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(Dix heures quinze minutes)
Secteur de l'enseignement supérieur
Le Président (M. Gobé): A l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez prendre place. M. le ministre, MM. les
députés, la commission de l'éducation va commencer ses
travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! Mmes et MM. les
fonctionnaires, si vous voulez prendre place et faire silence.
Organisation des travaux
Alors, la commission de l'éducation va commencer ses travaux. Je
vous rappellerai le mandat de cette commission, ce matin, qui est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière 1990-1991. On a prévu une durée
de neuf heures pour l'étude de ces crédits qui commence
aujourd'hui, de 10 heures à 12 heures, pour se continuer cet
après-midi jusqu'à 18 heures, après les affaires
courantes, et de 20 heures à 22 heures. Nous reprendrons demain matin,
de 10 heures à 12 heures... Jusqu'à 12 h 30, pardon. Donc, de 10
heures à 12 h 30. Merci, M. le critique de l'Opposition.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Gobé): II n'y a pas de
remplacement. Suite à une entente qui serait intervenue entre les deux
partis, l'horaire proposé est le suivant: aujourd'hui, nous allons
étudier le programme 5, soit Enseignement collégial; le programme
6, Enseignement universitaire; le programme 3, Aide financière aux
étudiants; le programme 2, Consultation, éléments 2 et 3,
et le programme 1, Administration.
Demain, de 10 heures à 12 heures, nous ferons le programme 4,
soit la Science; le programme 7, Fonds pour la formation de chercheurs et
l'aide à la recherche, et le programme 2, élément 1,
Conseil de la science et de la technologie.
Est-ce qu'il y a des motions préliminaires à
présenter? Je crois comprendre qu'il n'y a pas de motion
préliminaire. J'inviterai maintenant M. le ministre à prendre la
parole et, par la suite, le porte-parole de l'Opposition officielle à
faire ses remarques préliminaires. M. le ministre de l'Éducation
et de la Science, vous avez maintenant la parole.
Enseignement collégial
M. Ryan: M. le Président, nous allons entrer tout de suite
dans la discussion du secteur collégial, si j'ai bien compris l'entente
qui serait intervenue entre nous. C'est bien ça que vous avez dit,
n'est-ce-pas? Très bien. Nous passons tout de suite au
collégial?
Une voix: Oui, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Alors, pour une quatrième année
consécutive, M. le Président, les établissements du
secteur collégial ont enregistré en 1989 une diminution de leur
clientèle. Après avoir atteint en 1985 un sommet de 236 087
élèves inscrits, le secteur collégial a vu ses effectifs
étudiants passer successivement à 234 788 en 1986, à 232
021 en 1987, à 233 420 en 1988 et à 229 526 en 1989.
La baisse des effectifs étudiants s'est fait sentir dans le
secteur de l'enseignement régulier. Dans ce secteur, les effectifs ont
diminué de 162 850 à 153 670 au cours des quatre dernières
années. Dans le secteur de l'éducation des adultes, le total des
élèves inscrits a plutôt augmenté, passant de 73 237
à 75 856. On observe un phénomène semblable en ce qui
touche le choix du régime d'études: ie nombre d'étudiants
à temps complet a diminué de 167 359 en 1985 à 158 261 en
1989. Pendant la même période, le nombre des étudiants
à temps partiel a connu une augmentation, passant de 68 728 à 71
265.
Une autre dominante de l'évolution des clientèles depuis
1985 réside dans la préférence accrue que se voit accorder
la formation générale par rapport à la formation
professionnelle. De 1985 à 1989, le nombre d'élèves
inscrits à des cours de formation professsionnelle est passé de
102 749 à 93 890; pendant la même période, les effectifs
inscrits en formation générale ont par contre connu une
diminution beaucoup moins poussée, passant de 93 583 à 90
465.
De 1985 à 1989, le partage des élèves entre les
établissements du secteur public et ceux du secteur privé a connu
une légère modification en faveur des établissements
privés. Tandis qu'en 1985, 9,9% des élèves inscrits au
collégial fréquentaient des établissements privés,
ce pourcentage est passé à 11 % en 1989. Tandis que les effectifs
du secteur public diminuaient de 212 816 à 204 348, ceux du secteur
privé augmentaient de 23 271 à 25 178.
Parmi les caractéristiques de l'évolution qu'a connue le
secteur collégial depuis 1985, citons enfin le renforcement de la
tendance qui, depuis le début des années quatre-vingt,
reflète une prédominance féminine dans les inscriptions au
collégial. Les femmes représentaient en 1980 une proportion de
52,1 % des élèves inscrits à l'enseignement
collégial; en 1985, cette proportion était de 55 % et en 1989,
elle était de 57,7 %.
D'autres données indiquent que le taux d'accès à
l'enseignement collégial a progressé de 1975 à 1988 chez
les jeunes âgés de 17 ans et aussi, mais à un moindre
degré, chez ceux de 18 ans. On observe en même temps une tendance
marquée vers l'allongement progressif de la durée des
études. Autre tendance intéressante: de 1982 à 1989, le
taux de passage du secondaire au collégial n'a cessé d'augmenter,
passant de 42.5 % en 1982 à 52,6 % en 1989. Il en va de même du
taux de passage du collégial à l'universitaire. En 1987, 84,1 %
des diplômés du collégial en formation
générale se retrouvaient aux études universitaires un an
après l'obtention du diplôme d'études collégiales.
Chez les diplômés du secteur professionnel, la proportion de ceux
qui accèdent à l'université est de 14,3 %.
Relativement au taux de persévérance et d'abandon, de
nombreuses études ont été instituées autant par la
Direction générale de l'enseignement collégial que par des
établissements individuels ou des organismes regroupant des
collèges. Les données ainsi recueillies révèlent,
chez les élèves qui s'étalent inscrits en première
année du collégial en 1980, un taux d'abandon cumulatif de 27,03
% en formation générale et de 35,57 % en formation
professionnelle après huit ans d'observation, et des taux de 29,4 % et
41.6 % respectivement après cinq années d'observation.
Le taux de diplomation est plus élevé en formation
générale qu'en formation professionnelle. De même,
l'obtention du diplôme est beaucoup plus fréquente chez les femmes
que chez les hommes. Sous l'angle de la durée des études,
seulement un peu plus du tiers des élèves de niveau
collégial obtiennent leur diplôme après deux années
réglementaires d'études en formation générale; au
terme d'une année additionnelle, la proportion de diplômés
passe à 56,6 % pour la cohorte de 1980 et à 53,6 % pour la
cohorte de 1983. La tendance est la même en formation professionnelle:
seulement le tiers des élèves inscrits dans ce secteur
complète leurs études dans les trois années
réglementaires; au terme d'une quatrième année, le taux de
diplomation passe à 52,9 % pour la cohorte de 1980 et à 45.7 %
pour la cohorte de 1983.
Il me fait plaisir de signaler la publication toute récente du
rapport d'une étude d'envergure entreprise par la Direction
générale de l'enseignement collégial sur les cheminements
scolaires des élèves du collégial. Cette étude que
j'ai en main, ici, M. le Président, et qui sera disponible pour les
membres de la commission évidemment a permis de mettre en relief un
certain nombre de tendances récentes. Outre les traits qui ont
déjà été signalés, soulignons, parmi les
éléments qui se dégagent de l'étude, les points
suivants: a) la population étudiante a vieilli au cours de la
décennie des années 1980; b) la formation générale
est plus populaire chez les anglophones que chez les francophones; c) la
proportion des allophones qui s'inscrivent dans des établissements
francophones a connu une encourageante progression.
Je veux rendre hommage aux deux auteurs de l'étude, Mireille
Levesque et Daniel Pageau, qui ont accompli un travail considérable qui
apporte un éclairage fort utile sur une période qui va
jusqu'à 1986.
Je continue: d) le taux de diplomation est plus élevé chez
les femmes que chez les hommes, chez les élèves du secteur
privé que chez ceux du secteur public, chez les élèves
inscrits en formation générale que chez les élèves
inscrits à l'enseignement professionnel; e) les francophones ont un taux
de diplomation plus élevé que les anglophones. Je sais que
ça va faire de la peine à nos amis de l'Opposition, mais je dois
dire les faits comme ils sont.
Ces premières constatations suscitent autant de questions
qu'elles en résolvent. Aussi faudra-t-il pousser plus loin la cueillette
et l'analyse des données afin de saisir sous toutes ses facettes la
réalité collégiale de la dernière décennie.
Afin de faire progresser le dossier, la DGEC poursuivra des travaux sur les
sujets suivants: les demandes d'admission à chaque programme
d'études pour l'ensemble du réseau collégial, tant public
que privé; pour chaque collège, cueillette de fiches
signalétiques fournissant des informations sur les clientèles
inscrites dans chaque programme; les cheminements scolaires des adultes
inscrits à l'enseignement collégial; et le rendement scolaire des
élèves et le rendement selon les disciplines.
À la lumière des données qui viennent d'être
présentées, on peut affirmer que le Québec enregistre un
taux très élevé de fréquentation collégiale.
Comme les établissements d'enseignement collégial sont
implantés à travers tout le territoire, le niveau
d'accessibilité géographique est très élevé.
L'enseignement régulier étant au surplus gratuit, il est
évident que la société québécoise accomplit
un effort considérable afin de faciliter l'accès de sa population
à l'enseignement collégial. Je signale, pour mémoire, que
des Colleges of Arts and Applied Technology ontariens, qui sont les
équivalents de notre secteur collégial d'enseignement
professionnel, exigent des étudiants des droits de scolarité
d'environ 700 $ par an.
Nonobstant cette incontestable réussite, la dernière
année a rappelé à maintes reprises certains besoins
illustrant que l'objectif de
l'accessibilité se heurte encore, en 1990, à des
problèmes non résolus. Au cours de la dernière
année, le gouvernement a été heureux de faciliter la
création d'un nouveau cégep public en Beauce, lequel accueillera
ses premiers étudiants à compter de septembre de cette
année. Le séminaire de Saint-Georges de Beauce se confinera,
à l'avenir, à l'enseignement de niveau secondaire. Mais tandis
que des circonstances particulièrement aiguës et urgentes
nécessitaient une décision rapide à Saint-Georges de
Beauce, le gouvernement a dû surseoir à toute décision
devant un bon nombre d'autres demandes dont il a été saisi en
provenance de la région située sur la rive sud du Saint-Laurent
à Montréal, de l'ouest de l'île de Montréal, de la
région Lanau-dière-Les Moulins, des régions de Portneuf,
La Tuque, Montmagny et Charlevoix. Étant donné l'impact
éventuel de toute nouvelle implantation sur la clientèle des
établissements existants et sur le niveau des ressources devant
être attribuées à l'enseignement collégial, il a
été jugé préférable d'attendre au moins une
année avant d'arrêter une réponse ferme aux demandes dont
le gouvernement a été saisi. Dans la région de
Montréal, par exemple, le gouvernement a été saisi de
trois dossiers importants. Pour apporter une réponse
éclairée à chacun, il faudra mesurer l'impact de chaque
projet sur l'équilibre actuel et futur de la clientèle dans les
établissements existants. Il faudra une année ou deux afin de
pouvoir établir une ligne de conduite claire et sûre. Ce
délai d'étude et de réflexion permettra de mettre au point
des solutions plus équilibrées, plus équitables et plus
durables.
Parmi les chantiers qui requièrent l'attention permanente du
ministère, on doit inscrire au premier chef la gestion des programmes
d'études. Notre tradition québécoise encore jeune veut que
la responsabilité des programmes d'études de niveau
collégial relève du ministère. Or, les programmes sont
appelés à connaître au cours des prochaines années
d'importantes modifications.
En formation générale, deux projets majeurs sont toujours
à l'ordre du jour: la refonte des programmes de concentration en
sciences humaines et la refonte des programmes de concentration en sciences de
la nature.
Le dossier des sciences humaines est désormais très
avancé. Les milieux intéressés ont eu tout le temps voulu
pour faire connaître leurs réactions au sujet des projets de cours
qui leur ont été soumis. Le Conseil des collèges y est
allé, au printemps 1990, d'un avis étoffé. De
manière générale, les avis sont favorables au projet de
réforme présenté par le ministère. Il ne reste plus
que deux étapes à franchir avant l'implantation du nouveau
programme. Il faudra d'abord, à la lumière des réactions
reçues, apporter un certain nombre de modifications au projet initial,
en tenant compte d'une manière particulière de l'avis judicieux
exprimé par le
Conseil des collèges. Il faudra ensuite établir avec
précision les coûts additionnels qui découleront de la
réforme et requérir les crédits nécessaires
à cette fin. Si les deux conditions qui viennent d'être
mentionnées peuvent être remplies - et c'est notre objectif de les
remplir - le nouveau programme de concentration en sciences humaines entrera en
vigueur à compter de l'année 1991-1992. (10 h 30)
Le nouveau programme de concentration en sciences de la nature a
été, lui aussi, l'objet d'une large consultation au cours des
derniers mois. Comme les orientations proposées dans le document
ministériel publié l'an dernier ont fait consensus, il y aura
lieu au cours de la prochaine année de mener à terme
l'élaboration des projets de cours et de procéder à la
préparation d'instruments pédagogiques à l'intention des
enseignants qui seront chargés de dispenser de nouveaux programmes.
Avant que ne soit implanté le nouveau programme, il faudra
procéder à une consultation sur le programme et sur les cours et
ensuite s'assurer, comme pour les sciences humaines, que seront disponibles les
crédits additionnels requis pour sa mise en oeuvre.
Le secteur de la formation technique donne également lieu
à de multiples révisions de programmes. Outre le travail
régulier de révision des programmes qui se poursuivra au cours de
la prochaine année, je souhaite que la DGEC puisse mener à terme
le travail qu'elle a entrepris depuis deux ans afin de se doter d'instruments
de mesure devant permettre de vérifier de façon plus
serrée la qualité, la pertinence et l'efficacité de chaque
programme. On constate que des programmes qui furent très populaires
jusqu'à une date récente connaissent maintenant des reculs
importants en matière de clientèles. Tel est le cas, par exemple,
des programmes offerts dans des secteurs aussi porteurs d'avenir que
l'électronique et l'informatique. Le recul récent des
inscriptions dans ces deux secteurs considérés à juste
titre comme des secteurs de pointe sera l'objet d'une attention spéciale
en 1990-1991.
À la lumière des avis convergents formulés à
ce sujet par le Conseil des collèges et le Conseil supérieur de
l'éducation, je porterai une attention soutenue en 1990-1991 au dossier
de l'harmonisation des programmes offerts au niveau secondaire et au niveau
collégial. Dans le secteur de la formation professionnelle, des travaux
conjoints entre le ministère de l'Éducation et le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science ont permis
d'établir des paramètres utiles permettant de mieux distinguer le
contenu des programmes offerts à chaque niveau: ces travaux sont
appelés à s'intensifier. Dans le secteur de la formation
générale, il faudra examiner avec plus de vigueur et de
détermination les problèmes nombreux d'harmonisation qui se
posent en
matière de programmes. Le Conseil des collèges et le
Conseil supérieur de l'éducation ont tous deux proposé
d'aménager à cette fin des structures d'action plus fermes et
plus capables d'un regard détaché que celles qu'offre l'actuelle
CLECES. Des études sont présentement en cours à ce sujet
dans les deux ministères que j'ai l'honneur de diriger. Je souhaite
pouvoir dès l'automne prochain apporter des réponses
précises aux recommandations formulées par les deux organismes
consultatifs, lesquels ont accompli dans ce dossier un travail remarquablement
poussé et stimulant.
Il me fait plaisir de revenir cette année sur un sujet que
j'avais abordé l'an dernier dans des termes qui suscitèrent de
vives réactions dans les milieux collégiaux, à savoir
l'évaluation. Je suis heureux de constater que ce dossier a
continué de progresser en 1989-1990. Un document très
éclairant nous a été fourni à cet égard par
la commission de l'évaluation du Conseil des collèges. Dans un
rapport qu'elle a remis en mars dernier, la commission trace une somme des
constatations qu'elle a recueillies à l'aide de visites de travail
effectuées dans 28 établissements collégiaux. À la
lecture de ce rapport, on apprend avec satisfaction que la presque
totalité des établissements publics et des établissements
privés subventionnés est maintenant dotée de politiques
d'évaluation généralement jugées satisfaisantes. On
apprend avec non moins d'intérêt que, même si elles sont
mises en oeuvre suivant des degrés et avec des moyens qui varient
beaucoup d'un établissement à l'autre, les politiques
d'évaluation donnent lieu dans la plupart des établissements
à des tentatives sérieuses d'application.
Le rapport est peut-être aussi instructif et éloquent,
cependant, par ce qu'il ne dit pas que par ce qu'il énonce
explicitement. En serrant de près le contenu du document, on
découvre en effet ce que l'on croyait déjà savoir,
notamment le très grand rôle qui repose en définitive sur
l'enseignant et le département en matière d'évaluation et
le travail considérable qu'il reste à accomplir avant que cette
responsabilité ne soit pleinement assumée et parfaitement
intégrée à l'ensemble de la vie de l'établissement.
Par-delà plusieurs éléments qui demeurent quelque peu
obscurs et seront sans doute l'objet de clarifications à l'étape
du bilan qui suivra en 1990-1991 le constat livré en 1989-1990, le
rapport de la commission de l'évaluation nous met sur la piste de
l'approche qui me paraît la mieux apte à nous permettre de mettre
au point, étape par étape, un système d'évaluation
plus ferme des apprentissages. Cette approche consiste à favoriser
l'émergence au sein de chaque établissement de procédures
d'évaluation exigeantes, largement acceptées et scrupuleusement
appliquées. Avec la publication de son dernier rapport véritable,
la commission de l'évaluation fournit une illustration
intéressante de l'idée qu'elle se fait de sa mission. Je souscris
sans hésitation à l'orientation que la commission a voulu
imprimer à ses travaux. Je me réjouis également
d'apprendre qu'après avoir entrepris d'évaluer d'abord les
apprentissages, la commission d'évaluation envisage maintenant
d'évaluer aussi l'application qui est faite des programmes
d'études.
Toujours au plan de la pédagogie, on me permettra de signaler des
développements significatifs survenus au cours de la dernière
année concernant l'encadrement pédagogique des
élèves. On a souvent souligné que l'élève
qui accède au collège s'y retrouve trop souvent dans un nouvel
univers où il se sent seul et anonyme. Cet isolement, de l'avis de
nombreux observateurs, est souvent néfaste pour la qualité de
l'intégration dans la vie collégiale et la
persévérance dans les études. En réponse à
des voeux maintes fois exprimés, des mesures visant à fournir un
encadrement plus efficace à l'étudiant, surtout à
l'étudiant de première année, ont été
instituées au cours de la dernière année et d'autres
seront mises en oeuvre en 1990-1991.
À titre d'exemple, les collèges se sont vu attribuer en
1989-1990 un budget spécial et récurrent de 2 200 000 $ pour
l'amélioration de l'apprentissage du français langue maternelle
chez les étudiants de collèges francophones et du français
langue seconde chez les étudiants de collèges anglophones. Ce
budget, qui découle du plan d'action pour la promotion du
français, de 10 000 000 $, institué en 1989-1990 par le
gouvernement, et récurrent lui aussi, permettra la création
d'ateliers d'aide en français, l'élaboration d'épreuves de
classement, la mise au point d'un cours de français correctif et la
production de matériel didactique écrit et informatisé
à l'intention des collèges. L'objet de ces mesures sera de
fournir à l'élève un encadrement plus personnalisé,
plus direct et plus efficace.
Dans les négociations avec le personnel enseignant des
collèges en vue du renouvellement des conventions collectives de
travail, le gouvernement et ses partenaires de la partie patronale ont
également voulu souligner l'importance qui doit être
attachée à la personnalisation de l'encadrement de
l'élève. Ainsi, les nouvelles conventions de travail des
enseignants, lesquelles ont pu être arrêtées une nouvelle
fois par le processus de la libre négociation entre les parties,
prévoient l'ajout de l'équivalent de 360 enseignants
supplémentaires dans le réseau collégial. De ce nombre,
100 enseignants devront être principalement affectés à
l'encadrement des élèves nouvellement admis dans les
collèges. Une bonne partie des ressources additionnelles
injectées dans le système collégial serviront à des
tâches de supervision de stages, de coordination départementale,
de préparation de cours. Les nouvelles conventions collectives
permettront aussi, dans certains cas, de diminuer la taille des groupes
d'élèves. Elles garantiront que la
tâche moyenne de l'enseignant de niveau collégial demeurera
constante pendant la durée des conventions. Grâce à ces
améliorations qui entraînent des ajouts de ressources
substantiels, les enseignants du secteur collégial devraient être
en mesure de consacrer une attention plus grande que jamais à la
qualité de leurs rapports avec leurs élèves.
Instrument original de liaison et de transfert technologique entre les
collèges et les milieux d'entreprises, tant privés que publics,
les centres spécialisés ont franchi en 1989-1990 une étape
importante. À la suite d'une évaluation de chacun des 12 centres
créés au cours des années précédentes, un
centre s'est désisté, tandis que la vocation des 11 autres
était confirmée. À ces centres, le gouvernement continuera
d'accorder un soutien financier de 100 000 $ par an, ainsi que le
dégagement à temps complet de deux enseignants. En outre, quatre
nouveaux centres ont été reconnus en 1989-1990. Il s'agit du
Centre en technologie de production assistée par ordinateur au
collège de Sherbrooke, du Centre de conception et fabrication
assistée par ordinateur du collège Vanier, du Centre en
matériaux composites du collège de Saint-Jérôme et
du Centre en pâtes et papiers du collège de Trois-Rivières.
À chacun des collègues où ont été
établis de nouveaux centres, une aide financière de 150 000 $
pour la première année, de 120 000 $ pour la deuxième
année et de 100 000 $ pour les années subséquentes sera
accordée, en plus du dégagement à temps complet de deux
enseignants. Chaque centre sera tenu de déposer au cours de la
présente année un plan de développement stratégique
définissant ses objectifs et son plan d'action sur une période de
trois à cinq ans. Un comité de suivi et d'évaluation sera
formé par le ministère afin d'assurer une attention constante et
immédiate aux développements qui se produiront dans ce
secteur.
En matière d'éducation des adultes, je voudrais signaler
l'intérêt qu'offre pour les collèges le nouveau programme
de crédits d'impôt portant sur la formation professionnelle en
entreprise. À l'aide du programme dévoilé dans le discours
sur le budget, le gouvernement offrira aux entreprises qui se doteront de
programmes de formation à l'intention de leur personnel des avantages
fiscaux appréciables. Les cours offerts dans le cadre de ces programmes
devront présenter des garanties sérieuses quant à la
qualité du contenu. Voulant asseoir ce programme sur des bases solides,
le gouvernement a tenu à ce que soient seuls reconnus pendant une
première phase d'implantation les cours offerts par des
établissements publics ou des établissements privés
subventionnés dont l'enseignement est conforme aux exigences du
gouvernement. Les collèges ont déjà accompli un travail
excellent en matière de formation sur mesure au cours des
dernières années. Ils ont fait montre à cet égard
d'une capacité d'adaptation remarquable. Le nouveau programme d'appui
à la formation professionnelle institué par le gouvernement
présente aux établissements collégiaux un défi
nouveau auquel ils réussiront, j'en suis sûr, à se mesurer
avec succès.
Pour s'acquitter de leur mission, les collèges disposeront en
1990-1991 d'un niveau de ressources nettement amélioré par
rapport à l'exercice 1989-1990. L'année dernière avait
donné lieu à une compression de 5 500 000 $. En 1990-1991, le
réseau collégial se verra épargner toute compression
budgétaire. Il bénéficiera en outre d'une pleine
indexation, 4,6 %, des dépenses autres que les salaires, ce qui ne
s'était pas produit depuis huit ans.
La dernière ronde de négociations collectives a de plus
fourni au gouvernement l'occasion d'injecter dans le réseau
collégial des sommes additionnelles de 14 500 000 $. Ces sommes
serviront à financer les améliorations signalées plus haut
au chapitre de l'encadrement pédagogique des étudiants.
Dans le cadre du plan gouvernemental d'accélération des
investissements publics dévoilé par le ministre des Finances
à l'occasion du discours sur le budget, et dont j'ai livré
plusieurs éléments au cours des derniers jours, le secteur de
l'éducation s'est vu accorder en tout 130 000 000 $ sur un budget total
de 285 000 000 $, soit 44 % du total. De ce montant, un budget de 14 000 000 $
a été mis à la disposition des collèges pour la
réalisation de projets visant à la remise en état et au
réaménagement des immeubles: une trentaine de collèges
bénéficieront de ce programme en 1990-1991.
J'ai enfin approuvé en principe un nouveau modèle de
répartition des ressources mises à la disposition des
collèges pour les objets autres que la rémunération des
enseignants, laquelle continuera d'être régie par les conventions
collectives. Par l'intermédiaire de la Fédération des
cégeps, les collèges avaient souhaité que le nouveau
modèle, appelé FABES, entre en vigueur dès la
présente année. Par souci d'écoute et
d'équité, j'ai plutôt choisi d'inviter les collèges
à réaliser cette année une expérience de simulation
avec le nouveau modèle. À l'aide de cette expérience, nous
pourrons, vers le printemps de 1991, apporter au modèle des ajustements
qui se seront révélés nécessaires. Le modèle
pourra s'appliquer définitivement à compter de l'année
suivante, après que tous les établissements auront eu la
possibilité de se familiariser avec le modèle et d'en signaler
les carences ou les déséquilibres avant d'être
appelé à en porter les effets.
Je termine cet exposé en adressant des remerciements, au nom du
gouvernement, à toutes les personnes qui, à un titre ou à
un autre, assurent la bonne marche du réseau collégial. J'adresse
un mot particulier d'appréciation et d'appui aux dirigeants et aux
cadres des
collèges, de même qu'au personnel enseignant, au personnel
de soutien et aux collaborateurs et collaboratrices bénévoles
qui, soit à titre de parents, soit à titre de membres d'un
conseil d'administration, consacrent gratuitement leur temps et leur
énergie à l'enseignement collégial. À la direction
et au personnel de la Direction générale de l'enseignement
collégial, j'adresse également mes remerciements cordiaux et ceux
du gouvernement pour leur présence assidue, efficace et comprehensive
aux problèmes des collèges et pour leur excellente collaboration
à la réalisation des objectifs de large accessibilité, de
rigueur, de qualité et de cohérence que le gouvernement propose
à la société québécoise en matière
d'enseignement collégial. (10 h 45)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
passerai maintenant la parole à M. le député
d'Abrtibi-Ouest et porte-parole de l'Opposition en matière
d'éducation et de science. M. le député, vous avez la
parole.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Me retirant de la
science, je ne suis pas porte-parole en matière de science, mais
enfin...
Le Président (M. Gobé): C'est ma collègue de
Chicoutimi. Je m'en excuse.
M. François Gendron
M. Gendron: Ce n'est pas grave. Alors, j'aurais envie de
commencer par où le ministre a terminé parce qu'il y a à
peu près juste là que je suis d'accord quand il dit: Je termine
cet exposé en adressant les remerciements du gouvernement à
toutes les personnes qui, à un titre ou à un autre, assurent la
bonne marche du réseau collégial et ainsi de suite. Je partage le
même point de vue. Ces gens-là travaillent fort. Ces
gens-là font leur devoir, souvent sans l'orientation du ministre,
souvent sans les précisions qui ont été constamment
répétées et surtout sans nécessairement être
en mesure de voir la suite par rapport aux engagements électoraux pris
par ce même Parti libéral. Juste à titre d'exemple, on
prenait l'engagement d'assurer les services d'enseignement pour les adultes
dans Portneuf, Montmagny, La Tuque, dès l'année 1989-1990. Ce
n'est pas ce qu'on apprend aujourd'hui. Pourtant, c'étaient des
engagements pris par le Parti libéral, normalement, un parti
sérieux, surtout dirigé par celui qui le dirige; c'est quasiment
impensable d'imaginer de prendre des engagements et de ne pas leur donner suite
parce que toutes les analyses sont faites. Vous savez, s'il y a quelqu'un qui
analyse au ministère et qui passe des heures et des heures à
revoir les mêmes dossiers cinq, six fois pour être certain qu'il a
tout vu, parce qu'il faut qu'il voie tout, c'est bien le ministre actuel.
J'irai de quelques remarques d'ordre géné- ral, même
si le ministre a fait le choix de faire son laïus sur chaque secteur,
collégial, universitaire et le reste. C'est son privilège. Mes
remarques seront très courtes, mais je vais faire quelques commentaires
sur ce que vous venez de dire parce que j'aimerais mieux travailler dossier par
dossier. Il y a une série de dossiers au collégial que nous
aimerions approfondir, sur lesquels nous aimerions échanger avec
vous.
C'est certain qu'entreprendre l'étude des crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, je l'ai
dit l'autre fois, c'est un événement majeur, important parce que
si, à ce niveau, l'État québécois n'avait pas la
conscience qu'il y a lieu d'y mettre le plus de ressources possible pour
s'assurer que notre secteur collégial, notre secteur universitaire, de
même que le secteur science, même s'il ne relève pas de mon
champ de critique, bénéficient des ressources requises et
nécessaires, il me semble que nous ferions collectivement faux pas pour
tous ces individus, pour toutes ces personnes qui ont acquis la conviction
qu'une société peut progresser, s'améliorer, prendre les
virages requis, surtout à cette époque moderne de la
mondialisation des échanges, du libre-échange comme tel, de
l'ouverture des marchés libres. Il est fondamental que nous ayons des
jeunes qui ont la préparation requise pour relever ces défis.
Avant d'entreprendre les échanges sur les dossiers comme tels, je
vais faire mes quelques remarques préliminaires. D'abord, strictement
sur le plan budgétaire, je suis un peu renversé que le ministre
ait eu l'occasion de trouver une phrase dans son discours d'aujourd'hui
où il prétendait que les collèges disposeront en 1990-1991
d'un niveau de ressources nettement amélioré par rapport à
l'exercice 1989-1990. L'année dernière avait donné lieu
à une compression. Alors, parce que vous n'avez pas été
compressé, vous en avez beaucoup plus. Je comprends mal un raisonnement
comme ça. Or, en 1990-1991, le réseau collégial se verra
épargner toute compression budgétaire. C'est sûr que c'est
une bonne nouvelle. Quand tu n'es pas compressé, c'est une bonne
nouvelle, mais à sa place... Essayer de faire accroire dans les discours
qu'il y a de l'argent neuf là, qu'ils se verront accorder un niveau de
ressources amélioré, ça, c'est ce que j'appelle de la
vente politique et non de la réalité politique.
Deuxièmement, il bénéficiera en outre d'une pleine
indexation de 4,6 % des dépenses autres que les salaires, ce qui ne
s'était pas produit depuis huit ans. Bravo! Réel! Merci.
Ça, c'est dans le budget. Mais je vous indiquerai, M. le ministre, lors
de l'étude des fiches qu'on va faire - et là, j'entends le
député de Rimouski, probablement qu'il ne le sait pas, il aime
ça dire juste son mot comme ça là, des remerciements
habituels gratuits - dans les dépenses autres que les salaires... On va
vous donner une indication de la liste de ces dépenses-là et vous
verrez
qu'il y en a encore une méchante série qui ne sont pas
indexées, contrairement à ce qui est écrit là.
Quand on dit: Bien, on va vous redéployer l'enveloppe - et je parlerai
du redéploiement... On dit à un collège:
Dorénavant, tu vas essayer le nouveau programme suivant. Le
collège dit: Moi, je n'ai pas ça dans mes bases
budgétaires, je n'ai pas eu l'argent requis pour le faire. Tu
t'arrangeras avec tes troubles, mais à partir de telle date, c'est tel
nouveau programme. Et je ferai des appplications pratiques, concrètes,
tantôt, avec certaines fiches pour illustrer ce que j'avance.
De toute façon, je le répète, j'ai toujours
aimé mieux faire des remarques liées à ceux qui vivent les
problèmes qu'uniquement ma prétention personnelle ou les contacts
que je peux faire. J'en ai fait encore hier avec des gens qui sont dans le
milieu, tout en respectant la confidentialité des échanges qu'on
a eus, pas sur le fond, mais sur les personnes. Et le 20 avril 1990, M.
Beaulieu vous envoyait une lettre courte, mais très significative
où il vous disait: Qu'en est-il, par ailleurs, du réseau
collégial dont le sous-financement ne fait pas moins de doute? Parce
qu'on ne débattait que le sous-flnancement universitaire. Et il
apprenait que votre gouvernement allait enfin consacrer les ressources et les
crédits requis pour l'année budgétaire en cours. Il vous
disait, dans cette même lettre: De grâce, on souhaite que vous
n'ayez pas recours, cette année encore, à la technique du
redéploiement - ce qui n'est pas le cas, on le prouvera tantôt sur
certains dossiers. Vous avez encore recours à la technique du
redéploiement.
Le président de la Direction des collèges disait: "Le
réseau collégial refuse d'assumer - avec raison - à
même le budget qui lui est octroyé de nouvelles
responsabilités pour lesquelles le gouvernement ne consent jamais
à dégager les budgets additionnels nécessaires." Et
là - ça prend quelques minutes, mais il faut vous en parler - ils
se sont vu imposer des compressions de 95 000 000 $, selon eux, dans la lettre
du président, M. Beaulieu. Et vous, vous dites: Soyez contents parce que
cette année, au lieu des 5 500 000 $ de l'an dernier, il n'y en aura
pas. Je comprends. S'il avait fallu qu'il y en ait, après 100 000 000 $,
qu'est-ce qu'on aurait fart au collégial? Un peu plus loin, il disait:
"Les cégeps, n'oublions pas que leur sous-financement s'est encore
aggravé durant l'année en cours - l'année en cours sous
votre gouverne. Nous avons mis à jour récemment les études
sur lesquelles était fondée la demande d'un ajout de 32 000 000 $
que nous vous adressions en 1988-1989, donc il y a deux ans. C'est maintenant
53 500 000 $ dont le réseau collégial public a besoin pour
1990-1991."
C'est évident que je vais vous demander: À quelle place,
dans les crédits, peut-on voir que la demande du milieu collégial
a été comblée? Moi, je ne l'ai pas vu. J'ai cherché
partout et je n'ai pas vu ça. Ce n'est pas de dire que l'enveloppe des
autres coûts sera indexée, en sachant qu'il y a au moins plus de
la moitié des autres coûts qui ont été omis, que
ça va permettre de combler ces 53 500 000 $. On va le faire, de toute
façon, d'une façon plus systématique, tantôt. Et je
termine juste là-dessus, comme premier commentaire. Il avait raison en
disant que, de toute façon, l'augmentation, ia progression, au niveau
des universités, de 12,7 %, des commissions scolaires, de 2,7 %, les
dépenses gouvernementales, au niveau de l'Etat, de 8,8 %... Et sa
question finale pour M. Beaulieu, c'est: Qu'en est-il des cégeps pour la
même période? Une croissance insignifiante de 0,2 %.
Il y avait d'autres questions intéressantes qu'on aura l'occasion
de soulever, mais en travaillant plus concrètement sur les fiches
techniques. Donc, strictement au plan budgétaire, ce n'est pas un
succès mirobolant. Le ministre vient de faire, lui, uniquement le
collégial, mais moi, je vais dire une remarque également au
niveau universitaire, parce qu'on va le faire plus tard, mais juste un
commentaire.
On commence les crédits de l'Enseignement supérieur. La
CREPUQ, même si elle vous applaudissait et qu'elle était
très satisfaite d'aller "clencher" les étudiants, elle vous
disait quand même, dans la même lettre, qu'elle avait besoin de 50
000 000 $ additionnels. Et les 50 000 000 $ additionnels, pour régler le
problème du sous-financement universitaire, ne sont pas plus dans les
crédits. On ne les a pas plus dans les crédits. On ne les a vus
nulle part et ce n'est sûrement pas le présent budget qui les lui
fournira. Le gouvernement a plutôt fait le choix d'hypothéquer
l'avenir des jeunes étudiants, de ne pas regarder d'autres formules. On
a fait le débat et on aura l'occasion de le refaire parce que ça
va revenir. Il est évident que ça n'aurait pas été
notre choix parce qu'on trouve inacceptable que nous changions
complètement une orientation de société liée
à des principes généreux comme l'accessibilité et
la démocratisation.
De toute façon, on est un peu inquiet parce que, dans votre
discours d'aujourd'hui, vous aviez un petit paragraphe où vous preniez
la peine de signaler pour mémoire que les "Colleges of Arts" et le
reste, en Ontario, qui sont les équivalents de notre secteur
collégial, exigent, eux, des droits de scolarité d'environ 700 $
par mois - pardon, par année. Alors, j'entends l'autre répondeur
automatique dire: II faut le dire. Je comprends, mais il faudrait dire en
même temps qu'ils n'ont pas le même taux de chômage,
qu'à Toronto le taux de chômage est trois fois moindre qu'à
Québec et qu'il y a des raisons pour ça. Alors, ça aussi
il faudrait le dire. C'est parce qu'il n'y a pas de politique
économique, qu'il n'y a pas de soutien à l'entreprise et qu'on ne
s'occupe à peu près de rien, si ce n'est de dire comment on va
gérer le mieux possible la pau-
vreté. On s'attaque davantage aux pauvres qu'à la
pauvreté et on le voit dans la Loi sur l'aide sociale.
Mais les politiques concrètes pour dire: On fait nos devoirs dans
une conjoncture où l'économie est un peu plus faible, elles sont
dures à trouver. Et je me rappellerai toujours d'avoir demandé,
dans une lettre, au premier ministre, de m'expédier sa politique
économique que je n'ai toujours pas reçue. Parce que la politique
économique du gouvernement libéral, c'est de laisser les choses
aller. C'est de laisser les choses aller en pensant que ça va se faire
tout seul.
Il ne fait aucun doute que des ressources supplémentaires
étaient requises pour parer à des problèmes qui assaillent
ces deux ordres d'enseignement, autant le niveau universitaire que le niveau
collégial. Pensons, à titre d'exemple, aux abandons scolaires -
et on aura l'occasion d'y revenir - 40 % au collégial et 33 % à
l'université. C'est bien beau de dire qu'on a un taux
d'accessibilité intéressant. Oui, il y a de plus en plus de
jeunes qui se rendent au collégial et à l'université, mais
on les perd quasiment tous. Et là, je le fais volontairement... je veux
dire, quand tu es rendu que tu as un taux d'abandon de 40 % à peu
près au collégial, il y a comme un problème. Et ce
problème-là, ça fait longtemps qu'il vous a
été signalé par des organismes-conseils sérieux. Et
sur le taux d'abandon - j'y reviendrai dans quelques secondes - moi, ça
me renverse de voir que, comme ministre de l'Éducation, vous aimez mieux
parier de statistiques et d'études que d'être en mesure de dire
très concrètement: Nous allons, en 1990-1991, poser tel geste,
prendre telle mesure pour que le niveau d'abandon aux études
collégiales passe de 40 % à 20 %. C'est un exemple. Parce que
ça serait rêver de penser que ça peut se faire comme
ça, uniquement en le disant.
Vous nous dites, aux pages, 3, 4 et 5 de votre document: "Ces
premières constatations suscitent autant de questions qu'elles en
résolvent. Aussi, faudra-t-il pousser plus loin - et ça, c'est le
ministre de l'Éducation; je ne sais pas en quelle année, je ne
sais pas si, en l'an 2000, on sera rendu assez loin - la cueillette et
l'analyse des données..." (11 heures)
Qu'est-ce qui vous manque? Comment se fait-il et comment est-ce possible
qu'un réseau, après 22, 23 ans d'existence, n'ait pas les
données requises pour porter des diagnostics exacts et dire si un taux
d'abandon si élevé, c'est un peu lié à ce que je
vous ai déjà dit, sans me prendre pour un autre,
l'éclatement des familles, le "monoparentalisme", pas de soutien pour
ces gens-là, la guerre aux assistés sociaux? Les assistés
sociaux qui veulent retourner à l'école, pas de
possibilité. Ils sont refusés presque systématiquement ou
on ne leur donne pas les sommes requises. Parce qu'on le sait qu'une
mère de famille qui a quatre enfants, ce n'est pas avec 125 $ par mois
de plus qu'elle aura la capacité de retourner aux études à
temps partiel. Elle va faire le choix de rester chez elle. Là, la
conséquence par la bande, c'est qu'on augmente le nombre de temps
partiel; mauvais système. Partout ailleurs, tout le monde dit: Toute
société... Je n'ai rien contre les temps partiel, mais, quand une
société est obligée de prendre des mesures pour dire
à de jeunes étudiants: Y a-t-il moyen que vous fassiez vos
études dans les temps requis, comparativement à ce qui se passe
ailleurs, il y a des raisons pour ça. Il y a des raisons pour ça!
Il y a des raisons dans le glissement du temps plein vers le partiel: c'est
l'argent, c'est l'abandon de la responsabilité des parents, c'est toutes
sortes de questions qu'il faudrait fouiller davantage, mais pas en disant: On
va cueillir, on va analyser des données supplémentaires et on va
faire progresser ce dossier-là, je vous le garantis, prenez ma parole.
Moi, ça fait quoi, trois ans que j'entends ça!
Dans votre document, à un moment donné, vous dites: II y a
moyen d'améliorer ça par des mesures d'encadrement. Je ne me
rappelle pas intégralement votre phrase - c'est parce que je ne peux pas
tout faire en même temps - mais vous dites: On l'a fait, voici, à
titre d'exemple... et nous le ferons avec d'autres mesures. Je vais vous
questionner tantôt sur les autres mesures. Je l'ai, à la page 12:
"...ont été instituées au cours de la dernière
année..." Là, vous êtes sur une bonne piste, d'après
moi, vous êtes sur une bonne piste, je dois vous féliciter, plus
ceux qui s'en occupent, d'enfin offrir aux étudiants des études
collégiales un minimum d'encadrement parce que vous avez raison, il y a
beaucoup de jeunes qui arrivent là et qui se trouvent, comme dirait
l'autre, un peu perdus, compte tenu, souvent, du devancement de l'âge,
compte tenu qu'on a raccourci le primaire d'une année. C'est
peut-être des bonnes affaires, mais je ne suis pas sûr que les
jeunes arrivent toujours avec le degré de maturité requis.
Quand vous parliez, tantôt, de cette large accessibilité
aux études collégiales, il faut voir ce que ça signifie.
Quand je vois, chez moi, un jeune de Normétal qui n'a à peu
près pas d'autre alternative que de s'expatrier de son Abitibi natale
parce que la plupart des cours qui ont du bon sens dans des options neuves,
dans des créneaux de développement intéressants pour
l'avenir, bien, sont à Jonquière, à Montréal ou
à Sherbrooke... Mettez-vous à sa place; mettez-vous à la
place des jeunes des régions qui doivent s'expatrier. Nous, on le fait,
en passant, on sort pas mal plus souvent de nos régions pour aller en
ville que l'inverse; les gens de la ville, ça leur ferait du bien de
venir, de temps en temps, en région. Je félicite ceux qui ont
pris la peine d'y aller. La semaine dernière, j'ai appris qu'un bon
groupe du ministère de l'Éducation - imaginez - se sont rendus
à La Sarre, à
la Cité étudiante Polyno, ils étaient une douzaine.
J'ai eu l'occasion de les voir et ils ont dit: On a vu de maudites belles
affaires - excusez l'expression. J'aurais aimé ça qu'ils viennent
avant. Sortir plus souvent du ministère, ça ferait du bien
à bien du monde, à tous les niveaux. Mais vous indiquez, à
la page 12: "...d'autres seront mises en oeuvre au cours de la prochaine
année." J'aimerais ça vous entendre, tantôt, sur ces
mesures-là.
Je voudrais revenir un peu aussi sur la longue lettre que M.
Gaétan Boucher, directeur général de la direction des
collèges, a eu la gentillesse de me faire parvenir. Mol, Je m'excuse
auprès de M. Gaétan Boucher parce que j'aurais aimé
ça lui répondre, si je n'avais pas été pris. On n'a
pas la même équipe, celle qu'on souhaiterait avoir et on n'a pas
toutes les ressources qu'on souhaiterait avoir, quand on a d'autres
responsabilités et qu'on a un dossier aussi important que le
primaire-secondaire, le collégial, l'enseignement universitaire, leader,
grand comté, 50 municipalités et qu'on veut s'en occuper. M.
Boucher m'avait envoyé une copie de la lettre que vous avez reçue
le 31 janvier, une lettre de fond, écrite ou, en tout cas, signée
par M. Beaulieu, où M. Beaulieu disait ceci: Votre second mandat comme
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, et là,
après, les félicitations d'usage - je ne lui en veux pas - il
avait l'air, lui, à vous parier des vrais problèmes. Il avait
l'air à connaître pas mal ça, ce qui se passait au
collégial.
C'est drôle, aujourd'hui, je m'attendais, dans le laïus du
ministre, d'avoir un peu moins de chiffres et j'aurais aimé ça
que vous me disiez quelque chose sur l'intégration des étudiants
handicapés. Nous autres, on va vous en dire; quand on va passer sur ce
dossier-là, on a quelque chose à vous dire là-dessus. Pas
un mot, mais M. Beaulieu, lui, il était très inquiet.
L'intégration, à l'enseignement collégial, des
étudiants handicapés, problématique et mesures. Il disait
ceci en conclusion: Quand pourrions-nous espérer de vous, M. le
ministre, des règles administratives claires et les ressources humaines
et financières requises qui nous permettraient d'assumer cette nouvelle
responsabilité, parce que ça aussi, ça leur est
arrivé par la tête. C'est normal parce qu'il y en a des
handicapés, et je ne vois pas pourquoi on ferait de l'intégration
au primaire et au secondaire, mais qu'on ne s'en occuperait pas au
collégial.
Concernant toute la question des programmes d'enseignement, j'aurais
également aimé connaître - on va y revenir - vos
orientations - et là, il vous parle à vous - touchant la pleine
et entière responsabilité des collèges à
l'égard de l'élaboration de leurs programmes et de la
certification de leurs diplômes. Le 15 mai suivant, vous me
répondiez qu'il ne serait pas possible, dans l'immédiat,
d'accéder à cette demande. Néanmoins, disiez-vous, je
voudrais attendre le rapport que me soumettra en temps utile la commission
d'évaluation du Conseil des collèges avant de me former une
opinion ferme et définitive. Et là, à un moment
donné, vous allez donner vos orientations là-dessus.
Sur la recherche au collégial, qu'est-ce que vous nous avez dit
ce matin? J'aimerais ça qu'on revienne là-dessus. Moi, j'ai
probablement mal compris ou mal écouté, mais je ne vous ai pas
entendu là-dessus. Et j'arrête là, pour tout de suite,
parce que sa lettre était d'une extraordinaire clarté. Les
problèmes étaient très bien soulevés, par exemple,
sur la formation technique et il y avait une bonne page et demie sur le
financement du réseau collégial. On n'a pas de réponse. Il
requérait également - et là, je n'ai pas assez
réfléchi là-dessus, mais j'aimerais ça avoir votre
point de vue - un cadre juridique avec une loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel qui aurait dû
être rafraîchie ou du moins modifiée.
Pour terminer, je veux prendre quelques minutes, avant de vous parler de
dossiers spécifiques, parce que, dans le discours que vous avez
prononcé tantôt, je voudrais vous reprendre à la page 5. Je
n'ai pas compris votre farce, alors elle m'intrigue. Elle n'est pas majeure
là, mais, à la page 5, quand, M. le ministre, vous dites: "...les
francophones ont un taux de diplomation plus élevé que les
anglophones et ça ne plairait sûrement pas à nos amis", je
ne vous ai pas compris. Franchement, c'est plutôt l'inverse pour nous
autres parce que, pour nous, je n'ai jamais pensé que les francophones,
quand on leur donnait les outils nécessaires et les moyens comparables,
ce que souvent ils n'ont pas, et on s'en parlera avec McGill et Concordia... Je
ne suis pas inquiet. Je n'ai jamais été inquiet de la
capacité de succès de nos francophones. Alors, que les
francophones aient un taux de diplomation plus élevé que les
anglophones, moi, je veux dire, ça ne me dérange pas.
Contrairement à ce que vous avez dit, je ne suis pas choqué, je
suis très heureux, je ne suis pas surpris. S'ils ont les outils requis,
je ne suis pas inquiet des francophones, ce n'est pas des "tarlas".
À la page 6, vous faites une annonce. Et je l'ai dit
tantôt, j'aimerais ça, dans votre moment de réplique, parce
que je sais vous allez me répliquer un peu, je m'en doute et ce serait
normal, que vous me disiez clairement si vous avez une intention aussi claire
que ce que les collèges vous demandent dans leur lettre. La lettre de M.
Beaulieu était on ne peut plus claire; il y a une vieille pratique
instaurée au niveau collégial, à savoir qu'il n'y a pas de
frais de scolarité. C'est drôle que la même logique ne
s'applique pas pour le gouvernement. Lui, il disait que, comme c'est inscrit
dans les moeurs de la société québécoise qu'on
offre, effectivement, aux étudiants du réseau collégial la
possibilité d'accéder à des études sans frais de
scolarité et que ça fait partie de nos moeurs, de
notre civilisation, on aimerait bien que ça demeure. J'avais
l'impression qu'en me parlant de ce qui se faisait ailleurs il avait là
une tentation, alors j'aimerais être rassuré.
Page 7. Je fais juste vous dire que de me reparler, aujourd'hui, que
vous n'êtes pas encore prêt à prendre des décisions
pour certaines demandes d'autorisation de nouveaux collèges, sous
prétexte que vous avez encore besoin de temps pour évaluer je ne
sais pas quoi et quand je vois là-dedans la demande du cégep de
l'ouest de itle de Montréal, dont vous parlez, et d'autres... Ça
fait des années et des années que vous avez le dossier, M. le
ministre. Moi, je suis critique et ça fait au-dessus de deux ans, alors
je ne comprends pas. Vous nous direz comment ça se fait que vous
n'auriez pas ce dossier-là.
Au niveau des programmes d'études en sciences humaines, à
la page 8, M. le ministre, je suis, encore là, un peu
étonné. Vous dites: "Si les deux conditions qui viennent
d'être mentionnées peuvent être remplies, le nouveau
programme de concentration en sciences humaines entrera en vigueur à
compter de l'année 1991-1992." On a révisé nos notes et
ça avait été annoncé en 1989. L'engagement avait
été pris qu'en 1989 il y aurait un nouveau programme en sciences
humaines qui entrerait en vigueur, en 1989. Alors, j'aimerais ça que
vous m'expliquiez... On va vous montrer où on a pris ça. Nous,
l'information qu'on avait, c'est qu'il y avait eu un engagement de votre part
que ce serait en 1989 et, ce matin, vous nous dites 1991-1992.
Page 15. C'est juste parce que je vais vite là. Excusez! Avant,
page 12. J'aimerais ça tantôt, M. le ministre, dans votre droit de
réplique, que vous nous donniez quelques exemples des autres mesures qui
seront mises en oeuvre au cours de la prochaine année, pour offrir une
meilleure qualité d'encadrement aux étudiants du
collégial, parce que là, je pense, je vous l'ai dit tantôt,
que vous êtes sur une bonne piste.
