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(Quinze heures quarante et une minutes)
La Présidente (Mme Harel): Je vais donc constater le
quorum et inviter le secrétaire à nous annoncer les
remplacements. Juste avant, permettez-moi de vous faire lecture du mandat de la
commission. La commission de l'éducation est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Éducation pour l'année financière
1992-1993. Y a-t-il des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Fradet
(Vimont) est remplacé par M. Audet (Beauce-Nord); M. Hamel (Sherbrooke)
par M. Bordeleau (Acadie).
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous entreprenons ces
crédits. Nous siégerons, je pense, jusqu'à 18 h 30 et nous
reprendrons de 20 heures à 22 heures ce soir. Pouvez-vous nous
préciser où nous en sommes rendus, M. le secrétaire, dans
les crédits, à moins que le programme soit appelé.
Le Secrétaire: Nous commençons le ministère
de l'Éducation.
La Présidente
(Mme Harel): d'accord. alors, je
souhaiterais que l'on nous précise, à ce moment-ci, avec quel
programme nous allons entreprendre notre séance.
M. Gendron: Mme la Présidente, je n'ai pas d'objection
à le préciser, mais je voudrais savoir du ministre s'il a des
remarques préliminaires à faire.
La Présidente (Mme Harel): Une déclaration
d'ouverture? Alors, la parole est au ministre de l'Éducation.
Déclarations d'ouverture M. Michel
Pagé
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Messieurs Dames,
les membres de la commission, l'étude des crédits du
ministère est habituellement l'occasion de faire un bilan des
réalisations récentes, de proposer à l'examen des membres
de cette commission les intentions gouvernementales pour le
développement en matière d'éducation au Québec. Je
ne veux pas déroger à cette tradition, d'autant plus que
l'année qui vient de s'écouler et plus particulièrement
celle qui s'amorce sont marquées au coin de la consultation et de
l'implantation de nouvelles orientations. On aura, je l'espère, le
temps, au cours des heures qui suivent, de débattre le financement de
mesures particulières. En toile de fond à nos discussions et pour
éclairer cet examen des crédits, il m'appa-raît important
que nous gardions en mémoire les intentions, les
références qui fonderont nos interventions et nos actions au
cours des prochaines années.
L'année qui vient de s'écouler représente ma
première année complète comme ministre de
l'Éducation. Elle représente aussi une période intense
d'écoute, de consultations et d'échanges avec le milieu. En fait,
dès mon arrivée au ministère, une première
tournée des milieux scolaires m'aura permis de prendre conscience des
forces et des faiblesses de notre système scolaire telles
qu'exprimées par ceux et celles qui le vivent quotidiennement. Un
thème revenait sur toutes les lèvres, la réussite
éducative, en référant, évidemment, à cette
situation combien déplorable de l'abandon avant l'obtention d'un
diplôme de secondaire V pour un pourcentage important de nos
élèves.
J'ai par la suite soumis un document d'orientation intitulé
«Notre force d'avenir: l'éducation». Il y a eu d'abord, en
novembre, la tenue des colloques régionaux. En réponse à
notre invitation, plus de 8000 personnes ont participé à ces
colloques organisés dans les 16 régions du Québec. Depuis
lors, on a élaboré un plan d'action. On a reçu, dans un
premier temps, les commentaires et les réactions de chacune des
régions. On a ramené les propositions sur notre table de travail
et on a élaboré un plan d'action. Tout au long de la
démarche, on a tenu à consulter régulièrement nos
grands partenaires nationaux. Nous en sommes arrivés à ce
consensus indispensable et les dernières discussions nous permettront
d'adopter le plan d'action. Ces discussions, dis-je, sont en cours au sein des
organismes centraux du gouvernement.
Comme je vous l'indiquais, Mme la Présidente, on est
confronté au très grave problème de la
persévérance scolaire. Une proportion, que j'oserais qualifier
d'alarmante, de 35 % n'obtiennent pas, du moins au système
régulier, le diplôme d'études secondaires. Nous voulons et
nous souhaitons au ministère de l'Éducation que, pour la
très grande majorité des élèves, la réussite
éducative signifie l'obtention d'un diplôme de formation
générale ou de formation professionnelle. Ainsi, l'objectif
proposé par le plan d'action est d'adopter les mesures
nécessaires pour conduire au diplôme 80 % des jeunes de moins de
20 ans d'ici 5 ans.
Les trois cibles majeures du plan concernent au plus haut point
l'élève. D'abord, on devra l'accompagner, le supporter dans ses
dit-
ficultés, ses réussites et ses projets d'avenir. Dans un
deuxième élément, on devra cependant varier la
pédagogie pour qu'elle prenne en compte les rythmes d'apprentissage, les
besoins et les intérêts de chaque élève. Enfin, il
faudra lui rendre la vie scolaire dynamique, afin que l'école et les
activités qui s'y font exercent sur lui un véritable attrait. En
misant sur l'initiative locale, et plus particulièrement sur l'action de
l'équipe-école, le ministère considère qu'il
appartient à chaque milieu d'élaborer son plan d'action et de
choisir les actions précises qui lui conviennent.
Des gestes préparatoires à l'implantation. On
réfère évidemment au fait qu'il y avait urgence
d'intervenir pour préparer la mise en oeuvre du plan dans trois domaines
précis: la valorisation de la profession enseignante, l'agrandissement
de la marge de manoeuvre des commissions scolaires et la rationalisation des
structures scolaires.
Au chapitre de la valorisation de la profession enseignante, le
ministère rendra public prochainement un plan de revalorisation de la
profession. Ce plan vise à assurer aux enseignants et aux enseignantes
une formation initiale et continue de qualité. Il vise aussi à
élargir et à aménager leur fonction et leurs tâches
en favorisant leur participation, une participation significative, aux
orientations et aux décisions concernant l'exercice de leur profession.
Le plan de revalorisation vise aussi à améliorer les perspectives
du cheminement de carrière pour nos enseignants et nos enseignantes au
Québec. Cette démarche de revalorisation vise aussi à
sensibiliser les usagers du système scolaire et la société
en général au rôle non seulement essentiel, mais
fondamental, en ce qui me concerne, de l'exercice de la profession d'enseignant
et d'enseignante au Québec.
La consultation qui a suivi la diffusion du document d'orientation a
fait ressortir aussi l'urgence de donner plus d'oxygène aux milieux
locaux. Devant la lourdeur de l'appareil en place, il importait
d'alléger et d'assouplir le fonctionnement actuel. Ainsi, on a mis sur
pied un comité de travail visant à agrandir la marge de manoeuvre
des responsables locaux, et ce, dès novembre dernier. Composé de
représentants du ministère et des principales
fédérations et associations d'administrateurs scolaires, il avait
comme mandat de faire la revue des grands encadrements et des règles et
procédures aux fins d'identifier les éléments favorisant
un accroissement de la marge de manoeuvre du réseau scolaire, utile
à l'amélioration des services à offrir aux
élèves.
À la suite des premiers travaux de ce comité, nous sommes
déjà à préparer un projet de loi qui vise à
assouplir certaines pratiques: premièrement, en décentralisant
toute la question des dérogations pour l'âge d'admission;
deuxièmement, en allégeant les procédures d'approbation
des plans et devis de construction, allant même jusqu'à les
éliminer dans certains cas; troisièmement, en abolissant
l'approbation centralisée des budgets, sauf les commissions scolaires en
déséquilibre financier.
On a aussi, dès cette année, procédé
à d'importants changements en vue de décomplexi-fier les
règles budgétaires et de décentraliser certains budgets
qui, jusqu'à maintenant, exigeaient le recours à des approbations
ministérielles particulières. On s'attaque maintenant à la
révision en profondeur de toutes les autres procédures
administratives qui ont été identifiées comme irritantes
en vue de redonner à l'école son souffle, son élan et de
confirmer le droit à l'initiative.
Au chapitre de la rationalisation des structures scolaires, depuis
plusieurs années, des efforts ont été multipliés
pour réduire le nombre de centres de décision qui affectent le
fonctionnement de l'école. L'intégration des ordres
d'enseignement primaire et secondaire des commissions scolaires, visant
à unifier sous une seule responsabilité ces deux ordres, a connu
une accélération depuis l'adoption du projet de loi 139 en juin
1991. Le processus d'intégration devrait donc être
complété pour le 1er juillet 1992. Ainsi, il faut se rappeler que
de 1615 commissions scolaires qu'il en était avant 1972, ce nombre n'a
cessé de décroître pour atteindre, le 1er juillet 1991, le
nombre de 199. Au 1er juillet prochain, après 20 ans, l'opération
sera complétée, et c'est 158 commissions scolaires qui assureront
la gestion des écoles primaires et secondaires du Québec. (15 h
50)
Les interventions visant à améliorer la qualité de
la formation. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, le
ministère a poursuivi des travaux importants en vue d'améliorer
la qualité de la pédagogie et des services éducatifs. Je
ne ferai, ici, qu'énumérer les plus marquants. Les efforts en vue
d'améliorer la formation de base de nos jeunes se poursuivent. C'est
ainsi qu'en septembre 1992 les programmes optionnels de chimie et de physique
du secondaire V seront d'application facultative et deviendront obligatoires en
septembre 1993. Pour faciliter leur implantation, je viens d'annoncer qu'au
cours de la prochaine année scolaire nous consacrerons 12 000 000 $ pour
l'aménagement des laboratoires de sciences du secondaire IV et 8 000 000
$ pour les laboratoires du secondaire V.
En formation professionnelle, Mme la Présidente, j'espère
qu'on aura le temps d'échanger, qu'on pourra prendre tout le temps
nécessaire pour discuter de formation professionnelle, suite aux
commentaires qu'on entend régulièrement et qu'on a dû
écouter encore cet après-midi. On va parler de chiffres, on va
parler de réforme, on va parler de performance de la formation
professionnelle au Québec. À cet égard-là, je dois
vous dire que les propositions d'amendements au régime
pédagogique de l'en-
seignement secondaire sont actuellement à l'étude. Elles
visent la disparition de la filière conduisant à l'obtention du
certificat d'études professionnelles, CEP, et l'introduction de
préalables fonctionnels pour chacun des programmes d'études.
En formation professionnelle et en éducation des adultes, des
projets de règlement sur les régimes pédagogiques sont en
consultation dans le réseau scolaire et auprès de
différents organismes du monde du travail.
Dans le domaine de l'enseignement des langues, en 1991-1992, le plan
d'amélioration du français écrit en était à
sa dernière année d'application. Toutefois, il reste beaucoup
à faire en cette matière. Je lancerai donc, en juin, un document
d'orientation comprenant l'identification de mesures de redressement de cet
enseignement. Nous continuons, de plus, nos travaux, en vue de proposer deux
autres documents d'orientation, l'un portant sur l'enseignement du
français langue seconde, l'autre sur l'anglais langue seconde. Je dois
vous dire, Mme la Présidente, que le ministre de l'Éducation est
très préoccupé à l'égard autant de
l'enseignement du français langue maternelle que de l'anglais langue
secondaire dans le réseau d'enseignement public
québécois.
Je pars du principe que le premier respect qu'on doit à notre
langue, c'est non seulement de bien la parler, mais c'est aussi d'être
sensible à toute l'histoire que véhicule cette langue, sa
culture. Je réfère aussi au fait que le ministre de
l'Éducation est très inquiet que l'école d'aujourd'hui ne
permette plus à nos élèves d'être en contact avec
les grands auteurs, les auteurs classiques, non seulement les auteurs
québécois, mais aussi les auteurs classiques, tout comme,
évidemment, Mme la Présidente, je déplore, autant que
l'ensemble ou un pourcentage important des citoyens et des citoyennes du
Québec qui le regrettent et qui ne l'acceptent pas, somme toute, que la
langue française soit aussi bafouée qu'elle l'est dans son
écriture.
C'est ce pourquoi j'entends faire en sorte de véritablement nous
inscrire en rappel continuel de l'obligation de bien faire les choses, au
chapitre de l'enseignement du français. Nous sortirons des sentiers
battus, et autant on a parcouru un chemin qui est formidable en ce qui
réfère à l'expression orale, autant, cependant, on doit se
convier, à nouveau, à une démarche qui garantira aux
jeunes Québécois, quelle que soit leur origine, de bien
maîtriser le français et surtout, et particulièrement de
bien écrire le français. C'est ce à quoi je
référerai ou nous référerons dans le document que
j'entends publier peu de temps après que j'aurai rendu public le plan
d'action pour la réussite éducative.
La réforme des programmes de formation professionnelle suit son
cours. Actuellement, plus de 67 % des travaux de révision des programmes
ont été réalisés. Pour votre
bénéfice, Mmes, MM. les membres de la commission, c'est quoi, la
révision d'un programme? C'est très simple. C'est nous assurer
que le contenu des programmes d'enseignement dans chacune des matières
en formation professionnelle, dans chacun des métiers corresponde
exactement aux besoins des entreprises à cet égard.
Un comité d'harmonisation des programmes professionnels entre le
secondaire et le collégial a d'ailleurs été mis sur pied.
De même, des travaux importants de concertation ont été
entrepris avec le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle au sujet de
l'apprentissage, de la reconnaissance des acquis extra-scolaires et des
préalables à la formation professionnelle initiale. Je
répète, des travaux importants de concertation ont
été entrepris avec le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle au sujet de
l'apprentissage, de la reconnaissance des acquis extrascolaires et des
préalables à la formation professionnelle initiale. Je ne peux
pas en dire autant, évidemment, en ce qui concerne la tarification
souhaitée par le ministère de la Main-d'oeuvre.
L'organisation scolaire et les ressources didactiques. En formation
professionnelle, de 1988 à 1991, le ministère a investi
près de 65 000 000 $ dans la modernisation de l'équipement et les
commissions scolaires y ont, quant à elles, consenti 32 500 000 $, pour
un total de 97 500 000 $. C'est donc près de 100 000 000 $ qui ont
été investis uniquement dans la modernisation de nos
équipements. Pour l'année 1992-1993, le ministère
prévoit continuer à ajouter des sommes importantes aux
investissements déjà consentis. La carte des options
professionnelles qui a été établie en concertation avec
les milieux locaux est dorénavant en vigueur pour les trois prochaines
années, ce qui permettra une meilleure planification des investissements
et facilitera l'organisation de la formation. Des ententes formelles avec les
secteurs de l'aérospatiale et de la construction ont permis la mise en
place et l'aménagement d'écoles spécialisées au
sein desquelles l'industrie participe à la gestion et aussi à la
vie pédagogique.
Dans le domaine de la micro-informatique scolaire, les ressources
investies depuis trois ans amèneront le parc de micro-ordinateurs
dévolus à la pédagogie à 48 000 unités. Les
différentes sessions de perfectionnement auront touché
près de 40 000 enseignants.
Dans le domaine du soutien documentaire, en 1992-1993, le
ministère entend amorcer une démarche d'amélioration de la
qualité des bibliothèques scolaires. J'avais indiqué l'an
dernier que la priorité à des Investissements en particulier
devait aller, compte tenu que les cours de chimie et de physique au niveau du
secondaire IV et V allaient devenir obligatoires en 1993, aux laboratoires de
sciences. Je vous avais fait part, à ce moment-là, de ma
préoccupation concernant les
bibliothèques scolaires. Vous savez, je déplorais, il y a
quelques minutes, le fait qu'un pourcentage important de nos jeunes
Québécois n'écrivent pas bien leur langue, leur
français. La lecture est importante pour demeurer éveillé
et surtout sensible à une langue maternelle écrite
correctement.
Je suis heureux, Mme la Présidente, d'annoncer que cette
année, une première année d'un pian prévisible de
trois ans, peut-être même de quatre ans, nous permettra de
consacrer des sommes importantes qui commencent par 3 400 000 $ cette
année, qui seront définitivement en croissance l'an prochain,
pour le renouvellement de notre matériel en bibliothèque. Ce
n'est pas pour les constructions de bibliothèques, ça. Ça
va très bien d'ailleurs dans ce sens-là avec les Affaires
culturelles. C'est uniquement pour l'achat de livres dans nos
bibliothèques scolaires.
Enfin, pour identifier les problèmes particuliers d'organisation
scolaire des milieux anglophones, j'ai créé le groupe de travail
sur le réseau scolaire anglophone. Nous procédons à
l'analyse des recommandations, qui interpellent uniquement le ministère
de l'Education, en vue de leur mise en oeuvre dans les meilleurs
délais.
Vouloir assurer la réussite éducative de tous
nécessite que les élèves éprouvant des besoins
particuliers reçoivent d'abord l'accompagnement et le soutien
nécessaires. Déjà, des mesures ont été mises
en place et d'autres viendront s'y ajouter.
Pour les élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, un énoncé d'orientation
renouvelé en adaptation scolaire vient à peine d'être
diffusé. Je l'ai rendu public le 13 avril dernier. Il réaffirme
la pertinence de l'objectif général de la politique
énoncée en 1978 et précise le cadre d'application à
l'intérieur duquel doivent se dérouler les activités
devant permettre d'atteindre cet objectif. En outre, une somme de 11 800 000 $
est ajoutée aux crédits du ministère en 1992-1993. A un
transfert de 5 300 000 $ provenant de l'Office des personnes handicapées
du Québec s'additionne 6 500 000 $ dans le cadre des priorités
gouvernementales visant la qualité des services publics en adaptation
scolaire. Cette somme est versée aux commissions scolaires au titre des
services éducatifs aux personnes handicapées. (16 heures)
En 1991-1992, un montant supplémentaire de 10 000 000 $ fut
accordé. Ce montant, qui sera reconduit en 1992-1993 pour les
élèves de milieux défavorisés, réfère
aux maternelles 4 ans et 5 ans, à un support personnalisé pour
les devoirs et leçons à l'école primaire, à un
support technique personnalisé en assistance sociale au secondaire et
à des mesures alimentaires au primaire et au secondaire.
Pour les élèves ayant des problèmes de toxicomanie,
l'année 1991-1992 a été marquée par le début
de l'application du Programme de prévention contre les drogues. De
façon concrète, des personnes-ressources
spécialisées ont été mises en place au secondaire,
sur l'île de Montréal. Des projets spéciaux visant la
production et l'expérimentation d'instruments d'intervention ont
été réalisés et les enseignants et enseignantes en
formation personnelle et sociale de la grande région de Montréal
ont bénéficié d'activités de perfectionnement.
Pour 1992-1993, la plan d'action contre les drogues sera étendu
à la grande région de Montréal et à celle de
Québec, en ce qui a trait à la mise en place de
personnes-ressources spécialisées. Le perfectionnement des
maîtres en formation personnelle et sociale sera, quant à lui,
étendu à toute la province. En 1992-1993, 2 100 000 $
supporteront nos interventions dans ce domaine. Enfin, il est prévu
qu'en 1993-1994 toutes ces mesures toucheront l'ensemble des régions du
Québec.
Pour les élèves des communautés culturelles, le
gouvernement vient de rendre public un plan d'action d'ensemble en
matière d'immigration et d'intégration intitulé «Au
Québec, pour bâtir ensemble». Évidemment,
l'éducation y est appelée à jouer un grand rôle pour
l'accueil et l'intégration harmonieuse des nouveaux arrivants. J'aurai
l'occasion d'ici quelques semaines, sinon d'ici quelques mois au plus tard, de
dévoiler les mesures précises que prendra cette contribution
à l'implantation du plan d'action gouvernemental.
Quelques résultats encourageants. J'aurai l'occasion d'y
référer plus longuement éventuellement, parce qu'il y a
quand même des belles choses qui se passent dans nos écoles, au
Québec, malgré que la presse, de façon pertinente, les
membres de l'Assemblée, dans le cadre d'échanges entre eux, soit
dans des débats ou à la période des questions, la
société en général, par les commentaires, les
positions prises par ses éditorialistes, globalement, le regard se
veuille régulièrement critique à l'égard de
l'éducation et du cheminement de celles et ceux qui constituent notre
avenir, c'est-à-dire nos jeunes, en référence à une
formation fondamentale, en référence au succès et à
la réussite.
Je dois quand même convenir qu'il se passe de belles choses dans
l'école québécoise. Il y a des projets qui sont
structurants, il y a des projets qui sont formidables, qui s'adressent à
l'enfant, qui s'adressent à l'élève malgré les
difficultés qu'il peut avoir comme individu ou les difficultés
inhérentes au milieu dans lequel il vit. On doit reconnaître
cependant qu'on a des résultats encourageants. D'ailleurs, le
système scolaire existe avant tout pour la réussite des
élèves. C'est ce pourquoi - aujourd'hui, 5 mai 1992, 90 000
personnes ont travaillé en éducation - chacun et chacune d'entre
elles doit se sentir interpellé dans son vécu quotidien par un
seul objectif, c'est-à-dire pour celles et ceux pour qui nous y sommes.
Cette réussite, elle se
mesure de différentes façons, évidemment, mais une
est, évidemment, le succès scolaire.
À ce chapitre, je dois vous dire que les résultats sont
encourageants. En juin 1991, la moyenne obtenue à l'ensemble des 26
épreuves uniques se situait à 70 % et le taux de réussite
était de 80 % pour les 26 examens, qu'on appelle les épreuves
uniques, c'est-à-dire le même type d'épreuves sur
l'ensemble du territoire, pour les mêmes élèves de
même niveau. La note moyenne était de 70 % et 80 % ont
réussi. En mathématiques et en sciences naturelles, la moyenne et
le pourcentage de réussite sont plus faibles que dans les autres
matières, cependant. Comme par le passé, nos garçons ont
obtenu des résultats légèrement supérieurs à
ceux de nos filles. Cependant, ces dernières devancent nettement les
garçons à l'épreuve de langue maternelle du secondaire V
et en anglais langue seconde.
Si on se compare maintenant avec d'autres provinces ou d'autres pays, on
constate que, alors que, l'an dernier, le Québec participait, pour la
deuxième fois, à l'enquête internationale sur les
apprentissages en sciences et en mathématiques, chez les
élèves de 9 ans, le Québec s'est classé au 7e rang
des 17 participants, devant les autres provinces canadiennes,
évidemment. Chez les élèves le 13 ans, le Québec
s'est classé au 8e rang des 27 pays ou collectivités
participantes, pour les épreuves de sciences, devançant nettement
l'Angleterre, la France et les États-Unis, et au 6e rang, pour les
épreuves de mathématiques, devançant les mêmes pays
et toutes les provinces canadiennes.
Si on se réfère maintenant aux crédits, Mme la
Présidente, malgré la stabilisation de la population des
élèves inscrits aux cours réguliers, il y a un
accroissement des crédits de 3,2 % avec l'ajout de 178 900 000 $. Les
crédits alloués à l'Education passent de 5 638 000 000 $
à 5 837 000 000 $. Par rapport aux autres provinces canadiennes, la
croissance du budget du ministère de l'Éducation du Québec
reçoit la plus forte augmentation pour les crédits alloués
à l'enseignement primaire et secondaire.
Pour ne citer qu'un exemple, les crédits alloués à
l'Éducation en Ontario ne seront augmentés que de 1 % en
1992-1993. Par contre, l'indicateur de l'effort financier relatif,
c'est-à-dire dépenses par élève par rapport au
produit intérieur brut par habitant, demeure comparable à celui
des États-Unis et il est encore supérieur à celui de
l'Ontario. Cet écart s'explique par la richesse collective plus faible
du Québec. Il s'est toutefois amenuisé passant de 2,7 à
1,6 points de pourcentage entre 1989-1990 et 1990-1991.
Il est aussi judicieux de rappeler, Mme la Présidente,
qu'à même cette masse financière de 5 837 000 000 $ une
très large part des crédits que nous allons maintenant
étudier est consacrée au paiement des traitements, cette part
étant de 82,7 %, c'est-à-dire qu'à chaque fois que le
ministère de l'Éducation dépense 1 $ il y a 0,827 $ qui va
en salaire.
Les principaux éléments qui caractérisent les
crédits de 1992-1993 sont les suivants: une augmentation de 2 000 000 $,
soit 1,9 % au secteur administration et services, qui représente les
dépenses du ministère. Le ministère comme tel ne prend pas
beaucoup d'argent dans le budget qui lui est alloué, c'est un peu plus
que 100 000 000 $. Il faut toutefois souligner que les effectifs du
ministère seront réduits de 2 % en 1992-1993.
L'enseignement public voit ses crédits augmentés de 3,3 %
par rapport aux crédits de 1991-1992. Les crédits
consacrés à l'enseignement privé augmentent de 3,4 %.
L'écart s'explique par une légère croissance de 1,6 % des
clientèles de l'enseignement privé, alors qu'au public la
clientèle diminue quelque peu, soit de 0,3 %. c'est donc, mme la
présidente, une augmentation globale des crédits de l'ordre de
3,2 % en période de difficultés économiques, de
restrictions budgétaires et au moment où - il faut en convenir -
le taux d'inflation prévu est de 2,3 %. cela constitue en soi une
augmentation importante dans les circonstances et indique bien que le
gouvernement considère prioritaire la réussite éducative
de celles et ceux qui constituent notre avenir.
Mme la Présidente, j'invite mes collègues à poser
toutes les questions pertinentes, dans le cadre de cet échange, de
façon à éclairer l'adoption de crédits aussi
importants que ceux de l'Éducation, représentant près de 6
000 000 000 $. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): Merci, M. le ministre, pour ces
remarques préliminaires. La parole est maintenant au porte-parole de
l'Opposition, le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente. Alors, membres de la
commission, M. le ministre, ainsi que votre équipe de même que vos
collaborateurs et vos collaboratrices, je vous salue cordialement.
J'espère qu'on aura l'occasion de discuter, comme le ministre l'a
souligné, convenablement et le plus correctement possible de beaucoup de
choses qui devraient nous préoccuper comme membres de cette
commission.
D'entrée de jeu, mes remarques, je vais essayer de les faire
assez succinctes pour avoir l'occasion de discuter davantage. Le ministre a
dit, en entrant: Ça fait bientôt un an et quelques
poussières que j'exerce ces responsabilités, et la façon
d'exercer mes responsabilités comme nouveau ministre de
l'Éducation a été marquée au coin de nouvelles
orientations et d'une écoute extraordinaire - a-t-il dit - de même
que de nombreux déplacements pour aller voir sur place ce qui se passait
véritablement dans les écoles du Québec, en particulier au
niveau de l'ensei-
gnement primaire et secondaire, puisque, essentiellement, c'est les
responsabilités qui sont celles du ministre, au-delà, bien
sûr, de la gestion globale du ministère. (16 h 10)
D'entrée de jeu, moi, je vais le dire comme je le pense, j'ai
été même un peu surpris heureusement de l'attitude du
ministre de l'Éducation actuel lorsqu'il a hérité de ses
nouvelles responsabilités. J'ai eu l'impression qu'il voulait faire du
travail sérieux en éducation pour replacer véritablement
au centre de la société québécoise la
préoccupation éducative. Je le dis comme je le pense. Il m'est
apparu souvent, en tout cas, dans les quatre ou cinq premiers mois, avoir le
bon ton, le bon discours et la volonté de faire quelque chose.
Ce qui m'a renversé, par exemple, c'est qu'on est rendu en mai
1992 et toutes ces bonnes orientations, les indications qu'il a données
ont été connues essentiellement aux mois d'août, septembre
et octobre 1991. Je me réfère encore à l'annonce, entre
autres, de ses orientations lors de son document pour maximiser la
réussite scolaire, et, là, je vous fais grâce des
éditoriaux qui ont été publiés à cette
époque-là, en particulier, celui de Mme Gruda, j'y reviendrai. On
disait quand même: Enfin, un ministre qui a l'air de vouloir faire des
choses intéressantes concernant un drame majeur dans la
société québécoise, à savoir qu'il y a 40 %
de nos jeunes qui n'ont même pas un diplôme de secondaire V, alors
que, pour à peu près n'importe quel poste, c'est évident
que ça requiert - pour avoir droit, pas avoir la job - un secondaire V
réussi afin d'être éventuellement considéré,
que ta candidature soit considérée, pour regarder ça parmi
des milliers. On est en mai 1992 et quelqu'un me dirait: Bien, c'est quoi le
plan de réussite scolaire pour contrer le décrochage? Bien,
cherchez-le. Le ministre l'attend encore, il a du trouble, il a des
difficultés, puis on en reparlera.
Ce qui me chagrine le plus aujourd'hui, c'est de constater qu'il fait
partie d'un gouvernement qui n'a pas l'air d'avoir la préoccupation
éducative au centre de ses orientations. Les cris d'alarme fusent de
toutes parts. Moi, ça fait quand même un petit bout de temps que
je suis à cette Assemblée, et je n'ai jamais vu autant de
coalitions, autant d'organismes. Sans se forcer, tous les jours, tous les
jours, tu peux tomber sur des documents-chocs. Juste avant de venir ici, je
mettais la main sur un document qui vient de sortir, un «Telbec»,
je vais y revenir. On dit: II est important, majeur, requis que
l'éducation redevienne un coup de coeur collectif. Et on dit un peu plus
loin: On n'a pas vu ça depuis 1986, une espèce d'abandon aussi
général. Rappelez-vous ce que les fédéraux ont
publié la semaine dernière. J'entendais le ministre tantôt
dire: II y a des choses qui vont bien. Bien, je comprends qu'il y a quelque
chose qui marche, trois ou quatre affaires.
Mais rapidement, avant d'aller dans des choses concrètes,
grâce aux comparaisons internationales, on sait depuis plusieurs
années que le Canada et le Québec sont des sociétés
sous-scolarisées. C'est ça, la dure et froide
réalité. Quand je parle de ça, ce n'est pas parce que
j'aime ça; c'est parce que ça me fait de la peine pour vrai, puis
ça devrait vous en faire bien plus, M. le ministre, à vous et
à votre gouvernement, d'être conscients de ça puis d'avoir
juste à côté de vous, dans la salle, des
représentants des groupes populaires qui, sur un budget d'environ 5 000
000 000 $ - et je vous fais grâce des bidules parce que c'est tellement
ridicule - se font couper 40 % de leur budget. C'est ça, la
réalité qui nous anime aujourd'hui, juste à
côté de vous, quatre pieds à côté de vous, des
représentants de groupes populaires qui, eux autres, dans un budget
d'environ 5 000 000 000 $, se font clencher de presque 40 % dans leur budget.
Pensez-vous qu'ils comprennent votre beau discours de présentation?
Ce qu'il y a de pire, c'est que je n'en ai pas contre vous, j'en ai
contre le gouvernement. Mais la réalité, c'est que le Canada et
le Québec sont des sociétés sous-scolarisées eu
égard à leur niveau de développement. Le taux
québécois d'abandon scolaire est carrément tiers-mondiste.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'expression, c'est le tiers monde.
L'analphabétisme persiste à des niveaux effarants.
L'analphabétisme: 25 % des Québécois analphabètes
en 1992! Et on coupe les budgets dans un budget d'environ 5 000 000 000 $,
parce que ce n'est pas le moment de faire les précisions sur les
chiffres.
M. Pagé: On va les faire.
M. Gendron: On va les faire, certainement! Avec plaisir! On va
les faire, M. le ministre, avec plaisir. Là, on va continuer l'article:
Le souci d'éducation refait surface. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce, pas plus tard qu'à la période des questions
aujourd'hui, nous a dit: On parie d'éducation comme jamais. Il a raison.
Je suis tanné qu'on en parie. Il va falloir en faire, il va falloir
agir, il va falloir corriger, il va falloir décider. Dans le même
communiqué où on disait: II faudrait replacer au coeur, juste une
phrase... J'y reviendrai, là.
Le moment est venu d'arrêter de brasser du papier, de refaire les
mêmes démonstrations, de constamment s'engager dans les
mêmes credos qui conduisent exactement à la même place: la
formation professionnelle va mal, trop de décro-cheurs, pas assez
d'argent à la bonne place. Votre intention, est-ce que c'est de
rebrasser les mêmes cartes, faire des colloques puis s'amuser pendant des
années plutôt que de prendre une décision? C'est ça
que ça disait, les cris d'alarme, les appels au secours.
Là, M. le ministre nous dit: Bon, les crédits, c'est un
moment privilégié pour indiquer
les grandes orientations sur lesquelles on travaille puis ce qui va se
passer pour la prochaine année. D'entrée de jeu, je suis
obligé de constater, Mme la Présidente, qu'on va étudier
les crédits, mais qu'on va les étudier en l'absence d'une des
pièces maîtresses pour laquelle le ministre actuel de
l'Éducation a mis beaucoup d'emphase dans sa machine au ministère
et avec les intervenants du monde de l'éducation, c'est son fameux plan
de réussite scolaire qui devrait venir corriger un problème sans
précédent, celui de l'abandon scolaire.
Mais y a-t-il quelqu'un qui peut me donner une copie du plan de
réussite scolaire du ministre? Bien non! Il est obligé de se
battre avec sa machine, de se battre avec son premier ministre. Il a des
problèmes de fric, d'argent et tout le monde l'aura dit, tous les
intervenants ont dit: M. le ministre, on va apprendre beaucoup de choses
à corriger dans le milieu, mais ne croyez pas à ça, qu'un
véritable plan de réussite pour contrer l'abandon scolaire,
ça peut se sortir si ce n'est pas accompagné d'argent neuf. En
bout de ligne, quelque part, ça va prendre un peu d'argent neuf pour
donner quelques chances de succès au plan de la réussite
scolaire. On ne l'a pas. Il est vraiment intolérable, dans une
société développée comme la nôtre, que 4
jeunes sur 10 n'obtiennent pas de diplôme d'études secondaires, ce
qui constitue, le diplôme de secondaire V, un seuil minimal.
À plusieurs reprises, M. le ministre, depuis l'automne, vous avez
reporté l'annonce de votre plan d'action, laissant croire ou laissant le
champ libre à ceux qui voulaient bien l'occuper, ce qu'on appelle le
vide, et comme la nature a horreur du vide, eh bien, il se passe des affaires,
puis, là, ça donne des situations aussi ridicules - c'est juste
un aparté - comme: Devinez qui a les deux pieds dans le
décrochage scolaire? C'est le fédéral, qui, avec la
bénédiction tacite du gouvernement actuel, a envahi une fois de
plus un domaine de juridiction on ne peut plus clair, supposément
exclusif en vertu de la constitution du Québec, par le biais de son
généreux programme «L'école avant tout».
Juste un petit exemple, une anecdote. Ne pensez-vous pas que ce n'est
pas ridicule, Mme la Présidente? Je suis obligé de lire
aujourd'hui... Mme Cecilia Gaudet, consultante aux Affaires de la jeunesse du
ministère de l'Emploi et de l'Immigration envoie une lettre à
Ginette Guérin, présidente de la Fédération des
employées et employés de services publics à
Montréal, une division de la CSN. Là, savez-vous c'est quoi,
ça? C'est 500, 600 invitations pour aller les 20, 21 et 22 mai à
Halifax, dans l'Ouest. «Premièrement, pendant ces trois jours,
nous poursuivrons les objectifs suivants: On vous informera du
phénomène du décrochage scolaire.» Est-ce que c'est
ridicule à votre goût? Aller à Halifax, Vancouver,
invitée par le fédéral, une Québécoise, pour
aller discuter du phénomène du décro- chage scolaire.
