(Dix-neuf
heures trente minutes)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Bonsoir, tout le monde. Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre leurs appareils électroniques.
La commission est réunie ce soir afin de procéder
à l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits budgétaires du portefeuille Éducation et Enseignement
supérieur pour l'exercice financier 2020‑2021. Une enveloppe de trois heures a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Chassin (Saint-Jérôme) est remplacé par M. Lemieux
(Masson); M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Chassé (Châteauguay);
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par Mme St-Pierre (Acadie); Mme Labrie
(Sherbrooke) est remplacée par M. Nadeau-Dubois (Gouin), et Mme Hivon
(Joliette) est remplacée par M. Roy (Bonaventure).
Enseignement supérieur
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Nous allons procéder aux échanges entre
les groupes d'opposition et la
ministre par blocs d'environ 20 minutes. Le temps d'échange inclut les
questions et les réponses.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un bloc d'échange.
Mme la députée de l'Acadie, la parole est à vous.
Discussion générale
Mme
St-Pierre : Merci. Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, Mme la ministre. Tout d'abord, Mme la
ministre, je veux vous féliciter pour cette nomination comme ministre responsable de l'Enseignement supérieur.
Sous le gouvernement du Parti québécois, une loi avait été adoptée pour
créer le ministère de l'Enseignement supérieur, c'est-à-dire scinder les deux ministères, celui de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Et à ce moment-là, même si j'étais dans l'opposition
officielle, et dans l'opposition, on
critique beaucoup, je veux dire, je peux dire que j'avais applaudi à cette
décision-là. Je pense que c'était tout à fait essentiel de vraiment
faire en sorte qu'on ait deux ministères.
Malheureusement, lorsque votre gouvernement est
arrivé au pouvoir, on a abandonné cette idée d'avoir deux ministères, et
ça a été un seul ministre qui a été responsable de l'ensemble de l'enseignement
au Québec, c'est-à-dire à partir de la
maternelle 4 ans jusqu'à la fin du cursus universitaire. Tout ça a fait la
démonstration qu'il y avait, dans l'esprit de bien des gens, un abandon de l'enseignement supérieur. Vous
vous êtes concentrés sur l'obsession des maternelles 4 ans, l'obsession
de l'abolition des commissions scolaires, et
évidemment le secteur de l'enseignement supérieur s'est senti vraiment dans
le néant. Et on se demande aujourd'hui et on
espère aujourd'hui qu'il y aura un rattrapage qui sera fait pour faire en sorte
que les gens se sentent accompagnés, parce que, depuis deux ans, il n'y
a pas d'accompagnement.
Mme
la ministre, je voudrais aussi vous
parler, évidemment, d'un dossier que vous connaissez bien, c'est celui de
la pandémie qui a toujours lieu. On a vécu,
vraiment, la période intense au printemps. On se dirige possiblement vers ce
qu'on appelle une deuxième vague, et, cependant, nous avons été
étonnés de voir que vous n'avez pas fait de déclaration publique. Parce qu'évidemment la rentrée collégiale et
universitaire est à nos portes, et on parle de plusieurs dizaines de milliers
d'étudiants, niveau collégial, niveau
universitaire, et on se serait attendu, enfin, moi, je m'attendais à ce qu'on
vous voie en conférence de presse,
comme on a vu d'autres ministres, en conférence de presse, expliquer quelles
étaient les mesures qui ont été mises
en place, quelles sont les mesures qui ont été mises en place pour faire en
sorte qu'on ne voie pas d'éclosion dans
les cégeps et universités. Nous avons malheureusement attendu en vain puisque
vous n'avez pas tenu cette conférence de presse là avec le ministre de
la Santé et le directeur de la Santé publique.
J'aimerais savoir, Mme la ministre, si vous avez
l'intention de sortir publiquement, de faire... de rassurer ces étudiants.
On en voit qui vont arriver au cégep, ils
ont quitté le secondaire V en n'ayant pas la fin véritable de leur
secondaire V, ils arrivent au
cégep dans une pandémie, avec des règles particulières. Et je dois vous dire
que nous sommes étonnés de ce silence de
votre part. On peut comprendre que vous ayez eu à, évidemment, absorber les
dossiers de l'enseignement supérieur, puisqu'ils
avaient été abandonnés depuis deux ans et que ce sont des dossiers très
importants, mais qu'est-ce que vous... quel est votre plan de match pour cette rentrée qui commence, qui va se faire
très, très bientôt, dans quelques jours, sur l'ensemble du territoire
québécois?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bon, alors, merci, Mme
la Présidente. Alors, vous me permettrez de saluer tout le monde. Oui, je suis très contente, aussi, d'être ici ce
soir, là, comme ministre de l'Enseignement supérieur, puis je vous salue aussi,
Mme la députée de
l'Acadie, député de Gouin, député de Bonaventure et mes collègues, aussi,
député de Beauce-Sud et députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Et, Mme la Présidente, je vous salue également. Et les membres de mon équipe,
qui m'accompagnent, je vais quand même les
saluer, là, parce qu'ils ont travaillé très fort aussi, les membres de mon
cabinet mais aussi du ministère de l'Enseignement
supérieur : sous-ministre en titre, M. Matte, M. Bergeron,
aussi, M. Bernier, Mme Moisan et même des personnes qui sont
avec nous, derrière, là, qui font partie du ministère.
Alors, oui,
pour aussi vous dire qu'on est à pied d'oeuvre pour préparer la rentrée et,
oui, que j'ai eu beaucoup, beaucoup d'informations à absorber. Et vous me
permettez de dire ce soir qu'évidemment je vais vouloir répondre le mieux
possible aux questions, en sachant que je
n'ai peut-être pas l'information aussi fine, après quelques semaines dans un
ministère, mais ça s'avère extrêmement intéressant.
Et je suis
contente aussi, quand même, de dire qu'il y a eu beaucoup de choses, quand
même, qui ont été faites, dans les
deux dernières années en enseignement supérieur, par mon prédécesseur. Je sais
que vous avez peut-être un peu de
scepticisme là-dessus, peut-être que ça n'a pas été aussi dans les médias, ou
une couverture publique, ou dans les
communications, que, par exemple, les maternelles quatre ans, les commissions
scolaires, etc., mais moi, je peux vous dire qu'il y a eu des investissements intéressants et il y a eu des
transformations intéressantes au niveau de l'enseignement supérieur. Et je le salue, d'ailleurs, mon
collègue ministre de l'Éducation. Et vous dire que, oui, ça a été un des premiers
sujets, bien entendu, que j'ai eu à traiter, la rentrée à l'automne.
Et j'ai
d'ailleurs rencontré, il y a quelques jours, les directeurs généraux des
cégeps, des collèges privés et également les recteurs, rectrices des universités, à ce sujet, et je peux vous
dire que tout le monde travaille très fort. Et c'est à géométrie variable parce que des mesures peuvent être
différentes d'un établissement à l'autre, les réalités sont différentes, mais
tout le monde va être prêt pour la
rentrée de l'automne, autant que possible. La rentrée ne se fera pas à la même
date pour tout le monde, pour toutes
sortes de considérations, il y en a qui vont débuter la semaine prochaine, il y
en a d'autres qui vont débuter le 1er
ou le 2 septembre. Mais on a eu un bon échange, et il y avait des
directives qui avaient été envoyées au mois de juin, à la mi-juin, par le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, qui ont été suivies, et on
reçoit actuellement presque
l'entièreté des rapports sur les mesures qui sont prises pour que la rentrée de
l'automne se passe bien. Alors, moi, je suis prête à vous fournir
davantage d'informations là-dessus.
Il y a tout
un plan qui est fait, toujours en respect des mesures de Santé publique. Et il y
a eu la mesure du masque, hein, qui
est arrivée pendant l'été, qui va être respectée bien entendu. Et il y aura un
certain pourcentage de ce qu'on appelle le présentiel, dans les établissements, et ça, ça va varier d'un
établissement à l'autre. Il y aura beaucoup d'hybride, hybride voulant dire une partie en présence puis une
partie à distance, et il y aura aussi des moments où ce sera entièrement à
distance pour certains étudiants, pour certains programmes.
Et ça peut varier. On le sait, vous savez, durant
la pandémie, dans les derniers mois, on disait toujours : Il y a deux Québec, il y a Montréal,
la grande région de Montréal, puis il y a le reste du Québec. Et effectivement
c'est la même chose au niveau de
l'enseignement supérieur, il peut y avoir des réalités différentes dans
différentes régions, et, effectivement, moi, j'ai bien confiance qu'on
va arriver à bon port à la rentrée de l'automne.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de l'Acadie.
• (19 h 40) •
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la
ministre. Mais vous savez, parler à des directeurs de cégeps, parler à des
directeurs... des recteurs
d'université, ce n'est pas comme parler à 400 000 étudiants qui sont
sur le point d'entrer à l'université, ce n'est pas comme faire des points de presse comme vous en avez fait de nombreux
pendant la crise de la pandémie, à tous les jours, on vous voyait à la télévision. Il n'y a personne
qui ne vous le reprochait, au contraire. Et là aucun point de presse, aucune
directive de M. Arruda, aucune
directive du ministre de la Santé, et les parents aussi, là-dedans, sont
complètement laissés dans le noir.
Moi, dans ma
circonscription de l'Acadie, j'ai trois cégeps : Vanier, Bois-de-Boulogne
et Saint-Laurent. C'est une énorme population
étudiante. D'abord, j'espère que vous allez venir faire un tour dans ma
circonscription. Mais est-ce qu'on va
avoir des mesures? Est-ce qu'on va avoir des autobus pour venir faire des tests
de dépistage, qui vont venir dans les
cégeps? Est-ce qu'on va offrir gratuitement aux étudiants, qui en arrachent
énormément, les masques? Est-ce que c'est possible de faire en sorte que
les étudiants puissent avoir accès à leurs masques gratuitement?
Vous savez,
c'est des questions que tout le monde se pose, et on s'attend à ce que vous
soyez vraiment présente et que vous
expliquiez votre plan à la population en général pour qu'ils comprennent. Ce
que j'ai compris de la rencontre que
vous avez eue avec les directeurs de cégeps, c'est que vous avez dit à chacun
des cégeps : Bien, organisez-vous, chacun de votre côté, puis on verra un peu ce que ça va donner. Mais vous, vous
êtes responsable, et, s'il y a une éclosion, ça va se passer comment?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme
McCann : Oui. Alors, je vous
rassure, j'ai aussi parlé aux associations et aux fédérations étudiantes, hein,
on a eu également un bon échange, et
qu'il y aura effectivement des points de presse, éventuellement, que je vais
donner. Il y a tellement d'éléments à
donner à la population actuellement, hein, mais effectivement il y en aura. Et
je pense que les cégeps et les
universités vont suivre les directives qui ont été données à la mi-juin, de
respecter le 1,5 mètre, d'avoir le maximum de présentiel et de faire des suivis des étudiants,
notamment ceux qui sont en difficulté et ceux qui ont un handicap ou ceux qui
arrivent en première année. Eux sont plus vulnérables.
Il y a même des établissements... d'ailleurs, j'ai
demandé à tous les établissements de le faire, de faire des appels téléphoniques individuels à tous les étudiants. Il
y a des établissements qui vont faire ça, qui ont déjà commencé à faire ça.
Il y en a que ça va
être pour les étudiants de première année, parce qu'on sait que la transition,
c'est toujours plus... un petit peu
plus compliqué, mais effectivement... Et on a demandé également que ce plan de
la rentrée nous soit transmis, on a reçu la plupart d'entre eux, et de
faire un protocole d'urgence aussi, s'il y a éclosion.
Et on m'a confirmé que les établissements ont des
très bons liens avec les directions régionales en santé publique. Et ça, ça me rassure parce qu'il faut suivre les
directives de la Santé publique et il faut que ça se passe aussi au régional.
Alors, j'ai demandé aux établissements de
raffermir ces liens-là, parce qu'ils sont déjà bons, mais vraiment de les
raffermir et de travailler au niveau régional, ensemble, au niveau des
établissements pour ces mesures de la rentrée d'automne.
Mme
St-Pierre : ...gratuité du masque, est-ce que vous pourriez
nous dire ce soir si vous avez l'intention que le masque soit offert...
que les masques soient offerts gratuitement aux étudiants des collèges et des
universités?
Mme
McCann : Bien, écoutez, on examine la question. Mais ce que je peux
vous dire ce soir, par exemple, c'est qu'il y a des mesures d'aide
financière aux étudiants dont on va parler bientôt.
Mme
St-Pierre :
...tantôt.
Mme McCann : Oui, mais on va en parler à la population bientôt
aussi. Alors, je pense que ça, c'est important.
Mme
St-Pierre :
Mme la ministre, vous avez fourni beaucoup de documents pour la préparation de
ces crédits. On avait... d'habitude,
ça arrive... Normalement, ça aurait dû arriver au mois de mars, qu'on ait ces
documents. Puisqu'il y a eu une
pause, bien sûr, les crédits, l'étude des crédits a été reportée, les documents
sont arrivés il y a quelques jours à peine, alors qu'on s'attendait à
les avoir peut-être un peu avant.
Et ce qui nous frappe, dans l'étude des documents
que vous nous avez fournis, c'est qu'il y a beaucoup de données qui ne sont pas présentes. C'est-à-dire, lorsqu'on
demande par rapport aux surplus et déficits par cégep, on a les résultats...
pour les résultats 2019‑2020, c'est non
disponible. Question 269, subvention au fonctionnement aux universités : les données 2019‑2020 seront disponibles à
l'été 2020. Or, on a eu les cahiers cette semaine, puis les données ne
sont pas là, puis ça nous dit que ça
va être l'été 2020. Je pense qu'on
est, là, rendus à l'été 2020. Question sur l'évolution des déficits des universités :
les données le plus récentes sont de 2018‑2019. Question 271, nombre
d'étudiants universitaires : les
données disponibles sont de l'automne 2018. On nous dit en plus que les données
de l'automne 2018 sont provisoires. Donc,
ça veut dire qu'en 2020... Quand je vous disais tout à l'heure que
l'enseignement supérieur avait été abandonné, là, bien, on en a un très bel exemple. Alors, on n'a pas les données de 2020. Question
272, nombre d'étudiants étrangers au Québec : vous nous avez donné l'information pour l'automne 2018. Admission au
bac en enseignement primaire : nous avons les données de l'automne 2018‑2019,
rien pour 2019‑2020. Graduation au bac en enseignement primaire : l'année 2018 est la dernière année civile pour
laquelle les données sont disponibles. C'est vos réponses. Mme la ministre, les réponses, aussi,
concernant les compensations au fédéral : nous demandons 2019‑2020,
nous recevons 2018‑2019, sans
explication.
Alors,
comment des parlementaires comme nous pouvons être en mesure d'analyser ce que
vous voulez faire ou ce qui a été fait dans les deux dernières années,
quand on ne nous donne pas les données disponibles?
Je vais vous en donner un autre aussi. Nombre
d'étudiants au baccalauréat qui ont échoué le test de certification en français écrit pour l'enseignement en — ça,
c'est notre question — 2017‑2018, 2018‑2019 : «Le ministère ne possède pas les données relatives au nombre d'étudiants au baccalauréat qui ont
échoué le Test de certification en français écrit pour l'enseignement.»
Il
y a quelque chose qui s'est passé dans les deux dernières années,
là, c'est-à-dire pas grand-chose. Parce que, tout à l'heure, vous avez dit : Oui, il y a des choses qui ont été faites. Je
m'excuse, là, mais, quand on est à l'étude des crédits et que l'opposition
officielle, les oppositions
demandent, posent des questions, vous avez des dizaines de personnes qui travaillent dans votre ministère
qui sont là pour répondre à nos questions. Est-ce qu'on rit de nous ou si on ne les a pas,
les réponses? Si on ne les a pas, c'est inquiétant, puis, si on ne veut pas les
donner, bien, c'est parce qu'on manque de transparence.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann :
Bien, écoutez, j'écoute les propos, là, de la députée de l'Acadie puis je
comprends. Moi, je découvre encore beaucoup
de choses, là, en enseignement supérieur. Alors, je comprends qu'il y a un
décalage d'une année, actuellement, pour les données dont il est question. On a les
données d'il y a un an, mais on n'a pas, évidemment, les données
de la dernière année. C'est ce que je peux répondre à la députée.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
St-Pierre : Mme la ministre, ce n'est pas un an, là, il y
a du décalage de deux ans. Et il y a
même des données qu'on nous donne, on
nous dit : On a les données pour 2018, et c'est provisoire, ça peut être
autre chose. Comment se fait-il que
le ministère de l'Enseignement
supérieur ne connaît pas le nombre
d'étudiants étrangers présents... qui ont été en classe, au Québec, à
l'année 2019‑2020? Comment se fait-il que le ministère, votre propre ministère
ne sait pas... n'ont pas les réponses à ces questions-là?
Mme McCann : Oui, on l'a pour 2018‑2019, effectivement. Mais, effectivement, l'année se termine, hein, il n'y a pas longtemps...
Mme St-Pierre :
Non, vous nous avez donné 2018.
Mme McCann :
Oui, mais on va l'avoir dans un certain temps pour l'année qui vient de passer.
Mme St-Pierre : Bien, on est en 2020. Puis ici on nous dit que
les données vont être disponibles pour subventions de fonctionnement aux universités... les
données vont être disponibles à l'été 2020. Subventions de fonctionnement aux universités, ça veut dire qu'il faut qu'on sache combien les
universités vont avoir d'argent pour entreprendre
leur session... pas parlementaire, mais leur session universitaire. Si on n'a pas les chiffres, est-ce qu'on est dans La Casa de Papel,
puis vous jouez le rôle de Nairobi?
Je veux dire, vous allez imprimer de l'argent ou quoi? C'est incroyable qu'on
n'ait pas eu la rigueur de nous
donner les informations qui sont demandées depuis le mois de mars. Nous sommes
en août, les informations sont demandées
depuis le mois de mars. Tout le monde a travaillé en télétravail, c'est-à-dire
que c'était disponible. Ça devrait être disponible, ces données-là.
Mme McCann :
Mme la Présidente, moi, ce que je peux dire : C'est des données du 30
mars, alors on va les avoir à l'automne, ces données.
Mme St-Pierre :
Vous allez les avoir à l'automne...
Mme McCann :
2020.
• (19 h 50) •
Mme St-Pierre :
2020?
Mme McCann :
Oui.
Mme St-Pierre :
Puis pourquoi on ne les a pas présentement?
Mme McCann :
Elles ne sont pas disponibles.
Mme St-Pierre :
Et pourquoi ne sont-elles pas disponibles?
Mme McCann :
Parce qu'elles ne sont pas prêtes.
Mme St-Pierre :
Je pense qu'on va souhaiter qu'il y ait quelqu'un... qu'il y ait un capitaine à
bord du bateau de l'enseignement
supérieur, parce que ce n'est pas normal et ce n'est pas respectueux de
l'opposition officielle de travailler avec
une telle désinvolture. Les gens au ministère de l'Enseignement supérieur, je
suis convaincue, devraient... doivent... enfin, ou travaillent mieux que
ça, d'habitude, parce que j'ai eu, dans mes anciennes fonctions, à côtoyer des
gens du ministère de l'Enseignement
supérieur, et ce n'est pas normal qu'on ne donne pas les informations adéquates
lorsqu'on pose des questions pour ces éléments-là qui sont très
importants.
Je voudrais vous
parler des étudiants internationaux. Avec la pandémie, bien sûr, il y a moins
d'étudiants internationaux qui vont venir au
Québec, qui vont pouvoir traverser les frontières, qui vont pouvoir venir
s'installer ici. Ça veut dire, pour
les établissements d'enseignement, des pertes financières importantes. Les
journaux rapportaient qu'à l'Université Laval on parle de 4 000 étudiants
étrangers, et cela pourrait représenter des pertes de 100 millions de
dollars.
Est-ce
que vous avez un plan pour compenser ces pertes par rapport à ces étudiants
étrangers qui ne pourront pas venir
assister à leurs cours? Il y a peut-être des cours qui peuvent se donner par,
évidemment, visioconférence, mais un cours de laboratoire, ça ne peut pas se faire de cette manière-là, donc il y a
des étudiants qui ne viendront pas. Comment vous allez faire pour
compenser ces pertes dans les universités?
Mme McCann : Oui. Il y a quand même, je pense, pas mal de cours qui vont se donner à
distance, hein, les universités
s'organisent beaucoup dans ce sens-là. Comme la députée le sait, comme
vous le savez, il y a des universités où
est-ce qu'il y a vraiment un nombre important d'étudiants
étrangers, internationaux, et on s'organise pour de la formation à distance dans le contexte actuel. Alors, je
pense que là-dessus on devrait être capables d'avoir une situation acceptable
au niveau des étudiants internationaux.
Mme
St-Pierre : On parle de 54 000 étudiants étrangers, au Québec, niveau collégial,
universitaire. Vous évaluez à combien d'étudiants étrangers qui seront
capables de poursuivre leurs cours dès la rentrée dans quelques jours?
Mme
McCann : Je n'ai pas la donnée actuellement, mais, pour en avoir parlé
aux recteurs, et aux rectrices, et aux
directeurs généraux des cégeps, je pense que, quand on va avoir la donnée,
probablement en septembre — parce que vous savez, il y a une période, aussi, d'abandon,
hein, des inscriptions, il y a des abandons — je pense que ça va être une situation quand même acceptable. Alors, on n'a
pas la donnée actuellement, mais moi, ce que je comprends, c'est que la formation à distance va être donnée. Puis il y
a aussi des discussions avec le fédéral pour que le statut de ces étudiants
soit régularisé le plus possible pour qu'ils puissent bénéficier, justement, de
cette formation.
