Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Vingt heures quatre minutes)
La Présidente (Mme Hovington): Je constate que nous avons
le quorum. Alors, la commission de l'éducation va procéder
à ses travaux qui sont de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour l'année financière
1992-1993.
Aujourd'hui, la commission étudiera, pour une durée d'une
heure, les crédits des programmes suivants: programme 2, Consultation;
élément 1, Conseil de la science et de la technologie, programme
4, Science; programme 7, Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Léonard (Labelle) remplace Mme Harel (Hochela-ga-Maisonneuve).
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, selon la
tradition ou les règlements, chaque partie aura 20 minutes, au maximum,
en tout cas, pour une allocution d'ouverture. Alors, Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, je vous reconnais.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: Merci, Mme la Présidente. Mmes et MM. les
membres de la commission de l'éducation, j'ai eu le privilège de
m'entretenir avec les membres de cette commission le 10 avril 1991 et de leur
faire part de mes préoccupations et de celles du gouvernement à
l'égard du développement scientifique et de la recherche au
Québec et de leur présenter un certain nombre d'actions que nous
devions entreprendre au cours de l'année 1991-1992.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, de revenir
brièvement sur celles-ci et de procéder ainsi à un court
bilan de nos réalisations. Comme je souhaite limiter la durée de
mon intervention afin de pouvoir échanger plus longuement avec les
membres de cette commission sur nos orientations en matière de
développement scientifique, j'invite les membres à prendre
connaissance des notes plus substantielles préparées pour mon
intervention et que je dépose à leur intention, si vous le
permettez, Mme la Présidente.
Lors du colloque sur la recherche universitaire, tenu à
Montréal en 1990, j'ai eu l'occasion d'exprimer l'essentiel de ma
pensée sur le développement du système de recherche
québécois qui repose largement sur notre système
d'enseignement supérieur. J'ai alors rappelé l'importance de la
collaboration qui devait s'instaurer entre tous les partenaires en vue
d'assurer la maîtrise de notre avenir technologique. C'est
précisément au nom de cette collaboration que j'ai
annoncé, le 26 novembre dernier, le lancement du programme SYNERGIE. Ce
programme, doté d'un budget de 32 000 000 $, vise à rendre
admissibles au Fonds de développement technologique les initiatives
scientifiques et technologiques des chercheurs québécois. Ceux-ci
sont interpellés afin de faire preuve d'initiative, en collaboration
avec les entreprises québécoises, en vue de renforcer notre
capacité d'innovation. Je vous informe que le ministère, qui est
chargé de la mise en oeuvre de ce programme, a reçu, à la
date limite du premier concours, soit le 13 mars dernier, 30 projets, dont 25
proviennent des milieux universitaires, 2 de centres de recherche
affiliés et 3 de centres spécialisés des collèges.
Environ 75 entreprises sont associées à ces projets. J'aurai le
plaisir, ainsi que mon collègue responsable de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie, d'annoncer les décisions concernant le financement
de ces projets au cours de l'automne 1992.
Mais la synergie, Mme la Présidente, elle s'exprime aussi par les
centres de liaison et de transfert. En créant et en soutenant ces
centres, le gouvernement a voulu en faire des modèles d'organisation, de
collaboration entre chercheurs universitaires et entreprises capables de
créer une synergie intense et durable entre ces milieux dans des
domaines porteurs d'avenir. Lorsque les analyses et les évaluations nous
y invitent, nous n'hésitons pas à poursuivre notre soutien, comme
nous l'avons fait, en 1991, pour le Centre québécois de
valorisation de la biomasse.
Par contre, Mme la Présidente, nous n'hésitons pas non
plus à mettre fin aux activités de ces centres lorsque la
situation l'exige. C'est ce que nous avons fait, l'an dernier, pour le centre
APO Québec. Les crédits ainsi dégagés ont servi
notamment, en 1991-1992, à assurer la fin harmonieuse des
activités du centre et ils ont permis la consolidation des
activités du Centre de recherche informatique de Montréal ainsi
que la création d'un nouveau centre de liaison et de transfert. J'ai
ainsi annoncé, le 2 décembre 1991, l'attribution d'une subvention
de 500 000 $ au Centre de recherche informatique de Montréal afin de
permettre la réalisation de la phase préliminaire d'un projet
visant à stimuler le développement de technologies
avancées pour la formation et l'éducation. De plus, j'ai eu le
plaisir d'annoncer, le 14 janvier dernier, l'octroi d'une subvention de 12 400
000 $ pour les six prochai-
nés années au Centre de recherche en calcul
appliqué. Ce centre est spécialisé en calcul
appliqué, notamment en mécanique des fluides, un domaine aux
multiples applications industrielles, particulièrement pour l'industrie
aéronautique et aérospatiale. Il regroupe les forces vives de
quatre établissements universitaires montréalais, soit McGill,
Concordia, Montréal et l'École polytechnique, et celles de
grandes entreprises de la région de Montréal. (20 h 10)
Voilà, Mme la Présidente, des exemples éloquents de
la volonté du ministère et du gouvernement du Québec de
renforcer la synergie entre les milieux de la recherche et ceux de l'industrie
et de créer des passerelles solides et durables entre les chercheurs et
les utilisateurs de la recherche.
À propos de la recherche universitaire, les dernières
données disponibles révèlent, pour la recherche
subventionnée et commanditée au Québec, une variation
annuelle moyenne de 11 % pour la période allant de 1984-1985 à
1989-1990, ce qui est nettement supérieur au rythme de l'inflation pour
cette même période, soit 4,5 % en moyenne par année. La
contribution du gouvernement du Québec totalise 77 000 000 $, soit 20 %
du total, en 1989-1990. En réalité, la participation du
gouvernement est beaucoup plus importante puisqu'il faut tenir compte du
financement public des universités et du soutien du secteur privé
par le biais des mesures fiscales d'aide à la recherche et au
développement.
À ce chapitre, d'ailleurs, le financement de la recherche
universitaire par le secteur privé connaît, depuis 1985, une
croissance fulgurante de 24,6 % par année en moyenne. Il
représente environ 21 % des montants totaux de la recherche
subventionnée et commanditée, soit près de 80 000 000 $ en
1989-1990. La plus forte augmentation se situe au cours de la période
comprise entre 1987 et 1990, soit 35 % en moyenne par année. Or, le
début de cette période coïncide avec l'introduction des
mesures fiscales d'aide à la recherche et au développement, en
avril 1987, par le gouvernement du Québec. Faut-il voir là une
relation de cause à effet, Mme la Présidente? C'est une
hypothèse qui me semble tout à fait plausible et que certaines
données préliminaires nous permettront d'accréditer
publiquement bientôt.
