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(Seize heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Nous avons quorum. La
commission de l'éducation est réunie afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière 1993-1994. Aujourd'hui, nous disposons d'une
enveloppe d'une heure et demie pour compléter l'étude des
programmes 5 et 6...
Une voix: Et 3.
La Présidente (Mme Hovington): ...et 3 que nous avions
laissé en suspens. Est-ce que nous avons des remplacements, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Non, Mme la Présidente. Secteur
enseignement
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, nous allons
donc tout de suite commencer... continuer avec les programmes 5 et 6. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: m. le président, avant de... mme la
présidente... :
La Présidente (Mme Hovington): Ce serait mieux, si on en a
pour une heure trente, de bien commencer.
Enseignement collégial Réforme de
l'enseignement collégial (suite)
M. Brassard: Pourtant, c'est très visible. Avant d'aborder
la question du financement universitaire dont on a eu une introduction en
Chambre tout à l'heure, je voudrais quand même compléter
l'examen de l'ordre d'enseignement collégial, toujours en regard,
évidemment, de propositions de renouveau. Le dernier sujet que je
voudrais aborder avec la ministre, ça concerne la formation
générale, les changements qu'on entend introduire dans la
formation générale et, en particulier, la réduction des
cours de philosophie et la réduction des cours d'éducation
physique. dans son document, il y a une chose qui me surprend d'ailleurs, c'est
qu'on indique qu'il y aura un cours de philosophie de moins, donc une
réduction de 25 % de la place et du temps occupé par la
philosophie au niveau collégial, sans trouver utile d'indiquer des
motifs qui justifient une telle proposition.
L'éducation physique, c'est une autre chose. On réduit de
50 % les cours d'éducation physique. mais là on a cru bon
d'indiquer un certain nombre de mobiles ou de motifs, c'est-à-dire de
justifications. on les retrouve à la page 21. il y en a qui sont
très discutables. je ne veux pas pour le moment porter un jugement sur
le contenu ou la nature de ces motifs ou de ces justifications. mais, en tout
cas, on a jugé utile d'en aligner un certain nombre, pour dire: on
réduit 50 % pour telle, telle ou telle raison. (16 h 40)
La philosophie, on n'a même pas jugé bon d'indiquer aucune
raison. Dans les paragraphes qui suivent, on dit: On va réduire
ça, sans même s'efforcer de justifier une telle décision.
C'est clair qu'on va en parler plus abondamment en commission parlementaire la
semaine prochaine, mais il reste qu'en philosophie, par exemple, il y a
là une décision pour le moins surprenante. Quand on regarde ce
qui se fait et ce qui s'enseigne au niveau collégial, s'il y a une
discipline qui est propre à l'ordre collégial, à l'ordre
d'enseignement collégial, c'est la philosophie. Le jeune
Québécois n'aborde pas cette discipline au secondaire; c'est tout
à fait normal, il est un peu jeune pour le faire. Puis, au niveau
universitaire, à moins qu'il décide de se spécialiser en
philosophie, il va également... il cesse... il ne fréquentera
plus cette discipline. C'est donc dans l'ordre d'enseignement collégial
que la philosophie trouve sa place. C'est vraiment une discipline propre
à l'enseignement collégial. Et voilà qu'on décide
d'en réduire la place, sans juger utile de justifier cette proposition,
et alors que quatre cours de philosophie obligatoires apparaissent à
tous ceux qui se sont penchés sur la question, en particulier la
coordination de philosophie, les professeurs de philosophie en sont
arrivés à la conclusion que, pour atteindre des objectifs en
matière d'acquisition de compétences intellectuelles, il faut
quatre cours, et, avec trois cours, ça devient plus difficile et plus
compliqué d'atteindre les objectifs en matière d'acquisition,
d'une maîtrise de compétences ou de capacités
intellectuelles, de se rendre jusqu'au bout, en tout cas, des objectifs que
l'on devrait atteindre dans l'ordre d'enseignement collégial.
Là-dessus, ma question est très claire. Compte tenu du
fait que la philosophie est une discipline propre à l'enseignement
collégial, quelles sont les justifications pédagogiques qui ont
amené la ministre à proposer que la place de la philosophie soit
réduite, dans le tronc commun de formation, de quatre à trois
cours? On ne le retrouve pas, on ne retrouve pas ces justifications-là
dans son document sur les propositions de renouveau. On ne les retrouve pas du
tout. On nous indique simplement qu'on va réduire la place. J'imagine
que... j'espère qu'il y a des motifs pédagogiques pour proposer
une telle chose, et je voudrais entendre la ministre là-dessus.
Qu'est-ce qui vous a amenée et qu'est-ce qui
justifie la réduction de la place de la philosophie dans la
formation commune des étudiants, des élèves du niveau
collégial?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Mme Robillard: Mme la Présidente, il m'apparaît
nécessaire, au point de départ, si on doit discuter: Pourquoi
deux, pourquoi pas trois, pourquoi pas quatre? quand on regarde le nombre de
cours ou le nombre d'unités, si on doit porter notre discussion sur
ça aujourd'hui, il m'apparaît important de rappeler dans quel
cadre s'est faite la réflexion au niveau du contenu de la formation
générale. Parce que c'est, d'abord et avant tout, de la
nécessité d'élargir et de renforcer la formation
générale à partir de cette orientation-là que s'est
faite la réflexion. Je pense que ça, c'est important, c'est
important de le noter.
Nous le savons tous, notre formation générale, c'est la
formation qui est donnée autant aux élèves du secteur
technique qu'à ceux du secteur préuniversitaire. Je pense que
plusieurs intervenants sont venus nous dire en commission parlementaire qu'il
était tout à fait indiqué qu'après 25 ans on
s'interroge sur le contenu de la formation générale: Qu'est-ce
qu'un jeune doit recevoir à l'ordre d'enseignement collégial
comme formation de base, comme formation générale, au-delà
de sa concentration ou de sa spécialité, pour répondre aux
besoins de l'an 2000? Alors, on le sait tous, au niveau de la commission
parlementaire, comment l'ensemble des interlocuteurs est venu nous donner ce
message-là.
On sait aussi que des travaux ont été faits par
différents organismes, le Conseil des collèges de façon
particulière qui avait fait une réflexion d'au-delà de
deux années, en comparant même les contenus de formation
générale dans des systèmes d'enseignement supérieur
dans d'autres pays du monde, une réflexion, donc, une analyse
comparative en regardant aussi les besoins que, nous, nous avions au
Québec et au Canada et en faisant même des propositions, dans son
rapport de Conseil des collèges, au niveau du contenu de la formation
générale. C'est dans ce cadre-là que ce que vous retrouvez
dans le renouveau collégial, au niveau de la formation
générale, a été choisi comme bloc nécessaire
à tout jeune d'une formation postuniversitaire.
Alors, moi, je veux bien qu'on me rappelle que les profs de philo
veulent avoir quatre cours, mais je voudrais aussi qu'on se rappelle qu'on a eu
d'autres intervenants en commission parlementaire fort crédibles. On a
eu le Conseil des collèges qui est venu nous présenter exactement
ce qu'il entendait par un nouveau contenu de formation générale
et dans lequel, je vous indiquerais, si ma mémoire est bonne, il
recommandait seulement deux cours de philosophie. La même chose aussi au
niveau de la Fédération des cégeps qui avait fait une
réflexion. La même chose au niveau de nos jeunes qui avaient fait
cette même réflexion. Souvenons-nous que les jeunes du Parti
québécois sont venus faire leurs propositions à la
commission parlementaire et ont sug- géré eux-mêmes d'avoir
seulement deux cours de philosophie.
Alors, vous voyez, il y a eu différents points de vue
d'exprimés. Il n'y en a pas eu seulement un, pas seulement celui des
profs de philosophie. Souvenons-nous ce qui s'est passé au niveau des
discussions en commission parlementaire, et même des propos du
député d'Abitibi-Ouest quand il nous a raconté
lui-même ce qui s'était passé dans un cours de philo pour
un de ses enfants, la théorie du crayon.
Je veux dire, ce qui a été dit en commission
parlementaire, il y a eu le message: Élargissons la formation
générale. Deuxièmement, ce qu'on est venu dire de
façon particulière sur la philosophie, on n'est pas venu remettre
en question la pertinence d'avoir des cours de philosophie, on est venu
interroger le contenu des cours de philosophie et la façon de
l'enseigner. Ça, les jeunes sont venus s'exprimer largement au niveau de
la commission parlementaire.
