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(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Je demanderais à chacun de bien
vouloir prendre sa place, s'il vous plaît, pour que la commission de
l'économie et du travail puisse procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère du Travail pour
l'année 1992-1993.
Alors, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président, aucun
remplacement.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Aucun remplacement. Excellent. Bonjour, madame.
Une voix: ...le député de Joliette...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Guy
Chevrette, député de Joliette, sera remplaçant. O.K. Je ne
sais pas s'il est membre de la commission.
Une voix: Non, il n'est pas membre. Des voix: Non.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
Oui. Oui, il est membre. Donc, sans plus tarder, M. le ministre, nous vous
invitons à vos remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: Merci. M. le Président, chers collègues,
membres de la formation d'en face, mesdames, messieurs, avant d'entrer dans le
vif du sujet, de discuter des crédits du ministère, vous me
permettrez tout d'abord de vous présenter ceux et celles qui
m'accompagnent: d'abord, le sous-ministre, M. Pierre Gabrièle;
également, les sous-ministres adjoints, MM. Jean Des Trois Maisons et
Jacques Henri; le secrétaire du ministère, M. Jean
Larivière; et, de la Direction générale de
l'administration, M. Guy Picard. Des organismes représentés:
celui de la CSST par son président, M. Robert Diamant; pour la
Régie du bâtiment, M. Réal Mireault; pour la Commission de
la construction, M. Alcide Fournier; et l'ensemble, évidemment, de leurs
collaborateurs et collaboratrices. Ces personnes sont à la disposition
des membres de la commission pour répondre ou compléter des
informations, et ce, afin d'apporter une meilleure compréhension des
dossiers et d'ainsi faciliter cet exercice.
On se souviendra qu'à la fin de l'année dernière
mon gouvernement amorçait une réforme importante, dans le secteur
de la construction, avec l'adoption de la loi 186 créant la Régie
du bâtiment. À compter de ce moment, la Régie s'est vu
confier les fonctions relevant précédemment de la Régie
des entreprises de construction du Québec, de la Direction
générale des bureaux régionaux de l'inspection, de la
Direction générale de la normalisation et d'une partie de la
Direction générale de l'administration.
Ainsi, M. le Président, près des deux tiers des effectifs
du ministère ont été transférés sous la
responsabilité de la Régie qui, du même coup,
héritait de l'un des deux importants volets de la mission du
ministère du Travail, soit la sécurité dans les
bâtiments et les lieux publics. Par voie de conséquence, le
ministère que je dirige retrouve la mission qui l'a depuis toujours
caractérisé, soit les relations du travail. L'article 13 de la
loi constitutive du ministère le confirme d'ailleurs en me confiant la
responsabilité d'élaborer et de proposer au gouvernement des
politiques et mesures visant à favoriser des relations de travail
harmonieuses entre employeurs et salariés.
Vous me permettrez de prendre les prochaines minutes pour faire
l'annonce d'une initiative s'inscrivant précisément dans ce cadre
législatif. En effet, ce retour aux sources, au plan de la mission du
ministère du Travail, survient au moment même où les
partenaires aux rapports du travail nous envoient un certain nombre de signaux
de leur ouverture à entreprendre un virage vers des rapports de travail
renouvelés. À titre d'illustration, retenons l'importante
diminution des conflits de travail au cours des deux dernières
années. Alors qu'à une époque pas si lointaine on disait
du Québec qu'il détenait le championnat canadien des
grèves, il y a tout lieu de croire aujourd'hui que cette période
est bel et bien révolue. En effet, au cours des deux dernières
années, plus de 95 % des conventions collectives signées au
Québec ont été conclues sans aucun conflit.
Depuis quelque temps déjà, on peut observer des
changements marques dans les discours de nos dirigeants, et ce, tant patronaux
que syndicaux. Il ne se passe presque pas une semaine sans qu'il nous soit
possible de lire un plaidoyer d'un employeur ou d'un chef syndical en faveur de
la concertation. De plus en plus fréquemment, il nous est aussi
donné d'assister à des exemples concrets de cette concertation.
Qu'il suffise de rappeler l'implication sociale du Fonds de solidarité
de la FTQ, tout comme l'ouverture et le rôle joué par la CSN dans
l'élaboration de
certaines ententes de partenariat. Des exemples de telles ententes nous
ont été donnés chez Artopex, Soreltex et, plus
récemment, chez Reynolds aluminium du Cap-de-la-Madeleine où,
à l'occasion d'une intervention, et ce, en médiation
préventive du ministère du Travail, les partenaires ont convenu
d'amorcer, et ce, neuf mois avant échéance, les
négociations en vue du renouvellement de la convention collective. Les
négociations durèrent une semaine au terme de laquelle la
nouvelle convention fut conclue avec l'accord de 95 % des salariés.
En ma qualité de ministre du Travail, je suis d'avis que le
discours portant sur la concertation n'a d'avenir que s'il se traduit dans des
accords du type de ceux que je viens de mentionner, au niveau de l'entreprise.
C'est d'ailleurs pour cela que j'ai demandé à mes proches
collaborateurs, dont les tâches les amènent à être en
contact étroit avec les partenaires aux rapports du travail,
d'élaborer les moyens d'être proactifs dans ce contexte qui se
développe actuellement au Québec. Cette démarche
ministérielle devant déboucher sur la formulation d'un
énoncé d'orientation contient les quatre principes directeurs
suivants: l'élargissement du concept des relations de travail, le
rôle de l'État en tant qu'instigateur de changements, la
concertation interministérielle et le développement d'un
partenariat industriel.
Tout d'abord, le principe de l'élargissement des relations du
travail. C'est rendu nécessaire du fait que la négociation
collective s'inscrit dorénavant dans un cadre économique et
social plus global. Il importe donc qu'on se préoccupe des questions
telles que le développement des ressources humaines, l'organisation du
travail et le style de gestion.
Le second point, quant à lui, interpelle l'État en tant
qu'instigateur de changements. La vision d'ensemble et l'expertise dont il
dispose doivent pouvoir bénéficier aux divers intervenants avant
que ne se déclenche une crise. Au lieu de s'imposer aux parties dans le
règlement d'un conflit, l'État, en s'associant aux partenaires
hors périodes conflictuelles, contribue à les responsabiliser
davantage et peut participer à créer un environnement
novateur.
J'ai suggéré, en guise de troisième principe
directeur, celui de la concertation interministérielle. S'inscrivant
dans la logique d'une volonté gouvernementale de développement,
d'une plus grande cohésion au plan des interventions, ce principe
découle d'une prise de conscience plus grande que jamais de l'impact au
plan des relations du travail, d'une action au plan économique et vice
versa. Cette concertation interministérielle devrait donc, au premier
chef, concerner le ministère que je dirige et ceux à vocation
économique.
Finalement, on retrouve le développement d'un partenariat
industriel. J'entends par là, M. le Président, signifier mon
intention que soit favorisée l'expansion des efforts de concertation qui
commencent à poindre en suggérant des lieux où ils
pourront s'exprimer, en présence et avec la participation active de mon
ministère. Grâce à cette interaction accrue avec le milieu,
le ministère du Travail sera en meilleure position pour
systématiser le volet préventif de son intervention.
Voilà, M. le Président, la philosophie et les actions qui
supportent les crédits que je soumets à l'étude des
membres de cette commission, et je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, merci. Mme la députée de Chicoutimi, en
réplique. (16 h 50)
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le ministre,
membres de la commission, membres des différents organismes et du
ministère, l'étude des crédits représente en
quelque sorte un moment de vérité pour les ministères.
Pour le ministère du Travail, cet exercice lui permet
généralement de faire le bilan de l'année
écoulée, quoique, au-delà des questions reliées
à l'absence de conflits de travail ou à leur diminution, on n'ait
pas eu droit à beaucoup de bilans sur l'année qui vient de
s'écouler. En même temps, cet exercice permet au ministre de
présenter son plan d'action pour l'année qui débute,
l'année 1992-1993.
Pour sa part, l'Opposition a une double responsabilité: celle
d'évaluer, de porter jugement sur les réalisations du
ministère pour l'année écoulée, et celle
d'évaluer en tentant de faire préciser par le ministre les
contours de son plan d'action pour l'année en cours. Pour ce faire,
l'Opposition alimente sa réflexion à celle des usagers. Dans le
présent cas, c'est à la lumière des attentes
exprimées par les employeurs, les travailleurs, les travailleuses, les
syndicats, les associations patronales que nous entendons faire le bilan des
réalisations du ministre et évaluer son plan d'action.
Il est peut-être utile de rappeler que les questions de
l'Opposition de même que les demandes d'éclaircissement ne sont
pas faites en fonction d'éclairer exclusivement l'Opposition pour lui
faire plaisir, mais bien pour apporter un éclairage additionnel et
répondre aux questions que se posent les différents intervenants
du milieu.
À la lumière des réactions, des commentaires et des
attentes exprimés tant par les employeurs que par les travailleurs, une
évidence s'impose: rien ne va plus au ministère du Travail. Le
ministère est paralysé et le ministre semble, en quelque sorte,
dans ses principaux dossiers, en tutelle. Sur les lois du travail, il subit la
tutelle du Conseil des ministres et de ses
collègues et, sur la CSST, on n'est pas loin de
penser que c'est celle du président du Conseil du patronat. En effet,
rien ne va plus au ministère du Travail. L'industrie de la construction
est en crise, le travail au noir prolifère de façon
endémique, la grogne gagne tant les entrepreneurs et les employeurs que
les travailleurs. Et, pour leur part, on a pu constater récemment que ce
sont les syndicats qui sont en train de faire le ménage sur les
chantiers de construction, et ça n'a rien de bon, en ce qui a trait
à la qualité des relations de travail et à la paix
sociale.
La loi 185, qui devait assainir le climat de travail sur
les chantiers de constructions neuves en définissant plus clairement les
champs de compétence des entrepreneurs autonomes et des travailleurs
syndiqués, est au point mort parce que, nous dit-on, le Conseil des
ministres est divisé sur la question. Pour la formation de la
main-d'oeuvre, en construction, nous attendons toujours la création du
fonds de formation. Nous aurons l'occasion d'y revenir.
Sur les champs d'application, toujours rien. Le vote
d'allégeance syndicale, rien. Enfin, comme suite au rapport
Sexton-Picard, en tout et pour tout le ministre a - et il l'a rappelé
tout à l'heure - ressuscité la loi 53 qui avait été
adoptée en juin 1985, qui n'avait jamais été
promulguée, faut-il le dire, dans ses principales dispositions. Et
rappelons que cette loi, qui est devenue la 186, a enlevé le pouvoir aux
entrepreneurs, tel que le prévoyait la loi 53.
En fait, le ministre a tablette le rapport Sexton-Picard,
un rapport qui a coûté plus de 300 000 $, qui a porté sur
plus d'une année, un rapport qui trace un portrait très complet
de l'industrie de la construction, de ses problèmes, de ses besoins et
qui, au fil de ses 62 recommandations, propose des solutions aux
problèmes reliés au travail au noir, à la stabilisation du
revenu des travailleurs, à la formation de la main-d'oeuvre, aux champs
d'application. De plus, ce rapport propose des solutions favorisant un
développement plus dynamique de l'industrie de la construction. Je
rappelle deux mesures principales: l'étalement des travaux publics et la
tenue annuelle d'un sommet de la construction.
En pariant des suites au rapport Sexton-Picard, je voudrais
rappeler les propos du ministre sous forme d'engagement qu'il a pris à
l'occasion de l'étude des crédits il y a déjà un
an, en 1991. Il disait, et je le cite: Les recommandations ou les choses qui
étaient prévues et qui devaient être faites pour corriger,
enrayer ou diminuer le travail au noir n'ont pas été faites.
Alors ils disent: Assurez-vous que l'ensemble des recommandations de
Sexton-Picard vont s'appliquer. En d'autres mots, qu'il ne nous arrive pas,
disent-ils, la même chose - j'imagine qu'ils parlent des travailleurs -
qui est arrivée à l'époque. Sur une série de
recommandations qui constituaient l'ensemble du rapport de la commission
Cliche, quelques-unes seulement ont été appliquées et les
autres ont été oubliées. Alors, ils ont l'intention, cette
fois-ci, et c'est l'engagement que j'ai pris envers eux, de traiter tout
ça comme un tout.
Un peu plus loin, il dit: Je ne voudrais pas que du travail
qui est sous ma responsabilité, maintenant, puisse y être
associé en disant qu'il n'y a eu que quelques recommandations qui ont
été appliquées. Un peu plus loin encore: Pour faire un
sommaire de tout ça, dans les meilleurs délais, dans les semaines
qui viennent, j'ai l'intention de répondre, tel que prévu,
à l'ensemble du rapport Sexton-Picard. Depuis, les semaines sont
devenues des mois, puis une année, et toujours rien. Et, comme les
choses ne sont jamais statiques, la situation s'est
détériorée et la grogne s'est installée tant chez
les employeurs que chez les travailleurs.
L'industrie de la construction traverse une crise profonde.
Quelques chiffres vont nous permettre de mieux évaluer la situation. On
estime qu'il y a quelque 20 000 000 de moins d'heures de travaillées,
c'est-à-dire une diminution de 17 % par rapport à l'année
1990. La construction résidentielle: diminution de 7 %; c'est 3400
maisons de moins qui auraient été mises en chantier cette
année. On est passé de 48 000 en 1990 à 44 654 en 1991. La
valeur globale de la construction, c'est 3,8 % de moins, c'est-à-dire 1
200 000 000 $.
Le chômage frise les 40 % dans l'industrie de la
construction, des jeunes avec compétence sont toujours exclus de la
construction et, au rythme où vont les choses, ils risquent de
l'être encore pour longtemps: une industrie malade de l'ineptie du
gouvernement et de l'inertie et de la paralysie du ministre du Travail.
Dans le domaine de la construction, les grappes
industrielles - le ministre en faisait plus ou moins référence
tout à l'heure - demeurent une sinistre farce, parce que le principal
partenaire, c'est le gouvernement, avec les investissements publics. Ça
représente 16 % de toute la construction au Québec. Une des
recommandations qui visaient à assurer un revenu plus permanent et plus
stable aux travailleurs, c'était l'étalement des travaux publics.
Cette année, on sait qu'il y a eu une diminution dans les
investissements publics, dans le domaine de la construction.
En ce qui a trait au rapport Sexton-Picard, le ministre, non content de
faire ces affirmations à l'occasion de l'étude des crédits
l'an passé, répétait son engagement par le Blais de ce
qu'on a appelé une déclaration ministérielle, sur laquelle
j'ai eu l'occasion de l'interroger longuement, et qui disait: Regardez-moi
venir, je vais vous arranger ça. Bien, j'imagine que les gens qui
attendaient de voir le ministre venir dans les jours qui suivent ont eu le
temps à la fois de geler et de dégeler, parce qu'on a
passé l'hiver et qu'on est rendus au printemps. En fait, les grandes
décisions qui devaient être prises tant
sur la loi 185 que sur la création d'un fonds pour la formation
de la main-d'oeuvre, c'étaient 10 000 000 $ qu'on aurait pu recueillir
cette année. Les décisions ne sont toujours pas prises parce que
l'Association des entrepreneurs en construction avait lié son engagement
à l'engagement du ministre de réaliser le plan tel que
prévu à l'occasion et tel qu'annoncé par
l'énoncé d'orientation qu'il avait présenté en
Chambre en juin 1985. Comme le ministre n'a pas respecté son engagement,
évidemment, la partie patronale ne se sentait plus liée par son
propre engagement à cet égard.
Parlons un peu de la loi 185 qui devait colmater une brèche qui a
permis aux entrepreneurs autonomes d'entrer sur les chantiers de constructions
neuves, ce qui va à rencontre de l'esprit de la loi. Il y a eu deux
commissions parlementaires, et il y avait un très large consensus entre
les parties, à l'exception des entrepreneurs autonomes et plus
particulièrement des deux corporations, celles des tuyauteurs et des
électriciens. Mais on n'a toujours rien, et la seule information qui
nous est venue à l'effet qu'il y avait peut-être des modifications
envisagées à la loi 185 nous est venue du collègue du
ministre, le député de Saint-Maurice, qui a déclaré
à la radio, il y a quelque trois ou quatre semaines, à l'occasion
d'une entrevue à Radio-Canada, que le gouvernement envisageait de
façon très sérieuse de faire échapper la
construction domiciliaire au décret de la construction. Ce n'est pas le
ministre qui nous l'a dit. Ce qu'on a su par là, c'est que le ministre
n'avait plus la maîtrise de ce dossier.
Si tel n'est pas le cas, je pense que le ministre a la
responsabilité de nous dire où il s'en va avec ce dossier, parce
que les travailleurs attendent la décision du ministre. Je dois dire que
les travailleurs, les travailleuses, de même que les entrepreneurs ont de
moins en moins confiance en la capacité du ministre de mener à
bien ce dossier tel qu'il s'y était engagé. Ces personnes, les
principaux intervenants de la construction, on les entend de plus en plus
parler. Dans ce milieu, on dit que le ministre est en tutelle des tenants d'une
libéralisation des travaux de construction domiciliaire. (17 heures)
Si ce n'est pas le cas, je le rappelle, je pense que le ministre a le
devoir et la responsabilité de faire connaître les actions
précises et concrètes qu'il entend poser d'ici la fin de la
présente session sur la loi 185, sur le travail au noir, sur le fonds de
formation de la main-d'oeuvre dans la construction, sur les champs
d'application et sur l'étalement des travaux publics. C'était
l'engagement qu'il avait pris, et rien à ce jour ne nous permet de
penser que quelqu'un l'ait dégagé de ses engagements.
Notre deuxième dossier, et ça ne vous étonnera pas,
c'est le dossier de la CSST. Si on parle d'une industrie de la construction qui
est en crise, lorsqu'on parie de la CSST, on ne parie plus de crise mais de
marasme, ou plutôt on frise la catastrophe. C'est un déficit de
800 000 000 $. Il y en a même qui pariaient de 1 000 000 000 $ pour
l'année 1991 - une durée de consolidation qui monte en
flèche; des coûts de réparation de plus en plus
élevés; des traitements médicaux et de réadaptation
qui accaparent une part de plus en plus importante des budgets. Et l'absence du
ministre dans ce dossier, selon toute vraisemblance, a laissé la place
au discours patronal qui, s'il se justifie sur certains points,
discrédite lourdement les travailleurs accidentés. Le silence du
ministre coûte cher à la CSST, à sa réputation et
menace ses acquis. L'incapacité du ministre d'imposer sa volonté
dans ce dossier, de se brancher alors qu'on lui a demandé une commission
parlementaire il y a plus d'une année, commission parlementaire avec
laquelle il était en accord... Il a dû reculer à la demande
du Conseil du patronat. Nous nous retrouvons plus d'une année plus tard
avec une situation qui s'est lourdement détériorée.
L'incapacité du ministre met en péril les acquis de la
CSST, et ce ne sont pas ses engagements verbaux pris en Chambre qui sont faits
pour rassurer le milieu, engagements qu'il a pris de protéger les acquis
de la CSST, parce que le ministre s'est montré incapable de prendre
toute forme de décision dans ce dossier. Son silence, son mutisme, son
immobilisme menace les acquis de la CSST mais compromet l'exercice financier
1992. Évidemment, il y a de l'exagération sans doute
là-dedans mais, comme le ministre ne donne pas sa version, c'est la
version du Conseil du patronat qui prévaut actuellement. Selon une
version, on aurait atteint l'équivalent, juste pour les quatre premiers
mois de l'année, d'un déficit qui oscillerait entre 300 000 000 $
et 500 000 000 $ à la CSST. Je n'ai pas osé avancer 500 000 000 $
tellement ça m'apparaissait énorme. Mais, sur la base
exclusivement du déficit de l'an passé, on peut penser que
ça va ressembler à quelque chose comme 300 000 000 $ pour les
quatre premiers mois de l'année.
Cette situation compromet, je le rappelle, les acquis fondamentaux des
travailleurs et des travailleuses, mais il a un discours qui discrédite
indistinctement tous les travailleurs et les travailleuses accidentés.
On en fait des abuseurs, des tricheurs et des profiteurs. Le silence du
ministre qui vient accréditer cette campagne de dénigrement
ressemble à la campagne de dénigrement des
bénéficiaires de l'aide sociale: on a réussi à en
faire des responsables du chômage et non pas des victimes. On est en
train de faire la même chose à l'endroit des travailleurs
accidentés.
Il y a plusieurs questions qui se posent par rapport au dossier de la
CSST et les réponses sont loin d'être satisfaisantes. Le principal
critique, pour ne pas dire l'unique porte-parole de la CSST actuellement, c'est
le président du
Conseil du patronat. Curieusement, c'est un des principaux
administrateurs qui a eu la responsabilité, avec d'autres, d'accepter
les cotisations syndicales, qui a la responsabilité de faire des
recommandations touchant la partie représentant le patronat au sein des
BRP, qui en est le principal administrateur et qui a exercé, de son aveu
même, des pressions pour faire diminuer les taux de cotisation à
la CSST tels qu'ils avaient été prévus en 1989.
Ce qui est dommageable, dans le dossier actuel, bien qu'on puisse
reconnaître que le patronat ait à certains égards raison
pour l'essentiel, c'est que le discours discrédite la CSST et que le
silence du ministre vient accréditer le discours patronal. Je pense que
la commission parlementaire pour l'étude des crédits devrait
donner l'occasion au ministre de faire la lumière sur le dossier de la
CSST, devrait lui donner l'occasion de nous faire connaître ses
intentions pour redresser la situation à la CSST mais, en même
temps, devrait permettre de corriger l'impression particulièrement
désastreuse, négative que l'on a des travailleurs
accidentés.
J'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux travailleurs
accidentés. Le travailleur accidenté dont on parle, là, il
est théorique: le voleur, le tricheur, l'abuseur. Allez rencontrer un
accidenté du travail qui est tombé d'un escabeau d'une hauteur de
15 a 20 pieds, qui a les genoux finis puis la colonne aussi, puis dites-lui
qu'il triche, lui, parce que son accident est arrrivé à 35 ans et
qu'il va être comme ça jusqu'à ce qu'il meure. L'image
qu'on a des accidentés est de ceux qui sont là plus longtemps
qu'il faudrait, qui abusent des médecins, qui abusent du système.
Mais on n'a plus l'image réelle de l'accidenté du travail et on
discrédite tous les accidentés du travail. Le ministre est
silencieux là-dessus et c'est infiniment déplorable. Nous aurons
l'occasion de poser un certain nombre de questions.
On sait qu'actuellement 20 % des accidents de travail
représentent 80 % des coûts. Il y a 76 % des diagnostics
médicaux qui sont confirmés en appel. Combien ça
coûte, ça? On ne le sait pas. Sur quelle base le patronat ou la
CSST vont-ils en appel du diagnostic médical? Est-ce que c'est juste
pour le plaisir, juste pour faire prolonger l'attente, juste par masochisme?
Non, je ne le crois pas, parce qu'il y a des intérêts, parce qu'on
n'irait pas de façon si systématique en appel du diagnostic
médical si ça n'était pas payant quelque part pour
quelqu'un. Je pense que le ministre a la responsabilité de faire toute
la lumière sur ce dossier. Il y a des dossiers, faut-il le rappeler, qui
remontent à la CALP. Ça coûte environ 8000 $ par dossier
à la CALP - coût moyen - et ils remontent pour des lunettes, pour
une bicyclette fixe ou encore pour le coût d'un taxi. Ce n'est pas
très normal.
M. le Président, l'exercice est par ailleurs trop court, sans
doute, pour qu'on puisse faire le tour de ces questions. J'ai l'intention
d'aborder l'étude des crédits sous trois angles particuliers: des
questions d'ordre général sur le ministère, si vous le
permettez; ensuite les questions sur les suites à donner, ou qui ont
été données ou qui seront données au rapport
Sexton-Picard, et je pense particulièrement à la loi 185; le
travail au noir; l'étalement des travaux publics; et, évidemment,
la CSST. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
vous remercie, madame. Vous nous proposez une façon de procéder.
Je présume que M. le ministre est d'accord? Oui? On s'entend bien
qu'à la fin du temps qui nous est alloué les crédits sont
considérés comme vérifiés.
Alors, sur ce, sans plus tarder, je vous cède la parole.
Mme Blackburn: J'ai bien reçu et j'ai lu
attentivement...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, madame.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): On
se comprend bien qu'on arrête à 18 heures, d'abord, puis qu'on
reprend à 20 heures, hein?
Mme Blackburn: À 20 heures, oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Parce que le ministre doit aller au Comité de législation, je
crois.
Discussion générale
Mme Blackburn: Bien. J'ai reçu le cahier des
crédits avec les réponses aux différentes questions que
nous avions posées. Je voudrais remercier les fonctionnaires, ce sont
des documents bien faits, bien que, évidemment, on n'ait pas
répondu aux questions qu'on n'avait pas posées! Il y en a
quelques-unes pour lesquelles les réponses sont plutôt sibyllines,
mais j'aurai l'occasion d'y revenir. (17 h 10)
Émission de cartes de compétence aux
jeunes
Peut-être une question qui intéresse
particulièrement les jeunes, l'émission des cartes de
compétence et le trafic des cartes de compétence. Deux question
distinctes, mais deux questions importantes. Tout récemment, il y a
plusieurs cas de comté qui nous ont été rapportés
concernant des étudiants ayant suivi un cours donnant droit à une
carte de compétence émise par la CCQ. Ces cas nous indiquent que,
bien qu'ils aient des contrats d'engagement de 150 heures, la
Commission de la construction refuse de leur émettre leur carte.
On a appris qu'en mars dernier un décret avait été
adopté et qui mettait fin à l'émission automatique des
cartes pour ceux qui avaient suivi un cours et respectaient la condition
prévue d'avoir ces 150 heures. Or, plusieurs étudiants qui
avaient débuté leur cours avant ce décret se sont vu
refuser leur carte. Le ministère nous a fait parvenir des explications
concernant les 150 étudiants qui devaient recevoir leur carte en janvier
dernier, à Québec, mais il ne nous a pas fourni d'explications
sur ce problème qui est d'envergure provinciale.
Est-ce que le ministre a eu une entente avec le ministère de
l'Éducation pour qu'il ait au moins la décence de ne plus offrir
les cours, si on refuse l'accès aux chantiers de construction,
particulièrement dans les secteurs où il y a un surplus de
main-d'oeuvre?
M. Cherry: Je demanderais, M. le Président, au
président de la Commission de fa construction du Québec, M.
Alcide Fournier, qui est avec son adjoint également, de bien vouloir
répondre.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, son adjoint qui s'appelle monsieur?
M. Ménard (André): André Ménard.
M. Cherry: Ménard.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
André Ménard. Alors, M. Foumier, M. Ménard.
M. Fournier (Alcide): Oui. Bon, d'abord, je pense qu'il faut
expliquer l'ajustement qui se fait entre les besoins de main-d'oeuvre de
l'industrie de la construction et les cours qui sont donnés par le
ministère de l'Éducation. Au cours des dernières
années, une plus grande proportion des nouveaux salariés dans
l'industrie de la construction sont entrés après l'obtention de
diplômes. La progression est assez rapide. On avait, il y a trois ou
quatre ans, à peu près 10 % de diplômés qui
entraient dans l'industrie de la construction et là on est rendu
à près de 70 % qui sont des diplômés. Donc, il y a
eu un progrès.