L'effort principal du ministère au titre de l'aide directe
à la recherche universitaire s'exerce, comme vous le savez tous et
toutes, par le Fonds FCAR. Les crédits accordés au Fonds, en
1992-1993, s'élèvent à un peu plus de 49 000 000 $, soit
une augmentation d'environ 4 % par rapport au budget de 1991-1992. Ce budget
comporte un ajout de 650 000 $ pour la création d'un volet de
coopération internationale. Alors que le budget du Fonds FCAR s'approche
de la barre des 50 000 000 $, il faut souligner que ce budget a
évolué de façon constante depuis 1986-1987, alors qu'il
était d'un peu moins de 32 000 000 $ depuis 1984-1985. Au cours de
l'année 1991-1992, le Fonds FCAR a aussi donné suite à mes
demandes concernant le partage du champ de responsabilités avec le Fonds
de la recherche en santé du Québec et l'intégration des
chercheurs des collèges aux programmes réguliers du Fonds.
Enfin, j'annonçais l'an dernier, devant cette même
commission parlementaire, que le Programme d'actions structurantes pour lequel
le ministère a versé près de 65 000 000 $ arrivait
à terme et qu'il serait soumis à une évaluation rigoureuse
de ses résultats. Cette évaluation est maintenant en cours et le
ministère procédera aussi, en 1992-1993, à
l'évaluation de certains centres spécialisés des
collèges qui, comme vous le savez, constituent un de nos instruments de
recherche-développement et de transferts technologiques. Il examinera
aussi les demandes d'ouverture de nouveaux centres.
Voilà, Mme la Présidente, des données et des
démarches qui traduisent bien l'importance que le ministère et le
gouvernement du Québec accordent au développement de la recherche
universitaire et à la participation des établissements
d'enseignement postsecondaire aux transferts technologiques. Je conclurai ce
bref exposé, Mme la Présidente, en informant les membres de cette
commission que je publierai, au cours des prochains mois, un document qui fera
le point sur la politique scientifique gouvernementale. Il s'agira d'un
exposé succinct sur l'action du gouvernement du Québec en
matière de politique scientifique qui décrira un cadre
général d'intervention gouvernementale en matière de
développement de la science. Il énoncera pour trois grands
secteurs fondamentaux, soit la formation, la recherche et la culture
scientifique, les principes de l'action gouvernementale et les objectifs
poursuivis. Il s'adressera à tous les milieux intéressés
et il explicitera, en quelque sorte, l'assise de l'action du gouvernement du
Québec et du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science en matière de développement scientifique.
Tous les secteurs de la science et de la technologie ne seront pas
traités dans ce cadre, forcément limité, d'un
exposé sur des orientations générales de politique
scientifique. C'est pourquoi j'ai demandé au Conseil de la science et de
la technologie de me soumettre, d'ici la fin de l'année 1992, un avis
qui portera, d'une part, sur les grands enjeux auxquels le Québec sera
confronté d'ici la fin de la décennie et qui auront une incidence
importante sur l'utilisation de la science et de la technologie pour son
développement économique et social et, d'autre part, sur les
priorités à proposer à la science et à la
technologie québécoises et sur les ressources qui devraient leur
être consacrées. Afin de faciliter les discussions, Mme la
Présidente, si vous me le permettez, je dépose dès
maintenant
copie de ma lettre au président du Conseil de la science et de la
technologie, M. Louis Berlinguet.
Voilà les propos préliminaires que je souhaitais tenir en
guise d'introduction aux travaux de la commission parlementaire de
l'éducation chargée de l'étude des crédits du
programme 2, élément 1, du programme 4 et du programme 7 du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Merci
bien.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. J'ai bien entre les mains la
lettre adressée à M. Louis Berlinguet, président du
Conseil de la science et de la technologie, datée du 4 février
1992. Merci. Je reconnais maintenant M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
d'abord saluer la ministre que je rencontre pour la première fois
à ce titre ici, ainsi que les fonctionnaires qui l'accompagnent à
la barre et autant ceux qui sont en arrière. J'ai, disons, toujours
été très intéressé par ce qui se faisait
dans ce domaine, même si, sur le plan administratif, je n'ai pas suivi
ces dossiers. Je suppose qu'aujourd'hui c'est mon premier contact avec les
structures du ministère et les organismes qu'il finance sur ce plan. La
ministre nous a déposé un document de quelques pages. Je l'ai
parcouru rapidement parce que je n'ai pas eu le temps de le lire. Je suppose
que cela représente la quintessence de l'action qu'elle envisage de
poursuivre au cours de l'année. C'est un peu difficile d'arriver, en une
heure, à le lire et à en discuter, je pense, avec toute la
profondeur avec laquelle il faudrait le faire.
La ministre a cité un certain nombre d'éléments
dans sa présentation. Je pense qu'il convient, avant de jeter des
fleurs, de regarder chacune des statistiques qu'elle a données à
l'ombre d'une statistique qui est globale, qui, à mon sens, n'a pas
été trop rappelée non plus, qui est qu'au fond, dans le
domaine scientifique, le gouvernement n'a pas accru globalement ou, au
Québec, qu'on n'a pas accru globalement les fonds que nous investissons
en recherche. Quelles que soient les mesures, au fond, nous en restons toujours
à 1,4 % du PIB. On est encore très loin de l'objectif qu'on
s'était donné d'atteindre 2 %. Ça varie, une année
c'est 1 %, 1,4 %, 1,43 %, 1,47 %. Je pense que c'est redescendu un peu.
Ça avait atteint 1,47 %, mais on est redescendu. Mais c'est ça
l'effort global que nous faisons. Que ce soit par le public ou par le
privé, on tourne toujours autant. Alors, si on se vante que le
privé a investi beaucoup plus qu'avant, cela veut dire que le
gouvernement s'en est retiré d'autant. Donc, j'ai quand même
quelques problèmes à lancer des fleurs. Je pense qu'il faut juger
ça globalement, sur le plan de l'effort collectif que les
Québécois font, en termes de recherche, par rapport à leur
production nationale.
Le problème dans tout cela, je pense qu'il y a une crise dans la
recherche qui dure depuis longtemps. Le gouvernement - et je pense même
comme société, pourrait-on dire - n'a pas développé
de culture scientifique, ce qui a encore pour effet de ralentir le recrutement
dans les domaines de recherche. On note, en particulier, que les nouveaux
chercheurs se font rares et qu'on doit en importer 30 % de l'étranger,
à ce qu'on nous dit. Je comprends que, cette année, II y aura un
effort; on va publier un document qui va faire le point, qui entend faire le
point sur la politique scientifique et qui sera publié dans les
prochains mois. On appelle ça une politique globale. Disons que,
la-dessus, si l'on entend encadrer le système d'éducation et de
culture scientifique, je pense que ça pourrait être un acquis. (20
h 20)
Je rappelle qu'il me semble que cette culture scientifique n'est pas une
culture qu'on acquiert à la fin de ses études universitaires,
alors qu'on est en doctorat. On parfait sa formation, mais elle s'acquiert
à partir de la jeunesse, du jeune âge, alors qu'on est encore au
primaire. J'ai eu l'occasion de me frotter à d'autres milieux et de voir
comment des jeunes, même au primaire, peuvent être très
curieux envers des données scientifiques, très curieux envers la
nature, ce qui les amène très souvent à la science
elle-même. C'est peut-être difficile de faire des comparaisons,
mais, sur ce plan-là, je crois que le Québec a beaucoup de chemin
à faire, beaucoup, beaucoup de chemin à faire dans toutes sortes
de domaines.
