(Quinze heures trente et une
minutes)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! Merci. Ayant
constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte et je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Formation professionnelle
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du volet Formation professionnelle du portefeuille Éducation et Enseignement
supérieur pour l'exercice financier 2017‑2018. Une enveloppe de deux heures a été
allouée pour l'étude de ce volet.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire : Non, Mme la
Présidente, il n'y a pas de remplacement.
Discussion générale
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses. Puisque nous avons débuté nos travaux à
15 h 32 et qu'une période de deux
heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits cet après-midi, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit 17 h 32? Consentement?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Je suis prête à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle. Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous pour
environ 17 minutes.
M.
Cloutier : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, chers collègues,
c'est un plaisir de vous retrouver à nouveau
aujourd'hui, saluer à nouveau toute l'équipe ministérielle, les gens du
ministère qui se sont déplacés aujourd'hui. Alors, Mme la Présidente, on a peu de temps pour aborder plusieurs enjeux
importants, alors, si vous me permettez, je vais tout de suite passer au
vif du sujet.
M. le
ministre, récemment, on a modifié la formation quant aux préposés aux
bénéficiaires, et je dois vous avouer qu'on
a un peu... le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est sceptiques quant à la
formation qui sera offerte. On a fait passer le nouveau programme de 25 semaines à seulement cinq semaines.
Lorsqu'une décision de la sorte est prise, évidemment, on n'est pas sans penser à la qualité de la
formation et on n'a pas de raison de croire que les 25 semaines sont
nécessaires à la bonne formation des
préposés. Évidemment, ça s'inscrit en plus dans un contexte où, comme on le
sait, il y a eu des cas nombreux, en
fait, où on s'est questionné sur l'offre de services, la qualité, la formation
requise, etc., et j'imagine que le ministère
a dû procéder à des analyses à l'interne pour accepter de passer la formation
de 25 semaines à cinq semaines.
Quels types
de pouvoir accompagnent le ministre lorsqu'une commission scolaire décide de
procéder de la sorte? Quelles
analyses ont accompagné la commission scolaire pour s'assurer que la formation
soit adéquate, parce qu'évidemment on
fait une référence directe à un lien avec les patients? Alors, j'imagine que le
ministre s'est outillé et a approfondi le dossier. Est-ce qu'il peut
nous expliquer sur quoi repose la décision qui a été prise?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Je veux remercier le collègue mais également saluer tous les
collègues ministériels, de l'opposition et, bien sûr, les gens du
ministère qui poursuivent l'étude des crédits avec nous.
Deux choses.
La première, c'est qu'on n'a pas modifié les règles du Programme de formation
professionnelle, le D.E.P. demeure.
Il faut se rappeler que c'est un D.E.P. qui n'est pas obligatoire pour devenir
préposé aux bénéficiaires. C'est encouragé, bien sûr, mais ce n'est pas
obligatoire. Alors, il arrive que des gens agissent comme préposés aux bénéficiaires dans le domaine de la santé, de ce que je comprends, sans avoir fait
la formation. Maintenant, on encourage la formation, et je sais
que, dans certaines régions, les besoins existent.
On est en
présence ici d'un employeur qui est le CIUSSS de la Capitale-Nationale, de ce que je comprends, qui a
fait le choix, vu des besoins urgents, de
modifier, dans le fond, ses règles d'octroi pour les postes et qui a convenu,
avec le Service de formation en entreprise
de la commission scolaire, d'une formation plus courte. Mais le D.E.P. demeure,
il est toujours valorisé. On souhaite
qu'il soit suivi et encouragé, parce qu'effectivement, vous avez raison, c'est
une formation qui est adéquate. Et,
dans le cas actuel des choses, lorsqu'on fait le tour de ce qui se passe au
Québec, il y a des besoins comme préposés aux
bénéficiaires, mais actuellement il y a aussi des endroits où les besoins sont
à ce point urgents qu'il y a des choix qui
ont été faits par le ministère de la Santé, qui n'est pas en lien avec les
décisions que nous aurions prises.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Cloutier : Je ne suis pas certain d'avoir saisi la dernière phrase que
le ministre a dite. Est-ce que je comprends que vous n'auriez pas pris
cette décision, si ce n'est de la demande du ministère de la Santé?
M. Proulx :
Bien, d'abord, ce n'est pas une demande qui nous est adressée. La commission
scolaire en question a un service aux entreprises et peut offrir des
formations distinctes de celles des diplômes d'études professionnelles.
Ce
que j'ai dit, c'est que le diplôme d'études professionnelles demeure. Le
ministère de l'Éducation a encore, avec
les commissions scolaires, une formation de 750 heures, et actuellement, si le
CIUSSS de la Capitale-Nationale a choisi d'y aller, comme elle l'avait
déjà fait dans le passé, je pense, avec une formation plus courte dans une
période donnée, c'est qu'elle avait des
besoins urgents à combler. Mais ce n'est pas en lien avec une décision
ministérielle du ministère de l'Éducation.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député.
M.
Cloutier : Je comprends bien, Mme la Présidente, mais est-ce qu'une
formation de cinq semaines donne aussi accès au même D.E.P. que la
formation de 25 semaines?
M. Proulx :
Elle ne donne pas accès au diplôme d'études professionnelles. La difficulté, je
pense, dans l'échange, juste pour
bien comprendre, c'est que le D.E.P. n'est pas obligatoire pour agir comme
préposé aux bénéficiaires. Or, nous, on
considère, puis je convaincu que vous dites la même chose en posant la
question, que c'est un plus d'avoir le diplôme d'études professionnelles de préposé aux bénéficiaires, mais, pour
oeuvrer dans le cadre de ce qu'a choisi le CIUSSS de la Capitale-Nationale, ce n'est pas nécessaire. Donc,
ils n'ont pas le D.E.P. Ils ont une formation plus courte qui leur permet
d'agir là, effectivement.
M.
Cloutier : Alors, puisque vous êtes le ministre de l'Éducation et que
votre objectif, c'est d'augmenter le taux de diplomation et que nos jeunes soient le plus qualifiés possible, avec
quoi sortent les jeunes qui ont une formation de cinq semaines?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx : Bien, à ma compréhension, c'est qu'ils répondent aux règles d'octroi du
CIUSSS de la Capitale-Nationale ou d'autres CIUSSS.
Moi, ce que je
souhaite, c'est, bien entendu, qu'il y ait plus de diplômes, d'attestations et
de qualifications. Maintenant, on est dans
un enjeu ponctuel de main-d'oeuvre et on a deux choix, c'est ou bien on attend
que la formation soit... D'abord, on recrute, et ce n'est pas simple,
recruter pour le diplôme d'études professionnelles de préposé aux bénéficiaires. Il faut le savoir pour y aller.
Deuxièmement, il y a des régions complètes où il y a des besoins très
importants, et c'est un choix qui a
été fait par l'employeur d'y aller avec une formation plus courte. Mais c'est
clair que, si vous me posez la
question : Est-ce que je souhaite que nos programmes qui donnent cette
formation-là soient complets?, bien oui, bien oui, c'est ce qu'on souhaite. Si on a de la formation
professionnelle, c'est pour permettre à des gens d'y aller et d'être
diplômés.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Bien, je vais résumer. Ma question, là, c'est : Est-ce
qu'il y a une qualification après cinq semaines, oui ou non? Est-ce qu'il y a une forme de diplôme? Est-ce qu'ils
rentrent dans vos statistiques de quelqu'un qui obtient un diplôme, oui
ou non?
M. Proulx :
Non, ils n'entrent pas dans nos statistiques à nous. Ils ont répondu à une
demande d'un employeur. Maintenant,
c'est comme s'ils faisaient le début de la formation, de ce que je comprends.
C'est que donc, si éventuellement ils
souhaitaient compléter la formation et avoir la formation complète du diplôme
d'études professionnelles, on pourrait leur
reconnaître cet espace de cours et cette période de formation. Mais ils
n'entrent pas dans les statistiques. Ils ne sont pas diplômés, qualifiés ou attestés par le ministère de l'Éducation. Ils
ont travaillé avec le Service aux entreprises d'une commission scolaire pour répondre à des besoins de
main-d'oeuvre en pénurie, d'un employeur qui est le CIUSSS de la
Capitale-Nationale.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Est-ce qu'on connaît le pourcentage de préposés qui n'est
pas bénéficiaire... détenteur, plutôt, d'un diplôme d'études
professionnelles, d'un D.E.P.?
M.
Proulx : Bien,
personnellement, je ne l'ai pas. Je ne crois pas qu'il sera possible de
l'obtenir au ministère de l'Éducation,
parce que l'employeur des préposés aux bénéficiaires est, notamment, le
ministère de la Santé ou, j'imagine, des services connexes en santé privés.
Mais, je réitère ce que j'ai dit au début, la raison pour laquelle c'est
possible pour un employeur de le
faire, c'est que la formation n'est pas obligatoire pour agir comme préposé aux
bénéficiaires au Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député.
• (15 h 40) •
M. Cloutier :
Bien, justement, vous allez m'éclairer, parce que je comprends mal comment on
peut ne pas avoir aucune formation,
alors qu'il me semble que ce n'est pas banal, un bénéficiaire ou la personne
qui aura la responsabilité d'accompagner
directement dans des services... Puis là je lisais tous les témoignages de ceux
et celles qui avaient obtenu la
formation. Quand j'entendais ce qu'ils disaient, ils n'avaient pas l'air à dire
qu'ils avaient perdu leur temps, là... qu'ils apprenaient quelque chose puis que, justement, pour la confiance en eux,
la façon d'aborder le patient, c'était fondamental pour eux d'avoir eu
accès à cette formation-là.
Là,
j'apprends, dans le fond, qu'il y
a une espèce de système
à trois vitesses : il y a ceux qui ont leurs diplômes, il y a
ceux qui ont un début de formation puis il
y a ceux qui n'ont pas de formation
pantoute. Est-ce que je
comprends que, qu'on n'ait pas de formation,
qu'on ait un D.E.P., tout le monde est traité sur un même pied d'égalité,
ils sont tous considérés comme des préposés aux bénéficiaires, formation ou
non, le même salaire, etc.?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Proulx : Je vais répondre pour ce qui est sous ma responsabilité. Un enseignant au Québec a
besoin d'une autorisation d'enseigner. C'est le ministère de l'Éducation
qui va la lui octroyer.
Dans le cas
des préposés aux bénéficiaires, je comprends que l'employeur n'oblige pas de
détenir la formation pour occuper les fonctions. Ce que je sais, c'est que,
dans un cas comme celui-là, de rareté de main-d'oeuvre, il a été fait un choix. Puis je suis convaincu que d'abord
ce n'est pas systématique puis ce n'est pas toujours comme ça. J'ai compris
qu'ils ont travaillé de cette façon-là parce qu'ils étaient en pénurie. Ce que
je sais par contre, et puis pour connaître un peu notre système de santé à la fois comme utilisateur
ou comme personne intéressée, c'est que les gens sont pris en charge dans le système, les gens sont pris en charge dans
le milieu, et là c'est de la responsabilité de l'employeur de s'assurer
que ces gens-là soient en mesure de donner
les services pour lesquels ils sont payés. Mais, à ma compréhension, parce que
les vérifications que j'avais faites au
moment où ça avait été porté à ma connaissance, d'abord, c'était dans les
médias, et c'était un choix qui avait
été fait par l'employeur, le CIUSSS de la Capitale-Nationale, c'est qu'on était
dans une situation exceptionnelle de rareté et, dans ce contexte-là, il
se devait d'agir ainsi.
Mais je n'ai
jamais entendu que c'est systématique qu'on pouvait passer par la formation aux
entreprises pour ne pas faire la
formation complète. La preuve en est, c'est que, si on veut devenir un préposé
aux bénéficiaires qui détient la formation, il faut faire le diplôme
d'études professionnelles.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Oui, mais c'est quand même... tu sais, l'argument de la
rareté de main-d'oeuvre, M. le ministre, avec respect... et, tant qu'à
ça, hein, on va couper quelles autres formations parce qu'on a besoin de plus
de policiers autochtones, parce qu'on a besoin de plus de médecins
spécialistes? Le ministre de l'Éducation en pense quoi, lui?
Est-ce qu'il
pense qu'il devrait y avoir une formation de 25 semaines, comme c'est le
cas présentement, pour offrir les
services ou au contraire il est à l'aise et il n'a pas l'intention de revoir la
pratique de la bonne franquette, la gestion à la bonne franquette, qui
visiblement semble être le cas présentement?
M. Proulx : Mme la Présidente, moi, je vais défendre bec et
ongles la formation qui est donnée dans nos centres de formation
professionnelle comme étant une bonne formation.
Maintenant,
je veux dire, le piège dans lequel je n'irai pas, c'est celui de prendre lieu
et place des employeurs. Et, dans le
contexte actuel, moi, je vais bien faire des représentations, discuter avec les
commissions scolaires, discuter, avec le ministère, de comment est-ce qu'on
peut valoriser mieux notre formation professionnelle, impliquer des gens dans
un métier comme celui-là, leur
rappeler, plus jeunes, qu'ils peuvent aller là, qu'il y a une carrière pour eux
parce qu'il y a des besoins en
formation professionnelle et, notamment, chez les préposés aux bénéficiaires,
mais le CIUSSS est un employeur sérieux,
il est dans le domaine de la santé, il est l'employeur de tous les gens qui y
oeuvrent et il a pris cette décision-là en raison d'une rareté, en raison d'une situation exceptionnelle. Il a convenu,
avec une commission scolaire, d'une formation allégée, c'est
effectivement le cas, et notamment parce qu'il pouvait continuer la formation à
l'interne, j'imagine, et, deuxièmement,
parce que ce n'est pas obligatoire. Mais, je veux dire, la réalité, c'est la
suivante : c'est qu'il y a d'autres formations professionnelles où
de la détenir, ça fait en sorte qu'on fait un bon travail dans le métier, mais
il existe d'autres formations
professionnelles où, sans avoir la formation, sans avoir le diplôme, on est
capable d'oeuvrer dans le métier. Ce n'est pas un acte exclusif à ceux
qui ont eu la formation, d'être préposé aux bénéficiaires au Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Mais est-ce que ce n'est pas la responsabilité du ministre de s'assurer qu'il y
ait le plus de gens possible qui obtiennent leurs diplômes?
Je ne sais pas si vous me suivez, là,
mais là, dans le fond, ce que vous êtes en train de dire, c'est que ce n'est
pas la fin du monde, dans le fond,
qu'il y ait un minimum, là, une petite formation de cinq semaines, parce qu'en
bout de course, sur le tas, ils vont
finir par apprendre par stages. Mais le problème, là, c'est que, ces jeunes-là,
il y en a combien dans... Ils en
visent 300, là, dans la région de la Capitale-Nationale, 300 jeunes. C'est
300 jeunes qui n'auront pas de qualification, 300 jeunes qui n'auront pas de diplôme
d'études secondaires, c'est 300 jeunes de moins... Non, mais c'est vrai, à
moins que vous... Vous m'avez dit
qu'ils n'obtenaient pas de qualification ni de diplôme d'études secondaires.
Par définition, ils tombent donc dans
la catégorie de décrocheurs au Québec, à moins que vous me disiez qu'au
contraire ils obtiennent une formation parce qu'ils y retournent ou
parce que le ministère la rend obligatoire plus tard.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Mme la Présidente, deux choses. La première, c'est que j'ai dit
qu'ils recevaient, de ma compréhension, le début de la formation, alors
ils pourront compléter éventuellement, s'ils le souhaitent, le diplôme. Deuxièmement, je veux bien, là, qu'on les qualifie
de décrocheurs; c'est
300 personnes qui travaillent, en passant, et c'est 300 personnes qui oeuvrent dans un domaine où
il y a rareté, des besoins exceptionnels reliés au système
de santé. Or, on peut bien se dire,
écrire dans la porte ou devant chaque lit : Désolé, je suis en formation,
je reviens au mois de mai, je veux
dire,
il y a une réalité avec laquelle on doit composer dans le milieu. Et ça, ce
n'est pas sous ma responsabilité, mais je suis à même de constater que
c'est nécessaire.
Là
où je rejoins le collègue, c'est sur la valorisation, sur le fait que,
s'ils ont à faire une formation et à y oeuvrer, la formation professionnelle, le diplôme d'études professionnelles
permettraient de travailler partout dans le domaine, j'en conviens. Mais, une fois qu'ils ont fait ce
choix-là, peut-être qu'ils vont la compléter ensuite. Peut-être
que c'est des gens qui ne voulaient
pas aller là où il y avait une formation pour le donner loin de chez eux.
