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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend maintenant pour
entamer l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur mines,
programme 10. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires? M. le
ministre.
M. Savoie: Pardon, M. le Président?
Le Président (M. St-Roch): Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Malheureusement, M. le Président, j'ai des
remarques préliminaires. Je voudrais, tout d'abord, saluer mes
collègues, de même que le député d'Ungava, les gens
qui l'accompagnent et présenter très sommairement les gens qui
m'accompagnent. J'ai également un texte, qui fait un peu l'état
de la situation minière au Québec, que j'aimerais bien ça
prononcer à l'occasion de la défense des crédits
actuels.
Si vous me le permettez, M. le Président, je vais vous
présenter les gens qui m'accompagnent. À ma droite, se trouve M.
Onil Roy, sous-ministre associé au secteur mines. M. Jacques St-Cyr,
à mon extrême gauche, qui est le directeur du CRN. M. Robert
Lamarche, sous-ministre adjoint à l'exploration. M. Jacques Lebuis, M.
Louis-Gilles Ricard, M. Réjean Boutet, de même que Danielle
Chartré, mon attachée politique pour le secteur mines, et mon
attaché de presse, M. Philippe Bouvier.
M. le Président, chers collègues, en 1989, l'industrie
minérale a continué de progresser, progression modeste, bien
sûr, mais qui se poursuit maintenant depuis quatre ans. La valeur des
expéditions s'est accrue de près de 4 % par rapport à
1988, et de 28 % depuis 1986. De plus, conséquence vraisemblable des
intenses travaux d'exploration de ces dernières années, les
dépenses de mise en valeur ont augmenté de près de 10 %
par rapport à 1988. La production minérale
québécoise atteint aujourd'hui 2 800 000 000 $ en 1989, soit un
accroissement de 4 % par rapport à 1988. Cet accroissement est dû
principalement à une hausse de la valeur des expéditions de zinc,
on parle de plus de 44 %, de titane, on parle d'une augmentation de 25 %, de
cuivre, de 12 % et de minerai de fer de l'ordre de 8 %. Les bonnes performances
de ces secteurs ont compensé la diminution de la valeur des
expéditions des métaux précieux. La croissance de 11 % de
la valeur des minéraux industriels est attribuable presque exclusivement
à l'accroissement de la valeur des expéditions de bioxyde de
titane. Le ralentissement de la construction résidentielle s'est fait
ressentir sur les expéditions de matériaux de construction, qui
accusent une baisse de 3 % par rapport à la valeur de 1988.
Pour les métaux précieux, M. le Président, les
faits saillants de l'année ont été l'ouverture de la mine
Lucien-C. Béliveau, un projet Pascal is, en septembre, et le
démarrage officiel de la mine Kierens en juillet. La fermeture de la
mine Bachelor, de la mine Remnor et de la mine Orion, ainsi que l'annonce de
l'entrée en production prochaine de Casa Berardi Ouest, avec Inco et
Golden Knight, Bousquet 2, avec Lac Minerais, et Silidor, Noranda, Cambior et,
évidemment, Ressources Nova-Cogesco.
La bonne performance du secteur du cuivre est due en grande partie
à l'ouverture de la mine Ansil par Minnova et à la
réouverture de Mines Gaspé, évidemment, comme tout le
monde est au courant, à Gaspé par Noranda. Cette exploitation ne
retrouvera cependant pas le niveau de production qu'elle enregistrait dans les
années soixante-dix. Par contre, la région de Chapais-Chibougamau
vient malheureusement ternir le tableau alors que les mines Henderson II, de
Camchib et de Cooke de Minnova ont dû fermer leurs portes.
Le secteur du zinc a connu également une bonne performance
attribuable en grande partie à l'exploitation de la mine Isle-Dieu,
à pleine capacité et, dans une moindre mesure, à la
réouverture de la mine Mobrun après la construction de son
concentrateur. Par ailleurs, dans le domaine plus général des
métaux de base, l'événement le plus marquant de la
décennie reste l'importante découverte de Louvicourt par
Ressources Aur et Louvem. En effet, il semble que les réserves
géologiques pourraient atteindre plus de 20 000 000 de tonnes de minerai
et cette découverte s'ajoute à celle d'Audrey sur le site Mobrun
où les résultats montrent des réserves probables de plus
de 10 000 000 de tonnes de minerai de zinc, avec un peu de cuivre et aussi la
découverte du gisement de Grevet, de l'ordre de 10 000 000 de
tonnes.
En juillet dernier, l'Agence américaine de protection de
l'environnement a annoncé sa décision de bannir progressivement
l'utilisation de l'amiante au cours des sept prochaines années. Les
craintes suscitées par cette décision ont pu ralentir la demande
aux États-Unis et dans
d'autres pays, mais ce déclin a été compensé
par la vigueur du marché qui est en progression, depuis 1986, en Asie,
en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Pour les autres minéraux industriels, on a enregistré une
baisse de 9 % qui est liée essentiellement à la grève de
six mois qui a affecté les Mines Seleine.
Les matériaux de construction se sont mieux comportés
qu'on ne le craignait en 1989 grâce à la croissance
constatée pour les bâtiments non résidentiels et les
travaux de génie.
Au chapitre de l'exploration géologique, le secteur mines du
ministère a consacré plus de 11 000 000 $ pour cartographier et
documenter les environnements géologiques susceptibles de contenir des
concentrations de minéraux à potentiel économique et
attirer vers ces régions des investissements en exploration
minière. Divers types de levés et études
géoscientifiques (géologie, géochimie et
géophysique) furent effectués dans la plupart des régions
du Québec. Ceux-ci ont nécessité des investissements en
exploration géologique (travaux de terrain) de 1 600 000 $ pour la
région de la Côte-Nord-Nouveau-Québec; 760 000 $ en
Estrie-Laurentides; 740 000 $ en Gaspésie, 410 000 $ pour la
région de Montréal-Laurentides; 2 300 000 $ pour
l'Abitibi-Témiscamingue et 900 000 $ pour Chibougamau-Chapais; 2 500 000
$ ont été dépensés en levés
géophysiques et géochimiques dans les différentes
régions du Québec; 500 000 $ ont été
consacrés aux minéraux industriels dans tout le Québec et
1 400 000 $ ont servi à supporter l'ensemble des opérations en
exploration géologique.
Au cours de l'année, le ministère a publié une
centaine de rapports géoscientifiques résultant des travaux qui
ont été réalisés sur le territoire. Suite aux
résultats positifs de l'étude de faisabilité relative
à l'implantation d'un système informatisé de gestion des
informations géominières à références
spatiales, le ministère complétera, au cours du présent
exercice, l'analyse détaillée de ce système, ainsi que les
mises à l'essai de cette nouvelle technologie.
Passons maintenant rapidement au financement de l'exploration
minière, sujet, comme vous le savez, M. le Président, qui
intéresse particulièrement mon collègue, le
député d'Ungava, et, bien sûr, les gens de la région
de l'Abitibi-Témiscamingue. Vous savez, sans aucun doute, M le
Président, que le gouvernement a reconduit, lors du dernier budget, les
actions accréditives, c'est-à-dire la déduction de 166 2/3
%, de même que de 133 %, tout en maintenant sa politique de l'abolition
des PNCP. Ces mesures spécifiques au Québec permettront aux
compagnies junior actives au Québec et qui se financent auprès
des contribuables québécois de mieux absorber l'impact
négatif de l'abolition récente du pro gramme
fédéral PSEMC. En effet, en tenant compte de l'exemption des
gains en capital, les frais d'exploration déductibles à 166 2/3 %
au Québec bénéficient d'une marge fiscale de 29 points de
pourcentage par rapport, par exemple, aux frais engagés par un
particulier, contribuable de l'Ontario
La baisse du financement par actions accréditives, par contre,
s'est répercutée, il va de soi, sur les dépenses totales
de l'exploration qui ont passé de 370 000 000 $, en 1988, à 215
000 000 $, en 1989. La chute a été appréciable au niveau
des dépenses plus risquées engagées pour la
découverte de nouveaux gîtes minéraux, justifiant ainsi la
pertinence de l'allocation additionnelle accordée pour les frais
d'exploration de surface. Il demeure tout de même que le montant de 215
000 000 $ se situe à un niveau qu'on peut qualifier d'acceptable pour le
renouvellement des réserves des minerais. Mais il faut être
vigilants et nous le sommes.
En ce qui concerne l'administration des lois minières, quelques
faits saillants méritent d'être soulignés. Ainsi, au cours
du dernier exercice financier, le ministère a déboursé
près de 45 000 000 $ à quelque 185 entreprises dans le cadre la
Loi concernant les droits sur les mines, fait qui passe souvent sous silence.
Cette injection de fonds a certes eu un impact important sur le
développement de plusieurs gîtes minéralisés. Au
cours du présent exercice, nous prévoyons débourser
quelque 25 000 000 $ au titre du crédit de droits remboursable pour
investissements. À cette fin, nous continuerons à assurer un
traitement prioritaire aux déclarations comportant une
réclamation d'un tel crédit.
Vous vous souviendrez que la nouvelle Loi sur les mines est
entrée en vigueur à l'automne 1988. Ainsi, la gestion des titres
miniers, en 1989-1990, a été largement dominée par
l'administration des diverses mesures transitoires prévues par cette
loi. Des quelque 145 000 "claims" présentement en vigueur au
Québec, environ 117 500 ont été nouvellement acquis ou
renouvelés en cours d'exercice. La découverte d'indices de
cuivre-nickel-cobalt, annoncée dans les premiers mois de 1989, dans la
région du Lac Saint-Jean, a été responsable à elle
seule d'environ 50 % des 26 500 "claims" nouvellement acquis. Dans l'ensemble,
on peut donc constater que le niveau de propriétés
minières attribuées demeure, à 5000 "claims" près,
sensiblement égal au sommet historique enregistré en 1987,
année qui fut, rappelons-le, exceptionnelle à maints
égards.
La clientèle minière a pu assister, en 1989-1990, à
l'implantation graduelle du nouveau système de gestion
informatisée des titres miniers, projet qui suscite beaucoup
d'intérêt auprès de l'industrie et qui assure au
Québec une certaine expertise dans le domaine. L'exercice 1990-1991
comportera, là encore, une première, puisque tous les titres
acquis depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi commenceront
à être renouvelés selon des dispositions sensiblement
différentes. Compte tenu de ces différences entre l'ancien
et le nouveau régime minier, le ministère s'apprête
à lancer une campagne d'information pour s'assurer que les titulaires de
droits miniers n'omettront pas, par méconnaissance, de se conformer aux
nouvelles exigences de la loi. Nous visons à ce que cette
dernière étape transitoire s'effectue tout aussi harmonieusement
que les premières.
Pour sa part, le Centre de recherches minérales a continué
à travailler en étroite collaboration avec les entreprises
minières et métallurgiques. Il a complété, en
1989-1990, quelque 170 contrats en commandite, pour une valeur de plus de 4 200
000 $. L'année 1989-1990 représente un sommet pour le CRM en ce
qui concerne la valeur des projets en traitement des minerais qui lui ont
été confiés par des entreprises. En effet, des travaux
d'une valeur de plus de 3 600 000 $ ont été
réalisés en ce domaine dans le cadre de plus de 130 projets
commandités par les clients du secteur minéral. Ceci
représente une augmentation de plus de 30 % par rapport au sommet
précédent, établi en 1986-1987.
Il a notamment contribué aux travaux de développement de
plusieurs dépôts de graphite dont celui de la
Société d'exploration minière Mazarin, de la région
de Fermont, et ceux de Stratmin, Graphicor et SOQUEM, dans la région de
Mont-Laurier. Toujours dans le graphite, le Centre de recherches
minérales a travaillé, à la demande d'entreprises,
à la mise au point de procédés visant à produire du
graphite purifié et expansé.
En récupération secondaire et environnement, le Centre de
recherches minérales a réalisé de nombreux projets.
Citons, entre autres, l'essai à l'échelle-pilote d'un
procédé de récupération de l'argent contenu dans
des résidus provenant de la production du zinc. Le
procédé, conçu au Centre de technologie de Noranda, a
été éprouvé et modifié pour l'adapter aux
exigences industrielles. Dans un autre domaine, un procédé a
été mis au point en laboratoire pour séparer le carbone de
rejets provenant de la production d'aluminium. Le CRM compte offrir de plus en
plus son savoir-faire dans le secteur du traitement, de la
récupération et du recyclage des rejets solides de nature
minérale qu'on retrouve dans de nombreux secteurs de l'industrie.
Le projet Magnola, qui vise à produire du magnésium
métallique à partir des rejets d'amiante dans la région
d'East-Broughton, s'est poursuivi par l'essai en usine-pilote du
procédé de purification de chlorure de magnésium provenant
de la lixiviation des rejets d'amiante. Cette étape, qui s'est
déroulée avec succès, s'inscrit dans une étude de
faisabilité entreprise par les partenaires du projet pour évaluer
les possibilités d'une implantation industrielle de ce
procédé, un projet qui est très important, M. le
Président, entre autres, pour un des membres de ce comité.
Le CRM participe financièrement au pro- gramme canadien de
neutralisation des eaux de drainage dans l'environnement, le fameux projet
NEDEM, pour un montant de 400 000 $ par année, jusqu'en 1994. C'est un
programme d'une valeur de 12 500 000 $, auquel participent l'industrie
minière, les gouvernements provinciaux et le gouvernement
fédéral. Trois projets de recherche présentés par
le CRM ont été acceptés par le comité de direction
du programme. Le premier vise à évaluer
l'imperméabilité de divers matériaux recouvrant les
résidus miniers. Le second tend à déterminer la
performance des barrières sèches pour les haldes à
stériles et le troisième veut vérifier la
faisabilité technique de l'inondation complète d'un parc à
résidus miniers. La compagnie Cambior participe financièrement
aux travaux de la première phase de ce dernier projet, laquelle est
évaluée à 200 000 $.
Le Centre de recherches minérales possède une
capacité d'analyse impressionnante. En 1989-1990, il a analysé
près de 40 000 échantillons fournissant environ 900 000
déterminations pour un coût de 1 700 000 $. Les deux tiers de ces
dépenses analytiques ont été réalisés pour
combler les besoins des géologues du MER-mines occupés à
établir la connaissance géologique et le potentiel minéral
du territoire québécois. En analyse, le CRM poursuit ses efforts
pour diminuer les coûts. Ainsi, en cours d'année, dans le cadre
d'une nouvelle technique d'analyse à haute performance, il a fait un pas
de plus pour robotiser la préparation des échantillons.
Avec votre permission, M. le Président, je sais que ça
fait déjà 20 minutes, mais j'en aurais encore pour une dizaine ou
une quinzaine de minutes sans vouloir offusquer du tout...
M. Claveau: En ce qui me concerne, il n'y a pas de
problème, M. le Président.
M. Savoie: ...les membres de la commission.
M. Claveau: Ce sont les collègues du ministre qui se
demandent à quelle heure ça va finir.
Le Président (M. St-Roch): De toute façon, M. le
ministre, vous n'êtes pas encore à 20 minutes, il vous reste six
minutes pour compléter votre temps.
M. Savoie: Oui, mais c'est parce que je ne voulais pas
m'embarquer dans un tour d'horizon de l'ensemble de la province de
Québec, qui risque de durer encore une quinzaine de minutes facilement,
qui fait état de chacune des régions géographiques du
Québec vis-à-vis de son développement minier, sans en
être sûr.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce qu'il y a consentement,
M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Allez-y, allez-y.
Le Président (M. St-Roch): II y a consentement, messieurs?
Vous pouvez poursuivre, M. le ministre.
M. Savoie: Vous êtes bien gentil, M. le Président.
Je remercie grandement mes collègues Examinons maintenant l'état
de l'industrie dans les régions minières du Québec.
Très intéressant. La production minérale de
l'Abitibi-Témiscamin-gue - on va commencer avec les A - a atteint 422
000 000 $ en 1989, en hausse de 1 % par rapport à 1988. Elle
représente toujours 15 % de la production québécoise.
Cette activité d'exploitation a fourni du travail à 4842
personnes-années pour une masse salariale globale de 212 000 000 $. Il
faut souligner que, môme s'il n'y a eu qu'une hausse de 1 % par rapport
à la valeur des expéditions, la production a grandement
augmenté, mais que le prix de l'or a considérablement
baissé vis-à-vis de 1988.
Les principales substances produites ont, bien sûr,
été l'or, 24, 4 tonnes, le cuivre, en forte hausse, et le zinc,
5662 tonnes. Signalons à nouveau l'ouverture de trois mines: Ansil, mine
de cuivre, Kierens et Lucien Béliveau, mine d'or, et la
réouverture de la mine Mobrun, mine de zinc. Notons la fermeture des
mines Remnor et Orion. Les dépenses d'investissement ont totalisé
398 000 000 $ dont 125 000 000 $ en exploration, 135 000 000 $ en mise en
valeur et 138 000 000 $ en immobilisations et réparations. Les
perspectives pour 1990 restent bonnes, alors qu'on prévoit l'ouverture
de deux importantes mines d'or: Bousquet 2 et Silidor. Cependant, une fermeture
est déjà annoncée, celle de Mines Abcourt,
malheureusement.
À moyen terme, l'importante découverte dans le canton
Louvicourt et la confirmation des réserves à Mobrun dans la
lentille 1100 devraient contribuer à la relance des métaux usuels
dont l'extraction déclinait depuis plus de 15 ans au Québec,
particulièrement dans le cuivre.
