(Quinze
heures)
Le
Président (M. Laframboise) :
À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits
budgétaires du portefeuille Éducation et Enseignement
supérieur pour l'exercice
financier 2019-2020. Une enveloppe de six heures a été allouée pour l'étude
de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Asselin (Vanier-Les Rivières) sera remplacé
par M. Laframboise (Blainville); M. Lemieux
(Saint-Jean), par Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Melançon (Verdun), par M. Rousselle (Vimont); et
Mme Hivon (Joliette), par M. Roy (Bonaventure).
Enseignement supérieur
Le Président (M.
Laframboise) : Merci. Nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous allons procéder à
une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant
les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit ce soir, un peu avant la
fin de la séance.
Remarques préliminaires
Donc, nous débutons
donc avec les remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de
17 minutes.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Chers collègues, bonjour. Ça me
fait plaisir d'entamer cette séance de travail.
On va être là jusqu'à très tard ce soir. On a une petite pause pour souper puis
on revient jusqu'à 22 h 30. Je veux saluer toutes les personnes : évidemment les collègues, les
collègues de la partie ministérielle, ma chef de cabinet, sous-ministre et toute l'équipe en arrière, qu'on ne voit pas,
évidemment, mais qui travaille très, très fort pour faire fonctionner et
permettre tout ce qui se passe de bien dans nos campus d'enseignement
supérieur à la grandeur du Québec.
C'est vraiment avec
beaucoup de fierté que je participe aujourd'hui à l'étude détaillée des crédits
du volet de l'enseignement supérieur. J'ai
une grande estime pour le travail qui est réalisé dans nos cégeps et nos
universités, puis je me sens vraiment privilégié d'occuper ces fonctions
ici aujourd'hui.
Les
étudiants et les étudiantes des cégeps et des universités sont appelés à jouer
un grand rôle, évidemment, dans le développement de notre société, et donc
investir dans leur milieu d'apprentissage devient prioritaire. Il n'en va rien
de moins que de l'avenir du Québec. On parle très souvent de la nécessité
d'investir pour nos tout-petits, d'investir aussi, évidemment, tout le long du primaire, du secondaire, formation générale,
formation des adultes, formation professionnelle, mais évidemment que les gens qui s'investissent
encore plus, encore plus loin en enseignement supérieur auront l'occasion,
auront la chance, bien souvent, d'occuper des postes de direction et sont en
quelque sorte destinés à devenir des chefs de file, ceux qui nous
permettront d'aller encore plus loin.
Nos
prises de position vont demander dans les prochaines années, assurément, de
l'audace et du courage. Comme pour toutes les orientations politiques, des
choix doivent être faits, c'est certain, c'est notre travail. Et sachez que, du
côté du gouvernement, nous assumons nos
choix avec les meilleures intentions possible, mais évidemment que nous
assumons nos choix en sachant, bien sûr, qu'il n'est pas possible de
plaire à tout le monde.
Les
réseaux d'enseignement, cependant, on doit le dire, en enseignement supérieur,
sont bien performants, ils se comparent avantageusement à ce qu'on
retrouve partout ailleurs sur la planète. Le fait que plusieurs étudiants
étrangers choisissent le Québec est un signe éloquent.
C'est donc avec
beaucoup de confiance que j'aborde les prochains mois et les prochaines années.
Nos réseaux demandent évidemment qu'on
poursuive nos investissements, c'est bien normal et c'est ce que votre
gouvernement fera.
J'aimerais
aussi qu'on prenne conscience collectivement des forces que représentent déjà
nos cégeps, nos universités. Comme pour nos écoles primaires, secondaires, on
va devoir exiger ce qu'il y a de mieux. Déjà, les gens sont à l'oeuvre
pour en faire toujours plus. Mais les sommes
prévues au budget déposé par mon collègue le ministre Eric Girard, le ministre
des Finances, le 21 mars
dernier, démontrent clairement que notre gouvernement a de l'ambition pour les
jeunes et les adultes qui viennent et
qui reviennent en enseignement supérieur, c'est important de le mentionner. On
n'a plus le parcours linéaire qu'on avait autrefois, où, si on poursuivait en
enseignement supérieur, au cégep, dans les universités, on poursuivait jusqu'à
une diplomation pour ne plus revenir. Or, on
sait bien qu'aujourd'hui c'est souvent des allers-retours qu'on fait entre le
marché du travail et le milieu de l'enseignement supérieur.
Le
budget 2019-2020 prévoit des moyens financiers pour que les établissements d'enseignement supérieur puissent
apporter leur pleine contribution à l'évolution de la société québécoise. Ces
moyens permettront aussi de renforcer leur rôle de pôle de développement
socioéconomique régional, et ça, c'est important.
Les cégeps, les universités profiteront de près
de 6,1 milliards en 2019-2020, une hausse notable de 3,7 %, soit 215,9 millions de plus sur deux ans. C'est
une hausse de 9 % dont nos universités ont pu bénéficier. 9 % en deux
ans, c'est quand même un réinvestissement qui est intéressant.
Notre
gouvernement tenait à maintenir les mesures mises en place par le gouvernement
précédent — je ne
parle pas des compressions, mais bien
des réinvestissements, évidemment — et à faire des efforts supplémentaires.
Donc, il faut considérer aussi des investissements importants qu'on fait
dans le maintien et le développement de nos infrastructures, hein, nos locaux. Pour les 10 prochaines
années, c'est près de 6,4 milliards qui seront octroyés aux cégeps et aux
universités. Et donc c'est une
enveloppe, elle aussi, qui est en croissance, de près de 400 millions.
Donc, dans le PQI de 10 ans déposé l'an dernier sous le précédent gouvernement, on avait à peu près
6 milliards de prévus sur 10 ans. Donc, non seulement on maintient ça, mais on bonifie cette enveloppe de
plus de 411 millions, ce qui montre qu'on a à coeur le maintien des
actifs, mais, encore plus que ça, le déploiement de notre réseau, encore
une fois, donc le consolider et le déployer.
Maintenant, il y a plusieurs choses qui ont été
faites depuis le 1er octobre 2018, depuis notre élection. Une des choses, c'est que le 18 décembre dernier,
seulement quelques semaines après l'assermentation du Conseil des ministres,
bien, on a annoncé que 7,5 millions de
dollars venaient d'être accordés aux établissements, en région, du réseau
d'universités du Québec pour qu'elles
puissent pleinement exercer leur rôle de pôle de développement socioéconomique
régional. Ça, ça a été une décision
particulièrement appréciée dans la grande majorité des régions du Québec,
évidemment, parce que c'est assez
rare qu'un gouvernement, au milieu de l'année, alloue de nouveaux fonds, des
fonds qui n'étaient pas budgétés. Il a fallu les chercher quelque part,
vraiment, pour les allouer de manière prioritaire en enseignement supérieur et
de manière prioritaire dans le réseau UQ
dans les régions. Parce qu'on a entendu leurs préoccupations, hein, on a décidé
d'agir rapidement, même au milieu de
l'année, pour remédier à la situation d'une compression difficile qu'ils
vivaient, dû, sincèrement, à
une vision, que je ne m'explique pas, du précédent gouvernement.
Depuis le
1er octobre, on a évidemment pris connaissance des revendications des
étudiantes et étudiants concernant l'encadrement et la compensation des stages
étudiants. C'est quelque chose qui ne m'a pas surpris, qui n'a pas
surpris le gouvernement, évidemment, parce
que, tout le long de la campagne électorale, j'ai participé à plusieurs débats
avec les associations étudiantes, et
c'était bien clair qu'il y avait beaucoup d'insatisfaction par rapport à ce qui
se passait dans les stages
étudiants : manque d'encadrement, frais liés à la participation aux
stages, grande disparité entre des stages qui sont rémunérés, d'autres qui n'ont rien du tout. Donc,
on a vraiment bougé dans ce sens-là. Et, à mesure qu'on avancera, je pense, aujourd'hui, on pourra s'avancer sur le
procédé qu'on a fait, comment on a réfléchi, où est-ce qu'on en est rendus
pour arriver à quelque chose qui, je pense, satisfera une grande, grande,
grande majorité des étudiants.
On a aussi,
depuis l'élection, depuis l'assermentation, poursuivi la mise en oeuvre du plan
d'action numérique en éducation et en
enseignement supérieur, qui est un levier important au service de l'innovation
pédagogique et sociale et qui soutient le développement de compétences
essentielles au XXIe siècle. Et, dans notre budget, il y a des sommes qui
viennent continuer ce qui a été fait, donc : assurer la disponibilité
financière pour continuer le plan de développement numérique.
D'ailleurs,
au-delà des ressources, il y a la vision, et, la semaine dernière, on a bien
montré qu'on a poursuivi dans cette vision, qu'on a continué à travailler, en
déposant le cadre de référence de la compétence numérique, qui a été très
bien reçu par l'ensemble des acteurs
préscolaires, primaires, secondaires, collégial, universités. C'est quelque
chose qui pourra servir à tous ceux
et toutes celles qui sont actifs dans le réseau de l'éducation et
d'enseignement supérieur. Les gens pourront se l'approprier graduellement — ça ne se fait pas du jour au lendemain — pour ensuite utiliser cette compétence-là
dans leur façon d'animer nos réseaux
d'enseignement supérieur, dans leur façon d'enseigner puis aussi, même, dans
leur façon d'être, parce qu'il y a des savoir-être là-dedans.
• (15 h 10) •
Je suis très
content aussi de répéter le fait qu'il y aura une plateforme qui sera mise en
ligne prochainement, je l'ai dit la semaine dernière, mais je le répète, une
plateforme en intelligence artificielle, autoadaptative, qui permettra à chaque
personne, par un questionnement et une interaction, de savoir où ils en sont
dans leur développement de la compétence numérique, mais, plus que ça, ce n'est
pas seulement un diagnostic, mais bien de poursuivre leur développement de la compétence numérique avec l'aide de l'intelligence artificielle. Donc, vraiment, on continue dans cette voie-là. Ce n'est
pas encore lancé, ce n'est pas encore prêt, mais j'ai vu une épreuve test de
ça, et c'est très encourageant.
Donc, si on
peut poser autant de gestes avec autant de conviction, M. le Président, c'est parce qu'on sait vraiment
que nos priorités, bien, ce sont les élèves et ce sont les étudiants.
Je vais vous donner quelques exemples de
l'utilisation des nouveaux crédits qui relèvent du budget. Donc, en 2019-2020,
nous maintiendrons les actions déjà mises en place, qui nécessitent des
investissements déjà substantiels, tout en apportant des bonifications importantes pour soutenir les services directs aux
étudiants — soutenir
les services directs aux étudiants, ça, c'est extrêmement important — puis
ensuite, évidemment, favoriser leur diplomation.
D'abord, les cégeps, nos collèges. Les collèges
et les cégeps ont été présents quand c'était le temps de faire les compressions, sous le dernier gouvernement, mais ils n'étaient pas là quand c'était le temps des
réinvestissements. Autrement dit, ils
ont subi les compressions mais n'ont pas bénéficié des réinvestissements.
C'était le temps. Et, pour les cégeps, j'ose dire qu'ils étaient à la
fois sous-financés et mal financés. Donc, on a travaillé à réparer ces deux
erreurs-là à la fois en augmentant le financement et en revoyant la formule de financement, en se basant sur les travaux d'un comité
d'experts, mais, évidemment, en poursuivant la discussion, en tablant sur ce rapport-là et en
poursuivant la discussion avec chacun des cégeps, les plus petits, les
plus gros, ceux qui sont en zone rurale, ceux qui sont en zone urbaine, pour
arriver à quelque chose qui va vraiment répondre aux besoins des cégeps. Ce sont des
institutions d'enseignement supérieur dans lesquels on croit énormément
dans notre gouvernement.
Ça se traduit par une hausse de 7,6 % en
une seule année, une hausse de 7,6 % du financement qui sera mieux réparti, donc 149 millions de plus, qui sera
mieux réparti grâce à une révision du mode de financement qu'on appelle le
FABES, qui est l'acronyme ou l'acrostiche
qui sert à répartir le financement des cégeps. Tout ça sera rendu public très
bientôt, mais je peux d'ores et déjà
vous dire qu'on a tenu beaucoup de consultations et que je pense que les gens
seront bien satisfaits. Ça va venir
accroître le soutien et la réussite des étudiants, améliorer les services,
évidemment, permettre aux cégeps de s'adapter
aux besoins du marché du travail, évidemment, contribuer au développement
régional des cégeps en tenant compte d'une mission qui est de plus en
plus reconnue pour les cégeps, qui est aussi la mission de la recherche.
Maintenant,
il y a évidemment nos universités. J'ai parlé tout à l'heure d'un
réinvestissement qu'on a fait au milieu de l'année financière, mais avec
le budget on est allés encore plus loin. On a renforcé le rôle de pôle de
développement socioéconomique régional des universités avec une bonification,
une hausse qui sera récurrente, de plus de 15 millions de dollars, donc 75 millions sur cinq ans,
avec l'objectif de maintenir l'accessibilité aux études supérieures pour les
citoyens, les citoyennes, mais
surtout, je vous dirais, de renforcer le rôle stratégique régional qu'occupent
les universités en matière de
transmission des savoirs, développement de la recherche, mais aussi vraiment un
pôle de développement socioéconomique régional.
On a aussi
ajouté 626... il y aura 626 millions de dollars dans les infrastructures,
avec l'objectif, évidemment, d'améliorer l'état global des infrastructures.
Donc, ici, on parle de consolider notre réseau, parce qu'on sait ce qui s'est
passé dans nos écoles primaires et secondaires, qui sont, malheureusement, de plus
en plus vétustes. Ça va s'arrêter. On va aller dans la bonne direction à partir de maintenant. On va les rénover, nos
écoles, on ne les regardera pas dépérir. Mais on ne voudrait pas que ça arrive dans le réseau de
l'enseignement collégial et universitaire. Donc, on va investir pour maintenir
nos infrastructures.
Ensuite, on a
une enveloppe, toujours dans le budget de cette année, pour mieux préparer les
étudiants au marché du travail, une
enveloppe de 5 millions, donc c'est récurrent, encore une fois, plus de
25 millions sur cinq ans pour permettre aux étudiants d'enseignement supérieur de répondre encore plus et mieux
aux besoins du marché du travail, pour encourager la persévérance
scolaire, parce qu'évidemment on veut que nos étudiants diplôment.
Ensuite,
bien, il y a quelque chose dont on entend parler de plus en plus souvent, j'en
ai parlé tantôt : l'intelligence artificielle.
Bien, on veut soutenir ce secteur d'activité d'avant-garde, un secteur dans
lequel on fait de plus en plus figure de
pionniers, qui est davantage reconnu à l'international que jamais, Montréal
surtout mais le Québec au complet. Donc, plus de 38 millions en recherche, et là je parle de fonds qui n'arrivent pas nécessairement du ministère de l'Enseignement supérieur,
mais du MEI, du ministère de
l'Économie et de l'Innovation. Parce qu'on
travaille vraiment en équipe, ici, c'est difficile de présenter nos secteurs en silo, on
travaille avec Santé, avec Travail, avec Économie, avec Famille, etc. Donc,
ici, je me permets de glisser ce 38 millions de dollars alloué à la recherche
via le ministère de l'Économie et de l'Innovation, qui va favoriser l'attraction des chercheurs en
intelligence artificielle dans les universités du Québec, évidemment, soutenir
la formation doctorale et postdoctorale dans nos centres de recherche.
Mais, plus que ça, on a 79 millions aussi
en technologie, pour soutenir les technologies en appui à l'intelligence artificielle. Plus que ça encore, on a
33 millions pour Mila, qui est bien connue, qui est à Montréal, soutenir
la croissance du centre de recherche
Mila, spécialisé en intelligence artificielle, recoupant notamment les
ressources de l'Université de Montréal et l'Université McGill.
On voudra
améliorer les conditions de vie des étudiants. Maintenant, on prend en compte
les pensions alimentaires dans le
cadre du Programme de prêts et bourses. C'est quelque chose que je ne
m'expliquais pas, que je dénonçais dans l'opposition, il y avait définitivement une iniquité, quelque chose qui
n'avait pas de bon sens, de couper dans l'aide financière aux études pour les
étudiants, surtout les étudiantes qui bénéficient de pensions alimentaires.
Donc, c'était quelque chose... Quand
on dit qu'on dit ce qu'on fait, qu'on fait ce qu'on dit... Il y en a qui nous
reprochent de faire au gouvernement ce qu'on disait dans l'opposition. Manifestement, dans ce cas-ci, je ne pense pas
qu'on subisse trop de reproches, quand vraiment on vient aider via
l'aide financière les personnes qui sont plus vulnérables, qui ont des enfants,
et qu'on veut qu'ils poursuivent leur diplôme, évidemment. Et concilier travail
et famille, c'est important.
Il me reste quelques secondes, je crois, mais on
pourra parler plus tard de l'internationalisation de notre réseau
d'enseignement supérieur. Nos étudiants voyagent, mais nos universités, nos
cégeps accueillent des gens de partout.
Et, en
conclusion, ce que je veux dire, c'est que, bien sûr, on pourra toujours faire
mieux, et c'est ce qu'on va faire. On va faire plus, on va faire mieux. On va
mieux financer, on va améliorer notre cadre de référence, on va améliorer
notre formule de financement des cégeps mais
aussi des universités. On va continuer de dialoguer avec nos partenaires, mais
pour vrai.
Il y a vraiment de quoi être fiers de notre
réseau d'enseignement supérieur, et j'ai bien hâte de répondre aux questions
pour démontrer toute la richesse qu'on a, et autant la richesse de nos
bâtiments, mais surtout la richesse intellectuelle.
Comme je le dis souvent, notre plus grande richesse naturelle au Québec, c'est
les cerveaux, c'est notre jeunesse. Merci.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à la porte-parole du... J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle à
faire ses remarques préliminaires pour un maximum de 11 min 20 s. Tout ce qui ne sera
pas utilisé en temps, vous pourrez le rajouter à la période de questions. Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci, M. le Président.
Je n'aurai pas de remarques préliminaires. Merci.
Le Président (M.
Laframboise) : Maintenant, je cède la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition pour ses
remarques préliminaires, pour un maximum de 2 min 50 s. Même
principe, si vous ne les utilisez pas, c'est rajouté à votre période de
questions. M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Je vais saluer tout le monde,
mais moi aussi, je vais conserver mon temps.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci beaucoup. Maintenant, la parole est
cédée au porte-parole du troisième groupe
d'opposition pour ses remarques préliminaires, pour un maximum de
2 min 50 s. Même principe, si vous ne les utilisez pas,
vous pourrez... ça sera ajouté à votre période de questions. M. le député de
Bonaventure.
M. Roy :
Et, comme vous allez vous douter, M. le Président, je vais remettre mon temps
plus tard.
Discussion générale
Le Président (M.
Laframboise) : Parfait. Donc, maintenant, je cède la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle pour 18 minutes. Mme la députée de
Saint-Laurent.
• (15 h 20) •
Mme Rizqy :
Merci, M. le Président. M. le ministre, rebonjour. Vous avez parlé des
stagiaires, et nous aurons évidemment le
temps de parler des stagiaires, mais, avant de parler des stagiaires,
j'aimerais parler des internats, parce qu'il y a une différence entre
les stagiaires et les internats.
Vous
vous rappelez, je vous ai posé plusieurs questions pour les internes en
psychologie. Je sais qu'ils nous écoutent. Plusieurs d'entre eux sont confrontés à une situation très préoccupante.
Les étudiants en psychologie, rendus à leur septième année à l'université, ils doivent faire un
internat. Durant leurs études pour devenir psychologues, ils font déjà des
heures de stage, mais, rendus à leur
septième année, c'est un internat et non pas un stage qui est fait. Alors, ils
prennent en charge pour plus...
environ 80 % des patients, pour 1 600 heures. Ce n'est pas du
bénévolat, c'est un travail. Et plusieurs d'entre eux en ce moment se posent la question à savoir si, oui
ou non, ils vont avoir une bourse de 25 000 $, tel que promis, avant
leurs inscriptions. Il en manque. Ça
a été quantifié, il en manquerait pour environ 875 000 $ pour
répondre à toute la demande actuelle.
Est-ce qu'en ce moment vous avez pris une décision pour, justement,
calmer le jeu et rassurer tous nos internes en psychologie? Parce que nous avons besoin plus que jamais
d'avoir des gens formés pour répondre aux besoins de notre population.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. C'est une question importante. Moi, j'ai été surpris de lire dans les médias,
plus au début de l'année 2019, je
pense, janvier, février, puis on a eu des questions là-dessus au salon
bleu, j'étais surpris de voir qu'il
semblait y avoir des problèmes, que c'était peut-être plus ou moins bien
planifié, que, d'après ce qu'on lisait dans
les journaux, il allait manquer des bourses. On parlait même d'avoir des
tirages, ce qui était totalement absurde, là, d'avoir un tirage entre deux personnes qui font les mêmes études puis
qui se retrouvent en train de faire leur internat, un qui a la bourse,
l'autre qui ne l'a pas.
Loto
prêts et bourses ou loto-bourses, c'était quelque chose que je ne
pouvais pas accepter. Ça fait que j'ai demandé assez rapidement d'avoir
un état de la situation. Ce n'était pas évident de démêler tout ça parce que,
bon, on lisait des informations contradictoires dans les journaux. On a posé
des questions. Je peux vous dire qu'à ce moment-ci j'ai la certitude absolue qu'il n'y aura pas de tirage et
que l'ensemble des étudiants en psychologie qui font leur internat auront
pour septembre prochain leurs bourses.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. Donc, comment vous allez procéder?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : On va procéder par
la distribution des bourses à ceux qui se qualifient, il n'y aura pas de
critère pour disqualifier des personnes
parce qu'on manquerait de bourses et que, là, tout à coup, on trouverait de
fausses bonnes raisons pour ne pas en donner. Les gens qui seront
éligibles, tout simplement, auront des bourses.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Merci, M. le Président. Donc, pour... (panne de son) ...donc, aujourd'hui, pour ceux qui
nous écoutent à la maison, les gens de la FIDEP, on peut les rassurer,
tous les doctorants en psychologie auront leurs bourses de 25 000 $.
Donc, c'est clair, net et précis, et c'est un engagement. Parce que je sais qu'il
y a plusieurs étudiants qui sont notamment à l'Université de Sherbrooke qu'eux, en ce moment, l'université leur a dit que ça sera par tirage au sort. Donc,
c'est clair, de votre côté, il va y avoir des bourses additionnelles pour
répondre à toutes les demandes?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : ...réponds sans le
moindre détour, il n'y a pas de demi-affirmation, de zone d'ombre. Les
étudiants qui s'inquiètent à savoir
s'ils auront une bourse complète, une bourse amputée, une bourse par une
loterie ou pas de bourse, je veux les rassurer. C'est des gens qui
prennent soin des autres, hein, alors eux s'occupent de gens qui parfois
passent à travers des moments de tristesse
et d'angoisse, ils n'ont pas à subir cette précarité, cette inquiétude, il y aura
des bourses pour tous les doctorants
admissibles. Et je dis ça, pas pour exclure des gens, le programme
va s'appliquer. Donc, je ne peux pas être plus clair que ça, il me
semble.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Je vous remercie, M. le Président. Et merci, M. le ministre, parce
que ça fait quand même plusieurs semaines, et nos étudiants sont déjà en
grève. Alors, j'imagine que Mme Camille Plaisance, qui est la présidente de la FIDEP, et je sais qu'elle nous regarde, elle doit
être rassurée, elle va pouvoir rassurer ses membres qu'effectivement toutes
les bourses seront déployées à travers l'ensemble des réseaux universitaires et
qu'ils vont recevoir rapidement l'aide additionnelle
pour être en mesure de compléter leurs études et pouvoir, justement, prendre
soin de ceux qui en ont le plus besoin.
Maintenant,
parlons des stagiaires. Vous avez mentionné que vous alliez avoir un état... un
portrait de la situation. Où est-ce qu'il est rendu, le portrait de la
situation?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Excellente question. Hier, j'ai eu des conversations avec
les représentants des associations étudiantes nationales parce que je voulais clarifier les choses. En novembre, il me
semble, on a pris l'engagement de faire un travail qui soit exhaustif,
le ministère allait d'abord faire un état des lieux, savoir il y a combien de
stages, il y a combien de stagiaires, on
allait quantifier tout ça, le nombre d'heures aussi. Ensuite, je vous dirais,
on allait, par une mesure qualitative, vérifier
si ce sont des stages... on appelle ça d'observation, de prise en charge, on
appelle ça davantage stage d'observation, d'acquisition de compétences
ou de mise en oeuvre de compétences.
Donc, on a
travaillé en ce sens-là. On a eu une belle, belle collaboration des
associations étudiantes, des regroupements aussi. J'ai rencontré aussi des porte-parole de divers regroupements,
certaines associations nationales, d'autres associations, bon, avec qui on avait, disons, des délégués sans
avoir des porte-parole officiels. On a travaillé avec les cégeps, les collèges
privés, les universités pour avoir finalement un état des lieux.
Après ça,
bien, on a élargi la discussion, on en a parlé avec le ministère du Travail. Je
veux saluer, d'ailleurs, le travail des associations nationales. Ils
nous ont même proposé un projet de loi qui pourrait venir donner des balises de
protection des stages. On a élargi encore un
peu plus en discutant ensuite avec les syndicats, les partenaires, le patronat,
et le travail est pratiquement complété.
Et, je vais
vous dire, on pensait... en fait, on était certains de déposer ce qu'on appelle
les scénarios fin avril et on a eu une belle surprise parce qu'au moment
où on bouclait tout ça la ministre de la Santé a levé la main, a dit :
Dans vos étudiants, vos étudiantes qui font
des stages, il y a beaucoup de personnes qui sont dans le domaine de la santé.
Puis elle s'est investie, puis on a
fini ce travail-là, finalement, ensemble, et on a obtenu des fonds
supplémentaires. C'est une bonne nouvelle. Et donc il a fallu revoir nos
calculs, retravailler encore un peu plus. Donc, tout ça sera finalement dans
quelques semaines, où on aura nos
scénarios finaux. Donc, je vous dirais, vraisemblablement fin mai, peut-être
début juin, finalement, on aura les scénarios complets. Voilà.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Juste pour être sûre, parce que la FECQ, l'Union étudiante du
Québec s'attendaient d'avoir quelques scénarios fin avril. Je comprends
qu'il y a eu une personne supplémentaire, à la table, la ministre de la Santé,
puis c'est correct. Mais maintenant, au
moins sur le travail qui a déjà été fait, est-ce que, par exemple, dans les
cégeps... Avons-nous un début ou
quelque chose que vous êtes capable... une ébauche que vous êtes capable de
présenter aujourd'hui pour rassurer le réseau?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Bien, ce qu'on peut vous dire, c'est que ça s'appliquera
pour la prochaine session, en fait, la session d'automne, pour
septembre 2019. Donc, il y aura plus de compensations financières que
jamais.
Cependant, je
ne peux pas dévoiler une partie puis pas l'autre partie, vous comprenez.
L'affaire, c'est qu'avec ce joueur
supplémentaire qui est arrivé, qui était vraiment bienvenu, avec beaucoup
d'ouverture, là, qui s'était investi vraiment dans le dossier, bien, il est arrivé des sommes supplémentaires. J'en
aurais voulu encore plus, je vous le dis sincèrement, il n'y en a jamais assez. Puis il y en a qui
trouvent que je suis un fatigant, dans le gouvernement, comme l'avocat de la
défense des étudiants. Puis je plaide
avec... je m'inspire de mon épouse, qui est avocate, je plaide avec tout mon
coeur. Donc, j'en aurais voulu encore
plus, mais on en a obtenu, des fonds qui venaient de la Santé. Ça nous a forcés
à refaire nos calculs, à élargir même un petit peu plus nos
compensations.
Vous comprenez que, maintenant que ce nouveau
scénario est là, bien, il faut que ça passe par le Conseil des ministres, finalement, et donc il faut que tout ça
soit approuvé. Donc, vous comprenez, je ne peux pas vous dévoiler à ce moment-ci quelque chose qui n'est pas une
politique gouvernementale encore. Mais, écoutez, ça s'en vient. Je veux vous répondre avec toute la franchise que je peux, je n'essaie
pas de ne rien cacher, mais, bon, il y a des choses que je ne peux pas
dévoiler en ce moment-ci.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Vous avez parlé de sommes additionnelles. Êtes-vous en mesure
de nous donner au moins une idée, dans
quelle eau, dans quelle strate on se situe en matière de sommes réservées pour
septembre prochain? Parce qu'on va en voir, des étudiants qui vont
commencer leurs études et qui seront en stage dès septembre, hein?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Vous avez raison, ça va s'appliquer dès septembre prochain.
Cependant, je ne peux pas vous donner un horizon ou le nombre de zéros qu'il y
aura, simplement vous dire que les fonds proviennent de deux endroits, que ce
sera applicable dès septembre prochain. Et
je pense, évidemment, que ce ne sera pas tout le monde. Parce que, vous savez,
quand on décide, je l'ai dit tout à l'heure,
hein, quand on décide, il faut assumer, et les demandes sont infinies, les
besoins sont... pardon, les demandes sont infinies, les ressources sont
finies, mais...
Mme Rizqy :
...
M.
Roberge : ...elles sont limitées. Mais, quand même, je suis très,
très, très confiant que ça va être vraiment bien accueilli par l'ensemble des étudiants. Et puis ils ne le sauront pas en
septembre, hein, ils sauront fin mai, début juin à quoi s'en tenir. Mais
ça s'appliquera dès septembre.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Juste pour être certaine, donc, fin mai, début juin, on va avoir un plan
complet qui sera déposé?
• (15 h 30) •
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : C'est le plan, comme je vous dis, et ça doit passer en
Conseil des ministres, à moins que, bon, on arrive avec encore plus d'argent ou qu'il arrive des questionnements. Vous savez, des fois, on arrive pour passer à l'instance puis
on se fait dire : Woups! Avez-vous pensé à telle chose, tel impact législatif?
Écoutez,
notre scénario, là, c'est fin mai, début juin. Si jamais
c'était à la mi-juin, parce qu'il faut bonifier les choses, parce qu'il faut s'assurer que légalement on respecte tout ce qu'il y a
à régler, sincèrement, ça ne serait pas dramatique, là. L'essentiel, c'est que ça soit prêt pour
septembre. Puis, une fois que c'est fait, c'est fait pour des années. Alors,
qu'on le sache le 30 mai ou bien donc le 8 juin, ça ne
changera pas grand-chose. Mais ça s'en vient, c'est imminent.
Puis le travail a été
bien fait. C'est ça qui compte, hein? C'est sûr qu'on aurait voulu déposer ça
en décembre dernier, je veux dire, les
étudiants nous mettaient de la pression, puis il y avait des mobilisations,
puis tout ça, on aurait voulu aller plus vite. Ce n'était pas possible
d'aller vite et bien. Voilà.
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, je ne doute jamais de votre bonne foi,
sachez-le très bien. C'est juste que j'aime... Je suis une
fiscaliste, donc j'ai besoin de voir des chiffres, et je serais très contente
de pouvoir voir ces chiffres. Et je crois que l'ensemble du réseau aussi
veulent voir le chiffre et participer aussi à la discussion.
Bien,
j'aimerais juste revenir sur la FIDEP, si vous permettez, parce que
le temps file, j'aimerais m'assurer d'une chose. Parce qu'on a fait une demande pour la FIDEP, et la réponse ministérielle indique qu'il y aurait une évaluation du Programme
de bourses pour les internats en psychologie, qui est prévue en 2019-2020 et qu'il
y a un plan triennal d'évaluation sur trois ans. Mais la réponse du ministère, c'est aussi que le ministère
ne reçoit pas les demandes des universités. Donc, au fond, c'est dans les cours des universités.
Moi,
je veux m'assurer que nonobstant, hein — un
terme qu'on connaît — ce
qui a été inscrit, là, c'est votre réponse aujourd'hui qui prévaut,
c'est celle du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur qui aura
priorité à cette réponse écrite et que vous allez vous assurer que les sommes
additionnelles seront injectées, que les universités devront évidemment
accorder les bourses, nonobstant ce qui est écrit ici par le ministère de
l'Éducation.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Je peux vous dire que les sommes nécessaires
seront au rendez-vous. Il n'y
aura pas de bourse tronquée pour arriver à donner des compensations, là,
à tous les étudiants. On ne demandera pas aux universités non plus de sabrer dans leurs fonds de fonctionnement, ou de
moins bien payer les profs, ou de couper je ne sais quel service dans les
universités. On ne demande pas aux universités de financer ces
bourses-là. Donc, voilà.
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
...avoir une réassurance étant donné que ça, c'était une réponse du ministère
de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur. Pour les stagiaires, je comprends que, maintenant, le ministère de
la Santé s'est ajouté à la discussion. Il y a des sommes additionnelles mais
aussi du temps additionnel qui est demandé. Toutefois, j'imagine que vous, vous avez déjà eu des assurances avec le
Conseil du trésor, votre partenaire et votre collègue, pour que les sommes
soient quand même débloquées assez rapidement, pour ne pas qu'on ait de
surprise en septembre, là. Parce qu'une fois que vous, vous poussez votre dossier, il faut aussi qu'au Conseil du trésor
il y ait les sommes qui soient réservées pour être en mesure de,
permettez-moi l'expression, décaisser l'argent en septembre.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
...mettre mes lunettes pour regarder un document. Je me sens vieux.
Une voix :
...
M. Roberge :
Je ne répéterai pas ce qui a été dit ici. Donc, des fois, en se référant à un
document, on a encore plus d'informations.
Alors,
écoutez, il y a eu une grande confusion, une grande méprise dans le dossier des
bourses aux gens qui font leur internat en psychologie, d'accord? Il y
avait l'équivalent de 250 bourses par année, d'accord? Il y a des bourses entières qui sont distribuées et, pour certains
étudiants, il y a... Et puis c'était depuis le début, là, on n'est pas en train
de changer. Quand je parle... Il y en
a que c'est des demi-bourses parce qu'ils n'ont pas le même nombre d'heures.
Puis donc il y a les bourses, il y a les demi-bourses, d'accord, mais
c'est l'équivalent de 500 bourses complètes.
Alors,
pour 2017-2018, il y a eu 232 bourses complètes qui ont été distribuées et
77 demi-bourses, pour l'équivalent de 270,5 bourses en 2017-2018. Par contre, en 2017-2018, une mesure
d'exception a permis d'injecter 1,5 million en bourses pour pallier
le retour en internat des doctorantes et doctorants qui avaient boycotté des
internats en 2016-2017. Donc, il y a eu des fonds supplémentaires qui ont été
rajoutés, en 2017-2018, pour ça. La répartition a donc été effectuée avec
285 bourses et 29 demi-bourses plutôt qu'avec 250 bourses,
d'accord? Donc, il y a eu des surplus suite à ça.
Et, là où on va
clarifier la situation, c'est que des surplus d'une année peuvent être affectés
l'année d'après. Et c'est là qu'on se rend
compte... J'ai parti de 2017-2018, je vais faire 2018-2019, je vais débouler en
2019-2020. Vous allez voir qu'il ne manque aucune
bourse en 2019-2020, en faisant des rabattements comme ça, d'accord? En 2018-2019,
il y avait toujours l'équivalent de 250 bourses disponibles. Il en a été
distribué 205 complètes, 36 demi-bourses, pour l'équivalent de 223.
Donc... Oui?
Le Président (M.
Laframboise) : Je vais redonner la parole à la députée de Saint-Laurent,
là.
Mme
Rizqy : ...le ministre, je comprends ce que vous insinuez. Toutefois,
moi, j'ai eu aussi accès à ce tableau. Moi, ma question, c'est : Est-ce qu'il va y avoir des sommes additionnelles pour septembre? Mais
là je comprends que c'est comme, au
fond, une redistribution de l'enveloppe actuelle. Mais, depuis que l'entente a
été accordée par ma collègue l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, il y a eu une demande accrue pour
plus de stagiaires... pardon, d'internats en psychologie dans le réseau public. Puis, ça tombe bien, on a
besoin d'eux dans le réseau public. Mais, si, par exemple, il y en a encore
plus, je ne veux pas non plus affecter les
années futures. Je veux qu'à tout le moins en septembre on ajoute de l'argent,
sans non plus reporter un problème pour l'année suivante. Parce que, si
on utilise la même enveloppe puis qu'on fait juste redistribuer, l'année prochaine, vous et moi, on va être à la même table
de discussion sur le même enjeu, et on va encore avoir d'autres stagiaires d'une autre promotion qui vont être en
stage... qui vont être, pardon, en grève et non pas en internat parce
que...
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
Mme Rizqy :
...vous acceptez aussi de déposer ce tableau pour l'ensemble de nos collègues?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Vous voulez qu'on dépose ce document? Oui, avec plaisir, on va le déposer.
Une voix :
...
Le
Président (M. Laframboise) : Pour 10 secondes, là, parce que
c'est au tour du gouvernement. Après, vous pourrez...
Mme Rizqy :
...je reviendrai encore sur cette question parce que, je pense, c'est important
qu'on clarifie la situation. Merci.
Le
Président (M. Laframboise) :
Maintenant, la parole est au gouvernement. Le député de Richelieu, pour 17 minutes. M. le
député.
M.
Émond : Oui. Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour d'intervenir dans cet important
exercice qu'est l'étude des crédits. M. le ministre, l'ensemble de l'équipe qui accompagne M. le ministre, les gens du cabinet, mes collègues
députés, députés des oppositions également. Et je tiens à rassurer... je vais rassurer,
tiens, Mme la sous-ministre, qui commence à entendre mes histoires étude de
crédits après étude de crédits, je vous rassure en vous disant que je ne
vais pas parler de ballon siège au primaire
ni de volleyball ou de badminton avec vous aujourd'hui. Je rassure aussi la députée de Saint-Laurent, avec qui on a
eu beaucoup de plaisir hier soir, peut-être parce qu'il était tard un peu, M.
le Président. En fait, il était très tard,
et on discutait avec le président de la SQDC, la Société québécoise du cannabis. Et je vous rassure, chers collègues, je ne vais pas parler des
îles de Sorel dans mon intervention présente.
On va donc tomber tout de suite dans le vif du
sujet, M. le ministre, et je vais parler moi aussi de compensation et d'encadrement des stages, parce qu'au cours des dernières années votre ministère... bien, le
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur a régulièrement été interpelé par les étudiants au sujet de la
rémunération des stages, la collègue en a fait mention, Et puis,
récemment, l'annonce de la création d'un programme de bourses destinées aux
internes en psychologie qui choisissent d'effectuer leur internat dans les
réseaux publics de la santé, des services sociaux, et de l'éducation, et de l'enseignement supérieur, ainsi
que dans certains organismes communautaires, il faut le dire, puis un programme de valorisation des futurs enseignants
et futures enseignantes à l'intention des étudiants qui en sont à leur stage
final, bien, tout ça a inspiré des groupes
et des associations étudiantes à réaffirmer leurs demandes de compensation de
stages.
Je fais une petite parenthèse pour... La
députée, tout à l'heure, a parlé de la FECQ. J'en profite pour saluer le nouveau président de la FECQ, qui a été nommé en
poste dans les derniers jours, Philippe Clément. Philippe, c'est un jeune
de mon coin, que je connais très bien, là,
que j'ai fréquenté dans les dernières années, jeune homme brillant à qui je
prédis sans aucune hésitation, puis
il n'y a pas grand gageures là-dedans, un avenir brillant. Philippe était
auparavant président de l'association
étudiante du cégep de Sorel-Tracy dans mon coin. Et le hasard veut que le
week-end dernier, en compagnie du ministre, nous étions à la remise des
médailles du lieutenant-gouverneur au campus de l'Université de Sherbrooke,
à Longueuil, et Félix était sur place pour recevoir ladite médaille.
Je recule. Ces deux gentils garçons ont
remplacé, au sein de l'association étudiante de Sorel-Tracy, Sophie Pagé Sabourin, qui était candidate de Québec
solidaire à la dernière élection et que j'ai eu le plaisir de côtoyer, Sophie,
une jeune femme avec qui j'ai eu des
échanges très, très intéressants, je tiens à le dire, et qui était présidente
de l'association du cégep de Sorel-Tracy.
Alors, tout
ça pour dire qu'il y a beaucoup de
talent à ce cégep-là, qui est dirigé de main de maître par Mme Fabienne Desroches, l'actuelle présidente-directrice générale, qui va tirer sa révérence sous peu, après, je
crois, 15 ans de loyaux services. Et
Mme Fabienne, comme nous l'appelons dans mon coin, a d'ailleurs
reçu samedi dernier le prix Grand bâtisseur, au Gala du mérite
économique. Fermons la parenthèse, M. le ministre.
• (15 h 40) •
Une voix : Une belle
parenthèse.
M.
Émond : Merci, collègue. Donc, je vous parlais des arguments des
associations étudiantes, et, sans égard au domaine de formation, on peut dire que, généralement, les arguments
suivants appuyaient leurs revendications. On peut parler de précarité. Les étudiants seraient
confrontés à des situations où ils doivent réduire leurs heures de travail
étudiant et parfois quitter leur
emploi pour se consacrer à leurs stages, ce qui causerait un manque à gagner ou
un accroissement de leur endettement.
Ce n'est pas quelque chose qui est souhaitable. Ils mentionnent également
l'équité salariale. Les formations dans lesquelles les stages ne sont pas
rémunérés sont principalement à prédominance féminine, alors, par exemple,
on peut parler de travail social, soins
infirmiers, pratique de sage-femme, tandis que les formations dans lesquelles
ils sont rémunérés sont principalement à prédominance masculine. On peut penser
au génie ou les stages rémunérés par des entreprises privées. On peut
parler aussi de la reconnaissance du travail accompli. Les étudiants
considèrent que le travail effectué lors de leurs
stages est un service rendu à la population ou à une organisation. Et aussi
tout ça engendre, M. le Président, des dépenses supplémentaires. Le déroulement des stages en dehors du milieu
d'enseignement peut entraîner des dépenses supplémentaires pour des
étudiants. Par exemple, on peut facilement penser au déplacement pour se rendre
sur les stages.
Alors, je me
dirige tout de suite vers vous, M. le ministre, en vous demandant... C'est une
situation, une problématique qui dure
depuis très longtemps, on en entend parler beaucoup, et à raison, dans les
dernières semaines, mois, et au niveau des
compensations et de l'encadrement, et qu'est-ce que vous comptez faire, une
fois pour toutes, afin de régler cet épineux problème?
Document
déposé
Le
Président (M. Laframboise) : Juste avant de vous céder la parole, M.
le ministre, le tableau pour le Programme de bourses pour les internats en psychologie a été déposé, là, tel que
demandé. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : M. le Président, il me
reste combien de temps au bloc, à peu près?
Le Président (M. Laframboise) : Il
reste 11 min 25 s.
M.
Roberge : Merci bien. Bien, je suis content que le tableau ait été
déposé. Je vais y revenir dans quelques minutes pour l'expliciter davantage, de toute façon je suis certain que d'autres
questions viendront, pour qu'on le comprenne très bien.
Mais je suis très content que mon collègue dise
«régler ce dossier» parce que ça fait longtemps que ça traîne. Ça fait un certain temps. Puis il y a un travail
qui a été commencé par le précédent gouvernement, mais c'était à la pièce. Il y
avait eu les psychologues qui avaient soulevé la question de leur internat. Il
y avait une inéquité qui était importante. Ce n'était pas un dossier que
je connaissais très bien, mais j'ai eu l'occasion de me familiariser avec ce
dossier-là alors que
j'étais dans l'opposition puis que je m'occupais, notamment, de l'enseignement
supérieur, puis on avait appuyé cette revendication-là, puis finalement,
après un certain temps, le gouvernement, le précédent gouvernement a bâti ce
programme de compensation spécifique pour les psychologues.
Il
y a eu la question du stage IV en enseignement, que je connais très, très,
très bien puisque, bon, j'ai enseigné assez longtemps et j'ai accueilli une douzaine, au moins... je ne sais plus
combien, au moins une douzaine de stagiaires dans ma classe, stage I, stage II,
stage III, stage IV, comme maître associé. Puis, on voyait bien,
celles qui étaient... je n'ai eu que des
filles, donc celles qui étaient en stage IV trouvaient ça extrêmement
difficile parce que c'est une tâche complète, presque, d'enseignant. Pas tout le temps, là, il y a une
partie du stage, au début, où il y a davantage d'observation, il y a une prise
en charge graduelle, mais, rapidement et
pendant plusieurs semaines, le jeune ou la jeune enseignante prend au complet
en charge la classe. Puis c'est même
une tâche plus lourde, simplement, qu'un enseignant, parce qu'il y a la tâche
de planification, correction puis
évidemment la vie de classe, mais il y a, en plus, tout le temps de rétroaction
avec le maître associé. Puis j'en
faisais pas mal. Donc, ça aussi, ça s'allonge au temps de travail. Puis après
ça il y a des travaux à faire pour remettre à l'université en plus.
Donc, c'est vraiment une tâche... ça prend un temps un fou puis c'est épuisant.
