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(Quinze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir prendre sa place pour que la commission de
l'économie et du travail puisse procéder à l'étude
des crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, secteur technologique. Nous étudierons
particulièrement aujourd'hui l'élément 4 du programme 1 et
l'élément 1 du programme 3.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement pour cette séance.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Sans plus tarder,
je demanderais à M. le ministre s'il a des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Merci beaucoup, M. le
Président. J'aimerais débuter cette brève
présentation en citant M. Louis Berlinguet, président du Conseil
de la science et de la technologie, lors de la présentation de son
mémoire à la Commission Bélanger-Campeau: Pour arriver
à consacrer 2,3 % de son produit intérieur brut à la
recherche, il faut de bonnes universités, une culture scientifique, un
gouvernement qui choisit des créneaux plutôt que de se lancer tous
azimuts et une recherche industrielle importante. Au Québec, ce dernier
point fait particulièrement défaut et des efforts doivent
être faits pour corriger la situation.
C'est dans cette optique que, pour maintenir une position
intéressante dans l'espace technologique des pays industrialisés,
le Québec a mis de l'avant cinq objectifs: augmenter la valeur
ajoutée de ses produits; relever le défi technologique; former
une main-d'oeuvre qualifiée; encourager le développement
économique dans le respect de l'environnement et, finalement,
conquérir de nouveaux marchés. La réalisation de ces
objectifs est conditionnelle au développement d'un sens aigu du
partenariat et de la qualité totale au sein des entreprises.
Pour sa part, le gouvernement doit fournir aux entreprises un contexte
favorable à la réalisation de ces objectifs, notamment par la
consolidation et l'harmonisation des mesures mises en place et,
également, en définissant une vision globale et
intégrée à long terme. C'est également dans cette
optique que le gouvernement du Québec a identifié certains
secteurs clés et des créneaux d'excellence pour assurer le
développement économique et technologique du Québec.
Au nombre de ces secteurs clés, je note l'aéronautique et
le spatial, avec des résultats importants au niveau de Bell Helicopter
récemment et, également, Spar. On n'a qu'à se rapporter
à l'événement récent du lancement du satellite Anik
E-2 et la venue de l'Agence spatiale, un investissement de 289 000 000 $ au
Québec.
Au niveau du deuxième secteur clé, Matériel de
transport, inutile de mentionner que Bombardier, avec l'Airbus 330, 340, le
transporteur régional et l'investissement dans METRO-PLUS, assure un
développement technologique important, entre autres en favorisant les
transferts technologiques au Québec.
En ce qui concerne les métaux primaires, lorsqu'on parle de
l'aluminium, on va parler de plus en plus du Centre de transfert et de liaison
à l'Université du Québec à Chicoutimi et lorsqu'on
parle du dossier du magnésium, on parle de l'Institut national de la
technologie du magnésium. Récemment, un journal important de la
région de Québec mentionnait: L'Institut national de la
technologie du magnésium intéresse de plus en plus le Japon. Six
entreprises de ce pays viennent en effet de devenir membres de l'Institut
national de la technologie du magnésium, dont les deux grands de
l'automobile Honda et Mazda.
En ce qui concerne les technologies de l'information, hier, nous
annoncions un projet avec Recherches Bell-Northern, 1 000 000 000 $ au cours
des 12 prochaines années en recherche et développement. Pour les
cinq prochaines années, il s'agit du double des investissements de
Recherches Bell-Northern au Québec, donc, c'est un investissement majeur
dans le secteur des technologies de l'information. Dans un avenir
rapproché, des entreprises comme CGI, DMR et LGS feront également
des annonces importantes dans le secteur des technologies de l'information.
Lorsqu'on parle de génie-conseil, un autre secteur clé, on
fait appel aux entreprises du Québec qui ont su développer une
nouvelle technologie, entre autres, SNC Monenco dans le projet du
siècle, 11 200 000 000 $, le projet Hibernia. Récemment,
près de 600 entreprises, des dirigeants et des dirigeantes de PME
québécoises se sont informés dans la région de
Québec des retombées du projet Hibernia.
Finalement, dans le secteur des produits pharmaceutiques, il ne fait
aucun doute que le Québec, et plus particulièrement la
région de Montréal, est le centre par excellence pour les
entreprises du secteur pharmaceutique. Je ne fais que citer les investissements
récents d'une autre
entreprise qui, au cours des cinq prochaines années,
une entreprise mondiale dans le secteur pharmaceutique, va investir 270 000 000
$ au Québec. Ceci dit pour les secteurs clés.
Les créneaux d'excellence dans le secteur de la
biotechnologie. Le présent gouvernement a fait des efforts pour
regrouper tous les intervenants dans le secteur de la biotechnologie, et plus
précisément l'Institut Armand-Frappier, IAF Biochem, la Caisse de
dépôt et placement du Québec et le Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec. On note depuis cette
intervention du présent gouvernement que la firme IAF Biochem a
doublé ses investissements en recherche et développement au
Québec et a su inciter la participation de nouveaux partenaires dont
Glaxo-Canada.
En ce qui concerne, la microélectronique, des
entreprises importantes du Québec telles Circo Craft et C-Mac sont en
train de prendre une part importante du marché. Une annonce au niveau de
l'environnement qui est un autre créneau d'excellence pour le
gouvernement du Québec: On parle de projets, de potentiels dans le Fonds
de développement technologique d'un montant budgeté de 50 000 000
$ dont 16 projets ont été acceptés pour des montants
totalisant 3 800 000$.
Dans le secteur de la mode, des efforts Importants sont
faits pour rendre le design admissible aux crédits d'impôt parce
que le design, c'est la recherche et développement du secteur de la
mode, et également pour le design industriel.
Donc, après les cinq objectifs du ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, l'identification de secteurs
clés et de créneaux d'excellence, on peut s'attaquer à la
productivité. La productivité, c'est trois choses, trois
éléments importants: La formation des ressources humaines. On
doit avoir des ressources humaines à la fine pointe du
développement technologique pour faire de la recherche et du
développement. L'implantation de la qualité totale,
c'est-à-dire bien faire du premier coup, à tout coup, partout.
Et, finalement, un troisième élément, nos ressources
humaines doivent avoir des équipements à la fine pointe du
développement technologique pour investir davantage dans la recherche et
le développement. C'est dans cette optique que le gouvernement a mis en
place une politique basée sur cinq axes, entre autres la
fiscalité.
On sait que la fiscalité sert de catalyseur au
Québec pour accentuer le dynamisme du secteur privé a qui revient
le choix des meilleurs projets de recherche et de développement.
Le gouvernement minimise ainsi son intervention dans le
processus décisionnel des entreprises tout en appuyant les
démarches des entrepreneurs et en créant un climat favorable au
développement économique. De plus, cette approche s'inscrit dans
une perspective à long terme qui vise à maintenir une
fiscalité compétitive pour favoriser le développement
économique, notamment en réduisant les coûts nets
d'investissements au Québec, en particulier ceux relatifs à la
recherche et développement. Selon le ministère du Revenu du
Québec, les crédits d'impôt à la recherche et
développement s'élevaient en 1987 à 62 000 000 $ alors
qu'en 1989 Hs sont passés à 116 000 000 $.
Le deuxième volet, les prêts participatifs de
la Société de développement industriel du Québec
et, également, le nouveau volet de financement des crédits
d'impôt. Le financement des crédits d'impôt,
présentement 16 dossiers sont acceptés pour 3 112 000 $, et les
dossiers à l'étude présentement, 16 dossiers pour 4 131
000 $. Donc, c'est une aide additionnelle aux entreprises en finançant
leurs crédits d'impôt pour favoriser la recherche et le
développement.
En ce qui concerne les différentes dépenses
des ministères, on fait allusion, entre autres, aux programmes du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, et c'est
afin de soutenir les entreprises selon leurs différents besoins que le
MICT dispose d'une série de programmes qu'il a harmonisés au
cours de l'exercice 1990-1991.
Premier programme, Soutien à l'emploi scientifique.
Ce programme regroupe maintenant le soutien à l'emploi scientifique et
technique, mieux connu sous le nom de PSES, le soutien à l'emploi
administratif, ainsi que le programme Étudiants-stagiaires en sciences
et en technologie.
En 1990-1991, 10 000 000 $ ont été
attribués par le PSES pour créer 384 postes répartis dans
323 entreprises. Quant au programme Étudiants-stagiaires, 413 000 $ ont
été accordés à 217 entreprises. Le deuxième
programme, le programme d'Aide à la modernisation et à
l'innovation technologique, regroupe depuis 1990 des programmes de Diagnostic
et stratégie technologique, celui de l'Aide à l'acquisition et
à l'implantation de la technologie, ainsi que celui d'Aide à
l'élaboration de projets de recherche et développement. Ce
regroupement a été fait dans le but d'obtenir un programme plus
souple, mieux adapté aux attentes des entreprises. Le budget de ce
programme pour 1991-1992 sera de 7 800 000 $. Le troisième programme,
l'Entente auxiliaire sur le développement technologique. Alors, ce
programme, dans le cadre de l'entente auxiliaire Canada-Québec sur le
développement scientifique et technologique, a versé 7 200 000 $
à des entreprises québécoises au titre des programmes
d'appui au développement technologique, dont 3 700 000 $ proviennent du
gouvernement fédéral.
Toujours dans le cadre de cette entente, le Québec a
versé 1 400 000 $ à l'Institut national d'optique et 850 000 $
à l'Institut national de la technologie du magnésium, dont 450
000 $ pour le démarrage d'une douzaine de projets de
recherche précompétitive.
Dans cette même optique, nous annoncions récemment des
investissements de l'ordre de 40 000 $ dans le parc technologique de
Québec qui est en pleine croissance. Ceci va permettre à ce parc
de traverser, ou de franchir si vous préférez, une nouvelle
étape dans la croissance pour devenir le véritable paradis des
chercheurs de la haute technologie du XXIe siècle.
En ce qui concerne le Centre de recherche industriel du Québec,
nous aurons l'occasion d'en parler tout à l'heure, mais les budgets
autorisés sont passés de 105 000 000 $à155 000 000 $.
Le Fonds de développement technologique. On en parle beaucoup, du
Fonds de développement technologique qui consiste surtout dans des
subventions directes qui s'avèrent efficaces pour promouvoir la
réalisation de projets mobilisateurs de grande envergure impliquant le
regroupement d'entreprises et le secteur de la recherche. En 1990-1991, le
Fonds de développement technologique a engagé 17 400 000 $ pour
la réalisation de projets mobilisateurs qui, lorsque
complétés, représenteront un investissement total de 80
000 000 $. Par ailleurs, 13 600 000 $ ont été engagés au
titre du volet 2 du Fonds de développement technologique pour Radarsat
et l'Institut national de la technologie du magnésium.
Prochainement, de nouveaux projets dont la réalisation
débutera au cours de l'exercice 1991-1992 seront amorcés. Les
subventions du Fonds de développement technologique totaliseront 40 000
000 $ pour des investissements totaux de 135 000 000 $.
Finalement, le programme de partenariat économique du
gouvernement du Québec assure que toutes les entreprises
étrangères qui veulent avoir accès au pouvoir d'achat du
gouvernement du Québec vont établir une balance économique
favorable entre les revenus qu'elles obtiennent du gouvernement du
Québec et leurs investissements au Québec.
En ce qui concerne la compétitivité de nos entreprises,
après avoir élaboré les objectifs du ministère,
l'identification des secteurs clés et des créneaux d'excellence
qui portent fruit, la productivité qui consiste dans la formation des
ressources humaines, la qualité totale, le défi technologique et
la politique intégrée du gouvernement du Québec pour
favoriser ce défi technologique, nous nous attaquons maintenant à
la compétitivité. La compétitivité des entreprises
implique inévitablement une vision à moyen et à long terme
du développement technologique du Québec.
Le coût du capital est devenu une variable excessivement
importante pour permettre cette vision à moyen et à long terme.
Le climat est favorable aux investissements en recherche et
développement. Les travailleurs de la FTQ, un exemple, demandent de plus
en plus, dans le secteur des technologies de l'information, que les entreprises
investissent à long terme. Cette demande, évidemment, a
été faite avant l'annonce d'hier de 1 000 000 000 $
d'investissement par Bell Northern au cours des 12 prochaines années.
Également, il faut s'attaquer à l'investissement, des
gouvernements en recherche et développement et à celui des
entreprises.
En ce qui concerne les dépenses de recherche et de
développement du gouvernement du Québec, elles totalisent 183 000
000 $; par rapport au Canada, c'est un pourcentage de 33,5 %. Si on se compare
à l'Ontario, l'Ontario, par le biais du gouvernement ontarien, investit
163 000 000 $ pour un pourcentage de 29,8 %. Ce montant de 183 000 000 $ pour
le gouvernement du Québec ne comprend pas l'aide indirecte des
abattements fiscaux qui totalisent, pour l'année 1989, 116 000 000 $. En
ce qui concerne les entreprises, il est à noter que, au Québec,
les entreprises financent 51 % de la recherche et développement; c'est
la meilleure performance relative au pays, et si on se compare à
l'Ontario, les entreprises financent 42,3 % de la recherche et du
développement.
On parle beaucoup du gouvernement fédéral, et de la part
ou de la contribution du gouvernement fédéral au
développement économique et technologique du Québec. Au
cours de l'année 1989-1990, 313 contrats de recherche industrielle, pour
une valeur de 179 000 000 $, ont été attribués à
des entreprises québécoises dans le cadre de la politique
d'impartition gérée par le ministère fédéral
des Approvisionnements et Services. Ceci représente 39,3 % de l'ensemble
des 2696 contrats alloués, pour un montant total de 456 000 000 $. Ce
montant représente une correction importante de la situation qui
prévalait depuis quelques années. Dépassant
légèrement 20 % au début des années quatre-vingt,
le montant tomba à 10 % au cours de la période de 1985 à
1988, et monta légèrement à 12 % en 1988-1989.
La hausse de plus de 300 % s'explique par l'attribution de contrats dans
le domaine de l'espace, et notamment du contrat de 145 000 000 $
attribué au maître d'oeuvre, Spar, de Sainte-Anne-de-Bellevue, en
janvier 1990, pour le programme de Radarsat. Et en ce qui concerne... Ce qui
contribuera à maintenir à au moins 25 % à 30 % les
contrats gagnés par le Québec dans le cadre de la politique
d'impartition ou en périphérie de ce programme. (16 heures)
J'aimerais dire, en terminant, que des efforts importants sont faits par
le présent gouvernement pour assurer une retombée encore plus
importante du gouvernement fédéral au Québec. Comment?
Premièrement, en s'assurant que toutes nos entreprises seront inscrites
au fichier du ministère des Approvisionnements et Services.
Deuxièmement, en s'abonnant au tableau d'affichage des occasions
d'achats à Approvisionnements et Services Canada; en ayant plus
d'information sur une base périodique avec les bulle-
tins mensuels de recherche et de développement émis par le
gouvernement fédéral; en faisant bien connaître les
objectifs généraux et les cibles prioritaires des programmes; en
accroissant les relations entre les scientifiques fédéraux
responsables des programmes de recherche dans les ministères
adjudicateurs et les clients virtuels au niveau des entreprises
québécoises; et, finalement, en maintenant des contacts
appropriés avec le personnel de la Direction générale des
sciences et des services professionnels du ministère des
Approvisionnements et Services, responsable de la gestion de la politique
d'impartition.
Une étude récente et une enquête dirigée par
le Centre de recherche en développement industriel et technologique,
mieux connu sous le nom de CREDIT, démontre que, des 152 entreprises
interrogées au Québec, 29 avaient réalisé des
transferts technologiques. Plus de 50 % des entreprises répondantes font
de la recherche en collaboration avec d'autres entreprises, avec des
universités et des centres de recherche québécois. Par
contre, ces mêmes entreprises déclarent avoir un grand besoin
d'Information technique, économique et juridique et
apprécieraient un rôle accru des gouvernements à cet effet.
Et ces mêmes entreprises nous informent qu'elles connaissent peu les
services gouvernementaux offerts.
Aux yeux du Conseil de la science et de la technologie, le Québec
doit, plus que jamais, être une société instruite,
imprégnée de culture scientifique et technique,
compétitive et ouverte sur le monde. En effet, il est reconnu que la
richesse d'un pays ne dépend ni de l'importance de sa population, ni de
ses richesses naturelles, sauf pour les pays producteurs de pétrole. En
revanche, le niveau général de scolarisation, la
disponibilité d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée et l'effort
relatif d'investissement en recherche et développement sont des facteurs
prépondérants de la richesse des nations. Pour demeurer
compétitifs dans le nouveau contexte de concurrence internationale, le
Québec devra asseoir son développement économique futur
sur la production de biens et de services innovateurs et sur
l'amélioration de la productivité industrielle. Elle exige aussi
une grande coopération entre les partenaires sociaux qui sont les
syndicats et le patronat, d'où l'importance de reconnaître le
nouveau modèle québécois qui permettra de réussir
à notre façon, un modèle qui repose sur nos valeurs et qui
reflète notre identité. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi, vos remarques
préliminaires.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Oui, merci, M. le Président. Si
j'étais complètement ignorante du dossier, je trouverais que le
discours du ministre est complètement, totalement et entièrement
emballant. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et je vous le dis
avec beaucoup de sincérité, si telle était la situation,
on ne serait pas vraiment longtemps en commission cet après-midi.
Malheureusement, on est comme habitué au discours du ministre - c'est
peut-être normal, mais je m'y habitue difficilement - qui nous
présente une réalité un peu idyllique alors que, dans les
faits, quand on y regarde d'un peu plus près et qu'on écoute
d'autres de ses discours, on est obligé de conclure qu'entre son beau
discours et la réalité, il y a un fossé énorme.
C'est le ministre lui-même qui nous disait, pas plus tard qu'en
décembre dernier, qu'en dépit des efforts que le gouvernement
avait faits, on faisait du sur place en matière de proportion du produit
intérieur brut consacré à la R-D. Et le ministre semble,
je pense, en toute sincérité, avec beaucoup, j'allais dire, de
zèle, chercher des voies de solutions, sauf qu'il n'y arrive pas. J'ai
essayé de le comprendre aussi, parce que je pense que, effectivement, il
fait des efforts. Je le crois, très sincèrement. D'ailleurs,
comme un peu tous les ministres, sans doute, on ne veut pas rater son affaire.
Je pense que, lui, en fait également. Cependant, je pense qu'H y a un
problème qui explique qu'on fait du sur place au Québec. Et je
vais peut-être essayer ensuite de poser un certain nombre de questions,
d'éclairer un peu le ministre sur ce qui expliquerait les causes de ses
insuccès.
D'abord, prenons la réalité telle qu'elle est. On ne peut
pas la camoufler. L'Ontario fait effectivement... par rapport au budget,
l'Ontario consacre peut-être un peu moins de son budget... Le ministre
parle de 29,8 % de la recherche canadienne qui est effectuée par
l'Ontario, comparativement à 33,5 % pour le Québec. La grande
différence, c'est qu'à cause de nos incitatifs fiscaux, le
gouvernement fédéral investit plus dans les entreprises.
D'ailleurs, je lui dis, j'ouvre la parenthèse, le ministre des Finances
s'est dit absolument étonné, pour ne pas dire renversé.
Personne ne lui avait expliqué que les incitatifs fiscaux à la
recherche et au développement étaient considérés
comme des revenus dans le calcul des subventions issues d'Ottawa. Il
l'apprenait. J'aimerais qu'ils se parlent de temps en temps. Ça, c'est
une première constatation. Il ne semble pas y avoir de concertation.
Et, d'ailleurs, la recherche et développement s'est mal
engagée dès le départ parce que, peut-être qu'il y
en avait, qui sont présents ici actuellement, et que je salue
d'ailleurs, les collaborateurs du ministre, peut-être y en avait-il
quelques-uns qui étaient là à l'époque où M.
MacDonald, ministre du Commerce international et le ministre d'alors de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie se
disputaient allègrement le partage de ce que
j'appelle le butin constitué des programmes de soutien à
la R-D. Ils le faisaient sans critères précis, de leur aveu
même. Là, on avait décidé qu'on scindait science et
technologie. Ils le faisaient sans critères précis, sans vision
intégrée de la science, de la technologie et de la R-D et les
ministres s'interrogaient publiquement en commission parlementaire sur qui
hériterait, qui sait, de l'AQVIR; l'autre disait du Programme de soutien
à l'emploi scientifique ou des bourses d'affaires. Ils discutaient comme
ça, comme s'il s'était agi de n'importe quoi, en faisant
totalement abstraction du fait que les programmes qui avaient été
mis sur pied à l'époque, par le gouvernement
précédent, l'avaient été dans une vision plus
intégrée du développement scientifique et technologique,
c'est-à-dire qu'on parlait des écoles, des universités,
des collèges, on parlait d'équipes structurantes, de centres de
recherche, on parlait décrochage, on parlait de culture scientifique et
on parlait de programmes de soutien. Mais tout ça, c'était dans
l'espèce d'ensemble. Du moment où on a scindé, on
s'aperçoit après coup que ces programmes-là...
Évidemment, lorsque vous les rattachez uniquement à un
ministère et sans vision intégrée, tout à coup,
vous dites: Ça ne semble pas tout à fait me convenir. Et
là, vous sabrez là-dedans parce qu'il n'y a plus au Québec
de véritables politiques intégrées de recherche et
développement.
J'écoutais le ministre qui disait: II faut se donner une vision
globale et intégrée. Dans sa vision globale et
intégrée il y a deux éléments: des secteurs
clés et des créneaux d'excellence. Une vision globale et
intégrée, ça ne se limite pas à ça;
ça va aussi loin que de s'interroger sur les moyens de contrôler,
de contrer l'abandon scolaire. Et on a l'impression que les ministres ne se
parlent jamais. Moi, je dis au ministre: Avec 40 % de décrochage,
qu'est-ce que vous allez faire? Avec 100 000 000 $ du fédéral et
du gouvernement qui ont été périmés en
matière de formation professionnelle, où sont les ministres qui
s'interrogent là-dessus, quant à la capacité des
entreprises de relever le défi technologique? Je pense que cette
espèce d'absence de vision un peu intégrée de la formation
de la main-d'oeuvre et de la rercherche et du développement
technologique, ça amène le ministre dans une espèce de
cul-de-sac dont il cherche l'explication.