Dans les régions Bas-Saint-Laurent et
Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, la valeur de la production
minérale a atteint 73 000 000 $, près de 3 % du total
québécois. Le secteur minéral a occupé 1270
personnes-années pour une masse salariale d'environ 39 000 000 $. La
production minérale constituée principalement de cuivre et des
sous-produits de son exploitation (soufre et argent, notamment) de tourbe, de
sel et de matériaux de construction a connu une hausse très nette
- on parle d'une hausse de 53 % - grâce au redémarrage, en
février 1989, de l'exploitation minière de Mines Gaspé
à Murdochville. Dans ces régions, les tourbières
fournissent de l'emploi à plus de 400 personnes-années, employant
près de 900 personnes au plus fort de la saison.
Dans le cadre d'une entente de trois ans signée avec le MER -
mines, évidemment -Explorations Noranda a effectué, en 1989-1990,
des travaux d'exploration pour sa propriété minière de
Murdochville et ailleurs dans la péninsule où elle a
défini de nouveaux secteurs à bon potentiel minéral.
Grâce à ce programme financé dans le cadre de l'Entente
auxiliaire sur le développement minéral, les activités
d'exploration se sont accrues en Gaspésie. En 1990-1991, la
dernière année de l'entente, le MER consacrera 800 000 $ à
ce projet qui aura généré pour plus de 5 000 000 $ de
travaux d'exploration. Nous avons tout lieu de croire que la compagnie Noranda
continuera d'être très active dans cette région.
Pour ce qui est du programme de prospection du Bas-Saint-Laurent et de
la Gaspésie, financé conjointement par le fédéral
et mon ministère, il a permis à 96 prospecteurs de
bénéficier d'une assistance financière et a
favorisé la réalisation de 146 projets de prospection.
Grâce à ces travaux, on a repéré une vingtaine de
nouveaux indices dont cinq sont considérés comme significatifs.
Deux, en particulier, se situent dans des contextes géologiques
nouveaux, ouvrant ainsi des possibilités d'exploration pour l'or le long
d'un système de failles majeures. Ce programme a connu un bon
succès et j'espère que le gouvernement fédéral
maintiendra son appui financier permettant de le prolonger comme le souhaitent
les intervenants de la région.
Dans le cadre du programme d'assistance à la prospection en
Estrie-Beauce, des ententes ont été signées avec dix
entreprises et neuf prospecteurs. Ce programme est mis en oeuvre dans le cadre
de l'Entente auxiliaire sur le développement minéral et elle se
poursuivra en 1990-1991.
En 1989, la production minérale du Nord-du-Québec, la
région 10, a atteint 503 000 000 $, en hausse de 2 % sur l'année
1988. Là encore, II faut voir que c'est seulement la valeur de la
production, puisque les prix ont sensiblement baissé vis-à-vis de
1988. En réalité, la production a grandement augmenté. On
parie d'une augmentation de la production de l'ordre de 10 %. Lorsqu'on parle
de la valeur de la production, on n'a qu'une hausse de 2 %. Comme vous le
savez, on ne contrôle pas le prix des métaux de base au
Québec. C'est sujet aux fluctuations du marché.
Alors, malgré le fait qu'il n'y a qu'une hausse de la valeur de 2
%, il faut voir qu'en réalité la production a augmenté
massivement; on parie de quasiment 10 %, ce qui est très significatif.
Il s'agit principalement de zinc, d'or, de cuivre et d'argent. Dans cette
région du Nord-du-Québec, les opérations minières
ont fourni de l'emploi à 2827 personnes-années, pour une masse
salariale de l'ordre de 126 000 000 $. Les dépenses d'Investissement y
ont totalisé 184 000 000 $, dont 57 000 000 $ en dépenses
d'exploration hors chantier. (20 h 30)
Les expéditions de zinc ont connu une croissance remarquable - on
parie de 58 % en
valeur - qui est due, d'abord, à la mine Isle-Dieu dont
l'exploitation à pleine capacité a commencé au
début de 1989. Cette opération a plus que compensé la
fermeture de la mine Lac Matagami et l'exploitation réduite à
Norita. La mine Lac Bachelor, qui est une mine d'or, a dû suspendre
indéfiniment ses opérations, à la fin de
l'été 1989, en attente de prix plus favorables. Par contre, la
mine Joe Mann de Ressources du Lac Meston a augmenté sa production et
une nouvelle augmentation est prévue pour 1990. De même,
l'importante mine Élang d'or Ouest, qui appartient à INCO,
devrait démarrer cette année.
De mauvaises nouvelles ont cependant été annoncées
par la société Mines Camchib, soit la fermeture de sa mine S-3
pour le début de cette année et celle de la mine Cedar Bay, en
juin prochain. Quant à Minnova, elle a fermé la mine Cooke, en
octobre dernier, et elle prévoit cesser ses opérations à
la division Opémiska pour les mines Springer et Perry vers le milieu de
1991. La situation est donc Inquiétante dans cette région et, sur
ma recommandation, le ministre des Finances a récemment annoncé
qu'une somme additionnelle de 4 000 000 $ a été allouée au
MER-mines pour seconder les efforts et les initiatives des intervenants miniers
de la région Chapais-Chibougamau-Desmaraisville. Cette somme sera
prioritairement utilisée pour faciliter la réalisation de projets
ayant le maximum d'impact à court terme pour cette région,
particulièrement en termes d'emplois. Ce montant vient s'ajouter aux 6
000 000 $ en levés géoscientifiques et aux 14 000 000 $ en
travaux d'exploration et de mise en valeur qui seront dépensés
dans cette région au cours des cinq prochaines années par le
MER-mines et SOQUEM, respectivement.
Cette stratégie fait présentement l'objet d'une
consultation auprès des principaux intervenants du milieu, comme je
l'avais annoncé lors de ma tournée, il y a deux semaines. Ces
derniers ont notamment été invités à soumettre au
ministère leurs projets d'investissement et leurs suggestions sur la
nature de l'aide gouvernementale nécessaire à leur
réalisation ou tout autre commentaire qui viserait à maximiser
l'utilisation de ces fonds. Dans les circonstances, il est prévu que la
majeure partie de ces fonds additionnels ne sera utilisée qu'au cours de
l'exercice 1991-1992. Néanmoins, le ministère devra être en
mesure d'intervenir dans certaines activités au cours du présent
exercice financier, particulièrement dans celles qui sont susceptibles
d'avoir des retombées intéressantes à court terme dans le
domaine de l'exploration.
Pour sa part, SOQUEM a reçu mandat de déployer des efforts
particuliers dans cette région. Il convient de mentionner qu'elle y a
dépensé quelque 3 000 000 $ au cours du dernier exercice
financier. Elle y détient plusieurs propriétés à
potentiel minier élevé et elle s'emploie à conclure des
contrats de participation avec d'autres sociétés d'exploration,
de façon à augmenter l'intérêt et les capitaux
investis dans cette région. On pense particulièrement aux travaux
qu'elle fait au sud de la région de Chapais qui sont de plus en plus
prometteurs.
À moyen terme, les possibilités de développement du
gisement Grevet M pourraient contribuer à relancer la production de
métaux de base dans la région pour le zinc et le cuivre. Nous
fondons également des espoirs sur le gisement Corner Bay du groupe
Muscocho.
Certains projets d'exploration pour l'or ont atteint un stade
avancé au niveau de leur évaluation et pourraient
déboucher sur des décisions de mise en production à court
ou à moyen terme selon les résultats d'études de
faisabilité et la disponibilité du financement. Je pense en
termes de projets à Eastmain, que le député d'Ungava
connaît bien, à Estrades, un gisement polymétallique, et
à Étang d'or Centre. Donc, un moment difficile à passer,
mais un bon potentiel, à moyen terme, pour la région de
Chapais-Chibougamau.
La valeur de la production minérale attribuée à la
région de la Côte-Nord atteignait 1 044 000 000 $, soit 37 % des
expéditions québécoises. Le nombre d'emplois y a
été de 3016 personnes-années et les salaires versés
ont atteint 135 000 000 $. Outre les minerais de fer et l'ilménite, les
expéditions de la région de la Côte-Nord comprennent de la
tourbe et des matériaux de construction. La Compagnie minière
Québec Cartier a poursuivi l'exploitation des dépôts
ferrifères de la mine Mont-Wright. Pour sa part, la QIT Fer et Titane a
continué d'exploiter le gisement d'ilménite dans la région
du lac Tio au nord de Havre-Saint-Pierre. L'ilménite concassée
est, soit exportée directement, soit expédiée à
Tracy pour produire de la fonte en gueuses - fer de refonte - et de la scorie
de titane. J'espère que j'ai bien prononcé ça. C'est bien
de la gueuse, ce n'est pas de la "yeuse".
L'investissement consenti par les diverses entreprises a
été de 150 000 000 $. La Québec Cartier va continuer, en
1990, à appliquer son nouveau plan minier qui vise à prolonger la
durée de la mine. Deux nouvelles carrières de granit
architectural devraient entrer en production en 1990. Dans la région de
Fermont, la Société d'exploration minière Mazarin a
délimité les réserves d'un important gisement de graphite,
amplement publicise l'année passée, et elle s'emploie activement
à réunir le financement nécessaire à sa mise en
exploitation.
Au Sud du Québec, la valeur de la production minérale a
atteint 772 000 000 $, 27 % de la valeur des expéditions
québécoises. Les emplois reliés au secteur ont
totalisé 9278 personnes-années et la masse salariale a
été de 363 000 000 $, masse très importante. Toutes sortes
de substances minérales sont extraites ou produites dans la
région. On parle de l'argent,
cadmium, niobium, or, amiante, chaux, dolomie magnésitique, gaz
naturel, graphite, mica, silice, soufre, talc, scories de titane et fer de
refonte, tourbe et toutes les sortes de matériaux de construction.
Les dépenses d'investissement dans la région ont
totalisé 126 000 000 $. De nombreux projets miniers ou de
première transformation existent à divers stades dans le secteur
des minéraux industriels et des matériaux de construction. En ce
qui concerne l'amiante, la production a repris en début d'année
à la division Bell de LAB Chrysotile, à Thetford-Mines,
après une interruption de près d'un an.
En juillet 1989, l'Agence américaine de l'environnement a
annoncé sa décision finale de bannir progressivement
l'utilisation de l'amiante aux États-Unis d'ici 1996. L'Association nord
américaine d'information sur l'amiante, l'Institut de l'amiante et
plusieurs utilisateurs américains d'amiante ont réagi vivement
à cette annonce en intentant des poursuites en cour d'appel des
États-Unis. Cette démarche vise à faire reconnaître
par la justice américaine que l'EPA a utilisé des données
erronées pour justifier le bannissement et que la santé des
travailleurs est déjà assurée par une norme d'exposition
sécuritaire en milieu de travail. Le gouvernement du Québec et le
gouvernement du Canada ont annoncé, en septembre 1989, qu'ils
présenteraient chacun un bref d'amicus curiae auprès de la cour
afin de faire connaître leur point de vue contre le projet de l'EPA. La
cour devrait entendre cette cause au début de 1991 et pourrait rendre sa
décision à la fin de 1991 ou au début de 1992.
À la mine Jeffrey d'Asbestos, le développement de
nouvelles réserves, rendu possible grâce à une garantie de
prêt consentie par le gouvernement du Québec en 1987, a
été complété au cours de l'année. Le bon
déroulement du projet et le raffermissement des marchés de
l'amiante ont d'ailleurs permis à l'entreprise d'obtenir de ses
prêteurs qu'ils renoncent à la caution gouvernementale. C'est donc
un coup de pouce qui n'aura rien coûté aux contribuables et qui
aura été très bénéfique pour la
région. Au rythme actuel de la production, le développement des
réserves permet le prolongement des opérations jusqu'en 1993.
Plusieurs réalisations ou projets, certains très
importants, existent également dans le sous-secteur des métaux.
On parle de récupération d'or à partir de résidus
miniers, magnésium, évidemment, et ferrochrome. Notons une
fermeture, toutefois, celle de la mine Montauban, or et argent, dont les
réserves étaient pratiquement épuisées. On examine
actuellement les possibilités de relance.
L'environnement minier a continué de nous préoccuper tout
au cours de l'année. Il convient de mentionner tout d'abord la
participation du MER-mines, au programme national de neutralisa- tion des eaux
de drainage dans l'environnement minier qui se chiffre, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, à 400 000 $ par année et
qui a permis d'amorcer des travaux de recherche pour une valeur de plus de 2
100 000 $. Deux projets de recherche sont en cours dans le cadre de ce
programme en Abitibi Témiscamingue et un troisième en Estrie.
Par ailleurs, lors de la biennale de l'AWti-bi Témiscamingue, le
MER-mines a annoncé son intention d'intervenir au niveau de la
restauration des parcs à résidus miniers. Une somme de 150 000 $
sera investie au niveau des parcs à résidus acides,
particulièrement au site East Sullivan, et un programme de reboisement
sera entrepris sur plusieurs autres sites miniers pour améliorer
l'environnement.
Dans un tout autre ordre d'idées, la participation du MER-mines
au forum québécois sur le développement durable a permis
d'en arriver à un consensus sur les objectifs à poursuivre pour
assurer un développement durable du secteur minier
québécois. Ces objectifs sont, M. le Président, d'assurer
la coexistence de différentes activités sur l'ensemble du
territoire pour maintenir l'accessibilité aux réserves de
minerai; deuxièmement, de développer la technologie en vue
d'extraire du sous-sol la seule partie minéralisée;
troisièmement, d'assurer la récupération des métaux
usagés; et, quatrièmement, de restaurer les sites d'exploitation
minière. Les moyens mis en oeuvre et à mettre en oeuvre pour
atteindre ces objectifs feront l'objet de discussions lors de la prochaine
conférence des ministres responsables des mines qui se tiendra en
août, si tout va bien, M. le Président, sous le thème du
développement durable.
Je vous remercie, mes chers collègues, de votre attention et
c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions sur les
activités du ministère et les crédits qui y sont
engagés.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député
d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. D'abord, un mot pour
souhaiter la bienvenue au ministre devant la commission de l'économie et
du travail, ainsi qu'à tout son personnel politique, son personnel du
ministère de l'Énergie et des Ressources qui l'accompagne et qui
travaille avec lui dans le domaine minier. Juste quelques mots; mes notes
d'introduction vont être beaucoup plus brèves que celles du
ministre et sûrement moins exhaustives quant à ce qui va bien
à travers les mines au Québec. On va plutôt s'attarder
à certains problèmes qui existent quand même dans
l'industrie minière et qui méritent, à mon sens,
d'être soulignés.
D'abord, le budget est décevant dans son
ensemble et les crédits qui sont alloués au secteur minier
ne sont guère plus reluisants. Au total, des coupures de 37 000 000 $
sur l'ensemble des crédits du secteur minier dans un contexte où
l'industrie minière a perdu tout près de 1000 emplois au cours de
la dernière année, c'est presque un constat d'échec. C'est
difficile, du moins, à justifier, à moins que le ministre des
Mines, comme beaucoup d'autres ministres du cabinet, ait carrément
été victime du coutelas du président du Conseil du
trésor qui semble être beaucoup plus préoccupé par
l'équilibre de ses colonnes comptables que par 'es effets
directs sur le terrain des différentes politiques ou, enfin, des sommes
d'argent qu'il alloue à l'application et à la mise en
opération de diverses politiques de développement régional
et de création d'emplois. Il faut dire quand même, à la
décharge du ministre, que, de ces 37 000 000 $, il y en a quand
même 12 000 000 $ qui viennent, finalement, du transfert des
crédits de droits remboursables qui, jusqu'à maintenant,
étaient affectés comme une dépense et que, maintenant, on
va retrouver comme une diminution au chapitre des revenus du gouvernement. Il
n'en reste pas moins, donc, qu'on a encore 25 000 000 $, en gros, d'argent de
moins, de liquidités de moins à investir ou à injecter
dans l'activité minière globale pour le Québec.
À cela, il faut jumeler le fait que, quoi qu'on en dise,
l'exploration minière a diminué de 42 % au Québec et
ça, je le prends dans les chiffres mêmes du ministère de
l'Énergie et des Ressources. L'exploration minière a
baissé de 42 % au cours du dernier exercice financier sur l'ensemble du
territoire du Québec. En termes d'exploration, c'est quand même
important, surtout quand on jumelle ça, comme je le disais, à un
niveau de l'emploi qui est passé de 22 146 à 21 233
personnes-années, donc tout près de 1000 personnes-années
de moins durant le dernier exercice sur l'ensemble des opérations
minières au Québec. C'est préoccupant, c'est le moins
qu'on puisse dire.
Globalement, si on regarde les crédits que l'on a actuellement au
niveau du ministère des Mines pour l'exercice 1990-1991, on parle d'une
diminution de 3 600 000 $ dans les crédits à l'exploration
minière. Et je vois aussi qu'on nous dit, dans certaines notes
explicatives du ministère, que l'on va diminuer de 2 600 000 $ les
crédits alloués à la réalisation des levés
de terrain en géologie, géochimie et géophysique et on
nous dit que, malgré cela, il y a quand même 50 projets qui vont
être étudiés. J'en conviens, mais est-ce que c'est vraiment
le moment de couper dans les études sur le terrain, dans
l'amélioration des connaissances du terrain ou du potentiel
géologique du Québec, alors que l'industrie minière vit
des problèmes non négligeables?