Donc, dans toute cette réflexion-là qui a
été faite, vous avez devant vous les choix gouvernementaux qui
ont été faits, et il y a une diminution de quatre à trois
cours, avec des thématiques beaucoup plus larges. Et je vous rappellerai
que la philosophie est loin d'être dans tous les curriculum de niveau de
formation postsecondaire de par le monde. Nous, nous faisons encore ce
choix-là au niveau du Québec parce que nous croyons que c'est
nécessaire. Si on lit bien le texte du renouveau collégial
où on parle du nouveau contenu de la formation générale et
où on parle c'est quoi avoir une nouvelle culture générale
dans ce contexte-là, on retrouve tous les éléments de la
philosophie qui aident les jeunes dans leur capacité à penser,
à raisonner, à argumenter, etc. C'est tout expliqué au
niveau du texte que vous avez devant vous.
Je pense que c'est très clair que les choix qui ont
été faits au niveau de la formation générale, ce
sont des choix globaux, centrés au plan des thématiques, beaucoup
plus que des disciplines. C'est très clair. Et on le sait tous qu'il y a
d'autres voies que strictement la philosophie pour former l'esprit, pour
favoriser la rigueur chez les jeunes. D'autres disciplines contribuent aussi
à ce même objectif. Et c'est dans ce cadre-là que les choix
sont sur la table, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean. (16 h 50)
M. Brassard: Très convaincant. D'abord,
premièrement, ce que tout le monde réclame, c'est un resserrement
des contenus. Ça, c'était unanime, il fallait resserrer les
contenus, et c'est exactement à ça que se sont attachés
les professeurs de philosophie depuis trois ans, resserrer les contenus et en
arriver à bâtir une séquence de quatre cours obligatoires
permettant aux jeunes de cheminer à travers des contenus communs
à tous en acquérant des habiletés, des capacités
intellectuelles bien identifiées à partir de méthodologies
à maîtriser, dont l'ultime méthodologie à
maîtriser était une dissertation ou un essai philosophique.
Vous ne m'avez pas démontré du tout que ces
objectifs-là en matière d'acquisition de compétences et
d'habiletés intellectuelles pourraient être atteints avec trois
cours plutôt que quatre, d'aucune façon. Vous avez invoqué
des intervenants qui ont réclamé que ce soit deux plutôt
que quatre, ou trois plutôt que quatre. Ça, c'est des arguments
d'autorité qui ne me convainquent pas du tout. Ce que j'aurais voulu
apprendre et savoir de votre part, c'est comment, en trois cours plutôt
que quatre, on peut atteindre, dans la perspective de la formation
fondamentale, des objectifs d'acquisition puis de maîtrise de
capacités intellectuelles, de compétences intellectuelles qui
soient propres à l'ordre d'enseignement collégial, pour qu'on
puisse atteindre ces objectifs-là en trois cours plutôt que
quatre. Et, donc, m'ayant fait la démonstration, vous m'indiquiez
qu'avec trois on peut le faire, je ne retrouve pas ça dans votre
document, d'aucune façon. Je ne retrouve pas ça, non plus, dans
vos propos de tout à l'heure où il y a des arguments
d'autorité qui sont invoqués. Moi, ça ne m'ébranle
pas beaucoup, des arguments d'autorité. Je préfère des
raisons et des arguments un peu plus solides. Si vous me disiez au moins: J'ai
réduit à trois cours pour avoir un peu plus de place, bon, bien,
au moins, c'est un motif, pas très fort, plutôt faible; en tout
cas, ça en est un.
Pour l'éducation physique, vous en donnez un certain nombre qui
ne sont pas, non plus, d'égale force. Quand vous dites que, dans les
systèmes d'enseignement supérieur canadien et étrangers,
il n'y a généralement pas d'activités physiques
obligatoires et créditées, ce n'est pas une raison très
forte, ça. Il n'y a pas de cégeps, aussi, dans les pays
étrangers. Alors, est-ce qu'on doit prendre ça comme argument
pour liquider le réseau collégial? Il n'y a pas de cégeps
en Ontario, il n'y a pas de cégeps aux États-Unis, il n'y a pas
de cégeps dans les sociétés environnantes; donc,
supprimons les cégeps. Là, on nous dit: II n'y a pas
d'éducation physique créditée dans les systèmes
d'enseignement supérieur canadien et étrangers; alors, par
conséquent, réduisons de moitié l'éducation
physique. Ce n'est pas des raisons très fortes, ça. C'est des
arguments d'autorité qui n'ont pas beaucoup de force.
Je vous avoue bien sincèrement que les motifs qui justifient les
bouleversements que vous souhaitez faire en matière de philosophie et
d'éducation physique ne sont pas convaincants et sont très mal
justifiés dans votre document, très mal justifiés,
particulièrement dans la perspective de ce qu'on appelle la formation
fondamentale. Dans cette perspective-là, les justifications sont soit
absentes, soit d'une faiblesse étonnante.
Mme Robillard: Mme la Présidente, si vous permettez.
D'abord, la formation fondamentale, Mme la Présidente, ça se
retrouve autant dans la concentration, dans la spécialité, que
dans la formation...
M. Brassard: Oui, oui, oui, je sais ça. Mme Robillard:
...générale...
M. Brassard: Oui, oui, je sais ça.
Mme Robillard: ...la perspective en tant que telle. Donc, il est
question de la formation...
M. Brassard: Vous ne m'apprenez rien là-dessus.
Mme Robillard: II est question de la formation
générale de base. On me dit que j'ai utilisé des arguments
d'autorité alors que j'ai cité des faits. On concentre
spécifiquement sur des cours de philosophie pour parler de la formation
générale, alors qu'on ne regarde pas l'ensemble des 26
unités et deux tiers. Je pense que c'est ça qu'il faut regarder,
l'ensemble des 26 unités et deux tiers. Mais, à tout le moins,
Mme la Présidente, je prends bonne note que le député de
l'Opposition, de Lac-Saint-Jean, est pour le maintien de quatre cours en philo
et...
M. Brassard: Oui, oui, prenez note.
Mme Robillard: Je prends bonne note de ça.
M. Brassard: Oui, prenez note.
Mme Robillard: Et de quatre cours en éducation
physique.
M. Brassard: Oui. Prenez-en note aussi. Mme Robillard: Je
prends bonne note de ça.
M. Brassard: Oui. C'est sans rougir le moindrement que je vous
l'indique, avec toute clarté, oui, je suis pleinement favorable au
maintien de quatre cours de philosophie communs à tout le monde, sur la
base des travaux effectués par les professeurs de philosophie depuis
trois ans, séquences progressives de quatre cours. Oui, je suis
pleinement favorable à ça, de même qu'au maintien de quatre
cours d'éducation physique. Ça, ça m'apparaît
évident, j'espère que vous l'avez bien compris.
On peut passer, si vous voulez, au niveau universitaire.
Mme Robillard: Est-ce que le programme est . adopté?
M. Brassard: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le programme 5 est
adopté, Enseignement collégial.
Enseignement universitaire
J'appelle donc le programme 6. Alors, le programme 6 touchant
l'enseignement universitaire, c'est le programme qui vise à promouvoir
l'enseignement et la recherche en fournissant aux universités les
ressources financières nécessaires à leur fonctionnement
et à leur développement.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
Mécanismes de financement
M. Brassard: Mme la Présidente, c'est évidemment la
question du financement de l'enseignement universitaire qui retiendra mon
attention. C'est que, récemment, le Conseil des universités
le Conseil des universités qui devrait disparaître dans les
mois qui viennent adressait à la ministre deux avis pour le moins
révélateurs de l'incapacité du gouvernement libéral
à répondre adéquatement aux besoins de l'enseignement
universitaire.
Dans le premier de ces avis qui portait sur les subventions de
fonctionnement pour l'année 1992-1993, le Conseil disait ceci, et je
voudrais le citer: «Le Conseil constate que le financement alloué
aux universités est taxé de compressions de 15 500 000 $. Les
compressions imposées depuis deux ans ont eu pour effet de faire
disparaître les sommes additionnelles consenties par le gouvernement
entre 1988-1989 et 1990-1991. On voit ainsi les ressources par étudiant
diminuer de quelque 600 $. C'est un montant de 45 000 000 $ qu'il faudrait
réintroduire pour ramener le niveau de financement à ce qu'il
était en 1990-1991.» C'est le Conseil des universités qui
dit ça. «Le Conseil déplore le désengagement du
gouvernement et recommande à la ministre de reprendre les efforts pour
accorder un financement adéquat aux universités.»
