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(Dix heures six minutes)
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation va débuter ses travaux. Le mandat de la commission de
l'éducation, c'est de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science pour l'année financière 1993-1994. Selon les
modalités convenues entre les leaders parlementaires, aujourd'hui la
commission étudiera, pour une durée de trois heures, les
crédits du programme 8, Organisation et réglementation des
professions.
Est-ce que nous avons des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, madame. M. Hamel (Sherbrooke) est
remplacé par M. Lafrenière (Gatineau).
Secteur gestion juridique du cadre
socio-économique
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, il n'y a pas
de période de temps pour chaque programme, étant donné que
nous avons un programme 8. Alors, nous allons aller selon les règlements
et nos procédures. Nous allons aller aux déclarations
d'ouverture, et je permettrai ici au ministre responsable du Code des
professions de bien vouloir nous faire les déclarations qui
s'imposent.
Déclaration d'ouverture M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Les déclarations d'usage. Merci, Mme la
Présidente. Vous êtes bien gentille.
Avant de commencer, je voudrais présenter les gens qui nous
accompagnent ce matin, de l'Office des professions, pour nous assister dans nos
travaux: à ma droite, M. Thomas Mulcair, président de l'Office
des professions; également avec nous, en avant, M. Louis Roy,
vice-président de l'Office des professions; derrière nous, M.
Perron, de l'Office des professions; M. Pierre Gauthier; Me Maryse Beaumont,
responsable des affaires juridiques à l'Office, de même que M.
Michel Sparer, secrétaire de l'Office et responsable des communications,
et Mme Edith Lorquet, de mon cabinet.
Mme la Présidente, je ne ferai pas un long discours d'ouverture.
Je pense que nous avons eu plusieurs rencontres entre les membres de la
commission et les membres de l'Office. Lors de la présentation du projet
de loi, nous avons passé quasiment deux semaines et demie ensemble,
à la journée longue, à travailler au projet de la
réforme, ce qui nous a permis de prendre connaissance, effectivement, du
rôle, du mandat et des orientations de l'Office des professions.
Toutefois, nous vous avons transmis, pour la défense des
crédits, un rapport détaillé des réalisations
principales de l'Office des professions. Je présume que tous les membres
de la commission ont reçu leur cahier. Si vous prenez la table des
matières, Mme la Présidente, vous pourrez constater avec nous
l'ensemble des interventions au cours de l'année 1992-1993, grosso modo,
de l'Office.
Alors, dans son rôle de concertation, de surveillance et
d'intervention dans les milieux professionnels au Québec, je pense que
vous pouvez constater que l'Office a été des plus actifs et qu'il
a exécuté son mandat comme il se doit, introduisant ici et
là par exemple... faisant porter ses efforts dans des secteurs
relativement nouveaux et d'une façon impressionnante. On pense, entre
autres, à toute la question des médecines douces, qui a
demandé un temps considérable, à l'attention
spéciale qu'il fallait donner à des fautes à
caractère sexuel dans les services professionnels et, évidemment,
au dossier comptable qui est toujours présent, qui, évidemment,
suit son cours et qui, j'imagine, va demander encore beaucoup d'attention au
cours du printemps qui, comme vous le savez, se termine le 22 juin, le
printemps. (10 h 10)
Bien sûr, en plus des dossiers ponctuels, des dossiers
prévus par la loi, des orientations générales
qu'établissent les membres de l'Office, nous avons également des
orientations à long terme et de nature structurelle. Je pense que la
réforme qui a été présentée, comme nous
l'avons mentionné l'année passée à la
défense des crédits, en retard, dans le sens que nous voulions la
présenter à la fin de la session de 1992 et, évidemment,
ça n'a été déposé que tard au mois de
décembre 1992, nous a quand même permis de faire du travail.
Je voudrais également souligner aux membres de la commission que,
suite aux audiences qu'a tenues la commission sur l'avant-projet de loi, nous
avons continué notre travail, il y a eu des journées
d'études avec le Conseil interprofessionnel, et ces travaux-là
sont, finalement, des plus riches en résultats. Je peux vous dire que,
sur plusieurs éléments, il existe maintenant un consensus; il y a
des ententes, suite à nos échanges, je pense, qui se sont
dessinées, et on est capables, je pense, de présumer que, oui,
effectivement, un projet de loi sera déposé si,
évidemment, au niveau du Bureau des lois, il n'y a pas de
difficultés majeures dans le traitement du dossier dans l'appareil
gouvernemental.
Je peux vous dire qu'au niveau de l'Office des professions, du Conseil
interprofessionnel et des gens
qui nous assistent dans le traitement de ce dossier ça va bien,
même très bien. La collaboration est excellente. La
dernière journée de travail était, justement, hier. Nous
avons passé toute la journée en session intensive de travail. Les
résultats sont très encourageants. Je peux vous dire qu'on peut
donc espérer, souhaiter qu'effectivement le projet de loi, non pas
l'avant-projet de loi, mais le projet de loi, puisse être
déposé à l'Assemblée nationale à la fin de
juin. Si on ne peut pas le déposer à la fin de juin, à ce
moment-là, il sera déposé certainement au début des
travaux au mois d'octobre. Mais il est de mon intention, à la minute
où il y aura une rédaction préliminaire, qu'on va
continuer à échanger et à établir des points de
discussion pour assurer qu'effectivement non seulement on va établir les
mécanismes, comme il se doit, pour exécuter le mandat de
l'Office, mais qu'on va également, dans la mesure du possible,
fonctionner dans un contexte de concertation.
L'autre projet de loi qui est majeur et que nous avions annoncé
d'une façon ferme lors de la défense des crédits, Mme la
Présidente, en 1992-1993, c'était l'autofinancement de l'Office.
Je peux vous dire, comme vous le savez fort bien, que le projet de loi, dans ce
cas-ci, a été déposé et que nous avons eu
l'occasion d'en échanger à l'Assemblée nationale. J'ai
indiqué clairement des modifications qui devaient être
apportées à ce projet de loi, mais on prévoit, on
présume qu'il va évidemment y avoir une adoption au cours de ce
printemps qui se termine, comme vous le savez pour le
répéter encore le 22 juin.
Finalement, il y a un autre projet de loi qui est en circulation, une
espèce de projet de loi dans lequel il y a trois, quatre sujets qui sont
importants et qui sont attendus de la part des intervenants. On espère
que l'Opposition va reconnaître l'importance que ce dossier peut avoir
pour différentes corporations professionnelles et qu'on pourra aller de
l'avant.
Aujourd'hui, Mme la Présidente, a lieu une journée
d'études par l'Association professionnelle des géologues et des
géophysiciens. On sait que les géologues et les
géophysiciens ont demandé une reconnaissance de statut
professionnel. Ça remonte à plusieurs années
déjà. Il y avait une difficulté dans le dossier à
cause, justement, de l'Ordre des ingénieurs. La présence des
géophysiciens... Finalement, après plusieurs consultations,
après des échanges, des discussions avec le Conseil
interprofessionnel, comme il se doit, les ingénieurs et,
évidemment, l'Association, on est arrivés à un consensus.
Les géophysiciens se sont retirés du dossier, il ne reste que les
géologues, donc, dans leur demande de reconnaissance de corporation
professionnelle à titre réservé. À ce
moment-là, l'Office nous a transmis un avis favorable, et je pense
qu'avec ce dîner, ce midi, il y aura annonce comme quoi, suite à
l'avis favorable de l'Office, suite aux différentes consultations, je
vais demander au Conseil des ministres d'autoriser, effectivement,
l'émission de lettres patentes en faveur des géologues, donc
créant une 42e corporation professionnelle.
On a également, bien sûr, en traitement, le dossier des
microbiologistes. On espère pouvoir donner une orientation
définitive dans ce dossier au cours de ce printemps aussi.
Comme vous pouvez le constater, Mme la Présidente, c'est un
horaire très chargé au niveau de l'Office des professions. Je
n'ai fait qu'un survol des plus rapides. C'est non seulement une année
chargée au point de vue administratif, au niveau de l'exécution
de son mandat, mais également au niveau de ses orientations: une
réorientation majeure avec la réforme, avec le succès
qu'ont eu, finalement, les travaux lors des séances de cette commission
au mois de mars; l'autofinancement qui est bien enclenché et qui, je
pense, au fur et à mesure qu'il avance, va recevoir de plus en plus
d'assentiment de la part des corporations professionnelles; le projet de loi 72
qui devrait être adopté avec la bonne collaboration de
l'Opposition, pour ne pas que ce soit mis sur la table, et
négocié, et envoyé dans Parrière-pays
législatif.
On espère également qu'au cours de 1993-1994, l'ensemble
de ces dossiers arrivant à terme, on pourra faire face à une
autre génération active de la part de l'Office, une bonne
réforme, l'Office redressé financièrement,
indépendant, si vous voulez, non seulement en vertu de sa loi
constitutive, mais également financièrement, c'est-à-dire
trouvant son financement propre et étant à l'abri des
intempéries fiscales et financières du gouvernement, ce qui va
nous donner une bonne stabilité. Je vous rappelle que c'est
l'orientation qu'on avait donnée et qu'en 1992-1993 on avait eu
l'occasion de s'étendre amplement sur ce thème-là, sur
cette orientation. Et je suis heureux de constater que ça se
concrétise. On va de l'avant. Ça ne va pas tout à fait
selon l'échéancier qu'on avait prévu, puisque, comme vous
le savez, au niveau de l'échéancier, on veut sauver, on veut
accélérer le temps le plus possible. Mais, dans son ensemble,
malgré, ici et là, quelques retards, le tout va très
bien.
Là-dessus, Mme la Présidente, on va céder la parole
à qui de droit, en vous remerciant de votre bonne attention et en
remerciant les membres de la commission, nos collègues, d'avoir pris
connaissance des documents qui ont été transmis, y compris, bien
sûr, je crois, le suivi de la réglementation qui vous a
été transmis, pour que vous puissiez prendre connaissance de
l'ampleur du travail important que demande la réglementation au niveau
de l'Office.
Merci, Mme la Présidente.
Mme Jocelyne Caron
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles.
Je reconnaîtrai maintenant la porte-parole de l'Opposition
officielle, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente.
Alors, Mme la Présidente, l'étude des crédits de
l'Office des professions revêt un caractère bien particulier cette
année. En effet, avec le dépôt de la loi 67, en
décembre dernier, par le ministre responsable et dont l'adoption
de principe est déjà chose du passé, le gouvernement
libéral du Québec a choisi de se désengager de ses
responsabilités d'assurer la protection des citoyens et des citoyennes
du Québec pour l'obtention des services professionnels.
La responsabilisation et l'engagement passent par un soutien financier
qui justifie un contrôle serré de l'application de nos lois. En
transférant le coût du maintien de l'Office des professions aux
corporations professionnelles, le gouvernement, par la voix de son ministre
responsable, décide de se déresponsabiliser. Les crédits
d'environ 3 000 000 $ par année crédits modestes, si on
compare à d'autres offices, Mme la Présidente
versés par le gouvernement du Québec non seulement justifient son
contrôle, mais assurent l'autonomie essentielle de l'Office des
professions. D'ailleurs, même le président de l'Office des
professions le signale dans son rapport annuel 1991-1992, et je le cite:
«Pour sa part, l'Office a tenu à signaler au ministre l'importance
de conserver son autonomie vis-à-vis de ceux qu'il est appelé
à surveiller.» Fin de la citation. (10 h 20)
Le Protecteur du citoyen a également rappelé avec justesse
la nécessaire indépendance de l'Office des professions. Toute
l'argumentation de Me Jacoby reposait sur des objectifs d'accessibilité,
d'indépendance, d'impartialité, de transparence, fondements
mêmes de la protection du public. Ces mêmes objectifs sont
évidemment défendus par les regroupements de consommateurs
entendus lors des audiences sur l'avant-projet de loi sur la réforme du
Code des professions.
La mission première de l'Office étant de veiller à
ce que chaque corporation professionnelle assure la protection du public, il
est primordial que l'Office puisse agir en toute autonomie et non
dépendre du financement des corporations professionnelles, même si
on utilise un moyen détourné pour aller chercher ce
financement.
Les efforts de rationalisation des budgets de l'Office des professions
auraient dû porter sur les diverses fonctions de l'Office, sur son
rôle essentiel, et tenir compte, à cet égard, des
propositions de l'Office lui-même et des corporations professionnelles.
D'ailleurs, si on élargissait davantage les propositions visant à
réduire sensiblement le processus réglementaire, cela permettrait
une réduction certaine du financement de l'Office.
La fonction de recherche qui offre des services à d'autres
ministères et organismes pourrait également être
révisée. De plus, la fonction de communication pourrait
avantageusement se partager avec le Conseil interprofessionnel du Québec
qui, à cet égard, fait un excellent travail et qui regroupe les
41 corporations professionnelles.
De plus, comment justifier la disparition du soutien financier de
l'État dans un secteur que l'État lui-même vient
d'identifier comme nécessitant une réforme pour répondre
davantage aux besoins de protection du public dans un secteur aussi
conséquent sur la vie même des personnes qui ont recours à
des services profession- nels? Le législateur considère
prioritaire de réformer le Code des professions pour assurer une
meilleure protection du public et, du même souffle, le législateur
se désengage en retirant son soutien financier.
On ne peut évidemment aborder l'étude des crédits
sans parler quelque peu de l'avant-projet de loi proposant une réforme
du Code des professions, des suites que le ministre entend lui donner et des
conséquences tant pour le public que pour les corporations
professionnelles.
Il faut rappeler que les audiences ont clairement démontré
que l'avant-projet de loi ne répondait pas aux attentes ni des
regroupements de consommateurs, ni du Protecteur du citoyen, ni des
corporations professionnelles. Le futur projet de loi devrait donc tenir compte
des recommandations entendues en commission parlementaire. Lors de ses
remarques préliminaires, Mme la Présidente, le ministre nous
faisait part qu'il y avait consensus. Mais vous comprendrez que j'hésite
à accorder déjà ma bénédiction, parce que je
l'ai entendu régulièrement, au cours des audiences, me parler de
consensus alors que je n'en entendais point. Donc, je m'inquiète
beaucoup de cette signification du mot «consensus» pour le ministre
responsable. Je réserve mes commentaires sur le projet de loi lorsque
j'en prendrai connaissance.
Lors de ces audiences, le ministre a reconnu l'urgence d'agir dans le
domaine des abus sexuels, même si l'avant-projet de loi ne contenait
aucune mesure dans ce dossier, et, évidemment, nous aborderons ce point
particulier. Les propositions concernant le processus réglementaire
constituaient un premier pas, dans l'avant-projet de loi, dans la bonne
direction, et il est à souhaiter que le législateur ira encore
plus loin dans cet assouplissement dans le projet de loi.
En ce qui a trait aux pouvoirs de l'Office des professions, les
arguments présentés par le Conseil interprofessionnel du
Québec et les corporations professionnelles ont démontré
l'importance de définir certaines balises et d'exiger que l'Office soit
tenu de rendre, lui aussi, des comptes et de se voir imposer certains
délais par le gouvernement. La proposition gouvernementale concernant la
question essentielle du système disciplinaire dans l'avant-projet de loi
ne faisait qu'alourdir le processus sans offrir une meilleure protection au
public. En fait, dans l'avant-projet de loi, on avait tenté de modifier
l'image sans évaluer les véritables problèmes du
système disciplinaire. On se contentait de maquiller la
réalité sans chercher à solutionner les vrais
problèmes identifiés.
Parmi ces problèmes identifiés lors des audiences, notons
toute la question des titres réservés. Peu importe notre
système disciplinaire, plus de 100 000 professionnels échappent
à ce système puisqu'ils n'ont pas l'obligation d'être
membres de leur corporation professionnelle. À partir du moment
où l'on reconnaît une corporation professionnelle, des mesures de
protection s'imposent pour le public. Le gouvernement a complètement
omis tout cet aspect prioritaire. D'ailleurs, Mme la Présidente, les
remarques préliminaires du ministre lors des audiences de l'avant-projet
et les questions du minis-
tre en commission nous amènent même à nous
interroger sur la véritable connaissance de cet élément
capital du dossier par le ministre responsable.
La nécessité de donner des outils efficaces aux syndics
nous est également apparue comme évidente. Le besoin d'une clause
omnibus, l'importance d'une procédure de conciliation, la
nécessité de pouvoir inscrire des plaintes dans un dossier,
d'assurer un suivi par l'inspection professionnelle, de pouvoir, par des
sanctions, améliorer les compétences des professionnels et
l'obligation d'un rapport annuel beaucoup plus explicite m'ap-paraissent des
éléments incontournables pour améliorer notre
système de protection du public.
De nombreuses suggestions bien concrètes, par exemple du
mémoire de l'Ordre des pharmaciens ou de l'Ordre des
optométristes, ou, tout dernièrement, un mémo
présenté par l'Ordre des opticiens d'ordonnances, devraient
donner d'excellents résultats. De plus, aucune réforme, si
valable soit-elle, ne pourra atteindre ces objectifs si on néglige
l'aspect information. La situation actuelle dénote un manque flagrant
d'information de notre système professionnel, et ce, non seulement de la
part du public en général, mais également des personnes en
autorité. L'information doit être la source de notre action.
Enfin, la nécessité d'offrir un recours externe
indépendant aux personnes insatisfaites d'une décision d'un
syndic demeure capitale pour assurer une meilleure protection du public.
À cet égard, la proposition de l'Ordre des optométristes a
particulièrement retenu notre attention.
L'Office de la protection du consommateur qui, avec un budget, il faut
le rappeler, de 14 000 000 $, comparativement aux 3 000 000 $ de l'Office des
professions, assure la protection du public pour l'achat de biens, intervient
régulièrement concernant la publicité. La publicité
joue un rôle essentiel dans la consommation de biens ou de services
d'où, à notre avis, l'urgence de se doter des mêmes mesures
de protection pour les services professionnels que pour l'achat des biens.
Négliger ce facteur, c'est omettre une partie essentielle de la
protection du public. Le nombre d'interventions de l'Office de la protection du
consommateur en matière de publicité devrait nous convaincre de
l'importance d'agir dans ce domaine.
Concernant la loi 72 à laquelle le ministre faisait
référence, Mme la Présidente, évidemment, c'est un
projet de loi que l'Opposition étudiera en commission parlementaire, et
nous demanderons certains amendements suite à certaines
représentations de différentes corporations professionnelles.
L'arrivée continuelle de nouveaux services, sans reconnaissance
au niveau professionnel, a créé, au fil des ans, toute une gamme
de services paraprofession-nels, dirais-je, qui n'offrent aucune protection au
public. Toute cette étude a, d'ailleurs, été faite tout
récemment suite à nos audiences, lors d'audiences en
présence du ministre de la Santé et des Services sociaux sur les
thérapies alternatives. On sait que, du côté de la
reconnaissance de nouvelles professions, le ministre nous a fait part d'une
nouvelle corporation professionnelle qui serait accordée bientôt,
celle des géologues. On doit rappeler qu'il n'y a eu que deux nouvelles
corporations professionnelles depuis 20 ans. Donc, que faut-il faire avec
l'ensemble de ces professionnels qui offrent des services et qui ne font pas
partie des corporations professionnelles?
Il m'apparaît, Mme la Présidente, que le fait de confier la
surveillance des divers organismes de protection à des ministres
différents constitue en soi un handicap majeur. Afin de doter les
Québécois et les Québécoises d'une véritable
protection harmonieuse, il devient urgent de confier au même ministre
responsable l'Office de la protection du consommateur, l'Office des professions
et la protection du public pour les thérapies alternatives et les cours
de croissance personnelle. Ce manque de vision globale actuel nuit
considérablement au public qui ne sait plus à qui s'adresser ni
comment les divers systèmes fonctionnent.
J'ai rappelé, lors de l'étude des crédits de
l'Office de la protection du consommateur que, souvent, le ministre de la
Justice était en conflit d'intérêts avec son rôle de
responsable de la protection du consommateur. À cet égard, il
faudrait peut-être penser regrouper l'ensemble de la protection,
peut-être au même ministre responsable, mais sûrement pas au
ministre responsable de la protection du consommateur qui devient en conflit
d'intérêts. À mon avis, cet élément constitue
un des éléments importants, majeurs, du manque de connaissance de
notre système disciplinaire et du manque de confiance du public dans ce
système.
Les 41 corporations professionnelles regroupant environ 240 000 membres
offrent des services professionnels partout au Québec, à
l'ensemble de la population et dans toutes les régions, d'où
l'importance, évidemment, Mme la Présidente, au cours des
prochaines heures, de questionner le ministre sur ses intentions concernant la
réforme, concernant le projet de loi 67 ainsi que sur certains dossiers
spécifiques.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la
députée de Terrebonne.
Est-ce qu'il y a d'autres parlementaires qui voudraient prendre la
parole?
M. Gobé: Mme la Présidente... (10 h 30)
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de LaFontaine.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Oui. J'ai plaisir, moi aussi, à accueillir
M. le ministre qui est accompagné, d'après ce que je peux voir,
du président de l'Office des professions et ses collaborateurs. J'ai le
plaisir de vous saluer au nom des membres de cette commission.
Force est de constater aujourd'hui, à la lecture du bilan qui a
été déposé devant les membres de cette commission
par les bons soins du ministre, que le rôle
de l'Office des professions pour cette année a été
assez important et assez volumineux, et on voit qu'il est intervenu dans
certains secteurs qui débordent le cadre habituel ou traditionnel de
l'Office des professions qui est de voir à la réglementation,
à l'application des normes en général des
différentes corporations professionnelles.
On voit en particulier que l'Office, M. le ministre, a eu à se
pencher sur des dossiers qui touchent la mobilité des professionnels et
des dossiers internationaux. On voit qu'avec l'ALENA, l'Accord de
libre-échange nord-américain, nous avons dû, pour une fois,
et c'est là le signe des temps nouveaux, commencer à regarder les
possibilités de concordance ou d'application de normes internationales
en ce qui concerne la qualification professionnelle et le pouvoir de pratiquer
dans d'autres pays pour, probablement, nos professionnels et aussi pour des
professionnels d'autres pays qui sont liés par cet Accord, de
probablement pouvoir, un jour, pratiquer leur profession, car on sait que, dans
l'Accord de libre-échange et l'ALENA, tôt ou tard nous arriverons
à une liberté très importante de circulation de la
main-d'oeuvre. Et c'est déjà le cas d'ailleurs, car on sait que,
juste cette année, au-delà de 8000 ou 9000 professionnels
québécois ou titulaires de diplômes professionnels ont pu
aller travailler aux États-Unis, en fonction de l'Accord de
libre-échange, sans avoir d'autres demandes à faire que de
présenter leur diplôme et leur offre d'emploi, d'où
l'importance d'harmonisation, probablement, des enseignements et des
qualifications. Et c'est là qu'on voit l'importance d'un organisme comme
l'Office des professions qui a pu être consulté, et faire valoir
en sorte les différences probablement caractéristiques de
l'enseignement québécois, canadien, et voir à ce que nos
corporations aussi soient, pas protégées, mais impliquées
dans ces changements qui vont les concerner.
On a vu aussi, M. le Président, et c'est très important,
lors du fameux débat sur Charlottetown, qu'un grand nombre de
professions, de professionnels ne pouvaient pas circuler librement dans le
Canada, à l'intérieur de notre propre pays. Les professions se
sont mises, selon certaines régions, des chasses gardées ou des
territoires, un peu comme c'est... Vous savez, au Moyen Âge, il y avait,
en Europe, le roi. Il y avait, après ça, ses fiefs. Il y avait
des vassaux qui étaient jaloux de leur territoire; ils faisaient un
château fort, ils levaient une armée pour protéger leur
territoire et, à l'occasion, entraient en guerre contre le roi lorsqu'il
venait percevoir les impôts ou amenait les réglementations du
royaume. Et on voit qu'il est arrivé que, dans certaines professions ou
corporations, on a fait un peu des châteaux forts et qu'on a levé
une armée afin de protéger les droits et probablement des
privilèges.
Alors, ça a amené que, bien souvent, on peut avoir une
qualification professionnelle au Québec et ne pas pouvoir pratiquer en
Colombie-Britannique, ou vice versa, et je crois que c'est un non-sens quand on
regarde les changements qui se préparent pour l'avenir. On voit qu'un
médecin, maintenant, qui part de Brème, en Allemagne, ou de
Munich, peut aller enseigner, pratiquer à Athènes, en
Grèce, alors que ce n'est pas forcément le cas pour un
médecin qui partirait du Québec pour Vancouver, ou vice versa. Je
crois que, de ce côté-là, l'Office des professions, par la
grâce de M. le ministre, aura certainement, dans les prochains mois, les
prochaines années, des efforts importants à faire d'harmonisation
et d'ouverture, d'harmonisation des diplômes et d'ouverture en ce qui
concerne ces pratiques. Car comment imaginer un Canada prospère et qui
fonctionne lorsqu'on a encore des barrières dignes du Moyen
Âge?
Il y a aussi des choses intéressantes qui ont été
faites. On a vu que l'Office a tenu, M. le ministre, des audiences et des
travaux sur le harcèlement sexuel. C'est quelque chose de très
important. Je n'élaborerai pas là-dessus. Je pense qu'on a eu
l'occasion amplement de le faire, tous les membres ensemble.
Il y a aussi un dossier qui concerne beaucoup de gens de notre
société qui est le dossier des renseignements personnels. Les
corporations, les membres des corporations, par leurs fonctions mêmes, au
niveau en particulier de la médecine, des pharmaciens ou d'autres
corporations, sont amenés à connaître des renseignements
sur la vie privée des gens, sur leur condition physique, sur leur
condition mentale et à détenir un certain nombre de dossiers
susceptibles de créer des dérangements ou des préjudices
aux gens qui les concernent si ces dossiers ou si ces renseignements peuvent
être communiqués à des tiers qui n'ont rien à faire
avec eux, ou même à des institutions gouvernementales. Et on sait
que quelqu'un qui aurait été soigné pour désordre
mental ou dépression, si son dossier ou cette information était
communiquée à des entreprises ou même à des
organisations gouvernementales, aurait peut-être de la difficulté
à se trouver un emploi même si, grâce aux bons soins des
médecins ou de cette corporation, il pourrait être
considéré comme guéri. Il en va de même pour les
maladies à caractère sexuel où, là, le dilemme est
le suivant: Doit-on ou ne doit-on pas informer les gens qu'une personne a ou a
eu une maladie sexuelle et peut représenter un danger pour ses
contemporains ou ses semblables? Je pense que c'est là des grands
débats qui ont eu lieu, ou qui ont lieu encore, et c'est, là
aussi, important de voir, M. le ministre, à ce que l'Office des
professions, qui est un peu notre guide dans ce domaine, voie à ce que
toutes les précautions soient prises pour faire respecter cette
confidentialité de la vie privée des gens, sans pour autant nuire
au droit du public à être informé, lorsqu'il est
concerné par certaines informations pour sa sécurité
physique ou de santé.
Pour le reste, M. le ministre, je crois que les relations que nous avons
pu avoir tout au long de l'année avec les représentants de
l'Office des professions ont été enclines d'une grande ouverture,
d'une grande facilité de communication. Je dois dire, comme membre de
cette commission et comme député, qu'il m'a toujours
été facile et agréable de travailler avec les membres de
l'Office, avec son président, M. Mulcair. Je souhaite qu'avec ces
crédits, lorsque nous aurons fini, nous puissions entamer une nouvelle
année aussi productive, aussi de recherche et d'innovation dans ses
tra-
vaux, et dans la même ambiance et la même atmosphère
de collaboration avec les membres de l'Assemblée nationale. Je dois dire
qu'à ce titre l'Office des professions pourrait servir d'exemple
à plusieurs autres organismes dépendant du gouvernement, de notre
administration, pour sa clarté et sa limpidité.
Merci, M. le ministre. Ceci met donc fin à mes remarques
préliminaires que je ne voulais pas trop longues pour ne pas prendre le
temps de la commission et laisser à mes collègues autour de cette
table le temps, à eux aussi, de faire valoir leur point de vue et leurs
opinions.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de LaFontaine.
Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui voudraient
intervenir à ce stade-ci?
Organisation et réglementation des
professions
Je vais donc appeler immédiatement le programme 8, Organisation
et réglementation des professions, programme qui vise à permettre
à l'Office des professions du Québec de veiller à ce que
chaque corporation professionnelle assure la protection du public.
Mme la députée de Terrebonne, sur le programme 8.
Mesures de restriction des dépenses
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente.