Je me souviens, moi-même, dans mon dernier
stage, quand j'arrivais de l'école, je me couchais et je dormais, brûlé,
fatigué. Il fallait que je me réveille pour souper, puis après ça je me
mettais à travailler, parce que j'étais vidé.
Donc,
il y avait eu, dans le dernier mandat, dans le dernier gouvernement, la
question des psychologues, la question du stage IV en enseignement,
mais c'était à la pièce toujours et sans considérer le reste.
Donc, on ne pouvait
pas continuer comme ça, à dire : Bien, s'ils se mobilisent assez, on
compensera eux autres, puis, bon, ils vont
arrêter de chialer. Ce n'est pas une vision gouvernementale qui est très
responsable. Il fallait faire vraiment
le tour du jardin, puis on s'était engagés à
le faire en campagne électorale. Puis, je pense, quelques semaines après l'assermentation, après vraiment
qu'il y a eu le gouvernement, bien,
on s'est mis au travail, exactement comme on l'a dit. On avait quatre ans pour le faire. Sincèrement,
quand on s'engage à faire quelque chose en campagne électorale, ce n'est
pas vrai qu'on peut tout faire dans les six
premiers mois. Ce n'est pas vrai, là. Sauf que, ce dossier-là, on a choisi de
le mettre sur le dessus de la pile.
On aurait pu très bien, et ça aurait été correct, dire : Bien, écoutez, on
a d'autres priorités. On va le faire
en cours de mandat puis régler ça en 2022. On a choisi d'agir tout de suite et
on a fait un travail exhaustif. Et il a fallu voir le statut des stagiaires, après ça, analyser les contraintes
des différents milieux de stage. Quand je dis : Il a fallu qu'on fasse, là, je vais vous dire sincèrement, on
a eu plusieurs rencontres de travail. Bien, il y a des gens derrière moi et
des équipes, derrière ces gens-là, qui ont
travaillé très fort. Ce n'est pas moi qui a fait l'ensemble du travail. Puis
vraiment ils ont très bien travaillé, l'équipe ministérielle, l'équipe
des fonctionnaires. Je veux les remercier beaucoup.
Ensuite,
bien, il a fallu classifier les stages, je l'ai mentionné tout à l'heure :
observation, acquisition, mise en oeuvre. «Mise en oeuvre», dans le cas des stages en éducation, on dit «prise en
charge du groupe», mais, dans d'autres milieux, on appelle tout simplement «période de travail
social». Puis on soigne des patients, hein, les infirmières soignent des gens,
ils ne font pas semblant. Donc, tout ça, c'est important.
Ensuite,
bien, il y a la question de l'encadrement des stages parce que tous les stages
ne sont pas d'égale qualité. Et ça,
c'est des plaintes que les étudiants ont formulées, de dire : Bien, vous
savez, des fois, je m'en vais dans un endroit, si je tombe sur un bon maître de stage, ça va bien,
sinon, bien, tant pis. La personne nous utilise comme des bras, mais on n'est pas nécessairement dans un processus
d'apprentissage. Et ça, ça m'a touché, comme ministre de l'Éducation, comme
pédagogue. Quand la personne va en stage, elle est là pour apprendre. Oui, elle
va travailler, mais c'est un travail particulier avec rétroaction puis c'est dans une perspective d'apprentissage. Donc,
on a travaillé, dans le cadre de cette nomenclature et compensation des stages, on est allés plus loin
que ça aussi, travaillé pour essayer de donner des balises pour que les
stages soient vraiment des moments d'apprentissage, pour que le diplôme soit
encore plus pertinent.
Et
tout à l'heure j'ai parlé de ma collègue Mme McCann, ministre de la Santé, qui
a sauté à pieds joints dans le dossier,
mais il faudrait que je nomme aussi le ministre du Travail, M. Boulet, qui,
tout de suite, tout de suite a bien compris que, quand on parlait de personnes qui sont en milieu de travail, oui,
qui sont stagiaires mais qui sont en milieu de travail, bien, il fallait penser aussi à des protections
sociales pour des personnes qui pourraient être victimes d'intimidation, de
harcèlement, de violence sexuelle, qui
pourraient avoir des blessures, etc. Donc, on a travaillé vraiment à trois ce
dossier-là.
Puis,
comme je dis, je pensais bien aboutir quelque part à la fin avril. Finalement,
plus de temps mais plus d'argent, personne ne nous le reprochera. Ça
sera quelque part au mois de mai qu'on déposera les scénarios finaux, mais ça
sera vraiment le fruit d'un travail d'équipe.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Richelieu.
M. Émond :
...passer la parole à mon collègue le député de Beauce-Nord, qui va aborder...
Le Président (M.
Laframboise) : Beauce-Sud.
M. Émond :
Beauce-Sud. Pardon, excuse-moi. Je m'excuse. Je n'ai jamais été bon en
géographie.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Beauce-Sud.
M.
Poulin : Habituellement, je suis un petit peu plus bronzé que mon
collègue député de Beauce-Nord, alors ça aide à rappeler que je suis au
sud. C'est pour ça. Merci beaucoup, M. le Président. C'est un truc qui peut fonctionner.
Je tiens à saluer les
professionnels du gouvernement du Québec, bien entendu, M. le ministre, avec
qui j'ai un privilège de travailler depuis
plusieurs années, et les membres de votre cabinet également. Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le
Président (M. Laframboise) : 4 min 44 s.
• (15 h 50) •
M.
Poulin : O.K. Alors, je vous parlerai de la profession enseignante
peut-être un peu plus tard. Ah! et puis non, faisons-le maintenant parce que je pense que c'est trop important. On en
a parlé depuis le début de ces études de crédits là, bien entendu, celles et ceux qui amènent notre
réseau de l'éducation plus loin, c'est ceux qui sont dans les classes. Il y a
un défi, bien entendu, d'attirer de jeunes
Québécois dans la profession enseignante, que ce soit pour, bien entendu, être
au primaire, au secondaire ou encore dans le réseau collégial, le réseau
universitaire.
L'un
des premiers éléments que l'on doit prendre en compte lorsqu'on veut recruter
de jeunes hommes, de jeunes femmes
dans cette profession-là : bien évidemment, il faut aimer les jeunes, il
faut aimer les enfants, et je pense que, dans cette journée, c'est important de se le rappeler, et, bien évidemment,
de faire en sorte que ces gens-là aient le goût d'enseigner. Et les
meilleurs ambassadeurs de la profession enseignante, ce sont les enseignants
eux-mêmes.
Comme
vous venez de nous l'exprimer, M. le
ministre, à quel point c'est un
travail qui est colossal, qui est important, qui
est exigeant aussi, mais au point où on en retire beaucoup,
où on constate l'avancement de nos élèves, la progression dans les
salles de classe, il n'en demeure pas moins qu'il y a une rareté au niveau de
la profession enseignante, malgré des augmentations globales de 6 % pour
former des enseignants aux préscolaire et primaire, 7 % pour le
secondaire, par rapport à 2018, ce qui représente quand même,
là, un bassin potentiel de 450 futurs enseignants pour l'ensemble des
facultés. C'est à l'UQAM qu'on observait
la plus forte progression : 10 % au préscolaire, 14 % au
secondaire. Donc, ce sont des bonnes
nouvelles. Et même la doyenne de la Faculté de l'éducation de l'UQAM,
Mme Brodeur, déclarait que, depuis 10 ans, on observait une diminution année après année,
et cette année il y a un regain des demandes d'admission. Il y a un
signal très clair comme quoi l'éducation, donc, c'est la priorité pour
la société.
Alors,
M. le ministre, comme enseignant, parce que vous n'êtes pas un
ancien enseignant, vous êtes un enseignant, ça, je pense qu'on le demeure toute notre vie, pour votre ministère
également, qu'est-ce qu'il faut faire, là? Quelle est la
marche qu'il manque pour continuer cette
progression-là? On a pris des engagements électoraux également fort importants
et, sans enseignant, on ne sera pas capables de pouvoir atteindre l'ensemble de
ces objectifs-là. Alors, comment on va faire pour
atteindre ces objectifs-là puis...
Et
j'aimerais également vous entendre sur cette beauté d'être enseignant
parce que j'ai l'impression qu'on ne le dit pas assez. On ne le répète pas assez souvent, tout ce qu'on peut en
retirer puis à quel point que c'est important dans notre réseau scolaire.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre, 2 min 15 s.
M.
Roberge : Merci bien. Je
suis content que vous ayez mentionné l'UQAM en partant parce que c'est là que
j'ai eu le plaisir de faire mes études universitaires, et quelques cours ensuite à l'École des sciences de la
gestion. Quelques cours à l'Université de Sherbrooke, mais
c'est vraiment l'UQAM qui est mon alma mater.
Puis vous avez parlé
des baisses qu'il y a eu au fil des années dans les facultés d'éducation. C'est
triste, mais en même temps c'est normal. Je veux dire, écoutez, c'est une profession qui n'était
pas reconnue, valorisée par les précédents gouvernements au fil des
années. On se demandait tout le temps de combien on allait baisser le salaire
au début de la négociation. Après ça, grosse
victoire, ça finissait par une espèce d'indexation, à peine, au coût de la vie.
Donc, les temps étaient difficiles à ce moment-là.
Puis
ça a changé, mais quand même, quand on dit... Ce n'est pas une vue de l'esprit,
là, les chiffres sont là. Pour l'ensemble
du Québec, la baisse des nouveaux inscrits dans les facultés d'éducation était
de 13 % entre 2008 et 2017. Une baisse de 13 % des admissions
dans les facultés d'éducation, c'est un signal très fort, tu sais, c'est le
symptôme d'une maladie plus grave qui était la dévalorisation de la profession
enseignante, mais même de l'éducation au grand complet.
Puis,
depuis quelques mois maintenant, je pense qu'on ressent qu'il se passe quelque
chose de différent. L'ambiance a changé. C'est loin d'être tout réglé dans nos
écoles, on en a pour quelques années à rebâtir, à réparer, mais ce qui
se dit, quand on se promène dans les écoles,
c'est qu'il y a davantage d'espoir. Puis je pense que ça se reflète même chez
les jeunes, parce que, pour la première fois depuis bien des années,
comme vous l'avez dit, pour septembre prochain, les demandes d'admission ont augmenté, après des années de
baisse, d'à peu près 7 % en moyenne si on prend le primaire et secondaire.
Je sais que, dans certaines universités, ça
a monté davantage. D'autres, ça a été plus difficile. Mais, disons qu'à l'échelle
du Québec, on avait baissé de 13 % en
neuf ans. On a augmenté de 7 %, pour une seule année, après quelques mois.
Donc, je pense que c'est le retour de l'espoir.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci, M. le ministre. Maintenant, la
parole est au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Gouin, pour
15 minutes.
M.
Nadeau-Dubois : Pour combien de temps? 15 minutes? Merci, M. le
Président. Bonjour à tous et toutes. Je vais
aller dans le vif du sujet, et, mon Dieu! c'est très rare que je dis ça, mais
marcher dans les traces de la députée qui m'a précédé du côté de
l'opposition.
Vous
avez piqué ma curiosité, M. le ministre, en parlant de compensation financière
des stages. Et je comprends que vous
ne pourrez pas donner tous les détails aujourd'hui, je l'ai bien entendu. Il y
a quand même certaines zones d'ombre que j'aimerais voir... que j'espère
que vous allez pouvoir éclairer.
D'abord, vous avez
critiqué, d'entrée... bien, il y a quelques minutes, là, l'approche à la pièce
du gouvernement précédent. C'était en effet
un gros problème, puis ça a été largement critiqué par le mouvement étudiant,
c'est-à-dire de donner des compensations
financières à certains stagiaires, pas à d'autres, selon des critères, en fait,
qui étaient parfois difficiles à deviner.
Ma
question est la suivante : Le scénario que vous comptez dévoiler dans
quelques semaines va-t-il être un scénario qui va couvrir l'ensemble des
stagiaires du Québec ou seulement certains stagiaires?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Ça ne sera pas un scénario à la pièce, parce que ce n'est pas de
dire : Bon, bien, cette année, c'est cette association étudiante là qui a mieux monté son dossier, ça fait
qu'on va récompenser ses membres, parce qu'ils ont mieux monté leur dossier, parce qu'ils ont eu un
meilleur plan de com ou parce qu'ils ont fait plus de mobilisation, c'est
eux autres qui vont être compensés. Ça,
c'est l'approche à la pièce. On s'est sortis de ça en faisant, là, une étude
exhaustive. Sincèrement, ça ne veut pas dire que chacun des stages sera
compensé, ça veut dire qu'il y a une vision d'ensemble, qu'on s'est donné des critères qui nous permettent de
prendre une décision qui soit en toute cohérence. Mais je veux être bien clair,
puis c'est la vérité, puis je pense que vous
ne serez pas surpris, ce n'est pas l'ensemble de tous les stages, au Québec,
qui sera compensé.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Donc, ce sera une
solution partielle pour certains stages sur le plan de la compensation
financière.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge :
Bien, pour moi, c'est une solution globale et non pas une solution partielle.
Écoutez, j'ai accueilli des stagiaires.
Je l'ai dit plusieurs fois, là, quand on fait le stage I en enseignement,
je pense que c'est... je ne veux pas me tromper, mais c'est quelques jours. Ça
n'empêche personne de garder leur emploi étudiant, d'aucune façon. Ça n'empêche
pas les jeunes qui ont un emploi, dans
n'importe quel commerce, de continuer de le faire. C'est des stages
d'observation dans ce cas-là. C'est
très, très clair pour moi que ce serait... Enfin, on peut toujours le
souhaiter, mais ce n'était pas dans notre perspective de compenser. Quand on compense, souvent c'est parce qu'il y
a un préjudice. Vient la compensation parce que tu perds ton salaire, parce que tu ne peux pas garder ton emploi.
Là, dans des stages qui sont plus brefs... Bien, je pense que les
Québécois comprennent très bien que ce n'est pas tous les stages qui doivent
être compensés.
M. Nadeau-Dubois : Oui, parfait.
Donc, c'est une...
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Alors, on va s'entendre pour appeler ça une solution
partiellement globale, disons ça comme ça.
Dans cette solution partiellement globale, est-ce que les étudiantes en pratique
sage-femme auront des bonnes nouvelles? Est-ce que c'est un type de
stage qui est, disons, en haut ou en bas de la liste de vos priorités?
Je ne vous ferai pas le topo complet, je suis
sûr que vous le connaissez. C'est probablement, disons, une des formations dans
laquelle la précarité au niveau des stages est la plus importante. C'est un
milieu de stage où on parle de 99,5 %
de femmes, 43 % de mères étudiantes. On parle de 2 350 heures de
stages. Ça, j'ai calculé, c'est 294 journées de huit heures de stages. Tout ça pour aucune forme
de rémunération, alors que, dans plusieurs cas, ils font exactement les mêmes gestes cliniques ou, en tout cas, ils
partagent plusieurs gestes cliniques avec les médecins omnipraticiens qui sont
en stage d'obstétrique et qui, eux, sont non
seulement compensés, mais sont même rémunérés, puis il y a une compensation
pour leur hébergement. Est-ce que ces jeunes femmes là auront des bonnes
nouvelles dans quelques semaines?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Je connais bien la situation des sages-femmes. On me dit...
Ça s'appelle sage-femme, mais je pense qu'il y a un homme qui est
inscrit au Québec. Mais on l'appelle quand même...
M. Nadeau-Dubois : ...un homme, et
on l'appelle néanmoins un étudiant en pratique sage-femme.
M. Roberge : Oui, c'est parce que...
M. Nadeau-Dubois : Pour une fois que
le féminin l'emporte.
M.
Roberge : C'est ça. Bien, ce n'est pas un problème. C'est
simplement... Ça me fait sourire, mais ce n'est pas un problème, absolument pas. Ceci étant dit, je
connais bien les exigences de cette profession-là, de ce stage-là parce que,
dans le cadre, hein... Parce que la beauté
de la chose, c'est qu'on ne les a pas regardés à la pièce, un avec les autres.
Et, quand on regarde dans le grand
tout, comme on dit, disons que celui-ci paraît... Quand on regarde le ciel, il
y a des étoiles qui brillent plus que
d'autres. Bien, quand on regarde l'ensemble des stages, il y a certains qui se
démarquent. Puis je sais qu'elles étaient quelques-unes... enfin, assez
nombreuses vu le peu d'étudiantes en sage-femme au Québec. Donc, en proportion, elles étaient assez nombreuses, assez
bien représentées, hier, à manifester ici, et j'étais au courant de ça. Je suis
au courant de leurs revendications.
Mais,
sincèrement, je veux faire attention. Je ne ferai pas un striptease, là, à la
pièce, un stage à la fois, une question à la fois, dire lesquels sont compensés, lesquels ne seront pas
compensés. Vous comprendrez qu'on va dévoiler de manière globale les
stages qui seront compensés.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Parfait, merci. J'ai compris. Donc, ce seraient
certains stages où il y aurait une annonce de compensation financière.
Sur le plan
de l'encadrement juridique, ce que vous nous préparez, est-ce que c'est une
reconnaissance d'un statut juridique pour l'ensemble des stagiaires ou
seulement pour certains stagiaires?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (16 heures) •
M.
Roberge : De ce côté-là, j'ai eu plusieurs discussions avec mon
collègue le ministre du Travail, qui lui-même a eu des discussions directement avec les associations étudiantes. Je
sais que lui, il les a rencontrées, et les membres de son cabinet les ont rencontrées, ont eu des échanges,
ont eu des courriels, ont eu des téléphones directement avec les associations
étudiantes. Je ne peux pas vous dire
précisément jusqu'où ils s'en vont, mais
je peux vous dire qu'ils sont au travail. Et c'est autre chose qui sera
dévoilé ultérieurement.
Le Président (M. Laframboise) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Donc, je
comprends que ça ne fera pas partie de votre annonce à vous dans les prochaines
semaines. Merci beaucoup.
Je veux
aborder un deuxième sujet, un de mes sujets de prédilection, les mauvaises
décisions des libéraux. Et ça m'a surpris, M. le ministre, de vous voir
en défendre une, de ces mauvaises décisions des libéraux, parce que,
parfois, on est d'accord
pour les critiquer. Là, il y a une très mauvaise décision du précédent gouvernement que vous défendez, et je ne comprends
pas pourquoi. Je voulais garder du temps pour qu'on s'en
parle. C'est la décision de déréglementer les frais de scolarité pour les étudiants étrangers, une
décision qui est décriée par l'ensemble du milieu universitaire, sauf McGill, bien sûr, qui va en ressortir grande
gagnante et qui est bien contente de se voir confier ce pactole.
J'ai quelques
questions précises pour vous. J'aimerais que vous soyez économe dans vos
réponses. Je vais l'être dans mes questions parce que j'en ai plusieurs.
D'abord,
ma première question. Vous le savez comme moi, les frais de scolarité
pour les étudiants étrangers sont déréglementés
au Québec, en tout cas dans certains programmes, depuis
2008. J'aimerais qu'on fasse un bilan ensemble
de cette expérience-là pour voir si ça a
donné des bons résultats. J'ai une première question très courte, très
précise pour vous : Quelle a été l'augmentation de fréquentation des
étudiants étrangers dans les établissements francophones depuis 2008?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : La question est très
brève et très pointue, indirectement. Cependant, sincèrement, sur les chiffres,
il faut que vous me donniez un petit peu de temps. Des fois, je n'ai pas sur le
bout de mes doigts chacun des chiffres. On prend en note votre question. Ça se peut... Je vous invite à continuer. Je
veux juste dire, cependant, qu'il faut faire attention. Sur les principes, des fois, on est en désaccord, mais il faut faire attention, ce n'est
pas vrai que ça a été décrié par l'ensemble du réseau universitaire, la
déréglementation. Vous pouvez nommer une série de personnes qui l'ont décriée.
Je pourrais nommer une série de personnes qui étaient contentes. Mais là, rendu
là, on choisit nos experts puis on se conforte dans nos idées.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.
Donc, je vous aurais posé la même question pour l'augmentation de la fréquentation des établissements étrangers dans
les établissements anglophones. De mon côté, j'avais fait mes recherches
avant de vous poser les questions. Du côté
des étudiants francophones, il n'y a pas eu de progression. Entre 2008 et
maintenant, c'est le statu quo, il
n'y a pas eu d'augmentation de fréquentation suite à la déréglementation. Du
côté des établissements anglophones,
cette fréquentation a doublé. Ce sont les chiffres du ministère. Donc, en
10 ans de déréglementation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers, les universités anglophones
en ont tiré largement profit en voyant ces étudiants-là doubler dans
leurs établissements. Du côté des universités francophones, il n'y a pas eu
d'augmentation, aucune.
Ma question
est donc : Comment allez-vous faire pour que l'augmentation... pour que la
déréglementation prévue dans
l'ensemble des programmes pour les étudiants étrangers ne représente pas un
facteur d'inéquité entre les universités francophones et les universités
anglophones au Québec?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Oui, excusez-moi, je vais regarder quelques chiffres. Il y a
une question de chiffres. Il y a des questions de principe. Puis on est vraiment dans un débat très intéressant, qui me
passionne. Sincèrement, là, on est dans quelque chose de très
intéressant.
Donc,
ici, moi, étudiantes, étudiants internationaux dans le réseau universitaire
québécois selon l'établissement, j'ai,
de 2013 à 2017, ici, comme données, là, avec des hausses ou des baisses, donc,
les étudiants internationaux, ici, on voit :
l'INRS, ça a augmenté de 11,4 %; l'UQAC, ça a augmenté de 23,9 %;
l'UQAT, à Trois-Rivières, ça a augmenté de 25,9 %, donc presque
26 %.
Il y en a que ça a augmenté moins, là, soyons
bons joueurs : l'École nationale d'administration publique, 4 %,
mais, bon, l'administration publique québécoise, on peut comprendre que ça
intéresse moins les gens du Burkina Faso; Polytechnique,
7,7 %, presque 8 %, donc; bon, l'UQTR, à Trois-Rivières, 9,6 %,
donc, 2013-2017. Bon, je peux comprendre que peut-être que, chez les anglophones, c'est peut-être plus élevé.
Est-ce qu'on le voit ici? Oui... en haut? Oui, bien, écoutez :
Bishop's, 11,4 %; l'INRS, 11,4 %; UQAC, 23,9 %...
M. Nadeau-Dubois : On est toujours
chez les francophones?
M.
Roberge : ...Concordia, 7,9 %; McGill, 8,6 %. Si on fait la
moyenne des universités anglophones, 8,1 %, moyenne universitaire francophone, 5,5 %. Bon, bref,
ce n'est pas égal. Directement, Université du Québec, si on prend juste les
UQ, 8,2 % versus, les universités anglophones, 8,1 %, ce n'est
peut-être pas le scandale qu'on attendait.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Oui, sauf que...
M.
Roberge : On peut tomber dans une bataille de chiffres, mais, si
l'argumentaire repose sur des chiffres, on va y aller sur des chiffres.
M.
Nadeau-Dubois : Non, mais les chiffres sont importants. Puis ma
question portait sur le bilan depuis
le début de la déréglementation, donc depuis 2008. Si c'est possible de sortir
ces chiffres-là, ils m'intéresseraient, parce que les chiffres que nous avons
sont très, très différents de ceux-là. On parle d'une augmentation beaucoup
plus rapide. Ça aurait doublé, donc, dans les établissements anglophones
et, pratiquement, en fait, ça aurait stagné dans les établissements
francophones.
J'ai d'autres
questions pour vous. Je dois vous laisser le temps de ressortir les chiffres en
question. On y reviendra. J'aimerais que vous me parliez de la provenance des
étudiants étrangers qui fréquentent les universités anglophones au Québec.
D'où viennent-ils en général?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : D'où viennent... Je
veux comprendre, là...
M. Nadeau-Dubois : Quelles sont les
principales provenances des étudiants anglophones qui fréquentent les
universités... des étudiants étrangers qui fréquentent des universités
anglophones au Québec?
M.
Roberge : Encore une fois,
comme c'est une question plus pointue, vous permettez qu'on trouve la réponse?
On va répondre au mieux. O.K., j'ai ici les données. Les étudiants
internationaux inscrits dans le réseau universitaire québécois, je l'ai pour
l'ensemble des universités. Je n'ai pas ici exclusivement pour le réseau
anglophone. Peut-être avez-vous encore,
vous-même, les réponses à vos questions, comme tout à l'heure, et voulez-vous
simplement confronter nos données?
M. Nadeau-Dubois : Bien, en fait,
bien oui, c'est ça, vous me voyez venir, hein?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de...
M. Roberge : Mais, sincèrement, moi,
ce n'est pas grave, j'avais des données, j'ai déposé...
Le
Président (M. Laframboise) :
M. le ministre, M. le
ministre! Ce n'est pas une conversation,
là. C'est moi qui donne le droit de parole. M. le député.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, je
vais vous le donner dans le mille, M.
le ministre, les principales
provenances, là, des étudiants
étrangers qui fréquentent des établissements anglophones au Québec sont les États-Unis,
la Chine, plusieurs pays. Et ce que ces pays-là ont en commun, c'est
que ce sont des pays où, en moyenne, les formations universitaires sont beaucoup
plus chères qu'au Québec, alors que, du côté des étudiants francophones,
les étudiants étrangers qui fréquentent les universités francophones, ce
sont des pays où, en moyenne, la formation est beaucoup moins chère qu'au Québec.
Qu'est-ce que
ça veut dire, ça? Ça veut dire que les universités anglophones vont pouvoir,
dans le cadre des politiques de déréglementation, que vous appuyez, à ma
grande surprise, augmenter significativement leurs frais de scolarité, et ils vont rester, entre gros guillemets, dans le
marché en ce qui a trait aux diplômes anglophones, ce qui ne sera pas vrai pour
les universités francophones, qui, si elles augmentent le coût de leurs
diplômes, vont se sortir du marché, quand on les compare, donc, aux diplômes francophones à l'extérieur du Québec. Et
donc, résultat des courses, les universités anglophones vont pouvoir
charger significativement plus cher que les universités francophones.
Et
donc je vous pose la même question. Dans ce contexte-là, dans un contexte où
les universités anglophones vont pouvoir
charger pas mal plus cher que les universités francophones, comment vous allez
empêcher que ça devienne un facteur d'inéquité majeur entre les
universités francophones et les universités anglophones au Québec?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Mais, au fil des années, notre réseau francophone a bien peu
développé son internationalisation, sa façon
d'aller faire du recrutement dans des marchés non réglementés, parce que ce
n'est pas tous les marchés avec lesquels on a des ententes classiques.
On connaît bien... On sait que les Français paient le tarif canadien. Mais il
n'y a pas tant d'universités qui ont travaillé très fort, qui se sont mises
ensemble, les universités francophones, pour dire : On va aller chercher des étudiants francophones, supposons, au
Brésil. On l'ignore, là, mais il y a une communauté francophone assez importante au Brésil. C'est un marché qu'on
pourrait développer, mais les universités ne le faisaient pas faute de vision,
faute de moyens, faute d'intérêt.
Et
ce qu'on change, parce que vous dites : Ah! le gouvernement de la CAQ
applaudit... c'est la déréglementation du
précédent gouvernement. Il faut en prendre et en laisser. On a changé... Pour
moi, c'était une mauvaise façon de faire quelque chose qui pouvait être correct. La déréglementation, ça peut
être correct, ça peut être très mauvais. Je pense que le précédent
gouvernement...
Le
Président (M. Laframboise) : ...mais le temps sera pris sur le temps
du gouvernement si vous voulez aller... Si vous voulez continuer,
allez-y, là.
• (16 h 10) •
M.
Roberge : Si vous me permettez, chers collègues, je ne prendrai pas 10
minutes, mais je veux compléter
là-dessus.
Donc,
ce que faisait le précédent gouvernement dans sa réforme de la formule de financement des
universités, qui était intéressante,
imparfaite mais intéressante... Je pense qu'on a avancé là-dedans. Puis, oui,
je suis capable de le reconnaître quand
c'est le précédent gouvernement libéral qui a fait quelque chose de correct. Pas
parce que c'est eux autres que ce n'est nécessairement pas correct. La
formule de financement a été bonifiée.
Cependant,
la manière qu'ils avaient déréglementé avait quelque chose d'insidieux,
disait : Bien, vous, les universités francophones, si vous réussissez à
aller chercher des étudiants internationaux au-delà de ce que vous avez déjà, donc
si vous allez chercher, l'an prochain, le
même nombre que cette année, on ne vous donne pas d'argent, mais, si vous allez
en chercher plus, au-delà de ce que
vous avez en ce moment, bien là on vous financera. Ça, c'est comme de dire à
quelqu'un : Attrape un poisson,
je vais te donner une canne à pêche. Tu ne magasines pas ta canne de pêche tout
de suite parce qu'il n'y a pas grand chances que la personne attrape
un poisson à mains nues.
Donc, notre réseau
n'avait pas tellement les moyens d'aller à l'international. On a complètement
reviré ça. On a travaillé avec les universités, vraiment avec le réseau, les universités
du réseau francophone, les universités du réseau anglophone, dit : O.K., de quoi vous avez besoin vraiment
pour aller attirer des étudiants, oui, vous aussi, les universités
francophones, qu'est-ce
que vous avez besoin pour être
équipés, pour être compétitifs, pour aller chercher des étudiants? Puis
on a bâti avec eux quelque chose de très intéressant qui va leur permettre...
Donc,
c'est un financement a priori plutôt qu'a posteriori. Plutôt que de
leur dire : Attrape un poisson, je vais te donner une canne à pêche, on leur a donné tout un équipement. Et je pense
qu'à terme c'est tout le Québec qui va s'enrichir, oui, financièrement. Mais surtout, là, il faut se le dire, quand il y a des étudiants internationaux qui arrivent au Québec, ce n'est pas juste une question d'argent, c'est une
question d'ouverture sur le monde, une question d'accueil de la diversité puis
c'est une question d'enrichissement de nos facultés. Je vous remercie.
Le Président
(M. Laframboise) : Merci. Donc, maintenant, je passe la parole au
député de Beauce-Sud pour 14 min 54 s.
M. Poulin :
Je vais céder la parole à ma collègue la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré dans quelques minutes.
Je
voulais revenir, parce qu'on a manqué un peu de temps, sur la profession
enseignante, qui doit être valorisée, qui doit certainement être améliorée. On
fait des constats très importants, dans les dernières minutes, sur le fait
qu'il y a une augmentation,
effectivement, des inscriptions dans la profession enseignante. Ça m'a rappelé
un article de janvier 2018 du Journal
de Québec : Épuisée après un mois dans la peau d'une suppléante au
primaire et au secondaire. C'était une reporter qui avait travaillé incognito, vous vous souvenez de ça, dans
des écoles primaires et secondaires de la région des Laurentides, où
elle rappelait à quel point la profession était exigeante et était extrêmement
difficile.
Et
je me souviens qu'à ce moment-là... Parce que ça avait été largement partagé
sur les réseaux sociaux, et j'ai beaucoup
d'amis qui sont des enseignants et des enseignantes, alors ça me force, le
samedi soir, à parler de la profession et à discuter des défis qu'il y a, et je me souviens de cet article-là, ils
me l'avaient envoyé puis ils m'avaient dit : Peux-tu faire quelque chose, peux-tu en parler, peux-tu
mettre en lumière réellement ce qui se vit dans certaines salles de classe?
Et c'est là où on voit une diminution
d'inscriptions pour devenir enseignant. Et heureusement qu'il y a une
augmentation, mais, si on ne pose pas
des gestes concrets pour la valorisation de la profession enseignante, entre
autres en ce qui a trait aux
conditions de travail des enseignants... On sait qu'ils ont une mission très
importante, de s'occuper de nos enfants, des jeunes, de jeunes adultes,
même, par moments.
Alors,
qu'est-ce qu'on va mettre en place pour valoriser cette profession enseignante?
Et aux jeunes hommes et aux jeunes femmes qui nous écoutent, qui y
pensent peut-être, mais qui ont lu cet article de janvier 2018 puis qui
disent : Mon Dieu que ça a l'air
difficile, être enseignant, quelles seront, peut-être, certaines bonnes
nouvelles qu'on pourra leur annoncer au cours des prochains jours, des
prochaines semaines, des prochains mois, certainement?
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, je suis très content parce que, pour valoriser la profession, il y a
plein de façons, d'abord aider ceux
qui sont là, en place, à aider les élèves, puis, très rapidement, là, sans
prendre trop de temps, 47 millions de plus pour embaucher des professionnels pour aider ceux qui
aident les élèves, pour aider directement les élèves qui ont des besoins
particuliers, là, au secondaire, aussi au
primaire, en formation générale des adultes, ça, je tiens à le mentionner, et
en formation professionnelle. Ça, c'est une façon de reconnaître le travail des
enseignants puis de dire qu'on les écoute. Parce que, quand on va parler directement aux enseignants, là, puis aux
enseignantes, c'est ça qu'ils nous disent, là : On n'en peut plus,
vous intégrez un paquet d'élèves qui ont des besoins particuliers, mais, pour
avoir une intégration, ça prend des professionnels.
Donc, la
première chose, là, c'est d'appeler la cavalerie, là, puis de faire arriver à
la rescousse les professionnels dans les
écoles. Ça, c'est vraiment pour ceux qui sont en place puis aussi ceux qui s'en
viennent. Mais, si on veut convaincre les jeunes qui sont en
secondaire IV, secondaire V, là, qui pensent à aller au cégep, ou
ceux qui sont au cégep en ce moment... Puis,
au cégep, hein, des fois, on magasine un peu, hein, où est-ce qu'on va s'en
aller. On n'est pas trop sûrs. Si on veut leur dire d'aller en éducation, bien, il y a le premier ministre qui a dit
que c'est une priorité nationale. Il y a le discours inaugural qui l'a
affirmé clairement. Il y a le budget qui en a fait une priorité nationale.
Puis,
concrètement, là, il y a, dans le budget, une mesure spécifique de
15,8 millions, presque 16 millions, qui va revenir année après année, 16 millions en bourses
exclusivement dédiées à ceux et celles qui choisiront de devenir enseignants.
Ça veut dire que, parmi toutes les
professions, là, c'est celle-là qu'on valorise comme gouvernement. Et on sait
déjà que le quatrième stage, c'est
celui qui a reçu la première des compensations puis que la Coalition avenir
Québec l'avait appuyé. Donc, ça, je
pense, c'est un geste très, très, très fort. Parce que des discours, là, de
premiers ministres qui font de l'éducation une priorité... mais c'est la priorité des discours, mais pas la
priorité des politiques. On pourrait en faire toute une liste, là, hein : superbons pour en parler, très, très
mauvais pour bouger. Là, c'est le contraire. C'est une priorité de politique,
c'est une priorité budgétaire, puis, très concrètement, d'avoir un programme de
prêts et bourses spécifiquement là-dessus.
Ensuite, il y
a d'autres idées... bien, pas des idées, mais en fait des mesures : un
nouveau référentiel de compétences professionnelles, qui est... Ça,
c'est vraiment... On parle en termes... Mais, quand on est enseignant, c'est
extrêmement important. Un référentiel de compétences d'enseignant, l'ensemble
des qualités, c'est notre grille d'analyse.
Un programme
de mentorat pour ceux qui font le choix de la profession enseignante et qui
trouvent difficile l'insertion professionnelle.
On a souvent entendu dire que c'est, quoi, 20 %, 25 % des jeunes
enseignants qui décrochent — pas les élèves, les profs — qui décrochent dans les premières années. Un programme de
mentorat, c'est nécessaire. Ça aussi, on le dit, on le fait, on le
finance. Donc, on a mis de l'argent dans le budget.
Et ça ne
commence pas en 2022. Ça commence cette année, dès septembre, un programme de
mentorat, peu importe, nouveaux
enseignants, ceux qui sont déjà là, là, à leur deux, trois premières années
d'enseignement. Mais, ceux qui sont dans
les facultés d'éducation, vous savez qu'on veut réussir votre insertion
professionnelle. Chers jeunes profs, chers futurs profs, on va vous assigner un mentor, un prof
d'expérience qui a le goût de redonner aux plus jeunes, puis cette personne-là
pourra vous suivre pendant cinq ans. Donc,
l'enseignant qui, des fois dans les premières années, malheureusement, change
de tâche, des fois change d'école... Puis,
normalement, comme enseignant, la personne qui te supervise et t'accompagne,
c'est la direction d'école. Quand tu changes
d'école, on comprend que tu changes de superviseur. Mais d'avoir un mentor
qui est là pour t'écouter... Et l'argent qu'on donne pour financer ce
programme-là, c'est pour libérer du temps, parce qu'encore une fois on écoute les enseignants qui sont directement dans
les classes, puis ce qu'ils nous disent, c'est : On manque de
temps; je veux bien, mais je n'ai pas le temps. Donc, l'argent va venir pour
permettre ce mentorat
Donc, des
bourses, un nouveau référentiel de compétences et du mentorat, je pense, c'est
assez clair qu'on valorise la profession enseignante.
Le
Président (M. Laframboise) : Donc, la parole est à la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme la députée.
Mme Foster : Il reste combien de
temps?
Le Président (M. Laframboise) : Il
reste 8 min 42 s.
Mme
Foster : Merci beaucoup. Salutations à tous les collègues aujourd'hui.
Salutations également au ministre et à
toute l'équipe qui l'accompagne. La période des crédits est toujours très
exigeante pour tout le monde, mais on achève. Il paraît que ça finit ce
soir.
C'est un très grand plaisir pour moi d'être ici
pour parler d'enseignement supérieur parce que l'enseignement supérieur, bien, c'est le monde d'où je proviens.
Je dis toujours : J'ai tellement aimé l'école que j'y suis allée jusqu'au
doctorat. L'enseignement supérieur
peut être abordé sous toutes sortes de facettes, mais aujourd'hui ce que je
veux aborder, c'est l'aspect économique, parce que l'enseignement supérieur,
c'est un véritable moteur socioéconomique, et on l'oublie souvent.
Entre autres,
il y a quelques jours, je discutais, dans une autre étude des crédits, avec le
Scientifique en chef, qui me disait
que les retombées économiques générées par la science — hein, souvent, «enseignement supérieur» et
«science» ne sont pas synonymes mais
se fréquentent de très près — c'est semblable à l'industrie aéronautique
au Québec. Donc, on l'oublie souvent, mais c'est générateur et c'est
créateur de richesse, et c'est encore davantage significatif en région.
Les
universités, en région, et les cégeps, ce sont de véritables pôles
socioéconomiques de premier plan. Par exemple l'UQAR, à Rimouski, une étude qui a démontré, il y a quelques années...
ça date, mais ça montre quand même l'importance, là, des retombées économiques, en subventions et en contrats, de
20 millions, plus de 200 chercheurs, donc c'est énorme. Dans nos régions, l'enseignement supérieur a une très, très
grande importance sur le plan économique, ce qui me mène à vous poser une
question sur la subvention pour la mission régionale de certaines universités.
À
l'automne 2019, il y a cinq établissements universitaires, en région, du
réseau de l'Université du Québec, qui ont
demandé au ministre et au gouvernement de soutenir financièrement le rôle de
moteur économique régional qu'elles jouent.
Il y a cinq établissements qui étaient, bon, un peu en fâcheuse position parce
qu'ils tentent de jouer un rôle de moteur économique régional dans un
contexte de déficit structurel. Ils demandaient le rétablissement d'une
subvention dédiée à supporter leur rôle
régional et à couvrir le surcoût d'enseignement des établissements en région,
parce qu'on sait qu'il faut
délocaliser les formations dans les milieux, déplacer les profs, faire
plusieurs points de service. Donc, il y a un surcoût associé à
l'enseignement supérieur en région.
Ils
avaient des demandes, ces cinq universités-là, de 15,3 millions, répartis,
là, dans les cinq universités... demander à ce que cette enveloppe-là soit indexée en 2019 et 2020. Le ministre
leur a accordé, pour l'année 2018-2019, 7,5 millions. Il a indiqué qu'il évaluerait ce qui peut être
fait pour les années ultérieures. Dans l'intervalle, il y a l'Université de
Sherbrooke et l'université de Bishop's qui ont également fait des
représentations pour, elles aussi, bénéficier de cette enveloppe.
Donc, M. le
Président, moi, ce que j'aimerais que le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur me dise, c'est s'il compte rendre
pérennes et bonifier les sommes qu'il accordait avant Noël aux universités en
région. Et également qu'est-ce qu'il
compte faire pour la région de Sherbrooke, où il y a deux établissements
universitaires qui jouent un rôle important et qui méritent d'être
soutenus également?
• (16 h 20) •
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre, pour 5 min 35 s.
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Merci pour votre question,
chère amie. C'est vrai que, rapidement, on a constaté, en arrivant en poste, que, finalement, il y avait des
universités qui se trouvaient un peu flouées par la nouvelle formule de financement puis par rapport à ce qu'ils
avaient signé, l'entente. Parce que tantôt je disais : La formule de
financement a été améliorée par le précédent gouvernement à certains égards. Il
y a eu des maladresses. Je pense qu'on était mieux après qu'avant. Donc,
on avait avancé.
Mais
par contre il y avait quelques universités qui avaient signé, qui avaient
dit : C'est correct, mais, après coup, qui disaient : Oui, attend une minute, quand je relis les petits
caractères, là, je me suis fait avoir, là, hein? Et c'est ça qu'on a corrigé, notamment les universités en région,
qui, en lisant les petits caractères, avaient constaté qu'attends une minute,
là, il leur manquait de l'argent, de
l'argent qu'ils avaient avant. Ce n'est pas comme si, tout à coup, ils
recevaient de l'argent neuf. Et vous avez bien mentionné... les
universités qui se sont fait entendre avec plus de force au départ, à
l'automne, c'est vraiment l'Université du
Québec à Trois-Rivières, l'Université du Québec à Chicoutimi, ensuite à
Rimouski, en Outaouais, en Abitibi-Témiscamingue.
Puis,
rapidement, devant la crise, parce qu'il y en a qui voyaient leur mission de
pôle de développement économique régional compromise, bien, on a travaillé
fort, puis on a gratté, puis je remercie encore une fois mon équipe d'avoir
trouvé 7,5 millions. Mais c'était, au milieu
de l'année, un petit peu une solution, là, qu'on improvisait. On n'avait pas le
choix. On venait d'arriver puis on
voyait le problème. Il fallait trouver une solution, puis on l'a amenée comme
ça. Par la suite, évidemment que ça a créé un appétit pour en avoir encore et
plus, et c'est normal. C'est comme ça que ça fonctionne. C'est bien
normal.
Et
vous avez mentionné la région de l'Estrie parce que... on le dit, la région de
l'Estrie qui a dit : Mais comment ça se fait que nous n'avons pas eu ces
sommes supplémentaires quand il y a eu, mettons, le petit réinvestissement de
décembre? C'est une question
pertinente. On a analysé le financement que recevaient ces universités-là. Elles
ne recevaient pas de... bien qu'elles
étaient en région. Cependant, ils sont deux. Donc, déjà, c'est un peu plus
facile d'avoir un pôle universitaire. Il a beau y avoir une francophone,
une anglophone, on sait bien qu'il y a des anglophones qui vont à Sherbrooke
puis il y a des francophones qui vont à
Bishop's, là. Il ne s'agit pas de deux solitudes. Surtout dans le réseau
universitaire, il y a de moins en moins de solitude, il y a de plus en
plus un seul réseau.
Et
puis on a constaté qu'il y avait une inéquité et puis on a décidé d'aller de
l'avant avec un financement des universités, un financement régional des
universités, qui prenne aussi en compte la région de Sherbrooke. Je peux vous
dire qu'on est en train, là... On est dans
l'étude de crédits. Donc, encore une fois, les modalités de financement, on est
presque à la toute fin. Mais, à la
fin, les universités qui ont reçu de l'argent en décembre, du réseau UQ, je
pense, seront satisfaites. Mais aussi nos deux belles universités de la région
de Sherbrooke vont recevoir leur part du gâteau et seront bien satisfaites de
voir
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme
Foster : C'est une excellente réponse du ministre. Moi, je céderais la
parole à mon collègue le député de Sainte-Rose, qui voulait également
faire une intervention.
Le Président (M.
Laframboise) : Pour 2 min 5 s, M. le député.
M. Skeete :
Ça fait que je vais faire ça vite.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Sainte-Rose.
M.
Skeete : C'est toujours
un peu gênant de passer après Dre Foster et mon très expressif collègue
de Beauce-Sud, mais
je voudrais parler d'un sujet qui est quand
même assez important,
M. le ministre. Moi, je viens d'une famille avec une mère monoparentale.
Moi, ma mère, j'ai des souvenirs, même très jeune, où est-ce qu'elle allait à l'école puis elle essayait d'améliorer son sort. Moi-même, aujourd'hui, j'ai deux enfants et je suis encore aux études. Heureusement, je ne suis pas seul comme ma mère l'était, mais ce n'est pas
facile et c'est très prenant. Je pense aussi à ma génération en particulier. Ma génération, beaucoup d'entre nous ont des
situations où est-ce qu'on vient
de familles monoparentales, des pères ou même des mères absentes.