Évidemment, comme vous le disiez tantôt, l'industrie de la
construction est en pleine crise. Les nouveaux emplois sont très rares
dans l'industrie et les partenaires de l'industrie tentent de protéger
l'employabHité des gens qui détiennent déjà leur
carte. À l'heure actuelle, la disponibilité dans les bassins de
main-d'oeuvre, c'est-à-dire des travailleurs qui détiennent des
cartes et qui veulent un emploi, est autour de 48 %. Le taux de chômage
de Statistique Canada, lui, est autour de 34 %, ce qui veut dire qu'on a
beaucoup de travailleurs détenant des cartes qui veulent avoir des
emplois dans l'industrie de la construction, et ça laisse moins de place
pour les nouveaux.
Également, il faut dire que les discussions se continuent avec le
ministère de l'Éducation pour ajuster la possibilité de
donner des cours au besoin de l'industrie et de l'ajuster de façon
permanente pour que ça ne varie pas d'une année à l'autre.
Pour donner un exemple, il y a des métiers, dans l'industrie de la
construction, qui attirent beaucoup de jeunes. Je pense à
électricien, charpentier, menuisier, plombier. Dans à peu
près toutes les régions, les jeunes s'inscrivent dans ces
métiers-là, ne s'inscrivent pas dans les autres métiers.
Alors, évidemment, il arrive qu'on a beaucoup trop de
diplômés dans ces métiers-là pour les emplois
disponibles, et on ne peut pas les accepter tous dans l'industrie de la
construction.
Ce processus-là est en discussion au ministère de
l'Éducation pour qu'on puisse fixer, pour chaque année, une
formation par région et provincialement, par métier, pour que se
fasse l'adéquation entre l'entrée dans l'industrie de la
construction et la formation des jeunes. Alors, c'est un processus qui est
relativement difficile parce que le ministère de l'Éducation doit
aussi ajuster ses centres de formation. Ce n'est pas toujours facile. Il y a
des centres qui doivent fermer, d'autres doivent peut-être ouvrir, et
c'est une opération difficile dans chacune des régions du
Québec. Mais c'est un objectif qu'on poursuit de ne pas former des
jeunes inutilement lorsqu'il n'y aura pas d'emplois dans l'industrie de la
construction.
L'autre objectif, c'est d'éviter qu'H y ait des fluctuations
annuelles, c'est-à-dire: une année, on en prend 200,
l'année suivante, on n'en prend pas, l'année suivante, on en
prend 100. Alors, l'objectif, c'est de maintenir un «contingent» en
formation, un «contingent» permanent, et qui entrerait, à ce
moment-là, automatiquement dans l'industrie de la construction...
Mme Blackburn: Je me rappelle bien un discours. Il faudrait que
je revienne un peu au débat que nous avons eu en Chambre, au moment
où on adoptait une loi. On faisait la leçon au gouvernement
précédent en disant: Nous, on va ouvrir la construction aux
jeunes. C'est un scandale, ce que vous avez fait, ça ne se reproduira
jamais. Vous avez entretenu l'espoir chez ces jeunes d'aller chercher une
formation qui leur permettrait d'avoir accès au marché du
travail. Ce n'est pas vraiment à vous que je parie comme au ministre
responsable de ces questions-là.
Là, la condition, c'était: ayez un entrepreneur qui vous
offre 150 heures et vous pourrez rentrer sur un chantier et,
éventuellement, avoir vos cartes. Et là vous dites aux jeunes:
Non, les règles qu'on a établies, là, c'était pour
les autres; vous autres, vous n'entrez plus là-dessus.
Alors, je me dis: Est-ce que, en matière d'équité,
le ministre a l'intention de remettre à ceux qui ont leur contrat de 150
heures en main et qui l'avaient au moment d'entreprendre leur formation...
Est-ce qu'il a l'intention de prendre les mesures pour que ces jeunes-là
aient en main des cartes de compétence?
M. Cherry: Dans un premier temps, ils vont avoir le carnet
d'apprenti. Juste pour qu'on s'entende bien, là, P y en a 4000 par
année. Une des difficultés, c'est la répartition dans les
régions. On le sait que c'est ça le problème, parce qu'on
sait que ça fonctionne par bassin puis par région. Donc, il est
possible que dans une région donnée la promotion, cette
année-là, de ce type d'étudiants coïncide avec ou un
surplus de travailleurs expérimentés disponibles ou une
diminution de l'activité économique comme telle de la
construction. Donc, la difficulté, c'est la répartition, sur
l'ensemble du territoire québécois, de ceux qui graduent par
rapport aux besoins. Ça, c'est une première constatation qui me
semble importante à retenir pour bien cerner les dimensions de ce
problème-là.
Il y avait un autre aspect de vos questions que je voulais...
Mme Blackburn: Je demandais: Au moins, pour ceux qui avaient
déjà les 150 heures, une promesse d'embauché pour 150
heures, est-ce que vous avez l'Intention de prendre des mesures pour qu'ils
puissent avoir leur carte de compétence?
M. Cherry: O.K. Les 150 heures auxquelles vous
référez, madame - c'est la nature de votre question, là -
ceux qui avaient ça ont tous été acceptés.
Mme Blackburn: Est-ce que la Commission sera en mesure, avec la
commission de formation professionnelle, qui, dans les régions, avec
l'opération défi, si je me rappelle, a établi les besoins
en main-d'oeuvre de façon assez intéressante et assez
précise... Est-ce que la Commission est en rapport avec la commission de
formation professionnelle de manière à établir les besoins
de main-d'oeuvre et, particulièrement, dans le domaine de la
construction, de manière à ne pas créer d'illusions et de
faux espoir chez les jeunes? C'est déjà assez difficile
d'être jeune et d'essayer de se trouver un travail, il ne faut surtout
pas faire exprès pour les décevoir, heinl
M. Fournier: Oui. D'ailleurs, on fait l'estimation des besoins de
formation dans toutes les régions, d'abord par métier et,
ensuite, régiona-lement, et on le fait depuis 1987. Les seules
distorsions qu'on peut constater, c'est qu'il y a certains jeunes qui
s'inscrivent en trop grand nombre dans certains métiers. L'an
passé, tous les diplômés, on les a acceptés et,
cette année, on va accepter à peu près tout le monde ou
presque, sauf dans certains métiers où il y a des gens qui sont
formés en trop grand nombre, et c'est encore le métier
d'électricien, par exemple. Mais on est en train d'ajuster cette
formation-là avec le ministère de l'Éducation pour que
cette situation-là ne se reproduise pas.
Mme Blackburn: Comme la commission de la construction est
déjà à la table, une autre question. Il y a un
déficit de plus de 2 000 000 $ qui est prévu à la
Commission de la construction. C'est dû en particulier à quel
facteur? (17 h 20)
M. Fournier: D'abord, je pense qu'une des grandes causes, comme
on l'a dit au départ, c'est que l'industrie de la construction traverse
une crise. On prévoit pour cette année 80 000 000 d'heures
travaillées dans l'industrie de la construction. Les premiers mois de
l'année nous laissent croire que ça peut être un peu en bas
de 80 000 000 d'heures, et ça, c'est par rapport à 91 000 000
d'heures l'an dernier et à 110 000 000 d'heures l'année
précédente. Donc, comme le financement de la Commission est
relié directement au nombre d'heures travaillées dans l'industrie
de la construction, ça nous cause un problème majeur.
On a pris un certain nombre de mesures pour redresser la situation
financière. Depuis le mois de janvier, on a réduit notre budget
d'environ 5 000 000 $. Ça veut dire 100 postes qui ne seront pas
comblés ou, s'ils étaient comblés, les gens ont
été mis à pied, 30 postes de personnes qui sont en
congé prolongé et qui ne sont pas remplacées. Tout
ça nous amène à un déficit d'encaisse ou de
liquidité, si on peut dire, à la fin de l'année, de 3 500
000 $. On ne prévoit pas d'amélioration pour l'année 1993,
ce qui veut dire qu'un déficit de l'ordre de 7 000 000 $ est
prévisible pour la fin de l'année 1993.
On ne prévoit pas de sources de revenu additionnelles, ce qui
veut dire qu'il faudrait à nouveau exercer des coupures de personnel.
Par contre, on a une convention collective qui nous dit que l'employeur ne fait
pas de mises à pied. C'est l'article de la sécurité
d'emploi. C'est un article court mais clair. Donc, de ce
côté-là, il n'y a pas d'autres possibilités. Alors,
c'est la situation financière actuelle de la Commission.
Mme Blackburn: La question est au ministre: Est-ce que le
ministre a l'intention de modifier la loi de la Commission pour lui permettre
de poursuivre les contrevenants et, évidemment, de collecter les
amendes, tel que ça a été réclamé à
l'occasion des commissions parlementaires?
M. Cherry: Vous référez à ce qui
était au niveau des plaintes pénales, c'est ça?
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: C'est en négociations avec le ministère
de la Justice.
Mme Blackburn: Et comment ça se présente?
M. Cherry: c'est ça qu'on est en train de quantifier, le
nombre de poursuites, les implications financières, le partage. c'est
ça qui est l'objet de discussions présentement.
Mme Blackburn: Mais, comme ça a déjà
existé, pourquoi est-ce que ça pose tant de problèmes
d'évaluation?
M. Cherry: II s'agit de bien assurer le suivi, au point de vue
quantitatif, entre le nombre de plaintes émises et le nombre de
poursuites, le pourquoi entre les deux, la différence, son
fonctionnement, enfin... On me dit la réforme du Code de
procédure pénale, aussi, qui fait partie de tout ça
présentement. Mais on est en négociations avec le
ministère de la Justice dans ce dossier-là.
Travail au noir
Mme Blackburn: Une des difficultés de l'industrie de la
construction, c'est le travail au noir. Est-ce que le ministre peut nous tracer
un peu le bilan de cette situation, puis nous dire c'est quoi les actions
très précises qu'il entend prendre pour contrer le travail au
noir?
M. Cherry: Dans un premier temps, concernant la loi 186, depuis
que c'est formé, maintenant, évidemment c'est toujours difficile,
le départ de ça, le partage du personnel, mais là
ça se fait bien et on est en mesure de pouvoir donner une mise en
application de ça. Quand on aura fait l'arrimage qui était
souhaité - c'est l'engagement qu'on avait fait - entre ceux qui vont
travailler à la Régie du bâtiment et les inspecteurs de la
CCQ, pour se partager l'inspection du territoire, l'échange
d'informations, on sera à même de pouvoir mesurer l'impact
très tangible du sens de ça.
Il y a également toute la définition des juridictions des
métiers. Un mandat a été donné à la CCQ,
dans une lettre qui a été envoyée le 12 mars dernier, et
le mandat leur est confié. Ils ont jusqu'au 30 juin de cette
année pour nous faire rapport dans ce dossier. Évidemment, le
comité du champ d'application, vous vous souviendrez qu'on en a
parlé longuement aussi. Dans les jours qui viennent, je ferai une
annonce concernant la composition du champ d'application. Ils ont
jusqu'à la fin de l'année, également, pour nous faire
rapport; six mois.
Concernant l'étalement des travaux, vous avez soulevé
ça tantôt, aussi.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Évidemment, je vous...
Mme Blackburn: Pour assurer un revenu plus permanent aux
travailleurs de la construction?
M. Cherry: Oui. Je vous rappelle que nous avons maintenant,
depuis le 21 avril, un sous-ministre adjoint, au ministère du Travail,
dont la principale responsabilité est le secteur de la construction.
Vous me direz que c'est il y a quelques semaines à peine, mais il est
maintenant en fonction et en communication avec le Conseil du trésor.
Vous vous souviendrez que, dans le plan Sexton-Picard, c'est le Conseil du
trésor qui avait pris l'engagement de présider cette
réunion-là. Les communications sont en train d'être bien
établies et on m'indique que cette réunion-là devrait
avoir lieu à l'automne, sous la direction du Conseil du trésor et
des intervenants de la CCQ, concernant la façon dont fonctionnent
l'étalement des travaux et les investissements publics dans...
Relance de l'industrie de la construction
Mme Blackburn: Le gouvernement n'a pas jugé utile
d'investir autant qu'il avait été prévu pour relancer
l'industrie de la construction. Est-ce que le ministre a fait des pressions?
Est-ce qu'il a vu le président du Conseil du trésor? Est-ce qu'il
a pris la parole sur ce dossier? On constate, par exemple,
particulièrement dans ma région, la diminution des mises en
chantier, et c'est parmi les plus importantes. Dans le quatrième
trimestre 1991, c'est une diminution de 32 % au Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est
26 % dans Montréal métropolitain, c'est 21 % dans le Grand
Montréal, c'est 21 % en Gaspésie-Bas-Saint-Laurent. dans des cas
précis comme ça, est-ce que le ministre... évidemment, il
s'agit de son ministère et il s'agit du ministre qui s'est engagé
à faire des pressions pour qu'on puisse développer de
façon un peu plus harmonieuse l'industrie de la construction, mais de
façon un peu plus équitable dans les régions. quelles ont
été ses interventions dans ce dossier-là? et est-ce qu'il
pourrait nous faire connaître ses intentions quant aux prochains mois?
parce que la construction, c'est l'été. c'est le printemps.
ça ne me semble pas débloquer très rapidement dans les
secteurs que je vous signale. à montréal, c'est la catastrophe.
ce n'est pas seulement dans notre région, hein! mauricie-bois-francs, 33
%. toutes ces informations sont tirées du bulletin, de la revue de
l'activité, commission de la construction du québec, au 4e
trimestre de 1991.
M. Cherry: Les démarches ont été faites
auprès du président du Conseil du trésor, comme les autres
collègues interpellés dans ce dossier,
puis je pense qu'on n'aura pas trop, trop longtemps à attendre
pour pouvoir évaluer ça pour le discours du budget.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a des mesures qui seront prises
pour soutenir l'industrie de la construction, tel que le réclamait le
Conseil du patronat il y a déjà plus d'une année? Par
exemple, déductions fiscales sur les coûts reliés à
la construction domiciliaire ou à la rénovation domiciliaire,
l'équivalent du programme Mon taux, mon toit. Est-ce qu'il y a des
mesures qui sont prévues pour soutenir un peu l'industrie de la
construction?
M. Cherry: Je n'ai pas à vous rappeler que la
responsabilité de Mon taux, mon toit relève de mon
collègue des Affaires municipales, étant le responsable de
l'habitation, si c'est à cet aspect-là que vous
référez. (17 h 30)
Et, pendant que vous soulevez ça, je voudrais le rattacher au
commentaire d'introduction que vous avez fait. J'ai participé la semaine
dernière, avec mon collègue de l'Industrie et du Commerce,
à une réunion qui réunissait au-delà de, je pense,
40 à 50 personnes concernant la grappe industrielle de l'habitation. Le
positivisme qui ressortait de cette réunion, l'esprit de collaboration
qui régnait entre les différents intervenants, autant les
constructeurs que les fournisseurs de matériaux, que ceux qui ont de
l'équipement à vendre ou à louer... On parlait même
des maisons de l'avenir, avec toute l'implication de la formation de la
main-d'oeuvre. C'est une réunion qui était extrêmement
intéressante et, quand le procès-verbal de cette
réunion-là sera rédigé et accepté par les
parties, ça me fera plaisir de vous en faire parvenir une copie, parce
que ça me semblait une occasion privilégiée et que les
membres l'ont considérée comme telle dans tous les secteurs de
champs d'activité - comme je vous le disais - interministérielle,
et les gens de l'Industrie et du Commerce et les gens du ministère du
Travail, pour échanger ensemble sur l'ensemble des activités
économiques de ce secteur-là. C'était extrêmement
intéressant. Il y avait là une volonté de créer des
consensus.
Les gens disaient, par exemple: J'ai ici mon fournisseur de
matériaux premiers. Les gens à qui, moi, je fournis... Et les
gens disaient: C'est la première fois que c'est deux, trois niveaux
différents, mais qui s'imbriquent très bien dans l'industrie de
l'habitation, qui se retrouvent autour d'une même table. Ils
étaient bien heureux de ça et ils disaient que de ça vont
découler des secteurs d'activité économique qui leur sont
particuliers et qui devraient avoir un impact très significatif dans le
dossier de l'habitation. Ils ont même souligné qu'Hs souhaitaient
que le nom en soit modifié, parce que l'habitation, c'est comme si ce
n'était limité qu'à de la construction d'habitations, et
qu'ils souhaitaient que ça élargisse pour les grands travaux, que
ça puisse inclure les routes, à cause des planifications, des
nouveaux matériaux, des nouveaux modes de production et de... Alors, je
vous avoue que c'était très, très intéressant.
Encore une fois, là, les gens ont l'intention de donner une suite
à ça.
Ce que les gens étaient aussi bien heureux de souligner, c'est
qu'ils disaient que, pour eux, c'était la première fois qu'il y
avait une réunion qui concernait la construction, l'habitation en dehors
de la façon traditionnelle des relations de travail. Dans ce
sens-là, ils étaient extrêmement heureux de l'initiative
qu'a prise mon collègue et de l'ensemble des efforts gouvernementaux et
des possibilités qu'on veut mettre à leur disposition.
Mme Blackburn: M. le Président, l'industrie de la
construction, c'est les relations de travail, la planification des travaux
publics. C'est la recherche-développement. C'est la formation de la
main-d'oeuvre. C'est également les différentes dispositions
fiscales susceptibles de soutenir l'industrie de la construction.
Question au ministre: Est-ce que l'industrie de la construction a
accès aux programmes de recherche et de développement?
M. Cherry: Qui est la responsabilité de mon
collègue de l'Industrie et du Commerce?
Mme Blackburn: Oui. M. Cherry: C'est ça? Mme
Blackburn: Oui.
M. Cherry: O.K. Fait intéressant découlant de la
réunion à laquelle je référais la semaine
dernière, il semble se créer, dans ce secteur-là, une
synergie qu'eux-mêmes se découvraient. Ils tentaient de se
regrouper pour faire ce que vous dites, et de la recherche et du
développement, pour pouvoir se qualifier pour certains programmes, pour
unir leurs forces pour occuper des marchés déjà existants
et en conquérir des nouveaux, plutôt que de travailler
individuellement, chaque entreprise selon sa dimension. Ils souhaitaient que
l'ensemble des activités qui regroupaient cette grappe de l'habitation
puisse déboucher sur ce type d'activité.
Et là ils reconnaissaient qu'ils avaient intérêt -
que ce soit dans le secteur de la porte et fenêtre, des nouveaux
matériaux, des nouvelles méthodes - au lieu, chacun d'eux, de
faire leurs représentations individuelles auprès du ministre de
l'Industrie et du Commerce pour des sortes de fonds comme vous souhaitez,
qu'ils auraient intérêt à se regrouper, à identifier
des marchés cibles. Par exemple - et je reprends leurs paroles, c'est
eux qui le disaient - même si on veut s'attaquer au marché
américain en ciblant
des régions, ils reconnaissaient eux-mêmes que probablement
dans la grande région, par exemple, de Boston, bien, tu ne t'adresses
pas au même type de portes et de fenêtres et de matériaux
que si tu veux tenter d'envahir le marché de la Californie. Alors, ils
identifiaient là, pour eux, des marchés cibles et reconnaissaient
qu'il fallait se concerter et faire des actions plus unifiées pour
tenter de percer là-dedans, parce qu'ils avouaient que certains d'entre
eux avaient fait des efforts importants par rapport à leur taille.
Certains mentionnaient avoir fait des efforts de 500 000 $,
échelonnés sur une période d'au-delà d'un an, pour
tenter de percer des marchés, avec très, très peu de
succès. Alors ils souhaitaient, là, se regrouper et bien
identifier des cibles dans certaines régions, plutôt que de se
compétionner; mieux cibler le marché, mieux se le partager, avec
l'aide de programmes de recherche, mieux cibler le marché et la mise en
marché.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il nous indiquer les programmes
qui sont admissibles, pour les entreprises de l'industrie de la construction,
en matière de R-D? Selon ma connaissance du dossier - je ne suis pas
allée fouiller très récemment - c'est qu'ils
étaient exclus de tous les programmes de subvention à la R-D.
L'industrie de la construction n'avait pas accès au programme de soutien
à la recherche-développement, ce qui expliquait qu'en industrie
de la construction vous aviez juste ce qu'on appelle le transfert technologique
des découvertes ou de nouvelles technologies. Ça pouvait prendre
jusqu'à 10 ans à rentrer chez nous, parce qu'on n'a pas de
programme de soutien au transfert technologique. Alors, moi, je ne parle pas,
là, que ça s'entend bien, puis qu'ils ont l'air bien fins, puis
qu'ils se demandent où ils vont s'en aller. Je demande de façon
précise: Quels sont ces programmes et dans quels ministères les
trouve-t-on? Et est-ce que le ministre s'est jamais intéressé
à ce genre de question?
M. Cherry: Vous savez très bien que, pour ce type de
programmes là, vous devez adresser vos questions au ministère de
l'Industrie et du Commerce! Ça relève de lui. Vous savez
ça!
Mme Blackburn: M. le Président, ils n'étaient pas
admissibles. Est-ce que le ministre est intéressé à cette
question? Est-ce qu'il est allé demander à son collègue
pourquoi l'industrie de la construction était exclue des subventions?
C'est ça, la question.
La même chose pour l'industrie de la construction qui n'avait pas
accès aux crédits d'impôt à la formation. Ça,
ça a été corrigé. Je le sais. Je vois M.
Gabrièle, je sais que ça a été corrigé.
Mais, sur la R-D, je ne le pense pas.
Est-ce que le ministre s'est déjà
intéressé... Là, il a participé à une
rencontre qui était emballante, il prenait connaissance de ça.
Mais c'est plus que ça, l'industrie de la construction, là.
M. Cherry: Deux choses. La réunion à laquelle j'ai
référé, la semaine dernière, si j'étais
content de vous en parler, c'est que c'est à ma suggestion qu'elle s'est
tenue aussi rapidement, évidemment en collaboration avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Pour les aspects particuliers
que vous soulevez, j'en prends bonne note et je vous communiquerai ces
informations-là dans les meilleurs délais.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre va faire les
vérifications que je lui demande? Et est-ce qu'il va faire les
représentations?
M. Cherry: Oui. Mme Blackburn: Bien.
Décrets du verre plat et du bois
ouvré
Donc, dans un tout autre secteur, parce qu'on a parlé de
questions d'ordre général, les décrets, et celui de
l'industrie du verre plat. On sait que le ministre a reçu de nombreuses
représentations et que la façon qu'il avait eue de
répondre à la question en Chambre démontrait qu'il
était moins informé que plus. Depuis, est-ce qu'il a eu
l'occasion de prendre connaissance du dossier? Et qu'est-ce qu'il entend faire
dans ce dossier?
M. Cherry: Je n'ai pas l'intention de répondre sur votre
appréciation de mon information du dossier ou pas concernant les
décrets.
Mme Blackburn: Bien, alors, à ce moment-là, il
faudrait que le ministre évite de porter des jugements sur la nature de
mon information, comme il l'a fait en Chambre à ce moment-là.
M. Cherry: II faudra que je réfère à
l'aspect particulier qui semble faire l'objet de votre remarque à ce
moment-ci. Je n'en fais pas relation, mais, si jamais il y avait quelque chose,
je verrai à ça.
Concernant le décret du verre plat - c'est à ça que
vous avez référé - je présume que vous avez dit les
décrets, mais vous référez au verre plat...
Mme Blackburn: Décret du verre plat.
M. Cherry: ...donc les deux, c'est celui du verre plat et du bois
ouvré.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: C'est à ça que vous
référez? Bon. Pour être bien certain qu'on se comprenne
bien...
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Cherry: ...c'est pour ça que je vous demande ces
précisions-là.
Mme Blackburn: J'ai rencontré les gens et ils ont fait
auprès de moi les mêmes représentations qu'auprès de
vous, alors je connais un peu le dossier, oui. (17 h 40)
M. Cherry: O.K. Dans le cas du bois ouvré, on a
extensionné le décret de six mois. Je profite de l'occasion aussi
pour vous rappeler que j'ai fait une tournée de cette
industrie-là. J'ai visité environ une douzaine d'entreprises
impliquées dans la fabrication de portes et fenêtres, que ce soit
concernant l'utilisation du verre plat ou du bois ouvré, des
unités scellées. J'ai visité des entreprises qui
fonctionnaient presque de façon artisanale, comparativement à la
fine pointe de la technologie avec des usines équipées,
là, à ce qui se fait de mieux au monde présentement. Donc,
j'ai visité les deux aspects.
J'ai visité les usines qui ne fabriquent que des fenêtres
de bois, d'autres qui en font en aluminium, en PVC, recouvertes de
matériaux, enfin, pour pouvoir avoir une connaissance bien
précise de quelles sont les habitudes de fonctionnement et les
distinctions à faire entre chacune des gammes de ces produits-là.
Donc, j'ai pris sur moi l'engagement envers eux et je suis allé en
visiter une douzaine, de ces entreprises-là. Certaines font des
unités scellées, certaines ne veulent pas en faire,
d'unités scellées. C'est le problème du double
assujettissement dans les endroits où il y en a. Bon.
Il y a eu des représentations de faites. Vous l'avez vu. Vous les
avez reçues comme moi. Certains ont même utilisé les
médias pour communiquer, des pétitions pour nous sensibiliser.
L'important, là-dedans, c'est que, dans un premier temps - pour
répondre concernant le secteur du verre plat, parce que c'était
ça la première partie de votre question - dans le secteur du
verre plat, où le comité paritaire - et là je fais bien la
distinction - tant patronal que syndical... Il y a là unanimité
pour le maintien du décret du verre plat. Pour eux, là, il n'y a
pas d'ambiguïté dans la composition de leur groupe et l'aspect
représentativité, ils veulent le maintien tel que c'est
là. Et il y a 8000 emplois là-dedans. Bon.
Concernant la composition des gens qui sont assujettis au décret
du bois ouvré, il faut faire la distinction. Certains sont des
fabricants de portes et fenêtres, d'autres d'armoires de cuisine,
d'autres de moulures. Il est important, pour bien cerner le problème -
et je profite de l'occasion pour qu'on en parle entre nous avec plus de temps
que, des fois, une courte période de réponses à
l'Assemblée nationale... Vous avez, dans un premier temps, le bloc des
gens qui sont dans les armoires de cuisine, qui représentent, eux, un
plus fort pourcentage de l'ensemble de la partie patronale et des travailleurs
qui sont dans le bois ouvré que ceux des portes et fenêtres. Si je
risquais un chiffre, là, en associant le bois ouvré et les
armoires de cuisine, vous avez là, si ma mémoire est bonne, 60 %
et 40 % qui sont des fabricants de portes et fenêtres.
Donc, dans un premier temps, je vous avouerai que les
représentations qui m'ont été faites concernant les
manufacturiers d'armoires de cuisine, qui sont en majorité par rapport
aux fabricants de portes et fenêtres, eux veulent le maintien du
décret. Ils vous ont dit la même chose?