Mme
St-Pierre : Mais ça veut quand même dire des pertes
financières pour les universités. Le chiffre de 100 millions qui a été avancé dans les médias, par rapport à l'Université Laval, est-ce que, d'après vous, c'est un chiffre qui est conforme
à la réalité?
Mme
McCann : Bien, on sait qu'il
pourrait y avoir certaines pertes financières. Puis je pense que, depuis le
début de la pandémie, il y a eu des
investissements pour soutenir les universités et les cégeps en général, et on
va continuer de soutenir autant que
possible, s'il y a des pertes, là, qui, effectivement, affectent le
fonctionnement, là, des établissements d'enseignement supérieur. Alors, je ne peux pas vous
confirmer à ce moment-ci qu'est-ce que ça pourrait être, comme écart,
mais on est très vigilants, puis le ministère suit la situation de près.
Mme
St-Pierre :
Est-ce que vous aurez, à ce moment-là, des sommes supplémentaires qui vont
venir du Conseil du trésor pour compenser les pertes?
Mme McCann : Je ne peux pas le confirmer à ce moment-ci parce
qu'il faut vraiment faire l'analyse et voir quel est le manque à gagner.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre. C'est tout le temps qu'on
avait. Avant de passer la parole au
député de Gouin, j'aimerais qu'on soit prudents dans nos propos pour que tout
se passe respectueusement, ce soir, et j'appelle à la prudence dans nos
propos. Donc, pour le prochain bloc, le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la
ministre, bonjour à mes collègues parlementaires de toutes les
formations politiques, à l'ensemble du personnel présent. Je vais commencer,
moi aussi, par une courte parenthèse qui est, puis la ministre, je la prie de
me croire, dépourvue de toute malice et de tout sous-entendu.
Lorsque
la ministre a hérité des fonctions de ministre de l'Enseignement supérieur,
elle ne s'est pas défilée, elle a reconnu
en toute transparence, d'ailleurs à son honneur, que l'enseignement supérieur,
bon, c'était bien intéressant, mais ce
n'était pas la raison pour laquelle elle était arrivée en politique, c'était la
santé, comme on le connaît tous, puisque c'était, d'ailleurs, son parcours professionnel. Et je veux
dire, en toute sincérité, que j'espère qu'elle prendra goût et plaisir à être
ministre de l'Enseignement supérieur puis
qu'elle retrouvera une passion, la passion qu'elle a eue dans le milieu de la
santé, dans le milieu de l'enseignement supérieur.
Moi, c'est une
passion qui m'habite depuis longtemps, c'est bien connu, que de m'intéresser
aux enjeux de l'enseignement supérieur.
Puis, je le dis en toute sincérité, j'espère qu'elle va embrasser ce défi-là
parce que, là-dessus, je suis
d'accord avec la collègue de l'opposition officielle, le précédent ministre en
avait beaucoup sur sa table, et on n'a pas senti... je dis «on» ici et je me permets de parler au nom de l'ensemble
du réseau de l'enseignement supérieur, ce n'est pas un réseau qui a
senti qu'il y avait un ministre présent, à l'écoute et qui avait une vision, un
plan de match clair pour le développement du
réseau collégial et universitaire au Québec. Et, s'il faut espérer une chose du
fait qu'on a maintenant une ministre
responsable, réellement, de manière pleine et entière, de ce dossier-là, c'est
qu'enfin il y ait un leadership, une
vision, puis qu'il se passe quelque chose en enseignement supérieur au Québec.
Alors, je le dis vraiment sans malice puis
en toute sincérité que je souhaite qu'elle exerce ces fonctions-là avec énergie
puis avec passion, parce qu'on en a besoin, les cégeps et les
universités en ont bien besoin. Je ferme ma parenthèse introductive.
Et je veux également dire à la ministre, d'entrée
de jeu, que c'est vrai qu'on a beaucoup parlé, dans les derniers jours, des inquiétudes des parents et des jeunes au
niveau primaire et secondaire, ça a fait largement les manchettes. Il y a aussi
des inquiétudes chez les étudiants et
les étudiantes au niveau collégial et universitaire. Et j'en ai eu moi-même une
démonstration aujourd'hui. Ce matin,
en m'en venant vers l'Assemblée nationale, j'ai mis sur les réseaux sociaux une
invitation, sur Instagram et sur
Facebook, aux jeunes collégiens, aux collégiennes puis aux universitaires qui
me suivent sur Instagram et Facebook,
de me poser... en fait, de me transférer leurs questions puis leurs
préoccupations en ce qui a trait à la rentrée qui s'en vient dans les prochains jours. Et, en à
peine quelques heures — j'ai fait ça ce matin — j'ai reçu plus de 300 questions sur les deux plateformes réunies, là. Donc, on
parle, en une seule journée, sur un seul compte Facebook, un seul compte
Instagram, plus de 300 questions de jeunes
collégiens, collégiennes et universitaires qui ont des questions sur la
rentrée. Et les questions que je vais poser à la ministre ce soir sont
toutes tirées de ce petit exercice auquel je me suis prêté aujourd'hui. Donc, j'invite la ministre à leur
répondre par mon entremise, mais à leur répondre quand même, parce que toutes les questions que je vais poser, c'est des
questions qui m'ont été soumises par des jeunes Québécois, Québécoises qui voient leur début de session arriver puis qui
ont des craintes, notamment parce qu'ils ont vécu une dernière session
passablement rock-and-roll, et on les comprend.
Ma première question, et celle-là est revenue
souvent, au courant de la journée, c'est au sujet des frais de scolarité.
Bon, la ministre connaît bien mes positions
personnelles et celles de ma formation politique en ce qui a trait aux frais de
scolarité. Si ce n'était que de moi et que
de ma formation politique, les frais de scolarité, ça n'existerait pas. Nous
sommes en faveur de la gratuité
scolaire. Selon nous, c'est le meilleur modèle pour garantir non seulement
l'accessibilité aux études, mais,
plus encore, un caractère public humaniste de l'enseignement supérieur. Par
contre, en ce moment, il y en a, des frais de scolarité, et, en vertu de la logique à laquelle elle, la ministre,
adhère, ces frais de scolarité là, c'est le prix qu'on demande aux étudiants et aux étudiantes de payer pour
avoir accès à l'enseignement supérieur, notamment dans les universités. C'est le prix du bien qu'ils achètent. C'est bien
dommage que ce soit ça, la logique dominante, mais c'est celle-là, le bien
étant une fréquentation d'une université au
Québec. Et ce que beaucoup de jeunes m'ont dit aujourd'hui, c'est : Bien
là, il y a plein de services auxquels
on n'aura vraisemblablement pas accès, cet automne, les bibliothèques, les
centres sportifs, des laboratoires
informatiques, toute une partie de l'enseignement qui ne se fera pas en
présentiel. Bref, on nous charge ce
qu'on nous chargeait avant, mais pourtant on va avoir accès à beaucoup moins de
services sur nos campus, parce que, la ministre le sait comme moi, une université, ce
n'est pas juste la prestation du cours par le prof, c'est aussi tout ce qui
l'entoure. Et là j'ai parlé des
bibliothèques, des centres sportifs, mais le parascolaire, des conférences, une
vie de campus, tout ça. Et c'est ça aussi que servent à financer, nous
dit-on, les frais de scolarité.
Alors,
que répond la ministre à ces jeunes
qui m'ont posé la question toute la journée, aujourd'hui, et là ils étaient
plusieurs dizaines : Comment ça, ça va me coûter la même chose tout au long
de l'automne, alors que je vais avoir accès à pas mal moins de services
dans mon université?
• (20 heures) •
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, c'est une question qui m'a été posée, même plusieurs
fois. Puis même, quand j'ai parlé avec les
associations étudiantes, les fédérations, etc., les trois, on
m'en a parlé. Puis j'en ai parlé également aux établissements, et, évidemment, comme on le sait, chaque
université, hein, a sa gouvernance, mais il y a une sensibilité à ça.
Alors,
qu'est-ce que ça va être, l'équation? Il y a différents ingrédients. Bon, moi,
d'abord, là, je vais insister sur le
fait que je crois beaucoup à la communication entre les établissements et les
étudiants. Ça doit se faire au niveau local pour toutes ces questions-là. Pour la question des frais, au niveau des
services, bien, on va... chacun va se pencher là-dessus, et on va rediscuter avec les établissements,
évidemment, puis on va aussi arriver avec une bonification de l'aide financière
aux établissements... aux étudiants.
L'aide financière, ça touche 160 000 étudiants sur les 500 000
environ, au Québec, et ce sont les
étudiants qui sont dans des situations plus précaires. Alors, ça aussi, ça va
aider. Mais c'est sûr que les services vont
être transformés. Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de services sur place
du tout, là. Il va y en avoir, mais pas à la même hauteur. Et il y a d'autres services qui vont voir le jour,
comme les formations à distance et d'autres services, comme, par
exemple, des suivis individualisés.
Alors,
comment va se faire cette équation-là? Elle n'est pas simple, elle n'est
vraiment pas simple, et on est tous sensibles
à la situation des étudiants. Et je vais en reparler avec, certainement, les
associations étudiantes. Mais quelle va être la voie de passage? Aujourd'hui, je ne peux pas vous le dire, étant
donné que je suis nouvelle dans le dossier aussi. Mais je comprends très bien qu'il y a cette question
des étudiants là-dessus puis il y a un recours collectif, aussi, pour la
session passée, là, dont j'ai connaissance.
Mme la Présidente, si vous permettez, je voudrais
juste répondre à la question sur les étudiants internationaux pour 2018‑2019...
M.
Nadeau-Dubois : Je vais peut-être
laisser la ministre répondre à l'opposition officielle sur
les blocs de temps de l'opposition officielle, si ça ne dérange pas la ministre.
Mme McCann :
Oui, je reviendrai.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait.
Mme McCann :
Je comprends, je respecte ça. Oui, oui.
M.
Nadeau-Dubois : J'en ai un
peu moins, alors je vais le garder pour moi. Mais ce n'est pas de la jalousie,
c'est juste de l'efficacité.
La Présidente (Mme
Guillemette) : On la prend en note pour... Parfait.
Mme McCann :
Oui, oui, je vais revenir.
M. Nadeau-Dubois : Voilà. C'est sans rancune. Juste pour continuer
sur le sujet, la ministre m'a parlé de beaucoup de choses, mais ma question était très
simple : L'université, ça coûte de plus en plus cher, au Québec, depuis
des années, O.K.? Les étudiants
s'endettent, plusieurs étudiants s'endettent pour fréquenter l'université, et
là ils vont payer, à la session prochaine,
un peu plus cher, puisque les frais sont indexés, que ce qu'ils ont payé à la
session dernière, et pourtant il y a plein de services auxquels ils
n'auront pas accès.
Le suivi individualisé, ils en ont, quand il n'y a
pas de pandémie, ils vont en avoir encore en temps de pandémie, des prestations de cours également, par leur prof
ou leur chargé de cours, mais les bibliothèques, les centres sportifs, toute
la vie de campus, l'accès physique à leur association étudiante, l'accès
physique à toute une série de services, l'accès physique au guichet pour dénoncer des violences à caractère sexuel, qui
est un guichet physique dans les universités, il y a plein de choses
auxquels les étudiants, étudiantes n'auront pas accès.
Et
ce que les gens se demandent, c'est : Ça va me coûter plus cher, puis je
vais avoir moins de services, il me semble qu'il n'y a pas beaucoup de domaines où on accepterait ça. Qu'est-ce que
la ministre répond à ces jeunes-là? Ils vont payer plus cher pour moins de services. Pourquoi est-ce
que la ministre... en fait, comment la ministre explique ça? Comment
est-ce qu'elle justifie cette situation?
Mme
McCann : C'est parce qu'il
faut... Mme la Présidente, là, il faut le voir de façon plus spécifique. Il y
aura des services qui vont être
ouverts, là, ce n'est pas... on ne peut pas faire une affirmation générale
comme ça. Il y a des services qui vont être ouverts dans chacune de ces
institutions, c'est à géométrie variable.
Puis
je veux aussi dire que les frais de scolarité au Québec, là, on est quand même
dans une position avantageuse par
rapport au reste du Canada au niveau des frais de scolarité. Puis là on s'en
vient, évidemment, avec une bonification de l'aide financière aux études qui va être
intéressante. Alors, je pense qu'on se préoccupe, mais l'exercice n'est pas
terminé, et je ne peux pas répondre de façon globale parce que c'est à
géométrie variable, d'un établissement à l'autre.
M.
Nadeau-Dubois : Je comprends
que c'est à géométrie variable, mais les frais de scolarité, eux, ne sont pas
à géométrie variable, c'est le gouvernement
qui les fixe. Bon, les institutions ajoutent une proportion, là, les frais
qu'on appelle parfois afférents, mais
les frais de scolarité, c'est le gouvernement qui les fixe pour l'ensemble des
institutions. Et moi, je suis désolé,
mais, en tout respect, je n'entends pas de réponse claire pour ces gens-là, ces
jeunes-là qui m'ont posé la question aujourd'hui, qui se disent :
Je vais payer plus, je vais avoir moins de services.
Ce
calcul coût-bénéfice, là, s'il n'y avait pas de frais de scolarité, on pourrait
le mettre de côté, mais on vit dans un
système où il y a des frais de scolarité. Alors, moi, j'ai bien de la
difficulté à reprocher aux étudiants puis aux étudiantes qui s'endettent pour aller aux études de faire ce
calcul, parce que c'est malheureusement le système dans lequel on les force à
évoluer. Mais je vais passer à mon deuxième sujet, je pense qu'on a fait le
tour de la question.
La
ministre semble vouloir parler d'aide financière aux études. Tant mieux, ça
fait longtemps qu'on attend que le
gouvernement de la Coalition avenir Québec en parle. J'ai eu des questions
toute la journée au sujet du manque de financement chronique du régime d'aide financière aux études
au Québec. La ministre a sans doute entendu parler de la campagne menée par plusieurs associations étudiantes qui, après des calculs bien rigoureux, ont réalisé que les gouvernements, dans
les dernières années, n'ont pas réinvesti dans le régime d'aide
financière aux études.
L'ensemble
des sommes qui viennent d'Ottawa et qui sont censées servir à l'aide financière
aux études, bien sûr, ce n'est pas
parce qu'Ottawa nous dit de les mettre là qu'il faut les mettre là, hein, je
rassure la ministre. Je pense qu'il faut les mettre là parce que je pense que c'est un bon investissement, les
associations étudiantes aussi. Et ce dont se sont rendu compte les
associations étudiantes, suite à ces calculs bien rigoureux, c'est qu'il manque
à peu près 200 millions, 197 millions
dans le budget du programme d'aide financière aux études. Est-ce que le
gouvernement... est-ce que la ministre s'engage
à rapidement réinvestir l'ensemble des sommes, donc le 197 millions de
dollars manquant, dans le régime d'aide financière aux études,
considérant que ce sont des sommes auxquelles les étudiants, les étudiantes ont
droit?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Mme la ministre.
Mme McCann : Bien, oui. Alors, ce que je peux dire...
évidemment, je ne peux pas aller dans des chiffres, ce soir, parce qu'on va en parler, là, éventuellement, et
dans pas longtemps du tout, parce que je sais que les étudiants ont beaucoup
d'attentes par rapport... et je les
comprends, mais je pense que ce qu'on va offrir va être bien accueilli, bien
accueilli. Alors, je ne peux pas répondre à votre question ce soir, là,
mais ça ne sera pas très long que vous allez avoir une réponse.
M. Nadeau-Dubois :
Je comprends que la ministre va procéder à une annonce de manière imminente,
dans les prochains jours, et qu'elle va annoncer un réinvestissement en
aide financière aux études?
Mme McCann :
Il va y avoir une bonification.
M. Nadeau-Dubois :
O.K. Est-ce que ce sera une bonification récurrente ou non récurrente?
Mme McCann :
Là-dessus, je ne peux pas répondre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Il vous reste 1 min 50 s, M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
J'aime mieux la reporter au prochain bloc plutôt que de précipiter les choses.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Merci. Donc, Mme la députée de
l'Acadie, la parole est à vous pour 23 min 28 s.
• (20 h 10) •
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Je suis un peu étonnée de la réponse que vous donnez
à mon collègue parce qu'on est ici
pour discuter de chiffres, justement. L'étude des crédits, on parle d'argent,
on parle de chiffres, on parle d'effectifs,
on parle de tout ce qui touche votre ministère. Ça m'étonne un peu que vous
disiez qu'on n'est pas là pour parler de chiffres ce soir parce que
c'est justement là la raison laquelle on est ici ce soir.
Vous avez vu toute la
question qui a entouré le Programme de l'expérience québécoise et tout ce que
ça a eu comme, évidemment, répercussion sur
la réputation du Québec à
l'international, l'accueil des étudiants étrangers, comment on traitait nos étudiants, comment on avait
l'intention de leur dire : Bien, venez ici, mais, si vous venez, vous
n'êtes pas vraiment les bienvenus. Je
pense que ça a été un moment malheureux, et ce n'est pas encore suffisant, dans
l'esprit des étudiants, la manière
dont ils ont... Il y a eu des bonifications, mais ce n'est pas encore
suffisant dans l'esprit des étudiants.
Je vous amène
sur une entente qui a été négociée entre le gouvernement du Québec et la
France en 2015. C'est une entente qui
a été signée entre le premier
ministre Philippe Couillard et le premier ministre Emmanuel Valls. C'était sur les
droits de scolarité des étudiants français. Dans cette entente, on dit... Cette
entente a été signée le 6 mars 2015. Elle arrive à échéance en 2020. Nous sommes en 2020. Je
comprends qu'il y a des données qui ne sont pas encore disponibles parce qu'elles remontent à 2018, mais, quand même,
c'est une entente qui était majeure puisqu'on amenait les droits de scolarité
des étudiants français à un niveau des
droits de scolarité d'un étudiant canadien qui viendrait étudier au Québec.
Un étudiant du Nouveau-Brunswick paie des droits de scolarité... Et la négociation a mené à cette
entente qui fait en sorte que les droits de scolarité des étudiants
français ont été augmentés, parce qu'ils n'étaient qu'au niveau des droits de
scolarité des étudiants québécois.
Dans
l'entente, on dit que «la présente entente est en vigueur le jour de sa
signature pour une période de cinq ans.
«Elle peut
être reconduite pour une période identique, par échange de lettres entre les
parties au cours de la dernière année précédant la fin de la période
[minimale].
«Au plus tard
un an avant [la] reconduction, la présente entente fait l'objet d'une
évaluation, tant à l'égard de son contenu que de ses modalités d'application. L'évaluation peut tenir compte du
taux de réussite des étudiants bénéficiaires.» Et on continue.
Est-ce que
cette entente a été renégociée? Est-ce qu'on a reconduit l'entente? Est-ce que
vous avez la lettre qui fait en sorte
que l'entente a été reconduite pour cinq autres années ou si vous ne connaissez
pas cette entente-là entre le gouvernement français et le gouvernement
du Québec?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme McCann : Oui. Ce que je
comprends, c'est que c'est une entente qui a des clauses de reconduction automatique, à moins qu'il y ait une volonté
contraire des deux parties, c'est ce que j'ai comme information, et qu'il n'y a
pas d'intention des gouvernements de la remettre en question. Donc...
Mme
St-Pierre :
C'est écrit noir sur blanc, je peux la déposer si vous voulez : «Elle peut
être reconduite pour une période
identique, par échange de lettres entre les parties au cours de la dernière
année précédant la fin de la période initiale.» Est-ce que vous avez la
lettre?
Mme
McCann : Elle est en évaluation,
cette entente-là, on me dit, au ministère des
Relations internationales et de la Francophonie, alors c'est en train
d'être évalué, analysé au niveau de ce ministère actuellement.
Mme
St-Pierre : ...en
train d'être analysée et évaluée?
Mme McCann : Oui.
Mme
St-Pierre : Mais
c'est parce qu'elle se termine en 2020, ça veut dire que, si elle n'est pas
reconduite, les étudiants français reviennent au taux qu'ils avaient
antérieurement à l'entente.
Mme
McCann : Je comprends, mais
l'information que j'ai, à ce moment-ci, puis je vais
revérifier, là, certainement, après l'étude des crédits, mais ce qu'on me dit, c'est qu'elle est en évaluation
au ministère des
Relations internationales et de la
Francophonie. Alors, je m'informerai certainement du statut de cette entente, parce qu'effectivement, s'il y a
impact sur les frais de scolarité, il faut s'en préoccuper. Alors, je
vais vérifier.
Mme
St-Pierre : Donc,
vous allez nous transmettre les échanges de lettres entre les deux gouvernements
et, s'il n'y a pas eu d'échange de lettres, nous dire quelle est la suite?
Mme McCann : Oui, oui.
Mme
St-Pierre : Parce que, si vous dites que l'entente est en
train d'être évaluée, ça veut dire qu'il
y a une renégociation entre le
gouvernement français et le gouvernement du Québec.
Mme McCann : Je ne sais pas. Je ne
sais pas.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre, vous vous engagez à transmettre les documents
au secrétariat à la commission?
Mme McCann : Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
vous en remercie.