En termes d'industrie minérale comme telle, dans son ensemble,
les crédits qui y sont alloués, avec la gestion des lois, au
global, c'est sûr que c'est là-dedans qu'on retrouvait les 12 000
000 $, dont je parlais tout à l'heure, de crédits de droits
remboursables qui s'en vont au chapitre des diminutions des revenus du
gouvernement et qui ne sont plus comptabilisés comme dépenses.
Mais, encore là, il nous manque 6 400 000 $ ou, en gros, à peu
près 6 000 000 $. On explique ça par le fait que ces 6 000 000 $
étaient jumelés ou étaient conditionnels à
l'application de l'entente auxiliaire fédérale-provinciale sur le
développement minier qui, elle, est en phase d'agonie, si j'ose dire,
les six années qu'elle couvrait étant terminées. (20 h
45)
II n'en reste pas moins que, quoi qu'on en dise, c'est 6 000 000 $ de
moins qui vont être encore investis dans le domaine minier, à
moins qu'on soit capable de nous dire que ces crédits-là se
retrouvent quelque part ailleurs dans les colonnes où il y aurait des
plus, mais, jusqu'à maintenant, dans l'ensemble des colonnes ou ia
presque totalité des colonnes des crédits, on a des moins,
à l'exception probablement du niveau de l'assistance scientifique et
technique, donc essentiellement des crédits supplémentaires
alloués au Centre de recherches minérales, cela, entra autres,
pour des ôtudos sur la gostlon des résidus, ce qui
n'améliore pas nécessairement la production des mines comme
telle.
J'ai fait allusion donc très rapidement à la fin de
l'Entente auxiliaire Canada-Québec sur le développement
minéral. Là encore, il y a certaines choses qui nous
préoccupent sur le renouvellement de cette entente et les
éléments qui vont être considérés dans la
négociation d'une nouvelle entente. C'est à souhaiter que le
ministère et le ministre délégué aux Mines
s'enlignent sur une négociation d'un montant aussi substantiel que celui
qui a eu cours au cours des deux dernières ententes auxiliaires du
même genre. Mais certaines informations nous permettent d'en douter et de
croire que le niveau de l'entente globale que l'on s'apprête à
renouveler est loin d'être aussi substantiel que les 112 000 000 $ dont
on parlait entre 1985 et 1991, ce sur quoi, d'ailleurs, nous allons questionner
sûrement le ministre au cours des minutes qui viennent.
Le ministre délégué aux Mines nous a fait une
présentation assez exhaustive de toute la situation, presque mine par
mine, à travers le Québec. J'aurais presque tendance à
dire que ce n'est pas à son avantage. Quand on en est rendu que l'on
peut identifier du doigt ou pointer du doigt chacune des mines qui sont encore
en opération sur le territoire québécois, ça
signifie qu'il y en a de moins en moins. À ce compte-là, à
la vitesse où les choses vont, il y a pas mal de mineurs qui se
demandent si la seule alternative qui leur reste, ce ne sera pas avant
longtemps, finalement, l'aide sociale une fois que leur
chômage sera écoulé. Parce que, quand on regarde les
perspectives d'avenir de l'embauche dans l'industrie minière, avec tout
ce qu'on connaît au niveau de la situation du taux de change, au niveau
du prix de l'or actuellement sur le cours international, c'est bien
évident que les perspectives ne sont pas très reluisantes en
termes de recyclage des travailleurs qui ont perdu leur emploi au cours des
derniers mois et de la dernière année. Comme je disais, quels que
soient les chiffres qu'on utilise, il y en a quand même un millier de
moins que l'an dernier. Ça, c'est en supposant que les choses ne se
détérioreront pas plus au cours des mois qui viennent, ce qui
n'est pas, non plus, assuré.
J'écoutais le ministre tout à l'heure nous faire
l'éloge de certaines augmentations de production. J'ai pris quelques
notes là-dessus très rapidement. C'est bien évident, par
exemple, que c'est facile d'augmenter la production du zinc en l'espace d'un an
dans le secteur de Matagami dans la mesure où, les années
antérieures, il n'y en avait à peu près plus qui se
produisait avec le désengagement des opérations à la mine
Lac Matagami et que, entre-temps, on était en train de faire les travaux
préparatoires à l'exploitation de la mine Isle-Dieu Alors, dans
cette période-là, il est bien évident qu'en 1987-1988 il
n'y avait à peu près plus de zinc qui était
exploité dans le coin. On a mis en opération un gisement quand
même assez limité, qui s'appelle le gisement Isle-Dieu; pour le
moment, c'est certain, cette année, l'année prochaine, on assiste
à une augmentation de la production de zinc, mais c'est encore
très limité et c'est essentiellement parce que la production
n'existait à peu près plus, à toutes fins pratiques. Il ne
faut quand même pas se flatter la bedaine trop facilement avec certains
chiffres semblables qui ne représentent pas beaucoup la situation ou la
réalité du quotidien telle que vécue par les gens qui
habitent ces communautés-là et qui sont très
préoccupés de leur avenir en tant que travailleurs et en tant que
citoyens du Québec qui veulent continuer à être productifs
et à apporter à la société
québécoise.
Ceci étant dit, M. le Président, et avec toutes les
réserves que nous avons quant à la performance de l'industrie
minière au cours des dernières années, je crois que nous
sommes prêts à passer à une période de questions sur
les crédits de 1990-1991.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Raymond Savoie (réplique)
M. Savoie: Bien, évidemment, M le Président....
Le Président (M. St-Roch): M. le ministre.
M. Savoie: ...je ne veux pas m'étendre là-dessus.
Je sais que le député d'Ungava est fatigué. Il a fait
beaucoup de travail au cours des derniers jours lors des audiences auxquelles
il a dû participer. Mais je ne peux pas laisser passer sous silence
certains commentaires qu'il a faits particulièrement au niveau des 37
000 000 $. C'est vraiment triste et je dois nécessairement le corriger.
Lorsqu'il parle d'une réduction de 37 000 000 $ de notre budget, c'est
entièrement faux. Lorsqu'on examine le moindrement le dossier, il y a 15
000 000 $ là-dessus qui vont au financement du passif de la
Société nationale de l'amiante. Il y a des années
où le passif varie énormément. Des fois, il y a des
fluctuations de 15 000 000 $, 20 000 000 $, 30 000 000 $. Cette année,
la fluctuation est de moins 15 000 000 $. Alors, en conséquence,
à cause des dettes de la Société nationale de l'amiante,
on avait 15 000 000 $ de moins de dettes cette année et ça
fluctue d'année en année à cause des différentes
obligations qui nous ont été imposées. Alors, ça
constitue un montant de 15 000 000 $.
Il y a, évidemment, comme le souligne le député
d'Ungava, l'imputation, contre les revenus, des crédits de droits
remboursables pour pertes de 12 000 000 $. Ça fait 27 000 000 $. Et 11 y
a, évidemment, l'autre montant de 12 000 000 $, qui totalise les 37 000
000 $, qui est la fin du programme, de l'entente auxiliaire sur le
développement minéral qui fart en sorte qu'il y a un "phasing
out" graduel qui se chiffre à quasiment 6 000 000 $ au niveau des
infrastructures de développement minéral et puis aux
crédits affectés aux levés géoscientifiques de 5
000 000 $, ce qui totalise 32 000 000 $.
Je suis bien prêt à lui concéder qu'au niveau de
l'entente auxiliaire il y a, effectivement, une réduction de 12 000 000
$, mais, finalement, c'est la phase finale de l'entente auxiliaire. Comme vous
le savez, on est en voie de renégocier l'entente auxiliaire. On
espère toujours des montants du côté du gouvernement
fédéral pour l'entente auxiliaire sur le développement
minéral. Donc, sur les 37 000 000 $, comme je vous l'ai
mentionné, il y a 15 000 000 $ qui vont à la dette de la SNA qui
ne produit absolument rien pour l'industrie, donc qui n'a pas de comptes, et
l'autre, c'est rien qu'un aménagement comptable à cause de
l'imputation des crédits de 12 000 000 $. Franchement, le commentaire
n'était pas nécessaire.
Au Québec, M. le Président, en 1988, on avait 64 mines en
production. En 1989, on avait 65 mines en production. Alors, le nombre de mines
n'augmente peut-être pas d'une façon spectaculaire, mais il y a
une espèce de petite croissance et, malgré certaines fermetures,
d'autres mines ouvrent. Alors, les 65 mines en opération au
Québec, je ne les ai pas toutes nommées, évidemment, vous
le savez. Par contre, il y a quand même plusieurs mines en
opération.
Je considère que c'est une très bonne période pour
l'or. Évidemment, si l'amiante pouvait reprendre, suite aux
opérations pas de privatisation, mais d'étatisation de
l'industrie de l'amiante ou des choses comme ça, si on pouvait revenir
un peu dans le contexte de l'amiante tel qu'il existait avant 1976, ça
irait certainement mieux. Et, évidemment, il y a eu toute la politique
du fer, les difficultés qu'a connues l'industrie du fer, ce qui a fait
en sorte qu'on a perdu Schef-ferville et Gagnon au début des
années quatre-vingt.
Au niveau du nombre d'emplois, par exemple, il faudrait faire remarquer
au député d'Ungava que le nombre d'emplois a
légèrement baissé au niveau du secteur minier. Mais, par
contre, il faut voir que ces baisses proviennent surtout du domaine de la
pierre où il y a eu une perte, si ma mémoire est fidèle,
d'environ 300 emplois et du forage à diamant où c'a baissé
de quasiment 500 à 600 emplois. Alors, fluctuations qui, finalement,
n'affectent en rien les mines en production.
Et si on compare aussi la situation de l'industrie minière dans
un contexte de développement technologique, de l'utilisation de la haute
technologie, de l'automatisation, de la robotisation de certains des
procédés, c'est sûr qu'au cours des prochaines dizaines
d'années, quinzaines d'années, cette réduction va
continuer à s'accélérer dans le sens qu'on va chercher
à produire plus avec moins de monde et des emplois mieux payés au
niveau de l'industrie minière. Donc, il ne faudrait pas y voir une
croissance exceptionnelle à moins d'un démarrage de plusieurs
mines à court terme ici au Québec.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Nous en sommes maintenant à la période des questions.
M. le député d'Ungava.
Gestion et développement de l'industrie
minérale
M. Claveau: Si vous n'avez pas d'objection, M. le
Président, je proposerais qu'on regarde globalement l'ensemble des
crédits pour les voter en bloc à la fin de la discussion.
Le Président (M. St-Roch): Alors, il y a consentement de
la commission? On va y aller de cette façon-là, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je me dois quand
même de faire une parenthèse. Je regarde les crédits et, en
bout de piste, je vois 37 010 000 $, entre parenthèses, avec une
diminution de 28,5 %, toujours entre parenthèses, ce qui suppose que
c'est des moins versus des plus qui, eux autres, ne seraient pas entre
parenthèses. Donc, c'est de l'argent de moins. Quel que soit le budget,
d'où que ça vienne ou qu'on l'ait enlevé, je comprends
qu'il y a des activités qui sont terminées, etc. Sauf que
j'aurais personnellement souhaité que l'on revoie ces sommes d'argent
réaffectées dans d'autres activités du domaine minier
plutôt que de les retourner au fonds consolidé. Là, je
concède les 12 000 000 $ de crédits remboursables qui, eux
autres, évidemment, sont comptabilisés ailleurs, donc ça
ne change rien dans les chiffres. Mais, essentiellement, je ne vois que des
parenthèses; ce n'est pas moi qui les ai inventées, elles sont
là dans les livres. Ceci étant dit...
M. Savoie: C'est stupide.
M. Claveau: M. le Président, si on commence à se
traiter de stupide chaque fois qu'on a un mot à dire là. Vous
avez compris?
M. Savoie: Je ne veux pas commencer ça. Ce n'est pas
ça du tout. C'est parce que je trouve que la situation qui existe
actuellement au niveau de la SNA, c'est une situation qui est un peu stupide et
je n'ai pas de contrôle là-dessus. Alors, qu'est-ce que tu veux
que je te dise? On est obligé de... Des années, la dette qu'on
doit rembourser est de 40 000 000 $; d'autres années, elle est de 70 000
000 $. Je n'ai pas de contrôle là-dessus. On doit tout simplement
rembourser bêtement les montants; 15 000 000 $ en moins cette
année sur l'année passée. C'est une situation, M. le
Président, qui est, finalement, stupide et je n'ai pas de contrôle
là-dessus. Alors, c'est simplement ça.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je concède qu'un non veut dire oui, qu'est-ce
que vous voulez!
Entente auxiliaire Canada-Québec sur le
développement minéral
Toujours est-il que vous avez parlé, M. le ministre, de l'entente
auxiliaire fédérale-provinciale. C'est vous-même qui nous
avez dit que vous êtes en train de négocier et que vous
espérez que, finalement, ce qui va être négocié va
ressembler substantiellement à ce qu'on a vu au cours des
dernières années. Est-ce que vous pourriez nous donner plus de
détails et nous . donner, éventuellement, la liste des
éléments qui sont actuellement en négociation dans cette
entente-là? Qu'est-ce qui va faire partie de l'entente? Est-ce que ce
sont des projets très particuliers ou est-ce que c'est ouvert à
toutes sortes de choses comme ça l'était
antérieurement?
M. Savoie: Ce qu'on cherche à faire, M. le
député, c'est qu'on cherche à obtenir la reconduction de
l'entente avec des modifications.
Vous savez qu'on était rendu à 8 programmes, si ma
mémoire est fidèle, 8 ou 9; 11 programmes, c'est ça.
Originalement, c'était 6 et on est rendu à 11 programmes. On
cherche à l'obtenir; évidemment, plus le temps passe plus c'est
difficile de croire au renouvellement de l'entente, mais on s'oriente vers
ça.
M. Claveau: Là, vous nous dites qu'à date vous avez
11 éléments dtfférents que vous négociez, qui
pourraient être financés...
M. Savoie: Non, ce que je dis, c'est qu'actuellement, au niveau
de l'entente auxiliaire sur le développement minéral, il y a 11
programmes.
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Ce qu'on a actuellement.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Ce que l'on a actuellement...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...dans l'entente qui se termine avec...
M. Savoie: C'est ça. M. Claveau: l'exercice
M. Savoie: Qui s'est terminée le 31 mars, je crois.
M. Claveau: Bon. Mais dans la reconduction ou le renouvellement,
la négociation d'une nouvelle entente...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...combien y a-t-il d'éléments qui sont
prévus là-dedans?
M. Savoie: Ce qu'on cherche à faire actuellement...
L'entente s'est terminée officiellement le 31 mars. Il y a eu une
reconduction d'un an au niveau de l'entente pour nous permettre de continuer
à échanger là-dessus et de chercher à obtenir une
reconduction de l'entente pour une période additionnelle. Lorsqu'on
rediscute de l'entente, on parte en termes du principe de l'entente au niveau
politique, c'est-à-dire voir à ce que, effectivement, le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial puissent
s'entendre au niveau du renouvellement de l'entente. Main tenant, vous
comprendrez que, dans l'incertitude actuelle au niveau des négociations
constitutionnelles, ça ne progresse pas à un rythme
accéléré.
M. Claveau: Est-ce que vous êtes en train de nous dire que
le gouvernement fédéral requestionne globalement la pertinence
d'une entente semblable ou d'investir par le biais d'une entente
fédérale-provinciale dans le développement
minéral?
M. Savoie: C'est exact.
M. Claveau: C'est exact. (21 heures)
M. Savoie: C'est ça.
M. Claveau: Et je suppose que le gouvernement du Québec
n'accepte pas ça a priori.
M. Savoie: Bien, c'est ça. C'est que, personnellement,
j'aimerais ça voir la reconduction de l'entente, pas la reconduction,
mais le renouvellement de l'entente pour une autre période
additionnelle. On a parlé d'une possibilité de trois ans.
Évidemment, il y a différents éléments qui font
l'objet d'échanges. À la conférence des ministres des
Mines, l'année passée, à Sudbury, évidemment,
plusieurs provinces ont manifesté le désir que l'entente soit
renouvelée chez elles. On parie surtout des provinces maritimes. Comme
vous le savez peut-être, l'Ontario a souhaité, a demandé
que l'entente auxiliaire chez elle ne soit pas renouvelée au niveau du
développement minéral. C'est parce que je n'ai pas mes notes
devant moi, mais il me semble qu'au niveau de la Colombie-Britannique, c'est un
peu la même situation. Le Québec, par contre, souhaite le
renouvellement de l'entente.
M. Claveau: Si je comprends bien, du côté de
l'entente, il n'y a vraiment rien de sûr et on risque encore de perdre,
finalement, de ce côté-là. Lorsque l'on fait le
décompte de tout ça, parce que je vois que depuis quelque temps
le gouvernement fédéral semble avoir tendance à se retirer
des activités minières, il reste quoi comme intervention du
fédéral dans le domaine minier, avec la fin de l'entente?
M. Savoie: Avec la fin de l'entente... Bien, le gouvernement
fédéral, évidemment, c'est un intervenant important au
sein de l'industrie minière. Par contre, il s'agit là toujours
d'une juridiction provinciale et, en conséquence, c'est nous qui menons,
mais le gouvernement fédéral est actif avec nous. Par exemple,
lorsqu'on parle du Québec, on peut parler, en termes de recherche, du
dossier CANMET qui doit faire l'annonce bientôt de la part du ministre de
l'Énergie, des Mines et des Ressources...