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Cherry: Ils veulent la même chose, ils ont un taux de
syndicalisation d'environ 20 %. Ils sont répartis à la grandeur
du territoire, si ma mémoire est exacte. Ils sont au-delà de 400
manufacturiers, dont certains de très petites unités, d'autres
des moyennes.
Donc, il y a là une distinction Importante à faire. Quand
on nous fait des représentations dans le secteur du bois ouvré,
souvent on laisse créer la perception comme s'ils pariaient au nom de
l'ensemble de l'industrie. Mais je dois vous dire, M. le Président, que
la majorité des gens qui composent le secteur du bois ouvré
souhaitent le maintien du décret. C'est pour ça, là, qu'on
a agi comme ça dans un premier temps.
Pour l'autre groupe, qui compose les 40 %, qui sont les fabricants de
portes et fenêtres, on a jusqu'à maintenant véhiculé
et il a pu se créer une perception comme quoi les fabricants de portes
et fenêtres étaient unanimes, eux, à vouloir l'abolition du
décret. Je dois communiquer aussi que, même dans les fabricants de
portes et fenêtres, les derniers 40 % qui deviennent notre nouvelle
entité, même là-dedans il n'y a pas unanimité.
Certains ne veulent pas faire d'unités scellées et, parmi
ceux-là, le plus important des manufacturiers, Donat Flamand, pour ne
pas le nommer, qui, lui, a été bien clair, a dit: Moi, je n'en
fais pas, je ne veux pas en faire, j'ai un service excellent.
Donc, il faut faire bien attention quand on parie des gens qui font des
représentations. Il est loin d'y avoir unanimité, même
parmi les fabricants de portes et fenêtres, sur l'abolition ou le
non-assujettissement des décrets, et même chez ceux qui veulent
faire des unités scellées. Parmi ceux-là, si on faisait la
comptabilisation de ceux qui en veulent puis de ceux qui n'en veulent pas, on
se retrouverait, M. le Président, avec une minorité
d'entrepreneurs qui veulent la modification parce que eux veulent en faire.
Bon.
Une fois que j'ai établi ça, j'ai convoqué les deux
groupes. Vous vous souviendrez qu'avant les fêtes j'ai demandé des
mémoires à chacun de ces deux groupes-là. Bon. J'avoue ici
- puis il
n'y a pas de cachette, je l'ai dit à d'autres endroits - qu'il a
fallu que j'obtienne ces mémoires-là comme un arracheur de dents.
On me promettait des dates, mais ça ne venait jamais. Il a toujours
fallu que j'insiste puis insiste et, finalement, le dernier, celui de
l'Association de la PIBOC, je l'ai obtenu ici, à Québec, un
dimanche soir. C'est là qu'on me l'a remis, juste avant la
période des fêtes.
Au retour, après le congé des fêtes, je les ai
convoquées, les parties, pour être à la recherche de pistes
de solutions basées sur la présentation de mémoires qu'ils
m'ont faits. J'ai eu l'occasion de vous communiquer en Chambre que, comme je
les avais convoqués au bureau, ils devaient attendre cette rencontre
dans la même antichambre. On a eu des représentations. Ils ne
souhaitent même pas attendre la rencontre avec le ministre dans la
même antichambre. Puis ça, c'est des gens qui disent qu'ils
veulent se parler entre eux, puis fonctionner entre eux. Bon.
Donc, inutile de vous dire que cette première rencontre-là
a été un échec. Mais, en même temps, ils ont
constaté qu'il faut qu'ils travaillent ensemble à la recherche de
solutions. Depuis ce temps-là, il semble qu'il y aurait eu certains
cheminements, dans l'évolution de types de solutions, qui permettent de
croire que, lors de la prochaine rencontre, qui se tiendra à la fin mai
- ils vont être convoqués à la fin mai, les lettres sont
déjà parties, là - on souhaite que cette fois-là la
nature de la réunion et les pistes de solutions soient celles qu'on
espère tous, à savoir quelque chose qui va solutionner. Mais je
tiens à le dire, là, quand il y a des représentations de
faites à des gens qui créent la perception, qui parlent au nom de
la majorité, c'est loin, très loin d'être le cas. Ils sont
très actifs, mais ils sont peu nombreux.
Mme Blackburn: Alors, le ministre sachant ça, pourquoi,
est-ce que d'autorité il n'a pas pris de décision dans ce
dossier? Il est en train de laisser pourrir le dossier. Parce que, pour ceux
qui le connaissent un peu moins - je ne le connaissais pas, je l'ai appris
à la lumière des différentes rencontres qu'on a eues dans
ce dossier-là - le comité paritaire de l'industrie du verre plat
a développé une dynamique de collaboration et de concertation
avec entrepreneurs-employés remarquable. Évidemment, il y a
quelques entreprises où ça pose peut-être problème,
les relations de travail, mais de façon générale ils ont
fait un consensus, et à l'unanimité ils recommandent la
reconduction du décret.
Là le ministre laisse pourrir la situation, ce qui permet
à une association qui s'est formée - je dirais un secteur du bois
ouvré qui s'appelle les portes et fenêtres - de réclamer
l'abolition du décret qui ne les concerne pas mais qui concerne celui du
verre plat. La raison pour laquelle ils demandent l'abolition de ce
décret-là, c'est que les taux horaires payés par
l'industrie du verre plat sont plus élevés que ceux dans le bois
ouvré. Alors, ce qu'ils demandent, ça a comme effet de
réduire les taux horaires. Résultat: dès le lendemain
matin, vous avez des entreprises en verre plat qui offrent le salaire du
décret, évidemment, et qui vont compétitionner avec le
bois ouvré qui, lui, va partir de nouvelles entreprises avec un salaire
plus bas. Évidemment, ça va avoir un effet net sur la
capacité concurrentielle des entreprises du verre plat. Ça, c'est
une première affaire. (17 h 50)
La deuxième chose, le ministre a appris, après sa
réponse en Chambre, parce que de la façon qu'il m'a
répondu en Chambre on avait l'impression qu'on était
complètement à côté lorsqu'on parlait de la
qualité des entreprises et du dynamisme des entreprises en verre plat...
La deuxième raison, c'est: alors que le ministre sait que ça ne
représente qu'une partie marginale des entreprises en bois ouvré,
des portes et fenêtres, là, avec des unités
scellées... Pourquoi est-ce que le ministre n'a pas mis fin au suspense
et n'a pas répondu favorablement de manière à rassurer une
industrie, celle du verre plat, qui à l'unanimité demande que son
décret soit reconduit, quand la majorité du bois ouvré
demande la même chose? C'est quoi l'idée de répondre aux
pressions d'un groupe qui est relativement minoritaire au sein de ces deux
groupes-là? Pour faire l'affaire de qui?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Est-ce que vous me permettez, M. le ministre?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): J'ai
eu des représentations d'un groupe. Moi, je ne connais pas assez le
dossier. Je peux vous dire que c'est J. B. Charron qui veut ramener toutes ses
usines en une seule, parce qu'il est dispersé en cinq dont deux en
Ontario, à cause des problèmes de décret, tout ça.
Il cherche un moyen de tout rapailler ça dans une même entreprise
parce qu'il serait plus concurrentiel, plus rentable, etc. Et il y a la
différence de tarif, de taux qui semble créer un gros
problème. Alors, je ne sais pas s'il est minoritaire ou majoritaire dans
le groupe, lui, là, je ne connais pas le dossier.
Mme Blackburn: À ma connaissance, il est dans le bois
ouvré.
M. Cherry: J'ai souligné tantôt que, quand on parle
de la fenestration - et là vous allez reconnaître une des
difficultés de M. Charron - c'est que ce n'est pas seulement la
fenêtre en bois, il y a aussi la fenêtre en aluminium. Elle,
à quoi est-elle assujettie? Vous avez les
matériaux qui sont le PVC aussi.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Cherry: Donc, ce n'est pas aussi simple que ça peut le
sembler, dans un premier temps.
Dans un deuxième temps - et là je reviens aux commentaires
que j'ai faits tantôt - ces gens-là, à mon avis, et je
tente de les convaincre de ça... C'est facile de trancher, mais ils
reconnaissent qu'ils ont besoin d'aide: un, pour stabiliser leur industrie,
deux, pour acquérir des nouveaux marchés. Mais, pour faire
ça, ils ne peuvent plus continuer; ils l'ont, le résultat.
À chaque fois qu'ils ont tenté de percer le marché
américain, par exemple - parce que c'est le plus important et que c'est
celui qui est le mieux à notre disposition - certains ont investi des
efforts puis beaucoup d'argent et ont à peine réussi.
Alors, on tente de leur communiquer qu'ils auraient intérêt
à travailler ensemble, à se compléter, et on profite de
l'occasion, si vous voulez, de ces difficultés pour les amener à
cette réflexion-là de tenter de se compléter plutôt
que de se compétitionner, de mieux se répartir les parts du
marché. C'est ça qu'on tente de faire présentement, mais
ce n'est pas facile parce que ce n'est pas dans la culture de ces
gens-là. C'est une industrie, la porte et fenêtre, qui a connu une
progression phénoménale dans les dernières années.
On occupe au Canada une partie plus importante que celle qui est la nôtre
propre, par rapport à nos besoins d'écouler nos produits au
Québec. On occupe une partie importante du marché canadien. Mais,
à cause qu'il y a une diminution de l'activité de construction
sur l'ensemble du territoire canadien, au Québec on a
présentement une surcapacité de production. Alors, on tente de
les amener à penser à s'associer pour mieux assurer leur survie,
mieux faire la recherche et développement, mieux cibler des
marchés. Mais, encore une fois, là, tant qu'ils n'auront pas
identifié que la solution passe par ça, il va y avoir
périodiquement des relents de ce qu'on connaît de
représentations.
Mme Blackburn: Non, non! Je voudrais qu'on soit clairs. Ceux qui
se plaignent, ce n'est pas l'industrie du verre plat. On me dit que c'est une
industrie qui est compétitive. On dit qu'elle a augmenté, depuis
1981, sa part du marché de 10 %, que les importations occupent moins de
3 % du marché québécois. Autrement dit, là, on est
autosuffisant à 97 %. Bon. C'est une industrie qui va bien et dont les
prix de vente sont plus bas au Québec qu'en Ontario et aux
États-Unis, même s'ils ont un taux horaire plus
élevé. Et là on a une industrie qui va relativement bien.
Il y a un taux horaire qui est plus élevé, ce qui permet aux
employés d'avoir un niveau de vie un peu plus décent, qui permet
à ces employés d'investir dans des maisons, dans les biens
durables. Et là on est en train de déstabiliser cette industrie
sous prétexte que le bois ouvré, qui a un taux horaire plus bas,
n'arrive pas à joindre les deux bouts. Et puis pas toutes les
entreprises, puis pas toutes les entreprises de portes et fenêtres; celle
dont parlait le président tout à l'heure, et c'est la seule qui
nous semble être en train de bloquer tout le mécanisme, parce que
c'est elle qui, actuellement...
Je vois le ministre rougir, il le sait. Il connaît
l'allégeance du gars, puis il sait ce qu'il est en train de faire. C'est
ça qui est inacceptable. Il est en train de déstabiliser toute
l'industrie du verre plat pour faire plaisir à un «chum» qui
veut réunir dans sa même entreprise et le verre plat et le bois
ouvré. C'est ça. Puis lui veut faire ça,
évidemment, pas au tarif du verre plat, il veut tout rabaisser ça
au tarif du bois ouvré. Et là, évidemment, il va
déstabiliser l'autre industrie.
Alors, le ministre a raison. Il dit un certain nombre de choses:
Ça fait l'unanimité au verre plat, patrons et employés,
syndicats. O.K.? Les parties, là. Ça fait l'unanimité
quasiment au bois ouvré renouvelé. Et là il y a une petite
section qui s'appelle les portes et fenêtres, bois ouvré,
dirigée par un M. Tremblay, dont on connaît aussi les
allégeances, et qui a décidé qu'elle changerait les
règles du jeu pour favoriser une entreprise.
Le ministre n'a pas le droit de laisser les choses aller dans cette
direction pour déstabiliser une entreprise qui va bien. Il n'y a
personne qui se plaint là-dedans. Pour faire plaisir à un
«chum», on va tout déstabiliser, et puis on va
réduire les taux horaires, puis évidemment appauvrir à
nouveau des travailleurs. Le ministre nous dit tout le temps: Ah! je suis
protravailleurs. Bien, c'est le temps qu'il le montre.
M. Cherry: Avant de demander à mon sous-ministre, M.
Gabrièle, de compléter une partie de la réponse, il me
semble, M. le Président, qu'il serait opportun, à ce moment-ci,
de souligner l'effort que les gens du verre plat ont fait pour justement
amenuiser la différence qui existe, salariale et autrement. Ils viennent
de renouveler leur convention collective pour une durée de trois ans
avec un gel de salaire pour la première année, un montant
forfaitaire pour la deuxième année et une troisième
année avec une augmentation, là, qui tourne dans l'ensemble de ce
qu'on fait.
Donc, ils font, eux, des efforts, et je crois qu'il y a des messages qui
se dégagent de là-dedans, même si le processus peut sembler
un peu long aux yeux de certains. Par expérience de ces
milieux-là, quand finalement on réussit à amener ces
gens-là à une meilleure concertation, même si ça a
pris plus de temps, même si parfois on a pu avoir des justifications de
perdre patience, les résultats à long terme ajoutent
beaucoup plus de satisfaction pour l'ensemble des travailleurs et des
entrepreneurs de ce secteur-là.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est exact que - ce que nous disait M.
Cormier - le comité paritaire de l'industrie du verre plat demande au
ministre simplement de reconduire le décret qui attend la signature
ministérielle depuis déjà deux ans? Ce qu'ils nous
disaient, ces gens-là - il y avait un représentant syndical et un
représentant patronal - c'est: Nous, effectivement, on a signé
une convention collective, mais, faute d'être sanctionnée par le
décret, il y en a quelques-uns qui sont un peu délinquants.
Là il faudrait que le ministre se branche. Je n'en reviens pas.
Il dit: Moi, je suis pour la collaboration, la concertation, puis tout
ça. Là, quand il y a collaboration, concertation dans une
industrie, il est en train de les traîner. Et là, quand on dit -
ce n'est pas moi qui l'ai dit - que cet organisme-là demande tout
simplement au ministre de reconduire le décret, décret qui attend
la signature ministérielle depuis deux ans...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le sous-ministre, brièvement, puisque...
M. Gabrièle (Pierre): Très brièvement. Au
niveau du décret du verre plat, il faut vous rappeler, M. le
Président, qu'ils sont syndiqués à 95 %. Donc, ils ont
tous des conventions collectives qui s'appliquent, même si le
décret n'est pas signé. Donc, le décret ne vient que
refléter un plancher minimum. Bon.
Deuxièmement, aussi, ce qu'il est important de voir, on a un
problème dans la fenestration. Actuellement, la fenêtre
d'aluminium est régie par le décret du verre plat, alors que la
fenêtre de bois et la fenêtre en PVC sont régies par le bois
ouvré. Et ce n'est pas les mêmes conditions de travail dans les
deux décrets. Donc, l'industrie de la fenestration et des portes a un
problème là-dessus. (18 heures)
De plus, on a un autre problème, qui est le double
assujettissement. C'est-à-dire, lorsqu'on fait les cadrages de bois ou
de PVC, si on veut faire les unités scellées dans la même
usine, l'employeur va avoir à régir deux décrets: un
décret pour le bois ouvré, pour le cadrage en bois, et un
décret pour les unités scellées. Donc, on est en train de
discuter avec les parties pour trouver une solution sur la fenestration et la
porte.
Et, pour corser le tout, on a aussi les portes métalliques, qui
sont un autre décret, la menuiserie pour portes métalliques.
Mme Blackburn: Alors, est-ce qu'il n'y a pas une solution, qui
serait fort simple...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Compte tenu de l'heure, s'il vous plaît, on va suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures. On reprendra de 20 heures jusqu'à 22 h 30.
Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, nous allons reprendre nos débats là où nous les
avions laissés. Mme la députée de Chicoutimi avait
posé une question, et vous étiez sur le bord de répondre,
avec M. Diamant. Mais je ne peux pas vous répéter la question. Ne
me demandez pas ça.
M. Cherry: C'est moi qui avais commencé et c'est Pierre
qui terminait, je pense....
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
C'est ça....
Mme Blackburn: On était sur le verre plat.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Sur
le verre plat, oui.
Mme Blackburn: Je ne reviendrai pas peut-être exactement
sur la même question, mais je vais revenir un peu sur un dossier de la
compagnie J. B. Charron, dont le président, c'est André Charron,
si je ne m'abuse. C'est ça?
Une voix: André Charron, oui. M. Cherry: Le
père, là? Michel?
Mme Blackburn: J'ai ici en main une lettre qui a
été adressée par la direction des décrets à
M. Michel Brault, et c'est signé Use Genest. Ça touche
précisément l'entreprise de M. Charron. Le document a plusieurs
lettres, dont une manuscrite, la première, qui est signée par M.
Brault et qui rappelle les principaux éléments d'une question qui
l'oppose à M. Charron et qui fait état du problème qu'on a
soulevé tout à l'heure.
M. Charron, qui a une entreprise qui voulait niveler à la baisse
les salaires dit: Bien, baissons le décret du verre plat pour rejoindre
le bois ouvré. Ça confirme, là, les propos qu'on a tenus
tantôt. D'ailleurs, ce que me dit M. Brault, H dit: Que M. Charron ne
veuille pas faire partie de deux décrets, c'est son affaire, mais
pourquoi nous, en tant que simples citoyens, nous devons subir les
conséquences des batailles qui se passent au sein des gouvernements?
Ça fait déjà sept ans que je me bats pour ce dossier. J'ai
fait des démarches auprès de Mme Bleau, du comité
paritaire du verre plat, du syndicat, sans avoir
aucun résultat concret. Que le gouvernement présent prenne
ses responsabilités et oblige M. Charron à nous payer ce qu'il
nous doit.
Il fait état d'une lettre qui est signée, je le dis, par
Mme Use Genest et qui rappelle les principaux éléments. Il dit
que: Le procureur du comité paritaire de l'industrie du verre plat nous
a, en effet, informé qu'une action pour plusieurs salariés de la
compagnie concernée avait été émise le 14 septembre
1988. Une déclaration en votre faveur y est incluse pour une somme de
2122,47 $ couvrant la période février 1986 à votre fin
d'emploi, en septembre 1987. Alors, ça date, là. On parle de
quelque chose qui va avoir cinq ans. Qu'est-ce que vous faites dans ce genre de
dossier là?
M. Cherry: II s'agit d'une poursuite - c'est ça? - que le
comité paritaire...
Mme Blackburn: Oui. C'est l'inscription de la cause pour
enquête. L'audition au mérite a été faite le 18
avril 1991, et cette procédure permet d'obtenir une date de
procès. La déclaration des deux procureurs a été
transmise au palais de justice de Saint-Jérôme, district
judiciaire de Terrebonne, le 10 octobre 1991.
M. Cherry: Présentement, c'est sub judice parce que c'est
devant les tribunaux. Ils attendent une date. C'est ça?
Mme Blackburn: Mais si cette cause-là est actuellement...
Vous ne pouvez pas vous prononcer parce qu'elle est devant les tribunaux.
À ce moment-là, je regardais, parce que ça vient de tomber
sur notre bureau, la liste des contributions aux différents partis par
les personnes, et on constate que ce M. Charron, par curiosité -
ça a été distribué aujourd'hui, ce rapport sur le
financement des partis - curieusement, finance le Parti libéral pour une
somme de plus de 2000 $. Alors, j'espère qu'il n'y a pas de lien entre
les deux, entre ce qu'on appelle tout le verre... des deux décrets,
verre plat et bois ouvré, et puis des cas comme ça. (20 h 10)
Moi, je pense que le ministre a la responsabilité
là-dessus de ne laisser aucune ambiguïté planer, quand on
sait que le problème du bois ouvré, c'est vraiment le
problème de M. Charron; ce n'est pas de l'industrie du bois
ouvré, et le ministre le sait, et il sait pertinemment qui tire les
ficelles dans ce dossier-là, et ce n'est pas très joli. Alors,
j'aime autant vous le dire. J'espère que le ministre aura le courage de
mettre le poing sur la table dans ce dossier-là, puis de dire: Ce genre
de bataille là, c'est fini et je ne veux pas me compromettre
là-dedans.
M. Cherry: J'ignore si... Il me semble que, pour compléter
l'information - et loin de moi de vouloir défendre J.B. Charron - mais
je pense qu'il y a quand même d'autres entreprises que J.B. Charron qui
réclament aussi. La situation... Ils sont minoritaires. Je les ai
décrits et je ne veux pas revenir, mais cibler uniquement... Vous avez
Novatech, Vernova, Inde Pane, Sure Magne-tics. Il y en a plusieurs, madame.
Mme Blackburn: Oui, mais elles ne font pas l'unanimité sur
ce dossier. Je parie de celles qui...
M. Cherry: Celles que je vous nomme...
Mme Blackburn: ...dans la catégorie portes et
fenêtres, elles sont relativement peu nombreuses qui, finalement,
mènent le bal là-dedans, évidemment, sous la direction
habile et avisée, et particulièrement bien informée de M.
Tremblay, fils de Jean, ci-devant nommé.
M. Cherry: Les entreprises, M. le Président, que j'ai
nommées sont aussi des entreprises qui contestent, donc, et je ne dis
pas ça pour défendre J.B. Charron, mais...
Mme Blackburn: Est-ce que l'intention du ministre...
M. Cherry: ...de là à faire porter qu'il est le
seul...
Mme Blackburn: Est-ce que l'intention du ministre, c'est de
redescendre le taux horaire du verre plat à celui du bois
ouvré?
M. Cherry: Mais vous savez bien que ça ne peut pas
être ça, hein?
Mme Blackburn: Non, je ne le sais pas. M. Cherry: Mais
là je vous le réponds.
Mme Blackburn: Vous avez juste une façon de le faire, de
contourner. Vous n'avez qu'à ouvrir le verre plat au bois ouvré,
au tarif du bois ouvré, puis tantôt, l'autre décret, il n'y
aura plus de monde dedans parce qu'on aura fermé les entreprises, parce
qu'elles ne pourront pas compétitionner.
M. Cherry: Mais, pour répondre plus clairement à
votre question, ça ne peut pas être ça l'intention.
Mme Blackburn: Quand avez-vous l'intention de prendre une
décision dans ce dossier? Quelle date?
M. Cherry: Les parties sont convoquées à la fin du
mois de mai.
Mme Blackburn: Et la décision se prendrait quand?
M. Cherry: On va commencer par consulter les parties pour voir
quelle sorte de cheminement il y a de fait et ce qu'il reste à
faire.
Mme Blackburn: Si ça fait comme pour la CSST, on est bon
encore pour 18 mois.
M. Cherry: Combien?
Mme Blackburn: 18 mois, la CSST, là...
M. Cherry: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est ça. Décret de
l'automobile.
M. Cherry: Lequel?
Mme Blackburn: Celui qui touche... le décret touchant les
employés de garage, c'est-à-dire des concessionnaires et des
garages de mécanique automobile.
M. Cherry: Région de?
Mme Blackburn: Région de Québec.
M. Cherry: O.K. Parce qu'il y en a plusieurs.
Mme Blackburn: Oui, il y en a un par région,
là.
M. Cherry: II y en a plusieurs régions, oui. O.K.
C'est...
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut faire le point sur ce
dossier-là?
M. Cherry: Veux-tu y aller, Pierre? O.K. Une voix:
O.K.
Mme Blackburn: Peut-être poser rapidement les questions.
Est-ce qu'il a l'intention de maintenir un taux unique ou encore est-ce qu'il a
l'intention d'établir deux taux, selon que vous êtes dans un petit
garage de mécanique ou chez un concessionnaire?
M. Cherry: Bon. O.K. Au moment où se parle...
Mme Blackburn: Quand les décisions devraient-elles
être prises?
M. Cherry: O.K. Rapidement, et Pierre Gabrièle pourra
compléter. Il y a eu prépublication, il y a eu 16 objections. La
journée d'audition a eu lieu la semaine dernière. Le 6 mai, de
mémoire, l'audition des 16 groupes qui s'objectaient a été
faite. Là, maintenant, on est en train de concilier ça.
Mme Blackburn: Et votre position? M. Cherry:
Voulez-vous...
Mme Blackburn: Et votre position là-dessus? Vous allez
prendre une décision, là?
M. Cherry: Mais là, on les a entendus la semaine
dernière.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Les 16, là, on va concilier ça et on va
regarder ce qu'il y a à faire, puis on communiquera. Pierre, veux-tu
ajouter?
Mme Blackburn: Mais, par rapport aux points qui sont
contestés, j'imagine que c'est le taux unique, uniforme?
M. Gabrièle: M. le Président, ce qui est
contesté, c'est une augmentation. On pense qu'il y a une augmentation de
70 %; sauf qu'on ne réalise pas que le décret n'a jamais
été modifié depuis 1983. Donc, on le réajuste en
1992. Beaucoup de garages déjà paient le taux que nous avons
prépublié parce qu'ils sont syndiqués. Bien sûr,
quand on prend l'ancien décret, dont les salaires n'ont pas
été modifiés depuis 1983, par rapport à celui de
1992, on peut estimer qu'il y a une augmentation moyenne de 70 %.
Mme Blackburn: Quand la décision devrait-elle être
rendue?
M. Gabrièle: Bon, maintenant, ce que nous faisons,
après les auditions... Il y a des auditions qui n'ont pas
été toutes complétées, puisqu'il y avait 16
objections et il y a 150 personnes qui ont demandé à être
entendues. Donc, quand la direction des décrets va avoir terminé
les auditions, là, elle va nous faire administrative-ment un rapport
complet et des recommandations, et ces recommandations vont être
présentées au ministre. Alors, il y a eu Radio-Canada qui m'a
appelé. J'ai répondu à Radio-Canada que ça pourrait
prendre de deux à quatre mois pour compléter l'analyse en
entendant toutes les parties et présenter une recommandation au
ministre.
Mme Blackburn: On pariait de la fin du mois de juin. Qu'est-ce
qui explique les délais additionnels? Là, si vous parlez de
quatre mois, on est rendu en mai, là.
M. Gabrièle: Oui, mais il y a 150 personnes qui ont
demandé d'être entendues. On a dû même, pour la
première audition, M. le Président, changer de place physique
parce que, dans nos locaux, il y avait trop de monde; on ne pouvait pas les
recevoir dans les salles de réunion.
Confins de travail Zellere
Mme Blackburn: Bien. Autre sujet, Zellers. Il y a une lettre qui
a été adressée au ministre le 7 avril 1992 et qui est
envoyée par l'exécutif du Syndicat des travailleurs de
Zellers-CSN, par M. Guy Cousin, vice-président de l'information, sur la
rue Alexandre-DeSève, à Montréal. La lettre fait
état de difficultés éprouvées par des travailleurs
de chez Zellers. Ils sont au nombre de 250 qui, en période de pointe,
étaient embauchés par Zellers, mais exclus de
l'accréditation parce qu'ils travaillaient seulement 30 heures. O.K.
Donc, ces gens-là touchaient un salaire de 7,30 $, alors que, pour les
employés réguliers, le taux était de l'ordre de 12,38
$.
