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(Quinze heures cinquante et une minutes)
Secteur de l'enseignement supérieur
La Présidente (Mme Hovington): Je constate que nous avons
quorum. Alors, la commission de l'éducation va débuter ses
travaux. La commission de l'éducation est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière 1991-1992. Aujourd'hui, la commission
étudiera, pour une durée de cinq heures, les crédits des
programmes suivants: programme 1, Administration; programme 2, Consultation,
éléments 2 et 3; programme 3, Aide financière aux
étudiants; programme 5, Enseignement collégial; et programme 6,
Enseignement universitaire.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, Mme la
Présidente.
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, nous allons
organiser nos travaux dès maintenant. Nous pouvons procéder de la
manière suivante. On peut faire l'étude de chacun des programmes
selon l'ordre ci-dessus mentionné et adopter chaque programme à
la fin du débat. À ce moment-là, il serait avantageux de
convenir d'une période de temps pour chaque programme ou pour un
ensemble de programmes. Ou on peut avoir une discussion d'ordre
général, avec une période à la fin de ia
séance afin de procéder à la mise aux voix des programmes.
Alors, si ce mode de fonctionnement est choisi, il y aura 10 minutes à
fin de la séance pour la mise aux voix des programmes. Alors, quel
serait le choix de la procédure?
M. Gendron: Mme la Présidente, le choix qu'on
suggère, c'est qu'il y ait des remarques générales de la
ministre de l'Enseignement supérieur, qu'il y en ait du critique de
l'Opposition; par la suite, qu'il y ait des remarques de nature
générale sur l'ensemble des crédits, sans les
spécifier à quelque programme que ce soit, et après, on
appellera les programmes les uns à la suite des autres, mais en se
réservant une enveloppe de temps pour adopter suivant la
mécanique que vous connaissez, là, dans les trois, quatre
dernières minutes, les crédits.
Je fais juste ajouter que, dans la liste, je ne sais pas si vous avez
omis de mentionner le programme 7, qui est le FCAR, et au niveau du programme
7, FCAR, comme Opposition on aura quand même quelques questions; c'est le
fonds de recherche.
Une voix: Ça a été pas étudié
avec Mme Blackburn.
M. Gendron: Non. C'est que Mme Blackburn, comme critique au
niveau de la Science, a posé certaines questions; par contre, la
ministre de l'Enseignement supérieur doit répondre de la
recherche universitaire, et j'ai quelques questions à poser sur la
recheche universitaire. Règle générale, la discussion sur
la recherche universitaire doit se faire avec la ministre responsable et le
critique responsable.
La Présidente (Mme Hovington): Moi, je vous avouerai que
je n'ai pas le programme 7 sur ma feuille. Alors, Mme la ministre?
Mme Robillard: De fait, à ma connaissance, Mme la
Présidente, le programme 7 a été adopté la semaine
dernière à l'intérieur du volet Science, adopté
là officiellement par la commission et même sans discussion.
La Présidente (Mme Hovington): Donc, le programme 7 n'a
pas lieu d'être étudié aujourd'hui, ayant
déjà été adopté la semaine
dernière.
Mme Robillard: Oui. Et aujourd'hui là, avec entente avec
l'Opposition, nous avions décidé de procéder avec le
programme 6 en premier, puis 5, 3,2,1.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. Alors donc, il y
aura des discussions d'ordre général, avec une période
à la fin de la séance pour procéder à l'adoption de
chacun des programmes.
Mme Robillard: Non.
La Présidente (Mme Hovington): C'est ça que je
comprends de votre entente?
M. Gendron: Oui. Les programmes, on va les adopter à la
fin de la séance, parce qu'il se peut très bien que, dans le
débat de deux, trois heures, dépendamment, parce que, moi, je
n'ai pas le contrôle sur l'ensemble des interventions... Il y a toujours
été de pratique courante que dépendamment de certaines
discussions qui peuvent avoir lieu sur le programme 3... Je ne veux pas que, si
on respectait l'ordre, après qu'on aura adopté le programme 5, je
n'aie plus l'opportunité de questionner des éléments
que
j'aurais omis moi-même, sur lesquels je veux revenir, sur lesquels
un membre de cette commission aurait des opinions qui appellent un débat
ou une vérification additionnelle sur les crédits.
Alors, moi, depuis que je fais les crédits, on a toujours,
à la fin de la séance des crédits, l'opportunité de
choisir d'appeler les programmes les uns à la suite des autres dans les
cinq, six dernières minutes, et de dire: On les adopte. Le 1 est
adopté, le 2 est adopté, le 3 est adopté, le 4 est
adopté. Je veux faire ça à la fin.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Sherbrooke.
M. Hamel: Question de clarification, Mme la Présidente.
Simplement, dans votre discussion d'ordre général que vous
souhaitez, quand même, on y va programme par programme.
M. Gendron: Non. Dans la discussion générale, ce
que j'ai dit, c'est que, quand on étudie les crédits, on indique
que la ministre va indiquer un peu ce qu'elle a fait et ce qu'elle entend faire
au cours de la prochaine année, en gros; moi, je veux faire la
même chose dans les remarques générales que je veux faire
et qui vont être très courtes, 5, 10 minutes de remarques
générales. Après ça, je vais faire une dizaine de
minutes ou une demi-heure sur les crédits de son ministère sans
spécifier qu'il s'agit du programme 4, du programme 5, des quelque 3 000
000 000 $ de crédits.
Après ça, on va appeler les programmes les uns à la
suite des autres, dans l'ordre sur lequel on s'est entendus, soit 6, 5, 3, 2,
1, puisque le 7, vous dites que vous l'avez adopté.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Mme Robillard: Mme la Présidente, il y a peut-être
eu une erreur d'Interprétation, mais ce que nous aimerions et ce que
j'avais compris de l'entente avec l'Opposition, c'est que nous ferions d'abord
des remarques générales, 2, 3 minutes, pas plus, pour nous
réserver à l'intérieur de chacun des blocs importants, qui
sont universitaire, collégial, prêts et bourses, des remarques
plus spécifiques de 10 minutes, 10 minutes à l'intérieur
de chacun des blocs. Mais on était pour procéder par blocs, le
bloc 6 avec des remarques spécifiques, et on peut l'adopter à ce
moment-là, passer à l'autre programme, à l'autre programme
et à l'autre programme.
M. Gendron: II n'y a rien de contradictoire dans ce que je viens
d'entendre et ce que j'ai dit. La seule différence, c'est que je retiens
la votation des blocs à la fin des crédits - c'est juste
ça que je dis - comme ça s'est toujours fait.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons
procéder à l'étude de chacun des programmes en
commençant par le programme 6, le programme 5, le programme 3, le
programme 2, le programme 1, en or're inverse, et le vote se fera à la
fin de la séance. Est-ce que tout le monde a bien compris la même
chose?
Bon, alors je vais permettre au ministre, au porte-parole de
l'Opposition officielle et aux membres, s'ils le veulent bien, de faire une
déclaration d'ouverture, alors en commençant par Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur.
Remarques d'ouverture Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. Mais, tel
qu'entendu, mes remarques d'ouverture seront très brèves et je me
réserve des remarques spécifiques dans chacun des programmes
importants du ministère.
Mme la Présidente, quand on regarde les crédits 1991-1992
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, on
réalise tout de suite, globalement, que ces crédits affichent une
hausse générale de 4,8 % sur les crédits 1990-1991. On
s'aperçoit même que chacun des programmes qui est à l'ordre
du jour d'aujourd'hui est en hausse; chacun d'entre eux est en hausse. Le
programme 6 est en hausse de 4,5 %; le programme 5, en hausse de 5 %; le
programme 3, Aide financière aux étudiants, 6,8 %; et les
programmes 2 et 1, de plus de 3 %. Alors, on s'aperçoit que les
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, cette année, atteignent plus de 3 300 000 000 $ comparativement
à 3 100 000 000 $ l'an dernier.
Je pense qu'il est bon de noter que cette augmentation de 4,8 % est
vraiment un juste équilibre entre une gestion très serrée
des dépenses gouvernementales que nous faisons et l'indexation
régulière de nos crédits. En somme, Mme la
Présidente, quand on observe les crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science depuis au moins cinq ou six
ans, on s'aperçoit qu'ils représentent une part toujours plus
grande des crédits gouvernementaux. Si nous excluons le programme de la
Science, nous voyons qu'en 1985-1986, nos crédits représentaient,
à ce moment-là, 8,08 % des dépenses du gouvernement, alors
que, maintenant, ils sont de 8,58 % des crédits gouvernementaux
totaux.
Alors, vraiment, il y a une progression constante qui se manifeste, et
de façon très particulière on peut le voir sur les deux
programmes très importants du ministère que sont les
universités et les collèges. Je pense que nous avons là,
Mme la Présidente, vraiment la preuve que le gouvernement
témoigne d'une priorité évidente pour l'enseignement
supérieur au Québec et tous nos établissements qui offrent
justement cet
enseignement supérieur de qualité que nous avons.
D'ailleurs, si on regarde notre richesse collective au Québec, on
s'aperçoit que notre société québécoise
continue de plus en plus à investir dans les établissements
d'enseignement supérieur. Je pourrais même vous dire que notre
effort gouvernemental se traduit par une injection égale à 0,96 %
du PIB comparativement à 0,65 % en Ontario et à 0,69 % pour le
reste du Canada. Alors, l'effort du gouvernement du Québec est
très important en matière d'enseignement supérieur. Je
pense qu'il est très bon de le noter et de le réaliser. Tout cela
malgré le contexte difficile au plan économique que nous vivons,
malgré cette récession économique où tous les
ministères doivent apporter une contribution à ces
problèmes que nous avons. Nous remarquons qu'à l'Enseignement
supérieur, il y a une progression constante.
Je ne voudrais pas aller plus loin, Mme la Présidente, si vous le
permettez, dans les remarques d'ordre général, mais je me
réserve le droit, à chacun des trois programmes importants, de
revenir avec des énoncés plus particuliers concernant
l'universitaire, le collégial et l'aide financière aux
étudiants.
Mais, si vous me permettez, en terminant, je vais peut-être vous
présenter les membres de mon équipe qui m'accompagnent
aujourd'hui. J'ai ici, à ma droite, le sous-ministre en titre, M. Pierre
Lucier. J'ai aussi avec moi M. Pierre Boisvert, qui est sous-ministre adjoint
à l'administration et à l'aide financière aux
étudiants; M. Guy Létourneau qui s'est joint à nous, qui
est le sous-ministre adjoint à la science; M. Léonce
Beaupré, le directeur général de l'enseignement et de la
recherche universitaires; M. Lanoux, le directeur général de
l'enseignement collégial; M. Lirette, le directeur général
de l'administration. Je vous mentionne aussi, Mme la Présidente, que
j'ai avec moi la présidente du Conseil des universités, Mme
Quérido, de même que le président du Conseil des
collèges, M. Yvon Morin.
Je dois vous dire que, depuis la préparation de ces
crédits jusqu'au dépôt de ces crédits, cette
équipe m'a appuyée et supportée de façon constante,
et, je dirais même, depuis mon arrivée au ministère. Depuis
octobre dernier, je peux vous dire que, si nous réussissons à
agir avec autant d'efficacité que nous agissons présentement,
c'est grâce à cette équipe qui m'entoure, et j'en profite
pour les remercier.
Naturellement, Mme la Présidente, j'ai aussi mon équipe
politique qui est avec moi aujourd'hui, mon directeur de cabinet, Marc
Saint-Pierre, de même que tous les attachés politiques. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest et porte-parole de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Très rapidement, je voudrais saluer les
membres de cette commission ainsi que tout le personnel soit politique,
administratif ou autre qui accompagne la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Je connais leur fidélité,
leurs loyaux services, alors je les salue cordialement.
J'indique d'ores et déjà qu'il se peut que, lors des cinq
heures que nous allons faire, j'aie un questionnement des fois un peu
serré, mais en aucune façon ça n'entache leurs
responsabilités professionnelles, au sens que je sais que ces
gens-là s'acquittent de leurs responsabilités. Nous sommes ici,
après tout, pour étudier les crédits du ministère,
et la témoin à charge, c'est la ministre de l'Enseignement
supérieur et non pas l'ensemble de ces gens-là.
D'entrée de jeu, je suis très heureux, moi, de faire de
nouveau les crédits de l'Enseignement supérieur. On constate
qu'il y a plus de stabilité du côté de l'Opposition que du
côté ministériel, puisque ça fait une couple
d'années que j'ai l'occasion de le faire, alors que c'est la
première année que la ministre de l'Enseignement supérieur
a l'occasion de défendre ses crédits, alors je la salue
cordialement.
Je n'ai pas l'intention, moi non plus, de faire un très long
préambule parce que, d'entrée de jeu, vous allez constater qu'on
n'a pas tout à fait la même perception sur certaines choses ou du
moins sur ce qui m'apparaît le plus fondamental à ce moment-ci.
Est-ce que, oui ou non, ce gouvernement-là accorde une priorité
à la question de l'éducation au Québec ou de
l'enseignement supérieur, puisque c'est les crédits que nous
étudions, avec, il est évident, d'autres organismes, quand je
connais le niveau de demandes insatisfaites depuis plusieurs années,
dans plusieurs dossiers, que ce soit le sous-financement universitaire
chronique, que ce soient les réductions nettes d'argent pour les
études collégiales, que ce soient certains sujets plus
particuliers qu'on aura l'occasion d'approfondir, où on va se rendre
compte qu'on a assisté, année après année, à
de beaux énoncés de principe? Mais, dans les faits, on va se
rendre compte que - je le donne juste à titre d'exemple - quand on
constate le taux d'abandon des études collégiales et le taux
d'abandon au niveau des études secondaires, c'est un taux d'abandon qui
ne laisse pas voir que la préoccupation est majeure.
Strictement au niveau des crédits comme tels, moi je ne peux pas
- je l'ai dit tantôt - considérer que ce gouvernement-là
accorde une priorité à l'éducation et à
l'enseignement supérieur, parce que, lorsqu'on analyse les
crédits, contrairement à ce qu'on vient d'entendre, la ministre
vient d'indiquer qu'il y a une progression constante... C'est vrai en chiffres
comptables, mais c'est des mauvais comptables,
on s'en rend compte de plus en plus. En chiffres réels, n'Importe
quel comptable averti se rendrait compte que, quand, exemple, le service de la
dette augmente énormément pour l'État
québécois et que le service de la dette augmente...
Prenons l'exemple dans ce qui nous concerne pour les prêts aux
étudiants et le service de bourses, parce qu'il faut le financer; je
reconnais qu'il y a un coût là, mais je ne peux pas voir une
augmentation de crédits, quand on implique le service de la dette dans
ce que j'appellerais, mol, la capacité d'offrir une meilleure
qualité de services avec plus de liquidités réelles. On le
voit bien. Si c'était une priorité en éducation, on
devrait au moins s'attendre à ce que les crédits de
l'Enseignement supérieur puissent avoir une augmentation à tout
le moins correspondante au rythme de croissance des dépenses publiques
de ce gouvernement-là. Selon le rythme de croissance des dépenses
publiques, on se croirait en pleine année de vaches grasses. On ne se
croirait pas du tout en période de récession, puis on aura
l'occasion de le prouver, 7 % - bon, c'est 6,9 %, mais 7 % - de rythme de
croissance des dépenses de ce gouvernement-là.
Est-ce que les crédits de l'Enseignement supérieur ont 7 %
d'augmentation? Réponse: non. Tout le monde le sait. Ils n'ont pas 7 %.
La ministre elle-même a corrigé nos chiffres. Nous, on
était prêts à lui donner 4,9 %, elle nous a dit 4,8 %.
Donc, c'est encore à la baisse. Alors, un écart de 2 % entre le
rythme de croissance des dépenses globales de ce gouvernement-là
dans l'ensemble de ses activités ministérielles; et, pour ce qui
est de l'Enseignement supérieur, elle a mentionné 4,8 %. Tant au
niveau collégial qu'au niveau universitaire, la Fédération
des cégeps, la CREPUQ, ils expriment leurs doléances depuis
plusieurs années et demandent au gouvernement de faire des efforts
significatifs pour remédier au sous-financement de nos institutions
postsecondaires.
Encore cette année, après avoir été
affectés par des compressions budgétaires importantes, les
responsables des deux ordres d'enseignement devront constater que le
gouvernement actuel offre par rapport à l'exercice
précédent une croissance de crédits qui ne répond
pas aux demandes de ces milieux et qui n'égale même pas les
dépenses gouvernementales pour l'année 1991-1992. Il faut
être conscient que des ressources supplémentaires sont requises
pour parer aux problèmes qui assaillent ces deux ordres d'enseignement.
C'est toujours le débat de fond. Investir ou ne pas investir dans
l'enseignement supérieur les ressources nécessaires pour son bon
fonctionnement est un choix politique qui aura, bien sûr, des
répercussions non seulement sur chacun des étudiants, mais sur
l'ensemble de la société québécoise. Je ne suis pas
sûr que ce ne soit pas ça qu'on commence à payer un
peu.
Au sujet des problèmes qui demandent des réflexions plus
immédiates, qui méritent des actions pressantes, et c'est
ça qu'on va débattre tantôt, pensons, par exemple,
à l'espèce d'épée de Damoclès que je
vais discuter qui s'appelle les frais de scolarité dans les
cégeps. On va me dire, l'autre bord: II n'y en a pas. Je comprends. Mais
on va regarder un peu le discours que la ministre a tenu quand il a
été question de ça. J'aimerais ça regarder
ça avec vous autres.
On va regarder toute la question de l'évaluation dans
l'enseignement collégial. Il s'est dit bien des affaires depuis
plusieurs années sur l'évaluation de la qualité de
l'apprentissage. Est-ce qu'on mesure la valeur de l'apprentissage au niveau
universitaire et collégial? L'ancien ministre a même dit qu'il
donnait les diplômes, qu'il les signait, mais qu'il ne sait pas ce qu'il
signe. Mais il signait les diplômes, H n'y a pas de problème. Ah!
pour nous autres, c'est un problème.
Toute la formation technique, la formation professionnelle, on essaiera
de savoir où était la ministre quand son collègue de
l'Éducation a dit que, lui, il trouve que la formation professionnelle
devrait être davantage une préoccupation du secondaire et non du
collégial. On ne l'a pas entendu bien bien parier là-dessus, mais
de la formation technique au collégial, il s'en donne. Il va falloir
regarder ça. La question de tous les abandons scolaires tant au niveau
collégial qu'universitaire...
Alors, en fait, dans mes remarques liminaires, moi également, Mme
la ministre, je pense qu'on aura l'occasion, au cours des heures qu'ils nous
ont accordées, d'approfondir. Je veux juste conclure en vous disant,
membres de cette commission, Mme la Présidente, ainsi que mes
collègues, que ce qui va m animer, par exemple, au cours des
discussions, c'est que je veux faire un travail constructif, un travail des
plus efficace dans les prochaines heures pour que la cause de l'enseignement
supérieur soit une cause qui soit épousée davantage dans
nos préoccupations quotidiennes, afin que l'État
québécois puisse éventuellement offrir à nos
jeunes, qui veulent avec énormément de détermination
prendre la relève... Mais encore faut-il qu'ils en aient la chance,
encore faut-il qu'ils en aient les moyens, encore faut-il leur donner les
outils requis pour que les jeunes qui font face à ces défis de
jouer le rôle de citoyens et de citoyennes à part entière
en aient les moyens, et je n'en suis pas convaincu.
Voilà, Mme la Présidente, les remarques
préliminaires que je voulais faire.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Alors, s'il n'y a pas d'autres
interventions, nous allons passer à l'étude des programmes.
M. Gendron: Non, Mme la Présidente. Comme je vous l'avais
indiqué, j'aimerais, à ce
moment-ci, faire une intervention sur l'ensemble des crédits,
mais strictement la mécanique du livre des crédits, les
crédits de 3 300 000 000 $.
M. Gautrin: Mme la Présidente, moi aussi, j'aurais des
questions sur l'ensemble des crédits.
M. Gendron: Après ça, comme je vous l'avais
indiqué, on appellerait les programmes dans l'ordre
suggéré. Moi, d'entrée de jeu, je serais en mesure, ici,
de commencer tout de suite la discussion, le débat que je veux avoir sur
l'ensembie des crédits.
Discussion générale
La Présidente (Mme Hovington): Alors, une discussion
d'ordre général sur l'ensemble des crédits.
M. Gendron: Oui. Une quinzaine de minutes sur l'ensemble des
crédits, comme on s'était entendus.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, M. le
député.
Demandes prioritaires de crédits
M. Gendron: Alors, sur les crédits de l'Enseignement
supérieur, Mme la Présidente, ce que je veux indiquer - et,
là, on va parler juste pendant quelques minutes de chiffres très
précis - la ministre de l'Enseignement supérieur, en 1991-1992,
va disposer de crédits de 3 329 000 000 $, soit une augmentation de
près de 154 000 000 $. Il s'agit de se rappeler de ça; 154 000
000 $ de plus que l'an dernier, soit une hausse de 4,8 %. Ça, c'est le
livre des crédits qui nous indique ça. Donc, si on regarde par
rapport à l'inflation, c'est légèrement supérieur
à l'inflation.
Il faut se rappeler que le budget total de l'État
québécois, et c'est important d'avoir ces quelques
réalités, c'est 38 500 000 000 $, en arrondissant un peu quelques
cents parce que, quand on est rendu dans les milliards, je pense qu'on a le
droit d'arrondir. Alors, le budget total du Québec, 38 500 000 000 $.
Rythme de croissance des dépenses, 6,9 %, donc presque 7 % pour
l'ensemble des dépenses de ce gouvernement-là en termes de rythme
de croisière en année dite de récession grave, majeure et
- moi, je suis capable de le porter, en tout cas, ce que je veux dire -
probablement sans précédent.
Dans plusieurs régions du Québec, il faut être
conscient qu'on vit une récession plus grave et pas mal plus grave qu'en
1982, où il n'y a même pas d'indicateurs sérieux de
reprise. On a beau jaser sérieusement, on peut se faire accroire des
affaires, mais rappelez-vous le Journal de Québec, hier, titrait
- pas un petit trait - dans le centre de son journal. En juillet- août,
ce ne sera pas drôle, le taux de chômage va être terrible,
puis là, bien, il y aura un grand nombre d'entreprises qui,
malheureusement, n'auront pas passé à travers. C'est ça,
le contexte.
Quand on regarde les programmes, et ça, on va le faire un peu
plus tard, là, il y a juste l'aide financière aux
étudiants qui paraît avoir un rythme d'augmentation comparable au
rythme de croissance des dépenses de l'État
québécois, puis c'est faux parce que, encore là, ce n'est
pas vrai en termes de réalité. Que ce soit le seul qui soit au
même rythme que les autres, je comprends, la raison, c'est le service de
la dette pour les prêts puis les bourses, mais ce n'est pas de l'argent
pour offrir une meilleure qualité éducative en enseignement
supérieur et en enseignement universitaire.
J'ai dit que je ferais quelques questions et quelques échanges
d'ordre général. J'arrive aux questions que je veux poser
à la ministre. De tout temps, Mme la Présidente, quand on aborde
les crédits d'un ministère, il faut quand même prendre
quelques minutes pour relater comment ça se passe. La ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, comme ses collègues, a
eu à élaborer, en présence de son collègue
président du Conseil du trésor, ce qu'on appelle une revue de
programmes. Donc, ma question c'est: Quelles étaient les demandes
précises de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science pour ses crédits 1991-1992 qui ont été soumis au
président du Conseil du trésor? Parce que, avant d'autoriser
l'impression des crédits budgétaires, il y a eu une revue de
programmes, il y a eu une demande. Ça marche de même. Tous les
gouvernements ont toujours fonctionné comme ça.
Alors, la question précise que je pose: Est-ce que la ministre
pourrait nous dire les principaux éléments de son
ministère sur lequels elle était en demande de crédits
neufs pour l'année 1991-1992? Et pour quelle somme?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je pense qu'il est bon
de rappeler dans quelle situation nous nous retrouvons à l'heure
actuelle au Québec, comment nous avons agi cette année comme
gouvernement responsable et comment cette situation a eu un impact sur
même le processus régulier suivi en revue de programmes. Cette
année, ça paraissait assez évident, dès l'automne,
que nous avions de sérieux problèmes économiques et que
nous étions même en récession économique. (16 h
15)
Mon collègue le ministre des Finances, même à son
dépôt du budget de l'an dernier, avait manifesté de graves
inquiétudes et avait, à l'intérieur de son discours,
même dit: II va
falloir revoir toute la croissance des dépenses gouvernementales
et même peut-être remettre en question certains programmes
gouvernementaux.
Cette année, au niveau de la revue de programmes, il y a eu une
réflexion en profondeur qui a été faite par tous les
membres du gouvernement. De façon particulière, le premier
ministre lui-même étant très très inquiet de la
question a même mandaté un comité élargi de
ministres pour revoir l'ensemble des programmes gouvernementaux non pas, Mme la
Présidente, pour identifier quel serait le pourcentage de
développement théorique que chacun des ministères ou des
programmes pourrait vouloir faire, parce qu'on peut toujours développer
de façon théorique, nous le savons tous, mais pour voir comment
chacun des ministères pouvait contribuer à cet effort
gouvernemental de bien contrôler les dépenses publiques.
Alors, c'est beaucoup plus dans cet esprit-là, Mme la
Présidente, que l'exercice a été fait cette année,
et j'ai eu l'honneur, je dirais, de participer moi-même à ce
comité de revue de programmes exceptionnel avec plusieurs
collègues ministres pour essayer que de façon responsable le
gouvernement contrôle ses dépenses et les limite à la
capacité de payer de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
Quand est arrivée l'heure du dépôt des
crédits, Mme la Présidente, il est sûr que le gouvernement
a dû faire des choix, a dû faire à nouveau des choix que je
qualifie de choix sociaux, de réidentifier des priorités
gouvernementales. On s'aperçoit que les dépenses
gouvernementales, comme le dit le critique de l'Opposition, augmentent de 6,9
%. Oui, mais pourquoi, Mme la Présidente? Si on lit bien ce livre des
crédits et si on le met dans le contexte économique actuel, on
s'aperçoit que les pourcentages importants d'augmentation de cette
année sont dus à des dépenses incompressibles, Mme la
Présidente, et nous ne reculerons pas devant ces responsabilités
et ces dépenses incompressibles.
À titre d'exemple, je peux vous donner le pourcentage
d'augmentation, chez mon collègue à la Main-d'oeuvre et à
la Sécurité du revenu, pour les gens qui reçoivent de
l'aide sociale ou de la sécurité du revenu. Il est clair qu'en
période de récession économique les demandes augmentent
à ce ministère; donc, le pourcentage de croissance est de 17 %.
Est-ce que vraiment nous allons analyser le pourcentage d'augmentation des
dépenses d'enseignement supérieur par rapport à un
ministère comme ça, qui doit répondre à des besoins
très pressants de notre communauté, alors que nous nous trouvons
dans une situation économique difficile? Mme la Présidente, je
pense qu'il faut apporter les nuances nécessaires. Malgré ce
contexte économique difficile, l'Enseignement supérieur et de la
Science va augmenter au-delà de 4,8 %. C'est assez incroyable, Mme la
Présidente. Ça veut dire, et c'est très clair, que le
gouvernement en a fait une priorité. Par rapport à d'autres
ministères et à d'autres programmes, j'en conviens... Mais le
gouvernement a décidé que, oui, il continuait d'investir dans l'éducation de nos jeunes au Québec.
C'est ça, le choix qu'il a fait, Mme la Présidente, et
c'est pour ça qu'on se retrouve avec des crédits qui auraient pu
être plus élevés, d'un point de vue théorique. Mais,
si on analyse ces crédits dans le contexte de 1991-1992, dans le
contexte d'une récession économique, Mme la Présidente, il
faut être capable de voir que ce gouvernement-ci ne coupe pas dans
l'enseignement supérieur comme l'autre gouvernement a fait en
période de récession en 1980-1981. Ce gouvernement-ci
décide quand même d'apporter un taux d'augmentation de 4,8 %. Je
pense que la preuve est assez évidente.
M. Gendron: Mme la Présidente, je veux juste rappeler,
d'abord, que, là, on est en 1991, pour ceux qui ne le sauraient pas,
alors, 11 ans plus tard. Ça ne me dérange pas, moi, de faire des
références à 11 ans plus tôt. Mais là,
aujourd'hui, on est convoqués pour regarder les crédits de la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Elle me fait un
beau laïus pour me parler des crédits du gouvernement, comment
ça s'est fait. Je le sais, comment ça s'est fait. La preuve, je
dis: II y a un rythme de croissance de 7 %. Ça s'est fait d'une
façon très drôle.
Elle compare son ministère avec le MMSR, le ministère de
la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, en disant que
l'aide sociale est là, puis qu'il ne faut pas comparer les
crédits du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
avec le ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Je le sais. Je dis juste, parce que ça, c'est des faits, 7 % de
rythme de croissance, que le ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Science n'a pas ça. Ma question était tout autre que celle
pour laquelle je n'ai pas eu de réponse. Ma question est très
claire, Mme la ministre, même si vous avez eu la chance de participer
à un comité - puis je vous en félicite, je suis
très heureux que vous ayez été là - c'est: Vous,
comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, vos
demandes prioritaires pour les fins de votre ministère que vous dirigez
en l'an 1990-1991, pour les crédits budgétaires qu'on commence,
c'est quoi vos demandes prioritaires? C'était quoi les dossiers chauds
sur lequels vous étiez en demande de crédits, toujours ajustables
dans la problématique du gouvernement par après? Mais moi, je
discute les crédits. Donc, il faut que je sache sur quoi le
président du Conseil du trésor a dit non, pourquoi il vous a dit
non.
Avant de savoir sur quoi il vous a dit non, il faut bien savoir si vous
étiez en demande sur quelque chose. Alors, c'est quoi, les demandes
que vous avez faites au collègue président du Conseil du
trésor sur tes sept, huit grands dossiers prioritaires? C'est ça
que je veux faire, parce qu'on va avoir l'occasion de le revoir programme par
programme. Mais, là, vous êtes ministre de l'Enseignement
supérieur, le président du Conseil du trésor vous dit:
Faites-moi connaître vos demandes. C'est quoi la demande de
crédits? Puis justifiez-moi-la. Parce que c'est toujours de même
que ça se fait.
Alors, la question: Avlez-vous des projets qui vous tenaient plus
particulièrement à coeur comme ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science? Aviez-vous des demandes très
précises sur lesquelles vous avez insisté? Moi, je veux que vous
fassiez connaître aux membres de cette commission c'était quoi,
ces demandes-là.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je répète,
M. le député de d'Abitibi-Ouest dit: C'est toujours comme
ça que ça se fait. Ça se fait toujours de même. Mais
cette année ça ne s'est pas fait de même. Cette
année, la question du président du Conseil du trésor
était à l'inverse. Ce n'était pas de dire de façon
théorique: Quelles sont vos demandes de développement
théorique que vous pourriez avoir à l'Enseignement
supérieur et à la Science et dans l'ensemble des
ministères? Non. C'était de voir comment chacun des
ministères peut participer à l'effort gouvernemental de mieux
contrôler les dépenses publiques. C'était ça, la
question de base, Mme la Présidente.
Alors, pour nous, il s'est agi de regarder l'ensemble de nos programmes,
de protéger les acquis et de continuer les actions qui avaient
déjà été entreprises; à preuve, le
redressement financier des universités. C'est dans ce contexte-là
que la revue de programmes s'est vécue cette année, Mme la
Présidente.
M. Gendron: Mme la ministre, est-ce à dire que...
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun avait demandé, si on respecte l'alternance...
M. Gautrin: Non, non, non.
M. Gendron: Non, mais c'est parce que je vais finir mon bloc
puis, après ça...
La Présidente (Mme Hovington): Bon, d'accord.
M. Gautrin: Allez-y.
M. Gendron: Ça ne sera pas long. Est-ce que la ministre de
l'Enseignement supérieur prétend que réclamer des
crédits budgétaires pour contrer, par exemple, les abandons
scolaires, trop nombreux en ce qui me regarde, au niveau de l'enseignement
collégial et universitaire, vous appelez ça une demande de
développement? Je n'ai pas parlé de ça, moi. Je veux que
vous m'indiquiez: Est-ce que vous étiez en demande sur certains dossiers
prioritaires de votre ministère? Parce que, dans pas grand temps, je
vais être obligé de conclure que je ne suis pas sûr que vous
étiez en demande sur quelque chose. Je ne suis pas sûr que vous
aviez les intérêts, comme ministre sectorielle, autrement que
ça.
Pourquoi il y a des ministres sectoriels, s'il n'y a pas de demande dans
un secteur aussi majeur que supposément vos phrases d'entrée,
là? Oui, votre gouvernement s'occupe de l'éducation, de
l'enseignement supérieur, de la science et de la recherche. Bien,
prouvez-le un peu. Indiquez-moi sur quoi vous étiez en demande. C'est
quoi vos dossiers prioritaires pour la présente année? Parce que
moi, je le sais que le président du Conseil du trésor vous a dit
non justement pour participer à cet effort de rationalisation. On y
arrivera programme par programme. On n'est pas rendus là. Là,
c'est dans les crédits généraux. C'était quoi vos
priorités et c'était quoi vos demandes précises? En
aviez-vous?
Mme Robillard: Mme la Présidente, cette année, il
était très clair qu'il n'y avait aucune demande de
développement de la part des ministères - c'est ce que j'essaie
d'expliquer - ce qui ne veut pas dire qu'on ne veut pas s'attaquer aux
problématiques. M. le député d'Abitibi-Ouest apporte
l'exemple des abandons scolaires. Mais je regrette, la question des abandons
scolaires, quand on commence à la regarder, le premier réflexe
qu'on a, ce n'est pas de dire: II nous faut de l'argent pour régler ce
problème. Le problème des abandons scolaires est un
problème social important, on essaie de regarder l'ensemble des causes
qui sont autour de l'abandon scolaire. Ce sont des causes, je dirais,
multifactorielles, et ce n'est pas strictement une question de subvention.
Le ministère agit avec ses partenaires, autant du réseau
collégial que du réseau universitaire, dans l'ensemble des
problématiques et pas nécessairement strictement par des
subventions. Alors, à cet égard-là, il était
très clair que nous voulions continuer le redressement financier au plan
universitaire; il était très clair aussi que nous voulions
améliorer ce qui se passait au niveau du réseau collégial
et de façon particulière en matière d'évaluation,
et nous y reviendrons quand nous allons parler du programme, n'est-ce-pas?
En plus, nous voulions appliquer de la façon la plus efficace
possible la réforme des prêts et bourses que le gouvernement a
décidée l'an dernier, ce que nous avons fait, et continuer
aussi à la Science toutes les actions qui avalent
été entreprises. Je pense, Mme la Présidente, qu'au cours
de chacun des programmes nous pourrons démontrer les actions de ce
ministère, avec l'augmentation de 4,8 % qu'il obtient au niveau de ses
crédits.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. La ministre nous indique clairement, et je l'en
remercie, qu'elle n'avait pas de demande, puisque, cette année,
ça ne s'est pas fait comme les autres années et qu'il n'y avait
pas de demande de développement. Donc, la dernière question,
toujours d'ordre général, que je vais poser, mais à deux
volets: Est-ce que la ministre nous indique aujourd'hui que, puisqu'elle n'a
présenté de demande de développement au président
du Conseil du trésor, lorsqu'il a eu à autoriser les
crédits finaux pour le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, sur aucun des éléments pour
lesquels il y aurait eu, sans parler de développement... Parce que,
juste un aparté, penser que je crois qu'on régie tous les
problèmes en enseignement supérieur et en science par l'ajout de
crédits. C'est évident que je ne pense pas ça, sauf que je
n'ai pas tout à fart trois jours, là. Ça se traduit
toujours comme ça pareil, parce que c'est du support additionnel, c'est
de l'encadrement additionnel, c'est des effectifs additionnels, c'est des
recherches de quelque nature que ce soit, si on veut augmenter la
qualité du service.
Mais ma question: Sur quoi vous êtes-vous fait dire par le
président du Conseil du trésor: Je ne peux pas, cette
année, augmenter le sous-financement universitaire parce qu'on est en
crise économique? Est-ce que le président du Conseil du
trésor vous a indiqué ça? Est-ce que le président
du Conseil du trésor vous a dit: Je ne peux pas répondre à
certaines demandes d'immobilisations urgentes dans certains supports, les
équipements supports, soit pour l'enseignement collégial ou
l'enseignement universitaire, que ce soient les bibliothèques, que ce
soient toutes sortes de demandes?
