(Neuf
heures trois minutes)
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, bon matin. Prenez place, s'il vous plaît.
Avant
de commencer, je voudrais informer les membres qu'on va avoir une pause vers
10 heures pour prendre une minute
de silence pour souligner la journée commémorative des personnes décédées ou
blessées au travail. Il y a eu une motion
hier en Chambre qui a été adoptée. Alors, je ne voulais pas que vous soyez
surpris. Alors, ça me prend le consentement, évidemment, pour arrêter quelques
minutes pour faire une minute de silence à 10 heures. Est-ce que j'ai le
consentement? Merci.
Alors, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Éducation primaire et secondaire et Persévérance scolaire
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du volet Éducation
primaire et secondaire et Persévérance scolaire du portefeuille Éducation et
Enseignement supérieur pour l'exercice financier 2017‑2018. Il reste environ
quatre heures du temps alloué pour l'étude de ce volet.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplaçants?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Ouellette (Chomedey)
et M. Iracà (Papineau) est remplacé par M. Drolet (Jean-Lesage).
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Puisque nous avons débuté nos travaux à
9 h 4 et une période de quatre
heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits cet après-midi, y a-t-il
consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue,
jusqu'à 13 h 4?
Des voix :
Consentement.
Discussion générale (suite)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, je suis prête à reconnaître l'opposition officielle pour le premier bloc d'échange. Alors, M.
le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous pour une période d'environ
20 minutes.
M.
Cloutier : Je vous remercie,
Mme la Présidente. Alors, bonjour. Bonjour à tous les collègues de
l'Assemblée nationale, bonjour aux gens du ministère de l'Éducation.
M. le ministre, ça a évolué, notre dossier des résultats. Vous ne pouvez pas imaginer
le nombre de témoignages que j'ai
reçus dans les dernières 48 heures. Ma page Facebook est envahie de
témoignages qui sont extrêmement
préoccupants. Et visiblement, M. le ministre, hier, nous avons
appris, tous un peu surpris, je pense, les membres de cette commission, qu'il y avait un transfert automatique des
résultats du ministère. Mais visiblement, M. le ministre, je suis obligé de
vous dire que la situation est nettement
pire que juste le 58 %, le 59 % et qu'il y a des pratiques dans
plusieurs écoles au Québec, dans plusieurs commissions scolaires et, je
dirais, même par région qui varient d'un endroit à l'autre.
Et, pour exprimer un
peu la situation, Mme la Présidente, je vais vous lire des témoignages.
Certains m'ont demandé de taire leurs noms,
d'autres ont affiché publiquement leurs noms. J'ai reçu des messages privés,
j'ai reçu des messages publics.
Alors, si vous me permettez, Mme la Présidente, je vais respecter la
confidentialité pour les messages privés,
mais, pour ce qui est des messages publics, je vous partagerai le nom des
enseignants, des professeurs, qui m'ont exprimé, dans les dernières 24,
48 heures, leurs situations.
Alors :
«Bonjour, M. Cloutier. Ce ne sont pas seulement les examens du ministère qui
sont assujettis à la conversion des notes. Lorsque nous rentrons nos
notes à la fin de l'année, si le résultat final, donc le résultat qui combine
les trois compétences en français, et ce, en
pondérant à chaque étape, est de 58 % ou 59 %, le logiciel d'entrée
des notes ajuste automatiquement la note à 60 %. Si cela ne se fait
pas seul, c'est une technicienne de la commission scolaire qui le fait, le logiciel, lui, mettant une alerte pour
les élèves ayant des notes de 58 %, 59 %. Cette note inclut trois
compétences évaluées minimalement deux fois
par étape pour les grosses situations d'évaluation d'apprentissage, et cela,
sans parler de toutes les petites
évaluations qui s'ajoutent : tests de grammaire, contrôles de lecture,
dictées, pratiques d'oral notées. On doit
donc cumuler une vingtaine de notes afin d'obtenir un résultat final. Alors,
lorsqu'on ajoute 2 % à la fin de l'année, ça fait toute la différence sur le résultat réel de
l'élève. Pour les niveaux avec examen du ministère, on ajuste donc à deux
reprises les notes, celle de l'examen du
ministère et celle aussi de l'enseignant. En cours d'été, on nous demande même
de remplir un document justifiant notre choix de conserver la note
lorsque l'élève a 57 % au final. On nous conseille de mettre soit 55 % ou 60 % si on veut donner un
résultat clair. On nous demande donc de jouer avec les notes. Je crois qu'il
serait opportun[...] — blablabla.»
Bon, premier exemple.
Autre
exemple, une enseignante nous raconte : «Une élève de première année avec
des troubles mentaux n'arrive qu'à faire des jeux de niveau CPE en
classe, étant donné son état. Il y a donc une élève avec les capacités d'un
enfant de trois ans dans une classe de
première année à temps plein et sans aucune aide pour participer aux activités
de la classe, mais, à cette école, on
n'a pas le droit de mettre des notes de passage plus basses que 40 %.
L'enseignante a dû mettre 40 % à
cette élève à toutes les évaluations pendant les trois étapes consécutives,
alors qu'elle n'a participé à aucune activité. C'est dire que, pendant
trois étapes, cette élève n'a pas eu l'aide dont elle a besoin, en plus
d'obliger l'enseignante à improviser un
métier qui n'est pas le sien pour l'accompagner. Je suis enseignante en
première année. Un jour, j'ai appris que,
lorsque je mets 57 %, 58 % ou 59 % à un élève, la note apparaît
au bulletin, mais le logiciel ne considère pas cette note comme un échec. Alors, je dois mettre
55 % ou 56 % à un élève qui ne satisfait pas minimalement aux
attentes.»
Alors, une
autre enseignante lui répond : «Puis, quand tu mets 56 %, tu te fais
demander par la direction si tu ne pourrais pas revoir tes évaluations
pour faire passer l'élève — alors,
un prof qui se fait dire qu'elle devrait peut-être changer la note pour la
faire passer parce que la direction est insatisfaite avec un élève qui échoue.»
Alors, un
autre témoignage, Marie-Hélène Boucher : «Le ministre n'a pas besoin
d'affirmer qu'il y a un transfert de résultats,
vous n'avez qu'à demander aux enseignants. Certaines écoles refusent de mettre
un zéro à un élève qui n'a pas remis
un travail ou fait un examen. Par exemple, dans une étape, un élève devrait me
remettre quatre travaux. Il ne m'en a remis qu'un seul, dans lequel il a
eu 90 %.»
