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(Neuf heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le
mandat de la commission. La commission de l'économie et du travail est
réunie aujourd'hui afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie pour l'année financière 1991-1992.
Nous nous attarderons particulièrement sur les crédits du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, programme 1,
éléments 1, 2, 3; programme 2; programme 3,
éléments 2 et 3, ainsi que programme 4. Je vous rappelle aussi
que l'enveloppe de temps qui a été allouée à cette
fin est d'une durée de six heures, trois heures ce matin et trois heures
cet après-midi.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Audet): Ça va. Avant de
débuter, M. ie ministre, vous avez probablement des remarques
préliminaires. Alors, à vous la parole.
Remarques préliminaires M. Gérald
Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
Le contexte économique dans lequel ont dû oeuvrer nos entreprises
s'est avéré beaucoup plus difficile que prévu,
particulièrement au cours du dernier semestre de l'année 1990. En
effet, à l'échelle mondiale, le ralentissement observé en
1989 chez les pays membres de l'OCDE se poursuivait en 1990. Du
côté des États-Unis, la conjoncture économique s'est
avérée nettement préoccupante: baisse du produit
intérieur brut de l'ordre de 2,2 % sur une base annuelle au dernier
trimestre de l'année 1990, hausse du taux de chômage qui atteint
maintenant 6,2 %, endettement massif des agents économiques et important
fléchissement de la demande en ce qui concerne l'effondrement des mises
en chantier et la stagnation des ventes au détail.
La meilleure façon d'apprécier l'économie du
Québec, c'est de comparer ses résultats avec ses principaux
partenaires. La comparaison avec l'Ontario s'avère, à cet
égard, des plus pertinentes, car elle nous permet d'apprécier
réellement les performances du Québec en comparant des chiffres
avec une économie qui a les mêmes contraintes. La comparaison de
l'évolution des différents indicateurs économiques usuels
en 1990 apparaît nettement à l'avantage du Québec. En
effet, alors que la progression de 0,8 % du produit intérieur brut au
Québec est identique à celle enregistrée au Canada en
1990, l'Ontario accuse un fléchissement de 0,5 % pour la même
année. Il en va de même du côté de l'emploi. Le
Québec enregistrait une performance semblable à celle du Canada
où les taux de croissance atteignaient respectivement 0,8 % et 0,7 %
tandis que l'Ontario doit se contenter d'une hausse de 0,1 %. Le ralentissement
de la croissance des investissements a été beaucoup moins
sensible au Québec, de 8 % en 1989 à 2,7 % en 1990, qu'au Canada,
où elle est passée de 10,3 % en 1989 à 0,8 % en 1990, et
en Ontario, où elle est passée de 13,1 % en 1989 à - 5,1 %
en 1990. La situation est analogue du côté des immobilisations, le
Québec faisant, encore ici, nettement meilleure figure. Le
ralentissement est moins marqué au Québec, les ratios atteignant
respectivement 7,6 % et 2,6 % en 1989 et 1990, tandis que l'Ontario
connaît une chute drastique à ce chapitre de 13,5 % en 1989
à 6,9 % en 1990, la situation étant analogue pour l'ensemble du
Canada, de 10,7 % en 1989 à 0,2 % en 1990.
Le ralentissement économique frappe beaucoup plus durement le
secteur manufacturier ontarien en particulier, alors que la baisse de la valeur
des livraisons suit un scheme analogue: une diminution de 3,1 % et une
diminution de 4.5 % et également de 3 % en 1990 au Québec, en
Ontario et au Canada. Il est cependant encourageant de constater la relative
fermeté de l'investissement manufacturier au Québec et plus
particulièrement des immobilisations manufacturières. En effet,
ce n'est qu'au Québec qu'un taux de croissance positif des
investissements dans le secteur manufacturier est enregistré en 1990,
soit 4,2 % comparativement à une baisse importante en Ontario, - 7,6 %,
et plus faible dans l'ensemble du Canada, c'est-à-dire - 1,7 %. Le
Québec affiche donc une progression de 3,9 % au titre des
immobilisations manufacturières en 1990, tandis que la situation s'est
détériorée plus nettement en Ontario, une baisse de 12 %,
et également au Canada, une baisse de 4.6 %.
L'examen du ratio Québec-Ontario sur la période de 1980
à 1990 est encore plus révélateur. Alors que ce dernier
était de 45,8 % en 1980, il a pratiquement doublé sur la
période pour atteindre un sommet jamais atteint en 1990, soit 84,3 %.
Bien plus, l'analyse du ratio Québec-Ontario par industrie permet de
comparer le comportement de l'économie du Québec durant la
récession de 1981-1982 et du ralentissement
économique en 1990-1991. Il est ainsi permis de constater que,
malgré le fait que certaines industries textiles ou
dérivées du pétrole soient plus touchées qu'en
1981-1982, les secteurs considérés prioritaires par le
gouvernement du Québec sont nettement en meilleure position au
début de l'année 1991 qu'en 1981-1982. La résistance
relative en matière d'immobilisations des industries de biens durables
considérées généralement comme les plus sensibles
aux aléas de la conjoncture est remarquable au Québec en
début d'année 1991. Cette situation trouverait sa source dans la
consolidation de notre structure industrielle.
Enfin, l'examen des statistiques relatives aux faillites
manufacturières démontre que la progression en nombre a
été moins importante au Québec, en 1990,
c'est-à-dire 37,7 %, qu'en Ontario, 79,6 %, et au Canada, 42,7 %, tandis
que le passif impliqué, indicateur plus révélateur, a
enregistré une baisse de 2 % au Québec en 1990 comparativement
à une hausse de 131,7 % en Ontario et de 28,6 % au Canada pour la
même période.
Étant bien conscient que le taux de chômage est
inacceptable, que la pauvreté engendrée par le chômage
atteint un seuil critique, il y a lieu de réaliser que ces
résultats confirment le fait que la vision à long terme dont
s'est dotée le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie a permis à l'économie du Québec d'affronter le
ralentissement économique en 1990-1991 de façon plus sereine que
la province voisine et le Canada dans son ensemble.
En effet, l'économie du Québec récolte le fruit
d'une vision et des moyens d'intervention de type structurel qui reposent
d'abord sur l'identification de secteurs clés et de créneaux
d'excellence dont les caractéristiques nous ont permis et nous
permettront de nous doter d'une structure industrielle diversifiée et
compétitive à l'échelle mondiale tout en relevant le
défi technologique. En effet, ces secteurs sont
caractérisés par leur dynamisme, leur forte intensité
technologique et des perspectives de marché prometteuses. De plus, le
développement de ces mêmes secteurs permet de
générer des effets d'entraînement positifs auprès de
l'ensemble de l'économie du Québec.
Au titre de ces secteurs et créneaux, on retrouve donc dans les
secteurs clés: l'aéronautique et l'aérospatiale, les
technologies de l'information, plus précisément les
télécommunications, l'informatique et le logiciel, le
matériel de transport, les matériaux énergivores, la
génération, le transport et la distribution d'énergie
électrique, les secteurs des pâtes et papiers, les produits
pharmaceutiques, le génie-conseil et l'agro-alimentaire.
En ce qui concerne les créneaux d'excellence, on retrouve
l'environnement, les biotechnologies, les matériaux industriels de
pointe, c'est-à-dire céramique, composite et les alliages, la
machinerie et les équipements de haute précision, la
micro-électronique, la transformation de matières plastiques,
l'habitat et la mode.
Les résultats enregistrés au titre des investissements,
tout particulièrement dans ces secteurs cibles, sont le fruit d'efforts
continus de prospection et d'un climat favorable à l'entreprise. En
1990, les projets de 20 000 000 $ et plus en cours ou annoncés
totalisent 9 400 000 000 $. Depuis le début de l'année 1991, les
nouveaux projets d'investissement atteignent déjà pour leur part
864 000 000 $. Outre les efforts consentis à la concrétisation de
projets d'investissement, il faut mentionner également ceux
destinés à favoriser le développement et la croissance de
l'ensemble des secteurs manufacturiers, commerciaux et coopératifs par
le biais d'une gamme de services de nature technique et financière.
Soulignons à ce chapitre la vaste opération de
rationalisation et d'harmonisation de l'assistance financière aux
entreprises amorcée en 1990 dans le souci d'offrir à ces
dernières des services de nature intégrée. C'est ainsi que
le nombre de programmes à vocation horizontale a été
réduit et regroupé sous quatre grands thèmes:
l'amélioration de la gestion, la modernisation et l'innovation
technologique, le soutien à l'emploi stratégique et la
concrétisation de projets industriels. À ces quatre thèmes
s'ajoutent les programmes suivants: la promotion de la mode et du design, les
jeunes promoteurs, l'aide aux associations industrielles sectorielles, le
programme d'aide à la restructuration de Montréal ainsi que
l'aide aux coopératives de développement régional.
Afin d'illustrer la nature des services techniques et la présence
du MICT dans l'ensemble des régions du Québec, mentionnons que
plus de 300 séminaires en gestion y ont été donnés
au cours de l'année 1990. De plus, le ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie a contribué activement à
l'évaluation des conférences socio-économiques et a
participé à la biennale de la Montérégie, du
Bas-Saint-Laurent, ainsi qu'à la conférence
socio-économique du Lac-Saint-Jean. Le MICT a également
créé un comité des intervenants économiques
régionaux, aux fins de favoriser une meilleure synergie des intervenants
et organismes en place.
Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
renouvelait également en 1990 le cadre de partenariat avec la
Société de développement industriel du Québec, dans
l'objectif de favoriser une plus grande cohérence et cohésion
dans l'action vis-à-vis des clients, par le biais, notamment, d'une plus
grande intégration physique des points de service en région.
Point n'est d'ailleurs besoin de rappeler le rôle clé joué
par la Société de développement industriel auprès
de l'ensemble des entreprises du Québec en matière de prêts
participatifs par le biais de ses programmes réguliers. Ainsi, les
prêts participatifs accordés par cet organisme en 1990-1991
dans le cadre des programmes d'aide à l'investissement -
démarrage, expansion et modernisation - à l'exportation, aux
activités de recherche et développement, à la formation
des sociétés de placement dans l'entreprise
québécoise, selon l'article 7, atteignent 304 000 000 $,
rejoignant ainsi 337 entreprises.
De plus, au cours de la seule année 1990-1991, plus de 43
sociétés de placement dans l'entreprise québécoise
ont été enregistrées, réalisant 84 placements, pour
un total de 13 000 000 $. Depuis la formation de ce véhicule de
placements en 1985, 446 placements ont été effectués dans
autant d'entreprises, injectant ainsi 75 000 000 $ en capital dans les PME
québécoises. Notons enfin l'intégration de l'AQVIR et de
la Société de développement des coopératives
à la Société de développement industriel du
Québec, toujours dans le souci d'offrir aux entreprises une aide
rationalisée, accrue et intégrée.
À ces instruments de nature structurelle se conjuguent
également des outils d'intervention conjoncturelle conçus par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie afin de
soutenir les entreprises dans des périodes plus difficiles, agissant
ainsi du côté de l'offre dans le but d'accélérer la
reprise économique. Nous avons été en mesure de constater
que le comportement de l'économie québécoise s'est
avéré nettement plus satisfaisant que celui de l'économie
ontarienne, en partie grâce à un renforcement de sa structure
industrielle. L'opération Relance PME amorcée en 1990 constitue
une initiative importante du présent gouvernement, afin de créer
un levier temporaire et complémentaire d'intervention en période
de ralentissement de la conjoncture économique. Ainsi, en avril dernier,
la Société de développement industriel s'était vu
doter d'une enveloppe spéciale de 45 000 000 $ afin de favoriser le
regroupement et d'accorder des prêts participatifs à des
entreprises confrontées à des difficultés temporaires en
raison de la conjoncture actuelle. Lors de l'annonce du plan d'action pour
soutenir l'économie rendu public en janvier 1991, dont je préside
d'ailleurs le comité ministériel créé afin d'en
assurer le suivi, une enveloppe supplémentaire de 30 000 000 $
était consentie à la Société de
développement industriel, portant ainsi à 75 000 000 $ les sommes
affectées à l'opération Relance PME. Depuis son lancement
et en date du 15 avril 1991, 103 dossiers ont été
autorisés, le montant d'aide consenti atteignant 47 500 000 $. Au total,
341 dossiers sont autorisés ou à l'étude. La
Société aura donc consenti en 1990-1991 un grand total de 347
aides d'une valeur de 355 000 000 $.
Les perspectives, maintenant: Ces réalisations et le comportement
nettement plus favorable de l'économie québécoise ne
doivent cependant pas nous faire oublier la situation de l'emploi,
particulièrement préoccupante dans la région de
Montréal et dans certaines régions du Québec, ainsi que
les défis d'excellence que nous nous sommes fixés. Nous nous
devons de poursuivre dans cette voie et de faire preuve d'un dynamisme
supérieur et d'un souci d'imagination renouvelée dans
l'ébauche de solutions et de modèles de succès.
En effet, d'une part, l'état des finances publiques se ressent du
ralentissement économique, restreignant d'autant les entrées de
fonds prévues. D'autre part, trois mesures: la hausse des cotisations
d'assurance-chômage et de la taxe sur le tabac ainsi que l'extension du
gel du financement des programmes dans les secteurs de la santé et de
l'enseignement post-secondaire, annoncées par le ministre
fédéral des Finances en février dernier,
entraîneront un manque à gagner pour le Québec de 732 000
000 $ au cours des trois prochaines années. L'ébauche de
solutions renouvelées ne passe donc plus nécessairement par la
seule implication de l'État, mais par l'initiative accrue de
l'entreprise et une nouvelle vision de croissance.
D'autre part, le Québec doit trouver sa place dans un nouveau
régime économique caractérisé par un contexte de
vive concurrence et un rôle accru de l'innovation et de l'adaptation
technologique. Produire plus ne suffit plus. Il faut maintenant produire mieux.
Produire mieux signifie la création d'un véritable partenariat
entre l'entreprise et ses employés. Afin de réussir cette
alliance stratégique, l'entreprise et ses employés doivent
s'assurer de l'instauration d'un climat propice au travail et réaliser
que la formation continue de la main-d'oeuvre représente un
investissement véritable et essentiel. Une main-d'oeuvre
qualifiée rentabilisera au maximum les nouveaux équipements mis
à sa disposition. Produire mieux, c'est également produire
proprement dans le respect de l'environnement.
Cette philosophie, cette approche de partenariat a maintenant
dépassé le stade des énoncés. Elle s'est
concrétisée récemment, ici même au Québec,
avec le projet d'expansion et de modernisation de 500 000 000 $ de l'usine de
la firme coréenne Sammi Atlas à Tracy, et ce, selon un concept
absolument innovateur, au dire des représentants syndicaux:
déménagement de son siège social de l'Ontario au
Québec; implantation d'une centre de recherche; accroissement de la
transformation secondaire au Québec; mise en place d'un plan
d'assainissement environnemental couvrant les futures installations de
production, ceci en conformité avec les exigences du ministère de
l'Environnement du Québec; création de 335 nouveaux emplois
permanents de qualité tout en privilégiant l'embauche
auprès des travailleurs de la région de Sorel-Tracy, favorisant
ainsi le développement économique régional;
négociation d'un régime de paix industrielle de six ans, et des
conditions de flexibilité et de
mobilité du personnel; instauration de l'implantation d'un pian
intégré de développement des ressources humaines et d'une
démarche de qualité totale; établissement d'un plancher
d'emploi et de mécanismes de transparence économique entre les
travailleurs et l'entreprise.
Au cours des prochaines années, les éléments qui
guideront donc les interventions de mon ministère prendront appui sur
cette vision innovatrice d'un nouveau modèle québécois,
l'implantation de la qualité totale, la formation de la main-d'oeuvre,
la technologie, la capitalisation des entreprises et le respect de
l'environnement, et le tout dans un esprit renouvelé de partenariat. Cet
esprit renouvelé de partenariat a d'ailleurs déjà
commencé à prendre forme au Québec. Je prends pour exemple
la mise sur pied en décembre dernier d'une brigade économique
destinée à venir en aide aux entreprises grâce à la
complicité nouvelle des institutions financières et de l'ensemble
des conseillers externes de l'entreprise. Cette complicité à
laquelle doit nécessairement s'ajouter la vision de moyen et de long
terme constitue un outil supplémentaire afin d'appuyer nos chefs
d'entreprise devant le défi de la mondialisation des marchés. (10
heures)
Un bel exemple de la vision plus large qui prend forme au Québec
prend sa source dans l'initiative récente de l'Ordre des comptables
agréés qui prépare actuellement un sceau de
vérification permettant de porter un jugement sur certains aspects
qualitatifs de la visibilité d'une entreprise. Ainsi, des
investissements importants dans la formation de la main-d'oeuvre ou encore dans
l'implantation de la qualité totale pourront être reconnus sur le
plan de la vérification comptable.
Ce n'est cependant pas aux seules entreprises que sera demandée
l'intégration de cette nouvelle vision. Cet esprit doit également
animer mon ministère. C'est dans cette optique qu'un exercice de
planification stratégique a été entrepris afin de
réviser et de consolider la mission elle-même du ministère,
tout comme ses objectifs, priorités et programmes.
Il en va de même en ce qui concerne la révision du mode de
fonctionnement et de la structure organisationnelle. À cet exercice de
planification stratégique se conjuguera enfin l'implantation d'une
démarche de qualité totale. La démarche de mon
ministère sera donc ainsi pleinement conséquente avec la nouvelle
vision de l'entreprise qui s'amorce au Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors,
évidemment, je dirais au ministre, en guise d'introduction, qu'on se
console comme on peut. J'ai l'impression que le ministre continue d'invoquer la
pensée magique, un peu comme il le fait depuis un certain temps, parce
que je suis attentivement les... J'écoute attentivement, d'une part, les
propos du ministre et je suis attentivement, effectivement, les interventions
du gouvernement en matière économique et en matière
d'industrie et commerce. Et j'ai toujours le sentiment que, parce qu'on dit
quelque chose - et c'est le propre de la pensée magique - on imagine
que, le lendemain matin, ça va se réaliser. Quand on se tourne
actuellement vers l'Ontario pour essayer de se consoler parce qu'on se dit que
c'est plus dramatique là-bas, moi, je pense qu'il faut regarder aussi ce
qui se passe chez nous et se dire: C'est tout à fait dramatique chez
nous aussi et ça fait plus longtemps que ça l'est, en plus. On
sait très bien que l'Ontario vient d'entrer en récession. Elle
l'a fait d'une façon plus dure et plus brutale, on va en convenir. Sauf
que, quand ça fait six mois, huit mois, neuf mois, qu'on est en
récession, on va aussi convenir qu'un certain nombre de nos ressources,
par exemple, deviennent de moins en moins recyclables, deviennent de moins en
moins disponibles à la réinsertion. C'est vrai non seulement des
travailleurs et des travailleuses, mais c'est vrai aussi de l'entreprise.
Moi, j'aimerais dire au ministre que le temps des discours
m'apparaîl terminé depuis un bon moment et que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie devrait descendre de l'estrade
pour identifier de façon urgente le moyens d'agir pour empêcher,
en fait, que l'économie québécoise, je dirais, ne
s'effondre davantage, M. le Président. Jamais on n'aura vu une situation
aussi pénible et aussi difficile pour l'économie
québécoise; jamais on n'aura vu un gouvernement aussi passif et
aussi insensible à la situation que vivent des dizaines de travailleurs
et de travailleuses et des centaines de chefs d'entreprises au Québec.
J'écoute le ministre et je me dis d'une fois à l'autre: Mais dans
quel monde et sur quelle planète vit-il?
Dernièrement, il prononçait un certain nombre de discours
et, entre autres, il donnait une entrevue à une revue assez bien connue
dans le monde des affaires, qui s'appelle Commerce, et qui essaie de
faire le point sur ce qui se passe dans l'économie
québécoise en particulier. Et il disait à ce
moment-là - et ça ne fait pas des siècles de ça, M.
le Président, ça ne fait pas des mois, cela fait à peine
un mois et demi... L'introduction de l'article est la suivante: "II ne faut pas
compter sur Gérald Tremblay pour s'apitoyer sur le sort des entreprises
en difficulté. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie du Québec est un adepte de la pensée positive." Moi,
je traduis "la pensée magique". Je reviens au texte: "Au cours d'une
entrevue de 90 minutes, pas une seule fois il n'a prononcé le mot
"récession". Pour décrire la
situation actuelle, il utilise des expressions comme "retournement du
cycle", "ralentissement", "conjoncture moins favorable". Ce sont les termes
qu'il utilise.
J'ai l'impression d'ailleurs qu'il monologue et qu'il est absolument en
train de procéder par un dialogue à sens unique avec les
entreprises parce qu'elles ne sont absolument pas sur la même longueur
d'onde. Et puis on va voir au cours de cette journée qu'on va passer
ensemble à regarder les interventions du gouvernement du Québec,
mais particulièrement du ministère de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, que ces interventions auxquelles le ministère
procède, oui, dans certains cas, elles sont pertinentes, j'en conviens,
mais dans un nombre de cas importants elles ne répondent pas aux
attentes exprimées par les entreprises québécoises; et,
à ce que je sache, le ministre qui est devant nous est le ministre
responsable de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Alors, on va en
parler.
Le ministre nous dit, toujours dans ce même article: "Je pense que
le rôle d'un ministre n'est pas de penser à court terme; c'est
d'essayer de prévoir et de créer un contexte économique
favorable pour permettre à nos entreprises d'avoir accès à
des marchés." Je conviens de ça, sauf que la situation à
court terme est tellement déplorable que je comprends le ministre de
vouloir se fermer les yeux sur cette situation-là. D'ailleurs, il y va
sur la pointe des pieds; il y allait sur la pointe des pieds ce matin dans son
intervention de départ en préférant se comparer à
l'Ontario, en n'utilisant jamais, effectivement, le terme "récession",
mais en ne s'adressant pas à la situation dramatique que vit
actuellement le Québec.
Et si le ministre, lui, ne souhaite pas le faire parce qu'il
préfère s'occuper du moyen et du long terme, bien moi, je vais en
parler un peu du court terme. Je suis d'accord avec lui qu'il faut s'en
occuper, du moyen et du long terme, mais il faut s'occuper aussi du court
terme. Quand la maison brûle, on appelle les pompiers. On ne se croise
pas les bras en attendant qu'elle brûle au complet et en se disant que
demain sera un jour meilleur. Il faut s'en occuper parce qu'on est en mauvaise
posture et en mauvaise situation.
Le ministre nous dit qualité totale, vision à long terme.
Bien sûr, j'en conviens. Qualité totale, ça exige quoi?
Amélioration de la productivité. Ça exige un meilleur
investissement en matière de formation professionnelle, un meilleur
investissement en matière de recherche et développement.
J'aimerais ça qu'il me dise ce qu'est la situation dans la moyenne et la
petite entreprise. Il est ministre de l'Industrie et du Commerce, qu'est-ce que
c'est la situation de la formation en emploi, de la formation professionnelle?
C'est par là qu'au Québec se créent actuellement les
emplois, chez la petite et la moyenne entreprise. Alors, au lieu de s'occuper
des dossiers de ses collègues, il devrait peut-être s'occuper des
siens. Mais quels sont les résultats? S'il veut avoir de la
qualité totale chez les entreprises, oui, il faut investir en
matière de recherche et développement. Quels sont les gestes
concrets posés, les résultats obtenus? Pas les discours, pas
l'estrade. La réalité concrète que vivent les entreprises
québécoises.
Urgence à la "concurrentialité". Quels sont les gestes que
le ministre et le gouvernement ont posés à l'égard de
l'entreprise pour améliorer sa situation concurrentielle? C'est
là qu'on voit apparaître le monologue du ministre quant aux
attentes des entreprises et quant à leurs besoins. Alors, faisons-le
ensemble puisque le ministre a préféré, sans doute, se
consoler en se tournant vers l'Ontario. Faisons-le ensemble, le tour de la
situation québécoise.
D'abord, premièrement, quand on regarde globalement... le
ministre aime ça, prendre ça globalement? Je suis d'accord. Quand
on regarde globalement la mission économique québécoise
dans l'ensemble du budget du gouvernement du Québec, dans les budgets de
dépenses, quelle est la place qu'elle occupe? Et quelle est la part qui
lui revient? Alors, on se réfère au document très officiel
du gouvernement du Québec, le budget 1991-1992, renseignements
supplémentaires, où on dit: II y a une augmentation globale des
dépenses gouvernementales, de l'ordre de 6,9 % pour 1991-1992. Cette
augmentation se répartit de la façon suivante, M. le
Président: 8,6 % va à la mission sociale. Évidemment,
quand je parle de l'augmentation de 6,9 %, je parle de l'augmentation globale.
Après ça, on regarde chacune des missions. Qu'est-ce qui s'est
passé? La mission sociale, augmentation de 8,6 %. On en conviendra, il y
a tellement de problèmes de chômage que les gens finissent par se
retrouver à la sécurité du revenu. La mission
gouvernementale et administrative, elle, connaît une hausse de 5,6 %. La
mission éducative et culturelle, 3,6 %. La croissance des crédits
de la mission économique, 3,8 %. L'une des plus faibles parmi les quatre
missions gouvernementales, et on me dit qu'on s'occupe des problèmes
économiques et des problèmes de récession que vit
actuellement le Québec. Si on se fie aux chiffres, ils parlent
d'eux-mêmes, M. le Président, et ce n'est pas ça qu'ils
nous disent, les chiffres. Ils nous disent: Non, c'est la mission
administrative et gouvernementale qui connaît une hausse, c'est la
mission sociale qui connaît une hausse, et non pas la mission
économique.
Dernièrement, je prenais connaissance d'un document produit par
M. Claude Beauregard, qui est professeur de finances publiques à l'ENAP,
à l'École nationale d'administration publique. Il dit, en
s'adressant justement au budget du gouvernement du Québec et à
son impact quant à l'amélioration de la situation
financière des entreprises: Le Québec et l'impossible lutte
contre la
récession. Il s'adresse au document que nous avons entre les
mains puisque cette intervention date du 11 avril dernier. Il dit: Les
dépenses prévues grimpent de 6, 9 %. Ce n'est pas, en soi,
surprenant. On doit aider les victimes de la récession. Et je le cite:
"Ce qui étonne davantage, c'est que l'on déploie si peu
d'énergie et de ressources financières pour sortir le
Québec de la récession qui sévit. " Et il explique un peu
pourquoi cela se passe. Il dit: Soyons clairs. La situation financière
actuelle est inquiétante à un point tel que le gouvernement n'a
pas la marge de manoeuvre nécessaire pour faire face à la
récession. Voilà qui explique qu'H ne prenne pas de mesures plus
vigoureuses pour stimuler l'économie. Il termine en disant: "En
1981-1982, le gouvernement d'alors a réagi efficacement à la
récession parce qu'il avait la latitude financière pour le faire.
Le gouvernement actuel ne peut faire de même parce qu'il n'a pas su
mettre à profit la prospérité des sept dernières
années. " Fin de la citation. Claude Beauregard, professeur à
l'École d'administration publique, donc particulièrement
préoccupé par ce qui se passe dans les finances publiques.
Quand je lis ça, M. le Président, je pense
immédiatement à la fable de La Fontaine qui disait la cigale
ayant chanté tout l'été, eh bien!, dansez maintenant. On
n'a pas fait de provisions au moment où la situation économique
était meilleure que celle qu'on connaît depuis un an et demi. On
n'a pas fait les efforts nécessaires à ce moment-là, de
telle sorte qu'on se retrouve actuellement devant une situation catastrophique
en matière d'emploi et de lutte à la récession.
Prenons-les un à un, les indices à partir des dernières
données qu'on a, qui sont mars ou avril... les premières
données qu'on peut avoir d'avril. Mais prenons mars. Pertes d'emplois de
juillet 1990 à mars 1991, 102 000 emplois. Taux de chômage, 12, 5
% en mars. Je veux bien qu'on regarde, là, aux États-Unis. Il est
la moitié moins de celui du Québec à l'heure actuelle.
C'est le ministre qui a cité ces chiffres-là. Il est exactement
la moitié moins de ce qu'on connaît à l'heure actuelle.
Montréal, elle, a le championnat, malheureusement des villes canadiennes
avec le plus haut taux de chômage. C'est inacceptable. Il faut absolument
des interventions majeures. Pas de celles dont nous entretient le ministre et
pas des discours sur des tribunes. (10 h 15)
II y avait, au Québec, 424 000 chômeurs en mars, ce n'est
pas rien. C'est plus facile de dire 12, 5 %, ça effraie moins. Mais,
quand on dit 424 000, c'est des têtes de pipe, c'est des personnes qui
sont sans emploi. 13 000 de plus qu'en février. On s'enfonce, là!
On n'est pas en train de s'en sortir. Les régions du Québec, si
Montréal est touchée, sont aussi dûrement touchées.
Huit des 13 réglons du Québec ont des taux de chômage qui
dépassent 15 %. Je suis persuadée que les collègues
ministériels du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie sont très sensibles à ces situations-là et
vont m'appuyer dans les questions que je pose au ministre. Et là,
évidemment, le désastre total - et je vais y revenir plus loin,
parce que je pense que ça mérite- qu'on s'y adresse
particulièrement - le désastre dans le secteur manufacturier.
Dans le secteur manufacturier et de la construction intégré,
encore une fois, l'emploi, en mars, est inférieur de 85 000 pour le
manufacturier et de 29 000 en construction, par rapport à mars 1990. 111
000 emplois de perdus par rapport à mars 1989. C'est absolument
inacceptable!
Je prenais connaissance d'une intervention de l'Association des
manufacturiers canadiens - puisque maintenant nous avons l'Association des
manufacturiers québécois - qui disait que, parmi les emplois
manufacturiers perdus dans l'ensemble canadien, on parlait de 180 000 pertes
d'emplois - j'imagine que ça devait aller autour de février,
puisque que cet article est publié en mars - II disait: 90 000 emplois
sont perdus à jamais dans le secteur manufacturier. C'est-à-dire
que ce sont des pertes nettes. On ne pourra plus récupérer, ni
les expertises, ni les travailleurs, ni les travailleuses, dans ce même
type d'emploi.
Il y a peut-être, oui, une certaine rationalisation. Il y a
peut-être une certaine épuration. Je peux en convenir, il ne faut
pas être bête. Mais là ce n'est plus de l'épuration,
c'est du désastre, c'est de la catastrophe économique. Alors, si
on applique ces mêmes données, ça veut dire un nombre
d'emplois de l'ordre de 40 000 qui seraient perdus à jamais dans le
secteur manufacturier québécois. Imaginez toute l'intelligence,
toute la ressource humaine, tout l'investissement humain qui s'est fait
là et qu'on ne retrouvera pas; qu'on ne retrouvera pas à court
terme, qu'on retrouvera éventuellement dans d'autres secteurs. Mais
autant d'énergie perdue!
Adressons-nous au problème du chômage chez les jeunes,
puisque c'est toujours une variable que l'on regarde attentivement; c'est
normal qu'on le fasse, c'est la relève, c'est celle qui est actuellement
en train de prendre de l'expérience pour essayer ensuite d'être
productive sur le marché du travail. Le taux de chômage chez les
jeunes de 15 à 24 ans est actuellement à 20, 9 %. C'est
inacceptable! Et ne me dites pas que c'était pire en 1981-1982;
c'était catastrophique et ça n'avait pas d'allure. Mais ça
n'en a pas plus maintenant. Bon.
Les faillites d'affaires: le ministre s'y est adressé,
évidemment, en choisissant les chiffres qui lui convenaient. Quant on
s'arrête sur les nombres, c'est une chose, mais, quand on s'arrête
sur les nombres, on va les prendre les nombres, et on va les mettre un à
côté de l'autre, Québec et Ontario, le nombre de faillites
d'affaires. On va prendre un chiffre en Ontario, tiens, en
Janvier et en février 1991, les deux derniers mois que j'ai de
disponibles ici: en janvier, au Québec, il y a eu 420 faillites
d'affaires et, en Ontario, en janvier, il y en a eu 80. Vous allez me dire que
j'ai pris un mauvais mois; on va prendre le mois suivant. En février, il
y a eu 443 faillites d'affaires au Québec et, en Ontario, il y en a eu
99. Bien, ça ne va pas! Il y a quelque chose qui ne va pas. Je m'excuse,
je m'étais trompée, ce n'est pas 80, c'est 101. J'avais pris la
mauvaise colonne. Mais déjà, entre 325 en Ontario,
c'est-à-dire 420... Il y a des passifs, bien sûr, qui sont un peu
plus grands en Ontario, mais c'est normal parce que les entreprises en Ontario
sont plus importantes. Alors, c'est ça que le ministre nous
rappelait.
Là, par exemple, je ne veux pas induire les gens en erreur, je
pense que j'ai pris la variation. Je vais reprendre ces
données-là parce que ce serait incorrect. Prenons la variation
des faillites, Québec versus Ontario. Effectivement, les faillites sont
plus importantes en Ontario en termes de variation, mais je reviens sur les
nombres parce que j'ai pris les passifs. Alors, je reviens sur le nombre
réel. Janvier, au Québec, 420 faillites; Ontario, 325. Là,
je suis sûre que vos fonctionnaires vont pouvoir me suivre. Il avaient de
la difficulté à me suivre et je me rends compte que c'est moi qui
ai fait l'erreur. 420 faillites d'affaires en janvier, 325 en Ontario en 1991;
443, 314. Alors, je veux bien, moi... On va regarder le cumulatif maintenant.
Entre janvier 1990 et décembre, 4676 au Québec, 2907 en Ontario.
Alors, on va arrêter là les comparaisons, si ça ne vous
fait rien, parce que je pense qu'on est perdants. Que je sache, ils sont un
petit peu plus nombreux que nous en Ontario et ils ont un peu plus
d'entreprises que nous. Et, s'ils en perdent moins que nous, ça veut
dire que notre performance doit être moins bonne. Ce n'est même pas
une règle de trois. C'est un syllogisme qui se suit, qui est simple, pas
difficile à comprendre. Alors, ça, c'est pour les faillites
d'affaires.
H me reste une minute, alors j'y reviendrai. De toute façon,
j'aurai sûrement la possibilité de le faire, puisqu'au niveau de
l'inflation on a aussi, malheureusement, le championnat à
Montréal et, ça, c'est à assez dramatique, merci. Si, en
plus, on a le championnat du chômage et on a le championnat de
l'inflation, on a la recette magique explosive parfaite pour des lendemains pas
très heureux, n'est-ce pas? Le ministre sait de quoi je parle quand je
m'adresse à ces réalités-là. La vente au
détail, ça a été catastrophique pendant les
premiers mois de l'année 1991. Alors, je veux bien que le ministre
propose des mesures intéressantes pour améliorer la situation
économique et je veux bien qu'il s'adresse au partenariat; j'en suis, je
suis d'accord avec lui. Mais là, actuellement, on a une situation
urgente. Qu'il cesse de nous parler de la qualité totale pour nous
dire... De la qualité tout court, il n'y en aura plus du tout parce
qu'il n'y aura plus d'entreprises pour produire. C'est ça, la
réalité à laquelle on est confrontés actuellement,
au Québec. Ça va nous prendre combien de temps pour sortir de la
récession dans laquelle on s'enfonce et qui, malheureusement, n'est pas
encore terminée?
Merci, M. le Président. Je reviendrai sur des questions
précises par la suite.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Alors, comme il
avait été convenu, nous allons passer, dans un ordre
général, l'ensemble des choses et, par la suite, on ira sur des
points particuliers. Là-dessus, Mme la députée de Taillon,
vous avez une première question?
Mme Marois: Pardon? Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On avait convenu de
procéder de façon générale, au départ. Donc,
je présume que vous aviez des questions ou une cible.
Importance de la formation professionnelle
Mme Marois: Moi, j'aimerais que le ministre, effectivement,
réponde à cette intervention, cet appel au secours que je fais.
On va le faire d'une façon systématique. Il dit: Qualité
totale, c'est relié à formation de la main-d'oeuvre, c'est
relié à recherche et développement, c'est relié
à "concurrentialité" plus importante des entreprises, c'est
relié à amélioration de la productivité. Alors, on
va les prendre un par un.
La première. Quels sont les résultats des programmes
gouvernementaux - il est membre du gouvernement et responsable d'une portion
importante de la mission économique - qui s'adressent à la
formation en entreprise, à la formation professionnelle? Je ne lui
demande pas des détails. Est-ce que c'est efficace? Est-ce que les
entreprises en ont profité? Est-ce qu'il y a une amélioration
à cet égard-là?
M. Tremblay (Outremorrt): M. le Président, je vois que la
députée de Taillon est égale à elle-même,
elle a tendance à tout voir en noir. Et, maintenant, elle utilise mon
vocabulaire. Alors, je trouve que ça s'en vient très bien. Je
veux juste la rassurer sur une chose. Le mot "inacceptable", au niveau du
chômage, au niveau de la pauvreté, c'est un mot que je dis sur la
place publique depuis maintenant un an. Alors, je n'ai pas, je pense, de
leçon - si on peut employer ce terme-là - à recevoir de
l'Opposition en ce qui concerne le taux de chômage qui est totalement
inacceptable, je le dis sur la place publique depuis un an. Et le taux de
chômage engendre des conséquences au niveau de la pauvreté
et des coûts indirects en ce qui concerne la criminalité, la
drogue, la délinquance,
etc.
La députée de Taillon parle du court terme.
J'espère qu'on va pouvoir revenir pour parler du court terme parce que,
là, elle me parte de moyen terme. Elle me reproche de ne pas, en tant
que ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, attacher assez
d'importance au court terme - son exposé - mais ce qui me surpend, c'est
que la première question qu'elle me pose, c'est une question de moyen
terme: la formation de la main-d'oeuvre. Parce que les trois
éléments les plus essentiels à l'amélioration de la
productivité de nos entreprises sont la formation de nos ressources
humaines, le défi technologique et l'implantation de la qualité
totale.
Alors au niveau de la formation des ressources humaines, il n'y a aucun
doute que nous avons des pas de géant à faire au Québec au
cours des prochaines années. Le coût de la non-formation de nos
ressources humaines, c'est 4 000 000 000 $. Mais, quand on parle de ressources
humaines, on parle de culture, on parle de changements profonds, urgents et
exigeants pour tous. Même si le gouvernement du Québec a mis en
place des mesures importantes au niveau de la formation des ressources
humaines, par exemple, 100 000 000 $ de crédits d'impôt, la
députée de Taillon va me dire: Oui, mais quels sont les
résultats? Bien, les crédits d'Impôt, on n'a pas encore les
résultats des crédits d'impôt parce que ça
apparaît dans les bilans financiers des entreprises. Mais, si vous voulez
savoir si je suis satisfait des résultats concrets au niveau des
entreprises, la réponse, c'est non. Et je le dis sur la place publique
depuis maintenant six mois. Je considère que les entreprises devraient
faire des efforts considérables pour améliorer la
compétitivité et la formation de nos ressources humaines. Alors
là j'ai répondu, je pense, à la première
question.