C'est pour ça qu'à un moment donné les gens s'en
désintéressent, bien qu'il faut quand même dire que,
globalement, depuis 1960, il y a eu des progrès. Il faut le
reconnaître. Bon, je le reconnais aussi. Mais, cette culture
scientifique, à mon sens, n'est pas étrangère ou cette
absence de culture n'est pas étrangère au phénomène
de décrochage scolaire que nous vivons. Au Japon, le décrochage
scolaire, au secondaire, 4 %; en Allemagne, 5 %; ici, on parle de près
de 40 %. Ça, je pense que c'est l'importance qu'on peut attribuer,
disons, à l'intérêt que l'on met dans la formation. Je ne
jette pas la faute sur la ministre exclusivement. Je dis qu'il y a un
problème de société là-dedans qui est apparent
dès le départ, le primaire, mais le secondaire encore plus.
C'est un problème très urgent, très grave. Je pense
que ce problème, que nous avons en amont, n'aide pas la recherche et le
développement au Québec. Mais il y a aussi, à l'autre
bout, un autre problème que vous connaissez bien, puisque je parle
à des spécialistes, à des gens qui touchent à
ça tous les jours, le décrochage qu'il y a au troisième
cycle et au postdoctorat. Aux deuxième et troisième cycles,
les
études graduées, nous avions un taux de diploma-tion - je
ne sais pas si ça s'est amélioré dans les deux
dernières années - il y a encore trois ans, qui était
très faible, à peu près la moitié de ce qu'il
était en Ontario. Tout à l'heure, la ministre, j'espère,
aura l'occasion de rectifier et de dire que ça s'est
amélioré un peu. Mais j'imagine qu'on n'a pas tourné le
bateau aussi rapidement que ça et que c'est encore très grave, ce
que nous avons à l'heure actuelle. Ça, je crois que c'est une
difficulté majeure, majeure, le décrochage au plan des
études graduées.
Je crois aussi que l'une des raisons de ce décrochage, c'est la
difficulté, en bonne partie, pour les chercheurs potentiels de
décrocher des bourses, la rareté des postes, sans compter le
manque de valorisation dans notre société pour la recherche.
Je dirais aussi qu'on a pu vivre des expériences peut-être
pénibles, j'appelle ça pénibles, dans le monde
universitaire et des jeunes, des jeunes qui réussissaient très
bien au plan du bac, du premier cycle et qui obtenaient facilement des emplois,
à la fin du premier cycle, parce qu'ils réussissaient bien, donc
nous les perdions - et nous les perdrons peut-être encore - au plan des
études graduées parce que les entreprises venaient les chercher.
Ça peut être un avantage que des jeunes qui ont un premier cycle
s'en aillent rapidement dans l'entreprise, mais, que ce soit
généralisé, que les premiers de classe se retrouvent
presque toujours dans des emplois après leur premier cycle, alors qu'au
deuxième et au troisième cycles on les garde plus difficilement,
ça peut représenter des difficultés. Je ne veux pas dire
que, dans des cas particuliers, ça ne devrait pas se faire, mais, dans
l'ensemble, quand on regarde les statistiques sur le comportement de nos
étudiants, il y a des problèmes dans ce secteur. Je suis
convaincu que ce n'est pas... En termes de société, je crois
qu'il y a des questions qu'on doit se poser là-dessus.
Pour être plus compétitif, le Québec devrait
produire 10 fois plus de détenteurs de doctorat, et ça prend
quand même du temps à les former. Donc, à partir du moment
où on énonce des politiques, où on les applique, il y a
des années qui s'écoulent avant qu'on n'en voie les
résultats. Évidemment aussi, nous importons beaucoup de notre
technologie. Je crois que c'est normal qu'on importe de la technologie, mais
c'est 90 % dans notre cas. Si on pouvait en produire davantage, quant à
nous, je crois qu'on pourrait faire des progrès plus rapidement. Encore
une fols, l'Importation de technologies, si on peut en importer, bien, mais si
on pouvait en produire nous-mêmes, encore mieux. Je pense que c'est comme
ça qu'il faut voir les choses.
Un autre élément sur lequel je veux faire une remarque,
c'est que le Fonds FCAR devrait avoir beaucoup plus d'argent, beaucoup,
beaucoup plus. Je suis sûr que la ministre va être d'accord avec
moi. Le problème, c'est qu'il faut qu'elle arrive à
réussir à convaincre son collègue du Trésor ou le
gouvernement de passer aux actes. Entre 1,4 % et 1,47 % ou 1,47 % maintenant et
1,4 % il y a six ou sept ans, les progrès sont minces parce que
l'objectif qu'on poursuivait, c'était 2 %. Alors, le Fonds FCAR, c'est
un fonds stratégique en ce qui concerne nos jeunes, en ce qui concerne
les chercheurs, en ce qui concerne les postgradués, bon! Alors, si on
est limité là et qu'on dit qu'on fait une priorité du
développement technologique, il me semble qu'il y a une contradiction,
au moins sur le plan des moyens qu'on met en place pour réussir. Donc,
je souligne qu'il y a là aussi quelques contradictions entre les
déclarations et l'action gouvernementale.
Enfin, Mme la Présidente, je veux juste souligner une chose, les
politiques sectorielles de la recherche et développement, mais vraiment
sectorielles, ce n'est pas... Oui, il y a des choses qu'on peut faire, mais ce
n'est pas ça qui va nous donner une culture scientifique. Je pense qu'il
faut élargir la question. Je reviens à ce que je disais tout
à l'heure: À moins d'avoir une politique d'éducation, de
culture scientifique qui débute très jeune, à
l'élémentaire, les mesures qu'on veut prendre risquent de
n'être que des mesures à court terme, donc inefficaces dans une
stratégie qui doit viser le long terme. Il y a toutes sortes de choses
qui peuvent intéresser nos jeunes, en particulier si on prend des
domaines bien simples qui les intéressent au plus jeune âge.
