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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Audet): Je déclare la
séance ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission. La
commission est réunie afin de procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie pour l'année financière
1993-1994.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Bélanger (Laval-des-Rapides)
est remplacé par M. Houde (Berthier); M. Forget (Prévost) est
remplacé par M. Philibert (Trois-Rivières); M. Jolivet
(Laviolette) est remplacé par M. Garon (Lévis).
Soutien financier aux secteurs
manufacturiers, commerciaux et
coopératifs
et au développement technologique
Société de développement
industriel du Québec (suite)
Le Président (M. Audet): Merci.
Alors, je crois que nous en étions à l'étude du
programme 2, et Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve avait
souhaité intervenir...
Mme Harel: Terminer.
Le Président (M. Audet): .. .terminer sur cet
élément, sur ce programme. Alors, je vais vous reconnaître,
à moins qu'il y ait autre chose dont je ne suis pas au courant.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je comprends donc que
nous terminerons nos travaux à 12 h 45 et que le député de
Lévis nous rejoindra pour aborder, à la fin de nos travaux, la
question du chantier naval MIL.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement
pour dépasser l'heure? Ça va?
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on va prendre le temps qui nous
est imparti, sinon il va falloir revenir pour 15 minutes.
Le Président (M. Audet): D'accord.
Une voix: Le député de Lévis va arriver
avant 12 h 45.
Subventions aux petites et moyennes
entreprises
Mme Harel: alors, m. le président, avant de
compléter l'élément 2 du programme 2, qui portait sur la
société de développement industriel, je relisais les
galées des travaux de la semaine passée avec
intérêt, d'autant plus que nous avions identifié une
diminution de l'ordre de 60 % au programme d'aide financière des
entreprises de la société de développement industriel l'an
passé par rapport à l'année d'avant, c'est-à-dire
une diminution de 575 000 000 $ à 255 000 000 $. ce n'est quand
même pas rien. et le ministre faisait part, en réponse à
nos questions la semaine dernière, que c'était essentiellement
une diminution de l'aide financière autorisée par la sdi pour les
grands projets, ceux qui auparavant allaient chercher la grande majorité
des sommes d'argent qui étaient consacrées par la sdi à
l'aide financière. (10 h 20)
Alors, nous avons fait un calcul très simple, qui est le suivant.
En 1991-1992, au moment où la récession battait son plein
on ne peut donc pas invoquer cet argument-là en 1992-1993 il y
avait un total de 527 projets, pour formes d'intervention financière,
qui totalisaient 575 000 000 $ de la part de la SDI. Là-dessus, 19
grands projets allaient se chercher la part du lion, 417 000 000 $, mais il en
restait 158 000 000 $ pour les petites et moyennes entreprises, 158 000 000 $,
et 508 projets étaient déposés à la SDI pour
recevoir de l'aide qui totalisait 158 000 000 $.
Alors, si on regarde les crédits de l'année passée,
on se rend compte qu'il y a eu une baisse, pour les petites et moyennes
entreprises, de 45 000 000 $ et qu'il y a eu une diminution du nombre de
projets de 44 %. Ce n'est quand même pas rien, là. C'est
passé de 508 projets en 1991-1992 à 283 projets en 1992-1993,
donc 225 projets de moins et 44 % de l'aide financière de moins,
puisque, en 1992-1993, c'est un total de 113 000 000 $ seulement qui sera
consacré aux petites et moyennes entreprises comparativement à
158 000 000$ en 1991-1992. Donc, 45 000 000$ de moins pour les petites et
moyennes entreprises, 225 projets de moins.
J'ai eu l'occasion, jeudi, de faire «l'Assemblée
nationale» buissonnière pour me rendre au colloque de la CDEST, la
Corporation de développement de l'Est, qui réunissait des
intervenants des milieux d'affaires, du milieu communautaire, des milieux
institutionnels. Ceux à qui je parlais des réponses que j'avais
obtenues la veille de la SDI sur les questions que je posais concernant cette
diminution extrêmement importante de l'aide financière aux
entreprises et aux organismes et vous vous rappelez ces réponses
que j'obtenais à l'effet qu'il
y avait eu moins de projets les gens du milieu, sur le terrain,
me disaient: Voilà le drame! C'est que la Société de
développement industriel n'est pas une société de
développement, justement. Elle gère des programmes, puis elle
attend que les projets soient quasiment finalisés, au stade où
ils doivent l'être quand ils ont à se présenter devant une
institution financière la plus conventionnelle. On me faisait part que
la plus grande des difficultés, présentement, c'est dans le
démarrage et c'est qu'il n'y a pas l'appui, le coup de main, le coup de
pouce au moment de la phase de développement, au moment où
pourtant se joue la partie la plus importante et que c'est à cela que
devrait, finalement, s'atteler la Société de développement
industriel.
Alors, moi, je me dis: Qu'est-ce que le ministre va faire, si tant est
qu'il considère que ce n'est pas tellement justifiable, à cette
période-ci des bouleversements que l'on connaît, avec le taux de
chômage que l'on connaît, avec les difficultés que
l'entreprise connaît, que l'on assiste à une diminution de 45 000
000 $ de l'aide de la Société de développement industriel
dans les petites et moyennes entreprises? Qu'est-ce qu'il entend faire pour
redresser la situation?
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, il me
semble qu'on avait convenu, la semaine dernière... On a passé
beaucoup de temps sur la Société de développement
industriel du Québec. On a donné tous les chiffres. On nous a dit
qu'on nous informerait si on voulait discuter davantage de la
Société de développement industriel du Québec. Je
n'ai pas été informé qu'on parlerait encore, ce matin, de
la Société de développement industriel. Tout ce que je
peux répondre, c'est que, depuis 1987, la Société a fait
au-delà de 1500 interventions pour 835 000 000 $. Si on inclut les
articles 7 pour l'année 1992, les états financiers vont
démontrer un actif d'au-delà de 2 000 000 000 $. C'est possible
que, d'une année à l'autre, le nombre de projets ou le montant
ait diminué.
Mais, comme la députée de Hochelaga-Maisonneuve sait
très bien, la Société de développement industriel
prête de l'argent, et on est rendu à 2000 000 000 $. s'il faut
prêter 2 500 000 000 $, 3 000 000 000 $, on va les prêter aux
entreprises pour leur permettre de réaliser des projets qui
présentent de bonnes perspectives de rentabilité. 35 % des
interventions de la société de développement industriel du
québec sont du démarrage d'entreprise. on réalise
très bien que la société de développement
industriel ne peut pas répondre à tous les projets. c'est la
raison pour laquelle on a mis en place des fonds spéciaux.
Dans l'est de Montréal, il y a un fonds d'emploi où la
Société de développement industriel est partenaire avec le
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec et
également avec la ville de Montréal. Peut-être que la
député de Hochelaga-Maisonneuve pourrait aller demander au Fonds
de développement emploi-Montréal pourquoi ils ne sont pas
capables de prêter les 500 000 $, qui n'est pas un gros montant. Parce
qu'on nous dit que la nature des projets qui sont présentés ne
répondent pas aux critères de Fonds de développement
emploi-Montréal, qui est censé être
décentralisé, qui est un fonds pris en main par les gens des
régions.
Je dois vous dire que je suis également en discussion et en
rencontre avec des représentants de l'est de Montréal et, si
jamais on peut améliorer les programmes on n'a jamais
prétendu que c'était parfait, on attend toujours des solutions
concrètes on est prêt à adapter certains programmes
pour favoriser l'est de Montréal, d'autant plus qu'on a alloué,
il y a 5 ans, 106 000 000 $ pour l'est de Montréal, dont 50 000 000 $ en
prêts participatifs avec des congés d'intérêt qui
pouvaient totaliser jusqu'à 5 000 000 $, et on n'a même pas
utilisé ces programmes.
Alors, ce n'est pas uniquement une question de programmes de la
Société de développement industriel. Je pense qu'il faut,
si on veut réellement discuter de ce sujet, élargir le
débat, et on va regarder de façon concrète tous les
irritants qui existent encore pour favoriser soit le démarrage ou la
croissance d'entreprises existantes, ainsi que la venue de nouvelles
entreprises sur l'île de Montréal, si on veut élargir le
débat.
Si c'est de ça qu'on veut discuter, je n'ai aucune objection
à le faire. Si on veut, par contre, discuter plus en détail des
chiffres des états financiers de la Société de
développement industriel, la suggestion que je ferais, c'est de reporter
peut-être de 1 heure, 1 h 15 min. Je vais faire revenir les
représentants de la Société de développement
industriel, qui se feront un plaisir de répondre à toutes les
questions de la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, la question, je la pose au
ministre. Mon collègue, le député d'Abitibi-Ouest posait,
d'ailleurs, une question semblable au ministre responsable du
développement régional, comment il se faisait que, de l'entente
auxiliaire sur le développement régional, à peine le tiers
des 820 000 000 $ annoncés en 1988 avaient été
dépensés en 5 ans. La réponse qu'il obtenait, c'est qu'il
n'y avait pas eu de projets. Et, moi, la question que je pose au ministre, elle
est très simple: Comment il se fait que, en 1 an, on constate la baisse
de 44 % des projets déposés par les petites et moyennes
entreprises devant la SDI, c'est-à-dire de 508 à 283, 225 projets
de moins? Comment se fait-il qu'on constate également une diminution de
45 000 000 $ dans l'aide financière accordée à la petite
et moyenne entreprise?
On nous dit: C'est la récession. La récession aussi
battait son plein en 1991-1992. C'est la situation de 1992-1993 qui est la plus
préoccupante. Le ministre, est-ce qu'il peut, à un moment
donné, s'interroger sur les critères trop rigides? Est-ce qu'il
peut s'interroger sur l'absence d'appui? Je pense à ces articles
publiés qui révélaient que des inventeurs avaient
tenté vainement de contacter les services de son ministère pour
obtenir des conseils techniques à défaut de subventions et que
c'est, finalement, chez les Américains qu'ils obtiendront l'appui
nécessaire pour faire la fabrication de leur invention. Je pense
à son collègue, le président du Comité
ministé-
riel permanent de développement du Grand Montréal,
responsable du fonds Innovatech, qui annonçait, contrairement aux 30 000
000 $ projetés, des engagements pour 8 000 000 $ dans différents
projets retenus par Innovatech, mais dont un qui l'avait été par
Innovatech à défaut d'avoir été mis de
côté par la SDI. Je parle, évidemment, de ce projet de...
Comment s'appelait-il déjà?
Une voix: Packard. (10 h 30)
Mme Harel: C'est ça, de Packard. C'était un projet
qui semblait satisfaisant pour Innovatech, après que la SDI l'eut eu
écarté. Bon. Je pense à ces articles parus vendredi
dernier, qui faisaient état d'une entreprise, Primax Technologies, qui
est pourtant dans un domaine on ne peut plus d'avenir, celui de la fabrication
des chargeurs de batteries industrielles avec composantes électroniques
pour des clients comme Hydro-Québec et la SEBJ, et qui relate avoir
dû faire faillite faute d'avoir obtenu à temps l'appui du
programme Reprise PME.
Alors, le ministre, en regard de cela, va-t-il se satisfaire de penser
que c'est parce que les entreprises n'ont pas l'énergie, le talent,
l'imagination de réaliser des projets, ou va-t-il convenir qu'il y a
peut-être des manières de faire, dans son ministère, qui
auraient besoin d'être changées?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve vient de faire, du
coq-à-1'âne, un tour du Québec, puis a isolé 3
interventions qui n'ont peut-être pas apporté les résultats
escomptés. Je pourrais, si on veut prendre le temps de parler du
passé... J'ai des documents, ici, là. Je pourrais vous donner
100, 200, 300 cas qui ont été positifs. Vous n'avez qu'à
prendre connaissance des jeunes conquérants. Il y a eu un rapport,
récemment, dans les journaux, pour démontrer que de nombreuses
petites et moyennes entreprises, dans toutes les régions du
Québec, sont en train de conquérir, avec l'aide du gouvernement
et, également, avec leurs propres moyens...
Par contre, je ne peux pas laisser passer la remarque de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui a cité des jeunes
promoteurs, un article paru dans le journal La Presse concernant un projet qui
n'aurait pas été accepté ou étudié à
son juste mérite, au Québec, et on dit maintenant que c'est rendu
aux États-Unis. Je voudrais juste dire à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve qu'on reçoit, au ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, 6600 appels par mois, dont 1250
sont dirigés à des préposés à
l'information.
Lorsque nous avons eu les appels de ces personnes, le 21 octobre, le 29
octobre, le 30 octobre 1992, il y a eu des suivis importants, il y a eu des
interventions de faites par le ministère. Tout ce que nous avons
demandé à l'entreprise, c'est, essentiellement, le contenu de son
plan d'affaires au niveau de sa mission, de son marché, de sa
capacité de production et de son prix de revient, son point mort, son
financement. Nous lui avons dit les informations sommaires pour l'aider
à élaborer davantage son plan d'affaires. L'entreprise nous est
revenue, et tout ce qu'elle nous a demandé, c'est des renseignements
concernant un contrat de licence avec le fabricant américain. Nous nous
sommes servis des contacts des directeurs du ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie pour obtenir une copie du contrat, et
ça nous a été envoyé, à la grande
satisfaction du promoteur, qui nous a remerciés. Par la suite, nous
n'avons pas eu de nouvelles du promoteur jusqu'à temps qu'on lise, dans
le journal, cet article.
Je dois dire que la journaliste qui était à la pige pour
ce quotidien a appelé au ministère de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, de façon plus précise le directeur de cabinet,
pour lui poser uniquement des questions avec un préjugé
totalement défavorable. Nous étions prêts à
rencontrer les promoteurs pour les aider davantage, mais c'est essentiellement
les promoteurs qui n'ont pas donné suite aux renseignements que le
ministère leur avait donnés à plusieurs reprises et,
également, à l'offre que le directeur de cabinet du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a faite.
Si on prend le plan de développement stratégique du Grand
Montréal, avec ses axes, ses objectifs et ses mesures de
développement, je pourrais, M. le Président, passer à
travers toutes les mesures positives qui ont été mises en place
par le ministère et par Innovatech et le Comité
ministériel permanent du Grand Montréal au niveau de
l'accroissement de la capacité d'innovation. Les projets ont
été annoncés, alors je n'ai pas à les
reprendre.
Ce qui a été fait au niveau de
l'accélération de la modernisation de l'économie, je ne
suis pas le ministre responsable des ententes auxiliaires sur le
développement régional, mais, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve veut parler des ententes pour le développement
industriel, l'entente auxiliaire Canada-Québec, il me fera plaisir de
lui donner de nombreux projets qui ont été réalisés
au Québec. On n'a qu'à penser à Pratt & Whitney, on
n'a qu'à penser à Ericsson et, également, dans le
comté du député de L'Assomption il devrait nous en
remercier le projet d'Électrolux pour fabriquer de nouveaux
produits qui répondront aux attentes d'une économie ouverte sur
le monde. En ce qui concerne les ressources humaines, j'ai toute une liste de
mesures importantes qui ont été faites et, également, au
niveau de l'exportation.
En ce qui concerne de façon plus précise l'entente
auxiliaire Canada-Québec sur le développement industriel et non
pas sur le développement des régions, c'est tellement performant,
il y a tellement de demandes que, initialement, il y avait des crédits
prévus de 300 000 000 $, ça a été augmenté
à 450 000 000 $ et, récemment, on a ajouté un autre 300
000 000 $. Et je peux dire que, au niveau de la Société de
développement industriel du Québec, nous sommes prêts
à ajouter des fonds si les projets le justifient.
Finalement, je termine, M. le Président, en vous disant que, en
ce qui concerne les programmes d'aide financière du ministère de
l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie parce qu'il ne faut pas les oublier, c'est
très important en 1991-1992, il y a eu 2341 interventions pour 46
900 000 $ et, en 1992-1993, pour 6 mois, il y a déjà 1588
interventions pour 20 000 000 $.
Alors, je le répète, le ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie répond dans la mesure du possible. Je
ne dis pas que c'est parfait, qu'il n'y a pas certaines exceptions, mais, en
général, les promoteurs, les entreprises, les personnes, les
entrepreneurs qui veulent réaliser des projets, normalement, ont une
réponse positive du ministère et des sociétés
d'État qui relèvent du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie.
Mme Harel: Alors, M. le Président, le temps,
évidemment, nous est compté ce matin. Je constate que le ministre
reconnaît qu'il y a eu cette baisse substantielle de 45 000 000 $ dans
l'aide aux petites et moyennes entreprises par la Société de
développement industriel et cette diminution de 225 projets
présentés l'an passé en regard de l'année d'avant.
Par ailleurs...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je veux juste
qualifier... Je n'ai pas reconnu les chiffres avancés par la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. J'ai dit que, au niveau de la
Société de développement industriel du Québec, si
on voulait en discuter, qu'on nous donne 1 heure, on va faire revenir les
représentants de la Société de développement
industriel du Québec et on va convenir des chiffres. À ce
moment-là, la députée de Hochelaga-Maisonneuve pourra
dire: II y a eu une baisse de 48 %, il y a eu moins de projets, et on
conviendra au moins de discuter des vraies choses, à ce
moment-là.
Le Président (M. Audet): Mme la députée.
Mme Harel: Oui, M. le Président, je crois que le ministre
aurait intérêt à lire les renseignements
supplémentaires que son ministère, finalement, nous a fournis,
effectivement, M. le Président, parce que les chiffres sont là et
nous permettent, en fait, de faire des calculs très simples, qui,
malheureusement, nous confirment les chiffres que je viens
d'énoncer.