Il y a six années qui ont été marquées de
départs ratés, de confusion, de restructuration, d'abolition,
d'abandon de programmes, d'annonces ronflantes qui, malheureusement, pour des
raisons qui, probablement, échappent au ministre, se dégonflent
à la mesure des crédits périmés. Moi, je me dis:
Quand on voit le Programme de soutien à l'emploi scientifique, il y a
comme un problème. Quand on sait... Le ministre dit: Ça va bien,
le Fonds de développement technologique. Je dis: Bravo! Pour l'heure et
le moment, il peut difficilement évaluer les retombées parce
qu'il n'y en a pas encore beaucoup. Quand il dit que ça va bien, que
ça a des retombées, là, attendons l'an prochain pour en
parler; je pense qu'on le fera de façon un peu plus
éclairée. Mais pour l'heure et le moment, le ministre a eu de la
difficulté à faire démarrer. Il faut se le
rappeler-première annonce en juin 1988, ensuite, l'annonce officielle en
octobre 1988, ça va faire trois ans. L'un des problèmes, il le
sait, c'est l'absence de culture scientifique dans les entreprises, c'est
l'absence d'équipement de pointe dans les entreprises et c'est l'absence
de cette espèce de connaissance et de préoccupation; et tout
ça est lié à la formation de la main-d'oeuvre. Si vous
n'êtes pas capable de faire l'équation, vous aurez toujours des
problèmes quant à la capacité de faire lever.
Le gouvernement a présenté un beau plan d'action en
1988-1989, dans lequel il prévoyait investir environ 2 000 000 000 $,
tout près de 3 000 000 000 $ sur cinq ans, avec quatre volets, quatre
éléments principaux. Il y avait les mesures fiscales, le Fonds de
développement technologique, la politique de faire-faire
d'Hydro-Québec et il y avait les prêts participatifs, AQVIR et
SDI. Là, on apprend que les prêts participatifs AQVIR et SDI,
même si c'est dans la R-D, même si c'était dans le plan, on
n'est pas capables de savoir vraiment ce qui se fait avec ça. Ça
comprend tout, y compris la R-D, mais ça peut comprendre la
commercialisation, par exemple; ça peut comprendre les
équipements, mais ça ne comprend pas seulement la R-D.
On apprend également, et je cherche, nous cherchons les
informations sur la politique de faire-faire d'Hydro-Québec. Qui est
responsable de ça? Qui fait le point, à l'occasion, avec une
vision un peu intégrée du développement du plan, de
révolution du plan de développement technologique du
Québec? On ne le sait pas davantage.
Les mesures fiscales, on commence à avoir quelques
éléments. Mais, le ministre le dit, depuis 1985, non seulement
n'a-t-on pas progressé, mais on fait du sur place et, selon le Conseil
de la science, on régresserait même un peu. Je le cite: Le
Québec affiche une performance mitigée en ce qui a trait à
notre effort d'investissement en R-D et ne consacre que 1,29 % de son produit
intérieur brut à la R-D en 1988. Il y a 1,32 % au Canada, ce qui
le place au dernier rang des principaux pays industrialisés dont
l'effort relatif se situe plutôt autour de 2,5 % à 3 % du PIB. Cet
effort, loin de s'être amélioré, comme c'est le cas dans
les pays concurrents - je cite toujours le Conseil de la science - stagne
depuis 1985 et semble même accuser un léger recul en 1988-1989.
C'est contenu dans un avis de "La science et fa technologie, un enjeu
prioritaire dans le débat sur l'avenir politique et constitutionnel du
Québec", février 1991.
Alors, l'objectif n'est pas atteint. Le Fonds de développement
technologique a vraiment, en recherche et développement, moins de
1 % de dépensé l'an passé. On apprend que le
Programme de soutien à l'emploi scientifique - 6 550 000 $ - il y en a 4
900 000 $... d'abord, budgétés, 6 500 000 $; ça,
c'était le budget réel. Tout à coup, le budget
ajusté tombe à 4 900 000 $ et le budget dépensé
à 1 600 000 $, ce qu'on nous annonce. Effectivement, simplement, ce sont
les engagements pris antérieurement. Donc, il n'y a pas de nouveau poste
de créé.
L'aide à l'innovation et à la modernisation technologique,
8,2 % de dépenses probables - c'était ça, son budget
réel - et de dépensé, 822 000 $, 10 %. Pourtant, ce n'est
pas un secteur... mais là, je vais y revenir. Je dis que le ministre
fait des efforts. L'impression qu'il nous laisse, c'est qu'il court,
effectivement, mais il court sur place, sur un tapis roulant, ça ne
mène pas loin. Ça ne mène pas loin, il n'avance pas et il
le sait. C'est comme ça depuis cinq ans, ça va faire six ans
bientôt. Ça commence à pénaliser lourdement le
Québec.
Dans son programme d'aide à l'innovation et à la
modernisation technologique, ce qui étonne et déçoit,
c'est le peu de budget qu'on a réussi à dépenser ou qu'on
a voulu dépenser. Là, il y a un problème qui se pose
aussi. Le ministre, comme tous les autres ministres de ce gouvernement, est
obligé de périmer; il est obligé de périmer. Les
ordres arrivent et, là, on le sait pour la fonction publique, avant
même que le budget soit adopté et déposé,
déjà, on annonce que les engagements, ça ne se fera pas
comme ça. Là, on commence à périmer avant
même que le budget soit déposé. Alors, imaginez-vous quand
ça fait deux ou trois mois, le ministre est obligé de
périmer et il périme dans un secteur où il y a une
évaluation qui est faite qui est particulièrement
inquiétante.
Je reviens encore à un avis du Conseil de la science et de la
technologie. C'est un problème, le Conseil de la science et de la
technologie, il est entre deux chaises; il relève de la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mais il y a des avis qui
s'adressent à l'un et à l'autre et on ne sait pas comment on en
dispose. Mais ce que dit le Conseil de la science dans cet avis sur
l'adaptation des entreprises aux nouvelles technologies, il dit: Un constat qui
laisse songeur. Une enquête de l'association des CAO et FAO - Conception
assistée par ordinateur et Fabrication assistée par ordinateur du
Québec -révèle que près de 65 % des entreprises
manufacturières dans les six secteurs étudiés
n'utilisaient aucune des technologies de production recensées. Les
données de cette enquête sont confirmées par
l'enquête de Statistique Canada sur le réseau et qui, là,
dit que c'est la même situation dans tous les secteurs manufacturiers. Le
diagnostic est clair, les entreprises québécoises - nous dit
l'avis - ne font qu'amorcer les changements technologiques qui, de l'avis de
tous, s'imposent afin de demeurer concurrentiels sur les marchés.
Le manque de qualification de la main-d'oeuvre représenterait des
pertes - là, je cite le ministre, son annonce ce matin, sa
déclaration que j'ai entendue à quelques reprises à la
télévision et à la radio, il nous dit: Le manque de
qualification de la main-d'oeuvre représenterait des pertes
économiques pour le Québec de quelque 4 000 000 000 $. Bravo!
pour votre beau programme. Pourquoi faut-il abolir le PSES, le Programme de
soutien à l'emploi scientifique? Il me semble qu'il y a lieu, là,
de compléter ou d'assurer la formation et la création d'emplois
scientifiques susceptibles d'augmenter la compétence et les
connaissances de la main-d'oeuvre.
(16 h 15)
Les entreprises québécoises - nous dit toujours l'avis -
accusent un retard sur l'Ontario et par rapport à la moyenne canadienne.
C'est 0,3 % de la masse salariale à la formation, comparativement
à une moyenne canadienne de 5 % et, aux États-Unis, c'est 1,4 %.
Il faut se rappeler qu'on est en concurrence avec les États-Unis. Le
Conseil croit qu'il faut trouver les moyens de faciliter les indispensables
investissements en capital humain et physique et recommande que le gouvernement
maintienne et accentue son soutien à l'acquisition de compétences
techniques dans les entreprises.
Le ministre... L'investissement... Il recommande évidemment
l'investissement dans le recyclage et le perfectionnement. La ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, et de la Technologie, et le
ministre du Travafl... J'ai interrogé la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Elle a mis la clé sur certains
programmes et, de l'aveu même du ministre de l'Éducation, qui
était le premier concerné dans le Centre québécois
pour les applications pédagogiques de l'ordinateur, il n'a pas
été consulté. Moi, je voudrais savoir du ministre...
Plusieurs programmes ont été fermés. Pour le Centre
québécois pour les applications pédagogiques de
l'ordinateur, le ministre de l'éducation ne le savait pas. Pourtant, les
applications pédagogiques des ordinateurs, c'est un peu beaucoup les
écoles, mais ça touche aussi les logiciels, les logiciels
français. Est-ce que le ministre a été consulté au
moment où la ministre de l'Enseignement supérieur a
décidé de mettre la clé dans ce programme-là?
L'IRAT, l'Institut de recherche appliquée sur le travail,
ça concerne un peu le ministre aussi. Peut-être de loin, mais
ça le concerne. Est-ce qu'il a été consulté
là-dessus? Pas à ma connaissance, et pas à la
lumière des informations que j'ai eues. À moins d'en avoir
entendu parler au Conseil des ministres, il n'a pas été
consulté, pas plus, d'ailleurs, que le ministre du Travail.
Hydro-Québec qui est un acteur important dans la R-D, selon
l'ADRIQ, l'Association des directeurs de recherche industrielle du
Québec, il manquerait à peu près 100 000 000 $ par
rapport
à ce qui a été budgeté par le gouvernement
dans son plan de développement technologique, qui seraient effectivement
affectés à la R-D. Est-ce que le ministre est informé de
ça? Est-ce qu'il a osé aller demander à sa collègue
comment ça se passait à Hydro-Québec? Et aussi, à
la lumière des informations qu'on a, le faire-faire, ce n'est pas faire
faire au Québec, c'est faire faire à l'étranger, pour
Hydro-Québec.
Le programme d'emploi scientifique est aboli. Est-ce qu'il a
été compensé par un programme équivalent au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science? Parce
qu'on avait, à l'époque, pour créer ce type d'emploi, on
avait le PSES et on avait également des équipes structurantes
dans les universités, les 40 équipes structurantes. Tout
ça, c'a fait son bout de chemin, c'est terminé et, à ma
connaissance, ça n'a jamais été remplacé. On ne
peut pas former de la main-d'oeuvre qualifiée si on met la hache dans
les programmes susceptibles de les former.
Je me dis: Est-ce que c'est le ministre - il pourrait peut-être
nous répondre à ça - est-ce que c'est à lui que
revient la responsabilité de faire le point sur le plan de
développement technologique déposé en 1988-1989? Et est-ce
qu'il a plus d'informations que celles que vos fonctionnaires nous ont
communiquées à la faveur des questions que nous avons
posées?
Alors, je limiterais là mes remarques préliminaires, M. le
Président, et si le ministre accepte, on pourrait aborder un certain
nombre de questions, probablement dans l'ordre suivant: les coupures dans les
programmes du ministère en R-D, le plan quinquennal, la formation
professionnelle ou la formation de la main-d'oeuvre et, brièvement, le
CRIQ, les CDR. Bon, un certain nombre de questions, mais, là, plus
brèves, les questions plus fondamentales sont les quatre
premières.
M. Gérald Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Outremont): Peut-être, avec votre permission,
M. le Président, avant d'entamer point par point, je voudrais juste
revenir sur quelques commentaires de la députée de Chicoutimi.
Ça va mieux. Vous pouvez dire que ça va un petit peu mieux. Mais
oui, un petit peu. On est d'accord là-dessus, en tout cas ça va
un petit peu mieux. Une vision globale, il y en a une, vision globale. C'est la
raison pour laquelle, dans ma brève présentation, j'ai voulu,
dans un premier temps, revenir sur les objectifs, parler des grappes
industrielles, en donnant des exemples bien précis dans les secteurs
clés au niveau de la recherche et du développement, et j'ai
également parlé de la productivité. Je pense que s'il y a
un ministre, sur la place publique, qui parie des trois variables essentielles
à l'amélioration de la productivité: la formation des
ressources humaines, la qualité totale et le défi technologique,
c'est le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. J'ai même réussi, depuis que
j'en parle, à sensibiliser la CEQ à l'importance du
décrochage de nos jeunes, à l'importance du fait que 40 % des
étudiants du cégep et de l'université ne terminent pas
leurs études. Alors, il n'y a aucun doute que je suis convaincu de
l'importance de la formation des ressources humaines. C'est moi qui dis sur la
place publique que le coût de la non-formation des ressources humaines,
c'est 4 000 000 000 $. Je parle également de la qualité totale et
je dis que c'est 24 000 000 000 $.
En ce qui concerne le défi technologique, je pense qu'il faut
dire toute la vérité. L'étude que vous avez citée,
vous avez absolument raison, c'est vrai qu'on a 65 % de nos PME
québécoises qui n'ont pas une technologie de l'information, mais
il faudrait peut-être ajouter qu'à la suite de la sensibilisation
des groupes de Conception assistée par ordinateur et de Fabrication
assistée par ordinateur, ce que ces mêmes PME
québécoises nous disent, c'est qu'elles vont investir 2 300 000
000 $ au cours des cinq prochaines années, justement pour faire
l'acquisition de nouvelles technologies. J'ai même ajouté - je
vais même plus loin que la députée de Chicoutimi -
qu'au-delà de la productivité, même si nous sommes un des
pays les plus productifs au monde, le cinquième pour être plus
précis, il faut s'attaquer à la compétitivité qui
est une variable additionnelle. C'est la raison pour laquelle je pariais
justement d'une vision à moyen et à long termes, du coût du
capital, d'un climat favorable et des investissements du gouvernement.
D'après moi, ça n'est plus une question de programmes. Les
gens nous le disent. Les rapports du Conseil de la science et de la
technologie, c'est clair. J'ai rencontré M. Berlinguet et je suis
entièrement d'accord avec lui. C'est une question de culture
technologique. Comment fait-on pour sensibiliser nos dirigeants et dirigeantes
d'entreprises à l'importance du défi technologique? C'est
fondamental. Une des façons de le faire, c'est en attirant les projets
d'investissements majeurs en recherche et développement au
Québec. Lorsque Recherches Bell-Nor-thern investit 1 000 000 000 $ au
cours des 12 prochaines années, il va avoir de la sous-traitance en
faveur de nos PME québécoises et les PME
québécoises vont devoir, pour répondre aux attentes
d'une entreprise comme Recherches Bell-Northern, être à la fine
pointe du développement technologique.
M. le Président, c'est le dernier point que je veux faire, en ce
qui concerne la consultation entre ministres. Je dois dire qu'au niveau de la
formation des ressources humaines - et c'est ça qui est important - on a
des comités en place, dont un avec le ministère de
l'Éducation du Québec, le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, le ministère de la Main-d'oeuvre et
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et le
ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie. Ce n'est pas uniquement un
comité où des fonctionnaires siègent. C'est un
comité où les ministres siègent. Récemment, on
était en train justement d'harmoniser tous les efforts pour trouver des
solutions concrètes au fait que 40 % de nos jeunes décrochent au
niveau secondaire, au fait qu'on a un taux d'analphabétisme inacceptable
au Québec si on veut relever le défi technologique et au fait
qu'il y a également une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée
dans énormément de secteurs d'avenir au Québec.
Donc, cette concertation ministérielle, elle existe, et la
députée de Chicoutimi sait très bien que je siège
également au Conseil du trésor et que j'ai une excellente
relation avec la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Donc, je dois lui dire que les programmes, le choix qui a été
fait par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, j'ai
été sensibilisé, j'ai eu l'information, non pas uniquement
au Conseil des ministres, mais également au niveau du Conseil du
trésor. Mais on doit faire certains choix. L'important, c'est, dans un
contexte où les ressources financières sont de plus en plus
limitées, dans un contexte où ce que les entreprises nous
demandent, ce n'est pas nécessairement des programmes additionnels mais
au moins de l'information sur les programmes qui existent...
Finalement, vous allez convenir avec moi que c'est une question de
culture technologique; c'est une question de formation de nos ressources
humaines, qui est également une question de culture, et au niveau de la
qualité totale, ça ne coûte rien, mais le coût de la
non-qualité, c'est 24 000 000 000 $. Ce que je dis, ce que je
répète sur la place publique: On doit, le plus rapidement
possible au Québec, procéder à des changements profonds,
urgents, qui vont être exigeants pour tous.
Mme Blackburn: Je n'interrogerai pas le ministre, mais je reste
quand même dans l'expectative quand il dit que ça va un petit peu
mieux. J'aurais voulu qu'il me le qualifie, mais il va me le dire un peu
tantôt. La création du comité date de quand, par rapport
à cette préoccupation plus globale de la formation de la
main-d'oeuvre?
M. Tremblay (Outremont): Deux mois. Mme Blackburn: Deux
mois? M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: Après cinq ans, c'était comme le
temps. Je m'en réjouis, sauf qu'il y a des torts quasiment
irréparables sur lesquels on essaie d'attirer votre attention depuis que
je suis dans le dossier en éducation, en enseignement supérieur
et en R-D. Je suis sur ce dossier-là depuis que je suis en Chambre.
M. Tremblay (Outremont): Vous parlez toujours du passé et
on essaie de regarder l'avenir. Vous nous avez dit que le Fonds de
développement technologique était une coquille vide. On va en
parier tout à l'heure, on va vous montrer la coquille vide. Vous nous
avez dit que l'Agence spatiale était une coquille vide. Mais, depuis
qu'on a annoncé 289 000 000 $ d'investissements pour l'Agence spatiale,
vous ne m'en pariez plus. Si votre rôle est d'annoncer tous les projets
avant que nous ayons le temps de le faire, ne me reprochez pas de ne pas
annoncer ou de ne pas faire d'annonce dans des projets industriels importants.
On les fera en temps et lieu.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne tomberai pas dans le
piège de commencer ce genre de discussions parce que je connais assez le
ministre. Sauf qu'y le sait très bien, ça va faire six ans qu'il
est là. Je veux bien qu'il ne réponde pas pour le mandat
où il n'était pas là, mais c'était son gouvernement
et ses collègues. Il ne peut pas les désavouer comme ça en
disant: Je ne regarde plus en arrière. Moi, je me dis: Malheureusement,
en dépit des efforts très louables du ministre, je suis
obligée de retenir ses propos et il vient de nous dire que ça va
un petit peu mieux. C'est tout.
Soutien financier au développement et à
la croissance
Programme de soutien à l'emploi
scientifique
À présent, je vais aborder avec vous la question des
coupures d'un programme du ministère de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie. C'est à compter du 30 juin prochain. Le ministre abolit
le Programme de soutien à l'emploi scientifique, le PSES, pour faire une
économie de 4 950 000 $. Pourtant, et là, je rappelle au
ministre, il a une mémoire sélective. Je ne dirais pas qu'il a la
mémoire courte ou défaillante. Il l'a sélective.
L'année dernière, le ministre nous vantait ce programme dans les
termes suivants: Plus de 1400 jeunes scientifiques et techniciens se sont
trouvé un emploi spécialisé depuis 4 ans grâce au
programme PSES et près de 75 % de ces jeunes ont moins de 30 ans. Ce qui
ne l'a pas empêché de couper plus de 1 600 000 $ au cours de
l'année 1990-1991.
Tout au plus, peut-on voir une augmentation de 1 800 000 $ des
crédits alloués à l'emploi scientifique et technique du
Programme de soutien à l'emploi stratégique qui pourrait
compenser la disparition du PSES. Cependant, le programme
Étudiants-stagiaires en sciences et en technologie est, pour sa part,
amputé de 12 000 $, soit environ 7 % après inflation.
Comment le ministre, qui faisait l'éloge de ce
programme-là il y a moins d'une année
- parce qu'on était un petit peu plus tard que ça en
crédits l'an passé - nous dit-il cette année, c'est fini,
ce n'est plus bon, on met la hache dedans, alors que j'ai entendu son discours
sur l'importance capitale d'assurer une bonne formation de la
main-d'oeuvre?
M. Tremblay (Outremont): C'est un bon programme, le Programme de
soutien à l'emploi scientifique, un très bon programme. Le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a l'intention
de le continuer et fait toutes les représentations nécessaires
pour que les fonds soient disponibles.
Mme Blackburn: Je m'en réjouis et je vous souhaite bonne
chance. Est-ce que les fonds seraient disponibles à 6 200 000 $, tels
qu'ils étaient budgétés pour l'année
précédente?
M. Tremblay (Outremont): Ma responsabilité est de
m'assurer que toute entreprise qui veut retenir des services d'un jeune ou d'un
moins jeune pour favoriser le développement scientifique et
technologique de l'entreprise n'ait accès aux fonds
nécessaires.
Mme Blackburn: Ce que vous nous dites, c'est qu'à ce jour
et au moment où nous nous parions, vous n'avez pas eu gain de cause au
Conseil des ministres. Est-ce qu'on peut vous donner un coup de main?
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas ce que je dis. C'est qu'au
moment où on se parle, avec l'argent qui est disponible, il n'y a aucune
entreprise au Québec qui nous a fait une demande au niveau du PSES et
qui manque de fonds. On n'est pas rendus là encore.
Mme Blackburn: Est-ce que la décision de couper ce
programme a été prise par le Conseil des ministres ou par le
ministre?
M. Tremblay (Outremont): Aucune décision n'a
été prise de couper le programme. Au contraire, le programme
continue. (16 h 30)
Mme Blackburn: Alors, expliquez-moi la page 2 de la section 1 des
renseignements généraux, avec les astérisques en bas de la
page. Programme terminé le 30 juin 1990, et le 1 600 000 $ qui demeure
au programme, c'est simplement pour terminer de payer les engagements
déjà pris. Est-ce qu'on se trompe?