Alors, le gouvernement, je pense, en toute bonne volonté et avec
de bonnes intentions, a modifié l'article 41.1 de la loi sur les normes
minimales du travail, qui entrait en vigueur en janvier 1992, qui faisait qu'il
ne pouvait plus y avoir un tel écart, c'est-à-dire un
écart de 7,30 $ à 12,38 $ en moyenne, entre des employés
réguliers et des occasionnels réguliers. Devant cette situation,
la direction de la compagnie Zellers a décidé de congédier
les 250 employés. Elle s'est retournée, puis elle est
allée a une entreprise de louage de main-d'oeuvre. Et là
l'entreprise de louage de main-d'oeuvre, c'est le salaire minimum. Probablement
que Zellers leur donne l'équivalent de 7,30 $, et, eux, il faut qu'ils
administrent le personnel. Donc, ce n'est plus Zellers qui paie les
employés. C'est la compagnie de location de main-d'oeuvre.
Dans ce dossier-là, d'évidence, il s'agit d'une mauvaise
volonté de la part de l'entrepreneur, de l'employeur, d'autant que la
compagnie Zellers, par son président, M. Walters, avait
déclaré que son entreprise n'a jamais été aussi
florissante, et nous enregistrons, encore une fois, un chiffre d'affaires et un
bénéfice record. Le chiffre d'affaires de Zellers, c'est de 2 300
000 000 $ avec des bénéfices de 200 000 000 $. On sait sur le dos
de qui ils le font à présent. Si jamais j'avais
fréquenté cette entreprise-là, j'arrêterais tout de
suite.
Une voix:...
Mme Blackburn: Zellers.
Une voix:...
Mme Blackburn: zellers avec un z et une apostrophe... non? alors,
est-ce que le ministre a l'intention de modifier la loi afin de mettre les
employés à l'abri de telles tactiques?
M. Cherry: O.K. dans un premier temps, c'est la Commission des
normes, vous l'avez souligné tantôt, qui relève d'un autre
ministère que le mien.
Mme Blackburn: Oui. Du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. Cherry: II faut se le dire. Dans un deuxième temps,
concernant la situation particulière que vous venez de décrire,
j'ai demandé un avis au contentieux chez nous, puis une analyse,
évidemment, des conventions collectives pour voir les implications de
tout ça. Et, ensuite, on prendra notre décision, une fois qu'on
aura ces avis-là. (20 h 20)
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez donné avis de vos
démarches à M. Cousin?
M. Cherry: II y a un suivi de lettres qui est fait à ce
monsieur-là pour l'informer de ça, madame.
Mme Blackburn: Est-ce que, selon vous - et là,
évidemment, c'est l'avis du ministre du Travail que je demande - on
devrait renforcer les dispositions pour éviter ce genre de tactique?
M. Cherry: Évidemment, il pourrait se présenter
deux façons: Est-ce qu'on doit renforcer la loi ou est-ce que c'est par
l'entremise de la convention collective qu'ils auraient dû prendre soin
de ça? C'est pour ça que je vous ai dit que j'ai demandé
un avis pour vérifier ça.
Mme Blackburn: Est-ce que, aussi, dans la même
foulée, on ne devrait pas permettre les recours collectifs? Quand on va
à la Commission des normes, ce sont des recours, les plaintes doivent
être individuelles. Ce n'est pas toutes les personnes qui connaissent le
système. Ce n'est pas toutes les personnes qui sont en mesure d'aller se
défendre devant la Commission. Je parie toujours en vertu de 41.1, pas
en vertu de l'ensemble des...
M. Cherry: Évidemment, moi, au ministère, je ne
traite que de la convention collective.
Mme Blackburn: Alors, ce que vous suggérez, c'est qu'aux
prochaines négociations le syndicat s'assure de couvrir les
employés à temps partiel qui font moins de 30 heures.
M. Cherry: Ils ont une clause de contrat forfaitaire par rapport
au nombre d'heures. À mon avis, je ne suis pas en train de vous dire
qu'on ne peut rien faire, mais il me semble que, là-dessus, là,
vu qu'il faut en discuter ce soir, même si j'ai demandé un avis,
il me semble qu'il y a deux possibilités. La première qui me
viendrait à l'esprit, c'est que je renforcerais ma convention
collective.
Lomex
Mme Blackburn: Dans un autre dossier, le dossier de l'entreprise
Lomex, Lomex Animal. Alors, pour rappeler un peu les principaux
événements, c'est qu'il y a près d'un an que les
travailleurs de la compagnie Lomex de Rivière-des-Prairies subissent les
effets pernicieux d'un lock-out sauvage. Je fais lecture de la lettre qui nous
a été adressée: Bénéficiant d'une situation
de quasi-contrôle du marché de l'équarrissage au
Québec, Lomex, filiale de Sanimal, impose sa volonté
dictatoriale, non seulement à ses employés, mais à
l'ensemble du Québec. De fait, Lomex Animal utilise effrontément
des briseurs de grève pour maintenir une partie de sa production
à son usine de recyclage de Rivière-des-Prairies, et le rapport
d'un enquêteur spécial du ministre du Travail confirme
l'utilisation illégale et répétée de briseurs de
grève.
Déjà, près de 1000 plaintes pénales ont
été logées au ministère du Travail contre Lomex.
Rien n'y fait: Lomex se moque des procédures. Elle a les reins assez
solides pour les porter sans doute. J'imagine qu'après ça, on
fera un règlement à l'amiable et ça ne lui aura quasiment
rien coûté. La situation de monopole illégal lui permet de
redistribuer les opérations de récupération et recyclage.
En effet, Lomex Animal contrôle environ 90 % du marché de
l'équarrissage au Québec. Attaquée depuis quelques mois en
vertu de la loi sur les coalitions, mieux connue comme étant la loi
antimonopole, le groupe Lomex Animal n'en continue pas moins sa domination.
Mais il y a plus. L'état de croupissement du dossier, allié au
laisser-aller débridé de la surveillance de cette industrie, ont
donné naissance à une situation de pollution
environnementale.
Alors, dans ce dossier, qui relève vraiment, là, de la
compétence du ministre, qu'est-ce qu'il fait et qu'est-ce qui explique
que ce dossier traîne en longueur et puisse contrevenir à deux
lois, d'abord celle sur le recours aux briseurs de grève et celle sur le
monopole et, en même temps, une troisième, celle sur
l'environnement? Ça commence à faire un gros contentieux.
M. Cherry: II faut faire remarquer, madame, et là je pense
bien qu'aucun reproche ne peut vous être adressé dans ce que je
vais vous dire, évidemment, ils étaient en lock-out jusqu'au 6.
Maintenant, aussitôt que le lock-out a été levé, ils
ont changé leur situation de lock-out à grève
légale. Je dois vous dire qu'aujourd'hui les parties se sont
rencontrées, et il y a une autre rencontre de prévue. Il y en a
eu une hier et une autre aujourd'hui. Donc, depuis hier, ces parties-là
sont présentement en rencontre, et vous conviendrez comme moi que faire
des commentaires à ce moment-ci pourrait influencer de façon
négative ou positive. Et ni vous ni moi voudrions pouvoir nuire à
l'accord.
Mme Blackburn: Mais, dans le cas d'un règlement où,
finalement, ils finiraient par signer une convention collective, est-ce que
toutes les plaintes déposées contre l'entreprise,
particulièrement celles reliées au recours aux briseurs de
grève, ces plaintes tombent automatiquement ou est-ce qu'il y a des
poursuites?
M. Cherry: o.k. il faut se souvenir que ces plaintes-là
doivent être présentées au tribunal du travail par les
parties concernées. ça continue au moment où on se parle.
est-ce que ça fait l'objet de discussions présentement? est-ce
que ça fera partie du protocole? là...
Mme Blackburn: Les plaintes sont déjà
déposées au Tribunal.
M. Cherry: Oui, mais...
Mme Blackburn: Mais est-ce que c'est le genre de chose où
on finit par régler l'équivalent hors cour, et puis ça ne
coûte rien à l'entreprise, ce qui expliquerait que ce genre de
procédé soit si populaire?
M. Cherry: Vous avez, comme moi, souvent entendu parler de
protocoles de retour au travail qui tiennent compte de situations qui se sont
passées dans la durée du conflit. Et ça, qu'est-ce que
vous voulez? C'est laissé au soin des parties dans le cadre de la
recherche d'un règlement de disposer de l'ensemble ou partiellement de
choses qui ont pu se passer durant ça.
Mme Blackburn: Et en ce qui a trait à la loi sur les
coalitions? Parce qu'il est en situation de quasi-monopole. C'est 90 % de
l'équarrissage au Québec qui est fait ou qui passe par Lomex
Animal. Est-ce que vous êtes au courant du déroulement?
M. Cherry: Dans un premier temps, je vous dirais que ce que vous
soulevez ne constitue pas une préoccupation pour le ministère du
Travail. Faire d'autres commentaires serait de nature personnelle et, encore
une fois, vu que les parties sont ensemble, au moment où on se
parle...
Mme Blackburn: Ça semble un peu facile. Quand on prend un
dossier et que la même personne est coupable d'au moins trois
infractions, une aux lois du travail, une à l'environnement et une au
droit sur les coalitions, il me semble qu'un gouvernement, il doit commencer
à regarder un peu tous les aspects. Il ne peut pas dire: Je ne regarde
pas ça parce que là je me bouche les yeux, ça ne me
regarde pas. Ça, ça regarde l'environnement, ça regarde...
Tu sais, je ne pense pas que ce soit comme ça dans la vraie vie,
là.
M. Cherry: Au niveau de l'environnement, je suis convaincu qu'il
n'y a pas un protocole de retour au traval qui peut disposer de
problèmes d'environnement.
Mme Blackburn: Au moins on est certain de ça?
M. Cherry: Bien oui.
Commission de la construction du Québec
Mme Blackburn: À moins... Bon, O. K. Une tout autre
question et dans un tout autre ordre d'idées. Dans la série de
questions que nous avons posées, il y en a une qui touchait les
différents contrats de moins de 25 000 $. Alors, à la Commission
de la construction du Québec - et je vais retrouver mes... - il y a une
pratique qui est assez surprenante, puisqu'on retrouve, dans des contrats de
moins de 25 000 $, un contrat qui a été attribué à
Franklin, Legault pour une somme totale d'environ 40 000 $, mais on a
fractionné les contrats. Je reviens, là. Je vais mettre la main
sur ma fiche, parce que c'était comme... ça sautait aux yeux. On
a fractionné les contrats, et tout se passe de la façon suivante:
en les fractionnant, vous n'avez pas besoin d'aller au Conseil du
trésor; ils ont tous moins de 10 000 $, 9925 $, là, et un
petit peu moins, mais pour un total de 40 000 $. Est-ce que c'est
encore permis de contourner les règlements sur les appels d'offres de
cette manière?
M. Fournier: De quel contrat vous parlez, Mme Blackburn?
Mme Blackburn: Je vais vous revenir. Bon, alors, c'est: Fortier,
Franklin, Legault Inc.: plan, devis et aménagement des locaux, 9695, 27
$; toujours Fortier, Franklin, Legault inc.: plan de ventilation de l'aile A,
3530, Jean-Talon Ouest, Montréal, 7000 $; toujours la même
entreprise, Fortier, Franklin, Legault: étude de faisabilité du
siège social, 3530, Jean-Talon Ouest, 535 $; Fortier, Franklin, Legault,
Inc.: plan, devis et aménagement des locaux, 8971, 95 $; toujours la
même entreprise, Fortier, Franklin, Legault Inc.: plan
d'évacuation (incendie) du siège social, 598, 13 $; et la
même entreprise, Fortier, Franklin, Legault inc.: réfection des
murs extérieurs du siège social, 9570, 08 $. (20 h 30)
M. Fournier: D'abord...
Mme Blackburn: Pour un total de 40 000 $.
M. Foumier: Si vous me permettez, d'abord, il faut dire que la
Commission de la construction n'est pas un organisme budgétaire, donc,
n'est pas assujettie aux règles du Conseil du trésor. La
politique Interne de la Commission, c'est que tous les contrats en haut de 50
000 $ doivent être approuvés par le conseil d'administration, et
les autres, par le président-directeur général. Alors,
j'imagine que c'est des contrats que j'ai approuvés, mais qui
étaient en bas de 50 000 $. Donc, ils n'étaient pas assujettis
à la règle de l'approbation du conseil d'administration.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est une pratique courante de
fractionner les contrats comme ça?
M. Fournier: Oui. Particulièrement, notre édifice
de Montréal, c'est un vieil édifice. Il y a une partie neuve et
une partie vieille. Ça nous arrive fréquemment de demander, soit
des études pour balancer le système de climatisation, soit pour
refaire un certain nombre de fenêtres extérieures dans la vieille
partie, parce que l'eau pénètre à l'intérieur de
l'édifice. On a fait refaire une partie du système de
ventilation. On a fait faire une étude de faisabilité pour le
réfection du système de climatisation pour l'été.
Il y avait, pour cette année, un budget de 400 000 $ pour les
fenêtres qu'on a coupé du budget. Toutes les dépenses en
immobiliation, cette année - il y en avait pour près de 3 000 000
$ - ont été réduites à 400 000 $. Alors, il est
possible que... C'est des réparations mineures qu'on a fait faire. Par
exemple, le plan d'évacuation pour l'incendie, c'est la
réglementation de la ville de Montréal. Lorsqu'on fait le
réaménagement des locaux, pour avoir l'optimisation du pied
carré, parce que notre siège social est trop petit, on demande
à une firme qui connaît l'aménagement optimum de nous faire
un plan. Alors, c'est dans ce cadre-là.
Mme Blackburn: j'imagine, comme vous ne faites pas non plus de
politique, que c'est un hasard que ce soit aussi des gros donateurs du parti
libéral?
M. Foumier: Je ne suis pas du tout au courant que c'est quelqu'un
du Parti libéral. Non. De façon générale, nos
fournisseurs... on a une liste de fournisseurs. Lorsqu'on est satisfait de nos
fournisseurs, on renouvelle les contrats.
Mme Blackburn: Mais vous n'allez pas en appel d'offres de
façon assez régulière...
M. Foumier: Oui.
Mme Blackburn:... de manière à assurer un peu
d'équité dans ce dossier-là. Vous en avez un bon, vous le
gardez.
M. Foumier: Habituellement, dépendamment des montants...
En haut de 50 000 $, on va en appel d'offres public. En bas de 50 000 $, on va
sur invitation au moins de trois fournisseurs. Mais, comme on peut le
remarquer, comme c'est
des contrats relatifs à notre immeuble, je pense que celui qui
connaît déjà notre immeuble est nettement avantagé
par rapport aux autres soumissionnaires, parce que c'est un immeuble qui a
été réaménagé peut-être 30 fois. La
climatisation, les fils électriques, il y en a plusieurs qui... Les
plans n'ont pas été mis à jour. Donc, pour une nouvelle
entreprise, c'est un peu s'en aller dans l'inconnu. Donc, celui qui a
travaillé à l'intérieur est favorisé, je pense.
Mme Blackburn: Ça vous intéresse peut-être de
savoir combien ils ont contribué?
M. Fournier: Non, ça...
Mme Blackburn: Alors, au nom de Mme Fortier, c'est de 2230 $; au
nom de M. Legault, c'est 1610 $; et M. Perron - ifs se sont partagé la
note, sans doute - 1610 $, également.
M. Fournier: Je n'étais pas au courant. Oui, je pense que
c'est...
Une voix:...
Mme Blackburn: Pardon?
Une voix: La loi électorale est respectée?
Mme Blackburn: Oui, oui. Celle sur le favoritisme,
peut-être pas, mais c'est autre chose.
M. Fournier: Non. Si vous me permettez un dernier commentaire,
d'après les montants-Nôtre édifice a été
construit par le comité conjoint de la région de Montréal,
ça veut dire avant 1965, quelque chose comme ça. Alors, c'est un
très vieil édifice qu'on a. La première partie, c'est un
très vieil édifice auquel on a ajouté un étage, le
quatrième étage. Donc, il a fallu réaménager la
ventilation, toutes ces choses-là. C'est un vieil édifice.
Mme Blackburn: Je crois à votre sincérité
là-dessus. Je n'ai rien... C'était plus...
M. Fournier: Lui, je ne le connais pas personnellement, je dois
avouer.
Mme Blackburn: Moi, non plus, d'ailleurs. Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Blackburn: Dans les réponses aux questions, à
la question 3, étude des crédits 1992-1993, on demandait la liste
des voyages hors Québec depuis le 1er janvier 1991, et là il y a
quelque chose qui me fait sursauter, la destination San Francisco, le but du
voyage: assister au congrès de l'International Foundation, bon, pour les
bénéfices des employés, et le coût total, c'est 45
947 $. Ça veut dire tous les membres. Ce que je crois comprendre, c'est
qu'il y a le PDG, ce qui m'apparaît normal, il y a M. Ferron, qui est
secrétaire...
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: ...à la construction et secrétaire
juridique, M. Lemire, qui est DGA, finances...
Une voix: Lemire.
Mme Blackburn: Lemire, oui? Les membres du conseil
d'administration, M. Dion, M. Julien, M. Tremblay, M. Richard, MM. Perron,
Paré, Lavallée, Maurice Pouliot et Donald Fortin. Ça me
semble beaucoup, 50 000 $, je ne le vous cache pas, d'autant que vous me dites
que vous joignez difficilement les bouts. Ça m'apparaît
onéreux.
M. Fournier: Oui. La Commission de la construction...
Mme Blackburn: C'est pour ça que lui veut...
M. Foumier: Je ne sais pas s'ils ont des liens de parenté.
La Commission de la construction, comme vous le savez, administre les
régimes de retraite et les régimes d'assurance des travailleurs
de l'industrie de la construction. Le régime de retraite, qui couvre 350
000 participants, est, je pense, au troisième rang des régimes
privés de retraite au Canada. Le régime d'assurance couvre 85 000
assurés et, parmi les compagnies d'assurances, assurance-salaire, etc.,
on est au 17e rang au Canada. Donc, ce sont des régimes
extrêmement importants, et les membres du conseil d'administration
estiment que leur participation à International Foundation est
également importante. C'est pour ça que, chaque année, ils
assistent au congres de International Foundation. C'est une décision
entérinée par le conseil d'administration. Selon la loi, c'est le
conseil d'administration qui doit prendre ce genre de décision
là.
Mme Blackburn: Comme c'est tous les membres du conseil
d'administration qui participaient au colloque...
M. Foumier: Oui, c'est...
Mme Blackburn: ...c'est des décisions relativement faciles
à prendre.
M. Foumier: Oui, il faut dire...
Mme Blackburn: II ne doit pas y avoir trop de chicanes au
conseil.
M. Fournier: Oui, mais je pense que les gens, quand même,
représentent, tant du côté syndical que du
côté patronal, une industrie importante. Ils dépensent
beaucoup de temps personnel...
Mme Blackburn: Ça, c'est vrai.
M. Fournier. ...dans les comités et sous-comités de
la Commission. Je ne dirais pas que c'est une récompense qu'ils ont,
mais comme les régimes d'assurance et les régimes de retraite
sont des questions... Le régime de retraite, il y a 3 700 000 000 $,
c'est extrêmement important. Les conférences, International
Foundation organise des conférences qui portent sur beaucoup de sujets:
les placements d'argent, la responsabilité des fiduciaires, les
assurances, etc. Donc, la plupart des fonds de pension, à travers le
Canada, participent à cette conférence. Grâce à la
participation des gestionnaires de fonds de pension du Québec, on a
maintenant aussi une section française à International Foundation
et je pense que c'est un peu grâce à la participation des gens du
Québec si, maintenant, il y a une section française à
International Foundation.
Mme Blackburn: est-ce que les réunions se tiennent
toujours en amérique ou si, comme c'est international, ça peut se
tenir dans n'importe quel pays du monde?
M. Fournier: Ça se tient surtout au Canada et aux
États-Unis. Il y a eu des conférences à Hawaï, il y
en aura une, l'an prochain, à Québec, il y en a eu une à
Halifax, il y en a eu une à la Nouvelle-Orléans, il va y en avoir
une aux Bermudas.
Mme Blackburn: C'est la coutume, tout le monde y va?
M. Fournier: Oui, depuis un certain nombre d'années,
oui.
Mme Blackburn: Bien, ça n'a jamais été remis
en question, cette idée qu'il fallait envoyer tout le monde, comme on
envoie un conseil municipal au complet dans un colloque ou un
congrès.
M. Fournier: Ah oui! C'a été remis en question.
D'ailleurs, on en a rediscuté à deux reprises cette année,
et la décision finale, c'a été de dire que ceux qui
veulent y aller y vont. C'est la décision du conseil d'administration
qui a été prise le 6 mai dernier.
Mme Blackburn: C'a été la décision de ne pas
prendre de décision, dans le fond.
M. Fournier Bien...
Mme Blackburn: En disant que tout le monde qui veut y aller y
aille, c'est une façon de ne pas prendre de décision. (20 h
40)
M. Fournier: Je croirais que c'est plutôt l'inverse, parce
que la première décision, c'était d'envoyer deux
représentants patronaux, deux représentants syndicaux. Mais les
membres sont revenus sur leur décision.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il se fait une évaluation? Parce
que c'est quand même une activité. C'est un peu plus que les
coûts de réparation dont on faisait état tantôt
Est-ce qu'on fait une évaluation des retombées d'une
activité comme ça?
M. Fournier: Oui, il y a un rapport qui est produit à
chaque année par International Foundation. On nous présente des
conférenciers, habituellement, qui ont une connaissance des placements
d'argent ou de la gestion des régimes d'assurance. Les firmes
d'actuaires les plus réputées, habituellement, font des
conférences, et je pense que c'est important.
Mme Blackburn: vous avez la responsabilité de gérer
aussi le fonds dont vous nous parliez tout à l'heure. ça a
été l'objet de certaines critiques par rapport au rendement.
M. Fournier: Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que vous nous en parleriez un peu?
M. Fournier: Oui, en fait, de la façon dont ça
fonctionne, c'est que la commission de l'industrie de la construction du
Québec confie la gestion de l'argent à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Dans les deux lois,
l'harmonisation est faite. La Commission de la construction établit la
politique de placement, soit en hypothèques, en actions ou en liquide,
etc. C'est la Caisse de dépôt et placement du Québec qui
choisit les titres. Alors, évidemment, le régime de retraite de
l'industrie favorise beaucoup le portefeuille hypothèque, parce que
c'est par ce biais qu'on peut favoriser la construction.
Les rendements ont été mauvais, il faut le dire, mais ce
n'est pas particulier à l'industrie de la construction. Les taux
d'intérêt ont diminué. Le secteur hypothécaire,
quant à nous, a quand même contribué à maintenir un
bon rendement pour notre fonds, parce que la courbe descendante a
été plus longue au niveau des hypothèques. Par contre,
pour le rétablissement, ça va être un petit peu plus long
aussi. Mais, c'est comme l'économie, pour l'industrie de la
construction, on est frappé un petit peu après une
récession et on recommence un petit peu après à reprendre.
Alors, pour le régime de retraite,
c'est ça.
C'est sûr qu'il y a plusieurs personnes dans l'industrie de la
construction qui contestent le fait que cet argent-là soit
déposé à la Caisse de dépôt. Les arguments,
c'est de dire que c'est un régime privé qui est dans une
institution publique, etc., sauf que le débat a été fait,
je pense, en 1971 par la loi 81. C'est par une loi que l'argent est
confié à la Caisse de dépôt.
Mme Blackburn: La Caisse de dépôt et placement avait
respecté vos directives là-dessus quant aux placements?
M. Fournier: Je dirais respecté à 95 %. Il y a
juste un endroit. Au niveau des actions, on avait demandé d'augmenter un
peu la fourchette des actions, mais on lui avait recommandé de le faire
sur une certaine période de temps, et la Caisse de dépôt et
placement y est allée un peu plus vite que la recommandation qu'on avait
faite, mais a respecté quand même la politique de placement comme
telle.
Liste des arbitres du ministère du
Travail
Mme Blackburn: Les orientations. Bien. Alors, sur une tout autre
question, l'arbitrage. On a reçu la liste des arbitres du
ministère du Travail, à la suite d'une question. On n'a pas
reçu, cependant, les honoraires. J'imagine qu'il doit y avoir quelqu'un,
quelque part, qui tient ça en dossier. Parce que la note qui est au bas
de page, c'est: Le ministère ne dispose pas d'information concernant les
honoraires, car ceux-ci sont versés directement aux arbitres de grief
par les parties. Les honoraires versés à d'autres titres à
ces personnes, par le ministère, apparaissent en réponse à
la question 6, aux pages 16 et 21. Et là on constate que ça ne
couvre qu'une partie des honoraires, évidemment, et que, dans la liste
que vous nous donnez, entre les pages 16 et 21, on ne voit pas,
évidemment, tous les noms des arbitres, parce qu'ils ne sont pas tous
embauchés par le ministère. Ce qui m'a étonné dans
la liste que vous nous avez fournie, on voit, Ottawa, un M. Michael Bendel.
Est-ce qu'on peut me dire pourquoi? On n'a pas d'arbitres au Québec? Ils
ne sont pas compétents? Pourquoi faut-il aller les chercher à
Ottawa? C'est quoi l'importance et le nombre de contrats qu'il a eus?
M. Cherry: Voulez-vous qu'on reprenne les questions une à
une?
Mme Blackburn: Ottawa, Bendel. M. Cherry: Ottawa,
ça vous intéresse?
Mme Blackburn: Oui, ça m'intéresse parce que tout
ce qui est hors Québec, qui va payer des impôts ailleurs, je
n'aime pas ça. Comme
André Ouellet, qui est député au Québec.
M. Cherry: Ah, bien ça, évidemment. M. le
sous-ministre Gabrièle.
M. Gabrièle: M. le Président, pour la confection de
la liste annotée des arbitres, elle est confectionnée par le
CCTM, Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui fait ses
recommandations au ministre. Justement, on a passé un projet de loi, le
projet de loi 188, là-dessus.
Mme Blackburn: Oui, oui. Je m'en rappelle.
M. Gabrièle: Donc, les parties au CCTM, c'est à la
fois les représentants des employeurs plus des représentants des
organisations syndicales qui sont là. Donc, ce monsieur, ce qu'on me
dit, je pense, c'est un Québécois, mais qui doit avoir un bureau
à Ottawa, donc, qui doit aussi travailler au Québec. C'est pour
ça que les parties l'ont mis sur la liste annotée des
arbitres.
Mme Blackburn: Mais il est arbitre, effectivement, et son bureau
est à Ottawa.
M. Gabrièle: Oui. Sauf que si les parties le choisissent,
parce que vous savez que, au niveau des arbitrages, il y a l'arbitrage de
griefs, donc, pour le monde organisé, donc, au niveau du privé,
c'est les parties qui s'entendent sur un arbitre. Or, si les deux parties qui
ont un arbitrage de griefs s'entendent sur un arbitre, elles nous demandent
à ce moment-là de le nommer.
Mme Blackburn: Ce qui expliquerait les rumeurs voulant qu'il soit
particulièrement sollicité et prisé, ce monsieur, ce qui
fait qu'il aurait, comparativement à ses collègues... on ferait
appel plus souvent à ses services qu'à d'autres.