Mme
St-Pierre : ...moi aussi, sur les droits de scolarité, parce
qu'évidemment on rencontre les étudiants pour prendre connaissance des dossiers puis aussi se
préparer pour l'étude des crédits. Le gouvernement fédéral fait des transferts au Québec, à
chaque année, et cette année le gouvernement fédéral a ajouté, dans la cadre de
la crise de la COVID, 400 millions
supplémentaires. Si on ajoute 277 millions, donc, on est rendu à
677 millions de transferts du gouvernement fédéral. Les étudiants demandent à ce que cet argent leur soit transmis
à eux, puisque le gouvernement fédéral transfère l'argent, évidemment, pour les étudiants. Et les étudiants craignent que
cet argent aille au fonds consolidé et qu'ils ne soient pas bénéficiaires de ce transfert de
400 millions de dollars supplémentaires. Est-ce que vous avez une réponse
ce soir pour rassurer les étudiants,
leur dire que l'argent ira bel et bien dans leurs poches à eux ou si vous avez
l'intention d'en faire une annonce à un autre moment?
Mme McCann : Oui,
bien, je peux certainement les rassurer qu'il va y avoir une annonce à très,
très court terme et qu'il y aura une
bonification intéressante, là, de l'aide financière aux études. Évidemment,
comme je le disais précédemment, je
ne peux pas aller dans le détail, là, du montant, de la hauteur, mais, effectivement, je pense que ça va être une bonification qui va être très
bien accueillie.
Mme
St-Pierre : Ma question était sur le transfert de 400 millions. Les étudiants demandent à ce que
cet argent-là aille à eux directement.
Vous dites : Je ne veux pas en parler ce soir. Mme la ministre, en tout
respect, vous êtes ici pour répondre
aux questions des oppositions, et nous sommes à l'étude des crédits, et on
parle de chiffres. L'argent, les 400 millions ont été transférés, à ma connaissance, donc ils
sont dans les goussets du gouvernement du Québec. Comment se fait-il qu'à
quelques jours de la rentrée scolaire,
rentrée universitaire et collégiale, vous ne soyez pas encore en mesure de nous
donner une réponse?
Mme
McCann : Bien, écoutez, je pense que vous allez comprendre qu'il y a
des explications à donner, hein, on ne peut
pas donner des informations chiffrées sans donner des explications. Alors,
c'est ce qui va être fait à très, très court terme pour l'ensemble des étudiants. Alors évidemment,
en tout respect, parce que je comprends très bien le point, votre point,
qu'on est ici pour donner l'information, et
ça me fait plaisir de la donner, mais, en tout respect aussi pour la population
étudiante, je pense qu'il faut que je la donne à la population étudiante aussi,
là.
Mme
St-Pierre : Oui, mais il n'en
demeure pas moins que les étudiants, je pense qu'ils vous ont posé la question,
parce que vous les avez rencontrés, je pense
que vous avez fait des rencontres, les étudiants vous ont posé la question,
donc je pense qu'ils s'attendaient à ce que ce soir on ait peut-être une
réponse plus claire sur cette question-là.
Les étudiants aussi, dans cette période de
COVID, ont vécu, évidemment, des moments difficiles, comme l'ensemble des Québécois, détresse psychologique,
aide... elles ont besoin... plusieurs ont besoin d'aide. Il y a l'aide
financière, les inquiétudes d'aide
financière, les logements qui doivent être payés, puis tout cela, là, ça fait
partie d'un stress énorme pour les étudiants.
Quelles sont les mesures que vous allez mettre
en place pour vous assurer que les étudiants aient une aide psychologique adéquate? On nous a transmis, la
Fédération étudiante collégiale du Québec nous a transmis des informations
qui sont très inquiétantes. On nous dit
ici : « Des sommes ont étéannoncées au budget afin de déployer un plan
d'action pour améliorer l'état de
santé psychologique de la population québécoise.» Très bien. «Cela dit,
celles-ci ne sont pas chiffrées en ce
qui a trait au réseau de l'enseignement supérieur.» On est ici pour parler de
chiffres. «De récentes études démontrent qu'autant au niveau collégial qu'universitaire
un investissement est nécessaire afin de pallier les problèmes de santé psychologique de la communauté étudiante.» Alors,
je cite toujours ce que la fédération nous a
transmis : «On a des faits saillants :
une personne sur deux a affirmé avoir rencontré des difficultés
à gérer son stress durant son parcours collégial; 35 %
de la population étudiante collégiale éprouve souvent ou toujours de l'anxiété;
17,4 % vivent beaucoup ou énormément de détresse psychologique; un étudiant sur trois
qui a cherché de l'aide en a trouvé.» Un étudiant sur trois qui a cherché
de l'aide en a trouvé.
Donc, Mme la
ministre, ce soir, je pense qu'il faut dire quelque chose par rapport à cette
question-là. C'est une question qui est fondamentale parce que, si un étudiant
n'est pas dans un bon état d'esprit pour, évidemment, faire ses études, bien,
ça peut vouloir dire des échecs. Et
même il y a des craintes que des étudiants ne se présentent pas à leurs cours
ou abandonnent. On a des craintes,
puis je pense que les directeurs de cégeps vous l'ont dit, par rapport à la
réussite des étudiants, non seulement
par rapport à pouvoir suivre des
cours en présentiel ou par rapport au fait qu'on suive des cours sur le... par
rapport aux... avec les nouvelles technologies. Mais il n'en demeure pas
moins que c'est énormément de stress pour les étudiants.
Donc, ce
soir, je pense que vous avez un devoir de dire combien d'argent vous allez
mettre, supplémentaire, pour appuyer
et accompagner les étudiants du Québec, les 400 000 étudiants du collégial
et du niveau universitaire, au cours de cette année académique.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
• (20 h 20) •
Mme
McCann : Oui, je pense qu'il
faut se préoccuper, et effectivement, de par mon background, je m'en préoccupe
encore plus, de la santé mentale des
étudiants. Et on a déjà donné du budget, cette année, il y a 60 millions
qui a été donné pour la réussite
scolaire, la réussite étudiante et il y a un autre 45 millions qui a été
donné aux établissements dans le cadre de
la COVID-19. Alors déjà, cette année, on a donné 105 millions, et il y
aura probablement d'autres budgets qu'on va pouvoir donner dans le courant, là, du futur, parce qu'on sait très bien
qu'il va falloir soutenir nos étudiants, cette année particulièrement.
Ce que je
peux vous dire, par exemple, qui est encourageant, c'est que, même si on n'a
pas reçu toute l'information sur les
inscriptions des étudiants, il y a une légère augmentation, cette année, de
l'inscription des étudiants au cégep,
quelques pourcentages de plus. C'est
intéressant. Bon, comme vous savez, il y a de l'abandon potentiel, à la fin
septembre, mais on va tout faire pour
que ces étudiants-là restent avec nous. Alors, c'est déjà un son de cloche
positif, cette augmentation légère.
Et j'insiste encore
sur le suivi individualisé. Je pense que la formation à distance, là, il ne
faut pas en faire une panacée non plus, mais
ça peut être très utile et très apprécié par les étudiants. Le présentiel est
nécessaire dans bien des cas, mais la
formation à distance, moi, j'ai eu des commentaires d'étudiants qui me
disaient... et ça, c'est vraiment très anecdotique,
là, comprenez-moi bien, qui me disaient : Bien, je vais avoir certains
cours complètement à distance et je suis très content. Ça dépend des réalités, ça dépend du programme, ça dépend
de l'étudiant. Donc, le suivi personnalisé, pour moi, devient majeur.
Il y a un établissement qui me disait que tous les
étudiants avaient été appelés par les aides pédagogiques individuels. Je
trouve ça fort intéressant pour pratiquement compenser pour cette diminution de
la présence physique par d'autres stratégies
comme, par exemple, des suivis individuels, puis des appels téléphoniques, et
d'autre chose aussi. Je pense que, dans nos institutions, on est
capables d'innover là-dessus.
Mais
je reviens à la santé mentale. La santé mentale, c'est aussi la prévention. Et
la prévention, c'est quand on appelle
aussi puis qu'on s'enquiert de la situation de l'étudiant qu'on pense qui
pourrait être en difficulté, par différentes stratégies, mais il y a aussi de donner des services en santé mentale.
Et ça, on a donné du budget puis on va continuer de soutenir les
établissements là-dessus.
Mme
St-Pierre :
Mais quel est votre plan? Vous dites qu'il y a des étudiants qui apprécient de
pouvoir travailler avec les nouvelles
technologies. Et je ne suis pas étudiante, mais j'ai aussi eu à apprendre à
vitesse grand V, dans les derniers mois,
à faire des réunions sur toutes sortes de plateformes et je vais dire que c'est
vrai que c'est intéressant. Mais qu'est-ce qu'on fait avec les étudiants
qui sont dans des régions du Québec où il n'y a pas d'Internet? On fait ça par
téléphone?
Mme McCann :
C'est une très bonne question que j'ai posée moi-même, et là...
Mme
St-Pierre :
Bon, alors, j'imagine qu'il y a du monde autour de vous qui vous ont répondu.
Mme McCann : Oui, oui. Oui, il y a du monde qui m'ont répondu.
On fait du présentiel puis on va s'organiser pour qu'il y a ait des hubs et que les étudiants
puissent venir se «loguer» pour pouvoir faire de la formation à distance quand
on ne peut pas faire de présentiel. Mais il y a différentes stratégies.
Il faut s'en préoccuper parce qu'il y a encore, vous avez totalement raison,
des régions au Québec où est-ce qu'il n'y a pas d'Internet.
Mme
St-Pierre :
Alors, on fait quoi avec eux?
Mme McCann : Effectivement, on fait du présentiel. Par exemple, je ne peux pas vous dire qu'à Baie-Comeau, là... il
n'y a nécessairement pas d'Internet
partout, mais il y a certains secteurs... À Baie-Comeau, au cégep de Baie-Comeau, c'est totalement
du présentiel. Le cégep de Baie-Comeau, c'est un grand cégep, et la population
étudiante, à Baie-Comeau, elle
n'est pas aussi dense que, par
exemple, à Montréal,
alors ils sont capables de faire 100 %
présentiels. Alors, les solutions sont
multiples, il faut qu'elles soient adaptées, mais il ne faut pas qu'il n'y ait
aucun étudiant qui tombe entre deux chaises, et ça, les établissements sont clairs, ils vont s'atteler à ce qu'ils rejoignent
tout le monde. Alors, il y a différentes stratégies, effectivement, dans
le cas où il n'y a pas d'Internet.
Mme
St-Pierre : Sur
l'aide psychologique, je suis un
petit peu déçue que vous ne me
donniez pas de chiffres parce
qu'encore une fois, lorsqu'on parle de crédits, on parle de sous, et vous êtes
plutôt vague sur les chiffres...
Mme McCann :
Bien, je peux vous en donner un, chiffre... Excusez-moi.
Mme
St-Pierre :
Sur les chiffres, les augmentations, les...
Mme McCann : Oui. Bien, on a donné un budget spécifique au niveau de l'aide en santé
mentale : 2,4 millions aux
universités puis 1,5 million aux cégeps. C'est une première étape dans le
45 millions dont je vous parlais. Alors, c'est une première étape.
Mme
St-Pierre : Puisqu'on parle d'aide psychologique, il y a
eu tout le mouvement, cet été, de dénonciations par rapport à des gestes
qui sont à caractère sexuel. Il y a eu des dénonciations, évidemment, qui ont
été beaucoup publicisées, parce qu'il y a des noms qui sont arrivés sur la
place publique. Il y a eu, entre autres, quelqu'un de l'Université du Québec à Montréal. Je me demandais, est-ce que
vous avez mis en place d'autres mesures? Parce qu'il y a eu des mesures qui ont été mises en place, il y a des plans qui
avaient été annoncés par votre prédécesseur à la fin de l'année 2018. On a
regardé la plupart... je pense, la grande,
grande majorité... je pense qu'il y a un seul établissement d'enseignement qui
n'a pas mis en place son plan
d'action ou sa politique. Mais là il semble y avoir quelque chose de nouveau,
là. Est-ce que vous avez réfléchi à un plan d'action par rapport à ces situations-là et aussi par
rapport à des mesures que vous
pourriez ajouter pour sensibiliser
les étudiants à la question du respect mutuel, mais aussi sur la dénonciation,
comment ça doit se faire? Quels sont les protocoles que vous mettez en
place? Est-ce que vous êtes en action sur cette question-là?
Mme
McCann : Bien, j'apprécie la question parce qu'elle est très importante.
Et je vais vous dire candidement qu'à ce
moment-ci, là, je ne peux pas vous annoncer que j'ai fait telle action ou que
je prévois telle action. Mais une chose est certaine, c'est que ça, c'est un sujet dont je veux reparler avec les
associations puis les fédérations étudiantes. Je pense que les associations, les fédérations, il faut les
écouter là-dessus. Et je pense que ces associations-là vont faire partie de la
solution. Ils représentent... Et c'est une question... Il faut continuer
le plan qui a été mis en place, que chaque établissement a maintenant,
là, des stratégies pour intervenir, pour y voir. Il faut aller plus loin.
Alors, c'est mon intention. Puis, je dois vous dire, après quelques semaines, là, en poste, puis j'ai pris un
petit peu de vacances, je n'ai pas encore travaillé dans ce dossier-là,
mais c'est certain que je vais le faire à courte échéance.
Mme
St-Pierre : Est-ce que vous avez l'intention d'émettre des
directives particulières, d'autres directives? Qu'est-ce que vous avez en tête?
Mme McCann : En fait, ce que j'ai en tête, c'est de revoir le
dossier, notamment avec les groupes d'étudiants, les associations, parce que je veux vraiment, quand on va poser d'autres
gestes, que ça corresponde vraiment aux besoins. Et je pense que c'est large, aussi, comme... c'est presque un dossier
sociétal, ce dossier-là. Alors, je veux y aller avec un input des associations étudiantes et de d'autres aussi.
Il faut aller plus loin dans ce dossier-là, puis je pense qu'on le sait, vous,
et moi, et l'ensemble des gens qui sont ici, qu'au niveau de notre
société c'est un dossier chaud.
• (20 h 30) •
Mme
St-Pierre : Je vous amène sur un autre dossier qui a fait
l'actualité, cette semaine, c'est la question du Collège Bart et du cégep de Jonquière. Il semble que le
cégep de Jonquière est assez frustré de l'attitude du Collège Bart parce que
le collège... Le cégep de Jonquière, on le
sait, ça fait 50 ans qu'il offre cette formation en communication, qui est
assez exceptionnelle. J'ai eu des collègues
qui ont étudié... d'anciens collègues qui ont étudié au cégep de Jonquière, et
vraiment c'était assez beau de les
voir être très admiratifs par rapport à la formation qu'ils avaient eue au cégep de
Jonquière, mais aussi la qualité de
leur travail. Donc, le cégep de Jonquière se demande s'il ne serait pas... en
fait, demande à ce que la loi soit
changée. Parce que ce qu'on m'a expliqué, c'est qu'un cégep privé ou un collège
privé pouvait développer un programme, faire
la preuve au ministère qu'il est en mesure d'offrir le programme, mais le
ministère émet l'autorisation très facilement, alors qu'un cégep public doit faire la preuve que le programme est
nécessaire, qu'il a fait ses devoirs, enfin, le développement est
beaucoup plus difficile. Ils disent que ça prendrait un changement à la loi.
Est-ce que
vous êtes ouverte à ce qu'il y ait un changement à la loi pour empêcher de
telles situations? Parce que
ce qui va se produire, c'est que le collège Bart va évidemment aller chercher une
clientèle au collège... aller chercher des étudiants au collège... au cégep de
Jonquière, ce qui va diminuer...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...
Mme
St-Pierre :
Il me reste combien?
La Présidente (Mme
Guillemette) : 40 secondes.
Mme
St-Pierre :
O.K. Alors, je vais revenir tout à l'heure avec ma question sur le cégep de
Jonquière.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci. Donc, je passerais la parole au député
de Bonaventure avec 14 min 40 s. M. le député, la parole est à
vous.
M. Roy :
Vous êtes trop généreuse, Mme la Présidente. Merci beaucoup. Salutations aux
collègues. Bonjour, Mme la ministre, personnel de votre ministère.
Écoutez, il y a une mère qui m'a appelé, qui a
appelé à notre bureau récemment, une avocate avec son mari avocat, trois enfants aux études supérieures, dont une
étudiante en médecine, un en droit et une qui entrait au collégial, et qui
était catastrophée de voir que les
trois étudiants, ses trois enfants, voulaient abandonner leurs études, O.K.?
C'est un cas très particulier. Et ce
sont des gens qui ont un certain capital culturel, là, ils viennent d'un milieu
instruit, et théoriquement ça suit.
Et là, bien, ça a allumé des lumières.
Actuellement, on a une problématique, là, on a certaines études qui démontrent
qu'on peut avoir un taux de décrochage
d'environ 30 % au niveau des études postsecondaires à l'automne. Écoutez,
ça semble catastrophique. Et est-ce que les chiffres sont bons ou pas?
Bon, il faut voir. Ce que ça nous indique, c'est qu'actuellement...
Puis
moi, j'ai fait le tour, là. Là, tout
à l'heure, vous avez parlé du cégep
de Baie-Comeau qui pourrait offrir du présentiel à
100 %. Bon, le problème, c'est que les jeunes ont besoin de vivre des
expériences sociales dans le cadre du processus éducationnel, O.K.?
Là, je vais faire mon sociologue 30 secondes,
là. Avoir une formation, ce n'est pas juste acquérir des compétences ou du savoir-faire pour se trouver une job. Aller
à l'école, aller au cégep et à l'université, c'est une expérience de
socialisation pour les jeunes où ils
se confrontent aux autres et, bon, ils côtoient des systèmes d'idées, des gens
différents. Donc, c'est très motivant pour eux.
Actuellement, quand je discute avec des profs de
cégep, ils m'expliquent que ça prend énormément de dynamisme, d'imagination et de motivation pour soutenir
l'attention des jeunes qui vivent de plus en plus de problèmes d'apprentissage.
Si vous parlez avec des directeurs de cégep ou des recteurs d'université, ils
vont dire : Un des premiers enjeux, c'est l'adaptation aux problèmes d'apprentissage des jeunes. Ça fait que, là,
là, on a une tempête parfaite, Mme la
ministre, qui est celle du potentiel décrochage d'un nombre
considérable de jeunes. Mais, moi, ce qui me fatigue un peu
dans tout ça, c'est la géométrie
variable des réouvertures des collèges
et des universités. Ça n'a pas de bon sens, O.K.? On a des gens... Bon, j'ai une liste ici, là. Bon, mon propre
cégep, cégep de la Gaspésie et des Îles, on parle de deux demi-journées par
semaine. Mais là, tout à l'heure, je
vais vous parler des coûts pour les gens des régions qui se paient des loyers à
l'extérieur et à qui on dit :
Oh! il n'y a plus de formation en présentiel, vous avez juste de la formation à
distance. Il y en a qui ne la trouvent pas drôle.
Ça
fait qu'on a vraiment une géométrie variable dans la réouverture des collèges
avec la formation qui va être offerte, et je me demande qu'est-ce qui
motive tout ça en arrière de cette panoplie et cette diversité de réouvertures.
Deux demi-journées par semaine. On a
Jonquière qui essaie d'aller au maximum. On a... Vous me parlez de Baie-Comeau,
je n'ai pas les chiffres, là. McGill, bon, principalement à distance.
Université Laval, principalement à distance, etc.
Donc,
on a des gens qui ont compris que, si tu veux raccrocher tes étudiants à leur
processus éducatif, tu dois leur offrir
le maximum de présence en classe avec des profs qui les motivent, qui les
dynamisent, parce qu'on vit quelque chose d'assez particulier. Puis on a d'autres collèges où on va maximiser,
tout ce qui peut être donné à distance, bien, on va le faire. Et là je me demande : Pourquoi? Pourquoi?
Bien là, je vais être cynique un tantinet, là. Est-ce qu'on veut sauver de
l'argent sur le nettoyage des poignées de porte?
Moi, j'ai une
enseignante qui m'a dit, à André-Laurendeau, que les profs sont responsables du
nettoyage de leur classe s'ils y
vont. Je veux dire... Puis on regardait les budgets des cégeps, où il y a
certains cégeps qui ont des surplus, là.
Ça fait que ça va prendre de la cohérence dans
le réseau, un signal clair du ministère pour forcer — c'est
des gouvernances autonomes, je comprends
tout ça, là, mais, à un moment donné, on ne peut pas laisser n'importe quoi se
faire — pour forcer les collèges et les universités
à maximiser le présentiel parce qu'il en va du développement des jeunes et
de notre économie, parce que la rupture...
le retrait des études d'un nombre considérable de jeunes signifie, par
ricochet, un manque de ressources pour un nombre considérable de
secteurs d'activité économique.
Donc, ma
première question, Mme la ministre, c'est : Est-ce que vous considérez que
c'est normal qu'on soit à géométrie variable mais qu'on n'a pas de
raison, là, particulière? Le cégep de la Gaspésie et des Îles, là... On n'a pas
des milliers d'étudiants à Gaspé, là. Et
pourquoi on offre deux demi-journées par semaine, même si c'est mon collège,
là, puis, bon... puis qu'ailleurs on
dit : Bon, on maximise? Ça fait que, là, il se passe quelque chose qui est
une forme d'incohérence et qui va engendrer, bon, du décrochage scolaire
qui va être lourd de conséquences pour la société québécoise.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme
McCann : Bien, merci pour la question parce que vous me permettez de
clarifier quelque chose que je trouve majeur.
Le premier objectif, c'est aussi de préserver la santé et que ça soit
sécuritaire. Alors, quand vous demandez pourquoi, c'est pour ça, c'est
parce qu'il faut que ça soit sécuritaire.
Je reviens
encore à ce que je disais tout à l'heure, qu'on ne dira pas... Ce n'est pas la
même réalité dans le Grand Montréal qu'à l'extérieur de la grande région
de Montréal. Ce n'est pas la même réalité dans un cégep où est-ce que les
locaux sont petits que dans un cégep qui a des grands locaux. Ça peut être en
région que ça se passe.