Écoutez
celle-là, les parlementaires, c'est assez intéressant : il avait quatre
travaux à remettre, l'élève n'en a remis qu'un seul. Les trois autres travaux, le prof a donné un zéro. Et le
seul travail qu'il a fait était un excellent travail, il a eu la note de
90 %. «Par conséquent, comme il est impossible d'inscrire la note de zéro,
la moyenne de l'étudiant a été de 90 %. N'est-ce pas très juste et
équitable pour les élèves qui m'ont remis les quatre travaux?» Alors, M. le
Président, j'ai visiblement...
• (9 h 10) •
Une voix : ...
M. Cloutier : Pardon?
Une voix : ...
M.
Cloutier : Oh! Mme la Présidente. Pardon. Excusez-moi, Mme la
Présidente, oui. J'ai juste fait trois études de crédits dans les
dernières 24 heures, Mme la Présidente, sur trois dossiers différents.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, visiblement, le problème, M. le ministre, est profond,
est réel et, pour utiliser un mot à
la mode, il est systémique. Et on a déposé une motion à l'Assemblée nationale
qui réclamait que toute la lumière soit faite. Il me semble qu'on devrait en commission parlementaire entendre
les enseignants, entendre les directions d'école, entendre les
commissions scolaires, donner la parole à ceux et celles qui sont sur le
terrain pour venir documenter, exprimer la situation. Et on aimerait ça, M. le
ministre, avoir votre collaboration pour que toute la lumière soit faite en
commission parlementaire et qu'on laisse les professeurs s'exprimer librement,
qu'on crève cet abcès, qui nous apparaît sur la place publique, pour qu'on
aille au fond des choses.
Alors,
j'aimerais ça avoir votre collaboration pour qu'on approfondisse, tous les
parlementaires ensemble, cette véritable problématique au Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx : Oui. D'abord, Mme la
Présidente, je veux remercier le collègue pour son intervention, d'abord pour
les exemples, parce qu'effectivement, si on est pour parler d'un sujet comme
celui-là... Je comprends qu'on ne peut pas
résumer l'entièreté de la chose aux quelques exemples qu'il a nommés. Je sais
qu'il en a reçu plusieurs, et, en passant, on en reçoit également
beaucoup, des exemples et témoignages.
Avant de parler du fond, il y avait deux petites
remarques préliminaires que je voulais faire à cet égard-là, Mme la Présidente.
La première, c'est qu'hier j'ai donné les informations que je possédais à
l'égard des épreuves ministérielles, puis,
quand j'en aurai d'autres, ça me fera plaisir de les transmettre également. Je
veux faire la distinction entre deux
choses. La première, c'est : ce qui se fait dans l'école, ce qui se fait
au ministère avec les épreuves ministérielles, ce n'est pas la même chose d'abord et ce n'est pas les mêmes personnes
non plus. Et visiblement, s'il se fait des choses dans les écoles qui sont, je vais dire, irrégulières
dans le sens où on en discute aujourd'hui ou qui suscitent des
questionnements dans le sens qu'on en
discute aujourd'hui, c'est tout à fait différent dans l'optique... ou du côté
du ministère, dans la mesure où ce dont on a discuté hier à l'égard de
la conversion et qui touche les évaluations est une pratique — le
58 %, 59 % à 60 %, la
conversion dont a discuté — est une pratique qui existe depuis plusieurs années, pratique qui
a été documentée, ce que je
comprends, qui existe depuis les années 80 dans l'ancien système informatique
du gouvernement qui s'appelait SESAME, aujourd'hui qui s'appelle
Charlemagne depuis 2008. Ça a été fait par des... des gens de statistique — tant qu'à m'enfarger dans le mot — ça a été fait avec des chercheurs, ça a été
fait avec des gens du ministère à l'époque et, tout ça, dans le but de s'assurer de ne pas... ou
surtout de s'assurer de pallier à l'erreur possible, parce qu'il y a toujours
des erreurs possibles dans des circonstances
comme celles-là. D'ailleurs, on me disait ce matin, sujet à vérification...
alors, les avocats, ne partez pas après moi
de mauvaise humeur, mais il semble que le Barreau du Québec fait ça, des
conversions comme celle-là, avec ses examens
pour permettre d'éviter des marges d'erreur. Et là je parle des épreuves
ministérielles.
Je veux
parler des épreuves ministérielles encore un instant pour dire que j'ai lu
toutes sortes d'affaires ce matin également,
et ça donnait l'impression que c'était la note finale qui était en jeu quand
moi, je parlais des épreuves. L'épreuve ministérielle,
elle vaut pour un nombre de points dans l'année selon le niveau où on est
rendu. Alors, l'épreuve en tant que telle, là, effectivement, dans le cas où je
l'ai dit hier, peut subir, dans certains cas... vous aurez compris que ce n'est
pas tous les élèves qui se retrouvent dans des situations comme celle-là, puis
il faut voir les moyennes pour constater, j'imagine, année après année que ce
n'est pas toutes les moyennes qui sont à 60 % non plus — les
moyennes de groupes dont je parle. Alors, dans un contexte comme celui-là, il
faut être prudent avec ce que je dis. Et, si donc il y a justification à la
pratique, pratique qui est connue et qui existe depuis de nombreuses années, je
ne pense pas qu'il y a là matière à autant de questionnements que dans l'autre
cas, qui m'apparaît très important, c'est celui des milieux scolaires et des
pratiques en tant que telles ou des discussions et/ou non-discussions à l'égard
des notes entre des enseignants, une direction puis une commission scolaire.
Et là, là-dessus, moi, je suis très, très franc
puis je vais l'être encore, Mme la Présidente, je l'ai dit hier. 18 fois
plutôt qu'une, je suis allé en consultations avec les citoyens, avec des enseignants,
avec des directions d'école, la société civile l'automne dernier. 18 fois
plutôt qu'une, il y a eu des gens pour venir me dire : Écoutez, moi, c'est
arrivé, ça arrive, on m'a parlé de ça, j'imagine que c'est parce qu'on veut
atteindre des résultats. Moi, j'ai entendu des messages comme ceux-là. Jamais
par contre je n'ai entendu... et là je pense que c'est là que c'est important
de le dire, jamais on n'a ici, puis je pense que les parlementaires seront
d'accord avec moi, entendu qu'il y avait là une pratique qu'on pouvait
documenter. Et hier, quand on avait eu le sondage, et là je pense qu'on
avait... Et, il faut rappeler aussi que la FAE l'a souvent dit ainsi, il
fallait, pour eux, être capables de voir auprès de leurs membres ce qu'il en
était. Maintenant, ils ont un échantillonnage. Je pense qu'on peut aller plus
loin.
