Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jeudi 7 novembre 2019
-
Vol. 45 N° 45
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-deux minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
Nous allons débuter nos travaux. Merci. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée
par M. Lévesque (Chapleau); Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata); et Mme Melançon (Verdun) est
remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, cet avant-midi, nous entendrons, tout d'abord, l'Association des
directions générales des commissions scolaires et, par la suite, l'Institut du
Nouveau Monde.
Donc, sans plus tarder, M. Maltais,
j'imagine que vous allez nous faire la présentation de votre mémoire et nous
présenter les gens qui vous accompagnent, et, par la suite, il y aura des
échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
M. Maltais (Lucien) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre de l'Éducation, mesdames et
messieurs les députés, je me présente, Lucien Maltais, président de l'Association
des directions générales des commissions scolaires et directeur général de la
commission scolaire des Chênes. À ma droite, je suis accompagné de
M. Normand Lessard, vice-président de l'association et directeur général
de la commission scolaire Beauce-Etchemin. À ma gauche, je vous présente
M. Sylvain Racette, président de l'association des directions générales
des commissions scolaires anglophones et directeur général de la commission
scolaire Riverside et, au bout à gauche, par M. Michel Bernard, secrétaire
général qui a déjà été directeur général de la commission scolaire de la région
de Sherbrooke.
Nous sommes ici pour représenter les
directions générales des commissions scolaires francophones et anglophones du
Québec, et nous vous remercions de nous donner l'occasion de vous soumettre nos
commentaires sur le projet de loi n° 40, en espérant qu'ils vous soient
utiles.
D'emblée, l'ADIGECS reconnaît que le
réseau, déjà performant, doit continuellement s'améliorer et optimiser ses
façons de faire, que ce soit sur le plan des mécanismes de collaboration sur
des éléments qui permettront de se centrer davantage sur les conditions
optimales menant à la réussite des élèves. Nous sommes engagés à ce que la
réussite soit toujours la priorité de nos actions et celle du réseau. On
retrouve…
M. Maltais (Lucien) : ...que ce
soit sur le plan des mécanismes de collaboration sur des éléments qui
permettront de se centrer davantage sur les conditions optimales menant à la
réussite des élèves. Nous sommes engagés à ce que la réussite soit toujours la
priorité de nos actions et celles du réseau. On retrouve notamment, dans le projet
de loi, le maintien du plan d'engagement vers la réussite, une approche
collaborative de gestion axée sur la réussite et le résultat des élèves
permettant une vision commune, rassembleuse et cohérente des actions à
prioriser par tous les acteurs du réseau. Cette vision cohérente doit impliquer
les établissements dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'un projet éducatif
qui doit tenir compte de ce plan d'engagement vers la réussite. Or, nous sommes
très préoccupés de constater la disparition des possibilités d'interventions
explicites et des mécanismes de régulation nécessaires à l'intervention de la
direction générale à l'endroit des établissements.
Au cours des dernières années, c'est cette
approche de gestion axée sur les résultats qui a d'ailleurs permis un virage
important vers l'enjeu de la réussite. Le taux de diplomation a augmenté de 4,1 %
en cinq ans et de 9,9 % en 10 ans. Ceci a permis d'atteindre maintenant
81,8 % de taux de diplomation, et même de dépasser la cible
gouvernementale qui était établie à 80 % en 2020. Pour nous assurer de
conserver ce site d'amélioration de la réussite des élèves, nous demandons de
maintenir la possibilité, pour la direction générale, d'intervenir auprès des
établissements qui pourraient s'éloigner du sens à donner à leur projet
éducatif. En effet, il est essentiel de maintenir, sinon de renforcer, la
cohésion et la cohérence des actions vers une vision commune et partagée au
sein de l'organisation, laquelle s'actualise dans le plan d'engagement vers la
réussite autour duquel tous les acteurs de la réussite doivent converger.
C'est pour appuyer cet élément essentiel
que nous avons inclus, dans notre mémoire, une illustration d'un cadre de
cohérence documenté, et duquel s'inspirent, depuis quelques années, les
différents acteurs. Il met en évidence les meilleures pratiques par un
leadership partagé et les conditions optimales favorisant la réussite des
élèves, et ce, autour d'une vision commune. Cette vision commune orientée vers
les déterminants de la réussite et les pratiques reconnues efficaces ne peuvent
trouver leur sens que dans la mesure où la direction générale exerce pleinement
son leadership éducatif et administratif.
Nous recommandons donc que les
interventions de la direction générale puissent se faire également sur les
objectifs et les cibles choisis par l'établissement, dans le cadre du projet
éducatif, afin de s'assurer que les meilleures pratiques y soient privilégiées
et qu'elles soient en adéquation avec le plan d'engagement vers la réussite et
avec la planification stratégique du ministère.
Dans le même esprit, nous recommandons que
l'évaluation périodique du projet éducatif soit également acheminée à la
commission scolaire ou au futur centre de services scolaire. Ceci permettra à
la direction générale de faire les interventions pertinentes lors de la
démarche de supervision des directions d'établissement.
En matière de gouvernance, compte tenu de
la position des directions générales au titre de premiers dirigeants, et
considérant que le conseil des commissaires actuel a comme seul employé le
directeur général, nous jugeons important d'exercer un devoir de réserve et de
demeurer neutre dans ce débat relatif au maintien ou non du conseil des
commissaires. Cependant, puisque le gouvernement a comme intention, par ce
projet de loi, de transformer les conseils de commissaires en conseils
d'administration, nous souhaitons vous soumettre nos commentaires. Ceux-ci
porteront notamment sur la contribution plus importante des parents, du
personnel et des représentants de la communauté aux décisions et aux
orientations que prendra le futur centre de services scolaire. Depuis quelques
années, nos pratiques pédagogiques et de gestion se sont modifiées pour prendre
appui sur la recherche et les pratiques reconnues efficaces. C'est avec cette
visée que nous avons réfléchi à ce que pourrait être le modèle de conseil
d'administration idéal basé sur les meilleures pratiques. Nous nous sommes
permis de vous le décrire dans ce mémoire. Par contre, puisque la proposition
du projet de loi diffère de ce modèle idéal, nous vous proposons des
modifications qui pourraient s'avérer satisfaisantes. Toutefois, dans la
réalité quotidienne, lors des travaux du conseil d'administration, certaines
modalités proposées risquent d'engendrer certaines dérives et des conflits
d'intérêts.
• (11 h 40) •
Nous accueillons positivement la volonté
du ministre d'instituer, par le futur centre de services scolaire, un comité
d'engagement pour la réussite des élèves. Notre association s'était déjà
manifestée en ce sens lors des consultations antérieures. Nous reconnaissons
alors la valeur ajoutée d'un tel comité pour s'appuyer sur la collaboration et
l'expertise partagée, afin...
M. Maltais (Lucien) :
...par le centre de services... par le futur centre de services scolaires, un
comité d'engagement pour la réussite des élèves. Notre association s'était déjà
manifestée en ce sens lors des consultations antérieures. Nous reconnaissons
alors la valeur ajoutée d'un tel comité pour s'appuyer sur la collaboration et
l'expertise partagée afin de favoriser la réussite de nos élèves.
D'ailleurs, des comités de pilotage ont
été mis en place dans la plupart des commissions scolaires. Ces comités ont
permis de faire l'analyse des résultats, le déploiement et le suivi de leur
plan d'engagement vers la réussite, et ce, en s'assurant de la cohérence des
projets éducatifs des établissements avec le plan. Comme évoqué précédemment,
il ne manque donc qu'un mécanisme de régulation formelle dans ce projet de loi
pour en assurer toute sa valeur ajoutée.
M. Racette (Sylvain) : En
ce qui concerne les commissions scolaires anglophones pour lesquelles une
certaine forme d'élection scolaire est maintenue, les directions générales de
ces commissions scolaires identifient deux types de préoccupation liés au
projet de loi n° 40.
Le premier, d'ordre pratique, concerne les
ressources humaines et financières liées à cette opération, qui se fera sur un
cycle plus court ainsi que la fenêtre plus mince que ce délai raccourci offre
pour entreprendre des projets d'envergure.
Le second, d'ordre plus fondamental, porte
sur la compatibilité des restrictions imposées aux candidats possibles pour les
postes d'élus et conséquemment sur les restrictions imposées à la communauté de
choisir les élus qu'elle juge les plus aptes à les représenter, avec le droit
constitutionnel de la communauté anglophone de gérer et contrôler ses
institutions.
M. Maltais (Lucien) :
Enfin, nous avons regroupé plusieurs recommandations qui font bien sûr
référence aux principaux éléments évoqués précédemment, mais qui permettent
aussi d'approfondir notre réflexion et de bonifier le projet de loi concernant
d'autres dispositions.
Nous vous remercions de votre attention et
sommes disponibles pour répondre à vos questions. Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. Maltais et M. Racette.
Donc, sans plus tarder, du côté ministériel pour environ
15 min 30 s, M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation, pour votre mémoire, tout ce
que vous avez dit. Merci, malgré tout, d'avoir participé à l'exercice. On s'est
parlé à quelques reprises dans les derniers mois pour travailler en amont du
dépôt du projet de loi, comme on l'a fait avec tous les groupes. Et je vois que
votre réflexion s'est poursuivie au fil de ces échanges-là. Puis on va prendre
bonne note de vos très nombreuses recommandations. Je vous en remercie
sincèrement. C'est le genre de contribution qu'on souhaite.
Et ce n'est pas évident... hier soir... Et
je fais un aparté, ça ne vous concerne pas directement, mais hier soir j'ai
reçu des appels fort inquiétants de cadres scolaires, de directions générales,
et je... pas vous personnellement, mais de cadres scolaires, de directions
générales, de directions d'école qui subissaient d'importantes pressions de la
part des conseils des commissaires... pas tous, bien sûr, mais qui subissaient
d'importantes pressions pour ne pas collaborer à la bonification de ce projet
de loi, pour ne... d'aucune façon, aider ou même ajouter leur pierre aux
modifications qui s'en viennent. Et je déplore ça ici ce matin et je vous
remercier de participer, avec votre devoir de réserve, puis vous le faites
très, très bien, je ne prétends pas que vous avez modulé vos interventions
suite à ça, vous l'avez très bien exprimé. Vous dites : Bien, puisque le
projet de loi est là, allons-y. Mais je sais qu'il y a des gens parmi vos
membres qui vivent des moments difficiles en ce moment.
Maintenant, par rapport à la constitution
du conseil d'administration, qui pourra remplacer le conseil des commissaires,
vous nous dites à la page 38 : «Concernant la composition du conseil
d'administration...», à votre recommandation 12, bon, vous y allez plutôt
avec une répartition différente, cinq, cinq, cinq, donc cinq parents, cinq
employés, cinq membres de la communauté, et vous rajoutez : «avec profil
d'expertise».
Est-ce que vous pouvez nous expliquer
davantage qu'est-ce que vous souhaitez comme profil d'expertise, puis pourquoi
c'est si important d'avoir des profils d'expertise pour ces gens venant siéger
sur le C.A. à titre de membres de la communauté?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Oui. Donc, évidemment, dans le partage, pourquoi, tout d'abord, le cinq, cinq,
cinq? Évidemment, on voulait avoir une situation, au lieu que ça soit face à
face, bien, évidemment, qu'au niveau des pouvoirs ça soit partagé. Évidemment,
on est dans un mode collaboratif pour ne pas qu'un groupe ait plus d'importance
qu'un autre.
Au niveau aussi des employés à la
direction des services éducatifs, pour nous, c'était un joueur important. On
voyait qu'il y avait peut-être pas de place pour un cadre scolaire, puis nous,
on croyait que peut-être la présence d'un cadre... directeur des services
éducatifs était de quoi d'important, surtout avec la mission que la commission
scolaire a, ou que le futur centre de services aura si le projet de loi est
adopté...
M. Maltais (Lucien) : ...un
cadre scolaire puis nous, on croyait que, peut-être, la présence d'un cadre...
le directeur des services éducatifs était de quoi d'important, surtout avec la
mission que la commission scolaire a, ou que le futur centre de services aura,
si le projet de loi est adopté.
Pour ce qui est en lien avec les profils
d'expertise, bien, évidemment, il faut comprendre que les organisations des
centres de services scolaires, les futurs centres de services ou présentement,
les commissaires, c'est des grosses organisations. Donc, évidemment, il faut
penser que c'est l'ensemble des écoles, des établissements primaires,
secondaires, formation générale des adultes, formation professionnelle, pour
lequel sont déployés sur un vaste territoire et pour lequel il peut y avoir des
enjeux spécifiques.
Donc, pour nous, l'organisme, l'instance
décisionnelle doit avoir des compétences propres, que ça soit en finances, en
ressources humaines, au niveau de la communauté, au niveau des ressources
matérielles, et c'est là l'apport de la communauté, hein, parce qu'évidemment,
on va comprendre que notre système public appartient à la population. D'avoir
des gens de la communauté avec des profils d'expertise qui peuvent nous aider à
avoir une vision, un regard, une vue d'ensemble du système avec leurs
compétences propres.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Bien sûr,
rien n'empêche, de toute façon, les gens qui viennent du réseau lui-même...
amènent leur vision, leur expertise, l'enseignant, l'employé de soutien, la
direction d'école, amènent cette expertise-là, c'est évident. Bien sûr, les
parents n'ont pas que la qualité d'être parents, hein, ils peuvent être
travailleurs sociaux ou ils peuvent provenir du milieu des arts, du milieu des
sports, ils peuvent être eux-mêmes administrateurs de haut niveau, ils ne sont
pas que parents, bien sûr. Mais l'idée d'introduire, peut-être, ces profils
d'expertise pour les membres de la communauté vient peut-être apporter une
garantie qu'il y aura une meilleure représentativité puis qu'on aura, sur le
conseil d'administration, toutes les qualités et les compétences nécessaires
pour prendre des décisions administratives sur des budgets qui sont quand même
considérables.
Vous avez amené plusieurs points, mais je
voudrais revenir sur celui de la gestion collaborative qui fait sa place, là,
bon an, mal an, à l'intérieur du réseau. Certaines directions d'école ont dit
que le projet de loi allait peut-être faciliter, améliorer la gestion
collaborative. Quelle est votre opinion par rapport à ce projet de loi là et
cette idée d'avoir une implication plus grande des acteurs du milieu dans la
gestion l'administration? Est-ce que c'est statu quo? Est-ce que ce projet de
loi là facilite la gestion collaborative? Quelle est votre opinion à ce sujet?
M. Maltais (Lucien) : Bien,
nous, dans le fond, on prend acte de la volonté ministérielle de faire un pas
de plus vers la collaboration. Vous savez, les directions générales exercent un
leadership très fort au niveau du réseau. Juste pour vous donner comme exemple,
il y a un projet qui se déploie qui s'appelle le projet CAR : collaborer,
apprendre, réussir, qui est déployé à travers tout le réseau, où les directions
générales, de par leur initiative avec le support de la Fondation Chagnon, ont
utilisé leur leadership pour mettre en place des équipes collaboratives, des
communautés de pratique, des communautés d'apprentissage professionnel, et ce,
à différents paliers.
Donc, des directions générales qui
travaillent ensemble pour améliorer leurs pratiques à l'intérieur des
commissions scolaires afin de faire réussir plus d'élèves, des directions
générales qui animent, à l'intérieur de leurs organisations, les équipes
collaboratives de direction d'école, pour que les directions d'école avec les
meilleures pratiques puissent installer dans leur milieu des équipes
collaboratives, et les équipes-écoles qui, elles, travaillent ensemble pour
améliorer la réussite dans leur milieu.
Vous le savez, je pense, que c'est bien...
on voit dans l'esprit de la loi que la collaboration, c'est un levier très fort
pour faire réussir les organisations. Ensemble, on peut aller plus loin. On
peut se former ensemble, on peut être plus performants, plus efficients, mais
surtout, on peut faire réussir plus d'élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci, puis je
pense que la création du comité d'engagement envers la réussite va dans cette
direction-là, certainement, mais bien sûr qu'on pourra y apporter des
modifications à ce comité-là, suite à vos recommandations, mais je pense qu'on
va directement, quand même, dans une gestion collaborative puis une implication
des divers acteurs sur les leviers qui vont amener la réussite scolaire. Puis
il y a quand même d'autres personnes qui sont passées avant vous qui ont dit,
justement, que ces éléments-là, spécifiquement, venaient donner une couleur aux
projets de loi qui allaient amener la réussite scolaire et la réussite
éducative, parce que je prends bonne note que les gens l'ont mentionné, de ne
pas évacuer la notion de réussite éducative, qui est plus large que celle de la
réussite scolaire.
Sur ces mots, je laisserais, si vous
permettez, Mme la Présidente, mon collègue de Saint-Jean prendre la relève.
La Présidente (Mme Thériault) :
Absolument, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean, il vous reste un peu
moins de huit minutes.
• (11 h 50) •
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la ministre... Mme la Présidente, excusez, je regardais le ministre.
Le ministre l'a souligné, vous avez
beaucoup de recommandations, 34, moi, j'ai beaucoup de petites questions, des
clarifications, surtout, mais gênez-vous pas si vous voulez expliquer davantage
que juste répondre. C'est juste pour régler des détails. Comme par exemple,
dans le mémoire, vous identifiez que la — et vous l'avez dit encore,
ce matin, dans votre résumé — que la plupart des commissions...
M. Lemieux : ...vous avez beaucoup
de recommandations, 34. Moi, j'ai beaucoup de petites questions, des
clarifications surtout, mais gênez-vous pas si vous voulez expliquer davantage
que juste répondre. C'est juste pour régler des détails. Comme par exemple,
dans le mémoire vous identifiez, et vous l'avez dit encore ce matin dans votre
résumé que la plupart des commissions scolaires ont mis en place un comité de
pilotage pour faire l'analyse des résultats.
Est-ce que tous les membres du personnel
scolaire sont mis à contribution? Et est-ce que le suivi de ce... pour assurer
le déploiement et le suivi de tout ça. Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le
comité de pilotage?
M. Maltais (Lucien) : Bien
évidemment, tout d'abord, d'entrée de jeu, c'est vrai que j'aurais pu
mentionner l'initiative du comité d'engagement pour la réussite dans le projet
de loi, c'est une initiative pour nous qui est... on est très favorable.
Maintenant, pour ces fameux comités de pilotage là, bien, être qu'il faut
comprendre, c'est que nous, comme direction générale, ce qu'on veut, c'est
insuffler à l'intérieur de nos organisations à l'aide d'un leadership fort, une
vision commune pour que les gens puissent travailler ensemble. Puis notre
objectif, c'est de faire réussir les élèves. On veut les... On veut avoir des
résultats, puis pour nous, les résultats, c'est la réussite de nos élèves.
Évidemment ces comités-là, pour nous, il
est très clair que ça ne se fait pas tout seul. Évidemment, on a besoin de la
collaboration de tous les acteurs. Donc évidemment, lorsqu'on veut effectuer un
changement, le meilleur moyen pour que ce changement-là puisse atterrir, c'est
la participation, la participation du plus grand nombre, donc dans ces
comités-là, évidemment la participation de tous est privilégiée.
M. Lemieux : Dans votre... Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, M. le député.
M. Lemieux : Dans votre
mémoire, vous faîtes référence, c'est à la page 17, je pense, à un
équilibre dans le partage des responsabilités et des prises de décision.
Comment cet équilibre-là contribuerait au renforcement du principe de
subsidiarité dont on a énormément parlé depuis le début. Alors, ça vous donne
une chance d'en parler davantage.
M. Maltais (Lucien) : Bien
évidemment, oui... Excusez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, il n'y a pas de problème.
M. Maltais (Lucien) : Pardon.
Évidemment, il faut comprendre qu'à l'intérieur d'une organisation, on parle
d'un système, donc il faut regarder les individus et les instances qui ont des
rôles et responsabilités. Et évidemment, en lien avec leurs rôles et
responsabilités, il y a une imputabilité qui est associée. Lorsqu'on est dans
un mode de gestion collaborative, évidemment, on va essayer de trouver la
meilleure façon pour que les rôles et responsabilités soient donnés à la bonne personne,
à la bonne place, au bon moment. Et comment faire ça? Bien dans le principe de
subsidiarité, on veut que les décisions se prennent à la bonne place.
Évidemment, lorsque c'est éducatif, on souhaite que le plus possible, ça soit
près de l'élève.
Donc comment faire tout ça, bien, c'est de
s'assurer qu'en collaboration, en prenant le contexte des organisations puis en
s'assurant que ça réponde aux besoins de l'organisation, parce que vous
comprendrez que des commissions scolaires, il y en a plusieurs. Ils sont des
particularités qui sont différentes. Il y en a qui sont en région urbaine, il y
en a qui sont en région éloignée. Donc, essayer de voir les besoins de
l'organisation, puis ensemble c'est quoi la meilleure façon de répartir nos
rôles et responsabilités.
Donc on pourrait parler là, un document
très populaire dans les commissions scolaires, c'est le règlement de délégation
de fonctions et pouvoirs qui, lui, va traduire évidemment les pouvoirs de
chacun dans l'organisation. Je pense que j'ai mon collègue, M. Bernard,
qui veut compléter.
M. Bernard
(Michel) : En fait, ce qui nous importe le plus, en fait, en
matière de subsidiarité, on est tout à fait favorable au fait que les décisions
se prennent le plus près possible de l'élève. Cependant, en matière d'équité,
c'est le centre de services scolaire qui peut agir pour s'assurer que sur
l'ensemble d'un territoire, c'est la seule instance qui pourrait intervenir
pour s'assurer d'un accès équitable pour tous les enfants du territoire, et
tous les adultes aussi remarquez, et ça, pour nous là, c'est extrêmement
important.
M. Lemieux : M. Maltais,
aimez-vous la sémantique?
M. Maltais (Lucien) : La
sémantique?
M. Lemieux : Oui. Parce que
vous dîtes, attendez... Vous dîtes dans votre mémoire, vous écrivez dans votre
mémoire, puis ce n'est sûrement pas une faute de frappe, c'est trop beau comme
ça,«le centre de services scolaire continue d'être EN SERVICE à la mission
auprès des établissements et non pas AU SERVICE de ces derniers.» J'aime la
sémantique, expliquez-moi.
M. Maltais (Lucien) : Bien
évidemment, nous la notion qu'on fait en service puis au service, c'est la
force du groupe. Vous savez, lorsqu'on est une commission scolaire, puis
peut-être un jour un centre de services scolaires, ce qu'il faut comprendre,
c'est qu'à l'intérieur de l'organisation, on a des rôles et responsabilités,
mais aussi, il y a un sens de partage commun. Donc évidemment, il faut
comprendre que ce n'est pas lui qui crie le plus fort qui va avoir
nécessairement plus de ressources. Puis il y a un travail d'équipe qui doit se
faire. Puis c'est dans ce partage-là, évidemment on va comprendre que dans le
lien d'autorité puis l'arbitrage qui doit se faire, bien la direction générale
a un rôle là-dedans, puis c'est de garder le cap sur des orientations qu'on a
prises.
Ça fait qu'évidemment, si on donne comme
message qu'au service, une direction d'école lève la main, demande quelque
chose puis automatiquement, on lui donne ce qu'elle demande, bien évidemment on
va comprendre que ça, ça pourrait enlever de quoi à une autre école, à un autre
centre. Vous savez, lorsqu'on parle d'une commission scolaire, on pense que...
on pense juste au, mettons, centre administratif, mais le centre administratif,
c'est une petite partie. La vraie vie d'une commission scolaire, c'est les
écoles et les centres. Donc, nous, on doit être un petit peu le chien de garde
de tout ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
La députée de Huntingdon, il vous reste 2 min 30 s à peu près.
Mme IsaBelle : Parfait. Alors,
écoutez, moi, je reviens sur votre point 7, le comité d'engagement pour la
réussite des élèves. C'est un comité, pour moi, qui m'apparaît important...
M. Maltais (Lucien) : ...c'est
les écoles et les centres. Donc, nous, on doit être un petit peu le chien de
garde de tout ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
La députée de Huntingdon, il vous reste 2 min 30 s à peu près.
Mme IsaBelle : Parfait. Alors,
écoutez, moi, je reviens sur votre point 7, le comité d'engagement pour la
réussite des élèves. C'est un comité, pour moi, qui m'apparaît important et
pour vous aussi, hein? Je pense que vous le soulevez. Vous l'avez trouvé, vous
l'avez même mentionné tantôt aussi. Je trouve intéressante votre recommandation
de permettre, par exemple, une flexibilité des profils de qui pourrait
participer, comme justement le membre issu de la recherche.
Où, par contre, je me questionne, c'est
lorsque vous dites aussi d'ajouter à ce comité un gestionnaire responsable de
l'administration scolaire... de l'adaptation scolaire, pardon. Est-ce que ce
n'est pas la personne qui serait issue de la recherche qui pourrait être
responsable de ça aussi? Et pourquoi un gestionnaire et non pas un membre?
M. Maltais (Lucien) : Bon,
évidemment, notre position...
Une voix
: ...
M. Maltais (Lucien) : Oui.
Évidemment, notre position par rapport à ça, c'est que, lorsqu'on va travailler
pour le comité d'engagement pour la réussite, évidemment, on va travailler sur
le Plan d'engagement vers la réussite. Vous savez, les besoins particuliers des
élèves, c'est de quoi d'extrêmement important. Nos gestionnaires, dans nos
organisations, qui est souvent un cadre de services, une direction de services
adjointe, une direction des services éducatifs, bien, eux vont piloter divers
comités, puis je pense que c'est important qu'ils aient la place, à l'intérieur
de ce comité-là, pour s'occuper de nos élèves ayant des besoins particuliers
pour ne pas qu'ils soient oubliés, évidemment. Puis je ne dis pas qu'on les
aurait oubliés, mais évidemment je pense que c'est une place importante, là,
qui doit être faite à l'intérieur du comité.
Mme IsaBelle : O.K. Donc, vous
y voyez vraiment... O.K. Et ce gestionnaire-là, enfin, ça pourrait aussi être
un professionnel, là. Ça pourrait être une autre personne ou ça pourrait être
le membre issu de la recherche. C'est peut-être là... Oui, vous vouliez ajouter
quelque chose.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Bernard.
M. Bernard
(Michel) : Bien, en fait, c'est parce qu'un des
plus importants enjeux, dans le réseau, pour offrir des meilleurs services aux
enfants en difficulté d'apprentissage et handicapés, c'est la répartition des
ressources, et ça appartient aux services éducatifs issus des besoins de chaque
milieu de faire une répartition où tout le monde va avoir des services de
manière équitable et de qualité. Et c'est un gestionnaire qui prend en compte
l'ensemble de ces besoins-là et non pas un professionnel qui pourrait être un
psychologue, quoi qu'ils ont évidemment une compétence pour exprimer des points
de vue, mais pas sur la coordination de l'ensemble des services.
Mme IsaBelle :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté de
l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 20 s.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Tantôt, vous... Merci et bienvenue. Tantôt, M. Bernard
nous a fait référence à l'équité versus égalité. Pouvez-vous juste, en ce
moment, nous expliquer comment vous fonctionnez pour assurer justement l'équité
à travers le réseau?
M. Bernard
(Michel) : Si vous permettez...
Mme Rizqy : Je
vous regarde.
M. Bernard
(Michel) : Ah! vous voulez que je réponde, moi. Bien, écoutez,
historiquement, on a toujours dit : Même dans nos propres organisations...
parce qu'on transige avec nos partenaires qui revendiquent des ressources
toujours, et le mot «égalité» est souvent évoqué, alors que nous, on utilise
toujours le mot «équité», et il y a une différence importante entre les deux.
C'est ce que vous voulez savoir. C'est ce que je comprends.
Égalité, ça veut dire on en distribue
partout pour tout le monde de manière égale. C'est ça, l'égalité. L'équité,
c'est tenir compte davantage des besoins spécifiques. Alors donc, ça appelle à
une certaine modulation des ressources qui sont distribuées. Parce que, quand
on parle de donner des chances égales à tous les élèves, il faut parler
d'équité. Et, nous, ce qu'on demande, d'ailleurs, dans le projet de loi, c'est
de réintroduire cette notion-là dans la mission du centre de services scolaire.
Mme Rizqy : Je vous remercie
parce que, pour nous, ce que vous venez de dire, c'est essentiel, et ça fait
des mois que, dans différents autres projets de loi, que ce soient, par
exemple, les frais facturés aux parents, lorsqu'il était question des
programmes pédagogiques particuliers, ou dans la distribution des nouvelles
classes de maternelle quatre ans où est-ce que nous, on s'est battu pour avoir
plus de classes en milieu défavorisé... Puis maintenant vous faites référence à
cette notion d'équité et non pas d'égalité, qui nous est très proche à nous
parce que... Je le dis parce que le ministre de l'Éducation, souvent, nous a
parlé d'égalité, d'égalité, d'égalité. Et je suis contente que vous nuancez et
vous distinguez les deux termes aussi parfaitement.
Et tantôt vous avez dit, M. Maltais,
qu'en ce moment le réseau va bien, il se porte bien. Qu'est-ce qui fait en
sorte justement qu'il se porte si bien? Avec aussi la réponse de
M. Bernard.
M. Maltais (Lucien) : Bien,
tout d'abord, je vais mentionner que, lorsque... On comprend que la volonté
gouvernementale, c'est de nous demander de faire un pas de plus. Donc, il ne
faudrait pas comprendre que notre position, c'est le statu quo. On comprend que
ce qui nous est demandé à l'intérieur de ce projet de loi là, c'est de faire un
pas de plus. Donc, évidemment, on a fait diverses recommandations sur le
système, les structures qu'ils nous ont proposées en place. Mais
présentement...
• (12 heures) •
Mme Rizqy : Si vous permettez,
M. Maltais, je vais juste vous interrompre. Parce qu'en fait...
12 h (version non révisée)
M. Maltais (Lucien) : …demander
de faire un pas de plus. Donc, il ne faudrait pas comprendre que notre
position, c'est le statu quo. On comprend que ce qui nous est demandé à l'intérieur
de ce projet de loi là, c'est de faire un pas de plus. Donc, évidemment, on a
fait diverses recommandations sur le système et les structures qu'ils nous ont
proposés en place. Présentement…
Mme Rizqy : Si vous me me
permettez, M. Maltais, je veux juste vous interrompre parce qu'en fait hier, le
ministre de l'Éducation l'a très bien exprimé, il ne parlait pas de faire un
pas de plus, il disait clairement, il a illustré ses propos ainsi : On
inverse la pyramide, le paradigme de dire on change le paradigme en faisant ce
geste-là, donc on changeait. Et avant de changer, moi, je veux juste m'assurer,
ainsi que mes collègues, que lorsque que j'ai l'AGIDECS, qui est devant moi,
qui écrit dans son mémoire que «le système fonctionne — et je cite — très
bien. J'aimerais savoir pourquoi qu'en ce moment ça fonctionne très bien et
qu'aussi, dans les dernières années, je remarque, et félicitations, un taux de
diplomation qui continue, à chaque année, de s'améliorer, puis je crois qu'une
seule commission scolaire, au mois de dernier, qu'on a su que le taux avait un
petit peu été en baisse, mais, dans les 72, il y en a juste une. Mais sinon
pouvez-vous nous expliquer comment vous faites pour justement que ça fonctionne
très bien en ce moment?
M. Maltais (Lucien) : Bien, tout
d'abord, je vais vous l'expliquer, mais ma petite parenthèse serait la
suivante. Donc, évidemment pourquoi on fait des recommandations en lien avec le
projet de loi actuel, c'est pour conserver la lignée que nous avons prise
depuis quelques années. Et comment expliquer nos résultats des dernières
années, bien, je crois qu'à travers le temps, c'est la gestion axée sur le
résultat nous a apporté à être plus cohérents au niveau du système. Si on
prend, par exemple, depuis quelques années, le gouvernement nous donne des objectifs
et des cibles pour lesquels, nous, nous allons donc… avec sa planification
stratégique, nous donne des objectifs que nous allons inclure dans notre plan d'engagement
vers la réussite. Ensuite, on fait notre plan d'engagement vers la réussite, on
va voir les établissements et les établissements, en cohérence, établissent
leurs projets éducatifs. À l'intérieur de tout ça, il y a des mécanismes de
régulation qui font que nous avons réussi à mettre en place les moyens nécessaires
pour avancer.
Évidemment, vous comprendrez que l'autre
ingrédient a été de la mise en place des approches collaboratives, donc tout ça
se met en place. Nous, vous savez, notre rôle, comme administrateurs, c'est de
prendre les encadrements gouvernementaux et de les faire atterrir sur le
terrain dans nos organisations en s'assurant de faire réussir le plus d'élèves
possible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Maltais. Mme la députée des Mille-Îles, vous avez un peu plus de 5 min 30 s.
Mme
Charbonneau
:
Merci. Bonjour. Ça manque de filles dans votre groupe, mais ça, c'était juste
pour me faire plaisir que je vous le dis, pensez-y.
Ceci dit, ceci dit, en ce moment, je vais
revenir au modèle actuel parce que je pense que, pour les gens qui nous
écoutent puis pour ne pas faire de campagne de peur, il faut être capable de
faire la comparaison entre ce qui pourrait être puis ce qui est en ce moment.
Malheureusement, quelquefois, on entend un regard qui est porté sur le conseil
des commissaires qui est un peu bête, hein, des fois, c'est toujours de sa
faute, mais le conseil des commissaires, c'est aussi un organe politique. Puis
vous le disiez bien tantôt, puis j'ai apprécié vous l'entendre dire, le conseil
des commissaires n'a qu'un seul patron, a un seul employé qui est le directeur
général qui, lui, a tous les autres employés. Donc, habituellement, la
conversation qui se passe entre le conseil des commissaires qui est politique
et l'administration, dont vous représentez, fait en sorte que les questions se
posent, les décisions se prennent et l'application se fait de façon
administrative par les directeurs généraux.
Quand il n'y aura plus, si jamais on
arrive à ce moment-là, parce que ce sera deux modèles différents et, juste avec
un petit coup de coude, vous pouvez toucher à quelqu'un qui aura un modèle
complètement différent du vôtre puisqu'on regarde, chez les anglophones, un
modèle démocratique et on enlève le modèle démocratique aux francophones. Mais,
à partir du moment où la réponse ne viendra pas du conseil des commissaires,
que l'imputabilité ne sera pas au conseil des commissaires, qu'il y aura
peut-être moins de gens pour prendre la responsabilité d'une décision, d'une
équité ou d'une égalité, parce que j'aime aussi votre comparaison, qui va
prendre l'imputabilité d'une décision qui est prise au sein de quelque chose
d'autre qui s'appellerait un conseil des commissaires?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) : Bien,
tout d'abord, d'entrée de jeu, nous savions que nous allions peut-être avoir
une petite question sur le manque de présence féminine à notre table…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Maltais (Lucien) : …donc
juste vous dire qu'en 2018, 40 % de nos membres étaient du sexe féminin et
présentement nous sommes à 55 %, en 2019, malheureusement, à la table ici.
Mme
Charbonneau
:
…je suis contente de vous l'entendre dire parce que c'est important de
comprendre que le modèle masculin dans nos écoles et dans nos bureaux de
direction ne sont pas juste masculins, ils sont aussi féminins.
M. Maltais (Lucien) :
Maintenant, je comprends très bien votre question puis évidemment il y a un
changement de culture extrêmement important qui s'opère à l'intérieur des
intentions gouvernementales puis à l'intérieur de ce projet de loi là.
Évidemment, si le projet de loi est adopté, il faut comprendre qu'au niveau de
la formation et, nous, on l'avait dit, on veut être associés à cette
formation-là qui sera donnée, ça va être extrêmement important que les acteurs
puissent bien comprendre leur rôle. Je crois quand même que ça l'existe, des
conseils d'administration…
M. Maltais (Lucien) : ...des
intentions gouvernementales puis à l'intérieur de ce projet de loi là,
évidemment, si le projet de loi là est adopté. Et il faut comprendre qu'au
niveau de la formation — puis, nous, on l'avait dit, on veut être
associé à cette formation-là qui sera donnée — ça va être extrêmement
important que les acteurs puissent bien comprendre leur rôle.
Je crois quand même que ça l'existe des
conseils d'administration qui sont imputables de leurs décisions. Et, dans le
principe de subsidiarité aussi, chaque individu, les instances, ont des rôles
et fonctions. Quand on a des rôles et fonctions, bien, évidemment, on a des
pouvoirs qui y sont associés et lorsqu'on a ces pouvoirs-là, bien, vient avec
la reddition de comptes, l'imputabilité, rendre des comptes. Donc, nous, pour
l'instant, notre modèle n'est pas créé mais on sait qu'il y aura quand même une
notion d'imputabilité qui sera installée si le projet de loi est adopté dans le
nouveau système.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Charbonneau
:
Je vous posais la question parce que je me souviens d'avoir été assise dans une
classe de sixième année, puis j'étais là comme parent donc j'étais assise à un
pupitre avec le nom de mon jeune à moi devant moi. Donc, ce n'était pas mon nom
qui était écrit. À titre de présidente de commission scolaire, j'avais apprécié
que ça ne soit pas mon nom qui soit écrit. Et l'enseignant faisait la
démonstration de comment ça fonctionnait dans sa classe et est venu au moment
où un parent a levé la main puis qu'il a dit : Bien, les dictionnaires,
ils sont dont bien poches vos dictionnaires, ils sont tout déchirés, tout
maganés, c'est quoi cette affaire-là? Et la réponse systématique de
l'enseignant ça a été de dire : Oui, mais, ça, c'est le conseil des
commissaires qui a décidé qu'on n'investissait pas dans les livres. Cette
phrase-là n'existera plus.