Puis, historiquement...
Mais, en éducation, pour améliorer son sort, bien, il faut y penser. Il faut
penser à aller à l'école. Il faut
penser à suivre une formation pour nous aider. Et souvent ce qu'on réalise,
c'est qu'il y a beaucoup d'obstacles, hein? Comment on fait pour faire garder
nos enfants? Comment on fait pour s'arranger, mais surtout comment on fait pour
payer? Même si l'école est abordable au
Québec, ce n'est pas facile pour une mère monoparentale de décider d'aller à
l'université et de payer ces sous-là
pour le faire, d'autant plus qu'historiquement... mais ces mêmes mères
monoparentales, quand ils sont chanceux de recevoir une pension
alimentaire, bien, ils se font pénaliser par le système de prêts et bourses.
Alors, ma
question, M. le ministre, est assez simple. Je me demande si vous envisagez
corriger cette situation, qui est quand même assez déplorable, dans le
but d'aider des personnes à améliorer leur sort.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci. M. le ministre, vous n'avez plus
de temps. Vous pourrez répondre à la prochaine
période du gouvernement. La parole, maintenant, est au troisième groupe
d'opposition. M. le député de Bonaventure, pour 17 minutes. M. le
député.
M. Roy :
Merci, M. le Président. Bonjour à mes collègues. Bonjour au ministre puis à
tout le personnel qui vous accompagne.
Écoutez, on
va aller faire un tour dans l'Est du Québec. Je vous invite avec moi pour
parler des cégeps en région et de
leurs conditions. Vous êtes au courant sûrement que nous avons fait un point de
presse ce matin avec des représentants de
différents collèges de l'Est du Québec pour demander au gouvernement, pour vous
demander, à vous et à votre ministère, de
réfléchir à modifier une annexe... là, je ne vais pas être trop bureaucratique,
là, mais qu'on appelle la S026, qui vient en aide aux petites cohortes, O.K.? On permet à des cégeps de partir des
petites cohortes de 10 étudiants et on permet aux collèges d'avoir accès à cette enveloppe-là pour
faire en sorte que les étudiants n'aient pas à déménager, à quitter la région
pour avoir une formation. Et la demande qui
a été faite ce matin, je ne suis pas tout seul, je la porte avec quand même des
gens du secteur, c'est de diminuer de 10 à sept étudiants l'accès à
l'annexe S026.
Puis je veux
faire une petite mise en contexte. Les cégeps, en région, là, c'est fondamental
pour le développement économique, social, culturel, O.K.? Ça permet aux
parents, quand il y a un programme qui part chez eux, là, de ne pas débourser de 10 000 $ à
15 000 $ par année pour envoyer leurs enfants à l'extérieur s'ils
n'ont pas accès aux prêts et bourses, etc. Ça coûte... C'est une saignée démographique, mais c'est aussi une
saignée économique pour les parents qui doivent financer les études à
l'extérieur, et c'est notre vie, à nous, dans les régions.
Donc, je vous
demande, au nom de tous ceux et celles qui oeuvrent dans le réseau collégial
dans l'Est du Québec, si vous êtes ouvert à modifier la réglementation
d'ouverture des cohortes de 10 et de permettre l'ouverture de cohortes à partir de sept étudiants. C'est même démontré,
bon, selon ce qu'ils m'ont expliqué, que, pédagogiquement, ça va bien, c'est viable. La relation maître-élève est très
bien. Bon, c'est sûr que ce n'est pas une classe de 35, mais nous ne sommes
pas dans les villes. Et, qui plus est, les
programmes qui ne partent pas, bien, c'est de la main-d'oeuvre qui n'est pas
disponible dans nos régions, et c'est pratiquement 100 % de
placement dans beaucoup de secteurs. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus,
M. le ministre.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (16 h 30) •
M. Roberge : Quelle bonne question. S'il
y a quelque chose qui me dérangeait dans la précédente formule de financement des cégeps... Puis j'en ai visité plusieurs même en région. Je
me souviens d'être allé avec, justement, ma collègue
députée de Charlevoix — qui
n'était pas députée à cette époque, on est bien contents qu'elle soit avec nous — puis
de rencontrer à la fois des syndicats,
des étudiants, des gens qui sont autour des cégeps, parce que,
quand on est dans... On ne peut pas sortir le cégep de sa région ni la région
de son cégep. C'est totalement imbriqué. On rencontre le maire de la ville, il nous parle du cégep. On rencontre les
gens de la chambre de commerce, ils nous parlent du cégep. On rencontre le
cégep, ils nous parlent de la ville. C'est vraiment lié.
Et l'idée de
réduire... en fait, d'accepter qu'en région il y a des groupes de plus petite
taille puis qu'il faut les financer en
conséquence, là, je l'ai entendue de plusieurs façons. Puis on ne l'a pas juste
entendue, on l'a comprise, on ne l'a pas juste comprise, on l'a
intégrée, ça faisait partie, je pense, des suggestions, donc, dans le rapport
du comité d'experts.
Je comprends
que vous avez fait votre point de presse ce matin, puis c'est très bien,
je pense que les gens en région vont
recevoir de très, très bonnes nouvelles prochainement à cet égard-là, mais à tellement d'autres égards. Sincèrement, on les a écoutés pour vrai, on n'a pas fait semblant.
Quand, tantôt, j'ai dit qu'il y avait 149 millions
de dollars de plus dans notre réseau collégial, une hausse de 7,6 %, on est pas mal loin de l'inflation, là,
de 7,6 %, je peux vous dire que les cégeps de plus petite taille puis les cégeps en région vont recevoir la part du
lion, sans, bien sûr, sacrifier les cégeps urbains puis des cégeps de grande taille, mais, disons, dans le
refinancement pour assurer la survivance de ces cégeps-là, mais de ces
programmes-là.
Parce que garder un cégep ouvert, mais avec
juste trois, quatre programmes, trois, quatre gros programmes, ça force l'exil
des étudiants. Puis c'est ça qu'on ne veut pas. Je veux dire, on ne veut pas
avoir juste des cégeps avec les trois
programmes les plus populaires. Parce qu'on le sait, et vous le savez, vous et
moi, que les étudiants, quand ils s'exilent pour aller suivre un cours, souvent ne reviennent pas et, s'il faut
qu'ils s'exilent pour suivre le cours, bien souvent n'y vont pas. Ça fait que c'est
«lose-lose», hein, comme on dit : soit ils n'y vont pas, tout simplement,
puis ils se privent d'un avancement de
carrière puis ils privent la région de la richesse qu'ils pourraient avoir,
soit ils y vont mais ne reviennent pas dans la région.
Ça fait que l'idée que vous m'avez appelée, la
mesure S026, je ne peux pas vous dire à ce moment-ci comment elle sera transformée, mais je peux vous dire
qu'elle ne survivra pas dans sa forme actuelle à la réforme du FABES. Puis
je pense que les gens qui étaient avec vous
ce matin à la conférence de presse seront bien contents quand sera dévoilée
cette nouvelle formule de financement.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le député de Bonaventure.
M. Roy :
Et, juste pour clore ce dossier-là, M. le ministre, il semblerait que
l'enveloppe n'est pas tout, tout, tout utilisée. Donc, il y aurait... En
tout cas, c'est ce qu'on m'a dit.
Donc, si je
vous entends bien, il va y avoir des annonces qui vont favoriser les demandes
de petites cohortes et permettre à des programmes de partir même si on
n'a pas 10 étudiants. C'est ce que j'entends?
Le Président (M. Laframboise) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, on ne peut
pas partir le programme s'ils ont zéro étudiant, on va s'entendre.
M. Roy : Non, non, non,
mais...
M. Roberge :
Il y a une limite à petit groupe, là. Mais on se comprend, on se comprend, des
groupes de plus petite taille puis
des cohortes qu'on peut suivre, même si, des fois, ça fluctue dans le cas de la
cohorte. En réalité, ce n'est pas compliqué, c'est de tenir compte de la
réalité des cégeps en région puis de tenir compte du fait qu'une petite cohorte,
même si elle n'est pas pleine à 100 %, elle peut être 100 % pertinente.
Je vais vous le dire comme ça.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le député de Bonaventure.
M. Roy : Et là je clos
ce dossier-là, nous étions sept, pas à zéro.
O.K. Un dossier qui est important aussi pour des
gens qui travaillent fort pour bâtir de nouveaux programmes, M. le ministre, bon, il y a des profs dans des
cégeps qui ont une vision entrepreneuriale de leur profession, qui vont créer de nouveaux programmes, qui vont créer un D.E.C.
de toute pièce. À l'époque, on l'avait fait avec l'intervention en milieu
carcéral. Ces gens-là travaillent fort. Les
cégeps investissent. Même, des fois, le ministère demande à des cégeps de créer
des programmes. Mais, woups! l'année
d'après, on donne l'autorisation à d'autres cégeps qui n'ont pas mis la main à
la pâte pour construire les programmes de donner les cours et d'offrir
les programmes.
Donc, est-ce
que votre ministère serait prêt à réfléchir à l'idée de donner l'exclusivité à
des cégeps où il y a des gens qui travaillent très fort, qui ne comptent pas
leurs heures, des directions qui prennent le risque d'engager des sommes
pour libérer des fonds pour créer des
programmes, et de leur donner une sécurité en ce qui a trait à l'exclusivité du
programme pour au moins qu'ils soient attractifs au niveau des étudiants? Et,
bon, je vais donner un exemple. Là, je ne l'ai pas en tête, là. Bien,
vous... Mais ce n'est pas grave, vous comprenez ce que je veux dire.
Donc, est-ce
que vous êtes prêts à donner l'exclusivité de programme à des cégeps qui font l'effort
d'innover, de créer de nouvelles
formations et qui est souvent associé à une forme de bénévolat de certains
profs qui ne comptent pas leurs heures?
Le Président (M. Laframboise) :
M. le ministre.
M. Roberge : C'est une question
très pertinente mais à laquelle on ne peut arriver à une seule réponse.
Dire : Si vous bâtissez un programme,
vous avez l'exclusivité, je ne pense pas que ça soit la bonne réponse. Puis le
contraire, de dire : Il n'y en aura pas, d'exclusivité, ce n'est
pas la bonne réponse non plus. Je pense qu'il faut y aller au cas par cas.
Je comprends
ce que vous dites. Vous dites : Surtout que, si un cégep est plus petit,
il veut se démarquer, crée quelque chose,
aussitôt qu'il l'a créé, se le fait, ouvrez les guillemets, voler par un gros
cégep, il dit : Bien là, on investit de nos énergies, nous sommes
petits, ça prend de l'énergie pour faire le programme puis pour se démarquer;
après ça, on ne se démarque plus parce qu'un autre cégep prend le programme. Je comprends que c'est votre préoccupation. Cependant, il y a cette idée-là de reconnaître et valoriser les efforts qui ont
été faits par un cégep, puis de leur laisser en bénéficier, puis de développer
une couleur locale, parce que,
quand on développe un programme, aussi, c'est parce qu'on est un peu experts
dans ce domaine-là. Il y a quelque chose à reconnaître là.
Cependant,
les diplômes d'études collégiaux, le réseau universitaire et collégial sont
bien différents. C'est l'enseignement
supérieur, mais c'est quand même très différent. Les D.E.C. sont nationaux, et
l'idée de partager des programmes,
bien, c'est une des belles richesses de nos collèges aussi. Hein, parfois, on
dénonce le clientélisme des universités puis les compétitions entre les universités. À certains égards, la
compétition les force à s'améliorer. À d'autres égards, on dit : Coudon, on finance les deux qui se
compétitionnent avec nos fonds publics. La force de notre Fédération des
cégeps, c'est d'avoir des partages,
puis de se nourrir l'un l'autre, puis d'avoir des fois... Je sais, l'ITHQ le
fait notamment assez souvent, partager, prêter des programmes, se
déployer.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci. Merci, M. le ministre.
M. Roberge :
Donc, je veux... Ma réponse est nuancée. C'est parce que c'est quelque chose
qui est complexe.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Bonaventure. M. le député de Bonaventure.
M. Roy :
Non, mais je comprends très bien que, bon, ce sont des diplômes qui peuvent
être offerts par l'ensemble des
cégeps. Par contre, de là à permettre l'exclusivité pour l'éternité et de
permettre une exclusivité dans un cadre précis, pour donner le goût à
des cégeps de développer et d'innover... La construction de nouveaux programmes
est associée à la transformation de la
société, et, si on veut innover en éducation, il faut donner une chance à ceux
qui innovent de tirer un petit bénéfice de l'innovation, qui est une
sécurité de l'offre du programme qui pourrait être sur quatre, cinq ans. On ne
dit pas pour l'éternité. Je vous demande de réfléchir à ça pour... Puis tout le
monde serait gagnant parce que ça générerait...
bon, ça permettrait de créer de nouveaux programmes, et comme je viens de le
dire, qui vont nous permettre de nous adapter collectivement aux grandes
transformations que l'on vit.
Il y a des
gens extrêmement intelligents, dans les cégeps, qui ont le goût de faire
avancer, je dirais, la pédagogie et de créer des choses. Écoutez, à l'époque,
on avait créé un des premiers D.E.C. en intervention en milieu carcéral. Ça
n'existait pas. Donc, on a répondu à un besoin.
Donc, c'est
juste de donner une petite sécurité aux cégeps qui ont l'audace et qui ont une
vision entrepreneuriale.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : M. le Président, c'est une des raisons pour lesquelles
j'aime l'étude des crédits, parce qu'au-delà de poser des questions, comprendre le budget ou, des fois, simplement,
ah, je vais tendre un piège au ministre, je vais le prendre en défaut,
là, il y a des échanges réels, du monde de bonne volonté qui vient nous
suggérer des bonnes idées. Savez-vous quoi? Votre question, c'est :
Allez-vous y réfléchir? Certainement. Je trouve que c'est une... Vous soulevez quelque chose. On y avait déjà pensé, mais
sincèrement ce n'était pas abouti. Puis je n'ai pas donné de nouvelles
directives, depuis que je suis en
place, à ce sujet-là. Puis le fait que vous le rameniez puis vous disiez :
Attention, puis peut-être est-ce que,
pendant un an, deux ans, trois ans, il ne faudrait pas donner... Un peu comme
on le fait avec les médicaments, hein, quand
on a un nouveau médicament. Non, mais, quand même, c'est une façon de reconnaître
la recherche. Quand tu déposes un
nouveau médicament, pendant un certain temps, avant d'avoir le générique, tu as
l'exclusivité. Bon, toute comparaison est boiteuse, mais ça illustre
quand même le propos.
Ce que vous
dites, c'est : Peut-être qu'il faudrait laisser un petit peu le temps aux
cégeps de rayonner, de le déployer avant
de le partager. Je n'arrive pas avec la réponse tout de suite, mais sincèrement
je vous promets qu'on va creuser la question, puis on va voir comment on
aboutira là-dessus. Puis je vous remercie de nous avoir amenés là où je ne vous
attendais pas. C'est intéressant.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Bonaventure, pour 4 min 22 s.
M. Roy :
4 min 22 s?
Le Président (M. Laframboise) : 22 secondes,
oui.
• (16 h 40) •
M. Roy :
O.K. Donc, bon, encore... Bien, écoutez, si vous avez besoin d'aide de
réfléchir à ça, moi, je suis disponible, O.K.? J'ai quand même enseigné au cégep puis... Mais, je pense, vous
avez très bien saisi le gain que tout le réseau collégial peut prendre
en matière d'innovation pédagogique.
Un petit
problème qu'on a dans les régions du Québec, et là je sens que... bon, en tout
cas, c'est un problème, puis il va
falloir y réfléchir, c'est... Je vous donne un exemple concret, là. Le cégep de
Carleton ouvre, bon, commence les cours vers le 15, 16, 17 août. On est en pleine canicule. L'industrie
touristique est à son meilleur. Le cégep ouvre, et l'industrie perd de la main-d'oeuvre, des jeunes qui
travaillaient. Puis ce n'est pas viable, ce n'est pas climatisé. Donc, les horaires de session ne semblent...
En tout cas, il faudrait réfléchir à une adaptation des horaires en fonction de
l'environnement socio-économico-culturel
d'une région. Et peut-être... je ne sais pas comment l'organiser, mais j'amène
ça à votre attention.
Chez nous,
bon, tu sais, dans le temps des fêtes, il y a, quoi, quatre, cinq semaines d'arrêt au cégep. Même les étudiants trouvent ça long, ils décrochent. Le décrochage,
là... Je veux dire, cinq semaines arrêtés, c'est trop long. Et là je sais que...
j'entends du monde qui vont dire qu'ils ne
sont pas d'accord, mais peu importe, c'est un enjeu réel. Les jeunes aimeraient
qu'il y ait une modification de l'horaire. Écoutez, l'environnement économique, les employeurs aimeraient aussi qu'il y ait une
modification des horaires. Certains profs, écoute,
ils suffoquent, là, avec les jeunes dans les classes, parce qu'il y a des changements climatiques
aussi qui sont associés à ça, là.
Ça fait que
comment on ferait pour proposer une modification de calendrier pour qu'à Noël
on ait deux semaines mais que, bon,
les classes commencent après la fête du Travail, pour avoir un calendrier qui
est adapté aux transformations climatiques
et aux besoins de main-d'oeuvre? Et, écoutez, avoir quelque chose qui est plus
cohérent, selon moi, ça ne fera pas de tort.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Une autre idée
très intéressante. Vous pensez à l'extérieur de la boîte. Cependant,
je vous dis que cette latitude
existe. Ce n'est pas le ministère qui impose aux différents cégeps leur calendrier.
Ce que ça dit, c'est qu'en vertu — c'est un paragraphe, vous permettez? — du Règlement sur le régime des études
collégiales, article 18, les
collèges ont la responsabilité d'organiser un calendrier scolaire d'au moins deux sessions,
comportant chacune un minimum de 82 jours, et ce, durant la période
débutant le 1er juillet d'une année et se terminant le 30 juin.
Donc,
en réalité, d'une manière régionale, on pourrait bien dire que, dans un cégep
où, vraiment, la saison touristique, c'est une saison qu'on appelle la
saison chaude puis c'est l'été, peut-être que,
considérant que beaucoup d'étudiants de cégep
travaillent dans l'industrie touristique, ça serait une bonne idée de décaler
un peu puis, précisément votre idée, de
dire : Bien, écoutez, nous, là, la période de Noël, là... De toute façon, les étudiants, s'ils veulent avoir un emploi,
là, ça va être difficile.
Donc,
les emplois, c'est l'été. Bien, ça, c'est quelque chose qu'il faudrait amener région par région. Puis il
ne faudrait pas faire
du mur-à-mur en disant : Bien, l'horaire du cégep au Québec, c'est ça. Puis supposons qu'à Montréal peut-être que c'est aussi facile de se
trouver un emploi l'été que dans le temps de Noël, parce qu'il y a tellement de commerces qui ouvrent et puis ce n'est pas un problème, versus à Carleton, ou à
Charlevoix, ou... je ne veux pas m'avancer dans la réalité socioéconomique des régions que je ne connais pas, mais c'est
possible. Puis, région par région, bien, il faut peut-être s'approprier
cet espace de liberté pour tenir compte des réalités régionales.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci. La parole est au gouvernement pour
les 17 prochaines minutes. Merci.
M. Skeete : Merci, M.
le Président
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Sainte-Rose, vous aviez une question,
vous là. Peut-être...
M. Skeete : Elle était
bonne, en plus, oui.
Le
Président (M. Laframboise) : ...oui, oui, la relancer au ministre pour
qu'il puisse répondre. Puis après ça...
M. Skeete : Écoutez,
M. le ministre, j'attends toujours ma réponse, moi, là.
Des voix : ...
M.
Skeete : On parlait
des pensions alimentaires. J'avais fait le point pour dire que je
trouve ça un peu, bien, on va se le dire, discriminatoire de calculer la pension alimentaire dans les frais de
scolarité, surtout en termes de prêts et bourses. Alors,
je vous écoute.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Effectivement, j'avoue que
j'avais perdu le fil. Je suis bien content que vous nous ayez résumé le sujet et la question. Puis c'est quelque
chose qu'on a travaillé
ensemble, encore une fois, le ministre Travail, Emploi et Solidarité et moi-même, parce que les personnes qui ont une aide alimentaire, une pension alimentaire, peuvent être parfois des
étudiants, des étudiantes, mais aussi ne sont pas des étudiants, des
étudiantes, et ils étaient pénalisés soit d'un côté soit de l'autre, et puis il y avait quelque chose qui était même, je vous dirais, peut-être même une atteinte à la dignité. Donc, notre système d'aide
financière aux études est bien généreux, mais il y avait cette faille.
Le Programme de prêts et bourses,
la manière qu'il est conçu en ce moment, il est contributif et supplétif, ce qui signifie que l'aide est calculée en prenant
compte les besoins financiers de l'étudiant, mais aussi ses ressources
financières. Ça, c'est la
contribution des étudiants à ses études. Puis le calcul de la contribution d'un
étudiant se fait en prenant compte de ses revenus d'emploi, ses autres
revenus et ses revenus de bourse. Il était là, le problème, précisément.
Les sommes reçues à titre de pension
alimentaire font partie des autres revenus, et là, donc, les personnes, surtout
des jeunes femmes, mais pas seulement des jeunes femmes, pouvaient voir
leur aide financière diminuer à cause de ça.
Donc, maintenant,
on tient compte de ça. Il y a des exemptions, dans le calcul, pour éviter de
pénaliser l'étudiant ou l'étudiante en fonction de son revenu de pension
alimentaire, sachant que ce n'est pas un revenu qu'on peut utiliser, mais c'est de l'argent qui est dédié. Donc, je
pense qu'en équipe, le ministre de l'Emploi et moi-même, on a pu apporter un
peu plus d'équité dans le régime de prêts et
bourses à ce sujet. Ça va s'appliquer dès septembre 2019. Donc, encore une
fois, c'est quelque chose qu'on a réglé rapidement. On ne peut pas faire ça
avec tous les dossiers, mais quand
même ça fait un petit velours quand on dit que,
rapidement, en six mois et dès septembre, pour la prochaine rentrée, ça va
s'appliquer.
Le
Président (M. Laframboise) :
Donc, les pensions alimentaires ne seront plus calculées comme étant du revenu
pour les prêts et bourses.
M. Roberge : Précisément.
Le Président (M. Laframboise) :
Parfait. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Chassin : Merci, M. le Président. Bien, oui, je trouvais important, en fait, qu'on ait la réponse sur cette question-là parce que je trouve, effectivement, qu'on prend en compte beaucoup mieux la réalité des parents étudiants avec cette modification-là.
Ceci
étant dit, je me suis fait un peu voler mon scoop par le député de Bonaventure. Je voulais aussi parler de formule de financement et puis...
Mais donc j'irai dans la même ligne parce que...
C'est un
plaisir, M. le ministre, de vous avoir avec nous en étude des crédits sur le
volet Enseignement supérieur. J'ai le plaisir de vous donner un coup de main à
l'occasion, à titre d'adjoint à l'Enseignement supérieur, notamment sur le financement des cégeps, où on a hérité, en
fait, d'un processus qui était déjà en cours et un processus qu'on ne voulait
pas recommencer à zéro. On ne souhaitait pas
réinventer la roue. En même temps, on souhaitait avoir aussi, de nos propres
yeux un peu neufs par rapport à l'ancien gouvernement, une vision de la réalité
terrain, ce qui m'a permis, à mon grand plaisir — le député de Richelieu dirait «avec un
plaisir non discipliné» — d'aller visiter certaines institutions collégiales un peu
partout au Québec, et ce fut un plaisir de rencontrer les directions, mais
aussi les syndicats et les associations étudiantes
dans plusieurs institutions, dont Saint-Félicien, dont Matane, dont,
évidemment, Saint-Jérôme, on ne s'en cachera pas, Sherbrooke, Granby, Saint-Laurent, j'en passe, et donc, à chaque
fois, d'avoir un peu cet écho de la réalité terrain, des défis qui sont nombreux, certains cégeps ayant
justement des petites cohortes. Donc, la S026 sur les petites cohortes est
effectivement revenue à quelques reprises.
On me racontait, par exemple, à Saint-Félicien,
qu'on avait fait des efforts pour aller recruter des étudiants internationaux
pour démarrer une cohorte. Donc, évidemment, ce n'est pas que c'est interdit,
hein, de démarrer une cohorte, mais c'est
que ce n'est pas spécifiquement financé. Donc, il y a des cégeps qui ont pris
des risques, qui ont démarré, effectivement, des programmes à même leurs
budgets généraux, parfois pour atteindre, finalement, le nombre magique qui leur permettait d'avoir un financement. Le
cégep de Matane, c'est intéressant de le souligner, qui attire... en fait,
42 % de sa clientèle étudiante,
ce sont des étudiants étrangers, donc hors du Canada, beaucoup de Français,
beaucoup de Réunionnais. C'est très beau à voir comme type d'initiative.
• (16 h 50) •
Évidemment,
dans cette tournée-là, il a été question un peu du sujet de l'heure pour les
cégeps, qui était la révision du
FABES, pas tant dans sa révision complète, là, ça demeure en continuité avec ce
qui a été fait précédemment, mais quand même repenser ce modèle qui date de
1992. Alors, si je ne m'abuse, vous et moi, M. le ministre, on a été au cégep
après 1992, il y en a d'autres, collègues,
j'imagine, qui étaient au cégep aussi après cette année-là. Donc, le modèle
actuel, c'est le modèle dans lequel on a étudié, en termes de
financement. Il était temps de le revoir.
Et puis, pour
faire un petit historique, c'est en
avril 2016 que c'est... en fait, la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay, a fait une demande
officielle au ministère de l'Enseignement supérieur pour revoir le modèle. Ça a
pris un certain temps avant qu'on
mette sur pied un comité d'experts qui mènerait, donc, une consultation, Mme
Tremblay en étant la présidente, et le rapport final a été déposé en
janvier dernier.
Pour prendre
en compte l'ensemble des réalités des cégeps, il faut comprendre,
effectivement, puis on en a déjà parlé, mais leur vie régionale. Vous
mentionniez... Et je pense, de façon fort pertinente, qu'on ne sort pas la
région du cégep et on ne sort pas le cégep
de sa région, c'est effectivement très imbriqué. Cette réalité-là, elle est
manifeste, on la sent, et elle doit
être reflétée aussi dans la formule de financement, une formule de financement
qui portait beaucoup... en fait, qui
faisait porter beaucoup d'importance sur le financement, permettez-moi
l'expression, M. le ministre, par tête de pipe. Donc, on finançait des cohortes étudiantes par
effectif, alors qu'il y a un certain nombre de frais fixes, peu importe la
taille du cégep.
Le rapport de
Mme Tremblay montre qu'il y a peut-être de l'amélioration en réduisant les
enveloppes spécifiques, le «S» de
FABES — parce
que c'est un acronyme, hein? Donc, les allocations fixes pour le F, les
activités pédagogiques, les
bâtiments, les enseignants et des allocations spécifiques — donc en réduisant peut-être les allocations
spécifiques, qui sont, chaque fois, complexes, qui suscitent aussi une
reddition de comptes parfois un peu casse-tête pour des équipes de direction qui sont, somme toute, petites, et, en
contrepartie, augmenter la partie des allocations fixes. C'était une piste de
réflexion intéressante, particulièrement
pour des institutions plus petites, dont plusieurs institutions en région, pas
toutes, le cégep de Saint-Jérôme,
n'étant pas le plus petit cégep... En fait, la directrice générale du cégep de
Saint-Jérôme qualifie son propre cégep de «p'tit gros», dans le sens où c'est
le petit des gros cégeps ou le gros des petits cégeps. Mais ça montre, en quelque sorte, qu'il y a différents défis dans
les régions, il y a des cégeps d'importance dans les régions, surtout dans les
cégeps comme, par exemple, à Saint-Jérôme, qui fait face à une croissance, dans
le fond, du volume des étudiants. Il y
a une demande accrue, alors que, dans d'autres régions, c'est l'inverse, on
gère une décroissance. Chaque fois, c'est un peu un casse-tête.
Donc, le
rapport du comité d'experts qui a été déposé fait des recommandations. Votre
ministère, M. le ministre, a pu s'en saisir. On a vu aussi dans le
budget qu'il y a des sommes prévues pour les cégeps, alors on peut s'en
réjouir, puisqu'on est dans l'étude des
crédits, puisque le rapport du comité d'experts recommandait spécifiquement
d'augmenter le financement des cégeps
de 68 millions afin que la transformation du modèle de financement ne crée
pas de perdants et qu'on puisse soutenir convenablement la mission de
tous les cégeps.
Et, dans ce cadre-là, M. le ministre, ma
question est un peu générale, mais, en même temps, vous donnant la perspective ou la possibilité de donner, de
présenter un peu ce qui s'en vient : Comment se passe l'avancement des
travaux et quelles suites pensez-vous donner au rapport du comité
d'experts pour améliorer la façon de financer nos institutions d'enseignement
collégial?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : Pour une durée de?
Le Président (M. Laframboise) :
6 min 20 s.
M. Chassin : J'aurai une autre
question...
M.
Roberge : Merci bien. O.K. Bien, d'abord, je veux remercier mon
collègue, qui, comme adjoint parlementaire en Enseignement supérieur,
fait un excellent travail, très présent sur le terrain. Sa tournée des cégeps a
été très bien accueillie. J'ai eu des échos,
hein? Vous savez, quand les députés se promènent au nom du ministre, au nom du
gouvernement, va chercher les
informations, va prendre le pouls... donc, directement, le député, souvent,
nous ramenait des échos. Mais, même
quand ce n'était pas de vous, cher collègue, je recevais des nouvelles de votre
passage. C'est très apprécié. Les gens ont
apprécié cette idée d'avoir un député ou un adjoint parlementaire directement
sur le terrain, qui non seulement appelle les syndicats, les
enseignants, les équipes, les directions, mais va les rencontrer directement,
va voir sur le terrain ce qui se passe cégep
par cégep. Puis je pense qu'en en visitant plusieurs, surtout en région,
mais un peu partout, ça donne une excellente
compréhension. Puis après, quand on regarde, après ça, les chiffres dans une
grande perspective, on comprend mieux.
Puis vraiment les personnes sur le terrain ont apprécié votre
présence, puis moi aussi. C'est rassurant parce que, quand, après, moi,
je parle à la Fédération des cégeps ou individuellement à chaque cégep, je sais
bien que vous y êtes allé puis je suis capable de valider et de
contre-valider.
Je
veux juste saluer le travail des gens sur le comité d'experts. Vous avez
mentionné Mme Tremblay, qui était la présidente,
mais je veux saluer la contribution de M. Louis Lefebvre puis M. Alain
Brochier, qui ont travaillé puis qu'eux aussi ont fait une tournée puis
ont investi beaucoup, beaucoup d'heures. Je les ai rencontrés personnellement.
Ils nous ont fait la présentation de leur
rapport, mais à mon directeur adjoint de cabinet, à moi-même aussi. Je trouvais
important de les écouter. Parce qu'on a réellement tenu
compte du rapport. On n'a pas appliqué directement, copier-coller, mais je pense que c'est
très normal. Mais définitivement que Mme Tremblay, MM. Lefebre puis M.
Brochier, quand ils prendront connaissance du nouveau FABES, là, «fixe», «allocations»,
«bâtiments», «enseignants» et «spécifiques», F-A-B-E-S, reconnaîtront beaucoup
le fruit de leur travail. Et je pense que ça va être gratifiant pour eux.
Ce
n'était pas un rapport destiné à être tabletté. En fait, je n'ai l'intention de
ne tabletter aucun rapport dans le mandat. Ce n'est pas la façon de faire. Je sais que ça a arrivé souvent, ce que
je disais : typiquement, dans les années précédentes, pas toujours, bien
sûr, mais trop souvent on confiait à
la fois à un comité d'experts la mission de faire un rapport, mais on
embauchait tout de suite un ébéniste parce qu'après un an ça prenait une
tablette pour le rapport. Ça créait de l'emploi, ébénisterie, experts, mais, à
la fin, les rapports étaient dûment tablettés. Ce n'était pas notre intention
ici et c'est pour ça que non seulement on va
mieux financer nos cégeps en augmentant le montant, mais on va aussi le faire
en revoyant puis en augmentant la
notion de coût fixe, puis peut-être en diminuant un peu le financement par
étudiant, mais en faisant aussi bien d'autres modifications. Voilà.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Saint-Jérôme, trois minutes.
M. Chassin : Parfait. Alors, c'est une petite complémentaire, M. le ministre, qui
est peut-être moins une question qu'une suggestion parce que je vous
l'ai déjà signifiée un peu, mais il y a plusieurs directions qui m'ont soulevé
le fait qu'il y a une reddition de comptes
parfois lourde. Et là j'imagine qu'à l'intérieur du ministère aussi il y a un
effort de fait pour absorber toute
cette reddition de comptes. Ça fait qu'on crée, finalement, beaucoup de
travail, une pression aux directions puis à l'intérieur du ministère
pour absorber tout ça.
Le
cégep de Saint-Jérôme m'a montré, dans le fond... En fait, ils m'ont monté
spécifiquement une liste de la trentaine de documents par année qu'ils doivent
produire pour une équipe de direction qui... il y a à peu près quatre personnes
qui sont impliquées là-dedans, mais ça demande pas mal de travail. Puis là il y
a d'autres institutions, par exemple, si je
pense aux universités, spécifiquement, là, qui ont aussi des besoins de
reddition de comptes. Dans le livre Gouvernance et financement
de l'université, on parle de 69 indicateurs qui demandent chacun un
rapport annuel.
Donc,
évidemment, le rapport de Mme Tremblay et de son comité d'experts mentionnait,
à la page 125, un certain nombre,
disons, de mesures de reddition de comptes qui étaient peut-être à réviser ou à
abolir. Et puis il y a peut-être là une façon de simplifier la vie de nos
institutions sans nécessairement avoir à ajouter de l'argent, mais en libérant
du temps précieux des directions. Alors, est-ce que c'est quelque chose
qu'on peut penser regarder?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre, pour 1 min 9 s.
M.
Roberge : Oui. La réponse est définitivement que oui. On ne fait pas
juste y penser, là, ça s'en vient. Ça ne s'en vient pas dans deux ans,
dans trois ans, ça s'en vient cette année. On va plus loin, même, que le
rapport dans la simplification. C'était une des choses qu'on avait derrière la
tête : mieux financer, plus financer puis simplifier. Donc, il y avait des recommandations de simplification
du rapport, puis on a continué de réfléchir ensuite en dialoguant avec les
cégeps et leurs représentants vraiment dans une perspective de simplifier.
C'est
important, la reddition de comptes. On parle d'argent public, puis tous les
Québécois, on paie pas mal de taxes et d'impôts, on en veut pour notre argent.
Mais je peux vous dire que la reddition de comptes va rester
pour s'assurer que c'est de l'argent qui est bien utilisé, mais il y
aura une simplification pour que l'argent n'aille pas en bureaucratie pour
justifier qu'on a de l'argent, mais bien qu'elle se rende en services aux
étudiants. Voilà.
• (17 heures) •
Le
Président (M. Laframboise) : Merci, M. le ministre. Maintenant,
la parole est à l'opposition officielle pour 18 minutes. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Tantôt, j'ai dit qu'on allait revenir sur le tableau de la FIDEP.
Je le laisse pour l'instant de côté, on y reviendra. Mais je reste aussi sur le
sujet des prêts et bourses.
Vous
avez une enveloppe de 21 millions de dollars qui n'a pas été utilisée et
qui est retournée au Conseil du trésor. Ce
n'est pas perdu. Je comprends que vous dites que, si jamais il y a des
demandes, vous allez pouvoir aider davantage d'étudiants. J'aimerais vous parler d'un cas réel qui m'interpelle
personnellement. C'est une jeune fille qui est mère monoparentale de deux enfants. Elle m'a écrit,
elle m'a interpelée sur Facebook en fin de semaine, parce qu'elle a écrit
d'abord à son député de Rosemont, qui ne
pouvait pas l'aider, elle a aussi écrit auprès du ministère de l'Éducation.
Elle a fait une demande... En fait, je vais vous raconter son histoire,
ça va être beaucoup plus simple.
Elle
a eu deux enfants. Elle a commencé ses études tardivement. Elle a persévéré.
Elle a commencé ses études, elle travaillait.
Donc, elle a commencé à UQAM. Puis, par la suite, elle s'est rendu compte que
ce n'est pas ça qu'elle aimait, donc
elle a décidé d'aller le tout pour le tout puis d'aller en droit. C'est une
passionnée, puis je lui ai parlé samedi, je vous le dis, là, elle plaide
bien sa cause et elle a un avenir, c'est clair.
Toutefois,
étant donné qu'elle est mère monoparentale et qu'elle a été acceptée à
l'Université de Sherbrooke, elle habite
à Montréal, à Rosemont, elle a placé ses enfants avec ses grands-parents, elle
a pris un appartement à Sherbrooke. Elle
doit faire beaucoup d'allers-retours le jeudi, le vendredi. Des fois, elle doit
quitter plus tôt, donc elle a fait un horaire qui lui permet de revenir
un peu plus rapidement à Montréal pour être auprès de ses enfants. Avec deux
enfants, vous comprendrez qu'elle a dû
prendre un peu plus de temps pour ses études. Et malheureusement elle a aussi
fait un burn-out. Elle a eu ses
billets médicaux qui expliquent qu'elle pouvait reporter, évidemment, d'une
session. Puis moi-même, je suis professeur à l'Université de Sherbrooke
et j'ai enseigné à la Faculté de droit. Ce sont des études qui sont exigeantes.
Donc,
suite à son burn-out, elle a aussi rencontré d'autres médecins, et ils ont
diagnostiqué TDA, dyslexie,
dysorthographie. Suite à son diagnostic, évidemment... et l'université a
réduit sa charge. Mais, quand on a ce type de diagnostic,
on tombe à temps partiel, mais on est quand
même considéré du temps plein. Étant donné qu'elle avait accumulé trop d'heures universitaires, elle a fait
une demande de dérogation auprès de l'Aide financière aux études au mois d'août 2018 — au mois d'août 2018. On est rendu en avril, et
là, maintenant, elle apprend que sa demande de dérogation,
basée sur des motifs vraiment importants, lui a été refusée.
Puis
sincèrement, là, elle, elle a écrit des lettres et des
lettres, puis ce qui me touche le plus, c'est la réponse de l'Aide financière aux études, qui est très
laconique : «Madame, vous avez présenté une requête qui porte sur votre
admissibilité au Programme de prêts et bourses en vertu de la Loi sur l'aide financière aux études. Le ministère
vous informe qu'après analyse de votre dossier et consultation du Comité
d'examen des demandes dérogatoires, votre demande n'a pu faire l'objet d'une décision favorable en vertu de l'article 44 de la loi sur les aides financières aux
études. En effet, le niveau actuel de votre endettement est déjà
très élevé. De plus, l'octroi d'une aide financière additionnelle porterait
votre endettement total à un montant
trop élevé. Par conséquent, aucune aide financière ne peut vous être accordée relativement à l'année d'attribution 2018-2019.»
Si l'Aide financière ne peut pas l'aider, elle va quand même
devoir trouver une solution. Est-ce
qu'on l'envoie vers le privé? Il me semble que, quand on a deux enfants, on est mère monoparentale, qu'on est
hospitalisée, qu'on a fait un burn-out puis que, malgré tout ça, on continue à
persévérer... Est-ce que l'Aide financière aux études ont d'autres
critères? Est-ce qu'on peut avoir plus d'humanité? Et sur quelle base,
là, qu'on accorde... En vertu de l'article 44, là, qu'est-ce qui ne fonctionne pas pour aider cette jeune fille?
Puis là je m'adresse vraiment, là, au niveau du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
M. le Président, chère collègue, c'est un cas très humain. On appelle ça... des
fois, c'est des motifs humanitaires.
C'est déplorable, c'est... Là, je l'apprends de votre bouche, il faudrait que
je regarde ce cas-là de façon plus claire.
Donc, vous nous parlez de quelqu'un qui a eu un épuisement professionnel, qui a eu des enfants et qui a une grande
résilience, qui montre sa persévérance
malgré tout. Ça aurait été très facile de dire : Tant pis, hein? Il y a
des gens qui ne subissent aucune de
ces épreuves, aucune, aucune, qui ne sont victimes de rien et qui décrochent.
Elle semble s'accrocher, donc c'est quelque chose sur lequel on pourra
se pencher.
Je
ne peux pas vous dire qu'on va revirer la décision de bord parce qu'il faut quand même
regarder. Je ne peux pas, sur la base
de ce que vous me dites, prendre une décision, vous comprendrez. Cependant,
il y a des motifs humanitaires qui des fois nous permettent de déroger
à certains égards.
J'ai un petit élément
qu'on vient de me dire ici, qui nous dit... qui sort un peu du cas précis mais
qui s'applique à ce cas-là comme à d'autres,
ça dit, ici : «Les dernières modifications par
rapport aux bonifications du programme ont eu
lieu à l'automne 2017, qui permettaient d'offrir à
146 000 bénéficiaires une hausse des frais de subsistance se
traduisant en moyenne par 462 $ de plus en bourse par année
d'attribution ainsi qu'une aide de 994 $ de plus en bourse pour les chefs de famille monoparentale.» Manifestement,
pour cette personne-là, soit ce n'était pas suffisant ou soit ce
n'était pas suffisant dans le temps. Parce que je comprends que sa
période d'études s'est étirée au-delà du seuil normal.
Alors,
tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on essaie de comprendre, en ce moment, on regarde, là, pour voir... On va regarder si on peut réviser.
Je ne peux pas vous promettre que ça va être de manière positive, là, il faut
le regarder selon des critères, quand même,
mais c'est certainement quelque
chose qui pourrait se qualifier comme
quelque chose qui est motif humanitaire. Peut-être que,
hors micro tout à l'heure, on pourrait avoir le nom de la personne, on ne va
pas faire ça sur la place publique, puis on pourra faire la vérification.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Bien évidemment,
je ne dévoilerai pas... J'ai l'autorisation de la jeune fille de vous remettre copie des correspondances. Elle les a aussi envoyées au ministère
à l'Éducation, elle l'a envoyée aussi à quelques
députés. Mais évidemment je ne donnerai pas son nom aujourd'hui sur la
place publique.
Mais
j'aimerais vraiment comprendre les critères de l'article 44 de
la Loi sur l'aide financière aux études, parce que personnellement, là,
je demeure assez convaincue qu'ici il s'agit de motifs de dérogation qui
peuvent être accordés. Elle a fait deux
demandes de révision. La première fois, ils lui ont dit : Ah! c'est que
vous n'étiez pas à temps plein, c'est pour
ça qu'on ne peut pas vous l'accorder. Elle leur a dit : Bien non, vous
vous êtes trompés, je suis à temps plein. Et là, après ça, ils ont rechangé, ils disaient : Ah! bien, finalement, ce
n'est pas parce que vous n'êtes pas à temps plein, c'est parce que votre
niveau d'endettement est trop élevé.
Mais, pour avoir été moi-même étudiante en
droit, moi-même une fille de l'Est, bien, oui, je me suis endettée. Puis je peux vous le dire, là ça n'a jamais
été pour moi un problème, de m'endetter, parce que je savais qu'après, quand j'allais
terminer mes études en droit, j'allais
trouver un emploi pour être en mesure de repayer mes dettes étudiantes. Mais ce
qui n'était pas pour moi possible,
c'était de ne pas aller à l'école. Parce qu'on ne peut pas briser le cercle de
la pauvreté sans éducation.
C'est pour ça
que je veux vraiment... Puis j'insiste. C'est quoi, ces motifs? Puis,
si ces motifs-là, on les entend, parfait. Puis, s'ils ne sont pas assez bons, à
la lumière des faits qu'on... Parce qu'en
ce moment, là, c'est pour ces gens-là
qu'on se bat, c'est pour ces gens-là qu'on est tous ici, là. Est-ce qu'il y a quelqu'un,
en arrière... Il y a une grande équipe, là, puis je vous regarde tous, en arrière, en ce moment, là, je suis convaincue qu'il
y a quelqu'un qui a une réponse avec des motifs humanitaires, qui
peut dire c'est comment qu'on peut déroger, là.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Bien, écoutez, je suis bien d'accord avec vous que, pour que
le diplôme devienne payant, il faut le décrocher
au bout du compte, hein, c'est sûr. Puis vous avez un ardent défenseur de
l'accessibilité. Puis ça ne rime pas toujours avec gratuité, je suis content de vous l'entendre dire, hein? On
souhaite toujours se rapprocher. L'aide financière est là pour aider ceux qui en ont besoin, puis nous,
comme parlementaires puis comme représentants, on a la responsabilité de
prendre soin de ceux qui sont plus vulnérables.