J'ai dit hier qu'il y aurait des vérifications
qui seraient faites par le ministère avec les milieux. J'ai dit que les
syndicats d'enseignement seraient interpelés, les directions d'école seraient
interpelées, et les commissions scolaires, sur cette question. Et moi, je vais
collaborer avec l'ensemble des intervenants au Québec pour que jamais, Mme la
Présidente, on ne trouve des raccourcis pour faire réussir des élèves.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Oui. Mme la
Présidente, je comprends que le ministre, là, maintenant reconnaît le problème,
mais je vais quand même lui rappeler que, lorsque j'ai posé ma question à
l'Assemblée nationale, ce n'était pas tout à fait la réponse qu'il m'avait
donnée.
Ceci étant dit, je ne passerai pas de temps à
vous citer, M. le ministre, mais quand même...
M. Proulx : Juste pour répondre au
collègue, si vous me permettez, Mme la Présidente. Lorsqu'on a eu notre échange
cette semaine... et, sincèrement, je vais le dire très honnêtement et très
clair, si je n'ai pas été clair, je vais m'en excuser puis je vais l'être aujourd'hui,
lorsqu'on a eu cet échange-là cette semaine, j'ai clairement et fait référence
à une pratique ministérielle, j'ai dit qu'en tout temps... Et là ce n'est pas
un jeu de mots. Si ce n'est pas ça que ça dit comme ça, regardez, je suis bien
capable de reconnaître ça. Moi, j'ai parlé de la pratique ministérielle,
c'était mon intention de le dire ainsi. Jamais, au grand jamais — il y
a 50 personnes autour de moi, là — il n'y a personne qui m'a dit
qu'il y en avait, de ces pratiques-là. Je ne l'ai pas encore entendu ce matin.
Puis, s'il y en avait une, elle changerait. Il n'y en a pas. Alors, c'est dans
ce contexte-là.
Je ne peux pas être responsable — ni
moi ni lui — de
ce qui se passe dans chacune des écoles du Québec. Je sais par contre que, s'il
se passe des affaires qui ne sont pas correctes, Mme la Présidente, on va y
mettre fin.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Cloutier : Je ne veux pas rentrer
dans une guerre de citations, par contre je veux aller au fond des choses, de
ça.
Moi, ce que je vous demande, M. le ministre,
c'est d'inclure les parlementaires, puis je pense qu'une commission
parlementaire pourrait faire toute la lumière... Ça nous permettrait, nous, à
l'opposition, de poser des questions, de mieux documenter, de mieux
approfondir, et on aimerait ça que ça ne soit pas juste à l'interne mais que ça
se fasse également avec les commissions parlementaires. Je vois le ministre qui
me fait...
M. Proulx : ...
M. Cloutier : Oui. Je vous laisse
répondre.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Bien, écoutez, moi,
je ne suis pas fermé à aucun exercice. Par contre, je vais dire ce que j'ai dit
hier, moi, je veux quand même apprécier les faits avant de nous proposer une
démarche. Et, dans ce cas-là précisément, où, là, il y a beaucoup d'intentions,
beaucoup de dénonciations, beaucoup de procès d'intention qui se font pour les
raisons pour lesquelles ça, ça se fait ou ça ne se fait pas, il y a beaucoup
d'acteurs en jeu, les gens ne comprennent pas trop, peut-être qu'il y a quelque
chose, peut-être qu'il n'y en a pas autant qu'on pense, peut-être que c'est
tous des cas qui peuvent s'apprécier différemment.
Or, avant d'y
aller vers la solution qu'il propose, à laquelle je ne dis pas non, en passant,
je dis : Permettez-nous de faire les vérifications qui s'imposent,
d'être capables d'en apprécier l'ampleur, si ampleur il y a, et ensuite on fera
des propositions pour régler la situation, et un passage
et une discussion avec les parlementaires pourraient s'imposer dans un cas
comme ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
• (9 h 20) •
M.
Cloutier : Oui. Je pense que c'est important que les parlementaires
soient impliqués, Mme la Présidente. C'est quand même grave, je veux
dire, comme situation.
Ce que
certains professeurs nous expliquent, c'est qu'ils trouvent ça injuste que dans
certains scénarios on ramène à la
même valeur certains élèves qui, en bout de course, n'auront pas eu le même
résultat. Tu sais, je veux dire, si les notes ne valent plus rien puis que la note de passage, ce n'est plus
60 %, c'est rendu 55 % ou 57 %, bien, disons-le, je veux
dire : C'est rendu 55 %, c'est
rendu 57 %. Mais on ne peut pas se mettre à jouer comme ça d'une école à
l'autre, d'un professeur à l'autre.
Moi, ce que je comprends, c'est que certains professeurs, ils se font convoquer
après par les directions d'école, puis on les pointe du doigt puis on
leur dit : Non, non, non, j'ai trop d'échecs dans ma classe, ça ne marche
pas. Es-tu sûr vraiment qu'il a eu
53 %? Il me semble que 60 %, ça aurait été mieux. Ça ne peut pas
marcher de même, là : une espèce de système de terreur où
soudainement des directions d'établissement décident d'exercer un pouvoir
discrétionnaire. Et visiblement ça varie d'un endroit à l'autre de manière
importante.
Mais je veux
quand même dire au ministre que ce n'est pas la première fois que ça sort sur
la place publique. J'ai un texte ici
qui date du mois de février 2017, là, qui est assez récent, mais quand même...
un président de syndicat, région de l'Estrie,
visage découvert — ça
demande quand même du courage, là, de dire ça sur la place publique,
et les enseignants savent bien qu'il y aura
des conséquences à ça — où clairement il dit : La note de
60 %, c'est un peu fictif. Ça varie. Des fois, c'est ça. Des fois, ce n'est pas ça. Bien, il me semble que ça
aurait dû sonner des cloches. Puis là, en plus, on nous dit même que certains ont des moyennes de 37 %,
de 40 % puis de 42 %, une moyenne, puis ils sont quand même
promus à l'année subséquente et obtiennent la note de passage. C'est ça qui est
écrit dans l'article.
Alors, c'est
plus qu'urgent que toute la lumière soit faite. Comment voulez-vous qu'on pose
un diagnostic juste sur notre système d'éducation quand on n'a pas en
réalité la vérité ou l'heure juste sur le fond des choses? Je pense que le
ministre partage ma préoccupation et je m'en réjouis. Ceci étant dit, je veux
que les parlementaires soient dans le coup.