D'autre part, M. le Président, c'est inquiétant de
constater que le ministre n'a pas une conscience claire des difficultés
qui peuvent se présenter pour des entrepreneurs qui s'adressent à
son ministère. Il parlait tantôt, justement, de la situation de
ces 2 jeunes inventeurs qui se sont adressés à plusieurs,
plusieurs reprises sans obtenir l'appui sollicité. Ces jeunes ont
dû finalement quérir la collaboration des Américains, qui
leur ont offerte. Je cite simplement ce qu'ils disaient en regard du
ministère. C'est notamment au sujet du soutien technique encore plus
qu'au chapitre des subventions que les 2 jeunes entrepreneurs reprochent au
ministère de l'Industrie et du Commerce de n'avoir pas su les
épauler dans leurs diverses démarches. Je crois que la fermeture
de la direction de l'«entrepreneurship» au ministère y est
certainement pour quelque chose.
Quand on lit la réponse que le porte-parole du ministre, qui est
son chef de cabinet, a donnée aux journalistes qui l'interrogeaient sur
la situation qui avait prévalue dans le cas de ces 2 jeunes
entrepreneurs, M. le Président, c'est aberrant de constater que la seule
solution qui est proposée, c'est, dans des cas semblables, de se
renseigner auprès du cabinet. Le ministre parlait tantôt de 1500
téléphones. Alors, si c'est ça, la qualité totale,
si ça consiste à ne pas assurer le service adéquat en
région, dans les bureaux régionaux, mais reprocher aux personnes
qui font des reproches de ne pas s'être adressées au cabinet,
alors j'imagine que, si c'est la façon de procéder du ministre,
évidemment, on peut comprendre qu'il y a des problèmes de
fonctionnement. (10 h 40)
D'autre part, le ministre n'a pas répondu au dossier de cette
entreprise qui a été retenue par Innovatech et qui avait
été écartée par la SDI, Packard, là, dans le
projet annoncé par son collègue le président du Conseil du
trésor, qui, lui-même, d'ailleurs, a fait circuler l'information
que ce projet n'était pas nouveau étant donné qu'il avait
déjà été présenté à la SDI et
mis de côté. Alors, c'est pourtant un projet de
développement de systèmes d'interconnexion, un projet
suffisamment intéressant pour qu'Innovatech l'ait retenu et qui n'avait
pas l'air d'être suffisamment intéressant pour que la SDI le
retienne.
M. le Président, tantôt le ministre a parlé de
l'entente auxiliaire en matière industrielle. Alors, il faut
peut-être aussi rappeler que l'entente de 1985, qui était
échue en 1991, a été signée 1 an plus tard, en mars
1992, et que, depuis lors, dans les crédits, on nous signale qu'il n'y a
pas eu de sommes engagées, étant donné la lenteur du
démarrage de cette nouvelle entente.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président. Le
Président (M. Audet): M. le ministre. M. Tremblay (Outremont):
Bon. Dans...
Mme Harel: Ah oui! D'autre part, si le ministre me le permet,
peut-être aussi l'élément, évidemment, important,
c'est que, dans les crédits, on exclut maintenant le financement
conjoncturel, comme si la récession était finie. On nous a dit
qu'elle était finie, là, depuis 2 mois, et pourtant, depuis lors,
on assiste à une chute d'emplois. On peut constater qu'il y a eu 5000
emplois de moins depuis que la récession est officiellement finie. Dans
les crédits, là, on nous signale, dans les renseignements qui
nous sont transférés, que le financement conjoncturel est
maintenant exclu des objectifs des programmes de financement.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je n'ai jamais
entendu autant de faussetés de ma vie. Commençons juste par la
dernière. C'est absolument faux. C'est le programme Reprise PME qui
permet à une
entreprise qui a des problèmes de fonds de roulement à
court terme d'avoir accès à la Société de
développement industriel du Québec. Donc, c'est faux que les
problèmes conjoncturels ou les besoins de fonds de roulement ne sont pas
admissibles. C'est le nouveau programme Reprise PME. On nous a dit qu'on
faisait des événements médiatiques, mais il faudrait
peut-être regarder le contenu des annonces qui sont faites par le
gouvernement pour réaliser que la Société de
développement industriel n'a jamais refusé un projet à
cause d'un manque de fonds. Si, pour une raison ou pour une autre, le projet ne
répondait pas aux critères de la Société de
développement industriel du Québec...
Et je vais même citer l'exemple de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Elle nous reproche, au gouvernement, que le projet a
été accepté par Innovatech. Les critères
d'Innovatech et de la Société de développement industriel
ne sont pas les mêmes. Au contraire, on nous reprocherait, au
gouvernement, si c'était les mêmes critères, de
dédoubler ce qu'on fait. Alors, nous n'avons pas l'intention de
dédoubler. Innovatech favorise l'innovation technologique par une aide
financière remboursable à des conditions totalement
différentes, et c'est plus généreux, nous le
reconnaissons, que la Société de développement industriel
du Québec. Donc, les 2 organismes sont complémentaires, et ce
qu'il faudrait peut-être reconnaître, c'est que le gouvernement du
Québec, pas un organisme au détriment d'un autre, a aidé
une entreprise.
Troisièmement, je veux revenir, parce que c'est la
députée de Hochelaga-Maisonneuve qui en parle, au cas bien
particulier de 2 jeunes promoteurs qui disent ne pas avoir reçu de
services au niveau du ministère. Je dois dire à la
députée que, pour l'information que je vais lui donner, nous
avons dû passer tous les appels téléphoniques qui sont
entrés au ministère au cours des 4 derniers mois. Il a fallu
vérifier les données de 4274 appels téléphoniques
et 381 visiteurs, desquels nous n'avons reçu aucune plainte. Donc,
là, on prend réellement un cas isolé.
Le 21 octobre 1992, le promoteur, pour ne pas le nommer, a
téléphoné à 11 h 29. Son appel a été
retourné à 11 h 36. Il opère une entreprise depuis 1 an et
il a 35 ans. Il veut faire de la mise en marché, de la fabrication et de
l'exportation. Nous l'avons référé à la
Société d'investissement-jeunesse qui était susceptible
d'aider son projet. Le 29 octobre 1992, le même promoteur a
téléphoné à 12 h 57. On a retourné son appel
à 13 h 11. Il n'était pas disponible. Nous avons laissé
des messages sur répondeur et il a rappelé à 13 h 26. Il
désirait venir prendre un kit de démarrage qui a
été déposé au bureau de la
réceptionniste.
Le 30 octobre 1992, l'associé de ce promoteur a
téléphoné à 10 h 20. Nous avons retourné son
appel à 11 h 1. Elle était manufacturière de housses de
vêtement et demandait de rencontrer un conseiller. Nous l'avons
dirigée vers un conseiller en développement industriel. Ce
conseiller en développement industriel l'a rencontrée le 23
novembre, lui a posé certaines questions sur son plan d'affaires et lui
a dit que nous étions prêts à l'aider à
rédiger son plan d'affaires comme elle le souhaitait, à la
condition qu'elle nous donne les éléments de base de son plan
d'affaires. Par la suite, nous n'avons pas eu de nouvelles jusqu'à temps
que l'associé de cet associé nous appelle pour nous demander un
contrat type de licence pour négocier avec un fabricant
américain. Nous lui avons donné ce contrat type, et le promoteur
s'est dit entièrement satisfait de l'information qui lui a
été donnée. Par la suite, nous avons appris, comme les
autres, par les médias, dans les journaux, que ce promoteur se sentait
lésé dans les interventions, soit du ministère de
l'Industrie et du Commerce et de la Technologie ou du cabinet du ministre.
Je regrette, M. le Président. Nous avons les exemples, on a les
minutes, on a tout. On ne dit pas, encore une fois, que c'est parfait, ce qu'on
fait, mais, lorsqu'on traite 6600 appels téléphoniques par mois,
1250 interventions qui sont dirigées vers les représentants du
ministère, et nous donnons suite à toutes ces demandes... C'est,
encore une fois, un cas isolé. Et, si jamais je le dis
publiquement on peut aider cette entreprise, on va l'aider. Ça me
fait penser à à peu près tout ce que sort l'Opposition
lorsqu'il y a un problème. On a parlé d'Ad-Lib et tout le tracas,
les soucis, les fausses interprétations que l'Opposition a faites, et ce
n'était pas la députée de Hochelaga-Maisonneuve, à
ce moment-là, c'était le député de Labelle. Ad-Lib,
c'était un scandale, c'était effrayant, ce que la SDI faisait.
Par contre, aujourd'hui, Ad-Lib est devenue Ad-Lib multimédias. Elle vit
un développement spectaculaire partout à travers le monde. C'est
en grande partie à cause de la Société de
développement industriel du Québec parce qu'on a contribué
à la restructuration de cette entreprise.
Alors, à tous les exemples isolés que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve peut sortir ce matin, si c'est
le discours qu'on veut avoir, je peux en sortir une centaine qui ont eu des
résultats positifs dans toutes les régions du Québec.
Mme Harel: J'espère, M. le Président, que le
ministre va convenir que l'intervention de l'Opposition, justement dans le
dossier d'Ad-Lib, a permis...
M. Tremblay (Outremont): Ah, voyons donc! Quelle farce! Quelle
farce!
Mme Harel: ...au ministre et à son ministère de se
ressaisir avant que l'entreprise ne soit fermée.
Ceci dit, pour clore ce dossier, j'aimerais inviter le ministre à
examiner les renseignements fournis dans le dossier des renseignements
particuliers à l'onglet 1, page 3, Règlement
général sur les programmes de la SDI. À la page 3, on nous
dit, sous Programme de financement,: financement de dernier recours, statu quo;
financement conjoncturel exclu, et, entre parenthèses, on nous indique
«retrait». Alors, à la page 3 des renseignements
particuliers qui nous sont fournis, peut-il nous expliquer à le, si tant
est qu'il dit que c'est faux qu'il y a toujours du financement conjoncturel en
regard des programmes lancés pour pallier à la récession,
ce finan-
cement conjoncturel, pourquoi y indique-t-on «retrait»?
Qu'est-ce que signifie le mot «retrait», et que signifie que ce
financement soit maintenant exclu? (10 h 50)
M. Tremblay (Outremont): Ce que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve lit, c'est la description des programmes de la
Société de développement industriel du Québec.
Alors, je la référerais à la page 2 qui parle du programme
favorisant l'investissement. Oui, quand on parle de ce programme, le
financement conjoncturel est exclu, parce que ce programme favorise la
modernisation, le développement des entreprises. Mais, si on va au
programme Reprise PME, vous allez voir que le fonds de roulement est une
dépense admissible.
Programme Reprise PME
Mme Harel: Je suis fort contente que le ministre en parle, parce
que j'allais lui poser la question: Où peut-on retrouver, justement,
toutes les informations concernant Reprise PME? J'aurais souhaité que ce
soit le prochain sujet, mais puisque le ministre en parle...
M. Tremblay (Outremont): On va vous les donner. C'est
essentiellement le programme de financement des entreprises qui a
été élargi pour inclure le fonds de roulement comme
dépense admissible, et le gouvernement a rendu admissible une enveloppe
de 60 000 000 $ pour favoriser la reprise économique. Il y a des
entreprises qui, à cause d'une conjoncture économique
défavorable, ont des problèmes de fonds de roulement.
(Consultation)
Mme Harel: On s'est rendus compte, justement à la suite de
la publication de l'article de vendredi dans le journal La Presse qui
concernait l'entreprise Primax Technologies, que les informations concernant
Reprise PME nous manquaient. Mais, finalement, c'est une constatation qu'on n'a
pu faire que durant la fin de semaine.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Harel: Alors donc, cette firme, Primax Technologies, qui
maintenant n'existe plus parce que l'entreprise a malheureusement fait faillite
entre-temps, fait grief, dans le fond, de ne pas avoir reçu, justement,
l'appui financier à temps du fait que ce programme ne couvrait que
l'expansion, finalement, ne couvrait pas le redressement de l'entreprise.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je conviens avec
la députée de Hochelaga-Maisonneuve que les règlements
généraux sur les programmes de la SDI identifiés à
l'onglet 2 ne comprennent pas le programme Reprise PME. Nous allons... Excusez,
c'est l'onglet 1. Nous allons faire parvenir à la députée
de Hochelaga-Maisonneuve les informations. Pourtant, son conseiller et son
adjoint étaient présents à la conférence de presse
lorsque nous les avons annoncés. Alors, je ne comprends pas qu'ils ne
lui aient pas remis, à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, les nouveaux critères d'admissibilité pour
Reprise PME, mais ça va nous fait plaisir de les donner, et si je peux
avoir l'information sur la compagnie, en fin de semaine, que j'ai
également lue par le biais des différents médias, la
presse écrite, ça va me faire plaisir de vous donner les raisons
pour lesquelles l'entreprise n'a peut-être pas eu une réponse de
la Société de développement industriel du
Québec.
Alors, peut-être que, avant l'ajournement de la commission, je
pourrai donner à la députée de Hochelaga-Maisonneuve des
réponses plus précises concernant ce cas particulier.
Tournées d'information sur la stratégie
des grappes industrielles
Mme Harel: Alors, M. le Président, nous
apprécierions beaucoup obtenir ces réponses dans un délai
meilleur que les réponses que nous avons pu obtenir aux questions
posées aux crédits l'an dernier. Ce n'est que le 19 avril, donc 1
an plus tard, que l'Opposition obtenait du secrétaire suppléant
de la commission, parce que, évidemment, le ministère venait
enfin de les lui fournir, les réponses aux questions posées par
mon prédécesseur, le député de Labelle, lors des
crédits du 15 avril 1992.
Là, on s'interroge sur la qualité totale,
évidemment. Il doit y avoir un peu de correctifs à apporter. Un
an pour répondre à des questions assez simples de mon
collègue, c'est, évidemment, assez inusité de la part d'un
ministre, de son cabinet et d'un ministère qui pourtant
prétendent à beaucoup plus d'efficacité. Ça nous
permettait, entre autres, les réponses à ces questions, de
constater que l'annonce des grappes avait coûté presque 100 000 $.
La seule conférence de presse du 2 décembre 1991, à elle
seule, avait coûté 30 000 $ et l'ensemble des tournées
faites autour des grappes l'an passé en avait coûté 43 000
$. En fait, il s'agit là des réponses aux questions posées
l'an dernier.
Alors, quand on additionne le tout, en fait, on se rend compte que c'est
près de 100 000 $ l'an passé qui ont été
consacrés à la promotion de la campagne que le ministre avait
entamé sur les grappes. Là, il nous dit qu'il nous donnera des
réponses avant la clôture de nos travaux présentement.
C'est d'autant plus important que le cas est assez pathétique,
finalement, ce cas de cette entreprise qui fabriquait dans un domaine qui est
stratégique, puisque son acheteur était la SEBJ
d'Hydro-Québec, et qui a été obligée de fermer son
usine de chargeurs de batteries industrielles avec composantes
électroniques, faute d'avoir l'appui à temps pour le redressement
de l'entreprise. Alors, on y reviendra, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Non, M. le Président, on n'y
reviendra pas.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): On va corriger immédiatement,
parce que je ne peux plus accepter de telles faussetés. C'est rendu au
point où ce ne sont même plus des demi-vérités, ce
que j'entends. Elle a fait allusion aux grappes industrielles lorsqu'on a fait
la conférence de presse. Elle a dit que c'a coûté
près de 30 000 $. La réalisation de l'événement,
c'a coûté 14571 $, mais la production des documents d'appoint
la députée de hochelaga-maisonneuve nous reproche de ne
pas informer la population c'a coûté 15 141 $ pour un total
de 29 712 $.
Alors, il me semble que c'est très raisonnable, une
stratégie qui est acceptée à l'unanimité par tous
les partenaires économiques incluant l'Opposition. La preuve, c'est que,
dans Le Devoir récemment, sous la plume de Lise Bissonnette,
l'éditorialiste, ils ont dit que le document de renouveau, le grand
document de réflexion de l'Opposition, c'était un faible reflet,
au niveau économique, du document du présent gouvernement. Puis,
aux politiques culturelles, ils sont allés encore plus loin, ils ont dit
qu'ils l'avaient calqué.
En ce qui concerne une tournée régionale, là on va
nous reprocher de faire une tournée régionale qui a
coûté 43 236,20 $ pour aller à Québec le 11
février, à Trois-Rivières le 17 février, à
Joliette le 20 février, à Sainte-Marie de Beauce le 19 mars,
à Chicoutimi le 26 mars, à Sherbrooke le 30 mars, à Laval
le 6 avril, à Sainte-Thérèse le 6 avril 2 dans la
même journée à Hull le 9 avril, à
Sept-îles et Baie-Comeau dans la même journée, le 13 avril,
à Rouyn le 16 avril, en présence du député de
l'Opposition, à Saint-Hubert le 27 avril, à
Rivière-du-Loup le 14 mai, à Rimouski le 14 mai, à New
Carlisle puis aux Îles-de-la-Madeleine le 8 mai, un montant réel
de 43 000 $ pour informer la population. Ça comprend le matériel
audiovisuel, ça comprend le café, ça comprend la voiture,
ça comprend l'avion. Je regrette, M. le Président, il n'y a pas
un ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui a senti le
besoin d'être aussi présent en région.