C'est bien dommage qu'on n'ait pas tenu compte des belles remarques du
député de LaFontaine sur l'efficacité de l'Office des
professions, parce que peut-être qu'à ce moment-là le
gouvernement aurait décidé de maintenir le financement de
l'Office pour ses belles réalisations plutôt que de refiler la
facture aux corporations professionnelles. (10 h 40)
Concernant les crédits pour 1993-1994, on remarque que les
crédits alloués à l'Office des professions subissent une
baisse de 215 000 $, ce qui représente environ un pourcentage de 6,7 %
de diminution par rapport aux crédits 1992-1993, qui étaient au
montant de 3 442 700 $. Quant à elles, les dépenses de 1992-1993
sont même plus élevées que les crédits à
voter pour cette année. Des mesures de réduction des
dépenses sont d'ailleurs prévues quant à la masse
salariale et quant aux autres dépenses de l'Office des professions. On
ne précise pas davantage, dans le cahier des renseignements
supplémentaires des crédits, de quelle façon seront
effectuées ces mesures de réduction des dépenses.
On s'aperçoit que l'Office des professions a dû renoncer
à ses projets d'information publicitaire pour 1992-1993 par manque de
ressources financières. En effet, l'Office s'est limité à
des dépenses en publicité obligatoires. Il s'agit de la
publication des décisions disciplinaires des corporations
professionnelles et des avis de radiation. Probablement qu'avec le projet de
loi 67 l'Office n'aura plus ces restrictions budgétaires du
Trésor, puisqu'on pourra puiser allègrement du côté
des corporations professionnelles.
On doit noter, Mme la Présidente, à quel point les
documents qui ont été remis par l'Office sont effectivement des
documents extrêmement précis et une source précieuse de
renseignements. Évidemment, aussi, il y a le document sur le suivi de la
réglementation qui nous a permis de prendre connaissance des
différents règlements et où en était rendu chaque
règlement.
Donc, ma première question s'adresse, évidemment, au
ministre. Quelles sont les mesures de restrictions budgétaires qui vont
être appliquées à l'Office des professions pour 1993-1994,
puisqu'il y a diminution, quant à la masse salariale et quant aux autres
dépenses de l'organisme, et s'il y a des crédits
périmés pour 1993, pour 1992-1993 s'il y a des montants
périmés, et de quel ordre sont-ils?
M. Savoie: Je pense qu'on pourrait demander au président
de l'Office de répondre à votre question sur les crédits
périmés, de même que sur les restrictions
budgétaires qui sont annoncées de quelque 224 000 $.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. Mulcair.
M. Mulcair (Thomas J.): Alors, Mme la Présidente, pour
résumer brièvement, les diminutions vont être couvertes de
la manière suivante: par la coupure de trois postes, dont un poste de
direction. Pour ce qui est de la question concernant ce qui pourrait être
périmé ou ce qui pourrait rester à la fin de l'exercice,
on est arrivé, pour le dire en termes techniques de comptabilité,
kif-kif. Ça, c'est le terme exact utilisé par la personne
responsable de l'administration chez nous. Je peux vous dire qu'en gros, aussi,
cette diminution a été rendue possible grâce à un
énorme travail de rationalisation au sein de notre direction de
l'administration et du personnel, et la personne largement responsable de
ça est ici avec nous aujourd'hui, M. Pierre Gauthier.
Pour le donner en chiffres ronds, au cours des dernières
années, c'est-à-dire depuis ma nomination en 1987, on a
diminué à plusieurs reprises le nombre de personnes travaillant
à l'Office, mais toujours au sein de l'administration et du personnel,
c'est-à-dire sans affecter les services rendus directement au public.
Donc, pour vous donner un exemple, au cours des 10 dernières
années, on a réussi à baisser de 10 personnes. Lorsque je
suis arrivé en 1987, il y avait 13 personnes qui travaillaient en
administration et personnel; aujourd'hui, il n'y a plus que 4 personnes qui
travaillent avec M. Gauthier dans ce domaine. Donc, vous pouvez voir qu'on a
réussi, par exemple, à garder le même nombre de personnes
qui font les travaux nécessaires de recherche dans des domaines,
justement, comme la mobilité internationale et interprovinciale ou les
fautes à caractère sexuel. Et encore, du côté des
affaires juridiques, on a réussi à garder le même nombre,
puis même à augmenter un peu le nombre d'avocats pour garder un
bon suivi
du dossier réglementaire à l'Office. Encore une fois, ce
sont là les dossiers qui affectent le plus directement le public et les
corporations professionnelles, et ça, ça n'a pas
été affecté.
Évidemment, comme tout bon bureaucrate qui se respecte, je ferai
maintenant une plaidoirie en faveur d'un certain maintien à ce
niveau-là, parce qu'une fois qu'on a coupé la peau et le gras, et
tout le reste, on aimerait bien conserver la charpente, les os. Mais je pense
qu'on est arrivé à une taille, à l'Office des professions
du Québec, qui, effectivement, nous permet de remplir
adéquatement notre responsabilité de protection du public, sous
réserve, bien entendu, des responsabilités accrues qui risquent
de nous échoir, notamment en matière disciplinaire et de suivi
advenant, justement, l'adoption de certaines des recommandations qui visent un
rôle accru de l'Office en matière, d'abord, de sensibilisation du
public dans les plaintes disciplinaires et, ensuite, dans ce suivi; en d'autres
mots, aider directement le public à remplir ou à formuler ses
plaintes, le cas échéant. Mais, sous cette seule réserve,
je pense qu'on est rendu, vraiment, à la bonne taille pour un organisme
de cette nature. Parce que, évidemment, il y a des plateaux qu'on
frappe. On pourrait augmenter, mais, à ce moment-là, puisqu'on
augmente, ça exige d'autres personnes dans l'administration et le
personnel, et ainsi de suite, sans nécessairement accroître notre
efficacité. Et je pense qu'effectivement les plus récentes
coupures sont le reflet des coupures qui existent, par ailleurs, au sein de
l'administration gouvernementale, et nécessaires, donc, pour tout
organisme, et on les assume comme il faut.
Il y a certaines dépenses qui ne sont pas sous notre
contrôle, et je donne un exemple, les administrateurs nommés, qui
sont les 129 personnes nommées au sein du public pour représenter
ce point de vue frais du public au sein des 41 corporations professionnelles,
et, bien entendu, ce sont des dépenses qui ne sont pas sous notre
contrôle. Il en va de même pour les dépenses
effectuées pour rémunérer les présidents des
comités de discipline. Même si on peut se féliciter du fait
qu'avec nos interventions accrues auprès des différentes
corporations professionnelles, même les plus récalcitrantes, en ce
qui concerne leurs défauts flagrants et perpétuels de faire
adéquatement leur travail de protection du public dans le domaine
disciplinaire... Donc, on peut se féliciter du fait qu'il y a plus de
discipline qui se fait. Évidemment, puisque ces
dépenses-là sont assumées par l'État, il y a eu une
importante augmentation des coûts affectés au remboursement des
dépenses et des honoraires des présidents des comités de
discipline.
Mme Caron: Oui. M. le président de l'Office a fait
référence à la date de sa nomination, ce qui
m'amène à questionner le ministre très brièvement.
Est-ce que le ministre peut me renseigner quant à la date du
renouvellement du mandat du président de l'Office des professions?
Est-ce que le ministre a l'intention de recommander au Conseil des ministres le
renouvellement de son mandat?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Savoie: Non, Mme la Présidente, je ne veux pas
commenter à ce moment-ci, sur la place publique, ni le renouvellement du
mandat du président actuel ni toute autre hypothèse possible
concernant la fin de son mandat, qui est prévue, bien sûr, pour
cette année.
Réforme du Code des professions
Mme Caron: Concernant la réforme, le ministre nous a
brièvement, dans ses remarques préliminaires, donné
certains indices, comme son intention de nous la présenter pour le
printemps, qui se termine le 22 juin. Est-ce qu'il pourrait être un petit
peu plus précis concernant son échéancier et concernant
ses intentions au moment où ce projet de loi sera déposé?
Est-ce qu'il a l'intention de faire à nouveau des consultations, des
audiences, une commission parlementaire, ou si, au moment du dépôt
de ce projet de loi, nous ferons immédiatement le travail d'étude
article par article?
M. Savoie: Vous parlez de quel projet de loi, Mme la
députée?
Mme Caron: Sur la réforme.
M. Savoie: Sur la réforme. Alors, la réforme, comme
vous le savez et comme j'ai eu l'occasion de le mentionner tout à
l'heure, a fait l'objet de beaucoup d'heures de travail de la part de l'Office.
Entre autres, M. Roy et Me Beaumont y ont consacré un effort
considérable. Le Conseil interprofessionnel aussi a mis
énormément de temps et d'argent au niveau de la réforme.
Il y a eu des journées de travail particulièrement productives.
Nous avons eu, à ce moment-ci, je pense, un consensus, comme je vous
l'ai mentionné, sur les principaux points. Nous avons pu échanger
sur quasiment...
Mme Caron: Quels points?
M. Savoie: Quasiment tous les points qui ont fait l'objet de
discussions d'une façon générale et qui revenaient lors
des audiences de la commission. On peut penser, par exemple, à la notion
de comité de révision. On peut penser à l'enquête,
la tutelle. On peut penser, enfin... Vous pouvez, je suis certain, vous
rappeler de l'ensemble des points qui ont fait l'objet de discussions: les
fautes à caractère sexuel, les types d'intervention, la
réglementation...
Mme Caron: Durant les audiences, je n'ai eu aucun consensus. Vous
me dites que vous avez eu des consensus après.
M. Savoie: Oui. C'est ça, oui.
Mme Caron: Alors, sur quels points?
M. Savoie: C'est-à-dire que... Bien, là, il
faudrait
que je termine la première question avant que vous en abordiez
une deuxième. Sans ça, on va se mêler.
Mme Caron: Non. C'est la même, là. (10 h 50)
M. Savoie: Oui, oui, mais laissez-moi terminer la première
question. Alors, finalement, après avoir terminé notre
journée de travail d'hier, qui était une deuxième
journée, non pas consécutive, mais une deuxième
journée en ma présence, sur les points qui demandaient des
échanges... Et le consensus n'est pas obligatoire, il faut bien
s'entendre. C'est qu'on a un mandat; on va l'exécuter. On vise la
protection du public, surtout et avant tout. Le Conseil interprofessionnel,
évidemment, vise aussi la protection du public, mais a une autre
optique. Mais je ne peux que constater qu'ils ont démontré la
plus grande maturité, et leurs conseils se sont entourés de deux
conseillers, M. Cas-tonguay de même que Me Godbout qui font un travail
exceptionnel, exceptionnel, véritablement, et je pense qu'avec la
présence de Me Beaumont et de M. Roy à la table on arrive,
finalement, à dégager un consensus à partir des
obligations que nous voulons au niveau de la protection du public et des
mécanismes qui peuvent, ici et là, rencontrer les échanges
et les discussions que nous avons avec le Conseil interprofessionnel.
Alors, normalement, au cours du mois de mai, on devrait procéder
à la rédaction, et j'imagine qu'à ce moment-là nous
devrons retourner au Conseil des ministres... Non pas que j'imagine qu'on doive
retourner au Conseil des ministres, on retourne au Conseil des ministres, mais
j'imagine que ça va se dérouler rapidement. Maintenant, il peut
toujours y avoir ici et là, de la part, par exemple, des experts au
ministère de la Justice, au Comité de législation, un
questionnement. Alors, dépendant du temps qu'on devra consacrer à
ces intervenants-là, nous saurons, à ce moment-là, si nous
pouvons le déposer pour la fin juin ou non. De toute façon,
à la minute où l'autorisation sera donnée par le Conseil
des ministres, nous ferons tout le nécessaire pour assurer
qu'effectivement le Conseil et les corporations qui sont
intéressées, dans la mesure du possible, bien sûr, puissent
prendre connaissance du projet de loi et, à ce moment-là, on le
déposera.
Le processus de consultation, c'est une affaire continue, ce n'est pas
une affaire qu'on fait à un moment donné et, après
ça, on arrête et on n'en fait plus, parce que ça n'a pas de
bon sens. Ça, c'est des affaires pour lesquelles votre parti est surtout
renommé et pas le nôtre. Ce qu'on envisage, c'est surtout un
processus continu qui va nous permettre d'échanger. Lorsque quelqu'un
nous explique quelque chose qui, effectivement, demande un changement, on va le
faire. Lorsque quelqu'un nous exprime un point de vue qui n'est peut-être
pas le nôtre et qui donne à peu près le même
résultat, bien, on verra. Lorsqu'on parle d'un point de vue qui
affaiblit, par exemple, la position de la protection du public ou le mandat
principal de l'Office, la réponse, c'est non. Alors, c'est
l'orientation, un peu, qu'on se donne, et on va échanger dans ce
sens-là.
Je peux vous dire qu'à date ça a été
surprenant, vraiment surprenant de voir jusqu'à quel point les
différentes présentations de la part du Conseil ont
été valables, jusqu'à quel point, finalement, autour d'une
table de travail, en chemise, manches roulées, on peut déboucher
sur une nette amélioration, des bonnes explications, une meilleure
compréhension de la part de tous les intervenants autour de la
table.
Mme Caron: M. le ministre, vous trouvez surprenant le
professionnalisme des professionnels. C'est un peu ça?
M. Savoie: Finalement, ce que je trouve surprenant, c'est le
sérieux et la bonne volonté qui sont mis par toutes les parties.
Parce que, pendant longtemps, je ne sais pas si vous vous rappelez, Mme la
députée... Au début de notre présentation à
la commission sur l'éducation, vous vous rappellerez fort bien qu'il y a
plusieurs corporations qui demandaient le retrait pur et simple du projet de
loi, que c'était ci, ça, on déchirait sa chemise sur la
place publique. Il y avait des déclarations, non pas de la part du
Conseil, mais de certaines corporations, qui n'avaient ni queue ni tête,
et là on constate qu'effectivement il y a une volonté de
travailler, une volonté de réussir et que ça va beaucoup,
beaucoup plus vite que j'aurais pensé. Le Conseil, tout en
protégeant les intérêts particuliers des différentes
corporations professionnelles au Québec, quand même,
reconnaît l'importance de la protection du public, reconnaît que
l'Office doit avoir les pouvoirs nécessaires pour exercer son mandat. Je
peux vous dire que la question de la tutelle, c'est une question majeure,
ça. Il y a cinq ans, ça aurait été impossible de
penser à permettre à l'Office d'avoir un pouvoir de
recommandation de tutelle auprès du gouvernement, de façon
générale, inscrit dans le projet de loi comme ça, sur
d'autres matières que des matières financières. Le pouvoir
d'enquête, c'est un pouvoir important qui, évidemment, s'adressait
à des questions de la réglementation.
Tout ça a fait en sorte que ça s'est très bien
déroulé. Alors, il faut bien comprendre que la surprise n'est pas
que le Conseil interprofessionnel a agi d'une façon professionnelle. Ma
surprise, c'est le fait que le Conseil interprofessionnel s'est appliqué
avec tant de rapidité et tant de détermination à
réaliser ce dossier à court terme, dans l'intérêt du
monde professionnel du Québec. Je pense que c'est une première,
à ma connaissance en tout cas. C'est une première, que ça
procède comme ça, certainement depuis 20 ans. Alors, c'est
vraiment remarquable, et je pense qu'on peut tous s'en féliciter.
Même les travaux, devant cette commission, se sont bien
déroulés. Je veux dire, il n'y a pas eu d'abus, je pense, de la
part de l'Opposition sur des positions politiques. Il n'y en a pas eu non plus
de la part des corporations professionnelles sauf, peut-être, un
intervenant qui a été particulièrement déplaisant.
Je pense que, dans l'ensemble, il y avait une volonté de servir le
public. Il y avait vraiment une volonté de servir le public, d'assurer
la protection du public. Il y avait une
plus grande... Il y avait un degré de maturité que je
trouve vraiment digne du monde professionnel au Québec.
Mme Caron: M. le ministre, moi, évidemment, le
degré de maturité des professionnels, je n'en ai jamais
douté. Pour avoir rencontré les différentes corporations
professionnelles une à une et, dans plusieurs cas, à plusieurs
reprises, le Conseil interprofessionnel, je n'ai jamais douté, si on
décidait de consulter ces intervenants et de prendre le temps de
discuter, qu'effectivement on pouvait arriver à une entente, et
très rapidement. Je pense que c'est toujours la meilleure façon
de le faire.
Vous n'avez malheureusement pas répondu à une de mes
questions concernant l'échéancier. C'est-à-dire, bien
qu'il y ait eu des consultations et qu'il va continuer à y avoir des
consultations, qui ne sont pas publiques, est-ce qu'au moment du
dépôt du projet de loi vous avez l'intention de faire une
consultation publique?
M. Savoie: Bon. Lorsqu'on dépose le projet de loi... Je
pense que vous comprendrez que l'ensemble des consultations formelles a
été réalisé auprès du Conseil
interprofessionnel. Là, bien sûr, on va transmettre l'information,
on va être à l'écoute. J'imagine que le Conseil
interprofessionnel va nous revenir avec une évaluation et un avis
concernant le projet de loi et, à ce moment-là, on verra, on
prendra les choses... Si, par exemple, les professions et le Conseil
interprofessionnel applaudissent d'une façon véhémente le
projet de loi et si, par exemple, l'ensemble des associations de consommateurs
approuve l'orientation du projet de loi... Enfin, on verra. On va prendre
ça étape par étape. Si le projet de loi est prêt
pour le mois de juin et qu'il a franchi chacune des étapes, à ce
moment-là, tout ce que nous allons faire, c'est le déposer
à l'Assemblée nationale. On a toujours la deuxième
lecture, bien sûr, pour apporter des corrections, si des corrections
s'avèrent nécessaires.
Mme Caron: Lors des audiences sur l'avant-projet de loi sur la
réforme du Code des professions, autant le Conseil du statut de la femme
que différents groupes sont venus nous faire part des problèmes
concernant les abus sexuels ou les fautes à caractère sexuel. Il
faut faire la nuance avec le harcèlement sexuel, ce n'est pas tout
à fait la même chose au niveau de ce type de problématique.
Le ministre nous avait déclaré à ce moment-là que,
pour lui, il y avait urgence d'agir et qu'il avait l'intention, dans la
réforme, de le faire. Donc, dans le projet de loi, on devrait
rétrouver des éléments sur cette problématique
particulière. (11 heures)
Pour sa part, l'Office des professions mentionne, parmi ses principales
réalisations pour 1992-1993, qu'il a voulu favoriser la
réflexion, l'action concertée des corporations professionnelles,
à la suite de ces analyses et de la tenue du Sommet de la justice en
février 1992. En ce sens, l'Office a complété une
consultation des corporations professionnelles. Il a également
participé au groupe de travail créé par le Conseil
interprofessionnel du Québec sur le sujet afin d'élaborer des
avenues de solution. Nous avons pris connaissance de ce rapport et des
différentes recommandations. Comme ces actes sont dérogatoires
à l'honneur et la dignité de chacune des corporations, c'est
évident que ce qu'on propose, c'est que la tolérance à
l'égard de ce type de faute doit être le point zéro, donc
tolérance zéro. On retrouve cette recommandation-là dans
le rapport du Conseil interprofessionnel.
Sauf qu'il y a quand même une certaine limite, c'est-à-dire
que, parmi les recommandations, on ouvre quand même une brèche
à la tolérance zéro, c'est-à-dire lorsqu'on
recommande qu'on peut prévoir une sanction pour un professionnel qui
aurait fait une faute à caractère sexuel dans l'exercice de ses
fonctions et que la sanction pourrait être d'une amende à une
radiation. Bon. On sait qu'au niveau des demandes des groupes on parlait
davantage d'une radiation automatique, c'est-à-dire, afin de davantage
contrôler, c'est-à-dire, avant de réinscrire quelqu'un au
tableau, de pouvoir vérifier, de faire certaines exigences, d'avoir un
certain contrôle, finalement. Par contre, on pourrait, à ce
moment-là, exiger certaines conditions particulières on
parlait de thérapie avant la réinscription, etc., alors
que la sanction d'une amende seulement n'est pas véritablement
proportionnelle à la faute qui pourrait être reprochée.
Est-ce que le ministre peut nous préciser ses intentions, quant
à lui, concernant cette problématique des abus sexuels par des
professionnels? Est-ce qu'il a l'intention d'établir un système
disciplinaire particulier pour ce type de faute? Et est-ce qu'il compte aller
plus loin, au niveau des sanctions, que les recommandations du Conseil
interprofessionnel?
M. Savoie: Regardez. Mme la députée, la question
est très importante. Vous savez, bien sûr, que nous prenons
beaucoup de temps pour analyser les différentes hypothèses. Nous
avons pris une orientation. Vous comprendrez que, tant que je n'aurai pas eu
l'occasion, suite à nos échanges avec le Conseil
interprofessionnel...
Mme Caron: Ça ne fait pas encore partie du consensus.
M. Savoie: C'est-à-dire que oui, ça ne
présente pas de difficultés particulières, mais je ne
voudrais pas, à ce moment-ci, faire d'autres commentaires sur la nature
des orientations tant qu'on n'aura pas quelque chose de défini, parce
que, s'il y a changement... Je pense que ce que vous pouvez retenir, c'est les
engagements, l'orientation qui a été prise lors des travaux de la
commission, de dire que, oui, il va y avoir quelque chose, que, oui, ça
va être significatif, que, oui, on va intervenir d'une façon
particulièrement sévère dans ce dossier. Mais, pour le
moment, je ne pourrais pas répondre à vos trois sous-questions
concernant ce dossier outre que de dire qu'on va procéder à la
rédaction, notre orientation est établie, et que ce sera rendu
public
dès qu'on aura une première rédaction de la part
des gens de l'Office.
Mme Caron: L'avis de l'Office, est-ce que c'est sensiblement la
même position que le Conseil interprofessionnel?
M. Savoie: II n'y a pas de différence de fond, je pense.
Pendant vos échanges, il n'y a pas de différence de fond...
(Consultation)
M. Savoie: Alors, je ne pense pas, non. Je ne pense pas qu'il y
ait de problème majeur avec le Conseil interprofessionnel.
Mme Caron: On ne peut pas parler, évidemment, de la
réforme sans aborder le financement, parce que, pour nous,
c'était vraiment un tout, financement et réforme, et on acceptait
difficilement le fait que le ministre présente un projet de loi au
niveau du financement qui était distinct de la réforme comme
telle. Alors, dès l'annonce de la réforme du système
professionnel québécois, le ministre responsable de l'application
des lois professionnelles avait, évidemment, déjà
prévu d'abord s'attaquer au financement de l'Office des professions. Le
ministre avait annoncé, dès le départ, son intention de
transférer aux corporations professionnelles les coûts
d'opération de l'Office des professions, dès septembre 1991. Il
annonçait alors qu'il s'engagerait sous peu dans une vaste
réforme du Code des professions. Le «sous peu» a
été un petit peu plus étendu que prévu, mais
ça semble être une politique qui est fréquente, en tout cas
du côté des ministres dont je suis la porte-parole de
l'Opposition. Il nous ajoutait que la première étape de cette
réforme consistait d'abord à retirer le financement de la part du
gouvernement. Et je le cite: «II s'agit de faire passer directement les
corporations professionnelles officiellement reconnues pour les services qui
leur sont rendus par cet organisme public québécois qui doit
veiller à la protection du public. Le gouvernement veut se retirer le
plus rapidement possible du financement des corporations du Québec dans
le but avoué d'alléger le poids de sa dette publique.
L'État québécois souhaite que les secteurs les mieux
nantis s'autofinancent.»
Le projet de loi, effectivement, a été
déposé le 16 décembre dernier. En février, au
moment du dépôt de l'avant-projet de loi, le ministre ne voulait
pas faire porter les audiences publiques sur ce projet de loi 67. Par contre,
évidemment, différentes corporations professionnelles ont
profité de l'occasion pour faire part de leurs commentaires,
dénoncer et décrier le projet de loi 67. Il est déplorable
que le ministre, concernant cet élément qui est extrêmement
important et lié à une réforme, n'ait pas consulté
les principaux intéressés. On se rappelle qu'il avait
convoqué, le matin même du dépôt du projet de loi,
les corporations professionnelles à une séance d'information,
séance où le ministre n'a remis aucun document et où il a
même refusé de répondre à toute question
précise, se contentant de vagues énoncés de principe.
Je réitère que le projet de loi 67 de même que
l'avant-projet de loi sur la réforme constituent un tout. Ils sont
interreliés.
Le ministre a déclaré en commission parlementaire, le 16
mars, que des mécanismes de contrôle seraient prévus au
projet de loi 67. Il a même sermonné l'Association des chirurgiens
dentistes, en leur disant de prendre connaissance de son discours d'ouverture
où il parlait de ces mécanismes. J'invite le ministre à
relire son discours d'ouverture et à nous trouver les mécanismes
de contrôle précis qu'il aurait pu énoncer dans ce discours
d'ouverture. On n'en retrouve point.
Lors de ses remarques préliminaires aussi, lors de son discours
d'adoption de principe du projet de loi 67, le ministre a fait allusion
à certains mécanismes sans jamais nous donner de
précisions sur ces mécanismes de contrôle. Il mentionne de
façon hésitante que l'établissement des budgets de
l'Office se fera suite à une consultation avec le Conseil
interprofessionnel du Québec, et ce, d'une façon
récurrente. Est-ce là le mécanisme de contrôle?
Est-ce que c'est cela, l'imputabilité, selon le ministre? Il faut
toujours garder le principe que, si les corporations professionnelles doivent
payer, elles ont le droit aussi d'exiger en retour.
L'autre aspect qu'il faut aborder sur le projet de loi 67, c'est la
taxation indirecte, cette taxation indirecte qu'il semble instituer aux
professionnels, et seulement aux professionnels, il faut le rappeler, donc un
impôt discriminatoire qui ne tient pas compte, non plus, de la
rémunération des gens. Quant à cet aspect, soit la
constitutionnalité de la loi, le ministre a mentionné au
bâtonnier du Québec qu'il détenait une opinion juridique,
d'environ trois pouces d'épaisseur, du ministre de la Justice.
Pour conclure, le projet de loi 67 a également pour effet de
transférer aux corporations les coûts du travail effectué
par l'Office pour certains organismes au ministère.
Donc, est-ce que le ministre, aujourd'hui, peut nous déposer
l'opinion juridique qu'il a reçue du ministre de la Justice concernant
la constitutionnalité du projet de loi 67? Et est-ce que le ministre
peut nous donner les mécanismes précis de contrôle qu'il
entend élaborer pour le financement de l'Office des professions?
M. Savoie: Mon Dieu! C'est parce que la question est tellement
longue, Mme la Présidente. Il y a tellement de faits erronés dans
la question...
Mme Caron: La question n'est pas longue, c'est le
préambule.
M. Savoie: La question est monstrueuse, finalement. Elle est
longue, elle a duré quasiment quatre minutes. Puis on ne sait pas
comment prendre ce genre de question là, parce qu'il y a tellement de
fautes là-
dedans, dans l'énoncé des principes. Comment voulez-vous
qu'on réponde à quelque élément de la question que
ce soit, sauf pour revenir sur l'orientation...
Lorsqu'elle dit qu'il n'y a pas eu de consultation, c'est
complètement absurde. Il y a eu deux tables qui ont été
formées: une première table avec le ministère des
Finances, des gens de l'Office, évidemment des gens du Conseil
interprofessionnel; une deuxième table formée exclusivement par
des gens des corporations et du Conseil interprofessionnel, qui nous ont fait
toute une série de recommandations. Ça a pris quasiment six mois,
ce processus-là. Il y a eu des échanges. La rencontre au mois de
décembre, c'était tout simplement pour leur dire qu'on le
déposait, qu'on allait maintenir une consultation là-dessus,
qu'il y aurait des mécanismes de protection, et dans un contexte
très difficile de travail, hein, à travers tout ça; ce
n'est pas plus facile qu'il faut de travailler ce dossier-là. En
conséquence, lorsqu'elle dit qu'il n'y a pas de consultation, j'aimerais
ça qu'au moins elle retire ses paroles, parce que ça n'a aucune
allure de dire qu'il n'y a pas eu de consultation. Et ceux qui me connaissent,
ceux qui ont eu l'occasion de travailler avec moi, savent fort bien que la
consultation est un élément essentiel de tout projet de loi,
sauf, bien sûr, les projets de loi du ministère du Revenu,
où les normes sont établies par les Finances et non par le
ministère du Revenu en tant que tel. Mais, lorsque c'est établi
par le ministère du Revenu, il y a, bien sûr, consultation de
notre part. Quand c'est le ministre des Finances, c'est au ministre des
Finances à établir lui-même ses orientations et à
faire ses propres consultations, et on adopte en conséquence. (11 h
10)
Donc, pas consulter, c'est de la foutaise, finalement. C'est vraiment de
la foutaise d'affirmer ça, c'est se moquer des travaux de cette
commission. Des vagues énoncés, dire que je me suis
présenté devant eux au mois de décembre, puis ne pas
répondre à leurs questions, ce n'est pas vrai. On a
été là, en après-midi, avec eux, au moins de
mémoire, parce que ça date quand même... Je n'ai pas de
notes spécifiques là-dessus ici avec moi, mais je peux vous dire
que ça a duré au moins trois heures, trois heures et demie. On a
échangé avec eux, j'ai été très franc, je
leur ai dit: Voici ce que ça va contenir. Je leur ai
spécifié qu'effectivement, dans le projet qu'on déposait,
le mécanisme n'était pas prévu parce qu'il n'y avait pas
encore suffisamment de consensus autour du mécanisme pour l'introduire,
un mécanisme, finalement, qui va permettre aux corporations
professionnelles de s'assurer que le budget de l'Office ne dépasse pas
40 000 000 $ l'année prochaine, que le budget est acceptable,
finalement, pour le mandat de l'Office et, également, bien sûr,
pour ceux qui vont payer.