Page 15. Je suis convaincu que vous n'avez pas eu l'occasion de lire le
mémoire de la chambre de commerce, parce que vous n'auriez
sûrement pas dit ça. Bien, vous l'auriez dit pareil,
d'après moi, parce que - je me reprends tout de suite - dès que
votre gouvernement fait quelque chose, même si tous les intervenants qui
vont avoir à vivre avec disent: Ça ne fait pas notre affaire et
ça ne vaut pas cinq cennes, vous allez quand même dire: C'est
magnifique, c'est extraordinaire et voilà la voie de l'avenir. Mais
j'avais l'occasion, hier ou avant-hier, parce que le mémoire, cette
année, de la chambre de commerce est globalement axé sur la
problématique éducative et, chaque année, elle rencontre
les partis politiques... Vous autres, quand allez-vous la rencontrer? Je ne le
sais pas. C'est sûr que ça va être avant nous autres, par
exemple, parce que c'est la chambre de commerce. Elle sollicite une rencontre
avec nous le 7 juin... C'est probablement parce que vous êtes au pou-
voir, c'est-à-dire qu'elle pense que vous êtes au pouvoir,
mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...ça ne doit pas être si vrai que
ça, parce que chaque période de questions on se fait dire: Bien
oui, mais en 1982... Bien oui, mais en 1986... Bien oui, mais en 1981... Alors,
ça n'a pas souvent l'air que vous êtes conscients qu'on est en
1990.
Le Président (M. Gobé): Veuillez vous en tenir au
programme. M. le député Verdun, s'il vous plaît!
M. Gendron: Je m'en tiens au programme.
Le Président (M. Gobé): Veuillez garder vos
commentaires pour votre temps d'intervention.
M. Gendron: J'étais en train de dire que vous dites,
à la page 15, M. le ministre: "...je voudrais signaler
l'intérêt qu'offre pour les collèges le nouveau programme
de crédits d'impôt portant sur la formation professionnelle
à l'entreprise. À l'aide du programme dévoilé dans
le discours sur le budget, le gouvernement offrira aux entreprises qui se
doteront de programmes de formation à l'intention de leur personnel des
avantages fiscaux appréciables." Je tiens à vous dire que ce
n'est pas le point de vue de la PME et que ce n'est pas le point de vue du tout
du monde des affaires. Si c'est le point de vue de la direction des
collèges, c'est leur droit; moi, je ne le partage pas. Il s'agit
là strictement d'une petite balloune qui, dans les faits, n'aura
à peu près aucun effet. (11 h 15)
L'orientation, dans ce domaine-là, était simple,
c'était ce qui était proposé, pas parce que c'est M.
Parizeau, mais qui avait été acquiescé par de nombreux
intervenants économiques, soit d'exiger de nous 1 % de la masse
salariale - M. de Grandpré était d'accord là-dessus -
là, vous pariiez de taxe, ce n'était pas une taxe - et toutes les
entreprises qui feront la preuve qu'elles auront fait de la formation continue
et auront effectivement offert une véritable formation professionnelle,
vous appelez ça en entreprise ou continue - c'est la même
expression - eh bien, celles-là, à ce moment-là, se
verraient remettre la partie de l'effort fiscal qu'elles auraient fait, pour
que ça soit un incitatif majeur. Ça, ce serait une politique pour
s'assurer qu'il se fasse de la formation continue, mais pas des bebeiles comme
il y a là. J'ai vu ce que ça donne dans certains rapports
d'impôt, les crédits d'impôt que certains citoyens ont
reçus.
Enfin, un dernier commentaire sur la page 16. J'aimerais bien ça
qu'on ait l'occasion d'expliciter davantage ce que j'ai voulu dire tantôt
en prétendant qu'il y a là une demi-
vérité, quand vous dites à la page 16 qu'ils
bénéficieront en outre d'une pleine indexation de 4,6 % des
dépenses autres que les salaires, sachant qu'il y a au moins 50 %
d'autres responsabilités qui sont attribuées à la
direction des collèges pour lesquelles elle ne se voit offrir aucune
indexation, aucun montant d'argent, étant toujours placée dans un
cadre de sous-financement chronique.
Ce sont mes remarques préliminaires. Je suis d'accord pour que
vous réagissiez sur quelques points que vous soulevez, mais,
après ça, j'aimerais y aller programme par programme.
Plutôt toujours au sujet des études collégiales, j'aimerais
toucher des points précis et ce sera sous forme de questions, avec une
très très courte problématique sur chacun des sujets,
comme on a procédé pour l'éducation au primaire et au
secondaire.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
maintenant la parole.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Oui. Quelques commentaires rapides, M. le
Président, surtout sur les observations de nature plus
générale qu'a faites le député d'Abitibi-Ouest, vu
que je suis d'accord avec lui pour qu'on passe ensuite à l'examen des
sujets particuliers qui pourront permettre une discussion plus
précise.
Tout d'abord, je voudrais rectifier une fausse impression qui risquerait
de se créer dans les esprits à la suite de ce qu'a dit le
député d'Abitibi-Ouest. Il a prétendu citer les
engagements électoraux du Parti libéral du Québec en
matière d'enseignement collégial. J'ai ces engagements devant
moi. Ils ne sont pas nombreux; il y en avait six pour le secteur
collégial. Je vais les lire pour qu'on voie où on en est
aujourd'hui. "Favoriser l'implantation d'un cégep public dans la
région de Beauce-Appalaches." Réalisé. "Assurer la mise en
oeuvre des décisions déjà prises concernant l'enseignement
collégial à Val-d'Or et Carleton." C'est déjà en
marche. Il y a des immobilisations qui doivent venir s'ajouter aux
décisions déjà prises. C'est un engagement qui est pris
pour le mandat et qui sera réalisé. "Assurer des services
d'enseignement pour les adultes dans Portneuf, Montmagny et La Tuque dès
l'année 1989-1990." C'est réalisé. Ils ont
déjà un budget pour l'éducation des adultes, dans ces
trois endroits-là. À Portneuf, H y a un budget de 50 000 $ qui a
été mis à leur disposition aussi. Il y a
déjà deux cégeps qui donnent l'enseignement aux adultes
dans Portneuf et le sujet qui Intéresse les milieux de Portneuf, c'est
l'enseignement régulier.
Pour l'enseignement régulier, c'est le paragraphe suivant:
"Examiner avec attention les requêtes en provenance de diverses
régions pour l'implantation d'un enseignement collégial
régu- lier." C'est ce que nous allons faire. Nous n'avons fait aucune
promesse qui aurait été de nature à induire les gens en
erreur, contrairement aux promesses que j'ai entendues de l'autre
côté en matière d'éducation. "Mener à terme
la réforme majeure concernant les programmes de concentration en
sciences humaines et en sciences de la nature." On peut trouver que le rythme
d'implantation prête à la critique, mais l'intention est
clairement affirmée. J'ai précisé ce matin les
éléments d'un échéancier pour le programme de
sciences humaines et je n'ai jamais laissé entendre depuis deux ans que
ce programme serait implanté avant septembre 1991. Il y a
déjà un an et demi que nous avons décidé qu'il ne
pouvait pas être implanté en septembre 1990. Ceci, par
conséquent, c'est acquis.
Les centres spécialisés. "Consolider et développer
le programme des centres spécialisés." Quatre nouveaux centres
verront le jour: Sherbrooke, Vanier College, Trois-Rivières et
Saint-Jérôme, c'est ce que j'ai dit tantôt. Le programme est
déjà pratiellement réalisé. Ça va être
facile de venir en commission parlementaire chaque année au cours des
trois prochaines années, si c'est ça qui est la bible de
l'Opposition. Mais, pour nous, on veut aller bien plus loin que ça. On a
voulu rester modeste pendant la campagne électorale, parce que
l'expérience du pouvoir nous avait instruits et ça avait
été vite oublié par l'Opposition. Premier point.
Deuxième point. Je regrette de constater...
M. Gendron: Ça dépend de l'âge
d'admission.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! Mme
la députée Chicoutimi, s'il vous plaît! M. le ministre a la
parole.
Mme Blackburn: Pardon, M. le Président. Je parlais juste
à mon collègue.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole, s'il vous plaît.
M. Ryan: Si vous pouvez leur donner quelques minutes pour
accorder leurs violons, ce ne sera peut-être pas inutile.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous
suggérez qu'on suspende les travaux?
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a le droit de réagir, M. le
Président?
M. Gendron: C'est à eux autres à demander s'ils ont
des problèmes. Nous, on n'en a pas.
Mme Blackburn: On n'en a pas.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
Mme Blackburn: S'il en a dans sa gang, il
ne faudrait pas qu'il pense qu'on en a chez nous.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît,
à l'ordre, madame. M. le ministre.
M. Ryan: Une chose me frappe quand j'écoute le
député d'Abitibi-Ouest et ses collègues parler
d'éducation. C'est qu'ils vivent encore dans les illusions des
années soixante. Nous avons véhiculé de grandes illusions
au début des années soixante qui étaient
généreuses, mais dont l'expérience a
démontré qu'elles étaient bien au-delà de nos
moyens dans plusieurs domaines. Ça a bien marché aussi longtemps
que nous pouvions accroître l'endettement du Québec sans que des
appels commencent à arriver des créanciers pour demander comment
on s'organisera pour rembourser tout ça. Les moments de
vérité ont commencé à sonner dès 1979-1980.
Ça a sonné de manière particulièrement aiguë
pour l'ancien gouvernement avec la dépression économique de
1981-1982. Ils l'ont vite oubliée depuis. À ce moment-là,
ils ont pris des mesures énergiques, mais ils ont eu l'illusion, comme
on l'a quand on n'est pas habitué à la gestion des affaires
publiques ou privées, qu'on pouvait tout régler avec des mesures
d'urgence d'une année ou deux. Ce n'est pas ça. Le
problème de succession que vous nous avez laissé, c'est un
problème de 10 ans qui n'est pas fini. S'imaginer qu'on va pouvoir
retourner aux perspectives du début des années soixante, c'est se
nourrir d'illusions et c'est créer dans l'opinion publique des illusions
dangereuses.
J'avais l'occasion, hier soir, M. le Président - j'étais
à Thetford-Mines pour une rencontre magnifique organisée par le
député de l'endroit, M. Roger Lefebvre - d'entretenir la
population de la vision libérale dans ce contexte-ci. Je disais
qu'essentiellement l'objectif du Parti libéral est de favoriser
l'émergence d'une société responsable et participante
à tous les échelons de responsabilité, pas uniquement par
la voie qui consiste à procurer des biens aux gens à partir d'en
haut, à partir de mesures arrêtées par l'autorité
qui est au sommet de la pyramide, d'une société qui invite chacun
et chacune à assumer sa part de responsabilité et de
participation là où chacun et chacune sont situés.
C'est pour ça que nous avons redéfini les
équilibres de responsabilités dans plusieurs domaines, l'exemple
le plus éloquent des derniers mois en étant l'ajustement des
droits de scolarité en matière d'études universitaires,
parce que nous trouvions que l'équilibre des responsabilités
était mal défini, que des ajustements étaient devenus
nécessaires, c'est bien simple. Mais, j'aimerais ça
connaître la véritable vision du Parti québécois
là-dessus. Il est facile de multiplier les exhortations à la
dépense publique, mais comment voit-on l'équilibre dans tout
ça, comment faire en sorte que le système marche dans la
solidité, dans la stabilité et, en même temps, dans la
continuité et, en même temps, en tenant compte des ressources plus
limitées dont nous disposons aujourd'hui.
Ce sont les points que...
Une voix:...
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Moins de Baie-James. C'est simple. Il faudrait en
discuter plus longtemps, mais...
M. Ryan: Votre chef a déjà dit qu'il fallait
remplacer l'énergie hydroélectrique par l'énergie
nucléaire.
M. Gendron: C'est ce que tous les intervenants sont en train de
dire, que c'est probablement ça qu'on va être obligé de
faire de toute façon.
M. Ryan: Vous n'avez pas osé le mettre dans votre
programme.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, si vous
voulez continuer.
M. Ryan: Dans votre programme, ce n'est pas ça qui est
à l'ordre.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, si vous
voulez revenir au programme.
M. Ryan: Je continue, M. le Président. Un dernier point.
Je pense qu'on devrait se réjouir qu'il y ait un peu de vivacité
dans les échanges, parce que ce n'est pas un "seminar"
d'université non plus, c'est... Je ne veux pas dire que les autres sont
endormants. Je ne veux pas suggérer ça du tout.
J'arrive à un troisième bref point. Le programme de
crédits d'impôt aux entreprises, je vais en parler maintenant,
parce que le député a laissé planer là-dessus des
impressions qui me semblent procéder d'une mauvaise information.
Je ne sais pas si le député a été
informé que, dès les jours qui ont suivi le discours sur le
budget, il y a eu des communications des deux ministères que je dirige
avec les établissements concernés. M. Lanoux s'est
empressé - je pense que ça a été deux jours
après - de tenir une réunion le lendemain du discours sur le
budget avec des représentants de tous les collèges pour les
informer de la teneur de ce programme-là, pour avoir leur
réaction. Je vous dirai que la réaction est enthousiaste.
M. Gendron: Les collèges, oui
M. Ryan: Oui. La réaction...
M. Gendron: J'ai dit ça, M. le ministre, ça
ne vous choquera pas. Je pense que vous êtes correct
là-dessus.
M. Ryan: Ah oui?
M. Gendron: Non, mais sur la façon de le faire - juste une
seconde. Je l'ai dit, je l'ai lu. Les collèges sont enthousiastes
là-dessus. J'invite les collèges à lire le mémoire
de la chambre de commerce qui porte là-dessus et peut-être qu'ils
auront une autre version. C'est ça que J'ai dit. Alors, si vous me
reprenez sur des propos dont je n'en suis pas l'auteur, on parle pour rien.
M. Ryan: C'est parce que les propos du député
donnaient à entendre que ce programme-là ne vaudrait pas cher. Ce
serait comme d'autres programmes de crédits d'impôt dont il
a...
M. Gendron: Selon les dirigeants de la chambre de commerce.
M. Ryan: Oui, selon les dirigeants de ta chambre de commerce, que
pour une fois le député semblait prendre à son compte.
Autrement, je pense qu'il ne l'aurait pas dit ici. Moi, quand je fais une
citation, je dis si je ne suis pas d'accord: Je ne suis pas d'accord avec
celui-là. Si je le cite sans donner d'opinion, ça veut dire que
je suis d'accord. Autrement, qu'est-ce que ça vient faire dans le
débat? En tout cas, c'est un détail.
On a eu une réunion, il y a deux jours, avec les commissions
scolaires sur le même programme. M. Boudreau, le sous-ministre, a tenu
une réunion représentant toutes les commissions scolaires. La
réaction est évidemment la même. Les commissions scolaires
se rendent compte qu'il y a des possibilités extraordinaires. Vous allez
me dire: L'initiative est laissée à l'entreprise. C'est un fait.
Mais là, les collèges ne resteront pas dans leurs bureaux.
Tantôt le député disait: II ne faut pas que les gens du
ministère restent dans leurs bureaux. Mais, nous autres, nous disons aux
établissements d'enseignement et aux commissions scolaires: Ne restez
pas dans vos bureaux. Allez faire connaître la bonne nouvelle dans les
entreprises. C'est ça qui va se faire. C'est ça que les
collèges ont fait d'ailleurs. En matière de formation sur mesure,
ils ont accompli un effort d'ajustement formidable depuis quelques
années. Je les félicite chaleureusement.
Je pense qu'ils vont faire la même chose avec ce programme-ci.
Nous avons un travail de pompage, un travail d'inspiration à accomplir
qui est très important. Moi, je me mets à la place du dirigeant
d'entreprise qui est chez lui. Son affaire marche et il se dit qu'il a des gens
qui sont convenablement formés; son premier réflexe ne sera
peut-être pas de mettre de l'argent dans la formation de son personnel.
Mais si quelqu'un vient le voir et lui dit: Voici, moi j'ai un très bon
programme. Pour vos gens qui travaillent sur des appareils de traitement de
texte, par exemple, on aurait quelque chose de formidable à leur offrir.
Seriez-vous intéressé? Là il dit: II y a un programme du
gouvernement en même temps. Ça change la dynamique. On veut que la
dimension éducation s'introduise dans la gestion de l'entreprise.
C'est une chose absolument essentielle pour faire face au défi du
libre-échange. C'est ça qui est l'esprit du programme. Je ne
voudrais pas qu'on passe à côté, à la lumière
des observations que nous avons entendues tantôt. Et sur ce, M. le
Président, j'ai terminé mes observations.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Une seconde, M. le député. Le député de
Rimouski m'avait demandé quelques minutes pour parler. Est-ce que vous
voulez toujours?
M. Tremblay (Rimouski): Toujours. M. Gendron: Oui, je suis
d'accord. Le Président (M. Gobé): D'accord. M. Tremblay
(Rimouski): Merci.
M. Gendron: Non, mais juste une seconde. Sur une petite affaire,
M. le ministre, très courte. Quand vous m'avez dit tantôt, et vous
avez l'habileté pour le faire: Pas fait de promesses électorales
là-dessus et tout ça, et que vous m'avez dit que jamais le
programme des sciences n'avait été prévu pour 1989, parce
que moi je l'avais affirmé, j'aime bien supporter les affirmations que
je fais. Je tiens à les prouver. Je répète que Jean-Pierre
Proulx, en éducation, est un chroniqueur spécialisé comme
M. Pratte; je cite juste le paragraphe concerné et je me ferme. Et c'est
là que je l'avais pris. "Bien que la mise en oeuvre du programme ait
été promise pour l'automne 1989." Point. C'est ça que j'ai
dit.
M. Ryan: Après ça, qu'est-ce qui est dit?
L'avez-vous cité au complet?
M. Gendron: C'est fini. Après ça, on dit: M. Morin
explique que, dû à l'approche participative qui forme la
démarche de révision des programmes, tout le monde doit se mettre
d'accord. Ça ne sera pas le cas. Et malheureusement, on va être
obligé d'attendre 1991...
M. Ryan: Ça fait longtemps qu'on a dit que ce ne serait
pas 1989 ni 1990. Comme je l'ai dit tantôt, ça fait au moins un an
et demi.
M. Gendron: Je répète. Bien que la mise en oeuvre
du programme art été promise pour l'automne 1989, il y a
quelqu'un quelque part qui a écrit que la réforme devait
être promise pour 1989. Et ce n'est qu'après... et c'est ça
que j'ai
dit. Après, effectivement, il y a eu des raisons pour faire
qu'elle ne soit pas en application en 1989 et le ministre nous le
répète, pas avant 1991-1992.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Je nie avoir pris l'engagement que ce serait
réalisé en 1989. Ce n'est pas parce qu'il y a un bout de phrase
de journal qu'on va considérer ça comme preuve. Je pense qu'on
est plus sérieux que ça.
M. Gendron: Je n'ai pas autre chose à dire
là-dessus, moi. Je disais que je l'avais pris là. Je n'ai jamais
dit, moi, que c'était le ministre qui avait dit ça.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous en avez terminé vous aussi
avec ça. M. ie député de Rimouski, vous avez maintenant la
parole. (11 h 30)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, dans sa
réplique, le critique de l'Opposition a fait allusion et s'est
inspiré beaucoup de la lettre de M. Beaulieu, le président de la
Fédération de cégeps. Il a pris bien soin de ne pas
mentionner les premières pages de cette lettre où il y avait des
félicitations adressées au ministre de l'Éducation et au
ministère, à l'effet que les cégeps connaissent
enfin...
M. Gendron: C'est faux.
M. Tremblay (Rimouski): ...des améliorations notables dans
leur financement. Et lorsque vous faisiez allusion à des compressions
budgétaires de 95 000 000 $, vous avez bien pris soin de ne pas
mentionner qu'il mentionnait dans sa lettre que c'était à partir
de 1980. Et là, il faut bien comprendre une chose, que les compressions
budgétaires ou le coût d'indexation de la période où
vous avez été au pouvoir, de 1976 à 1985, ça a
été de 84 % et, vous autres, vous avez indexé seulement
pour 47 %. On partait de loin en arrière. Alors, à l'heure
actuelle, les cégeps ont connu des budgets indexés depuis qu'on
est là et je pense qu'ils sont tout à fait satisfaits de
ça. C'est toute la différence du monde.
Au sujet des crédits d'impôt, j'ai, dans ma région,
un cégep qui est très heureux que les entreprises puissent avoir
accès à la formation et profiter de crédits d'impôt.
Alors ça fait l'affaire des cégeps et en même temps des
entrepreneurs de ma région. Et ce n'est pas la chambre de commerce,
à mon sens, qui a le monopole de la vérité
là-dedans.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député? Alors je vous remercie beaucoup. M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous avez à nouveau la
parole.
Discussion générale Sous-financement du
réseau
M. Gendron: Oui, mais sur le premier programme, parce que je n'ai
rien à relever de ces propos. Sur le programme 5, Enseignement
collégial, financement, rapidement, M. le ministre. Ça va finir
par des questions, mais je voudrais camper la problématique, surtout
avec ce qu'on vient d'entendre qui est complètement, complètement
erroné. Une lettre adressée au ministre de l'Enseignement
supérieur sur le dépôt du livre des crédits par la
Fédération des cégeps nous révèle des
données qui viennent assombrir la situation de sous-financement du
réseau collégial, notamment de 1986 à 1989 - et là,
il n'y a pas de PQ. Alors que, prises dans leur ensemble, les dépenses
gouvernementales augmentaient de 30 %, les ressources consacrées aux
cégeps connaissaient une croissance insignifiante de 0,2 %
exprimée en dollars constants - ce sont les cégeps qui partent
sur l'air des libéraux. Durant les huit dernières années -
je l'ai dit trois fois, une quatrième fois pour que le
député de Rimouski comprenne - les cégeps se sont vu
imposer des compressions budgétaires de l'ordre de 95 000 000 $. Leur
sous-financement s'est aggravé durant l'année 1989-1990 - ce
n'est pas le PQ qui est au pouvoir. Ainsi les études sur lesquelles fut
fondée la demande d'ajout de 32 000 000 $ en 1988-1989 furent mises
à jour. C'est de 53 500 000 $ que le réseau collégial
public a besoin. La Fédération des cégeps prie donc le
gouvernement - M. le ministre - de ne pas recourir à la technique du
redéploiement, d'annoncer des correctifs lors du discours sur le budget
afin de diminuer de façon significative le sous-financement du
réseau collégial - il y en a eu un petit peu. Mais le
gouvernement a fait la sourde oreille, encore une fois, si on se
réfère au cahier des crédits - le cahier des
crédits, je pense qu'eux autres aussi le reçoivent, mais je n'ai
pas la conviction qu'ils y mettent autant de temps et c'est normal. C'est nous
qui sommes critiques, c'est nous qui devons en faire l'appréciation pour
le lire et regarder les dossiers.
Mais qu'est-ce que le cahier reflète du discours sur le budget?
Outre des sommes annoncées pour le plan d'accélération des
investissements, dont on ne connaît pas d'ailleurs la répartition
- on connaît le montant, mais pas la répartition - aucun ajout
supplémentaire n'a été consenti. De plus, les craintes de
la Fédération relatives au redéploiement se voient
confirmées à nouveau - pour 3 000 000 $, dans les crédits
budgétaires, c'est bien écrit, page 69, M. le ministre.
J'aimerais avoir une réponse là-dessus et j'arrive à ma
question précise. Vous écrivez: "Un montant de 3 000 000 $ sera
prélevé à même l'enveloppe des autres personnels et
autres coûts afin de financer les développements
du réseau." C'est ce que les cégeps ne veulent pas, parce
que ça s'appelle du redéploiement.
Ma première question, c'est celle-ci et on va y aller dans
l'ordre. J'aimerais avoir un premier commentaire sur le redéploiement
et, après ça, j'ai cinq ou six autres questions à vous
poser.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, s'il vous plaît, voulez-vous vous adresser à la
présidence?
M. Ryan: D'abord, je voudrais juste demander au
député d'Abitibi-Ouest: Combien a-t-il dit qu'il y a eu de
compressions sur la période de huit ans dont il parlait?
M. Gendron: 95 000 000 $.
M. Ryan: Est-ce qu'il se souvient de combien il y en a eu dans
les quatre années du gouvernement actuel et les quatre années
précédentes?
M. Gendron: Dans tous les chiffres que j'ai eus, moi, en tout cas
- je ne suis plus au ministère - tout ce que j'avais c'est pour les huit
dernières années - donc ça veut dire que j'ai eu
l'honnêteté d'inclure notre période - mais les chiffres que
j'ai, c'est pour les huit dernières années et c'est 95 000 000 $.
Ce sont les données que j'ai.
M. Ryan: C'est ça. Et il ne serait peut-être pas
mauvais d'ajouter que sur les 95 000 000 $, il y en au moins 75 000 000 $ qui
ont été institués sous le gouvernement
précédent et que, nous autres, en cinq exercices - c'est le
cin-quème budget que nous présentons - ça va faire au
total entre 18 000 000 $ et 20 000 000 $ de compressions.
M. Gendron: Je serais porté à vous croire.
M. Ryan: Ça veut dire qu'on est allé dans une voie
descendante. On ne pouvait pas régler ça du jour au lendemain. Je
me rappelle la première année que nous sommes arrivés au
pouvoir. Vous savez, tous ces chiffres-là sont préparés
par des techniciens qui ne sont pas des politiciens. Eux autres que ça
change de couleur, le gouvernement, ça ne change pas la couleur des
chiffres pour eux. Ils vous présentent... On est arrivés au
pouvoir avec des données qui nous ont renversés. Ils nous ont
dit: Bien, si vous voulez fonctionner de manière
équilibrée, il faut que vous continuiez à agir dans ce
même sens-là. La première année, on me
présentait des compressions au ministère de l'Enseignement
supérieur, je pense que c'était autour de 100 000 000 $. On a
réussi à réduire passablement ce montant. Il a fallu des
batailles considérables. Et là on est rendu cette année au
point zéro. Je l'ai dit tantôt - et là-dessus il y a
peut-être eu une erreur d'expression tantôt - c'est la
première fois depuis huit ans qu'il n'y a pas du tout de compressions.
Mais ce qu'il faut voir, c'est la courbe qui s'en va comme ça, tandis
qu'elle était partie dans l'autre sens. Ça, je pense que c'est
encourageant. On ne peut pas aller aussi loin que ne le voudrait la
Fédération et je suis sûr que la Fédération,
dans sa sagesse, le comprend. Mais parfois elle se perçoit comme un
organisme de revendication au nom des collèges - c'est peut-être
un volet de son rôle sur lequel elle veut mettre l'accent à
certains moments. Quand elle le fait en campagne électorale, c'est
peut-être moins opportun. C'est son droit, mais on reste libre de
réagir de notre côté aussi. Et cela étant dit, je
crois que si on regarde le tableau honnêtement, on constate une
amélioration très importante, en particulier cette
année.
Maintenant, j'en viens à la question que soulève le
député d'Abitibi-Ouest à propos du redéploiement.
Ça, c'est une vieille technique qui existe et qui est à peu
près inévitable à mon point de vue. On ne peut jamais
dire: On ne l'emploiera jamais, jamais. Jamais je ne boirai de ton eau. On ne
peut pas aller aussi loin. Mais là, cette année, on a
prévu un montant... L'an dernier, c'était 3 600 000 $, si mes
souvenirs sont bons. Cette année, c'est 3 000 000 $ pour des objets
aussi importants, de nouveaux espaces auxquels doivent recourir certains
établissements dans l'attente de constructions ou de réparations
ou parfois pour répondre à des besoins temporaires aussi.
Il y a toutes sortes de choses qui peuvent se présenter ici. Il y
a des mesures pour les étudiants handicapés dont a parié
le député tantôt. Nous pourrons en reparler un peu plus
tard. Il y a une entente avec le ministère de la Santé et des
Services sociaux pour la mise en oeuvre du programme de soins infirmiers, de
techniques infirmières. Il y a des... En particulier pour l'accès
aux laboratoires, il y a des choses spéciales qu'il fallait transiger
avec le ministère de l'Enseignement...
M. Gendron: Vous êtes conscient, M. le ministre, que c'est
à même le budget déjà prévu.
M. Ryan: Mais oui, mais oui. C'est un programme
déjà implanté, ça. On a mis des crédits
additionnels pour le programme de techniques infirmières. Vous savez
qu'on est allé chercher 3 300 000 $.
M. Gendron: Mais admettez-vous que... Pour finir
là-dessus...
M. Ryan: Mais ce ne sont pas des choses que le ministère
va chercher dans le réseau pour se désapproprier. C'est une
légère redistribution des ressources; 3 000 000 $ sur des
subventions
totales de 900 000 000 $, je vous avertis qu'il n'y a pas de quoi
fouetter un chat. Et ça, ce sont des choses qui vont échoir
à d'autres établissements. Ça ne va pas du tout dans la
caisse du ministère.
M. Gendron: Oui. Sauf que, M. le ministre, deux choses,
là-dessus, parce que c'est sûr qu'on ne s'entendra pas...
M. Ryan: Non.
M. Gendron: Moi, je ne change pas d'avis, que c'est des
compressions déguisées, il faut employer les termes par leur nom,
c'est vraiment... D'ailleurs, les collèges le savent, ils parlent de
compressions, êtes-vous au courant que dans leur document de travail, le
financement du réseau collégial, l'évaluation des besoins
financiers, c'est justement, rapidement, les nouveaux coûts - j'ai dit
que j'y reviendrais, quand vous avez dit: Ah! cette année, on est
gentils, on indexe les nouveaux coûts, parce que... Trois choses,
rapidement: Lorsqu'ils ont exprimé, dans un telbec, le 30-03-90 - c'est
après l'étude des crédits budgétaires - ils disent
ceci: On a besoin d'argent frais - vous savez ce que ça veut dire - pour
faire face aux nombreuses responsabilités qui nous incombent chaque
année. De ce côté-la, on n'a rien reçu. Alors, vous
direz ce que vous voudrez, vous m'expliquerez ce que vous voudrez avec les
chiffres, quand bien même que vous me diriez: Quand on a pris les
finances publiques, c'était terrible... Ça, c'est un autre
débat qui est démenti chaque fois par Alain Dubuc. Là, on
n'est pas à la commission du budget et de l'administration, on est au
budget de l'Éducation.
La progression est nulle. Nous avons besoin d'argent neuf pour faire
face aux nombreuses responsabilités qui nous incombent chaque
année. De ce côté-là, nous n'avons rien reçu.
Nous craignons même que le gouvernement n'utilise encore cette
année la technique du redéploiement budgétaire pour
financer des activités nouvelles. Dans la liste des activités
nouvelles, regardez, M. le ministre, ce que vous allez donner aux
cégeps, cette année, pour la nouvelle modification de la grille
de tarification de la CSST. Réponse: zéro. L'intégration
des directeurs, des directrices des services pédagogiques à
l'échelle hors cadre, 500 000 $ que ça leur coûte: pas un
rond. L'intégration des étudiants handicapés, là,
vous allez le chercher à même leurs crédits; alors, vous ne
leur donnez pas une cenne, puisque c'est dans leur enveloppe. En n'ayant pas
une cenne de plus, pensez-vous qu'ils vont faire plus d'intégration;
s'ils en font plus, ça va être soit en faisant des bingos, le
dimanche, dans les sous-sols, ou en quêtant quelque part.
L'entente MSSS-MEQ concernant le vaccin de l'hépatite B? Ah!
Petit détail: 1 500 000 $, que ça coûte. 1 500 000 $,
obligatoirement! Ils vont prendre ça où? À quelle place,
dans les crédits? À quelle place, dans les crédits? C'est
sûr que le député de Rimouski est au courant de ça,
lui, et il le sait, mais j'aimerais ça qu'il me le dise.
La nouvelle loi sur les matières dangereuses. Il y a une nouvelle
loi sur les matières dangereuses; ça, ce n'est pas nouveau, c'est
normal et, là-dessus, je suis d'accord avec le gouvernement, le
gouvernement fait de nouvelles lois et il dit: Dorénavant, au niveau du
cégep, il faut que vous identifiiez toutes les nouvelles matières
dangereuses. Il y a des coûts, et il y a des gens qui voudront le faire.
Avec quels crédits vont-ils les identifier, ces nouvelles
matières dangereuses? Juste une seconde. Ils vous avaient
détaillé ça dans un tableau récapitulatif que vous
avez probablement reçu, parce que c'est impensable que j'aie un document
que vous n'ayez pas. On disait: Un nouveau programme, deuxième
année en techniques de soins infirmiers, métiers d'art. Vous
n'avez pas dit: Vous commencerez quand vous serez prêts. Vous n'avez pas
dit: Vous ferez ça quand vous aurez les crédits. Deuxième
année en techniques de soins infirmiers - et je suis d'accord
là-dessus - et métiers d'art: 2 500 000 $, 1 000 000 $, 3 500 000
$. Arrangez-vous.
L'évolution technologique, on en parlera, une fiche du parc
technologique... Et là, les gens que je rencontrais hier, contrairement
à ce qu'il disait, même en période de conjoncture
difficile, disent: Le Parti québécois a fait à peu
près sept fois ce que le Parti libéral a fait sur le parc
technologique, parce qu'il en a tenu compte. Alors, j'arrête. M le
ministre, ma question est simple. Tous les coûts que je viens de vous
indiquer, quand, dans votre laïus d'ouverture, vous aviez la
prétention de dire: On ne vous coupe pas. Nous sommes, pour la
première fois, les valeureux capitaines qui augmentons, indexons
l'enveloppe des autres coûts... Pour les coûts que je viens de
nommer, où prendront-ils l'argent pour s'acquitter de leurs
responsabilités? (11 h 45)
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Je pense qu'on devrait les prendre un par un. Si on veut
être utiles, on va les prendre un par un. Le député a
parlé d'abord des nouveaux espaces. Quand vous avez parlé de
redéploiement...
M. Gendron: Oui...
M. Ryan: ...je vous ai dit ce qui rentrait là-dedans. On a
les nouveaux espaces. Ça entre dans le redéploiement; un montant
de 3 000 000 $ dont on a parlé; ont entré là-dedans aussi
les services aux élèves handicapés. Là-dessus, je
voudrais juste faire une précision qui me semble de mise. Un
établissement qui aura un
plus grand nombre d'élèves handicapés recevra des
ressources plus abondantes, un autre qui pourrait en avoir moins en recevra
moins. Il y aura un redéploiement d'un certain montant qui va se faire
de cette manière-là. Je n'ai pas le détail ici, mais...
C'est 500 000 $ pour les handicapés, et les nouveaux espaces, à
peu près 800 000 $.
Pendant que nous sommes sur les handicapés, je voudrais seulement
mentionner l'évolution qui s'est produite au cours des dernières
années. En 1982-1983, il y avait 21 élèves qui
étaient financés à même des mesures
spéciales, pour un budget de 255 000 $. En 1985-1986, il y en avait 75,
pour un budget de 580 900 $. En 1989-1990, il y en eut 204, pour un budget de 1
473 600 $. Alors, il y a eu une progression considérable de ce point de
vue là, il y a eu un élargissement des services qui sont offerts.
Nous envisageons de publier, dès que nous pourrons disposer des
ressources à cette fin, une véritable politique de ce
côté-là mais, déjà, le secteur
collégial accomplit des choses remarquables dans ce secteur. Je pense
que je dois remercier le député d'Abitibi-Ouest de m'avoir
fournir l'occasion de le signaler.
M. Gendron: Hépatite B?
M. Ryan: Hépatite B, M. Lanoux m'assure que le coût
sera plutôt de 800 000 $ que de 1 500 000 $, comme l'a laissé
entendre tantôt le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: La loi sur les matières dangereuses?
M. Ryan: Nous avons présenté une demande
additionnelle à ce sujet-là. Les demandes additionnelles ont
été laissées de côté, pour la présente
année, parce que le gouvernement a décidé de s'imposer un
régime d'austérité spéciale, mais c'est une
question qui sera réexaminée pour la prochaine année.
M. Gendron: Je termine là-dessus, je veux juste vous
dire...
M. Ryan: Juste un dernier point, si vous me permettez. Vous avez
parlé de l'intégration des DSP dans une nouvelle catégorie
pour fins de rémunération.
M. Gendron: Hors cadre, oui.
M. Ryan: Oui. Là, M. Lanoux m'assure que cette mesure
n'entraîne pas de dépenses additionnelles.
M. Gendron: Ce n'est pas la prétention, en tout cas, des
gens concernés.
M. Ryan: J'ajoute un dernier point, là. En ce qui touche
le programme de sciences infirmières, le député ne se
souviendra peut-être pas, parce que je pense qu'il n'était pas
critique de l'éducation, a l'époque, que j'avais pris la
décision de retarder d'un an l'implantation du programme,
précisément parce que je voulais éviter de lancer un tel
programme sans qu'on ait obtenu les crédits nécessaires à
son implantation. Et nous avons obtenu, à l'époque, des
crédits de 3 300 000 $ pour l'implantation sur la base de trois ans. On
avait fait des changements, comme vous le savez. Des changements principaux,
c'est l'addition d'un nombre plus grand de classes de laboratoire, de
séjours dans les hôpitaux qui entraînaient des frais
considérables. Tout ça a été prévu.
J'ajoute une chose. Cette année, le cégep Saint-Georges de
Beauce, ça ne se fait pas avec des prières, ça. Il faut
mettre de l'argent. On va chercher d'abord les fonds qui étaient
donnés pour le collège privé. Il y avait 3 800 000 $ qui
étaient versés en subvention sur le régime de DIP dont
jouit le séminaire de Saint-Georges de Beauce. Pour faire fonctionner le
cégep, ça va coûter 6 000 000 $ de plus, 6 000 000 $ de
plus qui ne sont pas dans l'estimation que j'ai présentée pour
une raison très simple. Ce n'est pas dans le redéploiement,
ça ne peut pas l'être, parce que ça ferait 10 000 000 $,
mais ça va venir avec le régime de l'enveloppe ouverte,
ça. On va avoir plus d'étudiants au collégial public
reconnu par le gouvernement; par conséquent, ils vont être
admissibles aux subventions régulières. C'est la même chose
pour les crédits que nous ajoutons. Les ajouts de ressources... Et je
vois le député qui se scandalise. Quand on pense qu'on ajoute 360
ressources, qui équivalent à 360 enseignants à temps plein
dans le réseau d'un seul coup, je m'excuse de l'expression, d'un seul
coup... Je suis surpris que ça ne nous vaille pas au moins des
félicitations de la part du député d'Abitibi-Ouest, parce
que je me rappelle que lui, il a failli démissionner, il y a quatre ans.
Il voulait en avoir 200 de plus au secondaire. Il n'a pas été
capable, il s'est fait dire non. Nous autres, on les a ajoutées dans la
convention suivante. Cette année, au secondaire, on en a 60 de plus, en
plus de garder les 200. Mais on en ajoute 360, ici, et on nous dit: Vous ne
faites rien. Ça, ça va encore entrer avec le régime de
l'enveloppe ouverte. Vous savez comment fonctionne tout le jeu des conventions
collectives. Il y a des ratios qui sont prévus dans les conventions
collectives et qui doivent s'appliquer suivant le nombre d'élèves
inscrits. C'est un ajout de crédits de 14 500 000 $ que nous entrevoyons
à cette fin. Alors, c'est autant de choses qui, à mon point de
vue, sont bonnes.
M. Gendron: Sur les crédits périmés,
à I'"item" Fonctionnement du...
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, M. le
député. Je pense que le député de Verdun
avait une question en rapport avec ça, je crois. M. le
député de Verdun, si vous voulez intervenir rapidement.
Recherche en milieu collégial
M. Gautrin: Oui, merci, M. le Président.
Brièvement, j'ai une question portant, M. le ministre, sur l'effort de
recherche en milieu collégial. Vous savez comme moi qu'il y a en milieu
collégial un potentiel de recherche important. Je sais qu'il existe un
certain nombre de programmes, le Programme d'aide à la recherche
technologique, qui est le programme PART, qui permet aux chercheurs en milieu
collégial de pouvoir faire de la recherche. Il existe le programme
PAREA, qui est le Programme d'aide à la recherche sur l'enseignement et
l'apprentissage. Je sais qu'on doit discuter demain du fonds FCAR, mais
à l'intérieur du fonds FCAR, il existe un programme nouveau qui
remplace l'ancien programme ACSAIR, qui est le Programme d'aide aux chercheurs
de collèges. Il est clair aussi qu'à l'intérieur des...
Certains chercheurs sont impliqués dans d'autres programmes du fonds
FCAR, c'est-à-dire le programme EQUIP et le programme de centres de
recherche. Alors, moi, j'ai une double question. Est-ce qu'on peut chiffrer ou
évaluer l'effort qui est fait par le gouvernement sur le plan financier
pour la recherche en milieu collégial? C'est la première question
que j'aurai à poser. Et, en sous-question, en page 83 du document que
vous nous avez déposé, vous signalez que, dans les objectifs du
ministère, il est de l'intention - page 83, paragraphe 3, dernier
alinéa - de mettre en place des mesures pour favoriser le
développement de la recherche au collégial, en conformité
avec les orientations qui ont été retenues. Alors, ma question,
c'est de savoir aussi quelles sont les mesures spécifiques que vous avez
en tête pour favoriser le développement de la recherche en milieu
collégial. Donc, c'est une question sur ce point-là, pour avoir
une idée globale de l'effort qu'on fait actuellement pour la recherche
en milieu collégial. Peut-être qu'il y a d'autres programmes que
ceux que je connais, c'est-à-dire PART, PAREA, celui qui a
remplacé ACSAIR... C'est ça ma question.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis extrêmement
heureux de cette question. Ça ne m'étonne pas venant du
député de Verdun, dont la carrière a été
consacrée à l'enseignement universitaire. Le gouvernement attache
une grande importance au travail de recherche qui se fait dans les
collèges. La recherche n'est pas reconnue explicitement comme faisant
partie de la mission légale, juridique des collèges. Dès
qu'on franchirait cette étape, il s'ensuivrait des conséquences
administratives et budgétaires considérables. Par exemple, on
exigerait, dans les négociations, que tant de temps soit
réservé pour la recherche, que la tâche d'enseignement soit
modifiée en conséquence, etc. Nous ne sommes pas en mesure, dans
le contexte actuel, d'envisager un changement de régime, et je l'ai dit
aussi clairement qu'on peut le dire au milieu collégial depuis quatre
ans. Et la position du gouvernement n'a point changé à ce
sujet.
Cependant, le gouvernement a divers programmes qui visent à
encourager la recherche dans le milieu collégial, comme l'a dit le
député de Verdun. Il me fait plaisir de fournir au
député de Verdun les précisions qu'il a requises à
ce sujet. Le programme PAREA, le Programme d'aide à la recherche sur
l'enseignement et l'apprentissage, a donné lieu à 60 projets au
cours de l'année 1989-1990, dont 38 répartis dans 20
collèges différents ont été retenus par les
comités d'appréciation. Pour la réalisation de ces
projets, 30 enseignants, équivalence temps complet, ont
été libérés, ce qui affectait 86 enseignants. Et
les ressources financières attribuées à ce programme se
sont élevées à 361 127 $. Les projets ont porté
principalement sur les applications pédagogiques de...
M. Gautrin: M. le ministre, est-ce que vous allez pouvoir
déposer ça à la commission?
M. Ryan: Oui. J'aime mieux le dire parce que ça va
être enregistré.
M. Gautrin: Non, non, je sais que vous le dites. Mais, moi,
est-ce que je le prends en note, ou bien est-ce que vous allez le
déposer après, dans un papier? C'est comme vous voulez.
M. Ryan: Ça va être enregistré. Vous aurez le
compte rendu. Mais si vous voulez des précisions, nous vous les
fournirons volontiers, ainsi qu'à tous les membres de la commission.
M. Gautrin: Merci.
M. Ryan: Ça, c'est le premier programme. Je pense que
c'est intéressant de mentionner les sujets de recherche qui ont
été présentés: le cheminement scolaire, les
échecs et les abandons. J'ajoute là-dessus une petite
précision sur tout le phénomène des abandons. Il y a deux
approches. Il y a l'approche à long terme - il n'y a personne qui peut
apporter d'explication à ce phénomène-là à
court terme - qui consiste à étudier cette réalité
de la manière la plus méthodique, la plus scientifique possible;
pour créer le dispositif nécessaire a cette fin, il faut quelques
années, et c'est ça que nous avons fait depuis trois ans. Et
là, nous venons de livrer aujourd'hui le premier résultat de ces
travaux: c'est cette étude longitudinale qui nous rend compte de
l'évolution suivie de 1980 à 1986. Ça
sera suivi de nombreux autres travaux. Premier point.
Deuxième point, des mesures "remédiatrices"
immédiates - et je ferme la parenthèse là-dessus. Autre
sujet, les difficultés d'apprentissage, les habiletés de lecture
et d'écriture, le français écrit, la formation
fondamentale, la transition secondaire-collégial. Il se fait des travaux
de recherche de très bonne qualité dans le cadre de ce programme.
Deuxièmement, nous avons le Programme d'aide à la recherche
technologique. C'est un programme qui est réservé aux professeurs
qui oeuvrent du côté de l'enseignement professionnel, pour des
travaux de recherche portant sur divers sujets d'intérêt. Au cours
de la dernière année, 900 000 $ ont été
consacrés à ce programme; 32 projets ont été
retenus pour fins de subvention, et ces projets ont permis 15
dégagements d'enseignants en équivalence temps complet. Les
collèges qui disposent d'un centre spécialisé ont
été les principaux bénéficiaires de ce programme,
pour des raisons qu'on comprendra facilement. Je pense que les
députés y gagneraient à visiter certains centres
spécialisés pour se rendre compte du travail considérable
qui s'accomplit dans ces centres. J'en visitais un, récemment, le Centre
de matériaux composites du cégep de Saint-Jérôme.
C'est une vraie petite manufacture. Ce n'est pas du tout un local
d'enseignement. C'est une vraie petite manufacture qui a des contrats à
la douzaine avec des entreprises pour vérification de produits, mise au
point de nouvelles techniques de production, etc. C'est un système qui
est formidable quand il fonctionne bien.
Troisièmement, nous avons un Programme d'aide aux chercheurs des
collèges qui, lui, a pour objet de favoriser des projets de recherche
fondamentale. Disons que vous avez un professeur de philosophie. Pour
améliorer la qualité de son enseignement et sa propre
maîtrise de sa discipline, il est intéressé à faire
un travail de recherche sur tel aspect de l'oeuvre d'Aristote, par exemple.
Ça n'a rien à voir avec des buts fonctionnels immédiats,
mais c'est très important pour l'amélioration de la
qualité de la vie collégiale. Alors, il y a un programme qui lui
est ouvert et en vertu duquel il peut soumettre un projet de recherche qui,
s'il est retenu, lui permettra de se libérer pendant trois mois, six
mois ou un an pour mener son projet de recherche à terme.
Tous les programmes ensemble favorisent de plus en plus l'accès
des chercheurs de collèges au programme du fonds FCAR et on pourra en
parler demain avec la direction du fonds FCAR. Dans l'ensemble, les sommes que
nous attribuons aux collèges pour les fins de recherche sont de 4 500
000 $. Je pense que c'est un des aspects très intéressants.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, est-ce que... C'est là la fin de votre intervention?
M. Gautrin: Le deuxième point, c'était à la
page 83, au dernier alinéa. Vous suggérez de mettre en place des
mesures pour favoriser le développement de la recherche. Est-ce que vos
réponses incluaient des nouvelles mesures ou non?
M. Ryan: Oui, ce que vous avez cité, et je voulais
justement le préciser, ce n'était pas un engagement, mais un
texte descriptif qui résume les fonctions de la Direction
générale de l'enseignement collégial.
M. Gautrin: Oui.
M. Ryan: Une de ses fonctions, c'est de faire ce que je viens de
décrire.
M. Gautrin: Donc, c'était inclus dans la description des
programmes actuels. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Verdun. M. le député d'Abitibi-Ouest,
vous avez à nouveau la parole.
Crédits périmés
M. Gendron: Sur les crédits périmés,
toujours à l'enseignement collégial, on est étonnés
de voir que les crédits périmés prévus au programme
1, Fonctionnement au public... À moins que je ne lise mal, ce serait 31
524 000 $ de crédits périmés. Alors, y a-t-il là
une erreur, ou si c'est exact? (12 heures)
M. Ryan: Je m'excuse. J'ai eu un moment de conversation avec le
sous-ministre. Voulez-vous répéter la question, s'il vous
plaît?
M. Gendron: Dans le document du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, au programme 5,
élément 1, Fonctionnement au public, c'est dans les demandes de
renseignements de l'Opposition, la demande chiffrée 14. Fonctionnement
au public, vous arrivez avec des crédits périmés
prévus de 31 524 000 $. Alors, moi, je trouve ça très,
très, très élevé. J'aimerais avoir des
explications. Je ne comprends pas qu'il y ait autant de crédits
périmés.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: ...je vais demander au sous-ministre, M. Gilbert, de
fournir des précisions au député d'Abitibi-Ouest sur ce
sujet. Je pense que, quand il aura compris les explications, il va s'apercevoir
qu'il n'y a pas beaucoup matière à inquiétude dans cette
enveloppe.
M. Gendron: Tant mieux.
M. Ryan: Mais ça demandait des explications. Je conviens
de l'opportunité de la question.
M. Gendron: Ainsi que la ventilation, si c'est possible.
Le Président (M. Gobé): M. Gilbert, si vous voulez
vous identifier pour fins d'enregistrement des débats. M. Gilbert.
M. Gilbert (Marcel): Marcel Gilbert. D'abord, il y a un montant
de 24 500 000 $ qui est une partie imputée au ministre des Finances et
qui était imputée auparavant au ministère, changement qui
est survenu en cours d'année. Maintenant, c'est imputé au
ministère des Finances, et le changement s'est fait en cours
d'année.
M. Gendron: Mais pourquoi? C'est quoi, cette
affaire-là?
M. Gilbert: C'est pour le RREGOP. M. Gendron: O.K.
M. Gilbert: Et il y a pour 7 000 000 $ de
récupération pour les jours de grève.
M. Gendron: Page 69 du cahier des crédits. Page 69 du
livre des crédits, toujours à l'élément 1, vous
avez encore là l'habileté d'inscrire "enseignants", puis "autres
personnels et autres coûts". Et là, évidemment, on a des
chiffres. J'aimerais que vous me fassiez la proportion entre "autres
personnels" et "autres coûts", puisque vous avez mis cela ensemble. Donc,
en termes clairs, quel est le montant pour "autres coûts" uniquement?
Première question.
Deuxièmement, expliquez-moi ce que vous entendez par "budgets
spéciaux" et, encore là, s'il y avait moyen d'avoir des
détails un petit peu plus précis qui nous permettraient de
comprendre.
Le Président (M. Gobé): M. Gilbert, vous avez la
parole.
