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(Quinze heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Messier): Je veux rappeler le mandat de
la commission parlementaire. La commission de l'éducation est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Éducation,
pour l'année financière 1993-1994. Aujourd'hui, la commission
étudiera, pour une durée de six heures, les crédits des
programmes 1 à 5. Est-ce que nous avons des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Boucher
Bacon (Bourget) est remplacée par Mme Loiselle (Saint-Henri); M.
Bradette (Charlevoix) par M. Williams (Nelligan); M. Hamel (Sherbrooke) par M.
Messier (Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Messier): Enchanté. Merci, M. le
secrétaire.
Je vais demander à Mme la ministre de l'Éducation si elle
a des remarques préliminaires.
Mme Robillard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Avec plaisir. Nous allons vous
écouter avec beaucoup d'attention.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: M. le Président, mesdames et messieurs de
la commission, la commission de l'Éducation ouvre ses travaux d'examen
des crédits du ministère de l'Éducation et des
réseaux de l'éducation préscolaire, de l'enseignement
primaire et secondaire, pour 1993-1994. L'occasion se prête favorablement
à un aperçu d'ensemble, tant des réalisations en cours que
des orientations à l'oeuvre. C'est un tel aperçu que je vous
propose.
Dès mon arrivée au ministère de l'Éducation,
j'ai constaté que, non seulement toute l'équipe
ministérielle, mais aussi tous les partenaires des réseaux
d'enseignement étaient à l'unisson autour d'un même
objectif central, celui de la réussite éducative des
élèves. J'étais et je demeure convaincue qu'il s'agit
là de la priorité des priorités, pour les jeunes d'abord,
pour l'avenir du Québec tout autant. Aussi, il ne faut pas se surprendre
si, dans les perspectives que je vais évoquer, cet objectif de la
réussite éducative forme la toile de fond sur laquelle
s'inscrivent les lignes de force. Je relèverai à grands traits
quelques réalisations marquantes de l'année qui s'achève,
mais je désire consacrer principalement mes propos aux orientations que
nous entendons pour- suivre. Pour chacune d'elles, je ferai état des
développements qu'elles ont connus au cours de 1992-1993 et j'indiquerai
les actions qu'elles susciteront au cours des prochains mois.
D'abord, la loi scolaire. La loi scolaire retient l'attention sous trois
aspects. Premièrement, par l'adoption et la sanction du projet de loi 17
en juin dernier, des ajustements ont été apportés à
la Loi sur l'instruction publique, dans le sens de l'accroissement de la marge
de manoeuvre des responsables locaux. Des assouplissements ont touché
les approbations préalables relatives aux immobilisations, à
l'adoption des budgets et aux dérogations à l'âge
d'admission à l'école. En outre, pour rapprocher les centres de
décision des écoles, le processus d'intégration des
responsabilités à l'égard de l'éducation
préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire
a notablement progressé, si bien qu'il touche à son terme. Le
nombre de commissions scolaires a été diminué de 41, le
1er juillet 1992, les 158 commissions scolaires intégrées prenant
le relais des régionales et des locales.
Deuxièmement, l'examen des dispositions relatives à
l'instauration de commissions scolaires linguistiques, selon la langue
d'enseignement française et anglaise, a franchi une autre étape,
alors que la Cour suprême du Canada a procédé à
l'audition des parties, du 7 au 11 décembre dernier. On se rappellera
qu'en avril 1989 le gouvernement a soumis ces dispositions à la Cour
d'appel, qui a rendu son jugement en septembre 1990. C'est la décision
de la Cour suprême qui est maintenant attendue.
Troisièmement, une nouvelle Loi sur l'enseignement privé a
été établie en décembre dernier. Tout en respectant
le principe de la priorité à accorder aux réseaux publics,
elle assure une place significative aux établissements privés,
dont elle reconnaît l'enrichissement, la diversité et la
complémentarité qu'ils apportent au système scolaire. La
loi réduit aussi les disparités du financement des services
éducatifs comparables.
De notables améliorations ont touché, également,
l'organisation scolaire. En formation professionnelle, les efforts de
rationalisation ont connu leur dénouement avec l'adoption de la Carte
des enseignements. Celle-ci, il me plaît de le souligner, est le fruit
d'une réelle concertation régionale entre les commissions
scolaires. Elle a ouvert la voie à des investissements
considérables, permettant la poursuite de la revalorisation de ce
secteur d'enseignement. Ainsi, pour 1992-1993, une somme initiale de 143 000
000 $ a pu être consacrée à l'aménagement des
locaux, à l'ajout de places pour les élèves et à
l'achat d'équipement. Sont venus s'y ajouter 15 000 000 $
supplémentaires, accordés dans le cadre du plan gouvernemental
d'accélération des investissements publics.
Ensuite, pour donner suite au rapport du groupe de travail sur le
réseau scolaire anglophone, j'ai institué la Commission de
l'éducation en langue anglaise, en lui confiant le mandat de me donner
avis sur les questions touchant les services éducatifs donnés
dans les écoles anglaises et de répondre aux demandes d'avis que
je pourrai lui adresser. J'ai d'ailleurs sollicité de la Commission un
premier avis, au sujet de la disponibilité des manuels scolaires et des
ressources didactiques appropriées, puisqu'il s'agit là de l'un
des problèmes majeurs relevés par le groupe de travail. Nous
avons aussi déterminé des orientations visant à
l'amélioration des services éducatifs, en particulier dans le
domaine de l'adaptation scolaire et dans celui de l'enseignement du
français, langue maternelle et langue d'adoption.
D'abord, la politique de l'adaptation scolaire, qui datait de 1978, a
été mise à jour. On y réaffirme l'objectif
général d'assurer, à tous les élèves
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage,
l'accès à des services éducatifs de qualité, dans
le cadre le plus normal possible. Mais, vous en conviendrez, la réussite
éducative des élèves en difficulté ou
handicapés dépend de bien d'autres facteurs que du seul choix du
lieu où sont assurés les services. Dans ce domaine plus que dans
tout autre, il ne saurait être question d'adopter des solutions uniques.
Les besoins, les aptitudes et les rythmes d'apprentissage diffèrent
presque d'un élève à l'autre. Les centres de
décision et d'intervention doivent donc être le plus près
possible des élèves. Cette politique confie donc à la
commission scolaire le soin de choisir, de concert avec les parents, les moyens
les mieux adaptés à la situation de chaque élève
handicapé ou en difficulté. Nous avons aussi prévu, outre
un soutien financier accru, des mesures d'instrumentation et de soutien des
intervenants des écoles et des commissions scolaires auprès de
ces élèves.
Je fus heureuse, à mon arrivée au ministère de
l'Éducation, de constater qu'un plan d'action avait été
préparé sur l'enseignement du français écrit et
parlé. Intitulé «Pour une langue belle», le document
arrête les priorités suivantes: d'abord, amener les
élèves à une plus grande maîtrise de la langue
écrite, par la pratique accrue de l'écriture ainsi que par
l'apprentissage de la grammaire et de l'orthographe et revoir, en
conséquence, les contenus des programmes; ensuite, donner aux
élèves un accès plus large à des oeuvres
littéraires de qualité, par la production de guides
pédagogiques pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture
et par la diffusion d'un répertoire d'oeuvres littéraires. De
plus, une allocation supplémentaire de 3 000 000 $ a été
accordée aux commissions scolaires et aux établissements
privés pour l'acquisition de livres de bibliothèque. Cette
allocation sera reconduite l'an prochain.
Comme je l'ai indiqué au début, une large part de nos
énergies, aussi bien que des ressources nouvelles, ont été
consacrées à mettre en place les premières mesures qui
découlent du Plan d'action sur la réussite éducative. (15
h 40)
Je voudrais maintenant vous faire part de ce que nous avons
réalisé cette année et des développements qui
s'annoncent pour l'an prochain. La toile de fond, que représente le
document «Chacun ses devoirs», a entraîné une
mobilisation de tous les intervenants, permettant la poursuite, en pleine
complémentarité, d'objectifs clairs et partagés. Vouloir
assurer la réussite éducative des élèves, c'est
avant tout rapprocher toutes les activités des besoins particuliers de
chaque élève. C'est le soutenir quand il a des
difficultés, l'encourager dans ses efforts, lui offrir les services dont
il a besoin, au moment où il en a besoin.
Vouloir assurer la réussite éducative, c'est aussi
favoriser la décentralisation, en misant sur des projets locaux. C'est
ajuster les curriculum pour qu'ils permettent vraiment de varier la
pédagogie. C'est agrandir la marge de manoeuvre pour que
l'équipe-école, pour que l'enseignante et l'enseignant dans leur
classe puissent, à leur niveau, exercer pleinement leur
compétence.
Vouloir assurer la réussite éducative, c'est non seulement
faire en sorte que l'obtention du diplôme d'études secondaires
soit une réalité pour le plus grand nombre, mais c'est tout
autant favoriser l'accès à des études supérieures,
en veillant à l'articulation des ordres d'enseignement.
Vouloir assurer la réussite éducative, c'est, enfin,
favoriser la complémentarité de toutes les actions. C'est adopter
une attitude de complicité, de partenariat et de collaboration qui
permette une visée commune vers un seul grand objectif.
Si nos objectifs sont clairs, nos priorités d'action le sont tout
autant. Les démarches amorcées en 1992-1993 se poursuivront donc
l'an prochain, dans plusieurs domaines. Rien ne s'accomplit à
l'école que par l'activité éducative que conduisent les
professionnels de l'enseignement. Le ministère a établi un plan
de renouvellement et de valorisation de la profession d'enseignante et
d'enseignant. Les orientations de la formation en enseignement secondaire et le
profil de compétence attendu des diplômés ont fait l'objet
d'un document, paru en 1992, de sorte que les universités sont
maintenant toutes engagées dans des démarches de révision
de leurs programmes. Des travaux similaires se poursuivent avec les partenaires
intéressés pour la formation à l'éducation
préscolaire, l'enseignement primaire et en adaptation scolaire.
D'autres travaux de concertation concernent les stages de formation
pratique et le système de probation. Le plan de valorisation vise aussi
une plus grande participation des enseignantes et des enseignants aux enjeux
qui les concernent. À cet égard, nous avons déjà
mis en place le Comité d'agrément des programmes de formation
à l'enseignement. J'entends également instituer sous peu un
comité d'orientation sur la formation du personnel enseignant.
Voilà deux lieux de participation où les enseignantes et les
enseignants seront en mesure d'influencer directement les grandes orientations
touchant leur profession.
Au cours de la consultation qui a précédé
l'adoption du Plan d'action sur la réussite éducative, des
doléances ont porté sur la trop grande rigidité des
curricu-
lum de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire. C'est
pourquoi, en concertation avec nos partenaires des réseaux, un
comité sur l'ajustement du curriculum scolaire a été mis
sur pied. Tous les objets d'ajustement tels la grille matières,
les pratiques d'évaluation et les règles de sanction, les
programmes et le calendrier scolaire ont été
examinés à la lumière des finalités propres de
l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire. Ces travaux touchent
en particulier les conditions d'obtention du diplôme d'études
secondaires.
Cette question ne peut être détachée, bien qu'elle
semble distincte, de celle des conditions d'admission au collège. Il
importe, assurément, de veiller à l'articulation tout à
fait névralgique entre les études secondaires et les
études collégiales. D'une part, le projet de régime des
études collégiales, qui fait partie des mesures de renouveau
annoncées récemment pour les collèges, devrait
déterminer les seuils d'admissibilité aux études
collégiales. D'autre part, la révision du curriculum du
secondaire progresse rapidement vers le rapport du comité, attendu avant
la fin de juin. Je recevrai alors les recommandations que le Comité
présentera à la Table nationale de mise en oeuvre du Plan
d'action sur la réussite éducative.
Conformément aux dispositions de la Loi sur l'instruction
publique, un règlement sur le régime pédagogique de la
formation générale des adultes est en préparation, de
manière qu'il entre en vigueur le 1er juillet 1994. Le projet a fait
l'objet d'une consultation soignée, notamment sur la nature, les
objectifs et le cadre d'organisation des services éducatifs, ainsi que
sur l'évaluation et la sanction des apprentissages.
Semblablement, le Règlement sur le régime
pédagogique de la formation professionnelle des adultes est prévu
aussi pour le 1er juillet 1994, dans la perspective d'un régime
unifié pour les jeunes et pour les adultes. Il inclura les modifications
qui ont affecté, en novembre dernier, le régime actuel des jeunes
conduisant jusqu'ici soit au certificat, soit au diplôme d'études
professionnelles. Tous les programmes ont été réunis dans
une seule filière menant au diplôme, moyennant des conditions
d'admission et une durée des études déterminées
selon les exigences propres de chaque programme.
Nombre de jeunes de 16 à 19 ans poursuivent leurs études
au sein du secteur des adultes. C'est pourquoi j'entends faciliter à ces
jeunes un maintien ou un retour aux études dans un contexte qui leur
soit favorable. Ainsi, à compter du premier juillet 1993, le financement
des services offerts à ces élèves par le secteur des
adultes sera assuré par une enveloppe ouverte, évitant tout
contingentement. De plus, on examinera s'il est nécessaire d'effectuer
des ajustements au régime pédagogique du secondaire, de
manière que les services puissent être mieux adaptés aux
besoins de ces élèves.
La prochaine année sera aussi marquée par un chantier
d'importance visant l'harmonisation des programmes de formation professionnelle
du secondaire et du collégial. À cet égard, je rappelle
les constats que je dégageais à la fin des travaux de la
commission parle- mentaire consacrée à l'enseignement
collégial. Ce qu'on a réclamé avec insistance, c'est la
rationalisation et l'harmonisation des enseignements professionnels et
techniques, de manière que soient nettement définies les
articulations et les voies de passage entre les programmes des écoles et
ceux des collèges. Je puis vous assurer que nous y apportons toute la
diligence requise. Dès la fin des travaux de la commission
parlementaire, les équipes sous-ministérielles des deux
ministères se sont mises à l'oeuvre pour déterminer un
plan de travail conjoint et arrêter le calendrier de
réalisation.
Dès sa parution, faut-il le rappeler, le Plan d'action sur la
réussite éducative a entraîné l'adhésion de
l'ensemble des partenaires. À la fin de la première année
d'implantation, cette forte adhésion est toujours aussi présente,
voire plus intense. Rarement un tel élan a-t-il mobilisé en si
peu de temps autant d'énergie. Dès le début de septembre
1992, s'est engagée la mise en route du Plan; ce fut le coup d'envoi de
plus de 6000 projets élaborés en concertation par les commissions
scolaires et par les équipes-écoles dans tous le milieux. Des
projets ont été dirigés spécialement vers les
enfants de quatre et cinq ans des milieux les plus à risque.
Au secondaire, l'implantation graduelle de la voie technologique s'est
poursuivie. Des messages ont été diffusés sur les ondes,
destinés aux parents, afin d'accroître leur engagement
auprès de leurs enfants qui fréquentent l'école. Une
série télévisée est en chantier, produite par
Radio-Québec, à l'adresse des élèves de 12 à
14 ans.
Cette effervescence d'activités est encourageante et prometteuse.
Voilà pourquoi j'ai été particulièrement heureuse
d'annoncer que le gouvernement reconduisait l'enveloppe de 42 000 000 $ pour
l'an deux du Plan d'action, et ce, malgré la compression
générale qui frappe les programmes gouvernementaux.
Les orientations que je viens d'évoquer sont directement
reliées à notre volonté commune de préparer pour
les jeunes, et avec eux, un avenir meilleur, à la hauteur de leurs
aspirations. Si je mentionne une volonté commune, c'est pour insister
sur la nécessaire collaboration et le nécessaire partenariat qui
doivent animer le système scolaire. Il nous faut maintenant un esprit de
collaboration, où tous les partenaires sont écoutés,
respectés dans leurs vues, associés aux décisions qui
guideront leur action, invités à exercer pleinement leurs
responsabilités et soutenus dans leurs efforts. Déjà, nous
l'avons vu, cette volonté commune, ce partenariat existe: la Table
nationale et les tables locales de mise en oeuvre le montrent. Les milieux le
vivent, où personnel enseignant, personnel professionnel, directeurs et
directrices, parents et jeunes sont associés pour relever les
défis de la réussite éducative.
Il s'agit là d'un momentum qu'il faut reconnaître et dont
il faut recueillir les fruits pour le présent et pour les années
qui viennent, car les défis sont considérables et nous pressent.
C'est pour cette raison que la Table nationale de mise en oeuvre a
chargé un comité, présidé par le sous-ministre,
d'élaborer les stratégies qui favoriseront au maximum
l'éclosion de ce partenariat à tous
les paliers, depuis celui des instances centrales du système
scolaire jusqu'à celui de l'école. Les travaux de ce
comité viseront d'abord à renforcer le rôle des
comités locaux dans le choix des actions susceptibles d'améliorer
la réussite éducative et dans le partage conséquent des
ressources. Mais, surtout, cet exercice cherchera à favoriser la mise en
place d'attitudes de collaboration bien enracinées à tous les
niveaux, puisque la convergence des efforts de tous les intervenants scolaires
est une condition essentielle à la réussite des jeunes. (15 h
50)
Toutes ces orientations que je viens de présenter supposent, pour
qu'elles se concrétisent, des crédits qui en permettent la
réalisation. En 1993-1994, le budget du ministère de
l'Éducation totalisera 5 825 000 000 $. Par rapport aux crédits
de l'an dernier, il s'agit d'une diminution de 103 600 000 $. Mais, si on
exclut les crédits permanents consacrés au RREGOP et
à la baisse, en raison de la modification de la règle de
partition des subventions aux commissions scolaires les crédits
augmentent, en réalité, de 1,4 %, un taux d'augmentation
supérieur à celui des dépenses gouvernementales, qui se
situe à 0,9 %.
Pour conserver un financement adéquat de nos priorités
d'action, nous avons dû, d'abord, procéder à un effort
significatif de rationalisation de nos dépenses, en évitant le
plus possible de restreindre les services offerts aux élèves.
Cette rationalisation a d'abord nécessité une démarche
d'augmentation de la productivité au sein même du
ministère, qui a conduit à une réduction des effectifs et
à un resserrement du budget ministériel d'opération, ainsi
que des budgets centralisés consacrés à parer aux
imprévus dans les réseaux. D'autres mesures de réduction
des dépenses s'appliquent au solde de l'année scolaire 1992-1993,
à la marge de manoeuvre des réseaux et à la
rémunération globale, conséquem-ment à des gains de
productivité de 1 %.
Toutes ces mesures permettent des économies de près de 109
000 000 $. Par ailleurs, les crédits réguliers diminuent de 48
700 000 $, principalement à cause d'une réévaluation
actuarielle des régimes de retraite et d'un rajustement de la
règle de partage des subventions du réseau public entre les
exercices financiers. Mais une bonne part de la hausse des crédits de
l'année financière, soit 49 900 000 $, ira au soutien des
priorités d'action reliées à la réussite
éducative. Ces crédits supplémentaires permettront de
consacrer, pour la prochaine année scolaire, des sommes de 42 000 000 $
aux mesures découlant du Plan d'action et une somme de 29 300 000 $ pour
accueillir à l'éducation des adultes les jeunes de 16 à 19
ans qui choisissent ce secteur pour compléter leurs études
secondaires.
Dans un contexte particulièrement difficile, où tous
doivent redoubler d'efforts et d'imagination pour freiner la hausse des
dépenses publiques, une telle augmentation des crédits
accordés à l'Éducation permettra non seulement d'atteindre
les priorités que nous nous sommes fixées, mais contribuera
à maintenir le Québec au premier rang, quant à l'effort
financier consenti envers l'éducation.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre de
l'Éducation.
M. le député de Lac-Saint-Jean, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires?
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, M. le Président. J'ai quelques
remarques brèves à faire, brèves parce que je pense qu'il
faut garder le plus de temps possible pour échanger sur un certain
nombre de sujets qui nous apparaissent essentiels.
On se rappellera que, lorsque la commission parlementaire sur
l'éducation a tenu ses travaux sur l'enseignement collégial, il y
a plusieurs intervenants, je pense à la CEQ, la CSN, il y avait aussi le
Conseil permanent de la jeunesse, la plupart des associations
étudiantes, des personnalités bien connues, aussi, du monde de
l'enseignement, je pense à M. Guy Rocher, je pense aussi à la
grande amie de Mme la ministre, Lise Bissonnette, et la plupart de ces
intervenants avaient mis en relief, en lumière les lacunes et les
défauts résultant d'un débat parcellaire, fragmenté
et uniquement concentré sur un seul ordre d'enseignement, en particulier
l'ordre d'enseignement qui est pris en sandwich dans le système de
l'éducation, qui est en plein milieu, l'ordre d'enseignement
collégial.
On se rend compte, aujourd'hui, combien cette remarque ou ce conseil
était judicieux. On s'en rend compte, par exemple, avec le débat
qui entoure les seuils d'entrée au cégep. On en a parlé
longuement, la semaine dernière, à l'occasion de l'étude
des crédits de l'Enseignement supérieur. On se rend compte qu'on
ne peut pas toucher, modifier de façon substantielle l'état des
choses dans un ordre d'enseignement sans que ça n'ait des
répercussions, des résonances, des conséquences
parfois en aval, parfois en amont; parfois, aussi, en aval et en amont
dans les autres ordres d'enseignement. Je donne l'exemple du régime de
sanction ou des seuils d'admission d'entrée au cégep. Ça
concerne directement, évidemment, le régime de sanction du niveau
secondaire. On se rend bien compte, quand on regarde d'un peu près cette
question-là, que ce n'est pas en rehaussant les normes de sanction qu'on
améliore de façon automatique la qualité de la formation.
Bien au contraire, souvent, ça a des effets dévastateurs, en
termes d'exclusion, d'augmentation du taux d'exclusion.
Donc, on regarde ça, et on se dit qu'en lieu et place d'une
prolifération de mesures parfois improvisées, de modifications
à la pièce, on peut aligner les éléments. Il y a le
Plan d'action sur la réussite éducative; il y a le Comité
du curriculum; il y un plan d'action sur le français écrit; il y
a un plan d'action concernant la valorisation de la condition enseignante. Bon.
Quand on regarde tout ça, on constate que les intervenants, qui ont
réclamé du gouvernement qu'il crée les conditions d'un
véritable débat sur l'ensemble du système
d'éducation au Québec, avaient raison. Ce débat
permettrait, sans
doute, d'en arriver à un nouveau consensus, à
l'orée du XXIe siècle. Aussi, ça permettrait d'examiner,
de regarder attentivement les graves lacunes de notre système,
particulièrement celles qui sont liées aux niveaux primaire et
secondaire. Ce débat-là ne s'est pas fait, le gouvernement ayant
choisi de s'intéresser uniquement, et d'inviter les intervenants
à s'intéresser uniquement à un seul ordre d'enseignement.
C'est malheureux.
Quelques remarques sur un certain nombre d'actions du ministère.
Le Plan d'action sur la réussite éducative. Je ne pense pas qu'il
y ait lieu de parler en abondance de ce fléau du décrochage, qui
est reconnu par tout le monde, de ce véritable drame que l'on vit comme
société, avec un taux d'abandon qu'on peut qualifier de tragique
au niveau secondaire 35 %, peut-être plus, de nos jeunes qui ne
réussissent pas à cheminer jusqu'à la diplomation
secondaire. C'est dramatique et tragique, tout le monde le reconnaît.
Quand les crédits du ministère ont été connus, les
intervenants n'ont pas été vraiment très tendres. Je vous
fais grâce de citations abondantes, mais la plupart des intervenants ont
réagi très vivement, parce qu'ils avaient le sentiment
très vif et très désagréable d'avoir
été bernés.
Je vous cite, entre autres, l'Association des cadres scolaires du
Québec, quelques phrases de son communiqué,
particulièrement par la voix de M. Paul Labrecque, son président,
quand il a appris les compressions de l'ordre de 100 000 000 $ imposées
aux commissions scolaires: C'est toute la crédibilité des actions
gouvernementales en éducation qui est remise en question. Le
gouvernement, dit-il, vient de nous lancer un message clair: l'éducation
n'est pas sa priorité. Manque de vision, il refuse de considérer
l'éducation comme étant une nécessité absolue si on
veut assurer l'avenir du Québec. Et il concluait en disant: À ce
moment-ci, les acteurs du réseau scolaire sont en droit de se demander
s'ils n'ont pas été bernés. (16 heures)
La Fédération des commissions scolaires n'a pas
été très tendre non plus. Elle affirme, contrairement
à ce que vient de nous dire la ministre, dans son intervention
préliminaire, que ces compressions auront des impacts importants sur les
services directs à l'élève, qui se verra amputé du
support de professionnels, tels que des orthopédagogues, des
psychologues, des ressources que les commissions scolaires jugent
nécessaires dans la lutte au décrochage scolaire.
L'impossibilité, pour plusieurs commissions scolaires, continue
la Fédération, de mettre en place le nouveau programme de
sciences au secondaire pourrait être également une
conséquence de ces compressions. Mme Drouin va jusqu'à dire que
le gouvernement a jeté de la poudre aux yeux, s'est fait du capital
politique à bon marché en annonçant, il y a quelques
semaines, qu'il verserait 42 000 000 $ pour la lutte au décrochage
scolaire. Comment interpréter autrement, poursuit Mme Drouin, son
empressement de donner d'une main et de reprendre de l'autre ce qu'il avait
pris bien soin d'annoncer en grande pompe?
Puis, on pourrait évidemment citer d'autres inter- venants qui
ont été à la fois surpris et scandalisés par les
tactiques du gouvernement: l'annonce du maintien des 42 000 000 $ pour financer
le plan de lutte au décrochage ou le Plan d'action sur la
réussite éducative et, quelques semaines plus tard, des
compressions de l'ordre de 100 000 000 $. Des commentateurs ont eu une
réaction semblable également. Je vais éviter de citer Mme
Bissonnette. Je vais citer, par exemple, Agnès Gruda de La Presse, qui
disait, et je la cite: Bref, après avoir récolté les
dividendes politiques d'une offensive indispensable, près de 4
élèves sur 10 quittent l'école avant la fin du secondaire.
Le gouvernement Bourassa s'est empressé de neutraliser son geste par une
démarche comptable effectuée à l'aveugle et sans aucune
distinction de priorité. Pitoyable, concluait-elle. Elle appelait
ça une offensive neutralisée.
Dernière remarque à ce sujet-là, au sujet du plan
d'action concernant la réussite scolaire. Ça réfère
à la mobilisation nécessaire des acteurs et des intervenants du
monde scolaire. J'ai pris connaissance, avec beaucoup d'attention, des
remarques préliminaires de Mme la ministre sur un partenariat à
maintenir: À la fin de la première année d'implantation,
nous dit-elle, cette forte adhésion est toujours aussi présente,
voire plus intense. Et bien non! Je ne sais pas sur quelle planète elle
vit, là, mais ce n'est pas ça qui se passe. À moins
qu'elle feigne d'ignorer que la CEQ la Centrale de l'enseignement du
Québec s'est retirée des tables, de haut en bas, lors de
son dernier conseil général, parce qu'elle jugeait inacceptables
les mesures et les décisions prises par le gouvernement en
matière de gel des salaires, en matière de gains de
productivité, puis aussi, évidemment, à cause des
compressions budgétaires de l'ordre de 100 000 000 $. Décision du
conseil général de la CEQ: On ne participe plus, on ne sera plus
là, aussi bien à la Table nationale de mise en oeuvre qu'au
niveau des commissions scolaires et des équipes-écoles, des
tables des comités d'action au niveau de chaque école.
Bien là, il y a un problème, parce qu'il me semble bien
que les enseignants, ça constitue un acteur drôlement essentiel si
l'on veut que le plan d'action réussisse. Comment, sérieusement,
faire un succès de la mise en oeuvre du Plan d'action si l'acteur
majeur, celui-là même qui est au coeur de l'acte éducatif
par excellence, c'est-à-dire l'enseignant, n'est pas là? Puis, il
a décidé de ne pas être là, parce que... Bon, on
peut bien discuter de ses motifs, puis porter un jugement sur ses motifs. On
peut bien dire: Ils sont allés trop loin. On peut bien dire: Ça
n'a pas de bon sens, ce qu'ils ont fait là, c'est exagéré.
Ça, on peut le dire, mais ils ne sont pas là. Ils ont
décidé de ne pas être là. Alors, il me semble qu'il
y a un problème pratique de mise en oeuvre. Si je suis d'accord avec la
ministre pour dire que le partenariat de tout le monde est essentiel à
la réussite d'un plan d'action portant sur la réussite
éducative ça, ça m'ap-paraît une condition
fondamentale et incontournable il reste que ce n'est plus la
réalité. Et il y a un problème là, qu'on devra, je
dirais, prendre à bras-le-corps pour essayer de le résoudre,
parce que, si les enseignants
continuent de faire, je dirais, la grève du zèle
concernant le plan d'action, ses chances de réussite et de succès
sont compromises. Ça m'apparaît évident.
Bon! Là-dessus, ça va, on pourra sans doute en parler.
Mais, je dirais aussi, comme autre remarque, relativement à ces
compressions, que notre société est confrontée, je n'en
disconviens pas, à de sérieux problèmes de finances
publiques. Il nous semble, à tout le moins, obligatoire et prioritaire
qu'elle vienne d'abord en aide aux jeunes les plus mal pris, avant de
consentir, comme c'est le cas dans les crédits, des fonds
supplémentaires aux écoles des mieux nantis. C'est ce qu'a fait
le gouvernement, cette année, en bonifiant les ressources
allouées aux écoles privées. Il y a 11 000 000 $ de plus
pour les écoles privées. Ce n'est pas très
cohérent, ça.
