Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
jeudi 5 mai 2022
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Vol. 46 N° 43
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Enseignement supérieur
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre s'il vous plaît. Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur pour l'exercice
financier deux 2022-2023. Une enveloppe de 3 h 30 min a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, avons-nous des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente : M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par Mme IsaBelle
(Huntingdon), Mme Dorion (Taschereau), par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve);
et Mme Hivon (Joliette), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait, merci. Donc, nous allons procéder aux échanges entre les groupes d'opposition
et la ministre. Les temps ont déjà été répartis ce matin, et ça sera, pour l'opposition
officielle, des blocs de 16 min environ 7 s. Pour la deuxième
opposition et la troisième opposition, 12 min 5 s. Et pour le
gouvernement, à la fin, vous aurez un bloc de 14 min 30 s. Donc,
sans plus tarder, nous allons procéder aux échanges, et je cède la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys. La parole est à vous. Allez-y.
Mme David : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour., Mme la ministre. Bonjour, tous ceux qui
vous accompagnent. Je ne me rappelais pas qu'il y avait autant de monde du
ministère derrière moi quand j'étais assise à votre place. Alors, bonjour, à
tout le monde. Il y en a plusieurs que je reconnais. Évidemment, il y en a...
il y a des nouveaux visages. Quelle période extraordinaire! Vous êtes
privilégiée, Mme la ministre, d'avoir un ministère aussi important et
intéressant pour lequel on va... bon, on va... sur lequel on va poser des
questions évidemment pendant les prochaines heures. Et pour moi, ça revêt un
caractère tout particulier puisque ce sera ma dernière fois que je parlerai à
titre d'élue, que je parlerai d'enseignement supérieur. Alors quand même, je
veux... je veux rendre ça le plus intéressant possible et montrer toute l'importance
de l'enseignement supérieur au Québec dans les années passées, dans la réforme,
dans la Révolution tranquille, depuis ce temps-là, création des cégeps,
création du réseau de l'Université du Québec, développement des universités, l'arrivée
des étudiants internationaux, tous les enjeux que nous vivons évidemment très
actuels de pénurie de main-d'œuvre, et et tous les cégeps, qu'ils soient en
région, en métropole, dans la capitale nationale, et de quelques orientations
linguistiques et culturelles, et de diversité qu'ils soient.
Alors, je vais commencer effectivement par
quelque chose qui est extrêmement d'actualité et qui me turlupine énormément, c'est
la question des bourses Perspectives Québec. Les bourses Perspectives Québec
ont été annoncées il y a quelques mois. C'est un concept... c'est un concept de
payer les étudiants pour aller étudier. C'est une sorte de révolution dans la
façon de voir le fait d'étudier en enseignement supérieur au Québec. On paie
les étudiants et une fois qu'ils sont payés — en génie, ils ont fait
l'exercice — que les droits de scolarité sont payés, que les frais
accessoires sont payés, les frais afférents, les livres, évidemment, l'ensemble
de ce que ça coûte, il va leur rester 8 000 $ dans leur poche à titre de
bonus d'avoir étudié. Dans leurs poches parce qu'ils ont calculé qu'un bac de
quatre ans, ça va donner 20 000 $, et qu'ils étaient... à 12 000 $,
ça couvrait tout, tout, tout. On paie des étudiants pour étudier dans des
programmes contingentés qui ne cherchent pas d'étudiants, qui sont membres d'un
ordre professionnel, qui gagnent leur vie des fois pas bien du tout, comme le
travail social, pour être beaucoup mieux rémunérés, infirmières, etc.,
enseignants...
Mme David : ...Alors,
c'est un choix que vous avez fait. Expliquez-moi, philosophiquement, votre
vision de ce que c'est, donner des bourses aux étudiants pour étudier, en plus,
du système le plus généreux du Canada, probablement même en Amérique du Nord,
qui s'appelle l'aide financière aux études. Parce qu'un n'empêche pas l'autre
et donc c'est un choix de société que vous avez fait, et je vais vouloir vous
parler des fondements mêmes de ce choix-là, Mme la ministre. Alors, je vous
écoute.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Bonjour.
Bonjour, Mme la Présidente, très heureuse d'être ici aujourd'hui pour parler
d'enseignement supérieur. Alors, je salue d'abord mes collègues, là, de la
députation, là, du gouvernement, très heureuse de vous avoir aussi parmi nous,
et mes collègues de l'opposition aussi, toujours très heureuse d'échanger avec
vous, toujours très intéressant, et, évidemment, les membres de mon cabinet,
qui sont avec moi, et, également, les gens du ministère de l'Enseignement
supérieur que, je dois vous dire, Mme la Présidente, là, puis je ne veux pas
prendre beaucoup de temps, mais il y en a que ça fait la première fois que je
vois en personne, hein, alors je suis très heureuse de les rencontrer à
l'occasion de l'étude des crédits. Et je pense qu'on va avoir un échange
intéressant aujourd'hui. Je mentionne que j'ai notre sous-ministre en titre à
ma droite, madame Paule Deblois, qui vient d'arriver il n'y a pas très
longtemps non plus, et mon chef de cabinet à ma gauche, Monsieur Nicolas
Descroix.
Alors, en réponse à la question, les
bourses Perspectives, c'est un programme très important et c'est un
programme... On parle d'un investissement... Nouveaux investissements en
enseignement supérieur de 1.7 milliard d'ici 2025-2026. Et on s'attend...
notre vision, c'est d'avoir 36 000 nouveaux diplômés d'ici 2025-2026 parce que
nous avons une pénurie de main-d'oeuvre très, très importante dans certains
secteurs... De main-d'oeuvre, là, dans certains secteurs.
Mme la Présidente, je veux mentionner
aussi la présidente de l'Office des professions. Franchement, là, madame
Legault, je suis désolée, parce que je ne suis pas habituée, là, on fait une
étude de crédits avec l'Office des professions, hein, pas séparément, alors,
désolée, Mme la Présidente.
Donc, un programme majeur, et les
fondements, Mme la Présidente, c'est que nous avons, au Québec, des secteurs,
et on le sait et on le voit actuellement, où on a une pénurie de main-d'oeuvre
importante et ça fait mal, ça fait mal à notre société. Si on pense au secteur
de l'éducation, à la petite enfance, par exemple, dans les services de garde,
si on pense au secteur de la santé où on a besoin de davantage de personnel,
alors c'est pour ça qu'on met en place les bourses Perspective, pour aller
chercher davantage de personnel. Si on pense à l'éducation au niveau des
enseignants, je pense que la démonstration n'a pas à être faite...
• (11 h 30) •
Ça va? Et au niveau des...
Oui, je sais qu'on a une musique de fond,
là, mais on va essayer de se concentrer quand même, parce qu'on est portés à
l'écouter, cette musique-là. Donc, les technologies de l'information, secteur
névralgique, névralgique pour l'ensemble de notre économie, et le génie, dont
je n'ai pas à faire la démonstration. Alors, ce sont des secteurs qu'on a identifiés
avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, on a
identifié plusieurs programmes, et notre objectif, c'est de remédier vraiment à
cette pénurie de main-d'oeuvre qui fait très mal au Québec, de là les bourses
Perspectives, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...d'être équitable dans le temps et pour ceux
qui se demandent ce que nous entendons comme bruit de fond, parce que les gens
qui suivent les travaux ne l'entendent pas, c'est que ce matin, il y avait une
motion de Québec solidaire et il y a des Innus qui sont ici, dans le parlement,
et c'est ça, le bruit de fond que vous entendez. Les collègues se posent la
question.
Et je vais joindre ma voix à la vôtre, Mme
la ministre, effectivement, pour souligner la présidente de l'Office des
Professions, qui a déjà été députée de Chambly dans une vie antérieure, donc
qui est au fait de nos règles parlementaires également. Donc, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
Mme David : Merci
beaucoup. Je connais, je connais les lignes du communiqué, je connais le fait
qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre et je reconnais, je reconnais qu'il va
falloir diplômer plus de gens mais je ne comprends toujours pas et je n'ai rien
entendu sur la philosophie de base du fait...
11 h 30 (version non révisée)
Mme David : ...que la
Coalition avenir Québec a décidé de payer les étudiants pour étudier. Ça s'est
fait dans des choses exceptionnelles, antérieurement, comme les infirmières
praticiennes spécialisées, parce qu'on les sortait de leur milieu de travail et
qu'elles... il fallait que... c'étaient des femmes plus vieilles qui devaient
revenir à l'université pendant deux ans, et on leur donnait des bourses de
30 000 $ par année chacune. Mais là c'est un choix que vous faites de
payer des étudiants, comme en travail social, qui est déjà, de toute façon,
très contingenté, je parle du baccalauréat, là, je ne parle même pas de tous
les enjeux de technique de travail social, ils refusent beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'étudiants. Donc, ce n'est pas pour les attirer. Puis c'est à peine
pour les garder. Parce qu'ils peuvent avoir de l'aide financière aux études,
puis ils savent qu'ils vont avoir un travail après. Donc, c'est un choix, comme
était un choix en 2002, du premier ministre à l'époque, qui était ministre de l'Éducation,
et qui a demandé aux universités, et j'y étais, et j'étais dans des fonctions
de gestion, et je me souviens comment ça avait été, je dirais, pas
chaleureusement accueilli, que ça s'appelait les contrats de performance.
Alors, ici, c'est le même esprit. On veut
que les étudiants performent, ce n'est pas juste qu'ils vont avoir une bourse,
mais il y a des conditions. Je veux que vous me parliez de ces conditions-là.
Réputés temps plein, ils doivent réussir tous leurs cours, alors ça va être
formidable, la discussion qu'on va avoir, parce que, quand tu es à temps plein
puis tu dois réussir tous tes cours, ça veut dire que tu es tout à fait dans la
norme, tu es un petit étudiant un modèle, une femme, en général, qui fait tout
bien, qui n'est pas une mère monoparentale, qui n'est pas quelqu'un qui, pour
toutes sortes de raisons, est arrivé avec un échec dans un cours. Ça, les
conditions sont extrêmement normatives, et ça, je veux vous entendre sur ça, Mme
la ministre. Pourquoi vous avez choisi ces critères-là?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien oui, les
critères temps plein et réussite, évidemment, c'est parce qu'on va avoir un
nombre maximum de gens qui sont diplômés. D'ailleurs, la diplomation, avant ça,
en amont, c'est l'inscription, hein? C'est le nombre d'admissions qu'il faut
vraiment monitorer. Parce que ça, ça va débuter à l'automne. Ça fait qu'on
regarde actuellement l'augmentation du nombre d'admissions. Et je peux vous
dire, Mme la Présidente, qu'en tout cas c'est positif. Déjà, avec les bourses
perspectives, on voit qu'il y a une augmentation de 8,7 % des demandes d'admission
ciblées, dans les domaines ciblés, là, par des bourses perspectives au
collégial, et de 21 % à l'université. C'est déjà un résultat intéressant.
Alors, évidemment, on veut diplômer le plus vite possible aussi, parce que la
pénurie de main-d'oeuvre, ça ne peut pas attendre, là. Alors, c'est pour ça qu'on
a demandé que ce soit des gens à temps plein et qui réussissent leur session
pour avoir évidemment la bourse. L'objectif, c'est celui-là.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la députée.
Mme David : Comment
conciliez-vous l'enjeu deux de votre plan stratégique, qui est celui de l'accessibilité
où vous dites que "la reconnaissance et la prise en compte de la diversité
des personnes et de la pluralité des parcours d'études représentent une
stratégie essentielle pour accroître de façon significative le nombre de
personnes qui accèderont à un enseignement supérieur"? Cette plus grande
accessibilité, page 36 de votre plan, n'est possible que par une vision
inclusive de la réussite individuelle et collective, une vision qui doit aussi
inspirer des lieux d'études et de travail sains et respectueux pour toutes et
pour tous. Et vous en parlez à plusieurs endroits dans ce plan stratégique sur
l'accessibilité, sur la santé mentale. Et, lorsque vous me dites : C'est
qu'il faut qu'ils diplôment vite puis il faut qu'ils soient à temps plein,
comment conciliez-vous la vision humaniste et la vision utilitariste de ces
bourses-là?
Mme McCann : Bien, je pense
que le point de jonction, c'est notre plan de réussite. On a mis sur pied un
gros plan de réussite, 450 millions sur les prochaines années, et il est
très costaud et il est déjà en action. Et, dans ce plan-là, il y a l'accessibilité,
mais il y a aussi la persévérance. Et on met des conditions en place pour
accompagner les personnes pour qu'elles diplôment davantage. On sait que notre
taux de diplomation, au niveau universitaire, est quand même relativement bon.
On est à 86 %. Au niveau du collégial, on doit s'améliorer. Alors, on met
des stratégies en place, et de là notre plan de réussite avec différentes stratégies
pour faire en sorte que nos étudiants diplôment le plus rapidement possible et
qu'on inclue le plus de monde possible dans cette...
Mme McCann : ...alors on a
des mesures dans ce sens-là. On a aussi l'aide financière aux études, là, qui
est généreuse, la députée de Marguerite-Bourgeoys l'a mentionné. Et je pense
que ça aussi, parce que c'est une aide financière, va contribuer à la
diplomation de davantage de personnes.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Mais, en tout
respect, il y a beaucoup de contradictions, parce que, quand vous dites qu'on
va accompagner par un plan de réussite, il faut avoir été dans le milieu
universitaire comme je l'ai été, très longtemps, pour savoir qu'il y a des
étudiants qui ne peuvent pas étudier à temps plein, pour toutes sortes de
raisons. Il y a des mères monoparentales, et on le sait, il y a de plus en
plus... Et quand j'avais réinvesti une aide financière aux études, les
associations étudiantes, c'était leur première priorité, de mieux accompagner
les mères. Ça, ça ne fait pas partie d'un plan de réussite, que de dire :
Bien là, n'ait pas d'enfant. À moins que ça fasse partie du plan de réussite.
La deuxième question, c'est la question de
la santé mentale. Moi, j'ai vu des étudiants en médecine, là, ce n'est quand
même pas des cotes R à 21, là, pour être admis en médecine, qui avaient des
problèmes de santé mentale, on sait, le stress, l'anxiété, etc., et qui, avec
la contribution de la Faculté de médecine, avaient un plan d'études qui
faisait, en sorte qu'ils n'étaient pas à temps plein pour pouvoir réussir. Là,
vous êtes en train de dire que, si ça arrive en criminologie, en travail
social, avec des étudiants en sciences de l'éducation, en soins infirmiers,
tous ces étudiants-là, automatiquement, vont être exclus du programme de
bourses Perspective Québec.
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, je pense qu'au niveau de la santé mentale des étudiants, s'il y a
un gouvernement qui a fait beaucoup, c'est bien le nôtre. D'ailleurs, moi, je
peux vous dire que, quand je suis rentrée, là, à l'Enseignement supérieur, une
des premières choses que j'ai faites, c'est de rencontrer les associations
étudiantes. Et les associations étudiantes ont été celles qui m'ont le plus
sensibilisée tout au long du mandat sur la problématique de la santé mentale.
Et on a mis en place un gros plan. On l'a annoncé l'année dernière 60 millions
sur quatre ans, et on ajoute même, cette année, 35 millions sur cinq ans.
Alors, c'est quand même des efforts considérables qu'on fait.
Puis, Mme la Présidente, j'ai eu
l'occasion de faire la tournée des établissements, je n'ai pas terminé, là,
mais j'en ai fait plusieurs. Les gens m'ont dit merci. Ils m'ont dit :
Écoutez, grâce à ces budgets-là, on a pu mettre en place des mesures de
prévention, de promotion, on a pu ajouter des services de psychologues,
d'intervenants et on... de façon plus bonifiée, on a vu aux besoins des
étudiants qui ont des problèmes de santé mentale.
La Présidente (Mme Thériault) : En
30 secondes.
Mme David : J'entends bien
votre réponse sur la santé mentale, mais vous ne me dites pas qu'ils vont être
inclus dans le programme. Ils sont exclus de facto s'ils ne sont pas à temps
plein.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Le programme est
clair là-dessus, que c'est pour des étudiants à temps plein qui réussissent
leur session.
Mme David : C'est digne des
années 60, à peu près, ou 50, quand c'était l'élite qui allait à l'université
puis au collège, puis ils étaient tous à temps plein parce que les parents
payaient. Là, c'est l'État qui paye. Mais c'est profondément injuste pour toute
une catégorie d'étudiants.
Mme McCann : C'est des
mesures extraordinaires pour une situation extraordinaire.
La Présidente (Mme Thériault) : Je
n'ai plus de temps au bloc, donc je me tourne maintenant du côté de la deuxième
opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. 12 minutes 5 secondes à votre
disposition.
• (11 h 40) •
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme la ministre, bonjour à toutes les personnes qui vous
accompagnent. Je veux poursuivre sur la lancée des bourses Perspecti ves. Et je
voudrais d'ailleurs saluer, dans le fond de la salle, des gens qui sont venus
aujourd'hui assister à cette période de questions, notamment de la Technique en
travail social et du bac en psychoéducation, si je ne me trompe pas. Je ne
sais pas si tout le monde est arrivé, mais, bref, bienvenue, c'est votre
Parlement à vous aussi et vous avez toute la légitimité d'être là.
Quand vous avez lancé le programme bourses
Perspective, Mme la ministre, ça a été, grosso modo, applaudi dans la plupart
des secteurs que vous avez identifiés, mais, visiblement, vous en avez oublié.
Il y a plusieurs groupes qui se sont mobilisés, là, j'ai nommé technique de
travail social, bac en psychoéducation, mais il y a également la technique en
analyse biomédicale et le baccalauréat en pratique sage-femme. Je vous dirais
que c'est les quatre principaux, là, qui ont sorti du lot dans les derniers
mois pour se mobiliser. Il y a une pétition... la pétition de travail social,
8400 noms, quand même, qu'on a déposée ici, au Salon bleu. On a demandé l'étude
de cette pétition-là, en séance, qui se tient bien sûr à huis clos, comme le
veut nos procédures.
Et on s'est fait dire, en micro fermé, et
c'est ça que j'aimerais entendre de votre bouche, aujourd'hui, si, à micro
ouvert, c'est toujours la même version, on s'est fait dire que c'était allé
quand même assez vite, les bourses Perspective, il fallait agir rapidement, on
construisait l'avion en vol, pour reprendre l'expression chère à notre premier
ministre, mais qu'il allait y avoir des révisions. Donc, est-ce que c'est
toujours le cas? Est-ce que vous confirmez ce qu'on s'est fait dire à ce
moment-là, qu'il y aura révision du programme Perspective et qu'il pourrait y
avoir ajout de...
M. Leduc : ...programmes
qui n'ont pas été inclus dans la première version.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, c'est
certainement possible parce que c'est un programme qui est évolutif. Donc, il
pourrait y avoir révision. Je ne peux pas l'affirmer aujourd'hui en termes de
savoir à quel programme il pourrait être ajouté, mais il faut savoir que
l'évaluation qui a été faite, c'est par des ministères, hein, qui ont vraiment
un regard sur ces programmes-là. Par exemple, vous nommez le travail...
technique de travail social. Moi, je suis bien consciente, on a eu, même, des
discussions là-dessus, c'est sûr que c'est le ministère de la Santé et des
Services sociaux aussi, hein, qui nous dit est-ce qu'on va de l'avant avec ce
programme-là.
À ce moment-ci, on a des discussions.
Alors, est-ce que ce sera révisé? Je ne peux pas vous l'affirmer, mais il y a
des discussions à ce niveau-là avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux. En attendant, bien, il faut dire qu'il y a des bourses qui sont
données au dernier stage, hein, dont peuvent se prévaloir des étudiants en
technique de travail social et aussi ceux qui sont en baccalauréat pour la
pratique sage-femme. Alors, ces bourses demeurent actuellement, mais pour la
question du député, Mme la Présidente, ce n'est pas exclu qu'il y ait révision
du programme certainement.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le député.
M. Leduc : Parlons-en,
du ministère de la Santé et des Services sociaux. Vous n'êtes pas sans savoir,
Mme la ministre, que toute la campagne qu'a menée le groupe, notamment en
technique de travail social, s'est déployée à plusieurs égards. Il y a l'APTS,
le syndicat, hein, qui les représente une fois qu'ils ont obtenu un emploi, qui
les a appuyés de manière très solide, et ils ont recueilli de nombreuses
lettres d'appui de CIUSSS et de CISSS, on peut dire, hein, ça fait un peu
partie du ministère des Services sociaux... de la Santé et des Services
sociaux, pardon. Je vous en lis un extrait, là, du CISSS de
l'Abitibi-Témiscamingue, Mme Caroline Roy. Elle dit : «Tout comme
vous, nous croyons que des bourses d'études offertes aux étudiants du programme
de technique de travail social les inciteront à s'y inscrire. Les techniciens
en travail social font partie des acteurs essentiels dans plusieurs de nos secteurs
cliniques. La formation de la relève est absolument nécessaire dans le
contexte.» Est-ce que, ça, ça va être pris en compte dans vos critères pour
élargir à d'autres programmes les bourses Perspective?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, on va
vouloir évaluer, de la meilleure façon possible, là, les programmes qui
pourraient être admissibles. Puis je dois vous avouer que la technique en
travail social, c'est probablement le programme dont j'ai entendu le plus
parler par rapport aux bourses Perspective dont vous m'en avez parlé. Alors, je
pense qu'on va poursuivre notre travail avec le ministère de la Santé,
là-dessus, et des Services sociaux, et au moment où il y aura révision du
programme de bourses Perspective, moi, je pense que les programmes que vous
nommez, ce seront probablement les premiers que nous allons revoir.
M. Leduc : Alors, dire
quand il y aura une révision... intéressant. Avez-vous déjà une date de cette
révision? Qu'est-ce qui est prévu? On parle de six mois, on parle d'un an?
Parce que, là, la rentrée arrive, là. En septembre, les inscriptions, les
deuxième tour, troisième tour, je ne me rappelle plus où est-ce qu'on est
rendus, c'est déjà en cours. Est-ce que ça va... Est-ce que la révision va
arriver assez vite pour qu'on puisse les inclure pour septembre?
Mme McCann : Mme la
Présidente, je ne peux pas, absolument pas donner de date aujourd'hui parce que
je ne suis pas la seule, là, qui est impliquée dans le dossier. C'est vraiment
un effort, là, de plusieurs ministères, et donc je ne peux pas vous donner une
date à ce moment-ci. Est-ce que ça sera fait pour la prochaine session? Je ne
peux pas vous le dire.
M. Leduc : O.K., donc on
ne le sait pas pour l'instant pour la prochaine session, mais est-ce qu'on peut
au moins s'entendre que ça va se faire, quoi, au maximum dans un an? Est-ce
qu'un an, là, on commence à avoir un délai raisonnable?
Mme McCann : Bien,
écoutez, je comprends votre question, là, mais ce que je peux vous dire, c'est
que c'est un processus évolutif, donc on n'attendra pas 10 ans pour le
réévaluer.
M. Leduc : O.K. Donc, un
délai raisonnable... On ne ferme pas la porte à un changement pour septembre,
par exemple.
Mme McCann : Bien, on ne
ferme pas la porte à rien, mais il faut être réaliste, là. Vous savez, il reste
peu de temps, alors on va se dire dans un délai raisonnable.
M. Leduc : Parfait.
J'aimerais terminer, peut-être, sur ce bloc-là... Évidemment, là, on a parlé
beaucoup de technique de travail social, mais je vous ai nommé trois autres
programmes, là, hein : technique d'analyse biomédicale, qui avaient
également déposé une pétition, baccalauréat en psychoéducation, bac de pratique
sage-femme qui, également, se sont beaucoup mobilisés. J'aimerais conclure
cette section-là, Mme la ministre, en vous demandant si vous seriez ouverte à
aller rencontrer les représentants de ces quatre groupes. Ils vont venir,
tantôt, prendre la parole ici. Peut-être qu'aujourd'hui, là, on est un peu à la
dernière minute, mais accepteriez-vous de les rencontrer rapidement, dans les
prochaines semaines, afin d'entendre vraiment leurs revendications, leur
argumentaire sur pourquoi ils trouvent que leur programme est justifié au Québec,
pourquoi ils trouvent que c'est important de combler la pénurie de main-d'œuvre
dans leur domaine aussi? Bref, acceptez-vous de les rencontrer?
Mme McCann : Écoutez, ça
va me faire plaisir, évidemment, dans la mesure du possible, mais ce que je
peux leur dire, là, parce que vous êtes ici présents, d'ailleurs, je les salue,
est que mon cabinet est toujours disponible pour eux. Ils peuvent rejoindre mon
cabinet certainement. Et, nous, ce qu'on veut, c'est faire un travail
rigoureux. Alors, s'ils ont des éléments à transmettre à mon cabinet...
Mme McCann : ...porte est
ouverte, le téléphone est ouvert. Alors, ils peuvent contacter mon cabinet.
J'ai mon chef de cabinet avec moi, aujourd'hui. Mes conseillères sont là aussi
pour eux. Donc, ça va nous faire plaisir de recevoir leurs commentaires faits.
M. Leduc : Parfait.
Mme McCann : Et on a bien
noté les quatre domaines.
M. Leduc : Je le connais
bien, votre chef de cabinet, je le salue, dans une autre vie. Puis c'est vrai
que vous avez été disponible pendant votre mandat, Mme la ministre. Je vous
remercie. Mais vraiment, aujourd'hui, ma question c'était plus pour vous. Je
sais qu'ils ont déjà parlé avec des gens du cabinet. Est-ce que vous acceptez
dans les prochaines semaines de rencontrer des représentants de ces quatre
programmes là?
Mme McCann : Dans la mesure
du possible, là, je vais tenter de les rencontrer. Vous savez, la fin de
mandat...
M. Leduc : Ça bouge.
Mme McCann : Ça bouge
énormément. Alors, je ne veux pas non plus les décevoir. Mais ce que je veux
leur dire, par exemple, c'est qu'on va étudier avec rigueur leurs demandes pour
une révision.
M. Leduc : Je... C'est bien
entendu. Merci de votre ouverture. Prochain sujet, Mme la ministre. Et peut
être qu'on pourra avoir Mme Legault de l'Ordre des professions qui pourra
commenter également dans le temps qu'il me reste. On l'a évoqué plus tôt
aujourd'hui au salon bleu, notamment, l'ordre des ostéopathes qui faisait un point
de presse, ici, il y a quelques instants, d'ailleurs. Je les ai rencontrés il y
a quelques semaines. J'ai appuyé leur démarche. Et il faut le dire, c'est long.