«Deuxièmement, nous prendrons connaissance des différentes
expériences syndicales qui contribueront à éliminer ou
à atténuer le problème du décrochage. Finalement,
nous identifierons les solutions syndicales face à ce
problème.» Et, là, il y a une série d'informations,
puis n'oubliez pas de remettre vos reçus de remboursement, parce que,
évidemment, c'est sur le bras du fédéral.
Ils sont riches à craquer, on a juste une dette de 465000000000$;
465000000000$ de dettes, mais ils ont de l'argent par-dessus les oreilles pour
tenir toutes sortes de colloques sur des choses qui nous concernent, puis on
est obligés de marcher là-dedans: 600 personnes sur le bras du
gouvernement fédéral qui vont aller pendant trois jours à
Halifax discuter du grave phénomène du décrochage
scolaire. Si on avait un plan de réussite sur la table aujourd'hui, M.
le ministre, je suis convaincu qu'il y en aurait au moins une vingtaine
là-dedans, j'espère, qui auraient des hésitations, parce
qu'ils diraient: Le ministre, il les a tenus, les colloques, au Québec
et ça fait un an qu'il parle de ça. C'est dramatique, il faut
faire quelque chose et il a un plan, on le discute, on l'apprécie, puis
on marche, on retient des affaires, puis on prend des décisions.
Le ministre n'est pas sans savoir que l'étude des crédits,
bien sûr que ça constitue un moment privilégié pour
l'Opposition et les membres de cette commission d'échanger avec vous sur
les questions de fond, on va le faire. Mais, je dois déplorer que le
ministre n'ait pas retenu ce que j'appelle l'occasion privilégiée
pour discuter de son plan de réussite scolaire. Il a mis toute son
action ministérielle face à cette problématique majeure,
et je l'en félicite, à condition qu'on ait le plan. (16 h 20)
On étudiera donc des crédits et, par le fait même,
on posera un regard critique sur l'action que se propose de poursuivre le
ministre et ses collaborateurs pour l'année 1992-1993, mais sans pouvoir
apprécier la pièce maîtresse qui retiendra votre action, M.
le ministre, et celle de tous vos collaborateurs et collaboratrices pour l'an
prochain, si jamais vous sortez votre plan de réussite, et je suis
censé tomber à la renverse, rester surpris, compte tenu de
l'ampleur du plan de réussite, et enfin, après avoir fait des
colloques un peu partout, il y aura des actions concrètes,
précises avec des crédits afférents. On ne les a pas vus
au livre des crédits. Ça devait être annoncé en
février, ça a été reporté. Ça devait
être au milieu de mars, au début de mars, ça a
été reporté. À la fin de mars, ça a
été reporté. À un moment donné, on a
parié d'avril. On ne l'a pas encore. Là, on est rendus cinq, six
jours dans le mois de mai, on ne l'a pas, on n'en a pas entendu parier et on ne
sait pas ce qu'il y a dedans.
Les crédits qu'on a devant nous nous indiquent d'aucune
façon les sommes qui seront
consenties à votre fameux plan d'action. Évidemment, on ne
peut pas porter de jugement là-dessus, puis ça va être bien
difficile de vous croire, que vous voulez refaire de l'éducation une
priorité et qu'il faut que les jeunes soient maintenus le plus longtemps
possible à l'école, au secondaire, que vous voulez faire une
lutte sans merci à l'abandon scolaire et que c'est une priorité.
Il n'y a pas un rond dans les crédits là-dessus. Comment
voulez-vous que je croie ça, moi? C'est la priorité du
gouvernement et il n'y a pas une cent. Les crédits qu'on a devant nous,
Mme la Présidente, nous apprennent plutôt qu'on appliquera au
budget des commissions scolaires des mesures d'économie
budgétaire encore cette année, après l'avoir fait pendant
10 ans, après avoir coupé presque 1 000 000 000 $ dans les 10
dernières années.
Mme la Présidente, devant les compressions que l'on a
décidé d'imposer une fois de plus à l'éducation des
adultes, compressions qui viendront restreindre de façon inacceptable
l'accessibilité des adultes à la formation, le moins que je
puisse dire, c'est que le discours n'a aucune commune mesure avec la
réalité que je peux observer. Je veux bien qu'on ait un premier
ministre qui souffle le chaud et le froid à la fois, je veux bien qu'on
ait un discours qui n'a pas l'air de savoir ce que la main gauche fait par
rapport à la main droite, mais je croyais que c'était le
problème des fédéraux que de parler des deux
côtés de la bouche.
Ça n'a pas de bon sens de voir qu'on continue à avoir un
discours qui laisserait croire que l'éducation serait redevenue une
priorité et que, là, on va observer des choses très
concrètement. Au niveau des crédits entre autres, on va remettre
en question les bases mêmes de l'accessibilité
générale des adultes du Québec qui se doivent de parfaire
leur formation. Il n'y a plus de job. Ils sont obligés de se recycler,
de changer quatre ou cinq fois de métier et d'aller dans des
créneaux nouveaux. C'est le discours de M. Tremblay, c'est le discours
du premier ministre. Ils n'ont pas la formation pour. Ils veulent
accéder à une formation. Pour la première fois, on dit:
Non, l'enveloppe est fermée, on ne peut pas t'accepter. C'est ça,
la réalité d'aujourd'hui. L'enveloppe est fermée, on ne
peut pas t'accepter.
Rappelez-vous, M. le ministre, qu'à deux reprises vous avez
tenté de faire croire que j'errais totalement lorsque j'affirmais que le
budget de la formation des adultes subirait des coupures. Moi, j'ai dit
ça avant le dépôt des crédits. Vous m'avez dit en
Chambre: Voyons donc! le député d'Abitibi-Ouest ne sait pas lire.
Il y a des augmentations de tant de millions de crédits pour un budget
de 5 000 000 000 $. Tous les télégrammes que vous avez
reçus, c'est des gens qui sont dans les patates? Toutes les commissions
scolaires qui ont réagi pour vous indiquer que oui, dès septembre
prochain, elles seront obligées de couper au niveau des adultes, c'est
des gens qui ne savent pas lire des crédits budgétaires? C'est
des gens qui ne comprennent pas la problématique?
Bien non, Mme la Présidente, ce n'est pas celui qui vous parle
qui errait, puisque le livre des crédits fourni par le ministère
de l'Éducation indique bien clairement en page 44 que la formation
générale des adultes subira des compressions nettes de 25 000 000
$ au cours de la prochaine année. Et 25 000 000 $ dans le contexte
d'aujourd'hui, par rapport à un budget de l'ampleur de celui du
ministère de l'Éducation, c'est ridicule. C'est ridicule. Ce
n'est pas la somme qui est ridicule, c'est ridicule de poser ce
geste-là; 0,10 $ de coupure à l'éducation des adultes
serait ridicule quand il y a du sous-emploi chronique.
Le ministre n'a pas l'air de se rappeler de ça, là - la
Coalition vous l'a rappelé l'autre fois - qu'il y a 40 organismes qui
lui ont dit: Êtes-vous au courant qu'au Québec il y a 1 000 000 de
personnes en emploi qui n'ont pas de diplôme de l'école
secondaire? Il y en a 1 000 000, alors que c'est devenu une exigence minimale
pour postuler à peu près n'importe quel emploi qui a de l'allure.
900 000 adultes sont considérés comme analphabètes et sont
l'objet de discrimination sur le marché du travail. 700 000 personnes
sont sans emploi, 700 000 personnes puis 40 % des jeunes abandonnent leurs
études secondaires avant la fin. Tout ce qu'ils ont pour se raccrocher,
c'est l'éducation des adultes - on les appelle les raccro-cheurs - ou
l'éducation populaire, puis je vais en parler dans quelques minutes.
Là, il y a une étude scientifique de la CEQ et d'autres
organismes qui a été faite, qui dit: Bon, eh bien, ce n'est pas
la place, ce n'est pas adapté pour les jeunes. L'éducation
permanente aux adultes n'est pas vraiment adaptée. On aura l'occasion
d'approfondir ça puis de discuter ça. Donc, ce n'est pas moi qui
dois être dans les patates.
Le livre des crédits nous confirme également, mais vous ne
le contestez pas, ça, M. le ministre, puisque c'était d'une
évidence même - et, là, j'arrive au budget de
l'éducation populaire - une coupure, à mon grand
étonnement - je n'en reviens pas - de 35 % de son budget. Pour un budget
de 10 000 000 $, 12 000 000 $, on la coupe à 8 000 000 $. Il y a 35 000
000 $ de coupures à l'éducation populaire. Que le ministre et son
gouvernement aient ainsi décidé de mettre la hache dans le
système d'éducation des adultes, et de surcroît sans aucun
débat, sans aucune consultation, je ne peux pas l'accepter. Je ne peux
pas l'accepter comme les 4000 participantes et participants aux
activités de l'éducation populaire des commissions scolaires,
programme qui disparaîtra en septembre prochain, comme les groupes
populaires d'alphabétisation et groupes d'éducation populaire
autonomes de tout le Québec, qui vous ont fait
parvenir des témoignages, M. le ministre, comme tous les autres,
les apprenants, les apprenantes, qui n'ont pas pu accepter également que
le programme d'alphabétisation disparaisse.
Tout le groupe de la Coalition contre les coupures en éducation
des adultes... Je voudrais juste vous en citer un exemple. Moi, je n'ai pas vu
ça depuis longtemps. Écoutez ça, M. le ministre, la
réaction de la Fédération des commissions scolaires au
rapport du Conseil économique sur l'état de l'enseignement:
L'éducation doit revenir à un coup de coeur collectif. Mais je
voudrais vous citer un autre document: Pour la première fois depuis les
états généraux de 1986 - on est en 1992, donc ça
fait six ans - les représentants des principaux organismes nationaux du
réseau scolaire étaient réunis à Montréal
dans le but de réclamer du gouvernement les ressources
nécessaires pour combattre le décrochage.
Et il continuait, il parlait des organismes populaires, il parlait de
tous les intervenants. Je ne peux pas faire le tour, mais ça,
c'était une coalition d'une trentaine d'organismes que vous connaissez.
Ces gens-là ne peuvent pas tous être dans l'erreur. Ces
gens-là ne peuvent pas tous avoir mal lu les crédits puis ne rien
comprendre. Ces gens-là ont constaté, M. le ministre, que vous
avez décidé de mettre la hache dans l'accessibilité, dans
la formation au niveau de l'éducation populaire, au niveau de la
formation professionnelle, de l'éducation des adultes. Ça ne
correspond pas du tout à la réalité d'aujourd'hui, qui
commanderait de donner un coup de barre sans précédent pour
s'assurer que dorénavant le plus grand nombre de personnes puissent
accéder à l'éducation des adultes.
Donc, comme tous ces groupes-là, Mme la Présidente, je ne
peux pas l'accepter. L'ensemble de la société ne peut pas
accepter un tel constat, puisqu'il y aura des conséquences graves sur le
développement économique et social que cela peut
représenter. Rappelez-vous l'étude qui a été faite
pour parler de ce qu'on appelle les coûts sociaux du décrochage
scolaire, de l'abandon puis de l'incapacité d'avoir des gens qui ont la
formation requise pour accéder à des emplois de
qualité.
Au cours des heures qui vont suivre, je demanderai au ministre de nous
expliquer son choix, car moi, personnellement, j'avoue ne rien y comprendre,
parce que vos intentions que j'ai entendues à plusieurs reprises dans
votre bouche m'apparaissaient louables, comme ministre de l'Éducation.
Votre discours ne m'a pas déplu là, sauf dans les derniers milles
où ça semble bien dur de livrer quoi que ce soit. Mais la
réalité, l'action de votre gouvernement en éducation, je
suis obligé de dire: Ça ne se peut pas, il y a trop de cris
d'alarme, il y a trop de cris de désespoir! Partout, c'est des cris
d'alarme, c'est des cris de désespoir. Écoutez, quand la
présidente de la Fédération des commissions scolai- res -
je veux citer le titre - lance un ultime appel au premier ministre en faveur de
la réussite scolaire, est-ce que c'est pour vous dire que ça va
bien puis qu'elle est contente de l'action du ministre de l'Éducation
puis de votre gouvernement? Les cris d'alarme fusent, les appels au secours
fusent de toutes parts.
Ce qu'on a aujourd'hui, c'est pas de plan de réussite puis des
coupures aux endroits les plus stratégiques, dans un budget majeur.
Majoritairement, M. le ministre, c'est des citoyens et des citoyennes qui sont
les plus démunis, les plus touchés de notre
société, qui vont être privés d'outils essentiels
à leur insertion sociale et économique et à
l'amélioration de leur condition de vie.
La Présidente (Mme Harel): II vous reste cinq minutes, M.
le député. (16 h 30)
M. Gendron: Oui. Ça, c'est les chômeurs, c'est les
décrocheurs, c'est les femmes souvent chefs de famille monoparentale,
c'est les analphabètes, c'est les assistés sociaux. Comment
pouvez-vous, en tant que ministre responsable de l'éducation, accepter
que la situation perdure? Qu'est-ce qu'on va suggérer, lors de
l'étude de nos crédits, aux commissions scolaires de
répondre aux nombreux hommes et femmes qui se présenteront
à leur commission scolaire, en septembre prochain, puis qui se verront
refuser l'accès à la formation ou qui seront obligés de
s'inscrire sur une liste d'attente, faute de places et de ressources
appropriées? «C'est-y» logique, en 1992, d'envisager que du
monde, pour parfaire leur formation, soient obligés de passer par une
filée puis une liste d'attente, comme si on était en train de
mendier un coupon d'alimentation, comme pendant la crise de 1929-1935 que nos
parents ont connue? Parce que, eux, ils étaient obligés de faire
ça, les uns à la suite des autres, puis, c'était:
Donne-moi mon coupon pour cinq livres de sucre puis deux livres de farine.
Il me semble qu'en 1992, dire à des adultes au Québec,
quand on sait qu'il y a du chômage chronique partout dans les
régions: Je te refuse une formation générale, ça ne
se peut pas. On ne peut même pas envisager ça. Mais c'est
ça la réalité. Donc, dans les quelques minutes qui me
restent, au cours des heures qui vont suivre, on va discuter d'autres
thématiques qui touchent de plus près les clientèles
scolaires. On va parier de l'enseignement du français, de la formation
professionnelle, des mesures d'aide aux milieux défavorisés, de
l'éducation pour les communautés ethniques, de multiculturalisme.
On va également aborder d'autres problèmes liés aux
enseignants et aux enseignantes, les négociations, la condition des
enseignants, la formation, puisqu'il y a plusieurs avis qui ont
été produits à ce sujet-là. On va parier un petit
peu de la Direction de la formation à distance, parce qu'il y a
des choses
qui devaient se passer. On va également faire le tour de la
plupart des questions majeures sur lesquelles il y a lieu de se pencher, aux
programmes 4 et 5.
Mais, en conclusion, Mme la Présidente, je souhaiterais - compte
tenu qu'il y a des représentants des groupes populaires, de
l'éducation populaire, qui sont avec nous, qui ne peuvent pas y
être ce soir et demain - que, pour la bonne conduite de nos travaux, M.
le ministre, on commence par le programme 5 et que, par la suite, on fasse les
programmes dans l'ordre: programme 1, programme 2, programme 3, programme 4 et
programme 5 pour d'autres sujets que j'aimerais élaborer, si vous n'avez
pas d'objection à procéder dans cet ordre.
M. Pagé: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Pagé: Je n'ai aucune objection à ce qu'on amorce
quelque programme que ce soit. Même, je suis prêt, moi, à ce
que, pendant huit heures, on échange de façon ouverte, comme on
le faisait tout le temps, ici, à l'Éducation, comme on le faisait
dans d'autres ministères où j'ai eu à agir. Les
députés et les membres de la commission échangeaient avec
moi sur mes crédits et, à la toute fin, on adoptait l'ensemble
des crédits.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, cependant, seulement un
bref commentaire en réaction aux propos de mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest qui est le critique en matière
d'éducation, qui...
La Présidente (Mme Harel): Peut-être, M. le
ministre...
M. Pagé: Oui?
La Présidente (Mme Harel): ...simplement vérifier
si d'autres membres de cette commission, à ce stade-ci...
M. Pagé: Ah, c'est vrai!
La Présidente (Mme Harel): ...aimeraient ajouter à
ces commentaires préliminaires. Donc, la parole est à vous.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. J'entends
être bref. Cependant, je voudrais placer certaines choses dans leur
véritable perspective, comme suite du commentaire du
député d'Abitibi-Ouest qui, j'en conviens, a un rôle pas
facile à jouer. J'ai eu à le jouer pendant neuf ans,
c'est-à-dire de faire de l'opposition, de s'opposer purement et
simplement, et systématiquement. Le député a
référé au plan d'action. Je remercie le
député pour ses bons mots à mon endroit, en
référence à la période du début de mon
mandat, les consultations, etc. Là, il me dit: On a commencé
ça il y a un an - là, j'emprunte l'air, toute la bonhomie du
député d'Abitibi-Ouest -c'a bien parti; c'a bien
été; on était content; on était satisfait; on
était encouragé; ça avait de l'allure; il écoutait;
puis, là, on attend après le plan. Ce n'est pas comme ça
que ça se passe, je m'excuse. Il faut avoir un peu plus de sens de la
précision. D'ailleurs, au niveau de la précision, je devrai vous
rappeler et vous faire un léger rappel à l'ordre, M. le
député. Les coupons, ce n'est pas pendant la crise de 1929 que
c'était livré, c'était pendant la guerre. C'était
plutôt en 1944, que pour avoir... Non non, vous avez
référé aux coupons pendant la crise de 1929. Il n'y avait
pas de système de distribution de coupons pendant la crise de 1929. Le
système de distribution de coupons, c'était à compter de
fin 1943, début 1944, pendant la dernière guerre mondiale
où les gens devaient avoir des coupons pour de la farine, du sucre, des
pneus, de la ga-zoline, etc.
Ceci étant dit, on va placer les choses dans leur perspective.
Pour le plan d'action, là, j'ai déposé un document, le 10
septembre, qui était le résultat d'échanges, d'analyses,
bon, etc., de travail au ministère, de rencontres avec des groupes, tout
le mois d'août, à mon bureau à Québec ou à
Montréal. Ce document-là, les suites, du 16 septembre au 4
octobre, j'ai fait une tournée où j'ai rencontré
systématiquement les élèves, au premier chef, les parents,
les commissaires, les enseignantes, les enseignants, les directeurs, les
directrices d'école, les gestionnaires, les cadres scolaires. Le tout a
été suivi par des colloques régionaux qui ont
siégé entre le 5 octobre, mi-octobre, c'est-à-dire, et fin
novembre. On a reçu les réactions, exemple, sur des questions
comme le calendrier scolaire, l'utilisation des journées
pédagogiques, comment, quoi faire au niveau des régions pour
donner une véritable couleur régionale à nos
interventions, etc. On a analysé tout ça en décembre -
parce que même entre Noël et le Jour de l'an, on a travaillé
au ministère - et on a commencé à produire des documents
en février.
En février, j'aurais pu écrire un document et dire:
Ça, ça va être le plan d'action et voici, point final,
«period», à la ligne. Ce n'est pas ça qu'on a fait.
En février, je suis retourné avec mes sous-ministres, avec mes
fonctionnaires rencontrer systématiquement chacun des organismes:
Fédération des commissions scolaires, Centrale de l'enseignement
du Québec - avec laquelle d'ailleurs j'étais, le 22
décembre dernier, pendant toute la journée - pour comparer ce
que, nous, on avait reçu, ce que j'entendais faire comme ministre et
proposer au gouvernement et ce que, eux, nous proposaient comme suite de leur
grand colloque en cours d'année 1991. Ça s'est poursuivi en
février. On a refait nos écritures, tant et si bien que ce n'est
qu'au mois de mars, fin
mars, que j'ai été en mesure de rencontrer des gens, des
gens réunis sous un vocable que j'ai qualifié moi-même, que
j'ai identifié comme étant la table de mise en oeuvre du pian
d'action. sont assis autour de la table, les réseaux privé et
public d'enseignement, les commissions scolaires, la centrale de l'enseignement
du québec, les directrices et directeurs d'école, les cadres
scolaires, les gestionnaires, la fédération, les comités
de parents, le secteur protestant, le secteur catholique, le secteur
anglophone, le secteur francophone, etc., tout le monde est là. ces
bonnes gens m'ont dit, après qu'ils eurent eu l'opportunité de
l'étudier pendant une demi-journée, ils m'ont dit, pour le
bénéfice de m. le député de d'abitibi-ouest, qu'ils
étaient d'accord avec mes propositions.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre... M.
Pagé: Je termine en vous disant... La Présidente (Mme
Harel): D'accord.
M. Pagé: ...ceci: J'entends rendre public le plan
d'action, peu de temps après la lecture du discours du budget du
ministre des Finances. C'est clair. Pensez-vous que je vous aurais
annoncé ça aujourd'hui? Vous m'auriez dit: Oui, mais quel argent
vous avez? Je vous connais, avec la bonhomie que vous avez. Il n'y a pas
d'argent là-dedans? Qu'est-ce que c'est ça? Un instant! Ce n'est
pas de même qu'on marche. Le document, les dernières
écritures, en termes de libellé, de phrases, de virgules, c'est
moi qui le fais. O.K.? Premièrement. Deuxièmement, il faut
calculer trois semaines pour l'édition? L'impression de ça, c'est
trois semaines. J'ai l'impression que mon ami Gérard doit être
à la veille d'aller s'acheter des souliers, M. Levesque. Ça,
ça veut dire que le budget va être lu. Une fois qu'il va
être lu, je vais le rendre public. Quand je l'aurai rendu public, vous
allez constater - et j'espère que vous serez aussi affirmatif lorsque je
le rendrai public que vous l'êtes aujourd'hui - que je formulerai des
propositions précises, claires, concrètes visant à
supporter l'école québécoise, et pas de façon
improvisée. On a validé, auprès de chacun des groupes, des
mesures qu'on compte appliquer, pas dans sept ans ou dans huit ans... Ce n'est
pas une espèce de livre blanc ou de livre, peu importe la couleur,
auquel on avait été habitués quand vous étiez au
pouvoir. Non, non. Plan d'action qui va commencer en septembre prochain.
Septembre.
La Présidente (Mme Harel): Alors, M. le ministre.
M. Pagé: Je termine là-dessus. Je suis prêt
à répondre à toutes vos questions. J'ai cru comprendre
que, compte tenu qu'on a de la visite particulière, qu'on
apprécie avoir au Parle- ment - d'ailleurs, c'est le «fun»,
ils sont plus près de moi que de vous...
La Présidente (Mme Harel): Ha, ha, ha!
M. Gendron: Physiquement, oui. (16 h 40)
M. Pagé: Ha, ha, ha! Il faut avoir le sens de l'humour un
peu, surtout lorsqu'on a des difficultés. Je suis prêt à
répondre à toutes vos questions, ça va me faire plaisir
d'y répondre. Je vais vous indiquer dans quelle perspective ça
doit se comprendre et ce que j'entends faire aussi face à cette
situation vécue par ces bonnes gens.
Éducation populaire
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous allons tout de
suite entreprendre l'étude des crédits. Le député
d'Abitibi-Ouest a proposé que nous examinions le programme 5
immédiatement, portant sur l'éducation populaire. Je comprends
qu'il y a consentement. Nous allons donc immédiatement aborder le
programme 5. M. le député d'Abitibi-Ouest, la parole est à
vous.
M. Gendron: O.K., Mme la Présidente. Rapidement, je
voudrais juste reprendre une phrase, ça va être plus court: Oui,
M. le ministre, ils sont plus près de vous physiquement, les gens qu'on
va aborder, le problème des gens de l'éducation populaire.
Une voix:...
M. Gendron: Je n'ai rien à dire.
M. Pagé: Ils sont plus près de moi physiquement,
oui, bien oui. Ils sont à côté, je les aime bien.
Aide financière aux OVEP
M. Gendron: Ce que je veux indiquer à M. le ministre... Je
voudrais quand même, avant de faire le questionnement sur
l'éducation populaire, prendre quelques minutes pour situer un peu la
problématique en éducation populaire. On sait que les
crédits alloués à l'éducation populaire
s'élèvent à 8 100 000 $ pour 1992-1993. Pour les
organismes d'éducation populaire, dont l'alphabétisation est
partie prenante, ceci représente une coupure de 35 % de leur budget,
puisqu'ils ne recevront plus que 6 300 000 $ comparativement à 9 700 000
$ l'an dernier. Je ne pense pas que j'aie besoin de vous rappeler pendant des
heures qu'on coupe dans une enveloppe déjà bien en
deçà des besoins réels. Là, juste pour illustrer
les besoins réels, encore aujourd'hui, une phrase, ça va
être très court, on disait ceci... Un instant. O.K. «Une
société comme la nôtre ne peut tolérer un nombre
aussi élevé d'analphabètes fonctionnels, encore moins des
citoyens qui ne
savent ni lire, ni écrire, ni compter et qui n'ont pas assez de
formation pour, au moins, occuper un emploi décent à la fin de
leur secondaire.» Là, on parlait de gens qui en font, de
l'éducation populaire, et qui permettent à certains groupes
d'améliorer leurs connaissances minimales d'un minimum de règles
et de savoir, qu'on appelle les groupes d'alphabétisation. Il est
peut-être bon d'indiquer que les groupes d'éducation populaire
réclament, depuis plusieurs années, un accroissement de leur
budget. En 1987, le comité national de révision du programme,
qu'on appelle celui des OVEP, progamme qui a été remplacé
par les programmes actuels, soit les programmes PSEPA puis PSAPA. Peu importe,
ça, ce n'est pas important, on se comprend dans la mécanique. On
est fort loin de l'objectif, puisque le budget que l'on propose d'allouer
à ces organismes ne représente, en fait, que 0,10 % du budget de
l'éducation. Avez-vous bien compris tout le monde? Ce que ces
gens-là veulent, ça représente 0,10 %, pas 1 %. Donc,
c'est très marginal par rapport à l'ensemble du budget du
ministère. Cette coupure vient compromettre les activités
éducatives des groupes oeuvrant dans des domaines aussi cruciaux, pour
le développement social et économique des individus et de la
société en général, que l'alphabétisation,
la famille, les handicapés, la condition féminine, la
consommation, les droits sociaux, ainsi de suite. Ces activités
s'adressent à des centaines de milliers d'individus des milieux les plus
démunis de notre société.
On sait également que le gouvernement entendait réviser le
mode de fonctionnement des programmes de soutien à l'éducation et
à l'alphabétisation populaire autonome dont le processus de
révision a été vivement dénoncé par les
groupes qui en demandaient la reconduction. Des représentants des
groupes populaires rencontraient finalement le ministre de l'Éducation.
Ce dernier est revenu sur la décision - et je vous félicite -
d'effectuer des changements pour 1992-1993. Vous leur avez dit que les
programmes en question seraient maintenus dans leur forme actuelle pour
1992-1993 et qu'un groupe de travail serait formé pour apporter
d'éventuelles modifications. Ça, je pense que c'est un
cheminement qui est intéressant. Mais là, est arrivée la
bombe! Quant au financement, vous vous êtes dit prêt à
défendre leur budget, laissant sous-en-tendre que la faute en incombait
au président du Conseil du trésor. Là, je n'ai pas envie
de faire la lecture ici de tout ce qui s'est dit, mais il y a un
«Telbec» où vous dites - et on parle de vous là:
«...prêt à défendre le budget des groupes. M.
Pagé, le ministre a promis de rencontrer de nouveau les porte-parole des
groupes dans un avenir rapproché.» Là, enfin, le titre,
c'était: «Le ministre se mouille. Il s'est prononcé
publiquement contre la coupure de 35 % du budget des programmes de soutien
à l'éducation et à l'alphabétisation populaire
autonome annoncée plus tôt cette semaine par le Conseil du
trésor», comme si le Conseil du trésor, lui,
annonçait ça, mais qu'il n'avait pas d'indication des ministres
sectoriels. Voyons donc! Tantôt, vous m'avez expliqué comment
ça marche. On reviendra sur le plan de réussite. J'aurais
aimé ça que l'explication que vous avez donnée
aujourd'hui, vous l'ayez dite au mois de mars. C'est vous qui avez dit: Je vais
annoncer mon plan de réussite au mois de mars et on vous le prouvera.
Donc, comment ça se fait qu'au mois de mars vous ne saviez pas comment
ça marchait? Là, aujourd'hui, vous m'expliquez et vous me dites:
Là, je vais vous le dire, comment ça marche, pourquoi mon plan de
réussite est en retard. Voyons donc! Vous le saviez.
Au niveau des organismes populaires, moi, je dis au ministre: Lorsque
vous avez pris la parole pour indiquer à ces gens-là que vous
seriez un ardent défenseur... Là, on est à l'étude
des crédits aujourd'hui et ces gens-là, qu'est-ce que vous
voulez, ils sont obligés de regarder le livre des crédits.
Qu'est-ce qu'ils constatent, M. le ministre ou Mme la Présidente? Ils
constatent que le ministre n'a pas livré les crédits requis au
livre des crédits, et on est en train d'étudier ça. Tout
le monde sait que - je ne pense pas que c'est nous qui sommes dans l'erreur -
tous les groupes populaires ont réagi, même si on se fait souvent
dire qu'on ne sait pas lire, qu'on n'a pas les bonnes informations et qu'on ne
comprend pas. Je ne peux pas faire une séance de lecture. Mais j'en ai
de partout, de partout: de l'Abitibi, de l'Outaouais, de la Côte-Nord, du
MEPACQ, du ROVEP. Il y en a juste une liste ici, je pense. Ils sont combien sur
la liste? Liste d'appui contre toute coupure au budget d'éducation et
d'alphabétisation populaire. Probablement que tout ce monde-là
est dans les patates, mais cette liste est impressionnante. Il n'y a pas
beaucoup d'organismes au Québec qui ne sont pas
représentés. Les centrales syndicales, à peu près
toutes les fédérations de quelque chose, tous les syndicats de
quelque chose, tous les regroupements de quelque chose. Il y en a 11 pages.
Toutes les municipalités, les MRC, les caisses populaires, les
députés, les CLSC. Vous avez sans doute reçu ça, il
y en a 11 pages de groupes qui disent: On ne peut pas, en 1992, compte tenu du
contexte de sous-emploi chronique, compte tenu qu'il n'y a à peu
près plus personne qui travaille, sauf les employés de
l'État, dans bien des régions du Québec, on ne peut pas
couper de 35 % le budget de l'éducation populaire, des gens qui font
oeuvre utile dans la société et qui donnent un peu d'outils et de
moyens à des gens pour qu'ils puissent, éventuellement, envisager
d'occuper une place un petit peu plus avantageuse dans la société
de demain. On leur dit: Non, merci beaucoup. Vous avez bien fait ça. On
vous félicite pour tout le beau travail que vous avez fait, mais oubliez
ça. Je ne suis pas capable, dans un budget de 5 000 000 000 $ et
quelques,
5 000 000 000 $ et quelques. On dit: Vous allez prendre une coupure de 4
000 000 $, 35 %. Irresponsable, ça n'a pas de sens!
Première question, M. le ministre. Auprès de qui donc,
comme ministre de l'Éducation, vous allez défendre la
reconduction du budget alloué à l'éducation populaire?
Puisque c'est vous qui, devant eux, quand vous les avez rencontrés
après moult demandes, là - je comprends que vous avez un horaire
chargé, ça, je respecte ça, mais, finalement, vous les
avez rencontrés - avez dit: Comptez sur moi! Pas question! Pas question
de couper 35 %. Aujourd'hui, on étudie les crédits et ils sont
coupés. Ils sont coupés de 35 %. Une question très simple:
Est-ce que le ministre, aujourd'hui, s'engage à défendre
officiellement et très concrètement la garantie que les groupes
populaires au Québec, en 1992, ce qu'on appelle les OVEP, pourront
compter sur un budget, à tout le moins, à un montant
équivalent à ce qu'ils avaient l'année dernière?
(16 h 50)
M. Pagé: Ça me fait plaisir, Mme la
Présidente, de répondre à cette question. Tout d'abord,
j'ai effectivement rencontré les cinq associations représentant
les organismes volontaires d'éducation populaire au Québec. Je
leur ai fait part de ceci. Je leur ai fait part, premièrement, comme
ministre de l'Éducation, que je souscris au principe d'intervention
d'organismes originant du milieu pour supporter, aider celles et ceux, qui,
dans ces milieux, sont confrontés à des difficultés. Je
n'ai pas changé d'attitude parce que je siège maintenant du
côté droit du président. J'étais dans l'Opposition
et j'indiquais d'ores et déjà, à ce moment-là, que,
souven-tefois, un organisme originant du milieu, tel qu'un OVEP, constitue le
meilleur des véhicules pour confirmer la dignité de ces bonnes
gens dans des situations souventefois non seulement délicates, mais plus
souvent qu'autrement difficiles. Je leur ai fait part qu'effectivement le
gouvernement, dans les crédits qui allaient être
déposés ou qui venaient d'être déposés -
d'ailleurs, ils venaient d'être déposés la veille ou deux
jours avant, si ma mémoire est fidèle -prévoyait une
coupure effective de 3 394 000 $ pour le volet éducation populaire de ce
programme. On se rappellera que l'autre 1 158 000 $ réfère
à l'accueil et aux structures d'accueil et de référence,
qui étaient financées par le ministère de
l'Éducation antérieurement. L'année dernière, j'ai
demandé à ma collègue de l'Enseignement supérieur
et à mon collègue de la Main-d'oeuvre de contribuer. Ma
collègue de l'Enseignement supérieur ayant refusé, ce
programme a été financé par la Main-d'oeuvre et par mon
ministère. Cette année, tel que ça avait été
évoqué l'an dernier, on n'y participe plus. La mesure, au niveau
du développement régional, de 354 000 $ a été
diminuée à 106 000 $. Enfin, quant à la démarche
dans l'audiovisuel aux commissions scolaires, on avait atteint notre objectif,
il a été ramené à 31 000 $ pour l'année
1992-1993.