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Mais ce que je dis, c'est
qu'il ne manquera pas d'argent dans le PSES pour donner suite aux demandes des
entreprises. J'aurai des choix à faire et je ferai les
représentations nécessaires.
Mme Blackburn: Mais pour l'heure et le moment, il n'y a pas de
budgets. Où allez-vous le prendre, puisqu'il n'y a pas de poste
budgétaire?
M. Tremblay (Outremont): Oui. J'ai dit qu'il...
Mme Blackburn: Vous devez nous expliquer.
M. Tremblay (Outremont): J'ai dit qu'il ne manquera pas d'argent
dans le Programme de soutien à l'emploi scientifique pour aider les
entreprises à avoir accès à des ressources humaines
compétentes.
Mme Blackburn: Oui, mais je regarde ce que vous nous avez
donné comme information, toujours à la même page. Programme
de soutien à l'emploi scientifique, PSES, budget original, 1990-1991, 6
500 000 $. Budget modifié, 4 900 000 $. Dépenses probables, 4 900
000 $. Et avec un budget original - original - pour 1991-1992, de 1 600 000 $,
soit l'équivalent des engagements déjà pris, parce que le
programme ne commence pas au 1er avril pour se terminer au 1er avril
l'année suivante. Des fois, ils sont embauchés sur 2 ans, 18
mois, 14 mois.
M. Tremblay (Outremont): On a... On va prendre la page. Je ne
pensais pas qu'il fallait entrer dans le détail des chiffres, mais si
vous voulez, on peut le faire.
Mme Blackburn: Mais...
M. Tremblay (Outremont): 1 600 000 $, le
Programme de soutien à l'emploi scientifique et technique, volet
régulier, volet jeunesse, 1 600 000 $. Vous l'avez, ce
chiffre-là?
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Ce qu'on a fait, à la suite
des représentations des entreprises, on a adapté le programme
pour répondre davantage aux besoins des entreprises. Si vous regardez
encore un petit peu plus bas, on a Programme de soutien à l'emploi
stratégique, donc, on a modifié un petit peu le nom. Alors,
l'emploi scientifique et technique, c'est la même chose qu'on avait
avant. On en a pour - vous l'avez, le chiffre - 2 496 200 $; et on a emploi
administratif, vous avez également des montants, là, pour 1 439
200 $. Et, quand on va au niveau des Étudiants-stagiaires en sciences et
en technologie, 985 800 $ pour un total de 4 921 200 $.
Alors, je vous dis que si jamais ce n'était pas assez pour
répondre aux attentes des entreprises, on fera les
représentations nécessaires pour en avoir plus ou les
réallocations au ministère pour s'assurer qu'on aide nos
entreprises.
Mme Blackburn: Mais si je me fie... C'est la donnée que
j'ai aux informations que vous nous fournissez: Le Programme de soutien
à l'emploi scientifique et le Programme étudiants-stagiaires en
technologie, ça représentait 8 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Où ça? Mme Blackburn:
Et vous ramenez ça... M. Tremblay (Outremont): Où?
Mme Blackburn: ...avec un total de 4 900 000 $, ça veut
dire 3 000 000 $ de moins. Ça veut dire une compression de quelque chose
qui ressemble à 40 % dans les emplois scientifiques et dans l'aide aux
étudiants-stagiaires. Ça touche les couches les plus fragiles de
la société, c'est-à-dire les jeunes, là où
le chômage est le plus élevé, et là aussi où
le potentiel est le plus élevé.
M. Tremblay (Outremont): Ah, c'est ça, la
différence.
Une voix: Ces deux-là.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais je suis d'accord avec la
première partie de ce que vous venez de dire, pas avec la
deuxième. Alors, le chiffre que vous citez, c'est la différence
entre 4 950 000 $ et 1 748 000 $, donc, plus de 3 000 000 $ qui ne sont pas
là. Tout ce que je vous dis, c'est que le programme PSES ne manquera pas
de fonds pour aider les entreprises à avoir accès à des
ressources humaines pour favoriser leur développement technologique et
scientifique.
Mme Blackburn: Alors, c'est la quadrature du cercle. Vous avez
moins d'argent, mais il ne manquera pas d'argent.
M. Tremblay (Outremont): Pourtant, il me semble que je suis
clair.
Mme Blackburn: II manque 3 000 000 $. Dans le Programme...
M. Tremblay (Outremont): II me semble que je suis clair.
Mme Blackburn: ...de soutien à l'emploi scientifique, il
manque 3 000 000 $ par rapport au budget 1990-1991.
M. Tremblay (Outremont): Si vous étiez capable de me
démontrer aujourd'hui qu'avec 4 921 200 $ je ne peux pas répondre
à toutes les demandes, je serais d'accord avec vous. Ce que je vous dis,
c'est que nous avons 4 921 200 $ pour répondre aux demandes. S'il manque
des fonds, je ferai les représentations nécessaires pour
m'assurer qu'il ne manque pas de fonds au niveau du Programme de soutien
à l'emploi stratégique.
Mme Blackburn: Ça veut dire, là, en gros, qu'on ne
peut pas se fier aux données que vous fournissez pour se faire une
idée de la situation.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas ça du tout, au
contraire. Ce qu'on dit, c'est que nous avons, pour le Programme de soutien
à l'emploi stratégique, 4 921 200 $. Vous, ce que vous me dites.
Ça ne sera pas assez. Je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour me
dire que ça ne sera pas assez. Moi, je vous dis, selon toute
vraisemblance, que ça devrait être assez. Si jamais ce
n'était pas assez, on fera les représentations nécessaires
ou les réallocations pour s'assurer qu'aucune entreprise qui veut avoir
accès à un technicien ou à un scientiste pour aider
à améliorer sa productivité ne manquera d'argent.
Mme Blackburn: En me basant exclusivement sur ce que vous avez
dépensé, dépenses probables, 4 915 000 $ plus 472 000 $,
vous avez une diminution. Et ça ne prend pas en compte,
évidemment, l'indice du coût de la vie. Juste à sa face
même, normalement, juste pour maintenir le niveau d'activité de
cette année, R vous en manque.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Mme Blackburn: Alors, H ne faudrait pas me demander de vous faire
la démonstration.
M. Tremblay (Outremont): II y a un ajustement...
Mme Blackburn: J'imagine que vous avez examiné les
données.
M. Tremblay (Outremont): II y a un ajustement de 10 %. Ce que je
vous dis, c'est qu'à même, soit les budgets du ministère de
l'Industrie et du Commerce et de la Technologie ou une demande, nous assurerons
aux entreprises les sommes nécessaires pour avoir accès au
Programme de soutien à l'emploi stratégique.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir quel programme va
être coupé pour pouvoir fournir les sommes nécessaires
à ce programme?
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que vous me posez des
questions hypothétiques.
Mme Blackburn: Ce n'est pas hypothétique, j'imagine que le
ministre sait où il s'en va.
M. Tremblay (Outremont): Oui. je sais très bien où
je m'en vais, mais c'est une question
hypothétique. J'aime regarder l'avenir et on verra, en temps et
lieu, quels choix nous aurons à faire... Oui, mais ne vous attardez pas
juste au choix. Je mentionne réallocation possible ou une demande
additionnelle pour s'assurer qu'il ne manquera pas de fonds.
Programme d'aide à l'acquisition et à
l'implantation de la technologie
Mme Blackburn: Une autre décision. À compter du 30
juin, le Programme d'aide à l'acquisition et à l'implantation de
la technologie, le volet Élaboration de projets de R-D, le Programme
d'aide à la concrétisation de projets industriels, le PACPI, et
le volet 2 du programme PRO-PME, ils sont tous abolis et ils se retrouvent dans
un nouveau Programme d'aide à la modernisation et à l'innovation
technologique.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: Le ministre semble avoir décidé de
joindre un peu l'utile à l'agréable et, en même temps qu'il
faisait ça, il a coupé 300 000 $ là-dedans. Dans le total
de ses programmes, c'est une compression de 3,7 %. Mais, si on prend l'indice
de l'augmentation du coût de la vie, c'est une compression, une coupure
réelle dans un volet stratégique, selon le discours du ministre.
C'est pour ça que je dis qu'il a un discours et que la
réalité, c'est autre chose. Il parle bien, le ministre,
indéniablement.
Ça représente une compression réelle, un manque
à gagner réel de 9,4 %. Ça ne veut peut-être pas
dire grand chose, parce que ses programmes totalisaient 8 200 000 $ en
1990-1991. Ils ont été coupé de 5 100 000 $ en cours
d'année et le budget qui reste, c'était 2 300 000 $,
périmés. Alors, additionnez les 5 100 000 $ de coupés,
plus les 2 300 000 $ de périmés, ça vous donne 7 400 000
$, sur un budget de 8 200 000 $. Donc, le ministre aura réussi à
dépenser, dans ces programmes, sur ce qu'il appelle le budget original
de 8 208 000 $, il aura dépensé 822 000 $. C'est juste un petit
peu mieux que le Fonds de développement technologique. Là, 10 %;
10 %, je lui rappelle, dans un secteur tout à fait capital.
Le ministre va me répondre, j'espère. Est-ce que c'est
parce que les entreprises ne font pas de demandes? Ou, si on a mis les
critères tellement serrés qu'elles ne peuvent plus se
prévaloir de ces programmes? Ou encore, qu'on a décidé de
geler les demandes. Il y a toutes sortes de façons, on connaît
ça. Vous mettez la demande en-dessous de la pile et vous avez affaire
à 12 fonctionnaires d'affilée, et là, vous avez
sauté l'année budgétaire. Alors, le ministre va
m'expliquer comment il se fait... Il va encore me dire: II faudrait que la
députée me démontre quand. Mais il va être
obligé de faire un peu de démonstration: 8 200 000 $, il en
dépense 822 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Alors, il y a deux volets à la
question. Le premier, c'est de dire: On budgète un certain montant de 7
907 000 $ et en 1990-1991, c'était 8 208 000 $, donc, il y a une
différence de 1 301 000 $ $. On indexe ce montant-là pour arriver
à dire qu'il y a une diminution. Il faut regarder la
réalité. La réalité, c'est que sur le budget
original de 8 200 000 $ pour l'année 1990-1991, on a
dépensé 822 000 $. On n'est pas là juste pour mettre des
gros chiffres, et la raison pour laquelle il y a eu juste 900 000 $ de
dépensés, la raison principale, c'est à cause du
ralentissement économique. Quand on essaie de convaincre des
entreprises... Par exemple, si on regarde la question de faire de la recherche
additionnelle, d'élaborer des projets de recherche et
développement, l'entreprise - c'est la culture, c'est toute la question
de la culture dont on discutait tout à l'heure - elle considère
que c'est peut-être plus important de payer ses fournisseurs et de payer
sa main-d'oeuvre avant d'investir dans du moyen et du long terme.
Vous avez absolument raison de dire que sur 8 000 000 $, si on
dépense juste 822 000 $, il y a un gros problème et j'en
conviens. Alors, qu'est-ce que nous avons fait? On a fait deux choses.
Première chose, on a réorganisé les programmes. On s'est
dit: Peut-être que c'est en partie de notre faute; donc, on a
essayé de trouver de nouvelles façons d'agencer les programmes et
de les rendre beaucoup plus accessibles. Nous avons imprimé de nombreux
dépliants, justement pour sensibiliser les entreprises et nous allons le
faire de façon proactive. L'équipe est très
sensibilisée aux objectifs et l'équipe du ministère a la
responsabilité, de façon proactive, d'aller informer les
entreprises des nouveaux programmes et, deuxièmement, surtout, de
l'importance d'investir de façon additionnelle, si l'on veut - pour ne
pas employer le terme du chef de l'Opposition, "massif - dans la modernisation
et dans l'innovation technologique. Et, deuxièmement, on va
réussir en autant que, globalement, au Québec, les
différents dirigeants et dirigeantes d'entreprises réalisent que
c'est une nouvelle culture. La seule façon dont on va pouvoir
concurrencer sur la scène internationale, c'est en investissant
davantage dans des programmes à haut niveau scientifique ou
technologique.
Mme Blackburn: Le ministre ne croit pas trop trop au
succès de son entreprise puisqu'il budgète moins que ce qu'il
avait l'an passé; ça représente une diminution, si on
compte l'augmentation du coût de la vie, qui doit ressembler à
quelque chose comme 8 % ou 10 %.
M. Tremblay (Outremont): Au moins, je budgète encore 80 %
de plus que ce qu'on a
utilisé l'année dernière, alors je pense que...
Mme Blackburn: Oui, mais...
M. Tremblay (Outremont): Si vous étiez capable de me
démontrer clairement que ce programme manque de ressources
financières pour aider les entreprises, là, je me poserais des
questions. La dynamique, c'est juste les chiffres qui, dans le fond, ne veulent
rien dire. Comme on l'a dit, l'année dernière, on a
budgété 8 200 000 $ et on a dépensé 822 000 $. Vous
avez absolument raison de dire que ça n'a pas de bon sens. Je suis
entièrement d'accord avec ça. Mais pour vous faire plaisir, je ne
suis pas pour budgéter 9 000 000 $ pour que, l'année prochaine,
vous me disiez qu'on a dépensé juste 7 900 000 $. Tout ce que je
vous dis, c'est qu'il ne manquera pas d'argent dans ces programmes pour aider
les entreprises.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a eu des mesures proactives de
prises quand on a vu que ça ne démarrait pas? Parce que, vous
avez certainement un problème quelque part, écoutez... Vous le
reconnaissez, 90 % des budgets sont périmés alors que les deux
tiers des entreprises québécoises auraient potentiellement besoin
de ces sommes.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: De deux choses, l'une: ou on ne s'est pas
forcé pour le vendre ou les critères sont tellement contraignants
que les petites entreprises, qui ne sont pas équipées pour
présenter leur demande... Je me suis laissé dire que, dans les
programmes d'aide à l'exportation, les critères sont tels que
c'est totalement inaccessible aux petites entreprises. Elles ne peuvent pas
s'en prévaloir. Si ça s'est passé de la même
façon pour ce programme-là, je comprends qu'il ait
périmé 90 % de son budget et c'est ce qui me fait dire: On lance
de beaux ballons, c'est beau, c'est beau. C'est bien sûr, et moi, je m'en
réjouis, sauf qu'on est toujours obligé, un an après, de
dire: Ça n'a pas de bon... Écoutez, on n'a pas réussi et
on reviendra l'année prochaine.
M. Tremblay (Outremont): Donc, je suis d'accord...
Mme Blackburn: Mais est-ce qu'il y a eu des mesures proactives en
cours d'année? (16 h 45)
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, oui. Donc, je suis
d'accord avec vous et, en fait, on dit sensiblement la même chose. On
n'est pas ici, ni vous ni moi, pour dire: On lance des gros chiffres... Ce sont
les résultats qui comptent. Dans cette optique, au niveau de
ministère, oui, on a été très proactifs, mais je
voudrais juste élargir un petit peu le débat pour vous
démontrer que, dans le contexte nord-américain, on a toujours
privilégié la performance à court terme, avec la
conséquence que lorsqu'on demande à une entreprise d'investir
dans la formation de ses ressources humaines, dans la qualité totale et
dans le défi technologique, ça ne rapporte pas demain matin.
C'est la raison pour laquelle j'ai réussi à convaincre
l'Ordre des comptables agréés, au lieu de poser une opinion
uniquement sur le passé d'une entreprise, maintenant, d'avoir un sceau
de vérification sur la viabilité d'une entreprise qui va prendre
en considération des investissements à moyen et à long
terme. Ce serait une première en Amérique du Nord où,
lorsque vous allez prendre un état financier, vous allez avoir un sceau
de qualité - j'aimerais que ce soit un sceau de qualité - des
vérificateurs qui diraient: Même si cette entreprise, à
court terme, génère moins de bénéfices qu'une autre
entreprise, elle a, par contre, investi dans le défi technologique, dans
la formation de ses ressources humaines et dans la qualité totale.
Donc, c'est un autre geste concret, mais il faut absolument que nos gens
d'affaires réalisent que l'avenir passe par les trois
éléments, les trois variables que je viens de vous
mentionner.
Crédits d'impôt aux entreprises
Mme Blackburn: Les mesures fiscales d'incitation à la
recherche et développement, selon les informations que vous nous avez
fournies, c'aurait totalisé un montant de 116 000 000 $, pour des
dépenses totales de l'ordre de 1 044 000 000 $. Est-ce que le ministre
pourrait nous expliquer comment il se fait que ça ne semble pas
correspondre? On a une fiche, ici, qui nous a été remise, qui ne
semble pas correspondre avec les données qui sont compilées ici.
Alors, c'est à la page..., là, j'ai la page 18; il faudrait que
je le vois dans le cahier des crédits, onglet 26, dans les
renseignements particuliers. Alors, vous avez un tableau où vous dites:
Le coût des mesures d'incitation à la recherche et
développement... Nombre de corporations réclamant un
crédit d'impôt pour la R-D, selon la taille de l'actif en 1989. On
voit qu'il y a 26 000 000 $ pour lesquels les actifs sont manquants, ce qui
constitue une partie assez importante, là, mais on constate en
même temps que les informations qui nous sont fournies sur les
entreprises qui vont chercher effectivement la R-D, c'est, encore aujourd'hui
et d'une façon fort importante, les grandes entreprises.
M. Tremblay (Outremont): ...la démonstration que vous
voulez faire, c'est que c'est les grandes entreprises qui
bénéficient des crédits d'impôt...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut nous
ventiler ça, la première chose? Oui?
M. Tremblay (Outremont): Des crédits d'impôt; il n'y
a pas de doute qu'on va arriver tous les deux à la même
conclusion.
Mme Blackburn: Qu'est-ce que ça donne en pourcentage?
M. Tremblay (Outremont): Là, je viens d'avoir
l'information. Est-ce que vous pouvez... Je m'excuse, là, je voudrais
qu'on parle...
Mme Blackburn: Oui, c'est ce tableau, le tableau 18.
M. Tremblay (Outremont): Bon, je l'ai, là! Qu'est-ce que
vous voulez savoir?
Mme Blackburn: Réponse à la question 18, la
ventilation par rapport aux grandes et petites entreprises.
M. Tremblay (Outremont): Mais vous ne l'avez pas, là?
Mme Blackburn: Oui, mais les actifs manquants, vous avez 26 000
000 $, là.
M. Tremblay (Outremont): Je ne comprends pas...
Mme Blackburn: Ou encore que le siège social n'est pas
ici. Comment explique-t-on? Ça veut dire... Vous donnez 239 entreprises
qui n'ont pas indiqué leur chiffre d'affaires...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: ...et qui auraient obtenu des crédits
d'impôt pour 26 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: C'est comme ça que je dois comprendre?
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Vous avez raison.
L'information qu'on me donne, là, et je vous la donne sous toute
réserve parce qu'on n'a pas la ventilation des 239 entreprises, mais ce
qu'on me dit, c'est que ce sont de petites entreprises.
Mme Blackburn: Alors, petites et..., c'est-à-dire les
moyennes et grandes entreprises totaliseraient plus de 60 % de l'enveloppe des
crédits.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais il n'y a pas de doute, en
fait, que ce sont les grandes entreprises qui bénéficient des
crédits d'impôt, sauf que j'ai mentionné dans ma
présentation - j'aimerais juste le rappeler - que les grandes
entreprises ne sont pas admissibles au financement des crédits
d'impôt de la Société de développement industriel du
Québec et que les dossiers autorisés présentement, on en a
16 d'autorisés pour 4 131 000 $; des dossiers à l'étude,
on en a 16 pour 3 112 000 $. Donc, de plus en plus, ce qu'on voit, c'est qu'il
y a des PME québécoises qui ont des crédits d'impôt;
on les finance, mais ce n'est pas encore...
Mme Blackburn: Ça demeure marginal, finalement.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui, ce n'est pas important comme
les grandes entreprises. Quand on annonce Recherches Bell-Northern, 1 000 000
000 $, quand on annonce une compagnie pharmaceutique, 270 000 000 $, il n'y a
aucun doute, et ils le disent publiquement, qu'on a le programme fiscal, au
niveau des crédits d'impôt, le plus compétitif au monde.
Donc, ça aide.
Mme Blackburn: Est-ce que ça ne vient pas encourager, un
peu comme pour la formation professionnelle, les entreprises qui en feraient de
toute façon? Et ça, ça ne vient pas de moi, cette
évaluation, ça vient de l'ADRIQ.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui, mais la multinationale - parce
qu'on parle habituellement de multinationales - pourrait faire sa recherche
partout. Alors, un des avantages qu'on a au Québec, c'est d'essayer de
les attirer au Québec. Si, par exemple, je donne encore... parce que
ça été annoncé hier, Recherches Bell-Northern,
c'est 1 000 000 000 $ sur 12 ans, mais c'est 1 000 000 000 $ qui va être
dépensé au Québec, avec le gros avantage que Bell-Northern
fait affaire également avec des PME québécoises, dont
C-Mac dans la région de Sherbrooke.
Mme Blackburn: Oui, dans le même tableau, vous avez le
montant des crédits d'impôt québécois à la
R-D, dépenses totales de R-D, toutes corporations, 1987-1989, alors on
voit qu'il y en a 1080 - c'est des entreprises - des crédits
d'impôt en 1987 de 62 000 000 $, avec des dépenses de R-D
d'environ 1 300 000 000 $. Vous arrivez en 1989 et vous avez des crédits
d'impôt pour 116... 116 439 000 $ et des dépenses de R-D qui
s'élèvent juste un petit peu, qui gagnent à peu
près 100 000 000 $ pour des crédits qui ont doublé.