M. Gabrièle: Quand il y a un grief et que les parties
doivent s'entendre sur un arbitre, si le syndicat et l'employeur s'entendent
sur cet arbitre-là, nous, on le nomme automatiquement parce qu'il y a
entente avec les parties.
Mme Blackburn: Alors, quand la recommandation est faite, le
ministère n'a rien à dire sur la liste.
M. Gabrièle: Normalement... Il y a deux types d'arbitrage.
Il y a l'arbitrage de différends pour les policiers, pompiers et
l'arbitrage de première convention collective. Il y a aussi les arbitres
de griefs et, pour la liste annotée pour les arbitres de griefs, M. le
Président, c'est les parties qui choisissent, s'entendent pour choisir
un arbitre. Lorsque les parties ne s'entendent
pas...
Mme Blackburn: Comme suite à leurs travaux.
M. Gabrièle: ...c'est le ministre du Travail qui le nomme
à partir de la liste annotée, et c'est...
M. Cherry: On m'informe, madame, que le ministère du
Travail n'a jamais embauché ce monsieur-là. Son
activité...
Mme Blackburn: Non, parce que j'ai vu que son nom n'apparaissait
pas dans la liste des contrats. Ça, je l'ai vérifié
aussi.
M. Cherry: ...est uniquement parce que les parties le
désirent. Est-ce parce qu'il a une expertise dans certains domaines
où il y a beaucoup d'activités de griefs? Est-ce parce qu'il rend
des décisions rapidement, dans certains cas? Est-ce que son tarif est
meilleur? Là, je l'ignore. C'est peut-être l'ensemble de ces
facteurs-là.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est les parties qui s'organisent, moi,
je pense.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Drummond, oui.
Mme Blackburn: Oui.
M. St-Roch: Oui, sur la même liste, M. le ministre, je
remarque qu'il y a des endroits comme notre région où il y a
seulement un arbitre. Est-ce que ça signifie qu'il y a juste eu une
cause de grief...
M. Cherry: Non, non.
M. St-Roch: ...qu'il y a juste un arbitre qui... Non?
M. Gabrièle: c'est-à-dire que cette liste, on l'a
faite par région, mais, en fait, les parties peuvent s'entendre sur un
arbitre, peu importe la région.
Mme Blackburn:...
M. Gabrièle: maintenant, m. le président, la
question des honoraires, quand on parle d'arbitrage de griefs, c'est les
parties qui défraient les coûts de l'arbitre.
M. Cherry: Moitié, moitié.
M. Gabrièle: C'est pour ça que nous ne connaissons
pas les montants que chaque arbitre gagne.
Mme Blackburn: Bien. Sur une autre ques- tion, je vous avais dit
qu'on ferait des questions d'ordre général. On reviendra, ne vous
inquiétez pas, à la CSST tantôt.
M. Cherry: Je ne suis pas inquiet. Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Blackburn: Ha, ha, ha! Allégeance syndicale. En raison
d'une disposition de la loi qui n'est pas très claire, le vote
d'allégeance syndicale ne se fait qu'à l'occasion d'une signature
d'une convention collective. Comme il y a reconduction de décret, il n'y
a pas eu de vote d'allégeance syndicale depuis... ça va faire
quatre ans.
M. Cherry: Au niveau de la construction?
Mme Blackburn: Au niveau de la construction, évidemment.
Est-ce que le ministre a l'intention de modifier la loi pour permettre un vote
d'allégeance syndicale? De quelle manière entend-il le faire?
Est-ce que ce sera par courrier? Est-ce que ce sera seulement ceux qui veulent
s'exprimer ou si ce sera universel, universel, évidemment, des membres,
des syndiqués de la construction. (20 h 50)
M. Cherry: Comme vous savez, on a écouté les
représentations des parties concernant ce sujet-là, et vous vous
souviendrez sans doute qu'il y a presque autant de suggestions qu'il y a des
parties par rapport à la façon. Certains souhaitent une tenue
d'un vote où on obligerait la participation de tout le monde; d'autres
souhaiteraient un vote où il y aurait la présomption, comme
ça a été tenu de façon précédente.
Bon. Certains, vous vous souviendrez peut-être, dépendamment des
organisations syndicales, presque chacun avait sa formule.
Mme Blackburn: Oui, sa formule. Quelle est la formule du
ministre? C'est ça qui m'intéresse.
M. Cherry: Privilégier...
Mme Blackburn: Celle des syndicats, je la connais.
M. Cherry: Puis, évidemment, ça fait partie de la
réflexion sur l'ensemble de la loi 185 et...
Retard dans l'étude du projet de loi
185
Mme Blackburn: Bien. Donc, ça nous amène à
la loi 185. La loi 185, pour faire un bref rappel, le ministre s'engageait, il
y a un an, à l'occasion de l'étude des crédits, à
régler ça. Regardez-moi venir, je vais vous régler
ça, puis en faveur des gars de la construction, puis des travailleurs.
C'est un protravailleurs. Alors, on l'a regardé venir, mais ça
fait longtemps qu'on
regarde et on ne voit pas grand-chose venir. On a vu une loi, on a vu un
protocole d'entente, qui était signé entre les parties pour la
création d'un fonds de formation qui devait rapporter 10 000 000 $ en
1991. On a vu deux commissions particulières, commission consultative
avant les fêtes, en décembre, et une seconde en février. Et
le ministre, à chacune des occasions, nous disait: Regardez-moi venir,
j'apporte ça en Chambre. Dès l'ouverture, il apportait sa loi 185
et des modifications.
Évidemment, pendant ce temps-là, les rumeurs courent et
elles se sont enrichies des déclarations de votre collègue, qui
est précisément ici à la table, avec lequel j'avais
l'occasion, le plaisir, le bonheur et l'honneur de faire une émission
à Radio-Canada, le midi, avec je ne me rappelle plus bien. C'est une
émission intitulée "La semaine à l'Assemblée
nationale". Je ne voudrais pas travestir les propos du député de
Saint-Maurice, mais, en clair et net, ce qu'il dit, ce n'est pas normal que la
construction domiciliaire soit assujettie au décret et nous allons
soustraire ça au décret.
Bien j'ai dit: Si c'est ça que vous faites et si c'est le message
que vous portez au nom du Conseil des ministres, il serait peut-être bien
que vous le disiez au ministre, que le ministre le dise aux syndicats et aux
patrons, parce que, rappelons une chose: Sur la loi 185, c'est probablement
là qu'est le scandale, et ça ressemble au verre plat, ça,
cette affaire-là. C'est le même type de scénario. La loi
185, l'AECQ est d'accord, les syndicats sont d'accord. Moyennant quelques
petites modifications sur le fond, ils sont d'accord. Les seuls qui ne sont pas
d'accord, l'APCHQ, mais, quand vous consultez l'APCHQ, vous réalisez que
les entrepreneurs autonomes...
M. Lemire: Question de privilège, M. le
Président.
Mme Blackburn: Je vais finir mon intervention. L'APCHQ, elle se
dit contre, mais, quand vous examinez et que vous rencontrez les membres du
conseil d'administration, vous réalisez que ce sont surtout les
entrepreneurs autonomes, parce que les entrepreneurs qui paient une
organisation, qui ont des employés, ils ont peine à concurrencer
avec l'entrepreneur autonome qui a son camion et c'est tout, hein? Alors, eux,
ils ne sont pas vraiment intéressés. Même l'APCHQ est
divisée.
Alors, on voit là un groupe de pression seulement qui est en
train de faire virer le ministre et le gouvernement, et le Conseil des
ministres. Sur le verre plat, puis le bois ouvré, ça ressemble au
même scénario. C'est un petit groupuscule qui décide que,
lui, il met le gouvernement au pas. Et là j'aurais bien des exemples. Je
pense à la CSST et à la commission parlementaire qu'on n'a jamais
eue. C'est un homme, ce n'est même pas un groupe, cette fois-là,
qui a fait virer le gouvernement.
Tout ça pour dire que, dans ce dossier-là, la loi 185, le
fonds de formation et le vote d'allégeance syndicale, le ministre qui a
pris des engagements formels, quand a-t-il l'intention d'examiner ce projet
article par article et de l'adopter en Chambre?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Avant de répondre, j'avais une question de privilège du
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Écoutez, moi, j'aurais voulu peut-être
mentionner, M. le Président, que, dans ma formation politique, chaque
député a le libre choix de...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Mais
c'est une question que vous posez là. Ce n'est pas...
Mme Blackburn: De privilège, oui. Peut-on? Comme en
Chambre.
M. Lemire: Oui, mais je pense qu'on a le...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Vous
voulez faire une mise au point? Bon.
M. Lemire: Bien, ce n'est pas une question, mais je voudrais tout
de même corriger certaines paroles de ma collègue.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah,
vous estimez avoir été mal cité dans vos propos. C'est
bien ça?
M. Lemire: Écoutez, c'est vrai que j'ai assisté
à un débat à Radio-Canada. C'est vrai que j'ai émis
mes opinions à moi, en tant que député. Et c'est vrai que
j'ai dit, à un moment donné: On devrait sortir du décret
certains articles, c'est-à-dire certains permis qui sont régis,
certains permis qui sont accordés aux constructeurs d'habitations et,
principalement, dans la rénovation. Maintenant, ça, ça
n'engage pas mon ministre à continuer à analyser prudemment et
d'aller d'une façon modérée. Parce qu'il ne faut pas
oublier que Mme la députée a dit: Bien, écoutez, dans mon
comté, il y a des manifestants. Il y a beaucoup de gens qui se font
sortir des chantiers. Je lui ai répété qu'il ne faut pas
essayer de... Il faut tout...
Mme Blackburn: ...privilège, M. le
Président.
M. Lemire: ...même faire... il faut faire attention quand
on parie de construction. Il ne faut pas mélanger les deux. Je suis
persuadé qu'on n'a pas été sortir des gens qui
étaient en train de rénover des sous-sols dans son
comté.
Je suis persuadé, M. le Président, que, s'il y a eu des
grands chantiers où la loi n'était pas observée, moi, en
tant que député, je pense qu'on a des règles, on a des
lois et je ferai même en mon devoir de député de dire au
ministre du Travail de faire respecter nos lois sur les chantiers de
construction. Maintenant, on a eu des rapports qui ont été faits.
On a eu des analyses. On a eu des propositions qui ont été faites
par la commission Sexton-Picard. Et moi, personnellement, j'ai émis mes
opinions. Pour ie moment, je suis en attente des décisions de M. le
ministre et je peux vous dire qu'en tant que député je le
supporterai dans ses décisions.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Bon,
c'était donc une question de fait personnel...
Mme Blackburn: M. le Président... De fait personnel...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...en vertu de l'article 71, si je comprends bien.
M. Lemire: Merci pareil, M. le Président. J'ai dit ce que
j'avais à dire.
Mme Blackburn: Oui. C'est très bien. Je ne veux pas
entreprendre une polémique là-dessus, mais j'ai fait retranscrire
l'entrevue...
M. Lemire: Parfait, ça.
Mme Blackburn: ...parce que je trouvais que c'était assez
important pour le faire. Et, quand j'ai posé la question:
Êtes-vous en train de nous dire que votre gouvernement songe à
soustraire le domiciliaire au décret de la construction? vous avez dit:
C'est ça. Vous n'avez pas dit ni oui, ni non. Vous avez dit: C'est
ça. Alors, si vous me dites que vous n'avez pas parlé au nom de
votre gouvernement...
M. Lemire: Et vous m'avez répondu, Mme la
députée, que vous étiez pour aviser les syndicats de ma
façon de penser.
Mme Blackburn: Bien oui.
M. Lemire: Bien, ça, vous avez le droit de le faire.
Mme Blackburn: Quand j'ai dit ça, j'ai dit: II faudrait le
dire aux syndicats. On sortait...
M. Lemire: Bien, ça, c'est mon opinion à moi.
Mme Blackburn: ...de la salle. Mais là, à ce
moment-là, il n'aurait pas fallu parler au nom du gouvernement. Mais
ça, c'a mêlé tout le monde.
M. Lemire: Ah, bien, c'est vous, là.
Mme Blackburn: Et là je pense que le ministre a la
responsabilité de nous dire qu'il est toujours ministre du Travail et de
nous dire où il nous amène, où il amène la
construction et comment il entend limiter le travail au noir dans ce
domaine-là, particulièrement la construction domiciliaire.
A-t-il, oui ou non, l'intention de faire adopter le projet de loi 185 au cours
de la présente session?
M. Cherry: La réponse, c'est oui. Mme Blackburn:
Quand?
M. Cherry: La présente session, c'est ça votre
question? C'est à ça que j'ai répondu.
Mme Blackburn: Modifié?
M. Cherry: On ira en commission parlementaire article par
article.
Mme Blackburn: On a déjà fait l'étude...
M. Cherry: Si je peux profiter de l'occasion, vu qu'il y a eu...
Souhaitez-vous ajouter avant que je réponde?
Mme Blackburn: Non, non. Allez-y.
M. Cherry: Soyez bien à l'aise. Suite à la
première et à la deuxième commission parlementaire, vous
avez sans doute remarqué que, périodiquement, un groupe ou un
autre, ou bien patronal, ou bien syndical, prenait la place publique pour
affirmer ou reconfirmer, réaffirmer sa position par rapport au projet de
loi 185. Vous avez remarqué ça. Durant le mois d'avril, la
première semaine d'avril, on a consacré deux journées
entières, on a rencontré tous les groupes, tant patronaux que
syndicaux. On a eu, cette semaine-là, sur le dossier 185, une vingtaine
de rencontres, madame. Suite à ça, il y a eu positionnement
public. Chacun y allait de son communiqué de presse. Est-ce que
c'était pour informer leurs membres respectifs du déroulement de
la consultation qui se poursuivait? Est-ce que c'était pour donner des
messages à celui qui vous parle sur leurs orientations? Ubre à
eux. Mais ça, il me semble que ça fait partie de la nature
même d'une négociation. Périodiquement, les parties se
repositionnent sur la place publique. (21 heures)
Ce dont je peux vous informer, à ce moment-ci, c'est que vous
vous souviendrez peut-être, même si vous n'étiez pas
critique du dossier du Travail à ce moment-là, que j'avais dit
que ce que je souhaitais, comme ministre du Travail, c'est que les parties
prennent leurs responsabilités. Et là ce qu'elles font, c'est
qu'au moment où on se parle il y a différents
scénarios
qui circulent - vous êtes sûrement au courant, parce que je
sais que vous suivez bien le dossier, donc vous êtes sûrement au
courant - certaines hypothèses. Et là, dépendamment du
groupe qui veut communiquer son message, il y a différentes
hypothèses de solution qui circulent. Ça, je vous avouerai - et
ils pourront me confirmer ou me corriger - que ce n'est pas dans la tradition
des gens de ce secteur d'activité de s'échanger de nombreuses
solutions. Ils ont plutôt l'habitude de placer leurs problèmes sur
la place publique, de faire la tournée des bureaux, de les occuper, puis
ensuite de ça le gouvernement trouve des solutions.
Moi, j'ai voulu cheminer avec eux, les responsabiliser, et c'est ce
qu'ils font. C'est pour ça que présentement il y a discussion,
échanges entre les parties elles-mêmes, et certains avancent avoir
la solution que d'autres contestent en disant: Non, ça ne pourrait
être que partiellement ou autrement. Alors, moi, là, je trouve
ça sain, même si c'est long et que ça m'oblige
périodiquement à subir des remarques comme vous me faites. Vous
accomplissez votre rôle, et ça ajoute à la pression. Mais
celui qui réussit, là-dedans, c'est celui qui réussit
à cheminer avec les parties. Une solution négociée a
toujours beaucoup plus de chances de succès qu'une qui est
imposée. C'est le cheminement que je prends dans l'ensemble de mes
dossiers et c'est pour ça qu'au moment où on se parie il continue
à y avoir encore...
Mais, pour finir, je réponds à votre question, oui, je
souhaite que nous débutions l'étude du projet de loi 185 article
par article durant la présente session.
Mme Blackburn: Écoutez, le ministre avait un consensus
très large sur 185. Il a laissé pourrir la situation. C'est
ça, le problème. Et l'impression qu'il nous laisse... On lui dit:
Sur l'allégeance syndicale? Il répond: Ah! J'ai
écouté les parties. La 185? Ah! J'ai écouté les
parties. J'imagine que je lui poserais la question sur le fonds de formation,
puis qu'il me dirait: Ah! J'ai écouté les parties. Ils m'ont
émis des hypothèses. On dirait, à vous entendre, que vous
êtes le seul à ne pas avoir d'hypothèse. Ce que je veux
savoir, ce n'est pas les avis des autres. Je veux savoir: Le ministre,
où nous amène-t-il avec son projet de loi 185? Et, si son
idée n'est pas faite, ce serait comme le temps qu'il la fasse. Il ne
faut pas laisser courir des avis comme on en a entendu à la radio
l'autre jour! Ou, si c'est ça qu'il partage comme avis, si le ministre
senior - on les connaît, à part ça - a eu gain de cause
dans ce dossier-là et qu'ils sont en train de faire échapper la
construction domiciliaire aux décrets de construction, ce serait
peut-être le temps qu'il le dise.
M. Cherry: Vous savez très bien, madame, pour avoir
assisté aux mêmes commissions parlementaires que moi,
indépendamment de la description que vous faites, qu'il n'y avait pas
là consensus d'unanimité pour les pistes de solution. Certains
souhaitaient que ce soit pour le début des travaux, à la fin des
travaux, d'autres s'y objectaient, d'autres disaient: La solution, le nombre
d'heures rapportées aux livres. Vous avez assisté à la
même commission parlementaire que moi. Elle est récente, c'est
celle de février, et vous vous souviendrez que, dans les échanges
qu'il y avait entre les intervenants et les membres de la commission, certaines
associations invoquaient la possibilité pour certains entrepreneurs,
certains disaient: On pourrait peut-être permettre au début des
travaux ou à la fin des travaux... D'autres organismes disaient: II
pourrait peut-être y avoir comme piste de solution le nombre d'heures
enregistrées aux livres.
Donc, il y avait là, exprimée, une volonté de
trouver des solutions. Mais vous reconnaîtrez qu'il y avait aussi
différents scénarios qui étaient
présentés.
Mme Blackburn: Le ministre a la mémoire courte et
sélective. On va lui rappeler quelques événements.
À la fin de la session d'automne, qui finit en décembre, le 22
plus précisément, le ministre, moi-même et les deux
leaders, comme on voyait que ça serrait un peu, puis qu'on était
presque à la fin de la session, le ministre a dit: Est-ce qu'on est
capables de passer une entente pour au moins faire adopter une loi? J'ai dit:
Oui, 185, pas de problème. Et le ministre était d'accord.
On est arrivés en commission, je me rappelle, on avait seulement
le projet de loi 185 en main, et on a appris sur place que ça se ferait
sur 186 et que 185 était reporté. Le ministre m'avait dit,
à l'époque: On a un consensus là-dessus, puis on va la
passer. Et là il est en train de me dire qu'il n'en avait pas. Il en
avait un ou il n'en avait pas? Alors, il ne faudrait pas...
Moi, je trouve qu'il ne faut pas dire n'importe quoi. Nous, on avait
donné notre accord pour 185, et c'est 186 qui nous a été
passé. Et curieusement le ministre disait: Sur 185, j'ai le consensus,
je le tiens, je vais avoir mon fonds de formation, puis on le passe. À
la dernière minute, on a vu faire ça comme ça. Tout le
monde pensait, d'ailleurs, que c'était de notre faute, ce qui
n'était pas le cas.
M. Cherry: Je savais que vous et moi on finirait par s'entendre.
Un, il ne faut pas dire n'importe quoi et, deux, il ne faut pas avoir une
mémoire sélective. Vous vous souviendrez sans doute que, lors de
l'annonce d'une commission parlementaire, en février, sur 185, vous
m'aviez félicité pour avoir pris cette décision-là,
vous aviez dit que vous étiez d'accord. Il ne s'agit pas de
mémoire sélective, là, il s'agit qu'on se rappelle des
choses qui sont consignées aux
galées.
Mme Blackburn: Non, non. J'ai dit que tant qu'à la
reporter...
M. Cherry: Je ne veux pas qu'on débute ça...
Mme Blackburn: Non...
M. Cherry: ...mais, si vous voulez prendre cette
tangente-là...
Mme Blackburn: Oui. Vous pouvez...
M. Cherry: ...on sera ici jusqu'à 22 h 30 de cette
façon-là, madame, moi ça me va très bien.
Mme Blackburn: Vous pouvez le souligner. Ce que j'ai dit, c'est:
Tant qu'à la reporter, autant tenir une vraie commission. C'est ce que
j'ai dit, et je le maintiens, que ce n'était pas une mauvaise
idée, mais sauf qu'on ne peut pas dire que parce qu'il n'y avait pas de
consensus... Il y en avait un, mais il y a eu des interventions, je vous dis,
des interventions de dernière minute, et le ministre le sait, et il sait
par lesquels de ses collègues. Je souhaite juste qu'un jour, à un
moment donné, le ministre...
M. Cherry: Non, non...
Mme Blackburn: ...mette ses culottes et puis qu'il fasse passer
ses lois, hein!
M. Lemire: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): M.
le député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Je voudrais peut-être ajouter là-dessus,
M. le Président, avec mon expérience de 25 années dans le
domaine de la construction, pour avoir eu plusieurs employés et pour
avoir vécu différentes étapes... Parce qu'il ne faut pas
oublier, Mme la députée...
M. le Président, je voudrais dire que le ministre a
été clairvoyant en reportant cette loi, la loi 185, parce que ce
n'était pas finalisé sur le terrain. Je pense que, tant
qu'à passer une loi à pleine vapeur, comme souvent dans le
passé ça a été fait par certains partis qui sont
passés avant nous... Le but, ce n'est pas d'avoir des lois, puis des
lois. Le but, c'est de créer une harmonisation sur le terrain pour que
toutes les parties soient satisfaites.
Moi personnellement, en tant qu'ex-gars de la construction, j'ai
réalisé que le travail au noir, si on veut le corriger,
là, il y a beaucoup de façons de le corriger, puis je pense qu'on
est pris avec ce problème-là pas juste au Québec et au
Canada; c'est le problème dans plusieurs pays du monde. Je pense que,
pour en arriver à apporter des correctifs, ce n'est pas en passant des
décrets puis des lois, puis en augmentant les salaires à 40 $
puis 50 $ l'heure... Il ne faut pas oublier qu'au bout de la ligne, quand on
arrive... C'est important!
Une voix:...
M. Lemire: Non, mais c'est important que je donne mon opinion,
parce que-Une voix: On a le droit à l'alternance.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
...C'est son temps.
M. Lemire: ...il ne faut pas oublier que... Une voix:
L'alternance, M. le Président. M. Lemire: ...le
locataire...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît, s'il vous plaît! Un à la fois.
Mme Blackburn: Ce n'est pas une question, ça,
là.
M. Lemire: M. le Président, le locataire... Je voudrais
vous donner un aperçu d'à peu près ce que moi je vis sur
le terrain. Le locataire, quand il paye 500 $ à 600 $ par mois pour un
cinq et demie, si un deux-logements ou un loyer pouvaient être sortis du
décret, savez-vous qu'à un moment donné c'est toujours le
locataire puis le petit salarié qui paient au bout de la ligne? C'est la
même chose pour la rénovation. Et c'est la même chose pour
la maison unifamiliale. Ça fait que c'est... Je pense que le ministre a
été conscient que toutes ces discussions-là, qui sont sur
le terrain, ne sont pas finalisées, puis je pense que le
côté syndical, lui, qui est venu nous représenter dans nos
bureaux...
Puis souvent, là, je dois vous le souligner, M. le
Président, c'est que les gens qui venaient manifester dans nos bureaux
étaient souvent les gens qu'on voyait, puis je les ai vus moi-même
sur certains chantiers puis à différents endroits, faire du
travail au noir. Ça fait que, écoutez, je pense que ce
débat-là n'est pas terminé. (21 h 10)
Ce que je souhaite, c'est que notre ministre du Travail, qui a les
compétences... Je suis content, parce que ça a été
un des présidents d'une centrale syndicale importante, puis il a vu les
deux côtés de la médaille. Puis là il est au
gouvernement. Puis nous autres, les gens du gouvernement, les
députés du gouvernement, en tout cas, on est sensibilisés
à ce qui se passe sur le terrain. C'est important que les citoyens
soient capables de payer pour les faire, la rénovation et la
réparation, à des prix que les citoyens sont
capables de payer.
C'est là qu'est le débat. Je pense que le travail au noir,
on ne l'éliminera pas juste en faisant des lois. Je trouve ça
merveilleux de voir qu'on a un ministre du Travail qui est à
l'écoute de toutes les parties. C'est ce que j'avais à dire.
Mme Blackburn: Oui, mais, M. le Président, comme il a
été dans le domaine de la construction, il ne peut pas ignorer
que les rénovations, ça n'est pas soumis au décret.
Ça n'est pas soumis. Quand on parle du travail au noir dans la
rénovation domiciliaire, là, c'est le fait qu'ils ne
déclarent pas les revenus gagnés. Ce n'est pas parce qu'ils ne
travaillent pas au décret, ce n'est pas soumis au décret.
M. Lemire: On a toujours eu un problème au Québec,
M. le Président...
Mme Blackburn: Ce n'est pas soumis au décret.
M. Lemire: ...c'est qu'on a toujours eu le même salaire,
pour un menuisier qui travaillait dans une maison unifamiliale, que pour un
gars qui travaillait au 10e étage dans un édifice à
Montréal.
Mme Blackburn: Mais vous parlez de la rénovation.
M. Lemire: Puis moi je prétends qu'il y a des
problèmes dans le moment. Là, on a commencé par la
rénovation, mais ce qu'on veut, on ne veut pas que la
rénovation... qu'il soit apporté des correctifs à
l'encontre des décisions qu'on a déjà prises. On veut
améliorer. Je pense que c'est important d'être à
l'écoute puis de ne pas aller trop vite. Il ne faut pas aller trop vite
là-dedans.
Là, c'est sûr, il n'y a pas beaucoup de construction dans
le moment. On vit une période économique difficile. Ce n'est pas
juste au Québec, c'est à travers le Canada, dans les autres
provinces, puis dans les autres pays. Ça fait qu'il ne faut pas, parce
que les gens ne travaillent pas dans le moment parce que l'économie est
à terre, se dépêcher à passer des lois pour dire:
Écoutez, on n'est pas à l'écoute de toutes les
parties.
Je pense que, à l'heure actuelle, ce n'est pas parce qu'il y a
des gens qui font de la rénovation dans des sous-sols que tout le monde
travaille au noir. C'est vrai qu'il y en a, des problèmes. Mais je pense
que là on s'en va pour faire déposer... Le ministre l'a dit
tantôt, on va déposer une loi qui s'appelle la loi 185 et on
étudiera ça avec lui article par article...
Mme Blackburn: Ça ne changera rien dans les travaux aux
sous-sols...
M. Lemire: On verra, Mme la députée.
Mme Blackburn: ...parce que ça n'a pas trait à
ça. M. le ministre, vous le lui expliquerez, hein! Il me semble!