Là, je ne
pense pas qu'il faut interpeler les gens derrière qui n'auraient peut-être pas
pris la décision dans le sens qu'on
souhaite à ce moment-ci. Je veux juste vous dire que je comprends que vous avez
l'autorisation de dire son nom, ça vous
appartient, je préférerais qu'on le fasse à micro fermé. Je vous garantis qu'on
va faire une révision et qu'on regardera ça assez promptement. Je ne peux pas vous dire que ce sera positif ou
négatif, il faut être quand même... travailler sérieusement, mais
certainement qu'on va repasser sur le dossier assez rapidement.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
• (17 h 10) •
Mme Rizqy : J'aimerais ça au moins
qu'il y ait un engagement pour trouver les critères, pour savoir c'est quoi exactement, les critères, c'est quoi, les... pour
déroger. Parce qu'il faut savoir que, si elle ne peut pas se qualifier, je me
demande qui peut se qualifier.
Et, tant qu'à
parler des prêts et bourses, est-ce que ça serait peut-être le temps de
vérifier : Est-ce qu'ils ont toutes les ressources nécessaires pour répondre aux gens? Parce que,
clairement, quand on appelle, on est chanceux de parler avec quelqu'un
si la ligne... ils peuvent recevoir notre appel. Parce que j'ai fait l'exercice
puis je peux vous dire que, quand moi-même,
j'étais étudiante, des fois, c'était long, mais au moins il y avait quelqu'un
qui répondait. Maintenant, étant donné que,
justement, on veut donner encore plus de services aux élèves... vous avez les
moyens de le faire, vous avez la capacité, toutes les marges de manoeuvre possibles, comment ça se fait qu'encore
aujourd'hui il y ait des jeunes qui appellent qui ne sont même pas
capables d'avoir quelqu'un qui répond?
Puis il faut
le faire, hein? Moi, je suis fiscaliste, j'appelle à l'ARC, une fois sur trois
ça fonctionne. C'est rendu que c'est plus facile de rejoindre quelqu'un à l'ARC
que rejoindre aux Prêts et bourses. Je peux vous dire que ce n'est pas
vraiment une bonne note de passage.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Juste quelques données macros sur cette problématique qui
touche la dame dont vous parlez, mais il y a peut-être d'autres
personnes qui se reconnaissent, là, dans cette histoire-là.
Il y a eu, en 2018-2019, 703 demandes de
dérogation, c'est-à-dire au-delà des normes, là, qui font pour 99 % des gens, il y a toujours des gens qui ont des cas
particuliers, hein, puis c'est là qu'il faut faire preuve d'humanité, il y a eu
703 demandes. Plus de la moitié, 416, ont été approuvées. Donc, les
demandes de dérogation, 416 ont été approuvées. Il y en a quand même à peu près 300 qui n'ont pas été approuvées. Et
l'approbation de ces demandes-là a demandé des déboursés de 2,5 millions pour cette année, donc au-delà des normes
normales. Quand on tombe un peu dans la marge, qu'on fait une demande, bien,
c'est... Ce que je comprends, vous dites : Ça a été un non, cette fois-ci.
On verra si ça demeure un non, mais il y a quand même eu
416 demandes de révision qui ont été acceptées pour 2,5 millions.
On me dit
qu'en ce moment il y a un plan en cours, d'ailleurs, pour améliorer le service.
Je comprends que vous dénonciez ce service en ce moment, mais, bon, le
gouvernement est toujours en train de s'améliorer, c'est ce qu'on souhaite, comme citoyens. Et il y a un site
mobile, aussi, qui s'en vient, donc, pour plus d'accessibilité financière aux
études, mais plus d'accessibilité
technologique. C'est souvent la façon la plus simple de poser des questions et
d'obtenir des réponses.
Il y a plus
de 12 000... c'est quand même quelque chose, hein, il y a eu plus de
12 000 appels qui ont été placés...
Une voix : ...
M.
Roberge : Non? Pardon, 12 000 appels de plus ont été
répondus. Eh là là! O.K., donc, il y a eu tellement d'appels qu'il y a
eu 12 000 appels de plus en 2018-2019 versus les années précédentes.
Et de demandes...
Une voix : ...
M.
Roberge : Oui, c'est ça, il y a moins de demandes qui ont été rejetées
cette année que les années précédentes. Je ne prétends pas que c'est parfait puis qu'on s'en lave les mains, je
fais juste donner une vision macro pour ceux qui nous écoutent. Mais je ne suis pas en train de dire
qu'il faut justifier l'injustifiable puis que tout est correct. On va réviser.
C'était simplement pour répondre d'une manière plus globale.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent, 5 min 20 s.
Mme
Rizqy : Parfait. Puis, si vous êtes à l'aise de déposer le document,
j'en prendrai bien connaissance. Parce que vous comprendrez que, moi, en ce moment, là, la lettre que j'ai, elle
est excessivement humaine, poignante, et on a une réponse technocrate
qui ne répond aucunement avec des motifs.
Et, pire que
cela... Vous savez, le calendrier universitaire, vous le connaissez, M. le
ministre. En février, lorsqu'elle reçoit
sa première réponse, c'est un refus. C'est à la mi-février. On lui donne deux
semaines pour répondre. Mais, quand on
est étudiante, fin février, ce sont les examens intras. Donc, pendant qu'elle
doit répondre puis qu'elle rédige toute une belle réponse, bien
documentée, billets médicaux, remplit son dossier parfaitement, elle doit aussi
se préparer pour ses examens, donc stress
supplémentaire. Après ça, fin mars, début avril, elle reçoit, une semaine avant
ses finaux, une lettre de refus.
C'est comme si ceux qui... les fonctionnaires qui travaillent ne réalisent même
pas dans quel contexte scolaire qu'ils sont. C'est comme s'ils ne
réalisent pas l'impact que ça peut avoir.
Moi, là, je
me remets, là, à titre d'étudiante, ça ne fait pas longtemps, en plus, que j'ai
gradué — là, je
trahis mon âge — si j'avais reçu une telle lettre, je peux
vous dire que j'aurais été grandement affectée pour la fin de mes examens.
Quand je lui ai parlé, moi, samedi,
elle était grandement affectée. Je pense aussi, dans la façon de faire, on ne
peut pas juste avoir un courriel qui
est un copier-coller. Puis la première fois, c'était une erreur. La deuxième
fois, je ne sais même... qui répond, technocrate :
«Article 44», mais pas de motif.
C'est drôle parce que, quand j'étais aussi
étudiante, je me rappelle que les banques venaient sur les campus universitaires. La personne en question, je lui ai
demandé maintenant... Parce qu'elle a commencé dans un autre bac, puis par la suite elle a dû compléter un bac en droit,
puis elle veut terminer son bac, elle a vraiment la fermeté de terminer son bac,
son niveau d'endettement actuel est de 37 000 $. Quand moi, j'étais
étudiante en droit, quand les banques venaient nous voir et nous solliciter des marges de crédit, vu
qu'on était des bons étudiants en droit puis qu'on allait sûrement avoir des
gros salaires, selon leur prétention à eux, ils nous offraient jusqu'à
100 000 $ de marge de crédit, avec des taux d'intérêt qu'on connaît.
C'est pour ça
que moi, je m'attends à vraiment que ça, ça ne se reproduise pas. Parce que ceux
qui n'ont pas eu de réponse favorable...
Parce que vous avez mentionné des chiffres, qu'il y a eu 700 quelques demandes,
400 qui ont été acceptées, d'autres
qui ont été refusées. Mais, si je me base sur ce que j'ai devant moi, puis je
ne vais pas extrapoler, je ne vais
pas faire une règle de trois ni quoi que ce soit, bien, je pense que ce serait important
qu'on connaisse réellement c'est quoi, les motifs, c'est quoi, les
critères d'humanisme. Et, si on doit les revisiter, faisons-le ensemble.
Parce que je
demeure convaincue qu'en ce moment il
y a des étudiants qui nous regardent
puis que ça, là, ça a été pour eux, là, vraiment un coup sur la gueule. Puis là-dessus, là, j'espère, j'espère
juste qu'avant la fin de notre séance... Parce que c'est sûr que je vais revenir, puis je m'attends à ce qu'il y
ait quelqu'un qui ait trouvé des critères quelque part. Parce que c'est sûr qu'à 100 %, pour moi,
c'est des cas que je n'aurais... je n'aimerais pas recevoir encore. Est-ce que
je pourrais avoir un engagement du
ministre de revoir, d'ici la fin de la soirée — on est ici jusqu'à 22 h 30 — quelqu'un qui va nous trouver les critères qu'on peut refuser de déroger? Parce que, justement,
on déroge parce que c'est un cas d'exception.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Nadeau-Dubois : M. le Président, juste... Il y a eu une demande de
dépôt de document. Est-ce que je peux savoir si la demande... Est-ce que le
document va être déposé? Sinon, je vais en faire une question de règlement
formelle. Mais, si c'était possible de déposer le document... Merci.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci. Il y a une demande de dépôt de
document. C'est juste que le ministre a le pouvoir de le déposer ou pas, là. La
demande, c'était pour le tableau que... Est-ce qu'il existe, le document, ou
pas, là? C'est justement... M. le ministre.
M.
Roberge : Écoutez, on va le... On me dit que c'est disponible en ligne,
tout simplement. Mais, écoutez, on peut le déposer pour que vous n'ayez
pas à faire la recherche. Mais c'est disponible en ligne, tout simplement.
Je veux juste dire, je pense que c'est assez
clair, que, bon, on a dit qu'on avait une ouverture puis que j'allais passer à travers ce dossier-là pour voir ce qu'on
peut faire puis voir si c'est le genre de dossier qui peut se qualifier pour
une reconsidération puis un avis positif. Juste faire attention parce que, les
personnes qui travaillent à l'Aide financière, autant ceux qui révisent les programmes que ceux qui révisent les
demandes, je pense qu'ils sont de bonne foi. Je ne pense pas qu'il faut attaquer ces personnes-là ou les
traiter de technocrates d'une façon ou d'une autre. Je pense que tout le monde
fait son travail au meilleur de ses
connaissances puis de la meilleure façon qui soit. Ça peut donner des fois des
décisions avec
lesquelles on n'est pas d'accord. Peut-être, cette décision-là sera-t-elle
maintenue puis... Voilà, c'est tout ce que je voulais dire là-dessus.
Le Président (M. Laframboise) :
Parfait. Madame...
Une voix : ...
Le Président (M. Laframboise) : Pour
20 secondes, oui.
Mme
Rizqy : ...M. le Président, certes, mais, si, la première fois, moi,
j'ai un fonctionnaire qui me dit que mon motif de refus, c'est parce que je ne suis pas étudiante temps plein,
puis qu'après ça je prouve que je suis étudiante à temps plein, puis qu'on me
trouve un autre motif, puis que ce motif-là tient en une ligne, alors que mon
document que j'ai déposé en pleine session d'examens est très volubile,
je m'attends à ce que la réponse soit à tout le moins soutenue.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent.
Maintenant, la parole est au gouvernement pour 17 minutes, et je
reconnais la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
• (17 h 20) •
Mme
Foster : Merci, M. le Président. J'aimerais revenir sur un sujet qui a
été discuté précédemment, c'est-à-dire l'internationalisation de
l'enseignement supérieur.
À partir de la rentrée 2019, il y aura une
déréglementation des droits de scolarité des étudiants internationaux universitaires, sauf pour les programmes maîtrise
recherche et pour les programmes de troisième cycle. Cette décision-là, on
en a discuté tantôt, ça fait suite à un projet pilote qui est en place depuis
2008-2009, là. Les droits de scolarité étaient déréglementés pour les étudiants internationaux dans certaines familles,
là, de disciplines du premier cycle universitaire.
Alors que
cette déréglementation des droits de scolarité là, de 2008, s'était accompagnée
de la coupure des subventions pour la
fonction enseignement pour les étudiants dans les disciplines, là, qui étaient
ciblées, la déréglementation de 2018 va encore plus loin. Jusqu'alors,
les universités recevaient encore les subventions pour le soutien à
l'enseignement et à la recherche et celles
pour les terrains et les bâtiments pour les étudiants des familles d'études
touchées. Mais la nouvelle politique prévoit le retrait complet de ces
subventions-là, invitant les universités, bien, à combler le manque à gagner
par une hausse des frais de scolarité
de la communauté internationale. Donc, pour des universités qui recrutent moins
d'étudiants étrangers, la nouvelle politique peut donc résulter par une
baisse de subvention.
Naturellement,
les recteurs des universités francophones ont, durant plusieurs années,
critiqué la déréglementation, disant
que cette déréglementation avantageait surtout les universités anglophones. Une
augmentation des tarifs a un impact beaucoup
plus grand dans le marché francophone parce que, par définition, le marché est
plus restreint, ne serait-ce que par la
langue d'enseignement, là. Le bassin est moins important, là, potentiel. Si
bien que, dans plusieurs universités de région, bien, les tarifs sont
restés les mêmes pour les disciplines réglementées et les disciplines
déréglementées.
Pour
contrebalancer la situation, dans la nouvelle politique de financement des
universités, du gouvernement, le ministère
va accorder aux universités francophones la subvention équivalente de
9 000 $ par étudiant international additionnel dans les disciplines déréglementées, par rapport
au niveau de l'année 2018-2019, jusqu'à concurrence de
2 500 étudiants, là, pour
l'ensemble du Québec. Et les universités vont obtenir une subvention
équivalente à un minimum, là, c'est un plancher de 50 étudiants,
soit un montant minimal de 450 000 $.
L'impact de
tout ça, bien, est encore plus grand, probablement, pour les universités en
région, et c'est vers là que je me
dirige, en particulier pour les universités francophones. Parce que Québec et
Montréal s'accaparent 87 %, environ, là, des étudiants internationaux, McGill, Concordia, Bishop cumulent
plus de 42 % des étudiants internationaux, alors que ça représente... alors que leur effectif
représente 25 % d'effectif total des étudiants universitaires au Québec.
Les institutions universitaires francophones qui sont situées dans les
grands centres attirent près de 81 % des étudiants internationaux inscrits dans des universités francophones. Donc,
ça se concentre énormément dans les grands centres. Il y a une tendance
qui se dessine.
Donc, à partir
de là, on peut se demander... on peut se dire que ça peut être très difficile
pour les universités francophones des régions de recruter plus
d'étudiants internationaux. Les universités francophones dans les grands centres peuvent profiter au maximum de la
déréglementation en encaissant non seulement les montants forfaitaires de la
communauté internationale, mais en plus
elles vont obtenir la grande part des subventions de 9 000 $ par
étudiant international supplémentaire recruté.
Et cette déréglementation-là s'engage dans un
contexte où le gouvernement n'a toujours pas de stratégie
d'internationalisation de l'enseignement supérieur, stratégie qui devait être
dévoilée il y a un an, donc, pas sous notre gouvernement, mais sous l'ancien
gouvernement.
Naturellement,
les étudiants craignent que toute cette situation-là affecte les universités en
région, qui ne pourront pas facturer des sommes aussi élevées que les
universités anglophones. Des dirigeants universitaires craignent que l'écart
se creuse, j'en ai parlé un peu tantôt,
entre leurs universités et les universités anglophones parce que ces dernières
vont avoir davantage de ressources. C'est un enjeu qui est quand même
important.
Donc, j'aimerais que le ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur puisse nous assurer, là, que la fréquentation
universitaire en langue française ne sera pas mise en péril par la
déréglementation des droits de scolarité universitaire.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le ministre. 12 min 30 s.
M. Roberge :
Bien, c'est une question très pertinente. Ma collègue se fait vraiment bien la
porte-parole de ceux et celles qui
craignent. Puis c'est intéressant d'avoir cette question-là, cet écho-là parce
que c'est beaucoup ce qu'on avait, je
vous dirais, plus au début de la réflexion que maintenant, parce qu'on a avancé
depuis. Mais, comme les conclusions puis les solutions au problème ne
sont pas encore publiques, bien, je comprends encore les gens d'être inquiets.
Puis,
encore une fois, c'est le paradoxe de l'étude des crédits. Parfois, on soulève
les problèmes, le budget est déposé, les
crédits ne sont pas votés, les règles budgétaires ne sont pas encore rendues
publiques, alors il y a certaines choses qu'on ne peut pas dire. On peut donner
les grandes orientations. Mais je comprends très, très bien ces inquiétudes-là.
Je pense que ces inquiétudes sont légitimes, puis on les a bien
entendues. C'est pour a qu'on a des réponses à ces questions-là.
Parce
qu'écoutez, comme francophone, comme nationaliste, comme amoureux des
universités, comme amoureux des
régions, la dernière chose que je voudrais, c'est de diminuer l'attractivité,
la capacité de nos universités francophones et en région de se déployer. Bon, alors ce n'est pas ça, l'intérêt.
Donc, on va soutenir spécifiquement les universités de langue française, et elles sont nombreuses, en
région, dans leurs efforts de recrutement des étudiants internationaux. Un
peu comme je le disais tout à l'heure, on va
les soutenir mais aussi les accompagner dans leurs relations internationales
pour recruter des talents. Ça se peut.
Tantôt,
il y a quelqu'un qui sortait l'exemple, c'est mon collègue adjoint
parlementaire à l'Enseignement supérieur qui disait : Au cégep de
Matane... c'est-u 42 % des étudiants qui sont des étudiants étrangers? Ça
parle : une institution d'enseignement supérieur en région, francophone.
Et ces étudiants-là, ils ne paient pas le tarif québécois parce que le tarif québécois, c'est zéro dollar. Ces
étudiants-là paient des frais de scolarité. Alors, si le cégep de Matane est capable
d'attirer des dizaines, des centaines d'étudiants internationaux, ça se
peut, aussi.
C'est
un défi. Je ne prétends pas que c'est facile. Si ça avait été facile, ça ferait
longtemps que ça se saurait, hein? Ça se saurait, si c'était facile.
Donc, c'est compliqué.
Mais,
depuis sept mois, mon équipe et moi, on travaille à mettre en place une
stratégie de recrutements internationaux en langue française. Il y a des discussions avec mon collègue de
l'Immigration, aussi, pour établir des mesures de rétention de ces étudiants-là au Québec, mais, mieux que ça,
au Québec en région. Donc, évidemment qu'on va soutenir les universités
et les cégeps.
Il
faut s'assurer aussi que les universités qui offrent leurs cours en langue
française puissent prospérer, et faire du recrutement à travers le
monde, puis enrichir la société de ces talents-là en répondant aux besoins de
main-d'oeuvre. C'est pour ça aussi que je travaille avec mon collègue de
l'Immigration, parce qu'on veut permettre à des étudiants étrangers de venir.
Mais je ne vous cache pas qu'on souhaite qu'ils restent. Les étudiants
étrangers qui viennent ici qui deviennent
des migrants, des nouveaux arrivants, des Québécois, n'ont pas ce fameux
problème de reconnaissance des acquis, de reconnaissance des diplômes,
évidemment.
Ce
qui se passe, c'est qu'on va s'assurer que les sommes investies dans le
gouvernement au sein des universités ne subventionnent pas
nécessairement les étudiants déréglementés dans le financement général. Et ça,
je vais vous dire, ça n'a pas plu à tout le
monde quand on a amené cette idée que, pour le PQI, on ne souhaitait pas
investir, en PQI, de l'argent pour les étudiants internationaux. C'est d'éviter
de gonfler toujours cette balloune-là. Parce que, précédemment, c'est ce que le précédent gouvernement faisait,
là, il disait aux universités... Puis vous... qu'en nombre absolu, en quantité,
votre collègue l'a dit tout à l'heure, il y
a plus d'étudiants qui vont dans les universités anglophones. Donc, l'effet
pervers de ça, le corollaire de ça,
là, c'est qu'on va dire... On va sortir un chiffre :
15 000 étudiants arrivent de l'étranger, viennent étudier dans
une université anglophone, enrichissent cette université. Mais, oups! on manque
de locaux. On demande à l'État québécois, dans le Plan québécois des
infrastructures, de financer : Regardez, on manque de locaux. Et là l'ensemble des Québécois, des contribuables
devraient sortir de l'argent de leurs poches pour financer l'agrandissement
de cette université, bien souvent
anglophone, pour qu'elle accueille davantage des étudiants internationaux, et
là c'est une roue qui tourne, et à un
moment donné on manque d'argent dans notre PQI pour entretenir et rénover nos
universités francophones. On était sur
cette mauvaise voie-là. Ça a été arrêté. Ça n'a pas plu à tout le monde,
laissez-moi vous le dire, ça n'a pas plu à tout le monde.
Donc,
quand je disais tout à l'heure que, oui, c'est vrai, à certains égards, je
trouvais qu'il y avait des choses qui étaient correctes, puis la
déréglementation, ce n'était pas tout mauvais. Ça aurait été facile de
dire : Ah! c'est l'ancien gouvernement, tout ce que les autres ont fait
avant nous, ce n'est pas bon. Bien, ce serait un raccourci intellectuel, qu'on
ne prendra pas.
Par
contre, il y a moyen de bien faire les choses, donc de serrer la vis puis de
dire : Non, non, non, si vous voulez accueillir des étudiants
étrangers, très bien, demandez-leur de l'argent, mais incluez dans cet argent
que vous demandez l'argent pour les
infrastructures pour accueillir ces étudiants-là. Parce que, nous, les
Québécois, les gens ici, les contribuables, ce n'est pas à nous à soit couper de l'argent dans nos universités
francophones en région pour financer des agrandissements d'universités anglophones en ville... Parce que je
sens que c'est ça qu'il y avait derrière votre question. Donc, ça, ça a été, je
pense, une mesure importante qui vient rassurer du monde.
• (17 h 30) •
Ensuite,
on va aussi exiger un plancher, et ça non plus, ce n'était pas prévu dans le
plan du précédent gouvernement, un
plancher d'étudiants québécois dans nos universités. Parce qu'il y a ce danger
aussi qu'un programme, supposons, étant payant... On va dire pharmacie. Pharmacie, là, sur le marché
international, tu peux vendre ça cher, ce cours-là, ce diplôme-là, dans
une université québécoise. Nos universités, peu importent nos universités,
hein, elles sont très bien reconnues à l'international. On peut bien toujours
dire qu'on en veut plus, et encore, la vérité, c'est qu'on les finance quand
même suffisamment bien pour que nos diplômes
soient très facilement monnayables. Et donc un diplôme en pharmacie, ça a une
grande valeur internationale.
Bien des gens seraient bien tentés de payer très
cher pour venir étudier ici, décrocher ce diplôme-là et repartir. Il y aurait la tentation, il y aurait la tentation
pour, supposons, une faculté de pharmacie de dire : Bien, nous, si on
accueille un
étudiant canadien, un étudiant québécois, un étudiant français au tarif canadien,
pas très payant; on va accueillir juste des étudiants étrangers, des étudiants chinois, des étudiants américains
et, eux, on va leur charger, quoi, 30 000 $, 40 000 $,
50 000 $, 70 000 $ par
année. Puis nos Québécois, eux autres, bien, ils n'ont plus de place pour se former en
pharmacie. Ça, c'était possible sous le précédent gouvernement, et on a
arrêté ça, on s'est dit : Non, non, non, vous allez avoir un seuil minimum... en fait, un seuil qui ne sera pas
minimum — un seuil
intéressant, mais je ne peux pas vous révéler tous les chiffres
encore — mais
un seuil qui va garantir que les Québécois vont avoir accès aux universités
québécoises.
Donc,
ça, ce sont des garde-fous très importants qui, je pense, viennent rassurer,
rassurer les universités qui disaient : Oui, là, on ne joue pas sur la même patinoire. Là, il pourrait y avoir
des dérives importantes soit dans les infrastructures soit dans l'accessibilité. Puis, en mettant ces
garde-fous-là, en donnant l'argent a priori aux universités, et non pas en
donnant, après que l'université soit
allée chercher cet étudiant-là, le financement, financement qu'elle n'aura pas
parce qu'elle ne sera pas capable
d'aller le chercher, en le donnant d'avance, bien, je pense qu'on vient
rétablir les règles du jeu pour que ça soit tout à fait acceptable.
Bien
sûr qu'il y a des universités qui ont plus de facilité pour en attirer. C'est
correct. L'important, c'est que toutes les
universités québécoises soient capables de s'améliorer là-dedans puis qu'il y
ait une équité pour les contribuables, une accessibilité pour les
étudiants. Ça, je pense que ce sont des critères importants.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
4 min 16 s.
Mme
Foster : Je risque une complémentaire. Stratégie de recrutement à
l'international, ça a piqué ma curiosité. Donc, s'il n'y en avait pas,
je comprends qu'il y en a une qui est en élaboration?
M. Roberge :
Oui, il y en a une qui est en élaboration. Le financement... Vous le savez, une
fois qu'on met le financement vient la
stratégie, parce qu'on se bâtit... On ne veut pas faire une stratégie si on n'a
pas l'argent pour la mettre en oeuvre.
Mme Foster :
C'est ça.
M. Roberge :
Donc, on est en train de bâtir quelque chose.
Mme Foster :
...à savoir... Oui?
Le
Président (M. Laframboise) : Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, je donne le droit de parole.
Mme Foster :
Oh! Désolée.
Le Président (M.
Laframboise) : C'est à vous. Allez-y, madame, allez-y.
Mme
Foster : Donc, de ce que j'en comprends, le financement vient avec la
stratégie. C'est ce que j'en comprends.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Merci, M. le Président. On est habitués de discuter comme ça, à
brûle-pourpoint. Mais, oui, le financement
arrive, la stratégie viendra. Vous savez, ça va s'en venir ensemble, ça va être
un tout. Mais, comme on change les règles, la stratégie s'en vient, effectivement.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster :
Je suis assez heureuse d'entendre ça, parce qu'il se fait des belles choses,
dans nos universités en région, et des
programmes, entre autres, spécialisés. Et je pense entre autres à l'Institut
maritime à Rimouski, bon, entre autres,
bon, il y a des spécialités vraiment hyperintéressantes qui peuvent attirer,
là. Dans la surspécialité, ça peut attirer la clientèle étrangère parce que ça
ne se donne pas partout dans le monde. Puis il y a des expertises de pointe qui
sont développées ici, au Québec, et on peut en être extrêmement fiers. Cette
stratégie-là, est-ce que vous vous êtes donné un horizon pour
l'accouchement?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : On n'est pas du genre à faire des comités à plus finir puis
à terminer le comité par un sommet, lequel débouche sur un rapport, lequel s'en va sur une tablette. Ça, on a vu ça
dans les années passées, mais on est rendus ailleurs. On veut faire ça à
l'intérieur d'une année. Puis, de toute façon, il ne faut pas trop tarder parce
que la déréglementation, même avec les
garde-fous qu'on a là, c'est quelque chose qu'on met à l'étude et même quelque
chose dont on se méfie un petit peu. Puis on s'est donné trois ans.
Après quoi, on arrête ça puis on regarde quelles sont les conséquences, comment
on fait pour améliorer notre financement, pour améliorer nos façons d'outiller
nos universités pour qu'elles aillent à l'international,
puis qu'est-ce qu'on doit faire avec nos garde-fous pour éviter les problèmes.
Donc, vous comprenez que, si, en
trois ans, on veut être capables de faire un bilan, on ne peut pas dire :
On va se donner une stratégie dans trois ans. On va agir avec diligence.
Le
Président (M. Laframboise) : Mme la députée de Charlevoix.
Mme Foster :
Merci.
Le Président (M.
Laframboise) : Ça va? Moi, j'aurais peut-être, juste avant qu'on passe
le droit de parole à l'opposition officielle... au troisième groupe, de faire un
éclaircissement sur la demande qui a été faite par le député
de Gouin pour le document. Le député
de Gouin avait raison, il peut
demander. Le ministre peut décider soit de le produire ou de nous dire
qu'il ne le produit pas. Donc, le document, la demande a été faite. Est-ce que
le ministre a un intérêt à nous déposer le document, peut-être au
retour, après...
M.
Roberge : Oui, oui, oui, bien sûr.
On ne refuse pas ce genre de chose là. D'autant plus qu'il est en ligne. Alors,
on va l'imprimer puis on va le distribuer, tout simplement. Ce sera donné à la secrétaire, qui pourra le donner, le distribuer.
Il n'y a pas de problème.
Le
Président (M. Laframboise) :
Merci, M. le ministre. Monsieur le représentant du troisième groupe d'opposition pour
12 minutes.
M.
Roy : Merci, M. le Président. M. le
ministre, vous allez voir que j'ai de
la suite dans les idées. On reste dans le dossier du collégial, hein? Bon, là, je vais dire comme je le pense, là,
mais c'est une hypothèse, mais il semble exister une forme de
discrimination systémique, dans les inscriptions, au bénéfice des villes. Et là
c'est une hypothèse, on jase.
Prenons
le premier morceau, le système d'inscription. Bon, on a le Service régional
d'admission au collégial de Québec,
on a l'autre, qui s'appelle le SRAM, c'est-à-dire du Montréal métropolitain,
puis on en a un autre qui est, bon, Service régional d'admission aux cégeps du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Donc, on a trois systèmes, M. le ministre,
d'inscription. Et là, bon, quelqu'un m'expliquait que, bon, quand tu
t'inscris au cégep, tu ne peux t'inscrire que dans un programme à l'intérieur d'un service d'admission. Mais tu
peux t'inscrire ailleurs. Donc, le jeune qui veut s'inscrire à Carleton, ou à
Gaspé, ou à Rimouski, ou, mettons, je ne
sais pas, moi, en art et technologie, ne peut pas se réinscrire dans un autre
programme dans le secteur, il faut
qu'il s'inscrive ailleurs, à Montréal ou au Lac-Saint-Jean, O.K.? Et, s'il
n'est pas accepté chez eux, dans le programme d'art et technologie,
bien, il va être obligé de s'en aller à Montréal.
Là,
on a un petit problème avec ça parce que... surtout dans les programmes
contingentés. Mettons que le programme prend
35 étudiants, «that's all», et on n'en prend pas... Excusez l'anglicisme,
ce n'est pas ça que je voulais dire — je suis enregistré, ça va bien. Mais vous
comprenez que, pour le jeune, le choix qu'il a... Bon, s'il veut rester dans sa
région pour s'instruire, bien, il est
pris avec une structure d'inscription et d'admission qui le force à quitter la
région s'il n'est pas reçu dans le
programme auquel il veut s'inscrire chez eux. Parce qu'il aurait pu aussi
s'inscrire en soins infirmiers, tu sais? Les jeunes magasinent, hein, le
cégep, c'est... Bon. Ça fait que, là, bien, on a un petit problème avec ça
parce que... Et là je sais que, bon, dans le
temps, si le jeune pouvait s'inscrire à deux, trois programmes, bon, bien, il
ne disait pas aux cégeps qu'il n'y
allait pas, puis là ça faisait des listes où tu as des gens qui sont inscrits
mais qui ne se présentent pas. Donc, c'était un peu le chaos dans la
gestion des admissions.
Ça fait que, là,
bien, c'est une proposition qu'on vous fait, là, c'est de permettre et d'ouvrir
la possibilité aux jeunes de s'inscrire à
plusieurs programmes, mais avec un dépôt, là, financier, c'est-à-dire avec un
ticket modérateur. Mettons que tu es
accepté dans le programme contingenté dans ta région et que tu veux y rester,
bien, il faut que tu avises le cégep ou les autres cégeps de ta région dans
lesquels tu t'es inscrit, il faut que tu les avises que tu n'iras pas, donc,
sinon tu n'auras pas ton dépôt. Ça fait que ça prend un ticket
modérateur pour responsabiliser les étudiants face à leur... bon, face au fait qu'ils n'iront pas dans certains cégeps où
ils sont inscrits. Mais en même temps ça donne la latitude et l'opportunité aux
jeunes de pouvoir s'instruire chez eux.
Parce que ce que ça fait, ça fait que le jeune, bon, la personne est obligée de
quitter sa région pour aller s'instruire ailleurs. Bon, premier élément.
• (17 h 40) •
Deuxième
élément, bon, c'est des choses que je ne savais pas, mais il y a du monde qui
nous parle, quand même, ça fait en sorte, bon, cette situation-là, qu'il y a
des jeunes qui migrent des régions vers les villes. Et là on se ramasse,
dans les villes, avec des situations
particulières. Première chose, les programmes contingentés dans certains
cégeps, mettons que c'est contingenté à 35, vont accepter
75 étudiants. Donc, c'est comme un contingentement qui n'est pas respecté.
Et ces jeunes-là, ils ne viennent pas
nécessairement de la ville, mais ils peuvent venir des régions. Deuxième chose,
les devis associés au nombre
d'étudiants, je dirais, bon, admissibles dans un cégep, admettons que tu as
droit à 3 000, ne sont plus
respectés. Avant, il y avait des pénalités financières, si tu dépassais ton
devis, donc si tu excédais le nombre d'étudiants qu'il pouvait y avoir
dans ton cégep. Maintenant, il n'y a plus cette pénalité-là.
Donc,
on a un système avec, bon, au niveau de l'admission... qui force les jeunes à
aller voir ailleurs s'ils y sont, puis ils vont être pognés pour y être,
là, des devis qui ne sont pas respectés, où on accepte sans pénalité. On a
retiré la pénalité il y a quelques années.
On accepte, à des cégeps, d'augmenter de manière très significative le nombre
d'étudiants qu'ils peuvent aller
chercher en dépassant leurs quotas et des programmes contingentés qui excèdent
leur contingentement. Ça fait que,
là, vous voyez, c'est un... Moi, je mêle ça ensemble, là. Je me dis : Bon,
si, d'un côté, la migration des jeunes pousse
vers les villes parce qu'ils ne peuvent pas s'inscrire où ils veulent et comme
ils le veulent... Puis là, bien, ça fait
des cégeps dans les villes où on a vraiment une population qui augmente de
manière significative.
Donc,
on ne prendra pas tout d'un coup, là, mais est-ce que vous seriez d'accord
à réfléchir à permettre à des jeunes de
s'inscrire à plusieurs programmes, dans leurs services d'admission, mais
en les responsabilisant avec une pénalité ou, en tout cas, une sanction quelconque s'ils ne retirent pas... Admettons
qu'ils soient acceptés dans deux collèges : Bon, bien, choisis, là,
puis l'autre, si tu veux avoir ton dépôt, bien, il va falloir que tu annules
ton admission.
Le
Président (M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Encore un sujet intéressant. Vous m'excuserez
si je me trompe, je ne suis pas un expert dans ça, mais, quand on parle de l'admission dans les cégeps, il y a
la notion de premier tour, deuxième tour, troisième tour. Votre suggestion,
c'est qu'au premier tour un étudiant
pourrait s'inscrire dans plus qu'un programme dans son même cégep? C'est juste ça...
c'est ça, votre suggestion?
Le Président
(M. Laframboise) : M. le député de Bonaventure.
M. Roy :
...dans la même région dans plusieurs cégeps.
M. Roberge : O.K.
M. Roy : O.K.? C'est parce que
c'est... C'est des régions, là, tu sais, c'est grand, là. Moi, je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'on appelle ça service régional d'admission au collège de Québec, parce que
«de Québec», ça fait tout l'Est du
Québec, là. Ça fait qu'il faudrait peut-être changer l'appellation.
Mais
de permettre à un jeune, bon, qui a peut-être le goût, là... L'exemple, je vais
vous le lire : «Un étudiant du secondaire,
au Saguenay, qui désire étudier dans sa région et qui hésite entre deux
programmes, par exemple Art et technologie des médias et Soins préhospitaliers,
ne peut actuellement remplir deux demandes d'admission — dans sa région ou peut-être dans le même collège. Toutefois, ce même étudiant
peut remplir une demande au cégep de Jonquière pour Art et technologies et une demande dans un cégep à Montréal en soins
préhospitaliers.» Mais, s'il n'est pas accepté chez eux, il fait quoi? Puis ça,
c'est des programmes contingentés. Après le premier tour, là, il n'y en a plus,
de place, c'est fini.
Ça
fait que, tu sais, c'est de réfléchir à donner plus de latitude aux jeunes des
régions qui veulent rester chez eux, tu sais? Ils ne veulent pas tous quitter,
là. Les Gaspésiens, en général, veulent revenir et ils veulent se faire
instruire chez eux. Ça fait qu'il
faut avoir... Puis c'est pour ça que j'appelle ça une discrimination systémique
dans le système d'inscription.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
D'après ce que j'en comprends, bien... Bon, vous mettez le doigt sur quelque
chose. Je pense que c'est avéré, je
pense que c'est un fait, de la façon que vous l'expliquez. Cependant, cette
idée de régionaliser — des fois, la région est très, très grande, là — les
programmes d'inscription, ce n'est pas le ministère, ce n'est pas le gouvernement
qui fait ça, hein, ce sont les cégeps...
Excusez-moi. Ce n'est pas... ce sont les cégeps qui disent : Bon, bien, on
va faire un système d'admission montréalais, un système d'admission du
Québec, mettons de la très grande région de Québec. Et puis c'est un peu des effets pervers de cette mise en commun là
régionale des cégeps qui forme... qui pousse les étudiants à s'inscrire peut-être dans deux régions pour
essayer de faire le tour de ça. Parce que, l'effet pervers, tu dis : Bien,
si je ne peux pas dans ma région...
puis, quand je choisis le cégep A juste à côté de chez moi puis le cégep B,
admettons, dans la même région mais à 30 minutes, je ne peux pas
prendre les deux. Puis il semble que c'est ça qui force...
Juste
dire que, cependant... Puis c'est un prix de consolation, là, je sais bien que
ce n'est pas ça, votre solution. Je sais
que ça arrive souvent que, quand un étudiant souhaite aller dans un programme
qui est contingenté, il ne peut pas y aller. Souvent, il va s'inscrire
dans un programme qui est connexe, va faire des cours qui sont partagés, va
avancer dans son cheminement, puis parfois, l'année suivante, bien, il rentre,
il se fait reconnaître ses cours, parce que c'est souvent des mêmes cours, surtout dans la première année. Et,
quand vous me parliez d'un étudiant du secondaire, surtout dans la première
année, il y a un tronc commun, si l'étudiant
réussit suffisamment bien, très souvent il va réussir à la deuxième année. Mais
je sais bien que ce n'est pas automatique, mais c'est définitivement une façon
d'aller dans les cégeps qu'on veut.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le député de Bonaventure, pour
2 min 30 s.
M. Roy :
Bien, écoutez, je sais que c'est complexe, là, puis que vous ne... Écoutez, là,
vous n'êtes pas ministre depuis 35 ans,
puis il y a beaucoup de choses que c'est normal que vous ne... Puis je
comprends ça. Sauf que je vous demande d'y
réfléchir, je vous demande vraiment, là, honnêtement de réfléchir à ça puis de
trouver une manière de respecter le parcours éducatif du jeune, sa
volonté de demeurer dans les régions.
Vous comprenez que je
défends les régions actuellement, là, c'est comme clair, là. Et je vous demande
juste de trouver des solutions pour permettre à des jeunes de ne pas être
pognés avec un choix dans sa région, mais qu'il ait l'opportunité d'avoir un éventail de programmes dans sa région, qui
puissent lui être offerts si, au cas... Puis c'est une bouée de sauvetage qu'on demande aussi, là, tu sais? Si
tu ne peux pas être accepté là... Le jeune, il peut avoir deux choix qui
sont... dont la passion peut être similaire puis que le destin va faire en
sorte qu'il va aller à quelque part, mais... Voilà.
Et,
juste vous demander... et vous me répondrez plus tard, parce que,
là, on n'aura pas le temps, là, mais je veux quand même amener à votre
attention qu'auparavant il y
avait des pénalités administratives pour les cégeps qui dépassaient
leurs devis, et maintenant elles n'existent
plus, à ma connaissance. Et j'aimerais que vous portiez attention à ça parce
que ça cannibalise les étudiants des régions du Québec vers les villes. Et,
encore une fois, notre démographie à nous, c'est nos jeunes, et, quand on perd nos jeunes, bien... Et,
pour garder nos jeunes, bien, ça prend des services, ça prend de l'éducation,
de la santé, l'accès aux transports, etc.
Mais l'éducation est fondamentale pour permettre aux jeunes de rester dans les
régions du Québec.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Bien, je peux vous dire qu'on est définitivement ouverts à
regarder votre suggestion soit de solution ou enfin d'étudier... de voir ça comme étant un problème à résoudre, d'en
parler avec la Fédération des cégeps,
mais directement avec les
cégeps de manière régionale pour voir de quelle façon...
Vous comprenez que, cet objectif-là de permettre
aux jeunes puis aux moins jeunes de rester dans leur région, d'étudier dans leur région, on la partage, sinon
on n'aurait pas fait la réforme de financement des cégeps qu'on a faite, qui
vise à financer des corps de plus petites tailles, qui vise à maintenir les
cégeps en région, mais pas les maintenir à moitié vivants, là, les maintenir vivants, et forts, et
prospères, et en mode de développement. Ça fait que c'est sûr que, pour ça, il
faut que les étudiants puissent y aller. Ça
fait qu'on partage les mêmes objectifs. On verra quelle solution on peut
apporter à ce problème-là.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci, M. le ministre. La parole est à
l'opposition officielle pour 13 minutes. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. Je pense qu'aujourd'hui on a
eu une grande journée chargée en émotions, puis, je vous préviens tout
de suite, ce bloc aussi, il va l'être.
On se
rappelle tous qu'il y a eu un mouvement #moiaussi. Ma collègue, qui était alors
la ministre de l'Enseignement supérieur,
a rapidement réagi, demandé aussi que les universités et les cégeps se dotent
d'une politique pour lutter et combattre les violences à caractère
sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur.
Je vous invite à la fiche ES-261. En date
du 29 mars, on nous a répondu qu'il restait encore... Je vois qu'il y a encore UQAM, mais UQAM, ça a été déposé, mais je
vois qu'il y a encore des cégeps, 13 cégeps qui n'ont pas déposé leur
politique institutionnelle, quatre cégeps
privés subventionnés, 36 collèges privés sous permis. Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec
et l'Institut de technologie agroalimentaire aussi n'ont pas déposé. C'est
quoi, la conséquence de ne pas déposer la politique institutionnelle qui
vise à prévenir et combattre les violences à caractère sexuel dans les
établissements d'enseignement supérieur?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Juste compléter : j'ai l'état de situation en date du
2 mai, 9 heures. Je vais répondre, là, ce n'est pas une façon
de ne pas répondre, c'est une façon de répondre.
Mme Rizqy : Parfait. C'est très bon.
M. Roberge :
O.K. Jusqu'à présent, on a obtenu 97 politiques qui sont adoptées, dûment
adoptées en conformité avec la loi,
dont 19 universités et 44 cégeps, 20 collèges privés
subventionnés, 11 collèges privés non subventionnés, l'École du
Barreau, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec — dont
je salue la présence de la directrice ici — l'École nationale de police du Québec. Donc, voilà. Donc,
on parle ici des choses qui sont conformes. Je ne veux pas prendre trop de temps. Le 30 avril était la date souhaitée
pour un retour sur l'établissement de celles qui n'avaient pas nécessairement
tout fait encore. Donc, voilà...
Excusez-moi,
je me suis perdu dans mon document. Les articles 16 et 17 de la loi
confèrent en ce moment le pouvoir au
ministre de mandater un organisme qui oeuvre dans le dossier des violences à
caractère sexuel en enseignement supérieur afin de faire exécuter les obligations prévues à la loi aux frais de
l'établissement d'enseignement. Donc, les établissements qui ont raté la
date du 1er janvier 2019, maintenant depuis quelques mois, avancent.
Ça avance, ça avance, ça avance. Certaines
nous prouvent que ça avance, nous disent, bien, supposons : Écoutez, on a
notre instance décisionnelle la semaine prochaine, on a notre conseil d'administration, on a... Bon, je pense que le travail est fait. Mais, dans d'autres cas,
si on voit qu'il y en a qui vraiment font preuve de laxisme, bien, on
pourra mettre en oeuvre cette disposition de la loi.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
• (17 h 50) •
Mme Rizqy : Je comprends, mais il
reste qu'il y en a encore qui ne se sont pas conformés. D'autres universités, d'autres cégeps ont mis des efforts additionnels
pour, justement, avoir des ententes avec toutes les parties prenantes, autant
les étudiants, les syndicats, le corps professoral. Maintenant, moi, je
m'inquiète parce qu'on est rendus effectivement au mois de mai. Alors, qui qui reste qui n'est pas encore conforme et à
qui vous avez envoyé une lettre de rappel en début du mois d'avril?
Parce que vous avez mentionné dans la lettre de réponse, dans la fiche que je
vous ai indiquée, qu'en début avril, avec
les établissements d'enseignement supérieur qui ne sont toujours pas conformes
à... vous renverrez un rappel. Alors,
est-ce qu'il y a un rappel qui a été fait? Puis qui qui reste qui n'est pas
conforme? Et qu'est-ce que vous allez faire comme conséquence pour
forcer, justement, ces établissements à se conformer?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Justement, c'est ça, cette lettre du gouvernement, qui
n'était pas signée de ma main, mais signée de l'équipe gouvernementale, du 12 avril, leur disait
clairement : «Votre établissement n'a pas encore transmis sa politique
au ministère, peut-être a-t-elle été adoptée, mais elle ne s'est pas rendue à
nous, enfin. Il convient de rappeler que des mesures
de surveillance et d'accompagnement sont prévues. Les articles 16 et
17...» Puis là je ne vous répéterai pas ce que je viens de dire, mais clairement on leur disait que, bien là il
fallait... ça commence à presser. Parce que ce que la loi disait,
c'était que les politiques devaient être adoptées mais surtout mises en oeuvre
pour la session de l'automne prochain, septembre prochain. Donc,
l'équipe a continué de les accompagner.