L'écologie, c'est une de leurs préoccupations, l'environnement,
l'écologie et, par là, ils pourraient avoir accès aux lois
de la nature, à la recherche, à la science. Donc, des fois je me
demande si on ne devrait pas leur créer ou faire revivre des cercles de
jeunes naturalistes. Au moins, ce serait un premier contact avec la science. Il
en existe encore, mais j'ai l'impression que c'est loin de leurs
préoccupations. Bon! Je ne veux pas vivre dans le passé, mais,
pour l'avenir, est-ce qu'on peut les intéresser dès leur plus
jeune âge? Parce qu'à mon sens, malgré les fleurs qu'on se
jette, on est loin du compte d'une société qui se veut à
la pointe. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui auraient une déclaration d'ouverture? Non, ça
va.
M. Tremblay (Rimouski): On aurait eu des réactions aux
propos de...
La Présidente (Mme Hovington): Oui. Alors, à ce
stade-ci...
M. Léonard: Je vous ai convaincus. Des voix: Ha,
ha, ha!
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît.
Alors, à ce stade-ci, j'aimerais que les membres me précisent la
manière de procéder pour l'étude de ces crédits.
Est-ce que les membres veulent qu'on étudie chacun des programmes selon
l'ordre que je vous ai mentionné tout à l'heure, avec l'adoption,
à la fin du débat, de chacun des programmes, ou si vous
préférez qu'il y ait une discussion d'ordre général
avec une période à la fin de la séance pour
procéder à la mise aux voix des programmes? M. le
député de Sauvé.
M. Parent: Mme la Présidente, étant donné
que nous n'avons qu'une heure, maintenant que 30 minutes pour débattre
des crédits, ceci à la demande, je pense, de l'Opposition, je
pense qu'on pourrait, pas se limiter, mais, enfin, tâcher de regarder
dans les grandes lignes le programme sur le plan de l'enseignement
supérieur et de la science plutôt que d'aller dans les programmes.
Si on s'embarque dans les programmes, qu'on les voit un par un, on n'en finira
jamais et on ne pourra jamais en fouiller un. On le pourra difficilement.
M. Léonard: II y en a juste deux, trois, là.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord, et on se
garderait 10 minutes, à la fin de la séance...
M. Parent: C'est ça.
Le Présidente (Mme Hovington): ...pour adopter globalement
les programmes.
M. Parent: Je pense que ce qui est important, c'est de regarder
l'action de ce ministère-là, ce qu'il projette pour l'avenir, ce
qu'il a fait dernièrement, et tout ça. (20 h 30)
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Labelle, ça vous va?
M. Léonard: Je ne sais pas si c'est le
député de Sauvé qui décide de la façon dont
on procède.
La Présidente (Mme Hovington): J'ai demandé aux
membres de la commission...
M. Léonard: Moi, j'aurais...
La Présidente (Mme Hovington): ...de me faire des...
M. Léonard: ...des questions à poser sur un paquet
d'éléments. Il y a le FCAR...
La Présidente (Mme Hovington): J'ai deman- dé aux
membres en général de la commission, c'est ça. Alors, de
quelle façon on procède? Il faudrait...
M. Léonard: II y a le programme 4, le programme 7 et, si
je comprends, le Conseil de la science...
La Présidente (Mme Hovington): II y a
l'élément...
M. Léonard: ...et de la technologie, au début.
Mme Robillard: À ne pas oublier le programme 2, Mme la
Présidente, élément 1, qu'il faut absolument passer
aussi.
M. Léonard: Oui.
Mme Robillard: Ensuite, le programme 4 et le programme 7.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, si je comprends bien,
vous voulez qu'on aille dans chacun des programmes et, ensuite, adopter...
Mme Robillard: Moi, je suggérerais que... Comme il y a
trois programmes principaux, si on les passait un derrière l'autre,
quitte à les adopter s'il n'y a pas de questions...
La Présidente (Mme Hovington): Nous allons donc faire
l'étude de chacun des programmes selon l'ordre mentionné tout
à l'heure, avec adoption, à la fin du débat, de chacun des
programmes. Je vous mentionne que, le programme 2, on m'informe qu'étant
donné qu'il y a seulement un élément à
l'intérieur du programme on ne pourra pas l'adopter ce soir, parce qu'il
y a seulement un élément sur les trois.
Une voix: Des questions.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle donc le programme
2, Consultation, élément 1, Conseil de la science et de la
technologie. M. le député de Labelle.
Consultation Conseil de la science et de la
technologie
M. Léonard: Alors, on augmente le budget de 10 000 $ sur 1
327 000 $. C'est moins que l'inflation. C'est un budget de reconduction
uniquement. Bonjour, M. Beriinguet.
La Présidente (Mme Hovington): Bonjour.
Mme Robillard: Mme la Présidente, si vous me permettez, M.
le député de Labelle aussi, de vous présenter les quelques
membres de mon
équipe. Je suis accompagnée naturellement de mon
équipe sous-ministérielle: M. Lucier, mon sous-ministre en titre;
le sous-ministre adjoint à la science, M. Létourneau; le
sous-ministre à l'enseignement collégial, M. Lanoux; le
sous-ministre à l'enseignement universitaire, M. Beaupré. J'ai
aussi à mes côtés le président du Conseil de la
science et de la technologie, M. Beriinguet. J'ai aussi la présidente du
Fonds FCAR, Mme Marrec, qui est avec nous, de même que le
secrétaire de l'IQRC, M. Jacques. Alors, ça nous fera plaisir de
répondre aux questions des membres de la commission. Maintenant...
La Présidente (Mme Hovington): Alors, bonsoir et bienvenue
à toute votre équipe, Mme la ministre.
Mme Robillard: Merci, Mme la Présidente. Pour être
plus spécifique sur la question de M. le député de
Labelle, parce que je pense que c'est une question...
M. Léonard: Bien, j'avais commencé à
remarquer que le budget était le même. Je pense que le
président doit trouver que, compte tenu de l'inflation, il a
reculé un peu. Mais j'ai lu quelque part qu'il est en train de
préparer un avis à la ministre. Est-ce qu'il pourrait nous dire
quelques mots de l'avis qu'il prépare et un peu de l'orientation qu'il
entend y mettre si on peut en avoir quelques primeurs?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beriinguet (Louis): Mme la Présidente, j'ai reçu
le mandat de la ministre il y a quelques semaines, en fait. Mais,
déjà, nous sommes au travail. C'est un mandat très vaste.