Il y a aussi des lacunes, tout le monde en convient, au niveau de la
maîtrise de la langue maternelle. Ça nous a sauté à
la face à la suite des tests que les jeunes ont subis pour être
admis à l'université. La situation est dramatique, je pense,
à tous les ordres d'enseignement. Mais, là-dedans, je suis
obligé de reconnaître, comme je le disais en Chambre la semaine
dernière, que le gouvernement... On ne peut pas dire qu'on constate chez
lui, de façon évidente, un sentiment d'urgence, parce que, si je
me souviens bien, si je me rappelle bien la séquence temporelle, c'est
en 1987 que le ministre de l'époque, M. Ryan, a lancé un plan
d'action. Ça a été suivi, on le rappelait tout à
l'heure, de «Pour une langue belle», un document d'orientation
présenté par votre prédécesseur, M. Pagé. On
est en 1993, et la révision des programmes de français aux
niveaux primaire et secondaire n'est pas encore terminée. Ce n'est pas
complété. Primaire, peut-être. On nous dit que le primaire,
ça serait complété et que la mise en oeuvre pourrait se
faire bientôt. Mais, au secondaire, ce n'est pas fait, ce n'est pas
terminé. Si c'est si urgent que ça, la maîtrise de la
langue maternelle, si c'est un drame si profond que ça, il me semble
qu'on devrait adopter un rythme un peu plus rapide et montrer qu'il y a
vraiment urgence.
En formation professionnelle, il y a évidemment insuffisance
très nette des effectifs jeunes. Le principal défi posé
par la réforme de l'enseignement professionnel consistait, on le sait,
à accroître le nombre de jeunes fréquentant ce secteur. On
s'aperçoit qu'il n'en est rien. Cette réforme a contribué
aussi à marginaliser davantage de jeunes qui éprouvent des
difficultés scolaires, difficultés de cheminement. On sait que le
principal défi, pour l'avenir de la formation professionnelle au
secondaire, tient dans la capacité du système d'éducation
de relever la formation de base des jeunes, mais sans générer des
effets d'exclusion. Je conviens que c'est un défi, mais c'est ça
le défi. Pour y parvenir, nous sommes forcés de revoir notre
conception du curriculum de l'école secondaire et surtout les modes
d'apprentissage offerts. Il y a un problème majeur. On en parlera
sûrement en formation professionnelle, jeunes. (16 h 10)
Pour ce qui est des adultes, l'accessibilité est de plus en plus
réduite. En matière d'éducation populaire, ça
aussi, c'est un sujet qu'on abordera. Comment ce gouvernement, M. le
Président, peut-il, tout en réduisant depuis les deux
dernières années les investissements dans ce secteur
d'éducation je parle de l'éducation des adultes
continuer à prétendre vouloir favoriser l'accès aux
études des adultes au Québec, rehausser le niveau des
qualifications de la main-d'oeuvre et faciliter l'insertion sociale et
professionnelle des populations marginalisées? Quelques données
seulement pour rappeler la nécessité, l'urgence de poursuivre
l'effort du Québec en matière d'éducation des adultes. On
estime que 1 000 000 de travailleurs et de travailleuses n'ont pas de
diplôme d'études secondaires 1 000 000. On estime que 2 000
000 de travailleuses et de travailleurs, soit environ 60 % de la population
active, exercent des tâches exigeant des connaissances de niveau
secondaire. On estime à 700 000 le nombre d'adultes qui seraient
analphabètes. Les gouvernements adoptent divers programmes et mesures
pour inciter les personnes en emploi et sans emploi à améliorer
leur employabilité pour la formation très bien mais
le chômage relié à la restructuration économique ne
cesse de croître et de s'accroître.
Le dernier sujet que je voudrais aborder, M. le Président, dans
mes remarques préliminaires, ça concerne la relève
enseignante. On sait qu'au cours des 15 prochaines années on devra
remplacer entre 30 000 et 40 000 enseignants au Québec. Je pense que
ça doit nous préoccuper au premier chef, de façon
prioritaire, et on doit se poser la question, aussi: Est-ce qu'on est
prêt, vraiment, à affronter ce défi et à le relever?
On peut en douter quand on observe les lacunes majeures qu'on retrouve au
niveau de la formation des maîtres, sans parler aussi des failles
majeures, sur le plan académique, qu'on peut constater également
chez les étudiants, au moment de leur entrée à
l'université. Dans un document de son propre ministère, de la
Direction générale de la formation et des qualifications, dont je
voudrais citer un paragraphe, on disait que les lacunes les plus importantes,
actuellement, en matière de formation des maîtres, sont
déjà bien déterminées et les pistes de solution
suffisamment connues: plus de rigueur dans les critères d'admission
à la formation; meilleur équilibre entre les formations
psychopédagogiques et disciplinaires; meilleur encadrement et un
accroissement du temps accordé aux stages de formation pratique;
meilleure intégration de l'enseignement universitaire au regard du
projet de formation; exigences plus rigoureuses vis-à-vis de la
qualité de la langue écrite et parlée; le niveau de
culture générale; un système adéquat d'insertion
professionnelle; une définition claire des compétences attendues
des futurs enseignants et enseignantes.
Où en est-on avec tout cela? Parce que je pense que les objectifs
sont bien déterminés. Il est également question, plus
loin, de mécanismes d'accueil et d'encadrement particulier au
bénéfice des enseignants et enseignantes qui en sont à
leur première année. Ça va faire pas mal de monde qui
commencent une carrière dans l'enseignement, dans les prochaines
années, et ça va
faire beaucoup de monde qui sortent de la carrière aussi. Il y a
des formules, sans aucun doute, à mettre au point, à imaginer,
à concevoir et à mettre en oeuvre, formules de soutien des jeunes
enseignants qui entrent dans la carrière par des enseignants qui
s'apprêtent à en sortir et qui sont riches d'une longue
expérience. Avant de quitter, avant de prendre définitivement
leur retraite, il me semblerait utile et impérieux qu'on puisse faire
profiter de leur expérience les jeunes qui entrent dans la
carrière. Il y a des parrainages ou un sytème de
maître-associé qui s'imposent dans les circonstances.
Oui. Une dernière chose concernant les enseignants, c'est qu'il
faut... Je vois M. Bisaillon, le président du Conseil supérieur
de l'éducation, qui a donné un avis majeur là-dessus, sur
la condition enseignante, et qui a mis en lumière la trop grande part du
statut précaire chez les enseignants, et la précarité a
connu des progrès dangereux depuis quelques années. C'est devenu
un mode quasiment généralisé, coutumier d'embauché,
et on se retrouve avec des milliers et des milliers d'enseignants ayant un
statut précaire. Donc, à ce moment-là, avec un moral...
Ça affecte le moral. C'est décourageant, c'est démotivant,
ça brise le dynamisme, parce qu'ils ne savent jamais s'ils vont
retrouver leur emploi en début d'année. Il y en a beaucoup. Il y
en a des enseignants qui ont 7, 8, 10, parfois 12 années
d'expérience et qui ont encore un statut précaire. Ça me
semble tout à fait aberrant, scandaleux. Il faut absolument
réduire la place de la précarité chez les enseignants.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que je
voulais faire, et ça indique aussi, en même temps, les quelques
sujets que je voudrais...
Le Président (M. Messier): Les orientations que vous
voulez donner.
M. Brassard: ...approfondir et aborder au cours des heures qui
suivent.
Le Président (M. Messier): Parfait! On vous remercie
beaucoup de votre prestation.
Il y a le député de Verdun qui aimerait nous adresser la
parole.
M. Henri-François Gautrin M. Gautrin: Je vous remercie, M.
le Président. Le Président (M. Messier): Merci.
M. Gautrin: D'emblée, je voudrais essayer de clarifier les
chiffres des crédits et signaler à quel point je suis satisfait.
Je vais expliquer pourquoi. Dans une situation de restrictions
budgétaires, ce gouvernement a réussi à maintenir les
crédits on va expliquer comment de l'éducation
au-dessus du taux d'inflation. Ça démontre, M. le
Président, dans une situation difficile sur le plan budgétaire
on va l'expliquer, et ça va être assez simple de comprendre
comment ce gouvernement a maintenu l'effort qu'il doit faire en
matière d'éducation, parce que tout le monde sait que
l'éducation est à la base même du développement
économique.
Alors, une lecture simple et simpliste des crédits nous a
amenés à croire qu'il y aurait eu une diminution de 103 600 000
$. En effet, si je compare les crédits 1992-1993 à 1993-1994, en
1992-1993, les crédits étaient de 5 928 900 000 $ et,
actuellement, ils sont de 5 825 300 000 $. Un petit calcul simple et je
suis mathématicien, ce qui prouve que je ne sais pas calculer, mais j'ai
fait vérifier deux fois on a une différence de 103 000 000
$, M. le Président. Donc, on aurait, à première vue,
pensé qu'il y a une diminution, actuellement, de l'effort du
gouvernement en matière d'éducation, ce qui est totalement faux,
pour les raisons suivantes. Alors, je vais vous expliquer pourquoi, M. le
Président, et vous allez comprendre tout de suite.
Si vous prenez le cahier explicatif «Budget, Renseignements
supplémentaires», le cahier annoté, annelé, vous
allez comprendre ça dans le programme 3 et le programme 4, qui sont,
bien sûr, les programmes les plus importants du ministère de
l'Éducation. Dans le programme 3, vous remarquez et on pourrait
revenir pour ceux qui sont intéressés, et je pourrai expliquer,
d'ailleurs que la révision des paramètres actuariels du
RREGOP a amené à diminuer les contributions au régime de
rentes du RREGOP d'une manière substantielle. Alors, les diminutions
ça, c'est à la page 127 les
réévaluations du régime de retraite font une
économie, pour ce qui est à verser dans le régime de
retraite, de 8 300 000 $ dans le programme 3, c'est-à-dire celui de
l'enseignement privé. Si vous tournez la page et que vous allez dans le
programme 4, c'est-à-dire l'enseignement public, les réductions
je vais mettre mes lunettes pour ne pas me tromper de chiffres
soit la réévaluation actuarielle des régimes de rentes,
amènent une économie de 83 300 000 $. Donc, strictement la
variation de l'évaluation actuarielle amène que l'effort
gouvernemental, et c'est purement extérieur, c'est une économie
purement et simplement de 91 600 000 $.
Ce n'est pas tout, M. le Président, parce que vous allez me dire:
Ah, ah! c'était 103 000 000 $. Ce n'est pas tout. Simplement, le
changement des règles du partage des subventions et vous avez
ça à la page 128 entre les exercices financiers, en
fonction de l'augmentation de l'impôt foncier et scolaire, amène
aussi une diminution de l'enveloppe de l'éducation de 97 700 000 $.
Alors, si vous ne vous trompez pas, vous additionnez 91 600 000 $ plus
97 707 000 $, vous trouvez 189 300 000 $. Alors, de fait, ça veut dire
quoi? Ça veut dire que ces phénomènes, qui sont purement
comptables, qui sont extérieurs, et si vous rentrez réellement au
niveau de l'effort, l'effort qui est fait par ce gouvernement en matière
d'éducation, il y a une augmentation de 85 700 000 $.
Et ça, M. le Président, je crois qu'il est important de
bien signaler, d'insister, de le répéter: à l'heure
actuelle, les crédits qui sont devant nous sont des crédits qui
témoignent d'un effort de 85 700 000 $ en faveur de l'éducation.
Ça, c'était ma première remarque prélimi-
naire. Je voulais réellement clarifier ça, parce que je
pense que c'est fondamental qu'on comprenne bien les chiffres. Je regrette
qu'un certain nombre de journalistes aient fait une lecture rapide et simpliste
des crédits. (16 h 20)
Revenons maintenant sur mes questions, Mme la ministre. Je vous
rappellerai, comme je le fais à peu près dans chacune des
commissions, que cette Assemblée est à l'orée, je crois,
ou du moins je l'espère, d'adopter une loi, qui porte actuellement le
titre de projet de loi 198. Ce projet de loi a comme effet de vouloir
réduire, sur un horizon de trois ans, le personnel d'encadrement de 20 %
et de réduire la taille du personnel de 12 %.
Je me permettrai, et je vais le faire petit à petit, à
l'intérieur de chacun des programmes, parce que, évidemment, vous
comprenez que la part du ministère de l'Éducation est importante,
bien sûr dans la part des employés de l'État. Je vais
revenir sur chacun des programmes pour voir avec vous, dans chacun des
éléments de programmes, ce que ces compressions peuvent avoir
comme effets. Déjà, j'ai remarqué qu'il y a des efforts de
compression qui ont été faits. J'aurai à vous poser des
questions aussi dans le secteur parapublic, c'est-à-dire le secteur des
commissions scolaires. Quelles compressions peut-on obtenir? Quel taux
d'encadrement voyons-nous dans les commissions scolaires? Je sais qu'ils sont
réglés par des règles. Est-ce qu'il y a jeu au niveau des
taux d'encadrement?
Au niveau des conseils consultatifs, j'aurai tendance aussi à
vous poser des questions sur ces questions de personnel. Je vous dit
d'emblée dans quelle direction, moi, j'entends vous questionner, non pas
sur ce que vous faites, non pas sur l'effort du gouvernement, parce que je
pense qu'il est excellent, mais strictement sur la manière et sur les
taux d'encadrement, et pas seulement les taux d'encadrement, les taux de
personnel à l'intérieur de vos ministères et des
organismes qui dépendent de vos ministères par paiements de
transfert. C'est dans ce cadre-là, M. le Président, que j'entends
questionner Mme la ministre.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie, M. le
député de Verdun. Vous seriez un excellent professeur!
Il y a le député de Rimouski qui va nous livrer une
prestation digne de mérite.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Oui. M. le Président, je voulais
dire quelque chose à cet égard, au sujet de l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation. L'Opposition a
l'accusation facile. Elle semble dire qu'il n'y a pas de crédits
suffisants et qu'on ne fait pas d'efforts au niveau de l'éducation.
Dois-je lui rappeler que, de 1985 à 1993, nous avons indexé les
salaires de l'ensemble de la fonction publique, y compris les professeurs. Il y
a des professeurs qui enseignent au niveau de l'éducation. il y a eu un
enrichissement collectif d'à peu près 2 % depuis que nous sommes
là, comparé à une baisse de 20 %, eux qui ont fait
ça d'une façon drastique. tout le monde a été
coupé de 20 %. nous, nous avons augmenté, indexé les
salaires depuis que nous sommes là, avec un enrichissement collectif
d'à peu près 2 %. et ça, c'est des salaires payés
dans l'éducation. alors, ça a fait un effort, à mon sens,
assez intéressant.
J'ai ici le budget des dépenses de 1991-1992. À
l'éducation, une augmentation de 17,8 %. Je ne sais pas, mais c'est les
chiffres que j'ai au niveau de cette année-là, 1991-1992. Alors,
il y a eu certainement un effort. De l'autre côté, on fait
beaucoup des gorges chaudes quant au décrochage scolaire. Il y a des
raisons au décrochage scolaire, et ça a déjà
été signalé. Je pense qu'il serait peut-être bon de
se le rappeler. Pourquoi il y a tant de décrochage? Pourquoi est-ce
qu'on arrive à ce niveau-là? Aussi, peut-être qu'on
pourrait le réduire si on analysait complètement les
données statistiques. Il faut tenir compte d'abord que, maintenant, il y
a des diplômes d'enseignement secondaire qui se donnent au niveau de
l'éducation des adultes. Alors, les jeunes, après 16 ans,
décident d'aller compléter leurs études de niveau
secondaire. Alors, ça, il faudrait les comptabiliser également,
et ce n'est pas comptabilisé dans les statistiques,
présentement.
Il y a eu une chose, c'est que, vers les années quatre-vingt, on
a modifié le régime pédagogique. On a haussé la
note de passage de 50 % à 60 %. Alors, ça a eu pour effet,
nécessairement, d'augmenter peut-être la qualité des
enseignements que les élèves recevaient au secondaire. On a
également haussé le nombre d'unités requises pour obtenir
un diplôme d'enseignement secondaire. On a haussé également
les critères d'admission pour l'enseignement professionnel. Si on
additionne les diplômes qui sont donnés au niveau de
l'éducation des adultes, au niveau des études secondaires, avec
ceux qui se donnent à l'enseignement régulier, l'écart de
35 % est ramené à 25 %, c'est-à-dire que les 35 % de
décrochage n'existent plus. Le vrai chiffre, à mon sens, dont il
faudrait parler, ce serait 25 %. C'est déjà trop, il faut bien en
convenir. Mais, cependant, ce n'est peut-être pas si dramatique qu'on
voudrait le laisser entendre. Lorsqu'on se compare, par rapport à ce qui
se passe ici, au Canada et en Amérique du Nord, nous ne sommes pas si
désavantagés à cet égard. Nécessairement, il
faudra toujours faire des efforts de ce côté, ça, j'en
conviens, et je pense que nous devons toujours mettre l'accent sur ce
décrochage scolaire, de façon à le contrer le plus
facilement possible, le plus utilement possible. D'ailleurs, je pense que, Mme
la ministre, vous avez annoncé tout à l'heure que vous
reconduisiez le programme à cet égard, et je pense que c'est une
bonne note et la bonne voie qu'il faut emprunter. quant aux comparaisons par
rapport au produit intérieur brut, si on compare le québec par
rapport à l'ontario, on est à 24,2 %, tandis que l'ontario est
à 22,3 %. donc, si on compare le canada, où ils sont à
21,9 %, à mon sens, c'est des indications que le québec, tout
compte fait, fait un effort remarquable au
niveau de l'éducation et que ce n'est peut-être pas si
dramatique que le critique de l'Opposition semble vouloir le dire.
Quant aux propos de Mme Bissonnette, qu'on semble souventefois nous
amener comme étant la critique officielle en dehors du Parlement, je
rappellerai au critique de l'Opposition qu'elle a dit que nous n'étions
pas mandatés pour siéger en commission parlementaire, au niveau
de la réforme des collèges, parce qu'elle ne nous trouvait pas
compétents en ce domaine puis, autant que je sache, à la
commission parlementaire, il y a autant de députés de l'Oppostion
que de députés ministériels et que nous étions tous
des incompétents.
Là-dessus, j'aime autant vous dire une chose...
Une voix: À ses yeux!
M. Tremblay (Rimouski): À ses yeux, aux yeux de Mme
Bissonnette. Alors, à cet égard, j'aime autant vous dire une
chose: je n'ai pas de leçons à recevoir de Mme Bisonnette.
Très bien.
M. Gautrin: Oui, moi non plus.
Le Président (M. Messier): Est-ce que c'étaient vos
remarques, M. le député de Rimouski?
M. Tremblay (Rimouski): Oui. Il y a le député de
Jacques-Cartier qui aimerait nous adresser la parole.
M. Cameron: Merci.
Le Président (M. Messier): Ça fait plaisir.
M. Cameron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Vous vous rapprochez du
côté ministériel, là, depuis l'ouverture,
peut-être, sur la langue! Habituellement, vous êtes de l'autre
côté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cameron: Non, non! Presque moitié-moitié; ici,
ici.
M. Gautrin: On vous aime bien, quand même. M. Neil
Cameron
M. Cameron: I would like to begin by noting that the Minister
said something about services to the Anglophone community, on page 3 of the
Mémoire, and mentions, in particular, her establishment of the
Commission de l'éducation en langue anglaise, looking at such questions
as scholarly manuals and didactic resources.
But surely, the largest issue that is concern to the English-speaking
community, as far as education is concerned, is actual access to
English-speaking schools, and I would be quite interested in hearing the
Minister's opinion, either in this Commission or in the Assembly proper, as to
exactly how she feels about the possibility of expanding that access.
I am sure my colleague from Lac-Saint-Jean would not share my views on
this subject, but I think the actual quality of the English educational system
in many areas is quite good, and there is not that much cause for complaint
with the Ministry of Education, as to much of what it has done. But if the
access question is treated as a completely closed question, as I think may be
an especially large temptation just after a major concession in another area,
then in the long run, that has very serious implications for the English
educational system and the English-speaking community in general. It is not
just the immediate question of the total number of students that will enter
this system that matters, and you cannot consider the importance of the
question entirely by such statistics. for example, it is actually the case in
québec right now that very large numbers of english-speaking parents are
quite happily putting their children in french language schools just because
they see that as a very sensible thing to do, in terms of assuring a future in
québec. and it is also true, just because of population demographics,
that even if we got widened access, let us say as far as recommendation 1 °
of the chambers report, which itself is not that large a concession, but even
if we got that, or something beyond that, that that would not cause a very
large dramatic increase in enrolment in the english language educational
system, nor is it by any means clear that any opening in terms of rules on the
english language educational system would cause any substantial movement in
québec society as a whole toward the english language system. (16 h
30)
What is much more significant, however, is if there is a complete
closure, and if the closure continues, then more and more people in the English
language community will simply look down the road and say, then, it makes sense
that 20, 30 years from now, no matter how good relations are between the two
language communities on the personal and individual level, the survival of this
community in an institutional sense is very, very doubtful and, therefore, more
and more people will simply leave. In other words, if, for example, the
students that I teach myself at college age look at questions of this kind,
they do not look at them with the level of technical detail that we do but they
know, they hear like anyone else whether or not anyone new is coming into the
English language educational system. They figure if they are not, then they are
looking to a future more likely in, say, Ontario and other parts of Canada.
That is, it seems to me, a rather critically important question for the
Minister of Education, not just in the obvious political sense that someone who
is representing a political orientation will raise it but in a quite
fundamental long-term sense for Quebec society.
The next point I was going to make was on the area of reform in the
CEGEPS. I have already commen-
ted on this to some extent and, as I said on some of these issues, I
think I am, in this case, rather more in accord with my colleague from
Lac-Saint-Jean and, even if not, a little skeptical that things will go as well
as the Minister would hope. As I have already pointed out, the general
orientation in the CEGEP reform seems to me to have many good things about it.
And if you talk to individual CEGEP teachers and administrators, as I do, you
will hear a certain amount of genuine enthusiasm for that orientation,
particularly in things like raising overall standards.
However, I must admit that there is something a little heroic, I think,
about attempting a major reform in the CEGEP educational system that does not
involve pumping in a large amount more money at the same time. It may indeed be
argued that we are not doing all that badly in terms of the total education
budget, given the circumstances of the time, the general problems with public
finance right now, and so on, but I cannot help saying on past experience with
the CEGEPS that virtually any change made in the CEGEP system, not just the one
proposed at the moment, always costs more money than it is projected to cost.
It is an invariable rule. It is sort of what happens when you deal with a large
number of people, all of whom have guaranteed contractual employment.
For instance, if you consider the device proposed, the flunk fees, you
know, charging students eventually who begin failing more than a certain number
of courses, requiring them to pay for this, doing something like this now, I do
not think this is a good idea at all. I would be willing to say so for reasons
that my colleague on the other side probably would not say. I do not think that
the direct introduction of college fees is that bad an idea. I know that it is
a great sacred cow that CEGEP education is, in quotation marks, free, but,
after all, it is in quotation marks.
As I pointed out in the House, every time somebody goes full time to a
CEGEP for a year, it is costing the people of Québec something like 7000
$. It is just a question of where the bills are collected. It is not a question
of it really being free in some sense of sort of magically coming down from on
high. If a charge is to be made, I think it is much more rational economically,
much more fair and much more efficient for it to be imposed flatly and clearly
at the outset, something like university tuition. If the idea is to make sure
that students who have come from unfortunate circumstances, who come from
poverty or something of that sort should not be discriminated against, then, I
think it would be better to do something like provide direct subventions to
those students to make sure they get a fair chance and still soak everybody as
they come in.
The proposal that is actually suggested is one of actually charging
people in terms of the courses they fail. I think, first of all, this is an
example... What I mean it is something that, I think, costs a lot more in
practice than it would actually raise in funds. I can see these things as an
administrative nightmare. Every single CEGEP is going to have at least one more
bu- reaucrat whose job is going to be to oversee these flunk fees to find out,
you know, where this money is coming from and so on, all that kind of stuff,
and make sure that students are actually paying it. Students on things like
this if you ask any of the administrators of the universities they will
tell you this are notoriously late on delivering cheques for any purpose
whatsoever and they do so at any arbitrary date they want and so forth so that
they all come in at different times. Then, of course, they have to be cleared
through a whole huge different set of bank accounts, and so on, and that has to
be reconciled with the central sort of financing system of the CEGEP. Then
somebody has got to figure that out in terms of the audit of the actual CEGEP.
Then it has to be decided whether the money goes directly to the Ministry of
Education of whether it is done, used, let us say, as something like cutting
down the deficit of the local CEGEP. But not only that, you will have a
situation in which, for instance, there are some students who are so affluent
that no doubt they could make it a point of pride as to just how many cheques
they have written in their career through college, while you would have other
ones who would then figure out how to take courses, not on the basis of what
would be best for their education but what would most effectively prevent them
from paying any money to the CEGEP.
The fact is that the difficulty of CEGEP courses varies to a staggering
degree, and the students know it. They know it quite well. The ones who fail
courses most frequently and in largest numbers, and this is very similar, by
the way, to the «décrochage» problem in a larger way in
education, this is indeed, as the Member for Lac-Saint-Jean said, a tragedy,
but it is a tragedy that is not necessarily connected with the administration
or teaching in either the primary or the secondary or the college level.
In my experience of 20 years around the educational system, the most
common kind of students who drop out of school are ones whose parents have just
split up. That is, in other words, the domestic situation of families is one of
the most significant factors in explaining school dropouts. Of course, there
are other causes. You can have things like a whole area where the economy is in
bad shape, there is high unemployment, and so on down the line. But those are
combined with this factor of family breakup because, for instance, when
families break up, quite often it becomes an immediate priority for adolescents
to make money for the household that has broken off. So there are factors like
this, social factors, outside education, that have a lot to do with explaining
things like dropout rates.
I do not think, in other words, that either punitive measures or to some
extent even more positive measures of encouragement in the colleges will have a
great deal of effect on this. It is probably true that imposing a device like
this will knock out a certain number of students who are a great nuisance for
the system and who are doing nothing of value there for themselves or for the
college, and that will make a marginal difference, but the cost, as I said, I
think, can be quite large,
and the changes, otherwise, that are proposed, are the quite substantial
changes in things like English instruction, French instruction, humanities
instruction, cutting physical education, and so on. The point that I made there
you may recall in the address that I gave in the House on this subject
is that, given the other rules of the game, given
«permanence», given the fact that there are large numbers of
physical education teachers and humanities and philosophy teachers with many,
many years of seniority, I look forward in terms of this reform to a great
number of embittered swimming instructors trying to explain Yves Beauchemin in
French literature courses and a great number of, you know, former teachers of
archery now dragging people through English grammar, and a great number of
miserable students sitting there wondering how this incredible thing has
happened to them. After all, this sort of thing already has taken place in the
high schools, not just in Québec but right across Canada, that is, where
union seniority rules mean that you have people who were hired to be physical
education teachers who are now teaching mathematics, you have people who were
once hired to be music teachers now teaching physics, and so on. And so you get
a lot of people graduating from schools who got their physics from a musician
and their mathematics from an athlete. And then people wonder why they do not
do as well when they compete with people who get their physics from physicists
and their mathematics from mathematicians.
So, in many cases, what sounds like a reform in the abstract that
improves the educational system does not really do so in practical terms. That
is one of the reasons why I am, on the whole, not in favor of the CEGEP reform.
As I said, the orientation, the general idea of improving standards and so on
seems to me to be a good idea, but this actual consequence, I do not think it
is good.
In terms of the total budget available, I must admit there I am inclined
to agree with the ministerial group. I think we got off lucky, given the
general state of finances in Québec right now. It could be a great deal
worse, but I would still say that, in fact, the CEGEP system would probably be
best, in many respects, simply left alone. And the elementary educational
system on the English-speaking side has got to have a chance to get some new
students. Merci, M. le Président. (16 h 40)
Le Président (M. Messier): M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez fait une très longue glissade sur
l'Enseignement supérieur et la Science, et nous étudions
aujourd'hui le ministère de l'Education.
M. Cameron: Oui.
Le Président (M. Messier): Si vous voulez revenir, s'il
vous plaît sur l'étude des crédits du ministère de
l'Education. L'Enseignement supérieur et la Science, on l'a fait la
semaine dernière.
M. Cameron: O.K.
Le Président (M. Messier): Merci. Vous avez
terminé?
M. Cameron: Oui.
Le Président (M. Messier): Parfait, excusez-moi de vous
avoir interrompu. M. le député de LaFontaine.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président.
Quelques remarques brèves. Bonjour, Mme la ministre. Il me fait
plaisir de vous voir et de saluer les gens qui vous accompagnent. Quelques
brèves remarques, non pas pour prendre le temps de la commission mais
peut-être pour faire valoir un point de vue peut-être un peu
différent de celui de quelques membres. Il y a deux sujets que
j'aimerais aborder particulièrement, qui me touchent à coeur,
parce que je les vois dans la société. Je les rencontre lorsque
je visite les écoles, et je me suis fait sensibiliser par un certain
nombre de parents à quelques situations qui en découlent.