Mme Marois: Non, vous n'avez pas répondu. M. le
Président, le ministre n'a pas répondu à ma question
puisque, si c'est l'objet d'une de ses préoccupations, il devrait avoir
un certain nombre d'indicateurs puisqu'il doit être normalement en
contact avec les entreprises. Il devrait avoir, donc, des indicateurs lui
permettant de dire si ça va ou ça ne va pas. Et, dans les faits,
il doit en avoir sûrement parce que, dans une entrevue qu'il donnait
dernièrement, toujours en s'adressant à la qualité totale,
il mentionnait qu'il était insatisfait des résultats obtenus par
les mesures qui s'adressaient à la formation de la main-d'oeuvre. C'est
dans un article, une entrevue qui est rapportée dans La Preste du
samedi 13 avril dernier. Le journaliste, d'ailleurs, rappelle dans cette
entrevue qu'il dit qu'un rapport émanant de M. de Grandpré, qui
avait reçu un mandat à cet égard, suggérait que
l'on ne procède pas de la façon dont le gouvernement a
procédé, mais qu'on procède par une taxe sur la masse
salariale dont les entreprises, d'ailleurs, pourraient... que les entreprises
pourraient éviter d'avoir à assumer si elles faisaient
déjà de la formation professionnelle ou de la formation en emploi
et que, par contre, les sommes ainsi dégagées pourraient se
réinvestir en formation professionnelle. Alors, le ministre dit non
à cela. C'est une mesure qui est perçue comme punitive, qui exige
de la bureaucratie, sauf que, si les mesures que son gouvernement a mises en
place ne donnent aucun résultat, peut-être que ça prendra
un petit peu de bureaucratie, mais que ça va fonctionner.
Et il faut peut-être rappeler au ministre que le Québec,
à cause de son organisation industrielle, de son organisation
structurelle en matière d'entreprises, s'appuie sur la petite et la
moyenne entreprise qui n'a pas de tradition - et, dans ce sens-là, vous
avez raison - qui n'a pas intégré une culture qui fait en sorte
que c'est une préoccupation constante dans l'entreprise, et qui,
souvent, n'a pas les moyens de le faire. Donc, il faut trouver des canaux
différents. Nous étions d'accord à cet
égard-là avec M. de Grandpré, de notre côté,
qu'il fallait élargir l'ordre des moyens. (10 h 30)
Une grande entreprise, qu'elle s'appelle Bombardier, qu'elle s'appelle
Alcan, peu importent les entreprises, on sait fort bien qu'elles en font, ces
entreprises-là, de la formation en emploi, qu'elles y accordent des
budgets relativement importants, d'ailleurs. Mais, à partir du moment
où on leur donne un crédit, c'est bien sûr que c'est autant
de moins que ça leur coûte - alors qu'elles en faisant
déjà - et c'est le gouvernement qui investit pour une formation
qui avait déjà cours plutôt que de mettre sa
priorité ailleurs.
Alors, le ministre me dit aujourd'hui: Je ne sais pas ce que ça
donne. Il a dit aux journalistes que c'était là que le bât
blessait, que ce n'était pas tout à fait ce à quoi il
s'attendait, qu'il aurait souhaité que ce soit mieux et il dit que les
avantages fiscaux consentis par l'État québécois ont
été largement sous-utilises à ce jour, faisant
référence, en plus, à la recherche et au
développement. Alors, il doit savoir où c'en est, mais ça
n'a pas l'air d'être le cas. S'H veut qu'on aborde des questions de court
terme, on va aborder une autre question de court terme, mais j'aimerais
ça si, sur ça, il avait des interventions précises
à faire ou des informations précises à nous donner. Je
veux bien qu'on s'adresse aux problèmes, sauf qu'il faut s'adresser aux
solutions aussi, et en proposer. Souvent, dans les périodes de
récession, les pays qui ont une vision de moyen et de long terme en
profitent pour ne pas perdre l'expertise acquise chez les travailleurs et chez
les travailleuses et pour, au contraire, investir en matière de
formation, faire des efforts supplémentaires. Est-ce que c'est ça
que le ministre a fait? Est-ce que c'est ça que son
gouvernement a fait?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai jamais mentionné que je
ne savais pas ce que ça donnait, au contraire. D'ailleurs, je suis
très heureux de l'échange que nous avons présentement
parce que je vois que la députée de Taillon lit avec grand
intérêt mes interventions sur la place publique et commence
à véhiculer le même message que je véhicule
maintenant depuis un an et demi. Sauf que, pour alimenter son argumentation,
j'aimerais peut-être lui donner d'autres statistiques
intéressantes. 24 % de nos travailleurs sont analphabètes
fonctionnels ou totaux et, dans le secteur manufacturier, c'est 11 %. En plus,
si on regarde les heures de formation de nos entreprises, la formation annuelle
d'un travailleur, c'est deux heures au Québec alors qu'au Japon et en
Allemagne c'est 170 heures. Quand on parie de secteurs clés - je les ai
mentionnés tout à l'heure - qu'on essaie de développer au
Québec, on s'aperçoit qu'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre dans ces secteurs-là. Donc, ça devient
excessivement important que des gestes concrets soient posés.
Mais ce que j'essaie de faire comprendre à la
députée de Taillon, c'est qu'on parle de culture, on parle de
changements profonds. Des mesures concrètes ont été mises
en place, j'en ai mentionné une tout à l'heure; également,
on a créé un comité spécial au niveau du
ministère de l'Éducation, du ministère de l'Enseignement
supérieur et dé la Science, du ministère de la Formation
professionnelle et du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, justement pour harmoniser davantage nos interventions. Ce dont on
s'aperçoit de plus en plus, c'est que, dans le passé au
Québec, on a attaché beaucoup d'importance au statut
professionnel de nos travailleurs. En d'autres mots, si on était un
médecin, un avocat, un dentiste, un ingénieur, c'était
important. On n'a jamais valorisé les métiers, avec le
résultat que des stages en entreprises, il n'y en a pas assez au
Québec. Alors, de plus en plus, on doit favoriser un mariage entre
l'entreprise et le milieu de l'enseignement pour qu'il y ait davantage de
stages en entreprises.
Donc, c'est évident, je ne préconise pas des mesures
punitives et bureaucratiques pour la simple raison que ce qu'on nous reproche
le plus au gouvernement, c'est de se mêler de choses qui concernent les
entreprises et les travailleurs et les travailleuses. C'est dans cette
optique-là que je suis à l'écoute de l'Association des
manufacturiers du Québec, du Groupement québécois des
entreprises, des chambres de commerce, des syndicats, que ce soit la FTQ, la
CSD, la CSN et la CEQ. La preuve: La CEQ vient de sortir de façon
très claire récemment sur la place publique que c'était
inacceptable qu'on ait maintenant 40 % de décrocheurs. On réalise
très bien que ce n'est pas juste une question de mesure.
Mais je vais vous en donner une autre mesure. Je vous ai donné
une mesure de 100 000 000 $; je vais vous en donner une autre: l'École
des métiers de l'aéronautique dans l'est de Montréal, un
regroupement des 14 maîtres d'oeuvre dans le secteur de
l'aéronautique, avec les syndiqués, les travailleurs et les
travailleuses du secteur de l'automobile, avec la Commission des écoles
catholiques de Montréal et, également, avec le ministère
de l'Éducation du Québec, c'est une école pour
préparer des travailleurs, avec la complicité, le partenariat
dont je parle depuis le début.
Je vais vous donner un autre exemple. 64 000 000 $ investis sur la rive
sud à l'école Pierre-Dupuy pour préparer nos jeunes
à des emplois permanents de qualité au niveau de certains
métiers. Je pense que c'est un travail à moyen et à long
terme qui a très bien débuté et je suis très
confiant, à cause du nouveau partenariat avec les syndicats et avec les
entreprises, que dans un avenir rapproché on va diminuer de façon
importante le taux d'analphabétisme de nos travailleurs et on va
également diminuer la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée
dans des secteurs importants pour le Québec.
Mme Marois: Je vais rappeler au ministre que je n'ai pas attendu
ses discours pour implanter des mesures d'apprentissage par l'approche du stage
puisque j'ai été celle qui les a implantés au
gouvernement. Il y a juste eu un ralentissement majeur depuis que le
gouvernement libéral est là, et c'est un recul qu'on a pris. On
est obligés de se rattraper en plus sur ce qu'on avait implanté.
Alors, je veux bien écouter les discours du ministre, et je les
écoute, il l'a vu, mais je pense que là-dessus on a une petite
longueur d'avance sur ce qu'on avait fait à cet
égard-là.
J'avais même prévu une politique d'apprentissage que les
ministres successifs à la Main-d'oeuvre et à la
Sécurité du revenu se sont empressés de mettre sur les
tablettes parce que ce n'était pas la leur. Alors, il faudrait
peut-être le rappeler à vos collègues. Et, quand vous dites
qu'on a un problème majeur, et je le sais, d'analphabétisme
fonctionnel chez les travailleurs et les travailleuses et qu'on a un
problème de décrochage de 40 %, je vais rappeler aussi à
ce ministre que, sous notre gouvernement, nous avions amélioré la
performance en termes de décrochage scolaire et qu'on avait
abaissé ce niveau-là autour - je ne voudrais pas induire les
membres de la commission en erreur - de 35 %; même, on se rapprochait des
30 %. Alors, il y a eu une ratée quelque part puisqu'on est
remonté à 40 %. Alors là, je vais vous dire que, pour
préparer l'avenir, on n'est pas trop bien engagés, à 40 %.
Si, en plus de réparer les pots cassés du passé, il faut
constater qu'on est en train de se préparer un avenir pire que ce qu'on
a vécu, bien, on a comme des problèmes.
Je suis bien d'accord que, effectivement, on
valorise les métiers manuels et, à cet
égard-là, il n'y a pas de politique d'apprentissage au
Québec; il n'y en a pas dans les entreprises, et ça, ça
s'adresse à de la formation en emploi. Bravo! qu'on mette en place des
écoles spécialisées dans le domaine des métiers.
Bravo! que l'on valorise ces formations-là; j'espère qu'on va le
faire de plus en plus. Mais disons que l'intendance n'a pas suivi
jusqu'à maintenant. Alors, si le ministre peut y changer quelque chose,
je vais être très heureuse et je vais saluer son action, comme je
salue effectivement l'action qui a été faite à
l'égard de l'implantation de nouveaux noyaux en termes de formation
professionnelle s'adressant à des politiques nouvelles d'apprentissage
et de formation dans les métiers et dans les techniques.
Mais on part de très loin et, si on part de si loin, c'est parce
que depuis cinq ans on a arrêté un certain nombre d'engagements
qui avaient été pris. On a arrêté un certain nombre
d'orientations qui avaient été retenues - parce qu'on pensait que
ce n'étaient pas les bonnes - pour y revenir cinq ans plus tard. Alors,
le problème du décrochage scolaire, là, on peut en parler
longtemps.
Je vais adresser une autre question parce que je pense qu'on pourrait en
discuter tout l'avant-midi.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que je peux juste ajouter ceci?
Je n'ai jamais prétendu que le précédent gouvernement
n'avait pas fait certains efforts au niveau de la formation de la
main-d'?uvre, et je dois reconnaître également que la
députée de Taillon, lorsqu'elle occupait des
responsabilités ministérielles, a fait des efforts importants
dans ce sens-là. Par contre, le problème que nous vivons
présentement n'est pas un problème particulier au Québec.
C'est un problème nord-américain, c'est un problème
canadien et c'est également un problème américain. J'ai
bien mentionné qu'au niveau de la formation professionnelle les heures
consacrées aux travailleurs, si on se compare à l'Allemagne et au
Japon, c'est inacceptable pour le Québec, c'est inacceptable dans un
contexte nord-améri-cian.
Tout ce que j'essaie de faire, c'est de sensibiliser davantage tous les
intervenants à développer un véritable partenariat. Je
dois dire que j'ai de bonnes raisons d'être optimiste parce que le
processus de sensibilisation de tous les intervenants à l'importance de
ta formation des ressources humaines, ça commence à prendre
forme. Donc, dans ce sens-là, j'apprécierais que la
députée de Taillon - parce que je ne me sens aucunement
visé - continue à véhiculer sur la place publique
l'importance de la formation de nos ressources humaines. Et si jamais vous
aviez des suggestions à nous faire, comme dans le secteur de
l'apprentissage, je voudrais juste vous rassurer que je suis à
l'écoute de toutes ces suggestions, comme le ministre de la Formation
professionnelle, qui devrait, dans un avenir rapproché, annoncer des
mesures Importantes au niveau de l'apprentissage. Mais, étant
donné votre expérience lorsque vous étiez au gouvernement,
si vous avez des suggestions à faire, je le répète, c'est
un travail collectif qu'on doit faire pour améliorer nos ressources
humaines au Québec si on veut se préparer à faire face
à la mondialisation des marchés.
Mme Marois: Je peux relever le défi du ministre tout de
suite, parce qu'il a juste à fouiller un peu dans les documents du
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Il y avait toute une série de documents orientés vers les
politiques d'apprentissage, la formation en emploi et les mesures
nécessaires à la mise en place d'une politique de main-d'oeuvre.
Alors, il y a du stock en masse pour s'amuser pendant un bon moment. Dans ce
sens-là, aussi, il pourrait...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais c'est fait. Je voulais parler
d'idées nouvelles. Ça, c'est fait. On a pris tout ça en
considération et la nouvelle politique devrait sortir sur ça.
Mais, je pensais... si jamais vous avez de nouvelles suggestions à nous
faire, je suis prêt à les écouter.
Mme Marois: Bien, disons qu'avant de vous faire de nouvelles
suggestions je vais voir si celles qui étaient déjà dans
la machine, cinq ans plus tard, ont donné des résultats.
Après ça, on s'en reparlera. Ce n'est pas évident, compte
tenu que ça se détériore. Je n'insisterai jamais assez
à cet égard-là, à mon point de vue. Ça s'est
détérioré, alors qu'au contraire on aurait dû
profiter des années de croissance pour implanter des mesures comme
celles-là, et, justement, faire feu de tout bois, à partir du
moment où on est dans une mauvaise posture, pour dire: Au moins, on va
mettre en place tout ce qui peut nous permettre de faire en sorte que notre
main-d'oeuvre soit plus apte à être réinsérée
à l'emploi au moment de la reprise. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait.
On va en convenir ensemble. Je veux bien qu'on attende Godot, sauf que, moi,
j'étais au Forum pour l'emploi il y a un an et demi, presque deux ans;
le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de
la Formation professionnelle y était aussi et a annoncé une
grande conférence qui n'a jamais eu lieu. Alors, moi, je veux bien faire
des suggestions, mais encore faut-il qu'elles soient retenues.
On va passer à un autre sujet, mais je préviens le
ministre que je voudrais être tenue informée des résultats,
effectivement, du crédit d'impôt à la formation. Je
pourrais m'adresser au ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et, s'il ne
me donne pas la réponse, je le ferai. Mais
vous êtes membre du gouvernement et vous avez, à cet
égard-là, une responsabilité. Et, comme sur toutes les
tribunes - je le répète - vous faites état de cette
question, j'imagine que vous devez être capable d'évaluer les
objectifs que vous vous fixez. Alors, j'aimerais avoir de l'information sur le
type d'entreprises qui les utilisent, sur le nombre de travailleurs et de
travailleuses concernés, sur le type d'industries dans lesquelles
ça s'est passé, sur les secteurs manufacturiers ou commerciaux
qui ont particulièrement profité de la mesure, si c'est le cas,
et sur la grosseur des entreprises qui en ont
bénéficié.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président, sur ce
point-là, je retiens la demande de la députée de Taillon.
Lorsque l'information sera disponible, il nous fera plaisir de la donner
à la députée de Taillon et d'en discuter avec elle.
Emplois perdus dans le secteur manufacturier
Mme Marois: Bon. Adressons-nous maintenant à la question
du secteur manufacturier. Le ministre a fait état, dans son intervention
de départ, de comparaisons avec l'Ontario, en choisissant, bien
sûr, les chiffres qui lui conviennent. Alors, on va regarder les chiffres
qui concernent le Québec et on va les faire, les comparaisons avec
l'Ontario. (10 h 45)
Les emplois manufacturiers au Québec, de février 1989 a
février 1991, on parle de 109 000 emplois manufacturiers de moins, soit
une variation de 17,6 %. Si on prend la même période pour
l'Ontario, il y a une variation dans le nombre de 157 000 emplois, mais une
variation en pourcentage, compte tenu de la base industrielle, de 15,6 %. C'est
une différence de deux points de pourcentage au désavantage du
Québec dans le secteur manufacturier où on n'est
déjà pas nécessairement en très bonne posture
comparativement à l'Ontario, puisque le ministre a pris cette
comparaison ce matin. En 1990, les investissements du secteur manufacturier
n'ont augmenté que de 0,9 %, soit moins que l'inflation. On
prévoit un recul de 9,6 % en 1991. Si on exclut le secteur des
métaux primaires, qui comprend évidemment les alumineries qui
font l'objet de débats ailleurs, la chute des investissements devient
majeure. On parle de 8,1 % en 1990 et de prévisions de l'ordre de -14,7
% en 1991. Si, malheureusement, ça devait se réaliser, le niveau
des investissements devrait être inférieur de plus de 1 000 000
000 $ à celui de 1989. C'est une baisse réelle, en termes
d'investissements, de l'ordre de 30 % quand on inclut le facteur inflation. En
fait, ce sont des pans majeurs de l'économie québécoise
qui sont actuellement en train de tomber.
Et là le ministre faisait état tout à l'heure de
secteurs qui sont privilégiés, soutenus par le gouvernement, en
tout cas dans sa vision si ce n'est dans l'action. Moi, je regarde les secteurs
où il y a des baisses substantielles importantes, majeures, d'emplois et
on va en prendre quelques-uns, des années 1990 et 1991. On parle de
pertes d'emplois dans le secteur des caoutchoucs et des plastiques, de l'ordre
de 22,7 %. On parle de milliers d'emplois perdus. On passe de 22 000 emplois
à 17 000 emplois en 1991 dans ce secteur-là. Le secteur des
textiles, le ministre a un programme particulier pour la mode, le design,
l'emploi dans ce type de secteur là. Le textile est passé... Et
là, quand on parle textile, je pense que le ministre sait à quoi
on fait référence. On ne fait pas référence
seulement aux tissus pour les vêtements, mais on pense aussi aux textiles
industriels, le recouvrement des routes, le textile utilisé dans les
voitures et dans un certain nombre d'autres industries; 22 000 en 1990, baisse
à 17 000 en février 1991. Habillement. Là, on s'adresse
plus spécifiquement au secteur plus traditionnel des textiles; 83 000
emplois en 1990, baisse de 36,7 %, 53 000. Le bois, 31 000 emplois, baisse
à 21 000. Meubles, 26 000 emplois, baisse à 15 000. Je comprends
qu'il y a matière à rationalisation, mais là je pense
qu'on a dépassé les limites. Imprimerie et édition, 43 000
emplois, une chute à 34 000 pour une baisse de 21,2 %. Dans le secteur
machines, 18 000 emplois en 1990 pour une chute à 12 000 en 1991. On
compare des périodes comparables; 34,3 % de baisse au niveau des emplois
dans le secteur manufacturier machines.
Ce sont des exemples pour illustrer les baisses auxquelles je faisais
référence dans l'introduction à cette question. Vous avez
identifié tout à l'heure un certain nombre de secteurs qui vous
apparaissent, soit des secteurs d'excellence, soit des secteurs où il
vous apparaît important - vous les avez appelé les secteurs
clés - sinon de faire des interventions, d'avoir au moins une attention
particulière. Qu'est-ce que vous faites pour les secteurs dont je viens
de faire état, et qui ont une influence, entre autres,
évidemment... C'est-à-dire qu'ils expliquent en partie la
situation que vit Montréal en termes de championnat du chômage des
villes canadiennes puisque, entre autres, une partie importante des emplois
mentionnés dans les secteurs industriels que je vous identifie se
retrouvent dans la région de Montréal, pour ne pas dire à
Montréal même. Mais je pense, entre autres,
particulièrement évidemment au secteur des textiles, au secteur
du caoutchouc, des plastiques, etc. Est-ce qu'il y a des mesures de
prévues pour éviter le désastre qu'on constate dans ces
secteurs-là, et la baisse des investissements? Est-ce que vous avez des
plans prévus pour accélérer l'investissement, donner un
coup de pouce à la reprise? Est-ce qu'il y a des programmes qui
s'adressent à la modernisation industrielle de ces secteurs-là?
On sait qu'il y a,
effectivement, une certaine désuétude, parfois, dans ces
entreprises, qui exige des investissements en matière de technologie de
pointe. Est-ce qu'y y a des programmes qui s'adressent à ces secteurs
industriels là? Quels sont-ils? Et quel est leur impact sur
l'arrêt de la fuite de l'emploi?
M. Tremblay (Outremont): On peut entrer dans une guerre de
chiffres. Je vais en citer quelques-uns pour...
Mme Marois: Vous avez commencé, M. le ministre, ce matin
en me citant des chiffres, alors j'essaie de vous répondre.
M. Tremblay (Outremont): ...pour qualifier les propos de la
députée de Taillon. Mais je veux répéter ce que je
dis depuis maintenant près de huit mois, au niveau des emplois, la
situation est totalement inacceptable. Bon, alors, vous pouvez me donner des
chiffres, je peux les questionner un peu, mais c'est inacceptable, alors on est
sûrement d'accord avec ça. D'ailleurs, vous l'avez
mentionné tout à l'heure, vous dites également que c'est
inacceptable.
Au niveau de l'investissement, je suis également
préoccupé. Je le dis sur la place publique. Par contre, il ne
faut pas être uniquement négatif. Si on regarde, par exemple, au
niveau des immobilisations, il y a une tendance qui est favorable. On a
mentionné le secteur manufacturier. Le ratio Québec-Canada, en
1981, au niveau des immobilisations par secteur, c'était 17,8 %; en
1990, c'était de 31 %; donc, il y a une tendance favorable concernant le
Québec. Et si on le regarde globalement - parce que vous avez
parlé du secteur manufacturier - dans tous les secteurs,
c'est-à-dire les industries primaires, manufacturières, le
tertiaire moteur, le non-résidentiel et l'habitation, en 1981, le ratio
Québec-Canada était de 17,3 %; il est maintenant rendu à
22,2 %. C'est parce que le présent gouvernement a fait des efforts pour
identifier des secteurs clés, des créneaux d'excellence et a
contribué à moderniser la structure industrielle du
Québec.
Je voudrais dire à la députée de Taillon qu'on peut
regarder les résultats, mais, si on veut apporter des correctifs aux
résultats, il faut regarder les causes des résultats. C'est
évident qu'à court terme les résultats sont nettement
influencés par le ralentissement économique. Pas un
ralentissement économique québécois, un ralentissement
économique canadien et un ralentissement économique
américain. Il est également affecté par la politique
monétaire du gouvernement fédéral. Les taux
d'intérêt élevés et la valeur du dollar canadien
nous causent certains problèmes. Il est également affecté
parce que, dans un contexte de mondialisation des marchés, c'est
inévitable que certaines entreprises procèdent â des
rationalisations importantes qui créent, évidemment, des pertes
d'emplois. C'est également affecté par le fait que, dans une
conjoncture économique moins favorable, nos entrepreneurs ne sont
peut-être pas aussi intéressés à investir les sommes
qu'on investissait dans le milieu des années 1980-1985. On se pose
certaines questions. Et ça explique pourquoi on entend sur la place
publique que certaines personnes d'affaires se disent: On a besoin d'un
deuxième souffle.
Les relations de travail. Même si on n'est pas reconnu comme
étant une province où il y a eu énormément de
grèves, on doit créer un nouveau contrat de travail, un nouveau
contrat social avec les différentes parties. Et finalement, le dernier
élément qui est de plus en plus important, c'est la
préoccupation au niveau de l'environnement. Donc, je veux juste vous
dire que, si on regarde les résultats et qu'on ne regarde pas les causes
de ces résultats-là, on a de gros problèmes.
Vous me demandez ce qu'on fait de concret dans un secteur. Bien, je vais
prendre un secteur, et ça va confirmer l'approche proactive de
l'équipe du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie depuis au moins les trois dernières années. Dans le
secteur de la chaussure - alors, je n'en prends pas un facle, je prends un
secteur qui est dit vulnérable - qu'est-ce qu'on a fait? Première
chose, on s'est entendus sur la stratégie essentielle pour permettre
à ce secteur de se développer. Ce que je dis sur la place
publique, je vais le répéter encore: La poursuite de la
réussite dans le secteur de la chaussure passe inévitablement par
la conception, la fabrication et la commercialisation de produits distinctrfs
de qualité à un prix compétitif.
Au-delà de cet énoncé, qu'est-ce que ça veut
dire, en pratique? Premièrement, une rencontre avec tous les
représentants syndicaux de la chaussure, c'est-à-dire la CSD;
deuxièmement, une rencontre avec les patrons, les propriétaires
des entreprises; troisièmement, un contrat social dans le secteur de la
chaussure; quatrièmement, une table de concertation qu'on devrait mettre
en place dans les plus brefs délais à la suite de deux autres
rencontres que j'aurai dans les jours qui suivent avec la partie patronale dans
le secteur de la chaussure, et également l'intervention rapide de la
Société de développement industriel du Québec dans
le secteur de la chaussure pour permettre à ces entreprises, à
court terme, de passer à travers la conjoncture économique moins
favorable; et, finalement, une politique prioritaire pour le gouvernement du
Québec, c'est de s'assurer que, dorénavant, si nous prêtons
de l'argent à des entreprises dans des secteurs dits vulnérables,
ces entreprises vont investir dans des équipements à la fine
pointe du développement technologique, vont investir dans la formation
des ressources humaines et, finalement, vont implanter le plus
rapidement possible la qualité totale qui va permettre à
ces entreprises, entre autres, de concurrencer sur la scène
internationale et ou de se substituer à des importations. C'est un
exemple concret - je ne peux pas être plus concret que ça - en
partenariat avec tous les intervenants qui se disent heureux de l'Initiative du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Mme Marois: Là, je vais poser une question, M. le
Président. J'ai identifié, un, deux, trois, quatre, cinq, six,
sept secteurs, où l'emploi avait baissé de plus de 20 %, quand ce
n'est pas 43 % ou 34 %. Il ne répond à aucune des questions sur
ces secteurs-là. Il me répond sur la chaussure. Bravo, M. le
ministre! Je suis d'accord, c'est intéressant. Qu'est-ce que vous avez
fait pour les autres? Et, pour la chaussure, on va y revenir, vous m'avez
défini un encadrement général, une démarche.
Ça donne quoi, comme résultats concrets? Où était
la chaussure il y a un an? Où est son niveau d'emploi? Quelle
amélioration concrète pouvons-nous attendre, et dans quels
délais? Et si la SDI est bien rapide, bien, je souhaite bonne chance au
secteur de la chaussure, parce que ça a l'air ici que les délais
moyens, dans le cahier que vous nous avez remis, en ce qui concerne la SDI,
c'est 202 jours entre la réception de la demande et l'acceptation.
Alors, 202 jours, là, bien, c'est comme quelques mois dans une
année, ça, n'est-ce pas? C'est un peu plus de six mois dans une
année, ça? Alors, si c'est aussi rapide que ça,
l'intervention, la crise va être finie, on va être en train de s'en
sortir, et ils n'auront pas encore eu de réponse. Bon. Alors, je ne veux
pas faire de démagogie avec ça, je prends vos
données...
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est ce que vous faites.
Mme Marois:... je prends vos chiffres. Dites-moi l'effet
concret...
M. Tremblay (Outremont): O. K. (11 heures)
Mme Marois:... réel, sur la chaussure. D'où partait
l'industrie; quel est son niveau d'emploi actuellement; qu'est-ce que vous
allez ramener dans ce secteur-là; quel va donc être l'impact des
mesures que vous allez implanter, et quand cet impact pourra-t-il être
constaté? Et je vous rappelle que vous ne répondez pas aux
questions que je vous pose sur les autres secteurs où il y a eu des
baisses de l'ordre de 30 %. Vous avez dit que c'était inacceptable, je
suis d'accord avec vous. Mais, quand on trouve une situation inacceptable, on
agit. Alors, qu'est-ce qu'on a fait dans ces secteurs-là?
M. Tremblay (Outremont): Alors, le début de
l'intervention, c'était de dire: Qu'est-ce qu'on fait dans les secteurs?
J'ai donné un exemple. Si vous voulez qu'on passe les trois prochaines
heures à parler de tous les secteurs, moi, je n'ai pas d'objection
à faire ça. Tout ce que je vous dis, c'est que, de façon
proactive, dans les secteurs qui sont dits vulnérables ou qui sont
identifiés plus traditionnels, il y a des démarches importantes
qui se font. Vous n'avez pas mentionné, entre autres, le bateau de
plaisance. Je dois dire qu'au niveau du bateau de plaisance on a assis autour
de la même table tous les intervenants et nous sommes intervenus de
façon importante pour assurer la réussite de ce
secteur-là.
Mme Marois: C'est parce que j'essaie d'identifier - le
président va comprendre que je pose ce type de question - là
où c'est absolument dramatique et où il semble que rien n'a
été fait. Ce que je vous demande...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais, écoutez...
Mme Marois:... c'est ce que vous avez fait. Vous me dites: J'ai
fait quelque chose dans deux secteurs. Bravo! Je vous félicite.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas...
Mme Marois: Je ne sais pas encore ce qui s'est passé, par
exemple, dans le secteur de la chaussure, au-delà de l'encadrement.
M. Tremblay (Outremont): Non...
Mme Marois: Je trouve l'encadrement intéressant.
M. Tremblay (Outremont): Non...
Mme Marois: Est-ce que ça a donné des
résultats? Ça, c'est autre chose...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais... Mme Marois:... je ne
le sais pas.
M. Tremblay (Outremont): Mais attendez, là! J'essaie de
répondre...
Mme Marois: Partait!
M. Tremblay (Outremont):... et, si vous me donnez le temps, je
vais répondre. Je vais vous en donner, des secteurs qui sont
vulnérables, où il y a eu des pertes d'emplois importantes comme,
par exemple, dans le secteur du bateau de plaisance. Alors, vous allez convenir
avec moi que, dans le secteur du bateau de plaisance, on est intervenus de
façon importante pour assurer la réussite d'une entreprise comme
Cadorette Marine et, encore hier, à la SDI, au conseil
d'administration, dans le cas de Dorai. Dorai, c'est une autre
entreprise du secteur. Si on prend le secteur du meuble, un secteur plus
vulnérable, on est Intervenus de façon Importante avec Bestar,
avec Shermag pour assurer la réussite de ces entreprises-là.
D'ailleurs, vous devriez le savoir parce qu'on l'a fait en complicité
avec le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec. Dans le
secteur de la chaussure, je pourrais vous donner la liste des entreprises. Je
pourrais vous nommer, entre autres, Faber. À court terme, on s'assure
que cette entreprise-là ou ces entreprises-là passent à
travers la conjoncture économique moins favorable.
Quand vous dites, au niveau de la Société de
développement industriel, que ça prend 202 jours, vous dites: Je
ne veux pas faire de démagogie; mais c'est exactement ce que vous
faites. J'ai la même page que la vôtre. Alors, les 113 jours qui
sont compris dans les 202 jours, c'est de la réception au dossier
complété. Quand on est en attente d'informations d'une
entreprise, quand l'entreprise ne nous a pas soumis son plan d'affaires ou
quand l'entreprise a un dossier incomplet, je pense qu'on ne peut pas
pénaliser la Société de développement industriel au
niveau des délais. Par contre, lorsque nous avons un dossier
complété, on voit que les délais sont
considérablement améliorés.
Est-ce qu'on peut faire mieux? La réponse, c'est oui. Les
chiffres que vous avez là, ce sont des chiffres qui ne prennent pas en
considération l'opération Relance PME. Parce que, dans
l'opération Relance PME, en dedans de trois jours, on émet une
lettre d'intention à l'entreprise. Et, sur réception d'un plan de
redressement, en dedans de sept jours, on émet une lettre d'intention
à l'entreprise sur l'aide financière que la Société
de développement industriel du Québec peut apporter à
l'entreprise. Donc, à court terme, oui, on aide les entreprises. On
pariait du secteur de la chaussure, et je vous donne l'exemple de l'entreprise
Faber. Le meuble, je vous dis Bestar et Shermag, et dans le secteur du bateau
de plaisance, Cadorette et Dorai. Si vous voulez que je sorte les listes, je
peux vous les donner. Je vous l'ai dit tout à l'heure, on a 103
entreprises pour 45 000 000 $; à moyen terme, c'est ça qui est
important. La seule façon dont nous allons bâtir une
économie d'avenir dans ces secteurs, c'est en s'attaquant aux variables
que j'ai mentionnées tout à l'heure.
Il faut donc s'assurer que les entreprises investissent davantage dans
des équipements à la fine pointe du développement
technologique, qu'elles investissent dans la formation des ressources humaines
et dans le défi technologique. Je prétends que ça
nécessite un nouveau contrat social. C'est drôle, tout le monde
est d'accord avec ça: la CSD, la FTQ, la CSN, la CEQ, l'Association des
manufacturiers du Québec, le Groupement québécois des
entreprises, les chambres de commerce et les gens d'affaires. Il semblerait
qu'il y a juste l'Opposition qui dit: Ce n'est peut-être pas la bonne
façon de fonctionner. Mais je regrette. Je regrette parce que,
là, vous êtes réellement Isolée, d'autant plus que
ça prend en considération des recommandations du Forum pour
l'emploi.
Mme Marois: Bon, là, le ministre me fait dire des choses
que je n'ai absolument jamais dites, M. le Président, et je ne vois
absolument pas sur quels propos de ma part il peut se baser pour dire que je
suis en désaccord avec les contrats sociaux. On a passé un
après-midi à féliciter son gouvernement pour la nouvelle
entente de Sammi Atlas, pour lui rappeler, par exemple, qu'il y avait comme des
problèmes ailleurs, je vais en convenir, mais on n'a jamais dit... Et,
s'il y en a une qui ne dira pas ça, là, c'est bien la
députée de Taillon, et le ministre le sait. Alors, de ce
côté-là, qu'il me cite une fois où j'ai dit que
j'étais en désaccord avec les contrats sociaux et puis il pourra
affirmer ce qu'il vient d'affirmer.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je viens de dire: Vous...
Mme Marois: Et je vais revenir... Je ne veux pas dire au
ministre...
M. Tremblay (Outremont): ...non, mais c'est vous qui venez de le
dire, là. Vous m'avez dit: Donnez-moi une mesure concrète pour
nous permettre de sauver ça, et vous ne l'avez pas mentionné, le
contrat social. Si vous êtes en accord avec ça, dites-le. C'en est
une mesure concrète d'avenir pour le Québec.
Mme Marois: Non, bien là, M. le ministre, on ne va pas
jouer sur les mots. Je vous ai posé des questions sur des secteurs
industriels précis. Vous ne me répondez pas sur ces
secteurs-là, vous m'en donnez d'autres. Je dis: Parfait, regardons-les
ces secteurs-là. Vous m'avez donné celui de la chaussure.
Pariait, regardons-le. Vous m'avez donné la démarche, j'ai dit
oui, je la trouve intéressante, la démarche. Mais elle donne quoi
comme résultat? Et là vous ne me le dites pas. Vous passez
à un autre secteur, les bateaux de plaisance. Je veux bien qu'on ait
amélioré la situation des bateaux de plaisance, mais c'a a
donné quoi? Est-ce que ça a permis de remonter l'industrie? Je
dis l'industrie, là, pas une entreprise. Vous m'avez donné une
histoire de rationalisation dans l'industrie du meuble. Bravo! Toutes ces
initiatives-là, je les trouve heureuses, souhaitables,
nécessaires. Je vous dis: II y a une approche plus massive à
avoir et plus importante.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je n'ai même pas... Vous
n'écoutez pas ce que je dis. Je n'ai pas parié de la
rationalisation dans le secteur du meuble parce que j'aurais parlé
d'Artopex, de Biltrite Nightingale, avec la Caisse de dépôt
et le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec. Je n'ai
même pas parlé de ça. Vous me dites que je n'ai pas
donné des exemples concrets. C'est faux. Dans le secteur de la
chaussure, je vous ai donné Faber; c'en est un. Mais je ne suis pas ici,
moi, pour dévoiler les ententes confidentielles qu'on a avec toutes les
entreprises dans le secteur de la chassure.
Mme Marois: Vous savez très bien, M. le ministre...
Voyons.
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas ce que vous me
demandez.
Mme Marois: M. le Président, le ministre sait très
bien que je n'ai pas demandé de dévoiler des entreprises. Je lui
dis: II y a 22 %, 30 %, 40 % de baisse dans l'emploi dans tel secteur, dans tel
secteur, dans tel secteur, que fait-il? C'est ça, la question. Elle
n'est pas compliquée. Et je vais revenir sur une autre chose. Si le
ministre... Moi, je veux dire: Je prends les informations que le ministre
m'envoie. Je ne l'invente pas. Bon. Alors, le ministre m'a envoyé un
gros cahier. Je l'ai consulté et c'est dit: Société de
développement industriel, les délais moyens dans les dossiers
acceptés pour les six derniers mois, se terminant le 31 mars 1991... On
est quelle date aujourd'hui? Le 23 avril 1991. Donc, ça fait à
peine trois semaines. Et le délai moyen de la réception à
l'acceptation, c'est 202 jours. Si vous me dites que, dans les situations
urgentes, ça prend à peine quelques jours, ça veut dire
qu'il y en a pour qui ça doit prendre pas mal de temps pour donner une
moyenne de 202 jours, à moins que mes connaissances statistiques ne
soient bien loin, M. le Président. Alors, moi, je lis le cahier qu'il
m'envoie. Il ne m'a pas envoyé les délais dans les autres cas, il
m'a envoyé celui-là. Il ne faut pas qu'il me dise ensuite que je
fais de la démagogie. Bon, fermons le dossier pour ça. On y
reviendra.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais c'est trop facile.
Mme Marois: Mais oui, mais ce n'est pas trop facile.
M. Tremblay (Outremont): Prenons-la, la page. Réglons-la,
cette page-là. Au moins, c'est juste une page, on va s'entendre.
Êtes-vous d'accord qu'on ne peut pas poser un geste concret dans un
dossier quand la demande n'est pas complétée? Êtes-vous
d'accord avec ça?
Mme Marois: Je suis s'accord avec vous.
M. Tremblay (Outremont): Bon, alors, de la réception
à la demande complétée, c'est 113 jours. Enlevez au moins
les 113 jours aux 202 jours, s'il vous plaît. Alors il en reste 89.
Mme Marois: M. le ministre, non, je vais vous poser une autre
question et c'est votre discours. Vous voulez être proactif. Quand on est
proactif, on fait aussi du rappel. On s'assure que le dossier
s'accélère, si on pense que ça vaut le coup. Alors, je
comprends. C'est vrai que... Je ne suis pas... Je peux faire la lecture comme
vous; de la réception à l'état complété, il
y a 113 jours. On les enlève, les 113 jours; bien il y en reste toujours
bien quelque part comme 80.
M. Tremblay (Outremont): Oui, 89, vous avez raison...
Mme Marois: Bon alors...
M. Tremblay (Outremont): ...mais ça ne comprend pas... 89,
là, vous avez raison... 89, et je l'ai toujours dit, je le dis depuis
deux ans sur la place publique, on doit pouvoir, en dedans de 60 jours - on
parle de fonds publics, de capital de risque - répondre à des
demandes, du moment... du dossier complété jusqu'à
l'émission du chèque. Mais, ça ne comprend pas
l'opération Relance PME - c'est juste ça que j'aimerais qualifier
- où on a même mis en place des mesures pour autoriser tous les
dossiers de moins de 1 000 000 $ directement par la Société de
développement industriel du Québec.
Mme Marois: Est-ce qu'on peut avoir l'information sur ça?
Je ne l'ai pas.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mme Marois: Donc, si je
l'ai, je vais...
M. Tremblay (Outremont): Ça va me faire plaisir.
Excellent! Ça, ça va me faire plaisir de vous donner
celle-là.