M. Tremblay (Outremont): C'est sûrement... C'est des
chiffres, en fait, qui nous sont donnés par Statistique Canada, mais
c'est sûrement des chiffres... Je peux juste vous donner une explication,
encore une fois, je vous la donne sous toutes réserves. Ça
dépend des investissements, soit en équipement, soit en
main-d'oeuvre. Vous savez que la main-d'oeuvre, c'est 40 % habituel-
lement, tandis que dans certains équipements, c'est 20 %. Alors,
peut-être qu'une année ou l'autre, il y a eu plus d'investissement
dans de la recherche qui nécessitait des ressources humaines versus des
investissements dans des équipements.
Mme Blackburn: Mais, est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a,
d'abord, un écart considérable? C'a doublé. Exactement,
c'a doublé, un peu plus même. C'a plus que doublé, alors
que c'a généré des retombées juste de 100
000 000 $ de plus...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: ...et des coûts de 64 000 000 $ de plus?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Vous avez raison. Tout ce que je
peux vous dire: C'est, un, pour l'année 1989, c'est un estimé,
mais je peux... je vais essayer de faire ventiler ce montant pour avoir
l'explication et ça va me faire plaisir de vous la donner.
Mme Blackburn: D'accord. Alors on pourrait nous la ventiler selon
les années 1987 à 1990.
M. Tremblay (Outremont): Je vais demander, parce qu'on va avoir
la réponse et je vais vous la donner.
Mme Blackburn: Parce que ça finit par nous laisser
l'impression que l'effort du Québec de 1987, comparativement à
celui de 1989, c'est comme totalement inefficace parce que ça n'a pas
comme effet d'accroître l'investissement dans les entreprises. Ça
n'a pas de bon sens. Si c'est ça, la réalité, là,
il y a quelque chose qui ne va pas dans votre programme. Je ne sais pas si vous
réalisez que plus vous en mettez, moins ils en mettent.
M. Tremblay (Outremont): En tout cas, je ne suis pas prêt
à... Oui, mais ça c'est...
Mme Blackburn: Les chiffres qui sont là me disent
ça.
M. Tremblay (Outremont): Bien ça dépend. Parce que
vous les interprétez de cette façon-là. Je pourrais...
Mme Blackburn: Bien non.
M. Tremblay (Outremont): Bien oui... vous les
interprétez... Peut-être que je pourrais vous dire... Je peux en
faire aussi des scénarios. Je pourrais vous dire qu'en 1987, les
entreprises connaissaient moins ou utilisaient peut-être moins ou ne
bénéficiaient pas assez des crédits d'impôt, mais
laissez-moi sortir l'information. Lorsqu'on aura l'information, on pourra tirer
des con- clusions.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a fait évaluer ce
que nous coûtait la politique des crédits d'impôt aux
entreprises, qui sont calculés comme étant un revenu de
l'entreprise lorsque le fédéral y ajoute sa contribution? Combien
ça coûte au Québec?
M. Tremblay (Outremont): Je sais que vous l'avez fait.
Mme Blackburn: Le Conseil de la science estimait que ça
nous coûtait 39 %, c'est-à-dire qu'on investissait... le
fédéral investissait 39 % de moins au Québec qu'il le
faisait pour des entreprises comparables en Ontario. Est-ce que vous avez fait
faire l'évaluation?
M. Tremblay (Outremont): Je suis certain que vous en avez fait
faire une. Alors si je...
Mme Blackburn: Comme vous avez plus de fonctionnaires, j'imagine
qu'il y a aussi plus de compétence. Je n'en doute pas, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Si je me fie au chiffre, qui n'est pas
mon chiffre, mais le chiffre publié par un quotidien il y a à peu
près six mois, c'était de l'ordre de 280 000 000 $, 289 000 000 $
pour être plus précis.
Mme Blackburn: Mais est-ce que le ministre s'est donné la
peine de vérifier ça, parce que ce n'est pas mineur, ce dont on
parle. C'est exactement ce que ça nous prendrait et probablement ce que
ça prendrait au ministre pour dire, bien voilà, c'est mission
accomplie, on a vraiment fait un pas important, et pas un petit pas. Et
là, il nous dit ça sereinement, ça nous aurait
peut-être coûté 289 000 000 $ de notre argent qui ne revient
pas ici. Je trouve que c'est prendre la chose un peu à la
légère.
M. Tremblay (Outremont): Mais vous aviez raison quand vous avez
dit que c'est ça que ça nous coûte parce que, en fait, on
parle du développement technologique du Québec. Je suis content
que vous vous incluiez là-dedans. Donc, ce n'est pas juste le chiffre du
ministre.
Je ne veux pas rentrer dans toute ta politique fiscale du gouvernement
du Québec. Je pense que ça, c'est la responsabilité du
ministre des Finances. Mais vous savez très bien qu'à cause du
peu de taxation sur les revenus, que ce sort au niveau des PME ou au niveau des
grandes entreprises, ça fluctue entre 3 % et 7 %. On s'aperçoit
que le gouvernement du Québec, en 1984, je pense, a pris une
décision de taxer davantage, soit la masse salariale ou la taxe sur le
capital.
II n'y a aucun doute qu'à court terme, si on regarde les chiffres
que vous avez mentionnés tout à l'heure, vous avez raison, il y a
un manque à gagner, mais lorsqu'on regarde globalement - ça,
c'est important ce que je vais vous dire - au niveau du gouvernement du
Québec, il n'y a pas de manque à gagner parce que
l'équivalent de la taxation sur la masse salariale et la taxe sur le
capital qui est déductible d'impôt au niveau du gouvernement
fédéral compensent largement le chiffre que j'ai mentionné
tout à l'heure, qui n'est pas mon chiffre, mais un chiffre qui avait
été publié dans les journaux, de 289 000 000 $. La preuve,
c'est qu'à force d'en parler sur la place publique, nous avons
collectivement contribué à informer davantage le gouvernement
fédéral qui est en train de regarder la possibilité de
fermer cette petite faille qui favorisait le Québec.
Mme Blackburn: Est-ce que je comprends le ministre s'il nous dit
que ces chiffres-là seraient assez près de la
réalité?
M. Tremblay (Outremont): Ce que je dis, c'est que, globalement,
nous ne sommes pas perdants, mais si...
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça. Ma question, ce n'est pas
ça.
M. Tremblay (Outremont): S'il fallait qu'on continue à
parler de ce sujet, ça veut dire que, maintenant, l'Ontario a
décidé de faire la même chose que nous et, maintenant, au
gouvernement fédéral, ils sont beaucoup plus sensibles et ils se
disent: Oui, ah! peut-être qu'on aurait intérêt à
corriger ça. Donc, s'ils corrigent ça, là
peut-être... et qu'il nous restait juste un chiffre important, là,
on aurait peut-être un petit problème.
Mme Blackburn: Quand le ministre nous dit qu'on n'est pas
perdants, il aurait intérêt à lire, pour sa propre
édification, les études réalisées à la
Commission Bélanger-Campeau, là-dessus.
M. Tremblay (Outremont): J'ai lu et j'ai surtout lu vos
commentaires dans les journaux à cet effet-là.
Mme Blackburn: La réponse du ministre me laisse toujours
un peu perplexe. Comment se fait-il qu'il nous dise: Ça ne me regarde
pas, c'est le ministre des Finances?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas dit ça.
Mme Blackburn: Vous avez dit: C'est la politique fiscale, ce
n'est pas mon secteur, c'est celui du ministre des Finances. Mais est-ce qu'il
n'aurait pas intérêt à parler un peu à son ministre
des Finances?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je lui ai parlé à
plusieurs reprises.
Mme Blackburn: Bien.
M. Tremblay (Outremont): J'ai parié également au
sous-ministre à plusieurs reprises.
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Mais quand je m'assois et qu'on
additionne les avantages et les désavantages, on s'aperçoit que,
globalement, la politique fiscale du présent gouvernement, qui est la
même qui a été instaurée par le gouvernement du
Parti québécois, nous avantage. Alors, je les vois, les chiffres.
Vous, ce que vous regardez, c'est juste le négatif. Mais moi, j'ai vu
l'ensemble et l'ensemble m'a convaincu que je n'avais pas intérêt
à faire des représentations à ce niveau-là parce
que c'est avantageux pour le Québec.
Mme Blackburn: II faudrait peut-être que le ministre en
fasse la démonstration, qu'il nous explique comment cette
mesure-là est compensée par d'autres mesures et j'aimerais,
là-dessus, si c'était possible, qu'il nous envoie une note.
Est-ce possible?
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Blackburn: Parce que ce n'est pas aussi démontrable
dans les faits que ça l'est dans le propos.
M. Tremblay (Outremont): Non. Ce n'est pas pour ça. C'est
parce que - je l'ai mentionnée, la raison, tout à l'heure - je ne
voudrais pas être obligé de la répéter encore. (17
heures)
Mme Blackburn: En matière de dépenses, le
fédéral serait, en partie, selon les tableaux qui nous ont
été fournis, responsable du retard du Québec par rapport
à l'investissement en R-D. Et dans le tableau qui nous a
été fourni en réponse à la question 12, on voit les
dépenses de R-D par secteur de financement et les pourcentages
d'atteinte de l'objectif entre le scénario du plan d'action et les
données observées, Québec 1988. Est-ce que la
réalité de 1990 ressemble à celle qui est
présentée là, ou si elle s'est
détériorée comme le prétend le Conseil de la
science et de la technologie?
M. Tremblay (Outremont): Les derniers chiffres... Je voudrais
faire une mise au point; les derniers chiffres que nous avons, c'est des
chiffres de 1988.
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): II faut, encore une fois, voir la
situation globale. Si on regarde uniquement ces chiffres, on peut tirer
certaines conclusions qui peuvent dire que le gouvernement
fédéral ne contribue pas assez. Je pense que nous avons tous les
deux intérêt à ce que le gouvernement fédéral
contribue davantage. Mais si on regarde la contribution au niveau du
gouvernement fédéral, le montant qu'il a dépensé,
il a dépensé 926 000 000 $ pour stimuler les activités
scientifiques et techniques au Québec, c'est important. Puis, si on
regarde les neuf... Le Québec compte neuf principaux laboratoires
fédéraux au service des entreprises du Québec. La venue de
l'Agence spatiale au Québec, c'est 289 000 000 $. C'est dans ce
sens-là que je dis que la situation s'améliore. Est-ce que
ça va assez vite? J'aimerais que ça aille plus vite, mais on
travaille en concertation avec le gouvernement fédéral. Je pense
que c'est la meilleure façon d'en avoir plus, plutôt que de se
mettre tout le monde à dos pour leur dire qu'ils ne font rien au
Québec.
Mme Blackburn: M. le Président, quand on se mettait tout
le monde à dos... Bonjour, M. le Président. Quand on se mettait
tout le monde à dos, le gouvernement du Parti québécois
avait une performance meilleure que celle d'un gouvernement
à-plat-ventrisme. Alors, arrêtons... Je pense qu'il faut,
là-dessus, faire un effort et lire la réalité. Et les
tableaux que vous nous fournissez... D'ailleurs, le tableau qu'on a eu aussi
à la Commission Bélanger-Campeau nous démontre clairement
- c'est à la question 11 - l'évolution comparée
Québec, Ontario, pour le total canadien. Et vous constatez, par exemple,
qu'en 1985, on obtenait 20,3 % et en 1988, on est à 19,8 %. Non
seulement n'a-t-on pas crû, mais on décroît. Pas beaucoup,
mais, quand même.
En matière de recherche intra-muros, il est vrai qu'avec
l'agence, qui est une agence canadienne, ça gonfle. Je ne dirais pas
artificiellement parce que c'est des choses importantes. Mais si vous excluez
ça, vous savez comme moi que pour toute la recherche intra-muros, on
connaît un recul également. En 1985, c'était 15,5 %, et en
1988, 11,9 %. 11,9 %, ça veut dire un recul important.
M. Tremblay (Outremont): Intra-muros. Mme Blackburn: Oui,
intra-muros.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais c'est toujours la même
chose...
Mme Blackburn: Ça veut dire que l'Ontario, l'Ontario va
toujours... Autrement dit, ce qu'on fait au Québec, on paie la recherche
qui se fait en Ontario. Moi, je me dis: Est-ce que le ministre,
là-dessus, autrement qu'en disant: On va être gentil, gentil avec
le gouvernement fédéral, pour ne pas les indisposer - pour
utiliser son terme - est-ce que, de temps en temps, il prend sa voix un peu
plus forte et il essaie de faire un peu de pression pour qu'on ait
là-dessus, au moins le retour de nos impôts?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Ah, oui, oui, et ça c'est...
Peut-être que je ne le crie pas fort, fort sur la place publique. J'aime
mieux le crier fort, fort dans les oreilles des personnes qui sont
appelées à prendre ces décisions. Et c'est la raison pour
laquelle on peut arriver et on peut dire que si on n'avait pas ça, et si
on faisait abstraction de ça, on arriverait peut-être à des
résultats qui seraient moins favorables. J'admets, je l'admets, je l'ai
dit, je vais le répéter, qu'au niveau de la politique
d'imparti-tion, nous n'avons pas notre juste part. Bon. Alors, ça, c'est
très clair.
Par contre, ça va s'améliorer. La preuve que ça
s'améliore, l'impact de l'Agence spatiale, c'est une
amélioration. Et j'ai mentionné tout à l'heure une liste
de moyens concrets que nous avons mis en place. Saviez-vous que nos chercheurs
n'avaient même pas... N'étaient même pas inscrits au fichier
du ministère des Approvisionnements et Services? Saviez-vous que nos
chercheurs n'avaient jamais fait les démarches à Ottawa pour
aller parler aux personnes qui sont appelées à donner des
contrats au Québec?
Saviez-vous qu'en plus de ça, nos chercheurs n'avaient jamais
été sollicités ou n'avaient fait l'objet d'approches
proactives? Depuis qu'on s'est aperçu de ça au niveau du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, on a
posé deux gestes concrets. Le premier, on a une équipe de
démarcheurs à Ottawa et au Québec, qui est très
importante, qui nous donne l'information pertinente sur les contrats à
venir. Deuxièmement, nous avons réussi à faire des tables
d'information dans toutes les régions du Québec, incluant la
vôtre, où des fonctionnaires du gouvernement fédéral
sont venus expliquer aux PME québécoises, si elles veulent avoir
des contrats, la procédure à suivre. Ça ne va pas assez
vite, c'est certain, mais c'est très important. Je vais vous surprendre.
C'est au niveau de l'informatique que nous avons le moins de contrats et, en
informatique, on a les quatre firmes les plus importantes, sort CGI, 1ST, LGS
et DMR. C'est important, ça, il faut le réaliser. Alors,
l'impact, maintenant, c'est d'essayer... Je pense qu'au niveau de
l'informatique, on a 4 %; ce n'est définitivement pas assez des contrats
qui sont donnés au niveau du gouvernement fédéral.
Mme Blackburn: Et pourtant, ces entreprises répondent aux
appels d'offres, sans succès. On a eu un écho, d'ailleurs, il n'y
a pas très longtemps. Je me rappelle, dans un secteur tout à fait
spécial, on a acheté des logiciels ontariens pour enseigner le
français aux fonctionnaires
fédéraux, alors que la compétence était
vraisemblablement au Québec; sauf qu'on est allé en Ontario. Et
pour les grandes entreprises informatiques, ça ne s'explique pas par les
raisons que vous venez de nous expliquer, à savoir: Elles ne sont pas
inscrites au fichier central. Là, elles le sont, elle répondent
aux appels d'offres, sauf qu'elles sont systématiquement
évincées. Pourquoi?
M. Tremblay (Outremont): Juste sur le logiciel français
parce que je sais que vous avez à coeur ce sujet-là, comme moi
d'ailleurs, notre politique de partenariat économique du gouvernement du
Québec a été de première importance pour faire
venir la compagnie Oracle au Québec. C'est la première fois
qu'une compagnie de cette envergure, une compagnie américaine,
établissait un centre autonome au niveau des logiciels, et elle l'a fait
au Québec, avec la conséquence que nous allons avoir des
logiciels en français, premièrement; deuxièmement, un
nouveau partenariat avec le monde universitaire et, troisièmement, des
investissements de 2 000 000 $ au cours des prochaines années, justement
dans le secteur du logiciel. Donc, ça, c'est positif. Est-ce que c'est
assez? Non, ce n'est pas assez, il faut faire plus, mais c'est un bel exemple.
J'aime ça, donner des exemples parce que ça qualifie les
chiffres.
Mme Blackburn: Mais en informatique, on va chercher 4 % des
contrats fédéraux, alors qu'on a les plus grandes entreprises
canadiennes.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: Qu'est-ce que vous faites dans ce secteur en
particulier, au-delà de faire installer ici Oracle, l'entreprise
américaine?
M. Tremblay (Outremont): Oui. On fait deux choses. On continue
à les encourager, au niveau du gouvernement du Québec, pour
qu'elles développent certaines expertises. Ce sont des entreprises qui
vont annoncer ou qui ont déjà annoncé des projets
mobilisateurs importants. DMR, c'est un bel exemple. Avec ces entreprises, nous
faisons des démarches au niveau du gouvernement fédéral
pour accélérer l'octroi de contrats importants pour leur
permettre de développer des expertises nouvelles.
Mme Blackburn: Les données que nous avons sur les
investissements du fédéral, des différents intervenants,
le fédéral, le provincial, l'entreprise, l'enseignement
supérieur, toujours à la réponse 12, nous apprennent que
le fédéral, en 1988, n'aurait dépensé que 74 % de
ce qui était prévu. Si je me rappelle, le ministre responsable de
la science était bien un Québécois pendant cette
année-là. Ça n'a pas dû être Benoît. Il
faut dire qu'il est bon parce qu'il vient de chez nous.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'était pas ce
ministre-là. Je suis certain que, quand on va sortir les chiffres de
1989, ça va être un peu plus. C'était un autre ministre qui
était là, un ministre qui aimait beaucoup encourager
I'Alberta.
Mme Blackburn: Harvie Andre? Il avait quitté à ce
moment-là.
Une voix: Oui, c'est ça.
Mme Blackburn: Est-ce que vous êtes en train de nous dire
qu'en 1990, la performance...
M. Tremblay (Outremont): C'est Harvie Andre parce que moi, je
suis arrivé le 11 octobre 1989 et c'est lui qui était là.
Je ne sais pas si c'est lui qui était là avant, mais, en tout
cas, ce n'était certainement pas Benoît Bouchard. Ce
n'était pas Benoît Bouchard.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on devrait avoir les données de
1989? On est rendu en 1991, comment ça se présente?
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais je ne les ai pas. Si je les
avais, je vous les donnerais. J'espère que ça va être
beaucoup mieux, mais je ne les ai pas. On vous les aurait données.
Mme Blackburn: À présent, Hydro-Québec.
Parce que dans le... Oui.
Le Président (M. Leclerc): Excusez, Mme la
députée, le député de l'Acadie m'avait fait part de
son intention d'intervenir lorsque vous changeriez de sujet. Alors, si vous
n'avez pas d'objection. M. le député de l'Acadie.
Mme Blackburn: C'est toujours sur le plan de
développement.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce que...
Mme Blackburn: ...je voudrais terminer un peu le plan de
développement 1989-1994, 1989, 1990,1994, un plan quinquennal.
M. Bordeleau: Allez-y, j'interviendrai après. Mme
Blackburn: Quatre éléments.
Le Président (M. Leclerc): Vous pouvez continuer, Mme la
députée.
Politique du faire-faire d'Hydro-Québec en
matière de recherche et développement
Mme Blackburn: Merci. On va revenir avec... Alors, le Fonds de
développement technologique, on connaît les réponses. Il y
avait quatre éléments, je le rappelle, il y avait les mesures
fiscales, il y a le Fonds de développement
technologique, la politique de faire-faire d'Hy-dro-Québec et les
programmes de prêts participatifs. Dans la politique de faire-faire
d'Hydro-Québec, il y avait là-dessus un beau discours parce que,
en dépit des préjugés qu'on est en train, malheureusement,
de développer à l'endroit de la société
d'État, il n'en demeure pas moins que c'est, dans le secteur de
l'hydroélectricité, un joyau au Québec, je pense, par
rapport à l'Institut de recherche sur l'énergie, quelque chose
dont on peut être fier. Un des problèmes qui se posait, c'est
qu'Hydro-Québec a tendance, surtout, à réaliser ses
propres travaux; plutôt que de confier, elle embauche, et lorsqu'elle
confie, elle confie à l'étranger. C'est un peu l'analyse qui a
été faite de manière à ce que le discours qu'on
nous tenait à l'époque 1988-1989... On voulait amener
Hydro-Québec à faire faire davantage, mais ce qu'on avait cru
comprendre, faire faire au Québec de manière à
développer l'expertise au Québec dans des secteurs de haute
technologie. Deux informations nous sont venues sur des contrats qui ont
été octroyés par HydroQuébec et l'on
été à l'étranger. Ce que je n'ai pas et ce que je
demande au ministre qui a la responsabilité, je pense, plus totale de
suivre le dossier de la R-D, est-ce qu'il a le tableau des contrats
octroyés par Hydro-Québec? À qui ont-ils été
octroyés? Est-ce que l'entreprise est au Québec ou à
l'étranger? Et l'adresse et la nature des contrats et les montants
impliqués?
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que vous les avez demandés
à la ministre responsable d'Hydro-Québec?
Mme Blackburn: Ou), mais elle, ce n'était pas dans ses
préoccupations non plus. Alors, qui est préoccupé de
ça?
M. Tremblay (Outremont): Oui, ça, c'est ce que vous
dites.
Mme Blackburn: Non, je ne dis pas, là. Je vous dis que la
semaine dernière, à cette table, exactement ici, votre
collègue était assise là. Je le lui ai demandé. Et
elle a dit: Je viens ici pour l'Énergie, mais je ne viens pas pour
Hydro. Je la comprenais un peu, là. Elle ne s'attendait pas,
j'imagine... Mais ce que ça a illustré, c'est autant, me
semble-t-il pour vous que pour le gouvernement et pour la ministre responsable,
ce n'est pas le genre de question qu'on se pose. C'est un beau discours et un
beau discours dans le plan de développement technologique, mais je n'ai
pas l'impression que quelqu'un a assuré le suivi. Est-ce que je me
trompe?