Quant aux autres affirmations, que le Conseil interprofessionnel va
exiger une participation... Le Conseil interprofessionnel nomme
déjà plusieurs membres de l'Office. Les membres de l'Office sont
nommés à partir d'une liste que fournit le Conseil
interprofessionnel. La représentation est là. Le Conseil
interprofes- sionnel est appelé à donner son avis, à
consulter. Dans le projet de loi de la réforme qu'on va déposer,
vous allez voir qu'il va y avoir une obligation de consulter l'Office, de
demander l'avis de l'Office sur certains éléments. On est en
train, justement, d'attacher... Le texte final n'est pas encore terminé,
mais, hier, on a eu l'occasion d'échanger pendant quasiment une
demi-heure, et je pense que ça a porté fruit.
Alors, tout ça, ça sort, finalement, tout croche. Ce que
la députée fait, c'est qu'elle veut se faire un cheval de
bataille avec le projet de loi 67 en disant: C'est de la taxation indirecte,
puis c'est ci... C'est complètement irresponsable. C'est
complètement irresponsable.
C'est l'orientation que se donne le gouvernement du Québec, comme
les autres paliers de gouvernement au Canada et ailleurs, c'est-à-dire
que, maintenant, les mécanismes de contrôle et de surveillance
devront être payés, financés par ceux qui contrôlent.
Alors, l'orientation est très claire, c'est déjà
enclenché chez nous, c'est un processus qui va se développer
davantage. Bien sûr, il y a certains mécanismes qui ne peuvent pas
être financés par les membres. Je pense à l'Office de la
langue française, des choses comme ça. Je pense que c'est
très difficile. Mais on est en train d'examiner différentes
autres structures pour trouver les mécanismes nécessaires
à leur financement, et s'assurer de deux principes que j'ai eu
l'occasion de mentionner à plusieurs reprises. D'abord, c'est
l'indépendance de l'Office je pense que j'ai eu l'occasion de
mentionner ça à plusieurs reprises s'assurer que,
finalement, l'Office demeure et qu'elle reçoive un budget suffisant pour
assurer son mandat, donc une méthode de financement qui réponde
aux obligations de l'an 2000 et non pas aux exigences de
l'État-providence. Alors, c'est ça.
Je comprends que c'est facile, c'est une «cheapshot»,
finalement, de partir là-dessus puis de dire: Wa,wa,wa, puis... Bon. Je
veux bien, mais c'est une «cheapshot». Il faut être
responsable et s'assumer. Il faut effectivement, si on veut voir l'Office des
professions continuer à exercer son mandat... Vous l'avez vu dans le
budget fédéral, où on propose de mettre fin au financement
de plusieurs organismes, de plusieurs commissions. Même chose, la
pression va augmenter chez nous, elle ne diminuera pas, et ça n'a rien
à faire avec les partis politiques qui sont présents.
Prétendre que le Parti québécois ne le fera pas, c'est
tout simplement leurrer l'ensemble de la population. C'est un mécanisme
qui va continuer à se développer. Il va y avoir une pression
à la baisse au niveau des dépenses publiques, une pression
importante.
Moi, je pense que, comme je l'ai mentionné, et je vous invite
à relire nos commentaires lors de la défense des crédits
en 1992, nous avons eu le temps d'expliquer qu'effectivement, en prenant
l'initiative et en déterminant nous-mêmes ces contrôles,
bien, on assure la continuité de l'Office. On assure la
continuité de l'Office et on va permettre à l'Office de jouer son
rôle à l'abri des intempéries financières des
gouvernements, et on va assurer au monde professionnel et au public une
plus
grande protection en ce sens. Vous savez que le Barreau a
déjà dit à plusieurs intervenants que lui, ce qu'il
voulait, c'était l'abolition de l'Office, pure et simple. D'autres
corporations tiennent un peu ce même discours fou. Fou!
En prenant l'initiative et en faisant les premiers pas, en s'assurant
qu'on a un mécanisme qui est clair, équilibré, qui va
assurer l'intégrité et le fonctionnement de l'Office, à
l'abri... Le mécanisme qui a été trouvé a quand
même été spécial dans le sens que c'est le
ministère du Revenu qui recueille les montants et, ensuite, c'est le
ministère des Finances qui va continuer à les verser, et qu'il
n'y a pas de lien. Les corporations professionnelles qui disent: «No
taxation without représentation», c'est un discours je vais
être poli, je vais être poli de quelqu'un qui ne sait pas de
quoi il parle, parce que, effectivement, les membres de l'Office, plusieurs
membres de l'Office sont choisis à partir d'une liste que nous fournit
le Conseil interprofessionnel, et il peut y avoir des mécanismes pour
assurer...
Donc, ce que nous mettons de l'avant vise à protéger le
public, vise à assurer la pérennité de l'Office, vise
à assurer un financement adéquat, parce qu'on change non
seulement le financement par l'Office, mais également ceux et celles qui
demandent des services à l'Office vont participer au financement. S'il
vous plaît, soyez un petit peu plus conséquent dans vos
commentaires et dans vos discours. Je sais que vous jouez le jeu de
l'Assemblée nationale. Vous avez fait intervenir je ne sais pas combien
de personnes qui ont dit je ne sais pas combien d'obscénités
à l'Assemblée nationale, en parlant de l'autofinancement, des
absurdités les plus totales, ni queue ni tête, qui ne tenaient,
d'aucune façon, compte des orientations qu'on se donnait. Et, lors du
dépôt du projet de loi, j'ai eu l'occasion de le mentionner, que
le mécanisme de contrôle n'était pas là parce que je
ne l'avais pas encore identifié, parce qu'il n'y avait pas suffisamment
d'échanges et de consensus là-dessus, mais on va l'obtenir, on va
l'obtenir en deuxième lecture, on aura l'occasion d'échanger
là-dessus. Je souhaite, je souhaite le plus ardemment possible,
finalement, que vous montiez d'une marche et que vous réalisiez fort
bien que, sous la gouverne de votre parti, on a déjà
présenté un papier réclamant l'abolition de l'Office des
professions, que ça a été la même chose chez nous en
1986-1987 avec le rapport Gobeil, que cette orientation-là n'est pas
dans l'intérêt des citoyens et citoyennes du Québec et que,
malgré les difficultés financières, il faut trouver un
mécanisme léger, souple qui va permettre, donc, la continuation
de l'Office. Ça, c'est la triste réalité. Il faut prendre
cette orientation-là à cause, justement, de notre situation
financière qui est particulièrement difficile et qui est propre
à l'ensemble des gouvernements des pays industrialisés.
Alors, dans ce contexte-là, j'invite la députée de
l'Opposition à faire un peu plus de réflexion sur ce
dossier-là du financement et à constater que les
intérêts à long terme du monde professionnel, de la
protection du public au Québec nécessitent cette étape
d'autofinancement. Ce n'est pas facile. Il n'y a personne qui dit que c'est
facile, et ce n'est pas, non plus, l'idéal. L'idéal, ce serait
que, chaque année, le gouvernement fasse un chèque en blanc et le
donne à l'Office. Mais ce n'est pas la réalité, ça
non plus. On va s'organiser, on va structurer quelque chose. La majorité
des corporations, à ce moment-ci, acquiescent déjà
à l'orientation; je vous le dis, elles acquiescent déjà
à l'orientation. Il y en a certaines qui, évidemment, s'opposent
par opportunité, certaines par irresponsabilité pour d'autres, en
me disant qu'elles vont l'appuyer si on leur donne telle chose, en me disant
qu'elles vont... On va laisser passer un peu de temps. Je suis confiant qu'au
fur et à mesure qu'on va avancer, lorsqu'elles vont avoir un portrait
global du budget de financement de l'Office, lorsqu'elles vont avoir eu
l'occasion de constater que, bon, bien, ça va dans les étapes,
les mécanismes de contrôle, et tout ça est des plus
raisonnables, on va établir notre consensus à ce moment-là
et on va être capable d'aller de l'avant. (11 h 20)
C'est une tâche particulièrement difficile qui touche 230
000 membres et qui soulève des anomalies, Mme la Présidente,
comme vous ne pouvez pas vous imaginer, 41 corporations dont une a 60 000
membres, les infirmières, qui disent qu'on ne peut pas tarifer de telle
façon, ça crée une injustice, et elles ont raison. Il faut
trouver un mécanisme qui soit équitable. Ce n'est
déjà pas facile. Il faut trouver un mécanisme qui assure
une forte participation de la part des individus et non pas des corporations
elles-mêmes. Il faut que ça revienne à chacun des
professionnels au Québec pour le financement de l'Office. Il faudrait
trouver une solution à cette question-là. Il faut protéger
également les petites corporations qui comptent 110, 115 membres, pour
ne pas qu'elles paient des montants extravagants pour le financement de
l'Office.
On a trouvé des solutions après plusieurs mois
d'échanges, plusieurs mois d'échanges, et la
députée est au courant de cette orientation-là. Elle le
sait. Elle le sait fort bien qu'on a eu ces deux comités, que les
comités ont travaillé, ont préparé des rapports,
que ça a duré plusieurs mois. C'est sûr qu'il n'y a pas eu
de vote là-dessus, mais, quand même, à partir de ces deux
comités, il s'est dégagé certains consensus, il s'est
dégagé certaines orientations qu'on a l'intention de suivre.
C'est dans l'intérêt, finalement, du public
québécois. C'est dans l'intérêt de la protection de
ce public. C'est dans l'intérêt du monde professionnel au
Québec. Et il n'y a pas d'autre solution. Il n'y a pas d'autre
solution.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai une demande
d'intervention du côté ministériel. Je reconnaîtrai
maintenant le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, Mme la Présidente. J'aimerais, M.
le ministre, avec votre consentement probablement...
Mme Caron: Est-ce que c'est sur le même sujet? Parce que je
n'avais pas terminé sur ce sujet-là.
M. Gobé: Bien, je ne le sais pas, madame.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que c'est sur le
même sujet?
M. Gobé: Moi, en ce qui me concerne, j'entends demander
des informations et des précisions en ce qui concerne la mobilité
professionnelle, et je pense...
La Présidente (Mme Hovington): Alors, on serait
peut-être mieux de finir avec le sujet sur lequel nous
étions...
M. Gobé: Bien, c'est parce que...
La Présidente (Mme Hovington): ...et je vous
reconnaîtrai pour vos 20 minutes après.
M. Gobé: Oui, mais si vous permettez, Mme la
Présidente, c'est parce que, depuis le début de cette commission,
soit 10 heures, j'ai patiemment laissé ma collègue de
l'Opposition faire toutes ses interventions et, voyant qu'elle pose des
questions de quatre minutes à chaque fois, j'ai l'impression que, si
nous continuons comme ça, les membres du gouvernement seront
brimés dans leur droit de parole à cette commission, qui est,
comme je le rappelle, dans le règlement de l'Assemblée nationale,
50 % du temps imparti ou, du moins, chaque membre de cette commission pouvant
intervenir pour une période de 20 minutes.
La Présidente (Mme Hovington): Absolument.
M. Gobé: Alors, l'indication que j'aimerais que vous me
donniez... Si Mme la députée de Terrebonne entend terminer, dans
les quelques minutes qui suivent, ce dossier, c'est avec grand plaisir et
courtoisie que je vais la laisser terminer. Mais, si elle entend continuer une
autre demi-heure à coup de questions de quatre, cinq, six minutes, qui
amènent inévitablement des réponses, alors, d'une
vingtaine de minutes de M. le ministre, et on ne peut pas l'en blâmer, le
temps qu'il débrouille tout cela, qu'il décode tout cela et qu'il
fasse les rectifications nécessaires... Si vous pouvez m'assu-rer, en
demandant à Mme la députée, que ça va être
très bref et que, vers 11 h 30, je pourrai intervenir, c'est avec
plaisir que je la laisserai terminer ce sujet.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de LaFontaine, soyez assuré de la vigilance de la présidente pour
ne pas brimer votre droit de parole en tant que membre de cette commission.
Mais je préférerais de beaucoup, comme il est de tradition, finir
un sujet avant d'en aborder un autre, lors de l'étude des
crédits.
M. Gobé: Sauf que l'ensemble de l'étude des
crédits ne peut pas se passer sur le même sujet.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, Mme la
députée de Terrebonne, si vous voulez bien continuer sur le sujet
sur lequel vous étiez en train de parler.
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente.
Je pense, Mme la Présidente, que le ministre et moi avons deux
problèmes particuliers sur le projet de loi 67, c'est-à-dire un
problème au niveau d'une croyance, d'une conviction, d'une philosophie,
et un problème au niveau d'une définition.
Au niveau philosophique, c'est que, pour ma formation politique,
lorsqu'on assure une protection, on doit assurer le soutien financier de cette
protection, et c'est au même titre que la protection pour l'achat des
biens. Les consommateurs québécois sont protégés
par l'Office de la protection du consommateur, et l'Office de la protection du
consommateur coûte 14 000 000 $ à l'État. Est-ce que le
gouvernement va décider de transférer la facture aux associations
de consommateurs ou aux entreprises, que l'Office doit poursuivre, par une
taxation au niveau du revenu? Non. Alors, on se dit, nous, comme croyance, que,
si l'État peut accorder 14 000 000 $ pour la protection des biens,
l'État peut accorder 3 000 000 $ pour la protection des services
professionnels, puisque les services professionnels ont encore plus d'incidence
sur la vie des gens et où la protection doit être encore plus
grande.
L'autre point qui nous pose problème, c'est évidemment au
niveau de la définition. La définition du ministre au niveau des
consultations, c'est lorsqu'il consulte l'Office des professions et qu'il
consulte le Conseil interprofessionnel. Pour moi, la notion de consultation
n'est pas une notion de consultation en petits comités privés, en
petites tractations particulières. La consultation est aussi une
consultation publique au niveau de l'ensemble et des corporations
professionnelles et des groupes concernés. Et, au moment de
l'étude de Favant-projet de loi, nous aurions souhaité qu'on
dépose aussi le projet de loi 67 et que, lors des audiences, toutes les
corporations professionnelles et les groupes puissent se prononcer sur les deux
sujets. Même le Protecteur du citoyen n'était pas au courant du
projet de loi 67, il ne pouvait donc pas voir les incidences sur la proposition
qu'il faisait comme structure. Alors, pour nous, de la consultation, c'est
beaucoup plus vaste.
Il n'est pas de notre intention de donner un chèque en blanc
à l'Office des professions, puisque les crédits que nous faisons
ce matin, l'étude des crédits, c'est le moment où,
effectivement, l'État pose des questions, mais aussi où
l'Opposition pose des questions, et, à ce moment-là, on ne peut
pas dire que l'Office a un chèque en blanc, absolument pas.
Le ministre nous dit qu'il n'a pas été vague, qu'il a
été précis durant les trois heures et demie de la
rencontre qu'il a eue. Mais, dans sa réponse, aux deux questions
précises que j'ai posées, je n'ai pas eu de réponse.
Alors, je les répète. Est-ce que le ministre peut déposer
l'opinion juridique qu'il nous a dit détenir du ministre de la Justice
sur le projet de loi 67? Donc, question très précise. Et la
deuxième: Est-ce que le ministre peut nous donner, aujourd'hui, le
mécanisme de contrôle ou les mécanismes de contrôle
précis qu'il entend mettre en application?
M. Savoie: Vous avez abordé encore la consultation.
Lorsqu'on consulte, Mme la députée, le Conseil interprofessionnel
du Québec... Le Conseil, évidemment, doit consulter ses membres.
Un comité a été formé, c'est le Conseil
interprofessionnel qui a nommé les membres de ce comité.
Lorsqu'on consulte le Conseil interprofessionnel, on consulte,
évidemment, l'ensemble des corporations au Québec. C'est un peu
ça, là. C'est un peu ça, l'orientation. Donc, dire que
c'est des consultations à moitié cachées, c'est de la
foutaise. C'est de la foutaise, parce que, effectivement, ça a
été présenté au Conseil. Ils ont
échangé là-dessus, ils ont formé un comité
sous la direction, évidemment, de...
Mme Caron: Ils n'ont jamais voté.
M. Savoie: Ça ne nécessitait pas de vote. C'est une
consultation. Alors, ce qui a été présenté,
c'était tout simplement pour éclairer le débat. C'est
sûr qu'ils n'ont jamais voté. Je ne sais pas s'ils vont voter
là-dessus, non plus. Je ne connais pas la réaction de la
présidente ni quelle orientation elle va prendre,
particulièrement dans son dossier avec les corporations
professionnelles. Tout ce que je sais, c'est que, de notre côté,
nous avons voulu faire un travail où, effectivement, ils pouvaient nous
faire part de leurs réflexions là-dessus, et c'est ce qui a
été fait. Ce n'était pas de la cachette. Et ça, on
appelle ça une consultation. Prétendre le contraire, c'est
absurde.
Mme Caron: L'opinion juridique.
M. Savoie: Alors, au niveau de la... Évidemment, là
encore, il y a plusieurs points sur lesquels je pourrais intervenir.
Mme Caron: L'opinion juridique.
M. Savoie: Écoutez, vous ne me direz pas, là...
Mme Caron: Est-ce que vous l'avez?
M. Savoie: Écoutez, je vais répondre. J'ai le temps
de répondre, et vous ne me direz pas comment et quoi répondre. Il
y a d'autres éléments que vous avez soulevés encore, vous
revenez là-dessus, qui sont basés sur une opinion erronée.
Lorsque vous dites que les corporations professionnelles et les professionnels
au Québec... que l'ensemble de la population doit être
protégée, donc doit financer l'Office, c'est faux. C'est faux.
C'est un jugement qui est faux quand on parle de financement. La protection du
public relève des corporations professionnelles. C'est l'article 23 dans
le Code. On stipule très clairement que la corporation professionnelle
est créée pour protéger le public. C'est son premier et,
finalement, son seul mandat, en bout de piste. C'est la seule chose qui compte.
Ces corporations-là sont chargées de protéger le public.
(11 h 30)
L'Office, il est là pour surveiller, surveiller, et
également assurer des travaux de concertation. Alors, le rôle de
l'Office est double: concertation et surveillance des corporations
professionnelles. Pourquoi l'ensemble des Québécois et des
Québécoises doivent payer? On peut si on a l'argent. Il n'y en a
plus d'argent. Il n'y en a plus. Vous trouvez un mécanisme qui est
beaucoup plus simple et qui est beaucoup plus intéressant, beaucoup plus
intéressant pour des raisons que je ne peux pas énumérer
à ce moment-ci, mais qui est beaucoup plus intéressant, en
procédant par une déduction fiscale. Ça présente
des avantages importants. Donc, le coût réel par professionnel va
être minime, hein, minime.
Le chiffre qui circule actuellement pour les infirmières, on
parle de 4 $ par année, peut-être moins qui sait?
par année, pour que l'Office des professions s'assure que non seulement
leur corporation à elles, mais que l'ensemble des corporations
fonctionne. Sans ça, c'est le retour au chaos qu'on a vécu
auparavant, avant 1972, où les plus fortes corporations en menaient trop
large, les plus faibles ne pouvaient pas se développer. On ne pouvait
pas, finalement, établir des mécanismes d'équilibre, de
développement des corporations professionnelles, assurer la protection
qu'on doit aux corporations à titre réservé et d'autres.
On retourne à la jungle, finalement. Voir ça autrement. Que
l'Office soit financé par les corporations professionnelles ou les
membres des corporations professionnelles est beaucoup plus naturel, dans
l'état des finances actuelles, je dis bien, dans l'état des
finances actuelles, que si ça venait de n'importe quelle source.
Je voudrais souligner aussi qu'il y a des cas où, lorsque le
professionnel est, par exemple, membre d'une corporation professionnelle de
l'État de New York, me dit-on, le professionnel fait son chèque,
par exemple, au Barreau de l'État de New York... Il n'envoie pas
ça au Barreau, il envoie ça à l'équivalent de
l'Office des professions qui se paie et qui envoie la balance du chèque
au Barreau. Il n'y a pas de règle sacro-sainte, là, il n'y a pas
de vache sacrée au niveau du fonctionnement du financement de l'Office.
Ça doit, finalement, s'adapter aux capacités de payer de
l'État, aux différentes structures, aux différentes
orientations qui sont en place. Ce que nous avons trouvé, par exemple,
nous croyons que ça dépasse les lignes du parti, nous croyons que
ça dépasse largement une conjoncture économique
particulière, ce qu'on fait, c'est qu'on règle le dossier et, on
espère, pour longtemps, le mécanisme qui est ça, qui va
permettre à l'Office de continuer à exercer son mandat d'une
façon des plus convenables, des plus convenables, et de régler,
finalement, les questions budgétaires une fois pour toutes en mettant
l'Office à l'abri de ces intempéries que nous avons
mentionnées à plusieurs reprises depuis le début des
travaux de cette commission.
Mme Caron: Est-ce que le ministre...
M. Savoie: Alors, nous arrivons maintenant à votre
question préliminaire qui est le dépôt des documents que
vous avez demandés. Alors, le premier, c'est une opinion juridique
provenant du ministère de la
Justice. Évidemment, le ministère de la Justice a
examiné le document, nous a indiqué également qu'il
était favorable à l'orientation, qu'il n'y voyait pas d'objection
préliminaire, qu'il a examiné les différentes facettes de
ce mécanisme de financement. Et, si j'avais en ma possession un rapport
du ministère de la Justice concernant ce dossier, il me ferait plaisir
de le déposer, mais je n'en ai pas.
Mme Caron: Ah! vous ne l'avez pas.
M. Savoie: Je n'en ai pas. Deuxièmement, vous avez
demandé également le résultat des consultations? C'est
ça?
Mme Caron: J'ai demandé les mécanismes
précis de contrôle que vous entendez mettre en application.
M. Savoie: Bon. Évidemment, on a plusieurs
hypothèses qui sont sous étude actuellement. Comme je vous l'ai
mentionné, on est en train d'en regarder, surtout une, de ces mesures.
À la minute où elle sera identifiée, définie,
à ce moment-là, certainement qu'on va échanger
là-dessus et on va communiquer là-dessus. Mais, pour le moment,
non, je ne peux pas la déposer, puisqu'elle n'est pas encore
déterminée.
Mme Caron: Comme le ministre n'a toujours pas de mécanisme
de contrôle précis...
M. Savoie: C'est-à-dire que j'en ai un qu'on regarde, qui
est beaucoup plus intéressant que les autres, beaucoup plus simple.
À ce moment-là, on aura l'occasion d'échanger lorsqu'il
sera davantage...
Mme Caron: Donc, est-ce que vous entendez retarder l'appel du
projet de loi en commission parlementaire, tant et aussi longtemps que vous
n'aurez pas ce mécanisme précis de contrôle jugé
acceptable?
M. Savoie: Je ne comprends pas, là. Je m'excuse,
j'étais pris.
Mme Caron: Est-ce que vous entendez appeler le projet de loi 67,
puisqu'il est déjà... Puisque l'adoption de principe est faite,
est-ce que vous allez retarder l'étude du projet de loi 67 en commission
parlementaire, tant et aussi longtemps que vous n'aurez pas ce mécanisme
précis de contrôle?
M. Savoie: Bon. Je vais procéder avec autant de diligence
que possible au niveau du projet de loi 67.
Mme Caron: Ah! vous pouvez prendre votre temps.
M. Savoie: Oui.
Mme Caron: De notre côté, nous vous conseillons de
ne pas l'apporter. Ha, ha, ha!
M. Savoie: Vous êtes bien gentille, mais...
Mme Caron: Mais c'est ça que j'ai dit, de prendre son
temps.
M. Savoie: ...je ne crois pas que ce soit nécessaire que
je prenne mon temps. J'ai l'intention d'y aller de l'avant avec autant
de...
M. Gobé: Célérité.
M. Savoie: ...célérité oui, merci
que possible. Il faut bien comprendre que l'objectif, évidemment,
est de faire adopter ce projet de loi pour la fin de cette session. Le
mécanisme est déjà prévu et, évidemment,
ça n'en est qu'un parmi d'autres, mais un qui retient beaucoup plus
notre attention et qui, je crois, va susciter un consensus que les gens vont
trouver raisonnable. C'est sûr que les corporations professionnelles
n'applaudiront pas à l'autofinancement. Il n'y a pas un président
d'une corporation qui va nous féliciter ouvertement d'avoir
trouvé une façon d'aller chercher 5 $, 6 $, 7 $ après
impôt dans les poches d'un professionnel. Il n'y a personne qui va faire
ça. Sauf que ce qu'on espère et ce que je crois qui va se
produire, c'est qu'ils vont réaliser qu'il vaut mieux cette alternative
que l'autre et que c'est dans leur intérêt, et, en
conséquence, évidemment, il va y avoir un consensus de fait.
Mme Caron: Concernant le financement pour les nombreux avis qui
sont demandés à l'Office parce que, si on regarde la liste
des avis demandés à l'Office des professions du Québec par
tous les ministères depuis 1986, c'est quand même une liste
extrêmement exhaustive est-ce que le ministre a pris une
décision précise sur ces avis qui sont demandés par
d'autres ministères?
M. Savoie: Oui. La décision est déjà
très claire là-dessus. C'est-à-dire que le gouvernement
doit, évidemment, payer pour les services qui vont lui être rendus
par l'Office. Il s'agit d'identifier le mécanisme le plus souple
possible. Comprenez que c'est nouveau. Ce n'est pas un chemin qui a
été voyagé par toutes sortes de monde ou toutes sortes
d'organismes. C'est nouveau. Je pense que l'orientation qu'on se donne dans ce
dossier va influencer largement les orientations que vont prendre les autres
organismes de contrôle et de surveillance au Québec, bien qu'il y
ait déjà certains organismes qui font déjà de
l'autofinancement, en tout ou en partie. À ce moment-là, on sera
en mesure d'identifier le mécanisme comme valable.
La Présidente (Mme Hovington): À ce stade-ci, je
constate qu'il est déjà 11 h 40. Je crois bien que je vais donner
une chance au député de LaFontaine d'intervenir sur le programme
8.
M. Gobé: Madame, ce n'est pas une chance que vous allez
donner, c'est le respect des règlements de cette Assemblée. Si
c'est rendu la chance, pour les
députés du gouvernement, de pouvoir parler, ce n'est plus
une Assemblée, madame, c'est une loterie.
Mme Garon: Le sujet était terminé, M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: Comment dites-vous, madame?
Mme Caron: Le sujet était terminé. Donc, vous
pouvez aborder un nouveau sujet.
M. Gobé: C'est ça, oui, mais j'ai vu que vous
étiez profondément...
La Présidente (Mme Hovington): En parlant de chance, M. le
député de LaFontaine, je peux vous donner le synonyme
d'«opportunité».
M. Gobé: Oui? Ah! bien, madame, je ne sais pas...
La Présidente (Mme Hovington): Ce n'était pas une
chance dans le sens de la loto, c'était une chance dans le sens
d'«opportunité» de parler. Alors, allez-y, je vous
reconnais.
M. Gobé: J'avais cru comprendre ça, madame, et loin
de moi l'idée de penser que vous ne connaissez pas...
La Présidente (Mme Hovington): Ah! l'interprétation
est trop facile.
M. Gobé: ...le vocabulaire.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, je vous
reconnais.
Mobilité professionnelle
M. Gobé: Je sais que vous en êtes une... Bon. Alors,
très bien.