Et maintenant vous allez probablement
avoir à gérer plus de directives qui vont venir du politique mais pas du politique
partenaire assis à côté de vous, du politique qui vient de la grande tour puis
qui prend des décisions après avoir eu des recommandations. Alors, on ne pourra
pas lancer la balle avec autant de facilité. Est-ce qu'à ce moment-là vous
croyez — puis, c'est une question très... elle se veut objective,
là — croyez-vous que c'est le directeur général de la commission
scolaire qui va devenir le porte-parole officiel pour pouvoir défendre... ou on
va tout simplement retourner la balle au politique qui serait le politique
maintenant provincial puisque ça ne sera plus de politique scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) : Bien,
évidemment, vous comprendrez que nous, comme premiers dirigeants
administratifs, on a toujours considéré que nous devons... notre devoir c'est
de s'assurer que les volontés gouvernementales, que les volontés de notre
instance décisionnelle puissent atterrir dans nos organisations. Donc,
évidemment, on parle d'un changement de culture important pour lequel, là, si
on parle du D.G. qui sera un porte-parole, bien, ce ne sera pas le même genre
de porte-parole qu'est présentement un président. Donc, si évidemment cette
loi-là est adoptée, il y a un changement de culture qui s'impose donc une
posture différente. Donc, il ne faudrait pas penser que notre rôle va être
semblable à un président de commission scolaire actuel.
Comment ça va se jouer tout ça à
l'intérieur du système? Bien, puisqu'on est en approche... on vise d'avoir une
gestion participative, une gestion collaborative, bien, c'est une volonté
ministérielle. Donc, nous, on croit qu'il y a une volonté ministérielle forte
de travailler avec le réseau, de travailler avec les partenaires. Et nous, je
crois que si c'est installé de la tête du réseau jusque dans les classes, bien,
évidemment, ça va être un système qui va pouvoir être fonctionnel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin à l'échange. Donc, je me tourne maintenant vers la députée de
Sherbrooke pour 2 min 35 s. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. Écoutez,
j'aurais vraiment beaucoup de questions à vous poser. Premièrement, je vois
qu'il y a plusieurs recommandations que vous faites par rapport au fait que le
centre de services devrait rester responsable de l'équité puis aussi que la
valorisation de l'éducation soit dans leur mission. J'imagine que c'est en
référence au fait que la mission de promouvoir l'école publique est retirée,
donc, je suis contente de voir que ça vous préoccupe aussi. On a beaucoup
d'acteurs qui sont venus ici nous dire que c'était très inquiétant.
Dans votre mémoire, vous demandez des
clarifications sur les intentions de modifications de territoires et de partage
de services. J'aimerais ça savoir c'est quoi vos inquiétudes par rapport à ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) : Bien,
évidemment, tu sais, vous comprendrez que notre préoccupation c'est
lorsqu'on... les changements de structures et les changements d'organisation et
de territoire, bien, ça apporte peut-être des éléments de distraction. Donc,
nous, évidemment, c'est de voir s'il y a une volonté ministérielle de revoir
les territoires, c'est plus dans ce sens-là. Parce que vous savez, nous, ce
qu'on veut, c'est de continuer à travailler dans un mode collaboratif à faire...
à atteindre nos objectifs puis nos cibles de réussite pour tous les élèves.
Donc, évidemment, on sait qu'un changement de structure, bien, ça peut apporter
beaucoup d'éléments de distraction, donc, nous, on veut les éviter.
Mme Labrie : Vous souhaitez
éviter des fusions de territoire par exemple.
M. Maltais (Lucien) : Tout à
fait.
Mme Labrie : C'est quelque
chose... vous ne voulez pas être contraint de faire des fusions de territoire.
M. Maltais (Lucien) :
Exactement.
Mme Labrie : Et comment vous
voyez ça la possibilité que maintenant les familles pourraient choisir
d'inscrire leur enfant dans n'importe quelle école sur le territoire ou même
dans n'importe quel centre de services?
M. Maltais (Lucien) : Nous,
tout ce qui est bon pour les élèves, pour les familles, on va trouver un moyen
de le faire atterrir dans notre réseau. Ça se peut qu'il y ait des
inconvénients mais évidemment, on va trouver des solutions, ce qu'on fait
habituellement dans nos organisations.
• (12 h 10) •
M. Maltais (Lucien) : Puis, je
vais y aller sur la question de la gestion axée sur les résultats dont vous
avez parlé tout à l'heure. Je trouve que vous en avez parlé avec beaucoup de
positif alors que pourtant c'est hautement...
M. Maltais (Lucien) :
...atterrir dans notre réseau. Ça se peut qu'il y ait des inconvénients, mais évidemment
on va trouver des solutions, ce qu'on fait habituellement dans nos organisations.
Mme Labrie : Puis je vais y
aller sur la question de la gestion axée sur les résultats, dont vous avez
parlé tout à l'heure. Je trouve que vous en avez parlé avec beaucoup de
positif, alors que, pourtant, c'est hautement critiqué dans le milieu. On a
constaté, dans les dernières années, là, les troubles anxieux ont doublé auprès
des élèves, le niveau de détresse psychologique est très élevé, là, 29 %
des jeunes au secondaire qui ont un taux de détresse psychologique. Ce sont des
choses qui sont en augmentation. Là, je ne vous parle même pas des enseignants,
je vous parle des élèves. Donc, vous ne pensez pas que ça peut avoir un lien
avec la pression induite par la gestion axée sur les résultats?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes, M. Lessard.
M. Lessard (Normand) : Oui. Tout
simplement, la gestion axée sur les résultats, sur quoi qu'on mise... puis dans
le réseau, c'est beaucoup en fonction... au niveau des apprentissages. Comment
fait-on pour savoir si l'élève a appris? Ce n'est pas uniquement une analyse
des résultats des bulletins, ça, c'est une photo. Mais c'est bien plus à savoir
comment fait-on pour mesurer que l'élève a réussi, a appris, qu'est-ce qu'on
fait avec l'élève qui n'a pas appris, qu'est-ce qu'on fait avec qui sait, puis,
après ça, bien, c'est comment qu'on adapte nos services. Donc, c'est ça, la
volonté de la gestion axée sur les résultats qu'on veut mettre de l'avant et
qu'on met de l'avant depuis maintenant cinq, six ans, à travers le réseau, dans
plus de 63 commissions scolaires, principalement avec le mouvement....
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois maintenant aller du côté de la députée de Joliette, pour vos
2 min 35 s, vous aussi.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci beaucoup. Je veux revenir aussi brièvement sur la question de l'équité,
c'est un souci très important qu'on a, de ce côté-ci de la Chambre ou de la commission.
Donc, vous dites : C'est très important de confier nommément, noir sur
blanc, ce rôle-là de voir à l'équité. Pourquoi ce serait inquiétant que ce ne
soit pas confié noir sur blanc aux centres de services, la notion d'équité? Et est-ce
que c'est plus inquiétant avec la réforme que ce rôle-là ne soit pas confié clairement?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) : Bon, est-ce
qu'on a pris le terme «inquiétant», je ne me rappelle pas, dans notre mémoire? Par
contre, une chose qui est claire, c'est que nous, ce qu'on dit, c'est que,
puisque le centre des services scolaires, c'est l'ensemble des établissements
qui, eux, en mode collaboratif, déterminent la façon qu'ils vont déployer les ressources
et les services, il faut que la mission revienne au centre des services
scolaires d'avoir une répartition équitable, soit au niveau des programmes, des
services. Je pourrais prendre, exemple, l'anglais intensif. Pourquoi, par
exemple, dans un secteur donné, il n'y aurait pas d'anglais intensif ou il n'y
aurait pas de quoi qui serait organisé pour s'assurer de l'équité? Je pourrais
parler des classes d'adaptation scolaire, je pourrais parler des projets
particuliers. On comprend que le comité de répartition des ressources, lui,
doit répartir de manière équitable les ressources, mais lui, c'est un petit peu
plus au niveau du budget, des ressources. Mais la vision globale de la commission
scolaire du déploiement des services sur le territoire, nous, on croit que ça
doit être une mission qui doit revenir aux centres de services scolaires. On
veut travailler en équipe, donc d'avoir une vision commune, pour nous, c'est un
élément important.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Hivon
: Vous
n'êtes pas rassurés quand on entend les directions d'école nous dire que tout
ça va parfaitement se faire parce qu'elles vont se parler entre elles, qu'ils
n'ont pas besoin d'avoir d'autre monde qui voit à ça, ça... Vous n'avez peut-être
pas dit le mot «inquiétant» mais je vous demande : Pourquoi ça ne vous
rassure pas quand on entend ce discours-là?
M. Maltais (Lucien) : Nous, on
croit, puis si on prend Michael Fullan... lorsqu'on parle d'une organisation,
d'avoir des stratégies claires, une vision commune, des approches cohérentes,
bien, évidemment, ça se fait avec le leadership fort d'une direction générale
qui peut assumer son rôle pleinement. Avec un conseil d'administration, un
conseil des commissaires qui, lui, a cette vision-là, qui la donne au directeur
général qui la fait atterrir dans l'organisation. Donc, c'est comme ça qu'on
reste une organisation cohérente puis une organisation...
Mme
Hivon
: En
dernier lieu, vous mentionnez que vous voulez revoir la composition des C.A.
pour qu'il y ait moins de parents, cinq, cinq, cinq, comme vous avez dit. Vous
élaborez beaucoup sur l'équilibre qui est nécessaire. On a entendu un point de
vue très fort pour la présence des parents. Pourquoi, selon vous, il faudrait
diminuer la présence des parents?
M. Maltais (Lucien) : Bien, rapidement,
je dirais, on ne veut pas nécessairement diminuer la présence des parents. On
trouve qu'à l'intérieur du système ils ont plusieurs places, le comité de
parents, les conseils d'établissements. Pour ce qui est du conseil
d'administration qui est proposé, on se dit qu'on veut tout simplement un
partage plus équitable des groupes pour s'assurer que ça forme une équipe puis
qu'il n'y ait pas de polarité, qu'il y ait un groupe d'un côté puis un groupe
de l'autre. Donc, c'est seulement dans cette intention-là, donc, d'avoir un
partage plus équitable des forces.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, ceci met fin à l'échange avec les parlementaires. Merci, MM.
Lessard, Maltais, Racette et Bernard, d'être venus en commission parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants pour permettre à l'Institut du Nouveau
Monde de prendre place. Merci.
1355 La Présidente (Mme
Thériault) : ...merci, MM. Lessard, Maltais, Racette et Bernard d'être
venus en commission parlementaire. Nous allons suspendre quelques instants pour
permettre à l'Institut du Nouveau Monde de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 17)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît, chers collègues! Donc, nous allons reprendre les
travaux et nous entendons maintenant l'Institut du Nouveau Monde.
Mme Malorie Flon, qui est directrice du développement, vous avez environ
une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire et par la suite il y
aura des échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Mme Flon (Malorie) : Parfait.
Merci beaucoup, M. le ministre, MM. Mmes les parlementaires, merci d'accueillir
notre contribution à vos travaux.
INM a pour mission d'accroître la
participation des citoyens à la vie démocratique. On mène des activités
d'éducation à la citoyenneté, des activités d'information et de participation
publiques. Nous percevons le retrait du droit pour tous les citoyens d'élire
les personnes chargées de gouverner les écoles comme un recul sur le plan de la
participation.
Notre contribution à vos travaux se fonde
sur trois constats. D'abord, les grandes orientations de l'école publique
bénéficient de la part de tous les membres de la société. Le taux de
participation de 4.88 % enregistré aux dernières élections scolaires est
un problème qui doit être abordé. Des changements s'imposent pour renforcer la
légitimité politique de la gouvernance de nos écoles. Et troisièmement, il
existe au Québec des inégalités socioéducatives et elles doivent rapidement
occuper l'attention des acteurs de la gouvernance scolaire, quel qu'il soit.
On s'apprête à supprimer un palier
démocratique. C'est un geste majeur. Avons-nous vraiment tout essayé? L'école
publique est peut-être un des biens les plus précieux de notre société, ça
contribue à réduire les inégalités, c'est un véhicule de prospérité économique,
c'est un déterminant de la santé, c'est un véhicule d'intégration des
immigrants.
À l'origine, l'intention du législateur
était de faire en sorte, avec les gouvernements scolaires, d'assurer que
l'éducation publique n'était pas seulement dans les mains de gestionnaires ou
d'administrateurs, mais aussi de citoyens élus, proches des communautés, comme
gardiens de la mission et des valeurs fondamentales et d'équité pour nos
jeunes.
• (12 h 20) •
On comprend comment on est parvenu à ce
taux de participation famélique en lisant un article de Jean-Pierre Proulx dans
l'État du Québec en 2016. Il décrit comment les commissions scolaires sont
passées de 1 557 commissions scolaires catholiques,
273 commissions scolaires protestantes en 1960 à 71 en 1999. Donc, la
réduction importante du nombre de commissions scolaires a creusé l'écart entre
les électeurs et les candidats et surtout la gouvernance s'est éloignée des
écoles...
Mme Flon (Malorie) :...
273 commissions scolaires protestantes en 1960 à 71 en 1999. Donc, la
réduction importante du nombre de commissions scolaires a creusé l'écart entre
les électeurs et les candidats, et surtout la gouvernance s'est éloignée des
écoles. Mais, vous êtes parlementaires, les bénéfices de la participation
démocratique sont nombreux, alors on se pose la question si on a vraiment tout
essayé.
Du point de vue de l'INM, il y a des
solutions qui ont été amenées dans le débat public, dans les dernières années,
qui auraient mérité une attention, qui auraient mérité d'être testées, avant
l'abolition complète du principe d'une gouvernance qui est redevable devant la
population. Puis je pense aux principales solutions qui étaient le jumelage des
élections municipales et scolaires ou le recours aux élus municipaux pour
valider les orientations de l'éducation publiques sur leurs territoires.
Je vais me permettre un parallèle avec le
réseau de la santé pour poser une question. Le dernier gouvernement a réformé
la gouvernance des établissements de santé à en réduisant le nombre. On est
passé de 269 en 2014 à 34 établissements en 2019. Les membres des conseils
d'administration tout comme les P.D.G. sont désignés par leurs pairs ou nommés
par le ministre. Les citoyens n'y ont plus leur place. Les établissements de
santé, selon plusieurs observateurs, ont perdu aussi de leur proximité avec les
communautés. Le projet de loi n° 40 ne va pas exactement là, mais la
porte s'ouvre sur peut-être d'autres réformes. Pour poursuivre le parallèle,
depuis l'avènement des centres intégrés de santé et de services sociaux, beaucoup
de services sociaux sont négligés. On parle beaucoup, ces jours-ci, de
protection de la jeunesse. Il y a la prévention, la santé publique, la
stratégie globale de soutien et d'hébergement relativement au vieillissement de
la population. Tout autant que dans le domaine de santé, les besoins en
éducation sont énormes, variés, dépassent la transmission de la matière par le
programme. Alors, la question que je pose : Comment nous assurer que
l'histoire ne se répétera pas dans le réseau scolaire où la perte de légitimité
représentative par la réforme envisagée est plus grande que celle subie dans le
réseau de la santé?
Le changement opéré par le projet de loi
est celui s'un système de représentation par suffrage universel à un système de
représentation des citoyens utilisateurs. L'opportunité d'aller vers cette
démocratie d'usagers, c'est que le taux de participation risque d'augmenter
étant donné la plus grande proximité des électeurs avec les candidats. Avec le
taux de participation, la légitimité politique aussi des représentants va
augmenter. Mais le risque que la gouvernance des écoles d'un territoire prenne
une direction plus utilitariste en lien avec les intérêts des utilisateurs
concernés, des usagers, en prenant moins compte d'autres enjeux municipaux, régionaux,
communautaires ou relatifs au développement à plus long terme de notre société.
L'autonomie et le pouvoir décisionnel
accru des parents sur les conseils d'établissements sont une bonne chose du
point de vue de la participation des parents qui sont des citoyens. Ils
risquent de se sentir plus interpellés ayant plus de pouvoir, donc de s'engager
envers... dans l'école de leurs enfants. Il y a le Conseil supérieur de
l'éducation, en 2016, dans un rapport qui a documenté les bénéfices des
conseils d'établissement, qui favorisent l'ouverture des établissements à leurs
milieux, qui ajoutent de la transparence, qui forcent les différents acteurs et
directions, personnels, parents, élèves à travailler ensemble, développent le
sentiment d'appartenance.
Il y a d'autres situations où les conseils
d'établissement vivent des difficultés. Il y a des membres qui s'impliquent
pour d'autres raisons que celles du meilleur intérêt des élèves. On a vu des
enseignants voter en bloc au gré d'intérêts corporatistes. On a vu des parents
qui s'investissaient aux conseils pour les intérêts individuels ou particuliers
de leurs élèves. Il a aussi eu... observé une méconnaissance des rôles et
fonctions et des pouvoirs qui s'exercent au sein de cette instance-là. Mais en
fait les défis liés aux conseils d'établissement, au travail sur les conseils
d'établissement sont les mêmes que ceux vécus dans les conseils des
commissaires, sont les mêmes que ceux vécus à l'Assemblée nationale. Les luttes
de pouvoir, ça s'observe dans des instances comme celles-là où il y a
différents intérêts qui se confrontent. La chose à faire à notre avis, c'est de
mieux soutenir les représentants sur ces instances, dans l'exercice de leur
rôle. C'est possible de les accompagner pour développer l'art de la collaboration
et de la recherche de l'intérêt général à travers la discussion, la
confrontation des perspectives citoyennes, institutionnelles, tout en
s'appuyant sur des connaissances scientifiques et des données sur les milieux.
Un autre point que je souhaite souligner
sur la participation des parents, c'est qu'elle varie selon les milieux
socioéconomiques et culturels. On sait que les parents qui siègent sur les
conseils d'établissement sont généralement plus éduqués, gagnent un meilleur
revenu que la moyenne des Québécois. Leurs enfants sont plus nombreux à
fréquenter des classes enrichies que des classes d'adaptation scolaire, moins
de 5 %. Donc, considérant que peut-être qu'un des plus grands défis de
notre système éducatif, actuellement, c'est de favoriser la mixité scolaire, de
réduire les inégalités de parcours scolaires...
Mme Flon (Malorie) : …la
moyenne des Québécois. Leurs enfants sont plus nombreux à fréquenter des
classes enrichies que des classes d'adaptation scolaire, moins de 5 %.
Donc, considérant que peut-être qu'un des plus grands défis de notre système
éducatif, actuellement, c'est de favoriser la mixité scolaire, de réduire les
inégalités de parcours scolaire, il va falloir donner les moyens aux écoles
pour susciter cette participation des parents qui sont plus éloignés ou
traditionnellement moins impliqués au risque de perdre de vue les intérêts
généraux de l'ensemble des élèves.
Je me permets aussi une observation sur la
disparition des AVSEC, des agents de vie spirituelle et d'engagement
communautaire. À l'INM, on intervient beaucoup dans les écoles secondaires, et
nos meilleurs alliés sont ces personnes-là parce qu'ils soutiennent les
programmes de coopération, d'engagement environnementaux, des programmes de
soutien aux conseils d'élèves. À l'heure actuelle, ces professionnels ont donc
un impact important auprès des jeunes, et donc on se demande comment ces
fonctions vont être redistribuées, où, dans le contexte de la pénurie
d'enseignants, des tâches plus pleines, on peut craindre que leur disparition
nuise aux opportunités d'engagement et de participation des élèves.
Le projet de loi n° 40 donne au
conseil d'établissement l'obligation de consulter les élèves ou des groupes
d'élèves. C'est une très bonne chose. On recommande même d'élargir cette notion
pour encourager la… plus globalement la participation des élèves. On œuvre
auprès des jeunes depuis plusieurs années, on sait qu'il existe des défis pour
susciter la participation des jeunes, mais il y a des stratégies très efficaces
aussi. La plus signifiante, c'est certainement l'éducation à la citoyenneté
pour que nos élèves, maintenant, mais plus tard, lorsqu'ils seront à leurs
tours professionnels, peut-être dans le réseau éducatif, parents, puissent
contribuer activement à notre vie démocratique puis à celle du réseau scolaire.
Inversement, la participation des citoyens à la vie démocratique de leur école
est aussi en soi une stratégie d'éducation à la citoyenneté. Donc, si c'est
encouragé dès le plus jeune âge, on renforce la capacité des acteurs sur le
très long terme d'exercer leurs rôles puis leurs fonctions, notamment celles
qui leur sont dévolues par la loi. À l'heure actuelle, l'éducation à la
citoyenneté n'est pas un projet central de l'école publique, un projet périphérique.
Comment susciter la participation des élèves devrait constituer un volet de la
formation ministérielle que devront suivre les membres des conseils
d'établissement. L'art de la participation citoyenne, c'est de savoir qui faire
participer, quand, sur quel objet, comment.
La gestion quotidienne d'une école est
peut-être un objet moins pertinent que les grandes orientations du projet
éducatif, par exemple. Dans tous les cas, ces démarches doivent s'appuyer sur
de l'information vulgarisée pour hausser la qualité de la participation.
Je vais vous faire l'économie des
bénéfices de la participation citoyenne, qui se retrouve dans mon mémoire, si
vous souhaitez en savoir davantage.
Je vais passer aux recommandations.
L'intention du législateur à l'origine des gouvernements scolaires était de
garantir une participation à et une surveillance citoyenne de l'éducation
publique. Dans la pratique, le taux de participation aux élections scolaire
nous a éloignés de cette intention noble.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je m'excuse, mais on n'a vraiment plus de temps.
Mme Flon (Malorie) : Ah!
Excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) :
On a passé de plusieurs minutes, donc je suis convaincue que les parlementaires
auront l'occasion de vous questionner sur vos recommandations puisqu'ils ont
une copie entre leurs mains. Je suis désolée. Donc, je vais me tourner du côté
du ministre de l'Éducation. Vous avez, M. le ministre, 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Commencer par vous remercier pour la richesse de votre analyse
puis de vos propos. On voit que vous avez vraiment pris le temps de passer à
travers le projet de loi n° 40. Vous avez fait quelques mises au point,
posé quelques questions, je vais essayer d'y répondre, puis, peut-être, moi
aussi, je pourrais me permettre quelques mises au point pour qu'on ait une
compréhension commune des objectifs.
• (12 h 30) •
D'abord, vous avez parlé de la réforme
qu'il y a eu en santé par le précédent ministre de la Santé en disant :
Mais, ils sont passés… 269 organisations à 34, donc des fusions, des
abolitions, des membres de conseils d'administration nommés par le ministre.
Vous avez dit : Bien, le projet de loi n° 40 ne va pas là. Je vous
remercie de cette précision parce qu'il y a plusieurs personnes qui pourraient
attaquer le projet de loi n° 40. On fait une espèce d'amalgame en
disant : C'est pareil, puis c'est la même chose, puis c'est une autre
réforme pareille. On peut bien faire des comparables, là, mais de manière
générale, il ne va pas… la même chose. Vous posez quand même une question,
c'est comment s'assurer que l'histoire ne se répète pas? Donc, il ne va pas là
au départ, mais prenons garde puis mettons, même, un garde-fou pour être sûr
qu'un éventuel dérapage ne l'y amène pas. Et le projet de loi tel qu'il est ne
va pas… Ce n'est pas un copié-collé du projet de loi n° 40 ni dans ses
mesures ni dans son intention, puis je vous remercie de cette correction et de
ce rappel à ceux qui galvauderaient…
12 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...prenons
garde. Puis mettons même un garde-fou pour être sûr qu'un éventuel dérapage ne
l'y amène pas. Et le projet de loi tel qu'il est ne va pas... Ce n'est pas un
copier-coller du projet de loi n° 40, ni dans ses mesures ni dans son
intention. Puis je vous remercie de cette correction et de ce rappel à ceux qui
galvauderaient cette idée.
Vous nous mettez en garde par exemple
contre l'instauration d'une instance de citoyen utilisateur par rapport au système
qu'on a actuellement. Je pense qu'à certains égards on pourrait accepter que
les parents sur un conseil d'administration de centre de services... Bon, ce
n'est pas eux qui sont dans les classes, mais ils peuvent faire faire office de
citoyens utilisateurs. Par exemple, de faire entrer des membres de la communauté
qui ne sont ni parents ni employés du centre de services, je ne pense pas qu'on
peut les qualifier de parents ou citoyens utilisateurs, puis de faire une place
pour une première fois à des enseignants, des directions d'école, des
professionnels, orthopédagogues et tout ça, je ne pense pas qu'on peut les
qualifier de citoyens utilisateurs.
Donc, oui, il y a une place aux citoyens
utilisateurs, réservée avec un nombre défini de places qui est là, mais il y en
a déjà en ce moment parce qu'il y a déjà des parents commissaires spécifiquement
sur les conseils des commissaires. Ils sont en moins grand nombre, mais ils sont
déjà présents sur les conseils des commissaires, ces parents utilisateurs. Avec
un C.A., on leur donne davantage de sièges. Mais reste que c'est loin d'être
tous les sièges. Ensuite, vous nous mettez en garde. Vous nous posez la question,
est-ce qu'il y a un danger de ne pas aller vers quelque chose qui est plus
utilitariste? Puisqu'on fait de la place à... Avec la prémisse que ce sont des
parents utilisateurs qui contrôlent le système, bon, prémisse que j'ai remise
en question, mais vous pourrez, bien sûr, intervenir à la fin de ma question
qui s'en vient, je vous rassure, est-ce qu'il y a un danger d'aller davantage
vers quelque chose qui soit utilitariste?
Je veux vous rassurer en vous disant que
les conseils d'établissement, comme les conseils d'administration de centres de
services, vont voir à l'organisation, à une question d'équité, mais les
curriculums, les programmes, les diplômes vont rester entre les mains du gouvernement.
Donc, on ne pourrait pas changer, supposons, le français ou augmenter la part
de formation destinée simplement au marché du travail comme ça sur un conseil
d'administration.
Et j'ai envie de vous poser une autre question,
et je vous pose cette question-là, mais vous réagirez si j'ai abordé plusieurs
points, ça va être sur la question qui est nouvelle, qui a été très peu abordée
avant vous, c'est la question de participation des élèves. Et dans le
conseil... Dans le projet de loi, on donne cette mission au conseil
d'établissement de dire : Bien, au moins une fois par année vous allez
avoir le devoir d'aller voir vos utilisateurs premiers, même pas les parents,
les élèves, de consulter les élèves. Pour la première fois, on donne cette obligation-là,
cette mission au conseil d'établissement. Comment vous voyez ça? Puis comment est-ce
qu'il faudrait le structurer dans la loi pour dire comment ça doit être fait?
Ou, bref, quelle est votre opinion sur cette question qui n'a pas été abordée
encore en commission?
Mme Flon (Malorie) : Pour la
première question, évidemment, c'est bien qu'il y ait des représentants des communautés
sur les conseils d'administration des centres de services. Bon, c'est
proportionnellement peut-être qu'ils sont plus nombreux, mais, vous savez, moi
je ne m'embarquerai pas `à vous conseiller il faut tant de tel corps
professionnel ou de combien de citoyens. Je laisse à des personnes plus
expertes de gouvernance de faire ces recommandations-là. Je voudrais quand même
réagir. La notion de citoyen utilisateur, pour moi, elle englobe aussi tous les
acteurs concernés.Donc, je ne pense pas juste aux parents, je pense aussi aux
professionnels, aux gestionnaires dans le sens où ils ont des intérêts dans la
façon dont le réseau fonctionne. Le bénéfice qu'on perd, je crois, avec le rôle
des citoyens comme instance de gouvernance, c'est cette... C'est en cette
théorie, ce rôle de s'élever au-delà des intérêts d'utilisation, puis je ne
devrais peut-être pas utiliser le mot «utilisation», mais des intérêts des
acteurs concernés. Puis même dans le domaine de la santé, les utilisateurs,
c'est, oui, les patients, mais il y a aussi des professionnels qui ont des
intérêts corporatistes, on peut le dire comme ça, dans la façon dont un système
roule. Donc, d'avoir des citoyens, souvent ça nous permet de s'élever puis d'avoir
un regard... un regard plus élevé ou autre, disons-le ainsi. Donc... Mais je
pense que, oui, qu'il faut le nommer. Puis on s'en va vers un autre genre de démocratie
en donnant ce rôle de gouvernance à des acteurs du système.
Pour la question de la participation des
élèves, je l'ai dit, c'est une bonne chose. On le voit d'un bon oeil, cette obligation
de consulter. Il peut y avoir des bonnes et des mauvaises façons de consulter.
À votre question comment est-ce qu'on recommanderait de....
Mme Flon (Malorie) : ...pour
la question de la participation des élèves, je l'ai dit, c'est une bonne chose,
on le voit d'un très bon oeil, cette obligation de consulter. Il peut y avoir
des bonnes et des mauvaises façons de consulter. À votre question :
Comment est-ce qu'on recommanderait de mettre ça sur le projet de loi? C'est
une excellente question, puis j'aimerais que vous me donniez plus que
30 secondes pour y penser. Si vous souhaitez, on pourrait rester en
contact à ce sujet-là. Mais je crois, en effet, qu'il y a des règles, il y a
des règles de l'art de la consultation que nous connaissons bien à INM, qu'on
pourrait vous communiquer, et qu'il y aurait moyen de sensibiliser ou de
former, puisqu'il était question d'une formation, dans le projet de loi, ça devrait
faire partie d'une formation. Parce qu'il y a des stratégies efficaces et
d'autres qui sont nuisibles qui ont plus tendance à créer du cynisme quand on
consulte, puis qu'il n'y a pas de suite par exemple. Donc, il faut... C'est ça.
Je pourrai vous transmettre des règles de l'art de la participation publique
qui s'adressent à la participation des jeunes également et qui pourraient faire
l'objet d'un volet de la formation qui est prévue.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. Au
bas de la page 7, vous... je vais citer une partie du mémoire, vous
dites : «Le projet de loi n° 40 donne plus de pouvoir et d'autonomie
aux conseils d'établissement des écoles. C'est une bonne chose pour encourager
la participation à cette instance pour assurer que chaque établissement ait la
marge de manoeuvre pour répondre aux besoins de ses élèves.» Plus loin, on
dit : «L'autonomie et le pouvoir décisionnel accru des parents...». Je
suis content que vous le mentionnez parce qu'il y en a qui disent : Ah!
non, il n'y en a pas de décentralisation. Mais là on le voit, là :
«L'autonomie et le pouvoir décisionnel accru des parents siégeant sur les
conseils d'établissement et le conseil d'administration d'un centre de services
sont donc une bonne chose d'un point de vue de la participation des
citoyens-parents.» Donc, on voit qu'il y a une espèce d'implication de la
communauté dans son école.
Mais, par contre, vous soulevez la
question : Peut-être qu'à l'instance régionale, une plus grande
participation des gens qui n'ont pas de lien direct soit comme parent soit
comme employé... Et je prends bonne note de ce commentaire, parce que c'est le
genre de chose qu'on peut faire comme ajustement après des participations
constructives comme la vôtre. Et, si vous me permettez, Mme la Présidente, je
céderais la parole à mon collègue de Beauce... Sud ou Nord, j'oublie toujours.
La Présidente (Mme Thériault) :
Sud.
M. Roberge : Je m'excuse. Beauce-Sud.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. M. le député de Beauce-Sud, la parole est à vous. Vous avez
7 min 30 s environ.
M. Poulin : Il n'y a aucun
problème, si je pourrais être député de toute la Beauce un jour, j'en serais
très heureux. Mais ça ne serait qu'au fédéral en fait. Alors, merci, Mme la
Présidente, merci, M. le ministre. Très content de vous revoir, Malorie, et
qu'on puisse passer un peu de temps ensemble. L'Institut du Nouveau Monde est
déjà un partenaire du gouvernement du Québec, entre autres pour l'élaboration
du prochain Plan pour la jeunesse québécoise. On a travaillé ensemble sur la
meilleure façon de consulter les jeunes du Québec.
Et vous avez raison, moi, je suis
extrêmement inquiet sur la participation des jeunes dans nos institutions
démocratiques. Surtout quand je regarde le taux de participation, lors des
dernières élections provinciales, qui était bas pour tout le monde, mais qui
était particulièrement bas également pour les jeunes du Québec. Ce sont des
chiffres qui sont tout récents, autour de 58 % des jeunes de 15 à 29 ans
qui sont allés voter. Alors il y a une grande inquiétude à avoir sur la façon
dont on peut rapprocher la démocratie des jeunes.
Il n'en demeure pas moins que j'aimerais
savoir, dans tout l'historique de l'INM et dans toute l'expérience que vous
avez, quand vous allez dans les écoles et que vous travaillez très fort avec
les conseils d'élèves, est-ce qu'ils vous parlent d'un intérêt pour les
élections scolaires? Est-ce que vous avez des données sur le 4,88 % qui
vont voter? À l'intérieur de ça, combien de jeunes vont voter? Et est-ce que
vous sentez un appétit pour les élections scolaires à travers votre expérience
auprès de la jeunesse québécoise?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : De
manière générale, les jeunes ne savent même pas qu'il existe une telle chose
qu'une élection scolaire. Et même les plus vieux, là. Donc, il y a, je pense,
un déficit d'éducation politique. L'éducation politique, ça fait partie de
l'éducation à la citoyenneté, mais comment le système démocratique fonctionne,
ce n'est pas enseigné de manière systématique à nos jeunes. Donc, non, il n'y a
pas de données sur le nombre de jeunes, je n'ai pas de données à vous fournir
sur le nombre de jeunes qui votent. Mais, dans nos ateliers politiques 101, on
parle des paliers démocratiques, et souvent les gens qu'on rencontre ne savent
pas qu'il existe des élections scolaires. Voilà.
Vous avez... Donc, c'est ça. Non, il y
avait une autre partie à votre question?
M. Poulin : Oui, bien,
absolument. Mais je parlais, en fait, de si les jeunes vous en parlaient, vous
m'avez répondu, vous me dites : Non, ils ne savent même pas qu'il y a les
élections scolaires. Vous n'aviez pas de données à me donner, là, sur le
4,88 % à savoir s'il y avait des jeunes, beaucoup de jeunes qui sortaient
voter aux élections scolaires.
• (12 h 40) •
J'ai une autre question parce que je
connais et je reconnais votre expertise en termes de participation citoyenne,
et, dans le futur Plan sur la jeunesse, on va mettre quand même pas mal
d'argent pour voir de quelles façons on peut mieux inciter les jeunes à aller
voter. J'ai annoncé l'aile jeunesse de la Fédération québécoise des
municipalités, la FQM, qui est une première pour concerter les jeunes élus...
M. Poulin : ... sortaient
voter aux élections scolaires.
J'ai une autre question, parce que je
connais et je reconnais votre expertise en termes de participation citoyenne,
et, dans le futur Plan sur la jeunesse, on va mettre quand même pas mal d'argent
pour voir de quelle façon on peut mieux inciter les jeunes à aller voter. J'ai
annoncé l'aile jeunesse de la Fédération québécoise des municipalités, la FQM,
qui est une première pour concerter les jeunes élus municipaux. Mais ce qui revient
souvent, c'est qu'ils nous disent : On aime ça quand les gens qui prennent
les décisions sont prêts de nous.
Et vous ne voyez pas quelque chose de
positif dans le projet de loi n° 40 que les directions d'école, les
enseignants aient justement une... puissent prendre, un, des décisions encore
plus près des élèves, et je me mets dans la peau des conseils d'élèves, qui
vont pouvoir aller à la porte du directeur, dire : Je veux ça dans mon
école, on pense que c'est bon, et que ces gens-là puissent voir les moyens
d'agir rapidement auprès des élèves? Et ceci ne va pas renforcer l'intérêt des
élèves, justement, envers la prise de décision, envers l'implication
citoyenne... puis : Oui, ce n'est peut-être pas loin de moi, les
décisions, c'est peut-être dans mon école que je peux faire bouger les choses.
Est-ce que ce n'est pas positif, ça, dans le projet de loi n° 40?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) :
Oui, c'est positif. C'était d'ailleurs ce que je vous ai décrit, si tant est
que ce pouvoir soit évidemment mis en pratique, ce pouvoir d'évoluer au conseil
d'établissement et que la consultation des élèves soit bien faite.
Je dois avouer que je ne suis pas juriste
ni experte de la gouvernance scolaire, mais, à la lecture du projet de loi, ce
n'est pas non plus toujours très, très clair, puis je m'adresse à vous aussi,
M. le ministre, quels pouvoirs appartiennent aux conseils d'établissement,
quels pouvoirs appartiennent aux centres de services, quels pouvoirs
appartiennent au ministère. Je trouve qu'il manque quand même de clarté sur
cette répartition des pouvoirs dans le projet de loi. Ça mériterait peut-être
d'être précisé.
Mais, oui, les pouvoirs accrus dévolus aux
conseils d'établissement, c'est une bonne chose. L'obligation de consulter les
élèves, c'est une bonne chose. Ça va... Ça peut... S'il y a une vraie dynamique
de collaboration dans les écoles, cela va renforcer le leadership aussi des
directions d'établissement. On sait qu'actuellement il y a des jeunes qui ont des
directions d'établissement qui sont très favorables à la composition d'un
conseil d'élèves, d'autres qui sont moins favorables, ils se butent encore à de
la résistance. Donc ça va évidemment... on va voir comment ça va se passer dans
la pratique.
Je suis contente aussi de savoir que vous
allez faire une place à la consultation dans la prochaine stratégie jeunesse.