Je ne veux pas que ça se fasse derrière des portes closes, je veux qu'on ait un
portrait juste de la réalité, et puis on vous aidera, M. le ministre, à
apporter des bonnes solutions. Mais je reformule ma demande, je souhaite que
les parlementaires soient dans le coup, je souhaite que la Commission de l'éducation
approfondisse cet enjeu et puis éventuellement procédera à des recommandations comme on l'a toujours
fait. C'est comme ça qu'on a procédé avec le cours d'évaluation... pas d'éducation sexuelle, oui, aussi sur le cours d'éducation sexuelle, on l'a aussi fait, mais on l'a fait également plus
récemment avec la pesée, puis ça a donné un très bon résultat. Ensuite, il y a
eu des recommandations qui ont été suivies, par ailleurs, et au ministère de
l'Enseignement supérieur et au ministère de l'Éducation.
Alors, une
fois que j'ai tout dit ça, M. le
Président, vous aurez compris qu'on
ne peut pas ne pas aller au fond des choses dans ce dossier-là. Il me
reste combien de temps?
Une voix : ...
M. Cloutier : Il me reste trois
minutes.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...M. le député. Alors, je ne sais pas si vous voulez avoir une réponse du ministre, il faudrait que... Oui, M. le
ministre.
M. Proulx : Bien, peut-être juste
pour ajouter — pour
terminer, parce qu'on a l'habitude, et je remercie les collègues, d'avoir des
échanges concrets et des échanges sérieux et dans le respect — deux
choses.
La première, c'est que je ne veux pas non
plus — et
je sais que, les collègues, ce n'est pas leur intention non plus — qu'on quitte de vue l'objectif qu'est le
nôtre, de faire réussir nos jeunes. Et, pour ça, il y a un plan qu'on met
en marche et il y a des ressources qui
seront dans les écoles pour les soutenir. Il y a une majorité de jeunes qui
réussissent, et, on est chanceux, ils
réussissent bien. On a manifestement des gens avec des écarts, on a des gens
avec des défis, on a possiblement une
problématique et des façons de faire qu'il faut changer à l'égard de certains
groupes, peut-être dans des régions
de manière plus prononcée, mais je ne veux pas non plus généraliser, Mme la
Présidente, pour remettre en jeu l'intégrité
du système plus que ça ou même moins que ça, de dire que les choses évoluent
comme ça et que c'est pour tout le monde.
On est tous allés dans le système éducatif, et je ne suis pas certain qu'on a
tous été dans des situations comme celle-là. Je suis convaincu que c'est
l'inverse.
Alors, dans
ce contexte-là, je veux dire au collègue qu'on va y accorder un suivi serré,
sérieux. Je l'entends
dire : Ça fait plusieurs fois que ça revient dans l'actualité. Je pense
qu'on pourrait se réjouir, Mme la Présidente, que j'aie l'intention qu'on aille
au fond des choses.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, on va passer du côté
du gouvernement, et je suis prête à reconnaître le député de Chapleau.
Vous avez environ 20 minutes.
M. Carrière : 20 minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
M. Carrière : Merci,
Mme la Présidente. Heureux, à mon
tour, de prendre part à l'étude des
crédits sur le volet Éducation préscolaire, primaire et secondaire. Je
veux saluer les collègues de l'opposition, de la deuxième opposition, le ministre
avec toute son équipe qui est là, avec qui j'ai souvent, là, le plaisir de
travailler, mes collègues également qui sont ici ce matin.
Moi,
M. le ministre, ce matin, je vais
vous parler de la politique sur la réussite scolaire, la tournée que vous
avez faite, là, depuis l'automne dernier ou
un peu plus tard dans l'automne. Il y a eu le projet de loi n° 105 avant
ça, on a entendu plein de gens qui sont venus nous parler de la réussite
scolaire puis de faire tout en notre possible pour amener les jeunes à leur
plein potentiel, le projet de loi n° 105. Comme je disais, on a rencontré
tout plein de gens. On a même rencontré le premier ministre de l'Éducation de
l'histoire du Québec, M. Paul Gérin-Lajoie. Je pense qu'on a tous été
impressionnés de la rencontre avec M. Gérin-Lajoie.
Il y a 50 ans, on a
eu le rapport Parent. Il y a 20 ans, on a eu la tenue des états généraux sur l'éducation.
Et maintenant, au XXIe siècle, je pense qu'il est temps de se poser
qu'est-ce qu'on veut, au XXIe siècle, pour nos jeunes, pour leur plein potentiel, les amener le plus loin possible dans leur éducation
pour un avenir meilleur. On connaît tous le défi de la main-d'oeuvre qui
nous attend, le vieillissement de la population, donc. Je ne sais plus combien
de centaines de milliers d'emplois seront disponibles dans les prochaines
années. Donc, je pense que l'école de demain doit être repensée et revue aujourd'hui
dans un «work in progress» tout au long, là, des années qui vont suivre.
Donc,
cette tournée-là sur cette réflexion-là, qui était sur : faire le point
sur le chemin qui était parcouru, de convenir des moyens à retenir pour relever les défis, comme je disais, actuels et
futurs. Donc, le 16 septembre dernier, le premier ministre
et le ministre de l'Éducation ont lancé cette vaste démarche de consultation auprès des citoyens et des organismes en vue de produire une politique de la réussite scolaire. C'était organisé en quatre volets : il y avait des
consultations en ligne, des consultations régionales, il y avait une
consultation auprès des autochtones — c'est un enjeu majeur ici, au
Québec — et
finalement une consultation nationale ici, au Centre des congrès de Québec. On
était plusieurs à y être présents. C'était fort intéressant. Il y a des
centaines de citoyens qui ont déposé des mémoires, des professeurs, des directeurs d'école, des citoyens, des parents qui
avaient le goût de se faire entendre. Et on entend régulièrement sur le terrain ou dans les médias : Il y a toutes
sortes de sujets qui préoccupent les parents, les élèves. Est-ce que l'école
leur permet de développer leur plein
potentiel? Et mon collègue hier parlait, là, du fameux comité, là, avec les
trois experts : Pierre Lavoie,
Ricardo, M. Thibault. Donc, est-ce que l'école d'aujourd'hui leur permet de
développer leur plein potentiel? Et comment on pourrait avoir une
meilleure cohésion, une meilleure concertation de tous les acteurs? Donc, c'est
des préoccupations que les citoyens ont et
les parents ont au quotidien. Donc, les consultations de l'automne dernier et
de cet hiver permettaient de répondre à de nombreuses questions.