Si on réfère maintenant à ces organismes. Ces
gens-là font du travail, vous avez mis beaucoup d'insistance sur la
démarche d'alphabétisation. C'est vrai que les organismes
volontaires d'éducation populaire sont très impliqués dans
la démarche d'éducation visant à alphabétiser
celles et ceux qui ont des problèmes à cet
égard-là. Cependant, il faut appeler les choses par leur nom,
là. Les OVEP interviennent en alphabétisation, mais les
commissions scolaires interviennent aussi. Vous devriez prendre en compte, M.
le député... Je comprends que vous êtes là pour la
critique, mais j'ai appris, moi, après des années d'Opposition,
que, pour être plus crédible dans l'Opposition, on doit donner
tous les chiffres. En alphabétisation, en 1987-1988 - je vais vous
donner quelques chiffres - c'est 14 852 élèves, étudiants,
peu importe là, qui ont reçu des services en
alphabétisation au Québec dans le réseau des commissions
scolaires. En 1990-1991, donc, nous sommes passés, en trois ans, de 14
800 à 30 654, pour une augmentation de 106,4 %. Regardons maintenant les
coûts. En 1987-1988, le ministère de l'Éducation
investissait 21 600 000 $ en alphabétisation. En 1990-1991, on a investi
59 400 000 $, pour une augmentation des versements, une contribution
financière de 174,7 %. On est passé de 21 000 000 $ à 59
400 000 $ et on va vous donner les chiffres prévus pour la
présente année, 1992-1993. Alors, que le député
nous dise: C'est terrible, vous ne faites rien en alphabétisation, bien
je m'excuse, là! Je pense que c'est mon obligation de resituer les
choses dans leur véritable perspective. Les budgets ont plus que
doublé, et les clientèles atteintes aussi, ou rejointes, les
clientèles que nous rejoignons ont plus que doublé aussi.
Pour revenir aux OVEP, je ne comprends pas, je ne peux pas souscrire
à l'interprétation donnée par le député
à cet effet. Le député dit: Vous vous êtes
engagé à rétablir le budget dans le dépôt des
crédits. Or, les crédits ont été
déposés deux jours avant que je ne les rencontre. L'engagement
que j'ai pris, ce matin-là, c'est le suivant. J'ai dit: Écoutez,
le Conseil du trésor... C'est pas parce que je veux leur pelleter
ça dans leur cour. Non, non. Bien ouvertement, bien honnêtement et
bien loyalement envers cette Chambre dont vous êtes les membres, je vais
vous indiquer comment ça se passe. Le Conseil, c'est-à-dire
l'équipe de fonctionnaires qui supporte le Conseil du trésor, a
toujours eu des réserves à l'égard de cette
démarche pour les motifs suivants: compte tenu d'un encadrement qui se
veut, selon eux, limité, compte tenu de paramètres qui sont
très généraux en termes d'objectifs, de mission,
d'objectifs à atteindre, de moyens pour les atteindre, etc. Le Conseil,
régulièrement, me dit-on, questionne tel type d'intervention.
Partant de là, les crédits font apparaître une
réduction effective de 30 % du
budget consenti aux OVEP.
Premièrement, quand je les ai rencontrés, je leur ai fait
part de ma perception comme individu, comme citoyen, mais aussi comme ministre
de l'Éducation au fait que, à ma connaissance, pour la
très, très grande majorité des organismes, sinon la
totalité, ils font vraiment oeuvre utile dans leur milieu respectif.
Deuxième élément, je leur ai fait part du
questionnement gouvernemental, cependant. On sait que les OVEP reçoivent
des budgets de la part du ministère de l'Éducation. Un certain
nombre de ces organismes reçoivent aussi des budgets de la part d'autres
ministères du gouvernement du Québec. On n'a qu'à
référer au ministère de la Santé et des Services
sociaux. On peut référer aussi au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche qui, dans le cadre de certains programmes, comme
le support à l'action bénévole, verse des sommes à
ces organismes. Dans le cadre du Sommet de la justice du printemps, du
début de l'année - c'était quoi, en février? le
Sommet de la justice a ouvert, si ma mémoire est fidèle, le 4
février dernier - le ministre de la Justice a annoncé une
enveloppe de 1 000 000 $ pour l'aide aux organismes communautaires et aux
organismes populaires. Donc, j'ai dit ceci: Vous savez, moi,
premièrement, je suis prêt, comme ministre, à gratter tout
ce que j'ai de fonds de tiroirs au ministère de l'Éducation pour
rétablir l'enveloppe budgétaire à ce qu'elle était
en 1991-1992, soit un montant de 10 427 000 $. C'est ce que je leur ai dit. Je
leur ai dit: Si j'avais un budget de 200 000 000 $, ça serait
peut-être difficile de trouver 3 394 000 $. Ce n'est pas
nécessairement plus facile, mais on a peut-être plus de chance de
pouvoir sortir des sous d'un tiroir quand on a une enveloppe budgétaire
de 5 837 000 000 $. Par contre, j'ai dit: J'ai une chose à vous
demander. D'abord, je vous dis que je ne pourrai pas le faire avant
l'étude des crédits, le rétablissement. Dès le
moment où mes crédits seront votés, j'entends gratter mes
fonds de tiroirs - comme j'utilise l'expression - pour la rétablir. Ce
que j'ai à vous demander, c'est que j'apprécierais, je vous
demande d'accepter de vous asseoir autour de la table, avec le ministre de
l'Éducation, ses fonctionnaires et les représentants aussi des
autres ministères, pour qu'on puisse se donner l'année pour:
premièrement, évaluer quels sont les différents programmes
des différents ministères qui s'appliquent au
bénéfice de vos organismes; deuxièmement, est-il possible
de se donner un cadre de référence gouvernementale unique, un
genre de guichet unique pour de tels organismes; troisièmement, à
la demande formulée par les OVEP, comme quoi le gouvernement du
Québec devrait formuler un énoncé de véritable
politique concernant les organismes communautaires ou les organismes
d'éducation populaire qu'ils sont, comment voulez-vous qu'on puisse
mettre en place une véritable politique quand on ne sait pas
jusqu'où on vous aide, qui vous aide dans le gouvernement et à
partir de quelle référence on vous aide? C'est comme ça
que ça s'est passé et c'est ce que j'entends faire. Alors,
premièrement, j'ai toujours l'intention de faire en sorte que le budget
de 3 394 000 $ leur soit versé, qu'il soit au même niveau qu'en
1991-1992. Mon offre est toujours là. On pourra échanger avec les
cinq associations ou fédérations représentatives de ces
organismes probablement je prévois d'ici la fin de la présente
session. Je leur ai proposé, et j'espère qu'ils vont accepter,
qu'on se donne un cadre de référence, un canevas de travail
devant nous conduire probablement, peut-être à un guichet unique
et, si possible, en ce qui me concerne, à une véritable politique
gouvernementale d'assistance à ces organismes. (17 heures)
M. Gendron: Je continue. Je voudrais juste une note de rappel. Je
vais essayer d'être plus court, si on veut échanger davantage. M.
le ministre, comme vous le disiez, on met plus d'argent qu'en 1987 et qu'en
1988, bien sûr. Mais, écoutez, on peut faire dire n'importe quoi
aux chiffres. Tout ce que je vous dis, et vous le savez: les groupes sont
passés de quelque 200 à 484 en 1982, à 825 en 1991. Mais,
vous ne trouvez pas, comme ministre de l'Éducation, sachant qu'il y a
à peu près 1000 groupes qui font de l'alphabétisation puis
qu'on est encore à 25 % d'analphabètes, qu'il ne faut pas couper
ça? On ne peut pas réduire le nombre de groupes qui en font
et...
M. Pagé: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Juste une seconde! Par définition, s'il y a le
double de groupes qui en font, êtes-vous au courant que la subvention,
jadis, par groupe - écoutez les chiffres, MM. de la presse -
était de 7760 $ qu'on donnait à un groupe en disant: Voici l'aide
qu'on t'offre pour faire de l'alphabétisation? Êtes-vous au
courant de ce que vous donnez en 1992? Une farce! Quelque 4400 $ par groupe. On
fait quoi, en 1992, avec quelque 4400 $ pour faire véritablement de
l'alphabétisation avec des outils, des instruments de contrôle,
des mesures efficaces de vérification? C'est ça, la
réalité. Bien sûr qu'il y a un peu plus d'argent qu'en 1982
ou en 1986. C'est une préoccupation qui est devenue de plus en plus
grande, puis on est venu à bout d'intéresser une série de
gens qui ont le courage, la détermination, la volonté de s'en
occuper puis de dire: On ne peut pas, comme société, ne pas se
préoccuper de ce drame-là. Donc, il y a plus de groupes puis,
nous autres, comme récompense, puis comme société, on ne
leur donne à peu près rien comme soutien.
Deuxième question, M. le ministre, après ce court
commentaire: Est-ce que, comme ministre de l'Éducation, vous pensez
qu'on va devoir,
comme société, faire, à chaque année -
à chaque année - le même genre de discussion avec les
groupes populaires? Je les ai vus, ils m'ont tous écrit. Ils vous ont
écrit ici, et je n'ai pas envie de tout citer ce qu'ils ont
écrit, là. Mais, quand ça commence, une lettre, par:
«Veut-on la mort de l'éducation populaire autonome au
Québec?», et: «Disproportion énorme entre le discours
et la réalité»... Puis ils ont raison. Un autre qui
s'interroge: M. Gendron, je voudrais que vous posiez les questions suivantes au
ministre de l'Éducation lors des crédits. Puis là, ils
partent: Pensez-vous que, nous, si on met 60 % de notre temps à
justifier notre existence, il nous en reste beaucoup pour faire du travail
concret de sensibilisation et d'effort auprès des gens qu'on veut
former?
C'est ça, le drame, là. Chaque année, ils sont
remis en question. Chaque année, on dit: Prouve-moi que tu es beau, que
tu es fin, que ce que tu fais est correct puis que c'est bon pour la
société de demain. Est-ce que vous ne convenez pas, M. le
ministre, qu'il s'agit là d'un travail de pèlerin qui n'a pas de
sens, que le moment serait venu de tourner la page puis de consacrer, comme
société, le bon et l'extraordinaire travail que font les groupes
populaires? Quand même qu'il y aurait 10 000 000 $ ou 15 000 000 $,
écoutez, le budget est presque rendu à 6 000 000 000 $. 6 000 000
000 $ en éducation, puis on va gratiner, puis on va grafigner sur 10 000
000 $ à des gens qui s'arrachent le coeur pour faire de
l'éducation populaire, motiver des gens à se lever le matin,
ressourcer des gens puis leur dire: Oui, si tu as un peu plus de formation, tu
as peut-être des chances, un jour, de t'en tirer dans cette
société-là. Ça ne coûte pas cher, pour une
société. C'est bien moins dispendieux que l'aide sociale, le
décrochage, les drames humains, le taux de suicide, puis de bonder les
CLSC en travailleurs sociaux, et ainsi de suite.
Ça, je sais que vous le savez. Là, vous venez d'indiquer:
Bon, je vais tout faire pour leur laisser le niveau de crédits.
Deuxième question: Est-ce que vous allez tout faire pour ne pas qu'on
refasse ce débat-là à chaque année?
M. Pagé: Mme la Présidente, on a un
problème. J'ai répondu et vous ne m'avez pas
écouté.
M. Gendron: Bien oui, j'ai écouté!
M. Pagé: Bien non, vous n'avez pas écouté!
Pas du tout! Je vous ai indiqué mon intention à l'égard du
rétablissement du budget. O.K.? Un.
M. Gendron: Oui. Ma question n'est plus là-dessus.
M. Pagé: Bon. La deuxième, vous me dites: Est-ce
que ces gens-là devront se battre à chaque année? Je vous
ai fait part de l'offre que j'ai formulée que, dans les meilleurs
délais après l'adoption de mes crédits, nous puissions
travailler avec les représentants des autres ministères dans la
perspective éventuelle, si c'est ça qui est le meilleur des
véhicules, d'un guichet unique pour l'éducation populaire, dans
la perspective d'une véritable politique gouvernementale de
l'éducation populaire au Québec. En clair, là, pour
être encore plus précis, ce que ça veut dire, c'est que, si
on est capable de conduire ça à terme, on va être en mesure
de sécuriser à long ternie ces organismes. C'est ça que
ça veut dire.
M. Gendron: Donc, comme ministre, vous travaillez à
l'élaboration d'une véritable politique de soutien et de support
d'une façon permanente, ce qu'on appelle des orientations claires, puis
d'une politique ministérielle en matière d'éducation
populaire. Ça vous intéresse, comme ministre, que le
Québec ait dorénavant une...
M. Pagé: Bien oui! C'est ce que je leur ai dit. Cependant,
ça ne veut pas nécessairement dire que ça va être le
ministère de l'Éducation qui va administrer cette
poiitique-là. Il y a d'autres ministères qui sont
concernés. Il y a le ministère de la Santé qui est
concerné. Vous savez, au niveau des organismes, si on regarde, on a 54
organismes qui travaillent ou qui s'occupent plus particulièrement de
logements, d'habitation; 10 de garderies; 62 sont là pour fournir de
l'aide aux familles; 73 organismes, de l'aide aux handicapés; on en a
pour la condition féminine, la communication communautaire; on en a dans
la consommation, dans le mouvement coopératif, dans l'environnement,
dans le regroupement, dans les droits sociaux, les personnes
âgées, la santé et le bien-être. Alors, partant de
là, chacun de ces organismes est en contact avec mon ministère et
aussi en contact avec d'autres ministères.
Ce que je dis: On doit asseoir autour de la même table chacun des
ministères intervenant en matière d'éducation populaire
pour ces organismes-là, voir ce qu'on fait et établir que la
démarche conduise à une politique mieux intégrée
entre les différents ministères pour l'atteinte des objectifs des
organismes. C'est ça que je vais faire, moi. Mais ne me demandez pas
d'apporter une réponse à la conclusion des travaux.
M. Gendron: Non, non, mais...
M. Pagé: Moi, je vous dis: Ça, c'est mon objectif,
c'est ce que je vais véhiculer autour de la table.
M. Gendron: Restez calme.
M. Pagé: Ce n'est pas nécessairement le
ministère de l'Éducation qui va avoir la respon-
sabilité. Si oui, tant mieux.
M. Gendron: C'est ce bout-là qui m'inquiète, M. le
ministre, que vous, comme ministre de l'Éducation, vous ne disiez pas
haut et fort... Parce que là - et je vais employer une expression
presque un peu vulgaire - vous êtes dangereux, vous le savez, avec votre
redistribution de toutes sortes de choses n'importe où. Ce n'est pas
parce qu'il y a d'autres...
M. Pagé: En quoi je suis dangereux? Je m'excuse là.
En quoi je serais dangereux? Je m'excuse là.
M. Gendron: On va vous l'expliquer là. M. Pagé:
Oui.
M. Gendron: Ce n'est pas parce qu'il y a d'autres groupes qui
oeuvrent dans des créneaux qui sont plus liés à la
santé ou autre chose que... La responsabilité de
l'éducation populaire, selon moi, doit rester une
responsabilité...
M. Pagé: Ça, c'est votre opinion. Ce ne sera
peut-être pas nécessairement l'opinion des organismes.
M. Gendron: Oui, mais, vous, comme ministre, vous ne souhaitez
pas que ça reste sous la responsabilité éducative?
M. Pagé: Moi, je leur ai dit que j'étais
prêt, mais... Cependant, ne me demandez pas de donner... Ne me demandez
pas de convoquer... Vous avez déjà été ministre,
vous?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Pas longtemps, mais vous l'avez
été.
M. Gendron: Exact.
M. Pagé: Demandez pas de convoquer autour d'une table les
représentants de cinq, six ou sept ministères puis de dire
là: Je vous convoque, mais les conclusions de ce sur quoi nous allons
travailler, c'est moi qui vais les administrer. Ce n'est pas de même que
ça marche, monsieur.
M. Gendron: Je le sais.
M. Pagé: Ça marchait peut-être de même
dans le temps du PQ, mais ce n'est pas comme ça que ça marche
chez nous.
M. Gendron: La question, ce n'est pas ça, c'est: Le
ministre a-t-il des orientations en éducation populaire pour dire que le
ministère de l'Éducation, oui, il est d'accord pour une politique
en éducation populaire permanente? Deuxiè- mement, comme ministre
de l'Éducation, membre de ce gouvernement-là, allez-vous parler
haut et fort à vos collègues pour dire: II est capital que le
ministère de l'Éducation conserve un droit de regard majeur et
important dans la concertation, l'unification des politiques, pour s'assurer
que vous allez rester un maître d'oeuvre actif dans le soutien par les
crédits du ministère de l'Édu cation aux organismes
voués à de la formation, à de l'éducation
populaire, à de l'alphabétisation? Parce que si on redistribue
ça dans tous les ministères, ça va être la meilleure
façon, dans quatre ou cinq ans, de dire: Bon bien, écoutez, ce
n'est pas moi qui fais ça. Allez voir le ministère de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu. Et on va faire une
espèce de formation professionnelle où il y a six intervenants
qui pensent qu'ils en font et tous les gens au Québec vont dire:
«Y a-t-y» moyen qu'il y ait un peu plus d'arrimage et de
concertation pour que la formation professionnelle se fasse d'une façon
adéquate, qu'elle corresponde aux besoins du Québec et qu'on
sache qui en est le responsable? C'est juste ça que j'aurais
aimé: sentir un peu d'orientation de votre part pour ne pas que
ça se ramasse un peu partout.
M. Pagé: Écoutez là, je comprends que c'est
un budget important, les bonnes gens sont ici, vous avez à faire valoir,
mais il faut quand même échanger de façon utile. Il ne faut
pas juste s'opposer, là. Quand je vous indique un guichet unique, un
guichet unique ça présuppose un ministère responsable de
l'ensemble de l'aide, du support et de l'appui à ces
organismes-là. Vous me dites: Oui, mais ça n'aurait pas de bon
sens qu'ils soient obligés d'aller courir dans tous les
ministères. Bien, c'est ce qu'ils font actuellement. Je m'excuse, c'est
ce qu'ils font. Ils viennent chez nous. Il y a un programme chez nous. Il y a
des programmes au ministère de la Santé. Il y en a d'autres dans
d'autres ministères: Loisir, Chasse et Pêche; la Justice
bientôt. C'est peut-être ça qui explique que des organismes
centraux comme le Trésor les questionnent. Je vous ai dit, moi, de bonne
foi, que je leur ai proposé de prendre la responsabilité de
convoquer les représentants des différents ministères
autour de la table dans la perspective d'une aide mieux structurée,
véritablement intégrée, au bénéfice de ces
organismes. Pas dans la perspective de leur couper les vivres et de les
étouffer, mais dans la perspective qu'on ait une véritable
politique pour les organismes d'éducation populaire au Québec.
C'est ça que j'ai dit. Mais, ne me demandez pas là - et je ne
vous le dirai pas -de conclure pour et au nom des autres ministères
avant qu'on ait commencé à travailler.
M. Gendron: Pour des motifs de temps, je ne peux pas vous...
M. Pagé: Le ministère de l'Éducation a
toujours rempli ses responsabilités. Si le ministère de
l'Éducation constitue le lieu de référence pour la mise en
oeuvre d'une telle politique, le gouvernement en décidera ainsi et, ne
soyez pas inquiet, on va l'appliquer. Ça va nous faire plaisir à
part ça. (17 h 10)
Programme d'éducation populaire dans les
commissions scolaires
M. Gendron: Autre question. Le ministre peut-il nous confirmer
l'abolition du programme d'éducation populaire dans les commissions
scolaires qui a déjà subi des coupures importantes l'an dernier,
50 % de son enveloppe? Si c'est exact que vous allez abolir le programme
d'éducation populaire dans les commissions scolaires - là, ce
n'est pas nécessairement le point sur les OVEP - je voudrais
également que vous nous expliquiez votre logique face à un tel
choix, compte tenu de ce qui est prévu dans la Loi sur l'instruction
publique. Je vous cite la Loi sur l'instruction publique, la loi 107, vos
dispositifs 247 et 255. À 247, c'est marqué: «La commission
scolaire établit un programme pour chaque service éducatif
complémentaire et d'éducation populaire visé au
régime pédagogique. Ces programmes doivent être conformes
aux objectifs prévus au régime pédagogique». Et,
à l'article 255: «La commission scolaire peut participer à
la réalisation de projets communautaires. Elle peut réaliser
elle-même de tels projets ou conclure...», de même
qu'à l'article 97: «II est aussi destiné à
collaborer au développement social et culturel de la
communauté».
Donc, les commissions scolaires prétendent qu'il était
logique qu'elles aussi puissent faire une certaine forme d'éducation
populaire. D'ailleurs, il y a plusieurs commissions scolaires qui vous ont
écrit, M. le ministre - elles m'ont écrit également comme
porte-parole de l'Opposition officielle - en vous disant ceci: Attendu que
l'éducation populaire dans les commissions scolaires est un atout
essentiel, autant pour la réalisation des priorités
gouvernementales et ministérielles que pour celles des
communautés locales dans les domaines de la santé, de
l'environnement, de l'éducation familiale, du vieillise-ment, des jeunes
adultes en difficulté et autres. Alors, comment allez-vous expliquer ce
choix aux dizaines de commissions scolaires qui ont adopté des
résolutions vous rappelant les objectifs que vous avez
déterminés dans la loi 107, qui est la loi-cadre en
éducation, en leur disant: Vous avez également des
responsabilités à ce chapitre, pour, aujourd'hui, leur dire: Vous
avez des responsabilités, mais arrangez-vous avec vos troubles pour les
financer?
Alors, est-ce que c'est ça la réalité
d'aujourd'hui?
M. Pagé: Mon opinion n'a pas changé.
Quand je suis arrivé au ministère, j'ai indiqué
à mes fonctionnaires, dans l'exercice préparatoire du budget...
Je leur avais dit à l'époque: Dans les échanges que vous
aurez avec le Conseil du trésor, dites-leur que ce n'est pas de mon
intention de toucher aux organismes volontaires d'éducation populaire.
Lorsque nous sommes arrivés au programme d'éducation populaire
dans les commissions scolaires, je leur ai fait part de mon questionnement
à l'égard de ce programme, purement et simplement, puis je n'ai
pas changé d'idée. L'année dernière, sur un budget
de 7 400 000 $, on a appliqué une ponction de 4 000 000 $. Puis, cette
année, j'ai dit: On va appliquer une ponction de 3 400 000 $. Donc, le
montant qui était de 7 400 000 $ est revenu à 0,0. C'est clair.
Il n'y a plus d'aide. Pourquoi?
Vous avez formulé des préoccupations de façon tout
à fait pertinente en alphabétisation. D'ailleurs, le budget, pour
votre bénéfice et le bénéfice de celles et ceux qui
nous écoutent, le budget en alphabétisation, qui était -
comme vous le savez et je l'ai indiqué tantôt - de 59 400 000 $ en
1990-1991, en 1991-1992, il était de 71 600 000 $, pour une augmentation
de 31,1 %. C'est quand même beaucoup, 71 000 000 $, comparativement -
comme je l'indiquais - à 21 000 000 $ en 1987-1988.
Puis, je comprends que, dans l'Opposition, vous devez dramatiser.
Ça m'est déjà arrivé d'abuser un peu dans ce
sens-là quand j'étais de votre côté. Je vous
rappellerai que l'alphabétisation, ce n'est pas né le 2
décembre 1985, au soir, lorsqu'on a pris le pouvoir. Si des
gouvernements précédents, quels qu'ils soient, avaient fait plus
à cet égard, on n'aurait peut-être pas les problèmes
qu'on vit aujourd'hui. Je ferme la parenthèse.
L'éducation populaire dans les commissions scolaires. Ça,
c'est des cours permettant à des personnes, peu importent leurs revenus,
conjoints de ministres, femmes de ministres, conjoints de médecins et
conjointes de médecins, peu importe, peu importe le niveau, d'aller
suivre des cours, que ce soit en peinture, que ce soit en fine cuisine. Je n'ai
rien contre ça, moi, rien contre ça. Je suis d'accord avec
ça qu'on aille suivre des cours de psychologie. J'ai vu toute la
ventilation des cours offerts dans mon milieu à moi, pour les citoyens -
même si on est ministre, on reçoit le journal les fins de semaine:
«Qui suis-je? I», 40 heures; «Qui suis-je? Il», 40
heures. Je n'ai pas d'objection à ce que des gens suivent ça,
aucune objection. Mais, sommes-nous légitimés de prendre vos
taxes puis vos impôts? Somme-nous légitimés? Moi, je dis
non. Ma réponse, je la dis: C'est non. Si les gens veulent suivre des
cours, qu'ils paient pour. Si les commissions scolaires veulent donner des
cours, qu'elles paient pour. J'en ai fait part à la commission de
financement. J'en ai fait part, par la voix de mon sous-ministre, aux
directeurs généraux, parce qu'on est en contact constant
avec les directeurs généraux et la
Fédération des commissions scolaires. Là, c'est
définitif. On a quelques commissions scolaires qui s'inquiètent,
mais ça c'est de bonne guerre. Ce n'est pas ça qui va
ébranler les colonnes du temple de l'Éducation. Je m'excuse,
là.
M. Gendron: Un commentaire avant l'autre question. C'est
évident que ce que le ministre a illustré un peu par l'absurde,
ça existe.
M. Pagé: Non, pas par l'absurde. C'était ça,
des cours d'alimentation, des cours de...
M. Gendron: Non, non, j'ai dit: Un peu par l'absurde.
M. Pagé: Non, non, ce n'est pas par l'absurde.
M. Gendron: Moi, en tout cas, c'est...
M. Pagé: Allez à votre polyvalente, là,
vous, et regardez les cours qui se donnent.
M. Gendron: C'est ma prétention. M. le ministre...
M. Pagé: Sommes-nous légitimés de payer pour
ces cours-là?
M. Gendron: C'est ma prétention. Quand je dis: Un peu par
l'absurde, vous avez illustré un certain nombre de types de cours qui
ont trait à de la formation personnelle. Mais il y a également
des cours d'éducation populaire dispensés par les commissions
scolaires qui ont trait à des choses beaucoup plus, ce que
j'appellerais, utiles par rapport aux changements de la société,
comme la condition des femmes, le décrochage scolaire, les jeunes
adultes en difficulté...
M. Pagé: Les OVEP vont...
M. Gendron: ...le vieillissement. Ils en font de ça
aussi.
M. Pagé: Je vous arrête tout de suite. Si on
était capable de mettre en place une véritable politique
d'éducation populaire au Québec, le relais pourrait facilement
être pris par les OVEP. Ça coûterait probablement moins
cher. Bon.
M. Gendron: Ah! je ne dis pas non. M. Pagé: On s'en
reparlera.
M. Gendron: Vous pariez d'une situation futuriste, là.
Prenons la réalité. Deux dernières questions
là-dessus...
M. Pagé: La réalité, c'est zéro.
M. Gendron: ...pour des raisons de temps. Merci. La
réponse est au moins claire. En 1990-1991, M. le ministre, il y avait
285 organismes inscrits dans la liste des organismes en attente
d'accréditation. Question: Combien il y en a en 1991-1992? Combien il y
en a en attente d'accréditation?
M. Pagé: Les organismes qui n'ont pas été
retenus demeurent dans la liste des organismes en attente
d'accréditation. À ce jour, 285 organismes ont été
déclarés admissibles et sont inscrits dans la liste des
organismes en attente d'accréditation.
M. Gendron: Ça, c'était en 1990-1991, mais je veux
avoir 1991-1992. Parce que là...
M. Pagé: Est-ce qu'on a la compilation? À ce
jour...
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: ...285 en attente.
M. Gendron: 285 à date? Comme l'année
passée. Il n'y a pas de nouvelles demandes?
M. Pagé: C'est ce qu'on m'indique ici. Vous comprenez que
ce n'est pas moi qui...
M. Gendron: Oui, je comprends.
M. Pagé: ...fouille les dossiers quotidiennement.
M. Gendron: Dernière question avant une question de ma
collègue pour finir l'éducation populaire. En tout cas, selon les
informations que vous nous avez transmises à la demande 21, vous avez
indiqué qu'il y avait eu pour 107 000 $ de crédits
périmés. J'aimerais avoir des explications. Ça
m'étonne qu'on périme des crédits en éducation
populaire lorsqu'on sait que tous les groupes prétendent qu'ils n'en ont
pas assez - avec raison, c'est mon point de vue - et qu'il y a
énormément de nouveaux organismes qui sont demandeurs ou en
attente d'accréditation. Comment ça se fait que vous ayez
périmé 107 000 $ en éducation populaire?
M. Pagé: M. Réjean Morel, sous-ministre adjoint par
intérim, va répondre. M. Morel.
M. Morel (Réjean): Le programme 5 comprend d'autres
mesures que les OVEP, entre autres. Vous avez les syndicats. Vous avez le
développement régional. Alors, c'est dans ce budget-là
que...
M. Pagé: Pas dans le budget des OVEP? M. Morel:
...le périmé a été comptabilisé.
M. Gendron: Vous n'auriez pas pu le transférer aux autres
demandeurs? À ma connaissance, à l'intérieur du même
programme, vous venez de le dire, alors je sais que, dans le même
programme, il y a d'autres montants qui sont attribués ailleurs qu'aux
OVEP ou à l'éducation populaire des commissions scolaires. Mais,
qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné... C'est parce que vous
l'avez appris uniquement en fin d'année? Qu'est-ce qui vous aurait
permis, à l'intérieur du même budget, de prendre tes 107
000 $ et de les distribuer aux nombreux demandeurs de l'éducation
populaire?
M. Morel: Ça s'est inscrit dans le cadre de
l'opération des crédits périmés, au mois de mai,
l'année passée, où on a réaffecté les
budgets à l'ensemble des dépassements budgétaires, entre
autres à l'éducation des adultes où on a eu un
dépassement budgétaire de 70 000 000 $ en 1990-1991 et en
1991-1992.
M. Gendron: Merci, j'ai ma collègue qui a une question ou
deux pour finir...
La Présidente (Mme Harel): Alors, Mme la
députée de Terrebonne, à moins qu'il y ait des membres de
cette commission du côté ministériel... Alors, Mme la
députée de Terrebonne. (17 h 20)
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. Alors, très
brièvement, quelques commentaires. Vous comprendrez que je
m'étonne un petit peu...
M. Pagé: Mme la Présidente... La
Présidente (Mme Harel): Oui.
M. Pagé: Est-ce que je peux demander à l'honorable
collègue, Mme la députée, de parler plus près. On a
le même problème en Chambre.
La Présidente (Mme Harel): Oui.
M. Pagé: Vous n'êtes pas loin de moi, vous
êtes à 19 pieds et demi et on ne vous comprend pas et pas
plus...
Mme Caron: Je ne peux pas les... Voyez-vous, ils ne se
déplacent pas, M. le ministre, ces micros.
M. Pagé: Bien, pourriez-vous le pencher vers vous?
La Présidente (Mme Harel): Ou peut-être peut-on
demander au technicien...
Mme Caron: II est à la bonne hauteur.
La Présidente (Mme Harel): ...de remonter le volume de
son. Ça se fait aussi, je crois. Merci.
Mme Caron: Alors, Mme la Présidente, vous comprendrez que
je commencerai par quelques commentaires sur ce programme 5, Éducation
populaire. Je m'étonne un petit peu des remarques du ministre, d'autant
plus que son collègue, cet après-midi, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, nous chantait les louanges, l'importance de retourner à
l'individu, qu'il fallait changer l'individu. Changer les individus, ça
passe évidemment par l'éducation, ça passe par la
formation personnelle. La réalité, le ministre l'a dit
lui-même, du côté des commissions scolaires, pour la
formation personnelle, c'est 0 %. On nous laisse entrevoir la
possibilité d'augmenter les budgets pour les OVEP, pour cette formation
personnelle, mais la réalité de cette année, c'est une
coupure de plus de 30 %. C'est ça la réalité, à
l'heure actuelle. Je m'étonne un petit peu aussi d'entendre le ministre
sembler prendre à la légère un petit peu des cours du type
de «Qui suis-je? I», et «Qui suis-je? II». Lorsque je
regarde les commentaires des personnes...
M. Pagé: Mais ce n'est pas à la
société à les payer.
Mme Caron: ...qui ont suivi ce genre de cours, ce qu'elles nous
disent c'est que, finalement, ces cours leur ont permis d'éviter des
coûts dans le domaine de la santé, justement, des coûts en
thérapie.
M. Pagé: II n'y a pas de problème. Qu'elles
continuent à en suivre.
Mme Caron: C'est aussi une responsabilité. Les coûts
en thérapie, c'est une responsabilité qui nous coûte
extrêmement cher du côté du ministère de la
Santé, qu'on paie tous ensemble. Mme la Présidente, je suis aussi
un petit peu étonnée que le ministre se voie dans l'obligation de
rencontrer les organismes populaires pour regarder avec les organismes la
répartition des budgets, comment ça se passe par rapport aux
autres ministères, d'autant plus que, lorsqu'il nous parle du programme
de support à l'action bénévole, il sait très bien
que ce programme est donné, c'est des budgets qui sont octroyés
par les députés, qui tournent autour de 90 000 $ et 100 000 $ par
comté, pour une centaine d'organismes, 100 ou 150 organismes par
comté, donc que ce sont des montants extrêmement minimes. Les
groupes en alphabétisation, les groupes de bénévoles
reçoivent des montants qui se situent entre 500 $ et 1000 $. Ce n'est
pas ça qui va permettre la survie des organismes qui offrent des cours
en éducation populaire.
Du côté de la Santé et des Services sociaux, les
organismes que le ministre a nommés... Il devrait normalement savoir
que, la plupart du temps, la subvention qui est offerte par le ministère
de la Santé et des Services sociaux, c'est une subvention pour assurer
la permanence
et pour payer les locaux. Ce n'est aucunement une subvention qui permet
d'offrir des cours aux différents organismes. Du côté des
témoignages, on sait que le ministre en a reçu 4200, je lui en
ajouterai une trentaine tantôt, que je lui déposerai. Il nous a
parlé également des groupes en alphabétisation. Il nous a
parlé des montants qui étaient ajoutés du
côté des commissions scolaires.
Du côté des groupes populaires qui offrent des cours en
alphabétisation, le ministre sait parfaitement que ces groupes ne sont
pas subventionnés par le ministère de la Santé, que ces
groupes sont subventionnés uniquement par le ministère de
l'Éducation, que ces groupes reçoivent parfois une subvention de
Centraide, mais qu'ils ne relèvent aucunement d'un ministère, et
que ces groupes ont vu leurs subventions, finalement, diminuer au cours des
différentes années. Le ministre va-t-il, du côté des
groupes d'alphabétisation, s'asseoir avec eux pour examiner par rapport
aux autres ministères, alors qu'il sait qu'ils ne sont pas
subventionnés par les autres ministères?
La Présidente (Mme Harel): Vous avez
complété votre intervention, Mme la députée?