On sera là pour vous fournir des recommandations. Je sais que c'est votre
prérogative de les suivre ou pas. On en a fourni pour la façon de consulter
actuellement. Certaines n'ont pas été retenues, mais ce n'est pas grave... ça
nous fait quand même plaisir de continuer à vous porter conseil.
M. Poulin : Bien, vous...
vous me connaissez, j'aime prendre les excellentes idées. Il y en avait
plusieurs, mais, avec le temps qu'on avait dans le cadre des consultations, on
ne pouvait pas toutes les prendre.
Mme Flon (Malorie) :
Bien sûr.
M. Poulin : D'ailleurs,
je suis convaincu qu'on va se voir à Québec le 12 décembre...
Mme Flon (Malorie) :
Absolument, je serai là.
M. Poulin : Et on va
pouvoir discuter de tout ça.
En terminant, on réfléchit depuis
plusieurs années à la façon dont on peut justement mieux impliquer nos jeunes,
et qui est plus voter aux élections provinciales, qu'il y ait plus de
candidatures jeunesse au provincial, au fédéral et au municipal. Et moi, je
pense que, quand les jeunes au Québec vont dire : C'est possible d'avoir du
pouvoir dans mon école rapidement, on va ressentir un impact positif sur les
autres paliers.
Mme Flon (Malorie) : Je
suis entièrement d'accord avec vous.
M. Poulin : Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. le député de Beauce-Sud. J'ai le
député de Chapleau qui veut faire une intervention. Un peu plus de
1 min 30 s, questions et réponses.
M. Lévesque (Chapleau) :
Parfait. Donc, ce sera rapide. Merci, Mme la Présidente, merci à tout le monde.
Donc, peut-être parler de l'accroissement
de la participation citoyenne. Ça semble être la trame de fond de votre
présentation, là. Vous avez parlé... Vous avez évoqué l'idée, bon, que
l'éducation publique ne soit pas seulement entre les mains d'administrateurs ou
de gestionnaires. Vous avez également, là, parlé du changement qui était opéré,
donc la représentation par suffrage universel vers le citoyen utilisateur. Vous
avez également rappelé judicieusement le taux de participation très bas, là,
quoi, 4,86 % aux dernières élections. Puis vous avez appelé en quelque
sorte à une solution.
La solution ne serait pas... ça ne
pourrait pas nécessairement être... Est-ce que ça ne serait pas justement le
projet de loi n° 40, justement, qui propose, qui vise à encourager la
participation des citoyens, donc les parents, les membres de la communauté, le
personnel scolaire, ces personnes sont élues, dans le fond, par leurs pairs
pour participer, dans le fond, à la démocratie scolaire? Est-ce que vous voyez
d'un bon oeil cette participation-là? Est-ce que c'est quelque chose qui est
quand même intéressant pour vous?
La Présidente
(Mme Thériault) : ...45 secondes pour répondre aux multiples
questions.
Mme Flon (Malorie) :
Nous voyons des risques et des opportunités au projet de loi n° 40. On
recommande quand même la prudence. On a l'impression qu'il y a un éloignement
de l'intention originelle du législateur avec les gouvernements scolaires, qui
était d'avoir des citoyens qui n'ont pas d'intérêt direct dans le réseau qui
ont un rôle de surveillance.
M. Lévesque (Chapleau) :
O.K.
La Présidente
(Mme Thériault) : Ça vous va? Merci. Nous allons maintenant du
côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Bienvenue parmi nous. Désolée, mais j'ai manqué un bout. Comment
qu'on fait pour améliorer la démocratie en abolissant un palier de démocratie
au Québec?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : Je
n'ai pas dit qu'on améliorait la démocratie...
Mme Rizqy : Vous, non,
mais il me semble que c'était sous-entendu.
Une voix
: La
participation citoyenne.
Mme Rizqy : Ah! la
participation citoyenne. Donc...
La Présidente
(Mme Thériault) : Je vais vous demander de ne pas vous interpeler
de part et d'autre, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : D'accord,
Donc, je veux juste bien comprendre, pour ceux...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent, faites votre
échange avec notre invitée...
Mme Rizqy : …en abolissant un
palier de démocratie au Québec?
Mme Flon (Malorie) : Je n'ai
pas dit qu'on améliorerait la démocratie.
Mme Rizqy : Vous, non, mais il
me semble que c'était sous-entendu.
Une voix
: …
Mme Rizqy : Ah! La passation
citoyenne. Donc..
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander de ne pas vous interpeller de part et d'autre, s'il vous
plaît. Mme la députée de Saint-Laurent, faites votre échange avec notre
invitée.
Mme Rizqy : Donc, êtes-vous
d'accord que lorsqu'on vous améliorer la participation citoyenne, ce n'est pas
en abolissant un palier de décision où est-ce qu'on invite les gens, justement,
à aller voter?
Mme Flon (Malorie) : Bien
sûr, c'est-à-dire que c'est une façon… Oui, c'est un palier démocratique qui va
disparaître, donc, ça va être une occasion de participation citoyenne qui va
disparaître.
Mme Rizqy : Vous avez surement
remarqué que, souvent, il y a des femmes aussi qui se présentent à titre de
commissaires, que c'est leur première fois qu'elles vont mettre, permettez-moi
l'expression, leur face sur le poteau, et que d'autres, par la suite, vont
pouvoir cheminer, vont devenir conseillères de ville, mairesses, députées ici,
à l'Assemblée nationale, ou même au fédéral. Pensez-vous que, justement, en
abolissant ce palier, on peut peut-être même mettre un frein à certaines femmes
qui n'auront pas eu l'occasion un jour d'expérimenter la vie politique?
Mme Flon (Malorie) : Toute
abolition d'une opportunité de participation citoyenne constitue un frein, ça
limite les expériences de participation à la vie démocratique.
Mme Rizqy : Tantôt, vous avez
dit, puis vous m'avez fait sourire : Je ne suis pas juriste. Et vous vous
êtes tournée vers le ministre de l'éducation en disant : Dans la loi, ce
n'est pas très clair les pouvoirs qu'il va y avoir, puis si on veut vraiment
participer… Puis juste avant, vous avez dit : Il faut faire aussi
attention aux consultations pour consulter. Et ça, ça m'a vraiment fait sourire
parce que ça j'aimerais ça que vous élaboreriez un peu là-dessus, parce
qu'effectivement lorsqu'on ne sait pas quels pouvoirs on a et qu'on est
consultés, mais que des fois on a l'impression qu'une consultation va amener à
une prise de décision, mais qu'on n'a pas eu la décision escomptée, est-ce que
ça peut faire en sorte que les gens, par la suite, vont être découragés, et
peut-être même après ça arrêter de participer?
Mme Flon (Malorie) : Bien
sûr. Il y a plusieurs choses… éléments de réponse. Pour avoir une participation
de qualité, c'est-à-dire qui va véritablement améliorer la décision et
l'éclairer, il faut une information adéquate. Donc, les élèves ont besoin de,
si on les consulte, avoir une certaine information, ça a besoin d'être clair,
c'est quoi le sujet, les paramètres. Il faut une diversité de modalités de
consultation pour aller rejoindre différents élèves. Est-ce qu'on va juste
s'adresser à ceux qui parlent plus haut, mieux, fort, ou est-ce qu'on va aller
chercher les autres catégories d'élèves également?
Il y a plusieurs autres paramètres
auxquels on doit faire attention. Il faut évidemment clarifier qu'est-ce qui va
être fait avec le résultat de la consultation, comment la consultation va
éclairer la décision. Il y a une gestion d'attentes à faire quand on consulte.
Donc, oui, une mauvaise consultation peut générer du cynisme et du
désengagement.
Mme Rizqy : Merci. Je sais
que… Merci beaucoup pour votre participation parce que je peux vous dire que
c'est une bonne dose de fraîcheur en démocratie.
Mme Flon (Malorie) : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée des Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Je vais passer à travers vous pour passer un
message en premier. Je vais vous dire que la commission scolaire de Laval, en
2018, a fait un partenariat avec vous et a fait une Conversation publique sur
l'école lavalloise de demain. C'était en 2018. Peut-être que je n'aurais pas la
chance et la joie de voir l'impact que ça l'a eu pour susciter la démocratie
scolaire à Laval puisque, si la tendance se maintient, le nombre de 75 contre
le reste fait en sorte que le projet de loi passe, on ne verra pas le résultat
de la chose. Mais je veux vous dire que j'ai trouvé ça intéressant d'être assis
dans la même salle que les gens de commerce, des gens du municipal, des gens du
tourisme, les gens qui s'occupent de Laval, mais qui se soucient aussi de son
école publique, assis dans la même salle. Ça fait que je vous le dis parce que
j'ai eu le privilège de voir les gens que vous représentez en action dans ce
principe de consultation là. J'ai trouvé ça très intéressant et c'était une
décision du conseil des commissaires de faire ça. Donc, quelquefois, hein, il
faut le savoir, plus souvent qu'autrement, ils prennent des très, très bonnes
décisions.
• (12 h 50) •
Ce sur quoi je veux revenir, parce que
vous êtes la deuxième personne à avoir le souci de nous le signaler,
quelquefois, quand je fais partie d'un milieu défavorisé, peut-être que les
gens qui ne pensent pas… Les gens ne pensent pas pouvoir participer parce
qu'ils portent un propre jugement sur leur valeur ajoutée. Et on sait que si on
n'entend pas les gens de milieux vulnérables, bien, on va peut-être avoir une
iniquité qui va s'installer sans même s'en apercevoir. Pourquoi? Bien, parce
que quand j'ai un vocabulaire élaboré, quand je suis fière de moi, quand je
suis sûre de moi puis quand j'ai du temps et des sous pour s'occuper du temps
que je n'ai pas, bien, peut-être que je peux faire valoir des idées que
quelqu'un en milieu défavorisé ne pourrait pas faire valoir. Donc, dans ma
perspective à moi, puis je vous le dis…
Mme
Charbonneau
:
...s'en apercevoir. Pourquoi? Bien, parce que, quand j'ai un vocabulaire
élaboré, quand je suis fier de moi, quand je suis sûr de moi puis quand j'ai du
temps et des sous pour s'occuper du temps que je n'ai pas, bien, peut-être que
je peux faire valoir des idées que quelqu'un en milieu défavorisé ne pourrait
pas faire valoir. Donc, dans ma perspective à moi, puis je vous le dis bien sincèrement,
je pense que mes collègues le savent, maintenant, moi, la clientèle
défavorisée, c'est une clientèle que j'aimerais avoir sous mon aile de façon
constante pour pouvoir vraiment adresser toutes les petites problématiques, que
ce soit la faim, que ce soit l'aide aux devoirs ou tout le reste.
Mais comment je fais pour m'assurer... si
mon nombre est réduit, si mon conseil d'administration est géré autant par le
personnel qui s'occupe de ces écoles que les parents qui sont mieux nantis,
comment je fais de m'assurer d'une équité et non d'une égalité? D'une équité
dans un milieu de vie. Puis moi, je vous parle... en ce moment, je pourrais
vous parler de Laval, là, mais vous le savez comme moi, Laval, c'est 35 kilomètres
par 45 kilomètres, et je passe de la pauvreté à la richesse. Je le dis en
toute humilité, parce que c'est une variante partout sur l'île. Et je peux dire
qu'en ce moment j'ai une équité de services à Laval. Alors, comment je fais
pour m'assurer... quand je change le système, puis je reprends le geste, je
change le paradigme, comment je fais pour m'assurer que je n'échappe pas ma
clientèle en milieu défavorisé?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : C'est
une excellente question et c'est une préoccupation aussi que nous avons, puis,
je pense, que je vous ai communiquée à travers le mémoire. On a la responsabilité
de s'assurer une répartition équitable des ressources. Comment est-ce que ça va
se faire? Je ne le sais pas, ce n'est pas très clair. Est-ce qu'il va y avoir
des gens des ressources éducatives sur les C.A. des centres de services? Je ne
sais pas. Dans tous les cas, il y a plusieurs stratégies pour veiller à une
répartition équitable, il y a des moyens d'aller susciter la contribution des
personnes vulnérables, de les faire se sentir assez compétents pour participer
à des décisions publiques. Puis, bien, il y a des données qui existent sur les
milieux, il faut que décisions soient prises sur la base de données. Mais
comment on a les données? En allant voir les gens, souvent, les personnes
concernées aussi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée. Ah! Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Désolée.
Mme Maccarone : Combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Trois minutes.
Mme Maccarone : O.K. Merci
pour votre présence aujourd'hui. Moi aussi, je vais utiliser votre présence
pour passer un message. Je ne sais pas si vous êtes au courant ou si les collègues
sont au courant, mais, au sein du conseil des commissaires de
Lester-B.-Pearson, ils ont deux élèves qui sont commissaires.
Une voix
: ...
Mme Maccarone : Oui, qui
siègent, et ça, c'est un modèle. Là, je nomme juste une commission scolaire,
mais il y en a plusieurs, puis il y en a plusieurs, puis ça, c'est quelque
chose qu'on fait sans détruire le système de gouvernance actuellement en place.
Ça fait que c'est une modification facile à faire dans la structure pour
assurer qu'on a une participation citoyenne qui est plus accrue, puis de
rejoindre la jeunesse.
Vous avez mentionné, dans votre
témoignage, que...mon collègue vient de le mentionner, l'accès pour les milieux
défavorisés, mais aussi pour les parents des enfants, peut-être handicapés,
etc., puis je pense que le chiffre que vous avez utilisé, c'est 5 %, ça
fait qu'on n'a pas vraiment un taux de participation qui est favorable. On sait
que c'est difficile pour ces parents de participer, ils ont des contraintes de
temps, etc., puis leur situation, souvent, ne leur permet pas de participer.
Selon vous puis votre expertise, est-ce que le projet de loi n° 40
va permettre un meilleur accès pour les parents de ces enfants-là, handicapés
ou en déficience intellectuelle?
Mme Flon (Malorie) : Pour
l'instant, il n'y a rien dans la lecture du projet de loi qui me permet de
penser qu'il y a des nouveaux moyens qui sont proposés pour favoriser la
participation de ces gens-là.
Mme Maccarone : Parfait. Le
système actuel, qu'on a présentement, on sait que maintenant... J'aimerais vous
faire... entendre par rapport au système de deux tracks. Parce qu'on parle
vraiment d'abolir un système, un réseau de démocratie. On va garder une forme
de démocratie que, selon moi, ne respecte pas la constitution qui protège la
communauté minoritaire d'expression anglaise, pour la communauté anglophone,
mais on va abolir ce palier de démocratie totalement pour les francophones.
Est-ce que ça, ça représente une problématique, selon vous?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : Oui. Ce
n'est pas une problématique que j'ai examinée, donc je ne me sens pas à l'aise
de me prononcer dessus, mais, selon les observations qu'on voit dans les
médias, en effet, il y aurait une iniquité. Mais je ne voudrais pas en dire
plus.
Mme Maccarone : O.K. Une
dernière question pour vous, parce que j'ai entendu mes collègues parler de
pouvoirs des parents, puis ça serait un... pouvoirs des parents qui sont
accrus. Actuellement, dans le système que nous avons pour les élections des
membres qui siègent sur le conseil de commissaires, savez-vous si les parents
sont exclus à se présenter pour toutes les positions qui sont disponibles?
Mme Flon (Malorie) : Non, les
parents peuvent se présenter.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'actuellement, si on laisse 13 ou 10, tous les parents peuvent se présenter.
Mme Flon (Malorie) : Oui.
Mme Maccarone : Ça fait que ça
veut dire qu'ils ont déjà un pouvoir de...
Mme Maccarone : ...sur le
conseil de commissaires. Savez-vous si les parents sont exclus à se présenter
pour toutes les positions qui sont disponibles?
Mme Flon (Malorie) : Non, les
parents peuvent se présenter.
Mme Maccarone : Ça fait qu'actuellement,
si on a 13 ou 10, tous les parents peuvent se présenter
Mme Flon (Malorie) : Oui.
Mme Maccarone : Ça fait que ça
veut dire qu'ils ont déjà un pouvoir de représentation, ils ont déjà un pouvoir
de participer. Puis, dans le projet de loi n° 40, ça
veut dire qu'ils vont diminuer le nombre de parents qui auront un siège autour
de la table, n'est-ce pas?
Mme Flon (Malorie) : Oui.
Mme Maccarone : Est-ce que ça,
c'est un pouvoir accru?
Mme Flon (Malorie) : Un
pouvoir accru. Non, mais le projet... C'est sûr que le vrai problème, ce n'est
pas que les parents n'ont pas l'opportunité de se présenter, c'est le taux de
participation qui est le vrai problème.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Je vais passer maintenant la parole à la
députée de Joliette. Et il y a déjà eu un consentement ici entre les différents
partis pour verser le temps de la députée de Sherbrooke au profit de la députée
de Joliette avec le consentement du ministre et de l'opposition officielle. Mme
la députée de Joliette, vous avez près de cinq minutes.
Mme
Hivon
:
Merci. Vous ne savez pas la chance que j'ai aujourd'hui. J'ai cinq minutes au
lieu de 2 min 40 s. Donc, c'est Noël. Oui. Alors, écoutez, bien,
merci beaucoup. C'est intéressant. C'est une perspective un peu différente.
Je me demandais... Vous avez abordé avec
ma collègue de Mille-Îles, rapidement, la question de l'équité. Vous avez beaucoup
parlé de la question de... dans la répartition des ressources. Mais est-ce que
vous vous êtes penchés sur... Le groupe qui vous précédait nous disait que ce
serait important que l'équité soit vraiment une fonction, de s'assurer de
l'équité, assumée par les nouveaux conseils d'administration, donc, des centres
de services. Est-ce que vous vous êtes penchés sur toute cette notion d'équité
là en lien avec le fait que là il va y avoir un libre choix complet pour la
fréquentation des écoles puisqu'il n'y aura plus de lien avec le territoire, c'est-à-dire
que... dans l'article 1 du projet de loi? Vous n'avez pas regardé cette
question-là spécifiquement.
Mme Flon (Malorie) : ...vous
m'amenez dans un niveau d'analyse pour lequel on ne se sent pas suffisamment experts.
Mme
Hivon
:
Parfait. C'est ce que je voulais savoir. En termes de consultation, puis de
comment faire atterrir des réformes, puis de s'assurer d'un consensus social,
ce qui est un peu votre expertise, est-ce que... Là, on a une réforme sur les
structures, la gouvernance, avec certains autres éléments qui arrivent, mais ça
n'a pas été précédé d'une vaste consultation sur les enjeux de fond, je dirais,
sur quelle est l'école qu'on veut en ce moment, sur l'école à deux vitesses, à
trois vitesses, sur des enjeux d'équité, notamment. Est-ce qu'on aurait dû
faire ça... ou est-ce qu'on bénéficierait, comme société, de faire les choses
dans cet ordre-là?
Mme Flon (Malorie) : Oui,
clairement. Nous aurions bénéficié d'avoir un débat social plus large, je
crois, sur cette question-là pour examiner différents scénarios, confronter les
idées dans la discussion aussi. Là, vous avez une succession de points de vue
individuels qui vont, certes, vous informer, mais je crois qu'on aurait
bénéficié de faire aussi délibérer les acteurs entre eux sur ces questions-là,
et peut-être que des recommandations s'en serait dégagées.
Mme
Hivon
:
Parce qu'il y a une force au travail qu'on fait puis qui peut se répercuter via
les médias dans l'espace public, ce qui engage un dialogue. Mais je pense qu'il
faut faire les choses dans l'ordre et je pense aussi qu'il faut se donner du
temps, parfois, quand on fait des réformes comme celle-là.
Malheureusement, je pense qu'en ce moment
on ne travaille pas dans les conditions idéales parce qu'on met cette
réforme-là avant d'avoir fait le débat sur le fond et parce qu'on travaille
avec un échéancier très serré parce que le ministre a déclaré que le,
29 février, les commissaires scolaires n'auraient plus les responsabilités
qu'ils assument à l'heure actuelle. Donc, ça met un peu de pression, je dirais,
pour un sain débat public.
Est-ce que le facteur temps est un
élément, dans la saine délibération, pour bâtir des consensus et faire atterrir
des réformes?
Mme Flon (Malorie) : Absolument.
Mme
Hivon
:
Merci. Ça a l'air arrangé, là, mais on ne s'était pas...
Mme Flon (Malorie) : Ça ne
l'est pas.
Mme
Hivon
: Non.
C'est parce que moi, j'ai été très marquée, comme certains le savent, par mon
expérience avec l'aide médicale à mourir. Je ne dis pas que c'est la même
chose, mais le facteur temps et l'aspect délibératif a aidé beaucoup à bâtir
les consensus. Puis je pense que, quand on change des choses comme ce qu'on
change aujourd'hui, qui vont affecter tout le système scolaire, il ne faut pas
minimiser comment une réforme va atterrir, comment on a pu bâtir le consensus
pour que les acteurs se sentent mobilisés, et qu'il y ait cette adhésion-là.
Mme Flon (Malorie) : Oui.
Puis, si je peux me permettre, pour qu'il y ait un débat social efficace,
aussi, il y a un volet d'information qui est important. Et je pense que, dans
la société québécoise, il y a encore une mécompréhension de certains rôles de
comment les pouvoirs se répartissent actuellement même entre les différents acteurs.
Et puis, oui, on aurait bénéficié de temps pour pouvoir avoir ce débat-là.
• (13 heures) •
Mme
Hivon
: Oui.
Puis moi, je donne un exemple en termes... Je ne sais pas si le ministre va la
faire, là, cette campagne d'information là, mais toute la question justement...
13 h (version non révisée)
Mme Flon (Malorie) : …une
mécompréhension de certains rôles, de comment les pouvoirs se répartissent actuellement,
même, entre les différents acteurs, et puis oui, on aurait bénéficié du temps…
de temps pour avoir ce débat-là.
Mme
Hivon
: Oui,
puis moi, je donne un exemple en termes… je ne sais pas si le ministre va la
faire, là, cette campagne d'information là, mais toute la question, justement,
de la fréquentation des écoles, du changement, un peu, des écoles de quartier,
des impacts que ça peut avoir pour les écoles de village. Les gens, en ce
moment… Il n'y a pas de débat là-dessus, les gens ne sont pas au courant parce
qu'ils pensent qu'on est juste dans la question des structures. C'est d'abord
ce dans qu'on est, mais, je pense, c'est un enjeu important.
Je voulais vous amener… ma collègue y a
fait référence, vous aussi. La présence des gens qui s'impliquent. Certains
nous ont dit que souvent il y a une disproportion de gens de milieux
économiquement plus favorisés qui vont s'engager plus facilement, pour toutes
sortes de raisons qu'on peut imaginer. Comment on fait? Parce que là on a un
double défi, il va avoir plus de parents… bien, pas plus de parents, on se
comprend, mais, dans la composition, il y a un nombre… il y a une proportion
forte réservée aux parents via… versus les membres de la communauté. Un, ça,
j'aimerais ça vous entendre à savoir si on a le bon équilibre.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes.
Mme
Hivon
: Ah!
Puis, deux, comment on fait pour stimuler la participation de gens qui
participent moins facilement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il vous en reste quinze.
Mme Flon (Malorie) : Pour
susciter la participation de gens qui participent moins, il faut des
ressources, il faut du temps, il faut du monde qui font des liens. On passe par
des organismes, on fait des appels, on va rencontrer des gens, on crée une
relation de confiance. Donc, il y a des ressources à mettre en place.
Sur l'équilibre, comme je vous dis, je
préférerais m'abstenir de dire un nombre adéquat, là, pour les centres de
service, mais c'est certain que je vois d'un bon œil qu'il y a des
représentants de la communauté. En même temps, ma compréhension, c'est que ces
gens-là seront élus par les parents. Donc, est-ce qu'on ne passe pas un peu à
côté de la… Je pose la question. Il y a aussi une question…
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vous remercie de votre contribution, Mme Flon.
Nous allons maintenant suspendre les
travaux, et nous les reprendrons à 15 heures. Merci, bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme Thériault) :
On commence, M. le ministre. À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté
le quorum, la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Je vous demande de bien vouloir éteindre la sonnerie de vos appareils
électroniques. Et nous poursuivons les auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières et des auditions publiques sur le projet de loi n° 40,
Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. Cet après-midi, nous entendrons
la Fédération des cégeps, l'Institut de coopération pour l'éducation des
adultes, laFédération
québécoise des municipalités et la Fédération des syndicats de l'enseignement.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Fédération des cégeps. M. Tremblay, vous avez à peu près
une dizaine de minutes pour nous faire votre exposé et nous présenter les gens
qui vous accompagnent. Et, par la suite, ce sera les échanges avec les
parlementaires. Bienvenue à l'assemblée.
M. Tremblay (Bernard) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mmes, MM. les députés. Je commence donc en me
présentant, Bernard Tremblay, je suis le président-directeur général de la
Fédération des cégeps. Je suis accompagné à ma gauche de M. Sylvain Lambert qui
est le président de notre Conseil des directions générales et qui est également
directeur général du cégep Édouard-Montpetit. À ma droite, Me Annie Kirouac qui
est avocate, donc, au service juridique de la fédération. Nous sommes ici
aujourd'hui pour représenter, évidemment, les 48 cégeps du Québec et nous
vous remercions de nous donner l'occasion de commenter le projet de loi
n° 40 dont certaines modifications législatives présentent un intérêt pour
nos membres.
D'entrée de jeu, je me permettrai de
préciser que pour nous les modifications apportées, donc, à la structure
décisionnelle des commissions scolaires n'ont de sens que si elles contribuent
à améliorer les services éducatifs offerts aux élèves. C'est donc dans cette
perspective que nous avons analysé le projet de loi. Mais nous pensons aussi
qu'elles doivent préparer les élèves du secondaire, donc, à la poursuite de
leurs études au niveau collégial s'ils le souhaitent. C'est donc dans la
perspective du continuum de formation entre les ordres d'enseignement que la
Fédération des cégeps se prononce sur ce projet de loi.
Parmi les éléments qui nous interpellent
plus particulièrement, on retrouve des éléments de centralisation qui nous
paraissent présenter un certain risque de déconnexion par rapport aux réalités
régionales et institutionnelles. Il y a un risque d'alourdissement des
processus et de la reddition de comptes en ce qui concerne notamment les
analyses qui pourraient être exigées par le ministre en matière de partage de
ressources et des services. Il en va de même pour l'autorisation nécessaire
avant de procéder à des travaux de construction, d'agrandissement ou de
rénovations par exemple.
Vous savez, les réseaux de l'éducation
doivent répondre aux besoins des élèves et des étudiants selon des échéanciers
serrés et avec un cycle de gestion, je dirais, qui est particulier et qui est
différent de celui du gouvernement. C'est pourquoi l'ancrage de la gouvernance
des établissements dans leurs régions est une caractéristique fondamentale en
éducation. Comme première recommandation de notre mémoire, nous demandons que
le projet de loi valorise cet ancrage de la gouvernance des centres de services
scolaires et des établissements dans leur communauté. Nous proposons également
que les centres de services scolaires disposent du libre choix de convenir d'un
partage... d'une entente de partage de services. Le projet de loi comporte un
pouvoir un ministre qui nous questionne un peu à cet égard.
En ce qui concerne la composition des
conseils d'administration des centres de services scolaires, nous notons avec
satisfaction qu'un membre du personnel ne pourra représenter une association de
salariés d'un centre. Il s'agit d'un élément important selon notre expérience.
Nous recommandons cependant, sur la base de notre expérience que nous avons
vécue, donc, dans les cégeps, d'introduire une disposition équivalente à
l'article 12 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel pour renforcer la notion de primauté des intérêts du centre
lorsque des décisions sont prises avec des membres de l'interne.
Sur ce, je vais laisser mon collègue
poursuivre la présentation.
M. Lambert (Sylvain) : Oui.
Dans la recommandation quatre de notre mémoire, nous demandons qu'un siège soit
réservé à un représentant des cégeps au sein du conseil d'administration du
centre de services scolaire, au même titre que les conseils d'administration
des cégeps comprennent actuellement des membres de commission scolaire et un
membre d'université... des universités. Cette pratique, pensons-nous, favorise
les relations entre les établissements sur des enjeux comme la persévérance
scolaire ou la mise en commun de services par exemple. De même, le comité
d'engagement pour la réussite des élèves, dont la composition est définie dans
le projet de loi, devrait aussi comprendre un représentant des cégeps pour
occuper le siège réservé à un membre issu de la recherche en éducation.
Plusieurs projets de recherche sur la réussite au collégial sont en cours dans
les cégeps, nous possédons donc une vaste expérience dans le domaine.
Par ailleurs, le projet de loi nous semble
un peu trop discret quant au profil attendu des membres parents qui occuperont
les huit sièges du conseil. Pour que ce conseil dispose des expertises
nécessaires pour exercer une gouvernance représentative, nous...
M. Lambert (Sylvain) :
...recherche sur la réussite au collégial sont en cours dans les cégeps. Nous
possédons donc une vaste expérience dans ce domaine.
Par ailleurs, le projet de loi nous semble
un peu trop discret quant au profil attendu des membres parents qui occuperont
les huit sièges du conseil. Pour que ce conseil dispose des expertises
nécessaires pour exercer une gouvernance représentative, nous proposons, dans
notre recommandation n° 5, qu'il soit demandé au
centre de services scolaires d'élaborer un profil de compétences de tous les
membres de leur conseil d'administration.
La notion d'allocation de présence au
conseil d'administration prévu dans le projet de loi a également retenu notre
attention et nous accueillons favorablement cette mesure. Nous recommandons,
par conséquent, que le gouvernement se penche sur les moyens de mettre en
place... sur les moyens à mettre en place pour traiter de manière équitable
tous les membres externes des centres de services scolaires, mais aussi des
cégeps. Je te redonne la parole.
M. Tremblay (Bernard) : Alors,
si vous le permettez, je terminerai avec deux remarques. La première concerne
l'article 34 du projet de loi, qui permet exceptionnellement au directeur
d'école de majorer le résultat d'un élève après avoir consulté l'enseignant.
Cette disposition pourrait entraîner, selon nous, une utilisation de ce pouvoir
sans le consentement de l'enseignant, à qui nous reconnaissons le jugement
professionnel requis pour assumer cette fonction d'évaluation dans sa classe.
Et si ce n'est pas le cas, nous croyons que le centre de services scolaires devrait
avoir la capacité d'agir face à un enseignant qui comporte des problèmes de
compétences ou autres, alors si ce problème, évidemment, est de cet ordre-là.
Notre deuxième remarque est plutôt une
mise en garde. Alors, certains groupes que vous entendrez dans le cadre de ces
auditions pourraient vouloir saisir l'occasion pour s'inviter dans un débat non
sollicité sur la gouvernance de la formation professionnelle. Or, il serait
dangereux de croire que la solution du problème de rareté de main-d'oeuvre
passe par la prise en charge de cette gouvernance par les entreprises ou les
associations d'entreprises. Cela pourrait avoir pour conséquence d'imposer un
virage utilitariste à la formation professionnelle au détriment de la formation
fondamentale nécessaire aux travailleurs et à tous les citoyens.
En ce qui concerne l'identification des
besoins de formation, ce serait aussi la... qui serait aussi la cause de la
rareté de main-d'oeuvre selon certains, nous voulons rappeler que les conseils
régionaux des partenaires du marché du travail jouent un rôle important à cet
égard. Il serait inutile d'ajouter une autre instance consultative
décisionnelle. Nous invitons donc le ministre à rediriger ce débat de société
vers les membres de la commission des partenaires du marché du travail.
Évidemment, cette mise en garde concernant la formation professionnelle
s'applique aussi à la formation technique.
Nous vous remercions pour votre écoute et
nous espérons que vous prendrez en considération nos remarques. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci beaucoup, M. Tremblay. Donc, sans plus tarder, je me tourne vers le
ministre pour votre bloc d'échange de 16 minutes. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Plusieurs questions pour vous.
D'abord, parce que, bon, vous arrivez à titre de partenaire du réseau de
l'éducation mais aussi avec un partenaire qui a un mode de gouvernance qui est
différent de qu'est-ce qu'on a dans le réseau scolaire, sans élections ou
suffrage universel, puis parce que, pour mettre en jeu notre proposition, on a
regardé ce qui se faisait ici, ce qui se faisait ailleurs, ce qui se faisait
dans le réseau universitaire, collégial, donc chez nous et ailleurs. De votre
côté, les conseils d'administration dans les cégeps fonctionnent avec un nombre
de personnes qui représentent diverses catégories. Pourriez-vous exposer aux
gens quelle est la composition habituelle d'un conseil d'administration sur un
cégep.
M. Lambert (Sylvain) : Je
vais y aller de mémoire. Je vais essayer de ne pas en oublier. On a des
étudiants, on a des enseignants, il y a aussi les gens du milieu
socioéconomique, deux représentants, il y a des gens du milieu de l'industrie,
des industriels, donc qui sont présents, il y a aussi un représentant
universitaire, un représentant de commission scolaire, des anciens diplômés,
soit du secteur technique, secteur préuniversitaire et là j'espère que je n'en
oublie pas, mais ça représente assez bien.
Donc, on parlait du profil de compétences,
c'est quand même une représentation intéressante de la société, et ce mélange
interne et externe là aussi fait des débats fort intéressants, parce
qu'évidemment, là, nous aussi on arrive avec des positions qui ont été
débattues à l'interne. C'est intéressant pour alimenter la réflexion que les
gens de l'interne y soient, mais, évidemment, il faut... et c'est comme ça
qu'est prévu aussi la loi chez nous. Il y a quand même une majorité de membres
externes, bien sûr, pour assurer une bonne gouvernance.
Donc, on a vraiment des représentants très
diversifiés sur nos conseils d'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Moi, je
fais des liens avec l'intervention précédente, en fin d'avant-midi, où on avait
l'Institut... L'INM, l'Institut du Nouveau Monde, qui nous parlait de ces
gouvernances-là, avec les gens qui sont utilisateurs, ou parents-utilisateurs
ou, des fois, des gens qui sont dans l'instance elle-même comme des profs, des
choses comme ça, parce qu'on pouvait les compter comme utilisateurs aussi.
Donc, vous avez des C.A. avec une pluralité d'acteurs, des gens de l'interne,
des gens de l'externe, des gens qu'on pourrait qualifier d'utilisateurs, des
gens qu'on pourrait qualifier de membres de la communauté ou, enfin, de
partenaires. Et vous avez combien de personnes? Tout ce monde-là, là, quand on
additionne tout ce monde-là, ça fait des C.A. de combien de personnes, à peu
près?
• (15 h 10) •
M. Lambert (Sylvain) : En
général, c'est 19 personnes. Il y a certaines exceptions, là, quand il y a
des écoles nationales...
M. Roberge : ...qu'on pourrait
qualifier de membres de la communauté ou, enfin, de partenaires. Et vous avez
combien de personnes? Tout ce monde-là, là, quand on additionne tout ce
monde-là, ça fait des C.A. de combien de personnes, à peu près?
M. Lambert (Sylvain) : En
général, c'est 19 personnes. Il y a certaines exceptions, là, quand il y a
des écoles nationales ou des situations particulières, ça peut aller
jusqu'à 21, mais...
M. Tremblay (Bernard) : Cégep
régional.
M. Lambert (Sylvain) :
...cégep régional, oui, il y a des... mais sinon, c'est 19, la norme dans
le réseau.
M. Roberge : O.K. Donc on
n'est pas très loin du modèle proposé, ici, avec nos centres de service, où on
arrive à 16, mais ça peut être un peu plus nombreux dans le cas du réseau
anglophone, là, ça pourrait monter jusqu'à 20. Donc, entre 16
et 20, on n'est pas loin de 19.
Vous vous intéressez, dans votre mémoire,
à un point qui n'a pas été soulevé par les intervenants précédents, donc, je
trouve ça intéressant : la notion de compensation ou de jetons de
présence. Parce que beaucoup de gens ont dit : Bien, voyons, ça ne
marchera pas, les C.A. des centres de services, on demande à des bénévoles de
venir faire un travail qui devrait prendre des heures, et des heures, et des
heures... mais, bon, on extrapole en pensant que les gens sur le C.A. feraient
le même travail que les commissaires. C'est faux, en partant, on ne demandera
pas aux gens qui sont sur les C.A. de faire le travail des commissaires.
Mais, si on veut un comparable, puisqu'on
n'a pas des C.A. sur nos centres de services en ce moment — on n'a
pas encore nos centres de services —, on va se tourner vers vous.
Peut-être deux questions : vos C.A. se rencontrent combien de fois par
année? Et est-ce qu'il y a une espèce de compensation financière ou de jetons
de présence pour participation sur vos instances?
M. Lambert (Sylvain) : Bien,
non, il n'y a pas de jetons de présence, donc c'est un engagement bénévole.
Évidemment, ça peut être variable selon les cégeps, le nombre de rencontres.
Généralement, il y en a au moins six par année, parfois plus, ça peut
aller à huit, dix, dans des années où est-ce qu'il doit y avoir des C.A.
extraordinaires pour des questions, des situations particulières, mais je pense
que si on dit entre six et dix par année, c'est pas mal ce à quoi ça
ressemble, là, le nombre de rencontres.
Évidemment, il y a aussi des comités, il y
a un comité exécutif, là, qui est prévu dans la loi, il y a aussi des comités,
souvent, d'audit de finances, des comités de gouvernance, tout dépendant, là,
encore une fois, de la gouvernance locale. Donc, il y a des gens qui sont plus
impliqués, pour qui c'est peut-être plus demandant, il y a des réunions qui
s'ajoutent, mais ça se fait de manière bénévole. Et, généralement, les gens
sont là parce qu'ils croient en la cause, parce qu'ils veulent contribuer, là,
à l'avancement de l'éducation au Québec.