C'était
orienté dans différents grands domaines d'intervention qui touchent directement
l'élève et l'école et c'était formulé sur trois axes : l'atteinte
du plein potentiel de tous les élèves, un contexte propice au développement, à
l'apprentissage et à la réussite et des acteurs et des partenaires mobilisés
autour de la réussite.
Juste
rappeler un peu la formule, comment c'était fait dans chacune des
régions : en avant-midi, les partenaires étaient appelés à prendre
la parole, il y avait un temps déterminé pour s'exprimer; ensuite de ça, un
échange, avec le ministre,
questions-réponses un peu sur le mémoire qu'ils venaient déposer. Ça pouvait
être des commissions scolaires anglophones, francophones, les syndicats.
Il y a des organismes communautaires qui sont venus également, qui sont souvent en appui, là, au système d'éducation.
Donc, c'était pour l'avant-midi. L'après-midi, le ministre faisait la
tournée des diverses tables. C'était en
groupes de travail, puis ça donnait l'occasion aux gens de s'entretenir
directement avec le ministre et ça
permettait au ministre, lui, de sentir le pouls dans chacune des régions et
d'entendre ce que les gens avaient à dire.
Chez
nous, en Outaouais, ça s'est passé le 24 octobre dernier. J'ai passé la journée
avec le ministre. Ça a été fort intéressant.
On a été en mesure de voir l'engagement, le dévouement des enseignants qui
étaient là, des professionnels, des commissions
scolaires. Il y avait des directions d'école, des parents, des organismes
communautaires, il y avait des citoyens. On avait même des experts qui
étaient là qui ont eu la chance de s'exprimer. Et, Mme la Présidente, il y a un
vieil adage qui dit souvent que ça prend
tout un village pour élever un enfant. Bien, cette journée-là, en Outaouais, le
village au complet était là à la rencontre, et j'imagine que ça a été comme ça
dans toutes les régions du Québec. Donc, j'étais vraiment heureux de voir la
participation des gens de chez nous, de discuter des grands enjeux. Chez nous,
ce qui est ressorti, c'est fort intéressant.
Nous,
on a la réalité frontalière avec l'Ontario, et il est ressorti de cette
journée-là des préoccupations, des grands enjeux, premièrement de soutenir des projets destinés aux jeunes
décrocheurs. C'est une réalité où des jeunes, des élèves qui sont à
risque, et une réalité outaouaise. L'Outaouais, c'est un grand paradoxe :
on a le plus haut taux de diplômés universitaires,
mais on a également un des plus hauts taux... ou sinon le plus haut taux de
décrocheurs et... pour atteindre un
diplôme d'études secondaires. Donc,
ça a ressorti beaucoup, cette journée-là. Il y avait également
certains participants qui se sont exprimés sur la fréquence et le moment
des évaluations durant le parcours scolaire, donc. Il a été question également,
là, du rôle important des services de
garde éducatifs à l'enfance. Donc,
c'est trois enjeux qui sont ressortis très fort en Outaouais.
Moi,
M. le ministre, j'aimerais premièrement avoir un petit peu le détail de cette consultation-là et de qu'est-ce
que vous en avez ressorti, les objectifs recherchés, de un. Et, selon vous, est-ce
que cette consultation-là a donné les résultats qu'on recherchait?
• (9 h 30) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. Alors, M. le ministre.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Je veux remercier le collègue de Chapleau pour sa question
puis le remercier également de sa présence lorsque j'ai fait les consultations.
D'ailleurs, je veux remercier les collègues de toutes formations politiques qui
se sont présentés également dans les différentes consultations.
Ce
fut assez extraordinaire et sincèrement très instructif autant pour moi, je pense, que
pour les gens du ministère, mais également
des partenaires en éducation et du réseau, pour plusieurs raisons. La
première, c'est qu'il y avait des gens de
tous les horizons dans les consultations. Moi, c'est ce que je souhaitais, je souhaitais
que le temps soit partagé également entre toutes personnes intéressées, notamment
les groupes, institutions ou organismes qui s'intéressent de près ou de loin à l'éducation. Dans un premier temps, c'est vrai, comme l'a dit
le collègue de Chapleau, en avant-midi, il y avait des présentations plus formelles de type mémoire avec
un échange avec moi et, dans l'après-midi, c'étaient souvent des citoyens
et encore des représentants des groupes qui souvent étaient là le matin et
qui étaient représentés comme
citoyens l'après-midi qui y étaient présents, et c'était sous le modèle de
table ronde avec échanges. Et c'était extrêmement intéressant, parce que d'abord il se dessinait des petits consensus à
chacune des tables et on pouvait ensuite les partager, et, à la fin de
la journée, j'avais l'immense plaisir et le privilège de pouvoir un peu résumer
ce qui avait été dit. Ça, c'est hyperintéressant.
C'est ce qu'on a fait en personne. Il y a environ 1 300 personnes qui
y ont participé. Et ça s'est terminé par la consultation nationale ici,
à Québec, sur plus d'une journée.
Encore une
fois, je remercie les collègues, collègues ministres et parlementaires qui s'y
sont joints et l'ensemble des gens de la société civile qui y avaient
été conviés et qui étaient là aussi pour discuter d'éducation.
Il y a eu
aussi une consultation qui a eu lieu, en ligne. On est de notre époque, Mme la
Présidente, et on reçoit des mémoires.
Mais il y avait aussi des questionnaires qui étaient disponibles via le site
Web du ministère de l'Éducation, et là c'est
près de 14 000 personnes qui y ont répondu en ligne. Intéressant de
voir que, bon, entre 50 % et 60 %, si ma mémoire est bonne, Mme la Présidente, émanent du milieu de
l'éducation, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'enseignants évidemment intéressés par ces questions qui ont répondu. Il y
avait une question qui disait : Si vous étiez ministre de l'Éducation,
quelles seraient vos trois priorités pour assurer la réussite éducative de tous
les élèves? Alors, vous aurez compris que c'était intéressant de lire ce que
les gens feraient à ma place ou à la place de ceux et celles qui l'occuperont
dans le futur.