M. Tremblay (Outremont): Non. Écoutez, au niveau du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, je peux
juste vous donner certains éléments pour vous démontrer
qu'on assure un suM, mais je référerais l'essentiel de la
question à la ministre responsable d'Hydro-Québec. Si vous pensez
que la firme Asea Brown Boveri a investi des sommes considérables dans
le parc technologique de Québec parce qu'il n'y a pas de politique de
faire-faire d'Hydro-Québec en faveur des entreprises du Québec,
je pense qu'on aurait des questions à se poser. Si vous pensez qu'au
niveau de Marine Industrie, l'hydroélectrique, ce n'est pas important au
niveau des turbines et que Marine Industrie n'a pas les contrats comme ils
viennent d'en avoir; si vous pensez que si General Electric investit au
Québec des sommes considérables au niveau de la recherche et du
développement, c'est parce qu'ils n'ont pas de contrat au niveau
d'Hydro-Québec; ces entreprises sont au Québec,
spécialisées dans le secteur hydroélectrique, et la
politique de faire-faire d'Hydro-Québec y est en partie. (17 h 15)
Là, vous allez me dire: Oui, vous me donnez juste des grandes
entreprises. Je vais vous en donner une plus petite. Nertec, qui se
spécialise dans les contrats... pas les contrats, les compteurs
électroniques, a eu des contrats importants et c'est à la suite
de représentations de la Société de développement
industriel du Québec, justement pour permettre à des PME
québécoises d'avoir accès à une grande firme comme
HydroQuébec pour développer de nouvelles technologies.
Donc, la politique de faire-faire d'Hydro-Québec, en ce qui
concerne le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
a des dividendes concrets et, pour plus de renseignements, je pense que vous
devriez adresser cette question à la ministre responsable parce
qu'Hydro-Québec fait affaire avec, également, des firmes
d'ingénierie conseil, mais le détail, c'est à elle de vous
le donner.
Mme Blackburn: Je pense que le ministre... C'est ce qui est
embarrassant. Le ministre n'a pas suivi ce dossier-là,
d'évidence, parce que ce dont il était question, c'était
495 000 000 $ en R-D, pas en fabrication, pas en fabrication de composants.
Ça c'est une autre chose. Et les contrats de fabrication donnés
par Hydro-Québec, effectivement, il y a des petites entreprises qui en
ont. Ce dont on parlait, c'est vraiment d'un des éléments
majeurs. Vous avez dit que c'était 500 000 000 $ sur 3 000 000 000 $.
C'est quand même important, là, 500 000 000 $ sur 3 000 000 000 $;
et c'était compris comme un élément important, mais de
recherche et développement et de faire-faire d'Hydro-Québec. On
ne parle parte pas de toute la recherche d'Hydro-Québec, on parie de la
politique de faire-faire, ce qu'Us devaient faire faire à
l'extérieur pour développer l'expertise, pas fabriquer, en
recherche et développement. Et l'objectif, c'était vraiment de
permettre aux entreprises québécoises de développer
l'expertise, pas en fabrication, en R-D.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais...
Mme Blackburn: Et, dans ce sens-là, je me dis: II n'y a
personne qui suit le dossier et, selon l'Association des directeurs de
recherche industrielle, un, de ce budget de 500 000 000 $, il y en aurait au
moins 100 000 000 $ qui ne seraient pas de la recherche et
développement, qui touchent autant la commercialisation que l'achat
d'équipement et, qui plus est, là, on apprend que ça ne se
fait pas nécessairement au Québec. Personne, ici, semble en
mesure de faire le point. Le ministre me disait tout à l'heure: On est
capable. Je reconnais que la députée a raison, on a beau parler,
mais ce qui compte, c'est les chiffres et les données. C'est ce que
j'attends pour évaluer le plan de développement que vous nous
avez présenté en 1988-1989, juste un petit peu avant les
élections. Pour pouvoir mesurer son impact, l'effet sur le terrain, il
faut avoir des données et il semble que personne dans ce gouvernement ne
soit capable de nous les donner.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je n'ai jamais dit que
personne dans le gouvernement n'est prêt à vous les donner. Ce que
je dis, c'est que ça fait trois fois depuis un an et demi que vous me
posez la même question, et ça fait trois fois que je vous
réponds de la même façon. Je dis qu'il y a une ministre
responsable de l'Énergie et des Ressources, donc responsable
d'Hydro-Québec. Je vous prierais de lui adresser cette question pour
qu'elle vous donne l'information.
Mme Blackburn: Alors, ce que je comprends du plan de
développement, c'est que si je veux avoir toutes les réponses, il
faudrait que j'aille au ministère des Finances. C'est lui qui a
déposé le budget qui contenait cet
élément-là. Il y a quatre mesures, je le rappelle - il y
en a cinq, en fait; il y a, Autre programme de dépenses en R-D - alors,
si je vais à Autres dépenses en R-D des ministères et
organismes gouvernementaux, il faut que j'aille dans les 28 ministères.
Et si je parle de la politique de faire-faire d'Hydro-Québec, c'est
à l'Énergie. Si je parle des mesures fiscales, c'est au ministre
des Finances. Je ne peux m'adresser à vous pour comprendre où on
s'en va que sur deux éléments de la politique de R-D. Pourtant,
il me semble, quand on parle de recherche et développement, qu'il faut
qu'il y ait une tête quelque part.
C'est ça, le problème. Il n'y a pas de concertation et il
n'y a pas de vision d'ensemble. On n'a pas l'impression qu'on peut poser une
question a quelqu'un qui a la compétence pour répondre au moins
de façon suffisante pour apporter un éclairage sur votre plan de
développement. Et c'est ce qui est inquiétant. Et même,
quand on s'adresse à la ministre responsable, elle n'avait pas ces
données. Quand on s'adresse au ministre des Finances pour savoir ce que
ça donne, les incitatifs fiscaux, il reste béat. Bien, à
qui faut-il demander les informations pour savoir où vous vous en allez
avec votre plan de développement? Pas le plan de développement de
l'Ontario, là.
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est parce que vous tirez
des...
Mme Blackburn: Le plan de développement en R-D.
M. Tremblay (Outremont): Vous tirez des conclusions avec
lesquelles je ne suis pas d'accord. Il y a une vision globale. On a une
politique qui est reconnue comme étant la plus compétitive au
monde, donc elle doit fonctionner. Je vous ai donné des exemples
concrets de résultats tout à l'heure. Alors, j'ai donné
des exemples pour démontrer que ça va bien et là, vous en
tirez les conclusions que nous ne nous concertons pas. C'est absolument faux,
mais tout ce que je vous dis, c'est qu'il y a certains éléments
de la politique globale du gouvernement qui relèvent d'autres ministres.
Alors, adressez ces questions à d'autres ministres.
Mme Blackburn: Ce que vous dites, c'est qu'il y a des
éléments de la politique globale de recherche et
développement auxquels vous ne vous intéressez pour ainsi dire
pas; vous n'osez pas poser les questions à votre collègue.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas dit ça, au contraire,
c'est à la demande du ministère de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie qu'on a remis en place le forum des intervenants en recherche et
développement, donc tous les sous-ministres sont autour d'une table et
évaluent le plan de développement avec les retombées
industrielles pour le Québec.
Mme Blackburn: Si les sous-ministres forment ce comité,
est-ce que vous pourriez demander à votre sous-ministre l'état de
la situation - parce qu'il a dû assister aux mêmes réunions,
il doit avoir les mêmes informations - dans le dossier
d'Hydro-Québec. Je rappelle un peu mon inquiétude. Autant je
pense qu'on ne peut pas avoir toute l'expertise au Québec, ça va
de soi et il faut aussi aller chercher l'expertise à
l'étranger... Deux cas récemment portés à notre
attention démontrent que, dans un premier cas, 10 000 000 $ viennent
d'Hydro-Québec, 10 000 000 $ du Fonds de développement
technologique, 10 000 000 $ de Science et technologie à une entreprise
française pour la fabrication d'un supraconducteur.
Là-dessus, j'interroge la ministre de l'Énergie qui me dit
- et là, elle en avait un peu plus que son collègue de
l'Industrie et du Commerce lorsque je l'ai interrogée en Chambre - elle
me dit: Oui, effectivement. Et là, les informations que nous avons
reçues, c'est 30 000 000 $ qui
viennent... 20 000 000 $ du Québec, 10 000 000 $ du gouvernement
fédéral - de toute façon, ça nous appartient un peu
aussi étant donné qu'on paie - qui vont payer une recherche qui
va se faire en France. La fabrication des supraconducteurs, nous dit-elle,
destinés au marché nord-américain, devrait être
faite au Québec et, pour l'Europe, en France.
Ça, c'est un exemple. L'autre, il s'agissait d'une pile et c'est
une entreprise japonaise. Moi, ce que je voudrais savoir, c'est combien de
contrats sont donnés à l'étranger? Sur quels
critères va-t-on privilégier une entreprise à
l'étranger pour de telles recherches? Est-ce qu'on a
vérifié la capacité et l'expertise existante ici? Comment
ça se déroule? Est-ce que le ministre a une idée
là-dessus ou, sinon, son sous-ministre qui siège à ce
comité?
M. Tremblay (Outremont): Alors j'ai mentionné que
c'était un forum des intervenants des sous-ministres en recherche et
développement, donc le ministère de l'Énergie et des
Ressources a son sous-ministre qui siège à ce comité. Tout
ce que je vous dis, et je vous le répète et je peux le
répéter encore plusieurs fois: Tout ce qui concerne
Hydro-Québec, quant à la politique de faire-faire
d'Hydro-Québec, je vous demanderais de poser des questions à la
ministre responsable.
Par contre, lorsque vous parlez du projet RASC, là vous parlez du
Fonds de développement technologique, alors là, je peux vous
donner la réponse, parce que ça, ça relève
directement de moi. Donc, le Fonds de développement technologique, je
dois vous dire une chose, que le contrôle des entreprises
québécoises n'entre pas en ligne de compte dans
l'évaluation du Fonds de développement technologique. C'est
important. Donc, ça n'a pas nécessairement besoin d'être
une entreprise québécoise. Ça peut être une
entreprise qui a son siège social au Québec, qui n'est pas
nécessairement une entreprise québécoise. Les transferts
de technologies, on en parle beaucoup des transferts de technologies, ça
constitue l'un des objectifs du gouvernement avec la création du Fonds
de développement technologique.
Lorsqu'on parle de recherche et développement, l'important, c'est
qu'on ait des dépenses de recherche et développement avec des
maisons d'enseignement et des universités québécoises, et
c'est le cas. Le mandat du comité d'évaluation des projets, c'est
de s'assurer que les retombées économiques et technologiques sont
en faveur du Québec. Je le répète, nous n'accepterons pas,
au niveau du Fonds de développement technologique, des projets où
les retombées au Québec ne sont pas très positives, mais
c'est évident que si on veut accélérer le
développement technologique du Québec, nous ne fermerons pas la
porte à des transferts technologiques dans le cas mentionné, le
projet RASC. C'est une technologie française, mais c'est une technologie
qui va contribuer au développement technologique du Québec. Juste
pour vous donner deux petits chiffres sur la recherche et développement,
c'est un projet d'un coût total, pour 1991, de 40 000 000 $; 27 000 000 $
seront réalisés au Québec et 13 000 000 $ seront
réalisés en France. La part du Fonds de développement
technologique, si le projet se concrétise, sera de 15 000 000 $. Donc,
si on investit le fonds de 15 000 000 $ et on a des retombées
économiques et technologiques importantes de 27 000 000 $ pour ce
projet, je pense que c'est un projet qui serait positif pour le Québec.
Mais, encore une fois, ce n'est pas un projet qui a été
accepté, c'est un projet qui est à l'étude au Fonds de
développement technologique. Je vous demanderais de ne pas vous fier
uniquement à ce que vous avez lu ou entendu dans les journaux ou dans
les différents médias.
Mme Blackburn: Là-dessus, j'ai interrogé la
ministre de l'Énergie et des Ressources parce qu' Hydro-Québec
avait également souscrit pour 10 000 000 $.
Une voix: Oui, met-elle 10 000 000 $?
Mme Blackburn: Oui. Il y a 10 000 000 $ de Science et technologie
Ottawa, 10 000 000 $ d'Hydro-Québec et 10 000 000 $ du Fonds de
développement technologique. Elle semblait nous dire que c'est beaucoup
plus avancé que ce que vous laissez entendre.
M. Tremblay (Outremont): II n'y a pas de doute
qu'Hydro-Québec est un partenaire dans le projet, mais la structure
financière n'est pas finalisée encore, il y a beaucoup de
partenaires. 11 y a beaucoup de projets de cette nature. Nous ne sommes pas
rendus au point où la structure financière est définie et
le projet n'est pas rendu encore au niveau du comité d'évaluation
des projets.
Mme Blackburn: Quelle serait la participation de la France, de
l'entreprise ou d'autres organismes? Je pensais vous l'avoir entendu dire tout
à l'heure.
M. Tremblay (Outremont): Non, je ne l'ai pas mentionné. Ce
sont des projets...
Mme Blackburn: Quelle est la valeur totale du projet?
M. Tremblay (Outremont): Je préfère ne pas
révéler de données à ce stade-ci, sauf les
données des entreprises québécoises... Ça, je peux
les dévoiler puisque ça relève de nous, mais ce n'est pas
à moi de dévoiler les investissements des entreprises dans le
Fonds de développement technologique. En temps et lieu, lorsqu'on
annoncera le projet on vous le fera connaître.
Mme Blackburn: Est-ce que ça ressemble à des
cachotteries du genre Norsk Hydro et contrats sur les alumineries?
M. Tremblay (Outremont): Non, je pense que quand on parle de
recherche et développement et de compétitivité, c'est
assez important que nos partenaires et que le gouvernement, dans la mesure du
possible, assure la confidentialité des dossiers.
Programmes de prêts participatifs AQVIR et
SDI
Mme Blackburn: Une dernière question sur le plan de
développement technologique concernant les autres programmes,
c'est-à-dire les programmes de prêts participatifs, AQVIR et SDI.
Nous avons posé une question pour tenter de savoir les retombées
des différents éléments du plan de développement
technologique. À la question 13, contributions du gouvernement du
Québec en matière de R-D, on voit l'évolution des mesures
fiscales; le Fonds de développement technologique 300 000 $ pour
1989-1990 et, évidemment il y a les immobilisations pour 6 500 000 $ et
les programmes de prêts participatifs AQVIR et SDI. Comme toute autre
forme de prêt, les prêts participatifs versés à
l'AQVIR et à la SDI font partie de l'enquête de R-D industriel,
des fonds propres à l'entreprise; et vous nous dites que rien ne permet
de les identifier.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que je pourrais savoir...
Mme Blackburn: C'est la question 13, l'onglet 26. Alors, la note
que vous nous donnez... je continue: II faut noter toutefois, puisque la
dépense admissible comprend celles qui sont encourues lors de toutes les
phases du processus d'innovation, y compris les coûts de
commercialisation, que les montants versés ne représentent pas
nécessairement des dépenses de R-D.
Là, ce qu'on vient nous dire, c'est que dans les deux volets,
AQVIR et SDI, ce qu'on a indu dans le plan de développement
technologique, dans le R-D, recherche et développement, ne comprend pas
nécessairement que de la recherche. Et, qui plus est, on n'est pas en
mesure d'évaluer les retombées réelles en R-D. (17 h
30)
M. Tremblay (Outremont): Lorsqu'on essaie d'inculquer aux PME
québécoises l'importance de faire de la recherche et du
développement, les PME nous disent: Si vous ne contribuez qu'au
financement de la recherche pure, si l'on veut, et que vous ne commencez pas
à regarder l'aspect développement, ça nous cause un
problème. Alors, les entreprises nous ont dit: Oui, c'est bien beau
d'investir dans la recherche ou l'innovation, si vous préférez,
mais il faut également investir dans la fabrication du produit et,
surtout, dans la commercialisation du produit. Alors, au cours des
dernières années, nous avons élargi les dépenses
admissibles pour inclure des dépenses de fabrication et de
commercialisation. C'est assez difficile de vous dire aujourd'hui le
détail de l'argent alloué à la recherche, disons, à
l'innovation pure par opposition à du développement, à de
la fabrication ou de la commercialisation. L'important, c'est qu'on s'associe
avec des entreprises qui, oui, font de la recherche et du développement,
mais surtout qu'on s'associe à des entreprises qui ont des
débouchés et les ressources financières pour
commercialiser leurs produits; c'était d'ailleurs un des
problèmes.
Mme Blackburn: Alors, voulez-vous m'expli-quer, si on n'est pas
en mesure de faire cette évaluation, comment en est-on arrivé au
chiffre de 120 000 000 $ qui apparaît dans le plan de
développement technologique?
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que le chiffre... Quelle
année, ce chiffre-là?
Mme Blackburn: 1989-1990...
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Le chiffre, le volet
commercialisation, c'est devenu, à la fin de 1989... donc ce devrait
être surtout des dépenses au niveau de ce qu'on appelle de la
recherche et du développement.
Mme Blackburn: Non. Les 120 000 000 $, c'est un plan
quinquennal.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: C'est un plan quinquennal, ce qui veut dire
à peu près 24 000 000 $ par année.
M. Tremblay (Outremont): Oui...
Mme Blackburn: Et dans ce plan quinquennal, c'était
identifié dans ce qu'on nous a présenté comme devant
être de la recherche et développement, et là, vous nous
dites: Ces dépenses-là peuvent être utilisées autant
pour la commercialisation que pour la commercialisation et la fabrication.
Donc...
M. Tremblay (Outremont): Non. Non.
Mme Blackburn: Bien, c'est ce que vous venez de nous dire,
là...
M. Tremblay (Outremont): Non. Non. Ce n'est pas ça que je
viens de dire. Ce que je dis, c'est que...
Mme Blackburn: Non?
M. Tremblay (Outremont): Non. Non. Vous
vous référez, là, à des années avant
1989. Ce que je vous dis, c'est qu'en 1989, on ne finançait pas les
dépenses de commercialisât ton...
Mme Blackburn: Une somme de 120 000 000 $...
M. Tremblay (Outremont): ...de produits. Le chiffre de 120 000
000 $ que vous avez pour la politique de programmes de prêts
participatifs de l'AQVÏR et la SDI sur cinq ans, ça, c'est de la
recherche et développement.
Mme Blackburn: Là, ça veut dire qu'on ne peut pas
évaluer 120 000 000 $; vous me dites: On n'est plus en mesure
d'évaluer.
M. Tremblay (Outremont): Non. Non.
Mme Blackburn: Je me fie à la note: On n'est plus en
mesure d'évaluer le pourcentage qui est effectivement de la R-D, parce
que c'est un programme plus aggloméré par lequel on finance
autant la fabrication que la commercialisation.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je pense que... Non, je pense qu'on
va pouvoir vous donner la ventilation parce que la question que vous posez,
elle est très pertinente. L'Intention, ce n'est pas d'inclure dans les
120 000 000 $ les dépenses de fabrication et de commercialisation, c'est
de s'assurer que les PME, on les aide pour investir avec une politique d'au
moins 120 000 000 $. Alors, je vais essayer de voir, dans la mesure du
possible, comment on pourrait ventiler, surtout depuis qu'on a des
dépenses de commercialisation, pour s'assurer que vous ayez
l'information pertinente.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait aussi nous
ventiler ce que représentait le cinquième élément
de ce programme, de ce plan de développement: Autres programmes de
dépenses de R-D, des ministères et organismes
gouvernementaux?
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais ça comprend-il le CRIQ,
ça?
Mme Blackburn: Parce que ça représentait quand
même, cet élément seulement, une partie importante,
hein?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Oui. Oui. Vous avez raison.
Ça comprend, entre autres, le Centre de recherche industrielle du
Québec qui relève du ministère de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie. Donc, immédiatement là, vous avez 10 % du
montant.
Mme Blackburn: Mais, est-ce que vous pouvez...
M. Tremblay (Outremont): Mais ça, je peux vous donner
ça.
Mme Blackburn: Oui?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Oui. Vous ne l'avez pas
demandé? Pourquoi nous demandez-vous ça aujourd'hui? Vous auriez
pu me demander ça avant?
Mme Blackburn: On l'a demandé à de multiples
reprises. Il n'y a personne...
M. Tremblay (Outremont): Ah non. Je l'ai, ça, je l'ai. Je
regrette...
Mme Blackburn: ...dans ce gouvernement qui suit vraiment ce
dossier...
M. Tremblay (Outremont): Non. Non. Non. C'est faux.
Mme Blackburn: Comprenez-vous bien? Ils le suivent par parties,
mais jamais on n'a une vision intégrée, ce qui nous fait dire
qu'on a lancé quasiment n'importe quoi dans ce programme-là.
M. Tremblay (Outremont): Non. Je l'ai, l'information. Si
c'est ça que vous voulez, ce que vous m'avez demandé la
dernière fois, je l'ai, là. Je vais vous le donner, je l'ai,
là. Oui. Oui Je l'ai. Je l'ai, cette feuille-là, parce que...
Oui. Oui. Il y a un an et demi, quand vous m'aviez posé cette
question-là, assurez-vous que j'ai fait sortir le 1 000 000 000 $ sur
une feuUle 8 1/2 par 14 - parce qu'elle est un peu longue - et j'ai tout le
détail de cette information-là.
Mme Blackburn: Parce que c'est important. Vous savez, le 1 000
000 000 $ que vous mettez là-dedans, c'est le tiers.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Oui.
Mme Blackburn: Le tiers, ça commence à être
33 %.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Oui. Vous avez raison.
Mme Blackburn: Et on a posé la question, d'ailleurs, en
page... Toujours la question 13, dépenses en R-D, gouvernement du
Québec par rapport au plan présenté dans le discours sur
le budget.