Premièrement, Mme la ministre, je pense qu'il est très
important que notre société et donc votre
ministère, vu qu'on parle d'éducation regarde, en ce qui
concerne les matières d'enseignement, peut-être à
développer d'une manière un peu plus forte, un peu plus profonde
l'apprentissage de l'anglais, langue seconde, dans nos écoles. Grand
nombre de parents francophones de la région de Montréal je
n'oserais pas parler pour ceux des régions autres que celle de
Montréal et particulièrement dans l'est de
Montréal, actuellement, semblent regretter ou déplorer que leurs
enfants sortent de l'école au niveau primaire sans connaissance de cette
langue seconde indispensable à l'évolution intéressante
dans l'éducation, ou plus tard dans les affaires, en Amérique du
Nord. Et il est vrai qu'un certain nombre de jeunes, qui sortent de nos
polyvalentes en particulier, ne parlent pas l'anglais, même si les cours
qu'ils peuvent avoir suivis et les crédits qu'ils ont reçus
semblent le démontrer.
J'ai un entrepreneur de mon comté qui me faisait valoir
dernièrement qu'il avait engagé une jeune fille
diplômée en secrétariat-administration de l'école
secondaire Pointe-aux-Trembles et que cette jeune fille ne parlait pas du tout
l'anglais. Pourtant, ses diplômes semblaient démontrer qu'elle le
parlait. J'ai vu aussi un père de famille qui me disait que son fils ne
pouvait pas obtenir un emploi de chauffeur de camion routier avec une
entreprise qui fait affaire avec les États-Unis. Et on sait que le
marché international est très important maintenant. le premier
ministre disait dimanche, dans un discours fort intéressant, d'ailleurs,
que 40 % de notre production s'en va aux états-unis. on sait qu'à
peu près 25 %, 30 % s'en va en ontario, donc ça prend des
camions, ça prend des moyens de transport en général pour
emmener ces productions si on veut que nos entreprises continuent à
travailler. et, si on veut que nos produits se vendent, il faut donc les
emmener. et un
grand nombre de jeunes Québécois, de plus en plus, vont
oeuvrer dans le transport routier. Et, lorsqu'on veut conduire un camion, qu'on
a un chargement de quelques centaines de milliers de dollars à conduire,
qu'on a des formalités de douanes, ou des formalités de
contrôle routier, ou de déchargement, de contrôle de stock
à faire au point d'arrivée, on se doit de connaître la
langue du pays qui est les États-Unis, donc la langue anglaise. Et ce
père de famille me disait: Pourquoi les jeunes Italiens qui habitent de
l'autre bord de la rue et il parlait comme ça; c'est un monsieur
qui est contremaître à la ville de Montréal, bon
syndiqué à la FTQ pourquoi, eux autres, ils l'ont appris,
l'anglais, et ils parlent le français? Et, moi, mon gars, je suis
obligé de payer pour lui faire apprendre l'anglais. J'ai dit: Tu as
déjà payé, parce que tu as payé pour avoir,
à l'école primaire et l'école secondaire, des cours
d'anglais à ton gars. Il dit: II ne l'apprend pas et il ne le parle pas.
Alors, c'est des problèmes qu'on découvre, Mme la ministre, dans
la région de Montréal, et qui me semblent très importants
pour l'avenir de nos jeunes.
On va rencontrer, tout à l'heure, ce problème dans
d'autres domaines. Un grand nombre de nos jeunes ne peuvent plus trouver
d'emploi, à certaines périodes, dans la région de
Montréal ou dans le Québec. Je vois mal les jeunes aller
travailler en France ou aller travailler en Ontario ou aux États-Unis.
Je ne parle peut-être pas cette année ni l'année prochaine,
parce que les barrières qui sont encore là, en termes de
mobilité de la main-d'oeuvre, peut-être, l'empêchent dans
certains domaines, mais de plus en plus ces barrières vont tomber, et
nos jeunes qui vont être intéressés à travailler, au
lieu de rester sur le chômage ou d'avoir des emplois qui ne leur
conviennent pas, vont chercher à aller travailler ailleurs. Et, donc, il
va être de plus en plus important qu'ils puissent acquérir une
connaissance de l'anglais comme langue seconde de bonne qualité et
usuelle afin qu'ils puissent être armés pour gagner leur vie en
Amérique du Nord.
En corollaire, je dirais, pour les mêmes raisons, mais
probablement aussi parce que c'est important au niveau culturel, au niveau de
notre identité québécoise francophone, que la même
règle devrait s'appliquer dans les écoles anglaises où il
serait anormal que des jeunes qui sortiraient du primaire, du secondaire
anglais n'aient pas de connaissance pratique et fonctionnelle de la langue
française. Je pense que, de ce côté-là, les efforts
sont peut-être moins grands à faire, car on se rend compte qu'un
grand nombre des jeunes qui, maintenant, fréquentent ces écoles
sont des élèves qui sont issus des communautés, entre
parenthèses, dites culturelles, mais, disons, de souche plus
récente, et on sait que, bien souvent, ils parlent ou
généralement ils parlent leur langue d'origine, le
français et l'anglais. Mais, quand même, il n'en reste pas moins
qu'au niveau scolaire, là aussi, il faut mettre l'emphase et l'effort
sur cet apprentissage de la langue française.
Une autre chose, Mme la ministre, qui, à l'occasion, m'a surpris.
Il m'arrive d'aller donner des cours dans des écoles, de me faire
inviter par le directeur d'une école et de passer une heure ou 45
minutes dans une classe et 45 minutes dans l'autre classe, le vendredi matin en
général, alors que je suis dans ma circonscription, ou en dehors
de la session, d'autres journées, quand ça adonne, et j'ai
découvert avec effarement que nos jeunes dans nos écoles, Mme la
Présidente, ont de la difficulté à savoir dans quel pays
Rome se situe et à savoir quels étaient les premiers habitants de
la Terre* qu'on ne connaît pas les hommes des cavernes, qu'on ne
connaît pas l'origine de la société, les premières
sociétés qui s'étaient formées, qu'on ne
connaît pas non plus qui étaient les rois de France, alors que
nous sommes des francophones, nous sommes issus de la culture française.
J'ai l'impression qu'il y a une espèce de barrière qui commence
à Jacques Cartier et, tout ce qui était avant, on ne le
connaît pas. Le monde commence, dans les manuels d'histoire ou dans
l'enseignement que j'ai pu voir... Je peux me tromperj'aimerais ça
qu'on me reprenne si je me trompe, mais dans ce que j'ai pu voir dans
les écoles, lorsqu'on parle de Jeanne d'Arc et on sait que,
Jeanne d'Arc, c'est le symbole de la guerre de Cent Ans, la guerre contre les
Anglais, les premières grandes bagarres de l'Europe les gens
pensent que c'est une chanteuse de folklore.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobé: Oui. Peut-être que Jeanne-d'Arc Char-lebois
est une chanteuse, ou quelque chose comme ça, je ne le sais pas, mais,
ce qui m'inquiète, c'est que... Comment voulons-nous que les jeunes
sortent de nos écoles sans connaître les racines ou... C'est d'une
manière superficielle, il faut le comprendre, ils ne peuvent pas aller
complètement dans le fond, mais au moins savoir d'où on vient au
niveau francophone, au niveau de société originaire de France,
d'Europe. Comment voulons-nous qu'ils sachent où ils vont? Car,
très souvent M. le député de Lac-Saint-Jean le sait
bien, lui qui est professeur il est important de savoir d'où on
vient, quels étaient nos ancêtres, ce qu'ils ont fait, les grands
courants qui ont été développés pour que les
idées de liberté, d'évolution et de philosophie se
développent, pour savoir où on va. Alors, on se retrouve avec des
générations de jeunes qui sortent des écoles et qui sont
incapables de tenir une discussion autre que celles basées sur
l'actualité immédiate, ou basées sur les chanteurs rock,
ou basées sur quelques généralités d'histoire
qu'ils ont pu apprendre à l'occasion.
Mme la ministre, je pense que c'est là deux domaines très
importants, aussi bien en histoire qu'en géographie, mais l'histoire
surtout parce qu'elle a une importance avec la culture. Et, si on veut garder
la culture française au Québec, il faut savoir d'où elle
vient, cette culture. On ne peut pas la réinventer. Ça ne se
réinvente pas. Une culture de 30 ans, comment voulez-vous qu'elle
subsiste alors que nous en sommes à faire venir des
néo-Québécois qui, eux, arrivent avec leur culture de 1000
ou de 2000 ans? Des gens qui viennent des pays arabes, qui sont
imprégnés de culture islamique, des gens qui viennent des Indes,
des gens qui
viennent de Thaïlande ou qui ont la culture de ces pays-là,
tout le monde sait qu'ils en sont imprégnés. Leur
génération, lorsqu'ils étaient à l'école,
était sensibilisée à leur passé. Alors, comment
voulons-nous maintenir notre culture québécoise alors que nos
propres Québécois ne savent pas forcément toujours
pourquoi ils sont francophones, et comment ça se fait dans le monde, et
comment c'est arrivé, et pourquoi ils le sont restés autrement
que par la loi 101 et par le fait que M. le premier ministre Bourassa, dans sa
grande sagesse, avait déclaré le français langue
officielle du Québec?
Alors, c'est un peu tout ça, Mme la ministre, que j'ai comme
réflexions, à l'occasion. Et, en terminant, je dirais aussi un
grand défi qui nous attend. Dans ces mêmes écoles que je
visite, force est de constater on en voyait, d'ailleurs, qui
manifestaient, hier, devant les caméras de télévision
l'âge de notre classe enseignante. Cette brave classe enseignante
qui, depuis 40 ans, 30 ans, a formé les jeunes est rendue, Mme la
ministre, à l'orée de la retraite, de la pension. Et je crois que
nous devrions prévoir, dans les prochaines années je suis
certain que, probablement, dans votre ministère et sous votre gouverne,
avec la vision que vous semblez avoir de l'enseignement, vous avez
déjà dû y penser que nous aurons à renouveler
à peu près 30 000 ou 40 000 postes de professeurs et
d'enseignants d'ici les 15 prochaines années. Et il serait probablement
bon que des écoles d'enseignants et de formation pour ces professeurs se
forment, un peu comme, dans le temps, les bonnes écoles normales que
nous avions, afin que nous puissions former les gens qui vont être
armés, qui vont être capables d'enseigner, et qu'on ne se retrouve
pas comme, malheureusement, j'ai pu le constater en France où on met des
annonces dans les journaux et on cherche des professeurs à rabais. Parce
qu'on en manque d'une manière très importante, on prend des gens
qui ont un petit baccalauréat, on leur donne trois mois de formation
à peine et on les envoie comme maîtres auxiliaires ou professeurs
auxiliaires enseigner dans les écoles. Et on a là des gens qui
vont là parce qu'ils n'ont pas d'autre emploi mais qui ne sont pas
forcément formés pour être des maîtres, pour
être des instituteurs, pour être des professeurs. Et
peut-être, avec leur bonne volonté, donnent-ils un enseignement
raisonnable, mais on me dit que ce n'est plus la qualité d'enseignement
qu'il y avait avant.
Alors, là aussi, probablement que nous aurons un défi pour
les prochaines années, et il serait souhaitable qu'en cette année
1993, année tournante dans le Québec, année où on
est quasiment à l'aube de l'an 2000, nous puissions penser à
ça. Et, Mme la ministre, cela va mettre fin à mes remarques, en
espérant ne pas avoir abusé trop du temps de la commission.
Merci. (16 h 50)
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de LaFontaine.
Nous allons procéder à l'étude des crédits,
et principalement par le programme 1 qui se lit comme suit: Ce programme vise
à assurer l'administration de l'ensemble des programmes confiés
au ministère de l'Éducation, à coordonner les
différents réseaux d'enseignement de l'ordre préscolaire,
primaire et secondaire et à leur fournir les services nécessaires
en matière de soutien à l'enseignement et à la
gestion.
M. le député de Lac-Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Brassard: M. le Président...
Une voix: Nous allons procéder programme par
programme?
Le Président (M. Messier): Effectivement, nous allons
procéder programme par programme, le premier étant
Administration; le deuxième, Conseil supérieur de
l'éducation; le troisième étant Enseignement privé;
le quatrième, Enseignement primaire et secondaire public, et le
cinquième, Éducation populaire.
Nous commençons par le programme 1.
Administration
M. Brassard: M. le Président, tout en vous faisant
remarquer que le partage du temps, pour le moment, n'est pas très
équitable et que la tradition et les coutumes en matière
d'étude des crédits, jusqu'à maintenant, ne sont pas
très respectées. Sur une heure et demie ou presque, j'ai eu mes
remarques préliminaires, de l'ordre de 20 minutes, et c'est tout. Alors,
j'espère que vous allez faire en sorte de rétablir
l'équilibre au cours du temps qui suit.
M. Gautrin: M. le Président...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: ...est-ce que c'est une question de règlement
qu'il fait à l'heure actuelle? J'ai l'impression que...
Le Président (M. Messier): Je crois que non, c'est
une...
M. Gautrin: ...si ses collègues avaient voulu faire des
remarques préliminaires, ils auraient pu le faire. Ils ont
préféré ne pas en faire, mais...
Le Président (M. Messier): Non, habituellement, l'ensemble
des membres de la commission peuvent faire des remarques préliminaires,
mais, habituellement, il y a toujours une période d'environ... S'il n'y
a pas d'entente, c'est 50-50. Mais c'est une remarque, je crois, du
député de Lac-Saint-Jean, et je le constate comme étant
ainsi.
M. Brassard: Parce que, ailleurs, dans les autres commissions, ce
n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Le Président (M. Messier): On vous écoute, M. le
député...
M. Gautrin: C'est comme ça que ça fonctionne.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Verdun, à l'ordre! On va commencer l'étude des crédits
avec le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, M. le Président, je n'en doute pas, mais
j'espère que, pour la suite des choses, le temps sera mieux
réparti.
Le Président (M. Messier): On vous écoute, M. le
député.
Formation du personnel enseignant
M. Brassard: Oui. Programme 1. Je voudrais vous entretenir, Mme
la ministre, à ce sujet-là, d'un certain nombre de chantiers que
vous avez considérés comme prioritaires et qui relèvent,
évidemment, particulièrement de la coordination dont parlait le
président.
Dans une lettre que vous adressiez aux présidents et
présidentes des commissions scolaires, vous précisiez entendre
poursuivre la continuité du «Plan d'action Chacun ses
devoirs», et vous avez désigné, à ce
moment-là, quatre chantiers qui devaient soutenir l'action centrale
auprès des élèves. Les quatre concernent: un, la
valorisation de la profession enseignante; deux, l'ajustement du curriculum;
trois, l'accroissement de la marge de manoeuvre des responsables locaux et,
enfin, la jonction des études secondaires et collégiales, y
incluant la formation professionnelle. Vous en avez d'ailleurs touché un
mot dans votre allocution, mais j'aimerais y revenir pour qu'on puisse avoir
davantage de précisions.
Prenons le premier, concernant la valorisation de la profession
d'enseignant. Vous avez indiqué qu'il y a deux comités qui sont
sur pied, le Comité d'agrément des programmes de formation
à l'enseignement et le Comité d'orientation de la formation du
personnel enseignant. J'aimerais d'abord savoir comment sont constitués
ces comités, quelle est la composition de ces deux comités, quel
est leur mandat et est-ce qu'ils ont un calendrier, est-ce qu'il y a un
calendrier en termes de mise en oeuvre des actions, avec des
échéances bien précises?
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, M. le Président, de fait, il y a deux
comités. Il y a en a un qui est déjà sur pied, qui est le
Comité d'agrément des programmes, et qui fonctionne
présentement, et qui a comme mandat principal de définir le
profil des compétences au niveau des enseignants. Et le deuxième
comité est à être mis sur pied. C'est un comité plus
global au niveau des orientations qui sont attendues en provenance de ce
comité-là, le premier étant vraiment centré de
façon spécifique sur les programmes en tant que tels et
l'agrément de ces programmes-là. Alors, donc, au niveau de la
composition de ce comité-là, ça comprend divers
intervenants, dont le monde universitaire. Et les enseignants sont aussi sur ce
comité-là. Le deuxième, c'est plus un comité
consultatif pour l'orientation, je dirais, de la profession enseignante, et
donc formé majoritairement de professeurs. Les membres de ce
comité n'ont pas encore été nommés, alors, ce
comité-là n'est pas encore en fonction, mais ça se fera
sous peu. Et, pour élaborer davantage, M. le Président, si vous
me le permettez, je vais demander à ma sous-ministre, Mme Pauline
Lesa-ge, de compléter.
Mme Champoux-Lesage (Pauline): Le Comité d'agrément
des programmes a pour mandat particulier d'aviser la ministre sur la
conformité des programmes de formation qui seront élaborés
par des universités, donc les programmes de formation initiale de
maîtres, à savoir: Est-ce que ces programmes sont conformes aux
compétences attendues et qui, elles, ont été
signifiées par la ministre elle-même? Donc, chaque programme de
formation sera soumis à ce Comité d'agrément qui en fera
une analyse de conformité et qui avisera la ministre sur la pertinence
de reconnaître ce programme-là aux fins de titularisation des
maîtres.
M. Brassard: Où est-ce qu'on en est en termes de processus
de mise en oeuvre des programmes dans les universités, les
facultés des sciences de l'éducation? Est-ce qu'il y a certaines
universités qui sont en avance, qui on déjà mis en oeuvre
des programmes qui sont conformes aux orientations fixées et aux
compétences attendues, également fixées,
déterminées par le ministère en termes de formation
psychopédagogique, de formation disciplinaire, de formation pratique,
l'agencement de ces trois types de formation? Est-ce qu'il y a
déjà des actions d'entreprises? Et vous comptez sur le plan du
temps, sur le plan temporel; c'est quoi, vos attentes et vos objectifs pour que
le milieu universitaire, l'ordre d'enseignement universitaire puisse être
en mesure d'offrir des programmes de formation des enseignants et enseignantes
conformes aux orientations et aux compétences que le ministère a
déterminées? (17 heures)
Mme Robillard: M. le Président, étant donné
le chantier fort complexe, comme vous voyez, l'objet des études, nous
avons commencé par fixer des orientations pour le secondaire. Ces
orientations-là, maintenant, sont connues très clairement par les
universités, et là il y a des travaux qui sont commencés
au sein des différentes universités québécoises,
à l'intérieur des facultés des sciences de
l'éducation, des travaux qui sont en cours présentement mais qui,
de fait, demandent des changements d'approche au niveau de l'enseignement. Et
ça demande, à ce moment-là, un changement, je vous dirais
même un changement un peu au niveau de la culture dans les
universités, et je m'explique.
C'est que, étant donné les orientations
préconisées pour l'enseignement au niveau secondaire, on favorise
davantage une approche de formation professionnelle alors que,
présentement, on sait très bien que c'est une approche beaucoup
plus de formation disciplinaire.
Alors, ça change vraiment le contexte de l'approche et, au niveau
des facultés de sciences de l'éducation, je peux vous dire que
ça a apporté beaucoup de discussions, de réflexions.
Certaines universités sont plus avancées que d'autres et sont
à réviser leurs programmes présentement, mais, à
date, je n'ai encore reçu aucun dossier officiel. Quant à
l'échéancier, peut-être que Mme Lesage pourrait
compléter.
Mme Champoux-Lesage: Les programmes pour l'ordre secondaire ont
été rappelés. Normalement, ils devraient être en
préparation et soumis dans le courant de l'année qui vient, parce
qu'ils devraient être en application, si c'est possible, pour septembre
1994 le début de mise en oeuvre. Il y a quelques
universités qui sont assez avancées dans leurs travaux et qui
devraient soumettre à la ministre des programmes, pour fins
d'agrément, dans les mois qui viennent, à brève
échéance.
M. Brassard: Alors, le processus, c'est que chaque
université, une fois qu'elle a élaboré le nouveau
programme, le soumet au Comité d'agrément qui donne un avis
à la ministre et qui, ensuite, prend une décision. Et,
après ça, c'est la mise en oeuvre. Et vous dites que la plupart
des universités devraient être en mesure, pour ce qui est de
l'enseignement secondaire, si je comprends bien...
Mme Champoux-Lesage: Oui.
M. Brassard: ...de mettre en oeuvre les nouveaux programmes
à partir de l'année scolaire 1994-1995.
Mme Champoux-Lesage: Oui.
Mme Robillard: Disons, M. le Président, que c'est un
objectif optimiste...
M. Brassard: Ah bon!
Mme Robillard: ...optimiste, optimiste, là. Parce que,
là, je vais mettre mon autre chapeau de ministre de l'Enseignement
supérieur et, parfois, les changements dans le monde universitaire ne
sont pas si rapides que ça. Alors, Mme la sous-ministre à
l'Éducation est très confiante mais, étant donné
que nous sommes rendus au mois d'avril... Bon, soyons confiants. J'ose
espérer qu'on va arriver avec ce calendrier pour septembre 1994. En tout
cas, les travaux, dans certaines universités, sont très
avancés.
M. Brassard: Mais, Mme la ministre, ne convenez-vous pas,
à la fois comme ministre de l'Éducation et comme ministre de
l'Enseignement supérieur, que, si l'on veut que la relève
enseignante puisse avoir accès à une formation initiale qui est
constituée des nouveaux programmes, il y aurait peut-être lieu que
la ministre de l'Enseignement supérieur, pour aider la ministre de
l'Éducation, exerce quelques pressions convenables et permises sur le
milieu universitaire pour que ça aille plus vite, que le rythme
s'accélère?
Mme Robillard: Tout à fait, M. le Président.
D'ailleurs, pour ce programme-là comme pour d'autres, au niveau de la
révision des programmes, au plan universitaire, je pense qu'ils doivent
aussi accélérer le rythme de révision. Mais
celui-là de façon particulière, vous avez totalement
raison, M. le Président. Nous suivons ce dossier-là de
très près. J'ai bon espoir aussi qu'on arrive dans les
délais de septembre 1994.
Quant aux autres ordres d'enseignement, j'aimerais peut-être que
Mme Lesage fasse un état des travaux en date.
Mme Champoux-Lesage: Nous sommes en consultation actuellement
pour l'ordre primaire; l'adaptation scolaire s'en vient en cours
d'année, ça fait qu'on ne peut pas envisager de modifications de
programmes avant 1995-1996, au plus tôt.
M. Brassard: Pour ce qui est du primaire.
Mme Champoux-Lesage: Oui. Par ailleurs, on croit que les
changements seront moins difficiles à faire à ces
ordres-là qu'ils ne le sont à l'ordre secondaire.
M. Brassard: Parce que moins substantiels et moins nombreux.
Mme Champoux-Lesage: Ou bien il y a des traditions
déjà acquises, notamment au regard de la formation pratique, ce
qui était moins le cas à l'ordre secondaire; et aussi toute
l'intégration disciplinaire qui était loin d'être
évidente à l'ordre secondaire, ce qui est plus facile au primaire
et au préscolaire.
M. Brassard: Une autre question. Dans le document de la Direction
générale de la formation et des qualifications, là,
«Faire l'école aujourd'hui et demain: un défi de
maître», renouvellement, valorisation de la profession, il est
indiqué là-dedans, et je cite ça concernait,
évidemment, la relève des enseignants: Ces interrogations et
d'autres tout aussi importantes doivent inciter les partenaires scolaires,
syndicaux et universitaires à se concerter en vue de réaliser,
dès 1992-1993, des études sur la situation de l'emploi en
éducation, des prévisions de besoins en personnel enseignant
selon les régions et selon les disciplines à enseigner et les
secteurs d'enseignement en tenant compte de l'évolution
démographique et des encadrements pédagogiques. Quand j'ai lu
ça, j'ai dit: C'est tout à fait pertinent. Si on veut que la
relève soit bien assurée et qu'on forme les enseignants qu'il
faut, ces études-là sont absolument nécessaires. Est-ce
qu'elles sont faites?
Mme Champoux-Lesage: Elles ne sont pas terminées mais
elles sont amorcées. Il y a des équipes de travail à la
fois avec l'équipe des études économiques et
démographiques et à la Direction de la formation et des
qualifications chez nous, mais en collaboration avec des tables
régionales et avec les commissions scolaires pour avoir un bon
état de situation. Donc, c'est amorcé mais ce n'est pas
terminé.
M. Brassard: Avec comme délai pour terminer d'ici quoi?
Quelques mois?
Mme Champoux-Lesage: Avoir un premier état de situation
dans le courant de l'année qui vient, d'ici la fin de l'année
prochaine. Et, par la suite, ce qu'on souhaiterait, c'est de maintenir à
jour ces données-là de façon continue.
Mme Robillard: Je m'excuse, M. le Président. J'ai omis de
vous présenter mon équipe qui m'accompagne. Comme vous le savez,
je suis accompagnée de mon équipe politique et
sous-ministérielle: M. Michel Paquet, qui est le sous-ministre à
l'Éducation; M. Réjean Morel, qui est le directeur
général du financement, qui est notre ministre des Finances, chez
nous, et Mme Lesage, qui vient de vous répondre, qui est sous-ministre
adjointe aux ressources humaines.
Le Président (M. Messier): Et l'autre monsieur, à
votre extrême gauche?
Mme Robillard: Nous avons aussi toute l'équipe de
professionnels avec nous ici, de même que le président du Conseil
supérieur de l'éducation et le président de la Commission
de l'enseignement privé qui seront disponibles aussi pour
répondre aux questions des parlementaires.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Juste une dernière remarque là-dessus.
Je regarde ce qui se fait, je prends connaissance de ce qui se fait, de ce qui
va se faire, et j'ai peut-être que je me trompe le
désagréable sentiment qu'on a été un peu pris au
dépourvu, comme société, comme État, quant à
cette question-là, quant à ce problème-là de la
relève. J'ai l'impression qu'il y a du rattrapage à faire, qu'on
n'a peut-être pas commencé plus tôt que prévu. On
aurait dû le faire. On aurait dû commencer, à mon avis, plus
tôt à se pencher là-dessus et à se préparer
à assurer cette relève importante pour les années à
venir. J'espère me tromper, mais, en tout cas, on en reparlera
sûrement au cours des mois qui viennent.
Ajustement du curriculum
L'autre chantier, c'est celui de l'ajustement du curriculum. On en a
parlé quelque peu également aussi, à l'occasion des
crédits de l'Enseignement supérieur. Vous faites état,
dans votre allocution, d'ailleurs, du Comité qui a été mis
en place sur le curriculum et qui relève de la Table de mise en oeuvre
du Plan d'action sur la réussite éducative qui doit se pencher
sur la grille-matières, les pratiques d'évaluation, les
règles de sanction, les programmes, le calendrier scolaire. C'est une
tâche assez considérable, et le Comité doit remettre son
rapport fin juin et faire ses recommandations fin juin. Est-ce que ce sera le
cas? Première question bien, bien banale: Est-ce que ça va
être le cas? Est-ce qu'il va remettre son rapport fin juin?
Mme Robillard: À date, M. le Président,
étant donné les travaux et l'état des travaux de ce
comité sur les ajustements du curriculum et les objectifs qu'on poursuit
de même que les objets d'ajustement au curriculum, tout me laisse croire
que l'échéancier va être respecté par le
Comité. (17 h 10)
M. Brassard: Bien. Alors, à ce moment-là, qu'est-ce
que vous comptez faire de ce rapport et de ces recommandations? Parce que
plusieurs intervenants je pense, entre autres, à la CEQ
ont exprimé leur désir de voir s'amorcer, s'enclencher une
consultation et, donc, un débat public sur cette question-là.
Donc, ça pourrait être à partir des recommandations de ce
Comité. Jusqu'à maintenant, la discussion sur des questions ou
des sujets aussi majeurs que ceux-là s'est faite, s'est
déroulée en catimini, en vase clos. Ce n'est pas public. Il n'y a
pas grand monde qui sait que ce Comité-là existe puis qu'il
travaille sur ces questions-là. Ce n'est pas très connu. Pour le
moins, ça se fait discrètement, c'est le moins qu'on puisse dire.
Et pourtant, ça aura des répercussions sur l'ensemble de l'ordre
d'enseignement primaire et secondaire.
Prendre des décisions sur le régime des sanctions, sur la
valeur du diplôme d'études secondaires, ça a des effets
puis ça a des conséquences sur bien des éléments du
système d'éducation, à commencer par les programmes, les
valeurs qu'on véhicule, la pédagogie qui s'y pratique. Est-ce que
vous avez l'intention de soumettre à une consultation les
recommandations et le rapport de ce comité de façon à ce
que tous les intervenants intéressés puissent regarder ça
d'abord, puis se faire une opinion, et puissent l'exprimer puis proposer aussi
d'autres solutions ou des changements à ces recommandations?
Mme Robillard: D'abord, M. le Président, je voudrais
préciser que, de fait, peut-être que la population en
général n'est pas au courant de l'existence de ce
Comité-là qui relève de la Table de mise en oeuvre du Plan
d'action sur la réussite éducative. Je peux comprendre. Je peux
comprendre. D'ailleurs, vous le savez très bien, quand on parle
publiquement du curriculum, «c'est comme pas évident» de
comprendre ce que ça veut dire simplement et pratiquement. Par ailleurs,
je peux vous dire que tous les intervenants du réseau scolaire, tous les
intéressés par la question, ils sont autour de cette
Table-là. Alors, ils sont tous informés au niveau des travaux. Et
c'est très clair que, présentement, les objets d'étude par
le Comité sont quand même assez vastes. Ça touche autant
les programmes d'études que le matériel didactique,
l'évaluation des apprentissages, le
calendrier scolaire, la grille-matières, bon, etc. C'est quand
même assez vaste.