Mais moi, je ne veux pas faire le
raccourci que, parce qu'ils n'ont pas fait la formation d'une année... de
750 heures, pardon, je veux
dire, c'est des gens qui ne travailleraient pas. Je veux dire, actuellement, ils travaillent. S'ils ont été comblés, ces
postes-là, c'est au bénéfice de tous les Québécois. Et là, je suis d'accord
avec le collègue, il faut chercher mieux en matière de diplomation et de qualification, mais je ne veux pas non plus
dénigrer le fait que des gens travaillent après avoir fait une formation dans
le système de santé supervisée par des professionnels.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Oui. Bon, plusieurs
choses, là. Comment ça se fait qu'on en arrive à un scénario où, par,
visiblement, un problème
de planification de la main-d'oeuvre, là, parce
que, là, j'apprends qu'il y en a 300
dans la demande, là, pour la région de Québec, on est obligé de prendre la formation, de
ramener ça en cinq semaines, espérer qu'ils vont être bons, alors que
visiblement tout le monde sera d'accord pour dire que le 25 semaines est nécessaire?
Comment se fait la planification de la formation professionnelle? C'est ça, ma question.
Comment ça se fait que, du jour au lendemain, il
y en a un qui lève la main,
l'employeur, il dit : Je suis vraiment dans le trouble, j'ai besoin d'accélérer la
formation, parce que visiblement ça ne fonctionne pas, j'ai besoin de
gens demain matin? Alors, est-ce que le ministère
de l'Éducation n'a pas aussi une responsabilité de s'assurer que l'offre soit représentative
de la demande dans les secteurs où il y a justement la formation de la
main-d'oeuvre?
Bref,
ma question plus générale, c'est : Comment l'offre de formation
professionnelle au Québec est planifiée et orchestrée puis que ce genre
de situation là, qui m'apparaît être aberrant, est évité?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Bien, deux choses, Mme la Présidente. Il y a une planification de l'offre de
formation professionnelle quand vient
le temps de discuter de nouveaux programmes, d'instaurer de nouveaux programmes
dans des milieux et là il y a une
coordination puis une collaboration qui se font avec, par exemple, la
Commission des partenaires du marché du travail, Emploi-Québec, les
milieux socioéconomiques et les commissions scolaires.
Maintenant,
là, on est dans un enjeu de valorisation. Vous savez, moi, je fais le tour du
Québec, là, puis partout on me dit : J'ai besoin de soudeurs. Pourtant,
des programmes de soudure, il y en a dans certaines régions. Les programmes
ne sont pas pleins. Pourquoi? Parce que ce
n'est pas un métier facile, parce que ce n'est pas des conditions qui sont
favorables comme celles dans les
mines, par exemple, en Abitibi-Témiscamingue. On est à des mondes entre les
deux. Alors, dans ce contexte-là, il y a un enjeu de valorisation. Et,
si les collègues, puis moi, j'en suis... si quelqu'un a des idées sur comment mieux valoriser l'emploi de préposé aux
bénéficiaires dans nos écoles, je suis tout à fait ouvert à ça. Mais, vous savez, je suis ministre responsable de la Gaspésie
et des Îles-de-la-Madeleine. Quand je vais en Gaspésie, on me le dit : Des préposés aux bénéficiaires, on en cherche.
Pourtant, la formation, elle est disponible. Et, malheureusement, on a de la
difficulté à combler nos cohortes. La preuve
en est, c'est qu'on est obligé de mettre des mesures en place pour faire des
petites cohortes. Pourtant, les besoins sont immenses.
Alors,
dans ce contexte-là, je ne pense pas qu'on est seulement dans un enjeu de
planification à long terme. On est aussi dans un enjeu de valorisation à
court terme.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Vous avez
1 min 30 s, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Oui. Bien, parlons-en, de la valorisation puis de l'accès à
la formation professionnelle. Est-ce que justement les conditions
d'accessibilité à la formation professionnelle ne sont pas trop restrictives
pour permettre justement
à ceux et celles qui le souhaitent, dont devenir soudeurs, puissent y avoir
accès? Parce que, là, ce que je comprends, c'est que le parcours axé à
l'emploi, lui, il semble plus accessible que la formation professionnelle.
Est-ce
que la formation professionnelle elle-même ne devrait pas être plus accessible
justement pour répondre aux besoins
de main-d'oeuvre et aux besoins peut-être aussi des individus, des élèves à qui
ça correspondrait davantage que le programme accès à l'emploi?
M. Proulx :
Bien, on n'aura pas beaucoup de temps, mais on pourra le faire sur un autre
bloc, mais moi, je suis très ouvert à
discuter, justement, de la valorisation et de la flexibilité qu'on doit donner
en formation professionnelle, de la possibilité
de voir des programmes, de manière temporaire, tourner, si vous me prêtez
l'expression, dans le Québec, la possibilité
d'avoir des regroupements dans différentes régions plutôt que d'avoir des
commissions scolaires qui font de l'arbitrage
des différentes cartes ou qui se — j'ai déjà utilisé l'expression — cannibalisent entre elles pour obtenir des
cartes.
Alors,
oui, la formation doit être accessible, oui, là-dessus on a un travail à faire
au niveau de la flexibilité, mais, en
même temps, c'est un enjeu de collaboration avec le marché du travail, parce
que sinon on va me reprocher, excusez l'expression,
de marchandiser ou de rendre seulement en lien avec le marché du travail la
formation professionnelle, alors que,
oui, là, il y a une adéquation qui est importante, mais elle doit se faire en
lien avec les autres intervenants également. Puis je suis convaincu
qu'on aura l'occasion d'en rediscuter, Mme la Présidente.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Il vous reste
30 secondes, M. le député.
M.
Cloutier : Oui. Bien, peut-être,
rapidement. Mais, nous, ce qui nous inquiète, c'est la formation
accès à l'emploi. Quand on regarde la
statistique de jeunes qui se dirigent ensuite vers la formation
aux adultes puis qui n'obtiennent jamais
de diplôme puis de qualification, il y a
un son de cloche, là, qui doit être fait. D'ailleurs, j'aimerais ça que
vous me donniez le chiffre du nombre
de personnes qui choisissent le parcours de la formation accès à l'emploi, qui,
en bout de course, se tournent vers
la formation aux adultes et qui, en bout de ligne, n'obtiennent jamais
de diplôme ni de qualification. J'aimerais ça avoir la réponse. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Merci. On va passer du côté du gouvernement.
M. Proulx :
...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Non, M. le ministre, il ne reste plus de temps. On va passer du côté
du gouvernement, et je cède la
parole à M. le député de Chapleau pour environ 20 minutes.
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. C'est un plaisir de tous vous retrouver, le ministre
avec son équipe, les gens des oppositions, mes collègues du côté du gouvernement. Je suis très heureux de pouvoir m'exprimer également
sur toute la question de la formation professionnelle.
On
a longtemps dévalorisé ou négligé toute la question
de la formation professionnelle, où on disait que c'étaient plus ou moins des
bons... des bons emplois avec ça, mais on se rend compte qu'effectivement c'est
tout le contraire : il y a des emplois
intéressants dans toutes les régions du Québec, des gens qui ont une bonne
formation professionnelle. Il y a des
grands enjeux, c'est clair, toute la question du marché du travail, des besoins
et, à la vitesse que ça change, également les besoins de main-d'oeuvre, les mines. Vous avez parlé des mines
tantôt. Juste en foresterie, moi, je visite régulièrement des chantiers en forêt, et, le temps de la scie à
chaîne... il y a peut-être juste moi qui s'en sers. Maintenant, c'est très
mécanisé, des abatteuses, des
débusqueuses, des ébrancheuses. Donc, ça prend des gens qui sont formés. C'est
des métiers importants. Donc, je pense que la formation professionnelle,
dans toutes les régions du Québec, joue un rôle important.
Il y a eu deux grands
chantiers, deux grands rendez-vous depuis quelques mois : celui que vous
avez mené, M. le ministre, sur la
consultation sur l'élaboration de la réussite éducative; il y a également eu le
Rendez-vous national de la main-d'oeuvre. Et il en est sorti des constats
intéressants, vraiment de mieux arrimer les nouvelles réalités du marché du travail à la formation. À la vitesse que
ça tourne, vous le disiez, vous l'avez dit plusieurs fois, M. le ministre,
il y a des gens qui sont à l'école aujourd'hui
qui ne savent même pas quel métier... le métier n'existe même pas encore.
Donc, toute la question d'arrimer le marché
du travail avec le système éducatif ou la formation professionnelle, c'est un
enjeu majeur. Il y a eu des projets pilotes, deux projets pilotes dans
deux commissions scolaires différentes, dans la dernière année, pour un petit peu voir l'approche allemande, l'approche
duale, deux commissions scolaires : la commission scolaire de la Beauce-Etchemin, également la
commission scolaire de l'Énergie. Cette année, ce que je comprends,
c'est : une dizaine de projets pilotes supplémentaires qui auront
lieu à travers le Québec.
Vous
avez également parlé, tantôt, des commissions scolaires qui se cannibalisent
l'une l'autre. Moi, je veux vous parler
de chez-moi, en Outaouais, ce que les commissions scolaires ont fait. Elles ont
décidé de se regrouper, de régionaliser la formation professionnelle, puis je pense que c'est un exemple unique,
au Québec, de collaboration. Les commissions scolaires, elles ont décidé
d'offrir conjointement les cartes de formation professionnelle dans la région,
partagent les équipements, partagent le
personnel, les revenus, les dépenses, puis ça, c'est au bénéfice des étudiants,
peu importe ils sont où sur le
territoire, que ce soit dans la grande ville de Gatineau ou dans chacune des
régions de l'Outaouais. Donc, je pense
que c'est un modèle qui pourrait inspirer le reste du Québec, qui... comme vous
disiez tantôt, là, il y a un peu, souvent, de cannibalisme, puis c'est à qui va tirer la couverte le mieux de son
côté pour savoir qui aura la formation professionnelle ou une carte de
formation professionnelle nouvelle dans sa commission scolaire.
Donc, j'aimerais ça vous entendre, M. le
ministre, sur la vision que devrait occuper la place de la formation professionnelle au sein de la réussite éducative.
Vous avez fait le tour du Québec. Vous avez vu, les gens vous en ont parlé
abondamment, de la
formation professionnelle, de la revaloriser. Donc, la vision que vous avez, que
la formation professionnelle devrait avoir dans la politique sur la
réussite éducative.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chapleau. M. le ministre.
M.
Proulx : Merci, Mme la Présidente. Je veux remercier le collègue pour sa question.
Mais effectivement que, dans
le cadre de la politique et des travaux qu'on a faits, on a beaucoup
parlé de formation professionnelle, et notamment
dans les régions, Mme la Présidente, parce que c'est une possibilité pour les
différentes commissions scolaires mais surtout pour la région de retenir de la main-d'oeuvre et surtout de répondre à des besoins de main-d'oeuvre qualifiée. Et donc j'entends, bien entendu, en parler beaucoup
en 2017, puis ce sera un des plans que je voudrai mettre de l'avant.
Je voudrais peut-être
parler, quelques instants, de la formation en entreprise.
C'est la formation duale en entreprise, tel que le parlait le collègue. Il y avait
eu, au départ... et, vous savez, donc, d'abord, cette formation-là est inspirée d'un modèle allemand. On en a fait un dual québécois,
une formation en entreprise québécoise. Il y avait
deux projets qui, en formation professionnelle, étaient retenus en 2015‑2016.
On avait l'intention, et c'était dans les plans du gouvernement, d'en ajouter six. Maintenant, il y en
a 10, des projets qui ont été
retenus. Pourquoi? Parce que
c'étaient tous d'excellents projets.
Et il y en aura donc plusieurs en l'ensemble du Québec. Et c'est important d'en
faire un modèle québécois. D'abord, notre
réalité industrielle, manufacturière diffère, notre système d'éducation est
différent, et je pense que c'est une voie à privilégier dans l'avenir. Je parlais, il y a quelques instants, du centre
aux entreprises de certaines commissions scolaires. C'est important, la formation continue, la
formation en entreprise, mais souvent on se retrouve dans la situation où des
employeurs, notamment, dans le manufacturier
voudraient donner de la formation maison, mais ils veulent le faire en lien
avec le système d'éducation pour que les
jeunes puissent avoir la diplomation qui vient avec la formation, sinon ils
feraient de la formation maison
seulement et ils ne pourraient travailler que dans l'entreprise. Dans le
domaine manufacturier, ça arrive
régulièrement. Je parlais de soudage tout à l'heure... ou de montage,
soudage-montage. Ça arrive régulièrement, puis il faut être capable d'y
répondre.
Je voudrais
parler aussi de la formation professionnelle en parlant, bien sûr, de la
régionalisation. La région de l'Outaouais
fait un excellent travail à ce sujet-là. Les commissions scolaires sont
regroupées ensemble. Vous savez, un jeune,
Mme la Présidente, qui veut aller en formation professionnelle, il appelle au
numéro, ou il se présente au bureau, ou il va sur le Web, il n'a pas besoin de
vérifier dans plusieurs commissions scolaires. Il y a un endroit où il vérifie,
puis on va lui dire où les cours sont
disponibles. Ils ont fait en sorte de régionaliser les cartes. Donc, on
travaille ensemble. C'est comme si on
a pris pour acquis, et c'est tant mieux, que c'est l'intérêt du jeune et c'est
l'intérêt de la région qui priment d'abord, parce qu'on l'a fait dans
cette optique-là. Et là-dessus je pense que c'est une voie à privilégier dans
l'avenir, je pense qu'il faut en faire une
réflexion. Je pense à la Basse-Côte-Nord, qui fait également la même chose
depuis l'an dernier. Lorsque je suis
allé en consultation, j'ai eu l'occasion de les entendre là-dessus. Et il ne
faut pas minimiser, j'ajoute, il ne
faut pas minimiser la formation en entreprise également, parce que c'est une
façon de répondre aux besoins locaux.
Je voudrais
parler aussi des petites cohortes, parce que c'est extrêmement important.
J'étais hier dans Charlevoix. Vous
savez que, dans un cours de cuisine, notamment, on avait deux élèves, en
sommellerie ils étaient six, et on est loin des cohortes habituelles qu'on retrouve dans les grands centres. Et
c'est bien évident, Mme la Présidente, que, sinon, ces deux
personnes qui n'auraient pas suivi la formation, peut-être qu'elles seraient
ailleurs dans la région. Prenez l'exemple de Charlevoix. Je pense, c'est un bon exemple au niveau touristique. On
a besoin, dans les différents établissements de la région, de ces formations, et, si on a des gens de
l'extérieur seulement qui viennent, c'est plus difficile de les faire venir,
mais, s'ils vont à l'extérieur pour se former, ils ont des chances peut-être de
demeurer là où ils seront allés étudier.
Alors, dans ce
contexte-là, ce qu'on a fait, ce n'est pas compliqué, Mme la Présidente, c'est
qu'on a, avec une enveloppe
supplémentaire, fait en sorte de permettre aux commissions scolaires d'ouvrir
des petites cohortes dans l'avenir là
où elles ne le pouvaient pas. Parce que c'est malheureux, mais certains
pourraient penser que, si on a besoin de 10 étudiants pour ouvrir un cours, qu'on en a neuf, l'année
d'après il va y en avoir 11 parce qu'il y en aura deux ou trois de plus ou 12.
La réalité, c'est que ce n'est pas ça, c'est
qu'on va en perdre plusieurs qui iront ailleurs, qui, malheureusement, n'auront
pas une planification personnelle qui permet
d'attendre ou qui iront tout simplement la suivre ailleurs ou feront autre
chose, et là on ne sera pas capables d'en faire des diplômés de notre
système d'éducation.
Alors, si on était capable de faire deux
choses : d'abord, prévoir que, dans certains milieux, ça prend des plus petits groupes; deuxièmement, être capable de
planifier l'ouverture des différentes cohortes dans le temps. Je pense aux
Îles-de-la-Madeleine, où on n'a pas besoin
de faire de la menuiserie à chaque année, avec des groupes complets à chaque
année, étant donné les besoins de l'île,
vous aurez compris. Alors, si on était capable d'avoir cette planification-là,
cette flexibilité et une, je dirais,
intention de régionalisation ou, à tout le moins, de travailler ensemble plutôt
que de se combattre sur la place
publique et/ou dans les offices du ministère pour essayer d'avoir les cartes,
peut-être qu'on serait mieux arrimé, je dirais, avec le milieu pour
ensuite bien s'arrimer avec le milieu du travail lui-même.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Est-ce que ça va, M. le député? Alors, M. le député de
D'Arcy-McGee, il vous reste presque 11 minutes.
M.
Birnbaum : O.K. Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, l'équipe du cabinet, membres du ministère,
chers collègues de l'opposition et de la deuxième opposition.
Nous avons
abordé quelques-unes des questions
qui touchent à la valorisation toujours essentielle de la formation
professionnelle. Je veux aborder deux autres aspects de la question qui, bien
adressés, risquent de bonifier l'accès et l'efficacité
de la formation professionnelle mais qui doivent être au rendez-vous aussi,
c'est-à-dire les investissements dans l'infrastructure ainsi que l'accès aux
services équitable pour les cas d'EHDAA, c'est-à-dire les enfants handicapés
et en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, parce que voilà un secteur qui a besoin de prendre toute sa
place légitime.