Alors, les
directives de la Santé publique, et Dieu sait qu'il faut les écouter, sont
claires là-dessus. On nous dit : Faites
tout ce que vous pouvez pour préserver la santé, la sécurité des étudiants, des
enseignants et, par ricochet, de leurs familles,
parce qu'il faut absolument, absolument, dans cette période qui s'en vient,
éviter une deuxième vague. Et, s'il y a des éclosions...
Vous savez probablement comme moi qu'aux
États-Unis il y a des universités qui ont ouvert au présentiel, une semaine
après ils ont refermé, l'Université de Toronto, complètement à distance. Nous,
au Québec, on se situe probablement au
Canada comme la province qui demande le plus de présentiel en enseignement
supérieur. Mais cette question de sécurité est fondamentale, et il ne
faut pas faire de compromis là-dessus.
Alors, c'est
sûr que c'est une période temporaire. Je suis assez... je suis de nature assez
optimiste mais réaliste, et c'est sûr
que, lorsqu'on aura un vaccin, bien, on va passer à autre chose, mais pas comme
avant. On va avoir appris de cette
expérience. Je pense que ça va même influencer nos stratégies, vous connaissez
bien le domaine de l'enseignement... vont
influencer nos stratégies dans le futur. Mais il demeure que, cette période
temporaire, là, il faut vraiment faire en sorte qu'on n'ait pas d'éclosion, ou le moins possible, parce que, quand on a
une éclosion, il faut tout fermer, et ça, on revient complètement à
distance. C'est le branle-bas de combat.
• (20 h 40) •
M. Roy : Bien, écoutez, je reconnais
l'ancienne ministre de la Santé dans vos propos qui impliquent un maximum
de sécurité dans les actions. Ceci étant
dit, bien, je comprends très bien que c'est une notion de santé publique. La Santé
publique donne des directives, etc., je
comprends très bien ça, sauf qu'il n'en demeure pas moins qu'on est à
géométrie variable. Et ce n'est pas la réalité sociosanitaire ou
d'émergence des cas qui dicte les directives des cégeps mais bien une philosophie interne de gestion, O.K.? À
Gaspé, là, on n'en a pas, de cas, O.K.? Et ça n'explique pas la différence entre primaire, secondaire, cégep, université non plus,
qu'on autorise certaines dynamiques de réintroduction en classe primaire,
secondaire, puis cégep, université, c'est une autre dynamique.
Ça fait que
l'enjeu, là, sans mettre en danger la santé publique, là, et sans provoquer de
nouveaux cas de manière incontrôlée,
l'enjeu, c'est aussi de permettre aux jeunes de poursuivre leurs études dans
des conditions sécuritaires. Pourquoi on
n'applique pas des normes sécuritaires, avec une distanciation physique, et non
sociale, là, physique, à l'intérieur des cégeps et des universités, et qu'on dise : Bon, appliquez ces normes-là?
Et théoriquement ils le font, là. Mais vous comprenez mon inquiétude et
mon interrogation par rapport au décrochage, hein?
Ça fait que
la politique, c'est avoir une posture d'équilibre et toujours
évaluer ce qu'on perd et ce qu'on gagne à prendre une position dans un enjeu. L'enjeu de santé publique, je
comprends ça, mais, quand on n'a pas de risque dans certains cégeps, je ne comprends pas pourquoi on
ne réintègre pas d'une manière plus efficiente et efficace les jeunes dans
le contexte scolaire.
O.K. Autre dossier, c'est toujours
des cas de citoyens : Une mère de Pabos, dans ma circonscription, qui m'écrit pour me dire
qu'elle a loué un loyer, un appartement pour son étudiante à Rimouski
et que 100 % de sa formation va
être à distance. Cette personne-là a
signé un bail. Ça va lui coûter, je ne sais pas, 5 000 $,
6 000 $, 7 000 $ par année. Et là savez-vous combien
qu'il y a d'étudiants comme ça au Québec actuellement?
Ça fait que,
là, on comprend l'enjeu de santé publique, mais là on a des gens qui vont avoir
des enfants qui ne seront pas capables d'aller aux études dans la ville
qu'ils avaient choisie, dans une formation spécifique, ils vont la suivre à
distance, mais qui ont des frais démesurés par rapport, bon, à leur capacité
aussi de payer. C'est toujours les gens...
Écoutez, moi, je viens de la Gaspésie. Mes enfants, on les a envoyés à
Québec. Quand j'entends les villes dire que, bon, les Gaspésiens vivent un peu aux crochets... bien, j'ai un petit
peu de misère, parce qu'on envoie énormément d'argent dans les villes.
Nos enfants, on les fait instruire dans les... cégep, ça va, mais les
universités urbaines.
Et là on a
des parents de la Gaspésie, de toutes les régions du Québec, qui envoient des
jeunes dans les villes pour se faire instruire et qui, là, se ramassent avec
des étudiants qui vont rester à la maison, chez eux, parce qu'ils vont trouver ça bien trop
plate enfermés dans un appartement en ville, pour poursuivre leurs études. Ça fait qu'est-ce que vous avez évalué ou imaginé des mesures de compensation, ou est-ce
qu'on fait des pressions au niveau de
la Régie du logement ou je ne sais pas quoi, mais est-ce qu'on
peut soutenir ces familles-là?
Et je reviens un peu dans les propos de mon collègue
tout à l'heure, là, on est dans la même dynamique de facturation, là, lorsqu'il disait que les frais de scolarité ne baissent
pas. Ça ne baisse pas. Les services ne sont pas là. Mais c'est mieux que ça, là, ça coûte beaucoup
moins cher aux universités aussi, qui n'offriront pas de service. Ils
sauvent de l'argent en n'ouvrant pas les gymnases, en n'ouvrant pas
les cafétérias, en ne faisant pas le ménage des infrastructures. C'est plus... L'étudiant n'a pas le service, mais,
en plus de ça, il y a les gens, des gestionnaires, qui sauvent des
sous. Ça fait qu'on prend le
parti des étudiants aussi là-dedans, là. Tu sais, c'est clair, là.
Ça fait qu'au
niveau économique, pour tous ceux et celles qui vont être pognés à suivre de la
formation à distance, c'est pénalisant
pour les gens des régions, c'est pénalisant pour les étudiants qui paient des
frais de scolarité et qui n'ont pas de
service. Donc, on a un appauvrissement d'une catégorie d'individus qui n'est
pas acceptable. Ça fait que je demande, je vous demande si vous avez
réfléchi à ça et quelles seraient les alternatives.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous pouvez y aller, Mme la ministre. Il reste 2 min 15 s à ce
bloc.
Mme McCann : Merci. Bien,
voyez-vous, c'est un bon exemple, le cégep de Rimouski, parce que... un bon exemple dans le sens qu'on a cette perception, là,
que ça va être complètement à distance. Or, on a contacté ce cégep-là, et
il va y avoir des classes qui vont être
données en présence. C'est l'information, là, qu'il faut vraiment être prudent,
puis pas seulement être prudent mais s'assurer que cette information,
d'abord, elle est complète et elle est vraiment transmise aux étudiants de façon, là, soutenue. Parce qu'on
s'est aperçus qu'effectivement on pensait qu'au cégep Rimouski tout était
donné à distance, et ce n'est pas le cas. On
a contacté le cégep à cet effet-là et on nous a confirmé qu'il y aura des
classes.
Quant aux
frais pour les services, comme je disais tantôt, c'est aussi... je vais encore
employer l'expression «géométrie variable»,
mais il demeure que, ce qu'on est en train d'organiser, là, pour les formations
à distance, il y a des coûts à ça. Il
y a des coûts à ça. Ce n'est pas à coût nul. Ça ne veut
pas dire, là, qu'on est en train de faire une équation complète, là,
entre les services puis des formations à distance au niveau des coûts, mais il
y a des coûts.
Alors, c'est
sûr que l'aide financière qu'on va offrir aux étudiants va aider, et on va en
offrir encore aux établissements. Alors, moi, je pense que notre volonté, elle est claire. On veut
soutenir les étudiants et on veut le plus possible qu'ils restent en classe, ils restent en formation, puis on
comprend qu'il y a un stress financier, là, on le comprend très bien, puis on
va aider le plus possible, c'est certain.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
vous reste 20 secondes, M. le député de Bonaventure.
M. Roy : L'achat
d'ordinateur, ce n'est pas donné à tout le monde non plus, de nombreux
étudiants n'ont pas les moyens d'en avoir.
Et là il va falloir penser à une stratégie financière, ça peut être fiscal,
pour les parents, pour les soutenir, parce que, je vous le dis, il y a
un nombre considérable d'individus qui ne pourront pas passer au travers.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. Donc, la parole revient à la députée de l'Acadie. La
parole est à vous, Mme la députée.
Mme
St-Pierre : Merci,
Mme la Présidente. Alors, on va continuer sur la situation du cégep de
Jonquière, et son programme en technologies
de l'information... technologies des médias, plutôt, et le fait que le collège
Bart, à Québec, ouvre une possibilité
d'enseigner la production et la postproduction, ce qui veut dire que ça peut
ouvrir la porte à d'autres... d'autres
collèges pourraient décider d'imiter le collège Bart et ainsi diminuer le
nombre d'étudiants au cégep de Jonquière. Je comprends qu'au cégep de Jonquière il y a énormément d'étudiants qui
étudient dans cette formation, dans ce secteur, mais un étudiant de
moins, c'est un étudiant de moins, surtout dans le contexte actuel.
Est-ce que
vous avez l'intention de légiférer pour empêcher des collèges qui décident, du
jour au lendemain, d'offrir des
formations sans avoir... sans tenir compte des autres collèges dans le public...
du collège public qui sont dans des régions du Québec et qui se font une fierté d'accueillir des étudiants dans des
niches très, très particulières? Parce qu'au cégep de Jonquière ça fait 50 ans qu'on offre cette
formation. La formation est arrivée en même temps que la création du cégep,
donc c'est vraiment important, et ils sont ulcérés. Je leur ai parlé, ils sont
ulcérés par l'attitude du collège Bart.
Est-ce que
vous avez parlé au collège Bart? Est-ce que vous avez parlé à la direction du
cégep de Jonquière par rapport à cette situation-là? Et avez-vous
l'intention de légiférer?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la ministre.
Mme
McCann : Oui. Mme la
Présidente, je vais faire ma petite parenthèse rapide, pour la question sur les
étudiants internationaux, parce que
j'ai l'information qu'on finance les universités à la hauteur du budget de 2018‑2019.
Donc, là-dessus, c'est une partie de réponse à la question de... à votre
question de tout à l'heure.
Par
rapport au cégep de Jonquière, oui, c'est impressionnant, ce programme-là. Vous
savez, moi, je découvre ces choses-là et
j'ai été bien briefée sur la situation. D'ailleurs, j'ai fait l'exercice des
devis, cette année, pour les collèges privés,
parce que ça tombait à peu près au moment où j'entrais en fonction, puis j'ai
appris beaucoup de cet exercice-là. Ce
que je comprends, c'est que les règles, c'est pour ça que vous parlez de
légiférer, les règles sont telles que, quand un collège privé nous fait une telle demande sans agrément,
donc sans demande de financement, la loi nous dit : On doit l'accepter.
Or, je sais très bien que le programme du
cégep de Jonquière est excellent, là, je pense qu'on pourrait en parler
longtemps, mais, effectivement, on ne
pouvait pas refuser la demande du collège Bart. Alors, on va se pencher sur
cette question.
Vous
savez, je vais vous dire en même temps que toute la question des cégeps en
région m'intéresse au plus haut point.
J'ai reçu une correspondance dernièrement, qui a été donnée, d'ailleurs, en
copie conforme à plusieurs députés, de
12 cégeps régionaux qui m'ont parlé de la situation, de leur situation et
qu'ils aimeraient que je me penche là-dessus. Il y a vraiment un énorme
potentiel là.
Alors, je ne peux pas vous répondre, évidemment,
par l'affirmative ou la négative sur légiférer, mais je comprends le
point, je comprends, et je l'élargis, ce point-là, au rôle que peuvent jouer
des cégeps dans les différentes régions plus
éloignées du Québec, même en lien avec le développement économique. Et le cégep
de Jonquière, c'est un excellent exemple. Alors, je vais me pencher sur
cette question-là.
• (20 h 50) •
Mme
St-Pierre : Vous
le dites, les cégeps cherchent... les cégeps en région cherchent à attirer des
étudiants et ils cherchent aussi, évidemment,
des fonds. Le cégep de Gaspé a fait une expérience un petit peu... qui a fait
sourciller concernant l'arrivée
d'étudiants à Montréal, d'étudiants indiens à Montréal.
Ça ne pourra probablement pas se produire cette année parce que la COVID fait en
sorte que les frontières sont fermées. Mais, cette initiative-là, vous avez
l'intention de l'interdire ou vous
avez l'intention de l'encourager? Comment vous allez gérer cette histoire-là?
Et, en plus, l'enseignement est en anglais uniquement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la ministre.
Mme
McCann : Oui. Oui, je comprends que — puis
j'ai pris connaissance de ces dossiers-là récemment — il y a quelques
cégeps qui offrent des cours en anglais et pour des raisons très circonscrites,
mais ce sont des cégeps francophones. Alors,
il faut examiner chacun des dossiers. Mais c'est très circonscrit, et, encore une fois, la vocation de ces cégeps demeure une vocation francophone. Et je ne sais pas si, peut-être,
le sous-ministre adjoint pourrait ajouter quelque chose là-dessus. M. Bergeron?
Mme
St-Pierre : ...un
campus à Montréal pour des étudiants qui sont inscrits... des
étudiants internationaux qui sont inscrits dans un cégep en région, mais
ils viennent étudier à Montréal.
Mme McCann :
Oui.
Mme
St-Pierre :
Ça n'aide pas la région.
Mme McCann :
Non. Je comprends.
Mme
St-Pierre :
En fait, ça amène peut-être un peu d'argent au cégep, mais ça n'aide pas la
région, là. Il y a une incongruité, il me semble, là-dedans.
Mme McCann :
La question est...
Mme
St-Pierre :
Bien, la question est : Qu'est-ce que vous allez faire avec ça?
Mme McCann : Oui, c'est
ça, par rapport au cégep de Gaspé qui
ouvre un campus à Montréal pour des étudiants qui viennent... des
étudiants indiens, hein, c'est bien ça?
La Présidente (Mme Guillemette) : Est-ce
que vous acceptez que
M. Bergeron réponde à la question? D'accord. Donc, M.
Bergeron, vous allez vous nommer ainsi que votre titre, s'il vous plaît, pour
la diffusion.
M.
Bergeron (Simon) : Oui. Oui,
bonjour. Simon Bergeron. Je suis sous-ministre
adjoint à l'Enseignement supérieur.
Donc,
la question est de voir et de comprendre pourquoi les... si je comprends bien, le cégep Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine peut donner des programmes de formation en anglais
à Montréal.
Dans le fond, ce qu'il faut savoir, c'est que le cégep de Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, comme certains autres cégeps
francophones, ont la capacité de donner de la formation en anglais parce qu'ils desservent, dans leurs communautés, des communautés qui parlent anglais, par exemple que ce soit le
cégep Gaspésie qui a une communauté anglophone, et c'est pour ça qu'il avait cette capacité-là déjà de
desservir des clientèles anglophones, au même titre qu'il y a
le cégep de Sept-Îles qui dessert certaines... qui peut desservir en
anglais certaines communautés anglophones ou qui parlent anglophone, comme
par exemple ça peut être plus au niveau des clientèles amérindiennes. Donc,
c'est pour ça que, dans ces cas-là, il y a la
capacité pour le cégep d'avoir... de donner des cours en français mais aussi de
donner des cours en anglais à certains types
de clientèles. C'est ce qui se traduit d'ailleurs dans les politiques linguistiques de ces établissements-là, ils ont cette capacité-là de le faire.
Donc, le cégep de Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, c'est en vertu de ça qu'il a pu développer de la formation à
Montréal en ouvrant un campus à Montréal
avec de la formation qui est plus, dans ce cas-là, de la formation continue,
mais toujours dans le... parce que,
justement, il y avait déjà cette possibilité-là de le faire pour la Gaspésie, et donc c'est pour ça qu'il le fait à Montréal.
Mme St-Pierre : Mais un
instant, là. C'est parce qu'on
détourne l'esprit, là. Vous dites : Ils ont la possibilité d'offrir des cours en anglais
parce qu'il y a une population d'expression
anglaise dans leur région et ils se servent de cette possibilité-là pour
ouvrir un campus à Montréal. Il y a quelque chose qui ne marche pas, là, vous
ne pensez pas?
M. Bergeron
(Simon) : Oui. Mais, en même temps, ce qu'il faut voir aussi, c'est
que, dans ce contexte-là, il y avait quand
même aussi la possibilité d'avoir certains des étudiants qui avaient besoin de
ce genre de formation là. Il y avait une
possibilité des étudiants, dans ce cas-là c'est beaucoup des étudiants... c'est
vrai que c'est des étudiants internationaux, et le cégep de Gaspésie avait donc la possibilité de le faire et voyait que
c'était... il y avait une capacité d'attirer des étudiants, et c'est
pour ça qu'il a un peu développé ces programmes-là et les a offerts à Montréal.
Mme St-Pierre :
Mais qui a autorisé ça? Qui a autorisé cette incongruité-là?
M. Bergeron
(Simon) : Un cégep n'a pas... Il n'a pas besoin d'avoir une
autorisation pour ouvrir ce campus-là dans la mesure où il n'est pas
financé par le ministère, par le gouvernement.
Mme St-Pierre :
Donc, c'est à peu près la même chose que le collège Bart, là, avec sa
possibilité d'ouvrir un programme sans avoir à justifier ou à demander
d'autorisation.
Mme McCann :
C'est des situations, évidemment, on comprend, là, différentes, mais, étant donné
que le cégep de Gaspé ne demande pas de financement au ministère, la loi
lui permet de le faire.
Mme St-Pierre :
Puis vous allez faire quoi avec la situation du cégep de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine?
Mme McCann :
Bien, écoutez, là, moi, j'arrive, là, dans le dossier, là, puis je prends
connaissance de ces situations-là.
Mme St-Pierre :
Mais ça fait un petit bout de temps que c'est sorti. Ça fait plusieurs mois,
là, que c'est sorti.
Mme McCann :
Mais moi, je suis arrivée il y a quelques semaines.
Mme St-Pierre :
Oui, mais vous lisez les journaux comme nous tous.
Mme McCann : Oui. Je vais regarder le dossier, là. Je sais que
c'est un point sensible, là, et il faut que je comprenne mieux ces
règles-là et voir qu'est-ce qu'on peut faire pour vraiment que ces dossiers-là
soient clairs.
Mme St-Pierre :
Je vais vous parler maintenant de formation continue au collégial. C'est la question ES-266.
Donc, on vous parle de l'enveloppe consacrée
à la formation continue au collégial. La réponse est de... Vous nous dites que,
dans les crédits 2019‑2020,
le budget dédié à la formation continue au collégial s'élève à
107 millions de dollars. Et, quand on fait les calculs — en
fait, c'est nous qui avons fait ces calculs-là, là, vous ne nous avez pas
fourni ces calculs-là — on regarde
que, par rapport au pourcentage de la population, les sommes ne sont pas
conformes au pourcentage de la population... certainement une
explication, mais il y a quand même des disparités assez importantes.
Si on regarde la
région des Laurentides, qui est une région qui connaît une croissance
démographique exceptionnelle, ça représente
7,3 % de la population du Québec, et l'argent qui est... l'enveloppe
globale est de 4,9 %, par
rapport à la population, 7,3 %. Montérégie aussi, il y a une grande
différence par rapport à la population. Je sais que vous n'avez pas ces calculs-là parce que c'est
nous qui les avons faits. Ça nous a comme un peu sauté aux yeux, il y a
un déséquilibre.
Je vous invite à
regarder cette situation-là pour voir, peut-être, à rééquilibrer davantage et à
servir les gens de ces régions-là. Parce
que, lorsqu'on parle d'enveloppe consacrée à la formation continue au
collégial, ça veut dire que ce sont
des gens qui sont déjà sur le marché du travail, ce sont déjà des
professionnels ou ce sont des gens qui veulent avoir un diplôme et qui n'ont pas des chances égales à
avoir cette formation-là parce que l'argent ne correspond pas au poids
démographique de la région.
Alors,
je vous fais ce commentaire-là parce que je me dis : Bien, ça peut vous
aider dans votre réflexion. Je pense qu'on est là aussi pour collaborer puis faire en sorte qu'on puisse améliorer
des situations. Mais, quand on regarde pour ce qui est des régions, il y a des disparités si on regarde
l'enveloppe qui est versée et si on calcule cela en fonction du pourcentage
de la population. Et Laurentides et
Montérégie sont vraiment défavorisées par rapport à l'enveloppe en formation
continue.
Je vous amène sur le
dossier de l'INRS parce que j'ai rencontré les gens de l'INRS. On a vu, dans le
budget, qu'il y avait une enveloppe de
15 millions de dollars pour des projets spécifiques, 15 millions sur
cinq ans, projets avec des... des
projets en partenariat avec des universités du Québec en région. On nous
dit : L'argent a été... L'argent est aux crédits, les crédits ont été adoptés, mais le chèque n'est
toujours pas arrivé. Alors, est-ce que... Ça bloque où? Est-ce que ça bloque
au Conseil du trésor ou si ça bloque chez vous?