M. Tremblay (Bernard) : Mais
j'ajouterais, si on a mentionné, évidemment, cette considération-là des jetons
de présence, on sait que, bon, c'est une recommandation de l'IGOPP, on sait
que, de plus en plus, on implante plusieurs recommandations, y compris dans les
cégeps, des recommandations de l'IGOPP qui impliquent plus de réunions, plus de
comités que la gouvernance, donc, ne se limitent plus à participer, une fois
par mois, à un conseil d'administration, mais à avoir, donc, des comités ad hoc
ou des comités statutaires. Et donc, dans ce contexte-là, on pense que la
tendance nous amène à dire que : Oui, ça prend une reconnaissance au-delà
de l'engagement des gens, pour être sûrs que le travail se fait avec tout le
sérieux nécessaire, même si, présentement, on a des gens engagés, les gens
commencent à nous dire : Bien, on est un peu essoufflés, puis on trouve
que c'est exigeant, ce qu'on nous demande, d'ajouter un comité RH, puis
d'ajouter un comité de gouvernance, puis un comité de finances, etc.
M. Roberge : O.K. Mais donc,
c'est une bonne idée d'avoir une espèce de compensation, des jetons de
présence. Aussi, je le précise, les gens qui siégeront sur les conseils
d'administration, au-delà qu'on estime en ce moment... puis ce n'est pas fait,
hein, il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs, le projet de loi n'est
pas sanctionné, les règlements ne sont pas adoptés, on a une intention qu'il
faut mettre sur la table, d'environ 100 $ par rencontre comme jetons de
présence. 10 à 12 rencontres par année, ça fait quand même un peu plus de
1 000 $. Puis il y a, ce qu'il y a en ce moment aussi, les frais de
déplacement, tout ça, évidemment, ça serait compensé, surtout quand on pense
qu'il y a des très grandes commissions scolaires. Des fois, on pourrait avoir
quelqu'un qui fait 30, 40, 50, 60 kilomètres, facilement, pour se rendre à
la rencontre, évidemment, ça serait compensé.
Mais ça nous emmène à vous entendre, à
voir que ça se peut, trouver, hein, des cégeps, il y en a une quarantaine au
Québec, ça se peut, trouver 40, 50 fois 10 personnes qui
sont bénévoles, qui sont compétentes, qui veulent donner de leur temps. Ça se
fait même bénévolement dans le réseau des collèges, des cégeps, il n'y a pas de
raison que ça ne pourrait pas se faire avec jetons de présence dans le réseau
des commissions scolaires devenues des centres de services. Ce n'est pas une
utopie de penser ça, d'autant plus que la Fédération des comités de parents
nous ont dit : Nous autres, on en a plein, de parents, qui le feraient.
M. Tremblay (Bernard) :
J'ajouterais, par ailleurs... Puis, oui, je pense que vous avez raison de le
dire, mais en même temps... puis c'est ça, aussi, le sens de notre propos en
introduction : ce lien entre la communauté et la maison d'enseignement.
Vous savez, on administre des fonds publics, c'est normal qu'on rende des
comptes à l'État, mais en même temps, c'est important que les gens qui sont au
conseil d'administration aient le sentiment de vraiment faire œuvre utile et
non pas seulement de sanctionner des choses. Et ça, on l'entend dans nos
conseils d'administration, où les gens nous disent : Écoutez, il y a
beaucoup de redditions de comptes au gouvernement, est-ce qu'on a un rôle
vraiment utile, nous? Alors, je le dis de façon générale, je pense que ce
souci-là, comme parlementaires, vous devez l'avoir, en tout cas, je propose de
l'occasion pour vous le souligner, donc, que les gens sentent vraiment leur
contribution, et je pense que ça, c'est gage d'engagement...
M. Tremblay (Bernard) :
...nous disent : Écoutez, il y a beaucoup de redditions de comptes au gouvernement,
est-ce qu'on a un rôle vraiment utile, nous? Alors, je le dis de façon
générale, je pense que ce souci-là, comme parlementaires, vous devez l'avoir.
En tout cas, je profite de l'occasion pour vous le souligner. Donc que les gens
sentent vraiment leur contribution, ici je pense que ça, c'est gage
d'engagement.
M. Roberge : Je pense que
c'est très important justement d'aller dans un contexte de respect de
l'implication des gens. La décentralisation, donc de reconnaitre au conseil
d'administration du centre de services, les libertés de choix, une capacité
d'agir puis même chose pour, dans notre cas, les conseils d'établissement
aussi, si on veut que les gens s'investissent, les gens viennent, il ne faut
pas qu'ils aient l'impression d'être des plantes vertes autour d'une table puis
d'être là pour être là, de servir de quorum. Je pense qu'il faut respecter les
gens.
Un autre élément sur lequel j'aimerais
vous questionner, c'est la question de porte-parole, de représentant officiel.
Dans le modèle proposé, avec le projet de loi n° 40, les gens sur les conseils
d'administration se trouvent à être élus différemment. Moi, je dis qu'ils vont
être élus deux fois, là. Souvent, ils vont être élus sur le conseil
d'établissement puis après ça, ils vont être élus sur le C.A. Mais après, sur
le C.A., ils font un travail d'administrateur, de veille. Ce ne serait plus
eux, les porte-paroles. Ce seraient eux qui nommeraient le directeur général ou
la directrice générale en tant que porte-paroles.
Des gens nous ont dit : Ah! bien là,
ça n'a pas de bon sens d'aller empêcher les gens de s'exprimer, vous allez
museler les gens, les directions générales ne contesteraient pas le gouvernement,
les directions générales nepourraient pas prendre un ministre ou un gouvernement
de front.
Est-ce que vous avez l'impression que les
directions générales des cégeps, parce qu'elles ne sont pas élues, ne peuvent
pas critiquer le gouvernement ou dénoncer même un geste ou une parole prononcée
par un ministre ou un premier ministre? Est-ce que vous vous sentez muselé parce
que vous n'êtes pas élus au suffrage universel?
M. Tremblay (Bernard) : Si je
réponds, est-ce que vous allez avoir l'impression que je musèle mon président?
Non, mais j'ai le goût de dire, je pense qu'effectivement, je ne crois pas,
hein, de pouvoir. En fait, je peux témoigner que je ne crois pas que les
directions générales de cégeps se sentent muselées. Mais par ailleurs, évidemment,
je pense que dans leur prise de position publique, ils prennent une position administrative.
Évidemment, à partir du moment où on change une gouvernance «politique» à une
gouvernance plus administrative, là, on comprend que le porte-parole de
l'établissement, il est souvent mandaté dans le fond des décisions de
l'organisation.
Et souvent, dans notre expérience, la
direction générale est bien placée parce qu'elle a une connaissance de
l'ensemble des dossiers de l'établissement, et bien placée pour dire :
Bien voilà pourquoi telle situation s'est produite, voilà quel choix on a fait.
Mais c'est sûr que c'est plus dans un rôle, j'oserais dire, explicatif, que
dans un rôle de revendication, parce qu'évidemment, à partir du moment où on
est des gestionnaires, on est dans une autre posture, hein?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Saint-Jérôme, il vous reste 5 min 30 s.
M. Chassin :
Merci. En ajout à... sur cette question-là, est-ce que par exemple les cégeps
bien implantés dans leur communauté ne portent pas parfois aussi la voix de
leur communauté pour faire valoir certains besoins?
M. Tremblay (Bernard) : Oui, tout
à fait. Je ne veux pas effectivement, je vais... Peut-être ma réponse n'a pas
mis ça en évidence. C'est sûr qu'il y a les... Comment dire? Les besoins de la
région, les besoins en matière d'enseignement supérieur. C'est sûr que les
D.G., les directions générales, sont en mesure de les partager. Et je pense que
mon collègue peut ajouter avec des exemples concrets.
M. Lambert (Sylvain) : Oui,
tout à fait. Puis de toute façon, juste dans l'actualité aujourd'hui, vous
verrez que des directeurs généraux prennent position et il n'y a rien qui
empêche en effet, quand ils représentent... Et d'où l'importance de la
représentativité au sein de la gouvernance pour que la position du cégep que
représente le directeur général soit celle d'une communauté, soit celle d'un
milieu qui s'affirme, là.
M. Chassin :
On y reviendra peut-être, mais justement dans le projet de loi n° 40, on a
un peu cette intention, là, d'ancrer tant les C.A. que les conseils
d'établissement avec la communauté. Je voudrais quand même attirer l'attention
des gens ici et des gens qui nous écoutent sur une proposition que vous faites.
En fait, vous parlez de reproduire l'article 12 de la loi des collèges
d'enseignement dans notre... le projet de loi n° 40, spécifiquement...
Bien en fait, vous pouvez peut-être nous résumer l'article 12,
Mme Kirouac, pour expliquer en quoi ça peut être intéressant dans la
gouvernance de garder ce principe.
Mme Kirouac (Annie) : En
fait, pour résumer l'article 12, l'article 12 prévoit... Vous avez
quatre alinéas qui parlent, un, évidemment du principe de conflit d'intérêts où
on doit se retirer et le dénoncer, mais il y a des alinéas qui prévoient un
automatisme pour les membres du personnel, où ils doivent se retirer quand ils
ont à voter sur lien d'emploi, rémunération, conditions de travail, soit de
leur catégorie d'employé ou d'une autre catégorie également. Alors il y a un
automatisme que nous, on considère qu'il devrait être reproduit au niveau, là,
des conseils, là, pour les commissions scolaires.
• (15 h 20) •
M. Chassin :
Bien, c'est une suggestion que je trouve intéressante. Parfois, justement, en
regardant d'autres lois dans d'autres ordres d'enseignement, on peut...
Mme Kirouac (Annie) :
...catégorie d'employé ou une autre catégorie également. Alors, il y a un
automatisme que nous, on considère qui devrait être reproduit au niveau, là,
des conseils, là, pour les commissions scolaires.
M. Chassin :
Bien, c'est une suggestion que je trouve intéressante. Parfois, justement, en
regardant d'autres lois dans d'autres ordres d'enseignement, on peut s'en
inspirer.
Vous parlez du partage des services aussi,
à la page 3 de votre mémoire. Puis, dans le fond, j'essaie de bien vous
suivre, là, quand vous parlez du libre choix, finalement, du centre de services
par rapport à une entente, évidemment, ça signifie quelque part que, dans
l'article, vous souhaiteriez que le ministre ne puisse pas exiger, en fait, en
partage.
Je ne sais pas... Puis là j'essaie de voir
avec vous, dans l'article proposé, il y a plusieurs étapes, hein? Donc, on voit
qu'il y a une progression, il y a une réflexion, il y a même une analyse.
Autrement dit, le «exiger» arrive un peu à la fin d'un processus où tous les
acteurs sont impliqués, où il y a, dans le fond, des données probantes.
Est-ce que vous n'avez pas l'impression
que justement, en plaçant le «exiger» à la fin, on montre à quel point on fait
d'abord une démarche de bonne foi avec tous les acteurs? Et, en même temps,
puis là c'est une question peut-être un peu plus, justement, de gouvernance ou
de responsabilité ministérielle, ultimement, mais, comme il s'agit de données
publiques, est-ce qu'il n'est pas légitime qu'un ministre du gouvernement soit
responsable de ces dépenses-là et, à tout prendre, le ministre de l'Éducation,
ce serait peut-être le plus indiqué?
M. Tremblay (Bernard) :
Oui, je... En fait, je vous dirais, nous, selon notre expérience, quand il y a
des orientations, des souhaits qui sont émis par notre ministre, effectivement,
ils sont pris en considération, ils sont analysés.
Et je reviens encore sur l'importance de
tenir compte du contexte de chacune des régions. Et donc, et avec tout le
respect que j'ai pour les gens qui sont à Québec, il reste quand même que les
gens de la région ont une capacité de tenir compte d'enjeux qui parfois peuvent
échapper aux gens qui sont à Québec, et au-delà des individus, hein? Parce que,
comme on dit souvent, quand on parle d'un projet de loi, on... ce projet de loi
là, s'il entre en vigueur, il nous dépassera tous en termes de durée, et donc
ce n'est n'est pas un enjeu par rapport aux personnes, mais c'est un enjeu par
rapport au fait que, de façon naturelle, l'organisation des ministères peut
conduire à un crescendo qui se ferait très rapidement et qui se conclurait
assez rapidement par une conclusion du type : Bien, vous devez le faire.
Et on pense, nous... puis, vous savez, il
y a un autre débat actuellement qui est en cours sur le Centre d'acquisitions
gouvernementales, il y a des liens à faire, pour nous, c'est important, si le
message est lancé, de dire : Travaillez ensemble, les gens vont le faire,
l'éducation... les réseaux de l'éducation sont des réseaux très collaboratifs
quand ils comprennent bien les orientations du gouvernement. Et on pense, donc,
que d'y aller sur une base volontaire est suffisant et produirait les effets
qu'on souhaite obtenir.
La Présidente
(Mme Thériault) : 30 secondes.
M. Chassin :
Même si, à la fin, la responsabilité ministérielle doit être quelque part
inscrite dans le projet de loi, est-ce que vous êtes sensible à cet
argumentaire...
M. Tremblay (Bernard) :
Bien, je... Puis je... Puis c'est intéressant comme... de la façon dont vous
l'amenez parce que je vous réitère que, si on veut que nos conseils
d'administration aient le sentiment qu'ils dirigent quelque chose, il faut à
tout le moins qu'ils aient cette capacité-là réelle sans avoir toujours une
épée de Damoclès en disant : Si vous ne faites pas ce qu'on veut, bien, on
va vous le dire, quoi faire. Et ça, c'est un signe qu'on voyait dans le projet
de loi sur lequel on voulait vous mettre en garde. Parce que l'éducation,
contrairement à la santé, ne... dans la plupart des systèmes d'éducation dans
le monde, est justement... on valorise l'implication locale et on pense que est
important donc que ça ne soit pas donc une espèce d'automatisme, là, de
sanction ministérielle à la fin.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc, je me tourne
du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole
est à vous pour 16 minutes.
Mme Rizqy : Merci...
La Présidente
(Mme Thériault) : Ah! excusez, 10 minutes... pardon,
40 s.
Mme Rizqy : Ah! j'ai comme...
de... J'étais très heureuse pendant un moment.
Merci, et bienvenue parmi nous. Tantôt,
vous avez parlé de gouvernance bien ancrée, de ne pas avoir le sentiment de,
justement, juste sanctionner, c'est comme on... «rubber stamping», comme on dit
souvent en anglais. Et le ministre parle beaucoup d'inverser le paradigme et
ramener le pouvoir au centre de ceux qui sont plus proches des élèves.
Pourtant, dans le projet de loi, il y a
beaucoup «par règlement», «par règlement», «par règlement». Donc, on...
Clairement, on voit qu'il y a aussi une indication que ça va être centralisé
ici, à Québec. Et vous avez aussi dit, pour reprendre votre expression :
Avec respect, des fois les gens Québec, ils peuvent en échapper et que les gens
de région sont mieux placés.
Je m'en voudrais énormément de ne pas
ouvrir cette parenthèse aujourd'hui, car cette semaine a été lourde en émotions
pour nous, à l'Assemblée nationale. Nous avons reçu des étudiants étrangers
dans nos tribunes. Nous avons vu des étudiants manifester devant l'Assemblée
nationale. Et vous avez dit d'entrée de jeu que vous représentez les cégeps.
Alors, cégep de Matane, suite à une décision par règlement, le ministre de
l'Immigration, voici ce qui arrive pour le cégep de Matane : 45 % des
étudiants viennent d'ailleurs...
Mme Rizqy : ...dans nos
tribunes. Nous avons vu des étudiants manifester devant l'Assemblée nationale.
Et vous avez dit d'entrée de jeu que vous représentez les cégeps.
Alors, cégep de Matane, suite à une
décision par règlement, le ministre de l'Immigration, voici ce qui arrive pour
le cégep de Matane. 45 % des étudiants viennent d'ailleurs. Risque de
coupure de professeur, de six à sept postes qui peuvent être coupés. Les
programmes... programmes à risque, photographie, tourisme, animation 3D, où
60 % des étudiants viennent de l'étranger, alors que le taux de placement
est très, très élevé. Cégep de Saint-Félicien. Ce matin, c'est
Mme Prescott qui est la D.G., qui s'exprimait à Radio-Canada, 25 % de
la clientèle provient de l'international, techniques en transformation de
produits forestiers, 50 % des étudiants inscrits sont de
l'international...
M. Émond : ...une
question de règlement, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui, votre question de règlement, M. le député
de Richelieu.
M. Émond : Oui. Je
soulèverais l'article 211 de notre code. Puis je m'excuse, là. Je m'excuse
quasiment de soulever un point de règlement en consultation particulière, ce
n'est pas quelque chose qui est usuel, comme la collègue de Sherbrooke l'a fait
d'entrée de jeu lors du début de nos travaux, puis simplement pour recadrer le
débat, donc, l'article 211 au niveau de la pertinence. Je sais que c'est
très tentant, puis la collègue sait que j'ai beaucoup de respect pour elle,
d'amener les débats du salon bleu vers les salles de commission, mais je pense
que de parler d'immigration, même si en parle dans contexte collégial, là, on
est dans un projet de loi qui vise à réformer la gouvernance du collège. Je
vous demanderais de demander à la collègue de revenir dans le débat en cours,
s'il vous plaît.
La Présidente
(Mme Thériault) : Je vais commencer par écouter la collègue. Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je vais
terminer. Cégep de l'Abitibi, 20 % des demandes d'admission proviennent de
l'étranger dans trois programmes qui ne sont pas sur la liste.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent, on était sur
le point d'ordre.
Mme Rizqy : Ah! Désolée.
Je pensais que ça pourrait intéresser les collègues de savoir aussi ce qui se
passe à Baie-Comeau, puisqu'on reçoit aussi les gens de la Fédération des
cégeps. On parle de gouvernance et on parle que, des fois... et je reprenais
les propos de notre invité qui dit que, oui, des fois, les gens de Québec
peuvent prendre des décisions qui peuvent leur échapper et que les personnes
les mieux placées sont peut-être celles qui sont dans les régions, et que,
maintenant, je vous donnais un exemple très éloquent de qu'est-ce qui peut
arriver comme dérive lorsque des décisions sont prises par règlement. Je pense
que c'est excessivement pertinent, à propos. Et je crois que plusieurs
Québécois en ce moment s'attendent d'avoir une réponse.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous me permettez de statuer, M. le député.
Vous savez que la règle de la pertinence, elle est... elle doit être
interprétée de manière large. Et, lorsqu'on parle de la gouvernance,
effectivement, c'est le projet de loi. Donc, la députée a bien démontré son
point. On va l'écouter tranquillement. Mais je vous...
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mais je vais vous demander, Mme la députée,
d'être quand même prudente, d'essayer de rester sur nos propos.
Mme Rizqy : C'est vrai
qu'il y a plusieurs autres cégeps, mais je pense que vous avez compris mon
point, à savoir : lorsqu'on parle de, justement, dans un projet de loi
n° 40, où est-ce qu'on voit quand même à plusieurs endroits que des
décisions vont être prises par règlement, est-ce qu'à ce moment-là on
s'approche dangereusement de ce que vous nous avez expliqué tantôt, qu'on
pourrait mettre des gens dans une posture où est-ce qu'ils auront la sensation
ou la perception que de ne faire que d'entériner des décisions qui sont prises
ici, au complexe G, ou par un ministre tout seul dans son bureau?
M. Tremblay (Bernard) :
Je vous répondrais à ça qu'évidemment c'est difficile pour moi de commenter de
façon partielle, dans le sens où la Loi sur l'instruction publique, pour la
connaître d'une autre vie, est une loi quand même substantielle, avec
beaucoup... évidemment, de nombreux articles.
Alors, le message général que, nous, on
veut vous transmettre, c'est que vous êtes les mieux placés pour voir
l'équilibre. Mais est-ce que c'est le fait d'avoir des pouvoirs réglementaires
au ministre qui crée un problème, ou autre? Il y a une chose qui est sûr, je
pense qu'au final l'économie générale de la loi doit donner le sentiment aux
conseils qu'ils ont un réel rôle à jouer tout en ayant aussi un équilibre pour
permettre, évidemment, à l'État d'assurer, évidemment, une cohérence des
actions en matière d'éducation.
Mme Rizqy : Quand vous
dites «dans une autre vie», est-ce que vous faites référence à à peu près deux
décennies à la fédé? D'accord. Je pourrais continuer, mais je tiens à céder...
laisser la collègue des Mille-Îles, elle a plusieurs questions, elle aussi.
Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la députée des Mille-Îles... sept
minutes devant vous.
Mme
Charbonneau
:
Merci. Alors, le scoop a été lancé, M. Tremblay, bonjour. Vous allez bien?
C'est un plaisir de vous retrouver, puis je vois que vous êtes toujours aussi
professionnel que je vous ai connu. Dans ce temps-là, je vous appelais
«maître». On a changé de titre tous les deux. Mais c'est un plaisir de vous
retrouver, M. le Président, madame.
Je commencerais peut-être par une question
qui peut sembler bête et méchante, mais on se connaît, donc je peux être qui je
suis habituellement. Et vous comprendrez que...
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme
Charbonneau
:
Non, mais laissez-moi finir la phrase parce qu'on pourrait... je pourrais avoir
du plaisir encore plus que ça. Mais, puisqu'il me connaît bien, il sait que la
question ne sera pas bête et méchante.
• (15 h 30) •
Quand vous parlez de profil chez nos parents,
j'ai le goût de vous retourner la question en disant : Vos étudiants, vos
parents, vos partenaires, est-ce qu'ils ont tous une forme de profil? Parce
qu'on parlait... juste avant, on parlait de... chacune des régions a sa
couleur, chacune des instances représente quelquefois des...
15 h 30 (version non révisée)
Mme
Charbonneau
:
...chez nos parents... J'ai le goût de vous retourner la question, en
disant : Vos étudiants, vos parents, vos partenaires, est-ce qu'ils ont
tous une forme de profil? Parce qu'on parlait... juste avant, on parlait de
chacune des régions a sa couleur, chacune des instances représente quelquefois
des formations techniques puis des choses qui sont différentes. Donc, est-ce
que chacun de vos cégeps exige ou demande à ce que chaque participant ait des
profils précis?
M. Tremblay (Bernard) : La
réponse, c'est non. Mais vous avez pu comprendre, par la composition qu'on a
présentée tout à l'heure, qu'il y a quand même une grande diversité, et qu'en
fait, dans la diversité de la composition du conseil d'administration d'un
cégep, on retrouve indirectement ces profils-là puisqu'on a les étudiants, des
membres de l'interne, des membres du socioéconomique, des gens de l'éducation
primaire, secondaire, des universités.
Alors, nous, en fait, en regardant
justement notre gouvernance, on se disait : Puisqu'il y aura, donc,
normalement, je crois, huit parents, bien, peut-être qu'il y aurait... ce
serait utile... puis pas dans l'optique évidemment de brimer la possibilité que
des gens puissent siéger, mais au moins un peu comme une attente, en fait,
voilà ce qu'on recherche, voilà ce qu'on a besoin pour avoir une composition
d'un conseil qui soit assez équilibré et qui comporte les forces qu'on
recherche.
De plus en plus, encore une fois, l'IGOPP
nous a enseigné que c'était important d'avoir ce souci, au-delà de la
représentativité, d'avoir des gens qui ont peut-être certains atouts qui
permettent de poser des questions dans différents domaines. Donc, c'est dans
cette optique.
Mme
Charbonneau
:
Donc, une recommandation pour les autres mais pas nécessairement une
recommandation que vous appliquez dans la forme de gestion que vos cégeps ont.
Parce que ce n'est pas la...
M. Tremblay (Bernard) : Non, parce
que la composition est un petit peu différente. Puis on sent que notre
composition a cette variété, j'oserais dire, là, naturelle.
Mme
Charbonneau
:
Oui. Combien... Habituellement, un cégep, ça représente combien de bâtiments?
M. Tremblay (Bernard) :
Écoutez, on a, donc, 48 cégeps au Québec — donc, les cégeps,
c'est les collègues publics, hein, ça exclut les collèges privés,
évidemment — et on parle d'à peu près 100 points de service.
Alors, vous pouvez voir que... Bon, évidemment, il y a... Si je parle de la
Gaspésie—Les Îles, bien, vous avez plusieurs campus au-delà du campus de Gaspé.
Alors donc, vous voyez à peu près, donc, un bâtiment, deux bâtiments, trois
bâtiments par cégep, là.
Mme
Charbonneau
:
Et donc, puisque vous les connaissez bien, il y a comme une marche de
différence entre la grandeur d'une commission scolaire et la grandeur... la
relation ressources matérielles-ressources humaines, commission scolaire et
cégep. Ça, on s'entend pour dire qu'il y a une belle différence, là.
M. Tremblay (Bernard) : Tout à
fait. Il y a des analogies parce qu'on est dans le même domaine, mais c'est des
réalités différentes, définitivement.
Mme
Charbonneau
:
Habituellement, vos étudiants, ils sont votés par leurs pairs pour être là.
M. Tremblay (Bernard) :
Choisis par les pairs, oui.
Mme
Charbonneau
:
Donc, choisis par les pairs. Pas avec un profil, juste choisis par ses pairs.
J'insiste. J'insiste parce que, malgré le sentiment de perte de démocratie du
côté francophone seulement, je serais encore plus attristée de savoir qu'on ne
fonctionne pas par démocratie, c'est-à-dire votés par leurs pairs, pour avoir
des parents qui participent à différents aspects des fameux comités.
Dans votre structure, est-ce que tout le
monde a accès à l'ensemble des comités que vous avez? Parce qu'il y a des
sous-comités. Est-ce que tout le monde a accès du conseil d'administration?
M. Lambert (Sylvain) : Ça
dépend des règlements locaux, mais il y a des choses qui sont exclues. Comme par
exemple, la présidence ne peut pas être... Ça ne peut pas être un membre de
l'externe qui occupe la présidence. Il y a ce type de règle là. Parfois, les
comités exécutifs, certains cégeps ont fait le choix que ce soient seulement
des membres externes. D'autres, au contraire, privilégient d'avoir au moins un
membre interne mais pas plus. Donc, c'est un petit peu différent d'un cégep à
l'autre, là, mais ça... Il peut y avoir des règles, en effet, pour assurer,
encore une fois, une bonne gouvernance, là, et s'assurer que les bonnes
personnes sont sur les bonnes chaises.
Mme
Charbonneau
:
Donc, vous avez un comité exécutif.
M. Lambert (Sylvain) : Oui.
C'est prévu par la loi, en fait. Ce n'est pas...
Mme
Charbonneau
:
Oui. Bien, je le souligne au passage parce que, dans la nouvelle structure du projet
de loi n° 40, il n'y a pas vraiment de comité
exécutif, il n'y a qu'un conseil d'administration. Donc, c'est pour ça que je
le soulignais au passage. Parce que c'est important de comprendre la légitimité
puis la vocation de chaque comité, puis un comité exécutif, ça exécute, ça ne
fait pas juste approuver. Donc, dans le principe de la plante verte... Je pense
que, votre comité exécutif, les gens se sentent engagés et bien pris à partie
des différentes décisions que vous avez à prendre.
Dans les commissions scolaires, puis il y
a seulement qu'un regroupement qui l'a soulevé, on a un protecteur de l'élève.
Chez vous, il y a, je crois, un ombudsman. Non, il y a...
M. Tremblay (Bernard) :
...cégeps ont mis en place le rôle d'ombudsman, mais il n'y a pas de principe,
là, du même type, là, dans la Loi sur les collèges, non.
Mme
Charbonneau
:
Donc, si je suis un élève ou un parent d'un élève, ce qui est plus rare chez
vous... Parce que moi, je me souviens...
Mme
Charbonneau
:
...il y a, je crois, un ombudsman, non? Il y a...
M. Tremblay (Bernard) : Les
cégeps ont mis en place le rôle d'ombudsman, mais il n'y a pas de principe, là,
du même type, là, dans la loi sur les collèges, non.
Mme
Charbonneau
:
Donc, si je suis un élève ou un parent d'un élève, ce qui est plus rare, chez
vous, parce que... Moi, je me souviens, juste au secondaire, mes enfants
roulaient des yeux quand ils savaient que je m'impliquais, donc j'imagine qu'au
cégep... Quand mon fils est rentré à l'université, il m'a regardé avec son
doigt puis il m'a dit non.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme
Charbonneau
:
Je ne dis pas le reste, maman, mais non. Ça fait que... Alors, quand quelqu'un
a une plainte à faire ou une revendication, prenons-le comme ça, il passe par
quelle porte?
M. Tremblay (Bernard) : Tous
les cégeps ont différents processus de gestion des plaintes, ça, c'est un fait.
Et vous parlez des étudiants, évidemment, les étudiants au niveau collégial,
vous le savez, ont des associations qui sont très présentes et justement qui
sont représentées au sein des conseils d'administration.
J'aimerais préciser aussi, juste pour être
clair par rapport à l'idée d'un profil, notre idée n'était pas d'empêcher évidemment
le choix, mais plutôt de... Vous savez, des fois, c'est en termes d'attentes,
hein, juste pour que les gens comprennent c'est quoi, les attentes qu'on a à
leur égard s'ils acceptent de siéger à un conseil. C'est aussi dans cette perspective-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Mme la députée. Donc, je regarde maintenant
la députée de Sherbrooke, pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. Je veux
discuter avec vous de la question de la majoration des résultats. Est-ce que,
dans le réseau collégial, les directeurs de cégeps ont le pouvoir de majorer ou
de jouer avec les résultats donnés par les professeurs?
M. Lambert (Sylvain) : J'ai
été directeur des études, et ça aurait été la dernière chose que j'aurais
faite. En fait, on n'a pas cette autorité-là. Il y a des mécanismes, hein, on a
des politiques... d'évaluation d'apprentissages. Si quelqu'un n'est pas
satisfait de sa note, il y a des comités de révision de notes, il y a tout un
processus qui encadre ça, mais on laisse ça aux experts, on ne donne pas ça aux
gestionnaires.
Mme Labrie : Donc, est-ce que
vous trouvez que c'est approprié de donner ce droit-là aux directions d'écoles
aux niveaux primaire et secondaire, et formation aux adultes et
professionnelle?
M. Tremblay (Bernard) : Bien,
c'est pour ça, évidemment, qu'on mentionne dans notre mémoire. Pour nous... ça
nous étonne un peu, sachant le débat que ça génère, en ayant le sentiment que
ce n'est pas des situations fréquentes, je me dis il me semble que ça pourrait
créer justement une impression, je dirais, que la gestion s'immisce dans les
notes, alors que ça ne me semble pas être une situation usuelle. C'est pour ça
qu'on se disait : Si c'est dans l'optique où il y a une situation de
blocage avec certains enseignants, là, il faut peut-être attaquer le problème
de front et se dire : Bien, il faut traiter ces situations-là de façon
particulière.
Mme Labrie : Tout à fait. Puis
vous, vous recevez dans les cégeps les élèves qui graduent de l'école
secondaire, vous devez, dans certains programmes, les sélectionner en fonction
des résultats qu'ils ont obtenus au secondaire. Est-ce que ça vous préoccupe,
le fait que le résultat qui est sur le bulletin pourrait ne pas correspondre au
résultat de l'évaluation de l'enseignant?
M. Tremblay (Bernard) : C'est
un peu dans cette perspective-là, effectivement, qu'on fait la remarque. Je
pense qu'effectivement, dans une question de continuité, les notes demeurent
une référence, hein, importante. Alors, évidemment, de sentir que cette note-là
est juste et qu'elle correspond bien à l'évaluation qui est faite par
l'enseignant nous semble important.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Joliette, pour votre bloc, 2 min 40 s
aussi.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci de votre présence. Dites-moi, quand vous parlez, d'entrée
de jeu, de la centralisation, «une menace à l'autonomie des instances
régionales», vous l'avez abordé rapidement... Je voulais juste vous entendre
sur qu'est-ce qui, dans ce qui est centralisé, vous inquiète le plus par
rapport à la perte de pouvoirs des instances régionales, quels éléments,
spécifiquement? Parce que je dirais qu'on entend des craintes de beaucoup
d'endroits, mais, en région, particulièrement, la réforme fait craindre
beaucoup sur le pouvoir des instances régionales. Donc, est-ce que vous pouvez
expliciter?
M. Tremblay (Bernard) : On a
nommé de façon particulière, je vous dirais, deux éléments que je pourrais
souligner. Toute la question de la rénovation, de l'agrandissement, des
transformations. On comprend qu'il y a des coûts importants qui sont liés à ces
décisions-là, mais, en même temps, on sait aussi, l'ajout d'autorisation, ce
que ça implique comme délai, hein? Et donc, pour nous, ça, c'est une crainte
importante quand on voit évidemment les enjeux qu'on a avec nos bâtiments
scolaires. Puis on ne peut pas faire autrement que de projeter ça un peu sur
nous en se disant : Si on vivait la même situation, on serait vraiment
inquiets de notre capacité de livrer dans les délais. Donc, ça, c'est un
premier élément, en étant conscients que ce qu'on dit, c'est qu'il y aurait un
seuil qui serait établi.
• (15 h 40) •
Mais, puisque le seuil, évidemment, sera
établi plus tard, et il pourrait être bas, bien, il y a une inquiétude, je
pense, qui se dessine là. L'autre élément, c'est… On l'a abordé un peu plus
tôt, c'est sur le partage de ressources où, là, on se dit : Est-ce que ce
n'est pas vraiment le rôle d'un organisme public que de déterminer les
opportunités qui s'offrent à lui pour...
M. Tremblay (Bernard) : …plus
tard, et il pourrait être bas, bien, il y a une inquiétude, je pense, qui se
dessine là.
L'autre élément, c'est… On l'a abordé un
peu plus tôt, c'est sur le partage de ressources où, là, on se dit : Est-ce
que ce n'est pas vraiment le rôle d'un organisme public que de déterminer les opportunités
qui s'offrent à lui pour partager, donc, des… soit des services ou des
ressources avec d'autres organismes, et pas nécessairement des organismes qui
sont de même nature, pas nécessairement deux conseils… deux centres de service
scolaire, peut-être un centre de service avec une municipalité ou avec un centre
de santé ou avec un cégep ou avec un autre organisme de la région. Alors, on
pense là aussi que ce choix-là doit demeurer pour permettre, dans le fond, des
choix qui soient vraiment régionaux, une… un avantage, aussi, à une
concertation régionale.
Mme
Hivon
: O.K..
Je comprends que vous avez répondu à ma collègue que vous êtes conscient que la
réalité d'un C.A. de cégep versus d'un éventuel centre de service qui
couvrirait l'ensemble de ce qui est maintenant une commission scolaire. C'est quand
même passablement différent. Vous amenez quand même l'idée de dire que… et vous
vous référez, là, à des… à l'Institut sur la gouvernance d'organisations
privées et publiques sur la question de la rémunération puis de la
considération qui est octroyée aux personnes qui vont siéger sur les C.A. Donc,
est-ce que je comprends qu'à cet égard-là vous avez une recommandation d'aller
au-delà d'un… Je comprends que vous avez votre propre recommandation, ça, j'ai
compris, mais, puisqu'on parle de la gouvernance en milieu scolaire, d'avoir
une vraie rémunération pour les membres qui vont siéger?
M. Tremblay (Bernard) : Oui,
bien, en faisant abstraction, évidemment, des autres organismes qui pourraient
être… qui pourraient justifier le même genre de recommandations, oui, je pense
qu'objectivement, encore une fois, si on veut que les gens s'impliquent, en
connaissant les territoires de commissions scolaires, effectivement, en ayant
vu des élus scolaires faire des heures de route pour se rendre à des réunions,
je pense que là ça devient, évidemment, très important, et il… Ça existe aussi
dans le réseau collégial, mais, malgré tout, il faut quand même faire la
distinction entre les deux, oui. Je pense que c'est particulièrement important
dans le cas des conseils… des centres de service scolaire.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc, Me
Kirouac, M. Tremblay, M. Lambert, merci de votre participation à la commission
parlementaire. Nous allons suspendre quelques instants pour permettre à l'Institut
de coopération pour l'éducation des adultes de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 44)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la commission reprend ses travaux, et nous
allons entendre M. Daniel Baril, directeur général de l'Institut de coopération
pour l'éducation des adultes. Vous avez une dizaine de minutes pour nous
présenter votre mémoire, M. Baril. Ça sera suivi des échanges avec les
parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
M. Baril (Daniel) :
Merci bien. Mme la Présidente, M. le ministre, MM. et Mmes les membres de la commission.
D'entrée de jeu, nous voulons vous remercier de nous avoir invités à présenter
nos considérations à votre commission. Pour l'essentiel, les débats entourant
le projet de loi n° 40 ont porté sur des questions qui relèvent
principalement du secteur des jeunes pour toutes sortes de bonnes raisons. En
nous invitant, vous témoignez d'un intérêt pour la portée de ce projet de loi
sur le secteur de la formation générale des adultes, la FGA pour la suite des
choses, et de la formation professionnelle, la FP pour la suite de ma
présentation. Nous incluons la formation professionnelle dans notre propos sur
l'éducation des adultes puisque 56 % des élèves de ce secteur ont plus de
25 ans, et la moyenne est autour de 26, 27 ou 28 ans. On peut en toute
légitimité les considérer comme des adultes.