Moi, je me souviens
d'avoir eu une conférence téléphonique, sinon deux en 2018 — minimum
une, peut-être deux en 2018 — en disant : Écoutez, j'étais là lors
des négociations... pas des négociations, mais de l'étude du projet de loi.
C'est quelque chose qui a été bien fait,
fait et bien fait, par le précédent gouvernement. Bougez, on leur a dit. Donc,
voilà, c'est là où on est rendus.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : En date d'aujourd'hui, 2 mai, est-ce que vous avez une
liste des établissements supérieurs qui ne sont toujours pas conformes?
Si oui, pouvez-vous déposer la liste?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Je la cherchais. En fait, on la cherche. Peut-être que je
l'ai juste à côté de moi? Non, ce n'est pas dans ça? On a la liste des
conformes. Par extension, on va être capables de trouver la liste...
Mme Rizqy :
...2 h 30, j'imagine qu'on va le trouver d'ici là, il n'y a pas de
problème.
M. Roberge :
Oui, oui, bien sûr.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent, c'est moi qui donne le
droit de parole. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Oui, c'est vrai, vous donnez la parole. Merci beaucoup. Mais
nos échanges sont quand même très cordiaux.
Alors, je vous remercie beaucoup, M. le Président, puis je remercie aussi le
ministre de sa bonne collaboration.
Maintenant, je vais
m'intéresser... Puisqu'on a une liste d'écoles conformes, allons-y sur une
université qui est conforme. Et c'est
l'Université Concordia, qui a déposé, effectivement, sa politique. Toutefois,
au mois de mars, un rapport a été déposé par l'Université Concordia, qui parle
du climat très hostile. Et c'est le rapport sur l'Enquête sur le climat
du Département d'études anglaises de l'Université Concordia : une voie à
suivre pour l'avenir. Dans ce rapport, il y a trois personnes, Pierrette Rayle, de la Cour d'appel du Québec, une
ancienne juge... juge à la retraite, pardon, Alain Reid et François
Rabbat, pour remettre en contexte, à l'Université Concordia, au Département des
études de langue anglaise. Ça faisait
quand même plusieurs fois que des signalements ont été faits par des étudiantes
et étudiants. Le rapport est sorti au mois de mars.
Moi, je vais vous
dire, j'ai lu le rapport, mais ce qui m'a le plus déplu, ce n'est pas tant le
rapport que la réponse du recteur de
l'Université Concordia. Et je vais vous la lire. Il l'a écrit non seulement en
anglais, mais il l'a aussi écrit en français.
Donc, il fait état de la situation du climat. Tout va bien jusque-là parce
qu'au fond il lit le rapport. Après ça, il parle des résultats,
recommandations et aller de l'avant. Dans un passage, il trouve le moyen de
dire la chose suivante : «Un nombre important de répondants ont aussi
parlé en termes élogieux de leur expérience au Département d'études anglaises ainsi que des membres du corps
professoral et du personnel expérimenté, dévoués et respectueux [et] qui ont eu
une incidence extrêmement positive dans leur vie. De fait, les résultats
indiquent que seul un petit nombre de membres du corps professoral semblent
s'être comportés de manière inappropriée ou inacceptable.» «Seul un petit
nombre». Heureusement, hein? Mais, sincèrement, un recteur qui écrit ça... Ça
prend combien de professeurs qui se démarquent de la norme pour qu'un recteur comprenne que c'est une situation
inacceptable? Parce que, quant à moi, même si j'en ai un, j'en ai un de
trop.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Bien, je peux vous
dire... Est-ce que c'est possible d'avoir cette lettre-là? Je vais
vous demander un dépôt, d'une autre façon, mais...
Mme Rizqy :
...Web.
M. Roberge :
Oui, mais même si c'est sur le site Web...
Mme Rizqy :
...non, mais je vais vous la donner, inquiétez-vous pas. Je vous la donne.
M. Roberge :
...je veux quand même le dépôt. Non, mais...
Le
Président (M. Laframboise) :
Est-ce que vous acceptez le dépôt? Parce qu'on pourra l'avoir pour le retour, à
7 h 30.
Mme Rizqy :
Absolument. Oui, oui, oui.
M.
Roberge : Oui. Non, c'est ça, comme je vous dis, on va revenir.
Écoutez, je ne l'avais pas lue, cette lettre-là spécifiquement, mais le passage que vous venez de me lire m'amène à me
poser des questions. Ce n'est pas acceptable de banaliser, de n'importe quelle façon, une violence
à caractère sexuel, de dire que c'est seulement un petit nombre. Ça me rappelle
le «juste une fois au chalet», là, tu sais? Je veux dire : Ah! ce
n'est pas grave, c'est juste un peu, ce n'est pas beaucoup. C'est inacceptable qu'il y ait eu un
prof, un chargé de cours, n'importe quel employé, puis un étudiant aussi...
Ce n'est pas plus acceptable quand c'est un étudiant que quand c'est un
enseignant, un professeur, qu'il y ait des gestes inappropriés. On sait que ça peut être des traumatismes qu'on traîne
toute notre vie ensuite. Donc, certainement que ce passage-là n'est pas
très édifiant.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent, 4 min 30 s.
Mme
Rizqy : J'en conviens, et c'est le moins qu'on puisse dire. Il ne
reste que trois minutes, et je sais que par la suite on va avoir une pause et qu'on va revenir. Alors, je me permets,
dans ce trois minutes, de nous amener à une piste de réflexion.
Je crois que la première étape, ça a été de
demander à nos établissements d'enseignement supérieur de faire le travail par eux-mêmes. Visiblement, l'Université
Concordia a fait un travail mais n'a pas interdit dans sa politique, malgré
les faits, malgré un rapport... Si c'est
très approprié, à l'Université Concordia, je pense qu'ils devraient prendre
conscience des faits chez eux. Ils n'ont pas interdit les relations entre
le corps professoral et les étudiants. Or, la bonne nouvelle, s'il y en a une, c'est que le recteur en question
change d'université et change même de province. Alors, l'erreur ne pourra
pas se répéter. Et j'ai regardé, dans l'université à laquelle il s'en va
devenir recteur, il y a une politique très claire : les étudiants, avec leurs professeurs, ne peuvent pas
avoir de lien qui pourrait, justement, avoir un conflit. Ils doivent éviter
tout conflit d'intérêts.
Or, je me
pose la question et je la pose à voix très haute : Sommes-nous rendus là,
au Québec, compte tenu que nous avons
donné beaucoup de latitude aux universités, aux cégeps pour qu'ils
réfléchissent de leur côté et que, malgré cela, certaines universités, malgré les faits basés sur leurs universités...
Ne sommes-nous pas rendus, au Québec, de se poser la question et peut-être d'avoir soit une commission
ou un groupe de travail pour se pencher sérieusement sur cette question?
Je rappelle qu'ils reçoivent aussi des fonds
de recherche du gouvernement. Alors, je me pose la question : Est-ce que
vous pensez qu'on devrait peut-être
avoir un comité de travail sur cette question vraiment précise entre les
relations professeur-élève? Parce que
moi-même, avoir été professeure, je peux vous le dire que ce n'est pas vrai
qu'un étudiant ne sent pas une certaine autorité, et ce, même au doctorat. Et je vous dirais encore plus :
au doctorat, c'est encore plus vrai que vous avez un conflit d'intérêts.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : Pour combien de temps?
Le Président (M. Laframboise) :
1 min 20 s.
M. Roberge : O.K. Bien, c'est une
question qui a fait couler beaucoup d'encre lors de la commission qui s'est
promenée... je ne sais pas si c'est le bon terme, «la commission», enfin, quand
la précédente ministre, Mme David, se promenait
puis ramassait les témoignages, les rapports d'experts, tout ça. Cette
question... il y a beaucoup de questions qui ont été soulevées. La question du... relation d'autorité professeur-étudiant
a été soulevée, ça a été l'objet de débats lors des auditions
particulières qui ont été... à ce projet de loi là, aussi lors de la commission
parlementaire. Puis j'ai comme l'impression
que le débat n'est pas totalement clos parce que, bon, on a arrêté, ça a été
tranché, la loi a été votée, il y a des gens qui continuent d'y réfléchir, des gens qui étaient peut-être pour
qui sont devenus contre, des gens qui étaient peut-être contre qui sont
devenus pour. Et, sur les campus, dans le respect de cette loi, il y a des
dispositions disparates. Certains campus
vont dans une direction, d'autres vont dans d'autres directions. C'est quelque
chose sur lequel on pourra continuer de discuter, je pense, un petit peu
plus tard ce soir.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Laframboise) :
...si vous voulez prendre place, s'il
vous plaît. Nous allons reprendre nos
travaux.
Je vous rappelle que la commission...
Une voix :
...
Le Président (M. Laframboise) : Oui,
parfait. Nous allons reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits budgétaires du portefeuille Éducation et Enseignement
supérieur pour l'exercice financier 2019-2020. Et nous allons
débuter avec la parole au groupe de l'opposition officielle pour
18 minutes. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Ah! je croyais qu'il me restait... mon bloc, qu'il était divisé en deux.
Le Président (M. Laframboise) : Vous
pouvez faire un demi-bloc si vous voulez, là.
Mme Rizqy : Je vais faire un
demi-bloc, si vous permettez.
Le Président (M. Laframboise) :
Donc, pour que...
Une voix : ...
Le
Président (M. Laframboise) : 12 minutes? Donc, merci. Mme la
députée de Saint-Laurent, pour 12 minutes.
Mme Rizqy : Parfait, merci beaucoup.
On s'était quittés et on parlait de l'Université Concordia ainsi que, notamment, de toutes les ententes, celles qui sont
conformes, celles qui ne sont pas conformes. Je me demande, durant l'heure de
souper, si on a eu entre-temps la liste des
établissements supérieurs qui sont toujours non conformes à ce jour. Est-ce
que nous avons en ce moment cette liste?
M. Roberge : Ah! ça a été déposé,
chère collègue.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le
ministre.
Le Président (M. Laframboise) : La
liste est déposée ou vous allez la déposer, M. le ministre?
M. Roberge : Elle a été déposée au
secrétariat, semble-t-il.
Le
Président (M. Laframboise) : C'est sur Greffier. Donc, c'est sur le
site, donc, du Greffier. Parfait, c'est bon. Merci.
Mme
Rizqy : O.K. Merci beaucoup. Toujours en lien avec les ententes,
plusieurs étudiants, notamment ceux de l'Université
de Montréal, ont décrié le fait que, lorsqu'ils déposent une plainte, ils ne
connaissent pas la sanction attribuée au
professeur ou, par exemple, au chargé de cours. Pour une victime de violences
sexuelles, c'est excessivement important d'avoir les réponses à des questions pour être en mesure de commencer un
jour le processus de réparation et de guérison. J'aimerais entendre le
ministre là-dessus, à savoir qu'est-ce qu'on peut faire justement pour aider
tous ces étudiants et étudiantes qui sont
victimes de violences sexuelles ou qui portent plainte contre un professeur ou
un chargé de cours, qui désirent
connaître, au fond, la sanction attribuée ou l'absence de sanction. Parce que,
là, on ne sait pas qu'est-ce qui se passe avec le professeur dès lors
qu'il y a une plainte.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Je comprends la situation, qui est très délicate, puis la
frustration que ça peut engendrer quand une victime porte plainte puis n'a pas de suivi. Je pense qu'à tout le moins
la personne a besoin de savoir est-ce que la plainte a été retenue, est-ce qu'on la traite, est-ce
qu'il y a quelqu'un qui s'en occupe. Au-delà de la nécessité, je vous dirais,
au-delà de l'urgence de s'occuper
puis de prendre soin... Je pense que la première chose, là, c'est d'accueillir
la personne, puis d'en prendre soin,
puis de l'écouter, puis de lui donner les services nécessaires, mais ensuite il
y a la nécessité que la personne sente que sa plainte a été reçue sérieusement.
Vous savez, des fois, on dit : Il faut qu'il y ait justice et apparence de
justice. S'il n'y a aucune apparence de
justice, je comprends que ça peut entraver le processus de guérison, de
rétablissement puis la confiance.
Cependant, le
corollaire de ça, c'est le cadre légal, qui ne permet pas en tout temps de
faire connaître des sanctions nécessairement en milieu de travail, ce
qui est différent si la victime porte plainte dans un poste de police. Puis
donc, judiciairement, on le sait bien, c'est
pris, ce n'est pas retenu, il y a enquête, il n'y a pas enquête, il y a
accusation, il y a condamnation ou bien, non, il y a proclamation
d'innocence. Ça, c'est transparent. Mais, quand ça se passe au sein de
l'institution, dans les instances de l'institution, le cadre légal ne permet
pas aux institutions de rendre ça public.
Et je peux
vous dire... lire un extrait ici de ce que ça dit... Excusez-moi, ici, ce que
vous m'avez transmis, c'est un extrait de...
Une voix :
...
M.
Roberge : O.K. Le guide. Très bien, excusez-moi. Parce que je veux
savoir je suis en train de vous lire un extrait de quoi, là, hein? Donc, ici, c'est un extrait du guide qui découle de la
loi sur les violences sexuelles. Alors, ici, la mesure 12 dit : «Mesures encadrant la communication de
renseignements...» Donc, on est sur le sujet : «Mesures encadrant la communication de renseignements nécessaires à
toute personne en vue d'assurer sa sécurité, mais ne pouvant comprendre
des moyens pour obliger une personne à garder le silence dans le seul but de ne
pas porter atteinte à la réputation de l'établissement
d'enseignement.» Personne ne devrait être contraint de se taire pour ne pas
porter atteinte à la réputation de l'établissement où elle travaille.
Ça, c'est certain.
Mais
ce que j'aimerais que vous me disiez,
chère équipe, c'est les articles de loi qui précisent les obligations de
l'employeur du côté du cégep ou de
l'université. Pourquoi, pourquoi le cégep ou l'université ne peut pas, à
certains égards, rendre publiques les mesures disciplinaires ou le fait
que la personne...
Des voix : ...
M.
Roberge : Oui, excusez-moi
si ça prend un certain un temps. C'est parce qu'on cherche la bonne réponse,
puis je me souviens avoir vu ces articles de loi là.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Bien, moi
personnellement... Il reste 6 min 20 s. Avec consentement, je
peux suspendre mon bloc, puis qu'on le bascule dans l'autre, puis
passer... Avec consentement, on est capables de faire ça, M. le Président,
hein?
Le Président (M. Laframboise) : Oh
oui! Il n'y a pas de... Oui, oui, vous avez raison.
Mme
Rizqy : Moi, je suis capable
de basculer, puis on va revenir parce que c'est excessivement important,
ce dossier.
Le
Président (M. Laframboise) :
O.K. Donc, s'il y a consentement, on passerait tout de suite au gouvernement, puis l'opposition officielle rajouterait ses minutes.
Consentement? Parfait. Donc, on passe à la période pour le gouvernement.
M. le député de Saint-Jérôme, la parole est à vous.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Alors, rebonsoir. Dans le fond, je n'ai pas assisté à
cet événement, mais, avant-hier, Michel
Patry, qui est le président du Bureau de coopération interuniversitaire et qui
est aussi directeur général des HEC Montréal, a fait une allocution à la
CCMM, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Et le BCI, rappelons-le, le Bureau de coopération
interuniversitaire, est l'instance où les dirigeants des universités
québécoises se retrouvent pour échanger entre eux sur les défis,
collaborer. Et Michel Patry a fait, dans le fond, une allocution assez intéressante, où il a réfléchi, notamment, sur la
priorité à donner à l'éducation. Alors, nous, ça nous touche particulièrement,
comme vous vous en doutez.
Le titre de sa
présentation, c'était Oser sortir des sentiers battus : une nécessité
pour les entreprises et les universités. Et il rappelait que — et là vraiment je cite, ouvrez les
guillemets — «si nous
voulons que le Québec prenne sa place dans cette nouvelle économie qui se
dessine tous les jours sous nos yeux, et dont vous êtes tous des artisans, nous
devons faire de l'éducation une
priorité et sortir des sentiers battus pour favoriser de nombreuses
innovations». Et il a rappelé le chemin que le système d'éducation nous a permis de faire, notamment aux
Québécois francophones qui, il n'y a pas si longtemps encore, il y a à
peine deux générations, souffraient d'un retard de fréquentation scolaire
important. Notamment, il y a à peine
60 ans, 3 % des Canadiens français fréquentaient l'université, contre
11 % des jeunes anglophones, et les deux tiers des Québécois francophones ne possédaient encore
aucun diplôme. Donc, l'accessibilité à l'éducation et à l'enseignement
supérieur est passée d'un luxe à un droit.
M. Patry a aussi mis en relief une donnée
qui illustre plutôt bien le renversement de situation, et encore une fois
j'ouvre les guillemets : «Alors qu'on comptait 22 000 étudiants
universitaires au Québec en 1960, ceux-ci étaient 315 000 en 2017.» Pendant que la population du Québec croissait de
60 %, ce qui est appréciable, somme toute, la fréquentation à l'université, elle, elle a été
multipliée par 14. Et il dit toujours : «Ce spectaculaire renversement de
situation a facilité l'irruption sur la scène québécoise et
internationale de plusieurs générations de créateurs, d'innovateurs, d'entrepreneurs et d'experts — fermez les guillemets», alors, dont nous
sommes fiers. On a tous des idées en tête de Québécois ayant réussi de
façon spectaculaire, notamment grâce à leurs études universitaires.
• (19 h 40) •
Évidemment, ce n'est pas arrivé tout seul. Il y
a eu des facteurs qui ont contribué à relever les défis en matière d'éducation, et lui-même, M. Patry, en soulignait
deux, deux conditions qui doivent être réunies pour relever ce type de défi.
La première condition est une volonté très
forte et affirmée de faire de l'éducation un réel projet collectif. Alors, à
mon avis, c'est une condition qui est parfaitement remplie par le
présent gouvernement et son engagement répété à avoir comme priorité l'éducation, tant par notre ministre mais
que notre premier ministre et que l'ensemble des députés du parti ministériel.
Et la seconde est une capacité d'innover. La
seconde condition est une capacité d'innover, de faire autrement, d'adapter des
solutions au contexte particulier de la société québécoise.
Évidemment,
cette société-là, elle comporte différentes facettes. Si on a cette volonté
politique, comment on innove? Comment
on fait des liens avec différentes composantes de la société? Et c'est là où il
y a des défis, notamment en termes de liens avec le secteur économique.
Alors, je
tiens à préciser que ce n'est pas le seul secteur qui compte. L'éducation est
beaucoup plus large que les simples
ambitions professionnelles, mais c'en fait partie. Alors, il faut le prendre en
compte. Puis je pense qu'on a parfois des
débats un peu binaires à cet effet. On oppose la formation citoyenne à la
formation qualifiante, etc. Or, on s'entend tous, ça fait partie d'un tout. Il faut avoir des
compétences qui sont les mêmes, tant pour participer en termes de citoyenneté
que pour participer en termes de
travailleur et d'entrepreneur ou d'artiste. À quelque niveau que ce soit, il y
a des compétences qui servent partout.
Et, pour ce
volet, là, d'innover, de penser différemment pour répondre aux besoins d'une
société, notamment sur le plan
économique, il y a cette question d'arrimage entre les industries et les
universités. Quand on pense, en fait, à l'arrimage, ça prend toutes sortes de formes. Au cégep, on
parle beaucoup des CCTT, par exemple, où il y a de la recherche qui se fait en réponse à des besoins des industries, à
des contrats qui se donnent, mais ce sont des professeurs et des étudiants qui,
en répondant à ces besoins-là, se forment,
développent de la connaissance et augmentent le rayonnement de leurs
institutions d'enseignement aussi. À
l'université aussi, il y a cette réflexion-là. Il y a des découvertes qui se
font, il y a ce qu'on appelle des
spin-off — je ne
sais pas s'il y a un équivalent francophone usuel pour «spin-off», mais je
pense qu'on comprend très bien le concept — issus de la recherche
universitaire.
Alors, je
voudrais savoir s'il y a une réflexion, au ministère de l'Éducation, sur le bon
arrimage et les façons de faciliter les liens entre les universités et
les industries, qui ont des besoins grandissants au Québec en ce moment.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. D'abord, je veux remercier mon collègue de ramener
ici les propos de M. Patry, qu'il a prononcés lors de son discours
à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, où je suis passé il y a quelques mois. Je pense que c'est un des
grands dirigeants d'établissement universitaire qu'on a eus. Il va bientôt
prendre sa retraite, mais je veux le remercier.
Alors, bien
sûr qu'on a une vision, qu'on a des moyens, qu'on a l'ambition d'utiliser notre
recherche, d'utiliser notre richesse
intellectuelle, d'utiliser les pôles qu'on a pour aller au-delà de l'éducation
mais pour enrichir la société de plusieurs façons. La mission de l'école ou du
réseau au complet, c'est instruire, bien sûr, instruire, socialiser, plus pour
les tout-petits. Ensuite, on
dit : Qualifier. Puis des fois on dit : Préparer à l'exercice de
rôles sociaux. Préparer à l'exercice de rôles sociaux, ça peut être prendre sa
place dans la société, le droit de vote, etc., mais c'est aussi, évidemment,
contribuer à la société. Instruire,
socialiser, qualifier. Puis plus on s'approche de l'enseignement supérieur,
bien, plus on est dans la mission de qualifier.
Une des
façons de sortir la recherche de nos universités, parce que c'est bien que la
recherche se fasse dans nos universités, mais à condition qu'elle en sorte
aussi, c'est la création d'un institut national d'excellence en éducation.
C'est important. On en parlait alors qu'on
était dans l'opposition. Certainement qu'on va vouloir faire ça à l'intérieur
du premier mandat pour que le réseau
scolaire puisse bénéficier de tous les fruits de la recherche qui se passe en
éducation, dans nos établissements
mais aussi partout de par le monde, parce qu'on sait bien que nos étudiants...
nos universités sont en réseau, pas juste un réseau québécois mais un
réseau qui est mondial.
Mais, au-delà de l'éducation,
l'industrialisation... Et là il y en a plein, plein, plein, de mécanismes
industriels, économiques qui vont bénéficier de ce que nous, on appelle les
zones d'innovation. Ça a fait l'objet d'un livre, là, du premier ministre, hein, Cap sur un Québec gagnant, qui parlait du Projet Saint-Laurent et de la nécessité d'importer
cette idée d'avoir des grappes,
d'avoir des synergies, d'avoir des partenariats entre nos instances d'enseignement supérieur, nos universités, nos cégeps puis les CCTT, qui sont quelque part entre les deux, d'une certaine façon, bien, d'ancrer ça dans la société, de faire vraiment des partenariats pour
que, comme je l'ai dit, la recherche sorte de nos instances puis, même,
que les professeurs sortent de nos instances aussi, qu'ils fassent bénéficier
nos industries, notre économie de ça. Il y a 14 pôles
en ce moment. On les appelle les pôles régionaux. On va vouloir
miser dessus puis on va vouloir aller encore un petit peu plus loin avec eux, hein? On ne va pas simplement
les maintenir, on va vouloir, même, je vous dirais, les amener à jouer
un rôle encore plus important.
Mais je veux
juste en nommer quelques-uns pour dire de quelle façon ça travaille, parce qu'ils ont des thématiques. Par exemple, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on parle de... il y a une station
d'enseignement et de recherche sur la forêt boréale, une spécificité qui est régionale, ce n'est pas
pour rien, mais on a une synergie là. On a l'UQAC et les cégeps de
Saint-Félicien, d'Alma, de Jonquière
et de Chicoutimi qui travaillent ensemble dans plein de domaines, mais avec une
mission spécifique : forêt boréale. En Outaouais, ici, on parle vraiment
de l'innovation et de l'entrepreneuriat. Bien, encore une fois, on a des
universités et cégeps. Donc, on a l'UQO, le
cégep de l'Outaouais et le collège Heritage. En Abitibi, bien, c'est le domaine
minier qui est la thématique, avec l'UQAT et
évidemment le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Montréal, j'en ai parlé
tout à l'heure, l'intelligence artificielle, bien, on ne fait pas que ça à
Montréal, mais c'est quand même notre métropole.
Et là je ne ferai pas la liste de toutes les
institutions d'enseignement supérieur, ça prendrait un certain temps. Centre-du-Québec, le centre intégré du manufacturier
intelligent, ça, c'est formidable. Il va se passer des choses extraordinaires là, là. Ça, c'est un des pôles qui est en développement, qu'on n'aura
pas besoin de retransformer, mais qu'on va mettre à la main et aux
couleurs du gouvernement, aux couleurs du Projet Saint-Laurent pour avoir une
vraie zone d'innovation au Centre-du-Québec. Je
pense qu'il va n'y avoir rien de
moins qu'un boom économique dans cette région-là à cause du centre du
manufacturier intelligent qui s'en vient.
Ça fait qu'en
soutenant la création de pôles régionaux en enseignement supérieur, bien, c'est
sûr qu'on encourage la collaboration entre les universités et les cégeps mais
surtout, je vous dirais, entre notre enseignement supérieur et nos
entreprises.
Puis les Québécois
ont fait du chemin depuis quelques années. Quand on parlait de ça en 2012,
2013, 2014, à la fondation du parti,
bon, il y avait plus de gens, peut-être, qui ne voyaient pas les opportunités,
ils voyaient peut-être les dangers, les dérives possibles, puis qui ne
savaient pas, évidemment, qu'on allait les éviter pour cueillir les fruits des
opportunités. Je sens que le Québec a avancé. Je sens que, dans les cégeps,
dans les universités puis même dans les entreprises, il y a plus d'ouverture,
parce qu'il faut aussi que les entrepreneurs acceptent, hein, cette
collaboration-là.
Ça fait que
moi, je suis très encouragé, hein? Et puis je peux vous dire qu'il y a une
somme de 7,5 millions, cette année,
qui est dédiée spécifiquement à cette mesure pour aider nos pôles. Et ça, c'est
sans parler de l'argent qui va dans nos CCTT, nos centres collégiaux de
transfert technologique, qui comptent au-delà de presque
1 500 employés maintenant, qui ont travaillé, en 2016‑2017,
qui ont aidé plus de 3 000 entreprises.
Je pense que c'est
encourageant pour l'avenir quand on voit ces ponts qui se tissent de plus en
plus. On est un peu en retard par rapport à
ce qui se faisait en Europe, mais j'ai l'impression qu'on va courir plus vite
qu'eux autres. Vous savez, des fois,
ce n'est pas celui qui était en avance, quand on prend la photo, mais c'est
celui qui court plus vite, sur la vidéo, qui gagne la course. Moi, je
pense qu'on va courir plus vite.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M.
Chassin : Bien, merci au
ministre pour ces réponses. Bien, enfin, j'ai envie juste d'ajouter qu'on parle
d'industries, mais, en fait, il y a
toutes sortes de secteurs d'activité, là. Parce qu'on parlait justement de
l'excellence en éducation, par exemple. Donc, c'est un secteur
d'activité qui, dans le secteur public, requiert aussi des connaissances
universitaires, et il y a des maillages, et
il y a des liens à faire. Puis, à la limite, on voit que se prépare le
Parlement écolier ici. Alors, même pour notre secteur d'activité, il y a
des liens entre le milieu de l'éducation et notre industrie, en quelque sorte.
Donc, ceci
étant dit, je sais qu'il y a d'autres collègues qui ont des interventions, puis
là je ne sais pas qui me suit.
Le Président (M. Laframboise) :
...on va aller avec Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré pour cinq minutes.
Mme Foster : Cinq minutes?
Le Président (M. Laframboise) : Oui.
• (19 h 50) •
Mme Foster : O.K. Je vais essayer de
faire ma question courte. Je dis bien «essayer», mais je n'ai pas le choix.
O.K. Je reprends la balle au bond, parce que
moi, je veux parler un peu de vision de l'enseignement supérieur au
Québec. Plus tôt cette semaine, je l'ai dit tout à l'heure, là, j'ai discuté
avec le Scientifique en chef aux crédits PME et Innovation, là. Bon, bref, on a parlé un peu de valorisation des études
supérieures et de l'enseignement supérieur comme moteur économique, j'en ai
discuté tantôt, parce que, l'enseignement comme moteur économique, on parle de
valeur ajoutée sur les salaires, à l'enseignement supérieur, les salaires sont plus élevés, l'innovation, l'avancement
social que ça apporte également pour la société. Et ça m'amène à parler
de valorisation de l'enseignement supérieur tout court.
Je disais au Scientifique en chef que j'avais
l'impression quelquefois que, peut-être, la portée, entre autres, des études supérieures, mais je parle du deuxième,
troisième cycle, est peut-être un peu, je dirais... peut-être
mal saisie. Parce que,
moi, dans mon expérience personnelle, à
un moment donné on était assis une
bande de doctorants ensemble et on s'est aperçus que, chacun de notre
côté, quand on parlait de notre doctorat à nos familles respectives ou nos
amis, il fallait qu'on dise qu'on fasse
d'autre chose. Ah! on enseigne, on est auxiliaire de recherche, on fait... Tu
sais, on se trouvait comme des exutoires. Pourtant, je pense que tout ce
qui est troisième cycle et doctorat devrait être valorisé parce qu'il se crée beaucoup d'innovation là, et il se crée beaucoup,
indirectement, de richesse, que ce soit en sciences sociales ou en sciences
pures ou économiques, peu importe.
Le monde de
l'enseignement supérieur est face à beaucoup, beaucoup, beaucoup de défis. Moi,
ce que j'aimerais savoir, c'est la
vision du ministre, premièrement, entre l'enseignement supérieur, la science,
l'innovation, parce que, c'est correct,
ça n'appartient pas au même ministère, mais je suppose que les deux se parlent
et les deux collaborent ensemble.
Également,
j'aimerais entendre le ministre sur la valorisation des sciences sociales,
parce que, pendant longtemps, elles
ont été un peu, je dirais... Je ne trouve pas le mot, là, mais, tu sais, on a
souvent entendu le terme «sciences molles», malheureusement, à mon grand désarroi, quand pourtant il se fait des
belles choses. Donc, voilà, je voudrais entendre le ministre sur sa vision, le lien avec sciences et
innovation et la vision qu'il a de l'enseignement supérieur, là, au courant de
son mandat. Voilà.
Le Président (M. Laframboise) : Pour
2 min 45 s, M. le ministre.
M.
Roberge : Merci bien. Si, des fois, les gens qui travaillent dans les
universités ou qui étudient au deuxième cycle, en maîtrise ou en doctorat, ont des fois la vie dure, sont un peu
incompris au Québec, c'est parce qu'on est encore à être dans nos premières générations. Ça ne fait pas
300 ans qu'on a des universités, au Québec, par rapport à, supposons, ce
qu'on a en Europe, où les universités sont
des institutions plusieurs fois centenaires. Ça fait qu'on est encore en train
de faire... Puis c'est la beauté de
notre réseau, puis de notre réseau UQ notamment, de première génération de gens
qui sont diplômés de manière
universitaire. Donc, la beauté de la chose, c'est qu'on a un très fort
potentiel de croissance. On va le dire comme ça.
Mais, la
vision que j'ai de notre réseau universitaire, je vais vouloir la partager puis
je vais vouloir l'enrichir avec le réseau universitaire, parce qu'il y a
une réflexion qu'on va amorcer. J'ai rencontré la semaine dernière le bureau de
coordination universitaire... ou de
coopération universitaire, le BCI, et je leur ai témoigné de l'idée qu'on ne
devait pas juste réinventer l'école,
comme le titre mon livre, mais réinventer nos universités, puis je les ai
conviés au lancement de cette réflexion-là lors du lancement du colloque
de l'ACFAS.
Donc, premier
jour de l'ACFAS en Outaouais, on va lancer des chantiers, on va lancer un
travail de réflexion avec les acteurs du réseau universitaire pour se redonner
une couleur puis une politique universitaires, une réflexion en profondeur pour savoir quelle identité on veut
vraiment pour notre réseau. Ce n'est pas qu'on n'a pas d'idée en ce moment.
L'idée, c'est de les faire sortir de leur
tour d'ivoire. L'idée, c'est de leur donner les moyens de leurs ambitions, donc
de mieux les financer.
Leur mission, c'est de développer le
plein potentiel des Québécois et du Québec, «des Québécois», ça veut dire
d'en diplômer davantage, hein, puis de les
amener jusqu'à la maîtrise ou au doctorat, mais «du Québec» aussi, c'est-à-dire
de sortir les chercheurs des universités puis de les faire entrer dans la
société, pas juste dans des usines, dans le moteur de développement économique, mais de les faire entrer dans nos salles de
classe, de les faire entrer ici, au Parlement, de les faire entrer partout. Donc, ça, c'est la mise
au jeu que je fais. C'est la vision que j'ai, mais je ne veux pas l'imposer,
puis c'est pour ça que j'ai convié
tout le monde à lancer cette réflexion-là, et quelle meilleure place que de le
faire à l'ACFAS, en Outaouais.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci beaucoup, M. le ministre. Donc, le
prochain bloc est au groupe de l'opposition officielle pour
22 minutes. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui, bonjour. Alors, on revient encore sur ma question.
Je ne sais pas si entre-temps on a pu trouver une réponse.
Le Président
(M. Laframboise) : ...rappeler votre question, rapidement.
Mme Rizqy : Oui. Ma question, rapidement, porte sur les... bien, en fait, ça fait écho aux
survivantes de violences sexuelles qui réclament, pour être en mesure
de débuter un processus de guérison, de savoir quelle a été la sanction
imposée au professeur ou au chargé de cours.
Le Président
(M. Laframboise) : Parfait. M. le ministre.
M. Roberge :
Très bien. O.K. Alors, on a davantage de réponses. On tombe dans le légal. Parce
que, pour le principe, je pense
qu'on se rejoint. Je pense qu'il y
a zéro compromis à faire. Mais donc,
pour qu'on éclaire... Après ça, on peut débattre de ce qui est lu, d'accord?
Donc, je fais référence à la loi d'accès à l'information et la loi de la protection
des renseignements personnels. De cette loi
découle un guide d'accompagnement et d'élaboration de la politique sur les violences
sexuelles dans les campus. Et ça, c'est prescrit par la loi qui vise, donc, à
combattre les violences à caractère sexuel.
Donc, ce que ça dit,
c'est que, le point 53, «les renseignements personnels sont confidentiels
sauf dans les cas suivants : la personne concernée par ces renseignements
consent à leur divulgation; si cette personne est mineure, le consentement peut
également être donné par le titulaire de l'autorité parentale». Après ça...
Une voix :
...
M. Roberge :
Pardon?
Une voix :
...
M. Roberge :
Oui. Donc, ensuite, le guide d'accompagnement pour l'élaboration de la
politique, ça dit : «Ce guide reproduit
les dispositions pertinentes de la loi sur l'accès relative à la protection...»
Donc, il y a des sections du guide qui sont carrément des copier-coller
de la loi. C'est ce que je comprends.
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent. Allez-y.
Mme Rizqy :
...me répéter l'article, s'il vous plaît?
M. Roberge :
Je suis à l'article 53.
Mme Rizqy :
De la loi sur l'accès à l'information?
M. Roberge :
Oui. Je ne me trompe pas?
Des voix :
...
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : C'est exact, c'est exact. O.K. Donc, dans le
guide... Le guide reproduit des dispositions pertinentes dans la loi.
Donc,
ici, voilà, voilà : «Sauf exceptions prévues à la loi, en vertu de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, aucune
information de nature confidentielle, soit des renseignements personnels, ne peut être transmise par l'établissement à
une autre personne que celle que ces renseignements concernent, y compris la
personne plaignante ou un autre établissement d'enseignement. Pendant le
processus de traitement de la
plainte, la personne qui a déposé la plainte et la personne visée par la
plainte peuvent être informées des conclusions de l'enquête, à savoir si l'établissement entend donner suite à la
plainte ou non — donc,
ça, je pense que ça répond à vos préoccupations.
L'établissement doit également informer la personne plaignante des étapes
subséquentes au cheminement de sa plainte et s'assurer qu'elle désire
toujours poursuivre le processus.
«À la suite du processus de traitement
de la plainte administrative, c'est-à-dire lorsqu'une décision a été rendue et
que des sanctions ont été imposées, le cas échéant, la personne
plaignante devrait être informée de la fin du processus.»
Donc, on ne dit pas
nécessairement «informée des sanctions» mais «informée de la fin du processus».
Le Président
(M. Laframboise) : ...Mme la députée avait une question. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Oui. Je suis présentement moi-même en train... Je lis l'article 53 :
«Caractère confidentiel des renseignements
personnels.» Or, toute la liste des chargés de cours, toute la liste des
professeurs, elle est publique. Là-dedans, et ce n'est pas une question de renseignements confidentiels et
personnels, l'article 53 fait vraiment référence à... On ne demande
pas le numéro d'assurance sociale de qui que ce soit, on ne demande pas la date
de naissance, mais on connaît la liste des professeurs, on connaît la liste des
chargés de cours. C'est une liste qui est publique. Je ne comprends pas. Est-ce
qu'il y a quelqu'un, au sein, peut-être, du ministère, qui peut nous expliquer
la logique légale de la référence de l'article 53? Parce que moi, j'ai de
la difficulté pour de vrai, en ce moment, à suivre, là, la logique.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, ce que ça précise en réalité, c'est que le plaignant ou la plaignante est
bien informé à savoir si la plainte est reçue et le cheminement de la
plainte. Ensuite, on lui dit si le traitement est terminé ou pas. Cependant, l'imposition de sanctions et leur nature, le cas
échéant, ne peuvent cependant pas être révélées, car ces informations
constituent des renseignements personnels. C'est ça qu'on me dit.
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
• (20 heures) •
Mme Rizqy :
Merci, M. le Président. Je comprends ce qu'on vous dit. Moi, je m'en remets
maintenant... Je vais faire l'exercice. Je suis
présentement une étudiante, disons, à UQAM. Je porte plainte. Je sais que ma
plainte, elle est reçue. On m'informe
que ma plainte est reçue. Tout ça, ça va. Mais, à la fin, il y a un dossier qui
est traité par un comité. Je suis
entendue au sein du comité. Par la
suite, on m'informe : Le dossier est terminé. Moi, si je suis l'étudiante,
je n'ai pas besoin de savoir si le
dossier est traité, j'ai besoin de savoir quelle est la sanction pour être en
mesure de débuter un jour mon
processus de guérison. Et, quand je porte plainte, je porte plainte sur un
professeur ou un chargé de cours que sa
liste à lui, son nom, là, il est déjà public. Donc, l'article 53, je ne vois
pas son application. Puis c'est vraiment... Je me mets vraiment... Je
fais l'exercice de me mettre à la place de cette étudiante en ce moment.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Oui. C'est ça. Là,
j'ai des souvenirs de discussion semblables lors du projet de loi. Et la loi d'accès à l'information a imposé un cadre à la loi à
la lutte sur les violences sexuelles, puis ça, bien, ça s'est reflété ensuite dans le guide. Parce qu'en vertu de la loi d'accès
il y a des situations où l'établissement peut se soustraire à son
devoir de confidentialité.
Si
vous permettez, je vais vous lire les trois moments où la Loi d'accès permet à
l'université, hein, ou à l'établissement de se soustraire de son devoir
de confidentialité, donc des situations où on pourrait divulguer davantage
d'informations, si vous permettez. Ça serait
si la personne est mineure et qu'un signalement au directeur de la protection
de la jeunesse doit être effectué — bon,
ça le dit; ensuite, si, en vertu du paragraphe 13° de l'article 3 ainsi que de l'article 4
de la loi, la personne responsable de l'accès à l'information de
l'établissement considère qu'il est nécessaire de communiquer à une personne certains renseignements afin d'assurer sa sécurité — donc la notion de sa sécurité; et,
finalement, l'établissement peut se soustraire à son devoir de
confidentialité si la personne victime ou témoin se trouve dans une situation
assimilable à celle décrite à
l'article 59.1 de la loi, soit «lorsqu'il existe un motif raisonnable de
croire qu'un risque sérieux de mort ou de blessures graves menace une
personne [...] un groupe de personnes identifiable».
Donc,
ça, c'est le cadre, en réalité, de la loi d'accès à l'information qui a imposé
des normes et des réflexions, et donc
d'autres articles de loi, ces articles de loi là ayant imposé des limites à la
loi sur les violences sexuelles. Ces limites se sont répercutées dans le
guide.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. Honnêtement, là, je vais me permettre d'insister. L'article 53, ça,
c'est dans la loi : «...renseignements personnels
sont confidentiels». Moi, c'est là-dessus que je m'attarde. Quel est le
renseignement personnel là-dedans? La sanction, là... Comment qu'une sanction
peut être interprétée d'être un renseignement personnel, alors que c'est une décision institutionnelle? Ce
n'est plus un renseignement personnel de l'individu, c'est une université
qui rend sanction.
Et,
si on fait l'exercice a contrario, quand un étudiant, par exemple... Ça m'est
arrivé, j'étais directrice d'un programme universitaire. Quand j'ai un
professeur qui porte plainte sur un de nos étudiants, par exemple, pour son
plagiat, il y a un comité qui évalue. On
entend l'étudiant, on entend le professeur, on regarde la preuve, puis après ça
on statue puis on donne le résultat
non seulement à l'étudiant, mais on le donne aussi au professeur. On sait c'est
quoi, la sanction qui a été attribuée à l'étudiant.
Mais là, en
ce moment, quand je regarde, par exemple, dans le cas plus précis de l'UQAM, la
raison qui est invoquée, ce n'est pas
l'article 53, c'est qu'ils disent qu'on va stigmatiser le professeur,
mais, en réalité, on ne va pas le stigmatiser parce qu'en fait l'imagination est toujours pire
que, des fois, la réalité. Alors, si vous... Tout le monde mériterait d'avoir
de la transparence, et je n'arrive pas à comprendre la logique.
Alors, je ne sais pas s'il a eu, par exemple,
une opinion légale à cet effet. Et je comprends que, souvent, les
communications légales, c'est confidentiel et pour le ministre. Ça, j'en suis
convaincue. Je sais ça. Mais en ce moment, là-dessus,
cet enjeu-là est excessivement important, plus que jamais dans les débats de
société qui nous occupent aujourd'hui. Et, pour les processus de
guérison, je pense qu'il faut vraiment aller vers la transparence, là.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : O.K. Bien, écoutez, je
me trouve en ce moment dans l'inconfortable siège du ministre expliquant les
justifications légales d'une loi que je n'ai pas portée, en faveur de laquelle
j'ai voté cependant, parce que c'était définitivement une avancée, je ne m'en
cacherai pas. C'était une avancée par rapport à ce qu'on avait avant, puis ça a
quand même... je pense qu'on va tirer des
fruits de cette loi-là. On peut la trouver imparfaite, comme à peu près toutes
les lois, mais, bon...
Je peux
continuer un peu. Ce qu'on me dit, évidemment, c'est que le guide... la loi a
priori puis le guide par la suite, qui
était destiné aux établissements pour qu'eux fassent leurs politiques, bien, évidemment, il a été élaboré avec les juristes du gouvernement, pas, je pense, dans l'objectif...
certainement pas dans l'objectif de mal protéger les
victimes, mais simplement une espèce de concordance avec diverses lois.
Puis là j'ai
l'article de la loi à l'accès aux informations ici. À l'article 56, ici, on me dit que
c'est pertinent : «Le nom d'une personne physique n'est pas un renseignement personnel, sauf lorsqu'il est mentionné avec un autre renseignement la concernant ou lorsque sa seule mention révélerait un renseignement personnel concernant cette personne.» Donc, ce que je comprends, là, sincèrement... Tout seul,
comme ça, ça a moins de sens, mais il faut le lire dans son ensemble. Ce que je
comprends, en réalité, c'est que la nature
de la sanction peut permettre d'identifier la personne, oui, c'est ça,
surtout dans les campus ou les universités
peut-être de plus petite taille. Puis je comprends que vous
dites : Oui, mais la victime, elle, peut être identifiée si elle le choisit. Je comprends que c'est une situation
très, très difficile, mais, sincèrement, on est comme
pris dans la quadrature du cercle. Comment
on fait pour balancer les droits des uns et des autres, puis comment on fait
pour avoir une confiance dans le système?
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Bien, en fait, ce
que je dis, c'est qu'au contraire le nom du professeur ou du chargé de cours,
il est déjà connu, il est déjà connu. L'étudiante, quand
elle porte plainte, elle sait contre qui qu'elle porte plainte, et le nom
du professeur, il est sur le site Web. Une
fois que l'étudiante porte plainte, là, elle, là, elle peut avoir aussi, là...