Vous savez tous que nous traversons actuellement au Canada, et au Québec
en particulier, une crise qui résulte d'enjeux internationaux, de
situations internationales. Nous croyons fermement, nous, que la science et la
technologie sont des instruments privilégiés pour le
développement économique et social du Québec. Alors, ce
que la ministre nous a demandé de regarder globalement, c'est de voir
quels sont les résultats de ces grands enjeux internationaux, de ces
transformations qui se font, qui pourraient avoir une influence
considérable sur la science et la technologie au Québec et qui
nous permettraient d'utiliser ces instruments privilégiés pour
nous développer. Alors, il s'agit de faire une articulation entre les
priorités que nous allons pouvoir déterminer, d'un
côté, avec les ressources matérielles et, de l'autre
côté, avec les ressources humaines que nous avons. Vous savez que
le Québec, depuis quelques années, s'est doté de beaucoup
d'instruments. Nous avons progressé rapidement depuis quelques
années. Il s'agit maintenant de mettre tous ces instruments ensemble, de
faire une consolidation pour avoir une synergie qui va nous permettre, avec les
moyens faibles dont on dispose nécessairement au Québec, de
percer dans des secteurs de pointe. Nous en sommes au début de nos
travaux. Il est peut-être trop tôt pour vous donner... il est
sûrement trop tôt pour vous donner les conclusions, mais nous avons
un conseil très bien équilibré qui comporte des
personnalités venant de divers secteurs qui vont nous aider, avec nos
collègues du milieu scientifique et technologique, à faire un
plan qui sera transmis à la ministre à la fin de cette
année.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. Beriinguet. Mme
la ministre, vous avez quelque chose à ajouter?
Mme Robillard: Ça va. C'est complet.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a...
M. Léonard: Avant la fin de l'année, ça veut
dire avant le 31 décembre. C'est ce que ça veut dire?
La Présidente (Mme Hovington): Voilà.
Mme Robillard: Le Conseil s'est engagé, malgré
l'importance de l'avis parce que... Je pense que le Conseil en saisit bien
l'importance. Il s'agit d'avoir une vision d'avenir au niveau des enjeux, des
priorités et des ressources qu'on doit affecter à tout notre
développement scientifique. Donc, il faut vraiment qu'il y ait une
vision globale au niveau de notre développement futur. Le Conseil s'est
engagé à me déposer son avis à la fin de
l'année.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Oui. Alors, le budget que vous avez, c'est le
budget de l'équipe. Essentiellement, je vois des dépenses de
personnel et de fonctionnement. C'est vraiment l'équipe qui est
là.
Mme Robillard: Oui. C'est un budget, comme vous le voyez, qui est
vraiment modeste, et c'est tout à l'honneur de l'équipe du
Conseil de la science qui dépose des avis de qualité, je pense,
à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
orienter les actions gouvernementales. Et, entre parenthèses, M. le
député de Labelle, je vous dirai que c'est la
réalité de l'ensemble de nos conseils. J'ai le privilège
d'être conseillée par trois conseils différents: le Conseil
des universités, le Conseil des collèges, le Conseil de la
science et de la technologie, et, en plus, il y a le Conseil supérieur
de l'éducation qui peut m'adresser des avis. Alors, je suis amplement
consultée. Mais l'ensemble de ces conseils-là ont des moyens
très modestes pour l'action fort importante qu'ils font pour nous
aider dans les orientations gouvernementales.
M. Léonard: Je suppose que c'est de nature à
rassurer la population du Québec, qu'il y ait des conseils comme
ça.
Mme Robillard: Sûrement, Mme la Présidente.
Ça contribue à avoir un équilibre, je dirais, dans tout
notre réseau, autant collégial qu'universitaire, entre les
institutions d'enseignement qui, elles, donnent les services en direct à
nos jeunes, nous, au niveau du ministère, qui pensons les politiques et
les orientations et un conseil qui est dans une position plus de
neutralité, qui est dans une position privilégiée pour
avoir un regard sur les politiques gouvernementales et aussi sur les services
qui sont donnés à nos jeunes. Ça m'apparaît tout
à fait essentiel à l'action que nous posons au niveau du
ministère.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui. Mme la Présidente, moi, je
dois vous dire que je suis très satisfait des rapports et des avis que
les trois conseils nous donnent. Si on se donne la peine de les lire, je pense
qu'ils sont très, très pertinents. Ils nous informent très
bien sur la pensée et sur le développement de la science et de la
technologie, ou encore de l'enseignement supérieur, ou encore des
universités. Je pense que c'est fondamental, dans la
société que nous avons présentement, d'avoir ces experts,
d'avoir ces sages qui nous conseillent. Je pense que nous devons continuer de
les supporter puis de leur donner des...
M. Léonard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous aviez
terminé, M. le député?
M. Tremblay (Rimouski): Je n'ai pas terminé,
monsieur...
La Présidente (Mme Hovington): Chacun son droit de parole,
là.
M. Léonard: Oui. C'est correct.
M. Tremblay (Rimouski): Moi, je pense que ces conseils-là
nous sont très utiles. On doit leur donner, nécessairement, les
ressources financières nécessaires, d'une part, mais, en
même temps, se prévaloir de leurs avis pour pouvoir orienter les
politiques du gouvernement.
Une voix: Voilà.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Rimouski. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je pense, Mme la Présidente, que le
député de Rimouski avait mal compris l'ironie de ma question.
Alors...
M. Tremblay (Rimouski): Vous avez compris ça comme une
attaque. Une attaque.
M. Léonard: Non, non. Je n'ai pas pris ça pour une
attaque.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Vous avez mal compris l'ironie de ma question.
Je suis tout à fait d'accord sur les objectifs et sur la qualité
du travail qui a été fait par ces conseils au cours des
années qui ont précédé. Il n'y a aucun
problème là-dessus. Ce que je voulais dire, c'est que cela
était rassurant qu'il y ait ces conseils qui existent pour conseiller la
ministre, lui donner des avis, justement. Très bien.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, ça va pour ce
programme 2?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Nous ne pouvons l'adopter,
comme je le mentionnais tout à l'heure, parce qu'il y a seulement un
élément sur trois. Nous y reviendrons à une prochaine
séance.
M. Léonard: Nous y reviendrons l'an prochain. Nous allons
examiner ces avis, prendre le temps de les voir. Je vois que, cette
année, ils ont fait un avis sur les biotechnologies, sujet fort
intéressant et fort important, puis il y aura celui de cette
année.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
programme 4, Science. M. le député de Labelle. (20 h 40)
Science Développement scientifique
M. Léonard: Sur le développement scientifique, il y
a d'abord la situation dans les universités québécoises,
qui a d'ailleurs été traitée un peu par la ministre, et II
y a le programme SYNERGIE qui a aussi été traité. Je
voudrais simplement faire quelques remarques sur le plan de la situation des
universités québécoises quand même. J'ai lu quelque
part d'un ministre collègue de la ministre que la seule façon
pour nous de maintenir notre qualité de vie est de parvenir à se
hisser parmi les meilleurs cerveaux dans le monde et a exporter le
résultat. Mais je souligne encore que notre système
d'éducation présente quelques défaillances merci, avec le
taux de
décrochage scolaire de 40 %.