Tout d'abord, l'ICEA est un organisme
fondé en 1946, donc nous existons depuis un petit moment. Depuis 73 ans, nous
oeuvrons à la promotion et au développement de l'éducation des adultes au
Québec. Nous regroupons plus de 120 organisations dans tous les domaines de
l'éducation des adultes…
M. Baril
(Daniel) : ...les considérer comme des adultes.
Tout d'abord, l'ICEA est un organisme
fondé en 1946, donc nous existons depuis un petit moment. Depuis 73 ans,
nous oeuvrons à la promotion et au développement de l'éducation des adultes au Québec.
Nous regroupons plus de 120 organisations dans tous les domaines de
l'éducation des adultes au niveau local, régional, provincial national, et nous
avons une charte fédérale, donc on a aussi un champ d'action qui est du côté
des communautés francophones en situation minoritaire au Canada.
À la lecture du projet de loi, nous avons
constaté une situation qui est se produit souvent lorsqu'il est question de
politiques ou d'orientations en éducation. L'éducation des adultes est ou bien
insuffisamment prise en compte ou tout simplement oubliée. En fait, sous le
couvert d'un propos sur l'éducation où on traite en fait de l'éducation des
jeunes, donc il y a une nuance qu'il faudrait faire à un moment donné, bien
distinguer quand on parle d'éducation, parlons-nous des jeunes, des adultes ou
de l'ensemble des populations. Le projet de loi n° 40 est un exemple de ce
phénomène. Définitivement, ce projet de loi propose des changements
substantiels au modèle de gouvernance scolaire. Étant une organisation oeuvrant
dans le domaine de l'éducation des adultes, nous apporterons un éclairage sur
ces changements à partir d'une perspective propre à l'éducation des adultes.
Notre mémoire comporte deux grands
questionnements : un premier touchant au fond du projet de loi, un second
concerne plus directement la prise en compte de la FGA et de l'A.F.P. dans le
modèle de gouvernance proposé. Nous centrons notre propos sur deux acteurs qui
nous apparaissent négligés dans le modèle de gouvernance qui est avancé dans le
projet de loi n° 40 : la population prise dans son ensemble et les
élèves adultes. Ça se peut que je dise «étudiants», j'ai de la misère à dire
«élèves» pour des adultes, mais vous me comprendrez, c'est les «élèves» au sens
de la loi.
Premier questionnement, un modèle de
démocratie scolaire qui, selon nous, comporte d'importantes lacunes. L'origine
du projet de loi réside en partie l'évaluation faite par le gouvernement de
lacunes supposées à la démocratie scolaire. Le principal problème évoqué, le
faible taux de participation aux élections scolaires. Or, en matière de
démocratie scolaire, le projet de loi n° 40, selon
nous, propose une solution qui comporte plus de lacunes que le gouvernement...
que le problème que le gouvernement cherche à solutionner, essentiellement, à
un bassin universel d'électrices et d'électeurs, on substitue des collèges
électoraux grosso modo composés d'un nombre restreint de personnes. Au final,
le modèle proposé souffre de plus grandes lacunes en matière de démocratie
scolaire que ce qu'on impute au système en place.
En outre, au coeur des changements
proposés réside une transformation fondamentale du modèle démocratique. Dans
l'état présent des choses, l'ensemble des citoyens et des citoyennes peut
choisir les personnes qui président à la gestion scolaire dans leurs régions.
Or, dans le projet de loi n° 40, le choix de ces représentantes et de ces
représentants reviendrait aux parents d'élèves qui siègent au conseil
d'établissement de l'école de leur enfant. Aussi légitime que cela peut être,
il y a beaucoup d'autres mondes qui auraient un mot à dire sur la gestion
scolaire qui l'ont présentement, mais à qui on enlève un certain droit. Ce
changement réduit à sa plus simple expression le modèle de gouvernance. Ainsi,
en lieu et place d'un modèle de gestion démocratique de l'école par l'ensemble
de la population, le gouvernement propose un modèle basé sur le client, soit le
parent d'élève et uniquement le parent d'élève qui a la possibilité de
s'engager dans la gouvernance de l'école de son enfant.
J'ai apprécié les remarques du Directeur
général des élections sur qui s'implique, qui a la capacité, le loisir et les
ressources de s'impliquer. C'est très pertinent dans le sens de notre remarque.
Même les représentants de la communauté
seront élus par les parents. Donc, les gens de la communauté ne seront pas
redevables à l'ensemble des payeurs, des contributeurs, mais aux parents qui
les auront élus. Étant donné le caractère public de l'éducation et l'importance
que toutes et tous puissent se prononcer sur son avenir, il est justifié pour
nous de miser sur un modèle de gouvernance qui soit le plus démocratique
possible.
Par ailleurs, le projet de loi n° 40
traite de manière inéquitable les citoyens et les citoyennes selon qu'ils
soient francophones ou anglophones. Ces derniers bénéficient d'un régime
électif universel alors qu'une large part de la population francophone se voit
retirer ce droit d'élire les personnes siégeant aux conseils d'administration
des centres des services scolaires. Il importe donc de préserver une
participation citoyenne large aux décisions prises en matière scolaire. Nous
avons deux recommandations sur ce thème :
Première recommandation : octroyer
aux citoyens et aux citoyennes francophones le même régime électif des représentants
et représentantes aux conseils d'administration des centres de services
scolaires que celui accordé aux citoyens et aux citoyennes anglophones.
Recommandation n° 2 :
accorder un poids plus important aux représentants et aux représentantes de la
communauté dans le prochain modèle de gouvernance scolaire.
• (15 h 50) •
Deuxième considération, prendre en compte
la spécificité de l'éducation des adultes que nous avons focalisée sur une
idée : la représentation des élèves adultes dans la nouvelle gouvernance.
Le projet de loi n° 40 est d'abord et avant tout un projet de loi
proposant des changements à la gouvernance scolaire du secteur de la formation
générale des jeunes. En fait foi le rôle central accordé aux parents d'élèves
dans le nouveau modèle de gouvernance aussi légitime que cela puisse être. Or,
ce pouvoir accordé aux parents à l'égard de l'éducation des enfants ne
s'applique pas lorsqu'il est question...
M. Baril (Daniel) :
...40 est d'abord et avant tout pour nous un projet de loi proposant des
changements de la gouvernance scolaire du secteur de la formation générale des
jeunes. En fait foi le rôle central accordé aux parents d'élèves dans le
nouveau modèle de gouvernance aussi légitime que cela puisse être. Or, ce
pouvoir accordé aux parents à l'égard de l'éducation des enfants ne s'applique
pas lorsqu'il est question de la FGA, de la FP puisqu'on on a devant nous des
adultes eux-mêmes et qui souvent sont eux-mêmes parents et peut-être même
parents d'enfants qui sont au primaire et au secondaire.
La FGA et la FP comportent des
spécificités qui les distinguent de la formation générale des jeunes. Au
premier chef, la perspective de l'éducation des adultes recommande d'accorder
aux personnes apprenantes un pouvoir sur les décisions éducatives les
concernant. L'inclusion d'une représentation étudiante au sein des actuels
conseils d'établissements des centres d'éducation des adultes et des centres de
formation professionnelle va dans ce sens. Or, le projet de loi n° 40 ne
fait pas écho à cette représentation au sein du conseil d'administration du centre
de services scolaire. C'est ce qui explique... qui justifie nos
recommandations.
Troisième recommandation : Assurer
une représentation des élèves adultes des centres d'éducation des adultes et
des centres de FP aux conseils d'administration des centres de services
scolaires.
Quatrième recommandation : Assurer
une représentation des mêmes élèves, des centres d'éducation des adultes et des
centres d'éducation de formation professionnelle, ainsi que des élèves à
besoins particuliers aux comités d'engagement pour la réussite scolaire.
Cinquième recommandation : Assurer
une représentation des élèves adultes ayant des besoins particuliers au sein de
la gouvernance scolaire et nous proposons la création d'un comité consultatif
des services aux élèves de la FGA et de la FP ayant des besoins particuliers.
Le concept de handicap est moins présent à l'éducation des adultes. Il y a une
notion plus large de besoins particuliers qui justifie d'avoir une voix
autour... au sein des processus décisionnels pour bien entendre les besoins de
ces personnes.
Nos recommandations font valoir une
représentation accrue des étudiantes et des étudiants des centres d'éducation
des adultes et des centres de formation professionnelle dans la gouvernance
scolaire. Une telle représentation est un principe de base de la perspective de
l'éducation des adultes. En ce sens, nos recommandations militent pour une
modification — une revendication historique du mouvement des étudiants
adulte — une modification de la Loi sur l'accréditation et le
financement des associations d'élèves ou d'étudiants pour élargir cette loi aux
centres d'éducation des adultes et aux centres de formation professionnelle.
Les élèves à la FGA et à la FP sont des adultes. À ce titre, il est légitime
qu'ils bénéficient d'une reconnaissance et participent aux décisions les
concernant.
En conclusion, l'éducation des adultes est
un domaine fort complexe, on en convient, prendre en compte ces réalités comporte
son lot d'exigences. Dans cette optique, nous estimons que le projet de loi
comporte d'importantes lacunes. En fait, à sa décharge, la situation actuelle
aussi de la gouvernance comporte des lacunes sous l'angle de l'éducation des
adultes. Dans des déclarations sur l'éducation des adultes, l'UNESCO rappelle
que la gouvernance de l'éducation des adultes repose sur une participation de
l'ensemble des parties prenantes incluant les élèves ou les étudiants ou les
adultes en apprentissage eux-mêmes.
Pour ces raisons, les propositions
incomplètes du projet de loi n° 40, comme de la situation actuelle eût
égard à l'éducation des adultes, confirme notre évaluation qu'il serait
pertinent d'adopter une nouvelle politique d'éducation des adultes. Une telle politique
permettrait entre autres de clarifier cette question complexe de la gouvernance
de l'éducation des adultes et de la participation des apprenants adultes aux
décisions qui les concerne. M. le Président...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup de votre exposé, M. Baril. Nous sommes maintenant prêts à passer à la
période d'échanges et nous commençons avec M. le ministre pour une période de
16 minutes. À vous la parole, M. le ministre.
M. Roberge : J'allais dire
merci, Mme la Présidente mais je trouvais que vous aviez changé passablement
dans l'intervalle. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Je suis habitué d'être échangé, moi, monsieur.
M. Roberge : Très bon. Je vous
remercie, M. le Président. Merci pour votre présentation. Quelques remarques,
quelques questions. Vous dites à la page quatre de votre mémoire : «le
principal problème évoqué est le faible taux de participation aux élections
scolaires» pour arriver avec un changement. Je ne suis pas d'accord avec ça, ce
n'est pas le principal problème évoqué. C'est parfois une réponse quand les
gens qui veulent défendre le statu quo, le système actuel disent : Bien,
regardez voyons, nous avons une formidable légitimité démocratique, comment
pouvez-vous remettre ceci en cause? Puis là, on dit : Oui, bon, écoutez,
avec un taux de participation de moins de 5 %, on repassera.
Mais l'objectif et la raison pour laquelle
on veut revoir, moderniser la gouvernance scolaire, ce n'est pas à cause du
faible taux. Ce n'est pas ça l'argument principal. Ce n'est pas ce qui nous
amène à moderniser ça. On pense qu'il est pertinent de remplacer une
gouvernance, en ce moment, avec des mini-gouvernements élus qui veulent arriver
avec des politiques éducatives davantage. On veut remplacer ceci et non pas
l'abolir mais le remplacer et le transformer par des centres administratifs,
des centres de services scolaires qui seraient là pour coordonner, aider...
M. Roberge : ...en ce moment,
avec des minigouvernements élus qui veulent arriver avec des politiques
éducatives davantage. On veut remplacer ceci, et non pas l'abolir, ou le
remplacer, le transformer par des centres administratifs, des centres de
services scolaires qui seraient là pour coordonner, aider, soutenir, apporter
de l'équité, mais non pas gouverner les écoles, et non pas diriger les écoles à
distance. C'est un changement de paradigme, mais qui n'est pas basé sur le
simple fait que le taux de participation est très, très bas.
D'ailleurs, j'apprenais tout à l'heure,
là, qu'à la commission scolaire Coeur-des-Vallées, il y a un commissaire
lui-même qui est venu un peu dire ce qu'on pense. Il est allé dire : Le
projet de loi prévoit, entre autres, le passage d'une démocratie élective au
suffrage universel à une démocratie élective de type communautaire.
Personnellement, je crois à ce nouveau moyen, je suis d'avis que ce type de
gouvernance correspond davantage à ce que nous sommes devenus comme
organisation. Et c'est un commissaire actuellement en poste à la commission
scolaire Coeur-des-Vallées qui appuie la transformation pour les mêmes raisons
que nous, et non pas en disant : J'ai été élu avec seulement x % de
la population, changeons la gouvernance. Peut-être, je ne sais pas, d'ailleurs,
avec combien de votes ce commissaire a été élu ou pas, là n'est pas l'objet.
Donc, je tenais à préciser ici, ce n'est pas ça les fondements.
Maintenant qu'on veut améliorer la
gouvernance, on prend des gestes, on pose des choses, puis on tient compte
justement de la formation générale des adultes, et on en profite pour corriger
plusieurs des failles, des lacunes qui peuvent avoir dans la loi actuelle. Une
des choses, c'est que les gens qui sont en formation, les adultes, ne sont pas
visés par les plans de lutte à l'intimidation. Donc, une des mesures dans ce
projet de loi là, c'est de les inclure. D'ailleurs, moi, j'avais dénoncé à
l'origine que je trouvais ou cherchais une façon de protéger les étudiants
adultes. Et, quand le précédent gouvernement, la précédente ministre de
l'Enseignement supérieur avait fait un projet de loi pour lutter contre les
violences sexuelles sur les campus, je lui avais dit, à l'époque : Bien,
est-ce qu'on peut trouver une façon... Et c'est un projet de loi qui était très
bon, d'ailleurs, on a travaillé à le bonifier, mais je pense que c'était une
bonne initiative. J'avais dit à l'époque : C'est quoi vraiment la
différence entre un jeune ou une jeune de 22, 23, 24, 25 ans qui est au cégep,
à l'université ou dans un centre de formation générale des adultes, pourquoi
cet élève-là en CFGA ne serait pas protégé? Puis bon, malgré mes suggestions,
ça n'avait pas été modifié là. Vous comprenez que, maintenant qu'on a une autre
opportunité, on en profite.
Est-ce que vous pensez que c'est
pertinent? Est-ce que vous pensez que ça devrait être dans le cadre de cette
loi-là? Puis est-ce que vous avez des suggestions à nous faire pour, dans le
cadre de ce projet de loi là, mieux protéger les élèves ou étudiants adultes
avec des plans de lutte contre l'intimidation, et même, contre les violences
sexuelles?
M. Baril (Daniel) :
Bien, je crois que c'est à saluer. On a focalisé notre intervention sur la
mécanique de la gouvernance parce que le projet de loi, sans être omnibus,
comporte des éléments de différentes natures, là, de la formation continue du
personnel qui peut relever de relations patronales-syndicales à d'autres
éléments. Donc, ça, c'est à saluer.
Il y a une perte dans le passage du modèle
en place à un nouveau modèle. C'est ce qu'on a essayé de traduire par une
recommandation sur accorder plus de poids à la communauté. Présentement, les
commissaires, la formule commissaire, vous pouvez lui trouver plusieurs
défauts, elle a un avantage, c'est que c'est des gens qui sont libres d'attache
par rapport aux arbitrages qu'ils font à l'échelle régionale. Ils ne sont pas
des représentants d'un groupe, d'un acteur particulier, du jeu autour de la
décision en éducation et ils tirent leur légitimité, aussi faible que le taux
de participation puisse être, là, de l'ensemble de la population. Ça, c'est un
élément du système en place qui devrait être renforcé. Il y a des représentants
de la communauté, mais il y a deux lacunes dans tout ça : un, ils doivent
témoigner de certaines expertises techniques pour être des administrateurs, et
quelqu'un qui souhaiterait se présenter sans avoir ces éléments-là aurait une
prise contre elle-même; et l'autre, ils sont choisis par des parents.
Il y a un élément, peut-être, de la
situation en place qu'il faudrait renforcer, c'est comment tous les parents
pourraient quand même être au jeu d'une décision des gens qui les représentent,
et tous les citoyens, pas juste les parents, là, tous les citoyens. Il y a
présentement un comité de parents, pourquoi ne pas avoir un comité de la
communauté qui, elle-même, là, de ce comité-là, et ses électeurs, là,
déciderait des gens qui les représentent en fonction de priorité.
• (16 heures) •
Ce qui est intéressant, je trouve, dans la
gouvernance actuelle, et elle a une longue histoire, là, elle remonte au XIXe
siècle, et son ADN est de représenter la communauté, et même face à l'État, au
XIXe siècle, il y avait un peu ça dans l'origine des commissions scolaires,
c'est un gouvernement effectivement. Et il y a une légitimité que ce soit un
gouvernement parce que l'instruction obligatoire et la formation de base, ce
n'est pas la même chose que le cégep et l'université. Toute la société investit
dans la construction d'une nouvelle génération, c'est des choix parentaux,
c'est des choix de communauté, et il y a une pertinence à essayer de garder un
élément de ce modèle-là. Au-delà, un procès, ou une critique, ou un manque, je
ne sais pas...
16 h (version non révisée)
M. Baril (Daniel) :
...toute la société investit dans la construction d'une nouvelle génération.
C'est des choix parentaux, c'est des choix de communauté, et il y a une
pertinence à essayer de garder un élément de ce modèle-là au-delà... un procès
ou une critique, ou une demande, je ne sais pas, qu'on peut faire à l'égard des
commissaires, qui va au-delà du taux de participation. Donc, il y a un
équilibre, là, dans la gouvernance qui est perdu et tous les gens qui paient
des taxes scolaires, ce n'est pas tous ces gens-là qui auront un mot à dire, et
ce n'est pas tous ces gens-là qui vont pouvoir exprimer leur point de vue, à
moins de faire des enfants et de devenir un parent d'élève à un moment donné.
C'est un lourd prix à payer pour pouvoir voter.
Et sous l'angle des politiques en
éducation des adultes, elle est pertinente, la politique de lutte à
l'intimidation aussi, mais ça dépasse les éléments de gouvernance, c'est des
éléments de politique. C'est ce qui explique qu'on ne l'a pas
saluée — je le fais en séance ici, c'est une bonne
chose — puis qu'on a fait porté plus directement sur la
représentation, la mécanique de la gouvernance elle-même.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je vais laisser
mon collègue de Richelieu.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le député de Richelieu, à vous la parole.
M. Émond : Merci, M. le
Président. M. Baril, bonjour, c'est un plaisir de discuter avec vous
aujourd'hui, parler un peu de formation générale aux adultes, de formation
professionnelle. Vous savez, le ministre est accompagné de ses deux adjoints
parlementaires puis le rôle des adjoints, moi, je vois ça un petit peu comme...
de mon côté pour la formation professionnelle et pour mon collègue de
Saint-Jérôme, qui m'a parlé, d'ailleurs, de vous en bien, vous avez eu la joie
de vous connaître dans une autre vie, je crois. Les adjoints parlementaires, on
supporte le ministre, hein, on le conseille dans toutes sortes de dossiers.
Ici, je nous vois un petit peu, les adjoints, chacun sur son épaule, de chaque
côté, là, pour lui souffler à l'oreille de ne pas oublier nos champs de
compétences respectifs. Mais je suis content parce qu'on collabore avec un
ministre qui a à cœur l'ensemble de l'éducation au Québec, incluant, en ce qui
me regarde, la formation professionnelle et la formation générale aux adultes.
Puis là, je vous rejoins parce qu'il y a
des particularités propres à ces secteurs, qui sont vraiment très précises.
J'ai eu le bonheur, dans les derniers mois, de visiter plusieurs centres de formation
professionnelle, de Terrebonne à Sorel-Tracy, dans mon coin à Rivière-du-Loup,
chez le collègue à Sherbrooke la semaine prochaine, et dans chacune des régions
du Québec, les centres de formation professionnelle ont tous à peu près les
mêmes enjeux, à des niveaux différents. Il y a une particularité, puis je ne
vous apprends rien là-dedans, là, le taux d'inscription... pas seulement
l'inscription, mais la diplomation en formation professionnelle est directement
liée avec la force de l'économie, le taux de chômage. Puis comme au Québec,
bien, là, on est dans un mode de pénurie de main-d'œuvre, les inscriptions sont
plus difficiles ou, en tout cas, ne sont pas ce qu'elles ont déjà été puis,
plus loin, la diplomation. Pourquoi la diplomation? Parce que les employeurs
viennent littéralement s'arracher les étudiants en plein milieu, avant même la
fin de leur formation, pour arriver à combler leur besoin de main-d'œuvre puis
ça, c'est quelque chose que je trouve très désolant, déchirant, même. Parce que
c'est important que chacun de nos jeunes et moins jeunes, les adultes qui
fréquentent ces réseaux sortent de là avec un diplôme qualifiant pour plusieurs
raisons.
Une des premières, c'est que... puis je ne
veux pas être un prophète de malheur aujourd'hui, à un moment donné, le cycle
économique, il va se renverser un peu, hein. La dernière grande
récession 2008, moi, j'étais dans le monde des affaires à cette époque,
puis là, ça fait quand même au-delà de 10 ans puis on a des collègues au
sein du conseil des ministres beaucoup plus qualifiés que moi pour parler de
ça, mais on avait le collègue de Robert-Baldwin, hier, justement, qui en
parlait, alors il faut quand même se préparer, et même en éducation... Puis ce
que je trouve triste, c'est quand nos jeunes et moins jeunes sont happés par le
milieu des affaires, par les entrepreneurs, avant même d'avoir obtenu un
diplôme qualifiant, ce qui fait en sorte que quand le cycle économique va
s'inverser, parce qu'à un moment donné, ça va arriver, bien, ça sera les premiers
qui sont licenciés dans leur emploi respectif, puisqu'ils seront sans diplôme.
Alors, c'est important, collectivement,
ensemble, de prendre les moyens de les amener vers la diplomation, le
cheminement complet de leur formation. Mais là... c'est un long préambule et
avant même que la collègue soulève un point de règlement pour non-pertinence,
je reviens dans le projet de loi...
Des voix
: ...
M. Émond : ...tout ça pour
vous dire que dans vos suggestions, vous proposez la raison que la formation
professionnelle, la FP et la FGA, aient davantage de place ou soient entendues
au sein des conseils d'administration. Donc, le projet de loi prévoit déjà une
forme de représentation de la FP puis de la FGA dans les conseils
d'administration, dans les comités d'engagement pour la réussite, dans le
comité de répartition des ressources. Chaque centre d'éducation des adultes
doit déjà instituer un conseil d'établissement dans lequel il y a des élèves
adultes, alors donc, il y a une place qui est réservée...
M. Émond : ...prévoit déjà une
forme de représentation de la FP puis de la FGA dans les conseils
d'administration, dans les comités d'engagement pour la réussite, dans le
comité de répartition des ressources. Chaque centre d'éducation des adultes
doit déjà instituer un conseil d'établissement dans lequel il y a des élèves
adultes. Alors donc, il y a une place qui est réservée, dans les conseils
d'administration, dans le projet de loi, pour une personne de 18 à 35 ans. Je
pense qu'on est pas mal dans les cibles évoquées. Et un élève adulte pourrait
donc poser sa candidature au sein du conseil d'administration. Est-ce que ça,
c'est quelque chose qui vous satisfait, ou quelle représentation supplémentaire
souhaitez-vous avoir?
M. Baril (Daniel) :
Oui, c'est... bien, ce n'est pas satisfaisant. Ce que nous proposons...
vraiment, le même modèle qu'on retrouve dans les cégeps et dans les
universités, des représentants étudiants de la FGA. Et toute la mécanique est
en place, hein, la même mécanique que pour les parents, il y a déjà des
étudiants qui siègent au conseil d'établissement. Donc, le bassin d'électeurs
est déjà constitué, on peut prendre, par symétrie, la même mécanique que chez
les parents.
Et il y a une différence d'avoir
précisément des représentants étudiants, parce que les gens de la FGA, les
élèves, les étudiants de la FGA et de la FP ont des problématiques complètement
différentes de celles des jeunes, conciliation famille-travail... Les exemples
que vous soulevez sont intéressants. Quelqu'un qui a quitté son emploi, qui
retourne aux études, qui se demande un peu comment faire, il n'y a rien de
mieux qu'une association étudiante pour l'appuyer puis il n'y a rien de mieux
qu'un représentant de son association étudiante pour faire valoir des
problématiques, par exemple, de retour aux études après une longue période, de
travailleurs qui sont au chômage en formation professionnelle, ou, à la FGA, il
y a beaucoup de personnes immigrantes, etc., qui sont là.
Donc, de la même manière, les intervenants
précédents dans les cégeps soulevaient la présence d'étudiants dans les
conseils d'administration des cégeps. Ils sont appuyés par une association qui
a des moyens, qui a du personnel pour les aider à passer au travers toutes les
problématiques, il y a une structure de représentativité. Donc, ce n'est pas
juste un individu de 18 à 35 ans qui a fait un petit dépliant électoral et qui
a été élu, c'est des gens qui font partie d'un corps, d'une organisation, au
même titre que le personnel, au même titre que les directeurs. Donc, c'est un
peu de jouer à forces égales, non seulement accorder une voix aux étudiants,
mais de jouer à forces égales en leur permettant d'avoir des associations qui
les soutiennent fortement, au même titre que tous les autres acteurs du monde
de l'éducation qui participent au conseil d'administration et à tous les
processus et comités décisionnels qu'il peut exister.
M. Émond : Vous avez sûrement
vu, dans le projet de loi, qu'il y a une formation, hein, qui est évoquée pour
les membres du conseil d'administration qui vont prendre place au sein des
centres de services. Puis moi, je pense que cette formation-là peut être une
bonne occasion de sensibiliser les gens qui vont en faire partie dans le cadre
de la formation, au besoin. Tantôt, vous avez évoqué les besoins particuliers
de la clientèle adulte, ça, je vous rejoins là-dessus. Donc, on peut également,
au sein de cette formation-là, je crois, éduquer ou, en tout cas, sensibiliser
les gens qui vont faire partie du conseil d'administration aux spécificités de
la formation professionnelle et de la FGA. Est-ce que vous pensez que c'est une
avenue qui peut être aussi intéressante?
M. Baril (Daniel) :
Je pense, si vous demandez à des travailleurs de ne pas se syndiquer puis de
dire qu'il y aura un comité qui va sensibiliser la partie patronale à leur
réalité, ils vont vous dire : On n'est jamais mieux servi que par
soi-même. C'est la même logique qui s'applique là aussi. La sensibilité est
nécessaire, encore plus pour les étudiants à besoins particuliers, mais d'avoir
son propre représentant autour de la table qui participe, qui est appuyé par
une association représentative qui l'outille... Il n'y a rien de mieux que de
se défendre soi-même et de faire entendre son propre point de vue, aussi
pertinent que soit la sensibilisation de tout le monde autour de la table aux
réalités de tout le monde.
Le Président (M. Ciccone) :
Il vous reste une minute, M. le député.
M. Émond : Je vais prendre mes
dernières secondes juste pour vous remercier de votre passage, des propositions
fort pertinentes que vous faites. On va sûrement en débattre lors de l'étude
détaillée puis écouter nos collègues des oppositions, comme on l'a fait dans
tous les autres projets de loi qui ont trait à l'éducation. Tantôt... On
revient de la sanction du p.l. n° 5 et on était
heureux de dire au lieutenant-gouverneur combien M. le ministre a fait preuve
d'écoute, de collaboration pour prendre... On a discuté beaucoup, on a discuté
longuement, et il y a des choses intéressantes qui ont été retenues qui font
maintenant partie du projet de loi n° 5. Et ce sera
assurément le cas... je ne suis pas en train de parler que ça va être le cas de
discuter longuement, mais de prendre des points intéressants des collègues de
l'opposition. Tout ça pour dire : Je vous remercie de votre passage.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, la parole est à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous
pour 10 min 40 s.
• (16 h 10) •
Mme Rizqy : Merci. Je vais
essayer de faire plus court que le député de Richelieu. Écoutez, tantôt, le
député de Richelieu a dit que... ce n'était peut-être pas pertinent, tout ce
qu'il disait, mais, oui, effectivement il y a des passages qui étaient quand
même pertinents, surtout lorsqu'il a parlé qu'il a été adjoint parlementaire
avec son collègue, le député de Saint-Jérôme, au ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, et qu'ils agissaient un petit peu comme les deux voix
autour des oreilles du ministre de l'Éducation. Eh bien, j'ai envie de leur
dire que, nous autres aussi, on trouve ça triste de voir des étudiants qui sont
appelés à aller au marché...
Mme Rizqy : …surtout lorsqu'il
a parlé qu'il a été adjoint parlementaire avec son collègue, le député de Saint-Jérôme,
au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur… un petit peu comme
les deux voix autour des oreilles du ministre de l'Éducation. Eh bien, j'ai
envie de leur dire que nous autres aussi on trouve ça triste de voir des
étudiants qui sont appelés à aller au marché du travail trop tôt. Mais qu'est-ce
que je trouve encore plus triste, aujourd'hui, c'est que, quand vous nous
parlez enfin de pénurie de main-d'œuvre, c'est qu'en ce moment même au Québec,
on en a, des gens. On a des étudiants qui sont ici, au Québec, qui ne demandent
que ça, pouvoir s'intégrer. Ils sont francisés, ils ont des diplômes du Québec.
Avec le programme d'excellence québécoise que vous êtes en train de mettre la
hache dedans, s'il vous plaît, prenez votre rôle d'adjoint parlementaire,
saisissez l'opportunité parce que je refuse de croire que notre ministre de
l'Éducation n'a pas de cœur. Ça, je refuse de le croire.
Et, en parlant de formation
professionnelle, moi, ma collègue, la députée de Mille-Îles est aussi
porte-parole en formation professionnelle. Alors, je vous souhaite la parole.
Bienvenue parmi nous, la table est mise.
Le Président (M. Ciccone) :
Avez-vous une question, Mme la députée?
Mme Rizqy : Ah! Je passais la…
Le Président (M. Ciccone) :
Ah! Parfait, O.K. Donc, Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme
Charbonneau
:
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
Bonjour.
Mme
Charbonneau
:
Vous allez bien?
M. Baril (Daniel) :
Très bien, et vous?
Mme
Charbonneau
:
Ça va bien. Merci d'être là. Effectivement, vous représentez un grand nombre de
gens qui sont plus souvent qu'autrement un peu transparents dans l'ensemble du
monde scolaire. Je le dis parce que quelquefois on se déchire pour vous avoir.
Moi, je me souviens de débats où les cégeps disaient que vous deviez être sous
leur joug, puis que même vous faisiez un peu le travail qu'eux faisaient. À
d'autres endroits, j'ai entendu la formation professionnelle parler de vous
dans… pas de vous personnellement, mais de l'institution de l'éducation des
adultes sous une autre forme. Donc, quand, au départ, vous avez dit : Je
me sens investi de représenter l'éducation des adultes et la formation
professionnelle, je vous sens plus fort en éducation des adultes puisque la
formation professionnelle, pour moi, c'est une branche juste à côté. Mais
j'entends quand vous me dites : Je représente les adultes en éducation,
pas ceux qui enseignent, mais ceux qui sont apprenants. Et donc, merci de le
faire avec autant d'élégance.
J'ai trouvé comme vous qu'il y avait pas
mal de lacunes dans le projet de loi n° 40. Mais, ceci dit, je vais
revenir sur certaines questions. Il y a quelques années, on ne parlait pas du
tout d'élèves HDAA chez les adultes. On mentionnait à peine du bout des lèvres
les élèves de 16 ans. Parce que mon collègue relève avec justesse le fait qu'en
formation professionnelle, les gens qui doivent faire un stage, des fois, ne
reviennent jamais, et c'est un problème qu'on a.
Mais un autre problème qu'on a, en
éducation des adultes, c'est un élève qui décide de décrocher pour toutes
sortes de raisons, hein, le travail, ça peut être la maladie, mais ça peut être
aussi un moment d'égarement. Et son seul… sa seule façon de revenir, c'est par
le biais de l'éducation des adultes. Et, quelquefois, vos installations sont à
même une école secondaire, ce qui crée une problématique de fréquentation parce
que le jeune ne veut pas revenir dans son école secondaire, mais c'est là
qu'elle est, l'école des adultes, donc ça crée une problématique.
Je reviens sur mes HDAA. Ça n'existait
pas, il y a quelque temps, le discours où on parlait des adultes avec certaines
difficultés, mais qui décidaient d'allonger le temps d'étude pour pouvoir
atteindre ce but ultime du secondaire V. Quand vous nous dites : On
aimerait avoir une place, puis on a une place à prendre, est-ce que, dans les
comités HDAA des commissions scolaires, il y a un siège qui est réservé pour
l'éducation des adultes?
M. Baril (Daniel) :
À ma connaissance, pour les élèves du primaire-secondaire, le côté… Parce que
l'expression HDAA n'est pas utilisée, c'est «à besoins particuliers»… puis qui
dépasse les handicaps et qui est très, très large. Donc, c'est un peu pour
faire miroir à cette réalité-là chez les jeunes qu'on propose. On a proposé un
comité distinct parce que les univers sont tellement différents, et les parents
sont peut-être au jeu, pas au jeu. C'est un autre univers. Bon, ce n'est pas
une question de fond, mais on trouvait plus intéressant, plus productif de
séparer les discussions des élèves handicapés ou à besoins particuliers chez
les jeunes et chez les adultes, et aussi en FP, parce que là on peut être avec
des gens de 20, 30 ans, et l'univers de problématiques est complètement
différent. Ce n'est pas une question de fond, mais on trouvait plus
intéressant… Puis aussi, les gens de l'éducation des adultes sont un peu chats
échaudés, hein? Chaque fois qu'on parle d'éducation, on parle des jeunes, puis
nous, on se sent tout le temps un petit peu le parent pauvre, ça fait qu'on a
un réflexe de dire : Bien, on va avoir notre espace à nous, à quelque
part. Mais, de proposer au sein des centres de service scolaires d'avoir un
représentant étudiant FP-FGA… Il y a déjà des représentants de ces secteurs-là.
C'est intéressant, là, de les mettre ensemble à l'échelle régionale parce qu'on
peut travailler sur la perspective de l'apprentissage tout au long de la vie et
garder l'idée de continuum jeune-adulte, et créer, à l'échelle régionale, une
vision plus holistique, pour prendre un mot propre aux politiques d'éducation
des adultes dans ces questions-là. Donc, à cette échelle-là, c'était intéressant.
Et aussi, au comité sur la réussite scolaire, d'avoir là aussi des élèves…
d'étudiants adultes pour travailler les…
M. Baril (Daniel) :
...tout au long de la vie, et garder l'idée de continuum jeunes-adultes, et
créer à l'échelle régionale une vision plus holistique, pour prendre un mot
propre aux politiques d'éducation des adultes, dans ces questions-là. Donc, à
cette échelle-là, c'était intéressant, et aussi au comité sur la réussite
scolaire, d'avoir là aussi des élèves d'étudiants adultes pour travailler les
questions de projets pédagogiques et réagir à l'échelle régionale plus
fortement. Là, on trouvait ça intéressant de garder ensemble, de ne pas avoir
une instance distincte pour travailler la perspective de l'éducation tout au
long de la vie, qui est aussi de regarder préscolaire, jeunes et adultes de
manière plus transversale et construire des parcours.
Mme
Charbonneau
:
Je trouve que votre proposition est fort intéressante, d'autant plus que, si on
ajustait quelques formations professionnelles, on pourrait donner un métier à
des gens qui ont un léger handicap et les aider à contribuer au quotidien dans
le parcours d'une vie d'une communauté, ce qui maintenant ne se fait pas parce
qu'on doit faire une formation. Je vous donne l'exemple, là, très court, mais
en conciergerie il y a un cours de formation professionnelle, mais il est tellement
cadré que quelqu'un qui a une légère déficience ne peut pas le suivre dans les
mêmes délais, ce qui fait en sorte qu'on prive des gens d'avoir une belle
formation puis de participer à la communauté. Donc, j'entends votre idée de
regroupement et je le trouve fort intéressant.
J'ai particulièrement été interpellée par
votre commentaire d'avoir le choix d'aller à l'école et avoir l'obligation
d'aller à l'école. J'y accole la même perspective entre être obligé d'aller à
l'école publique ou être choisi pour être à l'école privée. Je le dis en toute candeur,
parce que c'est vraiment ça, il y a vraiment une perspective différente entre
un et l'autre.
Que pensez-vous... Ou avez-vous eu écho
des gens que vous représentez sur la formation obligatoire pour les
enseignants, puisque vous avez, vous, des enseignants qui quelquefois ne sont
pas titrés, je vais le dire comme ça, ou reconnus comme les enseignants
primaires et secondaires?
M. Baril (Daniel) :
Une précision sur le «nous» : nous sommes un centre de recherche, de
réflexion et de promotion de l'éducation des adultes, nous ne gérons pas des établissements,
là. Vous avez eu des syndicats d'enseignants qui sont venus, il y en a un qui
sera là en après-midi. Ils sont tout à fait capables de répondre à cette
question-là.
Mais je peux peut-être jeter dans vos
réflexions un principe de base de la formation en entreprise : elle doit
être négociée entre des acteurs, elle doit être convenue. La négociation entre
les attentes de l'employeur et les attentes et les besoins du syndiqué ou du
personnel, qu'il soit syndiqué ou non, est un principe de base de la formation
en entreprise, avec des comités paritaires, et donc pour moi, par extension, ça
s'applique aussi à tout ça. Et, pour ceux d'entre vous qui vous vous souvenez,
dans les années 80 il y a eu un grand rapport sur l'éducation des adultes qui
mettait l'accent sur le caractère volontaire de l'éducation des adultes, et...
ce principe-là aussi dans le monde de l'entreprise, un peu moins volontaire, parce
qu'il y a de la négociation entre les besoins de l'entreprise et ceux des travailleurs,
mais c'est un principe qui peut faire partie de vos réflexions.