Mme Caron: Oui.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Pagé: J'ai indiqué tout à l'heure que
chaque ministère qui est en contact avec les organismes devrait
s'asseoir autour de la table pour confirmer ou valider le support qui est
donné à ces organismes. Vous me dites: Les gens qui font de
l'alphabétisation devraient être en contact uniquement avec le
ministère de l'Éducation. C'est probablement vrai, mais en ce
disant, ça veut dire que les organismes qui ont affaire au
ministère de la Santé devraient être uniquement avec le
ministère de la Santé, si je réfère à votre
logique.
Mme Caron: Actuellement, la réalité...
M. Pagé: Non, non, mais c'est ça... Écoutez,
on ne peut pas être à moitié pour et à moitié
contre.
Mme Caron: ...la réalité...
M. Pagé: Vous me dites: Écoutez...
Mme Caron: ...actuelle, M. le ministre.
M. Pagé: Aïe! Mme la Présidente, je peux
répondre?
La Présidente (Mme Harel): Oui.
M. Pagé: C'est parce que vous avez une voix qui porte plus
et il a mis la main sur le son de Mme la députée.
La Présidente (Mme Harel): Alors, j'inviterais le ministre
à compléter sa réponse.
M. Pagé: D'accord. Vous me dites: M. le ministre de
l'Éducation... Vous semblez me dire: L'aide que les organismes
reçoivent d'autres ministères, ça ne vous regarde pas.
Bien, je m'excuse! C'est vos taxes, c'est vos impôts et c'est les taxes
de ces bonnes gens aussi qui en paient trop, selon moi, et comme nous autres,
on en paie trop, premièrement.
Deuxièmement, vous me dites: Les organismes qui ont une mission
d'alphabétisation devraient relever uniquement de vous. Auquel cas je
vous retourne la question: Dois-je comprendre de votre propos, qui semble assez
différent de celui de votre collègue d'Abitibi-Ouest, que les
organismes, celles et ceux qui travaillent en habitation devraient relever
uniquement de mon collègue, le ministre de l'habitation, M. Ryan; celles
et ceux qui travaillent en garderie devraient relever uniquement du
ministère de ma collègue, Mme Trépanier; celles et ceux
qui travaillent en famille, aussi; celles et ceux qui travaillent pour les
handicapés devraient relever uniquement de la Santé; celles et
ceux qui travaillent en communication communautaire devraient relever
uniquement du ministre des Communications ou du ministère de la
Santé; condition féminine; consommation, ça devrait
relever, donc, uniquement du ministère de la Justice, qui est
responsable de la protection des consommateurs au Québec;
l'environnement - je comprends qu'il y a un volet éducation dans
l'environnement, mais ce n'est quand même pas le volet principal, le
principal étant davantage le contenu que le véhicule - est-ce que
ça devrait relever uniquement du ministère de l'Environnement?
Moi, je dis non à ça, madame. Je dis cependant: On est
légimité, comme gouvernement, de voir si on fait un guichet
unique. Si on en arrive à un guichet unique, à une
véritable politique, il y aura uniquement un carrefour de support
financier, pour et au nom de l'ensemble des ministères. C'est ce que
j'ai répondu.
La Présidente (Mme Harel): Une dernière
intervention, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Comme à sa bonne
habitude, le ministre de l'Éducation a tout à fait
interprété. Je me permets une remarque. À plusieurs
reprises, le ministre de l'Éducation est revenu sur les bonnes gens, et
je trouve que son ton est passablement condescendant lorsqu'il nous
présente son expression...
M. Pagé: Pour moi, c'est du bon monde. Ce n'est pas du bon
monde, pour vous?
Mme Caron: Votre ton est extrêmement
condescendant.
M. Pagé: Ah! Bien là, Mme la Présidente. Je
dis à la députée de Terrebonne, avec tout le respect que
j'ai pour elle, que, quand elle aura passé les années que j'ai
passées ici, elle comprendra qu'on n'a pas, ici, à juger du ton
des autres. Ça fait 19 ans que je suis ici au Parlement, bientôt
20, et je ne vais même pas jusqu'à commenter le ton de votre voix,
madame. D'ailleurs, ça serait contre-indiqué de le faire. O.K.?
Alors...
La Présidente (Mme Harel): Alors, comme vous ne le faites
pas...
M. Pagé: ...les tonalités de la voix du
député de Portneuf et ministre de l'Éducation ne devraient
pas préoccuper la députée de Terrebonne. Vous devriez vous
pencher un peu plus sur les préoccupations et les besoins de votre
comté, notamment en matière d'éducation, madame. O.K.?
C'est clair?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, je pense que,
de part et d'autre, il n'y a pas vraiment de leçons à se donner.
J'inviterais Mme la députée de Terrebonne à...
M. Pagé: C'est ça.
La Présidente (Mme Harel): ...reprendre son
intervention.
M. Pagé: C'est ça. Revenez à
l'essentiel.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente, d'autant plus que,
concernant les besoins en éducation, j'écris constamment au
ministre, mais on n'a pas souvent de réponse, Mme la
Présidente.
M. Pagé: Ah! Bien les autres députés ne font
pas juste écrire. Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
Complétez votre intervention, vous aurez l'occasion de revenir.
M. Pagé: Les autres députés ne font pas
juste écrire, Mme la députée!
Mme Caron: Je vous en ai déjà parlé, M. le
ministre, et vous le savez très bien. Donc, je reviens à la
réalité. L'interprétation...
M. Pagé: Des discussions de corridors, ce n'est pas comme
ça qu'on défend nos dossiers, voyons donc!
M. Gendron:...
La Présidente (Mme Harel): Alors là, M. le
ministre, je vais vous faire un rappel à l'ordre.
M. Pagé: Non, mais, si tu veux jouer ce jeu-là,
ça se joue à deux, hein? C'est clair, là?
Mme Caron: Mme la Présidente... La Présidente
(Mme Harel): Oui. Mme Caron: ...j'espère
qu'après...
La Présidente (Mme Harel): Je vais inviter le ministre
à m'adresser la parole...
M. Pagé: à vous parler, à vous, on a de bien
meilleurs rapports. vous, vous défendez vos dossiers! vous, vous m'avez
invité dans vos écoles!
La Présidente (Mme Harel): Là, je vais vous
demander de...
M. Pagé: Vous, vous m'avez fait rencontrer vos organismes
communautaires!
La Présidente (Mme Harel): ...terminer votre
intervention.
M. Pagé: Vous, vous plaidez ailleurs que dans les
corridors! Bravo! Mme la Présidente, continuez.
M. Gendron: On a juste huit heures, M. le ministre. Si vous la
vantez pendant sept heures, on va...
M. Pagé: Oui, c'est vrai, hein? Elle fait bien ça,
la députée de Hochelaga-Malsonneuve.
La Présidente (Mme Harel): Écoutez là, je
vais...
M. Pagé: Vous devriez vous en inspirer, Mme la
députée.
La Présidente (Mme Harel): Ça va
m'in-quiéter, si vous continuez. Alors, la parole est à la
députée de Terrebonne. (17 h 30)
Mme Caron: Merci, Mme la Présidente. J'espère juste
qu'après plusieurs années je n'aurai pas pris certaines mauvaises
habitudes. Je reviens clairement à ma position puisque le ministre,
concernant les groupes, n'a pas semblé la comprendre. Le ministre nous
dit: Je devrai asseoir les groupes pour vérifier d'où viennent
les sommes d'argent. Ce que je lui ai dit: Je m'étonne qu'il ne le sache
point, puisque, pour les groupes en alphabétisation, les sommes d'argent
ne viennent pas du ministère de la Santé, elles viennent de
l'Éducation. Puisque les groupes qui sont touchés par la
Santé, les montants d'argent qui sont octroyés à ces
groupes, ce ne sont pas des sommes d'argent pour donner des cours, ce
sont des sommes pour assurer une permanence et pour payer des locaux. Lorsqu'on
parie de protection du consommateur, les montants d'argent qui sont
donnés, ce sont des montants d'argent pour payer les permanents; ce ne
sont des montants d'argent pour les cours, absolument pas! Donc, je me dis que
le ministre devrait, normalement, ne pas avoir besoin de les asseoir pour
savoir cette réalité. Mais, puisqu'il sait que, par rapport aux
groupes en alphabétisation, il n'y pas d'autres sommes de
données, pourquoi demande-t-il à les asseoir à la
table?
Je souhaite que le ministre conserve tout le volet de l'éducation
populaire. Je m'étonne qu'il soit obligé de les asseoir pour
savoir quels sont les montants d'argent qu'ils obtiennent. Ce ne sont pas des
montants d'argent pour les cours. Je lui demande: Puisque, du côté
de l'alphabétisation, il sait qu'il n'y a pas d'argent qui vient
d'ailleurs, pourquoi veut-il les asseoir à la table pour se le refaire
dire?
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre.
M. Pagé: C'est parce que ce sont des montants d'argent qui
viennent du gouvernement du Québec, donc des payeurs de taxes
québécois, purement et simplement.
La Présidente (Mme Harel): M. le ministre, me
permettez-vous...
M. Pagé: Le 1 000 000 $ du ministre de la Justice
là, il va être versé comment? Est-ce que le ministre de la
Justice va le verser uniquement - et ça, ce n'est pas connu encore, on
va le savoir, je présume, d'ici juin - après l'adoption des
crédits du même ministère? Est-ce que le ministre de la
Justice va aider uniquement les organismes voués à la protection
du consommateur? Je ne sais pas moi. Il n'y a pas seulement le programme d'aide
aux organismes administré par les députés, au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui est
susceptible de profiter aux organimes volontaires d'éducation populaire.
Je sais que vous n'avez pas de préoccupation pour le volet, entre
guillemets, revenus gouvernementaux et taxation, mais, moi, j'en ai une, je
m'excuse! Je veux qu'on fasse bien les choses, non pas dans la perspective de
couper ces gens, mais de donner un cadre de référence plus clair,
plus précis et davantage porteur de continuité, selon moi.
La Présidente (Mme Harel): Me permettez-vous une question,
M. le ministre?
M. Pagé: Certainement, venant de votre part, on ne peut
pas refuser.
La Présidente (Mme Harel): J'apprends donc qu'il y a un an
de répit pour... M. Pagé:...
La Présidente (Mme Harel): il y aura donc une année
de répit pour les organismes volontaires d'éducation populaire,
puisque les budgets de l'an passé sont maintenus. C'est l'engagement que
vous nous transmettez aujourd'hui. Mais, pendant cette année qui vient,
il y a une petite phrase que vous avez dite tantôt qui me
préoccupe, et c'est la suivante. Vous nous disiez que le Conseil du
trésor s'était interrogé sur la pertinence de ce qui se
passait en éducation populaire. Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est
justement l'incapacité du Conseil du trésor à
dépasser une vision compartimentée de la vie en
société, cette vision de fonctionnaire qui ne se retrouve
absolument pas dans la réalité des gens et qui fait qu'on
voudrait les compartimenter - faites-vous ceci ou cela? - en n'acceptant pas
qu'ils fassent un peu d'habitation, beaucoup de familles, un peu d'adolescents,
quelques jeunes là-dedans et peut-être des personnes
âgées. On voudrait que les gens fonctionnent, dans les quartiers
ou nos municipalités, comme fonctionne le gouvernement, par services,
départements, ministères, etc.
Ça, ça m'inquiète vraiment énormément
parce que, finalement, ce que l'éducation populaire autonome apporte,
c'est cette capacité de dépasser cette vision fragmentée
de la vie qui enlève du pouvoir aux gens. Le problème dans notre
société, il faut bien le dire, c'est que c'est devenu tellement
écrasant que les gens subissent le changement, et ce à quoi sert
l'éducation populaire, c'est à leur permettre, non pas de subir
mais de participer au changement, de l'orienter, le changement.
J'aimerais bien savoir quelles sont les critiques qui venaient du
Conseil du trésor à l'égard des groupes en
éducation populaire. Ce ' que je crains, c'est que le Conseil du
trésor compartimente les choses de telle façon qu'il y ait des
restrictions qui soient apportées, où pour faire de
l'éducation populaire, il faudrait un papier et un crayon, puis des gens
qui soient assis comme s'ils étaient à l'école. Ça,
c'est ma première question.
La seconde, ça concerne l'éducation populaire dans les
commissions scolaires. J'ai rencontré dans ma vie, moi, je dirais, des
dizaines de personnes qui m'ont dit avoir commencé à changer
à partir du moment où elles avaient suivi les cours «Se
reconnaître comme femme» ou encore «Second
départ» ou encore «Les relations parents-enfants» ou
encore «Des relations avec les adolescents», qui étaient
offerts dans les commissions scolaires. Si c'est vraiment légitime de
comprendre... Mais il n'est pas évident, même dans l'exemple que
vous donniez de la femme de l'avocat, qu'elle aura, elle, l'argent qu'il faut
pour se payer un cours. Ce n'est pas évident du
tout. Heureusement que l'AFEAS et les cercles de fermières nous
l'ont souvent rappelé, ce n'est pas le revenu du mari qui tient lieu
pour autant de petit change pour la femme du conjoint.
La difficulté, indépendamment de cela, si tant est, avec
raison, que vous vouliez préciser des orientations... Est-ce qu'il ne
serait pas plutôt utile d'indiquer que ces cours, pour être
financés avec l'argent public, doivent être offerts, par exemple,
dans des domaines qu'on privilégie, comme les relations parents-enfants,
parents-adolescents, le vieillissement, l'égalité des chances
pour les femmes qui ont passé bien des années et qui peuvent
avoir vraiment des obsta-bles à franchir pour simplement se sentir
capables de réintégrer le marché de l'emploi? Quoi qu'il
en soit, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'établir des priorités
plutôt que de couper?
M. Pagé: Vous dites: Un an de répit, Mme la
Présidente. Pour moi, ce n'est pas un an de répit, c'est un an de
structuration. Vous avez référé au Conseil du
trésor. Le Conseil du trésor, évidemment, il a ses
responsabilités. Il doit les prendre. Il doit les assumer. Mon
interprétation - ça demeure mon interprétation - ce qui
fait que le Trésor questionne la démarche auprès des
organismes volontaires d'éducation populaire, c'est très
probablement le caractère très peu normatif des interventions.
Vous savez que - vous avez assez d'expérience ici, vous êtes ici
depuis 1976...
La Présidente (Mme Harel): 1981.
M. Pagé:... tout appareil gouvernemental - et pas
seulement le gouvernement du Québec - toute structure gouvernementale de
gestion de public, que ce soit une municipalité, une commission
scolaire, une MRC, etc., la réaction première, c'est
l'établissement de normes. La norme constitue la référence
et les limites, en même temps, d'invervention. Une norme, c'est
sécurisant pour l'État, pour ne pas dire que c'est aussi
sécurisant pour les femmes et les hommes qui travaillent dans
l'État. À partir du moment où on applique une norme, on ne
peut pas être critiqué. Sauf que, quand je réfère
aux organismes, aux OVEP, je présume qu'il doit être assez
difficile pour les 58 organismes qui oeuvrent comme centres communautaires et
groupes populaires de prévoir, en début d'année, le nombre
d 'incendies qu'il y aura dans le quartier et le nombre de personnes qui
viendront cogner à la porte parce qu'elles n'ont plus rien le lendemain
matin, ou le nombre de problèmes de violence conjugale, ou autres comme
ça. C'est assez difficile à normer, selon moi. Alors, c'est ce
pourquoi il y a peut-être des dualités, parfois, d'opinions.
Vous référez ensuite à l'éducation populaire
dans les commissions scolaires. À cet égard-là, la
position que j'ai adoptée, c'est que l'éducation populaire au
sein des commissions scolaires est quand même un mandat
périphérique à la démarche éducative
fondamentale du ministère de l'Éducation du Québec.
Aujourd'hui, contrairement à il y a peut-être 15 ans ou 20 ans au
Québec, notre société a su se donner des véhicules
autres que les véhicules institutionnels traditionnels pour
répondre à de tels besoins.
Vous avez référé de façon pertinente
à l'affirmation des droits de la femme, à la connaissance,
à l'accès à des voies et moyens, etc., mais il faut
reconnaître et vous allez reconnaître avec moi qu'on a maintenant,
aujourd'hui - et on a les motifs d'en être fiers - des associations, des
organismes, qu'ils soient communautaires, corporatifs ou autres, peu importe,
qui sont là pour prendre le relais. Ça ne veut pas dire que les
commissions scolaires n'en donneront plus. Cependant, l'aspect
périphérique du mandat de l'éducation à cet
égard-là m'a amené à oonclure que j'étais
légitimé, comme ministre de l'Éducation, d'y diriger une
ponction budgétaire. Dans le net, il n'y en a pas, de coupure. Il y a
178 000 000 $ de plus que l'an passé, auxquels, d'ailleurs, on a
ajouté 141 000 000 $, avant la fin du précédent exercice
financier. Alors, les 90 000 000 $ de ponctions ou de coupures
budgétaires du début de l'année 1991-1992, ça fait
longtemps qu'ils ont été non seulement compensés, mais
cette année, c'est 178 000 000 $ de plus dans mon budget. (17 h 40)
La Présidente (Mme Harel): Je vous remercie. La parole est
au député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais passer à un autre programme et
commencer le programme 1.
La Présidente (Mme Harel): Alors, le programme 5 est-il
adopté?
M. Pagé: Trois minutes? Le programme...
M. Gendron: Sur division.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Harel): Sur division.
M. Gendron: Sur division.
La Présidente (Mme Harel): Vous vouliez interrompre trois
minutes?
M. Pagé: Oui.
La Présidente (Mme Harel): Très bien. Alors, nous
suspendons les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 17 h 49)
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous reprenons nos
travaux et j'invite M. le député d'Abitibi-Ouest à nous
préciser quel programme sera maintenant examiné.
Administration Rapport Godbout
M. Gendron: Oui. Je voudrais examiner le programme 1, qui
s'intitule Administration. Dans le programme 1, on aurait pu faire le choix de
questionner, apprécier et discuter plusieurs autres
éléments. Pour des raisons d'heure - le ministère de
l'Éducation, avec un budget de 5 800 000 000 $ - il faut faire des choix
de grandes orientations et de grands dossiers. Ils sont nombreux. J'en
questionnerai davantage au programme 4. Au programme 4, on va faire pas mal de
temps parce qu'à peu près toute l'action fonctionnelle et plus
précise du ministère de l'Éducation se trouve là.
Au programme 1, tout ça pour vous dire que j'aimerais faire uniquement
la formation à distance. Le monde se rappelle de la boite à Ovila
Gaudreault. On ne peut pas, quand on a le souci de la bonne gestion des fonds
publics, ne pas revenir sur ce qui a occasionné l'objet d'une
enquête administrative importante. On a appelé ça le
rapport Godbout. (17 h 50)
Godbout a publié son rapport, et essentiellement - je ne veux pas
revenir sur toute cette histoire-là - le rapport Godbout sur la
Direction de la formation à distance a confirmé à peu
près 95 % de nos allégations. Oui, il y avait du népotisme
à l'Éducation, mais à l'Éducation au sens de la
Direction de la formation à distance. Oui, l'enquête a
confirmé la majorité de nos accusations. Oui, il y avait un
laxisme qui régnait en maître dans le service de la Direction en
formation à distance. La plupart des inquiétudes que j'ai
soulevées en Chambre, le rapport les a confirmées. Oui, on a fait
état de la mauvaise gestion de fonds à la formation. Oui, on a
fait état de pratiques d'embauché qui permettaient le favoritisme
ou le népotisme politique.
On a fait état également de nombreuses lacunes en ce qui a
trait aux ressources humaines, tellement que - je fais juste conclure - j'ai
reçu une couple de téléphones de gens qui m'ont dit ceci:
On te remercie beaucoup d'avoir permis qu'aujourd'hui il y ait une boite qui
fonctionne et où la Direction des ressources humaines semble avoir
compris que, lorsqu'on a à gérer des fonds publics, on ne peut
pas se diriger comme s'il s'agissait de sa propre boite et l'opérer avec
les bons principes de père de famille qui veut absolument avoir ses
quelque 35 ou 45 enfants autour de la table et s'assurer que ce soit à
peu près uniquement eux qui aient le droit d'avoir des contrats de tout
acabit.
Je ne veux pas revenir sur l'organigramme, que je pourrais
redéposer parce qu'il y a quand même des éléments
qui ne me satisfont pas du tout dans le rapport. Mais on ne peut pas, dans la
vie, refaire les mêmes débats sur les mêmes dossiers tout le
temps. Aujourd'hui, mon intention n'est pas de refaire le débat
là-dessus, mais de poser trois questions ou quatre questions
précises, parce que je viens de rappeler les faits, et, au niveau des
faits, c'est le 16 décembre dernier que le ministre rendait public, en
Chambre, un rapport de l'enquêteur Raymond Godbout sur la gestion de la
Direction de la formation à distance.
Dans ce rapport, en le rendant public, le ministre disait ceci
également. Je ne citerai pas toutes les lettres qu'il avait
déposées au rapport, mais i! avait également écrit
une lettre à M. Vézina, à M. Poulin, à Mme
Thérèse Ouellet, à M. Guy Breton et à M. Jean-K.
Samson. Dans la lettre à Mme Thérèse Ouellet - Mme
Thérèse Ouellet, c'est la sous-ministre adjointe à
l'administration au ministère de l'Éducation - il lui disait: Je
vous demande de prendre immédiatement les mesures suivantes,
c'est-à-dire de recommander au sous-ministre en titre, M. Paquet...
M. Paquet, lui également, avait écrit au ministre de
l'Éducation pour dire que, comme il était partie prenante dans le
rapport Godbout et dans l'objet de l'enquête, puisqu'il y avait des
découpures de journaux qui avaient dit que le sous-ministre de
l'Éducation, puisqu'il avait été informé de
certaines allégations qui avaient été faites, devait, lui
aussi, faire partie de l'enquête. Le sous-ministre avait écrit:
Comme je suis un peu partie prenante, je préférerais, quant au
suivi du dossier, M. le ministre - il écrivait à son ministre -
que vous procédiez directement auprès des personnes en
autorité dans mon ministère en termes de suivi au rapport. J'ai
sa lettre ici: Compte tenu que je fus publiquement interpellé - c'est le
sous-ministre en titre qui s'exprimait comme ça, et ainsi de suite,
ainsi de suite - j'apprécierais que vous transmettiez directement vos
mandats aux personnes qui seront concernées par la suite des choses, qui
s'appelle le suivi du rapport.
Première question: Qu'est-il advenu de M. Ovila Gaudreault, le
directeur de la Direction de la formation à distance? Est-il toujours
rémunéré? Est-il toujours un employé du
gouvernement du Québec, donc de la fonction publique? Si oui, où
travaille-t-il? À quel titre? Quel est son niveau d'emploi? Qu'est-ce
que vous avez fait avec M. Ovila Gaudreault?
M. Pagé: Alors, les responsabilités d'encadrement
à la Direction de la formation à distance furent retirées
à M. Paul Fortier et à M. Ovila Gaudreault, avec la collaboration
aussi des dirigeants de l'Association des cadres du gouvernement du
Québec. MM. Gaudreault et
Fortier ont formulé, en date du 20 décembre 1991, peu de
temps après le dépôt du rapport, une demande de
réorientation de carrière au niveau de la classe d'emploi de
professionnel. Ces demandes furent acceptées et c'a eu pour effet de
soustraire ces personnes des fonctions d'encadrement.
Des démarches ont été menées par la
Direction des ressources humaines, dès le début du mois de
janvier, pour la relocalisation de ces deux personnes compte tenu des demandes
formulées par ces dernières. M. Ovila Gaudreault a
été muté le 4 février dernier à titre
d'agent de recherche et de planification socio-économique au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Quant
à M. Paul Fortier, il fut prêté, du 5 février 1992
au 14 avril 1992, au ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, à
titre d'attaché d'administration. Il y a eu un changement de plus, et je
vais demander à M. De Celles d'y ajouter tout à l'heure.
Or, ces mesures revêtent un caractère punitif
indéniable vu l'effet important sur la carrière des personnes
concernées. Ça nous semblait plus significatif qu'une coupure
salariale temporaire. Ça répond à votre question, M. le
député?
M. Gendron: Oui, M. le ministre. Quant au rapport ou
recommandations, avant d'aller à d'autres personnes, de votre
sous-ministre adjointe à l'administration, est-ce que Mme
Thérèse Ouellet vous a produit d'autres recommandations ou des
recommandations tout court concernant d'autres personnels de cette boîte,
des mesures disciplinaires appropriées que je n'identifie pas pour le
moment ou tout autre geste pertinent? Autrement dit, en termes clairs, c'est
quoi le rapport que Mme la sous-ministre adjointe à l'administration
vous a fait comme ministre concernant la Direction de la formation à
distance?
M. Pagé: O.K. En fait, globalement, les rapports qui m'ont
été soumis référaient à la mise en place de
mécanismes plus clairs, plus transparents, davantage garants
d'intégrité, entre guillemets, si je peux utiliser le terme, ou
de loyauté plutôt, en ce qui concerne l'embauche du personnel
occasionnel, l'attribution de contrats de services aussi à des
personnes. Je peux vous dire que les procédures d'embauché qui
sont prévues à la loi, les conventions collectives sont
maintenant respectées à la lettre.
On se rappellera qu'il y avait un problème avec la liste de
rappel disponible à la Direction des ressources humaines pour les
spécialistes en sciences de l'éducation, que ça ne
répondait pas aux besoins de la formation à distance. Depuis, la
liste a été renouvelée, enrichie et l'embauche se
réalise actuellement, maintenant, à partir de cette liste. On se
rappellera qu'il est arrivé aussi que la formation à distance
recrute des fonctionnaires occasionnels en dehors du fichier ministériel
constitué à cette fin par la Direction des ressources humaines,
soit parce que le fichier ne répondait pas aux besoins, soit parce qu'H
y avait une urgence où il fallait recruter un grand nombre de personnes.
Désonnais, la formation à distance recrute ses fonctionnaires
occasionnels à partir des listes de rappel qu'elle a constituées
conformément à la convention collective.
Concernant les contrats de services à des personnes, depuis la
fin de janvier 1992, une annexe s'ajoute à tous les contrats de services
avec des personnes. Elle précise la scolarité, les
diplômes, l'expérience et les réalisations de la personne,
de façon à établir que son dossier professionnel justifie
pleinement qu'on lui attribue le contrat. Donc, on vérifie les
antécédents de la personne maintenant.
De plus, à l'occasion du renouvellement récent de quelque
100 contrats annuels de tu-torat ou de correction de l'année 1992-1993,
la formation à distance a entrepris de prendre les moyens pour
prévenir le favoritisme à l'endroit de personnes qui auraient des
liens avec des employés de la formation à distance.
M. Gendron: Est-ce à dire, M. le ministre, que, dans
l'évaluation, l'analyse qui aurait été faite par votre
sous-ministre adjointe de l'administration et les recommandations qu'elle
aurait faites, à caractère disciplinaire ou autres, elle ne vous
aurait jamais mentionné de l'information concernant M. Raymond Blouin?
En termes très clairs, comment se fait-il que M. Blouin, qui
était une des personnes les plus en cause, les plus impliquées,
les plus proches, un ami personnel depuis moult années, a reçu
une gratification en cours d'enquête et a été
transféré à l'Institut de technologie agricole à
Saint-Hyacinthe? Je voudrais savoir si M. Blouin, qui possédait des
équipements appartenant à la Direction de la formation à
distance, a remis ces équipements-là? Première question.
(18 heures)
Deuxièmement, comment se fait-il que, dans une enquête
quand même aussi importante que ça par rapport au bon usage des
fonds publics, suite au dépôt du rapport, votre sous-ministre
adjointe à l'administration n'aurait pas cru bon de fouiller, avant que
le rapport ne soit conclu, les raisons pour lesquelles un des plus
concernés puisse bénéficier d'une promotion à
l'Institut de technologie agricole? M. Blouin est-il toujours à l'emploi
de l'Institut de technologie agricole et est-ce que vous avez de l'information
à l'effet que vous avez les garanties qu'il n'y a plus
d'équipement appartenant à la Direction de la formation à
distance qui serait encore sous la responsabilité ou la main de M.
Raymond Blouin?
M. Pagé: Là-dessus, Mme la Présidente, je
vais demander d'abord... Je dois dire que le
rapport, je l'ai acheminé, dès réception, à
la Sûreté du Québec. O.K.? J'ai ensuite demandé
à mon sous-ministre de voir à l'application des dispositions pour
qu'il y ait de l'ordre dans ce service-là. Je vais demander à M.
Paquet, mon sous-ministre en titre, d'ajouter. Il pourra très
certainement référer aussi à M. De Celles, qui est
maintenant le directeur de ce service-là.
M. Paquet (Michel): Je vais séparer la réponse en
deux, pour le bénéfice de l'information demandée. Sur la
question des équipements, M. De Celles a été en traitement
là-dessus, alors il répondra en accompagnement. Sur la question
des bénéfices et autres traitements accordés à
Raymond Blouin, il y a eu des expertises juridiques faites par le
ministère de l'Éducation de façon à vérifier
si M. Blouin était en situation d'obtention illégale de produits
salariaux, si je peux utiliser le terme, ou si on se retrouvait dans un
contexte où on avait avantagé, par un traitement quelconque, le
salaire ou les bénéfices qu'on lui avait négociés.
La réponse très claire, au niveau des services juridiques du
ministère, c'est que M. Blouin avait négocié un contrat
qui, lui, au sens de ce qu'il avait obtenu, ne le mettait pas en situation
illégale.
Ce dont il avait bénéficié, ce qui faisait
d'ailleurs l'objet des commentaires des gens du milieu et ce que vous avez
relevé, c'était d'une relation où, dans sa discussion de
contrat, il y a eu des avantages qui pouvaient être non pas
illégaux, mais peut-être en dépassement par rapport
à la norme au niveau des autres professionnels de sa catégorie.
Donc, à ce moment-là, on ne se retrouvait pas dans un contexte,
selon les avis juridiques, d'être en droit de réclamation. Ce
qu'on pouvait être en droit de faire, c'était de faire les gestes
qui ont été faits après. C'est le traitement du statut
d'emploi des cadres concernés qui avait été trop large
dans le cas précis dont on parle. Alors, ça, c'est sur la
question de M. Blouin.
L'autre question que vous avez soulevée, c'est: Est-il encore
maintenant à l'institut de l'agriculture? À notre connaissance,
oui, il est toujours là. Et, sur la question des équipements, le
mandat a été très nettement donné de faire en sorte
de récupérer les équipements qui étaient à
la fois à la Direction de la formation à distance et loués
à M. Blouin. Là, il y a un dossier que je qualifierais de
complexe, en termes de traitement, et qui fait l'objet de travaux,
actuellement, par M. De Celles, qui finit le dossier. Alors, peut-être
que M. De Celles pourrait compléter.
M. De Celles (Michel): La question de récupérer les
équipements...
La Présidente (Mme Harel): Est-il possible d'Identifier
votre titre et ainsi que vous-même pour les fins du Journal des
débats?
M. De Celles: Michel De Celles, directeur général
des ressources didactiques et de la formation à distance.
M. Gendron: C'est la nouvelle appellation de la Direction de la
formation à distance.
M. De Celles: C'est-à-dire qui englobe la formation
à distance.
M. Gendron: Oui, oui.
M. De Celles: Je rappelle que je suis d'abord par intérim
à la Direction de la formation à distance depuis à peu
près la mi-novembre. Pour ce qui est de la question de
récupérer l'équipement, il y a la difficulté de
départ que l'administration précécente avait,
effectivement, autorisé M. Raymond Blouin à louer une imprimante
- car c'est de ça qu'il est question - et à se faire rembourser
les frais de location en question sans qu'il y ait de date limite, de
durée, de montant envisagé ni de prise en compte des
possibilités d'une location-achat.
La première démarche qui a été faite
auprès de M. Blouin par la Direction des ressources matérielles,
je crois, visait, effectivement, donc, à récupérer
l'appareil en essayant, par ailleurs, de tenir compte peut-être de
versements que M. Blouin lui-même, la location terminée, avait
fait de son côté pour en arriver à la
propriété. Ces démarches auprès de M. Blouin se
sont frappées, finalement, à un refus. Il s'est muni d'un avocat
qui a présenté au ministère une défense à
l'effet que rien n'attestait que le ministère avait des droits de
propriété sur cet appareil qui avait été
loué, pour la location duquel M. Blouin s'était fait rembourser
avec l'autorisation de ses supérieurs. On devine que de se lancer dans
une démarche juridique ou judiciaire pour récupérer des
appareils risquerait de coûter plus cher au système que ce que cet
appareil vaut à ce moment-ci.
La troisième hypothèse consiste à essayer, et c'est
là que nous en sommes, de régulariser la situation en demandant
plutôt à M. Blouin de payer une partie, en tout cas, des sommes
d'argent qui ont été versées en location, de
manière à ce qu'il devienne propriétaire de l'appareil qui
est en sa possession. Les choses en sont là à ce moment-ci. Une
négociation vient de s'entreprendre sur cette troisième
hypothèse. Nous verrons, selon le résultat, s'il y a lieu ou non
d'engager ensuite un processus juridique.
M. Gendron: M. De Celles, rapidement, il faut se rappeler que M.
Ovila Gaudreault était directeur de la boîte, M. Paul Fortier l'a
remplacé pendant une journée et quelque chose après qu'on
a appris au ministre qu'il pouvait avoir autant de problèmes que celui
qui venait de demander de laisser sa place. M. Gaudreault et M. Fortier ne sont
plus là, c'est réglé, bonne
chance, je leur souhaite bonne chance pour l'avenir. M. Blouin on l'a
casé avant qu'on puisse évaluer jusqu'à quel point, selon
moi, il aurait dû être passablement plus incriminé dans le
rapport, mais il n'était plus là. Il a eu la job avant.
Il reste M. Claude Savard, une autre personne très
impliquée. Il y en avait d'autres, mais je parle des personnes
clés. Or, M. Savard, lui, il est toujours bien en selle à la
Direction de la formation à distance, même si l'appellation est
généralement différente. Pour le bénéfice de
ceux qui ne se rappellent pas de ces événements-là, M.
Claude Savard était un ami de longue date de M. Gaudreault. Il
bénéficiait de nombreux privilèges au niveau de l'emploi
en travaillant chez lui quand il le voulait, avec les équipements qu'il
voulait en termes d'audiovisuel, frais de déplacement et d'assignation
extraordinaires. Il avait même obtenu la création d'un local de
tournage très sophistiqué et bien équipé,
même si ces gens-là sont à quatre minutes de
Radio-Québec. Pour ceux qui ne le savent pas, à quatre ou cinq
minutes, tout de suite, tu est collé; 600, rue Fullum, pour ceux qui ne
le savent pas, c'est très proche de Radio-Québec, et
Radio-Québec a sûrement des studios assez bien
équipés pour faire un peu de tournage. On appelait ça dans
le jargon, là... C'était quasiment la porte suivante.