Brève question et brève réponse sur les
crédits périmés. Crédits périmés,
page 57 des demandes de renseignements de l'Opposition officielle. On constate,
au programme 4, Soutien administratif et technique: 1 537 000 $ de
périmés; et Sécurité dans les bâtiments et
dans les lieux publics: 2 174 000 $. J'aimerais mieux comprendre les 2 174 000
$. Quels sont les programmes qu'on a mis de côté pour
périmer 2 000 000 $ dans ce secteuNà?
M. Gabrièle: Au niveau des crédits
périmés, nous avions, au niveau de la direction
générale de l'inspection, une série de postes vacants qui
n'avaient pas été comblés, ce qui nous a donné les
périmés. C'étaient surtout des postes vacants au niveau de
l'inspection. La Régie du bâtiment, était en processus de
comblement. On avait 50 postes de stagiaire au niveau de l'inspection. C'est ce
qui nous a amené les crédits périmés dans
l'inspection.
Mme Blackburn: Et qui fait ces...
M. Gabrièle: Ça ne veut pas dire qu'on n'inspectait
pas et qu'on n'appliquait pas la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics. Mais on était en voie de recrutement.
Mme Blackburn: Qui fait les inspections? Si on a
économisé...
M. Gabrièle: On a 250 inspecteurs... Mme Blackburn:
...2 150 000 $...
M. Gabrièle: On a 250 inspecteurs, M. le Président,
et on devait combler 50 postes.
Mme Blackburn: Est-ce qu'ils ont été
comblés, ces postes-là?
M. Gabrièle: Oui, ils ont été ouverts, en
processus de recrutement, et je pense que c'est complété,
à la Régie du bâtiment.
Mme Blackburn: C'est quand même sérieux. Le budget
total de cette enveloppe-là est de combien? Sécurité dans
le bâtiment, on doit le retrouver, là, mais vous allez
certainement le trouver plus rapidement que moi.
M. Gabrièle: 21 000 000 $.
Mme Blackburn: 21 000 000 $?
M. Gabrièle: 21 000 000 $.
Mme Blackburn: Ça veut dire que 10 % de l'enveloppe a
été périmée, ça veut dire qu'au moins 10 %
des activités d'inspection n'ont pas été
réalisées.
M. Gabrièle: Non. M. le Président, dans les 21 000
000 $, il y avait des postes vacants et il y avait aussi d'autres
dépenses qui étaient rattachées aux postes. ce n'est pas
simplement les postes vacants.
Mme Blackburn: Et l'enveloppe de cette année est de
combien?
M. Gabrièle: De cette année?
Mme Blackburn: De 1992-1993.
M. Gabrièle: Pour la Régie du bâtiment...
Mme Blackburn: Je n'ai pas regardé dans le cahier des
crédits, mais vous allez me le dire, là, sûrement.
M. Gabrièle: Pour la Régie, c'est autour de 22 000
000 $.
Une voix: Plus que ça.
M. Cherry: On va vous trouver ça, madame.
Mme Blackburn: 32 132 900 $.
M. Gabrièle: 32 000 000 $, si on ajoute... M. le
Président, c'est 32 132 900 $.
Mme Blackburn: Combien est-ce qu'on prévoit périmer
en 1992-1993?
M. Gabrièle: On l'a appliqué là-dessus. Elle
est déjà appliquée, la compression de 2 % qui nous
était demandée par le gouvernement.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
Mme Blackburn: Bien. Le dossier de la CSST. C'est un dossier...
Ce n'est pas parce qu'on agirait comme le comique, ce n'est pas parce qu'on rit
que c'est drôle. C'est un dossier qui est devenu, au Québec, une
espèce de symbole du mauvais fonctionnement d'un service. C'est un
dossier pour lequel, jusqu'à il y a un mois, pas plus que ça,
quatre semaines, la seule personne que nous ayons entendue sur ce dossier,
ça a été le président du Conseil du patronat. On a
peu entendu la CSST, on a encore moins entendu le ministre, sauf exception,
à l'occasion de questions précises ou à l'occasion
d'interpellations.
Ce dossier-là inquiète à juste titre tous les
travailleurs et toutes les travailleuses, où qu'ils se trouvent, parce
que le discours qu'on entend aujourd'hui ressemble un peu au discours qu'on a
entendu - je le rappelais tantôt - sur les assistés sociaux, au
discours qu'on a entendu et qu'on entend encore sur les coûts de la
santé au Québec. Alors, ce qu'on a fait en coûts de la
santé, on ne s'est pas demandé si ce n'étaient pas les
revenus qui manquaient en raison du chômage, du travail au noir et des
revenus trop bas des personnes qui ne contribuent plus aux caisses. On est en
train de dire: C'est le système qui coûte trop cher. À la
CSST, on est rendu à ce point particulièrement critique où
certaines personnes pensent qu'on devrait remettre en question certains acquis
de la CSST.
Pourtant, les pays qui ont un programme comparable, lorsque bien
géré, estiment que ce programme génère des
économies, parce que, bien gérées, les activités de
la santé et sécurité au travail,
généralement, ça s'accompagne de bonnes relations de
travail. Qui dit bonnes relations de travail dit augmentation de la
productivité. Il me semble qu'il y a des choses qui n'ont pas
été comprises là-dedans.
On est encore à parier, un peu comme en santé, de
réparation et on parie très peu de prévention. Il y a eu
des hypothèses qui ont été avancées. Je pense
à celle de l'AECQ, en particulier, qui suggère une vaste campagne
de sensibilisation. L'an passé, à l'occasion d'une
interpellation, j'avais invité le ministr à examiner une
expérience américaine qui avait utilisé deux moyens: un
d'invitation, de sollicitation et d'information par le biais d'une vaste
campagne de sensibilisation sur la santé et sécurité au
travail, et l'autre en augmentant les pénalités aux entreprises
fautives. Les résultats ont été remarquables. (21 h
20)
Sur la CSST, cette année, on a à peu près tout
entendu. Moi, je me suis refusé - je le dis par intérêt
pour les travailleurs - à entrer dans le discours démagogique,
parce que je me disais: Si on en rajoute sur l'histoire du déficit, on
accrédite le discours complètement dévastateur qu'il
faudrait tout remettre en question, sinon privatiser, parce que, quand c'est
privatisé, c'est supposé être bon. On a juste à
regarder ce qui se passe avec les grandes entreprises, y compris Olympia &
York. Je ne suis pas si sûre que la privatisation n'ait toujours que des
qualités. On n'en nommera pas d'autres.
Mais on aura tout entendu du discours complètement
démagogique, où finalement ça dépassait le
milliard, puis... D'une semaine à l'autre, il n'y avait pas... Mais on
entendait toujours, mais toujours et de façon constante la même
source. Moi, je ne vous cache pas mon étonnement de voir que c'est un
des principaux administrateurs de la CSST qui est devenu le pourfendeur de la
CSST et qui se désole des déficits de la CSST. Moi, ça
m'étonne que personne n'ait pensé qu'à un moment
donné on puisse l'interroger sur le rôle qu'il a joué
à la
CSST, quant à la fixation de la cotisation, quant aux politiques
de capitalisation, quant au taux de rendement réel et quant aux
incitations aux entreprises, sur la possibilité d'avoir un peu plus de
mesures de prévention et de réinsertion des travailleurs
accidentés sur les lieux du travail.
Moi, il y a des affaires que je ne comprendrai pas. J'ai beau regarder
tous les documents, je demeure convaincue qu'il y a des informations qui ne
nous sont pas transmises. Je me demande si le ministre a ces informations. La
première question que je vais poser: Le ministre a-t-il eu en main les
avis externes d'actuaires sur la tarification? Est-ce que c'est disponible?
M. Cherry: Dans un premier temps, madame, je voudrais vous
rappeler que, dès la fin de l'été dernier, j'ai
demandé aux parties de cesser de décrier sur la place publique la
CSST et de travailler ensemble. C'est suite à cette
intervention-là que j'ai confié le dossier - et vous vous en
souviendrez, mes réponses étaient toujours les mêmes - pour
qu'on me fasse des suggestions sur des façons administratives et
législatives.
Si j'ai référé le dossier au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, c'est à la suggestion des parties. C'est
elles qui m'ont dit qu'en le référant là
j'élargirais le forum des intervenants et qu'ils pourraient, à la
façon qu'ils ont de travailler au Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre, avoir une meilleure possibilité de me faire des
suggestions de la nature que j'ai décrite tantôt.
Durant cette période-là, parce qu'ils m'avaient
demandé de leur confier le mandat et qu'eux se disaient en train de
cheminer... Il y avait des rencontres périodiques. La dernière,
si ma mémoire est bonne, remonte à la fin du mois de mars,
où on me disait qu'on explorait des pistes de solution mais que,
finalement, il semblait qu'ils n'avaient pas réussi à avoir
consensus à la toute fin. On avait toutes les raisons de croire que,
durant les quatre ou cinq mois qu'elles avaient travaillé ensemble, les
parties - le Conseil du patronat, la CSN, la FTQ - il y avait là des
pistes, et elles jugeaient qu'elles pouvaient s'avérer
intéressantes. À la toute fin - et je n'ai pas à porter de
jugement puis dire c'est la faute de qui - j'ai eu à constater que
l'engagement que les parties m'avaient pris de me faire des recommandations de
nature administrative et législative s'est avéré le
dépôt d'un document où chacune des parties
présentait, permettez-moi l'expression - puis ça fera
sûrement plaisir au chef de l'Opposition - chacune son «shopping
list», parce qu'il dit qu'il faut qu'au Québec on soit
bilingue.
Donc, j'ai eu ce rapport-là il y a quelques semaines. Vous vous
souviendrez qu'immédiatement après ce constat d'échec les
expressions sur la place publique, et je suis certain que vous vous en
souviendrez, madame, ont été des déclarations des parties,
à tour de rôle, comme quoi il fallait maintenir dans ses fonctions
l'actuel président de la Commission. Au moins, il y avait
unanimité là-dessus. Soit dans des déclarations publiques
ou même lors de déclarations privées, il y avait là
unanimité des parties pour ce faire.
Mme Blackburn: Le ministre n'a toujours pas répondu
à ma question. J'en avais juste une.
M. Cherry: Oui. Mais vous avez pris un long préambule,
vous m'avez accusé d'avoir été silencieux...
Mme Blackburn: C'est vrai.
M. Cherry: Donc, il est quand même important qu'on situe
ça dans son contexte. Les parties, c'est moi qui leur ai dit: Qu'est-ce
que vous entendez faire? Est-ce que je suis le seul qui veut sauver la CSST -
là je remonte à l'automne dernier - ou est-ce que vous avez
l'intention de continuer, chacune à tour de rôle, à faire
vos règlements de comptes sur la place publique? Est-ce qu'il y a moyen
qu'on ramène ça a l'intérieur d'un forum dans lequel vous
pourriez cheminer puis me trouver des solutions? Elles m'ont dit oui. Donc,
à ce moment-là, on a convenu que c'est là que ça se
passerait. Donc, le silence, là, il était voulu et
souhaité par les parties.
Vous vous souviendrez aussi qu'il y a eu des reproches, qu'il y a des
interventions de nature politique qui ont conduit à ça. Donc, on
ne pourra pas accuser celui qui vous parle de faire ça. On m'a
demandé le temps nécessaire pour me faire des recommandations de
nature administrative et législative. Vous connaissez le constat. Depuis
ce temps-là, les consultations qu'a accepté de prendre, à
ma demande, le président de la CSST envers les parties, pour voir s'il
ne peut pas se dégager quelque chose, se sont poursuivies.
Et là, pour le reste, si vous voulez, je pourrai donner la parole
au président de la CSST, mais, quand vous me demandez par rapport au
rapport des actuaires, il y a deux bureaux d'actuaires-conseils qui ont
certifié les états financiers. Le Vérificateur
général a donné une opinion sans réserve sur les
états financiers.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça dont on parle. Je parle des
avis externes qui sont demandés à des actuaires dans des
entreprises privées quant aux modalités, aux bases pour fixer la
cotisation. Selon les informations que j'ai eues, c'est que la cotisation qui
devait être fixée était largement au-dessus de celle qui a
été retenue pour les deux dernières années, celles
de 1990 et 1991. Les actuaires des entreprises privées estimaient que
les besoins avaient été bien établis, mais que la
cotisation était insuffisante. Ce que je demande: Est-ce qu'il a...
M. Diamant (Robert): Je peux expliquer comment ça se
passe.
M. Cherry: Oui, parce que...
Mme Blackburn: Est-ce que le président pourrait en
même temps nous dire si les avis de ses experts, c'est un document
public? Et est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Diamant: C'est-à-dire qu'il y a des experts
externes...
Mme Blackburn: Oui, c'est ça.
M. Diamant: ...qui contribuent à la vérification
des états financiers. C'est une chose. Je pense que la...
Mme Blackburn: Ça, c'est une chose. Ça va.
M. Diamant: Oui. D'ailleurs, vous avez, lorsque vous
recevez...
Mme Blackburn: Les états vérifiés, on a
toujours ça. Oui, oui. Ça, ça va. (21 h 30)
M. Diamant: ...les états financiers... Mais c'est quand
même important parce que, quand les vérificateurs externes et le
Vérificateur général procèdent à
l'établissement du certificat actuariel, Hs portent un jugement aussi
sur les méthodes utilisées pour estimer les revenus et les
dépenses pour constituer la réserve actuarielle. Donc, ce n'est
pas indifférent au processus même qui est suivi dans
l'établissement de la tarification. Votre question porte explicitement:
Au moment de la tarification, est-ce que c'est les experts externes qui sont
consultés? Donc, ce sont les actuaires internes de la Commission, le
service d'actuariat de la Commission qui a la responsabilité
d'établir la tarification pour l'année en cours et,
évidemment, le taux moyen de cotisation qui en découle. Et, dans
ce contexte-là, il est évident qu'il n'y a pas
nécessairement, à ce moment précis... on ne requiert pas
les services d'actuaires externes. Il s'agit là d'une prévision
qui est basée sur une méthode qui, elle-même, fait l'objet
d'un avis qui est inclus dans le certificat actuariel. Donc, il nous serait
inutile à ce moment-là de requérir les services
d'actuaires externes. Nos actuaires à l'interne, l'année
dernière, et je pense que c'est à ça que vous voulez en
venir, ont proposé au conseil d'administration un taux de cotisation et,
après discussion au conseil et c'est à la prérogative des
administrateurs du conseil, le taux de cotisation a subi certains ajustements,
parce que le conseil, devant la situation financière et la pression qui
était faite auprès des employeurs qui ont à contribuer, a
décidé de suspendre pour un an la politique de capitalisation
qui, elle, prévoit normalement 0,11 $. Alors, nous avions prévu
2,67 $. Si on enlève 0,11 $, ça fait 2,56 $. Et voilà.
O.K. Pour l'année 1992, nous avions proposé 2,67 $, et on a
approuvé 2,50 $. Alors, 0,17 $ représentent 102 000 000 $; 0,11 $
qui étaient 66 000 000 $, c'est le report de la capitalisation, on a
décidé de suspendre pour un an la politique de capitalisation et
aussi de faire un effort de réduction des coûts de l'ordre de 36
000 000 $.
Mme Blackburn: O.K.
M. Diamant: Donc, ça, c'est un choix de la
corporation...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Diamant: ...qui, sur la proposition, décide,
effectivement, d'établir la tarification pour l'année.
Mme Blackburn: Le rapport de la capitalisation...
M. Diamant: Oui.
Mme Blackburn: ...est-il compté comme faisant partie de ce
qu'on appelle les engagements non capitalisés, donc du déficit
d'opérations?
M. Diamant: Non. Ce n'est pas le déficit
d'opérations courantes.
Mme Blackburn: Non, pas d'opérations courantes, mais ce
que vous appelez les engagements non capitalisés.
M. Diamant: C'est ça.
Mme Blackburn: Ça fait bien partie des engagements non
capitalisés.
M. Diamant: Ça veut dire, la politique...
Mme Blackburn: Donc, on savait d'avance qu'il y aurait des
engagements non capitalisés puisqu'on ne les capitalisait pas. Je ne
suis pas dans l'erreur en disant ça, là.
M. Diamant: La politique de capitalisation dit ceci: On
prévoit...
Mme Blackburn: Non. Je voudrais juste...
M. Diamant: ...capitaliser l'ensemble de notre dette sur 20
ans...
Mme Blackburn: Oui.
M. Diamant: ...et, sur 20 ans, on dit: Ça va nous
coûter 0,11 $ par année. O.K.?
Mme Blackburn: C'est ça. Mais l'année où
vous ne capitalisez pas...
M. Diamant: Voilà.
Mme Blackburn: ...donc ça fait partie de votre
déficit.
M. Diamant: II est évident qu'il y a une partie...
Mme Blackburn: Bon, voilà. C'est parce que ce n'est pas
très clair quand on parle de ces choses-là.
M. Diamant: Non. C'est très technique aussi, vous
l'admettrez.
Mme Blackburn: D'abord, on accepte une tarification qui est en
deçà de celle prévue, qui ne permet pas de capitaliser.
Ça, je l'accepte, je l'admets, puis je me dis: Compte tenu de la
conjoncture économique...
M. Diamant: C'est tout à fait correct de faire ça
comme ça, je pense.
Mme Blackburn: Bon. Alors, on peut l'accepter. Mais,
après, il ne faut pas crier au meurtre parce qu'on a cette partie de
déficit. Il me semble qu'au moins il y a ça.
Deuxième chose que je voudrais savoir. On a établi la
cotisation de 1991. Elle s'établit toujours sur la durée de
consolidation deux années précédentes, avant, parce que,
avant d'avoir les données réelles sur la durée de
consolidation, ça prend au moins... il faut qu'il y ait une année
complète et plus d'écoulée, donc c'est deux ans. On l'a
établi pour 1991 sur 45 jours. On n'a jamais eu, dans l'histoire de la
CSST, 45 jours de consolidation. C'était, cette année-là,
on le sait après, 48 jours. Là, je parie de mémoire.
M. Diamant: Oui, je pense que vous avancez des chiffres, Mme
Blackburn, que j'aimerais préciser dès maintenant. Quand vous
dites, par exemple, que dans les 791 000 000 $ de déficit il y a une
partie qui s'explique parce qu'on n'a pas capitalisé, donc on assume
immédiatement, je vous dis: Non, pour cette année-là. Il y
avait eu, en 1990, une capitalisation, donc il n'y a pas eu d'effet dans le
déficit de 1991, de la non-capitalisation puisqu'on avait
capitalisé. Il y en aura en 1992 et il y aura une partie des 66 000 000
$ non capitalisés qui devra figurer dans le déficit de 1992. Je
pense qu'il faut être clair là-dessus.
Mme Blackburn: Dans la première - il faudrait que je
revienne - on parlait des engagements non capitalisés, mais ça
représentait une bonne partie du déficit. Mais j'y reviendrai.
Donc, on établit la cotisation sur un certain nombre de
paramètres. M. Diamant: Oui.
Mme Blackburn: Et, de ces paramètres, c'est la
durée réelle, le taux de rendement réel, les maladies
professionnelles, les accidents et les rechutes. Et là on établit
ça, évidemment, en établissant la capitalisation et le
taux de rendement réel. Et on l'établit, évidemment,
j'imagine qu'on prend en compte l'histoire un peu de la CSST et l'augmentation
des coûts de réparations. Dans un document qui est produit chez
vous, qui a été publié en 1990 et qui est intitulé
«Le régime québécois de santé et de
sécurité du travail dans le contexte
nord-américain», on nous apprend, à la page 20, tableau 7:
Évolution des prestations; pour les programmes de réparations de
1980 à 1989, le Québec a connu une augmentation de 178,8 %;
l'Ontario, 242 %. O.K.? Et là, tout à coup, on établit nos
propres besoins en fonction d'une diminution. Moi, je n'ai pas compris. C'est
vrai que je ne suis pas actuaire.
M. Diamant: Oui, je vous ai expliqué que...
Mme Blackburn: Mais j'imagine qu'il y en a d'autres qui n'ont pas
compris sinon ils ne seraient pas dans la situation où ils sont
là.
M. Diamant: Je vous ai expliqué que les besoins financiers
pour l'année 1991 ont été établis au mois de mai
1990 à partir de données observées sur l'année 1989
et sur les trois premiers mois de l'année 1990. Ça va,
jusque-là?
Mme Blackburn: Oui.
M. Diamant: Pour l'année 1989, on avait observé,
parce que vous avez fait référence à ça
tantôt...
Mme Blackburn: Oui.
M. Diamant: ...un nombre de jours moyen d'indemnisation qui
était de 47,1. Au moment de faire la prévision, les actuaires ont
dit: Oup! on sent quand même une certaine augmentation, on va
établir nos besoins à partir de 48,8. Ça a
été ça, l'estimation. Encore une fois, dans la
méthode actuarielle habituelle, c'était fondé sur une
lecture de la réalité, sur les observations qui sont faites en
examinant chacun des dossiers et en faisant des moyennes. Donc, c'est une
approche qui est très pragmatique, très concrète. Or, on
observe - on était, souvenons-nous-en, en mai 1990 - à la fin de
1991, un écart de 48,8 versus 73,9, ce qui était, vous en
conviendrez, absolument imprévisible à ce moment-là compte
tenu des observations qui avaient été faites au cours des
années antérieures et de l'évolution du nombre de jours.
Je vous rappelle qu'en 1988 on était à 44 jours. Aujourd'hui, on
est à 74, à 30
jours de plus. C'est une donnée dont il faudra se souvenir quand
on examinera les correctifs à apporter.
Mme Blackburn: J'ai un tableau, la source est de la CSST: Nombre
de victimes versus la durée d'indemnisation, et le tableau revu au 31
décembre 1991 et qui établit le nombre de jours de consolidation,
de durée d'indemnisation, la même chose, consolidation: 1985, 55,1
jours; 1986, 54,2; 1987, 49,2; 1988, 49,3; 1989, 55,4...
M. Diamant: Chaque année, au moment de produire les
états financiers...
Mme Blackburn: ...et, 1990, 66,8. Alors, il n'y a rien en bas de
49 jours...
M. Diamant: Oui, mais... (21 h 40)
Mme Blackburn: ...et vous l'avez établi sur 48, alors que
l'histoire nous démontrait dans votre document qu'il y avait une
augmentation.
M. Diamant: C'est ça. À chaque année, au
moment de faire les états financiers, on doit revoir, sur la base de
l'expérience, le nombre de jours réels et réajuster ces
bases-là qui, elles, servent à l'établissement des
réserves actuarielles. Alors, si, effectivement, les réserves ont
été bâties à partir d'une donnée qui n'est
plus réelle au 31 décembre 1991, il faut les corriger. Et
ça, ça concerne des dépenses, des engagements qui ont
été pris dans chacune des années que vous avez
citées, mais qu'on doit corriger.
Des voix:...
Mme Blackburn: Est-ce que je peux participer au débat?
Est-ce qu'on peut savoir ce qui se passe? Est-ce qu'il faut suspendre?
M. Diamant: Si vous voulez.
Mme Blackburn: Là, écoutez... Non, c'est parce que
j'imagine qu'on est en commission et que... À moins que vous ne
demandiez une suspension, on pourra poursuivre les échanges.
M. Diamant: Bien, on vous attend.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien, on attend la question puis on va avoir la réponse.
Mme Blackburn: C'est qu'il n'avait pas terminé la
réponse, j'attendais qu'il la termine, quant au mode
d'établissement de la cotisation. Moi, je voudrais savoir: Qu'est-ce qui
a évolué à ce point entre 1989 et 1991 pour qu'on tire de
telles conclusions par rapport à la cotisation et aux besoins? Alors, je
rappelle la déclaration au moment où Mme
Jérôme-Forget démissionnait, qui a été
remplacée par l'actuel président. Moi, je ne veux pas porter un
jugement sur les personnes. Alors, là, je vais... Mais je veux qu'on
voie ses déclarations. «On s'est vraiment bagarrés avec
elle pour obtenir une baisse des cotisations des employeurs», admet
volontiers M. Dufour, parce qu'il faut se rappeler... et là «la
présidente avait d'ailleurs admis ce fait, à mots couverts, plus
tôt cette semaine, en annonçant aux employeurs que leur cotisation
moyenne allait passer de 2,75 $ à 2,50 $ par semaine. Ce n'est pas
grâce à moi qu'on a abaissé la cotisation, mais grâce
aux représentants patronaux au conseil.» Et elle poursuit:
«M. Laberge s'est finalement rendu à l'argumentation patronale,
estimant que les employeurs qui financent seuls la CSST devaient souffler
après avoir subi des hausses de cotisation de 45 % en trois ans. En
échange, les représentants patronaux se sont engagés
à ce que les cotisations augmentent dès 1991 si l'exercice
financier 1990 se soldait par un déficit.» On sait qu'il y a eu un
déficit et on sait que la cotisation a baissé.
Mais tout cela dit, bien ils ont diminué la cotisation, bien ils
ne capitalisent plus, bien ils ont sous-estimé la croissance de la
durée de consolidation, bien tout cela, je les comprends. Mais comment
se fait-il qu'en même temps qu'on dit tout ça on s'étonne
du déficit? C'est juste ça que je veux dire. Et ce sont les
mêmes personnes qui ont exercé une pression à la baisse sur
la cotisation qui ont, probablement sur la base d'avis des actuaires... Mais
j'aimerais bien avoir les avis, moi, les avis privés, les avis des
entreprises privées, et s'il n'y en a pas il faudrait peut-être
qu'ils en aient. Quant à l'évaluation des besoins et à
l'établissement de la cotisation, moi, ce qui m'étonne, c'est:
Comment est-ce qu'on peut... Autant je comprends comment ça s'est
établi, autant j'accepte plus mal le discours complètement
dévastateur qu'on entretient actuellement.
M. Diamant: Un commentaire sur le plan technique. La cotisation
était, en 1989, de 2,75 $ des 100 $ de masse salariale. Au cours de la
même année, on avait enregistré un surplus de l'ordre de
200 000 000 $. Au moment où la décision a été prise
de réduire la cotisation pour l'année 1990 à 2,50 $,
c'était en mai 1989, on savait qu'on avait 200 000 000 $ de surplus. On
savait aussi qu'en réduisant de 0,25 $ la cotisation on réduisait
les revenus de 150 000 000 $, ce qui laissait encore une marge de 50 000 000 $
pour absorber une éventuelle augmentation des coûts. À
cette époque, je n'étais pas là, j'étais
observateur au conseil, je n'étais pas parmi les décideurs, les
syndicats ont voté avec le patronat pour la réduction, ce que
vous avez signalé, d'ailleurs. Personne, par ailleurs - et j'essaie, je
risque une explication de ce qui est arrivé par
la suite - personne autour de cette table, ni même sur la base ci
avis des actuaires-conseils de la Commission qui, soit dit en passant, sont
membres, sont des «fellows» de l'Ordre des actuaires, ils sont
liés par un code d'éthique, et nous n'avons aucune raison de
douter des méthodes utilisées par nos actuaires, d'autant plus
que nous les faisons vérifier par une firme externe une fois par
année et que le Vérificateur général, lui aussi,
produit un certificat actuariel et, lui aussi, requiert les services d'une
firme externe... Ce que j'allais dire, c'est que personne autour de cette
table-là n'avait imaginé, n'avait pu prévoir la
récession et ses effets dévastateurs, la récession et ses
effets dévastateurs sur la baisse des revenus de la Commission, mais
aussi sur l'augmentation éventuelle de ses dépenses. D'autant
plus que...