Alors, M. le ministre, après avoir abordé, avec la
députée de Terrebonne, ces questions sans cesse
répétitives et qui semblaient avoir de la difficulté
à trouver des réponses satisfaisantes, pour elle en tout cas,
peut-être serait-il intéressant de passer à un sujet qui,
lui, va . concerner un grand nombre de personnes et qui a un impact très
important sur les services qui vont être dispensés à nos
concitoyens dans les futures décennies et aussi sur peut-être le
niveau ou les possibilités d'accéder à l'enseignement de
certaines professions pour un certain nombre de nos jeunes
Québécois. Quand on sait actuellement les taux de chômage
que nous avons et losqu'on sait aussi le nombre de jeunes sans cesse
grandissant qui veulent accéder à des professions
libérales ou à des professions qui sont régies par les
corporations professionnelles, c'est là très important. (11 h
40)
II y a un chapitre, dans votre programme, le chapitre 3, si je vois
bien, qui s'intitule «Mobilité professionnelle», et on voit
que l'Office des professions a prêté ses services, ou a
collaboré avec différentes tables ou différents
organismes, ou a donné son soutien technique, est-il écrit, dans
le but de travailler à l'élaboration des positions du
Québec et du Canada. On parle de trois négociations
internationales commerciales majeures susceptibles d'impact sur les
professions.
Tout d'abord, M. le ministre, j'aimerais, s'il était possible,
que vous, ou votre président peut-être il est de tradition
en commission parlementaire pour les crédits qu'un sous-ministre puisse
parler avec l'autorisation de son ministre puissiez, pour chacune de ces
trois négociations internationales commerciales, d'abord, nous les
décrire, nous décrire les impacts et les raisons pour lesquelles
nous avons dû travailler avec d'autres personnes pour établir une
position qui est celle du Québec et du Canada, bien entendu.
J'aimerais, par la suite ou en même temps, à chacune de ces
trois, qu'il nous dise c'est quoi la position du Québec, les impacts qui
vont en découler aujourd'hui et dans le futur, et ce, d'une
manière assez descriptive et assez complète, parce que je crois
que c'est quelque chose d'important pour les gens qui vont rester ici pour
assumer leur profession, pour l'exercer, pour ceux qui vont vouloir, avec leur
diplôme professionnel tout à l'heure et la reconnaissance de leur
corporation, aller travailler à l'extérieur, pour ceux qui vont
venir de l'extérieur et vont vouloir s'établir chez nous, donc
donner des services à la population. Alors, on parle de qualité,
on parle de formation, on parle de normes, on parle de langue aussi qui doit
être parlée, enfin tout ce que ça comporte. Je sais que
ça peut quand même être aussi assez long, et je trouve
drôle que, rendu à 11 h 45, on n'ait pas encore eu le temps d'en
parler, parce que ça a un impact direct sur la vie des gens et, dans
quelques années, allons-nous peut-être avoir des gens qui vont
venir faire des recommandations aux parlementaires ou aurons-nous à
corriger des erreurs ou des mauvaises décisions qui sont prises
maintenant et qui auront des impacts très importants.
M. le ministre, pour moi, c'est un élément majeur, et
j'aimerais que vous et M. le président de l'Office des professions
preniez le temps nécessaire pour éclairer les parlementaires et
la population sur ces nouveaux enjeux, sur ces nouvelles directions des
professions du Québec vers l'an 2000.
M. Savoie: Excellente question, et je pense que, pour nous
éclairer, il faudrait s'en remettre certainement au président qui
va nous donner un portrait, j'imagine, très juste de la situation.
M. Gobé: Non seulement le portrait, mais les impacts et
les enjeux...
M. Savoie: Oui, oui, c'est ça.
M. Gobé: ...et les conséquences, le concret.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Mulcair: Mme la Présidente, je dirais en partant que,
d'une manière générale, on peut enchaîner avec une
question précédente, à savoir les avis que prépare
l'Office des professions du Québec pour d'autres instances au
gouvernement, car l'exemple précis que nous regardons ici, à
savoir la mobilité professionnelle nationale et internationale, pose la
question fondamentale suivante: Lorsque l'Office des professions du
Québec donne son expertise, son temps à ce genre de travail, avec
d'autres ministères et organismes au gouvernement, est-ce qu'il est en
train de le faire pour ces organismes-là ou, d'une manière plus
générale, dans le but d'assurer que le professionnalisme
québécois soit au niveau nord-américain et même
mondial? Et je pense que toute la question est posée là lorsqu'il
s'agit, justement, de déterminer pour le compte de qui ce genre de
travail est fait lorsqu'on détermine qui devrait le payer.
Effectivement, le document mentionne trois chapitres auxquels on
travaille en ce moment avec d'autres instances du gouvernement, à savoir
l'ALENA, c'est-à-dire l'Accord de libre-échange
nord-américain, et j'ajouterais tout de suite qu'on a déjà
eu énormément de travail de fait auparavant dans le cadre de
l'Accord de libre-échange CanadaÉtats-Unis. Ensuite, il y a
le GATT et, bien entendu, il y a la collaboration avec les autres
provinces.
D'une manière générale, je préfacerais mes
propos en disant ceci, que, depuis une centaine d'années, on assiste
à la signature de toutes sortes d'accords pour le mouvement des biens
à travers les frontières, et il n'y a rien de nouveau
là-dedans, on a tenté par le passé de dresser des
barrrières pour mieux protéger les marchés internes et les
fabricants internes, et, au fil des ans, on s'est rendu compte
qu'économiquement ça n'avait pas de sens, on avait beaucoup plus
intérêt, généralement, pour tous les pays, à
travailler à briser ces barrières-là. Ça,
c'était, évidemment, dans le domaine des biens. Ce qui est
relativement nouveau, c'est qu'on commence à faire la même
constatation dans le domaine des services et, notamment, les services
professionnels, c'est-à-dire que les barrières qu'on a tendance
à ériger pour le transfert outre-frontière des services
ont aussi intérêt, dans l'intérêt de tout le monde,
à être diminuées autant que faire se peut.
Il y a un facteur assez compliqué qui s'ajoute, par contre, c'est
la balkanisation des exigences pour devenir membre d'une corporation
professionnelle au Québec ou dans d'autres provinces et aux
États-Unis. C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de quelque chose qui
s'organise au niveau national en Amérique du Nord, mais bien plus au
niveau subnational, c'est-à-dire, ce sont les États aux
États-Unis et les provinces au Canada, ce qui donne lieu à une
sorte de «patchwork quilt», des morceaux qui ne se comparent pas
d'un endroit à l'autre, des gens qui ont exactement la même
formation. Mais, plutôt que de regarder la formation, on regarde les
intérêts de ceux qui pratiquent déjà dans
l'État ou la province en question et on a tendance à vouloir
conserver les barrières à la libre circulation des
professionnels.
Je dirais que les travaux avec nos collègues canadiens ont
commencé sérieusement en 1989, lorsque le vis-à-vis de
l'Office des professions du Québec dans la province de l'Alberta,
c'est-à-dire Professions & Occupations Bureau de la province de
l'Alberta, a convoqué une réunion de tous ceux et celles
responsables de l'application des lois professionnelles dans toutes les
provinces pour discuter de ces questions-là. En mettant en commun nos
ressources et nos analyses, on a été à même de
constater qu'effectivement il y a des choses relativement simples qui pouvaient
être faites pour diminuer les barrières à la
mobilité interprovinciale des professionnels.
De la même manière, depuis deux ans maintenant, je
siège comme membre du conseil d'administration, je suis le seul Canadien
à avoir été élu au conseil d'administration du
«Council on Licensure, Enforcement and Régulation, du Council of
State Governments», et, à ce titre, j'ai pu démarrer, avec
nos collègues américains, des travaux importants en vue, d'abord,
de les sensibiliser à la nouvelle réalité qui existe
depuis la signature de l'Accord de libre-échange CanadaEtats-Unis
et, par la suite, de préparer le terrain pour la signature de l'Accord
de libre-échange nord-américain. Je peux vous dire, Mme la
Présidente, qu'aussi récemment qu'hier j'étais en contact
avec mes collègues américains en vue de préparer notre
rencontre annuelle de 1993, parce que le thème majeur de cette
rencontre, c'est-à-dire, cette fois-ci, avec les 50 États, les 10
provinces et le Mexique, c'est justement la diminution, la réduction des
barrières à la mobilité internationale des
professionnels.
Déjà, l'année dernière, au mois de
septembre, en 1992, à Détroit, au Michigan, lors de notre
réunion annuelle avec CLEAR, il y a eu quatre ateliers qui ont
été pilotés par le Québec en matière de
mobilité internationale et interprovinciale.
M. Gobé: Excusez-moi, M. le président, je vais vous
interrompre pour avoir quelques éclaircissements. Les quatre ateliers
que vous mentionnez actuellement étaient pilotés par le
Québec. Est-ce à dire qu'ils étaient initiés par le
Québec ou si c'étaient des ateliers qu'on...
M. Mulcair: Ils ont non seulement été
initiés par le Québec, mais c'est nous qui les avons
pilotés et c'est nous qui avons organisé les ateliers,
c'est-à-dire deux ateliers de fond sur l'Accord de libre-échange,
et nous étions responsables, donc, d'amener et les collègues
canadiens qui étaient là pour donner les études de cas,
les modèles de collaboration... Par exemple, on avait des gens des
associations de bureaux d'architectes qui étaient là pour
expliquer comment, avec le NCARB, qui est l'association américaine pour
faire le «licensing», qui, donc, fait l'accréditation des
architectes aux États-Unis, on était arrivés avec une
entente au Canada, et c'est notre présence dans ces dossiers-là
qui a assuré... Par exemple, pour vous donner un exemple très,
très concret...
M. Gobé: Oui, c'est ça.
M. Mulcair: ...et terre à terre, les examens de NCARB sont
traduits dorénavant en français.
M. Gobé: Les examens de qui? Excusez-moi. M. Mulcair:
NCARB, qui est l'association... M. Gobé: C'est quoi,
ça, NCARB?
M. Mulcair: ...américaine qui est responsable de
l'accréditation, de la reconnaissance des professionnels dans le domaine
de l'architecture. Donc, nos architectes québécois vont pouvoir
écrire un examen commun avec leurs vis-à-vis Américains
mais, bien entendu, en français.
M. Gobé: Alors, est-ce à dire que, si je comprends
bien, les architectes qui passeraient cet examen pourraient travailler... pas
travailler, pourraient exercer leur profession aux États-Unis sans
restriction?
M. Mulcair: Oui, exactement. Dès le départ, ils
auraient exactement la même accréditation que les architectes
américains. Donc, c'est très important pour nous d'être
impliqués dès le départ dans chacun de ces dossiers, parce
que, évidemment, plus tard, ce serait difficile.
En vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain, on a
non seulement eu notre rencontre de Détroit, mais je m'empresse
de le dire parce qu'on est en défense des crédits j'ai
été l'invité du gouvernement de la Floride pour
aller...
M. Gobé: Oui, c'est marqué dans les crédits,
d'ailleurs. (11 h 50)
M. Mulcair: ...à Tallahassee pour parler de l'Accord de
libre-échange, mais ça n'a pas coûté un sou au
trésor public. J'étais bel et bien l'invité de
l'État de la Floride, mais, justement, pour parler de l'Accord de
libre-échange avec eux autres et, encore une fois, préparer la
voie, parce que ce sont ces contacts-là qu'on a établis avec nos
collègues américains qui vont nous permettre d'assurer que nos
professionnels vont pouvoir concurrencer sur un pied d'égalité
avec leurs vis-à-vis américains et profiter de cette même
mobilité.
S'ajoute, évidemment, dans le cas du Québec, la dimension
très cruciale de la langue du travail et de la langue des professions.
Bien avant l'adoption de la Charte de la langue française en août
1977, c'est-à-dire depuis juillet 1974 et même avant, au
Québec, on avait des exigences en matière linguistique,
c'est-à-dire qu'on exigeait toujours qu'un professionnel qui
désire exercer ait de la langue officielle une connaissance
appropriée à l'exercice de sa profession. Ça, c'est le
genre de barrière à la mobilité qui ne serait pas permise
après l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange
nord-américain. Mais le Québec, étant déjà
impliqué dès le départ dans ces
démarches-là, va s'assurer qu'on va abriter nos exigences, on a
deux ans pour ce faire, après l'entrée en vigueur de l'Accord de
libre-échange nord-américain, et ceci étant le cas, on va
pouvoir conserver nos exigences linguistiques, l'exigence d'une connaissance de
la langue française, par exemple.
Donc, c'est très important à plusieurs niveaux qu'on soit
impliqués dès le départ dans toutes ces
démarches-là.
M. Gobé: Vous voulez dire, M. le président, que,
grâce ou suite à vos travaux, les clauses de l'Accord de
libre-échange qui recommandent la mobilité des professionnels et
la reconnaissance des diplômes ou des accréditations
professionnelles au Québec, un des prérequis est la connaissance
de la langue française...
M. Mulcair: Oui, bien entendu, pour pouvoir... M. Gobé:
Et est-ce que ça a été adopté ou... M.
Mulcair: Sauf certaines...
M. Gobé: Est-ce que c'était un projet ou est-ce que
ça a été adopté? C'est une modification qui figure
dans l'Accord?
M. Mulcair: C'est une exigence qui existe au Québec depuis
plusieurs années. Par contre, dans l'Accord de libre-échange,
chaque partie ou ses parties subnationales auraient le droit, à
l'intérieur d'une période de deux ans, de faire la liste, si l'on
veut, des choses qui sont faites au terme de notre structure
réglementaire actuelle qui seraient un accroc en vertu de l'Accord.
C'est-à-dire, on ne pourrait pas, après cette période de
deux ans, ajouter de nouvelles barrières, mais, puisque nous avons
déjà ce genre d'exigence au Québec, on pourrait
aisément l'abriter à l'intérieur de la période de
deux ans.
Mais je dirais, encore une fois, sur le plan très concret,
très pratique, que ces contacts avec les autres provinces et avec les
États au États-Unis peuvent amener des bienfaits pour la
population. Il a été beaucoup question ce matin d'un dossier qui
a été énormément sur la place publique au cours des
derniers mois, c'est-à-dire les fautes à caractère sexuel,
les abus sexuels par les praticiens. Or, il y a un cas qui a fait la manchette,
qui a été bien connu, où un membre d'une profession, qui
était détenteur d'un permis au Québec, a traversé
la frontière de l'Ontario malgré le fait qu'une de ses
conditions, lors de son appel, c'était de ne pas pratiquer sa
profession. Il avait reçu la bénédiction de certaines
personnes ici, au Québec, pour venir travailler ici, malgré le
fait qu'il avait déjà plaidé coupable à des fautes
«outrancieuses» à caractère sexuel, et on l'a
laissé venir travailler ici. Donc, tout de suite, on a commencé
après ça à écrire à nos collègues
dans les autres provinces en vue d'établir une «national
practitioners' data bank», de la même manière que cela
existe aux États-Unis, c'est-à-dire une banque de données
sur les prati-
ciens, en vue de s'assurer que ce genre de personnes fautives ne
viendront pas pratiquer ici, faute d'information ou d'une bonne collaboration,
et je peux...
M. Gobé: Je comprends ça, M. le président,
c'est très important comme information, mais ce qui m'intéresse
plus particulièrement et on sait que le temps file et file; c'est
un peu comme l'argent des contribuables ces temps-ci: plus on en a, moins il
nous en reste ce que j'aurais voulu savoir, c'est quelles sont les
professions, les catégories de professionnels qui sont visées
dans ces réglementations, cette déréglementation du
libre-échange, et quelles sont celles dans lesquelles vous êtes
intervenus pour harmoniser les formations, la langue française, les
diplômes, les champs de compétence avec les États-Unis?
M. Mulcair: La profession avec laquelle ces travaux sont les plus
avancés, c'est la profession d'architecte, parce que les travaux avaient
déjà commencé au moment de la signature de l'Accord de
libre-échange CanadaÉtats-Unis. Donc, l'entente sectorielle
dans ce domaine-là est chose faite et elle va pouvoir continuer
maintenant que la traduction est assurée des examens de ANCAR,
c'est-à-dire l'association américaine responsable dans ce
domaine-là. Il y a d'autres domaines...
M. Gobé: Les comptables?
M. Mulcair: Les comptables, c'est un autre bon exemple, mais,
encore là, la manière de diviser la tarte diffère d'une
juridiction à l'autre. Déjà, au Canada, on a trois
corporations professionnelles dans le domaine comptable qui sont reconnues,
avec des droits de pratique qui varient d'une province à l'autre. Alors,
vous voyez qu'il y a déjà un certain ménage qui s'impose
à l'intérieur avant de comparer avec ce qui se fait aux
États-Unis. Parce que le seul groupe avec lequel les CPA
américains, les «Chartered Public Accountants»
américains, acceptent de discuter, ce sont nos comptables
agréés au Canada, et ce, malgré le fait que, dans
certaines provinces, il y a très peu de distinctions dans les droits de
pratique entre les C.A., les C.G.A. et les CM.A., et ça, c'est les deux
autres groupes canadiens, c'est-à-dire les comptables en management et
les comptables généraux. Alors, vous voyez que ce n'est pas
toujours aussi facile que de dire: On fait une table de concertation entre les
professionnels d'une même sorte aux États-Unis et au Canada, parce
que la manière de diviser les responsabilités et les champs de
pratique n'est pas toujours pareille. Mais le domaine comptable est un autre
domaine où on a beaucoup d'expertises et où on a tout
intérêt... Parce que, déjà, ça se fait dans
la réalité, en ce sens que les gros bureaux de Montréal
sont, très souvent, associés, affiliés à des gros
bureaux de New York et de Chicago, et ainsi de suite. Alors, cette
réalité-là est en train aussi de pousser les bureaucrates,
comme nous, les politiques, les législateurs, à tenir compte de
cette réalité et à forcer la diminution de ces
barrières à la mobilité interprofessionnelle... pardon,
internationale et interprovinciale en matière des professions.
Il y a d'autres professions avec lesquelles les travaux sont moins bien
avancés. C'est moins clair, par exemple, qu'on va pouvoir y arriver dans
un dossier comme la médecine. On a un examen objectif...
M. Gobé: Oui, j'aimerais ça que, justement, vous
élaboriez un peu plus sur le côté médecine, car on
sait que, nous-mêmes, ici, au Québec, nous avons un peu de
difficultés, particulièrement avec les médecins
immigrants.
M. Mulcair: Oui.
M. Gobé: C'est-à-dire que je trouverais un peu
paradoxal, c'est le moins que je puisse dire, que des médecins ayant
été formés aux États-Unis, des citoyens
américains, puissent venir exercer leur profession au Québec en
fonction de l'Accord de libre-échange, alors que les immigrants qui sont
médecins ne le sont pas.
M. Mulcair: C'est très important de comprendre. ..
M. Gobé: Alors, pourriez-vous nous faire l'historique?
C'est d'actualité, d'ailleurs.
M. Mulcair: C'est ça.
M. Gobé: On a vu qu'il y a deux ou trois semaines un
regroupement d'immigrants reçus, dont même certains sont citoyens
canadiens, d'ailleurs, possédant le diplôme de médecine,
des fois, je pense, de France ou d'Hanoi, je ne sais pas de quelle ville
exactement, ou du Venezuela ou du Mexique, ne pouvaient pas, dans leur propre
pays, exercer cette profession de médecin.
M. Mulcair: C'est très important de comprendre qu'au
moment où on se parle, pour ce qui est des médecins, un
médecin diplômé aux États-Unis est exactement sur le
même pied d'égalité que ces autres personnes que vous venez
de nommer. Ça, ça n'a pas encore changé et ce n'est
pas...
M. Gobé: Est-ce que ça va changer?
M. Mulcair: À mon sens, dans le domaine de la
médecine, ça va être une des dernières places
où ça va changer.
M. Gobé: Est-ce qu'il y a des discussions qui sont
déjà entreprises?
M. Mulcair: Dans certains domaines, oui. La médecine
vétérinaire, pas de problème; le Québec a
déjà accepté. Encore une fois, on va faire une version
française pour le Québec, mais ça va être le
même, rigoureusement le même examen que pour les homologues
américains dans le domaine de la médecine
vétérinaire.
Mais le domaine de la médecine contient tellement de parties
spécifiques et d'aléas. Je vais vous donner un exemple
très concret.
Depuis quelques années maintenant, au Québec, on utilise
ce qu'on appelle «an objective, structured clinical examination»,
un examen clinique structuré et objectif. Cet examen-là,
dernièrement, a été critiqué par les
Américains comme étant insuffisant pour déterminer la
valeur de nos finissants. Or, sauf respect pour les Américains, je pense
qu'ils se trompent rudement dans ce dossier et qu'effectivement on a une
manière de déterminer la qualité de nos finissants qui se
compare favorablement, sinon davantage, avec leur manière à eux
autres.
Mais regardez la culture organisationnelle de certaines de ces
professions. La Floride et la Californie, ce sont des États où il
est extrêmement difficile, même pour un diplômé d'une
université de très haut calibre aux États-Unis, d'aller
pratiquer certaines professions, dans ces États. Ils ont gardé
des barrières artificielles pour empêcher un afflux, notamment, de
personnes à la veille de la retraite qui viendraient pratiquer. Vous
voyez? Alors, avec la culture nord-américaine qu'on a,
c'est-à-dire qu'on acceptait depuis des années, depuis des
générations, des barrières entre les provinces, des
barrières entre les États, c'est très difficile de leur
faire comprendre que, tout d'un coup, il faut penser en termes d'une
mobilité générale, à travers non seulement les
frontières des parties subnationales, mais tous les États-Unis et
tout le Canada. Mais c'est la voie de l'avenir, ça va venir. (12
heures)
Pour répondre à votre question précise, à
mon sens, le domaine de la médecine, ça va être long. Parce
qu'il ne faut pas oublier non plus que, si jamais on avait plusieurs personnes
qui traversaient la frontière et qui avaient le droit de pratiquer
ça, c'est une chose de dire que quelqu'un peut pratiquer la
médecine, qu'il est compétent mais est-ce qu'on va donner
à chacune de ces personnes le droit de facturer un régime
général d'assurance universel? Ça, c'est une tout autre
question. Ça n'a rien à voir avec la compétence des gens
de pratiquer. Ça a tout à voir, par contre, avec les finances de
l'État.
M. Gobé: Oui, exactement. Est-ce que d'autres professions
et on parle de l'ALENA américain, enfin US A-Canada, mais on peut
mettre aussi l'ALENA, parce que, maintenant, ça va s'appliquer aussi
actuellement, comme les opticiens, les optométristes, les
dentistes, sont sujettes aux mêmes restrictions actuellement ou est-ce
qu'il y a des négociations? Vous avez reçu des indications du
ministère des Affaires étrangères canadien, ou
intergouvernementales, ou du Commerce du Québec, à l'effet qu'on
devrait, vous devriez, à un moment donné, vous pencher sur ces
professions-là parce que c'est dans l'Accord?
M. Mulcair: L'initiative, d'une manière
générale, depuis la signature de l'Accord de
libre-échange
CanadaÉtats-Unis, a été largement
laissée aux professions elles-mêmes. Maintenant, l'Accord de
libre-échange nord-américain contient une innovation très
importante qui va venir influencer beaucoup la progression de ces
professions-là. Il dit deux choses principales, et je peux les
résumer ainsi. Il dit que, dorénavant, après cette
période de deux ans pendant laquelle on pourrait abriter nos
restrictions, qui seraient considérées des accrocs à
l'Accord, on ne devrait plus réglementer des professions, à moins
que ce soit prouvable que c'est vraiment nécessaire en vue d'assurer la
protection du public. Ça peut paraître évident pour les
membres de cette commission qui ont l'habitude de naviguer dans ces eaux
troubles, mais, pour certaines personnes, le fait de réglementer une
profession signifie une sorte de reconnaissance que les gens demandent, un
statut qu'ils acquièrent. Or, vous savez qu'il n'en est rien, que le
Code des professions, comme d'autres législations
nord-américaines, dit que c'est des choses qu'on fait en vue d'assurer
la protection du public.
Il y a eu souvent des demandes, qui étaient purement politiques,
de reconnaissance professionnelle dans certains États
américains, par exemple, on voit ça souvent à tel
point qu'il y a, en date de notre plus récent recensement, 550
différentes activités professionnelles
réglementées. Ça paraît étonnant lorsqu'on
sait qu'on a seulement 41 corporations professionnelles ici. Je pourrais
fournir à cette commission la liste.
M. Gobé: Oui, ce serait intéressant de la faire
distribuer.
M. Mulcair: C'est vraiment étonnant. Alors, ce genre de
chose, dorénavant, quand un groupe viendrait seulement sur la base de
son pouvoir politique ou de sa capacité d'influencer les
décideurs politiques, il frapperait un mur si cette nouvelle
législation venait empêcher d'autres personnes de traverser la
frontière si c'est basé sur autre chose que la protection du
public.
Une autre chose qui, encore une fois, peut paraître
évidente, mais qu'il est nécessaire d'ajouter dans le cadre de
cet Accord, c'est que les seules exigences qu'on pourrait avoir pour l'avenir
doivent être basées sur la compétence. Et je vais vous
donner un exemple contraire. Même si un pharmacien est issu d'une des
meilleures écoles du Nord-Est des États-Unis, a écrit tous
ses «licensing exams» qui sont rigoureusement identiques... On
écrit le même examen, par exemple, à New York qu'en
Floride. Il y a une exigence en Floride, c'est qu'il faut physiquement
être assis dans l'État de la Floride pour écrire exactement
le même examen pour que ça puisse compter pour pratiquer dans cet
État. On voit tout de suite un exemple d'une exigence qui n'a
strictement rien à voir avec la compétence de la personne et qui
a tout à voir avec l'idée, encore une fois, d'ériger et de
maintenir des barrières à la mobilité. C'est ce genre de
barrières qu'il va être beaucoup plus difficile d'ériger
une fois l'Accord signé et cette période de deux ans
terminée. Et le Québec est partie prenante, par la participation
de l'Office des professions du
Québec, depuis le début dans ces travaux. Ça n'a
pas été dit en autant de mots ici, mais je peux vous informer,
par exemple, que la définition de services professionnels, qui est
incluse dans l'Accord de libre-échange nord-américain, a
été rédigée par l'Office des professions du
Québec, par nos services internes.
M. Gobé: Est-ce que...
La Présidente (Mme Hovington): Les 20 minutes sont
écoulées sur ce sujet-là, M. le député de
LaFontai-ne.
M. Gobé: Je m'excuse, Mme la Présidente, mais j'ai,
avec courtoisie, laissé ma collègue, tout à l'heure,
parler pendant à peu près 1 h 15 min. alors que ce n'était
que pour quelque 20 minutes. Alors, j'aimerais un autre 5 minutes, avec le
consentement de cette commission, afin de terminer ce dossier-là.
La Présidente (Mme Hovington): C'est que j'ai une demande
de suspension, de 12 h S à 12 h 15, des travaux de cette commission.
M. Gobé: O.K. Alors, j'ai terminé...
La Présidente (Mme Hovington): Alors, on pourra
reprendre.
M. Gobé: O.K. Nous reprendrons au retour.
La Présidente (Mme Hovington): Je suspends donc les
travaux de cette commission jusqu'à 12 h 15.
M. Gobé: II y a un vote, je pense. (Suspension de la
séance à 12 h 4)
(Reprise à 12 h 17)
La Présidente (Mme Hovington): La commission va reprendre
ses travaux.
M. Gobé: ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): C'est-à-dire, M. le
député de LaFontaine, selon nos règlements, chaque
député ministériel a un droit de parole de 20 minutes et,
selon l'article 284, le temps de parole dont dispose chaque membre d'une
commission vaut pour chaque élément d'un programme et peut
être utilisé en une ou plusieurs interventions. Donc, c'est 20
minutes par sujet que l'on amène à l'étude des
crédits, et vous avez parlé, en fait, 27 minutes sur la libre
circulation des professionnels dans le cadre de l'Accord de
libre-échange. Alors, à ce moment-ci, je vais reconnaître
plutôt la députée de Terrebonne sur un autre sujet, et vous
aurez droit à un autre 20 minutes de temps de parole sur un autre sujet,
si vous voulez bien.
Mme Caron: Mme la Présidente, je pense que le
député de LaFontaine souhaitait intervenir uniquement sur ce
sujet-là, alors je pourrais peut-être lui laisser les quelques
minutes, puisqu'il ne voulait pas intervenir sur d'autres sujets.
La Présidente (Mme Hovington): Pour finaliser le sujet,
d'accord. Alors, à ce moment-ci, je vous reconnaîtrai pour
poursuivre sur le sujet de la libre circulation des personnes.