Puis je sais qu'on loge aux mêmes
endroits. Alors, moi, je comprends que le renseignement personnel du
professeur ne peut pas être confidentiel,
il est déjà connu, le nom du professeur, au moment qu'elle
porte plainte, mais c'est rendu au final, en définitive, là, lorsqu'on arrive à la fin, lorsqu'il y a
une sanction ou pas de sanction. Mais l'étudiant, là, il doit savoir, puis moi,
je pense, là, que tout le monde devrait savoir si, oui ou non, il y a eu
une sanction. Est-ce que c'est une tape sur les doigts? Est-ce que ce n'est pas une tape sur les doigts? C'est-u trois mois de
suspension? C'est-u un congédiement? C'est ça qu'on doit savoir, parce qu'éventuellement, là, il faut aussi, à un
moment donné, là, quantifier et,
nous-mêmes, faire des études à
savoir, dans les universités, là, c'est quoi, les sanctions qui sont vraiment
imposées. Il y a des professeurs que peut-être qu'eux
autres ce n'est pas la première fois que ça arrive, c'est une récidive. Mais,
pour ça, pour savoir comment bien faire, il faut revoir, évidemment, par
souci de transparence, vraiment, la sanction.
Mais je vais continuer, parce que le temps file
aussi, mais, là-dessus, je pense qu'on gagnerait à savoir... Puis j'aimerais quand même rappeler une
chose : il y a peut-être le cadre qui a été développé avec les juristes de l'État, mais il y a, d'abord et avant tout, la loi puis les règlements,
puis c'est ça, la hiérarchie des lois. Alors, s'il y a un cadre qui a été développé basé sur l'opinion des juristes,
bien, peut-être qu'on pourrait tous bénéficier de comprendre
c'est quoi, la jurisprudence qui a étayé cette position, quelles sont
les décisions de principe qui... cette décision. Et, à ce moment-là, peut-être
que, finalement, l'opinion juridique de cela, on pourrait tous en bénéficier,
parce que peut-être que ce n'est pas tous les juristes ou tous
les avocats, ici, qui sont d'accord avec l'interprétation de l'article 53.
Puis, tant qu'à continuer, on va continuer aussi
dans le dossier parce qu'on parle de ces violences sexuelles. Qui dit violences
sexuelles... on parle évidemment
de détresse psychologique. Avant d'aller là, j'aimerais savoir... Là, on a
reçu aussi la liste des établissements supérieurs qui ne sont toujours pas
conformes — merci,
elle est à jour — il
reste encore plusieurs cégeps, collèges
privés subventionnés qui ne sont pas conformes et qui n'ont pas déposé encore
leurs plans, leur politique
institutionnelle n'est toujours pas déposée. Est-ce que vous allez faire un
suivi avec eux? Dans les prochains jours, j'imagine?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : C'est certain qu'on va
faire un suivi, puis on a comme... La lettre est partie ça ne fait vraiment pas très longtemps, ça fait quoi, ça fait à peu
près deux semaines que la lettre a été envoyée, leur rappelant la nécessité de bouger là-dedans et leur rappelant qu'advenant le
cas où ils ne se mettaient pas au travail puis que ça ne fonctionnait pas,
bien, on allait mandater des gens pour le
faire à leur place, leur envoyer la facture. Donc, il me semble que c'est assez
clair comme consigne, comme
directive. On s'attend à ce qu'elle soit suivie. On a été quand même, je
dirais, assez patients, janvier, février,
mars, avril, on arrive bientôt en mai, en fait, on est en mai, donc... Les
journées sont longues. Des fois, on perd le fil. Voilà.
Le
Président (M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
• (20 h 10) •
Mme
Rizqy : Parfait, oui. Alors,
merci. Alors, pour ce qui est du soutien psychologique sur les campus... Évidemment,
on parle beaucoup d'anxiété chez nos jeunes, primaire, secondaire, cégep,
universitaire. On va se concentrer sur les... enseignement supérieur aujourd'hui, avez-vous
quantifié par cégep l'explosion du
nombre d'heures qu'on aurait besoin
en services directs par... Parce qu'il y a beaucoup de demandes en ce moment
puis il y a une attente assez importante. Est-ce que vous avez fait quantifier? Est-ce que vous avez assez de
ressources en ce moment pour les cégeps et les universités, pour
répondre aux demandes croissantes d'anxiété, chez nos jeunes, et de détresse
psychologique?
M.
Roberge : Je me dois de dire que, ces dernières années, il y a eu des
compressions, dans les cégeps, qui ont été
assez sévères, là. Ça a commencé... mon Dieu, c'est-u en 2011 ou en 2012, sous
le gouvernement du Parti québécois? Ça
s'est poursuivi sous l'ancien gouvernement du Parti libéral. Et là, bien, on
réinvestit. Ça a commencé à la fin du dernier mandat. On est en processus de réinvestissement. On ajoute des
professionnels, on ajoute, en fait, de l'argent pour que les cégeps
puissent se doter de services pour accompagner puis aider les jeunes.
Ceci
dit, je ne peux pas vous sortir le nombre d'heures qui est nécessaire. De toute
façon, sincèrement, c'est un peu une notion qui est élastique, quand est-ce
qu'on peut trouver qu'on a suffisamment d'aide. C'est un peu... On en
veut toujours plus, puis c'est correct.
Mais, ceci dit, l'important, c'est de réoutiller nos cégeps, autant pour les
aides pédagogiques individuelles que
pour les services professionnels en détresse psychologique. On dit
souvent : L'un est relié avec l'autre.
Puis
on a permis à des jeunes qui, avant, ne diplômaient pas au secondaire,
maintenant diplôment au secondaire... parce qu'on leur a donné des
services professionnels, pas suffisamment, mais assez pour que ça fasse une
différence. Il y a des jeunes qui ont des
besoins particuliers qui, avant, ne se rendaient jamais au cégep, maintenant
ils se rendent au cégep. C'est une
hausse fulgurante de jeunes qui ont des besoins particuliers au cégep. Bien,
ces jeunes-là, par contre, ont besoin
d'aide. Sinon, même s'ils n'ont pas un problème psychologique, s'ils ont
simplement un problème d'apprentissage, évidemment, s'ils ne reçoivent pas l'aide puis on les place en situation
d'échec puis en situation d'incapacité, ça peut causer ces problèmes-là.
Le Président (M.
Laframboise) : Merci, M. le ministre.
M. Roberge :
Donc, pour moi, c'est vraiment une solution globale qu'on doit apporter.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée.
M. Roberge :
Puis on a plus de 2,5 millions d'ajouts cette année dans des mesures qui
vont dans cette direction.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent pour
4 min 50 s.
Mme
Rizqy : Vous commencez à connaître un petit peu mon style, je n'ai pas
beaucoup de temps de partisanerie pour ce genre de dossiers qui sont très,
très préoccupants. Et, compte tenu que, d'année en année, la demande, elle est croissante, que ce soit l'Université de
Sherbrooke, l'Université McGill, l'Université de Montréal, l'Université du
Québec à Trois-Rivières, le nombre
d'étudiants qui désormais sollicitent une consultation psychologique est en
forte croissance par rapport à l'année passée, et, à chaque année, ça
augmente.
Alors,
maintenant, j'aimerais juste savoir : Afin de bien répondre aux demandes,
est-ce qu'au ministère de l'Éducation on
a fait peut-être une consultation à travers tout le réseau des universités
ainsi que des cégeps pour bien évaluer la situation? Parce qu'en ce moment, que ce soit au primaire, ou
au secondaire, ou au cégep, ou à l'université, on le voit, et c'est vraiment
croissant, il y a une anxiété chez nos jeunes — pas juste chez nos jeunes,
mais on va se concentrer aujourd'hui sur nos jeunes — et je crois que ça serait important d'avoir
un portrait de la situation pour être en mesure de répondre adéquatement
pour chacun des établissements, d'avoir les ressources nécessaires pour ne pas
échapper aucun jeune.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Mais, là-dessus, je dois dire que les associations
étudiantes, les associations nationales, ont commencé à travailler le
dossier. Puis on en a eu des échos parce qu'il y a une table permanente
d'échange, hein, entre le ministère et les
associations étudiantes. On a commencé à récolter de l'information, mais
surtout on s'est mis au travail parce qu'il y a un rendez-vous qui s'en vient très, très bientôt, le 13 mai,
forum jeunesse et santé mentale, donc je pense que ça va être un moment important. Un peu comme, tout à
l'heure, je parlais du rendez-vous pour l'identité puis redéfinir comment
on voit nos universités dans l'avenir, c'est
un point de départ, bien là de la même façon, le 13 mai, on aura Santé, on
aura Éducation, on aura Enseignement
supérieur. Il y aura beaucoup de ministères qui seront là, parce qu'on
sait que les jeunes ne sont pas tous à l'université, mais plusieurs
jeunes sont à l'université ou au cégep, puis, à la fin, ils sont en formation générale, puis ils sont partout dans la société.
Puis on va lancer les travaux à ce moment-là. Puis c'est le ministère Santé
et Services sociaux qui est l'initiateur de ça. Mais on ne travaillera pas en
silo dans ce dossier-là.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. Je pense que quelques-uns d'entre nous, on a déjà été membres
d'associations étudiantes, d'autres ont
peut-être sorti plus souvent dans les rues que d'autres, mais n'empêche pas
qu'en ce moment, moi, qu'est-ce qui me préoccupe, pour
être autant en communication que vous avec nos réseaux d'associations
étudiantes, c'est que c'est les
associations étudiantes qui portent ça à bout de bras et non pas ceux qui
devraient être imputables, les institutions, les universités, les cégeps. C'est tellement parce que la demande est
croissante que c'est, par exemple, FAECUM qui a mené une consultation pour se rendre compte que c'est
un étudiant sur cinq qui nécessite une prise immédiate parce que la personne
est en détresse. Oui, l'Union étudiante du
Québec a fait une large consultation, l'AFECQ aussi, mais il me semble que ça
serait important de s'assurer que les universités et les cégeps commencent à
entendre le message, eux autres aussi, et collectent
les données, parce que, oui, les associations font le travail, mais il faut
s'assurer aussi que ceux qui sont imputables aussi fassent le travail,
et non pas juste les associations étudiantes.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Bien, comme je dis, nous, on a un peu un rôle de chef
d'orchestre là-dedans, le ministre de l'Éducation, et de la Santé, pour
que nos réseaux emboîtent le pas.
Ceci
dit, je ne pense pas qu'on puisse dire que toutes les universités, tous les
cégeps n'ont rien fait puis ont laissé leurs étudiants en situation de détresse
ces dernières années. Je pense qu'il y a, sur le terrain, des gens qui
travaillent, qui sont à l'écoute des
jeunes, qui travaillent avec le monde puis qui répondent à leurs besoins.
Évidemment, plus ils ont de financement
pour le faire, plus ils sont capables de payer des services. Mais ce qu'on dit,
c'est que l'ajout, la partie que je peux
faire à très court terme... outre de participer en tant qu'équipe ministérielle
au forum puis de repartir de là plus fort pour voir quelles sont les
orientations qu'on va prendre comme gouvernement, c'est d'avoir mis des
ressources, hein? Parce qu'on peut avoir les
meilleures politiques du monde, si on n'est pas capables d'avoir des gens sur
le terrain pour les appliquer, ça ne fonctionne pas.
C'est
pour ça que je trouve quand même important de souligner qu'on pourra dire que
ce n'est pas suffisamment, mais c'est
ça de plus. Donc, c'est 2,5 millions de plus dans notre réseau pour une
amélioration de l'offre de services psychosociaux par l'embauche de
ressources professionnelles spécialisées. Il y en a déjà qui font certainement
un bon travail, hein? Je ne leur ai pas
parlé cette semaine, mais je suis convaincu qu'il y a des gens qui rendent à
chaque jour des services aux étudiants puis aux étudiantes dans nos
cégeps, dans nos universités.
Le Président (M.
Laframboise) : Merci. Merci beaucoup. C'est tout le temps pour ce
bloc. On arrive au bloc du gouvernement,
puis, en début du bloc du gouvernement, je vais prendre quelques instants,
d'abord, pour vous dire que le document qui avait été demandé, il est
sur le lien Internet du Greffier. Donc, c'est au titre Droit de recours, ouvrir
l'onglet Demandes dérogatoires. Donc, c'est déjà sur le titre du Greffier.
Le document qui a été
distribué n'est pas public. Donc, il ne sera pas sur le site du Greffier. C'est
à la demande du gouvernement. Vous avez eu
le document de distribué, dont on a parlé tantôt, là, la liste d'établissements
qui n'ont pas adopté et transmis
leurs politiques, et il y aura deux liens qui seront ajoutés en rapport à ce
que la députée de Saint-Laurent nous a livré comme message. Donc, c'est
Enquête sur le climat au département d'études anglaises de Concordia et Dernières nouvelles sur nos efforts pour
promouvoir un milieu d'apprentissage sûr et respectueux, toujours de
l'Université Concordia, qui seront sur le site.
Puis, juste avant, j'ai un petit message aussi de
la part du groupe parlementaire formant le gouvernement. Est-ce qu'il y a consentement
pour que le temps du dernier bloc du gouvernement ne soit pas fait afin de
terminer un peu plus tôt, c'est-à-dire vers 22 h 15? Est-ce
qu'on a consentement?
Des voix :
...
Le
Président (M. Laframboise) : Consentement? Ça va? Donc, on poursuit
avec le bloc du gouvernement, et la parole est à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Non? Ça va? Donc, on y va avec le
député de Beauce-Sud, c'est lui que j'avais sur la liste. M. le député
de Beauce-Sud...
M. Poulin :
Merci.
Le Président (M.
Laframboise) : ...qui est arrivé, là, pour ce bloc.
M.
Poulin : Effectivement. L'important, c'est de ne pas être en retard,
c'est d'être à l'heure, bien évidemment. Alors, merci, M. le Président.
J'espère que vous avez bien enregistré le «sur division», hein, du
consentement, là. Alors, c'est important que ça puisse être inscrit.
Très
content, encore une fois, de se retrouver ce soir pour parler de nos
universités, des objectifs que l'on se donne. On sait qu'au Québec on a
des universités québécoises de grande qualité, des campus universitaires et
même certaines universités dans les
différentes régions du Québec, mais on se doit, également, de rivaliser à
travers le monde, n'est-ce pas? Bien entendu, on souhaite être, d'abord
et avant tout, oui, des citoyens du Québec, de notre beau pays, le Canada,
mais, bien évidemment, on souhaite aussi
être des gens qui vont étudier, par exemple, dans d'autres pays à travers le
monde. Mais on se doit de donner tous
les outils aux universités québécoises afin de concurrencer avec les
universités, entre autres américaines, qui offrent de bons programmes, qui ont
souvent des réputations très élevées. Mais il n'en demeure pas moins
que, si on souhaite que nos universités puissent rivaliser, on se doit de leur
donner tous les outils pour le faire.
Et
je sais, M. le ministre, que vous êtes impliqué dans le mouvement étudiant plus
jeune, entre autres chez Force Jeunesse,
et également vous avez bien connu François Legault lorsque vous avez milité à
l'intérieur d'une formation politique. Vous avez bien connu le premier
ministre, bien évidemment.
Une voix :
...
• (20 h 20) •
M.
Poulin : Merci, M. le Président. Et le premier ministre a une
obsession pour l'éducation qui est très, très, très grande, qui n'a pas commencé la semaine passée, qui a commencé à l'époque où il était ministre de l'Éducation. Entre autres, au tournant des années 2000, le premier ministre actuel a mis
en place, donc, une révision des règles de financement des universités québécoises, et aucune révision du
financement ni de politique gouvernementale n'ont été faites depuis ce
moment-là, quand même, en termes de révision de règles de financement, sauf,
sauf le 17 mai 2018, donc beaucoup, beaucoup,
beaucoup plus tard, l'ancien gouvernement a dévoilé une politique de
financement des universités, et, dans cette série de mesures qui ont été annoncées lors de ce dévoilement-là, il y a
certains aspects qui n'étaient pas finalisés. Et ça, ça inquiète le
milieu universitaire québécois parce qu'ils veulent connaître leur financement,
ils veulent savoir où ils vont. Et, bien
entendu, lorsqu'on rivalise avec l'ensemble des universités dans le monde,
parce que c'est de ça dont on parle, on se doit de les financer
adéquatement et d'avoir des règles budgétaires qui ont du gros bon sens.
Alors,
justement, les mandats stratégiques qu'ils souhaitent se donner doivent être
accompagnés de financement. Et même il faut se souvenir d'une déclaration, là,
de mai 2018, où il y a plusieurs universités qui avaient dit qu'ils
avaient signé ça le couteau sur la gorge. Il
faut le faire, hein? Les carrefours jeunesse-emploi nous ont dit ça, les CLD ont
été abolis, ils ont trouvé ça dur.
Donc, il y a beaucoup de monde qui ont été obligés de signer les choses sans
nécessairement avoir un souhait véritable que ça se passe ainsi.
Alors, les dirigeants d'universités
montréalaises et d'autres en région ont indiqué ne pas être satisfaits de ce règlement-là et du financement qui l'accompagne.
Cinq universités en région l'ont d'ailleurs clairement exprimé. Et ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré exprimait, à juste titre, et de
bon aloi, à quel point il est important de supporter nos centres universitaires
en région, de supporter nos campus en région, d'avoir l'argent nécessaire pour
démarrer les cohortes en région.
Moi, je
racontais récemment que, pour les enseignants au primaire en Beauce,
effectivement, ça me prenait 28 étudiants.
J'en avais 27. Je n'étais pas capable de démarrer ma cohorte. Alors, imaginez,
c'est des gens que je perds dans la
région, qui viennent étudier en ville l'enseignement. Alors, il est important,
et je le dis à l'ensemble des professionnels du gouvernement du Québec,
d'accorder une importance très particulière à ces règles de financement là en
région.
Et, bien entendu, les informations que j'ai
laissent entendre qu'on n'est pas capables de commencer les mandats stratégiques et, d'ailleurs, qu'il y a déjà eu
plus de 200 rapports que les universités doivent remettre à notre
gouvernement en termes de règles
budgétaires. Alors, on le sait, que, lorsqu'on remplit la paperasse dans les
bureaux, lorsqu'on demande à
l'administration des universités de remplir la paperasse, bien, pendant ce
temps-là, on n'est pas en train de compétitionner avec l'international, on s'entend. On n'est pas en
train de développer des nouveaux programmes, de nouveaux réseaux et de faire en sorte qu'on puisse recruter davantage.
Et, lors d'une commission parlementaire en 2015, il y a même un professeur
d'université qui avait comparé cette
reddition de comptes là à pire qu'une entreprise privée ou même pire qu'un
ministère comme tel. Alors, c'est assez incroyable.
À l'époque,
même la fédération québécoise des professeurs d'université évaluait les
économies susceptibles d'être générées par une meilleure reddition de comptes à
quelque 60 millions de dollars. 60 millions, on peut en faire, des
choses, en autres dans le réseau
universitaire. Et, de façon plus large, la Politique québécoise à l'égard des
universités a été produite par le
premier ministre actuel, comme je vous le disais, et ça, on est dans les
années 2000, alors il y a près de... 20 ans plus tard. Donc,
on sait qu'il y a du travail à faire.
Entre-temps,
on a eu différentes crises étudiantes dans le réseau universitaire et
collégial, entre autres, on a eu un sommet
sur l'enseignement supérieur en 2012 aussi puis, depuis ce temps-là, bien, on
souhaite avoir des réponses. Ça nous rappelle tous de bons souvenirs, par
exemple, hein? Peu importe où on était, peu importe si on portait le carré
rouge ou pas — peut-être qu'il était vert, peut-être qu'il
était rouge — peut-être
qu'on écoutait, ça nous rappelle tous de bons souvenirs parce qu'au
moins on parlait d'éducation à ce moment-là. Et on ne parle jamais trop d'éducation,
n'est-ce pas?
Alors, M. le
Président, je veux entendre le ministre sur ces règles budgétaires là qu'on
impose aux universités. Est-ce qu'il
va s'assurer de donner tous les outils nécessaires à ces universités
québécoises là pour rivaliser à l'international, pour faire en sorte que, partout dans le monde, on
dise : On vient à Québec, à Montréal ou en région, comme on dit qu'on va à
Harvard, par exemple? Donc, d'où
l'importance de développer des créneaux, des programmes spécialisés. Mais ça,
ça prend de l'argent, bien évidemment.
On ne peut pas développer des programmes universitaires sans sommes financières
considérables. Sans compter également
que, pour attirer des enseignants de qualité, des conférenciers de qualité, ça
nous prend aussi des sommes
financières. Donc, j'aimerais savoir ça, et, bien entendu, sur la paperasse,
qui est un sujet qui a été abordé par le réseau universitaire dans la
reddition de comptes, dans la façon dont on le fait, quel est votre plan à ce niveau-là, et, bien évidemment, de prendre en
compte également qu'il y a des universités avec beaucoup de personnel et
d'autres, en région, qui ont moins de personnel.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Cher collègue, bien, d'abord, il y a plusieurs questions dans votre question. Si vous permettez, je vais détailler les réponses.
Alors, d'abord, je vais vous parler de la fin de la révision des règles de
financement. C'est vrai que ça a été long
entre les règles de financement qu'on avait depuis fort longtemps et les
nouvelles. Puis, comme je l'ai dit,
le travail mené par l'ancien gouvernement était une avancée. Ça a été long
avant qu'ils commencent. Ce n'était pas parfait, mais c'était mieux
après qu'avant. À la limite, c'est un peu notre responsabilité à tous de
toujours laisser le Québec mieux après
qu'avant. Ce n'est pas vrai à tous les égards, mais, pour ce qui est de la
révision de la formule de financement, je pense qu'il faut donner ça au
précédent gouvernement.
Aussitôt
que je suis arrivé en poste, ça a frappé à la porte, vraiment, ça a frappé à la
porte de mon bureau. Tous les dirigeants universitaires voulaient me
rencontrer, rencontrer le gouvernement. Il y en a qui en avaient gros sur le
coeur, effectivement. Et, quand on
dit : Le diable est dans les détails, il y en a qui trouvaient qu'il y
avait un enfer au complet dans les
détails et qui, effectivement, trouvaient qu'ils s'étaient fait coincer, ils
s'étaient fait avoir un peu dans la révision. Même si, globalement, c'était mieux après qu'avant, il
y avait des choses graves, notamment des problèmes de financement dans certains domaines d'enseignement et de recherche
et, comme j'ai dit tout à l'heure, des compressions pour nos universités
en région, surtout du réseau UQ, à ce
moment-là, compressions qu'on a corrigées très rapidement après l'arrivée en
fonction. Parce qu'écoutez, quand une
université comme l'UQAC ne peut plus s'acquitter de son rôle de moteur de
développement régional, il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas, manifestement. Donc, c'est pour ça qu'on a
corrigé ça très rapidement.
La révision
des règles de financement dans leur ensemble est pratiquement complétée et elle
sera rendue publique en mai, donc à l'intérieur...
M. Poulin : Mai?
M.
Roberge : ...à l'intérieur du mois actuel. Je veux remercier l'équipe de sous-ministre et sous-ministres adjoints qui ont travaillé très fort avec mon collègue
assis juste derrière moi, directeur de cabinet adjoint, qui a piloté pas mal
ce dossier-là, parce que, cette fois-ci, personne
ne signera le couteau sur la gorge. Évidemment, tout
le monde voudra en avoir un peu plus, c'est très bien, c'est comme ça
qu'on les aime, nos recteurs, ambitieux pour leurs institutions, toujours prêts à faire valoir qu'ils en auraient
besoin d'encore un peu plus pour aller encore un peu plus loin, c'est correct.
Mais il n'y aura pas de victime collatérale.
Je pense que tout le monde gagnera avec cette révision-là qui amènera plus
d'équité dans les universités,
plus d'équité en fonction des régions, mais aussi en fonction des missions puis
en fonction de la taille des universités. Je pense que c'est des
critères qui sont importants.
Ce qui
rassure nos dirigeants universitaires, c'est qu'ils ont la certitude absolue qu'il n'y
aura pas de coupure dans le
financement pendant tout le mandat. Ça a l'air de rien, ça a l'air évident.
Voyons donc! Pourquoi on pourrait être assez fous pour couper la branche
sur laquelle on est assis? Il y en a qui l'ont fait avant, ils ont pris une
débarque, d'ailleurs, mais il y en a qui l'ont fait avant. Il faut se le dire,
en 2012 et 2014, il y a eu deux années financières, mais il y a eu trois rondes de compressions. Il fallait le faire,
quand même. Au budget, c'était : Hé! les amis, on coupe votre
financement. Trois mois, quatre mois
après, alors que les universités avaient fait leur budget : Ah oui,
finalement, voici une autre ronde de financement. C'est changer les
règles au milieu de la partie. Donc, oui, c'est ça, ils ont pris une débarque,
d'ailleurs.
Le gouvernement qui est arrivé ensuite, bien, il
a continué à jouer au yoyo avec les financements du réseau universitaire. Ça a bien fini, hein, ça a fini par un réinvestissement, mais c'était
destiné à faire oublier les coupures. Ça a été raté, les gens s'en
souvenaient. Ils ont pris une débarque, d'ailleurs. Donc, voilà.
Je ne m'attends pas à une débarque en 2022,
puisque nous ne jouerons pas au yoyo avec le financement des universités
puis parce que la formule bonifiée, je pense, saura satisfaire tout le monde, comme je dis. Bien que certains et certaines auront fort à
faire puis auront beau jeu de dire que ça aurait pris encore un peu plus pour
faire encore un peu mieux, c'est très bien.
• (20 h 30) •
Le deuxième élément dont je voudrais vous
parler, qui fait suite à votre question, c'est les mandats stratégiques. C'est très important pour notre gouvernement, des
mandats stratégiques, parce que c'est un des éléments sur lesquels on a une prise pour orienter, d'une certaine façon, la
direction que prendront nos universités. C'est une petite enveloppe dans
le grand tout du financement universitaire.
On parle d'une enveloppe de 20 millions de dollars pour l'ensemble du
réseau.
Mais en même temps ce sont des mandats qui sont
stratégiques, comme dit leur nom. Vous ne serez pas surpris qu'avec l'identité de ce gouvernement-là, bien,
les deux missions qu'on a mises de l'avant, c'est, un, l'éducation, bien sûr,
qui aura un petit peu plus que la moitié...
La grosse part du gâteau ira en éducation. Donc, même quand on parle
d'enseignement supérieur, on y va en
éducation. Le ministère s'appelle Éducation et Enseignement supérieur. On a
vraiment fondu ça ensemble. Et la
deuxième chose, évidemment, bien, c'est le développement économique et c'est
les partenariats économie-enseignement supérieur.
Donc, les mandats
stratégiques sont vraiment en lien avec notre vision, c'est-à-dire promouvoir
l'éducation, réinventer nos facultés d'éducation, en fait, amener nos facultés
d'éducation à se réinventer, à être innovantes, à nous proposer de nouvelles formations, de bonifications, même, de
la formation initiale et continue des enseignants, puis, ensuite, bien, trouver
des façons de mieux contribuer au développement de notre économie.
Vous avez parlé de reddition de comptes. Vous
avez bien raison, ce n'est pas compliqué, il y en a trop. Je me souviens lors de la période de questions, alors
que j'étais dans l'opposition, d'avoir déroulé un tableau immense, je pense,
c'était quatre pieds par cinq pieds puis
c'était écrit en caractères huit, et on voyait l'ensemble de la reddition de
comptes, c'était spectaculaire et
triste à la fois. Ça, c'est un chantier que je me suis engagé à mener à terme
rapidement quand j'ai rencontré les
dirigeants du BCI la semaine dernière, et j'ai vu des sourires dans les visages
des dirigeants universitaires parce qu'enfin ils avaient confiance qu'on
allait le faire, parce qu'ils se sont fait dire souvent...
Moi, je me
souviens d'avoir questionné un précédent ministre qui nous disait qu'il y avait
un comité sur la reddition de comptes. Ils ne se rencontraient pas. Il y avait
un comité. Ça, c'est pire que d'avoir un rapport puis une tablette avec
un bel espace tout prêt à le recevoir, quand
il y a un comité qui ne peut même pas se réunir pour commencer à penser à son
rapport. Ça, ça a été la contribution précédente pour la diminution de la
reddition de comptes. L'avantage, c'est que ce comité-là n'a fait aucune reddition de comptes. Ça a été sa contribution
à la diminution de la reddition de comptes. On va essayer d'être un petit peu plus efficaces que ça,
si vous me permettez. Puis je pense que c'est avec beaucoup d'enthousiasme
que les recteurs vont travailler là-dessus.
Et
finalement, bien, tantôt, j'en ai parlé un petit peu en parlant, en discutant
des changements avec notre collègue la députée de Charlevoix... C'est
Charlevoix ou Charlevoix—Côte-de-Beaupré?
Mme Foster : Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
M. Roberge : Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
excusez. Donc, concernant la vision de l'université québécoise, j'en ai dit un mot. Mais surtout ce qui est plus
intéressant, ce n'est pas d'entendre la vision, comme ça, qui est envoyée, mais
c'est de convier les universités à une réflexion. Comme je l'ai dit, on va
lancer ça avec la rencontre de l'ACFAS.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Il me reste combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Laframboise) :
3 min 48 s.
M. Poulin :
Et j'aimerais vous entendre parler un peu de l'internationalisation, oui, des
universités, le fait que nos universités puissent avoir une force de frappe à
l'international, le fait... Bien entendu, lorsqu'on leur donne les moyens,
lorsqu'on leur donne une sécurité au niveau
du financement, on peut s'assurer qu'ils puissent recruter, bien entendu, des
enseignants à travers le monde, qu'ils
puissent également attirer des étudiants, qu'on puisse faire en sorte que les
universités, également, en région puissent avoir cette force de frappe
là du côté de l'international.
Et, comme vous le savez, il y a... Vous avez
annoncé il y a quelques semaines, je pense, après notre entrée en fonction, un rehaussement au niveau des
universités québécoises en région. Mais on a beaucoup de campus qui relèvent
d'une université, par exemple, comme
l'Université Laval, entre autres, qui offre des programmes à l'intérieur de
centres universitaires indépendants
dans les régions. C'est le cas chez nous, le Centre universitaire des
Appalaches. Alors, à chaque fois, un
centre universitaire en région doit se retourner vers son bâilleur de fonds de
programmes pour s'assurer de le faire fonctionner
et de le faire avancer. Alors, pendant ce temps-là, il y a toute une notion de
développement également qu'il faut conserver en tête.
Alors, comment
on va faire et comment on va réussir à faire mieux connaître nos programmes sur
la scène internationale, à faire
mieux connaître également nos centres universitaires en région afin d'attirer
les gens chez nous puis qu'en même temps les gens puissent étudier au
maximum? Parce que les étudiants internationaux viennent d'abord au Québec et au Canada, peut-être que je me trompe,
oui, pour la qualité de l'enseignement puis les universités, mais aussi parce que le Québec, et le Canada, est un endroit
de paix, est un endroit agréable et est un endroit qui est bien, où on peut
étudier. Et la marche que l'on doit
continuer de franchir ou, du moins, l'escalier qu'on doit continuer de monter,
c'est celle que les gens viennent
étudier ici aussi pour notre qualité d'enseignement. Et je sais que nos
universités ont des projets plein les
tiroirs, mais, comme vous l'avez dit tantôt, ils ne pouvaient pas les ouvrir.
Ils n'avaient même pas l'argent pour pouvoir le faire, parce qu'on accordait toujours une incertitude à ce niveau-là.
Là, ils en ont, des projets. Ils ont un ministre à l'écoute, qui
comprend cette réalité-là, et ils sont prêts à franchir l'étape de plus. Alors,
qu'est-ce qu'on va faire pour les aider?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre, 1 min 43 s.
M. Roberge : Mais ce que je peux
dire juste avant, c'est que les centres universitaires, les satellites sont
très importants. D'ailleurs, votre centre
universitaire en Beauce, je l'ai visité puis j'ai vu une toute petite équipe extrêmement
dynamique, déterminée à rendre des services puis toujours à la recherche de
cours de plus à offrir. Et ça a été dénoncé à
quelques reprises, cette propension des universités à ouvrir des satellites.
Bon, je pense qu'il faut faire attention pour ne pas encourager à outrance la compétition d'une université face à
l'autre, mais je pense que, derrière les ouvertures de ces antennes, il y a surtout l'idée de
l'accessibilité, surtout l'idée, pour les universités, de rendre des services
puis de garantir que les jeunes et que les moins jeunes qui veulent
obtenir des formations puissent y avoir accès.
L'accessibilité,
c'est beaucoup : Est-ce que tu peux te rendre, est-ce que c'est
raisonnable, dans ta vie d'étudiant, dans
ta vie de jeune parent, dans ta vie de travailleur, de passer de la maison ou
du travail au campus puis de te rendre dans un délai qui est raisonnable? C'est que moi, je vois ça d'un bon oeil,
plusieurs de ces campus. Il y en a un à Saint-Jérôme, que j'ai visité aussi. Celui de Drummondville, qui
avait été, au départ, dénoncé, hein, je me souviens, là, ça faisait tout un
boucan parce qu'il ne fallait pas y aller, maintenant c'est plein. Et je suis
convaincu qu'il y a des gens qui étudient à Drummondville qui n'étudieraient
pas du tout si ce n'était pas du campus.
Le
Président (M. Laframboise) : Merci beaucoup, M. le ministre. La parole
est au deuxième groupe d'opposition pour 14 min 30 s. M.
le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. D'abord, M. le ministre, je me
demandais si vous aviez réponse à mes deux questions de tout à l'heure.
C'est-à-dire, l'augmentation, entre 2008 et 2018, de la fréquentation des
étudiants étrangers dans les
universités francophones par rapport à celle dans les universités anglophones,
le plus succinctement possible, si possible...
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Alors, ici, j'ai un élément de réponse. Je n'ai pas pris
connaissance avant que vous me posiez la question. Je vais l'apprendre en même temps que vous. Donc,
est-ce que c'est vraiment ce que vous demandez... Évolution des effectifs
étudiants, en équivalence à temps plein, québécois... d'accueil, canadiens et
étrangers, j'ai «réglementés» et «déréglementés», mais je ne l'ai pas,
«francophones», «anglophones». Mais donc, ici...
M. Nadeau-Dubois : ...pour les
déréglementés, s'il vous plaît?
M. Roberge : Pour les déréglementés,
bien sûr, donc, ici, je veux juste... Donc, entre 2007 et 2016, pour les déréglementés, il y a une hausse de 4,8 %,
et, pour les réglementés, une hausse de 7,4 %. Donc, il y a eu plus...
L'accroissement a été plus important pour les étudiants réglementés que
pour les étudiants déréglementés. Juste pour les gens qui nous écoutent, «réglementés», ça veut dire qu'ils sont
au tarif canadien maintenant, «déréglementés»... Bien, c'est parce que je
sais que vous le savez, mais ce n'est pas tout le monde qui le sait.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Et ça, c'est dans
les universités francophones?
M. Roberge : C'est dans
l'ensemble...
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Excusez-moi, M. le Président. On a tendance à échanger. Ça
fait un bout de temps qu'on se connaît. C'est dans l'ensemble du réseau. Donc, réglementés, de 2007 à 2016, une
hausse de 7,4 %, déréglementés, une hausse de 4,8 %.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Merci. Est-ce que vous êtes capable de me faire,
maintenant, la distinction entre universités anglophones et
francophones?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : Là, ça, sincèrement, il semble qu'on ne l'a pas. On ne pourra pas
vous la donner dès ce soir. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas la
trouver. Mais là ce n'est pas juste un chiffre. Il faut trouver le bon tableau
dans le cahier, et là je pense qu'on ne l'a tout simplement pas, à moins que vous l'ayez. Je pense, vous avez dit que vous l'aviez
tout à l'heure?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : J'ai des données
maison, mais elles ne sont pas, probablement, à la hauteur de...
M. Roberge : O.K., oui.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin, vous avez la parole, oui.
• (20 h 40) •
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. On a tendance à faire la
jasette, hein? Bien, j'aimerais bien que vous me reveniez avec les
chiffres exacts.
J'ai une
deuxième question pour vous concernant la déréglementation. Tout à l'heure,
j'ai trouvé bien intéressante votre
discussion avec votre collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Vous avez donné un exemple, et
j'ai cru comprendre, dans votre
exemple, qu'il y aurait un seuil d'étudiants québécois qui serait imposé aux
universités dans le cadre, donc, de la déréglementation des frais de
scolarité. Et vous avez donné un exemple que je trouvais intéressant, dans
lequel j'ai cru comprendre que ce seuil-là serait un seuil qui s'appliquerait à
chaque programme. Est-ce que c'est bel et bien le cas?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : Non. Dans la façon dont
ça a été conçu, ce n'est pas par programme. Je donnais l'exemple d'un programme qui pouvait être payant pour montrer la
dérive possible, parce que ça peut être tentant. Dans ce cas-ci, de la
façon dont ça a été conçu, à ce moment-ci, c'est un seuil par institution.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Bien, c'est l'information que j'avais également. C'est
pour ça que votre exemple tout à l'heure m'a surpris. Et je me demande si vous seriez ouvert à revoir ça, parce
que, l'exemple que vous avez donné tantôt, je le trouvais excellent, parce qu'il montrait une des grandes faiblesses de
cette politique de déréglementation, c'est que ça va permettre, par exemple, mettons, dans un cas totalement
hypothétique, à une grande université anglophone montréalaise, dont le nom commence par
«M», de remplir des cohortes, dans certains programmes très lucratifs, de
beaucoup, beaucoup d'étudiants internationaux et de compenser, entre
guillemets, par des étudiants québécois dans d'autres programmes beaucoup moins lucratifs. Vous parliez de
pharmacie. On pourrait parler de médecine dentaire, par exemple, qui est
également un programme où il y a
énormément d'étudiants internationaux à McGill, pour ne pas la nommer. Pourquoi
ne pas imposer ce seuil-là à chaque programme pour éviter justement le
cas de figure que vous avez vous-même illustré tantôt?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Question intéressante. Il faudrait voir les impacts
bureaucratiques d'avoir un seuil programme par programme. Cependant, la
dérive que j'ai servie en exemple et que vous ramenez peut nous allumer
là-dessus. Il faut voir. Moi, je n'ai pas
l'intention de laisser passer n'importe quoi, de laisser passer n'importe
quelle dérive. Tantôt, je parlais de
garde-fou ou de balise parce qu'il y a quelque chose d'intéressant, selon moi...
Je concède que, peut-être, là-dessus, on n'est pas d'accord, mais, pour
moi, il y a quelque chose d'intéressant à accueillir des étudiants
internationaux qui sont déréglementés. Ça
fait entrer des étudiants internationaux. Ça enrichit le Québec. Pour moi, ça,
c'est non négociable. Ça finance aussi davantage nos universités.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Très content d'entendre votre ouverture sur la
question du seuil par programme parce que
c'est une inquiétude dans plusieurs universités en ce moment. Je veux dire, ça
ne prend pas la tête à Papineau, il y a certains programmes qui sont
beaucoup plus attractifs, sur le, entre gros guillemets, marché international
de l'éducation supérieure, que d'autres. Et
les universités anglophones ne se feront pas prier pour charger le gros prix
dans les programmes où elles peuvent
le faire et compenser par des étudiants québécois ordinaires, entre gros
guillemets, là, dans des programmes qui sont beaucoup moins attractifs
sur le plan international.
Donc,
tant mieux que vous soyez ouvert à cette réflexion-là. Je vous invite à
poursuivre cette réflexion. Je passe... très rapidement, s'il vous
plaît, parce que j'ai d'autres questions.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Oui, bien, juste vous dire... Je répète, quand même, c'est
quelque chose... Je ne savais pas que c'était un projet pilote, mais disons que c'est quelque chose qu'on fait sur
trois ans, qu'on va réviser très rapidement, dès 2021-2022. Donc, on ne pellette même pas ça dans un autre
mandat, on pellette ça à l'intérieur du mandat. En fait, on s'en occupe puis
on a pris l'engagement d'évaluer les
résultats sur la croissance des clientèles d'ici et d'ailleurs, déréglementées,
exemptées. Donc, ces chiffres-là que
vous voulez, on veut les suivre des deux façons. L'offre de nouveaux programmes
et la langue d'enseignement, quel
impact ça a, donc, on va vraiment monitorer la chose. L'évolution des droits de
scolarité déréglementés, les
activités de recrutement et de rétention, donc, sur trois ans, on va voir
quelle direction ça fait prendre ou ça ne fait pas prendre au réseau
universitaire. Voilà.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : On vous donne rendez-vous dans trois ans, donc, et
peut-être même d'ici là.
Je
voulais aborder avec vous, M. le ministre, la question de l'aide financière aux
études pour les étudiants et les étudiantes
à temps partiel. Vous savez que le Québec est un peu une exception au Canada en
la matière. Contrairement au reste du
Canada, l'aide financière, au Québec, sous forme de bourses — je précise, sous forme de bourses — n'est réservée qu'aux étudiants, étudiantes
à temps plein. Si vous êtes à temps partiel, vous êtes admissible à des bourses
seulement dans des situations exceptionnelles du genre : vous avez
un handicap, un enfant en bas âge à votre charge, vous avez une déficience fonctionnelle. Mais, en dehors de ces
cas très spécifiques, les étudiants à temps partiel n'ont pas accès aux bourses
dans notre régime d'aide financière aux études.
Pourtant, vous le
mentionniez vous-même lors de vos remarques préliminaires, les gens font de
plus en plus d'allers-retours, hein, entre
la vie professionnelle et les institutions d'enseignement supérieur, cégeps et
universités. Donc, des étudiants à
temps partiel, il y en a beaucoup. C'est le tiers de la population étudiante en
ce moment au Québec. Et, de ces
dizaines de milliers d'étudiants, d'étudiantes à temps partiel, il y en a près
de 13 000 qui vivent avec des revenus d'emploi de moins de 15 000 $ par année. Ça, ce
n'est pas beaucoup d'argent.
Pourtant, ces gens-là n'ont pas accès à des bourses, ils n'ont accès
qu'à des prêts, à part, bien sûr, s'ils entrent dans une des exceptions que
j'ai nommées tantôt.
Dans
un contexte où vous disiez vous-même, tout
à l'heure, vouloir encourager le
retour aux études, est-ce qu'il ne serait pas intéressant au moins d'offrir
un accès à des bourses pour les étudiants à temps partiel? Parce qu'à ce moment on dit à ces gens-là : Vous voulez revenir aux études, bien, on va
vous donner accès à de l'aide
financière, mais seulement sous forme
de prêt. Donc, c'est une aide qui est surtout une invitation à s'endetter. Ce
n'est pas très, très... Ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant, vous en
conviendrez. Pourquoi ne pas permettre un accès aux bourses pour les étudiants
à temps partiel au Québec? Il me semble que
ce serait bien que vous soyez le ministre qui mette fin à cette iniquité-là
entre les étudiants à temps partiel du Québec et ceux du reste du
Canada.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, les
programmes d'aide financière aux études au Québec visent à couvrir le plus généreusement
possible les étudiants qui ont le plus grand besoin, évidemment. Puis donc
c'est pour ça que les mesures visent d'abord les étudiants à temps plein, qui,
bien sûr, ne peuvent pas consacrer une grande partie de leur temps à travailler, hein? L'un est le corollaire de
l'autre. Les étudiants parents, qui ont des responsabilités particulières, sont
plus... sont mieux aidés. Les
étudiants en situation de handicap, qui ne peuvent, nécessairement, poursuivre
des études à temps plein... Je vous
dirais que c'est trois catégories d'étudiants qui reçoivent davantage. Mais,
quand même, il faut se le dire, grosso modo, il y a plus de 10 000
étudiants à temps partiel qui ont reçu des bourses, je ne parle pas de prêts,
pour près de 90 millions annuellement, bon an, mal an. Donc, quand
10 000 étudiants reçoivent des bourses pour l'équivalent de
90 millions, on ne peut pas dire que c'est l'exception, que ça n'arrive
jamais.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Il y a 102 000 étudiants, étudiantes à temps
partiel. Donc, 10 000, c'est bien, mais c'est peu. C'est très peu. Êtes-vous ouvert à corriger cette
iniquité-là et à envisager que les étudiants à temps partiel, dans leur
écrasante majorité, qui n'ont pas accès à des bourses puissent avoir accès à
des bourses?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
C'est une question qui s'est posée souvent. Puis la question que vous soulevez
est intéressante dans le sens où on parle de
retour aux études qu'on pourrait faire, supposons, parce qu'on est parent puis
qu'on ne pourrait pas étudier à temps plein, mais il y a des bourses
pour ça quand on est étudiant. Je vous soumets ça, O.K., parce qu'on réfléchit. Ce n'est pas juste : Est-ce que
j'ai la réponse, pas la réponse, bonne réponse, mauvaise réponse? On échange un
peu. Le danger, en valorisant davantage, puis en reconnaissant davantage, puis
en finançant davantage les étudiants à temps partiel, c'est d'encourager les étudiants qui sont à temps plein à
passer au temps partiel et à étirer la durée des études. On sait que,
quand les études sont étirées dans le temps, le taux de diplomation descend. Ça
demande pas mal plus de persévérance de se
rendre à la diplomation en six, sept, huit, neuf ans qu'en trois, quatre, cinq
ans. Donc, c'est un danger. Je ne prétends pas que ça justifie tout,
mais c'est un danger.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le député de Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Je comprends ce que vous dites. Ceci étant dit, je
vous disais, là, tu sais, il y a 13 000 de ces 102 000 étudiants
à temps partiel qui vivent avec moins de 15 000 $ par année. Ça, ce
n'est pas des gens qui sont à temps partiel
par plaisir, là, c'est parce qu'ils ont... En tout cas, il y a fort à parier
que c'est des gens qui ont un petit emploi à côté, qui ont énormément de difficulté à joindre les deux bouts.