M. Tremblay (Outremont): Je ne vous dis pas que je vais vous le
donner, mais je vais en prendre encore connaissance, de ce document-là,
et demain, ou dans quelques jours, je vous dirai si je peux vous le donner.
Mme Blackburn: Mais pourquoi ne pourrait-on pas nous le donner?
Parce que, là, vous allez...
M. Tremblay (Outremont): Bien, parce que... laissez-moi regarder
encore. Je l'ai vu, ce papier-là, il n'y a pas longtemps parce que j'ai
fait sortir l'information. Dans quelques jours, peut-être que je le
donnerai. Peut-être. Il faudrait que je regarde.
Mme Blackburn: II faudra aller à la commission
d'accès à l'information parce que c'est du domaine public,
ça.
M. Tremblay (Outremont): Avec le temps que ça va prendre,
on est mieux de trouver une complicité ensemble pour vous donner
l'information.
Mme Blackburn: Encore une façon de camoufler les chiffres.
Bien. M. le Président.
Implantation d'un parc de développement de
haute technologie à Montréal
M. Bordeleau: Voilà, M. le ministre, vous avez fait
référence à une annonce que vous avez faite hier ou avant
hier à Montréal - c'est-à-dire hier - concernant
l'investissement de 350 000 000 $ de Northern à l'île des Soeurs
et j'aimerais peut-être que vous fassiez le point sur le CITEC. En
août 1989, je crois, il y avait eu une annonce de la part du premier
ministre à l'Université de Montréal concernant
l'implantation d'un parc de développement de la haute technologie
à Montréal, avec deux campus: un campus qui était
situé dans Montréal, c'est-à-dire où était
le ADACPORT anciennement et l'autre campus qui devait être situé
à Saint-Laurent. Alors, c'est évidemment un projet d'envergure,
compte tenu du fait que ça implique à la fois les entreprises et
le milieu universitaire et que c'est un projet, disons, assez important pour le
développement de la technologie au Québec. J'aimerais que vous
fassiez le point, que vous nous donniez un peu d'information sur où on
en est rendu exactement dans ce projet du CITEC dans la région de
Montréal.
M. Tremblay (Outremont): Oui, merci beaucoup. Je sais que, pour
le député de l'Aca-die, c'est un projet qu'il a à coeur
parce que c'est très important pour le développement
technologique du Québec. Je dois vous dire que les parcs technologiques,
celui de Québec et également les deux de Montréal, c'est
très important; évidemment, ça prend un certain temps. On
voit que, dans la région de Québec, les parcs technologiques ont
été annoncés il y a plusieurs années et c'est
après énormément de sollicitation et de concertation entre
les différents partenaires que des projets industriels majeurs au niveau
technologique sont annoncés.
Alors, récemment, si on regarde le parc technologique de
Québec, je l'ai mentionné tout à l'heure, il y a eu des
projets de l'ordre de 40 000 000 $, donc c'est important. Selon les coupures de
journaux, c'est une nouvelle étape dans la croissance pour devenir le
véritable paradis des chercheurs de la haute technologie du XXIe
siècle.
Pour Montréal, on a eu beaucoup d'approches et une concertation
importante des intervenants de la région de Montréal et, plus
particulièrement de la région de Saint-Laurent. J'ai
rencontré à plusieurs reprises des membres du conseil
d'administration du CITEC et également, récemment, le
président du CITEC, M. Nadeau. À la suite de nos interventions et
de notre rencontre, on a accepté, premièrement, de continuer
notre support financier au CITEC, qui est de l'ordre de 200 000 $ par
année, pour permettre au CITEC de continuer à finaliser ses
études et de faire une certaine promotion du parc technologique.
Deuxième élément qui est important, c'est toute la
question du développement, donc, on parle de coût d'acquisition
des terrains. Le gouvernement a déjà annoncé un support
financier important par le biais de la Société de
développement industriel pour permettre le financement de l'acquisition
de ces terrains. Nous avons convenu, dans un premier temps, que l'entreprise
avait intérêt à faire l'acquisition des terrains de la
phase 1 et de finaliser son entente et, deuxièmement, de planifier
également la phase de développement numéro 2. Dans cette
optique, nous avons demandé au président du CITEC de rencontrer
la Caisse de dépôt et de placement du Québec pour faire
immédiatement - ou tenter de faire - l'acquisition des terrains de la
phase 2. Pourquoi? Parce que si on développe la phase 1, ça va
donner une plus-value au terrain de la phase 2, donc, peut-être qu'il y a
moyen de faire l'acquisition immédiatement.
Et, troisièmement, il y a des démarches importantes qui se
font au niveau du gouvernement fédéral - parce que le
gouvernement fédéral est propriétaire d'une partie de ces
terrains - pour s'assurer qu'on ait un bloc homogène de terrains pour
favoriser le développement du parc technologique, que ce soit celui de
Saint-Laurent ou celui situé à ADACPORT dans la région de
Montréal.
M. Bordeleau: Les pourparlers auxquels vous avez fait
référence, disons, avec la Caisse de dépôt, est-ce
que ça a eu lieu déjà, ces rencontres-là ou...
M. Tremblay (Outremont): Oui. Les partenaires sont en train de
discuter d'une entente financière possible et je dois, dans un avenir
rapproché, pour en avoir discuté... Je sais que le
ministre des Affaires municipales est également impliqué
dans le dossier. J'ai parlé, il y a quelques heures, à M. Ryan et
j'ai convenu avec lui que je rencontrerais les intervenants de la région
de Saint-Laurent pour faire le point, encore une fois, sur ce dossier qui est
très important pour le développement technologique du
Québec.
M. Bordeleau: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Centre de recherche industrielle du
Québec
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le programme 3,
élément 1, le Centre de recherche industrielle du Québec.
Les crédits du Centre de recherche industrielle du Québec passent
de 20 791 000 $ en 1990-1991, à 20 743 000 $. Il n'y a pas un
écart important: 48 000 $. Cependant, par rapport à
l'augmentation du coût de la vie, ça représente un manque
à gagner ou une coupure de près de 6 %. L'année
dernière, le ministre nous annonçait - et je me
réjouissais de l'initiative - qu'il avait déposé un projet
de loi qui augmenterait de 50 000 000 $ l'aide totale pouvant être
accordée au CRIQ, un organisme, selon lui - avis que je partage -
essentiel pour favoriser le développement technologique du
Québec. Il ajoutait: Je n'aurais pas fait de représentations au
gouvernement pour augmenter de 50 % le montant maximum que le CRIQ pourra
dépenser au cours des prochaines années, si je ne croyais pas au
CRIQ. Alors, comme on sait qu'il croit au CRIQ - il a fart sa profession de foi
l'an passé, j'imagine qu'il ferait la même cette année -
peut-il nous dire, peut-il nous expliquer comment il n'a pas réussi
à assurer au CRIQ un financement qui corresponde davantage au projet de
loi qu'il avait présenté, c'est-à-dire en augmentation et
non pas en décroissance?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça que je ne comprends pas.
Je n'ai pas réussi, là?
Mme Blackburn: Non.
M. Tremblay (Outremont): Ah bon!
Mme Blackburn: La loi est adoptée, mais le budget
diminue.
M. Tremblay (Outremont): Alors...
Mme Blackburn: Vous voulez faire augmenter, mais dans la
réalité, il n'augmente pas, il diminue.
M. Tremblay (Outremont): II a augmenté. Je suis bien
d'accord, dans des circonstances, de dire que ça a baissé de 300
000 $. Là, ça a augmenté un petit peu. Ça a
augmenté d'au moins 700 000 $
Mme Blackburn: Non, monsieur
M. Tremblay (Outremont): Alors, reprenons le, là. 105 000
000 $ divisés par 5, égale 21 000 000 $. Alors, ils ont 21 000
000 $ pour le financement normal du CRIQ. Les 50 000 000 $ additionnels sont
ventilés en deux morceaux. Le premier morceau, c'est de dire: C'est des
revenus, on essaie d'avoir un genre de formule de partage de risques avec le
CRIQ, alors on verra au cours des années ce qui va se pas ser.
Deuxièmement, je l'ai mentionné, c'est un fonds de
développement technologique pour permettre aux PME
québécoises d'avoir accès à du financement pour les
aider dans des projets de recherche et développement Alors, au niveau du
CRIQ, les ressources financières sont disponibles. Et j'en profite pour
vous informer; vous ne m'avez pas parlé de la nomination du nouveau
président du CRIQ, M. Pierre Coulombe, qui vient du CRIM. Et je pense
que M. Coulombe ne ménagera aucun effort pour assurer la réussite
technologique du Centre de recherche industrielle du Québec
Mme Blackburn: Oui, j'ai vu passer la nomination. Je voudrais
profiter de l'occasion pour lui souhaiter la bienvenue. Je ne doute pas de ses
compétences. Mais, en même temps, je veux féliciter
l'excellent travail qui a été réalisé par son
prédécesseur, qui a mis au monde l'organisme et qui a
consacré, je dirais, de précieuses années, de façon
très efficace.
Pour revenir au budget du CRIQ, au poste 1, traitements: 702 200 $. La
note nous apprend que c'est du personnel du BNQ qui est transféré
au CRIQ. Il ne s'agit pas d'un ajout de budget. Il s'agit d'un transfert de
personnel, à ce que je comprends, alors que le budget réel, le
transfert pour le CRIQ, c'est 20 743 000 $ en 1991-1992, contre 20 791 000 $ en
1990-1991, donc une diminution réelle de 48 000 $. Et je pense que le
ministre va être obligé de la reconnaître, les chiffres sont
là, ça dit la même chose. On est d'accord avec
ça?
M. Tremblay (Outremont): Oui
Mme Blackburn: Donc, ce n'est pas une augmentation. Non seulement
ce n'est pas une augmentation, mais c'est un manque à gagner en raison
de l'indice du coût de la vie. Je veux bien qu'on gèle les
traitements des fonctionnaires; ça représente une augmentation un
peu moins importante que ne l'est indice du coût de la vie, mais quand
même, dans l'autre, c'est un manque à gagner.
M. Tremblay (Outremont): J'ai oublié l'effet de synergie
avec le Bureau des normes du Québec, et la nouvelle dynamique qui va
être créée. Mais si on regarde strictement les chiffres,
c'est sensiblement le même budget que l'année
précédente. (17 h 45)
Mme Blackburn: Oui, sensiblement, mais il y a quand même
diminution par rapport à l'indice du coût de la vie. Mais, comment
se fait-il que vous aviez vraiment visé à augmenter le
financement, le montant permis du financement du CRIQ parce que, finalement,
vous ne l'utilisez pas, cette marge de manoeuvre, que vous avez
créée par la loi?
M. Tremblay (Outremont): La marge de manoeuvre a
été... Si on lit bien le projet de loi, vous allez voir qu'il dit
que c'est au cours des cinq prochaines années. Alors, il ne faut pas en
déduire que, parce que cette année, le montant est sensiblement
le même, il va demeurer comme ça au cours des années, parce
que c'est un montant minimum.
Mme Blackburn: Si on...
M. Tremblay (Outremont): C'est un montant minimum par
année. Alors...
Mme Blackburn: Si on regarde l'évolution du budget du
CRIQ, selon les informations que vous nous avez fournies, on peut constater que
de 1985-1986 à 1990-1991, de 1985 à 1991, c'est-à-dire
pendant six ans, ça constitue une diminution réelle de 13, 3
%...
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est parce qu'ils ont...
Mme Blackburn:... dans un secteur où vous estimez, en
dollars d'aujourd'hui, où vous estimez que c'est capital. C'est capital,
mais au total, le budget du CRIQ ne suit pas l'inflation. En 1986-1987, il y
avait une diminution de 4, 8 %, une augmentation en 1987-1988 de 0, 9 %, en
1988-1989, la variation était de 10, 4 %, en moins évidemment,
une augmentation en 1989-1990 de 9, 8 %, en 1990-1991, un moins, 6, 2 % et un
total négatif de 13, 3 %.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que... Juste pour clarifier
un point, on me donne de l'information additionnelle sur le montant des
transferts et la comparaison entre l'année 1990-1991 et 1991-1992. Le
montant de 20 791 500 $ en 1990-1991 inclut le traitement du personnel ou des
fonctionnaires du Bureau des normes du Québec. Donc, pour l'année
1991-1992, il a été ventilé. Donc, le CRIQ, si on fait
abstraction du Bureau des normes du Québec...
Mme Blackburn: Des normes.
M. Tremblay (Outremont):... et du personnel, le montant
alloué au CRIQ pour l'année 1990-1991 était de 19 700
$...
Mme Blackburn: Hum, hum!
M. Tremblay (Outremont): C'était 19 700 000 $ et, cette
année, il est de 20 345 000 $, donc une augmentation de 645 000 $.
Mme Blackburn: Et quel est le pourcentage du service de la
dette?
M. Tremblay (Outremont): Les... Mme Blackburn: 1200 000 $?
M. Tremblay (Outremont): Le montant, oui, il est... Oui, c'est 1
000 000 $ et il n'est pas compris... Il est compris...
Mme Blackburn: II est compris...
M. Tremblay (Outremont):... dans le transfert.
Mme Blackburn: II est compris dans les 20 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais il n'est pas compris dans le
montant minimum de 105 000 000 $ alloué au CRIQ.
Mme Blackburn: Mais il est compris dans les 20 000 000 $.
Donc...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn:... le budget réel du CRIQ, c'est de 19 743
000 $.
M. Tremblay (Outremont): Mais il était compris...
Mme Blackburn: 19 743 000 $...
M. Tremblay (Outremont):... l'année passée. Il
était compris dans les 19 700 000 $.
Une voix: Dans les 19 700 000 $, il était compris.
M. Tremblay (Outremont): II était compris dans...
Là, on essaie de comparer. J'admets qu'il y une augmentation de 645 000
$, mais là, on essaie de comparer les mêmes montants. Et dans les
19 700 000 $, le service de la dette est inclus, comme il est inclus dans les
20 345 000 $.
Mme Blackburn: Non, il était... L'an passé,
c'était 20 791 000 $. Le service de la dette était compris
là-dedans. L'écart entre les 20 700 000 $
et les 19 700 000 $, c'était la dette, le service de la dette. Et
c'est la même chose pour cette année.
M. Tremblay (Outremont): II y avait 1 000 000 $. Donc, il n'a pas
changé.
Mme Blackburn: C'est la même chose pour cette année.
Donc, le budget réel - il faut comparer des choses qui se comparent - ce
n'est pas 20 743 000 $, c'est 19 743 000 $ environ, si on fait les
mêmes...
M. Tremblay (Outremont): Alors, j'ai les données exactes.
Les crédits modifiés de l'année 1990-1991 du CRIQ
étaient de 18 300 $, excusez, 18 300 000 $. La dette, le remboursement
du capital, 1 000 000 $, et les intérêts et les frais d'emprunt
sur la dette, 400 000 $, pour un total de 19 700 000 $.
Mme Blackburn: Ça veut dire que c'est... Les
crédits modifiés ont fait perdre 1 000 000 $ au CRIQ par rapport
à ce qui était budgeté.
M. Tremblay (Outremont): L'enveloppe de base qui...
Mme Blackburn: Était de 20 791 000 $, et là, vous
me dites que ça nous donne 19 700 000 $...
M. Tremblay (Outremont): Non, c'est parce que...
Mme Blackburn: ...dans les crédits modifiés, c'est
ça?
M. Tremblay (Outremont): Là, c'est parce que vous... En
tout cas, je vous dis, la discussion qu'on avait, c'était 19 700 000 $
par rapport à 20 345 000 $.
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): II y a une augmentation de 645 000 $ et,
dans les deux cas, l'enveloppe de base du CRIQ était, en 1990-1991, 18
300 000 $, et en enveloppe de base pour l'année subséquente,
c'est 19 100 000 $. En plus, il y a le 1 000 000 $ de remboursement de capital
et le remboursement des intérêts de la dette. Donc, c'est
réellement une augmentation. Et ça ne comprend pas le BNQ? Non,
ça ne comprend aucunement, dans un cas comme dans l'autre, le Bureau des
normes du Québec.
Mme Blackburn: Non, ça, ça va. Mais dans ce que
vous aviez en 1990-1991, et ce que nous avons dans le cahier des
crédits, supercatégories et catégories, fonctionnement,
personnel, et transferts, c'est 20 791 000 $.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
Mme Blackburn: Et là, vous nous dites, les crédits
modifiés - ça, c'était budgeté - vous nous dites 18
300 000 $ plus 1 400 000 $, ça nous donne 19 700 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Plus - c'est ça - le BNQ. Plus le
Bureau des normes du Québec.
Mme Blackburn: Non, non
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Mme Blackburn: Oui, oui, je... Oui, 706.. mais ce que je veux
dire, les données...
M. Tremblay (Outremont): Je vais vous les donner, là.
Mme Blackburn: Allons-y.
M. Tremblay (Outremont): 19 700 000 $, donc 19 700 000 $ que je
vous ai ventilés tout à l'heure, là, 18 300 000 $ plus 1
400 000 $, ça fait 19 700 000 $.
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Le BNQ, 1 091 500 $, pour un total de 20
791 500 $. Et là, pour l'année 1991-1992, on l'a ventilé.
Donc il y a réellement une augmentation de la différence entre 21
449 700 $ et 20 791 500 $.
Mme Blackburn: Parce que les 20 791 500 $ comprenaient le
BNQ?
M. Tremblay (Outremont): Oui, pour 1 091 500 $.
Fermeture de coopératives de développement
régional
Mme Blackburn: Bien. Sur d'autres questions, mais un peu plus
éparses. Dans le développement des entreprises, il y a le
rôle qui est joué par les coopératives de
développement régional. Je suis revenue à de nombreuses
reprises... Le premier geste du gouvernement, je veux le rappeler au ministre,
ça été de mettre la clé sur quatre
coopératives de développement régional, celle de l'Est,
celle du Saguenay, celle de Québec et de... il en reste une à
Montréal, une à Hull, une en Estrie et une à
Québec. Je pense que c'est Laurentides-Lanaudière qui a perdu la
sienne. Autrement dit, on a coupé dans toutes les régions
éloignées.
Et je suis revenue à de multiples reprises; je voulais avoir deux
informations. La première, c'était sur la base de quelles
données a-ton décidé de fermer ces quatre
coopératives? À
l'époque, les rapports que nous avions démontraient que
celle de Hull était juste en démarrage, alors que celles des
régions, qui étaient plus anciennes, avaient déjà
développé une bonne expertise. On s'était engagés
à m'envoyer les informations, je ne les ai jamais eues. À
présent, quand j'ai reposé la question au ministre, à deux
reprises, en juin...
M. Tremblay (Outremont): Qui s'était engagé
à vous donner l'information?
Mme Blackburn: Vous, vous.
M. Tremblay (Outremont): Ah oui, sur quoi?
Mme Blackburn: Oui, oui, sur les critères qui avaient
présidé à l'élimination des quatres...
M. Tremblay (Outremont): Ah oui?
Mme Blackburn: Je ne les ai jamais eus, jamais. Je vous ai
demandé à une couple de reprises, en juin 1990, en
décembre 1990, quand je suis revenue avec cette question-là
à l'occasion des engagements financiers, vous m'avez dit: On
procède à une restructuration et peut-être que des montants
seront libérés; autrement dit, on reconnaîtra d'autres CDR.
Et la restructuration est réalisée parce que vous avez
rattaché les coopératives, les CDR, au ministère de
l'Industrie et du Commerce, mais ça a complètement ignoré
les coopératives chez nous. Elles ne sont pas plus inscrites dans ce
programme de financement récurrent qu'elles ne l'étaient avant la
restructuration. Tout au plus, la coopérative de développement
régional de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean... Je ne connais
pas la situation des quatre autres qui avaient été
fermées, parce que je pense que celles qui ont été
fermées n'ont pas survécu. La seule qui a survécu,
finalement, ça été celle du Saguenay, la 02. Ils ont
obtenu, à l'occasion du sommet régional, 100 000 $,
c'est-à-dire 50 000 $ par année pendant deux ans. Mais ça
ne les inscrit absolument pas dans le réseau des coopératives de
développement régional, qui devait signifier une ouverture pour
de nouvelles coopératives au moment de la restructuration. En fait, me
disent les gens de chez nous, c'est une diversion pour nous faire taire pendant
encore deux ans, c'est-à dire qu'on donne 50 000 $, vous vous contentez
de ça; les autres valent 200 000 $, mais ce n'est pas grave, parce que
le budget total est d'environ 900 000 $ pour quatre coopératives, donc
225 000 $ à peu près.
Je voudrais savoir, est-ce qu'on peut vraiment compter sur le ministre,
d'abord pour redresser les torts causés aux régions par
l'abolition d'un programme qui était efficace en régions? Les
régions sont en train de mourir. Lorsqu'elles ont des outils de
développement un peu efficace, je ne comprends pas qu'on mette la hache
dedans sans même être en mesure de nous dire les raisons qui ont
présidé à ce choix-là. Je pense que je suis venue
tellement fois que je n'ose même plus en parler. Il me semble que...
M. Tremblay (Outremont): La députée de Chicoutimi,
encore une fois, démontre une mémoire très
sélective de certaines choses. Premièrement...
Mme Blackburn: Rafraîchissez.
M. Tremblay (Outremont):... on a toujours les mêmes
discussions. On a parlé du fameux IRDAQ, alors j'ai bien hâte
qu'on me pose une question pour nous remercier, pour dire...
Mme Blackburn: Oui.
M. Tremblay (Outremont):... qu'on a 2 700 000 $ pour permettre un
centre d'excellence à l'Université du Québec à
Chicoutimi, spécialisé dans le secteur de l'aluminium. Et
à ce même sommet économique, je me rappelle clairement
avoir annoncé 100 000 $ à la Coopérative de
développement régional. À ce moment-là, je suis
allé discuter personnellement avec les représentants, entre
autres, du mouvement Desjardins, et ils étaient très heureux
parce que, depuis le 1er janvier, la Coopérative de développement
régional était fermée. Donc, c'est entre autres la
contribution de 100 000 $ du ministère de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie sur une période de deux ans, donc 50 000 $ par
année, qui permet à ce centre de continuer à donner
certains services.