M. Gobé: C'est ça. Je dirai cette fois-ci: Merci,
Mme la députée de Terrebonne. En effet, par la suite, je vous
laisserai le reste du temps pour finaliser toutes les questions
légitimes que l'Opposition peut poser au ministre. Alors, rapidement, vu
que je ne veux pas, non plus, abuser de la gentillesse de ma collègue
d'en face, nous allons maintenant aborder le dernier volet qui était
celui de la libre circulation, de la mobilité des professionnels
à l'intérieur du Canada. J'avais plusieurs questions à
poser, mais je vais me limiter et je demanderais à M. le
président de l'Office des professions de nous tracer un portrait rapide
de la situation actuelle et, peut-être, de nous informer des changements
auxquels on peut s'attendre et des modifications qui peuvent survenir dans les
prochaines années, en tenant compte des autres ententes internationales
qui ont été faites avec les autres pays. Ça doit avoir,
chez nous aussi, certainement, des retombées intérieures.
M. Mulcair: Oui. Mme la Présidente, je peux vous dire que
l'Office des professions travaille activement avec ses autres partenaires,
notamment au sein du gouvernement, en vue d'aider à élaborer la
position du Québec en ce qui concerne la mobilité
interprovinciale, cette fois-ci. On peut parler notamment de nos
collègues au ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science pour ce qui est de la reconnaissance des diplômes. Ça,
évidemment, ça continue au niveau international aussi, où
on parlerait, par exemple, de l'accord de l'UNESCO sur les diplômes
à cet égard-là. Mais, à l'intérieur
même du Canada, malgré certaines difficultés bien connues
et récentes, par exemple dans certains métiers, la tendance
demeure la même, la tendance est vers une diminution des barrières
à la mobilité, une meilleure reconnaissance des
équivalences des diplômes et de la formation. Nous contribuons
donc à ces travaux-là d'une manière concrète et
nous tentons, autant que faire se peut, de s'assurer que nos professionnels,
avec leur évaluation qui a été faite ici, avec leur
formation d'ici, ne soient pas astreints à suivre d'autres
épreuves et qu'ils puissent pratiquer en toute quiétude leur
profession dans les autres juridictions au Canada. (12 h 20)
Cette question des normes nationales que d'aucuns comprennent comme
voulant dire un examen identique à la fin des études, mais qui
est, par contre, beaucoup plus compliqué que ça, fait l'objet de
travaux intensifs depuis deux ans avec nos collègues, notamment, encore
une fois, au ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science. Au Conseil des universités, on a des consultations
qui se tiennent aussi. Je peux vous dire que, dans les semaines qui suivent, la
position définitive du gouvernement serait annoncée à cet
égard-là et qu'encore une fois l'Office des professions du
Québec participe activement avec ses collègues canadiens et
américains je pense, par exemple, à un organisme comme QA,
à Washington, qui vise à assurer «the quality
assurance», l'assurance de la qualité au niveau de la formation
universitaire, tant aux États-Unis que dans les autres juridictions...
Nous espérons donc, au mois de mai, lors d'une conférence
à ce sujet à Montréal, pouvoir livrer le fruit de cette
réflexion et de ces travaux de concertation avec nos collègues
dans les autres ministères.
Qu'il suffise de dire que la tendance aux États-Unis vers une
forme de sanction à la fin des études, par le biais d'un seul
examen administré bien souvent par un «testing service»
externe, est en plein changement. Suite à mes plus récentes
rencontres avec mes collègues américains, je suis en mesure
d'informer les membres de cette commission qu'il y a un énorme travail
qui s'amorce là-dessus pour voir à ce que d'autres
mécanismes d'évaluation, notamment l'accréditation,
l'agrément des programmes universitaires, soient utilisés bien
avant qu'on vienne dire par le biais d'un examen externe, qui n'a souvent que
très peu de rapport avec tout ce qui s'est appris pendant un long
programme de formation, que cette personne-là ne pratiquerait pas sa
profession.
Au Québec, il y a plusieurs exemples concrets qu'on peut donner.
Je pense, par exemple, dans le domaine de la physiothérapie où on
a eu des contacts élaborés et très, très suivis
avec nos collègues dans les autres provinces, parce qu'il y avait un
fort mouvement de la part des physiothérapeutes, du moins certains de
leurs représentants qui cherchaient l'imposition d'un examen à la
fin des études pour déterminer qui aurait le droit de pratiquer
ou pas. Même si ce modèle convient bien aux États-Unis,
l'Office des professions du Québec va analyser à la loupe cette
demande-là, parce que, avant de dire que, dans un système
où l'État subventionne lourdement les études
postsecondaires, où l'État est d'abord et avant tout l'acheteur
de ces services-là, ça va être un seul examen qui va
déterminer qu'une personne qui a fait quatre, cinq, six ans
d'études aura le droit de gagner sa vie dans sa profession choisie, il
est évident que nous allons poser beaucoup de questions.
Tout ça pour vous dire, Mme la Présidente, que l'Office
continue ses travaux avec ses autres partenaires au gouvernement et multiplie
les échanges avec les autres provinces.
M. Gobé: Merci, M. le président.
En terminant, vu que ce sera ma dernière intervention dans
l'étude de ces crédits, je tiens à vous remercier des
réponses que vous avez fournies et je tiendrais à vous
réitérer l'importance du fait suivant, c'est-à-dire que,
dans toute entente qui pourrait être signée ou conclue dans la
reconnaissance de diplômes étrangers et du droit de pratique,
l'obligation de la connaissance et de la maîtrise de la langue
française soit un critère, obligatoire et incontournable, car je
verrais difficilement des accords internationaux qui permettraient à des
gens de s'établir au Québec, de pratiquer leur profession sans
avoir auparavant obtenu cette qualification-là, ceci dans le but non
seulement de préserver la langue française et de l'encourager,
mais aussi de faire en sorte que les gens qui donneront les services aient une
connaissance suffisamment parfaite de la langue pour éviter tout
incident ou accident de parcours dans l'exercice de leur profession. Il y a
là un côté culturel dans ma préoccupation, dans ma
demande, mais il y a là aussi un côté sécuritaire et
qualitatif dans la manière de donner et de distribuer ces services aux
gens, et on parle, entre autres, de médical, de comptable et de toutes
sortes de choses. Vous savez que la langue française étant, des
fois, tellement plus subtile que la langue anglaise, quelqu'un qui la manie mal
peut, à l'occasion, mal interpréter des choses, et ça
pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les consommateurs,
ou pour les patients, ou autres personnes qui pourraient être dans cette
situation.
Alors, je vous remercie, M. le président. Merci, M. le ministre.
En votre nom, je veux remercier votre président, et soyez assuré
que nous allons suivre ce dossier de la mobilité d'une manière
assez proche. Et j'inviterais la commission à vouloir les envoyer, s'il
y a de la documentation ou des communications, aux membres de cette commission,
afin que nous soyons informés.
La Présidente (Mme Hovington): Merci beaucoup, M. le
député de LaFontaine.
Je reconnaîtrai maintenant Mme la députée de
Terrebonne, porte-parole de l'Opposition officielle.
Dossier des professions comptables
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente.
Le dossier que je veux aborder, je pense que la transition se fait
extrêmement bien, alors c'est évidemment le dossier des
professions comptables. La valse-hésitation et le piétinement
relativement au règlement du dossier des professions comptables semblent
malheureusement continuer. Ce dossier perdure toujours, après plus de 40
ans, 46 ans si je veux être très précise, quant à
l'obtention des pleins droits de pratique en matière de
vérification. Le litige dure, en effet, depuis 1946, si l'on veut
remonter au tout début du dossier. Lors de ses remarques
préliminaires, le ministre nous disait que le problème
était toujours présent et que le dossier suivait son cours.
Depuis le temps qu'il suit son cours, Mme la Présidente, je vous avoue
qu'il commence à y avoir une certaine impatience au niveau du monde
comptable.
L'an dernier, à l'occasion de l'étude des crédits
1992-1993, soit le 30 avril, le ministre avait alors mentionné qu'une
rencontre tripartite réunissant les C.G.A., les C.A. et l'Office devait
avoir lieu à la fin du mois suivant, soit en mai ou au début du
mois de juin. Il semble que cette réunion tripartite n'ait pas eu lieu,
tel
que proposé par le ministre. L'Office, par contre, parmi ses
principales réalisations 1992-1993, indique avoir rencontré, en
septembre 1992, les représentants des trois corporations
professionnelles impliquées nous ajoutons les CM.A. et ce,
dans le but d'examiner avec chacune d'entre elles certaines hypothèses
de travail. L'Office aurait transmis ses conclusions au ministre en
décembre 1992. Il faut se rappeler que l'Office avait
présenté un avis en juin 1991 et que cet avis consistait en un
recul pour la pratique des C.G.A. L'Office maintient son orientation de juin
1991 dans ses nouvelles recommandations.
Le ministre s'était engagé, l'an dernier, à
émettre des propositions afin de régler le litige et il semblait
croire qu'une entente entre les corporations professionnelles n'était
pas possible, et je le cite: «Je pense qu'une entente est quasiment
impossible à ce moment-ci.» Comme le ministre admettait que ce
litige ne pouvait se régler d'une façon concertée, selon
lui, est-ce qu'il va continuer à retarder le dossier, à tarder
à apporter une solution complète et définitive, ou si le
ministre va se décider à aller de l'avant et régler une
fois pour toutes ce litige? Celui-ci, tant qu'à moi, Mme la
Présidente, ne peut, dorénavant, se régler que par une
volonté politique claire qui semble faire cruellement défaut au
ministre responsable de l'application des lois professionnelles dans ce
dossier.
Alors, mes questions. Est-ce que le ministre entend régler une
fois pour toutes ce dossier et est-ce que le ministre entend tenir compte, dans
ce règlement, du jugement qui a été rendu le 29 octobre
1992 par la Cour suprême de l'île-du-Prince-Édouard?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
M. Savoie: Oui, Mme la Présidente. Évidemment,
comme l'a indiqué la députée de Terrebonne, nous avons
effectivement reçu l'avis de l'Office, et il fait l'objet d'une
étude chez nous. Bien sûr, les éléments qui
étaient en place l'an passé... elle parle de la décision
qui a été rendue à l'île-du-Prince-Édouard;
il faut savoir que ce jugement est maintenant en appel, devant la Cour d'appel,
et qu'il va probablement se rendre à la Cour suprême. Pour le
moment, évidemment, je ne sais pas où c'en est rendu exactement
au niveau de la Cour d'appel. Je ne sais pas si les auditions ont eu lieu ou
pas. C'est une situation qui est en évolution.
On avait également parlé, bien sûr, de l'importance
de l'Ontario dans ce dossier, c'est-à-dire qu'on cherchait à
établir une évolution connexe avec l'Ontario pour s'assurer que
le Québec, finalement, ne devienne pas isolé dans ce dossier et
que ça puisse réduire la qualité et la nature des
échanges interprovinciaux entre ces deux provinces. On sait que
l'Ontario et le Québec sont partenaires dans plusieurs projets, social
et économique, et, en conséquence, il est difficile de prendre
une route trop indépendante dans ce secteur. (12 h 30)
J'avais également demandé l'année passée,
lorsqu'on avait échangé sur le dossier, à titre
d'information, à savoir quelle était la position de son parti
dans ce dossier. Est-ce que le Parti québécois avait
adopté une orientation dans ce dossier? Si oui, est-ce qu'on en
connaît les résultats, de cette démarche? Parce que le
Parti québécois a fait déposer son orientation dans ce
dossier.
Mme Caron: Bien, Mme la Présidente, ce n'est pas
supposé être moi qui réponde à des questions, mais
j'avais très bien mentionné au ministre, et je le
réitère à nouveau, qu'autant la porte-parole
précédente, au moment où le dossier avait
été entamé, que la porte-parole actuelle étaient
retournées devant le caucus du Parti québécois et que le
caucus avait maintenu son appui à cette demande des C.G.A.
M. Savoie: Ça veut dire quoi, ça, exactement? C'est
quoi, la position du parti, là?
Mme Caron: Nous avons maintenu... M. Savoie: Oui.
Mme Caron: ...notre appui aux demandes qui étaient
faites...
M. Savoie: Oui, oui. Ça, j'ai compris ça. Mais
qu'est-ce que ça veut dire exactement, là?
Mme Caron: Au niveau de la vérification pleine et
entière.
M. Savoie: Oui. Générale? Pleine et entière,
c'est-à-dire que les C.G.A. auraient... Ça, c'est la position du
Parti québécois. C'est parce que je n'étais pas au courant
de cette prise de position.
Mme Caron: Bien, je vous en avais fait part l'an dernier lors des
crédits. Nous avions, d'ailleurs, fait mention de ce... Le 30 avril, je
vous avais fait part de cette position-là.
M. Savoie: Ça a été voté
après... Mme Caron: Je n'en ai pas changé. M. Savoie:
...ça, je pense, hein, donc? Mme Caron: Je n'en ai pas
changé.
M. Savoie: Ça a été voté
après. Vous avez adopté, au Parti québécois, une
politique...
Mme Caron: Au niveau du caucus. M. Savoie: ...au niveau du
caucus.
Mme Caron: Lors de la discussion concernant ce sujet, nous avons
maintenu notre position qui existait déjà. Ce que vous m'aviez
demandé, c'est si on...
M. Savoie: Attendez donc une seconde. C'est parce qu'on a un
petit problème avec ça. C'est parce qu'on m'avise que non,
effectivement, lors de la rencontre l'année passée, à la
défense des crédits, vous n'aviez pas de programme adopté
ou de position.
Mme Caron: Vous ne me parliez pas de caucus l'année
passée. Moi, ce que je vous ai toujours dit, c'est que le caucus du
Parti québécois appuyait les revendications des C.G.A.
M. Savoie: Pendant que...
Mme Caron: Et vous, ce que vous me demandiez l'année
passée, contrairement à ce que vous dites cette année...
L'année passée, vous me demandiez si c'était une
plate-forme électorale, et je vous avais bien répondu
qu'évidemment il n'y a pas un parti qui mettait un point... Au niveau
d'un programme de parti politique, c'est toujours des politiques globales, ce
n'est pas des sujets particuliers pour une corporation professionnelle. Donc,
évidemment, ça ne fait pas partie d'un programme de parti
politique. Ce sont des mesures, toutes les petites mesures, c'est lors des
caucus qu'on les prend, les positions.
M. Savoie: Alors, pendant qu'on cherche, justement, dans les
galées votre énoncé, tout simplement pour dire
qu'effectivement j'ai reçu l'avis sur l'exercice de la
comptabilité publique de la part de l'Office, dans une lettre
datée du 17 décembre. Vous comprendrez que le mois de janvier et
le mois de février ont été consacrés presque
entièrement à la réforme de l'Office et au projet de loi
67. Évidemment, nous avons l'intention de nous activer au niveau de ce
dossier au cours du mois de mai en rencontrant, justement, les parties et en
échangeant avec elles au niveau de l'avis que l'Office nous a
présenté le 17 décembre. Bien sûr, nous
espérons pouvoir donner suite à ces échanges, avec l'avis
que nous a fourni l'Office, avant le mois de juin.
Mme Caron: Est-ce que cette rencontre au mois de mai, vous
prévoyez faire une rencontre où les trois corporations
professionnelles concernées seraient présentes ou si vous voulez
faire des rencontres entre corpos individuelles?
M. Savoie: Je vais d'abord consulter les C.G.A. et les C.A. dans
ce dossier, individuellement, avant de prendre une décision en ce qui
concerne une rencontre à trois.
Mme Caron: Est-ce que vous allez consulter aussi les C.M.A?
M. Savoie: Certainement, oui. Il n'y a pas de doute
là-dessus.
Mme Caron: Et vous prévoyez, suite à cette
consultation en mai, quel échéancier?
M. Savoie: C'est difficile à prévoir à ce
moment-ci. Vous comprendrez qu'on a beaucoup de projets, de
législations. On a beaucoup d'occupations d'ici à la fin juin. Je
crois que j'ai en marche actuellement la somme incroyable de huit projets de
loi, dont trois de l'Office et cinq du ministère du Revenu. On a
également un autre projet de loi qui s'en vient concernant le monde
professionnel, le dossier d'incorporation. Ça demande
énormément de temps. Maintenant, au niveau de la
comptabilité publique, bien sûr, c'est un dossier prioritaire,
mais c'est un dossier qu'on doit traiter avec beaucoup de soin. On
connaît les grandes difficultés dans ce dossier-là, et le
fait que ça fait, comme vous l'avez mentionné, plusieurs
générations qui se livrent à cet exercice-là en
cherchant à trouver une solution qui soit acceptable.
Mme Caron: Puisque le ministre considère que c'est un
dossier prioritaire, je pense que, malgré le fait qu'il y a huit projets
de loi qui seront bientôt présentés par le ministre, dont
trois au niveau de l'Office, il faut que ce dossier trouve une solution, et
assez rapidement. On ne peut plus attendre, tel que le ministre le souhaitait,
que la réforme du Code des professions arrive. Je pense que ce
dossier-là a suffisamment perduré. Il faut que nous arrivions
à trouver des solutions. Je ne comprends pas beaucoup l'attitude de
l'Office des professions dans ce dossier-là, puisque, justement, on se
parle de l'importance de maintenir des échanges, de ne pas créer
de barrières, alors qu'on sait qu'au niveau des professions comptables,
dans plusieurs provinces canadiennes, la vérification est
accordée aux C.G.A. Alors, j'aimerais peut-être entendre le
président de l'Office sur ces objections dans ce dossier-là.
M. Savoie: Je m'excuse. On est en train de vérifier les
galées.
Mme Caron: Est-ce qu'on peut entendre le président de
l'Office sur ces objections?
M. Savoie: Oui, oui, certainement. On peut entendre le
président de l'Office là-dessus.
M. Mulcair: Vous comprendrez, Mme la Présidente, qu'avec
l'avis de l'Office, ayant été voté par l'ensemble des
membres et contenant beaucoup de nuances qui concernent effectivement le sujet
précis évoqué par la députée de Terrebonne,
il serait inopportun pour nous de le commenter plus avant, avant que le
ministre ait décidé quelle suite, lui, il entend donner à
notre avis.
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre.
Mme Caron: Mais est-ce que la position de l'Office dans ce
dossier-là n'est pas contraire à tout ce que vous nous avez
véhiculé si brillamment tantôt au niveau des
différentes professions?
M. Mulcair: Mme la Présidente, quand la
députée
de Terrebonne aura l'occasion de prendre connaissance du détail
de l'avis de l'Office tel que transmis au ministre responsable au mois de
décembre 1992, elle sera sans doute à même de constater
qu'on a tenu compte de ces éléments-là. Ne pas donner aux
gens la réponse qu'ils s'attendent de recevoir ne veut pas
nécessairement dire qu'on ne les a pas écoutés.
Mme Caron: Je pense qu'on avait clairement démontré
l'an dernier, puis les C.G.A. vous l'ont démontré à
plusieurs reprises, qu'au niveau des diplômes, la formation était
équivalente et que ça se justifiait difficilement de maintenir
une différence lorsque vous avez une formation universitaire identique,
finalement, la seule différence étant l'examen en quatre sujets
particuliers ou un seul examen, un seul examen où on doit avoir la
moyenne pour l'ensemble des sujets, donc pas nécessairement avoir la
moyenne au niveau de la vérification, alors que, du côté
des C.G.A., on se doit d'avoir la moyenne dans chaque secteur, donc dans la
vérification aussi. Alors, j'avoue qu'au niveau de cette
formation-là on trouvait ça un petit peu difficile d'accepter cet
avis de l'Office. (12 h 40)
Alors, M. le ministre, au niveau de votre échéancier, si
je résume, au mois de mai, rencontre avec les différentes
corporations professionnelles.
M. Savoie: C'est exact.
Mme Caron: Et on attend une législation, avant ou
après la réforme?
M. Savoie: C'est suite à ces rencontres-là et aux
échanges avec ces trois corporations et l'Office. C'est certainement
à partir de ce moment-là qu'on va déterminer, qu'on va en
savoir un petit peu plus long, suite à une rencontre à trois,
donc, en réalité à cinq, et...
Mme Caron: Mme la Présidente, j'aimerais aborder un autre
dossier, le dossier des optométristes. On sait que...
La Présidente (Mme Hovington): Avant d'aborder un autre
sujet, est-ce qu'un membre de la commission aurait quelque chose à
ajouter sur le même sujet? C'est beau. Alors, allez-y, Mme la
députée de Terre-bonne.
Liste des médicaments pouvant être
utilisés par les optométristes
Mme Caron: Mme la Présidente, cette commission a
adopté, le 16 juin 1992, le projet de loi 413, Loi modifiant la Loi sur
l'optométrie, et ce projet de loi a été sanctionné
le 17 juin 1992. Suite à ce projet de loi, il y a évidemment eu
certaines démarches qui ont été entreprises pour
préparer la liste des médicaments à être
approuvée, les médicaments diagnostiques. Donc, il y a eu envoi
à l'Office des professions du règlement, de la liste des
médicaments, le 8 janvier 1993. La liste des médicaments qui a
été utilisée par les optométristes, c'est la liste
des médicaments utilisée dans les autres provinces canadiennes.
L'Office a reçu ces documents le 13 janvier 1993, mais aucun
accusé de réception n'a été envoyé à
la corporation.
Lors de la commission parlementaire sur l'avant-projet de loi, le
président de l'Ordre des optométristes rappelait que tout devait
être adopté d'ici juin. Nous étions, à ce
moment-là, le 23 février 1993. Le 23 avril, le directeur
général de l'Ordre apprenait de source sûre que l'Ordre des
pharmaciens n'avait pas encore été approché pour
étudier la liste des médicaments diagnostiques, tel que soumis
par les optométristes. Et on sait que, pour que la liste soit
approuvée, il faut qu'elle soit étudiée par l'Ordre des
pharmaciens et aussi par les médecins.
Est-ce que le ministre ou le président de l'Office peut nous
faire état de ce dossier à ce jour nous sommes le 28 avril
et si, effectivement, tel qu'il en avait fait part d'une manière
officieuse au président de l'Ordre des optométristes, tout
pourrait être adopté pour le mois de juin? Parce qu'on sait que
l'Ordre des optométristes s'était engagé à donner
des cours aux optométristes, et ce, dès le mois d'août
1993, si tout est approuvé et adopté. Donc, le délai est
très court. Nous sommes déjà le 28 avril. Il ne reste que
deux mois, finalement. Est-ce que, dans ces deux mois, l'Ordre des pharmaciens
a le temps de vérifier la liste, et la Corporation des
médecins?
M. Savoie: Bien, c'est ça. Étant donné que
ça porte sur les échanges entre l'Office et les
différentes corporations, on pourrait peut-être demander au
président de l'Office de répondre à la question.
(Consultation)
M. Mulcair: Oui, effectivement, il y a deux
éléments dans ce dossier, Mme la Présidente. Il y a la
liste des médicaments et les conditions dans lesquelles ils peuvent
être utilisés. Alors, ça a pris un petit peu plus de temps
que, nous, on aurait souhaité pour remettre les deux
éléments ensemble. On a même eu l'occasion de
réécrire, de relancer le président, l'ex-président,
parce qu'on a une nouvelle présidente à l'Ordre des
optométristes, on a dû le relancer à l'automne et,
finalement, je peux vous dire qu'au cours des sept, huit dernières
semaines on a reçu les documents qu'on attendait de la part de l'Ordre
des optométristes. Et Mme Beau-mont, la directrice des Affaires
juridiques à l'Office, vient de m'informer que, normalement, tout est
prêt pour partir d'ici à la fin de cette semaine, pour cette
partie formelle de la consultation auprès de l'Ordre des pharmaciens et
du Conseil consultatif de pharmacologie.
Alors, ça va bon train. Ça a pris un petit peu plus de
temps que même, nous, on aurait souhaité, mais ça arrive
parfois aussi. Ce n'est pas seulement notre faute. Ça a pris un peu plus
de temps qu'on pensait à recevoir certains documents de l'Ordre des
optométristes.
Mme Caron: Selon votre connaissance habituelle des délais,
est-ce que c'est, effectivement, pensable que vous allez pouvoir obtenir les
différents avis pour juin?
M. Mulcair: Pour juin, oui, et, avec un peu de chance, une
première publication pendant l'été. Il y a une
période de consultation obligatoire dans toutes ces choses-là
auprès d'autres intervenants, parce qu'il s'agit d'une voie
réglementaire, bien entendu. Mais, normalement, on a une très
bonne collaboration. Je peux vous donner l'exemple de la construction des
annexes des médicaments, il y a un travail formidable qu'on a entrepris
depuis deux ans avec ces mêmes intervenants, notamment l'Ordre des
pharmaciens et le Conseil consultatif de pharmacologie, puis, connaissant leur
bon travail par le passé, l'avenir devrait être garanti et on
devrait pouvoir s'attendre à les recevoir dans les meilleurs
délais. Juin, fin juin? Je l'espère, et on va tout mettre en
branle pour que ce soit le cas. Comme vous le savez, Mme la Présidente,
pour nous avoir vus beaucoup au cours des derniers mois, on a eu passablement
d'autres travaux aussi qui nous ont préoccupés, alors ça
n'a pas toujours été possible de mettre tout sur le même
train en même temps.
Mme Caron: Ah! là-dessus, M. le président, je vous
comprends très bien. Je suis la porte-parole pour cinq dossiers et je
dois suivre tous vos travaux, plus les autres dossiers. Je vous avoue que c'est
sûr que, des fois, on manque un petit peu de temps.
Toujours du côté des optométristes, on se rappellera
qu'il y avait eu une promesse de la part du ministre de la Santé et des
Services sociaux et de la part du premier ministre aussi concernant la
création d'un comité pour étudier la question des
médicaments, mais, cette fois-ci, thérapeutiques. Il y avait eu
des annonces de faites, le président de l'Ordre des optométristes
c'est vrai que c'est maintenant une présidente en avait
fait mention lors de sa comparution à la commission de
l'éducation le 13 mai.
Je sais que les 11 et 12 mars 1993 vous avez reçu une lettre. Il
y a une lettre qui a été envoyée au ministre
Côté et à votre ministère aussi pour revenir sur
cette question-là. Le 30 mars 1993, M. le ministre, vous
répondiez que vous deviez communiquer avec l'Ordre des
optométristes au courant du mois d'avril nous sommes le 28
pour fixer une date de rencontre. Alors, quand comptez-vous pouvoir rencontrer
l'Ordre des optométristes et, dans ce dossier-là, est-ce que vous
prévoyez la création du comité, tel que proposé par
le premier ministre et par le ministre de la Santé?
M. Savoie: D'abord, je ne sais pas si c'est le premier ministre
et s'il y a eu promesse, effectivement. Ça me surprendrait
énormément. Je pense qu'effectivement, par contre, il y a eu des
échanges avec le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Comme vous le savez, il y a une nouvelle présidente des
optométristes, de la Corporation professionnelle des
optométristes du Québec, et j'imagine qu'au cours du mois de mai
on aura l'occasion de se rencontrer, d'échanger là-dessus et de
voir ce qui peut être fait pour qu'effectivement, au niveau du
ministère de la Santé et des Services sociaux, les
optométristes puissent échanger avec ce ministère suite
aux engagements qui ont été pris par mon collègue, le
ministre Marc-Yvan Côté.
De notre côté, au niveau des médicaments
nécessaires ou utiles pour l'examen de la vue, comme nous l'avons
toujours mentionné et comme l'a expliqué le président de
l'Office, ça va aussi rapidement que faire se peut et, en
conséquence, s'est jointe à ce dossier-là la demande de la
part des optométristes. Nous allons certainement voir à
exécuter les rencontres et les réunions.
En passant, Mme la Présidente, nous avons vérifié
les galées, et ce que nous constatons, c'est que nous avons
demandé à la députée de nous transmettre par
écrit l'engagement de son parti, du caucus de son parti, suite à
la prise de décision qu'il y a peut-être eu au niveau des C.G.A.
et des C.A., et on attend toujours. C'est ce qui avait été
demandé l'année passée à la
députée.
Mme Caron: Ah! mais là-dessus, je vous avais bien
répondu qu'il n'était pas question que je vous envoie un avis
écrit. Absolument pas.
M. Savoie: Alors, je pense qu'il serait intéressant pour
l'intérêt...
Mme Caron: Notre position, elle est publique, et les
galées sont envoyées à chaque année. Je les envoie
à tout le monde, et aux C.A. aussi, ils les reçoivent.
M. Savoie: En tout cas, ça pourrait certainement aider le
dossier si on avait cette déclaration-là.
Mme Caron: Toutes les corporations les reçoivent. Je ne
cache pas ces galées-là, je les publie.
M. Savoie: Deuxièmement, Mme la Présidente, il y a
avec nous la présidente du Conseil interprofessionnel du Québec
qui m'avise qu'effectivement, pour les fins de l'enregistrement et au niveau du
projet de loi 67, le Conseil interprofessionnel a effectivement pris un vote au
mois de janvier, cette année, et la position du Conseil
interprofessionnel, de façon générale... unanime
plutôt, était à l'effet qu'ils étaient contre le
principe du projet de loi 67, qu'ils étaient contre ce qui avait
été proposé au niveau de l'autofinancement.