M. Claveau: M. le ministre, pour le bénéfice de la
commission, voulez-vous nous donner la signification de...
M. Savoie: De CANMET? Sais-tu, je ne l'ai
jamais su.
Une voix: Centre canadien de la technologie des
minéraux.
M. Savoie: Centre canadien de la technologie des minéraux.
Alors, en anglais, ça doit être "Canadian", je ne sais pas trop
quoi. En tout cas, peut-être que le Dr Lamarche pourrait nous
éclairer.
M. Claveau: Ça va être implanté
où?
M. Savoie: Ça va être implanté à
Val-d'Or.
M. Claveau: À Val-d'Or, oui.
M. Savoie: Oui. Une excellente place, vous devriez y
demeurer.
M. Claveau: Essentiellement, est-ce que c'est le
fédéral qui finance, quoi?
M. Savoie: Oui, c'est un projet du gouvernement
fédéral. Ils sont actifs, ils ont annoncé un bureau dans
la ville de Québec, en 1988, si ma mémoire est fidèle, un
bureau du service géologique, ils ont ouvert aussi... Ils sont actifs,
ils participent financièrement. Ils nous assistent dans des
études, dans des colloques, ils font des travaux de géologie. Ils
ont participé également au niveau... Oui, c'est ça, le
programme de la Gaspésie, au niveau de la prospection. Ils font un
ensemble d'interventions sur le territoire qui est considérablement
élevé en termes de dollars.
M. Claveau: Ça pourrait totaliser combien, toutes ces
interventions-là?
M. Savoie: Là, le total de ça, je ne sais pas.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a une idée?
M. Lamarche (Robert): Le CGQ... Voulez-vous savoir le budget du
Centre géoscientifique de Québec?
M. Savoie: Non, on voudrait avoir une idée à peu
près du montant que le gouvernement fédéral dépense
au Québec pour l'industrie minière, l'industrie, l'exploration et
la recherche.
M. Claveau: L'ensemble de l'industrie minière.
M. Lamarche: Le chiffre précis que j'ai, M. le
député d'Ungava, c'est à l'effet que le budget de la
Commission géologique du Canada à Québec, de son bureau
à Québec nouvellement formé, est de 3 500 000 $ par
année à compter de la deuxième année, et ça
fait presque deux ans, de sorte que le budget de l'année qui vient de
s'amorcer doit être de l'ordre de 3 500 000 $.
M. Claveau: Ça, c'est la Commission géologique?
M. Lamarche: Oui.
M. Savoie: Oui, puis ils donnent 50 % de l'entente auxiliaire, il
y a de l'argent qui se dépense beaucoup au niveau du centre de
recherche, pour des projets conjoints de recherche. Ils ont...
Une voix: Océanographie.
M. Savoie: II y a l'océanographie, toutes sortes de... Je
ne le sais pas. Je n'en ai aucune idée, mais, en tout cas, la question
est très intéressante du point de vue académique.
M. Claveau: À vous entendre parler, je suis en train de me
demander s'ils n'investissent pas plus que le gouvernement du Québec
lui-même.
M. Savoie: Moi, ça ne me surprendrait pas de voir le
gouvernement fédéral dépenser... En tout cas, il pourrait
facilement nous arriver avec des chiffres qui frôlent certainement les 40
000 000 $ ou les 50 000 000 $ par année.
M. Claveau: D'investissements dans le domaine minier.
M. Savoie: Je vous dis ça, mais je n'en ai aucune
espèce d'idée. C'est un à-peu-près. J'essaie d'en
donner une idée. Ça ne doit pas être 300 000 000 $ et
ça ne doit pas être 100 000 000 $ non plus. Entre 20 000 000 $, 25
000 000 $ et 50 000 000 $, dans ce coin-là.
M. Claveau: La Commission géologique du Canada, qu'est-ce
qu'elle fait sur le territoire québécois?
M. Savoie: Elle fait de la géologie.
M. Claveau: Et comment est-ce jumelé avec les
activités du ministère?
M. Savoie: Demandez-le donc au Dr Lamarche qui était
responsable de l'implantation, ici, à Québec, du centre.
Le Président (M. St-Roch): Dr Lamarche.
M. Lamarche: Les interventions de la Commission géologique
du Canada au Québec doivent d'abord recevoir notre approbation,
l'approbation de notre ministère, puisque ce sont des activités
qui relèvent d'une discipline qui est de juridiction provinciale. La
Commission géologique du Canada fait quand même des travaux autres
que ceux qui sont destinés à la valorisation du potentiel
minéral, par exemple les études sismiques qui ont
été faites par elle à la suite du
tremblement de terre juste à l'ouest de Chicou-timi. Ce sont
d'autres interventions, mais qui ne sont pas directement reliées . au
secteur minéral. Lorsque la Commission géologique établit
sa programmation annuelle d'intervention en levés et études
géoscientifiques au Québec, elle le fait en pleine consultation
avec nous.
Le Président (M. St-Roch): Est-ce que ça
complète sur ce sujet-là? M. le député d'Ungava,
j'aurais M. le député...
M. Claveau: Oui, peut-être si quelqu'un avait d'autres
questions sur l'entente, oui.
Le Président (M. St-Roch): M. le député de
l'Acadie.
Avenir de l'industrie de l'amiante
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. M. le ministre,
j'aimerais juste revenir sur la question de l'amiante. Dans les documents qu'on
nous a remis ici, on mentionne que les expéditions
québécoises d'amiante ont régressé de plus de 60 %
en volume entre 1979 et 1987. On dit que la situation s'est stabilisée
en 1988-1989 et que les légères pertes sur le volume des
expéditions en 1989 ont été compensées par un gain
de 4 % en valeur. Dans votre présentation aussi, vous avez fait
référence à la décision de bannir progressivement
l'utilisation de l'amiante aux États-Unis de 1989 à 1996 et je me
demandais, dans ce contexte-là et dans le contexte de la
réglementation européenne d'Europe 1992, quel est exactement
l'avenir de l'industrie québécoise de l'amiante. Où est-ce
qu'on s'en va exactement avec l'industrie de l'amiante?
M. Savoie: C'est une très bonne question. On ne le sait
pas exactement; on connaît très mal l'avenir de l'industrie de
l'amiante. Toutefois, nous croyons le scénario suivant comme
étant le plus plausible. Nous pensons qu'effectivement l'EPA va avoir
beaucoup de difficulté à rendre crédible le bannissement
qu'elle a mis de l'avant en 1986. Nous pensons, malgré qu'il va y avoir
une forte baisse additionnelle des importations d'amiante aux États-Unis
- on parle d'un marché qui va subir à court terme de fortes
réductions - qu'ailleurs dans le monde la consommation d'amiante va se
maintenir. On se rappellera, par exemple, que, dans les pays à
économie planifiée, la production de l'amiante a subi une
légère croissance au cours des dernières années et
qu'il y a quand même une production qui est assez importante.
Donc, malgré une poussée vers un bannissement par les
États-Unis, qui a beaucoup d'impact du côté de l'Asie, et
peut-être une volonté du côté de l'Europe de voir
à l'utilisation de substituts de l'amiante, on pense qu'on devrait
être en mesure de maintenir notre production actuelle à 500 000
tonnes ou 550 000 tonnes. Mais on ne voit pas beaucoup de place pour une
augmentation à court terme et on voit difficilement une situation
à court terme qui pourrait faire en sorte que ça baisserait
rapidement, par exemple de moitié, au niveau de notre production.
On s'organise pour le maintien d'à peu près 500 000 ou 550
000 tonnes, en étant très agressifs sur les marchés
extérieurs, en poussant aussi le plus qu'on peut sur la défense
de l'amiante par le biais de l'Institut de l'amiante et en maintenant nos
mécanismes de recherche au niveau de l'amiante. On pense qu'il y a aussi
des occasions au niveau de la substitution de l'amiante, par exemple, dans
certains produits qui sont actuellement utilisés massivement. On pense,
par exemple, au dossier de l'amiante-asphalte qui devrait faire l'objet d'une
annonce sous peu. On pense à des utilisations qui risquent
d'intéresser l'industrie de la construction, l'amiante-ciment. On pense
à des choses comme ça.
On espère que, éventuellement, les gens vont
reconnaître davantage la position qui a été proposée
à Genève en 1986 sur l'utilisation sécuritaire de
l'amiante. On espère que, tranquillement, les États-Unis vont
constater que leur politique au niveau de l'amiante n'est certainement pas dans
l'intérêt des Américains, ni de l'ensemble des pays
consommateurs d'amiante actuellement qui sont des pays en voie de
développement, qui ont besoin de l'amiante, qui ont besoin de voir
à l'utilisation de l'amiante dans les matériaux de construction,
les aqueducs et des choses comme ça.
M. Bordeleau: Les expéditions d'amiante aux
États-Unis par rapport aux expéditions qu'on fait ailleurs qu'aux
États-Unis, c'est-à-dire en Europe ou dans d'autres pays, c'est
quoi les proportions actuellement et comment ont évolué ces
proportions-là au cours des dernières années?
M. Savoie: Actuellement, concernant nos exportations, on a deux
unités de production d'amiante au Québec pour l'exportation; deux
unités qui produisent l'ensemble de notre production d'amiante. Il y a
JM Asbestos qui, je pense, utilise beaucoup les marchés
américains encore et qui voit tranquillement une espèce de
rétrécissement de ses marchés aux États-Unis. Au
niveau de JM Asbestos, on parle d'environ 15 % de la production qui se destine
vers les États-Unis.
Au niveau de la région de Thetford-Mines, évidemment, les
exportations sur le marché américain sont beaucoup moins
élevées. Eux visent surtout le marché du Moyen-Orient, le
marché de l'Asie, de l'Amérique latine et, évidemment, de
l'Europe.
M. Bordeleau: Au cours des dernières années,
l'évolution, c'est une baisse vers les États-Unis et une
augmentation vers les autres
pays?
M. Savoie: Oui. Au niveau des États-Unis, c'est une baisse
constante. Il faut penser dans les termes suivants, M. le député.
Il faut penser que, par exemple, en 1979, la production du Québec au
niveau de l'amiante était de l'ordre de 1 400 000 tonnes et,
aujourd'hui, qu'on est à 500 000 tonnes et que, là où les
marchés ont baissé, c'est évidemment aux États-Unis
et en Europe, mais surtout aux États-Unis.
M. Bordeleau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. St-Roch): Merci, M. le
député de l'Acadie. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, dans l'entente
fédérale-provinciale, justement pour y revenir, on
prévoyait, si je ne m'abuse, la création d'un institut de
l'amiante...
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: La question de l'Institut de l'amiante.
M. Savoie: Oui. Je m'excuse. On était en train de discuter
justement de la question de l'exportation de l'amiante aux États-Unis et
j'ai mal entendu votre question, M. le député.
M. Claveau: II n'y a pas de problème. Il me semble que
dans l'entente auxiliaire on prévoyait la création d'un institut
de l'amiante.
M. Savoie: C'est fait. L'Institut de l'amiante existe depuis
1983, je crois.
M. Claveau: II n'y avait pas un montant de 10 000 000 $ qu'on
devait réinjecter là-dedans?
M. Savoie: Oui. On a injecté à plusieurs reprises
des montants. Une fois, on est intervenu pour un montant de 11 000 000 $, mais
il s'agit de projets de recherche auxquels participait l'Institut de
l'amiante.
M. Claveau: Et ces projets de recherche là, donc, ils sont
tous en cours actuellement. Est-ce qu'on a les résultats de ça,
est-ce qu'il y a quelque chose de tangible de ce côté-là?
Vous nous avez parlé de l'asphalte-amiante et de quelques produits comme
ça.
M. Savoie: Oui, mais je ne crois pas que c'est ces
projets-là qu'on visait. On visait, par exemple, à
améliorer la production de ces mines. On visait à introduire, par
exemple, de la recherche sur les utilisations secondaires de l'amiante; on
visait à assurer la défense de l'amiante auprès des
tribunaux américains et à l'étranger également. On
voulait s'assurer que, effectivement, l'Institut de l'amiante possède
les fonds nécessaires pour assurer sa défense. C'étaient
les trois axes principaux.
M. Claveau: Lorsque l'on parle d'un produit comme
l'asphalte-amiante, ça revient en surface, ce genre
d'approche-là.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a des approches, des
négociations entreprises par exemple, avec le ministère des
Transports qui serait probablement un des principaux utilisateurs?
M. Savoie: Oui, vous pouvez être certain qu'avec
l'arrivée de M. Vallières comme ministre
délégué aux Transports...
M. Claveau: Je n'en doute pas.
M. Savoie: ...à la voirie régionale, l'amiante va
recevoir un petit coup de pouce. Je crois que le ministre
délégué aux Transports va nous faire part publiquement de
ses intentions au sujet de certains projets d'essai au niveau de
l'amiante-asphalte.
M. Claveau: Donc, on peut s'attendre à ce qu'il y ait des
tests effectifs faits par le ministère avant longtemps
là-dessus?
M. Savoie: Oui. C'était déjà
commencé, ce processus. Ça résulte des demandes de la
région, championnées, entre autres, par M. Bernard Coulombe et
d'autres au niveau de l'utilisation. Le principe de base, c'est qu'en
mélangeant un petit peu d'amiante dans l'asphalte on va produire des
routes en excellent état. Ça va renforcer le caractère de
l'asphalte et ça va assurer une meilleure résistance au poids,
une plus longue durée, une meilleure résistance aux
intempéries, aussi. Apparemment que ça coûte un petit peu
plus cher, mais pour le Québec ça pourrait être avantageux
et c'est ce qu'au ministère des Transports on va se charger de faire au
cours des prochaines années. Je trouve ça intéressant
comme objectif, comme orientation.
M. Claveau: Tant qu'on ne nous prouvera pas que nos routes
deviennent cancérigènes.
M. Savoie: Cancérigènes?
Gisement de Murdochville
M. Claveau: Vous avez parlé, M. le ministre, de
trouvailles à Murdochville. Pourriez-vous être plus précis
là-dessus? Tout à l'heure, dans votre exposé, j'ai
semblé comprendre qu'il y avait quelque chose qui se mijotait du
côté de Murdochville. (21 h 15)
M. Savoie: II y a eu une annonce, je crois, de la part de Mines
Noranda comme quoi il y avait un gisement E-29 qui risquait de prolonger les
travaux d'opération de Mines Gaspé sur une période de six,
sept ans. Alors, je ne sais pas si vous vous rappelez, lors du feu, lorsque
vous êtes allé à Murdochville faire peur au monde, nous, on
avait dit: Non, on va continuer à opérer et, effectivement, la
mine a repris ses opérations. On avait des réserves à ce
moment-là pour une période de trois à cinq ans.
Aujourd'hui, cette période est rendue de six à sept ans avec une
mise à jour. Je pense que c'est une lentHIe additionnelle. Je ne sais
pas si le Dr Lamarche voudrait me corriger la-dessus, apporter des
précisions. Ce n'est pas pire?
M. Lamarche: C'est aussi précis que nous en ont fait part
les communiqués de presse qu'on a pu lire dans les journaux.
M. Claveau: Je vous ferai remarquer, M. le ministre, que je me
souviens très bien de cette épopée de l'histoire de
Murdochville, d'autant plus que je ne crois pas que les interventions que nous
avons faites aient été aussi négatives que vous semblez
vouloir le laisser croire. Nous avions un certain nombre de doutes quant aux
intentions réelles de la compagnie. Il y a peut-être quelques
petites choses là-dedans qui nous portent à croire que nous
avions raison de nous poser des questions, étant donné la
situation qui semble s'être améliorée assez
substantiellement à MurdochviHe depuis une couple d'années.
Est-ce que vous pourriez justement, tandis qu'on y est, nous refaire le
point sur la question du gisement de MurdochvHIe? Où est-ce qu'on en
est? Comment est-ce que c'est supposé opérer au cours des
prochaines années? Est-ce que les perspectives d'avenir sont meilleures
qu'elles ont déjà été? Enfin, je pense que
ça serait intéressant pour toute la population du Québec,
étant donné, entre autres, que le gouvernement du Québec
est intervenu financièrement même dans la question de la fermeture
temporaire de Murdochville. Est-ce que vous pouvez nous faire le point
là-dessus?
M. Savoie: Je pourrais, oui. Bien, je pense que l'ensemble des
Québécois et Québécoises qui se penchent sur la
question se rappelleront que Mines Gaspé opère à
Murdochville, que c'est une opération minière basée sur
l'extraction du cuivre. Il y a également à Murdochville une
fonderie d'une très, très grande capacité, d'une
très grande valeur, qui utilise non seulement le cuivre provenant des
opérations de Mines Gaspé, mais également du cuivre qu'on
importe du Portugal, de l'Amérique latine et qui est traité
à cette fonderie-là.
Au niveau des opérations de la mine, je crois qu'on parle d'un
petit peu plus de 200 hommes actuellement. Suite au feu de 1987, si ma
mémoire est fidèle, le 1er avril d'ailleurs, il y a eu une
période assez difficile où Noranda hésitait avec les
coûts d'écatHage, avec les coûts de la mise en
opération, surtout qu'on avait un gisement - je pense qu'il était
situé au E-36 -qui avait une évaluation de l'ordre d'un petit peu
moins de 5 000 000 de tonnes. On n'était pas sûr de la
rentabilité de cette opération-là, si eHe devrait rouvrir.