La
Présidente (Mme Guillemette) : Mme la ministre.
• (21 heures) •
Mme
St-Pierre :
Mais je comprends que, ce soir, vous n'avez peut-être pas la réponse, là.
Mme McCann :
On peut vous la transmettre.
Mme
St-Pierre : Mais je veux juste vous le dire pour que vous
puissiez parler à votre monde autour de vous puis leur dire, bien,
d'accélérer, peut-être, l'émission des chèques.
Oui, monsieur...
Mme McCann :
Mais on peut... Oui, on peut aussi, avec votre consentement, là... Oui, on peut
vous donner une réponse ce soir, là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il y a consentement à ce que M. Bergeron...
Mme
St-Pierre :
Oui.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Vous pouvez y aller, M. Bergeron.
M.
Bergeron (Simon) : Oui. Je comprends, la question, c'est relativement
à la mesure budgétaire des UMR, là. O.K.
En fait, cette mesure budgétaire là qui était annoncée dans le contexte du
budget prévoit effectivement la création de cinq unités mixtes de recherche en région, cinq unités mixtes qui
pourraient bénéficier des partenariats entre l'INRS et, bon, l'UQAC à Chicoutimi, l'UQAT en Abitibi,
l'UQAR à Rimouski, l'UQO en Outaouais et l'UQTR à Trois-Rivières. Cette mesure-là, effectivement, elle est bien
pourvue d'une somme de 3 millions de dollars, Mme la Présidente, au
budget, ce qui...
Dans la préparation des règles budgétaires, qui
sont le véhicule par lequel le gouvernement finance les établissements, dans la préparation des règles budgétaires qui a
été adoptée cet été et transmise à l'ensemble des établissements, il y a eu...
on a voulu aller rapidement pour
verser l'ensemble des sommes régulières des établissements dans le contexte du
COVID. On a mis la... le gouvernement
a intégré la mesure sur la réussite et les autres, qui étaient prévues dans le
budget, parce qu'il y avait pour 100 millions de mesures, dans le
budget, de réinvestissement en enseignement supérieur, dont 60 millions
pour la réussite. Cette mesure-là, elle a
été intégrée dans les règles budgétaires. Et les 40 millions restants, qui
incluent notamment 3 millions
pour la création d'unités mixtes de recherche, ce qui a été décidé, c'est de
pouvoir écrire les règles budgétaires et
les allouer aux établissements à l'automne, une fois que l'ensemble des crédits
auront été adoptés. Là, on va pouvoir faire
une deuxième ronde de règles budgétaires, qui va inclure notamment celles-ci,
sur les unités mixtes de recherche, de
même que d'autres, comme celles sur les créneaux d'expertise, qui vont aussi
appuyer le développement de l'ensemble des régions du Québec.
Donc, ces règles
budgétaires là, qui sont quand même en préparation au ministère, pourront être
soumises à l'approbation du Conseil du
trésor une fois que les crédits auront tous été adoptés et alloués aux
établissements universitaires, dans
ce cas-là, bien, à l'INRS, pour pouvoir établir les partenariats avec les
établissements dans le courant, là... plus tard cet automne. Donc, ils
vont quand même pouvoir avoir les sommes cette année et en 2021.
Mme
St-Pierre :
Est-ce que ça veut dire que les sommes pourraient être modifiées?
M. Bergeron
(Simon) : Que les sommes pourraient être modifiées?
Mme
St-Pierre :
Oui.
M. Bergeron
(Simon) : Il y a toujours ces trois...
Mme
St-Pierre :
Parce que vous me parlez, là, d'un autre tour de piste au Conseil du trésor
et...
M. Bergeron (Simon) : Bien, les sommes sont réservées, puis je crois
que l'intention gouvernementale est toujours d'aller de l'avant avec la création de ces unités-là. Non, les sommes
sont provisionnées, il n'y a pas... ce n'est pas... ils ne sont pas à
risque, là, entre guillemets.
Mme
St-Pierre : Ce qui explique le retard, c'est la situation
qu'on a vécue, la situation de la pandémie, et tout ce que ça a entraîné
comme sommes supplémentaires à verser aux collèges et aux universités?
M. Bergeron (Simon) : Bien, c'est que les... Il y avait... il y a eu
quand même... La décision a été prise, c'est d'allouer plus rapidement certaines sommes, dont celles sur
la réussite, qu'il a fallu quand même adapter au niveau... au contexte du COVID, et de permettre, pour les sommes
restantes... Mais, dans ce cas, dans le cas des UMR, je ne crois pas que le
contexte COVID a des incidences,
nécessairement, sur les UMR, mais elle va... donc elle pourra être mise de
l'avant. Mais, par exemple, pour
l'ensemble des mesures, l'objectif était de permettre... ça permettait aussi de
compléter l'analyse pour la mise en
oeuvre des mesures. Mais les sommes sont réservées, et il n'y a pas de
préoccupation à y avoir pour la somme, pour les montants pour les UMR,
là.
Mme
St-Pierre : D'accord. On prend votre parole.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Vous pouvez continuer, Mme la députée de
l'Acadie.
Mme
St-Pierre :
Est-ce qu'il me reste encore des...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il vous reste 5 min 30 s.
Mme
St-Pierre :
5 min 30 s. O.K. On va parler... J'aimerais ça vous parler et
vous... Comme vous avez rencontré la
Fédération étudiante collégiale du Québec, c'est probablement un des sujets qui
a été abordé lors de cette rencontre, c'est-à-dire
la question des stages. C'est une question qui était vraiment importante, et,
en 2019, vous avez fait en sorte qu'il
y ait un règlement par rapport aux stages. Mais, maintenant, les étudiants ont
certaines inquiétudes, c'est-à-dire que...
Donc, si je refais l'historique, là, le 19
janvier, le ministre de l'Éducation a dévoilé un plan de match pour trouver
des solutions satisfaisantes concernant la compensation de l'encadrement des
stages. En date du 22 avril, les travaux du
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur à propos de la
compensation et de l'encadrement des stages se sont terminés. C'était terminé le 22 avril. La proposition du
ministre a été annoncée, des bourses sont là, on parle de solutions qui représentent 31 millions de
dollars, mais les stagiaires ne sont pas protégés par
la Loi sur les normes du travail, et
c'est aussi de façon inégale, et aussi par la Loi sur... ils ne sont pas
protégés par la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles.
Les étudiants voudraient faire en sorte qu'ils soient mieux protégés. Est-ce que
c'est un sujet qui a été abordé lors de votre rencontre avec la
fédération, les stages et les protections?
Mme
McCann : Je ne crois pas. Je peux me tromper, là, mais je ne crois
pas. Je ne suis pas certaine que ça a été abordé, mais je... Peut-être que vous avez d'autres informations, mais,
savez-vous, des fois, la mémoire, hein, on oublie. Mais j'ai entendu parler du sujet que vous
soulevez, là, dans l'année précédente, là, quand mon collègue Jean-François
Roberge était ministre aussi de
l'Enseignement supérieur. Mais donc je dois vous dire que je ne sais pas où les
choses en sont, là, mais je comprends
que cette question-là est importante, là, pour les étudiants, les stagiaires.
Alors, je prends bien note de ce que
vous avancez. Je peux voir avec le sous-ministre adjoint, si vous voulez, s'il
y a eu des développements au niveau de cette question-là, la protection,
là, hein, au niveau des normes du travail.
Mme
St-Pierre : Bien, en fait, ce qu'ils disent, eux, c'est que
les stagiaires ne sont pas protégés par la Loi sur les normes du travail et le sont de façon inégale
par la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
C'est évidemment un pas supplémentaire parce
qu'avant ça il y avait même... les stages n'étaient pas rémunérés. Il y avait
des stages, mais des stages non rémunérés.
Ils ont réussi à négocier... enfin, ils ont fait valoir au gouvernement que
c'était important qu'il y ait une certaine rémunération et qu'il y ait
des bourses.
Le
programme de bourses va toucher quand même 17 000 stagiaires, ce qui
est vraiment très important pour ces étudiants-là.
Ça représente des sommes importantes aussi, 31 millions de dollars. Mais
il y a une... en fait, des inquiétudes, il y a un pas de plus à faire,
c'est-à-dire de faire en sorte que ces étudiants soient mieux protégés.
C'est sûr que ça ne touche peut-être pas
directement votre ministère, parce que ça touche le ministère de votre collègue
le ministre du Travail, mais c'est peut-être
une question qui pourrait être discutée avec votre collègue ou, enfin, lorsque
vous rencontrerez à nouveau les étudiants, la fédération. Je pense
qu'ils vont certainement vous parler de cette question-là.
Mme
McCann : Mais, Mme la Présidente, je peux dire à ma collègue
qu'effectivement, en fin de rencontre, ils m'ont mentionné qu'ils
voulaient me reparler des stages. Ça me revient.
Mme
St-Pierre :
O.K. Vous n'avez pas eu le temps.
Mme McCann :
Mais on n'a pas parlé du sujet en soi, là, la vérité est un peu entre deux, là. Alors, oui, effectivement,
ils veulent m'en reparler, puis... Mais effectivement c'est mon collègue, là,
qui s'occupe... Vous avez raison, là,
c'est mon collègue ministre du Travail puis de l'Emploi, Solidarité sociale qui
s'occupe du dossier, puis je pense qu'il est en train d'élaborer un
guide là-dessus. Alors, je vais m'informer sur cette question, je vais voir
avec lui.
Mme St-Pierre :
Merci.
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...50 secondes, Mme la députée.
Mme St-Pierre :
Bien, je vais le reprendre plus tard, si c'est possible.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait.
Mme
St-Pierre :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, député de Gouin, la parole est à vous, avec
16 min 35 s.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. J'ai trois sujets
que j'aimerais aborder avec la ministre en ce bloc de 16 minutes, alors je vais poser des questions brèves. Je fais
confiance à la ministre pour y aller de réponses brèves. Et, de toute façon, Mme la Présidente, vous êtes
là pour veiller à ce que ce soit le cas si quelqu'un oublie comment ça
doit fonctionner.
Alors, le premier... Et, pour introduire le
premier sujet que j'aimerais aborder avec la ministre, j'aimerais prendre
un exemple qu'elle connaît bien, celui des paramédics. J'imagine que la ministre,
puisqu'elle était ministre de la Santé jusqu'à récemment, connaît bien la pénurie
de main-d'oeuvre dans le domaine des paramédics?
• (21 h 10) •
Mme McCann :
Oui, oui.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Donc, j'imagine, vous ne remettez pas en
doute qu'il y a pénurie
de main-d'oeuvre dans le
domaine des paramédics?
Mme McCann :
Non.
M. Nadeau-Dubois : Non? Pourquoi, dans ce cas-là, les stages des étudiants en soins
préhospitaliers d'urgence ne sont pas compensés par le gouvernement du
Québec?
Mme McCann : Bonne question. Je dois vous dire que, là, je suis de l'autre côté,
alors... Quand j'étais ministre
de la Santé, ça me préoccupait beaucoup. J'en avais touché un peu un mot à mon collègue,
là, Jean-François Roberge. Mais pourquoi ils ne sont pas rémunérés? Il
faudrait que j'examine la question, là, il faut que j'examine...
M. Nadeau-Dubois : Je pose la question parce que
le critère que votre ministère a établi pour déterminer quels stages
devaient être compensés financièrement, c'est celui de la pénurie de
main-d'oeuvre, notamment.
Il y en a
trois autres. Donc, j'ai déjà dit pénurie
de main-d'oeuvre. Il faut
que la profession ait une incidence directe sur un bassin important d'utilisateurs des
services publics. C'est le cas, bien
sûr, des paramédics. Il faut
que ce soient des professions principalement exercées dans des milieux publics, parapublics et
communautaires. C'est le cas des
paramédics. Et il faut que les
étudiants qui font ces stages ne soient habituellement pas rémunérés, ce qui
est le cas également des paramédics.
Donc, c'est des étudiants et des étudiantes qui
répondent aux quatre critères établis par votre ministère, et pourtant leurs stages ne sont pas rémunérés. Est-ce que
vous pouvez justifier cette décision de la part de votre gouvernement?
Puisqu'ils répondent aux quatre
critères, ces étudiants-là, pourquoi est-ce qu'ils vont encore faire des stages
sans être compensés financièrement la prochaine session?
Mme McCann :
Malheureusement, je ne peux pas vous répondre. Puis, comme vous pouvez vous
l'imaginer, ça m'intéresse, ce
dossier-là. Alors, je vais voir quelle est la situation. On pourrait vous
revenir, certainement. Mais honnêtement je ne peux pas vous répondre ce soir.
M. Nadeau-Dubois : J'ai pris l'exemple des paramédics d'entrée de
jeu parce que je me doutais bien que la ministre était, comment dire, une des personnes probablement, au Québec les mieux
informées sur la situation de la pénurie de main-d'oeuvre dans ce domaine-là. Mais il y a des pénuries également en
radiodiagnostic, en radio-oncologie, en médecine nucléaire, il y a une
pénurie de main-d'oeuvre en électrophysiologie médicale également, et ces
formations-là sont des formations dans
lesquelles les étudiants, les étudiantes font des stages qui ne sont pas
compensés financièrement, alors qu'en
vertu même des critères émis par le gouvernement
du Québec ces stages-là devraient
être compensés financièrement.
Donc, je soumets à la ministre qu'un de ses
chantiers prioritaires pourrait être, dans un premier temps, d'au moins commencer par appliquer de manière égale les
quatre critères qui ont été décidés par son prédécesseur. Dans un deuxième
temps, je vous soumettrais que c'est quatre critères qui sont très restrictifs
et qui pourraient être... en fait, qu'il serait souhaitable qu'on élargisse ces critères-là pour que beaucoup plus
d'étudiants et d'étudiantes voient leurs stages rémunérés. Je comprends
de la réponse de la ministre qu'elle va s'y pencher.
Le deuxième sujet que j'aimerais aborder avec elle...
En fait, peut-être une question avant de passer au prochain
sujet. Est-ce que la ministre est
d'accord qu'il faut revoir l'application de ces critères-là à la lueur des
exemples que je lui donne?
Mme McCann : Bien, écoutez, Mme la Présidente, là, je vais
quand même user de prudence, là, avec tout le respect que je vous dois, là... que je vais examiner la
question, là. Mais de m'avancer davantage, là... J'aime autant examiner la
question globalement avant de vous répondre.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, je pense que les...
Mme McCann :
Mais j'entends bien.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, je pense qu'il y a déjà là une action
prioritaire et facile, parce qu'il s'agirait juste d'appliquer les critères qu'on a de manière plus cohérente. Puis, dans
un deuxième temps, d'élargir ces critères-là serait également une très
bonne chose.
Mme McCann :
O.K. C'est bien noté.
M.
Nadeau-Dubois : Le deuxième sujet que j'aimerais aborder avec la
ministre, c'est un sujet qui m'a été, lui également, soumis par des étudiants et des étudiantes au courant de la
journée, c'est le quatrième sujet que je veux aborder ce soir, c'est celui des notes. Parce que les
étudiants, étudiantes, ce n'est pas juste des étudiants et des étudiantes,
c'est des travailleurs,
travailleuses, hein, souvent, ils travaillent en parallèle. C'est des citoyens,
citoyennes, puis ils sont impactés par
la pandémie comme tous les citoyens, citoyennes du Québec. Leur quotidien est
bouleversé, et ça peut avoir un impact sur leur parcours académique.
Et donc, en
toute cohérence, lors de la précédente session académique, votre gouvernement
avait émis deux directives qui
avaient été très bien reçues sur les bancs des cégeps et des universités. La
première : Permettre aux étudiants, étudiantes qui le demandaient d'obtenir une mention
«réussite» ou «échec» au lieu d'une note si jamais leur parcours était
bousculé. Deuxième directive :
Leur permettre, aux étudiants, étudiantes, d'avoir des mentions «incomplet»,
sans pénalité, si jamais ils
décidaient d'abandonner un cours parce qu'ils sont impactés par les
conséquences sociales générales de la pandémie. C'est deux directives qui avaient été émises par votre prédécesseur. Je
vous le dis, elles avaient été bien reçues sur les bancs d'école, ces
deux directives.
Est-ce que
vous vous engagez à les émettre à nouveau pour la prochaine session, pour la
session d'automne, pour que les
jeunes qui vont voir leur quotidien bouleversé par une potentielle et, disons,
fortement probable deuxième vague ne voient
pas leur parcours académique complètement chamboulé par des circonstances sur
lesquelles, vous en conviendrez avec moi, ils n'ont aucun contrôle?
Mme
McCann : Bien, c'est sûr que je vais regarder ce qui a été fait par
mon prédécesseur, puis je pense qu'on est
très sensibles à ces réalités-là. S'il y a une deuxième vague, on va prendre
les mesures pour soutenir le plus possible nos étudiants. Alors,
effectivement, je vais prendre ça très au sérieux. Aller un petit peu plus loin...
M.
Nadeau-Dubois : J'aimerais que la ministre soit capable de s'avancer,
juste peut-être un petit pas de plus, dans
la mesure où la rentrée, ça s'en vient, il y a des étudiants, des étudiantes
qui se sont inscrits à certains cours, qui se croisent les doigts qu'ils vont être capables de traverser la session de
la manière la plus normale possible mais qui se demandent, s'il y a une deuxième vague, quelles seront leurs
options, et qui pensent à leur avenir académique et professionnel, puis qui se
disent : J'espère que la pandémie n'aura pas raison de mon diplôme, ou de
ma cote R, ou de ma moyenne.
Les deux
mesures que je viens de nommer, elles avaient été appréciées. Est-ce que vous
pouvez vous engager à ce que ces deux directives-là soient réitérées
pour la prochaine session académique?
Mme McCann : Bien, ce que je peux
répondre, là, c'est : Le contexte a changé un peu quand même, parce qu'au printemps on a été pris un peu de court,
hein, bon, par toute la situation. Là, on s'est préparés. Alors, on a mis en
place des conditions qui font en
sorte que la diplomation, les notes, le parcours devraient être un peu plus
normalisés. Ce que je veux dire par
là, c'est que, si, par exemple, dans le pire scénario, on doit tout reconfiner,
et je parle de l'enseignement supérieur,
mettons qu'on va parler de l'enseignement supérieur, mais ça va s'étendre à d'autres
choses, et ça, c'est le pire scénario
qui, j'espère, ne se produira pas, bien là, tout peut se faire à distance
pratiquement. Alors, on va... Beaucoup de choses vont pouvoir se faire à
distance.
Donc, ce que
je veux dire par là, c'est que la situation est beaucoup plus planifiée cet
automne qu'elle ne l'a été ce
printemps, parce qu'on a été, évidemment, pris par une situation nouvelle.
L'engagement que je prends, c'est qu'on va s'assurer le plus possible que, nos étudiants, on puisse leur assurer
une note en conséquence par rapport, évidemment, au parcours qu'ils vont
avoir fait.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, je
comprends ça, mais il faut savoir que, même s'il n'y a pas reconfinement
généralisé, la pandémie a des
conséquences collatérales dans tous les aspects de la vie. Un étudiant,
étudiante peut être aussi quelqu'un qui
a un travail et qui perd son emploi. Un étudiant, une
étudiante peut contracter lui ou elle-même la COVID, peut avoir quelqu'un dans son entourage proche. Et, dans ce
cas-là, qu'est-ce que la ministre offre comme réponse aux étudiants, étudiantes qui s'inquiètent et qui se
disent : S'il m'arrive quelque chose dans le cadre de la pandémie, c'est
quoi, ma voie de sortie pour ne pas
que mon parcours académique soit complètement bousculé par des circonstances hors de mon
contrôle? Quelles seront les options
des étudiants et des étudiantes, lors de la prochaine session, si jamais la
pandémie bouscule leur parcours académique?
Mme
McCann : Bien, écoutez,
ce que je comprends, c'est qu'on a mis en place aussi, et ça, ça peut beaucoup
aider, des bourses dans différents programmes
pour aider ces étudiants-là. Alors, je
ne sais pas si c'est le sens de la question du député, mais, dans différents
programmes, j'en ai la liste, là... Pardon?
Une voix : ...
Mme
McCann : Les stages, oui. Des bourses de soutien pour la persévérance
et la réussite de ces étudiants. Alors, c'est sûr qu'on ne voudra pas
aller en dessous de ce qui a été fait au printemps.
M.
Nadeau-Dubois : Oui. Mais, d'ailleurs, je pense, j'ai été assez
charitable avec la ministre dans la mesure où je lui ai soumis deux directives qui ont été émises lors de la précédente
session. Et moi, je me faisais écrire sur Instagram, sur Facebook, à mon bureau de comté, tous les
jours, par des étudiants et des
étudiantes qui disaient : Je veux pouvoir abandonner mon cours sans pénalité. Et je me rappelle, il y a
eu une directive émise par le gouvernement pour répondre à ces jeunes-là en disant : Vous pouvez abandonner votre cours, on
vous mettra une mention «incomplet», ça n'affectera pas votre cote R, qui est souvent le... C'est «do or
die», la cote R, là, pour rentrer à l'université. Est-ce que
la ministre peut s'engager
à réémettre ces deux directives, possibilité d'avoir des incomplets et possibilité de changer sa note pour mention «réussite» ou «échec»?
Mme McCann : Possibilité pour
l'incomplet, oui, je pense qu'on peut le dire.
M. Nadeau-Dubois : Magnifique.
Mme
McCann : Réussite ou échec, peut-être que j'aurais besoin d'un peu d'explications encore, là. J'ai peut-être eu un moment d'inattention. Si le
député peut reprendre.
M.