Aujourd'hui, ce que l'Opposition me dit: On n'a pas assez investi dans
les régions avec le Fonds de développement... l'entente
auxiliaire Canada-Québec. Puis, aujourd'hui, on nous reproche d'aller
communiquer. Finalement, M. le Président parce que, là,
c'est assez la députée de Hochelaga-Maisonneuve, ce
qu'elle nous dit, c'est que, à toutes les fois qu'elle a senti le besoin
de communiquer, soit avec le ministère ou avec le cabinet du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, c'était extraordinaire,
qu'elle n'avait jamais vu un cabinet où le service était aussi
exemplaire, puis c'était le reflet de la qualité totale.
Alors, je ne comprends pas ce double discours, parce qu'on est en
commission parlementaire aujourd'hui, puis qu'on sent le besoin de commencer
à critiquer sur des cas isolés. Je le répète, ce
n'est pas parfait. La qualité totale, c'est un objectif. On essaie de
s'améliorer. S'il y a des suggestions constructives, je suis prêt
à les mettre en application demain matin, mais j'aimerais que notre
discussion aujourd'hui soit positive et qu'on commence bien la semaine et qu'on
ne continue pas, au niveau gouvernemental et je vais
généraliser à mobiliser autant de ressources
humaines pour répondre à de telles affirmations qui sont
réellement des demi-vérités, des fausses... Je dirais
même que c'est des fausses représentations. C'est faux, M. le
Président. C'est faux.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme Harel: Je
comprends, monsieur...
Le Président (M. Audet): Alors, ça met fin à
votre enveloppe de temps, Mme la députée, sur ce
programme-là. On m'informe que c'est terminé. Alors, à
moins qu'il y ait consentement ou qu'il y ait eu entente...
Mme Harel: Pourquoi ça serait terminé?
Le Président (M. Audet): Bien, vous disposez d'une
enveloppe de temps de 20 minutes par élément de programme. Alors,
il y a 2 éléments de programme dans le programme 2. En vertu du
règlement, votre enveloppe de temps serait terminée. C'est comme
je vous dis, à moins qu'il y ait eu entente, et, si, à ce
moment-là, il y a consentement pour que vous puissiez poursuivre, moi,
je n'ai pas d'objection. C'est parce que... (11 heures)
Mme Harel: Alors, écoutez, M. le Président, je
pense que, de toute façon, le ministre lui-même vient d'aborder la
question de sa tournée sur les grappes industrielles. On avait
résolu, je crois, ici, au sein de...
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas moi qui l'ai abordé,
M. le Président, c'est la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président (M. Audet): Un instant, là!
Mme Harel: On avait résolu, au sein de la commission, de
convenir que, à la fin de nos travaux, on allait adopter les programmes,
si tant est que vous introduisez le formalisme que vous voulez introduire.
Le Président (M. Audet): Non, non, non.
Mme Harel: Alors, je ne pense pas que ce soit souhaitable.
Le Président (M. Audet): Non, non. Pas du tout, Mme la
députée. C'est que j'ai tout simplement demandé s'il y
avait eu entente. S'il y a eu entente, je n'ai pas de problème, je vais
vous laisser poursuivre, mais, en vertu du règlement, le
président est ici aussi pour appliquer le règlement, tout en
étant assez large selon ce que les membres de la commission souhaitent
pour
poursuivre nos travaux. Mais, moi, je vous dis que, en vertu du
règlement, votre enveloppe de temps sur cet élément de
programme là est terminée. S'il y a consentement pour que vous
poursuiviez, moi, je n'ai pas d'objection, on va vous laisser poursuivre, Mme
la députée.
Est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre là-dessus ou si on
procède tout simplement à l'adoption du programme 2, Soutien
financier aux secteurs manufacturiers, commerciaux et coopératifs et au
développement technologique? Moi, je n'ai pas d'objection.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Harel: C'est l'élément 2, de toute
façon. Le Président (M. Audet): Alors, allez-y.
Mme Harel: Merci. Alors, M. le Président, je comprends
que, dans le discours que le ministre nous tient, il faut devenir
député pour avoir droit à un système qui est
efficace. Malheureusement, en même temps, il nous confirme que la
campagne promotionnelle des grappes a coûté 73 000 $ l'an
dernier.
La question que je lui pose, maintenant: Comment va coûter la
présente tournée qu'il a entreprise, cette tournée qui le
conduit, à tous les lundis et les vendredis, dans diverses villes du
Québec? Est-ce qu'on doit s'attendre à un coût
équivalent à celui occasionné par ses déplacements
l'an dernier?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, ce n'est pas le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui a entrepris une
tournée. C'est l'Ordre des ingénieurs du Québec. Les
ingénieurs du Québec ont décidé de s'impliquer
davantage au niveau du développement technologique dans toutes les
régions du Québec. Donc, son président a
décidé de participer à l'élaboration d'une
tournée. Le leadership, l'initiative ne vient pas du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, c'est l'Ordre des
ingénieurs du Québec.
L'Ordre des ingénieurs s'est associé avec les comptables
agréés, 14 000 personnes qui contribuent également
à inculquer l'importance d'un plan d'affaires, et s'est également
associé avec l'Association des banquiers canadiens, encore 35 000
personnes, qui font, avec l'Ordre des ingénieurs et les comptables
agréés, le tour du Québec. On a invité le ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie pour aller discuter, avec les
partenaires économiques dans toutes les régions du Québec,
la nouvelle stratégie industrielle et surtout le chapitre 5 du livre
«L'entreprise à valeur ajoutée: le modèle
québécois» sur le plan d'affaires et la saine
capitalisation des entreprises, le bilan technologique, le bilan de la
qualité totale, le bilan de l'exportation, et c'est excessivement
positif.
Combien ça va coûter? Sensiblement la même chose que
l'année dernière quand on a fait la tournée
régionale, mais possiblement un peu moins cher étant donné
que l'initiative, la documentation est la responsabilité des partenaires
de la croissance. Il me semble que c'est encore excessivement positif qu'on ait
100 000 personnes qui décident que ce n'est plus par la voie de
subventions ou par la voie de l'interventionnisme. Je pense qu'il faut revenir
sur la terre. Il ne faut pas vivre dans les planètes. Il faut revenir
sur terre et écouter les gens des régions. Ce qu'ils nous
demandent, c'est une présence, c'est de l'information, c'est de
communiquer, ce n'est pas des subventions, et c'est ce que nous faisons. De
plus en plus, les partenaires économiques se prennent en main, et,
lorsque ces partenaires se prennent en main, ils nous font, oui, certaines
représentations et, dans la très grande majorité des cas,
on répond de façon positive aux besoins réels des
entreprises et des entrepreneurs dans toutes les régions du
Québec.
Mme Harel: M. le Président, le ministre nous parle de 100
000 personnes, mais encore faut-il comprendre qu'il s'agit, évidemment,
de 100 000 personnes sur papier. C'est un peu comme les grappes industrielles
du ministre. Encore faut-il comprendre qu'il s'agit, non pas d'une
stratégie avec échéancier, objectifs à atteindre,
à opérationaliser, mais d'une campagne promotionnelle. Les 100
000 personnes sont sur papier, parce que je crois comprendre que, non seulement
ce n'est qu'une poignée d'entre elles qui participent à ces
rencontres, mais, encore là, ça n'est que sur invitation. J'ai
reçu personnellement des téléphones de gens qui se
plaignent de n'avoir pas pu obtenir l'invitation, malgré les contacts
qu'ils ont tenté de faire.
M. Tremblay (Outremont): C'est effrayant. Mme Harel:
Alors, dois-je comprendre... M. Tremblay (Outremont): C'est
effrayant.
Mme Harel: ...que c'est la raison pour laquelle le ministre a
décidé de financer le répertoire des membres de
l'Association des ingénieurs-conseils du Québec? On retrouve
ça dans les renseignements généraux fournis par le
ministère, dans les subventions versées à des organismes
oeuvrant au développement économique du Québec. J'ai
constaté que le seul répertoire de tous les organismes oeuvrant
au développement économique du Québec que le
ministère finance, pour un montant de 10 000 $, c'est le
répertoire des membres de l'Association des ingénieurs-conseils
du Québec, qui a pris l'initiative d'offrir au ministre ses tribunes
régionales. Alors, est-ce que le ministre nous confirme que c'est sur
invitation seulement que ce fait sa tournée?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, encore une fois,
sème un doute comme quoi on ferait une tournée
régionale sur invitation parce qu'on a des choses à cacher. Tous
les députés de l'Opposition sont invités. Il y en a qui
viennent.
Mme Harel: Comment?
M. Tremblay (Outremont): Par lettre, par lettre. Tous les
députés, on vous a fait parvenir une lettre avec les dates de
toutes les interventions. Peut-être que vous pourriez le demander au
député de Drummond, parce que le député de
Drummond, lorsqu'on l'a fait dans son comté, il était
présent, et il y a eu des représentants. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous avez même
envoyé votre attaché politique pour savoir ce qui se passait.
Quelqu'un a dû vous le dire. Alors, ce n'est pas sur invitation. On est
prêt à inviter tous les partenaires économiques. Nous avons
des listes. Depuis des années, ce sont toujours les partenaires
économiques, que ce soit au niveau des chambres de commerce, des
commissaires industriels, les organismes de soutien aux initiatives jeunesse,
les banquiers, les comptables agréés, les ingénieurs, je
pourrais tous les nommer.
C'est évident que, dans une salle, quand on a 200 intervenants ou
150 intervenants, un bureau d'avocats ou de comptables agréés
n'enverra pas tous ses avocats et tout son bureau pour savoir ce qui se passe.
On leur donne beaucoup de documentation, et je dois vous dire que nous faisons
un sondage à la sortie. Nous demandons aux intervenants: Êtes-vous
satisfaits? Ce n'est pas nous qui le faisons, c'est l'Ordre des
ingénieurs du Québec, et oui, c'est très positif.
Je voudrais juste ajouter que l'Ordre des ingénieurs, ce n'est
pas la même chose que les ingénieurs-conseils. Alors, c'est
l'Ordre des ingénieurs qui organise la tournée, et les
ingénieurs-conseils m'ont demandé d'aller, d'en discuter avec
eux, et le 6 mai, donc jeudi prochain, je serai avec les
ingénieurs-conseils pour discuter des grappes industrielles, parce
qu'ils veulent s'impliquer davantage dans cet important défi pour le
Québec.
Mme Harel: Est-ce que le ministre reconnaît que, pour
participer à sa tournée, il fallait d'abord communiquer avec son
cabinet, que le numéro de téléphone et le nom de la
personne à contacter sur les communiqués de presse, au moment de
l'annonce, ceux qui me sont parvenus à moi, étaient le nom d'une
personne qui travaille à son cabinet et un numéro de
téléphone, d'ailleurs, de son cabinet, que dorénavant il
faut le faire directement à l'Ordre des ingénieurs et que c'est
sur invitation que ce fait cette tournée?
M. Tremblay (Outremont): Je pense...
Mme Harel: Parce que les adresses ne sont pas
communiquées, les lieux où ont lieu les rencontres ne sont pas
communiqués, et je comprends que c'est sur invitation seulement. Il faut
se faire confirmer l'invitation. Il faut, à ce moment-là, obtenir
l'invitation pour pouvoir y assister.
M. Tremblay (Outremont): De mémoire, là, parce que
je n'ai pas l'invitation, lorsqu'on a fait l'invitation pour le lancement des
livres «L'atlas industriel du Québec», et
«L'entreprise à valeur ajoutée: le modèle
québécois», c'est évident qu'en bas on a mis des
noms. On a mis un nom d'un représentant du cabinet et un
représentant du ministère parce qu'on demandait aux personnes de
confirmer leur présence. Il me semble que c'est normal qu'on sache
combien de personnes vont venir parce qu'il faut mettre des chaises et il faut
mettre des tables. On ne mettra pas 1000 chaises et 500 tables ou 50 tables
s'il doit y avoir 100 personnes. Alors, ça a été fait dans
ce but-là, et ce n'est certainement pas pour limiter le nombre de
personnes. (11 h 10)
En ce qui concerne la tournée régionale, la tournée
régionale, ce n'est pas nous qui faisons les invitations, c'est l'Ordre
des ingénieurs du Québec qui fait les invitations, par des petits
cartons. Et, au meilleur de ma connaissance, ils collaborent avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Parce que,
nous, on prend nos listes et on les donne à l'Ordre des
ingénieurs du Québec, qui décide d'inviter les personnes.
Si jamais la députée de Hochelaga-Maisonneuve veut nous donner
des noms de personnes à inviter, on va les inviter. II n'y a aucun
prpblème. Plus il va y avoir de monde, mieux ça va être.
Nous n'avons rien à cacher. Au contraire, on véhicule un concept
extraordinaire pour favoriser le développement technologique du
Québec.
Je le rappelle encore, ce n'est plus nous qui le disons, ce sont tous
les partenaires économiques, incluant Lise Bissonnette du Devoir,
qui l'a répété et qui l'a dit, que ce que vous avez
annoncé au niveau économique, c'est un faible reflet, pour
employer exactement ses termes. C'est un faible reflet. Vous avez passé
plus de temps à faire de la sémantique et à changer les
mots qu'à travailler sur le contenu. C'est ça que vous avez fait.
Et, même à ça, vous avez glissé le catalyseur et
vous avez glissé exactement les variables essentielles qu'on fait. Vous
avez changé un petit peu de vocabulaire, parce que vous vouliez
démontrer que vous aviez fait un effort intellectuel pour inventer de
nouvelles choses, alors qu'il n'y a absolument rien. C'est une copie conforme
de ce que le présent gouvernement a mis en place depuis de nombreuses
années. Le défi, ce n'est plus d'inventer de nouvelles choses. Le
défi, c'est de changer la culture des intervenants, les
mentalités, les attitudes et les comportements, et ça devrait
commencer par les représentants du gouvernement.
Mme Harel: M. le Président, j'ai de la difficulté
à comprendre le sentiment de panique qui a l'air d'avoir gagné le
ministre, qui veut absolument faire une sorte d'abus d'interprétation de
F editorial de Mme Bissonnette, en voulant se réserver
l'exclusivité des idées et en prétendant, à tort,
évidemment... Parce qu'il faut lire Mme Bissonnette pour voir à
quel point le reproche
qu'elle fait au gouvernement, c'est de ne pas faire du pareil à
ce que l'Opposition vient de faire, c'est-à-dire offrir des idées
à la population.
Élimination des barrières
interprovinciales
Alors, ceci dit, j'aimerais que le ministre peut-être nous
revienne sur le terrain des problèmes que les gens rencontrent
maintenant, pas de l'entreprise dans 10 ans, mais de l'entreprise d'aujourd'hui
et du problème des travailleurs et des entreprises d'aujourd'hui. Et
j'aimerais aborder avec lui la question des barrières interprovinciales.
Évidemment, la question a été relancée... On
pensait que tout allait bien avec ce que le ministre avait pu m'en dire au
moment des crédits supplémentaires, lors de la commission
à l'Assemblée. On avait l'impression que c'était parti
pour s'étudier dans le calme et la convivialité, mais on se rend
compte, avec les interventions du Nouveau-Brunswick, que ça s'est remis
à brasser fort. Alors, j'aimerais que le ministre puisse nous faire le
point sur cette question-là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
Mme Harel: Est-ce qu'il va accepter l'intervention du ministre du
Travail, offerte par M. Denis, comme arbitre dans le dossier?
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président.
Le gouvernement du Québec et l'Opposition également ont
toujours été des ardents défenseurs de
l'élimination des barrières. C'est la raison pour laquelle
l'Opposition, à quelques modalités près, a toujours
favorisé un traité de libre-échange avec les
États-Unis et un traité de libre-échange avec le Mexique.
L'aberration canadienne, c'est qu'on donne accès à nos
marchés à des Américains, à des Européens,
à des Asiatiques, alors qu'entre nous, au Canada, on n'a pas
éliminé les barrières interprovinciales.
Le gouvernement du Québec est préparé, est
structuré, est transparent, est prêt à négocier
l'élimination des barrières interprovinciales. La preuve, c'est
qu'il y a 2 ententes qui ont éliminé les barrières
interprovinciales. La première, sur la bière, a été
signée le 1er juillet 1992, et il y a certaines provinces qui n'ont pas
encore signé cette entente. Deuxièmement, on a signé une
entente le 1er avril 1991 sur les marchés publics pour les biens qui
sont achetés par les ministères dont le budget est voté
à Assemblée nationale et qui sont pour 25 000 $ et plus. Le
gouvernement a mis en place tous les moyens nécessaires pour assurer la
réalisation de ces 2 ententes.
D'autres provinces n'ont pas encore donné suite à
l'élimination des barrières interprovinciales dans ce secteur
également. C'est la raison pour laquelle le gouvernement du
Québec a convenu, au mois de mars, avec tous les ministres
représentant le gouvernement fédéral, les gouvernements
provinciaux et les 2 territoires, qu'il n'y aurait pas de nouvelles
barrières interprovinciales de créées jusqu'à temps
qu'on s'entende sur l'élimination des barrières interprovinciales
et qu'au lieu d'y aller par secteur, à la pièce si vous voulez,
nous éliminerions les barrières dans une approche globale. C'est
la raison pour laquelle le Conseil des ministres et le Secrétariat au
développement économique ont coordonné les
activités dans 12 secteurs donnés, et nous sommes prêts, le
6 et le 7 juin prochains, à Vancouver, de convenir des sujets qui vont
faire partie d'une discussion pour que, de façon globale, nous puissions
éliminer les barrières interprovinciales le plus rapidement
possible.
