sur le dos
d'Hydro-Québec. Je pense que c'est inacceptable et, même dans mon
exposé d'ouverture, vous aurez remarqué que j'y ai fait allusion
de façon très claire. Dans un premier temps, j'aimerais savoir si
le ministère est satisfait de ce qui est fait, à date, pour
contrer les effets de ces campagnes de dénigrement?
M. Tremblay (Outremont): Tout d'abord, je suis bien content de
voir que le député de Joliette est solidaire, un complice,
là, de la position du ministère en ce qui concerne les campagnes
qui sont effectuées présentement contre Hydro-Québec. Il y
a plusieurs campagnes menées, entre autres, en Nouvelle-Angleterre,
contre le développement hydroélectrique au Québec. Nous,
on prétend que c'est des mesures strictement à court terme pour
déstabiliser, mais, à moyen et à long termes, ça ne
portera pas des résultats concrets. Au contraire, on prétend que
ça peut même nuire à ceux et celles qui veulent nuire au
Québec.
Hydro-Québec fait tout présentement pour contrer ces
campagnes et se sert de tous les moyens à sa disposition pour faire
valoir son point de vue. La ministre, en mai 1992, s'est déplacée
pour rencontrer l'exécutif du New England Council et, en juin 1992, les
membres du Power Planning Committee de Nouvelle-Angleterre, en plus d'avoir des
rencontres ponctuelles avec diverses personnalités de cette
région. Elle a également, en septembre 1992, rencontré les
membres du New England-Canada Business Council, et plusieurs autres rencontres
ont été ou seront effectuées au Québec et aux
États-Unis au cours des prochains mois. Il ne faut pas oublier
également que les délégations du Québec en
Nouvelle-Angleterre et à New York font énormément de
démarches en vue d'informer une multitude d'intervenants des faits.
Donc, l'essentiel de l'action de la ministre et du ministère, des
délégations, d'Hydro-Québec, c'est très important
pour contrer, une fois de plus, la désinformation qui apparaît
être le véhicule choisi par certains groupes.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est exact qu'Hydro-Québec
aurait utilisé la firme de relations publiques Berston Marseller, qui
est la même qui aurait contribué, supposément, à
replacer l'image de Union Carbide en Inde, au moment de la grande catastrophe
en Inde, et que ce serait contreproductif pour le Québec, puisque, si
Hydro-Québec utilise cette firme-là, c'est pour essayer de faire
oublier les catastrophes, tout comme la même
firme l'aurait fait dans le cas de l'Inde? Ce n'est nullement
comparable, ce qui peut s'être fait au Québec par rapport à
ce qui s'est fait en Inde, mais ce serait contre-productif par rapport aux
effets recherchés, puisque les Américains disent: S'ils utilisent
cette firme-là, c'est pour cacher les catastrophes, comme elle, cette
firme-là, a tenté de le faire dans le cas de Union Carbide.
M. Tremblay (Outremont): Non. Je pense qu'on ne peut pas faire de
lien entre les mandats qu'une firme peut avoir. Mais il est vrai
qu'Hydro-Québec a retenu les services de cette firme pour
défendre ses intérêts.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez vérifier? J'ai une
information, non confirmée par écrit, à l'effet qu'un
cadre d'Hydro-Québec travaillerait pour le compte également de
cette firme.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous auriez son nom?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je serai prudent, M. le ministre, sur le nom. Je
pourrai le fournir au ministère; étant donné que ce n'est
pas fondé par écrit, je préférerais donner le nom
de la personne, et vous ferez les recherches. Ce n'est pas mon intention de
salir l'individu. C'est qu'on me dit que, si on vérifiait, un cadre
à l'étranger serait sur le «payroll» également
de cette firme; et ça se vérifie par Hydro-Québec,
sûrement. Remarquez bien que je le dirai au ministère pour
faciliter la recherche.
M. Tremblay (Outremont): On comprend très bien, M. le
Président, la discrétion et les raisons qui motivent le
député de Joliette et, sur réception de l'information,
nous allons vérifier et donner l'information le plus rapidement
possible.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez fait appel à des
lobbies américains pour créer une anticampagne ou pour contrer la
campagne, des firmes de lobby autres que la firme de relations publiques?