Alors là, j'ai trois questions précises. Je suis un peu
étonné que, dans les recommandations encore là de votre
sous-ministre par rapport aux mesures disciplinaires appropriées ou
toutes autres mesures pertinentes, il n'y ait pas un mot sur M. Claude Savard,
qui, en passant, lui-même avait embauché sa propre femme. Je n'ai
rien contre ça, tant mieux, mais je n'ai jamais eu de preuve que les
règles avaient été suivies. Alors, la question que je veux
vous poser aujourd'hui, c'est: Quel est le statut exact de M. Savard chez vous,
M. De Celles, M. Paquet ou M. le ministre? Est-ce que lui aussi
bénéficie encore d'équipement appartenant à la
Direction de la formation à distance? A-t-il remis un certain nombre
d'équipements qu'il avait? Est-ce que, d'après vous, M. Savard
n'a pas à subir quelque sanction disciplinaire que ce soit, puisque
vous, M. ie ministre, ou votre sous-ministre n'avez jamais reçu quelque
indication que ce soit qu'il y aurait lieu de sanctionner différemment
que l'a été, bien sûr, si je pose la question, M.
Savard?
M. Pagé: Mme la Présidente, je vais demander
à mon sous-ministre, M. Paquet, d'apporter des réponses à
cet élément-là du dossier. (18 h 10)
M. Paquet: Une réponse que je qualifierais peut-être
de générale sur les sanctions, ça pourrait toucher dans le
fond l'ensemble des autres personnes qui, dans la chaîne et sur
l'organigramme, pouvaient attirer votre attention. Quand on a fait,
évidemment après le rapport Godbout, l'analyse que je
qualifierais de juridique des mesures à prendre - et quand je dis
«juridique des mesures à prendre», il y avait à la
fois nos ressources humaines, nos services juridiques qui regardaient ce
volet-là - on était confrontés toujours avec celui qui a
pris la décision, parce que la mesure porte sur celui qui a pris la
décision au sens d'autorisation administrative, et celui qui, dans
l'organisation, a comme vous pourriez le dire, bénéficié
d'un statut ou d'un avavantage particulier. Ce qui nous paraissait toujours
clair cmme ligne, selon les avis qui nous étaient donnés, c'est
que MM. Gaudreault et Fortier faisaient partie de la ligne d'autorité
administrative, donc faisaient l'objet de nos commentaires et de nos griefs,
tandis que les employés qui avaient tiré un
bénéfice, comme j'expliquais pour M. Blouin, qui était un
contrat négocié, ne se retrouvaient pas dans une situation
d'avoir été illégaux, mais d'avoir négocié
à leur avantage. Ceux qui ont pu avoir erré, ce sont ceux qui ont
pris la décision.
Donc, M. Savard, dans ce contexte-là, n'était pas plus que
les autres ciblé comme un employé à qui nous étions
en droit de faire des réprimandes ou quelques mesures disciplinaires.
Cependant, et là je reviens aux réponses fournies par M.
Pagé tout à l'heure - j'inviterais Michel De Celles à
compléter - dans le suivi des dossiers, dans le renouvellement des
contrats, vous pourriez trouver réponse dans ce qui s'applique
actuellement dans la révision de nos gens, de nos contrats, pour voir
à qui on va en accorder, et on voit là le statut de M. Savard.
Donc, je fais une différence entre «pouvons-nous faire
grief» et «comment traiterons-nous son dossier dans
l'avenir». M. De Celles va répondre sur la question,
évidemment, des équipements qui pourraient être
peut-être à sa disposition.
M. De Celles: Je répondrai aussi à la question du
statut. M. Savard est en ce moment un occasionnel qui est à l'emploi de
la formation à distance.
M. Gendron: Pardon, M. De Celles, vous dites
«occasionnel», alors que, moi, j'ai l'information qu'il a sa
permanence.
M. De Celles: Non, ce n'est pas exact.
M. Gendron: Donc, vous me dites que M. Savard n'a pas de
permanence à la fonction publique, que c'est un occasionnel.
M. De Celles: Oui. Cependant, M. Savard, je crois, s'est
qualifié récemment...
M. Gendron: Oui.
M. De Celles: ...sur un concours d'occasionnel cinq ans et plus,
mais il n'occupe pas encore une fonction permanente. il a toujours un statut
d'occasionnel. évidemment, le principal grief, si
mon souvenir est bon, que faisait le rapport Godbout à son propos
était le paiement, à certaines époques, de frais de
déplacement inusités entre son domicile et le lieu de travail en
situation habituelle. Il est clair que cette pratique n'existe plus.
Je ne me souviens pas non plus que le rapport Godbout reprocha à
M. Savard de détenir chez lui des équipements. Quant à ce
que vous avez évoqué, les équipements de tournage, qui
sont à la formation à distance, effectivement, ils sont à
la formation à distance. Ils ont été utilisés par
M. Savard, dont c'était le dossier, celui de l'audiovisuel, et pas
seulement par lui, mais aussi par un autre professionnel oeuvrant dans ce
dossier. Je n'entrerai pas ici dans une tentative de justification des besoins
de la formation à distance de produire certains documents de type
vidéo ni, non plus, n'essaierai d'expliquer que l'accès aux
équipements de Radio-Québec est une question qu'il faudrait
peut-être leur poser, mais où je soupçonne que la
réponse serait qu'il n'y a guère de disponibilité en
temps, en tout cas.
M. Gendron: J'ai une dernière question. Lorsque le
commissaire Godbout a fait enquête, le ministre a pris la décision
de ne pas prolonger les contrats des occasionnels qui arrivaient à terme
ou tout simplement de mettre fin, parce qu'il y avait deux volets... Le
ministre a décidé de mettre fin à un certain nombre de
contrats au moment de l'enquête, et au moment où je vous parie,
tous les occasionnels - à moins que je ne me trompe, et, si
c'était le cas, corrigez-moi - ont été
réembauchés, sauf Mme Joce-lyne Savard. Je sais que Mme Savard
n'était pas une occasionnelle. La seule question que je me pose, c'est
qu'il n'y a personne qui a indiqué, à quelque endroit que ce
soft, pourquoi on n'a pas renouvelé le contrat de Mme Savard. La
question que je pose au ministre de l'Éducation - s'il n'est pas en
mesure de répondre, il se fera aider par ses collaborateurs: Pour quelle
raison précise n'a-t-on pas voulu renouveler le contrat de Mme Jocelyne
Savard à la Direction de la formation à distance?
M. Pagé: Une fois que j'ai reçu le rapport, que je
l'eus rendu public, que je l'eus transmis à la Sûreté du
Québec, j'ai demandé à mon sous-ministre d'appliquer les
dispositions contenues en termes de recommandations dans le rapport. Concernant
les personnels, ça implique, ça impliquait et ça a
impliqué le respect intégral des normes d'embauché, de
référence, de choix et de sélection, en s'appuyant,
évidemment, sur les normes, les règles, les procédures
régissant le gouvernement du Québec et ses ministères.
Partant de là, je vais demander à M. De Celles d'ajouter, de
compléter ma réponse en ce qui concerne le cas plus particulier
de la personne à laquelle vous référez.
M. De Celles: Avant de parler du cas de Mme Savard, je voudrais
simplement rappeler que les occasionels dont le contrat n'a
momentanément pas été renouvelé durant
l'enquête ont été réembauché à la fin
de l'enquête, mais que ces personnes, qui étaient plutôt des
fonctionnaires, se trouvaient d'abord sur liste de rappel, prévoyant
réengagement, et qu'elles avaient été déjà
informées de la date prévue de leur réengagement. C'est la
fonction de la liste de rappel de prévoir ce genre
d'éventualité. L'enquête a donc eu simplement comme effet
de différer le réengagement.
Le cas de Mme Savard est différent. Contrairement à ce que
j'ai cru comprendre, Mme Savard a eu comme dernier contrat à la
formation à distance un contrat d'occasionnelle du début de
septembre, grosso modo, ou à peu près, si je ne m'abuse, puisque
là on se réfère à l'administration
précédente, contrat qui prenait fin le 15 novembre, sans que ce
court contrat lui donnât le droit de figurer sur une liste de rappel ni
qu'il sort prévu qu'on la rappellerait. C'est que, en effet, à la
suite de concours qui s'étaient tenus au cours de l'année
1991-1992, des postes vacants permanents auxquels s'était
présentée Mme Savard, mais qu'elle n'a pas obtenus, ont
été comblés et cela permettait - c'était
déjà prévu par l'ancienne administration - la
réorganisation de certains dossiers qui prévoyait
ultérieurement la prise en charge du dossier dont s'occupait Mme Savard
par un professionnel permanent désormais en poste.
M. Gendron: Je vous remercie. Programme 3.
La Présidente (Mme Harel): Alors, le programme 1 est-il
adopté? À moins qu'il y ait des interventions...
M. Gendron: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Harel): Adopté sur division.
M. Gendron: Programme 2, Mme la Présidente.
Conseil supérieur de l'éducation
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous venons de terminer
le programme 1 et nous appelons maintenant le programme 2.
Avis du Conseil concernant les emplois occupés
par les jeunes étudiants
M. Gendron: Le programme 2, Mme la présidente de cette
commission, c'est les organismes consultatifs. Pour ce qui est du
ministère de l'Éducation, il y a un organisme consultatif. C'est
le Conseil supérieur de l'éducation. Si
on a le temps de finir pour le libérer, tant mieux, mais, au
maximum, je ne dépasserais pas 10 minutes. alors, je ne sais pas si...
je veux tout simplement vous indiquer que j'estime que, règle
générale, les avis du conseil supérieur de
l'éducation sont des avis sérieux, pertinents, les trois quarts
du temps liés à des questions importantes en éducation et,
règle générale, en tout cas pour un ministre de
l'éducation, il est utile et intéressant de savoir qu'il peut
compter sur l'expertise du conseil supérieur de l'éducation. je
n'ai pas envie de vous faire la liste des avis qu'il a publiés, mais,
à chaque année, le conseil supérieur publie un certain
nombre d'avis sur des questions éducatives qui intéressent non
seulement les membres d'une commission ou le ministre de l'éducation,
mais également tous les intervenants éducatifs au
québec.
(18 h 20)
J'aurai l'occasion, au cours des échanges qu'on va avoir
jusqu'à demain midi, de citer à quelques reprises un certain
nombre de réflexions, d'avis ou d'études sur lesquels le Conseil
supérieur s'est penché. Cependant, parmi les avis que le Conseil
supérieur a présentés par la voie de son président,
M. Bisaillon, il y en a un qui m'a particulièrement
intéressé, frappé et sur lequel j'aimerais échanger
quelques minutes avec le président du Conseil supérieur, si le
ministre de l'Éducation nous y autorise. Par la suite, après
quelques questions que je poserais au président du Conseil
supérieur de l'éducation, j'aimerais poser quelques questions sur
les mêmes problématiques au ministre de l'Éducation parce
que, règle générale, la personne la plus concernée
par les avis du Conseil supérieur, ça devrait être le
ministre de l'Éducation.
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente... M. Gendron:
Vous avez...
M. Pagé: Bien, vous m'avez demandé si
j'autorisais...
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, je suis bien
heureux que M. Bisaillon, le président du Conseil supérieur de
l'éducation, soit avec nous; 11 est là pour répondre aux
questions des membres de l'assemblée. point n'est besoin pour moi de
vous réitérer toute la confiance que j'ai dans le conseil et la
volonté très claire qui m'anime comme ministre de
l'éducation de prendre en compte les analyses approfondies,
sérieuses et bien validées, en ce qui me concerne, émises
par le conseil supérieur de l'éducation. d'ailleurs, le conseil
doit comparaître devant la commission de l'éducation la semaine
prochaine, et j'apprécie au plus haut point l'intérêt que
porte la commission parlementaire de l'éducation à l'égard
du conseil.
M. Gendron: Alors, j'arrive tout de suite, M. Bisaillon, à
l'avis qui m'a - je ne dis pas qu'il n'y en a pas d'autres dont je n'ai pas
pris connaissance... Je vous dis que, moi, personnellement, comme porte-parole
de l'Opposition officielle intéressé aux questions
éducatives depuis plusieurs années, ayant moi-même
enseigné pendant une dizaine d'années au secondaire, je suis
tombé un peu à la renverse dans l'avis concernant les emplois
occupés par des jeunes, bien sûr à temps partiel, et
heureusement. Lorsque vous avez sorti la statistique qu'il y aurait à
peu près, dans certains cas, 50 % de jeunes du secondaire qui auraient
un emploi à temps partiel, bien sûr, mais peu importe, que ce soit
peu, beaucoup, pas beaucoup, passionnément ou à la folie,
là, je n'en reviens pas que la priorité ne soit pas
accordée aux études. La priorité devrait être
accordée aux études, d'après moi, tout le temps, y compris
pour des étudiants de niveau universitaire, collégial ou autres.
Je n'en reviens pas. À un moment donné, le titre d'un article de
journal, c'était: Le Conseil supérieur s'inquiète du trop
grand nombre de jeunes qui, effectivement, occupent un emploi.
Je voudrais juste savoir, comme première question, M. Bisaillon,
parce que je ne crois pas que c'était très précis dans
votre avis - je ne parle pas des recommandations, là - concernant les
balises que vous auriez déterminées, ce que vous entendez
concrètement par le travail rémunéré, le travail
à temps partiel, pour être capable de mieux apprécier ce
que ça signifie globalement comme ampleur ou comme amplitude, comme
mouvement. J'aimerais ça avoir quelques précisions de votre part
concernant la notion de travail rémunéré, puis quel type
de travail vous allez observer. Est-ce que, là-dedans, est inclus la
vente de chocolat une fois par 15 jours? J'espère que non, mais je
voudrais le savoir, puisque c'est vous qui avez guidé l'étude.
Alors, j'aimerais vous entendre assez rapidement là-dessus, sur les
principes de balisement, de ce que ça comprenait sur la notion de
rémunération puis sur la notion de temps partiel.
M. Pagé: M. Bisaillon.
M. Bisaillon (Robert): Sur la nature du travail,
évidemment, ça varie de passer les journaux, tondre des gazons,
garder des enfants, si je vais du moins pire au pire en termes d'exigences,
à s'occuper de station-service la nuit, parce qu'il y a un certain
nombre de jeunes qui travaillent aussi la nuit tout en étant
étudiants réguliers de jour. Évidemment, c'est un
phénomène qui est concentré surtout en milieu urbain, donc
la nature des emplois, pour le phénomène qui nous
inquiétait, nous, celui qui requiert beaucoup d'heures, ça peut
aller jusqu'à l'équivalent de deux jours par semaine. C'est
surtout dans les services: l'alimentation, la restauration, les
stations-service, le domaine des
services en général. Donc, c'est du travail à temps
partiel qui entraîne rémunération.
M. Gendron: deuxième question, rapidement - merci de la
précision - vous dites que c'est davantage concentré dans les
concentrations urbaines. moi, c'était mon point de vue. par contre, je
n'ai pas vu, en proportion, dans votre étude, si on peut dire... bon,
quand on parle qu'il y a presque 50 % des jeunes qui occupent un emploi
à temps partiel au secondaire, est-ce que c'est 90 % dans le monde
urbain et 10 % dans le monde rural? ou 20 %? parce que, moi, c'est drôle,
c'est un phénomène que j'observe marginalement dans les
régions du québec, mais je voudrais être sûr que ce
n'est pas mon interprétation. c'est vous qui avez fait l'étude,
c'est vous qui l'avez conduite, le conseil supérieur, donc j'aimerais
ça avoir un peu plus d'appréciation. est-ce que c'est vraiment
marginal dans les régions et très important dans les grands
centres ou si ça prend des proportions inquiétantes y compris
dans les régions du québec?
M. Bisaillon: D'abord, il faut vous dire qu'il n'existe pas de
données ni d'étude à la grandeur de la province, sauf pour
certaines polyvalentes dans des régions urbaines très
précises. Alors, en l'absence de données précises, ce que
nous avons fait, c'est que nous avons communiqué avec 83 polyvalentes
réparties également sur le territoire pour nous faire dire,
effectivement, qu'en régions périphériques c'est un
phénomène qu'ils n'avaient pas exploré parce qu'il leur
semblait qu'il n'y avait pas d'emplois disponibles en nombre suffisant. Ce
n'était pas un phénomène qui leur apparaissait utile
d'explorer, donc il n'y avait pas d'expertise. C'est comme ça, par voie
de comparaison entre les polyvalentes de diverses régions, qu'on s'est
rendu compte que c'était concentré dans les régions
urbaines ou semi-urbaines où les emplois disponibles sont beaucoup plus
nombreux et, soit dit en passant, où le taux de chômage chez les
jeunes de 16 à 24 ans est très élevé. Donc,
ça correspond, dans le fond, aux mêmes régions, là
où il y a une concentration d'emplois disponibles.
M. Gendron: Vous avez traité, M. Bisaillon, des avantages
et des inconvénients. Par contre, dans les 12 recommandations que vous
formulez, vous incitez le ministre de l'Education à saisir ses
collègues du cabinet - et je reviendrai tantôt au ministre,
là - des impacts négatifs du travail
rémunéré des jeunes sur leurs études, surtout quand
ça dépasse un certain nombre d'heures ou lorsqu'il se fait
à des heures indues en termes de trop tard la nuit ou très tard
les fins de semaine. Bien sûr, ça a des influences. Là
où c'est concentré dans les régions urbaines, est-ce que
vous avez des données? Est-ce que vous avez rencontré beaucoup de
jeunes qui, effectivement, vous ont parlé des inconvénients
majeurs que ça représentait, eu égard à leurs
études et à la capacité d'être là le lundi
matin quand ça recommence, puis d'être attentifs, et ainsi de
suite? Quel genre de remarques vous ont fait ces jeunes?
M. Bisaillon: II y a trois choses. C'est sûr que, nous, on
prétend - c'est le conseil qu'on donne, en tout cas, au ministre pour
qu'il le transmette à ses collègues - que le travail de nuit,
c'est-à-dire après 22 heures, pour des jeunes qui sont à
l'école obligatoire, donc qui ont moins de 16 ans, devrait être
exclu carrément. On devrait peut-être même
légiférer. C'est ce qu'on suggère. Mais ça ne
relève pas du Conseil supérieur de dire comment
légiférer.
M. Gendron: Ça, je suis au courant.
M. Bisaillon: Quant au reste, ce qui nous a plus
impressionné peut-être que les inconvénients en regard de
l'étude que peut occasionner le travail rémunéré,
c'est le fait que les jeunes qui ne travaillent pas consacrent à peine
plus d'heures par semaine à leurs études que ceux qui
travaillent. À notre avis, il y a un problème sérieux
là. C'est le problème du sens de l'école, du sens des
études, du sens de l'effort. Il nous apparaît anormal qu'on puisse
travailler jusqu'à l'équivalent de deux jours semaines et s'en
tirer quand même. Ça laisse croire qu'on peut occuper un emploi
à temps partiel et réussir n'importe quelles études. C'est
confirmé à l'Enseignement supérieur, ce
phénomène-là, dans un autre avis qu'on a publié. On
a validé cette hypothèse-là. Aujourd'hui, c'est un
phénomène de société. Les jeunes veulent à
la fois étudier, gagner de l'argent, vivre en même temps de
façon accélérée et anticiper une vie qui,
jusqu'ici, était réservée aux adultes.
M. Gendron: Vous indiquez, M. Bisaillon, comme président
du Conseil supérieur, que le rapport annuel 1991-1992 sur l'état
et les besoins de l'éducation portera sur la gestion de
l'éducation. J'aimerais ça, brièvement, vous entendre sur
les aspects principaux qui seront abordés, si vous êtes assez
avancé dans l'élaboration de cette réflexion pour nous
l'indiquer. (18 h 30)
M. Bisaillon: il nous semble, très globalement - je ne
voudrais pas anticiper sur les conclusions définitives - qu'en
éducation comme ailleurs dans la société on est en
transition, en passage d'un modèle de gestion vers un autre, un
modèle de gestion où les normes, les processus sont prioritaires,
lourds, vers un autre modèle où la responsabilité des gens
est plus sollicitée et où les communautés locales vont
être un peu plus responsables par rapport à ce qui leur arrive si
on compare à l'autre modèle qui existait où on pouvait
toujours dire, finalement, qu'on appliquait des normes venues d'en haut. Donc,
il me
semble qu'il y a une transition entre deux modèles et c'est
autour de ça que va tourner la réflexion du Conseil.
M. Gendron: Je vous remercie, M. Bisaillon. J'ai deux ou trois
autres questions à poser au ministre, mais je vais respecter l'horaire,
puisqu'on le garde pour faire le reste des crédits.
M. Pagé: Je serais heureux de répondre aux
questions du député...
M. Gendron: Tout de suite? M. Pagé: ...à 20
heures... M. Gendron: O.K.
M. Pagé: ...concernant le Conseil, concernant les avis,
concernant l'avis particulier portant sur ie travail chez nos
étudiants.
M. Gendron: Bien, c'est là-dessus que j'aurais une couple
de questions, mais je veux juste indiquer aux membres de la commission...
M. Pagé: Ça va me faire plaisir.
M. Gendron: ...que, moi, en ce qui me concerne - mais je ne suis
pas seul ici - je n'aurai pas d'autres questions à poser à M.
Bisaillon, donc s'il est ici tant mieux...
M. Pagé: Merci.
M. Gendron: On continuera à 20 heures.
La Présidente (Mme Harel): Alors, nous allons suspendre
nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
(Reprise à 20 h 9)
La Présidente (Mme Hovington): Alors, si vous voulez
prendre place, la commission de l'éducation va reprendre ses travaux
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Éducation pour
l'année financière 1992-1993.
Nous en étions au programme 2, Conseil supérieur de
l'éducation.
M. Gendron: Oui. Sur le Conseil supérieur de
l'éducation, Mme la Présidente, j'avais Indiqué au
ministre que les principales questions que j'avais à poser au
président du Conseil l'avaient été. (20 h 10)
J'aurais une couple de questions à poser au ministre. La
première n'est pas bien compliquée. À partir du moment
où on a indiqué aux gens intéressés par ces
questions-là que, selon l'avis du Conseil supérieur sur le
travail rémunéré des jeunes, vigilance et accompagnement
éducatif s'imposent, la question très simple au ministre, c'est:
Est-ce que vous avez l'intention de suivre les indications du Conseil? Et
là je ne fais pas nécessairement référence aux 12
recommandations, mais ils vous ont donné certaines indications assez
précises. Je suis convaincu que le ministre a pris connaissance de
l'avis. Alors, la question est ce qu'elle est: Est-ce que le ministre a
l'intention de suivre les indications du Conseil supérieur,
premièrement? Puis, deuxièmement, s'il a l'intention de les
suivre, ces indications, comment entend-il procéder concrètement
dans le suivi des indications que le Conseil supérieur lui a
fournies?
M. Pagé: O.K. Tout d'abord, Mme la Présidente, je
dois vous dire que j'ai effectivement demandé un avis au Conseil
supérieur de l'éducation, préoccupé que
j'étais, avec d'autres de mes collègues, dont le ministre du
Travail, M. Cherry, par la situation de l'emploi chez les jeunes
étudiant au niveau secondaire, notamment. L'avis a été
demandé par une préoccupation qui s'appuie sur les
éléments suivants. La société de consommation dans
laquelle nous vivons a comme impact une volonté ou un désir
d'autonomie assez appréciable chez nos jeunes. Quand je
réfère à l'autonomie, je réfère, un peu
comme on le dit ici dans notre jargon constitutionnel, au pouvoir de
dépenser, je réfère aux besoins de ces jeunes qui, comme
l'indiquait de façon pertinente le président du Conseil cet
après-midi, sont enclins à mener une vie d'adulte en
référence à leurs besoins, en référence,
exemple, aux vêtements, aux disques, à l'automobile, bon, etc.
C'est définitif qu'un appétit d'autonomie comme celui-là
crée une tendance très forte vers le marché du travail.
D'ailleurs, nos sondages et nos analyses nous indiquent qu'il y a 40 % des
élèves du secondaire qui occupent un travail à temps
partiel. Dans certains cas, même, ça va jusqu'à 25
heures-semaine, plus particulièrement, comme l'indiquait de façon
pertinente, je crois, l'avis du Conseil, dans les milieux à forte
concentration urbaine où des emplois en plus grand nombre sont
disponibles, notamment dans les services.
C'est définitif que le fait qu'un jeune étudie et
travaille en même temps, ça commande un investissement en temps
qui est nécessairement accru. Cependant, il y a un élément
qu'on veut valider auprès des jeunes et qui est évoqué par
le Conseil, c'est que ceux et celles qui travaillent à
l'extérieur n'étudieraient probablement pas moins de temps que
celles et ceux qui ne travaillent pas à l'extérieur.
Pour moi, le défi qui nous attend en est un qui est assez
particulier, assez grand. Premier élément - ça, il n'y a
pas de formule miracle, mais on doit s'y attabler, si je peux utiliser le
terme - on doit tenter, comme société, de
développer la pédagogie de l'effort. La pédagogie de
l'effort, ça veut dire quoi concrètement? Ça veut dire:
l'école, ce n'est pas une sinécure; l'école, ce n'est pas
le Club Med; l'école doit être un lieu d'apprentissage qui
commande discipline, rigueur et engagement. Ça ne sera pas facile, mais
on doit le faire.
On doit aussi faire prendre conscience aux parents du rôle qu'ils
ont à jouer dans l'éducation de leurs enfants et dans le
goût d'apprendre, qui doit être développé. Nous
devons aussi, parallèlement à tout ça, plus
spécifiquement à l'égard du travail, sensibiliser les
parents, notamment, et les jeunes eux-mêmes au fait que le travail
hâtif dans la vie de l'étudiant n'est pas nécessairement la
garantie d'un bonheur certain. D'ailleurs, on le voit; on le voit dans les
analyses et on va pouvoir y revenir demain matin, quand on va échanger
sur l'éducation des adultes. Si on a une croissance aussi importante du
nombre d'élèves dans l'éducation aux adultes - c'est,
quoi, 59 % aux moins de 30 ans - ça veut dire quoi concrètement?
Ça veut dire qu'est inscrit à l'éducation aux adultes
aujourd'hui celui ou celle qui avait 16 ans et qui a décroché en
secondaire IV, secondaire III en 1981-1982. Le danger qui nous guette, c'est
que cette tendance-là se maintienne. C'est ce pourquoi le plan d'action
a été élaboré avec autant de sérieux. C'est
probablement ce qui explique pourquoi il y a eu un peu de retard dans son
dépôt.
Ce qu'on entend faire, on entend les sensibiliser au fait,
peut-être, qu'à 15 ans, 16 ans, quand tu travailles au restaurant
du coin et que tu gagnes 125 $ ou 150 $ la semaine, t'as l'impression
d'être très riche. Mais force nous est de constater, avec le recul
du temps, que celles et ceux qui se sont laissé bercer par une telle
illusion ont dû manger leur pain noir pendant un certain temps, puis ils
nous reviennent sept ou huit ans après.
Alors, démarche de sensibilisation auprès des parents,
auprès des jeunes, et aussi le plan d'action va donner plus de moyens
à l'école québécoise pour augmenter la
persévérance scolaire, de meilleurs outils, tout au moins, pour
rejoindre nos jeunes.
Pour ce qui est du reste, le document a été transmis aux
autres ministères concernés du gouvernement du Québec. Le
Conseil supérieur recommande une législation. Ça doit
faire l'objet de discussions entre le ministre du Travail et le ministre de
l'Éducation. C'est définitif, cependant, qu'avant de
déposer un décret ou d'apposer ma signature en bas d'un
décret recommandant l'adoption d'une loi je voudrais certainement aller
en consultation. Essentiellement, il s'agit de jauger, de mesurer. L'objectif
n'est pas de demander aux camelots du Québec de cesser leurs
activités. Ça, je pense que c'est un apprentissage qui est bien,
qui est formateur pour ces jeunes. Mais, entre agir comme camelot le matin,
entre 6 heures et 7 h 30, et travailler la nuit, tel qu'on y a
référé dans l'avis du Conseil, il y a une grande
différence.
Mais les parents aussi ont un rôle très important à
jouer, très important, notamment au niveau de la pédagogie de
l'effort, du sens du travail et de la discipline.
M. Gendron: Mais, au niveau de l'avis comme tel, vous en avez
pris connaissance, vous en parlez abondamment.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: À ce moment-ci, aujourd'hui, est-ce que vous
avez des intentions par rapport à cet avis-là? Avez-vous un
échéancier? Il est trop tôt ou vous ne vous êtes pas
arrêté complètement?
M. Pagé: O.K. J'ai demandé un rapport de mon
ministère à mon sous-ministre référant à
chacun des éléments de recommandation. Comme je vous l'ai
indiqué aussi, je me suis inscrit immédiatement en contact avec
les autres collègues, notamment le ministre du Travail, pour les suites
à y donner. Mais c'est un problème. C'est un problème qui
est majeur et qui est un élément de contribution très,
très important dans une situation où de nombreux jeunes quittent
l'école parce qu'ils ont un travail d'accessible, puis ce n'est pas
nécessairement ceux qui ont du retard scolaire, puis pas
nécessairement ceux qui doublent, qui ont des problèmes.
M. Gendron: Je vous remercie. Pour ce qui est du reste des
échanges sur le progamme 2, j'ai deux, trois commentaires, et ça
n'empêchera pas le ministre d'en faire. Ce n'est pas des questions comme
telles. C'est évident que j'aurais souhaité discuter et
échanger davantage sur un avis qui m'apparaît fort important, qui
est celui de «La formation professionnelle au secondaire: faciliter les
parcours sans sacrifier la qualité», mais, comme les membres de la
commission de l'Éducation ont décidé de convoquer comme
tel le Conseil supérieur à une séance de travail
particulière, alors, si le ministre veut se joindre à nous, il
est le bienvenu.
M. Pagé: C'est quand?
M. Gendron: Ah, le 13 mai. Toute la journée, on va...
M. Pagé: Le mercredi 13 mai?
M. Gendron: Oui, après la période des questions,
jusqu'à 18 h 30, on va entendre le Conseil supérieur sur l'avis
de la formation professionnelle. Alors, moi, je prétends que c'est un
avis important. Il faut davantage mettre d'énergie puis de temps. Il en
a produit deux,
d'ailleurs, sur la formation professionnelle: un avis sur «l'heure
d'un développement intégré»; l'autre avis, c'est
«faciliter les parcours sans sacrifier la qualité».
Donc, je veux juste indiquer aux membres de la commission ou à
ceux qui nous écouteront dans le futur que, si je ne suis pas plus long
sur le programme 2, ce n'est pas parce que je ne serais pas
intéressé à questionner davantage, à
échanger davantage, parce qu'il m'apparaît toujours que, comme
société, on ne fait pas assez d'efforts de renforcement, d'une
meilleure valorisation de la formation professionnelle. Il faut qualifier plus
de jeunes en formation technique et il faut commencer ça dès le
niveau secondaire. Et, comme je disais dans mes remarques d'introduction que le
moment est peut-être venu de parler moins puis d'agir un peu plus,
ça s'adresse à tous les intervenants qui sont en position de le
faire. Tous les intervenants qui sont en position de le faire devraient le
faire pour s'assurer que la place de la formation professionnelle soit plus
grande. (20 h 20)
Dernier commentaire, et là, M. le ministre, j'aimerais avoir
votre attention. J'espère que je l'ai toujours. C'est évident
qu'après avoir été attentif à certains moments de
la consultation que le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu a faite sur son projet de loi et l'avoir
entendu dire, en ce qui me concerne, des énormités, j'ose
espérer que vous n'êtes pas imprégné des mêmes
réalités, à savoir qu'il est urgent d'avoir une
harmonisation plus concrète, sérieuse, précise entre les
ordres d'enseignement, et ce n'est pas parce que votre gouvernement a
décidé d'autoriser une commission parlementaire qui, à ma
connaissance, ne pourra pas donner grand-chose, parce qu'on n'a pas d'outils,
on n'est pas équipés pour faire un travail en profondeur, et
là je parle de la commission parlementaire de l'automne sur... tout est
sur la table de l'enseignement collégial...
Vous, vous avez une responsabilité, comme ministre de
l'Éducation, et le Conseil supérieur vous a donné un avis
qui était intéressant sur la nécessité d'une
meilleure articulation du secondaire et du collégial. Si cet
avis-là, il le transmettait au gouvernement, mais à vous parce
que le Conseil supérieur relève du ministre de
l'Éducation, au Québec, ce n'est pas parce qu'il avait
constaté qu'il n'y avait aucun problème, qu'il y avait une
harmonisation parfaite, que ça se parlait régulièrement,
qu'il y avait une bonne articulation, une très grande
compréhension mutuelle des objectifs de chacun. Moi, j'en ai pris
connaissance, et cet avis-là traduit malheureusement une dure et froide
réalité qui a été constatée par des
intervenants économiques des grandes concentrations urbaines, à
peu près de l'ensemble des régions du Québec, du Conseil
du patronat, entre autres. Les centrales syndicales ont
répété la même chose à
satiété.
Alors, moi, je ne peux pas faire le débat aujourd'hui, mais
j'espère que, comme ministre de l'Éducation au Québec,
ça vous préoccupe et que vous allez constamment retourner aux
indications que cet avis vous a transmises pour que l'articulation et
l'harmonisation se concrétisent un jour en termes de formation
professionnelle.
Pour ce qui est du programme 2, Mme la Présidente, moi,
personnellement, je souhaiterais passer au programme 3, mais, s'il y a une
remarque ou deux, je vais les accepter.
M. Pagé: Mme la Présidente... M. Gautrin:
Sur...
La Présidente (Mme Hovtngton): M. le député
de Verdun, vous aviez une question?
M. Gautrin: Le programme 2 touche évidemment les avis du
Conseil supérieur de l'éducation. Généralement, sur
tout ce qui touche les avis qui ont été donnés au
ministre, est-ce que ce serait à ce moment-là qu'on pourrait
poser une question?
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que ce serait...
M. Gautrin: Sur des...
La Présidente (Mme Hovington): Je n'ai pas compris le sens
de votre question. Sur les avis?
M. Gautrin: Sur des avis qui ont été donnés
au ministre, qui ne sont pas nécessairement donnés par le Conseil
supérieur de l'éducation, est-ce que c'est le moment,
éventuellement, pour poser une question? Si vous êtes assez
souple, j'aimerais poser...
La Présidente (Mme Hovington): ...que le programme...
M. Gautrin: ...au ministre de l'Éducation... Ce n'est pas
le Conseil supérieur de l'éducation mais un comité que
vous avez formé spécifiquement pour l'étude de
l'enseignement en langue anglaise. Ça s'appelait le rapport
Chambers.
M. Pagé: Oui.
M. Gautrin: J'aimerais savoir, M. le ministre, quelles sont les
suites que vous entendez donner comme telles au rapport Chambers.