Maintenant, quant au processus que je vais suivre par la suite, suite au
dépôt du rapport, tout dépendra du contenu et des
recommandations qui me seront faites aussi, M. le Président. Mais c'est
très clair, c'est très clair que, si des recommandations que je
retiendrais m'amènent à toucher au régime
pédagogique, nécessairement, c'est... En tout cas, ce ne sera
sûrement pas fait en catimini. Vous savez très bien que la loi
oblige aussi à une consultation du Conseil supérieur de
l'éducation en la matière. Et, si on doit aller au-delà de
ça, même à des modifications législatives, bien,
là, ce sera encore fait de façon très, très
ouverte, devant les parlementaires.
Mais, à ce stade-ci, je ne peux pas vous dire le processus que je
vais suivre étant donné que je ne connais pas non plus
l'importance des modifications qui me seront suggérées. Est-ce
que ce sera strictement des modifications au plan technique ou, vraiment, on va
aller au fond du curriculum et on va remettre en question des choix de base? Je
pense que c'est ce dont il s'agit. et je vous rappellerai que les travaux de ce
comité-là sont très précieux dans l'objectif qu'on
a du plan de la réussite scolaire. dans les faits, si on veut atteindre
les 80 % qu'on s'est fixés à l'intérieur de cinq ans, je
suis de celles qui croient qu'on devra toucher au curriculum, et je suis de
celles qui croient aussi que, pour les premières années et
je l'ai dit au milieu, cette année on voit une augmentation,
présentement, de la réussite scolaire au plan secondaire, et donc
une diminution du décrochage. on l'a vu dans le courant des deux
dernières années; on atteint donc notre objectif qui est presque
de 3 % par année. je suis de celles qui croient que c'est beaucoup plus
facile au point de départ. pourquoi? parce qu'il y a une mobilisation
générale qui s'est créée dans toutes les
régions du québec, que les parents se sont mobilisés
aussi, que les équipes-écoles se sont mobilisées. donc,
là, il y a eu un effet d'entraînement.
Mais plus on va avancer dans ce plan de réussite
éducative, plus ça va devenir difficile si on ne touche pas aussi
à certains ajustements au niveau du curriculum. C'est dans ce
sens-là que les travaux du Comité sont forts importants et
doivent être suivis de très près.
M. Brassard: M. le Président, quand la ministre dit, et je
la cite: «II importe assurément de veiller à l'articulation
tout à fait névralgique entre les études secondaires et
les études collégiales»... Qu'en termes galants ces
choses-là sont mises. «Articulation névralgique», je
trouve l'expression tout à fait belle. Et pourtant, elle a pris une
décision quant au seuil d'admission au collégial. Ça fait
partie de ses propositions dites de renouveau. Il y a comme une absence de
cohérence, là. En tant que ministre de l'Éducation, vous
demandez à un comité de se pencher sur le curriculum, de se
pencher aussi sur le régime des sanctions, sur
l'éventualité de rehausser les exigences du diplôme
d'études secon- daires et, en même temps, sans attendre le
rapport, sans attendre ses recommandations, alors que vous dites pourtant
et vous venez de le répéter qu'il faut veiller
à l'articulation névralgique entre les études secondaires
et les études collégiales, vous prenez une décision, une
décision majeure de relever les seuils d'admission au cégep sans
toucher au diplôme d'études secondaires et sans même
attendre que ce Comité ait remis son rapport et ait fait ses
recommandations. Ce n'est pas très cohérent comme comportement,
vous me permettrez de le signaler.
Mme Robillard: M. le Président...
M. Brassard: J'aurais compris, moi, que, dans vos propositions
concernant le cégep, au chapitre des seuils d'admission aux
études collégiales, vous ayez dit, à ce moment-là:
Écoutez, il y a un comité qui étudie cette
question-là, qui se penche sur cette question-là et qui doit
remettre son rapport. Il convient, il y a lieu, à ce moment-là,
d'attendre que ce rapport-là soit rendu public, d'attendre ses
recommandations pour prendre une décision ou faire des propositions
précises à ce chapitre-là. Je ne comprends pas vraiment
votre cheminement.
Le Président (M. Messier): À vous, Mme la ministre,
sur ce cheminement.
Mme Robillard: M. le Président, j'ai eu l'occasion la
semaine dernière d'expliquer au député de Lac-Saint-Jean
la différence...
M. Brassard: Je n'ai pas compris la semaine dernière.
Mme Robillard: ...entre des seuils d'admission, d'un
côté, et, d'autre part, la sanction des études.
M. Brassard: Non, ne recommencez pas ça, de
grâce.
Mme Robillard: Je pense qu'on s'en est parlé la semaine
dernière. Mais je l'ai dit aussi dans mon texte aujourd'hui, et il ne
l'a pas cité; bien qu'il y ait un lien entre les deux, c'est quand
même distinct. Et, au niveau des seuils d'admission,
nécessairement, quand j'ai précisé dans le projet de
renouveau collégial les seuils d'admission, ça interpellait
nécessairement toute la notion de la sanction des études au
niveau du secondaire.
Je rappellerai, M. le Président, au député de
Lac-Saint-Jean, que, à ce moment-là, j'ai fait une consultation
sur ce point très précis au niveau de la Table de mise en oeuvre
pour voir aussi la réaction des partenaires du monde de
l'éducation. Cette consultation a eu lieu, les points de vue se sont
exprimés, et la ministre a pris des décisions par la suite, comme
ça doit se faire dans le processus régulier. Ce qui
n'empêche absolument pas que les travaux sur le curriculum, tels que
je
vous les ai exposés tantôt, qui regardent des objets
beaucoup plus larges, se continuent et qu'on doit me faire rapport au mois de
juin sur l'ensemble des questions. (17 h 20)
M. Brassard: Est-ce que je comprends bien? Avant de faire la
proposition qu'on retrouve dans votre document sur les études
collégiales, vous avez consulté la Table de mise en oeuvre
concernant les seuils d'admission au collégial. C'est ça que vous
avez fait? Vous avez consulté?
Mme Robillard: Oui, M. le Président. J'ai abordé
cette question-là avec les partenaires de la Table de mise en oeuvre
à ma dernière réunion.
M. Brassard: Vous conviendrez avec moi qu'il y a deux partenaires
majeurs qui font partie de la Table de mise en oeuvre, la
Fédération des commissions scolaires et la Centrale de
l'enseignement du Québec, qui ne sont absolument pas d'accord avec le
choix que vous avez fait.
Mme Robillard: M. le Président, consulter est une chose,
décider en est une autre.
M. Brassard: J'en conviens, mais...
Mme Robillard: C'est très clair, très clair, et je
ne suis nullement liée par les recommandations qui me sont faites. Je
vous rappellerai, par ailleurs, M. le Président, qu'il y a quand
même un consensus assez large qui se dégage parce que, par
la suite, les contacts se sont continués avec nos différents
partenaires au niveau de la majorité de nos partenaires sur
beaucoup d'éléments des seuils d'admission au niveau du
collégial, que ce soit au niveau de la langue maternelle, que ce soit au
niveau de la langue seconde, que ce soit au niveau de l'histoire, que ce soit
au niveau des maths de secondaire IV. Il y a un seul point,
présentement, où certains partenaires ont de grandes
réticences, c'est le cours de maths de cinquième secondaire.
Mais, sur tous les autres cours, tous les autres cours, nous avons un consensus
d'établi présentement.
M. Brassard: On verra ça en commission parlementaire sur
les propositions de renouveau, parce que ce n'est pas évident. Ce n'est
pas évident, parce que...
Mme Robillard: À date... M. Brassard: Pardon?
Mme Robillard: À date, c'est la réaction que j'ai
reçue, parce que je vous rappellerai, M. le Président, que tous
les interlocuteurs sont d'accord avec le rehaussement des...
M. Brassard: Bien oui, bien, ça, c'est évident,
ça.
Mme Robillard: ...seuils d'admission. La question est de savoir
comment.
M. Brassard: Bien oui, voilà! C'est ce que j'ai toujours
dit.
Mme Robillard: Comment et selon quel
échéancier.
M. Brassard: C'est ce que j'ai toujours prétendu.
Mme Robillard: Et les partenaires, présentement,
réfléchissent sur la question, et je suis assurée
qu'à notre commission parlementaire, d'ici à peine 10 jours, nous
aurons...
M. Brassard: Elle, elle a fini de réfléchir.
Mme Robillard: ...le fruit de leur réflexion sur le
sujet.
M. Brassard: C'est ce qui me surprend... Mme Robillard:
Nous aviserons en conséquence.
M. Brassard: ...Mme la ministre. C'est que les partenaires
réfléchissent et que vous, comme ministre, vous avez fini de
réfléchir. C'est ça qui me surprend, d'autant plus
qu'à partir du moment où vous avez un comité qui se penche
là-dessus et qui doit vous faire des recommandations, je suis
étonné que vous ayez terminé et complété
votre réflexion alors que vos partenaires majeurs, eux, la poursuivent,
cette réflexion-là.
Mme Robillard: M. le Président, si j'ai une commission
parlementaire publique sur invitations, c'est que la réflexion se
continue.
M. Brassard: Ça veut dire que vous allez reprendre la
vôtre aussi, votre réflexion? Vous allez aussi la reprendre?
Mme Robillard: Je vais poursuivre ma réflexion, M. le
Président.
Accroissement de la marge de manoeuvre des
responsables locaux
M. Brassard: Bien, on verra ça.
L'autre chantier que vous avez mis en oeuvre, ça concerne
attendez voir l'accroissement de la marge de manoeuvre des responsables
locaux. Votre ministère indiquait qu'en 1992-1993, à cet effet,
il se fixait comme objectif de traiter quelques éléments de
réflexion, quelques sujets. Et je vous cite, là. Il s'agissait de
traiter les rôles et les responsabilités des divers partenaires,
les contrôles a priori des effectifs scolaires, l'inadéquation et
le degré d'efficacité des systèmes informatiques centraux,
les règlements sur les contrats de construction, les rôles et les
responsabilités des direc-
tions d'école et des centres d'éducation des adultes, les
rôles et les responsabilités des directions régionales, les
difficultés d'élaboration de règlements, l'obligation de
publication d'avis public pour l'adoption d'un règlement. C'était
là la liste des objets qui devaient être examinés et
circonscrits en matière de marge de manoeuvre à élargir
pour les responsables locaux dans le système scolaire.
Ma question, bon, c'est bien simple: Est-ce que ce travail-là,
qu'on s'était fixé, a été fait?
Mme Robillard: Alors, M. le Président, beaucoup de travaux
ont été faits dans le contexte de la décentralisation
d'une plus grande marge de manoeuvre au niveau de nos commissions scolaires,
dans les objets, là, qu'on qualifie de plus administratifs. C'est
très clair. Et, à date, les décisions ont
été prises et, au moment où on se parle, on est
déjà passé à l'application de ça. Nos
commissions scolaires peuvent acquérir des biens et effectuer des
travaux sur leurs immeubles sans requérir l'autorisation du ministre.
Les commissions scolaires peuvent réaliser aussi leurs projets
d'immobilisations sans avoir à faire approuver par la ministre leurs
plans et devis. Ça, c'est en application au moment où on se
parle. Elles peuvent aussi adopter leur budget sans avoir à le faire
approuver par la ministre, sauf dans des cas de déséquilibre
financier c'est en cours, ça; la décision est prise de ce
côté-là aussi engager des dépenses, quand le
budget n'a pas encore été adopté, sans avoir à
demander une autorisation du ministre; une plus grande, donc,
décentralisation au niveau de cette responsabilité-là. Et,
à partir de septembre 1993 aussi, nouvelle responsabilité
donnée aux commissions scolaires, qui est celle d'accorder une
dérogation relativement à l'âge minimum
d'admissibilité à l'éducation préscolaire et
à l'enseignement primaire. Vous savez que, présentement, cette
décision-là était prise directement par la ministre.
À partir de septembre 1993, donc, la responsabilité est
donnée aux commissions scolaires.
Quant aux autres sujets de décentralisation, les travaux sont en
cours présentement, le réseau je pense qu'on peut
l'affirmer sans hésitation est satisfait présentement des
travaux qui ont été faits, des décisions qui ont
été prises, et il y a une participation très nette avec le
réseau pour continuer, dans le cheminement des dossiers, les objets
futurs de décentralisation. Je demanderais peut-être à Mme
Thérèse Ouellet, qui est la sous-ministre adjointe aux
réseaux, de faire état des travaux en cours pour la prochaine
année.
Le Président (M. Messier): Mme Ouellet, bonjour.
Mme Ouellet (Thérèse): C'est peut-être
important de se rappeler qu'un groupe de travail avait été mis en
place pour l'année 1992-1993, et, suite à une recommandation de
ce groupe de travail formé de personnes du réseau, nous avons
effectué un sondage dans le réseau scolaire, leur demandant
d'identifier quels étaient les items sur lesquels ils souhaitaient avoir
une plus grande marge de manoeuvre. alors, nous avons recueilli ces items, et
c'est suite à cette cueillette de données que nous avons
apporté d'abord des modifications à la loi sur l'instruction
publique, que mme la ministre identifiait, plus un certain nombre d'autres
ce qu'on appelait, dans notre vocabulaire irritants qu'avait
identifiés le réseau scolaire, entre autres le grand nombre de
communications, ce qu'on appelait les communications meq-réseau. nous
nous étions donné comme objectif d'en réduire le nombre de
50 % et nous avons, durant l'année que nous vivons, atteint l'objectif
d'une réduction importante des communications ou des directives
envoyées aux réseaux scolaires. ça, c'était un
autre objectif qui était visé, plus, bien sûr, ceux que
vous avez identifiés tout à l'heure: une plus grande marge de
manoeuvre était demandée pour les directions d'école, mais
cette responsabilité, bien sûr, appartient aux commissions
scolaires et non pas au ministère. mais ça a permis d'ouvrir des
chantiers sur cet item entre les directions d'écoles et les commissions
scolaires.
M. Brassard: Concernant plus spécifiquement les
rôles et les responsabilités des directions régionales,
est-ce qu'il y a eu un travail de fait à ce sujet-là?
Mme Ouellet: II y a eu un travail d'amorcé, et ça,
c'est un item qui se poursuit en 1993-1994, et le rapport sur les modifications
des rôles des directions régionales va être
déposé pour le mois de juin 1993.
M. Brassard: Est-ce qu'on va dans le sens d'une
déconcentration, d'un transfert de responsabilités...
Mme Ouellet: Absolument, absolument!
M. Brassard: ...vers les directions régionales?
Mme Ouellet: Oui.
(17 h 30)
M. Brassard: Mme la ministre, le dernier avis du Conseil
supérieur de l'éducation concernant «La gestion de
l'éducation: nécessité d'un autre modèle»,
l'avis très substantiel et très articulé sur la gestion
passée et actuelle et ce que devrait être la gestion du
système d'éducation dans l'avenir, est-ce que ça va vous
servir d'inspiration, là, dans les travaux visant à
élargir, agrandir la marge de manoeuvre des institutions locales?
Ça me semble aller dans la même direction. Est-ce que ça va
devenir une espèce de guide?
Mme Robillard: M. le Président, c'est...
M. Brassard: C'est vrai que le Conseil supérieur de
l'éducation traite aussi de changements de mentalité, ce n'est
pas uniquement des décisions de structure ou...
Mme Robillard: Ah oui, M. le Président, c'est beaucoup
plus que... Si vous l'avez parcouru, M. le Président, de la
première à la dernière page, c'est beaucoup plus que de
parler strictement de décentraliser des
responsabilités ou d'accroître la marge de manoeuvre des
commissions scolaires. On parle vraiment d'une approche de gestion dans les
institutions d'enseignement, de renouveler cette approche de gestion là.
On constate le fait que l'approche de gestion utilisée dans nos
écoles, à tout le moins, je pense qu'on peut la qualifier de
très traditionnelle, et que les nouvelles approches en gestion des
ressources humaines, de façon particulière, n'ont pas
été mises en oeuvre dans les institutions d'enseignement. C'est
le message que je retiens, et je pourrais vous dire que ce message-là
on peut le donner aux divers ordres d'enseignement c'est qu'il
faut absolument que nos gestionnaires des maisons d'enseignement se
modernisent, si je peux utiliser ce terme, et se mettent à l'heure des
nouvelles approches en gestion des ressources humaines dans la
société québécoise.
Ça existe dans beaucoup d'autres domaines, mais dans le domaine
de l'éducation, ces changements-là sont beaucoup plus lents.
C'est dans ce sens que l'avis, qui a été déposé par
le Conseil supérieur de l'éducation, d'après moi, est
sûrement un avis qui va provoquer des réflexions dans les divers
milieux et qui va sûrement teinter certaines des orientations du
ministère.
M. Brassard: En tout cas, ça peut se conjuguer
sûrement, ce n'est pas contradictoire...
Mme Robillard: Absolument pas.
M. Brassard: ...ça peut se combiner. Les mesures visant
à accroître la marge de manoeuvre des responsables locaux peuvent
fort bien se combiner avec un changement ou la mise en place d'un nouveau
modèle de gestion, tel que proposé par le Conseil
supérieur de l'éducation.
Moi, ça va pour le programme 1, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Le programme 1, ça va?
Nous avons le député de Verdun, qui voudrait réagir sur le
programme 1, les volets 1 à 6.
Compression des effectifs
M. Gautrin: Programme 1. Alors, on va regarder ensemble, si vous
me permettez, dans le livre des crédits. Je vais passer, donc, avec
vous, élément par élément, les
éléments de compression, et voir les effets, où vous les
avez faits, et les détails des éléments de compression.
Donc, j'ai, dans le programme 1, 5 éléments à traverser
avec vous. Non, dans la première composante, j'ai 5
éléments, c'est-à-dire que vous faites une compression de
5 postes. Je comprends qu'il y a un réaménagement qui vous en
donne 5 de plus. Ces 5 postes, vous les avez coupés dans laquelle des
composantes?
Vous ne comprenez pas ma question? Dans le programme 1,
élément 1, il y a 5 composantes: Cabinet, Direction
sous-ministérielle, Direction de l'enseignement catholique, Direction de
l'enseignement protestant, Direction des services éducatifs aux
anglophones. Il y a une contraction de 5 postes là-dessus, que vous avez
faite, dans laquelle on va...
Mme Robillard: M. le Président, le sous-ministre, M.
Michel Paquet, va répondre.
M. Gautrin: Merci.
M. Paquet (Michel): Alors, dans la partie qui est
rattachée à Administration, Direction...
M. Gautrin: Pardon? Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. Paquet: À la partie, qui est Administration, Direction,
les postes ont été particulièrement de niveau
administratif, ou dans les services rattachés au niveau administratif,
comme des professionnels de niveau administratif.
M. Gautrin: Et dans quelle direction?
M. Paquet: Ça a été partagé, tant au
niveau de l'enseignement... Parce qu'on est dans la Direction
sous-ministérielle aussi, au complet.
M. Gautrin: Oui, bien sûr.
M. Paquet: Donc, vous en avez eu au niveau du secteur de
l'enseignement catholique...
M. Gautrin: Oui, combien?
M. Paquet: ...et au niveau de l'enseignement protestant, en
regroupant des fonctions de cadres.
M. Gautrin: Donc, 2 cadres... Combien de cadres ont
été regroupés, là?
M. Paquet: Deux postes.
M. Gautrin: Deux postes de cadres regroupés. Et les 3
autres?
M. Paquet: Les autres sont dans des fonctions de catégorie
administrative, qui étaient rattachées...
M. Gautrin: Dans la Direction sous-ministérielle. M.
Paquet: C'est ça.
M. Gautrin: Trois administratifs. Bon. Alors, on continue. On
passe à l'élément 2. Là, vous avez 9 composantes.
Alors, je vous rappellerai que, dans l'élément 2, sur 9
composantes, vous avez une compression de 14 postes là-dedans. Il y en a
eu 2 qui sont entrés et 6 qui ont été des transferts de
personnel. Donc, je ne rentre pas sur les transferts de personnel financier
à l'interne, je rentre strictement sur les postes de compression que
vous avez réussi à faire. L'élément 2, c'est
Planification
et développement. Vous avez fait ces compressions dans quel
secteur, et qu'est-ce que ça a eu comme effet?
M. Paquet: Je vais être obligé de faire un tour
d'horizon de l'ensemble du secteur, parce qu'on a eu une approche par choix de
critères. Ça va vous donner, en même temps, des types de
réponses pour l'ensemble. O.K.?
M. Gautrin: O.K. Ça serait peut-être... M. Paquet:
Puis, ça va être plus facile...
M. Gautrin: Écoutez, comme je veux le faire pour tous les
éléments, les uns après les autres, c'est peut-être
mieux de vous donner la chance de parler sur tout l'élément 1,
sur les compressions que vous avez pu faire.
M. Paquet: Voilà! Et ça va vous donner, aussi,
l'esprit avec lequel on l'a abordé.
M. Gautrin: C'est ça, oui.
M. Paquet: Bon. Je dois dire, au préalable, que nous avons
fait une démarche, depuis trois ans, qui s'intitule Revue
d'activités, parce que nous avons comme orientation de cesser les
compressions paramétriques et de faire des choix stratégiques,
à savoir: trouver les activités qui ne sont plus
récurrentes, ou trouver les activités que nous ne
«priorisons» pas.
M. Gautrin: C'est la bonne démarche.
M. Paquet: Et, partant de là, nous avons établi
cinq critères pour la démarche de cette année. La
démarche établit des critères dans l'ordre suivant: 1°
favoriser les choix qui ont un effet sur la marge de manoeuvre accrue au niveau
des commissions scolaires, concrètement, donc, les opérations
qu'on peut repousser, parce qu'elles doivent l'être, vers les commissions
scolaires, et ça libère des postes au central; 2° faire en
sorte qu'on favorise un virage pédagogique, donc, si vous avez le choix
entre une opération administrative et une opération
pédagogique, comme on a, par le plan d'action, fait un virage du
ministère vers l'interpellation pédagogique, dite
«animation par le plan d'action», on a compressé dans les
opérations dites administratives.
On a eu aussi un choix sur l'augmentation de productivité,
redoublée avec le thème dédoublement de mandat. Ça
veut dire que, chaque fois qu'on pouvait regrouper des tâches et faire
des gains d'effectifs, c'étaient nos troisième et
quatrième critères. Et notre dernier, c'était:
non-récurrence en termes de production, donc des activités qui se
terminaient et qu'on n'avait pas à prolonger.
Partant de ces 5 critères, ça a eu pour effet, si je vous
donne les chiffres en addition, en Direction sous-ministérielle, d'avoir
les fonctions que vous avez nommées tantôt, pour les nombres 7, 8,
à Planification et développement pédagogique, pour les
cadres...
M. Gautrin: Attendez. Est-ce que vous avez...
M. Paquet: C'est parce que je vous donne le nombre de cadres,
là.
M. Gautrin: Est-ce que c'est un document que vous pourriez
déposer, ou bien je le prends en note?
M. Paquet: Oui, tout à fait.
M. Gautrin: Vous allez pouvoir le déposer.
M. Paquet: Oui, on pourrait le déposer facilement.
M. Gautrin: Est-ce que vous acceptez le dépôt, M. le
Président?
M. Paquet: Pas maintenant. Il faudrait que je le...
M. Gautrin: Mais, évidemment, vous pourriez l'envoyer et
le déposer à la commission, de manière que ça
puisse être...
M. Paquet: Oui, l'envoyer au propre. C'est ça.
Le Président (M. Messier): II faudrait l'envoyer au
secrétariat de la commission parlementaire, qui en fera le suivi par la
suite.
M. Gautrin: Oui. Parfait!
M. Paquet: alors, au global, ça a produit que nous avons
fait un choix pour les prochaines années, parce que vous vous rappelez
qu'on a des obligations, sur objectif de 3 ans, pour les cadres, de 20 %. donc,
notre cible est de 23 cadres au ministère et, pour les autres postes, de
134 sur 5 ans.
M. Gautrin: Je n'oublie pas.
M. Paquet: Pour l'année prochaine, ça totalise 50
postes, parmi lesquels nous aurons 8 emplois cadres et 42 des autres. Et, dans
les autres, ce qui était votre question particulière,
évidemment, selon les critères, ça touche toujours
principalement les fonctions à caractère de soutien ou
administratif. Il nous restera à pourvoir, pour les autres
années, selon le plan obtenu par le Trésor, la différence,
soit 157 moins 50, les 107 à livrer durant les prochaines années.
Ce qui fait que notre effectif du ministère de cette année sera
de 1146, en comparaison de l'an dernier, qui était aux alentours de
1200. Donc, nous aurons comblé nos obligations, mais selon l'ordre des
critères dont j'ai parlé tout à l'heure. Est-ce que
ça répond clairement...
M. Gautrin: Ça répond à ma question.
Parce
que, évidemment, si vous me donnez les grands critères, je
comprends que vous allez me donner par chiffre, par cadre et par non-cadre et
par fonction, dans quel secteur et répartition du personnel par
sous-secteur dans les composantes de chacun des éléments. Bon,
alors, je comprends que ça serait un peu fastidieux pour les membres de
la commission qu'on nous le donne. Alors, vous allez nous le déposer, et
on aura l'information.
M. Paquet: Alors, là, ce qu'il nous resterait à
faire, c'est de vous les ventiler parce qu'à chaque fois je vous
répondrais selon le même ordre d'approche.
M. Gautrin: C'est ça. Alors, exactement. Donc, ça
serait peut-être une perte de temps.
Alors, M. le Président, ça répondrait à ma
question...
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de...
M. Gautrin: ...sur le programme 1. Il est clair que j'en ai de
même nature pour le programme 2, le programme 3, le programme 4, quand
j'arriverai à ce moment-là.
Le Président (M. Messier): Vous êtes cohérent
dans votre démarche, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je suis tenace.
Le Président (M. Messier): Parfait. Le programme 1
étant adopté, nous passons au programme 2, qui se lit
comme...
M. Gautrin: II est adopté? Alors, on doit dire
«adopté».
Le Président (M. Messier): Adopté, oui. M.
Gautrin: Adopté. Une voix: Adopté...
Le Président (M. Messier): Sur division.
Le programme 2: Le programme vise à fournir au ministère
de l'Éducation les avis requis par la loi et ceux relatifs à
l'État et aux besoins de l'Éducation.
Consultation
M. Brassard: Ça concerne le Conseil supérieur de
l'Éducation.
Le Président (M. Messier): Le Conseil supérieur de
l'Éducation
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Messier): ...et la Commission
consultative de l'enseignement privé.
M. Brassard: Est-ce qu'on peut s'entretenir avec M.
Bisaillon?
Mme Robillard: Sûrement, M. le Président. Ça
va faire très grand plaisir à M. Bisaillon d'échanger avec
les parlementaires.
M. Gautrin: Bon. Il n'y a pas beaucoup de compressions, hein!
M. Brassard: M. le Président... Pardon?
M. Gautrin: II n'y a pas beaucoup de compressions. Ha, ha,
ha!
M. Brassard: Un peu. Une voix: Ah!
Mme Robillard: II n'y a pas beaucoup de compressions. Ha, ha,
ha!
M. Brassard: J'aurais deux questions à...
Mme Robillard: II faut regarder le ratio, hein, M. le
député de Verdun, le nombre d'employés.
M. Gautrin: Je vais le faire, je vais le faire, ne vous
inquiétez pas.
Conseil supérieur de l'éducation
M. Brassard: J'aurais deux questions à aborder avec le
Conseil supérieur de l'éducation, particulièrement avec
son président, tout en signalant que c'est la seule occasion que nous
avons d'échanger avec lui, puisque la ministre a refusé notre
proposition d'entendre les conseils, y compris le Conseil supérieur de
l'éducation, à l'occasion de la commission parlementaire, en mai
prochain, sur les propositions de renouveau des cégeps. On avait
proposé, nous, de l'Opposition, que le Conseil supérieur de
l'éducation, que le Conseil des collèges et que le Conseil des
universités soient entendus, aussi le Conseil permanent de la jeunesse.
Malheureusement, notre proposition n'a pas trouvé preneur.
Mme Robillard: La ministre respecte les fonctions d'un conseil
consultatif.
M. Brassard: Ah bon! M. Gautrin: C'est bien.
Le Président (Messier): M. le député de
Lac-Saint-Jean. (17 h 40)
Élargissement du débat sur la
réforme de l'enseignement collégial
M. Brassard: D'abord, M. Bisaillon, vous avez indiqué,
à l'occasion d'un colloque, je pense, qu'on ne peut procéder
à une réforme de l'enseignement des cégeps sans examiner
consciencieusement les problèmes fondamentaux qui prévalent au
secondaire, dans le système d'éducation québécois,
ce qui nous renvoie à la nécessité, identifiée par
plusieurs, de faire un débat plus large que celui qu'on a fait sur
l'ordre de l'enseignement collégial. Il y aurait peut-être eu
lieu, il y aurait même eu lieu... Selon certains, ça aurait
été nécessaire de procéder à un débat
plus large et plus global, portant sur l'ensemble du système
d'éducation. Est-ce que j'ai bien compris votre intervention?
C'était à l'occasion, je pense, d'un colloque organisé par
la Centrale de l'enseignement du Québec.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, est-ce que
vous déléguez votre droit de parole? Il me semble que oui.
Mme Robillard: M. le Président, M. le président du
Conseil supérieur de l'éducation va répondre
directement.