Est-ce que donner une petite bourse, un petit coup de pouce à ces gens-là serait une motivation pour que...
je vais aller à temps plein? Je ne suis pas sûr de ça. Je pense que c'est des gens... Si on fait moins de 15 000 $
par année et qu'on étudie quand même à temps partiel, c'est qu'on veut étudier,
c'est qu'on veut diplômer et qu'on a probablement des contraintes qui font en
sorte qu'on doit continuer à travailler en même temps.
Il
me semble qu'en matière d'encouragement du retour aux études, puis de la
persévérance, puis de la diplomation, il
y aurait quelque chose d'intéressant là, puis je vous laisse y réfléchir. Mais
je pense qu'il y a vraiment une mesure ici qui pourrait être peu
coûteuse, mais qui pourrait venir aider une catégorie d'étudiants, d'étudiantes
qui a besoin qu'on les accompagne dans leurs
études. Parce que tous les programmes de prêts et bourses ont leurs critères.
Il ne s'agit pas de dire : On va
donner des bourses aux 102 000 à temps partiel. Il s'agit de dire :
Est-ce qu'on ne peut pas prendre ceux qui ont besoin de plus d'aide là-dedans
puis leur donner des bourses? C'est la piste de réflexion que je vous lance. Je
ne sais pas si vous voulez partager vos réflexions là-dessus.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : J'ai juste un élément que j'ai mal compris. Vous me parlez
des étudiants de moins de 15 000 $,
qui sont à temps partiel. Est-ce que vous avez dit combien d'étudiants?
• (20 h 50) •
M.
Nadeau-Dubois : 12 500,
moi, c'est des chiffres de 2013 que j'ai, là, qui seraient... qui vivraient
avec moins de 15 000 $ par année.
Le Président (M. Laframboise) :
M. le ministre.
M. Roberge :
O.K. Et vous dites : Bon, bien, il faudrait peut-être leur donner un petit
coup de pouce de plus, une bourse
supplémentaire pour les aider à arriver. Ça ne serait pas cher, dites-vous.
Avez-vous un petit estimé de combien ça pourrait coûter? Vous êtes en
train de modifier... Vous demandez de faire une modification. Est-ce que vous
avez un programme, une suggestion? Combien ça coûte, votre suggestion?
Le Président
(M. Laframboise) : M. le député de Gouin.
1 min 30 s, M. le député.
M. Nadeau-Dubois :
Oui. Je vous lance des pistes de réflexion, là. Le montant de la bourse, je ne
l'ai pas calculé, mais je me suis
dit : Il y a quelque chose d'intéressant à aider au moins les étudiants à
temps partiel qui sont le plus dans une situation de précarité. C'était
le sens de ma question.
J'en
profite pour vous lancer une toute dernière question, puisqu'il me reste peu de
temps. J'ai apprécié votre échange avec
votre collègue tout à l'heure sur la valorisation de la profession enseignante,
et ça tombe bien parce que les négociations
dans la fonction publique approchent à grands pas. Ce sera l'occasion, pour les
employés du secteur public québécois, de renégocier leurs salaires et leurs
conditions de travail. Vous avez promis en campagne électorale d'abolir
les six premiers échelons de l'échelle de traitement des enseignants et des
enseignantes, 40 millions, disiez-vous, dans votre cadre financier, comme mesure. Est-ce que vous comptez faire les
représentations nécessaires pour que, dans le cadre de cette
négociation, cette promesse électorale soit respectée?
Le Président
(M. Laframboise) : 38 secondes, M. le ministre.
M. Roberge :
L'objectif n'a pas changé. C'est sûr que, dans ce cas-ci, c'est plus difficile
parce que ça se fait à deux. On ne peut pas
décréter ça. On ne peut pas passer un projet de loi puis y aller comme ça. Mais
c'est certainement qu'on va aller
dans cette dimension-là. Encore aujourd'hui, le premier ministre a dit :
Ce n'est pas compliqué, on veut respecter chacun de nos engagements. On veut respecter notre parole donnée aux
Québécois, une espèce de pacte qui s'est signé le 1er octobre entre le peuple québécois et la
Coalition avenir Québec... pas l'intention de trahir ça. Cependant, dans ce
cas-ci, vous comprenez que c'est une danse qui se fait à deux. C'est
ainsi qu'on amorce la période de négociation. On verra comment ça se
complétera.
Le Président
(M. Laframboise) : Nous prendrons du temps du gouvernement. M. le
ministre, je vous laisse continuer sur le temps du gouvernement si vous voulez
aller... il n'y a pas de problème.
M. Roberge :
Bien, non, je suis allé... Je pense, je lui ai répondu brièvement. Je vais
laisser mes collègues aborder de nouveaux sujets ou faire de nouvelles
questions.
Le Président
(M. Laframboise) : Parfait. M. le député de Richelieu.
M. Émond :
Merci, M. le Président. Je vais aborder un nouveau sujet avec une joie à peine
dissimulée. M. le Président, le
Québec est grand, en passant par la Beauce, en passant par Laval, les
Laurentides, Charlevoix, les îles de Sorel, Montréal, Chambly. Mais je tombe plus sérieux, M. le
Président, parce que c'est important que, partout, partout à travers notre
grand et beau Québec, l'ensemble des citoyens et des jeunes aient une chance
égale d'exploiter leur plein potentiel. Ce qui m'amène à vous parler du 24 octobre dernier. Le
Protecteur du citoyen rendait public un rapport sur les services éducatifs au
Nunavik comportant de nombreuses
attentes à l'égard du ministère. Le rapport comporte 15 recommandations.
Celles-ci concernent divers
volets : le logement, les défis posés par l'organisation scolaire, bien
sûr, les enjeux de fréquentation, l'accès aux études postsecondaires et la formation générale des
adultes, le manque de disponibilité des données sur l'éducation dans la région
du Nunavik, la prise de responsabilité
partielle ou incomplète du ministère avec la SCKI. Il y a un plan de travail,
M. le Président, pour le suivi des
recommandations du rapport, élaboré de concert avec la commission scolaire, qui
a été déposé au protecteur le
15 février dernier. Donc, c'est assez récent, et les travaux en vue de la
mise en oeuvre de ce plan sont, bien entendu, toujours en cours.
Parallèlement
à cette enquête, le ministère continue de soutenir la CSKI pour l'aider à
relever les nombreux défis auxquels elle fait face en matière de réussite
éducative. Il y a une équipe ministérielle, M. le Président, accompagnée
de la sous-ministre, lors d'un déplacement
effectué du 27 au 29 août dernier... C'est Mme la sous-ministre qui était
là au mois d'août dernier, exact,
afin de mieux cerner les enjeux pédagogiques vécus dans la région, et de
participer aux travaux de la table pédagogique conjointe, et contribuer à
l'avancement des dossiers en cours, M. le Président. Les discussions concernant
les règles budgétaires, qui avaient été suspendues depuis cinq ans, quand même,
sous l'ancien gouvernement, ont été reprises, et les relations sont fragiles,
mais les gens sont motivés à trouver des solutions, M. le Président.
Je vous parle de ce
rapport parce que la situation de diplomation des autochtones est plutôt
alarmante. Même si la situation est différente avec certaines communautés, elle
n'est pas moins inquiétante. Et une des premières raisons qui explique
ce fort taux de décrochage, c'est l'accès réduit des Premières Nations aux
études supérieures. Selon le dernier recensement
de 2016, c'est 14,4 % des gens des Premières Nations et 5,4 % des
Inuits, au Québec, qui ont eu un certificat ou un diplôme d'un collège, d'un cégep ou de tout autre établissement
non universitaire, et le chiffre passe à 7,9 % pour les Premières Nations et 2 % pour les Inuits
qui ont obtenu un certificat, diplôme ou grade universitaire au niveau du bac
ou supérieur à celui-ci.
J'ouvre une parenthèse, comme à mon habitude, M.
le Président, pour souligner que j'ai eu le plaisir de rencontrer voilà un certain temps déjà le Dr Stanley Vollant,
le tout premier autochtone québécois à devenir chirurgien, une rencontre
qui m'a marqué, un personnage assez
incroyable et sympathique. M. Vollant est issu de la communauté de Pessamit. Je
l'ai rencontré ici même, à l'Assemblée
nationale, en 2014, alors qu'il a été reçu chevalier de l'Ordre national du Québec.
À
la suite du dépôt du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du
Canada, une volonté de développer une
communauté de partage ainsi que des structures d'accueil favorisant l'inclusion
des étudiants et des étudiantes autochtones et leur réussite scolaire a vu le jour au Québec, M. le Président. Donc,
entre septembre 2017 et janvier 2018, le ministère a tenu plus d'une vingtaine d'entretiens avec des
chercheurs et des personnes-ressources au sein d'organisations autochtones,
d'établissements d'enseignement supérieur et
d'associations étudiantes. Ces rencontres, qui portaient sur l'accessibilité et
la réussite des Premières Nations et
des Inuits en enseignement supérieur, ont eu lieu, entre autres, à Sept-Îles, à
Saguenay, à Québec, Trois-Rivières, La Tuque, Montréal et, bien
entendu, Val-d'Or. Il y a une journée de travail qui a eu lieu le
4 décembre 2017 à Montréal afin de faire un bilan sur les rencontres
menées par le ministère auprès d'établissements d'enseignement supérieur et d'organisations autochtones afin d'échanger
sur le fonctionnement de la consultation nationale.
Je
nous transporte maintenant en mai 2018, M. le Président. Une seconde
rencontre a eu lieu afin de dresser le portrait sur les actions entreprises par le ministère dans leur dernière année et
de présenter les mesures en enseignement supérieur sous la responsabilité du ministère dans le cadre
du Plan d'action gouvernemental pour le développement social et culturel
des Premières Nations et aussi pour soumettre
aux fins de discussion deux propositions du ministère afin de continuer le
travail de collaboration entamé depuis
l'automne 2017, mais également avec un objectif de développer une
stratégie en enseignement supérieur,
la création d'une instance de concertation sur la persévérance et la réussite
scolaires des étudiants et étudiantes autochtones et aussi l'élaboration
d'une déclaration de principe ratifiée par l'ensemble des établissements
collégiaux et universitaires et les organisations autochtones.
Alors, au
terme de la rencontre, il a été confirmé aux participants, et par voie de
communiqué de presse gouvernemental, qu'une
instance de concertation pour traiter de la question de la persévérance et de
la réussite des étudiants, étudiantes des Premières Nations et Inuits serait
mise en place. Et je cite le communiqué, M. le Président, en ouvrant les
guillemets : «Les représentants
des organisations autochtones et du réseau des établissements d'enseignement
supérieur et le ministère, dans le but de favoriser la concertation de
l'ensemble des acteurs concernés, ont décidé de mettre en place un lieu de concertation permanent sur la persévérance et la
réussite scolaires des étudiants et étudiantes des Premières Nations et Inuits.
Cette instance aura pour premier mandat l'élaboration
d'une déclaration qui engagera les cégeps, [...]universités, les autochtones et le ministère à travailler
de concert pour [favoriser] la persévérance et la réussite scolaires des
étudiants, étudiantes autochtones en
proposant des recommandations précises au gouvernement — et je ferme les guillemets, M. le Président.»
En
jetant un coup d'oeil du côté de M. le ministre, et tout ça afin de voir
émerger, espérons-le, davantage d'exemples patents comme le cas de M. Vollant, que j'ai
cité tantôt, comment vous pouvez assurer les jeunes issus des communautés autochtones qui se sont distingués en obtenant un diplôme d'études
secondaires... pour leur permettre d'avoir accès aux études supérieures?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (21 heures) •
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. C'est une réalité que je continue de découvrir, la réalité des
milieux autochtones, des nations, des
diverses nations qui ont chacune leurs particularités, puis c'est quelque chose
qui m'intéresse énormément, j'apprends
beaucoup à ce sujet-là. Puis la pire chose à faire, je pense, ce serait du
mur-à-mur avec ces communautés-là qui
ont soif d'autonomie, puis d'autodétermination, puis de vraiment... De toute
façon, je pense que les solutions élaborées ici ou dans une de nos tours
quelque part, proche du parlement, risqueraient de se heurter à un mur
d'incompréhension puis à un choc des cultures. Je pense qu'il faut travailler
avec eux plutôt que de débarquer avec nos
solutions. C'est ce que j'ai retenu des comptes rendus de ceux qui ont fait des
voyages. Comme vous l'avez dit, il y a deux
personnes... pas deux personnes, mais il y a eu une visite ministérielle dans
le Nord, il n'y a pas très longtemps, il y en a eu une autre aussi, il y a quelques semaines à peine, avec un membre de
mon cabinet qui a accompagné le ministère des Affaires autochtones,
aussi, pour aller prendre le pouls puis ramener des informations.
Ce que je
peux dire sur des moyens qu'on peut prendre pour les aider à aller au bout de
leurs rêves puis à continuer de se développer, parce qu'il y a beaucoup
de jeunes, hein, énormément de jeunes dans les communautés autochtones...
D'abord, je vais vous sortir les montants puis les moyens.
Donc, il y a
de l'argent, quand même, qui est là. Il y a un plan d'action gouvernemental
pour le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits,
qui s'étire jusqu'en 2022, et ça inclut évidemment l'éducation et
l'enseignement supérieur. Je peux vous nommer cinq mesures liées à
l'enseignement supérieur.
Donc,
d'abord, il y a 4,2 millions pour soutenir la mise en place de deux
projets pilotes de centre d'hébergement pour des étudiantes et étudiants autochtones. Parce que la notion de centre
d'hébergement est très importante. Les distances étant tellement grandes, il y a bien des chances qu'un
étudiant qui veuille poursuivre ses études en enseignement supérieur ait à
se délocaliser. Ensuite, 2,5 millions
pour développer des initiatives et des projets visant la persévérance et la
réussite des étudiants et des
étudiantes autochtones. Encore une fois, moi, j'aime la notion, là, «développer
des initiatives». Donc, il ne s'agit pas d'arriver avec des solutions
qui fonctionneraient à L'Ancienne-Lorette ou à Trois-Rivières, mais plutôt de développer avec eux des initiatives. Ensuite,
1,3 million pour permettre l'embauche de ressources afin de soutenir
l'étudiant dans son cheminement
scolaire. On ne s'en sort pas, hein, il n'y a rien comme un humain pour aider
un humain. Puis c'est des ressources
puis c'est des professionnels. Puis les meilleurs, évidemment, c'est quand
c'est des gens qui sont issus des nations autochtones qui se forment et qui
reviennent aider les jeunes de leur nation. Ensuite, 1 million pour
favoriser la mise en place de
cohortes ayant un ratio moins élevé. On ne s'en sort pas, quand on est en
région, quand on est plus loin ou
quand on est dans les nations autochtones, c'est sûr qu'on ne peut pas
s'attendre à avoir des groupes de 25, 30 pour chacun des cours. Et plus de 600 000 $ pour
favoriser la réalisation de stages en enseignement en milieu autochtone. Donc,
ça, c'est très intéressant aussi.
Il y a
l'institut Kiuna, qui est très, très intéressant, un centre d'études
collégiales, aussi, pour les Premières Nations, spécifiquement avec eux. Et ça ne fait pas très longtemps que ça existe,
c'est depuis 2011 seulement. Mais, quand on parle de petite cohorte : de
2011 à 2016, 174 étudiants. Mais je ne dis pas ça pour diminuer la
grandeur de cette institution-là. Simplement
pour dire que c'est à échelle humaine, puis chacun de ces étudiants-là peut
avoir vécu un succès qui vaut la peine. Donc, il ne s'agit pas de
diminuer cette institution-là parce qu'il y a moins de personnes, au contraire.
Mais, en 2017-2018, ce qu'il y a
d'intéressant, c'est qu'on a ajouté à cette institution-là des programmes
préuniversitaires. Donc, il y a quelque chose de très intéressant là.
Et, avec une
discussion que j'ai eue avec le recteur, le principal de Bishop's, j'ai réalisé
que beaucoup d'étudiants autochtones choisissaient Bishop's pour faire
leurs études en enseignement supérieur. Puis il y a l'UQAC aussi qui a développé vraiment une
expertise, je vous dirais, pour accompagner les étudiants universitaires,
Bishop's aussi parce qu'ils sont
petits et ils travaillent vraiment à l'échelle humaine. Et ce n'est pas au
milieu d'un centre-ville, c'est moins dépaysant, là, c'est un cadre magnifique,
là. Pour ceux qui ne sont pas allés à Bishop's, c'est un campus très
intéressant. L'UQAT aussi. Donc,
quand on regarde ça, là, l'UQAC, l'UQAT, Bishop's, Kiuna, on est en train de se
doter d'institutions ou d'expertise, dans des institutions existantes,
pour accueillir puis accompagner ces jeunes-là.
Je veux juste
montrer la carte, parce que c'est parlant, une carte. Quand on sait que
presque, quoi, 90 %, 95 % des Québécois vivent dans la petite zone ici, dans le bas du Québec, mais
qu'il y a des villages, des nations autochtones tout le long de la côte, ici, alors que pratiquement
90 % des Québécois sont vraiment là, c'est là qu'on voit la grandeur du
territoire, mais aussi l'éloignement
de ces nations-là, de ces villages-là, de ces communautés puis qu'on mesure le
défi, en termes de kilomètres, pour aider puis soutenir ces nations-là.
Le Président (M. Laframboise) :
...M. le député de Richelieu.
M. Émond : Combien de temps?
Le Président (M. Laframboise) :
Pour 5 min 48 s.
M. Émond :
D'accord. Je trouve ça intéressant que M. le ministre nous a montré la carte.
Je disais en introduction combien le
Québec était grand, mais, quand on le voit de visu et... Ça me fait penser à
une conversation que j'ai eue récemment avec notre collègue le député d'Ungava, qui... Sa circonscription à
lui-même, sa seule circonscription est plus grande que l'ensemble du reste des circonscriptions du
Québec, un territoire tout simplement incroyablement grand. Et le député — je me retiens pour ne pas nommer son
prénom, là — le
député d'Ungava me disait combien le territoire était fantastique, majestueux. Puis je le félicitais, parce qu'on a
été, chers collègues, peut-être trois semaines à ne pas le voir au parlement,
parce qu'il profitait de cette période de
l'année, voilà quelques semaines, pour aller visiter l'ensemble de son
territoire et de ses communautés.
Parce qu'au niveau du transport il y avait une logistique qui était plus
facile, à ce moment-ci de l'année, alors
il se permettait d'aller voir ses commettants. Et vous le connaissez autant que
moi, c'est quelqu'un... c'est tout à son honneur, mais c'est exactement la personne qu'on connaît. Et
probablement que tout ça a quelque chose de très rassurant pour l'ensemble de ses commettants, de voir son
député comme ça aller à leur rencontre, et on ne peut que saluer le geste.
Vous avez
parlé d'une cohorte de 174 étudiants. C'est vrai. Et c'est intéressant de
ne pas minimiser le chiffre parce qu'autant dans les communautés
autochtones et des Premières Nations que plus dans notre région, là, en
Montérégie ou ailleurs, on ne peut pas se
permettre d'échapper aucun jeune, M. le ministre. Moi, je le répète souvent,
dans mon comté puis lors de mes
nombreuses visites, tout comme moi, je suis convaincu que, les collègues, vous
rencontrez beaucoup de vos chambres
de commerce qui parlent de la pénurie de main-d'oeuvre. Mais, au-delà de la
pénurie de main-d'oeuvre, à chaque fois qu'on échappe un jeune au
Québec, c'est un drame, d'abord, humain, un drame personnel, c'est un drame
social, c'est un drame collectif pour nous
tous et c'est un drame économique, dans le contexte de pénurie de
main-d'oeuvre. Alors, on ne peut pas
se permettre d'en échapper aucun. Puis moi, quand je vois des chiffres, quand
vous citez des chiffres d'une cohorte
de 174 étudiants, bien, ça me réjouit, puis souhaitons que tous ensemble,
avec les mesures que votre ministère va amener, on va être capables
d'augmenter ce chiffre-là.
Parce qu'il y
a d'autres histoires, parfois un peu moins réjouissantes, qui sont portées à
notre attention. Entre autres, notre
collègue ministre des Affaires autochtones, qui a été, bien entendu, visiter
diverses portions de ce territoire... Et je parlais d'éducation, en tant
qu'adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, et la collègue ministre me disait
comment c'est très important pour... les jeunes autochtones qui font leurs
parcours scolaires, rendus à un
certain niveau, et vous l'avez évoqué, doivent se déplacer sur de très longues
distances pour venir compléter leurs
études collégiales ou même supérieures. Et puis, je m'excuse de l'anglicisme,
parfois, il y a un «clash» qui s'installe, et les acquis pédagogiques
doivent être remplis complètement. Parce qu'elle m'évoquait, entre autres, le
cas d'un jeune qui réussissait très bien au secondaire, qui était un véritable
modèle pour sa communauté, puis, quand il est arrivé au collégial, un petit peu plus au sud de la province, il s'est avéré que
les acquis étaient plutôt difficiles, puis ce jeune-là, en situation d'échec, est retourné la tête
littéralement entre les deux jambes dans sa communauté. Et puis il faut que
l'ensemble de la communauté travaille très fort, même, pour éviter les
cas de suicide à ce moment-là.
Alors, ces gens-là ont besoin d'aide, d'accompagnement,
et on a toutes sortes de mesures qui sont en place pour leur permettre de le faire. Et je souhaite, et je sais que c'est un
voeu partagé par le ministre, que davantage de jeunes issus des territoires plus éloignés de notre beau
et grand Québec puissent se diplômer, eux également, et contribuer à leur façon
bien particulière. Et je regarde Mme la sous-ministre, qui a eu le privilège
d'aller visiter ces communautés et qui sûrement en aurait long à raconter, mais
je trouve ça rassurant que quelqu'un au sein même du ministère et quelqu'un qui occupe vos fonctions puisse avoir, suite, sûrement, à ses voyages, une sensibilité
particulière pour cette clientèle qui est plus spécifique.
Alors, ceci
étant dit, M. le Président, j'étais heureux de parler parce que ça m'a
permis de constater que mes cordes vocales étaient encore en place après
un très long moment sans parler. Et combien de temps me reste-t-il?
• (21 h 10) •
Le Président (M. Laframboise) : 45
secondes. Vous allez être capable...
M. Émond : Bon, 45 secondes. Ça
va. Alors, je vais passer la parole à M. le ministre pour compléter.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre, 39 secondes.
M. Roberge : Hydratez-vous, cher collègue. Mais, non, ce que
je veux dire, c'est que souvent les jeunes, surtout les jeunes femmes, qui viennent étudier un peu
plus au sud viennent avec leurs enfants, et ça, c'est une particularité. Donc,
les institutions qui les accueillent doivent
prévoir ça aussi. J'ai parlé à des gens de l'UQAC qui travaillaient là-dessus
aussi, qui parlaient des défis que ça
pose, même chose pour l'institut Kiuna. Cependant, quand ces personnes-là sont
diplômées, quelle richesse incroyable. Ils ont une influence incroyable sur
leur milieu. Ça vaut la peine d'investir dans...
Le
Président (M. Laframboise) :
Merci, M. le ministre. Le prochain temps de parole va à l'opposition officielle pour
21 minutes. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Oui. Merci beaucoup.
J'aimerais encore revenir sur les politiques qui ont été déposées pour les
violences sexuelles. Si on retourne
dans la loi, j'aimerais savoir... L'article 3 de la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère
sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur, l'article 3,
alinéa 12°, au paragraphe 12° : «Des sanctions applicables en cas de manquements à la politique, qui tiennent
compte de leur nature, de leur gravité et de leur caractère répétitif.»
Il y a une série de critères pour les politiques que les universités devaient
se doter. Est-ce que le ministère de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a pris... Dans toutes les politiques ont été déposées auprès du ministère, est-ce que vous avez commencé à
faire la vérification que la liste des critères prévus dans la loi ils sont
tous respectés?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Les établissements qui se sont conformés en déposant leurs politiques, ça a été
validé. Il y en a peut-être encore quelques-unes qui sont en processus de validation, si on vient
juste de les recevoir, mais on est en train de les analyser.
Une voix :
...
M.
Roberge : C'est ça. Mais la
plupart ont déjà été analysées, ça a été valide. On est en train
de vérifier ici, il y a quelques nuances, là. On me dit que l'analyse est
en cours mais pas pour tous. Il y en a beaucoup qui ont été analysées et approuvées. C'est correct, c'est derrière... pas
«c'est derrière eux», plutôt «c'est devant eux», une politique,
c'est là pour être appliqué, mais
disons que la rédaction est derrière eux. Puis, à moins qu'on leur retourne,
là... on est en train de valider. À
moins qu'on leur retourne des modifications, probablement mineures, là, à
apporter pour qu'ils se conforment au guide de rédaction...
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : ...concentre sur l'article 3,
paragraphe 12° : «Des sanctions applicables en cas
de manquements à la politique, qui
tiennent compte de leur nature, de leur gravité et de leur caractère
répétitif.» Est-ce que vous avez commencé à faire une vérification que, justement, toutes les politiques, ça soit un peu
clair? Par exemple, si on fait un parallèle avec la loi de l'impôt, si, par exemple, vous avez fait, disons, de l'évitement fiscal pour x montants
d'argent, c'est ça, la sanction; si vous avez fait de la fraude fiscale
pour x montants, c'est ça, la sanction; en haut de 1 million, bien, il y a
de la prison. Est-ce qu'il y a ça qui a été
fait, un tableau qui est dressé? Si oui, est-ce que vous êtes prêt à le
déposer, le tableau? C'est vraiment pour un souci de faire un suivi très
rigoureux dans ce dossier.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Sur les rédactions de politiques, ce qu'on m'a dit, c'est
qu'il y avait eu des ajouts mineurs. À date, soit qu'elles étaient
acceptées telles quelles parce qu'elles se conformaient à la loi et au guide,
puis, dans les cas où ce n'était pas
parfaitement conforme, c'étaient des choses mineures, les ajustements ont été
apportés. Maintenant, vous me demandez
s'il y a un processus de sanction si la politique n'était pas correcte ou si
elle n'était pas respectée? Je veux juste comprendre.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Je veux m'assurer que le ministère a un outil pour faire des vérifications que
les politiques sont en adéquation parfaite
avec l'article 3, paragraphe 12°, au niveau des sanctions, que ça
soit clair, à tout le moins. Parce que, si, par exemple, disons-le ainsi, une
victime ne peut pas savoir quelle a été la sanction attribuée au professeur ou
au chargé de cours, bien, à tout le
moins, on peut savoir... Habituellement, il y a des grilles de... Est-ce que
c'est une... Je vais vous donner des exemples. Si c'est un harcèlement,
si c'est une agression sexuelle, c'est quoi, le... Parce que c'est ça que la loi prévoit, là. Est-ce que les politiques
ont été vérifiées, qu'il y a vraiment une liste assez claire de gestes commis versus sanctions imposées puis qu'après ça le ministère
dise : Parfait, nous, on a vérifié puis on trouve que c'est correct en
vertu de la loi?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : O.K. Ça
va s'opérer... Ce que vous demandez se fera via la reddition de comptes. On précise ici :
«L'établissement d'enseignement rend compte
de l'application de sa politique dans son rapport annuel ou dans [d'autres
documents déterminés] par le ministre. Il doit y faire
état [...] des mesures de prévention et de sensibilisation mises en place — donc, on s'assure qu'il y en a — y compris les activités de formation
offertes aux étudiants.» L'établissement doit...
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : ...reddition de comptes, c'est une fois que la politique a été établie, sanctionnée, acceptée. L'année
suivante, l'université va dire :
Bien, regardez, voici ce qui est arrivé chez nous, dans notre campus. En amont,
avant, il faut d'abord s'assurer que la politique respecte le cadre législatif.
Et c'est pour
ça que, moi, ma question, c'est de savoir... Je veux juste m'assurer qu'au
ministère toutes les politiques qui rentrent chez vous, il y a
une vérification et que vous dites : O.K., on
a regardé dans le cas, par exemple, de harcèlement, voici
une sanction; dans le cas d'une agression
sexuelle, voici une sanction, puis
qu'après ça, vous, vos juristes vous disent : O.K., on a fait un
tableau comparatif dans toutes les universités, puis que ce soit sensiblement
pareil.
Une agression, là, que ce soit commis sur tel
campus ou un autre campus, il devrait y avoir tel genre de sanction. Si c'est un harcèlement, ça devrait être
tel genre de sanction. Il faudrait vraiment qu'il y
ait un outil, pour ne pas juste dire :
On va attendre l'année suivante pour la reddition de comptes. Il va être trop
tard, à ce moment-là, là.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : La validation qui
se fait par l'équipe, c'est à savoir si les politiques des établissements collégiaux, universitaires respectent les critères, hein? Tantôt,
on parlait du guide qui est destiné à l'intention des établissements pour se conformer à la loi. Alors, les politiques
des universités doivent respecter le guide, et elles sont toutes
analysées, une par une, chacune des politiques.
Et notre
grille d'analyse, ce n'est pas de comparer une politique par rapport à l'autre, mais bien de comparer la politique par rapport à l'exigence, l'exigence étant la loi et le
guide, donc les éléments généraux qui sont obligatoires. Est-ce que l'adoption de la politique
a été faite par le conseil
d'administration ou le premier
dirigeant d'établissement? Quelle est la date d'adoption de la politique
pour se conformer à la loi? Est-ce que la politique a été faite après une consultation
auprès de la communauté? Est-ce qu'elle est
distincte de toute autre politique?
On ne peut pas mélanger ça en disant : Ah! on a quelque chose sur le harcèlement. Est-ce qu'il y a un comité
permanent? Est-ce qu'il y a une personne responsable... ça, c'est important parce que responsabilité amène
imputabilité : Est-ce qu'il y a une personne responsable de la politique
dans l'établissement? Est-ce qu'elle est
disponible sur le site Web, pour une question de transparence? Évidemment, tu
sais, on dit : Nul n'est censé
ignorer la loi, c'est un peu la même chose avec la politique, la politique
étant, d'une certaine façon, le cadre
réglementaire. Est-ce qu'elle tient compte des personnes les plus à risque?
Est-ce qu'il y a des ressources spécialisées capables de l'appliquer?
Ensuite, il y
a des éléments de contenu obligatoires, donc les rôles et responsabilités,
prévention et sensibilisation...
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent...
M. Roberge : ...que je continue. Il
m'en reste cinq.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
M. Roberge : C'est parce que c'est important.
Mme
Rizqy : Je sais que c'est important,
mais ma préoccupation, c'est qu'il faut aussi s'assurer que ça ne soit
pas à géométrie variable. Parce que certains campus ont certaines
cultures. Puis on le sait, il y a eu plusieurs cas dans les médias, puis c'est
pour ça que... C'est juste s'assurer qu'une fois que ça rentre...
Moi, si vous
me dites que le ministère va dresser toutes les politiques,
qu'il va faire un tableau, puis qu'ils vont vérifier que ça respecte la loi, puis qu'après ça aussi, si
jamais vous vous rendez compte que les sanctions, d'une université
à une autre, là, ça n'entraîne pas
les mêmes conséquences... On ne peut pas se permettre ça au Québec.
Un étudiant doit avoir les... Par exemple, là, s'il arrive quelque chose
à Concordia puis que c'est ça, la réaction, puis il arrive quelque chose à l'Université de Sherbrooke, c'est une autre réaction, on ne
sera pas plus avancés. Alors, c'est pour ça qu'il faut faire attention
pour la géométrie variable.
Puis on a même vu, par exemple, dans le cas de
la FAECUM, qui s'est battue parce que là-bas, à l'Université de Montréal, ils pensaient que les profs pouvaient juger des
profs, puis on disait que ça serait peut-être intéressant d'avoir des étudiants sur le comité.
Alors, c'est pour ça. Mais je termine ma parenthèse là-dessus, parce que je
comprends que, là-dessus, vous allez faire
un suivi pour vous assurer, justement, qu'il n'y ait pas de géométrie variable à l'intérieur du réseau québécois.
Si vous
permettez, je vais juste aller dans un autre sujet, parce que je sais que le
temps file. Vous vous rappelez que vous
nous avez parlé... Il y a eu un cas, dans l'éducation... Je change
complètement de sujet, si vous permettez : détecteurs de monoxyde de carbone. Vous avez envoyé une
directive pour le réseau de l'éducation. Je veux savoir si la même directive
a été envoyée pour l'enseignement supérieur, s'il y a eu des vérifications qui
ont été faites.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (21 h 20) •
M.
Roberge : Il semble que,
non, la même directive n'ait pas été envoyée pour le réseau d'enseignement
supérieur.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la ministre de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : O.K., d'accord.
D'accord. Est-ce qu'il y a eu des vérifications de faites juste pour voir
si, par exemple, ça
serait à propos, vu qu'ils sont assujettis au Code du bâtiment? Je ne sais pas,
en fait. Est-ce qu'on a vérifié, pour ne pas avoir de mauvaises surprises,
là? Ce n'est pas une question piège.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : On va faire les
vérifications. Je pense que c'est une question qui est très pertinente que vous soulevez à
ce moment-ci.
Mme Rizqy : Parfait. Je vais avoir
une autre série de...
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Merci. Vous vous
rappelez les gonflements de notes? Vous avez aussi légiféré pour les
gonflements de notes pour le réseau
de l'éducation. Au cégep aussi, il y a des tests ministériels.
Est-ce que vous avez fait une vérification
pour vérifier s'il y avait une problématique au niveau des cégeps pour des
gonflements de notes?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : À ce que je sache,
ce n'est pas une problématique, que des directions d'établissement changent des
notes. Je n'ai jamais entendu de plainte à ce niveau-là. Alors, on a entendu des témoignages d'enseignants qui entraient des
notes avant une semaine de relâche ou qui entraient des notes dans le chiffrier
puis, quand ils regardaient le bulletin imprimé,
il y a des notes qui étaient différentes. C'est des exceptions, mais ça, on en
a entendu parler. Puis il y avait aussi l'affaire que le ministère lui-même, par une majoration, faisait passer les
58, 59 à 60. Ce n'est pas le cas dans le réseau collégial et universitaire.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Non, moi, je me
demandais juste s'il y avait des données. Parce que ce n'est jamais... Ça
existe... Est-ce qu'on avait des données au
primaire, secondaire et est-ce qu'on a ces données au cégep? Tout est
perfectible, mais encore faut-il avoir des données ou demander, en fait,
à savoir s'il y a une problématique.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : La seule note dont
il n'y a pas de... La seule note, disons, sur laquelle on
a prise, c'est l'épreuve uniforme de français
qui est faite au ministère, et il
n'y a pas de correction apportée, on
ne majore pas les notes, on ne gonfle pas les notes d'aucune façon. Et les supérieurs, les directions dans les
collèges n'interviennent pas dans l'évaluation. Ils n'ont pas leur mot à dire pour aller
changer les notes. Donc, comme il n'y a ni gonflement de la part du ministère
et il n'y a pas cette même problématique dans les instances, bien, il
n'y en a pas... On va mettre ça
clair, là, un 58 au collégial, ça reste un 58. Il n'y a pas, par magie,
un traitement statistique informatique qui fait monter à 60.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Dans les universités
puis dans les cégeps, est-ce qu'on vous a demandé la question,
à savoir si, oui ou non, il y aurait
peut-être de la pression pour faire augmenter les notes ou quelque chose, juste... Tant qu'à corriger, on va corriger.
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : J'ai assez de
travail à régler les problèmes et les feux qui sont allumés sans éteindre les
feux qui ne brûlent pas. Non, mais, écoutez, je ne prétends pas que tout
est parfait, mais, s'il arrive quelque chose, on s'en occupera. Mais disons
qu'on a pas mal de pain sur la planche. Ce n'est pas un enjeu, en ce moment,
qui nous a été signifié.
Je comprends
que vous dites : Bien, écoutez, peut-être que, si on creusait, on
trouverait quelque chose. Mais c'est le
jugement professionnel des professeurs de cégep et d'université, et rien ne me
dit que ce jugement professionnel est remis en cause, contrairement à ce qu'on a entendu de la part de plusieurs
intervenants, sur plusieurs années, dans le réseau scolaire.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : O.K. En ce qui a trait
des tests de français pour les enseignants, les futurs enseignants, vous avez
mentionné qu'il y a des travaux de réflexion là-dessus. C'est quoi, l'état
d'avancement?
Le
Président (M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, il y a le fameux... Voyons, c'est-u le TECFEE?
Une voix :
...
M.
Roberge : Le TECFEE, exactement.
Le Test... Ah mon Dieu! Il faudra qu'on me dise les lettres du TECFEE. Bref...
Mme Rizqy :
Test de certification en français écrit pour l'enseignement.
M.
Roberge : Merci. Je l'avais déjà su. Exactement. Oui, donc, ce test de sanction qui est passé à la troisième année du
baccalauréat, la troisième année sur quatre,
qui est un test qui est difficile, mais dont je n'ai pas envie de baisser
les exigences. Vous comprendrez que ce serait un peu surprenant venant de ma
part.
Cependant,
moi, j'ai posé des questions, depuis que je suis arrivé, sur l'opportunité de
ramener ce test-là davantage plus tôt
dans la formation, pour envoyer un message fort, un message clair que les
enseignants, les futurs enseignants, bien, ils doivent le savoir, la
maîtrise, la compétence du français, c'est non négociable. Et ce n'est pas vrai
que c'est vraiment quelque part à la deuxième ou à la troisième année d'un
baccalauréat en éducation qu'on apprend à maîtriser les règles grammaticales et l'application de la virgule, du
complément circonstanciel placé en début de phrase. Je pense que c'est...
Normalement, on apprend ça au primaire ou au
secondaire. Même au collégial, ce n'est pas là vraiment qu'on développe
cette maîtrise-là.
Donc,
évidemment qu'on peut se reprendre si on a des difficultés. Tant mieux. Mais je
pense que, un, il ne faut pas baisser
la barre d'aucune manière, puis, deux, je pense qu'on aurait avantage à ramener
ce test-là davantage vers un test d'admission. Ceci dit, ce n'est pas
encore fait, j'en discute avec les doyens pour voir comment on peut en
arriver...
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Savez-vous combien d'étudiants échouent? Est-ce que le ministère, en fait, vous
avez commencé à quantifier le nombre d'étudiants qui échouent le test de
français?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : On pourra retrouver les chiffres. Année après année, il y a
un certain pourcentage d'étudiants qui l'échouent
à la première occasion. On va trouver le chiffre, là, pendant que je réponds.
Il y a une deuxième reprise, une troisième
reprise, très peu se rendent à la quatrième, cinquième. Souvent, on lit dans le
journal l'exception, là : Ah! il y a un jeune qui s'est ramassé à la huitième reprise ou à la 11e reprise.
Mais la vérité, c'est qu'il y a une bonne part qui le réussissent soit du premier coup soit du deuxième coup. On
souhaiterait que ce soit 100 % du premier coup, évidemment. J'imagine
qu'on va me donner le chiffre très bientôt.
Le
Président (M. Laframboise) : En attendant, Mme la députée de
Saint-Laurent... Mme la députée de Saint-Laurent, en attendant? Ou vous
voulez attendre, madame, qu'il ait la réponse?
Mme
Rizqy : Bien, non, je sais qu'il le lit en ce moment, puis, s'il est
un petit peu comme moi, il ne doit pas être capable de faire deux
affaires en même temps. Moi, je l'admets candidement.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre, vous avez l'information?
M. Roberge :
Oui. Alors donc, excusez-moi, donc, nombre de candidats ayant réussi les deux
parties, parce que le test est en deux
sections, donc, voyez-vous, les derniers chiffres datent de 2018. C'est tout
récent. Donc, sur un total de
36 492... On va arrondir, pour fins de... sur 36 000, il y en avait
presque 19 000 qui l'avaient réussi du premier coup. Donc, un petit peu plus que la moitié l'avaient réussi
du premier coup. À la première reprise, 7 000 de plus, donc, rapidement,
là, on est à peu près à, quoi, 25 % qui l'avaient réussi. Donc, on
était rendus à 75 % à la deuxième reprise. Après ça, à la troisième
reprise, 3 000. Et là ça diminue : quatrième reprise, 1 500,
puis là, après ça, bien... On pourrait toujours dire qu'il y en a qui l'ont eu à la neuvième fois, mais on parle de
35 personnes sur 36 000, on est dans des données aberrantes.
Il
y a quand même 4 600 personnes qui ne l'ont jamais réussi. Et, moi,
ça, ça m'interpelle, quand même. Au-delà de dire : Ce n'est pas vrai que tout le monde échoue... Mais
4 600 sur 36 000, ce sont quand même des gens qui ont été admis à l'université dans un programme
d'enseignement, qui ont réussi les premières années de baccalauréat. Moi, je
pense qu'on a échappé quelque chose à quelque part, sincèrement. Pour moi, ça,
ça me dit que le statu quo n'est pas tenable.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent, 3 min 30 s.
Mme
Rizqy : Inquiétez-vous pas, je ne suis pas une personne très forte
pour les statu quo, hein? Donc, tout est perfectible. Pour ce qui est de ramener ça, peut-être, à la première...
comme exigence d'admission, peut-être, dans votre réflexion, de réfléchir que ce test a beaucoup
d'exceptions et que, dans le parcours universitaire, justement, ils donnent
aussi des outils pour être en mesure, éventuellement, de passer ce test.
Je crois que c'est en troisième année d'enseignement.
Pour
soutenir, maintenant, les enseignants et valoriser la profession, vous mettez
plus d'argent pour les bourses pour les étudiants en enseignement.
Comment ça va être déployé?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (21 h 30) •
M. Roberge :
Nous sommes en train de bâtir ce programme. Sincèrement, je ne peux pas vous
dire de quelle façon à ce moment-ci.
L'intention, c'est d'avoir un montant à l'admission, un montant à la
diplomation, donc favoriser l'inscription déjà en partant. On leur dira tout de suite les montants. Et, les
montants, sincèrement, j'aimerais bien vous les dire, je ne les ai pas en ce moment. On est en train de travailler sur le programme — là,
j'ai une pastille. Ça va aller un
petit peu mieux, je le
souhaite. Merci à celui ou celle qui me l'a envoyée en arrière. C'est beau, le
travail d'équipe.
Donc, voilà.
On s'enligne vers un projet... C'est 15,8 millions, presque 16 millions annuellement. L'idée, c'est d'avoir une bourse à l'entrée, une
bourse à la sortie, selon les critères à déterminer. Je ne prétends pas que tout le monde l'aura, on est en train de bâtir le programme. Une chose
est certaine, ça sera quand même un message très fort qui sera envoyé. Puis
je trouvais ça important d'avoir une partie à la diplomation aussi pour
favoriser la persévérance.
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : C'est un beau
montant, 16 millions de dollars. Pensez-vous... Parce que c'est quand même
pour le budget 2019-2020.
Pensez-vous, d'ici... C'est parce que vous parlez aussi d'admission. Pensez-vous que
les étudiants vont pouvoir voir la couleur de cet argent dès
l'automne 2019, ou on parle plus de plus tard?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Ça va être un peu difficile, sincèrement, de bâtir
le programme au complet tout de suite. On aimerait ça, là, être capables de donner en septembre, mais
sincèrement, des fois, un peu plus de temps pour faire un peu mieux, c'est
quand même acceptable.
Mme Rizqy : Oui, je comprends, mais
c'est juste que...
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent, 1 min 3 s.
Mme
Rizqy : Je comprends, mais, puisque dans le budget, c'est marqué...
(panne de son) ...pour l'année 2019-2020, je m'attends quand même que,
pour l'année 2019-2020, les étudiants visés par cette mesure puissent
aussi en bénéficier. Alors, c'est pour ça que je...
M. Roberge : Alors, bien sûr...
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
M. Roberge : Quand je dis que je ne
sais pas si on va y arriver pour septembre, on va y arriver pour la session de septembre, pour la session d'automne, je ne
veux juste pas dire un chiffre : Ça va être prêt le 1er septembre. Si
c'est complété pour le
15 octobre, c'est correct. Mais c'est certain qu'on va réussir le tour de
force de faire ça pour la session d'automne, puis c'est un tour de
force.
Mme Rizqy : Oui, je comprends...
Le Président (M. Laframboise) : Mme
la députée de Saint-Laurent, 27 secondes.