M. Ryan: II y a 70-30, 70 % pour "autres personnels", 30 % pour
"autres coûts". Les 30 % ont été indexés, comme je
l'ai dit tantôt, de 4,6 %. Les "autres personnels", c'est selon le
règlement que le gouvernement a institué pour les cadres.
M. Gendron: Et c'est quoi, votre notion de budgets
spéciaux pour 16 000 000 $?
M. Ryan: M. Lanoux va vous fournir des précisions
là-dessus, si vous le permettez, M. le Président.
M. Lanoux (Jacques): Jacques Lanoux. Dans ces 16 000 000 $, ce
que vous avez, c'est les centres spécialisés, il y en a pour 2
000 000 $; les écoles spécialisées, programmes de
français, 2 200 000 $, recherche... Ça va?
M. Gendron: Ça va. Ce que je...
M. Lanoux: C'est des choses comme ça.
M. Gendron: O.K. Est-ce que le ministre pourrait prendre
l'engagement de fournir cette ventilation aux membres de la commission pour les
budgets spéciaux de 16 000 000 $, qui figurent aux crédits pour
qu'on sache exactement...
M. Ryan: On donnera l'état des dépenses pour
l'exercice 1989-1990 et la répartition des prévisions pour
1990-1991. Est-ce que ça convient, ça?
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez fini,
M. le député?
M. Gendron: Une minute. Vas-y, Jeanne.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole maintenant.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, d'abord je m'excuse d'avoir dû quitter parce que je
devais faire une brève apparition à la commission
d'Hydro-Québec.
Une question, donc. J'en ai quelques-unes sur le texte de
présentation du ministre. À la page 15... Un instant. Bon, je
vais commencer plutôt avec celle qui parle de l'accroissement dans le
taux de passage, à la page 3. L'accroissement du taux de passage du
secondaire au collégial n'a cessé d'augmenter en passant de 42,5
% en 1982 à 52,6 % en 1989. Je me réjouis et je me
réjouirais davantage si le ministre me disait que ma lecture n'est pas
correcte. Est-ce qu'une partie de cet accroissement des clientèles qui
passent du secondaire au collégial ne vient pas être
atténuée par le fait que le taux de diplomation au
collégial a baissé de 10 % ou 12 %? Il est passé de 76 %
à 64 %, si je ne m'abuse. Alors, ça n'est plus que 52 % de 64 %
de ceux qui sont diplômés. Alors, est-ce que ça ne vient
pas atténuer considérablement la lecture et la portée de
ces données?
M. Ryan: Je pense qu'il y a méprise quant aux
données. Si vous permettez, j'aimerais peut-être que M. Lanoux
fournisse des explications là-dessus pour qu'on s'entende sur les
chiffres d'abord.
Le Président (M. Gobé): M. Lanoux, si vous voulez
prendre la parole, allez-y.
M. Lanoux: D'accord. Au haut de la page 3, quand vous parlez du
taux de passage du secondaire au collégial, 42,5 % qui est maintenant
52,6 %, si on prend 100 étudiants au secondaire, mais en secondaire I,
en 1982, il y avait 42,5 % de ces 100 étudiants qui venaient au
collégial et, en 1989, il y avait 52,6 % de ces 100 étudiants
inscrits en secondaire I qui venaient au niveau collégial. Il n'y a pas
de référence avec notre taux de diplomation. Il y a une
amélioration du passage du secondaire au collégial. La base de la
mesure, ce sont les étudiants de secondaire I.
Mme Blackburn: Bien.
M. Lanoux: Si on prenait la base de passage des étudiants
de secondaire V, il faudrait parler, à ce moment-là, d'un taux de
passage du secondaire V au niveau collégial à peu près
à 95 % ou 98 %.
Mme Blackburn: Alors, ce que je dois comprendre, c'est qu'on ne
diplôme que 64 % au secondaire et qu'il y en a 52 % qui s'en vont au
collège.
M. Lanoux: Non. Sur 100 étudiants... Mme Blackburn:
Oui, c'est ça. M. Lanoux: ...de secondaire I...
Mme Blackburn: Ma lecture, M. le Président, je vais me
réexpliquer. On en a 100 au secondaire I, on en diplôme 64 % au
secondaire V. C'était ça qu'on a annoncé. O.K.? Et de ces
100, il y en a 52 qui s'en vont au collège. C'est bien ça que
j'ai dit.
M. Lanoux: Oui.
Mme Blackburn: Bon, voilà.
M. Lanoux: Donc, s'il y a 52 % des 100 premiers qui viennent et
il y en a 95 % à 98 % des 64 % de diplômés de secondaire V
qui viennent au cégep aussi. C'est ça aussi qu'il faut faire
comme différence. Si le secondaire diplôme 64 % de ses
étudiants, nous acceptons au collège 95 % à 98 % de ces 64
% que le secondaire diplôme.
Mme Blackburn: D'autres questions toujours sur votre texte de
présentation. Est-ce que le ministre a l'intention de reconnaître
la recherche au niveau collégial tel que cela a été
demandé par de nombreux organismes et depuis de nombreuses
années?
M. Ryan: Non, j'ai répondu...
Mme Blackburn: Et sinon, pourquoi pas?
M. Ryan: M. le Président, j'ai répondu à
cette question tantôt. La question a été soulevée
tantôt et elle a connu sa réponse.
Le Président (M. Gobé): II est vrai que la question
a été posée par le député de Verdun, mais je
crois, madame, que vous étiez absente à ce moment-là.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. J'ai expliqué
que j'étais à une autre commission parlementaire.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas un reproche,
madame. C'est une constatation.
Mme Blackburn: Alors, ce que je veux dire, c'est qu'il peut me
répondre par oui ou non.
M. Ryan: La réponse est négative, mais la politique
du gouvernement consiste à encourager par des moyens appropriés
des programmes concrets de développement de la recherche dans le milieu
collégial. Nous ne sommes pas en mesure de promettre que la mission de
l'enseignement collégial comportera un volet officiel de recherche.
Mme Blackburn: L'autre question. En page 15, vous annoncez la
création de nouveaux centres spécialisés à Vanier,
à Saint-Jérôme, à Trois-Rivières, à
Sherbrooke. Vous nous dites: À chacun des collèges où ont
été établis de nouveaux centres, une aide
financière de 150 000 $ pour la première année, 120 000 $
pour la deuxième et 100 000 $ pour les années
subséquentes. Est-ce que le financement de ces ajouts dans les
collèges qui seront autorisés à ouvrir un centre, c'est un
ajout à l'enveloppe ou si c'est par réallocation, comme ça
s'est toujours fait, c'est-à-dire que vous brassez ça et vous
dites: Tout le monde paie parce qu'on vient d'ouvrir un nouveau service dans un
collège?
M. Ryan: C'est un ajout. C'est un budget spécial.
Mme Blackburn: À quelle place ça apparaît-il
dans les crédits?
M. Ryan: M. Lanoux l'a dit tantôt, dans Budgets
spéciaux, les 15 000 000 $ qui sont à la...
M. Lanoux: II y a un budget pour les centres
spécialisés.
Mme Blackburn: Oui, j'ai vu les 15 000 000 $. Mais les 15 000 000
$, si je ne m'abuse, dans votre texte, c'était pour les
professeurs, les enseignants additionnels, pour l'encadrement
pédagogique et pour...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, allez-y, je
vous en prie.
M. Ryan: Si la députée de Chicoutimi me permet de
peut-être lui suggérer de se reporter à la page 69 du
cahier des crédits. À la page 69 du cahier des crédits,
elle trouvera, à Budgets spéciaux, une somme de 16 000 000 $.
Alors, dans cette somme de 16 000 000 $, il y a un montant de 2 000 000 $ pour
les centres spécialisés.
Mme Blackburn: 2 000 000 $ pour les centres
spécialisés?
M. Ryan: Oui. L'autre montant de 14 000 000 $ dont j'ai
parié tantôt, vous allez le retrouver dans le 339, en haut, et 526
enseignants, c'est là qu'il va se trouver.
Mme Blackburn: C'est ça. Mais quand je parie de
réallocation, ça veut dire que la croissance de l'enveloppe des
collèges inclut ces 14 000 000 $ et ces 2 000 000 $. Donc, ça
revient au même. C'est-à-dire que, quand vous dites que
l'accroissement global de l'enveloppe de l'enseignement collégial est de
8,9 %...
M. Ryan: Oui, en tout. Bon an, mal an, ça fait une
augmentation de 77 000 000 $ aux crédits des collèges; c'est
quand même de l'argent.
Mme Blackburn: Est-ce que ça correspond aux besoins et aux
attentes des collèges et de leur Fédération?
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Est-ce que ça vous apparaît
suffisant...
M. Ryan: Pour cette année, oui.
Mme Blackburn: ...après huit ans de compressions?
M. Ryan: Je pense que c'est la plus belle année qu'on aura
connue depuis... On a eu une bonne année en août...
Mme Blackburn: Je comprends.
M. Ryan: ...mais celle-ci est la meilleure. Et je le souligne
encore parce que c'est capital, l'ajout de 360 enseignants pour promouvoir un
travail d'encadrement meilleur, c'est considérable quand on pense que
c'est 46 cégeps; 360, faites le calcul, je vous avertis que... Je pense
bien que la Fédération est bien contente, même si elle ne
le dit peut-être pas avec tout l'enthousiasme qu'on pourrait souhaiter.
Je suis sûr qu'elle est très heureuse.
Mme Blackburn: J'avais cru lire que, de ce nombre, 100
enseignants devront être principalement affectés à
l'encadrement des élèves nouvellement admis et non pas... Il y a
360 enseignants. Je connais un peu le système. Alors, il y en a 100 pour
l'encadrement et 100 pour l'encadrement, c'est environ 2 par
collège.
M. Ryan: Si vous avez bien écouté ce que j'ai
dit...
Mme Blackburn: Je l'ai lu.
M. Ryan: ...c'est pour l'encadrement, pour les
élèves qui arrivent en première année.
Mme Blackburn: En première année.
M. Ryan: Mais si vous avez deux enseignants de plus qui vont
s'occuper des élèves qui entrent en première année
pour les soutenir, les rencontrer, s'enquérir de leurs besoins et leur
fournir l'appui nécessaire, c'est saprement mieux que zéro.
Une voix: C'est mieux que zéro.
Mme Blackburn: Ah oui! Tout est mieux que zéro,
évidemment.
M. Ryan: Bien oui, on partait de là.
Mme Blackburn: Et tout est mieux que moins. Mais je ne pense pas
que c'est la politique. .. La politique du pire...
M. Ryan: Quand on ajoute deux enseignants...
Mme Blackburn: ... est la pire des politiques aussi.
M. Ryan: Moi, je vais voir dans une commission scolaire en
disant: On va vous donner un enseignant ou deux de plus dans une école
secondaire. Ils sont très heureux. Et là, on en met une moyenne
de plus que... Aïe! ça fait une moyenne de cinq, six par
collège. Franchement, là... (12 h 15)
Augmentation de la clientèle dans les
collèges anglophones
Mme Blackburn: Quelques questions toujours dans votre document
où vous vous référez à l'étude qui est
réalisée par deux chercheurs, une étude longitudinale sur
les clientèles, les taux de
rétention, de diplomation, et ainsi de suite. On voit dans cette
étude, à la page 17, que le secteur français des
collèges réussit à retenir... 75 % des
élèves qui ont poursuivi leurs études en français
au secondaire s'inscrivent dans un collège français... Je pense
bien, oui c'est ça. 75 % de ceux qui ont étudié - c'est
peut-être à la page 18 aussi - au secondaire français
s'inscrivent dans un collège français contre 95 % chez les
anglophones, c'est-à-dire ceux qui ont fait leurs études en
anglais, à 95 %, poursuivent leurs études en anglais. O.K.? Et la
proportion - et c'est peut-être ça qui est plus important - des
allophones et des francophones dans les collèges anglophones
était de 18 % et elle est passée à 24 % en 1986.
Ça, c'est à la page 18. Donc, le pourcentage de francophones et
d'allo-phones dans les collèges anglais, il y a un accroissement. Est-ce
que ce n'est pas suffisant pour inquiéter le ministre? On sait que le
rôle des bourses qui favorisent l'inscription dans les collèges
anglophones n'est pas complètement neutre dans ce
phénomène-là. Et est-ce que le ministre trouve cette
situation normale? Est-ce qu'il trouve souhaitable l'accroissement des
clientèles dans les collèges anglophones, des clientèles
francophone et allophone? Est-ce qu'il trouve ça normal?
M. Ryan: Est-ce que la députée...
Mme Blackburn: Est-ce qu'il trouve ça souhaitable?
M. Ryan: Je voudrais savoir sur quoi porte la question. Est-ce
que ça porte sur les allophones ou les francophones?
Mme Blackburn: Les deux. On les retrouve tous les deux.
M. Ryan: On va prendre les francophones pour commencer...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...si vous voulez. Tout d'abord, j'ai déjà
dit à l'Assemblée nationale - et je le répète ici -
qu'il n'y a pas de mal à ce qu'un élève qui a fait ses
études en français au primaire et au secondaire ait des raisons
sérieuses de vouloir faire des études collégiales dans un
établissement anglophone si celui-ci offre des services qui lui sont
disponibles. Il n'y a pas de mal en soi à ça, j'espère.
Parce que si on observait un phénomène d'assimilation qui serait
le moindrement dangereux, if y aurait lieu pour le gouvernement de s'en
inquiéter, mais les chiffres nous tiennent un tout autre langage. La
proportion des élèves de langue française inscrits dans
des cégeps anglophones était de 17,6 % en 1986; en 1987, elle
était de 17,2 %; en 1988, de 16,7 % et, en 1989, de 15,6 %, 15,8 %
à l'automne de 1989. Dans ces conditions-là, il n'y a pas de
danger. Il faut quand même avoir une certaine ouverture. Les choses sont
sous contrôle. Et, encore une fois, il y a toutes sortes de
phénomènes. Le député d'Abitibi-Ouest aime souvent
se référer à la réalité concrète. Il
y a des mariages mixtes. Il y a beaucoup de mariages mixtes. J'espère
qu'il n'y aura jamais aucun gouvernement qui voudra essayer de les
empêcher comme ça s'est fait en Afrique du Sud. Alors, quand il y
a des mariages mixtes, ça va tourner... Comment ça va tourner? On
ne le sais pas avant de partir. On ne le sais pas avant de partir. Il y a des
gens qui se préparent à des études à
l'extérieur. Ils peuvent vouloir se préparer en faisant des
études de niveau collégial en anglais. Il y en a d'autres qui se
disent: Moi, j'en aurai besoin pour la carrière que je veux embrasser;
j'aime autant prendre les devants pour être solidement
équipé quand j'arriverai a l'université. Bien, ce sont des
choses dont un système d'enseignement humain doit être capable de
tenir compte pourvu qu'elles demeurent dans des proportions raisonnables.
Maintenant, je prends l'autre facteur que mentionnait la
députée de Chicoutimi, la proportion des élèves
allophones dans les cégeps anglophones. Là, contrôlez-moi,
M. Lanoux, pour que je ne m'égare point. Les statistiques sont tellement
belles que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Alors, en 1986 c'était de 27 %, 27,1 %; en 1987,
27,2 %; en 1988, 26,9 % et, en 1989, 27,1 %. Il y a une stabilité
remarquable de ce côté-là. Nous savons que le nombre des
étudiants de milieux anglophones qui parviennent aux études
collégiales a, lui, augmenté considérablement et nous
savons aussi que la proportion de ceux qui s'inscrivent dans des cégeps
francophones est passée - on a donné des chiffres, l'autre jour,
à l'Assemblée nationale, de 1980 à 1989, je crois que
c'est de 27 % à 39 %, de 24 %à39 %.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée plus
précise du phénomène?
M. Ryan: Alors, ça, c'est le portrait global qui me
paraît refléter une situation répondant très bien
aux objectifs fondamentaux de la politique gouvernementale. Quand nous aurons
résorbé... Il ne faut pas oublier que nous avons, chez les
générations qui finissent le secondaire depuis quatre ou cinq
ans, les résidus de la législation antérieure aux niveaux
primaire et secondaire. Là, il y a des gens qui ont acquis des droits,
évidemment, mais tout ça a cessé à compter de
1977.
Mme Blackburn: Pour peut-être bien mesurer le
phénomène, lorsque le ministre... J'ai cru comprendre
tantôt que le ministre nous a dit
que, de 1980... Les chiffres qui sont donnés ici vont de 1980
à 1986, pour le pourcentage d'allo-phones et de francophones dans les
collèges anglophones; c'est passé de 18 % à 27,1 % pour
1989, ce que j'ai compris tantôt. C'était combien, le pourcentage
que représente...
M. Ryan: Je n'ai pas dit ça. Regardez. Francophones...
Mme Blackburn: Et allophones.
M. Ryan: ...dans les établissements anglophones...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...c'est passé de 17,6 % en 1986 à 15,8 %
en 1989, et les allophones dans des établissements anglophones, ils sont
passés de 27,1 % en 1986 à 27,1 % en 1989.
Mme Blackburn: Pour un total de? Il est confondu, parce que, ici,
on parle de 24 % en 1986.
M. Ryan: Où prenez-vous les 24 %?
Mme Blackburn: À la page 18. C'est simplement pour savoir
ce que ça représente au Québec.
M. Ryan: Savez-vous, M. le Président, j'ai le grand
plaisir d'avoir à mes côtés Mme Mireille Levesque, qui est
une des deux auteurs de l'étude en question. Comme cette étude
vient tout juste de paraître, je pense que les membres de la commission
seront peut-être intéressés à entendre, de la bouche
même de Mme Levesque, les explications aux questions qui sont
posées. Je voudrais profiter de l'occasion pour vous féliciter
sincèrement de l'excellent travail que vous avez accompli. Je pense que
vous nous donnez un arsenal de base pour établir, éventuellement,
des politiques...
Mme Blackburn: Le travail est excellent, ce sont les
décisions qui ne viennent pas.
M. Ryan: ...plus éclairées, ce qui est absolument
indispensable. Une instrumentation de cette nature, ça ne se construit
pas dans six mois, ça prend quelques années. Je pense que
là, on est très bien engagés grâce aux travaux que
vous avez réalisés.
Alors, je m'excuse, M. le Président, mais si...
Le Président (M. Gobé): Oui. Alors, Mme Levesque,
c'est avec plaisir que nous allons vous entendre. S'il y a des membres de la
commission qui ont des questions à vous adresser, ils sont priés
de le faire. Je vous demanderais de vous identifier, pas seulement votre nom,
mais votre titre ou votre fonction, pour les besoins de l'enregistrement des
débats, s'il vous plaît. Alors, identifiez-vous et, par la suite,
les membres de la commission pourront procéder et vous poser des
questions.
Mme Levesque (Mireille): Mireille Levesque, je suis
coordonnatrice de recherche à la
Direction générale de l'enseignement collégial.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. Mme
Blackburn: Bonjour, madame.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. En fait, la question était très
précise. Pour nous permettre de mesurer le phénomène, de
le quantifier, il faudrait que j'aie la proportion - là, je ne me
rappelle plus bien - d'élèves qui fréquentent les
collèges anglophones. Est-ce que c'est 25 % ou 30 %? Ça
représente combien d'élèves? C'est pour savoir exactement
combien de jeunes sont dans un système qui - je ne partage pas la
lecture que fait le ministre - favorise l'intégration à la
minorité, surtout quand on parie des allophones. Parce que le ministre
nous dit: Aussi longtemps qu'on n'aura pas constaté que ça a
comme effet d'amener une intégration à la minorité, on ne
pense pas qu'il faille... Je pense que ce n'est pas un discours... D'abord,
ça doit être bien difficile à mesurer, ce n'est pas ici
qu'on va le faire. Je voudrais juste savoir, moi, combien de têtes de
pipe que ça représente, ça.
M. Ryan: Dans les établissements anglophones par rapport
aux établissements francophones...
Mme Blackburn: En pourcentage, c'est combien?
M. Ryan: C'est 19 %.
Mme Blackburn: C'est 19 %?
M. Ryan: De la clientèle totale.
Mme Blackburn: Alors, 19 % de 140 000?
M.Ryan: 132 000.
Mme Blackburn: 132 000. C'est 26 000. Alors, ça donne 25 %
de 26 000. Le quart de 26 000, ça donne 6000 à 7000
élèves qui, année après année,
choisissent... Ma question: Est-ce que le ministre a l'intention comme ministre
responsable...
Mme Levesque: Je m'excuse. Comme nouveaux inscrits à
l'enseignement collégial, par exemple, les élèves qui
arrivent pour la première fois au collégial dans les
collèges anglophones en 1986, et c'est resté assez constant, en
tout cas dans les années quatre-vingt, on avait tout près de 9000
étudiants qui arrivaient à l'enseignement collégial et qui
s'inscrivaient dans les collèges anglophones alors que, dans les
collèges francophones, nous en avions environ 40 000 - les nouveaux
inscrits, j'entends, ceux qui arrivent. Alors, vous multipliez à peu
près par trois compte tenu des élèves qui sont en
première, deuxième et troisième années du
collégial, grosso modo, pour avoir une idée. Alors, 9000, ce
serait 26 000, 27 000 élèves qui seraient inscrits dans les
collèges anglophones en 1986.
Mme Blackburn: D'accord. C'est à peu près ce que
j'avais. Donc, c'est le quart de 26 000, 27 000 qui partent d'un système
français et qui s'en vont au système anglais, si je me fie
à vos chiffres, là, en page 18.
Mme Levesque: En fait, concernant les données, par
exemple, des allophones, il y a deux façons de lire les chiffres. Si
vous considérez l'ensemble de la communauté allophone, les
élèves allophones qui s'inscrivent au collégial et que
ça fait 100 %, alors on sait qu'il y a à peu près 85 % des
allophones qui étudient en anglais et 15 % - vous avez les chiffres ici
- 14 %, en 1980, des allophones étudiaient dans les collèges
francophones. Et cette proportion-là a augmenté, la proportion
des étudiants allophones qui étudient dans les collèges
francophones a augmenté jusqu'à 39 % en 1989.
Mme Blackburn: Oui, c'est parce que...
M. Ryan: Je pense que vous êtes en train, sinon de vous
égarer, de nous égarer. Suivant les chiffres que j'ai devant moi,
le nombre d'étudiants francophones inscrits dans des cégeps
anglophones à l'automne de 1989 était de 3293. On n'est pas dans
l'ordre de 7000, 8000, là. 3293. N'est-ce pas?
Mme Blackburn: Francophones? M. Ryan: Oui.
Mme Levesque: Dans des collèges anglophones, vous avez
raison.
M. Ryan: C'est ça, ce n'est pas 6000, 7000, il ne faut pas
partir en peur.
Mme Blackburn: Des francophones.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Des francophones.
M. Ryan: J'ai une grosse tâche à dissiper vos
frayeurs parce que vous les enveloppez toujours dans des chiffres qui n'ont
aucun rapport avec la réalité.
Mme Blackburn: Non, non, un instant, là. M. le
Président...
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: ...le voilà reparti pour la gloire. Et,
là, si le monde rit, vous allez le voir partir, on ne le verra plus
passer.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, malheureusement-Une voix: Vous sautez souvent,
vous aussi, pour la gloire.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
s'il vous plaît!
Mme Blackburn: Merci de le rappeler, toi aussi.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais corriger un autre
chiffre parce que ça va servir de base à notre discussion. La
répartition de la clientèle dans les cégeps à
l'automne de 1989: dans les cégeps francophones, c'est 104 913; dans les
cégeps anglophones, c'est 20 902. Là, il n'y aura pas de
discussion. Ce sont des chiffres...
Mme Blackburn: Ça va. M. Ryan: O.K.
Mme Blackburn: Ça, ça va, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Gobé): II reste une minute avant
de suspendre les travaux.
Mme Blackburn: Parce que, là, il parle de frayeurs et de
chiffres que je lirais de travers. Je prends textuellement en page 18: "Par
ailleurs, on observe que dans les collèges anglophones la
représentation des anglophones a diminué - ils sont moins
nombreux au Québec, ça se comprend - de 64 % à 58 %. Cette
diminution s'est faite au profit des francophones et des allophones puisque
leur représentation est passée respectivement à 18 % et
à 24 % en 1986." C'est ça la réalité, je ne lis pas
autre chose. Je lis ce qui est écrit là-dedans.
Mme Levesque: La représentation proportionnelle, comme
vous l'aviez mentionnée, c'est sûr que, dans la mesure où
la proportion d'anglophones diminue dans les collèges anglophones,
nécessairement ça se traduit par une augmenta-
tion proportionnelle de la population, francophone.
Mme Blackburn: Ça donne, en fait...
Le Président (M. Gobé): Rapidement, Mme la
députée, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: ...environ 5000 jeunes qui passent du secteur
français au secteur anglais. Si je fais le calcul, 20 000...
M. Ryan: J'ai dit tantôt, selon les statistiques que j'ai
devant moi, qu'à l'automne de 1989 il y en avait 3293. On ne peut pas
les multiplier par deux avec des artifices de logique qui relèvent bien
plus du sophisme que de la logique.
Mme Blackburn: Ce ne sont pas des artifices, M. le
Président.
M. Ryan: Bien, voyons donc!
Mme Blackburn: Je pars des données que vous me donnez. Il
y en a 20 902.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, je dois malheureusement appliquer le
règlement.
Mme Blackburn: Alors, on reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Nous allons donc suspendre
les travaux de cette commission jusqu'à 15 heures, aussitôt les...
M. le ministre, vous avez un dernier mot. Je vous en prie, allez-y. Une
clarification, M. le ministre. Un dernier...
M. Ryan: Mme la députée de Chicoutimi me pose des
questions à partir d'un paragraphe extrait d'une publication qui a son
économie propre et dont les données vont surtout jusqu'à
1987, si j'ai bien compris. Tandis qu'ici, les chiffres que j'ai donnés
sont des chiffres qui vont de 1985... Ça commençait en 1983
jusqu'à 1989. Surtout, les chiffres de 1989 sont des chiffres du
ministère. Je n'oserais pas les inventer, on le comprendra facilement.
Je pense qu'on devrait retenir ces chiffres-là comme étant les
véritables indicateurs de la réalité.
Mme Blackburn: Bien. Le ministre peut-il déposer le
document?
M. Ryan: Certainement. Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Gobé): D'accord. Alors, je vous
remercie, M. le ministre. Nous prenons bonne note de tout cela. Donc, je
suspends les travaux de la commission jusqu'à 15 heures, cet
après-midi, et en cette salle. Bon appétit tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 31 )
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez prendre place. M. le ministre, s'il vous
plaît! Mesdames et messieurs, s'il vous plaît, à
l'ordre!
La commission de l'éducation va reprendre l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour l'année financière
1990-1991. Nous étions au programme 5. M. le député
d'Abitibi-Ouest avait la parole. Alors, si vous voulez continuer.
Effets de la déconcentration des études
collégiales
M. Gendron: Merci, M. le Président. M. le ministre, le
développement du réseau collégial, vous savez que c'est
une question importante. Vous avez affirmé qu'il existe 47
collèges publics qui dispensent l'enseignement collégial. Pour
vous, c'était l'une des plus belles réussites du dernier quart de
siècle sous l'angle de la démocratisation et de l'accès
à la formation postsecondaire et vous reconnaissiez lors de l'allocution
que vous prononciez au colloque de l'Institut québécois de
recherche sur la culture, en novembre dernier - vous avez dit beaucoup de
belles choses - qu'il existe encore un certain nombre de régions ou
sous-régions qui sont privées de l'accès raisonnable
à l'enseignement collégial. Je pense que vous avez raison. C'est
le cas d'une belle expérience qui se meurt actuellement à Amos
faute de décisions. À maintes reprises, on vous a
rencontré. On est toujours convaincu que l'expérience de
déconcentration des études collégiales à Amos, on
va être obligé de mettre une croix dessus et ce sera malheureux
pour 260 étudiants et quelques. Ce sera malheureux pour les coûts
que ça implique, parce que ces parents-là étaient heureux,
enfin, de voir qu'à Amos on pouvait bénéficier d'une
expérience de déconcentration, d'où le rapport que vous
avez reçu, et le rapport de vos fonctionnaires confirmait le
succès de l'expérience de déconcentration des
études collégiales à Amos.
Depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, les sous-centres
de Carleton, Val-d'Or et, tout dernièrement, La Tuque... En passant,
Val-d'Or, même si je l'appelle de même, vous savez bien qu'il
s'agit - moi, je ne change pas d'avis - d'une décision malheureuse
liée à une promesse électorale de quelqu'un qui ne sait
pas ce qu'il fait, qui ne connaît pas le dossier, et prétendre
qu'il faille avoir un cégep autonome à Val-d'Or, en ce qui me
concerne, est toujours une mauvaise décision administrative pour des
supposés bons comptables, des supposés gestionnaires
efficaces, parce que ça aura comme conséquence d'affaiblir celui
que nous avons, de réduire le nombre d'options, compte tenu de la
petitesse du bassin potentiel d'étudiants qui, de toute façon, ne
choisiront pas d'aller étudier à Val-d'Or. Ce serait beaucoup
plus logique de faire comme on avait demandé à Amos, de faire
comme La Sarre vous a demandé, de faire comme Ville-Marie vous a
demandé, des expériences de déconcentration
d'études collégiales dans des programmes qui ne requièrent
pas de masse critique, dans des programmes qui ne requièrent pas de
dépenses importantes, qui permettent de solidifier le cégep
régional Abitibi-Témiscamin-gue, parce qu'on veut que le
cégep Abrtibi-Témiscamingue demeure le cégep
Abitibi-Témis-camingue.
Vous avez parlé de Donnacona, de Montmagny, que le gouvernement
s'était engagé à doter de services d'enseignement pour les
adultes seulement, dès l'année 1989-1990, de même que de
Charny, Repentigny et Charlevoix.
Tout récemment, le ministre annonçait la création
d'un cégep dans la Beauce. Vous avez annoncé ça
tantôt. Ma première question, c'est: Est-ce que vous avez tenu
compte des nombreuses réserves et des nombreuses remarques
formulées par le Conseil des collèges à cet effet? Pour
des raisons de temps, je n'ai pas le temps de lire la longue et correcte lettre
de M. Yvon Morin, président du Conseil des collèges. M. Morin
vous a signalé plusieurs réserves, plusieurs craintes. Je n'en
signale que deux. La création d'un cégep à Saint-Georges
aura indéniablement des effets sur la clientèle du cégep
de la région de l'Amiante et de façon moindre sur celle du
cégep de Lévis-Lauzon. Il serait important de bien analyser ces
effets qui peuvent être lourds pour certains programmes et certains
services. Le gouvernement devra apporter à ces cégeps, notamment
à celui de la région de l'amiante, les mesures de soutien
utiles.
Il vous mentionnait également: Le ministère devrait
cependant donner un soutien particulier au nouveau cégep pour lui
permettre de préparer sans délai son plan de
développement, faire des études de pertinence et des analyses de
besoins. Évidemment, il y a d'autres éléments. Le choix de
créer un nouveau cégep est une solution passablement
coûteuse, si on la compare à la création d'une antenne d'un
campus, pour un gouvernement qui est censé être pauvre. Le
gouvernement doit s'assurer d'avoir les crédits additionnels à
cette fin. Il serait inacceptable que ce développement, même s'il
doit être fondamentalement vu comme un investissement, soit fait à
même les crédits de fonctionnement qui sont actuellement
alloués aux autres cégeps. Le nouveau cégep aura besoin de
nouveaux crédits. Ses besoins devront être soigneusement
évalués. Le gouvernement devrait être prêt à
apporter des réponses satisfaisantes.
J'aimerais avoir, dans un premier temps, sur le cégep de la
Beauce, des réponses précises sur les réserves, qui
étaient on ne peut plus claires, de M. Yvon Morin, président du
Conseil des collèges.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
maintenant la parole.
M. Ryan: Les répercussions sur les clientèles du
cégep de la région de l'Amiante et sur celui de
Lévis-Lauzon ont fait l'objet d'un examen. La mesure qui a
été prise des effets possibles n'était pas de nature a
interdire cette décision.
M. Gendron: Ont fait l'objet d'un examen.
M. Ryan: De la part de la Direction de l'enseignement
collégial.
M. Gendron: Est-ce qu'on pourrait avoir cette évaluation,
comme membres de la commission.
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez autoriser M.
Jacques Lanoux à répondre à cette question-là,
ça viendrait de source plus directe, vu que le député est
intéressé à savoir ce qu'avait fait la Direction de
l'enseignement collégial?
M. Gendron: M. Lanoux. M. Lanoux: Par rapport...
Le Président (M. Gobé): M. Lanoux, peut-être
vous identifier avant, mais votre titre aussi, pour les fins
d'enregistrement.
M. Lanoux: Jacques Lanoux, directeur général de
l'enseignement collégial.
Le Président (M. Gobé): Merci, vous avez la
parole.
M. Lanoux: Par rapport aux effets sur les clientèles, pour
le cégep de Lévis-Lauzon et le cégep de la région
de l'Amiante, ça donnait les résultats suivants. Par rapport au
cégep de Lévis-Lauzon, l'effet est presque nul, parce que,
finalement, il n'y a pas beaucoup de clientèles qui venaient de cette
région-là. Par rapport aux effets sur le cégep de la
région de l'Amiante, il y avait une possibilité d'un
déplacement de, peut-être, 100 ou 150 étudiants au maximum.
Maintenant, comme il n'y avait pas de nouveaux programmes prévus pour la
première année d'opération, ce que nous avons conclu,
c'est que cette clientèle potentielle qui, peut-être, pourrait se
déplacer, peut-être qu'elle ne le ferait pas la première
année. Nous avons donc prévu, au niveau de la négociation
des conventions collée-
tives, puisque nous avons élargi les zones reliées
à la sécurité d'emploi, si cette
clientèle-là se déplaçait, les enseignants, qui
seraient touchés à ce moment-là, au cégep de la
région de l'Amiante, se déplaceraient, eux aussi, vers
Saint-Georges, compte tenu qu'ils seraient dans la môme région par
rapport à la sécurité d'emploi.
M. Gendron: Combien d'étudiants, M. le ministre, au niveau
du cégep région de l'Amiante?
M. Lanoux: Par coeur, je ne pourrais pas vous le dire, mais je
peux vous le trouver.
M. Gendron: Vous le donnerez tantôt. M. Lanoux:
1275.
M. Gendron: Merci. Est-ce que la même analyse qui a
été faite sur l'effet des clientèles en créant le
cégep de la Beauce, est-ce que vous l'avez faite également sur
l'effet que ça pourrait avoir sur les programmes que le nouveau
cégep pourrait avoir?
M. Lanoux: Le cégep de Beauce débute en septembre
1990, avec les programmes qu'il a actuellement, pas de nouveau programme, les
programmes qu'il donne à l'heure actuelle. Éventuellement, s'il y
avait ajout de nouveaux programmes, il faudra que le nouveau collège
présente un plan de développement et, à partir de ce plan
de développement, l'analyse sera faite sur l'opportunité qu'il y
ait de nouveaux programmes.
M. Gendron: Est-ce qu'on peut avoir l'assurance que le
ministère a donné le soutien requis, demandé par le
collège de la Beauce, pour nourrir et améliorer son plan de
développement, faire les études pertinentes, les analyses de
besoins? Parce qu'il prétendait qu'il n'avait pas les ressources et
qu'il n'était pas en mesure. Est-ce que le ministère a
collaboré?
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, il convient de
souligner, dans ce dossier-ci, que nous créons, dans une région
qui a fait la preuve de sa capacité à l'alimenter, un
collège d'enseignement professionnel et général public, en
remplacement d'un collège privé. Il me semble que l'Opposition
devrait se réjouir d'une décision comme celle-là qui me
paraît aller dans le sens de ses revendications traditionnelles. La
Beauce était privée de l'accès à l'enseignement
collégial public, c'est-à-dire gratuit. Elle devait alimenter un
collège privé, elle l'a fait très bien pendant de
nombreuses années. Comme le collège privé répondait
aux besoins éducatifs de la région, dans des conditions qui ne
suscitaient pas de mouvement de protestation ou d'opposition, nous en
étions très heureux. Mais, lorsque le collège privé
s'est avéré incapable de continuer à fonctionner, en
raison de toutes sortes de contraintes, qui sont familières aux
personnes qui connaissent la situation des établissements privés,
nous avons conclu que cette région ne devait pas être
privée de l'enseignement public, vu qu'elle a fait la preuve qu'elle est
capable d'alimenter un collège entre 800 et 1000 élèves.
Il y avait déjà un bassin qui est là.
M. Gendron: Mais si je portais, aujourd'hui, un jugement que le
collège de la Beauce n'a pas de plan de développement, c'est
quoi, votre réponse, vous, comme ministre? (15 h 45)
M. Ryan: C'est entendu qu'il ne peut pas tout avoir en partant.
On a constitué une corporation. C'est au début de l'année
qu'on a constitué la corporation, au mois de janvier. On lui a
donné le mandat, on a donné à cette corporation le mandat
de préparer l'ouverture du collège pour le mois de septembre et
de préparer tout ce qui doit aller avec l'ouverture du collège,
l'engagement des cadres, l'engagement du personnel enseignant, le transfert des
personnels du collège actuel au nouveau collège. Il y aura sans
doute d'autres éléments qui viendront s'ajouter.
Évidemment, il va falloir qu'il se donne un plan de développement
le plus tôt possible. Vous prenez les programmes qui sont là, vous
les poursuivez, vous les maintenez.
M. Gendron: M. le ministre, est-ce que vous demandez...
M. Ryan: ...et par la suite... Si vous me permettez juste de
terminer, je n'ai pas du tout d'objection à ce qu'on s'interrompe. C'est
une conversation. Je n'ai pas d'objection du tout à être
interrompu, pas du tout.
M. Gendron: Vous n'avez pas fini, correct. M. Ryan:
Pardon?
M. Gendron: Vous n'aviez pas fini, correct. Allez.
M. Ryan: C'est juste un petit point que je vais ajouter qui va
peut-être éviter que la discussion ne se prolonge sur ces
aspects-là au moins. C'est qu'en plus, comme je l'ai dit ce matin,
lorsqu'il a fallu prendre la décision, moi, j'ai vu le président
du Conseil du trésor et je l'ai prévenu de ça. J'ai dit:
Là, il y a une décision à prendre et ça va
entraîner des déboursés additionnels et il a
été convenu dans ce cas-là que l'enseignement
collégial tombe sous le régime public. Comme ça fait
partie de la politique du gouvernement, il tombe sous le régime de
l'enveloppe générale de l'enseignement collégial public,
sauf la partie qui était donnée sous forme de subvention au titre
de DIP au
collège privé et qui, elle, va être
transférée de l'enseignement privé à l'enseignement
public. Il y a une entente d'à peu près 3 000 000 $. C'est 3 800
000 $.
M. Gendron: Deux questions rapides. Est-ce qu'il n'existe pas
dans la procédure - à moins que je ne me trompe, c'est possible -
mais j'ai rarement vu l'autorisation d'un cégep sans que, d'abord, le
Conseil des collèges puisse donner un avis, sans qu'on demande de
préparer un plan de développement, sans qu'on soit en mesure de
faire une évaluation sur le type de programmes et l'enseignement qu'ils
veulent dispenser. Et là, il me semble que ça se.... Je ne
comprends pas les raisons qui font qu'on a procédé à
l'envers de ce que je connais.
M. Ryan: Tout d'abord, je vais vous dire une chose en toute
franchise. L'avis du Conseil des collèges, il eut été
préférable de le demander deux ou trois mois plus tôt. Je
vous le dis en toute franchise. On l'a demandé un peu tard. Le Conseil a
dit qu'on lui avait donné peu de temps pour répondre. Il avait
raison. C'est une critique fondée. Maintenant, je donne le contexte. Il
y a eu la période électorale et là, nous nous sommes
trouvés aux prises avec une situation. On nous avait prévenus
qu'il fallait aller du côté public. On nous avait prévenus
qu'on ne pourrait pas continuer comme collège privé. Nous autres,
dans la campagne électorale, nous avons pris la décision qui
était déjà prise, à toutes fins utiles, nous
l'avons rendue publique. On a dit: II va y avoir un cégep public dans la
Beauce. Ça, ça voulait dire qu'il fallait se mettre en mouvement
pour septembre 1990. On n'avait pas le choix. Il a fallu procéder un peu
plus rapidement, c'est un fait. C'est un fait et une autre fois, il faudra que
les délais soient un petit peu plus longs. Je suis d'accord
là-dessus. Il n'y a pas de problème là-dessus en ce qui
touche les faits.
M. Gendron: Oui, mais en toute franchise, comme vous venez de le
faire, je suis obligé de vous dire...
M. Ryan: Maintenant, j'ajouterai qu'il est arrivé... On
n'a pas eu beaucoup de cégeps à créer. On a
créé le pavillon de Val-D'Or. Ce n'est pas un cégep, c'est
un pavillon. On a créé le cégep Heritage. Dans le cas du
cégep Heritage, je vais vous faire un autre aveu. Moi, je n'étais
pas familier avec la création d'établissements. C'était le
premier. J'ai même oublié de consulter le Conseil des
collèges. Je suis arrivé à la toute dernière minute
avec ça. J'étais en faute. Mais on n'a pas demandé de plan
de développement. On a demandé des garanties qu'il se donnerait
un bon enseignement là. On donne un minimum de programmes au
début et dès qu'ils sont en marche, ils peuvent se doter de ces
instruments à plus long terme. Et les deux vont très bien, pour
votre information.
M. Gendron: En toute franchise, je suis obligé de dire que
c'est évident qu'il s'agissait là d'une promesse
électorale et c'est évident que ç'a pénalisé
d'autres cégeps qui étaient pas mal plus près et depuis
plus longtemps en attente.
M. Ryan: Non.
M. Gendron: Et contrairement à ce que vous venez de
dire...
M. Ryan: Non.
M. Gendron:... je l'ai vécu dans ma région. Vous
viendrez comme ministre. Ce n'est pas pour rien qu'on ne vous a pas vu au
sommet, même si on vous avait réclamé à la biennale.
Les gens vous auraient parlé de leur demande qui, je persiste à
le croire, est non fondée et qui est défendue ardemment par un de
vos collègues qui s'appelle le ministre supposément
régional, le ministre de la voirie, délégué aux
Mines et aux professions. Il parle toujours d'un cégep autonome et on
est dans les demandes d'immobilisations à des coûts astronomiques,
alors que les cégeps sont sous-financés, puis il y a d'autres
besoins ailleurs, puis je vous l'ai dit tantôt: On est en train de tuer
une expérience qui coûtait 200 000 $ à Amos. Ce serait pas
mal plus intelligent de bonifier l'expérience pour la sauver à
Amos avec 100 000 $ ou 200 000 $ de plus en offrant le programme de sciences
pures, ce qui vous est demandé depuis trois ou quatre ans, en faisant de
la déconcentration des études collégiales à La
Sarre où le bassin est plus important qu'à Amos, en passant. Le
bassin lasarrois est plus important, comme monde, qu'à Amos et tout ce
auquel on a droit, et vous nous avez répondu à deux reprises:
Bien oui, mais on a des services d'éducation des adultes.
Alors, la demande ce n'est pas ça. La demande n'a jamais
été ça. Vous me permettrez - et je suis aussi ferme que
vous l'avez été, et je n'en démords pas - de dire que je
suis convaincu que l'avis du Conseil des collèges était pertinent
et vous disait clairement que vous n'aviez pas les éléments qu'il
vous fallait pour vous garrocher dans une décision comme celle que vous
avez prise, quand on sait - je fais juste tourner une page pour terminer
là-dessus - que ces besoins devront être soigneusement
évalués; le gouvernement devra être prêt à
apporter des réponses satisfaisantes: on ne les a pas. Ce qui est
d'ailleurs le lot de tous les cégeps. La DGEC devra planifier son
développement, faire des choix, rationaliser ses dépenses et
ainsi de suite, mais ça, c'est des crédits
supplémentaires. Il va coûter combien? Si je vous demandais
aujourd'hui: Le cégep de la Beauce coûte combien au Trésor
public?
M. Ryan: On l'a dit tantôt, au niveau du fonctionnement, on
va transférer les fonds qui étaient accordés au
séminaire de Saint-Georges, au titre de la déclaration
d'intérêt public, c'est-à-dire un montant de 3 800 000 $.
En plus, on va ajouter les sommes qui sont requises pour le fonctionnement d'un
cégep ordinaire, c'est-à-dire à peu près 6 000 000
$ au fonctionnement. En plus, il faudra prévoir un budget au chapitre de
l'investissement, parce qu'il y a tous les biens du collège privé
là-bas. Là, il fallait décider: Est-ce qu'on va construire
de nouvelles installations ou si on fera l'acquisition des installations
existantes?
M. Gendron: Et ces sommes-là sont-elles prévues
dans les crédits?
M. Ryan: Au budget d'immobilisations, c'est un autre budget qui
n'est pas encore disponible, qui me sera donné d'ici à la fin du
mois de juin. Il y a une demande qui est contenue dans les projets que j'ai
présentés au Conseil du trésor là-dessus.
M. Gendron: Est-ce que vous pourriez rapidement, parce que je
veux procéder rapidement, me dire si les demandes en attente dont on
faisait état ce matin, parce que vous avez fait état ce matin
qu'il y avait des demandes en attente, il y en a beaucoup d'autres que celles
que vous avez évoquées dans votre laïus d'ouverture?
M. Ryan: Non. À part celles que j'ai nommées, il
faut ajouter celle de Charny. Vous l'avez mentionnée tantôt. Je
n'en connais pas d'autres.
M. Gendron: Vous ne connaissez pas d'autres demandes?
M. Ryan: Je n'en connais pas d'autres.
Une voix: ...que celles que vous avez nommées.
M. Gendron: Merci. Depuis quand avez-vous...
M. Ryan: Je vais commencer par l'ouest de l'île de
Montréal. Ça fait très peu longtemps qu'on a ça.
J'ai vu des entêtes d'articles dans des journaux où on
réclamait des choses, mais que j'aie été vraiment saisi
d'un projet, j'ai eu une première correspondance là-dessus en
novembre 1988. Ce n'était pas un projet, c'était une demande
générale. Ce n'était même pas un projet. Un projet,
d'ordinaire, vous savez ce que c'est: c'est un groupe de citoyens responsables
qui se réunissent, qui viennent faire un petit tour au ministère,
se renseigner comment ça marche ces choses-là, qui font une
étude de leur milieu, qui font un inventaire des ressources et des
services disponibles, qui préparent un mémoire et qui disent:
Voici, on aurait besoin d'un cégep pour telle et telle raison. On
n'avait même pas ça. C'est nous qui avons été
obligés de réunir...
Je vais revenir là-dessus. J'aurais une petite précision
à faire pour la Beauce tantôt. Alors, on n'avait pas les
données de base qu'il fallait, puis là il est arrivé au
cours des derniers mois, au cours de la dernière année, un
certain nombre d'interventions qui sont venues s'ajouter à
celles-là: la commission scolaire Robert-Baldwin, par exemple, la
chambre de commerce de l'ouest de l'île de Montréal, et toutes
sortes d'intervenants qui sont venus ajouter leur contribution. Là, il y
a des cégeps intéressés qui nous ont fait part de leurs
préoccupations: le cégep André-Laurendeau nous a soumis
des représentations; le cégep de Valleyfield nous a soumis des
représentations; le cégep de Saint-Laurent également. Il y
a beaucoup d'implications dans une affaire comme celle-là. Nous sommes
en train de faire l'étude. Je dois rendre hommage à la direction
des études collégiales: elle m'a remis, il y a déjà
plusieurs mois, une étude assez poussée des implications à
tous points de vue et la conclusion de l'étude qui a été
faite en même temps qu'une étude sur un autre projet qui nous
vient du côté de Brossard, pour la rive sud du Saint-Laurent, et
d'un troisième projet qui nous vient de la région
Lanaudière-Les Moulins. On a dit: II faut prendre tous ces besoins qu'on
nous communique ensemble pour voir comment les réponses à ces
besoins pourraient être aménagées, de manière
à tenir compte des actifs déjà disponibles en enseignement
collégial dans le territoire du Grand Montréal.
Deuxièmement, il y a des prévisions de clientèle pour les
années à venir et, troisièmement, les ajustements qui
pourraient être souhaitables et l'impact sur les établissements
déjà existants, évidemment. Cette étude
consolidée n'est pas encore terminée.
M. Gendron: Mais, sincèrement, M. le ministre, le
ministère devait savoir ça, que dans l'ouest de l'île il y
a tout près de 40 % de francophones. Il devait savoir ça depuis
un bon bout de temps. Laissez-moi juste quelques phrases. Le ministère
doit savoir ça, que les étudiants...
M. Ryan: Mais dans l'ouest de me...
M. Gendron: En tout cas, les chiffres qu'on a dans le rapport,
c'est: la population francophone de l'ouest de l'île de Montréal
représente 40 % de la population de la région. Alors, ce sont les
chiffres du rapport.
M. Ryan: Dans cette région-là, je ne voudrais pas
qu'on pense qu'il n'y a pas d'accès à l'enseignement
collégial. Il y a le cégep André-
Laurendeau. C'est situé dans la ville de LaSalle, ce n'est pas
dans l'est de Montréal. C'est dans le sud-ouest de Montréal. Il y
a le cégep de Saint-Laurent. C'est dans l'ouest de l'île de
Montréal aussi; c'est le nord-ouest de l'île de Montréal.
Il y a Valleyfield qui n'est pas tellement loin, plus loin au sud-ouest. Et,
d'ailleurs, la preuve que les jeunes de cette région ne sont pas
privés de l'accès à l'enseignement collégial, c'est
que le taux de fréquentation au collégial des jeunes de cette
région est plus élevé que la moyenne du Québec par
une bonne marge.
M. Gendron: Si vous faites l'évaluation, vous allez
trouver... Vous avez raison. Si vous faites l'évaluation, vous allez
trouvez d'autres raisons qui motivent ces comportements, parce que leur
sentiment, dans le fond... Je termine là-dessus. Ce que ces
gens-là voudraient, c'est d'avoir un sentiment d'appartenance dans la
région de l'ouest de Montréal comme francophones. Et quand vous
me les envoyer à Valleyfield et Saint-Laurent... Je ne connais pas
Montréal autant que vous, c'est évident, mais probablement pour
des raisons d'âge.
M. Ryan: J'invoque la Charte des droits! Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Gendron: Vous avez raison! Mais ça voulait dire que
vous avez eu plus de chances que moi de la connaître.
M. Ryan: Et je veux qu'elle prime sur le statut distinct dans mon
cas!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Mais, sincèrement, M. Ryan, ces gens-là
sont obligés de se déplacer, de faire des distances qui n'ont pas
de sens. J'ai eu toutes les données. Je les ai rencontrés
à quelques reprises. Vous l'avez dit tantôt. Leur rapport d'un
projet d'implantation d'un centre d'études collégiales
francophone... Je vous mets au défi de me montrer celui de la Beauce.