Mme Marois: ...la mettre à côté de
celle-là et on va fermer le livre effectivement. Mais moi, ce que j'ai,
c'est ça. Et je trouve que ce n'est pas une bonne performance. Alors,
voilà. Et vous ne m'avez pas répondu sur les secteurs. Ce que je
comprends, c'est que vous dites: Oui, on a des mesures ponctuelles à la
demande de certains secteurs industriels. On s'entend pour essayer d'innover
dans le sens du contrat social, ce que vous avez fait avec le secteur de la
chaussure qui s'est adressé à vous pour obtenir une intervention
de votre part. Quand on est proactif, qu'on voit la situation se
détériorer comme elle se détériore actuellement,
moi, je vous dis: Quelle sorte de politique avez-vous, au-delà du
discours sur les estrades? C'est ça. Alors, vous n'avez pas
répondu dans les secteurs que je vous ai mentionnés, vous m'avez
répondu sur d'autres. Tant mieux pour les autres, mais tant pis pour
ceux-là.
Augmentation du fardeau fiscal des entreprises
Alors, on va aborder d'autres questions. Une autre question, parce que
je vois que le temps passe et je veux, cet après-midi, passer à
travers les engagements d'une façon plus systématique. Ça,
c'est un autre morceau - je dirais un morceau majeur - de la politique
gouvernementale auquel le ministre ne peut pas être insensible. Il me
dit: J'écoute l'Association des manufacturiers du Québec,
j'écoute la Fédération de l'entreprise
indépendante, j'écoute les chambres de commerce, j'écoute
le Conseil du patronat. Si vous les écoutez, vous ne leur donnez pas la
réponse qu'ils attendent, parce que l'une de leurs demandes, je dirais,
à l'unanimité, c'est qu'on cesse d'augmenter le fardeau fiscal
des entreprises, parce que, à ce moment-là, on touche à
leur "concurrentialité".
D'ailleurs, la Fédération de l'entreprise
indépendante a produit dernièrement une étude fort
intéressante où elle explique - puisque vous voulez faire des
comparaisons, on va en faire - qu'actuellement le poids de la fiscalité
pour les entreprises québécoises est plus lourd sur la petite et
la moyenne entreprise, a un impact plus grand et, donc, les défavorise
par rapport aux entreprises ontariennes. Or, comme elles sont en nombre
beaucoup plus Important ici - en fait, on dit que 96,2 % de notre
économie est composée de petites entreprises, soit avec moins de
49 employés, 3,3 % de moyennes entreprises, soit moins de 500 et, donc,
0,5 % pour la grande entreprise - on dit que la fiscalité
défavorise la petite entreprise au Québec; elle a donc un impact
majeur sur l'emploi. On souhaite que le Québec ait à cet
égard une approche qui permette de repositionner les entreprises
québécoises.
On fait même des comparaisons. C'est toujours ce fameux document
de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante;
c'est M. Cléroux, qui est l'économiste principal, qui a
procédé à l'étude. On fait des comparaisons - et
c'est intéressant - avec des États américains, et on
constate que le Québec, avant même les hausses prévues
à la fiscalité municipale - je vais y revenir - que les
entreprises québécoises supportent un fardeau fiscal plus
élevé que le Michigan, le New Jersey, New York, l'Ontario et la
Pennsylvanie. Et, fait intéressant à noter, ces
États-là ont des taxes sur la masse salariale qui sont plus
élevées que la taxe sur la masse salariale des petites
entreprises québécoises. La différence se retrouve au
niveau des impôts locaux où la charge sur l'entreprise
québécoise est le double, dans la plupart des cas, de celle des
États cités, la charge provenant d'impôts locaux. Alors,
tant de leur part que de la part des autres représentants, des
groupements d'entreprises représentant les entreprises
québécoises, on peut dire que, quand on a fait le tour du Conseil
du patronat, de l'Association des ma- nufacturiers, de la
Fédération de l'entreprise indépendante - la partie qui
concerne le Québec - si on inclut les chambres de commerce, je pense
bien qu'on a fart le tour de la situation. (11 h 15)
Mais, disons que ce sont surtout le Conseil du patronat, l'AMQ -
l'Association des manufacturiers québécois - et la
Fédération de l'entreprise indépendante qui identifient
bien ce problème et, dans chacun des cas, Us font un bon tour de piste
de ce que ça a comme signification et comme impact sur la
fiscalité des entreprises et leur "concurrentialité". Et
ça, ce n'est pas demain matin, c'est aujourd'hui. Ce n'est pas à
long terme, ce n'est pas moyen terme, c'est à court terme.
Qu'est-ce qui s'est passé depuis 1989-1990 jusqu'à
maintenant? Qu'est-ce qui est amVé au fardeau fiscal des entreprises
québécoises? Chaque année, dans les budgets... En
1989-1990, on parle de 3,22 % pour le fonds des services de santé. On
l'augmente au budget à 3,36 %, on l'augmente à 3,45 % et on a
annoncé que, pour le 1er janvier 1992, on l'augmenterait à 3,75
%. Va pour le fonds des services de santé. Taxes sur le capital,
même type de hausses. Impôt sur le revenu de la petite entreprise,
même type de hausse: 3,22 %, 3,36 %, 3,45 %, 3,75 %. Impôt sur le
revenu des autres entreprises, excluant la petite entreprise, 5,9 %, 6,16 %,
6,33 %, 6,90 %.
Le pourcentage moyen de la hausse du fardeau fiscal va être, si on
exclut 1992, de l'ordre de 7,5 % en 1989-1990 et 1990-1991; les
différentes taxes que je viens d'identifier donnent un montant d'environ
324 900 000 $; alors, 325 000 000 $, faisons un chiffre rond. Ça,
ça exclut la réforme proposée par le ministre des Affaires
municipales, qui est de l'ordre... bien là, on ne le sait plus, c'est
385 000 000 $. Moi, je n'ai pas eu d'autre papier me confirmant que ça
pouvait être autre chose. C'est donc 385 000 000 $ qu'on va envoyer
directement dans le champ de l'entreprise québécoise, donc
touchant son problème de "concurrentialité".
Qu'est-ce que ça va donner, M. le Président, en 1992?
Ça va donner un montant total supplémentaire - si on inclut
évidemment ces 385 000 000 $ - de 1 106 000 000 $ de plus à
supporter pour les entreprises québécoises, une hausse de l'ordre
de 16,6 % si tout ce qui est prévu et annoncé au budget se
réalise en 1992. Si vous voulez qu'on exclue les 385 000 000 $, on peut
toujours les exclure, mais on se retrouve quand même à 721 000 000
$ en 1992.
Alors, quand je parlais, M. le Président, au début de mon
intervention, du monologue du ministre, du dialogue de sourds, je ne faisais
pas seulement référence au fait qu'il y a des secteurs
industriels entiers qui sont en train de s'effondrer, je faisais
référence aux gestes concrets, ceux-là, posés,
identifiés dans les discours sur le budget pour massacrer les
entreprises québécoises. Et le mot n'est pas faible, M. le
Président.
Et quand on regarde toutes les analyses qui sont faites par des
éditorialistes affectés aux questions économiques, je
pense au journal Les Affaires où l'éditorialiste, M.
Gagné, rappelle que c'est absolument... On dit: "L'appétit fiscal
du Québec menace les entreprises" et on rappelle que l'impôt
foncier est, évidemment, très régressif. Parce que
ça existe aussi, la régressivité, chez les entreprises.
Comme ça existe chez les citoyens. Bon. Alors, cet éditorialiste
et tous les analystes financiers disent que ça n'a aucun sens que l'on
garroche, comme ça, dans le champ des entreprises, une hausse de taxe
aussi importante. Alors, si la Fédération de l'entreprise
indépendante faisait l'analyse et la comparaison que je viens de vous
citer... Qu'est-ce que ça va être l'an prochain quand elle va
additionner tout ça? Après ça, on va s'inquiéter
que nos gens aillent magasiner à Plattsburg. Il n'y a pas juste les
heures d'ouverture. Il y a peut-être autre chose. C'est peut-être
d'un autre ordre, le problème.
Où était le ministre quand ces décisions se sont
prises? Quelle évaluation a-t-il faite - peut-il nous la produire -
quant à l'impact de ces hausses de taxe sur la "concurrentialité"
des entreprises, sur l'amélioration ou la détérioration de
la situation de l'emploi dans les entreprises québécoises? J'ai
posé ces questions-là au ministre des Finances en juin
l'année dernière, pour savoir si le fait qu'il applique à
nouveau une taxe sur les meubles et les vêtements, la taxe de vente
québécoise, pas de 8 %, parce qu'avec la TPS c'est une charge de
plus de 15 %... j'ai posé la question: Quel sera l'impact en
matière d'emploi? On m'a dit: Ça ne devrait pas être grave.
On m'a sorti une feuille où il y avait trois chiffres. Ce n'est
peut-être pas grave, sauf que, quand je lis les statistiques de l'emploi,
c'est sérieux depuis un bon nombre de mois.
Voilà pour une taxe. Les autres augmentations: la taxe sur le
capital, le fonds des services de santé. Est-ce que, à chaque
fois - et on devrait en avoir, des modèles économétriques
- on fait l'évaluation de l'impact que cela aura sur l'entreprise? C'est
parfait dans le discours du ministre. On a commencé ce matin avec la
mondialisation. Alors, quel impact cela a-t-il quant à la comparaison et
quant à l'accès au marché étranger pour nos
produits? Parce qu'on est pris, en plus, avec la valeur du dollar.
Il y a une autre réforme, majeure, celle-là. On ne parle
plus de hausse de 0,2 ou 0,3. On parle d'une hausse absolument catastrophique.
Je reprends ce mot; je l'ai utilisé souvent ce matin, je me rends compte
de ça, sauf que je ne sais plus à quel terme m'adresser pour
sensibiliser le ministre à cette situation-là. 385 000 000 $. Si
le ministre me dit: Non, ça ne sera pas 385 000 000 $, ça va
être 250 000 000 $. Parfait. C'est mieux que 385 000 000. Mais ça
veut dire quoi, comme impact? L'avez-vous évalué? Où sont
ces études-là? Avec des chiffres concrets, pas des
théories, pas de: Non, ça ne devrait pas avoir trop d'impact.
Parce que c'est vous, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, qui avez
à défendre cette réalité-là au sein de votre
gouvernement. J'ai posé la question deux fois en Chambre, je n'ai pas eu
de réponse. Je vous l'ai adressée, vous ne m'avez pas
répondu. Je vous la pose à nouveau aujourd'hui. Où sont
ces évaluations? Quelles sont les impacts? Pouvons-nous en avoir les
résultats? Parce que, quand un gouvernement prend une décision
comme celle-là, j'imagine qu'il la prend en toute connaissance de cause,
sinon il est complètement irresponsable, M. le Président. Et je
ne voudrais surtout pas que ce soit le cas pour venir encore une fois rendre la
vie plus dure aux entreprises québécoises.
Et, en terminant cette intervention, sur laquelle je souhaite avoir des
réponses précises, si le ministre me dit - parce que la tentation
est sans doute très forte - si le ministre me dit: Mais toutes ces
taxes, madame, à quelques exceptions près, c'est votre
gouvernement qui les a mises en place... J'en conviens et je ne vais pas le
démentir parce que c'est la vérité. Mais ça fait
cinq ans que son gouvernement est là. S'il était en
désaccord avec ces taxes, il aurait dû, j'imagine, les remplacer,
les éliminer. Non seulement ne l'a-t-il pas fait, mais il les a
haussées. Il devait donc, quelque part, être d'accord avec la
structure de taxation qui avait été implantée pour les
entreprises québécoises. Cependant, ça frôle la
limite de l'acceptable et je voudrais donc savoir si le ministre a des
informations précises à me donner quant à l'impact de ces
taxes-là sur la situation des entreprises québécoises. Et
là il va cesser de monologuer. À ce moment-là, il va
vraiment répondre aux attentes exprimées par les gens d'affaires
du Québec qui sont venus à quelques reprises, devant lui, devant
le premier ministre ou devant le ministre des Finances, faire des
représentations sur ces questions.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je n'avais pas l'intention de
mentionner que la taxe sur le capital et la taxe sur la masse salariale,
c'étaient des initiatives du gouvernement précédent. Je
n'avais pas l'intention d'en parier, mais c'est vous qui en pariez, là.
Par contre, je dois noter à la suite de votre intervention
précédente que, si vous êtes d'accord avec la commission de
Grandpré, vous seriez d'accord pour taxer davantage les entreprises d'au
moins 1 % sur la masse salariale pour aider à la formation des
ressources humaines. Si je me fie à la position de votre
collègue, la députée de Chicoutimi, elle, elle taxerait
encore de 1 % les entreprises pour le défi technologique. Donc, vous
êtes très mal placée pour venir nous dire qu'on taxe les
entreprises. Par contre...
Mme Marois: M. le Président, sur ça, là,
j'ai fait une remarque dans mon intervention de
départ, en expliquant que la taxe sur la masse salariale
était plus basse au Québec que ce qu'on constate ailleurs dans
des États américains, qu'il y avait donc une marge pour
intervenir à ce niveau-là pour solutionner des problèmes
reliés à la productivité dans l'entreprise, et je me suis
adressée à un autre type de taxe, particulièrement. Mais
le tout fait en sorte qu'on se retrouve dans la situation qu'on connaît
maintenant.
M. Tremblay (Outremont): Par contre, ce que vous n'avez pas
mentionné dans cet exposé, lorsqu'on se compare à certains
États américains, c'est que la croissance - et ça, vous
devriez le savoir parce que vous l'avez dit au début de votre
exposé - la croissance des dépenses publiques, de l'ordre de 6,9
%, c'est principalement dans des secteurs sociaux comme l'éducation et
la santé et, entre autres, une partie importante des taxes, soit sur la
masse salariale ou sur la santé, c'est pour aller dans ces
secteurs-là. Alors, j'espère que vous ne comparez pas la
qualité de nos services avec ceux des Américains. Les
Américains ont fait d'autres choix. Alors, ça, c'est
marqué, c'est dans tous les documents que vous nous avez cités
tout à l'heure.
Mais, ceci dit, je le répète, la situation
financière globale des finances publiques, elle est très
sérieuse. Je ne peux pas le cacher. On le dit. Je l'ai dit en Chambre et
je le répète encore, elle est sérieuse. Alors, c'est quoi,
le choix du gouvernement? Le choix du gouvernement, c'est de dire: On augmente
le déficit. On a déjà mentionné que le
déficit, ça peut être 3 000 000 000 $, 3 200 000 000 $.
Enfin, ce n'est pas moi qui vais décider ça. C'est le
gouvernement, lorsque le ministre des Finances annoncera le prochain budget.
Alors, donc, c'est sérieux. On ne veut pas augmenter le déficit,
et on ne veut certainement pas répéter les erreurs du
précédent gouvernement au niveau de la gestion des finances
publiques. On ne veut pas envoyer un message à tous les intervenants et
aux prêteurs que nous ne sommes pas de bons gestionnaires des fonds
publics.
Deuxièmement, on veut s'assurer d'être honnêtes face
aux Québécois et Québécoises. Alors, on va taxer.
On doit avoir des revenus additionnels. Alors, on va taxer quoi? Est-ce que
votre solution, c'est de taxer la population?
Mme Marois: Ce n'est pas ma question, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais j'arrive aux entreprises.
Est-ce que c'est taxer la population en général? Là, vous
allez dire: Bien non. La capacité de payer... la population n'est plus
capable. Donc, c'est un équilibre et ce n'est pas moi qui vais le
définir, c'est le ministre des Finances. C'est un équilibre entre
une taxe additionnelle à la population ou aux entreprises.
Il n'y a aucun doute, et je suis d'accord avec la députée
de Taillon là-dessus, quand on taxe davantage les entreprises, ça
peut avoir, à court terme, je dis bien à court terme, un impact.
C'est vrai. J'en suis conscient. J'ai assisté à plusieurs
rencontres avec les intervenants économiques qui ont été
mentionnés tout à l'heure et nous continuons nos discussions.
Quand on parle de la fiscalité municipale, c'est évident que je
ne peux pas vous donner des études parce qu'on ne connaît pas
encore l'impact des nouvelles mesures au niveau de la fiscalité
municipale sur les entreprises. Lorsqu'on le connaîtra, ça me fera
plaisir de vous donner plus d'informations. Par contre, ceci dit, vous me dites
qu'on parle de 1 000 000 000 $. (11 h 30)
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): C'est beaucoup d'argent. Mais j'aimerais
vous dire... Je vais vous donner trois autres chiffres qui sont beaucoup plus
significatifs, et c'est sur ces chiffres que nous travaillons
présentement. Premièrement, le coût de la
non-qualité dans le secteur public et dans le secteur privé: 24
000 000 000 $ de gaspillage, tant dans le secteur public que dans le secteur de
nos entreprises. Ça, c'est 24 fois le chiffre que vous avez
mentionné. C'est huit fois le déficit du gouvernement du
Québec. Deuxièmement, et je l'ai mentionné tout à
l'heure, le coût de la non-formation, c'est 4 000 000 000 $. Et le
coût du décrochage: Si on améliorait ce secteur au niveau
de l'éducation, on parle d'économie, d'ici l'an 2000, de 33 000
000 000 $. Donc, des sommes énormes. Je viens d'identifier plus de 30
000 000 000 $ qu'on pourrait récupérer, que les entreprises et le
secteur public pourraient récupérer assez rapidement - pas demain
matin, j'en conviens - et ce n'est, et je pèse bien mes mots,
qu'à cette condition que nos entreprises vont pouvoir concurrencer sur
la scène internationale, parce que ça, c'est 34 000 000 000
$.
En ce qui concerne le 1 000 000 000 $ que vous avez mentionné
tout à l'heure, je vais défendre les intérêts des
entreprises du Québec. Par contre, je fais partie d'un gouvernement,
j'assiste à tous les Conseils des ministres, je suis solidaire de la
position gouvernementale et, si à court terme, pour des raisons de saine
gestion des finances publiques, on doit avoir un meilleur équilibre
entre la taxation personnelle et la taxation au niveau des entreprises, on
assumera nos responsabilités. Et je défendrai ce dossier devant
tous les intervenants économiques, de la même façon que je
le défends devant vous ce matin.
Mme Marois: Là, je suis estomaquée, M. le
Président. Le ministre fait la leçon aux entreprises sur la
non-qualité et n'est pas capable de me répondre à une
question précise. Là, je ne lui demande pas ce qu'il a fait pour
un grand
secteur industriel, je lui demande quelle analyse il a faite de l'impact
des nouvelles taxes qui vont aller à la fiscalité des
entreprises? Je comprends que le ministre peut être solidaire de son
gouvernement, mais il faut qu'il soit responsable. Il ne peut pas être
irresponsable. C'est de l'irresponsabilité que de prendre des
décisions sans en connaître les impacts.
Comment ça se fait que le journal Les Affaires, comment
ça se fait que les entreprises, les municipalités, une à
une, ont évalué ce que ça aurait comme impact chez elles?
Elles sont capables de dire: Voilà ce que nous envoyons de plus comme
hausse dans le champ. Elles sont capables de le dire. Le ministre, membre d'un
gouvernement, n'est pas capable de me donner une évaluation de ces
impacts-là. Voyons! Ce n'est pas de la solidarité aveugle. On
peut être solidaire, et je comprends ça, sauf qu'il faut
être responsable, par exemple. On ne peut pas être irresponsable.
Quand on prend une décision, comme membre d'un gouvernement, si vous
n'êtes pas équipé, que ce soit au ministère des
Finances, que ce soit au Conseil du trésor, que ce soit à
l'Industrie et Commerce, pour évaluer l'impact d'une taxe nouvelle sur
les entreprises, vous êtes dans le trouble, et sérieusement,
à part ça. Et vous avez besoin d'être aidé et
d'être conseillé.
N'importe quelle entreprise, n'importe quelle binerie va faire un peu de
planification, va se faire des scénarios. Elle va savoir que les
décisions qu'elle va prendre risquent d'avoir un impact, si on a un
scénario plus optimiste, de tel ordre, si on a un scénario
pessimiste, de tel ordre. On établit une fourchette, mais pas
aveuglément comme ça, dire: Oui, c'est 1 106 000 000 $ de
nouvelles taxes envoyées aux entreprises entre 1989 et 1992. On ne sait
pas ce que ça aura comme impact sur l'emploi. On ne sait pas ce que
ça aura comme impact sur la rentabilité de l'entreprise. Parce
que c'est ça que le ministre me dit. li me répond: la
qualité totale, et le fait que ça coûte très cher de
ne pas l'avoir, et qu'il y a là un manque à gagner. Je suis bien
d'accord, mais ça ne consolera pas les entreprises demain matin, qui se
voient imposer une taxe de cet ordre-là. Qu'il y ait un équilibre
entre les entreprises et les particuliers, bien sûr, ça va de soi,
mais quel est l'impact? Écoutez, on fait des calculs, famille par
famille, couple par couple, selon qu'on a un, deux ou trois enfants, que les
deux travaillent ou ne travaillent pas, pour dire quel va être l'impact
sur le ménage d'une hausse de 0,1 %. Et là on lance 1 106 000 000
$ de taxes sur notre structure industrielle et commerciale, et on n'a pas
évalué l'impact. Si vous ne l'avez pas évalué, vous
avez des problèmes. Vous devez donc l'avoir évalué. Je
voudrais avoir cette information, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Alors, M. le Président,
premièrement, je n'ai jamais dit qu'on ne l'avait pas
évalué. Je n'ai jamais dit ça. Deuxièmement, quand
on regarde les représentations au niveau des municipalités, c'est
évident que l'intérêt des municipalités, c'est de
réduire l'impact sur les entreprises et sur leurs contribuables. Il n'y
a aucun doute là-dessus. Les municipalités ont fait des
représentations au niveau gouvernemental, et c'est une des raisons, pas
la seule, pour laquelle le ministre des Affaires municipales a accepté
de réduire l'impact financier de 477 000 000 $ à 367 000 000 $,
donc une réduction de 110 000 000 $.
Mme Marois: Ça fait 1 000 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): De plus, ce que les municipalités
ne prennent pas encore en considération, c'est les
représentations qu'elles ont faites au ministre des Affaires
municipales; aucune décision n'a encore été prise. Alors,
au niveau de l'immatriculation, est-ce qu'on va hausser le coût des
plaques d'immatriculation? On n'a pas encore la réponse.
Deuxièmement, au niveau du transport en commun, on n'a jamais
imposé aux municipalités l'obligation de taxer entièrement
les entreprises. Au niveau de la Communauté urbaine de Montréal,
elle peut prendre la décision d'augmenter le coût du transport en
commun. C'est une décision que la Communauté urbaine de
Montréal et les différentes municipalités prendront.
Alors, quand vous me demandez quel sera l'impact au niveau des
entreprises, il faudrait bien toujours attendre, premièrement, la
réponse au niveau des plaques d'immatriculation; deuxièmement, la
réponse au niveau des municipalités. Qu'est-ce que les
municipalités vont faire? Est-ce que les municipalités vont
transférer totalement le nouveau montant qui sera réclamé
aux entreprises, ou est-ce qu'il y en aura une partie sur le transport en
commun? À ce moment-là, lorsque nous aurons toutes les
données, entretemps, je ferai les représentations
nécessaires au niveau du ministre des Finances et du ministre des
Affaires municipales. Mais il est prématuré, au moment où
on se parle, de vous parler des études savantes, faites soit par des
municipalités ou d'autres intermédiaires économiques, tant
que le gouvernement n'aura pas décidé de sa politique au niveau
de la fiscalité municipale.
Mme Marois: On va faire une distinction. Puisque le ministre
semble irresponsable - parce que je pense que c'est le cas - on va faire une
distinction. Il me dit: On ne sait pas ce qui va arriver au niveau municipal,
peut-être que ça va être ça, peut-être que
ça ne sera pas ça. Il me semble... ou bien j'en perds le peu de
connaissances que j'ai du financement des entreprises et des finances publiques
en général, mais il me semble que j'en ai un peu, là, et
je trouve que ça n'a aucun sens de me faire répondre ça,
qu'on
attend pour voir, alors qu'on sait que le maximum peut être
ça, que le minimum peut être tel montant...
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: ...et, à partir de là, on fait des
scénarios.
M. Tremblay (Outremont): Non, bien non.
Mme Marois: II me semble que ça se fait. Vous me dites
vous-même qu'il y en a eu, des études. Bien, rendez-les publiques,
qu'on les connaisse, qu'on sache de quoi on parle, et on va faire une
distinction. Vous me dites: On attend pour les immatriculations...
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas dit ça.
Mme Marois: ...on attend. Oui, c'est ça que vous m'avez
dit.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais vous n'écoutez pas ce
que je dis. Ce que j'ai dit, c'est qu'il est difficile de faire des
scénarios tant qu'on ne sait pas ce que les municipalités vont
faire au niveau de la taxation. Est-ce qu'elles vont prendre le fardeau fiscal
et le donner uniquement aux entreprises, ou si elles vont décider
d'augmenter le transport en commun? Alors, on ne l'a pas, cette
réponse-là. Quand on l'aura... C'est facile, on a certains
scénarios, mais en ce moment ça va dépendre de certaines
décisions qui ne relèvent pas entièrement du
présent gouvernement.
Mme Marois: Bon, alors...
M. Tremblay (Outremont): Je vous ai donné l'impact, c'est
367 000 000 $. Alors, faites-vous vos scénarios, et puis
répartissez-les comme vous voulez entre les différentes
possibilités.
Mme Marois: Bon, alors c'est parfait. On peut très bien
remplacer le gouvernement, on est prêts, tout à fait, demain
matin, M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): Vous l'avez déjà fait avec
les municipalités. Tous les scénarios qui ont été
soulevés par les municipalités, à coups de dix cents sur
les contribuables... vous faites leurrer les contribuables par le biais des
municipalités alors que, tout à l'heure, vous disiez que c'est
une taxe qui va être au niveau des entreprises.
Alors, je ne comprends pas votre logique dans la discussion que nous
avons.
Mme Marois: Ma logique, elle est très simple, et mon
questionnement, H est d'une simplicité, mais alors là, c'est le
ba ba. Si j'envoie 100 000 000 $ de nouvelles taxes chez les entreprises,
ça a, dans le secteur qui est concerné, de l'impôt foncier
et d'un certain nombre d'autres propositions...
M. Tremblay (Outremont): Mais, tout à l'heure, vous me
pariiez des familles...
Mme Marois: Je sais...
M. Tremblay (Outremont): Tout à l'heure, dans votre
raisonnement, vous pariiez des familles, des petites familles; ça va
augmenter, là, de tant d'argent...
Mme Marois: Non, non, non. Ah bien, là, là. Bien,
là.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça que vous m'avez dit tout
à l'heure, au niveau des familles.
Mme Marois: ...M. le Président, le ministre... c'est le
ministre qui ne comprend pas, là, hein, qui n'écoute pas. Je lui
ai donné...
M. Tremblay (Outremont): On va sortir le verbatim, là.
Mme Marois: Je lui ai donné comme exemple le fait que le
ministère des Finances avait des modèles pour évaluer
l'impact d'une hausse de 0,25 % de l'impôt sur le revenu des
particuliers. Il avait des modèles pour savoir l'impact que cela aurait
sur les familles à deux revenus, à un revenu, à tel niveau
de revenu. Et il me dit... alors je n'ai pas... mettons-le de
côté, c'est un exemple. Je vous dis il y en a, des mesures; il y
en a, des programmes, des modèles économétriques pour
évaluer ça. Je vous dis que vous envoyez dans le champ des
entreprises une hausse de taxation qui peut être importante. Imaginons
que la fourchette peut varier de l'ordre de - soyons optimistes - 200 000 000 $
à environ 300 000 000 $. Ramenons-le à 100 000 000 $. Je vous
demande si vous avez évalué, comme gouvernement responsable que
vous êtes censé être, l'impact sur l'entreprise
québécoise. Selon qu'on est au détail, selon qu'on est
manufacturier, il doit exister des modèles pour ça. Ça,
c'est la première question.
Puis la deuxième, il y a des décisions qui ont
déjà été prises dans le passé qui concernent
le fonds des services de santé et la taxe sur le capital, qui ont
augmenté et qui vont augmenter encore. Alors, j'imagine que dans chacun
de ces cas-là, à moins d'être complètement
Irresponsables, vous avez fait des analyses, et vous vous êtes
penchés sur la question en disant: Oui, c'est ça l'impact; mais,
oui, nous sommes prêts à vivre avec cet impact-là, à
cause des équilibres. Je comprendrais. Mais donnez-moi des chiffres.
Di-i tes-moi que vous l'avez fait et que vous avez i ces données, et
qu'elles sont disponibles pour
nous, pour qu'on puisse être capables ensuite de débattre,
et non pas de vous entendre monologuer.
M. Tremblay (Outremont): J'ai déjà fait part aux
entreprises, aux différents intervenants économiques que
j'étais prêt, en tant que ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, à vivre avec l'impact d'une nouvelle taxation au
niveau des entreprises. Je le leur ai déjà dit. Et il ne faut pas
oublier non plus que cette nouvelle taxation est déductible
d'impôt, donc elle sera payée en partie par le gouvernement
fédéral.
Mme Marois: J'en conviens, mais vous ne répondez toujours
pas à ma question. À mon point de vue, c'est irresponsable de ne
pas le faire, et de ne pas nous donner un tableau complet qui concerne l'impact
sur l'entreprise de la hausse de la taxe qui s'adresse à elle, peu
importe dans quel champ. Si vous n'avez pas les modèles pour les
évaluer, je crois que c'est inacceptable et irresponsable de la part
d'un gouvernement.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai jamais dit...
Mme Marois: Comme membres de l'Assemblée nationale, je
pense que nous avons le droit, puisque nous prenons des décisions, nous
votons le budget, nous avons le droit d'avoir l'information à cet
égard-là si vous la possédez. Si vous ne la
possédez pas, c'est encore plus sérieux que je ne le pensais.
Alors, je vous remercie, M. le Président. À ce moment-ci, je vais
céder la parole à mon collègue, le député de
Shefford, responsable du dossier jeunesse, qui va adresser un certain nombre de
questions au ministre, concernant bien sûr les dossiers dont il est
responsable. Et je vais reprendre cet après-midi pour ce qui est des
autres questions un peu plus précises que je voudrais aborder avec le
ministre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Shefford.
Programmes d'aide à la jeunesse
M. Paré: Merci, M. le Président. Moi, M. le
ministre, c'est une clientèle particulière que je veux toucher,
mais toujours en parlant de développement économique. Et il va
falloir commencer par faire un portrait, parce que les gestes qui sont
posés ou l'absence de gestes ont des conséquences. (11 h 45)
Et moi, quand je regarde la situation des jeunes au Québec - je
dois dire que je suis très optimiste de nature, mais je suis
réaliste en même temps - je dois vous dire que je suis inquiet. Et
il faut qu'on les regarde ensemble, les chiffres et la réalité de
nos jeunes pour savoir si on a fait des erreurs dans le passé, si on a
fait suffisamment de gestes pour les aider et si, dans le budget actuel, on
retrouve des programmes, des projets ou des investissements ou des montants
suffisamment importants pour nous permettre de croire, à tout le moins,
que la situation va s'améliorer. Et quand je regarde les derniers
chiffres, ce qu'il y a de plus récent, donc les chiffres du mois d'avril
1991 de Statistique Canada, qui vont... ce qu'il y a eu de plus récent
de recensé, c'est mars 1991, donc c'est tout récent. Je dois vous
dire que ce n'est pas très rose. C'est plutôt inquiétant et
il n'y a pas de quoi se péter les bretelles, comme on dit chez nous.
Quand on regarde le chômage chez les jeunes, vous avez
certainement vu les chiffres comme moi, on est rendus à près de
21 % de gens de 15 à 24 ans qui sont à la recherche d'un emploi.
Et ça, c'est une progression de 7 % par rapport au même mois l'an
passé, alors que, pour l'ensemble des travailleurs, la diminution de
l'emploi ou l'augmentation du chômage est de 3, 5 %. Ça veut dire
que nos jeunes sont doublement victimes du chômage au moment où on
se parle. Et ça, c'est des chiffres qui sont officiels. Quand on regarde
les 15-19 ans, bien eux autres sont à 21, 5 % de chômage. C'est
une augmentation de 5, 6 %, mais la clientèle qui est très
affectée, où le taux de chômage a progressé encore
plus fort, à 7, 8 % d'augmentation, c'est la clientèle des 20-24
ans.
Il faut se poser des questions. Il ne faut jamais oublier ça.
Quand on vit dans une société, tout est directement relié.
Au Québec, on dit qu'on vit des problèmes dans à peu
près tous les secteurs: la dénatalité, la baisse des
naissances, les problèmes qu'on a par rapport à ça. Et la
clientèle qui est vraiment visée, qui est vraiment touchée
là-dedans, 20-24 ans, c'est justement une clientèle qui,
normalement, devrait penser à s'installer, à créer un
foyer et à procréer. Avec la situation actuelle et au nombre de
personnes - une sur cinq qui est en chômage; je vais revenir sur un autre
point aussi - qui sont en chômage, je dois vous dire qu'ils ne doivent
pas avoir le goût de donner naissance à des enfants pour qu'ils
soient dans la même situation qu'eux autres. Et ça continue.
Si on y va et qu'on regarde maintenant la sécurité du
revenu, les jeunes qui sont sur l'aide sociale, bien là aussi, je dois
vous dire que ce n'est pas bien, bien drôle. L'augmentation des jeunes
sur l'aide sociale depuis une année, les moins de 29 ans, ces
jeunes-là forment 51 % de l'ajout des personnes sur l'aide sociale.
Donc, encore une fois, les moins de 30 ans, notre jeunesse, l'avenir, ceux qui
sont aussi en âge de procréer. Tout est relié, tout est
directement relié. Donc, l'augmentation des jeunes sur l'aide sociale,
c'est 51 % du total de ceux qui se sont ajoutés depuis une année
sur l'aide sociale.
Quand on commence à mettre tous ces gens-là bout à
bout et qu'on les additionne, ceux qui sont sur l'assurance-chômage et
ceux qui sont sur l'aide sociale, on a une responsabilité très
importante.
Quand on regarde, en plus, les autres chiffres, ou en tout cas la
situation réelle... Je suis sûr que mes collègues vont
être d'accord avec moi, il y a un autre domaine où c'est une
catastrophe, c'est le décrochage dans les écoles. Vous allez me
dire que je ne suis pas à la commission de l'éducation, sauf que
je dois vous dire que je vais faire le tour des commissions parlementaires
parce que la pauvreté et la misère s'installent au Québec
spécialement chez nos jeunes. C'est la responsabilité de
l'ensemble de l'appareil gouvernemental; on en est tous conscients, c'est un
ensemble de mesures. Donc, il faut que chacun soit conscient de la
réalité, que chacun prenne les mesures pour régler
ça. Le décrochage au niveau scolaire, 35 %. Où s'en
vont-ils, ces jeunes-là? Le tiers de la population et même plus
qui s'en vont vers un mur, qui s'en vont pour être des assistés
sociaux d'une façon perpétuelle. Ça n'a aucun bon sens et
ça, c'est dénoncé par tout le monde.
Je regardais La Presse de ce matin, le Conseil permanent de la
jeunesse... ils viennent d'être nommés, ces jeunes-là, et
déjà leur crainte est amenée... ils dénoncent une
foule de choses qui nous concernent directement, ici, à la commission
parlementaire où on se trouve ce matin; entre autres, le danger ou la
menace qui pèse sur nous de la fermeture des fameux bureaux de placement
dans les cégeps et les universités. Le gouvernement
fédéral est en train de faire une étude sans consultation
avec le Québec. On fermerait les bureaux de placement dans nos
institutions supérieures, alors que c'est à peu près le
seul contact qu'ont nos jeunes entre leur institution et le milieu du travail.
Bien là, on nous annonce qu'on devrait fermer ça pour faire une
économie, probablement une économie de bouts de chandelle; c'est
ce qu'on appelle une erreur administrative inacceptable. On ne peut pas se
permettre ça, sachant déjà les difficultés qu'on a
entre les deux milieux; la formation professionnelle, ça va plutôt
mal que bien, et là, maintenant, le peu de service direct à cette
clientèle par rapport au placement, on veut l'enlever. Si on regarde le
samedi 20 avril, toujours le Conseil permanent de la jeunesse disait: "Le
Conseil permanent de la jeunesse ne croit pas que la perspective du travail
d'été pour les étudiants soit aussi prometteuse que
certains centres de placement pour étudiants veulent le laisser croire.
" Toujours selon le Conseil permanent de la jeunesse: "Le chômage
étudiant sera probablement de 15 % à l'été,
comparativement à 12 %. " Donc, une augmentation aussi de ce
côté-là. Je pense qu'il va presquement falloir
reconnaître que ça ne pourra pas être autrement, même
si on y met de l'argent. Quand on regarde l'ampleur de la récession,
tout le monde va être touché, à mon avis, malheureusement,
y compris nos jeunes.
Quand on continue - et maintenant plus de chiffres, parce que je viens
de donner le portrait et ce sont des chiffres qui sont connus, ce ne sont pas
des chiffres qu'on a sortis nous-mêmes, mais qu'on ne fait que recevoir
et en prendre bonne note. Qu'est-ce qu'on a fait dans les programmes pour
essayer qu'on ne se ramasse pas dans la situation actuelle? Regardons les
programmes qui existaient, qui n'existent plus et qui ont diminué en
termes d'aide par rapport à cette clientèle de jeunes, les
adultes de demain, qui sont d'ailleurs déjà des adultes.
On a juste à regarder le programme PECEC de l'OPDQ. Alors qu'en
1984-1985 les dépenses étaient de 26 000 000 $ pour aider
à la création d'emplois, au démarrage d'entreprises,
spécialement chez les jeunes et dans toutes les régions du
Québec, en 1990-1991, on était à moins de 4 000 000 $.
Imaginez-vous la différence alors que, normalement, on est censés
être à l'aide. On parle toujours de l'ingéniosité et
de la capacité des Québécois de créer, de
l'entrepreneurship qu'on veut aider, du développement par notre
jeunesse, et on ne se donne pas les moyens. On dit: On est le MIC ici, on n'est
pas au ministère responsable du Développement régional;
sauf qu'on a changé PECEC pour le ramener à PRECEP et on a
attendu des mois et des mois avant de faire connaître les
règlements d'application. On se ramasse avec des budgets qui sont plus
petits et, donc, des emplois ne sont pas créés, en sachant
très bien qu'il y a beaucoup de programmes, de projets qui sont en
attente. Je le sais pour avoir référé beaucoup de nos
jeunes aux groupes qui sont responsables dans les régions d'accorder
l'aide par rapport au programme PRECEP, mais malheureusement, après
avoir attendu, on se ramasse avec des budgets qui sont drôlement
diminués.
Je prendrais juste le programme Jeunes Volontaires. C'est vrai que c'est
encore un autre ministère, sauf que les budgets de près de 5 000
000 $ en 1989-1990 sont tombés en 1990-1991 à 2 700 000 $.
Ça, c'est pour les jeunes qu'on doit aider. Je vous ai donné les
chiffres de l'augmentation du chômage tantôt, de l'augmentation des
jeunes à l'aide sociale, du décrochage, des jeunes qui sont dans
la misère, qui sont dans bien des cas désespérés au
point où le Québec a le championnat mondial - il n'y a pas
à dire, on n'est pas au tiers monde - du suicide chez les jeunes.
Ça s'en vient la première cause de mortalité chez les
moins de 25 ans. C'est au Québec que ça se passe. Il ne faut pas
se mettre les deux mains sur les yeux et ignorer ça. On n'a pas le choix
de s'en préoccuper. Et, pourtant, on coupe les budgets de Jeunes
Volontaires de moitié. Pensez-vous qu'on va les aider, ces
jeunes-là, au cours de l'année qui s'en vient?
Bourses d'affaires. Là, ça nous concerne
directement; bourses d'affaires aux nouveaux entrepreneurs. Quand on
regarde le budget 1990-1991, qui était de 2 105 000 $, là, on va
ramener ça en 1991-1992 à 1 140 000 $, une diminution de 965 000
$, près de 1 000 000 $. Je trouve que ça n'a pas de bon sens.