Si on
regarde, on en a parlé déjà lors de l'étude des crédits et au salon bleu,
l'importance de miser sur la formation professionnelle
et technique, si on se compare aux sociétés en Europe de l'Ouest, à titre d'exemple,
le pourcentage de jeunes qui y font ce choix-là est beaucoup plus élevé,
ce qui fait en sorte que le lien entre la formation et le monde de travail, le marché de travail est beaucoup plus
tissé, il y a une plus grande implication, ce qu'on essaie d'établir ici, avec
le monde de l'industrie. Mais, comme je dis,
il y a deux choses, il me semble, que le ministre et notre gouvernement sont
en train de voir de proche, c'est-à-dire de
réinvestir davantage dans les installations, dans un premier temps. Et je sais
que le ministre a eu à inaugurer, à
ce titre-là, le centre de formation professionnelle de Jonquière le
27 mars, où nous avons annoncé
un investissement très important, pas le seul, mais de quelque 13 millions
de dollars pour permettre aux jeunes de
la région d'effectuer leurs apprentissages dans deux programmes : secteurs
bâtiment et briquetage-maçonnerie. Comme mon collègue le député de
Chapleau a noté, on parle de la pérennité des régions souvent pour que... si on
n'a pas ces programmes, ces jeunes risquent
d'avoir besoin d'étudier ailleurs. Alors, voilà toute l'importance d'investir
en région. Je sais que le ministre a fait plusieurs visites afin de
bonifier et valoriser ce secteur-là.
Bon. Deuxième
volet. Si on est pour rendre plus accessible, plus attirante l'option de la
formation professionnelle, il faut
que ça soit sur un pied égal. Et, pour avoir travaillé au sein de l'école
publique pour 15 ans, je crois que je peux affirmer, et le ministre, j'ose croire, va l'affirmer avec moi, que
l'accompagnement des élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage n'est pas toujours au rendez-vous, une fois le secondaire fini,
et on se trouve dans le secteur de la formation
professionnelle. Là, on parle d'une qualification qui est tout à fait importante
et aussi valable qu'une formation générale.
Est-ce qu'on va finalement nous assurer que l'accès à ces programmes soit au
rendez-vous pour des jeunes en difficulté?
Donc,
j'aimerais inviter le ministre, parce que, voilà, on parle de deux volets aussi
qui touchent à la valorisation, l'accès
à la FP, d'élaborer un petit peu sur les actions prises et qu'on entend
prendre, comme gouvernement, pour bonifier les infrastructures en tout ce qui a trait à la formation
professionnelle et surtout de parler de ce qu'on va faire pour assurer une continuité d'accompagnement des jeunes avec
des difficultés mais tout à fait aptes à se procurer des qualifications
en programme de formation professionnelle.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le ministre.
M.
Proulx : Bien, deux choses,
Mme la Présidente. C'est important de rappeler que, dans le cadre des
investissements qu'on a faits en
matière d'infrastructures, il y a des investissements importants en formation
professionnelle. C'est notamment vrai
dans les régions. J'en ai fait plusieurs cette année, j'ai même procédé à l'inauguration de certains d'entre eux qui avaient été faits auparavant, d'abord
parce que c'est important d'avoir des installations qui sont adéquates et aussi
conformes à la réalité du travail d'aujourd'hui.
Je parlais, tout à l'heure, des mines en
Abitibi. Vous savez qu'actuellement un mineur, ça ne descend plus dans les mines avec un pic et une pelle et, dans
le contexte actuel, il y a maintenant de l'automatisation, de l'informatique, il y a de la mécanisation. Il y a maintenant
des appareils qui nous permettent, en simulation, d'opérer l'appareil trois
kilomètres plus bas dans une mine d'or, par exemple, comme j'ai visité
en Abitibi.
Or, il faut
être capable de travailler avec le matériel qui est d'actualité et ne pas se
retrouver toujours à l'arrière du marché. Et ça, c'est
malheureux, mais c'est une des réalités auxquelles on doit faire face, étant
donné les coûts d'acquisition des
différentes composantes. Et là-dessus, on en a fait plusieurs, je pourrais donner des
exemples dans le domaine agricole : je suis allé, l'été dernier...
où les serres, Mme la Présidente, dataient à peu près de la Deuxième Guerre mondiale, on avait des enjeux très importants; des immeubles où on était locataire, où on avait des enjeux au niveau
de la formation qu'il fallait soutenir. Je suis allé aux Îles-de-la-Madeleine,
où on a modernisé le centre de formation professionnelle
dans l'ancienne école des pêches à même l'école secondaire, où on a eu la bonne
idée, à ce moment-là, d'être capables d'avoir des plateaux qui nous
permettent plus qu'une formation. Exemple, en santé, il y a de l'aide-infirmière,
si vous me prêter l'expression, en soutien dans les différents hôpitaux. Il y a
également la formation de préposé aux bénéficiaires
qui se donnait également sur place, si ma mémoire est bonne. Alors, on
utilise les mêmes plateaux mais pour des
formations différentes. Pourquoi? Parce qu'on a aussi
l'agilité ou la flexibilité d'être capable de ne pas offrir année après année la même formation, étant donné que,
les besoins, bien, on les comble ponctuellement, vu l'importance, là, de la population
sur l'île. À 13 000 personnes, on n'a pas besoin, dans toutes les formations
professionnelles, de former des cohortes
complètes à chaque fois. Alors, ça, ce sont des exemples importants
de ce qui se fait en formation professionnelle, et il va s'en faire
d'autres, bien entendu.
Je veux
parler également des élèves EHDAA en matière de formation
professionnelle, de formation générale aux adultes. Depuis mon arrivée, on me
répète régulièrement que c'est comme si, par le Saint-Esprit, les gens
se retrouvent sans difficulté une
fois qu'ils se retrouvent en formation professionnelle ou à la FGA, qui est la
formation générale des adultes, ce
qui n'a pas de sens, vous aurez compris. Et, si les difficultés étaient, là,
présentes avant à l'école secondaire, on a de fortes chances qu'elles le
soient ensuite encore.
Dans ce
contexte-là, il faut travailler dans un contexte de financement
qui est différent, et, dans le cadre du réinvestissement que nous avons fait, on a annoncé que, pour
l'année 2018‑2019, il y aurait des investissements pour soutenir les EHDAA en formation professionnelle et à la FGA. Donc, il y aura des investissements qui vont nous permettre de
poursuivre, dans le fond, l'accompagnement, des mesures d'aide qui viendront
bonifier le service qui est offert à ces élèves pour leur permettre de réussir. Trop souvent, j'ai entendu, Mme la Présidente, en allant dans les différentes écoles ou dans les régions, ceci — j'ouvre les guillemets : «Si tu as de la difficulté à la formation
générale des jeunes, va à la formation générale des
adultes, ça va être plus facile.» Ce n'est pas vrai que c'est plus facile, Mme la Présidente. On est dans un contexte
complètement différent. Deuxièmement, on n'a plus actuellement les mesures de
soutien auxquelles on est en mesure d'avoir
droit ou qu'on a droit en formation générale des jeunes. Alors, ce n'est même
pas un mythe, c'est tout simplement un monde complètement différent, et, dans ce
contexte-là, il faut être en mesure de les soutenir, et c'est
le souhait que nous faisons.
Alors, dans le plan
que nous avons annoncé dans le budget, de 1,8 milliard pour les cinq
prochaines années, 7 200 ressources pour venir soutenir l'apprentissage et
la réussite au cours des cinq prochaines années, il y aura des ressources
en formation professionnelle et en FGA, formation
générale des adultes, ce qu'il n'y avait pas eu auparavant, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy-McGee, il vous reste 1 min 40 s.
M. Birnbaum :
Vous parlez justement des EHDAA. Il faut en convenir, c'est ça, il y a un
travail à faire, et, premièrement, les ressources n'étaient pas toujours au rendez-vous. Deuxièmement, il faut qu'elles soient adaptées à une cible un petit peu différente : les enfants
ont grandi.
Est-ce
qu'on va être au rendez-vous, surtout en région, et tout ça, pour assurer que
ces services d'accompagnement vont être au rendez-vous pour les adultes?
Ils vont être rendus des adultes. Ce n'est pas la même chose.
• (16 h 10) •
M. Proulx :
Bien, c'est ce qu'on souhaite, Mme la Présidente. C'est ce que je disais à
l'instant. Le plan que nous avons mis
en place et que nous avons annoncé dans le cadre du budget, j'aurai l'occasion, bien
entendu, d'en reparler au
cours des prochaines semaines, mais il y a une réalité, c'est que ce besoin-là
existe en formation professionnelle et en formation
générale des adultes, et, dès 2018‑2019, il y aura des ressources complémentaires, des
ressources intégrées pour soutenir
les élèves dans leur réussite, lorsqu'ils ont eu des problématiques, et notamment,
lorsqu'ils avaient des défis à l'école secondaire,
qu'on puisse être en mesure de poursuivre nos démarches d'accompagnement qui
étaient là.
Je
peux prendre l'exemple d'un ordinateur, Mme la Présidente. Dans le cas
d'une dysorthographie, bien,
dans le contexte actuel,
c'était impossible de changer même de local. Tu sais, dans certains lieux, le
centre de formation professionnelle, il est à même l'école secondaire, et là on se
retrouvait dans une situation où c'est comme si on changeait de monde. Bien là, on va être dans le même monde, et c'est tant mieux.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le ministre. Merci,
M. le député. Alors, on va
passer du côté du deuxième groupe de l'opposition,
et je cède la parole à M. le député de Chambly. Vous avez 23 minutes.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de saluer mon collègue de l'opposition,
tous mes collègues de la partie ministérielle, évidemment
le ministre et toute l'équipe qui l'entoure, là, qui nous
aide à obtenir des réponses à nos questions.
Je
veux d'emblée souligner une bonne nouvelle. J'ai entendu tantôt le ministre
parler des petites cohortes, qui a donné
des exemples en région. Donc, c'est quelque chose que je trouve très bien. Donc, je veux saluer cette action-là. Je
veux savoir par contre comment ça s'est mis en oeuvre. Est-ce que ça a été une
mesure du budget, dans les règles budgétaires, une directive au ministre? Est-ce que
toutes les commissions scolaires doivent le faire? Comment ça a été mis en
oeuvre assez rapidement, cette démarche?
M. Proulx :
Oui. D'abord, c'est une annonce qui a été faite à la suite à
la fois de la consultation que j'ai faite et du Rendez-vous national de la main-d'oeuvre, qui a été fait en Abitibi... et là je cherche à
quel moment je l'ai fait, là, il y a
plus d'un mois.
Ça va, bien entendu, se retrouver dans les règles
budgétaires, mais c'est un appel de
projets qui sera fait par les commissions
scolaires. Alors, les commissions scolaires vont déposer des projets, disant : Voici un exemple
où je suis incapable d'ouvrir ma
cohorte. Puis l'estimation que nous en faisons fait en sorte que nous pourrions ajouter 85 cohortes, dans le Québec, de formation
différente que nous n'avions pas aujourd'hui en groupe.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député.
M. Roberge :
Juste pour clarifier : À compter de septembre 2017?
M. Proulx :
Oui. C'est l'objectif, que les appels de projets soient rentrés pour
qu'on puisse les ouvrir, c'est ma compréhension
de l'appel de projets, encore une
fois, dans la mesure où les projets
seront déposés, mais, à entendre parler les différents intervenants, je
pense qu'il viendra des projets.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci bien. Vous
savez, des fois, on dit que l'opposition ne salue pas les bons coups. Je salue ce
bon coup. Voilà.
M. Proulx :
Merci. Je l'apprécie.
M. Roberge : C'est très
bien. Merci pour les régions puis au
nom de ces jeunes-là, qui n'auront pas à s'exiler. Donc, c'est bon.
Je
veux revenir sur un sujet qui nous a occupés précédemment, ce matin, lors de la
période de questions, sur les notes,
là, de 58 %, 59 % qui montent à 60 %, parce que
ça touche notre taux de réussite ou de qualification, incluant les diplômes, etc., et tutti quanti, là. On a 78,8 % en ce moment quand on additionne tout,
tout, tout. J'aimerais juste, pour rappel...
Vous avez mentionné, je crois, tout à l'heure que les élèves, là, dont les
notes de 58 % et 59 % sont bonifiées à 60 %... C'est
autour de combien? Quel pourcentage des élèves? C'est-u 1,5 %, 1,6 %?
M. Proulx :
Depuis vendredi, j'ai demandé des vérifications au sujet de ce que nous avions
discuté aux crédits, et les
informations que j'ai obtenues, c'est que 1,6 % des résultats totaux — des résultats — obtenus aux épreuves ministérielles ont été ajustés dans le traitement
statistique dont j'ai discuté. Alors, 1,6 % des résultats. Vous avez
compris que peut-être qu'il y a un
élève qui a plus d'un résultat. Donc, ça fait en sorte que c'est encore moins
d'élèves dont nous pourrions le
penser. Alors, c'est pour ça que j'ai dit tout à l'heure... et, moi, ça me fera
plaisir de continuer à répondre, mais,
pour moi, ce sujet-là est clos, dans la mesure où, si on a une problématique,
j'ai des vérifications à faire, ce n'est pas de ce côté-là, à mon avis,
c'est du côté des écoles, comme on en a discuté vendredi.
Mais,
en ce qui a trait au traitement statistique du ministère, qui est là depuis des
années, qui apparaît dans d'autres juridictions
également, qui se fait chez certains ordres professionnels, je considère que,
vu les taux que j'ai indiqués tout à l'heure
en rappelant que c'est pour les épreuves ministérielles, donc c'est les
résultats obtenus aux épreuves ministérielles, 1,6 %... je ne pense
pas que c'est là l'influence que certains pourraient croire sur la réussite des
jeunes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Chambly.
M. Roberge : Très bien. Maintenant, je veux juste comprendre, ce 1,6 % là des
résultats, donc des examens... je
comprends qu'un élève pourrait avoir, dans ces deux... ça doit être assez rare,
là, quand même qu'un élève a deux examens qui sont majorés, il a exactement
58 % ou 59 %. C'est statistiquement possible, là, mais, bon, je veux
savoir : Est-ce que ça touche
les jeunes en formation professionnelle, et les qualifications, et tout ça, ou
il n'y a pas ces examens du ministère, là, je ne pense pas...
M. Proulx :
J'ai posé la question.
M. Roberge :
...ou si c'est seulement les vrais diplômes, D.E.P., D.E.S.?
M. Proulx :
Oui. J'ai posé la question, et ça touche la formation générale des jeunes.
Alors, ce n'est pas le cas en FGA, ce
n'est pas le cas en FP, donc ce n'est
pas le cas dans les D.E.P. C'est ma compréhension des choses. Et je veux
juste m'assurer qu'on me...
Une voix :
...
M. Proulx :
Et voilà. Et, en formation
professionnelle — je vois passer les mots — donc,
à ce moment-là, c'est «réussite» ou «échec». On n'est pas
dans une notation comme en formation générale des jeunes.
M. Roberge :
O.K. Je m'intéresse aux statistiques.
M. Proulx :
Avec raison. Moi, j'ai posé les mêmes questions.
M.
Roberge : On peut dire : Il peut bien s'intéresser juste aux
chiffres, mais c'est parce que, derrière les chiffres, il y a des élèves puis après ça il y a des mesures
à prendre. Donc, je vais passer quelques minutes encore là-dessus, parce
que je veux bien avoir un portrait qui soit le plus fidèle possible.
Donc,
78,8 %, c'est le taux de diplomation et qualification et certificat, et
tutti quanti, c'est bon. Quand on regarde le vrai taux de diplomation, c'est-à-dire D.E.P., D.E.S., on est, il me
semble, à 74,7 %. Et la bonification automatique, la majoration, le gonflage, on peut prendre le mot
qu'on veut, touche à peu près 1,6 % des jeunes. Donc, on peut penser
que des jeunes qui ont obtenu 60 % et
plus, là, sans que la note soit changée, qui ont obtenu 60 % et plus... Si
on fait 74,7 % moins 1,6 %, là on tombe, quoi, à 73,2 %.
M. Proulx :
Mme la Présidente, respectueusement, je ne crois pas qu'on peut faire ce
calcul-là.
M. Roberge :
73,1 %.
M.
Proulx : Je ne suis pas un spécialiste en statistiques, mais,
lorsqu'on a atteint un diplôme d'études secondaires, c'est qu'on a réussi l'ensemble des épreuves du
régime pédagogique à sanction. Or, ce n'est pas parce qu'à un moment donné, pour un examen, on avait 59 %, qui a
été majoré à 60 %, qui, dans une note globale, en passant, est à un
pourcentage de la note pour l'épreuve ministérielle, on a obtenu le
point dans le traitement statistique que ça vient influencer l'ensemble de ton parcours scolaire sur cinq ans
ou sur sept ans. Pour moi, à mon avis, on ne peut pas le calculer ainsi.
Peut-être,
pour poursuivre l'échange avec le collègue sur le taux de diplomation, de
qualification, d'attestation, moi, il
y a deux choses, moi, que je voulais dire par rapport à ça. Encore une fois,
moi aussi, j'apprends. Puis je trouve ça extrêmement intéressant d'en discuter puis de le
présenter aux gens. D'abord, les diplômes, là, c'est les D.E.S. qui comptent,
là, c'est nos diplômes d'études secondaires.