On se rappellera que Mines Gaspé opère dans la région de
Murdochville depuis le début des années cinquante. C'est une
belle opération. On pense que c'est une région qui est
extrêmement riche. On pense qu'il y a évidemment d'autres
gisements. On pense également qu'avec une meilleure connaissance de la
structure géologique du coin il y a d'autres découvertes qui nous
attendent. Pour le moment, ce que nous avons, c'est une situation où,
comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure, avec l'annonce qu'a
faite tout dernièrement la compagnie Noranda avec son gisement E-29, on
a une possibilité de la continuation des opérations sous terre
sur une période de six à sept ans. On pense qu'avec des travaux
additionnels et des investissements additionnels au niveau de l'exploration,
des efforts additionnels aussi auprès de l'ensemble du secteur mines,
chez nous, pour assister les officiers de Noranda dans l'interprétation
des structures géologiques, on pourrait faire un bon bout de chemin dans
la connaissance du secteur. Une chose est certaine, c'est que l'ensemble des
commentaires que j'ai entendus du Dr Lamarche et d'autres intervenants, chez
nous, aux Mines, sont très positifs pour ce secteur-là. On pense
que ça a beaucoup de potentiel. Et on pense qu'il y a de fortes chances
que Mines Gaspé trouve des réserves additionnelles qui vont
maintenir ses opérations bien au-delà des six, sept ans
prévus. Est-ce que ça vous satisfait ou si vous en voulez
plus?
M. Claveau: Donc, c'est de bon augure pour la population de
Murdochville et je m'en réjouis. Comme quoi, finalement...
M. Savoie: Tout est bien qui finit bien.
M. Claveau: ...nos interventions de 1987 n'étaient quand
même pas si mauvaises, dans l'ensemble. On se souviendra de l'état
du dossier à ce moment-là. M. le ministre...
M. Savoie: On veut faire de la boxe un petit peu, on est en
forme. On a pris un autre café?
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. St-Roch): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...le ministre devrait se réjouir de la
tolérance que j'ai ce soir envers ses propos, quoique ses dires ne me
satisfont pas toujours nécessairement. Mais, enfin, on aura l'occasion
de s'en reparler, de toute façon; il peut en être certain.
Centre de recherches minérales
On va parler pendant quelques minutes du Centre de recherches
minérales. C'est un sujet que le ministre aime beaucoup. On a une
augmentation, enfin, une légère augmentation des crédits
qui sont alloués au Centre de recherches minérales. Et on nous
explique, dans les documents d'accompagnement, que ça vise
essentiellement à solutionner le problème des résidus
miniers, et ce, en collaboration avec l'entreprise dans le cadre d'un programme
coopératif qui ferait en sorte qu'on trouverait des solutions à
cet épineux problème. J'ai quelques questions là-dessus.
D'abord, j'aimerais savoir exactement quels sont les crédits qui sont
alloués à ce programme-là, quand le programme a
été mis en place, de quelle façon il va se structurer,
quel genre de partenariat on va développer entre l'entreprise et le
gouvernement, quelles sont les solutions ou les hypothèses de
départ sur lesquelles on va travailler, etc.
M. Savoie: Je pourrais peut-être demander à M. Roy
de vous répondre là-dessus puisqu'il est très au fait de
ce dossier-là. Il pourrait certainement apporter les nuances qui
m'échapperaient.
Mi Roy (Onll): Le programme NEDEM, MEEND de son acronyme anglais,
a effectivement été mis de l'avant, d'abord, par l'industrie et
par les compagnies majeures qui connaissaient des problèmes très
importants de résidus miniers acides et qui en ont fart un peu la
promotion auprès des gouvernements, parce que l'effort qui est
demandé des compagnies est très considérable dans le
domaine. Ils ont développé, d'abord avec CANMET, à Ottawa,
un programme ou un diagnostic, si on veut, relativement exhaustif de la
situation pour ensuite essayer de développer une programmation
d'activités qui viserait à faire le tour des solutions possibles
de sorte d'éviter d'investir énormément d'argent dans des
recherches de même nature qui seraient un peu concurrentielles et qui
auraient peut-être pour effet de réinventer parfois des choses qui
ont été faites à d'autres endroits. Finalement, on s'est
penchés tous ensemble et le Centre de recherches minérales, bien
sûr, a été l'organisme québécois qui s'est
penché sur cette programmation avec toutes les provinces productrices:
le Nouveau-Brunswick, la Colombie-Britannique, l'Ontario, bien sûr, et le
Manitoba. Et, après des discussions qui ont, bien sûr,
été assez longues parce que la dimension technique de ces travaux
est très importante, on en est arrivé avec un programme initial
de 12 500 000 $ qui, depuis ce temps-là, a été
sensiblement majoré, où, selon les compétences des
diverses universités et des divers groupes de recherche qu'on retrouve
à travers le Canada, on s'est en quelque sorte séparé la
tâche. Avec la conséquence que le Québec s'est commis, pour
y investir 2 000 000 $ au cours des cinq prochaines années, ce qui
représente à peu près 30 % de l'effort global du programme
initial.
Le programme nous permettait, à ce moment-là, de proposer
des projets avec des entreprises du Québec qui soient adaptés
à leur problématique particulière, mais qui ne soient pas
une réédition des travaux qui étaient déjà
faits dans d'autres provinces. C'est pour ça qu'on fait état de
trois projets qui sont actuellement acceptés par le groupe NEDEM et en
cours de réalisation par le Centre de recherches minérales et des
entreprises, notamment comme Cambior, et dont les résultats vont
être mis à la disposition de toutes les entreprises du secteur
minier à travers le Canada, au même titre qu'on va
bénéficier, nous, de toutes les recherches qui sont faites par
les autres provinces ou par le gouvernement fédéral, CANMET
étant un joueur important puisque, lui, il investit quelque chose comme
4 000 000 $ ou 4 500 000 $ sur l'effort global.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Benoit: M. le ministre, je lisais dans votre document,
à la page 393, un bon nombre de montants d'argent qui ont
été donnés sous forme d'études
technico-économiques à des compagnies de granit. Comme vous le
savez, il y a pas mal de compagnies de granit dans les Cantons de l'Est. La
grande discussion là-bas, c'est que le granit a servi, en grande partie,
aux monuments, Rock of Ages et des compagnies comme celle-là que j'ai eu
l'occasion de visiter, mais qu'il y aurait un changement de "trend" dans les
années à venir, car le granit est maintenant un matériel
dont on se sert de plus en plus en construction, qui résiste très
bien aux pluies acides, bon, un certain nombre de grands avantages. Ce qu'on
reproche à nos industriels, particulièrement dans le comté
d'Orford, c'est de ne pas avoir pris cette courbe-là et de ne pas
bénéficier de ce marché qui est en pleine expansion. Ces
études-là, d'une part, qu'est-ce qu'elles disaient, si elles ne
sont pas secrètes? Parce que ce sont des compagnies qui les ont fait
faire, mais, si je comprends bien, elles ont été payées
par vous. Quelles sont les perspectives du granit pour les Cantons de l'Est et
le Québec pour les années à venir? J'en ai mis pas mal
dans la question. Je vais vous laisser la discrétion d'y
répondre. (21 h 30)
M. Savoie: Effectivement, c'est un secteur de croissance qui est
très important, particulièrement pour l'ensemble du Québec
et spécifiquement pour votre région. Je pense également
à la Côte-Nord où il existe des types de granit qui ont
beaucoup d'attrait pour le marché américain. On pense, comme vous
l'avez souligné, que c'est un marché en pleine croissance, dans
le goût du consommateur. Que ce soit au niveau commercial ou
résidentiel il y a une affectation vers l'utilisation de plus en plus
nette de ce produit-là. On a constaté, par exemple, une
volonté assez ferme chez nous de se renseigner davantage sur les
différents outils qui sont nécessaires pour le
développement de ce secteur-là, de même que pour une
espèce de mise en marché. Et j'aimerais vous souligner que nous
croyons que la demande au niveau du granit, particulièrement du
côté américain, va augmenter considérablement au
cours des prochaines années. Personnellement, je sens toujours au
Québec un manque d'intérêt de la part des investisseurs
pour ce secteur d'activité et c'est très regrettable.
Pour ce qui est de la nature même des études et des
recommandations, je ne sais pas, peut-être que M. Lebuis pourrait
répondre à votre question. Si vous voulez un jour faire un
discours, une présentation à une chambre de commerce de cette
région-là pour démontrer l'importance qu'on veut accorder
à ce secteur-là, je suis certain que M. Lebuis ou quelqu'un
d'autre du ministère se fera un grand plaisir de se rendre chez vous et
puis de vous montrer exactement où en est rendu ce
marché-là. On pense qu'il y a effectivement beaucoup de
potent»). M. Lebuis.
M. Lebuis (Jacques): Jacques Lebuis. Effectivement, le granit est
un matériau qui connaît une très forte croissance. Si on se
reporte 10 ans en arrière, il n'y avait à peu près pas de
production de granit comme matériau de construction. C'étaient,
comme vous lavez dit, surtout des monuments. Maintenant, on remarque une
très forte production de matériaux de granit transformé et
qu'on peut vendre ensuite sur le marché américain. Les Japonais
sont très friands également des granits produits au
Québec. Alors, c'est un marché qui devrait continuer à
connaître une croissance intéressante. Et le défi pour le
Québec, c'est non seulement d'extraire un matériau, mais c'est
aussi de le transformer sur place pour le commercialiser comme un produit fini,
prêt à utiliser.
L'Association des producteurs de granit a également entretenu et
continue d'entretenir d'excellents contacts avec des sociétés
d'architectes, les associations d'architectes également pour faire
connaître notre produit qui est utilisé dans les grands
édifices. Cost un produit do prestige ôgalemont, on plus
d'être un produit écologique, comme vous lavez fait remarquer
Alors, c'est un produit qui se vend bien pour ceux qui veulent construire des
édifices à la marque de leur entreprise et qui s'exporte bien
également à l'extérieur des États-Unis.
Le Président (M. St-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Benoit: Est-ce que le potentiel est aussi grand que les gens
de notre région le prétendent? Le ministre y a répondu un
peu. Mais pourquoi ça ne lève pas aussi vite que je pense que
ça devrait lever? Est-ce que c'est une culture qui fait que dans notre
coin les gens font des monuments? Ils ont de la misère à
s'adapter au niveau de leur équipement. Qu'est-ce qui fait qu'on ne
semble pas aller aussi vite que je croirais qu'on pourrait ou devrait aller? Et
est-ce que ces études-là, encore une fois, ont
démontré un potentiel plus grand que celui qu'on exploite?
M. Lebuis: Bien, c'est vrai que dans votre région il y a
un changement de mentalité. D'ailleurs, il y a des études qui ont
été demandées par des gens de votre région pour,
justement, voir de quelle façon on peut réorienter la production
de granit dans votre région. Maintenant, il y a quand même
passablement de concurrence aussi. Il y a l'Ontario qui en produit beaucoup. Il
y a d'autres pays. Il y a des granits maintenant qui sont produits par le
Brésil, môme. Il y a des variétés qui sont produites
en Scandinavie également. Il y a donc une certaine compétition
à l'heure actuelle. Alors, ça demande peut-être beaucoup de
volonté de la part de nouveaux producteurs et ça prend des
études de marché qui soient très raffinées
également pour être certains qu'on investit dans les bons
créneaux.
Maintenant, en dépit de la forte concurrence, le granit produit
au Québec a une très bonne réputation et les producteurs,
depuis plusieurs années, ont appris à livrer de la marchandise de
bonne qualité et en respectant les échéanciers aussi. Dans
la région de Boston, par exemple, il y a beaucoup de nouveaux
édifices qui sont construits... Dans le nouveau centre-ville de Boston,
je devrais dire, il y a beaucoup d'édifices qui sont construits avec des
granits du Québec. Alors, il y a un potentiel certain et votre
région est parmi celles qui devraient connaître une
croissance..
Le Président (M. St-Roch): Dernière additionnelle,
M. le député d'Orford.
M. Benoit: Dans les compagnies que j'ai pu visiter, il m'a
semblé y avoir deux types: le type bien équipé avec du
nouvel équipement vraiment moderne et des compagnies de type familial
qui n'ont pas évolué. Par contre, celles de type familial qui
n'ont pas évolué sont certainement en plus grand nombre que les
nouvelles compa-
gnies. Est-ce qu'on aide à mettre ces compa gnies-là
très modernes pour les années à venir? Je pense aux
compagnies, entre autres, familiales ou de type familial.
M. Lebuis: En fait, toutes les entreprises sont admissibles
à des assistances gouvernementales. Quand il s'agit de transformer le
granit, c'est surtout la SDI qui est impliquée là-dedans. Notre
ministère produit les avis sectoriels pour encourager ou non, ça
dépend du produit qui est fabriqué. Mais toutes les entreprises
sont admissibles aux programmes d'assistance financière du
gouvernement.
M. Benoit: Merci.
Le Président (M. St-Roch): C'est tout, M. le
député d'Orford?
M. Benoit: Oui.
Le Président (M. St-Roch): Merci, M. le
député d'Orford. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, tout à l'heure,
lorsqu'on parlait du Contro do rochotchos minérales, si j'ai bien
compris, M. Roy, dans votre exposé, vous nous disiez que vous
investissiez 2 000 000 $ dans la question du... Ça, c'est pour
l'exercice qui vient.
M. Roy: Cinq ans.
M. Claveau: Ah! C'est sur cinq ans. O.K. 2 000 000 $ sur cinq
ans, ça ne fait quand même pas des sommes énormes. Est-ce
que c'est parce que le niveau de recherche dans ce secteur-là demande
très peu d'investissements finalement et plus d'apport de matière
grise ou si c'est parce que les projets dont on a à traiter sont
plutôt limités?
M. Roy: Non, c'est qu'on s'est entendu avec les autres
participants a ce programme de recherche coopératif. Le programme
coopératif initial était de 12 500 000 $. La superficie des parcs
à résidus acides au Québec est d'à peu près
30 % du total des parcs à résidus qu'on retrouve au Canada. C'est
simplement en appliquant ce même pourcentage-là à l'effort
financier global qu'on est arrivé à une contribution, tenant
compte de la participation fédérale également, de 2 000
000 $ sur les cinq prochaines années.
M. Claveau: Et cet argent-là est réparti de
façon égale, année par année ou...
M. Roy: Oui. Pour cette année, c'est 400 000 $ qu'on a
fait porter au budget et on prévoit que ça va être un
effort à peu près continu sur les cinq prochaines années.
Mais il n'est pas exclu que, si on devait accélérer, par exemple,
les programmes de recherche, il pourrait y avoir des variations, mais la
planification est basée sur 400 000 $ annuels.
M. Claveau: Donc, cette année, 400 000 $, ça veut
dire, ça, que pour cet élément-là du programme
Assistance scientifique et technologique, il nous reste encore 500 000 $
d'ajout au budget de l'année dernière. Où est
affecté cet argent-là?
M. Roy: Essentiellement, en fait, le Centre de recherches
minérales ou bien exécute lui-même un certain nombre de
travaux de cette nature-là avec des entreprises ou il peut confier des
contrats aux universités en coopération avec les entreprises
concernées, mais toujours sur une problématique reliée aux
résidus miniers acides qui s'appliquent aux sites particuliers des mines
québécoises, mais qui sont également d'un
intérêt pour l'ensemble des producteurs canadiens et qui seront
versés à cette banque d'expertise globale qu'on essaie de
développer pour trouver des solutions vraiment efficaces aux
problèmes.
M. Clavoau: Mais la, moi, |o parlais dos 500 000 $ qui restent
sur la balance. L'année passée, on avait 9 300 000 $; cette
année, on a 10 200 000 $; donc il y a 900 000 $ de plus de
crédits. De ça, vous me dites qu'il y en a 400 000 $ qui s'en
vont dans les parcs à résidus miniers, il reste 500 000 $.
Où est-ce que va être affectée cette augmentation de 500
000 $ sur les crédits globaux?
M. Roy: Je m'excuse, je n'avais pas saisi le sens de votre
question. L'autre partie de l'augmentation importante du Centre de recherches
minérales provient de l'augmentation de son budget de base qui est
automatiquement indexé par le Conseil du trésor en fonction de
l'augmentation de son volume d'affaires en commandite. Si le CRM réussit
à augmenter sensiblement les contrats, que ce soit à
l'usine-pilote ou ailleurs, qu'il transige avec des sociétés, il
est certain que ça implique l'embauche de personnel additionnel, souvent
du travail en temps supplémentaire, des fournitures de toutes sortes
pour traiter des matériaux. Il faut donc avoir une façon de
suivre, si on veut, la demande au niveau des contrats. Il faut bien souligner
aussi qu'il y a quand même une partie importante de ces travaux-là
qui, étant réalisée en commandite - c'est de l'ordre de 2
200 000 $ - est remboursée au gouvernement et, donc, au fonds
consolidé. Alors, il nous faut un mécanisme qui nous permette
d'ajuster notre capacité de travailler au volume d'affaires qui est
demandé au CRM. Il y a donc une augmentation du budget de base qui
provient de ça. Le reste de l'augmentation du CRM provient du volet
technologique de l'entente auxiliaire qui a été introduit, le
11e volet dont on a parlé tantôt. Il y a donc eu une partie
des crédits qui a été réaffectée, à
l'intérieur de l'entente, dans un volet technologique, au Centre de
recherches minérales et c'est l'augmentation des travaux sur le volet
technologique qui explique le reste de l'augmentation des crédits du
CRM.