Le Président (M. Messier): Somme toute, oui.
M. Bisaillon (Robert): Ce que j'ai dit précisément,
c'est que les mesures annoncées au collégial, les propositions,
en tout cas, de renouveau annoncées au collégial avaient, compte
tenu de la situation de cet ordre d'enseignement, nécessairement, des
répercussions à la fois sur l'université et sur le
secondaire.
M. Brassard: Et est-ce que...
Mme Robillard: Ce qui est tout à fait vrai, M. le
Président.
M. Brassard: Oui, c'est évident, ça. Je vois que...
M. le président, vous faites des réponses fort prudentes, j'en
conviens. C'est sûr que ça a des répercussions sur les deux
ordres, mais est-ce que vous estimez, comme président d'un organisme
aviseur comme le Conseil supérieur de l'éducation, qu'il y aurait
lieu d'étendre le débat, d'élargir le débat et
d'examiner aussi, d'enclencher une réflexion, puis d'inviter un peu tout
le monde, en tout cas particulièrement les intervenants du monde de
l'éducation, à examiner et à débattre les autres
ordres d'enseignement, puisque les ordres d'enseignement sont arrimés
les uns aux autres et qu'il y a des interrelations nombreuses et
évidentes entre tous les ordres d'enseignement d'un système?
M. Bisaillon: Ce que je peux répondre à cette
question, c'est de vous rappeler que, lorsque la ministre a demandé au
Conseil un avis sur les objectifs de scolarisation en enseignement
supérieur, le Conseil a répondu aussi en fixant, en
suggérant des objectifs à l'enseignement obligatoire. Dans cet
avis, aussi, on a fait état énormément du processus
d'orientation en continu, du secondaire à l'université, et de
l'articulation des ordres d'enseignement.
Si vous demandez comment le Conseil aborde ces problèmes, c'est
toujours dans une perspective de système, c'est bien sûr.
Maintenant, nous, notre conseil est donné. Il est à la
disposition de tout le monde.
M. Brassard: d'ailleurs, vos objectifs de scolarisation, en tout
cas vos objectifs quantitatifs ont été retenus, aussi bien au
niveau secondaire. dans le plan d'action sur la réussite
éducative, on a fixé à 85 %, je pense, le taux de
diplomation et on a également fixé à 70 % le taux
d'accueil, le taux d'accès aux études collégiales. si je
me souviens bien, ces objectifs quantitatifs, on les retrouvait dans votre avis
sur l'enseignement supérieur.
M. Bisaillon: Oui, mais on avait aussi des objectifs
qualitatifs.
M. Brassard: Oui, effectivement, il y avait aussi des objectifs
qualitatifs, mais, quant aux objectifs quantitatifs, ils ont été
retenus par la ministre.
Une voix: Pour ce qui est du collégial?
M. Brassard: Oui, pour ce qui est du collégial,
effectivement. Mais, pour ce qui est du diplôme d'enseignement
secondaire, est-ce que vous estimez qu'il y a lieu de faire une
réflexion et de faire un débat impliquant les intervenants, de
façon à ce qu'on puisse s'entendre sur la valeur qu'on lui
accorde, sur les exigences qu'il comporte? Est-ce que vous êtes d'accord,
comme président du Conseil supérieur de l'éducation, pour
que le diplôme d'études secondaires constitue principalement,
d'abord et avant tout, la voie d'accès, ce que j'appelais, la semaine
dernière, cette espèce de passeport pour accéder aux
études collégiales? Est-ce que vous considérez que c'est
de cette façon-là qu'il faut voir les choses?
M. Bisaillon: Oui, là-dessus, le Conseil s'est
prononcé, pas dans le dernier avis là, qui ne faisait que
reprendre la conclusion, mais depuis au moins 10 ans, on a une position
constante là-dessus, sur le...
M. Brassard: C'est le D.E.S. qu'il faut toucher?
M. Bisaillon: Oui, c'est le D.E.S. qu'il faut toucher, avec un
contenu dont on a témoigné aussi dans des avis, mais en tenant
compte de deux sortes de problèmes, lorsqu'on discute. Je ne sais pas si
je peux me permettre deux minutes là, pour en parler?
M. Brassard: Oui, oui.
M. Bisaillon: II y a deux sortes de problèmes,
lorsqu'on dit que le D.E.S. est le passeport d'entrée: le premier
problème, si les exigences sont trop hautes, c'est bien sûr le
risque appréhendé, à tout le moins, de décrochage;
le deuxième problème, quand le niveau est trop bas ou très
variable, comme c'est le cas actuellement, c'est l'apparition plutôt
perverse de faux seuils d'admission, que les collèges utilisent à
partir du bulletin, par exemple, pour exclure du monde, finalement, du
collège, ou de certains programmes, alors que les élèves,
eux, n'ont pas été prévenus que ça se passerait
comme ça. Alors c'est les deux extrêmes qui peuvent jouer.
Nous, ce qu'on a dit, c'est: Le régime pédagogique, qui
existe depuis 10 ans, devrait être le seuil d'accès avec,
cependant...
M. Brassard: Ce qui n'est pas en application actuellement?
M. Bisaillon: Qui n'est pas en application, qui n'a jamais
été en application, avec, cependant, une nuance dans les
exigences menant à ce diplôme-là. Nous, on avait
été en désaccord, il y a trois ans ou quatre ans, avec
l'augmentation du nombre d'unités en mathématiques et en
sciences. Ça nous apparaissait exagéré. Donc, c'est dans
ce contexte-là que les maths 514 ne posaient pas de problème au
Conseil, et suivait un 414 au lieu d'un 416 comme c'est le cas
présentement. Mais il nous semble que la preuve n'est pas faite qu'un
relèvement des exigences, qui nous apparaît nécessaire
généralement, conduirait à plus de décrochage,
à la condition et ça, j'insiste là-dessus; c'est
constant aussi dans les avis du Conseil qu'il y ait une diversification
des parcours d'apprentissage pour se rendre en cinquième secondaire,
diversification qui peut prendre la forme de la voie technologique. Ça
fait longtemps qu'on le recommandait au Conseil. Ça s'expérimente
là. On pense aussi qu'il n'est pas normal que des jeunes, qui n'ont pas
nécessairement l'intention de s'en aller à l'université,
suivent tout leur curriculum de la même façon que ceux qui s'en
vont à l'université. Ce qui ne veut pas dire, dans notre esprit,
qu'ils ne doivent pas atteindre le diplôme d'études
secondaires.
Ce qu'il faut prévoir, c'est qu'au terme du parcours de tous les
jeunes ils puissent aller au collège sans être
pénalisés par le parcours qu'ils ont suivi. Mais ça,
ça suppose des modifications, à la fois des pratiques
pédagogiques et des parcours scolaires, qui sont très uniformes,
semble-t-il au Conseil, dans le moment présent. Donc, ce n'est pas une
question, de notre point de vue, de niveau, mais de la façon de s'y
rendre. C'est pour ça qu'on est intervenu sur la modification des seuils
d'accès en formation professionnelle. C'est pour ça qu'on est
intervenu sur le curriculum, à l'occasion. Et, je vous l'annonce, en
passant, ce n'est pas pour faire de la publicité, mais le prochain
rapport annuel du Conseil, entre autres, va traiter du curriculum, de la
mission de l'école et des parcours, de l'organisation, donc, des
parcours. (17 h 50)
M. Brassard: Et, si je comprends bien, le Conseil n'est pas
d'accord pour qu'il y ait, d'un côté, un diplôme
d'études secondaires, et, en annexe, je dirais, à
côté, des seuils d'admission, qui s'ajoutent, pour ce qui est de
l'accès au collégial.
M. Bisaillon: À l'heure actuelle, le régime
pédagogique et le diplôme coïncident.
M. Brassard: Oui.
M. Bisaillon: On est d'accord avec ça, que ça
coïncide.
M. Brassard: Que ça continue de coïncider.
M. Bisaillon: Oui, et qu'il n'y ait pas deux messages
différents à l'élève.
M. Brassard: Et que, si on rehausse les exigences, que ces
exigences-là apparaissent dans le diplôme d'études
secondaires.
M. Bisaillon: Si on les hausse dans le régime, ou si on
fait appliquer le régime? Parce que c'est ça...
M. Brassard: Si on fait appliquer le régime.
M. Bisaillon: Alors, la position du Conseil, c'était que
ce régime-là était très correct. Ce n'était
pas trop élevé, sauf ce que je vous ai dit sur les
mathématiques et les sciences, les mathématiques de secondaire
IV. Donc, on aurait dû, normalement... Et c'était ça les
message que les élèves auraient dû avoir: ça prend
ça pour aller au collège. Bon. On a procédé par
régime transitoire. Mais, en faisant ça, alors que, probablement,
on diminuait les risques de décrochage, à notre avis, au Conseil,
on leurrait aussi des étudiants, en leur disant qu'ils pouvaient aller
au collège avec 130 crédits, alors que, par la porte d'en
arrière, les collèges disaient: Toi, je te prends à 160,
pas en bas. D'autres disaient: Moi, ce n'est pas en bas de 170. Donc, le
message n'était pas plus juste et équitable envers les jeunes.
C'est pour ça qu'on pense qu'il doit y avoir une adéquation entre
une identification de cours et un diplôme. Ça, c'est la position
du Conseil.
Abolition du Conseil des collèges et du Conseil
des universités
M. Brassard: Je comprends très bien, merci.
J'aurais une deuxième question à vous poser. Ça
concerne évidemment les intentions gouvernementales et
ministérielles d'abolir deux conseils aviseurs, celui des
collèges et celui des universités, et de rapatrier, en quelque
sorte, les fonctions «aviseur» de ces conseils qui vont
disparaître, de les rapatrier au Conseil supérieur de
l'éducation. Comment le président du Conseil supérieur de
l'éducation entrevoit-il l'intégration de ces nouvelles
fonctions?
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, est-ce que
vous déléguez votre droit de parole?
M. Bisaillon: La première réponse que je vous
ferai, c'est que le Conseil n'était pas demandeur.
M. Brassard: Ah! ça, je vous crois. Je vous crois.
M. Bisaillon: La deuxième réponse, qui est tout
aussi vraie, c'est qu'il ne serait pas souhaitable qu'on ait d'autres
obligations que celles qui correspondent à la fonction qu'on a
déjà, c'est-à-dire juste la fonction conseil. Parce qu'il
y a d'autres choses dans les autres organismes...
M. Brassard: C'est-à-dire que la fonction consiste
à donner des avis.
M. Bisaillon: Oui, c'est ça. Voilà! M. Brassard:
La fonction aviseur.
M. Bisaillon: Oui, c'est ça. Troisièmement, je
m'excuse d'être aussi terre à terre, mais je vous dirai que mon
appréciation personnelle va dépendre un petit peu du niveau de
ressources qui accompagnera...
M. Brassard: C'est ce que je m'empressais de demander cette
fois-ci à la ministre.
M. Bisaillon: Je ne suis pas plus avancé, parce que c'est
trop tôt, semble-t-il.
M. Brassard: Oui, mais, si je me souviens bien, Mme la ministre
et là ma question s'adresse à vous la semaine
dernière, vous avez laissé entendre vous me corrigerez si
je me trompe, ou si j'interprète mal vos propos que les
crédits, qui sont actuellement dévolus au Conseil des
collèges et au Conseil des universités, puisque ces
fonctions-là seraient désormais assumées par le Conseil
supérieur de l'éducation, que ces crédits-là
seraient transférés au Conseil supérieur de
l'éducation. Est-ce que c'est exact? C'est pour ça que je ne vous
pose pas la question, M. Bisaillon. Je la pose à la ministre.
Mme Robillard: Non, M. le Président, ce n'est pas tout
à fait exact. Ce que j'ai dit...
M. Brassard: Ah bon!
Mme Robillard: J'ai dit qu'à partir des crédits,
qui sont présentement au niveau du Conseil des collèges et du
Conseil des universités, on faisait deux opérations. On
transférait la fonction strictement consultative de ces deux
conseils-là au Conseil supérieur de l'éducation et on
créait aussi une Commission de l'évaluation. Donc, il y aura
partage des ressources, en conséquence. Partage des ressources, vous
m'entendez bien, entre le Conseil supérieur de l'éducation, d'un
côté, et, de l'autre côté, la Commission de
l'évaluation. Et ces travaux-là, présentement. ..
M. Brassard: Sont en cours.
Mme Robillard: Nous les regardons, mais nous sommes très
prudents, parce que le projet de loi est devant l'Assemblée nationale,
et il n'est point adopté.
M. Brassard: Quel respect du Parlement! Formidable!
Mme Robillard: Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II faudra voir aussi comment... Parce que la
nouvelle Commission d'évaluation va avoir des fonctions, quand
même, accrues par rapport à ce que la commission actuelle du
Conseil des collèges possède, a. Ça va peut-être
justifier des crédits nouveaux, également.
Moi, au sujet du Conseil, ça va. Je terminerais peut-être
tout simplement en exprimant à M. Bisaillon que nous sommes toujours
extrêmement intéressés par les avis qu'il rend publics. Ce
sont des avis toujours de grande qualité, très bien
articulés, très substantiels et qui contribuent à
éclairer, à apporter beaucoup de lumière aux divers
intervenants du monde de l'éducation. Je pense qu'à ce
titre-là le Conseil supérieur de l'éducation assume
pleinement, et, je dirais, de façon remarquable, sa mission.
Le Président (M. Messier): Merci, monsieur. Mme la
ministre.
Mme Robillard: Moi, je suis très heureuse d'entendre
ça, M. le Président. Suite à certains commentaires du
député de Joliette sur des points d'interrogation qu'il pouvait
avoir, sur des délais du Conseil à soumettre, parfois, son
rapport annuel ou autre chose, je suis très contente de voir que le
critique officiel de l'Opposition en matière d'éducation est
content de la qualité des avis du Conseil et je suis tout à fait
d'accord avec lui.
Le Président (M. Messier): Parfait. Merci, Mme la
ministre.
Nous avons le député de Verdun, qui voudrait poser des
questions.
Comité catholique et Comité
protestant
M. Gautrin: Alors, j'ai deux types de questions. J'en ai quand
même quelques-unes sur le fond, M. le Président, du Conseil
supérieur, mais ça va toucher le Comité catholique et le
Comité protestant.
Dans le document qui nous a été transmis par la ministre
ou... c'est ça, le ministère, oui, vous donnez comme mandat au
Comité catholique, dans ce que doit faire le Comité catholique,
dans les réalisations prévues
pour 1993-1994, je lis: «Être attentif au contenu des
nombreux rapports d'évaluation du vécu confessionnel des
écoles qui lui sont transmis, conformément à l'article
7...» J'imagine que ce n'est pas quelque chose de nouveau, c'est quelque
chose que vous avez à chaque fois. Autrement dit, ce n'est pas une
nouvelle chose que vous faites, d'être attentif. Vous avez toujours
été attentif, c'est bien ce que je pense.
Mme Robillard: Vous êtes à quelle page, M...
M. Gautrin: Je suis à la page 06, Mme la ministre,
paragraphe 3.3: Réalisations prévues. Vous le signalez comme
quelque chose de nouveau que vous voulez faire, alors que j'avais l'impression
que c'était quelque chose qui était dans votre mandat naturel, de
suivre et de vérifier les rapports d'évaluation. Est-ce qu'il y a
quelque chose de particulier que vous avez l'intention de faire sur cet
item-là, dans les mois et années qui viennent?
Mme Robillard: À vous, M. Bisaillon.
M. Bisaillon: D'abord, je vous dirai qu'en matière de
confessionnalité les comités confessionnels ont des obligations
qui sont prévues dans la loi.
M. Gautrin: Oui.
M. Bisaillon: Donc, leur plan d'activités correspond
normalement, à ces obligations-là. On dit souvent, en boutade: En
matière de confessionnal ité, les deux comités s'adressent
directement à leur Dieu respectif, sans nécessairement passer par
le Conseil. Mais la Loi sur l'instruction publique faisait une nouvelle
obligation aux comités catholique et protestant, et le Comité
catholique reprend cette formulation, qui est l'attention au contenu de
nombreux rapports d'évaluation du vécu confessionnel des
écoles qui lui sont transmis depuis deux ans ou trois ans, je crois, de
sorte que ça engage une espèce d'interaction entre le
Comité et les écoles en question. C'est pour ça que...
M. Gautrin: Et l'attention particulière que vous avez
portée...
M. Bisaillon: Oui, ça génère une
spécification, là.
M. Gautrin: Autre question, si vous me permettez. Quand j'ai lu
votre... Je ne savais pas qu'il y avait une réglementation du
Comité catholique pour le collégial. Alors ça,
c'était nouveau. Pouvez-vous me dire de quoi il s'agit, parce que je ne
connaissais pas ça?
M. Bisaillon: Je serais très embêté, mais je
sais que le Comité catholique a une juridiction qui s'étend au
collégial. Je ne sais pas en vertu de quelle loi...
M. Gautrin: Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire, lorsque
vous voulez revoir la réglementation, pour le collégial, du
Comité catholique? (18 heures)
M. Bisaillon: Alors ça, c'est la... Écoutez, je
sais qu'il y a eu, cette année, des travaux faits, une étude
conduite sur la spiritualité des jeunes au collégial,
commandée par le Comité catholique, et je présume que,
peut-être, à la lumière des résultats de cette
étude-là, ils ont l'intention de réviser leur
réglementation en ce qui concerne le collégial, mais, à ma
connaissance, ils ont juridiction sur le collégial.
M. Gautrin: Ah! franchement, ça, je ne connaissais
pas.
M. Bisaillon: Mais c'est un univers, là. Comprenez bien,
l'univers confessionnel des comités, c'est un univers qui est sous la
juridiction administrative du Conseil.
M. Gautrin: Oui, je comprends bien, mais...
M. Bisaillon: Je m'excuse de ne pas pouvoir vous répondre
davantage.
M. Gautrin: Non, mais est-ce que, par exemple, il serait possible
d'avoir la réglementation du Comité catholique pour le
collégial?
M. Bisaillon: Sûrement.
M. Gautrin: D'avoir une copie des règlements, parce que,
j'avoue que c'est quelque chose de nouveau.
Mme Robillard: M. le Président, je vais demander à
mon sous-ministre associé à la foi catholique, M. Paul Tremblay,
de répondre aux préoccupations de M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: Compte tenu de l'heure, on ne peut pas reporter
ça à 20 heures?
Mme Robillard: Oui, oui, c'est comme vous le voulez. Ils veulent
ajourner.
Le Président (M. Messier): Nous allons recommencer
à 20 heures ce soir. Mentionnons au député du
Lac-Saint-Jean que nous sommes venus à une situation équitable:
50-50 dans le partage du temps.
Une voix: Excellent, excellent. (Suspension de la séance
à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 5)
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît! Je
demanderais un peu d'ordre. La commission de l'éducation va poursuivre
ses travaux.
Nous en étions, je crois bien, au programme 2. Je
crois que vous aviez une question, qui était restée en
suspens, M. le député de l'Opposition.
M. Gautrin: C'est moi qui ai posé une question.
La Présidente (Mme Hovington): Ah! c'est vous qui aviez
une question, M. le...
M. Gautrin: Oui. Je ne suis pas encore député de
l'Opposition.
La Présidente (Mme Hovington): ...député de
Verdun.
M. Brassard: Ça viendra, ça viendra. Des voix:
Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Alors, M. le
député de Verdun, vous aviez une question concernant le programme
2.
M. Gautrin: Exactement, madame.
La Présidente (Mme Hovington): Conseil supérieur de
l'éducation.
M. Gautrin: J'étais toujours sur le Comité
catholique, et je voulais savoir... Vous disiez dans les programmes
d'activités revoir la réglementation pour le
collégial. Je m'interrogeais sur quel était le mandat et la
réglementation du Comité catholique, dans le domaine du
collégial.
Mme Robillard: Mme la Présidente, le sous-ministre
associé à la foi catholique va répondre, M. Tremblay.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, je vous en
prie.
M. Tremblay (Paul): Depuis l'origine des comités
confessionnels reliés au Conseil supérieur de l'éducation,
ces comités ont compétence sur les institutions reconnues,
à tous les niveaux d'enseignement primaire, secondaire,
collégial. Bien sûr, au collégial, cette compétence
est très peu exercée. Il y a présentement quatre
collèges privés qui sont reconnus comme confessionnels:
Mérici, Séminaire de Québec, Collège de
Lévis et Marie-Victorin, le temps qu'il a été
collège privé. Autour de 1987, au moment où le
Comité catholique a refait sa réglementation touchant les
écoles primaires, secondaires, il s'est demandé aussi s'il serait
opportun de refaire les quelques articles de règlement qui sont
là depuis 1974, touchant les institutions collégiales
privées. À ce moment-là, le Comité était
bien d'accord, il ne s'attendait pas du tout à ce qu'aucun
collège public ne demande de reconnaissance.
Le ministre du temps, M. Ryan, estimait qu'il pouvait être
opportun, par ailleurs, de prévoir une régle- mentation pour les
collèges privés, question d'accréditer les collèges
de manière consciente n'importe qui ne peut pas se
présenter comme catholique ou faire quelque enseignement que ce soit
sans reconnaissance mais il faut reconnaître que ce projet de
règlement est donc au frigidaire depuis six ans. Comme le Comité
vient de faire une étude assez poussée et intéressante sur
les besoins moraux, spirituels, éthiques des jeunes de collèges,
il s'est demandé... Et, dans le document que vous avez, il y a une
petite incise qui est importante: Revoir, s'il y a lieu, la question de son
projet de réglementation.
M. Gautrin: Je vous remercie.
Dernière question maintenant, au Comité protestant.
L'analyse des résultats du sondage des jeunes des écoles
secondaires protestantes, ça va être disponible quand, ça?
Est-ce qu'on pourra y avoir accès?
Mme Robillard: M. Bisaillon, le président du Conseil
supérieur de l'éducation, va répondre, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. Bisaillon.
M. Bisaillon: À ma connaissance, ça devrait
être disponible à la fin de l'année scolaire.
M. Gautrin: Merci. Est-ce que vous pourriez nous envoyer des
copies?
M. Bisaillon: Je vais demander au Comité protestant. C'est
parce que ça tombe sous sa juridiction.
M. Gautrin: II faut que je demande au Comité
protestant?
M. Bisaillon: Non, non. Je peux le faire à votre
place.
M. Gautrin: Vous pouvez le faire à ma place. Des voix:
Ha, ha, ha!
Compression des effectifs
M. Gautrin: Merci.
Je reviens maintenant aux effectifs. Vous avez fait une compression
d'une personne en 1992-1993, d'une personne en 1993-1994. Vous avez quatre
sous-comités. Dans quel sous-comité... à moins que ce soit
à l'ensemble du Conseil que ça ait eu pour effet...
C'est-à-dire, c'est des personnes de soutien à l'ensemble du
Conseil, c'est ça?
M. Bisaillon: Oui. En fait, la compression que nous aurions
dû comment on dit ça? subir ou essuyer,
c'était trois. Le ministère a accepté d'en assumer une,
parce que, compte tenu des obligations que la loi nous impose, on aurait
été en difficulté pour remplir
ces obligations-là.
Mme Robillard: Mme la Présidente, si vous le permettez, de
fait, à chaque fois qu'il y a des compressions budgétaires au
niveau des effectifs, nous essayons, autant que faire se peut, de
protéger les effectifs du Conseil supérieur de
l'éducation, parce que, étant donné le nombre de personnes
qu'ils ont, dès que vous comprimez des pourcentages importants, vous
voyez un petit peu l'impact sur les travaux du Conseil. Alors,
régulièrement, nous essayons d'absorber les compressions
budgétaires à l'intérieur, à partir des effectifs
du ministère.
M. Gautrin: Je vous remercie.
Est-ce que vous permettez que je pose une question sur la Commission
consultative de l'enseignement privé, ou vous n'avez pas terminé
là-dessus? (20 h 10)
M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Mais on n'est pas rendus au
programme 3.
M. Brassard: C'est le programme 3.
M. Gautrin: Non, non. Mais c'est parce que... Est-ce que vous
avez terminé le programme 2, ou vous avez terminé sur...
M. Brassard: Oui. J'ai terminé le 2. M. Gautrin:
Merci. Sur la Commission...
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 2
est adopté?
M. Gautrin: Pas du tout, madame. Pas du tout. Non, non. Le
programme 2 couvre à la fois le Conseil supérieur de
l'éducation et la Commission consultative de l'enseignement
privé.
La Présidente (Mme Hovington): Ah! d'accord, M. le
député de Verdun. D'accord.
M. Gautrin: Alors, on avait terminé sur...
M. Brassard: ...consultative, j'aurais des questions aussi.
M. Gautrin: Sur l'enseignement privé? M. Brassard:
Bien sûr.
M. Gautrin: Donc, je pense qu'en termes de règle
d'alternance c'est à vous de parler.
M. Brassard: Oui.
M. Gautrin: Et, moi, je reparlerai après.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Commission consultative de l'enseignement privé
Écoles ethniques privées
M. Brassard: Sur la Commission consultative, Mme la
Présidente, cette dernière a rendu public tout récemment
un avis adressé à la ministre, et il y a des
éléments à la fois intéressants et troublants dans
cet avis. La Commission nous indique que les écoles privées
ethniques jouissent de certains avantages particuliers par rapport aux autres
écoles privées. Par exemple, ces écoles ethniques sont
toutes subventionnées à l'éducation préscolaire,
alors que les autres écoles privées ne le sont pas, sauf pour
élèves handicapés.
Le réseau des écoles primaires privées, celles qui
ont des pensionnats, sont subventionnées, ce qui n'est pas le cas des
écoles ethniques et, pourtant, elles le sont. Elles sont
subventionnées, les écoles primaires privées ethniques.
Elles sont toutes subventionnées. Dans l'ensemble du réseau des
établissements privés déclarés
d'intérêt public, seules quelques écoles ethniques
jouissent du statut d'écoles associées avec des commissions
scolaires, des écoles grecques en particulier, ce qui les assure d'un
niveau de subvention plus élevé que les autres écoles
privées subventionnées.
La Commission mettait en doute la cohérence de certaines
pratiques observées au sein de certaines de ces écoles,
également en regard de la politique du Québec en matière
d'immigration et d'intégration des Québécois de toutes
origines culturelles.
Par conséquent, ma question là-dessus, c'est: Est-ce que
la ministre entend donner suite aux recommandations de la Commission concernant
les écoles ethniques privées, pour faire en sorte que ces
dernières soient traitées sur le même pied et de la
même façon que les autres écoles privées en
matière de subventions?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. Nous sommes
à étudier l'avis de la Commission consultative de l'enseignement
privé. D'ailleurs, je soulignerais aux membres de la commission
parlementaire que le président de la Commission est ici ce soir, si
jamais ils avaient des questions à lui poser directement. Nous sommes
à étudier cet avis déposé par la Commission. Je
pense que la Commission apporte une contribution à la réflexion
globale qui se pose sur toute l'intégration de nos immigrants au
Québec. Etant donné que, depuis quelques années, le nombre
augmente substantiellement, il y a sûrement une réflexion à
faire de façon très, très particulière.
Par ailleurs, quand j'ai regardé l'avis de la Commission
consultative de l'enseignement privé, je dois vous dire, Mme la
Présidente, que je l'ai regardé de ma vision de ministre de
l'Éducation, ce qui veut dire que
je dois le regarder aussi en regard autant du réseau public que
du réseau privé, parce que, si nous avons développé
ces pratiques gouvernementales, au fil des années, depuis plusieurs
années, au-delà de 25 ans quand on se réfère
à la communauté grecque... D'ailleurs, c'était sous le
gouvernement du Parti québécois qu'on a reconnu le statut
d'école associée, à l'époque.
Quels que soient les gouvernements depuis 25 ans, à chaque fois
qu'ils ont regardé la situation très particulière de ces
écoles culturelles et religieuses, ils l'ont regardée, oui, en
termes d'avantages, certains avantages qu'elles ont, mais c'était pour
compenser, et ce fut toujours pour compenser certains désavantages
qu'elles ont aussi à subir, étant donné que notre
réseau public est bâti à partir d'une structure
confessionnelle. Alors, cet équilibre a toujours été, au
niveau des décisions du ministre de l'Éducation, des ministres de
l'Éducation de l'époque, mais en gardant toujours deux exigences
fondamentales à chaque fois qu'on acceptait d'aider ces écoles
culturelles et religieuses. Le premier de ces critères, qui était
fort important, était le critère de la francisation. On a
beaucoup de ces communautés, d'ailleurs, présentement, où
l'ensemble des curriculum sont donnés en français.
Le deuxième critère était le respect du
régime pédagogique. Alors, c'est dans ce contexte-là que,
de façon historique, les différents gouvernements ont
accepté d'aider les écoles culturelles et religieuses. J'imagine
que, dans le cadre de la décision qui sera rendue par la Cour
suprême, au niveau des commissions linguistiques, on devra faire une
réflexion très particulière sur le sujet, et c'est dans ce
sens-là que je reçois l'avis.