J'espère que... Ça, je sais que vous allez me répondre
la-dessus et j'espère que ça va être de bonnes nouvelles
parce que, moi, si je me fie aux chiffres que j'ai pu prendre dans le livre, je
dois vous dire: Ce que je m'en viens vous demander ce matin, c'est que
ça ne soit pas la réalité qu'on retrouve là-dedans.
On ne peut pas se permettre des choses semblables.
Jeunes Promoteurs, c'est encore la même chose. Quand on regarde
les crédits de l'an passé par rapport aux crédits de cette
année, vous allez me dire: Oui, mais il y a les crédits et il y a
les dépenses réelles. Quand on est ici pour étudier les
crédits, on compare des choses qui sont semblables. Les crédits
qu'on avait projetés l'an passé étaient de 6 182 000 $ et,
pourtant, les crédits qu'on projette cette année sont de 5 790
000 $, une diminution. Comment peut-on se permettre, dans des programmes
semblables, des diminutions dans l'année qu'on connaît alors que
l'État a un rôle majeur, oui, un rôle catalyseur comme on
dit depuis quelques années; mais catalyseur ne veut pas juste dire
stimuler, encourager et tenir des discours. Ça veut dire y mettre
l'argent nécessaire quand vient le temps d'aider des jeunes à
partir des entreprises, à devenir des promoteurs, à devenir des
entrepreneurs, à créer leurs propres emplois et à en
créer d'autres. On a eu la preuve, depuis quelques années, que
nos jeunes sont très inventifs, très créatifs et, dans
bien des programmes, dont ceux que je viens d'énumérer, ils ont
fait la preuve qu'ils étaient capables de réussir aussi bien que
leurs aînés par rapport au maintien de leur entreprise
après une période de démarrage comparable à celle
des entreprises d'autres groupes d'âge.
Donc, ma première question, et je reviendrai sur une autre
tantôt, c'est comment vous pouvez expliquer que, dans le livre des
crédits, on retrouve des diminutions dans des programmes d'aide pour
nouveaux entrepreneurs et jeunes promoteurs alors que, normalement, on devrait,
dans une période de crise économique, être à
l'écoute et à l'aide de nos jeunes qui veulent se lancer en
affaires?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je voudrais tout
d'abord répéter que le ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie a toujours et continuera à avoir des
programmes qui répondent aux besoins réels des jeunes. C'est
très important. Il n'y a aucun doute que les propos du
député de Shefford sont très pertinents dans une
conjoncture économique moins favorable, d'autant plus que, si, en tant
que gouvernement, on considère que les jeunes, c'est la relève,
il faut absolument mettre en place des mécanismes qui permettent aux
jeunes, en plus d'avoir accès à des emplois permanents de
qualité, de pouvoir développer des connaissances et une expertise
au niveau de l'entrepreneurship. Là-dessus, on s'entend.
Quand le député de Shefford fait allusion au fait que le
taux de chômage chez les jeunes, dans une conjoncture économique
moins favorable comme celle que nous vivons présentement, est de 20,9 %,
j'aimerais lui rappeler qu'après une reprise économique
importante en 1985, lorsque le précédent gouvernement
était au pouvoir, le taux de chômage chez les jeunes était
de 18,1 %. On doit dire que c'est totalement inacceptable aujourd'hui qu'il
soit à 20,9 %, mais ça peut toujours s'expliquer par la
conjoncture économique moins favorable. Mais j'aimerais bien qu'on
m'explique tout à l'heure comment on a laissé, après des
années de croissance et une reprise économique dont l'Opposition
se vante tout le temps après les années 1983, 1984, 1985, qu'on
ait accepté, sous votre gouvernement, un taux de chômage de 18,1 %
chez les jeunes. J'aimerais rappeler qu'en 1989 ce taux était de 13,2 %;
donc, nous l'avions amélioré considérablement.
Évidemment, la conjoncture économique aujourd'hui ne nous aide
pas.
Très brièvement, il y a deux genres de mesures. Il y a des
mesures à court terme - je vais en parler dans deux secondes - et des
mesures à moyen terme. Mesures à moyen terme. Très
brièvement - j'en ai discuté ce matin avec la
députée de Taillon - si nous voulons créer pour nos jeunes
des emplois permanents de qualité, c'est un effort collectif qu'on doit
faire. On ne peut pas s'attendre à ce que le gouvernement règle
tous les problèmes. On n'est plus capables de répondre aux
attentes de tous les intervenants économiques et ça va passer par
un nouveau partenariat dont nous avons discuté ce matin, où on
va, entre autres, favoriser davantage des stages en entreprises et la
valorisation des métiers pour permettre justement aux jeunes d'avoir
accès à des emplois permanents de qualité.
Je ne reviens pas là-dessus. Par contre, j'aimerais qu'on regarde
le court terme et les mesures précises que nous mettons en place. Vous
avez certaines informations dans les cahiers, mais il me ferait plaisir de vous
donner deux feuilles qu'on peut regarder avec les comparatifs. Je vais vous les
donner immédiatement. Vous allez réaliser que Nouveaux
Entrepreneurs... Bon, le programme Nouveaux Entrepreneurs n'existe plus. Le
programme n'existe plus parce que, conjointement, on a pris la décision
avec les jeunes. Quand on a pensé à réorganiser les
organismes de soutien aux initiatives-jeunesse, j'ai pris le temps de
rencontrer tous les représentants et les représentantes des
organismes de soutien aux initiatives-jeunesse et on a
réévalué l'importance des différents
programmes.
Le programme Nouveaux Entrepreneurs, les jeunes m'ont mentionné -
m'ont mentionné, alors c'est une initiative des jeunes - que ce
programme n'était pas aussi important que le programme Jeunes Promoteurs
parce que, essentiellement, on donnait une garantie de prêt et les
montants que vous avez là, je trouve que c'est encourageant. Ça
veut dire que les jeunes respectent leurs engagements parce que le montant qui
est prévu au budget, c'est des garanties de prêts qu'on doit
respecter. Donc, quand un jeune a des problèmes financiers, on doit
payer. Le fait que ça diminue, je pense que c'est positif dans le sens
que les jeunes réussissent bien en affaires. Donc, dans ce
sens-là, je pense que c'est un programme qui est en phase terminale.
Donc, je pense que ça répond à la première question
que vous avez posée. (12 heures)
En ce qui concerne Jeunes Promoteurs, on voit que le budget original de
1990-1991 était de 6 432 000 $. La question que vous me posez, c'est de
me dire: Comment se fait-il qu'en 1991-1992 il est seulement de 5 790 000 $,
une variation de, sensiblement, 641 000 $? Mais la réponse, vous l'avez
à la deuxième feuille que je vous ai soumise. Vous voyez que les
dépenses probables au 31 mars 1991, au niveau de Jeunes Promoteurs,
c'est 4 982 000 $. Donc, nous avons encore une amélioration, parce que,
même si les jeunes n'ont réclamé que 4 982 000 $, on
bud-gette encore 5 790 000 $. Et je dois assurer le député de
Shefford et la députée de Taillon qu'on n'a jamais manqué
d'argent dans le programme Jeunes Promoteurs.
Alors, on peut, pour des raisons médiatiques, publier des
chiffres, mais je pense qu'il faut regarder la réalité et les
jeunes ne sont aucunement pénalisés. Au contraire, on regarde
l'effort que le présent gouvernement fait pour aider nos jeunes. Et il
n'est plus juste question de Jeunes Promoteurs ou de groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse ou de Nouveaux Entrepreneurs. Au contraire, nous avons
repensé tous nos programmes pour aider les jeunes à partir en
affaires. Avant, on leur donnait de l'argent, mais où était le
support administratif? Maintenant, on les aide au niveau du support
administratif.
On a pensé aussi qu'il y a peut-être certains jeunes qui ne
veulent pas nécessairement partir en affaires, mais qui aimeraient
travailler dans une entreprise. Donc, on a fait un volet spécial du
Programme de soutien à l'emploi scientifique pour les jeunes. Et, en
plus, on s'est dit: Si une entreprise, des jeunes qui sont partis en affaires
veulent avoir accès à de l'information ou à des
études administratives, on a créé deux nouveaux programmes
pour les jeunes: un programme PRO-PME pour permettre aux jeunes d'avoir
accès à ces études et, deuxièmement, ce qui est
encore plus important, on a dit: II y a peut-être certains jeunes qui
veulent partir autre chose que des entreprises dans le secteur des services.
Ils voudraient peut-être partir dans le secteur manufacturier. Donc, il
serait important qu'ils aient des fonds pour partir des projets industriels.
Donc, on a maintenant un PACPI pour les jeunes.
Alors, quand on regarde globalement l'effort du gouvernement, il
totalise près de 20 000 000 $ et ça exclut le placement
étudiant, qui totalise 2 800 000 $ Le député de Shefford a
mentionné tout à l'heure la possibilité que,
peut-être, le gouvernement fédéral cesse de
représenter ou d'avoir des organismes aidant les jeunes en milieu du
secondaire ou du collégial. Alors, nous sommes présentement, au
niveau du placement étudiant, en discussion avec le gouvernement
fédéral pour assurer à nos jeunes les services qui vont
leur permettre d'avoir des emplois temporaires l'été, mais
également, peut-être, je dis bien peut-être, de voir,
à la suite des décisions du gouvernement fédéral,
comment on peut aider davantage les jeunes.
Donc, je résume. Je vous dis qu'il y a une volonté
affirmée du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie d'aider les jeunes. Et, le jour où vous allez me
démontrer clairement qu'il manque de l'argent pour aider nos jeunes,
j'aimerais ça en prendre connaissance. Si vous avez des suggestions
à faire, vous me le direz. Mais, en ce qui concerne le ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, les jeunes ont une place de
choix.
M. Paré: Juste pour reprendre un peu, dans son ensemble...
Quand vous parlez du taux de chômage, c'est vrai que c'était
inacceptable en 1985, 18,5 % ou quelque chose comme ça, dans une
période où on sortait d'une crise. Je dois vous dire que c'est
encore bien moins acceptable, 21 %, au moment où on sort de cinq ans de
reprise et d'accélération économique comme on se l'est
fait dire pendant cinq ans. Je dois dire que c'est beaucoup plus
inquiétant à ce moment-ci que ça pouvait l'être en
1985 puisque c'était en descente alors que, maintenant, c'est en
montée.
M. Tremblay (Outremont): Je veux juste vous dire que j'ai
mentionné qu'à la fin de 1989, donc à la suite de la
reprise économique, on l'avait baissé, le taux, à 13,2 %.
Alors, le point que j'essaie de démontrer, c'est: N'eût
été la conjoncture économique moins favorable, on ne
serait sûrement pas à 20,9 %. Mais je suis entièrement
d'accord avec vous que c'est un taux de chômage inacceptable et, si on
peut le corriger le plus rapidement possible, nous allons prendre les moyens
pour le faire
M. Paré: Je dois vous dire un autre commentaire. Quand
vous avez parlé de Nouveaux Entrepreneurs, vous avez dit que
c'était respecter le choix des jeunes que de l'abolir. Moi, les
commentaires que j'ai eus de jeunes que j'ai
rencontrés comme ceux du Conseil permanent de la jeunesse qui a
fait une tournée au printemps 1989, dans le livre qu'il a publié
"La jeunesse québécoise noir sur blanc" - parce qu'il ne voyait
pas de couleurs dans l'avenir pour ces jeunes-la - c'était dit
qu'effectivement il dénonçait la coupure de Nouveaux
Entrepreneurs et que c'était un peu par choix forcé qu'ils ont
décidé... Puisqu'on leur disait qu'il fallait couper des
programmes, ils ont préféré voir disparaître
plutôt Nouveaux Entrepreneurs que Jeunes Promoteurs. Moi, c'est le
commentaire que j'ai.
M. Tremblay (Outremont): Ce que vous dites, c'est vrai, mais
c'était en 1989. C'est avant que le PRECEP ait un volet jeunes. Le
programme Nouveaux Entrepreneurs, c'était une garantie de prêt
avec un congé d'intérêts la première et la
deuxième année, tandis que le programme PRECEP modulé pour
les jeunes, c'est un congé d'intérêts pour trois ans et une
possibilité de congé d'intérêts pour la
quatrième et la cinquième année. Donc, les jeunes,
lorsqu'ils ont pris connaissance des modalités du PRECEP, qui
était beaucoup plus généreux que Nouveaux Entrepreneurs,
ont dit: C'est évident qu'on ne vous demandera pas d'aide sous Nouveaux
Entrepreneurs quand le PRECEP est beaucoup plus généreux.
Ce dont nous avons convenu ensemble, étant donné qu'une
des considérations du PRECEP, c'est une mise de fonds minimum de 10 %
pour nos jeunes, ce que nous avons fait, nous avons évalué avec
les jeunes le projet moyen, qui est de 60 000 $. Nous avons dit: 10 % de 60 000
$, ça fait 6000 $, donc le programme Jeunes Promoteurs, maintenant,
c'est... On aide... C'est nous, le gouvernement du Québec, qui faisons
la mise de fonds de 6000 $ pour les jeunes, et ça a été
fait avec les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse. Je les ai
rencontrés personnellement lors d'une rencontre en Estrie. Il y avait
une centaine de personnes et je dois vous dire que lorsque j'ai eu fini la
présentation, après avoir été a l'écoute des
jeunes, ils se sont levés et ont applaudi. Ils sont très
satisfaits des résultats et de la réorganisation au niveau des
services pour nos jeunes.
M. Paré: Toujours dans la même ligne, vous avez dit
que dans les mesures à moyen terme, c'est évident que, si on veut
régler cette situation-là ou, en tout cas, l'améliorer, il
va falloir qu'il y ait un effort collectif. Et je suis tout à fait
d'accord avec vous, au point où on pourrait se permettre de
féliciter les gens de Rivière-du-Loup qui ont
décidé, tout dernièrement, de se prendre en main et de
monter, sans l'aide du gouvernement, une initiative d'aide à la
création d'emplois par l'argent qui vient du milieu financier et des
institutions québécoises qu'on connaît très bien,
qui s'impliquent de plus en plus et qui, d'ailleurs, étaient les
têtes d'affiche au Forum pour l'emploi. Sauf qu'heureusement, eux autres,
c'est des programmes et des montants qui s'ajoutent et non pas des programmes
qui remplacent d'autres programmes. Et c'est un peu ça,
l'inquiétude d'abolir des programmes pour les remplacer; ça ne
donne pas nécessairement plus d'argent.
Ça m'amène à votre dernier commentaire de
tantôt en disant: dire que vous êtes en négociations avec le
gouvernement fédéral concernant le placement étudiant, je
dois dire que je suis content de l'entendre, même si les remarques de
votre collègue de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle semble dire que, comme c'est sa
responsabilité, il attend des décisions du gouvernement
fédéral. Est-ce que je peux conclure de ce que vous venez de nous
dire qu'advenant le retrait du fédéral on peut être
assurés qu'il va y avoir maintien de ce genre de bureaux dans nos
institutions d'enseignement supérieur et que, si le ministère de
la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu ne trouve pas les
fonds, vous êtes ouvert à le remplacer?
M. Tremblay (Outremont): Bon. La réponse, c'est non.
Alors, ce que j'ai dit... Je veux bien qualifier ce que j'ai dit, là. Je
n'ai pas dit qu'on était en négociations. Si jamais j'ai
employé le mot "négociations", là... Ce que j'ai
employé, d'après moi, c'est les mots "Nous sommes en discussion -
c'est très différent - avec le gouvernement
fédéral". C'est difficile, à ce stade-ci, de
répondre oui ou non, parce qu'on n'a pas la décision du
gouvernement fédéral. Ce que j'ai dit, c'est que le placement
étudiant, pour le gouvernement du Québec, c'est important, donc,
il y a des efforts. J'ai mentionné le chiffre tout à l'heure, 2
800 000 $. Et ça va bien, même dans une conjoncture
économique un peu plus difficile. Je vérifie
régulièrement avec les bureaux satellites au Québec et ce
qu'on me dit, c'est qu'il y a une très bonne réponse des
employeurs au niveau de la création d'emplois temporaires pour
l'été. Donc, j'attends la décision du gouvernement
fédéral. Il n'y a aucun doute qu'on va en discuter avec le
ministre de la Formation professionnelle et la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Lorsque nous aurons la décision, on
verra si on ne peut pas faire quelque chose.
Quand vous dites qu'on remplace des programmes par d'autres, je vais
juste vous dire une chose, parce que vous avez parlé un peu du moyen
terme. Si c'est vrai que la préoccupation, ce n'est pas juste de donner
un coup de pouce initial avec les 6000 $ pour partir en affaires, c'est
important qu'on participe au niveau de la formation. Alors, on a
recyclé, à la demande des jeunes, et je veux le dire. Les
dépenses de formation étaient de 500 $ dans les programmes que
nous avions; maintenant, on est passés à 1000 $ et on a inclus le
coût des cours, le
matériel pédagogique, l'hébergement et les
déplacements. Parce qu'un des problèmes des jeunes... C'est bien
beau de leur dire, la formation, mais qui va payer pour les
déplacements? Ce n'était pas compris, avec l'hébergement;
maintenant, c'est compris. Donc, c'est important, la formation. Le nouveau
volet sur les études de faisabilité, on l'a modulé. Vous
savez que, pour des projets industriels normaux, c'est 50 %. À cause des
jeunes et de leur capacité financière de faire des études,
on a dit: On va aller à 75 %, jusqu'à un maximum de 5000 $.
Alors, pour les jeunes, ça a été fait avec les jeunes,
à l'écoute des jeunes, et on pense répondre aux besoins
réels des jeunes. Et, si on peut faire mieux, moi, je suis à
l'écoute, encore une fois, de suggestions. Parce que, pour le
ministère, les jeunes, c'est important.
M. Paré: Ça m'amène à une question
par rapport à un programme que je trouve formidable. Et, pour
probablement l'utiliser très souvent, comme la plupart des
députés, à mon avis, là où les groupes
existent, c'est les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse. Ça,
là-dessus, je dois vous dire, quand quelque chose est performant,
habituellement, ce qu'on fait, c'est qu'on l'aide pour qu'il le soit encore
davantage. La reconnaissance du bien-fondé d'un programme ou d'un
groupe, ça doit être autre chose que de le dire. Un peu comme on
disait hier à l'ouverture de la Semaine du bénévolat: On
peut bien dire à ces gens-là qu'ils sont fins, mais, si on coupe
les subventions pour les empêcher de fonctionner, on ferait mieux de ne
même pas assister à l'ouverture de la Semaine du
bénévolat.
C'est un peu la même chose. Ce sont des groupes qui sont
performants, qui rendent des bons services, dont les chiffres viennent
confirmer non seulement l'utilité, mais la compétence et le fait
qu'ils soient devenus indispensables pour aider nos jeunes. Là-dessus,
je pense qu'il n'y a personne qui va mettre ça en doute. Je pourrais
bien sortir tous les chiffres et comparer combien d'entreprises ont
été parties avec ces groupes-là et, grâce au suivi
qu'on leur a donné, la belle performance de réussite des
entreprises, le niveau de faillites et de fermetures d'entreprises moins
élevé que dans d'autres secteurs par rapport au fait, justement,
qu'on les a suivies, qu'on a une responsabilité et que ces
gens-là deviennent presque - ce n'est peut-être pas correct comme
image - les grands frères de ces gens-là. Les chiffres nous
prouvent qu'ils ont fait un excellent travail dans la période difficile
qu'on traverse.
Normalement, s'ils sont performants, on fait en sorte qu'ils performent
encore davantage et qu'ils puissent donner encore un meilleur service pour
aider davantage l'entreprise. Donc, les groupes sont performants, la preuve est
faite. Je n'ai jamais entendu personne contester ça. De toute
façon, on ne pourrait pas le faire, à mon avis, de façon
correcte par rapport à tous les rapports qui ont été
déposés au cours des dernières années, nous
montrant les résultats assez sensationnels de ces groupes-là. On
a vu aussi à quel point c'était moins coûteux que bien
d'autres programmes par rapport aux résultats. Il faut faire des
calculs, à un moment donné: le nombre d'emplois
créés, le nombre d'entreprises mises sur pieds par rapport
à ce que ça nous coûte et, quand on fait la division, on
s'aperçoit que ce n'est pas nécessairement les emplois les plus
coûteux pour l'État que ce programme nous coûte. (12 h
15)
Et il y a surtout quelque chose d'extraordinaire, c'est la participation
du milieu: tous ces bénévoles qui viennent du milieu des
affaires, du commerce, d'une société, qui décident de
s'impliquer bénévolement par rapport à l'étude des
dossiers, qui se réunissent bénévolement pour aider,
conseiller, analyser et supporter ceux qui sont payés pour être
capables de rendre le service d'une façon continue et permanente. Tous
ces groupes de bénévoles qui ont décidé de
s'impliquer pour du développement dans leur société, on
devrait les reconnaître, parce que s'il fallait payer ça, je vais
vous dire, les coûts du programme seraient pas mal plus
élevés qu'il le sont là.
Mais les gens ne se sont jamais plaints. Je regarde juste dans la
Montérégie, les groupes existants, pour en avoir rencontré
plusieurs, les gens qui sont bénévoles là-dedans ne se
plaignent pas, au contraire, de donner du temps et des énergies et
d'utiliser leurs compétences au service des nouveaux entrepreneurs. On
le voit très bien; quand les gens décident de quitter pour toutes
sortes de raisons, d'affaires, de famille ou pour, finalement, donner la chance
à d'autres, ils sont remplacés très rapidement par des
gens aussi compétents qui viennent du même milieu des
affaires.
Donc, on ne peut pas se passer de la participation
bénévole de ces gens-là, à mon avis. On doit, au
contraire, essayer d'en profiter encore davantage. Et, pourtant, qu'est-ce
qu'on fait depuis un certain nombre d'années? Bien, on a remis en
question le programme. Vous allez me dire: Non. on ne l'a pas remis en
question; le programme est toujours-là et, si vous regardez, même,
les budgets de cette année, ce n'est pas catastrophique. Il va y avoir
une petite diminution ou, en tout cas, on est dans les mêmes montants ou
à peu près, donc vous voyez bien qu'on le maintient. Sauf que, si
on regarde depuis des années, ça ne va pas en augmentant. Si on
regarde les crédits...
M. Tremblay (Outremont): Une augmentation.
M. Paré: Pardon?
M. Tremblay (Outremont): Une augmentation.
M. Paré: Oui, une petite augmentation, sauf que - et c'est
là que je veux en venir - si on regarde les budgets depuis 1987-1988 et
tout ça, on est partis de plus de 6 000 000 $, en baissant à 6
700 000 $, 6 200 000 $, 6 300 000 $, et là on est dans les 5 000 000 $.
Quand on n'indexe pas, vous allez convenir avec moi qu'on baisse. Dans bien des
cas, si on avait seulement indexé au cours des années, on
n'aurait pas la précarité des groupes actuels, et probablement
qu'on aurait un fonctionnement tout à fait différent. Donc, de
dire qu'on maintient ou qu'il y a une petite augmentation, mais même pas
selon l'indexation, il faut bien reconnaître... S'il y en a qui vont
comprendre ça, c'est les travailleurs et tout le monde, y compris nous,
sur nos salaires; quand on ne nous indexe pas le 1er janvier, c'est qu'on a une
diminution, parce que le coût de la vie et l'inflation, c'est rendu que
ça dépasse 6 %, malheureusement.
On crée, aussi et surtout de l'incertitude depuis des
années, à savoir qu'est-ce qu'on va faire avec eux autres?
Comment on va faire, finalement, pour presque les caser sous la
responsabilité d'un autre groupe? Je vais y revenir, vous savez ce que
je veux dire. Mais ces gens-là qui se sont donnés, qui se sont
dévoués, qui sont convaincus, depuis bien des années,
travaillent surtout à quoi? À regarder comment on peut sauver le
programme. Donc, ils se sont regroupés et puis ils ont formé leur
association pour négocier, puis discuter pour leur survie. Le temps
qu'on discute, qu'on négocie puis qu'on se préoccupe de notre
survie, on a moins de temps pour s'occuper des groupes, même s'ils font
le maximum. Je sais, si on regarde encore les derniers chiffres, malgré
le temps qu'on leur a arraché pour ces négociations et puis ces
discussions de survie, les résultats sont quand même très
positifs et très performants. Et ça, là-dessus, je dois
vous dire qu'on peut juste reconnaître que ces gens-là sont d'une
détermination sans bornes pour la survie d'un groupe auquel ils croient
vraiment. Et ils ont raison, les chiffres nous prouvent qu'ils ont raison.
Mais, de vivre cette incertitude, ça nous amène aussi...
Je ne nommerai personne, mais on sait que ça nous amène des
départs dans différentes régions du Québec. Oui, on
va les remplacer. Sauf que, même s'il n'y a personne
d'irremplaçable - la preuve, c'est qu'on remplace même le pape et
les premiers ministres - il risque d'y avoir des résultats qui sont
moins bons, pour un certain temps en tout cas, par rapport aux nouveaux qui
viennent. Et là, cette année, on arrive en disant: Vous devrez
vous intégrer à d'autres groupes, dont les commissariats
industriels, sinon vous avez des coupures. On leur dit d'ailleurs, et un peu
plus, que, s'ils ne s'intègrent pas, la coupure va être un peu
plus forte.
Moi, je vais vous dire, je ne suis pas d'accord avec
l'intégration - je l'ai déjà dit et je le
répète - avec les commissariats industriels, puis ce n'est pas
parce qu'ils ne font pas une bonne job. Il doit y avoir des instances qui sont
complémentaires, et certains groupes, certaines associations qui sont
autonomes parce qu'ils s'adressent à une clientèle
particulière. On sait comment les commissariats industriels ont un
boulot très large, un éventail large de besoins à combler:
c'est le tourisme, c'est l'aide aux entreprises existantes, c'est la
prospection dans les pays étrangers pour amener des entreprises.
Quand on étudie des projets d'investissements de 30 000 000 $, 40
000 000 $ et 50 000 000 $, et puis qu'il y en a un qui arrive, un petit jeune,
avec une idée qui risque de devenir, par exemple, une entreprise de
production si on s'en occupe vraiment, bien je me mets à la place du
commissariat industriel; sa priorité va probablement aller là
où il y a des gros, gros projets, qui feront une grosse annonce et qui
créeront plusieurs emplois. Vous allez me dire, oui, mais on va les
garder à l'intérieur du bureau, des économies
d'échelle. Dès qu'on va les avoir mis dans la même
boîte, sous la responsabilité du commissariat industriel, je vais
vous dire que la préoccupation ne sera plus la même.
Et je dois dire que je trouve que c'est dangereux. On en a vu la preuve
dans d'autres secteurs. Je vais vous donner juste un exemple, puis ensuite je
vous poserai une question. Dans les coopératives d'habitation et les
organismes sans but lucratif de logement social, quand on a
décidé de mettre la hache dans les groupes de ressources
techniques qui sont des promoteurs dans le milieu de ce mode de logement
social, plus ils étaient nombreux et plus les gens étaient
assurés de leur survie, plus ils travaillaient pour qu'il y ait de plus
en plus de ces logements sociaux qui soient construits dans toutes les
régions du Québec. On a coupé les groupes de ressources
techniques, on a enlevé sur tout le territoire les groupes pour faire la
promotion et le suivi avec les groupes. Ça nous amène que les
coopératives et les OSBL qui se mettent en construction chaque
année, bien, ça chute. Il y en a toujours de moins en moins. Il y
a de moins en moins de groupes de ressources techniques.
Je ne voudrais pas qu'on fasse la même erreur avec les groupes de
soutien. Je voudrais savoir quelle est votre intention par rapport à ce
programme très spécifique.
M. Tremblay (Outremont): Très bien. Alors, mon
intention... D'ailleurs, elle est très claire parce que ce n'est pas ce
que j'entends faire, c'est ce que j'ai déjà fait. Alors, je peux
vous le dire de façon importante. Quand vous parlez d'incertitude et de
la question de survie, vous avez absolument raison. J'ai voulu, dans une
démarche proactive avec les intervenants dans le
secteur des organismes, des institutions aux initiatives-jeunesse,
essayer de trouver la meilleure solution considérant les restrictions
budgétaires du gouvernement. Alors, dans cette optique, je les ai
rencontrés. Et ce dont on avait convenu, c'était justement d'un
programme où on pourrait assurer, pendant une période de trois
ans - c'est de ça dont on discutait - la réussite des organismes,
des institutions aux initiatives-jeunesse, en indexant le montant pour les
trois années. Vous avez absolument raison; c'est anormal que, quand on
prend du temps à former une bonne ressource humaine, cette ressource
doive quitter parce qu'on ne peut pas au moins lui donner une augmentation du
coût de la vie. Je suis entièrement d'accord avec ça.
Mais, par contre, ce que je privilégiais, c'était un
regroupement - vous y avez fait allusion tout à l'heure - avec les
corporations de développement économique. Pourquoi? Parce que je
suis d'avis que, si on regroupe les intervenants économiques dans une
région, on va avoir une vision plus globale du développement
économique de la région. Je me suis assuré qu'on aurait et
qu'on protégerait la priorité jeunesse. Ça, c'est
fondamental. Il n'est pas question pour une corporation de développement
économique d'intégrer les jeunes et que les jeunes n'aient pas la
priorité jeunesse.
Mais, étant donné que ça impliquait d'autres
intervenants, j'ai mis en place un comité, un comité important
où il y a des organismes et des institutions aux initiatives-jeunesse,
des commissaires industriels, l'Office de planification et de
développement du Québec, le ministère du Tourisme, le
ministère des Affaires municipales, l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec. Pourquoi? Parce qu'on parle de plus en plus de
regroupements. J'ai voulu être proactif et m'assurer que tous les
intervenants économiques étaient assis à la même
table. J'aurai, dans les semaines ou dans les jours qui viennent, le rapport
préliminaire du comité; on m'a dit que je l'aurais d'ici quelques
jours, ce rapport.
Nous étudions présentement, autant la réussite des
corporations de développement économique, donc des commissaires
industriels... En passant, vous savez que les commissaires industriels, c'est
important au Québec; vous l'avez mentionné et vous êtes
d'accord avec ça. Savez-vous combien on leur donne? 4 200 000 $ - vous
l'avez dans les budgets - tandis que, pour les jeunes, on avait justement
budgeté - c'est pour ça que je l'ai mentionné tout
à l'heure -5 144 000 $. Mais, à la suite des regroupements des
jeunes, à la suite des représentations des jeunes et des
députés - je sais que vous êtes député, mais
on a aussi des députés libéraux qui nous ont fait valoir
exactement le point de vue dont vous discutez aujourd'hui - on a
augmenté l'enveloppe à 5 668 000 $, donc 523 000 $ de plus.
Je veux juste vous dire que ce qui est important pour moi, ça
n'est pas les structures. Des structures, ça coûte de l'argent et
ce n'est pas nécessairement les structures qui assurent un meilleur
service ou un transfert de connaissances aux jeunes. Ce que j'ai voulu faire,
c'est que, si on pouvait avoir des économies d'échelle au niveau
des structures en regroupant dans des régions des intervenants
économiques, on pourrait peut-être dégager des sommes
additionnelles pour aider davantage les jeunes au niveau de la formation, au
niveau du démarrage d'entreprises et au niveau du conseil. Alors, c'est
l'orientation, mais elle n'est pas finale. L'orientation est en train
d'être discutée avec les jeunes, les corporations de
développement économique et les municipalités. Dans un
avenir rapproché, on devrait pouvoir revenir avec un plan d'action qui
va respecter la prioriété jeunesse parce qu'on considère
que c'est très important d'aider nos jeunes, entre autres, dans ce
cas-là, à partir en affaires.
M. Paré: II me reste juste deux minutes. Je vais plaider
en fonction de ce que, moi, je crois, peu importe ce que le comité va
vous soumettre. Effectivement, dans un comité, il y a des gens de toutes
tendances et il y a effectivement des commissaires industriels qui ont un gain
potentiel possible et probable. Peut-être qu'à court terme,
effectivement, ça ne modifiera pas la façon de fonctionner de la
personne ou des personnes qui sont responsables du dossier jeunesse, sauf que
le groupe de soutien aux iniatitives-jeunesse, lui, n'a pas une priorité
jeunesse, il a l'exclusivité jeunesse; il s'occupe seulement de
ça. Ne demandons pas à un commissariat industriel, par exemple,
d'avoir une priorité jeunesse.
Je dois vous dire que je ne pense pas qu'une municipalité qui
paie son commissariat industriel, parce que c'est de juridiction municipale...
Quand vous nous dites qu'on leur donne 4 200 000 S, ce n'est pas ça qui
est la grosse enveloppe qui fait vivre les commissariats industriels. C'est une
aide importante, mais ce n est pas la majorité de l'argent
nécessaire pour faire vivre les commissariats industriels à
travers le Québec. Leur priorité, c'est le développement
économique global. Ça ne peut pas être la jeunesse,
même si on doit faire en sorte qu'il doive y avoir une
préoccupation jeunesse. Une préoccupation jeunesse et une
priorité jeunesse, c'est deux choses.
Regardons dans les autres secteurs. C'est par comparaison, souvent,
qu'on finit par voir s'il y a un danger, un risque d'erreur ou pas. On avait
parlé, à un moment donné, de regrouper sur tous les
territoires des MRC, dans la réforme de la santé et des services
sociaux... qu'il n'y ait qu'un seul conseil d'administration pour tous les
services de santé et services sociaux sur un territoire; et on est
revenus en disant: Non, ça n'a pas de bon sens; effectivement, il
devrait y
avoir un conseil d'administration pour les hôpitaux, un pour les
centres d'accueil. Donc, on répartit maintenant en fonction des besoins
et des clientèles parce que ça va nous permettre d'être
plus performants. Moi, ce que je vous dis, si on veut vraiment avoir une
préoccupation et une priorité jeunesse, c'est qu'ils ont fait
leurs preuves, ils sont bons, et on devrait plutôt les aider que les
menacer.
M. Tremblay (Outremont): J'apprécie beaucoup ces
commentaires. Vous avez raison, lorsque je parle de priorité jeunesse,
ce que je dis, c'est que le jeune, prioritairement, s'occupe des jeunes. Mais,
si jamais il avait des moments libres, rien ne l'empêche de travailler
à d'autres tâches qui sont de nature économique. Donc, j'ai
peut-être un petit problème avec le mot "exclusivité
jeunesse", mais je peux vous assurer que, si la demande des jeunes justifie une
exclusivité, je n'ai aucun problème avec ça.
Le défi au niveau des corporations de développement
économique, c'est de s'assurer une représentativité des
jeunes au niveau d'un conseil d'administration qui va être appelé
à prendre des décisions globales de développement
économique pour une région. Un des problèmes que nous
avions, c'est que si le jeune se rapporte uniquement au commissaire industriel
- vous avez raison - peut-être que le commissaire industriel va penser
juste à des projets industriels majeurs pour la région et ne sera
pas l'avocat, si vous voulez, des jeunes.
Ce dont on discute présentement, c'est, premièrement,
comment on s'assure que le jeune qui travaille avec le commissaire industriel a
accès au conseil d'administration pour faire valoir son point de vue et,
deuxièmement, comment on s'assure qu'au conseil d'administration il se
fasse un mariage entre le conseil d'administration qui, aujourd'hui, chapeaute
les organismes de soutien aux initiatives-jeunesse et le conseil
d'administration qui chapeaute les corporations de développement
économique.
Ce que je prétends, étant donné l'importance de
favoriser les ressources humaines et les talents régionaux que nous
avons, c'est que, si on réussit à regrouper les intervenants
économiques et à inculquer à tous les intervenants
l'importance des jeunes dans une collectivité, on va
accélérer le développement économique des
régions. Peut-être qu'à ce moment-là on va
arrêter d'entendre que nos jeunes partent des régions pour venir
travailler à Québec ou à Montréal. On va pouvoir
permettre à ces jeunes-là d'avoir des emplois dans leurs
régions. Alors, c'est une vision globale du développement
économique d'une région qui est axée, oui, pas
exclusivement, mais prioritairement vers les jeunes.
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, nous devons suspendre nos travaux qui reprendront après la
période de questions, c'est-à-dire autour de 15 h 30. Alors, bon
appétit! On peut laisser nos choses ici, il n'y a pas de
problèmes.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 16 h 1)
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail se réunit à nouveau afin de
continuer l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie pour
l'année financière 1991-1992. Nous avions prévu un bloc de
trois heures, ce qui nous mène à 19 heures. Malheureusement,
à 18 h 30, il y a un caucus. Donc, nous devrons interrompre à 18
h 30 et, si les crédits ne sont pas terminés, probablement
reprendre à 20 heures pour la demi-heure qui manquerait.
Une voix: II y a un caucus?
Le Président (M. Bélanger): Oui, tous les mardis.
On me dit qu'il y a eu une entente pour continuer jusqu'à 19 heures sans
interruption, alors nous serons en retard au caucus. Donc, la situation est
conforme. Nous avons la possibilité de nous rendre jusqu'à 19
heures si nous n'avons pas fini. Mme la députée de Taillon.
Adaptation des entreprises au
libre-échange
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je ne reviendrai pas
sur ce qu'on a abordé ce matin à moins que le ministre ait des
informations complémentaires à me fournir sur l'évaluation
des impacts des nouvelles taxes sur l'ensemble des entreprises au
Québec. J'aborderai, évidemment, une autre question qui a fait
l'objet de longs débats et qui risque de faire encore l'objet d'un
débat assez important: c'est le libre-échange. On a vu qu'on
s'engage actuellement vers une autre ouverture, si on veut, le Mexique. J'avoue
que je suis inquiète de ce qui se passe, pas parce qu'il s'agit
nécessairement du Mexique, ça pose d'autres types de
problèmes que ceux qui ont été soulevés dans le
cadre des accords avec les États-Unis, bien sûr, mais, si je
regarde l'expérience passée, ce n'est pas tout à fait
rassurant. On avait prétendu au moment où on passait ces accords
de libre-échange avec les États-Unis, si on va au passé,
on avait prétendu à ce moment-là qu'on allait intervenir
pour injecter des sommes importantes dans les programmes existants du
Québec en matière d'adaptation des entreprises, de la
main-d'oeuvre et de tout ce qui concerne l'impact, encore une fois, du
libre-échange. Je prenais connaissance dernièrement d'un article
publié dans le journal Les Affaires et qui disait:
Libre-échange, Ottawa et
Québec ont abandonné les entreprises à leur sort.
Dans ce sens-là, on faisait référence aux engagements pris
en 1987 par le ministre du Commerce international, M. MacDonald, engagements
qui n'avaient pas été tenus. Moi, je voulais savoir de la part du
ministre quelles étaient les initiatives qu'il avait prises ou qui
avaient été prises dans son ministère pour intervenir
à cet égard-là auprès des entreprises
québécoises touchées par les changements concernant le
libre-échange. Si, malgré tous les engagements pris, on n'est
intervenus d'aucune espèce de façon, d'une façon
significative, je me dis: Ça peut être inquiétant pour
l'avenir parce que, là, on s'adresse à un autre type de
réalité qui est celle du Mexique. Ce n'est pas du tout les
mêmes problèmes qui vont être soulevés, j'en
conviens, mais on doit regarder le passé et tirer des leçons. Or,
les leçons qui semblent se tirer actuellement, c'est que la bataille, ce
qu'on appelle la bataille du libre-échange - et je fais
référence à un autre article, celui-là d'avril
dernier, publié dans La Presse... Là, encore, c'est le
vice-président exécutif de l'Association des manufacturiers qui
dit que, effectivement, c'est un peu inquiétant ce qui se passe
actuellement. Alors, je voudrais savoir quelles sont les initiatives qui ont
été prises au ministère; elles se sont adressées
à quel secteur industriel; elles ont visé à
résoudre quels problèmes présentés par les
entreprises? N'y a-t-il eu aucune intervention, selon les prétentions
des gens d'affaires eux-mêmes?