J'aimerais ça le comparer. J'aimerais ça comparer celui de
Val-d'Or. J'aimerais ça comparer beaucoup d'autres cégeps et
prendre des personnes complètement en dehors de chez nous ou de chez
vous et leur faire porter un jugement... S'il n'y a pas là un excellent
document que vous avez entre les mains avec une multitude de preuves
adéquates qui font la preuve par quatre, s'il faut la faire par quatre,
il serait urgent que vous ayez un peu de considération pour ces
gens-là, en disant: Oui, il faut se pencher sur une éventuelle
décision pour l'établissement d'un cégep francophone dans
l'ouest de 111e, parce qu'ils sont rendus à 40 % et ils ont fait le
choix de vivre dans cette région-là. Mais les envoyer à
Valleyfield et les lier à Valleyfield, à Saint-
Laurent ou à d'autres cégeps, c'est leur faire faire des
distances. C'est de les obliger à ne pas faire le choix de vouloir
rester dans leur milieu et dans leur collectivité.
Vous savez tout ça. C'est très clairement exprimé
dans le rapport. Et quand vous disiez: Écoutez, cela ne fait pas
longtemps... Ça ne donne rien de sortir ça. Mais, en 1968, il n'y
avait pas juste des coupures de journaux... en 1988 plutôt. Je disais en
1968. J'exagérais un peu, là!
Des voix: Ha, ha, ha!
(16 heures)
M. Gendron: Ce n'est qu'un lapsus. En 1988: Un cégep
francophone, un enjeu important pour les francophones du West-Island. Il n'y
avait pas juste les fanatiques du PQ qui défendaient ça. Il y
avait d'autres gens et vous êtes assez au courant, vous êtes assez
informé. Je suis convaincu que ça ne vous a pas passé...
Je suis convaincu que vous n'avez pas vu ça. Vous l'avez vu? Puis votre
ministère l'a vu? Et quand on a du souci pour 40 % d'une population, on
pose quelques gestes requis. Et, là, on est en 1990, puis je n'ai aucune
indication qu'un cégep francophone, dans l'ouest de ffle, m'apparait
être une de vos préoccupations. La preuve, c'est qu'entre-temps,
on aura dépensé n'importe quoi entre 25 000 000 $ à 30 000
000 $ à deux endroits inutiles où, dans cinq ans - je vous mets
au défi - on sera capable de faire la preuve que ça aura
été probablement un échec, moins pour la Beauce. Moins
pour la Beauce, je ne fais que dire qu'ils n'étaient pas prêts,
d'après les exigences que vous demandez aux autres, mais j'ai hâte
de voir le campus autonome à Val-d'Or comment ça va fonctionner.
J'ai hâte de voir ça. Et dans ce sens-là, avant de
dépenser 12 000 000 $ dans du béton et une administration
séparée, parce que c'est de ça dont il s'agit... Vous,
à date, vous avez été assez réticent, mais je sais
ce que c'est des promesses électorales d'un collègue
ministériel qui pousse fort sur le bateau. Il ne pousse pas grand-chose
sur les dossiers, mais il pousse fort sur une promesse de fou qu'il a faite,
qui a permis de le faire élire parce que les gens ont cru à
ça.
Alors, moi, il me semble, M. le ministre - et je conclus
là-dessus - que vous devriez regarder un peu plus sérieusement
des demandes qui sont légitimes et justifiées, en particulier le
cégep de l'ouest de l'île de Montréal, parce que vous avez
un bon dossier entre les mains et je ne verrais pas beaucoup de gens qui vous
sauteraient dessus en prétendant qu'il n'y a pas là les
éléments requis pour y donner suite.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député? M. le ministre.
M. Ryan: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie,
allez-y.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais corriger une erreur qui s'est
produite tantôt, par ma faute. Quand j'ai parié du cégep de
Beauce, j'ai dit qu'on affecterait à ce cégep les 3 800 000 $ qui
sont déjà donnés à l'établissement
privé plus une somme de 6 000 000 $, mais la somme qui va venir
s'ajouter, c'est plutôt de l'ordre de 2 300 000 $. Ça va faire 6
000 000 $ en tout, 6 100 000 $ en tout suivant les prévisions
d'effectifs que nous avons actuellement. Je voudrais dissiper cette erreur qui
est uniquement attribuable à moi.
En ce qui touche le cégep de Val-d'Or, le pavillon d'enseignement
collégial de Val-d'Or, ça m'étonne que te
député n'ait aucune sensibilité pour Val-d'Or. Val-d'Or,
si mes souvenirs sont bons, c'est à peu près à 50 mHtes de
Rouyn-Noranda ça, à 50 milles d'Amos à peu
près.
M. Gendron: Vos souvenirs sont bons. C'est plus que ça un
peu, mais ce n'est pas grave.
M. Ryan: 70 milles. M. Gendron: C'est ça.
M. Ryan: 70 milles de Rouyn-Noranda. Ils n'avaient rien comme
enseignement collégial. On n'a jamais entendu un mot du
député d'Abitibi-Ouest là-dessus. Nous autres, on a
entendu la voix de ces gens-là. On s'est dit: Si c'est comme ça,
et Val-d'Or est quand même la deuxième ville en importance en
Abitibi, à ma connaissance, une ville où l'activité
commerciale est très forte...
M. Gendron: Bonne connaissance.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: C'est exact.
M. Ryan: Bonne connaissance aussi. On s'est dit: II reste
seulement la conclusion à tirer. Si les prémisses sont bien
posées, il reste seulement la conclusion à tirer. Nous avons
institué un pavillon, je le répète. J'ai dit bien
clairement à ce moment-là - et le député
était au sommet lorsque je l'ai annoncé - que nous gardions un
établissement d'enseignement collégial pour toute la
région d'Abitibi-Témiscamingue, le collège de
Rouyn-Abitibi-Témiscamingue. C'est le collège
d'Abitibi-Témiscamingue. Maintenant, là, il y a un pavillon
à Val-d'Or. Actuellement, vous avez un sous-centre à Amos qui
dispense les sciences humaines, les techniques administratives. On aurait voulu
avoir les sciences pures, je le comprends très bien, mais on fait
l'expérience. C'est vrai qu'on a donné la priorité
à Val-d'Or, je le reconnais. C'est une décision que nous avons
prise en connaissance de cause, après étude du dossier du bassin
de population et de clientèle éventuelle. Les résultats,
jusqu'à maintenant, confirment notre décision, la justesse de la
décision. Là, vous avez dit: Ils vont aller faire des
investissements, ça va être perdu. Mais ce que nous envisageons
comme investissement, ce ne sont pas des 10 000 000 $ ou 12 000 000 $.
L'école où ils sont installés actuellement, on en fait
l'acquisition pour 1 $ et il y a des réparations qui doivent être
faites sur l'immeuble pour 2 000 000 $. C'est ça le projet et
j'espère qu'on obtiendra ces sommes-là le plus tôt
possible. Je trouve que c'est justice et on n'exclut pas la possibilité
d'autres développements à La Sarre, d'autres
développements à Amos, éventuellement, et même du
côté du Témiscamingue. Je pense bien qu'ils voudront avoir
des choses aussi. Ce n'est pas exclu. Là, ça ferait un complexe
formidable pour toute la région. On ne peut pas tout faire en même
temps, mais je vous assure qu'on pense à tous ces aspects-là.
Moi, en tout cas, c'est la conception que je me ferais de
l'accessibilité vraiment vécue dans cette région.
M. Gendron: Je serai aimable pour le bénéfice de
tout le monde et parce que nos débats sont transcrits. Je suis
étonné, très étonné que le ministre ne sache
pas que c'est strictement parce qu'on a voulu, par jalousie, parce que Amos a
eu une expérience de déconcentration, ce que j'appellerais
forcée, parce que nous n'avions pas une direction, un conseil
d'administration des plus ouverts à la déconcentration des
études collégiales. Jamais, M. le ministre - j'aimerais que vous
m'écoutiez juste là-dessus - je n'ai eu de préoccupation
pour Val-d'Or, j'ai été, comme ministre, un ardent
défenseur de la déconcentration dans tous les sous-centres,
incluant Val-d'Or.
M. Ryan: II n'y en avait pas.
M. Gendron: Je comprends qu'il n'y en avait pas, je viens de vous
dire qu'on a été obligé de l'imposer au conseil
d'administration du collège qui ne voulait rien savoir de
déconcentrer les études. On a été obligé de
prendre une décision, je le dis comme ça a été
répété, une décision politique. On a mis nos
culottes parce que c'était justifié. J'étais prêt
à faire la même chose à Val-d'Or, mais, à Val-d'Or,
ils ont dit: Nous, on ne veut pas de déconcentration; ce qu'on veut,
c'est un campus et, deux semaines après, c'était un cégep
autonome. Si ça reste dans les proportions que vous venez de m'indiquer,
M. le ministre, je serai un défenseur de la décision que vous
venez de prendre, y compris pour Val-d'Or. Val-d'Or a besoin de formation en
études collégiales, c'est clair, c'est le bassin de population le
deuxième en importance, je connais la région, je connais
l'Abitibi, et je n'ai jamais refusé aucun effort d'études
collégiales à Val-
d'Or. Mais entre Val-d'Or et Amos, je vous rappelle cependant qu'il y a
42 milles.
M. Ryan: M. le Président, j'ajoute juste deux choses.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre, je
vous en prie.
M. Ryan: Tout d'abord, avant de prendre la décision au
sujet de Val-d'Or, le député se souvient très bien que
j'ai fait faire une étude impartiale par un vice-président de
l'Université du Québec, à l'époque... C'est
l'ancien recteur de Jonquière, c'est un ancien directeur
général de Jonquière...
Une voix: Le directeur général, M. Arguin? M.
Ryan: M. Arguin, justement... M. Gendron: Oui, le rapport
Arguin.
M. Ryan: Vous vous souvenez de ça très bien...
M. Gendron: Très bien.
M. Ryan: ...qui a fait une étude intéressante qui
ne tirait pas des conclusions aussi claires qu'on ne l'aurait souhaité,
mais il était nettement positif.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Deuxièmement, les résultats de
l'expérience, à ce jour, indiquent que la lecture que M. Arguin
avait faite des perspectives de clientèle était assez juste. On
m'informe que les inscriptions au pavillon de Val-d'Or sont présentement
de l'ordre d'à peu près 500. Ça, c'est très
intéressant parce qu'on avait prévu idéalement 600 ou 700,
et là, c'est seulement la deuxième année. Ils ont des
installations de fortune, vous le savez très bien.
Je m'engage à tenir compte de l'avis du député
d'Abitlbl-Ouest avant toute décision pouvant comporter la transformation
de ce pavillon en un cégep autonome. Je crois à la vertu de
l'unité de l'enseignement collégial pour toute la grande
région de l'Abitibi-Témiscamin-gue.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on a
terminé avec le programme 5...
M. Gendron: Non, l'éducation des adultes.
Le Président (M. Gobé): ...en ce qui vous
concerne?
M. le ministre, peut-être dans le même sens que le
député d'Abitibi-Ouest, mais de l'autre côté de IHe
de Montréal. J'ai écouté avec plaisir M. le
député d'Abitibi-Ouest faire la promotion d'un cégep
francophone dans l'ouest de l'île de Montréal et je trouvais
ça extrêmement légitime pour les gens qui y
résident. Il n'en reste pas moins que vous n'êtes pas sans savoir
qu'on a assisté, depuis cinq ou six ans, à une
décentralisation, du moins à une migration des gens du
centre-ville de Montréal vers les extrémités de
Montréal, en particulier Repentigny, Pointe-aux-Trembles,
Rivière-des-Prairies. On se retrouve actuellement dans une situation
où un nombre grandissant de jeunes familles ayant des enfants
d'âge collégial résident dans ces régions. On se
rend compte que si dans l'ouest de l'île de Montréal on aurait
peut-être besoin d'un cégep francophone, je crois que dans l'est
et le nord-est de Montréal on pourrait avoir besoin aussi d'un
cégep francophone.
Je sais que ça a déjà été
abordé à plusieurs reprises de manière plus ou moins
formelle. Peut-être pourriez-vous nous faire le portrait de ça,
d'abord, parce que les débats sont enregistrés et,
deuxièmement, parce que ça éviterait d'avoir toutes sortes
de fausses impressions, de rumeurs plus ou moins contradictoires qui peuvent
être véhiculées. Je ne sais pas si vous avez des
études sur la clientèle ou si, déjà, des gens de
chez vous ont regardé d'une manière ou d'une autre... J'aimerais,
pour le bénéfice des membres de la commission et des gens de
l'est de Montréal et du nord de Montréal, y compris le maire de
Montréal-Nord qui m'en a parlé dernièrement, avoir votre
point de vue, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Ryan: M. le Président, j'ai suivi avec attention les
interventions publiques que vous avez faites à ce sujet en votre
qualité de député du comté de La Fontaine. La
demande dont nous avons été saisis au ministère, à
ce jour, est une demande qui émanait des organismes implantés
dans la région Lanaudière-Les Moulins. C'est une demande qui a
émané des milieux qui gravitent autour de Le Gardeur et de
Repentigny mais qui intéresse très vivement aussi toute la
région Les Moulins, laquelle est en pleine explosion
démographique comme nous le savons tous.
La Direction générale de l'enseignement collégial a
fait une étude du dossier qui avait été
présentée; c'est un dossier qui a été
préparé sérieusement avec la collaboration du cégep
de Joliette, d'ailleurs. Elle a considéré qu'on ne peut pas
limiter l'étude des besoins de l'enseignement collégial public
dans ce secteur, seulement la région qui a été
délimitée par les parrains du projet, parce qu'elle s'est dit: II
y a tout l'est de Montréal, dont vous avez parlé justement et
c'est vrai, quand on regarde la carte des cégeps, le cégep le
plus proche est à Rosemont, c'est-à-dire à l'ouest du
boulevard Pie IX. Ceux qui connaissent Montréal savent que, quand on
est
rendus à l'ouest du boulevard Pie IX, on est pas mal loin du pont
Charlemagne, de Pointe-aux-Trembles, de Montréal-Est, de
Tétreauville...
Le Président (M. Gobé): Montréal-Nord.
M. Ryan:... de Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies.
Alors quand on regarde tout ça, c'est évident que les besoins de
l'enseignement collégial, il faut les examiner dans la perspective de
tout ce grand secteur. Le député Gobé et d'autres
personnalités se font les promoteurs d'une implantation
éventuelle de l'enseignement collégial public dans l'est de
I'île de Montréal, sur le territoire de Montréal, mais
à des distances qui seraient très proches de Repentigny, de
Legardeur, toute la partie nord-est du territoire. C'est une hypothèse
qui est vraisemblable mais qui explique pourquoi nous devons faire une
étude d'ensemble de la question. C'est ce que nous nous donnons, un an
ou deux, pour la faire et je vous assure que nous sommes extrêmement
préoccupés par ces perspectives. À bien des égards,
peut-être, les données que nous avons déjà
recueillies et dont nous continuons l'analyse nous amèneront à
conclure qu'il y a une nécessité encore plus grande dans l'est de
Montréal que dans l'ouest, parce que dans l'ouest de Montréal il
y a un problème que vous connaissez: le cégep
André-Laurendeau est occupé à peu près à 60
%.
Une voix: 50 % pour l'an prochain.
M. Ryan:... 50 % pour l'an prochain. Ça serait
peut-être moins coûteux d'organiser un service d'autobus de l'ouest
de Montréal au cégep André-Laurendeau - ça
réglerait bien des problèmes - que de faire une croisade avec un
drapeau qui ne sait pas où il s'en va.
Le Président (M. Gobé): Surtout, M. le ministre,
que vous avez quand même, dans l'est de Montréal, des populations
peut-être un peu moins favorisées en termes de revenus familiaux
que dans l'ouest de Montréal. Donc, on tiendra compte des moyens de
transport et de subsistance de ces élèves pour peut-être
donner une chance supplémentaire à ces familles moins riches
d'offrir à leurs enfants une accessibilité à des
études collégiales, ce qui n'enlève pas non plus le
mérite de l'ouest de Montréal. Il y a quand même le
collège Bois-de-Boulogne là aussi, je pense, que vous n'avez pas
mentionné.
M. Ryan: Tantôt, pour être juste, il faudrait que
j'ajoute au cégep Rosemont, évidemment, le cégep
Maisonneuve.
Le Président (M. Gobé): Qui est assez loin M.
Ryan: II est à 3820, rue Sherbrooke est.
Le Président (M. Gobé): C'est très loin.
M. Ryan: Je le connais très bien pour l'avoir
fréquenté au temps où il était un
établissement privé.
Le Président (M. Gobé): II y a aussi un autre
facteur, peut-être, qui est intéressant.
S'il vous plaît, M. le député de Verdun. J'aimerais
ça que vous respectiez la parole des parlementaires lorsqu'ils parlent.
Je vous remercie.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): II y a un autre facteur qui
milite et c'est le maire...
M. Gautrin:...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: M. le Président. C'est quoi votre remarque?
J'aimerais avoir un peu de clarification sur votre remarque, s'il vous
plaît.
M. Gendron: II a raison.
M. Gautrin: Non. Un instant, là!
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, lorsqu'un membre...
M. Gauvin: Est-ce que vous êtes en train d'intervenir comme
président ou...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
s'il vous plaît...
M. Gautrin: Oui.
Le Président (M. Gobé):... je vous rappelle
à l'ordre. Lorsque le président parle à un membre de la
commission ou au ministre ou lorsque le ministre parle et que vous n'avez pas
obtenu le droit de parole, vous êtes censé écouter et
attendre votre droit de parole pour intervenir. Alors, s'il vous plaît,
je vous demanderai de conserver le calme, la tranquillité et, quand vous
aurez le droit de parole, je vous la passerai.
M. Gautrin: Merci. Alors vous la prenez actuellement pour
vous.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député.
M. Gautrin: Merci
Le Président (M. Gobé): Alors je disais, M. le
ministre, que M. le maire de Montréal, M. Jean Doré, maire de
Montréal, faisait valoir, lui aussi, dernièrement qu'il y avait
intérêt à conserver à l'intérieur de
l'île de Montréal certaines institutions qui ont pour but de
maintenir la concentration des résidences dans Montréal et non
pas d'encourager un exode vers les banlieues. On parle là
d'hôpitaux, on parle de certains moyens de transport et je crois
qu'installer peut-être un établissement d'enseignement
collégial en dehors de l'île de Montréal aurait pour
incidence d'attirer cette clientèle de l'extrême est de
Montréal et, de là à amener peut-être une migration
de ces gens et, donc, de favoriser l'étalement urbain qui est
déjà quand même un problème en termes de coût
des infra-stuctures dans cette région. C'était là
l'essentiel de mes remarques sur ce dossier. M. le ministre. (16 h 15)
M. Ryan: Je peux vous assurer que toutes ces
considérations sont prises en compte dans l'examen que nous faisons du
dossier et, encore une fois, je préfère m'accorder un peu plus de
temps afin de prendre des décisions éclairées dont les
effets pourront être équitables et durables.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous avez la parole.
Formation des adultes
M. Gendron: Maintenant, M. le Président, le programme de
l'éducation des adultes qui est un programme important au niveau du
programme 5 concernant l'enseignement collégial. Alors que la
Fédération des cégeps était favorable à une
reconduction de trois ans de l'accord Canada-Québec sur la formation de
la main-d'oeuvre, qui est venu à échéance le 1er avril
1989, le fédéral présentait une nouvelle politique qui
pourrait bien engendrer une révision de tous les programmes de formation
professionnelle. Il semble qu'elle ne prévoit aucune entente
particulière en ce qui concerne la place des établissements
scolaires dans la formation de la main-d'oeuvre.
M. le ministre, ce point de vue là, encore là,
était partagé dans la longue lettre du président de la
Fédération des cégeps, M. Beaulieu, à la page 9. Je
vous en fais grâce, parce que je sais que vous l'avez lue et que vous
l'avez eue. Mais elle faisait mention des mêmes craintes. Par ailleurs,
malgré l'essor qu'a connu l'éducation des adultes, les budgets
qui y sont alloués demeurent stagnants depuis les dernières
années. Ils ont même subi des compressions. Ça, à
moins qu'on ne se conte des peurs, vous ne me ferez jamais accroire que les
budgets de l'éducation des adultes sont en croissance. Les
élèves le sont, mais pas les budgets. On parle de crise de
financement de l'éducation des adultes. Il y avait même des
articles. Le Soleil titrait: "Le financement est au coeur de
l'enseignement des adultes." Regardez ce qu'on vous disait. Mais là,
comme partout ailleurs, dans le système d'éducation au
Québec, on considère ces budgets comme insuffisants et on parle
de crise du financement de l'éducation des adultes au
collégial.
Moi, je suis certain qu'ils avaient raison. Malgré l'augmentation
et l'évolution rapide de la clientèle, les budgets alloués
à l'éducation des adultes au collégial non seulement
demeurent stagnants depuis plusieurs années, mais ont même subi
des compressions souvent plus fortes que ceux alloués au secteur
régulier. Les responsables de ce réseau parlent donc de crise de
financement et s'inquiètent de la possibilité, dans ces
conditions, de relever l'important défi d'offrir aux adultes autant des
enseignements crédités mieux adaptés que des formations
programmées sur mesure. À l'occasion du 20e anniversaire du
réseau collégial, en mai 1988, vous-même, M. le ministre,
vous disiez ceci, et je vous cite: "Comparé aux modes de financement des
clientèles adultes qui prévalent aux niveaux secondaire et
universitaire, le mode de financement des clientèles adultes au niveau
collégial apparaît inéquitable." Et, là,
c'était le grand sage qui offrait sa collaboration: "Je suis
disposé, de mon côté, à réexaminer les
règles actuelles de financement dans le secteur de l'éducation
des adultes de manière qu'elles puissent s'inspirer de normes plus
proches de celles qui prévalent dans l'ordre secondaire et l'ordre
collégial." Alors, c'est évident que je m'arrêterai
là. Je vais y revenir. Mais ma première question: Où en
êtes-vous dans votre disposition à regarder ça?
M. Ryan: Regardez, comme vous le savez, dans le secteur
collégial, nous fonctionnons d'abord avec une enveloppe
fermée.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: C'est une enveloppe qui est accordée chaque
année aux collèges. C'est un montant fermé une fois que ce
montant est réparti entre tous les collèges en tenant compte du
volume d'activités de chacun. Alors, le montant de l'enveloppe, cette
année, vous l'avez vu dans le livre des crédits, est de 44 000
000 $. C'est un montant qui pourrait être accru, c'est évident.
Mais plus...
M. Gendron: C'est un montant qui pourrait...
M. Ryan: C'est un montant qui pourrait être accru.
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: C'est évident. Je ne le conteste point. En plus
de ces sommes, les collèges peuvent générer des
activités qui sont autofinan-
cées. Il y a beaucoup d'activités de formation sur mesure
qui sont réalisées par les collèges en plus de ce qu
autorisent les budgets de base. Et les collèges sont également
autorisés à percevoir des frais de scolarité de la part
des étudiants inscrits à des cours de formation des adultes.
Alors, tout ça ensemble donne aux collèges des ressources plus
abondantes que ne semble le suggérer le seul montant de 44 000 000 $.
Nonobstant ces observations, je souhaiterais qu'il fût possible de faire
davantage. Mais cette année, nous avons fait le maximum qui était
raisonnablement possible, dans les circonstances. Nous travaillons très
fort actuellement pour veiller à ce que la négociation du
prochain accord fédéral-provincial sur la formation de la
main-d'oeuvre contienne les dispositions les plus avantageuses possible pour
les établissements publics de formation. Le gouvernement
fédéral, comme le sait le député, essaie de se
désengager de la formation scolaire ou collégiale et voudrait
promouvoir de plus en plus la formation en entreprise. Ça explique
l'initiative qui a été prise par le gouvernement. Plutôt
que d'attendre d'être doublé par les événements ou
les initiatives fédérales, nous avons décidé de
foncer de l'avant et d'instituer ce programme dont la teneur était
communiquée par le ministre des Finances dans son dernier budget. Si
nous réussissons, comme nous tentons vigoureusement de le faire,
à tirer notre part de ce programme, je pense que le niveau de ressources
dont disposeront les collèges sera plus intéressant encore.
Je ne pense pas qu'il y ait crise de ce côté-là,
cependant. On vivrait mieux avec des ressources plus abondantes, mais je ne
sache point qu'il y ait crise.
M. Gendron: Donc, vous ne partagez pas ce point de vue là,
qu'il y a une crise.
M. Ryan: Non, pas à ce point-là, non.
M. Gendron: O.K. Deuxième question. Quelle attitude le
gouvernement prendra-t-il, et vous, comme porteur du dossier, à
l'égard de la priorité donnée aux établissements
d'éducation spécialisés dans la formation de la
main-d'oeuvre dans la négociation de l'accord Canada-Québec? Ou
est-ce que, déjà, puisque ça peut être
commencé, il y a tellement de versions contradictoires ... Avez-vous une
étude que vous pourriez nous faire connaître aujourd'hui, comme
membres de la commission, que vous entendez développer pour que la
priorité soit donnée aux établissements d'éducation
dans la formation de la main-d'oeuvre?
M. Ryan: Je pense que nous avons établi, à propos
du programme de crédits d'impôt aux entreprises, la grande
importance que le gouvernement attache aux services offerts pas les
établissements d'enseignement. C'est pour ça que nous avons dit
que, pendant toute la période d'implantation du nouveau régime,
seules seront considérées comme susceptibles d'être
remboursées les dépenses de formation encourues pour des
programmes offerts par des établissements d'enseignement public ou des
établissements privés subventionnés, c'est-à-dire
reconnus au titre de l'intérêt public, dignes d'un financement par
le gouvernement. Ça, c'est déjà une garantie qui est
importante.
Là, nous sommes en train d'arrêter, avec le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu
les critères qui serviront à la reconnaissance des organismes
privés qui voudront offrir de la formation. La formation
professionnelle, surtout dans la mesure où elle devient plus pointue, ne
peut pas être le monopole des établissements publics ou
subventionnés. Il y a des gens originaux qui vont faire des voyages dans
le fond de l'Allemagne ou du Japon, qui reviennent avec des licences ou des
brevets pour offrir des types de formation très avancée, qui
peuvent être absolument essentiels pour le fonctionnement de tel type
d'appareil, par exemple. Si c'est de ça qu'une entreprise a besoin, il
ne faudrait pas qu'on ait des dispositions tellement rigides qu'elle fût
empêchée d'y avoir accès. Il y a des dispositions à
mettre au point sur lesquelles nos services travaillent actuellement en
collaboration: les services du ministère de la Main-d'oeuvre, ceux des
Finances, ceux du Trésor et ceux des deux ministères que j'ai
l'honneur de diriger.
Maintenant, en ce qui touche les négociations en vue du
renouvellement de l'accord, elles se poursuivent. J'ai demandé et obtenu
que les deux ministères, le ministère de l'Éducation et le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, soient
associés à cette négociation. Ce n'était pas le cas
quand nous sommes arrivés. Tout avait été
délégué au ministre de la Main-d'Oeuvre. J'ai
insisté pour que nous soyons associés. Et la définition du
mot "association" donne toujours lieu à des exercices de
précision qui ne sont pas toujours des plus faciles. Mais nous sommes
associés, nous formons une équipe avec le ministre de la
Main-d'oeuvre pour définir des politiques dans ce domaine. Je peux vous
assurer que nous faisons tout ce qui est possible pour obtenir que le prochain
accord fasse une place la plus large possible aux établissements
d'enseignement, mais nous nous heurtons à une attitude du gouvernement
fédéral qui ne va pas dans ce sens-là.
M. Gendron: Dans la lettre de M. Beaulieu, il vous demandait, en
s'adressant à votre gouvernement, si vous étiez prêt
à mettre de l'avant votre propre politique d'éducation des
adultes et à revoir les règles de financement de
l'éducation des adultes de manière à favoriser une plus
grande équité entre les ordres d'enseignement. Il a
peut-être eu une réponse. J'aimerais que les
membres de la commission en aient une. Quelles sont vos intentions par
rapport à cette demande qui m'apparaît légitime parce que,
effectivement, plus ça va, plus l'iniquité grandit entre les
ordres d'enseignement, pour des raisons que vous connaissez - changements
technologiques, nécessité de recycler plus souvent de la
main-d'oeuvre qui pensait que, toute, sa vie, elle pourrait couper du bois avec
une scie à chaîne, alors que ce n'est plus de même que
ça se fait... C'est évident que les besoins de formation continue
seront de plus en plus grands. C'est évident qu'il y aura de plus en
plus de gens qui devront se perfectionner au niveau de l'éducation des
adultes. S'il n'y a pas un peu plus d'équité entre les ordres
d'enseignement ou s'il n'y a pas une politique claire et précise
à l'éducation des adultes, je prétends qu'on fait fausse
route. Quelle est votre conception? Où en êtes-vous? Et est-ce que
vous avez donné une réponse à cette demande de M.
Beaulieu?
M. Ryan: II y a une chose que je voudrais établir
clairement. Au niveau secondaire, la même chose vaut pour
l'alphabétisation, a fortiori.
M. Gendron: A fortiori, oui.
M. Ryan: L'élève qui s'inscrit à des cours
en vue de l'obtention d'un diplôme est admis gratuitement. Sauf pour les
frais d'inscription, les frais d'entrée, il est admis gratuitement. Le
gouvernement maintient cette politique.
En ce qui touche le niveau collégial, les établissements
sont autorisés à percevoir des frais de scolarité. En
général, et je ne me rappelle pas les derniers renseignements,
mais c'était à peu près 1 $ l'heure. Disons que
c'était une série de 45 heures, ça faisait 45 $. C'est
ça qu'on... Je ne sais pas si ça a beaucoup évolué,
M. Lanoux?
Une voix: C'est à peu près ça.
M. Ryan: Au niveau universitaire, la personne paie
également. La personne qui s'inscrit là paie et ça va
augmenter avec la hausse des frais de scolarité évidemment. Par
conséquent, il n'y a pas de discrimination à l'endroit de la
personne qui s'inscrit à des cours de formation collégiale par
rapport à celle qui s'inscrit à des cours à
l'université. Là où il y a une différence, c'est
que le mode de financement accordé aux établissements
collégiaux et aux établissements universitaires n'est pas de
même nature. Dans le cas des établissements collégiaux,
nous donnons une allocation fermée, tandis que, dans le cas des
universités, nous établissons le total des étudiants
équivalence temps complet pour tous les cours admissibles à un
diplôme et qui comportent des crédits en bonne et due forme, et
les universités sont subventionnées pour ces
diplômes-là. On pourrait dire que les universités sont
subventionnées de manière différente des collèges.
Ça, c'est vrai. C'est un fait. Quand je disais, dans les remarques que
j'ai faites tantôt, qu'il y avait une différence, c'est ça
que je voulais dire. Notre objectif serait d'en venir à une politique
encore plus libérale en matière d'éducation des adultes au
niveau collégial. Mais, pour des raisons financières, nous ne
pouvons pas bouger beaucoup sur ce sujet au cours des présentes
années, et c'est là que nous en sommes.
M. Gendron: En tout cas, je fais juste vous rappeler que... Je
vous cite, et je terminerai là-dessus, on a tellement d'autres
programmes. "Je suis disposé - c'est M. le ministre, qui parlait - de
mon côté à réexaminer les règles actuelles de
financement dans le secteur de l'éducation des adultes de manière
qu'elles puissent s'inspirer de normes plus proches de celles qui
prévalent dans l'ordre secondaire et l'ordre collégial." Et
c'était lors de cet extraordinaire exposé du 20e anniversaire
où il s'est dit tellement de belles choses.
M. Ryan: J'ajoute juste un point là-dessus, si vous me le
permettez. J'ai parlé, dans mon exposé de ce matin, d'un nouveau
mode de répartition des allocations budgétaires et des
subventions d'équilibre budgétaire aux collèges pour les
activités autres que les activités d'enseignement proprement
dites. Les activités d'enseignement proprement dites continuent à
dépendre de la convention collective. Les salaires des cadres, ça
continue à dépendre de règlements du gouvernement. Mais ii
y a tout le reste: le financement des laboratoires, le financement des services
aux étudiants, des services administratifs, l'entretien des immeubles,
toutes ces choses-là. On envisage un autre mode de financement
appelé FABES.
M. Gendron: Oui, FABES. (16 h 30)
M. Ryan: Ça, ça comprendrait une allocation fixe
qui serait donnée à chaque établissement,
indépendamment de sa taille. Deuxièmement, ça comprendrait
une subvention pour défrayer les activités d'enseignement et
d'ordre pédagogique. "B", ça, c'est les bâtiments, "E",
c'est les enseignants et "S", ce sont des allocations supplémentaires
pour des besoins particuliers de tel ou tel collège. Alors, dans cette
formule, idéalement, en principe, on ramène sur le même
pied le financement des activités d'enseignement pour les adultes et le
financement des activités d'enseignement pour les étudiants
réguliers, mais ça comporte un coût; ça comporte un
coût assez élevé que le gouvernement ne peut pas envisager
d'assumer dans un avenir prévisible. C'est pour ça que dans
l'application que nous envisageons, par voie de simulation pour la prochaine
année, l'éducation des adultes ne sera pas comprise.
Mais elle était comprise dans l'étude qui a
été farte par un comité que j'avais mandaté
à cette fin, puis je n'étais pas du tout surpris qu'elle soit
comprise dans l'étude parce que je le souhaitais moi-même. Mais,
au stade de l'application, nous ne pourrons pas tenir compte
immédiatement de ce volet de l'étude et du rapport qu'on m'a
donné parce qu'il comporterait des déboursés additionnels,
au bas mot, de 15 000 000 $ environ. On avait établi 13 000 000 $ ou 14
000 000 $. Aujourd'hui, ça irait probablement chercher autour de 15 000
000 $.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est tout, M.
le ministre?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
est-ce que le programme 5 est termine?
Formation technique
M. Gendron: Merci, M. le ministre. Non, ie programme 5, ça
ne presse pas. Je vous l'ai dit. On va le terminer quand on aura fini.
Là, je ferais la formation technique. C'est un programme majeur
d'enseignement collégial. C'est devenu le sujet de l'heure. Il s'agit de
lire un peu: on parle tous ou partout du sujet de l'heure. C'est avec raison
parce que l'économie s'internationalise, la technologie évolue,
la technologie de pointe n'est pas ce qu'elle était il y a des
années. Encore là, dans le rapport de la chambre de commerce,
quand vous aurez l'occasion d'en prendre connaissance, ce n'est pas possible
comme ces gens-là se plaignent de l'absence de diplômés
qualifiés et ils parlent de pénurie de main-d'oeuvre dans les
secteurs clés. C'est toujours aberrant pour des gens qui sont
censés être des décideurs politiques - il y en a 125 -
d'entendre ça quand on sait qu'on se tape des taux de chômage de
18 %, 19 %, 20 %, 30 %. C'est révoltant et on ne devrait pas être
insensibles à des affaires de même. Pourtant, c'est une dure et
froide réalité. Il y a quelque chose qui ne marche pas.
Les événements exigent donc un effort considérable
d'adaptation de la formation technique, laquelle doit passer, en outre, par la
révision des programmes techniques et des investissements majeurs afin
de moderniser et de renouveler les équipements scientifiques. Il y a
certains équipements... Il s'agirait de visiter quelques collèges
ou quelques écoles lors d'un conventum, parce qu'il y en a; il y en aura
un prochainement pour les anciens normaliens d'Amos. Et si on visitait les
équipements on se rendrait compte que, dans certains cas, les
équipements ne sont pas adéquats du tout.
Donc, il faut envisager de stopper la baisse des effectifs dans certains
domaines de l'ensei- gnement professionnel parce que, tout le monde le sait, il
y a baisse des effectifs dans l'enseignement professionnel et tout le monde
parle de ça. J'ai des chiffres ici, ça ne donne rien de vous les
citer, vous les connaissez, M. le ministre. On écrit: La
coopération entre les entreprises et les cégeps. Comment
impliquer les entreprises dans la formation? Le bâton et la carotte. Des
statistiques indicatrices sur le collégial... Et, suivant l'avis de la
Fédération, bien qu'à chaque année certains
programmes soient révisés, il est urgent de repenser fe processus
d'évaluation qui s'avère trop lent et trop lourd. Pages 10 et 11,
toujours du mémoire de la Fédération des cégeps,
juste quelques lignes: "Cependant, il serait urgent de repenser ce processus
d'évaluation qui est trop lent et trop lourd." Ils doivent savoir de
quoi ils parlent. "Faudrait-il, pour autant, envisager une réforme en
profondeur, comme vous l'affirmiez dans votre allocution au colloque - Ah!... -
comme vous l'affirmiez dans votre allocution au colloque de l'Institut
québécois de recherche sur la culture." Toujours le bel endroit
où vous avez annoncé un tas de belles choses. Eux, ils disent:
"Nous croyons que non." Ils continuent cependant: La formation technique est
devenue le sujet de l'heure. Tout le monde en parle, sans pour autant se
soucier de savoir si tous parient de la même réalité, et
sans se préoccuper de la convergence des orientations mises de l'avant.
Les engagements électoraux du Parti libéral sur ce sujet ne sont
pas tellement éclairants. Je répète. Les engagements
électoraux du Parti libéral sur ce sujet ne sont pas tellement
éclairants.
On va essayer de se faire éclairer. La campagne a eu lieu. Vous
avez été réélus. Donc, ça devrait moins vous
inquiéter cette fois-là de dire la vérité. Comment
le gouvernement projet-te-t-il d'intervenir pour que les collèges
puissent oeuvrer efficacement à former des techniciens qualifiés
qui répondent aux besoins des entreprises? C'est ça, la question
fondamentale. C'est ça, la question qui vous est posée à
peu près par tout le monde. Si les collèges sont autorisés
à donner de la formation technique, il faut s'assurer qu'ils aient les
moyens d'intervention concrets pour oeuvrer efficacement et que les techniciens
qu'ils forment soient qualifiés. Je vous donne un exemple et je conclus,
parce que je pose une question.
On s'est fait dire chez nous, récemment, par Hydro-Québec:
Comment se fait-il que les jeunes de l'Abitibi ne pourraient pas recevoir de la
direction Abitibi-La Grande, qui est censée être rapatriée
en région, des besoins spécifiques de formation pour aller faire
la vérification des appareils sur les barrages? Moi, je me suis
informé. On dit: N'importe quel technicien, quand il suit le programme
dont on a besoin, six mois, un an, il a ce qu'il faut. Pensez-vous que le
cégep ne pourrait pas faire ça? Cela en est de la formation
technique importante. Je ne dis pas
qu'ils ne le font pas. Je dis: On n'a même pas les Informations,
d'abord, d'Hydro, parce qu'ils aiment mieux que ça vienne de
Montréal que de l'Abitibi.
Et cela a comme conséquence qu'on a 20 %, 22 %, 23 % de
chômage. Alors, quand la Fédération des cégeps vous
a souligné cette problématique et qu'elle vous a dit que vos
engagements n'étaient pas éclairants, il me semble
qu'aujourd'hui, comme ministre et comme gouvernement, je la reformule et c'est
fini: Comment pensez-vous intervenir pour que les collèges puissent
oeuvrer adéquatement et efficacement à former des techniciens
qualifiés qui répondent aux besoins de la main-d'oeuvre requise
dans ce virage technologique et dans cette mondialisation et ce changement de
besoin de main-d'oeuvre qualifiée?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, il faudrait éviter de créer une
fausse impression. Il y a eu diminution de clientèles dans
l'enseignement collégial professionnel technique. Mais ça n'est
pas nécessairement l'indication d'un mal absolu. Si un nombre plus grand
d'étudiants de ce niveau préfèrent acquérir d'abord
une formation générale, avant de se spécialiser autrement,
je pense bien que ça peut être un avantage pour notre
société à plusieurs égards. Je ne porterais pas de
jugement là-dessus a priori.
Maintenant, ce que je sais, c'est que nous avons une grande
variété de programmes qui sont offerts à la population
jeune et adulte en matière technique. Et la qualité de la
formation dispensée à l'aide de ces programmes est en
général excellente. Nous avons des données sur le taux de
placement des personnes qui sont passées par l'enseignement technique
dans nos collèges. En général, le taux de placement est de
l'ordre de 90 %, ce qui est quand même très intéressant.
Alors, nous avons une base intéressante.
Maintenant, comment se fait-il qu'il n'y ait pas augmentation des
inscriptions? On formule un certain nombre de questions. Je n'ai pas de
réponse absolue à ça. Il y a une chose que j'ai
constatée, cependant. On ne peut pas tout faire en même temps.
Nous avons commencé par réformer l'enseignement professionnel de
niveau secondaire. Nous l'avons fait dans un climat d'incrédulité
très répandue et de scepticisme non moins universel. Et
malgré tous les prophètes de malheur que nous avons entendus
à ce sujet, y compris parfois du côté de l'Opposition et
des enseignants, nous sommes en train de passer à travers. Nous sommes
en train d'établir le nouvel enseignement professionnel de type
secondaire sur des bases intéressantes. Ça, ça va
entraîner des ajustements avec l'enseignement professionnel de niveau
collégial. Je vous en donne un exem- ple. L'autre jour, je suis
allé inaugurer de nouveaux ateliers à l'école de formation
pour les métiers de l'automobile, à Québec, le centre
Wilbrod-Bhérer. Ils ont à peu près 500 étudiants de
jour et de soir. J'ai causé avec plusieurs. J'étais avec un
groupe d'une vingtaine. M. Lanoux, je pense que je ne vous ai pas
raconté ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...pas ensemble.
M. Ryan: Vous y étiez, cette fois-là. Non, vous n'y
étiez pas. J'ai demandé: Où étiez-vous
l'année passée?
M. Gendron: À M. Lanoux? M. Ryan: Non, non. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: J'ai demandé: Où étiez-vous l'an
dernier? Quelle fut, pensez-vous, la réponse de plusieurs d'entre eux?
Ils m'ont dit: On était au cégep. J'ai dit: Qu'est-ce que vous
faites au secondaire? ils ont dit: On vient chercher une formation qui va
répondre à nos besoins. Ce qu'on avait là-bas était
bon, mais ce n'était pas tout à fait ce qu'il fallait pour nous.
Alors, il y a des ajustements. J'avais déjà vu des choses
là-dessus, mais je n'en avais pas rencontré à
l'état le moindrement répandu. Alors, il y a un problème,
là. Je ne blâme personne. On a fait un développement en
masse au cours des 25 dernières années. Il y a des ajustements
qui vont s'imposer et nous prenons acte de toutes ces choses. Et quand nous
aurons stabilisé la relance de l'enseignement professionnel de niveau
secondaire, nous allons donner un gros coup également. Je l'ai dit dans
mon allocution à l'Institut de recherche sur la culture et je le
répète aujourd'hui en toute sincérité. La
Fédération dit non, elle ne voudrait pas qu'on fasse une
étude de fond. Jamais!
M. Gendron: Non, sauf que je suis trop...
M. Ryan: Je n'ai pas compris cette affirmation-là que vous
avez faite. Vous l'avez faite cette fois-là en l'empruntant de la
Fédération; j'espère que vous ne l'épousez pas
entièrement. Je pense que ce n'est pas le sens que la
Fédération donnait à son non, de toute manière.
M. Gendron: Non, mais de toute façon, moi, je lis ce qui
est...
M. Ryan: Je vous donne des choses qui se font. Là, on a
fait toute la réforme des programmes de l'enseignement professionnel de
niveau secondaire. Ce n'est pas terminé, c'est une
opération de cinq ans; on est rendus aux deux cinquièmes,
actuellement. Mais chaque nouveau programme est soumis au responsable de
l'enseignement coUégial pour s'assurer que ça n'empiète
pas sur le domaine de l'autre. Ça permet de faire des découpages
de territoires qui sont bons pour l'avenir, également. On est
arrivés à mettre au point certains critères plus clairs
qu'autrefois. Et c'est avec cette méthode de collaboration
concrète et fonctionnelle qu'on va arriver à définir les
choses de manière plus claire. Et quand on verra qu'un programme qui est
offert au niveau secondaire comporte peut-être, disons, 50 %, 60 % de ce
qui est offert au niveau collégial, là, on va dire: II y a
peut-être des ajustements à faire. On les fait chaque fois qu'on
peut.
M. Gendron: C'est votre rôle, M. le ministre, de nous
mettre ça tellement beau. Je vous entends. Avoir rien que ça
à faire, je pense que je passerais ici deux semaines de plus. Parce que
c'est vrai que c'est beau, que ça va bien. Mais comment ça se
fait-il que les concernés, comment ça se fait-il que les gens qui
vivent les problèmes ont toujours une vision... Je ne veux pas juste
parler de piastres. Soyons précis et court. Oui ou non, le processus
d'évaluation est-il trop lent et trop lourd? Moi, c'est ma conviction.
Bon, je ne connais rien, c'est l'Opposition, on est ici pour chialer. Mais
oubliez tout ça, là. Votre point de vue à vous, comme
ministre...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Pensez-vous que c'est vrai que vous êtes bien
vite? Pas vous, personnellement, M. le ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Mais les processus d'évaluation sont trop
lents et sont trop longs et ça crée des problèmes par
rapport à ce dont on discute. Et je vous le rappelle, quand vous aurez
la chance de mettre la main - et je sais que vous allez le lire - sur
l'excellent mémoire... Et je te dis que, pour moi, dire ça, c'est
dur. Que la chambre de commerce fasse des reproches au Parti libéral, il
faut le faire! Lisez leur mémoire, le prochain que vous allez avoir, et
il y en a pas mal épais. Moi, j'ai dit: Ça ne se peut pas. J'ai
regardé deux fois; oui, c'est signé, ça vient de la
chambre de commerce de Montréal. Et c'est ce qu'ils vous disent, sur la
formation technique, ça ne marche pas pantoute, ça n'a pas bon
sens. Ce n'est pas moi qui ai inventé ça. Des gens qui
écrivent - je vous l'ai dit tantôt - qui prennent la peine
d'écrire un article: La coopération entre les entreprises et les
cégeps... Il n'y en a pas. Il n'y en a pas. Et on leur dit des affaires
et... Moi, c'est ni l'un ni l'autre que je blâme, là. Je dis:
Ça prend des lignes directrices, ça prend une
préoccupation. Il faut que le ministère, à un moment
donné, dise: Je suis encore "poigne" avec une autre urgence. Je le sais
que vous avez beaucoup d'ouvrage. Je le sais. Je ne mets pas ça en
cause. Vous travaillez tard le soir. Je vois même la lumière
à des heures impossibles. (16 h 45)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Mais là, c'est une priorité. M.
Ryan: Elles sont ouvertes toute la nuit. M. Gendron: Oui, je le
sais. C'est pour ça.
M. Ryan: Le gouvernement a bien de l'énergie à
dépenser.
M. Gendron: C'est pour ça que je voulais vous le faire
dire. Elles sont ouvertes toute la nuit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: C'est pour ne pas que le monde pense que vous passez
votre temps à travailler toute la nuit.
M. Ryan: Ça ne veut pas dire que je suis là.
M. Gendron: C'était une gentillesse pour vous. Non, mais
sérieusement, là, est-ce que vous ne pensez pas qu'il y aurait
lieu, puisque c'est une urgence, de dire: Oui, Messieurs les membres de cette
commission, j'entends, comme ministre de l'Éducation, essayer de donner
un coup de barre là-dessus parce que ça presse.
M. Ryan: Savez-vous, je serais tenté de dire au
député d'Abitibi-Ouest qu'il parle un petit peu à travers
son chapeau.
M. Gendron: Bon, encore. Je vais vous écouter...
M. Ryan: Je suis allé récemment, par exemple,
à l'École nationale d'aérotechnique à Saint-Hubert,
qui est une école spécialisée du cégep
Édouard-Montpetit. Et si le député d'Abitibi-Ouest
rêve de collaboration entre un collège et l'industrie, je pense
qu'il aurait grand profit à aller faire une visite dans cet institut. Il
va voir que c'est bien plus avancé que tous les discours qu'il pourrait
nous faire ici. Moi-même, j'ai une entreprise dans mon comté, pour
vous montrer comment ça fonctionne. On a Bell Hélicoptère
qui est dans mon comté. Bell Hélicoptère a mis au point,
avec l'École nationale d'aérotechnique, un programme de formation
sur place en vertu duquel le personnel de l'entreprise reçoit une
formation sur place. Des étudiants peuvent être admis sur place
également. On a un programme
très élaboré qui fonctionne fort bien. C'est un
programme qui a été conçu à partir des immenses
ressources spécialisées dont dispose le collège et des
besoins et des ressources, des équipements de cette entreprise. On a la
fusion des deux et c'est extrêmement intéressant. C'est
extrêmement intéressant. Mais ça, c'est l'esprit dans
lequel s'oriente la formation technique. Ça avait été
conçu autrement à une autre époque. Ça a
stagné pendant un certain nombre d'années parce que le rapport
avec l'industrie n'était pas assez vivant. Et toute notre énergie
est employée à promouvoir une meilleure jonction. M. Lanoux
était avec moi, cette fois-là. Il y était quand nous
sommes allés à Toronto visiter des CAT. Les CAT c'est des
Colleges of Applied Technology, en Ontario. On est allés en visiter
trois, je pense, une journée, il y a deux ans. Et là on a
constaté que les programmes, ils les adaptent bien plus vite que nous.
Quand il y a des changements qui se font dans l'industrie, qu'il y a de
nouvelles découvertes qui sont faites au plan technologie, ils
n'attendent pas que toute la litanie d'organismes consultatifs et autres ici
aient fait le tour du jardin pour s'apercevoir qu'il faut dire oui, alors qu'on
est déjà rendus à une autre étape de
changement.
Là-bas, ils ont une méthode qui est meilleure que la
nôtre. Nous en sommes conscients et nous faisons des efforts
considérables pour resserrer, pour raccourcir ces
échéances qui étaient trop longues dans bien des cas. Moi,
j'ai entrepris un travail plus intensif, que je suis de plus près en ce
qui regarde les programmes de formation au secondaire. Mais celui-ci est non
moins important. Et je suis d'accord avec le député
d'Abitibi-Ouest pour insister sur l'urgence de rapprocher beaucoup nos
programmes de la réalité des entreprises.
Maintenant...
M. Gendron: Même s'il parle à travers son
chapeau.
M. Ryan: ...M. Lanoux me donne quelques exemples
intéressants. Si vous êtes intéressé à avoir
plus de précisions sur des expériences qui se font...
M. Gendron: Non, regardez, M. le ministre.
M. Ryan: ...peut-être qu'on pourra demander.
M. Gendron: Si vous me permettez, M. le ministre, je le sais.
C'est parce que, sincèrement...