C'est lent. C'est extrêmement lent. On a l'impression, peut-être que vous
pourrez me corriger, qu'on pellete en avant ce problème, cet enjeu. Je dis
problème, c'est pas un problème, c'est un enjeu, qu'on le pellete, qu'on le
pellete, qu'on le pellete. Est-ce qu'on peut s'attendre à de l'action rapide
pour avoir un ordre des ostéopathes dans les prochaines semaines, dans les
prochains mois?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Alors, je vais
donner, oui, si les gens me le permettent, la parole à la présidente de l'OPQ,
mais avant je vais faire quelques commentaires parce que j'ai... je prends un
intérêt très important à ces demandes, là, d'encadrement ou de rehaussement,
des demandes de modification législative. Bon, les ostéopathes. C'est sûr qu'un
travail, comme ce qui est demandé quand on fait une demande comme celle de
l'association des ostéopathes, c'est... c'est long. C'est vrai que c'est long.
On doit le dire, là, le reconnaître. Ce n'est pas un travail de quelques mois,
c'est un travail de quelques années. L'Office des professions a travaillé très
fort dans ce dossier. La présidente de l'office va vous en parler. Et c'est un
dossier qui chemine bien et que j'aurai probablement, dans un avenir
raisonnable, une proposition là-dessus pour les demandes de l'association des
ostéopathes. Alors, Mme la Présidente, si les... Si vous êtes d'accord, si vous
l'autorisez, je vais donner la parole à la présidente de l'Office des
professions.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
y a le consentement. Il reste un peu plus de trois minutes au bloc.
M. Leduc : Il va falloir pour
intervenir après, bien sûr.
La Présidente (Mme Thériault) : Vous
allez être en interaction avec Mme la présidente. Je vais vous demander de
décliner votre identité, s'il vous plaît, avec le titre exact, pour des fins
d'identification au Journal des débats.
Mme Legault (Diane) : Diane
Legault, présidente de l'Office des professions du Québec.
La Présidente (Mme Thériault) : Bienvenue
parmi nous. Allez-y.
Mme Legault (Diane) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, en effet, la création d'un ordre professionnel,
c'est... c'est l'aboutissement de travaux de longue haleine lorsque les
conditions sont réunies et favorables. Les deux derniers ordres qui ont été
créés, c'est l'Ordre des sexologues en 2013, puis l'Ordre des criminologues en
2015. Et puis ils sont... Ils sont créés par lettres patentes, après 13... à
peu près 12, 13 ans. O.K. Alors, c'était suite au rapport de Dr Trudeau qui
disait... Il fallait revamper la santé mentale. Alors le rapport était en 2003.
Il y a eu une loi qui a été adoptée en 2009, qu'on appelait dans le temps puis
qu'on appelle encore un peu dans le folklore le p.l. no 21. Suite à cette
loi-là, eh bien, là, il y a eu un coup d'envoi pour que des travaux, là,
s'activent plus intensément. Puis, à partir de 2010, là, il s'est passé... il
s'est passé quatre ans pour l'Ordre des sexologues, puis ensuite, bien, comme
je vous dis, six ans pour l'Ordre des criminologues. Pour les ostéopathes, je
veux vous rassurer puis vous dire que c'est un dossier qui est très actif, et
il s'est fait beaucoup de travaux au cours des dernières années, et notamment
une consultation publique qui s'est tenue en 2020. Et il y a eu à peu près 150
mémoires qui ont été déposés et analysés. Maintenant, ici, le dossier est
dans...
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) : Je
dois... Je dois vous interrompre parce que le temps va très vite, disons. M. le
député a des questions. Allez-y.
M. Leduc : Oui. Il me reste
très peu de temps. Une dernière question. Vous pourrez ensuite conclure,
évidemment. Si j'ai bien compris, il n'y a pas de nouveaux ordres depuis six
ans, depuis 2015 ou 2016. Ça fait quand même beaucoup de temps.
Mme Legault (Diane) : 2015.
M. Leduc : 2015. Depuis sept
ans, alors. Ils sont présents parmi nous. Je les ai vu rentrer tantôt, les gens
des ostéopathes. On a cru comprendre que ce n'est pas toujours facile d'avoir
des communications directes avec votre bureau. Est-ce qu'ici, là, devant eux,
devant nous, vous pouvez vous engager à les rencontrer rapidement et à régler
la situation rapidement?
Mme Legault (Diane) : Je
voulais vous donner des informations additionnelles...
M. Leduc : On les a.
Mme Legault (Diane) : ...sur
les enjeux en lien avec le dossier, avec la création de l'ordre...
La Présidente (Mme Thériault) : ...40
secondes.
Mme Legault (Diane) : Combien?
La Présidente (Mme Thériault) : En
40 secondes.
Mme Legault (Diane) : En 40
secondes. Il y a des conditions importantes qui ne sont pas remplies à ce
moment-ci. On pourra en reparler.
M. Leduc : Comme par
exemple...
Mme Legault (Diane) : Le fait
que, bon, actuellement, les 410 000 professionnels au sein du système
professionnel, là, qui oeuvrent, là, ils ont un diplôme d'État. Ils ont soit un
D.E.P., s'ils sont infirmières auxiliaires, un D.E.C., un bac, une maîtrise ou
un doctorat. Il n'y a pas, au moment où on se parle, de diplôme en ostéopathie
au Québec. Alors, ça, c'est un véritable enjeu. Premier enjeu.
Deuxième enjeu. L'ostéopathie, l'exercice
de l'ostéopathie, ça a beaucoup de connexité avec beaucoup d'ordres qui
exercent aujourd'hui. Alors, là, il y a du travail à faire.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
n'y a plus de temps.
Mme Legault (Diane) : Je n'ai
plus de temps, c'est sûr?
La Présidente (Mme Thériault) : Je
n'ai plus de temps, désolée.
Mme Legault (Diane) : Excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) : Le
bloc est terminé pour le deuxième groupe d'opposition. Donc, on revient du côté
de l'opposition officielle. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. 16 min 7 s.
Mme David : Oui. Alors, je
continue sur les bourses Perspective Québec, parce que ça me fait vraiment
beaucoup, beaucoup réfléchir et c'est un grand, grand changement dans la
réflexion sur même les études postsecondaires. Je continue sur les étudiants
qui ne peuvent pas étudier à temps plein et sur le caractère extrêmement
conservateur et normatif des critères. Un étudiant qui a un handicap physique,
et j'en ai beaucoup côtoyé, qui ne peut pas être à temps plein, il a besoin du
transport adapté, il a... Un étudiant, une mère de famille ou un père de
famille qui a deux enfants en bas âge dont un, peut-être, a des difficultés, ne
peut pas être à temps plein. Quelqu'un qui souffre d'un trouble de TDAH... On a
tellement fait beaucoup pour donner accès à l'université pour les EHDA. Vous
avez beau avoir tous les plans de réussite au monde, comment vous allez
expliquer à ces gens-là qu'ils sont exclus de toutes les possibilités d'avoir
une bourse Perspective Québec?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Oui, bien, Mme
la Présidente, je pense qu'il faut revenir à l'aide financière aux études,
parce que l'aide financière aux études est très généreuse, au Québec, et tant
mieux, parce qu'on veut avoir le maximum, le maximum d'étudiants. Alors, il y a
beaucoup, beaucoup d'éléments où on ouvre la porte à des étudiants qui sont
dans des situations particulières pour avoir accès à l'aide financière aux
études, par exemple, l'étudiant qui a un enfant âgé de moins de douze ans,
l'étudiante qui est enceinte d'au moins 20 semaines, l'étudiant qui a des
contraintes sévères à l'emploi au sens de la Loi sur l'aide aux personnes et
aux familles, l'étudiant qui ne peut pas poursuivre ses études à temps plein
pendant plus d'un mois parce qu'il a des troubles graves à caractère épisodique
suite à des problèmes de santé physique ou des problèmes de santé mentale
permanents, majeurs, constatés par un certificat médical. Donc, Mme la
Présidente, l'aide financière aux études, là, c'est pour ces étudiants-là.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la députée.
Mme David : Bien, je trouve
ça... Je suis très déçue de la réponse parce qu'on les met dans la catégorie de
l'aide financière aux études. Question rapide : Est-ce qu'un étudiant qui
a une bourse Perspective Québec a le droit d'avoir aussi l'aide financière aux
études?
Mme McCann : Oui, alors, deux
choses...
Mme David : Rapidement.
Mme McCann : Deux choses,
deux choses. Oui, et je reviens sur l'autre point. La liste des personnes que
j'ai faite ont aussi droit aux bourses Perspective. Ce que je dis, c'est que
les personnes que j'ai nommées, qui ont droit à l'aide financière aux études,
ont aussi droit à des bourses Perspective, et une personne qui reçoit une
bourse Perspective peut avoir l'aide financière aux études, et vice versa.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Vous omettez une
chose, c'est qu'elle peut avoir la bourse Perspective dans la mesure où elle
est à temps plein.
Mme McCann : Non, elle peut
avoir la bourse Perspective même si elle n'est pas à temps plein. Parce que les
critères, Mme la Présidente, pour expliquer clairement, les critères sont les
mêmes pour les bourses Perspective que pour l'aide financière aux études. Je
veux être sûre que ma collègue comprend bien mon propos.
Mme David : Bien, alors, ce
que vous êtes en train de dire, parce que ce n'est pas écrit nulle part comme
ça aussi clairement, c'est qu'on sait que, pour des étudiants en situation de
handicap, quand ils ont un code et qu'ils sont reconnus... peuvent être réputés
temps plein même s'ils ne sont pas à temps plein. Je vois votre directeur de
cabinet... Mais ça, ça serait très bon qu'on le dise, que ces étudiants-là, ce
n'est pas nécessairement bon pour les mères de famille, ce n'est pas... C'est
ceux qui ont des codes. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi?
Mme McCann : Bien, écoutez,
ce que...
Mme McCann : ...dans le
fond, c'est que notre programme de bourses Perspective, il est très inclusif.
Et il est aussi inclusif que l'aide financière aux études. Donc, les gens qui
sont... qui peuvent avoir l'aide financière aux études avec les critères que
j'ai nommés peuvent avoir les bourses Perspective, et ça s'ajoute.
Mme David : Ça s'ajoute,
mais allons voir d'une autre façon. Si, derrière vous, aujourd'hui, c'étaient
des étudiants en musique, en arts dramatiques, en philosophie puis en
anthropologie, qu'est-ce que vous leur diriez, à eux, qui sont vraiment des
étudiants de catégorie B, là?
Mme McCann : Bien, je
leur dirais que... Je n'emploierais absolument pas ce terme-là. Au contraire,
notre société...
Mme David : Mais eux
autres, c'est aide financière aux études, puis c'est tout.
Mme McCann : Notre
société a besoin... Je m'excuse, là, Mme la Présidente. Notre société, et je le
dis haut et fort, a besoin de toutes les disciplines. Toutes les disciplines.
Mais nous avons actuellement, au Québec et dans le monde, une situation
extraordinaire. Regardez ce qui se passe en santé, là. C'est très fragile. Nous
avons besoin de faire un effort, tout le monde. Alors, on le fait au niveau de
l'enseignement supérieur, on le fait en immigration, on le fait dans d'autres
sphères. Mais l'enseignement supérieur est là pour aider notre société. Nos
jeunes, c'est l'avenir du Québec. Alors, je dis aux étudiants qui sont dans la
salle qui ne sont pas dans les disciplines ciblées qu'ils sont très importants,
qu'ils sont là pour, vraiment, bâtir notre société aussi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme David : Écoutez, ce
que j'entends, quand même, c'est que les étudiants, c'est important de faire autre
chose, comme de la philosophie, comme de l'anthropologie, comme de la musique,
des sciences politiques, mais on n'a pas... eux autres ne seront pas aidés
parce que, ça, il n'y a pas de pénurie de main-d'œuvre. On n'a pas besoin d'eux
d'un niveau aussi vital que d'avoir des doctorants en psychologie, qui ont déjà
accès à plein de grosses bourses aussi quand ils font de la recherche, pas
quand ils sont dans un programme de..., ça, c'est autre chose.
• (12 heures) •
Mais ça crée quand même, et c'est dit,
plusieurs l'ont dit, une discrimination à deux niveaux. Discrimination entre
les disciplines qui ne sont pas en pénurie de main-d'œuvre, donc le seul
critère c'est pénurie de main-d'oeuvre, mais ça se peut qu'on ait des pénuries
de très bons musiciens qui font rayonner le Québec à la grandeur de la planète.
Ils n'auront jamais accès à ça. Et puis une bisbille incroyable entre les
disciplines. Un exemple, c'est tous ceux qui sont derrière vous, qui ne sont
pas représentés dans les bourses, comme technique de travail social, et bien
d'autres, il y en a eu en génie, il y en a eu en plein de domaines. Et là,
évidemment, ça crée quoi? Ça crée des départements qui vont se cannibaliser les
uns les autres. Ça crée des départements qui vont avoir beaucoup plus de professeurs.
Ça crée des départements qui disent : On ne peut pas en prendre plus, on
est déjà contingentés puis on manque de professeurs.
Alors, tu as les étudiants riches, puis tu
as les étudiants pauvres, puis tu as les professeurs puis les départements qui
vont avoir beaucoup plus de professeurs, puis les autres, on ne les paie pas
puis on ne donne pas de nouveaux professeurs. 500 professeurs en génie, 500.
Pas 500 professeurs en anthropologie. Peut-être qu'on a besoin aussi
d'avoir d'autres disciplines. Il y a plein de gens ici qui ont étudié dans
d'autres disciplines. Ils n'auront jamais accès à ça.
Alors, je repose la question :
Comment vous pouvez vivre avec ce deux poids, deux mesures et cette
philosophie? Parce que c'est une philosophie de l'éducation dont il est
question, dans le fond.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme
la Présidente, moi, j'ai beaucoup de respect pour ma collègue, là, on a eu
beaucoup d'échanges ensemble, mais je dois dire que je trouve malheureux
l'angle qui est pris par ma collègue aujourd'hui. Je vais rétablir les faits,
là.
Moi, je veux dire à tous nos étudiants,
que j'apprécie énormément d'ailleurs, je peux dire que ça a été un mandat, pour
moi, en enseignement supérieur, que j'ai vraiment apprécié parce que j'ai eu
contact aussi avec des étudiants, notre jeunesse, que nous, au Québec, là, on
peut être fiers. On peut être fiers parce qu'on est, au Canada, l'endroit où on
a les frais de scolarité les plus bas, Mme la Présidente. Et ça, là, je dis aux
étudiants : Allez voir les données. On est les plus bas. Je pense c'est
l'Île-du-Prince-Édouard qui est plus basse que nous. Le reste, là... Et
regardez l'Ontario, les frais de scolarité, trois fois plus chers, Mme la Présidente.
On peut être fiers, nous, de notre système en enseignement supérieur.
Puis on a l'aide financière aux études la
plus généreuse au Canada, la plus généreuse. Nous, là, ce qu'on fait, on donne
des bourses, Mme la Présidente, en majeure partie. On donne des prêts, mais les
bourses sont très généreuses. Ailleurs au Canada, c'est davantage des prêts, on
doit les remettre. On a même donné congé d'intérêts sur les prêts...
12 h (version non révisée)
Mme McCann : ...on a donné
cette année et l'année dernière. Mme la Présidente, moi, je vous dirais, pour
bâtir une société, ça demande toutes les disciplines. On a une situation d'urgence,
actuellement, dans certaines disciplines que j'ai nommées, et il faut y voir,
il faut y voir aussi pour l'ensemble des étudiants qui vivent en société comme
nous pour qu'on ait une société solide et qu'on puisse donner les services
nécessaires.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Dans une
fiche que le ministère nous a transmise, il est dit, dans l'analyse d'impact d'inclusion
d'un programme d'études, que «les bourses peuvent aider à la valorisation des
titres universitaires et améliorer l'employabilité des étudiants bénéficiaires.»
Alors là, vous allez m'expliquer ce que ça veut dire, «les bourses peuvent
aider à la valorisation des titres universitaires».
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, je vais demander à ma collègue de m'expliquer à quel endroit elle
lit. Parce que, là, je veux comprendre le contexte.
Mme David : Ministère de l'Enseignement
supérieur, étude des crédits, note : ES-122.
Mme McCann : Et quelle était
la question de cette note?
Mme David : C'était l'analyse
d'impact d'inclusion d'un programme d'études : «Le MESS a effectué une
veille stratégique sur les études ainsi que les évaluations», etc. Et : «Des
études ont souligné que la combinaison de bourses et d'aides pédagogiques a
permis des gains significatifs en termes d'inscription, persévérance,
diplomation. Par ailleurs, les bourses peuvent aider à la valorisation des
titres universitaires et améliorer l'employabilité des étudiants». La première
partie, qu'est-ce que ça veut dire? En quoi une bourse peut aider à la
valorisation d'un titre universitaire?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, je vais
revenir à ce que je disais tout à l'heure, Mme la Présidente. Là, on sort un
énoncé, je comprends, là, la question, je la comprends à sa face même, mais je
réitère, Mme la Présidente, que le but de ces bourses Perspective, c'est d'attirer
davantage d'étudiants, parce que c'est catastrophique dans certains domaines, Mme
la Présidente. Prenez en technologie de l'information, là, on a eu des appels d'alarme,
des signaux d'alarme, depuis que je suis entrée, moi, à l'Enseignement
supérieur, qu'on ne soit plus capables de fonctionner si on n'a pas
suffisamment de gens en technologies de l'information. Ma collègue le sait, c'est
un domaine de base, les technologies de l'information. En santé, je n'en ai pas
parlé beaucoup. En éducation...
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Je dois équivaloir le temps.
Mme McCann : Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : En sciences de l'éducation,
il y en a beaucoup de monde qui veulent aller en sciences de l'éducation. Il y
a toutes sortes de problèmes en amont qui n'ont rien à voir avec l'argent, en
tout respect, qualité du français, épreuve... la cote R au cégep, l'attractivité
du programme, après ça, un nombre incroyable lâche après cinq ans qu'ils ont
été professeurs, parce que, là, ce sont les conditions de travail. Les
infirmières disent la même chose, les conditions de travail. J'étais sur la
commission d'enquête sur la DPJ, les conditions de travail pour les formidables
techniciennes en travail social, ce n'était pas une question de bourse à ce
moment-là, c'était une question de conditions de travail.
Alors, je répète ma question, parce que si
vous lisez bien, et moi, je vais vous dire comment je lis, «les bourses peuvent
aider à la valorisation des titres universitaires», j'ai mis comme note :
Comment ça ce ne sont pas des bourses au mérite? Alors, en quoi ça peut
valoriser le titre universitaire? Qu'est-ce que ça veut dire, «les bourses
valorisent». Vous dites, je comprends bien, alors c'est quoi, votre lecture de «les
bourses peuvent aider à la valorisation des titres universitaires»?
Mme McCann : Mme la ministre.
Mme McCann : Est-ce qu'on
parle des bourses Perspective? Je présume que oui, hein? Il me semble que j'ai
vu ça dans le libellé.
Une voix : Oui.
Mme McCann : Bon, bien.
Mme David : ES-122, vous avez
beaucoup de monde, là.
Mme McCann : Oui, oui, je l'ai
devant moi, là, Mme la Présidente, parce que je viens de voir ça, Ministère de
l'Enseignement supérieur, Demande de renseignements particuliers. Alors, je l'ai
devant moi. Et on dit que... on parle de valorisation, d'attraction, de
rétention, de diplomation et d'insertion. Bien, ce sont tous des éléments
que...
Mme David : Si vous tournez
la page, là, deux sur deux, là.
Mme McCann : Oui, deux sur
trois?
Mme David : Le dernier
paragraphe, l'avant-dernier paragraphe, là : f) l'analyse d'impact.
Mme McCann : Bon, attendez,
on va... Bon, parfait. Oui... «peuvent aider à valoriser»... Oui, parce qu'on
veut attirer davantage d'étudiants dans ces domaines. Moi, c'est comme ça que
je l'interprète. C'est qu'évidemment... Écoutez, quand j'ai rencontré les
associations étudiantes, un des éléments qui m'ont rapporté le plus souvent, c'est
la situation financière des étudiants. C'est un facteur vraiment d'attraction.
Alors...
Mme McCann : ...comme j'ai dit
tout à l'heure, on a les frais de scolarité les plus bas. On a l'aide
financière aux études la plus généreuse, puis on ne se cache pas de ça, on en
est très fiers. On ajoute les bourses Perspectives pour attirer.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Il vous reste un petit peu moins de deux minutes pour le bloc,
Mme la députée.
Mme David : Merci. Bien,
justement, moi, j'ai lu : Les bourses peuvent aider à la valorisation des
titres universitaires, comme si on valorisait le titre parce que les étudiants
qui le fréquentent sont payés. Il y a quelque chose qui n'a pas de bon sens.
Une bourse, là, dans la vie, avoir une bourse, demandez aux étudiants, c'est
des bourses au mérite d'habitude. Les prêts et bourses, c'est autre chose. Les
prêts et bourses, c'est autre chose, on a une partie bourse, on a une partie
prêt. Mais une bourse, d'habitude, c'est une bourse au mérite, et ça valorise
l'étudiant, alors qu'ici, il n'y a pas de critères. J'ai compris, il y a un
critère de, oui, il faut être très normé, il faut être à temps plein, il faut
réussir, mais il faut réussir à 60 %, il faut réussir selon les règlements
pédagogiques des collèges et des universités. Ce n'est pas une bourse au
mérite.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre
Mme McCann : Alors, Mme la
Présidente, c'est une bourse au mérite de diplômés, Mme la Présidente. Quand on
diplôme, là, déjà, là, on fait un grand pas dans sa vie. On a une perspective
dans sa vie. C'est une perspective pour le Québec puis c'est une perspective
pour nos étudiants. Et c'est pour ça que je fais toujours le lien avec le plan
de réussite. Vous savez, ce n'est pas désincarné, tout ça est attaché. Notre
plan de réussite, c'est pour aider aussi nos étudiants à diplômer. Ça vient
aussi avec les bourses Perspectives.
Mme David : Alors, autant
j'aime les étudiants et les professeurs dans les disciplines qui n'ont pas eu les
bourses, comme ceux qui sont derrière vous, je le savais, c'était écrit dans le
ciel qu'il allait y avoir de la bisbille dans les collèges, dans les
universités, entre les professeurs, entre les départements, entre les
étudiants. Ça crée de la bisbille. Mais en même temps, être un premier prix au
Conservatoire de musique et d'art dramatique, ça, ça ne mérite pas de bourse.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je dois mettre fin à votre échange. Malheureusement, il y a plus de temps à
votre bloc. Donc, sans plus tarder, nous allons du côté de la troisième
opposition. Mme la députée de Gaspé, la parole est à vous. Vous avez 14... non,
12 min 5 s
Mme Perry Mélançon : Vous
m'avez fait des faux espoirs, Mme la Présidente. Merci. Bonjour, Mme la ministre.
Je salue toutes les personnes qui vous accompagnent aujourd'hui. Je vais
devoir, moi aussi, en fait, creuser un petit peu, là, l'aspect de ce nouveau
programme qui est quand même assez gros, là, comme changement dans le domaine
des études supérieures, d'ajouter toute la notion de bourses pour inciter les
étudiants à choisir une profession qui peut être au détriment d'une autre. On
aura peut-être ce débat-là plus tard, parce que, moi aussi, j'ai accompagné
certains groupes et je vous ai même écrit une lettre pour demander à ce qu'on
réévalue la possibilité d'ajouter la technique de travail social à ces bourses
Perspectives là, parce qu'il y a un débalancement important. On sait que c'est
des employés qui vont faire beaucoup dans nos DPJ, dans nos organismes
communautaires. Même si je crois qu'on est allés avec là avec l'idée des actes
réservés, c'est un petit peu ça qui a tranché pourquoi on a choisi de l'offrir
seulement au baccalauréat, mais tout de même, la réalité sur le plancher, c'est
qu'on fait beaucoup affaire avec ces techniciennes en travail social,
techniciennes, parce que c'est beaucoup des femmes. Et j'ai fait ce débat-là,
justement, avec le collègue également d'Hochelaga-Maisonneuve. On a chacun
participé aussi avec, avec toutes les oppositions, en fait, participer à toutes
sortes de démarches pour sensibiliser. Donc, je suis un petit peu déçue de
savoir que, finalement, dans cette première année-là, on ne peut pas revenir en
arrière et voir ce qu'il est possible de faire dans l'immédiat. C'est bien ce
que j'ai compris? Donc, dans la première année, il n'y aura pas de réévaluation
pour la technique de travail social.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, écoutez,
je ne peux pas l'affirmer, sauf que le délai très court, hein? Il faut être
réaliste. Mais une chose est certaine, c'est que je prends vraiment
l'engagement de l'examiner en priorité, hein? On comprend, là, les quatre
disciplines que le collègue d'Hochelaga- Maisonneuve a mentionné, vous
mentionnez la technique de travail social. Moi, je suis en lien aussi avec le
ministre délégué à la Santé et Services sociaux, hein, parce que lui a son mot
à dire. Comme j'étais tout à l'heure, là, ce n'est pas l'enseignement supérieur
qui décide tout seul, c'est vraiment le ministère, là, où œuvrent ces gens-là
qui décide aussi.
Mme Perry Mélançon : Mais
est-ce que... parce que, c'est ça, ça vient d'une consultation
interministérielle, de ce que j'en comprends. Depuis qu'on en a envoyé,
justement, que je vous ai envoyé cette lettre pour inclure le programme de TTS
aux bourses...