Mme Caron: Ah oui! Ils ont voté qu'ils étaient
contre, mais ils n'ont jamais voté qu'ils étaient en accord avec
votre comité que vous avez mis sur pied.
M. Savoie: Oui, c'est ça, et tel que libellé.
Alors, en conséquence, tout simplement pour les fins du dossier
parce que je disais que je ne savais pas s'il y avait eu un vote ou pas, je ne
le savais pas on m'avise qu'effectivement il y a eu un vote.
Évidemment, comme il fallait s'y attendre, ça a voté
contre.
Mme Caron: Mme la Présidente, pour compléter
peut-être, je voudrais déposer au ministre la documentation,
d'ailleurs, qu'il a reçue, mais pour les membres de la commission, qui
précise que, lors de la dernière rencontre avec le ministre de la
Santé, il avait été prévu, après l'obtention
du consentement du premier ministre, M. Robert Bourassa, qu'un comité
d'étude serait mis en place. Alors, si je peux la déposer, Mme la
Présidente.
J'en profiterais en même temps, puisque je suis dans mes
dépôts, pour déposer la lettre du bâtonnier de
Québec, Me Pierre Daignault, lettre adressée le 18
décembre 1992 au bâtonnier du Québec, M. Paul P.
Carrière, suite à une séance d'information avec le
ministre Savoie, à Québec, et dans laquelle M. Daignault faisait
part que le ministre avait répondu, concernant la
constitutionnalité de la loi fiscale, la loi 67, qu'il détenait
une opinion juridique d'environ trois pouces d'épaisseur...
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: ...émanant du ministère de la Justice,
et qu'il avait spontanément offert de transmettre cette opinion. Alors,
c'est pour ça que je lui demandais de nous la déposer. Alors, je
vous dépose cette lettre, Mme la Présidente.
Documents déposés
La Présidente (Mme Hovington): Documents reçus. (12
h 50)
Mme Caron: D'une manière plus globale, pas seulement au
niveau des optométristes, j'aimerais aborder brièvement avec le
ministre le titre de docteur. Est-ce que le ministre a l'intention de prendre
position, puisque, dans une déclaration, au moment de l'ouverture de
l'École d'optométrie, il avait déclaré, le 18
octobre 1991, qu'il avait l'intention de régler ce dossier-là,
d'apporter une certaine harmonisation, et je le cite: «Je peux vous dire
que l'Office des professions est en voie actuellement d'examiner une
proposition sur l'utilisation du titre de docteur, qui se situe dans son plan
d'ensemble, et que je suis confiant que votre corporation professionnelle
etc., des petits compliments sur le président de l'Office
devrait être satisfaite»?
M. Savoie: Je suis confiant de... Oui, c'est ça. On a
glissé là-dessus.
Mme Caron: Alors, ça, c'est en date du 18 octobre 1991.
Nous sommes le 28 avril 1993. On nous disait, à ce moment-là:
«...en voie [...] d'examiner une proposition». Il était
confiant qu'on devrait avoir une solution. Est-ce que vous avez poursuivi le
travail sur ce dossier-là? Et quand peut-on s'attendre à un
règlement?
M. Savoie: Évidemment, lors de la rencontre avec les
optométristes en 1991, on avait clairement indiqué qu'on
attendait, à ce moment-là, une évaluation qui devait se
faire par l'Office. Comme vous le savez, il y a deux principes qui nous guident
dans nos orientations et politiques au niveau de l'Office des professions. Le
premier, c'est que, d'abord, il y a toujours dans nos orientations une
volonté ferme d'assurer une protection du public et,
deuxièmement, nous demeurons en ligne avec les orientations
nord-américaines. Or, concernant l'utilisation du titre de docteur par
les optométristes, par exemple, sur l'ensemble du territoire
nord-américain, les optométristes ont le droit d'utiliser le
titre de docteur. Chez nous, ils ont également le droit de l'indiquer
après leur nom. Le fait qu'ils ont, je pense que c'est un doctorat en
optométrie...
(Consultation)
M. Savoie: Docteur en optométrie, D.O., ou OD. C'est
ça. Alors, la reconnaissance de ce titre-là, évidemment,
est toujours, je pense, en évolution. Il y a des échanges
là-dessus. J'entends remuer le Dr Augustin Roy derrière moi. Il
faut bien comprendre qu'il s'oppose à cette position.
Mme Caron: Mais il est très calme, hein? Il est
très, très calme.
M. Savoie: Par contre, il sait également que c'est
inévitable et que cette solution va certainement évoluer pour
refléter, finalement, le contexte général de
l'Amérique du Nord.
Mme Caron: On sait que le ministre, au moment où il avait
annoncé la réforme, nous avait parlé également de
l'incorporation.
M. Savoie: Pardon?
Incorporation des professionnels
Mme Caron: Vous aviez également parlé de
l'incorporation des professionnels. L'incorporation des professionnels
était essentiellement une mesure d'ordre financier. Même si,
majoritairement, les professionnels créent des sociétés de
gestion aux fins des aspects administratifs de leur profession, il n'en demeure
pas moins que le revenu demeure imposable à titre de particulier. Dans
ce sens, l'incorporation leur permettrait de limiter leurs
responsabilités à leur mise de fonds dans la
société, tout en bénéficiant des avantages fiscaux
des compagnies. Toutefois, les professionnels qui bénéficient
d'une année d'impôt différée risquent de payer une
note assez salée lors de leur incorporation s'ils optent pour cette
option. En effet, ceux-ci auront à payer en une seule année deux
années de revenu, soit l'année différée et
l'année en cours.
Un des aspects inquiétants de la possibilité pour les
professionnels de s'incorporer demeure la responsabilité personnelle du
professionnel en regard des actes professionnels qu'il ou qu'elle pose tous les
jours. Sans le maintien de cette responsabilité personnelle des pro-
fessionnels, ces derniers pourraient se retrancher derrière le
voile corporatif d'une compagnie insolvable pour exclure leur
responsabilité personnelle envers le client en le privant ainsi de
réparation.
L'Office énonce, parmi ses principales réalisations de
1992-1993, que, de concert avec le Conseil interprofessionnel et suivant les
orientations dégagées avec des représentants de
l'Inspecteur général des institutions financières, il a
préparé et transmis au ministre Savoie un projet de loi qui
remplacerait celui élaboré en 1990. Également, l'Office a
transmis au ministère des Finances un avis quant à l'impact
fiscal de l'exercice d'une profession sous forme de société par
actions. Selon la revue Les Affaires, ce projet de loi devait être
déposé dès l'ouverture de la session printanière,
le début. Ils n'ont pas parlé de la fin, le 22 juin. Ils ne sont
pas allés jusque-là.
Toujours dans le cahier des crédits, l'Office inscrit que ce
nouveau projet de loi propose de modifier le Code des professions afin de
prévoir les conditions minimales d'obtention du permis et les pouvoirs
réglementaires permettant à une corporation, notamment, de fixer
d'autres conditions eu égard aux réalités
particulières de la pratique de ses membres.
Donc, au ministre responsable: Où en est le projet de loi sur
l'incorporation des professionnels? Est-ce que le ministre entend maintenir la
responsabilité des professionnels? Est-ce qu'il peut déposer les
avis de l'Office sur l'incorporation des professionnels?
M. Savoie: Mme la Présidente, ce projet de loi chemine. Il
doit être prêt sous peu. On me dit qu'ils sont sur les
dernières vérifications, qu'on devrait avoir le projet de loi
suite aux vérifications usuelles au niveau de la Justice et des
Finances, et qu'il y a eu une excellente collaboration dans ce dossier avec le
Conseil interprofessionnel, l'Office, d'autres instances. Le projet de loi va
être prêt, et je ne voudrais pas, à ce moment-ci, ni
commenter, ni faire de dépôt de documents,
préférant, afin d'éviter toute confusion, revoir le
document une fois après avoir discuté des derniers détails
et, ensuite, procéder à son dépôt.
Mme Caron: Deux questions pour essayer d'avoir un petit peu plus
de réponses, parce que, sur chaque sujet, le ministre me répond
à peu près la même chose, que c'est en cheminement, que
ça va bien, qu'il y a des consensus...
M. Savoie: C'est ça.
Mme Caron: ...qu'on devrait avoir des informations sous peu, mais
qu'il ne peut pas donner de précisions. Est-ce que vous avez tenu compte
dans ce projet de loi là, d'abord, de ne pas pénaliser les
corporations, pour ne pas qu'elles se retrouvent avec deux années,
finalement, et que la note soit beaucoup trop élevée? Et est-ce
que vous avez tenu compte aussi de l'autre côté, pour assurer la
protection du public, que la responsabilité est quand même
maintenue?
M. Savoie: Oui, nous avons tenu compte de ces
éléments-là, bien sûr. Comme je vous l'ai dit tout
à l'heure, je n'ai pas du tout l'intention de commencer à
élaborer là-dessus. Je me réserve, finalement, le droit de
revoir les documents, de les consulter sommairement avec les différents
intervenants pour être sûr que tout est correct. On vise toujours
le dépôt ce printemps. Ça, ça n'a pas changé.
C'est un dossier qui s'est déroulé très bien, qui est
très attendu par la majorité des corporations
professionnelles.
Mme Caron: C'est un projet de loi, donc, qui, dès son
dépôt, sera appelé en commission parlementaire. Ce n'est
pas un projet de loi où vous devrez faire des audiences publiques.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on ne parle pas d'un
avant-projet de loi, on parle d'un projet de loi.
Mme Caron: Oui, j'ai dit «projet de loi». Je n'ai pas
parlé d'«avant».
M. Savoie: Oui, c'est ça. En conséquence, on va le
déposer, il va suivre son cours normal. Il a déjà
été examiné et étudié. C'est un dossier qui
a été monté conjointement. Alors, je ne m'attends pas
à de grandes difficultés avec ce projet de loi. Maintenant, avant
de commencer à le commenter, puis à élaborer sur des
choses alors qu'on n'a pas encore déposé le projet de loi
à l'Assemblée nationale, je pense que ce n'est pas à
propos.
La Présidente (Mme Hovington): II reste à peine une
minute avant la fin, avant 13 heures. Alors, je devrai mettre aux voix le
programme.
Mme Caron: Mme la Présidente, nous avions une enveloppe de
trois heures. Évidemment, je ne vous demanderai pas les 10 minutes de
suspension que j'ai demandées moi-même, mais je demanderais
à la commission, puisque c'était une enveloppe de trois heures et
que nous avons commencé avec six minutes de retard, à ce qu'on me
dit ici, si on peut prendre les six minutes qui, normalement, nous
resteraient.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, vous comprendrez
que, selon les règlements, je dois mettre fin aux travaux à 13
heures, sauf si j'ai le consentement unanime de tous les membres de la
commission pour continuer après 13 heures. Est-ce que j'ai ce
consentement?
M. Tremblay (Rimouski): Malheureusement, pas de consentement.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je n'ai pas ce
consentement. Est-ce que vous voulez...
Mme Caron: Comme il nous reste une minute, Mme la
Présidente, je vais...
La Présidente (Mme Hovington): II reste une minute pour
l'adoption, pour mettre aux voix le programme.
Mme Caron: Alors, j'aurais le droit de vous faire convoquer la
commission pour six minutes, demain. Ha, ha, ha! Alors, je peux toujours faire
ça pour faire plaisir aux députés du gouvernement.
Une voix: ...
Mme Caron: Je vais tout le prendre, à ce
moment-là.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous voulez
conclure, très rapidement, pour que je puisse mettre aux voix le
programme?
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Alors, Mme la
Présidente, c'est évident qu'il me restait certains dossiers
à aborder dont le dossier, qui vous intéresse sûrement
beaucoup, de la féminisation des titres, qui semble prendre beaucoup de
temps, et j'aurais aimé entendre, évidemment, le ministre
là-dessus. Certaines demandes remontent à quatre ans au niveau de
la féminisation des titres.
Alors, Mme la Présidente, je vais remercier le président
de l'Office, les membres de la commission, ma recherchiste, Me France
Thériault. Je pense que nous aurons, au cours des semaines qui viennent,
beaucoup de travail au niveau des projets de loi de l'Office des professions,
et vous pouvez être assurée, Mme la Présidente, que nous
serons très présentes.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que les
crédits du programme 8, Organisation et réglementation des
professions, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Je voudrais,
à mon tour, remercier, d'abord, les membres de la commission de
l'éducation de leur assiduité et de leur grand
intérêt pour l'étude des crédits, et remercier le
ministre et les membres de son cabinet, de même que le président
de l'Office, ainsi que tous ceux qui accompagnent le ministre dans son
travail.
Est-ce que vous avez un petit mot de conclusion, M. le ministre? (13
heures)
M. Savoie: Non, Mme la Présidente. Simplement, Mme la
Présidente, je veux remercier tous ceux et celles qui ont
participé aux travaux de cette commission pour la défense des
crédits de l'Office des professions, entre autres les membres de
l'Office, M. Carrier qui s'est joint à nous tout à l'heure, de
même que les différents représentants des
différentes corporations professionnelles, de même que la
présidente du Conseil interprofes- sionnel du Québec. Je les
remercie d'avoir participé à nos délibérations, et
ils démontrent tout l'intérêt qu'ils ont pour la chose
professionnelle.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, à mon tour de
vous remercier pour tout ce beau travail.
Alors, la commission de l'éducation, ayant rempli son mandat,
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)
(Seize heures trente-sept minutes)
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît! Je
demanderais un peu de silence en arrière, s'il vous plaît.
Alors, je constate que nous avons quorum. Je rappelle le mandat de la
commission de l'éducation, qui est réunie afin de poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation pour l'année financière 1993-1994.
Aujourd'hui, la commission étudiera, pour une durée d'une heure
et demie, les crédits des programmes 4 et 5.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Hamel
(Sherbrooke) est remplacé par M. Lafrenière (Gati-neau).
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
secrétaire.
Alors, nous allons continuer dans le même sens que nous avions
déjà commencé...
M. Brassard: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Oui, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Mme la Présidente, avant d'aborder un certain
nombre de sujets qui nous restent et le temps est limité
est-ce que la commission permettrait au Mouvement d'éducation populaire
de déposer à la ministre la pétition qu'il a fait signer
à travers tout le Québec, réclamant une politique de
reconnaissance et de financement? Je pense que c'est certainement le bon
endroit et c'est certainement la bonne personne qui devrait recevoir cette
pétition.
M. Gobé: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de LaFontaine.
M. Gobé: Suite à la demande du député
de Lac-Saint-Jean, pour les membres de cette commission, j'aimerais vous
demander si vous pouvez suspendre quelques minutes afin que les membres de la
commission puissent consulter, n'ayant pas été avisés de
cette chose, pour voir si ça ne dérange pas le travail ou
l'échéancier prévu par les membres de la commission sur
d'autres sujets. Alors, je vous demanderais une suspension de quelques minutes
pour que les membres de la commission puissent...
La Présidente (Mme Hovington): Je peux déjà
donner comme indication, peut-être, que ce n'est pas le rôle d'une
commission parlementaire de recevoir, en tant que telle, une pétition.
Une pétition peut être déposée n'importe quand
à un ministre.
M. Brassard: Ce n'est pas à la commission, c'est
simplement déposé à la ministre de l'Éducation.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 39) (Reprise à 16 h
40)
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de LaFontaine.
M. Gobé: Mme la Présidente, en effet, les membres
gouvernementaux de la commission aimeraient vous faire savoir que, tout
d'abord, ils n'ont absolument rien contre le fait qu'un groupe dépose
une pétition à la ministre, à la condition que ça
se fasse en dehors de cette commission. Alors, peut-être qu'on pourrait
suspendre quelques minutes pour que la ministre les reçoive dans le
petit salon, en arrière, pour recevoir la pétition.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, Mme la ministre,
vous avez bien compris que la pétition vous était
déposée à vous, et non pas comme document à la
commission.
M. Gobé: C'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Vous avez accepté la
pétition?
Mme Robillard: Oui, oui, je suis tout à fait
disponible.
M. Gobé: Ça n'engage pas la commission, pour ne pas
créer de précédent de dépôt de
pétition devant cette commission, à chaque fois. Donc,
voilà. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, la ministre a
reçu la pétition en question.
Alors, nous allons donc poursuivre le programme 4, comme c'était
déjà débuté dans la journée d'hier...
Enseignement primaire et secondaire public (suite)
Commission scolaire Jérôme-Le Royer
M. Brassard: Une question très rapide sur la commission
scolaire Jérôme-Le Royer. La ministre peut-elle nous indiquer
quand elle rendra public le rapport des vérificateurs sur les pratiques
de gestion de la commission scolaire Jérôme-Le Royer, rapport
qu'elle aurait reçu il y a quelque temps? Il y a déjà des
commissaires, d'ailleurs, qui ont demandé la mise en tutelle de la
commission scolaire. Est-ce qu'elle a reçu le rapport et est-ce qu'elle
compte le rendre public dans les semaines qui viennent?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, de fait, j'ai
reçu le rapport de l'enquêteur. Nous sommes en train de l'analyser
présentement au niveau du ministère de l'Éducation. Je
suis moi-même en train de le lire, personnellement. Et,
dépendamment des suites que je donnerai à ce rapport-là,
on verra si nous le rendrons public immédiatement ou plus tard. Mais,
à ce stade-ci, il m'est difficile de dire exactement quel sera le
processus suivi. Ce dont je peux assurer les membres de la commission, par
ailleurs, c'est que je ne saurais tarder pour faire connaître ma
décision du suivi de ce rapport-là, d'ici quelques jours.
M. Brassard: Merci. J'aurais une autre question aussi, qu'un de
mes collègues m'a demandé de vous poser, Mme la ministre;
ça concerne la construction d'une école dans sa circonscription.
En octobre, le 27 octobre dernier, votre prédécesseur, M.
Pagé, avant son départ, annonçait la construction d'une
école secondaire de premier cycle à Sainte-Julie et à
Chambly, Carignan; c'est la circonscription de Bertrand. Il s'engageait
à ce que les crédits nécessaires à la construction
d'une école secondaire, également de premier cycle, à
Varennes, qui relève maintenant de la commission scolaire de L'eau vive,
soient inscrits dans le budget 1993-1994.
Pour le bénéfice de mon collègue de Bertrand,
est-ce que vous pourriez lui répondre ou lui indiquer ce qu'il advient
de ces projets de construction prévus par votre
prédécesseur?
Mme Robillard: Mme la Présidente, est-ce que je peux
savoir s'il s'agit...
M. Brassard: L'école secondaire de...
Mme Robillard: ...de l'école secondaire ou de
l'école primaire?
M. Brassard: L'école secondaire de premier cycle, à
Varennes.
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, cette
demande-là, de la commission scolaire, se situe dans le cadre des plans
d'immobilisations triennaux, dont la première année de ce
plan-là serait 1993-1994, comme nous le savons tous. Nous sommes en
train d'étudier présentement l'ensemble des demandes de
construction d'écoles primaires et secondaires dans chacune des
régions du Québec et, suite à cette étude, je
devrai déposer une demande au niveau du Conseil du trésor.
Donc, pour le bénéfice des membres de la commission, je
tiens à dire que je suis en train de rencontrer les différentes
directions régionales du ministère sur ces projets
d'immobilisations et que j'ai déjà rencontré la direction
régionale de la Montérégie, qui m'a fait part de ce
dossier présenté par le commission scolaire. Mais, à ce
stade-ci, je ne peux pas encore confirmer si, oui ou non, ce sera un projet
retenu dans le courant de l'année 1993-1994 au niveau du plan
d'immobilisations.
M. Brassard: Bien. Là-dessus, moi, Mme la
Présidente, je voudrais aborder toute la question de l'éducation
des adultes et, après ça, consacrer aussi un peu de temps
à l'éducation populaire. C'est les deux sujets que je
souhaiterais aborder.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Est-ce qu'on est encore dans le programme
4?
M. Brassard: Les adultes, c'est toujours 4.
Élèves handicapés ou en
difficulté d'apprentissage
M. Tremblay (Rimouski): oui. alors, c'est au sujet des
élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage.
c'est seulement une précision que je voudrais savoir. je remarque,
d'après les données que vous nous avez fournies, qu'il y a une
baisse de la clientèle à cet égard, c'est-à-dire
qu'elle était de 14,3 % en 1991-1992 et, en 1992-1993, elle n'est que de
13,1 %. vous avez resserré les critères d'établissement de
ces élèves-là.
Remarquez bien que je suis tout à fait d'accord qu'on puisse au
moins cerner, savoir ce que c'est qu'un élève en
difficulté d'apprentissage ou pas. Et, suivant les statistiques que j'ai
pu regarder, en 1965, il y avait 1,5 % de la clientèle qui était
déclarée comme handicapée, ou encore en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. On a atteint des sommets sans
précédent en 1991-1992, avec 14,3 %. Maintenant, on semble
revenir à une normalité de l'affaire. Le fait de resserrer ces
critères-là, à mon sens, va dans le sens de la
rationalisation et, en même temps, de l'utilisation la plus
adéquate possible des sommes d'argent qui sont affectées à
ces clientèles.
Pour ma gouverne, j'aimerais savoir quel est le montant d'argent
attribué à cet élève par rapport à un
élève dans le secteur régulier? Est-ce qu'il y a moyen de
savoir ça?
Mme Robillard: Oui, sûrement, Mme la Présidente. Je
vais demander au sous-ministre, M. Michel Paquet, d'apporter la
réponse.
M. Paquet (Michel): Alors, Mme la Présidente, en
première partie, sur les questions de clientèle, pour
répondre au député, je veux simplement nous ramener,
historiquement, au dossier traité il y a deux ans dans la question du
contrôle des données nominatives dont le ministère avait
besoin pour suivre l'évolution de sa clientèle. Il y avait un
échange entre le ministère et le réseau pour pouvoir mieux
suivre l'évolution de chacune des clientèles et nous assurer
qu'au fur et à mesure de leur amélioration en termes
d'état ou en termes de classification on soit sûr qu'ils soient,
soit bien classi-fiés...
M. Tremblay (Rimouski): Bien oui!
M. Paquet: ...et ça a un effet, évidemment, sur le
ratio qu'on leur accorde, ou soit ramenés à la clientèle
régulière quand le service a été rendu. Et cette
donnée nominative a été permise au ministère
après le projet de loi qui a permis cet arrangement et, à la
suite, avec la commission qui s'occupe de l'accès à
l'information. Et, finalement, nous avons pu avoir, à travers une
tournée provinciale, des contacts avec toutes les commissions scolaires
pour lesquelles nous avions des questionnements quant au ratio de
clientèles en difficulté par rapport à la clientèle
régulière. Et, effectivement, ça a eu pour effet non pas
d'enlever des services à des clientèles mais de ramener la
dispensation des services aux clientèles selon les bonnes
classifications. Donc, vous remarquez que la courbe est quand même
relativement légère, puisqu'il ne s'agit que d'un ajustement, il
ne s'agit pas d'une évacuation de services pour ces
clientèles-là. Ça, c'est pour la question des
clientèles.
Quant à la question des montants qui sont accordés aux
commissions scolaires pour fins de financement à ces clientèles,
si on s'entend pour dire que la moyenne de coût au niveau des
élèves est environ aux alentours de 4500 $ pour les clients
réguliers, nous avons, au niveau de la clientèle en adaptation
scolaire, des chiffres qui peuvent varier, selon le degré de
difficultés, entre 6000 $ et 17 000 $, puisque nous avons des
clientèles avec handicap léger et des clientèles avec
handicap lourd, donc ce qui fait que la moyenne peut se situer en variance avec
les clientèles.
Et, pour vous donner un chiffre global, si vous avez le total des sommes
d'argent accordées à ces clientèles, nous avons 1 000 000
000 $, en chiffres ronds, accordé à toute la clientèle en
difficulté, sur un montant global de 5 000 000 000 $ rattachés
à tout ce que sont les services éducatifs j'oublie les
parties qui sont administratives ce qui donne donc à peu
près 20 % de budget consacré à ces clientèles.
M. Tremblay (Rimouski): Est-ce que, dans vos prévisions,
maintenant qu'on est parti un peu à la baisse, ça va se
stabiliser autour de 13 % ou de 12 %? C'est quoi, vos prévisions
anticipées?
M. Paquet: Pour l'instant, nous n'avons pas de prévision
qui nous permette de penser que ça va aller à la baisse. Nos
ajustements sont faits et, évidemment, la variation...
M. Tremblay (Rimouski): Ça devrait se maintenir,
finalement...
M. Paquet: Ça devrait se maintenir.
M. Tremblay (Rimouski): ...à peu près à
ça.
M. Paquet: Et notre variation peut dépendre, bien
sûr, là, en conséquence, en proportion, dépendamment
de notre clientèle générale... Le nombre, bien, par la
proportion, on n'a pas d'opinion à l'effet que ça va être
à la baisse, mais ça va se maintenir, plutôt. (16 h 50)
M. Tremblay (Rimouski): Merci.
M. Gobé: Mme la Présidente, sur le même
programme, et rapidement.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de LaFontaine.
Enseignement de l'anglais langue seconde
M. Gobé: Oui. Si, des fois, je n'étais pas dans le
bon programme, j'apprécierais que vous me le fassiez savoir, mais je
pense que c'est dans le programme.
Mme la ministre, j'ai pu prendre connaissance ce matin, dans un
journal... Et je m'attendais à ce que la question vous soit posée
à la période des questions. C'est parce que ça
m'intéressait beaucoup, et je pense que ça intéresse aussi
beaucoup de parents et de citoyens. Malheureusement, la question ne vous a pas
été posée à la période des questions. Je
pense que l'endroit est peut-être indiqué pour vous la poser, car
ça concerne l'éducation.
On dit que la présidente de la Fédération des
commissions scolaires du Québec déclarait ce matin qu'on manquait
de temps pour enseigner l'anglais et l'éducation physique dans les
écoles. Vous vous souviendrez que mes remarques préliminaires au
début de cette commission pour l'étude des crédits avaient
été de mettre l'accent sur l'enseignement de l'anglais langue
seconde dans nos écoles, pour les besoins que j'avais cru bon
d'énumérer d'accessibilité à l'emploi pour
nos jeunes et le pouvoir de fonctionnement dans le cadre nord-américain
dans les années 2000. Alors, ça m'apparaît un peu
surprenant qu'on puisse avoir ce genre de réaction ou de
réflexion de la présidente de la Fédération des
commissions scolaires. Pourriez-vous nous indiquer ce qu'il en est, selon ses
propos? Et, si, par hasard, elle avait raison, s'il y a possibilité de
prendre les correctifs?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, comme on le sait,
au niveau du régime pédagogique, autant du primaire que du
secondaire, il y a un certain nombre d'heures-semaine d'enseignement qui est
prescrit au niveau du régime pédagogique. Je pense qu'il
faut faire la distinction entre ce qui est prescrit et ce qui est
indiqué. Et c'est là, je pense, toute la discussion quand on
parle d'un nombre d'heures d'enseignement dans une matière en
particulier. Donc, on prescrit le nombre d'heures global d'enseignement et,
pour chacune des matières, on indique le temps. Maintenant, les choix
sont faits, par la suite, par les commissions scolaires. Alors, c'est une
indication de temps, de prendre tant de temps pour enseigner la langue
seconde.
Ce qu'on note, au-delà des ordres d'enseignement, tant au niveau
primaire qu'au niveau secondaire: les indications pour enseigner la langue
seconde chez les francophones sont moins respectées les
indications, ce n'est pas des prescriptions mais des indications alors
que, dans le milieu anglophone, c'est l'inverse; on augmente le nombre d'heures
d'enseignement de la langue seconde.
Donc, ce que vous avez lu ce matin est exact. Au niveau primaire, de
façon particulière, tant au niveau de l'enseignement en anglais,
donc de l'enseignement de la langue seconde anglaise, que de l'enseignement de
l'éducation physique, les commissions scolaires font le choix d'accorder
moins de temps à l'intérieur du nombre d'heures d'enseignement.
Et c'est là une difficulté, parce qu'on sait très bien que
l'apprentissage des langues, quand on les commence plus tôt, ça
peut être plus facile lorsqu'on évolue.
Alors, dans ce sens-là, je peux dire que, présentement,
nous sommes en train de regarder toute la question de l'enseignement des
langues secondes au niveau du primaire et du secondaire et que, d'ici le
printemps, je déposerai sûrement des orientations beaucoup plus
précises pour l'enseignement de ces matières-là.