M. Claveau: En termes d'assistance aux prospecteurs, question
échantillonnage, etc., et au niveau aussi de l'assistance quant à
la mise en place de moulins à graphite, si je peux appeler ça
comme ça, dans ce volet-là, est-ce que le Centre de recherches va
garder le même niveau d'activité qu'il avait antérieurement
ou s'il y a des tendances à la diminution ou à
l'augmentation?
M. Savoie: Le Centre de recherches est toujours en augmentation.
Si on pouvait avoir une petite précision sur votre question, je pense
que ça nous aiderait un petit peu.
M. Claveau: Par exemple, on parle beaucoup, au moment où
on se parle, de matériaux, de métaux stratégiques, bon,
différents métaux que l'on retrouve dans le sol. Je sais
même que dans ma région on parle souvent de certaines pistes de
travail que vous aviez données vous-même, M. le ministre, entre
autres, à des gens de Matagami, lors d'un colloque ou d'une rencontre
avec eux, en disant: Dans le Nord, effectivement, il y a un certain nombre de
métaux stratégiques que l'on a identifiés et sur lesquels
on pourrait éventuellement miser dans les années qui viennent.
Par exemple, dans ce sens-là, est-ce que le Centre de recherches
minérales prévoit faire quelque chose de spécial ou
augmenter ce qu'il fait déjà dans la recherche et l'analyse du
potentiel de minéraux stratégiques, des métaux
stratégiques?
M. St-Cyr (Jacques): Dans la mesure où nous ferions du
travail sur des métaux stratégiques, je pense que ce serait en
demande de la part de la géologie. Je ne sais pas si le Dr Lamarche peut
dire quelque chose. Il se fait du travail, par exemple, sur les terres rares et
le CRM peut être appelé à effectuer des analyses sur les
échantillons provenant des terres rares du Québec qui nous
seraient soumis Sur d'autres matériaux sophistiqués, il n'y a pas
de recherche qui se fait actuellement au CRM du côté de
l'exploration, du côté des projets...
M. Claveau: Changement de volet, du côté des
relevés géoscientifiques, est-ce qu'il se fait quelque chose de
la cartographie, des localisations d'indices de métaux
stratégiques?
M. Savoie: Bien, il y a quelques dossiers spécifiques.
Avant de passer la parole au Dr Lamarche, je pourrais peut-être vous
souligner qu'il y a quelques sites qui sont identifiés au niveau des
terres rares, des choses comme ça qui vont jouir de montants
additionnels sous peu. Il y a des annonces qui devraient se faire sous peu,
entre autres sur la Côte-Nord et qui affecteront la Côte-Nord en ce
qui concerne des investissements additionnels. Je pense également qu'il
y a un petit problème. Au niveau des matériaux
stratégiques, il faut bien penser que, lorsque je parlais de
matériaux stratégiques, je parlais, je crois, à Matagami,
dans le sens que je vois toujours l'Afrique du Sud comme exportant plusieurs
minéraux au Québec et en Amérique du Nord, qui finalement
peuvent être produits en partie par le Québec. Dans ce
sens-là, je voyais là une mise en marche d'une idée
voulant que le Québec commence déjà à se
préparer pour remplacer certains des métaux qui nous sont
exportés par l'Afrique du Sud, croyant toujours là qu'à
long terme, plutôt qu'à court terme et à moyen terme,
l'Afrique du Sud va devenir politiquement déstabilisée et qu'il
sera intéressant pour le Québec de remplacer cette production
provenant de l'Afrique du Sud, compte tenu du fait que l'Afrique du Sud ne sera
plus en mesure de le produire.
M. Claveau: Mais, au moment où on se parle, on sait que
l'industrie minière québécoise se base, pour l'essentiel,
sur certains métaux de base et des métaux...
M. Savoie: Précieux.
M. Claveau: ...avec des valeurs un peu plus élevées
du genre or, argent et peut-être un peu de platine ici et là.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: Mais est-ce que les indices que l'on connaît
actuellement sont suffisants pour permettre de croire qu'on pourrait, dans un
horizon prévisible, modifier substantiellement la structure de notre
industrie minière pour lui permettre de se situer dans des
minéraux, des matériaux d'avant-garde sur le plan
technologique?
M. Savoie: D'avant-garde. Vous savez que la production
minière du Québec, c'est d'abord le fer. Alors, il y a vraiment
plus de 1 000 000 000 $ au niveau de la valeur des expéditions
québécoises en fer. Ensuite, évidemment, l'or, le cuivre
et le zinc occupent une bonne partie de notre production. Je pense que, pour
prévoir que ça va modifier le visage de notre production, je ne
le crois pas. Bien au contraire. (21 h 45)
Je pense qu'il serart intéressant d'entendre le Dr Lamarche sur
ces matériaux qui, finalement, lorsqu'ils débouchent sur une
production.
vont probablement donner naissance à plus d'emplois. Je serais
intéressé, moi aussi, à écouter le Dr Lamarche. Il
me semble que ça fait une "secousse" que je ne l'ai pas entendu parier
de ce sujet-là, des indices qui existent au niveau de certains
minéraux et terres rares qui sont utilisés en haute
technologie.
M. Lamarche: Robert Lamarche. Comme le disait le ministre, ce
n'est sans doute pas ce qui va changer la face minière du Québec,
les éléments de haute technologie, terres rares ou autres,
puisque ce sont des éléments qui, lorsqu'ils sont
exploités, représentent un très faible tonnage, puisque la
consommation mondiale de certains de ces éléments, l'yttrium, par
exemple, se chiffre dans les quelques centaines de tonnes, la consommation
à travers le monde. Alors, je ne pense pas qu'on puisse compter sur,
soit les éléments des terres rares ou sur d'autres
éléments de haute technologie pour remplacer les métaux
usuels qui sont exploités au Québec, le sous-secteur du fer, par
exemple, ou des métaux précieux.
Il ne faut quand même pas oublier que le niobium fait partie des
métaux du groupe dit de haute technologie et, comme vous le savez, on en
a une mine qui est en exploitation au Québec, celle de Niobec.
J'ajouterais peut-être que le gisement qui représente à peu
près le plus fort potentiel d'exploitation pour ces
éléments au Québec présentement, c'est celui qui
repose juste à la frontière entre le Québec et le
Labrador, celui du lac Brlsson qui est à plusieurs centaines de
kilomètres au nord de Scheffervllle. C'est un endroit qui est
très retiré et il va falloir que ce gisement s'avère
contenir de bonnes quantités d'yttrium, de zirconium et d'autres
éléments pour pouvoir être mis en production de
façon rentable.
M. Claveau: Dans le fond, on ne peut pas nier qu'au Québec
on retrouve toute une gamme de produits, comme vous dites, peut-être pas
toujours commercialisables ou dont la demande sur le marché ne justifie
peut-être pas les investissements. Mais, quand on voit des rapports, par
exemple, d'échantillonnages sur certaines propriétés
minières dans le polymétalli-que où on retrouve
jusqu'à 15 ou 20 éléments différents avec des
traces, des quantités qui dépassent l'état de simple
traces, dans le fond, on se dit qu'à la limite, si on investissait
là-dedans d'une façon peut-être un peu plus substantielle
ou en développant des techniques d'approche pour ce genre de produit
là, on finirait peut-être par trouver quelque chose. Le cas du
niobium a Saint-Honoré est un cas isolé. Encore là, on
sait comment ça a été trouvé. Ce n'est quand
même pas à partir d'une recherche vraiment très
poussée dans ce domaine-là. Il est fort probable qu'il existe sur
le territoire québécois d'autres dépôts de
matériaux sembla- bles. Enfin, moi, je me demande personnellement si on
ne devrait pas analyser ou regarder d'une façon un petit peu plus
précise la possibilité de développer une expertise plus
avancée dans la recherche de ces métaux-là.
M. Savoie: II faut dire que le CRM travaille actuellement dans ce
domaine-là au niveau de certains minéraux industriels. Il faut
savoir qu'il y a beaucoup de minéraux industriels où il n'y a pas
vraiment de sex-appeal. Je pense au talc, des choses semblables qui sont
utilisées, par exemple, au niveau de la fabrication des choses, comme la
peinture ou le dentifrice, des choses comme ça, qui n'ont pas
vraiment... mais qui sont appelées à se développer. Je
pense que le CRM travaille très activement dans ce
secteur-là.
M. St-Cyr: Le CRM porte surtout ses efforts justement sur la
recherche de procédés qui puissent conférer ou ajouter une
valeur à nos minéraux industriels, aux produits minéraux
du Québec qui sont peut-être, à leur valeur initiale, de
valeur beaucoup moins élevée. C'est le gros de notre travail et
c'est le gros de nos efforts plutôt que la recherche de métaux
rares ou de matières précieuses.
M. Savoie: Oui. On pense, par exemple, au projet Magnola au
niveau du magnésium. On pense également, par exemple, à
toute la question du graphite qui, me dit-on, doit être utilisé
davantage. Comment est-ce que les Américains appellent ça? C'est
du "space age material". Je ne sais pas si vous vous rappelez le nouveau
bombardier américain qui était le "phantom bomber", je ne sais
pas trop quoi, en tout cas, qui réussissait à échapper
tant bien que mal à la détection, qui était composé
en bonne partie, au niveau de ses ailes et d'autres éléments, de
graphite. On va voir le graphite apparaître de plus en plus. Je crois
que, sur certaines voitures de luxe, il y a beaucoup de graphite. J'ignore
pourquoi, n'ayant pas de voiture de luxe, ni les moyens de me taper une voiture
de luxe. Ça vous donne une idée. On voit justement malgré
le fait que ça représente des difficultés, le
développement des gisements de graphite, à cause du fait que
justement c'est un marché qui est plus ou moins captif de la Chine, que
le Québec fait des efforts, je pense, considérables pour
développer ce minerai industriel là.
M. Claveau: Je voudrais juste demander, pour mes fins
personnelles, si on ne pourrait pas parler un peu plus fort dans la mesure
où je suis un peu dur d'oreille, comme reliquat de ma vie de mineur
pendant quelques années.
M. Savoie: Je pense que ça a passé sur le.. Oui.
Alors, je vais tâcher de m'approcher un petit peu plus. C'est parce que
le café n'a pas encore fait son effet, M. le député.
M. Claveau: Ça doit être ça.
Le Président (M. St-Roch): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Claveau: J'ai demandé à la CSST et ils ne
veulent pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la députée.
Avenir de la tourbe
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Je sais qu'au niveau
des mines il y a des secteurs qui sont très importants. Je vais vous
parier d'un qui l'est pour ma région, mais peut-être moins de
façon globale pour tout le Québec, c'est celui de la tourbe. On
sait que, dans le moment, dans tout le secteur de la tourbe, les
propriétaires et les exploitants ont des difficultés, non
seulement dans ma région, mais tous les exploitants. J'aimerais savoir
si le ministre ou le ministère a des études, savoir, quelles sont
les projections pour l'avenir à court, moyen et long termes. Est-ce
qu'on peut sortir de ces difficultés-là de marché? Quelles
sont vos projections?
M. Savoie: Je pense que vous êtes fort modeste au niveau de
l'importance de la tourbe. La tourbe...
Mme Dionne: Je faisais une comparaison, mettons, face à
l'or.
M. Savoie: Ah oui! C'est sûr que c'est moins "sexy" que
l'or, mais il reste quand même que c'est important pour le Québec.
Je pense que c'est important pour plusieurs régions, dont la
vôtre. Je sais que, sur la Côte-Nord et également dans mon
comté plutôt...
Mme Dionne: Oui, vous en avez un peu.
M. Savoie: ...il y a une petite production qui a quelques
difficultés, mais il y a évidemment pour le Québec, me
dit-on, énormément d'avenir au niveau de la production de tourbe.
Et j'y crois. Comme vous le savez, au niveau de la tourbe, actuellement, on
traverse une période un peu difficile. On a de la misère avec la
température en Abitibi et sur la Côte-Nord. Je crois que M.
Bernard, chez vous, a dû fermer temporairement quatre de ses
unités de production.
Mme Dionne: Oui, effectivement.
M. Savoie: II nous dit, apparemment, que, si ça va un
petit peu mieux au niveau de la température, au niveau des
marchés, il y en a peut-être deux qui vont rouvrir sous peu.
Ce qu'on cherche à faire, c'est compte tenu du fait qu'on produit
beaucoup pour le marché américain, presque exclusivement pour le
marché américain... On a eu des rencontres avec l'Association
canadienne de la mousse de tourbe et de sphaigne. Ils sont venus nous
rencontrer, il y a un an et demi, et nous ont présenté un projet
qui vise justement à développer une politique de marketing aux
États-Unis, qui vise à faire front commun pour mieux vendre le
produit essentiellement québécois, parce que ça provient
du Québec et du Nouveau-Brunswick, sur les marchés
américains. Nous avons accordé une subvention de 170 000 $, parce
que c'est une participation conjointe avec l'industrie et le gouvernement
fédéral, pour l'aider à réaliser cette approche de
marketing pour que, finalement, les marchés américains soient
plus sensibles à l'utilisation de la sphaigne pour des jardins, des
préparations de paysagistes. Alors, on pense qu'on est en mesure d'y
répondre et d'accroître notre participation dans le marché.
Et on espère que les Américains vont réagir favorablement
à ces interventions-là. On pense qu'il y a une forte croissance
possible sur les marchés américains, tel que nous le
présente l'association canadienne des producteurs.
Mme Dionne: En fin de compte, le montant de subvention à
l'Association, c'est pour l'aspect marketing, pour vraiment
pénétrer le marché américain à partir du
produit tel qu'il est...
M. Savoie: Oui.
Mme Dionne: ...qui est, dans le moment, vraiment de ia
matière première.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Dionne: Dans la majorité des cas, je pense, on fait
l'ensachage et on l'exporte comme ça.
M. Savoie: C'est ça, c'est exactement ça. Et on
l'exporte très loin, aux États-Unis. Parce que, comme vous le
savez, une des qualités de la sphaigne, c'est justement qu'elle peut
absorber énormément d'eau. Donc, elle peut être très
utile dans des projets de jardinage, des choses comme ça, des
plantations d'arbres dans les centres-villes, des choses de cette
nature-là. Alors, ça suscite beaucoup d'intérêt. Je
pense à des gens qui ont des "talk shows" sur le jardinage, comme mon
oncle Bertrand qui est en train d'expliquer aux gens comment faire pousser les
roses. Il y a des approches qui se font concrètement vers ces
gens-là pour leur démontrer l'importance de souligner au grand
public l'utilisation de ces produits-là, le fait que la tourbe
canadienne est la meilleure. Lorsqu'on parle de tourbe canadienne, on parle
essentiellement de la tourbe québé-
coise. Il faut encourager les grands centres aussi, chez nous, qui font
énormément de recherche et de développement de ce
côté-là, qui font des analyses sur la meilleure
façon de présenter leurs produits, de les rendre plus accessibles
à leur marché.
Mme Dionne: Est-ce qu'aussi, en même temps, vous avez
regardé la possibilité de faire des... En tout cas, je sais
qu'ils font déjà des "mix" qu'ils appellent entre guillemets.
M. Savoie: Oui.
Mme Dionne: Parce que là, le taux de change a fait que
c'est beaucoup plus difficile de vendre aux États-Unis qu'avant.
M. Savoie: Oui.
Mme Dionne: Parce qu'il y avait quand même une marge
intéressante dans le passé. Et avec les coûts de transport,
parce qu'ils vont jusqu'en Floride... Mais au niveau de la transformation de la
tourbe, est-ce que, dans le moment, l'Association, le ministère et
peut-être le fédéral se sont penchés sur des moyens
de trouver des dérivés à partir de la tourbe, des
mélanges possibles qui seraient peut-être aussi
intéressants ou même plus intéressants aux
États-Unis que la vente de la matière première telle
quelle? Est-ce qu'on est rendu... Est-ce qu'il se fait des choses?
M. Roy: Onil Roy. Il se fait effectivement passablement de
recherche sur la tourbe. On sait que les laboratoires Premier ont des
installations de recherche importantes. Et il est peut-être important de
souligner la contribution, je pense que c'est le Centre de recherche sur la
biomasse, d'un des organismes gouvernementaux très
spécialisés d'assistance à la recherche. Et ce
groupe-là est intervenu notamment avec Premier et avec d'autres
producteurs de tourbe...
Mme Dionne: Avec Lambert, oui, c'est ça.
M. Roy: ...pour chercher des applications particulières,
notamment dans le domaine des filtres qui peuvent être utilisés
à divers usages, mais à base de tourbe. Et ce qui se fait dans le
domaine de la biomasse actuellement est essentiellement, à ma
connaissance, axé sur d'autres utilisations de la tourbe et il
s'investit quand même quelques millions de dollars annuellement pour
supporter les initiatives des producteurs dans le domaine. L'Université
de Sherbrooke est impliquée également ou l'était, je ne
sais pas si elle l'est autant que... Je pense qu'elle est toujours active dans
le domaine de la recherche. De sorte que, nous, au Centre de recherches
minérales, on n'a pas senti le besoin de développer une expertise
spécifique là-dedans pour ne pas entrer en concurrence ou doubler
ce qui se fait déjà dans des centres privés, de même
que des centres de recherche universitaire qui Oht déjà acquis
une réputation importante dans le domaine.