Mme Perry Mélançon : ...le
23 février dernier. Est-ce qu'on a eu des échanges avec les collègues,
justement, de la Santé et Services sociaux? Qu'est-ce qui a été... quelles sont
les conclusions de ces échanges-là? Parce qu'on me dit : Il est tard, là,
pour l'inclure là. Mais ça fait quand même plusieurs mois qu'on alerte le
gouvernement. Donc, qu'est-ce qui a été fait depuis?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, on a eu
des échanges, effectivement, mais ils ne sont pas terminés. Alors, encore une
fois, on l'a toujours dit, hein, on a toujours dit que, ce programme-là, on
peut réévaluer, hein, s'il y a des demandes, là. Parce qu'écoutez on a fait du
mieux qu'on a pu. Et c'est nouveau, tout ça, c'est nouveau. Alors, on va se
pencher sur d'autres domaines, là, comme celui que vous invoquez et on va
prendre une décision. Mais je ne peux pas donner de délai parce qu'encore une
fois il faut que je travaille avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, là, ce n'est pas juste de mon propre chef, il faut que je travaille
avec ce ministère-là pour y arriver.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Est-ce qu'il y a eu des consultations avec les cégeps et les universités pour
mener à la création de ce programme-là ou, sinon, donc, des consultations avec
les établissements mais aussi des études ou une analyse approfondie pour
dire : C'est efficace, ça, là, là? On va mettre en place des bourses, et
il y aura, finalement, vraiment, un taux de rétention amélioré dans certaines
professions qu'on a visées, là. Qu'est-ce qui a mené en amont à la création du
programme?
Mme McCann : Bien, moi, je
vous dirais qu'un des gros travaux qui a été fait, c'est aussi avec le
ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité. Ça, c'est important de
le dire qu'il y a eu vraiment un état de situation de la main-d'oeuvre. Parce
qu'on parle des services publics, mais on parle également du secteur
économique, là, hein, le génie et les techniques, les technologies de
l'information. Alors, il y a eu un radar, là, qui a été passé, puis il y a des
choses, comme, vous allez être d'accord avec moi, qui étaient assez évidentes,
là. On a fait une liste de plusieurs programmes, donc, pour voir à ces besoins.
C'est le travail de fond qui a été fait.
Mais je vous dirais qu'il y a eu des
discussions, pour répondre à votre question, avec les cégeps, les universités
aussi là-dessus, parce qu'il fallait s'assurer qu'ils soient capables de
recevoir ces personnes. Et c'est le cas. Puis on voit... d'ailleurs, je le
disais tout à l'heure, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de l'entendre,
mais qu'on a déjà, au niveau des admissions, dans ces domaines-là, une
augmentation pour les cégeps de 8,7 %, puis à l'université, de 21 %
de demandes d'admission dans ces domaines.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée, allez-y.
Mme Perry Mélançon : Est-ce
qu'on peut le savoir, là-dessus, le pourcentage d'augmentation d'inscriptions
dans les cégeps de région?
Mme McCann : Malheureusement,
là, ça va être difficile pour moi, Mme la Présidente, de répondre là-dessus
aujourd'hui. Mais, si je comprends, si je lis entre les lignes votre demande,
et j'aurai l'occasion de vous en parler, sûrement aujourd'hui, si vous voulez
me poser des questions là-dessus, parce que j'en suis très fière, nos cégeps
des régions, on a fait beaucoup, beaucoup pour eux dans le mandat que j'ai
occupé. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : Bien, en
fait, il y a eu beaucoup d'octrois de places ajoutés dans des cégeps en région,
on va dire comme ça, et ça a mené même à la création d'une nouvelle coalition
de cégeps, 12 cégeps de région dont les directeurs et directrices se sont
regroupés pour former une nouvelle coalition. Donc, je pense qu'il y avait un
réel besoin d'avoir une plus grande représentation des besoins en région, et
donc que, le gouvernement, il y aura certainement des améliorations à faire
encore dans ce mandat-ci.
Et ça m'amène sur ce point-là, justement,
parce que je vois le temps qui va très, très vite. Parce que ça a un impact,
là, quand on fait des choix pour certaines bourses, dans certains programmes,
ça a un impact direct sur des programmes aussi de cégeps qui ont déjà de la
difficulté à recruter, qui ont déjà des défis pour garder leurs programmes, de
partir leurs cohortes à chaque année. Et donc là, quand on fait le choix pour
technique d'éducation à l'enfance et qu'on n'a, par exemple, rien pour
technique de travail social, il y a un déplacement d'inscriptions, on le sait,
c'est un fait, là, qui va s'avérer dans la prochaine session. Et, bon, il y a
eu des alertes de faites, justement, par rapport à ça. Ça m'amène, justement,
sur la question des exclusivités de certains programmes dans les régions pour
amener une attractivité, ça a été fait, et on a toujours peur de perdre ces
programmes-là ou qui soient ouverts ailleurs, puis qu'on perde l'exclusivité.
Est-ce que vous seriez prête...
Mme Perry Mélançon : ...à ce
qu'on ouvre la loi ou à ce qu'on encadre la protection des exclusivités à l'intérieur
de la loi.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme la
Présidente, si vous me le permettez, puis là, évidemment, si je peux prendre un
petit peu de temps, pas trop là, pour vous répondre, parce que je vais vous
dire, c'est un dossier qui me tient bien à cœur. Puis je vais vous dire, quand
je suis arrivée à l'Enseignement supérieur, c'est une des premières rencontres
que j'ai faites, le groupe des douze, cégeps en région, et il y a eu beaucoup de
travail qui a été fait depuis ce temps-là et des réalisations. Alors, moi,
quand j'ai appris qu'il y avait des places de disponibles dans ces cégeps...
ça, c'est une première chose.
Deuxièmement, moi, je crois vraiment que,
si on peut étudier dans sa propre région, là c'est beaucoup mieux parce qu'on
risque d'y rester et on a besoin de développer nos régions. Pour nous, là,
pour notre gouvernement et, moi, comme ministre l'Enseignement supérieur, c'est
un objectif prioritaire, les régions, les cégeps des régions, les universités
des régions, et on a mis en place plusieurs choses...
Mme Perry Mélançon : Avant de
faire toute l'énumération, j'aimerais vraiment savoir, pour la question des
programmes exclusifs, est-ce qu'on va protéger, peut-être via une loi, les
programmes et est-ce qu'on va en développer? Donc, j'aimerais qu'on reste sur
l'exclusivité, pour commencer, j'aurai d'autres questions après.
Mme McCann : J'y arrivais. Ce
que je vais vous répondre là-dessus, c'est qu'on a fait un appel de programme,
c'est la première fois d'ailleurs qu'on fait un appel de programme national
comme ça. Je ne peux pas vous donner les résultats aujourd'hui parce qu'on n'a
pas terminé, mais il y a beaucoup de cégeps des régions qui se sont inscrits
dans cet appel de programme. Alors, ce que je vous dis aujourd'hui, c'est qu'on
va annoncer éventuellement, dans ce mandat, des programmes additionnels, de
nombreux programmes additionnels notamment et une majorité dans les cégeps des
régions, et j'en suis très fière. Et je pense que le groupe des douze
d'ailleurs, qui avait beaucoup de demandes quand je les ai rencontrés, j'ai
rencontré la présidente de ce groupe dernièrement, ils sont plus heureux, ce
n'est pas parfait, il y a encore du chemin à faire, mais il y a beaucoup de
choses qui ont été faites.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Il reste deux minutes au bloc, Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Donc ce que j'en comprends, c'est qu'on va arriver avec une annonce avant la
fin de la session.
Mme McCann : Avant la fin du
mandat.
Mme Perry Mélançon : Avant la
fin du mandat, il y aura des programmes exclusifs dans les cégeps de région.
Mme McCann : Mme la
Présidente, je veux juste être claire, ce ne seront pas des programmes
exclusifs, ce sont des programmes additionnels. Il y a des programmes
exclusifs... Excusez-moi. Si vous voulez...
Mme Perry Mélançon : Bien,
c'est parce que oui, j'accorde une importance très élevée à l'exclusivité des
programmes, parce qu'on l'a vu dans le passé, ça a eu un effet très, très
positif sur l'attraction, on pense à Tourisme d'Aventure à Gaspé, là, c'est un
programme contingenté, mais qui pourrait avoir, je ne sais pas combien de plus
d'inscriptions par année, ça fonctionne très bien et c'est ce qui permet la
vitalité des cégeps des régions. Donc, il faut absolument garder nos
exclusivités et en développer, c'est un point important.
Mme McCann : Mme la
Présidente, une autre annonce qu'on fera aussi, c'est un programme de mobilité
des étudiants. On en a déjà un, mais on va le bonifier et de façon majeure, et
les cégeps des régions, vous allez voir, vont jouer un rôle beaucoup plus
important. Les programmes qui existent déjà, on les protège, mais on va continuer
d'en ajouter dans nos cégeps des régions et des étudiants également.
• (12 h 20) •
Mme Perry Mélançon : Bien, je
n'ai pas beaucoup de temps pour aller sur ce sujet-là, mais, bon, je pense que
je vais essayer de revenir, cet après-midi, pour vous en parler parce que je
n'aurai pas le temps de faire ça en quelques secondes seulement. Est-ce que
vous pouvez me rappeler quelle proportion, justement, du budget qui est allouée
aux universités, aux cégeps en région par rapport au budget total? Si on peut avoir
cette information-là.
La Présidente (Mme Thériault) : En
20 secondes.
Mme McCann : Oui.
Malheureusement, je n'ai pas la donnée, mais, moi, je vais vous dire, on vous
la donnera certainement, parce que ça demande quand même un calcul un peu plus
raffiné, mais on la donnera, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
je comprends que les gens de votre ministère vont faire parvenir à la
Commission de l'éducation le pourcentage, le temps qu'on le calcule. Merci.
Donc, ça met fin à votre bloc, Mme la députée de Gaspé. Sans plus tarder, nous
retournons du côté de l'opposition officielle, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, 16 min 28 s à votre disposition.
Mme David : Juste pour
compléter un peu la question de ma collègue, allez- vous accorder, d'ici la fin
du mandat, techniques de radiodiagnostic au cégep de l'Outaouais?
Mme McCann : On est en
discussion actuellement, Mme la Présidente...
Mme David : Ça fait dix ans
que c'est en discussion.
Mme McCann : Oui, mais je
porte un intérêt...
Mme McCann : ...très
particulier à ce dossier-là. Mme la Présidente, ce que je vais répondre à ma
collègue, c'est qu'en Outaouais actuellement, il faut qu'on fasse un effort au
niveau de la santé. Et je dois dire, là, je vais faire un peu de politique, là,
que notre gouvernement, là, au niveau de l'Outaouais, là, on le sait, là, on va
faire des annonces importantes puis on en a déjà fait, au niveau de la santé en
Outaouais. Alors, le programme de radio diagnostique, je suis en train de
regarder ce dossier et de voir qu'est ce qu'on peut faire en Outaouais. Je n'ai
pas une réponse aujourd'hui parce que le travail n'est pas terminé. Je sais que
la demande est là. Le ministère est en discussion avec l'établissement, mais la
décision n'est pas prise encore, Mme la Présidente, et je dois faire attention
parce qu'il faut que les travaux se terminent, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Je vais revenir
là-dessus cet après-midi, mais je reviens à votre plan stratégique. À la
page 34, je suis gentille, je vous donne toutes mes sources.
Cohorte 2013, indicateur valeur de référence pour le taux de diplomation à
l'université, six ans après l'inscription dans des disciplines des programmes
initiaux, bacs, visée par l'opération Main-d'œuvre. On parle de bourses
Perspectives Québec. Cohorte 2013, 80,5 %. Et là, ça fait dix ans,
là. Parce qu'en 2023, avec les milliards que vous investissez, on va être à
82,1 %. Même pas 2 % de plus de diplomation. Alors, expliquez-moi, en
quoi ça va aider tant que ça à la diplomation? Le cégep, on va passer de 62.3 à
64.8 %, 2.5 % d'augmentation. Expliquez-moi, là, pourquoi ça vaut des
milliards de dollars, ça, si c'est ça l'indicateur indicateur. Puis
l'objectif 1.1 : offrir une meilleure réponse aux besoins du marché
du travail. Il n'y en aura pas plus, de diplômés, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la Présidente,
je vais peut-être faire un parallèle avec la réponse de mon collègue ministre
des Finances ce matin à la période de questions. Ça, c'est une prévision. Mais
peut-être qu'on va être au-delà de ça.
Deuxièmement, ma deuxième réponse, qui est
encore plus importante, je pense, il faut que vous regardiez le dénominateur.
Si on a plus de gens qui s'inscrivent, là, on va avoir plus de diplômés.
Mme David : ...en prendre
plus, ils ne peuvent pas en prendre plus. Ils sont pleins. Demandez à
l'Université Laval, en travail social. Ils sont pleins.
Mme McCann : Bien, écoutez,
on a discuté avec nos universités et avec nos cégeps et on a demandé que... On
a fait des prévisions en termes d'inscriptions et on est capables de les
prendre. Alors, Mme la Présidente, c'est la seule réponse que je peux donner à
ma collègue.
Mme McCann : Parce que vous
dites que vous voulez augmenter le dénominateur, là, il va falloir augmenter le
nombre d'étudiants. Puis pour augmenter le nombre d'étudiants, ça prend plus de
professeurs puis pour avoir des diplômes, il faut avoir des stages. Vous le
savez, vous avez fait un diplôme en travail social, ça prend des stages.
Impossible d'avoir des stages.
Mme McCann : Oui. J'ai fait
une maîtrise en administration des affaires aussi. Alors je calcule, hein. Et
effectivement, quand notre dénominateur est plus élevé, on risque d'avoir plus
de diplômés. En plus, on a discuté avec les cégeps, les universités. Ils sont
capables d'en prendre davantage, Mme la Présidente, on a validé tout ça.
La Présidente (Mme Thériault) : ...Mme
la députée. C'est Mme la ministre qui a la parole. Continuez.
Mme McCann : Alors on a
validé tout ça et parce qu'on n'a pas fait ça en vase clos, là, on a la
collaboration des universités et des cégeps et on va être capables d'absorber
davantage. On parlait des cégeps, des régions, entre autres.
Mme David : Mais c'est clair,
en tout cas, d'une chose, de vos collaborateurs, collèges, universités. Ils
vous ont dit : Vous avez beau mettre tout l'argent que vous voulez, vous
n'aurez pas un meilleur taux de diplomation. Parce que même s'il y a plus
d'étudiants, il n'y a pas de meilleurs taux de diplomation. 80.5 % en 2013,
82,1 % en 2023. Puis vous dites que ça pourrait être plus, mais là, vous
dites : On a fait ça sérieusement, puis on a des indicateurs sérieux avec
nos partenaires. Ils ne diplômeront pas plus qu'ils diplôment actuellement,
malgré les bourses, alors que c'est votre objectif principal.
Mme David : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, je suis
obligée de répondre la même chose. Le dénominateur, on va avoir plus de gens
qui vont être inscrits, il va y avoir plus de diplômés avec le même
pourcentage, même. Mais on pense qu'on aura probablement une augmentation du
pourcentage de diplomation parce qu'on a un plan de réussite. On a des
stratégies additionnelles, là, 450 millions en quelques années.
Mme David : Donc, disons
qu'au lieu de 100 travailleurs sociaux qui vont sortir de l'Université Laval,
il y en a 200, admettons, là, ce qui est une vue de l'esprit, complète, là. Il
y aura autant de gens qui ne sortiront pas, même s'ils ont eu ces bourses de
15 000 $, parce que ça, c'est un bac de trois ans.
Mme David : Bien, on va avoir
36 000. Ce qu'on vise, c'est 36 000 personnes diplômées....
Mme McCann : ...de plus dans
4.
Mme David : Oui, mais vous
visiez aussi, jusqu'à il y a quelques minutes, d'avoir beaucoup plus de gens
qui vont diplômés. À l'intérieur des cohortes, pas 82 %, vous voulez viser
beaucoup plus, du 90, du 95, puisqu'ils sont à temps plein, puisqu'ils sont
payés pour étudier, puisqu'ils n'ont pas de situation qui fait qu'on les
empêche, puisqu'ils ont réussi tous leurs cours, ça ne diplômera pas plus.
Mme McCann : Bien, je
m'excuse, là, c'est que peut-être qu'on ne part pas du même angle, là, mais on
va même ajouter des professeurs, on va ajouter des stages, on en a discuté, ça,
avec...
Mme David : Écoutez...
Mme McCann : Oui, mais Madame
la Présidente, si vous permettez...
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
c'est à vous.
Mme McCann : Merci. Je
reprends ma réponse. Le taux de diplomation pourrait augmenter avec les mesures
qu'on a mises en place, mais non seulement ça, si j'ai 200 personnes avec le
même taux de diplomation, quand j'en avais 100 avant, je vais avoir plus de
personnes qui vont diplômer. C'est ça que je veux expliquer.
Mme David : Allons-y sur le
nombre d'étudiants. Vos cibles 2022-2023 pour ces programmes chouchous, là,
votre cible va passer de 115 000 étudiants en 2021, on ne parle pas de 2013,
115 000 à 137 700 étudiants en 2022-2023, ça, là, c'est 22 000 étudiants en
plus. Alors, dites-moi où vous prenez ce chiffre-là, combien de professeurs ça
va vous prendre, puis quel va être votre taux de diplomation, puis combien de
stages ça va vous prendre de plus?
Mme McCann : Bon. Juste une
explication, madame la Présidente, où est-ce que la collègue prend...
Mme David : Je suis toujours
à la page 34 de votre plan stratégique.
Mme McCann : Parfait. Et on
parle d'un nombre global, vous parlez...
Mme David : Le nombre
d'inscriptions dans les programmes collégiaux et universitaires crédités menant
à des emplois en déficit de main-d'œuvre visée par l'opération main-d'œuvre. Je
pense qu'on est vraiment dans les bourses Perspective Québec, valeur de
référence 2021,115 344 étudiants; 2021-2022,124 900; 2022-2023, 137 700. Ça,
c'est 22 000 étudiants de plus que vous voulez qui diplôment et qui ne
diplômeront pas plus que 1 % de plus entre 2021, 2022, 2023. Et puis vous
dites, ça va prendre des professeurs, puis là, c'est demain matin, 2022-2023,
c'est septembre, c'est des milliers de professeurs de plus, on n'en a pas de
prof en plus.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Bon, alors, Mme
la Présidente, c'est le nombre d'inscriptions, hein? On ne parle pas de nombre
de diplomations. C'est le nombre d'inscriptions.
Mme David : Je le sais, mais
il faut leur enseigner, à ces gens-là qui s'inscrivent.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Bourgeois, s'il vous plaît, laissez la ministre s'exprimer. Mme
la ministre.
• (12 h 30) •
Mme McCann : Merci, madame la
Présidente. Et on a validé tout ça avec les universités, les cégeps et on a
compris que, dans certaines disciplines, il fallait plus de profs. D'ailleurs,
on a mis un budget en génie pour avoir davantage de professeurs. Là, on ne
pouvait pas passer à côté. On finance 200 professeurs de plus. Mais dans les
autres disciplines, nos collaborateurs des cégeps, des universités nous ont dit
qu'ils sont capables d'y voir, avec les budgets.
Il faut le dire, madame la Présidente, si
vous me permettez, qu'on a augmenté considérablement le financement en
enseignement supérieur, on est le gouvernement qui l'a augmenté le plus, madame
la Présidente, dans les dernières années, on va dire, dans les 20 dernières
années. Des augmentations de 13 %, cette année, à l'enseignement
supérieur, du budget de fonctionnement, c'est énorme, madame la Présidente,
puis on a fait ça l'an passé aussi. Alors, les universités sont mieux
financées, les cégeps sont mieux financés, sont capables d'absorber.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Madame la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors, je
répète : Dans vos consultations, combien de nouveaux professeurs? Le génie
est toujours le chouchou de... même, le Parti libéral en avait mis beaucoup en
2012... 2011-2012. Mais il y a toutes les autres disciplines. Combien on vous a
dit que ça allait prendre de professeurs de plus d'universités, de cégeps? Et
comment vous allez faire pour trouver tous les stages? Parce que, là, c'est une
chose. J'ai été tellement coordonnatrice de stages, c'est un cauchemar, placer
les étudiants dans les milieux de stage et d'avoir de la supervision, puis les
superviseurs ne sont pas payés, puis ils sont dans des mauvaises conditions de
travail. Alors, combien de nouveaux stages? Qui vous a dit qu'on avait toute la
possibilité, puis toute l'ouverture? Puis combien de nouveaux professeurs dans
les collèges et dans les universités pour ces programmes visés?
La Présidente (Mme Thériault) : Madame
la ministre.
Mme McCann : Bon, alors, Mme
la présidente, le nombre de profs, ça, je l'ai dit tout à l'heure. Je réitère
ma réponse, 200 profs de plus en génie. C'est là qu'on en avait besoin.
Autrement, les universités et les collèges, avec le financement, l'ajout de
financement très important qu'on fait cette année, et qu'on a fait l'année
passée, nous disent : On peut l'absorber. Au niveau des stages, on donne
un budget...
12 h 30 (version non révisée)
Mme McCann : ...là, je
cherche, d'ailleurs, la hauteur, parce que je veux vous donner un budget exact.
Je pense que c'est 30 millions pour les stages, pour pouvoir donner des
stages. On donne des moyens de plus au niveau des stages, Mme la Présidente.
Écoutez, on n'est pas défaitistes, là, on est proactifs. On ne peut pas dire :
Écoutez, on a des... On règle les problèmes. Alors, au niveau des stages, on
ajoute du budget, on est conscients... spécialement en santé. En santé, là, au
niveau des sciences infirmières, on donne un coup de barre, on donne du budget
additionnel pour coordonner les stages.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Je donne un
exemple. Au cégep de l'Outaouais, ils veulent quatre programmes de plus. Ça va
coûter probablement 20 millions de dollars d'équipement. Vous voulez
avoir beaucoup plus d'étudiants en soins infirmiers, beaucoup plus d'étudiants
au niveau cégep, au niveau université. On ne parle pas de génie, là, on parle
de facultés, qui vont être appelées, avec les bourses, que vous espérez, d'ailleurs,
à arriver à 137 000 inscriptions dans ces programmes-là. Alors, je prends
l'exemple de sciences de l'éducation, puis de soins infirmiers. Ça va prendre
beaucoup de professeurs de plus, mais des professeurs, il faut les trouver, et
puis il faut avoir les locaux, puis il faut avoir les stages. Alors, quelles
ont... Vous dites : Ils sont d'accord. J'ai de la misère à croire qu'ils
sont d'accord, et que ça va être très simple pour qu'en 2022-2023, c'est-à-dire
septembre prochain on inscrive 137 700. Ma sous-question : Est-ce qu'on
est à 137 700 d'inscriptions, puisque c'est des inscriptions, puis les
inscriptions, les dates d'admission sont terminées, on est au mois de mai, ils
arrivent là en septembre? Vos 137 000, les avez-vous?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Je n'ai pas l'information
à ce moment-ci, à moins que je n'aie pas reçu encore, là... Mais je n'ai pas l'information,
c'est encore un peu tôt, hein, pour les demandes d'admission. On a le
pourcentage, là, d'augmentation, que je vous ai dit tout à l'heure, qui est
fort intéressant, mais si quelqu'un peut me donner le nombre, on va vous le
donner. Mais par rapport aux stages, c'est 75 millions, sur cinq ans, qu'on
investit pour aider, parce que c'est vrai qu'on a à donner un accompagnement,
là, à notre réseau là-dessus. Alors, c'est ce que je peux répondre. J'ai
peut-être oublié une question, là, parce qu'il y en avait plusieurs.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Je veux savoir
combien, parce que les... si vous faites des téléphones dans les universités
puis les collèges, ils vont vous le dire s'il y a des des augmentations dans
leurs admissions et leurs inscriptions. Parce qu'ils le savent, rendus au mois
de mai, combien ils ont d'étudiants à qui ils ont offert des places. Vous savez
comment ça fonctionne, là. Et en sciences de l'éducation, ils peuvent vous dire
si... Je vais vous la poser autrement : Dans le réseau de l'UQ, qui a été
fondé sur sciences de l'éducation, là, pour former des enseignants partout,
puis qui sont très forts en soins infirmiers, quels sont, au moment où on se
parle, les taux d'augmentation d'inscriptions et de demandes d'admission par
rapport à l'an dernier?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Je n'ai pas la
donnée, c'est trop tôt encore, on est quand même au début mai. Puis je suis d'accord
que l'Université du Québec, très forts en sciences infirmières, c'est eux qui
forment le plus d'infirmières au Québec.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Un téléphone à
faire. Appelez donc dans une des universités du réseau de l'UQ. Je les ai
toutes visitées, puis tous les cégeps, aussi, de région. Ou appelez au cégep de
Jonquière, appelez au cégep de Matane. Quel est leur taux d'augmentation d'inscriptions
dans les programmes de soins infirmiers, que ce soit au cégep ou à l'université?
Ils vont vous le dire tout de suite, ils le savent.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la ministre.
Mme McCann : Mme la
Présidente, c'est certainement des données que je recevrai dans un futur pas
très éloigné. Pour le moment, je n'ai pas ces données. Mais ce que je peux vous
dire, c'est qu'il y a de la place dans nos cégeps des régions, et nous allons
tout faire pour les occuper au maximum. Dans les cégeps. Les universités aussi,
mais je parle des cégeps. Je parlais des cégeps des régions, que j'ai rencontrés
quand je suis rentrée à l'Enseignement supérieur. Il y a 9 000 places de
disponibles dans différents programmes, dont les programmes ciblés pour l'Opération
main-d'oeuvre. Mme la Présidente, ça, c'est de la bonne gestion, c'est d'utiliser
vraiment ce qui est disponible dans notre réseau. C'est pour ça qu'on va faire
une belle annonce sur notre programme de mobilité des étudiants. On a, vous le
savez, deux dizaines de... 20 000, plus de 20 000 étudiants qui s'en
viennent, là, à Montréal. On a besoin de nos cégeps des régions. Mme la
Présidente, on va travailler puis on va augmenter les inscriptions dans nos
cégeps des régions.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
reste à peine 1 min 15 s à votre bloc, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien, je connais
bien le programme, c'est moi qui l'ai créé...
Mme David : ...un
programme de mobilité interrégionale, demandez à vos fonctionnaires qui étaient
là à l'époque. C'est très difficile, très, très, très difficile d'aller
chercher des étudiants, dans vos 20 000 Montréalais, là, qui vont... Ils
veulent rester à Montréal; c'est très, très difficile, à moins de faire des
programmes conjoints où c'est «built in» dans le programme. Tu dois aller... un
cégep... Un trimestre à Gaspé, un trimestre à Baie-Comeau, etc., Bonne chance,
c'est très, très très difficile.