Les éléments,
je dirais, qui sont ressortis, et qui sont les plus importants, et qui
peut-être ne causent pas de surprise pour
personne, mais c'est intéressant de se les répéter, sont les suivants... Toute
l'importance de l'intervention précoce. Extrêmement important. Je suis à la fois ministre de la Famille et ministre
de l'Éducation. C'est un privilège immense de pouvoir occuper les deux ministères, d'être ministre des deux
responsabilités. C'est surtout très important d'être en mesure de les faire travailler ensemble. Et là-dessus je
veux féliciter et remercier autant l'équipe du ministère de la Famille
que l'équipe du ministère de l'Éducation,
qui travaillent ensemble à l'élaboration de la Politique sur la réussite
éducative, parce que l'école, ça ne
commence pas au jour où nous passons la porte, à six ans, par exemple.
L'importance des transitions entre le
primaire, le secondaire mais aussi entre les services de garde éducatifs et le
préscolaire, c'est extrêmement important. J'ai eu souvent l'occasion de
l'expliquer, d'en parler, de donner des exemples, mais j'ai aussi reçu, Mme la
Présidente, beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'exemples des différents milieux pour me dire : Bien, écoutez, moi, j'ai
eu l'occasion de développer un outil.
Alors, ça, c'est les services de garde pour préparer la maternelle. J'ai eu
l'occasion de préparer des visites, et là ça s'explique, comment des
gens de l'école vont dans les services de garde, et vice versa. Alors, ça a été
extrêmement intéressant.
Il y a, bien sûr, tout ce qui touche le
financement des services, mais les délais aussi — j'en parlais hier un peu — avec les élèves à besoins particuliers. Il y
a le rehaussement des compétences en littératie et en numératie. C'est
le sujet peut-être dont j'ai parlé le plus
dans les déterminants à mettre en place dans la politique, parce que, si on ne
sait pas bien lire et écrire, et on
connaît les enjeux dans la société, on aura un parcours scolaire plus
difficile. Il y a la valorisation de la
formation professionnelle, qui est, pour moi, très intéressante. On aura l'occasion d'en parler dans un bloc de crédits la semaine prochaine. Il y a l'engagement
de tous ceux qui oeuvrent à l'école, notamment nos enseignants, et la valorisation de ce qu'ils font, parce que c'est extrêmement important, puis il y a la mobilisation de tous les acteurs, Mme la Présidente, dans l'école, autour de l'école, les partenaires du système
d'éducation, les parents, qui doivent jouer un rôle et qui doivent avoir accès à l'ensemble des services et être un
partenaire privilégié du milieu de l'éducation, mais il y a aussi la société. Alors, que
ce soient les gens d'affaires, le communautaire, les institutions, le milieu municipal,
et autres, Mme la Présidente — je mets un s parce que c'est «autres» — dans ce contexte-là, tous doivent être
mobilisés si on veut que l'école soit une réussite et surtout
véritablement ancrée dans une communauté.
Alors, voilà
quelques exemples de ce que nous avons fait dans le cadre des consultations. Et
bien sûr cette politique-là, Mme la
Présidente, elle sera dévoilée d'ici la fin de la session parlementaire, donc
d'ici la fin juin. Vraisemblablement, tout indique que je serai en
mesure de le faire tel que je l'avais dit. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chapleau, il vous reste sept minutes.
M.
Carrière : Sept minutes? Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé, tantôt, de mobilisation.
Effectivement, je pense que cette tournée-là a permis d'avoir une mobilisation
sans précédent au niveau de l'éducation. Je dis : Sans précédent. Je peux me tromper, là, mais on sent
une mobilisation de tous les acteurs, que ce soient des gens qui
travaillent au quotidien dans les écoles au
profit de nos jeunes et toute la communauté. Il y en a même qui étaient prêts à
peinturer, à donner un coup de pouce les fins de semaine dans une école, et on
connaît l'histoire.
J'ai eu le plaisir d'assister, il y a quelques
semaines, au septième sommet international sur la profession d'enseignant à Édimbourg, en Écosse, du 29 au 31 mars dernier. Ce sommet-là est
né d'une volonté de l'ancien président Obama, à l'époque où on avait un
président qui s'ouvrait sur le monde au lieu de se refermer, et son objectif,
c'était de mettre à la même table les ministres de l'Éducation et les leaders de syndicat et d'association de l'enseignement des 30 pays et régions les plus performants,
selon les résultats du PISA, là, le Programme international sur le suivi des
acquis. Donc, l'objectif, c'était de se
livrer à des discussions ouvertes sur la façon d'améliorer la qualité de l'éducation
et la profession enseignante, de
poursuivre le dialogue sur la façon la plus efficace d'atteindre et de
maintenir un haut niveau de qualité en enseignement et en apprentissage. J'ai eu le plaisir, lors de
cette mission-là, de visiter deux écoles : une école primaire et
une école secondaire. Le primaire, ça commence avec des poupons. Donc, de la
petite enfance jusqu'à la septième année,
c'est des modèles d'école, je pense, où on peut s'inspirer. J'ai eu la chance de
discuter avec des gens de l'Allemagne,
de la Suisse, de la Finlande, du Danemark. Et donc c'est des échanges fort
intéressants. Et, quand je parlais de mobilisation,
on a vu le groupe de Repenser l'école également, avec qui j'ai eu le plaisir de parler il y a
quelques semaines.
Donc, avec cette consultation-là, j'aimerais
savoir de la part du ministre comment... et cette mobilisation-là, qu'on sent, au Québec, autour de l'éducation
et de la réussite de nos élèves, quels sont les résultats de cette consultation-là
que vous pouvez conclure autour de cette mobilisation-là, qu'on peut sentir, et
de cet objectif de faire de l'éducation une
priorité. Dans la politique sur la réussite scolaire, le premier ministre, il citait Nelson Mandela, qui disait : «L'éducation est
l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde.»
Donc, dans
cette perspective-là, cette tournée-là, quels sont les résultats, vous pensez,
qu'on pourra avoir pour amener le système d'éducation et mobiliser tout
le monde autour de cet enjeu-là, qu'on peut avoir?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Chapleau. M. le
ministre. Il vous reste quatre
minutes.
• (9 h 40) •
M.
Proulx : Oui. Merci, Mme la Présidente. D'abord, je vais faire référence à ce que vous
disiez d'entrée de jeu sur l'importance de la mobilisation. Je
pense — et
c'est tant mieux, peut-être que les collègues sont d'accord avec nous — que
cette mobilisation-là, elle semble de retour. En tout cas, moi, je le souhaite.