Le différend avec le Nouveau-Brunswick existe depuis de
nombreuses années. Il existe, d'ailleurs, au Québec, parce qu'un
travailleur de Montréal ne peut pas travailler à Sept-îles
s'il y a une disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée à
Sept-îles. Ce qui se passe présentement, c'est que... Avant la
décision du Nouveau-Brunswick, un entrepreneur du Québec pouvait
avoir un contrat au Nouveau-Brunswick et respecter ce contrat en retenant les
services d'une main-d'oeuvre québécoise, avec la
conséquence que, à cause du taux de chômage
élevé de la main-d'oeuvre au Nouveau-Brunswick et
également au Québec, il commençait à y avoir
certains problèmes sociaux au Nouveau-Brunswick. Parce que nous n'avons
pas encore convenu d'une entente bilatérale avec le Nouveau-Brunswick,
le Nouveau-Brunswick a décidé, à la suite de rencontres
entre les 2 ministres responsables du travail, le ministre du Québec et
le ministre du Nouveau-Brunswick, entre l'Office de la construction du
Québec et l'Office de la construction du Nouveau-Brunswick, d'appliquer
les mêmes règles du jeu au Nouveau-Brunswick que nous avons au
Québec. Je peux comprendre le Nouveau-Brunswick. Ça ne veut pas
dire que j'accepte cette position, mais je peux comprendre le
Nouveau-Brunswick.
Nous sommes en discussion, les ministres du Travail et les
représentants des offices de construction, pour trouver un terrain
d'entente pour éliminer, si c'est possible, les barrières
interprovinciales uniquement, dans un premier temps, dans le secteur de la
construction. Il y a eu également une rencontre préparatoire
hier, à Ottawa, sur les négociations qui vont avoir lieu le 6 et
le 7 juin, à Vancouver. C'est un dossier d'actualité, et le
Nouveau-Brunswick a cru bon d'appliquer les mêmes règles du jeu
sur son territoire que nous appliquons au Québec. C'est un dossier
excessivement complexe, et nous espérons en arriver, dans un premier
temps, à une entente bilatérale le plus rapidement possible,
parce que nous sommes bien conscients que ça peut causer des
préjudices sérieux à certaines entreprises
québécoises qui transigent avec le Nouveau-Brunswick depuis un
certain nombre d'années.
Mme Harel: Dans la comparaison que le ministre a faite entre le
libre-échange, l'ALENA qui vient et ce qui se passe au niveau
interprovincial, faut-il comprendre que le ministre confond les deux? Parce
que, dans le cas du libre-échange, il ne s'agit que du
libre-échange de capitaux et non pas de main-d'oeuvre. Ce dont le
ministre nous parle, au niveau de la levée des barrières
interprovinciales, c'est donc, à ce moment-là, d'une
mobilité complète des personnes, qui n'existe pas dans le
libre-échange nord-américain, d'une mobilité
complète de la main-d'oeuvre et des personnes. Alors, ça, c'est
d'autre chose dont il nous parle. Faut-il comprendre que, en principe, il est
plus prêt à défendre les contrôles de mobilité
de main-d'oeuvre?
M. Tremblay (Outremont): Nous essayons, dans la mesure du
possible, de donner suite aux engagements des premiers ministres, en 1986, qui,
à une conférence des premiers ministres, ont convenu
d'éliminer, pour le mois de mars 1995, les barrières
interprovinciales pour favoriser la libre circulation des personnes, des biens,
des services et des capitaux. (11 h 20)
Mme Harel: Alors, ça veut donc dire la levée, par
exemple, des politiques protectionnistes québécoises en
matière de main-d'oeuvre, de priorité aux travailleurs
québécois sur les chantiers de construction.
M. Tremblay (Outremont): Nous n'avons pas convenu encore des
secteurs qui vont faire partie de la négociation. C'est le but de la
rencontre des 6 et 7 juin prochains, à Vancouver. Nous devons nous
entendre sur les sujets qui vont faire partie d'une négociation. Le
gouvernement du Québec est prêt à étudier les
possibilités de favoriser la libre circulation des biens, des services,
des capitaux et des personnes, en autant que les autres provinces soient
également d'accord. Nous ne pouvons pas répondre à cette
question aujourd'hui parce que nous ne connaissons pas la liste des sujets que
les autres provinces veulent discuter. Alors, on ne veut plus y aller à
la pièce. On privilégie une approche globale, sinon nous ne
pourrons pas répondre au mandat qui nous a été
donné par les premiers ministres.
Donc, nous avons convenu que, avant le 30 juin 1994, nous nous
entendrions sur les sujets à discuter. Est-ce que la construction va
faire partie de ces sujets? Nous le verrons lors de la rencontre à
Vancouver. Du 1er juillet 1993 au 30 juin 1994, on doit négocier,
s'entendre. Donc, c'est possible, par la suite, même, dans ces
négociations, si la construction faisait partie d'un sujet, qu'on ne
s'entende pas. À ce moment-là, au moins, on aura convenu d'en
discuter et de ne pas s'entendre. Si jamais on s'entendait sur d'autres sujets,
ça implique que, du 1er juillet 1994 au 30 juin 1995, il faudra revoir
la réglementation, la législation pour éliminer ces
barrières le plus rapidement possible.
Mme Harel: Alors, faut-il comprendre que, dans le décret
gouvernemental de la construction, qui doit être reconduit incessamment,
ce décret ne tiendra pas compte encore de ce qui n'est pas
décidé et reconduira la priorité d'embauché aux
travailleurs québécois dans les chantiers de construction au
Québec?
M. Tremblay (Outremont): Je pense que ça serait
prématuré de répondre à cette question, parce que
je n'ai pas l'intention de rendre publique la stratégie de
négociation du gouvernement du Québec. On n'a pas, à ma
connaissance, ou on ne connaît pas encore la stratégie de
négociation des autres provinces. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on est
prêt, nous, à négocier ce que les autres provinces sont
prêtes à négocier. Alors, à ce moment-là, on
évaluera les conséquences des décisions que nous avons
à prendre. Je répète que c'est un sujet
d'actualité, et les ministres du Travail et les représentants des
différents offices de la construction se parlent et échangent,
pour le moment, beaucoup d'informations sur ce sujet bien particulier. Les
fonctionnaires se sont rencontrés hier, à Ottawa, pour
préparer cette rencontre des 6 et 7 juin prochains, à
Vancouver.
Mme Harel: Et le ministre...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, Mme la
députée. En vertu de la règle de l'alternance, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata voudrait intervenir sur
le même sujet. Après, on reviendra à l'Opposition avec une
intervention du député de Drummond. On poursuivra par la
suite.
Mme Harel: Sur le même sujet...
Le Président (M. Bordeleau): Sur le même sujet.
Mme Harel: On va entendre Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata, et je voudrais, également, sur le
même sujet, compléter, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais je reviendrai avec
une intervention du député de Drummond, qui a demandé la
parole, et on reviendra ensuite à vos interventions sur le même
sujet. Alors, je laisse la parole à la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, merci, M. le Président.
J'aimerais intervenir à ce point-ci sur le dossier,
effectivement, des barrières interprovinciales pour rappeler
l'importance que, dans ma région, on a sur ce dossier. Parce que, si on
regarde les échanges économiques qu'il y a entre le Québec
et le Nouveau-Brunswick, on parle du comté de Bonaventure, on parle du
comté de Rimouski, on parle de Kamouraska-Témiscouata, on parle
de Rivière-du-Loup, on parle de Montmagny-L'Islet, où il y a
vraiment une interdépendance depuis nombre d'années. C'est
historique, puisque les gens qui habitaient le long du fleuve sont allés
travailler au Nouveau-Brunswick et, ensuite, ont peuplé les
régions frontalières. Donc, ce sont des liens qui sont
très étroits entre la partie nord-ouest du Nouveau-Brunswick et
toute la région du Bas-Saint-Laurent, la Côte-Sud,
Bas-Saint-LaurentGaspésie.
Quand on parle de barrières interprovinciales et qu'on parle du
domaine de la construction, c'est sûr que c'est important, et la
décision du gouvernement du Nouveau-Brunswick, dernièrement,
d'éliminer, si on veut, les entrepreneurs québécois de la
possibilité de compétitionner sur des contrats gouvernementaux,
ça
affecte énormément de gens dans la région. Mais la
construction, c'est un domaine bien précis où on sait que, au
Québec, on a des bassins régionaux, on a des lois qui sont bien
strictes, et tant la partie patronale que la partie syndicale surveillent le
dossier de très près et de façon spéciale ces
temps-ci.
Mais je voudrais aussi faire remarquer à la commission, M. le
Président, que c'est aussi un dossier important, non seulement dans le
domaine de la construction, mais aussi au niveau forestier, parce que, compte
tenu des lois et des tarifs chargés, par exemple, par la CSST du
Nouveau-Brunswick et des États-Unis, nombreux sont les travailleurs
forestiers qui sont devenus des entrepreneurs forestiers pour pouvoir
travailler là-bas à des tarifs de la CSST, des indemnités
moins élevées que ceux qui étaient chargés par les
États-Unis, par le Maine en particulier, et par le
Nouveau-Brunswick.
Donc, au fil des années, on s'est retrouvés avec beaucoup
de travailleurs forestiers qui ont investi dans des machines
sophistiquées. Ils ont été aidés par les caisses
populaires des différentes municipalités frontalières pour
acquérir ces équipements-là, qui coûtent entre 500
000 $ et 1 000 000 $, pour pouvoir travailler au Nouveau-Brunswick et au Maine,
ce qui fait que, maintenant, ils sont des entrepreneurs en bonne et due forme
dans cette province. Par le fait même, quand on parle d'entrepreneurs,
bien sûr, on n'est pas loin de la construction tout en n'étant pas
directement reliés à ça.
Compte tenu du chômage qu'il y a, effectivement, au
Nouveau-Brunswick et de la volonté des gens du Nouveau-Brunswick
maintenant de se prendre en main, on sait que le premier ministre en
tête, M. McKenna, est très agressif maintenant dans sa
volonté d'aller chercher des entreprises. On sait qu'à
Edmundston, par exemple, qui est juste à côté de mon
comté, Unitel vient de s'installer. On vient d'avoir une entreprise,
là, qui devait venir s'installer au Québec et qui est rendue
là-bas. Alors, le Nouveau-Brunswick a décidé de se prendre
en main, et un des points, un des arguments qu'ils utilisent beaucoup, c'est de
dire: Nous vous invitons à venir chez nous... Le premier ministre en
tête répond aux appels. Ils sont très agressifs. Ils font
le tour du monde et sans avoir à répondre, en commission
parlementaire, des détails et des coûts des différents
voyages, de l'investissement qu'ils font, parce que les gens ont compris qu'il
faut que ça coûte des sous pour voyager pour aller chercher nos
investisseurs. Alors, on ne se retrouve pas en commission parlementaire comme
ici à débattre des frais de voyage du ministre et des
différents partenaires qui font le tour du Québec. Loin de
là leur préoccupation. Ils sont là et ils investissent
pour aller chercher des entreprises. Un des arguments qu'ils ont entre les
mains, c'est de dire que le Nouveau-Brunswick est la seule province
officiellement bilingue au Canada. Alors, ils partent avec ça, avec un
argument important.
Donc, je suis heureuse de constater ce que le gouvernement est en train
de faire au niveau de la langue et des ouvertures, parce qu'il faut s'ouvrir
sur l'international et il faut parler de la langue à ce moment- ci. Le
Conseil général du Parti libéral, en fin de semaine, je
pense, a fait des ouvertures pour démontrer, effectivement, qu'on n'est
pas seuls au monde et qu'on doit s'ouvrir, et, si on veut qu'il y ait des
investissements qui viennent, et particulièrement des pays asiatiques,
il faut pouvoir leur offrir une stabilité. Et le dossier de la langue,
pour nous, est très important.
Je reviens au Nouveau-Brunswick parce que c'est la seule province
officiellement bilingue, et ils s'en servent comme argument de poids pour
sécuriser les investisseurs. Alors, dans ce sens-là, il faut
quand même féliciter le Nouveau-Brunswick d'être aussi clair
à ce niveau-là et d'être agressif, et j'espère qu'en
commission parlementaire, dans l'avenir, on ne se retrouvera pas à
analyser les frais de voyage de différents ministres ou hauts
fonctionnaires du gouvernement du Québec qui font de la prospection
à l'étranger parce qu'on viendrait peut-être faire rire un
peu de nous par les gens du Nouveau-Brunswick, province plus pauvre, mais qui a
décidé de se prendre en main.
Alors, ils établissent des politiques de développement
industriel comme on a fait, et j'étais heureuse de constater que le
manifeste du Parti québécois, de façon très
symbolique, soulève certains points...
Mme Harel: M. le Président.
Mme Dionne: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
terminé mon intervention.
Mme Harel: M. le Président, question de règlement,
là. On est dans les crédits. Si Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata... Je ne sais pas si j'ai bien compris qu'elle
souhaiterait, à l'instar du Nouveau-Brunswick, que le Québec
devienne une province officiellement bilingue, mais, quoi qu'il en soit, ce
n'est pas de ça qu'il est question ce matin. Alors, je vous inviterais
à revenir aux crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
Mme Dionne: Alors, M. le Président, je vais...
Le Président (M. Bordeleau): L'intervention de la
députée de Kamouraska-Témiscouata est reliée
à la question des barrières tarifaires, et je vous demanderais de
poursuivre.
Mme Dionne: M. le Président, effectivement, je soulignais
un point. Je ne sais pas si ça a agacé la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, mais, en tout cas, pour le Nouveau-Brunswick, c'est
leur façon de travailler.
Mme Harel: M. le Président, je regrette. Je pense qu'on ne
doit pas présumer, mais ce qui m'agace présentement, c'est
d'assister à une intervention qui ne porte pas sur le sujet pour lequel
nous sommes ici convoqués.
Mme Dionne: Alors, M. le Président, je vais continuer
sur...
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Je vous demanderais de
poursuivre. (11 h 30)
Mme Dionne: Sur les barrières tarifaires, le point que je
voulais faire, c'est que, effectivement, ce dossier-là est très
important. Il l'est dans le domaine de la construction. C'est un dossier qui
touche ma région et qui touche le Nouveau-Brunswick, le nord-ouest du
Nouveau-Brunswick, qui est francophone, et les gens, je pense, les plus
dynamiques, dans le moment, au niveau du développement économique
du Nouveau-Brunswick, sont francophones.
Je tiens à dire, M. le Président, que le message du
ministre est très important. Il a été
véhiculé tant au Nouveau-Brunswick qu'au Québec, et
j'espère que, lors de la rencontre de Vancouver, nous pourrons
peut-être consolider et corriger certains problèmes qu'on a entre
les 2 provinces, parce que les échanges sont très importants. Ils
sont financés, ils sont économiques. Et Ed-mundston
reçoit, au niveau commercial, beaucoup d'argent du Québec, comme
beaucoup de travailleurs du Québec profitent des forêts du
Nouveau-Brunswick. J'ose espérer que ce dossier-là
connaîtra un aboutissement dans les meilleurs délais, puisque
c'est important pour notre région. C'est une partie de la survie de
toute la région, en partant, je dirais, de Montmagny-L'Islet à
aller jusqu'en Gaspésie.
Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Une intervention, M. le
ministre? Non? Alors, je laisse la parole maintenant au député de
Drummond, qui avait demandé la parole. Sur le même sujet, M. le
député?
M. St-Roch: Oui, sur le même sujet, M. le Président.
Est-ce que M. le ministre ne reconnaît pas... Ne reconnaît-il pas
que l'OCDE, l'année dernière, dans son intervention dans les
perspectives économiques du Canada et du Québec, mentionnait
qu'un des plus grands freins au développement présent et futur du
Canada, et dans le but de garder ses acquis, c'était justement ses
barrières tarifaires qui existaient ici concernant la libre circulation
des personnes, des biens, des capitaux et des services? Est-ce que M. le
ministre ne reconnaîtrait pas que, le 7 juillet 1992, dans l'annonce de
ce grand consensus qui avait lieu avec 9 gouvernements et le gouvernement
fédéral, dans un but de renouveler une certaine constitution
canadienne, la pierre d'achoppement a été la question 6, puis que
le seul consensus qu'on a pu faire, c'est de dire: On va reporter à une
date ultérieur? Est-ce que M. le ministre ne reconnaîtrait pas
que, dans l'entente constitutionnelle de Charlottetown, encore là, on a
repris exactement au même point, au point 6, la même... Les
premiers ministres ne se sont pas entendus, n'ont pas réussi à
s'entendre sur la libre circulation des biens et des capitaux des personnes et
des services.
Puis ça, je pense qu'on touche ici, là, à un des
nerfs futurs du développement économique du Québec.
Ça va se jouer dans les années avec la libéralisation
Nord-Sud, mais il faut regarder, aussi, Est-Ouest. Puis, pour aller dans
le souhait de Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata, M.
le ministre, ne croyez-vous pas, devant l'importance d'un sujet comme
celui-là, qu'il devrait y avoir au moins une déclaration
ministérielle ou que la commission soit saisie, non pas de la
stratégie de négociation du gouvernement du Québec puis du
ministère de l'Industrie et du Commerce et des autres ministères
affectés, mais des grands points que le Québec veut
négocier à Vancouver?
Je pense que c'est un sujet qui est fondamental pour nous, ici, les
Québécois et Québécoises, puis pas juste dans les
régions périphériques des autres provinces, mais aussi
dans les régions comme la mienne où il y a beaucoup de biens et
de services qui sont exportés. Mais, moi, je peux vous dire une chose,
c'était beaucoup plus facile pour moi, lorsque j'étais dans le
privé, d'exporter aux Etats-Unis ou en Asie que d'aller faire du
commerce, d'essayer de transporter des marchandises, par exemple, à
Vancouver. Alors, est-ce que M. le ministre peut prendre l'engagement de dire:
Bon, bien, avant d'aller à Vancouver, on publiera les champs
d'activité où on va intervenir et où on veut qu'il y ait
des négociations, dans les intérêts supérieurs du
Québec?