L'autre engagement que j'ai pris, c'est dans la révision globale
de tous les programmes d'aide en région, par les intervenants
économiques. J'ai mis en place un comité spécial où
siègent les corporations de développement économique, les
commissaires industriels, les organismes de soutien aux initiatives-jeunesse,
l'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec.
Siègent également à ce même comité les
représentants du ministère des Affaires municipales, de l'Office
de planification et de développement ainsi que les représentants
du ministère du Tourisme. Ce comité spécial est
présidé par mon adjointe parlementaire, la députée
de Kamouraska-Témiscouata, qui m'a mentionné récemment que
je devrais avoir des recommandations.
Alors, l'intention, c'est de favoriser le développement
économique régional. Les coopératives, c'est très
important. Je l'ai dit quand je suis allé au Saguenay-Lac-Saint-Jean et
je vais faire tout ce qui est possible pour permettre le développement
des coopératives. J'ai surtout dit ceci, c'est que je
réévaluerais les coopératives et que je serais juste dans
ma décision pour toutes les régions du Québec. Alors,
c'est vrai qu'il y en a encore cinq et que, à cause de circonstan-
ces... On va essayer de vérifier cette information que vous
voulez avoir; il y a des décisions qui ont été prises.
J'ai l'intention de réviser tout ça et de regarder l'avenir pour
permettre le développement des coopératives, autant dans votre
région que dans toutes les régions du Québec.
Mme Blackburn: Parce que si ma mémoire est fidèle,
sa coopérative, celle de Rimouski ou Rivière-du-Loup - je ne sais
plus où elle était, Rimouski, je pense - a également vu le
robinet se fermer en 1986. De 1986 à 1991, ça fait cinq ans. Et
ces cinq ans, c'est en région. Quand ce comité-là
devrait-il rendre un rapport et faire des recommandations?
M. Tremblay (Outremont): On peut demander à la
députée, ça me fait plaisir, elle est présente ici,
alors mon adjointe parlementaire peut sûrement répondre à
cette question. (18 heures)
Mme Dtonne: Effectivement, le comité siège depuis
quelques mois et on devrait pouvoir offrir au ministre, dans les jours qui
suivent, le rapport final qui touche plusieurs interventions, et surtout le
financement des organismes d'aide en région. Pour ce qui est des
coopératives, j'aimerais peut-être signaler une chose, c'est que
fa région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie est maintenant aidée
par la Coopérative de la région de Québec qui,
effectivement, vient dans mon comté et a travaillé avec plusieurs
entreprises qui étaient en difficulté dernièrement,
surtout au niveau du bois. Ils font un excellent travail.
Par contre, ce que j'aimerais peut-être ajouter, c'est que ce qui
nous manquait en région, c'était peut-être de voir les
outils - comme les services de la SDC - connus ou analysés en
région. Et, avec le regroupement que le ministre fait et a fait avec la
loi, ça va permettre au bureau de Rimouski - pour ma région - de
pouvoir offrir des services beaucoup plus complets aux entreprises qui vont
bien et à celles qui sont en difficulté. Alors, dans ce
sens-là, je pense qu'on va avoir un avantage parce que le service va
être global et tous les outils vont être à la portée
des gens.
Mme Blackburn: Oui. Je me réjouis de ces Informations.
Cependant, les réglons sont en crise profonde; le taux de chômage,
chez nous, dépasse les 17 %; il doit friser 25 %, 26 %, 27 % pour les
moins de 30 ans. Alors, quand vous me dites qu'on crée des
comités, après six ans, en pleine période de crise, vous
comprendrez que ce n'est pas ça qui met du beurre sur le pain des gens
de chez nous, ça. Et pas plus en Gaspésie, d'ailleurs. Et c'est
quasiment... En même temps, je loue le sens du devoir de la CDR de
Québec qui va aider le Bas-du-Fleuve et la Gaspésie.
Mais, vous comprenez comme moi que ce n'est pas là-dessus qu'on
base le développement. Je pense qu'Us doivent faire un excellent tra-
vail - je n'en doute pas - mais ce que nous dit la députée, c'est
qu'ils arrivent là un peu en catastrophe parce que, effectivement, ce
sont des entreprises en difficulté. Et là, pour une
coopérative qui accepte d'aller soutenir un peu des entreprises en
difficulté, combien y en a-t-il, dans les régions, qui n'ont pas
réussi à faire survivre leur CDR, des entreprises qui sont en
difficulté et qui n'ont pas la proximité de Québec pour
obtenir les services? Je pense à l'Abitibi, je pense à la
Basse-Côte-Nord et à la Côte-Nord, et les autres
régions.
Je trouve qu'il y a une espèce d indifférence à
chaque fois qu'on parle de quelque chose de petit, à la taille,
finalement, des régions. C'est comme si on parie gros, on pense gros.
Moi, je veux bien qu'on pense gros, mais le Québec n'aura jamais une
structure industrielle qui se compare à celle de l'Ontario. Je ne suis
pas sûre que ce soit même souhaitable. Je pense que ce qu'il nous
manque - et le ministre le sait - c'est vraiment la stimulation dans les
petites et les moyennes entreprises. C'est ça, notre modèle
industriel. Alors, le ministre, il voit grand, il ressert tout, il ramasse
tout, il remet tout ensemble, mais pendant ce temps-là, les
régions périclitent. Et chez nous, on est en décroissance
démographique, ce qu'on n'avait pas connu. La Gaspésie l'avait
connu, un peu le Bas-du-Fleuve, mais pas le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais
là, on commence à le connaître avec toutes les souffrances
que ça suppose pour les gens qui sont chez nous. Les régions sont
laissées-pour-compte; moi, j'aimerais bien ça que, de temps en
temps, les députés régionaux se lèvent.
M. Tremblay (Outremont): Non mais, M le Président,
j'aimerais peut-être juste qualifier - je dirais même plus que
qualifier - les propos de la députée de Chicoutimi. Parce que,
là, on a commencé à parier des...
Mme Blackburn: Des CDR
M. Tremblay (Outremont): ...coopératives de
développement régional et on oublie tous les efforts du
présent gouvernement pour permettre aux entreprises de passer à
travers une conjoncture économique moins favorable. Le plan
d'opération Relance PME, c'est pour aider des petites entreprises dans
toutes les régions du Québec. Et, je pourrais vous nommer
plusieurs entreprises des régions que vous venez de mentionner qui ont
profité de l'aide de la Société de développement
industriel du Québec.
Je voudrais également vous mentionner que, au niveau des
régions-ressources, le présent gouvernement a mis de l'avant un
programme de 6 000 000 $ pour permettre l'implantation d'en treprises dans des
parcs industriels. Vous ave/ mentionné tout à l'heure le
Bas-Saint Lau rent-Laurent et la région de la Gaspésie Le
programme de 50 000 000 $ dans le secteur des pêches, c'est
important. Je sais que, dans votre région, vous avez
énormément de forêts et de scieries. Alors, il y a un
programme qui a été mis en place de ce
côté-là par le ministère des Forêts. Et
là, je fais volontairement abstraction de toute
l'accélération des investissements publics, que ce soit au niveau
des écoles, des centres culturels, des hôpitaux.
Donc, il y a des efforts massifs qui ont été faits par le
présent gouvernement et qui totalisent plus de 1 000 000 000 $. Et si
nos chiffres sont vrais, on devrait assister à une
accélération du produit intérieur brut de 0, 9 % et
à la création de 41 200 emplois. Est-ce que c'est assez? On va
essayer de faire plus. Est-ce que votre région a certains
problèmes? Comme pour toutes les régions du Québec, je ne
peux que vous dire que si vous avez des entreprises qui vous soumettent
certains problèmes, des préoccupations ou des plans de
redressement, ça va nous faire plaisir de les regarder et de contribuer
au développement économique de votre région. D'ailleurs,
j'ai plusieurs dossiers que j'analyse présentement, qui sont des
dossiers de votre région, et on va essayer d'y donner suite le plus
rapidement possible.
Mme Blackburn: D'accord. J'en ai quelques-uns justement, à
la SDI, mais ce n'est pas le lieu pour en parler. On en reparlera à un
autre moment.
Je ne reviendrai pas sur les déclarations du ministre par rapport
à son programme d'aide aux entreprises, 85 dans tout le Québec,
ça n'a pas trop affecté les faillites chez nous, je vous
jure.
M. Tremblay (Outremont): On parle encore d'une mémoire
sélective. C'est absolument faux.
Mme Blackburn: Cependant...
M. Tremblay (Outremont): C'est absolument faux.
Mme Blackburn: Je voudrais revenir un petit peu sur... J'ai
reçu une lettre de la Chambre de commerce de Chicoutimi au sujet des
maisons des régions.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, Mme la
députée. Sur le sujet précédent, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, M. le Président. J'aimerais juste ajouter
quand même quelques éléments pour le bénéfice
de la députée de Chicoutimi sur les coopératives dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Je pense que le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie a connu des périodes difficiles et le
mouvement coopératif est là de longue date. Si le CDR de
Rimouski, dans le temps, a été... Bien sûr, ça a
été dommage que le ministre ait été obligé
de couper les fonds, mais, toutefois, je pourrais dire une chose, c'est que ce
CDR n'avait vécu qu'une année; il était à ses
premières années. Mais tout le mouvement coopératif et le
développement - je repense à l'aménagement des
forêts, par exemple - toutes les initiatives dans ce sens-là, qui
ont fait ravage partout à travers le Québec, sont parties du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
Donc, tout ce qui est du secteur coopératif, que ce soit
Desjardins ou autre, je pense qu'on est à la... Ça a
été peut-être un peu amorcé dans
l'Est-du-Québec et, dans ce sens-là, on n'a pas attendu d'avoir
un CDR pour le faire. C'est un outil qui est utilisé depuis plusieurs
années, je dirais depuis les années soixante-dix. Alors, c'est
pour ça, qu'on regarde au niveau forestier ou autre, c'est bien connu et
tous les intervenants du milieu, comme les commissaires industriels,
connaissent fort bien tous les outils qui sont à la disposition des gens
et les utilisent effectivement, pour créer des nouvelles entreprises. On
regarde la JAL, par exemple, dans mon comté, qui a été, je
pense... Sa survie a dépendu des coopératives et ça a bien
fonctionné. Dans ce sens-là, le mouvement coopératif est
très fort dans l'Est-du-Québec depuis plusieurs années, et
avant les CDR.
Mme Blackburn: Je partage tout à fait cet avis. Je connais
bien la Gaspésie et la députée le sait, il y a une culture
de la coopération en Gaspésie, Bas-du-Fleuve. Cependant, c'est ce
qui étonnait lorsqu'on a décidé de fermer le CDR et
là, la députée a raison. Elle dit ça peut
être utile puisqu'on a l'aide de celle de Québec. Donc, ça
pourrait jouer un rôle utile aussi. Ça va là-dessus.
Mme Dionne: C'était fort avant.
Mme Blackburn: La maison... Il y avait un projet pour
favoriser...
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'aimerais
remettre à la députée de Chicoutimi - c'est
intéressant - le dernier bulletin de la Société de
développement industriel du Québec, qui s'appelle "Le
participatif". Vous allez pouvoir prendre connaissance, dans ce document, des
commentaires de Claude Richard, le nouveau vice-président de l'AQVIR.
Donc, approche très positive, travail d'équipe et beaucoup de
satisfaction des membres qui font maintenant partie de la SDI et,
également, une équipe coopérative, un article signé
par Claude Carbonneau. L'information qu'on m'a donnée ici, en commission
parlementaire, c'est que les gens de la SDC, sont très positifs, sont
très contents de faire partie de l'équipe de la SDI avec la
conséquence qu'aujourd'hui, dans les bureaux du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, nous allons avoir des
représentants de la SDC
qui vont pouvoir desservir les régions. Alors, vous savez
qu'à Jonquière il y a un bureau de la SOI et il y a
également un bureau du MICT. Maintenant, les parties vont travailler
davantage ensemble. Donc, vous avez une représentation des
coopératives de développement économique dans votre
région et j'espère qu'on va améliorer ensemble le
développement économique de votre région.
Mme Blackburn: Alors, cette restructuration pour laquelle il y a
eu un comité créé, vous entendez y procéder quand?
Six mois, un an, deux ans, par rapport à l'aide à apporter?
M. Tremblay (Outremont): C'est mal me connaître que de
parler de six mois, un an, deux ans. C'est très long. Ce que je vais
faire, je vais toujours bien entendre le rapport. Alors, mon adjointe
parlementaire m'a mentionné que j'aurais le rapport, disons dans les
semaines a venir, et je vais en prendre connaissance. Je pourrai
répondre à cette question lorsque je verrai les recommandations,
puis les décisions qu'on aura à prendre.
Mme Blackburn: Bien. En 1988, le gouvernement du
Québec...
M. Tremblay (Outremont): Mais je vous rappelle qu'entre-temps on
a aidé votre corporation, votre coopérative de
développement régional, à raison de 50 000 $ par
année pour les deux prochaines années pour leur permettre de
continuer. Elle était fermée. Le 1er janvier 1991, elle
était fermée. C'est à cause de notre argent qu'elle est
maintenant rouverte.
Mme Blackburn: C'est ça qui n'a pas de bon sens.
C'était une des plus vieilles et une des plus efficaces.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas dit..
Projet de maison des régions à
Montréal
Mme Blackburn: Mais là, revenons. Le gouvernement du
Québec acceptait en 1988 d'inclure dans son plan d'action en
matière de développement régional le projet de maison des
régions parce que ça permettait de mieux faire connaître
les produits régionaux au Québec, de façon
générale, mais à l'étranger. Le gouvernement avait
décidé d'associer les partenaires intéressés et,
chez nous, ça nous intéressait. La proposition était de
créer une maison des régions à Montréal. Il semble
qu'il manquerait certaines approbations gouvernementales pour permettre le
lancement de cette maison, et on demande où en est rendu le dossier.
Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que ça se fasse
prochainement?
M. Tremblay (Outremont): Oui. C'est un projet très
intéressant qui permettrait à toutes les régions d'avoir
accès à une vitrine dans la région de Montréal pour
permettre le développement économique de toutes les
régions. C'est un dossier qu'on a regardé attentivement au
comité ministériel permanent du Grand Montréal. C'est un
dossier qui est encore à l'étude, il y a certaines étapes
à franchir. Alors, au même titre qu'on a mis en place une
société pour favoriser les transferts technologiques et une
société do sous-traitance dans les régions du
Québec - je l'ai mentionné au sommet du Saguenay-Lac-Saint-Jean -
maintenant, au bureau du MICT, on a une ligne qui permet aux PME
québécoises de votre région d'avoir accès au bureau
de sous-traitance industrielle du Québec.
Je pense que le projet, c'est un projet valable, mais qui est encore
à l'étude au niveau des différents comités.
Mme Blackburn: Comme vous me dites que vous êtes efficace,
vous ne vous attendez pas.. C'est mal vous connaître que de parler de six
mois à un an. Alors, ça serait quoi? Six semaines, quand?
M. Tremblay (Outremont): Vous savez, je ne peux pas vous dire
exactement quand le projet va être accepté, mais j'espère
qu'il va être accepté dans un avenir rapproché.
Mme Blackburn: Ça représente quel budget? Combien?
Combien de sous?
M. Tremblay (Outremont): En fait, c'est un dossier qui
relève de l'OPDQ, alors, je vous référerais, quant aux
montants, au ministre responsable du développement régional.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a l'intention d'intervenir
là-dedans, pour faire des pressions auprès de son collègue
pour que le...
M. Tremblay (Outremont): Je pense que je n'ai pas besoin de faire
de pressions au niveau de mon collègue qui présente le dossier.
J'ai déjà fait part de mes commentaires.
Usines de cogénération au
Saguenay-Lac-Saint-Jean
Mme Blackburn: Les parcs industriels. On a appris, au sommet,
précisément chez nous, qu'il y avait 10 000 000 $ pour les parcs
industriels de régions dites éloignées ou
périphériques, alors que les demandes pour le parc industriel
dans la région excédaient ce montant. Plus
précisément, il y a plusieurs projets au Québec qui
touchent les usines de cogénération. À l'occasion du
sommet, il y a deux projets qui ont été soumis, mais un à
un état particulièrement avancé, celui de l'usine de
cogénération de Saint-Félicien, qui
permettrait de créer quelque 200 emplois dans un secteur
industriel de pointe. La demande d'un budget d'évaluation du projet,
toutes les étapes sont franchies. La ministre de l'Énergie et des
Ressources a signé le projet comme quoi il pourrait être
admissible au financement à prêt sans intérêt de la
SDI.
Il manque à ce projet les sous pour l'établissement de
l'infrastructure, c'est-à-dire un parc industriel qui a
été évalué à quelque 9 000 000 $. Ce que la
ville demandait, c'était un plan sur trois ans, financé tiers,
tiers, tiers, c'est-à-dire tiers municipalités,
fédéral et provincial, ce qui représentait une somme
d'environ 1 300 000 $ pour le gouvernement du Québec. Le dossier est
rendu où? Et par rapport aux 10 000 000 $, est-ce que le ministre trouve
que c'est suffisant pour le Québec? C'est le dossier plus particulier du
parc industriel de Saint-Félicien.
(18 h 15)
M. Tremblay (Outremont): II me semble que lorsque j'étais
au sommet de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, j'ai donné des
réponses très claires, au point où il semblerait que
certaines personnes dans votre région ont dit que j'ai même
soulevé l'indignation pour voir ce que j'ai dit. Alors, tout ce que j'ai
mentionné, à ce moment-là, c'est que l'usine de
cogénération, c'était un dossier qui relevait de ma
collègue, la ministre de l'Énergie et des Ressources, que
c'était sa responsabilité de définir, dans un premier
temps, la pertinence du dossier et que, lorsqu'elle aurait donné un avis
favorable au dossier, la Société de développement
industriel pourrait peut-être considérer ce dossier-là au
mérite. Là, je suis en train de faire vérifier si on a eu
une demande officielle à la Société de
développement industriel ou non. Je ne le sais pas encore, je n'ai pas
la réponse. Donc, ça, c'est le premier point.
Le deuxième point. J'ai expliqué clairement au sommet
qu'une usine de cogénération, comme telle, n'était pas
admissible à des dépenses au niveau de l'infrastructure, mais
j'ai donné la solution. J'ai dit: Vu que c'est une
région-ressource, tout ce dont on a besoin, c'est d'un petit projet
industriel pour une implantation de 350 000 $. Alors, j'ai dit: Est-ce qu'il y
a moyen de greffer un petit projet de 350 000 $ pour rendre toutes les
dépenses admissibles? Le lendemain, pour en avoir pris connaissance dans
les journaux, la ministre de l'Énergie et des Ressources a
mentionné qu'elle ferait des représentations pour rendre l'usine
admissible. Alors, je pense que ce qu'il faut attendre, dans un premier temps,
c'est la réponse à savoir si la SDI a eu une demande officielle.
Je n'ai pas la réponse. Je pourrais peut-être vous la donner
demain.
Mme Blackburn: La ministre a signé un avis favorable la
semaine dernière.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Mme Blackburn:
Le délai...
M. Tremblay (Outremont): Mais la semaine dernière...
Mme Blackburn: La semaine dernière. Donc, l'avis
étant favorable, les investissements vont être faits pour
réaliser les structures d'accueil de l'entreprise.
M. Tremblay (Outremont): Non. L'avis étant favorable,
maintenant, ça veut dire qu'on doit avoir une demande à la
Société de développement industriel du Québec.
Parce que ce n'est pas tout de donner un avis favorable à une usine de
cogénération, il faut que la structure financière de
l'usine justifie l'implication, tant des promoteurs que du gouvernement. Alors,
je ne le sais pas, je n'ai pas regardé en détail. Je ne sais
même pas si on a une demande à ta Société de
développement industriel.
Mme Blackburn: II y a quelque chose de surprenant dans votre
discours. Vous nous dites: Donnez-nous le prétexte pour qu'on puisse
investir. C'est vous qui établissez les règles à partir
desquelles on va créer des infrastructures, ouvrir un parc
industriel.
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Blackburn: C'est vous, j'imagine. Ce n'est pas vous?
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais un parc industriel... Les
critères normaux d'un parc industriel, c'est l'implantation
d'entreprises manufacturières. Pour une entreprise, dans des
régions-ressources comme la vôtre, au lieu d'avoir des projets
minimums de 1 000 000 $, on a baissé le seuil à 350 000 $. Alors,
ce que j'ai dit au sommet, et je le répète, c'est qu'une
entreprise de cogénération, ce n'est pas considéré
par les bureaux de statistique du Canada et du Québec comme étant
une entreprise manufacturière. Est-ce que ça veut dire que ce
n'est pas admissible et qu'on ne peut pas faire des exceptions? On n'a pas dit
ça. Ce n'est pas norme.
Mme Blackburn: Bon. C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): Alors, c'est tout ce que j'ai dit. J'ai
donné la solution pour être certain que, si on voulait donner
suite au projet, on n'aurait pas de problème. J'ai dit: Est-ce que c'est
possible de faire une petite usine à côté, de 350 000 $, un
petit projet industriel? À ce moment-là, on a pris pour acquis
que je disais non à une usine de cogénération. C'est faux,
parce qu'il y a un an et demi, j'avais rencontré
les promoteurs de l'usine de cogénération et je leur avais
expliqué la démarche à suivre en leur disant clairement
que, dans un premier temps, on devait avoir un avis favorable du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Ce que vous me dites, c'est que, la semaine dernière, l'avis a
été signé. Alors, si l'avis a été
signé, ce que j'ai à vérifier maintenant, c'est, oui ou
non, avons-nous une demande officielle à la Société de
développement industriel du Québec? Et on va analyser le dossier
à son mérite. Si ce que vous voulez que je fasse, c'est
accélérer l'analyse du dossier pour que cette entreprise
s'implante plus rapidement dans votre région, je peux vous dire que je
vais faire tous les efforts nécessaires pour donner suite à votre
demande.