M. Gendron: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Non, je voudrais dire à M. le
député de Verdun: Je pense que vous allez
accepter, puis ce n'est pas une question... Est-ce que vous...
M. Gautrin: Non, non. Bien sûr.
M. Gendron: Non, une minute. Est-ce que vous pouvez être
ici demain, vous?
M. Gautrin: Oui, oui.
M. Gendron: C'est parce que ma collègue de...
M. Gautrin: non, non. c'est pour ça que j'ai posé
la question à la présidente à savoir si on pouvait en
discuter maintenant. vous préférez qu'on en discute demain?
M. Gendron: Moi, j'aimerais mieux demain parce qu'elle souhaite
en parler au ministre.
M. Gautrin: Très bien. Alors, écoutez...
M. Gendron: Elle a quelques questions. Elle aimerait
sûrement entendre les vôtres.
M. Gautrin: O.K. Alors, qu'on reprenne... Est-ce que vous
êtes prêt, demain, à ce qu'on reprenne la question sur
ça? Moi, ça m'est égal, Mme la Présidente.
M. Pagé: Je suis à votre disposition, je
suis...
La Présidente (Mme Hovington): Parce que nous avons trois
heures, demain, en commission parlementaire.
M. Pagé: Je suis entre vos mains.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, si vous acceptez, M.
le député de Verdun, on en...
M. Gautrin: Avec plaisir.
M. Pagé: Ça vous fait plaisir que je sois entre vos
mains, madame? Ça vous fait plaisir?
M. Gautrin: Qu'on reprenne tout l'ensemble de la discussion
demain avec votre collègue. D'accord, bien sûr.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Alors, M. le
ministre, vous aviez quelque chose à ajouter sur le programme 2, tout
à l'heure? Non? Ça va? Oui?
M. Pagé: Oui, certainement que j'avais quelque chose
à ajouter. Le député d'Abitibi-Ouest, de façon
pertinente, disait: En FP, il faut parler peu et agir. Il a parlé
beaucoup, il a posé des questions. Vous m'aviez bien posé des
questions?
M. Gendron: Sur le programme 2, oui. Vous y avez répondu.
Là, j'ai dit que je terminais l'étude du programme 2 par deux
commentaires et j'ai ajouté que je n'empêchais personne d'en
faire. Mais, dans les deux commentaires que j'ai faits tantôt, à
ce que je sache, Je n'ai pas posé de question. J'ai dit: Je termine le
programme 2 par les deux commentaires suivants, et je les ai faits.
M. Pagé: O.K. C'était votre homélie en
FP.
M. Gendron: Non. Mon homélie en FP, on va la faire plus
longue et plus importante probablement dans 20, 25,30 minutes.
M. Pagé: O.K.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, est-ce que le
programme...
M. Pagé: C'est parce que je voulais répondre
à ses souhaits. Vous ne vous parliez pas à vous-même quand
vous avez référé à la passerelle entre le
secondaire et le collégial en formation professionnelle?
M. Gendron: Bien non! Je ne référais pas à
moi-même. Je référais à ce que j'ai entendu, puis je
disais que cet avis-là doit être pris en compte par le ministre de
l'Éducation et qu'on aura l'occasion de discuter de la formation
professionnelle un peu plus tard. Si vous voulez y revenir, vous serez le
bienvenu.
M. Pagé: O.K.
M. Gendron: Et là il y aura des questions.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 2
du Conseil supérieur de l'éducation est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Gendron: Adopté. Pas de division en ce qui nous
concerne.
Enseignement privé
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle le programme 3
touchant l'enseignement privé.
Financement des établissements d'enseignement
privé selon le projet de loi 141
M. Gendron: Sur le programme 3, Mme la Présidente, au
niveau de l'enseignement privé, bon, au-delà de ce qui s'est dit
au niveau des crédits, que certains ont prétendu qu'il y avait
une hausse plus importante des crédits de l'enseignement privé,
ça dépend de comment on regarde ça. Moi, je n'ai pas
l'intention de faire
un débat là-dessus ou de questionner. Je l'ai lu, le livre
des crédits. Je l'ai vu. J'ai vu le cahier. Il y a
légèrement une hausse des clientèles au secteur
privé par rapport au secteur public. Ça peut être une
explication de la...
M. Pagé: Ça l'est.
M. Gendron: Bien, en tout cas, moi, j'ai dit - c'est moi qui
avais la parole: Ça peut être. Le ministre confirme que ça
l'est. Bon, bien, on prend sa parole, puis c'est réglé. De toute
façon, mon propos n'était pas sur les chiffres. Je pense qu'aux
crédits on doit profiter de l'occasion pour discuter davantage
d'orientation en éducation, d'information sur des virages ou des
orientations, comme le ministre le disait lui-même. À son
arrivée, il a dit: Elle s'est passée au coin de certaines
orientations majeures que j'ai fait prendre au ministère de
l'Éducation. Bon, on va les regarder.
L'Enseignement privé, programme 3, le ministre de
l'Éducation se rappelle d'avoir présenté, le 15 mai
dernier - ça va faire bientôt un an - le projet de loi 141, Loi
sur l'enseignement privé, puis ça pressait. Il fallait adopter le
principe en juin dernier. Donc, ça fait un an déjà. Le 13
décembre, la commission de l'éducation s'est réunie afin
de procéder à l'étude détaillée de ce projet
de loi. Tel qu'on s'y attendait, le ministre a plutôt
décidé de déposer une série d'amendements et d'en
reporter l'étude à une date ultérieure. Il nous a
convoqués au début de janvier 1992 pour entendre un certain
nombre d'intervenants qui ont voulu s'exprimer sur le projet de loi. Le 28
février dernier, la Fédération des associations
d'établissements privés dénonçait, dans une lettre
au premier ministre, l'absence de mesures concrètes, dans le projet de
loi 141, au chapitre du financement accru du secteur privé. Et je
répète, là, c'est la Fédération des
associations d'établissements privés qui écrivait au
premier ministre et non celui qui vous parle.
Elle lui faisait également part qu'elle n'appuierait jamais une
loi venant sanctionner l'appauvrissement progressif du secteur privé, en
lui rappelant l'engagement pris par le Parti libéral au cours des deux
dernières campagnes électorales, en ce qui me concerne. Le Parti
libéral avait pris l'engagement de rétablir le taux de
financement qui prévalait avant l'application de la loi 11. Cette
proposition a d'ailleurs fait l'unanimité, quelques jours plus tard,
dans l'ensemble du réseau des établissements privés, puis
je ne peux pas le blâmer. Qu'est-ce que vous voulez, eux autres ont
toujours prétendu - les associations et les établissements du
secteur privé - que toute loi qui les toucherait mais qui ne toucherait
pas ce qu'ils appellent eux autres mêmes la raison fondamentale ou la
raison même de leur difficulté majeure, qui est le
sous-financement chronique...
Alors, à partir du moment où on prend un engagement,
ça a donné à un moment donné: Comme il a
été convenu à notre dernière séance du
conseil d'administration du 8 janvier - ça, c'est une note du 6
février 1992 - l'exécutif du MEP a rencontré ceux de la
FAEP et de l'ACQ le 3 février pour coordonner nos actions. Cette
réunion a permis de faire l'unanimité de l'enseignement
privé face au projet de loi et a donné lieu à une prise de
position commune en trois points: refuser d'approuver tout projet de loi qui
viendrait sanctionner l'appauvrissement progressif dont l'enseignement
privé est victime depuis la loi 11 en 1981, maintenir le dialogue
établi en vue d'une amélioration du projet de loi au chapitre du
financement et regarder ça à nouveau en termes
d'évolution.
Le 14 février dernier, le ministre de l'Éducation devait
recevoir une proposition de la Fédération relative à une
restauration sur trois ans du financement de l'enseignement privé. Il y
a eu des démarches de faites auprès du bureau du premier
ministre. (20 h 30)
J'arrête là dans l'espèce d'évaluation,
puisqu'il s'est écrit également toutes sortes de choses
entre-temps, en particulier que Québec est la province la plus
généreuse envers l'école privée, et d'autres points
de vue qui sont connus. Donc, je ne les reprends pas et je ne reprends pas non
plus certains éléments de la lettre de M. Servant, qui est le
président de la Fédération des associations des
écoles privées établissements privés, à M.
Bourassa, le 28 janvier 1992. Je pose quelques questions au ministre.
Première question: Le ministre envisage-t-il de donner suite à la
proposition de la Fédération, dans le cadre du projet de loi 141?
Puis la proposition de la Fédération, bien, je l'ai lue
tantôt. Est-ce que le ministre entend y donner suite?
La Présidente (Mme Hovington): M. le ministre, allez-y
donc.
M. Pagé: J'apprécie, Mme la Présidente,
l'appui et l'intérêt du député d'Abitibi-Ouest pour
l'enseignement privé au Québec. Un si long préambule
témoigne non seulement de son intérêt, mais,
évidemment, de l'appui à la démarche de la
Fédération. Alors, la réponse, c'est oui.
M. Gendron: Quand entendez-vous rappeler le projet de loi? Et
peut-il nous indiquer les raisons précises, aujourd'hui, qui font que,
même si les intervenants ont multiplié les Interventions,
peut-être pas au niveau public mais au niveau des décideurs
politiques, selon ce que je peux observer, on n'a jamais vu quelques indices
que ce soit de compromission, pas de compromission, mais je veux dire
d'intention manifestée par le ministre de l'Éducation quant
à sa démarche
précise, suite à ce qu'il vient de m'indiquer?
M. Pagé: Pouvez-vous préciser le sens de votre
question? Vous parlez d'une compromission dans...
M. Gendron: Non, je l'ai retirée, ma compromission.
M. Pagé: ...le sens précis du...
M. Gendron: Sens précis. Vous venez d'indiquer que... Vous
m'avez répondu oui, que vous avez l'intention de donner suite à
la proposition.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Personne n'en a entendu parler, les intervenants non
plus.
M. Pagé: Bien, je vous le dis, là.
M. Gendron: À qui vous avez dit ça, que vous avez
l'intention de donner suite?
M. Pagé: J'ai dit ça à M. Servant. M.
Gendron: Quand?
M. Pagé: En mars dernier, si ma mémoire est
fidèle; oui, mars.
M. Gendron: Donc, ça signifie que vous avez l'intention
d'augmenter les crédits pour l'enseignement privé.
M. Pagé: C'est-à-dire que - vous avez parlé
du ministre de l'Éducation - le ministre de l'Éducation...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Pagé: ...s'apprête à signer une
recommandation au Conseil visant à modifier le projet de loi qui est
actuellement étudié pour donner une réponse à
l'interrogation financière formulée par le réseau
d'enseignement privé.
M. Gendron: Puis c'est à quelle place qu'on va
prévoir les crédits requis pour aller dans le sens de la
recommandation? Parce que c'est précis, ça: Que pour
l'enseignement régulier le gouvernement inscrive, dans la loi 141, qu'au
plus tard en 1995-1996 la subvention per capita de l'État aux
établissements d'enseignement privé atteigne 65 % de la
totalité des coûts d'éducation pour un élève
comparable au secteur public, que les montants de base annoncés à
l'article 147 du projet de loi 141 constituent un minimum transitoire pour la
prochaine année scolaire. Vous m'avez répondu: Oui, j'ai
l'intention de donner suite à la proposition...
M. Pagé: De donner suite à l'interpellation que
font, au gouvernement du Québec, les institutions privées.
D'ailleurs, elles en ont parlé en août 1991, lorsqu'on a tenu la
commission parlementaire. Elles en ont parlé à nouveau en
début d'année 1992, et c'est autour de cette même table que
la Fédération des associations d'établissements
privés a modifié sa demande d'un taux de subvention de 75 % ou 76
% pour la ramener à 65 % uniquement. Je leur ai fait part de mon accueil
très intéressé. Je n'ai pas rappelé le projet de
loi dans le cadre des travaux de votre commission pour l'étude article
par article compte tenu que j'avais indiqué ma volonté de m'en
remettre et de formuler une recommandation au Conseil des ministres. Alors, le
tout devrait être soumis au Conseil des ministres incessamment. Le
Conseil des ministres va se prononcer, le gouvernement va prendre une position,
et je pourrai à ce moment-là la véhiculer autour de cette
table.
M. Gendron: D'accord, M. le ministre de l'Éducation, mais,
à moins que je me trompe, on est au mois de mai, c'est juin qui suit
mai, alors il reste à peu près 6, 7 semaines avant la fin de la
session et il y avait...
M. Pagé: Oui, mais nous en sommes rendus à
l'étude du projet de loi article par article, le débat en
deuxième lecture est fait.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Puis on va probablement siéger en juillet
aussi, hein!
M. Gendron: C'est possible. C'est vous qui menez.
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Pour ça!
M. Pagé: Et mon ministère.
M. Gendron: Non, non, je parie pour savoir si on siège en
juillet ou pas. C'est comme leader.
M. Pagé: O.K. Mais vous dites: Pour ça.
M. Gendron: Oui, pour la conduite des travaux de la Chambre.
M. Pagé: Alors, on va voir tout ça ensemble. Mais
vous allez voter pour, comme ça, si on apporte des modifications dans ce
sens-là?
M. Gendron: non, mais je prendrai mes responsabilités le
moment venu. c'est parce que là je ne suis pas sûr que vous ayez
bien compris. je termine, parce qu'il me reste trois questions
là-dessus. est-ce que le ministre nous
dit aujourd'hui, et j'espère qu'il est conscient de la demande
précise de la Fédération, du regroupement de
l'enseignement privé, qu'il n'était pas question pour eux autres
de cautionner l'appauvrissement progressif et qu'en conséquence toute
loi sur l'enseignement privé se devait d'être accompagnée
d'argent neuf, de plus d'argent pour le secteur privé... Alors, question
précise: Est-ce que le ministre me dit aujourd'hui que oui, il a
l'intention d'appeler le projet de loi 141 et de donner plus d'argent au
secteur privé qu'il en a présentement?
M. Pagé: J'ai l'intention d'appeler le projet de loi 141,
parce que le projet de loi 141 lui-même, dans le libellé qu'il a
actuellement dans les articles qui y sont inclus, consent des avantages
intéressants à certaines institutions du réseau
privé d'enseignement au Québec, notamment par le droit pour le
ministre de l'Éducation d'établir des règles
budgétaires pour certaines institutions confrontées à des
problèmes particuliers, bon, etc. Un.
Deux, la problématique du financement de l'enseignement
privé au Québec, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'elle est
débattue; ça l'est, débattu, plus particulièrement
depuis 1978, où le gouvernement de l'époque, dont vous
étiez, avait décidé de geler les subventions et avait
imposé un moratoire.
M. Gendron: Je l'ai même dit dans mon long
préambule, comme vous l'avez appelé.
M. Pagé: Pardon?
M. Gendron: Je l'ai même dit dans mon supposé long
préambule là-dessus. Je le saisi
M. Pagé: Ensuite, troisièmement, mon groupe
politique a pris des engagements et mon groupe politique a l'intention de
respecter au maximum les engagements qu'il a pris, en tenant compte,
évidemment, de la capacité de faire au point de vue
financier.
Quatrièmement, je considère comme étant une
ouverture intéressante qu'on doit fouiller, quand la
Fédération des associations d'établissements privés
demande un rétablissement de l'équité comparativement
à ce qui existait antérieurement, mais sur une base progressive,
pour une période pouvant aller jusqu'en 1996. Je trouve ça
dynamique, je trouve ça contributif. Alors, chez nous, on a
étudié tout ça, on se prépare à signer une
recommandation au Conseil, le Conseil va analyser la recommandation que je
ferai, va décider, puis on va voir ensuite.
M. Gendron: Oui, mais, en tous cas, moi, je trouve que le
ministre parie, mais qu'il ne dit pas grand-chose par rapport à la
question posée. La question précise: Y aura-t-il
consécration, dans le projet de loi, du principe d'une augmen- tation de
l'argent par rapport au per capita pour atteindre un plafond de 65 % de la
totalité des coûts d'éducation pour un élève
comparable au secteur public? Parce que c'est ça, la prétention
du Mouvement pour l'enseignement privé.
Vous me dites: II y a des articles qui permettraient d'avantager les
aides qu'ils reçoivent. Je le sais. Mais ça ne devait pas faire
leur affaire, parce que c'est suite à ça qu'Hs ont écrit
au premier ministre puis qu'ils ont dit: On ne veut rien savoir du projet de
loi 141 s'il n'y a pas une disposition précise...
M. Pagé: Je n'ai pas à qualifier si elle est bonne
ou mauvaise, mais vous avez l'habitude d'être parfois un peu abusif sinon
peut-être excessif dans vos interprétations. Je n'ai pas lu dans
la lettre qu'ils ne voulaient rien savoir. C'est dans quel paragraphe qu'ils
disent qu'ils ne veulent rien savoir?
M. Gendron: Le paragraphe très clair qui dit: D'aucune
façon nous n'allons cautionner un projet de loi qui aurait comme
conséquence pour nous de sanctionner l'appauvrissement progressif dont
nous sommes victimes depuis une dizaine d'années.
Là, de toute façon, je ne fais pas ici de la
sémantique. Moi, c'est sur cette base-là que je prétends
qu'un ministre qui prend connaissance de ce que j'appelle une ligne de force
majeure est obligé de conclure que le projet de loi 141, c'est oui s'il
ne consacre pas le principe de l'appauvrissement progressif. Comme ils ont
écrit ça au premier ministre, c'est parce qu'ils pensent que le
141 consacre l'appauvrissement progressif.
Je n'ai pas dit que c'était mon point de vue, mais, comme
porte-parole de l'Opposition officielle, je voulais savoir les orientations
précises du ministre eu égard au projet de loi de l'enseignement
privé qu'il a cautionné, qu'il a porté, qu'il a
déposé au nom de son gouvernement, dans une période
où, pour le reste du temps des crédits, on va parier de coupures
à l'éducation populaire, coupures en éducation des
adultes, coupures un peu partout. C'est important de savoir si le ministre a
décidé qu'effectivement il est d'accord pour couper dans le
secteur public à des endroits fondamentaux.
Mais il a de l'argent pour le secteur privé, parce qu'il entend
donner suite à un engagement de son gouvernement. Il a parié de
son groupe parlementaire. Puis c'est votre droit de dire que c'est ça
que vous allez faire. Moi, c'est mon droit de le savoir.
M. Pagé: je vous ai dit, à votre question, que, si
le conseil des ministres décide d'ajouter, de modifier les pourcentages
d'aide, ça va déboucher sur une aide additionnelle. mais
ça prendrait des crédits additionnels.
M. Gendron: Mais, avec les crédits addi-
tionnels, vous convenez que vous n'avez pas ça dans les
crédits qu'on a à discuter ce soir.
M. Pagé: C'est ça. On ne l'a pas. (20 h 40)
M. Gendron: Dernière question. Dans un projet de
règlement que vous avez soumis aux intéressés, il
était question que vous autorisiez les écoles privées
à augmenter substantiellement leurs frais de scolarité pour faire
face - je n'en disconviens pas - à une crise financière
réelle, par exemple. Ce n'est pas parce que je suis en désaccord
avec l'augmentation du financement au secteur privé que je ne suis pas
en mesure de constater que, sur le plan concret, pratique, oui, il y a des
commissions scolaires et des écoles du secteur privé qui n'ont
pas les sommes requises pour offrir un niveau de service équivalant
à celui qu'elles ont toujours voulu donner. Alors, il y en a plusieurs
qui se sont opposés, M. le ministre, à la perspective d'avoir ce
qu'on appelle des frais de scolarité.
La question très simple aujourd'hui: Est-ce que le ministre
compte toujours aller de l'avant avec son idée éventuelle
d'augmenter les frais de scolarité au niveau des institutions
privées?
M. Pagé: C'est un projet qui visait à
répondre à la problématique vécue par un nombre
limité, j'en conviens, d'institutions. On sait que la
réglementation prévoit des limites imposées aux
institutions dans l'établissement des frais payés par les
parents, dépendamment de la contribution du gouvernement dans certains
cas, bon, etc., à partir d'un certain pourcentage, 50 % maximum.
Or, ça présentait des problèmes pour certaines
institutions, problèmes en vertu desquels, pour apporter une solution,
elles ont dû procéder à des méthodes un peu
différentes, à savoir les frais de scolarité, mais,
à côté des frais de scolarité, différents
frais, comme des frais pour les services complémentaires, les
activités sportives, bon, etc. Alors, on a présenté un
projet de règlement. J'ai cru comprendre qu'il avait été
reçu de façon plus ou moins favorable de la part des institutions
d'enseignement privé. Alors, nous sommes à
réévaluer ça actuellement.
M. Gendron: Vous n'êtes pas rendu à une
décision très, très concrète, là?
M. Pagé: Non. Je vais vous dire que, depuis deux mois,
j'ai eu beaucoup d'autres choses sur lesquelles j'ai dû me pencher que
ces choses-là.
M. Gendron: Je n'en disconviens pas.
Dernière question, parce que j'ai oublié une affaire. Si
le Conseil des ministres n'agrée pas les recommandations que vous allez
faire sur la formule de financement souhaitée par les institu- tions
privées, est-ce que vous allez procéder quand même à
l'adoption du projet de loi 141, vous, comme ministre de
l'Éducation?
M. Pagé: Bien, vous allez convenir avec moi que c'est une
question qui est bien hypothétique à laquelle vous me demandez
d'apporter une réponse! Si le Conseil des ministres n'agrée pas
et qu'il ne veut pas du projet de loi, blon. probablement qu'il n'y en aura
pas, de projet de loi.
M. Gendron: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Sur la formule de
financement, ne donne pas suite aux recommandations que vous allez faire.
M. Pagé: Non, non, mais, s'il y a une condition sine qua
non pour que la Fédération des associations
d'établissements privés puisse souscrire au projet de loi et que
la condition sine qua non n'est pas rencontrée, quel est
l'intérêt pour elle d'avoir un projet de loi?
M. Gendron: Bien, compte tenu de ce que vous avez dit dans le
passé... C'est juste...
M. Pagé: Bien oui, mais ça ne semble...
M. Gendron: C'est parce que vous avez laissé voir, au
début, quand vous l'avez présenté, que...
M. Pagé: II y a des avantages pour eux dans le projet de
loi.
M. Gendron: Oui. Moi, je suis d'accord quand les...
M. Pagé: II y a des avantages pour eux, notamment des
règles budgétaires, certains assouplissements, bon, etc.,
certaines ouvertures. Mais, s'ils n'en veulent pas, qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise?
M. Gendron: Oui, oui. On a le même point de vue. Je veux
dire, il y a des avantages, sauf que, quand les concernés en voient
moins, voient moins...
M. Pagé: Pardon?
M. Gendron: J'ai le même point de vue que vous. Quand les
concernés par un projet de loi voient plus d'inconvénients que
d'avantages, il me semble qu'il y a un droit de retrait légitime.
M. Pagé: Oui. D'ailleurs, le Mouvement pour l'enseignement
privé n'a ménagé aucun effort pour discréditer tous
les éléments de ce projet de loi.
M. Gendron: En ce qui me concerne...
M. Pagé: On va voir.
M. Gendron: Excusez, M. le ministre, je pensais...
M. Pagé: On va voir.
M. Gendron: Je n'ai pas d'autres questions sur le programme
3.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: M. ie ministre, vous avez demandé aux
commissions scolaires de réduire l'encadrement de 2 % dans les
crédits. Est-ce que vous avez été en mesure d'obtenir une
diminution aussi de l'encadrement dans les établissements d'enseignement
privé, tout en étant conscient, bien sûr, qu'ils sont
complètement autonomes? Mais, puisqu'ils sont financés en partie
par les deniers publics, est-ce que la même recherche d'efficacité
que vous poursuivez dans l'administration des commissions scolaires est
poursuivie aussi au niveau des écoles de l'enseignement
privé?
M. Pagé: Vous allez comprendre avec moi, M. le
député, que, pour compresser, il faut référer
à un objet compressible. Or, contrairement au réseau public
d'enseignement au Québec, le réseau privé n'a pas de
centre administratif. Le privé ne bénéficie pas non plus
d'allocation supplémentaire de la part du ministère de
l'Éducation. Donc, tes compressions applicables au public ne peuvent
s'appliquer au secteur privé.
M. Gautrin: Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Et ce n'est pas parce qu'on ne veut pas; c'est
parce qu'on ne peut pas. Vous savez, dans le privé... En tout cas, moi,
je ne connais pas d'établissement d'enseignement privé où
on a un directeur général, un directeur général
adjoint aux services administratifs, un directeur général adjoint
aux services éducatifs, des directions ou services du personnel,
etc.
M. Gautrin: C'est-à-dire que l'enseignement public
pourrait prendre modèle sur l'enseignement privé en termes
d'efficacité de gestion?
M. Pagé: C'est-à-dire que c'est deux structures
différentes.
M. Gautrin: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 4
est adopté?
M. Gautrin: Adopté.
M. Gendron: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Hovington): C'est-à-dire le
programme 3, excusez-moi.
M. Gendron: Le programme 3, oui.
La Présidente (Mme Hovington): C'est le programme 3,
oui.
M. Gendron: Je sais. Programme 3, sur division.
Enseignement primaire et secondaire public
La Présidente (Mme Hovington): Le programme 3 est
adopté. J'appelle le programme 4 touchant l'enseignement primaire et
secondaire public. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous avez la
parole.
Plan d'action concernant la réussite
scolaire
M. Gendron: Oui. Le programme 4, évidemment, tout le monde
l'aura constaté, c'est le programme le plus significatif pour le
ministre de l'Éducation parce que, essentiellement, le programme 4,
c'est l'ensemble des activités d'enseignement primaire et
secondaire.
Je commencerai le programme 4, Mme la Présidente, par discuter un
peu... Bien, un peu, ça va dépendre également du temps,
mais je ne peux pas ne pas commencer le programme 4 par ce qui m'est apparu
comme étant ce qu'il y a de plus souhaité et significatif par le
ministre de l'Éducation, c'est-à-dire d'élaborer et
d'annoncer, un jour, un plan sur la réussite scolaire pour contrer,
évidemment, les inconvénients de la non-réussite qui sont
tout ce que vous savez: l'abandon, le décrochage, le monde pas à
la bonne place, les jeunes qui travaillent plus qu'ils ne vont à
l'école, ainsi de suite. On va avoir l'occasion de rebrasser
ça.
Je veux juste rappeler, pour le bénéfice de tout le monde,
que c'est le 10 septembre que le ministre de l'Éducation rendait
publiques les orientations qu'il entendait privilégier en matière
de réussite scolaire pour les trois prochaines années et qui
devaient mener, après consultation des principaux
intéressés, à l'adoption d'un plan d'action - je dis bien,
là, un plan d'action - dès le début de 1992, dixit le
ministre de l'Éducation et non celui qui vous parle. On a même
parlé de janvier lors de la présentation de son magnifique
document. Parce que, dans le document, il n'y avait pas grand-chose de neuf au
chapitre de ce qu'on appelle la partie stratégie d'action ou voie
d'action.
Mais, au niveau de l'identification des problématiques, que ce
soit au niveau culturel, au niveau de la petite enfance, au niveau de la
formation fondamentale, c'est un document très bien fait, d'excellente
qualité, s'il vous plaît, une brochure qui avait de la gueule, qui
avait beaucoup de présentation, puis ça s'est fait à
grand renfort de publicité. Puis je n'ai rien contre ça,
là, sérieusement, quand un ministre décide de dire: Bon,
bien, écoutez, il faut marquer un virage majeur, important, parce que je
prends ça au sérieux.
Donc, globalement, d'ailleurs je l'avais dit, j'ai trouvé, moi,
que c'était un bon papier, sauf pour la section «Les moyens
concrets». Ça s'explique un peu. Il s'en allait en consultation,
il voulait faire des colloques un peu partout. Donc, tu ne peux pas mettre tout
de suite toutes les recommandations, parce que c'était le lancement de
son plan. Bon, il y avait un peu de gonflement de pleumas, là, notre
force d'avenir puis toutes sortes d'affaires, mais ça, c'est normal. (20
h 50)
II y a des gens qui ont écrit là-dessus, puis ils l'ont
trouvé peut-être moins élaboré, moins valable que
moi. Je me rappelle, entre autres, de l'éditorial de Mme Agnès
Gruda qui disait: Bon, bien, il y a pas mal plus de voeux pieux du ministre
là-dedans. Au lieu de cela, il a lancé, hier, un recueil de
problèmes connus - c'est exact - de généralités et
de bonnes intentions - je ne change pas d'avis, il y avait de bonnes intentions
là-dedans - mais pas de solution concrète.
Je le cite, mais je ne partageais pas son point de vue. Pas parce qu'il
n'était pas exact. D'après moi, c'était normal, au moment
où le ministre lançait la consultation puis les colloques, qu'il
soit peut-être moins volubile sur les solutions, parce que sa
prétention, c'était: On va aller les chercher dans le milieu.
Puis, comme il n'y a pas de solution toute faite et qu'il n'y a pas un
modèle unique, on va permettre aux gens de discuter et d'en
élaborer.
Globalement, les orientations que le ministre a publiées ont
reçu un accueil modestement bon, correct. Tu sais, ce n'était pas
l'euphorie, là, mais, selon les commentaires qui ont été
élaborés par la plupart, tout en reconnaissant que, sur les
objectifs précis, on aurait aimé mieux quelque chose de plus
serré, les gens disaient: Là, bien, on verra.
En janvier dernier, à la clôture du colloque sur la
réussite scolaire organisé par la CEQ et l'Université
Laval, le ministre reportait pour une première fois la
présentation de son plan d'action. Là, je le cite au texte: Je
déposerai le tout à la fin du mois de mars prochain, disait-il
alors. Il promettait également d'y apporter des modifications majeures.
Devoir, 27 janvier.
Là, il était question d'apporter des modifications
majeures. Dans les modifications majeures, multipliant les promesses aux
enseignants ainsi qu'à la Fédération des commissions
scolaires du Québec, M. Pagé a annoncé ses intentions:
alléger la tâche des enseignants en diminuant le nombre
d'élèves dans chaque classe, ce ratio varie présentement,
ainsi de suite; mettre de l'avant un meilleur accompagnement et un meilleur
dépistage des élèves du primaire, quelque chose de
fondamental, en ce qui me concerne; accorder plus de pouvoir décisionnel
aux commissions scolaires, on en a tellement parlé que moi je prends
ça comme une caricature. Je vais vous dire, écoutez, le projet de
loi 107, tout le monde avait dit au ministre de l'Éducation: C'est le
projet le plus centralisateur qu'un gouvernement ait jamais
déposé. On a fait des heures et des heures pour se faire dire:
Bien non, vous ne savez pas lire, vous êtes mal informés. Mais il
n'y a pas de centralisation là-dedans. Alors, là, revenir en
disant qu'il y aura des mesures de décentralisation, on repassera, parce
que ce n'est pas le gouvernement le plus décentralisateur que je
connaisse.
Modifier fe contenu pédagogique de certains programmes
prévus dans le régime du ministère, on verra;
améliorer le soutien professionnel fourni aux élèves,
là, j'ai un problème parce que, pour améliorer le soutien
professionnel fourni aux élèves, je n'ai pas le choix - Je
connais un peu le milieu de l'éducation, j'ai enseigné 12 ans, je
suis proche de ce milieu-là - ça ne se fait pas autrement que par
des ressources. Pour cet aspect-là! Il y a un paquet d'autres affaires
qui se font autrement que par des ressources. Mais, améliorer le soutien
professionnel fourni aux élèves en ce qui a trait aux services
psychologiques et à l'orientation des étudiants, ça ne
prend pas un conseiller en orientation par polyvalente de 1500. Parce que
comment tu vas faire pour améliorer ça avec un conseiller par
1500 ou 1800? Il dit: Moi, je suis débordé. Puis il y en a un
dans certaines écoles que je connais.
J'arrête là sur cet aspect-là, mais le ministre
s'était ouvert pas mal. Il s'était ouvert pas mal. Un peu plus
tard, on dit: «Réussite scolaire, Pagé promet de l'argent
neuf». La réussite scolaire, pour moi, M. Pagé, ministre de
l'Éducation, mon objectif, c'est de sensibiliser le ministre des
Finances à mes besoins et le Conseil du trésor. Et, comme j'ai
pris des engagements de réduire la lourdeur de la tâche des
enseignants et ainsi de suite, ça va me prendre un peu d'argent. Alors,
là, le 26 janvier 1992, M. le ministre de l'Éducation, on titrait
haut et fort: «Réussite scolaire, Pagé promet de l'argent
neuf».
Alors, c'est évident que la CEQ n'a pas dit: II est dans les
patates, ça n'a pas de bon sens. Ils étaient d'accord
là-dessus. Il a reculé sur certains aspects qui, à ma
connaissance, dans son plan, étaient des mauvaises pistes. Faire
accroire qu'un plan de réussite passe par la modification de l'âge
de l'admission à l'école ou par un calendrier différent,
c'est un peu gros. C'est un peu gros. Alors, moi, j'ai le droit de revenir
là-dessus. Parce que, que les jeunes qui trouvent que l'école...
Il y a un rapport ou une étude, là, qui titrait: Les
polyvalentes, c'est l'enfer. Si les jeunes prétendent que c'est l'enfer
et que, vous, vous voulez leur faire faire quatre ou cinq jours
de plus en enfer, ça pose un problème par rapport au
décrochage, tu sais. Mettez-vous à la place des jeunes, supposons
qu'ils ont ça comme conception que l'école, c'est plate, puis que
les profs sont ennuyants, puis que les matières ne sont pas
adéquates, ce n'est pas en disant: Vous allez faire quatre jours de
plus, que le monde va applaudir le ministre.
Deux semaines plus tard, mi-février, le ministre annonçait
qu'il rejetait maintenant l'idée de retarder, pour toutes les fausses
pistes: l'âge d'admission à l'école, la modification du
calendrier, son plan d'action. Et là, pour la première fois, il
disait: Je vous promets, là, c'est fini, les retards, c'est en avril.
La Presse du 19 février 1992, il disait: En avril, je rends
public mon plan de réussite scolaire. Ah! Avril est passé. On est
rendus au mois de mai, puis on ne l'a pas.
Le 8 avril dernier, au cours d'une conférence de presse
réunissant les principaux organismes nationaux du milieu scolaire...
C'est un peu ce que je faisais dans ma présentation. Ça fait
longtemps que je n'ai pas assisté à autant de cris d'alarme des
intervenants de l'éducation. Pour qu'à peu près tous les
organismes du réseau lancent un appel au secours au gouvernement en
faveur de la réussite scolaire, ce n'est pas parce qu'ils trouvent que
le rythme est bon. Ce n'est pas parce qu'ils sont bien, bien d'accord avec la
façon dont le ministre a réussi à livrer des affaires.