M. Tremblay (Outremont): Une des raisons identifiées par
les différents intervenants qui explique pourquoi les ministres du
Commerce intérieur n'ont pas pu s'entendre, c'est principalement parce
qu'on y allait à la pièce et non pas avec une approche plus
globale. Donc, à la dernière rencontre des ministres du Commerce
intérieur, ils ont adopté et ratifié par la suite, par les
différents gouvernements, par les conseils des ministres, qu'on
tenterait d'éliminer les barrières interprovinciales dans une
approche globale.
Par la suite, les différentes provinces, le gouvernement
fédéral et les 2 territoires doivent convenir des sujets qui vont
faire partie de la négociation globale. Le Québec a
identifié certains sujets par le biais du Secrétariat du
développement économique et les différents
ministères impliqués. Nous avons notre liste. Nous sommes
préparés, structurés, transparents, prêts à
en discuter. Cette liste doit être vérifiée avec la liste
des autres provinces et/ou des territoires pour qu'on convienne des sujets qui
seront discutés.
Les 6 et le 7 juin prochains à Vancouver, les ministres
resposables du Commerce intérieur des gouvernements
fédéral et provinciaux et des territoires se rencontrent, et,
à la suite de ces rencontres, un communiqué est toujours
émis identifiant de façon très claire les sujets de
discussions et/ou les ententes qui ont été convenues entre les
parties. Ce qui a un peu déçu le gouvernement du Québec
dans l'approche du Nouveau-Brunswick, c'est le fait qu'on avait convenu d'un
moratoire dans tous les sujets qui n'avaient pas déjà
été négociés. Donc, dans le secteur de la
construction, on avait convenu qu'on n'éliminerait pas de nouvelles
barrières, alors qu'on veut tenter de les éliminer.
Ceci dit, les 6 et 7 juin, les secteurs qui vont faire partie de la
négociation vont être publicises et, du 1er
juillet 1993 au 30 juin 1994, donc pendant une période de 1 an,
on va négocier et on va consulter, ce qu'on fait
régulièrement. On ne peut pas penser, par exemple,
d'éliminer les barrières interprovinciales dans le secteur de la
construction sans en discuter avec les partenaires, les représentants
des travailleurs et des travailleuses, les dirigeants d'entreprises et,
principalement, les représentants des zones frontalières, comme
la députée de Kamouraska-Témiscouata. Pourquoi c'est
important? C'est parce que c'est mon adjointe parlementaire. Elle est
très sensibilisée par les gens de sa région à
l'importance de ces barrières. Elle a déjà fait de
nombreuses représentations au niveau du ministre du Travail et
également au niveau du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. C'est évident qu'on va la consulter.
Alors, lorsqu'on se sera entendu sur ces sujets, je pense que la
suggestion du député de Drummond, c'est une bonne suggestion. Je
ne dis pas qu'on veut faire une commission parlementaire pour discuter de ces
sujets-là, par contre, on est ouvert à toutes les suggestions,
les discussions, à rencontrer les personnes qui ont une contribution. Et
le modèle de négociation que nous avons adopté, c'est le
même modèle que l'Accord de libre-échange avec le Mexique.
On n'a pas inventé un nouveau modèle et on s'est entendu sur la
même dynamique. Si on a pu convenir d'une entente, soit avec les
États-Unis et avec le Mexique, on pense qu'on peut s'entendre d'une
même façon, et l'Opposition a toujours eu la possibilité de
faire valoir des arguments pour bonifier la position gouvernementale.
M. St-Roch: Vous allez comprendre, M. le ministre en
conclusion, M. le Président mes craintes, parce que, là,
ce que je regarde, moi, dans une autre négociation, celle de
Charlottetown, on connaissait très bien les prérequis de base.
Puis, là, ce que je regarde, ce qui a été les
résultats finals, ça m'a amené à prendre des
décisions.
Alors, moi, je suis drôlement inquiet, ce matin, en sachant qu'on
va aller négocier quelque chose qui est, quant à moi, le
fondement même du développement économique, culturel,
social du Québec et du Canada et qu'on ne connaît même pas
la position de base du Québec, puis on arrivera avec un
échéancier qui aura eu un accord parmi 11 gouvernements.
Alors, moi, je suis sceptique, puis je suis suspect. J'aimerais, moi,
connaître la position du Québec, de dire: Nous, le Québec,
voici les points qu'on va aller essayer d'avoir inclus dans l'accord.
Après ça, on verra ce qu'il restera et on sera en mesure
d'évaluer si on a eu des gains, des acquis ou si on se ramasse encore
avec rien, puis accepter un document qui nous aura pratiquement
été imposé par 10 autres gouvernements.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, le
député de Drummond a raison, mais je pense que c'est
prématuré, aujourd'hui, de répondre à cette
question-là, parce qu'on n'est pas pour dévoiler la liste des
sujets qu'on est prêt à discuter, alors qu'on ne connaît pas
la liste des autres provinces. C'est le but de la rencontre le 6 et le 7
à Vancouver. C'est un processus transparent, et tout ce qu'on
espère, c'est que, si on s'entend sur des sujets à discuter, les
autres provinces soient aussi préparées, aussi structurées
puis aussi transparentes que le Québec pour qu'on puisse convenir de
l'élimination des barrières interprovinciales le plus rapidement
possible.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. (11 h 40)
Mme Harel: M. le Président, je comprends que mon
collègue, le député de Lévis, qui est parmi nous,
aimerait aborder, avant de nous quitter à midi, le dossier de MIL.
Alors, je vous demanderais d'appeler cet élément de
programme.
Il y a peut-être juste un élément, auparavant,
compte tenu de l'échange qu'il vient d'y avoir entre le ministre et le
député de Drummond. J'aimerais rappeler que, dans l'entente de
libre-échange, c'est la libre circulation des biens et des services,
mais pas des personnes. À ce que je sache, là, essayez d'aller
travailler dans la construction aux États-Unis si vous n'êtes pas
membre des unions internationales, ou imaginez-vous un Mexicain qui voudrait
aller travailler dans n'importe quel secteur... On n'est pas dans le
Marché commun européen, là, on est dans un
libre-échange centré sur des capitaux, et non pas sur des
personnes, et centrés sur la libre circulation des biens et des
services. Alors, c'est d'autre chose dont on nous parle, et c'est assez
inquiétant que, finalement, on n'ait pas l'impression que le
gouvernement sache où il s'en va.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Juste pour bien clarifier, parce que je
pense que, cette question de la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
elle est très pertinente. On reconnaît qu'il y a une
différence entre le résultat des ententes avec les
États-Unis et le Mexique et ce qui pourrait être discuté.
Et je dis bien ce qui pourrait être discuté. On n'en a pas convenu
encore. Le principe, c'est d'assurer une plus grande mobilité de la
main-d'oeuvre ou des personnes au Canada et, également,
l'élimination des barrières interprovinciales dans les autres
secteurs.
Quand on entend là, je pense que ça peut être
intéressant qu'on le ventile, très brièvement de
l'Association des manufacturiers du Canada qu'il y a plus de 500
barrières au commerce interprovincial qui engendrent des coûts de
6 500 000 000 $... On a demandé, à plusieurs reprises, à
l'Association des manufacturiers du Canada et du Québec, qui reprend ces
mêmes chiffres: Pouvez-vous nous dire où vous avez pris vos
chiffres? Quelles sont vos hypothèses de travail? Elles sont
essentiellement celles-ci. On nous dit que les échanges de biens entre
les provinces totalisent 100 000 000 000 $. Si les provinces ont mis en place
un avantage pour les
fabricants d'une province de 10 % du coût, on a dit: S'il y avait,
à cause de ce 10 %, 5 %, donc la moitié du 10 %, qui était
de la non-productivité, ça fera 5 000 000 000 $. on a
ajouté à ça 1 000 000 000 $ pour l'agriculture. on fait
l'hypothèse que les réglementations qui existent, ou les
contingentements, ou la gestion de l'offre qui existe dans le secteur de
l'agriculture, ça représenterait des coûts de
non-productivité de 1 000 000 000 $, et on a dit: la bière. la
bière, c'est 500 000 000 $. c'est ça qui fait les 6 500 000 000
$.
Alors, on a réglé la bière. L'agriculture, si
ça ne se règle pas entre les provinces, ça va se
régler au niveau multilatéral à travers le monde. Alors,
les 5 000 000 000 $ ne comprennent pas la mobilité de la main-d'oeuvre.
Pourquoi? Parce que ce n'est pas nécessairement un coût de
non-productivité, le fait qu'on emploie un travailleur plutôt
qu'un autre. Ça ne créera pas de la richesse d'employer un
travailleur, mettons, du Nouveau-Brunswick au Québec et du Québec
au Nouveau-Brunswick, alors qu'on a des travailleurs sûrement
compétents dans les 2 provinces. Donc, c'est plus un irritant qu'autre
chose. est-ce que le québec est prêt à remettre en question
toute la réglementation qui a favorisé le développement de
l'industrie de la construction dans un contexte où on a 60 % de
chômage dans certaines régions du québec? c'est un gros
point d'interrogation. tout ce qu'on dit, c'est qu'on ne le fera pas en vase
clos. on est prêt à regarder, avec le nouveau-brunswick, des
solutions où il pourrait y avoir une mobilité peut-être
plus grande des travailleurs et des travailleuses, mais on n'en est même
pas rendu là.
Alors, je vous ai donné les chiffres pour vous donner
l'état d'esprit des personnes qui négocient autour de la table,
et le 6 et le 7, on va voir quel est le sérieux des autres provinces. Si
je me fie à l'intervention du député de Drummond, c'est
vrai que les premiers ministres ont essayé, dans l'entente de
Charlottetown, de s'entendre sur un libre-échange des
considérations économiques, et ça a été
très, très, très difficile. Même le Québec
s'est objecté sur le principe de judiciariser les règlements des
différends qui pourraient intervenir.
Alors, c'est complexe comme dossier. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'on n'a pas l'intention de prendre des décisions qui peuvent affecter
des secteurs très importants pour le Québec, mais il faut prendre
en considération d'autres représentations qui sont faites, entre
autres, par la députée de Kamouraska-Témiscouata et
d'autres qui ont des entrepreneurs, des travailleurs sur une zone
frontalière où il n'y a pas assez de mobilité. On a
même essayé d'avoir une entente plus sectorielle pour certaines
zones frontalières sans nécessairement l'ouvrir au Québec,
mais on sait très bien que, dans le secteur de la construction, un
travailleur de Montréal ne peut même pas aller travailler à
Sept-Iles si, à Sept-Iles, 11y a une disponibilité de la
main-d'oeuvre.
Alors, attendons le 6 et le 7 à Vancouver. Nous allons
émettre un communiqué, et, par la suite, il y aura des
négociations et les intervenants pourront nous faire part de leurs
représentations pour bonifier la position du
Québec. Je conviens qu'on doit en parler avec les personnes qui
seraient appelées à être affectées par une
élimination des barrières interprovinciales, mais, sur le
principe, le Québec est d'accord. Sur les modalités, c'est
ça qu'il faut négocier.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
Soutien aux sociétés et organismes
d'État Aide à la construction navale
Suite à la demande du député de Lévis, nous
allons procéder, disons, avec son intervention dans le cadre du
programme 3, à l'élément 4, Aide à la construction
navale. Alors, je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis. Vous avez 20 minutes.
Chantier maritime de la MIL Davie
M. Garon: M. le Président, je voudrais tout d'abord
remercier ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve de me donner une partie
de son temps pour poser des questions pour les chantiers maritimes.
malheureusement, aujourd'hui, il y a juste 1 chantier au québec, alors
que, il y a quelques années, il y en avait 3 et que traditionnellement,
au québec, si on regarde l'histoire des chantiers maritimes au
québec, plus de 50 % des travailleurs des chantiers maritimes au canada
étaient au québec, et les gouvernements, au cours des
dernières années, se sont organisés pour amenuiser ce
secteur-là. aujourd'hui, il n'y a qu'un seul chantier maritime
d'importance majeure, à lévis. et j'ai été surpris
de constater, dans votre approche des grappes industrielles, qu'il n'y a rien
concernant le secteur maritime. alors qu'on est traversé par la
saint-laurent, alors que le saint-laurent est la plus grande voie de
pénétration du continent nord-américain, le maritime a
l'air d'être complètement absent de l'industrie et du
commerce.
Je comprends qu'il y a des gens au ministère qui ont toujours
considéré le secteur maritime comme un secteur folklorique, sauf
qu'ils seraient peut-être mieux de regarder ce qui se passe dans les pays
qui marchent. Ils se rendraient compte que le premier pays au monde pour la
construction maritime, c'est le Japon, qui est le premier dans d'autres plans
aussi. Le deuxième, c'est l'Allemagne et, ensuite, la Corée. Et
on remarquera, aujourd'hui, que ce sont des pays qui sont des pays d'avenir, ce
ne sont pas des pays qui vivent dans le passé, et que, au contraire, les
pays qui sont faibles dans le maritime sont des pays qui sont faibles dans le
reste également.
Si on regarde la revue Fairplay, par exemple la revue
Fairplay, spécialisée dans le domaine maritime du
mois de juillet 1992 et du mois de janvier 1993, vous verrez à quel
point le Canada a l'air d'un imbécile là-dessus, en juillet 1992
il est même en bas de l'Autriche, qui n'a même pas de
fenêtre sur la
mer en termes de construction navale, puisqu'il y avait, en
construction, au total, en juillet 1992, au Canada, 1200 tonnes, alors qu'il y
en avait au-dessus de 20 000 000 de tonnes au Japon, sur 70 000 000 de tonnes
dans le monde. Et on voit encore que, en janvier c'était
au-dessus de quelque 60 000 000 de tonnes qui étaient en construction
le Canada avait disparu de la liste, à toutes fins pratiques.
Même les pays sous-développés les plus pauvres au monde
sont en avant du Canada. Alors qu'on exporte 50 % de notre production et qu'on
importe 50 % de notre consommation et qu'on est un des pays qui fait sans doute
le plus de transport maritime, on n'a aucune politique maritime au Canada.
Même le blé qu'on donne à l'étranger, on le donne
transporté par des bateaux étrangers, alors que, aux
États-Unis, au moins ils font transporter ça par les bateaux
américains, avec le Cargo Preference Act, ou encore d'autres mesures aux
États-Unis qui font en sorte qu'il y a des retombées
économiques dans le secteur maritime.
Je ne sais pas si ça vous a été dit, à votre
ministère, parce que, à ce moment-là, on était en
concurrence avec Marine, et on n'avait pas beaucoup la faveur du
ministère de l'Industrie et du Commerce... Ce n'était pas leur
chantier, Lauzon, mais malgré ça, en compétition avec tous
les chantiers d'Amérique du Nord, le chantier de Lauzon a fait 13
plates-formes de forage en haute mer pour le Texas dont la plus petite
coûtait 75 000 000 $. Ce n'était pas des brimbales, là.
Ça, c'était en compétition avec tous les chantiers. Tout
le monde pouvait soumissionner. Le Texas n'avait pas de cadeau à nous
faire. Ce n'était pas subventionné, en plus. Alors, on
était capable de concurrencer. (11 h 50)
On a eu des travaux, dans les dernières années, à
cause de la conjoncture, ne nous contons pas d'histoires, là. On a
hérité, au fond, de la frégate et demie de Vic-kers et de
la frégate et demie de Marine. Ce n'est pas parce qu'on l'avait eu. Ce
n'est pas nous autres qui l'avait eu. On soumissionnait, nous autres, avec
Pratt & Whitney, à Lauzon, et Saint John, lui, avec Vickers et
Marine. On sait que ce n'est pas les soumissions qui ont joué.
D'ailleurs, je pense bien que le prix de fabrication, aujourd'hui, avec les
prix qui étaient discutés dans le temps, c'est le jour et la
nuit. Pourquoi? Parce que le ministère de la Défense n'avait pas
fait de bateau depuis 40 ans et qu'on a vu que le prototype avait
demandé plus de 45 000 changements.
Sauf que, parce que Vickers a eu des difficultés
financières et que les Français voulaient acheter Marine mais ne
voulaient pas avoir la partie navale, on a hérité de 3
frégates qui avaient été données au Québec,
à ce moment-là. Parce que, sur le premier contrat de 6
frégates, Saint John s'était engagé à en faire 3 au
Québec. Et, dans le deuxième contrat de 6 frégates qui a
été accordé il y a quelques années, lorsque le
responsable du Conseil du trésor était apparamment en charge des
négociations, on en a eu 0 sur 6, dans le deuxième contrat de
frégates, qui était des plus payant parce que l'expertise,
maintenant, de frégates, qui n'avaient pas été
fabriquées au Canada depuis une quarantaine d'années,
était acquise.
Ce que je voudrais savoir, ce matin, essentiellement, c'est: Quelles
sont les perspectives du ministre? Il n'est pas dans les grappes, le secteur
maritime. Moi, j'ai été estomaqué de voir que ce
n'était pas dans les grappes parce que c'est l'approche du
ministre d'avoir des grappes dans les secteurs qu'il considère
importants alors que l'aérospatiale y est. Pourtant,
l'aérospatiale, actuellement, est en diminution partout dans le monde et
le maritime est en augmentation partout dans le monde. Alors, je ne sais pas si
c'est parce qu'on n'est pas connecté avec le reste du monde, dans une
perspective de libre-échange. Je n'ai rien contre l'aérospatiale,
mais le secteur qui «swing», actuellement, c'est le maritime. Nous
autres, on n'a pas l'air d'être dedans. Ça n'a pas l'air
d'être important.