M. Brassard: mme la présidente, ma question portait
spécifiquement sur le financement. ce que la commission a mis en
lumière, c'est qu'à l'intérieur du réseau
privé je laisse de côté le réseau public
ces écoles ethniques sont financées, semble-t-il, non
seulement semble-t-il, sont financées sur d'autres bases, selon d'autres
critères que ceux qui prévalent ou qui guident le financement des
écoles privées, disons des écoles privées communes.
ce n'est pas la même chose. les écoles privées communes,
l'éducation préscolaire pas subventionnée nulle part,
alors que du côté des écoles ethniques, l'éducation
préscolaire est subventionnée. les écoles primaires
privées communes ne sont pas subventionnées, sauf s'il y a
pensionnat. s'il n'y a pas pensionnat, elles ne sont pas subventionnées.
là, les écoles ethniques, même si elles n'ont pas de
pensionnat, sont subventionnées. puis, il y a le problème des
écoles ethniques jouissant d'un statut d'école associée
aux commissions scolaires. ça semble être une mécanique
pour obtenir quasiment un financement à 100 %.
Alors, là, ce que la Commission dit le président
peut confirmer c'est qu'il faudrait qu'à l'intérieur du
réseau des écoles privées on obéisse et on finance
à partir de critères qui sont les mêmes pour toutes les
écoles. Si on décide de ne pas financer les écoles
primaires privées et si on décide de ne pas finan- cer
l'éducation préscolaire des écoles privées, ce qui
est le cas, il faut le faire aussi, il faut respecter les mêmes
règles pour les écoles ethniques. C'est ça, l'avis. Est-ce
que, sur le plan du financement, vous avez l'intention de faire en sorte que
toutes les écoles privées soient sur le même pied?
Mme Robillard: Mme la Présidente, ce que je viens de dire,
c'est que, comme ministre de l'Éducation, je gère deux
réseaux: un réseau public et un réseau privé. Au
fil des ans, les différents gouvernements qui se sont
succédé ont toujours regardé l'ensemble du réseau
quand est venue une demande de financement d'une école culturelle et
religieuse. Les gouvernements et les ministres de l'Éducation ont
utilisé la Loi sur l'enseignement privé pour aider ces
écoles-là, mais à cause du désavantage qu'elles
avaient, à l'effet que notre réseau public était
bâti sur une structure confessionnelle. C'est comme ça que
l'histoire s'est faite au fil des années et sous les différents
gouvernements.
Je rappellerai au député de Lac-Saint-Jean que la
déclaration d'association avec la Commission des écoles
catholiques, pour la communauté grecque, elle a été faite
en 1978. À ce que je sache, c'était le gouvernement du Parti
québécois qui était au pouvoir. Je pense que c'est M.
Morin qui a donné l'association pour les écoles grecques. En
1974, je pense que c'est M. Clou-tier qui a donné le financement
à la communauté arménienne, toujours sur cette
base-là, pour les mêmes raisons, non pas d'une comparaison
privé à privé, mais par le fait que ces
écoles-là étaient désavantagées par la
structure confessionnelle qu'on avait au Québec, et en ayant toujours en
tête qu'on poursuivait l'intégration de ces
communautés-là au Québec, donc en maintenant deux
exigences. Il me semble que c'est clair, c'est évident quand on regarde
l'ensemble de la situation. Alors, je demanderais au député de
Lac-Saint-Jean de regarder non seulement le réseau privé, mais le
réseau public aussi, et ce pourquoi les ministres antérieurs de
l'Éducation l'ont fait, et avec raison.
M. Brassard: Ça, j'ai compris ça. Vous venez de me
répéter ce que vous m'avez dit tantôt. Ce que la Commission
vous fait comme recommandation, c'est de mettre toutes les écoles sur le
même pied. Ce que vous me dites là-dessus, c'est que vous
continuez de réfléchir. N'est-ce pas? Bon, alors attendons.
Mme Robillard: Mme la Présidente, j'ai dit que j'analysais
la situation, et qu'on verra aussi le jugement de la Cour suprême par
rapport aux commissions scolaires linguistiques. On verra, à ce
moment-là. Entretemps, il n'est nullement question de changer le
financement de ces écoles.
M. Brassard: Parfait!
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun. (20 h 20)
Écoles privées non reconnues
M. Gautrin: Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors,
c'est la chance, peut-être, de s'éloigner un peu strictement des
questions budgétaires et de poser un peu des questions sur
l'école privée et les communautés culturelles et
religieuses, Mme la ministre. Il y a un point qui m'inquiète, et qui
inquiète aussi les personnes qui ont rédigé ce rapport, si
on lit ce rapport, c'est toute la question des écoles non reconnues.
Vous remarquez qu'à l'heure actuelle, dans le rapport comme tel, on
parle... D'abord, le rapport signale qu'on n'a pas réellement des
statistiques sur les écoles non reconnues c'est des écoles
privées non reconnues, bien sûr. On ne sait pas trop... On en
connaît quelques-unes, mais on ne sait pas trop ce qui se passe. Il y a
une critique, d'ailleurs, qui est faite dans le rapport sur la loi 141 et sur
la discrétion qui est donnée au ministre, dans le cadre des
écoles privées non reconnues, quant à l'habilité
des études qui sont faites dans ce genre d'établissement. Il y a
une recommandation ou une comparaison qui a été faite avec la
politique de l'Ontario. J'aimerais vous poser la question: Est-ce que vous avez
des idées sur les marges de politique que vous pouvez aborder sur la
question de l'enseignement dans ces écoles privées non
reconnues?
Mme Robillard: Je dois vous dire, Mme la Présidente, que,
de fait, nous voyons là une problématique très
particulière. C'est ce pourquoi, à l'intérieur de la Loi
sur l'enseignement privé (141), on a apporté cette
possibilité d'une reconnaissance par le ministre de l'Éducation.
Ça remonte à décembre dernier, l'adoption de la Loi sur
l'enseignement privé, et je dois vous dire qu'on est en train de
regarder présentement quelle démarche nous pourrions suivre par
rapport à toutes ces écoles non reconnues légalement, au
moment où on se parle.
M. Gautrin: Parce que la Commission est assez critique quant
à la loi 141 et aux pouvoirs qui étaient prévus. Enfin,
évidemment, c'est un avis, simplement, sans plus. Si je comprends bien,
vous avez la question en main, et vous la suivez avec intérêt.
Mme Robillard: C'est tout à fait ça, Mme la
Présidente.
M. Gautrin: Merci, Mme la ministre. Ça termine, pour moi,
mes questions sur le programme 2. Je suis prêt à l'adopter.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean, ça va, au niveau des questions?
M. Brassard: Ça va.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, le programme 2 est
adopté?
M. Brassard: Sur division. M. Gautrin: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté sur
division.
J'appelle le programme 3, concernant l'enseignement privé.
Enseignement privé Écoles privées
non subventionnées
M. Brassard: Mme la Présidente, pour ce
programme-là, moi, je n'ai qu'un seul sujet ou qu'une seule question,
parce qu'il me semble qu'il faudrait passer aux commissions scolaires assez
rapidement.
C'est concernant les écoles privées sous permis et non
subventionnées. Il semblerait que à Montréal,
surtout, bien sûr ces écoles privées sous permis non
subventionnées soient utilisées comme un lieu de transition pour
permettre, par la suite, après un an, d'avoir accès à
l'école anglaise. C'est même, dans certaines commissions
scolaires, un conseil qu'on donne aux parents, de les inscrire à telle
école. C'est une école privée, avec un permis; elle n'est
pas subventionnée. L'enfant y passe une année donc, c'est
une école, évidemment, dont la langue d'enseignement est
l'anglais et, au bout d'une année, il fait une demande
d'admission à l'école anglaise. Il est reçu, parce qu'il
répond aux critères d'admission: il a reçu l'essentiel de
son instruction ou de son enseignement dans la langue anglaise. C'est dans une
école privée, mais c'est considéré comme
admissible, et il accède ainsi à l'école anglaise.
Ça se fait... c'est assuré que ça se fait.
Ce que je voudrais savoir, cependant, c'est: Est-ce que le
ministère de l'Éducation... Une question un peu... Non, vraiment,
ça ne vaut pas la peine de poser cette question-là. C'est
évident que le ministère de l'Éducation est au courant de
ça. Alors, je ne pose pas ça sous forme de question. Est-ce que
le ministère de l'Éducation a une connaissance précise de
ce phénomène et est-ce qu'il en a mesuré l'ampleur et
l'importance? Ça concerne combien de jeunes? Il y a combien de ces
écoles qui fonctionnent, actuellement? Est-ce que ça prend une
dimension majeure? Si c'est le cas, je pense qu'il faudra, à ce
moment-là, être attentif, parce que c'est une façon,
à mon avis, détournée de contrevenir, si l'on veut, au...
à l'esprit, en tout cas, de la Charte de la langue française, en
matière d'accès à l'école anglaise.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je ne peux pas, ni
confirmer, ni infirmer le phénomène qui est souligné par
le député de Lac-Saint-Jean, en termes de nombres, au niveau des
clientèles. Ce que nous avons, comme données statistiques, au
niveau du ministère de l'Éducation, c'est le nombre des enfants
qui fréquentent ces écoles privées non
subventionnées. Alors, on peut connaître le nombre. Ce qu'on me
dit, c'est que nos
systèmes informatiques ne nous permettent pas de suivre cet
élève-là dans le réseau, pour savoir s'il change de
réseau, s'il s'en va au secteur public. On peut avoir des
hypothèses, madame...
M. Brassard: II y en a combien de ces écoles-là?
Mme Robillard: Combien de? M. Brassard: De ces
écoles-là?
Mme Robillard: Combien d'écoles? Je vais demander au
directeur de la Direction générale de l'enseignement
privé, M. Blouin Jacques Blouin de vous
répondre.
M. Blouin (Jacques): Vous demandez combien d'écoles
seraient sous permis et dont la langue d'enseignement serait l'anglais?
M. Brassard: Oui.
Mme Robillard: Non subventionnées.
M. Brassard: Non subventionnées.
M. Blouin: Autour d'une dizaine.
M. Brassard: Combien?
M. Blouin: Autour d'une dizaine.
M. Brassard: Une dizaine. Elles dispensent l'enseignement
à quel niveau? Elles ont combien de groupes en première
année, puis dans les autres niveaux du primaire?
M. Blouin: C'est variable. Ça couvre depuis le primaire
jusqu'à la fin du secondaire.
M. Brassard: Est-ce qu'on peut avoir des informations plus
précises?
M. Blouin: Oui, sûrement.
M. Brassard: Sur le nombre de classes de première
année, par exemple, dans ces écoles, puis le nombre de classes de
deuxième année?
M. Blouin: Sûrement.
M. Brassard: Bien. Est-ce que le ministère, ou est-ce que
la ministre entend faire une vérification plus précise du
phénomène dont je viens de parler, pour essayer de le
circonscrire et d'en évaluer l'importance? (20 h 30)
Mme Robillard: Mme la Présidente, nous savons tous que ces
écoles-là fonctionnent sous permis, mais ne reçoivent
aucun fonds public. Je pense qu'il faut être très clair, au niveau
du statut de ces écoles-là, de sorte que les exigences
gouvernementales ont toujours différé, au fil des années.
Par ailleurs, dans la réflexion globale qui se fait présentement,
au plan gouvernemental, sur l'ensemble du dossier de l'accès à
l'école anglaise, qui est sous la responsabilité de mon
collègue, le ministre responsable de la Charte, c'est une question qui
est examinée présentement, mais nous ne sommes point rendus
à la période des décisions.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
Ça va? Est-ce qu'il y a des questions?
M. Gautrin: Je n'ai pas de question sur le programme 3. Ce n'est
pas que je n'en ai pas, mais Mme la Présidente sait que je suis d'accord
avec le critique de l'Opposition. Je pense que le programme 4 est bien plus
important et je souhaiterais pouvoir arriver rapidement au programme 4.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que...
M. Brassard: Peut-être une dernière petite question
sur l'enseignement privé. Le projet de règlement qui doit
accompagner ou qui est issu de la loi 141, qui est issu de la loi, est-ce que
le projet de règlement est à la veille d'être
complété et adopté?
Mme Robillard: Mme la Présidente, il n'est pas
adopté encore. Il y aura prépublication...
M. Brassard: Oui, oui. Bien sûr.
Mme Robillard: ...dans la Gazette officielle d'ici...
M. Brassard: C'est pour bientôt? Mme Robillard:
...quelques semaines.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, au printemps.
Mme Robillard: Oui, oui. C'est en cours présentement. J'ai
fait les dernières signatures cette semaine. Alors, ça devrait
être prépublié d'ici quelques semaines dans la Gazette
officielle du Québec.
M. Brassard: Bien.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Est-ce que le
programme 3 est adopté?
M. Gautrin: Adopté.
M. Brassard: Sur division.
Enseignement primaire et secondaire public
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle le
programme 4, Enseignement primaire et secondaire public.
M. Brassard: Bien.
La Présidente (Mme Hovington): M. le porte-parole de
l'Opposition.
M. Brassard: M. le Président... Une voix: Mme la
Présidente.
M. Brassard: Mme la Présidente, pardon. Excusez-moi. On a
eu un président depuis le début, c'est pour ça que je me
suis trompé. Excusez-moi. M. le Président, je voudrais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Mme la Présidente...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): II est têtu,
hein!
Compressions budgétaires
M. Brassard: ...je voudrais aborder quelques sujets concernant
les commissions scolaires d'enseignement primaire et secondaire. D'abord, les
compressions budgétaires je les donne en vrac la formation
professionnelle, l'enseignement du français également et
l'intégration, aussi, des élèves présentant des
déficiences.
Tout d'abord, on en a parlé déjà aux crédits
supplémentaires, des compressions. Il reste que je pense qu'il est
important d'y revenir. Elles sont quand même importantes. En année
scolaire, elles représenteraient un manque à gagner de plus de
120 000 000 $ pour les commissions scolaires. Ces dernières, on le sait,
ont réagi très vivement parce qu'elles considèrent... Et
pas seulement la Fédération des commissions scolaires mais
également plusieurs intervenants. Je pense à l'Association des
directeurs généraux des commissions scolaires de même
qu'à l'Association des cadres scolaires et aussi des directeurs,
directrices d'école qui ont tous uni leurs voix pour s'opposer
énergiquement à ces compressions qui, selon toutes ces
associations, auront des impacts importants sur les services directs offerts
aux élèves.
Et là il y a, il faut bien le dire, une divergence. Il y a une
divergence majeure entre la ministre, son point de vue, son discours et le
point de vue des intervenants scolaires de l'éducation, à
commencer évidemment par la Fédération. Parce que la
ministre, on l'a vu encore dans ses remarques préliminaires,
prétend que ça n'affectera pas les services directs aux
élèves, ces compressions, et la Fédération affirme
le contraire. Elle prétend en particulier que ça va affecter le
support professionnel nécessaire dans la lutte contre le
décrochage scolaire, que ça va apporter des restrictions au
niveau de l'achat de dictionnaires, de grammaires, de didacticiels, de
même qu'au niveau du fonctionnement des bibliothèques. La
Fédération prétend aussi qu'il y a des compressions en
formation professionnelle, qui vont avoir des effets très
négatifs et que ça va avoir aussi des effets sur certaines
activités parascolaires. Alors, il y a une divergence entre les deux,
qui est évidente. Ils ont demandé à la ministre,
évidemment, de retirer ces compressions de sorte qu'ils en arrivent
aussi à la conclusion qu'il y a contradiction entre les intentions
ministérielles en matière de réussite éducative et
les compressions budgétaires qui vont compromettre le Plan d'action sur
la réussite éducative; c'est l'affirmation de ces
intervenants.
Est-ce que la ministre prétend toujours que ces compressions,
contrairement à ce que pense tout le monde de l'éducation
primaire et secondaire, est-ce qu'elle pense toujours que ces compressions
n'auront pas d'impact sur la qualité des services offerts, alors que,
comme je le mentionnais, les principaux intéressés, ceux qui
gèrent et ceux qui auront à vivre et à mettre en oeuvre
ces compressions, affirment exactement le contraire?
Voilà pour la première question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Mme la ministre,
s'il vous plaît.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. J'ai
déjà eu l'occasion d'expliquer comment nous avons appliqué
les compressions budgétaires au niveau du ministère de
l'Éducation, et je prétends toujours que, oui, il est possible de
faire des choix budgétaires qui n'affectent pas directement les services
au niveau des clientèles. Je rappellerai que la démarche qui a
été suivie au niveau du ministère, c'est d'abord et avant
tout de faire toutes les compressions que nous pouvions faire au sein
même du ministère de l'Éducation, et donc des compressions
au plan administratif dans le ministère, premièrement, et que,
deuxièmement, nous avons aussi effectué des compressions au
niveau de la marge de manoeuvre du ministère lui-même, qui avait
des marges de manoeuvre de façon particulière, même, dans
certains dossiers, et j'en suis même avec la réserve
ministérielle qui a été coupée de moitié.
Troisièmement, nous avons demandé aux commissions scolaires de
faire exactement le même exercice et de regarder au niveau de leur marge
de manoeuvre au plan administratif. Là aussi, il y avait des
possibilités. Et, finalement, ce n'est qu'en dernier lieu que,
là, il pourrait y avoir un impact directement sur les services. Et
là on se réfère à des budgets de l'ordre de 21 000
000 $.
Mais, au même moment, la taxe des commissions scolaires a
été indexée de 1,4 % et fournit des revenus
supplémentaires de 21 000 000 $ aussi aux commissions scolaires, de
sorte que les commissions scolaires peuvent tout à fait faire des choix
budgétaires à l'intérieur de leurs commissions sans
affecter directement les services. Et, quand on regarde l'état financier
du réseau des
commissions scolaires, Mme la Présidente, je vous ferai remarquer
qu'au 30 juin 1992 nos commissions scolaires ont un surplus de 180 000 000$,
à l'heure actuelle. Alors, c'est dans ce sens-là que l'effort a
été demandé, et je prétends toujours qu'il est
possible de le faire sans affecter directement les services.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
Ça va, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Je veux bien comprendre, là. Sur 120 000 000
$ de compressions, ce que la ministre affirme présentement, c'est qu'il
n'y en a que 21 000 000 $ qui concernent précisément, qui
affectent les services. C'est ça que vous dites. Sur les 120 000 000 $,
il y en a 21 000 000 $ qui affectent les services. Et les effets
négatifs sur les services n'auront pas lieu c'est ça que
vous me dites parce que, en même temps, l'indexation de la taxe
foncière des commissions scolaires va leur rapporter
l'équivalent, c'est-à-dire 21 000 000 $. C'est ça que vous
dites. C'est ça que vous dites?
Mme Robillard: Je dis qu'il y a une compression... D'abord, Mme
la Présidente, je pourrais savoir où le chiffre de 120 000 000
$... (20 h 40)
M. Brassard: C'est 120 000 000 $ en année scolaire. Bon,
c'est, mettons, 103 000 000 $ en année budgétaire. C'est
ça qui paraît dans les...
Mme Robillard: À quelle page des crédits, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que votre chiffre
apparaît à une page particulière, M. le
député, pour l'information des parlementaires?
M. Brassard: Non. C'est des additions et soustractions; additions
et soustractions. Et l'évaluation, c'est l'évaluation de la
Fédération des commissions scolaires, en année scolaire et
non pas en année budgétaire. En année scolaire, la
Fédération des commissions scolaires évalue à 120
000 000 $ le chiffre des compressions, parce que l'année scolaire ne
coïncide pas avec l'année budgétaire.
M. Gautrin: C'est ça, mais où est-ce qu'on voit ces
compressions-là? Parce que...
Mme Robillard: Mme la Présidente, c'est parce que je veux
bien qu'on se comprenne au niveau des chiffres qui sont fournis par le
député de Lac-Saint-Jean. Si on travaille en année
scolaire ce qui est le cas, je pense au lieu de travailler en
année budgétaire parce que dans le livre des
crédits ce sont les années budgétaires alors, au
niveau de l'année scolaire, ce que je comprends, c'est qu'il y a autour
de 81 000 000 $ de compressions budgétaires en tant que telles au niveau
du budget plus le 1 % qui est demandé en termes de gain de
productivité, qui est de l'ordre de 40 000 000 $. Le 1 %... Donc...
M. Brassard: Alors, c'est ça. Les 120 000 000 $ de la
Fédération, là, c'est ça.
Mme Robillard: Bon. Alors, j'imagine. J'essaie de faire le calcul
et j'imagine que c'est de là que découlent les 120 000 000 $ au
niveau de l'effort demandé au niveau des commissions scolaires, en
année scolaire. Alors, ce que j'aimerais, c'est qu'on fasse la
distinction entre les deux, les 80 000 000 $, d'une part, et les 40 000 000 $
de l'autre. Pour les 80 000 000 $, je viens exactement de vous expliquer
comment nous avons procédé. C'est la logique que je viens de vous
expliquer en quatre points: premièrement, les compressions au
ministère; deuxièmement, dans la marge de manoeuvre du
ministère; troisièmement dans la marge de manoeuvre des
commissions scolaires et, en tout dernier lieu, au niveau des services, ce qui
est de l'ordre de 21 000 000 $, ce qui est équivalent à
l'indexation de la taxe scolaire que les commissions scolaires
reçoivent, de 1,4 %. il reste les 41 000 000 $, ce qui est un autre
débat qui se situe, comme vous le savez, dans le cadre du 1 %
demandé à l'ensemble des secteurs parapublic et public comme
contribution supplémentaire. et cette question-là et la
façon de l'appliquer dans les réseaux scolaires, comme vous le
savez, est en processus de discussion présentement avec les centrales
syndicales et aussi avec les représentants des employeurs; et le
gouvernement n'est pas encore venu à une conclusion sur la
modalité d'atteindre ce 1 %.
M. Brassard: Moi, ça va. Je n'en dirai pas plus, sauf que
je fais juste signaler, en conclusion, Mme la Présidente, que la taxe
foncière scolaire, ça a pour but, précisément
en tout cas, c'était ça à l'origine de
permettre aux commissions scolaires d'avoir une marge de manoeuvre. Là,
si je comprends bien, dans les 87 000 000 $, vous demandez aux commissions
scolaires de faire des compressions dans leur marge de manoeuvre, puis vous
faites des compressions qui affectent les services et vous leur demandez, au
fond, finalement, d'utiliser ce qui devrait être leur marge de manoeuvre,
c'est-à-dire le fruit de la taxe foncière, pour compenser les
compressions affectant les services. Enfin, à ce moment-là,
ça veut dire que la marge de manoeuvre des commissions scolaires, elle
est réduite pratiquement à néant.
Mme Robillard: À ce moment-là, Mme la
Présidente, on ne considère pas qu'il y a 180 000 000 $ de
surplus dans nos commissions scolaires à l'heure actuelle, ce qui fait
partie aussi de la marge de manoeuvre des commissions scolaires.
M. Brassard: Ça va pour cette question-là. L'autre
question que je souhaite aborder, c'est la formation
professionnelle au secondaire, Mme la Présidente. Je voudrais, je
pense, profiter de l'occasion de l'étude des crédits pour essayer
de faire le point sur la formation professionnelle. Ce n'est pas facile, parce
qu'il semble y avoir peu de données fiables sur l'évolution des
clientèles.
La Présidente (Mme Hovington): Avant d'aborder la
formation professionnelle, est-ce qu'il y aurait des questions sur les...
M. Gautrin: Bien, ça dépend. C'est que je n'ai pas
bien compris. Le premier thème que vous abordiez, c'était
quoi?
La Présidente (Mme Hovington): Les commissions
scolaires.
M. Brassard: C'étaient les compressions.
La Présidente (Mme Hovington): Le fonctionnement des
commissions scolaires et les compressions.
M. Gautrin: Les compressions.
M. Brassard: Toujours à l'intérieur des commissions
scolaires.
La Présidente (Mme Hovington): C'est ça. Est-ce que
vous avez des questions concernant ce premier élément?
M. Gautrin: Bien, c'est-à-dire, est-ce que les questions
sur l'encadrement et le personnel, ça entrerait dans les compressions?
Moi, je...
La Présidente (Mme Hovington): Alors, allez-y, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: O.K. Moi, j'ai une question. Vous savez que, si on
demande des compressions de personnel dans le cadre de la loi 198, on demande
des compressions aussi au secteur parapublic. Bien sûr, je ne suis pas
sans ignorer qu'il y a un lien direct entre la fréquentation,
c'est-à-dire le nombre d'élèves et le nombre
d'employés, et le nombre des rapports de cadres à
l'intérieur d'une commission scolaire. Cependant, je remarque qu'il y a
des diminutions de clientèle, au secteur primaire du moins. Vous avez
régulièrement des diminutions de clientèle dans tout le
secteur primaire. Vous ne l'avez pas au niveau secondaire, mais j'imagine que,
par un phénomène de translation, ça va finir par venir,
sur l'horizon de trois ans; ça viendra aussi dans le secteur
secondaire.
C'est-à-dire, est-ce qu'il y a possibilité de compression
de personnel dans le secteur des commissions scolaires à l'heure
actuelle?
Mme Robillard: Mme la Présidente, M. le sous-ministre
Michel Paquet va répondre.
La Présidente (Mme Hovington): M. Paquet.
M. Paquet: En information préalable, une donnée qui
va vous permettre de voir déjà un cheminement des effectifs, et
en plus vous parler de ce qu'on prépare pour le 30 septembre en liaison
avec les invitations faites par le gouvernement de faire un effort aussi dans
les réseaux. Quelques chiffres statistiques qui vous donnent l'allure au
niveau des cadres: il y a une règle d'encadrement établie avec le
Trésor qui fixe à à peu près 1,15 % et quelques
décimales le taux régulier d'encadrement avec le personnel. Et,
dans le réseau scolaire, nous avons une diminution des cadres dans
l'année 1991-1992, en comparaison avec 1990-1991, de 47. Quand je dis
47, ça correspond à l'ensemble des catégories. À
cela s'ajoutent, en 1992-1993, en comparaison avec 1991-1992, 78.
M. Gautrin: Dans les commissions scolaires.
M. Paquet: Dans les commissions scolaires. Ce qui peut justifier
et expliquer cette baisse des effectifs d'encadrement se lie
particulièrement à des messages qui ont été de type
budgétaire. Quand on compresse dans les explications que Mme la
ministre donne l'élément administratif, c'est
évident que le message se donne de resserrer au niveau de la gestion
mais, en même temps, les intégrations de commissions scolaires ont
favorisé des regroupements de fonctions. Et, comme l'an dernier on a
fait un dernier bout là-dessus, ça a permis de faire des gains
d'effectifs au niveau des cadres.
Si on regarde, cependant, les autres effectifs, les enseignants, nous
avons eu une croissance, l'an dernier, 1992-1993, par rapport à
1991-1992, de l'ordre de 600 enseignants de plus, mais reliés
directement à la hausse de clientèle. Comme il y a hausse de
clientèle au niveau secondaire par les phénomènes de
transfert de clientèle du primaire au secondaire, ça justifie,
évidemment, une hausse d'effectifs qui est au prorata des
clientèles qui sont dans les classes.
M. Gautrin: Lorsque vous avez une baisse de clientèle,
est-ce qu'il y a une diminution d'effectifs?
M. Paquet: Automatiquement. Et, dans ce cas-là, nous
avions une hausse de clientèle.
M. Gautrin: Au secondaire, mais vous avez une baisse d'effectif
au primaire.
M. Paquet: Sauf que la proportion ne fait pas le gain, puisque
nous avons, à ce moment-là, un nombre d'élèves par
prof plus élevé au secondaire. Donc, la différence
n'apporte pas un gain. Ça va?
M. Gautrin: Mais, d'ici deux, trois ans, si la translation des
cohortes...
M. Paquet: En principe.
M. Gautrin: ...continue, c'est-à-dire que les gens qui
sont au primaire vont aller au secondaire...
M. Paquet: Exactement.
M. Gautrin: ...vous risquez d'avoir, à ce
moment-là, une diminution sur l'ensemble du réseau.
M. Paquet: C'est des mouvements de clientèle qui vont
faire la courbe et qui vont entraîner la conséquence par la suite.
Évidemment, je ne traite pas encore de ce qui serait notre plan de
révision si on voulait toucher un plan d'effectif selon les intentions
sur le thème productivité, tant pour la tâche ou d'autres
éléments du genre.
Maintenant, au niveau des effectifs professionnels...
M. Gautrin: Oui.
M. Paquet: ...toutes catégories, conseillers,
psychologues, etc., nous avons eu une croissance, l'an dernier, de 110 par
rapport à l'année 1991-1992. Et la raison pour laquelle nous
avons eu cette croissance, c'est que nous sommes à l'année
où s'amorce le Plan d'action sur la réussite éducative. Il
faut se rappeler que les attentes du milieu étaient de faire en sorte
que nous encadrions davantage certains élèves en
difficulté. Alors, évidemment, le Plan d'action a
entraîné des engagements qui vont exactement dans le sens de ce
qui était espéré et attendu par le réseau pour
supporter des clientèles plus difficiles ou à besoins
particuliers. (20 h 50)
Au niveau des soutiens et ça, c'est important comme
chiffres, parce qu'on peut avoir une surprise par rapport au nombre nous
avons une croissance, de 1991-1992 à 1992-1993, de 774. Mais, quand on
regarde la catégorie de gens qui ont été engagés,
ils se classent tous dans la catégorie du genre technicien dans le
domaine de l'adaptation scolaire, préposé en garde, tous
reliés au plan sur le Plan d'action. Donc, on voit là, dans ces
deux catégories là, deux effets d'effectifs à
support-élève qui viennent directement en lien avec le fait qu'en
1992-1993 on a injecté des sommes pour les projets-écoles qui
allaient dans ce sens-là, alors que dans les soutiens on retrouve des
baisses d'effectifs dans tous les autres éléments à
caractère administratif, que ce soient des gens d'entretien, concierges,
menuisiers ou de type administratif. Mais, pour tout ce qui est soutien
à l'élève, les catégories technicien sont en
hausse.