Ce n'est pas tout de faire de beaux discours, et on l'a vu à la
période des questions aujourd'hui. Il y en a un qui commence à
être tanné. Ce n'est pas pour rien que Mme Bisson-nette, en
editorial, disait: Écoutez, il est revenu de sa tournée abattu,
atterré. Je parie du ministre de l'Industrie et du Commerce. Parce qu'il
n'est pas fou. Il se rend compte que, qu'est-ce que tu veux, l'action ne suit
pas le beau discours. Il se rend compte de ça. Puis ce n'est jamais
plaisant. Ce n'est jamais plaisant quand un ministre fait le tour du
Québec, puis qu'il passe son temps à avoir un discours sur les
grappes industrielles, puis qu'il voit l'état des raisins dans les
régions, puis que ça fait dur en étoile! Alors, il revient
le «taquet» bas.
C'est ça qui est arrivé. Puis là le ministre, lui,
ça ne le dérange pas, par exemple. Le ministre de
l'Éducation, lui, dit: Non, non, vous allez voir, vous allez être
surpris de mon plan. J'ai hâte. J'ai hâte qu'il me la fasse, la
surprise, sauf que, très concrètement, ça devient un peu
difficile quand un ministre met l'accent pendant huit mois de temps... Les
tournées, il les a faites, je l'ai vu. J'ai assisté à
quelques tournées de région. Pendant huit mois, là, quand
tu es toujours dans le même carré de sable et que tu n'es pas
capable de livrer ce sur quoi tu prétends qu'on doit mettre l'action,
ça devient pesant à traîner.
Alors, on est rendus là. Face au silence du gouvernement quant
aux ressources financières qu'il entend consentir au plan d'action, la
présidente de la Fédération des commissions scolaires a
lancé un ultime appel au secours au premier ministre le 14 avril
dernier. Le Journal de Québec, le lendemain, nous apprenait, et
je cite: La présidente repart les mains vides. Moi, j'ai hâte
qu'on puisse lui donner quelque chose par rapport au plan de réussite
scolaire.
Question. Elle n'est pas compliquée, ma première question
- je crois bien que le ministre la devine - c'est: Quand allez-vous rendre
public votre plan d'action? Ah! Vous me l'avez dit avant-midi, vous avez dit:
Là, écoutez, on va laisser passer le discours du budget - j'ai
déjà lu ça - pensant que, dans le discours du budget,
là il y aura enfin des engagements du ministre des Finances. Parce que
je me rappelle de ce que je viens de vous dire. Vous, vous avez promis: Pas de
plan de réussite scolaire s'il n'y a pas d'argent neuf.
Alors, moi je suis obligé de vous le demander aujourd'hui pareil,
parce que je parle au ministre de l'Éducation: Y aura-t-il de l'argent
neuf? Est-ce que vous avez l'accord du président du Conseil du
trésor? Parce que je suis au courant de vos problèmes. Je sais
également que vous avez rencontré le premier ministre et que
ça a été plutôt long que court pour le convaincre de
la nécessité d'agir au niveau d'un plan pour maximiser la
réussite scolaire.
Alors, deux questions précises: Quand allez-vous avoir de
l'argent neuf? Et êtes-vous toujours dans les mêmes dispositions
d'un plan de réussite scolaire majeur qui agira au chapitre des
éléments suivants: plus de mesures d'encadrement, plus de mesures
assistées par des professionnels qualifiés, plus de support
individualisé aux jeunes? Et là peu importent les formules:
devoirs assistés, je ne sais pas, moi, bénévolat de 16
heures a 18 heures, on fait le tour de la ville, puis on dit: Bon, bien, qui
est prêt à donner un coup de pouce aux jeunes qui n'ont plus de
parents ou qui ont la clé dans le cou, puis qui rentrent chez eux, puis
qui sont tout seuls, puis on sait que les devoirs ne se feront pas? En tout
cas, peu importe.
Mais, au chapitre des éléments sur lesquels, avec raison
je pense, M. le ministre, vous vous étiez avancé pas mal, qui
étaient bien plus des bonnes pistes d'un plan de réussite que de
dire: Bon, bien, on va rallonger le calendrier de cinq jours, puis là on
vient de régler les problèmes, il n'y en aura plus de
décrochage, alors j'aimerais ça vous entendre
précisément là-dessus.
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, je voudrais
remercier très sincèrement le député
d'Abitibi-Ouest qui s'inscrit exactement comme l'ensemble des intervenants au
Québec. Quand je parie des intervenants, je parie de celles et de ceux
qui vivent l'éducation quotidiennement, pas nécessairement Mme
Bissonnette du Devoir, qui a déjà enseigné, j'en
conviens, qui est probable-
ment moins près de la ligne d'action ou de la ligne quotidienne
de l'éducation que celles et ceux qui y vivent. (21 heures)
Le député d'Abitibi-Ouest a pris 26 minutes pour vanter
les mérites de mon plan d'action. Merci beaucoup de ce témoignage
éloquent, soutenu et appuyé aussi par une bonne analyse, qui
correspond sensiblement aux objectifs du ministre de l'Éducation et du
gouvernement de M. Bourassa. Alors, M. le député, merci de votre
appui, merci de cette solidarité qui se veut peut-être aussi
éloquente que tardive, mais quand même intéressante pour
moi. Le député d'Abitibi-Ouest - je le retiens par votre propos -
et le Parti québécois viennent de dire: Bravo! aux intentions du
ministre de l'Éducation.
Vous avez référé aux mesures de prévention,
de dépistage, d'intervention la plus hâtive possible à
partir du moment où un élève présente des
difficultés, des réactions, des résultats susceptibles de
faire interroger nos éducatrices et nos éducateurs. Ça,
c'est dans nos intentions, que le plan d'action apporte une réponse
à l'ensemble de la problématique de l'abandon scolaire à
partir du moment le plus hâtif possible.
Vous avez référé à des mesures
concrètes qui doivent accompagner un tel principe qui est
recherché: encadrement, support aux professionnels, etc. Ce sont des
voies qui sont connues et je vous remercie de votre appui et de la
correspondance, finalement, de l'opinion de votre groupe parlementaire avec ce
à quoi j'ai référé, ce que je m'apprête
à annoncer. Vous n'avez pas cependant référé
à un élément, probablement par mégarde parce que
vous allez probablement l'appuyer vous autres aussi. Vous n'avez pas
référé à la problématique, bien sentie, d'un
passage qui doit être plus harmonieux entre le primaire et le
secondaire.
Nous avons donc travaillé, encore jusqu'à tout
récemment, et c'est probablement ce qui expliquait en partie le report.
Le report, je vais y répondre bien clairement tantôt, les
différentes hypothèses que j'avais et celles finalement que j'ai
retenues. Les mesures d'accompagnement doivent aussi s'appliquer au secondaire.
Les mesures d'accompagnement au secondaire doivent aller au-delà de
l'appui à la persévérance scolaire, puisqu'on doit, en
vertu des actions que nous projetons, tout mettre en oeuvre pour qu'on
ramène à l'école celles et ceux qui ont abandonné.
Vous n'y avez pas référé, et probablement que, si vous
aviez eu plus que 26 minutes pour poser votre question, vous auriez pu le
faire.
M. Gendron: Mme la Présidente, c'est faux. Je viens de
vérifier: 12 minutes exactement. J'ai commencé à moins le
quart et j'ai fini deux minutes avec 21 heures pour ce qui est de
l'introduction du programme 4 avec le premier élément, votre plan
de réussite. C'est exactement 12 minutes et quelque chose. M.
Pagé: 12 minutes?
M. Gendron: Oui, et c'est confirmé par le
secrétariat.
M. Pagé: C'est parce que j'ai l'habitude... Mme la
Présidente, je plaide coupable. Vous savez, quand on me félicite,
quand on vante ce que je fais, je trouve le temps long.
M. Gendron: Vous trouvez ça plus long? M. Pagé:
Oui, ça me gêne un peu.
La Présidente (Mme Hovington): Faute avouée est
à moitié pardonnée, M. le ministre.
M. Pagé: Autant je peux être affirmatif, autant je
peux être un homme réservé. Alors, quand on me vante, je
trouve le temps long. C'est ce pourquoi j'ai trouvé que ça avait
été long. Mais, comme ça n'a pas été long,
vous pourrez recommencer.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, j'en étais
à référer aux différentes mesures. Dans ces
mesures, le député a référé au ratio
maître-élèves. J'entends m'appuyer sur l'école pour
la mise en oeuvre des mesures dans une perspective de véritable
décentralisation de l'intervention. En clair, ce que j'ai dit à
la CEQ, ce que j'ai dit aussi le 25 janvier dernier, au moment du colloque,
j'entends faire en sorte que l'école puisse choisir ses moyens. Je ne
crois pas que les voies, les moyens d'intervention doivent être les
mêmes sur l'ensemble du territoire du Québec. Cependant, les
écoles devront faire des choix. Il est impensable - et ça, je
pense que le député va en convenir avec moi - de modifier les
ratios maître-élèves partout sur l'ensemble du territoire
du Québec en même temps.
Mme la Présidente, comment pensez-vous qu'il en coûterait
de diminuer le ratio maître-élèves au Québec
uniquement d'un élève, un seul élève dans toutes
les classes du Québec? C'est un minimum de 50 000 000 $ par
élève. Ça peut aller à plus que ça,
dépendamment du ratio applicable dans la classe. Or, supposons que,
demain matin, le ministre de l'Éducation avait 50 000 000 $ pour son
plan d'action, je ne pense pas qu'on se donnerait une meilleure garantie de
succès en appliquant une seule mesure: on réduit le nombre
d'élèves dans chaque groupe d'un élève. Alors, tout
ça pour vous dire que les moyens devront être ultimement retenus
par les écoles, et les enseignants, les enseignantes devront être
parties prenantes, pas pourront, devront être parties prenantes aux voies
et moyens adoptés par l'école.
Autre élément, la démarche de la réussite
éducative au Québec interpelle l'école, le
ministère, mais interpelle aussi la société
québécoise.
Je comprends que les entreprises, à titre d'exemple, reprochent
une situation de fait, et le député va être d'accord avec
moi, que le réseau de l'éducation au Québec ne peut pas
leur fournir, en tout temps, tout le temps, une main-d'oeuvre qualifiée
correspondant exactement à leurs besoins. O.K.? Qu'est-ce que les
entreprises font au niveau de la recherche, au niveau du support à la
formation de la main-d'oeuvre, au niveau de la promotion des emplois
disponibles, au niveau de la promotion de leur propre secteur dans
l'école québécoise? C'est ce qui m'a fait dire, au
congrès de l'entrepreneuriat, que l'entreprise doit revenir à
l'école pour participer avec nous à l'élaboration de nos
programmes, sensibiliser nos jeunes à des métiers d'avenir,
prometteurs, rémunérateurs, qui seront accessibles. Ça
interpelle la famille québécoise, aussi, beaucoup. Ça
interpelle le ministère dans une perspective de valorisation de la
profession d'enseignant, j'y ai référé dans mon
«introduc-tif».
C'est tout ça qu'il y aura dans le plan d'action, et aussi un
principe de plus de moyens. Je comprends que le député a
réagi avec beaucoup de scepticisme à l'égard de la
volonté du ministre de l'Éducation et du ministère de
décentraliser. On va le faire, on va le faire. D'ailleurs, dans mon
discours, à l'«introductif» cet après-midi, j'ai
référé à un projet de loi qui allait être
déposé avant le 15 mai. J'espère que je pourrai compter
sur la collaboration de l'Opposition officielle pour qu'il soit adopté
avant le 30 mai.
M. Gendron: Vous pouvez compter dessus. S'il a un contenu
intéressant qui va dans le sens des objectifs et que la voie des moyens
est un peu plus évolutive que ce qu'on a vu quand vous l'avez
déposé en septembre, vous allez avoir un allié.
M. Pagé: Non, je ne parle pas... Je parle d'un projet de
loi que j'entends déposer pour redonner plus de pouvoirs aux commissions
scolaires et aux écoles. Ça s'inscrit pleinement dans le plan
d'action qui, lui, pourrait, devrait - la date exacte, je l'ai en tête,
mais, cette fois-ci, je ne vous la donnerai pas... Le projet de loi, j'en
aurais besoin, cependant, avant le 30 mai. De toute façon, j'en parlerai
avec mon vis-à-vis, le critique et le leader parlementaire de
l'Opposition. J'en aurais besoin avant le 30 mai pour pouvoir l'appliquer
à compter du 1er septembre prochain dans le réseau d'enseignement
au Québec. C'est une bonne loi et je suis persuadé que vous allez
être d'accord avec chacun de ses éléments.
Pour revenir au sujet qui nous intéresse, j'ai
étudié, pendant un certain temps, la possibilité de
déposer le plan d'action sans qu'il soit accompagné des mesures
financières prévues. Cependant, je me suis ressaisi en mars, fin
février début mars, quand on m'a dit, dans les échanges
que j'ai eus avec les partenaires: M. le ministre, on préférerait
de beaucoup que votre plan d'action prévoie non seulement des mesures
particulières, mais soit accompagné des allocations
budgétaires et financières que vous entendez faire adopter en
support à ces interventions. (21 h 10)
Alors, en clair, le lieutenant-gouverneur l'a exprimé dans le
discours inaugural, le gouvernement entend, peu de temps après la
lecture du discours du budget... C'est le seul autre véhicule ou moyen
possible de crédits additionnels dans certains programmes. Alors, on
travaille fort. Le député d'Abitibi-Ouest reconnaît le
bien-fondé du document, des mesures, des intentions. J'apprécie
le respect que vous me témoignez dans la persévérance que
j'ai de travailler fort pour aller chercher des sommes. Ça devrait bien
aller, sauf que j'ai l'impression qu'il y aura...
M. Gendron: II est découragé.
M. Pagé: ...probablement une seule personne au
Québec qui va être très critique, et probablement que
ça va être le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Bien, j'espère que... Si vous êtes
presque aussi découragé que vous en avez l'air ce soir, je suis
inquiet.
M. Pagé: Je suis très encouragé, moi.
M. Gendron: Oui. Ah! Excusez. Bon, alors on n'a pas le droit
de...
M. Pagé: Vous êtes comme la députée de
Terrebonne. La députée de Terrebonne...
M. Gendron: ...vérifier des impressions.
M. Pagé: ...elle, interprète... Terrebonne, c'est
bien ça?
Mme Caron: Oui.
M. Pagé: Elle interprète les tonalités de la
voix.
M. Gendron: Non, mais, Mme la Présidente, très
sérieusement, le ministre...
M. Pagé: Vous n'étiez pas sérieux,
là?
M. Gendron: Vous devez sûrement le savoir, à ce
moment-ci...
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: ...puisque je sais que le gros de vos
problèmes - je ne les connais pas tous, mais sur ce qu'on discute -
c'est un problème d'argent. Là, de me dire ce que vous venez
de
me dire, c'est un peu... Une chance qu'on a des bons dossiers parce
qu'on pourrait se ramasser à terre rapidement.
M. Pagé: Avez-vous envie de vous rouler, quoi?
M. Gendron: Non... M. Pagé: Non.
M. Gendron: ...mais j'ai envie de tomber en bas de ma chaise, de
faire accroire à des gens, à une commission, à titre de
ministre, que oui, là, vous avez appris ça, rendu au mois de
février, janvier, que ça serait plus sérieux d'avoir un
plan de réussite qui serait accompagné d'argent, puis qui serait
accompagné éventuellement de liens avec les règles
budgétaires. Ah! C'est toute une découverte pour un ministre de
l'Éducation. Moi, je le savais le 6 septembre quand vous avez
annoncé ça, puisque tout le monde disait: Est-ce qu'il aura le
moyen d'actualiser son plan? Tout le monde vous a dit: M. le ministre, en
éducation, puisque sincèrement vous avez l'air sérieux
pour contrer l'échec de l'abandon, ça prend un plan axé
sur la réussite, mais ça passe par des considérations qui
font que, de temps en temps, c'est moins d'encadrement, plus de souplesse, plus
d'effectifs, des mesures assistées, et ainsi de suite.
Première question: Est-ce que vous le connaissez, votre plan? Si
vous ne l'avez pas à ce moment-ci, là, il y a un problème.
Moi, je croyais qu'il n'y avait que l'aspect financier qui n'était pas
réglé et que vous attendiez que le ministre des Finances prononce
son discours du budget pour dire, comme on l'a entendu à maintes
reprises avec vous autres depuis que je vous connais: On est sensible, on est
ouvert; dans les crédits, il n'y avait pas un cent pour ça, mais
là, voici, on vous a écoutés puis on va mettre 22 000 000
$, 50 000 000 $ - c'est rare que c'est des chiffres comme ça, là.
Là, vous arrivez avec des chiffres pour dire: Bon, on va mettre quelque
chose sur la table pour montrer que le plan de réussite scolaire n'est
pas une farce, mais ça n'a pas l'air que je vais savoir ça ce
soir.
Sur le plan du contenu, est-ce que vous avez tenu compte des
recommandations? Moi, dans ma tête, votre plan sur la réussite,
vous le connaissez comme ministre. Il reste l'argent puis l'autorisation de le
rendre public. Ça, ça devient, là, la dimension
communication, puis ça, c'est votre show, ce n'est pas le mien. Moi, je
veux m'inscrire dedans si vos mesures ont de l'allure. Ça va me faire
plaisir de m'inscrire dedans si les mesures ont de l'allure pour contrer le
décrochage scolaire.
Les jeunes du Conseil permanent de la jeunesse nous ont fait des
recommandations fort précises. L'école secondaire a besoin d'une
thérapie de choc et dans leur mémoire - puis ça fait
longtemps - le Conseil propose une série de mesures concrètes,
dont j'ai pris connaissance, qui visent à ce que les jeunes soient
davantage impliqués dans les décisions de l'école.
Là, ils sont partis - puis ce n'est pas péjoratif, c'est parce
que je n'ai pas le temps d'évoquer ça - avec une série de
suggestions précises. Deuxième question: Est-ce qu'un certain
nombre de recommandations du rapport du Conseil permanent de la jeunesse ont
été retenues dans votre plan de réussite scolaire pour
contrer le phénomène du décrochage? Oui ou non?
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: merci beaucoup. troisième question...
M. Pagé: Mais ce n'est pas parce que j'ai vu le double du
temps tantôt que vous devez être aussi bref dans
celle-là.
M. Gendron: Bien non! Je vous remercie. Je vais être bref
dans ma troisième. Il y a également une affaire qui me fatigue,
et je l'ai soulignée succinctement lors de mes notes introductives. Moi,
je répète, là, je n'en reviens pas que vous vous laissiez
empiéter, si vous me permettez l'expression, par le
fédéral dans le décrochage scolaire. Et, là, je
reviens à Lise Bissonnette. Vous avez dit: Elle n'a pas une longue
expérience dans l'enseignement, mais elle a une longue expérience
des questions éducatives. Elle a une crédibilité en
éducation...
M. Pagé: J'ai dit qu'elle avait une expérience dans
l'enseignement, monsieur. N'ajoutez pas aux problèmes que Mme
Bissonnette a avec moi, s'il vous plaît.
M. Gendron: Non, je n'ajoute pas. On dit la même chose.
J'ai dit, moi, qu'elle a une longue expérience des questions
éducatives...
M. Pagé: Oui, oui.
M. Gendron: ...et, en conséquence, quand Mme Bissonnette
vous disait... C'est un exemple, ce n'est pas juste parce que Mme Bissonnette
vous l'a dit. Nous, on vous l'avait dit ça fait longtemps, mais, nous,
on n'est pas bien, bien crédibles, on est en politique et on est de
l'Opposition en plus. On ne peut pas avoir bien, bien de
crédibilité. Le mal, là-dedans - ...
M. Pagé: C'est vous qui le dites.
M. Gendron: ...et elle parle de vous - n'est pas tellement la
faiblesse d'un gouvernement qui a accepté de servir d'estafette à
Ottawa - et c'est bien le cas dans tous les domaines, on le voit - en se
contentant d'approuver les projets
avant de remettre l'argent aux commissions scolaires, mais c'est de
n'avoir pas exigé de canaliser ces ressources au service de votre plan
de réussite scolaire. Je pense qu'elle avait raison et ça donne
ce que j'ai illustré. Le fédéral organise à Halifax
au mois de mai un immense colloque pour sensibiliser les
Québécois et les Québécoises au drame du
décrochage scolaire. Ça n'a pas de bon sens! Alors, quand
avez-vous fait des représentations fortes comme ministre de
l'Éducation pour dire aux gens du fédéral, les amis de
Brian ou de M. Bourassa... Ça a l'air qu'ils sont plus souvent au
téléphone ensemble que nous autres.
M. Pagé: Ils sont quoi?
M. Gendron: Ils sont plus souvent au téléphone, le
premier ministre du Québec et M. Brian Mulroney, l'un et l'autre, que
nous, de l'Opposition, on peut l'être. Vous avez juste à me suivre
dans ce que je dis.
M. Pagé: Je n'ai pas l'agenda téléphonique
de M. Bourassa ni de M. Mulroney.
M. Gendron: Non. Moi, je vous dis: Quand allez-vous, comme
ministre de l'Éducation, leur dire, au fédéral: Si vous
avez du fric, de l'argent, pour nous aider à contrer le
phénomène du décrochage, est-ce qu'il y a moyen que vous
le versiez normalement, par les voies autorisées, comme on a toujours
procédé, qui s'appellent des ententes, là? Je ne partirai
pas avec des ententes-cadres de développement, puis ça va prendre
un an et demi à faire l'entente-cadre. Je dis juste que, s'ils ont de
l'argent pour le décrochage, puis si vous étiez vraiment
déterminé, agressif dans le bon sens du terme pour dire: C'est
chez nous, c'est notre champ de juridiction et on est plus habilités
à déceler le genre de solution qu'on doit apporter à
ça, je ne suis pas sûr qu'ils n'essaieraient pas de... si vous
aviez quelque chose à leur montrer, par exemple, pas juste un
discours.
Si vous avez un plan puis que vous dites: Écoutez, ça
l'est, mon plan de réussite pour contrer le décrochage, puis
regardez toutes les bonnes mesures qu'il y a là-dedans; êtes-vous
d'accord pour nous aider à y souscrire financièrement
plutôt que de faire des colloques de sensibilisation au
phénomène grave du décrochage scolaire, de l'argent
ridiculement dépensé arbitrairement, puis qui ne donneront
absolument rien... Quand même on enverrait une grosse
délégation à Halifax pour aller dire: Allez voir si c'est
bien grave, le phénomène du décrochage scolaire...
Vous, vous avez la prétention exacte d'en parler depuis un an;
nous, ici, de ce côté-ci, on en parle au moins depuis trois ans
aux crédits. Chaque ministre m'a dit: Que la priorité no 1 soit
consacrée au phénomène grave du décrocha- ge
scolaire. Lise Bissonnette, d'autres intervenants de l'éducation, la
CEQ, mémoire sur mémoire, ça fait au moins trois ans et
demi, quatre ans, au Québec, qu'on parle d'une façon prioritaire
du drame du décrochage. Quand on parie du drame, bien, on parie
également indirectement du plan de réussite.
Ma question - je termine: Ça ne vous fatigue pas, ça, les
incursions du fédéral dans le décrochage scolaire? Dans
leur document, «L'école avant tout», ça ne vous tente
pas de leur dire: Écoutez, aidez-nous donc correctement? La meilleure
façon de nous aider correctement, c'est par le biais d'ententes, en
transférant directement des sommes d'argent chez nous, mais liées
à votre plan de réussite pour maximiser sa réussite.
M. Pagé: Pourriez-vous répéter le
début de la question? Vous m'avez dit: Est-ce que ça ne vous
fatigue pas?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: O.K. Oui, ça me fatigue. Ça me
fatigue parce que c'est l'utilisation de fonds auxquels contribuent les
Québécois et les Québécoises par leurs impôts
et leurs taxes à Ottawa. Le gouvernement du Canada s'est
développé un intérêt spontané pour
l'éducation quelques semaines, même pas quelques semaines,
quelques jours après que M. Bush eut déclaré son
intérêt pour l'éducation, M. Bush, d'ailleurs, si ma
mémoire est fidèle, qui a annoncé quelques centaines de
millions de dollars pour l'ensemble des États-Unis. (21 h 20)
Le problème du fédéral, et notre problème
par conséquent, c'est que ces gens-là n'ont aucune juridiction en
éducation. Ces gens-là n'ont pas l'expérience, l'analyse,
la sensibilité des réseaux de l'application de programmes et
d'état de situation. Que voulez-vous, ils ne sont pas là! Ils
ont, via le ministre délégué à la Jeunesse,
tenté d'appliquer un programme, sans trop, trop de paramètres,
qu'on appelle «L'école avant tout». Ils ont souhaité
supporter des groupes de notre société, que ce soit des
organismes du milieu... Les commissions scolaires, évidemment, ont
appuyé la position du gouvernement du Québec comme quoi
c'était une juridiction exclusive, mais elles l'ont appuyée avec
une force, une vitalité quand même assez relative, compte tenu des
clins d'oeil qu'elles envoyaient au fédéral comme quoi, vous
savez, ses sous seraient probablement intéressants. Alors, ça a
eu comme résultat que, depuis le mois d'octobre dernier, depuis
bientôt six mois déjà, j'ai étudié chacun des
projets pour lesquels les commissions scolaires font des requêtes
auprès du gouvernement fédéral. J'ai à dire oui ou
non pour l'octroi par le fédéral à une commission scolaire
au Québec dans la réalisation de tels projets. Voilà.
Deuxièmement, je suis d'accord avec le député que
des sommes ainsi versées par le gouvernement canadien au
bénéfice de l'éducation, ou des jeunes, ou pour lutter
contre des phénomènes de société comme celui de
l'abandon scolaire, ces interventions seraient beaucoup plus structurantes,
plus efficaces, davantage porteuses de résultats positifs, bien
intégrées à une approche globale si elles étaient
transférées purement et simplement dans les coffres des
ministères de l'Éducation des provinces.
Troisièmement, je suis pleinement d'accord avec vous que ce n'est
pas un colloque comme celui qui est organisé au mois de mai ou au mois
de juin, peu importe quand, que ce soit à Winnipeg, Vancouver ou Prince
Albert, peu m'importe où, qui va changer la face, la
problématique ou l'état de situation de la problématique.
J'ai l'impression que ça va être un petit peu plus sinon aussi
utile que le flamenco vu par certains commissaires de la CECM en Espagne
l'automne passé.
Quatrièmement, des contacts sont déjà
établis avec le gouvernement canadien portant sur cette
problématique-là. Il ne m'apparait pas d'intérêt
public à ce moment-ci de référer au contenu de ces
contacts.
M. Gendron: J'ai un dernier commentaire.
M. Pagé: Est-ce que ça se pourrait que vous ayez
manqué le dernier bout?
M. Gendron: Non, au contraire... M. Pagé:
Bravo.
M. Gendron: ...j'ai compris exactement la dernière phrase,
mais c'est parce que je me rappelle aussi de la première. Vous avez dit:
Oui, ça me fatigue, mais je trouve que vous portez bien votre fatigue.
Je ne vous entends pas bien, bien, publiquement, comme ministre de
l'Éducation, dire: Écoutez, ce n'est pas de même qu'on
devrait fonctionner - des interventions publiques, musclées, comme
ministre de l'Éducation, qui laisseraient voir que ça a assez
duré, les folies. C'est sérieux, M. le ministre. Ils sont
cassés comme des clous. C'est un gouvernement sur le bien-être
social, même si le premier ministre aime bien dire haut et fort: Plus
haut niveau de vie dans le monde. Je comprends! C'est le pays le plus
endetté dans le monde! Ça va ensemble. Je suis capable de me
donner un bon niveau de vie, si je me dois... Excusez, là. Je ne peux
pas le dire.
Mais c'est ça, la situation. Avec une dette de 465 000 000 000 $,
il me semble que, des folies, on n'a pas les moyens d'en faire. Ils n'ont pas
d'affaire là-dedans. Ce n'est pas compliqué, ça. J'aurais
aimé que le ministre de l'Éducation fasse une couple de sorties,
dénonce cette attitude du gouvernement fédéral de
quêteux, de bien-être social déguisé, de passer son
temps à multiplier les interventions dans des créneaux qui sont
nôtres, pour lesquels on a fait nos réflexions - ça fait
deux ou trois ans qu'on travaille là-dessus au Québec - et,
là, de dire: Écoutez, toute somme d'argent que le
fédéral veut mettre pour contrer le phénomène du
décrochage scolaire, qui n'a pas de bon sens, et qui s'inscrit dans le
plan de réussite doit être versée et déployée
de telle et telle manière pour avoir un usage où les rendements
ne sont pas décroissants, mais où les rendements sont
maximisés. Vous devriez avoir ça comme objectif. C'est juste
ça.
Je veux dire, je vous ai entendu, vous avez expliqué que
ça ne fait pas votre affaire, que c'est fatiguant et vous avez
expliqué un bout de la Constitution et que c'est un champ de juridiction
exclusif. Je sais tout ça. Concrètement, votre seuil de
tolérance a l'air d'être élevé en étoile! Il
me semble que votre seuil de tolérance devrait être atteint.
M. Pagé: Je vous ai dit, à la fin de ma
réponse, que les contacts sont déjà établis, que
les démarches sont déjà entreprises auprès du
gouvernement fédéral et qu'il n'est pas d'intérêt
public, à ce moment-ci, de référer au contenu de ces
échanges. Mais je le ferai en temps utile.
M. Gendron: J'ai compris ce bout-là, M. le ministre, sauf
que je prétends que, sur cette base-là, ça va continuer
comme c'est parti. J'ai un député fédéral qui fait
partie... Je n'ai rien contre lui personnellement, c'est un bon diable, mais il
a de l'argent plein ses poches. Je lui ai demandé: C'est quoi ton
gouvernement, toi? Il a dit: C'est le gouvernement conservateur. Je le sais! Il
y a 465 000 000 000 $ de dettes et il y a toujours de l'argent pour à
peu près n'importe quel projet, mais à la condition que ça
soit toujours dans une espèce de «mêlage» de
situations qui fait que les priorités de l'un sont rarement celles des
autres. Là, on est sur un problème dramatique, grave, et vous me
dites que vous êtes en discussion. Espérons que les discussions
les amèneront à conclure au bien-fondé que tout argent
d'Ottawa pour contrer le phénomène du décrochage scolaire
doit être versé à la réussite du plan de
réussite du ministre de l'Éducation du Québec.
M. Pagé: C'est ce que nous recherchons, et je dois abonder
dans le même sens que vous. Si le gouvernement canadien s'était
associé davantage aux provinces par la mise en oeuvre d'interventions
susceptibles d'aider des secteurs, des clientèles, on aurait fait
beaucoup plus avec le même argent. Je vais vous donner un exemple comme
ce que j'ai vécu aux Pêches. Vous vous rappelez, je n'ai pas
été longtemps aux Pêches. J'y ai été
peut-être un an. Pendant cette année-là...
M. Gendron: Comme ça, les mandats courts, vous connaissez
ça, vous aussi.
M. Pagé: Non, mais c'était un troisième
mandat. J'avais l'Agriculture, j'étais leader parlementaire du
gouvernement et j'avais les Pêches. J'ai eu le mandat du premier ministre
d'aller dynamiser ce secteur-là et je l'ai fait dans moins d'un an,
monsieur.
M. Gendron: Ah! C'est bien, ça!
M. Pagé: Je vais vous donner un exemple bien concret et je
veux le donner au bénéfice des membres de la commission.
L'obligation qu'on a de cibler, avec l'argent des Québécois les
mêmes objectifs et de se donner les mêmes moyens, c'est ce que je
recherche en éducation. L'expérience que j'ai vécue aux
Pêches m'a bien servi.
Pour faire d'une longue histoire une histoire courte, aux Pêches,
il y avait diminution de la ressource, effondrement des prix, problème
majeur de mise en marché des produits. Donc, quand je suis
arrivé, les pêcheurs m'ont dit: M. Pagé, on n'a pas
l'intention de sortir cette année. La morue, si ma mémoire est
fidèle, était à 0,25 $ ou 0,30 $ la livre, ça
n'avait pas de bon sens. Ma réaction a été de dire: II
faut tout faire pour garder les pêcheurs en mer parce que, si les
pêcheurs demeurent à quai - et Mme la députée de
Matane en est bien consciente - nos usines ne fonctionneront pas beaucoup.
Alors, en moins de quelques mois, six mois environ, on a mis en place un
programme de restructuration de l'industrie des pêches au Québec,
un programme en vertu duquel on rationalisait les usines, on mettait des
mécanismes de négociation de prix, un peu comme dans le secteur
laitier, bon, etc. On a annoncé ça le 27 avril 1990.
C'était formidable, tout le monde était heureux, 50 000 000 $.
(21 h 30)
Moi, mon objectif avec les 50 000 000 $, c'était que les
pêcheurs demeurent en mer. Le 20 mai ou le 17 mai, Mme Vézina,
ministre de l'Est du Québec ou peu importe de quoi, vient annoncer, au
nom de je ne sais qui du fédéral, 50 000 000 $. Et ça,
c'était pour garder les pêcheurs à terre. Oui. Ce n'est pas
des blagues que je vous raconte là. On l'a vécu en
Gaspésie, on l'a vécu dans l'Est du Québec. Comme eux
n'avaient pas beaucoup de juridiction et, surtout, ne voulaient pas s'embarquer
dans la rationalisation des usines, comme ils avaient de l'argent, peu
d'idées, bien là, ils ont mis 50 000 000 $ pour garder les
pêcheurs à terre pour faire des choses aussi utiles que peinturer
les presbytères, nettoyer les berges, refaire certains quais.
Alors, concrètement, ça veut dire quoi, ça? C'est
de l'argent des Québécois. Je pense qu'on a tous fait nos
rapports d'impôt avant le 30 avril ou le 30 avril. On constate qu'on en
paye encore pas mal là-bas. On a contribué à faire en
sorte que des dépenses dans un secteur soient non seulement pas
structurantes, mais aillent à l'encontre d'un programme qui, lui, se
voulait structurant. Alors, en éducation, les contacts,
évidemment, que nous avons amorcés vont dans ce sens-là,
qu'on fasse plus en fonction de cibles plus structurantes.
Effectifs scolaires en formation
professionnelle
M. Gendron: L'autre programme que je voudrais toucher,
c'est-à-dire toujours dans le programme 4, pardon, Mme la
Présidente, mais un autre sujet, c'est la formation professionnelle.
Alors, au niveau de la formation professionnelle, je voudrais aborder,
là, très rapidement, la fréquentation dans ce secteur, le
régime pédagogique et l'avis du Conseil des collèges et du
Conseil supérieur de l'éducation sur cette question
importante.
Premier point de vue, rapidement, sur les effectifs. Alors, on sait...