M. Tremblay (Outremont): Le ministère de l'Énergie
et des Ressources...
M. Chevrette: Ou le gouvernement...
M. Tremblay (Outremont): ...ou HydroQuébec...
M. Chevrette: Oui, le ministère, est-ce qu'il a fait appel
à des lobbies américains?
M. Geoffrion: On n'a pas utilisé de firmes
américaines, non...
M. Chevrette: Comment vous expliquez...
M. Geoffrion: De relations publiques, là?
M. Chevrette: Oui.
M. Geoffrion: On a utilisé des...
M. Chevrette: Des firmes de lobbyistes, là, pour
démontrer que c'étaient des faussetés, ce qui se disait,
puis...
M. Geoffrion: Ah! qui interviennent sur la place publique?
Non.
M. Chevrette: Non. Est-ce que vous êtes satisfaits du
travail des maisons du Québec?
M. Geoffrion: Oui, beaucoup, et on a intensifié,
d'ailleurs, notre relation, particulièrement avec celle de Boston.
M. Chevrette: Comment ça se fait qu'on se fait dire, aux
États-Unis, que c'est l'ambassade du Canada qui défend plus le
Québec que les maisons du Québec?
M. Geoffrion: Ça dépend sans doute de la ville. Il
y a un endroit où l'ambassade canadienne est utile...
M. Chevrette: New York. Prenons New York. Vous êtes
satisfaits du travail de...
Le Président (M. Gobé): ...à l'ONU.
M. Chevrette: C'est à l'ONU. Je m'excuse, ce n'est pas
ça.
Le Président (M. Gobé): Les Nations unies, oui.
M. Chevrette: La Maison du Québec à Boston. Mais
vous dites qu'ils ont fait un bon travail?
M. Geoffrion: Bien, oui, particulièrement, parce qu'on
travaille plus avec eux et la Nouvelle-Angleterre, qui est le marché
naturel d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est de coutume de faire des missions
d'attachés politiques, aux États-Unis?
M. Geoffrion: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce qu'il est de coutume, maintenant, d'envoyer
des attachés politiques en mission, sans politiciens ou sans hauts
fonctionnaires?
M. Geoffrion: Pas au ministère de l'Énergie et des
Ressources.
M. Chevrette: Est-ce que ça n'a pas eu lieu?
M. Geoffrion: Je peux vérifier. (21 h 40)
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous donner la
réponse demain matin?
M. Tremblay (Outremont): Est-ce qu'on parle, là,
d'attachés politiques... Est-ce que vous pourriez être plus
précis, d'attachés...
M. Chevrette: D'attachés politiques du ministère...
de la ministre, du cabinet.
M. Tremblay (Outremont): Qui auraient fait...
M. Chevrette: Des voyages à Boston, entre autres. Seuls,
sans hauts fonctionnaires...
M. Tremblay (Outremont): Sans la présence de la
ministre...
M. Chevrette: ...sans la présence de la ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...et de hauts fonctionnaires.
M. Chevrette: Oui.
M. Tremblay (Outremont): À notre connaissance, il n'y a
pas eu d'attachés politiques qui ont voyagé à
l'extérieur sans la présence de la ministre.
Le Président (M. Gobé): À quelle
époque, M. le député?
M. Chevrette: Est-ce que ça apparaîtrait...
Ça n'apparaîtrait pas dans les engagements financiers, hein?
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Ça
paraît obligatoirement dans les engagements financiers, tout
déplacement. C'est pour ça que je posais la question. Si
ça a eu lieu l'année dernière, on a dû le voir aux
engagements financiers. «Si», je dis bien.
M. Chevrette: Vous comprendrez que ça fait 18 à 24
mois qu'on n'a pas eu d'engagements financiers au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Je ne dis pas...
M. Geoffrion: Avec le consentement des parties.
M. Chevrette: Je m'excuse bien, oui, mais vous comprendrez que,
si on n'est pas capable de gratter là, il faut gratter ailleurs. Je ne
dis pas un reproche; il n'y en a pas eu. Je ne vous ai pas dit que Mme la
ministre ne m'a pas demandé de les retarder pour des raisons x. Je ne
critique pas, je vous dis que je constate qu'après une vingtaine de mois
je n'ai pas bien, bien d'autres moyens, là, que d'aller à la
pêche. Elle est ouverte là.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez la
réponse, M. le ministre?