Je pense que ce qui est plus près de nous en ce qui concerne les
universités... Il y a du retard au niveau de la production de
scientifiques et de détenteurs de doctorat, je crois qu'il est
significatif: en 1988, seulement 8 Québécois sur 100 000
possédaient un doctorat comparativement à l'Ontario où le
taux est de 11 pour 100 000. Si on peut rectifier, tant mieux. Jusqu'à
tout récemment, le nombre de détenteurs de doctorat produits par
nos universités augmentait chaque année, mais une étude a
démontré que, dans les cinq domaines suivants: la biologie, la
biochimie, la chimie, la géologie et les mathématiques et
physique, nous avons subi une baisse de 5 % pour la période 1988-1990,
soit 364 diplômés contre 385 entre 1985 et 1987, donc une baisse
de 21 diplômés. Cela signifie que nous reculons. Cela illustre
peut-être le taux de décrochage que nous avons dans les
études graduées. C'est dans les universités francophones
que nous retrouvons ce déclin: Montréal, Sherbrooke et Laval
produisent 11 % de moins de doctorats, alors qu'à McGill et à
Concordia il y en a 5 % de plus.
Une autre mesure pour évaluer l'activité scientifique est
le taux de publication de nos chercheurs. Le Size Science Watch de
Philadelphie, qui se spécialise dans ce type d'évaluation, a
répertorié 3200 journaux et magazines à travers le monde
et le nombre d'articles publiés par nos chercheurs, de 1982 à
1986, était de 5 % plus élevé que la moyenne canadienne,
mais, de 1986 à 1990, ce pourcentage n'est plus que de 1 %, donc un
certain recul relatif en tout cas.
Une autre façon d'évaluer l'état de santé du
domaine scientifique au Québec, c'est d'estimer l'élite des
chercheurs. Il y a une étude du doyen de la Faculté des arts et
des sciences de l'Université de Montréal, Robert Lacroix, qui
montre qu'en 1986-1987 il y avait seulement 180 chercheurs d'élite,
selon la définition qu'il avait employée dans son étude,
soit 15 % du total canadien qui avaient obtenu des fonds dans les grands fonds
de recherche reconnus comme tels. Donc, c'est loin de la population du
Québec dans l'ensemble canadien.
Bref, je reviens aussi sur les taux de PIB que le Canada consacre
à la recherche et développement: 1,3 %, 1,4 %; la Suède,
2,5 %; le Québec est stabilisé à 1,4 %. Alors, nous sommes
loin du 2 % et, là-dedans, c'est d'un manque à gagner de pas loin
de 1 000 000 000 $ qu'il s'agit pour le Québec en général
en recherche et développement.
Cela nous amène aussi à une constatation dans le contexte
actuel, c'est que nous aurons à faire face à une guerre pour
maintenir nos cerveaux sur notre territoire. Si nous y mettons trop peu
d'argent, trop peu de recherche d'élite sera faite pour la
génération actuelle de scientifiques. Il y aura trop peu
d'étudiants pour combler le manque à la prochaine
génération. Ce qu'il faut malheureusement constater, c'est qu'il
y a deux fois plus de scientifiques qui quittent le Québec qu'il n'en
vient. Donc, c'est quand même des faits importants. Est-ce qu'il y a des
statistiques qui pourraient me contredire, de la part de la ministre? J'en
serais très heureux.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je trouve le
député de Labelle presque pessimiste par rapport à notre
système de recherche québécois. Je ne nie pas qu'il y a
encore des efforts importants à faire, mais je trouve, M. le
député de Labelle, Mme la Présidente, qu'en l'espace de 20
ans, au Québec, on a réussi des choses extraordinaires au niveau
de notre système de recherche. C'est sûr, ça fait 20 ans
seulement. Ce n'est pas long, 20 ans, Mme la Présidente. Donc, on a, je
dirais, une jeune tradition au niveau de la recherche. C'est sûr qu'on a
des conditions économiques qui sont contraignantes et, donc, qu'on a un
contexte difficile, mais, malgré tout ça, on a réussi
à développer un système qui est comparable à celui
des pays industrialisés, après 20 ans d'efforts au Québec,
et ça, je pense que M. le député de Labelle ne le souligne
pas suffisamment. Dans ce sens-là, je trouve que le Québec,
malgré sa part relative de la richesse comparativement à d'autres
pays, a énormément investi au niveau du système de
recherche et développement.
M. le député de Labelle le souligne, il est très
clair que notre cadre d'intervention repose, d'abord et avant tout, sur la
recherche universitaire, qui est l'assise fondamentale. À cet
égard-là, les chiffres que je possède, Mme la
Présidente, me démontrent des tendances, je dirais, fort
intéressantes au niveau de nos gradués de maîtrise et de
doctorat de façon particulière. Je note qu'en 1989 les
universités du Québec ont accordé 4688 diplômes de
maîtrise et 652 doctorats. Le nombre de diplômes a crû
énormément depuis 1980, au Québec, au niveau de la
maîtrise et du doctorat. Au niveau de la maîtrise, c'est une
augmentation de 1491 diplômes, ça veut dire plus de 47,9 %, et, au
niveau du doctorat, 260 diplômes, ça veut dire plus de 80,5 %
d'augmentation depuis 1980. En 1980, on comptait, de fait, au Québec, 5
doctorats par 100 000 habitants, vous l'avez noté. Mais, en 1990, on en
comptait 10, ce qui signifie qu'en 10 ans on a réussi a doubler le
nombre de docteurs, les diplômés de nos universités, par
rapport à 100 000 habitants. Si on compare avec l'Ontario pour la
même période, eux ont augmenté de 17 %.
Alors, je trouve qu'il y a des signes encourageants qui sont la,
où on augmente de façon très sensible notre nombre de
gradués. Malheureusement, je n'ai pas lu l'étude dont parle M. le
député de Labelle, l'étude faite par
M. Lacroix, mais, quand je regarde comment nos chercheurs
québécois performent dans les conseils subventionnâmes du
fédéral par rapport au pourcentage qu'ils représentent de
chercheurs au plan canadien, je trouve que la performance est très
grande. Elle est très forte dans le domaine des sciences de la
santé, dans le domaine des sciences appliquées, dans le domaine
des sciences humaines. On a un peu plus de difficultés à bien
performer dans le domaine des sciences pures, mais, encore là, on a des
résultats intéressants. Je trouve que le potentiel est là,
la qualité est là, mais il faut encore augmenter le nombre.
Ça, c'est très clair. Je serais d'accord avec le
député de Labelle pour dire: II faut encore augmenter le nombre
de nos chercheurs québécois. Mais je pense que le calibre de la
recherche universitaire faite au Québec n'a plus à être
démontré. Elles sont très capables, nos équipes de
chercheurs, de performer, même dans les circuits internationaux de la
recherche.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député de Sauvé.