Maintenant, vous pourriez appeler à
l'UQAC, par exemple, et demander : Combien avez-vous d'inscriptions en
sciences de l'éducation cette année? Parce qu'il y a des années... Moi, quand
je suis allée, ils auraient pu en prendre plus, vous avez raison là-dessus, les
cégeps peuvent prendre beaucoup plus d'étudiants, ils ne sont pas là.
Alors, je suis étonnée que vous n'ayez
aucun chiffre pour les admissions 22-23 parce que vous allez devoir
répondre de ça. Puis là, les admissions sont faites, les demandes d'admission
sont faites, vous auriez même pu avoir combien il y a eu de demandes
d'admission, est-ce qu'il y en a eu plus que d'habitude à cause des bourses,
est-ce qu'ils sont optimistes : un téléphone de quelqu'un chez vous puis
vous auriez la réponse rapidement.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...Plus de temps, donc, désolée. Sans plus
tarder, on va aller du côté du collègue le député de Saint-Jérôme. Et vous avez
un bloc de 14 min 28 s.
M. Chassin :Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre, bonjour
à tous ceux qui vous accompagnent. D'ailleurs, pour rebondir sur la collègue de
Marguerite-Bourgeoys, si jamais vous avez, effectivement, besoin d'appeler une
université du Québec, je suggère fortement à madame Laberge, la rectrice de
l'UQO qui... l'UQO a un campus à Saint-Jérôme qui fait notre fierté, qui est,
dans le fond, le campus universitaire de la région des Laurentides. Et là, Mme la
ministre, je vous avoue que j'ai quatorze minutes pour à peu près huit sujets,
je vais essayer de trier ça puis de vous poser des questions sur différents
sujets.
Peut-être juste souligner qu'en réponse à
la collègue de Gaspé, vous avez parlé de programmes additionnels pour les
cégeps en région, évidemment, on est très contents d'en entendre parler. Vous
le savez, nous, on est en attente aussi, là, d'une décision pour un programme
d'inhalo au Cégep de Saint-Jérôme, donc on a bien hâte d'avoir les réponses
là-dessus.
• (12 h 40) •
Mais je voudrais d'abord vous parler d'un
sujet un peu grand-angle. Et là, je vous ramène à un article de La Presse qui,
dans le fond, là, avait été écrit par Léa Carrier le 3 avril dernier sur la
vague qui, dans les cégeps, mettait beaucoup de pression, là, en termes de
fréquentation scolaire. Alors, c'est une bonne nouvelle, hein, on est heureux
que des jeunes fréquentent le cégep, mais, évidemment, on sent cette espèce de
pression dans les espaces qui sont disponibles. Évidemment, à la fin de
l'article, la journaliste posait la question tout à fait logique : qu'en
est-il des universités? Et on prévoyait, donc, une augmentation, dans les dix
prochaines années, assez forte... De l'augmentation, dans le fond, là, de la
fréquentation à l'université.
Puis là, je voudrais avoir avec vous, là,
peut-être, un peu une perspective de ce que le PQI réserve pour des nouveaux
projets, donc pas juste pour l'entretien, là, parce qu'on va tous s'entendre
ici, le maintien des actifs, c'est important, et ça a été très longtemps
délaissé, mais pour augmenter la capacité d'accueil de nos universités, est-ce
que, dans le Plan québécois des infrastructures, on a, effectivement, des
sommes qui sont suffisantes pour ce qu'on voit venir? Ou est-ce qu'on a
identifié peut-être juste une partie de la solution et une autre partie devra
être identifiée dans les années à venir ou dans les prochains budgets?
J'aimerais avoir votre perspective là-dessus.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme McCann : Merci,
bonjour, M. le Président. Merci, collègue, de la question, puis, effectivement,
on comprend, c'est comme une cascade, hein, que... 22 000, là, dans nos
cégeps, après ça, ça va passer à l'université. Puis on a des projets fort
intéressants, puis on parle de Montréal, là, évidemment, mais je vais parler
aussi des régions, on a des projets qui sont en cours, là : déjà à
Polytechnique, par exemple, ou HEC, à l'Université de Montréal, deux pavillons
des sciences neufs, puis on réhabilite, là, le pavillon Roger-Gaudry, là.
Alors, ça, ce sont des investissements majeurs au niveau des universités. On a
également... On ajoute à notre PQI cette année 787 millions, mais c'est
aussi pour du maintien des actifs, hein, comme on le sait. Mais par rapport aux
projets dont je vous parle, là, spécifiquement...
Mme McCann : ...Montréal. Ces
trois projets-là sont très importants. Il y a celui aussi de McGill, là, parce
qu'on sait que McGill est très déficitaire au niveau de son espace, puis c'est
lié évidemment à tout le réaménagement, puis la modernisation, on devrait dire
du Royal Vic, la transformation de la vocation du Royal Vic.
Alors, on a quand même des projets
intéressants des universités à Montréal, mais on en a d'autres également qu'on
va... Il y en a un... Vous parlez de la région de... bien, parlez indirectement
de la région de l'Outaouais, là. Il y a quelque chose là aussi, puis je ne veux
pas trop en parler parce qu'il y a quelque chose qui s'en vient de ce côté-là,
et là aussi il y a des besoins donc. Et il faut aussi mentionner les pavillons
délocalisés, hein, les facultés délocalisées. Par exemple, en médecine
vétérinaire, on en a déjà, là, à Saint-Hyacinthe, l'Université de Montréal,
mais on en a d'autres, là, qui s'en viennent. Puis il y a des facultés
délocalisées en médecine, par exemple, dans l'Outaouais, McGill. Puis il y en a
d'autres dans d'autres universités, là, des différentes régions qui viennent,
par exemple, l'Université de Montréal. Alors on travaille... puis l'Université
Laval aussi. Alors, on travaille sur tous ces chantiers et de différentes
stratégies pour... Puis l'Université de Sherbrooke, là, même qui va avoir une
faculté de médecine à Longueuil, alors pour faire en sorte qu'on ait l'espace.
M. Chassin :...on a utilisé beaucoup l'enseignement à distance durant
une période où on en avait... finalement, on n'avait pas le choix, alors
peut-être que ça change les besoins d'espace. Néanmoins, être étudiant, ce
n'est pas que recevoir un enseignement, il y a une vie étudiante autour de ça.
Ancien... ancien militant étudiant, moi même, j'en sais quelque chose. Ça fait
partie de l'éducation qu'on reçoit dans nos institutions d'enseignement
supérieur. Puis, j'ai envie de vous dire je sais qu'on voit là des sommes,
évidemment, il y a le maintien d'actifs, il y a certains projets, mais on n'a
pas nécessairement tant d'argent que ça encore par rapport à la vague qui s'en
vient, puis c'est pour ça que je me demandais puis je vous pose la question.
Peut être, là, votre sentiment, est-ce que c'est qu'on a déjà suffisamment
d'argent au PQI pour répondre aux besoins qui sont prévisibles dans les dix
prochaines années ou est ce qu'on a trouvé une partie de la solution où il
faudra continuer de, disons-le, d'avoir des nouveaux projets pour répondre
complètement à ce qu'on voit venir comme vague?
Mme McCann : Bien, il va
falloir avoir probablement des sommes à chaque PQI, là. Hein, comme l'année
prochaine, il va falloir en avoir d'autres parce qu'on a évidemment des
demandes. Mais je pense que, cette année, il fallait voir aussi aux cégeps,
hein, parce que c'est là que ça va se passer, là, d'abord, puis il ne faut
pas... vous avez parlé d'enseignement à distance, bon, il y a... il y a
notre... évidemment, la grande priorité, c'est l'enseignement en présence. Mais
on peut dire qu'au niveau des universités on a développé beaucoup d'habileté au
niveau de la technopédagogie, et ça varie d'une université. Prenez Laval, là,
il y a un pourcentage un peu plus élevé que d'autres universités qui se fait à
distance. Bon, ce n'est pas très élevé non plus. Je ne me souviens pas si c'est
20 %, mais c'est quand même appréciable. Et ça, c'est fait vraiment
notamment en formation continue, hein, puis il y a des gens... Moi, j'ai
rencontré l'association des étudiants, là, qui représente les étudiants en
formation continue, puis ils me disent : Nous, on est contents de
continuer parce que ça nous donne de la flexibilité. Moi, j'ai des enfants puis
je travaille. Alors ça, les universités sont très conscientes, puis elles sont
très bonnes par rapport à ça.
M. Chassin :...une partie des leçons qu'on a retirées de la pandémie...
Mme McCann : Oui.
M. Chassin :...puis qu'on va utiliser à bon escient. Là, évidemment, je
vous ai parlé un peu du PQI. Je ne vous parle pas du budget de fonctionnement,
disons, à part pour moi faire un petit commentaire parce que ça me rend très
fier puis j'imagine que, de ce côté-ci de la table, ça nous rend tous très
fiers parce qu'en 2021 on était autour de 8 milliards pour l'enseignement
supérieur, l'année passée, on était presque à 9 milliards, puis cette
année, on dépasse le 10 milliards. C'est des augmentations à chaque fois
qui sont importantes, qui sont récurrentes. Moi, je tiens à féliciter le
travail de vente que vous avez fait auprès de votre collègue des Finances. Je
pense qu'il s'agit là de grandes avancées, puis effectivement, tant pour les
collèges que les universités, ça donne une marge de manœuvre.
Par ailleurs, en plus, il y a un
programme, là, c'est très rapide, il y a un programme qui a été annoncé, puis
j'étais très fier de ce programme-là, par rapport aux fondations collégiales.
Donc, on a mis en place puis budgété dans le dernier budget...
M. Chassin :...des sommes pour cet appariement, là, donc pour les dons
privés, le gouvernement va aussi contribuer à un programme qui existe déjà pour
les universités. Je suis très fier de ça parce qu'évidemment, pour plusieurs
endroits au Québec, les cégeps sont l'institution d'enseignement supérieur, ça
crée une dynamique incroyable, même en termes de recherche, en termes de liens
par exemple, avec les employeurs.
Donc, il y a vraiment une belle dynamique
pour que le milieu se mobilise et donne les moyens de leurs ambitions aux
cégeps, notamment en région. Et des moyens, là, qui ne sont pas attachés, hein,
qui sont vraiment... Le cégep, leur fondation détermine les besoins, on a
besoin de tel matériel, on a besoin de financer x ou y. Moi, je trouve... c'est
vraiment un très, très beau programme que d'appuyer les fondations collégiales.
Évidemment, ce que je comprends, c'est qu'il y a encore des détails à attacher,
là. Quand peut-on penser avoir ces détails, là? Est-ce que ça sera d'ici la fin
de la session, ou d'ici... avant la prochaine campagne électorale, peut-être?
Mme McCann : Bien,
écoutez, on est très fiers de ce programme-là, et je pense que les cégeps sont
très heureux aussi. C'est quand même 45 millions, là, qu'on va investir
pour les fondations collégiales. Puis, dans le fond, on fait le miroir, là, du
programme au niveau des fondations des universités, de placements...
université. Alors, on va évidemment vouloir en parler après les règles
budgétaires, là, qui ne sont pas adoptées encore, là, parce que je vois ma
sous-ministre aux Finances, là, qui me fait signe, là.
M. Chassin :...vos crédits aujourd'hui, on vous donne les moyens de...
Mme McCann : Quand on va
nous donner ces moyens-là, quand ça sera confirmé, parce qu'on ne peut pas le
confirmer maintenant, on sera très heureux, là, si c'est adopté, de l'annoncer
puis d'annoncer les détails.
Alors, il y aura des fondations au niveau
des cégeps, puis vous le dites avec éloquence, là : Qu'est ce que ça peut
donner? On attendait ça depuis longtemps, puis on est très fiers, comme
gouvernement, de le faire dans ce mandat-ci.
M. Chassin :Excellent. Puis là, en quelques secondes, M. le Président,
combien de temps il me reste...
Le Président (M. Poulin) : Il
vous reste tout de même trois minutes 36 secondes.
M. Chassin :Ah! quand même.
Le Président (M. Poulin) : Absolument.
M. Chassin :Bon, profitons-en, profitons-en. Comme ça, je vais pouvoir
y ajouter une question parce que je voudrais, je ne peux pas passer sous
silence l'enjeu de la liberté académique, la liberté universitaire. Vous avez
déposé un projet de loi. Évidemment, moi, je trouve le projet de loi assez
consensuel, mais néanmoins, parce qu'on parle du milieu universitaire, il n'y a
rien de complètement consensuel, et c'est très bien comme ça, il y a toujours
des critiques.
Là-dessus, on comprend, là, l'espèce
d'équilibre entre la liberté que devraient avoir les universités de déterminer
leurs mécanismes, leurs politiques, etc., mais la nécessité aussi pour la
société québécoise, à travers une loi de l'Assemblée nationale, d'établir un
certain nombre de principes fondamentaux. Puis, en toute honnêteté, moi, je
m'inquiète de certaines dérives dont on a entendu parler en termes de liberté
académique par rapport à des enseignants ou des chercheurs. Je regarde aussi
des critères d'admission ou d'embauche quand ça provient, par exemple du
fédéral, qui m'apparaissent très inquiétantes.
Donc, tout ça me semble un peu lié, bien
que ce soit parfois des sujets distincts. La conception de l'université comme
un lieu de débat et d'apprentissage et d'expression des idées, est-ce que ça
s'applique seulement au corps professoral, ou est-ce que, d'après vous, les
étudiants, eux-mêmes, ont un droit de s'exprimer, un droit de contribuer au
débat public, au débat dans leur classe, à travers leur projet de recherche
aussi à l'avancement des sciences tout en ayant leurs propres opinions et cette
liberté aussi de parole, cette liberté finalement universitaire qui serait
garantie aussi aux étudiants?
Le Président (M. Poulin) : Mme
la ministre, en une minute 33 secondes.
• (11 h 50) •
Mme McCann : Oui. Bien,
merci, merci pour la question parce que c'est tellement important. Et la
liberté... le projet de loi sur la liberté académique, c'est vraiment pour
répondre, comme vous le dites, à cette autocensure qui s'est installée, à un
certain niveau, dans nos établissements d'enseignement supérieur. La
commission, là, qui s'est penchée sur la question a fait un sondage, vous le
savez. Dans les dernières cinq années, il y a 60 % des profs qui ont dit
s'autocensurer, là - alors c'est beaucoup - sur des mots et sur des sujets.
Bon, je ne me souviens pas du pourcentage, mais il y a quand même un
pourcentage dont il faut se préoccuper, donc c'est vraiment le but. Puis
effectivement on respecte l'autonomie des universités parce que...
Mme McCann : ...on donne
un cadre, hein, et on ne nie pas qu'il y a des universités actuellement qui
voient la liberté académique, mais on veut que ça soit partout.
M. Chassin :...aux étudiants aussi.
Mme McCann : Oui, je
veux répondre à cette question-là. Les bénéficiaires de la liberté académique,
selon les recommandations de la commission, c'est tout le monde qui contribue à
la mission de l'université. Un étudiant qui fait de la recherche, il contribue
à la mission. Un étudiant qui est chargé de cours, il y en avait une d'ailleurs
qui était sur la commission, contribue à la mission. Ces gens-là sont protégés
par la liberté académique. Et j'ajouterais même, au niveau des débats, là, il y
aura un conseil, hein, puis là, on aura des discussions là-dessus sûrement au
niveau de l'étude du projet de loi... et ça va permettre, à mon avis, vraiment,
de dédouaner aussi les étudiants. Ça va?
M. Chassin :Oui. Tout à fait. Bien, on remercie M. Cloutier et son
équipe du travail fait, mais je vous remercie vous de ce projet de loi
excellent.
Le Président (M. Poulin) : Merci.
Merci beaucoup aux collègues. Alors, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci. Bon lunch. Bon dîner, en
fait.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bon après-midi, tout le monde. Nous allons reprendre nos travaux. Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur pour l'exercice
financier 2022-2023. Donc, nous en sommes maintenant à un bloc d'intervention
de l'opposition officielle, et nous étions... Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, donc je vous cède la parole.
Mme David : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Rebonjour. On change, on varia de présidente, mais nous, on
reste, hein, Mme la ministre, nous, on reste.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Je suis avec vous pour le reste de l'après-midi.
Mme David : Parfait. Parfait.
Ça passe vite, ça passe vite et c'est quand même des gros sujets. Alors là, je
vais aborder le sujet du p.l. 32. Je sais qu'on commence lundi... mardi,
excusez, mais c'est quand même un projet de loi où je pense qu'on nage
peut-être dans un certain malentendu, malentendu de la définition de liberté
académique. Puis je sais que plusieurs intervenants vous ont parlé. J'ai
parlé... on n'a fait pas mal les mêmes sentiers, je crois. On a parlé pas mal
au même monde. Il m'en reste d'autres en fin de semaine. Mais une chose est
sûre, c'est que c'est probablement un projet de loi qui part de la meilleure
intention possible avec un très bon rapport, vous le disiez encore tout à l'heure
avec le député, le rapport d'Alexandre Cloutier et ses collègues. Mais
finalement, quand on parle, autant le côté syndical, syndicats de professeurs,
qui vont venir, d'ailleurs mardi, le BCI, que j'ai rencontré, des recteurs à
qui j'ai parlé, des étudiants... ont réussi presque à déplaire à tout le monde,
pas pour toujours les mêmes raisons. Mais vous allez dire : C'est normal,
dans un projet de loi, on déplaît à des gens. Mais il y a... une chose est
sûre, c'est qu'un point qu'ils ont en commun, tous ces intervenants-là, c'est
on ne retrouve pas...
14 h (version non révisée)
Mme David : ...ce à quoi on s'attendait
à retrouver, qui est écrit très précisément dans le rapport Cloutier. Et je
dirais que les choses qui inquiètent le plus, et vous le savez, parce que je
sais que vous avez parlé à certains recteurs et qu'ils ont été très clairs avec
vous de ne pas retrouver... Et ça, la Fédération québécoise des professeurs d'université,
ils vont tout écrire ça dans leurs mémoires, et ils s'entendent là-dessus, ce
qui est rare, là, quand les profs, le syndicat s'entendent avec les
administrations, c'est qu'il y a vraiment un manquement. Article 4, article 6,
article 3, article 1.
Finalement, qu'est-ce qui reste qui
pourrait convenir à tout le monde? Puis je ne veux pas être défaitiste, parce
que je pense, sincèrement, Mme la ministre, qu'avec une bonne discussion, de l'ouverture,
on peut y arriver assez facilement. Je ne dis pas que tout le monde va sauter
de joie, mais je pense que comparé au projet de loi que je viens de terminer et
qui est sorti de Chambre, là, dont on parlera plus tard, peut-être, puis je
pense qu'il y en a qui nous ont suivis là-dedans, comme j'ai dit à votre
collègue de la Justice, on n'est pas loin de pouvoir trouver un arrangement ou
des... Mais ça va dépendre de vous. Ça va dépendre de l'ouverture que vous avez
à, par exemple, reprendre l'entièreté, ça, c'est venu de tout le monde et c'est
sûr que vous le savez, votre sous-ministre doit le savoir, votre directeur de
cabinet, reprendre l'entièreté de la définition de l'UNESCO de 1997. Mais
surtout dans l'esprit de protéger, autant du côté... prenez le syndicat de l'Université
Laval, Louis-Philippe Lampron, qui a écrit beaucoup, à qui j'ai souvent parlé,
autant des gens de cette mouvance, je pourrais dire, que des recteurs, de dire :
Attention, les universités, c'est... le concept de liberté académique s'applique
aussi à l'autonomie universitaire.
Et c'est là que je parle de malentendu
possible. Je vous entendais parler avec le député de Saint-Jérôme, je pense,
tout à l'heure, et c'est toujours la même chose. Et ce n'est pas lui ou d'autres,
mes collègues, c'est pareil, pour eux, ce projet de loi là n'est là que pour
régler un seul problème. Mais le problème, c'est que le parapluie de ça est
beaucoup plus large, depuis des siècles, là, de la notion de la liberté
universitaire. Ce n'est pas juste des profs qui se censurent, et vous le savez
parce que vous avez lu le rapport Cloutier. Ça touche et ça embrasse très
large, ce concept-là.
Donc, à partir du moment où on nomme ça
dans le projet de loi, bien là, vous faites face non pas... Il n'y a personne
qui est revenu en disant : On ne protège pas les professeurs. Tout le
monde est d'accord pour ça, là, que les professeurs doivent pouvoir s'exprimer
sans avoir peur de la censure, etc. Puis les gens pensent que ça ne se limite
qu'à ça, dans le projet de loi, et le concept de liberté universitaire. La
question, c'est que c'est 1 000 fois plus large que ça.
Alors, les recteurs, d'un côté, disent :
Attention, il faut consacrer l'autonomie universitaire telle que présentée et
que dit très bien, à la description, page V en chiffres romains, je dirais, de
la commission... rapport Cloutier, je vais dire ça plus vite : «Que le
gouvernement fasse adopter une loi sur la liberté universitaire qui devrait, b,
consacrer l'autonomie universitaire et la liberté universitaire.» Juste ça, là,
déjà, on vient d'enlever un irritant. Puis les autres irritants des... Il faut
inclure des considérants qui vont reprendre la définition de l'UNESCO, qui vont
inclure le droit à la liberté académique et consacrer l'autonomie
universitaire, le droit de pouvoir critiquer l'institution qui n'est pas dit
nommément.
Donc, il y a toutes sortes de choses qui
ne sont pas dans les considérants, dans les... ou après, dans l'article 1,
2, 3. Puis après, vous le savez, on arrive parce que de critiquer la société,
par exemple, des institutions, des doctrines, vous ne dites pas «l'institution.»
Ça, pour un syndicat, il y a plein d'universités qui ont déjà ça dans leurs
conventions collectives, le droit de critiquer, mais pas d'autres universités,
le devoir de loyauté, même si le droit civil permet toutes sortes de recours l'Université
Laval ne l'a pas, l'UQAM l'a, l'UQAC l'a, l'UdeM l'a, mais vous comprenez qu'on
est, là, beaucoup plus large, là. Les gens qui nous suivent ils ne comprennent
plus qu'on parle, là, de... Ils pensaient qu'on parlait juste d'étudiants et
professeurs. Ça va beaucoup plus loin que ça. Et là, ils disent dans l'article 4,
là, les syndicats, évidemment : Qu'est ce que c'est que ce conseil? Il y a
beaucoup de questions...
Mme David : ...je pense que
vous pouvez répondre à plusieurs de ces questions ou rassurer en apportant des
modifications dans votre projet de loi. Puis il y a une chose que vous savez,
puis je vais vouloir vous entendre là-dessus, que, mais alors là,
l'unanimité... c'est le premier paragraphe de l'article 6. Ça, tout le
monde vous en a parlé et ça, pour eux, c'est la terreur en personne, là. Ça,
c'est la terreur, c'est du jamais vu, c'est l'intrusion du pouvoir d'un
ministre d'aller jouer dans les politiques à l'intérieur.
Alors, mais si on avait juste un petit
amendement ou une façon de le reformuler, là, on pourrait s'asseoir toutes les
deux sur un coin de table puis régler ça rapidement. Mais je veux vous annoncer
ça d'une part parce que ce n'est pas un projet de loi où on veut, là, faire de
l'obstruction ou quoi que ce soit là, pas du tout, mais je pense qu'on a là une
occasion d'arriver à quelque chose de très intéressant, très inédit, qui est à partir
d'un rapport très bien fait qui va pas mal loin. Il va même dans la... pour
dire... pour essayer d'expliquer aux gens comment ça va plus loin sur ces...
même si c'est une note en bas de page qui va traiter de l'indépendance et de la
liberté en recherche. Puis ça, c'est quelque chose, ça parle des fonds de
recherche, ça parle des grandes compagnies pharmaceutiques, ça parle des thèses
de doctorat qui ne peuvent pas être publiées parce que le bailleur de fonds
dit : Non, je ne veux pas, c'est des données personnelles. Il y a des
choses qui sont allées en cour pour ça.
C'est juste pour montrer la complexité de
ce dans quoi on s'est tous collectivement embarqués et qu'on est très, très
loin du rapport dans la classe entre des étudiants et des professeurs. Ça
inclut ça, mais ce n'est pas que ça. Alors, je veux vous entendre là-dessus
parce qu'on va lire, vous et moi, probablement, les mémoires qu'on va recevoir
en fin de semaine. On va les entendre, ça va être ce genre de questions là. Ils
vont venir vous dire : Mme la ministre, enlevez les considérants. Moi, je
mets bout à bout tout ce qu'ils voudraient enlever, prenez le rapport Cloutier
à la place. Enlevez l'article 3, il manque telle chose, telle chose.
L'article 4, les syndicats, scrappez-moi tout ça, c'est quoi un conseil,
ça fait quoi dans la vie, etc. Les recteurs, l'article 6, premier
paragraphe. Bien, je dis, il ne restera plus grand-chose à la fin.
Donc là je pense qu'on a une occasion de
dire : Non, non. On va pouvoir modifier de façon intelligente, adaptée
pour un projet de loi qui mérite d'exister, mais qui pourrait se coller plus
sur... Alors, dans ça, il y a des choses qui sont retenues dans votre projet de
loi puis il y a des choses qui sont tronquées et c'est les choses qui ne sont
pas là qui inquiètent beaucoup plus que les choses qui sont là. Alors, longue
introduction pour mettre la table, Mme la Présidente, sur... peut-être vous
entendre dans votre réponse et puis, peut-être, qu'on gagne du temps et qu'on
sache, tous ensemble, quelles sont déjà, peut-être, les réflexions qui vous ont
animée ou qui vont vous animer puis qu'on puisse procéder, comme j'entends
souvent des ministres le dire, vite. Vite, qu'on passe à autre chose. Mais là,
vite et bien, ça serait le fun.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, bien,
merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bien, je suis très contente d'entendre ma
collègue parce que ce que je décode dans ce que la députée de
Marguerite-Bourgeoys dit, c'est qu'il y a une volonté de collaboration. Et ça,
c'est vraiment ce qu'il nous faut dans un projet de loi qui est si important.