Est-ce qu'en conclusion toujours sur les crédits
généraux, la ministre n'étant pas en demande, elle
prétend aujourd'hui que le président du Conseil du trésor
lui aurait dit non à rien? Le président du Conseil du
trésor ne lui aurait pas indiqué qu'il n'était pas en
mesure de donner suite à une seule de ses demandes concernant, pas
nécessairement des immobilisations puis du développement, mais
des crédits plus substantiels pour être en mesure d'offrir une
meilleure qualité d'encadrement, de support, de professionnels aux
activités tant collégiales qu'universitaires? Est-ce que c'est
ça que la ministre conclut, qu'elle est très chanceuse, que son
président du Conseil du trésor était très
collaborateur, puis qu'il a dit non à rien cette année?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je dis que, quand les
crédits ont été décidés pour l'ensemble du
gouvernement, il y a eu une décision favorable à l'enseignement
supérieur et, de façon particulière, même au niveau
de l'enseignement universitaire où, comme on le voit, il y a une
augmentation importante non seulement au service de la dette, comme se
plaît à le dire le député d'Abitibi-Ouest, mais
aussi au niveau du fonctionnement de nos universités. Donc, je serai en
mesure de démontrer, dans quelques minutes, comment nous allons
continuer à faire le redressement universitaire. (16 h 30)
En plus, Mme la Présidente, il y a eu beaucoup de dépenses
d'immobilisations cette année, d'autant plus qu'au-delà des plans
quinquennal et triennal de l'universitaire et du collégial, nous avons
même eu un autre plan d'accélération, cette année,
qui nous a permis d'investir autant dans le collégial que dans
l'universitaire, au niveau des immobilisations. Alors, à cet
égard, je considère que l'effort gouvernemental qui est ici sur
la table est fort valable pour l'enseignement supérieur.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. M. le
député de Verdun.
Augmentation constante
M. Gautrin: Mme la ministre, je comprends l'argument du
député d'Abitibi-Ouest qui disait: Voici, l'augmentation des
dépenses gouvernementales est de l'ordre de 6,9 %, l'augmentation des
crédits de votre ministère est de l'ordre de 4,8 %. Bon. Vous
avez répondu: Oui, il y a une situation particulière
budgétaire, actuellement, due à la crise. Si on regarde
maintenant sur le long terme pour voir un peu quel est l'effet et
l'intérêt du gouvernement par rapport à votre
ministère, votre ministère existe depuis cinq ans ou six ans
à peu près, je pense. C'est ça?
En dollars constants, est-ce qu'il y a une augmentation des
crédits du ministère constamment? Est-ce que la part
budgétaire, par rapport au budget de l'État, du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science, c'est une part qui va
proportionnellement en diminuant ou qui va en augmentant? Disons sur une longue
période, si vous remontez sur 1985-1986, par exemple.
Mme Robillard: Mme la Présidente, ce que je peux vous
dire, c'est qu'on remarque que, depuis 1985-1986, il y a une augmentation des
crédits du ministère au-delà de l'inflation. Ça
m'apparaît assez clair, même cette année, avec
4,8 %. Alors, de façon constante, quand on regarde les
crédits de 1985-1986 et ce qu'ils représentaient par rapport
à l'ensemble des dépenses gouvernementales, on s'aperçoit
que les crédits représentaient 8,08 % des dépenses
gouvernementales en 1985-1986. Si on fait la même comparaison cette
année, nos crédits par rapport à l'ensemble des
dépenses gouvernementales représentent 8,58 %. On peut penser que
cette petite différence n'est pas significative, mais cette
différence représente au-delà de 200 000 000 $
supplémentaires.
M. Gautrin: On joue sur 37 000 000 000 $.
Mme Robillard: Voilà. Alors, je pense que ça prouve
qu'il y a toujours eu un effort constant d'augmentation.
M. Gautrin: Merci, Mme la ministre.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions d'ordre général?
M. Gendron: Pas pour moi, Mme la Présidente, d'ordre
général, j'ai fini.
Enseignement universitaire
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
programme 6, qui est le programme de l'enseignement universitaire.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: Mme la Présidente, en guise de propos
préliminaires, je ferai d'abord part des perspectives budgétaires
des universités pour l'année 1991-1992. J'évoquerai
ensuite brièvement les principaux travaux que j'entends poursuivre de
concert avec les universités.
Pour l'année universitaire 1991-1992, les universités
pourront compter sur des subventions de l'ordre de 1 470 291 500 $. C'est une
hausse de 55 000 000 $ à laquelle s'ajouteront des revenus nets de 44
900 000 $ provenant de l'augmentation des droits de scolarité. Au total,
les revenus des universités connaîtront donc une croissance de 99
400 000 $, soit une hausse moyenne de 6,8 % par rapport aux revenus de
1990-1991.
C'est là un effort considérable, particulièrement
en cette période de récession économique. En exemptant les
universités des mesures de réduction de dépenses qu'il
demande à l'ensemble des services publics et parapublics, le
gouvernement tient parole et continue à soutenir les universités
dans le redressement de leur situation financière. C'est dire on ne peut
plus clairement la haute priorité que le gouvernement accorde à
l'enseignement et à la recherche universitaires.
Cet effort remarquable permettra de compléter le redressement des
bases de financement entrepris en 1988. Les quatre universités, soit
McGill, l'École des hautes études commerciales, Concordia et
Bishop's dont le niveau de financement se situait en deçà de la
moyenne d'ensemble pourront se partager un montant de 9 600 000 $. Une
subvention générale de 32 100 000 $ sera aussi versée
à l'ensemble des universités au prorata de leurs dépenses
de base admissibles. Cette subvention contribuera au financement de
l'augmentation des diverses dépenses.
Quant aux 11 300 000 $ alloués au financement des
clientèles nouvelles, on examine actuellement la manière
d'assurer le financement à 100 % du coût moyen de certains
programmes qui seront implantés ou de programmes prioritaires en
remplacement d'un financement à 70 % de certaines clientèles
dites prioritaires. Des discussions sont en cours avec les représentants
des universités en vue de faciliter la transition d'une méthode
d'allocation à l'autre.
Conformément à la décision prise en décembre
1989 d'augmenter les droits de scolarité versés par les
étudiants inscrits dans les universités
québécoises, une deuxième hausse de 350 $ s'appliquera
pour la prochaine année. Celle-ci rapportera des revenus nets de 44 900
000 $ en 1991-1992.
Enfin, en 1991-1992, l'enveloppe pour les frais indirects de la
recherche s'élève à 27 300 000 $. Le gouvernement est
heureux de cette mesure qui témoigne de la qualité du travail des
chercheurs québécois. En même temps que se poursuit
l'action gouvernementale, eu égard au redressement des finances
universitaires, les universités verront à réduire leur
déficit accumulé et à présenter un budget
équilibré. La hausse de leurs revenus permettra aux
universités d'améliorer les services qu'elles offrent aux
étudiants, notamment par l'embauche de professeurs, tout en assainissant
leur situation financière.
J'ai déjà fait part aux recteurs de mon intention que se
poursuivent dans un esprit de collaboration et de concertation plusieurs
travaux importants se rapportant à des dossiers considérés
parmi les plus stratégiques et les plus essentiels pour les
universités. Il s'agit, Mme la Présidente, de quatre dossiers
spécifiques. Le premier, l'évaluation des programmes
d'étude. Je constate avec satisfaction que plusieurs universités
se sont donné des mécanismes d'évaluation et de
révision de leurs activités d'enseignement et de recherche. C'est
d'ailleurs un sujet sur lequel je tiens à échanger lors de mes
rencontres avec le personnel de direction de chacune des universités. Je
compte bien, en effet, que la pratique courante de telles évaluations
permette aux universités d'être en mesure d'ajuster leurs
programmes d'études de façon à ce qu'elles
répondent adéquatement aux exigences de l'avancement du
savoir et de la formation d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée.
J'encourage donc la Conférence des recteurs et les universités
à poursuivre ces travaux qui serviront de base à la
réflexion que nous menons de concert avec le Conseil des
universités sur l'ensemble de la question de l'évaluation des
programmes.
Deuxièmement, deuxième dossier, les plans de
développement des enseignements et de la recherche universitaires. Les
universités définissent elles-mêmes leurs plans de
développement en matière d'enseignement et de recherche. La
préparation de tels plans fournit, je tiens à le souligner, des
occasions privilégiées d'échanges entre les
représentants de chacune des universités et ceux du
ministère. Une fois consolidés, ces plans de développement
des enseignements et de la recherche servent de base à l'analyse des
projets de construction et d'aménagement présentés par les
universités. Ils permettent au ministère d'avoir une meilleure
connaissance des besoins et d'être ainsi davantage en mesure d'identifier
les priorités auxquelles le gouvernement peut apporter un soutien
financier. Le ministère continuera d'apporter une grande attention
à l'analyse de ces plans que les universités lui soumettent dans
un esprit d'ouverture et de collaboration.
Troisièmement, les conditions de travail et la
rémunération du personnel. Dans le but de faciliter le respect
des politiques de l'État en ces matières, les universités
et le ministère ont convenu de mettre sur pied un comité de
liaison chargé d'examiner la mise en oeuvre des politiques salariales
gouvernementales. Ce comité de liaison pourrait ainsi devenir le lieu
privilégié d'échanges entre le ministère et les
universités sur des orientations à prendre en matière de
gestion du personnel. À titre d'exemple, on peut mentionner les
politiques d'accès à l'égalité salariale, les
politiques de santé ou de sécurité du travail.
Voilà autant de sujets justifiant la permanence d'un tel comité,
tout comme d'ailleurs celle du comité de concertation du
ministère avec les universités, dont le mandat porte sur la
recherche de moyens visant à la promotion de la condition des femmes
à l'université.
Quatrièmement, la formule de financement des universités.
Tous les intervenants du réseau universitaire reconnaissent que la
formule historique de répartition des subventions de fonctionnement
entre les universités doit être révisée. Depuis
1988, quelques corrections ont été apportées, notamment
pour les universités dont le financement était inférieur
à la moyenne, pour les universités les plus
éloignées des grands centres, par une enveloppe pour les frais
indirects liés à des activités de recherche.
Il y a lieu de poursuivre et d'accélérer le renouvellement
de la formule de financement. J'ai déjà fait part aux recteurs
que ma priorité est de présenter une formule renouvelée en
1992- 1993. Cette formule devrait mieux assurer l'équité dans
l'allocation des subventions entre les établissements en faisant
intervenir des paramètres dont certains seraient à
caractère plus normatif et qui pourra'^nt, par exemple, permettre de
donner suite au rapport Archambault sur la tâche des professeurs des
universités et à l'avis du Conseil des universités sur les
chargés de cours.
Sans remettre en cause les fondements et l'organisation
générale des universités, H faudrait aussi examiner des
approches qui tiennent mieux compte de la double mission d'enseignement et de
recherche. Je crois de plus que la formule retenue devrait reconnaître la
performance des universités, notamment en matière de
diploma-tion, et compléter ainsi l'accent mis jusqu'ici sur
l'augmentation de la clientèle. Il importe, en effet, que les efforts
financiers consacrés à la formation permettent au Québec
de compter sur une main-d'oeuvre pouvant attester par des diplômes
dûment décernés ses connaissances et ses
qualifications.
En somme, comme je le rappelais devant l'exécutif de la
Conférence des recteurs, en janvier dernier, la poursuite de l'effort
financier du gouvernement et les démarches conduites avec les
universités nous obligent à la nécessaire clarification
des relations entre l'État et les universités.
Les universités québécoises tiennent avec raison
à leur autonomie. Elles doivent fondamentalement en jouir en
matière d'enseignement, de recherche, de créativité et de
pensée critique. Elles y tiennent aussi pour leur gestion
institutionnelle des fonds publics qu'elles reçoivent. À cet
égard, il m'apparaît indispensable de mieux préciser les
règles du jeu présidant aux relations entre l'État et les
universités, notammant quant au subventionnement public massif qui est
exigé et quant à l'obligation que l'État a lui-même
de servir le bien général et de rendre compte de l'utilisation
des ressources collectives.
De façon à assumer nos responsabilités respectives
dans la transparence, il importe donc de veiller à la clarté de
nos rapports. Il y va de l'intérêt même de nos objectifs
communs à l'égard du développement et du financement
public des établissements d'enseignement. En ces matières, les
appuis sociaux s'obtiendront de moins en moins par le seul rappel de
l'importance de la mission et du rôle des universités. Je crois
même que de plus en plus des gens voudront en savoir davantage sur ce qui
se fait dans les universités. C'est sur la base d'une telle conviction
que, de concert avec les universités, je veillerai à ce que le
ministère et les universités précisent dans leurs rapports
leur position et leur responsabilité respectives de façon
à assurer la transparence des actions envisagées et
entreprises.
Tels sont, Mme la Présidente, les propos préliminaires que
je voulais partager avec vous
et avec les membres de cette commission.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui. Très rapidement, des remarques
générales sur ce qu'on appelle le programme 6, Enseignement
universitaire. C'est sûr que, dans mes remarques préliminaires, je
veux juste me contenter de quelques commentaires. Comme je dois accommoder un
de mes collègues qui veut discuter d'une couple de points précis,
je vais faire mes commentaires généraux, mon collègue
interviendra et, après ça, on reviendra avec des questions
précises. (16 h 45)
Dans les éléments que la ministre vient de nous Indiquer,
premier point, la poursuite du redressement financier. Essentiellement, ce
qu'elle nous dit, c'est: Parce qu'on ne demandera pas au milieu universitaire
de faire les mesures de réduction de dépenses qu'on demande aux
autres, ça leur a donné une augmentation de crédits
importantes et ça prouve que, nous, comme gouvernement, on accorde une
priorité sans précédent à l'enseignement et
à la recherche universitaires. Pas besoin de vous dire que je ne marche
pas là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on dit: Écoutez, on
"clenche" les autres, vous autres, vous allez être sauvés de
quelques éléments où on ne vous "clenchera" pas... Puis,
là, on vient de conclure: Aïe! on s'en "occupe-tu", de
l'enseignement supérieur, nous autres, puis on "est-y"
généreux et bons.
Ce n'est pas de même, moi, que je prétends qu'il y a lieu
d'accorder une indication précise et formelle de la préoccupation
du gouvernement pour l'enseignement parce que, fondamentalement, dans votre
poursuite de redressement financier, là, qui écope? C'est les
étudiants. Alors, essentiellement, là, on peut bien faire toutes
sortes d'entourloupettes, mais le peu d'argent neuf dans le milieu
universitaire va provenir d'où, Mme la ministre? Vous le savez
très bien, il va provenir de la hausse des frais de scolarité.
Alors, moi, que les étudiants du Québec prennent vos
responsabilités, je veux bien mais ce n'est pas bien, bien correct,
surtout quand on vient ici pour indiquer que, là, on est chanceux, on a
un gouvernement qui s'occupe de l'enseignement supérieur puis de la
science parce qu'on les a "clenches" l'an passé, quand on sait combien
on n'a pas voulu garder de solution alternative.
H y en avait, des solutions alternatives, on est probablement l'endroit
où la part du financement des entreprises dans l'enseignement
universitaire, si on exclut les fondations, est la plus faible dans le monde.
On l'a dit, il y a eu des mémoires qui l'ont prouvé, les jeunes
étaient bardés de documents pour l'indiquer, et dans tous les
choix alternatifs qu'on vous a suggérés l'an dernier, parce que
là on sait que c'était l'infaii-labilité papale qui
dirigeait le ministère...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Mais, au-delà de ça,
l'infail-labilité papale a dit très clairement: C'est de
même que ça va se passer, j'ai l'autorité pour le faire, et
il n'est pas question de regarder des solutions alternatives. Alors moi, dans
vos remarques préliminaires, sur votre poursuite du redressement
financier pour l'universitaire, vous ne me ferez pas pleurer, là; il y a
deux éléments correctifs un peu, mais, fondamentalement, ils sont
portés par d'autres, les étudiants, dû à la hausse
des frais de scolarité. Sur l'autre élément, et là
je vous félicite, Mme la ministre, mais je vais le dire plus haut et
plus fort si ça se concrétise, parce que...
Là, j'ai oublié quelque chose. Sur le premier, je vais
vous lire cinq lignes du discours de l'an dernier, puis c'est parce que j'ai
apporté celui-là. J'aurais apporté celui d'il y a deux
ans, c'était exactement les mêmes cinq lignes. Pour
éliminer les écarts... Bon. Des travaux seront accomplis en
1990-1991 afin d'actualiser les études qui ont servi au calcul des
nouvelles bases de financement. C'est votre collègue actuel,
l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur, M. Ryan, qui disait
ça, le député d'Argenteuil. Nous verrons aussi à
proposer aux universités des modifications à la formule actuelle
de financement afin de mieux tenir compte des réalités nouvelles
en matière de développement universitaire. Ce n'était pas
beau, ça? Une attention particulière sera accordée -
exactement aux mêmes éléments - à la révision
du financement des clientèles additionnelles et au mécanisme
d'approbation de programmes et de subventions, ainsi de suite. J'arrête
là, parce que je ne veux pas prendre trop de temps sur mes remarques,
moi non plus.
Donc, sur le financement, d'année en année, on assiste
à peu près au même discours: On va regarder ça, on
va revoir ça. Parce que, là, je vous entendais, vous avez une
belle intention, à la page 5, je pense, du document, de dire:
J'arriverai, moi aussi, avec de nouvelles règles de financement en
1992-1993. Mais moi, j'entends ça, là, depuis 1989-1990. Donc, on
"va-tu" attendre encore deux, trois ans? Parce que le besoin urgent est
là. La preuve que le besoin urgent est là, je voudrais juste vous
reprendre à un endroit, quand vous parlez de la formule de financement
des universités, à la page 6 de votre note, Mme la ministre. Vous
indiquez: II faudrait aussi examiner des approches qui tiennent mieux compte de
la double mission d'enseignement et de recherche. J'en suis.
Sincèrement, j'en suis.
Mais il me semble que vous oubliez une autre mission, oui, et je l'ai
rappelé à plusieurs reprises, le service aux
collectivités. On se rend compte que ce n'est pas dans vos habitudes,
que
ce n'est pas dans votre langage. La preuve, ce n'est pas dans le texte.
Mais moi, j'y tiens, parce que les universités en région, Mme la
ministre, ont cette responsabilité et cette vocation de servir de
caution à beaucoup d'initiatives qui sont très utiles et
nécessaires dans les milieux comme la Gaspésie, le
Bas-Saint-Laurent, l'Abitibi, Chicoutimi, l'Outaouais, la Mauricie-Bois-Francs,
et tantôt la rive sud si jamais vous décidez de faire quelque
chose.
Dans ce sens-là, c'est fondamental de l'avoir dans votre esprit,
Mme la ministre. Moi, je prétends que, oui, les universités ont
une mission d'enseignement puis une mission de recherche. Mais elles ont aussi
une mission de support aux collectivités, et cette mission-là est
de plus en plus importante dans le contexte où on veut qu'on soit
presque constamment en éducation permanente. Si on veut être en
éducation permanente, qui que nous soyons, en termes de formation un peu
plus continue, sauf des gens bien arrêtés - et ça, bien,
écoutez, il n'est plus ministre de l'Enseignement supérieur -
alors, dans ce sens-là, il y aurait lieu au moins d'être conscient
que, dans la formule de financement, H soit question d'ajouter cet
élément-là.
Là où j'allais vous féliciter - puis je veux le
faire, donc il ne faut pas que j'arrête - si jamais vous regardez
ça sérieusement, quand vous parier à la page 3 de
l'évaluation des programmes d'études... Là, j'ai
été très attentif, vous dites constater avec satisfaction
que plusieurs universités - là, le "plusieurs", je n'ai pas la
même lecture, mais ce n'est pas grave - se sont donné des
mécanismes d'évaluation et de révision. Oui, il y a des
universités qui se sont donné des mécanismes
d'évaluation et de révision de leur activité
d'enseignement et de recherche. Mais, au Québec, on a un
problème, on a un problème majeur, l'évaluation des
apprentissages n'est pas une préoccupation du ministère.
Ça doit être une préoccupation du ministère
même si elle doit être faite par les concernés. On se
comprend bien? Je le sais que c'est les concernés qui vont la faire.
C'est les collèges qui doivent faire l'évaluation, c'est les
universités qui doivent faire l'évaluation des apprentissages.
Mais il m'apparait que la préoccupation doit être bien
ancrée au ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, comme elle doit être bien ancrée au ministère de
l'Éducation tout court. Parce qu'une société qui ne prend
pas la peine d'évaluer les apprentissages qu'elle dispense à ses
jeunes, moi, je me dis qu'elle se place dans le trouble pour plusieurs raisons.
Parce que c'est bien beau d'avoir des discours sur des virages, sur le
libre-échange, puis notre capacité concurrentielle, puis
être capables de vraiment relever tous ces beaux grands défis,
mais moi, je ne peux pas endurer un discours de même puis un ministre qui
dit: Moi, écoutez, les diplômes, j'ai juste un problè- me,
il faut que je signe, mais je ne sais pas ce qui se passe, je ne sais pas ce
que ça veut dire, je ne sais pas exactement si ça correspond
à un apprentissage sérieux, parce que, là, H y a malaise
dans le problè-ne, comme dirait un de vos ex-collègues, l'ancien
député de Verdun. Des malaises dans les problèmes, quand
il y en a trop, il faut les corriger, il faut prendre des décisions.
Alors, ici, vous nous indiquez que ça vous intéresse, de
regarder ça, l'évaluation des programmes d'études. J'ai
hâte à l'an prochain, j'ai hâte de voir quelles mesures
concrètes, précises, spécifiques, la ministre de
l'Enseignement supérieur aura prises pour s'assurer que ça
descende dans toutes les universités, que ça descende dans tous
les cégeps. Mais les grandes lignes, les grands principes, les grands
paramètres qu'une société doit avoir pour s'assurer qu'il
se fait de l'évaluation sur des bases scientifiques, modernes,
adaptées aux réalités d'aujourd'hui, ces
créneaux-là à développer, ça vous
appartient, c'est de votre responsabilité.
C'est les seuls commentaires que je voulais faire, toujours dans le
temps qui nous est imparti; comme je l'ai dit tantôt, je vais revenir sur
le bloc universitaire avec des questions précises. Mais mon
collègue le député de Lévis voudrait prendre
quelques minutes pour une situation plus spécifique.
La Présidente (Mme Hovington): Avant de passer la parole
au député, Mme la ministre.
Mme Robillard: Très sommairement, Mme la
Présidente, d'abord pour dire au député d'Abitibi-Ouest
que je suis très sensible aussi aux services aux collectivités
qui sont donnés par les universités, et je dirais de façon
particulière dans les régions éloignées, où
il y a un rôle très bien circonscrit et...
M. Gendron: Pas les régions éloignées, les
régions tout court. Parce qu'on est pas éloignés, nous
autres, on vient en ville bien plus souvent que vous autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: Ah! vous n'êtes pas éloignés?
Un petit peu.
M. Gendron: Non, non. On vient en ville bien plus souvent que
vous autres, c'est...
Mme Robillard: Parfait, parfait, dans les régions, si vous
voulez.
La Présidente (Mme Hovington): Vous avez raison, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Les régions tout court, le Québec de
base.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je n'ai pas eu
l'occasion encore d'aller visiter la constituante de l'Abitibi, mais j'ai eu
l'occasion d'aller visiter celle de Chicoutimi, et j'ai été
à même de constater le rôle important que
l'université joue dans la communauté. Mais je pense qu'on ne peut
pas mettre sur le même pied enseignement, recherche, services à la
collectivité quand on parle de mission universitaire. Je dirais
même que le premier service à la collectivité que
l'université apporte, c'est justement l'enseignement et la recherche.
Alors, c'est dans ce sens-là que...
M. Gendron: ...Mme la ministre, il faut le mettre, il faut avoir
la préoccupation. Moi, je ne les ai pas rangées, vous avez
raison.
Mme Robillard: Bon, d'accord. Maintenant, concernant
l'évaluation, Mme la Présidente, je tiens à vous dire que,
depuis que je suis arrivée à mon ministère, il est
très clair que l'évaluation est une de mes priorités, tant
au plan universitaire qu'au plan collégial. Les responsabilités
de la ministre de l'Enseignement supérieur ne sont pas les mêmes,
je pense qu'il faut le constater, au niveau universitaire qu'au niveau
collégial. On reviendra au niveau collégial, et vous allez voir
mon intention d'agir au niveau de l'évaluation au collégial.
Au niveau de l'enseignement supérieur, au niveau universitaire de
façon particulière, je tiens à vous dire que, même
si je n'ai pas de responsabilité directe, ça ne peut être
que ma préoccupation, que j'ai rencontré, depuis mon
arrivée, à quelques reprises les recteurs d'université et
qu'à chacune des fois, ça a été un des sujets
à l'ordre du jour. J'ai demandé que la Conférence de
recteurs m'envoie l'ensemble des politiques d'évaluation de chacune des
universités. J'ai reçu ce document il y a à peine quelques
semaines.
Alors, Mme la Présidente, tout ça pour dire: Je suis
assurée que l'année prochaine, au même temps, quand nous
étudierons ces crédits, je pourrai démontrer à mon
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, les gestes
très concrets que va poser la ministre actuelle en matière
d'évaluation.
Discussion générale
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Je vais passer la
parole au député de Lévis tout en lui mentionnant que,
même s'il n'est pas membre de la commission de l'éducation, selon
notre article 132 la permission de la commission n'est pas requise quand la
commission étudie les crédits, mais que vous n'aurez pas le droit
de vote, par conséquent, selon l'article 132. M. le député
de Lévis, vous avez la parole.
Des voix: Ha, ha, ha!
Services universitaires dans
Chaudière-Appalaches et d'autres régions
M. Garon: Je ne m'attendais pas de voter.
Mme la Présidente, j'écoutais parler la ministre et je me
demande justement si, dans le domaine universitaire, il ne devrait pas y avoir
un changement de cap au Québec. Alors qu'on s'en va dans le
libre-échange, la Conférence des recteurs, moi, j'appelle
ça à peu près la ligue du vieux poêle du cartel
universitaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: J'aimerais bien mieux, pour la vigueur de nos
universités, qu'elles se concurrencent entre elles plutôt que de
voir des gens qui ont des besoins faire approuver leurs besoins par leurs
concurrents. Quand je vois, par exemple, le recteur de l'Université de
Rimouski qui doit aller faire approuver ses besoins pour sa région par
l'Université Laval, je ne suis pas convaincu que ce soit ça, la
bonne orientation. Je suis même convaincu du contraire.
Quand je regarde aussi qu'on ait réussi à faire des
universités à peu près dans les plus grosses en
Amérique du Nord, alors qu'on est 7 000 000 de population et qu'on voit
qu'aux États-Unis, il y a 80 000 universités et qu'on en a de
5000, 6000, 7000, 8000, puis qu'on n'a pas de problème avec ça,
puis que nous autres on est dans la boulimie universitaire,.. Laval a 40 000,
elle trouve qu'elle est petite. Ils ne sont même plus capables de faire
le trafic sur leur stationnement et leur terrain. Mais, par exemple, je vous
rappellerai qu'ils se sont objectés à la création de
l'Université de Montréal, il y a certain nombre d'années.
Laval s'est objectée à la création de l'Université
de Sherbrooke. Laval s'est objectée à la création de
l'Université du Québec. Et je suis convaincu qu'ils vont
s'objecter à la création de l'université à
Lévis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Mais j'aimerais que Laval ait assez confiance dans ses
diplômes pour ne pas engager des Américains pour faire ses
campagnes de souscription. J'imagine qu'il y en au moins un parmi ses
finissants qui pourrait faire ce travail-là avec compétence.
C'est pourquoi j'aimerais vous poser la question suivante. Quand je
regarde ça, je me pose des questions. Je vais vous dire, je me pose des
questions fondamentales, je me demande si le meilleur service à la
population, c'est de faire 45 000 étudiants à l'Université
du Québec à Montréal, quand il n'y a rien à Laval
et qu'il n'y a rien sur la rive sud de Montréal non plus. Je ne parle
pas rien que pour mon clocher, là, mais pour chez vous aussi. Mais je ne
suis pas convaincu qu'on aurait autant de problèmes de transport en
commun s'il ne fallait pas remplir
des monstres administratifs ou des monstres universitaires qu'on a
créés au même endroit, plutôt que mieux
répartir sur le territoire, pas avec des chargés de cours, des
commis voyageurs de l'enseignement universitaire, la mallette qui se
promène, mais avec vraiment des établissements, avec des
professeurs qui tiennent compte des besoins des régions qui sont
différents.
Une voix: L'est de Montréal.
M. Garon: Je le dis comme je le pense parce qu'il va falloir se
poser des questions. Si on embarque dans le libre-échange, là,
bien il va falloir être concurrentiel. La meilleure place où on
apprend la concurrence, c'est peut-être à l'université,
puis la meilleure façon pour qu'elles l'enseignent correctement, c'est
qu'elles-mêmes se concurrencent un peu entre elles, plutôt que
s'entendre dans le Conseil des universités, dans la Conférence
des recteurs, pour ne se faire aucune concurrence. J'ai l'impression, au
contraire, que la meilleure chose qui pourrait arriver à Laval, c'est
d'avoir un concurrent dans son territoire. Ça aiderait à poser
les bonnes questions, parce que les gens auraient une marge de manoeuvre. (17
heures)
Pourquoi je vous dis ça comme ça? C'est parce qu'à
la conférence socio-économique qui a eu lieu en janvier 1990,
à Saint-Georges, votre collègue était là, avec
raison, je pense. D'ailleurs, vous avez remarqué qu'il n'y a eu aucune
critique de ma part quand il a dit que c'était un voeu arrivé peu
de temps avant la conférence socio-économique où il y
avait eu, quand même, un consensus entre les intervenants, et ça
comprenait même des députés libéraux et le
député péquiste de la région. C'est assez rare.
J'aurais pu me garder le chialage, je n'ai même pas voulu. J'ai
accepté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Vous remarquerez, par exemple, que ce qui était
dans le consensus, c'était une constituante de l'Université du
Québec sur la rive sud, avec siège social et principal
établissement à Lévis, avec sous-centre à
Saint-Georges. Dans un certain nombre de municipalités, vous pourriez
avoir des cours quand le nombre des étudiants le justifierait.
Suite à ça, une personne a été nommée
et j'ai le sentiment, par ce que j'entends dans les journaux, puisqu'on a
cessé d'être invités après ça... Alors, je
lis les journaux et, là, j'ai le sentiment que la personne de votre
ministère était là pour mettre le couvert sur la marmite.
Je vais vous dire qu'en conférence de presse, ce matin, j'ai
employé une expression pas mal moins polie pour parler du rôle
qu'il avait à jouer.
Alors, j'aimerais savoir quelles sont vos intentions. Parce que, dans la
région de Québec, il y a de fa place pour une deuxième
université. Moi, je suis convaincu qu'il y en a une, place, parce qu'il
y a près de 1 000 000 de population. Il y a 40 % de la population qui
est sur la rive sud, et, actuellement, le centre d'études universitaires
hors campus, où il y a le plus d'étudiants inscrits, c'est
à Lévis. Nous, notre besoin, actuellement...
Si vous regardez les clientèles scolaires, en termes de
natalité, les enfants qu'il y a dans les écoles catholiques du
Québec, de la Communauté urbaine et ceux qu'il y a dans les MRC
de Desjardins et des Chutes-de-la-Chaudière, seulement à
côté, vous remarquerez qu'H y a beaucoup plus d'enfants que dans
toutes les écoles de la Communauté urbaine de Québec.
Alors, c'est pour ça que j'aimerais connaître un peu vos
intentions. J'ai remarqué que, tout en n'ayant pas d'argent, vous en
avez pour McGill, Concordia, Bishop's et HEC. J'ai remarqué il n'y a pas
longtemps aussi que votre prédécesseur avait de l'argent pour
Bishop's, des sommes d'argent importantes. Je ne sais pas quel bassin Bishop's
dessert, mais je sais que, chez nous, il y a 360 000 personnes qui habitent
dans la région Chaudière-Appalaches.
J'aimerais connaître vos intentions par rapport à notre
région, en tenant compte de fa réalité, également,
où il y a 35 % de la population dans les MRC de Desjardins et des
Chutes-de-la-Chaudière. Et, selon les prévisions
démographiques, il y aura près de 50 % de la population qui y
sera localisée dans les prochaines années.
Mme Robillard: Mme la Présidente, il me fait un
très grand plaisir de répondre à cette question du
député de Lévis. Mais, Mme la Présidente, jamais,
jamais, je ne pourrai supporter le député de Lévis quand
il compare la Conférence des recteurs à une ligue du vieux
poêle. Ça démontre...
M. Garon: Du cartel universitaire.
Mme Robillard: ...sa méconnaissance de la dynamique qui
existe au sein de cette Conférence des recteurs et du comment les gens
sont impliqués dans leur vie professionnelle pour atteindre des niveaux
de qualité de l'enseignement supérieur au Québec. Jamais,
comme ministre de l'Enseignement supérieur, je ne pourrai supporter une
telle affirmation.
Mais ceci étant dit, Mme la Présidente, depuis mon
arrivée au ministère, j'ai été sensibilisée
au manque de services universitaires dans certaines régions du
Québec. La région Chaudière-Appalaches en est une, la
Montérégie ou Laval ou d'autres. Concernant
Chaudière-Appalaches, Mme la Présidente, j'ai justement
rencontré le groupe de travail, hier, qui m'a déposé son
rapport et ses recommandations.
Vraiment, je dirais: Bravo à la région
Chaudière-Appalaches. Bravo au fait que, s'ils avaient établi un
consensus il y a quelque temps ou au moment du sommet, eh bien, sachez, Mme la
Présidente, qu'hier, ce groupe de travail formé de tous les
intervenants du milieu m'a déposé aussi un consensus dans sa
recommandation.
La recommandation principale de ce groupe de travail est à
l'effet que la région Chaudière-Appalaches ait d'abord et avant
tout des services universitaires. Je pense que le groupe de travail s'est
concentré sur le fait d'obtenir des services universitaires avant de
penser à des structures, à du béton, à
l'université qui serait là. Je pense que c'est vraiment la
priorité qu'ils ont donné pour obtenir des services à leur
population. La recommandation que j'ai sur la table, depuis hier seulement, est
à l'effet d'avoir vraiment des services universitaires sous forme de
centre, à partir d'abord de Lévis, qui seraient donnés non
pas par une seule université, mais par deux universités, et un
autre centre à partir de Saint-Georges.
Vous comprendrez bien que, comme la proposition m'a été
déposée hier après-midi, je n'ai pas pu l'étudier
en détail. Mais, Mme la Présidente, il me ferait plaisir de
déposer même ce rapport du comité de travail sur les
services universitaires dans la région Chaudière-Appala-ches aux
membres de la commission. Sachez que la décision concernant ces services
universitaires sera prise dans les meilleurs délais. Si vous le
permettez, je dépose le rapport, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Oui, je vous en prie.
M. Garon: J'aimerais vous faire remarquer que c'est facile de
former un nouveau comité avec d'autres intervenants. Le consensus qui
avait été réalisé avant le sommet de janvier 1990
était un consensus qui regroupait des gens qui représentaient des
gens, tandis que, dans le nouveau comité, j'ai le sentiment très
net que c'est M. Léonce Beaupré qui avait comme tâche, ou
comme mandat même, de ne pas aller trop loin. Je vous dirai que c'est
facile de former un nouveau comité avec d'autres intervenants dessus. Il
y a différentes façons de représenter les gens,
habituellement c'est les élections qui déterminent qui les
représente.
Maintenant, une autre question, c'est que, comme vous venez de faire une
réponse... Dans les locaux qui vont être loués, avez-vous
l'intention de faire comme à Rouyn pour des locaux additionnels,
où ça a coûté très cher à
l'Université du Québec, ou si vous avez l'intention d'aller en
appel d'offres dès le départ pour qu'il y ait une chance
égale pour tout le monde de faire des prix et que l'argent n'aille pas
dans le béton, comme vous dites, mais aille vraiment pour des
professeurs?
Mme Robillard: Mme la Présidente, nous ne sommes pas
rendus à cette étape. Ce que je disais aux membres de cette
commission, c'est que le rapport m'a été déposé
hier. Je voudrais aussi expliquer aux membres de cette commission que, peu
après mon arrivée au ministère, en octobre dernier, le
mois suivant, je pense, en novembre, je suis moi-même allée dans
la région Chaudière-Appalaches. Je suis allée à
Saint-Georges. Les membres du comité m'ont rencontrée en dehors
de mon directeur général à l'enseignement universitaire,
M. Beaupré. Je les ai rencontrés en face à face et ils
m'ont expliqué exactement ce qu'ils voulaient faire comme étude.
Allez-vous me dire que les membres de ce comité ne sont pas
représentatifs, alors que j'avais des représentants de
cégeps, d'associations d'étudiants, des représentants des
préfets, de la ville? Tout le monde était là, du
milieu.
M. Garon: La commission scolaire, qui a des locaux à
louer.
Mme Robillard: Suite à mon retour, Mme la
Présidente, au ministère, j'ai moi-même redéfini le
mandat de M. Beaupré. Alors, je veux vraiment informer les membres de
cette commission que les travaux qui ont été faits ont
été faits sous ma surveillance directe et que j'entérine
complètement ce qui été fait par M. Beaupré comme
président de ce comité. Il est important de le mentionner.