Dans l'autre avis qui portait, celui-là, sur le financement en
fonction des résultats, le Conseil met en relief les
inconvénients inhérents à la formule retenue par le
ministère, en particulier dans le cadre du mode actuel de financement,
ce qui l'amène à conclure que la mesure ministérielle de
financement de la diplomation ne peut demeurer dans sa formulation actuelle,
avis que partage également le Conseil supérieur de
l'éducation dans son avis sur l'enseignement supérieur. C'est
dans ce même avis du Conseil des universités que l'on peut
également lire ce qui suit, je cite: «Le Conseil ne peut
s'empêcher de constater que les orientations formulées par le
ministère en matière d'amélioration de l'efficacité
des mécanismes de financement n'apparaissent pas congruentes. Pire,
étant donné le contexte financier serré avec lequel les
universités doivent composer, la formule actuelle de financement fait
office de carcan et limite leur marge de manoeuvre. Au cours des prochaines
années, les convergences et les divergences des orientations
ministérielles et des volontés institutionnelles exigeront une
réflexion en profondeur sur les enjeux de développement et les
moyens financiers appropriés pour y répondre. Le Conseil
réitère qu'à son avis une révision importante des
mécanismes de financement s'impose.» Fin de la citation. (17
heures)
Ces deux avis, Mme la Présidente, viennent donc appuyer et
légitimer les revendications des étudiantes et des
étudiants qui, dans un avis intitulé «Un réseau
universitaire sans fil conducteur», dénoncent le
désengagement de l'État en matière de financement
universitaire et réclament la tenue d'états
généraux portant sur la priorité et les orientations
à donner à l'enseignement universitaire au Québec et
à son financement.
Il y a même récemment l'Organisation nationale
universitaire, qui relève de l'ONU, qui reprochait avec justesse au
gouvernement libéral de ne pas avoir respecté ses promesses lors
du dégel des frais de scolarité. Le ministre de l'époque,
M. Ryan, promettait alors que les ressources additionnelles mises à la
disposition des universités serviraient à améliorer
directement la qualité des activités d'enseignement et de
recherche ainsi que des services offerts aux étudiants. Alors, on sait
bien qu'une bonne partie de ces revenus additionnels ont plutôt dû
servir à compenser les compressions budgétaires imposées
aux universités depuis ce temps-là. Ce qui est
déposé d'une main par les étudiants est donc retiré
de l'autre par le gouvernement, évaluation que confirme, d'ailleurs, le
Conseil des universités lorsqu'il estime que la baisse du niveau des
ressources par étudiant à temps complet a été
grandement amortie par la hausse des droits de scolarité, hausse qui
devrait pourtant procurer un supplément appréciable de ressources
aux universités qui permettrait de pourvoir en partie au
sous-financement des universités qui avait été
évalué à l'époque à quelque 200 000 000
$.
Et le Conseil, toujours, des universités poursuivait en disant
ceci: «Toutefois, il est pour le moins préoccupant qu'après
des hausses consécutives de leur contribution par étudiant
à temps complet les étudiants puissent à peine compter sur
un niveau de ressources équivalant à celui qui prévalait
au moment où celles-ci allaient être majorées pour la
première fois. Un étudiant qui s'inscrivait, par exemple, en
première année de baccalauréat en 1989-1990 peut compter
en 1992-1993, soit l'année possible de diplomation pour plusieurs, sur
un soutien financier moindre, alors que sa contribution personnelle a presque
doublé en termes réels au cours de la période
considérée. Il y a lieu de s'inquiéter, disait toujours le
Conseil des universités, de la baisse des ressources allouées par
étudiant observée au cours des deux dernières
années, baisse principalement attribuable au retrait du soutien
additionnel apporté par le gouvernement et confirmé dans les
bases de financement 1990-1991.»
Dans son avis, la Fédération étudiante
universitaire du Québec fait également et pertinemment ressortir
les dangers que pourrait avoir la levée du plafond de facturation des
frais de scolarité par les institutions cautionnées par la
ministre l'an dernier. Je rappelle que cette dernière s'entêtait
alors à nier sa responsabilité en cette matière, tout en
sous-estimant les effets de sa décision sur le fardeau financier
qu'auraient à assumer les étudiantes et étudiants au cours
des prochaines années. Cette décision a pourtant eu pour
conséquence d'accroître d'au moins 10 % le fardeau imposé
aux étudiants et étudiantes cette année.
Alors, Mme la Présidente, la question du financement des
universités qui a été, d'ailleurs, abordée
très brièvement cet après-midi en période de
questions à propos de l'Université McGill on essaiera d'en
reparler tout à l'heure m'apparaît être une question
majeu-
re, fondamentale, qui a des conséquences et des
répercussions, évidemment, évidentes sur la qualité
de la formation universitaire qui est dispensée aux étudiantes et
aux étudiants. J'ai cité abondamment, évidemment,
plusieurs avis du Conseil des universités qui n'est pas très
tendre, qui est même très critique à l'égard de la
politique de financement du gouvernement libéral pour les
universités, et la question que je voudrais lui poser en premier lieu,
c'est: Est-ce qu'elle a l'intention de donner suite à la demande du
Conseil des universités qui demande qu'une révision des
mécanismes de financement soit faite et aussi, en même temps, de
donner suite à la demande des étudiants qui réclament la
tenue d'états généraux, ou d'une commission parlementaire
à tout le moins, sur la question cruciale, majeure du financement
universitaire? Et est-ce qu'elle a aussi l'intention de donner suite à
la recommandation du Conseil supérieur de l'éducation qui
réclame qu'une étude complète soit effectuée sur
l'impact réel de la hausse des droits de scolarité sur
l'accès, la fréquentation et la persévérance des
clientèles étudiantes à l'université?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, ma réponse
aux deux dernières questions du député de l'Opposition,
c'est non, je n'ai pas l'intention de revoir les mécanismes de
financement des universités québécoises à court
terme, et cette décision a été prise de concert avec
toutes les directions des universités. Deuxièmement, je n'ai pas,
non plus, l'intention de faire des états généraux ou une
commission parlementaire sur le financement universitaire. Cette commission
parlementaire a eu lieu il y a quelques années avec le
député d'Argen-teuil, ce qui a permis de donner des orientations
nouvel^ les au gouvernement en matière de financement universitaire et
de réinjecter des sommes considérables dans le financement
universitaire depuis 1985-1986.
Je pense qu'avec toutes les citations qui viennent d'être faites,
Mme la Présidente, qui sont des opinions, des recommandations
d'organismes externes, il faut retourner à la base des chiffres
mêmes. Les chiffres, on peut les interpréter, mais ils sont
là, les chiffres. Regardons-les très clairement. Qu'est-ce qui se
passe au niveau des ressources qui sont données à nos
universités québécoises comparativement à ce qui se
passe ailleurs dans l'ensemble du Canada? Et, quand on regarde ces
chiffres-là, Mme la Présidente, on va constater très
rapidement que, tout au long de la dernière décennie, le
Québec a consacré davantage de ressources par habitant au
fonctionnement général des universités que toutes les
autres provinces canadiennes, que les neuf autres provinces du Canada, et
même l'Ontario.
En 1992-1993, l'écart était de 48 $ par habitant par
rapport au reste du Canada, ce qui veut dire que c'est un différentiel
de 330 000 000$ de ressources supplémentaires mises à la
disposition des universités québécoises pour leur mission
d'enseignement et de recherche. Je pense qu'il faut le constater très
clairement, Mme la Présidente. Et, malgré le fait qu'on a un
différentiel de 330 000 000 $ par rapport à tout ce qui se passe
dans les autres provinces, cet apport-là qui est remarquable, à
mon point de vue, de la société québécoise en
faveur des universités et, donc, en faveur des jeunes qui
fréquentent les universités, c'est d'autant plus impressionnant
que la population, vous le savez, de notre province dispose, toutes proportions
gardées, d'une richesse collective moindre que celle de l'ensemble de
nos voisins canadiens. En 1992-1993, le Québec consacre 1,08 % de sa
richesse collective au fonctionnement général des
universités, comparativement à 0,78 % ailleurs au Canada ou, plus
particulièrement, à 0,70 % en Ontario. C'est énorme.