D'ailleurs, c'est unique, hein, ce projet de loi. Je pense qu'il y a
l'Angleterre, là, qui travaille actuellement sur un projet de loi, mais si on
arrive à bon port, et je le souhaite fortement, on va être assez uniques dans
l'univers, dans l'écosystème, comme diraient certains de mes collègues.
C'est sûr que, moi... puis j'aime beaucoup
les discussions qu'on peut avoir quand on étudie des projets de loi. Alors,
c'est sûr que l'étape qu'on va faire la semaine prochaine, quand on va
entendre, là, les partenaires très importants et, par la suite, l'étude article
par article... et, évidemment, je ne veux pas présumer de, donc je ne vais pas
entrer, là, dans des spécificités par rapport au projet de loi, mais j'entends
le message de ma collègue, qui m'apparaît très positif, et les points qui sont
amenés, ce seront sûrement des points de discussion. Ce qu'il est important de
retenir, c'est qu'il y a une volonté d'amener ce projet de loi à bon port parce
que la situation le demande, actuellement, au Québec. Il y a... Qu'est-ce qu'il
va y avoir dans le projet de loi, là, ça, c'est l'objet des discussions qu'on
va avoir, là, il y a un véhicule, actuellement. Moi, ce que je peux dire, c'est
que je suis ouverte. Je pense qu'il y a un assentiment qu'il faut faire quelque
chose, là, ça, c'est déjà intéressant...
Mme McCann : ...de la part
des recteurs, de la part de tous les partenaires qui ont été nommés. Mais il y
a une ouverture évidemment à de la discussion, à du débat. D'ailleurs, pour
être un peu méta dans mon intervention, bien, il faut faire, en commission
parlementaire, ce qu'on demande de faire dans les universités, d'avoir des
débats. Alors, c'est ce qu'on va faire pour le projet de loi. Et je pense qu'il
va être bonifié, certainement, comme les autres projets de loi que j'ai eu le
privilège de mener. Ils ont toujours été bonifiés, avec les oppositions, avec
les partenaires, et c'est ce que je compte faire avec le projet de loi sur la
liberté académique.
Mme David : Bien, c'est
intéressant parce que, oui, il y a certainement lieu de bonifier ou, en tout
cas, répondre à la fois aux attentes... Il y en a que vous allez voir,
évidemment, qui... vous ne pourrez pas nécessairement répondre aux attentes. Il
y en a certains qui disent : Non, non, non, une loi n'est pas un bon
véhicule. Bon. On va entendre toutes sortes de choses, des propositions assez
créatives, d'ailleurs, mais il ne faut pas que les gens pensent que c'est un
projet de loi "woke-antiwoke", ce n'est pas ça, là, ce n'est pas ça.
"Woke-antiwoke", là, c'est rendu, là, le jargon
fédéraliste-souverainiste, de gauche, de droite, puis là le nouveau duo binaire,
là, c'est "woke-antiwoke". Ce n'est pas ça, là, parce que ça peut se
passer dans plein d'autres choses, cette notion de liberté universitaire.
Alors, d'avoir fait ce rapport, ce rapport
de la Commission scientifique et technique indépendante, j'aime le titre, sur
la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire,
c'est... La question, c'est : Qu'en touchant au mot "liberté
académique"... bien, effectivement et le rapport le dit bien, ce n'est pas
d'hier qu'on appelle ça liberté académique, là, ça vient de très, très loin, et
c'est profondément la notion qu'il a fallu de tout temps, dans tous les régimes
politiques, parce que des universités, il y en a partout dans le monde, sous
toutes sortes de régimes, il faut enlever l'ingérence ou l'influence de grands
bailleurs de fonds, et le gouvernement peut en être un, évidemment, mais
d'autres bailleurs de fonds, pour pouvoir faire de la recherche libre et de
l'enseignement libre. Mais l'enseignement libre, il y a d'autres lois qui protègent
les propos haineux, et un prof et une étudiante n'ont pas le droit de faire du
harcèlement, de l'intimidation, de tenir des propos haineux, des propos
homophobes. Tout ça, c'est prévu par d'autres, et heureusement, Charte des
droits et libertés.
Maintenant, la liberté académique, quand
on parle des administrateurs, c'est... d'ailleurs le sacro-saint de principe de
dire : Pour qu'une université exerce en toute indépendance la recherche,
la recherche scientifique, la recherche sur les idées, sur les grands concepts,
bien, cette recherche-là doit être libre de toute influence parce que sinon on
va juste chercher ce que les bailleurs de fonds veulent qu'on trouve. Puis,
malheureusement, ça se retrouve des fois dans des fonds de recherche. Votre
collègue de Saint-Jérôme donnait un exemple sur les fonds... les chaires de
recherche du Canada. Il y a eu un enjeu sur... il faut... avec une bonne
intention, on peut aller très loin, mais la bonne intention peut donner des
résultats un peu particuliers, de dire : Bien, on ne veut pas d'homme
blanc parce que, là, ça prend des minorités visibles, ça prend des gens en
situation de handicap, ça prend des gens en diversité de genre, etc., ça peut
mener à des choses comme ça.
Alors, oui, on est là-dedans, mais on est aussi
dans la notion fondamentale de qu'est-ce que c'est, une université. C'est à ça
que vous touchez, dans le fond, avec votre loi. Puis ce n'est peut-être pas
comme ça que vous l'avez voulu. Vous avez voulu régler un problème important
qui est : Est-ce que les professeurs peuvent encore enseigner ce qu'ils
veulent? Est-ce que... parce que, vous savez, même à mon époque, là, on
n'appelait pas ça «woke», mais moi, j'étais dans un département où j'enseignais
une approche, qui était la psychanalyse, qui a été démonisée après par les
féministes, par... Puis il y avait la montée en force du béhaviorisme. Ça doit
vous... Vous avez fait travail social, vous devez savoir un peu. Ça déchirait
les départements de psychologie, de psychiatrie, de travail social aussi, c'était
«c'est quoi la cause des maladies mentales», puis comment on traite ça. Puis
là, le béhaviorisme a dit : On va traiter ça vite puis la psychanalyse,
Freud, il dit : Non, non, non, c'est l'inconscient, etc.
Donc, tout ça se reflétait dans nos réunions
départementales et je vous jure que, des fois, une période de questions à
l'Assemblée nationale, c'est du bonbon comparé...
Mme David : ...à nos réunions
départementales parce que les approches se colletaillaient solides. Puis ça, ça
veut dire des fonds de recherche, ça veut dire des étudiants dans les cours,
etc. Alors, la liberté académique, c'est de pouvoir tolérer ton voisin qui
enseigne quelque chose, puis tu dis : Bien, non, je ne suis pas d'accord
pantoute avec lui, mais si c'est scientifique, si c'est prouvé
scientifiquement, un refus par des pairs, etc., tout ça doit être toléré.
Alors, est-ce que vous vous, vous êtes d'accord avec moi que votre projet de
loi, dans le fond, embrasse beaucoup plus large que le problème qu'il faut peut-être...
peut être pas régler, mais sur lequel on voulait travailler dès le départ? Puis
que ce qu'on va entendre, là, le mardi, ça va beaucoup plus large et que, dans
le fond, ça nous plonge dans tout le monde de qu'est-ce que c'est une
université, autant au niveau de la gestion, de la recherche, des rapports
étudiants-professeurs, des rapports professeurs-étudiants. Est-ce qu'on est
là-dessus à peu près sur la même longueur d'onde?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Merci. Bien,
écoutez, si l'esprit du projet de loi... D'ailleurs, la commission Cloutier a
fait tellement un excellent travail puis a abordé ces questions. Et,
paradoxalement, d'ailleurs, le Pr Gingras, là, qui a fait partie de la
commission, l'a ‘exprimé mieux que moi que si on renforce la liberté
académique, on renforce l'autonomie des universités et on aura l'occasion d'en
discuter certainement lors des discussions qu'on aura pour le projet de loi. Et
on aura des... on le voit déjà, là, des discussions fort, fort intéressantes.
Je me retiens, là, parce que je me dis, on va le faire au niveau de la
commission, mais on ne devrait pas peut-être la faire entièrement ici sûrement,
mais il faudra faire des distinctions entre la liberté d'expression et la
liberté académique universitaire. Et il faudra... on va aborder, c'est sûr, la
question de l'équité, de la diversité et de l'inclusion, parce que c'est autre
chose. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas lié, mais c'est autre chose. Et on
aura sûrement des discussions fort intéressantes.
Puis je reviens à ce que ma collègue
disait là, ce n'est pas anti «woke», c'est prodébat. La loi, elle est prodébat,
elle n'est pas anti «woke». Et je l'ai dit quand on a fait notre conférence de
presse pour annoncer, là, le projet de loi que... et je le redis encore, qu'il
y aura un impact très bénéfique sur nos étudiants. Parce que, oui, on protège
tout le monde, là, qui est bénéficiaire de la liberté académique, ce sont les
gens qui contribuent à la mission, mais l'étudiant, lui, il faut qu'il ait, et
c'est nommé dans le rapport de la commission, la liberté d'apprendre dans un
contexte qui est propice à cet apprentissage. Et un contexte qui est propice à
cet apprentissage, c'est un contexte qui permet les débats, des débats
respectueux, des débats qui sont basés aussi sur des connaissances
scientifiques. Et donc il y a un ensemble d'éléments qui existent déjà dans nos
universités, des codes de déontologie, etc. Alors, il y a vraiment, encore une
fois, un écosystème, là, autour de ça, mais on vient renforcer la liberté
académique en quelque part, ce qui va renforcer l'autonomie des universités. Ça
a l'air paradoxal, peut-être. Pour certains, on l'expliquera davantage.
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Une minute, Mme la députée.
Mme David : Oui,
effectivement, le... Comment on dit ça? L'enfer est pavé de bonnes intentions.
Là, je pense qu'on est plein de bonnes intentions, mais vous allez voir à
l'article 4 entre autres sur le comment, parce que, là, il faut avoir un
comment. On crée un conseil. Alors, ça, c'est quoi, ça? Quelqu'un me
disait : Déjà, dans mon université, il y a 48 règlements,
57 comités. La recherche, quand il y a des abus, ça va là, quand c'est...
Bon, en tout cas. Alors, évidemment que ça, ça énerve beaucoup, beaucoup les
gens, donc on va être aussi dans le comment. Et donc l'article 4, les
syndicats, ils disent : Là, on scrappe ça complètement, oubliez ça,
l'article 4. Les recteurs, oubliez ça, le premier paragraphe de
l'article 6. Et puis d'autres disent : Bien, oubliez ça, les
considérants, reprenons donc le copier-coller du rapport Cloutier. Alors, c'est
pour ça que je vous dis, dans le fond, on ne pourra pas dire qu'on ne s'en sera
pas parlé même publiquement avant, là, ça va nous permettre de mettre la table
pour poser des bonnes questions mardi.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Vous aurez l'occasion
d'avoir un autre bloc d'échange avec Mme la ministre. Donc, je cède maintenant
la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député.
M. Leduc : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Rebonjour. Je voulais juste vous dire, Mme la ministre, que,
ce midi, j'ai parlé longuement avec des gens qui sont venus se déplacer
aujourd'hui pour parler des bourses perspectives. Je pense qu'il y en a...
M. Leduc : ...sont restés
encore en arrière aujourd'hui. Ils étaient contents de l'ouverture que vous
avez démontrée, que vous n'aviez pas fermé la porte pour septembre et que vous
avez surtout accepté de les rencontrer. Alors, je vais me faire un plaisir de
faire le suivi avec vous dans les prochains jours pour être certain que ce
rendez-vous ait lieu, mais je vous fais confiance.
Je voudrais parler des frais de scolarité.
Les frais de scolarité ont fait l'objet, depuis plusieurs années, maintenant,
presque 10 ans, donc font l'objet d'une espèce de, j'oserais presque dire,
un consensus ou, en tout cas, une espèce de... bien, je vais le dire, un
consensus social qui s'est atterri alentour de l'indexation des frais de
scolarité. Bien sûr, nous, on demeure pour la gratuité scolaire, vous le savez.
Mais les indexations avaient fait en sorte d'avoir des hausses d'à peu près
2 %, 3 % dans les dernières années. Et là on avait, selon la méthode
que vous aviez héritée du précédent gouvernement, indexé, là... on indexait sur
le revenu disponible. Et là on allait avoir une indexation de 8 %. On a
tiré la sonnette d'alarme. Vous avez regardé ça, vous avez décidé de choisir un
autre modèle de calcul de l'indexation, puis ça a fini par être 2,16 %. Ce
n'est pas la gratuité scolaire, on s'entend, mais ce n'est pas 8 %, donc
j'ai salué la nouvelle. Vous avez choisi le nouvel indice qu'est l'indexation
au régime fiscal.
Moi, ma question, c'est : Bravo pour
cette année, qu'est-ce qui nous attend l'année prochaine? Est-ce qu'on est,
maintenant, dorénavant, toujours sur l'indexation du régime fiscal pour les
prochaines années?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Merci. Alors,
bien, écoutez, je pense qu'il faut se remettre dans le contexte, mais vous en
avez dit une bonne partie, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qu'il y avait une
entente, il y a une entente, hein, c'est encore d'actualité, entre les
universités, les étudiants et le gouvernement, hein, qui a eu lieu il y a
10 ans, quand il y a eu les événements, les carrés rouges. Et cette
entente, on a voulu la respecter, hein. Elle a été respectée, de même par le
précédent gouvernement, bien entendu. Et comme vous l'avez bien décrit, on
arrivait à quelque chose qui était inacceptable, à notre avis, une hausse de
8 points quelques pour cent nos étudiants. On trouvait que ça n'avait pas
de bon sens, alors on a pris une autre méthode qui est l'indexation au prix de
la consommation et donc l'indice des prix à la consommation. Et donc, on est
arrivé à 2,64 % pour cette année.
Alors, la réponse que je ferai, c'est que
vous voyez comment on est vigilant et qu'on prend le pari de l'accessibilité
pour nos étudiants. On se dit : Nous, là, l'important, c'est que ça soit
accessible. C'est sûr qu'il faut financer nos universités, puis on devait
indexer un petit peu plus haut et on va compenser nos universités pour l'écart,
là. Par rapport à l'année passée, on avait monté à 3,9 %. Alors, on va
compenser nos universités entre le 2,6 % puis le 3,9 %. Mais pour
l'année prochaine, ça, je pense que je ne peux pas m'avancer, mais ce que je
peux dire et affirmer, puis il y a des étudiants qui nous écoutent, c'est qu'on
va toujours prendre le pari de nos étudiants, du bien-être de nos étudiants et
de l'accessibilité aux études. D'ailleurs, si on ne fait pas ça, en bon
Québécois, on se tire dans le pied, parce qu'on a besoin de nos étudiants, puis
on a besoin qu'ils diplôment, qu'ils persévèrent. Alors, on veut que la
situation financière soit bonne. Et je le réitère, comme je l'ai dit ce matin,
on a quand même les frais de scolarité les plus bas, deuxième, les plus bas au
Canada. Et si on se compare à l'Ontario, c'est trois fois plus cher en Ontario.
Alors, on veut continuer dans la même veine.
M. Leduc : Si je comprends
bien, donc vous ne vous êtes pas nécessairement engagés à reprendre le même
calcul ou de laisser peut-être la porte ouverte à une révision? Est-ce que je
saisis bien que votre objectif, au-delà du calcul, c'est d'avoir encore une
augmentation, mais modérée?
Mme McCann : Bien, je ne peux
pas, encore une fois, présumer de l'année prochaine, mais ce que je peux dire,
c'est que parce que le ministre des finances également qui doit travailler la
question, mais ce que je peux dire, vous voyez, on... cette année, là, on a
changé de méthode même si on avait une entente, là, avec les étudiants, avec les
universités et le gouvernement, qui a toujours été respectée. Mais là, on se
disait : Ce n'est plus dans l'intérêt de nos étudiants. Et évidemment, les
associations étudiantes d'accord avec ça. Donc, l'année prochaine, évidemment,
dépendant de ce qui va se passer aux élections, mais... on ne peut pas présumer
de rien, mais la méthode va toujours être celle d'être le plus en faveur de
l'accessibilité pour nos étudiants. C'est ce que je peux vous répondre.
M. Leduc : Donc, flexibilité
de la part du gouvernement sur la méthode exacte de calcul, puis on vise
l'accessibilité. Donc, je le traduis un peu ad lib sur une hausse, mais pas
très haute. Ça fait que est ce qu'on peut, peut-être en terminant sur ce...
M. Leduc : ...s'attendre
à pas plus que 2,5 % l'année prochaine, 3 % maximum l'année
prochaine?
Mme McCann : Encore une
fois, je ne peux pas m'engager, là, pour l'an prochain, je pense que ce ne
serait pas indiqué, là. Donc, je ne... pas m'avancer plus loin. Je peux juste
réitérer que vous avez vu cette année comment on a été très prudents puis qu'on
a considéré l'intérêt de nos étudiants. Je ne peux pas aller plus loin.
M. Leduc : Mais on peut
s'entendre que, pour vous, 8 %, c'était trop gros?
Mme McCann : Oui.
M. Leduc : 2,5 %...
Ça fait que c'est le jeu qu'on a, là, pour l'année prochaine, entre 2,5 %
et 8 %.
Mme McCann : Ah! bien,
écoutez, c'est sûr que, si vous voulez regarder de cette façon-là... Mais je ne
veux pas être citée que ça va être entre 2 % et 8 % parce que, là,
mon ministre des Finances ne va pas être content.
M. Leduc : Ça peut
descendre à 2 %, bon. Bon, voilà.
Mme McCann : Alors, je
ne m'avance pas sur aucun chiffre.
M. Leduc : Une
fourchette entre 2 % et 8 %, c'est ma compréhension, mais... Parfait.
Pour pour l'échange là-dessus, ça clarifie un peu les choses.
Parlons encore des universités, parlons
encore de sous. Vous avez certainement vu passer, dans les derniers mois,
l'enjeu des assurances étudiantes, qui a fait couler beaucoup d'encre, qui a
généré, quand même, son lot d'anxiété, plusieurs courriels à mon bureau,
plusieurs contacts de la part des représentants étudiants. Je résume
rapidement, là. L'Autorité des marchés financiers a décidé, suite, semble-t-il,
à quelques très peu nombreuses plaintes, qu'il ne pouvait plus y avoir le
régime actuel, où il y a une cotisation automatique, là, à même l'inscription,
comme dans plein d'autres programmes, évidemment, aux assurances, et que la
question de pouvoir avoir une fenêtre pour s'en retirer de manière volontaire,
ça ne fonctionnait plus. Il fallait renverser l'ordre des choses, il fallait
individuellement s'inscrire. Évidemment, l'assureur a dit : Ça n'a pas de
bon sens, je ne rentrerai jamais dans mon argent, ce n'est pas rentable ça, ce
n'est pas un modèle qui est possible. Alors, Desjardins a dit : Si c'est
ça, je tire la plug, pour reprendre l'expression québécoise, comme vous le
disiez tantôt. C'est là que le monde s'est mis à paniquer, avec raison, à mon
avis. Là, ils ont... L'AMF a décidé de surseoir à sa décision. Moi, j'ai
compris que votre cabinet avait été impliqué dans ce dossier-là. Vous vous y
étiez intéressés, en tout cas.
Moi, je veux savoir qu'est-ce qui
s'attend... De quoi on parle quand on parle de nouvelle consultation. Est-ce
que vous, comme ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, vous
pourriez nous dire aujourd'hui que vous adhérez à cette idée qu'il est correct,
qu'il est normal d'avoir un régime d'assurance pour les étudiants et étudiantes
au Québec?
• (14 h 30) •
Mme McCann : Oui. Alors,
oui... je dis "oui" simplement parce que je commence ma réponse, là,
je ne vous ai pas dit un oui. Il faut que je fasse attention. Ce n'est pas ça
que je voulais dire.
Mais, écoutez, c'est un dossier, là, qu'on
prend très, très au sérieux et que je suis avec beaucoup d'intérêt. Quand la
situation a été portée à mon attention, j'ai rencontré l'UMF... non, pas l'UMF,
l'UDF, l'Union étudiante... Pardon? L'UEQ. L'UMF, ça, c'est mon ancien rôle.
L'UEQ là-dessus, et je les ai bien entendus. Mais ce qu'on encourage, à ce
moment-ci, c'est vraiment des rencontres avec l'AMF, entre les étudiants et
l'AMF. C'est vraiment ce qu'il faut faire. Et je pense qu'ils ont mis sur pied
un comité de consultation, là, en février 2022, donc cette année, et qu'ils
veulent réexaminer la situation. Mais je peux vous dire que je comprends les
préoccupations des étudiants. Puis, en même temps, l'AMF, il faut respecter son
travail. Et moi, je souhaite vraiment, j'appelle ça des voies de passage, qu'on
arrive à quelque chose qui va être satisfaisant, autant pour l'AMF que pour les
associations étudiantes.
Alors, ce comité de consultation est très
important. Les étudiants sont invités à y participer. Et ça va débuter au mois
de juin. Et je pense que ça, c'est à la satisfaction des étudiants, dans un
sens qu'ils vont avoir l'occasion de discuter avec l'AMF. Il faut considérer
que le ministère de l'Enseignement supérieur, c'est un observateur dans ce dossier-là,
hein? On ne peut pas s'immiscer directement, mais on suit ça avec beaucoup,
beaucoup d'intérêt.
M. Leduc : Bien, je
pense que... oui, Mme la ministre, les étudiants et étudiantes s'attendent
quand même à un petit peu plus de prise de position de votre part. Je sais que
vous avez été impliquée, je le sais que vous suivez le dossier, mais je... vous
me permettrez de ne pas être d'accord avec le rôle d'observateur. Vous avez...
14 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...à mon avis une
prise de position qu'il est possible de prendre. Parce que vous êtes la
ministre de l'Enseignement supérieur, vous êtes la ministre des étudiants,
étudiantes en enseignement supérieur, je pense que dans ce débat-là, dans cet
échange-là, vous devez prendre position. Les étudiants et étudiantes se
demandent de quel côté loge leur ministre. Ce n'est pas une bataille contre l'Autorité
des marchés financiers, c'est une discussion, mais je pense que vous devez
prendre une position pour appuyer les étudiants et étudiantes dans cet
échange-là avec l'AMF, et non rester sur les lignes de touche, pour reprendre
une expression.
Je reformule donc ma question :
Est-ce que, dans cette discussion-là, vous pourriez vous engager ou vous
pourriez prendre une certaine position aujourd'hui à l'égard de dire que vous
avez un préjugé favorable à la condition étudiante?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, si je vous
comprends bien, j'ai un préjugé favorable à la condition étudiante... Je veux
bien vous comprendre. En tout cas, moi, j'ai un préjugé favorable pour le
bien-être de nos étudiants. Bon.
Mais, ceci étant dit, la meilleure chose
que je peux faire comme ministre de l'Enseignement supérieur, c'est de faire en
sorte que nos étudiants et l'AMF discutent ensemble. Vous savez, moi, j'ai
rencontré... Puis, écoutez, je ne suis pas celle, là, qui a le plus de pouvoir
là-dessus, c'est l'AMF et les associations étudiantes qui décident de se
rencontrer, mais au moins de l'encourager, et c'est ce que j'ai fait, c'est ce
que j'ai fait beaucoup avec l'association étudiante, mais ils prennent leurs
propres décisions. Écoutez, je les ai rencontrés plusieurs fois, là, au cours
de mon mandat, puis, moi, je dois vous dire que je ne venais pas du même
domaine, là, je venais de la santé, et ça faisait longtemps que j'avais fait...
j'étais... j'avais fait mes cours en enseignement supérieur. Mais ce que j'ai
découvert vraiment de nos associations étudiantes, c'est des gens qui, en bon
Québécois, ont des bonnes têtes, et nos associations étudiantes sont fortes,
elles sont capables de défendre leurs dossiers, et je pense que l'UEQ, qu'ils s'assoient
à la table avec l'AMF... vont être très, très en mesure de défendre leurs
dossiers.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Leduc : Une dernière fois.
Est-ce que vous soutenez l'idée que les étudiants ont le droit d'adhérer et d'administrer
librement le régime d'assurance de leur choix?
Mme McCann : Bien, moi, je
pense que, pour faire justice à ce dossier, c'est sûr que les gens vont se
pencher sur les aspects aussi légaux, par exemple, la Loi sur l'accréditation et
le financement des associations d'élèves et d'étudiants. Alors, je pense que je
vais laisser ça à des experts. Il y a une position de l'UEQ là-dessus, que je
respecte, et il y a l'AMF. Alors, il y a des juristes puis il y a des experts
qui vont se pencher là-dessus. Et moi, ce que je vais faire, comme ministre de
l'Enseignement supérieur, c'est de dire, ce dossier est très, très important,
il faut qu'il chemine et je suis ça avec beaucoup, beaucoup d'intérêt. Ce qui
veut dire que je vais me tenir au courant de l'évolution du dossier.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Leduc : Merci. On parlait
tantôt de liberté académique, j'aimerais qu'on discute d'un cas concret de
liberté académique. Vous n'êtes pas sans savoir toute la polémique qui a cours,
en ce moment, à McGill, alentour de la question palestinienne. L'autorité
universitaire, là, l'administration de McGill menace de punir une association
étudiante, la grande association étudiante de McGill en raison d'un référendum
étudiant qui ont tenu en mars dernier, avec un soutien de 61 %...
71 %, pardon, pour que l'association se joigne à une campagne
internationale de boycott pour les entreprises et les institutions qui sont, et
je cite, complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens. Il y a une
espèce d'amalgame qui est fait de la part de l'université entre critique de l'État
d'Israël et antisémitisme, c'est assez étonnant de leur part, menaces de
sanctions de l'association étudiante. On parlait tantôt de liberté d'idée,
liberté de pensée. Je ne vous ai pas entendu sur la place publique par rapport
à ce cas précisément, ce cas précis là. Est-ce qu'aujourd'hui vous pourriez
nous confirmer que l'administration de McGill n'est pas dans la bonne voie
lorsqu'elle approche cette question-là de la démocratie étudiante et de la
liberté d'opinion sur la question, notamment, palestinienne, avec son
association étudiante à McGill?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. 1 min 30 s, Mme la ministre.