M. Ryan: Regardez un autre cas, si vous me permettez.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: On est allés à Bagotville au pavillon de
formation des pilotes, l'école de pilotage de Bagotville qui est une
école de formation professionnelle aussi. On a autorisé un
agrandissement des ateliers pour une valeur, je pense, de 900 000 $. C'est la
meilleure école de pilotage de tout le Canada. C'est une école de
formation technique ça, financée à peu près
entièrement par le ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science à l'intérieur du réseau d'enseignement
collégial. Ça vient de partout. Il y a des gens de tout le Canada
et d'un grand nombre de pays du monde. On a des listes. On pourrait en recevoir
trois fois plus. Mais ça se fait. Et n'imaginez pas que ça peut
fonctionner sans jonction étroite avec l'entreprise. Allez demander
à M. Jeanniot, le président d'Air Canada, ce qu'il pense de
l'école de formation de Bagotville. Vous allez voir qu'ils sont bien
plus en contact avec l'entreprise que vous ne semblez ie penser. Je pense que,
sur ce point-là, la députée de Chicoutimi va être de
mon avis.
Mme Blackburn: Je suis de Saint-Honoré. M. Gendron:
...d'accord.
M. Ryan: Saint-Honoré. Et nous autres c'est la même
chose.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: C'est la grande région de Chicoutimi.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
allez- y-
M. Gendron: ...je conclus. M. le ministre, vous m'avez
donné et vous aviez le goût de m'en donner d'autres, je veux juste
vous dire qu'il y a 44 ou 45 cégeps. C'était plus ça que
j'aurais pensé que vous auriez compris. Et me dire qu'il y a des choses
intéressantes qui se font, vous avez raison, ce serait bien le bout
de... Excusez. Écoutez, moi-même, j'ai été peu
longtemps en éducation. J'ai vu une expérience extraordinaire
à Victoriavllle, en récupération, avec un nommé...
M. Alexandre, que vous connaissez, Normand. Extraordinaire! Fantastique!
Ça n'a pas bon sens comment c'est beau.
M. Ryan: Vous savez que nous lui avons donné 900 000 $,
cette année, pour se doter...
M. Gendron: Bravo! Vous auriez dû donner 1 000 000 $.
M. Ryan: ...d'ateliers qui vont lui permettre de continuer son
travail.
M. Gendron: Bravo! Il se fait des choses.
Mais ce n'était pas ça, la question, j'arrête
là, c'était: La formation technique est devenue le sujet de
l'heure. Tout le monde constate que ce n'est pas adapté, même s'il
se fait de belles expériences. Vous m'avez dit: Je parle à
travers mon chapeau...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: C'est faux... Un instant! Je crois que non parce que
je suis conscient - juste une seconde - qu'à plusieurs endroits, dans
des formations pointues, écoutez, l'aéronautique à
Longueuil, on n'a pas ça dans tous les cégeps. Alors, oui, il se
fait quelque chose là qui doit être en liaison avec M. Jeanniot.
Je connais M. Jeanniot, je connais Air Canada et ça ne donne rien de
l'appeler parce que lui aussi va vanter vos affaires et je sais, en plus, pour
qui il vote, alors c'est sûr qu'il n'y aurait pas de problème.
Alors, je conclus ça... Mais ce n'était pas ça, le
débat. Le débat, c'était - écoute, écoutez,
excusez! - que la formation technologique est devenue un sujet de l'heure et
tout le monde en parle. Mais le ministre nous fait le plus beau des portraits
et il commence sa phrase en disant: Le député d'Abitibi-Ouest
parle à travers son chapeau. Et il finit: Vous avez raison, on devrait
mettre notre priorité là-dessus.
M. Ryan: On la met, on la met. M. Gendron: Parfait,
continuez. Le Président (M. Gobé): M. le ministre. M.
Gendron: Non, c'est réglé.
M. Ryan: Oui, je voudrais donner seulement quelques exemples
rapides. Allez au collège d'Ahuntsic, au collège de Limoilou, ils
ont des programmes très importants qu'ils réalisent en
collaboration avec Provigo. Ça ne vous étonnera pas que ça
se fasse sous le régime actuel. Le cégep de Maisonneuve...
M. Gendron: II ne les "pogne" pas tous, mais ce n'est pas
grave.
M. Ryan:... a des programmes de collaboration avec les
entreprises pétrolières. Le cégep La Pocatière,
tout le monde connaît son association avec Bombardier, par
l'intermédiaire de son centre spécialisé que nous lui
avons donné. Récemment, nous avons pu, au Fonds de
développement technologique, examiner un projet très important
dans le domaine des transports, du matériel de transport qui pourra se
réaliser grâce à l'association du centre
spécialisé de La Pocatière avec Bombardier. À
Jonquière, collaboration abondante du cégep avec Alcan. Vous avez
mentionné Victoriaville, c'est très bien. On pourrait vous
mentionner le cégep Lionel-Groulx, le cégep de
Trois-Rivières avec les papetiè-res...
Une voix: Kruger en particulier.
M. Ryan:... et Kruger en particulier. Franchement, je peux vous
assurer que c'est vraiment la voie dans laquelle le travail se fait.
M. Gendron: Bien, ne lâchez pas... M. Ryan: Et je ne
puis, quoi... M. Gendron:... merci.
M. Ryan: Je ne puis que vous redire que je n'ai jamais
été impressionné dans toute ma carrière par des
jugements généraux qui ne reposaient pas sur des analyses le
moindrement sérieuses.
M. Gendron: Oui, sauf que là-dessus, M. le ministre...
M. Ryan: Qu'ils viennent de la chambre de commerce ou d'un autre
organisme, ils passeront pas le même jugement, le même
tamisage.
M. Gendron: Je ne le relèverai pas parce que je vais me
faire dire...
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron:... que nous aussi, on ne fait pas ça, comme si
on faisait ça sur le bras.
M. Ryan: Maintenant, juste pour mon information, est-ce que c'est
un mémoire de la chambre de commerce de Montréal ou de la chambre
de commerce du Québec que vous avez cité?
M. Gendron: Du Québec.
M. Ryan: Du Québec. Je dois dire, cependant, que j'ai pris
connaissance de ce mémoire, mais que la chambre du commerce du
Québec manifeste dans ce mémoire un souci pour les questions
d'éducation qui est de très bon aloi...
M. Gendron: Bien, je comprends!
M. Ryan:... dont je me réjouis personnellement parce qu'il
y a longtemps que je n'avais vu un mémoire de la chambre de commerce du
Québec entièrement consacré aux questions
d'éducation et voulant coller aux réalités. J'ai bien
hâte qu'ils se présentent à Québec, je suis au
courant qu'ils doivent venir prochainement et j'irai volontiers
compléter leur information...
M. Gendron: Voyez là...
M. Ryan: ...et recueillir en même temps leurs
expériences. Parce qu'il peut arriver qu'il y ait de très
nombreux cas où des constatations individuelles de cette nature aient
été faites, c'est fort probable, c'est même certain. Encore
là, ça ne me donne pas nécessairement le compte de
l'ensemble d'une situation. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des
améliorations à faire, mais nous avons un fondement qui est bon
et qui déjà produit une formation de grande qualité.
M. Gendron: Pour conclure là-dessus, je vous dis tout
simplement qu'il faut vraiment avoir une formation spéciale, des fois,
pour vous suivre. Ce que vous venez de dire, c'est que le mémoire de la
chambre de commerce dit exactement ce que je dis depuis à peu
près une heure. Mais j'étais dans les patates tantôt.
Alors, ce n'est pas grave.
M. Ryan: Non, non. J'ai dit qu'eux autres, dans la mesure
où ils font des jugements généraux qui ne sont pas
appuyés sur une analyse rigoureuse des faits, ça doit passer par
le même traitement que les affirmations que j'entends chez vous.
M. Gendron: O.K.
Le Président (M. Gobé): Est-ce terminé, M.
le ministre?
M. Gendron: Non.
M. Ryan: Et si c'est moi qui les fais, je vous prie de me passer
au même crible aussi.
M. Gendron: Sur le parc... Dans un dossier fort bien
étoffé, M. le ministre, la Fédération estimait l'an
dernier à 87 500 000 $ l'injection nécessaire pour ramener
l'âge moyen du parc d'équipements aux environs de 15 ans. Elle
disait: Ramenez le parc d'équipements aux environs de 15 ans. Ce qui
correspondait à des demandes d'ajout respectif au plan triennal de 9 000
000 $ par année, plan triennal d'immobilisations sur le parc
d'équipements. Elle demandait de plus, cette année, un montant de
7 200 000 $ au titre de l'ajustement pour tenir compte de la valeur
réelle du parc d'équipements à haute technologie pour tout
le dossier de l'évolution technologique. J'aimerais ça que vous
me répondiez là-dessus le plus courtement possible parce qu'on a
encore bien des dossiers et que le temps file. Oui, également un
élément additionnel dans son avis sur l'allocation des ressources
1989-1990. Le Conseil des collèges qui, des fois, fait un excellent
travail recommandait également d'augmenter de façon significative
l'allocation normalisée d'investissements destinés à
remplacer l'équipement désuet et à acheter
l'équipement nécessaire aux divers programmes d'enseignement. La
question, c'est la suivante: Est-ce que le ministre estime juste
l'évaluation faite par la Fédération, réaliste?
Autrement dit, est-ce que vous trouvez que c'est une évaluation
réaliste au plan des équipements, premièrement?
Deuxièmement, combien le ministre entend-il investir pour 1990-1991
à ce chapitre?
M. Ryan: Vous savez, je pense que s'il y a un gouvernement qui
s'est montré soucieux de maintenir à un degré
élevé la qualité de ses biens immobiliers, c'est le
gouvernement actuel. J'ai déjà indiqué, en ce qui touche
les établissements scolaires, qu'un inventaire complet que nous avons
fait au cours des deux dernières années nous amenait à la
constatation que sur quelque 3700 bâtiments scolaires il y en avait
à peine 140 qui étaient dans un état insatisfaisant. Tous
les autres étaient dans un état ou satisfaisant ou mieux que
satisfaisant. Et avec le budget d'investissements
accélérés de cette année pour les commissions
scolaires, comme vous le savez, nous mettons 40 000 000 $ à leur
disposition. Nous leur demandons une participation de 25 %, ça veut dire
15 000 000 $. On a un budget de 55 000 000 $ qui va être consacré
au "renip-page", à la mise du jour des immeubles scolaires...
M. Gendron: Je demande juste... les cégeps, M. le
ministre.
M. Ryan: ...là où ils en ont besoin. Dans le cas
des cégeps, nous avons beaucoup moins de constructions. Dans le cas des
cégeps, nous avons 46 cégeps...
M. Gendron: Je parle des équipements.
M. Ryan: Je parlais d'abord des équipements de base que
sont les immeubles. Je vais parier des autres ensuite. O.K.
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: Dans le cas des cégeps, avec le budget de 14 000
000 $ que nous avons libéré à même le programme
d'investissements accélérés, je pense qu'on va faire un
travail considérable. D'ailleurs, les cégeps n'ont pas
tardé à soumettre des projets. Il y en a une trentaine qui ont
été retenus et qui vont se réaliser cette année.
Ceci est évidemment en plus du budget d'entretien des immeubles qui est
accordé chaque année aux cégeps à même les
subventions de fonctionnement. Mais, là, le député
s'intéresse davantage aux équipements. D'après les
renseignements....
M. Gendron: Et la demande de 7 200 000 $ au chapitre de
l'évolution technologique dans leur document de travail, financement du
réseau collégial, c'est surtout ça qui m'intéresse.
0,10 $, 1 $, 2 000 000 $? Qu'est-ce qu'ils auront? C'est ça que je veux
savoir.
M. Ryan: Ce qui a été accordé pour
1989-1990... Pour 1990-1991, nous aurons l'enveloppe d'ici à la fin du
mots de juin. Je ne l'ai pas encore.
M. Gendron: Et vous, vous avez demandé combien au
Trésor?
M. Ryan: Ça, je ne peux pas vous le dire
Ici. Ce n'est pas la place. Je ne fais jamais mes négociations
avec le Trésor en public.
M. Gendron: Ah! je ne négocierai pas. Je vous demande
combien vous avez demandé. (17 heures)
M. Ryan: Je ne voudrais pas donner l'impression de chercher
à exercer des pressions sur mon collègue, le président du
Conseil du trésor. J'aime mieux les exercer privément. Alors,
pour l'année 1989-1990, nous avons investi en tout, dans le
renouvellement et l'entretien du parc d'équipements, 26 415 000 $, dont
15 000 000 $ pour le remplacement, 7 515 000 $ pour des allocations
spéciales d'équipements et 3 900 000 $ pour les
équipements de haute technologie. Nous avions injecté
ça... C'est le gouvernement actuel qui l'a injecté il y a trois
ans. Je pense que la recommandation voulant qu'on mette 9 000 000 $ par an,
nous en sommes très proche, si vous additionnez 7 500 000 $ plus 3 900
000 $, ça fait 11 500 000 $.
M. Gendron: En 1990-1991.
M. Ryan: Non, en 1989-1990. En 1990-1991, j'espère que
ça va être au moins ça et peut-être plus.
M. Gendron: C'est ça. C'est que vous avez compris que ce
qu'ils ont eu, ils le savent en étoile. Ils savent ce qu'ils ont eu pour
l'année en cours.
M. Ryan: Oui, mais je viens de vous dire...
M. Gendron: Non, non. Vous m'avez dit ça. Vous m'avez dit
ça. Mais, là-dessus, en tout cas, je n'ai pas le temps de... Je
n'ai pas le temps et je l'ai. Quand les universités réclamaient
50 000 000 $... Se financer, ça n'a pas de bon sens et ça n'a pas
d'allure. Vous dites que vous n'exercez jamais de pression sur votre
collègue par voie publique. Quand votre sous-ministre a écrit la
lettre au premier ministre, il avait oublié, cette fois-là, de
faire des pressions. Ça vous a échappé quand Mme la
députée de Jacques-Cartier a envoyé la lettre au bureau du
premier ministre pour dénoncer le sous-financement universitaire. Est-ce
que ce n'était pas pour faire des pressions sur le président du
Conseil du trésor?
M. Ryan: Mais non. D'abord, si vous avez connu l'ancienne
députée de Jacques-Cartier, c'était une personne au
jugement personnel et indépendant, que j'admirais...
M. Gendron: Indépendant, sûr.
M. Ryan: ...pour ces raisons, d'ailleurs. Je n'étais pas
d'accord avec elle sur toutes ses idées, mais j'admirais son
indépendance de jugement et la grande honnêteté de ses
interventions, surtout en matière d'enseignement universitaire. Quand
elle a envoyé sa lettre au premier ministre, vous l'avez connue comme
moi, elle ne m'a pas demandé de permission.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée, s'il vous plaît, votre droit de parole, vous aimez
que les gens le respectent.
Mme Blackburn: Je vous en prie...
Le Président (M. Gobé): Je vous demanderais, s'il
vous plaît... M. le ministre a la parole.
Une voix: Vous avez bien raison.
Le Président (M. Gobé): ... On a un peu de
difficulté à l'entendre, madame. La voix ne porte pas beaucoup.
Quelquefois le son n'est pas forcément à son meilleur et j'estime
que chaque membre de la commission a le droit de se faire entendre et
d'écouter le ministre. Je vous demanderais de parler un peu moins fort.
Votre voix porte beaucoup.
M. Gendron: M. le Président, sans en faire une question de
privilège, sincèrement on va être obligé de vous
dire que, des fois aussi, certaines de vos interventions ne viennent rien
ajouter au débat, si constamment on n'intervient qu'entre... En tout
cas, j'étais en train de poser une question au ministre. J'ai eu ma
réponse, j'ai bien compris et je ne vois pas en quoi une interpellation
de collègue à collègue qui s'est toujours faite entre les
échanges est rappelée chaque fois par le président. Si on
veut jouer à ça, on va faire des questions de règlement et
on va avoir l'air fou parce que ce n'est pas ça, faire des
crédits. Je ne suis pas sûr que vous démontriez que vous
avez une grande expérience de la façon dont doivent se faire des
crédits comme du monde.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
je pense qu'en ce qui me concerne on doit faire respecter un certain
décorum, une certaine tranquillité. J'ai de la difficulté
à entendre M. le ministre. Mme la députée de Chicoutimi a
une voix qui porte assez fort et je lui demande - si elle veut parler,
ça ne me dérange pas - qu'elle le fasse un peu moins fort.
M. Gendron: Vous n'avez pas le sujet comme critique qui est le
plus déplaisant pour les aspects quorum ou décorum.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: M. le Président, vous...
Le Président (M. Gobé): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn:... me permettrez. Je trouve la remarque
désobligeante et déplacée parce que,
généralement, je suis assez respectueuse des règles et du
décorum. Comme le député de Sauvé m'a
répondu également, la remarque aurait pu aussi s'adresser au
député de Sauvé. Alors, je ne l'accepte pas.
Le Président (M. Gobé): Ma réflexion ne se
voulait pas désobligeante. Elle avait simplement pour but de permettre
au ministre de s'exprimer. Si vous l'avez prise de manière
désobligeante, je m'en excuse et, pour le député de
Sauvé, ça arrive, bien entendu, à lui aussi, si vous le
mentionnez. Je vous remercie. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Gendron: J'ai terminé pour cette partie-là. Je
vous remercie.
M. Ryan: Je n'ose point. Ha, ha, ha!
évaluation des apprentissages
M. Gendron: Sur l'évaluation des apprentissages... Vous
savez qu'aux études collégiales, lors de l'étude
1989-1990, le ministre de l'Enseignement supérieur... Vous aviez fait la
déclaration-choc suivante... Et ça en avait frappé
quelques-uns parce que vos déclarations habituellement, en règle
générale, sont longues. Elles s'inspirent souvent d'une sagesse
antérieure, provenant d'ailleurs, non teintées de partisanerie
à la belle époque. Alors, vous avez dit ceci: II appose sa
signature de manière mécanique - c'est vous qui parliez - au bas
de diplômes décernés par chaque établissement mais
il ne dispose d'aucun moyen de vérification efficace quant à la
qualité des apprentissages. Cette situation pour le moins paradoxale ne
saurait durer, à moins que chaque collège ne puisse fournir la
garantie de solides mécanismes d'évaluation de la qualité
du travail éducatif accompli sous sa responsabilité. Fin de la
citation du ministre de l'Éducation.
Dans son rapport "La mise en oeuvre des politiques institutionnelles
d'évaluation des apprentissages" rendu public dernièrement, la
commission de l'évaluation du Conseil des collèges fait le
constat suivant. J'aimerais que, comme vous l'êtes toujours, vous soyez
attentif sur le constat qu'elle fait: 89 établissements d'enseignement
collégial sur 109 ont adopté une politique institutionnelle
d'évaluation des apprentissages. Sur les 28 établissements
visités en 1988-1989, la version intégrale de la politique est
diffusée dans 20 collèges. Chacune des responsabilités est
exercée conformément à leur politique dans 16
collèges et la gestion des plans de cours est appliquée tel que
prévu dans 19 collèges. C'est au niveau de l'exercice des
responsabilités que les collèges rencontrent le plus de
difficultés dans la mise en application de leurs politiques.
Ça m'apparaît la phrase la plus essentielle: C'est au
niveau de l'exercice des responsabilités que les collèges
rencontrent le plus de difficultés dans la mise en application de leurs
politiques. Dans 58 % des collèges du Québec, il existe des
mécanismes formels qui attestent que la politique d'évaluation
des apprentissages s'applique.
M. Ryan: M. le Président. M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Juste une question de règlement. Est-ce que le
député pourrait me rappeler le document qu'il est en train de
citer et la page?
Le Président (M. Gobé): Certainement, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît.
M. Gendron: La question, c'est le document que je suis en train
de citer et la page. C'est l'avis... Juste une seconde, parce que je suis
obligé d'emprunter les lunettes d'un autre. C'est "La mise en oeuvre des
politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages" dans le
document...
M. Ryan: Mars 1990?
M. Gendron:... de la commission de l'évaluation du Conseil
des collèges.
M. Ryan: Mars 1990? C'est la date qui m'intéresse.
M. Gendron: Oui. M. Ryan: Oui. M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Très bien. Est-ce que je pourrais avoir la
page?
M. Gendron: J'avais fait un résumé des
constatations. Je regrette, si j'avais la page, je vous le dirais. J'ai fait un
résumé des principaux constats qu'on faisait. Les constats les
plus
importants, c'est les quatre que je viens d'évoquer et,
d'ailleurs - un instant - dans votre exposé, M. le ministre, ce matin,
vous êtes revenu là-dessus.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Gendron: C'est pour ça que je veux toucher cette
question-là, parce qu'elle m'ap-parait importante. Elle n'est pas
compliquée. La question que j'aimerais vous poser et sur laquelle
j'aimerais avoir vos commentaires, c'est: Outre de souscrire sans
hésitation, en ce qui nous concerne, à l'orientation que la
commission a voulu imprimer à ses travaux - c'est à la page 12 du
discours de ce matin; vous, vous dites ça: Je souscris sans
hésitation à l'orientation que la commission a voulu imprimer
à ses travaux. Je continue: Que compte faire le ministre, pratiquement,
pour s'assurer que ses politiques ne dormiront pas sur les tablettes, mais
seront réellement mises en application puisque vous y souscrivez
entièrement? Les exemples que j'ai donnés, c'étaient,
entre autres, parce que vous-même, en tout cas, selon Jean Francoeur, et
je termine là-dessus... Il y avait eu un édito de Jean Francoeur
en disant: L'étau doit se resserrer sur les collèges laxistes.
Parce qu'il y avait effectivement beaucoup trop de différences et
vous-même, vous n'y êtes pas allé de main morte en disant:
Je doute de la valeur des diplômes. En tout cas, on vous fait dire
ça. C'est encore Jean-Pierre Proulx qui, habituellement, suit les
dossiers de l'éducation. Comme ça vient du Devoir, je ne
verrais pas pourquoi ça ne serait pas sérieux. Alors, j'aimerais
ça que vous me donniez votre point de vue sur la question
posée.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Volontiers, volontiers, M. le Président. Je pense
que c'est un des aspects les plus intéressants de l'examen que j'ai fait
cette année, en prévision des crédits, de la situation et
des perspectives de l'enseignement collégial. J'avais eu l'occasion, il
y a quelques mois, de rencontrer le Conseil des collèges comme je le
fais annuellement. À l'occasion de cette rencontre, j'eus un
échange de vues avec les membres et la présidente du Conseil, de
la commission de l'évaluation, était présente.
J'étais très intéressé à savoir où en
était rendu son travail parce que les premières esquisses que
j'en avais eues m'avaient laissé quelque peu inquiet.
Je ne savais pas où on s'en allait exactement. Nous avions une
entente avec les collèges. Je pense que le député
d'Abitibi-Ouest en est informé. Ça, c'est un dossier qui
intéresse la députée de Chicoutimi aussi. Elle a
essayé de le faire avancer quand elle était présidente du
Conseil des collèges, mais la charrette n'était pas prête
à décoller à ce moment-là, il faut croire. Depuis
que nous sommes au pouvoir, nous avons mis la machine en marche de
manière définitive et de manière très
résolue. Moi, je m'étais rendu compte que c'était un
problème de fond. J'ai causé avec le Conseil des collèges,
et on s'est dit: Qu'est-ce qu'on doit faire? La loi prévoit - il y a une
commission de l'évaluation au Conseil des collèges, mais elle
réussissait difficilement à décoller. Ce qui faisait
défaut, c'était un accord clair avec l'ensemble des
collèges et leur fédération pour qu'on trouve des
modalités concrètes.
Il y en a qui auraient souhaité, et ça se comprend
très bien, que ce ne soit que des échanges de papier,
c'est-à-dire que les collèges envoient la documentation qui donne
des renseignements, mais qu'on ne touche à rien. Surtout, qu'on n'aille
pas pénétrer dans l'enceinte. Du côté de la
commission, on voulait que ce soit un travail concret, un travail
véritable. La commission insistait pour faire des visites dans les
établissements. Elle souhaitait pouvoir produire un rapport où
elle dirait: Nous avons visité 25 établissements. Tel
établissement, ça vaut très bien. Tel
établissement, c'est moins bon, etc. Ça suscitait des
inquiétudes légitimes dans les établissements puisqu'ils
se disaient: On ne voudrait pas être sali par un rapport sur lequel on
n'aurait pas de possibilité de récupération par la
suite.
Là, il a fallu mettre au point un régime qui tiendrait
compte à la fois des désirs légitimes de la commission et
des inquiétudes compréhensibles des collèges. Nous avons
même établi un protocole, le Conseil des collèges, la
Fédération des cégeps et le ministère, en vertu
duquel la commission est habilitée à visiter des
établissements. Il y avait un point... Vous vous souvenez, M. Lanoux, il
aurait fallu que ce soient les collèges qui décident qui elle va
voir. Il faudrait bien que la commission puisse dire qui elle veut voir dans le
collège. Alors, il a été entendu qu'elle avait une
latitude assez grande de ce côté-là. Elle fait sa visite
qui dure une journée, dans certains cas, deux, mais en
général, c'est une journée complète.
Là, il a été convenu qu'elle pourrait publier son
rapport. Mais, sur-le-champ, elle ne donne pas les noms des
établissements. Mais chacun reçoit le rapport de sa visite et
moi-même j'aurai les rapports de toutes les visites et, au bout d'un an,
la commission procédera à des vérifications et si
l'établissement n'a pas corrigé la situation, à ce
moment-là, il sera l'objet d'une mention publique au jugement de la
commission d'évaluation. Ce que nous avons eu, cette année, c'est
la somme des constatations faites par la commission. Elle va nous revenir au
cours de la prochaine année avec un bilan appréciatif.
Je vais vous donner un exemple d'un passage qui a inspiré une
remarque qui était dans mon texte de ce matin. La commission dit,
par
exemple, sur l'exercice des responsabilités dont parlait le
député tantôt: "Les responsabilités concernant
l'application générale de la politique sont relativement bien
assumées. Par contre, celles concernant l'élaboration de
politiques départementales ainsi que la concertation sur les contenus de
cours et des activités d'évaluation et leur coordination
devraient être poursuivies." Alors là, ça veut dire qu'on
n'a pas grand-chose. Quand on lit ça, on n'est pas tellement plus
avancé.
Nous savons tous que la clé d'une évaluation qui marche
dans les collèges, ce n'est pas ce qui va se passer dans le bureau du
D.G., ni dans le bureau du D.S.P. C'est ce qui va se passer entre le professeur
et les élèves. C'est ce qui va se passer à
l'échelle du département. Là, il y avait des corporations
qui s'étaient créées dans certains endroits pour briser un
certain esprit de cloisonnement. C'est ça qui est l'objet de l'exercice
entrepris. La commission a décidé de le faire par voie de
pénétration graduelle, par voie d'osmose, pour ainsi dire. Je
trouve qu'elle a adopté une excellente approche. C'est dans ce
sens-là que je souscris sans hésitation à l'orientation
générale que traduit son rapport, document dont je recommande
fortement la lecture à tous les membres de la commission qui n'auraient
pas encore eu le temps de le lire. Je pense que c'est une contribution
extrêmement valable du Conseil des collèges et de sa commission.
(17 h 15)
Moi, je vous le dis, de mon côté, ma première
responsabilité... Je n'entends pas aller faire l'évaluation des
collèges moi-même. Je l'ai déjà dit, je garde ma
liberté de jugement. Si je trouve qu'il y a une affaire qui ne marche
pas dans un endroit, je ne demanderai jamais la permission de personne pour
m'exprimer, si je le juge nécessaire. Et ce n'est pas ma mission d'aller
faire l'évaluation moi-même. Ce n'est pas la mission non plus de
la DIGEC; on en a discuté, de ça. On a une commission, c'est un
mécanisme très intéressant dont j'entrevois, M. Gilbert,
éventuellement, l'application, même au niveau universitaire; on
aurait des choses intéressantes de ce point de vue là.
M. Gendron: Mais, rapidement, M. le ministre, croyez-vous que
c'est votre responsabilité de vous assurer... Et moi, je ne veux pas
faire un drame parce que je ne suis pas le gars aux drames. Mais quand on dit
que 94 % des collèges publics possèdent maintenant une politique
d'évaluation des apprentissages, que certains pensent que ce n'est que
sur papier et que la commission pose - c'est ça qui m'a paru
sérieux - le jugement suivant: "Nous autres, on ne veut pas dire si ces
politiques sont efficaces", ça, ça m'inquiète. Alors, oui,
justement, ils sont allés vérifier et ils disent: La commission
ne peut pas dire si ces politiques sont efficaces. Donc, la question, ce que je
veux savoir du ministre de l'Éducation... Il me semble que c'est majeur
et important que l'évaluation des apprentissages... Et il continuait: De
plus, ajoute la commission, ces politiques sur l'apprentissage sont
insuffisantes, à savoir les programmes, les enseignements, les services
et le personnel. Vous-même, vous n'avez pas déclaré
ça pour le "fun" - je vous connais assez pour ça - quand vous
avez dit: Je doute de la valeur des diplômes.
M. Ryan: Je n'ai pas dit ça.
M. Gendron: Vous n'avez pas dit ça? Bon, alors, en tout
cas, c'est le... Et Jean-Pierre Proulx prétend que vous avez dit
ça. Bon, on oublie ça, vous n'avez pas dit ça.
M. Ryan: Jean-Pierre Proulx, ce n'est pas la Bible.
M. Gendron: Non, non. La Bible, on l'a pas loin de nous
autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Ce n'est pas important, M. le ministre. La question,
c'est: Est-ce que, oui ou non, vous, comme ministre de l'Éducation, vous
prétendez qu'effectivement les mécanismes d'évaluation et
de contrôle des apprentissages des études collégiales sont
corrects et est-ce que vous avez la conviction que vous, comme ministre de
l'Éducation, il vous appartient d'avoir la capacité de porter un
jugement là-dessus en connaissance de cause? Point. Si vous me dites -
parce que je me fie à votre jugement: Oui, on a ce qu'il faut, on
travaille là-dessus et on est convaincus que ça se fait, moi, je
vais vous dire: Ite, missa est.
M. Ryan: Regardez, je connais, tout d'abord, la direction de la
plupart des cégeps du Québec.
M. Gendron: Ça doit.
M. Ryan: Et je suis impressionné par l'excellente
qualité...
M. Gendron: Tout va bien!
M. Ryan: ...du personnel de direction que nous avons dans nos
cégeps. Et mon premier mouvement est de les prendre au sérieux
quand les directeurs de cégeps me disent: M. Ryan, nous sommes
très intéressés, très concernés par ce sujet
et nous voulons loyalement donner suite aux politiques d'évaluation que
nous avons établies dans nos établissements. La commission me dit
que ces politiques sont généralement déjà mises en
application au niveau de la Direction générale des
établissements. Mais il arrive, vous
le savez comme moi, que la direction générale se heurte,
dans bien des endroits, à une certaine résistance
départementale et qu'elle n'obtienne pas toujours toute la
quantité et la qualité d'informations dont elle aurait besoin
pour s'acquitter de ses fonctions à son niveau. Et là-dessus, la
commission d'évaluation nous dit: II y a encore beaucoup de travail
à faire. Et je complète la réponse que j'avais
esquissée tantôt: Mon premier devoir, c'est d'appuyer à
fond la commission d'évaluation et le Conseil des collèges; je le
fais d'une manière aussi expresse que possible aujourd'hui.
Deuxièmement, c'est de ne cesser de soulever ce sujet dans mes rapports
avec les collèges, ce que je continuerai de faire. Moi, quand je fais
mon entrée dans un collège, c'est le premier sujet auquel ils
pensent en me voyant. Ils disent: Quelle sorte de jugement il va porter ici?
C'est normal.
M. Gendron: Oui.
M, Ryan: Et je tiens à ce que cette question demeure dans
leur esprit. C'est normal, c'est pour ça qu'il y a un ministre au bout
de la ligne. Mais il ne faut pas que le ministre se prenne pour un autre et
qu'il aille s'imaginer que c'est lui-même qui va aller juger de la
qualité des copies en philosophie, en sciences, en histoire ou autre
chose.
M. Gendron: Vous savez bien que, dans votre cas, ce n'est pas
possible.
M. Ryan: Non, il n'y a pas de danger. Ensuite, quand on aura
passé l'année dont j'ai parlé tantôt, s'il reste des
établissements dont la performance n'est pas satisfaisante au jugement
de la commission, il s'imposera à moi de prendre mes
responsabilités.
M. Gendron: Je conclus, M. le ministre. Je vous disais tout
simplement, et je voudrais que vous reteniez ça parce que là on
serait sur la même piste: 89 établissements d'enseignement
collégial sur 109 avaient adopté une politique, il y en a 28
seulement qui ont été visités, ce qui faisait un faible
pourcentage. Et la conclusion, c'est qu'il y en avait 58 où il existait
des mécanismes formels qui attestaient que la politique
d'évaluation des apprentissages s'appliquait. Il me semble que
j'étais autorisé - toujours pour quelqu'un qui est dans les
patates - à poser la question, à vérifier et à
m'assurer que c'était une préoccupation majeure pour vous. Vous
avez conclu en disant: Oui, M. Gendron, ça nous intéresse, c'est
fondamental, le contrôle des apprentissages. Moi, je me fie à
votre parole et j'ai terminé pour ce programme-là.
M. Ryan: Mais si vous me permettez... Le Président (M.
Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: ...une dernière remarque parce que c'est un sujet
tellement fondamental.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. Tout d'abord, c'est un système qu'il faut
construire. On ne peut pas décréter ça à partir du
sommet du Capitole. Il faut construire ça morceau par morceau,
étape par étape. Là, nous avons engagé la
construction d'une manière qui est, à mon point de vue,
remarquable au point de vue de la sagesse de sa pédagogie et du
réalisme de l'approche en même temps. Je veux l'appuyer à
fond.
Et, deuxièmement, je suis assuré que c'est le désir
de tous les cégeps du Québec de faire en sorte que, par
l'implantation de solides systèmes d'évaluation à
l'intérieur de chaque établissement, ils en viennent à
gagner le respect plus large de la population du Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
devrais maintenant passer la parole à M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, M. le Président. Moi, j'ai
pris connaissance et j'ai lu le rapport de la commission. Je l'ai trouvé
très intéressant et ça fait longtemps que ça
s'imposait, à mon sens. On a un pas énorme de fait en ce
sens-là. Et je voudrais savoir si, par contre, la commission va
continuer à faire ses visites, je présume, et à oeuvrer.
À ce moment-là, s'il y a 109 établissements, est-ce qu'il
y aura 109 rapports d'évaluation ou si, à un moment donné,
on pourra penser à avoir une certaine uniformité dans des
secteurs bien déterminés, pour que l'évaluation ait une
espèce d'évaluation un peu uniforme? Je ne sais pas si ça
va déboucher vers ça ou s'il y aura, comme je le disais tout
à l'heure, 109 rapports d'évaluation dans chaque
collège.
M. Ryan: Je vais vous dire là. Tout d'abord, nous ne
voulons pas créer un monstre administratif avec la commission.
Actuellement, elle fonctionne avec des ressources extrêmement
limitées. Elle avait sa présidente qui est permanente. Je pense
qu'il y avait un ou deux collaborateurs, M. Lanoux? Une couple de
collaborateurs. Pour l'année 1990-1991, nous avons accordé au
Conseil des collèges, pour les besoins de la commission de
l'évaluation, 100 000 $ de plus. Nous l'avons fait avec empressement
parce que, après que nous eûmes vu ce rapport, moi, je n'avais
aucune hésitation.
Mais elle ne pourra pas faire la visite de tous les
établissements chaque année. Mais sur une période, disons,
de cinq ans, je pense bien, ou de trois ans, je ne le sais point, tous les
établissements auront été visités et le seront
périodiquement par la suite. Mais ça, c'est un
élément très important de ce système
d'évaluation que la visite d'établissements soit faite dans des
conditions de rigueur optimale.
M. Tremblay (Rimouski): Mais ce que je voulais savoir: Est-ce
qu'il y aura des paramètres en bout de ligne, quand toute
l'opération sera terminée, pour établir
l'évaluation ou si ce sera un peu hétéroclite dans le sens
que chaque cégep ou chaque institution aura sa méthode
d'évaluation? Moi, je voudrais savoir s'il y aura une espèce
d'uniformité en bout de ligne.
M. Ryan: Là, je vous dirai franchement que je ne le sais
pas. J'aime mieux laisser l'expérience dégager des constatations
et des orientations. Je ne voudrais pas les anticiper. De même que, je ne
sais pas, il pourrait arriver qu'au bout de quelques années de ce
système on dise: Dans quelques matières clés, il faudrait
des épreuves nationales, par exemple, auxquelles tous les
établissements se soumettraient. Mais je ne voudrais pas qu'on aille
imposer ça d'en haut sans avoir fait un examen rigoureux de tout ce qui
se fait. Et si ce n'était pas nécessaire, j'aimerais mieux, moi,
que ça ne se fasse pas. Je vous le dis franchement. Mais ce n'est pas
une idée que je rejette pour l'avenir. Si la démonstration devait
se faire, par les travaux de la commission, que des éléments
comme ceux-là devraient être insérés dans le
système, je l'examinerais avec ouverture. Mais ce n'est pas un cheval de
bataille sur lequel je m'embarque.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le député? Merci, M. le ministre. Mme la députée
de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le Conseil des
collèges, vous comprendrez que ça m'intéresse.
Brièvement, peut-être pour répondre au député
de Rimouski, effectivement la commission de l'évaluation du Conseil des
collèges s'est dotée d'une espèce de grille
d'évaluation des politiques institutionnelles, évaluation qui lui
permet de s'assurer que certains éléments se retrouvent de
façon générale dans toutes les politiques. Je pense que
c'était... Effectivement, je dois reconnaître qu'il s'est fait un
travail extraordinaire. Cependant, un des problèmes qui se posait...
M. Ryan: Merci.
Mme Blackburn:... et qui semble toujours se poser au Conseil des
collèges - oui, parce que je pense que c'est un organisme que je
respecte pour y avoir contribué un peu - l'établissement de
politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages, ça
s'est relativement bien fait. Ce qui posait problème, c'était
leur mise en oeuvre. Le problème, c'était, pour la commission
d'évaluation, de se donner des moyens de contrôler la mise en
oeuvre, de vérifier, pas tant de contrôler, mais de
vérifier si, effectivement, il y avait une mise en oeuvre, ce
n'étaient pas seulement des politiques de papier. Ça demandait
des moyens que ne possédait pas alors la commission d'évaluation,
non plus que le Conseil des collèges. Est-ce que vous avez
envisagé la possibilité d'ajouter des effectifs, ou des budgets
aux fins d'ajouter du personnel à la commission si vraiment on veut
s'assurer qu'ils puissent faire un minimum de vérification quant
à la mise en application?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: En me fondant sur une demande qui m'avait
été adressée par le président du Conseil des
collèges, j'ai décidé cette année d'accorder au
Conseil, pour le travail de la commission, 100 000 $ de plus. J'ai dit qu'on ne
voulait pas monter un monstre administratif. J'aime mieux qu'on y. aille
graduellement. La commission dispose du pouvoir de visite qui est essentiel
pour l'accomplissement de sa mission. Ça a fait l'objet de longues
négociations avec la Fédération des cégeps, nous en
sommes venus, comme je l'ai dit tantôt, à un protocole qui
établit clairement les choses à faire et qui donne à la
commission d'évaluation l'espace dont elle estimait avoir besoin pour
s'acquitter sérieusement de sa mission.
Mme Blackburn: Comme ça n'apparaît pas dans les
crédits du Conseil des collèges, vous allez le voter...
M. Ryan: M. Morin a sa lettre. C'est ça qui est important.
Le président du Conseil des collèges a reçu la
confirmation qu'il aura ce montant et, quand le ministre donne sa parole, elle
est toujours respectée.
Mme Blackburn: Je crois tout de suite le ministre quand il me dit
qu'il ne voudra pas créer un monstre. 100 000 $, ça créera
un monstre à une tête, parce que c'est l'équivalent d'un
employé, si on compte les frais reliés à l'administration
et aux déplacements. Parce qu'il va aller dans les collèges.
C'est à peu près ça, un employé, pour avoir vu
comment ça fonctionnait et d'autant plus que le Conseil des
collèges a ajouté les collèges privés dans sa liste
d'établissements, ce qui est bien, c'est considérable comme
tâche. Si on veut faire un travail sérieux, c'est peut-être
un pas dans la bonne direction, il faut le reconnaître. Mais je pense que
ça ne doit pas être encore... D'autant plus que ces budgets ne
semblent pas avoir crû considérablement depuis les cinq
dernières années.
M. Ryan: Ça n'empêche pas qu'ils accomplissent un
bon travail.
Mme Blackburn: Ça, je n'en doute pas, monsieur.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Ryan: La demande du Conseil des collèges, je pense
qu'elle était de 120 000 $. Nous leur avons accordé 100 000 $, je
pense.
Mme Blackburn: Ils sont modestes.
M. Ryan: Et nous autres avons été assez proches de
leur désir. C'est ça qu'il faut souligner.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Très bien. Oui.
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abitibi-Ouest n'est pas là pour adopter le programme.
Mme Blackburn: Je ne sais pas s'il avait... J'avais des
questions, une série de questions.
Une voix:...
Le Président (M. Gobé): Vous préférez
qu'on l'attende? Peut-être qu'on pourrait suspendre une minute, le temps
d'attendre le député d'Abitibi-Ouest, par courtoisie?
Mme Blackburn: J'avais préparé...
Le Président (M. Gobé): À moins que vous
n'ayez une question, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Si c'est dans la pertinence
du débat.
Mme Blackburn: Ce qui m'a frappée tout à l'heure,
en révisant rapidement les informations que vous nous avez fournies,
c'est la place des femmes dans les cadres supérieurs. Tantôt,
évidemment, je regardais dans la salle, c'est frappant. Ça me
semble correspondre à peu près à ce qui se passe dans les
collèges, de façon générale. D'abord, combien y
a-t-il de cadres, toutes catégories confondues, au ministère de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur? Je voudrais avoir les
deux confondus? Comme c'est le même ministre...
M. Ryan: Là, nous sommes à discuter pour le
ministère de l'Enseignement supérieur...
Mme Blackburn: Allons-y pour l'Enseignement supérieur.
M. Ryan: Je peux vous donner les renseignements concernant le
ministère de l'Enseignement supérieur. Cadres supérieurs:
hommes, 42, femmes, 4, total 46. Cadres intermédiaires: hommes, 13,
femmes, 2, total 15. Conseil de la science et de la technologie: homme, 1,
femme, 0. Conseil des collèges: hommes, 2, femme, 1, total de 3 et
Conseil des universités: homme, 1, femme, 1, total de 2. En tout,
ça fait 8.
Mme Blackburn: Alors, si je fais un calcul rapide...
M. Ryan: 8 sur 67.
(17 h 30)
Mme Blackburn: Si je prends seulement que le ministère de
l'Enseignement supérieur, ce sur quoi vous avez plus de prise, comme
ministre, juste les effectifs du ministère de l'Enseignement
supérieur, on retrouve six femmes sur une soixantaine de cadres, plus
précisément, 59. Ça donne 10 %. Au rythme de la
croissance, avant qu'elles soient 50 %, on va être rendu, à peu
près, à l'an 2050. Est-ce qu'il ne vous apparaît pas que
c'est un peu lent, comme processus? Et, là, je regarde dans les
professionnels, il y en a 51, - on sait qu'on les retrouve plus nombreuses chez
les professionnels - et, chez les fonctionnaires, 173, évidemment, 173,
ce sont toutes les secrétaires. C'est quoi, les politiques... Je veux
dire, est-ce qu'il y a vraiment une volonté? Parce qu'on a eu, je ne
dirais pas une pointe énorme, une petite croissance, 1979, 1980, 1981,
après 1975, c'a stagné et, là, on a une diminution. Ainsi,
quand je suis arrivée au Conseil des collèges, il y avait une
présidente au Conseil des universités, il y avait une
secrétaire générale au Conseil des universités,
j'étais présidente du Conseil des collèges, on avait un
certain nombre de femmes-cadres dans les organismes consultatifs. Il y en a de
moins en moins. Est-ce que c'est un objectif qu'on a oublié, pour lequel
on n'a pas de souci, on ne s'est pas donné de politique, qu'est-ce qui
se passe?
M. Ryan: II y a une chose qui... Non, vous avez raison sur le
rythme auquel se fait la progression. Vous avez raison, et je suis de votre
avis. Maintenant, sur les causes qui expliquent la situation actuelle, il y en
a une qui est très importante, à mon point de vue, et qu'on est
appelé à minimiser, c'est qu'on n'a pratiquement pas de marge de
manoeuvre. On n'a pas créé de postes nouveaux depuis quelques
années. On a marché à ressources égales ou à
ressources compressées, on l'a dit ce matin, depuis sept ans. Mais quand
vous comprimez, vous n'avez pas de place pour créer des postes
nouveaux. Ça, c'est un obstacle qui est là. Puis, on ne
peut pas renvoyer des gens juste pour le plaisir de dire: On va vous remplacer
par quelqu'un. Ceux qui sont là et qui font l'affaire, il faut bien
qu'on travaille avec ces personnes-là, tant qu'elles sont aptes à
travailler et qu'on n'a pas d'autres fonctions à leur confier.
Ça, c'est un problème extrêmement réel, qui se
pose.
Deuxièmement, vous savez que... Je vais vous dire une chose, le
ministre n'a pas beaucoup d'autorité sur les nominations de
fonctionnaires. Ça, ç'a été ma grande
découverte, moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II y a un poste qui devient vacant, ils forment un jury
entre eux autres, en général, c'est le sous-ministre qui a
autorité là-dessus, n'est-ce pas M. Gilbert? Puis, le jury
procède et ils ne viennent pas me demander ma signature avant de faire
la nomination. Le sous-ministre a autorité d'après les
règlements du gouvernement pour procéder à ces
nominations-là. Et, peut-être que si je donnais une directive plus
ferme au sous-ministre, parce qu'il doit exercer ses fonctions sous
l'autorité du ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... si je lui donnais une directive plus ferme: "Vous
allez voir à nommer plus de femmes", peut-être que ça
ferait du bien aussi, je ne l'ai peut-être pas fait assez. Mais je vous
dis encore une fois... Un autre facteur, c'est que, des fois, il y a un poste
qui devient disponible, puis l'affichage est fait, il y a trois candidatures
masculines, il n'y a pas de candidature féminine. Je pense qu'il faut
reconnaître qu'il y a un certain nombre de situations, plus nombreuses
chez les femmes, où la personne n'est pas toujours
intéressée à accéder à un poste de direction
qui va exiger d'elle une disponibilité qui ne sera pas facilement
conciliable avec ses responsabilités familiales. Moi, je dois dire,
à l'honneur de mes collaborateurs cadres supérieurs, qui sont
d'une disponibilité renversante. Si j'ai besoin de quelqu'un d'eux, un
samedi, à Montréal, ou une fin de semaine à
Saint-Hyacinthe ou à Sherbrooke, des fois, je leur demande ça la
veille ou le matin même, et ils sont prêts à changer leur
programme et à venir. Je ne dis pas que les femmes ne le feraient pas,
mais il y en a qui ne vont même pas briguer le poste parce que
connaissant le climat d'enfer que crée le ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... elles ne voudront pas prendre la chance de devenir
des esclaves.
Mme Blackburn: Bien. Cela est vrai pour les fonctionnaires, je le
reconnais, cela est différent pour les nominations.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Les nominations. Les nominations, elles
relèvent... C'est sur recommandation du ministre.
M. Ryan: Quelles nominations?
Mme Blackburn: Les nominations aux conseils consultatifs, par
exemple.
M. Ryan: Ça, nous en avons nommé beaucoup. Le
personnel du Conseil des collèges, par exemple...
Mme Blackburn: Non, ça, je connais ça. Je sais
comment c'est nommé, ça.
M. Ryan:... le personnel, il y a les présidents de
commission qui doivent recevoir fa sanction du gouvernement...
Mme Blackburn: Oui, président, secrétaire
général...
M. Ryan:... mais le reste du personnel est nommé par le
président du Conseil.
Mme Blackburn: Au Conseil des collèges... Dans les
conseils, vous avez généralement, président,
vice-président, secrétaire général, qui sont des
postes stables, mais qui sont nommés sur recommandation du ministre. Les
postes de cadres sont nommés sur recommandation du ministre. Et ils sont
fort peu nombreux. Les dernières nominations, je sais que le Conseil des
collèges, je pense qu'il y a une présidente à la
commission d'évaluation et, dans les autres organismes, je sais que la
secrétaire générale, au Conseil des universités,
c'était une femme. Est-ce qu'elle a été remplacée
par une femme?
M. Ryan: Elle est encore là. Elle est encore en poste.
Mme Blackburn: Mme Perron?
M. Ryan: Mme...
Une voix: Pas Mme Perron.
M. Ryan: Non, ce n'est pas cette dame. Elle a été
remplacée par une autre femme qui venait de l'Université
Laval.
Mme Blackburn: Parce que, au Conseil supérieur de
l'éducation, je ne connais pas la situation. À ma connaissance,
je n'ai pas vu passer beaucoup de femmes là. Au Conseil de la science et
de la technologie, à ma connaissance,
il n'y en a pas non plus.
M. Ryan: II n'y en a pas...
Mme Blackburn: Ça, ça relève vraiment des
décisions du ministre.
M. Ryan: Mais au Conseil supérieur de l'éducation,
en ce qui touche le personnel, le ministre n'a pas un gros rôle
d'intervention.
Mme Blackburn: Non, les postes nommés, là.
M. Ryan: Non, le secrétaire général, je
pense que c'est tout.
Mme Blackburn: Je pense aux postes qui sont nommés parce
que les cadres dans les conseils...
M. Ryan: II y avait autrefois un directeur... Mme Blackburn:
...sont tous des postes... M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Les cadres dans les conseils, président,
vice-président et secrétaire...
M. Ryan: Oui, mais...
Mme Blackburn: ...sont nommés par le ministre.
M. Ryan: Regardez, il n'y en a pas beaucoup. On a vu qu'il y en a
quatre ou cinq en tout.
Mme Blackburn: II y en a...
M. Ryan: On peut bien épiloguer là-dessus
longtemps.
Mme Blackburn: ...au total une dizaine. M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Une dizaine et puis... M. Ryan: Non, pas
tant que ça.
Mme Blackburn: Avec le Conseil supérieur, oui, à
peu près. Écoutez, moi, j'ai terminé là-dessus. Je
ne veux pas prendre tout le temps...
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais toucher...
M. Ryan: Mais la députée de Chicoutimi-Ouest - je
m'excuse de revenir là-dessus - a soulevé un problème
très réel.
Le Président (M. Gobé): De Chicoutimi, M. le
ministre.
M. Ryan: Très réel. Je pense qu'on a tous
intérêt à regarder si on ne pourrait pas faire davantage, y
compris le ministre, y compris le ministre.
Mme Blackburn: C'est déprimant. M. Ryan: Oui,
d'accord.
Mme Blackburn: Vous savez, le problème... Je me permets
d'ajouter que dans nos institutions d'enseignement, en particulier, ce n'est
pas plus reluisant. Ça m'étonnerait de connaître... Je
voudrais connaître le portrait d'un collège. Je me demande s'il
vous reste une directrice générale actuellement. On en a
déjà eu quelques-unes, quatre ou cinq. Je me demande s'il reste
une directrice générale. Est-ce qu'on a une femme recteur dans le
réseau? À ma connaissance, on n'en a pas. On a très peu de
directrices générales dans les commissions scolaires.