En dernier lieu, Mme la Présidente, encore une fois, la
recommandation vient de m'arriver hier. Je peux m'engager devant les membres de
cette commission à ce que d'ici quelques semaines je fasse
connaître mes décisions en la matière.
M. Garon: Est-ce que...
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Alors, j'ai bien en
main le rapport qui, effectivement, est daté du 16 avril 1991, donc
d'hier. Merci.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Une dernière question. Ce n'est pas pour rien
que j'ai demandé s'il y aurait des appels d'offres pour la location des
locaux, parce que sur des comités il y a des gens qui ont des locaux
à louer et que ça les fait pencher peut-être d'une
façon où ils peuvent avoir des locaux à louer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Moi, l'enseignement universitaire fait par des gens qui
ont des salles à louer parce qu'il manque d'étudiants dans leurs
institutions, je n'ai pas l'impression que c'est nécessairement dans
l'intérêt de la population. Il y a une différence entre
être un loueur de locaux et
vouloir une université.
Deuxièmement, j'aimerais savoir si vous avez l'intention, parce
que, mol, je n'en al pas, de locaux à louer... Mon seul
intérêt, c'est les gens que je représente, puis j'ai assez
de votes, je pense, pour les représenter correctement.
J'aimerais savoir également si vous avez l'intention d'adopter
des solutions qui vont dans le même sens pour la Rive-Sud de
Québec ou Chaudière-Appalaches, dans votre région, ou la
Montérégie et sur l'île de Laval, ou s'il s'agira
d'hypothèses distinctes, différentes que vous allez
étudier. Est-ce que vous considérez qu'un diplôme
dispensé par des chargés de cours, même pas des professeurs
d'université, dans bien des cas, des gens qui sont des chargés de
cours, uniquement des chargés de cours et, dans certains cas, par des
universités qui ont de la misère à suivre les
étudiants qu'elles ont déjà, c'est suffisant? Est-ce que
vous considérez aussi que la région Chaudière-Appalaches
est une région qui a un seul but, au fond, c'est de fournir des
étudiants à Laval ou encore à Rimouski pour boucler ses
budgets pour qu'au fond, elles rapportent des montants de subvention, mais
excepté qu'elles coûtent le moins cher possible en ayant des
chargés de cours qui vont venir donner en disant: Mettons-en 300 par
classe, ça va rapporter tant par étudiant, ça va rapporter
tant pour boucler des budgets? Est-ce que c'est ça, les étudiants
de Chaudière-Appalaches sont la chair à canon pour d'autres fins
à des institutions qui s'entendent bien pour faire en sorte qu'il n'y
ait pas d'université dans un territoire où actuellement il y a
360 000 de population et où la plupart des universités au
Québec ne couvrent pas un territoire où il y a autant de
monde?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je tiens à
mentionner que c'est la seule voix discordante de Chaudière-Appalaches
que j'entends concernant le rapport qui m'est déposé sur
l'obtention de services universitaires. Pour ma part, hier, j'ai louange les
membres du comité parce que j'ai vu avec quelle
célérité ils avaient travaillé et, en plus, avec
quel réalisme ils avaient travaillé, toujours avec l'objectif
d'offrir des services universitaires de qualité à leur
population.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, quand les
universités louent des locaux, elles ne sont pas obligées d'aller
en appel d'offres, ce qui n'est pas le cas au niveau de la construction. Par
ailleurs, je tiens à mentionner que ce fut toujours l'orientation du
ministère de demander à nos universités d'essayer d'abord
et avant tout de louer des locaux dans des établissements d'enseignement
supérieur qui existaient déjà. Alors, je pense que c'est
valable aussi pour Chaudière-Appalaches.
Deuxième question de M. le député, est-ce que le
modèle de services universitaires de Chaudière-Appalaches sera le
même implanté en Montérégie ou à Laval? Je
n'en ai aucune Idée, Mme la Présidente, sauf que je peux vous
dire que le milieu, en Montérégie, s'est aussi mobilisé en
matière de besoins de services universitaires et qu'il prône un
développement de services de courtage universitaire. Il peut y avoir
certaines analogies avec ce que Chaudière-Appalaches veut
développer aussi. Donc, les gens de la Rive-Sud de Montréal,
malgré le fait qu'il y ait 1 200 000 de population, demandent à
l'heure actuelle à la ministre de les supporter dans des services de
courtage universitaire. Alors, nous verrons le développement aussi de ce
dossier-là.
Quant à la valeur des diplômes donnés par des
chargés de cours ou des enseignants à plein temps, Mme la
Présidente, il est très clair pour moi, comme ministre, que la
validité des diplômes et la responsabilité d'abord et avant
tout de l'université elle-même... Et c'est elle qui évalue
la compétence de ses professeurs, qu'ils soient à temps plein ou
sous forme de chargés de cours. Alors, dans ce sens-là, je n'ai
aucun commentaire non plus à faire.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Bien, j'avais deux brèves remarques. La
première, c'était sur les chargés de cours.
J'espère que vous n'avez pas tenu le raisonnement que le
député de Lévis a fait devant votre collègue le
député de Labelle, et j'attendrai de savoir quelle est l'opinion
du député de Labelle sur l'ensemble des gens qu'il a
formés pendant cinq ans à l'intérieur de la Faculté
de l'éducation permanente. Je vous laisse faire le débat avec lui
si vous n'êtes pas d'accord sur cette question-là.
L'autre question, Mme la ministre, sur laquelle je voulais rentrer,
j'insiste sur l'importance des services universitaires que vous mentionnez.
D'ailleurs, je suis parfaitement d'accord par rapport à la
création d'universités. Je pense que ça nous a pris
longtemps ici au Québec avant de commencer à avoir des
universités qui pouvaient concurrencer sur le plan international.
N'essayons pas de multiplier les universités, d'avoir des
universités qui ne seront plus concurrentielles. Je pense qu'on a
certains...
Et là, c'est un long débat qu'on pourrait lancer
actuellement, mais je voudrais insister sur l'importance du concept de
décentraliser les services; ça, j'en suis, mais ne multiplions
pas les universités au risque d'affaiblir notre réseau
universitaire actuellement et la qualité de nos universités. Je
suis sûr que le député de Lévis, qui est un ancien
professeur à Laval, toujours professeur à Laval, j'imagine...
M. Garon: Pardon?
M. Gautrin: Vous êtes toujours professeur à
i'Universttê Laval?
M. Garon: Non, non. Ça fait longtemps que c'est fini.
M. Gautrin: Non, mais vous partagerez simplement ce point de vue
là.
M. Garon: Hein?
M. Gautrin: II doit être d'accord avec ce point de vue
là. (17 h 15)
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député d'Abitibi-ouest.
Investissements universitaires
M. Gendron: Oui. Comme on l'avait indiqué, Mme la
ministre, suite à vos remarques préliminaires puis aux miennes,
je voudrais revenir sur quelques points précis du programme 6 concernant
l'enseignement universitaire, qui est quand même un bloc majeur,
important, sur la responsabilité qui nous incombe de regarder certaines
orientations plus précises. Je vais y aller tout de suite au niveau des
questions.
Ma première va concerner toute la demande que je sais latente au
niveau de certaines universités. C'est quoi que vous avez dans vos
dossiers, Mme la ministre, concernant les demandes du milieu universitaire, en
termes d'immobilisations très très significatives? Je ne parle
pas de remplacer la fenestration à l'institut de technologie à
telle place, là. Les dossiers d'immobilisations majeures pour
lesquelles, comme ministre de l'Enseignement supérieur, vous avez
reçu des demandes du monde universitaire, c'est quoi et ça
s'évalue à quel somme, selon vous?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, je pense qu'on
peut se référer peut-être de façon très
particulière au plan quinquennal...
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: ...d'investissements universitaires; je pense que
c'est vraiment à l'intérieur de ce pian quinquennal qu'on peut
voir les demandes universitaires dans les documents qui ont été
transmis aux membres de la commission, à partir de la page 110 et des
suivantes. Vous retrouvez là exactement... Dans le fond, il s'agit, sur
une période de cinq ans, d'une somme de 488 000 000 $, mais pour
l'année dont on parle il s'agit d'une somme de 137 900 000 $. Alors, on
peut très bien voir, là, s'il s'agit d'initiatives nouvelles, ou
de parachèvements qui sont déjà commencés ou de
projets de construction; on peut voir le détail aux pages 110, 111 et
suivantes.
Mme la Présidente, je suis prête, là, à en
parler de façon plus détaillée, si mon critique de
l'Opposition veut que j'aborde le sujet en détail.
M. Gendron: Non. Rapidement, Mme la ministre, là, il y a
eu une légère méprise. C'est évident que j'ai vu
ça, moi aussi, dans le cahier. Alors, je ne veux pas relire le cahier
avec vous. Ma question plus précise était: Dans le plan
quinquennal, bon, je vois les projets, je vois la somme. Je veux savoir, est-ce
qu'à ce moment ici, comme ministre responsable, vous connaissez les
projets qui, d'après vous, au cours de la présente année,
en 1991-1992, pour les crédits budgétaires qu'on étudie,
auront la chance d'être retenus et agréés? C'est plus
ça, ma question. Y en "a-t-y" pour une somme de 8 000 000 $, 32 000 000
$, 54 000 000 $? C'est plus ça que j'aurais voulu avoir. Point. Parce
que j'ai pris connaissance de ces informations qui sont bien faites, qui nous
indiquent qu'il y a un plan quinquennal d'immobilisation, puis un jour ce sera
ton tour. Mais, à un moment donné, comme ministre, cette
année, vous avez des crédits, alors moi, je veux savoir si
ça va être le 11 octobre qu'on va entendre dire: Voici un certain
nombre de projets du plan quinquennal qui auront l'autorisation de se
réaliser?
Mme Robillard: Alors, M. le Président, il s'agit bien ici
de ce que nous avons devant nous, parce qu'il y a eu des délais au
niveau de l'autorisation du plan quinquennal 1990-1995. Ici, ce que nous avons
devant nous, c'est l'autorisation, que nous avons demandée, de l'ordre
de 137 900 000 $ seulement pour l'année 1990-1991. Alors, pour
l'année 1991-1992, d'ici quelques mois ce sera discuté au niveau
du Trésor.
M. Gendron: O.K. C'est ce que je voulais savoir. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le ministre. Si
vous m'appelez, M. le Président, je vais vous appeler M. le ministre,
madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Sur les budgets d'immobilisations, par exemple, Mme
la ministre, je souhaiterais, si jamais vous faites des annonces pour ce qui va
venir, que vous soyez un peu plus claire que ce qu'on avait l'occasion
d'observer. C'est juste une anecdote, quand on n'en a pas beaucoup et qu'on est
en pleine récession, ça ne permet pas, quand même, de
laisser voir qu'on distribue 50 000 000 $ quand il y a juste 31 000 000 $. Dans
vos communiqués du 16 avril 1991, je ne vous indiquerai pas comment les
faire, mais il y avait un communiqué général qui indiquait
-et ça, ce n'était pas dans le plan quinquennal, c'est dans le
programme de relance de M. Bourassa, là, qui a été rendu
public en
Janvier dernier - que de temps en temps, là, c'est quelques
collèges qui y passent, c'est quelques rénovations requises pour
l'amélioration des édifices. À un moment donné,
dans le deuxième communiqué, toujours à la même
date, le 16 avril, la ministre, Mme Robillard, annonce plus de 13 000 000 $
pour quatre universités de la région de Montréal; elle
annonce 7 000 000 $ pour l'Université Laval et 31 000 000 $, y compris
les 13 000 000 $ de la région de Montréal puis les 7 000 000 $ de
la région de Laval.
Pour ce qui est la région de Laval, juste un détail. La
ministre disait: Ces investissements additionnels font partie des 30 700 000 $,
alors que dans son communiqué des 13 000 000 $, c'est à s'y
méprendre. J'ai fait le test avec une dizaine, toutes les personnes
à qui j'ai montré ça étaient convaincues qu'il
s'agissait de 13 000 000 $ additionnels alors que ce n'est pas le cas. C'est 31
000 000 $, total, pour l'ensemble des crédits que vous avez
annoncés. Vous regarderez ça. Prenez le temps de regarder
ça. Je ne sais pas s'il y avait une intention là de faire croire
qu'il y en avait plus. J'ose espérer que non.
Mme Robillard: Non. Mme la Présidente, je pense que les
communiqués de presse ont été faits vraiment pour que ce
soient des communiqués de presse qui répondent à des
besoins, je dirais, plus régionaux. Donc, on a tenté de faire des
communiqués de presse régionaux. Pour être très
claire aux membres de cette commission, il y a aussi eu un communiqué
d'ordre général. Il s'agissait ici non pas du plan quinquennal,
mais du plan d'accélération qui était de l'ordre de 45 000
000 $ au total pour le ministère de l'Enseignement supérieur: 34
000 000 $ aux universités et 11 000 000 $ aux collèges.
M. Gendron: C'est très clair. On dit tous la même
chose, avec une exception. Dans le communiqué annonçant 7 000 000
$ à Laval, on a l'honnêteté, la franchise de dire au bas de
page qu'il s'agit bien d'une somme qui est incorporée aux 30 700 000 $.
Dans le communiqué des 13 000 000 $ pour les quatre universités
de la région de Montréal, on ne revoit pas ça et on est
obligé d'aller dans le communiqué général pour voir
si c'est des sommes qui s'additionnent. C'est tout ce que je vous fais
remarquer.
Mme Robillard: Le plus important, Mme la Présidente, c'est
que M. le député d'Abitibi-Ouest sait bien les sommes dont il
s'agit là. Il s'agit de 45 000 000 $ au total pour les deux
réseaux.
M. Gendron: Bien, c'est justement ça, le danger. C'est
qu'il s'agit de 31 000 000 $. Point. Dans les communiqués, il s'agit de
31 000 000 $, parce que les 13 000 000 $... Oui, mais regardez ce que ça
fait, là. C'est exactement ce qui est arrivé à quatre ou
cinq personnes, parce que les 13 000 000 $ pour les quatre universités
de la région de Montréal ne sont pas à part les 31 000 000
$ dans lesquels sont compris les 7 000 000 $ de Laval. Ils comprennent
également l'argent pour les quatre universités de
Montréal. C'est 31 000 000 $, total. Qu'est-ce que vous avez dit juste
avant? Vous avez dit: 31 000 000 $ plus 13 000 000 $.
Mme Robillard: Mais non, Mme la Présidente, c'est que j'ai
donné le chiffre global qui comprenait aussi les collèges.
M. Gendron: Ah non! bien là, on est à
l'université.
Mme Robillard: Hein? Alors, O.K.
M. Gendron: Ah! je vais vous en reparler.
Mme Robillard: Alors, aux collèges, c'était 31 000
000 $ de la part du ministère plus 3 000 000 $ qui étaient mis
par les établissements eux-mêmes. Alors, ça faisait un
total de 34 000 000 $. Alors, le total est bien-Financement des programmes
établis
M. Gendron: Parfait. Le collégial, on aura l'occasion de
s'en reparler. Deuxième question pour l'enseignement universitaire,
est-ce que vous êtes en mesure de nous indiquer quelles seront les
démarches que vous allez faire, quelles sont vos intentions suite
à l'évolution du financement des programmes établis, le
FPE, que vous connaissez bien? Parce qu'on constate que les coupures au
financement des programmes établis sur les transferts financiers sont
quand même assez importantes et qu'il y a une décroissance
prévue des transferts fédéraux au chapitre de
l'éducation postsecondaire. Alors, si l'assiette ne grossit pas au
Québec et que le fédéral fait ce que vous êtes en
train de faire avec les municipalités, c'est-à-dire pelleter vos
problèmes dans la cour des autres, le financement universitaire va
être en difficulté assez rapidement.
Alors, ma question précise: Vous, comme ministre, est-ce que vous
avez l'intention de faire des démarches auprès du gouvernement
fédéral? Est-ce que vous allez mettre ça dans les mains de
votre collègue aux affaires canadiennes si vous ne voulez pas que
ça bouge? C'est quoi vos intentions?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: Mme la Présidente, de fait, nous le savons
tous, nous avons un problème concernant le financement des programmes
établis et le transfert autant financier que fiscal qui vient du
gouvernement fédéral, dans lequel il y a eu des diminutions et,
je dirais maintenant, des plafonnements. Je dois dire que cette
préoc-
cupation est vraiment la priorité de mon collègue le
ministre des Finances, parce que ce transfert de fonds du
fédéral, vous savez, a toujours été
transféré, je dirais, au revenu global de la province et que, peu
importe le montant du transfert, le gouvernement du Québec a toujours
mis des sommes dans l'enseignement supérieur et même
au-delà de ces transferts. Alors, la diminution des transferts ou le
plafonnement n'a nullement affecté de façon directe le budget de
l'enseignement supérieur. Alors, à cet égard-là,
tout le dossier du FPE, du financement des programmes établis,
présentement, est sous la responsabilité de mon collègue
le ministre des Finances, et c'est lui qui négocie avec le gouvernement
fédéral en la matière.
M. Gendron: Mais admettez-vous, Mme la ministre, qu'il s'agit
là d'un signal très net que le gouvernement fédéral
retire son soutien à l'enseignement postsecondaire? En tout cas, selon
l'Association des universités et collèges du Canada, il s'agirait
là d'une mise en péril sérieuse de l'unité
canadienne ainsi que - ce n'est pas mon point de vue mais je lis,
là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...de la capacité concurrentielle du pays.
Alors, je vais vous demander: Est-ce que ça va modifier vos valeurs
fédéralistes? Avez-vous la même opinion concernant le
retrait progressif du fédéral dans le champ des études
postsecondaires?
M. Gautrin: C'est pour ça que tu ne veux pas que ça
se fasse.
M. Gendron: Non, ce que je veux dire c'est que la ministre va
avoir du trouble, à un moment donné, à défendre la
cause que vous défendez. Si tous les intervenants conviennent
qu'à un moment donné... Pourquoi défendre le
fédéral s'il se retire à peu près de toutes les
participations avec les provinces et en particulier pour le Québec? Vous
allez faire quoi, là, pour défendre ce bel état
fédéral?
Mme Robillard: Tout ce que je peux vous dire, Mme la
Présidente, c'est que les programmes de l'enseignement supérieur
ne sont nullement en péril, parce que ce fut un choix du gouvernement de
"prloriser" l'enseignement supérieur et d'aller même
au-delà de ces montants du transfert, ce qui n'empêche pas le fait
que, comme membre du gouvernement, je peux vous dire que je m'associe à
tous les membres du gouvernement pour déplorer ce plafonnement des
transferts fédéraux, c'est certain. Mais, concernant mon secteur
de l'enseignement supérieur et de la science, je ne vois aucun impact
direct sur cette problématique, et présentement toutes les sommes
allouées correspondent vraiment aux besoins qui ont été
identifiés. Alors, je laisserai donc à mon collègue des
Finances le plaisir de négocier avec le fédéral sur ce
dossier.
Redressement financier des universités
M. Gendron: Autre question que je veux aborder, les
crédits au programme Enseignement universitaire sont de 1 636 263 000 $,
des grenailles - je parlais de la finale, je ne parlais pas des 1 636 000 000 $
- une hausse de 4,5 % par rapport à l'exercice 1990-1991. Mais, au sujet
de la situation financière, je ne sais pas si vous avez relu votre
ex-collègue. Au sujet de la situation financièrre des
universités, votre excollègue à l'Enseignement
supérieur disait ceci, et j'en lis un petit bout, lors des
crédits 1990-1991, donc il y a un an: Toutefois, nous ne pouvons faire
abstraction d'un déficit accumulé pour l'ensemble des
universités qui s'élèverait, selon lui, à 165 300
000 $ au 31 mai 1989. C'est toujours M. Ryan qui parlait, il dit: J'entends
m'entrenir prochainement avec la CREPUQ - pour les non-initiés,
ça veut dire la Conférence des recteurs - des moyens qui
pourraient être mis en oeuvre pour résorber au cours des cinq
prochaines années les déficits accumulés. Des travaux
seront accomplis en 1990-1991 - il doit y avoir un bout de fait, là -
afin d'actualiser les études qui ont servi au calcul des nouvelles bases
de financement. Nous verrons aussi à proposer aux universités des
modifications à la forme actuelle de financement afin de mieux tenir
compte des réalités nouvelles en matière de
développement universitaire.
Ma question précise, puisque vous en avez parlé, vous
aussi, Mme la ministre, dans votre laïus d'introduction ou selon vos
remarques liminaires: Est-ce que la ministre est en mesure de préciser
quels moyens vous entendez prendre pour résoudre le problème des
déficits qui affecte actuellement les universités. C'est quoi,
concrètement, vos intentions puis les moyens? Parce que je trouve que
ça a une incidence sur votre point de vue, à savoir que vous
êtes très préoccupée d'assurer le redressement
financier, mais, pour assurer le redressement financier, il y a
également une volonté de votre part de vous assurer que les
universités au Québec, quelles qu'elles soient, aient les sommes
requises pour s'acquitter leur mission de recherche et d'enseignement. Alors,
c'est quoi, concrètement, vos mesures? (17 h 30)
Mme Robillard: Mme la Présidente, comme je le disais, nous
continuons le redressement financier de la situation des universités.
À cet égard, il faut se rappeler que, de façon très
précise, mon prédécesseur avait réussi à
obtenir du gouvernement une somme de 55 000 000 $, il y a à peine deux
ans, pour justement l'affecter de façon prioritaire au redressement des
bases budgétaires. Je pense que ça, c'était vraiment
la
priorité, l'action de base: redressons les bases
budgétaires des universités là où il y a un
problème. Alors, il y a deux ans, il y a eu 34 000 000 $ qui ont
été donnés de façon directe aux universités
qui avaient des problèmes avec leur base budgétaire.
Il nous restait à combler une somme de 10 000 000 $ pour la
correction finale des bases budgétaires, et c'est cette année,
étant donné l'augmentation que nous obtenons au niveau des
crédits, que nous pouvons terminer l'opération de 1988. C'est
pour cela que j'ai annoncé une somme de 9 600 000 $, et voici, la
correction finale des bases budgétaires universitaires est faite. En
contrepartie, les universités se sont engagées à me
déposer un plan de résorption de leur déficit
accumulé sur une base de cinq ans. Certaines universités ont
même commencé à le faire, et on le voit dans les
résultats d'opération de l'an dernier où certaines
universités ont commencé à diminuer elles-mêmes, par
un plan de résorption de déficit, le déficit
accumulé.
Donc, d'une part, la correction des bases budgétaires sera
finalisée en 1991-1992 et, d'autre part, l'université qui est
responsable de son déficit me déposera des plans de
résorption.
M. Gendron: Merci. Je fais juste une remarque avant de passer
à l'autre question. J'espère que la ministre, de temps en temps,
dans ses moments de loisir ou de détente, relit certains documents ou
certains textes. Je tiens à vous rappeler que la seule personne au
Québec qui a vu 55 000 000 $ pour le milieu universitaire, c'est
l'actuel ministre des Finances, M. Gérard D. Levesque. Lisez n'importe
quel document des concernés. J'ai toujours dit là-dessus que,
moi, il me semble, quand je reçois quelque chose, je sais quel montant
je reçois. Si c'est moi qui hérite du montant, je devrais le
savoir. J'ai encore la note ici, il n'y a personne d'autre que le ministre de
l'Éducation, qui, lui, répétait ce que le ministre des
Finances lui avait dit de dire pour ça, qui convient que c'est 55 000
000 $. Le chiffre réel, dans le discours sur le budget de mai 1989 du
ministère des Finances pour le monde universitaire, c'est 21 000 000
$.
Moi, j'ai rencontré à deux reprises la CREPUQ, la
Conférence des recteurs. Vous lirez leurs documents officiels. Ils ont
toujours convenu qu'ils avaient touché réellement, en termes
d'argent, en 1989, 21 000 000 $. Ah! M. l'ex-ministre de l'Enseignement
supérieur m'a fait toute l'exégèse du montant puis la
ventilation, mais je suis capable de lire. Mais quand je demandais à un
recteur, puis à la Conférence des recteurs puis au monde
universitaire: C'est quoi la somme d'argent neuf que vous avez reçue en
1989 pour le redressement de ce qu'on appelle des bases universitaires? ils
m'ont toujours répondu: Le montant total qui a resté, c'est 21
000 000 $. Je voulais juste vous le rappeler, mais on ne refera pas le calcul.
On ne s'entendait pas l'an passé, on ne s'entendra pas plus aujourd'hui.
Je veux juste vous rappeler que, d'après les concernés,
c'était 21 000 000 $ et non 55 000 000 $.
Hausse des frais de scolarité des
étudiants étrangers
L'autre question que je voudrais vous poser, c'est concernant les frais
de scolarité pour les étudiants internationaux. On a reçu
plusieurs lettres dernièrement, Mme la ministre. Pour l'année
1991-1992, les étudiants venant de l'extérieur du Québec
auront à débourser davantage pour s'inscrire à des
programmes universitaires. Les frais de scolarité, par année,
pour deux trimestres, seront passablement augmentés par rapport à
ce qu'on payait antérieurement. Alors, comme ce n'est pas mol qui ai la
responsabilité, je vais y aller pour tout de suite de questions
précises: Est-ce que c'est vrai que les étudiants
étrangers devront débourser davantage? Parce que c'est leur
prétention, puis c'est les revendications qu'ils m'ont faites. Est-ce
que, d'après vous, il est exact que, pour s'inscrire dans les
universités québécoises par rapport aux autres provinces,
les étudiants étrangers qui viennent au Québec devront
payer plus que s'ils allaient dans d'autres universités canadiennes?
Est-ce que c'est exact?
Mme Robillard: M. le Président, j'aimerais mentionner
d'abord que c'est en 1978 que le gouvernement a décidé d'exiger
pour la première fois des frais de scolarité ou des droits de
scolarité à nos étudiants étrangers. À
l'heure où on se parle, il y a environ 8000 étudiants
étrangers au Québec, dont 4000 sont exemptés à
cause d'ententes internationales, là, et je n'entre pas dans les
détails. Donc, on a affaire à 4000 étudiants
étrangers qui paient, de fait, des frais ou des droits majorés en
comparaison avec nos étudiants québécois.
Par ailleurs, depuis 1984, ces frais-là n'ont pas
été augmentés, de sorte que, l'année prochaine, il
est exact qu'il y aura une augmentation de 20 % au niveau des frais de
scolarité des étudiants étrangers. Mais concernant mes
informations, M. le Président, nous nous situons encore dans une
situation avantageuse par rapport à d'autres universités d'autres
provinces canadiennes.
M. Gendron: Oui, mais, Mme la ministre, moi, je ne vous parlais
pas de 1978.
Mme Robillard: 1984?
M. Gendron: On est en 1991. Je vous parlais, là, de
l'annonce récente qui a été faite à l'effet que
pour les étudiants et étudiantes internationaux au Québec
- c'est de ça qu'il
s'agit - le gouvernement augmenterait leurs frais de scolarité
annuels de 5800 $ qu'ils sont, au moment où on se parle, à 7000
$, soit une augmentation de 1200 $, plus des coûts additionnels, frais
d'assurances, frais connexes; ils évaluent que c'est une augmentation
qui va les porter à 9000 $.
Moi, ma question, je croyais que vous l'aviez devinée, ça
m'apparaît carrément une économie de bouts de chandelles,
où il n'y a eu aucune analyse des conséquences. C'est le genre de
politique - puis je le dis comme je le pense - imbécile, où on ne
regarde pas du tout les conséquences, puis on décide,
là... Vous dites que ça n'a pas été augmenté
depuis 1984; la carte de membre du Parti libéral, ça fait combien
d'années qu'elle n'a pas été augmentée? Il y a bien
des affaires qui n'ont pas été augmentées depuis
que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non, mais, écoutez. Ce n'est quand même
pas une raison de me dire: Écoute...
M. Gautrin: Quand est-ce que tu étais membre?
M. Gendron: Ah! ça fait longtemps en étoile.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Je pense qu'elle était à 0,50 $ quand
j'étais membre. Mais au-delà de ça, plus
sérieusement que ça, écoutez, ce n'est pas une raison
parce que ça n'a pas été augmenté en 1984.
J'espère que ce n'est pas de même que vous prenez les
décisions dans votre ministère.
Moi, je sais la somme que ça représente, c'est 4 000 000
$. Par contre... Total, oui, oui. Le montant qui est estimé là,
vérifiez avec tous les étudiants, c'est 4 000 000 $ de
différence entre ce que vous allez obtenir et ce qu'ils payaient. Pour 4
000 000 $, moi, je ne dis pas que je ne m'occupe pas de ça. Mais oui, je
m'en occupe dans le sens que je questionne aujourd'hui les conséquences
de l'apport de ces étudiants-là au Québec qui
éventuellement pourraient effectivement être très
réticents à venir. Parce que souvent, là, les
étudiants internationaux, chez nous, c'est des ingénieurs, des
gens d'affaires, des chefs de gouvernement, c'est des gens qui vont payer
largement leurs deniers au Québec plus tard. Moi, j'ai peur des
conséquences.
Alors la question: Est-ce que vous avez fait une évaluation?
Est-ce que ça va jouer concernant les clientèles? Là, vous
parlez d'à peu près 8000 étudiants internationaux. Est-ce
qu'on ne peut pas se ramasser avec 4000, 5000, est-ce que il n'y a pas un
danger qu'il y ait un affaissement de la part de ces étudiants-là
étrangers qui viennent étudier au Québec? J'aimerais avoir
un peu plus d'éléments. Dans quel contexte vous avez pris cette
décision-là? Strictement un réflexe budgétaire?
Ça nous prend 4 000 000 $ de plus, puis c'est ce que ça va
donner, donc on décide d'y aller, mais sans plus grande analyse?
Parce qu'il y a beaucoup d'étudiants qui m'ont fait des
représentations, puis c'est drôle, quand je me suis donné
la peine de les écouter, j'ai trouvé que leurs arguments
étaient pas mal fondés, que 4 000 000 $ de plus, pour ce que
ça peut jeter à terre, les conséquences peuvent être
pas mal plus graves que les petits 4 000 000 $ qui auraient eu lieu, là,
avec deux ou trois shows de moins. Que le ministre de la Santé, par
exemple, fasse un show de moins sur une réforme qui n'est plus la
même, puis on vient de sauver 500 000 $, on vient de sauver un
demi-million.
Puis des étés comme cet été, avec les
Amérindiens, où on se traîne les pieds, là, puis que
ça dure pendant presque deux mois, qu'est-ce que ça a
coûté, ça, aux contribuables québécois? Une
fortune. Alors, un peu plus de rationalité, là, un peu plus de
sévérité dans la gestion des affaires publiques, moins de
dépenses inutiles, un peu moins de contrats à des partisans
avoués qui vont financer un peu plus, puis ça pourrait sauver les
4 000 000 $, puis on ne ferait pas une brèche dans quelque chose qu'on a
instauré au Québec et qui est intéressant.
C'est intéressant, au Québec, de pouvoir dire: Bon, on a
l'apport d'une culture venant d'ailleurs pour 7000 ou 8000 étudiants qui
vont possiblement s'installer au Québec, qui auront une formation
universitaire puis qui développeront ce Québec qu'on veut
développer. Là, pour 4 000 000 $, on est prêt à
tourner la page? Alors, j'aimerais avoir un peu plus d'explications. C'est quoi
les motifs sur lesquels vous vous êtes appuyés pour prendre cette
décision-là?
Mme Robillard: M. le Président, je sais que le
député d'Abitibi-Ouest n'aime pas que je revienne en 1978.
M. Gendron: Vous pouvez revenir, mais moi, je suis en 1991.
Mme Robillard: Mais je peux revenir aussi en 1981.
M. Gendron: Oui, oui.
Mme Robillard: En 1978, on a mis des droits de scolarité
de 750 $ pour les étudiants étrangers. En 1981, trois ans plus
tard, ils étaient rendus à 2175 $.
M. Gendron: C'est comparé à ailleurs.
Mme Robillard: On a triplé.
M. Gendron: Oui. On partait de zéro.
Tripler une majorité de deux, ça fait juste six.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: On a triplé, alors qu'à l'heure
actuelle c'est une augmentation de 33%. Vous vous êtes comparés
à ailleurs, alors je peux vous dire que la décision qui est prise
aujourd'hui est aussi en comparaison de ce qui se passe ailleurs et aussi en
équité avec nos étudiants québécois qui ont
subi des hausses de droits de scolarité.
Je pense qu'H est tout à fait normal qu'il y ait de façon
régulière des hausses de droits de scolarité, au
même titre qu'il y aura dans l'avenir, à partir de 1992-1993, une
formule d'indexation pour nos étudiants québécois sur
leurs droits de scolarité. Je peux vous dire, M. le député
d'Abitibi-Ouest, qu'il y aura aussi une formule d'indexation pour les
étudiants étrangers.
Donc, à l'heure actuelle, encore une fois, nous nous situons en
deçà d'autres provinces canadiennes; je pense à nos amis
de l'Ontario qui sont autour de 9000 $ pour des frais de scolarité aux
étudiants étrangers. Je pense qu'au Québec, on augmente de
20 %, ce n'est pas exorbitant; et je ne pense pas que nous allons perdre un
nombre important d'étudiants étrangers. Peut-être certains
américains qui viennent étudier à Montréal parce
que ça coûte moins cher qu'aux États-Unis. Peut-être.
Mais à cet égard-là, je peux vous dire, M. le
Président, que j'ai une préoccupation et qu'il est très
clair qu'au plan social, l'apport des étudiants étrangers est
important aussi dans nos milieux universitaires et que nous ne perdons pas de
vue cet objectif aussi de l'apport des étudiants étrangers dans
notre société québécoise.
M. Gendron: Est-ce que, Mme la ministre, ça veut dire que
vous soutenez l'affirmation qu'avec le niveau qu'on va leur imposer,
c'est-à-dire 7000 $, ils contribueraient moins que dans les autres
provinces? Est-ce que vous soutenez ça? Je veux juste savoir
ça.
Mme Robillard: Nous venons de recevoir dernièrement les
tarifs de 1991-1992 pour l'Ontario. Ce que je vois devant moi, c'est des tarifs
de 9000 $ pour les étudiants étrangers. On peut regarder d'autres
provinces.
M. Gendron: Oui, j'aimerais ça, parce que, même si
c'est voisin, l'Ontario, je n'ai pas toujours ça comme modèle en
tête.
Mme Robillard: Vous ne voulez pas qu'on regarde l'Ontario,
hein?
M. Gendron: Ce n'est pas ça que je dis. Je dis qu'il n'y a
pas juste ça au monde. Il y a d'autres choses que l'Ontario.
Mme Robillard: Un petit exemple ici, et c'est des chiffres de
1990-1991 de Statistique Canada, et ça pourrait se comparer, à ce
moment-là, à nos 5800 $ à nous. Si on compare année
pour année, 1990-1991, je n'ai pas leurs chiffres pour 1991-1992, mais
pour 1990-1991, alors que nous on chargeait 5800 $, j'ai un exemple ici de
Colombie-Britannique où c'était 7200 $. Je pourrais en nommer
d'autres, là, dépendamment des disciplines et des niveaux de
cycles probablement. (17 h 45)
M. Gendron: Ça me va. J'aimerais quand même, s'il y
avait moyen, que la ministre nous fournisse le détail. Moi, je dis ceci
en conclusion. Il m'apparait que c'est une mauvaise décision et qu'en
moyenne, pour 4 000 000 $, compte tenu des conséquences de la part
sociale, il faut savoir que sur le plan économique ces
étudiants-là dépensent annuellement 70 000 000 $ au
Québec, comme apport. Il me semble que, pour 4 000 000 $, j'aurais
trouvé d'autres éléments d'appréciation
qu'uniquement dire: Bien, écoutez, depuis 1984, ils n'ont pas eu
vraiment d'augmentation et, en conséquence, on décide d'aller
chercher 4 000 000 $. C'est une économie de bouts de chandelles, en ce
qui me concerne, et qui va avoir éventuellement des impacts. Moi, je ne
l'aurais pas fait.
Comme le député de Verdun a une question
là-dessus...
M. Gautrin: Moi, j'ai une brève question, Mme la
Présidente, sur les étudiants étrangers strictement. Je
veux rentrer sur ce que suggérait le député
d'Abitibi-Ouest sur l'impact socio-économique des étudiants
étrangers. Est-ce qu'il y a un suivi, par votre ministère, des
gens qui ont étudié au Québec et qui sont retournés
chez eux, d'une part? Et est-ce qu'il y a un lien entre ces gens-là et
le ministère du commerce extérieur? C'est-à-dire, bien
souvent, ceux qui ont étudié au Québec seront les
meilleures personnes lorsqu'ils arriveront, d'ici 10 ou 15 ans, à des
postes de responsabilités, pour pouvoir être les portes
d'entrée d'exportation des biens québécois. Alors, est-ce
que vous faites le suivi? Est-ce que le lien a lieu entre votre
ministère et le ministère du commerce extérieur quant aux
étudiants étrangers et ceux qui sont passés par nos
universités?