Oui, 74,7 %. Les qualifications et attestations; de mémoire, 4,1 %.
Plutôt stable depuis un certain
temps. L'objectif qu'on s'était donné, comme société, d'atteindre 80 %,
là, bien, c'est pour diplomation des
diplômes puis c'est pour qualification et attestation. Alors, ce qu'on est
train d'atteindre actuellement, 78,1 %, là, ce n'est pas un faux taux pour atteindre une fausse
vérité, là. La réalité, c'est qu'on obtient une augmentation du diplôme d'études secondaires, un équilibre, je dirais,
dans l'augmentation... ou un point d'équilibre à l'égard des qualifications
et de l'attestation, et on est en voie de
réaliser le 80 %, puis je pense qu'on pourrait être plus ambitieux encore
comme société.
Mais
ce que je veux dire par rapport à ça avant de répondre aux autres questions du
collègue, c'est que je ne pense pas qu'on peut dire, très honnêtement,
que le ministère de l'Éducation ou quiconque à l'intérieur du ministère de l'Éducation a voulu faire en sorte qu'on ne fasse
pas la distinction entre nos diplômes et les qualifications, puis je ne pense
pas qu'on puisse dire que taux de
diplomation plus qualification, c'est : taux réel plus maquillage, plus
gonflé, plus fausse réalité. Ces
qualifications-là, elles existent. Les gens qui sont dedans sont sérieux. Et
c'est souvent le seul diplôme, la seule qualification... tu vois, même moi, je suis en mesure de me tromper,
c'est parfois la seule réussite qu'ils vont atteindre. Et moi, je ne veux surtout pas manquer de respect
à ceux qui donnent ces cours-là, à ceux qui donnent ces qualifications-là
et à ceux qui y sont, dans ces programmes-là. Alors, c'était le point que je
voulais faire par rapport à ça.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Non. Bien, il n'est pas question de manquer de
respect à qui que ce soit, puis je suis conscient qu'il y a certains élèves que c'est ce qui est à
leur portée, considérant les difficultés qu'ils peuvent avoir eues, qui peuvent
être de tout ordre, là, vraiment de tous
ordres, ou des épreuves de la vie qui peuvent avoir frappé. Je suis conscient
que, des fois, c'est là qu'ils
peuvent se rendre, puis c'est très bien qu'on puisse les amener à réussir leur
vie puis à prendre leur place,
j'espère. L'objectif du réseau, pour moi, c'est d'être très ambitieux, le plus
ambitieux possible pour chacun d'entre eux,
à la hauteur de leurs capacités puis de l'entourage qu'ils ont, pour les amener
à développer leur plein potentiel. Je pense
qu'on vise, hein, on vise : Visez les étoiles, au pire vous atteindrez la
lune. Je pense qu'on peut viser encore un petit peu plus haut en ce
moment.
Et, sur les fameux
certificats de formation préparatoire au travail, il y a à peu près
4 500 personnes par année, si je
ne m'abuse, qui obtiennent ces certificats de formation préparatoire au
travail, c'est la même chose, je pense que, pour certains d'entre eux, c'est une fort bonne chose qu'ils puissent
faire ces certificats-là, puis accéder ensuite au marché du travail,
puis gagner leur vie, gagner une dignité, puis être fiers d'eux.
• (16 h 20) •
Je
pense qu'il y en a certains par contre qui se ramassent là par défaut et qu'on aurait, si on les avait aidés mieux, si on les avait dépistés plus tôt, notamment,
par une prématernelle quatre ans avec dépistage et intervention précoces, et si
on les avait accompagnés tout le long... Peut-être
qu'au lieu de se rendre à ce fameux certificat de formation préparatoire
au travail ils seraient allés plus loin, puis c'est pour ça que je me dis qu'il
faut être le plus ambitieux possible.
Par rapport à ces fameux certificats là, je pose la question au ministre :
Est-ce qu'il y a un plan, un projet pour ne pas perdre la trace de ces jeunes-là puis pour
forcer les commissions scolaires... ou inciter très fortement les commissions scolaires à offrir à ces
jeunes-là un parcours pour dire : Ce n'est pas fini, on t'a amené à un
certificat de formation préparatoire au
travail, c'est formidable, tu peux gagner ta vie, tu as atteint un niveau,
mais, les soirs, la fin de semaine,
on va t'offrir quelque chose qui va t'amener à un niveau de littératie un peu plus élevé? Parce que
souvent, là, côté français, là, ils sont en cinquième,
sixième année, là. On les compte dans le taux de réussite, là, mais il y a du
travail à faire.
Est-ce
que le ministre a un projet, un plan, quelque chose à proposer pour élever un peu la barre, pas pour les mettre en situation
d'échec, là, mais pour les amener à aller plus loin?
M. Proulx :
Bien, d'abord, sur la formation préparatoire au travail, c'est un programme qui
existe depuis un certain temps puis
qui a besoin d'être repensé à certains égards. C'est ce que je comprends de
ceux qui l'offrent et de ceux qui le connaissent bien.
Il y a
une révision qui, à mon avis, est nécessaire. Quelle forme elle va prendre? Écoutez, ce n'est
pas déterminé, en ce qui me concerne, maintenant, mais c'est clair que
ce devra être fait puis il faut être en mesure de la rehausser. Ça, je pense qu'on l'a déjà dit puis je pense l'avoir
déjà dit dans les discussions que nous avons eues. Il faut l'atteindre, le
plein potentiel, mais il faut être rigoureux
dans ce programme-là également. Là où j'entends très bien le collègue,
c'est de dire : Ça peut être une
première étape, ça peut être une première victoire, ça peut être une première
occasion de réussite pour le jeune,
et il peut y venir après ça d'autres réussites par la suite, et c'est là
l'opportunité ou l'occasion qu'on a, dans notre réseau scolaire, de ne
pas les échapper ou de ne pas les perdre de vue, comme vous le dites. Mais pour
ça il faut travailler aussi en amont.
D'abord, vous avez tout à fait raison, moi, je pense la même chose,
qualification, attestation, il faut
que ce soient les gens qui doivent être là, pas ceux qui auraient pu être
ailleurs si on avait travaillé différemment. Je suis tout à fait
d'accord avec ça. Ça, pour moi, c'est essentiel.
L'autre
affaire aussi que je constate qui ne se fait pas assez souvent, puis ça, bien,
je pense qu'il faut en parler pour
être en mesure de le réaliser, c'est que, quand on rencontre des jeunes de la
fin du secondaire, en plus de nous dire que ça prenait un cours d'éducation financière, ils disent aussi qu'ils
auraient aimé ça connaître mieux les métiers. Et ça, là, ça ne leur est
pas réexpliqué souvent, et c'est rarement dit, ça, dans le cadre de la
formation, c'est quoi, la formation professionnelle,
qu'est-ce que c'est, les métiers spécialisés auxquels ils auraient accès, au-delà de
ce que font leurs parents ou de ce
qu'ils ont appris à connaître autour d'eux. Alors, cette réflexion-là à l'égard
du programme, elle va s'entamer, la réflexion à l'égard de comment on
peut encore les garder, comment on peut mieux les soutenir.
Manifestement, si on
améliore le soutien tout au long du parcours, si on est capable d'avoir un
meilleur encadrement des jeunes, bien, à ce
moment-là, on va être capable, quand on va les amener au Programme de formation
préparatoire à l'emploi, de leur offrir
d'autre chose après puis de leur dire : Là, tu viens de réussir, bien,
voici ce qui s'offre à toi dans les deux prochaines années ou dans la
prochaine année.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui, parce que,
je pense, ça doit être un parcours de formation continue pour ces gens-là, parce qu'à la vérité ces jeunes-là qui
obtiennent ce fameux certificat, bien souvent, viennent grossir la statistique
de 53 %... à peu près 54 % des
jeunes qu'on peut qualifier d'analphabètes fonctionnels. Je dis :
Fonctionnels. Ça ne veut pas dire qu'ils
ne savent rien lire du tout, mais j'ai l'impression qu'on compte, dans notre
taux de réussite, des gens qui sont dans le 53 % en ce moment, des 16 à 65 ans. Ça veut dire qu'il y en a
une part qui sont sortis du réseau scolaire il n'y a pas très longtemps puis il y en a même une part qui ont
grossi nos taux de réussite. Ça, ça m'interpelle énormément. Je sais bien
qu'ils ne sont pas tous analphabètes
complètement. Il y en à peu près 19 % qui sont de niveau 1 ou
inférieur, puis, quand on compte
inférieur, niveau 1, numéro 2, on atteint presque 54 % chez les
16-65 ans. Huitièmes sur 10 au Canada. Ça m'interpelle.
Je sais que le ministre a pris une action
là-dessus, il a augmenté le budget du programme PACTE, si je ne me trompe pas, d'autour de 9 millions. On s'en était parlé l'année
passée, et j'avais dit : Mettez de l'argent. Il l'a mis. Je sais
bien que ce n'est pas juste à cause de moi. Je pense qu'il y a beaucoup de gens
qui ont travaillé pour que le ministre augmente ce budget-là. C'est une bonne
chose. Et c'est récurrent. Donc, ça aussi, c'est une bonne nouvelle.
Par contre,
est-ce que j'ai bien compris que l'ajout est 9 millions, c'est récurrent,
mais c'est non indexé? Est-ce que j'ai bien compris?
M.
Proulx : D'abord, il faut se
rappeler que le 9 millions de dollars, c'est leur demande historique. Je
fais juste un petit pas en arrière
pour dire — puis, je
me souviens très bien, on avait eu un échange en alphabétisation, c'est le cas
de le dire : Pour moi, c'est
extrêmement important de parler de ça puis c'est un enjeu dans notre société.
Moi, c'est une des raisons pour lesquelles je fais ce métier-là. Et il y
a trop d'analphabètes. Puis on est dans une société avec des enjeux extrêmement importants en analphabétisme, et il
faut être capables d'y répondre, puis il y a différentes catégories. Puis
la pauvreté et l'analphabétisme, c'est
lié : des fois, c'est la cause, des fois c'est la conséquence, mais on est
dans des enjeux extrêmement importants avec lesquels il faut travailler.
Le
9 millions de dollars, c'est une somme historique, c'était leur demande
historique, et, sincèrement, je ne pense même pas qu'ils l'avaient vu venir, très honnêtement, comme ça, parce
qu'ils ne pensaient pas possible de l'obtenir. Et c'est des gens qui font de
l'alphabétisation populaire, notamment. Et il faut se rappeler, lorsqu'a été
créé le ministère de l'Éducation,
qu'on avait aussi, à ce moment-là, identifié l'alphabétisation populaire...
l'éducation populaire proprement dite, je m'excuse, comme une des voies
d'apprentissage. Alors, il y a deux choses qu'on a faites puis qu'on va faire.
Il y a, oui, soutenir les organismes
communautaires en alphabétisation puis l'éducation populaire comme on l'a fait,
de manière très importante, avec des
sommes récurrentes à la mission, c'est encore plus important de le dire, dans
un grand, grand, grand pourcentage de
ça. Alors, ça, c'est extrêmement important. Puis, deuxièmement, c'est toute
l'emphase qu'on va faire, petite enfance, premières années de l'école,
sur la littératie. Alors, pour moi, ça, c'est les deux gestes très importants
qu'on va poser dans l'avenir.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de Chambly, il vous reste encore sept minutes et quelques secondes.
M.
Roberge : Je vais raccourcir ma question : Est-ce bien vrai que
ce programme est récurrent mais non indexé?
M.
Proulx : C'est vrai.
Actuellement, le 9 millions supplémentaire n'est pas indexé pour les
années passées. Ce n'est pas la décision qui a été prise, oui.
Une voix : ...
M. Proulx : Prochaines. Pardon.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...
M.
Roberge : Bon. Ça me va comme réponse, mais en même temps ça ne me va
pas comme réponse. Une bataille par
année, peut-être une victoire par année. L'an passé, je faisais partie de ceux
qui l'ont demandé. Je n'étais pas le seul, je le sais bien, absolument pas, puis bravo d'avoir injecté ce
9 millions récurrent, mais en même temps c'est quand même triste, parce que les organismes... ça veut dire
que, quand c'est récurrent mais non indexé, dès l'an prochain, ils se remettent
à couper, parce que les tarifs d'hydro, les salaires, tout augmente de
1,2 %, 2 %, 3 %.
Donc, je fais cette demande au ministre — là,
c'est fait pour cette année : Est-ce que, pour l'an prochain, ils peuvent espérer une petite indexation au coût de
la vie, quand même? Parce que, si on gèle, ça veut dire que tranquillement
on décroît, puis ça veut dire que, dans cinq
ans, 10 ans, ça va être encore l'urgence, ils vont avoir mis des gens à la
porte puis on va refaire une autre
demande pour 7, 8 millions. Est-ce que pour l'an prochain ils pourraient
avoir une indexation?
M.
Proulx : Bien...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Attendez, M. le ministre. Je vais
vous laisser le temps de répondre, mais je vais laisser le député finir
sa question, puis vous allez...
M. Proulx :
Ah! d'accord.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, vous allez avoir tout le
temps... Je ne veux pas que ça commence à être un débat ici, là. Posez
votre question.
M. Roberge :
Bien, c'est correct, j'ai terminé. Je lui laisse une belle grosse minute.
M. Proulx :
C'est un sujet qui soulève l'enthousiasme chez nous.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...très passionné. Ça vous
passionne. Je le vois dans votre enthousiasme pour répondre.
M. Proulx :
Non, mais on est, je pense, plusieurs à être intéressés par la question.
Il
y a deux choses. La première, c'est que le budget de l'an prochain, il n'est
pas écrit, alors il n'est pas dit qu'il n'y aura pas des sommes importantes et/ou un geste comme celui-là. Mais,
très honnêtement, le budget de PACTE a passé de 18 millions à 27 millions de dollars, ce n'est pas l'an
prochain qu'ils vont commencer à couper. Ils sont en développement. Ils vont rejoindre des gens, ils vont travailler
avec des organismes communautaires autres, ils vont s'arrimer avec la famille
pour des parents, ils vont s'arrimer avec
l'école pour soutenir des enfants et des étudiants qui ont des besoins dans
d'autres niveaux de formation et ils vont aussi continuer de recevoir des
adultes qui, eux, pour faire face aux changements dans notre société, aux révolutions industrielles qui
se succèdent, à la modernisation des équipements dans le milieu manufacturier
ou industriel... Ils vont continuer de
travailler avec ces gens-là, en plus des gens qui sont en extrême vulnérabilité
parce qu'incapables de lire et
écrire. En plus d'être stigmatisés, ils sont incapables de fonctionner, si ce
n'est que prendre le métro à Montréal ou d'aller lire le menu au
restaurant.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de Chambly, il vous reste quatre minutes.
• (16 h 30) •
M.
Roberge : Je sais bien que le budget de l'an prochain n'est pas écrit.
C'est pour ça que je fais cette demande-là. Le ministre, il tient le
crayon et il connaît ceux qui le tiennent, ça fait qu'on va espérer.
Je
reviens sur la FGA, la formation générale aux adultes. Il s'est passé quelque
chose ces dernières années, c'est que le nombre d'élèves qui, en
réalité, ne sont pas des adultes a augmenté presque de 17 % en neuf ans.
Donc, on parle — c'est majeur, là, une hausse de 17 % en
neuf ans — de
jeunes qui ont moins de 19 ans et qui sont inscrits à la FGA, et, la majorité de ceux qui sont là, ce n'est
pas, là, après des prix de gouverneur général pour excellence académique,
là, très, très souvent c'est parce qu'ils
ont vécu des difficultés puis ils avaient, au primaire et au secondaire, des
difficultés, peut-être des retards scolaires. Peut-être qu'on a gonflé leurs
notes un petit peu, peut-être qu'on ne leur a pas donné d'orthopédagogie, mais ils étaient diagnostiqués
souvent, ils avaient ce code EHDAA, qui leur permettait d'avoir des services,
même si ce n'était peut-être pas suffisamment.
En
ce moment, quand ils arrivent à la FGA, c'est comme s'ils étaient guéris tout à
coup. Ils n'ont plus de services, ils
n'ont même plus le code. Est-ce que le ministre peut s'engager à donner des
services mais aussi à ce que les codes de difficulté, les diagnostics pour lesquels on a payé, ça peut suivre les
jeunes à la FGA? Parce que, je pense, c'est nécessaire pour eux puis c'est nécessaire pour les profs de
savoir quelles sont les difficultés qu'éprouvent les élèves qui sont devant
eux.
M. Proulx :
Deux choses.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Oui, Mme la Présidente. Merci. Deux choses. La première, c'est qu'il y aura des
ressources pour soutenir la FGA dans l'avenir.