Mme Blackburn: Bien. J'apprécie. Peut-être juste
pour mes collègues, pour l'usine de cogénération, le
projet qui est envisagé - il y a deux projets, un à Chibougamau
et un à Saint-Félicien - serait vraiment alimenté à
même les résidus du bois, la biomasse. Particulièrement, le
projet vise à doter les scieries d'un séchoir et le
séchoir serait alimenté à même l'énergie
produite par l'usine de cogénération. On sait qu'actuellement -
le ministre le sait - le bois de sciage, le bois d'oeuvre n'est pas... pour
ainsi dire, il n'y a plus de marché à l'étranger parce que
les entreprises qui sont plus vieilles, les scieries qui sont plus vieilles ne
font pas le séchage du bois. On n'accepte plus à
l'étranger le bois qui n'est pas séché. Alors, il y a
vraiment un rapport direct entre la capacité de ces entreprises
d'exporter sur le marché étranger et, en même temps, la
création de plusieurs emplois chez nous. Je pense qu'il y a une urgence
assez importante.
Une autre question. Le ministre annonçait - un article que j'ai
vu dans La Presse du mardi 23 avril 1991 - deux projets dans l'aluminium
seront bientôt dévoilés. Est-ce que je peux compter sur le
même zèle du ministre, qu'il semble vouloir démontrer dans
l'usine de cogénération, pour s'assurer qu'il y ait une usine de
transformation dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
Des voix: Ah!
Mme Blackburn: Parce que... Non, là j'y reviens. Vous avez
vu le bilan de santé; c'a paru dans les journaux de la région,
aujourd'hui, où l'espérance de vie est plus basse qu'ailleurs.
Une des explications par le département de santé communautaire,
c'est la présence sur notre territoire de certaines entreprises qui ont
généré des emplois, nous en convenons, qui ont
amené de la richesse, nous en convenons, mais des inconvénients
également. Alors, moi, je me dis que comme c'est la ville de l'aluminium
et la région de l'aluminium, je pense qu'il serait normal et logique
qu'une usine de transformation de l'aluminium puisse voir le jour dans la
région du Saguenay ou du Lac-Saint-Jean. Là-dessus, je ne fais
pas preuve d'esprit de clocher: Jonquière, Chicoutimi, La Baie, Aima;
j'ai un esprit régional. Mais compte tenu qu'on a aussi certains
inconvénients, est-ce qu'on pourrait aussi avoir des avantages? Compte
tenu également que s'il s'agit de produits d'exportation, nous avons un
port en eau profonde qui est plus proche de l'Europe que ne l'est le port de
Montréal ou de Trois-Rivières, ce qu'on ne calcule jamais, vous
avez sur le Saguenay un port en eau profonde.
Une voix:...
Mme Blackburn: Oui, je parle de Montréal, de
Trois-Rivières ou de Shawinigan.
M. Lemire: II faut faire la différence... Pour faire la
différence qu'on doit faire en tant que gouvernement, pour faire la
différence, vu que vous avez un avantage...
Mme Blackburn: Pour privilégier...
M. Lemire: ...vous avez un port en eau profonde, donc il faut
donner à Shawinigan des tarifications d'électricité
différentes pour faire la différence entre le transport dont on a
besoin et le vôtre.
Mme Blackburn: Oui. Il faudrait, à ce moment-là,
étant donné qu'il n'y a pas de transport... Ça ne
coûte rien de transporter l'électricité chez nous, on
devrait l'avoir à rien.
M. Lemire: II ne faut pas oublier, Mme la députée,
qu'Alcan international a vu le jour à
Shawinigan; il ne faut pas oublier ça. Et le siège
social...
Mme Blackburn: II vit grassement chez nous, en tout cas!
J'attends la réponse du ministre.
M. Tremblay (Outremont): Une chose est certaine-Une voix:
Nous autres aussi! Mme Blackburn: Vous autres aussi, hein!
M. Tremblay (Outremont): ...c'est que si jamais ces usines
décident de s'implanter au Québec, elles ne viendront pas dans le
comté d'Outremont, alors on ne pourra pas m'accuser d'être en
conflit d'intérêts. Mais je dois vous dire, avant de
répondre à la question, que la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'usine de cogénération, on vient d'en
discuter, une coopérative de développement régional, un
centre de
recherche de l'aluminium et, maintenant, vous voulez avoir une usine de
transformation secondaire. Je suis content de vous entendre parce que vous
m'avez toujours dit que ce n'était pas possible d'en avoir au
Québec. Là, je vois que quand vous voyez qu'il y a une
possibilité, vous voulez l'avoir chez vous.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça que j'ai dit, j'ai dit: On
pourrait, du moment où on met les efforts.
M. Tremblay (Outremont): Vous me dites toujours: Comment se
fait-il qu'on n'a pas de transformation secondaire de nos ressources au
Québec? Je vous dis: Soyez un peu patiente. Là, ça arrive
et... D'ailleurs, vous faites votre travail, comme Gaston Blackburn fait
également son travail, parce que vous n'êtes pas la seule à
demander qu'il se passe quelque chose au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais je dois
dire...
Je vais vous donner la réponse. Il y a cinq producteurs
d'aluminium au Québec. Évidemment, il y a l'Alcan, mais il y a
également Reynolds, ABI, Alumax et Alouette; et, en ce moment, les deux
entreprises négocient des tarifs; elles vont aller s'associer ou
être à proximité de l'alumine-rie qui va leur donner les
meilleurs tarifs possible. Alors, le choix n'est réellement pas un choix
de dire que le ministre va privilégier une région plus qu'une
autre. Les contacts ont été faits avec toutes les entreprises,
incluant l'Alcan. Si Alcan a les meilleurs tarifs... Il n'y a aucun doute,
étant donné la nature des opérations de ces entreprises,
qu'elles doivent être très très près de l'aluminerie
qui va leur donner les tarifs les plus compétitifs.
Mme Blackburn: Comme l'Alcan a un surplus d'énergie, on
pourrait penser qu'il pourrait y avoir des avantages concurrentiels
importants.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mais ça, ça va
être une décision...
Mme Blackburn: Confidentielle.
M. Tremblay (Outremont): Mais je voudrais juste bien
clarifier...
Mme Blackburn: Ça n'est pas confidentiel, l'Alcan, c'est
un vieux contrat.
M. Tremblay (Outremont): ...c'est une décision de
l'entreprise qui vend de l'aluminium de faire le meilleur prix possible, et je
sais que l'Alcan a été approchée. Je sais également
que ABI a été approchée. Je sais également que
Alumax a été approchée. Je sais que Alouette a
été approchée. Et je sais que Reynolds a été
approchée.
Mme Blackburn: Le...
Le Président (M. Bélanger): ...le
député de Saint-Maurice va avoir une question.
M. Lemire: J'aimerais, s'il vous plaît. Merci beaucoup, M.
le Président. M. le ministre, Mme la députée, j'aimerais
peut-être faire un petit historique. Comme j'avais, jeudi de la semaine
dernière, une rencontre avec les dirigeants d'Alcan à
Shawinigan...
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, ils ont
droit à 50 % du temps. Ils n'ont quand même pas abusé.
Implantation d'usines de transformation de
l'aluminium
M. Lemire: Pardon, s'il vous plaît. Avec les gens d'Alcan,
la trrfilerie à Shawinigan et l'usine Alcan, la fonderie qui a vu...
d'ailleurs, Alcan a vu le jour à Shawinigan. On a encore les vestiges et
les fondations de la première aluminerie et on est heureux de participer
et de constater, les gens de Shawinigan, que si Alcan est devenu aujourd'hui
une multinationale avec des technologies à la hauteur de toutes les
compétitivités mondiales, c'est qu'Alcan a vu le jour à
Shawinigan. À l'époque, souvenez-vous, au moment où on a
étatisé l'électricité au Québec, on a permis
à Alcan du Canada, Alcan Québec, de conserver ses centrales sur
le Saguenay. C'a été une des permissions quand on a
étatisé l'électricité et c'est pourquoi aujourd'hui
- d'ailleurs, on en a discuté jeudi avec les dirigeants d'Alcan - si
Shawinigan a présentement une usine qui s'appelle Alcan, qui est encore
en vie, c'est parce que l'Alcan a encore au Québec la possibilité
de fabriquer son électricité et de faire des échanges avec
Hydro-Québec. À tous les mois, on fait les échanges entre
Shawinigan et les centrales et Hydro-Québec.
Et où je veux en venir, M. le ministre, c'est que, comme on a,
nous autres, aussi un passé industriel qui est assez lourd et qu'on a
des usines qui nous ont quittés, qui nous ont laissé des terrains
qui sont contaminés et qu'on ne peut, à l'heure actuelle... Je ne
voudrais pas commencer à faire l'inventaire de tout ça, mais on a
sept sites industriels contaminés dangereux chez nous; on en a
même qui n'ont pas de parents, qui sont orphelins. Et un jour, le
gouvernement sera obligé d'aller les decontami-ner. C'est une des
raisons pour laquelle je viens faire une intervention parce que, avec la
diminution de la population, avec tout ce qui se passe, je me dis: M. le
ministre, vous avez l'institut de recherche qui est à Chicoutimi, dans
le Saguenay, pour faire un général, pour ne pas... et votre
institut de recherche, présentement, fait des efforts, je pense, pour
amener des usines de transformation.
Et moi, ce que je voudrais savoir, avec toutes les alumineries qu'on a
présentement au
Québec, "y a-tu" des possibilités, à Shawinigan,
qu'un jour on ne fasse pas juste du fil, qu'on puisse faire d'autres choses,
surtout avec tout ce qu'on nous présente à différents
endroits, dans différentes... J'écoutais ça au "Point", un
soir de la semaine dernière, que bientôt, 95 % de certaines
automobiles seront faites d'aluminium, complètement d'aluminium. Est-ce
que je pourrais avoir un certain éclairage là-dessus, surtout
avec le nouvel institut de recherche? "Y a-tu" des possibillités de
faire des produits autres que du fil à Shawinigan?
Mme Blackburn: Peut-être, dans la même question...
D'abord, le ministre m'en voulait un peu que je ne l'aie pas interrogé
là-dessus, sur le Centre de liaison et de transfert, parce qu'il ne
s'agit pas d'un institut, il s'agit d'un centre de liaison et de transfert qui
est rattaché à l'université et qui n'a pas la mission
prévue, au moment de l'annonce faite par le premier ministre. L'annonce
faite par le premier ministre touchait effectivement - vous avez raison - un
institut de recherche sur la transformation de l'aluminium. C'était son
créneau et sa vocation. Les... (18 h 30)
M. Lemire: Là-dessus, Mme la ministre, Mme la
députée, c'est-à-dire, j'aimerais que le ministre me
réponde. Moi, ce que je veux savoir. Est-ce que, en région -
parce qu'il ne faut pas oublier que c'est en région - est-ce qu'il y a
des possibilités d'avoir des usines de transformation à d'autres
endroits que tout près des grandes alumineries? Comme chez nous, ce
n'est pas une aluminerie qui est très grande.
Mme Blackburn: Je pense que ça n'en prend pas beaucoup....
un volume de...
M. Lemire: C'est assez difficile, une question comme
celle-là, mais...
M. Tremblay (Outremont): Alors, ce n'est pas une question
difficile, je pense que c'est une question d'une personne qui espère que
lorsqu'un gouvernement Investit des sommes considérables dans le
développement du secteur de l'aluminium, comme dans le secteur du
magnésium, c'est une vision globale à moyen et à long
terme. C'est évident que si le gouvernement du Québec s'associe,
par un partage de risques et de bénéfices, avec des alumineries,
c'est parce qu'au cours des prochaines années, on va avoir 14 % de la
production de l'aluminium au Québec et 50 % de la production du
magnésium.
Lorsque vous dites que le contenu d'une automobile va passer de 50
kilogrammes à 250 kilogrammes au cours des prochaines années,
c'est cinq fois plus. Ça veut dire que, autant on pouvait dire qu'en
Ontario, l'industrie de l'automobile s'est développée à
cause de l'acier, maintenant on peut dire que l'industrie de l'automobile va
devenir un facteur important par le biais de l'aluminium. Si on regarde les
récentes décisions prises par tout le secteur de
l'aéronautique, on fait appel à des matériaux
légers, donc on parie encore d'aluminium ou de magnésium; quand
on parle de la récente annonce de Bombardier au niveau du
matériel de transport, des wagons, c'est également de
l'aluminium. Donc, il y a un potentiel très important.
Alors, quels gestes concrets ont été posés dans
cette vision à moyen ternie? Dans un premier temps, c'était
d'avoir une association des producteurs de l'aluminium. Il faut dire que tout
le débat que nous vivons présentement sur la place publique,
c'est un débat où ce sont des entreprises qui ont toujours voulu
protéger la confidentialité de leurs transactions, principalement
à cause de la compétitivité dans le secteur de
l'aluminium, avec la conséquence que, aujourd'hui, ça a
été, je pense, un coup de maître au Québec d'avoir
une association des producteurs de l'aluminium.
Deuxièmement, le deuxième pas à poser, qui
était concret, c'était d'avoir un genre... Je n'ai jamais
mentionné que ça serait un institut de recherche du
développement de l'aluminium; moi, je parlais d'un centre d'excellence.
Maintenant, on a un centre de liaison et de transfert avec un budget initial de
2 700 000 $ et c'est aux promoteurs de la région de Chicoutimi, plus
particulièrement l'Université du Québec à
Chi-coutimi, à nous revenir avec leur plan de développement de ce
centre. Mais c'est un centre qui doit favoriser la transformation secondaire
des ressources au Québec.
Pour revenir plus précisément à votre question,
est-ce que c'est possible de favoriser la transformation secondaire de certains
produits dans des régions du Québec? La réponse, c'est
oui. C'est l'une des raisons - pas la seule - pour laquelle le gouvernement du
Québec a accepté de partager les risques avec les alumineries.
Alcan, vous l'avez mentionné à juste titre, a sept usines de
transformation au Québec, dont l'une dans votre région. Reynolds
a investi récemment 41 000 000 $ dans le parc industriel de
Bécan-cour pour favoriser la transformation secondaire au Québec
et j'ai mentionné que nous étudions la possibilité d'avoir
deux autres usines pour la transformation de l'aluminium.
Mais je vais plus loin que ça. Parce que, même si on
transforme... Ça, c'est une façon de transformer l'aluminium,
mais on sait également que cette transformation de l'aluminium va nous
permettre de développer d'autres créneaux d'excellence comme la
machinerie, comme les produits électriques et électroniques. Je
dois dire aujourd'hui que si on a des firmes d'ingénierie-conseil, SNC
et Lavalin, qui fondent des alumineries en Australie et au Brésil, c'est
parce qu'on a su développer une expertise particulière en
implantant des alumineries ici. Je ne veux pas vous donner tous les chiffres.
On parle de
retombées industrielles majeures de milliards de dollars pour le
Québec. Il faut le regarder d'une façon positive, mais pas juste
d'une façon à court terme, d'une façon a moyen et à
long terme.
M. Lemire: Je vous remercie beaucoup de l'éclairage que
vous m'avez donné, M. le ministre. Ça me rend optimiste et
ça va me permettre de suivre de très près ces
dossiers-là. J'espère en avoir, des retombées, dans mon
comté.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Deux petites dernières questions.
Le Président (M. Bélanger): Rapidement, s'il vous
plaît.
Estimation du Bureau des retombées de
l'aluminium
Mme Blackburn: J'apprécie votre
générosité. La première, sur les retombées
de la construction de Lauralco et, pour poser la question plus
générale, du Bureau des retombées de l'aluminium.
M. Tremblay (Outremont): 70 % de retombées
économiques pour le Québec. J'ai vu le chiffre il y a quelques
jours.
Mme Blackburn: 70 %?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que ce n'est pas faible si on pense, par
exemple, à ce qu'a réussi l'Alcan, à 84 %?
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas autant que l'Alcan, c'est
vrai...
Mme Blackburn: Parce que c'est important...
M. Tremblay (Outremont): ...c'est principalement parce que...
oui, c'est très important.
Mme Blackburn: Parce que ça touche plusieurs...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: ...ce sont des centaines de millions, quand on
parle en pourcentage.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais là, j'ai dit 70 %
à date, mais ce n'est pas fini, il y a juste 500 000 000 $ d'investis.
C'est un projet d'au-delà de 1 000 000 000 $. L'idée, c'est
d'aller chercher sensiblement au-dessus de 80 %, qui est une moyenne que le
Bureau des retombées de l'aluminium du Québec a réussi
à avoir dans les autres projets industriels majeurs. Et si vous faites
allusion à un contrat de caissons qui a été perdu par
certaine entreprise dans votre région...
Mme Blackburn: Oui...
M. Tremblay (Outremont): ...d'un promoteur que je connais bien
d'ailleurs, vous avez absolument raison...
Mme Blackburn: ...dynamique...
M. Tremblay (Outremont): ...mais je pourrais vous expliquer
pourquoi il l'a perdu. Tous les efforts ont été faits par le
Bureau des retombées de l'aluminium du Québec pour assurer que le
promoteur ait une deuxième chance de soumissionner sur le contrat, et
malheureusement, dans ce cas, ce n'est pas une entreprise du Québec qui
a eu les caissons.
Mme Blackburn: C'est le Venezuela? M. Tremblay (Outremont):
Oui.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on suit ça d'assez près
pour savoir que, dans les 50 % de la construction qu'il reste à venir,
il n'y aura pas d'autres passes faites comme celle du Venezuela...
M. Tremblay (Outremont): Oui...
Mme Blackburn: ...et il n'y avait pas seulement une entreprise de
chez nous, il y en avait une également de la rive sud...
M. Tremblay (Outremont): Oui...
Mme Blackburn: ...de Montréal, qui avait
éprouvé les mêmes difficultés...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Blackburn: ...avec Lauralco, qui, finalement, est
particulièrement privilégiée - on peut se le dire entre
nous - le tapis rouge, hein!
M. Tremblay (Outremont): C'est la raison pour laquelle, sur une
base régulière, j'ai de l'information du Bureau des
retombées de l'aluminium du Québec, non pas uniquement au niveau
de l'aluminium, mais également au niveau du magnésium, et
récemment, au niveau du projet Hi-bernia, pour s'assurer que SNC-Cominco
privilégie les entreprises du Québec. Lorsqu'on sait que les
compagnies Atlas et Janin ont eu le deuxième contrat le plus important,
1 300 000 000 $ et qu'il y a eu 600 entreprises du Québec qui ont
assisté à une rencontre pour avoir des contrats, je suis
optimiste pour que nos entreprises du Québec puissent
bénéficier de contrats importants
et, surtout, de transferts technologiques qui vont nous permettre de
développer une expertise particulière que nous allons pouvoir
exporter.
Mme Blackburn: Mais vous savez aussi qu'H faut exercer des
pressions parce que les salaires offerts dans nos entreprises ne sont pas
concurrentiels par rapport au Venezuela. Ça va être aussi vrai
tantôt par rapport au Mexique. Mais une toute dernière question
sur APEX...
Le Président (M. Bélanger): Ça, très,
très brièvement...
Aide financière à l'exportation
Mme Blackburn: L'aide à l'exportation: Moi, je voudrais
savoir - peut-être que vous pourriez nous le déposer - laide qui a
été apportée actuellement, la taille des entreprises et
l'adresse du siège social, de manière à ce qu'on puisse
évaluer; est-ce que, effectivement, les informations que j'ai à
l'effet que le programme est conçu de manière telle qu'il est
pour ainsi dire inaccessible aux PME, est-ce que c'est vrai, et si oui, est-ce
qu'il y a des correctifs?
M. Tremblay (Outremont): Là, on fart bien allusion... on
ne parie pas du programme APEX du ministère des Affaires
internationales. On parie du programme d'aide à l'exportation de la
Société de développement...
Mme Blackburn: ...d'aide, oui, c'est ça, il y en a deux,
là...
M. Tremblay (Outremont): ...de la Société de
développement industriel...
Mme Blackburn: ...II y a celui du ministère du Commerce
international, et H y a celui du MICT.
M. Tremblay (Outremont): Oui. En fait, moi, je peux vous donner
celui de la Société de développement industriel du
Québec. Je n'ai pas l'information, mais je vais demander à la
Société de développement industriel du Québec de
vous donner un résumé de l'aide financière au cours de,
quoi? Les deux dernières années?
Mme Blackburn: Oui. Est-ce que le ministre pourrait aussi, par la
même occasion, nous fournir, en les demandant à son
collègue ou au Commerce extérieur, les informations par rapport
aux programmes similaires qui relèvent de son ministère?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Je vais le faire, mais je ne
voudrais pas créer un précédent...
Mme Blackburn: Non...
M. Tremblay (Outremorrt): ...mais dans ce cas-là, pour
l'exportation, je vais vous donner l'information du ministère des
Affaires internationales; je vais poser la question aussi.
Mme Blackburn: Parce que ça doit vous intéresser
aussi, je m'en doute un peu.
M. Tremblay (Outremont): Je ne dis pas que je n'ai pas
l'information, mais on va vous la donner.
Mme Blackburn: Bien.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): On doit s'interrompre
là. Alors, est-ce que le programme 1, Soutien technique et professionnel
au développement et à la croissance des secteurs manufacturiers,
commerciaux et coopératifs, l'élément 4,
Développement de la technologie et opérations promotionnelles est
adopté?
Mme Blackburn: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
3, Soutien aux Sociétés et organismes d'État,
l'élément 1, Centre de recherche industrielle du Québec
est adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
6, Développement technologique, les éléments 1 et 2, sont
adoptés?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'ensemble
des crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce sont
adoptés?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Alors,
je vous remercie. M. le ministre, on vous remercie. La commission de
l'économie et du travail ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 40)