M. Gobé: Alors, Mme la ministre, c'est une réponse
qui me ravit, et je vous remercie. Encore une fois, j'aurais aimé
l'entendre à la période de questions. Ça aurait
été bien que la population soit informée de cela par ce
moyen qui est vraiment démocratique, la période de questions,
mais la question n'a pas été posée. Je vous remercie quand
même d'avoir éclairé les membres de cette commission.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Moi, je voudrais aborder la question de
l'éducation des adultes.
La Présidente (Mme Hovington): L'élément 4
du programme 4, c'est ça?
Éducation des adultes
M. Brassard: Toujours dans 4, oui, parce que l'Éducation
populaire, c'est dans 5. On l'abordera dans le programme 5.
C'est aujourd'hui, je pense oui, c'est le 28 avril que
l'Institut canadien d'éducation des adultes émettait un
communiqué dont je vous lis la première phrase seulement, qui est
très révélatrice: «On risque de voir se renouveler
disait l'Institut canadien d'éducation des adultes qui, comme on
le sait, pilote ou regroupe toute une coalition, une large coalition
d'organismes qui exhortent actuellement le gouvernement pour réinvestir
dans la formation des adultes l'automne prochain les affligeantes files
d'attente lors de l'inscription des adultes dans les commissions scolaires
ainsi que les listes de milliers de personnes refusées qui devront
attendre des jours meilleurs pour exercer leur droit à
l'éducation.» Fin de la citation. je pense qu'on peut dire que,
depuis les deux dernières années, l'éducation des adultes
dans les commissions scolaires a été la cible de compressions
budgétaires qu'on peut qualifier de sévères. d'abord, il y
a eu la fermeture de l'enveloppe pour la formation à temps partiel et
celle de la formation à temps plein, dans un deuxième temps, une
diminution de 50 %, puis l'abolition complète, finalement, des
programmes de soutien à l'éducation populaire, toujours dans les
commissions scolaires, et une réduction significative des ressources de
soutien.
Ces choix gouvernementaux ont eu de lourdes conséquences sur
l'accessibilité au service d'éducation pour un très grand
nombre d'adultes. Comme le signalait l'institut qui coordonne la coalition,
l'automne passé, il y a près de 16 000 adultes qui se sont vus
refuser ou placer en liste d'attente faute de place ou d'argent pour les
accueillir, les recevoir. La réduction des budgets d'encadrement, de
soutien, de matériel didactique, tout cela a également
diminué la capacité du milieu scolaire de répondre aux
besoins spécifiques des adultes et pourrait porter atteinte à la
qualité de la formation.
Pour la prochaine année scolaire, on nous annonce une hausse des
crédits alloués à la formation générale des
adultes, ce qui s'explique essentiellement par l'aménagement d'une
enveloppe ouverte pour les 16-19 ans. C'est 29 000 000 $, nous dit-on. Mais, en
fait, comme argent neuf, c'est 8 000 000 $, puisque cette enveloppe
était de 21 000 000 $ l'an dernier; elle est maintenant de 29 000 000 $.
Il y a donc 8 000 000 $ qui se sont ajoutés. Mais il y a des
compressions de l'ordre d'une dizaine de millions qui viennent, par ailleurs,
détériorer une fois de plus la situation de ce secteur de
l'éducation.
J'ai une première question. D'abord, concernant, justement, cette
ouverture d'une enveloppe, le ministère ou le gouvernement ayant choisi
de réinstaurer une enveloppe ouverte pour les jeunes de 16-19 ans
ce qui, évidemment, est loin d'être répréhensible,
je n'en disconviens pas est-ce que, cependant, ce faisant, la ministre
nous indique que voilà la priorité, désormais, en
matière d'éducation des adultes, du gouvernement, puisque, pour
ce qui est des adultes de 16-19 ans, elle réintroduit maintenant une
enveloppe ouverte?
Parce que je pense que, par ses choix budgétaires, un
gouvernement indique ses priorités. Je pense que c'est une bonne
façon de les indiquer. Est-ce qu'on doit comprendre qu'il s'agit
là, en matière d'éducation des adultes, de la
priorité du gouvernement? Priorité, en tout cas, qui se
précise davantage si on considère que
cette enveloppe profitera particulièrement aux jeunes de 16-19
ans qui poursuivent une formation secondaire, puisque les commissions
scolaires, nous dit-on, devront financer le surplus des 300 premières
heures de présecondaire dans l'enveloppe fermée, lorsque ce sera
nécessaire. (17 heures)
On nous informe également que la méthode de
détermination de l'enveloppe fermée et de distribution du nombre
d'heures par groupe sera également modifiée et qu'on utilisera
désormais des variables socio-éducatives où le nombre de
diplômés constituerait les deux tiers de la variable. Ce
changement d'objectif a-t-il pour intention, indique-t-il une intention,
à moyen terme, de la part du gouvernement, de contraindre ou, en tout
cas, d'orienter les commissions scolaires, de les inciter à se
concentrer sur les clientèles facilement diplomables, puisque c'est sur
leur performance à cet égard, par de la diplomation, qu'elles
seront financées? La ministre peut-elle nous confirmer ces informations,
nous préciser, en quelque sorte, les nouvelles orientations qu'elle est
en train de fixer pour l'éducation des adultes? Il me semble que, par
les choix budgétaires qu'on retrouve dans le livre des crédits,
il m'apparaît, en tout cas... J'aimerais l'entendre là-dessus.
J'aimerais qu'elle confirme ce qui m'apparaît évident, c'est que
la réintroduction d'une enveloppe ouverte pour les jeunes adultes de
16-19 ans... Est-ce qu'on peut conclure, présumer qu'il s'agit là
d'une priorité, qu'en matière d'éducation des adultes
c'est ça la cible choisie et privilégiée par le
gouvernement? Et, en plus, non seulement c'est la cible, mais par les
règles budgétaires qui vont, nous dit-on, s'appliquer, c'est les
jeunes qui sont les plus facilement diplomables qui vont être
touchés. J'aimerais une réponse là-dessus, oui.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Merci, Mme la Présidente. je pense que,
dans ce dossier-là aussi, il faut faire un peu d'histoire. il faut
regarder comment les budgets accordés à l'éducation des
adultes ont augmenté depuis 1985-1986. on est passé d'un budget
de 70 000 000 $ à au-delà d'un budget de 440 000 000 $ pour
1992-1993; 440 000 000 $ à l'éducation des adultes, une
augmentation d'au-delà de 500 %, juste dans le domaine de
l'éducation des adultes, de 1985 jusqu'à 1992-1993. je pense que
c'est important de voir comment ce présent gouvernement a donné
la priorité au niveau de l'éducation des adultes. et c'est dans
ce contexte-là que, de fait, étant donné cette progression
faramineuse, 520 % à l'intérieur de sept ans, le gouvernement a
décidé, l'an dernier, de fermer l'éducation des adultes,
un peu comme c'est aussi le cas au niveau de l'ordre d'enseignement
collégial.
Et qu'est-ce que ça a obligé à faire, pour les
commissions scolaires? Naturellement, elles sont obligées de faire des
choix. C'est très clair. Alors, quand on a décidé de
fermer l'enveloppe de l'éducation des adultes, nous avons, par le fait
même, fait là des choix, en partant. Il est très clair que
les choix budgétaires sont reliés à des choix
d'orientation. Quels furent-ils, ces choix-là, l'an dernier?
Premièrement, de maintenir l'enveloppe ouverte, de l'éducation
des adultes, pour tout ce qui concerne la formation professionnelle. Alors,
là, l'enveloppe n'est pas fermée. Elle est accessible pour tout
adulte qui veut s'en aller en formation professionnelle. Premier choix
d'orientation.
Deuxième choix, c'est très clair, c'est un message qui
était donné aux commissions scolaires de peut-être mieux
gérer leurs listes d'attente, de regarder un petit peu quels
étaient les besoins de demande de formation et non simplement inscrire
des noms sur une liste d'attente. À preuve, Mme la Présidente, il
y a des commissions scolaires qui ont même décidé de ne pas
avoir de liste d'attente, qui ne géraient pas la demande par liste
d'attente. Donc, c'est très clair que ça a obligé les
commissions scolaires à faire des choix très précis au
niveau de l'offre de formation. Et, dans le contexte de cette année,
dans le contexte budgétaire de cette année, j'avais avisé
les commissions scolaires qu'il était complètement utopique de
penser que le gouvernement pouvait à nouveau ouvrir cette
enveloppe-là. Quand on dit «ouvrir», ça veut dire
que, indépendamment des clientèles, le budget augmente. C'est
comme ça que le budget a augmenté de 520 %.
Avec les commissions scolaires, nous avons regardé, par ailleurs,
où étaient les besoins les plus criants et où nous avions
dû intervenir l'an dernier. Étant donné certaines listes
d'attente plus importantes que d'autres, nous avions-nous dû intervenir
l'an dernier, et c'était beaucoup sur la catégorie d'âge de
16-19 ans, où, là, nous avons utilisé le pouvoir de
dérogation du ministre pour faire inscrire ces jeunes à
l'enseignement.
Et c'est dans ce contexte-là que, cette année, oui, nous
avons décidé de «prioriser» cette clientèle
c'est une priorité parmi d'autres de donner un
accès, donc, complètement ouvert à toutes la
clientèle des 16-19 ans, et le gouvernement a donc décidé
d'ouvrir cette enveloppe des 16-19 ans. C'est une cible qui est
privilégiée, c'est très clair, parmi d'autres cibles. Ce
qui n'empêche pas que, quand on regarde tout le secteur de la formation
professionnelle, c'est une enveloppe complètement ouverte et qu'au
niveau de la formation générale c'est quand même une
enveloppe de 247 000 000 $ pour la formation générale. Et, donc,
il y a une augmentation de cette enveloppe de formation générale
aux adultes dans le budget de cette année; il y a une augmentation de 9
% qui est affectée à ce secteur-là, ce qui prouve,
là, étant donné les choix difficiles que nous avons eus
à faire cette année, le choix prioritaire qui a été
fait par le gouvernement.
Par ailleurs, quant au partage de cette enveloppe, et surtout pour la
catégorie des 16-19 ans, nous avons regardé avec les commissions
scolaires quelles seraient les règles de partage de cette enveloppe. Des
travaux sont en cours, et je demanderais au directeur général du
financement au ministère de faire état de ces travaux.
Mme la Présidente, M. Réjean Morel.
La Présidente (Mme Hovington): Nous vous écoutons,
M. Morel.
M. Morel (Réjean): Merci.
D'abord, précisons que ce sont les commissions scolaires qui
avaient demandé de revoir la répartition des enveloppes à
l'éducation des adultes pour l'année 1993-1994. On leur avait
soumis une liste d'une dizaine de données socio-économiques et
socio-éducatives permettant de distribuer l'enveloppe. Elles en ont
choisi trois. Nous sommes allés en consultation là-dessus au
cours des derniers mois, et le dernier comité d'allocation des
ressources a éliminé la donnée touchant le taux de
diplomation aux adultes. Donc, l'enveloppe des règles budgétaires
définitives qui sera publiée d'ici une quinzaine de jours va
exclure cette donnée-là. Elle va surtout se rattacher à
des données historiques, à 90 %, et 10 % de l'enveloppe seront
distribués sur des données économiques et
éducatives, dont, entre autres, le nombre de bénéficiaires
d'aide sociale par territoire de commission scolaire.
M. Brassard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): M. le
député.
M. Brassard: ...d'abord, je voudrais que la ministre confirme
que, quand elle parle de 440 000 000 $, elle additionne formation
professionnelle et formation générale des adultes, 247 000 000 $
en formation générale des adultes, comme elle vient de le dire,
et 295 000 000 $ en formation professionnelle; c'est une addition des deux.
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Quand aux revendications ou, si vous voulez, les
remarques et les critiques de l'Institut canadien d'éducation des
adultes, ça porte, il faut quand même le reconnaître,
exclusivement sur la formation générale des adultes. Donc, il
faut quand même, là, faire la distinction qui s'impose.
Donc, pour la ministre et pour le ministère, les 16-19 ans, c'est
une cible privilégiée. Elle me répondait en Chambre, quand
je l'ai interrogée sur la même question: Bien gérer les
fonds publics, disait-elle, et bien les cibler, bien les donner aux bonnes
clientèles pour répondre aux bons besoins de notre
société. Je comprends bien que les 16-19 ans diplomables, des
jeunes facilement diplomables, ça constitue une de ses cibles et une de
ses bonnes clientèles. Est-ce que la ministre aurait l'obligeance de
nous indiquer si, pour elle et pour son gouvernement, il y a d'autres bonnes
clientèles? Est-ce qu'il y en a d'autres ou si c'est la seule? (17 h
10)
Mme Robillard: Bien oui, Mme la Présidente, je pense que
c'est assez évident qu'il y a aussi une priorité
gouvernementale... Ce n'est pas parce qu'on fixe une cible, une année,
de façon particulière, que ça annule toute les autres
priorités gouvernementales qui sont en cours, dont celles, justement, du
recyclage et du perfectionnement de la main-d'oeuvre qui est déjà
sur le marché du travail et qui a besoin, un besoin aigu d'adaptation de
la main-d'oeuvre dans certains cas. On le sait, nos commissions scolaires sont
très ouvertes à accueillir ce genre de clientèle.
Ça s'est développé au fil des années. Il y eu
plusieurs mesures gouvernementales pour encourager, justement, la formation des
gens qui sont sur le marché du travail, pour que les adultes qui
travaillent déjà puissent avoir les outils nécessaires
pour continuer, pour parfois être dans le même travail mais avec
une compétence supplémentaire, ou parfois changer d'orientation
ou changer de travail, ou pour que ceux qui sont en chômage ou qui sont
à la sécurité du revenu puissent retourner aussi sur le
marché de travail.
Alors, il y a une panoplie de mesures qui est pilotée
présentement par le gouvernement pour aider aussi cette
clientèle-là, et ça entre dans la mission du
ministère de l'Éducation. Ce n'est pas parce qu'il y a un
objectif, ici, particulier... Quand on regarde les 247 000 000 $ donnés
à la formation générale des adultes, on regarde les
chiffres actuels, c'est autour de 40 000 000 $ qui sont affectés
directement à la clientèle des 16-19 ans. Ça veut dire que
l'ensemble des autres crédits sont pour la clientèle de 20 ans et
plus. Et, oui, nous répondons aussi à ces besoins, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le
député.
M. Brassard: Mme la Présidente, justement, est-ce que la
ministre ne convient pas, dans le contexte actuel de promotion de la
réussite éducative c'est un des objectifs qu'en
matière d'alphabétisation, de formation de base, de formation de
la main-d'oeuvre, de formation professionnelle il est, je dirais, aberrant,
inadmissible de fermer la porte à des milliers et à des milliers
d'adultes qui réclament de la formation? C'est ça, la situation
actuelle qui prévaut. C'est ça qui est dénoncé par
les groupes qui s'intéressent de façon particulière
à l'éducation des adultes, particulièrement en formation
générale. C'est qu'ils trouvent ça scandaleux. La
réalité, c'est ça. Il y a des milliers et des milliers
d'adultes présentement qui veulent de la formation et qui ne peuvent pas
l'avoir parce qu'il n'y a pas de place et il n'y a pas d'argent.
Et est-ce qu'elle ne convient pas que, dans un contexte de
restructuration économique majeure, dans un contexte où on veut
que l'économie québécoise soit de plus en plus
compétitive, productive, la qualité des ressources humaines doit
être nettement accrue? Et aussi prenons en compte le fait que les
coûts qui sont reliés à un manque de qualification, un
manque de formation de la main-d'oeuvre dépassent largement les
économies que l'on pourrait réaliser en restreignant
l'accessibilité de la formation, la formation étant
considérée comme un véritable investissement et non pas
une dépense.
Et, pourtant, il y a une réduction, entre autres je
regarde ça, là il y a une réduction des
heures-élèves: en 1993-1994, pour les plus de 18 ans, 35 590 000
heures pour les plus de 18 ans, alors qu'on
a déjà connu 46 490 000 heures-élèves en
1991-1992. Ça régresse, et la demande augmente. Les besoins
augmentent. Est-ce que ça ne la préoccupe pas, cette
situation-là? Est-ce qu'elle ne reconnaît pas que ce serait plus
avantageux pour une société de répondre aux besoins de
formation? Ce serait un investissement. Et les coûts qui sont
reliés à l'absence de qualification, les coûts qui sont
reliés à l'absence de formation sont nettement supérieurs
aux avantages qu'une société retirerait si cette formation
était dispensée. Il y a une analyse qu'on doit faire de
l'importance de l'investissement dans la formation des ressources humaines. Et
ces files d'attente, qui sont une réalité, à tout le
moins, est-ce que ça ne la préoccupe pas? Est-ce qu'elle ne
convient pas qu'il y aurait lieu d'accroître les ressources pour, sinon
réduire à rien du moins diminuer de façon substantielle
ces files d'attente qui sont apparues depuis quelques années et qui
constituent un véritable scandale, au dire des organismes qui
s'intéressent à cette question?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Quoi de plus évident que de regarder le
choix d'un gouvernement et ses priorités quand on regarde les budgets
qui sont affectés à des ministères en particulier? Quand
on voit, au niveau du gouvernement québécois, qu'au-delà
de 10 000 000 000 $ par année sont consentis à
l'éducation, au-delà des ordres d'enseignement, quel que soit
l'ordre d'enseignement... 10 000 000 000$, de façon récurrente,
à chaque année! Ces 10 000 000 000 $ représentent 25 % des
dépenses gouvernementales. Qu'on dise que c'est un investissement,
sûrement que c'est un investissement. C'est pour ça qu'on fait ce
choix-là, qu'on l'a fait au long de toutes les années. Et c'est
pour ça qu'on se retrouve avec un budget d'au-delà de 10 000 000
000 $ en 1993-1994, pour le ministère de l'Éducation et celui de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Il me semble que, ça,
c'est une évidence, même, qu'on donne priorité, donc,
à l'éducation.
Quand on arrive au niveau de la formation des adultes, là aussi
il y a des efforts considérables qui ont été consentis. Je
l'ai dit, on a augmenté ce budget-là de 520 % sur sept ans. Je
n'ai pas fait une recherche systématique, Mme la Présidente, mais
essayons de découvrir quel programme gouvernemental a augmenté de
520 % sur sept ans. Je ne pense pas qu'il doit y en avoir beaucoup. Ce qui veut
dire qu'on accorde une priorité très claire à ce
secteur-là, c'est évident, et que les priorités qui sont
faites à l'intérieur du secteur rejoignent tout à fait les
clientèles qui ont été identifiées par le
député de Lac-Saint-Jean.
Oui, on donne une priorité à la formation professionnelle.
L'enveloppe est ouverte, complètement. Oui, on donne une priorité
à des jeunes. On veut qu'ils diplô-ment, qu'ils aient en main un
diplôme d'études secondaires, à tout le moins. Nous le
savons tous que c'est un minimum dans la vie. Oui, on donne aussi des
priorités au niveau de l'alphabétisation. C'est très
clair. D'ail- leurs, quand les commissions scolaires ont été
obligées de faire des choix budgétaires, c'est une
clientèle qui a été privilégiée. Et, oui, on
donne une priorité à tout le secteur de recyclage de la
main-d'oeuvre. Et là on doit tenir compte qu'il y a beaucoup de
personnes qui étudient dans les commissions scolaires dont les budgets
viennent d'autres sources, tel le ministère de la Main-d'oeuvre, et que
vous ne les voyez pas à l'intérieur des crédits du
ministère de l'Éducation. Au-delà de 54 000 personnes, me
dit-on, étaient en formation professionnelle l'an dernier et
financées par d'autres sources que le ministère de
l'Éducation.
Alors, ça vous prouve que, dans l'ensemble, le gouvernement
réalise les besoins aigus qui sont dans ce secteur-là et
décide d'y mettre les efforts nécessaires, malgré la
fermeture de l'enveloppe au niveau de l'éducation des adultes. Et je
pense que, dans le domaine de l'éducation comme dans d'autres domaines,
on réalise très bien qu'on doit faire des choix de plus en plus,
qu'on doit cibler davantage, qu'on doit étudier les demandes, que les
demandes doivent correspondre aux besoins identifiés. Donc, c'est une
démarche de rationalisation qu'on demande à l'ensemble des
intervenants et qui est en cours présentement, Mme la Présidente.
Et c'est dans ce contexte-là que le gouvernement décide
d'augmenter l'enveloppe de formation générale des adultes de 9 %
pour l'année qui vient. (17 h 20)
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II reste que la question se pose. Qu'est-ce qu'on
fait avec les milliers de personnes, d'adultes qui veulent recevoir une
formation et qui ne pourront pas en recevoir? Qu'est-ce qu'on fait avec les
milliers de personnes adultes qui veulent s'alphabétiser, qui sont des
analphabètes et qui veulent s'alphabétiser, qui ne pourront pas
le faire faute de crédits, faute de places et faute de ressources?
Qu'est-ce qu'on fait avec les files d'attente qui vont
réapparaître à l'automne? On laisse faire? C'est ça
que je comprends, là.
La ministre nous dit toute sa satisfaction d'avoir
privilégié telle cible mais que, pour les autres, bien, vous
repasserez. C'est ça, le message? C'est ça qu'on doit dire? C'est
ça que les groupes qui s'occupent d'éducation des adultes doivent
dire aux adultes? Bien, préparez-vous à faire la file et
préparez-vous à vous retrouver sur une liste de refusés!
Il n'y a pas de ressources, il n'y a pas de places, et votre droit à
l'éducation, qu'on a pourtant reconnu dans une loi le droit
à l'éducation a été reconnu pour les adultes
là on vous avertit que votre droit à l'éducation, on ne
pourra pas le respecter; c'est une disposition dans la loi, mais ça ne
veut pas dire grand-chose, ça ne veut pas dire plus que ça, vous
devrez attendre. C'est ça qu'on va devoir leur dire, à ce
monde-là, aux milliers de personnes qui attendent? Elles ne sont pas
considérées comme des priorités, des cibles
privilégiées. Il faudra qu'elles fassent preuve de patience et
qu'elles attendent que le gouvernement daigne les considérer comme des
groupes qui doivent être l'objet
d'attention et dont le droit à l'éducation devra pris en
compte et respecté. C'est ça que je comprends.
Parce qu'il va y en avoir encore, des files d'attente; ça va
réapparaître. Il va y en avoir encore, c'est évident,
ça. Il y a des milliers d'adultes... Écoutez, c'est l'Institut
canadien qui affirmait, qui affirme qu'il y a i 000 000 de travailleurs et de
travailleuses qui n'ont pas de diplôme secondaire au québec,
à l'aube du xxie siècle; 1 000 000 de travailleurs et de
travailleuses qui n'ont pas de diplôme secondaire, plus de 900 000
adultes qui sont analphabètes. le système d'éducation ne
peut accueillir actuellement que 130 000 d'entre eux en formation
générale, dont à peine 30 000 en alphabétisation.
ça laisse beaucoup de monde sur le carreau, ça. ça
laissé beaucoup de monde sur le carreau.
Je n'arrive pas à saisir la cohérence. D'un
côté, certains ministres du gouvernement disent qu'il faut
investir dans les ressources humaines. Les ressources humaines de
qualité, c'est une gage de réussite pour l'avenir et c'est la
garantie que notre société, que notre économie va pouvoir
compétitionner avec les économies de nos partenaires
économiques et se tenir dans le peloton de tête. C'est ça
qu'on dit. C'est ça, le discours. Et, par sa politique
d'éducation des adultes, on écarte des catégories
importantes de cette population adulte et on leur dit: Attendez, attendez, on
vous alphabétisera et on vous donnera une formation au secondaire quand
on pourra. Pour le moment, vous n'êtes pas privilégiés.
C'est ça que dit la Coalition. C'est les inquiétudes et,
je dirais, les angoisses qu'elle exprime à ce sujet-là. ii faut
reconnaître que les réponses du gouvernement ne sont pas
satisfaisantes, tout en reconnaissant que l'enveloppe ouverte pour les 16, 18,
19 ans, c'est très bien.
M. Gautrin: ...
M. Brassard: Je l'ai dit; je l'ai dit avant que vous
n'arriviez.
M. Gautrin: ...parlé.
M. Brassard: Le député de Verdun, s'il pouvait
arriver à temps, il aurait su que je l'ai dit; c'est la deuxième
fois que je le dis.
M. Gautrin: C'est bien.
M. Gobé: Mme la Présidente...
M. Brassard: C'est la deuxième fois que je le dis. C'est
bien...
M. Gobé: ...est-ce qu'il pourrait déposer son
document, M. le député...
M. Brassard: ...mais c'est nettement insuffisant...
M. Gobé: ...du conseil canadien?
M. Brassard: ...au regard des besoins énormes qu'on
identifie dans la population adulte du Québec.
M. Gobé: Allez-vous déposer le document que vous
avez cité? Vous n'en avez pas fait lecture, mais j'aimerais...
M. Brassard: Le communiqué de l'Institut canadien des...
Oui, oui. Aucun problème.
M. Gobé: Oui, je ne l'ai pas. Est-ce que vous pourriez,
pour les membres de la commission?
M. Brassard: On peut le faire photocopier.
M. Gobé: Sans vouloir vous déranger dans votre
temps de parole.
M. Brassard: Oui, oui.
M. Gobé: Merci.
M. Brassard: Pas de problème.
La Présidente (Mme Hovington): On va le faire
distribuer.
M. Brassard: Est-ce que c'est exact aussi que vous avez
coupé de 300 000 $ à 400 000 $ le budget qui permettait de
financer une organisation régionale et nationale des groupes et des
intervenants en alphabétisation, qui permettait de financer les tables
régionales d'alphabétisation de même que leur regroupement?
Il y avait un budget à cet effet. Est-ce que c'est exact que ce budget a
été coupé?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, le budget de 350
000 $ qui touche les tables régionales au niveau de
l'alphabétisation n'est pas coupé complètement. Il est
diminué. Donc, il est inexact de dire qu'il est complètement
coupé. Premièrement.
Deuxièmement, Mme la Présidente, quand on nous dit qu'on
n'accorde pas de priorité au niveau de l'éducation des adultes et
qu'on envisage des listes d'attente faramineuses, des milliers de personnes sur
les listes d'attente pour l'automne prochain, d'abord, Mme la
Présidente, attendons la situation, ne présumons pas à
l'avance. Et, dans le cas de listes d'attente potentielles qui pourraient avoir
lieu dès la rentrée en septembre prochain, je pense qu'il est de
la responsabilité des commissions scolaires de voir qui sont ces
personnes qui sont en liste d'attente, quels sont leurs vrais besoins.
En somme, pour gérer une liste d'attente, je le dis et je le
redis, il ne s'agit pas strictement d'inscrire des noms comme ça, en
liste d'attente. On sait très bien ce qu'on peut faire avec une liste
d'attente. On peut très bien les gonfler aussi, les listes d'attente. Et
on peut ne
pas en avoir du tout, comme certaines commissions scolaires. On voit
très bien que les pratiques sont différentes d'une commission
scolaire à l'autre et qu'il y a des commissions scolaires qui
gèrent leur liste d'attente.
Il est de ma prétention que les commissions scolaires ont les
budgets nécessaires pour faire face à une liste d'attente qui est
bien gérée, comme on l'a vu dans le courant de l'année
passée aussi. Il y a eu certaines commissions scolaires qui ont eu des
difficultés particulières, et c'était normal;
c'était l'année suivant la fermeture de l'enveloppe. Et là
il y a eu des difficultés à l'effet que certaines commissions
scolaires ont vu la fermeture de l'enveloppe une année où leur
budget était relativement bas. Nous avons rajusté ces
budgets-là, en janvier dernier, dans ces commissions scolaires et, donc,
on verra dans le courant de la prochaine année qu'est-ce qui se passera
dans ce secteur-là.
Mais, encore une fois, Mme la Présidente, au-delà de 440
000 000$ donnés en éducation des adultes, autant en formation
professionnelle qu'en formation générale, il me semble que c'est
clair et c'est l'évidence même que c'est une priorité
gouvernementale. Et c'est dans ce contexte-là que les choix ont
été faits et devront continuer à se faire, et nous devrons
continuer nécessairement à «prioriser» et à
gérer les listes d'attente.
M. Brassard: Mme la Présidente, est-ce que la ministre
laisse entendre que, chez certaines commissions scolaires, il y aurait des
listes d'attente gonflées démesurément? Et est-ce qu'elle
laisse entendre que les noms des personnes qui sont inscrites sur ces listes
d'attente, ça ne correspondrait pas vraiment à des besoins
réels de formation?
Mme Robillard: Ce que je laisse entendre, Mme la
Présidente, c'est que certaines commissions scolaires, de fait, n'ont
pas géré leur liste d'attente...