Depuis que
nous avons un ministère de l'Éducation, il y a eu différentes époques où
l'éducation a occupé beaucoup de
place, et, malheureusement, à d'autres époques, c'était moins le cas. Et je ne
parle pas seulement dans le débat pour trouver
des problèmes et y trouver des solutions, je parle d'être mobilisés pour faire
en sorte que notre système suive les réalités,
que notre système évolue en
fonction du contexte et de ce qu'il faut faire et surtout soutienne l'ensemble
de nos jeunes et adultes apprenants pour leur permettre d'avoir la
liberté de choisir ce qu'ils feront ensuite. Et ça, dans ce contexte-là, moi, j'entends beaucoup, beaucoup,
beaucoup parler d'éducation. Vous me direz que c'est peut-être parce que je suis le ministre responsable et c'est pour
ça qu'on m'en parle souvent, mais je pense que, et je le dis, avec ce
qui s'est fait dans la dernière année il y a beaucoup d'intérêt.
Il y a de l'enthousiasme à ce que des
changements surviennent, et ça, c'est supporté par des gens qui font des
revendications, c'est supporté par des gens qui font des propositions puis
c'est supporté par beaucoup, beaucoup, beaucoup
de gens, et c'est là que la mobilisation m'apparaît plus importante, par des
gens d'autres milieux aussi que le milieu
de l'école et qui se disent : Moi, je suis prêt à donner un coup de main,
comment je peux faire pour vous rencontrer? Comment est-ce qu'on peut faire pour travailler ensemble dans l'avenir? Et c'est la raison pour laquelle dans
le cadre de la politique on ne sera pas désincarnés, Mme la Présidente, de ce que nous avons fait en consultations. Il y
a des principes, l'élève, son
plein potentiel, le milieu, l'école et son environnement, et la communauté, les
acteurs et les parents : Comment est-ce
qu'on fait pour se retrouver ensemble pour travailler à la réussite de tous les
jeunes? Et, dans ce contexte-là, j'en
ai parlé un peu tout à l'heure, j'avais donné quelques pistes, mais j'ajoute ou
réaffirme encore l'importance de faire travailler, par exemple, nos deux
réseaux, famille et éducation, ensemble : famille pour les services
éducatifs, et les organismes communautaires,
et les parents; l'éducation pour le réseau de l'éducation, pour ceux qui
oeuvrent dans l'école, pour ceux qui
sont des administrateurs à l'école, pour le ministère de l'Éducation, pour les
parents et pour les organismes partenaires, Mme la Présidente, chaque
communauté qui a une école : des plus petites, grâce aux mesures, que nous
pouvons conserver ouvertes, garder ouvertes; les plus grandes, avec lesquelles
il faut travailler parce qu'elles ont des réalités. Alors, c'est ça qu'on fait,
puis c'est ça qu'on va faire et c'est ça qu'il y aura dans la politique.
Bien sûr,
avec différents groupes de travail, on va se donner des objectifs de
réalisation à court, moyen et long terme,
mais c'est clair, Mme la Présidente, qu'on va aussi exprimer la vision. La
vision, c'est laquelle?, puis je termine là-dessus et je la répète : il y a 50 ans, lorsqu'on a créé le
ministère de l'Éducation, c'était pour rendre l'éducation accessible. Ce n'était pas le cas pour tout le monde. Et ce
n'était pas qu'un enjeu de territoire ou distance de marche.
Aujourd'hui, les jeunes y ont accès, à l'école, les adultes y ont accès, à
l'école.
La réalité
aujourd'hui, c'est de rendre la réussite accessible à tous. Et force est de
constater, je vais l'exprimer ici, dans le salon rouge, force est de
constater qu'aujourd'hui ce n'est pas le cas pour tout le monde, la réussite
n'est pas accessible à tout le monde, alors
il faut travailler différemment. Et, malgré les tensions, malgré les différences,
malgré les résistances, je pense qu'on est
capables d'établir des consensus, de se donner un ordre de match, un plan, une
destination, puis c'est ce qu'on va faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le ministre. M. le député de Chapleau, il vous reste
30 secondes. Je ne sais pas si vous avez quelque chose à rajouter.
M. Carrière : Oui. Peut-être
juste rajouter que, oui, je suis d'accord avec le ministre et je pense que tout
le monde a un intérêt, et, si on ne veut pas
subir les changements... aussi bien en être des acteurs. Donc, tout le monde
qui a un mot à dire devrait... et cette consultation-là a permis de le faire.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le député de Chapleau. Alors, on va passer du côté du
deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de
Chambly pour environ 20 minutes.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je veux saluer mes collègues. On commence aujourd'hui la deuxième
section de ce marathon d'étude des crédits.
D'emblée,
je veux revenir sur la question des notes majorées ou des taux de réussite
faussés. Je trouve que c'est une très bonne proposition, bien
honnêtement, la proposition de mon collègue de l'opposition officielle de tenir
une commission parlementaire, et je
m'interroge sur la réaction du ministre, qui dit : Bien, je vais faire les
vérifications, je vais aller chercher
toute l'information, puis on verra si on a besoin de faire une commission parlementaire.
Il me semble que justement on veut
tenir une commission parlementaire tous ensemble pour faire la lumière... pour
avoir des témoignages, parce que les
témoignages sont durs à recueillir en ce moment. Et il y a une omerta dans le
réseau de l'éducation, il faut se le
dire, puis c'est grave. Les gens qui nous écrivent des courriels, que ce soient
des enseignants... pour dire qu'on modifie leurs notes très souvent nous
disent : Ne me nomme pas.
Puis, tout à
l'heure, mon collègue a cité plein de témoignages d'enseignants, mais on ne
nomme pas leurs noms, leurs écoles,
leurs commissions scolaires, parce qu'ils ont peur. Et
c'est là-dessus que je veux aller, c'est le climat de peur malsain qu'il y a dans les écoles du Québec. Il y a
des parents, des bénévoles qui se font intimider, des directions d'école
et des enseignants... puis c'est grave,
c'est grave. Ça touche les notes, mais ça touche aussi un autre sujet qui nous
est cher et dont j'ai parlé hier, la
décentralisation, la prise de position qui ne se ferait pas juste au ministère
ou à la commission scolaire,
mais dans les écoles, même dans les classes.
Le projet de loi n° 105 se targuait de vouloir être un projet de loi de décentralisation. Le ministre disait : Oui, oui, oui, je veux rapprocher la prise de décision des
écoles. Hier, j'ai déposé ici quelque chose de très important, qui était
une consigne de la commission scolaire des Mille-Îles qui venait un peu faire une rebuffade au ministre
et à l'ancien sous-ministre M. Sylvain. Et là je veux continuer aujourd'hui,
dire : Bien, il n'y a pas juste à la commission scolaire des Mille-Îles, mais, comme il y a
une omerta puis comme les gens ne veulent pas être nommés, je suis obligé d'y
aller dans le flou, parce que,
là, ce n'est pas des parents qui se font intimider, c'est des directions
d'école, des directions d'école qui communiquent
avec nous, qui nous écrivent ou avec qui j'ai des grandes conversations
téléphoniques. Je ne peux pas la nommer.