M. Parent: Oui. Mme la Présidente, je suis d'accord avec
la ministre lorsqu'elle mentionne que des progrès importants ont
été faits dans le domaine du développement et de la
recherche scientifiques. Le nombre de diplômés a augmenté.
C'est vrai qu'il n'a peut-être pas augmenté comme on l'aurait tous
souhaité, mais il faut quand même comprendre que, pour augmenter
le nombre de diplômés et augmenter le nombre de doctorats,
ça prend de la finance, ça prend de l'argent. Je n'aime pas
revenir en arrière, mais il faut quand même avouer l'état
déplorable des finances du Québec au moment où le
gouvernement actuel a pris le pouvoir. On avait endetté le Québec
comme jamais on ne l'avait endetté; maintenant, on en subit les
conséquences et on tâche de faire du rattrapage. Et je veux
féliciter Mme la ministre du travail qu'elle fait avec son équipe
de fonctionnaires qui la secondent d'ailleurs très bien. (20 h 50)
C'est vrai que le Québec n'est peut-être pas le premier
pays au monde dans le domaine de la recherche. Par contre, il se fait un effort
considérable, je pense, et louable que l'on devrait encourager.
J'écoutais le député de Labelle tout à l'heure. Je
le trouvais pessimiste, moi aussi. C'est vrai qu'il faut toujours tendre vers
l'excellence, qu'il ne faut pas se contenter de résultats
médiocres, mais nos résultats sont loin d'être
médiocres. Ça me faisait penser aussi... Je l'écoutais,
dans son intervention d'ouverture, au moment où il parlait des cercles
des jeunes naturalistes. Je dois vous dire que Marie-Victorin serait
peut-être très fier de vous, mais ce n'est quand même pas
ça, la science! C'est peut-être le développement du
goût de la science.
Je voudrais revenir, Mme la Présidente... M. Léonard:
C'est la première chose à faire.
M. Parent: ...sur une session de travail qu'on a eue ici, l'an
passé, à pareille date, au moment où on étudiait
vos crédits dans le domaine du développement scientifique.
À ce moment-là, le porte-parole de l'Opposition officielle, ma
collègue, la députée de Chicoutimi - que j'aime beaucoup -
vous faisait remarquer à peu près en ces termes... Elle disait:
Mme la ministre, on n'a pas encore, au Québec, de politique de
développement scientifique et technologique. Mais c'était
à la fin de la période d'étude des crédits et
personne, à ce moment-là, n'a eu l'occasion de relever une
affirmation semblable. Malgré que je mette en doute, enfin, cette
affirmation-là, j'aimerais, Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, que vous commentiez cette affirmation qui
m'apparaît gratuite, comme je le disais, et que vous nous fassiez
peut-être un bref exposé de ce qui se fait actuellement et de ce
qui s'est fait depuis, en ce qui regarde la politique scientifique au
Québec.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Ça me ferait plaisir, Mme la
Présidente, d'autant plus que je pense qu'il faut absolument souligner
que le gouvernement du Québec contribue plus que tout autre gouvernement
provincial au financement de la recherche universitaire. Au Québec, on
contribue pour 17 % de ce financement comparativement à 11 % pour le
gouvernement de l'Ontario. Ça démontre l'effort qui est fait par
le gouvernement du Québec au niveau de la recherche universitaire.
Maintenant, en matière de politique scientifique, un peu comme je
le disais tout à l'heure, depuis une vingtaine d'années, s'est
formé progressivement au Québec un cadre d'intervention au niveau
du développement scientifique. C'est très clair que les deux
premiers paramètres de ce cadre d'intervention sont, d'une part, la
nécessité de la recherche en tant que telle et, d'autre part,
l'utilisation à bon escient de la recherche. Donc, tout au fil des
années, on a développé des outils d'intervention en
matière de développement scientifique et je pense que la
majorité de ces outils-là, après 20 ans d'application,
nous démontre que les principes qui nous guident sont les bons.
Il y a quatre principaux principes, Mme la Présidente, qui nous
guident. D'abord, que la recherche universitaire est vraiment l'assise
essentielle de notre développement scientifique et technologique au
Québec, puis qu'il y a lieu de rechercher la coordination et la synergie
entre les différents secteurs de la recherche et la concertation des
intervenants. Ça, je pense qu'on
le fait très bien, au Québec, qu'on force le regroupement
des chercheurs et, en plus, qu'on force la synergie entre les chercheurs
universitaires et les gens de l'entreprise. Le troisième principe qui
nous guide - là, peut-être que je rejoins une des
préoccupations du député de Labelle - c'est qu'il est
très clair que la diffusion de la culture scientifique et technique fait
nécessairement partie de toute politique scientifique. Ça doit
être là et c'est de plus en plus présent. Au Québec,
on s'en occupe depuis plusieurs années. Il y a au-delà de 7 000
000 $ annuellement qui sont mis dans la diffusion de la culture scientifique et
technique, que ce soit au niveau des jeunes à
l'élémentaire, que ce soit... Vous avez parlé de clubs -
tantôt, dans vos souvenirs, M. le député de Labelle - de
naturalistes. Mais, 20 ans plus tard, M. le député de Labelle, ce
sont les expo-sciences, peut-être, qui ont pris la relève et qu'on
voit dans toutes les régions du Québec, où nos jeunes
participent énormément. On voit aussi tout ce qui s'est fait dans
le domaine des expositions et de la muséologie scientifiques. Bon. Tout
ça pour vous dire que la diffusion de la culture scientifique et
technique est vraiment d'une importance très grande pour la politique
scientifique du Québec et, naturellement, qu'il faut toujours promouvoir
la démocratisation de la science.
Alors, dans ce sens-là, ça a été le cadre
d'intervention qui nous a permis d'atteindre les résultats que nous
connaissons. Maintenant, comme je le disais, nous allons publier un
exposé succinct sur ce cadre d'intervention, mais sûrement que
l'avis qui nous sera déposé par le Conseil de la science et de la
technologie nous aidera à aller encore plus loin au niveau des
perspectives d'avenir et à déterminer non seulement les grands
enjeux auxquels le Québec doit faire face, mais les priorités
d'action et les ressources qu'on doit y accorder.
En parlant des ressources qu'on doit y accorder, je pense qu'il est
aussi très clair que, pour nous, le développement scientifique
doit accorder une place fort importante à toute la coopération
internationale qui... Veux veux pas, maintenant, la recherche se fait au plan
international. Nos compétiteurs au niveau de la recherche, ce ne sont
plus nos voisins immédiats, c'est le monde entier. Alors, il est
très clair que les chercheurs doivent se situer dans les circuits de
l'excellence au plan mondial. Voilà.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. En respectant
l'alternance, M. le député de Labelle.