Puis, pour ce qui est de l'accord ou non
des représentants des enseignants sur l'obligation spécifique qui est inscrite,
je les considère tout à fait aptes à vous répondre de leur propre voix. Ils
l'ont fait voilà quelques jours, puis ils vont sûrement le faire tout à l'heure
dans deux présentations.
Mme
Charbonneau
:
Sûrement. Dans la volonté du projet de loi n° 40, il
y a des chercheurs. Je vole presque la question de ma collègue de Huntingdon,
qui est toujours celle qui la pose habituellement. Dans le principe même
d'avoir des gens impliqués de la recherche au sein des conseils
d'administration — eh! j'ai même de la misère à le
dire — au sein des conseils d'administration, est-ce que vous y voyez
là une possibilité d'avoir quelqu'un nommément de la formation professionnelle
et de l'éducation des adultes pour pouvoir bien guider les gens dans cette
perspective de la complémentarité de services qu'il y a à l'intérieur de ce
que, moi, je vais continuer à appeler une commission scolaire?
M. Baril (Daniel) :
J'espérais qu'on me la pose. Elle a été posée au Conseil supérieur de
l'éducation, en écoutant la transmission. C'est probablement un des exemples où
on va voir que l'importance et le poids des problématiques de jeunes vont
prendre le dessus sur celles des adultes, parce que je serais peut-être prêt à
faire une gageure que, dans l'ensemble des nouveaux conseils, le pourcentage
des chercheurs qui seront des spécialistes de l'éducation des adultes risque
d'être plus faible, parce qu'on va privilégier, pour toutes sortes de bonnes
raisons, un expert du primaire ou du secondaire, peut-être même du primaire,
fort probablement. Donc, il y a un risque. On n'a pas proposé d'avoir un
chercheur spécifique de ce domaine-là, parce qu'à un moment donné, si tout le
monde est spécifique, ça va devenir des conseils de 50 personnes, là. Mais
c'est un exemple où j'anticipe que c'est fort probable que ça ne soit pas des
chercheurs de la FGA, de la FP ou de l'éducation des adultes qui soient... qui
se retrouvent aux conseils d'administration, parce que les parents vont
privilégier... les parents d'élèves vont privilégier une expertise qui va répondre
à leur intérêt, et probablement — je ne fais pas un procès
d'intention, mais je fais l'hypothèse — fort probablement à leur
intérêt, et c'est un risque.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, monsieur...
M. Baril (Daniel) :
…qui soient… qui se retrouvent au conseil d'administration parce que les
parents vont privilégier… les parents d'élèves vont privilégier une expertise
qui va répondre à leur intérêt et, probablement, je ne fais pas un procès
d'intention, mais je fais l'hypothèse, fort probablement, à leur intérêt, et
c'est un risque.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
J'ai terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Vous avez terminé. Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup, M. Baril. Maintenant,
il est temps de passer la parole à la députée de Sherbrooke pour une période de
2 min 40 s. À vous la parole, Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. Je vais
revenir à votre première recommandation qui est d'octroyer aux francophones le
même régime électif de représentants que celui des anglophones. Est-ce que,
pour vous, c'est discriminatoire, le fait de ne pas donner le même régime aux
deux groupes?
M. Baril (Daniel) :
Ça porte à confusion parce que... Il faudra entendre, à un moment donné, la
raison fondamentale, mais on peut la deviner. Puis on oublie aussi qu'il y a
une loi sur l'instruction publique des Cris et autres communautés autochtones
qui n'est pas touchée, donc qui aura le système en place. Donc là, on va avoir
trois régimes.
Qu'est-ce qui distingue fondamentalement
le fait de distinguer les régimes? Je ne suis pas un avocat, je ne peux pas
répondre à cette question-là. Nous posons la question, mais on la pose en
fonction de l'importance qu'on accorde aux choix, à la participation par
l'ensemble de la population aux décisions liées à l'école. Donc, nous, notre
focus, c'est cette population qui perd des droits, les parents qui n'ont pas
d'enfant qui va à l'école ou les non-parents. Donc, on l'a focalisé là-dessus.
Vous soulevez une question de droit,
discrimination. Je ne veux pas répondre un langage militant, là. Les juristes
seront à même, eux-mêmes, de dire s'il y a discrimination ou non. Et
j'entendais les gens de la Fédération des commissions scolaires. Ils ont
répondu en partie à votre question.
Mme Labrie : Oui, mais on
essaie d'avoir l'opinion de plusieurs personnes. C'est vrai ce que vous
soutenez, que, bon, pourquoi faudrait-il qu'il y ait des régimes différents
pour des groupes? Qu'est-ce qui distingue vraiment ces groupes-là qui
mériterait qu'ils soient traités différemment? Il y a la question de
l'éligibilité aussi, vous l'avez nommée, là. Bon, ce n'est pas tout le monde
qui serait éligible.
À la conclusion de votre mémoire, vous
dites que ce serait le temps d'adopter une nouvelle politique d'éducation des
adultes. À quand remonte la dernière?
M. Baril (Daniel) :
2002. Elle est plus moins caduque parce qu'elle ne demeure plus un document de
référence, là. Elle avait un plan d'action qui se terminait en 2007, et, depuis
ce temps-là, les milieux de l'éducation des adultes ont réfléchi. Bon, est-ce
que c'est pertinent? Est-ce qu'il y a des nouveaux contextes? Pas juste
demander pour demander mais justifier.
Et le projet de loi n° 40
nous rappelait que, souvent, ce que je disais en introduction, souvent, quand
on a une réflexion sur l'éducation, dans les faits, on a une réflexion sur
l'éducation des jeunes. Et le bout éducation des adultes, parce que c'est un
univers complètement différent, autant chez les étudiants, chez les acteurs,
chez les problématiques, etc., c'est tout le temps difficile de le traiter. On
a eu un exemple, voilà quelques années, avec la Politique de la réussite
éducative qui a essayé de prendre l'ensemble du champ. Il y a des éléments
intéressants en éducation des adultes, mais il y a beaucoup d'éléments qui
n'ont pas pu être traités parce que ce n'était pas le but de cette politique-là.
Ça fait que, depuis... bien, nous,
formellement, depuis le mois de février 2019, on demande qu'il y ait un
processus pour une nouvelle politique...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril (Daniel) :
...et le projet de loi n° 40 nous a juste rappelé que
c'est pertinent d'avoir un espace propre pour réfléchir à ces questions-là.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Maintenant, la parole est à la députée de Joliette pour une
période de 2 min 40 s.
Mme
Hivon
: Oui.
J'ai 2 min 40 s et j'aurais trois questions. Je vais vous les
dire. Vous choisirez ce qui vous apparaît le plus pertinent ou si vous êtes
capable de répondre à tout.
Est-ce qu'à l'occasion de ce débat sur ce
projet de loi là, au-delà de la question de revoir la politique, il y a un
changement concret qu'on pourrait apporter, autre que ce que vous dites, en
lien avec la gouvernance, qui pourrait faire vraiment une différence
concrètement pour la formation générale des adultes, si c'est le cas?
Ensuite, vous nous parlez de l'importance
de mettre, donc, une représentation — je suis tout à fait
d'accord — pour ce secteur-là d'activité au sein du conseil
d'administration. En même temps, vous dites qu'il faut augmenter la
représentation de la communauté. Comment on arrive à cet exercice-là
d'équilibre? Parce qu'il n'y a déjà aucun étudiant, élève qui est là. Donc là,
un élève qui aurait un mandat spécifique adulte, comment on y arrive?
Puis finalement, la centralisation, est-ce
que ça a un impact plus inquiétant pour la formation des adultes?
M. Baril (Daniel) :
Oui, en rafale. Bien, sur la première, notre proposition, dans les quelques
semaines qu'on a eues pour se préparer : y aller avec donner du pouvoir
aux apprenants — il y a de quoi de structurant qui va se
produire — et changer la Loi sur l'accréditation pour le court terme.
Sur la deuxième, on n'est pas rentrés dans
les chiffres parce que, quand on a fait le débat, c'était comme échanger un
représentant d'un groupe pour un autre groupe, puis ça devenait un peu... Là,
je pense que vous allez le faire article par article. Il y a une réflexion à
venir. Il y a beaucoup d'acteurs, et, faire le choix de l'éducation des adultes
dans une gouvernance va nécessairement impliquer d'augmenter le nombre. D'après
moi, là, on ne s'en sort pas, sinon ça va être d'échanger un pour l'autre.
Et, sur centralisation, décentralisation,
je dirais, ce qui nous a préoccupés dans la réflexion, c'est qu'est-ce qui se
passe au régional. Parce qu'il y a déjà du local, il y a déjà du national avec
le ministère. Qu'est-ce qui se passe à l'échelle locale? Et il y a une
dimension...
M. Baril (Daniel) :
...d'après moi, là, on ne s'en sort pas. Sinon, ça va être d'échanger un pour
l'autre. Et surcentralisation, décentralisation, je dirais ce qui nous a
préoccupés dans la réflexion, c'est : qu'est-ce qui se passe au régional? Parce
qu'il y a déjà du local, il y a déjà du national avec le ministère, qu'est-ce
qui ce passe à l'échelle locale?
Et il y a une dimension pour nous, le
pouvoir à la communauté devient une manière de rééquilibrer et de permettre
aussi aux gens entre ce qu'ils entendent de Québec et ce qu'ils peuvent
entendre comme parents ou non, de faire de la médiation. Parce que le local,
c'est quelques pâtés de maisons ou quelques rangs dans les milieux ruraux. Le
régional, c'est des problématiques. Les problématiques d'emploi, ce n'est pas
le coin de la rue puis le dépanneur, là. Les problématiques d'emploi, elles
sont régionales. Donc, ce qui se passe à l'échelle régionale, c'est plus qu'un
conseil d'administration. Le côté politique, il appartient au droit à
l'éducation, il appartient à la formation de base...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril (Daniel) :
...il appartient à la Loi sur l'instruction publique. Je tends à vous écouter,
bien, j'ai votre passé en tête et vous préfère de votre côté de la table.
Le Président (M. Ciccone) :
J'ai bien changé, M. Baril. Sur ce, M. Baril, je vous remercie beaucoup
pour votre grande contribution aux travaux de cette commission. Je vais
suspendre quelques instants pour permettre au groupe suivant de prendre place.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants
de la Fédération québécoise des municipalités. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à présenter également les personnes qui vous accompagnent.
M. Demers
(Jacques) : Parfait. Jacques Demers, je suis le maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley, préfet de la MRC de Memphrémagog... Non, Jacques
Demers, bien sûr. Je l'ai envoyé en sourire... Mais c'est mon vrai nom. Je suis
président de la Fédération québécoise des municipalités. Avec moi, au niveau du
directeur des politiques, M. Pierre Châteauvert. J'ai, administrateur à la
FQM et maire de Lac-Édouard M. Larry Bernier. Et aussi, celle qui s'occupe
beaucoup des dossiers, différents dossiers, dont celui des écoles, Maryse
Drolet qui nous accompagne aussi.
Je vais demander à, étant donné qu'on a
dix minutes de présentation, à M. Bernier de nous faire la présentation du
mémoire, s'il vous plaît.
M. Bernier (Larry) :
Merci. Alors, fondée en 1944... Excusez-moi, M. le Président, M. le ministre,
mesdames, messieurs les députés. Alors, fondée en 1944, la Fédération
québécoise des municipalités compte aujourd'hui plus de 1000 municipalités
locales et régionales qui sont membres, généralement, les municipalités de
moins de 25 000 habitants et la totalité des MRC du Québec.
La FQM s'appuie sur une force de plus de 7
000 élus. Ses structures décisionnelles et consultatives, dont son conseil
d'administration, ses six commissions permanentes et son assemblée des MRC, lui
permettent de prendre des positions visant le développement durable du
territoire québécois. La FQM est donc la porte-parole des régions du Québec.
• (16 h 30) •
La fédération remercie les membres de la
commission de l'opportunité qui lui est donnée de s'exprimer sur ce projet de
loi, en particulier sur les volets touchant spécifiquement les compétences
municipales et les préoccupations de ses membres. En région, le milieu de vie
correspond au territoire des MRC. De par leurs compétences décrites dans la
loi, la MRC et la municipalité sont responsables de l'aménagement du territoire
et de la vie des communautés. Ces responsabilités, vous en conviendrez... Cette
responsabilité plutôt, vous en conviendrez, est très large. Les citoyens
interpellent leurs élus autant pour des questions de voirie que pour les
services de santé, les...
16 h 30 (version non révisée)
M. Bernier (Larry) :
...sont responsables de l'aménagement du territoire et de la vie des
communautés. Ces responsabilités, vous en conviendrez — cette
responsabilité, plutôt — vous en conviendrez, est très large.
Les citoyens interpellent leurs élus
autant pour des questions de voirie que pour les services de santé, les
activités communautés et, bien sûr, leurs écoles.
Dans cette optique, l'école est vue par
les citoyens et citoyennes comme le cœur de la vie de la municipalité ou du
village. Il y a donc obligation de collaborer entre les décideurs municipaux et
scolaires, ce qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas. En fait, il
semble que les deux réseaux oeuvrent malheureusement de plus en plus en silo.
En tant que représentant des gouvernements
de proximité et porte-parole des régions, la FQM demande que des modifications
au projet de loi soient faites de façon à reconnaitre les municipalités en ce
sens et que les relations entre ces deux réseaux soient officialisées et
institutionnalisées.
Puisque les rapports entre les réseaux
communautaire et municipal se font d'abord localement, la FQM demande de
modifier le projet de loi pour introduire un processus obligatoire de coordination
entre le centre de services scolaires et les municipalités par territoire de
MRC. Ainsi, le conseil de la MRC convoquerait au moins une fois par année les
membres des conseils d'administration des centres de services scolaires de son
territoire pour un exercice obligatoire de concertation.
Les sujets suivants devraient
obligatoirement être inscrits à l'ordre du jour de ces rencontres :
Premièrement, les planifications
stratégiques, les plans d'immobilisation, d'aménagement et de développement de
chaque organisation;
Les ententes de partenariat et de partage
des équipements et infrastructures;
Les besoins et les priorités en matière de
formation professionnelle et de main-d'oeuvre, liés à l'état du marché et des
demandes des entreprises du territoire, tel qu'identifiés par le service de
développement de la MRC;
Quatrièmement, les offres de services et
d'activités parascolaires ainsi que les services de garde et les camps de jour;
Et finalement, l'occupation du territoire
incluant l'ouverture et le maintien des écoles.
Les comptes rendus seraient rendus publics
par un dépôt lors de la réunion régulière de la MRC suivant la rencontre.
Advenant qu'en cours d'année, le centre de
services scolaires souhaite apporter des modifications aux orientations ayant
fait l'objet d'une présentation au conseil de la MRC, celui-ci devra à nouveau
rencontrer le conseil de la MRC avant toute décision.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit,
pour la formation des conseils d'administration des centres de services scolaires,
quatre sièges «membres de la communauté». Le milieu municipal est inséré dans
la catégorie : communautaire, sportif, culturel, de la santé, des services
sociaux ou des affaires. L'élection de ces représentants est confiée à un
collège de parents et d'élèves siégeant sur les conseils d'établissement.
Or, il est donc inconcevable de considérer
les élus municipaux de la même manière que les représentants des autres
domaines et groupes d'intérêt.
Pour la FQM, si un ou des élus doivent
siéger au conseil d'administration du centre, la nomination devrait être
effectuée par une instance légitime du monde municipal.
Aussi, la FQM propose qu'un représentant
choisi par chaque conseil de MRC couvert par le centre de services scolaires
soit ajouté au conseil de celui-ci, en plus de ceux prévus dans le projet de
loi.
Aussi, nous proposons que les
représentants choisis par les conseils des MRC soient dotés d'un droit
d'imposer un moratoire sur toute décision ayant un impact sur les communautés
et les responsabilités municipales tant que le sujet ne sera pas traité lors
d'une réunion formelle avec la MRC concernée. Ce droit vise à assurer le plus
large consensus possible advenant toute situation difficile dans la gestion des
dossiers cités précédemment.
Le projet de loi ne prévoit aucun critère
territorial en ce qui a trait aux sièges réservés aux représentants des parents
ni aux membres de la communauté. Ainsi, rien ne préserve l'équilibre entre la
représentation des territoires ruraux et urbains.
Ainsi la FQM demande qu'un critère de
représentation de la diversité du territoire couvert par le centre de services
scolaires soit prévu afin qu'un équilibre soit assuré entre les milieux ruraux
et urbains au sein du conseil d'administration.
Le projet de loi confirme que le nombre de
centres de services scolaires reste le même que les commissions scolaires
actuelles.
Or, ce découpage ne respecte pas les
limites administratives de plusieurs MRC. Ces situations complexifient
grandement les relations entre les deux réseaux scolaire et municipal. Il est
donc essentiel que les centres de services scolaires respectent, à terme, les
territoires des MRC.
La FQM demande que soient revus les
territoires des centres de services scolaires afin qu'aucune MRC n'ait plus
d'un centre sur son territoire.
Dans les différentes prises de position du
ministre sur les visées de son projet de loi, arrive en tête de liste la
volonté de décentraliser les décisions à l'échelle locale.
La FQM est en accord avec la vision du
ministre d'appliquer le principe de la subsidiarité à la gouvernance des
affaires scolaires. Toutefois, il faut que cette volonté soit inscrite
formellement dans la loi afin que celle-ci survive aux éventuels changements de
responsabilités ministérielles. En effet,qu'arrivera-t-il advenant la nomination d'un ministre ayant une vision
différente du rôle des instances locales et régionales en matière d'éducation
au Québec?
Ainsi la FQM demande que...
M. Bernier
(Larry) : ...scolaires. Toutefois, il faut que cette volonté soit
inscrite formellement dans la loi afin que celle-ci survive aux éventuels
changements de responsabilités ministérielles. En effet, qu'arrivera-t-il
advenant la nomination d'un ministre ayant une vision différente du rôle des
instances locales et régionales en matière d'éducation au Québec? Ainsi, la FQM
demande que les pouvoirs du ministre soient balisés de façon à inscrire
formellement dans la loi la volonté du ministre actuel de maintenir et
consolider la prise de décision et la gestion du réseau scolaire à l'échelle
locale, notamment en ce qui a trait à la desserte de services.
La FQM a rappelé à de nombreuses reprises
aux différents ministres de l'Éducation les liens étroits et quotidiens entre
la municipalité et l'école. Ces liens sont encore plus présents dans le cas des
petites écoles, dont la survie est trop souvent menacée en raison de politiques
et règlements des commissions scolaires et du ministère. Pour plusieurs
municipalités... Plusieurs municipalités investissent des sommes importantes pour
le maintien du service de garde pour les enfants de l'école, et certaines en
sont même les gestionnaires lorsque ce service n'est pas offert par l'école,
malgré l'imposition de nombreuses contraintes réglementaire. La FQM demande que
des ajustements et des clarifications législatives soient apportés de façon à
permettre aux municipalités qui le souhaitent d'investir ou de prendre en
charge les services de garde pour les enfants de l'école, et ce, sans
soustraire l'école de ses obligations.
Toutes les recommandations de la FQM ont
pour but d'améliorer les liens et les partenariats entre les municipalités et
les écoles pour le bien de nos collectivités. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Bernier, pour votre exposé. Je suis maintenant prêt à reconnaître
un membre du gouvernement, M. le ministre et son équipe. À vous la parole pour
16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Content de vous revoir, on s'était
déjà vus, à quelques moments lors de l'élaboration du projet de loi, pour vous
présenter un peu les grandes lignes puis recevoir vos avis.
Vous me permettez quelques réactions à vos
commentaires. C'est sûr qu'il y en a certains qui suscitent beaucoup
d'adhésion, aussi de la réflexion. D'autres, je veux dire, hum, on ne peut peut-être
pas aller là, puis des questions.
Donc, d'abord, je dois vous dire, on ne
veut pas jouer dans le film du redécoupage, des fusions, défusions. Vous nous
demandez, puis je le comprends, pour simplifier les partenariats, les échanges,
les exercices de coordination, vous nous demandez de redécouper, de retracer
les lignes, les territoires des commissions scolaires devenues centres de
services sur les bases des MRC. C'est une idée que je comprends, moi-même étant
député d'une circonscription laquelle n'étant pas taillée sur la taille des
villes ou des MRC. Déjà, comme député, ça peut poser un problème aussi pour
travailler comme ça. Je pense que, dans ce cas-ci, la maladie... je veux dire,
le remède serait peut-être plus grave que la maladie. On se souvient de triste
mémoire de la tentative du ministre Bolduc, dans le précédent gouvernement, qui
jouait, là, à retracer les contours des commissions scolaires, défaisant les
bassins versants des écoles. Bon, de ce point de vue là, sincèrement, on n'a
pas l'intention... Puis je sais qu'en disant ça, je rassure beaucoup de
personnes.
Cependant, il y a des choses qui nous
interpellent et pour lesquelles on veut clarifier des choses. À la page 4
de votre projet de loi, vous dites, on a tenu une consultation sérieuse. Vous
avez regardé, même avant que le projet de loi soit déposé, on voit en bas de la
page 4, vous dites : On a regardé le plan de gouvernance scolaire
remettre les écoles entre les mains de la communauté, qui avait été déposé en
janvier 2018, préalablement à l'élection. Donc, vous aviez même amorcé cette
réflexion-là de manière proactive avant même que le projet de loi soit déposé,
avant même qu'on fasse ces rencontres-là.
Il y a des ajustements qui ont été faits
depuis. Une des choses, d'ailleurs, qui était dans le plan de gouvernance
déposé, alors que nous étions dans l'opposition, disait que les centres de
services allaient être intégrés au ministère. Puis on disait que les directions
seraient nommées par le ministre. Ça aurait été une forme de centralisation, il
ne faut pas s'en cacher. Et on a changé d'idée depuis en consultant plusieurs
groupes dont vous. Donc les centres de services ne sont plus intégrés au
ministère d'aucune façon dans le projet de loi, ce sont des entités qui
existent par elle-même avec une autonomie importante. Et il n'est pas question
que le ministre ou le gouvernement nomme les membres des C.A. ou les directions
générales. Ça aurait été aussi une forme de décentralisation. On aurait pu, si
on était allés là, justifier peut-être une comparaison avec la réforme du précédent
ministre de la Santé. Or, nous ne sommes pas allés là, balayant du revers de la
main toute tentative de comparaison boiteuse.
• (17 h 40) •
Maintenant, quelque chose qui m'interpelle
beaucoup et sur lequel j'aimerais savoir comment on ferait bien pour faire
quelque chose. Votre dernière recommandation, la 6, m'interpelle. Je vois une
main tendue, je vois une intention de collaborer, de...
M. Roberge : …maintenant,
quelque chose qui m'interpelle beaucoup et sur lequel j'aimerais bien savoir comment
on ferait bien pour faire quelque chose, votre dernière recommandation, la 6,
m'interpelle, je vois une main tendue, je vois une intention de collaborer, de
prendre soin ensemble des enfants. À la recommandation 6, vous dites : «La
FQM recommande que le ministre assouplisse les normes et règlements de telle
sorte que la conclusion de l'entente entre les commissions scolaires et les
municipalités visant l'offre ou le maintien de services de garde dans les
écoles soit facilitée». Puis vous précisez encore… est-ce qu'il y a des
exemples d'endroits où ça fonctionne déjà, ce type de collaboration là, pour
prendre ensemble soin des enfants, peut-être dans les endroits, même qui sont
plus petits? Et, si oui, comment ça marche et sinon comment on peut faire pour
améliorer le projet de loi?
On a une opportunité ici de faciliter la
collaboration municipalités, écoles, centres de services, et ça, ça
m'interpelle beaucoup, beaucoup qu'ensemble on trouve des moyens de collaborer.
Donc, est-ce que ça se fait? Si ça se fait, est-ce qu'on est obligé de tourner
les coins ronds et peut-être pas aujourd'hui, mais même plus tard, si vous
voulez nous suggérer des propositions d'amendement, on les prendra avec
beaucoup d'ouverture, mais sur ce sujet-là, j'aimerais vous entendre.
M. Demers
(Jacques) : Je vais quand même aller rapidement, je vais
laisser ce point-là ce point-là revenir à Maryse, qui connaît très bien le
dossier, entre autres, qu'on vit dans certains endroits. Quand on parlait du
territoire, pourquoi l'importance, nous, du territoire, c'est que tout ce fait
sur une base de MRC puis on le vit particulièrement auprès de nos écoles ou de
nos centres sportifs. Souvent, on décide d'investir avec eux, ne serait-ce que
dans une piscine, dans une piste d'athlétisme, dans différentes choses, mais, quand
tu as trois commissions scolaires à l'intérieur de ta MRC, là, ça rend les
choses très difficiles. On a beau mettre des fonds en commun puis de dire «on
va travailler», là, on travaille d'un côté, on travaille de l'autre, là, on a
un problème de territoire.
Mais ce que vous dites, on le comprend
très bien, on comprend que, pour des familles, de décider que le lieu où est-ce
qu'ils vont, ça peut être compliqué. Ce qu'on demande par ça, ce territoire-là,
ce n'est pas faire du mur-à-mur, il y a peut-être des endroits où est-ce qu'on
pourrait se coller, aux endroits que ça peut correspondre mieux par les MRC,
c'est souvent ce qu'on demande. Je n'irai pas plus loin sur ce bout-là.
La gouvernance, on en avait parlé, on en a
parlé de différentes façons puis pourquoi… l'importance que ça a pour nous,
c'est particulièrement que, dans nos villages, je pensais que ce qui allumerait
le plus, c'est sur le fait qu'on dit : On veut un moratoire. C'est le mot
«moratoire» peut faire peur à des personnes parce qu'on se dit, pour nous,
c'est très important qu'avant on ferme une école, on veut faire partie de
l'équation. On ne dit pas que la décision sera différente, mais on veut en
faire partie puis voir de quelle façon on pourrait régler ça. Si on veut avoir
du monde dans nos régions, on veut garder nos écoles, il faut absolument avoir
un lien direct, de là aussi pourquoi on demande des sièges attitrés absolument
au monde municipal. Puis pourquoi on se croit différent de d'autres, bien,
c'est souvent au niveau monétaire aussi. Quand on fait un parc de jeux, on le
fait ensemble. Quand on installe notre patinoire, on l'installe collée sur
l'école même si la commission scolaire n'a pas mis un sou. On dit, ceux qui
vont s'en servir le plus dans la semaine, c'est l'école, on va la mettre à la
place où elle doit être. C'est pour ça qu'on dit, on est un joueur quand même
différent, on s'est donné un statut. Je vais essayer… je comprends qu'il va
avoir un laps de temps à un moment donné… Maryse, de répondre, particulièrement
à la question sur les gabarits, oui.
Mme Drolet
(Maryse) : Alors, oui, effectivement, la recommandation 6
traite de la question des services de garde pour les enfants du scolaire. On a
profité de l'opportunité de ce projet de loi là pour revenir effectivement vous
exposer cette problématique-là. Elle se vit dans beaucoup de milieux ruraux,
dans des petites écoles, pas suffisamment d'enfants pour que la commission
scolaire mette en place le service de garde avec les règles qui sont convenues,
là, de six enfants à statut régulier, bon, alors vous les connaissez. Et, à ce
moment-là, on sait aujourd'hui que c'est un service de garde qui est essentiel,
c'est un service essentiel pour les parents. Et c'est aussi un élément
déterminant pour des familles de choisir une école ou pas quand on n'a pas le service
de garde. Une famille peut faire, et plusieurs le font, choisissent d'inscrire
leurs enfants dans l'école d'un village plus éloigné ou plus près du travail.
Bref, ça amène… ça fragilise beaucoup d'écoles, ce qui fait que beaucoup de
conseils municipaux s'investissent financièrement dans le maintien du service,
et il semble y avoir une lecture, là, je dirais, juridique différente sur la
légalité de ce geste.
On ne se vante pas, on le fait, on investit,
mais il y a des fonctionnaires de ministère, notamment Affaires municipales,
qui ont signifié à certains de nos élus : Bien, vous ne pouvez pas
vraiment gérer, financer un service de garde, la loi… Bon. Alors là, il y a
trois, quatre lois qui rentrent en ligne de compte, la Loi sur les services de
garde à l'enfance quand ce n'est pas sous leur juridiction de la Loi sur
l'instruction publique. Ce qui fait qu'il y a un petit ménage à faire pour
faire en sorte que…
Mme Drolet (Maryse) :
...de nos élus : Bien, vous ne pouvez pas vraiment gérer et financer un service
de garde, la loi... Bien là... Alors là, il y a trois, quatre lois qui rentrent
en ligne de compte, la Loi sur les services de garde à l'enfance, quand ce
n'est pas sous leur juridiction, de la Loi sur l'instruction publique, ce qui
fait qu'il y a un petit ménage à faire pour faire en sorte qu'on reconnaisse
l'effort que fait le milieu municipal pour maintenir ce service pour les
enfants pour que les enfants restent dans l'école et que la... Bon. On
travaille tous collectivement et c'est ce genre de frein qu'il faudrait
assouplir et faciliter pour le milieu.
Le Président (M. Ciccone) :
Je reconnais maintenant le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. À vous la
parole.
M. Tardif :
Merci, M. le Président. Tout d'abord, bienvenue. Merci de partager votre
réflexion. Moi, je comprends la FQM sur l'angle... ou, en tout cas, je pense en
comprendre une partie, sous l'angle des volets spécifiques qu'elle a abordés,
concernant ses préoccupations et ses juridictions. Et, évidemment, le ministre
allait... et j'allais, pardon, dans le même sens que le ministre. Toute la responsabilité
territoriale, vous m'avez donné le vertige, pratiquement, quand j'ai... ou j'ai
eu une incompréhension. On pourra en discuter par après, de même que la
question des fermetures d'écoles que vous avez soulevée tout à l'heure. Dans le
comté que je représente, lorsque des situations comme celles-ci se présentent,
c'est clair que tes conseils municipaux sont des partenaires avec les
différents intervenants pour trouver des solutions. Alors, j'entendais votre
message, mais je pense qu'il y a déjà une mécanique naturelle qui se fait de
votre part ou de la part des membres que vous représentez.
Donc, la question où je veux en arriver,
c'est, selon vous, moi, je voudrais comprendre deux... je les ai lus, je
voudrais comprendre deux aspects les plus porteurs que vous trouvez, les plus
essentiels pour vous dans ce projet de loi. Je le sais qu'il y en a plus que
ça, mais je vous en demande deux, s'il vous plaît.
M. Demers
(Jacques) : Nous autres... bien, il y a différentes choses. Je
commencerais par ce que vous disiez pour vous puis peut-être votre région ou...
en tout cas. Tantôt, avec nous, on avait le vice-président de la fédération,
qui est le préfet de Kamouraska, qui est Yvon Soucy, qui nous exprime :
Mais chez nous, on l'a cet échange-là avec la commission scolaire. Les autres
autour disent... pour l'ensemble des autres, on leur dit : Bien, nous
autres, on ne l'a pas. C'est important cette étape-là, qu'il y ait un lien,
qu'il y ait des échanges, ça existe à des endroits puis ça a l'air de bien
fonctionner. C'est, je pense, un naturel que ces parties-là aient même une
obligation de se parler.
M. Tardif :
Parce que, juste pour vous interrompre, j'ai deux commissions scolaires et j'en
partage une partie avec M. Soucy puisque je suis le voisin du Kamouraska,
mais j'ai également celle des Basques et des lacs, donc du Témiscouata, et dans
ces deux situations, que la variante s'est produite et que j'ai eu les mêmes
résultats. Mais je comprends, là, ce que je vous me dites par rapport à
d'autres réalités.
M. Demers
(Jacques) : Oui. On ne peut pas généraliser ça au Québec, ça ne
se passe réellement pas de cette... comme chez vous, dans toutes les régions.
M. Tardif :
Non, on est un coin assez unique, quand même.
M. Demers
(Jacques) : Parfait. Des points essentiels sur lesquels on
veut... On veut que les décisions des commissions scolaires restent au niveau
régional. On veut le moins possible que ça soit centralisé, justement pour ce
genre de discussion là. Si les décisions se prennent à Québec ou si le ministre
devient celui qui décide, on ne peut pas faire du mur-à-mur. Quand on va vous
parlez d'une école qui, parfois... à Lac-Édouard qui a trois ou... C'est
combien d'élèves présentement?
Une voix
: Cinq, cette
année.
M. Demers
(Jacques) : Oh! excusez, c'est une bonne année. Ils sont sur
cinq élèves dans... bien, c'est unique. On parlerait de la même chose pour Montréal
ou à d'autres, ça n'a pas de sens de rester sur un territoire comme ça puis
d'en garder une ouverte. Mais quand on voit le bénévolat que les gens font pour
la faire fonctionner, pour que le milieu... c'est particulier. Or, donc, des
décisions, il faut qu'elles soient locales, il ne faut pas éloigner ça. C'est
notre plus grande crainte, la première. Je ne sais pas s'il y a des éléments,
Larry...
M. Bernier (Larry) :
Ce que je veux peut-être ajouter, c'est que tout le monde conviendra qu'avoir
une école dans un milieu, c'est essentiel à la vitalité du milieu, hein? Les
enfants, ça crée de la vie, etc., et ça permet au milieu de se développer parce
qu'on n'attire pas des jeunes familles si on n'a pas de service de garde puis
si on n'a pas d'école. C'est d'une évidence renversante et je pense bien que
personne ne peut contredire ça. Et c'est pour ça que les municipalités, comme nous
avons à coeur le développement de notre région, de nos municipalités, on veut
faire partie de la donne avec les centres de services scolaires pour prendre
les décisions qui ont rapport avec les écoles, parce qu'on s'occupe de tout le
reste. On s'occupe des loisirs, on s'occupe du logement, on s'occupe des
services de proximité, on s'occupe d'Internet, cellulaires, mais on veut également...
puis on s'occupe de l'emploi, mais on veut également s'occuper de
l'aspect-école, parce que c'est un élément essentiel de base dans le
développement et la revitalisation d'un secteur. Je pense, en tout cas. C'est
pour ça qu'on veut être partie prenante.
• (17 h 50) •
M. Tardif :
Alors, ça, c'est le premier aspect. On parle de...
M. Bernier (Larry) :
...on s'occupe des services de proximité, on s'occupe d'Internet, cellulaires,
mais on veut également... puis on s'occupe de l'emploi, mais on veut également
s'occuper de l'aspect école, parce que c'est un élément essentiel de base dans
le développement et la revitalisation d'un secteur. Je pense, en tout cas.
C'est pour ça qu'on veut être partie prenante.
M. Tardif :
Alors, ça, c'est le premier aspect. On parle de décentralisation ou de se
rapprocher. Deuxième aspect, parce que je vous en ai demandé deux...
M. Demers
(Jacques) : O.K. Bien, moi, le premier, c'est vraiment les
décisions locales ont... font partie de ça. Après ça, c'est le lien, l'obligation.
Tu sais, tantôt, ce qui vous a donné le vertige un peu, quand on vous a parlé
de moratoire ou de territoire... Le territoire, je le comprends assez bien,
puis on ne veut pas brasser les familles, parce que des fois ce n'est pas...
l'endroit où est-ce que tu habites, peut-être que, dans certains cas, le
meilleur découpage est celui que les commissions scolaires ont fait, qui se
retrouvent plus près. Puis j'aurais des exemples tangibles où est-ce qu'on
voit, à l'intérieur de grandes villes, mais ça fait partie d'une autre... Il
faut qu'ils restent là, il faut que ces élèves-là fassent le moins de kilomètres
possible, ça, on le comprend.
Quand on parle du moratoire, il est très important,
parce que, si on ne l'a pas, cette approche-à, bien, il faut être capable de
dire, à un moment donné : Minute, on met un «hold», comme un maire peut le
faire lors d'une séance. Tu peux le faire, mais tout ce que ça fait, c'est
qu'on reporte la décision. Ce n'est pas de se donner un droit de bloquer quelque
chose, c'est de dire : Un moratoire, c'est un laps de temps où est-ce
qu'on s'assoit tous ensemble puis on essaie de trouver les pistes de solution
pour les enfants qui sont là. C'est vraiment dans ce but-là. Oui, Pierre.
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui. L'idée, c'est de briser les silos entre les
deux réseaux, parce que, de plus en plus, bon, les commissions scolaires ont
des plus grands territoires en région, donc, des fois, les distances, et on le
voit, les distances sont loin. Comme vous, votre... il est 100 quelques kilomètres,
le siège social, mais ça n'a pas... quand même, M. Demers, il est dans sa municipalité,
c'est eux autres qui ont investi dans la cour d'école. Donc, l'idée, c'est
d'obliger les deux réseaux à se parler au moins une fois par année pour
partager leur planification, et de discuter, puis peut-être de s'entendre et
d'établir des consensus. Et là aussi la question d'ouverture ou la fermeture
d'une école devra être traitée à ce moment-là. Les gens doivent se parler, ce
qui ne se passe pas. Bon, peut-être, effectivement, que Kamouraska... On vous
fera remarquer, en passant, que c'est la MRC qui convoque le conseil de la commission
scolaire depuis plusieurs années, et c'est ça... ça fonctionne.