Mme Robillard: Mme la Présidente, malheureusement,
à date, ça ne s'est pas fait, au ministère de
l'Enseignement supérieur, le suivi, une fois les étudiants
étrangers retournés dans leur pays d'origine. Mais sachez que
plusieurs instances nous ont sensibilisés à cette importance,
autant, comme vous dites, toute la section du secteur du commerce
extérieur que le ministère des Affaires internationales via nos
délégations aussi à l'étranger, où il y a
peut-être un réseau qui pourrait se créer à partir
de ces gens.
Alors, c'est dans notre intention de travailler à ce dossier dans
l'année qui vient.
M. Gautrin: Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): D'autres questions, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui. On va terminer ce bloc-là, ça ne
sera pas long, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Moi, je ne suis pas
pressée, M. le député d'Abitibi-Ouest. Ha, ha, ha!
Études de 2e et 3e cycles
M. Gendron: Moi, je le suis. Je voudrais maintenant, Mme la
ministre - c'est toujours sur le programme universitaire - toucher la question
suivante sur la durée des études postbaccalauréat. Le
Conseil des universités a soumis pour consulation, dans les milieux
universitaires et cercles intéressés, le rapport sur les
objectifs et les orientations de la maîtrise dans les universités
québécoises. Il y a également des travaux qui s'effectuent
sur le 3e cycle universitaire. Vous-même, vous avez
déclaré, et j'essaie de vous citer le mieux possible: Vous savez
comme moi - et c'est vous qui parlez - que nos cheminements de formation sont
souvent trop longs, à telle enseigne que la durée finit trop
souvent par avoir raison des bonnes volontés. Nos réflexions et
nos travaux sur les objectifs et l'aménagement des 2e et 3e cycles
doivent être accentués et accélérés. C'est
une allocution que vous prononciez lors de la clôture du colloque sur la
recherche universitaire au Québec, le 9 novembre 1990.
J'aimerais ça, que vous fassiez un peu le point, comme ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science, sur votre réflexion
sur cette question-là qui est un dossier effectivement assez
débattu, actuellement. Je voudrais que vous nous donniez quelques
indications. Est-ce que vous allez conduire certaines études plus
élaborées? Est-ce que vous croyez que l'avis du Conseil des
universités est suffisant? Pourquoi vous avez ouvert là-dessus?
Est-ce que c'est une préoccupation qui est vôtre? Est-ce qu'au
cours de l'année 1991, on peut s'attendre à une décision
de votre part? J'aimerais vous entendre là-dessus plus
précisément.
Mme Robillard: Mme la Présidente, de fait, c'est une de
mes préoccupations. Pourquoi c'est une de mes préoccupations?
C'est vraiment pour essayer d'augmenter encore plus le taux de doctorats et le
taux de maîtrises au Québec. Nous avons fait des progressions,
j'en conviens, mais je pense que ce n'est pas encore suffisant pour les besoins
de la société québécoise.
Donc, quand on regarde le nombre d'étu- diants gradués de
la maîtrise et du doctorat, je pense qu'on pourrait augmenter ce nombre
au Québec. Il est très clair, quand on commence à regarder
toutes ces études de 2e et de 3e cycle, que plusieurs étudiants
vont nous parler de la longueur de ces études. J'ai dit publiquement,
lors d'une de mes conférences, que, de fait, c'est un de mes sujets de
préoccupation, la longueur des 2e et 3e cycles. Il est très clair
que, comme ministre de l'Enseignement supérieur, je veux accorder une
attention particulière à ce dossier-là.
Vous voyez, dernièrement on a autorisé un nouveau doctorat
en études urbaines qui est donné par l'UQAM via l'INRS, où
on voit déjà apparaître une structure ou, je dirais, un
programme plus concis au niveau des études doctorales. Alors, oui, c'est
un sujet de préoccupation, étant donné que je regarde
aussi le taux de nos diplômés en maîtrise et en doctorat.
Et, deuxièmement, j'attends avec beaucoup d'intérêt l'avis
du Conseil des universités qui ne m'a pas encore été
déposé, mais qui devra l'être dans le courant de
l'année qui vient. Alors, sûrement qu'au dépôt de cet
avis, on pourra voir quelles actions pourront être entreprises. Mais je
dois vous dire que les universités sont déjà
sensibilisées aussi à toute cette question.
M. Gendron: Merci, Mme la ministre. Toujours pour des raisons de
temps parce que ça va vite, j'aurais une autre question, puis mon
collègue dit qu'il en a une couple avant de changer de bloc. Dans les
réalisations majeures 1990-1991, dans le cahier explicatif des
crédits, page 115, au point 6 - ce n'est pas nécessaire de s'y
référer, je vais le lire - à Autres dossiers prioritaires,
on peut lire: "Des dossiers ont fait l'objet de certains travaux et devront
retenir une attention spéciale au cours de la prochaine année."
J'aimerais ça que vous m'indiquiez de quels dossiers vous parliez et si
certaines études supportent ces dossiers-là. Est-ce qu'on peut en
disposer? Est-ce que les membres de la commission pourraient avoir copie de ces
études?
Vieillissement du personnel, tarification, corps
professoral
Je vous donne rien qu'un exemple. Vous parliez, à un moment
donné, du coût de vieillissement des personnels. Vous parliez de
nouvelles structures de tarification des droits de scolarité. Vous
parliez de la tâche du professeur d'université. Je voudrais savoir
si c'était limitatif, s'il y a une couple d'autres sujets dits
prioritaires ou dossiers prioritaires que vous aviez en esprit quand vous avez
évoqué ça. Vous dites "ont fait l'objet de certains
travaux et devront retenir une attention spéciale". Une attention
spéciale à quelles fins? Ce n'est pas complet.
Il y a d'autres choses et j'en profite, avant de conclure, pour dire
que, moi, j'estime que,
pour ce qui est de la tâche des professeurs d'université,
règle générale, que l'enseignement soit dispensé
par des chargés de cours ou des professeurs temps plein, les professeurs
d'université donnent une excellente prestation universitaire, une
excellente prestation professionnelle. Mais c'est comme dans toute chose, je
veux dire, que tu sois chargé de cours ou professeur temps plein, si on
fait affaire avec toujours à peu près ces 10 % de toutes les
professions, de tous les métiers qui ne sont pas nécessairement
à leur place, bien, c'est aussi vrai là qu'ailleurs. Mais moi, je
ne peux pas porter un jugement à l'effet que l'enseignement
universitaire ne peut pas se dispenser correctement, adéquatement et
d'une façon très professionnelle par des chargés de cours.
Tu as des chargés de cours qui sont en mesure de dispenser des
enseignements de qualité tout autant que des professeurs temps plein.
À certains égards, c'est même préférable, des
fois, d'avoir des chargés de cours, compte tenu de cette
complémentarité entre le milieu de vie et l'enseignement
universitaire, la pratique universitaire théorique.
Ce que j'ai compris de mon collègue, parce qu'il m'en avait
parlé, c'est strictement qu'on ne cautionnerait pas de l'enseignement
universitaire qui soit fait uniquement par des chargés de cours. Il y a
toute une différence au monde entre un enseignement mixte comme dans la
plupart des universités... Il y a un certain nombre de professeurs
attachés à l'institution, et c'est majeur, c'est
nécessaire, que ce soit comme ça. Mais c'est important aussi
qu'il y ait un certain nombre de chargés de cours. L'étude qui a
été faite par le Conseil des universités, parce que,
règle générale, vos deux comités aviseurs, que ce
soit le Conseil supérieur...
Moi, en tout cas, j'ai l'occasion souvent - j'en profite et je termine
là-dessus - de prendre connaissance des avis qui sont transmis par le
Conseil supérieur et, règle générale, avec mes
petites connaissances, ça demeure quand même des avis très
bien fouillés, très très intéressants. Moi, chaque
fois que j'ai eu l'occasion de m'y référer, j'ai trouvé
qu'il y avait d'excellentes suggestions pour un titulaire d'un ministère
comme le vôtre.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas souvent de suivi, pas assez
à mon goût, et je vous en donnerai des preuves sur certains autres
dossiers qu'on va voir. Il me semble que les avis de la direction des
collèges et du Conseil supérieur de l'éducation devraient
davantage être suivis, surtout quand ils portent sur des
réflexions, là, où il y a lieu d'apporter soit un
redressement...
Et là, je termine en revenant sur la question que je vous ai
posée. Quand, vous, vous faisiez référence à ce
qu'il y ait une attention spéciale, au cours de la prochaine
année, sur certains dossiers, "c'était-y" des dossiers autres que
ceux que j'ai évoqués?
Mme Robillard: C'est-à-dire, Mme la Présidente, que
ces dossiers-là s'ajoutaient aux autres dossiers qui étaient
identifiés déjà dans le cahier qui avait été
remis aux membres de la commission. Alors, il est très jlair que les
dossiers qui sont identifiés, comme le coût du vieillissement,
c'est sûrement des dossiers sur lesquels nous travaillons
présentement, que des travaux ont été faits dans le
courant de l'année, qu'ils continuent à être faits et que
c'est des travaux qui sont toujours faits en collaboration avec les
universités.
Dans ce cas-ci, de façon particulière, c'est très
clair que c'est fait aussi en collaboration avec nos amis du Trésor qui
ont certaines modalités de calcul des coûts de vieillissement.
Alors là, il y a vraiment un partenariat qui s'installe avec nos amis du
Trésor. Mais, dans le cas des autres qui sont identifiés ici, je
peux vous dire que, lors de ma première rencontre avec la
Conférence des recteurs, à l'automne dernier - c'était, je
pense, au mois de novembre - j'ai demandé à chacun des
représentants des universités présents de me faire part de
ses commentaires très très spécifiques sur les deux
rapports importants qui avaient été déposés
à mon prédécesseur, à savoir l'avis sur les
chargés de cours et le rapport Archambault sur la tâche
d'enseignement. Je ne connaissais pas l'opinion de chacune des
universités. Je peux vous dire que j'ai reçu ces opinions
dernièrement. Il est très clair, et je peux être d'accord
avec les affirmations du député d'Abitibi-Ouest, qu'il n'est
nullement question de remettre en cause la qualité de l'enseignement
fait par des chargés de cours.
Par ailleurs, le rapport qui nous a été
déposé démontrait, je pense, de façon
intéressante qu'il y a différentes catégories de
chargés de cours. Alors, je pense qu'on peut faire des nuances, à
ce moment-là.
Et le rapport Archambault, d'un autre côté, qui
était préoccupant à certains égards, disait que nos
professeurs au Québec travaillent autant que les professeurs des autres
provinces, sauf que le partage de leur temps ici est plus élevé
dans les domaines administratifs qu'ailleurs versus l'enseignement. À
cet égard-là, je pense qu'on doit regarder ça. Comment se
fait-il que nos professeurs font plus d'administration que d'enseignement,
comparativement à d'autres provinces?
Alors, c'est des questions que j'aborde directement avec les
universités, et ce sera sûrement l'occasion, dans les travaux de
notre formule de financement, de peut-être indiquer des incitatifs
très clairs sur les tâches d'enseignement, comme je l'indiquais
dans mes propos d'ouverture.
M. Gendron: Bien, regardez, Mme la ministre, et je vais terminer
là-dessus, moi ce serait plus quand vous dites: Certains dossiers
vont
retenir mon attention spéciale au cours de la prochaine
année. Ça se traduit comment, ça, dans votre esprit
à vous, quand on réussit à retenir votre attention d'une
façon un peu plus spéciale? Comment vous allez traduire
ça, concrètement?
Prenons un exemple, au chapitre de la nouvelle structure de tarification
des droits de scolarité, qu'est-ce que vous allez faire? Qu'est-ce que
vous voulez faire, concrètement? Je voudrais avoir des
précisions. Est-ce que vos réflexions vont vous amener à
éventuellement proposer un modèle tout à fait
différent de celui qu'on connaît? (18 heures)
Mme Robillard: Ce sont toujours des travaux qui sont faits en
collaboration avec les universités, et très souvent par des
sous-comités qui sont mis en place avec l'aide de la Conférence
des recteurs, dans lesquels on regarde, quand on marque "nouvelle structure de
tarification", quand on regarde les droits de scolarité, par exemple,
par secteur, s'ils devraient être les mêmes, de façon
uniforme, dans tous les secteurs. Est-ce qu'on peut s'organiser aussi pour que
les droits de scolarité prélevés par chacune des
universités demeurent dans l'université en tant que telle, quand
on regarde aussi l'indexation potentielle de 1992-1993, la formule
d'indexation? Ce sont tous des sujets de travaux, des sujets qu'on travaille en
collaboration avec des sous-comités de la Conférence des
recteurs, mais je peux vous dire aussi, d'un autre côté, que,
dernièrement, j'ai eu une rencontre fort intéressante avec les
représentants des étudiants, la fédération
universitaire, d'une part, la fédération du collégial,
d'autre part, et que je peux imaginer facilement que toute cette discussion de
la structure de tarification soit aussi discutée avec les
fédérations étudiantes.
M. Gendron: Mme la ministre, ça a eu lieu, ça. Ces
études-là, je le sais que ça a eu lieu. Alors moi, ma
question...
Mme Robillard: Elles sont en cours, elles sont en cours.
M. Gendron: Bien, elles sont en cours, je veux dire...
L'étude qui a été faite, qui était
considérée comme un dossier majeur en 1990-1991 sur une nouvelle
structure de tarification des droits de scolarité, vous avez de quoi
là-dessus. Il y a de quoi de fait, à moins qu'à la page
115, vous ne nous contiez des menteries, et je ne crois pas ça. Vous ne
feriez jamais ça. Alors, à la page 115, vous dites:
Écoutez, des dossiers ont fait l'objet d'études, alors moi...
Mme Robillard: De fait, Mme la Présidente, c'est des
dossiers qui sont en cours présentement, il y a même des
hypothèses concrètes qui ont été
déposées au comité de travail, au moins quatre ou cinq
hypothèses de structures différen- tes de tarification. Alors,
c'est des travaux qui ont été faits dans le courant de
l'année...
M. Gendron: Ça va. Est-ce que je peux disposer de ces
études?
Mme Robillard:... et qui vont continuer.
M. Gendron: Ma question, c'est: Est-ce que je peux avoir ces
études? Est-ce que ces études sont disponibles?
Mme Robillard: C'est encore sous forme d'hypothèses au
niveau de la Conférence des recteurs, mais je ne vois pas d'objection,
Mme la Présidente, à les remettre à mon critique de
l'Opposition.
M. Gendron: Merci. Pour le bloc universitaire, j'aurais autre
chose, mais je n'ai pas le temps.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun, vous aviez encore quelques questions?
M. Gautrin: Je vais y aller brièvement, si vous me
permettez. Une première question, Mme la ministre. Actuellement, les
montants que vous donnez aux universités sont donnés par combien
de versements? C'est-à-dire quels sont, de fait, les
intérêts que les universités peuvent retirer des versements
que vous leur donnez? Parce que, de fait, c'est de l'argent réel que
vous transférez, ce n'est pas les autorisations de dépense.
Mme Robillard: Oui.
M. Gautrin: Vous versez ça comment, parce que...
Mme Robillard: On m'informe qu'on donne chaque mois un versement
aux universités. Maintenant, si vous voulez plus de détails, je
vais demander à mon collaborateur de vous répondre.
M. Gautrin: Non, non, si vous restez... Mme Robillard:
Oui.
Frais indirects de la recherche
M. Gautrin:... comme vous avez changé il y a quelque
temps, vous l'envoyez chaque mois. O. K.
Si je reviens maintenant sur les frais indirects de la recherche, vous
avez un montant actuellement dans les dépenses qui sont sur les frais
indirects de fa recherche. Je sais qu'il y a eu un engagement à ce
sujet-là sur le réseau de centres d'excellence. Est-ce que vous
allez plus loin que financer les frais indirects de la recher-
che qui sont reliés au réseau de centres d'excellence qui
avait été établi par le gouvernement
fédéral, ou bien vous financez quoi dans les frais indirects de
la recherche actuellement? Et lorsque que vous allez établir les
nouvelles bases de financement des universités, est-ce que les frais
indirects de la recherche vont être une base importante de vos
évaluations des nouvelles bases de financement des universités?
Vous savez que c'est une demande des universités depuis longtemps.
Mme Robillard: Oui, alors, Mme la Présidente, je pense
qu'il est important de clarifier aux membres de la commission que nous versons
des frais indirects aux universités, mais dans deux catégories
différentes. Il y a deux ans, nous avons commencé à donner
des frais indirects de recherche aux universités. Sur les 55 000 000 $
dont j'ai parlé tantôt, il y a eu 34 000 000 $ d'affectés
aux bases de redressement et 21 000 000 $ aux frais indirects de recherche.
Cette enveloppe existe toujours, elle est même ouverte. Alors, il s'agit
de la recherche en général, indépendamment du
réseau des centres d'excellence. En 1991-1992, cette enveloppe des frais
indirects sera de l'ordre de 27 000 000 $. À côté de ces
frais indirects de 27 000 000 $, il y a maintenant le réseau de centres
d'excellence que vous connaissez très bien. À ce
moment-là, le gouvernement, cette année, et c'est nouveau, c'est
une nouvelle décision, a décidé, via le Fonds de
développement technologique, d'aider les universités qui
participaient au réseau des centres d'excellence à leurs frais
indirects de recherche. Et j'ai obtenu, comme décision gouvernementale,
une participation de 6 000 000 $ sur quatre ans. Mais ça, c'est en sus
du montant de 27 000 000 $. Alors, deux montants complètement
différents, un de 27 000 000 $ qui sera donné en 1991-1992 et, du
côté du réseau des centres d'excellence, pour
1991-1992...
Alors, Mme la Présidente, pour conclure du côté des
frais indirects de la recherche, autour de 27 000 000 $, du côté
des centres d'excellence, c'est 6 000 000 $ sur quatre ans et ce sera en
fonction de leurs dépenses. Alors, en 1991-1992, on peut estimer des
sommes au-delà del 000 000 $ sûrement.
M. Gautrin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Est-ce que vous avez
d'autres questions sur ce programme 6?
M. Gautrin: J'en aurais certainement d'autres mais, compte tenu
que le temps passe, on pourrait passer à un autre programme.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
programme 5 qui est l'enseignement collégial.
M. Gendron: Mme la ministre, une question rapide pour
régler 6 tout de suite. Je ne reviendrai pas sur 6, c'est sL. Alors, on
peut adopter 6; 6 est adopté.
M. Gautrin: Adopté.
M. Gendron: Sur division.
Enseignement collégial
La Présidente (Mme Hovington): Alors, j'appelle le
programme 5, Enseignement collégial.
M. Gendron: Si vous vouiez donner congé de devoirs et de
leçons à certains de vos collaborateurs...
La Présidente (Mme Hovington): Merci, M. le
député. C'est très généreux, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Programme 5.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, allez-y, Mme la
ministre, sur l'enseignement collégial.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: Merci, Mme la Présidente. En guise de
remarques préliminaires à l'étude des crédits du
programme 5, je rappellerai d'abord quelques-uns des faits saillants de
l'année écoulée qui auront un prolongement significatif au
cours du prochain exercice. Je traiterai ensuite brièvement du nouvel
élan que j'entends donner au dossier de l'évaluation dans
l'enseignement collégial.
Les réalisations importantes de 1990-1991 d'abord. Les derniers
mois auront été l'occasion de compléter et d'entreprendre
plusieurs travaux particulièrement déterminants pour l'avenir de
l'enseignement collégial. Permettez-moi d'en énumérer
quelques-uns. Je tiens d'abord à mentionner la réforme du
programme d'études collégiales en sciences humaines, un des
dossiers majeurs du ministère en matière de formation. Ce
programme, qui est dispensé à près de 50 000 jeunes, est
la filière la plus fréquentée de l'enseignement
général. À compter de septembre 1991, un nouveau programme
sera donc offert, justement caractérisé par le fait qu'il s'agira
d'un vrai programme, c'est-à-dire d'un ensemble articulé. Des
objectifs ont été définis et recentrés dans une
perspective de formation fondamentale. Le nombre total de crédits a
été porté à 28. On a établi un tronc commun
de cinq cours obligatoires, dont un en méthodologie
des sciences humaines et un portant sur les méthodes
quantitatives. On a radicalement diminué l'éventail des cours
offerts. Des règles de choix de cours ont été
précisées pour favoriser l'équilibre de la formation.
Ainsi conçu, le nouveau programme répondra beaucoup mieux aux
exigences d'aujourd'hui et rehaussera la qualité de la formation
dispensée.
Au cours des derniers mois, j'ai également eu l'occasion de
préciser la place des collèges dans notre système de
recherche. J'ai ainsi réaffirmé l'importance de la
recherche-développement pédagogique. Ce volet, le plus ancien,
continuera d'être soutenu principalement par le Programme d'aide à
la recherche sur l'enseignement et l'apprentissage.
Quant à la recherche-développement et au transfert
technologique, j'ai aussi souligné son expansion. Bien articulé
à la mission de formation technique des collèges, stimulé
par l'action déterminante des centres spécialisés et
solidement intégré au développement régional, ce
champ de recherche, appuyé par le programme de recherches technologiques
et par l'action des centres spécialisés, constitue sans doute
l'apport original des collèges à l'ensemble du système
québécois de recherche. Il sera renforcé et les ressources
qui y sont allouées seront accrues. Enfin, j'ai demandé au fonds
FCAR de remplacer progressivement son programme d'émergence par le plein
accès des chercheurs des collèges aux programmes de base du Fonds
et de favoriser la constitution d'équipes collégiales et
d'équipes collège-université. L'ensemble articulé
de ces trois orientations de base permettra fe développement efficace et
ordonné de la recherche dans les collèges.
En matière de formation à distance, le ministère de
l'Enseignement supérieur et celui de l'Éducation ont convenu de
transférer au ministère de l'Enseignement supérieur des
crédits de 1 200 000 $, représentant la part dévolue
à l'ordre collégial dans le domaine de la formation à
distance. Ce transfert permettra au ministère de l'Enseignement
supérieur d'exercer une responsabilité pleine et entière
de ce dossier pour l'ordre de l'enseignement collégial. Un centre de
formation à distance a donc été établi au
cégep de Rosemont, et un comité composé de
représentants de plusieurs collèges suivra ses activités
et son évolution.
En matière de déconcentration de l'ensei-gmenent
collégial, j'ai procédé à la clarification
d'orientations pour le traitement des projets présentés et j'ai
dégagé deux principes fondamentaux: d'une part, favoriser le plus
possible l'accessibilité des études supérieures et,
d'autre part, assurer la qualité des services dans tous les
établissements. L'application de ces deux principes exige que la
pertinence de chaque projet soit minutieusement évaluée et que
l'impact de toute action du ministère soit rigoureusement estimé.
Le ministère s'applique actuellement à mettre à jour et
à réexaminer les études de pertinence déjà
réalisées pour chacun des projets soumis. Le but est d'identifier
les impacts découlant de la réalisation d'un projet de
déconcentration sur les plans pédagogique, organisationnel et
financier, en tenant compte des disponibilités budgétaires du
ministère. Je tiens à dire aux intéressés et aux
membres de cette commission que ces dossiers sont actifs et recevront toute
l'attention nécessaire.
Dès mon arrivée au ministère, j'ai également
demandé que les travaux d'arrimage entre les ordres d'enseignement
soient relancés et accélérés. Concernant
l'articulation entre le collégial et l'universitaire, le CLESEC a repris
ses travaux et s'emploie actuellement à redéfinir les structures
d'accueil universitaire des futurs diplômés du nouveau programme
collégial de sciences humaines, y compris ceux du domaine de
l'administration. Les choses vont bon train, et de nouvelles structures
d'accueil simplifiées et allégées devraient pouvoir
être bientôt annoncées par les universités, à
qui j'ai déjà fait part de l'importance que j'attache à
ces enjeux de système.
En ce qui a trait à l'arrimage entre le secondaire et le
collégial, j'ai demandé que l'on procède à un
examen des préalables du collégial, dont les résultats
établiront l'admission au collégial pour septembre 1992. Un
comité interministériel y travaille actuellement. Il assure le
lien entre les deux ministères pour toute question relative au passage
entre la formation générale du secondaire et l'ensemble de la
formation au collégial. En formation professionnelle, un comité
interordres d'harmonisation assure la concertation entre les deux
ministères en matière de développement des programmes
d'enseignement professionnel. Les deux ministères donneront sous peu
à ce comité le mandat de produire, pour l'automne 1991, une
présentation conjointe des programmes de formation professionnelle
offerts au secondaire et au collégial. Cette présentation
décrira, par secteurs économiques et professionnels, les contenus
généraux et les objectifs spécifiques des programmes
d'enseignement professionnel du secondaire et du collégial, de
même que les métiers et les fonctions de travail auxquels ils
préparent.
Enfin, en ce qui concerne la formule de financement des collèges,
j'ai décidé, au cours de l'année 1990-1991, d'implanter
immédiatement l'élément B de FABES touchant le financement
des bâtiments, en raison du très large consensus qui se
dégageait de la consultation et le l'état très
avancé des travaux. La décision a été
appliquée lors de l'approbation de l'allocation révisée
1990-1991 et s'est traduite par un ajustement d'environ 2 000 000 $ pour
l'ensemble des collèges concernés. De plus, en octobre 1990, la
Fédération des cégeps a été invitée
à participer à des groupes de travail pour préparer
l'implantation de l'ensemble du FABES en 1991-1992.
D'ici le 15 mai, les collèges formuleront leurs commentaires sur
les recommandations de ces groupes de travail que je me propose de retenir. Sur
cette base, j'envisage d'implanter définitivement le modèle
à compter de 1991 -1992. (18 h 15)
Maintenant, Mme la Présidente, parlons d'une priorité
essentielle pour 1991-1992, à savoir l'évaluation dans
l'enseignement collégial. Les discussions entourant l'évaluation
ont pratiquement toujours accompagné l'évolution de
l'enseignement coHégial. Elles n'ont pas fait défaut cette
année, les palmarès s'étant succédé de
manière particulièrement insistante. Il faut dire que les choix
de systèmes que le Québec a fait en cette matière sont
à la fois originaux et exigeants. Originaux parce que nous avons
opté pour un diplôme national qui ne s'appuie sur aucune
épreuve nationale uniforme. Exigeants parce que chaque collège
doit se porter garant de la teneur et de la qualité des apprentissages
réussis par les candidats auxquels ils demandent à la ministre de
décerner un diplôme. Ce dispositif initial a ensuite
été confirmé et complété par la
création du Conseil des collèges à qui on a demandé
d'être une instance critique, chargée d'évaluer la
manière dont les collèges procèdent à
l'évaluation des apprentissages.
Cette dynamique, qui associe étroitement trois partenaires,
à savoir les collèges, le ministère et le Conseil des
collèges, il n'y a pas lieu de la remettre en cause. Du moins pas pour
le moment, dans la mesure où nous pouvons mieux nous assurer qu'elle
donne tous les résultats qu'on est en droit d'en attendre et qu'elle
peut établir, hors de tout doute raisonnable, que le diplôme
d'études collégiales atteste ftablement d'apprentissages solides,
vérifiés et fondamentalement comparables d'un collège
à un autre. J'ai déjà indiqué aux collèges
et au Conseil des collèges que nous avons, ensemble, le devoir de lever
les soupçons qui pourraient peser sur la valeur de notre DEC et de
garantir nous-mêmes cette valeur sans attendre que les universités
- et, encore moins, les médias - se sentent obligées de le faire
à notre place.
C'est dans ces perspectives que j'ai demandé au ministère
d'accélérer les travaux de concertation avec les collèges
et avec le Conseil des collèges en vue d'enclencher, dès les
prochains mois, des actions d'ensemble susceptibles de compléter et, au
besoin, de corriger nos dispositifs d'évaluation. D'ores et
déjà, le ministère est à mettre au point un
ensemble d'indicateurs institutionnels qui, une fois validés
auprès des collèges, pourront être rendus publics. Le
ministère poursuivra également ses travaux en évaluation
des programmes pour en dégager des profils d'ensemble et des profils
institutionnels permettant aux établissements de se situer. Enfin, de
concert avec les universités, le ministère se prépare
à administrer un test de français écrit pour l'ensemble
des élèves sortant du collégial; ce test permettra
d'évaluer le plan d'action en français et de remplacer l'examen
d'admission imposé par les universités.
C'est dans la même perspective que j'examine actuellement, ave-;
le Conseil des collèges, la manière dont celui-ci pourrait mettre
en oeuvre le deuxième volet de son mandat d'évaluation, notamment
en offrant aux collèges des examens témoins dans certaines
matières ou en guise de synthèse de programme. Cette nouvelle
initiative permettrait de compléter l'examen des politiques
institutionnelles d'évaluation des apprentissages et de leur mise en
oeuvre, une opération qui va bon train et qui devra, cette année,
donner lieu à la publication de données institutionnelles
nominatives. Elle complétera aussi le dossier prometteur de
l'évaluation locale des programmes de formation que le Conseil des
collèges met actuellement au point avec les collèges.
Quant aux collèges eux-mêmes, Hs sont, avec leur
fédération, également engagés dans une
démarche collective de réflexion et de réalignement en
matière d'évaluation et de reddition de comptes. Le colloque de
l'automne devrait leur permettre de préciser leur contribution
spécifique aux dossiers communs. Les réactions de maturité
qu'ont suscitées chez eux les divers palmarès de la
dernière année augurent fort bien des orientations à
venir. En tant que partenaires clés du dispositif, ils sont dès
maintenant associés aux actions que j'ai mentionnées.
Voilà, Mme la Présidente, les perspectives qui m'ont
guidée en enseignement collégial au cours des derniers mois et
que je compte poursuivre en 1991-1992 avec toute l'énergie dont je suis
capable.
La Présidente (Mme Hovington): Merci, Mme la ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest.
Discussion générale
M. Gendron: Oui. Très rapidement. Je ne pourrais pas, pour
des raisons de temps, si on veut faire le travail pour lequel on a mis beaucoup
de temps de préparation... Il y a des commentaires que je pourrais
faire, je les ferai plutôt en prenant les éléments sur
lesquels je trouve que la ministre n'a pas insisté et a
été presque muette pour ne pas dire complètement sur
certains sujets. Bien sûr, les choses dont elle a parlé... Moi, me
reparler d'évaluation, que ça va être la priorité
des priorités, je suis très heureux d'entendre ça. Mon
drame c'est que les deux derniers prédécesseurs ont dit la
même chose, et c'était une volonté bien
arrêtée, déterminée. Ça fait que j'ai un
problème. Qu'est-ce que tu veux? Je vais le savoir juste l'an prochain
si c'est aussi déterminé et si ça a la même
signification que les autres, mais j'y reviendrai parce que le temps nous
presse.
Le premier problème que je voudrais
soulever... Je suis un peu étonné et renversé de
voir qu'il n'y a aucun mot, dans ses orientations... Prenez juste sa finale,
là: Voilà, M. le Président, les perspectives qui m'ont
guidée et qui me guideront en termes de poursuite.
Abandons scolaires
Le problème des abandons scolaires. C'est un sujet
d'actualité. Il y a beaucoup d'autres intervenants qui s'en occupent,
mais on dirait qu'il y a comme un problème. Encore là, un des
plus concernés ne s'en occupe pas beaucoup et on le voit dans son
document: pas un mot là-dessus. Sur les abandons scolaires, ce que je
veux dire c'est que, lorsqu'on consulte le cahier explicatif des crédits
1991-1992 - ce pourquoi nous sommes convoqués en commission, là -
on remarque que la problématique de l'abandon scolaire n'a pas de place
du tout dans les travaux et les actions du ministère. Seul le programme
6, Enseignement universitaire, où, dans les réalisations majeures
1990-1991, on affirmait publier une étude sur les abandons et la
durée des études au baccalauréat.
Cependant, tous les observateurs du milieu scolaire savent que le
phénomène de l'abandon scolaire existe au niveau secondaire,
depuis plusieurs années, mais qu'il est de plus en plus
préoccupant aux niveaux collégial et universitaire. Et il y a un
coût social, à ça. Ça coûte une fortune qu'une
société laisse volontairement entrer des gens dans un
système de diplomation de niveau collégial ou universitaire, puis
qu'il y en ait 6 sur 10 qui abandonnent en cours de route. On dit: Bien, c'est
plate mais c'est pas notre problème. Bien, justement, c'est plate, mais
c'est notre problème comme société. C'est un
problème très grave auquel on devrait s'attaquer.
Le Conseil des collèges traitait de la question dans son rapport
- écoutez bien la date, Mme la ministre - en 1987-1988. Oh! On est en
1991. Et il disait ceci, en 1987-1988: Le moment est venu d'accorder et
d'octroyer les ressources requises. Puis tantôt, pourtant, ça ne
prenait pas de ressources. Mais ce n'est pas ça que le Conseil des
collèges disait. Le Conseil des collèges, en 1987-1988, disait
ceci: "Le moment est venu d'octroyer des ressources supplémentaires au
réseau collégial pour permettre à tous les collèges
de mettre en oeuvre d'importantes mesures d'aide aux élèves qui
en ont besoin pour cheminer avec succès dans leurs études."
À la fin de l'année passée, on apprenait que 40 % des
étudiants de l'Université de Montréal quittaient leur
milieu d'enseignement avant même d'obtenir leur diplôme. D'autres
statistiques révélaient qu'effectivement, le chiffre de 40 %
représentait le pourcentage d'abandon dans les universités du
Québec.
Aujourd'hui, plusieurs organismes... Et je veux féliciter la CEQ.
La CEQ s'inquiète du taux important d'abandon, tant au cégep
qu'à l'université. L'année passée, j'avais
soulevé cette problématique et le ministre d'alors m'avait
répondu d'une façon évasive sur les actions
concrètes que son ministère avaient entreprises pour contrer
l'abandon scolaire au niveau postsecondaire. Ah! Je ne veux pas... Je pourrais
être plus long, sur la problématique, mais là,
précisément, trois questions. Pourquoi n'avez-vous pas
évoqué ça dans votre laïus, là, que vous venez
de présenter? Deuxièmement, est-ce que vous reconnaissez
l'importance du problème, Mme la ministre? Vous en êtes
probablement consciente et, si vous en êtes consciente, êtes-vous
au courant des coûts sociaux et des éléments
négatifs que ça représente pour la société
québécoise? Et, dans ce sens-là, quand on est conscient
des coûts que ça représente et de l'urgence et de la
gravité du problème, il faut avoir quelques mesures
concrètes. Et j'aimerais ça vous entendre. C'est quoi, vos
mesures concrètes pour qu'au cours de l'année 1991-1992, il se
passe des choses observables afin de contrer le phénomène
grandissant de l'abandon scolaire? Et là, je vais le faire avec le
ministre de l'Éducation également, mais là, je suis avec
vous. Puisqu'il existe également au collégial et au niveau
universitaire, j'aimerais le faire avec vous.
Mme Robillard: Mme la Présidente, je tiens à dire
aux membres de cette commission que je partage complètement les
préoccupations de mon collègue, le député
d'Abitibi-Ouest, que les forts taux d'abandons scolaires que nous connaissons
présentement au Québec sont préoccupants, je pense, pour
l'ensemble non seulement des élus mais l'ensemble de la population. Et
je pourrais même vous dire que l'ensemble des parents aussi se
préoccupe de cette question.
Ceci étant dit, je tiens à rectifier l'affirmation
à l'effet que j'ai dit que la question d'abandon, ce n'était pas
une question d'argent. Ce que j'ai dit, c'est que c'était une question
qui suscitait plusieurs actions et pas nécessairement juste une question
de subvention. Et quand je dis "plusieurs actions", c'est que quand on se met
à regarder d'un peu plus près la cause de ces abandons scolaires,
et pourquoi nous avons ce taux, ça nous amène à identifier
plusieurs facteurs. Donc, les pistes de solution sont différentes, ou
sont multiples, étant donné les causes aussi nombreuses que nous
avons en matière d'abandons scolaires.
Quand on commence à examiner d'un peu plus près, on
s'aperçoit que même - et là, je parle pour mon secteur,
donc le collégial, vu que vous m'avez dit que vous étiez pour
aborder la question aussi avec mon collègue de l'Éducation -
l'orientation du jeune à partir du secondaire peut être une cause
aussi d'abandon rendu au niveau collégial. C'est-à-dire que,
alors qu'on avait imaginé toute la structure des cégeps au
Québec à l'effet que le jeune qui y arriverait serait
déjà orienté, ce n'est pas le cas, ce n'est pas ça
qu'on découvre. Notre jeune qui arrive dans une première
année au cégep, on s'aperçoit qu'il a encore des
difficultés d'orientation. Alors là, c'est pour ça que je
vous parlais non seulement d'action financière, mais d'action du
système, aussi, de regarder certaines structures du système.
De la même façon, le jeune qui arrive au cégep,
comment est-il accueilli au cégep? Donc là, on touche à
toute la question de structure d'accueil du cégep, dans laquelle je
pense qu'il y a eu beaucoup d'investissement dans les dernières
années. C'est dans ce sens-là aussi que je parle d'action qui est
non seulement financière, mais qui touche à la structure de notre
système. Alors il est très clair que c'est un sujet très
préoccupant, et dans mes propos d'ouverture, quand j'indiquais la
priorité d'action en matière d'évaluation des
apprentissages, l'évaluation des enseignements, je pense que cette
problématique-là fait partie de la question globale. Que se
passe-t-il pour que nous ayons autour de 40 % d'abandons au cégep?