Mme Blackburn: Quelle est la...
M. Diamant: Juste pour terminer, si vous me permettez. D'autant
plus qu'à la même occasion, et dès le début, dans
les premiers mois de mon entrée en fonction, il y a eu l'adoption par la
Commission d'une politique d'amortissement de ses surplus et de ses
dépenses, et de ses déficits, c'est-à-dire, ce qui est la
politique la mieux connue qui est celle de la politique de capitalisation et,
aussi, qui prévoit qu'on doit amortir les déficits sur les cinq
années qui suivent le déficit encouru et qu'on doit retourner aux
employeurs les surplus. Donc, c'est dans ce contexte-là que, je tiens
à le rappeler le plus objectivement possible, se sont établies
les prévisions pour les années qui ont suivi, c'est-à-dire
pour l'année 1991.
Mme Blackburn: Comme il y avait un déficit en 1990 et que
le patronat s'était engagé à augmenter la cotisation dans
les cas de déficit, on l'a diminuée. elle était de 2,50 $,
on l'a portée à 2,32 $ et le taux de rendement réel a
été de 2,17 $, comme vous le savez tous, c'est vous qui l'avez
établi.
M. Diamant: Encore là, je vous rappelle qu'au terme de
l'année 1989 nous avions eu un surplus de 200 000 000 $, hein?
Une voix:...
(21 h 50)
M. Diamant: Un déficit de 200 000 000 $, c'est ça.
C'est un peu ce que j'ai expliqué tout à l'heure, sur la petite
note. Au cours de l'année 1989, nous avions, vous vous en souviendrez,
2,75 $ et, dans ces 2,75 $, il y avait 0,25 $ qui étaient
consacrés à la capitalisation. Évidemment, on envisageait
de capitaliser notre dette sur sept ans. L'année suivante, la nouvelle
politique de capitalisation dit: On va faire ça sur 20 ans. Et, en
faisant ça sur 20 ans, on a dit: On va consacrer 0,11 $. Donc,
déjà là, il y avait 0,14 $ de moins à mettre dans
la cotisation. Il restait donc 0,04 $, 0,04 $ qui représentent 24 000
000 $, et on demandait à la Commission, disons, de restreindre les
dépenses en conséquence, de réduire les coûts en
conséquence.
Mme Blackburn: II y avait un avis d'une firme... Une entreprise
privée émettait un avis en 1987 qui, pour l'essentiel, disait:
Que l'on choisisse d'amortir le déficit sur 10 ans ou 30 ans, c'est un
choix. Mais, une fois la méthode arrêtée,
conservons-là. Modifions la loi pour éviter qu'on tripote
là-dedans. En gros, c'était l'avis des actuaires à
l'époque. Je me permets juste de vous lire le paragraphe: «Cessez
de discourir. Les auteurs du rapport n'y vont pas par quatre chemins sur les
moyens à prendre pour corriger la situation. L'on doit cesser de
discourir sur la méthode appropriée, en choisir une pour les 10
prochaines années avec révision à ce moment. Dans
l'intervalle, disent-ils, les efforts doivent porter sur la
détermination des coûts des divers programmes de prestation et sur
les contrôles appropriés de ces programmes, d'où, selon les
auteurs du rapport, la nécessité de fixer un objectif de
capitalisation à long terme pour que les générations
futures ne soient pas plus pénalisées qu'elles le seront compte
tenu de l'état actuel des réserves. Les auteurs du rapport notent
encore que, depuis l'entrée en vigueur de la loi 42, on a
constaté une variation de 15 % dans la fréquence des
réparations et une augmentation de 3,5 % dans la
gravité.»
M. Diamant: Cet avis-là, Mme Blackburn, a conduit à
l'adoption de la politique de capitalisation qui a été
adoptée par le conseil d'administration; très exactement, on a
choisi, après de longues discussions...
Mme Blackburn: Oui, sauf qu'on joue avec les...
M. Diamant: Ceci dit, il s'agit d'un avis qui nous dit: Retenez
une formule de capitalisation et établissez, au lieu de décider
ça année après année, votre horizon pour
capitaliser toute votre dette. Et c'est ce que le conseil a fait. Mais, en
même temps, je pense que, chaque année, le conseil doit
réexaminer cette situation et, dans un contexte financier difficile
comme celui qu'on connaît, je pense qu'il est normal que la Commission
choisisse de retarder. Je pense que ce ne serait pas correct de le faire...
Mais, dans la perspective où la Commission se place mieux pour faire
face à ses difficultés financières, je pense que c'est
acceptable qu'on repousse d'un an, ou de deux ans même.
Mme Blackburn: Moi, je pense que c'est acceptable, mais il ne
faut pas crier au meurtre quand ça vient augmenter le déficit.
C'est ça que je dis.
M. Diamant: C'est une augmentation qui est fort relative à
6 000 000 $ du 0,01 $.
Mme Blackburn: À présent...
M. Diamant: Vous comprenez qu'on parle de 66 000 000 $ sur 0,11
$, sur 792 000 000 $.
Mme Blackburn: À présent, les...
M. Diamant: Et ils n'y étaient pas l'année
passée.
Mme Blackburn: Une question au ministre: Est-ce que l'information
voulant que ce soit à une intervention du Conseil du patronat qu'on doit
le fait que le ministre soit revenu sur sa décision de tenir une
commission parlementaire sur la CSST le printemps dernier, tel que nous le
demandions...
M. Cherry: Madame, vous avez répété à
quelques reprises que j'étais d'accord avec une commission
parlementaire.
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Cherry: Moi, je vous avouerai que j'essaie, et j'ai la
réputation d'avoir une bonne mémoire, ça ne veut pas dire
qu'elle est infaillible, mais je vous avoue que j'essaie de retracer dans ma
mémoire où j'ai pu vous dire que, oui, j'étais favorable
à une commission parlementaire. Je pense que, quand on travaille
ensemble, il est important qu'on décèle les personnes... Moi,
quand on me pose des questions, j'essaie d'écouter les gens et j'essaie
de coordonner tout ça. Mais le fait que j'écoute ce que vous me
dites et que je vous dise que je vais le prendre en considération, il ne
faut pas interpréter ça comme un acquiescement, que j'ai dit oui
à la demande que vous me faisiez. Oui, j'accepte de le retenir, mais
ça ne veut pas dire que j'acquiesce à ce qu'il y ait une
commission, parce que, si je l'avais fait, je vous dirais: Oui, madame, puis
j'ai changé d'idée pour x ou y raison. Donc, n'ayant pas
accepté qu'il y en ait une, dans ma conception, je ne vois pas pourquoi
vous tentez de dire que j'aurais changé d'idée. Je n'avais pas
pris l'idée qu'il y en ait une commission parlementaire.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Cherry: Et votre prédécesseur pourrait vous
confirmer ça, il a fait les mêmes démarches auprès
de moi. Avant vous, c'était le député de
Pointe-aux-Trembles, il me demandait la même chose et il ne l'a pas eu
plus. Puis, ce n'est pas parce que c'est l'intervention de l'un ou de l'autre,
c'est une décision que j'ai prise qu'il n'y en ait pas.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est parce que le
ministre, ou ça lui fait plaisir d'oublier ou peut-être l'a-t-il
oublié, comme il le rappelle, il n'a pas une mémoire infaillible,
mais c'est à mon prédécesseur...
M. Cherry: Moi, la mienne n'est pas infaillible. La vôtre,
je ne le sais pas, mais la mienne n'est pas infaillible.
Mme Blackburn: ...c'est à mon prédécesseur,
et à sa demande, et à la suite d'un échange que vous avez
eu avec le député de Pointe-aux-Trembles, qu'il avait
été convenu, que vous étiez d'accord avec la tenue d'une
commission parlementaire. Ensuite, il y a eu des interventions de l'ordre
suivant, disant: Une commission parlementaire sur la CSST, on va voir venir
tous les comités de protection, de défense des
intérêts des accidentés, et tout ce monde-là qui va
faire une démagogie terrible sur la CSST; «no way»; on va
régler ça en famille, ces affaires-là; c'est nous autres
qui payons; avec les syndicats, on devrait s'entendre pour régler le
problème du déficit de la CSST. Et ça, ça fait plus
d'une année. Je fais juste remarquer qu'on est en train de compromettre
l'exercice financier actuel. Moi, j'aimerais que le président me dise:
Compte tenu des différentes mesures administratives qui ont
été adoptées pour limiter les dépenses de la CSST,
pour mieux contrôler certaines activités... Je dois vous dire
qu'il y a là-dedans des choses qui sont intéressantes; j'ai
regardé le document et je pense que chaque fois qu'on est capables
d'économiser, ne serait-ce que 100 $, il ne faut pas le négliger.
Compte tenu de toutes ces considérations, le déficit
appréhendé pourrait s'élever à combien pour
l'année financière 1992? C'est un des membres du conseil
d'administration qui estimait qu'on avait atteint quelque chose comme 500 000
000 $ dans les quatre premiers mois.
M. Diamant: Écoutez, je pense qu'effectivement vous avez
noté que la situation financière de la Commission fait l'objet de
nos préoccupations depuis très longtemps. Au cours de
l'année 1990 - ce n'est pas d'hier, on est presque au milieu de 1992 -
à l'automne 1990, ça faisait six mois que j'étais
entré en fonction, et, déjà, on avait des indications du
dérapage du régime. On a, déjà, à ce
moment-là, mis sur pied un groupe de travail, qui était
présidé par mon collègue, Pierre Shedleur, ici, qui,
à cette époque-là, a mis le doigt sur 11 problèmes
dans la gestion du régime, ce qui a donné lieu à la mise
sur pied d'autant de groupes de travail, dès le début de janvier
1991, qui ont formulé une panoplie de recommandations.
Ces recommandations concernaient, par exemple, notre directive sur
l'arbitrage médical. Elles concernaient toute la prestation des services
médicaux, c'est-à-dire la sensibilisation auprès de la
communauté médicale qui, on le
sait, joue un rôle de premier plan dans la gestion du
régime, parce qu'on est lié par les avis du médecin
traitant, on est lié aussi par la qualité de l'information
médicale et de l'expertise médicale qui est disponible, et
ça joue énormément sur les délais et sur les
coûts, on le sait. On a aussi, à ce moment-là,
travaillé sur le développement d'outils et le mécanisme de
suivi au niveau des traitements de physiothérapie et
d'ergothérapie. On a accru le contrôle sur les coûts ou les
factures qui sont relatives aux fournitures médicales. On a accru nos
interventions au niveau d'instances d'appel. On a développé des
outils de gestion en réadaptation.
Mme Blackburn: Mais ce n'était pas ça, la question,
M. le Président, vous me permettez d'arrêter le président,
parce qu'il va bien vendre son organisme puis je n'aurai jamais de
réponse à ma question. À combien évalue-t-il, dans
les conditions actuelles, le manque à gagner pour 1992?
M. Diamant: je disais ça, mme blackburn, parce que c'est,
pour moi, l'occasion de vous exprimer que, si on a une situation
financière difficile, ce n'est pas d'hier qu'on l'a constatée et
ce n'est pas d'hier qu'on a commencé à travailler
là-dessus...
Mme Blackburn: C'est pour ça que je pense que le ministre
aurait dû commencer à travailler avant. (22 heures)
M. Diamant: ...et j'allais dire qu'en conclusion de cet exercice
très articulé, qui couvre à la fois la gestion de nos
programmes, notre gestion interne où on a économisé de
l'argent, on est arrivé à la conclusion - et c'est dans ce
sens-là que j'ai fait mes interventions auprès du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre - qu'il fallait aller
au-delà de ça et interroger certaines des dispositions de la loi.
C'est dans ce sens-là que j'ai fait mes recommandations à M.
Cherry.
Mme Blackburn: Ma question...
M. Diamant: À ce moment-là, à la limite,
nous croyons que nous ne sommes pas en mesure, malgré tous ces exercices
administratifs là, d'assurer l'équilibre financier du
régime.
Concernant votre question qui porte expressément...
Mme Blackburn: Sur ça.
M. Diamant: ...sur une prévision du déficit, il y
aura un déficit en 1992. On le sait en partant, parce que,
déjà d'être obligés de payer une partie du
déficit de 1990 et de celui de 1991, on part avec une facture
imposante.
En plus, les tendances - on l'avait pré- vu - continuent de se
manifester. Nous attendons actuellement - parce que je ne l'ai pas entre les
mains - un rapport des services financiers qui doit nous être fourni dans
les prochains jours. Dès que nous aurons une information, que nous
aurons transmise à nos administrateurs d'abord, les informations seront
rendues publiques.
Mme Blackburn: Est-ce que l'estimé qui a été
présenté par l'un des membres de votre conseil d'administration,
qui évalue à 500 000 000 $ l'équivalent du déficit
encouru depuis le premier mois de l'année, ça s'avère
assez réaliste?
M. Diamant: Tout ça est hypothétique. Il n'y a
aucune donnée vérifiée, contrôlée qui est
à notre disposition au moment où je vous parle.
Mme Blackburn: Le ministre était au Comité de
législation ce soir, et, de source bien informée, je sais que
c'était un projet de loi modifiant la Loi sur la CSST. Le ministre
peut-il nous dire quand il a l'intention de déposer la loi en Chambre?
La date limite, c'est le 14, c'est jeudi. Les projets de loi, pour être
sanctionnés au cours de la présente session, doivent être
déposés avant le 15 mai. Le 15, c'est un vendredi, donc c'est le
14.
M. Cherry: Donc, aujourd'hui on est le 12. Si la date limite,
c'est le 15...
Mme Blackburn: C'est jeudi, parce qu'on ne siège pas
après. Vendredi, généralement pas, à moins
d'être au mois de juin.
M. Cherry: Donc, il nous reste deux jours...
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: ...pour savoir s'il y aura un projet de loi
déposé ou pas.
Mme Blackburn: Je demande au ministre s'il va déposer sa
loi pour qu'elle soit adoptée au cours de la présente
session.
M. Cherry: Je vous réponds que la date limite pour la
déposer, pour qu'elle puisse être sanctionnée, c'est jeudi
de cette semaine. Donc, il reste deux jours à cet effet-là. S'il
y a dépôt, à une date avant ou après, vous pourrez
juger quel est l'objectif, s'il y avait ça.
Mme Blackburn: Non. Écoutez, là. Il faudrait
arrêter de nous niaiser, là! Je pense que les travailleurs et les
travailleuses sont intéresses...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Excusez! Le mot «niaiser» n'est pas tellement parlementaire.
S'il vous plaît.
Mme Blackburn: De nous niaiser. Ce n'est pas... Écoutez,
quand je ne dirai pas des mots plus méchants que ça,
là...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
mais il faudrait quand même... Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je vous jure, M. le Président, qu'il ne
faut pas avoir les oreilles trop délicates. Vraiment, là...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
mais vous savez, les petites méchancetés, ça en
amène des grosses quand ça s'accumule.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: J'allais dire: Parlez pour vous, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Ah!
Ça, c'est possible, mais personne n'est à l'abri de cela.
Mme Blackburn: Mais ce que j'essaie de dire au ministre...
Une voix:...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): S'il
vous plaît!
Mme Blackburn: ...on est devant la situation suivante: les
travailleurs et les travailleuses s'inquiètent. Les travailleurs
accidentés et les travailleuses accidentées sont
discrédités. On est en train de jeter sur ce groupe de personnes
un discrédit quasiment irréparable, de la même nature qu'on
a fait avec les assistés sociaux. On est en train de les traiter de
fraudeurs, de voleurs, de tricheurs, puis de tire-au-flanc. Bon. Alors, ces
gens-là, ce qu'ils veulent savoir...
M. Cherry: Qui est-ce qui dit ça?
Mme Blackburn: Ce que ces gens-là veulent savoir...
M. Cherry: Qui est-ce qui dit ça, que c'est des tricheurs,
des voleurs, des fraudeurs?
Mme Blackburn: Des fraudeurs? On a tout entendu. Vous le
savez.
M. Cherry: Je sais que vous l'avez répété,
mais de qui vous l'avez entendu?
Mme Blackburn: Vous n'avez qu'à lire dans les journaux
pour savoir qu'on a entendu ça, surtout de la partie patronale.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Blackburn: Vous le savez. J'espère que ce n'est pas
vous! Ce serait bien le bout du... hein!
M. Cherry: Le bout du bout. Mme Blackburn: Ouais! Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: II peut le penser, mais jamais il n'osera le
dire!
M. Cherry: Jamais! Je ne pense pas ça.
Mme Blackburn: Mais ce que je dis, ces gens-là sont
inquiets, et à raison. On les a discrédités. Et là
vous êtes en train de me dire: Ah! Si c'est déposé,
ça sera déposé, puis je vous verrai d'ici à deux
jours, puis... Je trouve que c'est enfantin. Je pense que ces gens-là
ont le droit de savoir.
Vous allez me dire: Ce n'est pas à deux jours... Mais deux jours,
c'est important, parce que ça va déterminer si cette loi est
modifiée au cours de la présente session ou si elle ne l'est pas,
si les modifications vont s'appliquer dès le mois de juillet ou si elles
s'appliqueront seulement au 1er janvier 1993. Ça va expliquer un certain
nombre de choses, indiquer un certain nombre de choses.
Ça ne concerne pas juste le ministre, ces histoires-là.
Ça concerne, au premier titre, les travailleurs et les travailleuses et,
plus particulièrement, les accidentés qui sont en droit d'avoir,
après plus d'une année de taponnages, un peu d'information
là-dessus. Et là arrêtez de penser: La
députée de Chicoutimi veut avoir ces informations-là. Moi,
je ne suis pas une accidentée du travail, hein! Je ne souhaite pas
l'être non plus, et puis j'ai beaucoup de peine pour ceux qui le sont.
Mais c'est en leur nom que je voudrais parier et au nom des travailleurs. Puis
on n'a pas le droit de faire ce qu'on est en train de faire. Après un an
et demi, on dit encore: Ce n'est pas de vos affaires, ça. Je vous
déciderai ça dans deux jours, vous le saurez. Ça n'a pas
de bon sens. C'est irresponsable. D'autant quand on s'est traîné
les pieds pendant plus d'un an, je pense qu'on n'a pas le droit de dire
ça.
Alors, quand le ministre a-t-il l'intention de faire adopter cette loi?
Et a-t-il l'intention de tenir une commission parlementaire consultative?
M. Cherry: Bon! J'espère que je vais pouvoir
répondre à certaines des nombreuses affirmations que vous avez
faites.
Mme Blackburn: Questions.
M. Cherry: Dans un premier temps, M. le
Président, le mandat que j'ai accepté, c'est de
sauvegarder le régime de santé et de sécurité qu'on
a au Québec. Ça, c'est le mandat que j'ai accepté. Quant
aux choses que la députée de Chicoutimi dit qu'elle a lues, puis
qui sont répétées, je ne veux pas commenter qui les
répète. Moi, là, j'ai des déclarations, a
l'Assemblée nationale, qui témoignent de ma volonté de
protéger ce régime-là, de protéger les travailleurs
et les travailleuses accidentés, de valoriser le rôle des
employés pour qui c'est le quotidien de travailler à la CSST. Je
ne l'ai pas entendu de la bouche de la députée de Chicoutimi,
mais elle sait très bien à qui je réfère, parce que
j'ai entendu quelqu'un de sa formation politique référer à
la CSST comme à une écurie. Moi, je l'ai entendu, M. le
Président, et, si c'est nécessaire, on retournera aux
galées.
Mme Blackburn: Mais ça sert à quoi dans la
conversation?
M. Cherry: l_a dernière interpellation était: Que
le président aille nettoyer son écurie! Et après ça
on vient me dire, là, que 48 heures, c'est trop long, que les gens, on
les traite de ci puis de ça? L'organisme qui s'appelle la CSST,
où on a convenu, madame et moi, puis elle l'a utilisé dans une de
ses répliques à l'Assemblée nationale, que 95 % des
décisions ne font pas l'objet de contestation... Donc, de décrire
la CSST comme le symbole, et c'est ce qui a été décrit
tantôt, de la mauvaise gérance, du mauvais fonctionnement, je
m'excuse, là, mais il y a des gens qui s'alimentent d'un discours
qu'après ça ils prêtent à d'autres pour dire: Voici
comment c'est décrit.
Qu'il y ait des problèmes à la CSST, je veux bien, puis
c'est pour ça qu'on s'y attaque. La loi de base de la CSST a
été bien intentionnée, mais elle a été mal
calibrée par rapport à son fonctionnement dans le quotidien. La
lecture que j'en fais, M. le Président, c'est que les gens qui ont
conçu le fonctionnement de la CSST l'ont fait comme si, à chaque
fois que la CSST a besoin d'une donnée, on n'avait qu'à peser sur
le bouton et que l'information apparaissait sur l'écran. Mais, dans la
vraie vie, ce n'est pas comme ça que ça marche.
Donc, il est important de le regarder. Ce n'est pas une loi qui a 20 ans
et 25 ans. Elle parlait d'autres pays. Il faudrait comparer des choses
comparables. Il en existe, de nombreux régimes de santé et de
sécurité en Amérique du Nord. Mais de là à
dire que, parce qu'on a dans chacun des États et dans chacune des
provinces un régime, on peut les comparer en disant: Quand c'est bien
géré ailleurs, ça produit des bons résultats... Il
faut regarder ce qu'on compare, M. le Président. Ça, ça me
semble élémentaire. (22 h 10)
Quand on veut rassurer les gens qui nous écoutent, quand on veut
rassurer les accidentés du travail, on fait attention de ne pas
véhiculer des affaires comme celles-là. Il y a des
problèmes à la CSST parce que c'est une jeune loi. Les
dernières modifications majeures sont arrivées en 1985, et on
sait qu'avant que s'établissent des jurisprudences il faut qu'il se
passe quelques années, parce que des fois une jurisprudence a une
tendance d'une telle façon et, à un moment donné,
ça change, et là il y a un
«rééquilibre-ment» qui se fait. Pour donner du
service à la population, on est passé de 14 bureaux
régionaux à 21, avec ce que ça demande comme implication,
comme organisation, comme formation du personnel, M. le Président.
Tout ça, là, il est facile de le décrier. Je sais
comment le défendre, le dossier, ne soyez pas inquiète. Et ce
n'est pas parce que je n'ai pas parlé jusqu'à maintenant que je
ne savais pas quoi dire. Mais, quand les parties m'ont demandé le temps
de réflexion pour qu'elles me fassent des recommandations, je le leur ai
donné. Si elles n'en ont pas profité, on s'en reparlera.
Mais moi je voudrais que les gens de la CSST sachent que, quand il y a
une performance de 95 % de décisions... Et la CSST, M. le
Président, là, c'est 1 000 000 de décisions par
année, parce que dans chacun des dossiers il se prend 5 ou 6
décisions. C'est de ça qu'on parle. Donc, là, avant de
décrier l'ensemble du système, il me semble qu'il est important
de faire ces commentaires-là de base parce que, autrement, au nom de
gens qui véhiculent une mauvaise perception, quand on utilise une forme
de langage comme j'en ai entendu, on contribue, volontairement ou non, à
perpétuer ce genre d'image négative dont n'a pas besoin la CSST
et dont n'ont pas besoin les gens qui y travaillent.
Oui, il y a des choses à ajuster. Oui, il y a des choses à
corriger, que ce soit administra-tivement ou autrement. Oui. On s'y emploie.
Mais on ne fera pas, là, des choses basées sur des espoirs, des
choses hypothétiques. On va s'attaquer au concret, M. le
Président. C'est ça que ça veut dire. Et madame va
reconnaître ce à quoi je veux référer, quand elle a
soulevé, lors d'une interpellation, que le nombre de traitements en
physiothérapie était excessif, elle a dit: Ça n'a pas de
bon sens, des 100, puis 150, puis bon - ce sont les chiffres qu'elle a
mentionnés...
Mme Blackburn: Je n'ai pas dit ça...
M. Cherry: Je veux dire, 80 ou 100. En tout cas. Vous avez
parlé d'un nombre excessif. Bon.
M. le Président, il faut regarder comment ça fonctionne,
il faut regarder pourquoi. Comment on arrive à une situation comme
celle-là? Une des hypothèses qui m'a été
présentée par des gens qui prétendent l'avoir bien
observée, c'est que, si je rencontre le médecin traitant, celui
qui me reçoit la première fois et qui a à me
référer à un collègue pour une experti-
se - parce que c'est une spécialité, les soins dont j'ai
besoin - et qu'entre-temps, entre la date où je suis
référé à l'expert et le temps où lui peut me
recevoir - pas peser sur le piton, puis il est là qu'il m'attend,
là - mon rendez-vous est dans deux mois, deux mois et demi ou trois
mois, quand ce n'est pas plus dans certains cas, pendant ce temps-là,
dans certains cas, m'a-t-on présenté comme façon de
fonctionner, on m'envoie en physiothérapie. Et combien de
physiothérapies je vais recevoir, dans certains cas? Presque autant que
le nombre de jours qui se seront écoulés après la date
à laquelle celui-ci m'aura référé à son
collègue qui pourra me recevoir. Combien de traitements je recevrai?
Dans certains cas, on a apporté à mon attention, M. le
Président, que ça dépend du nombre de jours. Vous en avez
besoin de cinq jours par semaine, de la physiothérapie, mais, si c'est
une semaine de quatre jours, parce que la cinquième, c'est un
congé férié, cette semaine-là, quatre seront
suffisants.
Des choses comme ça, là... L'intention était bonne,
mais le fonctionnement, l'application a ce genre-là. Est-ce que
ça veut dire, pour tout ça, qu'il faut discréditer
l'ensemble, est-ce qu'il faut dire que ce sont les travailleurs et les
travailleuses accidentés qui en abusent, ou est-ce la façon dont
le système est utilisé par l'ensemble des gens qui y sont, en y
incluant les professionnels? C'est ces choses-là qu'il faut dire. Un,
parce qu'on identifie les vrais problèmes. On va s'employer aux
correctifs, qu'ils soient administratifs ou autres, mais il faut traiter les
vraies choses dans leur vraie perspective, autrement on contribue à
alimenter la perception négative qui est véhiculée.
Mme Blackburn: M. le Président, d'abord je vais corriger
les propos que le ministre m'a prêtés. Je n'ai pas parlé de
mauvaise gestion de la CSST, j'ai parlé d'établissement de ses
besoins. C'est une autre nature, et le ministre le sait. J'ai même
félicité le président de la CSST pour le plan de
redressement administratif qu'il a déposé. Je lui ai
rappelé que j'en avais pris connaissance et que c'étaient des
voies intéressantes. Alors, arrêtez de dire n'importe quoi. Si
vous voulez répéter ce que je dis, prenez la peine de
l'écouter. À ce moment-là, vous allez avoir des chances de
répéter un peu plus fidèlement ce que je dis et non pas
commencer à faire des interprétations qui sont en dehors de ce
que j'ai dit. J'ai dit que, dans l'établissement des besoins de la CSST,
il y avait là des choses qui me laissaient un peu sceptique. Qu'on
l'établisse comme ça, c'est une chose, mais qu'après
ça on s'en offusque, puis qu'on s'étonne, puis qu'on crie sur
tous les toits que c'est pourri, le système, ce n'est pas moi qui dis
ça, là. Ce n'est pas moi qui dis ça. Alors, ce que je dis,
c'est que l'établissement des besoins n'a pas été fait de
façon correcte.