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'ai pris
connaissance également, dans les différents médias, de
certaines positions à l'effet que le Québec ou le Canada serait
peut-être en train de perdre la bataille du libre-échange. J'ai
répondu en disant que c'est d'avoir une vue à court terme du
libre-échange. Lorsqu'on a accepté collectivement de s'impliquer
au niveau du libre-échange en 1989, c'était dans une vision
globale, à moyen et à long terme, donc, pas deux ans. On doit
dire qu'à court terme il est vrai, à cause de la politique
monétaire du gouvernement fédéral principalement, des taux
d'intérêt élevés et du dollar canadien qui est
également très élevé, ça nous a causé
certains problèmes. Par contre, il faut regarder également
certains éléments positifs du libre-échange. Je suis
personnellement convaincu que General Motors n'aurait jamais accepté de
donner à l'usine de Boisbriand un mandat mondial pour la Camaro et la
Firebird si nous n'avions pas un traité de libre-échange avec les
États-Unis. Je suis également convaincu que Hyundai n'aurait pas
investi 120 000 000 $ dans une usine d'assemblage à Bromont sans un
traité de libre-échange avec les États-Unis. Je pourrais
citer l'exemple, également, de l'entreprise Inglis à Montmagny,
de Atlas, entreprise d'envergure mondiale, qui vient d'annoncer un projet
d'investissement de 500 000 000 $ pour faire, au Québec, son centre
mondial de production de l'acier inoxydable; le dossier Catelli dans l'est de
Montréal où on a donné un mandat mondial dans le secteur
des pâtes alimentaires. Donc, c'est vrai. À court terme, oui,
certains problèmes, mais également certains résultats
positifs d'implantation d'entreprises majeures au Québec.
En ce qui concerne la question plus précise de la
députée de Taillon, lorsque mon prédécesseur a
envisagé les répercussions du libre-échange sur
l'économie québécoise, il était arrivé
à la conclusion qu'aucun programme spécifique additionnel
n'était nécessaire parce que les programmes existants semblaient
satisfaisants pour répondre aux attentes des entreprises. Depuis ce
temps, surtout depuis la dernière année, des démarches
importantes ont été faites au niveau des intervenants
économiques et des représentants des travailleurs et des
travailleuses. La réponse positive et d'avenir au libre-échange,
c'est l'instauration le plus rapidement possible d'un modèle
québécois pour réussir à notre façon, un
modèle qui repose sur nos valeurs et qui reflète notre
identité. Le premier exemple a été signé dans le
cas de Atlas et d'autres devront, dans un avenir rapproché, être
également signés. Je pense que la partie syndicale est
très consciente de l'importance des mesures d'adaptation et si on prend
le secteur que j'ai mentionné tout à l'heure au niveau de la
chaussure - je l'ai mentionné ce matin - on travaille avec la CSD et la
partie patronale pour s'assurer que ce secteur puisse continuer de
réussir dans un contexte de mondialisation des marchés et,
évidemment, dans un contexte où il y aurait peut-être un
nouveau traité de libre-échange tripartite incluant le
Mexique.
Mme Marois: Bon! Je n'ai pas plus de réponse à mes
questions, si ce n'est une réflexion philosophique du ministre en ce qui
concerne le libre-échange. Moi, je voudrais vous dire aussi qu'il y
avait le pacte de l'auto et, à ce que je sache, j'imagine qu'on aurait
pu aussi avoir des échanges avec les États-Unis sans
nécessairement avoir le libre-échange. Bien, en tout cas... Cela
étant dit, ça ne répond pas à mes questions parce
que ma question, c'est précisément. Est-ce qu'il y a des choses
qui se sont faites? Est-ce qu'il y a des analyses qui sont disponibles? Si le
ministre qui vous a précédé a conclu qu'il n'était
pas nécessaire d'ajouter des interventions, c'est parce qu'il a fait une
analyse pour conclure. Il ne peut pas dire ça tout d'un coup parce qu'il
s'est levé un bon matin puis qu'il a trouvé que c'était
une bonne idée, d'une part. D'autre part, dans le document que vous nous
avez remis, budget 1991-1992, renseignements particuliers, à l'onglet 28
- les pages ne sont pas numérotées, mais c'est la deuxième
page - ça concerne la Direction générale de l'analyse
économique, liste des études complétées et en cours
pour année
nancière 1990. On parie de deux études ici, 'étude
des effets prévisibles sur l'économie du Québec du
démantèlement de l'Accord multi-Fibres - il n'est pas
démantelé actuellement mais ça pourrait se produire. On a
vu, un peu, que ça pouvait même être la prétention du
président des États-Unis. On en faisait état lors de sa
visite, dernièrement, et de ses rencontres avec le président du
Mexique. Une deuxième étude où vous identifiez le titre
comme étant le suivant. Impact sur les secteurs manufacturiers relevant
de la compétence du ministère de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie d'un accord de libre-échange
Canada-États-Unis-Mexique. Alors, est-ce qu'il est possible d'avoir au
moins ces études-là?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas d'objection à
remettre à la députée de Taillon une copie de ces
études.
Mme Marois: Pour éviter de revenir à cette
page-là parce que j'ai beaucoup d'autres questions à poser, il y
a deux autres études qui sont identifiées: Réforme des
taxes à la consommation au Québec, secteur manufacturier. On dit:
Cette étude décrit les principaux impacts de la réforme de
la taxe de vente du Québec sur l'économie du Québec en
général et plus particulièrement sur différents
secteurs de l'activité économique. Investissements au
Québec... ça, c'est plus des analyses statistiques, mais c'est
toujours intéressant de les avoir regroupées, analyses et
statistiques. Est-ce qu'il est possible d'avoir ces deux
études-là aussi?
M. Tremblay (Outremont): Lorsqu'on m'a posé la question
sur l'étude d'impact sur les secteurs manufacturiers relevant de la
compétence du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie d'un accord de libre-échange
Canada-États-Unis-Mexique, j'ai répondu oui. Alors, cette
étude, on va la remettre à la députée de Taillon
sans problème.
En ce qui concerne les deux études La réforme des taxes
à la consommation au Québec, secteur manufacturier, et la
deuxième concernant les analyses et statistiques d'investissement au
Québec, je préférerais voir le contenu de ces
études pour m'assurer qu'il n'y a pas de renseignements qui
relèveraient nécessairement d'un autre ministère. Donc, je
réserve ma réponse sur ces deux études jusqu'à une
consultation ultérieure.
Mme Marois: Mais on s'entend que celles qui concernent
Canada-États-Unis-Mexique et le démantèlement de l'Accord
multifibres pourraient être disponibles?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Parfait. Vous allez me les faire parvenir? Remarquez
que je crois qu'il faudra être très vigilant dans ce qui va se
passer avec le Mexique. Je crois que quelqu'un ce matin - je ne me souviens
plus qui le mentionnait - disait que l'avantage, en fait, essentiellement
comparatif du Mexique, c'était sa main-d'oeuvre faiblement
rémunérée. Je sais aussi que, en conséquence, il y
a des expertises qu'on ne retrouve pas et des habiletés qui n'ont pas
été nécessairement développées dans un
certain nombre d'entreprises de haute technologie qui se retrouvent au Mexique.
Donc, on peut, à ce moment-ci, moins craindre, si on veut, la perte
d'emplois due à un éventuel libre-échange.
L'éloignement du fait qu'il y a les États-Unis entre nous,
évidemment, est un autre facteur qui fait que l'impact risque
d'être moins significatif. Mais il reste, je crois, que tous ces
changements dans lesquels on s'engage, toutes ces nouvelles ententes pour
lesquelles on investit du temps, des efforts, etc., devraient être faits
dans une perspective où on voit l'ensemble des variables
concernées par de tels projets. (16 h 15)
C'est vrai du côté de la consommation, bien sûr, des
marchés nouveaux qui s'ouvrent. C'est vrai aussi du progrès d'une
économie comme celle du Mexique qui en a besoin, je crois, et qui veut
elle aussi entrer dans la modernité, si on veut, en faisant en sorte que
ses travailleurs et ses travailleuses se retrouvent dans des conditions de vie
et de travail meilleures que celles qu'ils connaissent maintenant et que
l'ensemble, de toute façon, de la population connaît. Mais je
crois que ça peut se faire dans le respect des uns et des autres et
aussi des impacts que cela peut avoir ici, sur l'ensemble de notre industrie et
de nos emplois. Dans ce sens-là, je suis contente de voir qu'il y a une
étude qui existe au ministère et je vais en prendre connaissance
en profondeur. Je crois qu'on aurait intérêt à
échanger les informations que l'on possède sur ces
questions-là pour que, lorsqu'on prend des décisions, elles
soient dans le plus grand intérêt de la majorité et dans
une vision, je suis d'accord, de moyen et de long terme. S'il y a des gestes
à poser, qu'ils se posent maintenant et que l'on ne se retrouve pas,
dans deux ans, dans trois ans, dans quatre ans ou dans cinq ans, en disant: On
aurait donc dû! C'est un peu ce que semblent dire les entreprises qui
vivent actuellement les effets du libre-échange. Je conviens que c'est
un peu tôt pour évaluer ces impacts-là, mais, en même
temps, on ne peut pas dire que c'est complètement trop tôt si on
est en train de détériorer l'avantage concurrentiel en
matière fiscale, par exemple - un peu comme je vous le démontrais
ce matin - parce que ça risque d'avoir un impact beaucoup plus grand
à moyen terme, et qui soit négatif pour le Québec.
M. Tremblay (Outremont): Peut-être que je pourrais rassurer
la députée de Taillon. Je suis
très sensible aux impacts qu'un traité de
libre-échange tripartite pourrait avoir. J'ai déjà
rencontré en fait, la partie syndicale qui est également
très préoccupée. Par contre, je dois dire que je
préfère une approche offensive par opposition à une
approche défensive comme nous avons vécu dans le passé,
mais une approche offensive réaliste en s'assurant du maintien du plus
grand nombre d'emplois possible. Alors, dans cette optique, je voudrais vous
rassurer que, quel que soit le déroulement des négociations, nous
allons être présents. Alors, ça, c'est déjà
important. Deuxièmement, il faut regarder la situation de façon
globale. Il y a certains secteurs qui ont été identifiés
comme étant stratégiques par le gouvernement du Québec.
Ils sont très importants et ils nous donnent accès à un
marché additionnel d'au moins, dans le cas du Mexique, 80 000 000 de
personnes. Par contre, il ne faut pas oublier les secteurs vulnérables,
je suis d'accord. Je voudrais vous rassurer que, quels que soient le
déroulement ou les ententes finales, il va y avoir des mesures
d'adaptation et de transition et également des mesures pour
régler les différends au même titre que, lorsqu'un
traité de libre-échange avec les États-Unis a
été négocié, quatre études du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie ont été rendues
publiques. Dans cette même optique, on va s'assurer que l'information est
diffusée pour que toutes les personnes impliquées puissent en
prendre connaissance.
Mme Marois: D'accord. Merci. Si les études exigent ou
concluent qu'il est nécessaire d'intervenir, j'espère que les
fonds vont venir avec aussi, et vont permettre d'intervenir.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste ajouter parce que
c'est important: Nous avons déjà commencé à
intervenir et, lorsque je parle de la vision à moyen et à long
terme, on n'attendra certainement pas d'être dans une position difficile
à cause d'une conjoncture économique ou de l'implantation d'un
traité de libre-échange. Alors, quand je parle de la formation de
la main-d'oeuvre, de l'implantation de la qualité totale et de
l'importance du défi technologique, c'est exactement dans cette
optique-là que j'en parle.
Heures d'affaires des établissements
commerciaux
Mme Marois: D'accord. On aura l'occasion de toute façon de
revenir sur ces questions-là. Aussitôt que je pourrai prendre
connaissance de l'étude, il est évident que, lors des discussions
sur les études de crédits du ministère ou autrement, on
engagera un débat sur cette question.
Bon, passons à ce dossier dont le ministre se plaint que nous ne
le questionnons pas suffisamment. Ce sont les heures d'affaires. Alors, on
était comme le ministre, on a laissé la possibilité que la
loi puisse se mettre en oeuvre, se mettre en pratique, et que le temps puisse
faire un peu son oeuvre. D'abord, c'est intéressant de constater que
l'Ontario est revenu à la fermeture des magasins le dimanche et
ça a soulagé, d'ailleurs, beaucoup les marchands de la
région d'Ottawa dont je lisais les commentaires dernièrement et
qui se disaient enfin heureux que tout ça se passe comme cela. Alors,
ça amènera sans doute le ministère à réviser
aussi certaines zones qui avaient été acceptées comme
étant des zones touristiques mais, en même temps,
frontalières. Je pense, entre autres, à la région de
Masson dans l'Outaouais, que je connais bien. D'ailleurs, ça m'a
étonnée un peu que la demande de Masson soit acceptée.
Enfin, des fois il y a des logiques qu'on ne comprend pas toujours. Donc,
ça permettra d'ajouter de l'eau au moulin pour le ministre et sa
réflexion quant à l'avenir.
Cela étant dit, il y a, dans ie dossier qui nous a
été envoyé et les questions auxquelles on a répondu
dans les renseignements particuliers à l'onglet 29, une description des
inspections et poursuites. Les poursuites semblent peu nombreuses et les
condamnations en conséquence. Je ne veux pas remettre en doute
nécessairement la qualité du travail qui est accompli là
mais on peut tout de même se poser la question sur les secteurs
concernés. Quelles régions ça concernait? Est-ce que
c'était sur les heures d'ouverture? Est-ce que c'était sur le
personnel impliqué? Moi, je dois vous dire que j'ai, sans arrêt,
des commentaires et des remarques, particulièrement sur les
marchés aux puces qui ne respectent, mais alors là, absolument
pas, ni la lettre ni l'esprit de la loi. D'ailleurs, vous avez eu à cet
égard des communications, si je ne m'abuse, de certaines corporations
dont celle des marchands de meubles, des bijoutiers. Effectivement, pour
l'avoir vérifié moi-même, pas personnellement, mais pour
que des gens de mon entourage l'aient vérifié
concrètement, sur le terrain, je peux vous dire que dans les faits, dans
les marchés aux puces ou il doit se vendre des produits soit
usagés, soit des antiquités, soit des produits d'art, on constate
qu'il se vend des meubles neufs à plus de 500 $, des radios à 119
$, des bottes, des souliers, des vêtements qui dépassent largement
ce que la loi prévoit, des portes en aluminium à 950 $, des
kiosques... un marchand de lampes halogènes, évidemment, en haut
de 100 $, on y vend des thermopompes, n'importe quoi. Alors, dans les faits, il
y a une inéquité à cet égard-là, et
j'aimerais que le ministre soit vigilant particulièrement dans le cadre
de ce qui se passe dans les marchés aux puces. D'autre part, ce qui se
passe dans le domaine des marchés d'alimentation, c'est assez amusant.
Je ne magasine toujours pas le dimanche mais je vais faire mes courses et j'ai
remarqué que les magasins commençaient à fermer encore un
peu plus tôt au début de la semaine et
qu'ils étaient revenus aux heures qu'ils avaient auparavant. Il
ne semble pas que ça vaille la peine de le faire le dimanche. D'autre
part, dans les marchés d'alimentation - et ça m'a
été rapporté de source fiable et sûre, de gens qui
l'ont vu - à grande surface, on ne respecte pas la loi. On ouvre et on
ouvre avec plus de personnel que ce qui est prévu. Je ne vais pas
asticoter, on a tellement débattu cette loi-là. Le ministre
connaît mon point de vue mais, cela étant dit, elle est
adoptée. Il faut maintenant l'appliquer et s'assurer qu'il n'y a pas
d'inéquité à l'égard d'autres commerçants
qui, eux, respectent la loi alors que certains ne le font pas. J'aimerais
connaître l'état de la situation quant aux transferts aux
municipalités. Qu'est-ce qui reste actuellement sous la juridiction du
ministère? Qu'est-ce qui est rendu aux municipalités? Ici, on
nous parle de Montréal et de Laval dans le cahier des renseignements
particuliers. Est-ce qu'on a l'impression que les villes qui commencent
à assumer la responsabilité ont les outils nécessaires
pour faire appliquer la loi? Même s'il y a une délégation
aux villes, le ministre reste quand même responsable. Nous restons
responsables... Le gouvernement reste responsable de l'application de la
loi.
M. Tremblay (Outremont): Alors, le principe premier de la loi,
c'était d'établir ou de rétablir, plutôt,
l'équité entre les commerçants. Il n'y a aucun doute que
je vais faire respecter la loi. Dans cette optique, si jamais il y a des
représentations à faire ou des commerces qui sont dans
l'illégalité, je vais faire respecter la loi comme on le voit au
niveau des poursuites et des condamnations que nous avons eues.
En ce qui concerne les marchés aux puces, j'ai été
informé de la même situation que vous et, dans cette optique, on a
eu, il y a quelques semaines, une série d'inspections spéciales
avec nos 11 inspecteurs pour s'assurer que la loi soit respectée. Nous
sommes en train de finaliser les derniers détails au niveau des
poursuites. Vous avez mentionné également le libre choix en
disant qu'il y a certains commerces qui ne considéraient pas que
c'était aussi rentable que prévu d'ouvrir le dimanche et/ou le
mercredi soir. En fait, c'était le but de la loi. Le but de la loi, ce
n'était pas de dire aux commerçants d'ouvrir ou de ne pas ouvrir.
Au contraire, c'était de leur donner le libre choix, dans les heures
données, de pouvoir concurrencer avec d'autres. Si le commerçant
ne justifie pas que c'est rentable pour lui, tant mieux. C'est exactement ce
qu'on voulait faire avec la Loi sur les heures d'affaires.
En ce qui concerne les commerces d'alimentation, je dois vous dire que
j'ai rencontré à plusieurs reprises les travailleurs du secteur
de l'alimentation, l'Association dos détaillants en alimentation qui
m'ont fait part de certaines réprésentations. J'ai donné
suite a toutes lours représentations à l'exception d'une, celle
du Club Price. Alors, en gros, ce qu'on me demandait: Est ce que vous
êtes capable de faire respecter la loi surtout dans la région
métropolitaine de Montréal? C'est surtout là qu'il y avait
des effets sur certains petits commerçants qui respectaient la loi et
qui avaient un certain préjudice qui était causé par
d'autres qui ne la respectaient pas. Alors, au niveau des magasins
d'alimentation, les poursuites ont été prises. Les jugements ont
été obtenus et ça va raisonnablement bien.
En ce qui concerne - je vais revenir sur le Club Price dans une minute -
les différentes villes qui appliquent la loi, la seule ville en ce
moment qui a un système pour appliquer la loi et quand je dis bien
appliquer la loi... Les villes ne font pas l'inspection mais prennent les
poursuites à la suite d'une plainte ou d'un constat fait par un
inspecteur du ministère. Ça passe au niveau des cours
municipales. Alors, pour tout le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, c'est finalisé avec la ville de Montréal. Nous
continuons nos démarches avec la ville de Longueuil sur la rive sud,
Laval et Québec.
Mme Marois: Alors, il n'y a qu'avec la ville de Montréal,
si je comprends bien?
M. Tremblay (Outremont): Oui, uniquement la ville de
Montréal où les ententes sont finalisées. Mais ça
ne veut pas dire qu'au niveau du Procureur général du
Québec on ne prend pas les poursuites et qu'on n'accélère
pas le processus d'audition de ces poursuites.
En ce qui concerne le Club Price... Je pense que, fondamentalement, ce
qui reste à régler, c'est le Club Price. Le jour où on va
avoir une condamnation contre le Club Price... L'information que j'ai, c'est
que tous ceux et celles qui sont possiblement - je dis bien possiblement - en
marge de la loi m'ont donné l'assurance qu'il n'y avait plus de
problème. On a eu énormément de remises demandées
par le Club Price, pour plusieurs raisons. Mais les audiences sont
prévues pour le 8 mai et elles vont durer 15 jours. On m'informe que -
il faut que je qualifie bien ce que je vais dire - les probabilités que
nous ayons un jugement favorable à notre injonction sont bonnes. (16 h
30)
Mme Marois: D'accord. Donc, les audiences ont lieu le 8 mai. Dans
le cas des marchés aux puces, est-ce qu'on croit que la situation risque
d'être régularisée dans un temps relativement court? Quel
pourrait être ce délai, pour la régularisation de la
situation ou les poursuites, peu importe ce que ça impliquera pour y
arriver là?
M. Tremblay (Outremont): Dans le cas des marchés aux pucos
à Montréal, je peux vous donnor un exemple parco que J'ai lu,
comme
vous, un quotidien montréalais qui disait qu'il y avait des
lignes d'attente sur le boulevard Métropolitain. Vous pouvez voir que
depuis deux semaines on n'en parle plus. Il n'y en a plus de lignes d'attente
là. C'est évident que nous sommes allés voir et il y a eu
un constat un peu semblable dans certains étals à celui qui vous
avez fait. Au niveau de la vilIe de Montréal, la machine est
enclenchée. Lorsqu'on a un constat, on prend des poursuites, c'est
accéléré. Dans d'autres régions du Québec,
je ne crois pas qu'il y ait de problèmes majeurs. Au contraire, je pense
que c'est surtout dans la région métropolitaine de
Montréal. Donc, on va accélérer pour s'assurer que la loi
est respectée. Puis, je le répète encore une fois, ce
n'est pas vendre des meubles de 500 $ pendant la semaine et le dimanche, vendre
des items de moins de 50 $, c'est 50 $ en tout temps. C'est un marché
aux puces ou pas. Ça ne veut pas dire que le détaillant de
meubles ne peut pas vendre des meubles de plus de 50 $ pendant la semaine, mais
il ne pourra pas ouvrir le dimanche. Alors, dans cette optique-là, on
fait respecter la loi, la même chose au niveau des fleuristes et des
produits d'horticulture.
Mme Marois: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Est-ce que je pourrais aller en additionnelle sur la
question de Mme la députée sur les produits d'horticulture? Il y
a eu un jugement, à une époque, sur les produits d'horticulture
qui disait qu'effectivement des "hoses", une brouette ou une pelle
étalent des produits d'horticulture. Si j'ai bien compris, il y a eu un
jugement à une époque. Or, ces gens-là qui vendent des
produits d'horticulture en ce moment s'appuient sur ce jugement-là ou
cette interprétation pour nous dire: Écoutez, dans la loi, si on
a le malheur de vendre pendant la semaine une brouette en haut de 50 $, le
dimanche on ne peut pas ouvrir. On sait que la très grande partie de
leur chiffre d'affaires va être fait dans les prochaines semaines, il
faut voir l'activité alentour des produits maraîchers. Ça
va aussi loin, M. le ministre, que le bouquet de fleurs qui a été
envoyé à mon épouse, à l'hôpital. Ça
voudrait dire que le pot, qui valait probablement en haut de 50 $, ce
même fleuriste-là le dimanche ne pourrait pas ouvrir si j'ai bien
compris. Qu'est-ce qu'on a l'Intention de faire dans cette... Est ce qu'on
prend le jugement qui a déjà donné raison à ces
gens-là, ou est-ce qu'on fait une nouvelle interprétation?
M. Tremblay (Outremont): Alors, si on revient à l'ancienne
loi, l'ancienne loi disait qu'un détaillant de fleurs et de produits
d'horticulture pouvait ouvrir, en autant qu'il vende exclusivement des fleurs
et des produits d'horticulture. C'est ça l'ancienne loi. Alors, la
nouvelle loi bonifie la position des fleuristes et des horticulteurs dans le
sens que maintenant, au lieu de vendre uniquement les menus articles qu'ils
pouvaient vendre, qui avaient été définis par le
législateur comme étant quelque chose qu'on peut tenir dans la
main, comme un cure-dents ou des choses très menues, maintenant on a
fixé 50 $ Pourquoi on a fixé 50 $? c'est pour qu'il n'y ait pas
de justification possible, ou d'explication possible.
Donc, dans cette optique-là, est-ce qu'on peut rattacher un pot
de fleurs à une vente de fleurs ou à un produit d'horticulture?
Est-ce que le rotoculteur, les brouettes, les tondeuses sont également
des produits qui peuvent être vendus le dimanche? J'ai bien
clarifié, on ne dit pas aux fleuristes et aux horticulteurs qu'ils ne
peuvent pas vendre des produits de cette nature-là pendant la semaine.
Ils peuvent les vendre pendant les heures normales d'ouverture. Mais, s'ils
veulent ouvrir le dimanche, ils ne peuvent vendre que des fleurs ou des
produits d'horticulture et des items de 50 $ et moins. Pour être certain
qu'il n'y a pas d'équivoque, dans le sens que le jugement que vous avez
mentionné, c'est un jugement accessoire qui a été
demandé dans le cas des fruiteries, nous avons convenu avec les
horticulteurs qu'ils pourraient aller en jugement déclaratoire. Alors,
je pense qu'Us sont en demande pour un jugement déclaratoire et, si le
tribunal décidait que, pour les produits d'horticulture et pour les
fleurs, on peut inclure certains items comme ceux que vous avez
mentionnés, ça clarifierait la situation.
L'Intention du législateur ce n'était pas d'empêcher
la vente de fleurs ou de produits d'horticulture le dimanche, au contraire,
mais à la condition qu'on se limite à des articles de 50 $ et
moins. Sinon, comment pouvons-nous justifier l'équité envers les
quincailliers, envers les Brico, envers tous ces centres qui de par les
dispositions de la loi ne peuvent pas ouvrir le dimanche?
M. Benoit: M. le ministre, je pense que les
représentations qui nous ont été faites ne sont pas
à l'effet qu'ils n'ont pas le droit de vendre en haut de 50 $ le
dimanche. Ces gens-là ne nous demandent pas de vendre des rotoculteurs
le dimanche. Ce qu'ils nous disent, c'est que, s'ils en vendent sur semaine,
Ils sont pénalisés la fin de semaine ou le dimanche. Ils ne nous
demandent pas de vendre... Ils sont conscients de la loi. Ils sont prêts
à la respecter. Ils sont prêts à ne rien vendre en haut de
50 $ le dimanche. D'autre part, parce qu'ils ont vendu un rotoculteur le
samedi, à 16 heures, ça voudrait dire que le dimanche ils ne
pourraient pas ouvrir. La même chose que le fleuriste qui vendrait un pot
en haut de 50 $ sur semaine ne pourrait pas, théoriquement, vendre des
fleurs le
dimanche.
M. Tremblay (Outremont): Non. La réponse à
ça, elle est très claire, pas d'équivoque. On a un choix.
Est-ce qu'on est un détaillant de fleurs ou un détaillant
d'accessoires? Si on est un détaillant de fleurs, il n'y a aucun
problème, on peut ouvrir. Si on veut vendre autre chose, en tout temps,
qui excède 50 $, on ne peut plus ouvrir le dimanche. Prenons l'exemple
des pharmacies d'escomptes. On a vécu la situation des pharmacies
d'escomptes où on entrait et où il y avait des étiquettes
vertes, des étiquettes jaunes et des étiquettes rouges pour dire:
On n'a pas le droit de vendre ça le dimanche. C'était devenu
incontrôlable. Mais les pharmacies d'escomptes, aujourd'hui, pour
respecter les dispositions de la loi et pour ouvrir 7 jours par semaine, 24
heures par jour, ont décidé, premièrement, de sortir
l'alimentation. Je ne parte pas de toutes les pharmacies d'escomptes. Alors,
elles vont sortir les produits d'alimentation et elles vont se
spécialiser dans les produits qu'elles ont le droit de vendre. Les items
de plus de 50 $, c'est-à-dire les rasoirs électriques, les
appareils-photos, les pharmacies d'escomptes ont accepté de les sortir.
Alors, si c'est bon pour les pharmacies d'escomptes qui veulent ouvrir le
dimanche... Les pharmacies d'escomptes ont décidé de respecter
les dispositions de la loi. Tout ce que je dis aux horticulteurs et aux
fleuristes: Est-ce que votre vocation c'est de vendre des fleurs le dimanche ou
est-ce que vous voulez vendre des (leurs et des accessoires de plus de 50 $ en
tout temps? Maintenant, c'est votre choix, décidez. Los dispositions de
la loi sont claires à moins qu'un juge vienne nous dire, par un jugement
dftclaratoire, qu'un produit d'horticulture c'est une brouette, un rotoculteur,
ou d'autres appareils semblables.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Acadie, est-ce que c'est sur le même sujet?
M. Bordeleau: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Auparavant, Mme la
députée de Taillon, est-ce que vous aviez encore des questions
sur le même sujet?
Mme Marois: Non, M. le Président. J'écoute avec
attention.
Le Président (M. Bélanger): Êtes-vous
d'accord pour qu'on déroge à...
Mme Marois: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...la règle
d'alternance un instant?
Mme Marois: Si c'est sur le même sujet, oui. Je me dis:
Finissons cette question-là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Acadie.
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. M. le ministre, on
se souvient qu'au printemps dernier on a passé un mois à
écouter toutes sortes de représentations faites par à peu
près tous les organismes imaginables concernant les heures d'ouverture.
On se souvient aussi qu'à ce moment-là l'Opposition, comme elle
le fait habituellement, déclarait sur un ton alarmiste que
c'était la fin des dépanneurs dans le marché de
l'alimentation. Je pense qu'un an après... Disons, j'aimerais ça
que vous nous disiez un peu si vous avez des indications comme quoi les
dépanneurs... C'était là-dessus, je pense, qu'on a fait
les hauts cris l'an dernier. Est-ce qu'après une année vous avez
connaissance ou vous avez des indications comme quoi il y aurait eu des
fermetures de petits dépanneurs à cause de l'ouverture des
grandes chaînes le dimanche?
M. Tremblay (Outremont): Je remercie le député de
l'Acadie de sa question parce que c'a été un débat assez
important à ce niveau-là. Je dois dire que, immédiatement
après la promulgation de la Loi sur les heures d'affaires, Alimentation
Couche-Tard, qui était venue en commission parlementaire nous dire
qu'elle aurait de sérieux problèmes financiers, s'est
portée acquéreur de 51 dépanneurs, également,
Provi-Soir, division dépannage, s'est portée acquéreur
d'un réseau de dépanneurs. Si on regarde les états
financiers récents d'Alimentation Couche-Tard - une
société publique, donc je ne dévoile pas de renseignements
- ça démontre clairement que la société a
augmenté de façon importante son chiffre d'affaires
principalement, il est vrai, à cause d'acquisitions. Sa marge
bénéficiaire a baissé un peu, c'est normal, à cause
de la concurrence additionnelle des supermarchés, des marchés
publics. C'est normal, c'est la saine concurrence et je dois dire que le
secteur où les entrepreneurs ont subi le préjudice le plus
important, ce sont les marchés publics. Les marchés publics,
justement, qui avaient enfreint les dispositions de la loi existante et qui
avaient décidé d'ouvrir des marchés publics sans
être - rappelez-vous le fameux règlement -
énu-mérés dans le règlement. Alors, dans cette
optique-là, je pense que dans le secteur de l'alimentation, maintenant,
on connaît les règles du jeu. Ce que j'ai trouvé
intéressant, et je dois le soulever, c'est que la vice-présidente
des ACEF, dans une émission radiophonique, a dit: Merci, parce que
maintenant notre clientèle, nos consommateurs peuvent aller acheter, par
exemple, un pain ou une pomme de salade soit dans un marché public, dans
une grande surface ou chez le dépanneur au meilleur coût possible.
Alors, je pense que, globalement, dans le secteur de l'alimentation, la
nouvelle loi - et je conviens qu'on doit s'assurer que la loi est
respectée au
niveau du nombre des employés - ça a été un
choix judicieux qui permet maintenant de connaître les règles du
jeu. J'en suis convaincu, pour avoir rencontré l'Association des
dépanneurs et les gens d'Alimentation Couche-Tard, qui sont en train de
prendre les mesures nécessaires pour assurer la réussite de leur
entreprise et la rentabilité du même secteur.
M. Bordeleau: Alors, je suis content de cette indication que vous
nous donnez, M. le ministre, parce qu'à ce moment-là on a
crié beaucoup là-dessus. C'était la fin, au fond, des
petits commerces et on a également mentionné... Je reviens
à ce qui a été mentionné, tout à l'heure,
par la députée de Taillon. On mentionnait sur la question de
l'ouverture des commerces, à ce moment-là, que ce serait
effrayant, que les gens devraient travailler à des heures abominables.
On s'aperçoit aujourd'hui, comme on l'a signalé tout à
l'heure, que les gens ont adapté leur commerce aux heures qui sont
rentables et ils le ferment au moment où ce n'est pas rentable de
l'ouvrir. Dans ce sens-là, à ma connaissance, en tout cas,
à partir de l'expérience que j'ai dans mon comté, je n'ai
pas vu de problèmes majeurs survenir suite à l'adoption de la Loi
sur les heures d'affaires. Je pense qu'il faut conclure, M. le ministre, que
l'Opposition, malgré son ton alarmiste, doit reconnaître
aujourd'hui qu'elle s'est encore trompée. Sa spécialité,
c'est peut-être de se tromper, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste ajouter au niveau de
l'alimentation. Ce qui est intéressant et j'admets que ça n'a pas
été facile la période de transition, mais j'ai
rencontré les travailleurs de l'alimentation, les représentants
syndicaux, et ils ont négocié. C'est ça qui est
intéressant, ils ont négocié des accommodements avec les
grandes surfaces, que ce soit Steinberg, Provigo, Métro et IGA, que pour
les travailleurs ce serait principalement sur une base volontaire et,
deuxièmement, qu'il y aurait une prime le dimanche. Ce qui me surprend
un peu, des fois, c'est de voir que des personnes qui ont été
consultées pendant les heures d'affaires - la députée de
Taillon a participé d'une façon très positive à ce
débat - on a parlé de 200 heures, les arguments que j'entends
aujourd'hui, je n'ai pas d'arguments nouveaux... Personne ne m'a donné
un argument nouveau, par exemple, pour me dire: Écoutez, on
n'était pas conscients que la loi, c'est ça que ça voulait
dire. Alors, s'il y a des éclaircissements à y avoir dans la loi,
nous allons accepter des jugements déclaratoires sans problème.
Mais je veux juste ajouter que si on peut régler le problème du
Club Price... Je pense qu'on a une loi qui n'est pas parfaite, je n'ai jamais
prétendu qu'elle était parfaite, mais c'est une loi qui
rétablit l'équibre entre les commerçants et qui
répond aux besoins réels des consommateurs. La preuve, s'ils ne
s'en servent pas, les commerçants ferment, et, finalement, on
protège la qualité de vie des travailleurs et des
travailleuses.
Mme Marois: Puisque le député est intervenu en
m'interpellant... Je pense toujours que c'est une loi de broche à foin
qui permet des trous, qui fait qu'on va toujours être pris dans des
systèmes de poursuites. On va régulariser un temps et ça
va reprendre. Cela étant dit, si nous avons poussé les hauts
cris, j'espère qu'il se souviendra que ça a permis au ministre de
modifier le projet initial qui nous avait été
présenté par rapport au projet final qui a été
adopté. Alors, iI faut aussi être conscient fin tout ce
cheminement auquel nous avons assisté ensemble. Le ministre a bien fait
mention du fait que si la situation de certains secteurs du dépannage
s'était améliorée, et en mentionnant une entreprise en
particulier, c'était d'abord et avant tout sans doute - il fait la
réserve, à juste titre - par acquisition. Alors, donnons-nous un
peu de temps, on verra dans les faits comment ça se passera. Cela
étant dit, sur le fond, je crois toujours qu'il reste malgré tout
trop d'exceptions et qu'on risque de se retrouver dans des situations où
on doit sans arrêt procéder par poursuite ou autrement parce que
chacun essaie d'utiliser la faille. (16 h 45)
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que je pourrais juste...
Mme Marois: Je suis contente d'être intervenue sur cette
loi-là en le faisant d'une façon, je dirais, aussi forte parce
que je crois que nous défendions une cause juste et correcte, et j'en
reste encore tout à fait convaincue. M. le Président.
M. Tremblay (Outremont): J'aimerais juste ajouter une petite
chose. Quand on a discuté de cette loi-là, juste amicalement
parce qu'on a assez travaillé ensemble en équipe pour arriver
à un compromis, au moins les positions étaient claires. C'est au
moins un avantage: les positions étaient claires. Mais la vente par
catalogue dont on discutait et où on disait, lors de la commission
parlementaire, que la vente par catalogue, non, non, non, ce n'est pas
important au Québec, il n'y a pas de volume pour ça Je voudrais
juste dire que depuis l'Instauration, entre autres, de la TPS, de plus en plus,
on peut commander par catalogue des menus articles - à raison de 26 000
000 de menus articles par mois - d'une valeur de 40 $ et moins, aux
États-Unis et ce n'est pas soumis à des tarifs.
Évidemment, on est assis chez nous, dans le salon, puis on regarde des
disques compacts et des livres et on commande aux États-Unis. Parce
qu'il n'y a pas de TPS, parce qu'il n'y a pas de douane et parce que c'est un
menu article, ça cause certains problèmes à des
entreprises du Québec. Alors, on
a déjà fait et on va continuer de faire des
représentations au niveau du gouvernement fédéral. Mais je
dois dire que la vente par catalogue, ça peut devenir, au cours des
prochaines années, un mode de vente beaucoup plus important qu'on aurait
pu l'évaluer au moment de la commission parlementaire
Mme Marois: Juste une phrase sur ça. Moi, j'ai toujours
pensé que ça va devenir très important. Je n'ai jamais
pensé que ça pouvait ne pas être important, au contraire,
particulièrement dans une société où le temps
occupé au travail est Important. Donc, le temps disponible pour se
déplacer pour aller se procurer un certain nombre d'articles est
moindre, sauf que la distinction qui était faite c'est qu'on peut bien
prendre des commandes par catalogue un samedi, un dimanche, à minuit,
par répondeur ou autrement, mais le travail d'opérationalisation,
de mise en oeuvre, de livraison et tout le reste se fait aux heures habituelles
de travail. Cela étant dit, c'est vrai, cependant, que ça pose un
autre problème qui est celui de l'exemption de taxe pour les petits
articles
M. Tremblay (Outremont): Lo problème plus lorulamontul quo
j'anticipe cost le rôle du législateur d'anticiper - c'est
qu'aujourd'hui une personne qui vend par catalogue ou par correspondance peut
opérer 24 heures par jour, sept jours par semaine. Dans cette
optique-là, on va arriver au même statut pour la vente par
catalogue que celui des grossistes et des professionnels et ça va causer
éventuellement des problèmes à des boutiques et à
des détaillants. Alors, c'est ça que j'essayais de régler,
entre autres, lors de la commission parlementaire sur les heures d'affaires. On
ne l'a pas réglé. On verra ce que l'avenir nous
réserve.
Mme Marois: Je ne veux pas reprendre le débat
là-dessus, mais c'est une chose que d'avoir un système de prise
de commandes en dehors des heures habituelles de travail et c'est une autre
chose que de livrer la commande, que de l'emballer aux heures habituelles de
travail. Dans ce sens là, c'était aussi cet
élément-là qui, pour nous, était important à
souligner.