Est-ce que, d'abord, nous devons être surpris de ce taux d'abandons au
cégep? Notre cégep est devenu un cégep qu'on qualifie de
cégep de masse, où vraiment la population a accès de
façon généralisée à ce cégep. Est-ce
qu'on se compare avantageusement à d'autres pays ou à d'autres
provinces? Est-ce que ce taux d'abandons est normal, entre guillemets? Alors,
c'est dans cette perspective que nous sommes en train d'étudier, au
ministère, l'évolution de tout le cheminement scolaire, aussi,
des élèves. C'est très clair.
Il faut aussi mettre en perspective, Mme la Présidente, il ne
faut pas oublier qu'au Québec on a une évolution des
comportements chez nos jeunes. Il y a de plus en plus de la formule
travail-études qui se produit chez nos jeunes. Il y a de plus en plus de
nos jeunes qui veulent devenir autonomes très très rapidement et
qui veulent devenir consommateurs très très rapidement aussi, et
donc, qui veulent avoir de l'argent dans les poches, et donc, qui veulent
travailler. Et ça change toute la dynamique, je dirais, de
l'accès aux études et, par le fait même, du taux d'abandon
aussi des études. Il ne faut pas isoler ce facteur-là de
l'ensemble de notre évolution comme société.
Alors, il est très clair que oui, c'est un sujet de
préoccupation; oui, le ministère, chez nous, fait des
études du cheminement scolaire; oui, le ministère a mis de
l'argent dans des actions de recherche; oui, le ministère, cette
année, et on n'est pas encore à même de l'évaluer,
mais a ajouté 125 postes d'enseignants strictement pour faire de
l'encadrement scolaire. C'est des actions concrètes qui ont
été posées à date.
M. Gendron: C'en est une, c'est la première que j'entends.
Le reste, c'était tout sur la problématique. Sur la
problématique, rapidement, Mme la ministre, l'étude du Conseil
des collèges qui traitait de la question, je l'ai lue, elle était
en 1987-1988, puis i,u'est-ce qu'elle disait? Elle disait: Ça n'a pas de
bon sens, c'est grave. Je l'ai lue, le moment est venu, pas de parler, mais
d'octroyer des ressources supplémentaires au réseau
collégial pour permettre à ce que tous les collèges
mettent en oeuvre des mesures concrètes pour aider les étudiants.
Vous m'avez répondu. On en a mis une, il y a plus de postes pour
l'encadrement. (18 h 30)
Pensez-vous qu'avec les coupures qu'on est en train de faire à
l'éducation, les jeunes vont avoir moins de problèmes
d'orientation? Êtes-vous au courant que le gros de vos coupures de 100
000 $ vont s'appliquer? Parce qu'à un moment donné, il faut se
comprendre dans le discours. Vous parliez au début que vous aviez
l'avantage de faire partie du grand comité qui a fait la rationalisation
de je ne sais quoi. Alors, dans ce grand comité-là, il n'y a pas
eu grand discussion parce que les problèmes d'orientation des jeunes au
collégial, pensez-vous qu'on va les amenuiser, avec les coupures au
niveau des personnels non-enseignants, du support, au primaire, secondaire?
C'est ça la réalité, là. Alors, on va les faire
grandir. Là, vous me dites: On a une mesure, il y aura un peu plus de
profs pour faire de l'encadrement. Merci beaucoup, "next". C'est quoi, les
autres mesures? Parce que c'était ça ma question. C'est les
mesures concrètes qui vont permettre qu'on va arrêter un peu
l'hémorragie des abandons scolaires.
Mme Robillard: Alors, au niveau du ministère ce que j'ai
dit aussi, Mme la Présidente, c'est que, premièrement, on a mis
sur pied un vaste système informatique qui permet le cheminement
scolaire, puis je pense que c'est important pour bien cerner la
problématique. Deuxièmement, il y a de l'argent qui a
été donné par l'intermédiaire du programme PAREA
concernant des recherches en matière d'abandons scolaires.
Troisièmement, il y a 125 enseignants qui sont affectés à
des tâches strictement d'encadrement scolaire. Quatrièmement, les
collèges, de leur côté maintenant, ont mis sur pied aussi
des modes de dépistage très rapide d'élèves en
difficulté et la création de centres d'aide pour les aider.
Ça se passe, ça, à l'heure où je vous parle, dans
notre réseau collégial.
M. Gendron: Combien y a-t-il de collèges qui ont des
centres d'aide?
Mme Robillard: On en a au moins une douzaine, à ma
connaissance, de façon générale et en français de
façon particulière parce que nous avons un problème...
M. Gendron: II y a un examen.
Mme Robillard: ...comme vous le savez. Là, il y en a
partout dans l'ensemble des collèges. Alors, en plus, il y a des
tutorats par les pairs qui sont instaurés par les collèges
présentement aussi. Et on s'aperçoit que par des actions
semblables, on peut essayer de contrer un phénomène d'abandon.
Certains collèges même commencent à mettre sur pied un
bulletin officiel de mi-session dès le début de l'entrée
au cégep, de sorte qu'on peut voir et identifier tout de suite les
difficultés puis donner les mesures d'aide en conséquence. Je
pense que ça, c'en est des actions concrètes qui se passent dans
l'enseignement collégial, présentement, pour essayer d'augmenter
notre taux de persévérance aux études.
M. Gendron: Est-ce que je peux...
La Présidente (Mme Hovington): Oui, il est 18 h 30.
M. Gendron: Juste une minute. Pour ne pas revenir sur ce
sujet-là, on va continuer dans le bloc 5, là. Il me reste deux
petites questions rapides. Bon, pour tout le monde, 12, bravo. Mais il y a 46
ou 47 cégeps publics, alors, ça fait un quart, 25 %. Alors, il y
a encore un effort à donner. Je parle des centres d'aide. Il y en a 12
qui en donnent, autres qu'en français, puis il y a 48 cégeps.
Ça fait que ça veut dire que dans 25 %, ce n'est pas assez. Mais
deux petites questions rapides, Mme la ministre. C'est parce que je ne veux pas
revenir, donc je conclus. Puisqu'en 1987-1988, on disait que c'était
grave... La CEQ a l'air à vraiment se préoccuper de ça,
mais comme problème de société, pas juste comme
réflexion pour primaire, secondaire. Alors là, j'arrive à
mes deux questions. Est-ce que, cette année, vous entendez vraiment
supporter d'autres organismes qui ont conduit des réflexions
là-dessus et ont fait des suggestions concrètes? Là, je
n'ai pas le temps de les évoquer. Je regardais ça, hier. À
un moment donné, la CEQ avait, je pense, 12 ou 13 suggestions. Je ne dis
pas de sauter sur les 12 ou 13. Mais j'en ai vu 6 ou 7 très
concrètes, probantes qui, il me semble, devraient permettre
d'améliorer la situation. La CEQ ou d'autres, quelles que soient les
instances qui se pencheraient là-dessus, avez-vous l'intention de les
supporter? Avez-vous l'intention, concrètement, de supporter, comme
ministre de l'Enseignement supérieur, n'importe quel organisme qui
creuserait cette problématique mais beaucoup plus dans la
nécessité d'avoir des solutions agissantes? Plus sur
l'évaluation; l'évaluation, on l'a faite il y a cinq ans, puis on
a dit: C'est grave. Puis on est en 1991, là. Est-ce qu'on peut compter
sur vous pour des mesures concrètes au cours de l'année? Et moi,
vous me rassureriez si vous récriviez une autre phrase dans votre papier
en disant: Bon, c'est parce que je l'ai oublié ou je ne sais pas quoi,
je n'y ai pas pensé, mais c'est bien majeur, les abandons scolaires, je
vais m'en occuper.
Mme Robillard: Je pense, Mme la Présidente, que je peux
affirmer très clairement que oui, les abandons scolaires, je m'en
préoccupe depuis que je suis en poste et, oui, je vais m'en occuper en
1991-f992 et les différents organismes qui se préoccupent de la
situation, bravo! et je vais sûrement leur apporter le support dont je
suis capable. Dernièrement, j'ai rencontré le groupe de la CEQ
justement, qui pense à un centre de recherche, mais en collaboration
avec une de nos universités. Alors, bravo! s'il y a un lien qui
s'établit entre la CEQ et l'Université Laval pour faire
accélérer ce dossier-ià, mais soyez sûr que
n'importe quelle initiative qui nous aiderait à diminuer ce
problème, je pense que je serais la première à la
supporter. Je dis que si nous avons réussi le défi de
l'accessibilité du collégial au Québec, et on peut dire
qu'on a encore certaines lacunes, mais disons que si nous avons réussi
ce défi de l'accessibilité au collégial pour plusieurs
Québécois, maintenant nous nous retrouvons devant le défi
de la persévérance aux études de nos étudiants.
Alors, soyez certaine que je vais lui apporter toute l'attention
nécessaire.
La Présidente (Mme Hovington): Merci. Ça va? Est-ce
que le programme 5 est adopté?
M. Gendron: Non, non, non, non. Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Hovington): Nous suspendons donc
jusqu'à 20 heures.
M. Gendron: Je m'excuse, je ne peux pas vous donner congé,
vous autres. Je m'excuse, vous allez être obligés de travailler ce
soir, le programme 5 n'est pas fini.
La Présidente (Mme Hovington): C'est un essai que la
présidente a fait. Nous suspendons jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 37)
(Reprise à 20 h 10)
La Présidente (Mme Hovington): La commission de
l'éducation reprend ses travaux et nous en étions rendus au
programme 5. Je pense, M. le député d'Abitibi-Ouest, que vous en
étiez à une question spécifique ou on en était
à Mme la ministre, je ne me souviens pas exactement.
M. Gendron: Non, j'en étais à une question
spécifique en disant qu'on venait de terminer un des premiers
points sur lesquels je voulais qu'on échange et c'était la
question des abandons scolaires. Puis j'avais dit: Bon, puisque j'ai autre
chose, je vais revenir avec un nouveau sujet à la reprise.
Formation technique et professionnelle
Le nouveau sujet que je voudrais aborder, toujours en relation avec le
programme 5, c'est la formation technique et professionnelle. Rapidement, je
voudrais juste placer ça dans sa réalité, sa dure et
froide réalité. C'est que le secteur professionnel ou la
formation technique des cégeps a connu une baisse dramatique des
inscriptions au cours des 10 dernières années. Bien sûr,
les gens sont conscients que des carences de qualifications techniques ont un
impact direct sur le développement économique. On le voit
d'ailleurs dans plusieurs demandes, actuellement. Ça affaiblit
également, ces carences de formation, d'après moi, notre
concurrence sur les marchés nationaux et mondiaux.
Rapidement, quelques statistiques tirées du rapport du Conseil
des collèges pour montrer que, moi, je m'en sers au moins dans mes
critiques. Je souhaiterais que la ministre s'en serve beaucoup dans les
décisions à prendre, que ce soit le Conseil des collèges
ou, comme je l'ai mentionné tantôt, les différents
organismes-conseils qui, règle générale, ont plus de temps
- c'est normal, c'est leur mandat - de fouiller certaines questions. Le Conseil
des collèges disait ceci: La diminution de l'effectif du secteur
professionnel dans les collèges, enjeux institutionnels et sociaux. Les
élèves inscrits au secteur professionnel ont constamment
diminué de 1980 à nos jours. On a perdu à peu près
10 % de nos clientèles, en pourcentage. C'est beaucoup plus important
que ça en nombre. C'est n'Importe quoi entre 12 000 étudiants
dans les cinq dernières années... Plus de la moitié des 49
secteurs de la formation professionnelle au collégial ont subi une
baisse d'effectifs scolaires depuis le début des années
quatre-vingt.
Face à ce problème, le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science a enquêté - c'est son
rôle, l'important, c'est de ne pas rester sur l'enquête - et la
Direction des programmes de l'enseignement collégial a publié une
étude sur le sujet au début de l'année 1991. Là, on
s'approche un peu plus du monde moderne. Ils ont répété
que les baisses de clientèles étaient dues principalement aux
facteurs influents suivants: dévalorisation de la formation
professionnelle, problèmes d'orientation des élèves, - c'a
été souligné par la ministre cet après-midi -
l'adaptation de l'élève au cégep, la surcharge de travail
dans certains programmes. Puis l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur
a dit: C'a assez duré, H faut faire quelque chose. Ça n'a pas de
bon sens. Au niveau de la forma- tion technique, il faut faire des affaires
importantes parce que le taux d'abandons scolaires est plus élevé
en formation technique qu'en formation générale. Le taux de
diplomation est plus élevé en formation générale
qu'en formation professionnelle, puis le secteur de la formation technique
donne également lieu à de multiples révisions de
programmes.
La ministre actuelle, elle, s'est prononcée sur la formation
technique en début d'année, dans un article du Devoir, le
15 février. Puis, là, elle était tout à fait
prête à tous les ajustements nécessaires pour revaloriser
la formation technique. Et selon vous, ce qui était le plus urgent,
c'était de raffermir les outils d'évaluation des programmes puis
les résultats obtenus pour chacun et vous rejettiez l'orientation d'une
grande réforme en disant: Bien, ce n'est pas tellement ça, c'est
plutôt une révision des programmes qui devrait permettre
d'augmenter la formation technique. Alors, ma question très
précise, j'en aurai trois, rapidement, sur ce volet-là... Il est
évident qu'il faut revaloriser mais si on fait juste revaloriser et
qu'on reste dans la même conviction que si on n'a pas de diplôme
universitaire, ça va être très dur de faire face à
la société, et moi, je ne veux pas... Au contraire, tous ceux qui
peuvent faire des études universitaires, bravo! sincères
félicitations, mais ce n'est pas vrai qu'on ne peut faire qu'une
société de diplômés universitaires. N'importe quelle
société a besoin de gens qui ont une formation technique, une
formation professionnelle adaptée à des métiers plus
techniques mais nécessaires, requis, et même modernes. Que ce soit
dans le domaine du plastique, par exemple, qui est un domaine d'avenir, c'est
important d'avoir des formations techniques. Alors, ma question très
simple: Non seulement on ne vend pas la formation technique, non seulement on
l'a dévalorisée, mais je pense qu'il y a lieu de demander
à la ministre les gestes concrets qu'elle entend faire pour amener plus
de jeunes Québécois et Québécoises à
convenir que c'est le type de formation qu'il leur faut, et c'est le type de
formation qui, possiblement, leur donnerait de meilleures chances d'emplois
réels, peu importent les virages, peu importent les défis de
pénétrer de nouveaux marches, et ça finit à peu
près toujours de la même façon. C'est quoi les gestes
concrets que vous entendez poser en 1991-1992 pour vous assurer qu'il y ait une
progression marquée du nombre de jeunes qui feront le choix d'une
formation technique ou professionnelle au collégial?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, en terme de
préambule, j'aimerais peut-être faire quelques commentaires
très très courts sur l'apport de fait des conseils consultatifs
qui m'entourent.
Quand je suis arrivée au ministère, Mme la
Présidente, je trouvais que j'étais une ministre
privilégiée. Non seulement j'avais une équipe efficace au
ministère, et compétente, mais en plus, j'avais trois conseils
consultatifs qui relevaient directement de moi, et en plus le Conseil
supérieur de l'éducation qui pouvait m'adresser des avis. Tout
ça pour vous dire, Mme la Présidente, que j'ai en haute estime
les conseils consultatifs qui relèvent directement de mon poste et
qu'à date, l'ensemble de leurs avis qui ont été
déposés, je les ai lus avec beaucoup d'attention et je pourrais
même dire que j'ai même appliqué certaines de leurs
recommandations. Ça fait seulement six mois que je suis au
ministère, mais j'ai eu l'occasion d'appliquer des décisions
à l'aide des avis précieux qui m'avaient été
donnés. Et j'en suis pour le Conseil supérieur de
l'éducation, que ce soit dans le cas de l'harmonisation au secondaire,
collégial, dans le cas de la formation à distance, dans le cas de
la formation des maîtres, dans le cas des sciences humaines au niveau des
opinions qui m'ont été données, et c'est la même
chose au niveau du Conseil des collèges.
Alors, le Conseil des collèges, comme vous le savez, a fait un
avis sur la formation professionnelle. Et j'ai eu l'occasion d'en discuter avec
tous les membres du Conseil. Et si vous me permettez, Mme la Présidente,
j'ai même dit aux membres du Conseil des collèges, quand je les ai
rencontrés: Peut-être qu'il faudrait aller encore un peu plus
loin. Et je m'explique.
Il est très clair qu'à l'heure actuelle, dans notre
société, nous avons un problème pour attirer nos jeunes
vers, la formation professionnelle. Je pense que plusieurs l'ont dit, plusieurs
ministres du gouvernement actuel s'en préoccupent, que ce soit mon
collègue de l'Industrie et du Commerce, que ce soit mon collègue
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, mon collègue de l'Éducation, plusieurs ont dit,
et je ne m'étendrai pas sur ce sujet, comment il est nécessaire
que, dans notre société québécoise, nous ayons
aussi des jeunes qui reçoivent une bonne formation professionnelle, et
pour ma part, dans mon secteur, il s'agit d'une bonne formation technique.
Nous avons un problème de fait de décroissance de
clientèles dans ce secteur-là, et c'est préoccupant. Par
ailleurs, j'aimerais souligner que, dans la dernière année, nous
avons vu tout à coup apparaître une légère
croissance. Je ne sais pas si c'est le signe d'une tendance, j'ose
espérer que ça sera ça, qu'on va s'en aller vers une
croissance de ce secteur-là.
Alors, tout ça pour vous dire, Mme la Présidente, qu'il
est très clair qu'au niveau du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, nous sommes préoccupés par
cette question et nous avons déjà commencé à poser
des gestes concrets en la matière, si ce n'est, premièrement, que
la révision des programmes, tel que l'a dit le député
d'Abitibi-Ouest, la révision de beaucoup de programmes au secteur
professionnel, qui est en cours présentement.
Deuxièmement, toute la question de l'étude des
préalables exigés au secteur collégial, qui est en
révision présentement, et dans laquelle, je pense, il faut faire
un élagage et vraiment prouver que, pédagogiquement, les
préalables sont justifiés. Et je peux vous dire qu'il y a des
décisions qui s'en viennent à très court terme et qui vont
faciliter justement le passage du secondaire au collégial
professionnel.
Troisièmememnt, pour septembre 1991, déterminer une offre
de services communs avec le ministère de l'Éducation. Alors,
qu'on cerne très bien ce qu'est la formation professionnelle au secteur
secondaire et au collégial, deux choses complètement
différentes: l'une mène à un métier, l'autre
à une technique. Alors, dans ce sens-là, une offre de services
communs à nos jeunes pour septembre 1991. Que vraiment les informations
soient claires, nettes et précises. En plus de ça, je n'ai pas
besoin de vous dire que le Conseil des collèges nous a fait des
recommandations précises, a parlé de ce qui se passait dans, je
dirais, la lourdeur de notre DEC. Je pense qu'on devra aussi poser des jalons
de ce côté-là. Remarquez que tout le développement
par programme qui se fait à mon ministère présentement se
fait aussi de plus en plus en concordance avec les besoins de l'entreprise, et
nous sommes à développer l'approche par compétence avec
les gens de l'entreprise, pour répondre vraiment aux besoins du
marché.
Alors, j'en étais sur, premièremement, la revision des
programmes; deuxièmement, les préalables; troisièmement,
l'offre de services communs avec le MEQ; quatrièmement, un comité
qui a été mis sur pied avec la Fédération des
cégeps, qui est fortement préoccupée, naturellement, par
cette question-là, et qui m'a assuré de toute sa collaboration
pour arriver vraiment à des actions supplémentaires dans le
domaine. Et la première réunion de ce comité-là du
cégep a eu lieu le 16 avril, de sorte que je m'attends à recevoir
aussi un plan d'action de ce côté.
Il est très clair aussi, et c'est mon dernier point, mon
cinquième point, qu'il ne faut pas nier le fait qu'on a un
problème de valorisation familiale et sociale, de la formation
professionnelle au plan technique. Et là, ça se situe dans un
cadre beaucoup plus large, mais j'ose espérer qu'avec les offres de
services communs avec le MEQ, avec beaucoup plus de publicité, avec de
la clarification qu'on va faire auprès de nos jeunes, avec
l'élagage des préalables, et avec la révision des
programmes, on va continuer à avoir la tendance que nous avons
notée cette année d'une légère augmentation.
M. Gendron: Récemment, votre collègue, le ministre
de l'Éducation, est intervenu pour
questionner la pertinence pour un étudiant de s'inscrire au
secteur professionnel an niveau collégial, plutôt qu'à
celui du niveau secondaire. Est-ce que vous pouvez nous indiquer si vous croyez
que c'est un geste de revalorisation de l'enseignement professionnel et
technique? Et pourriez-vous nous indiquer où vous vous êtes
cachée pour une couple de jours, parce qu'on ne vous a pas entendue trop
fort là-dessus pour dire au ministre de l'Éducation, votre
collègue: Ce n'est pas pareil, Ti-Pit, ce n'est pas la même chose
pantoute. Il me semble qu'on ne vous a pas entendu haut et fort pour manifester
très clairement que, quand on parle de formation professionnelle au
secondaire et quand on parle de formation technique ou professionnelle au
collégial, on ne parte pas de la même affaire. Et j'aimerais
ça, moi... Où vous étiez? C'était le temps de poser
un geste de valorisation concrète de l'enseignement technique au niveau
collégial. Et j'attends encore la démarcation très nette
entre les deux titulaires du ministère fractionné en deux,
même si ça n'a pas d'allure. Il faut se rappeler que votre
ex-collègue disait que ça n'avait pas de bon sens de faire
ça, mais c'est quand même ça qu'on vit: il y a un
ministère de l'Éducation, et un ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Alors, j'ai compris que
c'était à cause de la personne que ça n'avait pas de bon
sens. Dès qu'on changeait de titulaire, c'était correct d'avoir
deux ministères séparés. Mais comment se fait-il que vous
n'avez pas repris la déclaration de votre collègue en
Éducation?
Mme Robillard: Mme la Présidente, j'aurais le goût
de demander au député d'Abitibi-Ouest: Où
étiez-vous, M. le député d'Abitibi-Ouest, quand j'ai fait
des déclarations publiques sur le sujet, le 21 février,
directement dans mon discours à la Fédération des
cégeps, où il a été très clair que j'ai
repris à ce moment-là, parce que je n'avais lu que les manchettes
des journaux - comme vous le savez, il n'y avait pas de texte de discours,
alors je n'avais que les manchettes de journaux - et ce que j'ai affirmé
très clairement aux représentants de cégeps, et ce fut
public, c'était de dire... Si ces propos-là ont été
fidèlement rapportés, dans le fond, ou s'ils ont
été cités hors contexte, ce n'était pas ça
le problème. Il y avait quelque chose qui avait été dit,
qui avait été perçu par la lecture des journaux, et je
l'ai dit sans détour: Pour moi, ce message-là m'apparaissait faux
et trompeur. Faux dans le sens que vous l'avez dit, il y a une très
grande différence entre un programme de diplôme d'études
professionnelles versus un DEC, un diplôme d'études
collégiales, et que le collège forme vraiment des techniciens et
des tech-nologues, que ça demande des connaissances complètement
différentes de ce qui se fait au niveau des métiers. Alors, dans
ce sens-là, je pense que ça a été dit très
clairement, non seulement le message était faux, mais H était
aussi trompeur à certains égards, parce que les candidats doivent
savoir d'avance que les qualifications et les diplômes obtenus ne sont
pas de même stature. Alors, je pense que ça a été
clarifié publiquement, et il est très clair qu'H ne s'agit pas de
mettre en compétition les deux programmes de formation professionnelle,
c'est deux choses distinctes, et nous avons besoin dans notre
société autant de métiers que de techniciens. Alors, c'est
pour ça que nous allons travailler sur une offre de services communs qui
permettra de voir les distinctions et parfois les
complémentarités.
M. Gendron: Un des moyens de revaloriser la formation technique
professionnelle, vous l'avez indiqué tantôt, selon vous, c'est la
révision des programmes en formation technique et en formation
professionnelle. Cependant, à ce niveau-là, je vous cite encore,
vous avez indiqué au Devoir, toujours dans une déclaration
importante que vous avez faite le 15 février: L'heure est au bilan pour
réallier notre formation technique au niveau collégial. C'est
l'heure de raffermir nos outils d'évaluation des programmes et des
résultats obtenus pour chacun. Mais c'est aussi l'heure de vous demander
si vous regardez ça avec d'autres, parce que la révision des
programmes techniques, selon tout le monde, a été jugée
comme étant à pas de tortue, lente et lourde, par la
Fédération des cégeps. La Fédération des
cégeps a dit, dans une lettre de M. Yvon Beaulieu à l'ex-ministre
de l'Enseignement supérieur, M. Ryan, qu'elle trouvait que ça
n'allait pas tellement vite. Et je voudrais savoir ce soir si, selon vous, il
n'y aurait pas lieu de vous associer à des gens de l'extérieur
dans le processus d'évaluation; autrement dit, comment vous voyez le
processus d'évaluation pour qu'une fois pour toutes, on coupe un peu
plus court, là, à cette nécessaire révision, mais
qui ne peut pas s'étendre pendant des années, si vous mettez dans
votre de liste de gestes concrets celui de réviser les programmes en
formation technique et professionnelle au cours de l'année 1991. Alors,
c'est quoi vos intentions précises?
Mme Robillard: II est très clair que la révision
des programmes doit se faire, je dirais, au rythme d'évolution aussi de
nos besoins sociaux et de nos besoins en main-d'oeuvre. Et peut-être que
nous aurons l'occasion de parler de la révision de sciences humaines ou
sciences de la nature. J'ai aussi déclaré publiquement que
c'était beaucoup trop long à différents égards, et
que nos cégeps ont la structure nécessaire pour réagir
rapidement et avec beaucoup de souplesse aux besoins des entreprises et du
marché du travail. Et à cet égard-là, je peux vous
dire que, par ailleurs, quand je regarde la liste des programmes qui sont
révisés au niveau du collégial présentement, c'est
quand même assez
astronomique en termes de révision. Alors, je pense que les
travaux vont bon train. Nous en avons 39 présentement en
révision.
M. Gendron: Oui. Mais, est-ce que vous vous rappelez...
Peut-être que vous avez eu l'occasion de prendre connaissance de
ça, toujours dans le discours de l'an passé du ministre qui
disait ceci: Le secteur de la formation technique donne également lieu
à de multiples révisions de programmes. Alors, vous m'avez
parlé de la même affaire. Et moi, j'ai vu ça, quatre, cinq
ans, mais c'était surtout la finale. Regardez bien la finale de votre
toujours collègue actuel mais ex dans la fonction que vous occupez: Le
recul récent des inscriptions dans ces deux secteurs - il parlait de
l'informatique, de l'électronique - considérés à
juste titre comme des secteurs de pointe, sera l'objet d'une attention tout
à fait spéciale en 1990-1991. Et j'aimerais ça que vous me
parliez des résultats de cette attention spéciale l'an
passé. Qu'est-ce que ça a donné, concrètement, au
chapitre de l'électronique et de l'informatique, parce que selon mes
chiffres, il y a encore une baisse des clientèles. Parce que les
programmes ne sont pas bons? Connaissez-vous la raison qui fait que...
Mme Robillard: Selon mes informations, on a une augmentation
là, autant en électro qu'en informatique présentement. On
n'a pas de baisse de clientèle; on a même une augmentation, selon
nos dernières informations.
M. Gendron: Pour quelle année?
Mme Robillard: Mars de cette année. (20 h 30)
M. Gendron: Mais pour l'an prochain ou pour l'année en
cours?
Mme Robillard: Pour l'an prochain, 1991-1992.
M. Gendron: O.K., mais...
Mme Robillard: Donc, je reviens sur votre question de base...
M. Gendron: Non, mais juste une minute. Ça ne contredit
pas ce que j'ai dit. J'affirmais que les chiffres que j'ai... Il y a des
élèves qui sont quelque part dans les cégeps pour
l'année en cours et pour cette année, comparé à
l'année passée, il y avait une légère baisse des
clientèles au chapitre de ces deux programmes-tà. Est-ce vrai ou
faux?
Mme Robillard: L'an dernier il y a eu, de fait, une baisse en
informatique, mais non pas en électro. Pour l'année qui vient,
1991-1992, on prévoit une augmentation. Par ailleurs, pour
répondre à votre question de base au niveau de la méthode
de révision, je peux vous dire que depuis qu'on commence à
appliquer la méthode d'approche par compétence, on
s'aperçoit que la révision va être beaucoup plus rapide.
Dans ce sens-là, je pense que ça répond à vos
préoccupations.
M. Gendron: Dans les projets majeurs, à la page 94 des
crédits, vous écrivez ceci: On va amorcer les travaux
préliminaires à l'élaboration d'un plan de communication
externe sur la formation technique au collégial. Alors, un plan de
communication externe sur la formation technique qui est un des moyens de la
revaloriser, est-ce que ça peut se comprendre par des coupures
budgétaires? Autrement dit, concrètement, si vous voulez faire un
plan de communication externe sur la formation technique, ça signifie
que vous allez être obligée probablement d'acheter des
placements-médias. Allez-vous faire une campagne de publicité?
Est-ce que vous avez l'intention d'acheter des pages de publicité dans
les grands quotidiens? C'est quoi, concrètement? Deux, trois
éléments pour ne pas rester, encore là, dans des choses
que je vais relire l'an prochain. Je veux voir au cours de l'année les
gestes concrets que j'aurais pu moi-même observer à l'externe,
pour visualiser votre plan de communication sur la formation technique. De
quoi, précisément, s'agit-il?
Mme Robillard: Mme la Présidente, je voudrais rassurer le
député d'Abitibi-Ouest qu'il va voir des actions l'année
prochaine aussi, quand on va se revoir, comme là il en voit. Depuis six
mois que je suis en poste, il y a au moins cinq ou six dossiers où j'ai
pris des décisions et des actions ont été posées.
Alors, je suis certaine que l'année prochaine, vous allez voir les
actions qui vont être posées, et je m'y engage, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Par ailleurs, en regard du plan de
communication externe, c'est un de nos projets pour cette année et,
à ce stade-ci, les moyens ne sont pas encore arrêtés. Ce
que je peux vous dire, c'est qu'à l'intérieur de nos programmes
et de nos budgets affectés aux communications, nous allons trouver le
moyen de faire un plan de communication.
M. Gendron: O.K., mais quand vous dites à la page 94: On
va en faire un. Le moment n'est pas venu de savoir de quel plan il s'agit, mais
on se permet d'écrire ça quand même. On dit: Au cours de la
présente année, 1991-1992, il y aura un plan de comunication
externe dont, pour l'instant, on ignore la teneur. C'est ça?
Mme Robillard: C'est dans nos projets 1991-1992.
M. Gendron: Mme la Présidente, avant de poursuivre, j'ai
une couple d'autres questions,
toujours sur quelque chose lié au programme 5, mais j'ai une
collègue qui doit aller à une autre commission et elle aurait une
petite question qui la concerne, liée quand même au
collégial. La députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
La Présidente (Mme Hovlngton): Bon, d'accord, allez-y.
Parce que j'avais le député de Verdun qui avait une question.
Vous avez le temps de rester encore un petit peu, Mme la
députée?
M. Gautrin: Si vous êtes pressée, moi, je peux
retarder, parce que je suis obligé de rester, moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non, ce n'est pas exact, vous n'êtes pas
obligé.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y donc, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Projet de cégep dans
Chutes-de-la-Chaudière
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, Mme la
Présidente. Je voudrais remercier mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest. Mes questions, moi, c'est concernant le
dossier de construction ou de nouvelles installations en termes de
cégeps, de collèges. Nous, on avait présenté, lors
du dernier sommet économique de l'an dernier, une demande, un projet. En
fait, on avait présenté un projet de cégep dans le
comté des Chutes-de-la-Chaudière. Je sais qu'il y en a d'autres,
quand même, qui avaient présenté des demandes similaires
ailleurs au Québec. Maintenant, lors du sommet, le ministre de
l'époque, M. Ryan, nous avait dit qu'il y avait d'autres projets comme
ça en suspens, et il nous demandait un moratoire d'un an. Or,
évidemment, l'année est passée et on est toujours en
attente. On nous a dit aussi qu'il y avait un rapport, une étude qui
était faite par la DIGEC. Moi, je peux vous dire que chez nous, on
attend avec anxiété, on a hâte d'avoir une réponse
là-dessus parce que la population continue toujours de croître et
le nombre de jeunes qui espèrent ce cégep continue de grossir.
Alors, ce que j'aimerais savoir: Où en est rendu l'étude? Est-ce
que vous avez les résultats? Est-ce que vous pouvez nous communiquer les
résultats de cette étude-là de la DIGEC, d'une part? Et
j'ai vu qu'il y avait des sommes, qu'il y avait augmentation quand même,
une augmentation de 10,98 % à l'élément 2, Service de la
dette, et on parle à ce moment-ci de refinancement d'obligations
échues et financement de nouveaux projets de construction. Je me
demandais si on pouvait espérer quelque chose pour très
bientôt. Alors, c'est dans ce sens-là que va ma question.
Mme Robillard: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
répondre à cette question qui touche, je pense, tout le secteur
de la déconcentration, l'ouverture de campus où, je pense, on a
plusieurs projets iut la table présentement au niveau du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Alors,
quand je suis arrivée au ministère, de fait, j'ai vu les
déclarations de mon prédécesseur à l'effet qu'il y
avait presque un moratoire en attendant d'étudier l'ensemble de la
question. La première action apportée, c'était de dire:
Selon quels critères allons-nous décider de dire oui ou non
à l'ouverture de campus ou à la déconcentration du
collégial? Il faut se rappeler qu'à l'époque, quand on en
a ouvert à Chibougamau, à Amos, à Mont-Laurier, à
Val-d'Or, c'était dans un contexte de région
éloignée, où l'accessibilité était
très difficile. Les autres demandes que nous avons reçues depuis
plus d'un an, je dirais, se situent dans des problématiques
différentes. Alors, ce qu'on a fait, comme première étape,
c'est de statuer sur des critères notre grille d'analyse, prendre chacun
des projets et voici notre analyse, comment nous allons faire notre analyse.
Alors, on a arrêté deux principes fondamentaux de base. C'est
très clair, c'est de favoriser le plus large accès possible
à l'enseignement collégial, mais toujours, le deuxième
principe, en assurant une qualité de services.
A partir de là, on fait une étude de pertinence et ensuite
une étude d'impact. Mais tout ça, je vais vous expliquer, Mme la
députée, comme c'est des dossiers qui étaient
déjà en cours au ministère, où les données
sont déjà là, ce n'est pas des études qui vont
prendre encore trois ans. Ce dont je vous parte, c'est de la grille
d'analyse.
Alors, premièrement, une étude de pertinence. Quand on
fait une étude de pertinence, on regarde nécessairement le taux
de passage du secondaire au collégial, le taux de scolarisation,
l'éloignement géographique, la durée des trajets, etc.,
les critères démographiques. On regarde ça dans
l'élément étude de pertinence. Une fois qu'on a
procédé, que, oui, il y avait une pertinence, regardons
l'étude d'impact. L'étude d'impact est à deux volets.
L'étude d'impact, d'un côté, quel est l'impact? Si vraiment
c'était pertinent d'ouvrir un campus, quel serait l'impact sur les
cégeps environnants? Est-ce qu'on aurait des baisses de
clientèles de cégeps environnants, autour? Quel serait l'impact
sur le réseau? Parce que c'est un réseau, le collégial. Il
faut être très très conscient de ça.
Alors, si on s'aperçoit que, oui, il y a une étude de
pertinence, que, oui, au niveau de l'impact, l'impact n'est pas si majeur sur
le réseau, maintenant, l'impact financier, il faut regarder aussi
l'impact financier et voir naturellement les ressources budgétaires en
conséquence. Alors, voici un peu, grosso modo, la grille d'analyse qui a
été très bien arrêtée, et, aujour-
d'hui, je vous la résume, mais si vous désirez la
recevoir, je n'ai aucun problème pour l'envoyer aux membres de la
commission. À partir de là, tous les dossiers qui étaient
au ministère et qui avaient déjà commencé à
être analysés, dont celui de la Chaudière ou de Charny,
l'ensemble de ces dossiers-là, présentement, je dirais, on les
regarde à nouveau avec cette grille, et je vais être en mesure de
rendre des décisions concernant l'ensemble de ces demandes-là
d'ici quelque temps et à très court terme, je dirais,
sûrement d'ici l'automne.
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais quand même... Vous avez
offert la possibilité d'avoir le document...
Mme Robillard: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...l'étude comme telle.
J'apprécierais, moi, l'avoir en main.
La Présidente (Mme Hovington): II n'y a pas de
problème?
Mme Robillard: Je vais lui faire parvenir. Il n'y a aucun
problème, Mme la Présidente.