Là, écoutez-moi bien, M. le ministre, je ne vais parier que des
effectifs jeunes inscrits en formation professionnelle. Ils sont toujours en
baisse, année après année. En 1990-1991, on
établissait le nombre à peu près à 14 000 jeunes,
comparativement - bon, ce n'était pas une grosse baisse mais ça
ne fait rien - à 14 374 en 1989-1990. Donc, on en avait perdu 375. Quand
on n'en a pas gros, en perdre une couple, c'est gros. Les estimations du
ministère prévoient même une baisse additionnelle pour
l'année scolaire 1991-1992. On serait à 9747 élèves
jeunes seulement au secteur professionnel. C'est un drame! Ça n'a pas de
bon sens! Il y a quelque chose qui ne marche pas.
Alors, face à ce faible niveau de fréquentation du secteur
de l'enseignement professionnel pour les jeunes, on doit se rendre à
l'évidence que les premières années de la réforme,
instiguée en 1987, ne produisent sûrement pas les résultats
escomptés. Certains parient d'échec de cette réforme.
Là, quand même on parierait d'échecs
répétés ce soir, on n'est pas ici pour évaluer
ça. On est ici pour se demander: Qu'est-ce que nous faisons pour
arrêter cette saignée progressive, grandissante du trop peu de
jeunes qui choisissent la formation professionnelle? Parce qu'il s'agirait,
dans plusieurs cas, de leur réel avenir.
J'ai beaucoup de respect pour l'école, j'ai beaucoup de respect
pour la motivation des... Vous avez dit à une couple de reprises: II va
falloir faire l'éducation à l'effort. C'est beau, ça.
Mais, pour certains, il va falloir faire aussi l'éducation au bon choix,
puis l'éducation au bon choix, dans certains cas, c'est à la
bonne place. Pour bien des jeunes au Québec, au niveau secondaire, c'est
un diplôme d'enseignement professionnel de niveau secondaire, point,
«period», à la ligne. C'est ça. Il ne faut pas avoir
honte de le dire. Ça correspond à un grand nombre de besoins pour
les jeunes.
Est-ce que c'est logique que, sur à peu près 1 000 000
d'enfants qui sont aux études en quelque part, il y en ait 9000 en
formation professionnelle? Vous avez compris, là, 9000! C'est une farce
monumentale, compte tenu des équipements, compte tenu des coûts,
compte tenu de ce que ça peut représenter comme soutien
financier, maintenir l'accessibilité à un minimum de formation
professionnelle, quand on sait que tous ces coûts-là, c'est pour
moins de 10 000 jeunes, au québec, en formation professionnelle. je suis
convaincu que, si plus de gens savaient ça, on se ferait tuer, toute la
gang, avec raison. ça n'a pas de bon sens.
Alors, j'ai une question précise au ministre juste
là-dessus. Là, je ne veux pas de minimisation des chiffres. Il
faut bien le faire, vous le porterez, mais les vrais chiffres, ce n'est pas en
se camouflant derrière des portes et en minimisant les effets. C'est un
flop monumental. Alors, on fait quoi? Quelles mesures additionnelles
concrètes le ministre entend-il instituer? Il ne faut pas attendre
à l'an 2008 - il n'y en aura plus, il n'y en aura plus un - pour
corriger cette situation dramatique et s'assurer que dorénavant 11 y ait
plus de jeunes qui choisissent la voie qui leur est tracée.
M. Pagé: Mme la Présidente, la personne au
Québec qui contribue de la façon la plus éminemment
éloquente à déprécier, dévaloriser,
questionner, rendre inopportune, pour ne pas dire salir la formation
professionnelle au Québec, c'est le député
d'Abitibi-Ouest. C'est vous. C'est vous qui tenez un double langage.
M. Gendron: Des preuves.
M. Pagé: Je vais vous en donner, là. Je ne vous ai
pas interrompu.
M. Gendron: Non, non.
M. Pagé: Je vous entends ergoter depuis à peu
près six mois sur la formation professionnelle au Québec, que ce
n'est pas bon, que ça n'a pas de bon sens, que c'est un échec,
que c'est ci et que c'est ça. Bien, on va s'en parler, là. On a
du temps. On a une demi-heure.
M. Gendron: C'est de la formation professionnelle des jeunes que
je parle, là.
M. Pagé: Bien, je m'excuse, là. M. Gendron:
Ah!
M. Pagé: Un instant. Parfait, Mme la Présidente, il
a la possession tranquille de la vérité. Il s'en vient comme
Parizeau, lui. Il est infaillible et il y a juste lui qui a raison. J'ai une
question, une question. Un élève, 16 ans, termine son secondaire
IV en juin 1991, est admis en formation professionnelle... Je dis bien un
élève, 16 ans, termine son secondaire IV en juin 1991 et
commence, en septembre 1991, un cours en formation professionnelle en
mécanique. Est-il un jeune ou un adulte pour le député
d'Abitibi-Ouest? Un élève de 16 ans, qui termine son secondaire
IV et qui s'en va en formation professionnelle mécanique, est-il un
jeune ou un adulte, selon vous?
M. Gendron: Ce n'est pas selon moi. Pour moi, c'est un adulte. La
question que je pose, moi...
M. Pagé: C'est un jeune ou c'est un adulte?
M. Gendron: Celui que vous décrivez, qui ne termine pas
son diplôme d'enseignement professionnel...
M. Pagé: Non, non. Ce n'est pas ça que je vous
dis.
M. Gendron: C'est ça que je dis, moi. C'est de ça
que je parle. Moi, je parle des jeunes en formation professionnelle dans le
cadre de l'enseignement régulier. Je le sais que les statistiques sont
ensemble, adultes et jeunes, au professionnel.
M. Pagé: En formation professionnelle, dans le cadre d'un
enseignement général?
M. Gendron: Cité étudiante Polyno, 1500
étudiants. O.K.?
M. Pagé: Non, non. Écoutez, là.
Répondez à ma question, là. Je vous donne un cas concret,
un exemple concret. Un élève inscrit dans une école
secondaire publique qui, après son secondaire IV...
M. Gendron: II choisit l'enseignement professionnel.
M. Pagé: ...choisit l'enseignement professionnel, sur une
base régulière, permanente, de cinq jours-semaine, dans un
programme de 900, 1200 ou 1350 heures, peu importe, dans la même
institution - il a 16 ans - est-ce que c'est un jeune, pour vous, ou est-ce un
adulte?
M. Gendron: Pour moi, c'est un jeune.
M. Pagé: vous m'avez dit, il y a une minute, que
c'était un adulte.
M. Gendron: Non. J'ai voulu m'expliquer. Vous voulez prendre
aussi juste ce qui fait votre affaire.
M. Pagé: Bon. Pour vous, c'est un jeune.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Bien, pour moi aussi. Pour moi aussi, c'est un
jeune...
M. Gendron: Je le sais.
M. Pagé: ...sauf qu'il est considéré comme
un adulte.
M. Gendron: Oui. J'ai bien expliqué ça. J'ai dit,
Mme la Présidente...
M. Pagé: Un instant. Non, non. On va compléter,
là. En fait, je vous ai donné l'exemple de mon fils, qui a eu 16
ans le 4 juin. Il est en FP. Pour moi, c'est un jeune...
M. Gendron: Moi aussi.
M. Pagé: ...sauf que, pour la commission scolaire, c'est
un adulte.
M. Gendron: Je sais ça. (21 h 40)
M. Pagé: Depuis la réforme - très simplement
et très rapidement - il n'y a plus de distinction entre les jeunes et
les adultes. Tant et si bien que les chiffres ne sont pas nécessairement
le reflet de la réalité. Nous avons, actuellement, un total
d'effectifs équivalents temps plein, au total, jeunes et adultes, par
conséquent, tel qu'évalué en cours d'année, de 77
429, actuellement, qu'on les appelle élèves, étudiants ou
bipèdes, qui sont dans nos écoles en formation professionnelle.
Or, on en a considéré 67 999 comme des adultes et 9659 comme des
jeunes.
Moi, j'en ai fait, des centres de formation professionnelle, comme
Pierre-Dupuy à Montréal, qui est sous l'autorité de la
commission scolaire régionale de Chambly et qui va être sous
l'autorité de la commission scolaire de Jacques-Cartier à compter
de septembre. Il y a quoi, 1800, 2000, 2200 élèves à plein
temps, de 8 heures le matin à minuit le soir, six jours par semaine,
douze mois par année. L'école Pierre-Dupuy à
Montréal, et non pas à Longueuil, a un nombre très
imposant de jeunes en formation professionnelle.
J'ai fait les centres de formation professionnelle dans l'Est du
Québec. J'en ai fait dans la région de
Laurentides-Lanaudière. J'en ai fait en Mauricie. J'ai vu beaucoup de
jeunes et beaucoup de jeunes adultes qui ont 19, 20 et 21 ans. La
démarche des commissions scolaires afin de colliger le nombre
d'élèves ne fait plus de distinction entre les jeunes et les
adultes. On m'a dit - ce n'est quand même pas moi qui envoie les
formulaires et qui met le timbre dessus, ce n'est pas mol qui les accueille non
plus - qu'à la case «L'élève est-il jeune ou
adulte?» souventefois on ne répond même pas parce qu'il n'y
a plus de différence, il n'y a plus de distinction.
Pour en avoir le coeur net... Êtes-vous tanné? Vous m'avez
demandé tantôt si j'en étais fatigué. Oui, je suis
fatigué de vous entendre critiquer et déprécier la
formation professionnelle. En ce faisant, par vos critiques comme quoi c'est
inacceptable, c'est en régression, ça ne marche pas, vous
accréditez les thèses...
M. Gendron: Bien, c'est comme vous le dites. C'est vos chiffres
à la page 5 dans les crédits, 9747, venant de vous, M. le
ministre, dans votre cahier.
M. Pagé: Oui, mais je prends ce qu'on me donne. Ce qu'on
me donne n'est pas le reflet de la réalité dans les commissions
scolaires. Les commissions scolaires n'ont aucun intérêt à
distinguer le jeune ou l'adulte parce que les règles de financement sont
les mêmes et, deuxièmement, parce que, depuis 1988, on n'en fait
plus, de distinction. A la question que je vous ai posée tantôt,
vous aviez la même réponse que moi: Celui qui a 16 ans et qui est
en FP après le secondaire IV, c'est un jeune.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: or, à la commission scolaire, il est
considéré comme un adulte. et il y en a des milliers, des
milliers et encore des milliers comme ça au québec.
M. Gendron: Je sais cette distinction. Mais, Mme la
Présidente, quand le ministre...
M. Pagé: Non seulement vous ne vous inscrivez pas de
façon critique à l'égard de celles et ceux qui voudraient
voir diminuer purement et simplement ce qui se fait en FP dans le réseau
de l'enseignement scolaire du Québec, mais vous leur fournissez des
arguments, même si ces arguments-là sont non fondés. C'est
ça que vous faites par les questions à l'Assemblée
nationale et vos déclarations à gauche et à droite, et
celles de votre chef par surcroît.
Ce que j'avais à dire vient d'être dit. Je vous invite
à être... Pour en avoir le coeur net, savez-vous ce que j'ai fait?
J'ai demandé à mes fonctionnaires de faire le tour de toutes les
écoles de formation professionnelle au Québec. C'est clair?
Toutes!
M. Gendron: II commence à être temps.
M. Pagé: Comment, il commence à être
temps?
M. Gendron: II commence à être temps. C'est vous qui
êtes ministre.
M. Pagé: Je dois vous dire que c'est une démarche
qui va nous permettre très certaine-
ment de nous donner un argument ou une statistique reflétant
davantage la réalité, mais c'est complètement... Ce n'est
pas inutile mais presque, dans le sens qu'on ne fait plus de distinction entre
les deux pour les règles de financement, les règles d'inscription
et les règles de cours qui sont donnés. On va le faire. Mes
fonctionnaires vont faire le tour, ils vont compter les bipèdes et ils
vont établir s'ils sont jeunes et s'ils sont adultes.
M. Gendron: Mme la Présidente, je...
M. Pagé: Je suis certain que la statistique de 67 999
adultes inscrits va probablement être modulée, et de beaucoup.
M. Gendron: Je savais exactement le cours auquel j'aurais droit
en posant cette question-là. Mais ça m'énerve pas, quand
même que le ministre dirait des choses, d'abord, qui sont
erronées, inexactes. Je suis un défenseur de la formation
professionnelle.
M. Pagé: Seigneur! Une chance!
M. Gendron: Je souhaite qu'il y ait plus de jeunes qui
choisissent la formation professionnelle. Mais, quand le ministre de
l'Éducation nous donne des documents, comme membres de cette commission,
et qu'il écrit qu'il y aura, la prochaine année, 9747 jeunes -
9747, c'est moins de 10 000 - et qu'il me dit: Écoutez, c'est mes
fonctionnaires qui ont écrit ça, là, eh bien, O.K., on va
le jouer, le jeu.
M. Pagé: Je ne vous dis pas que c'est les fonctionnaires
qui ont écrit ça, là.
M. Gendron: Oui, vous l'avez dit tantôt.
M. Pagé: Les commissions scolaires ne font plus de...
Nous, nos statistiques...
M. Gendron: Vous avez dit: Ils me donnent ce que je leur
demande.
M. Pagé: Pardon?
M. Gendron: Vous avez dit: C'est eux autres qui me donnent ce
chiffre-là.
M. Pagé: C'est les commissions scolaires...
M. Gendron: Oui, je le sais.
M. Pagé: ...pas les fonctionnaires.
M. Gendron: Alors, ma question: Quand ils écrivent 9747,
M. le ministre, votre fils, que vous avez donné en exemple tantôt,
pour fins de statistiques, dans votre catéchisme, à la page 5,
programme 4, est-il dans le 9747 ou il est dans le 41 079?
M. Pagé: II est dans les adultes, parce qu'ils le
considèrent comme un adulte à sa commission scolaire.
M. Gendron: Ça va. C'est qui qui sont dans les 9747 et qui
sont considérés jeunes...
M. Pagé: C'est ceux qui sont considérés
comme jeunes par la commission scolaire dans certains cas.
M. Gendron: Non, non, ça ne marche pas de même.
Écoutez, comme ministre de l'Éducation, c'est quoi les
critères pour les considérer jeunes? C'est une statistique
officielle que vous portez comme ministre de l'Éducation, ça,
là. Alors, c'est quoi vos critères pour dire: Voici les 9747
jeunes?
M. Pagé: M. Côté va y aller...
M. Gendron: Ça ne passera pas de même.
M. Pagé: ...et vous allez voir que ce n'est pas aussi
clair que vous le soutenez, M. le député.
M. Gendron: Oh! les chiffres, je les avais, puis ça fait
longtemps qu'on a ça. Je tiens à vous rappeler, pour quelqu'un
qui serait un pourfendeur de la formation professionnelle, qu'en 1980, 1981,
1982, 1983, activement ministre de ce gouvernement-là, on était
à 96 000, 89 000, 78 000, en formation professionnelle.
M. Pagé: Oui, mais c'était le professionnel long et
le court. Est-ce que vous acceptez, avec moi...
M. Gendron: Oui, j'ai toujours dit...
M. Pagé: ...que le cours de formation professionnelle
aujourd'hui et le professionnel court du temps, c'est deux choses pas mal
différentes?
M. Gendron: oui, j'accepte ça. mais c'est de le
déprécier aujourd'hui de dire que, parce qu'il était
court, il ne valait pas cinq cennes. je prétends...
M. Pagé: Non, mais ce n'est pas le même contenu,
monsieur, et vous le savez.
M. Gendron: ...qu'il y a du monde dans la vie, pour toutes sortes
de raisons, de distribution des talents, qui doivent se consacrer dans le court
plutôt que dans le long, et dans d'autres choses aussi. Ça
existait au professionnel. J'aime mieux quelqu'un qui avait une formation
d'enseignement professionnel court que le jeune qui a
14 ans, qui a 15 ans et qui décroche parce qu'il ne veut pas
faire du régulier. Et vous ne lui permettez plus d'aller en formation
professionnelle courte.
Je le sais qu'il y avait de l'enseignement professionnel court et de
l'enseignement professionnel long. J'ai oeuvré dans le milieu. J'ai
côtoyé des enseignants tous les jours. Je n'ai pas besoin de
leçons, puis de cours du ministre de l'Éducation. Vous me
parlerez de vos années que vous avez faites en éducation pour
faire des discours à l'autre en disant: Écoutez, vous charriez,
vous ne connaissez pas ça, vous ne savez pas c'est quoi. Je sais
très bien ce que c'est. Mais, là, j'ai un document de vous, M. le
ministre, et vous dites qu'il y en a 9747. Eh bien, c'est à vous,
aujourd'hui, de me dire, quand vous avez écrit ça dans votre
document qu'il y avait 9747 jeunes en formation professionnelle, sur quels
critères vous vous êtes basé. Vous vous êtes
appuyé sur quoi?
M. Pagé: On s'est appuyé sur les données
fournies par les commissions scolaires.
M. Gendron: Ce n'est pas une fourchette, ça, 9747. C'est
des «bodies», c'est des personnes physiques. Ce n'est pas une
fourchette, une approximation, et dire: II y en aurait à peu près
tant. Et, là-dedans, il y a à peu près 15 % de jeunes
adultes. On ne sait pas quel âge ils ont. Ça dépend, ils
sont adultes un bout et ils sont jeunes l'autre bout. Non, non! Il y a 9747
jeunes. C'est quoi vos critères?
M. Pagé: M. Côté, allez-y.
La Présidente (Mme Hovlngton): Voudriez-vous vous
identifier, s'il vous plaît, pour l'enregistrement des débats?
M. Côté (Serge): Serge Côté. Je suis
responsable de l'organisation de l'enseignement à la Direction
générale de la formation professionnelle.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y.
M. Côté (Serge): Dans la déclaration d'un
élève, deux éléments peuvent jouer.
Premièrement, le choix de l'élève. Donc, s'il est
explicite, ce choix-là, s'il dit: Moi, je veux être
déclaré comme adulte à partir de l'âge de 16 ans, il
a le droit de le faire. Ça, on doit le respecter. À ce
moment-là, la commission scolaire est tenue de le déclarer comme
adulte. Deuxièmement, en ce qui concerne un élève qui n'a
pas exprimé de choix comme tel, la commission scolaire, à ce
moment-là, peut le déclarer comme jeune ou comme adulte. Il
s'avère, actuellement, que la majorité de la formation
professionnelle est confiée à des services d'éducation des
adultes dans les commissions scolaires, qui déclarent, à ce
moment-là, la totalité de leurs élèves comme
adultes.
M. Gendron: Merci, c'est clair. Je le savais très bien,
pour avoir rencontré pas plus tard qu'en fin de semaine une directrice
d'un centre d'éducation des adultes. Je lui ai posé la question:
Comment as-tu de jeunes, selon l'ancienne définition que je connaissais
quand j'enseignais à la même école que toi, et comment
as-tu d'adultes? Elle m'a quand même indiqué qu'elle est
étonnée du peu de jeunes... (21 h 50)
M. Pagé: Bien, là, on va le savoir.
M. Gendron: ...qui choisissent l'enseignement professionnel.
Donc, au-delà de cette fine et exacte distinction...
M. Pagé: Non, non.
M. Gendron: ...vous nous avez donné exactement comment ils
procèdent.
M. Pagé: Mais, là, vous allez le savoir, M. le
député, parce que le relevé que j'ai demandé
à mes fonctionnaires, pour chacune des commissions scolaires qui ont un
mandat en FP, c'est de me revenir avec le nombre d'élèves,
combien ont 16 ans, combien ont 17 ans, combien ont 18 ans, combien ont 19 ans,
combien ont 20 ans, combien ont 21 ans, etc. Là, après ça,
on se repariera, et j'espère que vous serez le premier à vous
lever à l'Assemblée nationale pour soulever le fait que le
questionnement, la dépréciation et l'image négative que
vous avez contribué à donner n'étaient pas le reflet de la
réalité. Tout le monde est unanime à dire que les
commissions scolaires les inscrivent davantage comme adultes que comme jeunes.
En indiquant qu'il n'y a pas de jeunes qui y vont et que c'est uniquement des
adultes, ça donne l'impression que nos centres de formation
professionnelle reçoivent principalement des gens qui viennent soit pour
une formation continue, soit pour un recyclage, soit pour se réorienter
vers un nouvel emploi après une expérience d'emploi dans un autre
domaine, alors que ce n'est pas le reflet de la réalité. Ce sera
probablement un peu exhaustif de le faire, mais j'ai demandé qu'on ait
ce tableau-là avant la fin du mois de juin.
M. Gendron: M. le ministre - je conclus - à partir de
1990-1991, il n'y en avait plus de distinction entre jeunes et adultes. Le
phénomène d'une décroissance en chute libre est quand
même là. Ma question, au-delà des explications qu'on vient
de donner, était: Qu'est-ce que vous allez faire concrètement
pour corriger la situation? Sans distinction entre jeunes et adultes, sans en
faire, il y en a 50 000; 50 000 pour 1 000 000, ça n'a pas d'allure
pareil.
On est dans la même situation, exactement la même situation,
alors que, moi, je sais qu'en
1977-1978 il y en avait 100 000. Ah! de me faire dire: Oui, mais
ça n'avait pas la même qualité professionnelle, vous avez
raison. D'entrée de jeu, vous avez raison, mais 20 ans plus tard, la
formation professionnelle est différente, les besoins ne sont pas les
mêmes, mais, le même besoin d'avoir plus de 100 000 jeunes ou
adultes au Québec en formation professionnelle qui ont un diplôme
d'enseignement professionnel est toujours là, par exemple. Demain matin,
si j'avais un besoin de 100 000, comment ferais-je pour le satisfaire avec une
clientèle de 50 000?
M. Pagé: Là-dessus, il y a certaines de vos
opinions qui rejoignent nos intentions, les interventions que nous sommes
à mettre en place. J'ai complété, par la signature, le 10
avril dernier, la révision de la carte des enseignements pour chacune
des régions de Québec, pour une période de trois ans, sauf
en Abitibi où j'ai signé pour cinq ans. La deuxième
démarche, c'est la démarche de valorisation des métiers au
Québec. Il ne faut pas se faire de cachettes, là, notre
société, pendant longtemps, a eu comme réaction de
valoriser le diplôme d'enseignement supérieur. J'ai beaucoup de
respect pour toutes les professions, quelles qu'elles soient. Cependant, je ne
pense pas que le Québec s'inscrive différemment des autres
sociétés. On aura toujours besoin de mécaniciens au
Québec. On aura toujours besoin de soudeurs au Québec. On aura
toujours besoin de personnes s'adonnant à un métier, et, il faut
le dire, les métiers ne sont plus ce qu'ils étaient.
Traditionnellement, la conception d'un métier, on se
référait uniquement à une force physique. Je m'excuse, on
se réfère non plus à des actes, à des gestes
physiques répétitifs, on se réfère à une
formation continue. Nos systèmes, nos méthodes de production, de
mise en oeuvre d'un corps d'emploi donné qui se réalise se
réfèrent à de la formation, à des connaissances,
à des habiletés, etc. Il faudra toujours plus de bouchers, de
mécaniciens, de soudeurs, d'ouvriers de la construction qu'on pourra
alimenter comme société.
Un autre exemple, des anthropologues. J'ai beaucoup de respect pour
ça, j'ai failli, moi, y aller. Ça me tentait. Sauf qu'on le
veuille ou qu'on ne le veuille pas, dans chaque village
québécois, on a des jeunes qui ont fini en sciences humaines avec
un diplôme universitaire, puis les parents ont investi beaucoup de
capital humain, beaucoup de capital financier, beaucoup d'espoir, et ces
jeunes-là, bien, ils n'en ont pas de job. Et, dans le même
village, dans le même quartier urbain, on manque de main-d'oeuvre
spécialisée à des niveaux de rémunération
qui se comparent avantageusement à bien des professions, soit dit en
passant. Celui ou celle qui travaille, exemple concret, comme
électricien, puis qui fait une bonne semaine de travail, il a un revenu
qui se compare de façon nettement avantageuse avec le jeune avocat,
hein? Ça, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, c'est là,
les données sont là. Le jeune avocat ne commence pas à 40
000 $, 45 000 $ par année. Le niveau de rémunération dans
l'école de l'aérospatiale, les ouvriers de l'aérospatiale,
là, ça ne sera pas le salaire minimum, ça.
Donc, comme société, on a eu une tendance à
ignorer, élaguer la formation dirigée vers la pratique de
métiers. On a fait de la publicité auprès des jeunes,
comme on a fait de la publicité à la télé.
J'indiquais tout à l'heure qu'on doit ramener l'entreprise à
l'école. J'ai demandé aux entreprises, quand j'ai
été, entre autres, à la chambre de commerce de
Montréal, devant le congrès des entreprises pour
l'entrepreneuriat québécois, un autre élément, une
autre démarche. Je leur ai demandé, et je le demande à
chaque opportunité que j'ai. Je l'ai fait devant les gens des
entreprises au moment du lancement des olympiades en formation professionnelle.
Ces entreprises-là doivent s'associer au ministère de
l'Éducation, doivent revenir. Les entreprises, dans chacune de nos
régions, doivent revenir dans nos commissions scolaires dans le cadre de
journées-carrière ou journées-profession ou
journées-métiers, peu importe comment on les appelle.
Autre élément - donc revalorisation - révision de
nos contenus. On a 107 programmes où les contenus d'enseignement, des
manières, des matières, bon, etc. sont en révision;
allégement des préalables requis - puis ça, je suis
persuadé que le député d'Abitibi-Ouest va être
d'accord avec moi - permettant d'accéder à des emplois...
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: ...à des métiers.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Établir un meilleur pont, une
véritable passerelle entre le secondaire et le collégial.
Ça, le comité interministériel entre l'équipe de
Mme Robillard et moi est déjà au travail, en tenant compte aussi
du fait que 15 %, dans certaines écoles, dans certains métiers,
de nos étudiants reviennent du collégial. Ils sont allés
en techniques, ils ont préféré le collégial parce
que, entre parenthèses, c'est peut-être considéré
comme étant plus prestigieux d'avoir un DEC que d'avoir un diplôme
de secondaire V ou de formation professionnelle d'une école secondaire.
Là, quand ils arrivent en haut, là, au collégial, puis
qu'ils constatent que la philo est obligatoire, et qu'ils ont des
matières obligatoires aussi, bien là, souventefois,
généralement en janvier du semestre suivant, ils nous reviennent.
Il faut dire aussi que l'attrait des prêts et bourses, là-bas, est
important.
Alors, ce sont les mesures qu'on entend appliquer. En ce qui concerne le
plan d'investissement au niveau des équipements, on a investi,
je l'ai indiqué dans mon Intervention, c'est quoi, c'est
près de 100 000 000 $ qu'on a investis au niveau des équipements.
J'aurai l'occasion, maintenant que la carte est adoptée, d'annoncer les
investissements dans le secteur immobilier au printemps, au plus tard à
la fin de juin, début de juillet.
Je souhaite une meilleure concertation entre le ministère de la
Main-d'oeuvre et le ministère de l'Éducation. On sait qu'il y a
un projet de loi sur la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. On souhaite une meilleure
concertation. Nous sommes très ouverts. Cependant, il faut quand
même reconnaître que le réseau d'enseignement public offre
de bons services, la réforme de 1988 donne déjà de bons
résultats. On doit accentuer, on doit continuer, puis il ne faut pas
croire qu'on peut calquer, ici, au Québec, en un temps deux mouvements,
ce qui aura pris, dans certains cas, un millénaire à appliquer en
Europe.
M. Gendron: J'aurais juste deux choses pour finir
là-dessus, parce que ça nous éviterait de revenir demain,
là.
M. Pagé: Oui. (22 heures)
M. Gendron: Bon, je suis content que vous ayez touché un
peu la pertinence d'une meilleure harmonisation avec votre collègue de
la Main-d'?uvre ou l'inverse, que le ministère de
l'Éducation s'harmonise avec la Main-d'oeuvre. Mais il y a
également une demande d'un débat public majeur sur la formation
professionnelle. Est-ce que vous ne croyez pas, vous aussi, comme ministre de
l'Éducation - et votre collègue s'est ouvert la trappe dans Le
Devoir, le 5 mai, là-dessus, et le 5 mai, c'est mardi...
M. Pagé: Le quoi, là?
M. Gendron: Votre collègue, le ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu...
M. Pagé: Oui, oui.
M. Gendron: ...s'est ouvert la trappe pour dire: Moi, je souhaite
qu'il y ait un large débat public pour dire ce que nous faisons. Si,
effectivement, il y avait un bon débat public, pas uniquement pour en
parler, pour pérorer, mais pour dire qu'il y a une harmonisation pour
faire un effort de revalorisation et de vente systématique de la
nécessité qu'il y ait plus de jeunes qui choisissent la formation
professionnelle, seriez-vous de cet avis-là, comme ministre de
l'Éducation, que ça contribuerait possiblement, d'abord, à
donner une image de concertation, si jamais vous parliez tous les deux en
même temps là-dessus, puis, autant que possible, en disant des
choses qui se ressemblent, et que ça pourrait permettre que la formation
professionnelle con- naisse un peu plus de rétention chez nos jeunes?
Est-ce que ça vous sourit, ça, cette avenue-là d'un
débat public là-dessus en formation professionnelle?
M. Pagé: Moi, je suis disposé à m'associer
à toute démarche de valorisation de ta formation professionnelle
au Québec pour y amener le plus grand nombre possible de jeunes et
d'adultes, pour qu'on puisse créer une véritable équation
entre nos besoins en main-d'oeuvre et ce qu'on produit comme
société. Je suis prêt à m'y associer. Je suis
prêt à m'associer à une démarche, un débat
public. Par contre, je le ferais en autant que ce débat public ne porte
pas sur les structures.
M. Gendron: Bien non, je n'ai pas parlé de ça.
M. Pagé: On a la tendance, au Québec - il faut
appeler les choses par ce qu'elles sont - à chaque fois qu'on a un
problème, de lancer des grands débats, on émet une
politique et le principal des débats porte sur les structures
plutôt que sur la finalité de la démarche. Alors, moi, je
suis prêt à m'associer à une démarche de
valorisation en tout temps en espérant que, non seulement ça
porte fruit... Et la meilleure garantie que ça porte fruit, c'est que ce
soit concentré sur l'essentiel, c'est-à-dire la finalité
d'une démarche.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
M. Gendron: regardez, mme la présidente, si vous
acceptiez, là, il me resterait une autre question et on pourrait dire
qu'on a fini là-dessus.
La Présidente (Mme Hovington): Ça prend le
consentement unanime des membres de la commission...
M. Gendron: Oui, oui. C'est pour ça que je le demande.
La Présidente (Mme Hovington): ...pour dépasser 22
h 00 de quelques minutes. Accepté.
M. Gendron: Bien, c'est parce que je trouve que l'autre...
Rapidement, M. le ministre, quand je disais: Un vaste débat public, ce
n'est pas pour faire un débat de structures. La preuve, c'est quand j'ai
entendu votre ministre - ça ne contribue pas bien, bien - qui a dit
hier, dans la même entrevue: Aucun siège, toutefois, ne sera
réservé aux milieux non gouvernementaux de l'éducation,
malgré les requêtes formulées en ce sens par la
Fédération des céceps, la Fédération des
commissions scolaires et la CEQ. Bon. Je ne veux tellement pas en faire que je
n'en parte
pas. Je n'en parle pas, de ça.
Le projet de régime pédagogique - parce qu'il y a un
projet de régime pédagogique qui circule, je n'ai pas le temps
d'approfondir, j'ai dit que je serais court - là, il y a toutes sortes
de monde qui examine la filière, puis la proposition
ministérielle, et ainsi de suite. Mais est-ce que vous ne croyez pas que
le moment serait venu de prendre un peu plus de temps pour s'assurer que les
modifications proposées soient peut-être moins rapidement
effectives, mais d'arriver avec un régime pédagogique distinct
pour les adultes? Il y en a beaucoup plus aux adultes. Il y a plusieurs
personnes qui souhaitent ça, d'avoir un régime pédagogique
distinct. Et, là, je ne veux pas rentrer dans les avis que vous avez
reçus: la formation continue au niveau des adultes, ce n'est pas pareil,
ce n'est pas tout à fait les mêmes besoins et il y a un danger
s'il y a trop de jeunes âgés de 25 et moins qui, massivement, sont
à l'intérieur des mêmes cours, de la même formation
que les adultes. Ça, vous le savez, vous êtes au courant de
ça.
Alors, je conclus là-dessus. Quand je réclamais un
débat public, M. le ministre, ce n'était pas lié à
un débat de structures, c'était lié à deux, trois
choses: premièrement, parler uniformément, comme gouvernement, de
l'importance de - je ne le répète pas; deuxièmement, avoir
un régime pédagogique qui revalorise la formation professionnelle
et, troisièmement, s'assurer que les éléments des conseils
qui vous ont été donnés sur la nécessité
d'une formation professionnelle redynamisée et ainsi de suite, que ce
soit le Conseil supérieur de l'éducation ou d'autres, soient pas
mal plus pris en compte, qu'on tienne compte de ces recommandations-là,
parce que les gens qui ont eu le temps de se pencher là-dessus avaient
d'abord les effectifs requis puis avaient le soutien requis pour faire les
bonnes recommandations. Vous ne pouvez pas constamment, au nom d'une ligne de
pensée de gouvernement ou d'un parti politique, ne pas prendre en compte
ces recommandations qui vous sont faites.
M. Pagé: On s'entend très bien.
M. Gendron: On me dit que vos collègues consentent.
M. Pagé: On s'entend très bien. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non. Ce n'est pas ça. On me dit que le
consentement est terminé.
La Présidente (Mme Hovington): On n'en a pas pour toute la
nuit, là. Ha, ha, ha!
M. Pagé: O.K. La réponse, c'est oui. J'ai un projet
de régime pédagogique qui a été
étudié par le COMPACS, qui va aller en consultation auprès
de nos partenaires. Je ne voudrais pas agir sous le coup de la
précipitation. Je note votre demande de prendre peut-être un peu
plus de temps mais d'être certain que ça correspond aux attentes.
Je le note, moi aussi.
M. Gendron: Mais ça ne vous répugne pas, un
débat public.
M. Pagé: Pardon?
M. Gendron: Vous n'avez pas de réticences, en...
M. Pagé: Un débat public? Pas du tout.
M. Gendron: ...autant qu'il ne porte pas sur les structures.
M. Pagé: Bien écoutez, je ne fais pas de
conditions, sauf que ma crainte, c'est, comme d'habitude, que le débat
sorte de l'essentiel pour venir aux structures, aux justifications des
juridictions, aux justifications des jobs déjà
occupées.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre.
Ça va, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): alors, avant d'ajourner
à demain, à 9 h 30, je vous informe qu'à la
troisième période c'est 2-1 pour les canadiens. ha, ha, ha!
Une voix: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous continuerons
demain, à 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 7)