Pour
répondre au préambule également, c'est vrai qu'il y a eu une augmentation chez
les jeunes, il y a eu une diminution
chez les adultes, puis il y a trop de jeunes en formation générale aux adultes,
en passant. Ils devraient être chez les
jeunes. Je suis tout à fait d'accord avec ça, là, je l'entends. Et il faut
aussi peut-être voir qu'il y a des gens qu'on aura raccrochés, parce qu'on parle aussi de décrochage.
Il reste à voir comment on peut bien arrimer les ressources avec le
suivi des EHDAA. Est-ce que ce sera en ayant les mêmes codes d'un niveau à
l'autre?
Sincèrement,
je n'ai pas encore finalisé ce qu'il en sera dans le suivi, mais j'entends
puis, sincèrement, j'avais une bonne
idée de penser que, si on les avait identifiés plus jeunes puis qu'on disait
qu'il fallait avoir une continuité dans notre service, il faudrait peut-être suivre ce qu'on avait identifié
plus tôt. Mais ça sera finalisé bientôt. Vous pourrez, bien entendu, en
être informés.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Chambly, il vous reste deux minutes.
M.
Roberge : Super. Merci. Donc, vous comprendrez que c'est un souhait
qu'on fait vraiment, que les codes de difficulté suivent, autant pour
les élèves... pas pour les ostraciser, là, pour les aider puis pour que les
enseignants et enseignantes qui les ont
devant eux sachent comment les aider — je sais qu'ils prennent des formations
continues, mais ils ont besoin de
savoir quelles sont les difficultés des élèves qui sont devant eux — pour les élèves aussi, qu'ils puissent
réclamer aux commissions scolaires ou aux écoles des services professionnels.
Et le
ministre a dit à plusieurs reprises : Ah! il va y avoir 7 200
ressources, il va y avoir des ressources. Pourquoi attendre 2018‑2019? Pourquoi, là, les élèves qui
vont s'inscrire en septembre prochain en 2017‑2018, eux n'ont pas droit à
ça, ces ajouts de ressources là? Il me semble que ce n'est pas une bonne idée.
M. Proulx : Bien, d'abord, il faut
faire des choix en fonction des disponibilités financières que nous avons.
Je veux
revenir peut-être un moment sur la situation des codes, rappeler que, dans
l'ensemble de nos élèves avec des
besoins particuliers, ce n'est pas tous les élèves qui ont des codes, parce que
plusieurs sont soutenus... puis la grande majorité sont soutenus sans code, alors sans plan d'intervention pour
lequel il y a des ressources d'assignées, mais quand même il faut le dire. Mais c'est un choix que nous
avons fait pour être en mesure de déployer, d'abord, des ressources en quantité importante dans les premières années
du primaire et du préscolaire, mais, ensuite, dès 2018‑2019, dans notre
planification, on sera en mesure d'ajouter des ressources en formation
professionnelle et FGA.
Puis, en
passant, pour la formation générale des jeunes, quand on aura déployé des
ressources supplémentaires en
quantité comme on le souhaite, on sera capables, à ce moment-là, de redéployer,
à l'intérieur des autres années, ceux et
celles qui sont actuellement, je dirais, en partage sur différentes années.
Alors, c'est un choix qu'on fait. On a dit : Il faut agir tôt. Il faut commencer dans le début, il
faut apprendre à lire et écrire quand on commence, puis ensuite on aura moins de situations d'analphabète et on aura moins
de situations de difficulté d'apprentissage. C'est le choix qu'on fait.
On débute là. En 2018‑2019, il y aura des ressources en formation
professionnelle et FGA.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député, il vous reste encore cinq secondes.
Voulez-vous ajouter quelque chose? Non? Ça va?
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Voyez-vous, je tiens le
temps très serré, hein? Alors, on va passer du côté du gouvernement, et
je cède la parole à M. le député de Champlain pour environ 20 minutes.
M.
Auger : Merci. Donc, à mon tour, Mme la Présidente, de vous saluer,
saluer bien sûr toute votre équipe, mes collègues de ce côté-ci de la
table, du côté du gouvernement, mes collègues d'en face, donc des deux
oppositions. M. le ministre, bien sûr,
c'est toujours un plaisir de vous retrouver, nous venons du même coin de pays, toujours
un plaisir de vous revoir, votre équipe également, M. le ministre. J'aimerais
également remercier votre équipe, parce que, là, actuellement j'ai le privilège
d'être assis ici, mais, dans le passé, j'ai eu à préparer des crédits et je
sais exactement ce que ça implique comme travail. Donc, je
tiens à vous remercier pour le travail important que vous faites.
J'aimerais, Mme la Présidente, parler de quelque chose qui me tient à coeur, et vous le savez, je pense
bien, c'est l'action communautaire. On a eu la chance de travailler
ensemble. Et, en ce qui me concerne, dans le comté de Champlain, c'est à peu près une centaine d'organismes
communautaires avec lesquels je peux intervenir, travailler en collaboration.
Puis un petit rappel, en passant, parce que
souvent les gens ont peut-être tendance à l'oublier, que le comté de Champlain,
c'est le tiers de la ville de Trois-Rivières, donc à l'est de la rivière
Saint-Maurice, donc Cap-de-la-Madeleine, Saint-Louis-de-France et Sainte-Marthe. On a tendance à oublier que Champlain,
bien, c'est de là que ça part et, bien sûr, c'est neuf des
10 municipalités de la MRC des Chenaux. Donc, des organismes, une
centaine, qui oeuvrent dans différents secteurs,
soit l'éducation, la santé et en défense de droits, et, il faut le souligner,
ce sont des organismes qui sont indispensables à notre société, hein, ils ont un apport significatif inestimable. Et, en
ce qui me concerne, je travaille toujours en collaboration et en concertation
avec eux. D'ailleurs, j'ai un deuxième bureau de circonscription, qui est situé
à Sainte-Geneviève-de-Batiscan dans
ce qu'on appelle l'Immeuble multiservices des Chenaux. Sous le même toit, c'est
à peu près une quinzaine d'organismes communautaires, et je vous dirais que
c'est même un modèle peut-être à imiter, l'immeuble
de services des Chenaux, parce qu'il y a 15 organismes, donc, en fait,
c'est une comptabilité, c'est une réception, c'est un photocopieur. Donc, il y a des avantages. J'invite peut-être
d'autres organismes à peut-être imiter cet exemple-là.
Mais
j'aimerais revenir sur, bien que mon collègue ait commencé à en parler, du
programme PACTE, donc, le programme
de soutien à l'action bénévole sur le terrain de l'éducation. Peut-être un
petit rappel, effectivement, que le programme a été implanté en 2003,
et, comme l'a mentionné le ministre tout à l'heure, c'est suite à deux
politiques gouvernementales, donc, la
première, en 2001, sur l'action communautaire, et l'autre, je crois, c'est en
2002, sur l'éducation des adultes et
la formation continue. J'aimerais également faire un petit rappel sur
l'objectif du programme PACTE. En fait, c'est un programme qui offre aux jeunes et aux adultes plus vulnérables
un soutien à l'apprentissage et de
favoriser une reprise de contact avec le milieu scolaire dans un environnement
adapté à leurs besoins, et ce, bien, c'est pour tout le Québec, dans toutes les
régions du Québec. Rappelons aussi que le programme
s'adresse à des organismes
communautaires dont la mission principale est d'offrir des services alternatifs à
ceux qui sont déjà offerts, effectivement, par le réseau de l'éducation
formel, répartis dans quatre champs d'activité, donc l'alphabétisation populaire, la lutte contre le décrochage scolaire, le raccrochage
scolaire, la formation continue aux organismes communautaires autonomes.
Soulignons
que le financement est à
peu près le même
depuis 2003, 18 millions pour à
peu près 180 organismes au Québec. Mais, en décembre
dernier, M. le ministre annonce un investissement de 20 millions et, plus
précisément, 9 millions
de façon récurrente. On en a parlé aussi tout à l'heure. Ça veut dire quoi, ça,
Mme la Présidente, 9 millions de
plus? C'est l'augmentation de 50 % du budget de façon récurrente. On parle
donc maintenant 27 millions; 18 avant, à peu près, plus neuf, donc 27 millions pour ces organismes-là. Ça
veut dire quoi aussi, Mme la Présidente? Ça veut dire des organismes
heureux, parce qu'ils vont pouvoir répondre encore mieux aux besoins de
certains de nos jeunes, de nos adultes, de nos immigrants, de décrocheurs, de
familles qui ont aussi droit à viser une réussite éducative. Investir également dans l'alphabétisation, Mme la
Présidente, c'est aussi simple que d'être capable de lire des textos,
d'augmenter la confiance en soi, de lire et de comprendre des panneaux de
signalisation, d'être capable de lire une facture, c'est aussi simple
que ça, une lettre ou encore même une prescription médicale, donc assez
important.
• (16 h 40) •
Mais, Mme la
Présidente, j'ai eu le privilège, il y a de ça deux semaines, au nom, bien sûr,
du ministre et en compagnie de mon collègue
de Trois-Rivières, d'annoncer une aide supplémentaire de 50 %, bien sûr, à
quatre organismes soit pour
195 000 $, dont trois qui oeuvrent dans le merveilleux comté de Champlain — je
dis toujours que c'est le plus beau, mais aujourd'hui je vais quand
même me garder une petite réserve — et
ce sont des organismes, en fait, qui ont vu le jour en 1986-1987. Donc,
ça fait plus de 30 ans que ces organismes-là oeuvrent, soit le CFCM, COMSEP et bien
sûr Ebyôn. Je veux revenir brièvement sur chacun des organismes.
Le
CFCM, donc le Centre de formation communautaire de la Mauricie, en fait, lui,
répond aux besoins de formation des organismes communautaires de la Mauricie. En fait, il aide les organismes à
mieux se structurer et de s'organiser. COMSEP,
chez nous, il n'a pas vraiment besoin de présentation, mais, quand même, c'est le Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire, c'est de l'alphabétisation et de l'éducation populaires par des ateliers d'écriture, de l'informatique, des
ateliers sur les compétences parentales. En fait, c'est l'école citoyenne. En
fait, l'école citoyenne, c'est de permettre
aux parents de reprendre du pouvoir sur leur rôle d'éducateur et de favoriser
la réussite scolaire des enfants. Ebyôn est un autre organisme
communautaire dans le comté de Champlain, un autre, chez nous, qui n'a pas vraiment
besoin de présentation, mais c'est intéressant qu'on puisse vous les faire
connaître. Il y en a d'autres partout au Québec, mais je parle de ceux-là parce qu'on travaille de façon quotidienne avec ces gens-là. Ebyôn, c'est des
ateliers d'alphabétisation, des activités d'éducation populaire, de
défense de droits, des activités d'engagement dans la communauté et, bien sûr, une soupe populaire gratuite, quelque chose qui est de plus en plus rare au Québec, et eux tiennent mordicus à ce que ça... pas que ça devienne, mais que ça demeure
gratuit. C'est, oui, apprendre à lire et à écrire, mais c'est aussi des
lieux pour briser la solitude, Mme la Présidente, tisser des liens, se faire
des amis, apprendre à se connaître, apprendre à s'aimer, tout simplement.
Il y a
d'autres exemples comme ça, Mme la
Présidente, un peu partout au Québec.
Et on se demande peut-être pourquoi
je prends le temps de parler de quelques exemples comme ceux-là, mais je pense
qu'ils méritent, ces organismes-là, qu'on
parle d'eux, qu'on souligne leur apport à notre société, parce que
ce qu'ils apportent à notre société, c'est majeur, c'est inestimable, et
souvent ils sont dans l'oubli.
J'aimerais premièrement
entendre le ministre, en fait, pour avoir la raison pour laquelle, hein, il a
décidé d'augmenter de façon substantielle — on parle de 50 %
d'augmentation — le
financement, de cette manière-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Champlain. M. le ministre.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Je veux remercier le collègue pour sa présentation
mais surtout les exemples qu'il a donnés des organismes que je connais en
Mauricie.
Avant
de répondre à sa question, je vais juste terminer ce que je disais tout à l'heure avec l'enveloppe financière de la formation générale des adultes, Mme la Présidente, pour vous
dire qu'il y a déjà des sommes qui sont déployées pour les élèves avec des besoins particuliers,
alors, il y en a deux : il y en a une de 4 millions qui est une aide additionnelle pour ceux avec des besoins
particuliers; et 10,4 millions pour le soutien aux clientèles vulnérables.
Donc, ce sont des sommes qui sont importantes à l'intérieur de l'enveloppe, là,
que je conçois fermée, mais il faut le rappeler.
Je
veux, bien entendu, répondre au collègue en disant que — j'ai
eu l'occasion de le dire dans l'échange précédent, puis loin de moi l'idée de me répéter, mais je
l'ai dit, puis je pense que tout le
monde va être d'accord
avec moi — il
faut travailler sur la réussite
éducative dans l'ensemble de la vie, alors du début, dès la petite enfance, jusqu'à
la fin de la vie, et il faut travailler à différents niveaux et à
l'extérieur de l'école aussi. Alors, il y a des individus qui doivent aller en
alphabétisation parce qu'ils ne peuvent pas se retrouver à l'école. Quand on va
dans un organisme d'alphabétisation populaire,
Mme la Présidente, ça ressemble souvent à une classe, mais c'est
très souvent des gens qui ne pourraient pas être à l'école, et dans un contexte comme celui-là il faut travailler à
leur alphabétisation autrement, et c'est extrêmement important de le
faire ainsi. Ce qui est navrant aussi, je dirais — pour
moi, c'est triste, je vais le dire ainsi — c'est, lorsqu'on va dans un organisme d'alphabétisation
populaire... Mettons que j'y serais allé il y a une dizaine d'années, comme
j'en avais déjà fréquenté, pour
donner un coup de main. Il y avait moins de jeunes et aujourd'hui il y en a
plus. Alors, c'est clair qu'il y a
quelque chose, là, avec lequel il faut travailler dans l'avenir. Alors, c'est
pour ça que moi, je pense... puis je pense avoir inscrit assez fort dans
l'espace public qu'il faut travailler en littératie très tôt et que c'est un
enjeu.
C'est
aussi important, pour moi, c'est aussi transversal que les saines habitudes de
vie, la littératie, et la raison pour
laquelle on a décidé de soutenir ces organismes-là, c'est qu'ils sont des
partenaires du milieu scolaire. Puis souvent ils disent qu'ils ne le sont pas assez. Moi, je ne comprends pas puis
souvent je leur dis : Vous devriez travailler encore plus ensemble, parce que, pendant que les
enfants sont à l'école, des fois, les parents sont dans des organisations comme celle-là, et ensuite
les parents, parce qu'aptes à lire et
à écrire, mieux soutenus au niveau de la littératie, c'est peut-être eux
qui viendront, par la suite, à la formation générale des adultes travailler.
Peut-être
pour répondre au collègue plus précisément sur nos actions en matière d'alphabétisation :
il y a bien sûr le 9 millions au
programme PACTE, qui est extrêmement important, mais c'est une annonce qui est
plus importante que
ça parce qu'on avait également 4 millions de dollars pour soutenir les
commissions scolaires dans leur partenariat avec les milieux communautaires. Ça, c'est l'arrimage dont on parlait.
Il y a 3 millions de dollars qui sont versés aux IRC, IRC dont on a souvent parlé l'an dernier, qu'on a
soutenues, en passant. Je fais en sorte d'être capable de les soutenir,
faire revivre les IRC, qui étaient fermées, pour qu'elles puissent travailler
en persévérance scolaire, qu'elles puissent travailler
en littératie avec les petits. Et là il y a un lien à faire avec la petite
enfance et la famille. On a investi 1,5 million de dollars auprès d'Allô prof pour mettre en place
des outils pour soutenir les parents avec un allô parents. Il faut aller,
une fois dans sa vie, répondre aux questions à Allô prof avec les profs pour
comprendre comment ce service-là est extraordinaire,
utile. Moi, je ne connaissais pas ça avant et j'ai parfois le goût de les
appeler moi-même avec les enfants. Je
vais sur le Web, je dis à mes enfants d'aller voir ce qu'il y a là-dessus.
C'est extraordinaire, ce qu'ils font, et je sais qu'on va pouvoir le faire avec les parents. Et un des enjeux qu'on a
avec les parents à l'école, là, c'est de les reconnecter avec l'école, surtout pour ceux pour qui c'est
compliqué, l'école, parce qu'ils ne sont pas en mesure de suivre ce qui se
passe à l'école. Et ce n'est pas de les
stigmatiser, dire qu'on veut les aider, là. On n'est pas en train de dire que
ce n'est pas correct, ce qui arrive. On dit qu'il faut leur donner des
outils, il faut que l'école ait ça en tête. Il faut que le milieu communautaire soit aux aguets pour les soutenir
dans cette démarche-là de parent qui soutient un enfant en réussite, mais
il faut également leur donner des outils.