Ça veut dire que, toutes proportions gardées, étant
donné que nous sommes moins riches qu'ailleurs, nous investissons
davantage dans le fonctionnement de nos universités au Québec. Il
me semble que c'est assez clair, à ce moment-là, que c'est une
priorité gouvernementale. en plus, quand on regarde le budget du
gouvernement du québec au fil des ans... regardons-le depuis 1986-1987,
le budget du gouvernement du québec. on va s'apercevoir que la part des
ressources qui a été allouée aux universités a
crû de 45,2 % plus rapidement que le budget global de l'état qui,
lui, a crû de 37,5 %. donc, on a fait un effort supplémentaire
à l'intérieur de nos priorités budgétaires pour,
justement, aider davantage les universités. je pense que, toutes
proportions gardées, étant donné notre richesse
collective, étant donné les choix budgétaires qu'on a
à faire au niveau du québec, étant donné les
besoins immenses dans plusieurs secteurs de la société
québécoise, ces seuls chiffres là, mme la
présidente, vous prouvent la priorité qui a été
donnée par le gouvernement du québec aux universités,
à tout le moins depuis 1985-1986.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Jusqu'en 1990-1991, ce que vous dites là est
vrai, mais, à partir de 1990-1991, ce n'est plus vrai. Les compressions
ont repris de plus belle et elles ont été compensées par
les hausses des frais de scolarité. Ce sont les étudiants qui ont
pris le relais pour assumer votre désengagement. Ce que vous venez de
nous dire là, c'est tout à fait vrai jusqu'en 1990-1991, mais,
depuis 1990-1991, ce n'est pas ça qui se passe. Il y a un
désengagement de l'État à partir de 1990-1991 en
matière de financement des universités, qui est évidemment
compensé par les hausses substantielles des frais de scolarité.
Alors, c'est les étudiants qui, par le biais des frais de
scolarité, ont, en quelque sorte, pris le relais, puis ça a fait
en sorte que votre désengagement ne cause pas plus de
dégâts qu'il n'en aurait causés sans cela.
Et c'est ça qui se produit présentement, et c'est
ça qui va continuer à se faire, parce que ce que nous dit McGill,
c'est évident que c'est un signal, McGill nous dit: Si le Québec
n'investit pas plus dans le financement universitaire, on sera obligé
d'augmenter les frais de scolarité. Donc, en d'autres termes, ce qui se
produit depuis 1990-1991 va continuer, c'est-à-dire, c'est les
étudiants qui vont écoper, c'est les étudiants qui
vont assumer le fardeau. Laval dit exactement la même chose; il en
coûtera encore plus cher d'aller à l'Université Laval, donc
une hausse prévisible des frais de scolarité.
Mme Robillard: C'est en dehors des crédits.
M. Brassard: Mais il reste que c'est ça depuis 1990-1991.
Ça va s'arrêter où? Ça va s'arrêter quand? Et
jusqu'à quel niveau? Les étudiants vont devenir les financiers du
système universitaire pendant combien de temps, jusqu'à quel
niveau et jusqu'à quelle ampleur? Est-ce que vous allez arrêter
McGill de hausser les frais de scolarité? Avez-vous le pouvoir de le
faire, compte tenu que la mécanique pour évaluer ou
préciser la subvention aux universités ne tient pas compte,
à moins que je ne me trompe, des frais de scolarité payés
par les étudiants, les étudiantes? Quel pouvoir vous avez
d'arrêter ça? Qu'est-ce qui s'annonce pour les années qui
viennent et, même aussi cette année, en matière de hausse
de frais de scolarité? Les étudiants et les étudiantes
peuvent s'attendre à quoi en matière de hausse de frais de
scolarité en septembre? Si, dans certaines universités, comme
c'est tout à fait possible que ça arrive, dans certaines
universités comme McGill, les hausses deviennent effarantes, pour ne pas
dire scandaleuses, vous allez faire quoi? Avez-vous les moyens et les pouvoirs
de les contraindre à reculer et de les empêcher d'aller dans cette
direction-là?
Mme Robillard: Mme la Présidente, on a sûrement un
problème de compréhension au niveau des chiffres, surtout quand
on me dit que, depuis 1990-1991... On reconnaît l'effort du gouvernement
c'est ce que je viens de comprendre on reconnaît l'effort
du gouvernement depuis 1985. Mais on me dit que, depuis 1990-1991, les chiffres
ont diminué et qu'il y a eu des compressions qui ont fait que l'effort
gouvernemental est moins élevé. Quand je regarde les subventions
totales, en dollars courants, qui ont été données aux
universités depuis 1985, Mme la Présidente, à chaque
année il y a une progression. À chaque année il y a une
progression, y compris pour 1990-1991, y compris pour 1991-1992, y compris pour
1992-1993 et y compris pour cette année. À chaque année il
y a une progression au niveau des subventions qui sont données aux
universités de la part du gouvernement. (17 h 10) quand on me parle de
la part du budget de fonctionnement général des
universités défrayée directement par les étudiants,
mme la présidente, il faut regarder les statistiques et voir que,
très clairement, en 1992-1993, les étudiants contribuent pour
près de 16 % des ressources de fonctionnement général des
universités, comparativement à 20 % pour l'ensemble du canada et
à 21 % pour l'ontario. je pense qu'il faut regarder ça aussi dans
le contexte global. il est vrai qu'il y a un effort qui a été
demandé aux étudiants, nous avons dégelé les frais
de scolarité il y a quelques années, et qu'il y a eu deux hausses
très importantes, l'année passée il y a eu une hausse de 6
%, cette année une hausse de 1,9 96. en quelque part, il est
écrit dans le ciel, mme la présidente, que c'est clair qu'il y a
un équilibrage au niveau des sources de revenu des universités.
on le voit. on le voit dans chacune des provinces canadiennes, des provinces
canadiennes qui sont encore plus riches que nous, et c'est dans ce
cadre-là que les augmentations au niveau des droits de scolarité
des deux dernières années, je pense, les augmentations ont
été faites dans un cadre très réaliste.
Maintenant, quand on me parle de la situation de l'Université
McGill et qu'on me dit: Est-ce que, de fait, vous avez un pouvoir d'agir au
niveau des droits de scolarité? Mme la Présidente, l'an dernier,
on a apporté, au niveau des règles budgétaires avec nos
universités, des modifications à l'effet de considérer de
façon complètement séparée la subvention qui vient
de l'État, d'une part, et les droits de scolarité, d'autre part.
C'est-à-dire qu'avant il y avait un système de
péréquation; peu importent les droits de scolarité qui
étaient chargés par une université, c'était mis
dans un ensemble et réparti à l'ensemble des universités.
Maintenant, les universités qui perçoivent leurs droits de
scolarité conservent ces revenus-là, à l'exception du
montant qui est donné en prêts et bourses. alors, aussitôt
que j'ai connu l'intention de l'université mcgill, qui a fait une
déclaration publique, j'ai écrit personnellement au recteur de
l'université, m. johnston, pour lui faire savoir que ce n'est pas comme
ça qu'il va augmenter ses revenus de l'université, c'est
très clair, parce que le montant des droits de scolarité au
québec est fixé par le gouvernement, il y a une certaine marge de
manoeuvre, mais très limitée, au niveau des universités.
le montant d'augmentation à chaque année est fixé par le
gouvernement et, pour l'année prochaine, en 1993-1994, c'est 1,9 %, et,
si, l'année prochaine, mcgill imposait des droits de scolarité
au-delà de ça, la subvention du gouvernement serait
déduite d'autant. alors, il n'y a personne qui va y gagner, à ce
chantage-là, et je pense qu'il est très clair, mme la
présidente, que c'est par ce biais-là que le gouvernement a un
droit d'intervention. et, si vous le désirez, je peux déposer aux
membres de la commission la lettre que j'ai envoyée au recteur de
mcgill.
La Présidente (Mme Hovington): Ce serait très
apprécié, Mme la ministre...
M. Brassard: Bien.
La Présidente (Mme Hovington): ...pour qu'on puisse la
faire circuler, la présenter à chacun des membres de la
commission de l'éducation.
M. Brassard: Bien. Mme la Présidente, là il y a
quelque chose que je ne comprends pas. C'est vrai que, dans l'Opposition, on ne
comprend jamais; on se l'entend dire souvent en période de questions.
C'est devenu une espèce de leitmotiv de la plupart des ministres qui
répondent à nos questions: le député ne comprend
pas.
Bon! Et la ministre va verser ses lumières sur mon pauvre esprit
perdu, n'est-ce pas? J'en suis persuadé.
Dans son avis sur le fonctionnement des universités, le Conseil
des universités indique, dans un graphique tout à fait
éloquent qu'on retrouve en page 7 de son avis, qu'à partir de
1990-1991 les dépenses de base par étudiant à temps
complet diminuent: pour 1990-1991, elles sont de 9763 $; pour 1991-1992, 9279
$; pour 1992-1993, 9125 $. Je n'ai pas l'impression que ça va augmenter
en 1993-1994. Les subventions gouvernementales par étudiant à
temps complet sont en régression aussi à partir de 1990.
Jusqu'à 1990-1991, comme je le disais tantôt, ça monte.