Mme Carrier-Perreault: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je passerai la
parole au député de Verdun.
Recherche au niveau collégial
M. Gautrin: Merci, Mme la Présidente. Je veux aborder avec
vous, Mme la ministre, le dossier de la recherche dans les cégeps. Vous
êtes consciente qu'il y a un énorme potentiel de recherche dans
les cégeps. Vous êtes consciente aussi qu'il existait à
l'intérieur du fonds FCAR - je sais qu'on ne discute pas des
crédits du fonds FCAR - un programme qui était le programme AXEIR
qui a été aboli. Vous êtes consciente aussi qu'il existe,
pour valoriser l'énorme potentiel de recherche qui existe dans les
cégeps, des possibilités de détacher les professeurs de
cégep pour les faire participer dans des équipes de recherche de
type universitaire. Donc, ce n'est pas ce volet-là que je voudrais
aborder avec vous. Je voudrais aborder beaucoup plus la possibilité de
la recherche appliquée, la synergie qui pouvait exister dans des
régions entre un cégep qui était réellement le
bassin de ressources intellectuelles qu'il peut arriver dans certaines
régions et le développement économique de la
région. Ce que j'aimerais savoir de vous, parce que j'ai relu ce qui se
passait maintenant dans le fonds FCAR où, suite aux besoins
budgétaires des autres programmes, on a été amené
à devoir couper ce programme-là, c'est comment vous envisagez le
développement et le maintien de la recherche dans les cégeps, pas
la recherche dans l'intégration dans les équipes universitaires,
mais bien la recherche en région, dans les cégeps du
réseau.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. J'ai, de fait,
précisé la mission recherche dans les cégeps et cette
mission, elle est à trois volets. Le premier volet est la recherche et
développement pédagogique. Je pense que les cégeps qui
sont habitués de faire de la recherche dans ce volet-là le
réussissent très bien. Ce volet se continue sans aucun
problème.
M. Gautrin: De quelle manière? Mme Robillard:
Pardon?
M. Gautrin: C'est-à-dire, quel soutien donnez-vous sur la
recherche pédagogique?
Mme Robillard: On a un programme particulier qui s'appelle PAREA,
le programme d'aide à la recherche et à l'apprentissage, qui est
un programme de subventions administré par mon ministère. En
plus, II y a 33 postes qui sont donnés pour ce secteur de la recherche
pédagogique. Deuxième volet, la recherche et développement
technologique. Je crois comprendre que vous vous adressez de façon
très particulière...
M. Gautrin: Particulièrement à ce
volet-là.
Mme Robillard: De fait, on s'aperçoit que c'est, je
dirais, le créneau le plus fort des cégeps dans ce domaine.
M. Gautrin: Absolument.
Mme Robillard: On s'aperçoit aussi que par tous les
centres spécialisés qui se sont développés à
l'échelle du Québec, on en a une quinzaine maintenant, vraiment
il y a une expertise. Donc, il y a une expertise qui s'est
développée dans les cégeps qui réussissent à
faire du transfert technologique. Les entreprises et beaucoup de petites PME
s'associent à nos cégeps et aux centres
spécialisés. Alors, c'est sûrement un volet auquel nous
donnons beaucoup d'expansion et que nous soutenons par un programme de
subventions qui s'appelle, celui-là, PART, Programme pour l'aide
à la recherche technologigue. Et nous avons augmenté le nombre de
postes affectés à la recherche technologique, soit de 18 à
30 postes que nous allons affecter dans ce domaine-là. Alors, je pense
que c'est un signal...
M. Gautrin: Est-ce que vous avez des subventions de recherche
aussi qui sont associées à cela ou pas? Parce que vous
détachez les gens à la recherche technologique. Est-ce que vous
soutenez la recherche technologique par des subventions de recherche?
Mme Robillard: Par le programme de subventions PART, oui.
M. Gautrin: Ce n'est pas uniquement le détachement des
gens, il y a aussi des subventions qui vont avec.
Mme Robillard: En plus. Et le troisième volet est vraiment
à caractère disciplinaire, et ça, ça se fait par
l'intermédiaire du Fonds.
M. Gautrin: Par l'intégration des équipes du fonds
FCAR.
Mme Robillard: Oui. Nos équipes de recherche en
collégial sont rendues à un point tel qu'elles peuvent facilement
s'associer à des équipes universitaires et qu'elles peuvent
postuler sur les différents programmes du fonds FCAR.
M. Gautrin: Bien, attendez un instant. Je ne pense pas qu'il y
ait d'équipes de cégeps qui sont subventionnées par le
biais du fonds FCAR. Il y a des chercheurs qui sont dans les cégeps qui,
par le biais des détachements, peuvent être intégrés
à des équipes de recherche du fonds FCAR. C'est ça que
vous me dites.
Mme Robillard: II pourrait aussi y avoir des équipes
formées de gens de collèges et d'universités ensemble.
Pourquoi pas?
M. Gautrin: Je suis bien d'accord. Pourquoi pas? Et je suis tout
à fait d'accord avec ce que vous me dites. Est-ce qu'il en existe?
Mme Robillard: Non, il n'en existe pas, et nous venons de donner
des orientations très claires au fonds FCAR pour que, oui, il y en
ait.
M. Gautrin: Je vous remercie. Ça manquait, ces
orientations, dans le passé. (20 h 45)
M. Gendron: Là-dessus, pour terminer, c'est quoi vos
réticences de ne pas poser un geste concret, de dire dans la loi des
collèges: Oui, vous avez également, au niveau collégial,
une mission de recherche, sauf l'objection de la CREPUQ ou des
universités? À part ça, c'est quoi vos rétiences de
ne pas modifier la Loi sur le Conseil des collèges pour dire:
Écoutez, oui, c'est possible qu'il y ait un bassin de chercheurs,
surtout, entre autres, dans certains cégeps où il y a une
troisième année, d'envisager qu'on augmente notre bassin de
chercheurs. Vous savez comment marchent les subventions, quand elles marchent
un peu au niveau du fédéral. Plus le bassin de chercheurs serait
important, plus on risquerait d'avoir un peu plus de notre petite part qui nous
revient, plutôt que ce soit 90 % en Ontario. Dans ce sens-là, ce
serait peut-être intéressant que vous modifiiez la loi. C'est quoi
vos réticences à ne pas modifier la loi des collèges pour
dire: Oui, on fait te geste, et, dorénavant, le collégial au
Québec a une mission d'enseignement mais également de recherche.
Pas au même titre que la recherche universitaire, mais puisque les...
>Jon mais, c'est quoi vos réticences? C'est ça que je veux
savoir parce que vous aviez l'air emballée, là. Si on veut un
geste concret, ce serait une modification à la loi.
Mme Robillard: De là, la difficulté, Mme la
Présidente. Vous avez bien dit vous-même, M. le
député d'Abitibi-Ouest: pas de la recherche universitaire. C'est
ce que vous venez de dire.
M. Gendron: Oui, mais ce n'est pas ce qui était
fondamental, c'est ce que j'ai dit avant.
Mme Robillard: Oui, mais il ne m'apparaît pas
complètement nécessaire d'être obligé d'inscrire
ça à l'intérieur d'une loi. Je pense que les cégeps
font de la recherche. Nous les soutenons. J'ai précisé des
orientations ministérielles très claires dans leur rôle en
matière de recherche. Il n'est pas du tout non plus dans mon intention
de créer un autre réseau d'établissements de recherche.
Ça, il faut que ce soit très clair. Pensons juste à la
tâche des professeurs et, présentement, à
l'équilibre qu'on doit essayer de rechercher entre l'enseignement et la
recherche au plan universitaire. Je ne voudrais pas avoir exactement ces
problèmes-là au plan collégial. Alors, pour toutes ces
raisons, Mme la Présidente, il ne m'apparaît pas nécessaire
de l'inscrire directement dans la loi.
Harmonisation interordres
M. Gendron: Programme 5, Autre sujet collégial, je voulais
discuter aussi de la question de l'harmonisation interordres en ce qui a trait
à la jonction secondaire-collégiale. On appelle ça
communément les ordres d'enseignement: primaire, secondaire,
collégial et universitaire. Ça fait plusieurs fois que des
collègues ministres ou exministres s'expriment sur cette
nécessaire harmonisation entre les ordres d'enseignement.
Votre collègue titulaire du même ministère avait dit
ceci, lors de l'étude des crédits l'an passé, bien
sûr: Des études - parce qu'il en a fait des études, lui -
sont présentement en cours au sujet de l'harmonisation interordres dans
les deux ministères que j'ai l'honneur de diriger - et ce n'est pas
Mulroney qui parlait, c'est l'ex-ministre - je souhaite pouvoir, dès
l'automne prochain... Ah! l'automne prochain c'est passé, ça a eu
lieu. Il a été chaud pour certains, plus constitutionnel pour
d'autres, mais ça a eu lieu. L'automne prochain, quand il faisait les
crédits l'an passé, c'est l'automne qu'on vient de passer.
Là, il était supposé nous donner des réponses
précises aux recommandations formulées par le Conseil des
collèges et le Conseil supérieur de l'éducation.
Vous, toujours dans cette même entrevue au Devoir où
on en a appris un peu plus sur vos intentions, vous avez ajouté: II nous
faut aussi regarder les impacts de la réforme au niveau secondaire sur
le collégial, examiner quelles seront les passerelles entre les deux.
Sur toutes ces questions il y aura des décisions à prendre - je
suis d'accord, en étoile, avec ça - certaines pourront
paraître déchirantes - regardez bien la finale - mais notre
volonté est très ferme. J'aimais la fin de votre fermeté,
mais je me rappelle que c'était la même chose avec l'ex-titulaire.
Lui aussi était très ferme, même viril, parce que c'est une
expression qu'il aimait employer. Il disait: J'aime ça avoir des
discussions viriles, musclées, une expression chère à
l'ex-titulaire. Ça aurait dû être convaincant.
C'était, encore là, l'infaillibilité papale qui
parlait.
Alors, plus sérieusement, parce qu'on peut faire un peu d'humour,
mais le problème est entier. On nous redit pour la deuxième
année, Mme la ministre, que ça va être sérieux cette
année et que vous avez une volonté très ferme de prendre
des décisions. Est-ce que je pourrais avoir un petit bout sur le genre
de décisions que vous avez l'intention de prendre? Quelles sont les
décisions que vous avez l'intention de prendre pour qu'il y ait une
meilleure harmonisation entre les deux ordres d'enseignement? Parce que j'ai
relu attentivement, sur l'heure du souper - ça fait quand même 10
minutes, ça fait qu'en prenant un sandwich, ça se faisait -
à la page 4 de votre document: "Dès mon arrivée au
ministère, j'ai également demandé que les travaux
d'arrimage entre les ordres d'enseignement soient relancés - pourquoi
les relancer, ça fait deux ans qu'ils se penchent là-dessus? - et
accélérés." Ah! ça, c'était correct.
"Accélérés", c'était correct mais pour arriver
à quelle décision précise? Parce que moi, si le CLESEC,
pour ceux qui ne le savent pas dans notre "siglomanie", ça, c'est le
comité qui devait étudier la liaison entre l'enseignement
collégial et l'enseignement universitaire. Avez-vous lu le rapport des
collèges? Dans le rapport annuel 1989-1990 du Conseil des
collèges, page 34, ce n'était pas drôle le jugement que le
Conseil portait. Il se montrait très sévère sur les
résultats produits par le CLESEC. Alors, je m'arrête là,
puis j'aimerais ça avoir quelque chose d'un peu plus convaincant.
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Mme la Présidente, Non seulement ce fut une
intention mais nous avons passé de l'intention à l'action. Et de
fait, quand je dis dans mon discours "une relance", c'est que, quand je suis
arrivée au ministère, à ma connaissance, le CLESEC
était inactif depuis presque trois ans. Ça veut dire que le
mécanisme d'harmonisation entre le collégial et l'univer- sitaire
ne fonctionnait pas, n'était pas actif. Alors, une de mes
premières interventions, c'a été d'agir sur ça et,
à l'heure où je vous parle, je peux vous dire que le CLESEC est
actif, a plusieurs discussions. Je ne sais pas si elles sont viriles ou autre
chose, mais, Mme la Présidente, de façon très
concrète, je tiens à informer le député
d'Abitibi-Ouest, que le CLESEC travaille présentement sur toute la
structure d'accueil des sciences humaines à l'universitaire,
étant donné notre réforme au collégial. Et
même la semaine dernière, il y a eu une rencontre sur ça.
Alors, c'est pour ça que j'affirme que les travaux du CLESEC sont
relancés.
Quant aux travaux d'harmonisation avec le secondaire, le CLECES...
M. Gendron:...
Mme Robillard: ...donc, le CLECES, les mécanismes de
liaison avec le secondaire. Alors là, il y a un mécanisme de
liaison pour la formation générale, un autre pour la formation
professionnelle. Alors, celui pour la formation générale,
celui-là aussi, je l'ai relancé et avec des orientations
très claires, Mme la Présidente. Il s'agit maintenant - il y a
une orientation de base - de considérer le diplôme d'études
secondaires comme le préalable pour entrer au collégial. Et donc,
un mandat très clair à ce comité de faire l'élagage
de tous les préalables. Et si nous en conservons, j'ai dit et je redis
qu'il faudrait me convaincre, cas par cas, des préalables qu'on doit
conserver et que les préalables, dans le fond, ne servent pas d'outil de
sélection, pas plus pour le collégial que pour l'universitaire.
Alors, dans ce secteur-là, comme vous le voyez, nous sommes très
actifs.
L'autre secteur, la liaison au niveau de la formation professionnelle
entre le secondaire et le collégial. Alors celui-là, ce fut un
peu plus long à essayer de trouver le bon mécanisme pour vraiment
atteindre nos objectifs. Et quand M. le député d'Abitibi-Ouest me
cite dans le journal Le Devoir, en indiquant qu'il y aura des
discussions déchirantes, oui, je pense qu'il y aura des décisions
déchirantes à l'effet que, là, non seulement nous avons un
problème d'harmonisation, mais parfois nous avons un problème de
répartition au niveau des deux ordres d'enseignement. Qui doit faire
quoi? Alors, il y a des secteurs qui sont très clairs. Il y a des zones
très claires. La soudure, ça se fait au niveau secondaire, et le
technicien en aéronautique, ça se fait au secteur
collégial. Mais il y a des secteurs où les zones grises sont un
peu plus nombreuses. Et là, je pense à tout le domaine de
secrétariat ou le domaine de l'informatique, où je pense que
là on doit parier non seulement d'harmonisation mais peut-être de
répartition. Alors, mon collègue de l'Éducation et moi,
nous nous sommes engagés dans ce mécanisme d'harmonisation via
nos équipes sous-ministérielles.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va, M. le
député?
M. Gautrin: Moi, j'ai une autre question, si vous permettez.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Mme la ministre, dans vos remarques
préliminaires, vous avez touché la question. La presse a fait
éminemment état des situations où il est arrivé que
les cotes Z étaient modifiées par certaines universités
dans l'admission aux universités, de manière à tenir
compte de l'histoire des gens qui avaient précédé, venant
d'un cégep donné. Je voudrais savoir comment vous
réagissez, par rapport à cela, le concept de cote Z
modifiée dans l'admission à l'université?
Vous avez touché implicitement, dans vos remarques
préliminaires ou liminaires, si je reprends le terme du
député d'Abitibi-Ouest, vous avez dit que vous souhaitez
éventuellement arriver à être responsable vous-même,
comme ministère, de l'évaluation et de la qualité des
diplômes d'études collégiales. Alors je ne sais pas si j'ai
bien compris ce que vous voulez dire ou pas et dans quelle direction vous
voulez aller dans ce sens-là.
Mme Robillard: C'est très clair que nous travaillons
présentement à valider pleinement le diplôme
d'études collégiales et c'est dans ce sens que je dis que nous
nous attaquons aux mécanismes d'évaluation en concert avec le
Conseil des collèges et la Fédération des cégeps.
Mais au niveau de la cote Z, pour ceux et celles qui la connaissent, je pense
qu'il est très clair qu'à plusieurs égards, elle avait des
lacunes importantes. Alors la méthode qui a été
utilisée par une université, qui est l'Université de
Montréal, une amélioration, disons, de la cote Z, semble-t-il,
où là, on ajoute le pronostic de rendement.
M. Gautrin: En fonction de l'histoire des...
Mme Robillard: En fonction de l'histoire de ceux qui sont
déjà passés à...
M. Gautrin: ...étudiants qui ont passé la... C'est
ça.
Mme Robillard: Bon. Alors je pense qu'il y a là une
amélioration. Mais il ne faut pas oublier que là, il s'agit
vraiment de l'évaluation de x étudiants. Alors,
l'évaluation porte sur ies étudiants. Il ne faudrait pas conclure
à l'évaluation sur le collège à partir d'un certain
nombre d'étudiants qui se retrouvaient à telle
université.
M. Gautrin: Si vous me permettez, Mme la Présidente, dans
l'avenir, est-ce que vous envisageriez, comme au niveau secondaire, d'avoir un
diplôme d'études collégiales qui soit validé par les
examens ministériels? Est-ce que c'est quelque chose qui fait partie de
votre ligne de pensée ou quoi?
Mme Robillard: À date, ce n'est pas la voie choisie.
À date, je me dis que nous avions décidé de certains
mécanismes, quand nous avions créé les cégeps et
qu'en plus, en 1979, quand nous avons créé le Conseil des
collèges, nous l'avons mandaté de façon très
particulière concernant toute l'évaluation des apprentissages.
Mais en 1979, quand nous avons confié cette mission au Conseil des
collèges, nous lui avions confié la mission en deux volets, et,
à date, le Conseil n'a assumé qu'un volet.
Alors, avant de penser à changer tout le système, le
défi que je nous lance, c'est d'essayer d'utiliser au maximum les
mécanismes en place. Mais il est très clair que si je vois qu'il
y a un blocage quelconque concernant ce dossier de l'évaluation, il
faudrait peut-être songer à des solutions plus drastiques.
La Présidente (Mme Hovington): Madame...
M. Gendron: Une dernière question sur les ordres
d'enseignement. J'aimerais quand même, quitte à ce que vous
consultiez votre sous-ministre qui était au ministère lorsque M.
Ryan était là, lorsqu'il disait, lui, lors des crédits
l'an passé, au printemps, que très tôt à l'automne,
il serait en mesure de nous donner des réponses précises aux
recommandations formulées par le Conseil des collèges et le
Conseil supérieur de l'Éducation sur l'harmonisation des deux
ordres d'enseignement et, bien sûr, les problèmes que ça
posait. La question que je vous pose: Quand vous êtes arrivée au
ministère, vous, avez-vous trouvé ça quelque part, les
recommandations de votre ex-collègue? Avez-vous pris connaissance de
ça, quel type de recommandations il a faites et à qui, s'il en a
faites? (21 heures)
Mme Robillard: Mme la Présidente, je peux imaginer que mon
prédécesseur avait, de fait, l'intention d'agir dans ces
dossiers-ià, mais comme nous le savons tous, l'automne dernier, au
moment où il devait agir, il y a eu un remaniement ministériel et
il a changé de fonction. Alors, je pense que c'est en termes de
continuité que, moi, j'ai posé les actions en arrivant au
ministère.
M. Gendron: Donc, ça va être encore à
l'automne, mais pas la même année. C'est juste ça,
l'affaire.
Mme Robillard: Non. Les actions sont déjà
posées, sont déjà en cours au moment où l'on se
parle.
M. Gendron: Merci. Ma collègue...
La Présidente (Mme Hovington): La députée de
Chicoutimi, je pense.
M. Gendron:... de Chicoutimi...
La Présidente (Mme Hovington): Vous vouliez prendre la
parole?
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Bonsoir.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y. Bonsoir.
Cégep francophone dans l'ouest de
Montréal
Mme Blackburn: L'Association des francophones de
l'Ouest-de-l'île de Montréal, réclame l'implantation d'un
cégep dans l'ouest de l'île depuis près de quatre ans. L'an
passé, le 31 mai plus précisément, votre
prédécesseur nous disait: Nous sommes en train de faire
l'étude. Je dois rendre hommage à la direction des études
collégiales. Elle m'a remis, il y a déjà plusieurs mois,
une étude assez poussée des implications à tout point de
vue et la conclusion de l'étude. Alors, quelque plusieurs mois et un an
plus tard, où en sommes-nous? Où en êtes-vous avec cette
réflexion sur l'implantation d'un cégep dans l'ouest de
l'île?
Il faut rappeler que l'Association des francophones de l'Ouest-de
-l'île avait reçu l'appui de plus de 120 organismes: la chambre de
commerce, les commissions scolaires d'ailleurs, y compris le
député de Nelligan qui en avait fait un engagment
électoral et le caucus...
Une voix: Et le caucus des députés de l'ouest de
l'île.
Mme Blackburn:... des députés de l'ouest de
l'île. Bravo encore plus! Alors, on pourrait penser qu'avec tout cet
appui, il serait déjà construit, mais où en
sommes-nous?
Mme Robillard: De fait, Mme la Présidente, dès mon
arrivée en poste, quelques semaines plus tard, le député
de Nelligan demandait à me rencontrer pour discuter du cégep
francophone de l'ouest de l'île de Montréal. Ce dossier-là
au ministère est un dossier qui était à l'intérieur
de tous les dossiers de demande de déconcentration du collégial.
Comme vous le savez, ce dossier-là a évolué. À un
moment donné, tels cégeps environnants, le cégep de
Valleyfield ou autres, autour, ont pensé à de la
déconcentration. Alors, ce dossier, présentement, fait partie de
l'ensemble de mes dossiers de déconcentration au niveau du
collégial. Et je répéterais la même chose que j'ai
dite à votre collègue, à l'effet que maintenant que la
grille d'analyse est complètement arrêtée, que les
orientations ministérielles sont claires, nous reprenons les
données du dossier de l'ouest de l'île de Montréal et nous
appliquons la grille pour voir quels seront les résultats. Donc,
à très court terme, ce qui veut dire d'ici l'automne, je serai en
mesure de donner une réponse, non seulement sur la demande du
cégep de l'ouest de l'île de Montréal, mais celui de l'est
aussi, ceux de Lanaudiè-re, celui de Charny; il y en a un à La
Tuque, il y en a un, je pense, à Montmagny et à Brossard. On a
sept demandes en cours, présentement, concernant des demandes de
déconcentration.
Mme Blackburn: Les francophones de l'ouest de I'île
réclament l'implantation d'un cégep pour des raisons fort
particulières. Pour apprécier votre effort en ce sens-là,
pourriez-vous nous dire comment ont évolué, au cours des trois
derniers budgets, les budgets d'immobilisations dans les cégeps
anglophones? Parce qu'on a construit un cégep anglophone - la ministre
n'y était pas alors - le collège Heritage à Hull, qui a
une administration complètement indépendante. On a
restauré celui de Lennoxville, en même temps que la petite
université de Bishop's. On a 1200 élèves. Franchement! Ce
n'est même pas gros comme mon cégep. Alors, est-ce que c'est
possible d'avoir ces données-là?
Pendant que vous cherchez - je sais que mon collègue s'impatiente
parce qu'il a encore plusieurs questions à vous poser et peut-être
que vos fonctionnaires pourraient nous fournir les données dans les
prochaines minutes - j'aurais une autre question.
Mme Robillard: Si vous me le permettez, Mme la Présidente,
nous allons chercher l'information très très pointue et
spécifique. Si j'ai bien compris, les immobilisations...
Mme Blackburn: Des cégeps anglophones.
Mme Robillard:... des cégeps anglophones depuis...
Mme Blackburn: Les trois dernières années. Mme
Robillard:... les trois dernières années.
La Présidente (Mme Hovington): On peut passer à une
autre question, entre-temps, pendant les recherches?
Mme Blackburn: Oui. Mme Robillard: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, allez-y.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, et avec raison, la ministre
a fait l'éloge des conseils consultatifs. Je lui rappelle que le Conseil
des collèges du Québec, de même que la
Fédération
des cégeps réclament déjà depuis plusieurs
années la reconnaissance de la recherche dans les cégeps selon
des mécanismes correspondant à ce milieu. Alors, je ne reviendrai
pas là-dessus, mais, dans les projets de recherche, l'abolition du volet
ACS AIR inquiète les chercheurs collégiaux. Parce que les projets
de recherche initiés par les professeurs de cégep
intéressent peu les professeurs d'université, et, sauf de rares
exceptions, il y a encore peu de collaboration entre les deux niveaux. Et
ça, je sais que le député de Verdun le sait, et
l'abolition d'ACSAIR, c'est une coupe sombre dans les capacités et les
efforts de recherche au niveau collégial.
Mais j'en viens à un aspect plus spécifique de la
recherche, plus recherche appliquée de transfert, les centres
spécialisés. Comment se présente le financement des
centres spécialisés au Québec, et quelle est la croissance
des budgets?
Mme Robillard: Alors en premier lieu, Mme la Présidente,
concernant la recherche au niveau du collégial et la
réorientation des programmes à l'intérieur du fonds FCAR,
je tiens seulement à dire que, si j'ai pris cette orientation, c'est
qu'après avoir constaté l'excellence de certains chercheurs dans
le domaine collégial, je suis tout à fait convaincue qu'ils sont
capables de participer, je dirais, aux ligues majeures en recherche et qu'ils
sont capables de participer à d'autres programmes du fonds FCAR.
Maintenant, le fonds FCAR, qui a maintenant ce mandat, va établir des
règles du jeu, et j'ai pleinement confiance qu'on va faciliter cet
accès à l'ensemble des programmes par nos chercheurs des
collèges.
Je pense que le but était d'élargir, et non pas seulement
d'élargir à l'ensemble des programmes du fonds, et non pas
seulement de "focusser" sur des équipes en émergence. Il y a des
équipes qui ont déjà émergé et qui sont
rendues à un autre stade. Mais, Mme la Présidente, je sais
très bien que ça fait partie du programme 7, qui a
déjà été adopté, alors je me limiterai dans
ces commentaires.
Je reviens à la question précise sur les centres
spécialisés, les collèges. Alors, à l'heure
actuelle, nous avons une quinzaine de centres spécialisés, et le
budget, au point de départ, est de 150 000 $ par année, pour la
première année d'opération, la deuxième
année de 125 000 $, et la troisième année, et pour toutes
les années subséquentes, de 100 000 $ par année. J'oublie
naturellement qu'il y a deux postes d'affectés, et ça
représente une somme budgétaire aussi. Dans notre jargon, on dit
deux ETC.
La Présidente (Mme Hovington): Ça va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Bien, Mme la Présidente, je n'ai pas de
question.
La Présidente (Mme Hovington): Bon, voilà.
Institut de recherche appliquée au
travail
Mme Blackburn: Ça va? Sur un tout autre sujet. J'ai eu
beau chercher dans les informations que vous nous avez fournies, je n'arrive
pas à trouver dans quel programme on finance TIRAT, l'Institut de
recherche appliquée au travail. Je sais que c'était de l'ordre de
235 000 $ l'an passé. J'ai eu beau chercher dans les comptes publics, je
ne le trouve pas. Dans quel programme, comment est-ce identifié et
combien y a-t-il cette année?
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, il s'agit d'un
programme qui a déjà été adopté la semaine
dernière. Le budget de TIRAT est à l'intérieur du budget
Science, 4.
Mme Blackburn: II était identifié?
Une voix: 4.
Mme Blackburn: II était identifié IRAT?
La Présidente (Mme Hovington): Alors, si c'est un
programme qui a été adopté...
Mme Blackburn: Non, un instant, je veux quand même avoir
une information. J'imagine qu'on y a droit puisqu'on ne nous a pas donné
l'information au moment où on l'a examiné, et que ça n'est
pas identifié...
Mme Robillard: II n'y a pas eu de question.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas identifié comme tel. Je
ne vois pas TIRAT même dans le programme 4, élément 1,
Développement scientifique, là. Montrez-moi où je trouve
TIRAT. Vous avez vos fonctionnaires, ils vont certainement me le dire,
là, et me dire aussi combien on y consacre cette année.
Mme Robillard: Alors, Tan passé, ce fut un montant de 235
000 $ comme vous l'avez dit.
Mme Blackburn: Oui
Mme Robillard: Et, pour 1991-1992 la somme n'est pas encore
déterminée. Pourquoi? Dernièrement, j'ai rencontré
plusieurs membres du conseil d'administration de TIRAT. Nous avons
discuté avec eux de différentes formules pour Tannée qui
vient ou les années subséquentes, et j'attends un retour du
conseil d'administration avant de me
prononcer.
Mme Blackburn: Êtes-vous en train de nous dire... D'abord,
je voudrais savoir à quelle place ça apparaît, là,
parce que ça m'agace de ne pas savoir à quel
élément...
M. Gendron:...
Mme Blackburn: Bien non, alors je me dis: ils sont en train de
nous niaiser ou quoi? Ça ne paraît pas. J'ai beau chercher TIRAT.
Dans quel...
Mme Robillard: Mme la Présidente, il ne s'agit pas ici
d'un centre de liaison et de transfert où on identifie très bien
chacune des sommes. L'IRAT est à l'intérieur de
l'élément 1, et comme l'ensemble des subventions qui sont
données à des organismes, les subventions ne sont pas toutes
identifiées nominativement dans le cahier des crédits.
Mme Blackburn: Alors, si je comprends ce que vous venez de nous
dire, c'est que des 235 000 $... Parce qu'il faut rappeler un peu
brièvement qu'il y a un peu plus de trois ans, quatre ans
déjà, votre prédécesseur avait obtenu un plan
triennal, qui est venu à échéance en avril 1990. Il a,
à ce moment-là, obtenu un renouvellement de financement pour une
année, de l'ordre de 235 000 $. Et là, vous êtes en train
de me dire que depuis le 1er avril, TIRAT est parti dans les limbes aussi,
comme le Centre québécois de recherche sur les applications
pédagogiques de l'ordinateur, comme le petit programme du
français scientifique, là. Est-ce que c'est ça qu'il faut
comprendre? Ils sont sans financement, actuellement.
Mme Robillard: Mme la Présidente, est-ce que nous revenons
sur le programme adopté la semaine dernière?
Mme Blackburn: Non, je voudrais savoir...
Mme Robillard: C'est le programme 4 adopté la semaine
dernière.
La Présidente (Mme Hovington): Parce que les questions que
vous posez, Mme la députée de Chicoutimi, je crois, font partie
du programme 7 qui a déjà été adopté l'an
passé.
Mme Blackburn: Non, mais j'imagine qu'un minimum de
transparence...
Une voix: Programme 4.
Mme Blackburn: ...Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): C'est dans le programme 4?
Ah! il n'a pas été adopté.
Mme Robillard: La semaine dernière.
La Présidente (Mme Hovington): Ah! les programmes 4 et 7,
d'accord.
Mme Blackburn: Si vous permettez, Mme la Présidente, et la
ministre va comprendre ça, un minimum de transparence suppose qu'on
puisse répondre à une question aussi élémentaire
que celle-là, et qui est dans l'intérêt du public de
façon générale, et qu'il n'était pas possible
d'identifier la semaine dernière, et qu'on a bien pris soin de ne pas
signaler. Alors, il me semble qu'il y a un minimum, là-dedans. On ne va
pas recommencer l'histoire du centre APO, il me semble.
Mme Robillard: J'ai bien répondu, Mme la
Présidente, les sommes ne sont pas encore précisées pour
l'année 1991-1992 concernant TIRAT.
Mme Blackburn: Quand le seront-elles?
Mme Robillard: J'attends le retour du conseil
d'administration.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est possible qu'il n'y ait pas de
budget?
Mme Robillard: Je n'ai aucune idée quelle sera la
décision du conseil d'administration.
Mme Blackburn: Le conseil d'administration de-Une voix: De
TIRAT. Mme Robillard: De TIRAT.
Mme Blackburn: Oui, mais le Centre de recherche sur les
applications pédagogiques de l'ordinateur refusait le traitement que
vous leur avez fait dans son rapport. D'ailleurs, il faudrait que vous le
sortiez. Alors, me dites-vous que si, formellement, TIRAT recommande le
maintien de son financement et de son statut, vous allez l'accepter?
Mme Robillard: Mme la Présidente, je veux bien avoir de la
transparence, mais je ne veux pas recommencer les discussions de la semaine
dernière.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, nous allons revenir
au programme 5, sur lequel nous étions. Est-ce que vous avez encore des
questions concernant le programme 5?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, vous avez la
parole.
Frais de scolarité au collégial
M. Gendron: On la prend. Frais de scolarité dans les
cégeps. Alors, ce n'est pas parce que ça ne s'applique pas qu'on
n'en parlera pas. Juste avant la présentation des crédits pour
l'année 1991-1992, à la fin du mois de février, on
apprenait que le gouvernement du Québec examinait l'hypothèse
d'imposer des frais de scolarité au niveau collégial.
Réaction du cabinet de la ministre: "Quand vient le temps de
l'étude des crédits, tout est envisagé", disait-elle. Le
lendemain, réaction de la ministre, parce que ce que je viens de vous
citer, c'est son cabinet. Le lendemain, la ministre disait ceci: "Cette
hypothèse envisagée depuis une dizaine d'années
déjà..." Ah! moi Je suis surpris, parce que je ne me souviens pas
que, dans mon temps, j'étais membre du Conseil des ministres, on ait
envisagé l'instauration de frais de scolarité au niveau
politique, en tout cas, et j'ai été sept ans au Conseil des
ministres. Je ne souviens pas d'une fois. Donc, 10 ans, il y a un
problème là. "Ce genre de possibilité est dans l'ordre des
discussions de tous les ministères. Ce sont les difficultés que
nous avons qui nous autorisent à regarder ça." (21 h 15)
La ministre a clairement indiqué qu'elle ne pouvait en aucune
façon prédire le choix que fera le Conseil des ministres. De
plus, elle a expliqué qu'elle ne savait pas vraiment si une telle mesure
affecterait le taux de fréquentation dans les cégeps. Je veux
juste rappeler que tous les organismes qui ont émis une opinion
là-dessus, la CEQ, la Fédération des enseignantes et
enseignants de cégep, au nom de principes largement débattus,
d'accessibilité aux études supérieures, d'un plus grand
besoin de formation technique et professionnelle pour les entreprises - on en
parlait tantôt - au niveau, autrement dit, de tous les problèmes
que je soulève lors des crédits: taux d'abandon trop
élevé; dans certains cas, nécessité de
réviser les programmes; dans plusieurs cas, nécessité de
faire le bon choix de types de formation... Donc s'il y a quelque chose qui
n'avait d'allure d'être envisagé, c'est bien ça: instaurer
des frais de scolarité au niveau des études collégiales.
Et là, la Fédération des cégeps avait dit: Avant de
penser à imposer des frais de scolarité, on devrait d'abord
songer à d'autres sources de financement. Pas besoin de vous dire que je
suis pleinement de cet avis-là. La Fédération
étudiante collégiale, la Fédération
étudiante universitaire étaient également contre
l'imposition des frais de scolarité.
Le premier ministre, lui, le 23, il a carrément exclu cette
possibilité que des frais de scolarité soient imposés au
niveau collégial, même si la ministre de l'Enseignement
supérieur ne s'y était pas ouvertement opposée. Alors,
merci au premier ministre, sauf que ça me pose des problèmes,
parce que, moi, j'étudie les crédits de la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, et, normalement, un ministre
sectoriel est censé défendre un tant soit peu, en tout cas, les
pi ^rogatives de son ministère sectoriel, parce qu'on va avoir des
problèmes dans le futur, si ce n'est plus de même que ça
marche.
Alors, ma question, une première question. Je voudrais demander
à la ministre qui est responsable du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, quelle est sa vision et quelle est sa
pensée concernant l'accessibHité aux études
postsecondaires, et croit-elle que si nous devions envisager une telle mesure,
ça n'aurait pas de conséquences majeures sur
l'accessibilité et qu'en conséquence, avant même
d'évoquer ça, ce serait pas mal plus sage de faire faire tout de
suite certaines études des conséquences que ça aurait, si
jamais il tentait, quelque gouvernement que ce soit, d'aller vers une voie
aussi non privilégiée?
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente. Concernant les
frais de scolarité au collégial, je pense qu'il est clair que,
dans les difficultés économiques et budgétaires
gouvernementales que nous avons eues cette année, et j'ai fait allusion
tantôt à la revue de programmes qui avait eu lieu, une revue de
programmes spéciale pour essayer de regarder à la loupe
l'ensemble des programmes gouvernementaux, il y a eu sur la table des
hypothèses de frais de scolarité au collégial,
hypothèses émises par les conseillers financiers du gouvernement.
J'ai dit et je redis qu'à ma grande surprise, j'avais appris que ces
hypothèses revenaient régulièrement sur la table depuis au
moins 10 ans. Et selon mes informations, à l'époque, le ministre
Bérubé aussi aurait étudié cette hypothèse.