Mme Dionne: Est-ce que vos renseignements vous disent maintenant
qu'on est rendu quand même... Vous parlez des filtres qui sont quand
même un dérivé intéressant, puisque c'est au niveau
environnemental en particulier. Est-ce qu'il y a d'autres produits qui sont
à l'essai? Parce que ça ne fait pas longtemps que, dans le
domaine des tourbes, on a pris un virage recherche et développement. Je
sais que Premier a fait des grands pas. Je regarde chez Lambert, Berger inc,
ils ne sont peut-être pas aussi agressifs au niveau de la R et D que
Premier l'a été, mais est-ce qu'on sent que ça va aboutir
prochainement ou si on est très conservateur encore?
M. Roy: II y a des compagnies majeures comme Johnson &
Johnson, par exemple, qui ont travaillé pendant une dizaine
d'années avec des tourbes du Lac-Saint-Jean pour développer, dans
le domaine des couches de bébé, par exemple, des couches beaucoup
plus absorbantes, plus minces et extrêmement performantes,
biodégradables. De sorte que c'est une application qui va soutenir une
cinquantaine d'emplois dans la région du Lac-Saint-Jean et ça,
c'est un peu une première dans ce type d'application et c'est
effectivement très prometteur. De sorte qu'il y a des avenues qui
s'avèrent prometteuses.
Mme Dionne: J'imagine que vous les encouragez à continuer
dans la diversification.
M. Roy: Effectivement, on a soutenu plusieurs projets. Au niveau
des études technico-économiques, c'est un programme qui se veut
orienté vers ça, à savoir non pas la recherche comme
telle, mais plutôt les aspects d'études de marché.
Lorsqu'on a quand même une hypothèse de produit bien cerné
et qu'on veut développer de nouveaux marchés, il s'agit de voir
si les perspectives sont effectivement celles qu'on pense a priori y trouver.
Ce programme-là vise à partager les coûts de ces examens de
marché ou à évaluer les coûts techniques de mise en
production de nouvelles choses. C'est pour ça que vous retrouvez Faffard
& frères notamment parmi les entreprises, Premier et un certain
nombre d'autres entreprises.
Mme Dionne: O.K. Merci.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Je vais maintenant
reconnaître M. le député d'Ungava. (22 heures)
Investissements dans la région de
Chibougamau-Chapais
M. Claveau: Oui, M. le Président. Changement de propos.
Lors de l'annonce que vous avez faite à Chibougamau tout
dernièrement quant à la possibilité d'un plan de relance
pour le secteur, je vous avais demandé, M. le ministre, s'il
était possible d'avoir les chiffres, les statistiques des
investissements globaux, le total des investissements des cinq dernières
années de SOQUEM dans le secteur et la même chose en termes
d'investissements du ministère de l'Énergie et des Ressources
quant à ses différentes études et relevés sur le
terrain, afin de pouvoir comparer l'impact qu'auraient les 20 000 000 $
d'addition des deux sur les cinq années qui viennent, en fonction de ce
qui s'est fait au cours des cinq dernières années. Est-ce que
vous possédez ces chiffres-là?
M. Savoie: Oui, on les possède, peut-être pas pour
les cinq dernières années, mais au niveau du budget d'exploration
dans les trois dernières années budgétaires. On a
également eu l'occasion d'échanger avec le président de
SOQUEM ce midi; j'ai revu très rapidement avec lui la situation qui
existait à Chapais-Chibouga-mau et également les montants qui ont
été investis au cours des quelques dernières
années, l'année passée, et qui seront investis au cours
des cinq prochaines années. Vous comprendrez que ces montants sont assez
difficilement chiffrables pour l'avenir, parce que je peux vous dire que SOQUEM
est très optimiste quant à son gisement au sud de la
région de Chapais, qu'il y a là des indices qui sont de plus en
plus intéressants.
Pour vous donner des idées, par exemple, en ce qui concerne le
budget d'exploration, les dépenses du secteur mines, pour votre
région en matière de travaux d'exploration, on parle
peut-être de 31 % à 40 % des sommes dépensées en
Abitibi, sur l'ensemble des cinq années. La région de Rouyn vient
au premier rang, à cause de l'intérêt au niveau de l'or
pour la région. Mais la région de Chibougamau vient bonne
deuxième avec 31 % et celle de Val-d'Or avec un montant de 23 % quant au
budget d'exploration du MER-mines. À titre d'exemple, pour 1986-1987, on
parle d'un montant de 814 000 $; 1987-1988, 777 000 $; 1988-1989, 559 000 $.
Les montants varient énormément à cause des levés
géologiques, des travaux qui doivent être faits. Par exemple, sur
les trois dernières années, on parle d'un chiffre global de
l'ordre de 3 338 000 $ en tout et partout. Alors, c'est
considérable.
M. Claveau: Pour le ministère, ça?
M. Savoie: Pour les cinq dernières années, oui
c'est ça. C'est ça, les cinq dernières années
M. Claveau: Donc, le ministère aurait investi à peu
près 3 000 000 $ sur cinq ans?
M. Savoie: Oui. En levés, en études. C'est
ça.
M. Claveau: Et pour SOQUEM, vous nous avez donné des
pourcentages. Ça représente à peu près...
M. Savoie: Bien, pour SOQUEM... SOQUEM n'est pas dans ces
montants-là.
M. Claveau: O. K.
M. Savoie: II faut bien s'entendre: SOQUEM a
dépensé en 1989-1990, un montant de 3 000 000 $.
M. Claveau: La dernière année, ça?
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui. En 1988-1989, 2 905 000 $.
Depuis qu'on a demandé à SOQUEM de se pencher sur la
région... On a demandé à SOQUEM de se pencher sur la
région à compter de 1987-1988. Avant ça, par exemple, en
1984-1985, sous votre gouverne, SOQUEM a dépensé 1 200 000 $.
M. Claveau: Combien? M.Savoie: 1 200 000 $.
M. Claveau:En 1984-1985?
M. Savoie: Oui, en 1984-1985. En 1985-1986, encore sous votre
gouverne, le montant a été un petit peu augmenté; il a
été doublé à 2 500 000 $. Ça vous donne une
idée des montants qui sont dépensés par SOQUEM. Alors,
nous, ce qu'on cherche à faire, c'est le maintenir à plus de 3
000 000 $. Vous vous rappellerez qu'en 1985-1986 la région de
Chapais-Chibouga-mau était en crise profonde à cause de
l'effondrement du prix du cuivre, prix du cuivre qui est descendu à 0,
60 $ US en 1986 et dont la chute vertigineuse avait débuté en
1985, n'est-ce pas?
M. Claveau: L'année où les bureaux de SOQUEM ont
été ouverts à Chibougamau, d'ailleurs.
M. Savoie: C'est exact. Où il y avait eu une certaine
volonté de donner un petit coup de main à Chapais-Chibougamau
parce qu'on parle de villes mono-industrielles, à toutes fins pratiques.
Aiors, c'était assez difficile.
Alors, nous ce qu'on cherche à faire, c'est avoir une approche un
peu plus globale parce qu'on jouit d'une conjoncture favorable avec le prix du
cuivre qui est quand même à 1, 20 $ US et, personnellement, je
suis de ceux qui croient
que le prix va se maintenir à 1,20 $ encore pour plusieurs
années.
M. Claveau: C'est à souhaiter, parce que avec le prix de
l'or à 350 $...
M. Savoie: Oui, le prix de l'or à 350 $, c'est
intéressant. J'ai vu une étude là-dessus, sur le prix de
l'or, que j'ai pris le temps de lire qui, effectivement, disait que, si le prix
de l'or avait suivi de près le taux d'Inflation, aujourd'hui il devrait
se situer autour de 430 $ US, 440 $ US et actuellement il se situe, finalement,
à 370 $. Mais, par contre, on me dit également que c'est à
court terme que le prix de l'or devrait commencer à augmenter. On me dit
que, l'été, le prix de l'or normalement est bas et que,
l'automne, il a tendance à augmenter. Et ça, c'est une constante.
Ça nous a coûté 25 000 $ pour savoir ça. Alors,
ça vaut ce que ça vaut, mais ça vous donne une
Idée.
M. Claveau: On n'a qu'à regarder l'évolution du
prix de l'or au cours des 10 dernières années et ça...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...se voit à première vue.
M. Savoie: Une étude qui a été faite par une
firme américaine nous a indiqué qu'effectivement le prix de l'or
a tendance à baisser à partir des rapports d'Impôt et
à accentuer sa baisse au cours de l'été, quitte à
remonter dès le mois de septembre, quoique cette variation subisse des
exceptions. L'année passée, par exemple, la hausse du prix de
l'or n'a commencé que beaucoup plus tard qu'à l'automne. Alors,
il ne faudrait pas trop s'y fier. Vous savez, c'est quoi, le prix de l'or. Il y
a tellement de facteurs qui entrent en ligne de compte. Mais on nous dit
généralement que c'est à peu près ça, la
courbe.
M. Claveau: Lors de la même annonce, M. le ministre, vous
nous avez parlé d'un mandat que vous aviez donné au
président de la Société de développement de la Baie
James à l'effet d'évaluer des perspectives à plus long
terme quant au développement du secteur minier dans la région de
la Baie James en général, je ne sais trop. Est-ce que vous
pourriez nous préciser la teneur de ce mandat-là? Enfin,
qu'est-ce qui a été demandé très
spécifiquement au président de la Société de
développement de la Baie James?
M. Savoie: II faudrait remettre ce dossier-là, encore,
dans son contexte temporel. Il y avait, comme vous le savez, une crise
anticipée à Chapais-Chibougamau. On avait commencé
à sentir, dès les mois de janvier et février l'an
passé que, effectivement, les fermetures Iraient en s'ampltflant.
Dès 1986 d'ailleurs, on a commencé à Investir de l'argent
sur une base ad hoc dans la région pour aider les compagnies à
faire de l'exploration sur le chantier.
Or, en 1989, on sentait que les résultats voulus n'étaient
pas là et j'ai commencé effectivement à échanger
avec différents intervenants sur les solutions à apporter
à la région de Chapais-Chibougamau. Il y a eu évidemment
la période électorale qui a retardé
considérablement nos interventions et, finalement, au mois de novembre,
je me suis rendu à Chapais-Chibougamau rencontrer les syndicats, les
directeurs des compagnies, de même que des intervenants
socio-économiques. Et on a fait part de notre réflexion qui
était la suivante, c'est-à-dire que, d'abord, on doit intervenir
au niveau du court terme, immédiatement, et d'une façon
substantielle auprès de l'industrie minière et, pour le long
terme, on donnerait un mandat à différents officiers de l'OPDQ,
de même qu'à la SDBJ qui chapeauterait la réflexion et qui
assurerait un suivi important pour la région. La SDBJ prendrait en main
le long terme, c'est-à-dire la diversification de l'industrie, de la
base industrielle de la région de Chapais-Chibougamau, afin de voir de
quelle façon et Hydro et l'industrie forestière pourraient
intervenir au niveau de la région de Chapais-Chibougamau, de voir de
quelle façon des nouveaux services pourraient être
présentés pour cette région-là.
Par contre, au niveau du court terme, de la crise immédiate, de
la crise qui risque de sus-crter le plus grand intérêt de la part
des intervenants la-bas, la crise minière, suite à l'absence de
nouveaux gisements, nous nous sommes gardé ça et nous sommes
intervenus avec le pian que nous avons présenté il y a quelques
semaines, avec les montants. On va voir ce que ça va faire. Je ne
prétends pas que ce soit une solution magique et je ne voudrais surtout
pas susciter trop d'espoirs pour la région de Chapais-Chibougamau;
probablement qu'il va y avoir une rationalisation importante à faire au
niveau de la population là-bas, des infrastructures. Mais je pense que,
dans son ensemble, la région est quand même assurée de
suffisamment de gisements aurifères, cuprifères, pour assurer sa
survie encore pendant plusieurs années, mais non sans une certaine
période d'adaptation compte tenu du fait qu'on ne fait plus face
à des géants qui opèrent des grosses mines de cuivre, mais
plutôt à des petites opérations minières de cuivre.
Peut-être doit-on croire certains qui pensent qu'il y a encore de la
place à Chapais-Chibougamau pour une grosse découverte au niveau
du cuivre, mais, pour le moment, on va se contenter des grosses
découvertes dans la région de Val-d'Or au niveau du cuivre et du
zinc.
M. Claveau: Je vous avais bien parlé de votre fameuse
découverte à Val-d'Or comme si c'était vous qui l'aviez
trouvée, mais enfin...
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Libre à vous de le faire, c'est chez vous.
Quant à moi, je me demande, enfin je vous demande à partir de
quelle analyse, de quelle expertise, de quel type d'enracinement dans le
milieu, de quel niveau de connaissance ou de compétence
spécifique dans le domaine, vous avez cru bon de confier un tel mandat
à la Société de développement de la Baie James,
alors qu'il existait probablement dans le milieu d'autres instances qui
auraient pu aussi être approchées dans le même sens.
M. Savoie: Oui. Je pense que M. Levasseur a quand même
beaucoup de compétence. Il faut rappeler, par exemple, à nos
collègues qui ne sont pas au courant de la situation exacte pour la
région de Chapais-Chibougamau que Chapais et Chibougamau sont des
municipalités, bien sûr, mais, par contre, elles relèvent
de la Société de développement de la Baie James, dont M.
Levasseur est président, avec Lebel-sur-Quévillon...
M. Claveau: Aucunement, M. le ministre.
M. Savoie: C'est-à-dire que oui, absolument. Et, en
conséquence - et ça a été reçu très
favorablement par le maire, M. Blackburn, par le maire, M. Bérubé
et, je pense, par les chambres de commerce et les agents de
développement là-bas - avait le temps et pouvait faire
l'interface entre la région et le gouvernement pour s'assurer des
consultants, de l'accès, par exemple, à différents
officiers dans différents ministères, pour assurer une meilleure
réflexion possible. Je pense que M. Levasseur a suffisamment de vue
d'ensemble sur la région du secteur de la Baie James pour bien
connaître, en tout cas, la problématique du développement
de cette région-là. D'ailleurs, c'est un ancien résident
de Chapais-Chibougamau. Si ma mémoire est fidèle, il a
été directeur du centre hospitalier là-bas, il a
été très actif socialement, économiquement. (22 h
15)
M. Claveau: Tant qu'à y être au niveau du
curriculum, disons aussi qu'il a été candidat libéral en
1981 dans le comté.
M. Savoie: Ça...
M. Claveau: Vous avez approché le curriculum, M. le
ministre, on va y aller jusqu'au bout.
M. Savoie: Oui, évidemment, M. Levasseur, je pense qu'il a
une bonne connaissance de la Baie James. C'est quelqu'un qui est
impliqué à Amos dans des projets des plus stimulants. On pense
à Agri 2000, on pense à plusieurs projets non reliés aux
activités traditionnelles pour ce secteur-là où il est
intervenu avec un certain succès. C'est un homme d'affaires quand
même assez avisé. Il a du caractère, c'est une vraie
tête de boeuf quand II veut. Je pense qu'il est capable de mener à
bon port ce dossier à long terme.
M. Claveau: Est-ce que je dois comprendre que le mandat en
question a été donné plus au président de la
Société de développement qu'à la
Société de développement elle-même?
M. Savoie: Ça a été donné à la
Société de développement et probablement à cause du
fait que c'était M. Levasseur qui est président.
M. Claveau: Est-ce que ce mandat-là entraîne
certaines dépenses de la part du ministère ou une collaboration?
Je suppose qu'il y a des frais qui vont être liés à
la...
M. Savoie: Non. Il faut voir la SD là-dedans un peu comme
catalyseur, organisateur, quelqu'un qui va stimuler la réflexion qui se
fait pour le camp minier de Chapais-Chibougamau. Alors, c'est un intervenant,
rassembleur, initiateur, catalyseur, dans ce style-là, pas tellement
quelqu'un qui va parier du haut de sa chaise. On n'est pas dans le Parti
québécois.
M. Claveau: Comment dites-vous? Ça doit être mon
oreille qui m'a encore joué un mauvais tour.
M. Savoie: Vous savez comment c'est, les oreilles, hein? Non,
non. Sérieusement, M. le député, vous savez fort bien, je
pense, que les décisions là-dessus ont été prises
après consultation. Je pense que c'est favorable et je n'ai pas à
faire la louange de M. Levasseur plus qu'il faut. Je pense qu'il va bien faire
ça. Ça prend quand même quelqu'un qui va faire
l'unanimité avec M. Bérubé, qui est le maire de Chapais,
et M. Blackburn, qui est le maire de Chibougamau. Je ne voulais pas nommer
quelqu'un, soit de Chapais, soit de Chibougamau, pour établir ces
consensus-là. Je pense que M. Levasseur est tout à fait capable.
Il le fait, je vous le fais remarquer, à titre bénévole.
Il n'y a pas de rémunération additionnelle. Il travaille avec ses
budgets existants et je pense qu'il fait ça de bon coeur et avec une
volonté de desservir les populations locales. Alors...
M. Claveau: L'avenir nous le dira. J'aurais quand même
souhaité, en ce qui me concerne, que...