Maintenant, si vous posez la question dans le sens des perspectives pour
l'an prochain et les autres années, nous avons évidemment, avec
le Trésor, des discussions actuellement pour définir une
façon d'opérer avec le réseau qui va nous permettre de
respecter ce qui est l'invitation du Plan d'action, un meilleur soutien aux
élèves, et, en même temps, de faire un effort, mais
toujours dans la catégorie d'opérations de type administratif. Et
là il y a une dynamique qui commence, qui va être en train de
s'actualiser dans le mois de septembre avec le réseau pour créer
un plan d'effectifs à moyen terme deux, trois, quatre ans
qui va nous faire faire des efforts, soit au niveau de l'encadrement, soit au
niveau de la gestion, et garder c'est notre intention le focus
sur le volet que je qualifie d'éducatif ou pédagogique,
évidemment.
M. Gautrin: Je vous remercie. Est-ce qu'il y aurait
possibilité, Mme la Présidente, de demander à Mme la
ministre que ces informations-là nous soient transmises...
M. Paquet: Tout à fait.
M. Gautrin: ...et soient déposées à la
commission? Je comprends bien, pas aujourd'hui, mais, comme on l'a fait pour
les autres secteurs, ultérieurement.
Mme Robillard: Ça va nous faire plaisir, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre.
M. Gautrin: Alors, ça termine mes questions sur ce
caractère budgétaire.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean, sur la formation professionnelle.
Formation professionnelle
M. Brassard: Oui, bien, alors, comme je le mentionnais, c'est la
formation professionnelle qui est mon sujet suivant. Je disais justement que
l'absence de données fiables sur l'évolution des
clientèles depuis la mise en oeuvre de la réforme en 1987-1988,
l'harmonisation aussi des clientèles jeunes et adultes de même que
la diversité des programmes et aussi des sources de financement rendent
cet exercice assez compliqué.
Enfin, à partir des données disponibles, l'analyse de ces
données nous permet de faire certains constats. Alors qu'on sait que
l'augmentation des effectifs jeunes constituait un des défis majeurs de
la réforme de l'enseignement professionnel, le nombre des jeunes
fréquentant ce secteur, qui était de 100 296 en 1977-1978,
n'était plus que de 25 164 en 1987-1988. On peut donc dire avec
certitude qu'elle n'a pas permis l'atteinte de cet objectif d'augmenter les
effectifs. Tout au plus, la réforme a-t-elle réussi à
freiner la chute dramatique des effectifs jeunes de moins de 20 ans qui
étaient inscrits dans un programme menant à un diplôme en
formation professionnelle, toutes sources de financement confondues, et
même à l'accentuer, cette chute ou ce déclin, si l'on
considère que, pour les 15-18 ans, on est passé de 25 230
à 14 520.
Le rehaussement des seuils d'accès aux nouvelles filières
de la formation professionnelle a eu un effet d'exclusion sur une partie
importante de la clientèle
traditionnelle en formation professionnelle, et on s'est peu
soucié d'assurer les conditions de scolarisation à ces jeunes. En
fait, avec la création de cheminements particuliers et le programme
d'insertion sociale et professionnelle, il y a un nombre important de jeunes
qui deviennent des décrocheurs à l'intérieur même de
l'école puisqu'on ne les dirige, dans les faits, ni vers la formation
professionnelle ni vers une diplomation du cinquième secondaire. Ils
sont dans l'école, mais ils n'aboutiront jamais.
Les effectifs en formation professionnelle se sont donc
considérablement diversifiés au niveau des groupes d'âge
depuis quelques années. L'importance des clientèles adultes, en
particulier des clientèles inscrites dans d'autres activités de
formation que les filières certificat d'études professionnelles,
diplôme d'études professionnelles et financées par d'autres
ministères que le ministère de l'Éducation,
particulièrement le ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, s'est considérablement accrue. Il
s'agit des services offerts dans le cadre de la formation, qui ne visent pas
l'obtention d'un diplôme mais qui sont des activités
reliées à des besoins déterminés de la formation de
la main-d'oeuvre.
La ministre pourrait-elle nous indiquer si son ministère s'est
fixé des objectifs quantitatifs, numériques clairs quant au
nombre de jeunes que le ministère aimerait voir formés en
formation professionnelle? Quels sont les objectifs quantitatifs, en termes de
nombre? Vous en êtes-vous fixé? Puis quels sont-ils? Puis comment
comptez-vous les atteindre? Et quand comptez-vous les atteindre?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre de
l'Éducation.
Mme Robillard: Mme la Présidente, qu'est-ce que je peux
bien vous dire concernant les statistiques au niveau du secteur de la formation
professionnelle, si ce n'est qu'il y a toujours une grande complexité au
niveau des chiffres, dépendamment si on les regarde au niveau du secteur
des jeunes ou au niveau du secteur de l'éducation des adultes, parce que
les indicateurs qui viennent de nous être lus par le député
de Lac-Saint-Jean référaient aux jeunes de moins de 20 ans, au
secteur jeunes. Mais nous avons des jeunes de moins de 20 ans inscrits au
secteur de l'éducation des adultes. Alors, c'est pour ça que, au
niveau des statistiques du ministère, nous tentons d'y aller par groupes
d'âge, parce que ce sont là nos objectifs, peu nous importe qu'ils
soient inscrits au secteur jeunes ou au secteur de l'éducation des
adultes.
Si on regarde quelle fut l'évolution, depuis la réforme de
la formation professionnelle au secondaire, de la clientèle des jeunes
de moins de 20 ans, quel que soit le secteur où ils étudient au
fil des années, en prenant pour acquis qu'on commençait en
1986-1987 et qu'il n'y avait aucun jeune lorsqu'on a commencé, des
jeunes en bas de 20 ans: en 1987-1988, au-delà de 6000 jeunes;
1988-1989, 14 000 jeunes en bas de 20 ans; 1989-1990, 16 000 jeunes; 1990-1991,
19 000 jeunes, 19 825 jeunes de moins de 20 ans inscrits en formation
professionnelle. On voit donc qu'il y a eu une augmentation, au fil des
années, des jeunes de moins de 20 ans en formation professionnelle.
maintenant, quand on regarde le total de ces 19 825 jeunes inscrits en
formation professionnelle, on s'aperçoit que, parmi eux, il y en a 8153
qui étaient en continuité de formation. qu'est-ce que ça
veut dire? ça veut dire que c'est le jeune qui n'a pas du tout
laissé l'école, qui était au secondaire avant et qui s'en
va en formation professionnelle. il est en continuité de formation; il
ne revient pas après quelques années dans le domaine de la
formation professionnelle, il est en continuité de formation. à
l'heure actuelle, donc, sur les 19 825, nous en avons 8153, ce qui veut dire
12,8 % de la clientèle potentielle des quatrième et
cinquième secondaire. parce que, vous le savez, pour entrer en formation
professionnelle, les règles générales sont d'avoir son
diplôme d'études secondaires, de secondaire v, pour entrer en
formation professionnelle. mais, dans certains cas, vous pouvez entrer
après le secondaire iv. donc, on dit 8153 jeunes, 12,8 % de la
clientèle en provenance du secondaire iv et v.
Quels sont nos objectifs quantitatifs pour cette clientèle
jeunes? Nous voulons la doubler d'ici 1998. Nous voulons passer de 12,8 %
à 25 % d'ici 1998, ce qui veut dire passer de 8000 élèves
à 17 000 élèves. Voilà, Mme la
Présidente.
M. Brassard: De 8000 à 17 000?
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: De 8000 à 17 000 jeunes.
Mme Robillard: En continuité, en formation continue. On ne
parle pas de l'objectif des moins de 20 ans mais des jeunes en formation
continue, qui ne laissent pas l'école du tout. Ils sont en
quatrième secondaire ou en cinquième secondaire et ils continuent
en formation professionnelle.
M. Brassard: II y en a actuellement 8000. Mme Robillard:
En formation continue.
M. Brassard: En formation continue, il y en a actuellement
8000.
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Votre objectif, c'est de doubler ça, de
porter ça à 16 000 dans cinq ans.
Mme Robillard: À 17 000 d'ici cinq ans.
M. Brassard: D'ici cinq ans. Vous trouvez que c'est suffisant?
(21 heures)
Mme Robillard: C'est parce que, là, Mme la
Présidente, encore une fois, il faut regarder... Là, on
parle des jeunes en formation continue. Je viens de vous dire que les
jeunes, si on oublie... Qu'il soient en formation continue ou non, hein,
ça veut dire qu'il y a des jeunes qui sont en formation initiale aussi
mais qui avaient interrompu leurs études; donc, l'évolution de la
clientèle de moins de 20 ans est passée de 6000 en 1987-1988
à 19 800 en 1990-1991, et, quand je regarde les 20 ans et plus, bien,
là, on est passé de 406 personnes en 1987-1988 à 35 960
personnes en 1990-1991.
M. Brassard: 20 ans et plus?
Mme Robillard: 20 ans et plus, et on a même les
données pour 1991-1992: 41 143 personnes de 20 ans et plus. Donc, pour
les effectifs 1991-1992, en FP, au total, on se trouve à avoir 60 968
personnes: 19 825 de moins de 20 ans, 41 143 au-delà de 20 ans.
M. Brassard: 60 968. Effectivement, ce sont les effectifs en
formation professionnelle au secondaire...
Mme Robillard: 1991-1992.
M. Brassard: ...tous âges confondus. Tous âges
confondus. 60 968 en formation professionnelle, mais conduisant à un
diplôme.
Mme Robillard: Voilà! Strictement ceux... M. Brassard:
Conduisant à un diplôme.
Mme Robillard: ...qui sont inscrits pour avoir un diplôme.
Les autres, 64 654 personnes. Donc, au total, 125 622 personnes en formation
professionnelle.
M. Brassard: La formation, qui est évidemment
reliée directement à ce dont on vient de parler et qui porte sur
les objectifs... Vous nous avez donné les objectifs pour ce qui est de
la formation continue: doubler, en formation continue, de 8000 à 16 000.
Maintenant, pour ce qui est de la formation professionnelle, tous âges
confondus, conduisant cependant à un diplôme, il y en avait 60 968
en 1991-1992. Alors, ça m'ap-paraît intéressant de savoir
quel est l'objectif, autrement dit, global en matière de formation
professionnelle, pour tous les âges, jeunes et adultes, formation
continue ou retour à la formation après avoir quitté un
certain temps. Est-ce que ces 60 968 vous satisfont, ou est-ce que vous vous
êtes fixé un objectif pour les augmenter? À quel
niveau?
Mme Robillard: Dans notre plan d'action, présentement,
concernant la formation professionnelle, Mme la Présidente, l'objectif
est d'augmenter aussi, pour 1998, jusqu'à 80 000 personnes; on dit
toujours, là, les personnes qui suivent des cours pour l'obtention d'un
diplôme.
M. Brassard: Bien. Maintenant, il arrive ceci, c'est: Comment
comptez-vous atteindre ces objectifs alors que l'on sait que l'offre de
formation professionnelle dans les commissions scolaires est appelée
à être plus limitée qu'elle ne l'est, les autorisations de
programmes étant passées de 1808 en 1988-1989 à 1563 en
1991-1992? Donc, il y a restriction au niveau de l'offre de formation
professionnelle, puisque les autorisations de programmes sont réduites
de façon substantielle, et ça semble être le cas pour les
années qui viennent. Comment vous conciliez ça avec des objectifs
d'augmentation d'effectifs en formation professionnelle?
Mme Robillard: Mme la Présidente, quand on regarde notre
plan d'action en formation professionnelle, on a un objectif très clair
d'augmenter le nombre de places en formation professionnelle, ce qui n'a pas
nécessairement un lien avec le nombre de points de service. Parce que,
vous le savez, dans le courant de la dernière année, nous avons
redessiné la Carte des enseignements professionnels avec un objectif
très clair, dans chacune des régions du Québec, de
regrouper, de concentrer, de spécialiser, de cibler davantage. Et c'est
pour ça que, au fil des années, nous avons mis, depuis 1988, des
millions et des millions au niveau des équipements, des immobilisations,
justement pour créer ce nombre de places là. Alors, il n'y a pas
de diminution au niveau du nombre de places-élèves en formation
professionnelle. À l'inverse, on travaille pour y ajouter le nombre de
places. Les investissements qu'on fait, chaque année, c'est pour l'ajout
du nombre de places-élèves.
M. Brassard: Mais est-ce que vous pouvez nous indiquer quel est
actuellement l'état de l'offre de formation versus la demande de
formation? Est-ce qu'il est exact qu'il existe actuellement ce qu'on pourrait
appeler des files d'attente pour accéder à la formation
professionnelle, en raison des capacités d'accueil qui seraient
limitées, particulièrement dans la région
métropolitaine? Est-ce qu'il y a une comment dire absence
de corrélation entre l'offre de formation et la demande de formation?
Est-ce que la demande est nettement supérieure à l'offre,
particulièrement à Montréal? Est-ce que c'est la
réalité, d'abord, et est-ce qu'elle compte corriger cette
réalité pour que l'offre soit plus ajustée à la
demande, mieux ajustée à la demande?
Mme Robillard: Mme la Présidente, il est très clair
que la demande est... Et tant mieux. Tant mieux si la demande augmente et si la
demande est forte, parce que c'est dans cet objectif-là qu'on augmente
le nombre de places-élèves, d'autant plus qu'on veut plus de
jeunes en formation professionnelle au niveau du secondaire. Par ailleurs,
à ma connaissance, il est vrai que, dans certains programmes, nous
pouvons avoir des élèves en attente, soit que ce sont des
programmes qui sont très, très populaires ou même des
programmes qui sont contingentés. Parce que vous savez qu'on travaille
beaucoup avec nos collègues de la Main-d'oeuvre pour regarder aussi les
besoins au niveau du marché du travail. Alors, il y a aussi cette
réalité-là qui entre en ligne de
compte.
M. Brassard: Est-ce que vous avez un portrait très clair,
très précis de cette réalité-là, en termes
d'offre et de demande?
Mme Robillard: Mme la Présidente, je vais demander au
sous-ministre...
M. Brassard: Est-ce que c'est secret? Est-ce que c'est possible
d'avoir...
Mme Robillard: ...adjoint à la planification de vous
répondre.
M. Brassard: Oui. Est-ce que c'est possible d'avoir ces
données-là?
M. Vézina (André): Oui, Mme la Présidente,
on a un portrait détaillé, d'abord, bien sûr, de l'offre,
c'est-à-dire du nombre de places disponibles, non seulement par secteur,
l'ensemble des secteurs de la formation professionnelle, mais aussi par
programme, il va sans dire, pour ce qui est de l'offre. Pour ce qui est de la
demande, on a un estimé de la demande, par secteur cette fois-ci. Pour
l'ensemble des secteurs qui sont à la Carte des enseignements
professionnels, il serait possible de vous procurer tout ça.
Bien sûr, l'exactitude des chiffres pour ce qui est de la demande
de main-d'oeuvre versus la demande étudiante, c'est deux choses
différentes. On a l'exactitude des chiffres pour ce qui est de la
demande...
M. Brassard: De formation.
M. Vézina: ...de jeunes qui veulent entrer en formation.
On a ces chiffres-là, bien sûr, et on pourrait vous les fournir,
par secteur, sans difficulté. Un bel exemple qu'on...
M. Brassard: Jeunes et adultes confondus, là, l'ensemble
de la demande.
M. Vézina: Jeunes et adultes confondus, oui, bien
sûr. Un bel exemple...
M. Brassard: Est-ce que les membres de la commission pourraient
avoir ces données-là? (21 h 10)
M. Vézina: ...qu'on pourrait donner actuellement pour
répondre à votre question, Mme la Présidente, c'est celui
du secteur de la construction. Bien sûr, la demande, dans beaucoup de
programmes du secteur de la construction, dépasse l'offre de formation,
le nombre de places en formation, et dépasse aussi, dans beaucoup de ces
programmes-là, qui sont contingentés, les besoins en
main-d'oeuvre. Et c'est vrai pour beaucoup de programmes des secteurs
traditionnels où l'emploi n'est pas disponible et la demande
étudiante est considérable, alors que, dans des secteurs de
pointe, là où il y a des places de disponibles, souvent,
malheureusement, la demande est insuffisante. C'est ce qui nous amène
à faire des efforts considérables de promotion sur les programmes
moins traditionnels, là où il y a de la place disponible et, de
surcroît, des emplois disponibles. Il y a, en quelque sorte, un
équilibre à recréer entre l'offre et la demande dans les
différents secteurs de la formation professionnelle.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M.
Vézina.
M. Brassard: En tenant compte des possibilités d'emploi
dans ces secteurs-là.
M. Vézina: Oui.
M. Brassard: En corrélation avec ça.
Mme Robillard: Oui.
M. Brassard: Mais j'aurais maintenant... On connaît les
objectifs quantitatifs, on connaît les effectifs actuels, ce que vous
visez comme objectif d'ici cinq ans. Maintenant, la réussite, la
diplomation. C'est quoi, actuellement, le taux de réussite et le taux de
diplomation en formation professionnelle par rapport aux effectifs, jeunes et
adultes confondus?
Mme Robillard: M. Vézina va vous répondre.
M. Vézina: Alors, pour les étudiants inscrits
à temps plein bien sûr, pour le temps partiel, il est
difficile de le déterminer, compte tenu du temps que prend la personne
pour obtenir son diplôme le taux de diplomation, selon les
chiffres de la dernière année, diplomation à
l'intérieur d'une période de deux années, est de 67 %.
M. Brassard: 67 %?
M. Vézina:67 %. maintenant, si on cherche à
l'établir toutes clientèles confondues, là, ça
devient excessivement difficile, compte tenu qu'il y a des gens, beaucoup de
clientèles à temps partiel, qui prennent beaucoup de temps.
alors, ça devient très difficile pour nous de le
déterminer dans le temps, compte tenu de la diversité des
clientèles et compte tenu du fait aussi que, dans les clientèles
à temps partiel, on sait que beaucoup de personnes vont quitter en
raison de l'obtention d'un emploi alors qu'elles sont en formation. alors,
elles viennent à temps partiel et, dès qu'elles trouvent un
emploi dans le métier concerné, elles vont quitter. alors,
ça devient des chiffres très aléatoires. mais, pour ce qui
est du temps plein, donc, c'était 67 % lors de la dernière
année de mesure, qui est 1990-1991.
Mme Robillard: Et, Mme la Présidente, si vous permettez,
le sous-ministre, M. Paquet, aurait un ajout à faire.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. Paquet.
M. Paquet: une autre indication qui peut être utile pour
vérifier l'intention de diplomation du jeune, aussi: notre modèle
de financement est basé sur la sanction, et on finance les commissions
scolaires en donnant un coussin permettant de s'assurer qu'en cas de perte
d'élèves elles ont les revenus pour assurer le financement des
profs quand, pendant l'année, l'élève quitte. et le taux
de financement est basé sur une moyenne de départ de 16 %. donc,
on reconnaît que le taux de fréquentation assidu pour fins
d'obtention de diplôme est quand même plus élevé que
l'indicateur de diplomation. donc, les jeunes poursuivent la démarche
s'ils n'ont pas un succès au premier coup, continuent...
Mme Robillard: De la persévérance.
M. Paquet: De la persévérance. Donc, ça nous
donne aussi une perspective de ce qu'on peut atteindre comme résultat de
diplomation, puisque le taux de perte connu est de 16 %.
M. Brassard: Maintenant, la question corollaire: À partir
des effectifs actuels vous avez donné les objectifs pour cinq ans
à partir du taux de diplomation actuel, c'est quoi, vos
objectifs? Est-ce que vous comptez passer de 67 % à... Combien? Ou si
ça vous convient comme ça?
Mme Robillard: Présentement, Mme la Présidente, je
vous rappellerai que nous sommes en train d'établir un plan d'action
conjoint au niveau de la formation professionnelle du secondaire et de la
formation professionnelle du collégial. Et, à l'intérieur
de ces travaux-là, nous sommes en train de faire une étude
particulière sur les objectifs de taux de diplomation, l'idéal
à atteindre, entre guillemets, bien que j'étais très
heureuse de constater le taux de diplomation de 67 % au niveau du secondaire.
Comparativement au taux de diplomation en technique au collégial, je
pense qu'il y a là, déjà, un facteur très
important. Donc, la réussite est plus grande au niveau du secondaire.
Présentement, on n'est pas en mesure de fixer des nouveaux objectifs
quantitatifs, mais j'imagine que ça le sera dans le courant de
l'année qui vient.
M. Brassard: Je ne sais pas, mais il me semble que vous n'avez
pas des objectifs ambitieux, compte tenu de la situation économique,
compte tenu de ce qui va exister au XXIe siècle, compte tenu de
l'importance de plus en plus accrue d'une plus grande qualité des
ressources humaines, de la formation des ressources humaines. Je ne trouve pas
ça ambitieux, je ne trouve pas les objectifs très, très
ambitieux, passer de 60 000 à 80 000 en cinq ans. Je me demande si c'est
vraiment des objectifs qui sont souhaitables pour une société
comme la nôtre et pour les ambitions en matière économique,
en matière de compétitivité de notre économie pour
les années qui viennent, pour l'ouverture sur le monde.
On veut que l'économie québécoise se taille une
place de choix, de premier plan, se situe dans le peloton de tête des
économies développées. Je regarde vos objectifs en
formation professionnelle, puis je reste perplexe. J'ai des doutes. J'ai
l'impression qu'on n'a pas des objectifs vraiment conformes à nos
ambitions en matière de développement économique et en
matière de compétitivité et de place de choix qu'on entend
voir occupée par notre économie québécoise dans les
années qui viennent et à l'aube du XXIe siècle.
Mme Robillard: Mme la Présidente, si vous me permettez, je
suis très, très surprise de voir que le député de
Lac-Saint-Jean qualifie de non ambitieux ces objectifs-là, d'autant plus
que, si je me souviens bien, quand on a parlé des objectifs au plan de
l'enseignement collégial, tant au niveau du taux d'accès que du
taux de diplomation, je pense que le député de Lac-Saint-Jean les
avait qualifiés d'ambitieux, ces objectifs-là, et avec
raison.
Je vous rappellerai que l'objectif qu'on se fixe au niveau des jeunes en
tant que tels, qui sont en continuité de formation... Quand on dit qu'on
veut doubler d'ici cinq ans, en passant de 8000 à 17 000, ceux qui sont
en formation continue, ça veut dire, concrètement, qu'on
s'adresse à 25 % de la clientèle qui termine son diplôme
d'études secondaires. Un jeune sur quatre. Ce n'est pas rien non plus de
penser ça, en termes d'objectifs quantitatifs. Là, je ne vous
parle pas de tous les employés qui sont déjà rendus sur le
marché du travail. Ça, on le sait que, là, il y a un
besoin de recyclage de la main-d'oeuvre et de perfectionnement de la
main-d'oeuvre, étant donné la restructuration de notre
économie. mais, quand on regarde le nombre de jeunes qu'on veut voir
s'orienter en formation professionnelle au niveau du secondaire, de penser que
25 % des effectifs du secondaire doivent s'en aller en formation
professionnelle, ça m'apparaît des objectifs ambitieux, d'autant
plus qu'au niveau de l'ordre collégial je vous le rappellerai, on a
réévalué les objectifs, sous le conseil du conseil
supérieur de l'éducation. alors que, à l'époque, il
y a 25 ans, c'était de 60-40, 60 % en formation technique, 40 % en
préuniversitaire, le conseil supérieur nous a
suggéré de ramener à 50-50 nos objectifs au niveau de la
formation technique et de la formation préuniversitaire. et j'ai
accepté ces nouveaux objectifs là. pourquoi? parce qu'on
s'aperçoit aussi que, même dans le développement des
métiers et des techniques, l'évolution technologique a
été tellement rapide au québec que les exigences aussi
sont de plus en plus fortes, même au niveau des métiers,
même au niveau technique. et c'est pour ça que, la formation
professionnelle, il faut l'envisager absolument au-delà des ordres
d'enseignement. (21 h 20)
La formation professionnelle, ça se donne au secondaire, mais
ça se donne au collégial et ça se donne à
l'université, non seulement des bacs de premier cycle
mais des maîtrises de deuxième cycle qui conduisent
à des professions sur le marché du travail. C'est aussi de la
formation professionnelle. Quand on regarde les objectifs de formation
professionnelle au-delà des ordres d'enseignement, ne me dites pas que
les objectifs ne sont pas ambitieux. Les objectifs sont ambitieux et, c'est
très clair, on en a besoin pour relever les défis de l'an 2000 au
niveau du Québec. Les orientations sont là.
Maintenant, dans le courant de la prochaine année, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va travailler davantage à l'harmonisation de deux
secteurs, celui du secondaire et celui du collégial, pour favoriser
davantage aussi le fait que l'offre de service, sur l'ensemble du territoire de
la province de Québec, soit davantage harmonisée au niveau de la
Carte des enseignements, mais pour permettre aussi des passages, des
passerelles pour ceux qui choisissent la formation professionnelle au niveau du
secondaire et qui décident de continuer au niveau technique du
collégial, dans beaucoup de secteurs où il y a des
affinités dans les programmes de formation. On vient de le faire
récemment en agriculture. On peut le faire dans plusieurs domaines: en
mines, en foresterie, en techniques administratives, techniques de bureau,
énormément de domaines. C'est dans ce contexte-là que tous
les travaux sont faits.
Et, vous le savez, depuis quelques années, le gouvernement a fait
énormément d'efforts au niveau de la promotion de la formation
professionnelle, et ce, aussi avec nos collaborateurs de l'entreprise
privée, nos partenaires de l'entreprise privée, que ce soit par
des campagnes publicitaires, par les Olympiades québécoises de la
formation professionnelle, où les gens du privé se sont
impliqués pour, justement, valoriser ça auprès de nos
jeunes, tant au niveau secondaire qu'au collégial. Je pense que, tous
ensemble, nous travaillons dans ce sens-là au niveau du
Québec.
M. Brassard: là, je voudrais bien qu'on se comprenne, mme
la présidente. la ministre parle de 25 %; 25 % par rapport à
quoi? la formation continue, c'est 8000. c'est ça que vous avez dit
tantôt. c'est 8000, la formation professionnelle, la formation continue.
il y a combien de jeunes dans les écoles secondaires du québec?
c'est quoi, les effectifs?
Mme Robillard: En secondaire V, 57 000 diplômés.
M. Brassard: Je ne parle pas des diplômés, je parle
des effectifs.
La Présidente (Mme Hovington): M. Vézina.
M. Brassard: Parce qu'il faut comparer les diplômés
aux diplômés; 8000, ce n'est pas 8000 diplômés, c'est
les effectifs. Alors, il faut comparer les effectifs aux effectifs et les
diplômés aux diplômés.
M. Vézina: Pour entrer en formation professionnelle, il
faut normalement détenir un diplôme de secon- daire V, un
diplôme d'études secondaires. Cette année, il y avait 57
000 diplômés en secondaire V.
M. Brassard: Puis il y en a 8000 en formation
professionnelle.
M. Vézina: Actuellement, il y en a 8000. Notre objectif
est de porter le pourcentage à 25 %, autour de 25 %, soit 17 000.
M. Brassard: actuellement, il est à 12 %, 12 % ou 13
%.
M. Vézina: c'est ça. alors, si on double, ça
donne 25 % du nombre de diplômés du secondaire, qui est la
clientèle potentielle pour entrer en formation professionnelle, sur 65
000 élèves qui étudient en secondaire v.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Brassard: Là-dessus, formation professionnelle,
oui.
M. Gautrin: Bon. Alors, le député de Lac-Saint-Jean
est entré sur la macro-économique; moi, je vais entrer sur la
micro. Et il y a un tout petit programme qui m'intéresse beaucoup dans
la formation professionnelle, c'est ce qu'on appelle la Voie technologique. Il
est petit, mais je trouve qu'il est plein d'avenir, moi, personnellement. Je
pense que vous le connaissez. C'est-à-dire qu'il intègre,
dès le secondaire III, la formation technologique. Si je regarde les
documents que vous nous avez remis, il était implanté dans 3
écoles en 1990. Vous l'avez implanté dans 9 écoles en
1992. Je sais que ça touche très peu d'élèves;
c'est 365 élèves en troisième, 82 en quatrième.
J'aimerais vous entendre parler, Mme la ministre, sur deux choses.
D'une part, quelle est l'expérience que vous tirez maintenant, au
bout de deux ans d'expérimentation avec ce programme? Quelles sont les
conclusions que vous en tirez? Et est-ce que c'est votre intention de... Vous
dites cette phrase sibylline: Cette implantation s'étendra. Est-ce que
ça va rester toujours le moyen marginal ou est-ce que,
réellement, c'est une voie qui va finir peut-être, dans le
développement de la formation professionnelle, par devenir une voie qui
va être réellement non pas à un stade expérimental
mais à un stade où ça va s'implanter dans la majeure
partie des écoles du Québec?
Mme Robillard: Mme la Présidente, quand le
député de Verdun parle d'un programme particulier, je voudrais
simplement lui rappeler qu'il s'agit d'une approche.
M. Gautrin: Oui, oui, je suis d'accord. Ça marche.
Mme Robillard: C'est une approche particulière,
la Voie technologique, que nous avons mise à l'essai. C'est une
approche pédagogique, dans le fond...