M. Tremblay (Outremont): Les attachés politiques qui
m'accompagnent confirment qu'il n'y a jamais eu un attaché politique ou
une attachée politique qui s'est rendu à Boston ou à
l'extérieur du Québec seul. Les seules fois que c'est
arrivé, c'était en présence de la ministre.
Le Président (M. Gobé): Bien, M. le ministre.
Dépenses de réaménagement
M. Chevrette: M. le Président, ce qui m'a frappé au
ministère, c'est qu'il y avait un budget pour petits
déménagements sur appel. Est-ce que vous pourriez m'expliquer
ça? Il y a 91 000 $ de petits déménagements sur appel.
C'est quoi, ça? Vous déménagez quoi?
M. Geoffrion: Du monde, surtout.
M. Chevrette: Les petits arbres au ministre Côté qui
se meurent? C'est quoi?
M. Geoffrion: C'est du réaménagement. Vous savez
qu'avec le départ du ministère des Forêts et
l'arrivée de fonctionnaires d'Énergie et Ressources d'autres
secteurs qu'on ramène dans l'édifice, au fur et à mesure
que les gens des Forêts quittent, on a beaucoup de
déménagements. À l'occasion, c'est des petits groupes. Et
il faut faire du réaménagement dans l'édifice aussi.
Souvent, ça veut dire les prendre à un bout de l'édifice
et les amener à... Ça a l'air de rien, mais, chez nous, ça
prend 15 minutes à pied.
M. Chevrette: Bien, ce n'est pas ces 15 minutes-là qui
coûtent 91 500 $.
M. Geoffrion: Ah! bien, il doit y en avoir plus qu'un, je suis
certain, parce qu'on en a eu plusieurs.
M. Chevrette: Oui, c'est marqué 10 compagnies; 10
compagnies de déménagement pour petits
déménagements sur appel, 91 000 $. Vous en avez transporté
en Jésus! des filières.
M. Geoffrion: Oui. Ça nous coûte moins cher que
l'équipe de manutentionnaires qui étaient fonctionnaires du
ministère par le passé et qui déplaçaient des
équipements à chaque fois. C'est facile: imaginez qu'on
déplace un employé qui est affecté dans une unité
administrative ou dans une autre, que c'est un employé qui travaille...
souvent, il va vouloir faire suivre son équipement informatique, sa
filière pleine de choses. Avant, on avait des équipes de
manutentionnaires qui faisaient tout ça. On n'en a plus. On regroupe
puis on fait faire ça par des firmes. On a gardé un plus petit
nombre de manutentionnaires. Puis n'oubliez pas, on est en
réaménagement, hein? Il y a plus...
M. Chevrette: On s'en reparlera aux engagements financiers.
M. Geoffrion: Ah! mais il y a 800 personnes qui sont parties,
puis ils sont en train de rentrer 800 autres personnes par vagues. C'est
ça qui est en train de se passer là.
M. Chevrette: Vous les récupérez là?
M. Geoffrion: Non, mais, au fur et à mesure qu'à
l'édifice l'Atrium les fonctionnaires des Forêts ont
quitté, en même temps, on finit de ramener ceux des Terres puis
des Mines qui étaient toujours à l'extérieur de
l'édifice. L'édifice n'était pas capable d'accueillir,
à l'origine, l'ensemble des fonctionnaires du ministère. Le
départ d'environ 600 à 800 fonctionnaires des Forêts va
nous permettre de récupérer à peu près le
même nombre de fonctionnaires qui sont encore dans d'autres
édifices. Je pense que tout le cadastre est en train de rentrer,
actuellement. Et ça, des fois, il y a des grands
déménagements, donc des grandes quantités de personnes, il
y en a 100 à 200.
M. Chevrette: Là, si j'ai bien compris, c'est des petits
déménagements pour un grand nombre.
M. Geoffrion: Mais il y en a des petits aussi. Bien, imaginez,
juste pour vous donner un exemple, quand on a séparé
l'administration du ministère en deux, on a fait du gruyère. Dans
chaque unité administrative, on en a enlevé quelques-uns des
Forêts. Là, il a fallu tout réaménager ça,
déplacer, ramener, retasser, faire de la place pour les prochains.