Mais ce modèle-là fonctionne dans ce
cas-là, et ce qu'on disait, c'est que, sur la base des territoires de MRC, il
faut le généraliser pour forcer la discussion et l'entente et pour que les
choix soient vraiment basés sur la communauté, puis que tout le monde ait
accès. La dimension publique et de diffusion de l'information. Parce que, quand
il y a des choses qui se passent au conseil des MRC, il y a des gens qui
débarquent, il y a des informations... il y a toujours des journalistes, ce que
vous n'avez pas nécessairement au conseil de la commission scolaire ou même...
dans ces futurs conseils, il n'y aura pas nécessairement de journalistes
toujours. Mais, au conseil de la MRC, il y a toujours une couverture média,
donc les citoyens... on peut avoir accès à l'information.
Donc, avec les cinq éléments, vous
remarquerez qu'il y a aussi toute la dimension...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...donc les gens vont pouvoir se parler puis établir
des consensus de gestion de la communauté, des différents éléments de la
communauté, donc de... briser les silos.
M. Tardif :
Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt, maintenant, à reconnaître un membre de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 40 s. À vous la parole.
Mme Rizqy : Oui. Merci.
Bienvenue parmi nous. Tantôt, vous avez mentionné quelques craintes, dont notamment
le redécoupage. À l'article 46 du projet de loi n° 40,
il est justement question que le gouvernement peut, par décret, procéder à un
redécoupage pour le centre de services. Vous en pensez quoi, de cela?
M. Demers
(Jacques) : Bien, là-dessus, ce qui est important pour nous,
c'est de faire partie de la discussion, parce que... comme je disais tantôt,
c'est que ça ne soit pas du mur-à-mur. Tu sais, même nos territoires, on le
sait, qu'ils ne sont pas parfaits, là, il y a des endroits, ça causerait des
problèmes de vouloir coller sur une MRC, mais il y a des endroits que c'est ce
qu'il faut faire. C'est de se le permettre puis d'avoir cette discussion-là
ensemble, parce que souvent, les investissements, parce qu'il faut parler
d'argent là-dedans, là, les commissions scolaires sont souvent limitées, les
écoles, à faire des investissements. Bien souvent le municipal, pour garder la
vitalité puis pour leurs services, mettent aussi des sous. C'est pour ça que le
découpage fait toute la différence. Parce que quand tu as trois, quatre
commissions scolaires à l'intérieur d'une même MRC, ce qui existe présentement,
bien c'est compliqué, là. C'est là-dessus qu'on se dit : Il va falloir
regarder si on peut travailler autrement.
Mme Rizqy : Vous comprendrez
qu'à l'article 46 par décret, ce n'est pas une consultation. Par décret,
c'est une sanction qui part d'ici, du gouvernement...
M. Demers
(Jacques) : Vous avez absolument raison. À ce moment-là, ce
qu'on demande, c'est de pouvoir participer à ça pour trouver la meilleure pour
les élèves, mais pour le territoire.
Mme Rizqy : Vous avez aussi
mentionné votre désir pour avoir plus de décentralisation. Si on va dans un
autre article. Je vous amène à l'article 112... Pardon, 114 du projet de
loi où est-ce qu'il est aussi question, ici, que le gouvernement peut... En
fait vous, les nouveaux centres de services, pas vous les municipalités, mais
les centres de services ne pourront pas procéder sans l'autorisation à certains
travaux de construction, d'agrandissement, d'aménagement, de transformation, de
démolition, de remplacement ou de rénovation...
Mme Rizqy : ...du projet
de loi où est-ce qu'il est aussi question, ici, que le gouvernement peut... En
fait vous, les nouveaux centres de services, pas vous les municipalités, mais
les centres de services ne pourront pas procéder sans l'autorisation à certains
travaux de construction, d'agrandissement, d'aménagement, de transformation, de
démolition, de remplacement ou de rénovation majeurs des immeubles sans avoir
obtenu la permission du gouvernement selon les montants qui vont être établis
par règlement. Et là, évidemment, on n'a pas le montant par règlement. En
fiscalité, on a ce qu'on appelle les dépenses courantes puis les dépenses qu'on
doit mettre... les dépenses en capital, donc, qu'on doit amortir. Par exemple,
là, là, en ce moment, avec ce projet de loi, l'article 114, si on veut
changer toutes les fenêtres de l'école, il faut attendre la permission, là,
d'ici au complexe G, là. Ça, est-ce que vous, pour vous, c'est de la
décentralisation?
M. Demers
(Jacques) : Exactement ce qu'on voudrait, qui se décide
localement. Puis là-dessus, encore, je vais embarquer le monde municipal. Quand
on va parler de travaux, il faut faire partie de l'équation. Peut-être que le
gymnase, il y a moyen de le faire un peu plus grand parce qu'on a des besoins
l'été. Peut-être que le soir il y aurait des activités qui se passent là. C'est
là-dessus qu'on veut faire partie de la discussion. De là où est-ce que je
parle des discussions locales, on peut investir beaucoup mieux que de faire en
double deux petites choses, faisons... Souvent dans nos villages on a besoin
d'un grand gymnase ou d'une salle communautaire. On peut se le permettre plus
facilement. Oui, Pierre. Excuse. Tu voulais...
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, si vous le permettez, par rapport à votre
question, de façon précise, je pense que vous faites référence à la capacité
d'emprunt. Parce que quand tu changes les... À la capacité d'emprunt, parce
qu'il devrait y avoir normalement un emprunt, si supposons...
Mme Rizqy : Je ne fais
pas, non, aucunement référence à la capacité d'emprunt. Je fais référence...
M. Châteauvert
(Pierre) : O.K. Parce que nous, on fait partie du périmètre
comptable. Lorsqu'on emprunte, effectivement, il faut qu'on en discute avec le
ministère des Affaires municipales. Mais si c'est dans nos opérations
courantes, c'est dans les opérations.
Mme Rizqy : Si vous le
permettez. Non, pour bien recadrer la question, non, je parle vraiment des
commissions scolaires qui, présentement, gèrent des budgets, qui veulent... Par
exemple, en ce moment, les commissions scolaires, si elles désirent rénover les
fenêtres, bien, ils n'ont pas besoin d'avoir une permission. Si, par exemple,
vous changez un siège de toilette, ça, ça s'appelle une réparation. Vous ne
demandez pas de permission. Mais si vous changez l'ensemble des sièges de
toilette, bien là, maintenant, avec l'article 114, attendez votre
permission. Ça, pour moi, ce n'est plus de la décentralisation. Puis je vous
vois hocher de la tête. Donc, je pense que vous êtes entièrement en accord avec
moi.
M. Châteauvert
(Pierre) : Bien oui, je suis d'accord, voyons. C'est ce qu'on
veut puis c'est ce qu'on reprochait. Puis des amis tantôt faisaient un lien
avec la santé, bien, c'est ce qu'on a reproché. Quand on a perdu un lien direct
de gestion dans nos établissements, dans nos hôpitaux, ce qu'on disait :
Bien là, ça n'a pas de bon sens. Elle est rendue loin, la personne qui décide.
On veut un gestionnaire sur place. Laissons-lui au moins la capacité de prendre
des décisions au quotidien. Ça prend un boss sur place quand tu as une
entreprise, là. Il ne faut pas qu'il soit trop loin, là.
Mme Rizqy : Bien, on
suit. Et je vais vous dire, il y a une question... Il y a une affaire qui
m'étonne un peu. C'est qu'il y a beaucoup de questions, mais il y a très peu de
questions sur la démocratie, alors que j'ai devant moi des élus. Il y a quand
même plus de 300 signataires d'une ou même déclaration d'un conseil
municipal, qui est en appui pour la démocratie scolaire. Plusieurs
municipalités qui dont notamment celles qui ont des petites, petites écoles.
Là, pour ceux qui nous écoutent, c'est des écoles de 11 élèves,
25 élèves, cinq élèves. Donc, vous comprendrez que, pour moi, parler de
démocratie, c'est assez important parce qu'il y a quand même un danger. Si
l'argument principal pour faire la réforme du ministre de l'Éducation, c'est de
dire qu'on va faire des économies parce qu'il n'y a pas assez de participation,
quand même la question se pose. Est-ce que, par la suite, la prochaine étape,
c'est vous autres, parce qu'il y a quand même plusieurs municipalités qui sont
élues par acclamation.
M. Demers
(Jacques) : Oui. Des fois, si c'est élu par acclamation,
peut-être qu'on peut considérer que c'est les bonnes personnes qui sont là,
aussi. J'ai toujours l'impression quand quelqu'un dit que quelqu'un est élu par
acclamation, il peut y avoir un questionnement. Bien, on peut-u considérer
que... Ou quand quelqu'un a fait quelques mandats, peut-être que c'est qu'il
fait... Mais les gens ont un choix. Quand on me parle d'élection... On a décidé
qu'on ne mêlait pas ce côté-là. Puis le monde municipal en a vécu, des changements
de structure. J'étais président de la CRE au niveau de l'Estrie quand que les
CRE sont disparues. C'en était un lieu où est-ce qu'on avait des élus qui
venaient de toutes les formes et de toutes les façons. On a dit du jour au
lendemain : Non, les CRE, c'est une structure qu'on ne veut plus. Elles
coûtent trop cher en administration. Mais on prend ça puis on met ça au niveau
des MRC sans nous dire comment qu'en les MRC coûtent en administration. Des
changements de structure, il y en a régulièrement. Là, on me dit qu'on veut en
faire. J'ai déjà eu une discussion avec le président de la Fédération des
commissions scolaires...
• (17 heures) •
Mme Rizqy : Si vous me
permettez, là, je ne parle pas de changement de structure, je parle vraiment de
démocratie. C'est, vous le savez, un des fondements mêmes de notre société
juste et démocratique. Lorsque j'ai des élus devant moi, et que vous ne parlez
pas de cela, alors que plus de 300 signataires de différentes
municipalités et de différents villages, je me permets quand même d'au moins
poser la question quand... Bien qu'on peut être élu par acclamation puis être
très compétent, ça, ce n'est pas la question, c'est quand même les gens qui
vont aller ou ne pas aller voter des fois. Et c'est là qu'est la question que
je pose. C'est-ce que, si on commence à réfléchir comme société que ça coûte
trop cher, la démocratie, qu'il n'y a pas assez de mon qui vont voter, on
dit : Bien, savez-vous quoi, on abolit...
17 h (version non révisée)
Mme Rizqy : …quand… bien qu'on
peut être élu par acclamation puis être très compétent, ça, ce n'est pas la
question, c'est quand même les gens qui vont aller ou ne pas aller voter des
fois. Et c'est là que la question que je pose, c'est que, si on commence à
réfléchir comme société que ça coûte trop cher, la démocratie, qu'il n'y a pas
assez de monde qui va voter, puis qu'on se dit : Mais savez-vous quoi, on
abolit. À ce moment-là, ça ne devient pas un terrain glissant? Parce que ça se
peut qu'à un moment donné, on se dise : Bien, on va regrouper certaines
MRC ensemble, on va regrouper certains villages ensemble, puis on va abolir
certaines élections, il n'y a pas assez de personnes qui se présentent au
conseil. Est-ce que ça peut être un terrain glissant? Telle est ma question
pour la démocratie.
M. Demers
(Jacques) : Oui. C'est pour ça qu'en démocratie, ce que je
vous… parlais, c'était des CRE. Les CRE, là, c'étaient les conférences
régionales des élus. Tous les gens qui étaient autour de la table, c'étaient
des gens élus. Ce qu'on a aboli, c'est l'endroit, au niveau de régions, que
toutes les… les gens qui étaient élus à un endroit ou l'autre se retrouvaient
pour se parler au niveau régional. C'est ça qu'on a aboli. Puis les commissions
scolaires s'y trouvaient, chacun des élus s'y trouvait. C'est ça qu'on a aboli.
On s'est dit : O.K., il y a une structure qui a été défaite. C'est pour ça
qu'on demande, nous, ici aujourd'hui… si la journée que vous déciderez :
Il y en a déjà qui ont essayé de fusionner des municipalités, il y en a qui ont
essayé de fusionner des différentes structures…
Mme Rizqy : Moi, je parle
vraiment plus du vote de citoyens, là. Je vous parle de démocratie, vote de
citoyens. Comme vous savez, l'éducation, l'école publique, n'appartient pas à
des partenaires, mais aux citoyens. Et si on commence à réfléchir, au Québec,
que la démocratie coûte trop cher, que la participation, au lieu de la rendre
plus active, on l'abolit, moi, je crois qu'il y a vraiment un danger.
Mais, si vous permettez, vu que le temps
file, je vais vous poser une autre question.
M. Demers
(Jacques) : Dommage.
Mme Rizqy : Bien, vous pouvez
répondre. Mais quand vous parlez des CRE, les CRE, on comprend tous que c'est
une structure…
M. Demers
(Jacques) : Ah, c'est dommage, parce que ce n'étaient que des
élus.
Mme Rizqy : Oui, on comprend
tout ça. Mais moi, là, je vous pose une question que… visiblement, vous ne
souhaitez pas répondre, alors je vais vous poser une autre question. Beaucoup
des commissions scolaires qu'on a rencontrées cherchent des terrains pour bâtir
des écoles. Ça, ça se passe vraiment partout… on entend ça. Puis ils frappent
souvent aux municipalités, puis ils nous disent que malheureusement, ça peut
être difficile. Alors, comment on fait pour améliorer des communications pour
savoir trouver des beaux terrains, pas n'importe quels terrains, des beaux
terrains pour construire ces écoles? Parce que visiblement, c'est une
problématique qu'on voit sur le terrain, un peu partout au Québec.
M. Demers
(Jacques) : O.K. Parfait. Rapidement, je vais répondre quand
même à…
Mme Rizqy : Oui, allez-y.
M. Demers (Jacques) :
Parce que dans le fond, là, ce qu'on dit, puis c'est pour ça qu'on cherche une
place dans les écoles puis dans la structure… d'avoir des élus municipaux qui
se trouvent à cet endroit-là, pour être sûr qu'il y ait des gens qui sont
choisis par les citoyens localement pour y siéger. De là où est-ce qu'on
dit : Dans les différentes structures, vous allez choisir des gens pour
ces conseils d'administration là, il va y en a qui vont venir de l'élection,
puis oui, ça serait du monde municipal à ce moment-là.
Au niveau des terrains…
M. Châteauvert
(Pierre) : Sur le choix… C'est ce qu'on propose… le lieu de
coordination. La discussion annuelle, c'est justement… c'est un des sujets.
Dans la liste, on avait cinq sujets par rapport à la planification stratégique,
les plans d'immobilisation, d'aménagement, de développement, l'occupation du
territoire, incluant l'ouverture, les médecins, les écoles, les ententes de
partenariat. Ce sont des sujets qui doivent être discutés entre le conseil et
au niveau de la table de la municipalité régionale de comté, où est-ce que vous
retrouvez tous les élus. Et puis cette discussion-là, ces discussions-là
doivent se faire là, et les consensus doivent s'établir là.
Mme Rizqy : En vous écoutant,
je vais peut-être recommencer ma question. Parce que là, présentement, là, vous
avez quand même des élus scolaires puis vous avez des élus municipaux. Puis
malheureusement, on entend encore des histoires où est-ce qu'on n'est pas
capable de trouver des terrains, alors qu'il y a quand même deux paliers de
gens élus démocratiquement qui sont supposés s'entendre pour le bien des
enfants.
Alors, moi… est-ce que vous avez une
solution concrète, là, pour nous dire comme que présentement on ne va plus
entendre d'histoires où est-ce qu'on met des écoles proche des pylônes, proche
des gares ferroviaires, proche des autoroutes, puis que ce n'est pas vraiment
plus fort la poche au pied carré, parce qu'on préfère construire une tour de
condos que de construire une école. Ça, ça… vraiment, là, les Québécois,
là-dessus, ils ne sont plus capables.
M. Demers
(Jacques) : Oui. Je…
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Demers
(Jacques) : O.K. Mais… De façon générale, on n'a pas vraiment
cette problématique-là. Où est-ce que vous allez trouver ça, c'est dans les
grands centres urbains, dans vos communautés urbaines, où est-ce qu'il y a
énormément... Au niveau des régions, là, la fois que le gouvernement est prêt à
y construire une école, là, on lui fait de la place. On pense à nos jeunes. On
a plus de misère à les garder qu'à les construire. À ce moment-là, là, je
voudrais trouver les exemples qu'il y a un village au Québec qui n'a pas trouvé
de place pour son école. Elle n'existe pas. On cherche des écoles qui restent
en vie. C'est vraiment là-dessus qu'on travaille, là.
M. Ciccone :
Merci beaucoup, merci beaucoup. Maintenant, je passe la parole à la députée de
Sherbrooke pour 2 min 40 s. À vous la parole.
Mme Labrie : Merci. J'ai bien
entendu votre plaidoyer envers les CRE qui ont été une grande perte pour les
régions. J'en entends souvent parler parce que mon bureau de circonscription
est dans l'ancien local de la CRE de l'Estrie, puis … bien, Sherbrooke, puis
je… C'est quelque chose dont on parle souvent avec beaucoup de nostalgie.
Puis j'entends aussi votre besoin d'un
meilleur arrimage entre les commissions scolaires, les municipalités, le besoin
que les décisions soient prises localement, mais de manière concertée aussi
dans ces différents secteurs-là, puis je me demande : Est-ce qu'on a
vraiment besoin d'abolir les commissions scolaires pour ça? Est-ce qu'on ne
pourrait pas aménager, dans le modèle actuel…
Mme Labrie : ...c'est quelque
chose dont on parle souvent avec beaucoup de nostalgie. Puis j'entends aussi
votre besoin d'un meilleur arrimage entre les commissions scolaires, les municipalités,
le besoin que les décisions soient prises localement, mais de manière concertée
aussi entre ces différents acteurs là. Puis je me demande : Est-ce qu'on a
vraiment besoin d'abolir les commissions scolaires pour ça? Est-ce qu'on ne
pourrait pas aménager, dans le modèle actuel, une manière de favoriser cette
collaboration-là avec les municipalités?
M. Demers (Jacques) :Je comprends votre question, puis ça ressemble... on n'a pas
pris cet aspect-là en venant ici aujourd'hui, en regardant. On s'est dit :
Bon, il y a un projet de loi, on travaille sur le projet de loi en essayant de
répondre ce que, nous, on pense qu'il faut le plus protéger. Si le gouvernement
décide de garder les commissions scolaires, là, on va souhaite comme dans Kamouraska,
comme à d'autres endroits, qu'il y ait plus de liens. Il y a des places que ça
fonctionne bien. Comme vous disiez au niveau des CRE, je pense qu'on en avait
une qui fonctionnait, mais il y a des endroits où que ça allait moins bien. Il
y a eu des décisions de prises.
Dans celle-là, une fois qu'il un projet de
loi, on s'est dit : On pourrait venir vous parler pendant trois heures de
vouloir la garder... de regarder. À ce moment-là, on aurait pris un autre
angle. L'angle qu'on a pris aujourd'hui, c'est de dire, avec ce qui est
proposé, là, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que ça aille le mieux possible
pour nos régions. C'est vraiment l'aspect qu'on y a pris.
Mme Labrie : Je comprends
que vous ayez fait ce choix-là, mais en même temps je veux aller peut-être un
peu dans le même sens que ce qu'a essayé d'aborder ma collègue, dans le fond,
c'était la démocratie. Tu sais, l'argument, le prétexte nommé par le
gouvernement en place pour ce projet-là de gouvernance, c'est le faible taux de
participation aux élections scolaires, puis, vous et moi, on le sait, que le
taux de participation est faible aussi au niveau municipal, puis qu'il y a même
plus d'élus municipaux élus par acclamation qu'il y a d'élus scolaires en
pourcentage. Donc, le risque de glissement, comme a nommé ma collègue de
Saint-Laurent, est quand même assez élevé, là, quand on dit : Bon, la
participation est trop faible, on abolit ça, on transforme ça en conseil d'administration.
Nous, on est préoccupés par ce glissement-là au niveau démocratique. Puis je
comprends que ce n'est pas le choix que vous avez fait d'aborder ça ici, mais
le voyez-vous ce risque-là quand même?
M. Demers
(Jacques) : Bien, je suis surpris quand vous nous dites que les
taux sont plus faibles. Dans beaucoup de municipalités, les taux sont plus
hauts qu'au provincial ou qu'au fédéral. Quand
que...
Mme Labrie : ...élus par acclamation, je veux dire.
M. Demers
(Jacques) :Oui,
le taux d'élus. Mais le taux de votation dans nos municipalités, quand il y a
des votes, là, on a un très bon taux de votation. Les gens sont présents. Quand
il y a maire qui a une élection dans un village, il s'arrange pour faire sortir
son monde, puis celui qui est contre aussi. Le taux de votation au monde
municipal est très, très élevé. Il y a, oui, dans bien des endroits qui
choississent de garder. Si le problème de garder, il n'y a pas eu d'autres
personnes qui se sont présentées, est-ce qu'on considère que c'est à cause des
gens, qu'il devrait y en avoir à chaque fois? Peut-être qu'ils font un bon
ouvrage aussi. Ça, je pense que c'est considéré.
Mme Labrie : C'est
peut-être aussi la même chose avec le scolaire aussi, hein?
M. Demers
(Jacques) : Tout est possible. Mais les fois qu'il y a deux
personnes qui se présentent, nos taux de votation sont très élevés.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Demers
(Jacques) : Oui, c'est terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt maintenant à reconnaître la députée de Joliette
pour 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Oui. Je suis très heureuse de vous entendre, de vous avoir ici. Il y a beaucoup
de craintes. Moi, je dois dire que, moi et mes collègues qui proviennent de
beaucoup de régions, dans ma formation politique, de régions un petit peu plus
éloignées, entendent beaucoup de craintes quant à la centralisation. Je
comprends que vous partagez un peu ces craintes-là.
Très concrètement, est-ce
que — vous l'avez évoqué un petit peu tout à l'heure, sur les petites
écoles, les écoles avec très peu d'élèves — est-ce que vous avez des
craintes que ça puisse amener par rapport un manque de sensibilité par rapport
à la réalité de ces petits milieux, ces petites écoles puis qu'est-ce que vous
proposez pour que cette réalité-là soit bien prise en compte?
M. Bernier
(Larry) : Moi, je ne pense pas que, peu importe la structure
qu'on va mettre en place, que ça va changer quoi que ce soit au niveau de la
sensibilité. La sensibilité, pour moi, elle est à l'intérieur de chaque
individu. Et nous, présentement, on a parti notre projet, parce que c'était
vraiment un projet particulier, il est unique au Québec...
Mme
Hivon
:
On en a discuté de votre projet, mais plus largement.
M. Bernier
(Larry) : Oui, vous en avez entendu parler. Et on l'a parti
avec des gens de coeur puis on l'a tenu à bout de bras pendant sept ans, puis
au bout de sept ans, là, par différents moyens, on a fait intervenir la
commission scolaire, puis par déduction avec la commission scolaire, puis une
présentation qu'on a faite auprès des dirigeants, qu'à un moment donné on a eu
une collaboration avec eux, puis ça va très bien, avec eux, à ce niveau-là. Ça
fait que je me dis, si ça s'est réussi dans une
structure, ça va continuer à se réussir
dans une autre structure. Surtout que je me dis, la nouvelle structure, je
pense qu'il va y avoir beaucoup de parents sur ce conseil d'administration là. Alors, s'il y a des gens qui sont bien sensibles à la situation des enfants, c'est bien les parents. Alors, je me
dis, bien, moi, je n'appréhende pas de difficultés particulières par rapport à cette nouvelle façon de faire, là.
Je me dis : C'est plus au niveau de la sensibilité de chaque individu
qu'on va y arriver si chacun est conscient parce qu'en fin de compte la
sensibilité nous mène à la conscience, hein. En fin de compte, si on est
conscient de la difficulté de l'autre, bien, on est prêt à y participer, à
l'aider. Alors, moi, je pense que seulement... que ça va fonctionner.
Mme
Hivon
:
Et parlant de sensibilité, j'image que vous avez une sensibilité territoriale,
et donc, vous êtes conscients que, par exemple, dans un territoire donné,
puisqu'il n'y a pas de siège ou de...
M. Bernier (Larry) :
...en fin de compte, si on est conscient de la difficulté de l'autre, bien, on
est prêt à y participer, à l'aider. Alors, je pense que seulement... que ça va
fonctionner.
Mme
Hivon
: Et
parlant de sensibilité, j'image que vous avez une sensibilité territoriale, et
donc, vous êtes conscients que, par exemple, dans un territoire donné,
puisqu'il n'y a pas de siège ou de découpage de territoires, en fait, les
conseils d'établissement vont voter à travers les parents qui siègent là, pour
les parents qui vont être sur les C.A. Donc, il n'y a aucune garantie que, par
exemple, ce ne serait pas essentiellement les parents du centre urbain. Donc,
ça, je voulais vous entendre là-dessus.
Puis l'autre chose sur laquelle je voulais
vous entendre : vous listez, à la page 7, plein de sujets dont vous
aimeriez voir des discussions se faire entre des instances scolaires et
municipales. Mais est-ce que vous pensez que c'est réaliste de demander ça
comme charge de travail à un C.A. composé, comme vous le dites, majoritairement
de parents non-rémunérés qui vont déjà siéger sur un conseil d'établissement et
un conseil d'administration?
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Bernier (Larry) :
Oui, c'est ça. Moi, je pense que... Oui, je pense qu'il y a possibilité. C'est
sûr que ces gens-là vont être assistés probablement avec des gestionnaires, là,
qui vont encore exister, dans les nouvelles structures, et qui vont les
éclairer un petit peu pour prendre les meilleures décisions. Mais je ne pense
pas que ça puisse poser plus de difficultés tellement grandes à ce niveau-là.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors... Oui?
Mme Drolet
(Maryse) : Si j'ai quelques secondes... Non?
Le Président (M. Ciccone) :
15 secondes.
Mme Drolet
(Maryse) : En fait, on a une recommandation sur le découpage
territorial parce qu'on a effectivement cette préoccupation-là, qu'il n'y a
plus de territoire de circonscription, donc on pourrait... on peut penser
imaginer le scénario d'une concentration de représentants au conseil, et qu'il
y a des territoires qui sont moins représentés au conseil d'administration du
centre. Alors c'est effectivement une recommandation qu'on a.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Drolet, merci beaucoup, M. Demers, M. Châteauvert, M. Bernier.
Merci pour votre grande contribution aux travaux de cette commission. Je vais
suspendre quelques instants pour laisser place au prochain groupe. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Ciccone) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la
Fédération des syndicats de l'enseignement. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période
d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que vos invités. À vous la parole.
Mme Scalabrini
(Josée) :Merci beaucoup. Bonjour. Je suis
Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement.
La FSE est la plus...
Le Président (M. Ciccone) :
...syndicats de l'enseignement. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter, ainsi que vos invités. À vous la parole.
Mme Scalabrini (Josée) :
Merci beaucoup, bonjour. Je suis Josée Scalabrini, présidente de la Fédération
des syndicats de l'enseignement. La FSE est la plus importante organisation
représentant les enseignants au Québec. Elle regroupe 34 syndicats
représentant plus de 65 000 enseignants aux quatre coins du Québec.
Elle compte parmi ses membres des enseignants du préscolaire, primaire,
secondaire, de la formation professionnelle, de la formation générale des
adultes, ainsi que des enseignants en adaptation scolaire et des spécialistes.
La FSE représente également les enseignants qui travaillent dans les
commissions scolaires crie, Kativik. Elle est affiliée à la CSQ.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de
Mme Brigitte Bilodeau, la première vice-présidente à la FSE,
Mme Fanny Lamache et M. Sébastien Bouchard, deux conseillers de la
fédération.
Nous ne sommes pas venus ici pour
invectiver le ministre ni pour crier notre colère, même si elle est bien
présente. Nous sommes ici pour représenter les enseignants et faire valoir leur
voix au sujet d'un projet de loi qui les indigne et pour lequel ils réclament
des amendements. Nous avons tous entendu le ministre dire, à maintes reprises,
qu'il souhaitait valoriser la profession enseignante, reconnaître l'expertise
des enseignants et rapprocher les décisions de celles et ceux qui connaissent
les élèves par leurs noms. Si nous partageons ces objectifs, force est de
constater que les moyens proposés pour y arriver ratent complètement la cible.
Le projet de loi n° 40 devait revoir la gouvernance
du réseau, mais il a débordé largement de ce cadre pour venir restreindre
encore davantage l'autonomie professionnelle des enseignants. Pire, il met fin
à la parité en diminuant la place du personnel au conseil d'établissement,
comme si leur voix devait compter moins.
Par ce projet de loi, le ministre
dévalorise la profession, ma profession et, du coup, la sienne. Ce projet de
loi ne répond à aucune urgence du terrain, mais à un engagement politique. Il y
a des besoins autrement plus criants dans le réseau. La FSE réclame d'ailleurs
depuis des années qu'on se donne une vision globale en éducation et qu'on cesse
les changements à la pièce.
L'an dernier, la FSE a mené une vaste
consultation auprès de milliers de ses membres sur le thème Maîtres de notre
profession. C'est sur cette base que nous nous adressons à vous
aujourd'hui. Nous aimerions souligner qu'il est pour nous inacceptable que des
changements aussi importants que ceux contenus dans ce projet de loi, qui
auraient des répercussions majeures, soient amenés dans des délais aussi courts
et sans véritable consultation au préalable. Le ministre nous dit souvent qu'il
est ferme sur les objectifs, mais souple sur les moyens. Il a là une excellente
occasion de nous le démontrer.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Dans son projet de loi, le ministre nous concède une expertise pédagogique,
mais sans réelle portée. Il ajoute, à l'article 19 de la loi, que l'enseignant
possède une expertise essentielle en pédagogie. Cet ajout est purement
symbolique et n'aura aucun effet réel sur les enseignants. Le projet de loi
n'accorde aucun droit ni aucun pouvoir supplémentaire aux profs, au contraire,
il leur ajoute des obligations et leur retire des pouvoirs.
Il faut reconnaître l'expertise et le
jugement professionnel des enseignants dans le choix des pratiques pédagogiques
et en matière d'évaluation. La recette pour y arriver serait simple. Le
ministre n'a qu'à modifier le projet de loi pour que le nouvel article 19
reprenne exactement le libellé qu'il avait lui-même proposé lors de l'étude du
projet de loi n° 105, qui se lit comme suit :
«Dans le cadre des programmes de formation et des dispositions de la présente
loi, ainsi que dans le respect de son autonomie professionnelle individuelle,
de son jugement et de son expertise, l'enseignant a le droit de diriger la
conduite du ou des groupes d'élèves qui lui sont confiés, de choisir la
démarche appropriée pour la préparation de ses cours, son matériel didactique
et ses instruments d'évaluation, ainsi que de prendre les modalités
d'intervention qu'il juge appropriées.» Il ne resterait qu'à ajouter une petite
phrase pour établir que l'évaluation des apprentissages est une compétence
exclusive à l'enseignant, et le tour serait joué.
• (17 h 20) •
Le projet de loi légalise la manipulation
des notes. Introduire dans la loi qu'une direction pourrait majorer les
résultats d'un élève après avoir consulté l'enseignant n'est rien de moins que
de légaliser une pratique inacceptable que tout le monde ici présent a pourtant
décriée. En invoquant comme seul motif qu'actuellement ça se fait déjà sans en
avertir les enseignants revient à nier le débat qui a déjà eu cours. Présenter
cet article de loi comme un gain, c'est ne pas être à la hauteur de ses
engagements, puisque l'expérience nous a appris que l'exception devient souvent
la règle. La FSE est d'avis que...
Mme Bilodeau (Brigitte) :
...en invoquant comme seul motif qu'actuellement, ça se fait déjà, sans en
avertir les enseignants revient à nier le débat qui a déjà eu cours. Présenter
cet article de loi comme un gain, c'est ne pas être à la hauteur de ses
engagements, puisque l'expérience nous a appris que l'exception devient souvent
la règle. La FSE est d'avis quetoute manipulation de notes par qui que ce soit devrait tout simplement
être interdite clairement. Le projet de loi cadenasse l'autonomie professionnelle.
La FSE a toujours soutenu la recherche en éducation et sa diffusion auprès des
enseignants, parce qu'elle permet d'alimenter leurs réflexions professionnelles.
Malheureusement, nous avons constaté dans plusieurs milieux que des partisans
de certaines chapelles universitaires viennent imposer leur vision avec
l'assentiment des commissions scolaires.
La création d'un comité d'engagement pour
la réussite des élèves, qui aurait pour mandat de promouvoir les pratiques
éducatives issues de la recherche ouvrirait toute grande la porte à des
intrusions dans l'autonomie professionnelle des enseignants, qui deviendraient
de simples exécuteurs. Le projet de loi donne à ce comité le mandat de
promouvoir, c'est-à-dire de mettre quelque chose en avant, de préconiser quelque
chose en essayant de le faire adopter, d'en favoriser le développement. Nous
avons beau chercher, nous ne voyons pas en quoi se faire dicter des pratiques
pédagogiques reconnaîtrait l'autonomie professionnelle des enseignants.
Le projet de loi asservit la formation
continue des profs. Soyons clairs : les enseignants font de la formation.
Ils veulent en garder la pleine maîtrise d'oeuvre pour maintenir un haut degré
de compétence professionnelle en ayant le choix du contenu, de la forme, du
lieu et du moment sous réserve des formations concernant l'adoption de nouveaux
encadrements ministériels ou la mise à jour des programmes d'étude. Ils
refusent d'être assignés à des formations qui ne font pas de sens pour eux. Ils
refusent également de se faire imposer par des formations des approches ou des
méthodes au goût du jour sans égard à leur pratique, à la réalité de leur
classe ou à leur expertise terrain.
Ce qu'ils proposent, ce sont des moyens
pour soutenir l'accès à la formation. Une offre de formations variées et
concrètes qui répond à des besoins réels, une plus grande reconnaissance de la
formation continue qu'ils font déjà, une bonification des budgets de
perfectionnement, incluant le personnel à statut précaire qui n'est
actuellement pas financé pour se former et du temps dans l'organisation du
travail en dehors des journées pédagogiques.
Si le projet de loi veut actualiser
réellement l'expertise pédagogique du personnel enseignant dans la formation
continue, il doit retirer son objectif de le contraindre, de le surveiller et
de le sanctionner en la matière. Il doit plutôt valoriser son
professionnalisme, reconnaître et soutenir sa participation à des activités de
formation continue. Force est de constater qu'en dépit de ses promesses, le
ministre impose sournoisement et à la pièce des éléments d'un ordre
professionnel. Faut-il rappeler que les enseignants se sont prononcés
massivement contre l'instauration d'un tel ordre et qu'ils ont confirmé cette
position une fois de plus dans notre vaste consultation de l'an dernier?
Le consensus autour d'une école commune
est en péril. Les ministres rajoutent sans arrêt des contenus obligatoires sans
qu'il n'y ait de temps pour le faire. La RCR, l'orientation scolaire et
professionnelle, l'éducation à la sexualité, et on parle même d'ajouter des
compétences numériques et de faire de la prévention en santé mentale. Pour la
FSE, la cour est pleine. L'école fourre-tout, ça suffit.
Dans ce projet de loi, le ministre veut
aussi laisser plus de pouvoir au conseil d'établissement, ce qui pourrait
entraîner la prolifération des projets particuliers et ainsi encourager l'école
à trois vitesses avec l'école privée, les projets sélectifs particuliers et la
classe ordinaire. Il faut stabiliser les heures prévues à la grille-matières et
recentrer l'enseignement sur l'essentiel. Nous proposons donc que le temps
alloué à chaque matière soit déterminé sur proposition des enseignants et que
soit instauré un temps minimum prescrit alloué à chaque matière.
Je le rappelle, rien ne protège
actuellement le nombre d'heures d'enseignement à consacrer aux différentes
matières. C'est un temps indicatif et non prescriptif. Il nous apparaît
essentiel de recentrer le curriculum sur la formation de base commune et de
reconstruire une école pour tous. Cela constituerait un lègue très enviable
pour un gouvernement qui dit prioriser l'éducation.
Mme Scalabrini
(Josée) : Un gouvernement qui veut réellement faire de
l'éducation une priorité devrait d'abord s'atteler à apporter des solutions à
des problèmes criants en écoutant les profs qui sont sur la ligne de feu à tous
les jours. En somme, le projet de loi n° 40 rate la cible. Il répond clairement
à des engagements politiques, mais pas aux promesses faites aux enseignants. La
décision est d'autant plus grande... La déception est d'autant plus grande que
le projet de loi, qui fait reculer leur autonomie et leurs droits, est porté
par un collègue enseignant.
Pour un gouvernement qui se fait un point
d'honneur de respecter ses engagements, celui de la valorisation des
enseignants est loin d'être réalisé...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini (Josée) :
Il y a un dicton qui dit que quand c'est important, on trouve des moyens...
Mme Scalabrini
(Josée) : …par un collègue enseignant. Pour un gouvernement qui
se fait un point d'honneur de respecter ses engagements, celui de la
valorisation des enseignants est loin d'être réalisé.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini
(Josée) :Il y a un dicton qui dit que,
quand c'est important, on trouve des moyens et, quand ça ne l'est pas, on
trouve des excuses. On verra donc ici ce que le ministre en pense vraiment.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup pour votre exposé. On passe maintenant à la période d'échange. M.
le ministre, vous avez 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation toujours aussi passionnée, mais dont
j'apprécie le ton, certainement, ça facilite grandement nos échanges, je vous
remercie encore. Il y a plusieurs éléments sur lesquels je voudrais revenir,
des précisions que je voudrais obtenir, que je voudrais faire. Je vois, dans
votre mémoire au début de votre conclusion, dans le premier paragraphe, on
dit : «Le gouvernement a donc déposé un projet de loi n° 40,
qui devait avoir pour objectif principal de modifier la structure de
gouvernance scolaire actuelle afin de remplir ses engagements politiques.» Je
veux faire une mise au point, l'objectif du projet de loi n° 40
n'est pas de remplir des engagements politiques, les engagements politiques ont
été pris avec des objectifs plus nobles que de remplir des engagements
politiques.