Il y a des retombées économiques importantes pour le
Québec, aussi, en termes d'achat de toutes sortes de sous-produits. Et,
cet hiver moi, j'ai été estomaqué, mais ça
m'apparaît révélateur quand le fleuve Saint-Laurent
a été bloqué 29 jours dans la glace, il n'y a pas eu un
son du ministre, d'aucun des ministres du gouvernement. C'était comme
s'il n'y avait rien là. Je comprends que le ministre des Transports est
plus intéressé à faire des routes au Moyen-Orient pour
montrer son expertise. Moi, je pensais que votre expertise, c'était des
routes l'hiver, mais apparemment que c'est au Moyen-Orient. C'est
peut-être pour ça qu'il est absent cette semaine. Mais 29 jours
pris dans la glace et pas un mot du ministre des Transports et pas un mot du
ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est quand même surprenant,
alors que je vais vous dire qu'il y a des compagnies qui venaient à
Montréal... Je vais vous dire que le gars qui prend le bateau, l'hiver
prochain, pour s'en venir à Montréal, ça prend quelqu'un
qui a le goût du risque.
Mme Harel: Ça prend des grosses assurances.
M. Garon: C'a tellement d'impact. On ne réalise pas
à quel point. Dans mon comté, il y a une femme que je connais
très bien, qui est traiteur. Elle dit que 2 inaugurations ont
été retardées parce que la marchandise était prise
dans les bateaux, seulement dans un comté, à Lévis, parce
qu'il y avait de la marchandise prise dans un bateau. L'inauguration de 2
entreprises elle devait préparer le buffet a
été retardée. À Montréal, j'ai
rencontré des groupes qui m'ont dit que plusieurs ont perdu des millions
de dollars à cause de la marchandise prise dans les glaces. Quand on
dit, aujourd'hui, qu'on est dans le «just on time» dans le
transport... Honda, qui manufacture à Columbus, à 6 heures
d'approvisionnement, 249 fournisseurs, imaginez-vous que, s'il se fait livrer
sa marchandise par le fleuve Saint-Laurent, il va piquer du nez. Il ne vivra
pas longtemps, il ne pourra pas être compétitif.
Parce que 29 jours pris dans la glace, quand on regarde le secteur
industriel actuel, comment ça fonctionne, avec des inventaires de courte
durée, ça veut
dire qu'on est complètement flaillé si on n'a pas compris
l'importance de ça. Et le gouvernement n'a pas réagi d'aucune
façon, alors qu'on demandait la permission à la Nouvelle-Ecosse,
à Halifax, pour nous envoyer des bateaux et des brise-glaces, alors
qu'on paie des taxes. Par exemple, on paie 25 % des taxes à Ottawa et 36
% des dépenses se font dans les Maritimes, entre 15 et 18 % au
Québec, pour la garde côtière. alors, ma première
question, c'était de demander au ministre: quelles sont ses orientations
par rapport au chantier maritime, le seul qui reste, davie, qui est là
depuis le début de la colonie, sous différents noms, et qui est
un chantier qui, quand il a eu la chance de concurrencer à armes
égales, a été capable de concurrencer? et on voit
aujourd'hui, par exemple, des pays comme l'allemagne de l'est, qui subventionne
ses chantiers à 36 %; accepté pour la communauté
européenne, 36 % subventionné. tous les pays dans le monde
subventionnent leurs chantiers, tous les pays européens, la
corée, le japon, tous, d'une façon ou de l'autre, et, nous, on
n'a aucune politique maritime. on dit aux gens: allez-y. un peu comme si on
disait à un boxeur: je vais t'attacher les 2 jambes et les 2 pieds et
essaie, force, essaie de lui donner une volée. alors, on demande aux
gens de concurrencer, comprenez-vous, à armes complètement
inégales, et le gouvernement, on ne sait pas s'il a une politique.
Aujourd'hui, c'est même rendu compte que le député
fédéral, M. Fontaine, dans un pamphlet qu'il distribuait dans le
comté de Lévis, il y a quelques jours, disait qu'il demande au
gouvernement du Québec d'accepter le plan. Apparemment qu'il y a un plan
qui a été proposé par Davie. Il dit: «En tant que
député fédéral de Lévis, je trouve que cet
objectif des autorités de MIL Davie je vous fais grâce de
tout ça, de tout le pamphlet, pour ne pas prendre le temps au complet
là-dessus est intelligent et s'inscrit bien dans la
continuité des efforts et des contributions que nous avons
effectués depuis 1984. J'espère que l'actionnaire principal de
MIL Davie inc., à savoir le gouvernement du Québec, va
très rapidement accepter ce plan proposé par le président
Véronneau et son équipe. Dès que le gouvernement de la
province de Québec, actionnaire de MIL Davie, aura accepté ce
plan, nous allons nous attaquer au développement d'un prototype de cette
série de bateaux de 40 000 tonnes et, en même temps, nous allons
travailler intensément pour que des contrats ponctuels, traversiers ou
produits reliés au projet Hibernia puissent permettre la conservation de
nos emplois et des expertises développées par nos
travailleurs.»
On sait, quand il réfère au traversier, qu'il y a la
question du traversier des Iles-de-la-Madeleine. Le bateau est fini, il a 28
ans. Même, j'ai été m'enquérir aux Iles,
récemment, et on m'a dit que, si on n'avait pas pris une décision
d'ici le mois de juin, on achèterait un bateau usager. Le gouvernement
fédéral, alors qu'il s'est retiré de ce qu'il paie au
Québec dans les traversiers, il paie 135 000 000 $ dans les Maritimes,
et on paie le quart des taxes à Ottawa. Ça veut dire à peu
près 35 000 000 $ qui viennent du Québec. Et, même avec un
bateau neuf, on parle de frais d'immobilisation et de fonctionnement de 6 000
000 $ par année. C'est beaucoup moins que les 35 000 000 $ qu'on paie
pour faire vivre les Maritimes. Mais, là, on ne sait pas ce qu'il va se
passer, encore là, par rapport au traversier, et, encore là,
c'est un contrat qui, s'il était donné immédiatement,
permettrait au chantier de fonctionner dans une période
intérimaire, puisqu'il s'agit quand même d'un bateau de 70 000
000$ à 100 000 000$, dépendam-ment de ce qu'on va mettre
dedans.
Alors, question un peu générale au ministre: Quelles sont
ses orientations par rapport au chantier MIL Davie? Parce que tout le monde
sait actuellement que, par rapport au chantier Davie, il doit y avoir des
décisions qui se prennent incessamment.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, M. le ministre de de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais tout d'abord remercier le
député de Lévis pour son intervention. La
députée de Kamouraska-Témiscouata, tout à l'heure,
nous a fait valoir l'importance du secteur de la construction pour sa
région. Au même titre, le député de Lévis
nous démontre un intérêt très évident pour le
chantier maritime.
Pourquoi le chantier maritime ne fait-il pas partie d'une grappe
industrielle? Parce que le concept des grappes industrielles, c'est des
entreprises qui interagissent entre elles, se complètent et se
concurrencent pour améliorer leur productivité et
accélérer leur croissance. Mais ça ne veut pas dire, parce
que nous n'avons qu'une seule entreprise, qu'on n'est pas prêt à
l'aider, au contraire. Les grappes industrielles, c'est la continuité de
l'approche entreprise, mise de l'avant par le gouvernement au cours des 7, 8
dernières années. Donc, si l'entreprise est compétitive,
si les variables essentielles sont en place pour permettre à un secteur
de se développer, c'est évident que, s'il n'y a qu'une seule
entreprise parce que c'est ça que le député de
Lévis disait tout à l'heure, que nous n'avons qu'un seul chantier
maritime alors c'est très difficile pour ce chantier maritime de
faire partie d'une grappe industrielle.
Mais, ça ne veut pas dire que, par l'approche entreprise, on ne
peut pas l'aider, au contraire. Parce que, récemment, l'entreprise a
été reconnue par l'OTAN au niveau de la qualité de ses
produits et également au niveau de la qualité de sa direction
M. Véronneau est présent ici et est prêt à
répondre à toutes vos questions et également au
niveau de la qualité du travail des représentants des
travailleurs et des travailleuses, que ce soit M. Gérald Larose, le
président de la CSN, M. Richard Gauvin, qui est le président du
syndicat de la MIL Davie. Donc, on s'aperçoit qu'il y a
réellement un travail d'équipe. (12 heures)
J'aimerais rappeler au député de Lévis que, en
1986, il y avait moins de 400 travailleurs sur le chantier MIL Davie, et, si,
aujourd'hui, il y a encore près de
3000 travailleurs, c'est grandement à cause du présent
gouvernement. Je suis bien d'accord de prendre des beaux risques. Ça, je
l'accepte, prendre des beaux risques, mais, si on lit le document d'orientation
du Parti québécois, c'est certain que vous allez régler le
problème des chantiers maritimes, parce que, si vous mettez en place une
armée, vous allez sûrement mettre en place des bateaux de guerre.
Donc, ça va sûrement aider le développement du seul
chantier maritime au Québec.
Ce que nous avons préféré faire, à court
terme, c'est, dans un premier temps, d'assainir la situation financière
des chantiers maritimes. Donc, les chantiers maritimes sont profitables, des
légers profits, on en convient, mais, depuis 1990 et 1991, et
également en 1992. présentement, il y a, c'est-à-dire au
15 avril 1993, 3015 travailleurs sur les chantiers. les contrats en cours: la
frégate de la ville de québec, livraison juillet 1993; la
frégate regina, livraison décembre 1993; la frégate ncsm
calgary, livraison juin 1994; le destroyer arthabaska, livraison en juin 1994
et le destroyer huron, livraison décembre 1994. l'incidence de ces
contrats sur le niveau d'emplois et c'est très important, puis on
en convient avec le député de lévis c'est que la
fin de chaque contrat entraîne la perte de plus de 500 emplois. le carnet
de commandes, présentement, après 1994, il n'y a pas beaucoup de
contrats. je dirais même que le carnet est presque vide.
Alors, les options envisagées, l'option prioritaire de la
direction de MIL Davie et de la Société générale de
financement, c'est la réorientation des marchés. À cet
effet, on réalise pourquoi parce qu'on réalise que le
marché traditionnel, le marché canadien, est nettement
insuffisant. Il n'y a aucune construction de navires commerciaux depuis 1982.
Les prévisions de contrats du gouvernement fédéral
montrent une régression importante pour les prochaines années. Il
y a une fragmentation, une compression et, souvent, une suppression
complète des budgets dans les marchés qui étaient
traditionnels au chantier MIL Davie, et il semblerait qu'il n'y a aucune
reprise prévisible, du moins à court terme.
Par contre parce qu'on lit les mêmes revues, on est bien
conscients que la revue Fairplay, c'est la lecture de chevet du
député de Lévis, donc on en prend connaissance et, quand
on n'a pas toujours le temps d'en prendre connaissance, il est assez gentil
pour nous en donner une photocopie, et je l'apprécie beaucoup il
y a des marchés à fort potentiel, entre autres la construction
pour le marché international. Donc, tous les indices prédisent un
boom imminent dans la construction de remplacement et un fort marché
pour les 10 prochaines années. Par exemple, plus de 95 % des
pétroliers en service, en 1993, seront remplacés d'ici 15 ans.
Les prix internationaux de construction vont augmenter substantiellement,
dès l'année prochaine, entre autres à cause du taux de
change sur le yen. On s'aperçoit, également, que les coûts
de production au Japon et en Corée vont augmenter, également, de
façon importante, rendant le Québec, éventuellement,
beaucoup plus compétitif, et les analystes prévoient un
excédent de la demande sur l'offre. Les chantiers à succès
de pays industrialisés ont démontré qu'il y a une place
pour les chantiers comme celui de la MIL Davie dans le marché
international.
Les objectifs. Quels sont les objectifs que nous visons? De construire
en série de 3 à 4 navires par année, dans un
créneau bien particulier, atteindre une rentabilité acceptable le
plus rapidement possible et maintenir, surtout, le niveau d'emplois, à
moyen terme. Mais qu'est-ce que ça va impliquer? Ça va impliquer
des investissemnts pour développer des infrastructures de production,
donc des investissements importants, et ça va, également,
nécessiter du fonds de roulement important pour cette entreprise. Alors,
nous, comme gouvernement, on dit qu'on veut établir des alliances
stratégiques, on veut un partenaire qui connaît bien les
marchés visés. On n'a pas l'intention de s'aventurer seuls
à concurrencer sur la scène internationale, sans un partenaire
qui a été identifié. On veut de nouvelles conventions
collectives avec les travailleurs et les travailleuses.
Je voudrais profiter de cette occasion pour citer très
brièvement Richard Gauvin, le président du syndicat, qui dit:
«Les changements et je le cite que nous vous proposons
en parlant à ses travailleurs et travailleuses seront
majeurs, mais nous sommes convaincus que tous en bénéficieront et
que nous serons en mesure de percer le marché international. Les
salariés sont conscients que les prévisions de mise à pied
sont d'environ 900 personnes pour les 9 prochains mois de l'année 1993
et de 500 autres personnes pour les 4 premiers mois de l'année
1994». Donc, les travailleurs sont bien conscients que, si rien ne se
passe, il va y avoir des mises à pied importantes, mais, à cause
du nouveau contrat social que nous avons développé avec les
représentants des travailleurs et des travailleuses, ils sont devenus
des partenaires de la démarche. Et je continue à citer:
«...donc, un total de 1400 mises à pied d'avril 1993 à
avril 1994, et ce, avec la convention collective actuelle. Cependant, sans
modification à l'organisation du travail, il n'y aura probablement pas
de reprise, dû au manque de contrats. «Or, il faut être
compétitif, réduire les coûts d'exploitation et faire en
sorte d'apporter des changements utiles et nécessaires, tout en
éliminant les temps improductifs que nous occasionne la convention
actuelle et les lacunes au niveau de la planification et de l'administration.
De plus, afin de percer le marché international, il est
nécessaire que la Société générale de
financement accepte le plan de travail de MIL Davie vous y avez fait
référence tout à l'heure qui est essentiel, afin de
réaménager les infrastructures actuelles les
investissements que je mentionnais tout à l'heure et les
équipements désuets, lesquels vont nous permettre de hausser,
aussi, la productivité de façon considérable et de
fonctionner adéquatement dans la construction des bateaux de 40 000
tonnes en série. L'objectif est de régler la négo le plus
tôt possible pour minimiser l'impact de ces mises à pied.
«Nous sommes convaincus toujours les travail-
leurs qui parlent que le refus de modifier la convention
collective entraînerait inévitablement un risque énorme et
la fermeture du chantier et la perte de tous les emplois pour les années
à venir. Nous avons donc pris nos responsabilités dans le
meilleur intérêt de nos membres et nous sommes convaincus que vous
saurez aussi prendre vos responsabilités.» Je citais le
président, Richard Gauvin, qui est le président du syndicat qui
représente les travailleurs et les travailleuses.
Il faut une entente également avec les Travaux publics Canada
pour l'utilisation d'une cale sèche et l'obtention de contrats
transitoires. Le député de Lévis a
référé à ça, tout à l'heure.
Quelles sont les opportunités? Une fois qu'on connaît le
potentiel du marché, qu'on connaît la complicité entre tous
les intervenants et un partenaire éventuel, il faut identifier les
oppportunités, alors accéder à un marché en
expansion et faire de MIL Davie une entreprise profitable, conserver des
emplois bien rémunérés dans une entreprise à haute
valeur ajoutée, M. le député de Lévis. Même
si, parce qu'elle est la seule entreprise au Québec, elle ne peut pas
faire partie d'une grappe industrielle au Québec, c'est une entreprise
d'avenir. On veut maintenir les emplois, qui sont importants dans la
région, on veut conserver une compétence unique en construction
navale à l'échelle canadienne, on veut conserver le dernier
chantier naval majeur au Québec, on veut également bonifier les
retombées économiques de l'ordre de 1 350 000 000 $ au
Québec pour les 10 prochaines années, puis on veut maintenir les
revenus gouvernementaux de l'ordre de 207 000 000 $ pour le gouvernement du
Québec et de 165 000 000 $ pour le gouvernement fédéral,
au niveau de l'impôt et de la parafiscalité.
Alors, les contrats transitoires. Quels sont ces contrats transitoires?
La construction du premier navire de série ne peut commencer qu'au
milieu de l'année 1995. Donc, le défi, c'est d'assurer la
transition dès décembre 1993, lorsque les contrats militaires
vont baisser et que la main-d'oeuvre va atteindre un seuil critique. Il faut
toujours garder la masse critique de la main-d'oeuvre. On doit absolument
obtenir des contrats transitoires ou ponctuels pour maintenir un niveau minimum
d'activité sur le chantier et éviter une décroissance de
la main-d'oeuvre. (12 h 10)
Vous avez mentionné le traversier des Iles-de-la-Madeleine. Oui,
nous sommes en négociations. C'est très important que le Lucy
Maud Montgomery soit confié le plus rapidement possible à un
nouveau... Ce qu'on recherche, ce n'est pas un radoub, c'est la construction
d'un nouveau traversier pour répondre à des attentes qui sont
importantes pour ce traversier. Je ne veux pas donner la liste, parce que vous
le savez, M. le député de Lévis, vous allez comprendre
que, le jour où on va sortir cette liste, on va faire des jaloux partout
au Canada et tout le monde va cibler les mêmes contrats transitoires.