À partir de 1990, ça baisse, de 10 087 $ à 9615 $ à
9483 $. Même chose pour les dépenses admissibles par
étudiant à temps complet. C'est dans l'avis du Conseil des
universités sur le fonctionnement des subventions. Je suppose qu'eux
autres non plus n'ont pas compris les chiffres du ministère. Ça
peut bien arriver, parce que... Ça arrive. Je l'ai déjà
dit à la ministre, c'est un symptôme du deuxième mandat. On
l'a connu, nous autres aussi. Il y a juste nous autres qui comprenons. On a
connu ça, nous autres. (17 h 20)
Une voix: Vous avez passé par là.
M. Brassard: Oui, oui. On a connu ça. Des voix: Ha,
ha, ha! M. Brassard: Oui, oui. On a connu ça. Une voix:
...
M. Brassard: Ah oui! Là-dessus, prenez ma parole. On
connaît ça. Il y a juste le gouvernement qui a le pas, qui
détient la vérité. Tout le monde ne comprend rien, tout le
monde est dans le mauvais chemin, n'a pas le pas. Alors, là, on en a un
bel exemple. Le Conseil des universités, probablement, il n'a pas le
pas, non plus. je vous réfère à ce graphique-là;
ça m'apparaît très éloquent. ça
décline à partir de 1990-1991 en matière de financement,
de dépenses de base et de subventions gouvernementales, de
dépenses admissibles. la part des subventions décline aussi. en
1988-1989, l'enveloppe des subventions représentait 93 % des ressources
disponibles aux universités; c'est maintenant 88 %, à cause des
hausses des frais de scolarité. la question que je pose, c'est:
ça s'arrête où? c'est quoi, les objectifs du gouvernement?
elle évoque et elle invoque les autres provinces où la part des
frais de scolarité dans les ressources financières des
universités est évidemment plus importante. «c'est-u»
ça, son objectif, son idéal? c'est de ramener ça à
quel niveau et donc, par conséquent, forcément, avec comme
contrepartie une hausse des frais de scolarité?
Dernière remarque. Là aussi, j'ai de la misère
à la suivre. Elle nous dit, dans un premier temps, qu'il n'y a plus de
lien dans les mécanismes de financement des universités; il n'y a
plus de lien entre la subvention et les frais de scolarité
imposés. On a désarrimé ça. Il n'y a plus
d'arrimage entre les deux. Parfait! Mais pourtant, en même temps, elle
dit: Ah! bien, si McGill fait ça, je vais baisser sa subvention. Bien,
là, «c'est-u» arrimé ou bien ce n'est pas
arrimé? Y a-t-il un arrimage entre le financement, la subvention du
ministère puis les frais de scolarité, le niveau des frais de
scolarité dans une université, ou il n'y a pas d'arrimage? Du
même souffle, elle me dit: II n'y a pas d'arrimage, puis, en même
temps, elle dit: Si McGill fait ça, je coupe la subvention. Alors,
ça veut dire qu'il y a un arrimage entre les deux. Si McGill hausse
trop, à son gré, les frais de scolarité, la subvention va
baisser. Elle va baisser la subvention d'autant. Alors, là, les deux
sont arrimés. Ce qu'elle me disait avant n'est pas tout à fait
exact. Il n'y a pas une dissociation ou une séparation très nette
entre le mécanisme pour fixer la subvention puis les frais de
scolarité qui sont imposés dans toutes les universités.
Alors, là, j'aimerais bien qu'elle m'explique. «C'est-u»
arrimé ensemble? Y a-t-il une corrélation entre les deux ou il
n'y en a pas? S'il y en a une, je comprends que McGill n'a qu'à bien se
tenir, s'il y en a une. Mais, s'il n'y en a pas, ils peuvent aller de l'avant,
puis ça ne touchera pas à leur subvention. Et, dans ce cas, quel
moyen va-t-elle prendre pour les en empêcher?
Une université qui décide de passer outre au niveau d'une
hausse des frais de scolarité que la ministre a déterminée
comme étant justifiée, justifiable et juste, une
université qui décide de passer outre à ça, quels
sont les moyens dont vous disposez pour l'en empêcher ou la
châtier, la punir, de quelle façon? Et quels sont, en fait,
surtout, vos objectifs en matière d'équilibre entre la subvention
et les frais de scolarité dans le financement des universités?
Actuellement, c'est autour de 88 %. Ça a déjà
été à 93 %. Dans d'autres provinces, c'est moins. Vous
voulez atteindre quelle proportion? Avez-vous des objectifs ou si vous y allez
au pifomètre, d'année en année? C'est tout.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je pense que,
malheureusement, malheureusement vraiment, je vais être obligée de
conclure que...
M. Brassard: Je ne comprends pas.
Mme Robillard: ...le député de Lac-Saint-Jean n'a
pas compris.
M. Brassard: Je ne comprends pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Je le savais. Je le savais.
Mme Robillard: Je suis vraiment malheureuse.
Une voix: On a compris tout à l'heure.
M. Brassard: Vous vous retrouverez dans la position, vous vous
apercevrez que vous n'avez peut-être pas compris non plus.
Une voix: ...
M. Brassard: Ça viendra.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je vais demander au
sous-ministre...
M. Brassard: Le Conseil des universités ne comprend pas
non plus.
Mme Robillard: Non, le Conseil des universités comprend
très bien.
M. Brassard: II ne comprend pas parce que son tableau...
Mme Robillard: II comprend très bien. Alors, il faudrait
l'avoir...
M. Brassard: ...le tableau de la page 7, est très,
très évident, très éloquent.
Mme Robillard: Mme la Présidente, il faudrait l'avoir relu
deux fois, peut-être, le rapport du Conseil des universités, pour
réaliser qu'il s'agissait d'un coût marginal au niveau des
chiffres qui sont là, n'est-ce pas?
M. Brassard: La belle affaire! La belle affaire!
Mme Robillard: Alors, je vais demander au sous-ministre adjoint
à l'enseignement universitaire d'apporter des lumières
supplémentaires.
La Présidente (Mme Hovington): M. le sous-ministre
adjoint.
Mme Robillard: M. Beaupré.
La Présidente (Mme Hovington): Vous avez la parole.
M. Brassard: Un coût marginal, ça ne m'impressionne
pas beaucoup.
M. Beaupré (Léonce): Mme la Présidente, la
question qui est soulevée comporte plusieurs volets et, si vous
permettez, je commencerai, au risque d'être un peu long et pas toujours
facile à comprendre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaupré: ...je parlerai de la formule de financement.
Au fil des années, les universités étaient
financées sur une base historique, on prenait la subvention de
l'année précédente indexée, avec certains
ajustements qui tenaient compte de la variation de clientèle et d'au-
tres paramètres, et ça donnait le budget de l'année
suivante, la subvention de l'année suivante. La subvention pour la
variation de clientèle était calculée sur la base du
coût marginal, c'est-à-dire ce qu'il en coûte pour avoir un
étudiant supplémentaire. Grosso modo, bon an, mal an, la moyenne
générale était de 58 %. Lorsqu'une université
passait de 100 à 101 étudiants, elle recevait 58 % du coût
moyen des 100 premiers. Alors, évidemment, lorsqu'on augmente le nombre
d'étudiants, le coût par étudiant diminue même si le
coût de base des 100 premiers demeure le même. Lorsque le Conseil
des universités nous dit que la subvention par étudiant diminue,
c'est bien sûr, la formule est ainsi faite qu'on va à la marge.
Ça ne veut pas dire que la subvention globale accordée à
chaque université diminue. Au contraire, elle a évolué
à la hausse année par année. dans la subvention,
jusqu'à tout récemment, on tenait compte des droits de
scolarité. l'ensemble des droits de quelque 100 000 000 $ qui
étaient recueillis formaient un tout, étaient redistribués
à l'ensemble des universités, peu importent les droits que
chacune chargeait aux étudiants. l'année passée, il fut
décidé de procéder en deux parties, de distinguer les
droits, d'une part, et la subvention, de l'autre, et on a établi,
disons, une année zéro. la subvention, donc la partie la plus
élevée, 85 %, 86 % du budget universitaire, du budget de
fonctionnement régulier, vient de la subvention indexée selon les
paramètres fixés, ou selon les montants votés par
l'assemblée nationale. (17 h 30)
L'autre partie, qui a été fixée à une
année zéro l'an passé, elle varie selon les
décisions du Conseil des ministres. Les écarts sont relativement
faibles. Grosso modo, pour l'année qui vient, ça se situe aux
environs, disons, pour être simple, de 50 $ par crédit, plus ou
moins. Alors, lorsqu'une université, dans le passé, chargeait
moins cher que sa voisine, c'est l'ensemble des universités qui
compensait ses tarifs plus bas, alors que, depuis qu'il y a une division nette
entre les deux, chaque université, si elle veut le produit de ses droits
de scolarité, elle doit s'organiser, prendre ses décisions
institutionnelles. Et le nombre d'étudiants étant ce qu'il est,
on voit que, pour l'année universitaire 1993-1994, non pas en
crédits, tel que déposé, mais selon l'année
financière des universités qui commence le 1er juin, la
subvention de base, la subvention totale, pardon, passe de 1 585 000 000 $
à 1 590 000 000 $, donc 5 000 000 $ de plus que l'an passé, une
augmentation de 0,31 %. Voilà, en gros, certains paramètres qui
peuvent peut-être aider la commission à saisir les divers aspects
de nos crédits.