Donc, c'est une hypothèse qui est revenue. Et dans la déclaration
que j'ai faite, je n'ai pas voulu nier que cette hypothèse était
sur la table. Mais, Mme la Présidente, je suis certaine que M. le
député d'Abitibi-Ouest, avec la longue expérience
politique qu'il a, sait très bien qu'un ministre sectoriel peut aussi
parier avec son premier ministre. Et il est très clair pour moi que
parier de frais de scolarité au collégial, c'est ouvrir tout un
débat social; et donc, c'est un débat à faire. Et c'est
dans ce contexte-là qu'il a été très clair, et
ça a été dit par la voix du premier ministre, qu'il
n'était absolument pas question de mettre des frais de scolarité
au collégial, non seulement dans un avenir immédiat mais dans un
avenir prévisible.
Alors, je pense qu'il faut regarder la question de façon beaucoup
plus vaste, et, au moment où je vous parle, je ne pense pas qu'il y ait
d'étude qui prouve ou qui nie les impacts
concernant des frais de scolarité au collégial sur les
taux d'accès au collégial. À ma connaissance, je n'en
connais pas. Alors, si jamais, comme vous dites, un gouvernement dans l'avenir
ou qui que ce soit devait prendre une décision semblable, je pense qu'il
faut en mesurer tous les impacts et ça remet en question nos choix
sociaux que, nous, ici, on a faits, au Québec. Et on ne peut pas
comparer facilement avec ce qui se passe dans les autres provinces canadiennes
étant donné que la formule cégep n'existe pas. Alors,
c'est très difficile d'apporter des comparaisons. Comme on le sait, par
exemple, au secteur de la formation générale, en Ontario, au
secondaire, c'est une année supplémentaire, et
immédiatement l'étudiant s'en va à l'université. Il
est vrai que, quand il arrive à l'université, il y a des frais de
scolarité beaucoup plus élevés que les frais de
scolarité ici au plan universitaire, mais la comparaison demanderait
beaucoup de nuances. En conclusion, Mme la Présidente, il est clair
qu'il n'est pas question de frais de scolarité au collégial
présentement et sûrement pas dans un avenir prévisible.
M. Gendron: Mais pourquoi la question des frais de
scolarité au collégial est-elle passée au second rang dans
vos préoccupations par rapport à la préoccupation? Parce
que le deuxième jour, et je vais vous reciter dans une minute, mais
restons sur la lorgnette. À un moment donné, vous avez dit: C'est
normal ça, c'avait été vu par la lorgnette d'un conseiller
financier - je vous cite, là - qui ne voit le problème qu'avec sa
lorgnette d'analyste financier. Donc, c'est normal qu'un analyste financier
dise: Ça me prend du fric pour balancer mes colonnes. Mais c'est la
ministre de l'Enseignement supérieur qui avait parlé et qui avait
dit: II n'y a pas d'hypothèse à écarter et les frais de
scolarité au collégial, c'est légitime d'envisager
ça. Alors, moi, ce qui m'intrigue, c'est que votre préoccupation
de défense, en termes d'intérêt supérieur de la
cause qui devrait être vôtre au niveau de l'enseignement
supérieur n'ait pas passé en premier dans ce dossier-là
parce que... Les dates, je m'en rappelle très bien. Le 23, le premier
ministre disait: Pas question. Le 24, vous disiez ceci, c'est vous qui parlez:
J'ai dit au premier ministre que je n'achetais pas l'hypothèse. Je
comprends. La veille, elle a dit: Je ne veux rien savoir. Alors, c'est
ça, les faits. Alors, il me semble que... Vous avez dit:
L'hypothèse n'est pas sur la table. Elle n'était plus sur la
table. L'hypothèse n'était plus sur la table, mais j'aurais
aimé vous entendre, deux jours avant, dire: Moi, comme ministre de
l'Enseignement supérieur, il n'en est pas question. Si le premier
ministre me dit: Écoutez, on est serré, et là, au diable
les principes, au diable le débat social, comme vous venez de
l'indiquer, bien là, j'ai déjà été, moi
aussi, dans un cabinet, et c'est le premier ministre qui mène. Je
comprends ça, en bout de ligne. Mais là, ce n'est pas ça.
C'est exactement l'inverse qui s'est produit. Alors, c'est quoi qui vous
animait pour ouvrir la brèche si rapidement?
Mme Robillard: Non, Mme la Présidente. Je pense qu'il faut
rectifier ies faits. Je répète que cette hypothèse avait
été mise sur la table au niveau administratif et que
l'hypothèse n'était pas rendue chez les décideurs
politiques, pas plus au niveau du caucus des députés que du
Conseil des ministres, au niveau du premier ministre et de moi-même, dans
les différents comités ministériels. Alors, de fait,
c'avait été mis sur la table. Par la suite, il en a
été question entre le premier ministre et moi, personnellement.
Ensuite, il en a été question aussi à notre caucus des
députés, et le premier ministre a pris la décision finale,
comme il se doit, selon ses responsabilités.
M. Gendron: Je ne veux pas faire un plat avec ça, mais la
question de fond est importante. Est-ce que vous m'affirmez aujourd'hui, lors
de l'étude des crédits, que lorsque, dans Le Soleil, le
premier ministre - une manchette du Soleil, le 23 février 1991 -
dit: II n'est pas question d'Imposer des frais de scolarité au niveau
collégial. Et, regardez ce qu'on dit toujours dans les journaux -
ça, c'est vrai que les journaux c'est bien dangereux: Même si la
ministre, Mme Robillard, elle, ne sait pas ouvertement opposée. Cette
idée n'a d'ailleurs pas été bien reçue par le
caucus, a laissé entendre M. Bourassa. Et le lendemain, le 24... Moi,
à ma connaissance, le 24 c'est après le 23. Alors, le 24, on peut
lire: La ministre dit ceci - je l'ai dit tantôt - J'ai dit au premier
ministre... C'est le 24 qu'on parle de vous, que vous avez dit ça au
premier ministre que vous n'achetiez pas l'hypothèse, et le premier
ministre a appuyé. Pourquoi avoir fait cette communication, en tout cas
selon les journaux: Mme Robillard défend maintenant la gratuité,
à partir du moment où, la veille, le premier ministre a dit: II
n'en est pas question. Pourquoi vous ne l'avez-vous pas fait avant?
Mme Robillard: Mme la Présidente, ce n'est pas de mon
habitude de traiter de mes dossiers via la presse ou les médias. Quand
ce dossier-là est venu sur la table, au plan administratif, je peux
seulement vous dire que celle qui vous parle a fait toutes les
représentations nécessaires à son patron en direct qui est
le premier ministre. C'est lui qui devait prendre la décision, et il a
pris la décision. Alors, dans ce sens-là, Mme la
Présidente, je pense qu'on peut relater des articles, on peut relater
des titres de journaux, nous avons tous l'expérience ici autour de cette
table de nos déclarations exactes versus la couverture des journaux ou
l'interprétation. Le journaliste peut faire ça; il peut
émettre une certaine interprétation. Mais celle qui vous
parle
présentement vous affirme qu'il n'y a pas de frais de
scolarité au collégial et que le débat est beaucoup plus
vaste que strictement un exercice comptable pour regarder toute cette
dimension. La question qui me préccupe d'une façon beaucoup plus
globale, c'est la question du financement de nos cégeps pour les
années à venir. Ça, c'est une question très
préoccupante, je peux vous le dire, et soyez assuré que je vais
suivre le dossier de très près avec mes partenaires de la
Fédération des cégeps pour essayer de regarder, justement,
les différentes sources de financement possibles et impossibles.
M. Gendron: Est-ce à dire, Mme la ministre, pour conclure
là-dessus, que vous affirmez aujourd'hui avec conviction - et ça
a l'air d'être le cas - que, quand on va apprendre à l'automne que
la situation budgétaire est de plus en plus critique parce que, avec
l'indécision chronique qui vous caractérise, le joug étant
collectif au gouvernement fait que les entrées d'argent ne sont pas bien
nombreuses avec ce qu'on prévoit pour cet été, qu'on doit
refaire, à l'automne, une espèce de document sur l'urgence de
choisir ou d'assainir les finances? Parce que ça a dû être
fait, ça. Votre collègue des Finances avait fait tout le
ménage et, en bon comptable, la situation était
réglée. Est-ce qu'on peut conclure, là, que la ministre de
l'Enseignement supérieur, pour ce qui est de cette question sur les
frais de scolarité, aurait vraiment un comportement de ministre
responsable vis-à-vis d'une question au sens qu'on ne peut pas, pour une
raison uniquement de conjoncture financière ou politique, faire un
virage sur une question comme celle-là? Et est-ce qu'elle peut nous
donner l'assurance que si, à l'automne, on prépare une nouvelle
revue de programmes et que c'est serré que, cette fois-ci, elle dirait
haut et fort à toute personne qui lui suggérerait d'envisager une
hausse des frais de scolarité, qu'il n'en est pas question sans un
débat social, sans une commission parlementaire ouverte à tous
les intervenants et sans même, possiblement, une révision de
certains examens de l'ensemble du système de l'éducation qui a
été construit il y a un quart de siècle et qu'on n'a pas
retouche fondamentalement? Bien sûr qu'il y a eu la loi 107, qu'il y a eu
ci et qu'il y a eu ça, mais le grand débat pour dire que
l'éducation, au Québec, ça doit demeurer une
priorité, ça fait longtemps qu'on ne l'a pas fait. Est-ce qu'on
peut compter sur vous pour que ce soit: Ne touchez pas à ça sans
qu'il y ait un débat public.
Mme Robillard: Alors, Mme la Présidente, je redis que
malgré le fait que cette hypothèse ait été sur la
table depuis au moins 10 ans, il est clair que, pour moi, c'est un débat
de société qu'on doit faire autour de cette question et c'est un
choix social à faire pour nos jeunes.
Accès au collège des
réfugiés politiques
M. Gendron: Une autre question là-dessus, mais ce n'est
pas directement lié à ça. Est-ce que la ministre pourrai,
faire le point sur les difficultés d'accessibilité des
réfugiés politiques en attente de statut qui terminent leurs
études secondaires et qui veulent poursuivre leurs études
collégiales? Ce n'est pas un long dossier, mais on a eu des
représentations à l'effet que la réglementation actuelle
et les lenteurs bureaucratiques font qu'il n'y a pas beaucoup de jeunes qui
sont en attente d'avoir le statut de réfugié politique, mais qui
ont terminé leur secondaire et qui veulent faire des études
collégiales... Il semble que ce soit très difficile pour eux
autres d'avoir accès à des études collégiales.
C'est quoi, selon vous, les raisons? Est-ce que, rapidement, vous allez prendre
des mesures pour vous assurer que ces jeunes qu'on décide d'accueillir,
peu importe de quel milieu d'origine ils ou elles proviennent, on puisse leur
permettre rapidement d'accéder à des études de formation
collégiale s'ils ou elles le désirent. Ça ne semble pas
être le cas actuellement. Quelles sont vos intentions? (21 h 30)
Mme Robillard: De fait, Mme la Présidente, j'ai
été saisie de cette problématique de l'accès aux
études collégiales par les personnes en attente de statut de
réfugié. Comme on le sait très bien, Je pense qu'on peut
affirmer très clairement que le Québec accueille les personnes en
demande de statut de réfugié d'une façon très
humaine et la plupart de ces personnes en attente ont des services de base chez
nous. Que ce soient les services de santé ou les services par la
sécurité du revenu, je pense qu'on leur assure le minimum pour
être capables de vivre parmi nous en attendant que leur statut soit
étudié.
Le problème qui se pose, c'est, comme nous le savons tous, que la
reconnaissance du statut d'immigrant doit être faite par les instances
fédérales, et là, nous avons des problèmes de
délai et d'attente, de sorte qu'une personne qui arrive ici et qui
revendique un statut peut attendre deux ans, trois ans au Québec, avant
d'avoir la réponse.
Alors, quand on regarde l'enlignement, la personne qui rentre chez nous,
qui n'a pas encore son statut, qui a accès à des services de
base, mais qu'elle n'a pas accès de façon gratuite aux instances
supérieures de l'éducation pour un court laps de temps, je pense
que ce serait acceptable. Ce qui devient moins acceptable, c'est
qu'étant donné les délais du fédéral pour
étudier ces demandes de statut, ces jeunes commencent à
fréquenter le secondaire et, quand ils arrivent au collégial, ils
ont à ce moment-là des frais de scolarité au niveau du
collégial, parce que ce sont des gens qui n'ont pas encore de statut de
réfugié chez nous.
Alors, devant cette problématique, je suis
en train de regarder exactement l'ampleur du phénomène.
À date, on me dit que ça toucherait de 200 à 300
étudiants dans tout le Québec. Alors, ça ne me semble pas
non plus une situation astronomique. Je suis en train d'essayer de trouver une
solution pour les jeunes qui sont en attente de statut d'immigrant, mais qui
ont fréquenté et qui ont terminé leur quatrième et
leur cinquième secondaire au Québec et qui sont prêts
à rentrer au collégial. Nous travaillons de façon
très très ciblée sur cette clientèle-là, non
pas le jeune qui vient d'arriver au Québec la semaine dernière et
qui demande un statut, mais le jeune qui est là et qui est
pénalisé jusqu'à un certain point à cause des
délais du fédéral à étudier son statut.
Je pense bien être en mesure de compléter l'étude de
ce dossier-là d'ici quelques semaines et de pouvoir être claire
sur les orientations pour la prochaine rentrée scolaire.
M. Gendron: Mme la Présidente, je suis très heureux
de votre réponse. Cependant, j'espère que si vous avez besoin
d'éléments additionnels, parce que je n'ai pas envie de prendre
du temps sur ce sujet-là... Il est important de le signaler, mais M.
Johnston de la CEQ s'est préoccupé de cette question-là,
en est bien informé et il m'apparaissait qu'il a évoqué
des pistes de solutions dans un article repris dans Le Devoir, sous la
colonne opinions du lecteur, ou je ne sais quoi. Et s'il y avait moyen de
procéder rapidement pour que ces jeunes étudiants puissent
être admis le plus rapidement possible, au moins pour septembre
prochain... Je ne doute pas de vos chiffres, je n'ai pas le dossier, mais je
suis un peu étonné parce qu'il y a 120 000 demandes en attente.
Ça voudrait dire que, sur 120 000 demandes en attente, s'il y en a juste
250 à 300, il n'y en a pas beaucoup là-dedans qui
répondent aux exigences d'une admission aux études
collégiales. Ça m'étonne un peu, sur 120 000 personnes.
D'accord, il y a du traînage de trois ans là-dedans...
Mme Robillard: Oui, mais pour être très claire - et
je suis au courant de la préoccupation de la CEQ, j'en ai discuté
personnellement avec Mme Pagé, de toute la problématique - quand
je dis de 200 à 300 personnes, il s'agit de 200 à 300
étudiants qui ont déjà complété IV et V au
Québec.
M. Gendron: Au Québec. Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce qu'il y a d'autres
questions dans le programme 5?
Évaluation de l'enseignement
collégial
M. Gendron: Oui. il y a un autre dossier majeur. J'étais
content que la ministre le touche dans sa note d'introduction, c'est le dossier
de l'évaluation dans l'enseignement collégial, mais je voudrais
avoir l'occasion quand même d'échanger un peu avec elle
là-dessus. Bon, je ne ferai pas, encore là, un très long
laïus de présentation, mais moi - comment a-t-on appelé
ça? - des palmarès, comme on a vu dans la revue
L'Actualité, j'espère que vous ne souhaitez pas en ravoir
d'autres, parce que c'est loin d'être bon pour bien des affaires. Moi,
mes commentaires avaient été très très
négatifs, et c'est curieux parce que, habituellement, ça fait une
bonne nouvelle ça, des commentaires négatifs, on n'en a pas
entendu parler. Parce que tout le monde sait ça qu'une mauvaise nouvelle
est une bonne nouvelle sur le pian de l'information, puis une bonne nouvelle
n'est pas une nouvelle. Dans la revue L'Actualité, il y a
plusieurs intervenants qui se sont opposés parce que c'était une
espèce de salade, de hors-d'oeuvre, de tout; il y avait toutes sortes de
choses là-dedans. Quand la Fédération nationale des
enseignants à la CSN a constesté la valeur de l'enquête de
L'Actualité, moi, j'ai dit: Bravo, vous avez raison. La
Fédération des cégeps, même chose. Le
palmarès des collèges, L'Actualité donnait une
vision tout à fait, en ce qui me concerne, inexacte de la
réalité. La Fédération autonome des collèges
était choquée. Vous, vous avez dit: Bien, ce n'est pas si pire.
Vous avez dit: Assez positive l'enquête de la revue L'Actualité
sur l'enseignement collégial, mais vous auriez aimé qu'elle
porte aussi sur l'après-études. Bien, c'est une bonne affaire,
mais, déjà, de la cautionner un peu, c'était moins bon.
Les collèges et le ministère de l'Enseignement supérieur
ont été incapables depuis 20 ans d'avoir des mécanismes
d'évaluation très forts, très crédibles. Et
là, vous avez dit: Moi, je souhaite instaurer un système
d'évaluation des programmes et des professeurs dans les cégeps et
universités. Le bout sur les profs, je ne suis pas sûr que vous
êtes sur la bonne piste... Je vous cite là. Vous souhaitez
instaurer un système obligatoire... Oui, La Presse, le 15 du
deuxième mois 1991.
Mme Robillard: Ah! La Presse.
M. Gendron: Oui, mais là, qu'est-ce que vous voulez? Moi,
comme je n'ai pas la chance de vous côtoyer tous les jours, je suis
obligé...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Vous devriez le faire.
M. Gendron: Oui, mais je suis obligé de vous lire, quand
vous parlez, à travers les journaux. Alors, La Presse disait
ça de vous, que vous souhaitiez instaurer un système obligatoire
d'évaluation des programmes - là, ce bout-là, je dis bravo
- et des professeurs dans les cégeps et universités - là,
bonne chance.
Toujours au sujet de l'évaluation des
collèges, pour connaître l'état de la situation,
vous aviez envisagé plusieurs options. Puis là, de toute
façon, là-dessus, je vous suis, je trouve que vous êtes sur
une très bonne piste, je l'ai dit dans mon introduction cet
après-midi, je trouve inadmissible qu'en 1991, dans un supposé
monde moderne, adapté, évolutif, tout ça, on ne soit pas
plus en mesure de cautionner des apprentissages pédagogiques parce que,
fondamentalement, je le sais que c'est important d'avoir une belle
bibliothèque, je ne caricature pas là, puis surtout d'avoir des
volumes de qualité, mais je connais bien des élèves qui
ont accès à ça, des bonnes bibliothèques, puis
ça ne veut pas dire qu'à la sortie de leurs études, parce
qu'ils ont eu accès à d'extraordinaires livres, de très
bons laboratoires... Ah! la masse critique, ça maximise la
potentialité, puis tout ça là. Mais là, je vous
parle d'évaluer les apprentissages de Mme Z, de M. Y, de Mme W, qui a un
diplôme signé par une autorité du ministère. C'est
de ça que je vous parte, et j'espère que c'est de ça que
vous voulez parler aussi. Il y a bien du monde qui est en attente dans ce
dossier, parce que c'est un dossier majeur. Et mol, je vous l'ai dit, je ne
veux plus de palmarès qui a comme conséquence, encore là,
que des jeunes qui lisent ça avec raison, puis des parents, parce que
moi, j'ai reçu des téléphones, disent: "C'est-y" vrai
qu'un tel cégep est aussi pourri que ça, comparé à
un autre qui est grandiose ou fantastique? Quand on a la chance d'envoyer nos
jeunes étudiants à Cap-Rouge, au séminaire Saint-Augustin,
c'est important, il est bien coté; le palmarès le cotait bien. Et
loin de moi l'idée de dire que ce n'est pas une très bonne
institution, mais vous voyez, c'est à faire attention.
Donc, sur la problématique, je m'arrête là, puis la
première question que je voudrais aborder avec vous, parce que c'est
vous qui avez avancé des hypothèses... Vous avez avancé
une série d'hypothèses à un moment donné - examens
uniformes, accréditations, indicateurs institutionnels de performance -
en tout cas toujours selon Le Devoir. Là, j'ai changé de
journal, mais selon Le Devoir - vous avez parlé aussi le 22 du
deuxième mois - il y avait un article de fond qui vous faisait dire des
affaires. Alors, sur l'évaluation, est-ce que vous pourriez nous donner
des précisions? Parce que, moi, je n'ai pas envie, comme je vous l'ai
dit tantôt, de reverser dans un second palmarès. Et là,
quand vous dites: J'évoque des hypothèses... Habituellement, le
ministre ou un ministre qui évoque des hypothèses, il les appuie
sur une certaine réflexion, sur des échanges qu'il a eus avec
l'institutionnel, sa machine, et c'est important parce qu'il y a des gens,
là-dessus, qui ont eu le temps de réfléchir et de regarder
plusieurs documents. Alors, question concrète: Quand vous évoquez
certaines hypothèses, c'est à partir de quoi, de quelles
discussions, de quelles études précises? Et est-ce qu'à ce
moment-ci, déjà, vous avez donné des directives
précises à certains de vos collaborateurs immédiats afin
que, dans les meilleurs délais - parce qu'on est 20 ans en retard - on
puisse, à un moment de nné, mettre la main sur des
éléments d'évaluation qui nous permettraient à nous
tous intéressés par les questions éducatives de dire: Non
seulement on doit posséder des instruments pédagogiques
adéquats, on doit avoir des instruments-supports adéquats, mais
on va évaluer l'acquisition ou la formation de connaissances
dispensées par nos institutions d'enseignement pour être capables
de cautionner un peu mieux la validité des apprentissages?
Le Président (M. Fradet): Mme la ministre, allez-y.
Mme Robillard: M. le Président, je suis contente de
constater que nous sommes sur la même longueur d'onde, le
député d'Abltibi-Ouest et moi, concernant le palmarès,
surtout celui qui a été publié par L'Actualité,
parce que nous en avons eu d'autres depuis, vous savez. Et si M. le
député d'Abitibi-Ouest me cite dans les journaux, je pense que,
depuis six mois, il apprend à mieux me connaître et à
savoir aussi quelles sont mes intentions, parce qu'on n'est pas toujours
rapporté de façon exacte dans les journaux, n'est-ce pas? Alors,
je pense qu'il est bon de clarifier cette question aujourd'hui même.
Je vous dirais que ce dossier a été un dossier très
intensif au niveau de mon bureau et du ministère, et c'est un dossier
auquel j'accorde une importance primordiale et qui sera aussi la
priorité d'action de 1991-1992. Alors, je dirais que c'est un dossier
qui évolue presque de semaine en semaine au niveau de notre
réflexion, des hypothèses, du comment on pourrait aborder la
question.
Alors, les hypothèses que vous me citez, M. le
député d'Abitibi-Ouest, ce sont des hypothèses que j'ai
émises lorsque j'ai rencontré la Fédération des
cégeps le 21 février. Je vous dirais qu'en date d'aujourd'hui,
nous sommes rendus au-delà des hypothèses et que j'ai
arrêté des orientations plus fermes, et les orientations
arrêtées sont à l'effet de regarder toute
l'évolution du dossier de l'évaluation à partir de deux
principes directeurs: d'un côté, en disant que l'enjeu
fondamental, c'est la valeur et la fiabilité de notre DEC et, de l'autre
côté, de dire que la dynamique qui est en place n'est pas remise
en question. Et donc, je viens d'éliminer certaines des
hypothèses que vous avez mentionnées.
Alors, le pari que je fais, après mûre réflexion et
après échange avec mes collaborateurs, le Conseil des
collèges et la Fédération des cégeps, le pari que
je fais, c'est de miser sur les mécanismes en place, mais de les
accentuer. Et, à cet égard-là, il est très clair
que le Conseil des collèges a un mandat en termes d'évaluation
des apprentissages. Il a bien rempli
ce mandat, mais l'an prochain, ce sera tout à fait nouveau, il va
faire part de ses résultats de façon nominative.
Deuxièmement, le Conseil des collèges a aussi
commencé une opération avec l'ensemble des cégeps pour
regarder l'évaluation des enseignements, non seulement
l'évaluation des apprentissages, comment notre jeune est
évalué, mais l'évaluation des enseignements. Alors, on ne
parle pas d'évaluation de professeurs, on parle d'évaluation des
enseignements. Alors, ça, je pense que c'est un dossier qui va se
continuer par le Conseil des collèges. (21 h 45)
Mais au-delà de ces deux dossiers-là qu'on veut voir
accentuer, on veut mettre en place, et c'est ce qu'on étudie, le
deuxième volet de la mission du Conseil des collèges, que le
Conseil des collèges lui-même offre des services
d'évaluation, mais aille plus loin, offre peut-être des tests ou
un examen de synthèse sur une base volontaire. Peut-être que
l'occasion serait belle, avec notre nouveau programme de sciences humaines, de
tenter un examen synthèse pour les jeunes qui vont s'inscrire dans ce
nouveau programme. Alors, c'est présentement sur la table avec le
Conseil des collèges.
De notre côté, comme ministère, nous avons aussi
fait des travaux et des études, vous l'avez mentionné, depuis
plusieurs années. Alors, je pense que, là, il est temps qu'on
aboutisse dans nos travaux. Alors, je m'engage à ce que nous publiions
des indicateurs, mais, cette fois-ci, très validés par rapport
aux collèges. En plus de ça, on veut aussi procéder, comme
je l'ai déjà mentionné, à l'administration d'un
test de français pour l'ensemble de nos jeunes du collégial, et
ce, on le fait en collaboration avec les universités pour essayer
d'éliminer complètement le test d'admission à
l'université. Je pense que ce n'est pas à l'université
à tester le français de nos jeunes du collégial; le
collégial est capable de le faire lui-même. De son
côté, la Fédération des cégeps, elle, est
aussi en réflexion et est partenaire avec nous pour voir comment elle va
s'associer à toute la démarche.
M. Gendron: Juste une seconde. Le test de français,
actuellement, qu'on doit passer comme étudiant du collégial pour
aller à l'université, est-ce que c'est un test uniforme ou si
c'est chaque université qui décide de son test de
français?
Mme Robillard: À ma connaissance, il n'est pas
uniforme.
M. Gendron: C'est ce que je crois, mais, à partir du
moment où... J'avais cette information-là que c'était un
test complètement différent dans chaque université...
Une voix: Non, non, pas complètement.
M. Gendron: Bien, pas complètement, mais il n'est pas
uniforme, donc il peut être différent, O. K. ? Au
collégial, est-ce que votre intention, c'est d'avoir un test
uniforme?
Mme Robillard: Sûrement.
M. Gendron: Je vais continuer sur le programme 5. Sur
l'évaluation, écoutez, j'aimerais ça ne pas poursuivre,
mais moi, j'allais dire, je ne vois pas ça dans les yeux, mais vous avez
l'air sincère de vouloir faire quelque chose...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron:... ça fait qu'on va vous donner un an
pour...
Une voix: La chance au coureur.
M. Gendron: C'est ça, sur l'évaluation.
La Présidente (Mme Hovington): Une femme est toujours
sincère, M. le député, dans ses engagements.
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Oh! Oh!
Financement retardé par certains
événements
M. Gendron: Ne dites pas des choses qui vont nous conduire
à 23 heures, puis on n'aura rien réglé. Rapidement, M. le
Président, je vais continuer sur le programme 5, mais il s'agirait, Mme
la ministre, de quelques questions assez expéditives, mais que je
souhaite quand même avoir l'occasion de vous poser.
Aux pages 79 et 80 du cahier explicatif des crédits, on peut lire
des informations sur l'augmentation de la dette et le financement de celle-ci.
Plus précisément à la page 80, il est écrit:
"Certains événements sociaux survenus en 1990-1991 ont
occasionné des retards dans les financements à long terme. " Je
vous avoue que ce n'est pas très clair pour moi. Alors, j'aimerais
ça que vous me donniez des explications supplémentaires.
Qu'est-ce que vous entendez par "certains événements sociaux" qui
auraient fait que l'augmentation de la dette et le financement de celle-ci
auraient occasionné des retards dans le financement à long
terme?
Mme Robillard: Oui. De fait, on remarque qu'il y a eu un retard
dans le financement à long terme. On a fait plus de financement à
court terme, donc un retard dans l'émission d'obligations, et c'est
pénalisant au niveau des taux, n'est-ce pas?
M. Gendron: Oui. Pourquoi? C'est la cause,
là.
Mme Robillard: Alors, dans ce sens-là, |e peux vous dire
que je me référais de façon très
particulière aux événements que nous avons vécus
sur la scène politique l'an dernier, que ce soit après
l'échec de l'accord du lac Meech ou pendant la crise autochtone de
l'été dernier, où, à ce moment-là, il y a eu
plus de financement à court terme qui a été fait par le
ministère des Finances.
M. Gendron: Oui, je comprends, mais je ne sais pas si vous voyez
la différence entre porter un jugement qu'il s'est passé des
affaires cet automne... Moi, je ne mets pas ça en cause là, ce
que je trouve très sérieux, c'est que vous portiez, dans un
document de crédits, comme ministre responsable de l'Enseignement
supérieur, que "certains événements sociaux survenus en
1990-1991 ont occasionné des retards dans les financements à long
terme". Est-ce que c'est votre jugement ou si c'est une version du ministre des
Finances? Est-ce que c'est le ministre des Finances qui vous donne ça
comme raison? Qui porte le jugement? C'est vous ou le gouvernement, même
s'il est dans le livre des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science?
Mme Robillard: Ce n'est pas un jugement, Mme la
Présidente, c'est un état de fait. C'est un choix volontaire qui
a été fait par le ministère des Finances de financer
à court terme, à ce moment-là, les besoins de
financement.
M. Gendron: Oui, mais pourquoi vous l'imputez? C'est plus
sérieux que vous pensez, c'est que vous imputez ça à des
motifs ou à des événements sociaux. Là, vous venez
de me répondre quelque chose qui va complètement à
l'encontre de ça. Vous dites: C'est un choix volontaire du ministre des
Finances de décider que, dorénavant, une partie du service de la
dette sera davantage financée à court terme plutôt
qu'à long terme. Bien moi, soit, ça ne me dérange pas,
ça. Ça, c'est sa décision, puis il vivra avec. Mais je ne
veux pas que, dans le livre des crédits, la ministre de l'Enseignement
supérieur nous dise que c'est à cause de certains
événements sociaux. Ce n'est pas vrai.
Mme Robillard: Mais je répète, Mme la
Présidente, qu'il s'agit, de fait, de choix qui ont été
faits par le ministère des Finances à ce moment-là, de
faire du financement à court terme...
M. Gendron: O. K.
Mme Robillard:... dans le contexte dans lequel nous
étions.
Utilisation du personnel mis en
disponibilité
M. Gendron: Toujours lié au programme 5. L'Opposition
avait présenté certaines demandes; on a le droit là, sur
les crédits, de présenter certaines demandes qu'on vous fait par
écrit. Une des demandes sur laquelle je voudrais avoir votre attention,
c'est que j'aimerais ça, moi, avoir l'étude relative à
l'utilisation du personnel mis en disponibilité par les collèges.
Est-ce qu'il y a moyen d'avoir cette étude-là? On a fait la
demande, mais, dans les lectures que j'ai faites, je n'ai pas pu voir
ça. Alors, je veux savoir si c'est possible, parce qu'elle existe, je
sais qu'elle existe, l'étude relative à l'utilisation du
personnel mis en disponibilité par chaque collège. La question
que je vous pose aujourd'hui: Puis-je avoir cette étude?
Mme Robillard: C'était une de vos demandes
spécifiques de cette année, monsieur?
M. Gendron: Oui, oui. Oui, oui. N° 2, demande n° 2,
Enseignement collégial, Réponses aux demandes de renseignements
particuliers.
Mme Robillard: Nous avons fourni une réponse à
cette question, Mme la Présidente. Ce n'était pas suffisant?
C'est ce que je comprends?
M. Gendron: Non, c'est l'étude que veux avoir. Je le sais
que vous avez fourni une réponse. La question que je pose, c'est:
Puisque...
Mme Robillard: Est-ce qu'on a une étude? M. Gendron:
Oui, vous avez une étude.
Mme Robillard: Une étude sur le personnel en
disponibilité?
M. Gendron: Oui, sur l'utilisation du personnel mis en
disponibilité.
Une voix: Faite par le MESS ou...
M. Gendron: Oui, par le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie.
Mme Robillard: Ce que je comprends de l'information qui est
demandée, parce que moi, j'avais regardé la situation avec mon
équipe, c'est un état de situation qui est dressé.
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: On a des questionnaires qui sont envoyés
collège par collège pour regarder quelle est l'utilisation qui
est faite...
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: ...du personnel en disponibilité. Ce n'est
pas une étude en tant que telle.
M. Gendron: Non, mais il y a eu...
Mme Robillard: C'est un état de situation.
M. Gendron: Ça, ce dont vous me partez, je sais c'est
quoi. Il y a eu un état de situation.
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Mais il y a eu également une réflexion
quant à l'utilisation du personnel mis en disponibilité par
chaque collège. Alors, sur cette synthèse-là...
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Non, mais juste une minute. Sur la synthèse
qui existe concernant l'utilisation du personnel mis en disponibilité
dans les collèges... Bien oui, mais le ministère... Je vais poser
ma question autrement. Qu'est-ce que le ministère sait de l'utilisation
que les collèges font des personnels qu'ils déclarent comme
étant en disponibilité? Qu'est-ce que vous savez de ça,
vous, comme ministre de l'Enseignement supérieur?
Mme Robillard: Bien, nous savons qu'au 1er avril 1991...
M. Gendron: Ah! Mais, écoutez, je ne veux pas des
dates.
Mme Robillard: ...il y en avait tant en
disponibilité...
M. Gendron: Oui, je sais.
Mme Robillard: ..les cadres, les enseignants. Il y a 575
enseignants. La majorité sont utilisés et affectés; on a
la liste où ils sont utilisés, que ce soit dans des tâches
d'enseignement ou dans des activités connexes, que ce soit sur des
projets de recherche ou ailleurs.
M. Gendron: O.K. Mais là, tout...
Mme Robillard: Et on sait qu'il y a à peu près une
zone de 10 % où il n'y a pas d'affectation. Ça, on sait ça
clairement.
M. Gendron: Là, ça va un peu mieux, mais
j'espère qu'on ne joue pas avec la question. C'est clair que ce que je
voulais savoir, Mme la ministre, c'est que vous, comme ministre de
l'Enseignement supérieur, je trouverais terrible que vous ne sachiez pas
très concrètement ce que font les enseignants dits mis en
disponibilité quand on se permet de faire des restrictions, des coupures
budgétaires de 100 000 000 $ en éducation. Alors, c'était
ça, la question.
Mme Robillard: Ah non! Si telle est la question, il est
très clair que je suis préoccupée par le nombre
d'enseignants aussi...
M. Gendron: Vous avez dit 500?
Mme Robillard: 575, et la majorité de ces enseignants,
donc à 90 %, sont affectés, soit à des tâches
d'enseignement, soit à des tâches connexes, et j'ai la liste.
M. Gendron: O.K.
Mme Robillard: Mais il y a 10 %, je le note, où le
personnel enseignant n'est pas affecté. Il n'y a pas d'affectation.
M. Gendron: Avec l'entrée en vigueur du nouveau programme
de sciences humaines au collégial, quel impact cela aura-t-il sur le
nombre d'enseignants mis en disponibilité?
Mme Robillard: À peu près 35 enseignants de
moins.
Une voix: 35 MED.
Mme Robillard: 35 MED.
M. Gendron: Ah! les MED, je n'ai pas de trouble avec ça.
Je suis un ancien prof. C'est les "mis en disponibilité". Suite à
l'implantation du nouveau modèle d'allocation pour le financement des
collèges, est-ce que le ministère a effectué une
étude, une évaluation de cette nouvelle formule de financement?
Est-ce que vous avez réévalué les résultats de
FABES?
Mme Robillard: Ah mon Dieu! C'est un dossier très
très actif chez nous. Comme vous le savez, ce dossier-là avait
été décidé par mon collaborateur, mon
prédécesseur, l'an dernier, mais il restait à finaliser
les travaux. Et, dans le courant de l'année, il y a eu quatre groupes de
travail qui se sont penchés, particulièrement sur le A de FABES,
les activités d'enseignement; le B, et vous savez que j'ai
déjà mis en oeuvre une partie des recommandations du B, en
1990-1991; le E, pour l'enveloppe des enseignants; et le quatrière
groupe de travail portait sur l'intégration de l'enveloppe actuelle de
l'éducation des adultes au modèle FABES. Alors, ces quatre
groupes de travail là ont fait rapport, les recommandations sont sur la
table et circulent à l'intérieur des cégeps. On est
à une phase de dernière consultation, d'ici le 15 mai, et donc,
j'entends bien le mettre en application pour 1991-1992.