M. Chevrette: II faudrait que j'aille voir ça.
M. Geoffrion: Je vous invite, ça va me faire plaisir de
vous faire faire le tour du propriétaire.
M. Chevrette: C'est à Charlesbourg, ça, hein?
M. Geoffrion: Oui.
M. Chevrette: À l'Atrium.
Campagne de dénigrement d'Hydro-Québec
à l'étranger (suite)
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, avec votre
permission, une question pour le député de Joliette. Est-ce que
la raison pour laquelle vous nous posez la question, à l'effet que des
attachés politiques auraient participé, par exemple, à
certaines rencontres à l'extérieur du Québec, c'est dans
les études des crédits? Parce que, dans les études des
crédits, on voit des noms d'attachés politiques, oui, qui ont
paticipé, par exemple, à certaines rencontres. Par contre, la
présence de la ministre n'est jamais comptabilisée dans le
ministère de l'Énergie et des Ressources...
M. Chevrette: C'est probablement pour ça.
M. Tremblay (Outremont): ...elle est comptabilisée au
ministère des Affaires internationales. Donc, je vous confirme, encore
une fois, après vérification, qu'aucun attaché
politique...
M. Chevrette: Mais j'avais pris votre réponse, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): O.K.
M. Chevrette: Je comprenais. Non, c'est parce que, comme il n'y
avait pas de nom, c'est pour ça que je vous posais la question, parce
que, tel que libellé, n'importe qui peut prendre ça en main, puis
c'est comme si des attachés politiques étaient en mission, sans
aucun accompagnement, ni d'un cadre... ils pourraient accompagner un
sous-ministre, je le comprendrais, ou la ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: Mais tel que libellé... c'est parce qu'il y
a seulement le nom des attachés politiques.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Très bien, puis
je pense que c'est une suggestion très positive parce qu'il y a certains
libellés qui démontrent que l'attaché politique
était en présence de Mme Bacon. Alors, on aurait
intérêt...
M. Chevrette: Non, mais je pense qu'on aurait avantage...
M. Tremblay (Outremont): ...à le clarifier. C'est
vrai.
M. Chevrette: ...comme gouvernement ou comme ministère,
à le marquer, sinon n'importe qui qui prend cela, sans poser la
question, peut interpréter n'importe quoi.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Chevrette: C'est dans ce sens-là. Si vous avez
remarqué, j'ai questionné...
M. Tremblay (Outremont): Très bien.
M. Chevrette: ...parce que je ne savais pas à quoi
ça rimait. Ça aurait pu... remarquez bien que ça pourrait
peut-être arriver dans des circonstances très particulières
où un chef de cabinet est demandé d'accomplir une mission
très politique parce que son ministre, par exemple, est en congé
de maladie ou quoi que ce soit. Mais, encore là, ordinairement, on
prendrait la précaution de l'envoyer avec le sous-ministre, parce que,
de par la tradition, au niveau des responsabilités attitrées,
c'est le ministre ou le sous-ministre qui a une fonction administrative, lui,
mais qui pourrait avoir le volet politique avec lui. C'est juste parce que, tel
qu'écrit, ça reste sans réponse. C'est juste
ça que je voulais savoir, et ça confirme ce qu'on avait
quand même imaginé, parce que ça n'avait quasiment pas de
résonnance au point de vue de la pratique administrative.
M. Geoffrion: Et surtout celle de Mme Bacon qu'on connaît
bien de ce point de vue.
M. Chevrette: C'est bien. Vous êtes satisfait, M.
Geoffrion?
M. Geoffrion: Oui.
Petites centrales hydroélectriques
M. Chevrette: Merci.
Petites centrales hydroélectriques. Concernant les petites
centrales hydroélectriques, j'aurais quelques questions. Tout d'abord,
on sait que le ministère a décidé de procéder
à la vente de plusieurs petites centrales hydroélectriques. Je
sais, par exemple, qu'il y a eu des appels d'offres, qu'il y en a eu même
un second appel d'offres, puis il y avait 31 projets qui ont été
soumis au ministère de l'Énergie et des Ressources, six ont
été retenus le 1er février dernier. Je voudrais savoir:
Qu'est-ce qui explique les longs délais pour en venir à une
signature de baux entre les promoteurs de petites centrales autorisées
et le ministère?