La Présidente (Mme Hovington): Merci beaucoup, M.
Beaupré.
M. Brassard: Je reviens à mes questions précises,
au-delà des mécaniques. Quel est l'objectif poursuivi par la
ministre en termes de proportion subventions-frais de scolarité?
À part des frais de scolarité dans le financement des
universités, à cause des hausses successives des frais de
scolarité, la part, la proportion des frais de
scolarité a augmenté depuis trois ans dans le financement
universitaire. alors, là, c'est une question de nature, je dirais,
politique: quel est l'objectif? qu'est-ce qu'on peut prévoir dans un
horizon prévisible? est-ce que vous avez un objectif que vous souhaitez
atteindre en matière de proportion subventions-frais de
scolarité? «c'est-u» 80 %, «c'est-u» 75 % qui
est l'objectif que vous souhaitez atteindre? sur combien d'années? ce
qui, évidemment, implique des hausses proportionnelles des frais de
scolarité. il me semble que là, au-delà des
mécaniques de financement, il y a là une question
éminemment politique, dans le sens, je dirais, noble du terme. qu'est-ce
que vous avez comme objectif en matière de proportion des deux sources
de financement des universités?
Mme Robillard: Mme la Présidente, à moyen terme, il
n'y a pas d'objectif d'arrêté, précis. Tout ce qu'on peut
constater, c'est qu'on est encore au-dessous de la moyenne canadienne, et je
pense que ça...
M. Brassard: La moyenne canadienne qui est de combien?
Mme Robillard: ...personne ne se plaint. À l'heure
actuelle, la moyenne canadienne est de 2200 $ de droits de scolarité, me
dit-on.
M. Brassard: Mais, en termes de financement, ça fait une
proportion de quel ordre?
Mme Robillard: Au niveau de la moyenne canadienne, si on prend
l'année 1992-1993, la part de financement en provenance des droits de
scolarité est de 20 %...
M. Brassard: 20 %.
Mme Robillard: ...pour l'ensemble des provinces. C'est 21 % pour
l'Ontario.
M. Brassard: Ici, en 1993-1994, on était à 88 %
l'an dernier. Est-ce qu'il y a une modification pour la peine?
Mme Robillard: En 1992-1993, on était à 16 %.
Est-ce qu'on a fait les statistiques pour 1993-1994? On ne les a pas
calculées encore?
M. Brassard: Mais, si je décode...
Mme Robillard: En tout cas, ce qu'on peut penser, c'est qu'on
élargit encore notre écart, par exemple, par rapport à la
province voisine, étant donné que, nous, on augmente les droits
de scolarité pour 1993-1994 de 1,9 % et que l'Ontario augmente ses
droits de scolarité de 6,9 %. Pour eux, c'est une augmentation moyenne
de 500 $ pour les étudiants. Ça veut dire qu'on va encore
augmenter l'écart, c'est très clair.
M. Brassard: Mais, si je décode bien les propos de la
ministre, c'est qu'elle trouve que les proportions qu'on retrouve ailleurs au
Canada sont tout à fait convenables.
Mme Robillard: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que, pour
le moment, on est en dessous de ce qui se passe ailleurs, et ce n'est pas
inquiétant. La situation n'est pas inquiétante. Vous le savez
très bien qu'on a des défis à relever, qui sont propres au
Québec, et c'est dans ce cadre-là qu'à chaque année
le gouvernement fait son jugement à partir de la politique d'ensemble
que nous avons d'accessibilité aux études universitaires et c'est
pourquoi l'augmentation des deux dernières années s'est faite de
façon graduelle. Alors, on a encore des objectifs
d'accessibilité, ce qui n'est peut-être pas le cas pour d'autres
provinces canadiennes, de façon particulière chez nos
francophones au Québec, et c'est pour ça que nous agissons avec
prudence en la matière.
M. Brassard: Ma deuxième question portait sur les moyens
dont dispose la ministre pour contraindre une université à
respecter ces niveaux d'augmentation, les niveaux d'augmentation des frais de
scolarité que le gouvernement a fixés.
Mme Robillard: Diminution de sa subvention en provenance de
l'État.
M. Brassard: D'autant? Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Dans l'année en cours ou dans l'année
suivante?
Mme Robillard: On peut le faire dans l'année en cours.
Hausse des frais de scolarité
M. Brassard: Et enfin, toujours là-dessus, est-ce que vous
jugez utile, comme le Conseil supérieur de l'éducation le
réclame et le recommande, de faire faire une étude sur l'impact
et les conséquences des hausses successives des frais de
scolarité au cours des dernières années? Le Conseil
supérieur de l'éducation, compte tenu que les frais de
scolarité ont quand même augmenté de façon
substantielle depuis trois ans, dit: II est temps, il serait utile et pertinent
de faire une étude d'impact, évidemment, concernant
l'accessibilité, l'accès aux études universitaires en
particulier, une étude d'impact des hausses des frais de
scolarité. Est-ce que vous comptez suivre cette recommandation? Si vous
ne comptez pas suivre les recommandations quant aux états
généraux et quant à une commission d'enquête sur le
financement des universités, est-ce que vous comptez au moins suivre
cette recommandation de faire une évaluation, une étude d'impact
des hausses successives des dernières années en matière de
frais de scolarité?
Mme Robillard: Ce que je peux vous confirmer, Mme la
Présidente, c'est qu'on suit la situation de très près au
niveau du ministère, nous-mêmes avec les professionnels de notre
ministère, et qu'on suit les taux d'inscription et les taux de
fréquentation par groupe d'âge, et on les suit de très
près à chaque année. Ce qu'on constate, vous le savez
tous, c'est que, depuis 1989-1990, l'année du dégel des frais de
scolarité, et jusqu'au moment où on se parle, nous sommes en
progression de clientèle au niveau universitaire, et même en
progression de clientèle même au temps complet, les
étudiants à temps complet à l'université. On
progresse d'année en année au niveau universitaire. Et,
même quand il y a eu les hausses fort importantes pour les
étudiants, deux hausses de 350 $, deux années de suite, ce qui
veut dire 700 $, on aurait pu croire qu'il y aurait eu momentanément une
légère diminution; ça n'a pas été le
cas.
Donc, c'est un phénomène, c'est très clair que
c'est un phénomène qu'on suit de très près,
année après année, pour réajuster en
conséquence s'il y avait une problématique. Mais là, ce
n'est pas le cas. Nous sommes en hausse de clientèle dans les
universités du Québec.
M. Brassard: Oui, sauf que... Ce que vous dites là, le
Conseil supérieur de l'éducation fait le même constat en
matière d'inscriptions et d'admissions. Mais ça ne
l'empêche pas de faire la recommandation dont je parlais tout à
l'heure. Pourquoi? Parce qu'on est en période de récession, je
dirais même de crise économique, de difficultés
économiques, et c'est évident que, dans des périodes de
cette nature, de difficultés économiques et de récession
et de crise économique, il y a beaucoup de monde qui, évidemment,
décide, soit de continuer à étudier ou soit de reprendre
leurs études. Ça n'empêchait pas le Conseil
supérieur de l'éducation de demander quand même une
évaluation plus précise des impacts de la hausse des frais de
scolarité, tout en admettant qu'il y a des augmentations des
inscriptions mais qui se situent dans une période de difficultés
économiques qui, de tout temps, est propice soit au retour aux
études, soit au prolongement des études.
Mme Robillard: Propice... Vous avez raison, la récession
est un des facteurs. Ce n'est pas le seul facteur. C'est un des facteurs. Mais,
si les gens sont capables de retourner aux études en temps de
récession, ça veut dire que les études sont accessibles
financièrement.
M. Brassard: Peut-être qu'il y en aurait plus si les frais
de scolarité étaient moindres.
M. Tremblay (Rimouski): ...
La Présidente (Mme Hovington): Sur le même
sujet?
M. Tremblay (Rimouski): Oui, sur le même sujet.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai une demande du
député de Rimouski sur le même sujet.