M. Brassard: Qu'est-ce que vous voulez dire par là? (17 h
30)
Mme Robillard: ...dans le sens suivant: si vous avez le
téléphone d'une personne qui demande à être inscrite
sur la liste d'attente de l'éducation des adultes et que, par
téléphone, tout ce que vous faites, c'est d'inscrire son nom,
point, et que la semaine suivante vous faites exactement le même exercice
et que vous n'allez pas plus loin pour savoir qui est cette personne, quels
sont ses acquis antérieurs, quels sont ses besoins, quel type de
formation elle devrait recevoir, comment pou-vez-vous avoir un portrait de la
demande exacte de qui a besoin de cette formation-là, et que c'est une
priorité, et qu'on doit y accorder les budgets nécessaires?
C'est dans ce contexte-là que je dis: Une liste d'attente,
ça doit aussi se gérer. On doit connaître qui sont les
personnes qui s'inscrivent en liste d'attente, quels sont leurs besoins, et
voir au niveau de l'offre de formation qu'on fait à l'ensemble de la
clientèle. C'est dans ce contexte-là que je dis: II y a une
attente très claire envers les commissions scolaires de regarder au
niveau des listes d'attente, au niveau des besoins de ces
personnes-là.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai une demande
d'intervention de la part du député de LaFontai-ne.
M. Gobé: Oui, allez-y.
M. Brassard: La coupure en matière de financement des
tables régionales d'alphabétisation et de leur regroupement, elle
est de combien, la coupure? Le budget était de combien l'an
passé, puis elle est de combien, la compression?
Mme Robillard: à l'enveloppe exacte, qui est de 305 000 $,
on fait une diminution de 50 %. donc, on diminue l'enveloppe à 150 000 $
et on implique les commissions scolaires pour ces 50 %.
M. Brassard: Vous impliquez les commissions scolaires?
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Est-ce qu'elles ont accepté d'être
impliquées?
Mme Robillard: Ce qui signifie un montant, Mme la
Présidente, de 2000 $ par commission scolaire, par année.
M. Brassard: Mais est-ce que vous avez la garantie que ça
va se faire?
Mme Robillard: À l'heure actuelle, nous sommes en
discussion avec les commissions scolaires. Je ne vois pas en quoi ce ne serait
pas possible, 2000 $ par année au niveau de nos commissions scolaires,
alors qu'elles sont en surplus financier, je vous le rappelle, de 180 000 000 $
dans tout le réseau.
M. Brassard: Sauf que, pour des économies de bouts de
chandelles, vous compromettez l'existence de regroupements extrêmement
utiles en matière d'alphabétisation, au niveau régional
comme au niveau national. En tout cas, ce n'est pas très, très
brillant comme attitude.
Dernière question sur l'éducation des adultes: Je voudrais
savoir si le règlement sur le régime pédagogique de la
formation générale des adultes sera en mesure d'être
adopté bientôt. Le règlement sur le régime
pédagogique, est-ce que, bientôt, on peut compter qu'il sera
adopté, et mis en vigueur, et publié, évidemment?
Mme Robillard: Mme la Présidente, le gouvernement fait des
choix budgétaires, et chacun des ministres du gouvernement fait des
choix budgétaires basés sur des analyses et fait des choix de
priorité. C'est le cas dans le secteur de l'éducation aussi. Vous
avez
aujourd'hui devant vous les crédits du ministère de
l'éducation où, je vous le rappelle, si on exclut la coupure qui
s'adresse aux régimes de retraite et celle qui est liée aux
subventions données aux commissions scolaires dépendamment de
leur année financière, le budget du ministère de
l'éducation augmente de 1,4 % dans le contexte actuel, alors que
l'ensemble des dépenses du gouvernement augmente de 0,9 %.
peut-être que le député de lac-saint-jean va me dire que ce
n'est pas brillant d'augmenter de 1,4 %; peut-être aurait-il voulu des
coupures dans le secteur. ce n'est pas le choix que le gouvernement a fait. et
c'est dans ce contexte-là que les choix budgétaires vous sont
présentés aujourd'hui, mme la présidente.
Quant à la question des régimes pédagogiques, comme
on le sait tous, la loi 107 exige d'avoir des régimes
pédagogiques, tant au niveau des adultes que de la formation
professionnelle, pour l'année 1994. Et, donc, nous aurons de nouveaux
régimes pédagogiques, autant pour le secteur des adultes que pour
le secteur de la formation professionnelle, dans les délais prescrits
par la loi.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je
reconnaîtrai ici le député de LaFontaine, sur le même
programme.
M. Gobé: Merci, Mme la Présidente.
Mme la ministre, au cours de l'année scolaire 1991-1992, je peux
constater que 146 782 adultes ont été inscrits à au moins
un des programmes d'études. De ce nombre, 85 200 adultes ont poursuivi
à plein temps leurs activités de formation. On voit que c'est
là un nombre assez important. J'aimerais savoir, Mme la ministre, pour
1992-1993, avons-nous des statistiques ou les chiffres qui correspondent ou qui
démontrent l'accroissement ou la stabilisation par rapport à
1991-1992?
Mme Robillard: Au niveau... Pourriez-vous me dire...
M. Gobé: En formation générale des
adultes.
Mme Robillard: La formation générale des adultes.
Je demanderais au sous-ministre ou... À quelle page, Mme la
Présidente et M. le...
M. Gobé: Vous avez ça à la page 9,
madame.
Mme Robillard: Pardon?
M. Gobé: Du programme 4.
Mme Robillard: 9?
M. Brassard: 9 du programme 4.
M. Gobé: C'est ça.
Mme Robillard: Alors, je vais demander à mes
collaborateurs s'ils ont les statistiques avec eux. (Consultation)
Mme Robillard: M. Paquet va vous répondre.
M. Paquet: Alors, Mme la Présidente, une information de
compréhension, d'abord, sur la gestion des clientèles. C'est que
les inscriptions se font mois par mois, puisque la clientèle en
matière d'adultes est évolutive, entrée et sortie
variables. Nous avons les données qui sont en fonction du mois de mars
et nous étions rendus à 117 000. Donc, nous avons à
couvrir le reste de l'année.
M. Gobé: C'est-à-dire?
M. Paquet: Avril, mai et juin. Donc, au mois de mars, les
données sont de 117 000. Il nous reste les mois à couvrir pour la
fin de l'année.
M. Gobé: Pensez-vous qu'on va atteindre le même
niveau que l'an passé, ou allons-nous baisser, augmenter?
M. Paquet: La prévision est fonction aussi des mesures qui
ont été prises l'an dernier on parlait de l'année
1992-1993 pour parer à la fermeture de l'enveloppe. Donc, on a eu
le jeu des 16-19 ans; c'est parce qu'il y a eu un déplacement des
budgets entre l'enveloppe des adultes et l'enveloppe des jeunes, et il y a eu
aussi, en cours d'année, un support accordé par la ministre
auprès des commissions scolaires pour, justement, gérer ce qu'on
appelle les listes d'attente et permettre aux commissions scolaires de les
dégonfler.
En principe, notre prétention est à l'effet qu'on va
pouvoir atteindre à peu près le plateau antérieur.
Évidemment qu'il y aura une petite restriction due au fait qu'il y aura
eu la gestion plus serrée dont Mme Robillard parlait, et qui va faire
qu'à ce moment-là des choix seront faits par région. Mais,
potentiellement, les commissions scolaires atteindront des niveaux relativement
comparables.
M. Gobé: En ce qui concerne la formation
générale et professionnelle, d'ailleurs, tous les deux, est-ce
qu'on cible... Est-ce qu'on regarde les capacités d'apprendre et
l'intérêt de donner un certain type de cours à une personne
avant de l'inscrire ou de l'accepter? En d'autres termes, quelqu'un qui aurait
une cinquantaine d'années, qui serait analphabète... euh, pas
«analphabète», qui désirerait entreprendre des
études...
M. Gautrin: Mon cas.
M. Gobé: Non, ce n'est pas votre cas, M. le
député de Verdun. Est-ce qu'on va le rencontrer? Est-ce qu'on va
dire, déterminer si on a vraiment besoin de lui faire recommencer au
total ses cours et, à ce moment-là, prendre deux, trois ans,
quatre ans? Ou est-ce qu'on ne
va pas plutôt «prioriser» des plus jeunes qui, eux,
peut-être, ont besoin plus rapidement d'acquérir une formation, un
enseignement supplémentaire afin de pouvoir faire un cours professionnel
ou d'occuper un emploi? Ou est-ce que c'est tout le monde en vrac?
Il se peut que, des listes d'attente, il y en ait. Bon, ça peut
arriver. Mais il se peut aussi qu'il y ait des cas moins prioritaires que
d'autres. Et on sait que, lorsqu'il y a des décisions à prendre,
il faut toujours prendre celles qui sont les plus efficaces et les plus
productives pour la société dans un premier temps, quitte
à faire d'autres mesures pour d'autres personnes. Mme la ministre.
Mme Robillard: Ce qui était très clair, Mme la
Présidente, c'est que, pendant les années où nous
étions dans le contexte d'une enveloppe ouverte, disons que les
pratiques des commissions scolaires étaient moins fermes sur cette
étude. Dans le fond, ce que M. le député soulève,
c'est une étude plus individualisée des besoins de la personne et
que l'offre de formation se situe en conséquence de ses besoins.
Depuis que nous sommes en contexte d'une enveloppe fermée,
nécessairement, il a fallu qu'il y ait une gestion beaucoup plus
serrée au niveau des commissions scolaires. Et je peux vous dire que,
oui, de fait, de plus en plus il y a une approche telle que décrite par
M. le député à l'effet de vraiment voir la personne qui
s'inscrit à tel et tel cours, pourquoi le fait-elle, dans quel but, et
l'aider aussi à réfléchir, et même au niveau de son
orientation, formation générale versus formation professionnelle,
selon ses acquis antérieurs, selon ses intérêts, ses
habiletés. Et c'est dans ce contexte-là que je dis qu'une gestion
beaucoup plus serrée de la liste d'attente permet d'atteindre ces
objectifs d'essayer de faire correspondre la formation aux besoins de la
personne et de l'éclairer aussi dans les choix qu'elle a à faire
au niveau de ses matières et au niveau de son orientation en
général. (17 h 40)
M. Gobé: Ce qui, donc, pourrait expliquer que, sur les
files soi-disant anticipées par certaines personnes ou certains
organismes, il y a des gens qui, en effet, pourraient aller suivre un cours
mais qui n'en ont pas forcément un besoin urgent pour occuper un emploi
ou pour être actif dans la société. Ce qui ne veut pas dire
qu'ils n'ont pas le droit...
Mme Robillard: Non, c'est ça.
M. Gobé: ...à ces cours-là.
Mme Robillard: C'est tout à fait ça.
M. Gobé: C'est la priorité de remettre les gens au
travail dans notre société. Et, comme nos moyens financiers sont
moins importants qu'ils l'ont déjà été par le
passé, je comprendrais aisément que nous devions faire ce genre
de priorité.
Il se pourrait aussi, Mme la ministre, que, dans ces gens, on retrouve
des personnes, des citoyens qui reçoivent des prestations d'aide sociale
et qui retournent s'inscrire sur les listes uniquement pour avoir
l'augmentation d'aide sociale qui est prévue si vous retournez à
l'école, ou des choses comme ça. Est-ce que ça serait
possible? Est-ce que ce programme-là, qui a pour incitation de renvoyer
les gens travailler, le fait de s'y inscrire je connais bien le
programme donne un supplément d'aide sociale?
Mme Robillard: Mme la Présidente...
M. Gobé: Si je me trompe, vous me reprendrez.
Mme Robillard: ...loin de moi l'idée de croire à
une telle éventualité et de penser que ça pourrait
être la majorité des personnes. Je pense qu'il est très
clair dans notre société qu'il n'y a personne qui choisit
volontairement d'être à la sécurité du revenu. C'est
parce qu'il est arrivé des événements x, y, z dans la vie
d'un individu, et il n'y a personne qui fait le choix de vouloir demeurer sur
la sécurité du revenu toute sa vie. C'est qu'il y a des
circonstances qui expliquent cette situation-là. Alors, il est clair
aussi que nous avons mis à la disposition de ces personnes toute une
série de mesures pour celles qui veulent parfaire leurs connaissances,
aller chercher une formation supplémentaire ou aller chercher un emploi.
Et je pense que c'est dans ce cadre-là que mon collègue de la
Main-d'oeuvre travaille. Et, donc, je ne peux absolument pas confirmer, mais je
douterais d'une telle éventualité pour la majorité des
gens qui viennent suivre des cours dans nos commissions scolaires ou dans nos
cégeps.
M. Gobé: Vous croyez que ce serait significatif...
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre, je
voudrais vous avertir que j'ai une demande d'intervention, encore, du
député de Verdun, sur le même programme, et qu'il reste
à peine 18 minutes pour adopter le programme 5, encore.
M. Gobé: Je vais laisser la parole au député
de Verdun pour le reste des 20 minutes qui sont imparties au gouvernement.
La Présidente (Mme Hovington): II faudrait que vous
puissiez... Parce qu'il reste encore le programme 5 à adopter. D'accord?
Alors, M. le député de Verdun.
M. Gobé: Pas de problème. Je poserai des questions
plus tard. M. le député de Verdun, je vous laisse le restant de
mon temps.
M. Gautrin: Je serai très bref, Mme la Présidente,
simplement pour bien comprendre la mécanique des chiffres de Mme la
ministre. Si je comprends bien, on parle de l'élément de
programme Formation générale des adultes. Moi, dans ma lecture
à moi, si je comprends, on voit une augmentation importante en
forma-
tion générale des adultes, ou est-ce que je me trompe?
Mme Robillard: non, mme la présidente, le
député de verdun ne se trompe pas. c'est 9 % d'augmentation.
M. Gautrin: C'est bien ce que je pense. C'est en termes de
pourcentage. Alors que vous avez dit que le terme général
augmente de 1,9 %... Et je ne refais pas le débat que j'ai fait aux
remarques préliminaires sur la manière de décompter
actuellement les surplus actuariels. On s'est bien compris l'un l'autre. Donc,
là, on a une augmentation de 2,21 %, ce qui est donc supérieur
à l'augmentation générale du budget du ministère de
l'Éducation, ce qui veut dire, si je comprends bien, que vous donnez
actuellement un accord, un appui supérieur à la formation des
adultes, 2,21 au lieu de 1,4 qui est l'augmentation moyenne?
Mme Robillard: Mme la Présidente, le mathématicien
qu'est le député de Verdun a très bien saisi. C'est tout
à fait vrai.
M. Gautrin: C'est bien ce que je comprends. Alors, je vous
félicite, Mme la ministre. On peut passer au programme 5. Je suis
prêt à adopter, si vous me permettez, les éléments
du programme 4.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que le
programme 4 est adopté?
M. Brassard: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté sur
division.
J'appelle le programme 5, Éducation populaire, qui a pour objet
la réalisation d'activités d'éducation populaire par des
organismes volontaires.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
Éducation populaire Financement des groupes
d'éducation populaire
M. Brassard: Mme la Présidente, je voudrais poursuivre le
dialogue commencé à l'Assemblée nationale, à la
période de questions. On sait que les groupes d'éducation
populaire ont connu des compressions budgétaires et des gels de
crédits depuis 1987. Depuis 1987, il n'y a pas eu de croissance. L'an
dernier, il y a eu une tentative de la part du prédécesseur de
Mme la ministre, M. Pagé, pour les couper de 35 %. Il y a eu une
mobilisation, évidemment, intense, vigoureuse, et là le ministre
est revenu sur son intention et il a réduit à 4 % la compression.
Cette compression de 4 % est maintenue cette année. Donc, c'est un gel
des crédits associé à des compressions, à des
diminutions de crédits depuis 1987. C'est ça, la situation, en
termes de financement de ces groupes.
Et, depuis plusieurs années, on le sait et on le voit par la
pétition qu'ils ont déposée tout à l'heure, qui a
été appuyée par des milliers et des milliers de personnes
mais aussi de groupes de toutes natures la liste est longue, le temps
nous manque ils ont reçu un appui populaire extraordinaire et
remarquable. Ils ont signé une pétition qui réclame
essentiellement qu'enfin on puisse mettre en place, mettre en vigueur une
politique de reconnaissance et de financement de ces groupes d'éducation
populaire qui porterait sur trois ans, de telle sorte qu'ils ne puissent pas
vivre constamment dans l'angoisse chaque année pour savoir s'ils vont
continuer de vivre ou s'ils vont disparaître, sombrer dans le
néant.
Une vraie politique, connue, de reconnaissance et de financement, c'est
ça qu'ils veulent. Et ils veulent évidemment aussi une
augmentation de crédits; qu'on mette un terme au gel qui dure depuis
1987 et aux compressions qui ont eu lieu l'an passé et cette
année et qu'on accroisse de façon significative les
crédits pour que ces groupes puissent poursuivre leur action
extrêmement utile et bénéfique dans le milieu. D'autant
plus utile qu'on sait que ces groupes rejoignent des clientèles qui sont
généralement peu «atteignables» ou
«inatteignables» par les réseaux institutionnalisés.
C'est connu, ces groupes rejoignent généralement des personnes
qui font majoritairement partie de ce qu'on appelle les milieux plus
défavorisés: des analphabètes, des assistés
sociaux, des chefs de famille monoparentale, des chômeurs, des
chômeuses, des handicapés, des personnes qui sont peu
scolarisées, qui ont des problèmes d'apprentissage, bon, du monde
qui, généralement, n'est pas «rejoignable» par les
réseaux institutionnalisés, le réseau scolaire en
particulier. Et ces groupes d'éducation populaire réussissent
à les rejoindre, à les aider, à les soutenir. Alors,
ça, ça m'apparaît essentiel. Il me semble aussi que leurs
revendications sont parfaitement légitimes. Ça fait longtemps
qu'ils le réclament, ça fait longtemps qu'ils réclament
des crédits supplémentaires, et ils n'ont jamais eu de
réponse positive. Au contraire, on remet en question, presque à
chaque année, leur existence.
Moi, j'en suis arrivé à me poser la question bien
simplement, et c'est ça que je vais demander. Il nous reste peu de
temps, mais c'est ça que je vais demander à la ministre: Le
gouvernement a-t-il quelque chose à reprocher aux groupes
d'éducation populaire? Avez-vous des reproches à leur endroit?
Est-ce que vous trouvez qu'ils perdent leur temps et leur énergie, et
qu'ils perdent de l'argent, ils perdent des fonds publics? Est-ce que vous
trouvez qu'ils font mal leur travail? C'est quoi, les reproches que vous avez
à leur faire, si vous en avez? Est-ce que vous avez fait une analyse, un
bilan de leur travail, de leur action? Est-ce que le ministère a en main
une analyse, une étude, une évaluation de leur action? Est-ce que
c'est à partir de cette évaluation-là que vous avez
décidé qu'il n'y aurait ni politique de reconnaissance et de
financement ni augmentation de crédits? On ne touche pas à
ça. On est un peu perplexe, et les groupes s'interrogent aussi, puis ils
se demandent: Le gouvernement, est-ce qu'il trouve qu'on fait mal les choses?
Est-ce qu'il trouve qu'on est inutiles, qu'on a
une action qui n'est pas très, très importante et qu'on
compte pour peu en matière d'éducation populaire? Us en arrivent
à se poser cette question-là. (17 h 50)
Et je termine là-dessus: Pourquoi, finalement, la ministre et le
ministère ne considèrent-ils pas pertinent d'élaborer, de
mettre au point une vraie politique d'éducation populaire en
matière de reconnaissance des groupes, en matière de financement
des groupes? Et convient-il, dans les circonstances dans lesquelles on vit
présentement sur le plan économique, que ce qu'ils
réclament, c'est-à-dire un peu plus de ressources, c'est tout
à fait légitime? La moyenne par groupe, en dollars constants, n'a
pas cessé de diminuer depuis 1985-1986. La moyenne par groupe
était de 8862 $ c'est le calcul qu'ils ont fait en
1985-1986; c'est rendu à 6451 $, en dollars constants, en 1992-1993.
Alors, les ressources dont chaque groupe dispose n'ont pas cessé de
diminuer, en dollars constants, depuis 1985-1986. Est-ce que le gouvernement a
l'intention de répondre positivement à des revendications qui, je
pense, apparaissent parfaitement légitimes, non seulement pour les
groupes d'éducation populaire mais pour bien du monde à travers
tout le Québec?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Alors, Mme la
ministre.
Mme Robillard: M. le Président, c'est bien mal
connaître le gouvernement que de penser qu'il affecterait 9 300 000 $
à des organismes et qu'en même temps il jugerait que leur action
est inutile. Je pense que la réponse à toutes les questions du
député de Lac-Saint-Jean est évidente. Et ça, ce
n'est pas nouveau, ce n'est pas de cette année que les organismes
populaires sont aidés. Et, quant à l'évolution des budgets
depuis 1985, notons qu'ils sont passés de 7 900 000 $ à 9 300 000
$. Il y a donc eu une augmentation.
M. Brassard: En dollars constants, ça ne veut rien
dire.
Mme Robillard: S'il y a eu une augmentation du nombre de groupes
et que les montants qui sont donnés à chacun des groupes ont
diminué, ça, c'est une chose, mais regardons le budget global qui
est donné par le gouvernement. Nous sommes rendus à 9 300 000 $
au niveau du budget qui est accordé à l'éducation
populaire. Et ce budget-là a été en progression, on le
voit, depuis 1986 jusqu'à l'an dernier où il y a eu une
difficulté particulière. Mais je vous rappellerai que le
ministère a réinjecté dans le budget de l'éducation
populaire pour le ramener au niveau de 9 300 000 $. Et, dans le contexte
budgétaire de cette année, nous savons tous que ce
contexte-là est difficile. Nous savons aussi que les besoins sont
immenses, nous savons que l'éducation populaire est impliquée
auprès de plusieurs groupes dans l'ensemble de la province de
Québec et qu'elle joue un rôle important auprès de ces
groupes-là.
Bien, Mme la Présidente, je vous annonce qu'il n'y a pas de
coupure, dans ce secteur-là, pour l'année qui vient. Et, donc, le
budget, pour 1993-1994, du Programme de soutien à l'éducation
populaire autonome et du programme de soutien à l'alphabétisation
populaire a été maintenu à 9 300 000 $. Tout ce qui est
coupé à l'intérieur de ce programme, c'est le Programme
d'aide aux organismes syndicaux qui a été abandonné, ce
qui ne vise pas nos groupes d'éducation populaire. Je voudrais bien que
vous le notiez.
Maintenant, quant à leur demande d'augmentation de budget, je
suis très consciente de cette demande-là, Mme la
Présidente, mais, dans le contexte budgétaire actuel,
malheureusement, on ne peut pas y répondre, surtout quand on me demande
une augmentation de 1,5 % de l'enveloppe. Je m'excuse, ce n'est même pas
1,5 % de l'enveloppe, c'est 1,5 % du budget total du ministère de
l'Éducation; c'est ce qu'on vise, à moyen terme. Les groupes
populaires voudraient avoir 1,5 % du budget total du ministère de
l'Éducation. Vous savez, ça signifie une somme de 87 000 000 $.
Je pense que, dans ce contexte-là, Mme la Présidente, je ne peux
pas, honnêtement je ne peux pas répondre à cette
demande-là, ce qui ne m'empêche absolument pas de regarder ce qui
peut être fait pour aider les groupes qui sont à
l'intérieur de l'éducation populaire et qui, je le rappellerai
aux membres de cette commission, reçoivent des subventions du
ministère de l'Éducation, avec des objectifs très
précis, mais qui reçoivent aussi des subventions d'autres
ministères au sein du gouvernement. Et, dans le courant de la prochaine
année, j'entends bien regarder s'il n'y aurait pas une concertation
interministérielle qui pourrait être faite au regard de tous les
groupes d'éducation populaire, et voir à ce que l'action soit
davantage concertée pour les aider davantage dans la mission propre que
ces groupes ont dans notre société.
M. Brassard: Mme la Présidente, au fond, c'est
précisément ce qu'ils demandent, les groupes, c'est une
politique: qu'ils sachent ce que le gouvernement compte faire de ces groupes et
de leur action dans les divers milieux. Et, si le gouvernement estime qu'il y a
des groupes qui demandent des subventions à plusieurs ministères,
souvent pour des actions différentes... Ce n'est pas
nécessairement pour des actions d'éducation populaire. Quand ils
vont à un autre ministère, c'est peut-être parce que c'est
des actions qui ne ressortent pas de l'éducation populaire. C'est un
autre genre d'action. Mais, ça, dans sa politique, ça pourrait
apparaître, ça, cet élément-là. C'est
ça qu'ils veulent. Ils veulent savoir où le gouvernement s'en va
avec eux. Et il me semble que ça m'apparaît tout à fait
légitime, normal, pertinent d'essayer de bâtir, en concertation
avec eux, une politique qui sera connue, publique, affichée, et les
groupes pourront s'y référer. Ils sauront où le
gouvernement s'en va, ils ne seront pas dans le brouillard. Une politique
claire.
D'autre part, quant aux demandes de financement accru, il y a une
distance entre 1,5 % du budget du ministère de l'Éducation et un
gel, le gel qu'ils connaissent depuis un bon bout de temps. Je suis convaincu
que
vous leur auriez accordé une augmentation significative, mais qui
serait loin d'atteindre le 1,5 %, qu'ils auraient été sans doute
satisfaits.
Enfin, dernière question: Est-ce que vous avez, au sein de votre
ministère, procédé on nous dit que ça s'est
fait; je voudrais que vous me le confirmiez ou pas à une
évaluation de l'action de ces groupes? Je trouverais ça normal
que le ministère se dise: On va essayer de vérifier,
d'évaluer et de mesurer l'action de ces groupes divers, dans divers
milieux, auprès de leurs clientèles. Qu'est-ce qu'ils font?
Comment le font-ils? Quel effet ça a? Quel impact ça a, cette
action-là? Mesurer et évaluer leur action dans le milieu. Est-ce
que c'est exact que le ministère et ça, je trouverais
ça normal et tout à fait responsable de la part d'un gouvernement
de faire ça l'a faite, cette évaluation-là? Est-ce
qu'elle est accessible, ou c'est un document secret? Il serait important d'en
connaître les paramètres, les données, et de savoir
exactement les résultats de cette évaluation. Est-ce que
ça a été fait? Et il me semble que, à partir,
justement, de cette évaluation-là, on pourrait se baser
là-dessus pour amorcer la conception, l'élaboration et la mise en
oeuvre d'une politique de reconnaissance et de financement, telle que
réclamée par ces groupes. (18 heures)
Mme Robillard: Mme la Présidente, il n'y a pas eu de
démarche systématique d'évaluation, telle que
décrite par le député de Lac-Saint-Jean, au sein du
ministère de l'Éducation, à ma connaissance.
M. Brassard: Alors, de quel genre? Si ce n'est pas
systématique, est-ce qu'il y en a eu une?
Mme Robillard: Absolument pas. Surtout pas une démarche
qui nous aurait amenés à remettre en question, même, la
pertinence de... Parce que c'est ça que ça fait. Une
évaluation de façon systématique, telle que décrite
par le député de Lac-Saint-Jean, conduit nécessairement
à la remise en question de la pertinence.
M. Brassard: Excusez-moi, Mme la ministre. Vous n'avez pas
fait...
Mme Robillard: Mais ce n'est pas... M. Brassard: ...un
sondage...
Mme Robillard: ...dans ce contexte-là que le
ministère a regardé la situation. Le ministère a, de fait,
collecté certaines données mais ce n'est pas du tout ce
qu'on appelle une évaluation, tel que ce qui a été
décrit par le député de Lac-Saint-Jean a
regardé au niveau des données, suit les données à
l'heure actuelle, à qui est donné l'argent, à quels
groupes, est-ce que c'est dans le contexte de l'atteinte des objectifs du
programme. Je vous dis qu'il y a sûrement, dans le courant de la
prochaine année, une concertation interministérielle à
entreprendre dans ce domaine-là. Et c'est dans ce contexte-là que
va se situer mon action, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
Alors, je dois mettre aux voix le programme 5 concernant
l'Éducation populaire. Est-ce que le programme 5 est adopté?
M. Brassard: Sur division. M. Gautrin: Adopté.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation
pour l'année financière se terminant le 31 mars 1994 est
adopté?
M. Brassard: Sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, il me reste à
remercier Mme la ministre ainsi que tout son entourage, ceux qui
l'accompagnent, du bon travail accompli...
Mme Robillard: Je vous remercie. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): ...et les membres de la
commission de l'éducation pour leur assiduité...
M. Gautrin: Très bon travail.
La Présidente (Mme Hovington): ... .un excellent travail,
de même que les membres de la commission, M. le secrétaire et Mme
Bolduc.
Alors, la commission de l'éducation ayant rempli son mandat
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 2)