On a
également des sommes pour inciter les entreprises à accroître la formation
générale de leurs travailleurs. On a
une somme de 1 million de dollars qui a été octroyée à Télé-Québec pour
travailler sur les trousses numériques en littératie. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de voir ce qui se
fait, exemple, en Ontario avec leur télévision publique, qui est une télévision qui est tournée vers la
réussite éducative, tournée vers l'enseignement, où on retrouve, à l'intérieur
de la grille de télévision et sur le
numérique, l'ensemble des compétences qu'on va retrouver dans le régime
pédagogique. Moi, je pense qu'on peut
refaire ce qui a été fait avant avec Télé-Québec, on peut travailler avec eux,
puis, pour les avoir rencontrés, et
Mme Barcelo a eu également l'occasion de le faire souvent, là, ils travaillent
sur des trousses en littératie numérique pour des adultes. Ils n'étaient
jamais allés là avant. Alors, pour moi, ça, c'est extrêmement important.
Puis on
continue à soutenir la Fondation sur l'alphabétisation, qui est un
organisme-phare en matière d'alphabétisation et, notamment, grâce à son
service téléphonique et à tous ses autres services qu'elle offre au quotidien.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Champlain, il vous reste six minutes.
M.
Auger : Six minutes. Merci, Mme la Présidente. Mon collègue de
Chambly, tout à l'heure, a parlé, là, du rapport québécois le PEICA, le programme québécois d'évaluation internationale
des compétences des adultes, l'année 2015, puis il y a fait mention, là, je veux juste le redire. Environ une
personne sur cinq, donc 19 %, éprouve de très grandes difficultés à
lire, niveau 1; 34 % conservent des difficultés importantes,
niveau 2.
Au total,
c'est un peu plus d'un Québécois sur deux, 53 %, pour qui lire un texte
représente un important défi. Et on sait aujourd'hui, on l'a mentionné un peu
tout à l'heure, donc, que le marché du travail a évolué. Il devient
indispensable, pour pouvoir oeuvrer, avoir un emploi, de savoir lire et
écrire. Puis les résultats du rapport québécois permettent de circonscrire les groupes d'adultes plus
vulnérables. Donc, parmi eux, on peut souligner les personnes âgées entre 44 et
65 ans, les immigrants, les jeunes de
16 à 24 qui ont quitté l'école sans obtenir leurs diplômes d'études
secondaires, les autochtones.
Est-ce que,
ce que vous avez fait, ce que vous avez apporté, vous pensez que ça va aller
dans le sens de pouvoir répondre à ce que je viens de décrire, en fait à
venir en aide à ces différents groupes d'adultes là?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
• (16 h 50) •
M.
Proulx : Oui. Merci, Mme la Présidente. C'est ce qu'on souhaite puis c'est dans ce sens qu'on pose les
actions.
Nos adultes
parents qui sont en lien avec l'école, on a bien sûr nos formations
qui leur sont offertes à l'intérieur du programme scolaire. On a, par exemple, Allô parents pour les soutenir dans le cadre du suivi qu'ils doivent
faire, notamment, dans les études et les devoirs. J'ai parlé de trousses
numériques en littératie auprès de Télé-Québec pour soutenir certains apprentissages, des organismes communautaires, et
le collègue, Mme la Présidente, peut parler, des heures, de ce qui se fait à COMSEP, par exemple, en Mauricie, qui est un organisme
extraordinaire, intégrateur, structurant qui fait, en même temps, de la cuisine collective, de l'alphabétisation
populaire, du soutien psychologique et qui est un carrefour pour les
gens vulnérables en Mauricie qui se relancent dans la vie grâce aux initiatives
qu'on y offre.
Et, dans ce contexte-là, on voit des gens de tous les
horizons qui ont souvent un dénominateur commun. D'abord, ils sont en situation de pauvreté
ou de vulnérabilité. Puis ces vulnérabilités-là, elles viennent de quoi?
Parfois, des apprentissages manquants,
souvent de l'analphabétisme ou pour toutes
sortes de situations
personnelles reliées à la santé mentale,
ou autres. Mais le dénominateur commun, c'est que, ces gens-là, demain, on a
des formations qualifiées ou des formations qualifiantes à leur offrir,
mais ils ne sont pas capables de retourner sur les bancs d'école aujourd'hui. Alors, il faut passer par un autre processus
pour les soutenir, notamment, en alphabétisation. Et c'est dans ce contexte-là
que nous avons déployé différentes ressources, qu'on travaille.
Et demain
j'aurai l'occasion de défendre les crédits du ministère de la Famille, Mme la Présidente. On va parler aussi de
littératie en famille. On va en parler, chez les tout-petits, des initiatives
qui sont faites, des livres qui se déplacent vers eux, de la possibilité
de voir les enfants se déplacer avec leurs parents dans des milieux littéraires
pour qu'on les expose à des mots, parce qu'une
des réalités, lorsqu'ils vont arriver à l'école, ces petits-là, c'est
qu'ils auront, malheureusement,
été exposés à moins de mots que les autres, et, dans ce contexte-là, il y a, déjà
là, un retard potentiel.
Alors,
oui, les adultes vont être soutenus, les adultes vont être soutenus dans plusieurs
contextes différents. Et, moi, c'est
une des choses dont je suis très fier dans la dernière année, c'est d'avoir
inscrit, dans l'espace public et dans les gestes concrets du gouvernement... vous n'avez
qu'à regarder le livre du budget, de voir que l'éducation s'inscrit désormais dès
la petite enfance, tout au long de la vie, et qu'on revient à l'essence même de
ce que ça a été lorsqu'on l'a créée. On a un système d'éducation, on a l'éducation populaire pour soutenir les adultes apprenants
qui sont en périphérie de notre système d'éducation.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le
député de Champlain,
il vous reste deux minutes.
M. Auger :
Deux minutes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Deux minutes.
M.
Auger : Je vais en prendre
juste un petit peu, puis on pourra reporter le temps. En fait, bien, écoutez,
j'avais une dernière question,
mais je crois que la réponse ira à demain, sur la littératie chez les jeunes,
lors de vos crédits Famille. Mais, pour le reste, on peut reporter le
temps au dernier bloc, là, pour une minute, là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Parfait. Oui. Alors, merci beaucoup. On va passer
du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean
pour 17 minutes.
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Permettez-moi de souhaiter la bienvenue à mon collègue
de Gaspé, à qui je vais échanger quelques minutes tout à l'heure.
M. le ministre, dans les questions particulières qu'on vous a demandées dans le
bloc des crédits Primaire et secondaire, on vous a fait la demande en
ce qui a trait au nombre de professionnels
qui viennent en aide aux élèves en difficulté. Il y a
un tableau, en fait, qui est publié
annuellement et qui nous donne le détail, dans le fond, des ressources
offertes aux jeunes en difficulté.
Maintenant, on veut avoir la même information mais pour l'éducation aux adultes. Et puis, à part les chiffres,
lorsqu'on se tourne vers les organisations syndicales,
on parle à peu près de 40 professionnels pour l'ensemble du réseau,
donc pour l'ensemble de la formation aux adultes, ce qui nous apparaît
vraiment, vraiment peu élevé.
Alors,
je ne sais pas si vous avez la réponse aujourd'hui en crédits, vous êtes
capable de me donner, là, une idée des
services qui sont offerts aux jeunes en difficulté et si le chiffre qu'on a,
nous autres, de 39 professionnels, est le bon.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx : Ce que je pourrais peut-être faire, Mme la Présidente, c'est qu'à la
suite de la prochaine question, si on
est en mesure de répondre maintenant, on le fera. Sinon, je pourrai m'engager,
si je suis en mesure de le faire, de le déposer au secrétariat comme je le fais
habituellement.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Parfait. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : ...que les gens qui vous accompagnent vont être en mesure,
au cours de nos échanges... parce que, dans
le fond, si on veut poser un diagnostic qui est juste sur la formation aux
adultes, il faut aussi connaître les services qui leur sont offerts. Et visiblement — visiblement — vous l'avez dit vous-même d'entrée de jeu,
il y a de plus en plus de jeunes qui se tournent vers l'éducation aux adultes
pour venir pallier, dans le fond, à la formation qui est offerte au parcours général, et ces jeunes-là se retrouvent
dans un système où il y a quasi-absence de ressources, puis j'imagine que
vous nous donnerez les chiffres tout à l'heure, mais c'est extrêmement
préoccupant.
Peut-être
nous informer, là, concernant d'abord les jeunes qui ont en bas de 19 ans
et qui suivent le parcours de formation aux adultes. Quel est le
pourcentage qui obtient leur diplomation?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Peut-être pendant que je fais faire la vérification à l'égard du nombre de
jeunes... Moi, les informations que
j'ai à l'égard des services complémentaires, c'est environ... mais je l'ai dit
tout à l'heure, là, on a deux enveloppes, là, une enveloppe de
10,4 millions, une enveloppe de 4 millions, pour soutenir les élèves
ayant des besoins particuliers, actuellement,
dans l'enveloppe fermée de la formation générale des adultes, et, en ETC, on est à
peu près à 545... si je
faisais la moyenne, 545 ETC actuellement dans le réseau.
M.
Cloutier : Oui. Et j'imagine
que, là, vous venez de me donner les ETC en services professionnels
directs aux élèves en difficulté. Qu'est-ce que ça inclut, là?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Alors, moi, les effectifs que j'ai, c'est le personnel professionnel
et technique à la FGA pour soutenir les élèves. C'est les informations
que j'ai.
M.
Cloutier : Donc là, vous
avez ajouté les professionnels et techniques, c'est intéressant. Mais le tableau que vous
nous avez fourni, le primaire et secondaire, c'est juste le professionnel.
Moi, ça ne me dérange pas, on va prendre le professionnel et le technique.
Quelle est la description de tâche qui est incluse dans les 545 ETC que
vous m'avez donnés?
M.
Proulx : ...information que je pourrai vous fournir, j'imagine, très bientôt.
M.
Cloutier : Très bien, parce qu'on s'entend que ça peut être large et général et on peut être loin du
compte.
Tout à l'heure, on a parlé des élèves en difficulté qui se retrouvaient, dans le fond, à inscrire, sur une base volontaire, le problème dont... pas le problème, la difficulté supplémentaire avec laquelle ils doivent composer. Est-ce que j'ai compris
tout à l'heure que vous alliez rendre obligatoire la divulgation d'un jeune lorsqu'il passe du côté de
l'éducation aux adultes?
M. Proulx :
Je m'excuse. C'est la question que je n'ai pas saisie.
M.
Cloutier : Non. Est-ce que
les dossiers vont nécessairement suivre du programme régulier au programme
de formation des adultes?
M. Proulx :
Ce que je disais tout à l'heure, c'est que, dans la mécanique, là, je n'ai pas
statué... ou, en tout cas, on ne m'a pas présenté la mécanique qui sera mise en place, mais j'abondais
dans le sens que, dans la mesure où on veut soutenir des élèves avec des besoins particuliers pour lesquels il n'y a
pas toujours des codes, notamment, chez les adultes, en passant, les codes étant non pas réservés mais
attribués à des gens dans des problématiques plus importantes... mais,
s'il y avait des plans d'intervention, s'il y avait des outils
d'adaptation — j'ai
parlé d'un ordinateur portable, tout à l'heure,
en dysorthographie, par exemple — pour moi, il va de soi que, si on se
retrouve à l'intérieur d'un programme d'un
autre ordre puis qu'on a une problématique qui nous suit tout au long de notre
parcours, pour moi, il va de soi qu'il faut être capable de
l'identifier, comme tel.
M.
Cloutier : Mais je vais être plus clair : Est-ce que vous ne
jugez pas opportun de rendre obligatoire de faire suivre les dossiers
lorsque le jeune transfère à la formation aux adultes?
M. Proulx :
Bien, je vais voir comment je peux faire les choses, mais, pour moi, ça va de
soi que ça devrait suivre. Alors,
dans cette optique-là, j'aurai, dans le cadre des règles pas seulement
budgétaires, mais des règles de suivi à l'égard de nos EHDAA, à poser
certains gestes à cet égard-là.
M. Cloutier :
Donc, il y a une volonté ministérielle. C'est ce que j'entends.
M. Proulx :
Tout à fait. Oui, oui.
M. Cloutier :
Une volonté ministérielle.
M. Proulx :
Là, vous m'avez posé une autre question.
M. Cloutier :
Oui, sur le taux de diplomation.
M. Proulx :
Moi, j'essaie de donner les réponses, Mme la Présidente, et c'est mon rôle.
Alors là, ce que j'ai, c'est les nombres. On en apprend tous les jours
sur les nombres. Voyez-vous, sur les 181 822 inscrits en 2015‑2016,
il y a 43 044 19 ans et moins,
138 778 20 ans et plus. Mais je n'ai pas les taux de diplomation des
19 ans et moins. Actuellement, je n'ai pas ça sous la main, alors
je ne suis pas capable de faire une discrimination, là, du nombre.
M. Cloutier :
Est-ce que vous les avez? Est-ce que vous avez les chiffres pour la...
M. Proulx :
Votre question, c'est...
M. Cloutier :
...l'obtention d'un diplôme d'études secondaires?
M. Proulx :
Est-ce que je vais être capable de les fournir? C'est ça, votre question?
M. Cloutier :
Non, si le ministère les a, parce que...
M. Proulx :
Oui, c'est ça.
M. Cloutier :
Oui.
M. Proulx :
Manifestement, je ne suis pas en mesure de vous répondre maintenant. Dès que je
l'aurai, je vais le faire, cher collègue.
Une voix :
...
M. Proulx :
Ah! bien, voilà. Nous avons le début.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Proulx : ...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Allez-y avec le début.
M. Cloutier :
Oui, allez-y, oui, on vous écoute.
M. Proulx :
Alors, les 19 ans et moins, le taux de diplomation : 63,2 %, ce
qu'on m'indique actuellement.
M.
Cloutier : O.K. On va essayer de comprendre ce que ça veut dire. Pour
les 19 ans et moins; sur une cohorte de combien d'années? C'est-à-dire que 63,2 % des jeunes qui
s'inscrivent à la formation générale des adultes obtiennent un diplôme
d'études secondaires. C'est bien ça? Ou c'est une qualification?
M. Proulx :
Ce ne sera pas long.
(Consultation)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Vous pouvez continuer, M. le
député, comme ça vous ne perdrez pas votre temps.
• (17 heures) •
M.
Cloutier : Oui. Bien, ce que j'essaie de démontrer puis ce que je veux
démontrer, c'est que, les chiffres de
la diplomation en formation
générale aux adultes, on a tendance, au Québec, à penser que... On est
fier de dire que, dans le fond, les jeunes raccrochent. Oui, il faut quand même
s'en réjouir, que les jeunes finissent par être diplômés, mais le problème, c'est que c'est le temps que ça prend.
Et, en bout de course, ce n'est pas non plus une formule magique, de dire
à nos jeunes : Allez en formation
générale aux adultes, vous allez voir, vous allez diplômer. Puis les chiffres
que moi, j'ai sont inquiétants, en ce sens que le taux de diplomation est peu
élevé. Alors, c'est ça que j'essaie de déterminer avec le ministre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Bien, peut-être, Mme la
Présidente... puis ce n'est pas pour
jouer au chat et à la souris, pas du tout, le collègue sait que moi, dans la mesure où je peux répondre, je vais
répondre aux questions avec grand plaisir. Est-ce qu'il fait référence à des données en particulier
qu'on pourrait valider? Parce qu'il
dit : Moi, j'ai des chiffres, puis ils sont inquiétants. Parce que moi, je vois les taux de persévérance et de
réussite en formation générale aux adultes selon le service d'enseignement retenu. Alors là, c'est comme
discriminé, tout ça, là. Je n'ai, malheureusement, pas une donnée statistique
à lui donner dans les quelques minutes, là.
M.
Cloutier : Je peux lui partager une statistique que moi, j'ai :
«Après trois ans de suivi des cohortes, on note que moins des deux tiers de ces personnes ont obtenu un diplôme d'études
secondaires. Les moins de 20 ans représentent les deux tiers de ces diplômés.» Alors, moi, ce que je comprends, c'est
qu'après trois ans de suivi de cohorte on aurait un taux de diplomation,
pour le D.E.S., sous la barre des 30 %.
M. Proulx : Est-ce que vous pouvez juste préciser le chiffre? Parce que
j'entends autour de moi des gens qui disent...
M. Cloutier :
Moi, j'ai 29,2 %.
M. Proulx :
29,2 %. Mais à quelle rubrique?
M. Cloutier :
À quelle rubrique?
M. Proulx :
C'est-à-dire que le 29,2 %, c'est la diplomation de?
Une voix :
...
M. Proulx :
Quel service d'enseignement, oui?
M.
Cloutier : «De ces personnes»; «ces personnes» étant, la moitié, de
personnes inscrites ou intégrées... attendez un peu, formation de base diversifiée pour les troisième, quatrième,
cinquième secondaire. Après trois ans de suivi des cohortes, on note que moins des deux tiers,
29,2 %, de ces personnes ont obtenu un diplôme d'études secondaires. En
fait, moi, ce que je comprends des
chiffres que moi, j'ai, c'est qu'on aurait un taux de diplomation du tiers qui
obtiendrait leurs diplômes d'études secondaires, après s'être inscrit à
la formation générale des adultes.