M. Tremblay (Rimouski): Oui. Mme la Présidente, moi, en
tout cas, je pense qu'une étude d'impact sur l'accessibilité, au
moment où on se parle, ne semble pas être nécessaire si on
regarde l'accessibilité et, en même temps, l'augmentation de la
clientèle dans les universités présentement. On peut bien
dire et on peut bien faire, mais l'augmentation des frais de scolarité,
lorsqu'on l'a décrétée, je me rappelle trop bien combien
l'Opposition y voyait une entrave à l'accessibilité, et on
disait: Bien, c'est le dépérissement des universités,
ça va nuire à l'accessibilité, puis c'était le
cataclysme ou encore le défaitisme total au niveau de l'Opposition.
Cependant, les résultats sont tout autre, parce que c'est un prix juste
pour recevoir un enseignement de qualité, d'une part, et, en même
temps, il faut bien comprendre aussi que nous avons un système de
prêts et bourses qui vient compenser pour les frais de scolarité
et, en même temps, qui vient nécessairement ajuster la hausse des
frais de scolarité et permettre à des élèves qui
ont des revenus moindres d'accéder à l'université. (17 h
40)
Mme la Présidente, Mme la ministre, qui a annoncé
dernièrement un programme qui vise à favoriser l'accroissement du
nombre de diplômés universitaires, j'aimerais bien l'entendre sur
ce programme-là, de façon à ce qu'on puisse
connaître le plus facilement possible l'impact que son programme
annoncé aura sur la diplo-mation, parce que ce qui est important, c'est
bien important que les élèves aient accès à
l'université, mais c'est de connaître aussi le taux de diplomation
et si, vraiment, on peut encore augmenter ce taux de diplomation pour que les
investissements que nous faisons en ce domaine puissent avoir des
retombées sociales et économiques sur notre
société. Alors, j'aimerais entendre Mme la ministre à ce
propos.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: De fait, Mme la Présidente, ce fut une des
mesures de changement l'an dernier au niveau du mode de financement des
universités. C'était après discussion avec elles
d'ailleurs, et à leur demande, qu'on a regardé la
possibilité d'axer davantage au niveau des résultats. Je pense
que le député de Lac-Saint-Jean a tout à fait raison, il
faut regarder l'augmentation au niveau de l'entrée à
l'université, donc l'accessibilité, mais il faut aussi regarder
en même temps au niveau de la diplomation, donc à la sortie, que
le jeune puisse sortir de l'université avec un diplôme dans ses
poches. À cet égard-là, donc, la décision
gouvernementale de l'an dernier d'accorder 15 000 000 $ aux universités
à partir du nombre de diplômes qu'elles accordaient, dans chacune
des universités, c'était, dans le fond, une mesure incitative
pour encourager les universités à aider le jeune tout au long de
ses études et à l'aider à diplômer. Donc, l'an
dernier, on a donné 500 $ par baccalauréat
décerné, 600 $ par maîtrise et 1000 $ par doctorat.
C'était l'incitatif financier qui était là, à
partir, donc, des diplômes que les universités décernaient.
Cette mesure-là a été reconduite cette année et,
dans le budget de cette année qu'on va voter, les crédits qu'on
va voter à l'Assemblée nationale pour l'enseignement
universitaire, il y a une somme de 17 000 000 $, au-delà de 17 000 000
$, qui est réservée encore à cette fin-là cette
année, pour donner en encouragement aux universités à
aider davantage les jeunes à diplômer.
D'un coté, on a le système des prêts et bourses pour
aider directement les étudiants dans leurs études. Dans le
système de prêts et bourses, comme vous le savez, il y a
même une mesure incitative pour les étudiants de deuxième
cycle au niveau de la remise de dette, parce qu'on a besoin de façon
aiguë aussi d'étudiants, de gradués de deuxième et de
troisième cycle, et, dans ce sens-là, cette fois-ci, c'est un
message donné à l'université elle-même qui doit
faire des efforts pour aider ses étudiants. Je dois vous dire que
plusieurs universités ont analysé leur taux d'abandon et leur
taux de diplomation et ont commencé à mettre des mesures
correctives, au sein des universités. Je pense que cette mesure
financière du gouvernement les a incitées à aller
davantage dans ce sens-là.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la ministre, je suis très
content que vous me disiez que cette mesure sera reconduite, parce qu'elle
permet, à mon sens, de mettre un incitatif vis-à-vis des
universités, de leur assurer une source de financement supérieur
et, en même temps, de mettre le focus sur la diplomation pour en
diplômer le plus de ces jeunes qui vont à l'université, et
je pense que toute la société en profitera.
Je vous remercie, Mme la ministre.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Rimouski.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui. Bien, on aurait pu, évidemment, poser
bien d'autres questions, entre autres, parler du déplafonnement qui est
un des moyens utilisés par les universités pour augmenter les
frais de scolarité au-delà du niveau fixé par la ministre;
ça peut aller jusqu'à 10 % dans certains cas. Mais, comme il
reste peu de temps, j'aimerais aborder, quand même, la question du
régime des prêts-bourses, c'est-à-dire l'autre programme.
Alors, ce programme-là, on peut le considérer comme adopté
sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le programme 6,
Enseignement universitaire, est adopté.
M. Brassard: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Sur division. Alors, nous
revenons au programme 3...
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): ...si je comprends
bien.
M. Brassard: Programme 3, oui. C'est ça.
Secteur administration et services (suite) Aide
financière aux étudiants
La Présidente (Mme Hovington): Programme 3, c'est
ça. Le programme 3, Aide financière aux étudiants. C'est
le programme qui vise à favoriser l'accessibilité aux
études supérieures en fournissant un soutien financier aux
étudiants.
Régime des prêts et bourses
M. Brassard: mme la présidente, le niveau d'endettement
des étudiants s'est accru de plus de 33 % depuis 1989 et c'est dû
principalement, évidemment, aux politiques d'attribution du
système d'aide financière qui privilégient l'octroi de
prêts aux dépens des bourses. en effet, sous le gouvernement
libéral actuel, la proportion d'aide allouée sous forme de
bourses a diminué graduellement au cours des dernières
années. en 1985-1986, la proportion des bourses,
représentée par les bourses, s'élevait à 50 %; elle
est maintenant de 39 % cette année. cette tendance va se maintenir,
puisque le prêt moyen consenti cette année, qui était de
2833 $, va augmenter à 2932 $, et la bourse moyenne va diminuer de 3519
$ à 3261 $. l'endettement des étudiants va donc continuer de
s'aggraver. signalons qu'à cet égard, en 1986-1987,
l'étudiant du québec avait, au sortir de ses études, un
endettement moyen de 4010 $. en 1993-1994, cet endettement moyen va grimper
à 7200 $.
Je pense qu'il est aussi pertinent de rappeler que la population
étudiante universitaire a eu à assumer au cours des deux
dernières années la majeure partie de l'indexation annuelle du
régime des prêts et bourses à même ses frais de
scolarité. Lors du dégel des frais de scolarité en 1989,
il était convenu, le ministre Ryan, à l'époque, l'avait
indiqué, qu'environ le quart des montants provenant de la hausse des
frais de scolarité serait transféré des institutions au
régime de prêts et bourses pour supporter leur impact sur l'aide
financière accordée. Tel que démontré dans l'avis
de la Fédération étudiante universitaire du Québec,
dont je parlais tout à l'heure d'ailleurs, «Un réseau
universitaire sans fil conducteur», des 36 000 000 $ ajoutés au
régime pour les deux dernières années, 26 000 000$, soit
73 %, proviennent directement de la poche des étudiants.
Les étudiants estiment, à juste titre, aussi, d'ailleurs,
que le régime actuel des prêts et bourses comporte d'importantes
lacunes. Ils évoquent en outre le fait que la contribution
estimée de l'étudiant pour un travail d'été
augmente chaque année, sans tenir compte des effets de la
récession et du taux de chômage élevé, et que les
dépenses admissibles ne sont jamais pleinement indexées selon
l'IPC, ce qui les rend insuffisantes, tout particulièrement au niveau du
matériel scolaire dont la
table n'a pas été modifiée depuis près de
cinq ans.
Mme la Présidente, la politique du gouvernement libéral en
matière de frais de scolarité a également contribué
à détériorer la situation financière des
étudiants. Rappelons que ces derniers sont passés, les frais de
scolarité, dis-je, sont passés de 540 $, en 1989-1990, à
890$, en 1990-1991, et à 1240$, en 1991-1992. Ajoutons à cela
l'application d'un corridor de 10 %, une indexation l'an dernier de 6 %, taux
qui, soit dit en passant, dépassait celui que commandait normalement
l'inflation, et, pour couronner le tout, la levée du plafond de
facturation des frais de scolarité auquel j'ai fait allusion tout
à l'heure. Résultat: l'étudiant se retrouve, en 1992-1993,
avec une facture moyenne de frais de scolarité à payer de 1600 $.