M. Tremblay (Outremont): Je pense que le député de
Joliette est assez bien informé sur les six centrales et le
détail. Alors, étant donné que c'est une question
administrative pour une signature entre le ministère et les promoteurs,
je demanderais à M. Denis L'Homme, le sous-ministre associé aux
Terres, de répondre à cette question.
M. L'Homme (Denis): M. le Président, une des explications,
possiblement, est le nombre d'intervenants qui entrent en cause,
ministériels, entre autres. On sait que les petites centrales font
intervenir le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le
ministère de l'Environnement, et il faut, nous, nous assurer que le
bail, que le projet de bail qui est soumis au promoteur fait l'affaire des
divers ministères. Donc, il y a un processus de consultation
important.
M. Chevrette: Faut-il que le bail passe au comité
ministériel? (21 h 50)
M. L'Homme: Non, non, non. Non, c'est un...
M. Chevrette: C'est parce que vous avez dit: II y a plusieurs
ministères qui sont en cause.
M. L'Homme: Plusieurs ministères.
M. Chevrette: J'ai regardé l'attaché politique et
j'ai parti à rire. Pour vous dire que je sais un peu comment ça
fonctionne. Mais le bail qui est signé en ulti- me... au bout de la
procédure, il est signé entre le ministère de
l'Énergie et le promoteur.
M. L'Homme: Oui.
M. Chevrette: Bon. Mais est-ce qu'il doit faire l'objet d'une
consultation? C'est au niveau administratif que les consultations se font entre
ministères?
M. L'Homme: Oui, oui, oui, tout à fait. Ce que l'on fait,
avant de présenter le bail au promoteur, nous, au sein du
ministère, on doit consulter le ministère de l'Environnement et
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui ont un
«input» à donner sur la teneur du bail, parce qu'ils ont des
parties de leurs compétences qui sont concernées par ça:
les niveaux d'eau, par exemple, la façon dont la centrale, le niveau des
barrages sera exploité. C'est important pour ces
ministères-là de nous informer. Et ce sont des clauses que l'on
inclut dans le bail. Alors, cette consultation-là prend un certain
temps.
M. Chevrette: Donc, Hydro-Québec n'y est pour rien dans le
retard...
M. L'Homme: Absolument pas. M. Chevrette: ...de la
signature?
M. L'Homme: Absolument pas. L'entente est qu'Hydro achète
l'électricité produite au taux déterminé. C'est le
ministère de l'Énergie...
M. Chevrette: Mais Hydro est intervenante au même titre
qu'un ministère?
M. L'Homme: Mais Hydro est intervenante en tant qu'acheteur de
l'électricité quand elle sera produite. Bien sûr, il y a
des conditions, il y a un contrat à passer entre Hydro et le fournisseur
éventuel.
M. Chevrette: Là, pourriez-vous nous dire lequel est le
plus emmerdeur, qu'on lui parle, pour que ça aille plus vite?
M. L'Homme: Je ne pense pas qu'il y ait d'em-merdeurs dans le
circuit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Si ce n'est pas de votre faute, c'est de la faute
de quelqu'un, la faute de qui?
M. L'Homme: Non. Ce n'est la faute de personne. C'est le
processus qui fait en sorte que toutes les parties veulent s'assurer que, d'une
part, le contrat est satisfaisant pour Hydro-Québec et, d'autre part,
pour nous, que le bail est satisfaisant pour les intervenants gouvernementaux
qui sont concernés.
M. Chevrette: Je suppose que la procédure, c'est
vous autres qui rédigez le bail, ou c'est Hydro?
M. L'Homme: C'est nous qui rédigeons le bail. La
responsabilité...
M. Chevrette: C'est vous. Vous le montrez à Hydro?
M. L'Homme: Non. La responsabilité sur les forces
hydrauliques, c'est la responsabilité de la ministre de
l'Énergie. C'est elle qui doit signer le bail, ce n'est pas
Hydro-Québec.
M. Chevrette: Après qu'il est rédigé chez
vous, le projet, il s'en va au MLCP, au ministère de l'Environnement et
quel autre?