M. Proulx :
Ce que je pourrais proposer pour répondre à la question du collègue, peut-être
que c'est le début d'une réponse, mais moi, j'ai en main un tableau, là,
qui est Le taux de persévérance et de réussite scolaire en formation générale des adultesselon le service d'enseignement, avec le
réseau des commissions scolaires. On voit : Préscolaire, premier cycle du primaire, second cycle,
intégration, francisation, intégration sociale. Je vois 10 services puis
là je vois des taux de diplomation par année.
Je
pourrais m'engager à le déposer, dans le fond, celui-là. Je vais l'extraire de
mes notes, là, mais je vais m'engager à le déposer auprès du
secrétariat. Je pense que vous aurez là un début de réponse à ça.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui. Je vous demande de le déposer
ici, à la présidence. On va s'assurer que tout le monde en reçoit une
copie. M. le député.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Je m'intéresse aussi à...
peut-être rapidement, juste en deux minutes, parce que je veux laisser les cinq minutes à mon collègue, là, je
m'interroge sur ceux et celles qui choisissent la formation à l'emploi. On me dit qu'il y en a une partie
importante, de ces jeunes-là, qui n'obtiennent, en bout de course, jamais leurs
diplômes et se tournent davantage vers la
formation aux adultes. Mais, même lorsqu'ils se tournent vers la formation aux
adultes, en bout de ligne, ils n'obtiennent ni qualification ni diplôme.
De un, est-ce
que vous avez des chiffres à me donner là-dessus? Puis est-ce que vous avez
évalué justement ce parcours, qui, en
principe, les oriente vers l'emploi mais, en bout de course, les retourne vers
les adultes, puis, en bout de course, ils sortent avec rien pantoute?
M.
Proulx : Je vais vérifier,
Mme la Présidente, mais, si je comprends bien la question, dans le fond, la
fin, c'est un peu ce qu'on discutait avant, c'est juste que vous voulez
savoir si, préalablement, ils sont passés par la formation préparatoire à
l'emploi.
M. Cloutier : Effectivement. Vous
avez tout à fait raison.
M. Proulx : C'est ça que vous
demandez.
M.
Cloutier : Mon inquiétude, c'est qu'on les oriente vers une formation
à l'emploi mais qu'en bout de course c'est
un espoir déçu. On leur dit : Allez vers là, vous allez trouver un emploi.
En bout de course, ils ne finissent pas leur formation, se tournent vers la formation générale aux adultes, puis, en
bout de ligne de la formation générale aux adultes, ils se ramassent
avec pas grand-chose. C'est ça, ma préoccupation.
M.
Proulx : Alors, sur
l'habitude que nous avons de travailler ensemble, Mme la Présidente, si je peux
fournir des informations, je le
ferai. En même temps, rappeler au collègue que, lorsqu'ils sont en formation
préparatoire à l'emploi, on est
devant des gens qui, effectivement, peuvent rencontrer de nombreuses
difficultés. Alors, ça ne veut pas dire, parce qu'on va à la formation
générale des adultes ensuite, que ça va toujours mieux.
Ceci étant dit, je comprends, au-delà de la question,
l'objectif de dire : Si ce n'est pas une qualification, une attestation ou
un diplôme, comment est-ce qu'on fait pour les faire réussir à la hauteur de
leur plein potentiel, tous et chacun? J'entends ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre.
M. Proulx : Merci.
M. Cloutier : ...la parole à mon
collègue de Gaspé, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui. Alors, je souhaite la bienvenue au député de Gaspé.
Alors, je vous cède la parole pour cinq minutes.
M. Lelièvre : Merci, Mme la
Présidente. Je tiens à remercier mon collègue pour la générosité de son temps.
Salutations au ministre, à toute son équipe puis aux collègues des autres formations
politiques.
M. le ministre, un dossier que vous connaissez
sûrement très bien, comme ministre responsable de la région Gaspésie—Les Îles, en plus d'être ministre de
l'Éducation : le dossier de la formation professionnelle à
Sainte-Anne-des-Monts.
En 2013, alors que nous étions au gouvernement,
nous avions annoncé deux premières cohortes de formation professionnelle au Centre Micheline-Pelletier de
Sainte-Anne-des-Monts. Il devait y avoir une phase II. Votre prédécesseur,
le député de Jean-Lesage, ministre de
l'Éducation à l'époque, s'était engagé, avec le ministre responsable de la
région à l'époque, de voir à
l'aboutissement de la phase II dans les meilleurs délais. Ça fait quand
même depuis 2014. Vous connaissez très
bien le dossier. Je sais que vous avez rencontré des gens de La Haute-Gaspésie
dans les dernières semaines. On sait aussi
que le dossier est en attente d'avis du Comité des partenaires. Donc, ça me
rappelle un peu le suivi qu'on a dû faire à l'époque, quand nous étions au gouvernement, pour aboutir dans ce
dossier. Vous savez, la MRC de La Haute-Gaspésie est la première...
peut-être deuxième, si les statistiques ont changé, la première ou deuxième MRC
la plus dévitalisée sur 94 au Québec, une
MRC qui, publiquement, demandait un statut particulier dans les derniers mois.
Vous avez eu l'occasion de vous prononcer en défaveur de ce statut-là.
Bon, une fois
qu'on a dit ça, ma question aujourd'hui, c'est : Est-ce qu'on peut trouver
des dossiers spécifiques, hein, pour aider cette MRC là? Puis c'est sûr
que le centre de formation professionnelle Micheline-Pelletier est prêt à accueillir d'autres cohortes. C'est un enjeu du
milieu. Il y a un consensus unanime de tous les intervenants. Puis ce que
j'aimerais savoir aujourd'hui : Est-ce
que vous pouvez nous rassurer quant à votre volonté, comme ministre de
l'Éducation mais aussi comme ministre responsable de la région, là, de
mener à terme ce dossier, qui... Vous savez, des dossiers économiques majeurs pour La Haute-Gaspésie, il
n'en pleut pas. Orbite, bon, est une autre tuile qui vient de nous tomber...
une quarantaine d'emplois, là, dans la MRC. C'est une MRC qui a besoin d'un
coup de pouce.
Donc,
j'aimerais vous entendre sur l'état d'avancement de ce dossier puis les
perspectives d'un développement positif, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour de saluer le collègue député de Gaspé.
D'abord, deux
choses. La première, c'est que c'est effectivement un dossier que je connais,
pour m'y intéresser. J'ai eu la
chance et le privilège de rencontrer feu Mme Pelletier à plus d'une occasion.
Et je me souviens, la première fois que je lui ai parlé, il y avait deux
dossiers. Je venais d'être nommé ministre responsable. Une des deux épiceries à
Sainte-Anne-des-Monts venait de fermer, puis
elle m'a appelé. Puis elle m'avait dit, et à juste titre, et je vais m'en
souvenir toute ma vie, elle avait dit : À Sainte-Anne-des-Monts, une
fermeture d'épicerie, ce n'est pas juste une épicerie qui ferme, c'est 40 jobs... ou 25 jobs, mais, de
mémoire, c'est une quarantaine d'emplois. Et, très honnêtement, j'avais pris, encore une fois, conscience que, dans des
petits milieux... Ce n'est pas parce qu'on faisait juste réduire l'offre des
produits, c'est parce qu'il y avait des emplois en jeu.
Et, sur le centre de formation professionnelle,
que j'ai eu l'occasion de visiter déjà, je sais que la commission scolaire et le milieu souhaitaient avoir Conduite
d'engins de chantier. On en a parlé à plusieurs occasions. J'ai eu l'occasion
d'en parler avec le collègue également. Les
analyses qui ont été faites avec la Commission des partenaires du marché du
travail étaient les suivantes : c'est
que nous sommes dans un secteur où il y a un équilibre et/ou un surplus des
emplois disponibles. Je sais que
localement on dit qu'on est en mesure de trouver du travail, et notamment dans
le secteur privé, dans ce domaine-là. Sincèrement, malheureusement ou
heureusement, prenez-le du côté que vous voulez, il y a une concertation puis une collaboration pour les
cartes de formation professionnelle qui fait en sorte que ce n'est pas le
ministère de l'Éducation qui peut
imposer une carte dans un milieu, peu importent les perspectives d'emploi. Ce
que je sais par contre : si ce
n'est pas Conduite d'engins de chantier, il y a d'autres possibilités pour la
commission scolaire des Chic-Chocs et pour
le Centre Micheline-Pelletier. D'ailleurs, j'avais initié une démarche pour
qu'ils puissent rencontrer des gens du milieu du travail. Des gens de la
commission scolaire et de la municipalité avaient rencontré des gens à cet
effet-là.
On suit ça de très près. Les gens chez nous en
formation professionnelle sont bien au fait de ce dossier-là, et il y a différentes possibilités qui avaient été
discutées avec eux. Moi, ce que je veux, c'est que les choses aillent
rapidement, très honnêtement, autant
pour cette commission scolaire que pour d'autres. Mais en plus, à Chic-Chocs,
je sais et, dans La Haute-Gaspésie,
connais assez bien la réalité. Et le centre de formation professionnelle, oui,
c'est un endroit pour former des
gens, mais c'est aussi un outil de développement économique extraordinaire pas
seulement pour le financement de la commission
scolaire, surtout pour la communauté locale. Et ils ont un centre très bien
positionné. C'est très intéressant. Si vous
allez là une fois dans votre vie, Mme la Présidente... C'est là qu'on devient
monteur de lignes, notamment. Il y a plein
de poteaux d'Hydro dans le centre, c'est assez particulier. Mais c'est
extrêmement important, et je sais qu'il y a plusieurs opportunités qui s'offrent à eux. Mais, si je les
ai rencontrés encore la dernière fois, c'est qu'on était sur d'autres projets,
et je souhaite que les choses puissent aller rondement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député, il vous reste quelques secondes.
M.
Lelièvre : Merci, M. le ministre, pour, bon, l'espoir que vous nous
donnez au niveau de la région. Puis, comme vous l'avez mentionné, ce n'est pas uniquement un enjeu... c'est
important, la formation professionnelle, mais c'est un enjeu, également, socioéconomique, puis je crois
que vous êtes très sensible au dossier, puis soyez assuré de ma collaboration.
M. Proulx : Merci.
M. Lelièvre : Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Gaspé. On va passer du côté du gouvernement, et je cède la parole à M.
le député de Sainte-Rose. Vous avez environ 22 minutes.
• (17 h 10) •
M.
Habel : Merci, Mme la Présidente. Premièrement, permettez-moi de vous
saluer et de saluer les gens de la banquette
ministérielle, les gens de l'opposition officielle ainsi que de la deuxième opposition, le ministre
ainsi que la grande équipe qui l'accompagne, Mme la Présidente.
Je pense que c'est important de parler de la formation
professionnelle, de la formation aux adultes. Je vous ai expliqué brièvement, Mme la Présidente, la dernière fois, tout le parcours pour la réussite d'un élève et l'importance de voir à, dès le début, une
prise en charge, que ce soit dans les services
de garde avec le CPE, les garderies, le milieu familial, pour le faire progresser en éducation préscolaire,
en enseignement primaire, en enseignement secondaire. Il y a aussi la formation professionnelle qu'on discute
aujourd'hui. Que ce soient les A.E.P., A.F.P., D.E.P., A.S.P. ou la formation
des adultes, je pense que c'est important parce que ce sont des métiers
qui sont excessivement importants.
Et je tiens à saluer les centres de formation et
les écoles qui sont dans ma circonscription. D'emblée, Mme la Présidente, il y a le centre de formation Le
Tremplin, le centre de formation Paul-Émile-Dufresne, le centre de formation
Le Chantier et l'école hôtelière de Laval.
J'ai eu l'occasion de visiter beaucoup de ces établissements, Mme la
Présidente, et
même le premier ministre a visité l'école hôtelière de Laval. Il a pu voir
toute la qualité de la formation professionnelle qu'on offre, au Québec. Pour ce qui est du centre de formation Le
Tremplin, c'est, par exemple, de la formation scolaire, de la formation en francisation, de la formation
axée sur l'emploi, de la formation en intégration sociale, à distance ou de
la formation à grand public. Pour le centre de formation Paul-Émile-Dufresne,
c'est des programmes excessivement importants,
comme la coiffure, la représentation, le soutien informatique, le conseil et la
vente de voyages, la vente-conseil et le
lancement d'une entreprise. Pour Le Chantier, Mme la Présidente, on a une
ville, Laval, qui est en pleine expansion. On voit des buildings qui sont construits de part et d'autre, d'est en
ouest, du nord au sud, et Le Chantier fait, par exemple, du briquetage-maçon, de la
charpenterie-menuiserie, de l'électricité, de l'installation et de la
fabrication de produits verriers et
aussi une pose de revêtements de toiture. Donc, ce sont des métiers
excessivement importants. Et l'école hôtelière de Laval offre des cours, par exemple, au niveau de
la sommellerie, au niveau de la pâtisserie, de la cuisine et de la cuisine
de marché. Donc, ce sont tous des emplois
qui sont excessivement importants. Et ce que j'aime de la part du ministre,
c'est qu'il a vraiment une orientation vers
la valorisation de l'ensemble des métiers. Et l'important, c'est que chacun des
élèves qui passent dans le cursus scolaire y
trouve son compte, trouve un emploi qui lui ressemble, que ce soit au niveau
de la formation professionnelle, dans
l'enseignement collégial, dans un D.E.C. technique ou au baccalauréat, à la
maîtrise, au doctorat ou au postdoctorat.
Et, dans ces
centres-là, Mme la Présidente, dans ma circonscription, il y a des enjeux
reliés à la francisation, étant donné
la situation géographique de Laval. Je suis un député de Laval puis je suis
sensible par rapport à cette réalité-là, Mme la Présidente. On est en contact constant avec la diversité, qui
enrichit notre collectivité, mais c'est important de bien accompagner ces personnes-là qui arrivent.
Lorsqu'on regarde les chiffres, pour Laval, juste en 2011, spécifiquement
pour Laval, et je peux vous garantir, Mme la
Présidente, que ces chiffres ont augmenté à travers les années, bien, on voit
que 60,8 % des gens avaient le français
comme langue maternelle, mais 28,5 % étaient des langues non officielles.
Et, pour ce qui est des langues
parlées à la maison le plus souvent, 65,2 % étaient le français comme
langue la plus souvent parlée à la
maison, et 14,9 % étaient des langues non officielles. Donc, au niveau de
la francisation, vous comprenez que, pour
ce qui est de la région, spécifiquement, de Laval, c'est un enjeu qui est
excessivement important. Et, si on le met aussi en lien avec l'aspect de tous les migrants syriens qui sont
arrivés dans les commissions scolaires, il y a des enjeux de francisation. Je vous donne l'exemple de
l'école de l'Équinoxe, dans mon comté, qui a une classe d'accueil pour les
réfugiés syriens. J'ai pu voir, avec l'aide
du directeur, M. Ducharme, toute l'importance de bien accompagner ces enfants
vers la francisation et bien les faire évoluer
dans notre système de cursus scolaire. Quand on regarde les études en 2015
pour le Québec au complet, 76,6 % des
élèves du Québec sont de langue maternelle française; 8,3 %, de langue
maternelle anglaise; et 15,1 %, de langue maternelle non
officielle.
Donc, de 1971
à 2015, il y a eu une proportion excessivement importante, Mme la Présidente,
de langues maternelles tierces qui a triplé. Donc, c'est bien important
d'accompagner ces élèves, Mme la Présidente. Puis, de 1971 à 2015, on a vu une différence très marquée au niveau de la
progression des élèves de langue maternelle qui fréquentent les écoles
francophones : on est passés de 14,6 % en 1971 à 89,4 % en 2015.
Donc, vous comprenez, Mme la Présidente,
toute l'importance de la francisation des nouveaux arrivants, surtout dans une
région comme celle de Laval.
Alors, toutes
les sommes qui sont investies en francisation, que ce soit au niveau du secteur
des jeunes, ça peut être, par
exemple, à l'intégration, à l'éducation interculturelle des élèves puis au
soutien aux familles, c'est le secteur aussi des adultes dans les centres d'éducation des adultes, des cours
d'alphabétisation, de francisation, que ce soit dans le secteur de formation professionnelle et technique, tous
ces importants investissements en francisation sont primordiaux. J'ai parlé
avec des réfugiés syriens. On a fait des annonces qui sont excessivement
importantes.
Le ministre a
annoncé 17 millions en francisation en décembre dernier. Il y a des
relations aussi de synergie avec le
MIDI, le ministère de l'Immigration. Alors, j'aimerais que le ministre nous
précise les investissements qu'il a faits en francisation et les actions
prises aussi pour favoriser la francisation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Sainte-Rose. M. le ministre.
M.
Proulx : Oui, Mme la Présidente. Trois choses avec lesquelles je voudrais vous entretenir. La première,
c'est ce qui touche les réfugiés
syriens. Il faut savoir que l'an dernier, étant donné le nombre important de réfugiés qui sont venus au
Québec, on a bonifié et augmenté nos investissements en francisation à leur
égard.