M. Gendron: Une autre question rapide. On a parlé de
relations entre cégeps et milieux de
travail. Est-ce que la ministre entend proposer... Le terme, c'est parce
qu'il n'y en a pas d'autres, ce n'est pas nécessairement que je veux
vous faire pencher sur une grande politique, là, mais comme tout le
monde convient qu'il y aurait lieu d'avoir des liens plus étroits entre
cégeps et entreprises, et on va parler, comme je l'ai dit tantôt,
de relations entre cégeps et milieux de travail, est-ce que vous avez
une réflexion là-dessus? Est-ce qu'il y a du monde qui regarde
quelque chose pour s'assurer que, dorénavant, il y ait un peu plus de
choses qui se passent entre les cégeps et les entreprises, mais pas
strictement sur votre bonne décision de revoir les programmes? Il y a
plus que ça. À un moment donné, en formation
générale, technique ou autre spécialisée, quand on
lit un peu sur la formation collégiale, il faudrait atténuer,
éliminer un certain nombre de doutes qu'ont les entreprises quant aux
types de formations qui sont dispensées dans les différents
collèges du Québec. Et une des meilleures façons de donner
un peu plus de crédibilité à la formation
collégiale, c'est de s'assurer que les liens soient plus étroits
entre les entreprises et les représentants du monde collégial. Y
a-t-il une réflexion, quelque part, qui se fait chez vous
là-dessus?
Mme Robillard: Oui, non seulement une réflexion, mais
aussi des actions et des gestes en conséquence. Je pense que nos
cégeps sont tout à fait capables de faire ce rapprochement avec
les entreprises et différentes formules sont en cours
présentement, que ce soit par la formule de stage en entreprise, que ce
soit par le développement de l'approche de programmes par
compétence. Il y a vraiment à l'heure actuelle, je pourrais dire,
de la volonté au niveau des cégeps pour ce rapppochement avec les
entreprises, qui existe déjà; il s'agit de mieux l'articuler.
Moi, je trouve que c'est très prometteur de ce
côté-là. Par ailleurs, les efforts de rapprochement ne
doivent pas porter, non plus, seulement sur nos établissements
d'enseignement. Et je sais que mon collègue de l'Industrie et du
Commerce travaille très fort de son côté pour qu'au niveau
de l'entreprise aussi il y ait une culture d'entreprise qui se
développe, pour qu'eux s'impliquent aussi dans la formation de leur
travailleurs et offrent aussi des stages à nos jeunes qui sont en
formation dans les institutions d'enseignement. Alors, je pense que les
changements culturels commencent à poindre au Québec dans ce
domaine. (22 heures)
M. Gendron: O. K. Mme la ministre...
M. Gautrin: Mme la Présidente, question de
règlement. Il est 22 heures. Est-ce que l'ordre de la Chambre ne nous
faisait pas arrêter à 22 heures?
La Présidente (Mme Hovington): Lors de l'étude des
crédits, c'est une enveloppe de temps que nous avons. Pour
l'étude des crédits...
M. Gautrin: Je pense, Mme la Présidente, que là...
Est-ce que l'odre de la Chambre ne nous faisait pas arrêter à 22
heures? C'est ma question.
M. Gendron: Mme la Présidente, bien, je peux vous aider,
là, et aider le collègue. La réponse, c'est non, parce que
c'est un horaire fermé sur les crédits, et nous avons cinq
heures.
M. Gautrin: Je pensais...
M. Gendron: Juste une minute. On devait commencer à 15 h
30 et on a commencé à 15 h 50, je l'ai noté, et on a
commencé à 20 h 10 plutôt qu'à 20 heures, et je ne
blâme personne, ce qui fait qu'il nous reste 30 minutes pour faire cinq
heures; nous allons devoir finir à 22 h 30. Et lors des crédits,
ce n'est pas l'horaire de la Chambre pour 22 heures, c'est l'horaire de la
Chambre pour le bloc de temps prévu. Quoiqu'il advienne, il faut
épuiser. Si le critique décide de faire les cinq heures
prévues, il en a le droit. On a le droit de couper avant, mais on a le
droit de faire les cinq heures, et, aujourd'hui, j'en ai besoin.
M. Gautrin: Mme la Présidente, je ne conteste pas
l'argumentation de mon collègue, mais il me semble néammoins
qu'il y a un règlement qui fait que les commissions arrêtent de
travailler à 22 heures. Est-ce exact ou non? Maintenant, je suis bien
prêt à un consensus de continuer, mais je voudrais savoir si c'est
exact que les commissions arrêtent à 22 heures suivant le
règlement de la Chambre?
La Présidente (Mme Hovington): Suivant le règlement
de la Chambre, mais à ce stade-ci, on se retrouve...
M. Gendron: Pas en période des crédits.
La Présidente (Mme Hovington):... devant le fait que nous
devons remplir cinq heures de temps pour l'étude des crédits de
ce ministère. Maintenant, si nous ne prenons pas la demi-heure ce soir,
nous aurons à la reprendre demain ou...
M. Gendron: Bien, c'est ça qui ne se fait pas.
La Présidente (Mme Hovington): C'est ça.
M. Gendron: Dans les crédits, je vous le dis, ce n'est pas
l'horaire de demain. C'est qu'on a cinq heures et c'est prévu
aujourd'hui. L'ordre de la Chambre, c'est de faire cinq heures
aujourd'hui. Il faut prendre les moyens pour faire cinq heures
aujourd'hui. C'est ça, l'ordre de la Chambre.
La Présidente (Mme Hovington): Alors, je sais que nous
avons 25 minutes de retard.
M. Gautrin: Je pose la question, Mme la Présidente:
Qu'est-ce qui prime? Les crédits ou le principe du règlement en
général quant au fait que les commissions arrêtent...
Là, je vous demande de statuer sur cette question-là, Mme ta
Présidente.
M. Gendron: II veut aller à 22 h 35. Ça ne me
dérange pas.
M. Gautrin: Ça ne me dérange pas, non plus.
Maintenant, si on peut, par consentement prolongé...
M. Gendron: Non, non, il n'y a pas de consentement, c'est cinq
heures. Quand il y a un consentement, j'en ai besoin; mais là, il n'y a
pas de consentement.
M. Gautrin: Non, non, un instant. Moi, je pose la question pour
dépasser l'heure, à la présidente. Maintenant...
M. Gendron: Ce n'est pas dans le règlement, c'est dans les
225 heures privilégiées sur l'étude des crédits.
C'est ça qui fait le règlement lors de l'étude des
crédits.
M. Gautrin: Mme la Présidente, est-ce qu'à l'heure
actuelle-La Présidente (Mme Hovington): Un petit instant, je vous
prie.
M. Gautrin: ...la période dans laquelle siège la
commission, ça s'arrête à 22 heures? Oui ou non?
M. Gendron: La réponse, c'est non.
M. Gautrin: Si c'est non, d'accord. Si c'est oui, ça
s'arrête.
M. Fradet: Est-ce que, pendant la décision, on pourrait
continuer à travailler, puis...
M. Gendron: Bien, moi, je suis prêt, parce que c'est
ça qui va arriver, il va falloir aller à 22 h 30.
La Présidente (Mme Hovington): Parce que je ne retrouve
rien dans le règlement qui spécifie sur les crédits. Mais
je sais que, quand on fait l'étude des crédits d'un
ministère, nous avons une enveloppe de temps qu'il faut respecter.
M. Gautrin: Mme la Présidente, ma question est: Nous avons
passé un règlement, et j'ai bien vu ce qu'était l'ordre,
les heures auxquelles siégeaient les commissions. Si je ne me trompe
pas, les commissions arrêtent de siéger à 22 heures. Est-ce
que c'est réel ou non? Si je me trompe, je suis bien prêt à
dire que je me trompe.
La Présidente (Mme Hovington): Quand on étudie les
crédits, M. le député, c'est l'enveloppe de temps
nécessaire qui prime sur toute autre chose, et, présentement, il
nous manque exactement 25 ou 30 minutes à l'heure où on est, pour
finir nos cinq heures nécessaires à l'étude des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur. Alors,
si vous voulez, nous allons continuer.
M. Gautrin: Vous rendez la décision à l'heure
actuelle que ceci prime sur l'ordre général actuellement fait
à la commission.
M. Gendron: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Hovington): Avec l'étude des
crédits ce soir...
M. Gautrin: Je me permettrai de référer ceci au
Bureau de l'Assemblée parce que je ne pense pas que vous ayez
raison.
M. Gendron: Oui, elle a raison. C'est ça. Tu le
référeras.
M. Gautrin: Bien, écoutez!
La Présidente (Mme Hovington): Alors, si vous voulez
continuer, M. le député.
M. Gendron: Le programme 3. Sur le programme 3, l'aide
financière aux étudiants, j'ai une question...
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 5
est délaissé, là?
Mme Robillard: Adoptons le programme 5.
M. Gendron: Oui, adoptons le programme 5. D'accord.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 5
est adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
Mme Robillard: Et si vous permettez, je veux juste...
La Présidente (Mme Hovington): Oui, Mme la ministre.
Mme Robillard: ...après l'adoption du
programme 5, Mme la Présidente... Une voix:...
M. Gendron: Ce n'est pas vrai, c'est faux, il n'y a pas de
consentement.
La Présidente (Mme Hovington): S'il vous plaît! Un
petit peu de silence, s'il vous plaît, M. le député de
Verdun!
M. Gendron: Je vais t'en donner un quand tu en auras besoin. Tu
n'en as pas besoin.
Mme Robillard: J'aimerais déposer une parution toute
récente, de la semaine dernière, du ministère qui concerne
les statistiques et indicateurs 1990-1991 du collégial, et je suis
certaine que mon critique de l'Opposition va consulter cette parution avec
beaucoup d'intérêt.
La Présidente (Mme Hovington): Nous acceptons le
dépôt avec plaisir, Mme la ministre. Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. Gendron: Oui.
La Présidente (Mme Hovington): Adopté. J'appelle le
programme 3.
Aide financière aux étudiants
M. Gendron: Cependant, sur le programme 3, Mme la
Présidente, toujours pour des raisons d'efficacité et pour
terminer dans le délai qui nous est imparti, je souhaiterais que la
ministre dépose aux membres de cette commission l'intervention liminaire
qu'elle voulait faire. Mais, puisque je n'ai qu'une seule question - nous en
prendrons connaissance, je ne ferai pas de commentaires - je vais aller tout de
suite à la question et je voudrais, Mme la Présidente, que vous
acceptiez cette façon de faire pour le programme 3 puisque je n'ai
qu'une seule question. Si on prend le temps de lire le document, bien, je vais
être obligé de passer tout de suite au programme 2, et il n'y aura
aucune discussion, ce qui va faire curieux.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que vous êtes
d'accord, Mme la ministre, pour tout simplement déposer votre
intervention...
M. Gendron: Je ne commenterai pas.
La Présidente (Mme Hovington):... étant
donné que le député d'Abitibi-Ouest n'a qu'une seule
question, ou si vous préférez lire votre intervention?
Mme Robillard: Je suis d'accord, Mme la Présidente.
M. Gendron: La seule question, Mme la Présidente, que je
voudrais poser à la ministre sur le programme 3...
Mme Robillard: Nous déposons le document quand
même.
M. Gendron: Oui.
Mme Robillard: Nous déposons l'allocution.
La Présidente (Mme Hovington): D'accord. J'accuse
réception de votre document, Mme la ministre.
Mme Robillard: Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y pour votre
question.
M. Gendron: Sur le programme 3, Aide financière aux
étudiants, je n'ai pas besoin de rappeler qu'essentiellement la raison
pourquoi on voit une augmentation de 17 %... Intérêts et
remboursements aux banques, on l'a la raison. Je l'avais évoquée
lors du discours d'introduction au début des crédits. Par contre,
à la page 57, quand on feuillette les principaux éléments
du programme 3, on remarque à l'élément 4, Bourses de la
francophonie, une réduction de 1 000 000 $. La question n'est pas
compliquée. J'ai beau regarder les explications que vous évoquez:
"Compte tenu des négociations en cours entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, il est prévu
que l'entente soit reconduite aux conditions similaires. " Et moi, je l'ai
appliqué aux bourses de la francophonie, mais je ne comprends pas
pourquoi il y a une réduction de 1 000 000 $ si c'est prévu
être reconduit aux mêmes conditions. Alors, c'est quoi la
raison?
Mme Robillard: Mme la Présidente, tout simplement, c'est
que, dans ce cas-ci, au niveau des bourses de la francophonie, il est bien
question de l'élément 4 du programme 3, il y a eu strictement une
surestimation faite par l'ACDI concernant les bourses, de là la
diminution de 1 000 000 $. C'est la seule raison. Donc, il n'y a aucune
diminution des bourses en tant que telle.
M. Gendron: Ça va. C'est la seule question que j'avais au
programme 3.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 3
est adopté?
M. Gendron: Adopté...
La Présidente (Mme Hovington): Adopté.
M. Gendron:... sur division.
La Présidente (Mme Hovington): J'appelle le programme 2,
Consultation, éléments 2 et 3.
M. Gendron: Au programme 2, c'est la même chose. Je n'ai
aucun commentaire. Je les ai faits à quelques reprises. Le programme 2,
tout le monde le sait, c'est les organismes de consultation. Mol, j'estime, je
l'ai dit à plusieurs reprises, ils font un bon boulot. Je n'ai pas de
questions à poser sur le programme 2 et ça me fait plaisir
d'accepter le programme 2 sans division.
La Présidente (Mme Hovington): Le programme 2 est
adopté. J'appelle le programme 1, Administration.
Administration
Discussion générale
Direction et administration interne
M. Gendron: Le programme 1, Administration. Là, il faut
prendre le temps de le regarder un peu parce que pour ceux... Si le
député de Verdun était resté ici pour s'acquitter
de ses responsabilités, il verrait que c'est probablement dans le
programme 1 le seul endroit où, effectivement, il y a des augmentations
assez substantielles au niveau de l'administration de ce programme-là
pour ce qui est des deux premiers éléments du programme 1,
à savoir Administration interne de même que Direction, et je
reviendrai un peu plus tard sur d'autres éléments
également qu'il faut questionner. Moi, je sais que la ministre a
été nommée ministre suite au remaniement
ministériel, bien sûr, mais il existait quand même un
ministre qui avait cette même responsabilité, et j'ai
trouvé curieux qu'il y ait une augmentation de crédits pour
l'élément 1 de 475 000 $, une augmentation de 20 %, 2 300 000 $
par rapport à 2 856 000 $. D'entrée de jeu, comme première
question, je ne me satisfais pas des explications qu'on nous a données
qui m'apparaissent ne pas être assez complètes. Alors, j'aimerais
entendre la ministre là-dessus.
Mme Robillard: La raison principale de l'augmentation des
crédits à l'élément 1 est la création ou la
constitution d'un cabinet politique au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, et je m'explique. Mon
prédécesseur assumait, comme vous le savez, la
responsabilité de deux portefeuilles, à l'Éducation et
à l'Enseignement supérieur et à la Science. L'ensemble de
son personnel politique, de son cabinet politique, était affecté
aux crédits du ministère de l'Éducation. Alors, il s'agit,
ici, strictement de l'ajout d'un cabinet politique, fondamentalement.
M. Gendron: Juste une seconde. Oui, mais je ne pense pas, Mme la
Présidente, qu'on puisse se satisfaire uniquement de cette
explication-là. Tournez la page, allez à la page 14. Là,
on constate qu'on dit: "L'augmentation aux supercatégories Personnel et
Fonctionnement s'explique principalement par la création du cabinet
ministériel, par l'indexation prévue pour les traitements du
personnel et par des réaménagements pour tenir compte des besoins
ministériels." Mais regardons juste Administration interne, entre
autres, à la page 13 et, à la page 14, Fonctionnement, 114 000 $
par rapport à 283 400 $, c'est-à-dire une variation de 170 000 $,
donc une augmentation de 147 %. Ces coûts additionnels de fonctionnement,
vous les expliquez comment, puisqu'on n'est plus à la catégorie
Personnel, là?
Mme Robillard: C'est strictement des dépenses de
fonctionnement du cabinet qui sont là, que ce soient les locaux, le
téléphone, les frais de voyage, les frais de déplacement.
Il n'y en avait aucun avant aux crédits de l'Enseignement
supérieur.
M. Gendron: Mais comment se fait-il? Le ministre de
l'Enseignement supérieur, en tout cas, moi, je connais les effectifs
qu'il avait parce que je l'ai questionné là-dessus. Comment se
fait-il que vous, devenant ministre, vous étiez obligée de
reconstituer complètement une équipe de direction de cabinet?
Mme Robillard: II est très clair qu'il n'y avait aucuns
crédits à l'Enseignement supérieur qui touchaient le
cabinet politique de mon prédécesseur. Mon
prédécesseur avait un seul cabinet politique pour couvrir ses
deux ministères et ce cabinet était à l'Éducation,
dans des locaux de l'Éducation.
M. Gendron: Oui, je sais ça.
Mme Robillard: Alors, il n'y avait aucuns crédits
d'imputés au niveau de l'Enseignement supérieur. Alors, c'est
tout à fait nouveau qu'on voit apparaître les crédits.
C'est pour ça que l'importance de la variation est si grande.
M. Gendron: Non, mais regardez. Moi, que je sache, à moins
que je ne fasse erreur, l'ex-ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, en plus de son enveloppe de cabinet comme tous
les ministres, avait également une enveloppe additionnelle parce qu'il
exerçait une double responsabilité ministérielle. Oui, je
suis sûr qu'il avait ça et je l'ai vu ailleurs, je l'ai vu dans
les crédits de l'Exécutif.
Une voix: Ce n'était pas le double.
M. Gendron: Je n'ai pas dit le double. J'ai
parlé de la double responsabilité. Je n'ai pas
parié du double en argent.
Mme Robillard: De fait, il avait une enveloppe plus grande, mais
qui était aux crédits de l'éducation. (22 h 15)
M. Gendron: Au complet?
Mme Robillard: Au complet. L'an dernier, à une
réponse générale, nous avions dit de façon
très claire que le MESS n'avait aucuns crédits de cabinet.
M. Gendron: Bien, l'an passé, vous avez dit "très
clair", c'est-à-dire que le ministre de l'Enseignement supérieur,
l'an passé, ayant les deux responsabilités, effectivement, peut
avoir dit qu'il n'avait aucune somme de fonctionnement additionnelle, mais je
sais qu'en plus de sa masse de ministre, il avait une masse additionnelle
compte tenu de sa double responsabilité ministérielle. Je
voudrais entendre la réponse de la ministre.
Mme Robillard: Tous les crédits du cabinet politique, tant
en matière de personnel que de fonctionnement, étaient à
l'Éducation.
M. Gendron: Mais comment se fait-il? Je ne peux pas être
d'accord et je m'excuse, c'est important, j'ai devant moi une photocopie des
crédits. Êtes-vous au courant que, les deux dernières
années, ces crédits-là au même poste, 1988-1989,
partons de là, Personnel, 1 516 000 $ par rapport à 1 529 000 $,
une variation de 13 200 $, Fonctionnement, 176 000 $ par rapport à 115
000 $, 176 000 $, C'est 1988-1989, puis 115 000 $, c'est 1989-1990, donc, une
réduction pour l'année 1988-1989 en comparaison avec
1989-1990?
Dans les deux dernières années, ces deux
catégories-là, je les ai les chiffres. Il est bon de rappeler
que, pour les mêmes périodes, les crédits diminuaient, pour
la catégorie Fonctionnement, de 1 % en 1989-1990 et de 34 % en
1990-1991. De son côté, la catégorie Personnel voyait une
petite augmentation dans ses crédits de 2 % en 1990-1991 et de 1 % en
1989-1990. À quel chapitre? Au chapitre des crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Mme Robillard: Ce qui est très clair - peut-être
qu'il y a un problème de clarification - mais, dans le programme 1,
Administration, élément 1 qui s'appelle Direction, ce n'est pas
seulement le cabinet politique, c'est l'ensemble de la direction du
ministère.
M. Gendron: Je sais.
Mme Robillard: Alors, il est tout à fait normal que vous
ayez des crédits à cet élément de programme pour
les années antérieures.
M. Gendron: Ce n'est pas de ça que j'ai parié,
madame, j'ai parié de Personnel et Fonctionnement. Je n'étais pas
au chapitre de la direction. Dans le programme 1, Administration, le premier
élément, c'est l'élément Direction...
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: ...ensuite, Administration Interne. Ce n'est pas
ça. Les chiffres que j'ai cités, je suis toujours dans le
programme 1, Administration, élément 1, et je suis dans la
ventilation de l'élément 1, premier item, Personnel, et
deuxième item, Fonctionnement. Je dis: Autant que pour Personnel et
Fonctionnement, dans les deux dernières années il n'y a presque
pas eu d'augmentation, et c'était bel et bien libellé au chapitre
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Mme Robillard: Bien oui. Il n'y a pas eu d'augmentation et
c'était le personnel de la haute direction sous-ministérielle qui
était affecté à ce poste. De fait, je n'ai pas plus de
sous-ministres que mon prédécesseur avait.
M. Gendron: Oui, mais, écoutez...
Mme Robillard: Je vous le jure, Mme la Présidente.
M. Gendron: Cette année, à l'élément
du programme 1, Administration interne, il y a une augmentation de 1 110 000 $.
Comment l'expli-quez-vous?
Mme Robillard: Mme la Présidente, si vous permettez, je
vais demander à mon directeur de l'administration, M. Lirette, de donner
les informations techniques pour répondre de façon pointue
à M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Lirette (Lionel): Mme la Présidente, il y a eu
effectivement augmentation autour de 1 000 000 $, je crois, à
l'élément 2?
M. Gendron: Oui.
M. Lirette: II y a 300 000 $ qui nous ont été
accordés pour les loyers de la SIQ, pour compléter
l'aménagement des locaux, et 800 000 $ pour l'entretien du
système PRATIC qui est maintenant la Direction Informatique, qui est
à l'élément 2 plutôt qu'à
l'élément 3. Alors, vous allez voir un négatif à
l'élément 3 autour de 1 000 000 $ qui étaient les
crédits pour le développement de PRATIC.
M. Gendron: Rapidement, puisque le temps file, à la page
14, catégorie Transfert, comment
va-t-on comprendre? Vous dites: "La diminution à la
supercatégorie Transfert résulte de l'application de certaines
mesures de rationalisation administrative." Admettez que ce n'est pas
très explicite. Je veux savoir c'est quoi.
Mme Robillard: De façon particulière, on fait
référence à l'élément Transfert et une
diminution au niveau de cet élément. Il s'agit, Mme la
Présidente, à ma demande, d'une diminution de mon fonds
discrétionnaire.
M. Gendron: La dernière, page 16, sur Administration.
Est-ce qu'on peut m'expliquer un peu plus précisément la mention
au bas de page: "La diminution aux supercatégories Fonctionnement et
Capital provient principalement du retrait de la contribution non
récurrente au projet de rationalisation des activités de l'aide
financière aux étudiants." De quoi s'agit-il
précisément?
Mme Robillard: Le projet PRATIC étant terminé, nous
avons une diminution.
Renseignements demandés par
l'Opposition
M. Gendron: Dans les renseignements que l'Opposition a
demandés, il y a un certain nombre de renseignements qui s'intitulaient
voyages à l'extérieur du Québec, mais à
l'intérieur du Canada. Je tiens tout de suite à préciser
qu'il n'est pas question du tout de mettre la responsabilité
professionnelle des personnes en cause parce que je connais, par hasard, les
quatre, pas intimement, mais assez pour dire que je n'ai absolument rien
à reprocher à ces personnes-là. D'abord, ce que je veux
vous dire, c'est qu'au sujet des voyages à l'extérieur du Canada,
il faut souligner une hausse des trois dernières années, 42 000
$, 50 000 $, 80 000 $ en 1990-1991. Là, j'en suis juste pour les voyages
à l'extérieur du Canada parce qu'il y a aussi les voyages
à l'intérieur du Canada. Donc, il y a une hausse qui
m'apparaît là un peu inquiétante en période de
conjoncture difficile. Et là, j'arrive avec deux, trois questions sur
ça, mais je suis toujours, pour l'instant, aux voyages à
l'intérieur du Canada, c'est-à-dire à l'extérieur
du Québec mais à l'intérieur du Canada.
M. Jean-Claude Barrette, coordonnateur des affaires internationales.
Puis, je le répète, je n'ai absolument rien contre M. Barrette.
Moi, j'aurais l'autorisation de mes supérieurs pour faire ce qu'il a
fait, puis je le ferais dans la même échelle. Ce qui
m'étonne, c'est que M. Barrette l'a été presque tous les
mois: 15 au 18 mai, trois jours, Calgary; 7 et 8 juin, Toronto; 12 au 15
août, Toronto; Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, 24 et 25 septembre; puis
Ottawa, 22 et 23 octobre. Toujours pour des réunions d'évaluation
des fonctionnaires fédéraux et provinciaux sur le protocole
d'entente relatif à l'enseignement dans la langue de la minorité.
Peu importent les raisons de son déplacement, puisqu'il est
coordonnateur aux affaires internationales, ce n'est pas à moi à
juger. Ce que je dis: II m'apparaît là que cinq voyages pour deux
jours, à peu près toujours deux jours, presque tous les
mois...
La question que je veux vous poser, Mme la ministre, c'est: Comment
procédez-vous comme ministre pour superviser ce type d'autorisation?
Est-ce que c'est une délégation qui est attribuée à
votre sous-ministre en titre? Est-ce que c'est votre chef de cabinet? C'est
quoi la procédure pour vous assurer que vous êtes bien au fait des
demandes de voyages à l'extérieur du Québec par vos hauts
fonctionnaires et quelque niveau de responsabilité qu'ils aient? Moi, je
veux savoir comment vous procédez.
Mme Robillard: Oui, concernant l'ensemble des voyages à
l'intérieur ou à l'extérieur du Canada, quand il s'agit de
mon équipe sous-ministérielle, je dois dire que moi-même,
personnellement, j'autorise ces voyages. Quand il s'agit de professionnels qui
relèvent de mes sous-ministres, à ce moment-là, c'est mon
sous-ministre en titre qui est autorisé à signer pour
l'autorisation des voyages et qui m'en informe. Maintenant, je tiens à
vous dire que toute la dimension intergouvernementale et internationale du
ministère me préoccupe en termes, je dirais même,
d'intérêt pour l'ensemble de mon ministère. Il est
très clair que le ministère de l'Enseignement supérieur,
par sa mission, se doit d'être en contact non seulement avec tout ce qui
se passe dans le reste du Canada, mais avec ce qui se passe dans le monde
entier. Au niveau de la recherche, présentement, je peux vous dire que
nos compétiteurs ne sont plus les provinces voisines, mais c'est le
monde entier. Il est très clair qu'il faut être au fait des
informations. Et, dans ce sens, quand je regarde les voyages à
l'intérieur du Canada des dernières années, je vois
même une diminution en termes de coûts, et je pense que l'ensemble
des voyages qui ont été faits par M. Barrette étaient tout
à fait indiqués. Mais si vous avez des questions précises,
mon sous-ministre m'accompagne aujourd'hui et, comme c'est lui qui signe, il
pourra vous donner une explication sur chacun de ces voyages.
M. Gendron: Ça me suffit. Deuxième question sur les
voyages: Est-ce que vous êtes au courant que le 28 et le 29 mai, il y a
quatre personnes - et, encore là, ce ne sont pas les personnes - qui
sont allées pour une rencontre avec Statistique Canada pour alimenter le
système sur les effectifs étudiants, SISCU, à partir du
système REÇU du ministère, que vous connaissez sans doute?
Là, j'ai beau regarder des comparatifs, 3000 $ pour deux jours à
Ottawa, quatre personnes, je voudrais savoir à quel tarif? Ça
m'apparaît irrégulier, inhabituel, 3000 $
que ça a coûtés, selon les chiffres que vous nous
donnez, pour deux jours à Ottawa, quatre personnes, pour une rencontre
avec Statistique Canada. Si vous l'avez tout de suite, donnez-les-moi, mais je
vous dis que j'aimerais avoir des informations là-dessus.
Mme Robillard: Oui, Mme la Présidente, mon sous-ministre
en titre, M. Pierre Lucier, peut répondre à la question.
M. Gendron: Bien, s'il peut répondre tout de suite...
C'est parce que j'en aurais deux, trois...
M. Lucier (Pierre): Certainement. Mme Robillard: Oui,
sûrement. M. Gendron: Oui? O.K.
La Présidente (Mme Hovington): Allez-y, vous avez la
parole.
M. Lucier: C'est un déplacement qui remonte à une
date où je n'étais pas au ministère, mais je suis
parfaitement au courant de ces travaux-là. Ce sont des travaux
gouvernementaux importants avec Statistique Canada pour permettre un traitement
équitable des données concernant le Québec dans les
comparaisons des systèmes d'enseignement supérieur. Alors, il y a
eu un certain nombre de séances, ici ou ailleurs, qui ont exigé
la présence de nos techniciens spécialistes.
M. Gendron: Mais pourquoi quatre personnes à 750 $ par
jour? Parce que c'est ça que ça fait. Il faut être
conscient que ça fait 750 $ par jour pour aller à Ottawa, pas en
Afrique.
M. Lucier: Je n'ai pas vu la facture elle-même, mais je
vous donne l'explication des raisons de ce déplacement-là.
M. Gendron: Ça me va, M. le sous-ministre. Cependant, je
ne détesterais pas avoir des informations. Je répète que
c'est à Ottawa pour deux jours. Et à Ottawa pour deux jours pour
3000 $, 750 $ par personne, j'ai des problèmes avec ça, moi.
M. Lucier: Écoutez, tous les comptes de dépenses
passent à la vérification chez le Contrôleur des finances.
Je ne sais pas ce qu'il y avait dans celui-là, mais je ne vois pas que
ce compte-là ait pu échapper aux normes gouvernementales.
Mme Robillard: Mais, Mme la Présidente, si M. le
député d'Abitibi-Ouest veut une information supplémentaire
sur ce compte-là en particulier, on peut sûrement la lui fournir
sans aucun problème.
M. Gendron: Oui, j'aimerais ça. Pour les autres
informations, dans les quelques minutes qu'il nous reste, dans !9s
réponses aux renseignements généraux qu'on a
demandés sur l'engagement à contrat de personnes de moins de 25
000 $, à quelques reprises - c'est général, donc ce n'est
pas Important d'aller à telle place - on lit: "Soutenir une personne
dans une démarche d'identification." J'aimerais savoir ce que vous
entendez par là, parce que, quand on me répond ça, moi, je
ne suis pas plus avancé.
Mme Robillard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Hovington): Mme la ministre.
Mme Robillard: Quel numéro? Quelle question?
Une voix: Question 6.
M. Gendron: 8, page 8, oui. Bien, j'ai pris la page 8, mais
ça pourrait être à la page 6 aussi, ça revient
souvent.
Mme Robillard: C'est la question n° 6?
M. Gendron: Je ne le sais pas. Je vais regarder. Dans les
réponses aux demandes de renseignements généraux, rapport
sur l'engagement à contrat de personnes de moins de 25 000 $ au total,
on peut lire à quelques reprises... J'ai pris un exemple, la page 8.
Objet: "Soutenir une personne dans une démarche d'identification."
Alors, moi, j'ai dit: Écoutez, je veux bien croire que c'est une
dépense de moins de 25 000 $, mais pour un critique de l'Opposition,
ça ne me donne pas grand élément de justification.
Qu'est-ce que vous entendez? Qui avez-vous soutenu? "Soutenir une personne dans
une démarche d'identification", il y en a plusieurs. Si c'était
revenu une fois, je n'aurais pas posé la question, mais c'est revenu
à cinq, six reprises. Je veux savoir ce que ça veut dire. Pas
besoin d'avoir les pages.
Mme Robillard: On m'informe, Mme la Présidente, qu'il
s'agit, selon le code de l'unité administrative qui est indiqué
ici, de notre programme d'aide aux employés qui ont des
difficultés.
M. Gendron: Mais des difficultés de nature... Mme
Robillard: De toute nature.
M. Gendron: De toute nature. Est-ce que ce n'est pas le...
Mme Robillard: Un PAE.
M. Gendron: Non, mais est-ce que c'est le programme
général de la fonction publique pour des personnes qui ont des
difficultés avec les drogues, l'alcool, et tout ça?
Une voix: Mais adapté au ministère. M. Gendron:
C'est ça? Mme Robillard: Exact.
M. Gendron: Merci. Deux dernières questions. Dans les
réponses aux demandes de renseignements généraux de
l'Opposition, rapport sur l'engagement à contrat des firmes, on peut
lire: Programme d'aide aux personnes, 7990 $, Longpré et Ass. Ça,
c'est à la page 60.
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: J'aimerais avoir des précisions sur la
clientèle visée et les objectifs du programme.
Mme Robillard: C'est encore pour le programme d'aide aux
employés.
M. Gendron: Même chose?
Mme Robillard: II s'agit, dans ce cas-ci, de psychologues.
M. Gendron: Merci. Ça va. Il y en a une dernière,
à la page 74, Mme la ministre. Dans les réponses aux demandes de
renseignements généraux de l'Opposition officielle, il y a un
rapport sur l'engagement à contrat de firmes, page 74, où on peut
lire: Expertise psychiatrique d'une employée, coût, psychiatre,
nom du fournisseur. Est-ce que c'est aussi dans le même programme ou si
c'est une pratique pour certaines personnes qui auraient besoin d'une expertise
professionnelle, d'un professionnel, que vous offrez?
Mme Robillard: C'est exactement le même programme.
M. Gendron: C'est dans le même programme?
Mme Robillard: Oui.
M. Gendron: Merci. Pour des raisons de temps, je suis
obligé de terminer. Là, je n'ai plus de temps.
La Présidente (Mme Hovington): Est-ce que le programme 1
est adopté?
M. Gendron: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Hovington): Nous avons fini notre
enveloppe de cinq heures.
M. Gautrin: J'ai une question de règlement, si vous me
permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
de Verdun.
M. Gautrin: Mme la Présidente, je voudrais soumettre
à votre considération l'article 143 de notre règlement qui
précise clairement les heures de séance des commissions. Je
voudrais soumettre à votre attention aussi l'article 144 du
règlement qui précise aussi qu'on ne peut pas déroger
à l'horaire des commissions sans le consentement unanime des membres. Et
je me permettrais de vous demander un avis à la prochaine réunion
de cette commission.
M. Gendron: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Hovington): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, très simplement. Si le
député veut en faire une question de règlement, il devrait
également vous demander de regarder la décision de son leader du
gouvernement, lorsqu'il a annoncé que les crédits devenaient
prioritaires pour 225 heures et que celui qui vous parle aurait cinq heures
pour faire l'étude des crédits de l'Enseignement supérieur
et de la Science. Et moi, je peux vous dire que, sur la base d'une pratique des
autres années et de plusieurs années, et souvent c'est ce qui
fait le règlement, ce qui a toujours prévalu, Mme la
Présidente de cette commission, ç'a toujours été de
s'assurer qu'à l'intérieur des cinq heures prescrites aux heures
habituelles, il n'y ait pas de dépassement, mais en faisant cinq heures
et c'est ça qui devient prioritaire. Et moi, quand j'ai besoin d'un
consentement en vertu du règlement, je le sollicite, mais quand je n'ai
pas besoin de consentement parce que je respecte le règlement,
c'est-à-dire de faire cinq heures de débat prioritaire à
l'intérieur des heures prescrites, c'est ça que j'applique. Et
c'est dans ce sens-là que je ne trouve pas pertinent, bien, de le
vérifier, oui, mais de prétendre que je n'aurais pas suivi le
règlement en voulant solliciter un consentement que je n'avais pas
besoin en appliquant le règlement.
M. Gautrin: Mme la Présidente, si vous me permettez
d'argumenter. Le fait qu'il ait cinq heures, ça ne vient pas du tout
contredire le fait qu'on siège et qu'on arrête de siéger
à 22 heures. Le fait que vous ayez cinq heures de débat ne vient
pas contredire le principe qu'à 22 heures, on doit arrêter de
siéger.
M. Gendron: Je ne peux pas siéger demain.
M. Gautrin: Là, c'est une autre question. Alors,
ça, c'est une autre question que vous soulevez. Mme la
Présidente, je vous soumets ça pour votre décision et
considération en prenant, bien sûr, en considération les
remarques pertinentes, je n'en doute pas, de mon collègue
d'Abitibi-Ouest.
La Présidente (Mme Hovington): II me reste à vous
remercier Mme la ministre de votre grande collaboration et de votre
transparence dans toute les questions qui ont été
demandées par les parlementaires, remercier aussi votre équipe de
fonctionnaires qui vous accompagnaient toute la journée aujourd'hui, de
même que votre personnel politique, et remercier, enfin, les commissaires
de leur très grande compréhension face à cette enveloppe
de temps qui nous était nécessaire pour étudier vos
crédits.
Alors, ceci étant dit, je vous souhaite une bonne nuit à
tous et je vais... M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Très rapidement. Je veux remercier la ministre
et ses collaborateurs et collaboratrices. Je pense qu'on a fait un travail
utile, et c'est ça qui est important, prendre le temps de
vérifier certaines questions majeures liées toujours à des
préoccupations qui devraient nous habiter, à savoir tout mettre
en oeuvre pour améliorer la qualité du produit
éducatif.
Mme Robillard: Ce fut un plaisir, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme Hovington): Ceci étant dit, nous
ajournons sine die les travaux de la commission. Bonne nuit à tous.
(Fin de la séance à 22 h 35)