Donc, nous avons une liste au niveau des bateaux qui ont
été identifiés par le gouvernement fédéral
et, s'il y a possibilité d'accélérer certains de ces
contrats, c'est ce que nous négocions présentement. Nous n'avons
pas laissé tombé la construction pour le projet Hibernia au
niveau, entre autres, des navires de support et des navires de service. Donc,
on le regarde. Il y a d'autres possibilités avec des traversiers, des
transbordeurs et, également, d'autres bateaux qui sont disponibles.
Donc, oui, nous sommes conscients de l'urgence de la situation. Oui,
l'équipe de direction travaille en partenariat avec des investisseurs
qui seraient intéressés d'apporter pas uniquement des commandes
éventuelles, de l'expertise technique, mais également des
capitaux pour partager le risque avec le gouvernement du Québec dans la
relance éventuellement du chantier, et nous travaillons avec les
représentants des travailleurs et des travailleuses pour assurer la
réussite du seul chantier maritime qui existe au Québec.
M. Garon: dans la lettre du président du syndicat, il
parle aussi d'investissements au chantier. il parle de ce que les travailleurs
peuvent faire, mais il dit aussi ce que l'entreprise doit faire. parce que vous
savez qu'il y a beaucoup de secteurs où la productivité pourrait
être augmentée considérablement s'il y avait un minimum
d'investissement. dans le secteur de la tuyauterie, je me rappelle il y a
quelques années, on disait que, s'ils investissaient le moindrement, la
productivité augmenterait de 40 %. parce que ça dépend des
équipements qu'on a dans les chantiers pour être efficaces,
également.
Alors, le gouvernement, parce que le gouvernement aujourd'hui est devenu
l'actionnaire principal, qu'est-ce qu'il entend faire? Est-ce que vous avez lu
la lettre du syndicat pour dire que, les conditions de travail, il faut changer
la convention collective? Vous avez vu que le président du syndicat a
dit, en gros, qu'il était d'accord pour qu'il y ait des changements.
Mais ce que je vous demande, le gouvernement: Qu'est-ce que le gouvernement
entend faire au point de vue des investissements dans le chantier?
deuxièmement, par rapport à la période intérimaire,
intermédiaire actuellement... parce que, hibernia, contons-nous pas de
chansons, on a bâti des chantiers maritimes de toutes pièces,
subventionnés à 100 % par le gouvernement fédéral,
par le fonds de développement régional, pour terre-neuve. bull
arm, ça n'existait pas. il n'y avait rien là. c'était de
la roche puis une baie. là, il y a quelque chose à bull arm.
marystown a été revarlopé, alors le gouvernement
fédéral va avoir tendance à vouloir le faire revivre.
/
Des contrats, au Canada, il y en a. Contons/nous pas d'histoires. C'est
parce qu'on n'a pas de^politique maritime, sauf qu'on exporte 50 % de
notreîproduction^ On en a, des contrats, mais, quand vous dites que^vous
prenez ça comme un fait acquis que le Canada ne donne pas de contrat,
c'est parce qu'on est un gouvernement d'innocents. Contons-nous pas
d'histoires. Un gouvernement niaiseux comme ça dans le domaine
maritime...
Même la revue Fairplay, si vous la lisez de temps en temps
je vais vous en faire rapport le dit. Dans
le temps du lac Meech, ils sont venus ici. Les gens, le reporter disait:
J'ai essayé de savoir s'il y avait une politique maritime au Canada et
j'ai constaté qu'il n'y en aurait pas. On parlait beaucoup du lac Meech.
On disait que, si le Québec devenait indépendant le
Québec pourrait devenir indépendant si le lac Meech
n'était pas adopté lui, il aurait une politique maritime
parce que c'est tellement évident que ça serait dans son
intérêt. Et il nommait même des compagnies qui pourraient
venir s'établir au Québec si le Québec devenait
indépendant et avait une politique maritime, qui quitteraient les
Bermudes. C'est une revue de Londres je ne sais pas si vos
fonctionnaires vous ont aussi rapporté ces articles-là qui
montre qu'il y a un minimum de politique maritime.
Sauf que, aujourd'hui, il n'y a pas de politique maritime au Canada.
N'importe quel rafiot... Vous savez, le Braer, qui a brûlé aux
îles Shetland, il s'en venait ici avec un équipage recruté
dans les heures précédant son départ, ou les jours
précédant son départ. Souvent, on a, dans le fleuve, des
équipages qui viennent, qui ont été rapaillés un
peu dans les bars autour du port, des équipages, des fois, qui ne
parlent même pas la même langue et qui arrivent ici, des fois,
qu'il faut habiller, parce qu'ils arrivent en shouclaques et en t-shirt au mois
de janvier.
Alors, là, il ne faut pas présenter ça comme
ça. Actuellement, c'est le folklore, parce qu'il n'y a pas de politique
maritime à Ottawa, puis le Québec, qui a le plus
intérêt à ce qu'il y en ait une, ne dit rien. Alors, moi,
ce que je demande au ministre, c'est: Qu'est-ce qu'il va faire? Non seulement
ça, Montréal est dans la merde actuellement, parce que
Montréal, sur le plan des transports, n'est plus rien. Ce n'est plus
rien sur le plan maritime. Écoutez, un fleuve bloqué 29 jours, en
1993, là, ça, là, c'est un désastre! Ça n'a
pas de bon sens, et on a entendu un silence de mort. Je suis à peu
près un des seuls qui est allé intervenir là. Alors, un
silence de mort. C'est un désastre, ça! Montréal n'est
plus une plaque tournante sur le plan maritime, n'est plus une plaque tournante
sur le plan aérien, n'est plus une plaque tournante sur le plan des
chemins de fer par des décisions administratives du gouvernement
fédéral, et le gouvernement du Québec ne dit rien. Alors,
là, ce n'est pas...
L'avenir du Québec, dans le libre-échange, c'est le
secteur maritime, parce qu'on ne viendra pas d'ailleurs autrement que par
bateau. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On n'a pas de politique. C'est ça
que je dis, essentiellement. Je demande au gouvernement: C'est quoi, sa
politique? Parce que la meilleure voie de pénétration du
continent nord-américain, c'est encore le fleuve Saint-Laurent. Je vais
vous dire une chose, les containers, ils sont à Montréal pour
combien de temps, avec des folies comme l'hiver passé? Je sais que M.
Chrétien pense que le Québec, c'est un gros Nouveau-Brunswick.
Vous avez de l'air à avoir des gros débats avec le gros
Nouveau-Brunswick. Le petit Nouveau-Brunswick et le gros Nouveau-Brunswick se
parlent. Mais, si on a des politiques comme ça, je vais vous dire qu'on
va s'en aller chez le diable, alors que le début, c'est d'avoir au moins
un début de politique maritime.
Alors, actuellement, les bateaux, le chantier qui peut en fabriquer...
On n'est pas en compétition avec les autres, il n'y en a plus de
chantiers maritimes, actuellement. Il y a Irving, mais, essentiellement, il n'a
jamais été dans la construction commerciale, Irving. Il a
toujours travaillé pour ses propres bateaux à lui, et là
il fait des frégates avec un contrat de son ami Brian, qui lui rend le
service qu'il lui a rendu pour le faire élire chef. dans le secteur de
l'avenir, quelle est la position du gouvernement du québec par rapport
à ça et comment a-t-il l'intention de se positionner? parce que,
si les décisions ne se prennent pas immédiatement, il va y avoir
des mises à pied considérables qui vont se faire en 1993 et en
1994. parce qu'un bateau... quand on dit, on pèse sur le piton, le
bateau ne commence pas le lendemain matin. d'ailleurs, si vous allez faire un
tour au chantier, dans la salle à dessin, vous allez vous apercevoir que
la majorité des gens qui sont dans la salle à dessin puis
il y a beaucoup de monde dans la salle à dessin au chantier maritime
viennent du comté de charlesbourg. les gens qui sont dans le
chantier maritime ne sont pas tous des gens de lévis, contrairement
à ce que vous pensez. il y a plus de 50 % des travailleurs qui ne
viennent pas du comté de lévis. dans la salle à dessin,
vous allez faire un tour, vous allez demander à tout le monde
d'où ils viennent, et ils vont vous dire qu'ils viennent de
charlesbourg. je l'ai fait déjà, puis je le sais. il y en a
beaucoup qui viennent de montmagny. il y en a même qui viennent de
kamouraska. il y a même des gens qui viennent de sorel, qui
étaient dans la marine avant, qui passent la semaine à lauzon et
retournent rester à sorel parce qu'ils aiment sorel. alors, il y a des
gens d'un peu partout. c'est la plus grosse industrie dans la région de
québec, et de loin. à 3000, 3500 employés, c'est de
loin... parce que daishowa, avec le siège social, c'est 1500.
après ça, on tombe dans des affaires beaucoup plus petites.
Alors, il y a un effet d'entraînement considérable dans la
région de Québec, et, aussi, c'est parce que, sur le secteur
maritime... Quand on va laisser tomber les chantiers Davie, là, c'est le
signal que le chantier maritime au Québec, c'est fini, et on deviendra
un genre de république de bananes. Ne pensons pas qu'on va être
dans le libre-échange si le maritime n'est pas important au
Québec. On ne sera jamais dans le libre-échange d'une
façon sérieuse si le maritime n'est pas important au
Québec.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, je
voudrais rassurer le député de Lévis pour lui dire que je
suis très conscient de l'importance des chantiers maritimes et de
l'incidence que ces chantiers maritimes peuvent avoir dans toutes les
régions du Québec. Il en a mentionné plusieurs. Vous
auriez pu, également, mentionner Outremont, parce qu'il y a des
personnes d'Outremont qui travaillent au niveau des chantiers maritimes. Alors,
imaginez-vous, s'il y en a d'Outremont, il y en a sûrement, dans les
chantiers maritimes,
de toutes les régions du Québec.
Mais une politique maritime, ce n'est pas d'hier que ça n'existe
pas. Je me rappelle, c'est au milieu des années soixante-dix. Alors, on
a le choix, aujourd'hui, de consacrer nos énergies à essayer de
convaincre le gouvernement fédéral de mettre en place une
politique maritime ou d'essayer de trouver une solution concrète pour le
seul chantier qui nous reste au Québec. Alors, quand vous dites que
Québec ne dit rien, quand Québec ne dit rien publiquement, vous
avez raison: ça ne veut pas dire qu'on ne fait rien.
Alors, peut-être qu'on aurait intérêt à se
taire publiquement parce que c'est un dossier qui n'est pas facile. Je veux
juste vous rassurer qu'on fait des représentations de façon
régulière aux ministres responsables de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie et du Commerce extérieur, au présent
ministre de la Justice, ministre des Transports, ministre du
développement régional et, également, au ministre
responsable du Conseil du trésor. C'est la raison pour laquelle,
lorsqu'on a eu certains problèmes au niveau des chantiers, le
gouvernement fédéral a accepté d'injecter 263 000 000 $
additionnels pour finir, du moins, les contrats existants et le gouvernement du
Québec a injecté 100 000 000 $. (12 h 20)
Donc, je ne pense pas qu'on ait à justifier publiquement les
efforts considérables du gouvernement du Québec au niveau de ses
représentations au gouvernement fédéral. Je me rappelle
très bien les premières interventions lorsque j'ai assumé
les fonctions de ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Vous m'aviez posé la question, M. le député de
Lévis, et vous aviez dit: Ah! il ne se réglera rien. Mais on a
accepté cette critique constructive pour aller chercher 263 000 000 $ au
niveau du gouvernement fédéral pour assurer le maintien des
emplois.
M. Garon: II faut compter les erreurs. C'est 45 000
changements.
M. Tremblay (Outremont): Deuxièmement, ce qu'on recherche
là sur les principes, M. le député de Lévis,
on est d'accord, on n'a pas besoin de parler des principes c'est une
solution à moyen terme. On ne veut plus créer des attentes au
niveau des travailleurs et des travailleuses si on n'a pas un chantier qui
présente des perspectives de rentabilité à moyen et
à long terme. Donc, on a un plan, un plan qui nous est
présenté par la direction de MIL avec la Société
générale de financement, et on l'étudié
présentement. Nous avons même rencontré des
représentants du partenaire éventuel. Donc, c'est pas mal
avancé. Par contre, ça ne règle pas le problème
à court terme, qui est les transitions. Alors, on est en discussion avec
les représentants du gouvernement fédéral pour
répondre au maintien des emplois qui vont assurer la masse critique pour
nous permettre, lorsque nous aurons finalisé les négociations
avec le partenaire qui a les ressources financières, l'expertise
technique et l'accès à un certain réseau pour commercia-
liser les produits. Nous serons prêts. Alors, ça se fait
parallèlement, donc il nous faut la transition. Finalement, ce que
ça prend, c'est ce partenaire, oui, mais ça va nécessiter
des investissements.
La question qui est posée, c'est de savoir: Ces investissements,
ça représente combien d'argent? Selon les informations
préliminaires que nous avons, il faudrait réoutiller le chantier
et remplacer les équipements désuets. On parle de sensiblement 60
000 000 $. Au niveau du fonds de roulement, on parle de l'ordre de 50 000 000 $
de dollars. Alors, le gouvernement du Québec serait appelé, soit
par le biais de garantie ou par le biais d'une injection de fonds avec un
partenaire, à assurer la réussite du chantier et des montants
dont on vient de discuter.
On n'a pas, en ce moment, toutes les informations nécessaires, au
niveau de la transition et au niveau du plan d'action avec le partenaire qui
est prêt à s'impliquer financièrement, pour répondre
aux questions aujourd'hui, mais je voudrais vous rassurer en vous disant que le
chantier maritime, c'est important. Il serait inconcevable j'emploie un
mot que vous allez sûrement apprécier que, avec les
avantages comparatifs que nous avons au niveau de la Voie maritime du
Saint-Laurent, d'un chantier qui a fait ses preuves depuis presque 100 ans au
niveau de la construction, oui, de bateaux, mais également de modules,
également de plates-formes de forage et également de bulles
sonars avec les Américains... Alors, il y a un potentiel. Qu'est-ce que
ça veut dire, exactement? Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui, mais
je peux vous assurer notre entière collaboration pour tenter de tout
faire ce qui est humainement, financièrement et matériellement
possible pour assurer la réussite du chantier à moyen et à
long terme.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Oui. Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Fusion de Canadien avec American Airlines
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président.
Compte tenu du peu de temps qu'il reste pour la suite de nos travaux,
tout en félicitant mon collègue, le député de
Lévis, pour la passion qu'il manifeste à bon droit pour ce
dossier, qui a un effet d'entraînement considérable dans sa
région, j'aimerais aborder la question d'un dossier qui a aussi un effet
d'entraînement considérable dans la région de
Montréal cette fois, qui est le dossier de l'éventuelle fusion,
de l'hypothèse de fusion de Canadien avec American Airlines.
Est-ce que le ministre a pris connaissance de l'étude
réalisée par le professeur Martin, professeur d'économie
à l'Université de Montréal, à l'effet que cette
fusion risque, et je cite, «de démanteler la seule grappe
industrielle internationalement concurrentielle reconnue au Québec,
celle de l'aéronautique», qui, comme on le sait, est fortement
concentrée à Montréal.
Est-ce que le ministre a pris connaissance de cette étude? Est-il
conscient de l'impact que ça a sur cette grappe industrielle reconnue
à l'échelle internationale? Est-il conscient que le
scénario de fusion met en cause d'éventuelles pertes d'emplois
qui pourraient totaliser 8000 emplois pour l'ensemble du Québec? Quelles
sont les interventions que lui-même a faites et que son ministère
continue de faire?
M. Tremblay (Outremont): Oui, M. le Président, nous sommes
très conscients de l'impact que cette fusion pourrait avoir sur le
maintien des emplois au Québec. Ce dossier relève de mon
collègue, le ministre des Transports, qui nous informe sur une base
régulière des développements dans le dossier. Au niveau du
Comité ministériel permanent de développement du Grand
Montréal, c'est un dossier qui est très d'actualité, et il
y a une coordination importante, avec le président du Conseil du
trésor, ministre responsable du développement du Grand
Montréal, du ministre du Transport, du ministre du Tourisme et
également du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie.
Les efforts du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, présentement, sont concentrés sur l'atelier de
réparations, parce qu'il y a énormément d'emplois
d'impliqués, et nous évaluons, avec les différents
intervenants, le potentiel de développement de cet atelier. Nous voyons
qu'il y en a un potentiel de développement, parce que, à la suite
de l'association d'Air Canada avec Continental, ça a déjà
créé certains emplois à court terme. Alors, oui, on
apporte notre soutien, comme ministère de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie, au ministre des Transports, qui est responsable de ce
dossier.
Mme Harel: Alors, M. le Président, puisque ça
semble intéresser au plus haut point les collègues du ministre et
lui-même, quelles sont les représentations qui ont
été faites devant l'Office national des transports, qui discute
de ce dossier présentement?
M. Tremblay (Outremont): Je n'avais pas répondu à
une autre question. Le rapport...
Mme Harel: Martin.
M. Tremblay (Outremont): Le rapport Martin, non, je n'ai pas pris
connaissance du rapport Martin, et, en ce qui concerne les
représentations au niveau de l'Office des transports, c'est fait par le
ministre responsable, le ministre des...
Mme Harel: Est-ce qu'il y en a eu? De quelle nature ont-elles
été?