Et ce que je dis également, c'est que le silence du ministre
devant la «denigration» de la CSST est venu accréditer le
discours. Il est resté silencieux, et c'est venu renforcer cette
perception particulièrement négative. Je ne suis pas pour dire
ça pour mes voisins, ce n'est pas leur responsabilité de faire
ça, vos collègues. Ils le font bien chacun chez eux, probablement
dans leur comté, mais ça n'a pas le poids qu'aurait eu une
intervention du ministre là-dessus pour rétablir les choses.
L'autre chose qu'il faut dire, ce gouvernement est au pouvoir, ça
va faire 7 ans. Ça fait 18 mois que le ministre a le dossier. On le
savait, depuis l'étude qui avait été déposée
et demandée - déposée en 1987, cette
étude-là - qu'il fallait prendre un certain nombre de mesures
assez rapidement. Et là il est en train de me dire: Ce n'est pas parce
qu'on est à deux jours près... Bien, ce n'est pas parce qu'on est
à deux jours près... On n'est pas à deux jours
près, on est 18 mois trop tard. C'est ça, on est 18 mois trop
tard, et le problème, c'est que les modifications législatives ne
pourront certainement pas entrer en vigueur rétroactivement au 1er
janvier, là. Ça m'étonnerait. Ça
m'étonnerait, parce que la machine continue à rouler puis
à recevoir les gens selon les règles, les règlements et la
loi actuels. Vous ne pourrez pas faire reculer le cadran au 1er janvier 1992.
Donc, avant que ça entre en vigueur, on a six mois.
Et là, ce que je dois comprendre, parce que le ministre refuse de
me dire son intention, à savoir s'il va faire adopter, oui ou non, la
loi dès la présente session, ça veut dire que les mesures
ne pourraient s'appliquer qu'en 1993. C'est ça qu'il est important de
savoir, parce que c'est ça qui compromet l'avenir de la CSST.
À présent, est-ce que le ministre, oui ou non, a
l'intention de faire adopter cette loi au cours de la présente session?
Et a-t-il l'intention de tenir une commission parlementaire, une commission
consultative?
M. Cherry: On m'a glissé une note sur un commentaire que
vous avez fait antérieurement, quand vous vous êtes
référée à l'organisme en disant qu'il était
le symbole du mauvais fonctionnement d'un service. Vous avez dit qu'au
Québec la CSST...
Mme Blackburn: Bien oui!
M. Cherry: ...était le symbole d'un mauvais
fonctionnement. C'est à ça que j'ai référé,
madame.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
M. Cherry: Je ne vous ai pas prêté de mauvaises
paroles...
Mme Blackburn: Puis là vous allez me
laisser vous répondre tout de suite. Je l'ai dit en
référant aux propos patronaux, qui ont réussi à
faire de la CSST un symbole de mauvais fonctionnement. C'est ça que je
dis. Et le ministre n'a jamais contredit ces propos. Il n'a jamais infirme ou
confirmé les déclarations du patronat. C'est là que je dis
que le ministre a contribué à ternir l'image de la CSST. C'est
ça que j'ai dit. C'est parce que j'ai vu que c'était M. Diamant
qui avait envoyé la note, alors je veux corriger la perception
erronée que j'ai pu laisser. C'est en référant à
ces propos complètement dévastateurs.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de choses à corriger à la
CSST. Je serais très malvenue de prendre pour acquis que la situation
actuelle peut perdurer. Mais, entre ça et l'espèce d'inertie du
gouvernement, qui est incapable d'apporter des mesures de correction
rapidement, ça entraîne la situation qu'on connaît. Alors,
arrêtons de dire n'importe quoi. Dix-huit mois pour se décider
à faire quelque chose là-dessus alors que ça faisait
déjà pas mal d'années qu'on soupçonnait le
glissement... D'ailleurs, M. Diamant en faisait état, c'est ce qu'il a
appelé le dérapage, je pense. Il a dit: Déjà on le
savait, on le sentait. Puis que vous ne vous soyez pas grouillé plus
vite que ça, voyons donc! N'essayez pas d'accuser les autres de
ça, là.
Moi, je voudrais savoir. Le ministre a été saisi de
différentes recommandations issues de la partie patronale et de la
partie syndicale; on les a retrouvées dans le rapport du CCTMO. On en a
reçu différentes séries, comme vous le savez tous, de la
CEQ, de la CSST, de la FTQ... Pas la CSST, la CSST, c'est à
l'intérieur du rapport. C'est la CEQ, la CSN, la FTQ. On en a
reçu aussi de l'Association québécoise des manufacturiers,
que j'ai eu le plaisir de rencontrer là-dessus. On a reçu aussi
des propositions du Conseil du patronat. On sait que certaines recommandations
convergent et d'autres divergent. Qu'est-ce que le ministre a l'intention de
retenir de ces recommandations? (22 h 20)
M. Cherry: Vous en avez eu également de l'AECQ.
Mme Blackburn: Oui.
M. Cherry: Vous en avez eu de la CSST aussi.
Mme Blackburn: Oui, la CSST...
M. Cherry: Parce que c'était dans le document.
Mme Blackburn: La CSST est dans le rapport.
M. Cherry: C'était dans le document. C'est ça.
Ce que j'ai opté de faire, madame, d'abord ma défense de
l'organisme comme telle ne date pas d'aujourd'hui. À chaque fois que
j'ai eu à intervenir en interpellation, en débat de fin de
séance ou autrement, je l'ai fait pour rassurer les gens qui y
travaillent. Je l'ai dit tantôt, mon objectif, c'est la sauvegarde du
régime qu'on a au Québec. Et je vous ai également
répondu - c'est la semaine dernière, je crois, lorsque j'ai
déposé le rapport - que j'avais donné quelque temps, pour
terminer ces consultations, au président de la CSST.
Peut-être parce que c'est récent, vous avez omis
également de parler que vendredi dernier un organisme, la FTQ, a tenu
une réunion spéciale d'une journée. Au-delà de 200
personnes étaient présentes, pour reconnaître qu'il fallait
suivre certaines observations qui venaient de la direction de la CSST. Alors,
ce sont quand même des déclarations récentes, on parle de
vendredi. La conférence de presse a eu lieu dimanche dernier, donc il y
a à peine deux jours.
Et, évidemment, le plan des redressements, vous avez dit que vous
aviez eu l'occasion de féliciter le président de la CSST. Il y a
des mesures, vous vous souviendrez que je vous avais dit qu'il y avait aussi
des aspects administratifs et législatifs. Donc, il y a des mesures
administratives. Vous avez raison, il y a des correctifs à apporter,
puis on s'y applique. Et vous avez raison...
Mme Blackburn: Ce que je demande, c'est: Le ministre...
M. Cherry: ...ça ne se revire pas rapidement. Vous avez
raison aussi, là.
Mme Blackburn: Le ministre a dû se faire une tête sur
quoi il a l'intention d'apporter des modifications législatives. Sur la
reconsidération administrative? Sur le médecin traitant? Sur quel
point? J'imagine qu'il s'est fait une tête, là, puisque la loi est
écrite.
M. Cherry: Je suis obligé de vous référer
à ma réponse précédente que vous n'avez pas
aimée, là, qui vous indiquera...
Mme Blackburn: ça veut dire que là le ministre
refuse de nous dire si la loi va être adoptée cette session. et,
comme il refuse de nous dire s'il va y avoir une consultation, il refuse de
nous faire connaître le contenu, ne serait-ce que de façon
minimale. ce n'est pas par curiosité morbide, là.
M. Cherry: Pardon?
Mme Blackburn: Ce n'est pas par curiosité morbide ou
personnelle, hein!
M. Cherry: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Ce n'est pas parce que j'ai hâte de vous
voir découdre, là.
M. Cherry: Vous avez hâte de... Mme Blackburn: Rien.
M. Cherry: De me voir...
Mme Blackburn: J'ai dit: Ce n'est pas parce que j'ai hâte
de vous voir découdre.
M. Cherry: De me voir découdre? Mme Blackburn: Oui.
En tout cas. Oui.
M. Cherry: Oui? Vous n'avez pas hâte de voir ça?
Mme Blackburn: Bien non. Ce n'est pas pour ça que je pose
la question. Je la pose dans l'intérêt de ceux et celles qui se
préoccupent de cette question...
M. Cherry: Oui.
Mme Blackburn:... et dans l'intérêt des organismes
syndicaux qui nous ont fait part d'un certain nombre de recommandations, comme
des organismes patronaux. Alors, je pose trois questions: Avez-vous l'intention
de déposer le projet de loi pour qu'il soit adopté à la
présente session? Avez-vous l'intention de tenir une commission
parlementaire? Et pourriez-vous informer cette commission - parce qu'elle est
constituée pour ça - des principales modifications que vous
entendez apporter? Pas besoin du libellé, mais de l'esprit.
M. Cherry: Je n'ai pas l'intention de répondre aujourd'hui
à ces questions-là, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Bien.
Mme Blackburn: Bien. Alors, est-ce que le gouvernement...
M. Cherry: Programme par programme? C'est comme ça...
Mme Blackburn: Dans les crédits...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse. Excusez, madame. Excusez.
M. Cherry: L'adoption des crédits, ça va programme
par programme? C'est comme ça qu'on le fait?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Oui,
on va le faire à la fin, en bloc.
Mme Blackburn: Oui, mais je ne sais pas à quelle
heure...
M. Cherry: Ah! O. K. En bloc ou...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Oui.
M. Cherry: C'est correct.
Mme Blackburn: À quelle heure ça finit?
Vérifiez donc.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Normalement, à 22 h 30.
Mme Blackburn: Hein? Une voix: À 22 h 30.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): 22 h
30.
Mme Blackburn: Oui, bien, à ce moment-là, s'il n'y
a pas de consentement, on finira demain. Il va rester 20 minutes, une
demi-heure?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
il va rester 13 minutes.
Mme Blackburn: On a commencé plus que 13 minutes en
retard, ce midi. À quelle heure avons-nous commencé cet
après-midi?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
À 16 h 40; on a fini à 18 h 2; on a recommencé
à 20 h 6...
Mme Blackburn: À 16 h 40?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): ...
et on finirait normalement à 22 h 30. donc, il resterait 14 minutes.
alors, nous pourrions, au pire aller, finir à moins quart, moins 14.
Mme Blackburn: Dans le budget du ministère, il y a ce que
j'appelle, moi, un euphémisme. C'est marqué «contribution
à la CSST». J'ai trouvé ça gentil, tout plein,
ça n'a pas de bon sens. J'ai dit: Ça y est, le ministère
prend en pitié la CSST et contribue à son financement. Vous
savez, c'est spécial, titrer ça «contribution à la
CSST», quand, en fait, il s'agit de responsabilités que le
ministère, le gouvernement refuse d'assumer, celles de l'inspection et
de la Commission d'appel en matière de lésions professionnelles.
Contribution à la CSST. C'est joli, comme termes, ça n'a pas de
bon sens.
Une voix:...
Mme Blackburn: Non, c'est mieux que ça.
C'est «aide financière».
M. Cherry: «Aide financière». Bien oui! Je
cherchais où vous disiez ça. Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: «Aide financière à la
CSST». Vous devez être content, M. le président.
M. Diamant: On en a vraiment besoin. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Cherry: S'il n'avait pas ça, il faudrait être
tout seul pour...
Mme Blackburn: Pour que ça corresponde vraiment à
ce qui représente les responsabilités du gouvernement, ça
s'élèverait à combien, cette aide-là, cette
année, pour payer l'inspection et pour payer les frais reliés
à la Commission d'appel sur les lésions professionnelles?
M. Diamant: La Commission a établi ses besoins financiers,
en matière d'inspection, pour l'année 1992, à 27 691 600
$.
Mme Blackburn: Et la dette accumulée?
M. Diamant: Le solde à recevoir a été
établi par la Commission, et pas par le gouvernement - c'est clair, par
la Commission - à la fin de 1991, à 41 311 000 $.
Mme Blackburn: C'est seulement pour l'inspection, ça?
M. Diamant: c'est ça. c'est l'écart cumulatif entre
la dépense réelle établie par la csst et le versement par
le gouvernement depuis l'année 1985.
Mme Blackburn: Et s'ajoutent à ça les
coûts...
M. Diamant: Depuis l'année 1985.
Mme Blackburn: Et à cela s'ajoutent les coûts
reliés au fonctionnement de la Commission, la CALP.
M. Diamant: Pardon? Je n'ai pas compris.
Mme Blackburn: Ça relève d'un autre
ministère, mais de la CALP, la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles.
M. Diamant: Ça n'a pas de rapport. Nous défrayons,
par ailleurs, entièrement le coût de fonctionnement de la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles qui,
elle, est administrée par le ministre de la Justice. Pour l'année
en cours, pour l'année 1992, on parle de 28 000 000 $, plus ou
moins.
Mme Blackburn: Et la dette accumulée?
M. Diamant: II n'y a pas de dette accumulée, on paie notre
facture à toutes les années.
Mme Blackburn: Non. Vous, vous la payez, mais normalement c'est
le gouvernement qui devrait défrayer les coûts de la
Commission.
M. Diamant: Non.
Mme Blackburn: Non? Bien.
M. Diamant: C'est établi dans la loi que nous devons
verser un fonds.
Mme Blackburn: En vertu de la loi canadienne, vous ne pouvez pas
cotiser les organismes fédéraux.
M. Diamant: Oui, ils cotisent.
Mme Blackburn: ii y a eu des cotisations qui avaient
été versées. et vous avez une dette, actuellement, de
combien à l'endroit de... un remboursement.
M. Diamant: On n'a pas de dette, ça a
été... Il y a eu un jugement, il y a quelques
années... Les entreprises québécoises de juridiction
fédérale... À un moment donné, il y a eu un
jugement qui nous a forcés à rembourser...
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Diamant: ...et ça a été fait, il n'y a
plus de dette, c'est payé.
Mme Blackburn: Ça a été remboursé? En
quelle année? Il me semble que c'est récent. C'était
encore dans vos...
M. Diamant: C'est en 1989-1990.
Mme Blackburn: Oui, parce que c'était encore dans vos
livres, il n'y a pas très longtemps.
M. Diamant: Oui.
Mme Blackburn: Dans le déficit de cette année,
est-ce que ça comprend... Des fonds que vous aviez confiés
à la Caisse de dépôt et placement, vous en avez
retiré, je pense, 200 000 000 $, des intérêts. (22 h
30)
M. Diamant: C'est-à-dire que non, ça a
rapporté des intérêts. Il y a eu un taux de rendement; je
n'ai pas le chiffre devant moi.
Une voix: Trouve-le, trouve-le!
M. Diamant: Oui, on va le trouver, le
chiffre. On l'a ici.
Alors, dans les revenus d'intérêt, aux états
financiers...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Diamant: ...on a eu autour de 400 000 000 $, 413 296 000 $ de
revenus de placement et intérêt sur cotisations.
Mme Blackburn: Puis vous en avez retiré combien de ces...
Vous en avez placé la moitié?
M. Diamant: C'est un revenu.
Mme Blackburn: Ça rentre dans vos revenus?
M. Diamant: Oui.
Mme Blackburn: En totalité?
M. Diamant: En totalité.
Mme Blackburn: O.K.
Dans les données qui nous ont été fournies, on
constate que les coûts reliés à l'augmentation des
coûts de fonctionnement de la CSST, c'est beaucoup pour de la
judiciarisation. C'est ce que le ministre disait en m'invitant à aller
visiter les bureaux de la CSST à Montréal, pour y voir circuler
les avocats - j'utilise les termes du ministre. Est-ce que les modifications
que vous suggérez au ministre auront comme effet de réduire la
judiciarisation?
M. Diamant: J'ai répété à maintes
reprises, et je pense que, en cela, tout le monde qui est concerné, tous
les intervenants qui sont concernés par le régime de santé
et de sécurité du travail sont d'accord, qu'il y a une
judiciarisation excessive des mécanismes de révision et d'appel.
Effectivement, j'ai dans mes recommandations, dans le rapport du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, indiqué plusieurs pistes
qui pourraient être retenues pour réduire la judiciarisation. J'ai
parlé à maintes reprises de reconsidérations
administratives, de conciliations, et aussi de la nécessité
peut-être de voir si on ne pouvait pas soulager un peu le processus de
révision au niveau des bureaux de révision paritaire et de la
CALP.
Mme Blackburn: Alors, au BRP, est-ce que vous suggérez
l'abolition du paritarisme?
M. Diamant: C'est une hypothèse parmi plusieurs autres qui
a été évoquée au cours de l'année
dernière. Ce n'est pas celle que j'ai retenue dans le rapport du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
Mme Blackburn: Est-ce que la CSST n'est pas en partie responsable
de l'alourdissement? À la page...
M. Diamant: De quoi?
Mme Blackburn: De l'alourdissement ou de la judiciarisation. En
page 66 des réponses aux questions que nous avons posées, sur les
dossiers reçus à la direction susmentionnée, on parle de
l'arbitrage médical. En matière de lésions
professionnelles, combien de recours ont été initiés par
des travailleurs, combien par des employeurs et combien par la CSST?
M. Diamant: Nous avons rétabli...
Mme Blackburn: On constate que, sur les 8405 cas qui ont
été portés en appel devant l'arbitrage médical, il
y en a 68 % qui l'ont été par l'employeur, 31 % par la CSST et 1
% par les travailleurs. Quand on sait que l'arbitrage médical confirme,
dans 76 % des cas, si ma mémoire est fidèle, le diagnostic du
médecin, est-ce que la CSST ne contribue pas à la judiciarisation
en allant en appel sur des cas pour lesquels, dans une proportion aussi
élevée, on confirme le premier diagnostic?
M. Diamant: Je vous avais indiqué tout à l'heure
que, parmi les mesures de redressement que nous avions retenues, il y avait la
révision de notre directive sur l'arbitrage médical, dans une
recherche d'équilibre entre les droits des travailleurs et ceux des
employeurs. Au cours de l'année 1989 et en application dans
l'année 1990, il y a une directive qui avait été
émise à l'effet que la CSST ne recourait plus à
l'arbitrage médical, à peu près jamais, sauf en cas de
fraude, ou, disons, de mauvaise foi ou de malveillance. Or, on s'est rendu
compte, au fil des ans, qu'il y avait, par exemple, des situations... Donnons
l'exemple d'un petit employeur qui ne connaît pas bien le système,
qui n'a pas la possibilité de recourir à une expertise externe et
qui n'a pas d'intérêts financiers immédiats à
contester. À ce moment-là, personne ne protégeait les
intérêts du régime. Alors, en avril 1991, j'ai
demandé la modification de cette directive qui, maintenant, fait en
sorte que la CSST va contester lorsque l'intérêt mutuel des
cotisants est en cause. Dans ce contexte-là, ça a produit,
effectivement, une recrudescence du nombre de contestations.
Je vous signale par ailleurs que, sur les mêmes données,
moi je ne les ai pas ici devant moi, mais c'est 8128, le chiffre que j'avais
retenu.
Mme Blackburn: C'est 8405.
M. Diamant: C'est ça. Les employeurs, là-dessus,
représentent plus de 6000 contestations et, nous, autour de 1900, si mon
souvenir est
bon. alors, dans ce contexte-là, on parle de, quoi, 25 %. il faut
remarquer aussi qu'il y a eu une croissance du nombre de contestations par les
employeurs.
Mme Blackburn: Regardez, les données que j'ai, ici - parce
que je ne voudrais pas qu'on laisse dans la retranscription des débats
l'impression que j'ai fourni de fausses données - les données que
j'ai, je les ai prises dans le cahier de réponses aux questions, en
pages 65 et 66.
M. Diamant: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn: Les données sont de 1991-1992, mais au 29
février. Alors, elles sont prises...
Une voix: C'est parce que parfois on joue sur l'année
civile et parfois sur l'année financière...
Mme Blackburn: Alors, les données que j'ai ici...
Une voix: C'est pour ça qu'il y a des
différences.
Mme Blackburn: ...montrent que de février à
février...
M. Diamant: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn: ...31 % des appels ont été
logés par la CSST.
M. Diamant: C'est ça. Ça, c'est pour l'année
1991-1992, c'est l'année financière du gouvernement.
Mme Blackburn: Bon. Alors, 31 % des appels logés l'ont
été par la CSST. Et, dans un autre document, on nous apprend que,
dans 74 % ou 76 % de ces appels, le diagnostic du médecin traitant est
maintenu. Ça veut dire que, dans votre cas, dans les 2618 appels,
là, il y en a normalement les trois quarts qui ne sont pas
fondés.
M. Diamant: Non, mais, moi, je...
Mme Blackburn: Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est un peu
gros?
M. Diamant: Encore là, je ne peux pas les trouver, mais,
quand vous dites que 76 % des avis des médecins traitants sont
confirmés, j'ai des doutes sur ce chiffre-là.
Mme Blackburn: Oui?
M. Diamant: Je ne crois pas que ça soit tout à fait
exact.
Mme Blackburn: Oui, oui. Ils sont là, puis s'il peut
fouiller...
M. Diamant: Mais je vais vous le trouver, Mme Blackburn.
Mme Blackburn: Oui. Fouillez, ça m'éton-nerait que
je me trompe là-dessus, là, puis je serais heureuse...
M. Diamant: Si vous n'êtes pas pressée, là,
je vais le chercher.
Mme Blackburn: Non, je ne suis pas pressée. J'ai tout mon
temps.
Est-ce que le président de la Commission estime que les
modifications à la loi qu'il propose appellent une consultation
générale?
Une voix: Pardon?
Mme Blackburn: Les modifications à la loi que vous
proposez, est-ce que ça appelle une consultation
générale?
M. Diamant: Dans quel sens?
Mme Blackburn: Dans le sens d'une commission.
M. Diamant: Ce n'est pas moi qui ai à juger du processus
parlementaire de traitement de ces questions-là.
Mme Blackburn: Bien. Si vous trouvez l'information, je suis
intéressée.
M. Diamant: On va vous la trouver, c'est sûr.
Mme Blackburn: On constate aussi, en arbitrage médical, et
j'ai eu de la difficulté un peu à interpréter les
chiffres... Vous avez: dossiers reçus, 8405...
M. Diamant: Oui.
Mme Blackburn: ...dossiers incomplets, 3378; dossiers en attente,
1887; dossiers en attente d'une décision, 318; désistements, 255;
et décisions rendues, 6664. Et là ça ne concorde pas,
ça ne peut pas aller ensemble. Il faut que ça traite des dossiers
qui étaient aussi en attente pour l'année
précédente, sinon ça n'arrive pas.
M. Diamant: Je veux juste vous signaler que le service
d'arbitrage médical est géré par le ministère du
Travail. Donc, je pense qu'H est normal que ce soit M. Gabrièle qui
commente cette question-là.
Mme Blackburn: Oui, oui. Ce n'était pas à vous,
d'ailleurs, que je posais la question, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gabrièle: M. le Président, si je prends les
années financières, en 1990-1991, il y avait des dossiers en
attente.
Mme Blackburn: Combien? M. Gabrièle: 1428. Mme
Blackburn: Oui.
M. Gabrièle: Bon. C'est pour ça que nous retrouvons
actuellement: dossiers en attente, 1887. Maintenant, je vous informe, M. le
Président, que nous avons d'abord revu l'organisation administrative de
l'arbitrage médical au mois de février de cette année.
Nous avons ajouté quatre employés. Ensuite, même, nous
allons, avec la CSST, les équiper d'équipement informatique qu'il
manquait, ils avaient encore des vieux AES dont on n'a plus ni les
pièces ni les services. Et même on va, au mois de juin, les
transférer de locaux pour leur permettre d'avoir plus d'espace et de
recevoir les quatre employés additionnels.
Alors, vendredi dernier, je rencontrais le gestionnaire. On va faire une
opération en deux temps. Tous les dossiers qui rentrent à tous
les mois, on va y répondre dans les 30 jours, ce qui est le délai
de la loi. Bon. Nous avons demandé même au CCTMO d'ajouter des
médecins sur la liste des arbitres. Au mois de mars 1992, ils nous ont
donné 14 noms de médecins additionnels. Et, pour les 1500
dossiers qui sont de l'année précédente, nous allons faire
une opération ad hoc, spéciale, pour les traiter. Nous avons
demandé au CCTMO de nous donner une liste provisoire de
médecins-arbitres pour mener l'opération de vider les 1500
dossiers qui sont en retard. Voilà où nous en sommes pour
l'arbitrage médical, on s'en occupe. (22 h 40)
Mme Blackburn: Est-ce que vous pouvez confirmer ou infirmer
l'information selon laquelle 75 % - c'est entre 74 % et 76 %, j'essaie de me
rappeler - des décisions du médecin traitant sont
confirmées en arbitrage médical?
M. Gabrièle: J'avais entendu un chiffre inverse,
c'est-à-dire qu'il y avait 70 % des décisions qui étaient
renversées à la CALP. Mais il y a eu 40 % des opinions de
l'arbitre médical qui allaient en appel à la CALP, et on
renversait 70 % des 40 % des décisions qui allaient en appel.
Mme Blackburn: Alors, on pourrait nous fournir...
M. Diamant: Voilà. J'ai des chiffres très
précis en ce qui concerne le nombre de décisions de la Commission
faisant suite à un arbitrage médical, parce que, quand l'arbitre
donne sa décision, ça revient à l'agent d'indemnisation et
ça devient une décision de la Commission. Alors, en 1990-1991,
40, 6 % des décisions de la Commission ont été
portées en appel à la CALP. O. K. ?
Mme Blackburn: Oui, ce n'est pas des... Oui.
M. Diamant: Et, comme dit M. Gabrièle, j'ai moi aussi
entendu un chiffre qui ressemble à ça, c'est-à-dire - oui,
je l'ai devant moi - que 64, 7 %, O. K., des décisions de la CALP
modifient, en tout ou en partie, la décision rendue en arbitrage.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
dois vous arrêter, compte tenu de l'heure. Alors, il nous reste une
minute.
Mme Blackburn: Oui. Je pensais seulement, là, vraiment
à la question précise: Les décisions de l'arbitre
médical...
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Je
m'excuse, madame, le temps est écoulé.
Mme Blackburn:... confirment-elles ou infirment-elles la
décision du médecin?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): II
faut maintenant adopter les programmes. Alors, dites-moi pas...
Mme Blackburn: Oui, oui. Ça va.
Une voix: Est-ce que ça a répondu un peu,
là? Non? Pas du tout?
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides): Non,
non. On adopte les programmes. Maintenant on est rendus là.
Adoption des crédits
Alors, est-ce que les programmes 1 à 6 des crédits
budgétaires du ministère du Travail sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Adopté. Est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires
du ministère du Travail pour l'année financière 1992-1993
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger, Laval-des-Rapides):
Alors, notre mandat étant accompli, la commission ajourne ses
travaux sine die. Merci à tout le monde.
(Fin de la séance à 22 h 44)