Baux des centres commerciaux
J'ai un certain nombre de thèmes que jo me suis donnés et
à travers lesquels je veux pouvoir passer avec le ministre parce que
ça m'apparaft important pour la suite des choses. Le ministre a devant
lui une demande présentée par l'Association des marchands des
centres d'achats du Québec. Il a cette demande déjà depuis
le mois de nombre 1990 et cela concerne la loi se rapportant aux baux des
centres commerciaux. Évidemment, la crise économique a toutes
espèces d'effets, malheureusement. On a longuement parlé ce matin
des effets sur l'emploi, des effets sur les entreprises qui devaient fermer
leurs portes, sur les secteurs industriels qui étaient
littéralement saccagés. Ça a des effets aussi sur la vente
au détail et évidemment, sur les centres commerciaux. Donc, les
propriétaires de centres commerciaux, qui voient la situation
économique devenir difficile, chargent des loyers assez importants
à des entreprises qui semblent avoir peu de moyens pour se
défendre. Le ministre a reçu cette lettre de l'Association des
marchands des centres d'achats du Québec, le 12 novembre 1990, enfin,
elle lui a été envoyée... On fait état, dans ce
document, de la demande d'une loi d'encadrement qui serait comparable, avec des
nuances - on va être d'accord - à la Loi sur la Régie du
logement dans le cas des baux entre personnes, pour de l'habitation familiale
ou individuelle. Évidemment, il ne s'agit pas d'adresser cette loi
à toutes les grandes entreprises, mais on pourrait identifier, soit des
surfaces, soit des règles du jeu d'encadrement des baux entre le
propriétaire d'un centre commercial et celui qui loue l'espace pour
vendre des produits dans ce même centre commercial. Ça a fait
l'état, d'ailleurs, de quelques articles de journaux dernière
ment. C'est un M. Maroist, o-l-s-t, aucun lion de paronté, qui est
représentant de cette association.
Alors, je voulais savoir si le ministre avait répondu à
cette demande, ce qu'il pensait de cette demande et s'il avait l'intention de
soumettre un projet à cet effet-là.
M. Tremblay (Outremont): Si vous vous rappelez, lorsqu'on a
discuté de la Loi sur les heures d'affaires, j'ai été le
premier à inclure un article dans le projet de loi pour s'assurer que,
si un centre commercial voulait obliger un commerçant à ouvrir
plus que les heures prévues dans l'ancienne Loi sur les heures
d'affaires, ne pourrait pas le faire, ne pourrait pas le forcer. J'ai voulu
créer une dynamique pour que les marchands se regroupent dans le
meilleur intérêt du développement de leur commerce et dans
le meilleur intérêt du développement du centre
commercial.
J'ai bien reçu la lettre à laquelle vous faites allusion.
Ce qu'on me demande sensiblement, c'est d'instaurer une régie du loyer
pour les baux commerciaux. Le projet, tel que soumis, est à
l'étude au service juridique du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Deuxièmement, nous avons également
de l'information sur une loi semblable qui existe en France. J'en ai
déjà discuté lors d'une rencontre avec les
propriétaires des centres commerciaux qui sont venus me voir non pas
pour discuter de ce sujet, mais plutôt pour discuter de la taxation, de
l'impact de la nouvelle fiscalité municipale sur les immeubles non
résidentiels. Je m'apprête à demander à mon
attaché politique de favoriser une rencontre avec le représentant
de
l'Association des marchands des centres d'achats du Québec pour
en discuter plus amplement avec lui.
Mme Marois: Donc, vous n'avez pas nécessairement
d'orientation, vous ne privilégiez pas, à ce moment-ci,
d'orientation particulière en ce qui concerne ce dossier-là.
M. Tremblay (Outremont): Non. Disons que j'ai de sérieuses
réserves à Instaurer une régie du loyer pour les baux
commerciaux.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Mais, étant donné que je
n'ai peut-être pas toutes les informations qui pourraient m'être
données ou pour me convaincre d'établir une telle régie,
je vais rencontrer les intervenants le plus rapidement possible.
Mme Marois: D'accord. Quand vous dites "le plus rapidement
possible", cela veut dire dans quel délai à peu près, M.
le ministre?
M. Tremblay (Outremont): Je pense que mon attaché
politique a déjà quitté la salle pour aller favoriser une
rencontre avec le représentant de l'Association des marchands des
centres commerciaux.
Mme Marois: C'est à cela que servent aussi, M. le
ministre, les crédits, à rappeler un certain nombre d'attentes
exprimées par des citoyens, qu'ils soient des entreprises, ces citoyens,
ou des individus. Donc, ça permet qu'ils obtiennent parfois une
réponse un peu plus rapidement. C'est heureux, d'ailleurs.
Dossier de Marine Industrie
J'aimerais passer maintenant à ce fameux dossier dont on n'entend
plus parler. Je me dis, je ne sais plus quoi faire, il faudrait que je pose des
questions tous les jours au ministre, j'imagine, sur le dossier de Marine. J'ai
vu, en feuilletant le cahier des renseignements généraux que nous
avons demandés au ministre... On passe à travers chacune des
informations en essayant de faire des liens avec les informations que nous
possédons déjà. Alors, je me suis rendu compte qu'il
eût été intéressant, pour les voyages à
l'extérieur du Québec, d'avoir les dates des voyages de M.
Leguerrier, comme coordonnateur de ces rencontres pour le dossier de Marine.
À l'onglet 10, le ministre pourra lire avec moi qu'un bon nombre de
voyages ont concerné ce dossier de la part de M. Leguerrier, qui s'est
retrouvé assez souvent à Ottawa. Si on avait eu les dates,
ça nous aurait peut-être éclairés sur le moment
où ça s'est produit, et permis de voir si le dossier avance,
recule, stagne ou s'il ne se passe non dans le dossier. Cela étant dit.
j'aimerais que vous fassiez le point sur ce dossier, que vous nous disiez
où vous en êtes dans vos démarches. C'est qu'il y a eu, il
y a des rumeurs, il y a Interventions qui sn font
J'aimerais que le ministre fasse le point avec nous et nous dise un peu
ce qui est prévu pour l'avenir.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais..
Mme Marois: Vous avez le démarchage de M. Leguerrier?
D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais profiter de cette occasion
pour féliciter les membres de l'équipe ministérielle qui
s'occupent de ce dossier qui est excessivement Important pour le Québec,
principalement - je vais nommer au moins deux personnes, mon sous-ministre.
Michel Audet qui est avec moi, et Michel Leguerrier. Je vais le demander
à Michel Leguerrier parce que ça va être facile de vous
donner les dates. Si on ne vous les a pas données, ce n'est pas parce
qu'on ne voulait pas vous les donner. Alors, si vous voulez avoir les dates des
voyages de Michel Leguerrier et de Michel Audet à Ottawa, il n'y aucun
problème, on va vous les donner. Mais je dois dire qu'il y a eu autant
de rencontres à Montréal qu'il peut y en avoir eu à
Ottawa. J'espère que vous ne me demanderez pas les appels
téléphoniques et les dates des appels téléphoniques
dans ce dossier-là.
Mme Marois: Je veux surtout avoir les résultats, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je dois dire quo ça va
raisonnablement bien, nous sommes en discussions avec le gouvernement
fédéral, et j'espère que la nomination d'un nouveau
ministre de l'Industrie, de la Science et de la Technologie n'affectera pas les
pourparlers que nous avons eus depuis de nombreux mois. J'espère
également que la venue du nouveau ministre Marcel Masse à la
Défense puisse nous aider à trouver une solution concrète
à ce dossier le plus rapidement possible.
Mme Marois: Ce que vous êtes en train de me dire,
là, c'est que ça n'a pas avancé, que ça n'a pas
bougé, qu'on est toujours au même point, malgré qu'il y ait
eu des ministres québécois au dossier à Ottawa: C'est
ça que vous me dites, là?
M. Tremblay (Outremont): Ah non! Ce n'est pas ce que je dis.
C'est l'Interprétation que vous faites de ce que je dis. Ce que je dis,
c'est que c'est un dossier excessivement complexe, principalement parce que je
ne connais pas le coût d'une frégate. Alors, avant de faire des
recommandations finales au gouvernement sur des propositions de
règlement du gouvernement
fédéral, je veux m'approcher le plus rapidement possible
de la date de finition d'une frégate pour tie pas me ramasser dans la
situation que nous vivons présentement. Alors, tout ce que je vous dis,
c'est qu'à moins - je qualifie bien ce que je dis, là -
d'informations additionnelles le temps joue en notre faveur. (17 heures)
Mme Marois: Vous ne me dites toujours rien, mais enfin. Je
commence à être habituée avec le ministre. Il le dit bien,
oui, il le dit bien mais.. En ce qui a trait aux rumeurs qui ont circulé
sur la possibilité que Alsthom acquière Marine, est-ce que ces
rumeurs sont fondées ou non? Enfin, pas tous les actifs mais une partie
des actifs rendant ainsi cette société européenne
majoritaire dans le groupe.
M. Tremblay (Outremont): II y a des discussions entre les
actionnaires, les deux actionnaires de la division hydroélectrique de
Tracy mais, au moment où on so parle, aucune entente n'a oncore
été conclue.
Mme Marois: J'imagine qu'on va évaluer, à ce
moment-là, comment faire le partage des pertes si jamais il devait y
avoir entente?
M. Tremblay (Outremont): Non, parce que je pense que je peux
informer la députée de Taillon que... Je ne peux pas dire ce que
je m'en allais dire parce que je n'ai pas reçu la lettre encore. Mais,
sérieusement, c'est très... Ce n'est pas que je ne veux pas vous
donner d'informations, c'est que c'est un dossier que je ne veux pas
négocier sur la place publique a cause de sa complexité et de son
importance. C'est un dossier où la situation financière des
chantiers maritimes est prooccupante. Elle a toujours été
préoccupante. Los dépassements de coûts sont importants et
je suis confiant d'arriver à un règlement pour assuror la
continuité des opérations sur les chantiors maritimes toi quo |o
l'ai déjà annoncé dans lo passé.
Mme Marois: Le ministre est un peu sibyllin, on va en convenir.
J'avais déjà offert, d'ailleurs, pas nécessairement de
négocier sur la place publique mais d'établir les ententes les
plus larges possible quant aux réclamations, s'il y avait lieu, à
l'égard d'Ottawa pour ne pas supporter seuls les erreurs faites ailleurs
et pour lesquelles nous devons payer le prix actuellement. Ça ne semble
pas être l'intention du ministre à ce moment-ci. Est-ce qu'au
moins il s'est fixé un échéancier parce que, dans les
débats que nous avons eus précédemment pour régler
ce dossier-là, ça devait venir très rapidement. On devait
avoir des nouvelles, on devait avoir une entente. Là, on se retrouve
avec un changement de ministre à Ottawa. Il y a des problèmes,
vous me dites, d'évaluation des coûts des frégates sauf
qu'en même temps on sait un peu où on en est, là. J'imagine
qu'on doit avoir quand même un peu d'informations. On ne doit pas
être parti avec une page blanche. Alors, est-ce que le ministre, à
ce moment-ci, peut nous donner un échéancier des dates qui nous
permettraient de pouvoir revoir le dossier pour sentir qu'il avance un peu?
J'ai l'impression qu'on tourne en rond dans ce dossier-là et que c'est
au détriment de tout ce qui se passe à Marine mais que c'est au
détriment aussi de l'argent qu'on y a investi, à perte, et on
sait que l'année dernière, ça a été
catastrophique dans les bilans. Vous vous en souvenez, on a eu une discussion
sur ça.
M. Tremblay (Outremont): Je ne suis pas d'accord pour dire qu'on
tourne en rond dans le dossier. Au contraire...
Mme Marois: Bien, c'est parce qu'il faut me donner des
preuves.
M. Tremblay (Outremont): Mais, c'est ça. C'est
sûrement parce que vous n'avez pas toute l'information, mais j'ai
mentionné...
Mme Marois: Non.
M. Tremblay (Outremont): ...que je ne peux pas vous la
donner.
Mme Marois: Je suis ici pour en avoir.
M. Tremblay (Outremont): Mais, ceci dit, je crois qu'on a
réussi à développer, avec tous les intervenants, un climat
de confiance. J'ai eu de nombreuses rencontres avec le comité de survie
de Marine. J'en ai discuté à de nombreuses reprises avec le
président de la CSN qui représente les travailleurs de ce
chantier et j'en ai même discuté avec des représentants de
travailleurs en ce qui concerne Tracy. Donc, je ne pense pas que les personnes
qui ont intérêt à connaître
l'échéancier ou le déroulement des négociations ne
sont pas informées. Ces personnes-là sont informées et au
plus haut niveau. Quand je parle de la CSN, je parle plus
précisément du président de la CSN. Quel est mon
échéancier? C'est d'essayer d'en arriver à un
règlement le plus rapidement possible. Tout ce dont je
m'aperçois, c'est qu'en politique, le plus rapidement possible,
ça n'a pas la même signification que dans le secteur privé.
Alors, je suis en train d'apprendre que...
Mme Marois: Vous faites vos classes, quoi.
M. Tremblay (Outremont): ...ce n'est pas facile... Oui, oui, mais
j'apprends que, même si j'aimerais avoir l'enthousiasme, dans ce
dossier-là, de la députée de Taillon pour trouver une
solution demain matin, je ne pense pas que ce soit réaliste de m'engager
à avoir cette solution. Par contre, je suis aussi
préoccupé et aussi
anxieux d'en arriver à un règlement le plus rapidement
possible mais je ne suis pas prêt, je ne suis pas prêt à
régler ce dossier d'une façon qui va affecter et les
résultats financiers de Marine et, évidemment, la santé
financière du gouvernement du Québec. Si j'avais eu l'approche de
régler ce dossier rapidement, j'aurais accepté des offres qui
nous ont été faites il y a plusieurs mois, plus
précisément au mois d'août 1990. J'ai refusé ces
offres et je dois dire qu'au moment où on se parle aujourd'hui ces
offres ont été considérablement bonifiées mais je
ne suis pas prêt à les accepter encore parce que je ne connais pas
le coût d'une frégate. Je considère que ce n'est pas au
gouvernement du Québec de payer les bateaux du gouvernement
fédéral.
Mme Marois: Je suis bien d'accord avec vous. Cela étant
dit, nous sommes les actionnaires, nous les représentons. Je les
représente comme vous les représentez, comme vos collègues
ministériels d'en face les représentent aussi. Nous
représentons le peuple québécois qui a contribué,
qui contribue encore et qui est actionnaire de l'entreprise. Donc, dans ce
sens-là, vous admettrez avec moi - je peux comprendre, bien sûr,
que vous souhaitiez obtenir davantage et tout le reste - et vous comprendrez
avec nous qu'on a aussi des comptes à rendre et qu'on doit pouvoir
informer la population de ce que l'on fait avec ses fonds et que, comme
actionnaires majoritaires, on devrait être les premiers informés.
Or, il m'apparaît que c'est un principe de base minimal à
respecter. Depuis le début de ce dossier, depuis le début des
tractations concernant ce dossier, c'est toujours les mêmes propos, c'est
toujours les mêmes mots qui reviennent pour nous dire: Oui, on avance. Il
y a une chose au moins, le ministre prend un peu d'expérience et se rend
compte que les délais avec Ottawa sont un peu difficiles. Alors,
j'espère qu'on tirera des leçons aussi pour d'autres choses.
Mais, cela étant dit, ça ne répond pas aux questions qui
sont soulevées par ce dossier-là et qui restent très
nébuleuses dans le cas présent. Alors, je ne veux pas donner,
quelle expression je pourrais utiliser, mais je no veux pas quo ce soil un
mandat en blanc, si on veut, je ne voudrais pas que ce soit un mandat en blanc.
Je veux bien pouvoir faire confiance au ministre et je souhaite,
j'espère qu'il défend les intérêts des
Québécois qui sont concernés par une telle transaction,
par une telle opération. Mais vous avouerez qu'il est légitime
que je pose les questions que je soulève ici et vous admettrez aussi que
je sois déçue de ne pas avoir les réponses à ces
questions que je soulève ici.
M. Tremblay (Outremont): Peut-être que je pourrais ajouter
juste deux petites choses. La première, quand je parlais de temps, le
temps démontre que maintenant le gouvernement fédéral ne
questionne plus la productivité des travail- leurs au chantier maritime.
Ça, c'est déjà très important parce que maintenant,
à cause du nouveau rapport qui a été créé
entre St. John, les syndiqués et le gouvernement fédéral,
on connaît la performance des chantiers au Non veau-Brunswick et on
connaît la performance du chantier au Québec. Du côté
productivité, il y a eu des améliorations importantes.
Deuxième chose, je voudrais rappeler à la
députée de Taillon que, lors de la publication des états
financiers de la Société générale de financement,
un portrait très clair a été donné à l'effet
qu'il y avait des pertes de 50 000 000 $ non récurrentes, et une
provision pour 257 000 000 $. Alors tout ce que je dis. c'est qu'on
améliore considérablement cette provision de 257 000 000 $, et la
situation idéale, qui n'arrivera pas, ça serait que ça ne
nous coûte rien. C'est une négociation complexe avec le
gouvernement fédéral, mais tout ce que je vais pouvoir annoncer,
lorsqu'on aura un règlement, ça va être de bonnes nouvelles
parce que ça va réduire de façon importante, je dis bien
de façon importante, ces provisions de 257 000 000 $.
Le choix du futur président de la SGF
Mme Marois: Puisque nous parlons de Marine et que nous touchons
un des investissements de la SGF, j'aimerais bien savoir qui va finalement
choisir le futur président de la SGF. Est-ce que ça va être
le ministre ou le premier ministre?
M. Tremblay (Outremont): Ah, j'apprécie... Mme Marois:
Quand va-t-il le faire?
M. Tremblay (Outremont): J'apprécie beaucoup cette
question parce que ce n'est pas mon habitude de commenter des rumeurs ou des
faussetés qui ont été publiées dans certains
médias.
Mme Marois: Alors, ne me dites pas que je vais vous donner
l'occasion de faire des commentaires sur ce qui est paru dans les journaux en
fin de semaine.
M. Tremblay (Outremont): Non. Vous me donnez l'opportunité
de confirmer qu'il n'y a jamais eu, jamais, jamais eu de dissension de quelque
nature que ce soit entre le premier ministre, le bureau du premier ministre et
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie sur le choix du
futur président de la Société générale de
financement. Nous devrions annoncer dans un avenir rapproché, je ne veux
pas m'engager sur une date, là, mais disons dans les semaines qui
viennent.
Mme Marois: Mais c'est vous le patron, là.
M. Tremblay (Outremont): ...la nomination de la nouvelle personne
qui sera appelée à assumer les responsabilités de la
présidence de la Société générale de
financement. Cette personne, c'est mon choix à la suite d'une
consultation et à la suite de rencontres avec de nombreuses personnes
qui étaient intéressées à devenir président
de la SGF.
Mme Marois: Est-ce que le processus de prise de décision
en ce qui a trait au choix des présidents de sociétés
d'Etat est le même que celui que j'ai connu lorsque j'étais au
gouvernement, à savoir une annonce préalable au Conseil des
ministres et, ensuite, une confirmation une semaine plus tard du choix qui est
fait? Ou est-ce que on procède autrement?
M. Tremblay (Outremont): Le président de la
Société générale de financement n'est pas
nommé par le Conseil des ministres. C'est une décision du conseil
d'administration de la Société générale de
financement, sur recommandation du comité des ressources humaines et,
évidemment, du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie.
Mme Marois: Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie n'a à faire approuver sa décision d'aucune
espèce de façon par décret ou autrement au Conseil des
ministres?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, oui. C'est ça,
c'est basé sur la Loi sur les compagnies. Donc, c'est ma décision
et je fais ma recommandation au conseil d'administration de la
Société générale de financement, qui, en tant que
conseil d'administration, est appelé à décider - oui ou
non - si c'est la nomination qu'ils veulent accepter.
Mme Marois: À ce moment-là, je suis d'autant plus
étonnée que la nomination n'ait pas été faite plus
rapidement. Si vous êtes seul responsable de cette nomination, comment se
fait-ll qu'on n'ait pas procédé? Ça fait combien de temps
que le poste est vacant? Évidemment, il y a un intérim et je ne
questionne pas la qualité de l'intérim, mais il reste que, dans
une organisation d'une taille aussi importante que celle de la SGF, on
comprendra que ça crée toujours un petit peu
d'insécurité que la personne responsable ne soit pas
confirmée.
Alors, comment se fait-il que, si vous en ôtes le premier
responsable, vous n'ayez pas procédé plus rapidement?
M. Tremblay (Outremont): Bon, le poste... Mme Marois: Si
vous êtes le responsable... M. Tremblay (Outremont): Oui, oui.
Mme Marois: ...là, à ce moment-là, vous
pouvez me donner une date, un espace dans le temps où ça se
réalisera? (17 h 15)
M. Tremblay (Outremont): Le poste est vacant depuis le 1er
octobre 1990. L'intérim est assumé par le vice-président
corporatif depuis cette date et je pense qu'il a assumé ses
responsabilités à ce niveau-là.
Mme Marois: Je ne pose pas cette question-là.
M. Tremblay (Outremont): C'est vrai. Mme Marois: Je n'ai
pas fait...
M. Tremblay (Outremont): Non, je ne le dis pas dans ce
sens-là. Je pense que vous l'avez bien qualifié. Personne ne
questionne l'intérim. Également, ce qu'on a reproché
à la SGF dans le passé, c'est d'avoir eu trois présidents
qui n'ont pas assuré une continuité ou qui ne sont pas
restés assez longtemps. J'ai voulu m'assurer que la nouvelle personne
partageait, dans un premier temps, les grandes orientations de la
Société générale de financement;
deuxièmement, que cette personne était d'accord avec le plan de
développement stratégique de la SGF, que cette personne avait une
expertise dans les secteurs clés de la SGF - que ce soit au niveau de la
pétrochimie, des pâtes et papiers - que cette personne avait des
capacités de gestionnaire et de redresseur, si vous voulez, à
cause de certains dossiers comme celui de Marine, par exemple. Dans cette
optique, j'ai voulu m'assurer du meilleur choix possible et c'a pris un certain
temps.
Mme Marois: Je comprends que vous ayez des critères et des
exigences et que vous puissiez vérifier tout cela, mais j'ai
l'impression que vous êtes en train de perdre vos réflexes
d'entreprise privée qui essaie d'être efficace et rapide dans
l'exécution des décisions à prendre, que c'a trop
longtemps traîné. Vous admettrez avec moi que d'octobre à
avril - vous ne pouvez même pas me donner aujourd'hui une date où
la nomination va se faire - c'est un peu beaucoup de temps même si c'est
un poste qui est fort important, qui exige des qualités
particulières et qu'on doit vérifier tout ça. Enfin, je
pense qu'on aurait pu sans doute procéder un peu plus rapidement. Je
comprends que le ministre veuille bien nous expliquer qu'il n'y a pas
désaccord quant à des recommandations que pourrait lui faire le
premier ministre, mais il y a peut-être des petits débats qui ont
eu Heu et qui ont encore cours.
M. Tremblay (Outremont): Quand c'est possible et qu'on trouve la
personne... Regardez le cas du Centre de recherche industrielle du
Québec. Je pense que la nomination de Pierre Coulombe, effective
le 1er Juin, c'est une bonne nomination. C'est une personne qui a une expertise
dans le secteur. D'ailleurs, on a lu dans les médias, en fin de semaine,
que le CRIM avait fait énormément de progrès sous Pierre
Coulombe. Alors, je pense que sa venue au Centre de recherche industrielle du
Québec, c'est important. C'a pris un petit peu plus de temps à
trouver le président de la Société générale
de financement, mais on va pouvoir, d'ici quelques semaines au plus tard, vous
rassurer sur le choix de la personne.
Mme Marois: Quelques semaines, ça veut dire quoi? Deux
semaines, trois semaines?
M. Tremblay (Outremont): II y a un conseil d'administration de la
SGF le 1er mai qui devrait...
Mme Marois: Statuer sur votre recommandation.
M. Tremblay (Outremont): Non. Il devrait nommer le
président de la SGF.
Société de développement
industriel
Mme Marois: D'accord. On va suivre le tout de près. Je
voudrais m'arrêter maintenant un peu à la Société de
développement industriel. Évidemment, c'est toujours un peu
ennuyeux, mais on ne peut pas procéder autrement. On a le rapport de
1989-1990, mais au cahier on a des informations un peu plus complètes.
Je pourrai y revenir. Ce que je disais, c'est que c'est toujours
intéressant d'avoir les rapports annuels. On a attendu longtemps celui
de la SGF l'année dernière, mais dans le cas présent...
Bon, on ne peut pas non plus demander qu'il soit imprimé avant qu'il
soit fini d'écrire. Alors, on fonctionne avec le vieux rapport. Enfin,
le vieux, celui de l'année passé. J'aimerais ça qu'on me
donne un peu d'explications. À la page 28 du rapport de la SDI, du
rapport annuel 1989-1990, aux revenus et dépenses, à l'item
Dépenses, on retrouve l'élément Provision pour pertes sur
prêts et sur participation dans le capital-actions de
sociétés. Ensuite, on retrouve à la note 10 une
explication de cette provision pour pertes sur prêts et sur participation
dans le capital-actions de sociétés. Alors, on retrouve ces 18
000 000 $ là - en fait, ce n'est pas tout à fait le même -
on retrouve Provision additionnelle requise pour l'exercice, prêts, 18
413 000 $ et participation au capital-actions de sociétés. C'est
ça, voilà, 493 000 $, ce qui donne un total de 18 906 000 $. Au
bas de cette note, on mentionne que les pertes anticipées
découlant des prêts, les contributions remboursables et la
participation au capital-actions de sociétés garanties par le
gouvernement du Québec s'établissent à 75 286 000 $ au 31
mars 1990. On dit, au 31 mars 1989, que c'est 31 402 000 $. Sont exclues de ces
pertes anticipées celles se rapportant aux prêts sans
intérêt, vu que leur remboursement ne devient
généralement exigible que 15 ans après leur
déboursement et celles se rapportant aux actions d'une classe
particulière, lesquelles ne comportent aucune date de rachat. Alors,
là, j'aimerais que vous me ventiliez ça un peu, que vous
m'expliquiez ce dont il s'agit Ici. Est-ce que cela fait partie des fameux
prêts participatifs? Qu'est ce qu'on comprend dans ça?
M. Tremblay (Outremont): II y a des prêts qui sont à
risque SDI; il y a des prêts qui sont à risque gouvernemental.
Lorsque, par exemple, la SDI prend une participation dans une
société ou fait un prêt à une société,
c'est ça qui est prévu à la note 10. Par contre, ce qu'on
a voulu, par transparence, justement, parce que j'insistais qu'on soit le plus
transparent possible, c'est les risques gouvernementaux. Si vous prenez,
à la page 36, la note 7...
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...vous voyez que ces
prêts-là totalisent 604 469 000 $.
Mme Marois: 604 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Alors, ce dont j'ai voulu m'assurer,
c'est que le gouvernement soit conscient d'une perte potentielle parce que
c'est une provision...
Mme Marois: Oui, oui, j'ai vu.
M. Tremblay (Outremont): ...qui est évaluée, au 31
mars 1990, à 75 286 000 $.
Mme Marois: Mais c'est très élevé par
rapport aux 604 000 000 $, parce qu'il faut le mettre en relation. Si je fais
une bonne lecture des tableaux, il faut le mettre en relation avec les 604 000
000 $ auxquels vous venez de me référer. C'est bien
ça?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mme Marois: Hein?
M. Tremblay (Outremont): C'est un peu plus que 10 % du montant,
des 604 000 000 $. Si on regarde la ventilation de ces prêts, on voit
qu'il y en a dans plusieurs secteurs. Habituellement, quand c'est un risque
gouvernemental, c'est un risque qui est souvent plus élevé qu'un
risque normal que la Société de développement industriel
du Québec pourrait prendre avec une capitalisation de l'ordre de 50 000
000 $.
Mme Marois: Je n'ai pas en tête les ratios
comparatifs avec les investissements du même type dans d'autres
entreprises qui font du prêt. C'est quoi, habituellement, juste pour me
le rappeler, parce que vous devez avoir suffisamment de monde autour de vous
pour me donner cette information-là?
M. Tremblay (Outremont): C'est parce qu'on ne peut pas...
Mme Marois: Par rapport à d'autres institutions qui font
du prêt?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, mais on ne peut pas
comparer. On ne peut pas comparer parce que, un, ce n'est pas le même
genre de prêt et le même genre de risque. Lorsqu'on prend...
Mme Marois: Mais, sans comparer, juste pour avoir un ordre de
grandeur.
M. Tremblay (Outremont): Ça peut varier entre 1 % et 5 %,
mais quand on prend un organisme gouvernemental qui a une mission, une mission
de favoriser le développement économique du Québec et non
pas une mission d'être rentable comme tel, on est appelé à
prendre des risques plus importants et ces risques-là sont de deux
natures. Quand on a un risque SDI, c'est évident que la SDI, avec sa
capitalisation, ne peut pas prendre des risques très importants. Par
contre, le gouvernement, pour des raisons de développement
économique, peut décider de prendre des risques plus importants
en fonction de l'article 7; donc, 10 % ou 12 %, si vous voulez, des 604 469 000
$, ça ne m'apparaît pas exagéré.
Mme Marois: Voyez-vous, quand on regarde - c'est vraiment un peu
complexe, je suis d'accord - à la page 37, Provision pour pertes sur
prêts, on voit que ça a monté - dans la petite note qui est
la note 10 - c'est passé, la provision pour 1989, de 31 400 000 $ -
faisons des chiffres ronds - à 75 286 000 $. Donc, ça a plus que
doublé, la provision pour pertes, si on parie de 1989-1990. Or, les
prêts participatifs, à la note 7, ça n'a pas doublé,
ça a augmenté de 50 %.
M. Tremblay (Outremont): C'est principalement à cause
de... SI vous regardez la deuxième colonne de la page 36, les
prêts participatifs portant Intérêt, mandats spéciaux
de la Société de développement...
Mme Marois: Oui. C'est ça.
M. Tremblay (Outremont):... c'est passé de 32 000 000 $
à 156 555 000 $. Donc, la provision se trouve dans ces prêts
additionnels entre les 32 000 000 $ et les 156 000 000 $.
Mme Marois: Est-ce que vous me dites que ce sont les 31 000 000 $
qui sont applicables aux 156 000 000 $?
M. Tremblay (Outremont): Non. L'hypothèse que je fais
c'est que, au 31 mars 1989, on avait approvisionné 31 000 000 $.
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Donc, sur des prêts de 419 000 000
$.
Mme Marois: O. K.
M. Tremblay (Outremont): C'est passé, au 31 mars 1990,
à 75 000 000 $. L'explication que je vous donne c'est que, si vous
regardez la ventilation des prêts dans la section 7...
Mme Marois: Attendez. Je vous arrête, juste pour qu'on se
comprenne bien. Si vous appliquez les 31 000 000 $ pour pertes aux 419 000 000
$...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois:... de 1989, à ce moment-là, on va
appliquer les 75 000 000 $ aux 604 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. Mme Marois: O. K. On
fait la même lecture.
M. Tremblay (Outremont): Oui. On fait la même
équation.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): On fait la même équation.
Donc, la situation s'est détériorée un peu parce que 30
000 000 $ c'était moins de 10 % de 419 000 000 $ tandis que 75 000 000
$, c'est au moins 12 % des 604 000 000 $.
Mme Marois: C'est beaucoup.
M. Tremblay (Outremont): L'explication que je vous donne, c'est
que ça ne peut... Un accroissement aussi Important que celui-là,
44 000 000 $, ne peut être que l'augmentation du dernier volet de
prêts participatifs que je vous ai mentionné, de 32 000 000 $
à 156 000 000 $. Mais, si ça peut vous aider, je vais demander
à la Société de développement industriel du
Québec du vous donner la ventilation de cette provision. Alors, vous
allez voir ce que c'est. Il n'y a pas de cachette, du tout, du tout.
Mme Marois: Non, non, mais j'aimerais l'avoir pour me permettre
de comprendre.
M. Tremblay (Outremont): il n'y a pas de problème.
Mme Marois: Est-ce qu'il arrive que des entreprises
Impliquées dans le programme de prêts participatifs viennent pour
refinancer, si on veut, leurs prêts et capitalisent une partie des
intérêts en renouvelant le prêt? Est-ce que ça se
présente? Si ça se présente, c'est de quel ordre?
M. Tremblay (Outremont): Disons qu'au niveau du principe il y a
un moratoire sur le remboursement du capital et des Intérêts
pendant une période maximale de trois ans...
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): ...selon le prêt participatif
normal. Quand on partait, au niveau de la Société de
développement Industriel du Québec, non pas de l'autofinancement
mais du fonds renouvelable, l'idée, c'était qu'à compter
de la quatrième année le remboursement...
Mme Marois: Les remboursements permettent...
M. Tremblay (Outremont): ...de capital et d'intérêts
serait recyclé et prêté à d'autres entreprises.
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): L'hypothèse qu'on faisait, c'est
de dire que, si on arrivait à 1 000 000 000 $, on aurait un fonds pour
permettre à toutes les entreprises d'avoir accès à du
capital de risque. Dans certains dossiers où on a eu des
problèmes - je ne peux pas dire qu'on n'en a pas eu, on prend plus de
risques que les institutions financières traditionnelles ou les
sociétés de capitaux de risque - H y a des cas où on a
dû capitaliser et refinancer l'entreprise. Il n'y a aucun doute
là-dessus. Je n'ai pas le détail, mais je suis convaincu qu'il y
en a. (17 h 30)
Mme Marois: J'aimerais ça avoir - je ne veux pas l'avoir
maintenant - cette information-là. Dans combien de cas et c'est quel
montant que ça a concerné et est-ce qu'on reprend le cycle au
complet à ce moment-là, de trois ans, où l'entreprise
commence à rembourser? J'aimerais ça avoir le scénario de
ce que ça donne en termes de ventilation dans les sommes qu'on a
investies...
M. Tremblay (Outremont): Ce que je peux vous donner...
Mme Marois: ...par cet intermédiaire du prêt
participatif.
M. Tremblay (Outremont): Ce que je peux vous donner, c'est ,le
nombre d'entreprises. Je peux vous donner le nombre d'entreprises qui, à
l'échéance du moratoire de remboursement de capital et
d'intérêts, n'ont pas été capables de rencontrer ses
obligations. Ça, II n'y a pas dp doute.
Mme Marois: Je veux avoir le nombre avec les montants
concernés.
M. Tremblay (Outremont): Oui, je peux vous donner ça. Ce
que je ne serai pas capable de vous donner, parce que ce serait beaucoup trop
difficile... c'est tous des contrats individuels renégociés en
fonction de la capacité financière de l'entreprise de rembourser,
mais je peux définitivement vous donner le prêt initial, le
montant d'intérêts capitalisés et le total de ces montants
là qui sont en défaut aujourd'hui. Et je vais vous donner le
total des prêts et le montant. Pas de problème.
Mme Marois: O.K. On peut être en défaut en disant:
C'est désespéré comme situation et ça s'en va dans
les provisions pour pertes, mais on peut dire qu'il y a une possibilité
que l'entreprise puisse se reprendre et, là, on capitalise et on
réétablit un nouveau moratoire.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Et c'est aussi cette ventila tion-ià que je
voudrais avoir.
M. Tremblay (Outremont): Parfait. Ce qu'on va vous donner, c'est
les entreprises qui sont en défaut et pour lesquelles il n'y a aucune
perspective de redressement, donc on devrait normalement, selon toute
vraisemblance, perdre cet argent-là. Je peux également vous
donner le nombre des dossiers et les montants impliqués qui ont permis
une recapitalisation des entreprises. Je peux vous donner ça aussi.
Mme Marois: D'accord. Une dernière question. Est-ce que
vous avez, actuellement, l'état de situation, toujours en se
référant à la note 10 de la page 37, pour 1991, quant aux
pertes anticipées? Ici, on a 1989-1990; au 31 mars 1991, est-ce qu'on a
déjà fait l'état de la situation à la
Société?
M. Tremblay (Outremont): Pour avoir été
président de la Société de développement
industriel, je peux répondre à cette question-là. Je peux
vous dire que l'évaluation des provisions et des créances
douteuses, c'est un mécanisme très complexe, justement pour
être le plus transparent possible au niveau de la Société
de développement industriel, qui passe par tous les directeurs de
projets, tous les directeurs régionaux, le comité de direction de
la SDI et également approuvée, par la suite, par le
Vérificateur général La raison pour laquelle que je vous
dis ça, c'est que ce n'est pas finalisé encore, |e no peux pas
vous donner cette information-là.
Mme Marois: D'accord. Juste une minute, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Marois: C'est parce que j'essaie de voir la séquence,
si je passe maintenant aux renseignements généraux ou aux
renseignements particuliers. Je vais aller tout de suite à une
dernière question sur la SDI, ça reviendra peut-être dans
les renseignements généraux et particuliers parce
qu'évidemment c'est tellement des cahiers lourds et complexes que j'ai
des notes prises un peu partout, sur lesquelles je veux pouvoir revenir.
M. Tremblay (Outremont):... répondre à vos
questions.
Mme Marois: Ah, oui. Je le sais. Ce sont des questions que nous
avons soulevées parce que, sinon, le cahier aurait été
mince. Alors, heureusement que nous sommes vigilants et que nous posons des
questions au ministre. D'ailleurs, je vais en profiter pour faire une remarque
générale sur l'information que vous nous avez transmise. Il y a
un ordre de questions qu'on avait établi avec une concentration de
certaines informations, le terme m'échappe, mais, enfin, on voulait
avoir des Informations dans l'ordre où on vous l'avait demandé et
on aurait souhaité que le cahier se lise un petit peu dans le sens
où les questions se succédaient les unes aux autres, alors que
vos réponses à une question, par exemple, 15, là, une
question que nous soulevions, on doit aller à plusieurs onglets
différents pour retrouver la réponse. Ça ne nous facilite
pas toujours la tâche et, comme vous le savez, on n'a pas
nécessairement beaucoup de monde pour faire nos recherches et ce n'est
pas nécessairement toujours facile. Je vous le mentionne pour que, si
ça peut se corriger, ça puisse se faire l'année
prochaine.
M. Tremblay (Outremont): Je pensais que vous étiez pour
remercier mon équipe du travail exemplaire qu'elle a faite. Alors, j'en
profite, moi, pour les remercier, parce que c'est réellement un travail
ardu. Mais, si on peut, si on peut, sous le signe de la transparence,
améliorer ce que nous faisons, on est à l'écoute de vos
suggestions.
Mme Marois: Non. Je veux être de bon compte avec vous.
Effectivement, les informations que nous avons demandées sont là,
à quelques exceptions près, mais j'y reviendrai, c'est une de mes
premières questions d'ailleurs, sur les éléments des
renseignements généraux. Mais je suis d'accord avec vous que le
travail est particulièrement bien fait et qu'on s'y retrouve assez
rapidement. Je vais revenir d'ailleurs sur la question, c'est la question
29.
Alors, je vais poser des sous-questions. Bon. Dans le budget, dans les
renseignements généraux, il y a des contrats, de moins de 25 000
$, Société de développement industriel, question 03...
Non, ce n'est pas la 03, pardon. L'onglet 17, je crois. C'est parce que l'ai
sorti, donc c'est en photocopie, là... L'onglet 17, la deuxième
page. M. Guy Savard a eu des honoraires pour exercer les fonctions de membre et
vice-président du conseil d'administration de la SDI. Est-ce que je peux
savoir un peu dans quel contexte ces sommes ont été
versées?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Oui. Lorsque Guy Savard
était vice-président exécutif du conseil d'administration
de la Société de développement industriel du
Québec, nous avions convenu qu'en plus de ses activités normales
de vice-président du conseil d'administration de la
Société de développement industriel il participerait
à l'analyse d'autres dossiers de nature financière importante et
on avait un contrat de services avec Guy Savard à cet
effet-là.
Mme Marois: Est-ce que c'est habituel comme pratique ou si c'est
exceptionnel?