Mme McCann : Ce sont des
questions délicates, et ce sont des questions aussi qui touchent à l'autonomie
de l'université, et ce sont des questions qui touchent à la liberté d'expression
qui est protégée par la Charte des droits. Alors, c'est là qu'il faut faire une
distinction, hein. La liberté académique, universitaire... les bénéficiaires
sont des gens qui contribuent à la mission de l'université. Alors là, on parle
d'associations étudiantes. C'est sûr, la liberté d'apprendre, j'en parlais tout
à l'heure, mais on parle de la mission de l'université, la formation et la
recherche, service à la collectivité. Alors...
Mme McCann : ...la liberté
d'expression, c'est autre chose. Il y a d'autres textes légaux et d'autres
règles qui régissent la liberté d'expression, et il y a aussi l'autonomie de
l'université.
M. Leduc : Donc, est-ce que
l'association étudiante, de manière démocratique avec un référendum, a le droit
de prendre une position de critique envers l'État d'Israël sans se faire
accuser d'antisémitisme par une administration McGillienne?
Mme McCann : Bien,
voyez-vous, c'est là... c'est un bon exemple de dire : Bien, il faut que
je... je ne peux pas commenter parce qu'il faut que je respecte aussi la liberté...
l'autonomie, plutôt, de l'université dans ces questions.
M. Leduc : Bien non. On fait
un projet de loi sur la liberté académique, puis là il y a une association
étudiante qui risque de se faire sanctionner pour une prise de position qui
n'est pas scandaleuse, là. Puis vous, vous allez laisser sur les lignes de
touche, vous n'allez pas vous investir là-dedans?
Mme McCann : Et c'est là que
ça va être important de faire les distinctions entre la liberté d'expression et
la liberté académique.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Donc, je cède la parole à Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Vous voyez que
c'est passionnant, hein, et vous allez voir que les gens vont être passionnés,
alors ça va nous réveiller mardi, là, c'est... Je trouve que ce que le député
apporte... enfin, il n'apporte pas les dossiers les plus simples, là. Ce
dossier-là est vraiment... vous avez réussi à sortir assez bien parce que c'est
vrai qu'en même temps, on ne peut pas plaider la liberté, puis se mêler, bon.
Puis là, je vais aller dans un sujet. On
ne peut pas quitter l'une et l'autre notre vie politique sans parler de mon
sujet fétiche, puis je pense que ça va rallier vos deux fonctions, santé et...
on en a parlé l'an dernier, et vous allez reconnaître vite de quoi on parle.
Puis on parle devant, quand même, des collègues que vous avez, qui sont des
universitaires, la collègue d'Huntingdon, la collègue de
Charlevoix-Côte-de-Beaupré, deux doctorants en communications, les deux.
Une voix : ...
Mme David : Non. Les deux.
Non. Communications, communications. Université de Moncton, Université
d'Ottawa, Université Laval. Alors, c'est intéressant parce qu'on parle de
milieux universitaires et j'ai nommé le rehaussement en soins infirmiers. Pour
moi, là, ça, c'est emblématique, bien, du Québec, de ce qu'on vit au Québec,
c'est-à-dire avoir deux réseaux en enseignement supérieur. Si vous étiez
ministre de l'Enseignement supérieur en Ontario, puis que... c'est complètement
autre chose, on est vraiment ailleurs. Mais là, ce fameux... il y en a qui
diraient ce foutu rehaussement, qui existe, je pense que...
• (14 h 40) •
Écoutez, j'étais sous-ministre à
l'Enseignement supérieur en 2008 puis on en parlait déjà. Puis après ça, je
suis revenue, puis on en a parlé. Puis il y a encore eu des consultations. Puis
on parlait déjà de révision du programme court collégial. Puis là, vous l'avez
mis en place. Mais ça fait dix ans ou 20 ans, même, qu'on en parle, et puis
là, on a un enjeu de main-d'œuvre. Puis là, on a des bourses, et pour les
collégiaux et pour les universitaires. Et puis l'ordre, l'OIQ, est vraiment
bien campé par l'approche qu'ils ont. Vous avez votre collègue qui est
farouchement contre le rehaussement, le ministre de la Santé, qui dit : On
n'a pas... surtout pas en ce moment, pas le temps de se priver de collègues. Et
puis, évidemment, la Fédération des cégeps, qui est très inquiète.
Et comme j'ai dit l'an dernier, je
l'impression de me répéter, mais on va se répéter, et vous et moi, on pourra
aller prendre un café ensemble dans cinq ans, je pense qu'on en parlera encore,
de ça. Puis on sera peut-être à la retraite toutes les deux, puis ça va faire
du bien à tout le monde, peut être, y compris à nous. Mais on va encore se
parler de ça, je vous le prédis.
Mais... puis je ne dis pas ça en disant
que c'est un sujet banal. C'est parce que ça touche au cœur même de l'existence
des cégeps, puis ça a l'air d'être un artefact, là, tu sais, c'est-u ça qui est
important ou ce n'est pas ça? Mais ça aussi, c'est important.
On parlait des cégeps en région. Il n'y a
que deux cégeps qui n'ont pas le programme en soins infirmiers, que 2 sur les
48. Il y en a 46, programmes. On ne ferme pas ça demain matin, là, je veux
dire, politiquement, c'est suicidaire, mais socialement aussi. On a besoin de
ces filles-là et de ces garçons-là. La preuve, vous leur donnez des bourses.
C'est la première chose que suis allée voir. J'ai dit : Heureusement.
J'étais très inquiète. J'ai dit : Heureusement qu'ils ont des bourses.
Elles jouent un rôle absolument important dans le système de santé. Oui, avec
une technique, c'est vrai, puis c'est vrai que dans d'autres gouvernements ou
d'autres législatures, que ça soit dans d'autres provinces canadiennes, et tout
ça... j'ai joué dans le film en psycho puis ça a donné le doctorat en psycho,
avec les pour et les contre.
Mais ce film là dit, de dire qu'il faut
rehausser, ça veut dire qu'il faut un baccalauréat obligatoire, alors que depuis
40, 50 ans, on développe et on devient de plus en plus professionnalisants
dans nos DEC techniques. Alors, vous avez lancé la modernisation...
Mme David : ...de la
formation collégiale, merci, merci, merci, mais ça va évidemment au même pas de
la même petite tortue qu'on voit depuis toujours dans les révisions de
programmes. Et ça, moi, ça me rendait folle, et il y a derrière qui écoute puis
qui disent : On reconnaît bien la... Je vois certains fonctionnaires qui
me disent ou qui sont directeurs généraux ou directeurs qui disent, bon, je
disais toujours : Voyons donc, un an et demi, on est capable de régler ça,
là, une modernisation de programmes. Bien, non - qu'on me disait - ça a pris
dix ans pour tel programme, ça a pris douze ans pour tel autre. Ça n'a pas de
bon sens, puis je le sais que vous êtes d'accord avec moi parce que vous
dites : Il faut... On a vite mis des programmes de bourses Perspectives
Québec, on met des incitatifs. Vous avez même lancé un DEC accéléré qui conduit
à l'exercice de la profession, vous avez développé ça, vous voulez le
développer ou si... Je ne sais pas, je vais vous demander où est-ce qu'il en
est rendu. Mais ce sujet-là, pour moi, c'est emblématique d'abord de nos deux
réseaux qui sont très performants, collégial et universitaire, c'est
emblématique que tout est à la hausse. C'est comme le prix du pain ou le prix
du lait ou le prix de l'essence, là, tout est à la hausse, il faudrait que tout
le monde ait des bacs, puis tous ceux qui ont des bacs, il faudrait que ça soit
des maîtrises, puis tous ceux qui ont des maîtrises, il faudrait que ça soit
des doctorats. Ça, c'est ce qui est arrivé, puis le commissaire à l'admission
aux professions, monsieur Gariépy est là derrière, puis la présidente de
l'office est là puis elle a été présidente d'un ordre professionnel, je crois -
des dentistes si je ne me trompe pas - donc elle sait exactement de quoi je
parle. Le rehaussement, là, c'est comme des doyens de faculté, ils veulent
toujours plus. Puis le cours de génie, c'était trois ans, c'est devenu quatre
ans, ça pourrait devenir une maîtrise, etc. Mais là on a l'ordre collégial qui
est en cause en plus, alors là, là, les universités sont mal prises parce que
là on parle de deux ordres collégiaux, puis, ça, je suis sûre que la présidente
de l'office est très au courant de ça.
Alors, je veux absolument vous entendre
sur où vous en êtes, mais où vous en êtes dans votre cœur aussi de ministre,
là, ça fait un an qu'on s'en est parlé. Bernard Tremblay, pour ne pas le
nommer, évidemment extrêmement inquiet a fait des sorties très, très puissantes
là-dessus. Il y a eu une consultation générale de l'OIIQ qui n'a pas donné une
place si grande que ça à l'ordre collégial, sincèrement, là, c'était pas mal du
côté plus universitaire. Alors, évidemment, la conclusion va un peu avec ça,
c'est-à-dire, il faut un bac absolument, il faut absolument un bac. On va
commencer comme ça : Où est-ce que vous en êtes dans vos réflexions
là-dessus?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann : Oui. Bien,
c'est une excellente question parce qu'il y a beaucoup d'enjeux. Et le premier
enjeu, là - et je ne dis pas ça en ordre d'importance, mais qui me vient à
l'esprit, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. On a besoin besoin, besoin de plus
de personnes qui viennent en sciences infirmières. Il y a l'enjeu aussi du
réseau collégial, les cégeps qui a été bien nommé, là, par votre intervention,
et il y a évidemment l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
Bon, alors, écoutez, c'est sûr qu'il y a
des travaux actuellement de modernisation du programme collégial, et je suis un
peu plus optimiste que vous, là, parce que je pense que notre ministère saisit
l'urgence de la situation, et on travaille ce dossier-là avec le ministère de
la Santé aussi, et évidemment ils sont extrêmement sensibles à l'urgence de la
situation. Alors, moi, je pense qu'on va arriver à bon port plus rapidement que
peut-être dans le passé, là. L'OIIQ - puis je suis certaine que ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys sait tout ça, là, mais - peut présenter une demande, là,
de rehaussement à l'Office des professions, qui ne l'a pas fait encore, non,
non, effectivement, ce n'est pas fait encore. Donc, le diplôme collégial est
toujours qualifiant. Le diplôme collégial est toujours qualifiant, puis vous
savez probablement que 50 % des étudiants qui terminent leur DEC en
sciences infirmières s'en vont au DEC-BAC, là, ils vont faire leur baccalauréat
accéléré évidemment, là, donc c'est 50 % déjà qui s'en vont faire leur
BAC, mais le DEC est toujours qualifiant. Et donc l'OIIQ, l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec pourrait faire une demande à l'Office des
professions pour examiner le dossier. Évidemment, c'est un processus, encore
une fois, comme je le disais ce matin, qui ne se fait pas en quelques mois.
C'est un processus qui est assez long, qui a beaucoup de répercussions, et il
faut aussi que le ministère de la Santé et des Services sociaux soit impliqué,
le ministère de l'Enseignement supérieur aussi.
Mais, moi, je vous dirais, là, mon...
Mme McCann : ...ma
vision là-dessus, c'est que, nous, au Québec, là, on a créé les cégeps. Ça
n'existe pas ailleurs. Bon, vous allez me dire il y a des programmes collégiaux
ailleurs, mais ce n'est pas à l'envergure de nos cégeps. Alors, nous, on a là
une créature unique, très performante, intéressante et qui forme beaucoup,
beaucoup d'infirmières. Alors, il faut tenir compte de ça. Et on a créé les
cégeps, donc on a été très créatifs. Et je crois qu'au Québec on n'a pas besoin
d'imiter, là, d'autres provinces, là, parce que d'ailleurs l'écosystème n'est
pas le même. On peut... et je ne peux pas présumer de ce qui va se passer parce
que je n'ai pas de boule de cristal, mais, moi, j'ai assez confiance qu'on va
trouver des voies de passage. Et il demeure que... et là, je vais peut-être
parler un petit peu plus de ma connaissance du domaine de la santé, mais ça
touche à l'enseignement supérieur aussi parce que la formation au niveau des
cégeps est excellente. Il demeure qu'il y a certains actes qui ne sont pas
enseignés au niveau du cégep. Ils sont enseignés au niveau du bac. Alors, il
faut regarder ça. Et j'ai rencontré, ça fait un certain temps d'ailleurs, et à
quelques reprises, l'Association des enseignants en soins infirmiers au
collégial, et ils sont très conscients de ça aussi alors. Et on les connaît ces
actes-là, hein, notamment en soins à domicile, notamment en soins intensifs.
Alors là, on a une situation ou on doit
être performant au niveau des soins infirmiers au Québec, dans le monde entier
et au Québec. Alors, on a donné une opportunité, je pense, parce que, oui, on
peut voir ça comme un dossier complexe et on est inquiet, tout ça. Mais, moi,
je vois ça comme une opportunité d'enfin, comme le disait ma collègue, après
tant d'années, régler un dossier qui n'a jamais été réglé. Et là, on a certains
ingrédients qui font en sorte qu'on est un petit peu poussé dans le dos parce
qu'on a une pénurie suite à une pandémie, importante, puis on a une pénurie qui
fait en sorte qu'on a une urgence de faire quelque chose. Et, même si on ne
peut pas le faire en quelques mois, moi, j'ai confiance qu'on va arriver à bon
port. Et je n'en ai pas... je n'en ai pas la solution, là. Je ne présume même
pas de la solution, mais j'ai confiance qu'on va arriver à une solution.
Et j'ai rencontré... D'ailleurs, je dois
vous dire que quand je suis arrivé comme ministre d'enseignement supérieur, une
des premières rencontres que j'ai eues, c'est avec Bernard Tremblay, le président
de la fédération et son équipe, et ils m'ont parlé tout de suite de ce
dossier-là, et il y a des idées. Et j'ai rencontré aussi l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec, ils ont des idées, beaucoup d'idées.
Alors, je vous dirais qu'il faut suivre le processus. C'est ça qui est
important d'avoir la discipline et la rigueur de ne pas présumer de, de ne pas
faire des hypothèses sans avoir tous les faits, et on ne les a pas tous les
faits actuellement. L'étude, l'analyse n'est pas faire. C'est l'office qui va
la faire avec les ministères impliqués. Donc, si vous souhaitez un complément
d'information là-dessus, moi, Mme la Présidente, je peux donner la parole à la
présidente de l'Office des professions.
• (14 h 50) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Est-ce que vous...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait, merci. Madame.
Mme Legault (Diane) : Merci,
Mme la Présidente. Effectivement, il y a quelques années, on a mis sur pied
pour traiter ces demandes-là de façon... puis valoriser la concertation
gouvernementale, on a mis un processus, un nouveau processus sur pied et qu'on
anime. Là, on est avec le Conseil du trésor, l'Enseignement supérieur, la Santé
et l'office, puis on analyse les demandes. On en a analysé une qui avait été
formulée par l'Ordre des inhalothérapeutes et puis qui était aux collèges -ils
ont une formation collégiale- qui voulaient aller au bac. Puis, après dix mois
d'analyse, là, on a des mécanismes qui sont bien établis, il y a une décision
qui a été rendue à l'effet de ne pas rehausser au bac en tenant compte
toutefois des centaines d'heures. Là, je pense qu'il y avait 200 heures
d'orientation qui étaient données par le ministère de la Santé. Donc, toutes
les informations ont été mises en commun. Les analyses ont été faites par
chacun des ministères, puis ensuite, bien, la conclusion et la décision qui est
communiquée à l'ordre est une décision gouvernementale. Alors, c'est un
historique récent relativement à la prise de décision en lien avec les demandes
de rehaussement.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Ça, ça date
de mes études de crédits de l'an passé, rehaussement inhalothérapeutes. Alors,
en voilà un qui est un peu réglé. J'aimerais ça que...
Mme David : ...peut-être je
suis pessimiste, mais il faudrait créer un grand chantier. Vous pourriez, avant
de partir, laisser un petit mémo, là, puis dire : Ça doit se régler dans
la prochaine année, là. Mais c'est parce que ça touche, en même temps, la
question de qu'est-ce qu'un DEC technique puis qu'est-ce qu'un bac. Puis vous
avez raison, vous avez raison de dire qu'il y a des actes réservés pour les DEC
techniques, mais que, quand on est bachelières, c'est d'autres actes
additionnels que nous pouvons poser, même que plusieurs hôpitaux, ou
départements, ou comme soins intensifs exigent un baccalauréat pour... ils
affichent ça dans leurs postes, tu ne rentres pas dans tel poste si tu n'as pas
un bac. Mais c'est correct, c'est normal, je veux dire, c'est des niveaux
différents, des actes différents.
Mais déjà, en 2015, il y avait un
magnifique rapport qui s'appelait Retracer les frontières des formations collégiales
entre l'héritage, donc années 70, et les possibles, et Conseil supérieur
de l'éducation. Puis on relit ça, et tout est encore d'actualité, puis ça fait
sept ans. Alors, ils avaient des choses... Quand vous dites qu'il y a des idées
intéressantes, une des idées : créer un diplôme collégial d'étude
spécialisée aux finalités et au positionnement redessiné; créer un DEC
technique avancé témoignant d'un niveau d'exigence supérieur; favoriser la
création - attention, ça, ça fait peur aux universités - d'un baccalauréat
collaboratif collège et université. Bien oui, ça pourrait se faire, ça, un
parcours beaucoup plus intégré. Un autre : poursuivre les travaux relatifs
à l'introduction d'un baccalauréat appliqué au collégial. Là, si vous voulez
que les universités capotent, là, on est bien partis parce que c'est sûr que
dire le mot «baccalauréat appliqué», ça, ça fait grincer des dents, mais ça
existe dans d'autres provinces. On n'invente pas rien, là, mais ils ont osé
l'écrire dans le rapport. Puis c'est le Conseil supérieur d'éducation. C'est
collectivement, au Québec, un des conseils dont on s'est doté pour dire :
On a besoin d'un lieu de réflexion.
Et donc ces gens-là se sont penchés
là-dessus en 2015. Puis là on est encore à se dire : Oui, non, oui, non,
peut-être. Puis, pendant ce temps-là, vous avez raison, quand le ministre Dubé,
là, quand le titre de l'article... je vais le trouver, là. Excusez, je ne sais
plus où est-ce qu'il est, alors... «"Pas question de se priver des
infirmières du collégial", tranche le ministre - qu'on nomme par son nom.
"Pas question de se priver - ça, c'était en septembre 21 - surtout avec la
crise que l'on vit, on n'en est pas là", dit le ministre de la Santé et
Services sociaux, balayant du revers de la main l'idée que les infirmières
devraient nécessairement décrocher un baccalauréat. Le ministre dit avoir pris
connaissance du rapport, donc, de Francine Ducharme et Robert Salois, qui
propose que les infirmières ne puissent plus entrer dans la profession par une
formation collégiale.» On le sait, le commissaire Salois puis madame Ducharme
qui était doyenne à l'époque, je ne suis pas sûre qu'elle l'est encore, là, de
sciences infirmières à l'Université de Montréal...
Une voix : ...
Mme David : Pardon?
Une voix : ...
Mme David : C'est ça. Alors
donc : «Ce diplôme universitaire obligatoire que l'Ordre des infirmières
appelle de ses vœux depuis des années - des années, là - n'est pas ce que
souhaite le ministre. Alors là, monsieur Tremblay a pour sa part dit trouver
honteux que cette recommandation soit faite, alors que toute l'énergie devrait
plutôt aller à la rétention des infirmières et aux conditions d'exercice. Il
dit : "Je suis en poste depuis sept ans, et c'est même avant mon
arrivée qu'on le réclamait du ministère de l'Éducation supérieure"», il
parle de la révision du programme.
Alors, sept ans déjà, puis là vous étiez à
peine arrivée en poste. Là, le comité de modernisation existe, sauf que, bien,
il ne s'est pas réuni souvent, là. Ce comité-là n'a eu qu'une réunion, puis
c'est le 21 mars. Ça, c'est dans les notes de votre ministère,
21 mars 2022, où j'ai même l'ordre du jour : mot de bienvenue,
modernisation de la formation collégiale, rôles et responsabilités des parties
prenantes, démarrage des travaux, étapes à venir, modalités de collaboration,
échanges et questions, clôture de la rencontre. Et donc ça, là, c'est le
21 mars. Et votre communiqué de presse, Mme la ministre, date du
8 octobre 2021. Là, là, là, je trouve que ça fait bien des petits mois
entre le 8 octobre puis le 21 mars. Pour des gens qui veulent aller
vite, là, s'il y a huit mois entre chaque réunion de comité, vous puis moi, je
vous le dis, là, dans cinq ans, là, je vous invite à prendre un café, puis ils
auront eu cinq réunions, c'est à ce rythme-là.
Alors, on fait quoi? On fait quoi avec ce
comité qui a pris six mois avant même de fixer une date de rencontre?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre...
Mme McCann : ...c'est parce
qu'entre les rencontres dont vous parlez, il y a d'autres rencontres. Il y a
des travaux qui se font, hein, moi, j'ai une liste ici, à l'hiver, des
rencontres qui ont eu lieu avec le ministère de la Santé, rencontre avec l'OIIQ
pour présenter les travaux de documentation, l'analyse, rencontre avec
l'Association des enseignants en soins infirmiers. Au printemps, il va y avoir
des rencontres avec les représentants. La liste est longue. C'est qu'il y a des
travaux entre les réunions du comité, vous savez ce que c'est, dans des grands
chantiers comme ça.
Mais je vais vous répondre... je veux
répondre à la députée de Marguerite Bourgeoys sur ces dossiers. On a vu comment
certains dossiers ont été bloqués à cause de la pandémie. La pandémie a changé
beaucoup de choses dans notre urgence d'agir, et même avant la pandémie. Je
vais vous parler d'un dossier que je connais bien, puis qui est
concomitant : les IPS. Ça faisait combien d'années qu'on voulait que nos
infirmières praticiennes spécialisées posent un diagnostic? Et je suis certaine
que ma collègue se souvient de toutes les embûches, et on parle au moins d'une
décennie où est-ce qu'on voulait que nos IPS posent un diagnostic. Et
finalement, on a réussi. Et là je n'en parlerai pas longuement, parce qu'on n'a
pas le temps et ce n'est pas l'objet, mais ça prend une volonté politique et ça
prend une volonté de partenaires très importants dans ces dossiers et
l'environnement. Et la pandémie vient changer beaucoup de choses. Si on a
réussi à débloquer des dossiers comme les IPS, et vous avez vu, après, les
pharmaciens, puis il y en a d'autres qui ont débloqué après. Et on pourra
parler peut-être de décloisonnement en santé qui est un fer de lance, là,
actuellement, dans la refondation, et dont l'office va participer activement. Alors,
moi, je crois qu'avec une volonté politique, on peut faire débloquer des
dossiers qui urgent vraiment.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. 30 secondes, Mme la députée.
Mme David : C'est ça, je
voulais prendre 30 secondes pour vous féliciter de ça. IPS, ça, j'ai
tellement travaillé ce dossier-là dans toutes sortes de fonctions, y compris à
l'université. Puis là je regarde les présidents de l'Office des professions,
c'est sûr que les ordres professionnels, dont un qui s'appelle le Collège des
médecins, mettons que quand vous dites : Ça prend de la volonté politique,
je comprends exactement ce que vous dites. Et pour ça, je vous félicite, je
félicite ce gouvernement.
Mme McCann : Merci, Mme la
députée. Donc, vous aurez la chance d'avoir un autre bloc avec Mme la ministre.
Et je cède la parole à la députée de Gaspé.
• (15 heures) •
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais commencer en parlant de la loi 101 au cégep.
La ministre a sûrement entendu parler de ce mouvement qui prend beaucoup... qui
gagne en popularité auprès, notamment, de la population enseignante collégiale.
On est rendus à 31 syndicats de professeurs au cégep qui ont voté pour
l'application de la loi 101 au cégep. Même des cégeps de région qui ont
voté. Il faut dire, c'est 31 votes pour sur 31. Donc, c'est quand même
très, très considérable, l'engouement, finalement, et la volonté qu'ont nos
professeurs de cégep, nos enseignants qui voient la réalité sur le terrain, qui
sont les premiers à noter, finalement, que l'anglais prend beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'espace dans le réseau collégial, même chez les étudiants
francophones, et qu'on est en train de former beaucoup, beaucoup d'étudiants
aussi qui vont aller choisir des métiers qui vont être plus en langue anglaise,
même une fois sur le marché du travail. Donc, on sait aussi que la ministre a
reculé récemment sur l'agrandissement du collège Dawson, puis l'augmentation du
nombre de places. Donc, ça, je suis tout à fait d'accord avec cette
décision-là. C'était la chose à faire. Mais quand est-ce que ce sera le cas
pour la loi 101 au cégep? Est-ce qu'on va aller de l'avant? Est-ce qu'on
peut connaître l'avis de la ministre sur cet enjeu-là qui est très important au
Québec?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Oui. Bien, moi,
je pense que le p.l. 96, là, c'est une approche très équilibrée et qui protège
le français. Moi, je pense aussi que, quand on arrive à l'âge de 17,
18 ans, là, on peut faire un choix, là, d'aller au cégep de son choix, là,
justement. Et les établissements anglophones doivent prioriser...
15 h (version non révisée)
Mme McCann : ...les ayants
droit. Moi, j'ai entendu beaucoup de commentaires, même avant les discussions
sur le projet de loi 96, de gens qui me disaient qu'il y a des personnes
anglophones qui n'arrivent pas à entrer au cégep anglophone. Alors, nous, dans
le projet de loi 96, il y a une clause qui dit que les cégeps anglophones
doivent prioriser les ayants droit, et, évidemment, on s'assure, là, on
souhaite vraiment que ce soit fait.
Maintenant, au niveau du français, je
pense que ce qui a été proposé dans le projet de loi 96, c'est extrêmement
intéressant que les allophones, les étudiants allophones et francophones vont
avoir à passer l'épreuve uniforme de français maintenant dans les cégeps
anglophones. Donc, ils vont devoir suivre leurs deux cours... leurs trois
cours, plutôt, en littérature française, etc., pour se préparer à l'épreuve
uniforme de français et ils vont devoir suivre, en plus, trois cours en
français. Ça veut dire que ça va être huit cours en français quand on va dans
un cégep anglophone. Et les ayants droit, les étudiants ayants droit, eux, ils
vont devoir suivre ou trois cours de français, en plus de leurs deux cours de
langue seconde, ou des cours en français selon leur choix.