M. Gautrin: Je sais, je sais.
Mme Robillard: ...une approche pédagogique qui est
différente de la voie habituelle, et il y a un ensemble de mesures qui
sont autour de l'élève pour, justement, favoriser sa motivation
et accroître sa persévérance scolaire. Vous le savez, il
s'agit, à ce moment-là, au niveau de l'approche en tant que
telle, d'intégrer les matières, des matières de base, de
façon particulière. Et on vise, au niveau de l'intégration
des matières, la langue maternelle, les sciences et les
mathématiques, avec aussi des cours d'initiation à la technologie
du troisième secondaire et un cours d'éducation technologique du
quatrième.
Dans le fond, c'est un mode d'apprentissage, une nouvelle façon
de faire. Alors, c'est vraiment dans ce contexte-là qu'on a
expérimenté. On peut vous dire, à date, que, quand on
évalue les résultats... C'est vrai que ça n'a pas
été implanté dans plusieurs écoles du
Québec, auprès d'un grand nombre d'élèves...
M. Gautrin: C'est à titre expérimental.
Mme Robillard: ...mais, à l'heure actuelle, les
résultats sont fort intéressants quand on regarde l'impact
concret au niveau de ces élèves-là qui ont suivi la Voie
technologique. On peut conclure, je pense, facilement que ces
résultats-là sont prometteurs, qu'on a amélioré
chez ces élèves-là la motivation, la
persévérance scolaire. Très souvent, vous savez, ils sont
dans des petits groupes aussi. Il y a un sentiment d'appartenance au groupe et
aux professeurs qui les aident dans ce cheminement-là. Et on a
amené des jeunes, avec cette méthode-là, jusqu'au
diplôme d'études secondaires. Ce n'était pas
nécessairement un objectif de formation professionnelle. C'était
de les amener jusqu'au diplôme d'études secondaires, mais avec un
mode d'apprentissage très particulier pour ces jeunes.
Alors, oui, les résultats, à date, sont prometteurs, et
c'est pourquoi nous extensionnons davantage cette façon de faire. Et je
pense que, si on veut augmenter notre taux, justement, de réussite
scolaire, il va falloir penser à de telles méthodes. Dans le
fond, il s'agit de varier la pédagogie. C'est simple. J'imagine que le
député de Verdun comprend très bien ça, lui qui est
professeur: varier la pédagogie, ne pas avoir une façon
homogène d'approcher les jeunes dans leur façon d'apprendre, mais
de varier ça dépendamment des besoins des jeunes. Et on le voit,
avec cette méthode-là, le succès que nous pouvons
avoir.
Nous allons essayer de le tenter cette année, exactement cette
approche-là, en utilisant d'autres façons de faire, d'autres
approches pédagogiques, en utilisant, par exemple, les arts ou les
sports. Je ne parle pas de ceux qui en font une carrière, du cours
Programme sports-études, mais, dans le plan de la réussite
scolaire, on a laissé la possibilité aux commissions scolaires,
on a ajouté un montant, justement à cet égard-là,
pour leur permettre d'essayer de développer, comme on l'a fait avec la
Voie technologique, une autre façon d'apprendre, mais qui utiliserait
une autre façon de faire. Et je peux vous dire que nous sommes
très confiants.
M. Gautrin: Des chiffres dans ce que vous pensez à
développer, est-ce que vous en avez, ou pas? Si vous n'en avez pas, ce
n'est pas grave. (21 h 30)
Mme Robillard: En 1993-1994, l'implantation sera élargie
à 30 nouvelles écoles dans les diverses régions du
Québec. Donc, on sera rendu à 39 écoles qui offriront la
Voie technologique en secondaire III et 30 écoles qui vont l'offrir
aussi en secondaire IV.
M. Gautrin: Mais elles sont réparties
géographi-quement, d'une manière à toucher un peu la
carte.
M. Brassard: Combien d'élèves? Mme Robillard:
4700 élèves.
M. Gautrin: Est-ce qu'il y a une répartition
géographique, ou si c'est concentré dans certaines
régions?
Mme Robillard: II n'y a pas de concentration, c'est
réparti dans toutes les régions du Québec, dans toutes les
régions administratives.
M. Gautrin: Je vous remercie. Si jamais, madame... Parce que
j'imagine qu'il y a un rapport d'étude ou d'analyse de cette
expérimentation-là qui est fait. Est-ce que vous pourriez le
déposer à la commission, si jamais il en existe un?
Mme Robillard: Ça nous fera plaisir, Mme la
Présidente.
M. Gautrin: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député...
M. Gautrin: Ça termine mes questions sur ce...
Mme Robillard: Alors, peut-être que le député
de Verdun veut l'appliquer à l'université aussi?
M. Gautrin: Mais, ma chère madame, si vous vous rappelez
le débat sur la formation, je peux refaire ce débat tout de
suite.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Lac-Saint-Jean, vous aviez une...
M. Gautrin: Et je vous rappellerai que c'était ce que je
préconisais au niveau de la réforme des cégeps.
La Présidente (Mme Hovington): ...dernière
question?
M. Brassard: Mme la Présidente, dans la foulée de
ce que disait le député de Verdun, la Voie technologique, dont la
ministre vient de faire l'éloge, permettrait, si je comprends bien, de
faire cheminer des élèves qui, autrement, subissent
l'échec ou deviennent des décrocheurs. C'est un peu ça. Si
j'ai bien compris, c'est des élèves qui ne peuvent pas suivre un
cheminement régulier vers le secondaire V et la diplomation
d'études secondaires, donc qui ne peuvent pas, non plus, après
cela, s'engager dans une filière de formation professionnelle
après le secondaire V, une fois qu'ils ont leur diplôme. Il y en a
4000 actuellement, me dites-vous, qui font cette expérience de Voie
technologique, qui semble prometteuse, comme vous dites. Mais il y en a
beaucoup de ces jeunes-là qui se retrouvent, en quelque sorte, dans un
cul-de-sac, là. Bien, le taux de décrochage étant quand
même assez élevé dans les études secondaires,
j'imagine que c'est dans ce bassin-là que l'on va puiser les
élèves pour les engager dans cette expérience de Voie
technologique. C'est dans ce bassin-là. Est-ce que vous comptez lui
donner de l'expansion, ou est-ce que la phase expérimentale est
terminée?
Étant donné que c'est une expérience, à un
moment donné, une expérience, ça se termine. On
l'évalue, puis on décide d'aller de l'avant ou pas. Est-ce que la
phase expérimentale de cette Voie technologique est terminée?
Est-ce que c'est dans votre intention d'en faire un mode d'apprentissage
privilégié, justement, pour réduire le taux
d'échec, pour réduire le taux de décrochage et permettre
à des jeunes, par cette voie-là, d'arriver à la fin de
leurs études secondaires?
Mme Robillard: De fait, Mme la Présidente, si l'analyse
qui est en cours présentement nous révèle que, vraiment,
la preuve est faite que cette voie, cette façon différente
d'enseigner aux jeunes nous apporte vraiment des résultats très
concrets, oui, on songe, à ce moment-là, à l'implanter,
à la généraliser davantage. On penserait à un
objectif, même, autour de 32 000 élèves. Vous le savez
très bien, ce sont des élèves qui ont les capacités
intellectuelles d'aller chercher leur diplôme d'études secondaires
mais qui manquent d'intérêt ou de motivation. Alors, les
capacités de base sont là. Et ça, ça
représente une certaine partie des décrocheurs potentiels qui,
dans le fond, ne répondent pas à la pédagogie
traditionnelle qu'on connaît dans nos écoles, la façon de
les faire apprendre. Par cette façon-là, qui est beaucoup plus
tangible, même, je dirais, pour eux, à ce moment-là les
jeunes s'impliquent tout à coup.
On me racontait l'expérience d'un groupe avec un professeur qui
avait fait l'intégration de ses matières autour de la
construction d'une horloge. Tout gravitait autour de ça, autant les
cours de français, de maths que de sciences. À partir de ce
projet concret, qu'il mène tout au fil de l'année, le jeune
réussit ses examens dans ces matières-là, en fin
d'année. Alors, oui, de fait, si c'est confirmé dans notre
analyse, et que la preuve est faite, on songerait à l'élargir.
Notre objectif serait, à date, et selon nos analyses, d'aller au moins
jusqu'à 32 000 élèves dans ce domaine-là.
M. Brassard: Avec les ressources correspondantes, parce que, si
je vous ai bien compris, cette approche pédagogique exige un ratio
maître-élèves qui est différent de celui qu'on
retrouve dans le cheminement régulier.
Mme Robillard: De fait, il y a des ressources financières
qui, à l'heure actuelle, sont accessibles via le plan de réussite
scolaire. Mais, dans les perspectives, si on développe, et si les
études nous prouvent qu'on se doit de développer, de fait, il
devra y avoir les ressources financières. On touche facilement au ratio
maître-élèves.
M. Brassard: Mme la Présidente, j'aurais deux petites
questions concernant, entre autres, la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre. La
Fédération des commissions scolaires réclamait,
revendiquait un siège au conseil d'administration de cette
société ce qui réapparaissait tout à fait
légitime. Étant donné que le réseau des commissions
scolaires joue un rôle majeur en matière de formation
professionnelle, est-ce que cette question est maintenant résolue?
Est-ce que le siège réclamé par la
Fédération des commissions scolaires lui sera accordé
à la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre?
Mme Robillard: Mme la Présidente, j'ai pris bonne note de
cette demande-là de la Fédération des commissions
scolaires. Vous savez que cette Société est nouvelle de cette
année. Je comprends que la Fédération des commissions
scolaires comme la Fédération des cégeps, d'ailleurs,
aient demandé à mon collègue, le ministre de la
Main-d'oeuvre, d'être nommé sur la Société. Il y
avait différentes possibilités aussi au niveau de la nomination
de la Société. Vous savez, ils peuvent faire partie des
employeurs, par exemple. Quand on dit que c'est une représentation
tripartite employeurs, syndicats et représentants gouvernementaux
la Fédération des commissions scolaires ou la
Fédération des employeurs, les patrons, auraient pu convenir de
leur donner un siège au sein de la Société.
Présentement, la Société est en cours. Les
nominations, à ma connaissance, sont aussi à durée
variable; les gens n'ont pas été nommés tous avec le
même terme.
M. Brassard: Si je comprends bien, tous les sièges sont
comblés au conseil d'administration de la Société? Il n'y
a plus de sièges vacants?
Mme Robillard: À ma connaissance, oui, ils ont tous
été nommés. Alors, on m'informe notre
représentante à la Société que, oui, toutes
les nominations ont été faites au niveau de la
Société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre et qu'à l'heure actuelle on est en train de nommer, au
niveau des socié-
tés régionales, dans chacune des régions du
Québec.
Là, je vous rappellerai que, selon la loi, les cégeps et
les commissions scolaires ont un siège dans les sociétés
régionales. Ils ont chacun un siège dans chacune des
sociétés régionales, et ça c'est en formation
présentement. (21 h 40)
M. Brassard: Dernière question concernant la formation
professionnelle. Mme la Présidente, en mars 1991, le ministre de
l'époque, M. Pagé, s'était engagé à rendre
accessible le régime des prêts et bourses aux étudiants
inscrits en formation professionnelle au secondaire. Il avait dit: J'entends
déposer un projet de loi à l'Assemblée nationale avant la
fin de la session du printemps on est en mars 1991, ce qui fait
maintenant deux ans. Est-ce que la ministre actuelle de l'Éducation
compte respecter l'engagement pris par son prédécesseur, ou si
c'est abandonné?
Mme Robillard: La piste n'a pas été
abandonnée, Mme la Présidente. Je suis en train de regarder
ça de très près, et ça fait partie de l'objet du
plan d'action en formation professionnelle, harmonisé avec le
collégial, le secondaire-collégial. Je pense qu'il est
très important de regarder, aussi, tout le système d'aide
financière, dans ce contexte-là. Donc, il n'y a pas de
décision prise sur le sujet; il n'y a pas d'orientation
définitive, non plus, d'arrêtée sur la modalité.
Ce qu'on peut savoir, c'est que nos jeunes, qui sont en formation
professionnelle, maintenant, étant donné que nous avons choisi de
redessiner la carte des enseignements professionnels, de relancer la formation
professionnelle dans les commissions scolaires, de regrouper davantage, donc de
diminuer les points de service, ça amène des mobilités
plus grandes au niveau de la jeunesse. C'est la même chose au niveau du
collégial. Quand on sait que la majorité des programmes sont
accessibles dans quatre cégeps et moins, les choix de programmes,
ça amène des mobilités, donc des frais
supplémentaires. Alors, c'est dans ce contexte-là que le dossier
est regardé, présentement. Ça va?
Enseignement du français
M. Brassard: Ça va pour la formation professionnelle.
J'aimerais passer, Mme la Présidente, à l'enseignement du
français, langue maternelle.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Bien, je commencerais, peut-être, en rappelant
qu'il y a... Je pense que c'est l'an passé, dans La Presse,
qu'une journaliste avait signé toute une série d'articles,
qui s'intitulaient «Le français à la dérive»,
qui, évidemment, considéraient l'état du français
dans notre système d'éducation français
écrit, parlé comme pouvant être assimilé
à un véritable désastre national. Évidemment, elle
signalait les carences graves, les lacunes graves qu'on pouvait observer chez
les étudiants, au niveau de la maîtrise de la langue maternelle,
quel que soit l'ordre d'enseignement. Bon, on vient de le constater, là,
avec le test des étudiants qui ont obtenu leur diplôme
d'études collégiales. Bien qu'on puisse reconnaître que le
système scolaire n'est pas la source unique de ce problème, puis
bien qu'on doive reconnaître aussi que ce n'est pas un problème
unique à la société québécoise... Il suffit
de regarder un peu ce qui se passe ailleurs dans le monde, soit en France, en
Allemagne ou en Angleterre, ils ont un problème de même nature:
l'absence de maîtrise de la langue maternelle.
Les causes signalées par Mme Ouimet, qui est l'auteure de
l'article, étaient les suivantes, je les donne en vrac: changements
arbitraires de méthode; abandon de tout apprentissage
systématique grammaire, analyse de textes, analyse logique,
dictées; installation du culte de la facilité les trucs
remplaçant les règles; la lecture de journaux primant sur les
oeuvres littéraires; abolition de l'étude, ou presque, de la
littérature au profit du vécu de l'élève,
l'incitant à s'inspirer de ses petites expériences
limitées, etc.
Ce qui fait qu'en 1987 le ministre Ryan lance un plan d'action du
français, qui a été suivi d'une vaste consultation. En
1992, c'est M. Pagé qui lance le document «Pour une langue
belle». Il se retient, et il fixe deux priorités: amener les
élèves à une plus grande maîtrise du
français, de la langue écrite, surtout, et donner aux
élèves un plus large accès à des oeuvres
littéraires de qualité. Plusieurs intervenants avaient
jugé, cependant, les moyens proposés, modestes, trop modestes et
trop timides. On est maintenant en 1993. On apprenait récemment, de la
part de Mme Langlais, que les modifications apportées au programme de
français du primaire seraient connues incessamment. Quant au programme
de français du secondaire, il serait encore en voie de révision.
Ce qui fait que, de 1987 à 1993, j'ai porté un jugement sur
l'évolution, en disant qu'on fonctionnait, pour le moins, assez
lentement, d'autant plus que tout le monde reconnaissait, dès 1987,
l'ampleur du problème, pour ne pas dire du désastre.
Au bout de six ans, on ne peut pas dire que le sentiment d'urgence a
habité tous les acteurs, et particulièrement au niveau du
ministère. Il me semble qu'il faut procéder avec un peu plus de
diligence. Si on considère que les priorités retenues par M.
Pagé, dans son document «Pour une langue belle», sont des
priorités urgentes, il me semble qu'on doit procéder avec plus de
diligence. C'est ce qui fait que je demanderais à la ministre si,
d'abord, le programme de français du primaire sera effectivement, comme
l'indiquait quelqu'un de son ministère, bientôt connu et mis en
oeuvré. Qu'en est-il du programme de français au secondaire?
Où en sommes-nous? À quelle étape en est-on? Quand peut-on
espérer voir également cette révision du programme de
français au secondaire être complétée pour qu'on
puisse procéder à sa mise en oeuvre? Voilà!
Mme Robillard: Mme la Présidente. Si je me souviens bien,
je pense que le député de Lac-Saint-Jean
est un professeur d'histoire. M. Brassard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): II a fait du
théâtre aussi, je crois bien.
Mme Robillard: II a fait du théâtre? La
Présidente (Mme Hovington): Oui.
Mme Robillard: Ah! Je pensais que c'était un professeur
d'histoire.
M. Brassard: Est-ce que c'est péjoratif quand vous dites
ça, madame?
La Présidente (Mme Hovington): Non, au contraire. Je suis
très près de la culture.
M. Brassard: Bien.
Mme Robillard: Je trouve qu'il oublie une partie de l'histoire,
parce qu'il remonte en 1987, quand le député d'Argenteuil et
ministre de l'Éducation a commencé à avoir une action
ferme pour améliorer la qualité du français. Il oublie de
remonter avant ça. Pourquoi le député d'Argenteuil a
été obligé d'apporter une action comme ça, en 1987?
Il oublie de regarder l'histoire. On le sait tous qu'au Québec, à
partir de 1970, on a appliqué des méthodes d'apprentissage, des
nouvelles façons de faire, d'enseigner au niveau de la langue, et que,
très rapidement, on s'est aperçu de certaines catastrophes au
niveau de l'enseignement du français, et que ces nouvelles
méthodes pédagogiques, qui étaient mises à l'essai,
n'apportaient pas les fruits escomptés. C'est à partir de 1970,
ça. (21 h 50)
Là, qu'est-ce qui est arrivé, Mme la Présidente,
dans les années quatre-vingt, quand le Parti québécois
était au pouvoir? Le Parti québécois a constaté les
effets néfastes de ces nouvelles méthodes pédagogiques, a
repris en main le dossier et a décidé de faire de nouveaux
programmes d'enseignement en français dans nos écoles du
Québec, en accordant une priorité dans ces programmes
d'enseignement. Laquelle? Priorité sur l'expression orale. Tous les
programmes d'enseignement de la langue, dans les années quatre-vingt,
ont été révisés: priorité à
l'oral.
Qu'est-ce qui est arrivé au fil des années? Quand le
député d'Argenteuil est devenu ministre de l'Éducation, il
s'est aperçu qu'il y avait là un problème fondamental et
qu'on s'apercevait qu'au niveau de la langue écrite nous avions un autre
problème important. C'est là qu'il a mis en place un plan
d'action pour améliorer la qualité du français et que, par
la suite, le député de Portneuf et ministre de l'Éducation
y a donné un accent supplémentaire et a décidé,
avec raison, de rétablir toute l'importance de l'enseignement de la
langue écrite, non seulement au niveau des contenus de programme, mais
aussi au niveau de la sanction des études. Alors, le réajustement
qui a été apporté, c'est non pas nécessairement de
refaire tous les programmes d'enseignement de la langue, mais c'est de donner
à l'écrit la place qui lui revient, tant au niveau de
l'enseignement qu'au niveau de la sanction des études, donc, aussi,
quand on fait passer le test de français de quatrième et de
cinquième secondaire, qu'on accorde à l'écrit l'importance
qui lui revient. Ce sont des décisions qui ont été prises
par mon prédécesseur et qui étaient tout à fait
indiquées. C'est dans ce sens-là que le ministère
travaille au niveau de l'enseignement de la langue, autant au niveau du
primaire qu'au niveau du secondaire.
Pour compléter ma réponse, Mme la Présidente, je
vais demander au sous-ministre adjoint à la planification et au
développement pédagogique de faire état des travaux en
cours et des échéanciers pour, finalement, corriger ce grave
problème que nous avons au Québec.
M. Vézina: Alors, les travaux vont bon train et les
échéanciers qui étaient d'abord prévus sont
strictement respectés. En ce qui concerne l'enseignement primaire, le
programme pour les volets de lecture et d'écriture, les deux volets les
plus importants en ce qui concerne les changements souhaités et
recherchés, sont complétés. Il y a déjà des
séances de formation des professeurs qui sont données. Les
éditeurs sont déjà au travail pour préparer du
matériel pédagogique qui reflétera les nouvelles
orientations et les nouveaux contenus de ces programmes. Le programme sera
d'application obligatoire dès septembre 1994. Il sera d'application
obligatoire, non pas en première année du primaire, mais sur les
six années du primaire. Ça, c'est très inhabituel, et
c'est pour vous montrer le défi considérable qu'on tente de
relever ici.
Habituellement, dans les implantations de programmes qui
s'échelonnent sur plusieurs années, l'on procède de la
première année jusqu'au secondaire V, d'année en
année, c'est-à-dire qu'on met souvent 11 ans pour
compléter un programme qui est modifié sur la totalité de
l'ordre d'enseignement primaire et secondaire. Cette fois-ci, on compte,
à l'intérieur d'un délai d'une année, former, dans
un premier temps, tous les enseignants du primaire, des six niveaux du
primaire, pour permettre l'application simultanée du programme sur
toutes les années du primaire, et ce, dès septembre 1994, ce qui
veut dire, donc je me répète septembre 1994:
application obligatoire au primaire, à tous les niveaux, de la
première à la sixième année. Le programme sera
annoncé dès cet automne. Déjà, la formation des
maîtres est commencée. Il sera annoncé cet automne,
publié cet automne, et les maîtres seront formés au cours
de la prochaine année.
Pour ce qui est du programme de niveau secondaire, le programme sera
rendu disponible dès l'automne prochain, aussi, et il sera
appliqué à compter de septembre 1995; là encore, sur
toutes les années du secondaire. Il faut voir ici que le
ministère n'entend pas rendre disponible seulement le programme, mais
qu'au moment de l'implantation obligatoire du programme, déjà,
le
matériel didactique, c'est-à-dire les volumes en
particulier, seront rendus disponibles pour toutes les années du
primaire et du secondaire, et tout le matériel pédagogique qui
accompagne normalement un programme les guides pédagogiques, le
répertoire des oeuvres littéraires au secondaire toute
cette documentation-là sera aussi produite et rendue disponible aux
enseignants du réseau, à la fois au primaire et au
secondaire.
Donc, en bref, les échéanciers: pour ce qui est de
l'enseignement primaire, application obligatoire en septembre 1994;
enseignement secondaire, septembre 1995, avec toutes les modifications qui ont
été annoncées dans «Pour une langue belle»,
à la fois au primaire et au secondaire. En particulier, je tiens
à le préciser, précision des objectifs pour chacune des
années du primaire et du secondaire, particulièrement au chapitre
de l'orthographe, de la syntaxe, du lexique, etc., ce qui constitue quand
même une modification relativement profonde de l'organisation des
contenus de ce programme de français. Toute cette modification est faite
avec la volonté de laisser plus de place et plus de temps, je le
rappelle, à la pratique de l'écriture, et dans une optique de
développer aussi, chez l'élève, un intérêt et
un goût particulier pour la lecture et pour l'écriture.
Mme Robillard: C'est dans ce contexte-là, comme vous
voyez, Mme la Présidente, étant donné les travaux en cours
et le fait qu'on va pouvoir les appliquer dès septembre 1994 pour
l'ensemble du primaire et septembre 1995 pour l'ensemble du secondaire,
étant donné tous les travaux qui ont été faits, le
fait de repréciser les objectifs et je pense que ça, c'est
très clair tant au niveau du primaire que du secondaire, qu'au
niveau de l'enseignement collégial, on va être capable,
étant donné le calendrier de réalisations du primaire et
du secondaire, de situer en continuité les objectifs et les standards de
chacun des ordres d'enseignement, pour que ce soit en continuité et que
la sanction des études reflète justement ces nouveaux objectifs
reprécisés.
Je pense que ça, c'est une attente qui avait été
manifestée par plusieurs intervenants, que, quand on touche à un
domaine de formation générale de base comme ça, on le
regarde sur l'ensemble des ordres d'enseignement et pas strictement sur un seul
ordre d'enseignement.
Alors, étant donné que les travaux du primaire-secondaire
se sont faits au courant de la dernière année, on va pouvoir
ajuster aussi en termes d'échéancier, non seulement
d'échéancier mais de contenu, ce qui va se passer au niveau du
collégial. C'est dans ce sens-là que nous travaillons pour
l'ensemble de l'enseignement du français à l'école.
M. Brassard: Mme la Présidente, est-ce qu'il y aura des
objectifs précis d'acquisition de compétences, de maîtrise
de capacités à chaque année du primaire et du secondaire,
de façon que l'objectif ultime, c'est-à-dire que le jeune qui
obtient son diplôme d'études secondaires, son D.E.S., qu'on puisse
à ce moment-là considérer, s'il a passé à
travers toutes les étapes et atteint tous les objectifs d'année
en année, qu'on puisse être assuré qu'il ait une
maîtrise suffisante de la langue maternelle, la langue écrite?
Est-ce que ça va nécessiter qu'il y ait plus d'heures, en termes
du nombre d'heures allouées à l'enseignement du français,
aussi bien au primaire qu'au secondaire? Est-ce que ce sera changé?
Est-ce qu'il y aura des changements?
Mme Robillard: M. Vézina va nous répondre.
M. Vézina: En ce qui concerne la précision des
objectifs par année, c'était là une demande importante,
Mme la Présidente, du corps enseignant. C'est la première demande
à laquelle on s'est attardé, pour laquelle on s'est
attablé, et à laquelle on a voulu répondre en modifiant
les programmes. Donc, dans ces nouveaux programmes, pour répondre
à la demande, il y aura précision des objectifs et des exigences
minimales à atteindre par l'élève, pour chacune des
années du primaire et du secondaire, de telle sorte qu'une enseignante,
qu'un enseignant dans une classe donnée se verra indiquer très
clairement les maîtrises qu'il doit apprendre ou qu'il doit faire
atteindre par ses élèves et connaîtra en même temps
les objectifs ou les capacités qui ont dû être atteintes
dans la classe précédente et qui devront être atteintes
dans la classe qui suit. Alors, chaque enseignante ou enseignant pourra donc
très bien se situer par rapport à l'année
antérieure et par rapport à l'année postérieure.
C'est là un des changements majeurs du programme.
J'ajouterai à ceci que le ministère a déjà
annoncé qu'il allait développer, pour faciliter le travail des
enseignants et la correction du tir en cours d'apprentissage des
élèves, en quelque sorte, qu'il allait développer des
épreuves diagnostiques, qui seront offertes à tout le
réseau scolaire, des examens en quelque sorte, et qui vont permettre
à l'enseignant ou à l'enseignante de mesurer le degré
d'atteinte des capacités visées à un niveau donné.
On a déjà fait connaître qu'en début de secondaire
IV tous les profs tous les enseignants et enseignantes du Québec
seront invités à administrer à leurs
élèves cette épreuve diagnostique pour identifier les
faiblesses de l'étudiant ou de l'étudiante, de façon
à modifier le tir. (22 heures)
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M.
Vézina.
M. Brassard: Mme la Présidente, j'aurais une
dernière question. Ça concerne les bibliothèques
scolaires, parce qu'il me semble bien qu'il y a un rapport direct. Si on veut
que les nouveaux programmes puissent bien s'appliquer et donner tous leurs
fruits, il va falloir porter une attention particulière aux
bibliothèques scolaires. L'an dernier, l'ancien ministre de
l'Éducation, M. Pagé, s'était engagé à
doubler les 3 000 000 $ alloués à ce chapitre, au chapitre des
bibliothèques scolaires. Est-ce qu'on atteint les 6 000 000 $ cette
année, pour les bibliothèques scolaires?
Mme Robillard: Mme la Présidente, je ne suis pas au
courant de cet engagement-là. Fort possiblement que le
député de Portneuf voulait dire 3 000 000 $ en provenance du
ministère et 3 000 000 $ en provenance des commissions scolaires.
M. Brassard: Non, non.
Mme Robillard: On peut peut-être imaginer ça. Donc,
ça faisait 6 000 000 $ au total. Ce que je peux vous dire, c'est que
c'est reconduit pour l'année qui vient. J'ose espérer que, suite
à la démonstration qui vient d'être faite par mon
sous-ministre, de façon fort éloquente, de tous les travaux qui
sont faits au ministère, on a démontré au
député de Lac-Saint-Jean que nous n'agissons pas en tortue
comme il m'a déjà dit, que mes fonctionnaires sont très
lents dans la révision des programmes, que nous sommes des tortues au
niveau du ministère de l'Éducation. Je pense qu'on vient de lui
démontrer que nous sommes des fourmis, Mme la Présidente. Nous
travaillons, nous travaillons, nous travaillons dans l'ombre et, tout à
coup, nous avons suffisamment de provisions pour livrer la marchandise d'un
seul coup, pour toutes les années d'un ordre d'enseignement, tant au
niveau du primaire que du secondaire.
M. Brassard: Mme la Présidente, j'écoute la
ministre, qui parle beaucoup. J'ai plutôt l'impression qu'elle est une
cigale.
Mme Robillard: Ah monsieur! Vous avez un problème
d'identification, M. le député de Lac-Saint-Jean.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous êtes
en train d'écrire une pièce de théâtre, tous les
deux? Alors, la commission de l'éducation ajourne ses travaux
jusqu'à demain, à 10 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, où est le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Alors, bonne nuit à tout le
monde et à demain!
(Fin de la séance à 22 h 3)