M. L'Homme: Habituellement, c'est les deux principaux. À
ma connaissance, il n'y en a pas d'autre impliqué dans la
rédaction des baux.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez une autorisation écrite
à obtenir de l'Environnement?
M. L'Homme: La façon dont ça se fait, le
ministère de l'Environnement doit lui-même émettre une
autorisation parce que sa loi l'oblige à émettre une
autorisation. Nous, tout ce que l'on fait sur le bail, c'est de consulter pour
être certains que les clauses sont acceptables.
M. Chevrette: Et le MLCP, c'est un avis? M. L'Homme:
Même chose.
M. Chevrette: En fonction de la faune aquatique, je suppose?
M. L'Homme: C'est ça, entre autres. M. Chevrette:
Entre autres? M. L'Homme: Oui.
M. Chevrette: Qu'est-ce que c'est, les autres choses?
M. L'Homme: II peut y avoir une question de niveau d'eau.
M. Chevrette: Non, mais c'est toujours en relation avec la faune
aquatique?
M. L'Homme: Si on veut. Si on veut. Oui, les usages possiblement
d'un plan d'eau, ça peut être des choses qui sont du ressort du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez si les promoteurs, dans
l'ensemble, éprouvent des difficultés de financement?
M. L'Homme: Je ne peux pas me prononcer dans l'ensemble. Je sais
que, pour certains promoteurs, on nous dit que c'est plus long qu'ils
l'auraient espéré pour conclure le financement pour les
projets.
M. Chevrette: Est-ce que c'est d'ordre public, ces
baux-là?
M. Tremblay (Outremont): La question qui a été
posée tout à l'heure par le député de Joliette,
à savoir: Est-ce que ça prend un décret? Est-ce que le
Conseil des ministres doit accepter? Oui. Présentement, à cause
du peu d'expérience, du nouveau de ces projets, il n'y a pas encore un
bail type. Donc, tous les projets doivent être approuvés par le
Conseil des ministres par décret. Donc, les décrets sont publics,
l'information devrait être...
M. Chevrette: Mais le contenu du bail? Supposons que je veuille
savoir, moi, comme individu intéressé à cela, est-ce que
je peux avoir le contenu d'un bail, par exemple? Parce que si c'est d'ordre
public...
M. L'Homme: Les baux sont enregistrés au greffe.
M. Chevrette: Donc, on peut les avoir. M. L'Homme: Donc,
c'est public.
M. Chevrette: Et si on vous demande très clairement de
nous les déposer pour qu'on lise ça, ce serait accessible? Il y
en a trois de signés? Trois de signés?
M. Geoffrion: Pardon?
M. Chevrette: Y en a-t-il trois de signés?
M. Geoffrion: II y en avait aussi, avant, des baux concernant les
forces hydrauliques; ce n'est pas les premiers, là.
M. Chevrette: Non, mais je parle dans la nouvelle vague,
là? Y en a-t-il trois dans la nouvelle vague? Il me semble que c'est
trois.
M. L'Homme: II n'y en a aucun. Dans le cadre du programme, il n'y
en a aucun de signé présentement. Il y en plusieurs
d'avancés, mais il n'y en a aucun de signé au moment où on
se parle.
M. Chevrette: Mais les ententes sont conclues au moins avec
trois?
M. L'Homme: Oui.
M. Chevrette: Ce n'est qu'une question de temps pour le
décret, je suppose?
M. L'Homme: C'est ça.
M. Chevrette: O.K. Donc, vous les déposerez...
M. L'Homme: Aucun problème.
M. Chevrette: ...quand vous les signerez?
M. L'Homme: Oui, oui.
M. Chevrette: Merci.
M. Tremblay (Outremont): En fait, ce qu'on confirme, là,
c'est que...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y aura un troisième appel
d'offres?
M. Tremblay (Outremont): Ce qu'on confirme, c'est qu'il y en a
un...
Une voix: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...qui est en voie, là...
M. Chevrette: Finalisé.
M. Tremblay (Outremont): ...d'être signé. Alors,
celui-là, on pourrait le déposer.
M. Chevrette: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Et, idéalement, les efforts au
niveau du ministère, c'est d'en arriver à un bail type et, avec
le bail type, ça accélérerait sûrement le processus
des ententes. En ce qui concerne les critères de sélection, un
critère de sélection, c'est la capacité de financer le
projet. Donc, certains projets sont peut-être ou possiblement
retardés à cause de l'apport financier des promoteurs.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y aura un troisième appel
d'offres?