M. Ryan: On commence.
Mme Blackburn: Et c'est toute l'image qu'on véhicule.
M. Ryan: Dans les commissions scolaires, on doit en avoir six ou
sept maintenant. Il y a eu des développements intéressants depuis
quatre ans.
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abitibi-Ouest, vous avez maintenant la parole.
Harmonisation entre le secondaire et le
collégial
M. Gendron: Oui, M. le Président, je voudrais toucher
rapidement une question très importante qui est l'harmonisation entre
les ordres d'enseignement du secondaire et du collégial. On a
assisté à une grande première dans le milieu de
l'éducation au cours de l'automne. Deux organismes consultatifs, le
Conseil des collèges et le Conseil supérieur de
l'éducation ont uni leurs voix pour traiter d'un même sujet,
l'harmonisation du secondaire et du collégial. C'est une initiative
heureuse que je salue, mais qui, en même temps, démontre
l'acuité du problème et surtout, toujours la même chose,
l'urgence de passer non pas à un discours mais à l'action. Le
constat majeur: Le secondaire et le collégial ont évolué
sur des voies parallèles, ce qui a engendré des distorsions dans
le système lui-même, mais de sérieux inconvénients
pour les élèves, d'où la nécessité de
reconstituer ces deux ordres d'enseignement dans des perspectives de
continuité pédagogique. Les problèmes
majeurs Identifiés, je le fais rapidement, mais juste
quelques-uns: Discontinuité ou chevauchement des programmes
d'enseignement, en particulier en formation professionnelle; manque de
progression des objectifs relatifs à des apprentissages fondamentaux;
différences parfois grandes dans les façons d'organiser la vie
scolaire et d'encadrer les élèves; exigences d'entrée au
collégial à cause des préalables qui imposent aux
élèves de faire des choix d'orientation beaucoup trop
prématurés à mon goût. On pourrait donner des
exemples et je vais y revenir tantôt. Non, faisons-le tout de suite.
M. le ministre a sans doute pris connaissance de l'article: "II faut de
meilleurs liens entre le secondaire et le collégial", de Lia
Lévesque. C'est ce que recommandent conjointement le Conseil des
collèges et le Conseil supérieur de l'éducation. Il
donnait trois exemples et je voudrais en citer deux parce que trois, ce serait
trop long. Sur le cheminement scolaire, il disait: "Autre domaine à
modifier, c'est le cheminement scolaire. M. Morin et M. Bisail-lon - on sait
qui sont M. Morin et M. Bisail-ion - notent un manque total d'harmonisation du
contenu des programmes aux niveaux secondaire et collégial parce que les
deux niveaux ne se parlent pas et se développent indépendamment.
L'élève réapprend parfois ce qu'il a déjà
appris." On n'a pas les moyens avec les abandons et les 40 % - je vais en
parler dans une minute là - d'abandons au niveau même du
secondaire de se permettre de faire apprendre deux ou trois fois aux
élèves les mêmes affaires. "Également, sur le plan
du cheminement personnel, du jour au lendemain, on demande à
l'élève de passer d'un encadrement très serré
où les horaires sont pensés pour lui à une autonomie
très large où il doit organiser lui-même tout son
temps."
Il donnait un autre exemple en formation professionnelle. "Dans le
domaine de la formation professionnelle aussi les deux conseils
dénoncent un chevauchement de programmes parce que les deux niveaux ne
se consultent pas. On développe des programmes si semblables que cela
crée de la confusion chez l'employeur et chez l'étudiant." Et ces
mêmes données sont rapportées dans le rapport qui traite
spécifiquement de l'éducation, de l'ensemble des chambres de
commerce.
M. le ministre, écoutez la dernière: M. Bisaillon, du
Conseil supérieur de l'éducation, à moins que je ne me
trompe, disait qu'il aimerait qu'on permette aux jeunes qui ont
complété une formation professionnelle au secondaire de
poursuivre la formation professionnelle au cégep, s'ils le
désirent. Autre aberration - et lui trouvait que c'était la pire:
Un jeune qui aurait complété sa formation professionnelle au
secondaire ne serait admissible au cégep que dans les cours de lettres
ou de sciences humaines, parce qu'il n'aurait pas suivi les cours
préalables pour entrer dans la même formation professionnelle au
cégep. Ça n'a pas de bon sens. Il donnait un exemple de lacunes
qui ont comme conséquence la démotivation, le décrochage
scolaire. Et les deux présidents, M. Morin et M. Bisaillon, disaient:
Voilà des exemples où des jeunes disent: C'est assez les folies,
surtout que dans un, on disait ceci: "75 % des programmes collégiaux ont
établi des préalables, c'est-à-dire des cours qu'il faut
absolument avoir suivis au secondaire pour être admis au programme."
Écoutez la phrase suivante: "La plupart du temps, ces préalables
sont des cours de mathématiques, de chimie et de physique. Or, parfois,
ces cours n'ont aucun lien avec le programme collégial suivi et ces
trois cours sont devenus des critères de sélection des
élèves."
Je ne sais pas si vous m'avez compris. Comment marcher dans un fouillis
comme ça? Et il y a une voix nouvelle qui s'est jointe à cette
aberration. Quand les universités se mêlent de choses comme
ça, c'est parce que c'est grave. Récemment, pas avant
Jésus-Christ, le 2 mai 1990, "les universités contestent à
leur tour le régime des préalables". La question ne sera pas
très longue, mais je voudrais dire au ministre ceci, puisque les
intervenants vous disaient cela: II revient au ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur, collégial et ainsi de suite, de
prendre l'initiative et de donner une nouvelle impulsion à
l'harmonisation des deux ordres d'enseignement, d'affirmer M. Morin. C'est au
ministre d'indiquer clairement à tous les intervenants la direction
qu'ils doivent suivre et de mettre en place des mécanismes
adéquats disposant des mandats et des moyens nécessaires à
la poursuite des objectifs dont il leur confiera la réalisation. Ultime
responsable de la cohérence du système d'éducation, le
ministre de l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science doit pouvoir compter sur un mécanisme efficace capable
d'aménager et de gérer les liens nécessaires requis entre
le secondaire et le collégial. Pour cela, le mécanisme retenu
devra recevoir des mandats clairs."
Ma question: Quand, M. le ministre, entendez-vous vous appliquer
à prendre le leadership qui vous revient là-dedans et à
donner l'impulsion nécessaire à une meilleure harmonisation, afin
qu'il y ait de moins en moins d'élèves qui soient des
décrocheurs, sous prétexte que le système est malade,
parce que les deux ordres d'enseignement ne se parlent pas? C'est
évident que c'est moins pire que ce que je viens de lire, je le sais,
mais il faut toujours partir d'exemples concrets, puis moi, je m'en fais parier
et je répète. C'est un milieu que je connais un peu, que j'aime
en plus, l'éducation. J'ai du personnel, des gens proches de moi qui
sont toujours dans l'enseignement, tant au collégial qu'au niveau
secondaire surtout. C'est drôle, ils me parlent exactement des
mêmes difficultés: manque d'harmonisation entre les deux ordres
qui crée des difficultés, qui fait qu'on augmente le nombre de
décrocheurs. Alors, ça vous convainc.
Si la députée de Terrebonne ajoute sa voix à
ça... J'aurais dû lui demander avant, compte tenu de l'influence
qu'elle semble jouer sur vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Oui. On lui a donné une belle école.
M. Gendron: C'est par amitié. Il est allé lui faire
un hommage sans précédent la semaine dernière. C'est parce
que vous ne savez pas ça. Je ne dis pas...
M. Ryan: Je suis même allé dans le comté du
chef de l'Opposition. En éducation, on passe par-dessus les lignes de
parti...
M. Gendron: C'est ça. (17 h 45)
M. Ryan: ...quand les besoins l'exigent. En réponse
à la question du député d'Abitibi-Ouest, je voudrais
signaler, pour commencer, le climat d'unité très grand qui existe
actuellement dans notre système d'enseignement québécois.
C'est un système dont les parties étaient et demeurent, dans une
certaine mesure, très dispersées au chapitre des structures. Mais
je crois qu'il s'est fait un travail d'unification, au cours des
dernières années, dont on mesurera l'importance à mesure
que nous avancerons dans le temps.
Dans le secteur de l'enseignement primaire et secondaire, nous avons un
climat d'unité remarquable actuellement qui se traduit, d'ailleurs, par
l'empressement non seulement des commissions scolaires, mais des milieux
scolaires à collaborer à l'implantation des grandes orientations
proposées par le ministère, collaboration d'autant plus
aisée que ces orientations ne sont arrêtées qu'après
étroite consultation avec les milieux intéressés.
Puis c'est la clé de l'unité que nous avons. C'est qu'il
se fait un travail étroit de consultation dans une atmosphère de
respect mutuel. Au niveau collégial, je pense que nous pouvons dire
qu'il existe une grande unité actuellement. Je suis toujours
étonné de constater une excellente qualité des relations
que la Direction générale de l'enseignement collégial
entretient avec les établissements du réseau collégial et
de la franchise avec laquelle ceux-ci réagissent lorsqu'une orientation
est de nature à produire des résultats qu'ils estimeraient
mauvais ou dangereux pour la santé du système.
Et, au niveau des universités, nous avons établi, avec les
universités elles-mêmes et la Conférence des recteurs et
des principaux des universités des rapports d'étroite
collaboration. Dans chaque secteur, ces rapports de collaboration et ce climat
d'unité ont d'ailleurs produit des résultats dont je suis
extrêmement heureux, dans l'ensemble.
Parmi les problèmes qui doivent retenir notre attention, il y a
celui de l'harmonisation des programmes. C'est évident que nous avons
des problèmes de ce côté-là, parce que chaque
secteur s'est développé comme un tout passablement autonome au
cours des 20 dernières années. Aujourd'hui, on redécouvre
que la personne qui passe à travers chaque ordre d'enseignement est la
même personne. Ce n'est pas un produit différent qu'on va mettre
dans une caisse. C'est la même personne qui continue sa croissance et,
par conséquent, dont la croissance ne peut pas être
séparée, quand elle est rendue à un étage, de ce
qu'elle a été à l'étage précédent et
de ce qu'elle sera à l'étage ultérieur.
On se rend compte de ça de plus en plus. Et c'est pour ça
qu'une des premières conséquences du climat d'unité que
nous avons réussi à instaurer, ça va être une action
résolue sur des problèmes d'harmonisation qui se posent en
matière de programmes. Nous avons eu bien des occasions de soulever le
problème ces dernières années. La première a
été le lancement de la réforme de l'enseignement
professionnel de niveau secondaire. Je me souviens d'avoir dit aux gens du
ministère de l'Éducation: On ne fera pas ça avant de
s'être assurés qu'en matière de programmes on ne
multipliera pas les dédoublements avec le collégial et on va
même en profiter pour éliminer les duplications là
où elles existent. Et, depuis ce temps-là, il y a une liaison
étroite avec les deux ministères en matière de programmes.
Tout le travail n'est pas terminé, mais je pense que le travail
s'accomplit dans un climat de grande collaboration.
Nous avons eu une autre occasion très importante, ces derniers
temps, ça a été le réaménagement de
l'enseignement de la mathématique et des sciences au 2e cycle du
secondaire. Ça a été une opération très
délicate pour laquelle j'ai d'abord requis l'avis du Conseil
supérieur de l'éducation, mais au sujet de laquelle j'ai
également requis l'avis de la Direction générale de
l'enseignement collégial et la collaboration de la Direction de
l'enseignement secondaire avec la Direction de l'enseignement
collégial.
Je pense que ces efforts de collaboration ont donné lieu à
des solutions pratiques que nous avons pu insérer dans le nouveau
régime pédagogique du secondaire promulgué il y a quelques
semaines. Vous constaterez, en parcourant ce régime, qu'il y a des
changements très importants touchant l'enseignement de la
mathématique et des sciences. Nous n'avons pas pu tenir compte
intégralement de l'avis du Conseil supérieur de
l'éducation.
Je pense que ce que nous avons fait se défend très bien.
Et il reste encore quelques points à régler pour l'enseignement
de la mathématique en secondaire V. Les travaux se poursuivent entre le
collégial et le secondaire. Je pense que nous arriverons à un
résultat qui sera satisfaisant. La Direction de l'enseignement
collégial et la Fédération des cégeps ont
établi des contacts nouveaux avec la Conférence des recteurs des
universités aussi, pour qu'on puisse entreprendre l'examen de
problèmes qui se posent au niveau du passage des étudiants du
collégial à l'université.
La question des préalables, en particulier, est l'objet d'un
examen attentif. Il faut que le réseau collégial réexamine
les préalables de manière que les politiques des
établissements soient bien davantage accordées aux exigences
objectives des programmes, comme le signalait tantôt le
député d'Abitibi-Ouest. Nous requérons également
des universités qu'elles réexaminent les conditions ou exigences
préalables qu'elles formulent dans plusieurs disciplines de
manière à tenir compte de ce qui se passe réellement dans
les collèges et de manière aussi que les collèges
préparent efficacement les jeunes pour l'épreuve de la vie
universitaire.
Alors, je pense que c'est un gros problème. Nous ne sommes pas en
mesure d'y apporter... C'est un petit peu comme l'évaluation dont nous
parlions tantôt. Il n'y a pas de solution miracle et univoque. Il y a une
approche à développer et je ne suis pas en mesure, pour
l'instant, de préciser la réponse qui sera apportée
à l'insistance des deux conseils sur la création d'une structure
ferme pour assurer que les choses vont se faire.
M. Gendron: Ça vous préoccupe?
M. Ryan: Ça me préoccupe au plus haut point. J'ai
sollicité l'avis de mes collaborateurs des deux ministères et
j'ai constaté que nos services sont assez réservés sur la
création d'une nouvelle structure. Peut-être sont-ils un petit peu
conservateurs. On va juger ça au cours de l'été. Mais je
ne veux pas me précipiter pour créer de nouvelles structures si
je ne suis pas assuré qu'il y aura la collaboration relativement
empressée de tous les intéressés. Il faut un effort encore
plus résolu, mais qui partira de très bonnes choses qui se font
déjà, cependant, et dont j'en ai esquissé quelques
exemples.
M. Gendron: Deux choses pour me permettre de libérer vos
gens, parce qu'on terminerait, il n'en reste plus rien qu'un, pour les gens
reliés au collégial, vos collaborateurs. Je suis un peu
étonné. Des fois, je me demande si ce n'est pas parce que M. le
ministre de l'Éducation fréquente trop le premier ministre.
M. Ryan: Je ne lui ai pas parlé depuis une semaine.
M. Gendron: Non, mais vous allez voir ce que je veux dire.
Des voix: Ha, ha, ha!.
M. Gendron: Là, j'allais dire: Ça m'étonne
qu'il ait été si peu longtemps à la chefferie pour lui
ressembler tant que ça. Vous avez commencé: II y a une grande
unité entre le primaire et le secondaire. Je n'ai jamais parié de
ça, je le sais. Vous êtes revenu tout étonné de la
grande collaboration et de l'unité entre la Fédération des
collèges. Je n'ai pas parié de ça, la question, ce
n'était pas ça. C'est entre les deux. Et là, vous me
dites: Je ne suis pas pressé, je suis préoccupé, mais je
ne veux pas aller trop vite. C'est un problème de l'heure. Tout le monde
le dit et c'est tellement vrai que dans les avis que vous n'avez pas voulu
écouter, M. le ministre, et c'était votre droit, c'est vous qui
êtes ministre, mais les réserves du Conseil supérieur de
l'éducation, si vous avez bien lu ses avis concernant votre fameuse
modification au régime pédagogique, sciences et maths, même
chose au niveau de fa Fédération des collèges - et je
pourrais sortir les citations - ils vous ont dit exactement ce que je suis en
train de vous dire: Ça va créer des problèmes. On n'en a
pas besoin et comprenez-moi bien, j'étais professeur de
mathématiques, jamais je ne vais essayer de faire accroire qu'on n'a pas
besoin de maths au secondaire. Ce n'était pas ça qu'ils vous
disaient. Ils disaient: C'est illusoire et ce n'est pas dans la logique d'une
formation de base équilibrée dans le monde d'aujourd'hui, si vous
voulez qu'il y ait moins d'abandons, compte tenu des préalables, de
certains préalables qui n'exigent même pas une formation
poussée un peu en mathématiques et en sciences aussi forte que
vous allez exiger au secondaire.
Vous, vous dites: Je ne m'occupe pas de ça. Ça va
créer des problèmes additionnels et ça va exactement dans
le sens de ce que je dis: II faut de meilleurs liens entre le secondaire et le
collégial. Mais je le répète, ils ne disaient pas
ça il y a cinq ans. Je ne lis pas des papiers d'il y a cinq ans. Je lis
des choses d'actualité et, actuellement, c'est urgent pour éviter
certains préalables qui, normalement, ne seraient pas requis pour
permettre à un jeune qui veut faire tel type de formation
collégiale. Ce n'est pas grave, on l'exige pareil. Le jeune se
décourage: Ce n'est pas là que je veux aller. Il aime mieux
travailler aux patates ou faire la culture du tabac puisque vous lui avez
permis, six semaines par année, dorénavant, il aura le droit de
faire le tabac au lieu d'aller à l'école, ce que votre
collègue lui-même convenait qui n'avait pas de bon sens, mais il a
voté pour pareil.
Alors, ià-dessus, je conclus, mais, M. le ministre, vous me
dites: Oui, on va essayer, je ne suis pas pressé. Mais, moi, je
prétends que ce problème-là est d'actualité, il est
majeur et il y a moyen d'instaurer de meilleurs mécanismes pour
s'assurer qu'entre le secondaire et le collégial il y ait une
harmonisation plus concrète pour éviter les problèmes
soulevés, surtout que quand c'est rendu que le Conseil des
universités dit aussi:
Les préalables, il faut revoir ça, ça n'a pas de
bon sens. Les universités contestent à leur tour le régime
des préalables. Elles doivent connaître ça un peu. Elles
sont dans le domaine et, de temps en temps, elles savent un peu quelles sont
les exigences pour avoir tel type de formation.
Juste pour me permettre de faire l'autre dans cinq minutes, ça
les libérerait, s'ils le veulent; moi, j'aime les voir là et je
suis content. Si jamais ils avaient autre chose, ce soir, on ferait l'autre
programme, ça prendrait cinq minutes et tous les gens du
collégial ne seraient pas requis parce que je ne reviendrais pas sur le
programme 5 ce soir, si vous me permettez de faire l'autre en cinq minutes.
M. Ryan: L'autre?
M. Gendron: L'autre sujet que je veux toucher, toujours dans le
programme 5.
M. Ryan: Vous intervenez là-dessus. M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: Moi, ça ne me fait rien, si vous revenez ce soir
sur les collèges, ça ne m'empêche pas de dormir ni de
digérer.
M. Gendron: Ah! moi non plus! M. Ryan: Très
bien.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'il y a des
questions sur les universités?
M. Gendron: Les universités... C'est ce que je dis, c'est
ce que j'indique, juste pour aider les travaux, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, c'est sûr, mais si vous vous
intéressez aux universités, on sait que vous allez leur
réserver du temps, puis le temps, ça court.
À propos de ce que vous venez de dire, je ne voudrais pas qu'on
se quitte avec l'impression qu'il y a désintéressement ou
indifférence de la part du ministre. Au contraire, depuis que je suis en
fonction, je n'ai cessé d'insister sur l'importance de ce travail. Je me
dis: La première chose que vous devez faire si vous voulez exercer
l'autorité de manière sérieuse, c'est de prendre
connaissance de tout ce qui se fait. S'il y a bien des choses qui se font qui
sont bonnes, avant de fulminer dans des termes généraux que
peuvent se permettre certains polémistes, vous devez tenir compte de
tout ça. M. Lanoux me soulignait qu'il y a bien des cas où,
déjà, on a ajusté les préalables du
collégial. Par exemple, on a refait le programme de techniques
administratives récemment. Autrefois, on exigeait un cours de
mathématiques plus avancé et là, on l'a ramené
à des proportions qui semblent plus accordées aux exigences de ce
programme-là.
Dans la mesure où ça peut se faire, on le fait. Quand on a
fait l'examen du nouveau programme de mathématiques, il y a eu des
travaux très serrés entre le collégial et le secondaire
pour établir le dosage exact de la matière qui doit être
présentée en secondaire IV et en secondaire V et le type de
programme qui va être défini pour chaque niveau. Ça, c'est
plus pratique que des thèses générales, il faut mettre de
l'ordre là-dedans, et tout.
Ça, ce sont des propos qui sont dangereux comme tout, je le
répète. Quelqu'un qui veut construire n'adhère pas
à la méthode que j'appellerais jacobine qui consiste à
dire: Tout est mauvais, ce n'est bon à rien, je n'étais pas
là avant. Il faut respecter ce qui s'est fait et essayer de voir les
chemins qu'on peut emprunter pour obtenir des améliorations
sérieuses dans des délais raisonnables et dans un climat de
collaboration. C'est pour ça que les propos intro-ductifs que je tenais
tantôt étaient directement reliés à la
réponse que je n'omets jamais de donner aux questions du
député, même si ça prend parfois un peu plus de
temps étant donné la complexité du sujet. Je pense qu'il
ne m'accusera pas de tourner autour de la question au bout de la ligne.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre?
M. Gendron: J'ai terminé...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous voulez
terminer...
M. Ryan: On peut consentir à quelques minutes de plus pour
le sujet que voulait aborder le député. Je pense bien que pour
mes collègues, cinq minutes...
Le Président (M. Gobé): S'il y a
consentement...
M. Gendron: Maximum, 18 h 5.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
député, sur consentement de la commission.
M. Gendron: Je répète que c'est uniquement pour
permettre à ceux... parce que ce n'est pas moi qui les dirige. Ça
me permettrait de terminer l'étude du programme 5.
Le Président (M. Gobé): O. K.
Abandons scolaires
M. Gendron: C'est toute la question des abandons scolaires. Je ne
vous ferai pas tout l'historique, même s'il y aurait lieu de vous
rappeler quelques chiffres. Vous-même, vous avez dit qu'on avait
laissé se perpétuer une situation
qui n'a pas de bon sens. Des données
révélées récemment indiquent que ce
phénomène d'abandon scolaire serait tout aussi préoccupant
au niveau universitaire. Ça, c'est nouveau pour moi et c'est nouveau
pour la société. On le savait au collégial, on le savait
au secondaire, mais là, c'est rendu à l'université. 37 %
des étudiants inscrits dans les institutions universitaires à la
session d'automne 1987 avaient, deux ans plus tard, quitté sans avoir
obtenu leur diplôme. À l'Université du Québec
à Montréal, ce taux s'élève à 40 %. McGill,
la superbe, 30 %; Uval, 20 % à 25 %. Donc, c'est une moyenne de 33 %.
Partout, ce qu'on lit, c'est: un tiers de décrocheurs dans les
universités. On lit: Au collégial, 42 % des jeunes inscrits il y
a cinq ans n'ont pas de diplôme, 37 % des étudiants à
l'Université de Montréal quittent sans avoir
décroché leur diplôme et, de temps en temps, on vous
touche. Les enseignants m'appellent au gouvernement pour que l'éducation
redevienne une priorité au Québec. Moi, je les félicite
parce que les enseignants ont toujours eu cette préoccupation, eux, que
l'éducation soit une priorité. Pour ça, ça prend
des ressources et le titre, c'était: "Le manque de ressources provoque
abandons et échecs scolaires dans bien des cas. 43
cégépiens sur 100 abandonnent avant la fin de leurs
études." Sur les chiffres, même si on faisait un plat.
Parce que j'ai dit que je ne dépasserai pas 18 h 5, ce que
j'aimerais savoir du ministre, c'est trois choses: Combien,
concrètement, entend-il mettre d'argent? Ce n'est pas parce qu'on
règle tous les problèmes avec de l'argent, mais on ne pourra pas
essayer de régler ce problème-là si on ne met pas des
ressources. Elles sont de deux ordres: soit financier ou humain, mais c'est la
même chose. S'il y a des ressources humaines qui travaillent
là-dessus, comme il n'y a pas beaucoup de gens pas payés - j'en
parlerai après le souper, il y en a une quarantaine qui nous
inquiètent; on ne sait pas comment ça se fait, mais je vous
parlerai de ça après le souper - la plupart des gens sont
rémunérés. Donc, c'est ressources financières ou
humaines. Question: Combien d'argent ou quel est le coût que vous avez
l'intention de mettre sur ce problème-là? Deuxièmement,
quel type de structures? Avez-vous pensé à un type de structures?
Pas nécessairement parce que je veux que ça soit des structures,
mais je veux que vous sentiez que si c'est une préoccupation et qu'il
faut faire quelque chose, il ne faut pas m'en reparler l'an prochain et dire:
Le problème est aussi grave que l'an passé, mais c'est malheureux
et c'est comme ça.
Un instant! Il y en a deux. Il en reste un autre, un instant. Ah oui!
Est-ce que vous avez, vous aussi, quelque chose qui vous permet de soutenir ce
qui nous est apparu à tous ceux qui s'occupent d'éducation, qui
est un peu plus neuf, ce taux d'abandons très élevé au
niveau universitaire? C'était moins connu ces dernières
années qu'au secondaire et au collégial. Donc, est-ce que vous
avez quelques études là-dessus qui justifient, qui expliquent
l'apparition du nouveau phénomène, également, d'abandon
élevé au niveau universitaire?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Ryan: Juste une minute. Si vous me permettez, je ne veux pas
vous retenir indéfiniment. En ce qui regarde l'enseignement
universitaire, si on passe à ce programme-là ce soir, on pourrait
peut-être commencer par ce sujet-là.
M. Gendron: Excellent!
M. Ryan: Parce que j'ai un de mes collaborateurs qui m'a
préparé une note là-dessus et il pourra peut-être
vous la résumer lui-même tantôt.
M. Gendron: Excellent!
M. Ryan: Après le souper. En ce qui touche le
collégial, là, j'ai mentionné les travaux qui sont en
marche. Déjà, on est en train de faire des observations
intéressantes. On a le taux d'abandons, disons, d'extérieur. Les
gens qui abandonnent un programme, les gens qui ne sont plus inscrits à
la session suivante, tout ça est additionné, mais quand on suit
les élèves pendant plusieurs années - et c'est ça
qui est l'originalité de la nouvelle méthode qui a
été mise au point et qui va prendre des années avant de
donner tous ses fruits - quand on suit la cohorte inscrite en 1980 et qu'on la
suit pendant 8 ans, on s'aperçoit que le taux de diplomation
après 8 ans est plus élevé qu'après 5 ans.
Pourquoi? C'est parce qu'il y en a qui sont revenus dans le circuit. Ils sont
allés travailler, ils sont revenus. Il y en a qui ont suivi des cours du
soir et tout et ils sont revenus. On arrive à un taux de diplomation qui
va chercher plus voisin de 70 %, quand on se situe dans cette
perspective-là. C'est ça que donne la longueur de
l'échelle à un moment donné. Ça donne une
compréhension plus réaliste des choses. On est en train
d'accumuler ça. Je ne pense pas qu'il faille mettre 50 études en
marche à la Direction générale des études
collégiales. On a déjà les ressources qu'il faut pour
faire un très bon travail.
M. Gendron: Je ne veux plus d'études.
M. Ryan: Maintenant, il y a plusieurs cégeps qui ont mis
des travaux très intéressants en marche aussi, à partir de
leur clientèle à eux. Ça, nous avons commencé
à recevoir des indications de ce côté-là. Je pense
qu'on aura beaucoup... Il y en a déjà beaucoup, probablement
à la Direction de l'enseignement collégial, dont
moi, je ne suis pas au courant. On a déjà un stock de
données qui permettent de voir ce problème-là avec un
petit peu plus de recul que les seules statistiques extérieures le
suggéreraient.
Deuxièmement, sur le plan concret, moi, je n'attends pas que
toutes ces études soient terminées avant d'agir. J'ai
donné, ce matin, des exemples d'actions instituées maintenant par
le gouvernement pour amenuiser l'ampleur du problème. Les actions sont
de l'ordre de l'encadrement des étudiants, à la fois par le
truchement de notre programme de soutien à l'apprentissage du
français et par le truchement de l'ajout de 360 postes à travers
la négociation collective. Alors, c'est quand même... Ce sont les
deux approches que nous avons, des études sérieuses;
deuxièmement, ces mesures d'appui et, troisièmement, je pense que
nous accordons un appui à plusieurs cégeps qui font, dans ces
voies, des expériences très intéressantes qui ont,
d'ailleurs, inspiré les initiatives que nous prenons au plan
national.
M. Gendron: Moi, je termine. J'aurais aimé ça
entendre une phrase du ministre: Oui, j'entends mettre un peu plus de
ressources humaines ou financières. Je ne parle pas d'étude et
là, surtout, le comble du comble, quand vous me parlez du programme de
français par rapport aux abandons, je décroche. Qu'est-ce que
ça vient faire là-dedans? Je veux bien croire que vous voulez le
répéter, que c'était une bonne initiative. Le niveau de
profs de plus qui vont faire de l'encadrement, je vous l'ai dit ce matin trois
fois, bravo! Parce que je crois à ça, je crois à
ça, que s'il y a plus de profs qui donnent un meilleur encadrement
à des jeunes qui ont de la difficulté à faire la
transition entre le secondaire et le collégial, c'est une heureuse
initiative, sincèrement. C'est une heureuse initiative, s'il y a des
profs qui sont dégagés pour offrir un meilleur encadrement.
Bravo! Mais j'aurais aimé ça, moi, que le ministre me dise: Oui,
il y a un problème; le manque de ressources provoque abandons et
échecs scolaires. Ce n'est pas moi qui ai inventé ça,
c'est vrai. Alors, s'il y avait un petit peu plus de ressources de mises sur
une réalité, il me semble qu'on aurait une meilleure chance de
corriger, un tant soit peu, les inconvénients du trop grand nombre
d'abandons.
M. Ryan: Juste une petite remarque là-dessus. Je ne sais
pas si le député d'Abitibi-Ouest a eu la chance de lire le New
York Times, dimanche dernier. Il y avait un grand article sur une tendance
qui se développe actuellement aux États-Unis, à favoriser
démesurément les programmes à grosse échelle, les
programmes de recherche à grosse échelle. On disait, dans cet
article-là, qu'il y a un très grand nombre de découvertes
qui ont été faites à l'aide de programmes à
échelle beaucoup plus réduite, mais faites avec intensité
de méthode et de rigueur, qui ne pouvaient qu'éclater en des
résultats intéressants. Moi, je trouve que si on continue le
travail dans la voie qui est commencée, on va faire de très
bonnes choses. Je ne serais pas intéressé à
présenter 10 chantiers de recherche seulement pour dire qu'il y en a 10
au lieu de 5. Mais soyez assuré d'une chose, si les collaborateurs et
collaboratrices qui ont déjà produit d'excellents
résultats me font valoir qu'il faudrait encore davantage de ressources,
leurs requêtes seront étudiées avec beaucoup
d'ouverture.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Est-ce que nous allons adopter maintenant le programme 5, M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Sur division.
Le Président (M. Gobé): Alors, le programme 5 est
adopté sur division. Nous allons maintenant suspendre les travaux de la
commission jusqu'à ce soir, 20 heures, en cette même salle
où nous étudierons le programme 6, Enseignement universitaire.
Alors, cette commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 9) (Reprise à 20 h
13)
Enseignement universitaire
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'éducation va reprendre ses travaux. Je
rappellerai brièvement le mandat de la commission, ce soir, qui est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière 1990-1991. Nous avons étudié
depuis ce matin le programme 5 qui a été adopté un petit
peu avant la suspension des travaux. Nous sommes donc maintenant rendus au
programme 6, programme qui traite de l'enseignement universitaire. Je crois que
nous allons commencer par une intervention du ministre et des remarques
préliminaires qui vont durer le temps qui est alloué normalement
par la commission pour ce type d'intervention. Par la suite, M. le
député d'Abitibi-Ouest et porte-parole officiel de l'Opposition
dans cette matière fera une réplique aux remarques de M. le
ministre dans le temps qui lui est alloué par la commission.
Je vais maintenant passer la parole à M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je
demanderais la collaboration de tous les membres de cette commission
étant donné le système de son un peu, pas fragile, mais
manquant un peu de performance dans cette salle, il est un peu difficile,
à l'occasion, d'entendre les propos qui
se tiennent à l'autre bout de la salle. Si vous voulez bien
collaborer pour qu'on puisse entendre les propos du ministre qui sont
certainement très importants. Alors, M. le député de
Verdun, je vous remercie beaucoup.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
maintenant la parole.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, le gouvernement a adopté
au cours de l'année 1989-1990 des mesures qui ont grandement
amélioré le niveau de financement des universités
québécoises. Dans le discours sur le budget de mai 1989, le
ministère des Finances annonçait l'octroi de crédits
additionnels de 55 000 000 $ destinés à réduire
l'écart observé entre le niveau de financement des
universités québécoises et celui des autres
universités canadiennes. De ce montant, 19 000 000 $ ont
été affectés au redressement des bases de financement de
certaines universités, 21 000 000 $ au financement des coûts
indirects de la recherche et 15 000 000 $ à la formation axée sur
l'excellence et les besoins de l'économie québécoise. Ces
sommes sont Intégrées de façon récurrente dans les
bases de financement des universités.
Le gouvernement annonçait aussi, en décembre dernier, que
les frais de scolarité exigés des étudiants
québécois seront portés de 540 $ en moyenne à 1240
$ à raison de deux tranches successives de 350 $, à compter de
l'automne 1990. En 1990-1991, la hausse de 350 $ sera appliquée
uniformément. Compte tenu du fait que les frais de scolarité
actuellement exigés varient non seulement par institution, mais souvent
par programme ou secteur dans une même université, un groupe de
travail réunissant des représentants du MESS et de la CREPUQ
étudiera l'impact de l'augmentation pour chacune des universités
et proposera, en vue de 1991-1992, de nouvelles modalités plus
équitables. Les frais de scolarité représentaient au
Québec une trop faible part des revenus des universités. Le
niveau moyen de 1240 $ qui sera atteint en 1991-1992 demeurera inférieur
au niveau moyen de près de 1700 $ observé dans les autres
provinces en 1989-1990. La part accrue du financement de leurs études
que le gouvernement invite les étudiants à assumer pour les
années à venir est juste et équitable dans le contexte
actuel des finances publiques.
La hausse instituée en 1990-1991 rapportera 52 000 000 $ dont une
part de plus de 40 000 000 $ sera conservée par les universités.
Un montant de 10 400 000 $ a été réservé pour
assumer les coûts additionnels de l'aide finan- cière aux
étudiants en raison de la prise en compte des frais de scolarité
dans les dépenses admises des étudiants admissibles à
l'aide gouvernementale. En rythme de croisière, la hausse de frais de
scolarité générera un ajout de ressources de l'ordre de 80
000 000 $ pour les universités. Les frais de scolarité seront
indexés annuellement, selon des modalités à
déterminer et ce, à compter de 1992-1993. Par ailleurs, les
universités peuvent, à compter de cette année, majorer les
frais de scolarité qu'elles exigent des étudiants d'un montant
pouvant aller jusqu'à 10 % des frais imposés. L'Université
de Montréal et ses écoles affiliées, l'Université
Concordia ainsi que l'Université McGill imposeront ce corridor
additionnel à compter de l'automne 1990.
En 1990-1991, le gouvernement a su maintenir son appui aux
universités malgré une réduction de plus de 200 000 000 $
des paiements de transfert en provenance du gouvernement fédéral.
Au titre de l'enseignement postsecondaire, la réduction de la
contribution du gouvernement fédéral représente une
compression récurrente de près de 60 000 000 $ par année.
Parce que l'éducation est à ses yeux prioritaire pour le
développement de notre collectivité, le gouvernement du
Québec a néamoins exempté les établissements
d'enseignement et de recherche universitaires de toute compression
budgétaire pour la présente année.
En 1988-1989, les subventions versées aux universités
représentaient 70 % de leurs revenus au Québec comparativement
à 59 % en Ontario. Les dépenses de fonctionnement par habitant
consacrées aux universités s'élevaient pour la même
année à 231 $ en Ontario, comparativement à 263 $ au
Québec, soit une hausse par rapport à l'année
précédente. Et toujours en 1988-1989, les dépenses de
fonctionnement des universités représentaient 1,25 % du PIB au
Québec, comparativement à 0,90 % en Ontario.
La part des dépenses consacrée aux universités dans
l'ensemble des dépenses du gouvernement est passée de 3,69 % en
1986-1987 à 4,06 % en 1990-1991. Pour la même période, les
subventions accordées aux universités ont augmenté, en
dollars constants, de 15 %.
Les crédits de 1990-1991, en plus de ne comporter aucune
compression, seront ajustés pour tenir compte des bonifications
salariales consenties dans le secteur public. De plus, les dépenses
autres que salariales seront indexées de 4,6 % pour tenir compte de
l'inflation. L'enveloppe réservée aux frais indirects de la
recherche - je le souligne avec plaisir - passera de 21 000 000 $ à 25
700 000 $ de manière à tenir compte de la hausse des subventions
de recherche obtenues par les universités. Comme vous le savez, nous
avons laissé cette enveloppe ouverte, de manière à pouvoir
l'ajuster aux fluctuations qui se produisent dans les revenus de subventions de
recherche que les universités
vont chercher ailleurs qu'au gouvernement du Québec. Si l'on
tient compte des revenus additionnels qui proviendront de la hausse des frais
de scolarité, les ressources des universités connaîtront
une hausse substantielle de 9,7 %. Un nouvel accroissement des ressources
interviendra au titre des frais de scolarité en 1991-1992. Dans le
contexte général d'austérité qui caractérise
les actions gouvernementales depuis quelques années, ces chiffres
traduisent mieux que n'importe quelle envolée oratoire l'importance que
le gouvernement attache à l'enseignement et à la recherche
universitaires. Avis aux intéressés!
Au cours des dernières années...
M. Gendron: ...ce que je voulais dire tantôt.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Au cours des dernières années,
la situation financière des universités s'est grandement
améliorée. Grâce aux revenus additionnels accordés
l'an dernier et aux revenus supplémentaires provenant de la hausse des
frais de scolarité, la plupart des universités n'affichent plus
de déficit au chapitre des opérations courantes. Certaines, comme
l'Université Laval, l'Université de Sherbrooke et quelques
constituantes de l'Université du Québec à qui je rends
hommage à ce sujet, ont déjà commencé à
réduire leur déficit accumulé. Toutefois, nous ne pouvons
faire abstraction d'un déficit accumulé pour l'ensemble des
universités qui s'élevait à 165 300 000 $ au 31 mai 1989.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science
maintient que la responsabilité des déficits encourus incombe aux
universités. En ce sens, bien qu'il soit conscient des efforts de
développement que doivent consentir les universités, le
gouvernement ne saurait accepter que la totalité des crédits
additionnels soit investie dans des activités nouvelles ou pour le seul
bénéfice des personnels à l'emploi des universités.
J'entends m'entretenir prochainement avec la CREPUQ des moyens qui pourront
être mis en oeuvre afin de résorber, au cours des cinq prochaines
années, les déficits accumulés.
Les crédits additionnels consentis par le gouvernement n'ont pas
permis de réduire totalement les écarts identifiés entre
les établissements lors de l'étude sur la révision des
bases de financement. Les universités dont le financement
s'avérait inférieur à la moyenne n'ont pu
bénéficier à ce jour que d'une correction de 56,3 % des
écarts observés. Pour éliminer les écarts qui
subsistent, il faudrait environ 8 000 000 $ de plus. Des travaux seront
accomplis en 1990-1991 afin d'actualiser les études ayant servi au
calcul des nouvelles bases de financement. Nous verrons aussi à proposer
aux universités des modifications à la formule actuelle de
financement afin de mieux tenir compte des réalités nouvelles en
matière de développement universitaire. Une attention
particulière sera apportée à la révision du
financement des clientèles additionnelles et aux mécanismes
d'approbation de programmes et de subventions dans le cadre du Fonds de
développement pédagogique.
Les crédits 1990-1991 prévoient un montant
récurrent de 3 400 000 $ pour l'intégration dans les bases de
financement des dépenses salariales encourues pour les attachés
de recherche et les professeurs-chercheurs des équipes performantes
retenues dans le cadre du programme Actions structurantes. Les sommes
prévues à cette fin pour 1991-1992 s'établissent à
6 100 000 $ et à 7 400 000 $ en 1992-1993. Les règles du
programme prévoient que les universités s'engagent à
maintenir pour une période minimale de 5 ans les équipes retenues
à l'étape de l'évaluation finale. Sur les 151 postes
d'attachés de recherche créés dans le cadre de ce
programme, 133 seront ainsi intégrés dans les bases; 8 postes de
professeurs-chercheurs sur 10 seront également intégrés
dans les bases. Deux équipes se sont vu retirer l'appui du programme au
moment de l'évaluation d'étape. Le programme prendra fin en
décembre 1991. Instauré en 1984-1985, ce programme aura permis de
développer 42 équipes de recherche, dont 8 impliquent des
collaborations interuniversitaires et ce, dans des secteurs prioritaires comme
les nouveaux matériaux, les nouvelles technologies électroniques,
les biotechnologies médicales et végétales, la
télédétection, etc. Au total, pour la durée du
programme, 56 400 000 $ auront été investis au titre du
fonctionnement et 5 500 000 $ pour l'acquisition d'équipements. Le
succès de ce programme est attribuable, en grande partie, à la
collaboration exemplaire du comité scientifique du fonds FCAR, du
comité directeur du programme et des services concernés du
ministère dans la sélection et l'évaluation des
équipes.
Le ministre des Finances annonçait, dans le cadre du discours sur
le budget, que le gouvernement mettait sur pied pour l'année 1990-1991
un plan d'accélération des investissements publics. Pour les
universités, un montant de 20 400 000 $ a été
ajouté au plan quinquennal d'investissements 1989-1994. La liste des
projets retenus sera communiquée sous peu aux institutions
concernées.
L'accessibilité à l'enseignement universitaire a
continué de progresser en 1989-1990. Par rapport à l'année
1976-1977, l'effectif étudiant des universités
québécoises en équivalence temps complet est passé
de 107 471 en 1976-1977 à 156 158 en 1988-1989, soit une hausse de 45,3
%. Entre 1987-1988 et 1988-1989, la clientèle étudiante a
progressé de 2,5 %, soit la hausse la plus importante depuis 1984-1985.
La clientèle du premier cycle demeure essentiellement à son
niveau de l'an dernier, grâce à une augmentation de 4 % des
étudiants à temps partiel. Le nombre d'étudiants inscrits
au doctorat a par ailleurs augmenté de 6,5 % par rapport à l'an
dernier.
Le nombre de diplômes par groupe d'âge continue de
croître au Québec et l'écart avec l'Ontario se
rétrécit. Entre 1977 et 1988, le nombre de diplômes de
baccalauréat chez les 20-24 ans a progressé de 47,8 % pour
s'établir en 1988 à 4,64 %. L'écart avec l'Ontario est
passé pendant la même période de 40,9 % à 18,2 %.
Chez les 25-29 ans, le nombre des diplômés à la
maîtrise et au doctorat a progressé de 50 % entre 1977 et 1988,
tandis que l'écart avec l'Ontario passait de 45 % à 9,7 %. Si ce
rythme se maintient, le Québec aura rattrapé et peut-être
même dépassé, au terme de la décennie qui commence,
la performance de l'Ontario en matière de diplomation universitaire.
Suivant des indications préliminaires obtenues des
universités concernant les demandes d'admission pour l'année
1990-1991, il y a lieu de croire que la hausse des frais de scolarité
n'aura pas d'impact significatif sur le taux de fréquentation. Dans
certains cas, on affiche même une hausse du nombre de demandes
d'admission chez les étudiants terminant leurs études
collégiales. Nous aurons à l'automne un portrait plus complet de
la situation.
Je vais passer tout de suite à la page 8, parce qu'on aura
l'occasion de revenir sur certains points qui sont mentionnés dans les
trois paragraphes qui suivent. La plupart des universités ont fait
connaître au cours des derniers mois leurs orientations ou, dans certains
cas, les priorités et les actions qu'elles entendent poursuivre pour les
prochaines années, voire la prochaine décennie. Le
développement des activités de recherche et des études
graduées représente une part importante des préoccupations
des universités québécoises. Certaines envisagent de
faciliter le passage du baccalauréat directement au doctorat. On
réagit dans la perspective d'un rapport de consultation du Conseil des
universités publié en novembre dernier traitant des objectifs et
des orientations de la maîtrise. Le Conseil juge sévèrement
les études de deuxième cycle: les objectifs sont jugés
multiples et quelquefois incohérents; la durée des études
est trop longue; les exigences trop lourdes et d'une pertinence qui n'est pas
toujours évidente, en particulier en ce qui touche les maîtrises
dites de recherche par rapport aux études de doctorat. Cette situation
expliquerait en partie les taux élevés d'abandon à ce
niveau. (20 h 30)
On observe aussi un intérêt marqué envers la
révision des programmes et des objectifs du premier cycle, de
manière à mieux assurer la formation fondamentale et à
éviter la surspécialisation. Je notais, dans le texte d'une des
études qui nous ont été communiquées, qui
émane de l'Université McGill, une insistance que j'ai
trouvée très opportune sur le rapport qui doit exister entre le
développement de la recherche et la qualité de l'enseignement au
premier cycle. On est souvent porté à vouloir isoler la recher-
che de l'enseignement du premier cycle; c'est une erreur monumentale que
signale avec force le rapport de l'Université McGill. Je donne mon
entière adhésion à cette perspective. J'ai hâte
d'entendre le député de Verdun traiter de ce sujet tantôt,
parce qu'il le connaît mieux que nous tous, ayant passé toute sa
carrière en enseignement universitaire. Et ça saute aux yeux que
le sens d'une université, c'est le rapport entre ces deux facteurs.
Le taux élevé des abandons et les réorientations
des cheminements scolaires inquiètent plusieurs institutions. On a mis
en branle des mécanismes nous permettant de mieux cerner le
phénomène de la persévérance aux études. Un
ensemble complexe de facteurs agit sur cette situation: le succès aux
études collégiales, les aptitudes et les intérêts de
l'étudiant, l'attrait du marché du travail, l'encadrement, la
situation financière. Les universités ont déjà
institué diverses mesures afin de promouvoir le soutien financier aux
étudiants par l'octroi de bourses spéciales, un
phénomène qui se développe de plus en plus. On constitue
des fonds qui permettent d'attribuer des bourses spéciales de soutien
aux étudiants, l'amélioration de l'encadrement et la
participation des étudiants à diverses instances.
Le phénomène des abandons n'est certes pas étranger
aux interrogations soulevées sur la pertinence des programmes et la
durée des études. Le ministère ne dispose pas actuellement
des données qui lui permettraient de mener des études plus
approfondies sur le cheminement des étudiants, de la même
façon que nous pouvons le faire de la maternelle au collégial et
ce, pour des raisons techniques que nous pourrons expliquer tantôt. Les
travaux menés actuellement avec la CREPUQ sur les cheminements des
étudiants à l'université devraient déboucher sur
une vision plus complète de la persévérance pour
l'ensemble des études.
La persévérance aux études est d'autant plus
importante que les données démographiques indiquent pour les
prochaines années, au mieux, une relative stabilité des
clientèles universitaires à temps plein. Au terme des 10
prochaines années, si les tendances observées se maintiennent, la
clientèle universitaire devrait s'établir à plus ou moins
151 000 étudiants équivalence temps complet, par rapport aux 157
000 qui sont prévus en 1990-1991.
Certaines données obtenues des universités, en particulier
de l'Université du Québec, indiquent un ralentissement des
inscriptions dans les disciplines scientifiques. Après des
progrès marqués au début des années quatre-vingt,
ce phénomène laisse entrevoir une désaffectation, à
moyen terme, des clientèles à l'endroit de ces disciplines, qui
est à l'image de ce qu'on observe à l'échelle de
l'Amérique du Nord. Cette situation, si elle devait se confirmer, aura
de graves répercussions à la fois sur l'aptitude de nos
universités à former les scientifiques et les
chercheurs dont notre société aura besoin pour maintenir
sa position concurrentielle. Elle minera aussi l'aptitude de nos
universités à attirer et conserver les professeurs et les
chercheurs de premier plan.
Les universités se préoccupent aussi davantage de la
qualité de la formation et tendent à resserrer les exigences
académiques. La plupart des établissements universitaires
imposent aux candidats à l'admission un examen de compétence dans
la langue maternelle. Dans certains établissements, on exige soit que
l'étudiant ait réussi un examen, soit qu'il ait suivi un cours
correctif avant de lui décerner un diplôme, voire de l'admettre
à des études régulières. Certaines institutions
posent plus directement, interpellent plus directement le bien-fondé de
certaines pratiques de sélection en vue de l'admission, dont le recours
unique et systématique à la cote Z.
Les universités feront face à d'importants défis,
au chapitre des ressources humaines, au cours des prochaines années. En
même temps que l'on stimule le développement de la recherche et
qu'on travaille à insuffler un dynamisme nouveau dans l'enseignement, le
corps professoral vieillit rapidement. La relève se fait moins
nombreuse. Dans un article publié dans la revue Association Affairs,
le chancelier de l'Université de Californie, à San Diego, a
clairement illustré les difficultés qui attendent les
universités quant à la formation d'étudiants au doctorat.
Les universités devront d'abord s'assurer que le nombre de
détenteurs de doctorat sera suffisant pour répondre aux besoins
de renouvellement du corps professoral et de relève en recherche. La
baisse prévue des clientèles permettra peut-être
d'atténuer les besoins de recrutement anticipés. Mais, en
même temps que le personnel des universités devrait être
renouvelé, la société en général continuera
de requérir plus de détenteurs de doctorat, en particulier dans
les sciences pures et la santé.
Des études sectorielles réalisées ces
dernières années par le Conseil des universités dans les
secteurs du génie, des sciences de l'éducation et des sciences
sociales fournissent déjà bon nombre d'indications en ce sens.
Ces tendances méritent d'être mesurées avec soin. Elles
influenceront grandement les orientations que pourra retenir le
ministère au cours des prochaines années et auront un impact
marqué sur les travaux de planification des universités.
L'an dernier, lors de l'étude des crédits du
ministère, j'invitais les universités à examiner de
près la productivité des professeurs, particulièrement
dans les secteurs des humanités, des lettres, des sciences de
l'éducation et des sciences sociales au chapitre de la tâche
d'enseignement.
Le rapport du groupe de travail sur la tâche des professeurs
d'université avait démontré un écart significatif
entre la tâche d'enseigne- ment des professeurs de ces secteurs et celle
des professeurs québécois engagés dans d'autres
disciplines. Un écart avait aussi été observé avec
les autres professeurs québécois et les professeurs des autres
provinces. À l'exception de l'Université du Québec
à Montréal, qui a instauré dernièrement certaines
dispositions prévoyant une meilleure modulation des tâches
d'enseignement et de recherche à l'occasion du renouvellement de la
convention collective des professeurs, je n'ai pas à ce jour
d'indication de la part des institutions universitaires que cette question
aurait fait l'objet d'échanges, de débats et de mesures efficaces
au cours de la dernière année. Il faudra réactiver ce
dossier en 1990-1991.