(17 h 50)
Quand on regarde tout ça, Mme la Présidente, quand on
regarde la proportion des bourses diminuer constamment, la proportion des
prêts augmenter constamment, d'année en année, quand on
regarde que l'endettement des étudiants augmente sans cesse et de
façon substantielle d'année en année, il y a de quoi, je
pense, s'inquiéter, tout cela conjugué à une hausse
substantielle, comme je l'ai dit en dernier lieu, des frais de
scolarité. Il y a lieu de s'inquiéter, puis de s'interroger, puis
de se poser des questions, puis de se demander: Où le gouvernement s'en
va-t-il? Encore une fois, de la même façon que pour le financement
des universités, quel est son objectif?
En matière de financement des universités, tout à
l'heure, on a fait allusion aux autres provinces et on a semblé montrer
que la proportion qu'on y constatait, ma foi, n'était pas scandaleuse,
qu'elle pouvait être un objectif tout à fait louable et
atteignable. En matière de prêts et bourses, d'aide
financière aux étudiants et étudiantes, la question qui se
pose, c'est: Jusqu'où le gouvernement entend-il aller? Quels sont ses
objectifs dans la répartition de l'aide accordée aux
étudiants en termes de proportion versée sous forme de
prêts et sous forme de bourses? Est-ce que, sur le financement des
universités on faisait allusion aux autres provinces on
peut y faire encore, cette fois-ci, à ce sujet-là, aussi
allusion? Est-ce qu'on est en train de suivre ce qu'on pourrait appeler la mode
ontarienne, où on sait qu'en Ontario une diminution graduelle de la
proportion d'aide allouée sous forme de bourses a mené, cette
année, à l'abolition quasi complète du programme de
bourses? Pratiquement, il n'y a plus que des prêts qui sont consentis
dans la province voisine. Alors, le Québec, lui, dans tout ça, et
en cette matière, s'en va où?
Actuellement, c'est 39 %, la proportion occupée,
représentée par les bourses. C'était 50 % en 1985-1986.
Est-ce qu'on compte décliner encore? Jusqu'où entend-on
s'arrêter? Est-ce qu'on s'est mis une barre d'arrêt ou si le
modèle ontarien est un idéal à atteindre? Où est-ce
qu'on s'en va? Je pense que les étudiants, d'ailleurs, se le demandent
aussi. Ils aimeraient bien savoir où le gouvernement s'en va en cette
matière et quand ça va s'arrêter, ces changements continus
en matière de proportion des prêts et des bourses.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: mme la présidente, je pense qu'il est assez
clair que le gouvernement libéral du québec, cette année,
n'a pas fait le choix du gouvernement npd de l'ontario. on n'a strictement
qu'à regarder au niveau des crédits affectés au
régime d'aide financière, et qu'on regarde l'évolution au
fil des années, parce qu'on me cite les chiffres depuis 1985, ce que le
gouvernement en place a fait au niveau du régime d'aide
financière pour les étudiants en ciblant sur le prêt par
rapport à la bourse. mais regardons l'ensemble du régime d'aide
financière depuis 1985-1986, ce qui est arrivé, et on va
réaliser que le nombre d'étudiants qui sont
bénéficiaires du régime a augmenté de 23 % depuis
1985-1986, que le volume d'aide en prêts et bourses lui-même a
augmenté de 74 %, et que, donc, nécessairement, les
crédits ont suivi, et que la dépense totale en crédits a
augmenté de 54 %, tout ça en l'espace de sept, huit ans, mme la
présidente. et, en prenant en considération aussi que nous avons
élargi ce régime d'aide financière là quand nous
avons apporté des modifications.
Qu'on pense au programme de remise de dette de 25 % pour le
deuxième et le troisième cycle. Qu'on pense maintenant au
remboursement qu'on fait pour les orthèses visuelles alors qu'on ne le
faisait pas avant, à l'allocation pour les régions
périphériques, à la gradation des seuils
d'admissibilité à partir de la contribution parentale. Qu'on
pense au comité de demandes dérogatoires qui est en place, aussi,
pour aider les étudiants dans des situations exceptionnelles et qu'on
compare notre régime d'aide financière avec tout ce qui se passe,
non seulement avec l'Ontario, mais avec toutes les autres provinces du Canada,
et on va réaliser comment notre régime, étant donné
la capacité de payer de l'État aussi il faut toujours le
faire sur des bases réalistes, c'est normal, ce sont les contribuables
québécois qui paient pour tous ces investissements qu'on fait
étant donné, donc, la capacité réaliste de
payer de l'État, nous avons encore au Québec le régime de
prêts et bourses le plus avantageux, comparativement à la
situation canadienne, et je pourrais même dire avec les pays de
l'OCDE.
Si le gouvernement décide de mettre tant d'argent dans ce
régime-là, c'est très clair, Mme la Présidente,
c'est que l'objectif sous-jacent, c'est qu'on veut absolument augmenter
l'accessibilité et que des revenus moyens ou modestes d'un
étudiant ne l'empêchent pas, ne soient pas un frein à son
accès aux études supérieures au Québec. C'est pour
ça qu'on a ce système-là si généreux et,
étant donné qu'on a encore des objectifs d'augmenter, le
système est là pour supporter les étudiants et les
étudiantes.
Je réalise très bien que les étudiants et les
étudiantes voudraient encore avoir de l'amélioration dans ce
régime-là, qu'à chaque fois qu'on transfère un
montant de la bourse en prêt les étudiants réagissent. Mais
je pense qu'il faut qu'ils soient conscients que c'est de l'investisse-
ment dans leurs études aussi en quelque çart et qu'il faut
regarder ça dans la capacité totale de l'État de payer ce
système de prêts et bourses. C'est comme ça qu'on a vu, au
fil des années, une évolution, oui, une modification d'un certain
montant de la bourse en prêt et, donc, un endettement un peu plus
élevé pour nos étudiants, mais, en même temps, des
dépenses totales en crédits qui ont augmenté de 54 % au
fil de ces années-là. mme la présidente, écoutez,
je ne voudrais pas revenir aux années entre 1976 et 1985, mais comparons
les chiffres de ce que le parti québécois a pu faire aussi en
transférant de bourse en prêt le montant d'aide aux
étudiants, et on va s'apercevoir qu'on ne détient pas le
championnat, qu'à l'époque le gouvernement
québécois a augmenté le volume de prêts de 251 %,
sur huit ans. alors, comparons maintenant sur les huit ans que nous sommes au
pouvoir, et, nous, nous avons augmenté de 106 %. alors, c'est moins de
la moitié de ce que le parti québécois a fait au pouvoir.
alors, j'imagine qu'eux aussi, à l'époque, ont eu des choix
budgétaires difficiles à faire dans ce cadre-là.
Mais, encore une fois, Mme la Présidente, au-delà d'une
guerre de chiffres, regardons notre régime actuel et regardons aussi nos
étudiants qui fréquentent l'université, et notre objectif,
c'est qu'ils continuent d'étudier au niveau des études
supérieures au Québec, comparativement à ce qui se passe
dans l'ensemble du Canada, et en tenant compte de notre richesse collective au
Québec. Je pense que c'est dans ce cadre-là qu'on doit faire
notre jugement, notre raisonnement sur l'ensemble des mesures gouvernementales
qui sont sur la table, et ça m'apparaît tout à fait
réaliste pour atteindre nos objectifs.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, il approche 18
heures...
M. Brassard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): II approche 18 heures, et
nous avons une minute pour mettre aux voix le dernier programme.
M. Brassard: On n'a pas fait une heure trente, par exemple.
La Présidente (Mme Hovington): Mais ça me prend le
consentement des deux côtés de la Chambre pour aller
au-delà de 18 heures, selon nos règlements, quitte à
revenir pour finaliser vos cinq minutes qu'il vous manque. Mais, selon nos
procédures et règlements, et l'ordre de la Chambre, nous devons
finir à 18 heures, et j'ai besoin du consentement des deux
côtés de la Chambre. Il n'y a pas consentement.
Alors, est-ce que le programme 3 est adopté?
M. Brassard: Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits La Présidente (Mme
Hovington): Est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1994 est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, il me reste à
remercier Mme la ministre, de même que votre équipe
ministérielle et toute votre équipe de fonctionnaires qui vous
ont accompagnée tout au long de cette étude des crédits,
merci beaucoup, et à remercier les membres de la commission pour le bon
travail qui s'est fait aujourd'hui.
Alors, la commission de l'éducation ayant rempli son mandat
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)