Alors, moi, je pense, c'est une grande
avancée et qu'on va vraiment, de cette façon-là, protéger le français.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, madame la ministre. Madame la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Mais,
moi, je veux savoir, en fait, si la ministre s'inquiète de cette nouvelle
tendance qui est de plus en plus grande chez les francophones de choisir,
justement, vous parlez d'avoir le choix, mais on voit que de plus en plus d'étudiants
francophones choisissent cette nouvelle tendance d'aller s'éduquer à un
enseignement supérieur en anglais parce que ça ouvrirait plus de portes dans l'avenir.
Je pense que le gouvernement a une responsabilité tout de même de dire :
Il y a d'autres façons d'apprendre l'anglais. Moi, je parle bien anglais, je
maîtrise cette langue-là, puis je l'ai appris dans un stage dans les Caraïbes,
ça a été super. Je n'ai pas eu besoin d'aller donner de l'argent dans des
collèges ni privés ni anglophones, il y a d'autres moyens pour ça. Donc, est-ce
que le gouvernement du Québec ne s'inquiète pas de cette... la ministre ne s'inquiète
pas de cette tendance?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, écoutez,
il y a un élément que je n'ai pas mentionné tout à l'heure, qui est très
important, c'est qu'on a plafonné les devis des cégeps anglophones, alors il n'y
aura pas de progression pendant dix ans. Donc ça, c'est dans le projet de loi
96, on garde le même nombre d'étudiants dans les cégeps anglophones à la
hauteur de ce qu'il y avait au niveau des devis de 2019. Alors, il n'y aura pas
de progression.
Mme Perry Mélançon : C'est
déjà un problème. Donc il y a déjà trop d'étudiants qui vont vers les cégeps
anglophones puis qui, ensuite, prennent... qui vont vers des métiers dans
lesquels ils vont parler, majoritairement, anglais. Donc j'en comprends que,
dans la Coalition avenir Québec, il y a deux camps, il y a des nationalistes
qui sont un petit peu plus minoritaires et il y a le camp des fédéralistes, où
est-ce qu'on les retrouve en grand nombre au Conseil des ministres, et
finalement, je comprends dans quel camp la ministre se loge.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Écoutez, moi, je
réitère que le projet de loi 96 protège la langue française. Quand on est rendu
à donner huit cours, dans nos cégeps anglophones, en français, nos étudiants
vont avoir la possibilité vraiment d'apprendre le français et d'être très à l'aise
avec la langue française. En plus, il faut se souvenir qu'on va avoir 22 000
étudiants francophones de plus dans la grande région de Montréal et on
développe nos cégeps francophones dans la grande région de Montréal. Alors, ces
22 000 étudiants, ils vont aller dans les cégeps francophones. Donc, la
proportion des cégeps anglophones va diminuer, parce qu'évidemment le
dénominateur, encore une fois, va être augmenté. Donc, on va être en meilleure
position, bien meilleure position pour protéger la langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Madame la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Bien, je
suis déçue qu'on aille à l'encontre de la volonté des syndicats...
Mme Perry Mélançon : ...les
enseignants qui sont, je pense, encore mieux placés que des membres du
gouvernement pour constater l'effet de s'éduquer en anglais sur des Québécois
de langue française, et que ça a un réel impact sur le déclin de notre langue
puis notre identité pour les générations futures. Je pense que... Nous, ça
vient de notre aile jeunesse, hein, et par la suite, il y a eu un vote
justement dans nos instances pour qu'on veuille appliquer la loi 101 aux
cégeps. Donc, c'est aussi une volonté des jeunes, pas seulement des
enseignants. Mais il y a beaucoup de jeunes qui veulent aussi protéger la
langue française au Québec.
On va rester dans ce thème-là, mais en
parlant de plusieurs étudiants étrangers francophones qui ont connu le triste
sort de se faire bloquer pour venir étudier dans nos cégeps français, justement
francophones, partout dans nos régions du Québec. Des étudiants africains qui
ont été refusés à la hauteur de 80 %, alors que le Québec était en accord
avec des dossiers d'immigration francophone, évidemment. Donc, on sait... bien,
c'est certain que c'est beaucoup par les études que le taux de rétention est bon,
surtout dans nos régions. Les immigrants qui viennent étudier, souvent, vont
s'installer parce qu'ils se font une vie dans leur ville étudiante, puis ils
vont probablement y demeurer. Alors, est-ce que le gouvernement a eu de
nouvelles communications justement avec le fédéral sur cette question-là? Où en
sommes-nous?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, bien, c'est
un sujet dont j'ai beaucoup discuté avec le ministre de l'Immigration, le
ministre Boulet, et j'ai même moi-même envoyé une lettre il y a quelque temps
au ministre de l'Immigration canadien, fédéral, parce que j'étais extrêmement
préoccupée. Le ministre de l'Immigration l'est tout autant que moi. Et je
trouve que c'est malheureux. Ça affecte même la réputation de nos
établissements d'enseignement supérieur. Puis nous, on voudrait vraiment
accueillir de plus en plus des étudiants francophones d'à travers le monde,
alors c'est un enjeu majeur. Mais je sais que mon collègue, le ministre Boulet,
travaille beaucoup avec le ministre fédéral sur cette question puis on a
vraiment espoir de faire débloquer le dossier. Parce que c'est vraiment de
juridiction fédérale, mais on fait toutes les pressions nécessaires pour que le
dossier évolue. Et notre objectif, c'est vraiment d'accueillir beaucoup plus
d'étudiants des pays francophones.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui.
C'est paradoxal parce qu'on dit qu'on a la volonté d'en accueillir plus, mais
on ne va pas rapatrier ces pouvoirs-là au fédéral, sachant que ça fait bien
leur affaire quand on a une immigration ou des étudiants qui vont plutôt vers
les universités anglophones, qui parlent l'anglais et qui vont contribuer à
l'anglicisation du Québec. Donc, on n'a pas les mêmes souhaits, hein, dans les
deux paliers de gouvernement. Et j'aimerais savoir s'il y a des nouvelles
données, en fait. Est-ce qu'on est en mesure de savoir s'il y a eu d'autres
refus de ce genre-là d'étudiants étrangers francophones d'Afrique, depuis ce
qui est sorti dans les nouvelles?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, ce que je
peux dire aujourd'hui, c'est que, comme je le disais dans mon intervention
précédente, le ministre de l'Immigration, là, le ministre Boulet, est très,
très, très actif dans le dossier. On espère vraiment que le dossier va
débloquer, va évoluer dans un futur pas très lointain. Je ne peux pas donner
plus d'informations parce qu'évidemment il faut laisser le ministre de
l'Immigration faire ce travail avec son collègue du fédéral. Mais, comme
gouvernement, là, évidemment, ses pouvoirs sont très importants parce qu'ils
affectent nos universités. Puis on a d'excellentes universités et cégeps, on le
sait, dans les différentes régions du Québec, qui accueillent déjà des
étudiants internationaux, des cégeps des régions. Puis on a des universités
francophones qui font un excellent travail. Mais nous, ce qu'on veut, c'est
augmenter. Alors, encore une fois, Mme la Présidente, je réitère, je sais que
je me répète, mais je veux vraiment insister sur le fait que c'est un dossier
très prioritaire pour nous et que le ministre de l'Immigration y travaille de
façon très intensive actuellement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui,
bien, j'aurais aimé justement peut-être en savoir plus sur ces actions
intensives que le ministre pose, parce que, là, je n'ai pas vu...
Mme Perry Mélançon : ...vraiment
d'actions concrètes depuis que ça s'est passé puis que c'est sorti dans les
journaux. Je n'ai pas vu rien de concret sur le terrain pour freiner cette
injustice-là, l'arrêté. Donc, j'aurais souhaité avoir des réponses peut-être un
peu plus précises. Mais je comprends, finalement, qu'il n'y a pas d'actions
concrètes encore de mises sur pied, là, on est dans les discussions.
Mme McCann : Il y a des
actions concrètes, dans le sens qu'il y a beaucoup de représentations, et ma
collègue sait à quel point c'est important, ces représentations intensives de
mon collègue ministre de l'Immigration.
Mme Perry Mélançon : ...pas
très fructueux, il faut dire.
Mme McCann : Bien, je pense,
Mme la Présidente, que ces dossiers là, parfois, il faut attendre un petit peu
pour voir l'aboutissement. Il y a eu des élections fédérales, récemment, ça
aussi, ça a mis un délai, parce qu'on a un nouveau ministre au fédéral, donc
qui doit prendre possession de ses dossiers, etc. Ça, ça a créé certains délais.
Mais c'est repris, et je pense que l'on ne ménage pas nos efforts.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui,
puis, justement, je ne sais pas si vous avez vu le premier ministre Trudeau,
qui a fermé la porte carrément au gouvernement du Québec de donner, de céder
des pouvoirs en Immigration. Je ne sais pas si vous avez un avis là-dessus,
justement. C'est sorti hier. Donc, ce que le Québec souhaitait, là, aller
chercher ces pouvoirs-là, 100 % des pouvoirs, il s'est fait fermer la
porte à ça. Donc, est-ce que vous pensez que ça va nuire à vos discussions,
peut-être, justement, avec le ministre de l'Immigration?
Mme McCann : Bien, moi, je
pense que le ministre de l'Immigration va apporter les bons arguments à son
collègue. J'ai bien confiance en lui. On a des échanges, lui et moi, il est
très sensible à cette question, au niveau de l'Enseignement supérieur, et j'ai
confiance que les discussions vont amener de l'évolution. Il faut continuer.
Mme Perry Mélançon : Maintenant,
je regarde dans le PQI. Il y a près de 70 % des investissements en
Enseignement supérieur qui ont été placés dans le Royal Vic. Si on revient un
petit peu, là, dans les investissements initiaux du gouvernement, on parlait
d'environ 37 millions pour mettre le projet en branle. Après ça, on avait des
investissements prévus pour aider à la rénovation, de 475 millions. Mais là, si
je regarde dans le nouveau PQI, là, il y a un montant prévu pour la réfection
du Royal Vic, qui semble avoir bondi de 50 millions de dollars, pour
maintenant atteindre 522 millions. Je veux juste être sûre, là, qu'on me...
bien, qu'on puisse peut-être nous expliquer d'où vient l'augmentation de 50
millions.
Mme McCann : Je m'excuse, je
n'ai pas compris la dernière partie de votre question.
Mme Perry Mélançon : Oui. En
fait, le 50 millions, si on pouvait nous justifier ou nous expliquer d'où il
vient, dans le PQI, là. Si je regarde, je n'ai pas la source de la page là,
mais c'est le 787 millions de dollars pour l'Enseignement supérieur.
Là-dessus, moi, je vois, là, «autre enveloppe pour de nouvelles initiatives» ,
il semble y avoir un 50 millions de plus pour le Royal Vic, pour finalement
atteindre, là, jusqu'à 522 millions
La Présidente (Mme Guillemette) :
30 secondes, Mme la ministre.
Mme McCann : Écoutez, pendant
que je cherche le montant, exactement...
Mme Perry Mélançon : Mais
est-ce qu'on a rajouté des investissements dans le Royal Vic? Sûrement que vous
savez ça. Oui ou non?
Mme McCann : C'est parce que
vous avez mentionné 50 millions.
Mme Perry Mélançon : Dans le
nouveau budget, est-ce qu'il y a des nouveaux investissements pour le Royal
Vic?
Mme McCann : Il y a 787
millions. Et, là-dessus, il y a un ajout pour le Royal Vic. Mais je cherche la
donne, là, actuellement, mais la grande majorité, c'est pour des établissements
francophones.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Donc, je cède la parole à Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys pour son dernier bloc. Mme la députée.
Mme David : Alors là, le
menu... J'ai des choix épouvantables à faire. Je vais commencer et je vais essayer
d'aller vite, puis vous savez que j'aime parler, alors ça va être très
difficile. Je vais vous poser une question, qui n'est pas un piège, mais je
veux que ça soit un révélateur pour ceux qui nous écoutent. Est-ce que vous
savez, ou quelqu'un derrière vous, je suis sûre qu'ils le savent, à combien
d'erreurs par tranche de 900 mots les étudiants ont droit, des erreurs de
français, de grammaire, d'orthographe, dans l'épreuve uniforme de français?
Mme McCann : Ah! je l'ai vue,
cette donnée, Mme la Présidente. Ça, ça me frustre, quand je ne me souviens pas
de cette donnée-là. Alors, on va me la donner. Oui, alors je vais vous le dire
tout de suite.
Mme David : Bien, écoutez, je
peux vous la donner parce que je l'ai.
Mme McCann : Bon, bien,
allez-y, allez-y.
Mme David : 30 erreurs.
Mme McCann : D'accord.
Mme David : On a des profs,
ici, là. 30 fois le participe passé qui est mal accordé...
Mme David : ...pas de s, ce
n'est pas au féminin, ce n'est pas au masculin, etc. 30 erreurs dans 900 mots.
900 mots, là, c'est facile à vérifier avec les ordinateurs, c'est à peu près
une page et demie de texte. Ça, ça s'appelle l'épreuve uniforme de français à
la fin du collégial. Imaginez, imaginez, ce qu'on...
Alors, Pascale Lefrançois, celle qui a
gagné l'épreuve de... le concours international d'orthographe, ce n'est pas
rien, qui est doyenne de la Faculté sciences de l'éducation à l'Université de
Montréal, elle dit : «Pour réussir l'épreuve uniforme de français au
collégial», puis c'est là que vous avez dû le voir, je l'ai retrouvé hier, «on
permet un maximum de 30 erreurs», maximum, ça, c'est avant de commencer à
enlever des points, les profs vont reconnaître ce que ça veut dire, «un maximum
de 30 erreurs sur 900 mots... Donc, quand on arrive à l'université,» parce que,
là, c'est pour finir le cégep, ça, «il ne faut pas s'étonner que des étudiants
commettent 30 erreurs dans un texte de 900 mots.» Alors, mesdames, quand on
corrige des travaux, on le sait, des fois, on est plus professeures de français
que professeures de contenu. Pourquoi je vous dis, ça, là : Gagné la
dictée, championne mondiale de la dictée Bernard Pivot en 1990... Mon Dieu!
elle était toute jeune. Alors : «Mais là où le bât blesse, c'est vraiment
la maîtrise de la langue, plus spécifiquement», ce qui est difficile et plate,
là, «l'orthographe et la syntaxe.»
Alors : «Préoccupée par la maîtrise
du français aux études supérieures, la ministre... a demandé un diagnostic à un
comité d'experts. Il doit remettre son rapport à la fin de décembre.» Décembre
2021. Alors, Mme la ministre, vous me voyez venir, est-ce qu'il y a eu un
rapport? On est rendus au mois de mai. Qu'est-ce qu'il contient puis qu'est-ce
qu'on fait pour ça?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, bien, Mme
la Présidente, c'est un point important parce qu'on est très, très préoccupés
par l'apprentissage du français, je suis très préoccupée. Quand je me suis
aperçue que le taux de réussite à l'épreuve uniforme de français est de
10 % inférieur, par exemple, au taux de réussite de l'épreuve uniforme en
anglais... Bon, vous allez me dire, effectivement, il y a une dimension, là,
qui est la complexité de la langue, là, puis je suis entièrement d'accord, mais
il faut faire quelque chose, là. Et 30 erreurs d'orthographe... parce qu'au
niveau... à d'autres niveaux dans l'épreuve uniforme de français de nos
étudiants, j'ai eu l'occasion de le vérifier, ils font bien. Leurs scores, je ne
sais pas si je peux dire ce mot-là, leurs résultats sont très bons, c'est
vraiment au niveau de l'orthographe qu'il y a un problème.
• (15 h 20) •
Alors, ce groupe d'expertes,
effectivement, m'a remis son rapport, là, que j'avais demandé. J'avais demandé
ça, je pense que c'est à la fin de l'été passé, et je voulais avoir un rapport
dans les prochains mois. Et elles ont fait un très, très bon travail, et on est
en train de l'analyser, ce rapport-là, parce qu'il est très important puis il
est quand même étoffé. Et j'espère, j'espère que ce rapport va nous aider à
élaborer des stratégies concrètes pour améliorer l'apprentissage du français.
Et je le dis vraiment, concrètement, on a un diagnostic, là, quand on parle de
l'orthographe, mais le groupe d'expertes, moi, je leur ai demandé : Allez
plus loin, là, expliquez-nous, là, comment se fait-il que? Alors, l'analyse est
en train de se faire, là, du rapport au ministère.
Mais j'espère qu'avec ce rapport puis avec
d'autres données que nous avons et d'autres stratégies, on va arriver à poser
des actions pour le français, pour l'apprentissage du français, pour la langue,
mais aussi pour la réussite de nos étudiants. Les gens à qui je parle dans le
réseau... je me rappelle d'une rencontre avec le président de la fédération,
Bernard Tremblay, qui m'a bien dit que c'est la donne, c'est là-dessus qu'il
faut travailler, que c'est ça qui... Vous savez, quand on parle du 80 %,
20 %, là, bon, bien, c'est le 20 % d'investissement, mais 80 %
de résultat. C'est vraiment l'apprentissage du français qui est à la base de
tout, de tout, incluant les mathématiques, les sciences, etc.
Alors, j'espère qu'avec ce rapport-là et
d'autres données que nous avons, nous allons pouvoir poser des actions
costaudes pour améliorer la qualité de l'apprentissage du français au niveau
collégial. Et j'ai eu des discussions avec mon collègue à l'Éducation aussi, le
ministre Roberge, parce que c'est un continuum tout ça, là. Alors, on mise
là-dessus puis on va prendre les moyens parce qu'encore une fois, puis je
termine avec ça...
Mme McCann : ...non seulement
la langue, c'est la réussite de nos étudiants. Si l'épreuve uniforme de
français, là, on est arrivés à un taux de réussite, imaginez... bon, on sait
que les gens le reprennent, là, plusieurs fois, mais regardez, ça retarde la
diplomation. Alors, si on règle une partie de ça, imaginez-vous, 5 %, le
nombre de diplômés qui va augmenter, c'est important. Alors, moi, je pense que,
pour nous, ce sera une priorité.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme David : Je continue et je
répète, vous trouvez que le taux, même, de réussite de l'épreuve n'est pas
suffisamment fort, et je le répète, ils réussissent en ayant droit à
30 erreurs par 900 mots. Et cette conversation-là, cette
discussion-là, je l'ai eue énormément autour d'un projet de loi que vous
connaissez bien, le projet de loi n° 96, et on en a beaucoup discuté avec
votre collègue, le ministre responsable de la Langue française. Et
effectivement, on s'est rendu compte et chez les anglophones et chez les
francophones, c'est un problème, bien, planétaire, la question de la maîtrise
du français. On l'a dans d'autres pays aussi qui ont cette langue en partage,
je dirais. Mais, oui, il faut mettre des efforts sur la partie la plus
difficile, la plus plate, là. On a tous eu des enfants, là, les dictées,
l'orthographe, ce n'est pas la chose qui est plus sexy à faire un jeudi soir
pour l'examen du lendemain ou de la dictée que nos enfants ont, mais ça part du
primaire, du secondaire, etc. Moi, j'ai hâte de voir le rapport. J'espère, vous
allez pouvoir nous nous le rendre public avant la fin de la législature. Ça
serait vraiment intéressant. Et j'appelle de tous mes vœux, puis je l'ai dit au
ministre de la Justice... bien, Justice, Langue française qu'il nous faut un
rapport, un genre rapport Parent un numéro 2 ou un grand chantier pour
réfléchir à toutes ces questions de maîtrise du français, autant chez les
francophones, allophones, anglophones.
Alors, pendant qu'on y est, je vais vous
parler un petit peu du projet de loi n° 96. Vous le savez que j'ai un peu
travaillé là-dessus, mais, justement, parce que j'ai beaucoup travaillé
là-dessus, j'ai écouté deux choses pour lesquelles je veux absolument des
précisions. Pour les bénéfices de nos auditeurs et peut-être pour que les gens
derrière vous ne fassent pas de crise cardiaque, vous avez dit, et ça doit être
une erreur que vous avez faite ou un lapsus linguistique qu'il y aurait, en
réponse à la députée de Gaspé, huit cours de ou en français. Huit cours. Non,
ce n'est pas huit, là, à moins que le ministre ait changé des affaires puis
qu'il nous amène avec des surprises la semaine prochaine, c'est cinq cours.
C'est deux obligatoires dans les cours de langue seconde, que tout le monde a
toujours eus depuis 50 ans, et c'est trois cours de ou en français. Est-ce
que c'est ce que vous avez fait? Non. O.K., expliquez-moi le huit.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : C'est que c'est
obligatoire pour passer l'épreuve uniforme de français. C'est obligatoire, dans
le régime collégial, d'avoir trois cours de littérature ou...
Mme David : Les étudiants
anglophones, là.
Mme McCann : Non, non, je parlais
des étudiants allophones et francophones. Voilà.
Mme David : O.K. Donc, mais
je veux rassurer quand même les étudiants ayants droit, entre guillemets, c'est
cinq. O.K., on s'entend, ça va. Quand vous avez dit : C'est plafonné
pendant dix ans, les cours, je vous ai questionné l'an dernier là-dessus, les
devis, ce n'est pas plafonné pendant dix ans avec les amendements que le
ministre a apportés, de la Langue française, c'est à vie ce plafonnement-là. Ce
n'est pas 10 ans. Moi, j'ai essayé de dire : Bien, là, il y a votre
collègue qui a dit dix ans, puis vous vous dites : Avec les amendements
non, c'est dans la loi, puis c'est comme ça. Bien là, je m'inquiète, là, je ne
sais plus si c'est à vie ou si c'est pour 10 ans, exemple, le 9 715
dans le devis de Dawson. Je n'ai pas les autres devis par cœur.
Mme McCann : L'explication
est simple, c'est qu'au ministère, on qualifie pour dix ans, c'est 2029, hein,
jusqu'en 2009 même, c'est pour sept ans, là. Mais la loi a préséance, là, bien
entendu, on se comprend.
Mme David : Donc, ce n'est
pas 10 ans, là, ce n'est pas 2029.
Mme McCann : En fait, ce que
j'exprimais, c'est la planification qu'on a faite des devis.
Mme David : Oui, ça, ce n'est
pas la même chose. C'est parce que les cégeps qui vous écoutent vont peut-être
êtes bien contents de voir que votre interprétation prime sur celle du
ministre.
Mme McCann : Non, non. Et
vous vous permettez de clarifier, c'est très bien. Alors, si la loi est
adoptée, c'est à vie, parce que la loi a préséance, hein? On se comprend. Il ne
faut pas qu'il y ait d'ambiguïté.
Mme David : Bon, c'est parce
que, là, ils retrouvaient espoir depuis 20 minutes, là, alors...
Mme McCann : Non, non, je
comprends très bien, là, puis on clarifie tout de suite.
Mme David : Bon, alors, la
liste des principaux changements apportés dans ce projet de loi qui vous
concerne, là, qui vous concerne, je vais le dire rapidement, là, mais c'est les
principaux parce qu'il y en a d'autres...
Mme David : ...des
établissements, bon, basée sur la langue d'enseignement, les anglophones,
francophones; ajout de trois cours de ou en français; plafonnement baissier des
devis pour les collèges anglophones; imposition d'un maximum de 2 %
d'étudiants pouvant suivre une formation en anglais dans les collèges
francophones; plafonnement du nombre d'étudiants pouvant suivre une A.E.C. dans
les collèges anglophones; imposition d'une pénalité pour les collèges
anglophones dans le cadre de dépassement des devis; la ministre de
l'Enseignement supérieur doit transmettre les règles budgétaires au ministre la
Langue française avant de les acheminer au Trésor; les cégeps devront avoir
l'approbation de la ministre de l'Enseignement supérieur pour offrir dans une
autre langue que le français une activité de recherche appliquée, une activité
de formation de main-d'œuvre, une aide technique à une entreprise ou
d'information; imposition de l'épreuve uniforme de français pour les étudiants
des collèges anglophones issus du secondaire français; application dès 2024. Et
ça, c'est vraiment une liste des plus frappants. Alors, tout ça, 2024. Comment
vont-ils... parce que vous ne serez plus là, moi non plus, mais comment
vont-ils réussir ce tour de force au ministère?
Mme McCann : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, je vais juste mentionner aussi, si vous le permettez, qu'on
demande également que, pour les gens qui viennent suite une A.E.C. dans les
établissements anglophones, les collèges anglophones, qu'ils aient un cours qui
leur permette d'avoir une connaissance pratique du français, là, quand ils
sortent du collège, là, de leur formation, qu'ils puissent fonctionner en
français. Alors, ça aussi, c'est un autre élément important du p.l. 96, parce qu'on
a quand même un certain nombre d'étudiants, là, qui font des A.E.C. dans des
collèges anglophones, il ne faut pas les oublier.
Alors, moi, je peux vous dire, Mme la
Présidente, qu'une des premières choses qui sera faite, parce que, là... le
ministère, et les gens m'entendent, là, sont à pied d'œuvre déjà, hein? On a
beaucoup travaillé, on a eu des rencontres. Parce que, bon, le projet de loi
n'est pas adopté, mais il faut se préparer s'il est adopté. Et on a déjà une
planification qui inclut la création d'un comité consultatif avec les cégeps
anglophones, la Fédération des cégeps, l'Association des collèges privés. Il va
y avoir une première rencontre dès que la loi va être sanctionnée, si elle est
sanctionnée. Donc, ce que je dis en parlant de cet élément-là en premier, c'est
la concertation. Moi, j'ai eu quelques rencontres, là, avec les établissements
anglophones et je leur ai dit, là, qu'ils seraient consultés, qu'on
travaillerait ensemble, qu'on accompagnerait. On a tous un objectif commun,
c'est que nos étudiants diplôment. Alors donc, la création de ce comité est
très importante.
• (15 h 30) •
Il va y avoir également un comité de
collaboration entre le ministère de l'Enseignement supérieur, le ministère de
la Langue française. Première rencontre dès que la loi, elle est sanctionnée.
Création d'un comité de travail avec les établissements anglophones pour
convenir d'un scénario pour l'épreuve uniforme de langue, évidemment, puis un
scénario pour les trois cours en français. Et on va faire une première
rencontre dès qu'il va y avoir approbation des scénarios puis sanction de la
loi.