Les universités devront porter une attention particulière
à cette dimension de la gestion de leurs ressources humaines. Les
ajustements qu'il faudrait apporter à la productivité de ces
secteurs ne concernent pas uniquement les questions budgétaires. Ils
font partie des mesures qu'il faut considérer pour augmenter la part des
enseignements dispensés par des professeurs réguliers par rapport
aux chargés de cours.
Il faut souligner la justesse des conclusions de l'avis du Conseil des
universités sur les chargés de cours, que j'avais
sollicité l'an dernier. Le portrait que dresse le Conseil du rôle
et de la place des chargés de cours est sobre et éclairant. Tout
en reconnaissant la part importante qu'occupent et continueront d'occuper les
chargés de cours dans les activités d'enseignement ainsi que la
qualité générale de la tâche qu'ils accomplissent,
le Conseil invite les universités à s'assurer que les
activités d'enseignement soient principalement assurées par les
professeurs réguliers.
La tâche qui attend les universités et le ministère
à cet égard sera d'autant plus complexe que l'ensemble des voies
d'action qui viennent d'être évoquées ne saurait être
mis en chantier avec autant de ressources additionnelles que certains seraient
enclins à le souhaiter. Le gouvernement continuera d'appuyer, voire de
stimuler les universités dans ces tâches. Toutefois, dans le
contexte actuel des finances publiques, le gouvernement ne pourra pas assumer
seul cet effort.
J'invite donc les universités à planifier les
développements, à établir leurs priorités
institutionnelles et à redéployer leurs ressources de
manière à développer de l'intérieur, dans toute la
mesure du possible, la marge de manoeuvre nécessaire en vue des
nouvelles perspectives de développement. Merci.
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on avait
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Oui. Juste une petite correction.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie,
allez-y.
M. Ryan: Tantôt, vous aurez remarqué que j'ai eu une
hésitation à la page 4, vers le milieu de la page, lorsque j'ai
parlé du montant qui serait nécessaire pour éliminer les
écarts. C'était 8 000 000 $ ici. Mais le vrai montant, c'est 9
600 000 $.
Le Président (M. Gobé): La sixième ligne du
deuxième paragraphe.
M. Ryan: Exactement.
Le Président (M. Gobé): À l'extrême
droite. Il faudrait lire: Pour éliminer les écarts qui
subsistent, il faudrait 9 600 000 $. C'est ça?
M. Ryan: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): Au lieu de 8 000 000 $.
M. Ryan: D'ailleurs, l'Opposition trouvera ce chiffre dans la
documentation qui lui a été fournie en vue de l'étude des
crédits. Il est tiré d'un mémoire qui a été
présenté au Conseil exécutif.
Le Président (M. Gobé): Donc, c'est
enregistré pour le... Est-ce que vous avez terminé, M. le
ministre? On vous remercie de cette correction. Maintenant, M. le
député d'Abitibi-Ouest, pour quelques remarques
préliminaires, vous aussi.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, qui seront plus courtes que celles du ministre
parce que...
Le Président (M. Gobé): Allez-y.
M. Gendron: ...à lire le papier du ministre, on devrait
suspendre et ouvrir les bouteilles de Champagne. Je ne vois pas pourquoi,
sincèrement, on ne fêterait pas cette ode extraordinaire au
succès fantastique du ministère de l'Enseignement
supérieur concernant cette demande de crédits additionnels des
universités, plus le succès effarant quant aux clientèles,
aux performances, l'augmentation et quelques considérations concernant
les problèmes soulevés.
Je voudrais faire juste quelques commentaires, parce que nous
reprendrions des débats qu'on a eus à plusieurs reprises.
À titre d'exemple, justement, je viens de l'entendre discrètement
en salle, dès la cinquième ligne, le ministre commence
déjà à tromper la réalité de ceux qui la
vivent, en disant: M. Levesque annonçait l'octroi de crédits
additionnels de 55 000 000 $ destinés à réduire
l'écart. Ça fait à peu près 25 fois que j'entends
parler de ce chiffre-là, sauf que j'ai beau lire le document de la
CREPUQ - ça, ce sont les concernés - puis ils le
répètent avec force, puis ils m'ont demandé d'insister,
ils m'ont même appelé encore. Pourtant, rappelez-vous le bulletin
de la CREPUQ, c'était beau, le premier paragraphe - non pas le premier
paragraphe, la première page - c'était même fantastique:
Nous avons le ministre de l'heure, on n'a jamais eu un ministre comme
ça, on est heureux, on est content. Mais il n'en demeure pas moins qu'il
nous conte une pipe, parce que c'est 21 000 000 $ qu'on a reçus.
C'était repris encore dernièrement par M. Patrick Kenniff.
Il disait: Si le gouvernement n'a pas les moyens, il n'a qu'à les
prendre, les recteurs. Probablement que tous les articles, tous ceux qui ont
fouillé la question du financement, à partir de M. Godin et
d'autres, devaient être dans les patates, n'avaient pas les bonnes
données. Eux autres, ils disaient que ça prenait 200 000 000 $
pour être juste à jour, ils ne parlaient pas d'augmentation, pour
avoir les crédits requis - M. Serge Godin - je l'ai déjà
distribué, tout ça.
Je m'arrête là parce que ça ne donne rien, le
ministre a la vérité, il a fait tous les efforts, les
universités ne sont pas sous-financées, sauf par l'augmentation
des frais de scolarité. Moi, je persiste à croire qu'elles ont
reçu 21 000 000 $ d'argent neuf. Je dis, à la page 1, au bas de
la page, que votre commentaire, M. le ministre, quand vous dites: La part
accrue du financement de leurs études, en parlant de la hausse des frais
de scolarité... Je ne veux pas refaire le débat de la hausse des
frais de scolarité, mais je persiste à croire que votre jugement,
en affirmant du haut de votre chaire que c'est juste et équitable, dans
le contexte actuel des finances publiques, c'est votre version, ce n'est pas
celle des citoyens, ce n'est pas celle du sondage, ce n'est pas celle de
l'Opposition, ce n'est pas celle des étudiants, et il me semble que
ça commence à compter dans ia balance. Ce n'est pas parce qu'un
ministre de l'Éducation dit de sa chaise: C'est juste et
équitable dans le contexte actuel... Je persiste à croire que,
dans le contexte actuel, si le gouvernement, après six ans de
prospérité où il s'en est vanté à
satiété, avait géré avec d'autres types de
priorités - il en avait le droit, il a fait les siennes, c'est bien
sûr - c'est inexact que les étudiants auraient dû assumer
à eux seuls la hausse des frais de scolarité. (20 h 45)
Deuxième élément qui m'agresse au plus haut point,
c'est de se vanter de l'amélioration de l'aide financière aux
étudiants, ce qui est vrai, et je l'ai dit à M. Boisvert, je l'ai
dit avant le souper, je ne vous questionnerai pas là-dessus. J'ai eu
l'occasion... Parce que quand les choses, d'après moi, doivent
être dites, II faut les dire, et j'estime que quand on a eu l'occasion
d'adopter article par article le projet sur l'aide financière, oui, vous
avez tenu compte de plusieurs remarques qui ont été faites par
des
groupes; oui, entre le projet qui est déposé en Chambre et
le projet final, il y a un écart important, et je pense que les
étudiants du Québec auront là un régime
amélioré, un régime d'aide financière
amélioré, et je le dis. Je dis, cependant, qu'il faut garder la
même honnêteté. D'en faire assumer 25 % par eux autres
mêmes, ça fait chiche, si vous me permettez l'expression - c'est
une expression connue - ça fait chiche, parce que, écoutez, on
bonifie, on les taxe uniquement eux-mêmes, on ne demande pas d'efforts
additionnels au gouvernement, on ne demande pas d'efforts additionnels aux
entreprises alors que - et je ne change pas d'avis - les entreprises sont
d'accord pour en faire. Et, je me réfère encore au mémoire
des chambres de commerce où, c'est évident, vous ne pouvez pas
vous lamenter comme ils le font, sur l'absence d'une bonne qualité de
formation professionnelle, sur l'absence d'une garantie de relève pour
assumer les défis de l'avenir et ne pas prendre conscience que c'est eux
qui seront le plus pénalisés, de toute façon.
Si leur diagnostic est exact, ça signifie que c'est quasiment un
appel comme celui que les commissions scolaires vous ont fait. Moi, je n'aurais
pas marché là-dedans mais, vous, vous avez marché
là-dedans. Donnez-nous la chance de taxer, vous allez voir qu'on va se
faire plaisir. C'est le contribuable qui va payer pareil, par exemple, mais
c'est évident que, dans le mémoire des chambres de commerce, si
on sait lire entre les lignes, il y a là une indication nette qu'elles
auraient été d'accord pour faire une part quelconque pour
éventuellement hausser les frais de scolarité. Et là,
comme par hasard, tout le monde aurait été d'accord. Parce que
les étudiants eux-mêmes disaient, la plupart des étudiants
ont dit: Si on avait la conviction que l'État, les entreprises..
Regardez d'autres formules, puis, au bout, si ça donne
l'incapacité de modifier les formules à terme, on serait
prêts à faire notre part. Je sais qu'une bonne majorité
d'étudiants disaient ça. Ce que presque tous les étudiants
ont dit, sauf un ou deux groupes, c'est qu'ils n'étaient pas d'accord
pour assumer à eux seuls des problèmes de gestion, dans certains
cas, puis, dans d'autres cas, l'irresponsabilité chronique du
gouvernement d'avoir laissé pourrir une situation depuis plusieurs
années, en période de conjoncture favorable où le ministre
des Finances se vantait tous les jours.
Vous avez quand même, dans votre déclaration, M. le
ministre, quelques bonnes mesures. Je pense, à la page 3, qu'il est
heureux de voir que l'enveloppe réservée aux frais indirects de
la recherche passera de 21 000 000 $ à 25 007 000 $; c'est une bonne
nouvelle, c'est une bonne nouvelle. Il y a là un geste concret qui
indique que la recherche universitaire, il doit s'en faire, et, parce qu'il
doit s'en faire, il y a des coûts, et, quand il y a des coûts,
bien, il faut que quelqu'un les assume. Je ne comprends pas, cependant, que
vous insistiez davantage sur votre hausse substantielle de 9, 7 % et que vous
ne parliez pas des 150 000 000 $ ou des 200 000 000 $ qui ne sont toujours pas
comblés, même avec l'apport des 40 000 000 $ qu'il restera, sans
garantie, parce qu'on n'en est pas sûr... La hausse va rapporter 52 000
000 $, dont une part de 40 000 000 $ sera conservée par les
universités. Alors, si on regarde ça, avec les chiffres qu'on
connaissait, l'écart demeure très grand.
Pour l'instant, ce sont à peu près les seuls commentaires
que j'ai à faire sur votre papier, sauf deux autres. Bonne nouvelle,
également, à la page 6, quand vous dites que le ministre des
Finances annonçait, dans le cadre du discours sur le budget, que le
gouvernement mettrait sur pied, pour l'année 1990-1991, un plan
d'accélération des investissements publics. Il était
temps, compte tenu de la vétusté de certains types
d'équipements. Et, si nos universités ne peuvent pas avoir des
équipements de qualité, c'est sûr que cela a une incidence
sur la performance ou la valeur des diplômes obtenus par manque ou
carence d'équipements adéquats. Alors, il s'agit là d'une
bonne nouvelle.
Quant au reste, vous avez posé certaines bonnes questions.
Concernant le taux élevé d'abandons, on en a discuté; on y
reviendra dans quelques minutes, sur fiches, parce que, là, j'y vais de
commentaires généraux.
Concernant le dossier qu'il y aurait lieu de réactiver, à
la page 11, je pense que vous avez raison. Pour la modulation des tâches
concernant l'enseignement, je ne suis pas de votre avis, cependant, que le
rapport du groupe de travail sur la tâche des professeurs
d'université avait démontré un écart important
entre la tâche d'enseignement des professeurs de ces secteurs et celle
des professeurs québécois engagés dans d'autres
disciplines. Ce n'est pas la version des professeurs. Alors, il faudrait le
retire à nouveau pour voir si vous n'auriez pas lu à l'envers
parce que leurs prétentions sont à l'encontre de ce que vous
dites.
Voilà les commentaires pour l'instant. J'admets que le ministre
peut avoir quelques minutes de réplique sur ce que je viens de dire,
mais c'est sûr que nous préférerions passer quelques
dossiers, comme on l'a fait, où on a des questions précises
à poser au ministre parce que dans son document il y a plusieurs
éléments qui soulèvent des questions précises, que
j'aimerais pouvoir poser.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, est-ce que
vous avez quelques...
M. Ryan: Oui, deux remarques très brèves.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie.
M. Ryan: Je suis tout à fait d'accord avec
le député d'Abitibi-Ouest pour que ce soit plutôt
court, étant donné le temps limité dont nous disposons. Je
voudrais tout simplement rappeler ce que le gouvernement fait pour combler
l'écart observé avec la province de l'Ontario. L'écart que
nous avions observé avec la province de l'Ontario était de
l'ordre d'à peu près 162 000 000 $ ou 163 000 000 $; avec la
moyenne canadienne, c'était de 183 000 000 $ ou 184 000 000 $, si mes
souvenirs sont bons. Ce que nous avons fait, nous avons ajouté les 55
000 000 $. Ensuite, cette année, il y a 4 000 000 $ qui viennent
s'ajouter. Quand nous portons l'enveloppe des frais indirects de recherche de
21 000 000 $ à 25 000 000 $, ça fait 4 000 000 $ de plus,
ça fait 59 000 000 $.
M. Gendron: Juste une minute, M. le ministre, est-elle ouverte,
cette enveloppe-là?
M. Ryan: Oui, comme on l'a dit, elle va être établie
sur la base de la performance des universités au cours des trois
années antérieures.
M. Gendron: Alors, c'est parce que j'ai juste un petit
problème. Vous dites: Elle est à 21 000 000 $, on la met à
25 000 000 $, mais elle est ouverte. Alors, moi, personnellement, je ne
comprends pas. Si elle est ouverte, est-ce que ça se peut qu'en fin
d'année elle fasse 29 000 000 $?
M. Ryan: Non, mais cette année, ça va être 4
000 000 $ de plus.
M. Gendron: O. K.
M. Ryan: O. K?
M. Gendron: Donc, elle est limitée. Elle est ouverte aux
projets de recherche jusqu'à 25 700 000 $.
M. Ryan: Non, ça dépend de la performance des
universités. Si la performance augmente, par exemple, de 25 %...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan:... la charge du gouvernement pour les frais indirects de
recherche qui est à 15 %....
M. Gendron: O. K.
M. Ryan:... va être augmentée également.
M. Gendron: O. K.
M. Ryan: Quand on a mis 25 %, c'est sur la base de l'augmentation
et tout indique que la performance de nos universités en matière
de recherche va continuer de s'améliorer parce que la tendance est dans
ce sens-là depuis déjà quelques années. Ça
va?
Alors, mon premier point était celui-ci. Ça veut dire que
si vous ajoutez les 82 000 000 $ qui découleront de l'augmentation des
frais de scolarité, on va avoir ajouté 141 000 000 $ dans le
financement des universités, dans les bases de financement des
universités. Et par rapport à l'écart qui avait
été observé avec l'Ontario, on est rendus assez proche. Ce
n'est pas la perfection encore, mais on est loin d'une situation tragique. On a
quand même franchi des pas très importants au cours des
dernières années et je n'insiste pas davantage.
Deuxièmement, seulement pour dissiper un malentendu, la part de
20 % sur la hausse des frais de scolarité qui va être retenue,
c'est uniquement pour financer les dépenses accrues qu'encourront les
universités au titre de la hausse des frais de scolarité et pas
du tout pour financer la réforme du régime d'aide
financière aux étudiants. Pour la réforme du régime
d'aide financière aux étudiants, le gouvernement va injecter 47
500 000 $, mais ça n'a rien à voir avec les 20 % dont nous avons
parlé tantôt. C'est deux choses différentes. C'est 47 000
000 $ plus la part des 42 000 000 $. Les 20 %, ça va venir s'ajouter
à l'argent neuf dans l'aide financière, mais ça n'a rien
à voir avec le financement de la réforme. Jamais il ne serait
venu à l'esprit du gouvernement, encore moins du ministre actuel,
d'aller piger dans l'augmentation des frais de scolarité pour financer
une réforme du régime d'aide financière qui avait
été conçue, annoncée bien avant la hausse des frais
de scolarité.
M. Gendron: Non, mais si vous me le permettez, pouvez-vous
reprendre l'explication, juste une minute, de ce que vous venez de dire? Parce
que je vous avoue que, là, franchement, j'étais convaincu d'avoir
bien saisi, compte tenu qu'on l'avait expliqué à plusieurs
reprises avec M. Boisvert et tout ça. Alors, reprenez donc l'explication
que vous venez de faire.
M. Ryan: Là, nous faisons la réforme de l'aide
financière en vertu du projet de loi 25...
M. Gendron: Oui, ça, ça va.
M. Ryan:... plus le règlement qui sera promulgué
immédiatement après l'adoption de la loi que nous souhaitons
prochaine. Ça, ça va être financé, 47 500 000 $ ou
47 800 000 $, je pense. Je pense que c'est 47 800 000 $. La réforme de
l'aide financière, c'est 47 800 000 $. Ça, ça n'a rien
à voir avec l'autre sujet dont nous discutons. Ça, c'est 47 800
000 $ qui seront injectés dans le régime, soit sous forme de
bourses, soit sous forme de prêts. Et en plus, à cause de la
hausse des frais de scolarité, les dépenses admissibles des
étudiants vont être augmentées. Ça veut dire qu'il y
en a qui auront besoin de
plus d'aide à cause de ça pour rester aux études.
Là, il y a une part sur les 42 000 000 $ de hausse des droits qui va
être réservée pour ça.
M. Gendron: O.K. C'est ça que j'ai dit. D'après
moi...
M. Ryan: Ça va?
M. Gendron: Oui, ça va.
M. Ryan: C'est bon qu'on ait eu l'occasion de le préciser,
parce que c'est un élément très important.
M. Gendron: C'est ça.
M. Ryan: Je sais qu'avec tout ça, vous allez finir par
voter en faveur.
M. Gendron: Ça, là, ne perdez pas de temps
là-dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est là
l'essentiel de vos réflexions, M. le ministre? Je passerai maintenant la
parole au député de Verdun qui a demandé d'avoir
l'occasion de faire quelques remarques préliminaires, lui aussi. M. le
député de Verdun, vous avez maintenant la parole.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président.
Brièvement, M. le ministre, je signale avec plaisir, quand même,
l'effort que le gouvernement fait pour le financement des universités.
Je pense que c'est assez appréciable. On n'entrera pas dans les
débats de chiffres, à l'heure actuelle, parce que,
évidemment, on peut toujours savoir ce qui est de l'argent neuf, ce qui
est de l'argent moins neuf, ce qui est du service de la dette. Il y a un point,
néanmoins, que je voudrais quand même signaler, qui est un point
problématique pour les universités. Comme vous l'avez dit - vous
l'avez dit en page 4 de votre document - il existe un déficit
accumulé dans les universités de l'ordre de 170 000 000 $, 165
000 000 $, à peu près, ou 166 000 000 $, à ce
niveau-là. Vous dites: Les universités doivent rester
responsables du service de cette dette, dette qui a été
accumulée bien souvent des périodes de sous-financement que les
universités ont vécues sous le régime de nos amis d'en
face qui vivaient une situation de crise difficile, je n'en disconviens pas,
mais les débuts du grand sous-financement des universités ont
été en 1982, 1983, 1984, 1985.
Alors là, la situation, c'est bien sûr, à l'heure
actuelle, avec l'effort que le gouvernement fait, le budget de fonctionnement
des universités va commencer à arriver à un niveau
appréciable. Mais il restera toujours à l'intérieur de
chaque budget des universités, d'une part, le service de la dette qui va
devenir important, parce qu'il y aura toujours ce déficit
accumulé qu'on va traîner, et la nécessité aussi de
devoir rembourser ce déficit accumulé à partir de
subventions de fonctionnement qui restent relativement maigres ou juste ce
qu'il faut pour maintenir le niveau de qualité qu'on essaie de
maintenir. Je vous signale, M. le ministre, que ce problème que les
universités ont, qu'elles ont hérité, non pas
nécessairement de votre gouvernement mais des gouvernements
précédents, pose un sérieux problème souvent au
niveau budgétaire, c'est-à-dire le service de la dette du
déficit accumulé. Je suis capable de faire la distinction entre
le service de la dette du déficit accumulé et le service de la
dette de l'élément 3, qui est complètement
différent, qui sont les obligations qui sont émises par les
universités; je connais la différence entre les deux. Mais le
service de la dette des 165 300 000 $ sur lequel... Je connais un peu la
réponse que vous allez me dire, bien sûr, sont forfaitairement mis
dans les bases 19 000 000 $ qui ont été reportés
d'année en année pour le redressement de la situation
financière. Mais, regardez, ces 19 000 000 $ pour le redressement de la
situation fiancière ne couvrent simplement presque que le service de la
dette qui doit être de l'ordre de 16 000 000 $. On peut seulement
rembourser le déficit accumulé de 3 000 000 $ pour l'ensemble des
universités par année. Et ça, je vous signale que cela
peut poser un problème alors qu'on fait réellement un effort de
la part du gouvernement pour aider les universités.
Je reviendrai ultérieurement sur certaines questions. J'imagine
que je pourrai le faire après. J'ai des petites questions
d'inquiétude sur certains points, mais je voulais quand même vous
signaler ce problème-là, M. le ministre.
Le Président (M. Gobé): Certainement, M. le
député, soyez assuré que votre droit de parole sera
respecté. M. le ministre, vous avez maintenant quelques minutes pour
peut-être faire une réplique à M. le député
de Verdun. (21 heures)
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Oui, je voudrais indiquer à M. le
député de Verdun que le déficit accumulé des
universités, comme je l'ai indiqué tantôt, à la fin
de l'année 1988-1989, c'est-à-dire quelque part comme le 30 juin
1989, était de l'ordre de 162 000 000 $. D'après les indications
que nous recevons, indications encore préliminaires sur les
résultats de cette année, le déficit de fonctionnement de
toutes les universités, là où il existe encore, aura
diminué sensiblement. Alors, le montant de 162 000 000 $ connaîtra
une légère
augmentation, une légère augmentation; peut-être que
cela pourra aller entre 5 000 000 $ et 10 000 000 $, pas davantage. Maintenant,
ces déficits... On a le cumulatif, mais il faut faire de l'analyse aussi
et quand... Je pense qu'il y a une... Je ne sais pas si dans le cahier on a une
feuille qui traite des déficits accumulés... On va s'apercevoir
qu'il y a deux catégories de déficits. 11 y a des
établissements qui ont un déficit modeste; malgré les
années de vaches maigres, ils ont un déficit qui est resté
modeste. Et il y en a quelques-uns qui ont un déficit assez
considérable. Dans le cas des déficits modestes, les
universités conviennent elles-mêmes qu'elles doivent porter la
responsabilité de leur déficit. Elles sont d'accord que si le
financement est amélioré, et je pense qu'elles considèrent
qu'il a été amélioré, elles doivent porter la
responsabilité de leur déficit, en vertu du principe de la
responsabilité des établissements. Les universités
insistent beaucoup sur leur autonomie. Bien, ça, il faut que ça
s'exprime par des attitudes aussi. C'en est une, celle-ci. Il y a des cas
délicats. Il y a le cas de l'Université McGill qui a un
déficit beaucoup plus lourd qu'elle prétend attribuable à
l'écart de financement plus grand qui a été observé
et reconnu dans son cas. L'Université Concordia a un déficit
assez élevé également qu'elle prétend pouvoir
attribuer, au moins en partie, à ce facteur. J'ai toujours
indiqué que nous étudierions certains cas pour voir si, dans la
mesure où il y avait une part du déficit accumulé qui
était directement attribuable au sous-financement, au sous-financement
relatif par rapport à d'autres établissements, à ce
moment-là, le gouvernement examinerait la situation. Alors, ça
résume la situation. C'est pour ça que j'insistais dans mon
exposé sur le principe de la responsabilité des
établissements.
Le Président (M. Gobé:) Merci, M. le ministre. Je
passerai maintenant la parole à M. le député
d'Abitibi-Ouest pour les questions.
Discussion générale
M. Gendron: Oui et pour des questions rapidement sur, bien
sûr, le financement. Alors, le programme 6, Enseignement universitaire.
Je ne ferai pas ce que j'aurais le goût de faire. Je vais juste dire que
dans le cahier des crédits, on nous informe, en page 94, que l'enveloppe
octroyée lors du discours sur le budget pour le financement des frais
indirects de la recherche demeure ouverte. Et je vais juste vous dire que,
puisque vous nous avez indiqué dans vos remarques liminaires,
tantôt, la réponse... Qu'est-ce qu'il y a là?
M. Ryan: Continuez, j'écouterai après.
M. Gendron: Oui, sauf que ce que je vous aurais dit, c'est que
pour ça il n'y a pas de problème. Je ne pouvais pas
présumer que vous le diriez dans votre document, avant de le recevoir.
C'est réglé. Ce qui ne l'est pas, c'est dans la demande 2 de
l'Opposition. Toujours dans le financement, la demande 2 de l'Opposition. Vous
aviez numéroté nos demandes dans les informations que
l'Opposition avait le droit d'avoir et ça s'appelle Crédits...
Elle est titrée "Crédits additionnels pour la correction du
sous-financement en milliers de dollars." Est-ce que ça va?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Je répète: Crédits additionnels
pour la correction - et là vous avez toutes les universités.
Redressement de la situation financière... Et vous avez la
répartition de vos 55 000 000 $ de l'an dernier. Ça va?
M. Ryan: Oui, ça va, ça.
M. Gendron: Alors la question que je veux poser, en fait, c'est
l'information que ça nous donne et c'est sur les modalités de
répartition des crédits additionnels de 60 000 000 $ pour
1989-1990, selon vous, voir le tableau qu'on a là. On constate que
McGill remporte la plus grosse part du gâteau avec 29 % de ce montant -
29 % du montant - 16 % des clientèles, tout comme en 1987-1988 et en
1988-1989. En 1987-1988 et en 1988-1989, elle avait eu 23,5 % pour une
clientèle de 13 %. Alors la question n'est pas compliquée.
Comment le ministre peut-il justifier que la part considérable des
crédits additionnels est attribuée à McGill?
M. Ryan: Comme les députés le savent, la politique
du gouvernement consiste à accorder un financement égal aux
établissements d'enseignement, à tous les degrés. Aux
niveaux primaire et secondaire, par exemple, nous accordons exactement le
même financement aux commissions scolaires protestantes et aux
commissions scolaires catholiques. Au niveau collégial, nous accordons
exactement le même financement aux établissements
collégiaux de langue anglaise, aux établissements
collégiaux de langue française. Le principe que nous voulons
observer dans le financement des établissements universitaires est le
même. Quand nous avons établi une nouvelle formule de partage des
ressources publiques entre les universités, ce postulat a
été accepté de tout le monde. La nouvelle formule de
financement a été établie sur cette base. Or, sur cette
base, nous avions constaté des écarts dans le niveau de
financement public entre les établissements. Et un des objets de
l'exercice, c'est d'établir la parité. Dans le cas de
l'Université McGill, puisque vous en parlez, les exercices de
redressement que nous avons faits jusqu'à maintenant ont permis de
corriger à peu près 56 % de l'écart observé. C'est
pour ça que, d'un côté, certains trouvent que nous avons
donné
trop d'argent à McGill et McGill trouve que nous ne lui avons pas
donné assez d'argent.
La politique du gouvernement est celle que je viens d'énoncer. Je
n'en connais pas d'autre. Une chose pourrait influencer le cours des
décisions. Il nous reste encore certaines études à faire
avec les universités, quant à toutes les composantes qui
devraient entrer dans la formule définitive de financement. J'ai
prévenu les universités que nous voudrions étudier d'une
manière spéciale les revenus qu'elles retirent des fonds de
dotation qu'elles peuvent détenir. C'est une question qui avait
été exclue de l'examen par mon prédécesseur, M.
Yves Bérubé. Et nous avons prévenu les universités
de notre côté que nous examinerions cette question avec elles au
cours des prochains mois. Je n'ai pas eu le temps de le faire au cours des deux
ou trois derniers mois, parce que des devoirs pressants m'ont retenu, mais la
question est à l'ordre du jour de nos prochaines rencontres de travail
avec les universités.
M. Gendron: Et vous, comme ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, avez-vous l'intention de tenir compte des
revenus dans la nouvelle formule de distribution des montants que vous dites,
sur une base équitable, comme le primaire, le secondaire et le
collégial?
M. Ryan: Je n'ai pas tiré de conclusion pour l'instant,
parce que l'examen n'a pas été fait à fond. Il y a
beaucoup de réticences chez les universités francophones à
ce qu'on tienne compte de ce facteur. Parce que les universités
francophones sont en train de se doter, elles aussi, de fonds semblables. Elles
sont très réticentes à l'idée que ce facteur, qui
est reconnu comme un facteur d'excellence, se situant par-delà les bases
de financement, soit traité sur le même pied que les autres. C'est
un débat que nous devons faire ensemble au cours de l'année
1990-1991.
M. Gendron: Est-il exact que sur ces fonds ou ces fondations,
plutôt - parce que c'est plus le terme pour les universités
anglophones - elles ont des avantages fiscaux en plus des fonds qu'elles ont
obtenus pour, dans certains cas, des raisons ancestrales ou budgétaires
qui font que l'État leur permet de ne prélever aucun impôt
sur ces fonds-là?
M. Ryan: Ça fera partie de l'examen qu'on va faire. Je
n'ai pas de données précises là-dessus pour l'instant.
Mais c'est sûrement une donnée qui fera l'objet des
vérifications d'usage, à l'occasion de l'étude qui sera
faite.
M. Gendron: Quand pensez-vous être en mesure d'arriver avec
votre nouvelle formule?
M. Ryan: Je croirais bien qu'au cours de la prochaine
année on va nettoyer ce sujet-là.
M. Gendron: Ça signifierait que, pour septembre 1991,
"susceptiblement", les universités recevraient de l'argent sous une
formule différente de celle que nous connaissons aujourd'hui.
M. Ryan: Ce n'est pas impossible. J'ai indiqué même
d'autres facteurs qui seront peut-être l'objet d'une révision, en
particulier, le financement des clientèles additionnelles.
M. Gendron: O.K. Page 110 du livre des crédits, vous avez
une belle phrase, comme il vous arrive souvent. Vous dites: "Le
ministère entend poursuivre son action en vue d'accorder aux
universités un niveau de financement comparable à celui des
autres universités canadiennes" ... Je veux juste vous demander pourquoi
vous avez mis ça là, puisqu'il y a une virgule, et ensuite vous
dites "en tenant compte des ressources dont dispose le gouvernement." Alors, la
question principale, et c'a l'air niaiseux, là, mais c'est important,
c'est: Comment le ministre va-t-il s'y prendre pour donner suite à cette
belle intention, puisque, année après année, on l'a vu, on
a un sous-financement chronique des universités, et l'écart,
selon tous ceux autres que chez vous ou de votre ministère, ils disent:
Aujourd'hui, pas avant-hier, aujourd'hui, il est au minimum de 200 000 000 $
par rapport à l'Ontario inférieur...
M. Ryan: On n'a jamais admis ça.
M. Gendron: Je ne dis pas que vous avez dit ça. Je dis
qu'il y a des gens qui disent ça. Et comment allez-vous vous y prendre
puisque vous indiquez ça à la page 110: On va poursuivre notre
action en vue d'accorder aux universités un niveau de financement
comparable à celui des autres universités canadiennes?
M. Ryan: J'ajouterai une chose. Quand nous avons établi la
nouvelle méthode de financement avec la collaboration des
universités et en consultation avec elles, il fut convenu, de part et
d'autre, que les chiffres que j'ai mentionnés tantôt
étaient les plus fiables.
M. Gendron: De part et d'autre?
M. Ryan: Oui. N'est-ce pas, M. Beaupré?
M. Gendron: À la page 94, toujours...
M. Ryan: Alors j'ai mis ça ici, le paragraphe... Vous
m'avez interpellé au sujet du paragraphe qui est là. Je vous suis
reconnaissant de l'avoir cité au complet. Je dois évidemment
dire, quand je m'engage à continuer de travailler pour hausser encore,
si possible, le niveau de finan-
cement des universités, que je devrai tenir compte des ressources
dont dispose le gouvernement. Si je ne le faisais pas moi-même, il y en a
d'autres qui s'en chargeraient.
M. Gendron: C'est pour ça que je trouve que...
M. Ryan: Comme je suis membre du gouvernement, je me solidarise
des bons et des moins bons coups. On ne peut pas prendre seulement le bon. Le
député d'Abitibi-Ouest en sait quelque chose. On prend tout, et
on essaie de faire du bon avec le bon et le moins bon.
M. Gendron: Oui, je suis complètement d'accord.
M. Ryan: Je pense que les résultats parlent par
eux-mêmes dans ce dossier-ci.
M. Gendron: Oui, sauf que j'ai toujours pensé qu'un
ministre de l'Éducation qui voulait faire une priorité de
l'éducation, puisqu'il sait, de toute façon, faisant partie d'un
gouvernement, que cette décision-là sera prise si la situation
financière est corsée, n'a pas d'affaire à ajouter "en
tenant compte des ressources dont dispose le gouvernement", parce que c'est une
tautologie inutile; ça va être de même de toute
façon, et vous le savez par votre expérience.
Page 94, dans le document des crédits, toujours, vous nous parlez
des modalités d'indexation des frais de scolarité à partir
de 1992-1993. Alors, la question que je voudrais poser, c'est: Quelles seront
ces modalités d'indexation des frais de scolarité à partir
de 1992-1993? Est-ce que vous avez une idée là-desssus?
M. Ryan: Nous n'avons pas encore arrêté les
modalités que revêtira le processus d'indexation. Il y a deux
questions qui doivent faire l'objet d'examen, au cours des prochains mois.
C'est déjà commencé, d'ailleurs. Il y a d'abord la
modulation possible des frais de scolarité suivant les disciplines. Et
deuxièmement, il y a le mode d'indexation. Le sous-ministre, M. Gilbert,
me souffle qu'en Ontario le mode d'indexation qu'on a retenu est celui de la
subvention elle-même. Les droits de scolarité sont indexés
au même rythme que les subventions de fonctionnement du gouvernement.
C'est une formule. Et l'indexation des subventions, sur quoi repose-t-elle
exactement? Il faudrait le vérifier. Mais je pense bien qu'il n'y a
aucun gouvernement qui prend l'engagement de toujours indexer en fonction de
l'indice des prix à la consommation, par exemple. Il n'y a aucun
gouvernement qui peut prendre un engagement comme celui-là. Ça,
ça nous ramènerait 20 ans en arrière, quand on s'est
embarqués dans des clauses mécaniques d'indexation, qu'on a
été obligés de tout chambouler ça après,
parce que ça entraînait des conséquences bien plus lourdes
que celles qu'on pouvait prévoir. Alors, ici, on va trouver une formule
et, s'il y a des suggestions, nous les porterons à l'attention du groupe
de travail qui est chargé d'examiner ce sujet.
M. Gendron: Merci. À la demande 6, dans les demandes de
l'Opposition, dans les demandes que vous nous avez fournies, est-ce qu'on
pourrait avoir la valeur des 14 projets soumis en 1989-1990, dans le cadre du
programme Fonds des services aux collectivités? (21 h 15)
M. Ryan: Juste une minute. Je vais vous retrouver ça si
vous me donnez juste une seconde.
M. Gendron: Oui, ça va. il y a trois pages. Il y a 8
projets qui ont été acceptés et il y en avait 14. Liste
des projets soumis. Alors, moi, ce qui m'intéresse, j'aimerais savoir la
valeur financière, bien sûr, des 14 projets qui ont
été soumis au programme Fonds des services aux
collectivités.
M. Ryan: Je ne sais pas. Peut-être que M. Beaupré,
qui est le directeur de la Direction de l'enseignement et de la recherche
universitaires, pourrait nous donner des informations là-dessus. Moi,
tout ce dont je dispose, pour le moment, c'est de données sur la valeur
des projets qui ont été retenus, des projets d'une valeur totale
de 340 000 $. Mais la valeur totale des projets qui avaient été
soumis, je ne sais pas si vous auriez ça, M. Beaupré?
Le Président (M. Gobé): M. Beaupré, si vous
voulez vous identifier, vos nom et titre, pour les fins de l'enregistrement.
Après, vous aurez la parole.
M. Beaupré (Léonce): Léonce Beaupré,
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. J'ai ici,
M. le Président, la liste des projets qui ont été
présentés, mais, malheureusement, je n'ai pas la valeur de chacun
des projets. J'ai la valeur globale par université, la valeur des
projets qui ont été subventionnés pour un total de 340 000
$. On peut très bien vous faire parvenir...
Le Président (M. Gobé): M. le député
d'Abitibi-Ouest, avez-vous d'autres questions à M. Beaupré?
M. Gendron: Une seconde. Je m'excuse, c'est nous qui sommes
coupables, je m'excuse. Si M. Beaupré voulait reprendre, je
m'excuse.
M. Beaupré: Je disais donc que j'ai avec moi la liste des
universités et le montant qui a été accordé
à chacune pour un total de 340 000 $. Je ne l'ai pas pour chacun des
projets, mais ce sera disponible dans les prochaines heures.
M. Gendron: Bien, en tout cas, nous, on aimerait ça
pouvoir recevoir ça.
M. Ryan: Je pense bien qu'il y aurait lieu de vous donner la
valeur totale. C'est ce que vous demandez. Les projets individuels, comme ils
n'ont pas été retenus, on n'a pas à rendre compte de
ça.
M. Gendron: Bien non, c'est bien sûr. C'est pour ça.
C'est que je veux savoir ce que ça représente. Ils n'ont pas
été retenus.
M. Ryan: On va vous donner le total avec plaisir.
M. Gendron: D'ailleurs, si je me relis, c'était la valeur
des 14 projets et non pas les individuels, ils n'ont pas été
retenus.
M. Beaupré: La valeur des huit, c'est 340 000 $,
évidemment.
M. Gendron: Ça, on l'avait.
M. Ryan: Pour les six autres, ça a des chances
d'être autour de 300 000 $...
M. Gendron: Jeanne.
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, madame, mais
M. le député de Verdun avait demandé la parole un petit
peu avant vous. Mais aussitôt après, je vous reconnais, dès
qu'il aura posé sa question. M. le député de Verdun,
est-ce que vous avez une question à poser à M. le ministre?
Variations d'effectif étudiant
M. Gautrin: M. le ministre, ma question va porter sur la page 87
du cahier des crédits, sur les variations d'effectifs étudiants
et donc sur les problèmes d'accessibilité. Une lecture rapide,
parce que, voyez-vous, les montants qui sont prévus aux variations
d'effectifs étudiants étaient de 23 629 000 $ en 1989-1990 et de
15 025 000 $ en 1990-1991...
M. Ryan: Voulez-vous indiquer la page, s'il vous plaît?
M. Gautrin: La page 87 du cahier des crédits.
M. Ryan: Moi, je n'ai pas ça.
M. Gautrin: Alors, Enveloppe récurrente, Variations
d'effectif étudiant. Donc, on avait prévu, en 1989-1990, 23 000
000 $, on a eu 23 629 000 $. En 1990-1991, on a 15 025 000 $ ce qui, à
première vue, pourrait passer pour un fléchissement dans le taux
de croissance. On n'est pas en diminution, mais on a un fléchissement
dans le taux de croissance des étudiants à l'université.
La question que je vous pose, c'est: Est-ce que ces variations d'effectifs
étudiants sont calculées sur les années
précédentes, c'est-à-dire qu'on a eu un
fléchissement dans la croissance en 1989-1990, donc aucun effet par
rapport aux augmentations de frais de scolarité, ou si c'est une
prévision que vous faites pour 1990-1991, donc, à ce
moment-là, ce qui pourrait être inquiétant parce qu'il y
aurait un lien direct entre le fléchissement de la croissance et les
augmentations de frais de scolarité?
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'il faudrait indiquer que le montant auquel
se réfère le député de Verdun s'applique au
financement des clientèles additionnelles.
M. Gautrin: J'ai bien compris ça.
M. Ryan: Très bien. Les clientèles additionnelles,
comme on le sait, sont financées dans une proportion de 50 % pour
l'ensemble des disciplines et de 70 % pour les disciplines prioritaires...
M. Gautrin: Je sais tout ça.
M. Ryan:... les disciplines scientifiques, études de droit
au niveau de la maîtrise et du doctorat études en sciences de
l'administration.
Ici, le montant qui est indiqué est prévisionnel. Nous
établissons une projection de ce que sera l'accroissement probable de la
clientèle suivant les indications que nous recevons des
universités et que nous établissons. C'est basé sur
l'augmentation qui a eu lieu de 1988 à 1989. Puis on fait une projection
pour 1990 sur 1989. Et c'est un montant qui est là à titre
indicatif, celui-là. C'est une enveloppe ouverte. Si l'augmentation
était plus élevée que ce qui est prévu ici,
automatiquement, en vertu du principe de l'enveloppe ouverte, il y aurait
financement accru.
M. Gautrin: Est-ce que je pourrais poser une sous-question, si
vous me le permettez?
Le Président (M. Gobé): Faites, M. le
député.
M. Gautrin: Je comprends que ça se fait en
mécanismes de prévision. Mais je voudrais bien distinguer, parce
que ça a un effet... C'est évident qu'on a instauré une
augmentation des frais de scolarité pour l'année 1990-1991. On
semblerait voir un fléchissement dans la crois-
sance... Je ne dis pas une diminution, mais un fléchissement dans
la croissance. Et ce dont je voudrais bien m'assurer, c'est que ce
fléchissement dans la croissance est basé sur des
prévisions et n'a pas de rapport avec l'augmentation des frais de
scolarité. Ou bien, est-ce que vous prévoyez que l'augmentation
des frais de scolarité va avoir pour effet un fléchissement dans
la croissance?
M. Ryan: Non, ça n'a rien à voir, ce que nous avons
établi... L'an dernier, quand nous avons fait les prévisions pour
1989-1990, elles étaient basées sur l'augmentation d'effectifs
observés de 1988 sur 1987. Et, cette année, c'est basé sur
l'évolution d'effectifs observés de 1989 sur 1988, donc,
avant.
M. Gautrin: C'est bien ce que j'entends. Donc, essentiellement,
votre prévision, c'est basé sur l'année 1988-1989 et
ça n'a pas d'effet du tout par rapport aux frais de scolarité
à l'heure actuelle.
M. Ryan: C'est ça. M. Gautrin: Merci.
Le Président (M. Gobé): Avez-vous terminé,
M. le député de Verdun?
M. Gautrin: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député. M. le ministre, vous avez répondu. Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez maintenant la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je suis assez
sensible à la question que vient de poser le député
de...
M. Gendron: Verdun.
Mme Blackburn: Verdun. C'est certainement une chose à
suivre. S'il nous dit que, vraiment, sa prévision est faite à
partir des clientèles de l'année précédente, on ne
pouvait pas déjà sentir les effets de la hausse de frais de
scolarité. Mais est-ce qu'il y a un fléchissement tel, en
1988-1989, que ça nous permette de prévoir une diminution de 40 %
dans les cours reliés aux clientèles additionnelles? Il me semble
que c'est un peu fort. Il faudrait que je refasse la règle
moi-même pour en être convaincue.
M. Ryan: ...c'est le rapport.
Mme Blackburn: Redressement de la situation financière.
Est-ce que les 19 000 000 $... Si on était capable de me donner le
calcul qui a servi pour établir cette règle.
M. Ryan: On vient de le dire.
Mme Blackburn: Parce que ça m'étonnerait qu'il y
ait un fléchissement tel en 1988-1989 que ça nous permette de
prévoir une diminution des crédits à affecter à ce
poste-là de quelque 40 %. Là, je le fais en gros. Ça
ressemble à ça, 40 %.
M. Ryan: Je vais demander à M. Léonce
Beaupré, avec votre permission, M. le Président, de
compléter l'explication qui a déjà été
fournie.
Le Président (M. Gobé): M. Beaupré, vous
avez la parole.
M. Beaupré: Les prévisions de clientèles ou
les calculs des crédits requis pour l'année universitaire
1990-1991 ont été effectués comme pour les années
antérieures, c'est-à-dire qu'on prend les données de
l'année civile, donc, de janvier à décembre 1988, et on
les compare aux données de l'année civile 1989. Lorsque cet
exercice se termine au début de janvier-février 1990, on n'a pas
encore tout à fait les données du dernier trimestre de 1989. Mais
comme il s'agit d'une enveloppe ouverte, lorsqu'on fait la dernière
révision du budget, ça n'a pas tellement de conséquences.
Alors, ce n'est pas... Il n'y a pas de conséquences.
Mme Blackburn: Par rapport aux conséquences, il n'y a pas
de problème. C'est par rapport à la lecture qu'on est en train
d'essayer de faire ça.
M. Beaupré: La lecture, c'est avec les données les
plus récentes.
Mme Blackburn: Bon. Est-ce qu'on a les données dans la
même colonne pour 1988-1989? Parce que, là, on a 1989-1990 et
1990-1991. Avez-vous les données de 1988-1989?
M. Beaupré: Dans les... M. Ryan: 1987-1988.
Mme Blackburn: Qu'est-ce que vous aviez prévu à ce
poste?
M. Beaupré: Lorsqu'on en a fait... Pour 1988-1989,
l'augmentation de l'année précédente était de
l'ordre de... Je ne l'ai pas de mémoire, peut-être une quinzaine
de millions.
Mme Blackburn: Pendant qu'il nous cherche ça, parce que je
vois quelqu'un en arrière qui cherche... Il va probablement nous trouver
l'information.
M. Beaupré: Sans doute, oui, on a un excellent
service.
Mme Blackburn: D'accord. Et on reviendra...
M. Ryan: Mais en attendant, sur le même sujet...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...il y a une chose qu'il faudrait rappeler et que j'ai
dite tantôt: nous avons fait des démarches auprès des
universités pour savoir comment allait le mouvement des demandes
d'admission en vue de l'année 1989-1990-1991, et les indications que
nous avons reçues des établissements universitaires indiquent que
la situation demeure stable. Il y a une légère augmentation
à certains endroits et une très légère diminution
à d'autres endroits, ce qui ne signifie rien à ce stade-ci, mais,
dans l'ensemble, la situation est remarquablement stable. Alors, c'est bon.
Mme Blackburn: Bien, pendant qu'ils cherchent
l'information...
M. Ryan: Ça, c'est ça qui est le plus important, ce
sont les demandes d'admission...
Mme Blackburn: Oui, pour ça, on va voir.
M. Ryan: ...le reste, ce sont des calculs qui restent un peu
théoriques, hein?
Mme Blackburn: On verra les démissions après.
M. Ryan: Bien oui, mais ça y est, là. Mme
Blackburn: Les abandons.
Le Président (M. Gobé): M. Beaupré, vous
avez la réponse, je pense?
M. Beaupré: Oui, pour 1988-1989, le montant est de 9 178
000 $. Cependant, il faut bien se rappeler que ces chiffres-là sont
établis en tenant compte des pondérations que l'on applique pour
les étudiants de premier, de deuxième et de troisième
cycle. Alors, si Mme la députée est intéressée par
des chiffres plus précis sur la ventilation de la variation de la
clientèle, c'est toujours disponible, évidemment, de sorte
que...
Mme Blackburn: Oui.
M. Beaupré: ...comme un étudiant de
troisième cycle compte pour deux fois et demie un étudiant du
premier...
Mme Blackburn: Oui, mais je veux dire que c'est peut-être
vrai pour toutes les années, ça.
M. Beaupré: Oui, mais... Alors, ça dépend
comment s'orientent ces étudiants d'une année à l'autre:
les déplacements de clientèle ne sont pas toujours identiques
d'une année à l'autre.
Mme Blackburn: Parce que, de 10 000 000 $ à 23 000 000 $,
puis de 23 000 000 $ à 15 000 000 $... De toute façon, vous
m'envoyez les...
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: Redressement de la situation financière: il
s'agissait d'aider les universités à absorber leur
déficit? Les 19 000 000 $ qui étaient prévus en
1989-1990?
M. Ryan: Ça, c'est pour combler l'écart qui
sépare certaines universités de la norme qu'on voudrait voir
exister au Québec.
Mme Blackburn: O.K., c'est le point, d'accord.
M. Ryan: II y a les universités qui ont un écart de
financement objectif, là, indépendamment d'autres facteurs. On a
prévu également un montant pour des universités
situées en région. On a prévu également un montant
pour l'université de Sherbrooke à un titre particulier...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...au titre de sa faculté de médecine. On
a prévu un montant également pour l'École des Hautes
Études Commerciales au titre d'un redressement dans la méthode de
calcul de ses subventions remontant à des opérations qui auraient
été faites il y a une dizaine d'années et qui
n'étaient pas objectivement justifiées.
Mme Blackburn: O.K. La résorption des déficits,
c'est à la colonne plus haut, c'est-à-dire aux subventions pour
l'année précédente. On voit que ça se termine en
1989-1990. Le gouvernement a fait un effort pour aider les universités
à résorber le déficit qu'elles avaient encouru avant 1986,
si ma mémoire est fidèle: ça s'est arrêté,
parce qu'il n'y a rien, là, dans les budgets pour l'année
courante, c'est-à-dire 1990-1991. Est-ce à dire que le ministre a
rejeté toute idée d'aider les universités du Québec
qui ont accumulé des déficits à cause d'un faible
financement, en partant de 1985 en montant? Je pense que l'Université du
Québec à Chicoutimi, c'est 4 000 000 $, c'est-à-dire que
je n'ai pas le... comme ce n'est plus vraiment mon dossier, mais je sais que se
sont accumulés, au cours des dernières années, des
déficits importants dans les universités du Québec et, en
tout cas, à Chicoutimi, certainement. Et, comme le gouvernement, le
ministre a aidé les universités, je pense à Bishop's,
McGill, et à quelques universités, à résorber leur
déficit, est-ce qu'il entend faire de même pour les
universités qui ont, faute de
financement, accumulé un déficit également, bien
que s'étant contraintes, contrairement à ce que d'autres avaient
fait, à un régime extrêmement sévère?
Par exemple, on sait que chez nous le responsable du programme de
l'ENAP, là, il y avait une personne, puis, là, il y a une
demi-personne, puis, tranquillement, on commence à fermer les
programmes, donc, c'est toute l'accessibilité à ces
programmes-là qui se trouve affectée. Est-ce que le ministre a
abandonné ou est-ce que le ministre entend aider les universités
à absorber leurs déficits?