Mme
Rizqy : ...mais, quand vous avez dans votre budget 16 millions de
dollars, vous avez sûrement établi des critères déjà avant d'avoir fait
l'annonce. J'imagine que vous avez eu une réflexion, là, sur les critères,
parce que, dans le budget, c'est marqué «des bourses d'excellence», mais, si en
même temps on veut attirer le plus d'excellents futurs enseignants,
j'imagine que vous avez commencé déjà votre réflexion pour les critères
d'admission pour ces bourses.
Le Président (M. Laframboise) :
Merci, Mme la députée. C'est tout le temps que nous avions. Donc, il reste deux blocs : un bloc au gouvernement, il
restera un bloc à l'opposition officielle. Donc, pour le gouvernement, c'est le
dernier bloc. Donc, M. le ministre,
si vous avez des messages à passer, c'est le temps, c'est le dernier bloc du
gouvernement. Donc, on commence avec le député de Saint-Jérôme pour
20 minutes.
M.
Chassin : Je regarde un peu
mes collègues pour voir s'il y a des gens qui lèvent la main parce qu'ils sont
pressés de dire quelque chose. Mais j'ai moi-même, M. le Président, une
question pour le ministre, et une question un peu tout en nuances, ceci étant dit, avec une problématique
qui, quant à moi, est quand même intrigante, à tout le moins, ou soulève des
questions, soit le taux de diplomation au collégial, qui devrait nous
préoccuper.
J'ai quelques
chiffres à mentionner qui démontrent l'évolution ou le manque d'évolution des
taux de diplomation. Commençons par les cohortes qui sont entrées au
cégep en 2005. Les taux de diplomation, deux ans après la durée normalement prévue, étaient de 70 % pour le
préuniversitaire, 61 % pour le secteur technique. Autrement dit, après quatre ans, on a sept étudiants sur 10 qui
diplômaient au préuniversitaire, seulement six sur 10 qui diplômaient au
technique après cinq ans. Pour les dernières données disponibles, qui
sont celles de 2016, on remarque à peu près la même chose, soit 69,9 % pour le préuniversitaire, encore
sept sur 10, finalement, et encore six sur 10 pour le secteur technique,
60,9 %, donc cinq ans de durée totale. On remarque donc l'absence de
progrès qui soit notable dans la diplomation au collégial. Et cette différence est encore plus marquée quand
on compare la situation des garçons et des filles : au préuniversitaire,
c'est seulement 65 % des garçons
qui diplôment contre 75 % des filles; dans les techniques, c'est 55 %
des garçons, 65 % des filles.
Je suis d'avis qu'il y a là un problème. Je ne
suis pas le seul, il y a Bernard Tremblay qui écrivait... donc, le
président-directeur général de la Fédération des cégeps, qui, en 2018, écrivait
dans un article paru dans les journaux : «On
va se le dire — je
cite — on n'existe
pas au Québec, on est complètement absent — il parle des cégeps, bien sûr. Il y a
un plan d'action pour la réussite éducative
qui se termine en cinquième secondaire. Mais la réussite, ça ne s'arrête pas à
16 ans. Il faut qu'on se mobilise.»
Donc, il y a une réflexion là-dessus et en même
temps, je le disais, une question nuancée, M. le ministre, parce qu'il serait facile de sauter un peu aux
conclusions, de dire : Il s'agit de taux inacceptables. Or, et là je
remonte un peu loin, pardonnez-moi,
mais, dans le rapport Parent, il y avait une certaine vision derrière
l'implantation des cégeps. On parlait, et c'est ce qui fait un peu le modèle unique au Québec, hein, on parlait de
ce moment de la vie des jeunes où on se cherche, on explore, on peut changer d'orientation, changer de programme
d'études, et cette exploration-là, elle est plus intéressante à faire au
cégep et certainement moins coûteuse pour la société que si on la fait à
l'université. Alors, je plaide moi-même
coupable, j'ai changé de programme à l'université, alors que j'ai fait mon
cégep préuniversitaire en deux ans en sciences pures, tout allait bien, et c'est à l'université où j'ai pris davantage
de temps. Je blâme pour cela le mouvement étudiant, qui m'a fait décrocher.
Ceci étant dit, je ne serais pas ici sans le mouvement étudiant. Donc, à
malheur... c'est ça, quelque chose est bon.
Mais néanmoins il y a cette réflexion-là
derrière nos cégeps, nos collèges, d'offrir une chance au coureur. Et d'ailleurs on a des taux de diplomation postsecondaire
plus élevés que dans le reste du Canada grâce à cette institution qu'est
le cégep. On a des taux, malheureusement, de
diplomation universitaire moins grands, mais, à tout le moins, postsecondaire
plus élevés, ce qui fait qu'on donne,
finalement, la possibilité à des jeunes d'essayer des études postsecondaires à
travers le cégep, même si une
proportion d'entre eux, effectivement, ne se rendront pas au bout de leur
programme d'études. Évidemment, ça ne
veut pas dire qu'il ne faut pas se préoccuper des taux de diplomation...
Finalement, derrière un chiffre, un portrait de situation un peu résumé, comme
je l'ai fait, il y a plusieurs facteurs, certains qui sont, finalement, liés
au, disons, magasinage, qui sont tout
à fait normaux, des essais-erreurs, et c'est tout à fait louable. Par ailleurs,
il y en a certainement une partie,
une proportion de ce décrochage collégial, appelons-le comme ça, qui s'explique
par un manque de ressources, un manque d'encadrement, et c'est là où il
y a une préoccupation à avoir, une possible piste d'intervention.
Et puis je
sais, M. le ministre, que vous êtes sensible aux questions des services qui
sont offerts, notamment parce qu'on
parle d'ajout de services au secondaire, on en a abondamment parlé. Le budget
dont on discute et les crédits dont on discute ajoutent effectivement de
l'argent pour le professionnel, et là, de mémoire, là, c'est
600 professionnels, je pense, au secondaire,
qu'on ajoute. Il y a donc à avoir cette réflexion en enseignement supérieur
aussi, notamment au niveau collégial, et
c'est là où, M. le ministre, je me tourne un peu vers vous pour essayer d'avoir
de votre part cette réponse à la question : Est-ce qu'on doit se préoccuper d'ajouter aussi des services
professionnels au collégial et, concrètement, qu'est-ce qu'on souhaite
ajouter comme services?
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
• (21 h 40) •
M.
Roberge : Merci bien. La question de la réussite au cégep, c'est une
question qui est complexe parce que, vous l'avez dit, c'est, des fois, le
moment où, entre l'adolescence et l'âge adulte, il y en a qu'on dit qu'ils sont
adulescents un certain temps, disons.
Bon, je me retiens de nommer des gens, mais... Mais, pour vrai, c'est tout un
défi qu'ont les cégeps et... les
cégeps privés, dans le fond, les collèges et les cégeps, d'amener ces jeunes-là
à la diplomation, de les accompagner aussi
dans un cheminement professionnel, de trouver le programme qui les motivera, en
faisant baisser la pression aussi. Moi, j'ai une jeune fille qui est en
secondaire IV en ce moment, puis il y a une espèce d'angoisse, là, de
dire : Mais là il faut que je
choisisse, là, à 15 ans, ce que je vais faire toute ma vie. Ce n'est plus
ça, maintenant, mais il y a quand même cette logique-là, parce qu'on
rencontre les oncles, les tantes puis : Qu'est-ce que tu vas faire quand
tu vas être grande? Là, tu es supposée de
répondre avec ton programme de cégep, peut-être ton programme d'université,
puis : c'est ça que je vais faire pour la vie. Puis ce n'est plus
ça, mais il y a quand même cette pression-là qui commence à se voir dès le secondaire IV, parce qu'on sait bien que
c'est les notes de secondaire IV qui décident si tu vas dans un programme
contingenté, même si tu fais ton
admission en secondaire V. Donc,
voyez-vous comment la pression se fait ressentir tôt, donc, alors qu'on
sait que les jeunes sont en recherche d'où est-ce qu'ils veulent s'en aller un
certain temps?
Ceci étant dit, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, ce n'est pas
acceptable d'avoir si peu de gens qui ne se rendent pas au bout. Qu'ils
changent de programme, ce n'est pas un drame, ce n'est pas dramatique,
mais qu'ils ne diplôment pas dans
aucun des programmes dans lesquels ils auront peut-être
papillonné, ça, ça peut être un problème qui est plus grand.
Et, comme
c'est une question nuancée, je vais amener une nuance de l'autre
côté en disant que, paradoxalement, la stagnation de notre taux de diplomation
est presque remarquable parce qu'il y a eu beaucoup plus d'étudiants qui ont des besoins particuliers, d'étudiants qu'on dit HDAA,
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, qui se sont
rendus au cégep ces dernières années. Je cherche le nombre depuis tout à l'heure, mais ça s'est vraiment multiplié. Alors, quand tu accueilles de
plus en plus de jeunes qui sont en difficulté d'apprentissage, qui ont besoin
de mesures d'adaptation,
qui ont besoin de services supplémentaires et que tu réussis à maintenir ton
taux de diplomation, c'est parce
qu'en quelque part tu fais quand même
quelque chose de bien. On va vouloir faire mieux, mais il y a quand même
quelque chose qui s'est fait de surprenant, parce qu'on aurait pu
penser, évidemment, qu'en accueillant des étudiants qui sont vulnérables, des étudiants qui ont des besoins
particuliers, des étudiants qui ont peut-être vécu des échecs, qui ont
redoublé, qui ont des acquis un peu fragiles, ça ne fonctionnerait pas.
Une voix : ...
M.
Roberge : Merci. J'ai le chiffre, ici. Écoutez, de 2012 à 2017,
l'augmentation de ces étudiants est de 140 % en cinq ans, une augmentation
de 140 % de ces étudiants en situation de handicap. Et les collèges ont
réussi à maintenir leur taux de
diplomation. Je ne dis pas que ces gens-là n'ont pas les capacités, mais on
comprend que c'est plus difficile de les amener à bon port.
Ceci dit, il
y a une autre raison, là, je reviens du côté en disant : On peut faire
mieux, bien, il y a eu moins de ressources, hein? Quand il y a eu la période de
compressions, qui a duré quand même un bon quatre, cinq ans, bien, les premiers qui ont perdu leurs emplois, ce n'est pas
les professeurs, puis je ne souhaitais pas qu'ils perdent leurs emplois le
moins du monde, mais ils sont protégés par
le ratio enseignant-élèves. Ils ont leur permanence. Mais beaucoup des gens
qu'on dit les API dans les collèges, là, les
aides pédagogiques individuelles, ceux qui font la différence, bien, ceux-là
n'étaient pas protégés. Ils n'avaient
pas leur permanence. Il y en a qui ont été mis à la porte. Donc, évidemment,
lorsqu'on enlève la béquille à quelqu'un qui en a besoin pour marcher,
c'est difficile. Ça, c'est une des raisons.
Et, du côté
de l'espoir, bien, il y a la Fédération des cégeps, il y a les directions qui
ouvrent la porte à des améliorations en littératie. Donc, la littératie, hein,
c'est la capacité à lire, mais pas juste «je sais lire», mais la capacité à
lire... à lire des textes complexes,
à les comprendre, à les reformuler dans nos propres mots, à les utiliser dans
des travaux. Donc, c'est autre chose que de savoir lire, là, la
littératie, à ce niveau-là au collégial. Et les mises à niveau en littératie,
ça va augmenter. Puis j'ai travaillé
là-dessus parce que je suis convaincu que c'est une des clés pour la réussite
au collégial. D'autant plus qu'au collégial
il y a de plus en plus de gens qui ne sont pas dans un parcours linéaire, là,
qui font secondaire III, IV, V, collégial, merci beaucoup. Beaucoup
de gens sont partis et reviennent. Et on peut terminer notre secondaire avec
des notes extraordinaires, aller sur le
marché du travail, où on est peu appelé à lire des textes complexes, à les
analyser et à les réutiliser, et
c'est... ça se perd, la littératie. Ça peut se regagner, mais c'est vraiment...
la meilleure comparaison qu'on peut avoir, là, c'est sa forme physique, son tonus musculaire. Plus tu fais de
l'activité, plus tu développes ton tonus musculaire et donc tu es en forme. Si tu arrêtes pendant trois,
quatre ans, bien, tu en reperds pas mal. Les premières fois, ça fait mal, c'est
difficile, mais ça revient. Et c'est ce qui se passe avec la littératie.
L'autre bonne
nouvelle, c'est que, lorsque j'ai eu une rencontre, il n'y a pas très
longtemps, avec les dirigeants de la Fédération des cégeps, donc, les
dirigeants des collèges, je leur ai dit : Chers amis, vous allez avoir un
refinancement majeur. Vous allez avoir
confirmation que l'État a besoin de vous et croit en vous, que le gouvernement
veut miser sur les cégeps. Donc, on
va vous financer plus et mieux. Mais,
attention, attention! ce n'est pas un chèque en blanc. Je veux un plan d'action pour l'amélioration de la réussite
et même pour la réduction du temps d'études. Et ils ont répondu par un
grand sourire parce qu'ils sont au travail là-dessus et ils ont un colloque qui
s'en vient à l'automne 2019 précisément là-dessus pour réfléchir ensemble sur des façons... les
meilleures façons, les plus efficientes. Parce que je suis sûr encore qu'il y
a des bonnes pratiques. Des fois, il y a
des choses qui coûtent cher qui sont peu productives puis, à l'inverse, il y a des
choses qui coûtent moins cher qui sont plus productives... donc de s'échanger
les bons coups puis de voir ce qui se fait de mieux pour améliorer la
réussite.
Donc,
sincèrement, je suis assez enthousiaste. Si je regarde en arrière, là, je
n'aime pas ce que je regarde, mais, si je regarde en avant, je suis
assez confiant de voir qu'alors qu'on stagne depuis très longtemps on va voir
notre taux de réussite dans les collèges augmenter dans les prochaines années.
Le
Président (M. Laframboise) :
M. le député de Saint-Jérôme, il reste 27 min 26 s, puis, M. le ministre, si vous avez des remerciements, c'est le dernier bloc, c'est le
temps d'y penser. Donc, 7 min 19 s.
Une voix : ...
Le Président (M. Laframboise) : Sept
minutes.
M.
Chassin : D'accord.
Je pense effectivement qu'il y a de l'appétit au sein des cégeps pour
s'attaquer à ça, parce qu'évidemment on est conscients, dans les
institutions collégiales, qu'il y a une énorme différence entre un étudiant qui a fait une formation partielle versus un
étudiant qui diplôme et qui a donc un diplôme, par exemple, qualifié en
poche. Ça change la vie, notamment d'un point
de vue... sur le marché du travail, par exemple, ça fait une énorme différence.
Donc, évidemment,
je suis content qu'on ait cette volonté de mesurer par les résultats, en
quelque sorte, le réseau collégial.
Je pense que c'est effectivement une bonne approche, surtout qu'elle n'est pas
imposée, là. C'est une volonté du milieu
de s'attaquer à cette problématique-là. Donc, je m'en réjouis tout à fait. Je ne sais pas s'il y a d'autres interventions. Sinon...
Le Président (M. Laframboise) : M.
le ministre.
Mme
Rizqy : Peut-être, une
intervention... étant donné qu'il reste cinq minutes, habituellement, les conclusions...
Le
Président (M. Laframboise) : Non, c'est le...
Mme
Rizqy : ...si vous voulez,
avec consentement, on peut lui laisser... Je parle, puis il reste un cinq
minutes à la fin pour faire ses remerciements.
Le Président (M.
Laframboise) : Ah! bien...
Mme Rizqy :
Avec consentement.
M.
Chassin : Ah! le déplacer vers la fin.
Le
Président (M. Laframboise) :
Avec consentement, ça va, et, s'il reste six minutes, je pourrai vous laisser
finir votre six minutes...
M.
Chassin : Comme conclusion.
Le Président (M.
Laframboise) : ...après le dernier bloc du...
Une voix :
De l'opposition officielle.
Le
Président (M. Laframboise) :
Ça va. Avec consentement. Consentement? Ça va? Donc, la parole est maintenant à l'opposition officielle pour
21 min 30 s. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : C'est notre dernier
bloc. Merci, M. le Président. J'aimerais aller... On a demandé c'est quoi, le
nombre de diplômés en enseignement, que ce soit en préscolaire, primaire
et au secondaire, le total. Préscolaire et primaire, c'est 1 307, puis après ça on regarde enseignement secondaire, 712,
pour un total d'environ 2 000 étudiants gradués par année.
Considérant des
nombreux départs à la retraite qui doivent être prévus, la grande priorité doit
vraiment être la pénurie des enseignants.
Avez-vous un plan de match? Parce que non seulement 2 000 par année, ça ne
doit pas être assez, d'autant plus qu'on ajoute les maternelles quatre
ans plus les départs à la retraite. Est-ce qu'on a un début de plan de match pour attirer davantage et aussi les
conserver aussi, en tenant compte qu'on a maintenant l'Ontario
qui fait de l'oeil à nos gradués?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Vous avez dit un
mot sur l'Ontario. Je ne peux pas me réjouir d'une décision
douteuse, mais nos voisins ontariens qui faisaient de l'oeil à nos enseignants
sont soudainement un peu moins sexy puisqu'ils ont pris cette décision un peu saugrenue d'augmenter tout à coup
les ratios maître-élèves, et donc de diminuer leurs besoins d'enseignants
puis... Donc, ils ont compté qu'ils allaient
avoir besoin de moins d'enseignants dans les prochaines années, qu'ils
n'allaient pas remplacer tous les enseignants qui prenaient leur
retraite. Donc, le goulot d'étranglement se referme du côté de l'Ontario pour l'embauche des professeurs. Mais je ne me
réjouis pas de ça. Cependant, il va y avoir moins de maraudage de leur côté pour recruter des enseignants québécois,
surtout sur le long de la frontière, là. Je sais que, dans la section de
l'Outaouais, à Gatineau, tout ça, c'est quelque chose qui se fait. Ensuite...
O.K.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
M. Roberge :
Excusez-moi, on m'a donné un chiffre. Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent, allez-y.
Mme
Rizqy : ...parenthèse, ne doutez pas, parce qu'ils sont encore en
maraudage. Leurs publicités Facebook sont réelles, et nos étudiants, on
le sait, ils sont bons.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
• (21 h 50) •
M.
Roberge : Oui. Non, mais effectivement... Non, je ne prétends pas
qu'il n'y a pas personne qui va traverser la rivière des Outaouais, sauf
que, bon, ils ont quand même pris une décision en ce sens-là.
Ceci dit, je pense
qu'il ne faut pas compter sur les malheurs des autres pour améliorer ses succès
dans la vie. Ce n'est pas la meilleure façon
de travailler. De quelle façon améliorer? Je vous dirais : Valorisation, attraction, rétention. C'est les trois
mots, «valorisation», «attraction», «rétention». Puis la valorisation amène
l'attraction et la rétention. C'est un tout.
On s'est déjà engagés à modifier la Loi sur l'instruction publique pour reconnaître le statut d'expert directement dans la loi. Ce n'est pas juste
un mot comme ça, un symbole, ça vient avec la reconnaissance que ce devraient
être les enseignants qui sont les experts de
la pédagogie, mais qui sont aussi les maîtres de l'évaluation. Vous parliez de
gonflement de notes tout à l'heure, ça veut dire qu'avant de vouloir changer une note il faudrait avoir discussion
auprès de l'enseignant pour
dire : Votre jugement professionnel, on peut en discuter, la direction a son mot à
dire quand même, mais, attention, il s'agit de quelque chose qui touche directement la profession enseignante. Excusez, vous voulez... Vous trouvez
ça trop long?
Le
Président (M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
...préciser...
M. Roberge :
Votre question était large, ça fait que...
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Ah! oui, mais je vais la préciser, si vous le
permettez. Étant donné qu'il va y avoir des départs à la retraite, j'aimerais juste savoir s'il y a
un plan de match au ministère de
l'Éducation pour voir, avec le nombre
de gradués que nous avons, les départs à la retraite, la croissance du nombre
d'enfants dans notre réseau, comment on va faire pour répondre à la
pénurie d'enseignants. Plan de match.
Le Président
(M. Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, on est dedans, on est dedans, là. Bien, tout à l'heure, j'ai parlé des bourses pour attirer davantage de bons...
d'étudiants, mais d'étudiants, même, qui ont un bon bilan académique, là, que
ça soit un premier choix, aller là. Donc,
les bourses, c'est une des façons. Il
n'y a pas... Puis je pense
que... J'appelle ça un bouquet de mesures parce que chacune des mesures prises isolément n'est certainement
pas la solution toute seule, puis quelqu'un pourrait dire : Moi, ça ne me
parle pas, cette mesure-là. C'est pour ça qu'il faut vraiment considérer le
bouquet dans son ensemble.
Donc,
les bourses pour attirer les gens. Une fois qu'on les attire, un programme
de mentorat pour ne pas les perdre, surtout
pour ne pas perdre les talents qui font le choix d'aller en éducation,
d'aller en enseignement, qu'ils se sentent accueillis, qu'ils se sentent bienvenus et puis qu'ils sentent
qu'ils ont quelqu'un à qui ils peuvent se confier. Et, dans les deux
cas, là, ce n'est pas quelque chose, là : Ah! on va faire ça quelque
part en 2022-2023, là. Ça s'applique en septembre prochain.
Ensuite,
la promotion de la profession, je l'ai dit, la modification de la Loi sur l'instruction publique, ça, ça parle aux enseignants qui sont déjà
là. Ça, c'est une mesure de rétention, parce que les enseignants veulent qu'on
reconnaisse qu'ils sont des professionnels et qu'on les reconnaît comme tels.
C'est le contraire d'une dévalorisation.
Ensuite,
il y a cette idée d'avoir de nouveaux enseignants, de nouveaux talents qui
arrivent dans la profession, qui n'avaient peut-être pas fait le choix
de la profession en partant, quelqu'un qui fait un bac disciplinaire en
histoire, en français, en sciences, en littérature et qui dit :
Bien, je pourrais devenir enseignant, j'ai envie d'y aller. Longtemps,
on leur a dit : Bien, il faut
que tu recommences, il faut que tu ailles faire un baccalauréat de quatre ans. Ce n'est plus le cas. J'ai assoupli les tolérances. Une des premières décisions que
j'ai prises, c'est d'assouplir les tolérances. Je ne leur ai pas donné un
brevet comme ça, gratuitement. Un
brevet, c'est la clé pour avoir un poste puis ensuite la permanence. Je leur ai
dit : Bien, vous pouvez aller
enseigner demain matin dans nos écoles secondaires, cependant
vous devez vous inscrire dans un parcours de formation. Ça s'appelle une
maîtrise qualifiante. Ça se fait à
l'intérieur d'à peu près deux, trois ans à temps partiel, en même temps qu'on enseigne. Mais, comme il y en a
qui vivent des situations particulières, comme il y en a qui sont des parents
et qui pourraient avoir de la difficulté, évidemment, à prendre des cours du soir ou des fins de semaine comme ça, je leur ai donné jusqu'à 10 ans pour le faire, pour respecter le
rythme de chacun. Mais donc ça, ça peut permettre de faire venir plusieurs
talents.
Et
pourquoi on va les attirer aussi, les gens qui, au départ,
supposons, ont fait un bac en mathématiques, pourquoi deviendraient-ils
profs de maths au secondaire? Bien, il
y a la question des salaires. Les
salaires, oui, ça fait partie de la valorisation. On est en Amérique du Nord ici, là, ça
compte, le salaire, ça compte, l'argent. Donc, quand on dit qu'on va augmenter le
salaire à l'entrée, ça veut dire que quelqu'un qui fait le choix de l'enseignement,
même s'il a 35 ans, tout à coup, bien, il ne rentre pas avec un salaire
qui n'est pas intéressant, il rentre avec un salaire qui est plus intéressant.
Et
il y a d'autres parcours, d'autres passerelles qui vont être mis en place
prochainement. Donc, c'est quand même
plusieurs mesures qui visent valorisation, attraction, rétention.
Le Président
(M. Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Mais je
pense que c'est surtout les
passerelles qui vont nous intéresser. Parce
que vous parlez aussi de maîtrises
qualifiantes qui peuvent maintenant être faites, par exemple, sur 10 ans.
Considérant qu'il va y avoir le déploiement de façon très importante des
maternelles quatre ans, et qu'on sait déjà que ceux qui sont dans le réseau de l'éducation doivent faire des remplacements, alors on a déjà des enseignants qui font
du remplacement, qui peuvent, par exemple, un jour, un professeur de sixième année, aller
remplacer dans une maternelle cinq ans ou une maternelle quatre ans, et que la formation en préscolaire est différente
à l'université, parce qu'il
y a différents programmes,
puis il y a celle du préscolaire, j'aimerais ça voir un plan de comment
ça va être fait, pour nous assurer évidemment que la personne qui prend
en charge une classe a toutes les qualifications pour faire face à l'élève...
qui sont devant eux, là.
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
Mme
Rizqy : Est-ce que ça... on peut avoir juste l'engagement que vous
allez déposer rapidement un plan détaillé?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, juste préciser,
en ce moment, le baccalauréat de quatre ans, il n'est ni en préscolaire ni en
primaire, c'est un baccalauréat d'éducation préscolaire et d'enseignement
primaire, c'est la même formation.
Tout
à l'heure, on parlait des mandats stratégiques, une enveloppe de financement distincte
destinée au milieu universitaire pour une
orientation qui est une priorité gouvernementale. Alors, on utilise une partie
de ce 20 millions là, plus de
50 %, justement pour dire à nos universités : Soyez innovants,
proposez-nous des formations d'appoint pour améliorer encore la
formation initiale des enseignants et la formation continue des enseignants en
tenant compte de la maternelle quatre ans,
et proposez-nous des nouvelles avenues, des nouvelles formations, des nouvelles
passerelles pour permettre à des gens d'aller vers le primaire. Parce qu'en ce
moment la maîtrise qualifiante dont je vous ai parlé, elle est bonne pour
le secondaire, mais elle est moins à point
pour le primaire. Donc, on va utiliser nos mandats stratégiques pour venir
combler la pénurie qui a lieu dans certaines régions du Québec. Voilà.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. Alors, j'ai bien hâte de voir le plan pour tout ce qui va être
passerelles.
Tantôt, on a parlé
aussi, pour les enseignants... de la bourse qui est prévue dans le budget pour
les étudiants en enseignement. Vous avez
prévu 16 millions. Je vous ai demandé s'il y avait déjà des critères. Vous
avez dit que ça s'en venait pour les critères. Je fais un parallèle avec
les stagiaires. Pourquoi que, dans le budget, on a réservé le 16 millions,
mais qu'on n'a pas réservé une somme
d'argent pour les autres stagiaires, même si, par exemple, tantôt, en début
de... vers 15 heures, quand on
se parlait, dans un premier bloc, vous avez dit que les critères aussi vont
être développés? Est-ce que vous pensez qu'on pourrait avoir rapidement
non seulement les critères pour le réseau collégial et universitaire... sur comment que vous allez décliner l'offre de
bourses? Est-ce qu'elle va être dès 2019, une première étape, une deuxième
étape en 2020, ou, d'un seul coup,
vous prenez un engagement qu'à l'automne 2019 les étudiants du réseau
collégial et universitaire, les stagiaires, vont pouvoir bénéficier, eux
autres aussi, des compensations pour leurs stages?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : Vous parlez des compensations pour les stages. O.K. Dans ce
cas-ci, la nuance entre les bourses pour valoriser la profession
enseignante puis le parcours, là, du baccalauréat versus les compensations
financières pour les stages, la nuance, c'est que nous avons un portrait clair
du nombre d'étudiants, du nombre de facultés, on sait comment fonctionnent nos
programmes de formation des maîtres, ça va. Pour ce qui est de l'ensemble des
stages qu'il y a au Québec, il fallait
vraiment faire un état des lieux. Et, au moment de la rédaction du budget,
l'état des lieux n'était pas fait encore, il faut reculer à avant que le
budget soit déposé, il est préparé un peu de temps avant, on s'en doute bien,
et donc les scénarios n'étaient vraiment pas
préparés. Vous comprenez que c'est difficile d'aller voir le ministre des
Finances ou le président du Conseil du trésor et de lui faire une demande
précise pour un nombre de millions sachant que les scénarios ne sont pas faits. Ça s'appuie sur quoi? Pourquoi 5, pourquoi
8, pourquoi 11 millions quand les scénarios ne sont pas prêts? Ce n'était pas possible à ce moment-là,
voilà pourquoi les bourses pour les étudiants en éducation étaient dans
le budget, mais les crédits pour les compensations des stages ne pouvaient pas
y être.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
• (22 heures) •
Mme Rizqy :
Je comprends, mais je parlais d'à partir d'aujourd'hui. Parce que, tantôt, 2
mai, vous disiez que vous n'aviez pas encore
tous les critères puis c'est pour ça que vous ne pouvez pas avancer le montant
pour le réseau des stagiaires, mais
on est capable d'avancer un montant. Mais moi, si vous me dites que vous êtes
capable de déposer rapidement, cet
été... Je pense qu'ils nous regardent, l'Union étudiante du Québec puis la FEC,
et évidemment ils ont des attentes, puis ils auraient aimé qu'on soit en
mesure d'arriver fin avril.
Mais
je referme la parenthèse, parce que le temps file, et je veux aller sur un dossier hyperimportant.
Aujourd'hui, M. le ministre de l'Éducation, c'est le 2 mai, et aujourd'hui
plusieurs de nos étudiants ont passé l'épreuve de français à l'école secondaire. Alors, vous comprendrez que
les élèves du secondaire sont un peu en colère contre leur examen sur le
thème suivant : les changements climatiques.
«Ce
jeudi matin, tous les élèves du secondaire V du Québec
ont passé leur examen de fin d'études, de français, d'une durée
de trois heures. La question qui leur a été posée : Peut-on s'adapter aux changements
climatiques?
«Dès la réception
jeudi [...] du dossier préparatoire, des élèves dénonçaient l'angle choisi par
le gouvernement, reprochant notamment
le fait que l'examen est axé sur l'adaptation aux changements
climatiques et qu'il ne parle pas de solutions immédiates et concrètes pour les
freiner.» Une page Facebook a été créée. Rapidement, plus de 34 000 membres... «On est fâchés que le ministère nous fasse passer
un examen sur l'environnement, alors qu'ils ne font rien. Même si on
fait les plus beaux textes, on sait que ça ne changera rien.»
«Au
début, Francis recevait — c'est celui qui avait créé la page Facebook — près de 200 demandes de publication
par heure : "C'est normal que ça intéresse des élèves, on fait des
mouvements, il n'y a rien qui se passe, et on nous fait passer un examen là-dessus!", explique-t-il. Le document
préparatoire — parce
qu'ils ont reçu un document préparatoire — je le
trouvais vide, en fait.» Parce que, quand on fait l'examen ministériel, vous
savez que le ministère envoie d'abord un document préparatoire. Qu'est-ce que le ministère a envoyé, c'est les
choses suivantes : «c'étaient des opinions de chroniqueurs, c'est le
fun de les entendre, mais nous, on veut du concret.»
Et on voit, par
exemple, dans ce qui a été envoyé par le ministère de l'Éducation : «La
chaleur en soi n'est pas forcément inquiétante si les humains et les
écosystèmes y sont habitués et que les infrastructures ont été pensées en
conséquence.» Ça, c'est un extrait d'un texte envoyé par le ministère de
l'Éducation.
Citation : «"On est
tellement en colère, c'est comme si le gouvernement avait oublié qu'on
connaissait les questions de
climat", explique Émile, élève de l'école Robert-Gravel. Cette partie du
dossier préparatoire qui raconte que la chaleur n'est pas inquiétante,
on se dit qu'on rêve!»
Mathilde,
élève du secondaire au collège Regina Assumpta, a été choquée par la question
posée ce matin. Citation : «"J'ai
trouvé que c'était un peu cave de demander comment on pouvait s'adapter aux
changements climatiques au lieu de demander
ce qu'on pouvait faire pour limiter ces changements maintenant,
explique-t-elle. Parce que c'est comme s'ils assument qu'il n'y a aucune
façon de limiter ça."»
«Sa camarade Mathilde
[...] acquiesce — citation :
"En fait, je trouve que c'est assez hypocrite qu'on passe un examen sur les réchauffements climatiques pendant
que le gouvernement, qui nous donne l'examen, ne fait pas vraiment d'actions présentement pour aider la cause,
dit-elle. Dire qu'il faut s'adapter à la place d'agir, c'est mal informer tous
les jeunes du Québec. Ça encourage
les gens à baisser les bras."» Fin de citation. Je pourrais continuer parce
que c'est un long, long texte.
M.
le ministre, avant que l'examen parte, est-ce que vous avez vu la question et
le document préparatoire qui a été envoyé aux étudiants ou on ne vous
l'a pas envoyé?
Le Président (M.
Laframboise) : M. le ministre.
M.
Roberge : M. le Président, je n'ai pas vu la question. Et ce n'est pas
moi qui rédige les questions de chacun des examens d'éducation,
d'ailleurs. On est en enseignement supérieur, mais, bon, parlons-en malgré
tout. On peut parler d'environnement, on
peut parler d'éducation, on peut parler de tous les sujets. Mais disons que
ceci n'est pas une question relative à l'enseignement supérieur.
Manifestement, ils
ont développé la compétence de l'argumentation, et c'était un peu ça, l'idée,
c'était un texte argumentatif. Je veux
souligner le bon travail des enseignants qui leur ont donné ce sens critique.
Sincèrement, c'est un texte argumentatif
sur un sujet qui a été posé, qui a été envoyé. Je l'apprends à ce moment-ci.
Que les étudiants soient mobilisés et intéressés à agir concrètement, écoutez,
sincèrement, c'est formidable. Je trouve que c'est porteur d'espoir pour
l'avenir du Québec puis l'avenir de l'humanité. Ils disent : Ah! on ne
veut pas l'écrire, on veut le faire. Formidable.
Cependant,
les experts nous disent que notre devoir, c'est de limiter le réchauffement en
ce moment. Mais, quoi qu'on fasse, je
pense que, si on n'émettait plus aucune... si on cessait de respirer demain
matin, là, puis qu'on n'émettait plus une
seule molécule de CO2, les molécules émises précédemment, je ne suis
pas un expert, mais les experts le disent, vont contribuer au réchauffement
encore pendant un certain temps. Donc, même si on n'émettait plus rien du tout,
je pense qu'il va y avoir un
réchauffement climatique un certain temps. Après ça, j'espère qu'on trouvera des solutions pour mieux prendre soin de notre planète. Il va falloir
s'adapter, de toute manière. On l'a vu avec des catastrophes qui nous sont
arrivé, qui nous sont tombé sur la tête dernièrement.
Mais
je réponds à la question de manière très précise. Je n'avais pas vu cette question
et je n'ai pas vu les autres questions des autres examens qui seront
passés dans les prochaines semaines.
Le Président (M.
Laframboise) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci, M. le Président. Je vais peser mes mots. Honnêtement, là, rire
là-dessus, moi, je ne trouve pas ça drôle, parce que,
si vous prenez le temps d'aller lire les commentaires de nos jeunes qui non seulement manifestent, mais prennent le temps d'écrire, je pense que
c'est pertinent de prendre cette question au sérieux. Puis, en fait, savez-vous
quoi, je vais me tourner vers le ministre parce qu'il était enseignant et je
pense que, s'il avait été à ce moment-là dans sa salle de cours, il aurait peut-être, lui aussi, un malaise de donner un
tel examen à ses élèves, parce que la question elle-même, moi, ça me
donne l'impression qu'il y a un biais, puis c'est pour ça que les élèves ont
réagi.
Vous
avez raison, on est en enseignement supérieur, mais en ce moment les deux
ministères sont jumelés. Et c'est sorti
tout récemment puis c'est pour ça que j'amène ça à votre attention, parce que
je pense que, quand on a plus de 100 000 jeunes qui descendent dans nos
rues, il faut avoir cette sensibilité, puis cette sensibilité-là doit être
partout, dans tous les ministères,
incluant le ministère de l'Éducation. Et c'est pour ça que j'apporte ça à votre
attention, parce qu'en ce moment les jeunes sont en colère puis ils se
demandent qui qui a pensé à ça.
Puis c'est surtout le
document de travail qui est accompagné avec ça qui a heurté des milliers
d'élèves. Ils sont 34 000, et les
commentaires qui rentrent, là, ça rentre, là, à coups de centaines à chaque
heure sur ce forum de discussion de
nos jeunes. Il faut être à leur écoute. Et c'est pour ça que je vous amène ça à
votre attention, à vous, parce que je crois que, sincèrement, les élèves,
là-dessus, ont raison d'être en colère et je crois qu'effectivement on ne peut
pas, dans une question, avoir un
biais. Et, là-dessus, les élèves disent : Pourquoi qu'à la place... on
n'aurait pas dû, au fond, dire : Qu'est-ce qu'on peut faire pour lutter
activement contre les changements climatiques, et non pas simplement s'adapter?
C'est comme un peu, en définitive, baisser les bras.
Alors, là-dessus, je
pense qu'il me reste une minute, moi, je vais en profiter pour remercier
évidemment ma collègue Florence Thivierge, qui a passé des heures et des heures
en crédits avec moi. Je remercie aussi tous mes collègues qui sont présents. Je remercie le ministre et son équipe, le
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, qui a été d'une très grande écoute, qui a été très
coopératif dans plusieurs dossiers. Je vous en remercie. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Laframboise) : Donc, merci beaucoup. Et, M. le ministre,
bon, il vous reste 6 min 50 s pour vos conclusions. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci bien,
M. le Président. Je veux saluer ma collègue et tous mes collègues de la partie
ministérielle et gouvernementale.
Merci beaucoup. Ça a été plusieurs heures, plusieurs minutes. Il y en a qui ont
été là pour toute l'Éducation et
l'Enseignement supérieur. Donc, merci beaucoup pour les questions, pas toujours
faciles, qui nous ont amenés à élaborer vraiment sur un paquet de sujets intéressants. Puis, souvent, ce que je
constatais, c'est que vous étiez sur les mêmes thèmes, hein, autant au gouvernement que dans
l'opposition, signe qu'une priorité, c'est une priorité. Et, bien souvent, ça
permettait, ça me permettait, lors des périodes de vos interventions,
d'abord, d'écouter vos réflexions pertinentes.
Ce
n'est pas juste une question de poser des questions au ministre, hein? Il y a
aussi de s'exprimer puis d'apporter votre couleur, d'apporter votre réflexion,
comme l'ont fait les membres de l'opposition, mais d'apporter vos témoignages,
d'apporter vos préoccupations. Puis ça,
c'est intéressant, parce que, paradoxalement, c'est comme s'il avait fallu...
L'époque, le moment de l'étude de
crédits... Il faut que j'apprenne, des fois, même, à mieux vous connaître puis
à savoir quelles sont les choses qui vous touchent plus dans le réseau de
l'éducation puis de l'enseignement supérieur. Ça fait que c'était bien
apprécié.
• (22 h 10) •
Je
veux remercier aussi toute l'équipe en arrière, qui travaille très fort, qui
nous envoie des textos, des lettres, des chiffres, hein, surtout. Je le confesse, c'est des chiffres dont je
manque très souvent, des tableaux, des statistiques. Donc, merci d'avoir trouvé ça et d'avoir rendu public.
Je pense que... Je remercie ma collègue de l'avoir soulevé. Ce n'était pas...
Certains auraient pu le passer sous silence,
mais elle a démontré sa classe, sa reconnaissance en le disant, parce que, bon,
d'autres, des fois, ont le réflexe de
dire : Ah! on ne peut pas, on ne le trouve pas, trouvent toutes les façons
de ne pas répondre aux questions ou
de ne pas diffuser l'information. J'ai essayé d'arriver avec cette attitude
davantage d'ouverture, davantage... Écoutez,
si on a l'info, on va vous la donner. À chaque fois qu'on peut, on va vous la
donner. C'est une reddition de comptes qu'on
fait pour l'ensemble des citoyens du Québec. Donc, en refusant de donner une
information aux collègues, aussi, on refuse
de la donner au peuple du Québec. Puis on est leur gouvernement à eux puis on gère leurs finances à eux. Donc, je
pense, c'est comme ça qu'on doit voir les choses.
Je suis très, très content,
très fier : on termine l'étude des crédits du premier budget du premier gouvernement
de la Coalition avenir Québec. Quand
il y a eu la lecture du discours
inaugural... J'ai ressenti quelque chose quand il y a eu le dépôt du premier budget. Puis là, maintenant
qu'on termine la première étude de crédits, c'est quand même une étape importante parce qu'ensuite ça veut dire que les
décisions du budget vont pouvoir se concrétiser, là, précisément dans nos
écoles, dans nos cégeps, dans nos
universités, partout. C'est assez extraordinaire quand même pour ceux et celles
qui étaient là avec nous il y a huit
ans, qui se faisaient traiter de tous les noms. Puis, même avant, ceux qui
étaient à l'ADQ, il faut le dire, on se faisait traiter de toutes sortes de
choses. Puis finalement on voit bien qu'on était peut-être différents, mais
finalement on devait bien avoir quelque chose comme une vision pour
apporter quelque chose. Puis, manifestement, les Québécois aiment ce qu'ils voient jusqu'à présent puis ils
en redemandent, parce que, bon, on n'a pas envie d'aller en élection tout de
suite, mais, si on y allait, je suis assez confiant que ça se terminerait assez
bien pour nous, de notre côté.
Ceci étant dit, je
veux revenir sur quelques-uns des points en enseignement supérieur. On a revu
la formule de financement des cégeps.
Sincèrement, c'était très important pour moi, la fameuse formule du FABES,
c'était nécessaire. On ne pouvait pas juste faire plus de ce qui ne marche pas
en rajoutant plus d'argent dans une mauvaise formule. C'était nécessaire d'arrimer les deux. Puis la Fédération
des cégeps et les directions s'attendaient à ça, à ce que, vraiment, il y ait un
refinancement et une modification. Très content du travail qui a été fait avec
l'équipe ministérielle puis l'équipe du
cabinet dans ça. Donc, vraiment, vraiment, vraiment content.
Ensuite,
bien, pour le soutien des universités, encore une fois, on a complété quelque
chose qui avait été amorcé. La
formule de financement des universités, on arrive au bout. Et je pense qu'il y
aura toujours des ajustements à la marge, mais on se donne quelque chose comme
un système mieux financé. Et l'ensemble des directions d'université puis les
partenaires, on parle des directions,
hein, tous les partenaires, je pense qu'ils sont contents d'où est-ce qu'on
arrive finalement. On conclut quelque chose assez rapidement, et ça,
c'est intéressant.
Les stages, les étudiants, parce qu'il ne faut pas
oublier que tout le réseau d'enseignement est là pour les étudiants de la même
manière que le réseau de l'éducation est là pour les élèves... Le réseau de
l'enseignement supérieur est là pour les étudiants. On arrive avec une réponse
très, très claire pour les étudiants et pour ce qui se passe avec... voyons! ce
qui se passe en psychologie, les
internats, les doctorants en psychologie. Ça, c'est clair, c'est réglé, on le
sait. Ensuite, rapidement, il y aura quelque chose, des scénarios très clairs
pour la compensation financière des stagiaires, donc, d'ici le prochain mois.
Ça, c'est très intéressant.
Puis
finalement, bien, j'ai le goût de dire que c'est le retour de l'espoir autant
dans le réseau de l'éducation que dans le
réseau d'enseignement supérieur. Quand on rencontre les gens, autant les
porte-parole nationaux que les gens qu'on rencontre quand on va directement dans les établissements, en éducation
comme en enseignement supérieur, les gens ont le sourire. Les gens savent qu'il n'y aura pas de compression la semaine
prochaine, l'année prochaine. Ils savent qu'ils seront plus et mieux financés,
et ils savent qu'ils sont plus et mieux écoutés. Ça, c'est important aussi.
Je veux saluer le
travail du député de Richelieu et du député de Saint-Jérôme, mes deux adjoints
parlementaires, bien sûr, tout le travail de
tous les députés, mais particulièrement mes deux adjoints parlementaires qui
sont mes yeux et mes oreilles, qui vont continuer de sillonner le Québec dans
nos écoles et dans nos établissements d'enseignement supérieur. Parce que, quand on dit qu'on est à l'écoute, bien, ça
veut dire que ça prend une équipe, et c'est ça qu'on est, une équipe qui
écoute. Merci.
Le Président
(M. Laframboise) : Merci beaucoup, M. le ministre. Merci,
collègues.
Adoption des crédits
Donc, le
temps alloué à l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits budgétaires
du portefeuille Éducation et Enseignement supérieur étant presque
écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix.
Ainsi, le programme 5, intitulé
Enseignement supérieur, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Adoption
de l'ensemble des crédits
Le Président (M. Laframboise) :
Sur division. L'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Éducation et
Enseignement supérieur pour l'exercice financier 2019‑2020 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Laframboise) :
Adopté sur division.
Documents
déposés
En terminant,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition. Il y a
encore trois autres cahiers qui s'ajoutent à ces deux-là.
La
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Je vous
souhaite une bonne fin de soirée. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 22 h 15)