Nadeau-Dubois : Oui, bien sûr. Bien, dans le fond, j'ai sous les yeux,
là, la directive qui a été émise, assez rapidement d'ailleurs, au mois d'avril, par votre prédécesseur, qui
permettait, je vous cite, là, «la possibilité pour tout étudiant en [toute] situation particulière de se voir
octroyer des mentions telles que "réussite", ["échec" pour
le] niveau universitaire, ou
"équivalence", [au] niveau collégial, et ce, lorsque les professeurs
et les chargés de cours jugent que les apprentissages réalisés par les
étudiants sont suffisants.»
Dans le
contexte où le parcours est complètement bousculé, au lieu d'avoir une note qui
pourrait être le fruit de circonstances
arbitraires, bien, on donne une mention «réussite» ou «échec». Ça n'impacte pas
la moyenne. Ça peut faire la
différence, là, pour un jeune entre être admis ou pas dans le programme qu'il
souhaite faire à l'université, là. C'est très concret pour bien du monde
au Québec, bien des jeunes au Québec, ça, là, là.
• (21 h 20) •
Mme McCann : Oui, oui. Bien, comme
je vous ai dit, incomplet, c'est acquis.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Mme McCann : Pour réussite ou échec, il faudrait que j'examine
un petit peu plus à cause du contexte qui a changé. Mais je prends bien note, là, je prends bien note
et... Parce qu'il n'est pas en vigueur actuellement. Cette directive-là, elle
n'est pas en vigueur.
M.
Nadeau-Dubois : Parce qu'elle a été émise le 1er avril 2020 aux
dirigeants des universités et des cégeps.
Puis je vais donner un petit conseil,
là, il y a beaucoup d'étudiants, d'étudiantes qui seraient très
soulagés de se dire : O.K., j'entame
ma session puis, si jamais j'ai — pardonnez l'anglicisme — une badluck, là, j'ai ces options-là qui
s'offrent à moi pour ne pas bousiller
mon parcours académique. Et, tu sais, pour des jeunes, là, ça peut être... Je
veux dire, c'est l'avenir dont il est
souvent question, là. Rater une admission à l'université parce qu'on a eu deux
mauvaises notes dans deux cours la session où il y a eu une pandémie
mondiale, c'est cher payé pour beaucoup de jeunes au Québec.
Ça coûte,
cette mesure-là, au trésor québécois, l'encre et le papier sur lequel c'est
écrit, c'est tout, puis ça permettrait de
soulager bien des jeunes Québécois, des jeunes Québécoises de cette angoisse,
dans un contexte où on leur met de plus en plus de pression pour performer, là, de se dire que, O.K., il y a une
pandémie, puis, si jamais il y a une malchance ou un événement malheureux, il y a ces options-là.
Donc, je répète, la possibilité pour un étudiant ou une étudiante de changer
sa note chiffrée pour une mention
«réussite», «échec» ou «équivalence», ça fait la différence dans la vie de bien
du monde, ça ne coûte pas cher puis ça aide beaucoup de gens, je vous le
soumets.
Je passe
rapidement au dernier sujet que je voulais aborder avec la ministre, celui de
la déréglementation des frais de scolarité
dans les universités pour les étudiants et les étudiantes provenant de
l'international. Une décision très malheureuse du gouvernement libéral qui vous a précédé et qui, pour des raisons qui
m'échappent... décision qui a été confirmée par votre prédécesseur, alors que c'est une mesure qui favorise
structurellement les universités anglophones comme Concordia et McGill, je dis bien, qui les favorise et qui
défavorise structurellement les universités francophones. Cette bataille-là,
les universités francophones l'ont perdue, les universités anglophones l'ont
gagnée, et encore plus les universités francophones
de région, qui mangent la claque de cette mauvaise décision libérale que, pour
des raisons qui m'échappent, votre prédécesseur, qui se disait
nationaliste, a continué d'appliquer puis de supporter.
Je me
demandais : Avez-vous, au ministère, fait des études d'impact pour au
moins mesurer l'impact de cette décision sur les universités francophones sur le territoire du Québec?
Mme McCann :
Bien, je dois dire que j'ai pris connaissance de ce dossier-là puis... et je
comprends le point de mon collègue
parce que, oui, je m'aperçois que le nombre d'étudiants internationaux dans les
universités anglophones est beaucoup
plus important que dans... universités et cégeps, j'entends, là, et... Mais il
y a eu quelque chose qui a été fait, hein? Il y a un budget qui a été donné pour soutenir les universités
francophones, un 23 millions qui a été donné dans la dernière année pour soutenir, justement, les universités
francophones qui veulent attirer des
étudiants internationaux dans un contexte déréglementé, mais qui viennent soutenir des frais de scolarité qui ne
peuvent pas être payés par ces étudiants qui viennent de pays qui n'ont pas nécessairement
les moyens de payer des frais importants. Alors, il
y a déjà un support, là, qui a été
donné aux universités francophones. Mais, encore une fois, puis ça ne sera pas la dernière fois que je vais
le dire ce soir, c'est un dossier qui m'intéresse beaucoup.
M. Nadeau-Dubois :
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Une minute.
M.
Nadeau-Dubois :
Une minute. Ça fait qu'en conclusion je soumets à la ministre
que son gouvernement semble... bien, en fait, se dit préoccupé
par l'essor de la langue française au Québec, ça a été annoncé comme une
priorité gouvernementale pour la prochaine session. Je soumets respectueusement à la ministre que sa contribution
à elle, dans son champ, à l'avancement
de la langue française au Québec serait de mettre fin à cette inégalité
structurelle, créée par les libéraux, entre universités anglophones et
francophones.
Ce que cette
décision-là a fait, c'est installer un réacteur pour propulser les universités
anglophones vers des nouveaux sommets. Et les mesures dont parle la
ministre, les quelques millions de dollars qui ont été donnés aux universités francophones, c'est l'équivalent de leur donner
une petite poussée dans le dos. C'est mieux qu'une claque dans la face, mais ce n'est pas comme avoir une mesure qui
bénéficie structurellement aux universités anglophones comme McGill et
Concordia.
Alors, si la
ministre cherche une manière de contribuer, dans son champ, à l'avancement de
l'agenda nationaliste puis de protection
de la langue française de son gouvernement, voilà un chantier prioritaire,
voilà un geste concret à poser, et, si elle consulte, j'imagine qu'elle
le fera ou qu'elle l'a déjà fait, les administrations et les rectorats des
universités francophones, c'est ce que ces gens-là vont dire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Cette
question-là, je l'avoue, ne m'a pas été fournie sur mon Instagram, c'est un
dada personnel.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Je remercie la
ministre pour son attention ce soir.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, j'inviterais maintenant la députée de l'Acadie, avec une période de
24 min 13 s.
Mme
St-Pierre : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je vais continuer sur la question des étudiants
internationaux parce que je pense que
c'est un sujet qui est fort important pour le Québec, et c'est... Évidemment,
là, on parle de cette question-là
aujourd'hui, en temps de pandémie, les frontières sont fermées, il va y avoir
une perte considérable d'étudiants par rapport à cette pandémie-là,
puisque nous avons... les frontières sont fermées, ils ne viendront pas. Il y a
peut-être la possibilité de leur offrir des
cours par téléconférence, mais on s'entend pour dire que, ces étudiants-là, on
n'aura pas le nombre que nous avions l'année dernière. Par contre, un
jour, ça va se terminer, tout ça, la pandémie, on va trouver le vaccin puis on va... on espère qu'on va sortir de tout
cela et qu'on va pouvoir rouvrir les frontières et accueillir nos étudiants...
des étudiants étrangers.
Il y a une difficulté, avec le gouvernement fédéral, qui est celle des visas. Il y a des
articles qui ont paru récemment qui
indiquent que le gouvernement fédéral refuse plus de la moitié des visas pour
le Québec. Les visas sont... Puis, si on regarde, si on compare en termes de pourcentage, le Québec reçoit 12 %, et notre
poids démographique est 23 %. Donc, on devrait au moins recevoir... on devrait au moins voir une acceptation
d'un plus grand pourcentage. Et pourquoi? C'est parce qu'il s'agit de pays qui inquiètent le
gouvernement fédéral. On se dit : Les étudiants vont venir ici mais ne
retourneront pas... n'auront pas
nécessairement les ressources financières pour poursuivre leurs études ou ils
ne voudront pas retourner dans leurs
pays d'origine. Alors, les refus, on parle de... Lorsqu'il y a des étudiants
qui viennent de la Guinée, les refus sont à 90 %. Si les demandes de visa viennent du Cameroun, on parle d'un
refus de 82 %. L'Algérie, 77 %. Le Sénégal, 75 %.
Est-ce que
vous avez l'intention de faire des démarches auprès du gouvernement fédéral
pour faire en sorte qu'on puisse
accueillir... qu'il puisse émettre plus de visas, ce qui va aussi attirer des
étudiants qui viennent de pays de la francophonie, de nos partenaires de
l'Organisation internationale de la Francophonie?
Lorsqu'on
parle d'étudiants étrangers, bien, on parle d'étudiants qui arrivent ici, ils
connaissaient le français, ils vont pouvoir
s'intégrer facilement, puisqu'on parle de jeunes garçons, jeunes filles qui
vont peut-être choisir de faire leur vie au Québec par la suite. Alors, vous avez probablement eu le temps
d'avoir des commentaires de la part de vos fonctionnaires au sujet de cette situation-là. Est-ce que vous
avez une vision? Est-ce que vous avez un plan de match pour discuter avec
le gouvernement fédéral sur la question d'émission des visas?
• (21 h 30) •
Mme McCann : Bien, c'est une
excellente question parce qu'effectivement c'est vrai que certains pays ont beaucoup moins d'autorisations de visa. Je pense
que ma collègue a raison de soulever ce point-là. C'est une question qu'il faut aussi que je discute avec la ministre
de l'Immigration, et voir avec elle
les discussions qu'on peut avoir avec le
fédéral. Parce qu'effectivement il
faut comprendre, là, pourquoi. Pour nous, au Québec, c'est fort intéressant,
ces étudiants qui viennent des pays
que vous avez nommés. Vous l'avez
bien dit, ils parlent français, déjà, et ils vont s'intégrer beaucoup plus
facilement. Alors, écoutez, moi, je
pense qu'il y a certainement lieu de faire une démarche pour faire une pression sur le fédéral pour que les autorisations soient plus
nombreuses pour des étudiants qui viennent de ces pays. Je pense
qu'il faut les accueillir.
Mme St-Pierre : J'ajouterai que vous avez quand même
rendu la situation un peu
plus difficile pour les étudiants étrangers
avec le programme de l'expérience... le PEQ, ce qu'on appelle le PEQ, et de
dire que... Je peux vous dire que les
étudiants ne sont pas encore satisfaits des changements qui ont été apportés.
Je pense qu'il y a encore du travail à faire pour revenir à cette formule qui est vraiment une formule qui est
gagnant-gagnant, puisque les étudiants qui viennent ici sont des étudiants... je le disais tout à l'heure,
c'est la jeunesse, ce sont des étudiants qui étudient en français, qui
s'intègrent facilement, qui peuvent décider de faire leur vie ici.
Et on a sorti
des chiffres depuis votre arrivée au pouvoir, c'est une situation qui nous
étonne, et j'aimerais avoir votre
analyse des étudiants et étudiantes internationaux qui sont admis au Québec
entre 2014 et 2019 et qui décident de rester au Québec.
Entre 2014 et
2018, on voit une nette augmentation puisque nous avions mis en place des
mesures incitatives pour garder les
étudiants ici, faire en sorte qu'ils s'installent au Québec, qu'ils puissent
intégrer la population québécoise. On avait fait même un partenariat avec Montréal International pour faire du
démarchage dans les différentes universités. En 2014, on parlait de
3 500 étudiants qui décidaient de rester au Québec; 2016... 2015,
pardon, 4 200 étudiants; 2016, 4 700; 2017, 5 400; 2018, on monte à 6 300. On arrive à 2019, moment
où vous arrivez au pouvoir, 2018, vous arrivez au pouvoir, on arrive à
2019, ça baisse à 4 000. Donc, il y a une diminution de 2 000 étudiants
qui décident, après leur parcours académique, 2 000 étudiants de
moins qui décident de rester ici.
Moi, ça
m'inquiète parce que je pense que le Québec offre beaucoup aux immigrants, et
eux peuvent contribuer, aussi. Et, si
ces étudiants-là vont étudier en région, bien, c'est encore un plus pour nous
parce que ça permet aussi la vitalité de nos cégeps et de nos
universités en région. Alors, comment vous allez faire pour améliorer l'image
du Québec? Je comprends que vous allez me
dire que vous allez en parler avec votre collègue la nouvelle ministre de l'Immigration, mais son
prédécesseur n'a vraiment pas aidé à faire en sorte que la réputation du Québec
soit maintenue. Est-ce que ça vous inquiète,
cette diminution de 2 000 étudiants qui décident... en fait, qu'il y
ait une diminution, 2 000 étudiants de moins, alors qu'il y
avait une progression, d'année en année, du nombre d'étudiants qui décidaient
de rester au Québec?
Mme McCann : Bien, écoutez, je pense
qu'il faut se pencher sur les causes. Qu'est-ce qui s'est produit pour qu'il y ait 2 000 étudiants de moins qui
décident de rester au Québec? Et c'est un investissement, hein, quand les gens
décident de venir étudier au Québec, c'est
un investissement de part et d'autre. Et pour nous, au Québec, c'est souvent
de la main-d'oeuvre qui va faire la différence
aussi, là, du point de vue économique. Alors, toutes ces questions-là, pour
moi, évidemment, c'est nouvellement, là, que j'ai une prise là-dessus,
évidemment, avec ma collègue la ministre de l'Immigration. Puis évidemment elle travaille beaucoup avec le
fédéral là-dessus. Mais moi, j'irais voir comment ça se fait qu'il y
a 2 000 étudiants de moins qui
sont restés au Québec, en 2019, et je partirais de là. Donc, évidemment,
je vais me pencher sur la question parce qu'encore une fois c'est important du point
de vue, même, économique
du Québec, on a besoin de ces étudiants-là au niveau
de l'innovation, du développement des régions. Donc, il faut se pencher
là-dessus.
Mme
St-Pierre : Bien, je vous avoue que ce que vous me dites,
c'est un peu de la musique à mes oreilles parce que ce n'est vraiment pas le message qu'on a entendu de la part de
votre formation politique, surtout lors de la campagne électorale. Il y a eu une... il y
avait une attitude, face à l'immigration, qui n'était pas l'attitude
d'ouverture, qui était une attitude plus de
fermeture, à notre avis, qu'une attitude d'ouverture. Et je suis heureuse
de vous entendre, parce que, si, vous
et votre collègue la nouvelle ministre de l'Immigration, vous réussissez à
convaincre votre formation politique de l'enrichissement que le Québec peut avoir en accueillant plus
d'immigrants, bien, je pense que vous allez avoir un message qui est beaucoup
plus positif que celui que nous avons entendu au cours des deux dernières
années.
Sur un autre
sujet, qui est toujours sur les suites de la COVID et ce que ça a voulu
dire, aussi, pour les étudiants en général,
il y a beaucoup d'étudiants, dans la foulée des mesures de
confinement, qui ont vu de nombreux projets en recherche qui ont été
abandonnés, donc de nombreux projets qui ont été... en fait, pas abandonnés,
mais suspendus. Certains pourront être
repris, mais d'autres devront être recommencés. Puis on parle de secteurs très
importants, on parle de microbiologie, sciences
de l'éducation, recherche en entreprise, sciences de la santé, notamment dans
le milieu hospitalier. Est-ce que
vous comptez aider les projets de recherche qui sont suspendus à cause de la
COVID et prolonger les bourses?
Mme McCann : Oui...
La Présidente (Mme Guillemette) : La
réponse est à vous.
Mme
McCann : Oui, bien, très
important, puis dans plusieurs sphères d'activités. Puis, ce que je comprends,
c'est qu'il y a beaucoup
d'activités de recherche qui ont pu être poursuivies à distance. D'ailleurs,
très tôt, là, dans la pandémie, on a
même permis la réouverture de certaines activités de recherche, là, dans les
règles de l'art, là, de la Santé publique, et il y a des activités de recherche qui ont été faites à distance. Alors,
je pense que les conditions doivent être réunies pour, même dans un
contexte de pandémie, qu'on puisse soutenir ces activités de recherche.
Et on sait
que c'est très important, notamment pour l'innovation au Québec, et là-dessus
je travaille avec mon collègue
ministre de l'Économie pour créer davantage de zones
d'innovation avec les universités, avec les chercheurs. Alors, c'est clair qu'il y a des investissements qui doivent
être faits, qui sont déjà faits, d'ailleurs, et qu'on va poursuivre. Donc, il
faut s'adapter dans le contexte de la pandémie, mais mon intention,
c'est de soutenir ce secteur fortement.
Mme
St-Pierre : Je comprends que vous êtes quand même à la tête
de ce ministère depuis quelques semaines, à peine, mais je pense que le message qu'on vous
envoie ce soir, c'est qu'il y a vraiment une urgence de donner un autre souffle en enseignement supérieur.
Il y a eu un vide, dans les deux dernières années, parce que...
Puis le ministre de l'Éducation, c'est
un être humain, puis on peut aussi... il
y a juste 24 heures dans une journée,
puis il y a sept jours dans une semaine, alors il en avait énormément sur les épaules. Et
j'aimerais sentir que vous avez à nous présenter ou j'aurais aimé que vous
nous présentiez ce soir un peu votre vision,
comment vous voyez l'enseignement supérieur d'ici les cinq prochaines années.
Qu'est-ce que vous entendez mettre... (Interruption) ...Excusez! Qu'est-ce que vous entendez mettre en place, comme vision
de l'enseignement supérieur, au Québec?
Est-ce que vous vous êtes donnée des objectifs ou vous vous êtes donnée aussi
des échéanciers sur les prochains mois, les prochaines années?
• (21 h 40) •
Mme McCann : Bien, je suis contente
que vous posiez cette question-là, parce qu'il y a des chantiers très, très
importants.
Mme
St-Pierre : Siri
aussi a trouvé ça bon.
Mme
McCann : Bien oui, bien oui,
elle a approuvé. Et ça me permet de
vous dire qu'il y a plusieurs chantiers, mais je vais vous en parler de deux très
importants, même trois. Le chantier de la réussite scolaire, qui a été lancé par mon prédécesseur et que j'entends bien
poursuivre, là, on doit nous déposer un plan d'action à l'hiver 2021, alors
c'est en cours. Il y a beaucoup
de représentants, là, du milieu collégial qui travaillent à ce chantier, et on
a mis du budget, justement, pour
la réussite scolaire, mais on veut des actions pour nous projeter dans les
prochaines années, pour augmenter ce taux de réussite, notamment au collégial, là. Je pense que vous êtes
consciente, comme moi, qu'il y a du chemin à faire, là, le taux de réussite
au collégial doit être augmenté. Alors, ça, c'est un chantier très, très
important.
Et il y a également
un autre chantier qui a été lancé par mon prédécesseur, qui est L'université
du 21e siècle. Et notre adjointe parlementaire, la députée de Charlevoix...
Une voix : ...
Mme McCann : Pardon?
Une voix : ...
Mme
McCann : ...Côte-de-Beaupré — j'ai toujours de la misère avec... — oui, donc, qui travaille beaucoup dans
ce chantier-là aussi. Et j'ai parlé
dernièrement, d'ailleurs, au Scientifique en chef, Rémi Quirion, qui est à la
tête, hein, de ce chantier et j'en ai
discuté également avec le président du BCI, le recteur de l'Université de
Sherbrooke, Pierre Cossette. Et ce
chantier-là, on va y prendre un grand, grand intérêt. Et j'ai bien confiance
qu'en consultant aussi d'autres instances,
l'ensemble des universités, bien
entendu, mais d'autres instances
aussi, que votre question, là... à votre question, on va vraiment
développer avec nos partenaires une belle vision pour les universités
du XXIe siècle, au Québec, et le chantier de la réussite scolaire au cégep et au collège. On a énormément
de potentiel, au Québec, c'est impressionnant, moi qui
découvre ça...
Et l'autre chantier, qui est d'un autre ordre, par
exemple, mais qui est tout aussi important, ce que je vous mentionnais tout à l'heure, je veux
travailler vraiment la question des cégeps en région. Je pense qu'il y a
là aussi un potentiel important
de développement économique, et ce chantier-là aussi me tient à coeur.
Mme St-Pierre :
Parlant de cégeps, on sait que les cégeps... certains cégeps ont obtenu l'autorisation
de faire des déficits, en 2019‑2020,
ce qui n'est pas normal, ce qui n'est pas autorisé d'habitude. Il y a
cinq cégeps sur l'ensemble des cégeps. Alors, notre question
était... on demandait l'état des surplus et déficits des cégeps 2019‑2020.
Ça nous dit que le surplus au déficit
au fonds de fonctionnement, pour l'exercice terminé le 30 juin 2019...
au 30 juin 2019... On a les résultats de l'année 2019‑2020, qui ne sont pas disponibles, mais, au
30 juin 2020, on nous donne l'état de situation de cinq
cégeps : cégep d'Alma, cégep
Gérald-Godin, cégep Montmorency, cégep de Sherbrooke, cégep de Rimouski.
Les déficits cumulés qui sont prévus
sont de l'ordre, pour ce qui est d'Alma, 668 000 $; cégep Gérald-Godin, 483 000 $; cégep
Montmorency, 1 798 000 $;
cégep de Sherbrooke, 358 000 $; cégep Rimouski,
1 365 000 $. C'est quand même assez énorme, là, comme déficits, et ça nécessite, bien sûr, un plan de
redressement. Quels sont les plans de redressement de ces cinq cégeps qui vont
ont été soumis?