M. Tremblay (Outremont): Je dois dire, pour avoir
été à la SDI pendant trois ans, que c'était
exceptionnel, c'est vrai, pour favoriser, entre autres, la transition entre la
venue du nouveau président...
Mme Marois: Donc, ce n'est pas la pratique habituelle?
M. Tremblay (Outremont): Non. Et je dois dire que, lorsque Guy
Savard a été nommé à la Caisse de
dépôt et placement du Québec, ce contrat-là a
été annulé et Guy Savard demeure toujours
vice-président du conseil de la Société de
développement industriel du Québec pour faciliter une meilleure
complicité entre la Caisse de dépôt et placement du
Québec et la SDI dans le meilleur intérêt du
développement économique du Québec.
Mme Marois: D'accord. Hier, au niveau des voyages à
l'extérieur, c'est toujours à l'onglet 16, "Voyages
extérieurs du Québec", dans le cas de la SDI, on voit que
là c'est le président qui est allé en
Tchécoslovaquie du 30 avril au 9 mai: C'était une mission dans
quel contexte?
M. Tremblay (Outremont): C'était avec le ministre des
Affaires internationales, John Ciaccia, dans un contexte où on avait
développé une meilleure complicité avec la
Tchécoslovaquie, principalement, entre autres, au niveau des
institutions financières. Alors, à ce moment-là, Gabriel
Savard a accompagné la délégation du ministre des Affaires
internationales en Tchécoslovaquie avec ma permission.
Mme Marois: D'accord. Et, à ce moment-là,
c'était quoi essentiellement, son rôle dans la mission?
C'était de prendre contact avec des institutions financières,
vous me dites, c'était...
M. Tremblay (Outremont): II était double.
Premièrement, de donner des informations de nature financière sur
la Société de développement industriel du Québec
pour permettre à la Tchécoslovaquie de mieux comprendre le
rôle d'une société d'État qui favorise le
développement économique d'un pays et, deuxièmement,
surtout, avec la délégation, c'était de trouver des
mécanismes pour améliorer le rôle de nos entreprises
québécoises pour exporter des produits dans les pays de l'Est.
Et, si vous vous rappelez, il y a eu, à ce moment-là, l'entente
avec Cascades, si je me rappelle bien, dans le secteur des pâtes et
papiers. Alors, depuis ce moment, on a mis en place, on est en train de
finaliser un nouveau programme d'aide à l'exportation, un crédit
acheteur par opposition à un crédit fournisseur pour permettre
justement le développement de relations d'affaires avec des pays de
l'Est, dont la Tchécoslovaquie et la Roumanie.
Mme Marois: Bon. Dernière question, enfin, je pense. Je ne
devrais pas prendre ça pour acquis parce que des fois on découvre
des choses en cours de route là, suite aux réponses. Dans le cas
du plan de relance appliqué par la SDI, vous nous avez donné
quelques chiffres ce matin dans votre intervention de départ. Où
en est-on dans l'utilisation des fonds qui avaient été
accordés pour aider à passer à travers la
récession? Quelles sommes reste-t-il et qui ne sont donc pas
engagées? Combien d'entreprises avons-nous aidés? Combien
d'emplois avons-nous consolidés, créés ou rassurés?
Est ce que vous avez ces données-là d'une façon
systématique?
M. Tremblay (Outremont): Bon. Alors, au 22 avril,
systématique et d'actualité, donc, en date d'hier soir à
minuit. Dans l'opération Relance PME incluant le financement des
crédits d'impôt, on a répondu de façon positive pour
les dossiers autorisés, 110 dossiers autorisés, pour des montants
totalisant 48 393 000 $. Les dossiers à l'étude dans les trois
volets, les mêmes, l'aide à la relance, le regroupement et les
crédits d'impôt, 255 dossiers à l'étude totalisant
des aides potentielles, si nous donnions suite à toutes les demandes, de
104 411 000 $. Alors, je ne peux pas m'empêcher de juste faire cette
petite remarque amicale. Lorsque le chef de l'Opposition...
Mme Marois: Ça, je m'inquiète.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Vous avez raison. Mais ce
n'est pas vous parce que vous ne l'avez jamais dit. Mais, quand le chef de
l'Opposition disait qu'il n'y avait pas de deman- des pour un programme de ce
genre, je pense que les demandes et les dossiers autorisés totalisent
365 dossiers pour 152 000 000 $.
Mme Marois: Bon. Mais là, évidemment, on inclut les
crédits d'Impôt et le fonds au regrou- pement d'entreprises. Si on
ventile tout ça là, est-ce que vous l'avez?
M. Tremblay (Outremont): Si on donnait suite... Bon. Admettons
qu'on prend les dossiers autorisés et j'enlève les crédits
d'impôt. Les dossiers autorisés, c'est 43 000 000 $. Alors, est ce
que j'ai les 43 000 000 $? Oui. Ça fait partie des 75 000 000 $
déjà autorisés.
Mme Marois: Ce qui veut dire que les 75 000 000 $ vont courir sur
l'année qui vient aussi.
M. Tremblay (Outremont): Non. II n'y a pas de... Ça fait
partie de l'opération Relance et on continue. Alors, on a
dépensé à date, on a inves ti dans des entreprises 43 000
000 $ et je dois vous rappeler que, normalement, selon les ratios, on multiplie
par trois pour la capitalisation additionnelle des entreprises. Donc, 43 000
000 $ justifient 129 000 000 $ parce que les banques convertissent et les
sociétés de capital de risque s'impliquent. Donc, 43 000 000 $
sur 75 000 000 $. Par contre, on a 239 dossiers qui totalisent 101 299 000 $
qui ne sont pas autorisés au moment où on se parle. Ils sont
à l'étude. Alors, si on donnait suite à tous les dossiers,
ça ferait 144 000 000 $ moins 75 000 000 $, alors, il manque 69 000 000
$. Ce n'est pas normal. (17 h 45)
Mme Marois: On verra évidemment dans la suite des
événements comment vous vous comporterez à l'égard
de la possibilité de dégager des crédits du môme
ordre Je voudrais que dos 43 000 000 $, c'est-à-dire les crédits
nécessaires pour couvrir les demandes si celles-ci étaient toutes
recevables, mais comme on sait que ça prend pas mal de temps à la
SDI pour en faire l'étude, ça risque de venir dans 202
jours...
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. C'est approuvé
et déboursé, ça. Non, moi.. Les 43 000 000 $...
Mme Marois: Non, non, mais les 43 000 000 $, oui, mais pas les
101 000 000 $
M. Tremblay (Outremont): Les 101 000 000 $... D'ailleurs...
Mme Marois: Ce sont des projets à I'étude Vous
dites: Si toutes les conclusions des études après nos 202 jours
moyens étaient, s'avéraient positives, c'est 101 299 000 $...
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
Mme Marois: ...dont vous auriez besoin pour répondre
à toutes les demandes actuellement en suspens.
M. Tremblay (Outremont): Non. Mme Marois: C'est bien
ça? Non.
M. Tremblay (Outremont): Non, 101 000 000 $ plus 43 000 000 $,
ça fait 144 000 000 $.
Mme Marois: J'ai compris ça.
M. Tremblay (Outremont): On a 75 000 000 $ d'autorisés. Il
manque 69 000 000 $.
Mme Marois: C'est ça. Oui, j'ai compris ça, mais il
y a 43 000 000 $ de déboursés, autorisés, acceptés
dans la nature. Hein? Bon, les 101 000 000 $, ce sont des demandes en suspens
dont l'étude peut être sur le point d'être terminée
ou va l'être d'ici quelques mois et ça ne veut pas
nécessairement dire donc que les 101 000 000 $ sont recevables au
complet.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, vous avez raison.
Mme Marois: Hein? Bon.
M. Tremblay (Outremont): Mais...
Mme Marois: O.K.
M. Tremblay (Outremont): En fait, l'idée, ce n'est pas
d'ici quelques mois, c'est le plus rapidement possible. Mais vous avez
absolument raison Ce n'est pas certain qu'on va approuver tous ces
dossiers-là. Par contre, il y a eu un tamisage de fait parce que je peux
vous donner une autre petite statistique sur la ligne
téléphonique.
Mme Marois: Ah oui!
M. Tremblay (Outremont): On peut peut-être en parler un
petit peu, le 1-800-461-AIDE.
Mme Marois: Mais là, j'aimerais ça. Vous reviendrez
sur la ligne téléphonique si ça vous...
M. Tremblay (Outremont): Tout ce que je voulais vous dire, c'est
5300 appels téléphoniques et 765 dossiers de retenus. C'est juste
ça que je voulais dire sur la ligne téléphonique.
Mme Marois: Parfait. On aura l'occasion de creuser ça
davantage à un autre moment.
Je voudrais aller un petit peu plus loin, un petit peu en profondeur
dans les 43 000 000 $ d'aide. Quelle est la portion accordée à du
regroupement d'entreprises? C'est 15 000 000 $, le budget, pour ce qui est des
regroupements d'entreprises.
M. Tremblay (Outremont): C'est 60 000 000 $et15 000 000 $, vous
avez raison.
Mme Marois: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): Alors, trois dossiers totalisant 8 635
000 $ et à l'étude, l'autre chiffre, c'est trois dossiers
totalisant 4 800 000 $.
Mme Marois: Parmi les 101 000 000 $ qui concernent le
regroupement. C'est ça. Est-ce que je lis bien les chiffres en disant
qu'en un an, dans une période de récession importante, on a
aidé des entreprises pour environ 35 000 000 $ par ce
programme-là qui est le programme majeur?
M. Tremblay (Outremont): On a participé à la
capitalisation depuis pas tout à fait un an parce que le programme est
entré en vigueur à l'automne. On a aidé en ce moment 85
entreprises, si on exclut les regroupements, pour 35 627 000 $, mais il ne faut
pas oublier, parce que je l'ai exclu tout à l'heure, qu'il y a une autre
forme d'aide aux entreprises, les crédits d'impôt. Oui, mais
ça, c'est important. Il ne faut pas minimiser. Je vais vous donner le
chiffre. Ce dont on s'apercevait, dans les états financiers d'une
entreprise, c'est qu'il y avait un compte à recevoir qui était,
soit au niveau de la recherche et du développement, des montants
importants. Et on a aidé 22 entreprises, pour 4 131 000 $.
Mme Marois: Dans les crédits d'impôt reliés
au...
M. Tremblay (Outremont): À la recherche et
développement.
Mme Marois: À la recherche et développement.
D'ailleurs, oui, j'ai vu que M. Savard était un peu désolé
du fait qu'il n'ait pas fait davantage. Il disait ça dans son discours
à la Chambre de commerce de Montréal métropolitain
où il rappelait que c'était nettement insuffisant l'intervention
en matière de recherche et développement. Il ne faisait pas
nécessairement et seulement référence à ça,
mais à l'ensemble des activités en cette matière. De toute
façon, je suis persuadée que ma collègue va creuser
à fond ce dossier-là avec vous. D'ailleurs, on s'est entendues
pour qu'elle ait une heure de plus, de telle sorte qu'elle puisse aller encore
plus en profondeur sur ces questions-là. Mais je veux bien d'abord
conclure là que c'est 35 000 000 $ d'interventions, pendant la
dernière année, autorisés et en partie
déboursés pour aider les entre-
prises en difficulté.
M. Tremblay (Outremont): C'est 35 627 000$, mais je peux
m'avancer que c'est sensiblement, ça doit être presque tout
déboursé au cours des sept derniers mois.
Exigences du Conseil du trésor quant au budget
du ministère
Mme Marois: Les sept derniers mois, d'accord. Bon, alors,
ça va. Revenons maintenant à cette question qui n'a pas obtenu de
réponse, la question 29. Peut être y a-t-il réponse, mais
on ne l'a pas identifiée sur le tableau qui nous a été
envoyé. Alors, là on va prendre le cahier Renseignements
généraux, si ça ne vous ennuie pas, et à l'onglet
1, qui correspond à la question 29, on avait posé comme question
quelles étaient les compressions budgétaires résultant de
la révision des programmes telle qu'exigée par le Conseil du
trésor, en expliquant un peu la ventilation, si l'on veut, par
programme, en expliquant l'objectif visé et le résultat obtenu
pour les exercices 1990-1991 et 1991-1992. Là, je me suis
retrouvée avec des tableaux, dont j'aime bien la présentation, il
va sans dire, mais où je ne sais pas où loger l'exigence du
Conseil du trésor, à moins qu'on ait décidé de ne
pas répondre à cet aspect-là. Prenons la ligne 1990-1991,
il y a un budget original, un budget modifié, il y a des dépenses
probables et des périmés escomptés. Bon, je comprends que
le budget original, c'est ce qu'on lit au livre des crédits de
l'année dernière. Je comprends que les dépenses probables,
c'est quand on fermera les livres au 31 mars. Et je comprends que les
périmés escomptés, c'est ce qu'on n'aura pas
dépensé, ni viré vers d'autres programmes, mais qui
retournent essentiellement au fonds consolidé. On s'entend bien,
bon.
Alors, est-ce que le budget modifié, c'est la réponse
à ma question sur les exigences posées par le Conseil du
trésor, ou si c'est le ministère qui a décidé que
c'était cela qu'il faisait? Je veux savoir quelles exigences a
posées le Conseil du trésor quant au budget du ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et quel impact cela a-t-il eu
sur l'ensemble de vos dépenses? Et on me dit, Ici, qu'effectivement on a
posé cette même question pour les autres ministères et on a
eu une réponse assez précise.
M. Tremblay (Outremont): Bon, je dois dire que le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, dans un
contexte économique moins favorable, est appelé à jouer un
rôle important, un rôle important à deux niveaux. On agit
évidemment comme catalyseur dans des projets industriels majeurs, ou par
le biais de nos sociétés comme la Société de
développement industriel ou la SGF. Et le deuxième
véhicule, c'est par des programmes. Donc, ce qu'on regarde.. Alors, le
rôle du ministère, ce n'est pas juste un rôle d'administrer
des programmes, c'est un rôle également de catalyseur.
Alors, au niveau de la gestion des programmes. on n'a pas eu comme
telles des directives du Conseil du trésor qui nous dise: Moi, Je veux
avoir tel argent, tel argent, puis je vous Impose tel montant. Ce qu'on nous a
demandé...
Mme Marois: Oui, généralement, le Conseil du
trésor fixe un objectif. Il dit: Je veux que vous réduisiez votre
budget de l'ordre de 1 %, 1, 5 %, 2 %, 3 %, ça dépend. Mais
ça, c'est traditionnel. J'ai été vice présidente du
Conseil du trésor pondant trois ans et demi, alors je me souviens fort
bien des techniques qui étaient utilisées. II y avait les
coupures croisées. II y en a qui vont se souvenir de ça
sûrement.
M. Tremblay (Outremont): Étant également membre du
Conseil du trésor, comme vous l'avez été, et étant
donné que le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie est un ministère proactif, on n'a pas attendu, étant
bien conscient de la situation financière du gouvernement...
Mme Marois: Vous coupez vous-même avant qu'on vous le
demande...
M. Tremblay (Outremont): On n'a pas... Mme Marois: Non,
mais ça ne va pas!
M. Tremblay (Outremont): On n'a pas attendu - laissez-moi finir -
que le Conseil du trésor commence à nous envoyer des directives
parce qu'on est conscient, au MICT, de la situation financière du
gouvernement. Alors, dans cette optique-là, je peux vous assurer qu'il
n'y a aucun montant qui a été remis au Conseil du trésor
qui a empêché le ministère d'exercer son rôle
important de support aux entreprises.
Mme Marois: Mais vous n'avez pas, encore une fois, répondu
à la question. Si vous êtes conscient des besoins du gouvernement,
j'imagine et j'espère que vous êtes aussi conscient des besoins du
milieu industriel et de l'emploi au Québec, mais, cela étant dit,
ma question, ce n'est pas ça, c'est: Quelle portion des budgets.
modifiés ou périmés sont une conséquence de choix
que vous pouvez avoir faits, sont une conséquence d'une demande qui vous
a été présentée, d'une suggestion qui vous a
été faite par le Conseil du trésor et auxquels vous avez
obtempéré? On vous a demandé 2 %? 1 %? Vous l'avez
ventilé comment? C'est ça que je veux savoir.
M. Tremblay (Outremont): On a contribué à la saine
gestion des finances publiques à même le petit budget que nous
avons, sans que ça affecte
de quelque nature que ce soit le rôle du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Mme Marois: Donc, je comprends que tous les périmés
qui sont Ici, je les assimile un peu, dans certains cas - puis on va les voir
parce qu'on va les questionner - à une volonté qu'a eue le
ministre de remettre en question les sommes qui devaient être
versées soit au soutien au développement et à la
croissance des secteurs manufacturiers et coopératifs ou soit à
d'autres programmes administrés par le ministère.
M. Tremblay (Outremont): Non. La réponse c'est non, je le
répète.
Mme Marois: Alors, c'est quoi la réponse?
M. Tremblay (Outremont): Les périmés... On avait un
budget qui a été modifié. Si on prend la première
ligne, au niveau de la gestion interne, 19 560 000 $, et on a eu des
dépenses probables do 18 614 400 $, II est resté un solde de 940
100 $. Alors, est-ce que vous êtes en train de me diro que j'aurais
dû tout faire pour dépenser ce montant-là, alors que la
demande n'était pas là? Donc, c'est le cas.
Mme Marois: Non, non. De toute façon, je vois bien que
vous ne répondrez pas à ma question, soit que vous n'avez pas la
réponse ou que vous avez procédé autrement, mais je ne
veux pas questionner la gestion interne. Au programme 2, élément
1, élément 2, élément 3, Assistance
financière aux entreprises et aux organismes, on a des
périmés escomptés de l'ordre de 25 000 000 $. La
Société de développement industriel du Québec a des
périmés escomptés de l'ordre de 14 000 000 $. Là,
ça ne doit pas être juste de la gestion interne, parce que vous
avez un problème, hein? Est-ce que je dois comprendre qu'il n'y avait
pas suffisamment de demandes dans la période de récession que
nous avons connue pour que ça justifie que l'on périme des
crédits aussi importants?
M. Tremblay (Outremont): Si on prend, par exemple... On a eu de
longues discussions dans le passé sur ce point-là. Si on prend la
Société de développement Industriel, les 14 000 000 $,
c'est qu'on n'a pas eu la demande des entreprises pour débourser les 14
000 000 $, donc ils vont apparaître dans un budget modifié de
l'année prochaine. Alors, ça n'a pas...
Mme Marois: Attention, là. La notion de crédits
périmés, telle que moi je la conçois et je la comprends,
elle dit: retour au fonds consolidé.
M. Tremblay (Outremont): Et le fonds...
Mme Marois: Donc, après ça, la SDI est
obligée de refaire sa preuve...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: ...pour son budget 1991-1992. D'ailleurs, c'est assez
évident qu'elle doit refaire sa preuve puisqu'on prévoit 132 000
000 $, alors que son budget original de 1990-1991 était de 130 000 000
$. Donc, elle a bien refait sa preuve. En cours de route, II y a eu des budgets
modifiés de l'ordre de 202 000 000 $, j'en conviens. (18 heures)
M. Tremblay (Outremont): Donc, on a fait la preuve. C'est
ça. Vous l'avez exactement. On avait budgété 130 000 000
$, mais parce qu'on a eu des demandes, par exemple, de Bell Helicopter - parce
que c'est de ça qu'on parle - de 202 000 000 $, on n'a pas eu de
probème à justifier ce montant-là au niveau du Conseil du
trésor puis du ministère des Finances et il y a eu un ajustement
de 72 000 000 $. C'est énorme, sauf que, quand c'a été le
temps d'avoir la réclamation, l'entreprise ne nous l'a pas
donnée, on a périmé 14 000 000 $ et, l'année
prochaine, on va l'additionner puis on va faire une demande additionnelle.
C'est des engagements. En d'autres mots, c'est des engagements qu'on a pris
avec des entreprises, donc il n'y a aucun problème.
Mme Marois: D'accord. Bien moi, je trouve qu'il y en a un quand
même, un problème.
M. Tremblay (Outremont): Où?
Mme Marois: Bien, il y en a un. On va aller à l'annexe A,
continuez deux pages plus loin. Il y en a un parce que, écoutez, on est
en pleine crise économique, en pleine récession et on voit qu'on
va périmer... On a Bell Helicopter, parfait. On dit que c'est un projet
sur lequel il y a des engagements et on va les respecter l'année
prochaine, ça reviendra au budget. Mais Aide à la
concrétisation de projets industriels, c'est 933 000 $ qu'on
périme. Promotion de la mode et du design, c'est 171 000 $. Aide aux
associations industrielles sectorielles, c'est 200 000 $. Ça, ça
ne tient pas compte des modifications du budget qu'il y a eu en cours de route
par rapport au budget initial. Alors, il y a eu, d'abord... Je veux qu'on
regarde ensemble. Il y en a eu des compressions importantes et si cet argent
n'a pas été investi, dépensé, peu importe le terme
que l'on choisira, c'est parce que, quelque part, le ministre n'a pas
été proactif - comme il le dit si bien et si souvent - parce que,
à ce que je sache, on a des problèmes d'emploi un petit peu
partout sur le territoire. Alors, je ne comprends pas que le ministère
responsable de soutenir l'infrastructure de l'entreprise
québécoise, à la mesure de ses moyens, de l'accompagner,
de se concerter, peu importe, périme des crédits en pleine crise
économique.
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: Non, alors, vous allez nous donner des explications.
À l'annexe A, là...
M. Tremblay (Outremont): C'est exactement là, on part.
Exactement là.
Mme Marois: Parfait.
M. Tremblay (Outremont): On prend la première ligne, on
peut les prendre ligne par ligne, si vous voulez.
Mme Marois: Vous m'avez expliqué Bell Helicopter, je l'ai
compris...
M. Tremblay (Outremont): Bell Helicopter... Mme Marois:
Ça va assez bien.
M. Tremblay (Outremont):... qu'est-ce que vous voulez? On ne m'a
pas envoyé la facture. Je ne suis pas pour inventer et envoyer un
chèque de 3 000 000 $ parce que là vous allez me taxer
d'être un mauvais gestionnaire des fonds publics.
Deuxièmement..
Mme Marois: J'ai compris Bell Helicopter, vous me l'avez
expliqué.
M. Tremblay (Outremont): O. K. L'Aide à la
concrétisation de projets industriels. Au début de
l'année, on fait un budget et on dit qu'on veut favoriser des projets
industriels, par exemple, dans l'est de Montréal. Mais, si les projets
qu'on budgète ne se concrétisent pas, Je ne suis pas pour
dépenser de l'argent pour le plaisir d'en dépenser et ça
n'a rien à faire avec le fait qu'on est proactif ou pas. Alors, dans ce
sens-là, si on a périmé 933 000 $, c'est que la
dépense probable, c'est 940 000 $. Alors, si vous regardez le budget que
nous allons avoir l'année prochaine, vous le voyez là, il est de
1 867 000 $ Donc, c'est le même budget que l'année prochaine.
Mme Marois: Oui, mais si, l'année prochaine, vous
périmez encore, ça ne veut rien dire On s'amuse à mettre
des chiffres dans les colonnes et, le lendemain, on dit: Non, ce n'est pas
grave, ce n'est plus tout à fait ça qu'on a
dépensé, c'est la moitié moins qu'on a
dépensé. C'est parce que c'est ça que ça veut dire
là, hein, ici9
M. Tremblay (Outremont): Oui, c'est exactement ça que
ça veut dire, sauf que, ce que je vous dis, c'est que, moi, je suis
prêt à dépenser 1 867 000 $ SI on peut le dépenser,
tant mieux, mais si la demande au niveau des entreprises n'est pas là et
ce n'est pas parce qu'on n'est pas proactif au niveau du PACPI - qu'est-ce que
vous voulez que je fasse? Alors, le Trésor me dit: Pensez-vous que vous
allez dépenser ce montant-là? Et si, moi, je suis convaincu que
je ne cause pas préjudice à l'Implantation de projets industriels
majeurs, bien, je dis oui, ça me fait plaisir de contribuer à la
saine gestion des finances publiques, c'est notre contribution. Alors, on peut
les prendre Individuellement.
Promotion de la mode, 171 000 $. Vous savez tout l'effort que je fais au
niveau de la mode. Mais ce n'est pas juste moi qui l'ai dit Les couturiers
maintenant sont en train de vanter les efforts du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie sur la mode. Alors, les 171 000
$, je ne veux pas les périmer, mais je ne ferai pas des efforts hors de
la normale pour les dépenser si je n'ai pas la demande. Alors, c'est
tous ces montants-là. C'est tous des petits montants. Il faut
réaliser...
Mme Marois: Bien oui, c'est des petits montants, je comprends
bien que c'est des petits montants, sauf qu'on sait fort bien que l'industrie
de la mode, ce n'est pas nécessairement de très gros montants
dont ils ont besoin, mais ça peut être des petits montants. Alors,
moi, je vous le dis, je ne prends pas vos explications Puis je regarde à
la...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais il n'y a pas un projet...
Mettons la mode, il n'y a pas un projet, Mme la députée de
Taillon, où on a dit non. On a dit oui à tous les projets, mais
il n'y en a pas plus que ça, qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec
les 171 000 $?
Mme Marois: Vous avez dit oui à tous les projets avec les
demandes originales, telles que faites par les promoteurs industriels,
designers, peu importe.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Vous avez toujours accepté leurs demandes?
Non, pas tout le temps.
M. Tremblay (Outremont): Bien non, écoutez, dans la mesure
où la demande répondait aux normes du programme, je dois dire que
je serais surpris qu'on m'informe qu'au niveau de la mode on ait refusé
des dossiers.
Relance de l'est et du sud-ouest de
Montréal
Mme Marois: Bon, on va aller à un autre qui me
préoccupe au plus haut point, et j'ai remarqué que ça
revenait à plusieurs reprises dans l'aide apportée un peu partout
sur le territoire québécois, et c'est Montréal Alors,
allez à la page 3, toujours de cette même annexe, et regardez au
quatrième élément si on veut. Rénovation de zones
Industrielles vêtuste.,. Aide a la restructuration de l'est de
Montréal
Relèvement du sud-ouest de Montréal et des quartiers
défavorisés. Alors, je trouve ça un peu inquiétant
que, finalement, on ait un budget original de l'ordre de 2 300 000 $, on
modifie le budget à 1 300 000 $ et on ne réussira à
investir que 1 000 000 $. Alors, c'est très inquiétant, Aide
à la restructuration de l'est de Montréal, c'est la même
chose, on va sans doute périmer 400 000 $, mais ce qu'on ne dit pas,
c'est que le budget original était de l'ordre de 2 250 000 $, qu'on l'a
déjà baissé à 1 675 000 $, ot donc qu'il ne se
dépensera réellement que 1 275 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Le relèvement du sud-ouest, ça c'est un
ajout, j'en conviens, de l'ordre de 215 000 $, puisqu'il n'y avait pas de
budget de prévu Bon. Mais Montréal qui a le championnat des
pertes d'emplois, qui a le championnat du taux de chômage de toutes les
villes canadiennes, Saint-Jean de Terre-Neuve y compris, alors
qu'habituellement, c'était plutôt de ce
côté-là que ça se passait, bien je me dis: II y a
quelque chose qui ne va pas. Ce n'est peut-être pas le ministère
de l'Industrie et du Commerce, mais c'est peut-être ailleurs sur le
territoire où il se passe quelque chose, ou il ne se passe rien, qui
fait en sorte qu'on est dans des situations comme celle-là. Je me dis:
Est-ce que c'est le ministère du Développement régional
qui est fautif? Est-ce que c'est le comité ministériel s'occupant
des interventions à Montréal qui ne fait pas sa job? Mais il y a
quelque chose qui se passe quelque part, parce qu'on est dans une situation
difficile, et on se retrouve avec des crédits périmés.
M. Tremblay (Outremont): Vous avez un très bon point, je
pense, et vous avez absolument raison. Et je dois vous dire que je me pose
également les mêmes questions. Comment se fait-il qu'on ait
annoncé, il y a un certain nombre d'années, un projet de relance
pour l'est de Montréal, 106 000 000 $... et la demande dans certains
secteurs a été là, mais en général la
demande n'a pas été aussi forte qu'escomptée, et c'est la
raison pour laquelle on a accepté de prolonger le plan de relance de
l'est de Montréal jusqu'en 1993. Je veux vous dire que, pour la
région de l'est de Montréal, il n'y a aucun projet qui a
été refusé. Au contraire, tous les projets qui nous ont
été demandés, pour lesquels on a eu une demande, on l'a
respectée, et nous allons respecter toutes les demandes. Le
président du Conseil du trésor est également
président du comité ministériel permanent qui s'occupe,
entre autres, de Montréal.
Prenons l'exemple du sud-ouest, parce que là vous voyez
apparaître, au niveau du relèvement du sud-ouest, 275 000 $.
Ça, c'est notre contribution avec l'Office de planification et de
développement du Québec et la ville de Montréal aux
corporations de développement économique et communautaire. Mais
qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je suis en pourparlers - et
là je peux bien en parler parce que c'est dans mon comté - avec
la nouvelle corporation de développement économique et
communautaire de Notre-Dame-de-Grâce et de Côte-des-Neiges qui doit
prendre forme. Mais les intervenants ont décidé que
c'était beaucoup plus important de parler de racisme que de parler de
développement économique. Alors, moi j'essaie de les convaincre -
écoutez c'est très sérieux - que le développement
économique va permettre peut-être de régler la
pauvreté et éventuellement le racisme qu'il peut y avoir dans le
comté, soit de Côte-des-Neiges ou de Notre-Dame-de-Grâce. Je
veux vous dire que je suis préoccupé. Je ne comprends pas que
dans des zones aussi importantes que l'est et le sud-ouest de Montréal
où le taux de chômage va peut-être à 20 % ou 25 %, ou
peut-être même 30 %, ou également 30 % des aides sociales de
2 200 000 000 $, donc on parle de près de 660 000 000 $... C'est dans
ces régions-là. Qu'est-ce qu'il faut faire de plus? On travaille,
on travaille d'arrache-pied, mais je peux vous assurer d'une chose: les
crédits périmés sont là uniquement parce qu'on n'a
pas dépensé l'argent. Le montant est prévu dans le budget
1991-1992, et le gouvernement du Québec va s'assurer que ces
régions aient accès à l'argent nécessaire pour
favoriser le développement économique et trouver des solutions
concrètes au chômage.
Mme Marois: Je vais revenir sur ça, M. le ministre, parce
que je pense que c'est majeur, ce que vous soulevez là, comme
problème, puis on l'a vécu aussi comme gouvernement. Et je
conviens avec vous qu'il y a effectivement quelque chose qui ne va pas au
niveau des interventions gouvernementales à Montréal. Bien
simplement, je vais vous dire que j'avais ce problème-là, et que
je crois que nous avions ce problème-là. Si on exclut les grands
projets, soit industriels, culturels ou d'aménagement urbain, les
programmes gouvernementaux de soutien à l'emploi, de soutien à
l'investissement ont toujours été défaillants sur le
territoire de la région de Montréal, en tout cas depuis les
derniers dix ans - je ne veux pas remonter plus loin, peut-être que
ça le confirmerait aussi -alors qu'on sait que la situation est
absolument catastrophique-là. Et il y a un problème, je pense,
dans le modèle d'intervention qu'on choisit sur le territoire de
Montréal, qui est le même que celui qu'on applique à
l'ensemble des grandes régions du Québec, Québec
compris.
Et je regardais dans le cahier, puis je ne voudrais pas faire
d'affirmation gratuite, mais dans beaucoup de programmes d'aide à
l'entreprise, ou de soutien à l'entreprise, je me rendais compte que,
par exemple, la région Chaudière-
Appalaches arrivait toujours parmi une des premières
régions, avec la Montérégie. Et Montréal avait
à peu près les mêmes montants, alors que, normalement, elle
devrait avoir des montants plus importants, la situation est plus
détériorée, et les problèmes, on sait, là,
sont plus grands, et la population est plus importante. Donc, il devrait
normalement y avoir plus d'interventions qui se fassent là. Alors,
j'admets avec vous, et ce sont tous les ministères qui sont
concernés, c'est Industrie et Commerce, ce sont les
sociétés de développement, ce sont les
sociétés d'entraide, ce sont les programmes mêmes, et puis
vous en discuterez avec votre collègue de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, ce sont môme les programmes de soutien
à l'emploi des jeunes, réinsertion sociale. On dirait qu'il y a
une inadéquation entre les outils utilisés par l'État, par
le gouvernement québécois, et les objectifs visés sur le
territoire montréalais, qui fait qu'on n'arrive pas à s'adapter -
on pariait de culture, ce matin - à cette culture-là. Et
même quand on vient de Montréal, quand on y vit, je ne sais pas si
c'est le virus de la capitale nationale qui nous atteint quand on se retrouve
ici, mais c'est très sérieux ce que je soulève là,
et je pense que ça mérite d'être observé,
d'être creusé. Nous, on avait commencé, puis c'était
un petit peu ça justement. Le soutien aux corporations de
développement économique et communautaire, c'était dans
cette foulée-là. Je me souviens comme si c'était hier,
c'est dans cette foulée-là qu'on avait dit: Choisissons un
véhicule qui va être celui que nous propose le milieu. Parce que
ça a été ça, sud-ouest, Hochelaga-Maisonneuve, et
surtout Pointe-Saint-Charles. On dit: Ils nous proposent un véhicule,
adoptons-le, puis on va voir ce qu'il donne comme résultat. Et, dans les
faits, on constate que ce n'est pas mal comme résultat, mais, quand on
fait le bilan global, il y a des problèmes. Et, souvent, ma
collègue de Hochelaga-Maisonneuve va demander, justement, au ministre
responsable de la région de Montréal et président du
Conseil du trésor: Qu'est-ce qui se passe? Comment ça se fait que
les crédits se périment? Parce qu'ils se périment, et on
constate la même chose, aujourd'hui, et il y a un problème. Moi je
pense que ça c'est une... Ça pourrait même être - je
me tourne vers le président de notre commission - un débat qu'on
pourrait avoir ici, à la commission. Je ne sais pas si ça
pourrait même aller jusqu'à un mandat d'initiative, mais se poser
cette question-là, parce que c'est une réalité à
laquelle on est confrontés, à laquelle vous êtes
confrontés, et qui ne trouve pas sa solution actuellement, d'une
façon significative, s'entend. Alors, je ne veux pas aller plus loin sur
cet aspect-là, mais je pense qu'il faut être capable de le voir,
parce que regardez ailleurs, puis vous allez... Je vous le dis, j'ai fait la
lecture assez attentive, il peut toujours nous échapper des choses, mais
j'avais toujours l'impression que les régions, que ce soit
Montérégie, qui est ma région - je ne me plains
pas, hein - ou Chaudlère-Appalaches, recevaient leur part plus
normalement que Montréal. (18 h 15)
M. Tremblay (Outremont): Je pense que sur ce point-là on
s'entend à merveille. C'est très, très bien parce que
l'effort que vous avez fait en tant que gouvernement précédent et
l'effort que nous essayons de faire, c'est justement du répondre aux
attentes du milieu. On s'est dit Peut-être que dans nos murs de
béton on n'est pas assez près des problèmes des
différentes collectivités, on va les aider. Alors, qu'est ce
qu'on a fait? Premièrement, à la demande des gens du milieu, on a
fait le fonds emploi Montréal..
Une voix: Oui, je connais.
M. Tremblay (Outremont):... alors mariage: Fonds de
solidarité des travailleurs, la ville de Montréal, la SDI. On
devait injecter 500 000 $. Après près de deux ans, on a
injecté nos 387 500 $ multipliés par trois avec les autres
partenaires et on n'est même pas capable de le dépenser. Alors, ce
n'est pas qu'on ne veut pas aider des petites entreprises à
démarrer. On a de la misère.
Deuxièmement, les corporations de développement
économique et communautaire. Ça nous a été
demandé, entre autres, pour le sud-ouest de Montréal et de
l'élargir à Montréal en plus d'avoir le réseau. On
a accepté de mettre des sous et je vous ai donné l'exemple que je
vis dans ma communauté. Que voulez-vous que je fasse? Si la
priorité des gens ce n'est pas de retourner au travail, mais d'essayer
de régler dos problèmes importants qualitatifs, moi, je
prétends que le développement économique, c'est ça
qui va nous permettre... mais je ne peux aller les forcer à faire des
choses qu'ils ne sont prêts à faire demain matin. On a fait plus
que ça. Par exemple, vous avez mentionné
Montérégie, quand on aide au niveau des Infrastructures, c'est 50
%, les programmes d'aide. On a modulé à Montréal. On a
dit: On va faire 75 %. Les prêts participatifs de la
Société de développement industriel dans l'est de
Montréal, il y a un congé d'intérêts automatique
pour une période de trois ans. On a dit: On va faire encore plus. Si
vous vous implantez dans l'est de Montréal, on va vous le donner le
congé d'intérêts et, en plus de ça, il y a PACPI,
les projets industriels majeurs, même chose, modulés à 75
%. Et, finalement, on a fait un comité ministériel permanent du
grand Montréal métropolitain où on s'est tous assis
ensemble et on travaille avec la Communauté urbaine de Montréal
spécialement pour trouver des solutions concrètes
J'en suis personnellement arrivé à la conclusion suivante:
Au-delà du beau discours do tous les intervenants sur la place publique,
on doit passer à l'action parce que les problèmes,
on les connaît et mes amis et vos amis, au niveau du Forum pour
l'emploi, sont les premiers à admettre que, oui, on peut parler de plein
emploi, oui on peut parler de taux de chômage élevé, mais,
demain matin, que fait-on de façon cocnrète? Et je dois vous dlre
que je suis très content de l'appui de la CSN, de la FTQ, de la CSD, de
la C. E. Q, du Mouvement DesJardins et de l'Association des manufacturiers
canadiens, des chambres de commerce, du Groupement québécois, au
modèle québécois. Je n'ai jamais prétendu que le
modèle québécois, c'est un modèle parfait. Sauf que
c'est un modèle qui repose sur nos valeurs et c'est un modèle
qu'on peut moduler en fonction des besoins des secteurs et des
différentes industries.
Si on prend l'est de Montréal - puis, je termine là-dessus
- pourquoi attendre? Parce que c'est un peu ça, le problème.
Quand il y a une fermeture d'usine, on laisse les travailleurs sur
l'asssurance-chômage pendant un certain nombre de mois, par la suite,
c'est sur le bien-être social avec la conséquence qu'après
doux ou trois ans on ne peut plus les recycler parce qu'il est trop tard. Ce
que je prétends, c'est qu'on pourrait développer des secteurs
immédiatement. Exemple: Des ateliers d'usinage. Cette clientèle
qui est sur le chômage ou sur le bien-être social a des aptitudes
pour des ateliers d'usinage. Alors, ce qu'on essaie de faire, au lieu
d'attendre l'implantation d'une usine ou d'un atelier d'usinage dans l'est ou
dans le sud-ouest de Montréal, pourquoi ne pas immédiatement
former ces travailleurs? Puis ça va devenir un atout important pour
l'implantation d'une usine dans l'est de Montréal ou dans le sud-ouest
de Montréal. Et je dois ajouter également que le ministère
de la Main-d'oeuvre est très sensible à cette nouvelle dynamique
et je suis optimiste, dans le sens que dans un avenir rapproché on va
pouvoir annoncer des mesures beaucoup plus concrètes qui vont être
modulées en fonction du développement économique de l'est
de Montréal et du sud ouest do Montréal.
Mme Marois: Bon. On s'est éloignés un peu mais je
suis d'accord pour qu'on s'adresse à la même problématique
de Montréal. Mais je vais vous dire, cependant, que sur le
développement du modèle québécois de concertation,
de solidarité, de contrat social, appelons-le comme on veut, on a une
entrave majeure qui, tant qu'elle ne sera pas résolue, va nous
empêcher d'atteindre l'objectif.