M. Tremblay (Outremont): Bien, il faudrait lui demander, au
ministre...
Mme Harel: Mais il ne fait pas partie d'un comité, dont il
vient de nous parler, avec ses collègues sur cette
question-là?
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais c'est lui, le ministre
responsable, alors il faudrait peut-être demander à ce ministre,
qui a la responsabilité du dossier, ce qu'il en pense.
Mme Harel: Alors, dans le cas d'Elkem, je voyais tantôt
notre collègue, le député de Salaberry-Soulanges, et, l'an
dernier, il interrogeait le ministre sur les suites qui allaient être
données dans le dossier de la compagnie Union Carbide à
Melocheville, compte tenu de l'achat par la compagnie Elkem norvégienne
et de la fermeture d'une entreprise qui était pourtant performante, qui
avait notoirement amélioré sa productivité. Le ministre
répondait, l'an dernier, le 11 juin 1992, et je cite: «Nous sommes
en pourparlers avec l'entreprise pour finaliser des ententes. Les dirigeants
reviennent au Québec le 15 juin. On attend leur réponse. Je
voudrais assurer le député qu'il n'y aura aucun effort de
ménagé pour assurer la réussite de cette entreprise et
surtout le rappel le plus rapidement possible». Il y a 1 an de ça,
où est-ce que c'en est maintenant?
M. Tremblay (Outremont): J'ai eu la réponse d'Elkem et je
les ai rencontrés à 2 reprises, par la suite. La réponse,
c'est que le redémarrage de l'usine tel quel ne sera pas fait par
l'entreprise. Par contre, l'entreprise est prête à
considérer une nouvelle vocation, qui est sensiblement de recycler des
poussières d'acier et des brasques d'aluminium, à cause de
l'importance du marché québécois. Il y a des études
importantes qui ont été faites en Norvège, et ce que nous
discutons présentement avec l'entreprise, c'est la possibilité de
transférer de la Norvège au Québec la technologie et de
redémarrer l'usine pour en faire une usine qui opérerait dans un
créneau différent, c'est-à-dire la grappe industrielle de
l'environnement.
Mme Harel: Quand?
M. Tremblay (Outremont): Le plus vite possible. (12 h 30)
Mme Harel: Alors, il y a 1 an déjà, vous parliez,
donc, plus précisément de pourparlers à finaliser. Alors
là, vous nous dites qu'il y a une possibilité de
transférer. Cette possibilité, elle s'opérationalise
quand? Maintenant? Cette année? Quelles sont les informations que vous
avez à ce sujet-là?
(Consultation)
M. Tremblay (Outremont): On n'a pas la réponse encore.
C'est un dossier qui est en analyse au Fonds de développement
technologique et, également, avec le ministère de
l'Environnement. Si je peux revenir soit... Je pense que c'est vendredi, au
niveau des crédits. Quand on fera le Fonds de développement
technologique, on pourra répondre de façon plus précise
au
dossier Elkem. Je sais que ça avance, mais je ne sais pas si
c'est finalisé encore.
Société des alcools du
Québec
Mme Harel: Concernant la privatisation de l'usine d'embouteillage
de la SAQ et concernant le dossier de la SAQ, le ministre devait poursuivre des
études à ce sujet. Il avait d'ailleurs demandé des
scénarios à la SAQ. Les a-t-il reçus? De quelle nature
sont-ils? Quels sont les prochains gestes qu'il entend poser dans ce
dossier?
M. Tremblay (Outremont): J'ai reçu, il y a quelques jours,
certains éléments de réponse aux questions qu'on avait
posées. Alors, j'ai l'intention de prendre connaissance de ce document
et de consulter les différents intervenants dans la transparence, tel
que j'en ai convenu avec toutes les personnes qui pourraient être
impliquées ou affectées par des décisions qui seraient
prises au niveau de la Société des alcools du Québec.
Mme Harel: Je comprends que le ministre avait été
invité à participer à un colloque corporatif, je crois,
mis en place par les partenaires syndicaux et par l'entreprise de la SAQ
où devait se discuter l'avenir de la SAQ. A-t-il convenu d'y
participer?
M. Tremblay (Outremont): Je pensais que je vous avais
donné cette réponse-là. Je vais quitter Montréal
à 7 heures le matin, je vais m'en aller à Baie-Comeau dans une
tournée régionale et, par la suite, je vais arrêter
à Rimouski pour parler du développement économique des
régions du Québec. Alors, ça tombe la même
journée et je ne peux malheureusement pas être présent
à cette rencontre^ Par contre, quelqu'un du ministère va
être présent. Également, j'ai déjà
rencontré les représentants des travailleurs et des
travailleuses, qu'il s'agisse de M. Asselin ou de M. Laberge, c'est
déjà fait. J'ai rencontré les représentants...
Mme Harel: Récemment, les rencontres, ou vous faites
référence à des rencontres qui ont été
faites après l'arrêt de travail?
M. Tremblay (Outremont): M. Laberge, ça, c'est des
rencontres moins récentes, mais on n'a pas besoin de se parler pour se
comprendre parce qu'on travaille exactement dans la même orientation. En
ce qui concerne M. Asselin, la rencontre est assez récente. On parle
possiblement, maximum, je pense, de 1 mois. Alors, j'ai convenu avec M. Asselin
que, avant de poser quelque geste que ce soit, nous pourrions en discuter. J'ai
pris le même engagement avec M. Henri Massé, qui est le
représentant également au niveau de la Fédération
des travailleurs du Québec, comme j'ai pris la même entente avec
les autres représentants, qu'il s'agisse de la partie patronale... Mais
je pensais que la députée de Hochelaga-Maisonneuve pourrait nous
féliciter pour avoir arrêté le déménagement
de l'entrepôt de l'est de Montréal sur la rive sud.
Mme Harel: C'était la question que j'allais vous poser,
mais...
M. Tremblay (Outremont): J'espère que vous allez nous
féliciter.
Mme Harel: ...voilà, vous me devancez. Et, sur la question
du déménagement, qu'arrive-t-il?
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha! Je sais que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, comme d'autres
députés de la région, entre autres Mme Hu-guette Boucher
Bacon, prenait beaucoup à coeur l'importance de l'est de
Montréal.
Étant donné le questionnement que nous avons
présentement de la Société des alcools du Québec et
l'urgence qu'il y avait de déménager les 2 entrepôts sur la
rive sud, qui est le site qui avait été choisi, nous avons
convenu, avec la Société des alcools du Québec
parce que ça prenait l'autorisation gouvernementale, on a eu une
rencontre au Comité ministériel permanent de développement
du Grand Montréal pour en discuter que le
déménagement ne favoriserait certes pas le développement
de l'est de Montréal. Dans les hypothèses que nous allons
évaluer, je ne dis pas que ça ne déménagera pas des
entrepôts existants, éventuellement, mais l'intention, c'est de
consolider, dans l'est de Montréal, cette entreprise, qui joue un
rôle très important.
Est-ce que vous allez nous féliciter?
Mme Harel: Certainement, certainement. M. Tremblay
(Outremont): Merci.
Mme Harel: Pas juste quand ça va mal, mais quand ça
va bien, là. Je pense que ça va bien.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. C'est quand on se
parle. Ha, ha, ha! C'est quand on se parle...
Le Président (M. Audet): II y a M. le député
de Drummond qui souhaite intervenir à ce stade-ci. M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): ...autrement que dans une commission
parlementaire.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Drummond, c'est à vous.
Discussion générale Ouverture des
commerces le dimanche
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président. On arrive
à la fin de l'étude des crédits, et je suis convaincu que
M. le ministre serait estomaqué et très
préoccupé si je ne lui parlais pas des heures d'affaires
le dimanche. Alors, je ne reviendrai pas sur tout le débat qu'on a fait,
mais j'aimerais, moi, que M. le ministre nous fasse, là, avec quelques
mois de recul, maintenant, après 5 mois... On était censé
ouvrir le dimanche et avoir un grand programme de relance économique du
Québec. On était censé créer de nombreux emplois.
On était censé arrêter le commerce transfrontalier. Alors,
on sait que la récession et la dévaluation du dollar canadien ont
eu beaucoup d'impact.
Alors, j'aimerais, moi, que M. le ministre nous fasse la synthèse
pour nous dire si les affirmations qui avaient été faites en
décembre se concrétisent puis évoluent vers un nouvel
amendement à la législation, ou si on continue à garder
les commerces ouverts le dimanche.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je suis
estomaqué, pas qu'on ne m'ait pas posé la question, mais qu'on me
la pose. Premièrement, ce serait réellement
prématuré de répondre à la question du
député de Drummond, parce que je pourrais prendre l'augmentation
des ventes au mois de janvier, qui est l'augmentation la plus importante que le
Canada ait jamais eu au niveau des ventes au détail, et, par contre, le
député de Drummond pourrait prendre...
M. St-Roch: Celles du mois de février.
M. Tremblay (Outremont): ...la diminution des ventes du mois de
février et contredire ce que je viens de dire pour le mois de janvier.
C'est la preuve que c'est prématuré, qu'on ne peut pas, avec
l'expérience de 2 mois, tirer des conclusions favorables. Je pourrais
donner plusieurs arguments pour démontrer que c'est bon, et le
député de Drummond pourrait me dire que, dans certaines
régions du Québec, c'est plus difficile, j'en conviens. La loi
n'a pas été faite pour une région ou plusieurs
régions du Québec, elle a été faite pour tout le
Québec, étant bien conscient que certaines régions du
Québec n'en profitent pas autant où les besoins ne sont pas les
mêmes.
Le but du gouvernement, c'était de répondre aux attentes
légitimes des travailleurs et des travailleuses, des commerçants
et des commerçantes et, également, des détaillants. Donc,
c'est un compromis, c'est un compromis raisonnable entre les 3 principes qu'on
a toujours mis de l'avant.
Je voudrais juste faire 2 petites citations que le député
de Drummond et je suis convaincu la députée de
Hochelaga-Maisonneuve vont apprécier. Alors, la première citation
se lit comme suit: «La diversité doit s'accompagner de
flexibilité. La standardisation des lois et des règlements
provoque la fermeture de nombreuses entreprises en de petites localités,
et une vision trop centralisée a des effets pervers», que note le
Conseil supérieur de l'éducation. «Elle conduit à
déresponsabiliser des milieux, à freiner des initiatives locales,
à décourager des personnes et des groupes engagés dans le
développement de leur milieu. Elle a encouragé une
mentalité selon laquelle la solution des problèmes doit venir de
l'État ou de l'extérieur». Et ma deuxième citation,
c'est la présidente de la Fédération des commissions
scolaires du Québec: «Le Québec est trop différent
d'un point à l'autre pour avoir un cadre réglementaire strict,
traitant les commissions scolaires sur le même pied», a
commenté Mme Diane Drouin.
Alors, on nous a demandé une loi uniforme. La loi, elle est
uniforme pour le Québec, et ce que j'apprécie de plus en plus,
c'est qu'on est en train de revenir à au moins 2 valeurs qui nous ont
permis d'être ce que nous sommes, c'est-à-dire l'entraide et la
solidarité. De plus en plus, on s'aperçoit et même
à Baie-Comeau, c'est ce qu'on nous dit que ce n'est plus la
responsabilité du gouvernement. C'est à nous de nous prendre en
main comme commerçants, comme consommateurs, comme travailleurs et
travailleuses, et, si une région décide de ne pas ouvrir les
commerces, ou de ne pas encourager les commerces le dimanche, tant mieux. (12 h
40) qu'on arrête de demander au gouvernement d'être toujours
là, d'autant plus, et je termine là-dessus, m. le
président, que, en 1991, on a fait des sondages au niveau des
municipalités, des municipalités régionales de
comté, et, à au-delà de 75 %, et 90 % dans des cas, elles
nous ont dit: non, assumez, comme gouvernement, vos responsabilités.
ça n'a pas été une décision facile à
prendre. on a eu énormément de représentations,
également, de députés, de la deputation
ministérielle, qui ont vécu, initialement, certaines
représentations fortes au niveau de leur région, mais,
aujourd'hui, je peux vous dire une chose, c'est qu'on va consacrer toutes nos
énergies pour créer des emplois permanents de qualité dans
toutes les régions du québec. les heures d'affaires, ça a
permis, entre autres on parle d'éviter des dédoublements
au ministère d'avoir... on avait 1 000 000 $ pour des
inspecteurs, et, aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup d'infractions, donc on a
pu sauver ces 1 000 000 $. et, surtout, avec 3650 plaintes par années,
on monopolisait les tribunaux municipaux et la cour du québec.
maintenant, on va pouvoir consacrer nos énergies à des choses qui
vont réellement créer de la richesse au québec.
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme Harel: M. le Président, sur ce sujet, j'invite les
membres de la commission à prendre connaissance des renseignements
particuliers qui nous sont fournis, à l'onglet 31, sur l'impact de la
libéralisation par région des heures d'ouverture. Parce que les
citations, j'aimerais les prendre des informations qui nous viennent du
ministère. Avec raison, le ministre nous dit que les statistiques de
février contredisent celles de janvier. Mais, plus encore, même en
janvier, on nous dit que «la progression des ventes au détail au
Québec a été générale, quoique
légèrement plus prononcée dans certains secteurs dont
ceux, entre autres, de l'automobile, dont les commerces sont demeurés
fermés le dimanche, et de l'alimentation, dont les établissements
profitaient déjà de l'élargissement des heures
d'ouverture. Selon toute
vraisemblance je cite toujours les informations fournies par le
ministère l'impact de la libéralisation des heures
d'ouverture sur le niveau des ventes au détail est probablement
marginal. D'une part, la libéralisation des heures d'ouverture est un
phénomène récent et, d'autre part, une proportion
relativement importante des commerçants situés hors des grands
centres urbains et des zones frontalières ont
préféré, en règle générale, garder
leur établissement fermé le dimanche».
Le ministre entend-il donner suite à la demande
répétée des coalitions qui se sont formées à
travers le Québec pour favoriser une régionalisation du cadre
réglementaire?
M. Tremblay (Outremont): J'avais pris connaissance de
l'information que le ministère a soumise en répondant à la
question 14 de l'Opposition. C'est l'information, oui, il n'y a aucun
problème. Même avant la loi, les vendeurs d'automobiles pouvaient
ouvrir et ils n'ouvraient pas. Alors, ce n'est pas la loi qui change quoi que
ce soit. dans certaines régions du québec, je vérifiais
encore avec des personnes qui s'étaient objectées en 1991 et qui
ont accepté en 1993, et elles me disent que les ventes, pour les petits
commerces on ne parle pas juste des grandes chaînes ont
augmenté de 10 %. alors, dans cette optique-là, je pense qu'il
est prématuré de répondre à la question de la
députée de hochelaga-maisonneuve. ça fait 2 mois. alors,
laissons aller les expériences dans toutes les régions du
québec. j'ai pris bonne note des résolutions de certaines villes
au québec qui favoriseraient une décentralisation du droit
d'ouvrir le dimanche. je pense qu'il est prématuré, aujourd'hui,
de répondre à cette question.
Le Président (M. Audet): Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres questions avant que nous procédions
à l'adoption des crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie?
Mme Harel: Faut-il comprendre que, dans le budget qui vient
bientôt, il y aura des annonces qui seront faites pour les petites et
moyennes entreprises qu'on ne retrouve pas dans les crédits? Est-ce que
c'est ce que vous avez recommandé à votre collègue? Parce
que sinon, pour compléter, en terminant, ce que l'on peut conclure,
c'est que la petite et moyenne entreprise continue d'avoir raison de
s'inquiéter de leur sort, ce n'est pas le ministère qui peut
prétendre être de leur côté.
M. Tremblay (Outremont): Ce que vous pouvez conclure, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, indépendamment du
contenu du budget au mois de mai, c'est que les petites et moyennes entreprises
du Québec auront toujours accès à des aides
financières pour permettre leur développement dans toutes les
régions du Québec, et, si le passé est garant de l'avenir,
vous avez les chiffres devant vous.
Je voudrais en profiter, M. le Président, en terminant, pour
remercier tous les gens de la SDI, parce que c'est une équipe de la SDI,
et du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, et,
également, le président de MIL, qui était ici. C'est une
équipe dynamique qui contribue au développement économique
dans toutes les régions du Québec. Et la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, indépendamment des petites discussions qu'on peut
avoir au début d'une commission parlementaire, va en convenir, ce sont
des gens qui travaillent très, très, très, fort. Si jamais
une PME était susceptible de manquer de ressources financières,
ils me feraient les représentations et je les ferais au ministère
des Finances dans le meilleur intérêt du développement
économique et technologique du Québec.
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme Harel: Le ministre a raison, M. le Président. Je
voudrais souscrire aux propos qu'il vient de tenir. Comme le disait le
député de Drummond, le problème, ce n'est pas
l'équipe, c'est le manque de programmes.
Adoption des crédits
Le Président (M. Audet): Merci.
Alors, je vais maintenant mettre aux voix l'ensemble des crédits
du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie pour
l'année financière 1993-1994.
Est-ce que les éléments 1 à 4 du programme 1 sont
adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Audet): Est-ce que les
éléments 1 à 2 du programme 2 sont adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Audet): Est-ce que les
éléments 1 à 4 du programme 3 sont adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Audet): Est-ce que les
éléments 1 et 2 du programme 4 sont adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Audet): Alors, l'ensemble des
crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie pour l'année financière 1993-1994 sont-ils
adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Audet): Alors, ça met fin à
nos travaux. Nous allons ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 46)