Alors, on se prépare déjà, et nos travaux
vont être très importants. Il faut arriver à bon port pour 2024, vous avez
absolument raison, et faire en sorte que les conditions soient réunies. Et on
sait les enjeux, hein, il y a des enjeux de réorganisation de cours. Il faut
qu'il y ait des profs aussi qui puissent donner ces cours-là. Alors, on va
mettre l'épaule à la roue. Le ministère est déjà très, très actif là-dessus avec
les établissements. Et on va passer à travers si on travaille en partenariat
avec la Fédération des cégeps et les établissements concernés.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme David : Alors, je
souhaite bonne chance au ministère. Ça va être des mois extrêmement occupés,
comme ils ont... Peut-être la pandémie, déjà, les a épuisés, mais ça, ça va
être... de ce que je connais du fonctionnement de tout ça, changer le REC,
etc., bonne chance, et je le dis du plus profond de mon cœur.
On va passer à du PQI, on va parler
business, argent, et compagnie. En particulier l'Outaouais parce que
l'Outaouais a... Et je me souviens parce qu'on l'avait mis au PQI, vous l'avez
confirmé deux fois plutôt qu'une, le campus unifié de l'UQO, le fameux campus
unifié de l'UQO. 61 millions. Et là ils sont très, très, très inquiets
parce que les coûts ont monté, les coûts ont monté, etc., puis là on leur
dit : Bien là, faites plus avec moins, c'est-à-dire diminuer le projet
parce les coûts de construction ont augmenté. Il faudrait que ça soit, pour
garder le projet en l'état où ça a été accepté, à peu près le double
d'argent...
15 h 30 (version non révisée)
Mme David : ...alors ils sont
très inquiets que ce projet de loi ne voie pas le jour. La pelletée de terre
devait être en 2024, c'est demain matin, ça, pour un PQI puis de la
construction. On en est où dans ce projet-là?
Mme McCann : Oui. C'est parce
que, excusez-moi, j'entendais «projet de loi», mais vous voulez dire projet d'infrastructure,
hein, c'est bien...
Mme David : Bien, qu'est-ce
que j'ai dit, projet de loi?
Mme McCann : Oui.
Mme David : Projet d'infrastructure.
Mme McCann : Oui, je voulais
juste être sûre. Non, non, écoutez, moi-même, là, des fois, je fais toutes
sortes acrobaties avec les mots.
Non, écoutez, j'ai même rencontré la
rectrice, là, de l'Université du Québec en Outaouais et je suis très au courant
de cette situation-là, et on y travaille. Et je vais dire, Mme la Présidente, à
ma collègue de Maruerite-Bourgeoys qu'on a un intérêt particulier pour l'Outaouais.
Puis je le dis, on a un intérêt particulier pour tout le monde, là, toutes les
régions sont importantes, mais l'Outaouais étant juste à côté de l'Ontario, on
le sait, les défis particuliers qu'on a en Outaouais, et on veut retenir
davantage nos étudiants. Donc, on doit développer l'offre de services autant au
niveau des cégeps que de l'université. Et ça vient avec l'infrastructure.
Donc, je ne peux pas en dire beaucoup,
aujourd'hui, parce que je ne peux pas devancer, mais on y travaille très fort
et on est très en lien avec la rectrice de l'université pour que nos projets aboutissent.
C'est à peu près ce que je peux dire aujourd'hui.
Mme David : Mme la Présidente,
je me suis trompée. Ce n'est même pas la pelletée de terre, ça devait être
promis d'être construit... on appelle ça couper le ruban, là, en 2024. Alors, ils
sont très inquiets.
Et tous ceux qui sont passés par ce genre
de fonction là savent que l'Outaouais est un... Il y a des gens extrêmement
mobilisés, dans cette région-là, très mobilisés autour d'un regroupement,
autour de l'Enseignement supérieur. Il y a la CISSSO... C-I-S-S-S-O, là, qui
appuie les projets, par exemple, le cégep de l'Outaouais. Parce que ça, c'est l'autre
sujet, il y a une université puis il y a un cégep, puis quand on est ministre
de l'Enseignement supérieur, on le sait pas mal vite.
Mme McCann : Deux cégeps.
Mme David : Même deux.
Héritage, oui. Alors, je parlais... francophone, disons. Alors, le cégep de l'Outaouais,
effectivement, est toujours craintif, l'UQO aussi, là, des... traverse le
fleuve... la rivière, puis ils sont de l'autre côté. Et il y a la cité
collégiale, etc. Donc, là, ils sont. On a parlé un petit peu de radio
diagnostic, tout à l'heure, mais ils sont en attente de quatre projets qui
pourraient vraiment, là... physiothérapie, radiodiagnostic, travail social puis
gestion et intervention en loisirs, bon. Plus ils vont avoir de beaux
programmes comme ça, évidemment, plus ça va être attractif pour les étudiants.
Et puis c'est 20 millions que ça coûterait, effectivement, puis ça peut
demander quelques infrastructures. Mais comment vous voyez, justement, vous
dites que c'est important, mais là, il va y avoir des élections, là, ils vont
vous attendre, là... ils ont vraiment des besoins particuliers, comme on dit.
Ils ont une sorte de statut particulier. Comment on peut les aider puis les
rassurer rapidement?
Mme McCann : Bien, moi, je
pense qu'on peut les rassurer en leur disant, puis on leur a dit, puis je pense
que... on a eu beaucoup de rencontres avec eux. D'ailleurs, je vais vous dire,
d'ailleurs, mes collègues députés en Outaouais m'ont bien sensibilisée, puis le
ministre régional aussi, le ministre Lacombe, aux besoins de la région en
Enseignement supérieur. Et on a offert au cégep, entre autres, quelque chose de
particulier pour l'aider à développer des programmes, un accompagnement. On ne
fait pas ça pour tous les cégeps, mais on considérait qu'en Outaouais c'était
important de leur donner un coup de pouce additionnel à cause de la situation
particulière qu'ils vivent. Donc, on a fait ça, et ça a porté fruit. Je ne peux
pas en dire beaucoup plus aujourd'hui, mais je peux vous dire qu'on a fait un
appel de projets, et le résultat est positif. Mais je ne peux pas aller plus
loin, parce que je ne peux pas devancer les étapes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre.
Mme David : Une minute, Mme
la députée.
Mme David : Ah mon Dieu! C'est
épouvantable. Vous avez mis 232 millions en matière de combler les besoins d'espace
par des locations immobilières. C'est quand même pas mal d'argent. 39.7
millions en 2022-2023, et ça continue, 48, 48, 48. Ça, ça comprend les coûts
énormes que ça va prendre pour combler les 10 000 mètres carrés de Dawson,
entre autres?
Mme McCann : Mme la
Présidente, c'est difficile de répondre de façon extrêmement précise sur
Dawson...
Mme McCann : ...c'est sûr
que, par rapport à Dawson, moi j'ai bien dit à la directrice générale que nous
allons l'accompagner et qu'on va trouver des espaces de location pour les
besoins de Dawson. Et il y a des travaux qui se font actuellement. D'ailleurs,
mon sous-ministre aux Infrastructures suit le dossier de très près, a eu des
rencontres de façon soutenue avec Dawson. Donc, ça va... Moi, j'ai confiance
que ça va progresser et que peut-être il va sortir des opportunités de ce
dossier-là, des nouvelles façons de faire. Mais il est certain, et c'est bien
dit à Dawson, que nous allons l'accompagner pour trouver des espaces de
location.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre. Merci. Donc, je cède
maintenant la parole à la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Tout d'abord, permettez-moi de saluer tous les
collègues ici présents pour cet exercice de reddition de comptes qu'est l'étude
des crédits budgétaires. Je salue particulièrement, bien sûr, Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur et mes collègues, que ce soit de la banquette
ministérielle ou des banquettes des oppositions. Bien sûr, salutations à tout le
monde qui accompagne Mme la ministre, parce que c'est beaucoup de travail,
cette préparation. Pour avoir déjà fait l'exercice lorsque j'étais dans
l'opposition, entre autres, comme recherchiste, c'était beaucoup de travail,
mais je sais que du côté du ministère, également, c'est beaucoup, beaucoup
d'heures de travail. Donc, je salue toutes les personnes, en l'arrière,
dévouées, du ministère de l'Enseignement supérieur.
Le premier sujet, Mme la Présidente, que
j'aimerais aborder avec Mme la ministre, concerne un grand chantier, un grand
chantier, duquel je suis très fier, qui est celui de l'université québécoise du
futur. Vous savez, en 2019, l'actuel ministre de l'Éducation, ancien ministre
de l'Enseignement supérieur, avait lancé ce grand chantier pour imaginer nos
universités québécoises du futur, pour faire le point, premièrement, sur
l'ensemble du monde universitaire. C'est un vaste chantier qui a été mené par
le scientifique... qui a été chapeauté par le Scientifique en chef du Québec,
monsieur Rémi Quirion, que je salue d'ailleurs, et Rémi... qui est un
partenaire exceptionnel à travers toute cette aventure.
Donc, en 2019, ce chantier, ce vaste
chantier a débuté, qui a réuni toutes les éminences possibles liées à
l'enseignement supérieur. Un premier rapport a été déposé en 2020. Suite à ça,
il y a eu des consultations élargies, qui ont été demandées par Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur, ce qui a permis de consulter beaucoup de gens dans
la société civile, hein, tant dans les domaines scolaire, social, économique,
et tout ça. Et, suite à tout ça, il y a eu un rapport final qui a été remis à
la fin 2020.
• (15 h 40) •
Au début 2021, j'ai été en charge
d'un comité de suivi. Alors là, avec un groupe restreint de personnes, on a
étudié le rapport et on a fait certaines recommandations à la ministre, ce qui
a été... bien, je crois que c'était à la mi-2021, là, dans ce coin-là. Donc, on
a été en mesure de faire quelques recommandations à la ministre. Bon, ce
chantier, il était vaste. On parlait tant... On pouvait parler autant de la
réussite que de l'accessibilité, le passage au numérique, également, la
collaboration, hein, la collaboration interordres, la collaboration
interétablissements également, interuniversitaire, interdisciplinaire, la place
de l'université dans la société québécoise, mais aussi dans le monde, bon,
reconnaissance de l'institution universitaire, etc. Il y a eu de nombreuses
choses écrites dans ce rapport.
Et ce que j'aimerais aujourd'hui demander
à Mme la ministre, c'est: Quelles sont les suites de ce rapport de l'université
du futur? Donc, quelles actions sont en place présentement? Quelles sont les
actions qui devraient être en place également pour un prochain mandat au
ministère de l'Enseignement supérieur?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. Madame la ministre.
Mme McCann : Bien, Mme
la Présidente, je remercie ma collègue pour cette question, parce que ça a été
un travail très, très, très important. Mais, si vous permettez, je vais faire
un petit accroc au protocole parce que j'ai peur de l'oublier, et quatre heures
arrivent. Je veux aussi remercier les équipes, les équipes du ministère. C'est
un énorme travail qui a été fait. Je les en remercie. Et c'est très
intéressant, mais c'est des heures et des heures. Alors, merci aux équipes du
ministère puis aux équipes du cabinet également, qui ont beaucoup mis la main à
la pâte. On a des équipes formidables en Enseignant supérieur. Merci au
sous-ministre adjoint et à notre sous-ministre en titre, également.
Donc, c'est un vaste sujet, ma collègue le
sait. Et il y a... Moi, j'ai ici...
Mme McCann : ...recommandations
du rapport final de l'université du futur. Puis on a effectivement le privilège
d'avoir ma collègue qui a fait le suivi, là, de ces recommandations, et le
ministère est à pied d'œuvre, là, pour les mettre en application. Une de ces
recommandations-là, c'est... porte sur la liberté académique. Hein, c'est un
grand chantier, et on sait qu'on arrive avec un projet de loi. Alors, ça, c'est
une recommandation de l'université du futur.
Il y a également le financement des
universités, et le financement des universités, on s'y penche. Actuellement, il
y a des travaux qui se font avec le BCI, avec les universités au niveau, là, du
ministère pour regarder la question du financement des universités, des
propositions qui ont été faites par le BCI, et on s'est penchés là-dessus, mais
il y a d'autres travaux, puis on a demandé une pause, là, par rapport à ces
travaux-là, parce que... pour toutes sortes de raisons, mais on va continuer.
Même si, comme je le disais tout à l'heure, on a vraiment rehaussé le
financement des universités, là, au gouvernement actuel de façon importante, il
y a encore des choses à regarder.
Évidemment, on veut regarder la
composition des corps professoraux et des autres corps d'emploi dans les
universités, ça a été une recommandation, là, de l'université du futur, par
exemple, au niveau de la parité homme-femme et de la meilleure conciliation
travail et vie personnelle, et il y a d'autres éléments. Puis il y a des
actions aussi en matière d'équité, diversité, inclusion qui sont demandées dans
le rapport, là, de l'université du futur.
La reconnaissance de l'institution
universitaire, donc la question de l'autonomie, hein, on en a parlé un petit
peu dans le cadre de la liberté académique, et on veut également, et ma
collègue y a fait allusion, travailler davantage toute la synergie interordre.
Et je mentionne, on n'a pas eu l'occasion d'en parler aujourd'hui, que les
pôles régionaux qu'on a mis en place et qui ont été bonifiés, hein, on bonifie
les pôles régionaux cette année, vont faire en sorte qu'on va soutenir
davantage ces synergies interordres. Donc, on répond aux demandes, là, du
rapport de l'université du futur.
Et on a même mis des coordonnateurs
régionaux. Alors, on est un gouvernement qui décentralise. On a même fait une
belle annonce, ma collègue et moi, dans Charlevoix dernièrement, sur une chaire
en recherche sur la ruralité avec l'INRS.
Alors, je pourrais continuer, mais on
souhaite l'augmentation de la fréquentation universitaire, ça, tout le monde le
souhaite. On fait des travaux dans ce sens-là, comme vous savez, avec nos
bourses et d'autres stratégies. On veut aussi accroître la réussite scolaire.
Et là, on voit que ça fait le lien avec notre planification stratégique, avec
notre plan de réussite, avec notre plan sur la santé mentale. Et on veut que
nos universités soient plus enchâssées dans la société et on le voit, avec nos
zones d'innovation, hein, que nos universités vont jouer un rôle plus grand,
avec ce que je viens de mentionner, des chaires comme celle de la ruralité qui
va être travaillée avec une municipalité et toute une région pour l'ensemble du
Québec.
Alors, nos universités ont le vent dans
les voiles, et je pense qu'il y a des belles choses qui s'annoncent pour le
futur. Et, bien, j'ai parlé d'innovation, évidemment, on n'en a pas parlé
beaucoup aujourd'hui, mais on travaille beaucoup avec le MEI. On a une
stratégie, là, québécoise de recherche et d'innovation qu'on va annoncer
bientôt et on est partie prenante au ministère de l'Enseignement supérieur.
Alors, ce sont quelques éléments, il y en
a d'autres, mais ce sont quelques éléments de travaux. Et je remercie vraiment
ma collègue qui a été la porteuse de dossiers et qui a vraiment... qui s'est
assurée, avec le scientifique en chef, qu'on arrive à bon port, et c'est un
legs très important pour nos universités. Alors, je remercie ma collègue.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Foster : Je remercie Mme
la ministre pour ses bons commentaires, mais je remercie également le ministère
et la ministre pour le suivi à ce grand rapport parce qu'il y en avait, des
choses, dans ce rapport. Je l'ai dit tout à l'heure, les angles étaient très,
très, très nombreux. C'est des dizaines, et des dizaines, et des dizaines de
pages. Donc, voilà.
Peut-être un petit aspect que vous n'avez
pas abordé concernant ce chantier. On avait beaucoup parlé de faire du Québec,
à l'international, un leader en termes d'enseignement et de recherche dans la
francophonie. Est-ce que vous prévoyez quelque chose à ce...
Mme Foster : ...dans les
suites des travaux.
Mme McCann : Merci, ma
collègue, de le mentionner parce qu'effectivement je pense que je l'ai sauté
celui-là et puis il est très important. J'en ai parlé un petit peu, quand j'ai
répondu à la question de la députée de Gaspé, comment on veut que nos
universités jouent un rôle à l'international, bon, en accueillant des
étudiants, mais aussi en... et c'est déjà en cours, là, en donnant des
formations, même à distance, à l'extérieur, là, du Québec, mais... et je ne
ferai pas la liste, là, de tout ce que nos universités font au niveau de
l'international, que ce soit en formation ou en recherche, parce qu'il y a tout
le volet recherche qui est très, très important de nos universités. On sait
l'annonce d'ailleurs de la nouvelle usine au niveau des vaccins, hein, de
Medicago, je pense. Là, je ne me trompe pas?
Une voix : ...
Mme McCann : Ah!
Moderna, excusez-moi, j'ai dit Medicago, Moderna avec l'Université McGill, le
développement des vaccins, et ça, c'est un bel exemple. L'Université Laval qui
fait des travaux extrêmement importants à l'international. D'ailleurs, il y a
un élément dont je ne peux pas parle- ça, je sais que c'est frustrant de vous
dire ça- qui s'en vient par rapport au rôle international de l'Université
Laval. Bien, je pourrais toutes les nommer : Sherbrooke, Montréal, l'UQAM.
l'UQ. En général, toutes nos universités ont un rôle à l'international, mais on
veut vraiment déployer davantage, attirer davantage, faire plus de recherche à
l'international.
Et on est en lien avec l'Agence
universitaire francophone et qui a ses bureaux ici, d'ailleurs, comme vous
savez, son siège social. Et nos universités sont très, très en partenariat avec
cette agence qui a des tentacules un peu partout dans le monde. Et on est
reconnus, au Québec, comme jouant un rôle très prépondérant dans cet
écosystème.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Mme la députée.
Mme Foster : Merci, Mme
la Présidente. Maintenant, je désirais aborder un autre sujet avec Mme la
ministre, parler d'accessibilité aux études supérieures, plus particulièrement
de l'aide financière aux études. On le sait au Québec, et la ministre l'a
mentionné à plusieurs reprises dans sa présente étude des crédits, dans ses
autres discussions avec les collègues de l'opposition. On sait qu'on a un régime
d'aide financière aux études qui est généreux au Québec. Somme toute, on peut
toujours l'améliorer, mais il est somme toute généreux.
• (15 h 50) •
Bien sûr, on voudrait toujours qu'il n'y
ait aucun frein à l'accessibilité pour nos étudiants pour les études
supérieures. Il y a plusieurs obstacles pour plusieurs d'entre eux. On parlait
tout à l'heure des gens avec handicap. On peut parler de gens, de femmes
monoparentales. Qui décide de retourner aux études, les parents, etc. Il y a
plusieurs, plusieurs cas qui peuvent entraver cette accessibilité. Mais, de
façon générale, le système d'aide financière aux études au Québec est quand
même très, je dirais, évolué si on le compare à plusieurs juridictions
ailleurs.
Ma question à la ministre : Quelles
bonifications ont été appliquées à l'aide financière aux études pour mieux
répondre à l'ensemble des clientèles, pour faire suite aussi à l'augmentation
de la compensation qui a été reçue du gouvernement fédéral?
Mme McCann : Oui. Bien,
merci pour la question parce qu'on est très fier de notre régime d'aide
financière aux études qui est effectivement très généreux, puis on est content.
D'ailleurs, on veut qu'il soit généreux. Il faut dire qu'on dépense plus d'un
milliard par année en aide financière aux études au Québec, et c'est 20 %
de nos étudiants qui bénéficient de l'aide financière. Et on parle d'un régime
qui est une majeure en bourses. Donc, il y a des prêts, oui, il y a des prêts
assez nombreux d'ailleurs, mais il y a aussi des bourses qui sont proportionnellement
plus nombreuses que dans d'autres provinces du Canada. Et tout le monde peut y
avoir accès, mais évidemment, il y a des critères. Mais on a fait beaucoup pour
aider nos étudiants. Puis je commence avec une mesure très importante, là, qui
a été de donner un certain montant par mois aux étudiants, 96 $ par mois.
Ça, ça a débuté à 2021 puis c'est encore présent cette année, qui... pour
96 $ par mois pour des étudiants qui résident chez leurs parents, puis
205 $ par mois pour ceux qui n'y résident pas. Donc, c'est quand même
apprécié et appréciable. C'est quand même des dépenses importantes. Là, on
parle de, cette année, 164 millions de dollars. Cette année, on a en aide
financière... on a ajouté un aide financière aux études 300...
Mme McCann : ...85
millions de dollars, donc en 2022-2023, et on a augmenté le seuil de
contribution des tiers. Ça veut dire qu'on a haussé le montant qui est
considéré quand on donne l'aide financière aux études, ce qui est positif, là,
pour l'aide financière aux études. Et c'est 30 000 étudiants de plus qui
ont profité de l'aide financière aux études à cause de cette bonification qu'on
a faite. Il faut dire également que, même après les études, là, on aide nos
étudiants qui arrivent sur le marché du travail puis qui n'ont pas des moyens
fabuleux. Alors, on a un budget de 72 millions pour éliminer des frais
d'intérêts, les intérêts sur la dette, hein, pour l'année 2022-2023, puis
on l'avait fait l'année dernière aussi. Alors, ça aussi, c'est de l'aide qu'on
donne. Puis on a mentionné aussi les frais de scolarité, là. Quand on a
vraiment gardé extrêmement l'augmentation très raisonnable. Donc, et d'autres
mesures, là, par exemple, on a donné des budgets pour l'achat de matériel. Tout
ça, là, a été fait depuis 2019-2020. On a, en 2021, mis énormément de mesures,
qui se poursuivent, d'ailleurs, de façon permanente en 2022-2023. J'ai parlé de
l'augmentation du seuil de contribution des tiers, la bonification de
l'exemption des montants reçus à titre de pension alimentaire. Ça, ce n'est pas
un budget énorme, mais ça fait beaucoup de bien à nos étudiants. L'augmentation
du seuil d'exonération de la prise en compte du montant des bourses, la
bonification de certaines mesures pour les étudiants stagiaires en santé, en
santé, par exemple, on ne pénalise pas nos étudiants qui font des stages en
santé. L'augmentation des frais de subsistance et du matériel.
Donc, ces mesures se poursuivent encore
cette année à la hauteur de 385 millions. Donc, encore une fois, on est
très fiers, puis on a même, suite au rapport de la VG, on améliore actuellement
notre service d'aide financière aux études. Alors, quand on appelle à l'aide
financière aux études, on va améliorer le service. On a déjà commencé des
améliorations. Donc, c'est un service très, très important et qui va continuer.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée. Deux minutes 40 s.
Mme Foster : 2 minutes
40 s. Parfait. Ça me laisse le temps d'aller rapidement sur un enjeu que
j'aurais souhaité aller plus en profondeur, mais on va quand même le faire
rapidement. Vous savez, cette semaine, c'est la Semaine de la santé mentale, du
2 au 8 mai. La pandémie, la pandémie, bien sûr, a représenté un immense
défi pour nos étudiantes et étudiants, dans nos collèges, dans nos universités,
ça a été difficile. D'ailleurs, on avait vu passer certains chiffres, là, des
sondages qui avaient été faits auprès de la clientèle étudiante, collégiale,
bon, où les jeunes disaient, là... c'est à proportion, là, de tout près du deux
tiers des étudiants qui affirmaient avoir eu des problèmes de santé mentale ou
avoir beaucoup de difficulté avec la santé mentale. Ce que je voudrais savoir,
de la part de Mme la ministre, c'est : Est-ce qu'il y a eu une augmentation
des budgets pour la santé mentale cette année, l'an dernier? Et qu'est-ce qui
est dans les cartons? Est-ce qu'on va continuer de soutenir ça? Est-ce qu'on en
fait une priorité?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, bien, merci
pour la question parce que c'est une grande priorité. J'ai mentionné tout à
l'heure que les associations étudiantes ont sonné l'alarme très tôt, là. Puis
la pandémie a mis en lumière les besoins. Donc, on a investi l'année passée 60 millions
et on a investi cette année 35 millions de plus. On avait déjà investi
avant, pendant la pandémie, les budgets, mais on continue. Et moi, dans ma
tournée, les établissements m'ont dit, les associations étudiantes également,
que ça a fait beaucoup de bien, qu'on a été capables d'ajouter des ressources
pour donner des services, hein? Je vois ici qu'il y a 125 ressources qui
ont été embauchées, 23 000 étudiants de plus qui ont... qui ont été... qui
ont reçu des services, 69 000 heures de services d'évaluation et de
psychothérapie qui ont été faites. Alors, et ça, c'est très important.
Puis il y a aussi de la promotion, de la
promotion et de la prévention dans nos établissements, parce que dans le fond,
c'est un changement de culture qu'on voulait. Et je pense que nos
établissements sont à pied d'œuvre et qu'avec les moyens qu'on leur donne et
qu'on va continuer de leur donner, on va continuer de modifier la culture et de
faire en sorte qu'on réponde aux besoins de nos étudiants. La santé mentale,
c'est prioritaire, et il faut que les étudiants aient accès, et c'est pour ça
qu'on a ajouté des ressources et...
Mme McCann : ...On continue
de travailler au niveau du ministère, hein : on fait une concertation
nationale, on veut qu'il y ait des campus qui soient favorables à la santé
mentale, qu'on enlève les tabous, hein, on consulte, on a un problème de santé
mentale, on consulte, on est accueilli rapidement. Moi, j'ai vu des...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre. Donc, le temps alloué
à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille enseignement supérieur étant
presque écoulé nous allons maintenant procéder à la mise aux voix. Le
programme 1 intitulé Administration est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : adopté sur division. Le programme 2
intitulé Soutien aux organismes est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Adopté sur division. Le programme trois
intitulé Aide financière aux études et bourses incitatives est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Sur division. Le programme 4 intitulé
Enseignement supérieur est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Sur division. Le programme cinq intitulé
Régime de retraite est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : adopté sur division. Donc, enfin, l'ensemble
des crédits budgétaires du portefeuille enseignement supérieur pour l'exercice
financier 22-23 est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Adopté sur division. En terminant, je dépose
les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la Commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi 10 mai 2022 à
9 h 45 où elle poursuivra un autre mandat. Merci, tout le monde, pour
votre très belle collaboration.
(Fin de la séance à 15 h 59)