M. L'Homme: Oui, normalement, la ministre devrait annoncer, dans
quelques semaines, la troisième liste, la liste pour 1993 des nouveaux
baux.
M. Chevrette: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): L'annonce de cette liste est
prévue pour la mi-mai 1993.
M. Chevrette: Date limite du dépôt des projets de
loi en Chambre.
M. Tremblay (Outremont): La date limite, c'est le 13.
Une voix: 15.
M. Chevrette: Vous êtes au courant?
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que le 13 est la mi-mai?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, pas tout à fait. C'est parce que
ça dépend des jours ouvrables, nous autres.
M. Tremblay (Outremont): On travaille tout le temps, alors...
M. Chevrette: II a une question?
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est ça. Sur
le même sujet, M. le député de Drummond?
M. St-Roch: Oui, sur le même sujet, M. le Président.
Est-ce que la limite de 25 MW va être maintenue dans l'appel d'offres de
1993 et dans celle que vous préparez aussi avec la formule de 1994?
M. L'Homme: Oui, parce que, pour dépasser cette limite, il
faudrait amender la Loi sur le régime des eaux, et ce n'est pas
fait présentement.
M. St-Roch: Puis il n'y a aucune prévision pour qu'on
puisse, soit avant le 15 mai ou à l'automne, prévoir... Parce
que, dans les échanges qui avaient eu lieu lors de la commission sur le
plan de développement d'Hydro-Québec, il y avait eu des
investigations et une certaine ouverture d'esprit de manifestée, qu'on
pourrait peut-être ouvrir, là, et donner la chance,
l'opportunité, l'expérience aidant aussi, à aller plus
près, vers les 60, 70 MW, dans des sites particuliers où
Hydro-Québec ne verrait pas, là, une source rentable pour
elle.
M. Tremblay (Outremont): Ça fait partie de la
réflexion du ministère, mais le député de Drummond
doit comprendre que ça implique des modifications à la loi, donc
des délais additionnels, et j'espère que, si le ministère
en arrivait à la conclusion que c'était positif, nous aurons le
consentement de l'Opposition, dans le meilleur intérêt du
développement économique du Québec.
M. St-Roch: Vous savez, M. le ministre, lorsque vous avez
présenté des projets de loi de quelque ministère que ce
soit qui ont été dans les intérêts supérieurs
du Québec, on a toujours concouru à donner notre consentement,
même si c'était après les délais.
Prévisions de revenus de la prospection
gazifère
Ceci étant dit, M. le Président, avec la permission de mon
collègue de Joliette, vu que je veux concourir à lui laisser le
champ libre demain et à lui faire rencontrer
son objectif, et que je ne pourrai pas être présent vu que
mon whip m'a assigné ailleurs, j'aurais une question qui serait au
niveau du gaz, au niveau de gaz et pétrole. Dans vos prévisions
de revenus de 1992-1993, vous avez eu des revenus, en ce qui concerne toute la
problématique de recherche et de prospection gazifères, de 200
000 $, avec des redevances de 55 000 $. Alors, ma question: Lorsque je regarde
les perspectives de 1993-1994, il n'y a aucune source de revenus, et on sait
qu'il va y avoir beaucoup d'exploration qui va être faite, surtout dans
les basses terres du Saint-Laurent. Alors, est-ce que le ministère
prévoit qu'on va avoir la chance de battre le montant de 200 000 $
global et les 55 000 $ en redevances? Je n'ose pas vous demander si vous avez
des résultats sur le forage. Ça fait que, si vous augmentez vos
redevances...
M. L'Homme: On peut peut-être vous en donner un peu, je
pense bien. On peut peut-être en donner...
Le Président (M. Gobé): ...après ça,
le temps va être écoulé. Je vais devoir ajourner les
travaux. Alors...
M. St-Roch: Consentement. Consentement pour finir ça.
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Oui, oui.