Il faut
savoir qu'en francisation la règle est la suivante : dans le fond, on
travaille avec l'historique des deux dernières années, et là il fallait travailler
différemment, étant donné que nous avions un nombre plus important de réfugiés
qui n'était pas comptabilisé, parce
qu'il n'était pas présent au préalable. Alors, on était en dehors de nos champs
de prévision, alors il fallait avoir une réponse différente, ce que nous
avons fait. Ce 5,9 millions de dollars là a permis de soutenir la francisation de nos jeunes syriens. Il faut savoir
également, et je tiens peut-être à le dire sans faire un bilan exhaustif de ce
dossier, Mme la Présidente, que, très honnêtement, il faut féliciter l'ensemble
des intervenants dans tous les milieux, et les commissions scolaires, et le ministère d'avoir travaillé de façon
très efficace, pour la raison fort simple que, rapidement, des jeunes
arrivés au Québec pouvaient se retrouver dans nos écoles.
Il faut
également souligner le fait qu'il y avait, je dirais, un manque au niveau des
classes d'accueil. Il y a eu de nouvelles
classes d'accueil qui ont été annoncées l'automne dernier. C'est 100 nouvelles
classes disponibles dans le réseau... bien,
vous aurez compris, dans certaines commissions scolaires et dans certains
milieux du Québec, parce que c'est là que
se concentrent de manière plus importante les défis en matière de francisation.
Et ça, c'est important parce que ça a permis
de soutenir des gens qui étaient dans des classes de francisation, des classes
d'accueil pour apprendre le français, alors
non pas intégrés dans d'autres groupes sans comprendre ce qui s'y passe, parce
que j'ai entendu ça aussi l'an dernier.
Et
le troisième point avec lequel je voulais vous entretenir, c'est la démarche
que nous avons faite avec le ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, il y a quelques semaines, là,
voire très peu de semaines, de bonification ou d'arrimage, je dirais — c'est presque une mesure d'équité — avec les organismes communautaires en
francisation. Je m'explique. Beaucoup
de personnes qui voulaient suivre une démarche de francisation s'inscrivaient,
par exemple, dans une commission
scolaire pour recevoir l'enseignement et apprenaient souvent dans les semaines
qui suivaient que c'était plus
avantageux d'aller dans un organisme chapeauté par le MIDI, notre ministère de
l'Immigration. Pourquoi? Parce qu'il
y a une allocation. Il n'y en avait pas, d'allocation, au sein des commissions
scolaires. Alors, dans ce contexte-là, on
se retrouvait dans la situation où nos différentes commissions et centres de
formation générale des adultes débutaient des groupes avec un nombre x, y de personnes et, après quelques semaines,
se retrouvaient avec moins de monde. Pourquoi? Parce que les gens
étaient allés dans les organismes, parce qu'il y avait là une allocation.
Alors, ce
qu'on a fait, et c'est l'entente qui a été convenue et c'était dans le dernier
budget, et j'en étais très heureux, puis
je suis convaincu qu'autant le milieu scolaire, que le ministère, que
l'ensemble de la population seront très contents, c'est qu'on est maintenant en mesure d'offrir la
même allocation. Donc, le ministère de l'Immigration offre une allocation
aux personnes qui utiliseront les services
de francisation en commission scolaire ou dans un organisme chapeauté par le
ministère de l'Immigration. Ça va permettre
de la stabilité dans les groupes. Ça va permettre aussi d'augmenter, si vous
voulez, le nombre de personnes qui voudront y aller.
Vous aurez
compris que, si on a un enfant à l'école de la commission scolaire puis que
nous, plutôt que d'aller dans un organisme communautaire, on peut
s'inscrire en formation générale aux adultes, bien, c'est notre sentiment d'appartenance puis c'est de l'implication dans le
milieu scolaire. Et, si on est déjà dans l'école plutôt que d'être dans un organisme communautaire, bien, ça a l'avantage
que peut-être qu'on se fera raconter ce qui se passe dans les autres pavillons à côté pour pouvoir poursuivre des
formations par la suite. Alors, pour la réussite, c'est excellent. Pour
l'équité, c'est une excellente chose.
Pour l'opportunité d'être dans notre réseau scolaire, c'est une excellente
nouvelle. Et je pense que ça a été
salué par tout le monde, tant dans le milieu scolaire que dans le milieu
communautaire et chez les organisations et groupes et organismes qui
soutiennent nos nouveaux arrivants.
Et peut-être,
en terminant, dire que cette mesure-là s'applique à toute personne qui est ici
depuis moins de cinq ans. Alors, à ce moment-là, ça permet quand même à
des gens qui sont arrivés il y a une année, deux années, trois années, quatre années de bénéficier de mesures comme
celle-là, sachant très bien que la première chose qu'on fait lorsqu'on arrive
dans un nouveau pays, peut-être en situation de vulnérabilité, ce n'est pas de
s'inscrire à l'école la première journée.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Tout à fait. Merci, M. le ministre. M. le député de Sainte-Rose, ça va?
M. Habel : Oui, ça va. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Parfait. Alors, M. le député de Papineau, il vous reste 11 minutes.
M.
Iracà : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça me fait, encore une fois, extrêmement plaisir d'être ici, dans cette
commission. Je ne peux pas toujours participer à cette commission,
parce qu'en crédits budgétaires il y en a plusieurs qui se tiennent en même temps, mais, lorsqu'il
est question d'éducation, j'essaie d'être le plus souvent
possible au rendez-vous. Donc,
je vous salue, Mme la Présidente, je salue mes collègues de l'opposition,
mes collègues de la partie gouvernementale, M. le ministre, et toute votre équipe.
Alors, ça me fait plaisir.
Moi, j'ai un sujet auquel je voudrais vous
aborder, peut-être qu'on en parle un peu moins, mais c'est toute la question
de l'entrepreneuriat chez les jeunes en éducation, une question
qui, à mes yeux, est très importante. On sait que les PME sont au coeur de l'économie du Québec. Avant, il y a plusieurs années, lorsqu'on était
plus jeunes... M. le ministre,
vous êtes un peu plus jeune que moi, mais, quand même, on parlait beaucoup... Un
petit peu plus jeune.
M. Proulx : ...je pense.
M. Iracà : Beaucoup? Bien, on ne
partira pas là-dessus, Mme la Présidente, là, mais j'ai la chance...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non. On ne suscite pas le débat, M. le député de Papineau.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Iracà : Oui. C'est hors
propos, mais, quand même, je n'ai pas trop de cheveux blancs, Mme la Présidente, là.
Bon. Ceci
étant dit, il y a plusieurs années, il y avait l'État-providence qui existait,
où, bon, bien, les gens, s'ils voulaient
un emploi, ils cognaient à la porte de l'État puis c'était la principale porte
qui était ouverte, mais maintenant, aujourd'hui, au Québec, les PME ont pris une bien grande place, et tant
mieux. Les compagnies sont extrêmement importantes au Québec. Ça fait la richesse du Québec.
Et c'est surtout la diversité du Québec au niveau économique qui est importante.
Oui, l'État est très important,
les gens qui travaillent là travaillent très fort, on a besoin de nos
fonctionnaires, mais il ne faut pas se fier juste à l'État, donc, d'où l'importance
d'avoir des petites et moyennes entreprises au Québec qui sont performantes,
tant au niveau national qu'international, qui peuvent être compétitives.
Et je pense
que l'école, selon moi, a un rôle clé à jouer pour l'économie
du Québec, dans le magnifique comté de Papineau. Je sais que mon collègue de Champlain
va dire «son merveilleux», mais moi, je dis : Le magnifique comté de Papineau. Il se passe des choses là quand même
importantes dans les écoles. J'en suis le principal témoin. Il y a des enseignants et des
directions d'école qui se prennent en main et qui font en sorte qu'ils
développent des projets directement en lien avec l'esprit
entrepreneurial. D'ailleurs, quand j'ai été élu en 2012, j'ai fait faire mon
affiche par l'équipe d'ébénisterie de mon
école secondaire, qui sont venus l'installer. Avec les années, elle a écaillé
un peu, là, avec la peinture, et tout ça, et j'ai fait affaire avec
récemment mon autre école secondaire, qui ont acheté une machine beaucoup plus performante mais qui font travailler les jeunes
pour faire des affiches pour des noms de rue des différentes municipalités,
et je vais faire faire ma prochaine affiche
par cette école-là, par ces jeunes-là qui apprennent le métier. Et on me dit
qu'elle va être garantie 20 ans, M. le ministre. Alors, c'est bon signe,
pour moi, si les citoyens...
Une voix : ...
M.
Iracà : Malgré mon âge.
Alors, évidemment, si les citoyens du magnifique comté me font confiance, l'affiche
sera installée en juin et prête et pour les
prochaines années, donc, et, malgré les hivers du Québec,
elle devrait résister, M. le ministre, Mme la
Présidente. Mais moi, je suis très fier d'avoir acheté cette affiche-là dans
une école secondaire pour nos jeunes
qui sont en formation. Mon affiche
fut un projet-école 2016‑2017. Alors, ils ont travaillé là-dessus
toute l'année. Je suis content. Ils
ont vu mon nom toute l'année. Je suis très,
très, très content. Et j'ai hâte de
voir le résultat.
Mais, ceci étant dit, il y a des jeunes qui
travaillent, il y a des projets, il y a des nouveaux projets qui sont instaurés
dans les écoles secondaires qui sont excessivement intéressants.
Et il y a
un autre projet où j'ai fait l'inauguration, qui s'appelle la Place 121.
Alors là, c'est des jeunes de l'école Hormisdas-Gamelin,
à Buckingham, qui ont des déficiences intellectuelles, qui vivent avec une
déficience intellectuelle, mais la commission scolaire a décidé de louer un local en plein coeur d'une artère commerciale où
ces jeunes-là renippent des vêtements
pour femmes de qualité et qu'ils revendent dans le magasin. C'est extrêmement populaire. J'encourage, encore
une fois, les gens de mon comté à
aller acheter à cette place-là. Ça fait travailler les jeunes dans un contexte
autre que dans une école typique,
dans un commerce. Ils arrivent là le matin. Évidemment, il y a
des gens qui s'occupent d'eux, qui
supervisent, mais ils sont dans une ambiance de milieu de travail comme dans un
vrai commerce. Alors, on donne à ces
jeunes-là la possibilité d'avoir la dignité du travail, d'apprendre un
métier vraiment dans un commerce qui a toutes les apparences d'un vrai commerce. Et je salue
Nathalie Charette, qui a parti le projet, et Éric Antoine, le président de la
commission scolaire, tous ses collègues, qui ont cru en ce
projet-là. C'est une première, je vous dirais, ça n'existe pas en Outaouais. Je ne sais pas si ça existe ailleurs au
Québec. Si oui, tant mieux. Mais je pense
que ça, c'est des modèles de réussite
éducative en lien avec l'esprit entrepreneurial qu'il faut développer, je crois, selon moi, très tôt chez les
jeunes, et ça aide, je pense, le Québec à se développer.
Alors, c'est
deux projets, là, je vous dis, là, dans mon comté, qui existent, qui sont là,
qui donnent des résultats. Puis je
suis certain qu'il y en a d'autres au Québec. Mais souvent ça a été peu connu
ou peu valorisé. Alors, j'aimerais, M.
le ministre, peut-être vous entendre là-dessus, sur votre vision, sur la vision
que vous avez sur l'esprit entrepreneurial en lien avec nos jeunes qui
fréquentent nos écoles au Québec. Je pense que c'est un aspect important pour
nous.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau. M.
le ministre, il vous reste quatre minutes et quelques secondes.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Tout d'abord, deux choses. La première, c'est que moi, je suis très
intéressé par l'entrepreneuriat. Je suis
convaincu que les collègues le sont également. Puis il ne faut pas avoir peur
de parler d'entrepreneuriat. Je pense que c'est nécessaire.
Je n'ai pas
besoin de m'étendre longtemps sur le fait qu'on a besoin d'une relève
entrepreneuriale au Québec. Manifestement,
à la vitesse à laquelle les besoins viendront, peut-être que ce n'est peut-être
pas nos petits de première année qui
seront capables de combler tout ça aujourd'hui, mais il n'en demeure pas moins
qu'on a une relève à former. Et
souvent l'innovation, la créativité vont aussi passer par l'entrepreneuriat. Ça
va leur permettre aussi d'identifier, par la suite, des intérêts, des passions. Ça va aussi leur donner un sens
d'organisation. Ça permet d'apprendre la discipline, la hiérarchie, de prendre des risques dans certains
projets qui peuvent avoir lieu dans le milieu scolaire. J'ai un exemple en
tête où une classe a fait un projet qu'ils
ont appelé Bureau en Petit au lieu de Bureau en Gros, et ils ont mis en place
un système de fournitures scolaires
avec des gens qui sont responsables des achats; d'autres, du marketing;
d'autres, de la vente. Alors, c'est extrêmement intéressant à voir.
Il faut dire
d'abord deux choses. La première, c'est qu'on a des écoles qui ont comme projet
particulier ou comme projet scolaire
d'être des écoles entrepreneuriales communautaires, et ça, c'est extrêmement
intéressant. Les premiers projets
dans ce domaine-là, et j'ai en tête, là, des projets qui ont eu lieu ici, à
Québec, dans ma circonscription, à l'école des Coeurs-Vaillants, notamment, sont des projets extrêmement
intéressants parce qu'ils s'inscrivent sur du long terme, là, puis ça s'inscrit dans le parcours scolaire des
jeunes. On les voit aussi en activité complémentaire ou hors programme mais en activité scolaire, et là souvent c'est des
organisations qu'on soutient grâce à soutien aux partenaires, ou autres.
Je peux parler de l'école entrepreneuriale
communautaire, je l'ai dit. Je peux parler de l'organisme OSEntreprendre, qui,
année après année, du primaire à
l'université, soutient différents projets en entrepreneuriat...
entrepreneuriaux, pardon. Il y a aussi
toute la création d'entreprises même en milieu scolaire et même au primaire. Ce
sont des petites entreprises communautaires, mais c'est extrêmement
important de les sensibiliser à ça.
• (17 h 30) •
Et moi, je
dirais que trop longtemps, là, on a pensé qu'on le devenait plus tard,
entrepreneur, et que c'est, dans le
fond, à la fin d'un parcours, on choisissait d'être salarié, de travailler pour
un autre ou de créer son entreprise. Je ne pense pas que c'est comme ça que ça fonctionne. Parfois, c'est que,
quand on n'a pas de débouché, on décide de se lancer et de créer son entreprise, mais souvent ça vient
et ça couve depuis longtemps. Ça prend certaines aptitudes, ça prend un vouloir, ça prend un goût pour le risque, pour
l'aventure, mais ça se développe, ça se cultive. Et on est une société qui a
fait la démonstration qu'elle était
extrêmement créatrice et qu'elle était capable d'innovation et d'invention.
Bien, je veux dire, pourquoi ne pas
soutenir déjà nos jeunes dans leurs parcours pour qu'en plus d'acquérir des
connaissances et des compétences ils
puissent développer des initiatives entrepreneuriales? Alors, moi, je ne suis
pas du tout fermé à ça, je suis très ouvert à ces initiatives-là. On en
soutient beaucoup au fil du temps.
Puis je
termine en vous disant que, dans le dernier budget, il y a, sur une période de
cinq ans, 2 millions de dollars qui
ont été réservés pour des projets d'entrepreneuriat dans les écoles ou pour
soutenir l'entrepreneuriat dans les écoles, et on va être en mesure de les déployer, là, tout au long des prochaines
années pour bonifier ce qu'on fait déjà pour soutenir l'entrepreneuriat
dans les écoles.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député, il vous reste 50 secondes.
M. Iracà : Je ne sais pas si M.
le ministre désire remercier les gens, parce qu'on est à la fin, là.
M. Proulx : Oui. Bien, je pourrais peut-être profiter de
l'occasion, et qu'il me reste quelques instants, puisque nous sommes à la fin des crédits, pour remercier
l'ensemble des gens présents, d'abord les collègues pour leur soutien,
les gens de l'opposition, les collègues de
l'opposition pour leurs questions et les échanges, remercier également les gens
du ministère, Mme la Présidente, qui
m'auront soutenu et qui auront soutenu la commission tout au long des travaux.
Vous savez que c'est un exercice important mais qui nécessite beaucoup
de préparation.
Et, après
avoir salué les gens du réseau de l'éducation et les gens qui nous ont suivis,
peut-être vous demander de faire la mise aux voix de nos crédits pour
qu'on puisse les voter.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il n'y a pas de mise aux voix.
M. Proulx : Il n'y a pas de
mise aux voix?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non.
M. Proulx : Ah bon!
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du volet Formation professionnelle et secondaire et Persévérance
scolaire du portefeuille Éducation et Enseignement supérieur pour l'exercice
financier 2017‑2018 est écoulé.
Document déposé
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements particuliers de l'opposition.
Et la
commission ajourne ses travaux à demain, mercredi le 3 mai, à
14 heures, où elle procédera à l'étude du volet Protection et promotion de la langue française des
crédits budgétaires du portefeuille Culture et Communications. Merci
beaucoup, et bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 17 h 32)