M. Ryan: M. le Président, tantôt, j'ai
répondu exactement à cette question-là, en réponse
à une question qui avait été posée par le
député de Verdun.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre... Mme
Blackburn: Bien. Je lirai les galées...
Le Président (M. Gobé): ...vous
réitérez la même réponse...
Mme Blackburn: ...et je les retournerai à mes
universités. Je vous remercie de...
Le Président (M. Gobé): ...à Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Afin... Il dira qu'il a répondu à
mon collègue aussi, mais j'ai entendu la réponse et ça ne
me satisfait pas.
Les frais indirects de la recherche. Les frais indirects de recherche
seraient de 15 % environ des subventions de recherche alors que les frais
indirects de recherche sont variables de 27 % à 33 %, 35 %, et
même 38 %, je pense. Alors, plus une université fait de la
recherche, plus elle s'endette.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Plus une université obtient des contrats de
recherche, plus elle s'endette. (21 h 30)
M. Ryan: Regardez, c'est sur cette base-là que nous avons
décidé d'instituer une participation plus concrète du
gouvernement au financement des frais de recherche, mais, au niveau que nous
avons établi, je vous averti que la politique du Québec se
compare très avantageusement à ce qu'on observe dans n'importe
quelle province canadienne. Je pense qu'on a fait un pas très important,
et personne ne s'attendait que nous donnions beaucoup plus que ça.
Mme Blackburn: Parce que, à la différence de ce qui
se passe au Québec, dans les autres provinces, les subventions
comprennent les frais indirects, souvent, ce qui n'est pas le cas ici pour nos
organismes subventionnaires nationaux.
M. Ryan: Regardez, on m'informe, là. Tout d'abord, la
littérature que j'ai eu l'occasion de parcourir sur cette question, dans
son application aux universités canadiennes, m'indique qu'il y a un
problème partout au Canada, actuellement; le problème n'a pas de
solution véritable ailleurs. C'est une des revendications les plus
courantes des milieux de recherche universitaires. Dans le cas du
Québec, il faut ajouter aux 15 % dont nous avons parlé une autre
proportion de 10 % qui est incluse dans les subventions versées aux
universités au titre des bâtiments et terrains. Il y a une
proportion de 10 % qui a été ajoutée pour les frais de
recherche. Ça fait pas mal. Franchement, je pense que les
universités considèrent que nous avons fait un pas de
géant.
Mme Blackburn: Un pas dans la bonne direction, mais ça
reste... C'est un pas dans la bonne direction, je reconnais l'effort, sauf que
ça reste un des éléments qui expliquent une partie des
difficultés des universités. Je pense que le ministre va le
reconnaître, et tous ceux qui sont dans les universités le savent,
plus une université est performante - récemment, au cours des
dernières années, celle de Chicoutimi l'a été de
façon assez remarquable, parce qu'il s'est développé des
programmes - et ça pose un problème. Oui. Ah! ce sont trois ou
quatre programmes...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, avez-vous
des... Vous avez terminé, en ce qui concerne M. le- député
de Verdun. Vous aviez juste une réflexion à faire, vous me
faisiez signe, là?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez la faire,
non?
Mme Blackburn: Non, je vais terminer, si...
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, avez-vous terminé?
Mme Blackburn: Merci. Non, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Non? Alors, je vous en
prie, allez-y.
Compensation pour frais reliés à
l'éloignement
Mme Blackburn: Selon une évaluation qui a
été faite par les services financiers de l'Université du
Québec à Chicoutimi par rapport à ce qu'ils auraient
reçu, selon la formule basée sur l'éloignement, et ce qui
était dans l'enveloppe
réservée pour les trois universités les plus
éloignées, c'est-à-dire Rimouski, Abitibi et Chicouti-mi,
qui était, de façon récurrente depuis 1981-1982,
réservée à ces universités pour fins
d'éloi-gnement, c'était de l'ordre de 2 838 000 $ qui
étaient, depuis 1981, accordés à ces universités
pour compenser les frais reliés à l'éloigne-ment.
La nouvelle formule que s'est donnée l'UQ a comme effet de
pénaliser lourdement l'Université du Québec. Et ce que je
voudrais juste comprendre: Est-ce que les 2 800 000 $ qui avaient
été accordés depuis - c'était 2 200 000 $, et c'est
devenu 2 800 000 $ à cause de l'indexation - en 1981, à quelle
place ils sont passés? Parce qu'ils ont été comme
retirés. Plutôt que d'ajuster, d'ajouter les nouvelles sommes aux
bases de financement qui existaient, on les a retirées et on a
recommencé le calcul. Le résultat, c'est qu'avec la base de
financement qui était celle reconnue depuis 1981 l'Université du
Québec à Chicoutimi aurait dû recevoir environ 2 900 000 $.
Avec le nouveau calcul que s'est donné l'UQ, elle reçoit 1 250
000 $.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, pour les universités
situées dans les régions périphériques, une part de
2 200 000 $, sur les 19 000 000 $ consacrés au redressement des bases a
été attribuée à l'Université du
Québec.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Et, comme le prévoit notre régime et la
Loi sur l'Université du Québec, le partage des sommes
accordées à l'Université du Québec est
établi par l'assemblée des gouverneurs...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan:... de l'Université du Québec. Ça,
c'est entendu de tout le monde. Alors, le partage s'est fait par les instances
régulières de l'Université du Québec en donnant les
résultats suivants: l'Université du Québec à
Chicoutimi, 922 000 $; l'Université du Québec à Rimouski,
876 000 $; l'Université du Québec à Trois-Rivières,
364 000 $, pour un total de 2 162 000 $. Maintenant, j'ai eu vent d'une
protestation ou d'une insatisfaction de la part du recteur de
l'Université du Québec à Chicoutimi, se plaignant qu'il
n'avait pas reçu une part satisfaisante. Qu'est-ce qui est arrivé
des 2 800 000 $ attribués antérieurement? Il se pourrait que ce
partage-ci ait été effectué en tenant compte d'un partage
peut-être inégal qui avait été fait
précédemment. Ça, je ne le sais pas. Je ne le sais pas,
mais je ne crois pas qu'il m'appartienne, comme ministre, d'aller me mettre le
nez dans les affaires internes de l'Université du Québec,
à moins que je ne sois invité à le faire formellement par
l'Université du Québec à Chicoutimi, mais je ne crois pas
qu'il m'appartienne d'aller m'ingérer dans les décisions de
l'assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec.
Mme Blackburn: Oui, mais je ne sais pas si... En tout cas, je
vais essayer de voir... Il y a là-dedans... J'ai déjà vu
le ministre, à l'occasion, prendre d'autorité certaines
décisions. Alors je pense que, dans ce cas-ci, il y a une
iniquité inacceptable. Alors je vais essayer de refaire un peu le
tableau. Il y avait 2 800 000 $ qui étaient partagés entre trois
universités. Ce que ces universités étaient en droit de
s'attendre, c'est que les 2 162 000 $ qui étaient ajoutés pour
compenser - c'est 2 200 000 $ - l'éloignement et la taille auraient
dû venir s'ajouter normalement à ce qui était les
règles antérieures. Là, on vient de décider que les
règles antérieures ne jouaient plus. Chicoutimi recevait 58 % de
cette enveloppe-là parce qu'elle avait plus de clientèle; donc,
elle recevait 58 % de l'enveloppe; les deux autres universités, 42 %, si
j'ai compris le partage. Elle se retrouve donc aujourd'hui avec 42 % et
ça, on pourrait toujours penser que ce n'est pas plus iniquitable que
ça, qu'elle ait 42 %, que les deux autres constituantes aient 58 %. Bon,
ça peut toujours se comprendre. Mais le problème, c'est que
plutôt que d'avoir laissé à ces trois universités en
région le financement de base qui leur avait été
accordé depuis 1981 et venir ajouter ce qu'on a appelé - pas
l'éparpil-lement mais le critère, pas d'étalement des
clientèles, mais de dispersion des clientèles - le critère
de dispersion, on a fondé ça sur le... On a repris l'ensemble, on
a diminué et on a établi un critère de dispersion qui
permet de donner des subventions dorénavant à l'Université
du Québec à Trois-Rivières, à celle de Hull et
à celle de... Il y a Hull, Trois-Rivières et...
Une voix: Abitibi. M. Gendron: Non.
Mme Blackburn: Non, Sherbrooke.
Télé-Université Sherbrooke. Le problème c'est qu'on
a complètement changé et, à notre avis, on a
complètement changé les engagements qui avaient été
ceux du ministre. Là, évidemment, une université, je veux
dire, elle ne planifie pas à la dernière minute; elle planifie
à plus long terme et l'Université du Québec, sur la base
de ce qu'elle recevait antérieurement, sur les engagements qui avaient
été pris par le ministre, elle s'attendait à recevoir 2
900 000 $ et là, elle se retrouve, comme le ministre l'a rappelé
tantôt, à 900... Pour la dispersion des clientèles, elle
reçoit 900 quelque.. J'y reviens. Elle reçoit, au total, quelque
1 120 000 $ et parce que les 2 800 000 $ sont comme partis on ne sait pas
où. Ils ont été comme répartis dans l'ensemble
des
universités, ce qui permet à l'université de
Trois-Rivières, à l'université de Hull, de recevoir
des budgets additionnels pour la dispersion des clientèles.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez fini,
Mme la députée?
Mme Blackburn: Est-ce que je peux demander au ministre... C'est
relativement complexe. Je sais que ce n'est pas à lui à faire ce
genre de calculs, mais est-ce que je pourrais demander au ministre, au nom de
l'université, de vérifier s'il n'y a pas lieu d'inviter
l'Université du Québec à revoir sa formule de financement?
Parce que je veux bien reconnaître que l'université de
Trois-Rivières a un problème relié à
l'étalement de ses clientèles. Parce qu'on le sait, elle va
desservir La Tuque, et ainsi de suite. Mais il y a un autre problème.
Rimouski aussi a un problème d'étalement des clientèles.
Ils vont donner des cours dans la Beauce, parce que Laval n'y va pas. Vous
savez, c'est spécial. Ils vont dans la Beauce, parce que Laval n'y va
pas. D'ailleurs, ça avait déjà été
soulevé par le ministre. Il y a un problème d'étalement
des clientèles, mais de là à reconnaître que le
problème d'étalement des clientèles de l'université
de Trois-Rivières se compare, mérite un investissement aussi
important. Je pense que ça crée un problème, un
problème d'équité.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, je vous en
prie, vous avez la parole.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord dire à la
députée de Chicoutimi que si elle veut m'adresser cette demande
en sa qualité de députée, ça me suffit. Si
l'Université du Québec à Chicoutimi veut me faire une
demande semblable, elle peut me l'adresser, puis je l'examinerai avec
plaisir.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Ça va? Maintenant, je donne quelques explications
sur la répartition des 2 160 000 $. La formule qu'on a prise pour
répartir ces sommes tient compte de l'éloigne-ment dans une
proportion de 75 % basée sur les dépenses normalisées de
l'enseignement. Ensuite, on met 25 % pour les activités hors campus.
C'est là, par exemple, que l'Université du Québec à
Rimouski se voit attribuer davantage que l'Université du Québec
à Chicoutimi, parce qu'elle a eu 418 activités hors campus,
contre 177 pour l'Université du Québec à Chicoutimi. En
conséquence, ça justifie un financement plus élevé.
Mais les 75 %, eux, ont été fixés sur la base des
dépenses normalisées. La question que vous posez, c'est:
Qu'est-ce qu'il est advenu des 2 800 000 $?
Mme Blackburn: O.K.
M. Ryan: Ça, nous allons prendre les renseignements et
vous fournir les informations dans les meilleurs délais.
Mme Blackburn: D'accord. Parce que, juste, en
résumé, c'est que l'UQAC a reçu 487 000 $ pour la
dispersion des clientèles. L'Université du Québec à
Hull, 391 000 $, la Télé-Université, 391 000 $. Mais au
total, quand vous additionnez tout ce qui a été distribué,
par rapport aux 5 000 000 $ prévisibles, on ne retrouve que 3 500 000 $.
Il manque 1 500 000 $ qui sont allés... qui ont permis à l'UQAM
d'obtenir 193 000 $ supplémentaires. En tout cas, autrement dit, tout ce
qui était prévu pour la taille, Péloignement, ça se
retrouve dans les centres.
M. Ryan: On va prendre les renseignements. On va faire les
vérifications.
Mme Blackburn: Parce que, dans votre document, vous nous disiez,
à la page 93: "Le gouvernement devra accepter incessamment le partage de
ses crédits entre les établissements universitaires." J'ai
pensé que ça pouvait être un prétexte pour regarder
aussi à l'intérieur d'un établissement universitaire.
M. Ryan: Maintenant, il serait peut-être plus sage - je ne
le sais pas, je réfléchis tout haut - que la
députée de Chicoutimi communique directement avec
l'Université du Québec; en sa qualité de membre de
l'Assemblée nationale, elle peut très bien faire ça. Si
vous avez des explications satisfaisantes de la part de l'Université du
Québec, ça m'évite d'avoir l'air de m'ingérer dans
leurs affaires. Et si vous n'avez pas les explications qui vous satisfassent,
si vous me demandez de fouiller davantage le dossier, je le ferai
volontiers.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. M. le député de Verdun, rapidement, vous aviez une
petite question sur ce même sujet, je pense...
M. Gautrin: Non, c'est sur un autre sujet.
Le Président (M. Gobé): Parce que je me devais de
passer la parole au député d'Abitibi-Ouest, mais si c'est sur le
même sujet...
M. Gautrin: Non, non.
Le Président (M. Gobé): Pour ne pas faire une
cassure.
M. Gautrin: Non, je passe. Je reviendrai après. Je veux
parler de la santé, maintenant.
Le Président (M. Gobé): Bon, alors, M. le
député d'Abltibi-Ouest, vous avez la parole. (21 h 45)
M. Gendron: M. le Président, rapidement, je voudrais
revenir sur un avis. J'en profite d'ailleurs pour féliciter le Conseil
des universités, son président, son équipe, très
rapidement. Ce n'est pas parce qu'il est dans la salle, c'est parce qu'il y a
des avis qui m'apparaissent très bien formulés. On a l'occasion
de les recevoir, de les lire, et je trouve que, de novembre 1988 à
novembre 1989, ils ont eu l'occasion de s'exprimer sur un certain nombre de
choses fort pertinentes, et j'aurais souhaité que le ministre en tienne
davantage compte. Je reconnais - là, c'est juste un aparté, M. le
Président, parce que je veux quand même rester au programme 6,
là; c'est pour ne pas se mêler dans les papiers je le fais de
même - qu'étant un comité aviseur, le ministre peut bien
dire: Écoutez, c'est moi qui ai la science infuse, ce n'est pas vous
autres, et vous êtes là pour me donner des conseils, et moi je
regarde ça. Et de temps en temps je les suis, et de temps en temps je
vous dis: Bon, faites en un autre, ou: Allez vous faire cuire un oeuf. Alors,
ce que j'ai remarqué, c'est plus souvent l'inverse. Je ne sais pas s'il
aime ça, c'est très rare que j'ai vu que les réserves, des
fois fondées, étaient vraiment prises en compte par le
ministre.
Ma question, justement, est sur l'avis 89.8. Et là, je n'ai pas
envie de vous lire tout ce qu'il vous disait, là, d'ailleurs - je vais
revenir dans une seconde - ça avait donné lieu à certains
articles: Investissements restreints, juge le Conseil des universités.
Et là, il vous parlait des dangers que ça avait: à court
terme, cette pratique est moins équitable, car les universités
qui n'ont pas de projets de constructions sont privées de sommes
essentielles à l'entretien de leur équipement. Cette mesure
neutralisera pratiquement d'autres actions promues par le plan quinquennal. Non
sans paradoxe, le gouvernement alloue temporairement un montant
supplémentaire de 5 000 000 $ pour le renouvellement de
l'équipement scientifique, alors qu'il effectue une ponction de 3 700
000 $ dans les enveloppes récurrentes, servant précisément
à ces mêmes fins. Alors il ne trouvait pas ça brillant.
Face à cette situation, le Conseil recommande...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir la page que cite le
député?
M. Gendron: Malheureusement encore là, parce que je ne
l'ai pas dans la page, je l'ai juste repris, et j'ose espérer que la
journaliste Lise Lachance citait adéquatement l'avis du Conseil
supérieur, puisque... On va se retrouver, de toute façon,
même si vous n'avez pas la page, parce que ça commençait:
Les 423 000 000 $ prévus dans le plan quinquennal, et effectivement,
quand on regarde ça, c'est bel et bien 423 319 000 $ dans les documents
que vous nous avez fournis. Oui, oui, l'avis du Conseil, on va vous le dire, ce
ne sera pas long. Code 2310-01-146, Plan quinquennal d'investissements
universitaires pour la période 1989-1994, avis au ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, sur le plan quinquennal, page
6, tableau 1, et page 7. Et ce que je vous citais, évidemment,
était en quelque part dans l'ensemble de son avis, parce que là,
c'était du texte provenant de son avis. À partir des pages 8, 9,
10, 11 et ainsi de suite, parce que, de toute façon, il y avait
tellement de bons points, entre autres, sur les bibliothèques. Mais
là, je ne veux pas me tirer dans toutes les directions, là. Mais
est-ce que s'est retrouvé, là? O.K. Alors, la question, parce que
je voulais juste partir de là, et féliciter le Conseil, parce que
je trouve qu'il donne des avis qui, en règle générale,
devraient aider le ministre à prendre de meilleures
décisions.
Ce qu'il faut savoir, c'est que, dans l'avis du Conseil
supérieur, parce qu'avant, vous avez demandé au Conseil
supérieur. Prononce-toi sur un plan d'immobilisations, où le
total est 423 319 000 $, le grand total du plan quinquennal, mais où le
total de la première année était 103 852 000 $, dans
l'avis du Conseil supérieur. Et dans le cahier des crédits,
à la page 103, après nous avoir annoncé un plan
d'immobilisations de 455 500 000 $, donc nous autres, on dit: C'est une bonne
nouvelle, 455 500 000 $, c'est plus que 423 000 000 $, ce qui s'explique par le
plan d'accélération d'investissements publics, et les projets de
constructions, c'est-à-dire l'agrandissement et le
réaménagement. Non, uniquement le premier, excusez. La hausse
s'explique uniquement par le discours de M. Levesque, qui dit: On se
réveille, on se rend compte qu'il y a une récession, donc on fait
un petit effort sur les immobilisations, pour qu'il y ait un peu
d'activité économique quelque part.
Par contre, quand on regarde pour la première année du
plan 1989-1990, les engagements du gouvernement sont les suivants, et là
on arrive au bas, sous-total, c'est-à-dire total, pardon, 76 170 000 $
contre 103 800 000 $ dans le plan que vous lui avez demandé d'analyser,
sur lequel il vous a donné un avis. Alors, la question, je veux dire,
c'est: Pourquoi cet écart? Pour tout de suite, comme première
question, j'arrêterais là. Pourquoi cet écart-là?
Puisque si vous demandez conseil au Conseil des universités, il vous
donne un avis, et lui arrivait à 103 852 000 $ qui auraient dû
être dépensés la première année, et dans le
cahier des crédits, vous dites: Le total ne sera que de 76 170 000 $,
alors qu'on est censés être dans une année
d'accélération.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre.
M. Ryan: M. Beaupré pourra compléter ou corriger au
besoin, mais, à première vue, je crois
pouvoir dire que l'écart observé par le
député, qui est réel, est attribuable à des
délais dans la mise en route des projets. Tout ça est
reporté sur...
M. Gendron: Mais pourquoi?
M. Ryan: II y a toutes sortes de questions qui arrivent. À
un moment donné, l'établissement n'est pas prêt à
procéder tout de suite, il y a des délais dans l'approbation des
plans et devis, il y a des changements, des fois, qui surviennent dans le
projet qui avait été soumis initialement. Des fois, il y a des
chicanes qui se produisent avec des entrepreneurs qui veulent avoir des
contrats, il y a toutes sortes de choses qui peuvent arriver. Je crois que, si
on regarde la projection que nous établissons pour 1990-1991, c'est
déjà beaucoup plus élevé, c'est 129 737 000 $;
ça, c'est avant l'inclusion des projets présentés dans le
cadre du plan quinquennal 1990-1995, qui va en approuver un certain nombre en
plus. Donc, il y a un report ici qui ne porte absolument pas atteinte à
la réalisation des projets qui avaient été entrés
dans la machine.
M. Gendron: En tout cas, M. le ministre, permettez-moi de dire
deux choses. Vous avez le droit. Moi, je prétends que ce n'est pas
correct de dire publiquement: On va ajouter un plan
d'accélération des investissements publics, et qu'on donne comme
raison que c'est dû probablement à des choses qui font que les
projets sont retardés. Ça ne va pas ensemble. Juste une
seconde...
M. Ryan: Regardez, je vais vous donner un exemple, si vous me
permettez.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Les bibliothèques de l'Université Concord
ia...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Elle nous avait soumis un projet pour un certain
montant, je ne me rappelle pas, je pense que c'était autour de 30 000
000 $, disons. Finalement, ça a été un montant plus
considérable. Elle nous a demandé si elle pouvait être
autorisée à procéder à l'ajout de trois ou quatre
étages a l'immeuble envisagé, avec autorisation de louer ces
espaces-là pendant un temps, quitte à les récupérer
quand elle en aurait besoin. Il a fallu étudier tout ça,
ça a pris plusieurs mois. Il a fallu obtenir les autorisations
nécessaires. Dans ce cas-ci, il y a sûrement eu un délai
d'au moins 6 à 12 mois. Ça, c'est normal.
M. Gendron: Oui, c'est normal si l'avis qui vous a
été transmis ne vous avait pas dit que déjà il
trouvait que les 423 319 000 $ étaient insuffisants, en particulier
compte tenu de l'écart au niveau des bibliothèques, parce que,
ça, là-dessus, vous ne m'aurez pas. Qu'est-ce que tu veux? Dans
son avis, à la page 10, là, je trouve qu'il a vraiment raison,
indépendamment de votre explication sur l'autre chose. Cette
réduction, puisque ça comprend les bibliothèques, affecte
le secteur des bibliothèques et est inquiétante. Le Conseil le
déplore d'autant plus que, malgré ce plan de rattrapage,
l'écart avec l'Ontario n'a pas été comblé. En
effet, en 1987-1988, même en tenant compte du plan de rattrapage de 5 000
000 $ alors en vigueur, les universités québécoises
consacraient 23 200 000 $ aux acquisitions de bibliothèques, soit 1,3 de
leurs dépenses totales. Pour leur part, les universités
ontarien-nes dépensaient 47 700 000 $ à ce chapitre, soit 1,6 de
leurs dépenses totales. Puis là, il disait autre chose, mais il
me semble que juste là-dessus, si on arrive à un montant moindre
la première année, le total, si c'est 76 000 000 $ au lieu de 103
000 000 $... Comme vous leur avez demandé: Dis-moi un avis
là-dessus, c'est évident que les bibliothèques vont en
souffrir. Là, je trouverais ça malheureux parce que: Comment
fait-on pour combler un retard si on en prend de plus en plus?
M. Ryan: On n'a enlevé aucun projet de la liste qui avait
été établie et on n'a diminué aucun projet non
plus. En plus, comme vous le savez, nous avons donné pendant quatre ans
5 000 000 $ par année en budgets additionnels pour les acquisitions de
bibliothèques. C'est un programme qui a duré quatre ans. Quatre
ans pour les équipements, deux ans pour les bibliothèques,
excusez.
M. Gendron: Avez-vous fini, M. le ministre? M. Ryan:
Oui.
M. Gendron: Bien, justement, l'avis vous dit: On déplore
que vous n'ayez pas prolongé le plan parce que, avec ce que vous venez
de me dire, vous n'avez même pas rattrapé l'écart avec
l'Ontario. Donc, ça signifie que vous, comme ministre, vous avez dit: On
le sait, mais on veut que pour les bibliothèques, ça reste comme
ça parce que notre effort est fait. C'est ça qui est...
M. Ryan: Non, ça va dans l'augmentation de la base de
financement. Les acquisitions de bibliothèques, en
général, ça va avec les budgets de fonctionnement. On
avait fait une mesure spéciale pendant deux ans, mais ça va avec
les budgets de fonctionnement. À l'aide des ressources accrues dont
elles disposeront à la suite des mesures considérables
instituées par le gouvernement, les universités auront
évidemment plus
d'argent à consacrer aux acquisitions de bibliothèques. On
n'est plus obligé d'y pourvoir par une mesure spéciale.
M. Gendron: Oui, mais M. le ministre, pourquoi dans l'avis vous
leur écrivez... Je sais lire quand même, même si j'ai bien
du troublo. Enveloppe supplémentaire, rattrapage des
bibliothèques, c'était dans l'avis que vous avez soumis au
Conseil supérieur. Alors, vous me dites: Non, non. Dorénavant,
ça va être dans les enveloppes de base, avec l'argent qu'ils n'ont
pas et ils en feront.
M. Ryan: On l'a eu pendant deux ans. On a eu un budget
spécial qui était classé comme immobilisations dans les
livres du gouvernement. Mais c'était exceptionnel parce qu'on voulait
répartir le financement sur quelques années. Je ne peux pas
vraiment dire pour 1989, 1990, 1991.
M. Gendron: Vos explications sont claires. Cela veut dire que le
Conseil vous dit: Vous auriez dû le garder. Le ministre dit: Je ne le
garde pas. C'est une décision, point.
M. Ryan: C'est ça. Moi, je me suis fait dire qu'on ne le
gardait pas, mais j'endosse la responsabilité de cette décision.
Je ne serais pas ici autrement.
Le Président (M. Gobé): Alors, il est maintenant 22
heures. Est-ce que je dois comprendre que les crédits seront
adoptés?
Mme Blackburn: Non, il y a... Ça a commencé...
M. Gendron: II nous restait... De toute façon, sur le
temps, il nous reste 21 minutes. Je n'ai pas dit qu'on les prendrait.
Le Président (M. Gobé): C'est parce que ça
me prendrait un consentement pour dépasser 22 heures. C'est là le
but de mon intervention. Est-ce qu'il y a consentement pour aller
au-delà de 22 heures?
M. Gendron: Une phrase. M. Ryan: Oui, oui.
M. Gendron: Non, non, mais M. le ministre, ce n'est pas ça
le problème. C'est qu'à partir du moment où il y a un
ordre de la Chambre pour dire que nous avons huit heures de crédits, il
n'y a pas besoin de consentement pour faire nos huit heures de crédits.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Alors, les retards accumulés
sont dus à nous tous, pour des raisons...
Le Président (M. Gobé): Non, mais...
M. Gendron: Non, on ne peut pas le faire demain.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Sauvé.
M. Parent: Bon, je pense, effectivement, M le Président,
que vous étiez dans votre droit de demander s'il y avait consentement
parce qu'il y avait deux possibilités: qu'on continue ce soir ou qu'on
reprenne demain. Je pense que si le porte-parole de l'Opposition est d'accord,
on pourrait continuer ce soir pour le temps qu'il nous faut.
M. Gendron: Je comprends. Je ne reviens pas demain
là-dessus, certain. Il n'est pas dit qu'on va prendre...
M. Parent: Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Gobé): C'est bien ce que je
pensais que ça prenait un consentement.
M. Ryan: Vous aviez raison.
Le Président (M. Gobé): Donc, si nous avons le
consentement, la commission continue ses travaux et l'heure limite à
laquelle nous pouvons aller...
M. Gendron: Maximum, c'est 22 h 20. Le Président (M.
Gobé): ...est 22 h 20.
Mme Blackburn: C'est ça.
Le Président (M. Gobé): L'heure limite, M. le
député de Verdun. Espérons que ça pourra finir plus
tôt, si les gens se dépêchent. (22 heures)
Médecine familiale
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, à la page 87
des crédits qu'on a examinés tout à l'heure, il y a un
poste médecine familiale. On sait qu'actuellement, en même temps
qu'on envisage la réforme de la santé et des services sociaux au
Québec, il y a deux grandes théories qui s'affrontent quant
à la reconnaissance des hôpitaux universitaires. Il y a la
première qui voudrait que de plus en plus on concentre les
activités dans quelques hôpitaux et qu'on en ferme - ça,
c'était d'ailleurs dans le rapport de Mme Lavoie-Roux - et il y a
l'autre - et c'est davantage la tendance du ministre de la Santé et des
Services sociaux - à l'effet qu'on commence progressivement à
reconnaître des activités d'enseignement dans les hôpitaux
en région. Il y a des demandes qui ont été
adressées par l'hôpital de Rimouski, celui de Chicoutimi, et il y
a déjà une collaboration de l'hôpital de Chicou-
timi avec l'Université de Sherbrooke, mais ça se limite
à la médecine familiale.
Interrogé sur cette question à savoir s'il
reconnaîtrait... Parce que la demande de l'Université du
Québec, c'est-à-dire la demande de l'hôpital de Chicoutimi
d'accroître ses programmes en collaboration avec Sherbrooke, ça a
été refusé. Ils ont la médecine familiale, mais,
semble-t-il que Sherbrooke ait accepté l'hôpital de Le Gardeur,
sur la rive sud.
M. Ryan: Charles-LeMoyne.
Mme Blackburn: Charles-LeMoyne. Alors, ce que me dit le ministre
de la Santé et des Services sociaux: Écoutez, s'il faut que je
fasse une démarche auprès de l'Université Laval pour
essayer un peu de les ramener, il n'a pas dit à un peu plus de
civilité, mais à un peu plus d'ouverture à l'endroit des
régions et des hôpitaux régionaux, il faudra que je le
fasse. Et comme je sais que les universités, jusqu'à aujourd'hui,
ça relève de la compétence du ministre, est-ce que le
ministre a commencé à se faire une tête par rapport
à ça et est-ce qu'il a l'intention d'intervenir dans ce
dossier-là? Est-ce qu'il a commencé à se concerter avec le
ministre de la Santé et des Services sociaux parce que tout le monde en
parle, mais j'imagine que le ministre est aussi sensible à cette
question?
M. Ryan: Pour le moment, je n'ai pas été saisi de
ce problème particulier. Nous allons faire enquête. Nous allons
voir ce qui en est et, s'il y a moyen d'être utile, nous nous ferons un
devoir de l'être.
Mme Blackburn: Mais est-ce que le ministre... Ça va
entraîner des déboursés additionnels parce qu'on sait
très bien que la reconnaissance d'un hôpital universitaire avec
des lieux, avec la capacité pour ces hôpitaux de recevoir des
résidents, ça appelle nécessairement des
déboursés de la part de l'université et il va falloir
qu'elle prenne les sous quelque part et je ne pense pas que ça vienne
exclusivement du ministère de la Santé et des Services sociaux
puisqu'en médecine familiale, vous avez ici, et c'est seulement que la
médecine familiale, et il se donne que des stages courts à
Rimouski, deux ans à Chicoutimi, ce qui n'est pas beaucoup... Ça
touche peut-être au total une vingtaine de résidents et c'est 1
000 000 $. Alors, on peut penser que... On ne peut pas aborder cette question
de la décentralisation des activités d'enseignement dans les
hôpitaux régionaux sans, il me semble, que le ministre responsable
de l'Enseignement supérieur se soit fait une tête sur ce
sujet-là. Vous me dites que jamais il n'y a eu d'échanges entre
vous et le ministre de la Santé là-dessus.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut inviter l'hôpital de
Chicoutimi à vous faire parvenir copie de la demande qui a
été adressée a l'Université de Sherbrooke?
M. Ryan: Vous n'avez pas d'autorisation à me demander pour
me faire parvenir cette documentation si vous pensez qu'elle peut
m'éclairer sur mes responsabilités. J'en prendrai connaissance,
avec intérêt, si je la reçois, c'est sûr.
Mme Blackburn: Donc, le ministre n'a aucune opinion
là-dessus quant à la nécessité ou non de
décentraliser les activités de l'enseignement?
M. Ryan: Non. Tant que je n'ai pas vu le dossier, j'aime mieux ne
pas émettre d'opinion, mais j'examinerai le dossier
consciencieusement.
Mme Blackburn: Est-ce que ses fonctionnaires peuvent me dire si
les 1 020 000 $, ça correspond, ça permet une augmentation ou si
c'est simplement une indexation à ce que je vois? Ça ne permet
pas une augmentation de l'activité.
M. Ryan: C'est une opération stable.
Mme Blackburn: Bien. On pourrait inviter le ministre à en
parler aussi, même si je ne lui envoie pas tout de suite le dossier de
l'hôpital de Chicoutimi, un peu avec son collègue de la
Santé et des Services sociaux qui s'est beaucoup commis
là-dessus.
M. Ryan: Mais je vais d'abord réunir un dossier. Je n'aime
pas aborder un collègue si je n'ai pas un bon dossier, mais je
l'aborderai volontiers dès que j'aurai un dossier qui parle.
Mme Blackburn: Très bien. Alors, je me charge de vous le
faire parvenir.
M. Ryan: O.K. Très bien.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez...
Mme Blackburn: J'ai reçu... Là, je ne l'ai pas dans
mon "kit" parce que je l'ai laissé, ça c'est une question
complètement sur un autre sujet. Il faudrait peut-être...
Le Président (M. Gobé): C'est parce que, Mme la
députée...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...le député
de
Verdun, sur le même sujet, j'ai l'impression...
M. Gautrin: Non, non, pas sur le même sujet...
Le Président (M. Gobé): Pas encore, non.
Par la suite, je vous redonnerai la parole tout de suite. M. le
député de Verdun, votre question.
Location d'espaces
M. Gautrin: M. le Président, je voudrais revenir...
C'est-à-dire que j'avais demandé la parole après
l'intervention du député d'Abitibi-Ouest quand on parlait des
immobilisations. Je reviens donc à la page 87 sur les locations
d'espaces. Et vous dites bien, en page 104, que vous allez faire une
révision de la règle budgétaire concernant le financement
les locations d'espaces.
J'ai toujours été fruste, quand j'étais au budget
à l'Université de Montréal, de voir qu'il y avait des
immeubles qu'on avait payé trois ou quatre fois strictement en
coûts de location. Je pourrais vous en signaler un ou deux. Ma question
est double: Quel est le changement de politique concernant le financement de
location d'espaces, premièrement? Deuxièmement, je remarque que
si je regarde à Location d'espaces, vous augmentez cet "item" de
seulement 1 200 000 $, ce qui ne semble pas suivre réellement
l'augmentation naturelle des coûts des loyers sur une année, parce
que 1 200 000 $ sur 37 000 000 $, ça fart une augmentation de l'ordre de
3,6 %, et je crois que, si je fais référence à la
Régie du logement, les augmentations de location sont prévues
dépasser 3,6 % entre 1989-1990 et 1990-1991.
Donc, j'ai une double question, M. le Président, pour me
résumer. Quelle est la révision... Quelle est votre nouvelle
politique concernant le financement des locations d'espaces et,
deuxièmement, qu'est-ce qui correspond... Quand vous augmentez l'"item"
Location d'espaces en page 87 dans les ajustements forfaitaires, en quoi
correspond simplement ce... Comment avez-vous fait pour obtenir cette
augmentation de 1 200 000 $ qui me semble inférieure à
l'augmentation des prix du marché sur les immeubles locatifs? À
moins que je ne connaisse mal le marché des immeubles locatifs.
M. Ryan: Avec votre permission, je demanderais peut-être
à M. Beaupré de fournir d'abord des explications.
M. Gautrin: Ce sera avec plaisir.
M. Ryan: Puis, après ça, j'ajouterai quelques
commentaires sur le même sujet.
M. Gautrin: Bien sûr. Merci.
M. Beaupré: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez la parole.
Une voix: M. Beaupré.
Le Président (M. Gobé): Ah! M. Beaupré!
Allez-y, M. Beaupré.
M. Beaupré: Merci, M. le Président. Beaupré,
toujours du même endroit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Beaupré: Concernant les locations, il faut tenir compte
que chaque année - du moins, de temps à autre, plutôt - il
se construit des bâtiments dans le réseau universitaire. Et pour
la présente année 1990-1991, l'année qui commence, on va
pouvoir libérer un bâtiment dans une des constituantes de
l'Université du Québec, ce qui va diminuer nos frais de location.
Par contre, comme vous dites, les taux de location augmentent d'une
année à l'autre, de sorte que la différence nette ne donne
pas la bonne image.
M. Gautrin: Le 1 200 000 $ n'est pas strictement l'augmentation.
Il y a eu, à ce moment-là, une récupération d'un
bâtiment que vous avez construit. Donc, si on était sur la
même équivalence de pied locatif, le montant serait bien plus que
1 200 000 $.
M. Beaupré: Exactement. M. Gautrin: Parfait.
M. Beaupré: Puisque le montant est établi
après l'analyse détaillée de chacun des baux.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Beaupré.
Merci, M. le député de Verdun. M. le ministre, sur cette
question.
M. Ryan: Oui. C'est pour ça que la politique du
gouvernement... Ce que dit le député de Verdun est tout à
fait vrai, surtout dans les quartiers où sont établies les
universités. La valeur du terrain a connu une augmentation
spectaculaire. Je causais avec le recteur de l'Université de
Montréal l'autre jour. Il y aurait un manque d'espaces auquel il
faudrait suppléer par des locations. Le prix de location dans le
quartier où est située l'Université de Montréal est
l'un des plus élevés de toute l'île de Montréal.
Ça devient vraiment prohibitif.
C'est pour ça que la politique du gouvernement consiste à
ne retenir les locations que pour des périodes provisoires et à
favoriser plutôt les immobilisations.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. le député de Verdun. Je me dois
maintenant de passer...
M. Gautrin: Parce qu'il y a des immeubles qu'on a payés
trois fois en location.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Verdun, je vous remercie. Je passerai maintemant la parole à M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Il y a quelque chose qui nous a
étonnés. Je ne me rappelle pas le numéro de la demande...
13. Dans la demande de l'Opposition, 13, les effectifs du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, étude des
crédits. Les effectifs, noms et salaires sur la masse salariale qui ne
se voient pas assigner de poste réel pour l'année
financière 1988-1989. En termes clairs, c'est des gens qui tondent la
pelouse; c'est des gens que vous n'aimez pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: C'est des gens que vous avez tablettes. C'est quoi?
Puis, moi, je n'en suis pas contre les gens, écoutez, j'en connais
quelques-uns. Et il y en a un là-dedans qui est dans votre organigramme,
il est directeur de la vérification interne, M. Marc Anctil. Alors,
c'est quoi, cette affaire-là?
M. Ryan: M. le sous-ministre pourra répondre à
cette question mieux que moi.
Le Président (M. Gobé): M. le sous-ministre, si
vous voulez vous identifier.
M. Gilbert: Marcel Gilbert. Ils s'agit de gens qui sont mis en
disponibilité suite à des compressions d'effectifs du Conseil du
trésor. Évidemment, ces gens-là devaient être
affectés ailleurs. On essaie, avec eux, de trouver des affectations
ailleurs au gouvernement, mais ils ont leur sécurité d'emploi,
donc, tant qu'ils ne sont pas affectés ailleurs, ils demeurent dans nos
effectifs.
M. Gendron: Oui, ça, je comprends ça, mais quand
vous dites "pas assignés, pas de poste", donc, ce sont des gens qui ont
été mis en disponibilité, mais ce ne sont pas
nécessairement des gens qui étaient au ministère de
l'Éducation.
M. Gilbert: C'étaient des gens qui étaient chez
nous, oui.
M. Gendron: Ce sont tous des gens qui étaient chez
vous?
M. Gilbert: Au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, oui.
M. Gendron: Et pour lesquels le Conseil du trésor ne vous
autorise aucun poste? M. Gilbert: C'est exact
M. Gendron: Mais que vous devez payer pareil pour une somme de
445 515 $. Cette somme-là, vous la prenez où?
M. Gilbert: Dans notre enveloppe.
M. Gendron: La grosse ou celle du ministre?
Des voix: Ha, ha, hal
M. Gilbert: Non, non, non, dans notre enveloppe, la petite
enveloppe du ministère comme tel, pas les subventions. Dans notre
enveloppe interne.
M. Gendron: Et ça peut durer combien de temps qu'ils
soient en service chez vous?
M. Gilbert: Jusqu'au temps où on les aura
relocalisés ou qu'ils auront pris leur retraite ou qu'ils auront
quitté le gouvernement.
M. Gendron: Actuellement - je le répète, je suis
très sérieux - est-ce que vous avez l'impression, M. le
sous-ministre, que tous ces gens-là rendent service au ministère,
sont en situation concrète de travail réel, et que le
ministère en a besoin?
M. Gilbert: Actuellement, ils sont dans des situations
concrètes de travail au ministère.
M. Gendron: Et ce sont des gens heureux de travailler au
ministère?
M. Gilbert: Ah! ça, c'est plus compliqué, par
exemple!
M. Gendron: Non, non, non, non, ce que je veux dire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non, non, écoutez, là, monsieur, vous
avez très bien compris ce que je veux dire. Eux autres, si on avait
à leur demander - puis, écoutez, vous avez assez
d'expérience, en tout cas, vous commencez à en avoir - Te sens-tu
tablette ou tu te sens utile au ministère? C'est ça que je veux
dire. Les gens répondraient: Non, moi, je sens que j'ai un mandat, que
j'ai un contrat, puis j'ai de quoi à exécuter, puis on m'a
confié une responsabilité, puis j'ai un supérieur, puis
j'ai de quoi à faire; ils diraient plus ça que "tablette".
M. Gilbert: Pour plusieurs d'entre eux, ce serait ça, la
réponse.
M. Gendron: Est-ce que c'est une grosse année ou si c'est
régulier que c'est à peu près...
M. Gilbert: Ça s'est produit une fois. M. Gendron:
C'est juste cette année?
M. Gilbert: Ça s'est produit il y a deux ans. Ce n'est pas
cette année.
M. Gendron: Ce n'est pas cette année. O.K. Merci.
Dernière question.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député. Mme la députée de... Vous, M. le
député?
M. Gendron: Oui. Dernière question, moi, en ce qui
concerne.
Le Président (M. Gobé): Allez-y. Il reste cinq
minutes.
Chargés de cours
M. Gendron: Oui. Dernière question, sur l'avis, encore
là, du Conseil des universités, sur les chargés de cours.
Je voudrais savoir quelles sont les intentions précises du ministre,
parce que, je vous lis juste une phrase: Si on exclut le secteur de la
médecine, l'effectif "chargés de cours", avec 7800 individus,
dépasse légèrement celui des professeurs réguliers.
Les chargés de cours sont responsables de 40 % des cours offerts dans
les universités. Et je m'arrête là parce que je n'ai pas le
temps, mais je ne change pas d'avis, sans être un spécialiste de
tout, à savoir qu'il y a trop de charges de cours, et ce n'est pas
normal. C'est un peu comme des statuts précaires dans l'enseignement,
à un moment donné, il faut que les universités se
branchent. De deux choses l'une: il y a un poste d'enseignant puis il enseigne
ou, pour des spécialités, il y a des chargés de cours,
ça, je comprends ça. Je comprends ça. Jamais je ne
demanderai que, pour certaines très grandes spécialités,
je ne sais pas moi, là, je ne sais pas si on appelle ça des cours
à l'université ou des unités, peu importe pour tout de
suite, pour fins d'exemple, je comprendrais ça. Donc, que le
régime ait des chargés de cours, d'accord. Que le régime
ait plus de chargés de cours que de professeurs réguliers, pas
d'accord. Pour celui qui vous parle. Moi, je trouve que c'est un système
à l'envers, pour des raisons, encore là, de qualité, pour
des raisons... Puis là, il n'y a pas de jugement sur les personnes, mais
c'est normal. Moi, si j'étais député puis que je
continuais trois jours par semaine, comme certains le font, à être
à mon bureau d'avocat à Montréal, je n'aurais pas
l'impression de faire ma "job" de député envers mes
électeurs, parce que tu ne peux pas, d'après moi, d'une
façon convenable, surtout au niveau universitaire... Écoutez,
rendu au niveau universitaire, surtout deuxième cycle et
troisième cycle, il me semble que tes cours, il faut qu'ils soient
prêts, puis il faut que tu fasses de la recherche, il faut que tu lises,
puis il faut que tu te documentes, il faut que tu consultes d'autres
chercheurs, puis... Alors, vous, M. le ministre, pour ne pas que je sois trop
long, parce qu'on n'a plus de temps...
M. Ryan: Vous pouvez continuer. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Non.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Gendron: C'est quoi, comme ministre, que vous allez faire avec
ça? Trouvez-vous que c'est un voeu qui est chaud, puis que c'est le
moment de prendre une décision? Vous, vous avez essayé de
dégonfler l'avis - trop à mon goût - du Conseil des
universités. Je trouve qu'il avait un avis raisonnable, bien fait, bien
prouvé, bien argumenté, bien charnu, puis, à un moment
donné, j'entends le ministre, je ne vous citerai pas, j'aurais des
déclarations: II n'y a rien là, il y en a bien moins, puis on en
a besoin, puis ce n'est pas grave. Alors, "c'est-u" encore ça vos
intentions?
M. Ryan: Si ma mémoire est assez fidèle... M.
Gendron: Oui, hein?
M. Ryan: ...en prenant connaissance de l'avis du Conseil des
universités sur les chargés de cours, j'ai constaté que le
problème était beaucoup plus circonscrit qu'on ne l'avait
laissé entendre dans toutes sortes d'interventions dont on a pu avoir
connaissance au cours des dernières années. Sur un total - je
pense que vous l'avez indiqué - de 7800 chargés de cours...
M. Gendron: Bien moi, j'ai cité les chiffres de
l'avis.
M. Ryan: Oui. Il y en a une très grosse majorité
qui ne présentent pas de problème véritable. Si vous
demandez, par exemple, à un avocat spécialisé en
fiscalité maritime de venir donner une série de cours à
l'Université de Montréal, c'est infiniment meilleur qu'un gars
qui a toujours été dans son bureau à l'université
et qui enseigne le droit en général. Je pense que tout le monde
conviendra de ça. Puis...
M. Gendron: Oui, parce que vous êtes dans les
particularités, excusez-moi, là...
M. Ryan: Excusez...
M. Gendron: Sortez donc des particularités, ce n'est pas
de ça que je parle.
M. Ryan: Mais, pour celui-là, lui n'est pas
intéressé à devenir professeur permanent...
M. Gendron: Je le comprends.
M. Ryan: II n'y a pas assez d'heures de cours pour inviter un
professeur à devenir permanent sur ce sujet. Ça, il y a une
infinité de sujets...
M. Gendron: On s'accorde.
M. Ryan: ...de cette nature-là, peut-être que
ça rend compte de 6000 chargés de cours. Puis on a pu constater,
par l'étude du Conseil des universités, que le noyau qui pose
problème, c'est un noyau d'un certain nombre de centaines qui, eux
autres, sont des personnes qui voudraient devenir professeurs permanents - je
les comprends très bien - professeurs réguliers, pour lesquels on
n'a pas de poste, et qui se contentent d'une charge de cours ou de deux charges
de cours pendant un certain temps, dans l'espoir d'accéder à une
charge de professeur régulier dans les meilleurs délais.
Là, on dit deux choses: II faudrait, dans un certain nombre de cas,
régulariser leur situation et leur donner la chance et, dans d'autres
cas, plutôt que de créer des illusions, on dit: II faudrait qu'un
nombre plus grand de charges de cours soient assumées par les
professeurs réguliers. Ça diminuerait le nombre de
ceux-là.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre
M. Ryan: Alors, il n'y a pas de solution magique ou globale au
problème, mais je pense qu'on a une analyse qui va nous conduire
à des solutions durables, et c'est un sujet que j'aborderai avec les
recteurs des universités en même temps que le problème de
la charge de travail des professeurs.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Nous
devons maintenant procéder à l'adoption des programmes. Est-ce
que le programme 6 est adopté?
Adoption des crédits M. Gendron: Adopté, sur
division.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le programme 3,
Aide financière aux étudiants, est adopté?
M. Gendron: Adopté, sur division.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que le programme 2,
Consultation, éléments 2 et 3... M. Gendron: Ça,
ça sera fait demain. Le Président (M. Gobé): ...est
adopté?
M. Gendron: Non, le programme 2, II va être fait demain? Il
y a une partie du programme 2, demain, du Conseil de la science, qui va
être faite demain. On ne peut pas l'adopter ce soir.
Le Président (M. Gobé): C'est parce que pour les
éléments 2 et 3, c'était aujourd'hui. Est-ce que...
M. Gendron: Non, non, mais c'est juste, ce que je dis, M. le
ministre? Il y a une partie du programme 2 qui va être faite demain, je
ne peux pas l'adopter ce soir.
M. Ryan: C'est entendu. Je suis d'accord avec vous.
Une voix: Vous n'êtes pas là demain...
M. Gendron: Non.
Une voix: Vous ne pourrez pas l'adopter.
M. Ryan: II y a seulement un problème ici. M. le
Président...
M. Gendron: Ce n'est pas: Après moi le déluge.
Le Président (M. Gobé): O.K. alors...
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Seulement un problème pratique pour les personnes
qui nous secondent dans nos travaux. Est-ce que je dois comprendre que nous
devons requérir la présence demain des représentants du
Conseil des collèges et du Conseil des universités?
M. Gendron: Réponse: Non.
Mme Blackburn: Le Conseil de la science, FCAR.
Le Président (M. Gobé): Si je comprends bien, nous
adopterons demain le programme 2 dans son ensemble?
M. Gendron: C'est ça. Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gobé): Après étude
des autres. Bon, je pense qu'il règne un consensus.
Alors, maintenant, est-ce que le programme 1, Administration, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Alors, la commission ayant
terminé ses travaux pour la journée, nous allons suspendre
à demain. Un instant, s'il vous plaît! M. le
député.
M. Gendron: Un mot. Je veux remercier encore une fois la
collaboration quand même sérieuse, efficace de l'aréopage
que nous aimons voir, ce n'est pas péjoratif, de l'ensemble des
fonctionnaires du ministère de l'Éducation qui, j'en suis
convaincu, sont attachés à leur tâche.
Une voix: Et au ministre.
M. Gendron: Au ministre, ça, j'en suis sûr.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Gendron: Mais pas pour les mêmes raisons, à cause
des commandes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Nous vous remercions, M. le
député d'Abitibi-Ouest. J'informe les membres de la commission
que demain nous siégerons...
M. Ryan: Je veux juste rajouter un mot de remerciement à
l'endroit...
Le Président (M. Gobé): Allez-y, je vous en
prie.
M. Ryan:... de tout le monde, y compris votre personne, surtout
votre fonction, et de tous les collaborateurs et de toutes les collaboratrices,
même s'ils ne sont pas en nombre égal, du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, qui m'assistent efficacement
et fort loyalement dans l'exercice des responsabilités qui m'ont
été imparties. Un merci tout spécial aux collaborateurs
permanents de la commission et à tous les membres de la commission.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
ministre. Merci. Est-ce qu'un membre de la députation veut... Alors
j'informe les membres de la commission que nous siégerons demain de 10
heures à midi à la salle 1. 38 de l'édifice Pamphile-LeMay
pour étudier les programmes 4, 7 et 2. Sur ce, la commission ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 22)