M. Savoie: Que je nomme un péquiste.
M. Claveau: ...les instances du milieu soient plus
impliquées. À ce moment-là, on avait une corporation de
développement économique dont c'était le rôle et le
but et qui, finalement, a fini par agoniser peut-être à cause de
toutes sortes
d'interventions comme ça qui font qu'en bout de piste on ne sait
plus à quel saint se vouer, qui dit qïio), qui parie au nom de quoi
et qui est responsable de quoi. En ce qui me concerne, je crois que le
développement régional doit passer par une concertation
peut-être un peu plus intensive et un minimum de regroupement des
efforts. Ce n'est pas parce que j'en ai comme tel à la
Société de développement de la Baie James dans ce
dossier-là; c'est parce que je suis de ceux qui ont été
particulièrement surpris de la façon dont on avait mandaté
un intervenant externe, somme toute, un résident môme hors
comté, pour faire ce genre de démarche au nom d'élus et de
gens impliqués dans le milieu dans ces dossiers-là et qui avaient
tout aussi bien les compétences de le faire selon toute
évidence.
M. Savoie: Boni Vous permettez qu'on fume, M. le
Président?
Le Président (M. St-Roch): Vous êtes le bienvenu, M.
le ministre.
M. Savoie: Merci, M. le Président, pour votre
bienveillance.
Comité sur la sécurité dans les
mines
M. Claveau: Cela dit, j'aimerais aborder un autre dossier pour le
moment concernant la question de la CSST. On me dit que le ministère ou
le ministre ou le cabinet du ministre ou je ne sais qui aurait mis en place un
comité suite à certaines données fournies par la CSST, qui
travaillerait à élaborer une évaluation globale de la
situation de la sécurité dans les mines. Est-ce que vous pourriez
nous préciser, pour le bénéfice de la commission, de quoi
il s'agit?
M. Savoie: Oui. Je vous remercie beaucoup, M. le
député, de m'avolr donné l'occasion de peut-être
rappeler à la commission ce comité d'étude, son mandat et
sa composition. Je pense que c'est très Important, effectivement.
Comme vous le savez, ça ne relève pas directement du
secteur mines. Je pense qu'il faudrait que ce soit bien clair. Ça
relève surtout du ministre du Travail et je pense aussi, en bonne
partie, Indirectement, du ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mais, par contre, venant d'une région minière, étant
ministre des Mines, j'ai une certaine responsabilité pour la
sécurité des opérations minières au Québec.
Comme vous le savez, en 1989, nous avons eu huit accidents mortels au niveau de
l'industrie minière. C'est beaucoup et je crois que c'est trop. Bien
sûr, on se compare quand même assez avantageusement, au niveau des
données sur les accidents dans les mines, avec l'Ontario et la
Colombie-Britannique. Un officier de sécurité m'a
déjà dit que l'Ontario, par exemple, en 1989, avait subi 17
accidents mortels. Je sens qu'effec- tivement il y en a trop d'accidents
mortels, beaucoup trop.
Évidemment, c'est inacceptable et j'ai décidé
d'assumer la responsabilité de la création d'un comité.
Ça a pris plusieurs mois pour obtenir une participation de tout le
monde, la coopération des syndicats, des différents
ministères, des intervenants dans ce dossier-là. Finalement, je
pense qu'on a réussi et, au mois de février, l'ensemble des
intervenants était en marche. Nous avons nommé sur ce
comité-là M. Antonio Bruneau, qui était chef syndical pour
les Métallos pendant de nombreuses années; M. Michel Lefebvre, de
la compagnie Noranda, qui a certainement une très grande expertise au
niveau des opérations minières. Nous avons également
demandé à l'ancienne directrice régionale de la CSST de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue, à cause de ses
connaissances et, je pense, de son intérêt pour cette
question-là, de participer à ce comité avec quelqu'un de
chez nous, M. Jean Beaulieu, pour faire une réflexion sur l'ensemble du
secteur mines et des accidents mortels qui y sont reliés. Alors, ils se
sont structurés et je pense que, cet été, ils veulent
ramasser la documentation sur les accidents mortels, les notions de
sécurité, le problème de la sécurité. Ils
vont entendre les différents intervenants, que ce soit syndicaux,
patronaux. Ils vont regarder ce qui se fait ailleurs et on va refaire notre
réflexion. Je pense que c'est particulièrement pertinent
après l'accident de Belmoral il y a 10 ans.
M. Claveau: Presque jour pour jour.
M. Savoie: Effectivement, on constate qu'au cours des trois ou
quatre dernières années, le nombre d'accidents a grandement
augmenté.
Alors, ils vont voir à ces éléments, à toute
la question, de quelle façon on conçoit la sécurité
au niveau des opérations minières, de quelle façon c'est
géré, quel est le problème. Est-ce que, effectivement, il
y a un problème? Est-ce que ce sont tout simplement des accidents de
parcours? Est-ce qu'on va trop vite? Est-ce que c'est relié aux primes
de rendement? Est-ce que c'est relié à la nature? Est-ce que
c'est tout à fait accidentel, le fait qu'on a subi plusieurs
décès à court terme ou est-ce que c'est dû à
des erreurs? Bien que je soupçonne qu'il y ait un problème
structurel, je veux mettre le doigt dessus et c'est ce que le comité
doit faire. C'est une belle initiative, je pense.
M. Claveau: Mais le mandat exact? Je suppose que ces
gens-là ont été contactés à partir d'un
mandat exact. Est-ce que...
M. Savoie: Oui. Le mandat exact était de répondre
à deux questions précisément.
M. Claveau: O.K.
M. Savoie: Alors, pourquoi y a-t-il eu autant d'accidents mortels
en 1989 et que doit-on faire pour l'avenir?
M. Claveau: il y en a eu combien, d'accidents mortels?
M. Savoie: il y a eu huit accidents mortels en 1989; il y en a eu
trois en 1988, sept en 1987, six en 1986, deux en 1985, cinq en 1984, un en
1983, un en 1982 et quatre en 1981.
M. Claveau: Vous avez parlé du financement de ce
comité-là. Comment ça va se financer et qui paie pour le
comité? Et est-ce qu'il y a des permanents, est-ce qu'il y a quelqu'un
qui est payé d'une façon plus précise pour travailler?
M. Savoie: Oui. Il y a des gens qui sont
rémunérés pour participer; évidemment, il y a les
frais de déplacement et tout ça. On a fait une évaluation
des coûts approximatifs et c'est très élevé.
Ça coûte très cher, ces affaires-là.
M. Claveau: Le budget est très élevé? M.
Savoie: Oui. Ça coûte très cher, hein. M. Claveau:
Combien?
M. Savoie: Bien, à date, un premier estimé
évalue les coûts de cette opération-là à plus
de 100 000 $.
M. Claveau: Et c'est payé par le ministère
ou...
M. Savoie: Bien là, on ne sait pas exactement qui va payer
la note, sauf que, pour le moment, nous l'assumons et on va trouver un
mécanisme pour assurer...
M. Claveau: Et est-ce qu'il y a quelqu'un qui est engagé
en permanence, salarié, pour le temps du mandat?
M. Savoie: Non. Personne.
M. Claveau: C'est une rémunération à l'acte,
genre volontaire comme on a...
M. Savoie: Non. Bien, je ne crois pas qu'on doive
rémunérer qui que ce soit; peut-être que le
représentant syndical, M. Bruneau, sera rémunéré,
M. Lefebvre. Évidemment, les déplacements, les chambres
d'hôtel, les audiences, les salles d'audiences, tout ça doit
être payé. Il y a des dépenses qui sont assez
élevées là-dedans. Et, comme je vous le dis, ce n'est,
pour le moment, qu'approximatif. Ça vous donne une idée.
M. Claveau: Donc, si je comprends bien, ce
comité-là va faire essentiellement le tour du Québec pour
aller rencontrer tout le monde et questionner tout le monde.
M. Savoie: Oui. Vous êtes en train de stresser mon
sous-ministre.
M. Claveau: Comment dites-vous?
M. Savoie: Vous êtes en train de stresser mon sous-ministre
avec des questions. On a effectivement une approche à régler
quant au financement.
M. Claveau: Non, mais, si c'est important, c'est l'occasion d'en
parler.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Je dis que, si c'est si important, c'est l'occasion
d'en parler.
M. Savoie: Ah! Si vous voulez en parler, je suis tout à
fait disposé. Évidemment, c'est un sujet qui est
particulièrement important, mais qui ne rentre pas carrément dans
notre mandat au niveau du secteur mines, mais que nous assumons
particulièrement, je pense, parce que l'industrie minière ne
pourra pas tolérer cette situation encore très longtemps. Et je
ne veux pas être ministre des Mines avec un nombre aussi
élevé d'accidents mortels.
M. Claveau: C'est en vertu de quel élément du
programme que ça va être financé, ça?
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: En vertu de quel élément du
programme...
M. Savoie: Bien, il n'a pas de programme. C'est une intervention
ad hoc qu'on fait.
M. Claveau: Mais l'argent, vous allez le prendre quelque part,
les 100 000 $.
M. Savoie: Oui. Pour le moment, c'est le secteur mines qui
l'assume.
M. Claveau: Mais, à quelle place dans quel budget?
M. Savoie: On ne le sait pas encore. Ce n'est pas encore
défini. On va peut-être y aller sur un budget spécifique,
un budget ad hoc qui va peut-être aller... Les fonds vont peut-être
être identifiés au fur et à mesure que se précisent
les coûts. Ça devrait se faire au cours des prochaines
semaines.
M. Claveau: Est-ce que le député a demandé
la parole? Non?
Et le temps de ça, le comité a jusqu'à quand pour
remettre son rapport?
M. Savoie: J'ai demandé au comité de me remettre
son rapport cet automne dans la mesure du possible. On parle de novembre,
décembre. Ça va peut-être prendre un petit peu plus de
temps parce que le comité a choisi de faire des audiences. Donc, les
intervenants pourront présenter des mémoires. Alors, les
organismes de sécurité actuellement en place, ia CSST, les
intervenants, tous ceux et celles qui voudront intervenir, je pense, pourront
être entendus s'ils sont approuvés par le comité. Je pense
que les compagnies minières vont avoir leur mot à dire,
l'Association minière du Québec, f'APQ, les contracteurs, tous
ces gens-là qui sont Intéressés par la question en auront
l'occasion. (22 h 30)
Et ça suscite beaucoup d'Intérêt chez nous. Je dois
dire que plusieurs intervenants au niveau de l'activité minière
m'ont fait part de leurs commentaires. Plusieurs hypothèses ont
été soulevées et ce qu'on veut, c'est être certains
qu'il n'y a pas de problèmes structurels qui font en sorte que... Vous
savez, pas plus tard que cette semaine, il y a eu un autre accident à la
mine Béllveau, il y a un mineur qui est décédé.
Alors, cela en fait déjà trois pour cette année. C'est
beaucoup. Je n'aime pas ça du tout. Je trouve que la situation est
inacceptable. Malgré le fait qu'en 1988 on a eu trois
décès, je pensais que la situation était en vole de se
corriger. Il faut comprendre les opérations minières. C'est un
peu triste de le voir de cette façon-là, mais il faut voir qu'on
travaille sous terre dans des conditions souvent difficiles où il y a de
ia roche et, donc, on est exposé à des accidents un peu plus
qu'ailleurs. Bien sûr, un accident mortel, on comprend ça,
ça peut arriver. On doit tout faire pour l'empêcher, mais, enfin,
ça s'explique. Mais, lorsqu'on est rendu à huit, c'est beaucoup
trop. Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que c'est trop. C'est
beaucoup trop.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a une entente avec le ministre du
Travail là-dessus, sur la formation du comité et sur le mandat du
comité?
M. Savoie: Oui, effectivement, le ministre du Travail a
nommé quelqu'un pour participer à ce comité. Ce qu'on
cherche à faire, c'est ramasser la réflexion du milieu
là-dessus, tout en étudiant en même temps les causes des
décès. On a eu les rapports de la CSST là-dessus qui sont
très détaillés. On veut qu'il fasse une réflexion;
on ne veut pas qu'il commence à tirer sur tout ce qui bouge. On veut
qu'il fasse une réflexion là-dessus et on veut qu'il
réponde aux deux questions que je lui ai posées: Pourquoi autant
de décès en 1989? Pourquoi cette tendance d'un nombre de
décès particulièrement élevé? En 1981, on
parlait de quatre décès au niveau de l'in- dustrie
minière. Évidemment, en 1980, il y a eu l'accident de Belmoral
et, combiné aux autres accidents, je pense que le nombre d'accidents
mortels en 1981 se chiffre autour de 10. En 1981, quatre. En 1982-1983, un
accident mortel pour chacune des deux années. Et, ensuite, en 1984, on
retombe à cinq. Et c'est élevé, cinq. C'est beaucoup. Ce
n'est pas acceptable, ça non plus. En 1985, on tombe à deux. Et,
ensuite, on a une petite poussée en 1986-1987.
M. Claveau: Alors, ça va, en ce qui me concerne, M. le
Président. Je pense qu'on pourrait toujours aller plus loin dans le
questionnement, mais on se reprendra à d'autres moments.
Adoption des crédits
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava. Est-ce que le programme 10, Gestion et
développement de l'industrie minière, éléments 1,
2, 3 et 4, est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. St-Roch): Adopté. M. le
député d'Ungava, de brèves remarques de conclusion?
Conclusions M. Christian Claveau
M. Claveau: Oh, très rapidement, M. le Président.
Disons que ce n'est pas de gaieté de coeur que l'on adopte des
crédits finalement qui sont quand même ratatinés par
rapport à ce qu'ils étaient, quoi qu'on en dise. Moi, je
remarque, en tout cas, dans le cahier, que la plupart de la grande
majorité des chiffres qui font les totaux sont entre parenthèses,
ce qui signifie des diminutions de budget, surtout quand on voit toute la
problématique minière qui, quand même, globalement, n'est
pas aussi reluisante que l'on voudrait le laisser croire. Je veux bien croire
que le nombre de mines ne semble pas diminuer, mais les mines vieillissent, les
grosses mines ont tendance à fermer et on les remplace par de petites
mines. C'est le cas de Matagami, c'est d'autres cas au Québec. La
situation des mines est précaire et inquiétante. L'industrie
minière, en général, je pense, s'inquiète de cette
situation-là. Entre autres, je tiens aussi à déplorer
encore une fois le bas niveau d'exploration qui se fait actuellement. Il y a
beaucoup plus de foreuses dans les cours de compagnies qu'il n'y en a sur le
terrain. Et je pense que le gouvernement aurait tout intérêt
à faire en sorte de faire marcher son imagination pour trouver des
mécanismes qui redonnent la vigueur d'antan à l'Industrie
minière québécoise. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, de brèves remarques de
conclusion?
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui. Évidemment, l'analyse qu'il en tire au
niveau des grandes opérations minières qui font place à
des petites, c'est erroné. Et je ne veux pas m'embarquer
là-dedans. Il le sait que c'est erroné. Il fait sa job comme
député de l'Opposition, tout simplement. L'industrie
minière se porte bien - ce sont quand même de bonnes années
- dans son ensemble, malgré les difficultés qu'on connaît
au niveau de l'exploration, malgré la situation lamentable au niveau de
la sécurité. Je pense que, malgré tout ça, il y a
des correctifs qui sont venus de notre chef, qui vont chercher à trouver
des solutions et des réponses aux questions qu'il se pose tout
naturellement.
Je voudrais prendre l'occasion pour remercier les députés
de la commission pour leur bonne patience et leur présence ici ce soir.
Je voudrais également remercier les officiers du ministère pour
leur présentation et l'effort qu'ils ont mis à présenter
les documents.
Dépôt de
documents
Pour maintenir l'orientation que nous donnons, pour le
développement culturel du député d'Ungava et
peut-être mieux lui permettre de répondre à ses
orientations, à son mandat de bien représenter sa région,
nous avons préparé un ensemble de documents que le Dr Lamarche
vient tout juste de me remettre, qui portent sur les activités pour la
région de Chapais-Chibouga-mau, que je vais remettre à la
commission et que la commission pourra remettre, lorsqu'elle en aura
terminé l'examen, au député d'Ungava. Je suis certain que
le député d'Ungava va trouver ça intéressant. Il y
a des études très détaillées, très
complètes que le député pourra faire parvenir aux gens de
la région de Chapais-Chibou-gamau, une région qui connaît
de grandes difficultés, il faut l'admettre. J'espère qu'on va
trouver ensemble des solutions aux problèmes de cette région
importante pour le Québec. Alors, il y a facilement sept ou huit volumes
qui portent sur les rapports des géologues résidents, les
journaux des géologues provinciaux, toutes sortes de bonnes choses qu'on
ne me donne jamais à moi, mais... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie:... qu'on va donner à la commission et qui, je
suis certain, vont permettre au député d'Ungava d'occuper les
longues nuits d'hiver qui l'attendent en 1990-1991.
Le Président (M. St-Roch): Alors, j'accepte le
dépôt, M. le ministre.
Sur ce, la commission de l'économie et du travail, ayant
maintenant terminé son mandat d'entamer et de compléter
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources, secteur mines, ajourne ses travaux à
10 heures, demain matin, ici, à la salle du Conseil
législatif.
Bonne nuit à chacun et à chacune!
(Fin de la séance à 22 h 40)