M. Léonard: J'entendais le député de Viau
dire qu'on souhaitait...
La Présidente (Mme Hovington): Le député de
Viau est absent aujourd'hui, M. le député.
M. Léonard: Sauvé, pardon! Reprendre ma
collègue qui souhaitait qu'il y ait une politique. Je pense justement
que la ministre s'y emploie cette année. Elle a dit qu'elle se mettait
au travail. Alors, la remarque était vraiment appropriée. Mais je
voudrais venir sur un sujet. Il y a le programme SYNERGIE qui serait
doté d'un fonds de 32 000 000 $ pris à même le Fonds de
développement technologique. Je voudrais simplement... 32 000 000 $, je
pense que c'est ça. Alors, je voudrais juste vous souligner des
interrogations que nous avons quant à l'efficacité et au
résultat réel du Fonds de développement technologique.
Dans le volet environnement et le volet PME, le volet environnement
avait 50 000 000 $ et le volet PME avait 20 000 000 $. Tout cela a fait l'objet
de compressions budgétaires. Ils ont été gelés. Ils
n'ont pas été dépensés. De plus, c'est très
difficile d'évaluer les sommes qui ont réellement
été dépensées dans le Fonds de développement
technologique, comme on l'a vu. L'an dernier, ils en étaient à
quelques millions seulement. Alors, dans le cas qui nous occupe, nous nous
interrogeons sur les mécanismes d'utilisation de ces fonds. On a
mentionné qu'il y avait un comité de gestion, qui était
formé de neuf personnes, qui avait été mis en place.
J'aimerais savoir si elles ont été nommées, qui elles
sont, qui sont ces personnes, s'il y a moyen de le dire à ce stade. Et
puis je voudrais vous demander si le programme qu'administre la SDI va produire
des avis... Est-ce que le programme qu'administre la SDI va recevoir des avis
sectoriels, sur les projets qui lui seront remis, en provenance d'autres
ministères, s'il y a lieu, ou des avis des universités pour
l'autorisation d'utiliser ces fonds? Comment ça va fonctionner, en
d'autres termes, ce programme SYNERGIE, si jamais il arrive à
fonctionner?
La Présidente (Mme Hovington): En très peu de
temps, Mme la ministre, parce que je dois garder au moins deux ou trois
minutes, avant la fin des 60 minutes qui nous sont allouées, pour voter
les progammes.
Mme Robillard: Mme la Présidente, comme vous savez, le
Fonds de développement technologique est sous la responsabilité
de mon collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. Alors, je suis certaine que M. le député de Labelle
va lui poser des questions sur tous les volets du Fonds. Entre
parenthèses...
M. Léonard: Mme la Présidente, c'est vous qui avez
mentionné le programme SYNERGIE qui est financé par...
Mme Robillard: Oui, attendez. Je n'ai pas terminé, Mme la
Présidente. Ce que je disais, c'est qu'il y a plusieurs volets au sein
du Fonds de développement technologique, qu'à date le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science est
consulté sur l'ensemble des volets, que des fonds ont été
engagés de façon particulière sur le volet 1 dans les
projets mobilisateurs et qu'à l'intérieur des projets
mobilisateurs il y a des retombées fort importantes dans les milieux de
la recherche, au-delà de 42 000 000 $ dans les projets qui ont
été engagés. Mais, dernièrement, j'ai eu le plaisir
avec mon collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, d'annoncer un nouveau programme à l'intérieur du
volet 2 du Fonds de développement technologique, un programme qui
s'appelle SYNERGIE. (21 heures)
En quoi est-il différent du premier volet? C'est que ce programme
SYNERGIE est laissé à l'initiative des chercheurs du monde
universitaire et du monde collégial qui, eux, doivent aller s'associer
en partenariat avec le monde de l'entreprise pour présenter des projets
et, donc, devenir éligibles à recevoir des subventions.
Trente-deux millions ont été donnés à ce
volet-là.
Mme la Présidente, nous avons fixé deux dates de
tombée pour la soumission des projets dans le courant de l'année.
Une de ces dates est passée, le 13 mars. Au-delà de toute
espérance, nous avons au-delà de 30 projets qui ont
été présentés par les milieux universitaires ou les
milieux collégiaux; 75 entreprises sont associées dans ces
projets. Alors, qu'on ne vienne pas me dire que ça ne répondait
pas à un besoin. Le besoin, il est là. Nous sommes en train
d'évaluer ces projets, présentement, à partir d'un
comité de gestion qui a été formé et dont la
première réunion a eu lieu le 20 décembre 1991. M. le
député de Labelle me demandait qui faisait partie de ce
comité. Le président est M. Jean Gagné, qui est le
directeur des politiques et des priorités scientifiques au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science; M.
Georges Archam-bault, du ministère de l'Industrie et du Commerce; M.
Philippe Bergeron, du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science; M. Pierre Du Ruisseau, de la compagnie Médicor inc.; Mme
Céline Le Bourdais, de l'INRS Urbanisation; M. Jean-Yves Marquis, de
l'enseignement collégial au niveau du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science; M. Yves Rousseau, du Fonds FCAR; M. Pierre
Tremblay, de la compagnie Alcan International; Mme Christine Martel, du Centre
des technologies textiles de Saint-Hyacinthe, et M. Pintal, du Fonds de
développement technologique.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député de Sherbrooke, vous avez 15 secondes.
M. Hamel: Écoutez, je déplore très vivement
que l'Opposition officielle n'ait retenu qu'une heure pour la science, qui
m'apparaft quand même un secteur extrêmement intéressant et
extrêmement vaste. J'aurais eu une question très pertinente sur
l'Institut québécois de recherche sur la culture parce que,
l'année dernière, on faisait grand état de son
éventuelle disparition. Mais, que voulez-vous, on n'a plus de temps.
Alors, je vous remercie.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Sherbrooke. Alors, est-ce que les crédits du
programme 4, Science, sont adoptés? MM. les membres, nous sommes rendus
à l'adoption du programme.
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. Est-ce que
les crédits du programme 4, Fonds pour la formation de chercheurs et
l'aide à la recherche, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Léonard: Programme 7.
La Présidente (Mme Hovington): Programme 7.
M. Léonard: Vous avez dit 4, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que les
crédits du programme 4, Science, sont adoptés? Adopté. Et
les crédits du programme 7, Fonds pour la formation de chercheurs et
l'aide à la recherche, sont adoptés.
Permettez-moi de vous remercier, Mme la ministre, ainsi que toute votre
équipe de fonctionnaires qui vous accompagnaient et les membres de votre
cabinet, pour avoir assisté à cette heure de l'étude des
crédits de la commission de l'éducation, ainsi que les
parlementaires membres de cette commission.
Alors, la commission de l'éducation, ayant rempli son mandat,
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 4)