M. Tremblay (Outremont): Laquelle?
Mme Marois: Et l'entrave majeure que nous avons, c'est le
morcellement des pouvoirs entre Québec et Ottawa en matière de
formation professionnelle et en matière d'intervention dans tous les
programmes de sécurité du revenu. Et qu'on aime ça ou pas
se le faire dire, il faut le voir. Et c'est évident que, à mon
point de vue, les batailles que nous menons, les énergies que nous
dépensons à essayer de se concerter avec l'autre partenaire et
qui concernent, entre autres, la meilleure intégration des programmes de
sécurité du revenu reliés soit, donc, à l'assurance
chômage, à l'aide sociale, aux programmes de formation
professionnelle ne nous facilitaient pas la tâche. Je suis
persuadée que ça restera toujours, tant que nous n'aurons pas
résolu ce problème-là, une entrave majeure à la
réalisaton de projets significatifs dans le cadre de l'atteinte du plein
emploi. Cela étant dit...
M. Tremblay (Outremont): Non, mais peut-être, très
brièvement...
Mme Marois: Quant à moi, d'ailleurs, la seule avenue
possible, c'est la souveraineté du Québec mais...
M. Tremblay (Outremont): Bien oui. Non, mais ça, c'est
clair.
Mme Marois:... aussi comme ce n'est peut-être pas la
vôtre, peut-être au moins travailler à faire en sorte que le
gouvernement fédéral évacue le champ de la formation
professionnelle. Il est un empêcheur de tourner en rond, il est un
emmerdeur.
M. Tremblay (Outremont): D'ailleurs, c'est une demande du
présent gouvernement en concertation avec les intervenants.
Mme Marois: Je sais cela.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Donc, on s'entend très bien
là-dessus, il n'y a même pas de dispute. Sauf que ce que je veux
vous dire, c'est que ça ne nous a pas empêchés de faire un
contrat social avec Atlas et on va en faire d'autres. Alors, iI y a des choses
qu'on peut régler dans un avenir rapproché, mais il y a d'autres
choses qu'on peut faire demain matin. Alors, moi, je dis, au-delà du
discours, passons donc à l'action le plus rapidement possible.
Mme Marois: Je suis d'accord avec vous qu'il faut passer à
l'action.
Il y a une question très précise, aussi, dans les
renseignements généraux, où j'ai l'impression de ne pas
avoir eu de réponse complète. À la question 20 que je
soulevais sur les effectifs, "Noms et salaires sur la masse salariale du
ministère qui ne se voient pas assigner de postes réels pour
l'année financière", à l'onglet 4, on nous a donné
le nom des personnes qui étaient prêtées à un autre
organisme. Mais est-ce que vous avez, en plus des personnes
prêtées à d'autres organismes, des personnes qui ne sont
pas affectées, assignées, si on veut, à des postes
réels?
M. Tremblay (Outremont): Qu'est-ce que ça veut dire, au
juste, ça, ce que vous me demandez?
Mme Marois: On va le mettre entre guille-ments, là, mais
ce qu'on a l'habitude d'appeler les "tablettés".
M. Tremblay (Outremont): Ah non! Au ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, il n'y a pas de
"tablettés".
Mme Marois: II n'y en a aucun?
M. Tremblay (Outremont): Non Tout le monde travaille en
équipe..
Mme Marois: Toutes les personnes, chez vous, sont
assignées à une fonction, une tâche, une
responsabilité et il n'y a personne qui attend, chez elle, que vous
l'appeliez pour..
M. Tremblay (Outremont): Non, non.
Mme Marois:... venir prendre un mandat ou...
M. Tremblay (Outremont): Non. J'ai mon sous-ministre avec moi et
je serais très déçu d'apprendre qu'au ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie j'ai des "tablettés". Au
contraire, on travaille en équipe, on est en train d'implanter la
qualité totale et on a un mandat d'être proactifs face aux
entreprises. Mais, par contre, dans certains dossiers, on a prêté,
à la demande d'organismes, un certain nombre de personnes..
Mme Marois: Voilà!
M. Tremblay (Outremont): non pus parce que ces
personnes-là étaient des "tablettées", parce que je peux
vous dire...
Mme Marois: Non, non, je n'ai pas dit ça, là,
d'accord?
M. Tremblay (Outremont): Non, non, je le sais que vous n'avez pas
dit ça. Je veux juste le qualifier dans ma réponse, mais je ne
vous prête pas d'intention. Je peux vous dire que je connais certaines de
ces personnes et je peux vous assurer que... Prenons l'exemple de Micheline
Fortin que j'ai bien connue, qui travaille au parc industriel, le GATIQ pour le
développement économique de Québec, c'est important...
Mme Marois: Est ce que c'est ça. Les gens qui sont
là, est ce qu'ils sont surtout pretés dans Ies organismes
parapublics, municipaux, ou quoi?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: Est-ce qu'ils restent à l'inté rieur du
gouvernement ou s'ils sont prêtés surtout à
l'extérieur du gouvernement?
M. Tremblay (Outremont): On peut dire qu'ils restent des
employés du gouvernement, de la fonction publique, prêtés.
Raymond Beaugrand. il est attitré à de grands projets, Jean-Eudes
Bouchard est au GATIQ, Micheline Fortin est au parc technologique. Gaston
Jacques, ç'a été au centre des congrès de Beauport
qu'il nous a été demandé.
Mme Marois: Écoutez, je ne veux pas vous...
M. Tremblay (Outremont): II y en a un que vous devez
connaître. Pierre-Étienne Grégoire a été
prêté à la Commission Bélanger Campeau.
Mme Marois: Ou, effectivement
M. Tremblay (Outremont): Anne Martineau. avec beaucoup de regret,
J'ai accepté de la prêter à l'Institut technologique du
magnésium parce qu'elle est excellente. Brigitte Tremblay-Van Coillie
était au niveau de l'entrepreneur-ship.
Mme Marois: Alors, vous pouvez nous donner cette liste-là
où ces gens ont été prêtés.
M. Tremblay (Outremont): Où elles sont les personnes?
Ça va nous faire plaisir.
Mme Marois: Oui? Parfait.
Alors, revenons d'une façon systématique à chacun
des éléments. Donc, on ne reviendra pas sur les
périmés même si ça ne me plaît pas trop de
voir que ça se retrouve là. J'espère que la performance
à cet égard du ministère; sera meilleure l'année
prochaine puisque le ministre nous mentionne tout le temps qu'il est
proactif.
M. Tremblay (Outremont): Là, on en a plus cette
année que l'année dernière. Ne me dites pas qu'elle n'est
pas bonne.
Mme Marois: Vous avez moins de crédits
périmés cette année que vous en aviez l'année
dernière.
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est normal, c'est correct,
ça.
Autres sujets
Mme Marois: L'onglet 2, programme 2 élément 3. II y
a des transferts là On parle d'assistance financières aux
entreprises et aux organismes comme éléments.
L'élément 3, Le budget original était, là encore,
de 80 000 000 $,
modifié à 76 000 000 $, déboursés au 31 mars
de 46 000 000 $. On fait référence à des virements
à l'OPDQ. En quoi consistent ces transferts là?
M. Tremblay (Outremont): Pour ne pas être obligé de
répéter ce que Michel Gauthier vous dit, est ce que vous lui
donnez...
Mme Marois: Oui, certainement.
M. Tremblay (Outremont): II va pouvoir vous l'expliquer. Il a
tout écrit ça dans son petit bouquin. Il va vous donner les
réponses.
Mme Marois: C'est très bien.
M. Gauthier (Michel): Ce sont des virements qui proviennent de
l'OPDQ pour le financement de certaines corporations de développement,
notamment la Minganie, L'Érable, l'axe Caniapis-cau. Ensuite, un autre
projet...
Mme Marois: C'étaient des projets très
précis...
M. Gauthier: Très précis. Oui.
Mme Marois: ...que ces organismes vous demandaient d'aider?
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas norme. Entre d'autres mots,
par le biais des commissariats industriels, c'est norme. Alors, quand on a une
demande qui n'est pas normée, et l'Office de planification et de
développement du Québec...
Mme Marois: Vous passez par l'OPDQ?
M. Tremblay (Outremont): On passe par l'OPDQ.
Mme Marois: D'accord. Mais c'étaient des projets
d'Infrastructure à ce moment-là?
M. Gauthier: Non, ce sont des corporations de
développement.
Mme Marois: La corporation elle-même? M. Gauthier:
C'est ça. La mise sur pied. Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Pour les infrastructures, je pourrais
juste vous dire qu'à la suite des représentations du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie on a
annoncé récemment 6 000 000 $ dans les réglons-ressources
pour permettre le développement économique des infrastructures en
région, ressources très importantes, iniative du MICT avec
l'OPDQ.
Mme Marois: Oui, j'ai vu ça, d'ailleurs.
M. Tremblay (Outremont): Donc, c'est possible d'aller se chercher
des sous même s'ils ne sont pas budgetés.
Mme Marois: Oui, mais il faut que... Non, ça, ce n'est pas
possible. Il faut qu'ils soient prévus au budget quelque part. Ils
peuvent être non affectés mais il faut qu'ils soient prévus
au budget, sinon vous seriez en contravention de la loi.
M. Tremblay (Outremont): C'est pour ça qu'il y a un fonds
de suppléance.
Mme Marois: À l'onglet 5, je veux faire un petit plaidoyer
bien court - et vous allez me voir venir bien vite - sur la
nécessité d'améliorer la présence des femmes dans
les postes de gérance et de cadres intermédiaires et aussi, bien
sûr, du côté des cadres supérieurs. Je vous souligne
ça en passant.
M. Tremblay (Outremont): Je dois ajouter là-dessus qu'on
est en période de réorganisation au ministère, à la
suite d'une réflexion profonde. Le sous-ministre a été
informé que certains postes d'encadrement devraient être
comblés par des femmes. Alors, je suis entièrement d'accord avec
votre remarque. (18 h 30)
Mme Marois: C'est une très bonne idée, parce que je
pense qu'à compétence égale on a un peu de rattrapage
à faire. Bon. Il y a un nombre impressionnant, à la
deuxième page sur les effectifs, de postes au statut d'occasionnel. Je
faisais un calcul rapide, là, et je voulais savoir si ça se
comparait à ce qui se passe généralement dans la fonction
publique québécoise, toujours à l'onglet 5. Quand on
regarde les statuts du personnel, on a un statut permanent, statut occasionnel
et, si je comprends bien, on aurait 21 % de personnes à statut
occasionnel. Est-ce que - et j'ai additionné Montréal, Outaouais
et le reste du Québec - ça se compare à ce qui se passe
ailleurs dans les autres ministères?
M. Tremblay (Outremont): Oui. En fait, il y a beaucoup d'emplois
étudiants au niveau du ministère. Deuxièmement, je vous
donne un pourcentage, à peu près 50 % des emplois vont être
régularisés à la suite de l'annonce des nouvelles
politiques au niveau du Conseil du trésor et il va rester moins de 6 %
de postes occasionnels au ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie.
Mme Marois: Je suis heureuse d'apprendre cela, parce que je pense
que, sans ça, on ne traduit pas réellement la
réalité - quel pléonasme - des effectifs de la fonction
publique quand
on procède par un nombre important d'occasionnels, alors qu'on
sait très bien que ce sont des gens qui occupent des postes
réguliers, qu'on renouvelle, etc., en plus de les mettre en situation de
statut précaire.
Je voudrais maintenant passer à l'onglet 7. Ah oui. Il y a le
coût des publications. Mais je reviendrai un peu plus tard sur ça,
plus loin, si je peux avoir encore un peu de temps. Alors, à l'onglet 7:
J'étais un petit peu étonnée de voir au groupe DMR...
C'est la deuxième page, je m'excuse. Ah oui. La première page
ici... Alors, je vois qu'on a mis beaucoup, beaucoup d'efforts sur la
présentation, d'une part, du discours du ministre - j'imagine que c'est
ça - à la Chambre de commerce du Québec. On parle d'un
montant de 2000 $ au Cabinet de communication national. Je croyais que le
personnel du ministre devait assumer cette tâche là. Normalement,
c'est ie cas. Et, d'autre part, le développement aussi d'une
stratégie de présentation des orientations ministérielles
devant la Chambre de commerce du Québec où on parle, là
encore, d'un budget de 4500 $. On a fait beaucoup de relations publiques aussi.
Je pourrais peut-être dire ça à nos collègues qui
n'ont pas nécessairement toujours tous les détails, vos
collègues d'en face, en matière de loi sur les heures d'affaires.
Mais, évidemment, j'imagine que ça, ce n'est pas pendant qu'on
débattait la loi, là, c'est après. Pour expliquer...
M. Tremblay (Outremont): Mais...
Mme Marois:... aux gens comment la loi devait s'appliquer.
M. Tremblay (Outremont): Je dois juste dire, sur ces
items-là, qu'il n'y en avait pas l'année dernière II n'y
on avait pas, et on m'a convaincu, à cause de l'importance du message,
qu'on aurait intérêt à peut être trouver des
mécanismes pour le communiquer. Et je dois dire que les
résultats, dans le meilleur intérêt du développement
économique du Québec, sont très satisfaisants et ça
explique pourquoi on parle davantage maintenant de qualité totale, de
formation des ressources humaines et de défis technologiques.
Mme Marois: Oui. Mais je...
M. Tremblay (Outremont): Ça doit aider un petit peu.
Mme Marois: Oui. Je veux bien, sauf qu'habituellement - j'ai vu
que le ministre n'était pas plus mal fourni qu'un autre en
matière de cabinet, que c'était correct quand on a des discours
à faire dans son champ d'action... Si ça sort largement de son
champ d'action, c'est un peu normal qu'on recoure à des gens de
l'extérieur parce qu'on se sent un petit peu moins habilités
à traiter certaines problématiques. On se dit: Bien, allons
chercher quelqu'un qui va un peu fairo le tri des éléments
majeurs. Mais là, un discours à la Chambre de commerce du
Québec, en tout cas, je me dis: C'est le ministre qui a à
présenter ses orientations, sa pensée, ses projets et tout le
reste. Alors, je pensais, moi, que le cabinet du ministre était un peu
responsable de ce genre de travail et, à la limite, aller chercher une
information à l'Intérieur du ministère, mais je vois qu'on
a accordé quand même un contrat de l'ordre de 2000 $, ce n'est pas
rien.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste dire une chose:
L'allusion qui est faite sur le cabinet du ministre, c'est parce que dans In
passé.
Mme Marois: C'est parce que, normalement, c'est le travail d'un
cabinet. Je ne dis pas qu'il ne l'a pas fait
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, mais je vais y
répondre clairement parce que je me suis également posé
les mêmes questions. Dans le passé, le ministre de l'Industrie et
du Commerce avait toujours un ministre délégué et
ça été le cas de mes deux prédécesseurs.
Donc, il y avait deux budgets. Si on regarde le budget de mon ministère,
c'est un budget qui est très raisonnable considérant qu'on a des
responsabilités additionnelles au niveau de la technologie. Le choix que
j'avais, c'était d'avoir, dans ce cas-là, une attachée de
presse qui a la responsabilité d'autres dossiers comme les dossiers de
biens de consommation au niveau de la mode et, en plus, tous les travaux
parlementaires. Je pense que c'est important que les discours du ministre, dont
je vous fais parvenir des copies depuis un certain temps, reflètent bien
la qualité totale. Et c'est la raison pour laquelle des communicateurs
existent et, si la seule dépense que le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie fait, c'est de dépenser 2000 $ pour
convaincre le Québec que c'est important de mettre en place des
changements profonds, je pense qu'on ne peut pas me le reprocher et je suis
prêt à défendre ces 2000 $ là sur la place publique
n'importe quand.
Mme Marois: Vous n'avez pas un budget discrétionnaire pour
ce genre de choses là9 Vous devez passer par...
M. Tremblay (Outremont): Non, non Le budget
discrétionnaire... Non, non. Au contraire, j'ai le droit de
dépenser 10 % de mon budget pour des contrats extérieurs et
ça fait partie du 10 % du budget global ot on ne passo jamais par le
discrétionnaire pour dos travaux au niveau des communications.
Mme Marois: Non, mais ce que je veux dire,
c'est que dans... Je vais reprendre ça autrement. Dans un budget
de cabinet qui s'adresse au cabinet du ministre, qui concerne le cabinet du
ministre, on a une enveloppe globale qui ne comporte pas tellement de
contraintes, si ce n'est des plafonds qu'on nous fixe pour les
différentes personnes qu'on embauche. Et souvent on se garde une marge
de manoeuvre pour se permettre d'aller chercher effectivement un contractuel,
uno personne qui va faire une tâche bien précise pour une fonction
de représentation que nous avons à assumer comme
ministériel. Et ça m'a étonnée de voir
apparaître ça au budget même du ministère
plutôt qu'au budget du cabinet ministériel parce que la masse,
normalement, est suffisamment importante pour se garder une petite
réserve qui sert à ce genre de travail...
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Marois: ...qu'on a à faire faire à
l'occasion.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais je comprends le point que vous
faites. Alors, dans ma masse de cabinet, j'ai le droit d'utiliser 10 % pour des
contrats extérieurs. Je viens de m'aper-cevoir, comme vous
sûrement, que c'est le ministère qui a payé les 2000
$...
Mme Marois: C'est ça
M. Tremblay (Outremont): ...alors, on va les payer. Je n'ai pas
de problème. Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui signe les
chèques là, mais je viens de m'apercevoir de ça et on va
le prendre dans notre 10 % de contrats extérieurs. Je n'ai aucun
problème avec ça.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Bon. Et, d'ailleurs, je ne l'ai pas
dépensé. Alors, ça a été
périmé. Ça revient au même, mais je vais demandera
mon cabinet...
Mme Marois: Vous n'avez pas périmé,
c'est-à-dire que vous avez dépensé les 2000 $.
M. Tremblay (Outremont): Ha, ha, ha! Je vais demander à
mon cabinet de rembourser 2000 $...
Mme Marois: Vous avez dépensé les 2000 $, mais il
vous en reste dans votre masse de cabinet pour couvrir ça.
M. Tremblay (Outremont): Bien oui. On va le payer au
ministère. Pas de problème.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Je viens de voir ça,
là.
Mme Marois: Bon. Dans le...
M. Tremblay (Outremont): Vous allez convenir avec moi que ce
n'est pas la priorité de mon ministère.
Mme Marois: Non, non Non. Je comprends, mais c'est parce que je
pense qu'il faut les poser, ces questions-là. Ça m'embête
un peu de poser ces questions-là. Je vous le dis. Je hais ça, ces
affaires-là. J'aime mieux aborder des questions plus
générales et je pense que le ministre commence à me
connaître assez pour savoir ça. Sauf que je me dis: C'est
important qu'on le sache et qu'on voie comment s'utilisent les fonds, à
quelles fins ils servent et souvent on n'a pas d'autre occasion de le faire au
moment de l'étude des crédits. Alors, je pense que c'est quand
même utile qu'on le soulève.
À la page 2 qui continue en bas, on voit qu'il y a un contrat
avec le groupe DMR pour du travail sur micro-ordinateur, devis techniques.
J'avais l'impression, en lisant ça, mais je peux me tromper, que
c'était le même projet, mais qu'on avait morcelé. Est-ce
que c'est le cas?
M. Tremblay (Outremont): Je vais demander à Michel
Gauthier, parce que ça concerne le plan directeur...
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...et le plan informatique du
ministère. Alors...
Mme Marois: Parce qu'évidemment, à ce
moment-là, quand on totalise les sommes qui sont là, un, deux,
trois, quatre, cinq, au moins pour 45 000 $, alors que, évidemment, on
sort des règles qui concernent les moins de 25 000 $ versus les plus de
25 000 $.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. Gauthier.
M. Gauthier: Dans le contexte où le ministère,
actuellement, est en train de mettre en oeuvre un plan directeur de
l'informatique, il y a la mise en oeuvre de plusieurs systèmes
d'informatique qui sont en train d'être réalisés et, en
plus, on a une coordination à faire de l'ensemble de ces
projets-là, mais ce sont tous des projets séparés.
Ça touche à la fois le développement de systèmes ou
le cas de certains outils qui deviennent nécessaires en cours de route.
C'est dans ce contexte-là que les cinq projets que vous avez là
ont été confiés à la firme, par exemple, qui est la
plus impliquée dans notre plan directeur, la firme DMR. Donc, ça
peut expliquer pourquoi cette firme-là est bien placée pour
réaliser
rapidement certains outils qui deviennent tout à fait
nécessaires dans le cadre de la mise en oeuvre d'un plan directeur qui
couvre 26 projets dont 5 sont en voie de réalisation à ce
moment-ci.
Mme Marois: Mais ce sont les cinq dont on fait état
ici?
M. Gauthier: Ça, ce sont des composantes de
différents projets. Pour des petits travaux comme ça, c'est
difficile de prévoir le besoin dans le cadre d'un plus grand contrat,
parce que ce sont des choses très différentes l'une de l'autre.
Que ce soit, par exemple, le développement d'un prototype pour un
réseau de développement... Ça n'a rien à voir, par
exemple, avec le dernier contrat, qui est la coordination de certains autres
projets.
Mme Marois: Donc, ce sont des projets différents.
M. Gauthier: Ce sont des projets différents.
Mme Marois: Parfait. C'est ce qui explique que c'est
morcelé comme ça.
J'ai été aussi un petit peu étonnée de
constater que la production de la revue de presse quotidienne était
faite à l'extérieur du ministère. Un peu plus loin - ce
n'est pas numéroté - au contrat Franc Marie.
Une voix: Marie Franc.
Mme Marois: Ou Marie Franc. La revue de presse quotidienne est
faite à l'extérieur du ministère. C'est ça que je
comprends?
M. Gauthier: II y a effectivement une pigiste que notre direction
des communications utilise, parce qu'elle doit travailler très tôt
le matin, elle est tout à faIt disponible. C'est des raisons de
commodité comme ça qui font que ça complète bien
notre personnel régulier et ça nous donne un service de
qualité à peu de frais.
Mme Marois: D'accord. Ce n'est pas une firme, dans ce
cas-là, c'est une professionnelle.
M. Gauthier: C'est une professionnelle pigiste.
Mme Marois: C'est ça, qui a eu des contrats a la pige.
Est-ce qu'elle est uniquement à votre service?
M. Gauthier: Pas que je sache. Mme Marois: Elle peut faire
des... M. Gauthier: Oui
Mme Marois: Et vous avez évalué que c'était
plus avantageux de le faire de cette façon là que d'utiliser
votre personnel régulier.
M. Gauthier: Que de payer du temps supplémentaires et des
choses comme ça.
Mme Marois:... ça permettait plus de souplesse pour
l'horaire?
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est un peu votre
faute...
Mme Marois: Ah bon!
M. Tremblay (Outremont):... parce que, quand je suis
arrivé au ministère, je les avals juste à 11 heures, les
revues de presse
Mme Marois: Et vous n'aimiez pas ça parce qu'on vous
questionnait avant
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Pour mieux me
préparer à la période de questions, j'ai demandé de
les avoir à 7 heures le matin.
Mme Marois: Vous pouvez toujours vous acheter vos Journaux, vous
savez.
M. Tremblay (Outremont): Mais, là, vous ne me questionnez
plus. Je m'ennuie un peu.
Mme Marois: Oh, ne vous inquiétez pas, ça viendra.
C'est parce que ça se bousculait trop, on avait trop de questions
à poser au gouvernement; à un moment donné, comme on avait
occupé la place un peu, on a pensé faire passer en avant
certaines autres questions, mais ça viendra. Ne vous désolez
point.
Un peu plus loin, Direction générale des politiques
industrielles, contrats de services professionnels toujours, c'est des contrats
qui sont donnés à différentes firmes, encore. Traduction
anglaise document pour la conférence de presse du ministre sur
l'économie, Je vous avoue que ça m'a un peu étonnée
parce que j'ai trouvé que le coût était un peu
élevé: 11 887 $.
M. Tremblay (Outremont): C'est le gros livre, la brique. C'est
majeur. C'est ce document-ci.
Mme Marois: Ah bon, d'accord. Donc, c'est un document...
M. Tremblay (Outremont): C'est le gros document, une fois par
année, qui a au moins..
Mme Marois: II est produit à combien d'exemplaires, en
anglais?
M. Tremblay (Outremont): En anglais9 5000 en
français, 500 on anglais. Il y a 75 pages. plus
des tableaux statistiques.
Mme Marois: II est distribué dans les bureaux de
Communication Québec, c'est ça? C'est envoyé à
certaines entreprises?
M. Tremblay (Outremont): Toutes les délégations du
Québec à l'étranger.
Mme Marois: D'accord. (18 h 45)
M. Tremblay (Outremont): L'année dernière, on avait
eu un petit retard au niveau de la traduction. Alors, cette année, on a
voulu s'assurer que tous les intervenants avaient accès au document qui
est un document important. C'est le seul... Je pense que c'est le document le
plus important du ministère et que vous citez souvent, d'ailleurs.
Mme Marois: Tout à fait. Comme vous voyez, je Ils tout ce
que vous m'envoyez et Je me sers de tout ce que Je reçois. Je ne
néglige rien.
Toujours dans ces mômes documents, il y a un contrat avec M.
Bertin Tremblay. On dit: Remboursement des actes notariés, des
honoraires qui furent versés à l'agent d'immeubles pour la vente
de la résidence de M. Tremblay. C'est un montant assez important, 10 100
$. Est-ce qu'il s'agit d'un haut fonctionnaire du ministère? De qui
s'agit-il ou de quoi s'agit-il?
M. Tremblay (Outremont): C'est prévu dans la convention
collective. C'était le délégué du Québec
à Edmonton. C'était le conseiller commercial à Edmonton.
Donc, on n'avait pas le choix.
Mme Marois: D'accord. Ça va. C'est parce que je ne me
souvenais pas que c'était le délégué. C'est pour
ça que ça m'est apparu un peu gros.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mme Marois: Je me dis...
M. Tremblay (Outremont): Inutile de vous dire que des Tremblay,
II y en a beaucoup. Donc, il n'y a aucun lien de...
Mme Marois: Oui, non, ça, Je sais ça. Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Marois: Disons qu'on est au Québec. O.K. Je
m'étais fait bien des notes, mais là Je me rends compte que le
temps file à un rythme... J'imagine que dans le cas des voyages à
l'extérieur, à l'onglet 10, on parle de voyages à
l'extérieur du Québec et on mentionne souvent, dans le cas de M.
Erik Ryan, qu'il accompagne le ministre en mission de promotion. Il y a une
mission où on parle d'une mission ministérielle à
l'occasion du Salon aéronautique à Farnborough à Londres.
Est-ce qu'il accompagnait le ministre à ce moment-là?
M. Tremblay (Outremont): À cause du ralentissement
économique, j'ai décidé de rester au Québec. Donc,
il me fallait avoir... Non, mais c'est vrai.
Mme Marois: Je vous crois.
M. Tremblay (Outremont): C'est exactement... C'est la
vraie...
Mme Marois: Je vous crois. Je vous crois.
M. Tremblay (Outremont): C'est la vraie raison.
Mme Marois: C'est une façon de présenter les
choses.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais c'est la vérité.
Dans cette optique-là, J'ai demandé au président du
Conseil du trésor, Daniel Johnson, d'assurer une présence
gouvernementale au Salon aéronautique. Et Erik Ryan, qui est mon
attaché politique spécialisé dans le secteur de
l'aéronautique, je lui ai demandé, étant donné que
M. Johnson était seul, donc non accompagné d'aucun attaché
politique, d'être présent d'autant plus que c'est son secteur
d'activité et que c'est important pour le Québec.
Mme Marois: Oui, d'accord. Effectivement, comme ça
n'apparaissait pas que c'était une mission où II accompagnait le
ministre, c'est le genre de questions qu'il est nécessaire de poser, me
semble-t-ll. Bon, alors, je ne questionnerai pas beaucoup. Il y a beaucoup de
représentations qui se font de la part du ministre et du
ministère. Ça me semble généralement correct. Avoir
plus de temps, évidemment, on pourrait poser des questions: Pourquoi
là plutôt que là-bas, etc.? Est-ce que chacun des voyages
est justifié? Mais, comme je suis d'accord avec l'ouverture du
Québec sur le monde et particulièrement d'un Québec
souverain, je me dis: J'espère qu'on prépare le terrain.
M. Tremblay (Outremont): Est-ce que je pourrais juste... Pour le
ministère, c'est vrai qu'il y a beaucoup de représentations, mais
j'aimerais bien qu'on ne dise pas que le ministre... Le ministre, depuis sa
nomination, a fait deux voyages. Le premier voyage, c'est à la demande
du cabinet du premier ministre pour remplacer John Ciaccia à cause de la
crise autochtone. Donc, ce n'est pas un voeu du ministre. Et,
deuxièmement, le seul voyage que le ministre a fait à
l'étranger, c'est au Japon, en Corée et
avec le résultat qu'aujourd'hui nous avons un projet industriel
majeur de 500 000 000 $ dans la région de Sorel-Tracy. Donc, ç'a
été un voyage excessivement rentable.
Mme Marois: Excessivement, ce serait trop. J'imagine que vous
êtes...
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que j'ai
été... J'aurais pu employer...
Mme Marois: Vous avez remarqué. Je n'ai pas
questionné sur les voyages du ministre.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, je le sais. Mais j'avais dit
le ministre et, s'il y a un ministre qui est resté présent au
Québec justement pour trouver des solutions concrètes au
développement économique du Québec, il est assis à
cette table.
Mme Marois: D'accord. Se chargeant d'être proactif et
d'éviter de périmer des crédits.
Des voix: Ha, ha, hal
Mme Marois: Bon. Il y a une question seulement qui me reste sur
ça à... Là, j'ai une date ici. 25 mars, c'est tous le 25
mars. Donc, il y a M. Claude Lagacé qui a fait une mission sur la
formation de la main-d'?uvre et les programmes y afférents à
Paris. Bon. C'est de l'ordre de 4707 $, mais c'était dans quel contexte?
Je relie ça au fait que j'avais de la difficulté à avoir
des réponses sur les questions que je posais ce matin en matière
de formation de la main-d'oeuvre. Alors, je me dis: II y a au moins une
personne qui s'en préoccupe.
M. Tremblay (Outremont): Ça a été fait dans
la Société des industries du plastique du Canada. Le secteur des
plastiques, comme vous le savez, c'est un secteur prioritaire pour le
gouvernement du Québec...
Mme Marois: On s'entend bien, M. Lagacé, c'était la
mission sur la formation de la main-d'oeuvre et les programmes y
afférents. Et c'était dans le secteur du plastique, c'est
ça que vous me dites?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Mme Marois: Ah bon!
D'accord.
M. Tremblay (Outremont): Et, au lieu de réinventer la
roue, on est allé voir ce que cet organisme canadien faisait et je ne
pense pas... On parle bien de la dépense de 529 $?
Mme Marois: Non, non, non, non. M. Tremblay (Outremont):
Le...
Mme Marois: Non, c'est plus loin... M. Tremblay (Outremont):
C'est 529...
Mme Marois:... c'est parce que c'est difficile dans nos cahiers,
on n'a pas de...
M. Tremblay (Outremont): Ah! 4000 $
Mme Marois:... numérotation. Non, c'est beaucoup plus
élevé. C'est ça. c'est 4707 $. Évidemment, c'est
à Paris, donc lé chiffre est un peu... C'est un peu normal. Je ne
critique pas sur le montant total, sur la somme elle-même, mais je dis:
C'était une mission sur la formation de la main-d'oeuvre et les
programmes y afférents. Alors, ce n'est pas nécessairement la
fonction du ministère même si...
M. Tremblay (Outremont): Oui. C'est dans le cadre...
Mme Marois:... le ministre s'en préoccupe.
M. Tremblay (Outremont): Vous avez raison. On parle bien de...
C'est un montant important, mais c'est une tournée en Europe dans le
cadre de notre association avec la Société des industries du
plastique du Canada pour trouver des mesures concrètes aux
problèmes des cois bleus que nous avons au Québec.
Une voix: C'est-à-dire?
Mme Marois: Aux problèmes des cols bleus dans le secteur
du plastique.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
Mme Marois: Est-ce qu'il y a un lien qui a été fait
à ce moment-là avec le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle?
M. Tremblay (Outremont): II y a sûrement quelqu'un qui
accompagnait... Il y avait quelqu'un du ministère de la Main-d'oeuvre
qui était présent avec le représentant du ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Mme Marois: D'accord. Une petite dernière, toujours
à la Société de développement industriel, mais
c'est toujours pour le personnel féminin. Je m'en préoccupe et je
vois que là il y a beaucoup beaucoup d'efforts à faire, parce
que, si le ministère a fait un certain nombre de pas. la SDI n'en a pas
fait autant. Alors, c'est un lieu où, traditionnellement, les femmes
n'ont pas été très présentes en nombre important,
mais ce n'est pas pour cette raison qu'on ne doit pas faire des efforts pour
améliorer la situation.
Je veux que vous me parliez un petit peu de la Société de
développement des coopératives
et de son intégration, puisqu'elle n'existe plus, à la
SDI. Et une dernière question, parce qu'il me reste cinq minutes, sur
les commissariats industriels. Sur les commissariats industriels, je vais
être très précise. On voit au budget - il faudrait que je
ressorte ça rapidement - que ça ne bouge d'aucune espèce
de façon. Ça n'augmente pas, les budgets affectés aux
commissariats industriels, donc, ça veut dire qu'à ce
moment-là ça baisse.
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: Bien oui. À cause de l'inflation. Ça va
de soi. On met moins d'argent dans les commissariats industriels. Et j'essaie
de retrouver là où j'ai cette donnée-là, par
année, les années précédentes. Je ne trouve pas
dans les cahiers là.
M. Tremblay (Outremont): Je peux peut-être vous donner
à cause... Bon. Au niveau des commissaires industriels...
Mme Marois: Regardez, je l'ai trouvé, c'est l'onglet 15.
Je savais que je finirais par le retrouver.
M. Tremblay (Outremont): Non, mais aucun...
Mme Marois: Renseignements particuliers, onglet 15. Regardez le
programme d'aide aux commissariats industriels, si vous prenez de 1986-1987
à 1990-1991, c'est toujours les mêmes sommes qui reviennent. Donc,
ça veut dire...
M. Tremblay (Outremont): Vous avez raison. Mme Marois:
...des baisses substantielles.
M. Tremblay (Outremont): Vous avez raison. Il n'y a aucun doute
que des montants qui ne sont pas indexés, ça affecte... S'il n'y
a pas d'indexation, ça affecte les montants qui sont
donnés...
Mme Marois: Voilà.
M. Tremblay (Outremont): ...aux commissaires industriels, il n'y
a aucun doute. Mais c'est dans cette optique qu'on a mis en place le
comité que je vous mentionnais tout à l'heure et c'est à
la demande expresse des commissaires industriels qu'on m'a demandé de
retarder une décision et de reporter le programme tel quel
jusqu'à temps que j'aie le rapport. C'est un comité qui est
présidé par France Dionne et, dans cette optique-là, on va
avoir des résultats dans un avenir rapproché.
En ce qui concerne la...
Mme Marois: C'est parce que je ne voudrais pas qu'on se serve de
l'intégration des groupes de soutien...
M. Tremblay (Outremont): Non, non.
Mme Marois: ...pour ensuite justifier le fait qu'on a...
M. Tremblay (Outremont): Non.
Mme Marois: ...amélioré la situation, alors qu'on a
tout simplement intégré deux organisations.
M. Tremblay (Outremont): Non. Ce n'est pas l'intention...
Mme Marois: Je préviens les coups pour l'année
prochaine.
M. Tremblay (Outremont): L'intention, c'est de trouver le
meilleur moyen pour favoriser le développement économique
régional. J'attends les recommandations du comité.
Mme Marois: D'accord.
M. Tremblay (Outremont): En ce qui concerne la
Société de développement des coopératives...
Mme Marois: Oui.
M. Tremblay (Outremont): ...ça me fait plaisir de vous
dire que l'équipe des coopératives est très heureuse
à la Société de développement industriel.
Mme Marois: Je m'en enquerrai moi-même un jour ou l'autre.
Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Vous n'avez aucun problème de ce
côté-là, au contraire. Je dirais même que l'AQVIR
également est très contente. Et, dans un nouveau document - je
vais vous en donner une copie - publié par la SDI, qui s'appelle
maintenant "Le participatif1 - c'est intéressant, j'ai
trouvé ça - on parle que la SDI s'est enrichie. Claude Richard,
de l'AQVIR, a fait rapport sur l'intégration et l'équipe
coopérative. Alors, ça va. L'équipe coopérative,
c'a été Claude Carbonneau. Ce que nous faisons
présentement, donc on favorise la transition depuis le 1er avril 1991,
la personne qui, par intérim, assure la vice-présidence du
développement des coopératives, c'est Jean Bolvln, qui est
présent ici. Nous ouvrons présentement un concours à
l'intérieur et à l'extérieur de la fonction publique et le
jury va être composé de quatre personnes, deux personnes du milieu
coopératif et deux personnes de la fonction publique, pour choisir un
candidat. Donc, tel que convenu, on consulte le milieu coopératif.
Deuxièmement, au niveau du conseil d'administration de la SDI, je
suis en pourparlers avec le Conseil de la coopération du
Québec,
avec la CSN et également avec les représentants des
forestières pour le choix du meilleur candidat pour représenter
les coopératives au conseil d'administration de la SDI. J'ai
également une demande d'essayer de mettre en application des
mécanismes pour une délégation additionnelle en faveur des
coopératives. On est en train d'envisager ça.
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure.
M. Tremblay (Outremont): On est en train d'envisager ça au
niveau du ministère, mais je dois vous dire que, jusqu'à date,
l'intégration se fait de façon harmonieuse et l'équipe est
disponible, est prête à travailler et répondre tant aux
attentes du développement technologique, des coopératives, que du
milieu industriel.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le temps est
écoulé...
Mme Marois: On va surveiller les résultats atteints. On a
du temps devant nous pour le faire, dans les mois qui viennent. On va
être vigilants.
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie.
Alors, l'élément 1 du programme 1 est-il adopté?
Mme Marois: Je voudrais juste poser une question au
préalable, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Marois: On s'entend que tout ce qui concerne Recherche et
développement...
Le Président (M. Bélanger): Ça va, oui Je
vais les appeler programme par programme.
Mme Marois: Technologie, tout le reste, va pouvoir être
questionné par ma collègue, la députée de
Chicoutiml.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Mme Marois:
O.K.
Le Président (M. Bélanger): Je n'adopte que les
programmes et les éléments qu'on a discutés aujourd'hui.
Les autres, Ils vont être adoptés quand ils seront
discutés.
Mme Marois: C'est parfait.
Le Président (M. Bélanger): Alors, au programme 1.
l'élément 1 est-il adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'élément
2 est il adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'élément
3 est il adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
2 est adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
3 est adopté? Et le programme 3. éléments 2 et 3
seulement. Il y a l'élément 1 qui n'a pas été
discuté aujourd'hui.
Mme Marois: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Et est-ce que lo
programme 4 est adopté?
M. Audet: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté Bien.
Alors...
Mme Marois: Dans le programme 4, je m'excuse, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Marois: ...il n'y a pas d'aide à l'emploi scientifique
pour les jeunes? Non, ce n'est pas dans celui-là? Ah oui, d'accord,
ça va. Parfait, adopté.
Le Président (M. Bélanger): Bien, on ne peut pas
parler de l'ensemble des crédits puisqu'on n'a pas terminé.
Alors, la commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, 9 h 30,
où nous reprendrons les crédits du ministère de
l'Énergie. Alors, je vous remercie, bonsoir.
(Fin de la séance à 19 h 1)