Mme McCann :
Oui, bien, je suis, évidemment... j'ai été saisie, hein, de la situation
financière des collèges et de ces
cégeps en particulier ou collèges qui ont un déficit, et je comprends,
effectivement, qu'il y a un plan de redressement. Et je dois demander des rapports sur ces
situations-là à court terme parce qu'effectivement c'est quand même important,
notamment les deux cégeps en particulier qui ont des déficits plus importants.
Mais il faut faire... la règle, c'est, dans n'importe
quel domaine : il faut faire un suivi très, très serré de ces situations.
Parfois, c'est de la surembauche qui a été faite. C'est clair que
l'enveloppe budgétaire des cégeps, de 2,2 milliards, ça peut apparaître
quand même des montants, proportionnellement,
qui ne sont peut-être pas aussi impressionnants. Mais, sur le budget d'un
cégep, quand on a un déficit d'un
point quelque million, c'est préoccupant. Alors, je vais demander, évidemment,
un rapport, là, sur ces situations-là.
Mme
St-Pierre : Est-ce
que...
Mme McCann : Oui. Est-ce que...
Mme
St-Pierre :
Peut-être... je sens que votre sous-ministre adjoint voudrait dire quelque
chose.
Mme McCann : Bien, tu sais, moi, je
suis très à l'aise, parce qu'on est ici pour donner l'information. Alors, Mme
la Présidente, oui, oui, certainement.
Mme
St-Pierre : Moi,
je suis... je veux avoir toute l'information.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bien. S'il y a consentement...
Mme McCann : Non, non, c'est une
mine d'informations, notre sous-ministre adjoint.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait.
Mme
St-Pierre : Je
sens qu'il a le goût de parler.
Mme McCann : Oui, puis c'est très
bien, c'est très bien, c'est pour le bénéfice de tous.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous pouvez y aller, M. Bergeron, il n'y a pas de problème.
Mme McCann : Oui, oui, allez-y, avec
votre permission.
M. Bergeron (Simon) : Je suis
désolé, c'est juste parce que j'ai les...
Mme McCann : C'est non verbal.
M.
Bergeron (Simon) : Comme j'ai les oreilles un peu bouchées, j'en perds
des fois des bouts, là, veuillez m'en excuser. Je voulais juste... je
n'ai pas compris le bout sur lequel vous voulez que je revienne.
Mme
St-Pierre :
...cégeps — un,
deux, trois, quatre, cinq — oui, cinq cégeps actuellement, dont deux sont un peu plus
importants, la stratégie, là, au niveau des plans de redressement.
M.
Bergeron (Simon) :
Redressement. O.K. Bien, en fait, l'objectif, c'est toujours, Mme la
Présidente, de discuter avec chacun des établissements et, justement, de
s'assurer qu'ils sont sur la bonne voie pour rétablir la situation. Évidemment, là, pour la question... pour 2019‑2020,
il est encore tôt, là, pour obtenir les données, les établissements voient
leur année financière se terminer, au niveau
collégial, au 30 juin. Donc là, ils sont en train de préparer les informations,
alors on devra, en contexte avec ça,
faire le suivi et voir les suites. C'est certain que, parmi ces cégeps-là, aussi,
il y en a qui... la situation va
s'améliorer, on a des... on pense que ça va être le cas. Mais il faut se donner
le temps d'avoir l'ensemble, là, peut-être, des données pour l'année
2019‑2020 pour pouvoir être en mesure de bien, bien l'apprécier.
Mme
St-Pierre : Mais
comment vous expliquez que ces cinq cégeps là arrivent avec des résultats
financiers déficitaires? Parce que, quand
même, les autres sont exemplaires, là. Je comprends qu'ils n'ont pas le choix
de l'être, mais c'est quand même assez
étonnant de voir... Entre autres, je pense au cégep Montmorency, cégep de
Rimouski, c'est quand même assez majeur, là, comme situations. Qu'est-ce
qui s'est passé?
M. Bergeron (Simon) : Bien, Mme la
Présidente, dans le cas, par exemple, du cégep Montmorency, c'était une situation, aussi, qui était due à ce qu'on
appelle de la surembauche d'effectifs. Donc, dans ces temps-là, ça peut
prendre, effectivement, un petit peu
de temps pour rétablir la situation. Maintenant, ces cégeps-là, bien, on
échange, on discute avec eux.
Puis là il
faut voir que ce qu'il est important aussi de retenir, c'est qu'avec la réforme du financement des cégeps, en 2019‑2020,
et le réinvestissement important que le gouvernement a annoncé, l'an dernier, de près de 69 millions de dollars, c'est sûr que, dans
les impacts financiers, dans la situation financière des cégeps, dès 2019‑2020,
ça va quand même contribuer à améliorer la situation
de l'ensemble de ces établissements-là. Et assurément, en continuant de les soutenir
comme il a été fait, là, pour 2020‑2021,
ce sera certainement aussi une façon, là, pour les établissements, ces établissements-là, de faire face un peu à la situation
et de redresser la situation.
Mais souvent
ça peut être lié à des questions, justement, de surembauche ou de fait que les établissements, à un certain moment donné,
ils ont eu des baisses d'effectifs, et donc il faut que le cégep s'ajuste à
cette situation-là, puis ça peut prendre un certain temps. Et comme, dans certains cas, il va y avoir des hausses d'effectifs, dans les années à venir, ça pourra contribuer
à améliorer la situation.
Par exemple, on sait que, dans le coin de Montréal,
il va y avoir de la croissance des effectifs. Ça
pourrait aider un cégep comme Gérald-Godin ou Montmorency, particulièrement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
vous reste 30 secondes, 35 secondes.
Mme
St-Pierre : O.K.
Alors, je reprendrai dans l'autre bloc, merci.
• (21 h 50) •
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait, merci. Donc, je passerais la parole au député
de Bonaventure.
M. Roy : Merci,
Mme la Présidente. Mon collègue
de Gouin a soulevé un enjeu, tout à l'heure, qui m'a rappelé des actions
que nous avions faites auprès du ministère, la pénurie d'ambulanciers puis de paramédics.
Et, à l'époque, l'année d'avant, je pense, où nous avions... bon,
j'étais intervenu, puis ce qu'on m'avait dit, c'est que le taux d'échec était extrêmement élevé dans la profession. Pourquoi? Parce que l'examen pratique
était trop distancié de la fin de la formation, ce qui
créait une zone où les gens allaient faire autre chose et oubliaient. Donc, je
ne sais pas si ça a été réglé, mais c'est un enjeu, je pense, qui est important, bon, à soulever, puis on vous demande, là,
d'investiguer la chose pour régler, par ricochet, la problématique de
paramédics et d'ambulanciers au Québec.
Bien, je suis
content de vous entendre dire que vous avez un intérêt pour les cégeps de
région. Petite histoire courte, quand
j'étais enseignant, en 2001, nous avons créé le D.E.C. en intervention en
milieu carcéral. On a créé des cours
de toute pièce : sociologie du
milieu carcéral, intervention, bon, psycho, socio... sociale, etc., ressources
du milieu, bon, j'en passe. On a
travaillé à peu près un an et demi, deux ans, à créer un programme. Et ça me
rappelle qu'il existe un concept qu'on appelle l'entrepreneuriat
pédagogique, O.K.?
L'entrepreneuriat,
ce n'est pas juste des hommes d'affaires qui développent des business pour
faire de l'argent. L'entrepreneuriat,
ça existe partout, même chez les profs. Et il y a des profs qui sont
imaginatifs et qui aiment développer des
programmes pour s'adapter aux transformations de notre société, O.K.? Ça, c'est
très important de comprendre ça. Ces gens-là développent des programmes,
les adaptent, les arriment avec les besoins de la société.
Et, surprise,
bon, O.K., quand tu développes ça, tu as l'exclusivité, la première, deuxième
année, mais, au bout de trois, quatre
ans, oup! tous les autres cégeps commencent à reprendre tes plans de cours et à
donner la même formation. C'est sûr
qu'en ville ça va, beaucoup de clientèles, les devis ne sont pas
respectés — on va en
reparler tantôt, de Dawson — mais, dans les régions, là, en Gaspésie, au Saguenay, sur la Côte-Nord, la
création d'un programme exclusif assure la survie des collèges.
Les collèges,
ce n'est pas juste... un collège dans une région, ce n'est pas juste une
institution d'enseignement supérieur,
c'est une institution de développement économique et de dynamisme
socioéconomicoculturel, tiens, on va le dire comme ça, hein? On offre... bon, les jeunes y vivent, il y a une
dynamique dans la ville. Carleton, par exemple, a développé une politique étudiante, première politique
étudiante de ville, je pense, au Québec. Je tiens à le souligner parce que le
cégep, ils le trouvent important,
polyvalent, etc., parce qu'ils veulent se soucier du sort des jeunes dans la
communauté, puis c'est à leur honneur.
Ceci étant
dit, l'enjeu, c'est vraiment de protéger la formation collégiale, dans les
régions du Québec, et ça peut se
faire en donnant des exclusivités de programme qui vont leur permettre d'être
attractifs et d'aller chercher une clientèle qui est dans les villes ou dans d'autres endroits et qui viendraient
découvrir des régions. O.K.? Et actuellement, bien, c'est très difficile. Prenons... bon, j'ai l'exemple,
là, de... puis je pense que ma collègue l'a souligné tantôt, là, un ATM, au
cégep de Jonquière, qui est
cannibalisé par des cégeps privés, entre autres, puis qui peuvent l'offrir aux
formations de pilotes...
Regardez, je n'ai pas... Il y a plusieurs
exemples. Mais l'enjeu, c'est le suivant : Si on a des enseignants qui développent, via un entrepreneuriat pédagogique,
des programmes novateurs, peut-on leur assurer une certaine exclusivité de programme pour un minimum d'années pour leur
permettre de... je ne dirais pas de rentabiliser parce qu'on n'est pas dans l'approche mercantile, mais, à tout le moins,
sécuriser l'offre de formation dans leurs collèges, avec les efforts qu'ils
ont mis? Puis les directions sont aussi
partie prenante de ce développement-là et vont investir en libération d'ETC
pour créer des programmes, en aménagement de locaux, etc.
Donc, on vous
demande, si vous avez un intérêt pour les cégeps des régions, de réfléchir
fortement à une protection ou à une exclusivité de programmes pour les
cégeps qui ont besoin d'une clientèle urbaine pour pérenniser leur offre de
formation. Est-ce qu'on rêve ou on est dans quelque chose qui peut être
applicable?
Mme
McCann : ...Mme la
Présidente, ce que mon collègue avance. Parce que ce qu'on m'écrivait
dernièrement, je pense, c'est 12
cégeps qui m'ont écrit, c'est en complément à ce que mon collègue dit : il
y a 15 000 places de disponibles dans
les cégeps en région actuellement, 15 000, c'est du potentiel, mais aussi,
avec ce que vous amenez, qu'il y a du potentiel de développement de
programmes qui est adapté aux besoins de la communauté. Et ça, ça, c'est un
angle qui est très important pour nous. L'adaptation de la formation à
l'emploi, aux besoins de main-d'oeuvre, nos besoins, en général, d'une communauté, alors, ça va faire partie de mes
réflexions, certainement, j'entends bien en faire un chantier, comme je
l'ai dit tout à l'heure.
M. Roy : Exclusivité de programmes protégés pour des
collèges des régions qui font l'effort d'innover au niveau pédagogique
et de s'adapter, c'est surtout ça que les collèges des régions veulent
entendre.
Mme McCann : Je comprends, je
comprends.
M. Roy : Deuxième question,
bon, l'enjeu de Dawson. Bon, ce n'est
pas la première fois que j'en parle, je vais en reparler — il faut que je retrouve mes feuilles. Bien,
écoutez, ce n'est pas compliqué, là, les cégeps ont des devis, les cégeps
ont le droit d'accueillir un nombre x
d'étudiants puis de le dépasser d'un certain pourcentage, je pense, c'est
10 %. Mais on a des cégeps qui
sont délinquants et qui accueillent beaucoup plus d'étudiants que ce que la loi
ou, en tout cas, leur devis, ou leur certificat, bref, que-ce que le gouvernement
devrait les autoriser.
Avant, il
y avait des pénalités financières
associées au dépassement de devis, O.K., ça veut dire qu'on sanctionnait les cégeps qui cannibalisaient. Parce que c'est de
ça qu'on parle. Si un cégep comme Dawson va accueillir 700, 800 élèves de plus, bien, ce sont
des élèves qui ne vont pas ailleurs. Vous nous parlez de 15 000 places dans les cégeps des régions;
bien, ils vont se concentrer sur des cégeps
urbains et ils n'iront pas ailleurs. Donc, la question, c'est la
suivante : Est-ce qu'il faut revenir à une sanction pour les collèges qui
dépassent les devis pour protéger les autres collèges? Je veux dire, à un moment donné, on ne peut pas permettre
n'importe quoi non plus.
Et, bon, là, je ne pourrais pas vous dire s'il y a
d'autres collèges qui dépassent les devis, mais l'exemple
qu'on a, c'est celui-là. Donc, avant,
il y avait une pénalité financière, cette dernière a été enlevée par le gouvernement libéral, et, bon, est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de la ramener pour essayer d'équilibrer les choses
puis de permettre de diluer un peu l'offre de formation sur l'ensemble du réseau collégial? Et, encore
une fois, les régions pourraient avoir... peut-être, pourraient être
attractives pour certains de ces étudiants,
surtout dans un contexte comme celui que nous vivons actuellement où les régions vont devenir de plus en plus attractives.
Le rôle des régions, là, il est extrêmement important. On vient de le vivre en Gaspésie, on l'a vu, là, nous avons
développé... nous sommes devenus une valeur
refuge pour les villes du Québec. Il y a du monde partout. Bien, tant mieux.
Bon, moi, je suis de ceux qui disent : Venez, on va s'adapter, on va vous
accueillir puis on va tout faire de manière sécuritaire.
Les collèges des régions peuvent avoir un rôle à jouer dans la déconcentration,
aussi, d'une population étudiante qui,
comme dans Dawson, dépasse amplement le devis. Est-ce que vous êtes favorable
au retour d'une pénalité financière lorsque les cégeps dépassent de
manière outrancière les devis qu'ils leur ont été assignés?
Mme
McCann : Bien, moi, ce que
je comprends, là, c'est qu'on a déjà revu, là, à ce moment-ci, le processus
pour les devis, hein? Je pense que
vous êtes au courant, d'ailleurs, qu'il y a eu une amélioration, là. Le moyen,
je ne le sais pas, pénalité
financière ou autre chose, mais ce dont on parle, là, c'est de voir à ce qu'on
fasse une utilisation la meilleure possible du potentiel qu'on a dans tous nos cégeps, donc les cégeps en région
aussi. Par quels moyens? Je ne pourrais vous dire ce soir, mais l'objectif, il est là, et ça passe
probablement aussi par les devis. Mais comment on va le faire,
je suis trop nouvelle dans le domaine
pour vous répondre de façon spécifique ce soir. Mais je dois vous dire que vous
avez raison que, là, les régions,
aussi avec la formation à distance, avec toutes sortes de phénomènes qui se
passent, actuellement, les régions deviennent des acteurs de premier plan — des acteurs — ... oui, actrices de premier plan. Alors, oui, ça va
faire partie du chantier.
M. Roy :
Ça va me faire plaisir de vous aider dans votre réflexion, Mme la ministre...
Mme McCann :
Parfait. Ça fait plaisir.
• (22 heures) •
M. Roy :
...en tant qu'ancien prof de cégep, d'université et député par ricochet.
Mme McCann :
Excellent.
M. Roy : Prochain picot, télésurveillance des étudiants.
Assez que j'ai été m'acheter le livre d'Orwell, 1984, puis Le meilleur des mondes, d'Aldous Huxley. Je les ai dans... je
voulais les sortir, en blague, mais je vais me calmer, là, je vais me garder une gêne. Non, c'est assez particulier, je ne sais pas si vous avez été mise
au courant de tout cela, là. Bon, je vais y aller par picots, là :
« Plusieurs institutionsscolaires des cycles supérieurs songent à obliger les
élèves à être télésurveillés lors de leurs
examens lors de leur prochaine session faite en ligne à cause de la COVID.
Plusieurs institutions songeant à y
recourir commencent à le faire alors que certaines universités comme Sherbrooke
se positionnent contre cette pratique.
Celle-ci soulève évidemment des questions éthiques, les logiciels étant requis
pour surveiller les élèves étant invasifs et posant de nombreuses
questions relativement à la vie privée des élèves.»
Bon, on dit qu'il
s'agit d'un facteur complémentaire de complications et de stress dans une
situation bien extraordinaire. Puis on pose
des questions sur des logiciels énergivores qui demandent de la bande passante
que tout le monde n'ont... que ce ne
sont pas tous les étudiants qui possèdent. Le logiciel surveille chaque
activité de l'ordinateur, onglets ouverts
sur Internet, logiciels utilisés, utilise même la caméra de l'appareil pour
surveiller l'élève, notamment le mouvement des yeux ainsi que la présence d'autrui dans les environs. Quelqu'un
rentre dans une pièce, tu es en train de faire ton examen en médecine, out! Vous voyez le genre, là? Donc,
des élèves risquent d'être pénalisés par des fautes de logiciels, des erreurs,
etc. Ça fait que c'est extrêmement
troublant, cette intégration de cette technologie de surveillance systémique
lors des processus d'évaluation des étudiants.
Et là je ne sais pas comment... de quel bord le
prendre, là, mais est-ce que votre ministère a réfléchi aux impacts et
peut-être au «free-for-all» — excusez mon chinois, là — que
ça peut générer, selon les plateformes utilisées par les différentes universités qui peuvent... Certaines peuvent être très
soucieuses de la vie privée des étudiants puis peut-être que d'autres,
bon, bien, vont y aller pour la technologie la plus invasive. Est-ce que vous
avez une ligne directrice et une approche éthique dans ce dossier-là?
Mme McCann :
Bien, écoutez, je pense qu'il faut se remettre dans le contexte qu'il faut
respecter les règles de la protection
de la vie privée puis des renseignements personnels, là. Moi, ce que je
comprends, c'est que peut-être que c'est
utilisé dans certaines institutions,
mais ce n'est certainement pas généralisé. Il faut regarder ça, là, parce que,
je veux dire, il faut vraiment
respecter les règles dans ce contexte-là. Et je ne sais pas s'il y a d'autres
informations que le ministère peut nous apporter ce soir, mais ce n'est
certainement pas une pratique généralisée, là. Mais il faut y voir, oui. Avec
votre permission, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...M. Bergeron.
Mme McCann : Oui.
M.
Bergeron (Simon) : Oui. Bien, peut-être, ce que je dirais, Mme la Présidente, c'est que
c'est certain que, bon, on est
vraiment, là, dans les pratiques des... quand même, c'est des choix, aussi, qui
sont pris par les enseignants et par les
pratiques, aussi, d'établissements. Ça fait que c'est certain que le ministère
veut laisser l'autonomie aux établissements dans le choix des moyens, autant les moyens d'apprentissage que dans les
méthodes d'évaluation, ça fait qu'il faut faire attention pour ça. On ne croit pas que ça soit non plus... on n'a pas un
inventaire détaillé, mais on ne croit pas que ça soit une situation qui est très largement répandue.
Mais c'est certain, je pense que les gens regardent la question, présentement,
dans le contexte, là, de la passation qu'on
a davantage à faire en contexte de formation à distance. Ça
fait que c'est certain que c'est une situation qui va continuer à être
regardée, clairement, prochainement.
La Présidente (Mme Guillemette) : 30
secondes, M. le député.
M. Roy : Bien, écoutez, bonne chance
avec vos nouvelles fonctions, et je vous offre ma collaboration pour réfléchir
à l'avenir de l'éducation au Québec.
Mme McCann : Excellent, merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, Mme la députée de l'Acadie, la parole est à vous pour
24 min 10 s.
Mme
St-Pierre : Merci
beaucoup. Je voudrais savoir si, au ministère de l'Enseignement supérieur, on
évalue les besoins sur le marché du travail
et qu'on ouvre les disciplines en fonction du marché du travail. Et je dois
dire que j'ai des chiffres ici qui
m'inquiètent un peu par rapport au nombre d'étudiants qui ont gradué en
enseignement primaire. On sait qu'il
y a un nombre qui ont... on sait qu'il y a une pénurie dans ce domaine-là. Les
statistiques, les données qu'on a datent de 2018. Je suis encore un petit peu frustrée parce que je me dis :
Je pense que vous êtes capables de nous fournir... ça ne se peut pas que
vous n'ayez pas des données plus fraîches que celle-là, mais on va travailler
avec celles qu'on a ici. Et l'année 2018 nous révèle qu'on a
2 117 étudiants qui ont gradué, donc c'est décerné... c'est le
baccalauréat à l'enseignement primaire.
Je ne suis pas une spécialiste, mais il me
semble que ça ne répond pas aux besoins du marché du travail dans ce domaine-là. Est-ce que vous faites comme des projections du nombre d'enseignants que
le Québec aura besoin, au cours des cinq ou 10 prochaines années,
pour être capable d'évaluer le nombre d'étudiants que vous allez admettre dans
ces facultés-là? Comment ça marche?
Mme
McCann : C'est une excellente question. Alors, oui, Mme la Présidente, avec le consentement, si vous êtes d'accord, si l'Assemblée est
d'accord pour donner la parole au sous-ministre adjoint là-dessus...
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
y a consentement, Mme la députée de l'Acadie?