Évidemment, on souhaite aller de l'avant,
parce qu'on souhaite, et on verra si les moyens pris sont les meilleurs puis si
on peut les ajuster. Mais probablement que sur les objectifs, on peut
s'entendre, on souhaite avoir une plus grande implication de ceux et celles qui
font l'école à tous les jours. On souhaite avoir une plus grande subsidiarité,
sans l'imposer comme un dogme, en sachant qu'on a besoin de… il y a des choses
qui doivent se faire à l'échelle régionale, hein, ce n'est pas une abolition de
la commission scolaire pour qu'il n'en reste plus rien, c'est une
transformation. Mais on souhaite avoir une plus grande implication de ceux et
celles qui font l'école tous les jours. On souhaite avoir… mettre de la chair
autour de l'os puis avoir un vrai principe de subsidiarité appliqué. On
souhaite avoir plus de gestion collaborative. Puis, au bout du compte, en
additionnant tout ça avec beaucoup d'autres mesures, puis les ressources
professionnelles ajoutées, puis un respect de l'autonomie, on pense qu'à terme
il y aura une augmentation de la réussite, mais ce n'est pas… on ne fait pas ça
parce que, tu sais, le monde a dit qu'on allait le faire, on pense que ce sont
des moyens qui vont nous permettre d'atteindre les objectifs qui nous sont
communs à tous.
Maintenant, on va regarder les moyens
ensemble pour voir dans quelle mesure on peut se comprendre ou dans quelle
mesure on peut apporter des améliorations à ce projet de loi là. J'ai vu, dans
vos propositions ou dans vos recommandations, à la fin, qui sont fort
nombreuses, on va prendre le temps de toutes les regarder, mais il y en a une
qui nous dit qu'on devrait mettre, dans la mission, deux choses qui seraient
absentes dans le projet de loi n° 40, la notion de promouvoir et valoriser
l'école publique. J'en conviens, ce n'est pas là en ce moment, et je pense que
c'est quelque chose qu'on pourrait assez aisément intégrer dans les amendements,
de dire que le C.A. et le centre de services devraient avoir cette mission de
promouvoir et valoriser, et ce n'est pas juste des mots, je pense qu'ensuite,
quand on met ces mots-là, ça se traduit par des décisions, par des gestes.
J'accueille ça favorablement.
Vous nous proposez dire aussi, dans vos
recommandations, que, dans la mission, on nous dise, bien, la mission du C.A.,
la mission du centre de services, c'est de jouer un rôle d'équité, de
répartition des ressources pour plus d'équité. Encore une fois, je conviens que
ce n'est pas dans l'énoncé de mission actuel, je veux juste préciser pour
compréhension, et on peut le mettre, on peut bien le mettre, je n'ai pas
d'objection à ça, évidemment, cependant, il est déjà dans l'article 275.1, ce
principe de la loi actuelle, et il demeurera, on dit à l'article 275.1, cette
répartition… donc on dit que «le centre de services fait une répartition des
ressources», puis on dit «cette répartition doit être effectuée de façon
équitable», donc en respectant le principe de l'équité et ce n'est pas biffé
avec le projet de loi n° 40. Ceci dit, on peut bien le rajouter aussi dans
l'énoncé de mission, mais juste pour rassurer des gens qu'il n'était pas
question d'éliminer quelque chose qu'il y avait, à savoir une instance
régionale qui veille à une équité sur le territoire. C'était déjà là, ça reste
là.
• (17 h 30) •
Sur la question de la notation, de l'évaluation,
sujet très sensible quand on parle à des professionnels de l'enseignement que
vous êtes, vous dites «toute manipulation de notes doit être bannie», j'en
conviens, je suis 100 % d'accord, je ne veux pas de manipulation de notes,
je pense que j'ai posé un geste fort au printemps qui le démontrait bien. Le
précédent gouvernement défendait ça, en disant : Ah! Ce n'est pas moi qui
l'a instauré, donc je ne le toucherai pas. Nous, on l'a arrêté, cette…
17 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...de notes doit
être bannie, j'en conviens, je suis 100 % d'accord, je ne veux pas de
manipulation de notes. Je pense que j'ai posé un geste fort au printemps qui le
démontre bien. Le précédent gouvernement défendait ça en disant : Ce n'est
pas moi qui l'ai instauré, donc je ne le toucherai pas. Nous, on l'a arrêtée,
cette manipulation, cette majoration automatique des 58 %, 59 % à
60 %.
Dans le projet de loi, on pensait faire
une avancée, puis là il y a une levée de boucliers, ça fait qu'on va continuer
de réfléchir, on peut se remettre en question, mais on pensait faire une
avancée en disant : Il y a des notes qui sont manipulées en ce moment sans
que personne ne soit consulté, sans que personne ne soit avisé. On s'est
dit : Si une direction avait des doutes en tant que leader pédagogique et
voulait modifier une note... Et c'est écrit «majoré». Savez-vous quoi? Je vais
admettre l'erreur. On aurait pu dire «modifier». «Majorer», ça veut dire que ce
serait seulement vers le haut. C'est probablement sincèrement une erreur de
notre part, d'avoir choisi ce verbe-là, qui est bien mal choisi. Mais si elle
devait être modifiée, cette note, comment on pourrait faire pour respecter la
compétence professionnelle d'évaluer puis en ayant un mécanisme d'appel? Moi,
je veux bien retirer cet amendement-là ou le changer du tout au tout, j'entends
ce que vous me dites, mais est-ce qu'on peut trouver une façon pour que, de
manière exceptionnelle ou ultra exceptionnelle, qu'on peut mettre les
superlatifs qu'on veut, il soit possible d'avoir un mécanisme de révision,
comme en a parlée d'ailleurs la Fédération des cégeps avant vous, aujourd'hui
même. Ils ont dit : On ne changera jamais une note, mais il y a un
mécanisme de révision qui existe. Puis on pourrait peut-être trouver quelque
chose ici, dans nos discussions, qu'on pourra reformuler en des amendements
légaux plus tard, qui nous satisferait tous, avec cette intention commune de
reconnaître l'expertise, le geste professionnel, l'autonomie professionnelle
des enseignants de l'acte d'enseigner, de l'évaluation, sans peut-être cette
maladresse d'avoir mis «majorer», que je reconnais. Donc, est-ce qu'on peut
s'entendre sur quelque chose comme ça?
Mme Scalabrini
(Josée) : Je vais faire un bout, Mme Bilodeau pourra
compléter si elle veut. Premièrement, quand vous avez mentionné les recommandations
que vous trouviez au mémoire, là, vous étiez dans l'annexe où on a mis des
recommandations de la CSQ, ce n'était pas... juste l'annexe avant, c'était les
recommandations que nous, on faisait aujourd'hui.
Premièrement, c'est vrai qu'au printemps,
vous avez posé un geste important qui nous a permis de croire que vous étiez
contre la manipulation des notes. Quand on a analysé le projet de loi,
lorsqu'on y voyait, c'est : Ah non! Maintenant, on vient cautionner cette
manipulation de notes là. Quand vous dites : Est-ce qu'on pourrait penser
à un mécanisme? Le mécanisme de révision des notes existe déjà. On peut
demander une révision des notes. Entre temps, c'est ce qui était contesté,
c'est de dire : On veut comprendre pourquoi l'enseignant est arrivé à
cette note-là. C'est une chose, ça, on peut demander à l'enseignant, mais ça ne
veut pas dire qu'on va changer la note. Tous les enseignants au Québec vont
admettre que, des fois, on peut vouloir comprendre comment on en est arrivé à
donner cette note-là, mais ça ne veut pas dire, parce qu'un enseignant peut
bien vouloir dire comment on est arrivé à ça, mais ça ne veut pas dire qu'il
veut changer sa note. Si l'enseignant considère qu'un moment donné : Oups,
j'ai réalisé que j'avais fait une erreur, il l'a changera sa note. Mais si
l'enseignant dit : Non, non, j'étais avec cet élève-là, j'ai suivi le
cheminement de cet élève-là, c'est la note qu'il mérite. Par contre, si une
direction a des reproches à faire à un enseignant parce qu'il doute de son évaluation,
il existe, dans l'école, un mécanisme pour faire des suivis à des enseignants.
Et c'est pour ça, pour nous, qu'il est très malhabile d'aller écrire noir sur
blanc dans un projet de loi qu'exceptionnellement, après consultation, une
direction peut changer la note. Non. La note, elle appartient à l'enseignant,
elle n'appartient pas à la direction, parce que c'est l'enseignant qui a fait
le cheminement. Je ne sais pas si Mme Bilodeau veut ajouter...
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Bien, simplement mentionner qu'on n'écrit pas un projet de loi pour des
exceptions ou pour des problématiques exceptionnelles, on écrit un projet de
loi pour la majorité des gens. Alors, moi, je pense que la très, très forte
majorité des enseignants ont un jugement professionnel qui mérite d'être
respecté, et dans ce sens-là, il faut effectivement leur donner l'autonomie en
matière d'évaluation des apprentissages.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, à cet
égard, j'ai une petite divergence d'opinions. Je pense qu'on doit prévoir, dans
le projet de loi, des exceptions, mais, par contre, il ne faut pas imposer des
mécanismes qu'on devrait utiliser seulement en cas d'exception à la majorité.
C'est une nuance que j'apporterai, et, comme je dis, peut-être que cet
article-là devra être revu. En fait, je pense qu'il serait revu de toute façon,
parce que «majorer», en partant, c'est le mauvais verbe. Ça, je le reconnais.
Et ensuite, si on doit le modifier autrement, puis pour...
M. Roberge : ...utiliser seulement
en cas d'exception à la majorité. C'est une nuance que j'apporterai, et, comme
je dis, peut-être que cet article-là devra être revu. En fait, je pense qu'il
serait revu de toute façon, parce que «majorer», en partant, c'est le mauvais
verbe. Ça, je le reconnais. Et ensuite, si on doit le modifier autrement, puis
pour ne pas imposer à une majorité quelque chose qui devrait être à une
minorité ou une exception, j'en suis, je vous dis tout de suite que nous allons
réviser sérieusement ça, on vous a entendus.
Pour ce qui est de quelque chose que vous
avez mentionné, la parité sur les conseils d'établissement, l'on fait bien peu
de changements dans la proposition du conseil d'établissement. Cependant, ce
qu'on proposait, ce qu'on propose dans le projet de loi n° 40,
c'est d'arriver avec un... de donner le droit de vote aux représentants de la
communauté sur le conseil d'établissement. Il y a une place en ce moment
réservée à un membre de la communauté sur le conseil d'établissement, mais il
est non votant. En leur donnant le droit de vote, on vient selon vous brimer
cette parité. Pouvez-vous nous expliquer davantage puis nous en parler,
pourquoi c'est incorrect? Puis qu'est-ce qu'on devrait faire, donc?
Mme Scalabrini
(Josée) : Moi, je vais revenir à l'objectif au départ des conseils
d'établissement : c'était cette parité-là. La voix des enseignants sur la
vie d'une école, des enseignants et du personnel de l'éducation sur la vie de
l'école, c'est important. On n'a jamais dit qu'on est plus importants que les
parents. Les parents, on en a besoin dans le système, c'est essentiel, les
parents, c'est eux qui font qu'on a des enfants à l'école. Mais on dit :
Le quotidien, par contre, la vie au quotidien, les besoins dans une école,
c'est le personnel qui les connaît. Et, pour nous, si on veut donner des votes
à d'autres membres en dehors du personnel, bien, il faut s'assurer que la
parité demeure toujours avec le personnel pour que... pour assurer l'équilibre
dans les réflexions et qu'on ne tire pas... La majorité des conseils
d'établissement, vous l'admettrez avec nous, vont bien. Mais, si un jour ça va
moins bien, il faut donner une chance équitable de pouvoir parler correctement
de la vie à l'école et dans les centres.
Mme
Bilodeau (Brigitte) : Les conseils d'établissement ont été constitués
dans cet esprit d'équilibre là entre les parents, qui veulent le bien de leurs
enfants, et les détenteurs de l'expertise qui est dans l'école, et je pense que
c'est extrêmement important de garder cet équilibre-là. Ça va bien, effectivement.
Ça fait quoi, plus de 20 ans, là, qu'on vit avec les conseils d'établissement,
et les gens ont appris à travailler ensemble, à collaborer ensemble dans le
respect de l'expertise de chacun, et ça, c'est absolument essentiel. De briser
la parité lancerait un très mauvais message aux enseignants, ce serait comme
nier leur apport en termes d'expertise au sein du conseil d'établissement.
M.
Roberge : Et, puisqu'on est dans le nombre de personnes, les
proportions des différents groupes, je vous amènerais sur le conseil
d'administration. Dans sa forme actuelle, le projet de loi n° 40
propose un modèle qui peut être semblable à ce qu'il y a au conseil
d'établissement. En même temps, il y a une nuance : on parle de la moitié
aux parents; après ça, 25 %, membres de la communauté, 25 %,
personnel de l'école. Certains ont dit que c'était correct avant vous, d'autres
nous ont dit : Il faudrait avoir une triple égalité. Ils nous ont suggéré
d'arriver autour de 15 membres, mais d'avoir égalité, mais à trois, donc cinq
parents plutôt que huit, là, cinq parents, cinq de la communauté, cinq du
personnel. C'est ce qui a été mis aux voix. Ce n'est pas le projet de loi n° 40, mais j'aimerais ça, vous entendre sur cette
recommandation, qui a été formulée par quelques groupes avant vous.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Bien, encore là, pour nous, je vous mentionnerai d'entrée de jeu que pour nous il
n'y avait pas nécessité de tout brasser la structure actuelle, on aurait été
capables de vivre encore avec les conseils des commissaires. On reconnaît qu'il
y aurait peut-être eu lieu d'améliorer certaines choses, mais on aurait très
bien vécu avec le maintien des structures actuelles. Si votre intention est de
mettre en place des conseils d'administration, nous, on vous demande de revenir
encore là, comme sur les conseils d'établissement, avec la parité, toujours
dans l'objectif de reconnaître l'expertise des gens du terrain, qu'ils puissent
contribuer aux décisions en équilibre avec les représentants des parents et de
la communauté. La proposition d'équilibre entre trois parties revient à dire
que les membres du personnel seraient minoritaires, ce qui ne nous apparaît pas
souhaitable.
• (17 h 40) •
Mme Scalabrini
(Josée) : Et j'ajouterai que, pour nous, ce qui est crucial en
plus, c'est qu'on veut s'assurer que ce seront les représentants du personnel
qui pourront décider qui est le personnel qui va au conseil d'administration,
que ce n'est pas en dehors du personnel qu'on nommera les gens qui doivent être
là, même si on reste convaincus qu'il y avait beaucoup d'autres priorités et
qu'on n'avait pas besoin d'aller...
Mme Scalabrini (Josée) :
...veut s'assurer que ce seront les représentants du personnel qui pourront
décider qui est le personnel qui va au conseil d'administration, que ce n'est
pas en dehors du personnel qu'on nommera les gens qui doivent être là, même si
on reste convaincus qu'il y avait d'autres priorités et qu'on n'avait pas
besoin d'aller tout changer le fonctionnement. On pouvait réaménager ce qui
existait, mais on n'avait pas besoin de tout chambarder comme on le fait.
M. Roberge : Très bien.
Je précise quand même que, bon, selon les modèles, en ce moment, ce qui est
proposé, c'est quatre membres du personnel. Certains groupes nous en ont
proposé cinq. Là, vous dites, bien, dans le fond, si on change, il faudrait que
ce soit moitié-moitié. Dans tous les cas, c'est plus que le statu quo, parce
qu'il faut bien prendre conscience qu'en ce moment sur les conseils des
commissaires il n'y a personne de l'équipe du personnel. Il n'y en a pas,
d'employés de soutien, il n'y en a pas, de professionnels, il n'y en a pas,
d'enseignants, il n'y en a pas, de direction d'école. On se prive, je pense, à
tort de cette expertise des gens qui, tous les jours, font l'école, mais qui
n'ont pas d'aucune manière leur mot à dire sur l'instance la plus importante,
sur le conseil d'administration, contrairement à ce qu'on a dans nos cégeps où il
y a une place pour les gens qui font le cégep à tous les jours, les gens qui
enseignent, contrairement à nos universités où il y a une place sur nos les
C.A. de nos universités...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, M. le ministre.
M. Roberge : ...pour ces
personnes-là. Bon, on y reviendra. De toute façon, on aura d'autres occasions. Je
vous remercie beaucoup pour votre collaboration aux travaux.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
Mme Scalabrini
(Josée) : Merci. Est-ce qu'on peut faire une petite réponse?
Mme Rizqy : Bien, sur mon
temps.
Le Président (M. Ciccone) :
Sur le temps de Mme la députée...
Mme Scalabrini
(Josée) : Bien, j'ai...
Le Président (M. Ciccone) :
...de Saint-Laurent.
Mme Scalabrini
(Josée) : J'apprécie que le ministre nous parle de cégeps. Et
il n'a pas parlé d'hôpitaux, mais je vais l'ajouter parce que, quand on vous
parlait de parité, tantôt on va revenir, on a fait des petites recherches nous
autres aussi, même si on avait très peu de temps pour se préparer à nos
présentations. Et les organisations qui ont un conseil d'administration, ce ne
sont pas généralement les usagers qui sont sur les conseils d'administration,
ce sont ceux qui vivent au quotidien dans ces centres-là qui sont en priorité.
Donc, quand on vous parle de parité, on ose espérer qu'on retiendra, si on veut
souvent donner ces exemples-là d'autres organisations, qu'on regardera
l'exemple au complet.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Et le conseil des commissaires était une instance démocratique qui tenait ses
réunions en séance publique. Donc, c'était un lieu de représentation quand même
pour le personnel où on pouvait faire valoir la voix des enseignants.
Le Président (M. Ciccone) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci.
Bienvenue. Plusieurs choses. Je commence d'emblée avec l'article 34 du
projet de loi où est-ce qu'il est question de majorations de notes qui seront
maintenant rendues légales. Dès lors que le projet de loi n° 40 a été
déposé, en Chambre, j'ai demandé au ministre de retirer complètement le
paragraphe qui dit qu'elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement aux
directeurs d'école, après consultation de l'enseignant, de majorer le résultat
d'un élève s'il existe des motifs raisonnables liés a son cheminement scolaire.
Moi, j'ai demandé le retrait complet, que ça soit biffé parce que, même si,
aujourd'hui, le ministre dit que ce n'est pas le bon temps de verbe, majorer,
il y a plus que ça. C'est que consultation, c'est quoi? Est-ce que ça aussi
c'est un bon... un bon mot, parce qu'on pourrait dire consentement? Mais j'ai
déposé une sentence arbitrale où est-ce qu'un enseignant a été consulté, mais
l'arbitre a mis dans sa décision «il a obtenu son consentement», il l'a mis
entre guillemets parce que l'enseignant était tellement secoué d'avoir reçu la
pression de certains parents qu'il a dit : Oui, oui. Mais il n'était pas
apte à consentir à ce moment-là. Et j'aimerais vous entendre là-dessus parce
que, pour moi, c'est assez important que, même si le ministre change et dirait
«avec consentement», on vient d'ouvrir, là, la porte toute grande à beaucoup de
pression sur les enseignants pour obtenir un consentement.
Mme Scalabrini
(Josée) : Je vais vous dire, avec la confusion qui a été créée
avec l'ajout qu'il y a eu de l'article, il faut qu'on aille préciser que le
seul responsable de la note, c'est l'enseignant. On est rendus, je pense, à
cette étape, d'aller le confirmer noir sur blanc qu'une note ne peut être
changée. Le seul responsable de la note, c'est l'enseignant.
Mme Rizqy : Parfait. Et à
l'article 122, c'est déjà inscrit, là, qu'il y a une mesure d'exception
pour des raisons humanitaires dans la Loi sur l'instruction publique pour
modifier une note. Il me semble que, ça, c'est la réponse à la question du
ministre tantôt quand il disait avoir une disposition d'exception sur les
exceptions. 222, il me semble que c'est assez clair que pour des raisons humanitaires,
oui, effectivement, il pourrait avoir une modification, là.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Il faut savoir qu'il y a actuellement des décisions de tribunaux qui
reconnaissent l'évaluation des apprentissages de compétence exclusive des
enseignants.
Mme Rizqy : Merci. Je
vous amène aussi à loi référendaire 35. Il y a une petite subtilité que
j'aimerais soulever, où est-ce qu'on parle, et permettez-moi l'expression, du
redoublement, où est-ce que ça va être maintenant inscrit «après consultation de
l'enseignement... de l'enseignant», pardon. Il me semble que si c'est
l'enseignant qui est maître du résultat scolaire, c'est lui qui va mettre la
note. Et là, après ça, il va avoir un redoublement ou pas, là, et non pas que
le directeur d'école va décider, après avoir consulté, si, oui ou non, il fait
redoubler. Il pourrait avoir, ici...
Mme Rizqy : ...de l'enseignant,
pardon. Il me semble que, si c'est l'enseignant qui est maître du résultat
scolaire, c'est lui qui va mettre la note, et là, après ça, oui ou non, il va y
avoir un redoublement ou pas, là, et non pas que le directeur d'école va
décider, après avoir consulté, si oui ou non il le fait redoubler. Il pourrait
y avoir ici une ambiguïté ou une interprétation qui pourrait permettre, un jour,
un directeur d'école de dire que lui aussi a son mot à dire sur le résultat
scolaire d'un élève.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Pour nous, l'enseignant doit être partie prenante de la décision qui est prise
de garder un élève une année supplémentaire au préscolaire ou une année
supplémentaire au primaire, parce que c'est de ça dont il est question dans
l'article que vous mentionnez. Alors, pour nous, c'est absolument important que
le déclencheur de la décision de garder un élève à l'éducation préscolaire une
année de plus ou au primaire une année de plus, ça relève de l'enseignant qui
connaît l'élève, qui l'a vu évolué. Alors, c'est ce qu'on fait comme
recommandation dans notre mémoire.
Mme Rizqy : Merci. Et, bon,
est-ce que le projet de loi n° 40 était très attendu de votre côté? Parce
que, tu sais, il y avait une urgence, et vous l'attendiez avec beaucoup
d'impatience, puisque c'est ce que nous avons eu comme réponse de la part du ministre.
Mme Scalabrini
(Josée) : Je pense que, dans notre présentation, on l'a très
bien indiqué que pour les enseignants sur le terrain, pour la souffrance qui se
vit présentement dans nos écoles, pour les besoins qu'on a, non, ce n'était pas
une priorité pour nous le projet de loi n° 40.
Mme Rizqy : D'accord. Et, au
niveau... Est-ce que... Désirez-vous parler un peu de démocratie?
Mme Scalabrini
(Josée) : Dans le sens de ce que j'ai dit tantôt, qu'on ose
espérer que, si on doit aller vers un conseil d'administration, c'est les
enseignants qui décideront quel enseignant ou personnel de l'éducation est sur
ce conseil d'administration là.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Le
sujet a été abordé, sur ces questions-là, dans le mémoire de la CSQ. Nous, on
s'est attardés davantage aux enjeux pédagogiques et professionnels qui visent
strictement les enseignants.
Mme Rizqy : Parfait. Pour
illustrer les propos, le ministre a dit que maintenant il y a un inversement du
paradigme, donc les enseignants, notamment, auront plus de pouvoirs pour
prendre des décisions. Dans le projet de loi n° 40, avez-vous trouvé les
endroits où est-ce que vous avez finalement plus de pouvoirs pour être en
mesure de prendre des meilleures décisions pour... Parce que c'est quand même
vous qui connaissez les élèves par leur nom.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Aucun.
Mme Rizqy : Rien?
Mme Bilodeau (Brigitte) : La
réponse est simple : aucun.
Mme Rizqy : Puis j'imagine que
vous avez vraiment beaucoup cherché?
Mme Bilodeau (Brigitte) : On
a cherché.
Mme Rizqy : D'accord. Parfait.
À ce stade-ci, est-ce qu'il y a encore assez d'espace pour pouvoir améliorer le
projet de loi, ou pensez-vous que, pour tout ce qui est pour les enseignants,
ça peut être un peu trop dommageable que de continuer avec autant de presse?
Et, considérez aussi qu'on a un calendrier des travaux parlementaires, et les
lettres qui doivent être envoyées au DGEQ, le Directeur général des élections
du Québec, si on veut aller de l'avant avec le projet de loi n° 40, pensez-vous
qu'à ce stade-ci on pourrait peut-être mettre la pédale... le pied sur la
pédale de frein, et de se concentrer sur, ce que vous avez dit tantôt,
l'urgence d'avoir une meilleure vision globale de l'éducation?
Mme Scalabrini
(Josée) : Si on est en commission parlementaire aujourd'hui, si
on tenait à venir dire quelles sont les choses qui nous irritent et qui sont
pour nous une attaque à l'autonomie professionnelle des enseignants, c'est
parce qu'on croit en la mécanique et qu'on souhaite que des modifications vont
être faites, qu'il y aura des amendements. Les délais nous inquiètent
énormément. Tout ce que l'on souhaite, c'est que ce n'est pas un processus qui
se terminera par un bâillon parce qu'on sera en urgence. Il faut prendre le
temps de faire les choses.
Ça fait des années qu'on dit que ça nous
prend une vision globale de l'éducation. On fait des modifications... pas seulement
le gouvernement qu'il y a là, là, tous les gouvernements qui sont passés ont
fait des modifications à la pièce de la Loi de l'instruction publique qui fait
que ça devient invivable dans nos milieux. Parce qu'à chaque fois qui sont
pénalisés? C'est les gens qui vivent l'éducation au quotidien. Donc, on espère
qu'on va prendre le temps de faire les choses et on espère que, quand viendra
le temps de voter ce projet de loi là, qu'il y aura respect des gens qui sont
dans les écoles et les centres au quotidien.
Mme Rizqy : Dites-moi, est-ce
que vous désirez avoir un ordre professionnel?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, dans le mémoire, la réponse des
enseignants est très claire, ils l'ont réaffirmée l'année dernière, ils ne
souhaitent pas d'ordre professionnel.
Mme Rizqy : Trouvez-vous
qu'avec le projet de loi n° 40 est-ce qu'indirectement on met quand même
des balises comme s'il allait y avoir un ordre professionnel imposé aux
enseignants?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Effectivement, on l'a mentionné tout à l'heure, on nous amène, dans le fond,
des obligations, des risques de sanctions, alors un encadrement qui n'est pas
souhaité, et, en contrepartie, aucun pouvoir nouveau. Donc...
Mme Rizqy : À ce stade-ci,
avec la désertion de la profession, pensez-vous que ça serait peut-être
souhaitable de complètement biffer ces dispositions dans le projet de loi
n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
C'est ce qu'on recommande.
• (17 h 50) •
Mme Rizqy : D'accord. Alors,
j'espère que le ministre entend vraiment ces messages, car c'est sérieux, en ce
moment, le nombre d'enseignants qui, malheureusement, quittent la profession,
et on ne peut pas continuer à ne pas entendre les témoignages. Tantôt j'ai
ressenti votre ouverture, je crois que, sincèrement, au niveau des notes, il va
falloir complètement biffer ces dispositions et toutes les sanctions envers
des...
Mme Rizqy : ...c'est sérieux, en
ce moment, le nombre d'enseignants qui, malheureusement, quittent la
profession. Et on ne peut pas continuer à ne pas entendre les témoignages. Tantôt,
j'ai senti votre ouverture. Je crois que, sincèrement, au niveau des notes, il
va falloir complètement biffer ces dispositions et toutes les sanctions envers
les professeurs. Ce n'est pas comme ça qu'on peut attirer davantage
d'enseignants dans notre réseau d'éducation.
J'aimerais revenir sur le conseil
d'administration. Qui va être imputable maintenant, avec le projet de loi
n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) : Le
conseil d'administration.
Mme Scalabrini
(Josée) : Ce n'est pas précisé dans le projet de loi.
Mme Rizqy : Non, vous ne
l'avez pas trouvé non plus? D'accord, parfait. Il reste environ une minute,
alors je vais devoir aller un peu plus rapidement sur ma dernière question. En
ce moment... Tantôt, vous l'avez dit, qu'il y a des enseignants qui... la
grille horaire, vous m'avez déjà parlé l'an dernier, et la formation. Les
enseignants, je pense que c'est clair qu'il faut le dire qu'ils font déjà de la
formation et que, malheureusement, ils ne le font pas durant la plage horaire.
Alors, qu'est-ce qu'on doit faire immédiatement pour permettre aux enseignants
de le faire durant les heures de travail et non pas le soir ou non pas la fin
de semaine? Qu'est-ce qui doit être fait immédiatement?
Mme Scalabrini
(Josée) : Premièrement, il faut commencer par valoriser la
formation qui se fait présentement. Je l'ai dit l'an dernier, je vais le
répéter. Les enseignants au Québec se forment, il y a de la formation.
Malheureusement, encore une fois, tous gouvernements confondus, jamais un
ministère n'est allé chercher les données de la formation qui se faisait. Les
seuls qui ont des données là-dessus, c'est la FSE, qui a pris le temps d'aller
dans les tous les milieux voir ce que faisaient les enseignants comme
formation, et il se fait de la formation chez nos enseignants. Donc, il faut
être... commencer par le reconnaître, il faut aller voir pourquoi c'est...
malgré la formation qu'ils font, pourquoi c'est si difficile, qu'est-ce qu'on a
besoin, pourquoi ce n'est pas mieux financé, pourquoi on ne trouve pas plus
d'espace pour ces formations-là, et s'assurer que les formations qui se donnent
dans les milieux viennent répondre aux besoins des enseignants et non pas aux
besoins de tout autre... je ne dirai pas acteur, mais je vais laisser Brigitte
continuer.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Vous avez, actuellement, là, les...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, en terminant.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Oui. Les enseignants, actuellement, font différentes formes de formations. Il y
en a qui suivent des cours universitaires. Il y en a qui suivent... qui vont
participer à des formations qui sont organisées par les commissions scolaires.
Leurs écoles organisent des activités de formation à laquelle on leur demande
de participer. Ils participent à des colloques et à des congrès. Ils sont
impliqués dans des groupes de partage. Ils participent à des recherches. Et
tout ça, là, souvent, c'est tout en vase clos, puis on ne reconnaît pas, dans
le fond, l'engagement des enseignants dans leurs formations continues. Alors,
il faut reconnaître ce qu'ils font.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Malheureusement, je dois vous arrêter. Merci beaucoup. Je passe
maintenant la parole à la députée de Sherbrooke pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. On connaît
l'impact de la composition des classes dans vos conditions de travail.
J'aimerais ça vous entendre sur l'impact du changement de règles par rapport au
territoire des élèves, le fait que ça s'assouplit beaucoup, quel impact ça peut
avoir sur la composition des classes et qu'est-ce que vous en pensez.
Mme Scalabrini
(Josée) : Vous le savez, ça fait des années qu'on dit qu'au
Québec, il existe une école à trois vitesses, les écoles privées qu'on a décidé
de financer, les projets sélectifs qu'on a valorisés pour venir compétitionner
l'école privée... On vient beaucoup parler du débat, là, depuis quelques jours,
de ce territoire... commission scolaire là. Mais nous, on a le goût de dire,
là : Même dans une même commission scolaire, ce n'est pas normal qu'on ait
laissé se développer cette concurrence-là entre les écoles. Au lieu de
permettre que tous les milieux de vie, de par les projets éducatifs, de par la
valorisation de chacune des écoles... de donner le goût aux gens de développer
l'école de quartier, l'école de village, on a laissé... en même temps qu'on
intégrait les élèves en difficulté — parce que vous m'avez parlé de
composition de la classe — qu'on intégrait les élèves en difficulté,
on a laissé nos écoles, plusieurs de nos écoles de quartier ou de village se
vider d'élèves qui avaient plus de facilité pour aller vers des projets
sélectifs. Nous, on dit : Au lieu de décloisonner, pas juste avec les
commissions scolaires, là, même à l'intérieur d'une même commission scolaire, allons
donc valoriser le fait qu'on devrait développer des écoles qui sont
intéressantes pour la vie d'un quartier, la vie d'un village et que les gens
aient le goût de rester dans leurs écoles.
Mme Labrie : En quelques... En
moins d'une minute, j'ai une deuxième question. Vous, en tant que spécialiste
de l'éducation, est-ce que vous que ce projet de loi là a un impact positif sur
la réussite éducative?
Mme Bilodeau (Brigitte) : Je
ne suis pas en mesure d'affirmer ça quand on regarde les changements qui sont
proposés. Pour nous, il y avait vraiment d'autres urgences qui auraient pu
assurer une meilleure réussite des élèves, notamment par les balises qui
pourraient être apportées à la prolifération des projets particuliers.
Mme Labrie : Vous avez des
recommandations par rapport à ça dans votre mémoire, notamment qu'il y a un
rapport...
Mme
Bilodeau
(Brigitte) : ...en mesure d'affirmer ça quand on regarde les
changements qui sont proposés. Pour nous, il y avait vraiment d'autres urgences
qui auraient pu assurer une meilleure réussite des élèves, notamment par les
balises qui pourraient être apportées à la prolifération des projets
particuliers.
Mme Labrie :
Vous avez des recommandations par rapport à ça dans votre mémoire, notamment qu'il
y a un rapport produit annuellement sur de tels projets pédagogiques particuliers.
J'en profite pour rappeler au ministre que, le 3 septembre, il s'était...
on lui a demandé des nouvelles sur l'engagement qu'il avait pris au printemps
de faire un bilan, au niveau du ministère, des projets pédagogiques particuliers.
Il nous avait répondu, le 3 septembre, que ça s'en venait dans quelques
semaines, et ça en fait plus que huit, et on n'a toujours pas de nouvelles.
Donc...
Le Président
(M. Ciccone) :En terminant,
s'il vous plaît. Alors, il n'y a plus de temps, et je vais devoir céder la
parole à la députée de Joliette pour 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Oui. Merci beaucoup. J'aimerais... Vous avez des recommandations très intéressantes
et détaillées. Je vous en remercie. J'espère qu'on va avoir le temps de tout analyser
ça pendant l'étude détaillée et qu'on va pouvoir vraiment aller au fond des
choses. Vous parlez du comité d'engagement pour la réussite
des élèves. Vous faites une recommandation spécifique pour retirer certains
éléments, les paragraphes deux et trois qui sont introduits, là, à l'article 88,
donc du 193.7. Pouvez-vous nous expliquer qu'est-ce que ça change puis pourquoi
vous tenez à ça?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Dans le fond, en donnant
le pouvoir à un comité d'engagement vers la réussite, à l'intérieur duquel il y
aurait différents acteurs, donc pas seulement du personnel enseignant, en leur
donnant le pouvoir d'analyser les résultats des élèves puis de faire des
recommandations quand à la réussite des élèves, c'est carrément donner le droit
à des gens qui ne sont pas enseignants de venir nous suggérer des pratiques à adopter
pour améliorer la réussite. Pour nous, c'est carrément une intrusion dans notre
autonomie professionnelle, et c'est pour ça
qu'on demande de retirer ces deux éléments là des mandats du comité d'engagement
pour la réussite.
Mme
Hivon
:
O.K. Pour faire suite à ce que ma collègue de Sherbrooke discutait avec vous,
qui me tient à coeur aussi beaucoup, on en a parlé quand on a parlé du projet
de loi n° 12, toute la question des projets particuliers, l'école à deux
et trois vitesses. Pour vous, dans... avec le projet de loi, est-ce que vous
voyez des risques accrus de concurrence entre les écoles et, si oui, quelles
mesures on devrait mettre en place pour s'assurer que ça ne sera pas le cas?
Mme Scalabrini
(Josée) : Ça fait deux projets de loi où on vient valoriser les
projets particuliers sélectifs et, pour nous, il faut mettre fin à ça. Je reviens
sur le fait qu'il faut plutôt valoriser le développement de l'école de
quartier, de village pour donner le goût aux gens d'être dans leurs milieux. Jamais
on ne dira que ce n'est pas normal qu'un parent veule ce qu'il y a de meilleur
pour son enfant, c'est normal. Tous les parents veulent ce qu'il y a de
meilleur pour leur enfant. Nous, est-ce qu'on pourrait vouloir ce qu'il y a de
mieux pour nos enfants? C'est notre responsabilité, dans les écoles, de
dire : On doit s'organiser pour avoir une mixité scolaire, permettre qu'ensemble
dans une école, on puisse avoir la réalité d'une société.
Le Président
(M. Ciccone) :En terminant,
s'il vous plaît.
Mme Scalabrini
(Josée) : Et la ségrégation scolaire ne vient pas nous aider présentement
à développer notre réseau scolaire.
Le Président
(M. Ciccone) : Merci beaucoup, Mme Scalabrinié Merci, Mme Bilodeau,
Mme Lamarche, M. Bouchard . Merci de votre contribution. Merci, M. le
ministre. Merci, chers collègues députés.
J'ajourne les travaux de commission jusqu'au
lundi 11 novembre 2019, à 14 heures, où elle poursuivra son
mandat. Voilà.
(Fin de la séance à 17 h 59)