(Consultation)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): J'aurais aimé dire au
député de Drummond que des redevances, ce n'est pas quand on
cherche, c'est quand on trouve. Le sous-ministre, M. Denis L'Homme, va
sûrement se faire un plaisir de répondre de façon plus
précise à la question.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il a
trouvé? (22 heures)
M. St-Roch: J'avais bien pris soin... 200 000 $, et 55 000 $ de
redevances, M. le ministre. Je suis conscient que c'est lorsqu'on trouve.
Alors, si vous me dites que vous avez prévu des redevances de 400 000 $,
je vais être capable d'extrapoler le nombre de mètres cubes et de
puits qu'il y aura.
M. L'Homme: O.K. Il y a 250 000 $ qui sont prévus. Il y a
200 000 $ qui sont des ventes, c'est 50 000 $ qui sont des redevances. Les
redevances sont sur la production gazière présentement.
Pour ce qui est de l'activité dans les basses terres, on sait
très bien qu'il y eu des efforts, par la Bow Valley, de forage,
notamment, Bagot et, présentement, Saint-Wenceslas. Il appartient au
promoteur de donner les résultats de ces forages-là quand il
jugera utile, pertinent et opportun de le faire. Nous avons cependant obtenu
pour ce qui est de Saint-Wenceslas le forage qui est en cours
présentement ou, enfin, qui a été terminé
récemment nous avons obtenu un com- muniqué de presse, en
date d'aujourd'hui, provenant de Bow Valley Industries, je peux peut-être
le lire, M. le Président, si...
M. St-Roch: Oui, consentement.
M. L'Homme: II provient de l'Alberta et il est, malheureusement,
en anglais.
M. St-Roch: Any problem.
M. L'Homme: No problem?
M. St-Roch: No problem.
M. L'Homme: Bow Valley Industries Ltd.
M. Chevrette: Speak French, please.
M. L'Homme: Pardon?
M. Chevrette: Speak French, please.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. St-Roch: Le communiqué est en anglais.
M. L'Homme: Je pourrais essayer, après, de traduire, mais
je ne crois pas que ce soit nécessaire: «Bow Valley Industries
Ltd., the operator for a group of companies exploring for natural gas in the
St. Lawrence Lowlands of Quebec announced that the St. Wenceslas No.l
exploratory well has reached a total depth of 3455 meters.»
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous le
déposer à la commission?
M. L'Homme: Oui, aucun problème.
Le Président (M. Gobé): Je pense que ça va
régler le problème de la lecture.
M. L'Homme: Oui. Alors...
M. St-Roch: Non, non. Continuez.
M. L'Homme: ...je continue à lire puis je le
dépose?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. L'Homme: Ce n'est pas très long. Il me reste sept
lignes. «A comprehensive set of logs of three drill-stem tests have been
run to date. Test results....
Le Président (M. Gobé): On n'est pas en direct.
M. L'Homme: ...indicate that a thin porous
interval at the top of the 314 meters et là notre expert
pourrait vous donner plus d'information.
M. St-Roch: Non, ça va. Des voix: Ha, ha, ha!
M. L'Homme: ...contained methane gas ça, c'est du
gaz naturel, bien sûr.
M. St-Roch: Je sais ça.
M. L'Homme: ...but displayed poor permeability. The Postdam
Sandstone section tested tight.
Plans are to conduct two additional open-hole drill-stem tests over the
remaining Beekmantown Dolomite sections, which recorded high background gas on
the mud log, to determine whether effective porosity exists.»
Alors, j'aurais bien souhaité qu'on ait une annonce, qu'on ait
effectivement un grand champ gazier au Québec. Ce qu'on nous dit, c'est
que... en tout cas, ce que je décode, c'est que ça demeure
intéressant pour qu'on fore à nouveau pour, effectivement,
déterminer si, une fois pour toutes, on a quelque chose là.
M. Chevrette: Vous avez un bon accent, j'ai tout compris.
Des voix: Ha, ha, ha!
Document déposé
Le Président (M. Gobé): Merci, monsieur. Donc, vous
pouvez déposer ça à la commission, les membres en
prendront connaissance.
Ceci met donc fin à nos travaux pour la journée. Demain
matin, 9 heures, en cette salle... Je tiens à remercier les membres de
la commission, de quelque côté qu'ils soient, ainsi que le
personnel qui accompagne M. le ministre, pour leur collaboration. Merci. La
séance est maintenant ajournée à demain, 9 heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)