Mme
St-Pierre : Oui,
oui, oui.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous pouvez y aller.
M.
Bergeron (Simon) : Bien, en
fait, la question, Mme la
Présidente, c'est vraiment
de voir comment le ministère joue son rôle pour bien assurer l'adéquation entre
la formation, les besoins du marché
du travail et la réponse des programmes
de formation. C'est vraiment, je pense, ce que la députée veut, dans le fond,
que j'élabore un peu là-dessus.
L'idée c'est
que, vraiment, le ministère, à ce niveau-là, il travaille vraiment
à deux niveaux, on travaille autant sur le niveau qualitatif que le niveau quantitatif. Je m'explique. Le niveau
qualitatif, c'est pour s'assurer que les programmes de formation
répondent bien aux besoins des compétences qui évoluent dans le marché, ça fait
que, donc, il faut faire des actions à ce
niveau-là. Mais il faut le faire aussi au
niveau quantitatif pour être certain
qu'on répond à ces besoins-là dans les
nombres adéquats puis surtout qu'on répond aux nouveaux besoins émergents quand
il y en a sur le marché du travail.
C'est sûr que
ce travail-là se fait en collaboration avec l'ensemble, bien, de plusieurs des... en fait, plusieurs ministères et
aussi les partenaires du marché du
travail avec lesquels on travaille
étroitement, les gens qui sont à la Commission, par
exemple, des partenaires du marché du
travail, pour bien faire un suivi, annuellement, là, des besoins de
main-d'oeuvre et, en fonction de ces
besoins de main-d'oeuvre là, bien, d'essayer de comprendre pourquoi que, dans
certains cas, il peut y avoir des
déséquilibres. Est-ce que c'est parce que la formation est insuffisante? Est-ce
que c'est qu'il manque de... Il faudrait déployer des nouveaux programmes dans des nouveaux cégeps ou des
programmes existants dans d'autres collèges parce que, par exemple, il y a des besoins de
main-d'oeuvre ou, dans certains cas, ça peut vouloir dire de réviser nos
programmes parce qu'on s'aperçoit
qu'ils ne répondent plus tout à fait, les compétences n'ont peut-être pas...
ont changé, sur le marché du travail, et il faut les faire évoluer dans
ce sens-là.
Donc, je vous
dirais, nous, il faut qu'on... On fait des évaluations, autant sur le plan
qualitatif, puis, pour ça, il y a des
études qui se font, on fait ça avec différents groupes d'entreprises,
entrepreneurs qui ont des connaissances particulières sur le marché du travail puis dans leurs
industries, pour bien identifier les besoins de main-d'oeuvre. Ça, ça nous
permet vraiment d'identifier dans
quelle mesure les compétences des gens ont changé. Puis, si c'est le cas, bien
là, on peut ajuster nos programmes en
cohérence avec ça. C'étaient des... Puis si on... Ça, donc, c'est toujours pour
le volet qualitatif. Et, au niveau
quantitatif, bien, avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité, on a vraiment des modèles qui sont bâtis, qui nous permettent
d'estimer quels sont les déséquilibres sur chacune des professions.
On est
presque 4,3 millions ou 4,4 millions de travailleurs, au Québec, qui sont divisés en professions,
en un certain nombre de professions, puis, en fonction de ces
professions-là, on est capables d'établir dans quelle mesure il y a des besoins
de travailleurs dans un domaine ou dans un
autre. Puis, s'il y a des besoins, il y a vraiment des déséquilibres, bien,
dans ces cas-là, on va bonifier ce
qui... puis là pour le... on va bonifier la formation : soit on va mettre
des nouveaux programmes, soit on va
inciter, on va essayer d'inciter les étudiants à aller dans ces programmes-là,
on va inciter des établissements à développer des nouveaux parcours. Ça
peut être d'amener des établissements collégiaux, par exemple, à définir des programmes de travail alternance études ou des
apprentissages en milieu de travail. Parce qu'on peut s'apercevoir que, dans une région donnée, on a besoin de
techniciens, par exemple, en génie mécanique puis que, pour une raison
quelconque, le programme attire
moins. Bien, on va essayer d'aider à améliorer l'attraction du programme pour
qu'éventuellement il y ait des jeunes
qui y aillent, parce qu'on sait qu'ils ont une job, entre guillemets, quand ils
vont sortir. Je vous dirais, en gros, là, en sommaire, c'est un peu ce
qu'on fait.
Mme
St-Pierre : Est-ce que les
partenaires du marché du travail vous incitent... ou vous parlent de
l'importance de parler une autre
langue ou est-ce que vous abordez ces questions-là avec les partenaires du
marché du travail? Parce qu'on voit
que... Il y a quand même eu l'autorisation de permettre au cégep Dawson
d'accueillir plus d'étudiants en formation académique, au collégial, en anglais. Est-ce que les partenaires du
marché du travail vous disent : On a besoin que ceux qui sortent des universités et des cégeps aient plus
de connaissances ou si c'est une question que vous n'abordez pas avec
les partenaires du marché du travail, la question linguistique?
• (22 h 10) •
M.
Bergeron (Simon) : Je vous
dirais, de façon plus générale, habituellement, on le fait, ça, sans trop
regarder la question de la langue. On
regarde les besoins de main-d'oeuvre au Québec puis on essaie d'y répondre.
Bien, c'est sûr qu'au niveau... Ça,
c'est vraiment au niveau quantitatif. Au niveau qualitatif, ça peut arriver
que, des fois, il peut y avoir des
besoins rattachés à des connaissances spécifiques, là. Je vous dis que ça peut
arriver, mais, de façon générale, nous, ce qui est important, c'est qu'on regarde les grands nombres puis les
besoins par profession, puis, habituellement, on le fait plus de façon à identifier les besoins des
entreprises du Québec. On n'est pas... on ne distingue pas tant, là, pour la
langue, là.
Mme
St-Pierre :
O.K. Donc, pour revenir à mes étudiants qui ont choisi la profession
d'enseignant, là, on ne parle pas des partenaires du marché du travail,
mais on parle quand même du ministère de l'Éducation, qui a des besoins. Puis ce qui était, avant, les commissions
scolaires, qui sont devenues des centres de services, est-ce que 2 000
étudiants, Mme la ministre, 2 000
gradués, est-ce que ça vous apparaît un chiffre suffisant pour combler les besoins? Moi, je n'ai pas les chiffres des besoins, mais je pense que ce
n'est pas suffisant, 2 000 étudiants qui graduent en 2018. Est-ce
qu'en 2019 il y a eu un plus grand nombre
d'étudiants qui ont gradué? Peut-être que vous les avez, les réponses. Nous, on
ne les a pas, on ne les a pas eues
dans les questions qu'on a demandées... les questions qu'on a posées. Est-ce
que vous avez des évaluations du
nombre d'étudiants ou du nombre de nouveaux enseignants dont vous avez besoin
pour les prochaines années, dont le Québec a besoin? Est-ce que vous
avez ces chiffres-là au ministère de l'Enseignement supérieur?
Mme
McCann : Oui, bien, s'il y a
consentement, je vais laisser le sous-ministre adjoint répondre puis je vais
mentionner, par la suite, un
programme de bourses quand même intéressant pour attirer, justement, des
étudiants en enseignement. Mais, s'il y a consentement...
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
y a consentement. Vous pouvez y aller, M. Bergeron.
Mme McCann : ...le sous-ministre
adjoint, M. Bergeron.
M.
Bergeron (Simon) : En fait,
en complément, c'est qu'il y a beaucoup de programmes. Il y a eu différentes
mesures qui ont été mises de l'avant pour
valoriser la profession, pour attirer des gens, que ce soient les bourses aux
enseignants, les programmes de
mentorat pour aussi aider les enseignants qui sont en début de carrière. Ça
fait que, donc, c'est tous des moyens
pour essayer d'attirer et de faire en sorte que les... Avec les programmes de
bourses de soutien, aussi, à la persévérance, pour la réussite des stagiaires, qui s'appliquent aussi aux gens qui
sont dans les programmes en enseignement, bien, on essaie de s'assurer qu'ils vont aller jusqu'au
bout de leur programme et puis qu'ils vont graduer, ils vont réussir. C'est
toutes des initiatives qui permettent, on l'espère bien, effectivement,
de graduer en nombre suffisant.
Mme
St-Pierre : O.K.
Donc, puisqu'on parle des besoins du marché du travail, il y a des besoins qui
vont se développer en intelligence
artificielle, des besoins énormes en intelligence artificielle. Le cégep
Bois-de-Boulogne, dans mon comté, a un projet qui est sur votre table à
dessin, de 38 millions de dollars, qui nécessitera un agrandissement de 38 millions de dollars. Et c'est un projet
qui est intéressant parce que c'est un partenariat avec l'Université de Montréal, donc
des étudiants qui pourront être formés à la fois au moment du cégep, certains
cours pourront être crédités, lorsqu'ils vont entreprendre leur parcours académique, et avec l'Université de Montréal qui, on le sait, est vraiment développée dans
le domaine de l'intelligence artificielle.
Je comprends que la COVID va peut-être freiner certaines choses, mais il ne
faut pas que la COVID freine l'avenir du Québec, il ne faut pas... Puis, en intelligence artificielle, on est
en train de développer une réputation extraordinaire. Donc, est-ce que... Comment je dirais ça? C'est-à-dire,
tout le monde a été traumatisé par la COVID, mais, en même temps, il faut, je pense, que vous soyez en mesure d'arriver avec des projets, quand on va être
sorti, c'est-à-dire voir plus loin que ce qu'on voit maintenant. C'est sûr que, là, on a l'arbre puis on ne voit pas la
forêt, mais, à un moment donné, ça va s'éclaircir, puis les besoins du
marché du travail vont être importants.
Est-ce que ce dossier-là du cégep de
Bois-de-Boulogne vous a, d'abord, été présenté et, s'il ne vous a pas été présenté, bien, est-ce qu'il y aurait, à votre
avis, une ouverture pour qu'on puisse vous présenter ce projet-là du cégep
Bois-de-Boulogne?
Mme
McCann : Oui, certainement qu'il y a une ouverture pour qu'on présente ce projet-là.
J'ai eu beaucoup, beaucoup de breffage, depuis que je suis arrivée
en fonction, là. Les équipes, là, c'est moi qui leur demandais d'arrêter,
à un moment donné, parce que le cerveau
n'était plus capable d'absorber. Mais je vais certainement demander une
présentation sur le projet de
Bois-de-Boulogne, là, du cégep de Bois-de-Boulogne. Puis je trouve que votre
point est très important, qu'il faut
penser au-delà de la pandémie, qu'il faut déjà penser après la pandémie. Et,
même la pandémie, malgré les grandes difficultés
et les côtés terribles de cette pandémie, il y a des opportunités. Alors, il
faut faire les deux, il faut saisir les opportunités puis voir au-delà, l'après-pandémie pour le
Québec, avoir cette vision-là. Donc,
j'aurai certainement la présentation du projet du cégep.
Mme
St-Pierre : O.K. Il y avait une belle vision qui avait été développée par
votre prédécesseure, ma collègue, et, le 30 mai 2018, le gouvernement du
Québec annonçait le Plan d'action numérique en éducation et en enseignement supérieur, La réussite au coeur de la
révolution numérique, qui avait été fait par le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport,
M. Sébastien Proulx, et également la ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Condition féminine : «Avec ce
plan d'action numérique en éducation et en enseignement supérieur, le
gouvernement reconnaît l'éducation et l'enseignement
supérieur comme la clé qui permettra au Québec de s'adapter à la révolution
numérique, quatrième révolution d'importance
après la mécanisation, l'électrification et l'industrialisation. Ainsi, une
somme totalisant près de 1,2 milliard de dollars est accordée pour la mise en oeuvre de ce plan, qui se
poursuivra jusqu'en 2023.» Donc, trois grandes orientations qui guident le plan numérique : on parle de
«soutenir le développement des compétences numériques des jeunes et des
adultes; exploiter le numérique comme vecteur de valeur ajoutée dans les
pratiques d'enseignement et d'apprentissage; créer un environnement propice au
déploiement du numérique dans l'ensemble du système éducatif».
Donc, ma question pour vous, Mme la
ministre : Est-ce que le plan annoncé par le gouvernement libéral, qui proposait plusieurs mesures qui seraient utiles,
dans le contexte actuel, est-ce que ce plan... est-ce que vous pouvez nous
parler quel est le plan, de votre plan? Et
quel est l'avancement des travaux sur le plan numérique? On peut comprendre
qu'il y ait peut-être un certain
ralentissement, là, tout le monde est capable de comprendre cela, mais, quand
même, 2023, c'est demain matin.
Mme McCann : Oui, et c'est un plan
de grande envergure. On parle d'effectivement 33 mesures et on veut moderniser l'offre de formation. On veut exploiter
de façon optimale le numérique, les pratiques innovantes et on veut
mettre en place un cadre bien adapté.
Il y a deux
mesures particulières, là, qu'on doit souligner. Les combos numériques :
«les équipes-écoles [qui sont invitées
à] sélectionner des équipements variés — excusez-moi, je lis parce que je ne veux pas
manquer d'éléments, parce que c'est
très important — en
fonction de leur réalité et de leurs besoins, parmi trois catégories, la
robotique, le laboratoire créatif
[...] la flotte d'appareils», puis de la formation qui est aussi offerte pour
que le personnel puisse utiliser ces équipements. Il y a aussi le eCampus dont j'ai entendu parler
de façon plus spécifique, le eCampus Québec, qui va regrouper l'offre de
formation à distance des collèges et universités, les rendre plus accessibles.
Ça aussi, c'est fort intéressant.
Alors, pour
2019‑2020, les investissements prévus sont de 236 millions, dont
200 millions qui avaient été annoncés dans le plan économique de mars 2018. Et les grandes cibles, en 2018‑2019,
de mise en oeuvre de ce plan-là, elles ont été atteintes. Et il y a beaucoup d'actions structurantes qui ont été
posées. Et le budget 2019‑2020, bien, on a voulu assurer qu'il y ait
des budgets disponibles pour le poursuivre.
Alors, en juin 2019, on a dévoilé, au gouvernement du Québec, la Stratégie
de transformation numérique gouvernementale
2019‑2023, qui est beaucoup portée par mon collègue le ministre délégué à la Transformation numérique, M. Caire.
Alors, les grandes ambitions de cette transformation numérique... puis il y a
un arrimage, effectivement, avec l'éducation
et l'enseignement supérieur. Donc, je viens confirmer que c'est en marche,
et ça va se poursuivre, ce grand plan d'action numérique.
• (22 h 20) •
Mme
St-Pierre : Je
vais terminer ce volet-là, on arrive à la fin des crédits. C'est sûr que vous
allez voir dans ma question, évidemment, mon engouement pour les relations
internationales et le rôle que le Québec peut jouer à l'international. M. Paul Gérin-Lajoie, avec la doctrine
Gérin-Lajoie, avait établi cette doctrine selon laquelle ce qui est de compétence, au Québec, est de compétence aussi
à l'international, et la première entente qui a été signée, première de l'éducation, a vraiment une réputation
exceptionnelle. Je l'ai vu, je l'ai constaté dans mes anciennes fonctions, je
l'ai vu sur le terrain et je l'ai vu avec les partenaires de
l'Organisation internationale de la Francophonie.
Je reviens sur les mauvais messages, les
messages plutôt négatifs qui ont été envoyés à la communauté internationale. Et le Québec peut jouer un rôle,
dans le sens que le Québec est un vaisseau amiral, je dirais, de la défense de
la langue française en Amérique du Nord, et,
dans le domaine de l'enseignement, bien, on peut faire profiter nos
partenaires, à l'international, de notre expertise. Et les universités
et les cégeps ont développé aussi des volets internationaux.
Est-ce
que, dans votre vision, comme ministre de l'Enseignement supérieur... Parce
qu'on n'en a pas entendu parler, au
cours des deux dernières années, le volet international est un volet qui
semble, je dirais... je ne dirais pas négligé, peut-être que le mot est trop fort, mais c'est un volet qui
semble oublié. Comment, vous, comme nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur, vous voyez votre rôle? Vous allez
probablement me dire que vous allez parler à votre collègue des Relations
internationales, mais je peux vous dire que
vous pouvez jouer un rôle à l'international. Est-ce que vous voyez une vision
du ministère de l'Enseignement
supérieur, par rapport à cette question-là et au rayonnement que vous... et au
rôle que le Québec peut jouer en
termes de... Je pense à l'ENAP, qui a des relations avec d'autres pays. Je
pense à l'ENAP, d'ailleurs, qui est installée à Dakar, au Sénégal, là.
Il va y avoir des choses à... il va y avoir, je dirais, des relations à refaire
avec notre partenaire sénégalais, à
reconstruire. Mais vous vous situez où? Parce qu'on n'en a pas entendu parler,
vous avez été... votre gouvernement a
été silencieux sur ces questions-là, et on ne sent pas un appétit pour l'apport
que le Québec peut jouer à
l'international dans le domaine de l'éducation.
Mme McCann : Bien, moi, je pense que... vous l'avez bien dit,
d'ailleurs, qu'on a déjà une excellente réputation, le Québec, à l'international, mais il faut aller
plus loin. Et le chantier dont je vous ai parlé, sur l'université du XXIe siècle, il y
aurait et il pourrait y avoir, certainement, un volet international. C'est
indissociable.
Il y a aussi
la question des cégeps, vous allez me dire, et avec raison. D'ailleurs, c'est
plus englobant. Mais le volet international
est enchâssé dans la vocation de nos universités et de nos cégeps. Bon, cégep,
ça se développe davantage, là; les
universités, ça fait longtemps. Et, si on pense juste au domaine de la
recherche, ce qui se fait au niveau international, actuellement, mais les échanges aussi, alors, oui,
ça fait partie de la vision, et moi, j'accueille ça avec beaucoup
d'enthousiasme. J'ai beaucoup
d'intérêt pour cette question-là et je vais l'enchâsser dans le chantier de
l'université du XXIe siècle au Québec.
Mme
St-Pierre : Bien, moi, je vous
invite à rebâtir les ponts parce qu'ils ont besoin d'être rebâtis puis ils ont
besoin, je dirais, d'être bonifiés.
On a vu, avec ce qui s'est produit, avec notre partenaire sénégalais, qu'il y a
des ponts à reconstruire. Et je peux
vous le dire parce que j'en ai personnellement entendu parler. Il y a des ponts
à reconstruire, et je pense qu'avec une
vision internationale de l'enseignement supérieur il y a quelque chose à aller
chercher là ou, enfin, à... c'est quelque chose que vous pouvez continuer à faire évoluer. Et je souhaite que vous le
fassiez puis je souhaite que vous preniez ce dossier-là vraiment en
main.
Parce que, je
répète, je l'ai dit au début et je vais le dire en conclusion, ce soir, on a
senti un abandon, et les gens sur le
terrain l'ont senti, un abandon de l'enseignement supérieur, un abandon du
milieu. Les gens ne se sont pas sentis écoutés. On a senti qu'il y avait de l'improvisation, qu'il y avait une... qu'on
ne se souciait pas des problèmes que les étudiants, le corps enseignant, que les cégeps et les
universités pouvaient vivre. Et j'espère que vous allez vous mettre à la tâche.
Je pense que vous êtes capable de le faire.
Mais, en même temps, sachez que c'est deux ans de perdus. Il y a eu deux ans
qui ont été perdus. Je ne doute pas
de la qualité des équipes que vous avez en place, au ministère de
l'Enseignement supérieur, mais, quand
il y a un pilote à bord, ça va beaucoup mieux... ou un capitaine sur le bateau,
ça va beaucoup mieux, et ça n'a pas été le cas au cours des dernières
années. L'improvisation a été là. Il y a eu un abandon, un manque de vision.
Alors, moi,
ce que je souhaite pour les prochains mois, c'est de voir qu'on a... on redonne
une vision de l'enseignement supérieur
au Québec. C'est tellement important. C'est l'héritage de
Paul Gérin-Lajoie. Pour Paul Gérin-Lajoie, un peuple qui est éduqué, c'est un peuple qui est riche. On
s'enrichit en étant éduqué, en ayant une formation, et je pense qu'il ne faut pas perdre ça de vue. Il ne faut pas avoir une vision
comptable de l'enseignement supérieur, mais il faut le voir comme étant une façon de faire avancer le peuple québécois. Et
le nationalisme, il passe par là. Alors, c'est un peu la conclusion de
mon commentaire ce soir. Est-ce qu'il me reste encore plusieurs minutes?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Une minute.
Mme
St-Pierre : Une minute? Alors,
écoutez, ça m'a fait plaisir d'être ici ce soir pour ces crédits. Je souhaite
que l'année prochaine... je pense que
vous étiez, évidemment, au début de votre mandat, mais, l'an prochain, on
pourra avoir des chiffres peut-être
plus à jour. C'est un message que j'envoie à votre équipe. Et, lorsqu'on pose
des questions, bien, sachez qu'on lit
les réponses. Ce n'est pas du papier qui s'en va... on lit les réponses aux
questions qui nous sont envoyées. Et
là c'est un peu frustrant de voir que, vraiment, ce n'est pas mis à jour. Et le
temps était là, vous aviez le temps de mettre à jour les réponses. On a eu les réponses, je pense, de l'an dernier
dans les questions qu'on a posées cette année. Alors, c'est un petit
reproche que je vous fais, mais je pense que j'ai confiance que l'an prochain
on va avoir des réponses à nos questions. Merci.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, merci tout le monde pour les belles discussions
et la belle collaboration ce soir.
Documents déposés
En terminant, je vais déposer les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission ayant
accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 29)