Je ne peux même pas nommer la commission
scolaire. La direction d'école a peur
d'être mutée dans une école plus
petite et donc de subir une baisse de salaire parce qu'elle a parlé. Mais
disons que c'est dans l'est du Québec.
Sur la rive sud du fleuve, il y a une couple
de commissions scolaires. Bien, une de celles-là est une commission scolaire où
on refuse d'appliquer la loi
n° 105, de créer un vrai comité de répartition des ressources et
d'appliquer la fameuse mesure 30170, qui dit : Bien, on va décentraliser l'enveloppe dans les écoles, et
le conseil d'établissement décidera de ce qu'on fait avec cet argent-là dans les écoles et le conseil
d'établissement adoptera une résolution. Je peux vous dire qu'il y a une
direction d'école qui nous a confirmé que ça
ne se fait pas puis que ça ne se fera pas à moins d'une vraie intervention
musclée du ministre, parce que ça bloque.
Même chose
sur la rive sud de Montréal. Là, c'est plus qu'une direction d'école qui m'a
appelé. Puis, ce n'est pas des
farces, là, pour m'appeler, ils n'appellent pas sur leurs heures de travail,
ils n'appellent pas directement de l'école, ils appellent le soir, ils appellent de leurs cellulaires pour nous dire
qu'à la commission scolaire, là, on rajoute des règles sur des enveloppes ouvertes, ça ne fonctionne pas. La
commission scolaire dit : Bien, vous allez pouvoir le dépenser comme
vous voulez, mais de cette façon-là, c'est
de cette façon-là que vous allez le dépenser comme vous voulez. Vous voyez
bien que c'est antinomique, ça ne fonctionne
pas. Et c'est comme ça pas juste pour les notes, là, c'est comme ça pour
l'application de la loi n° 105,
qui peut fonctionner peut-être, là, à la pièce, dans certaines commissions
scolaires mais qui ne fonctionne pas.
Et ma
question, c'est : Comment réagit le ministre au fait que ça bloque
solidement à la hauteur des commissaires scolaires et des directions générales de commission scolaire pour ce qui
est de faire une vraie décentralisation et pour ce qui est d'appliquer le projet de loi n° 105
et les consignes du ministre? Comme il réagit à ça? Et qu'est-ce qu'il a
l'intention de faire pour que ça fonctionne?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chambly. M. le ministre.
• (9 h 50) •
M.
Proulx : Oui. D'abord, Mme
la Présidente, on est à l'étude des crédits en commission parlementaire,
c'est un lieu aussi pour discuter de ces
choses-là. Je voulais juste le dire, parce que le collègue disait tout à
l'heure : Ça va en prendre une. J'ai répondu qu'il y avait des
réflexions qui se feraient et ce n'est pas pour faire le travail à la place des
autres.
Ce que j'ai dit par rapport à ça, Mme la
Présidente, c'est que moi, je pense, il faut apprécier certains faits et il y en a, des vérifications qui peuvent être faites
par le ministère, et, lorsqu'on sera en mesure d'en discuter avec
d'autres, bien, on aura un état des lieux
peut-être plus important que ce que nous avons aujourd'hui à la pièce. Et, dans
ce contexte-là, ce sera bénéfique
pour tout le monde, dans l'éventualité où on le ferait. Alors, ça, là-dessus,
c'est «au service de» qu'on place
l'administration. Moi, c'est comme ça que je le vois. C'est la raison pour
laquelle j'accorde beaucoup d'importance à un exercice comme celui-là et je réponds franchement à l'ensemble des
questions dans la mesure de ma connaissance.
La résistance
à l'égard du projet de loi n° 105, ou de tout autre projet qui aurait été
mis de l'avant, ou de toute autre action
liée à la décentralisation, ou d'un changement de culture, là, est présente ou
sera présente. C'est vrai. Vous seriez assis
à ma place, M. le député de Chambly, vous auriez les mêmes défis. Maintenant,
c'est de savoir comment on agit. Je vais exprimer encore une fois ici ce
que j'ai exprimé hier, ce que j'ai pu exprimer avant-hier, puis, si vous voulez
que je vous appelle demain, je peux le
faire, je veux dire, le projet de loi n° 105, il sera appliqué, alors il faut l'appliquer
tel que nous l'avons adopté. Alors, il n'y a pas trois versions des
propos que je viens de tenir, il n'y en a qu'une seule, c'est celle-là. Les règles budgétaires
prévoient des mécanismes de pénalité. Si quelqu'un ne respecte pas les
règles budgétaires, Mme la Présidente, il y a des mécanismes. Alors, s'il faut appliquer les
mécanismes... je ne sais pas si ça a déjà été fait, mais, s'il faut que j'applique les mécanismes, je vais appliquer les
mécanismes. Si je devais utiliser les pouvoirs qui sont dans le projet de loi n° 105 pour ce faire, parce que ça répond à ce que
nous avons décidé ici ensemble, dans cette salle, je le ferai.
Alors, dans ce contexte-là,
je ne dis pas que ce qui est dit est faux, pas du tout, je ne dis pas qu'il n'y
a pas de résistance. Je le sais, qu'il y en
a. Je ne dis pas qu'il y en a qui vont s'essayer dans l'interprétation. Je le
sais. La mauvaise nouvelle pour eux, c'est que je les surveille aussi avec les collègues,
et, quand il y a des exemples, il faut me les amener, il faut les
rapporter au ministère, il faut nous les donner. Ils n'ont pas besoin d'appeler
la nuit pour faire ça. S'il y a des exemples
comme il y en avait eu un hier qui n'étaient pas à ma connaissance... Moi, la
lettre, je la connaissais. La réponse qui a été donnée aux gens du
comité de parents, je ne la connaissais pas. Là, elle est portée à ma
connaissance. Suivi il y aura. Vous pouvez en être assuré.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Là où ça ne fonctionne pas et je pense qu'à moyen terme ça
ne peut pas fonctionner, c'est parce que le ministre dit : Bien,
informez-nous, je vais agir.
Moi,
je ne doute pas de sa bonne foi d'agir à ce moment-ci, mais les gens ne peuvent
pas parler. Hier, là, c'était exceptionnel :
la commission scolaire avait envoyé une consigne, c'est clair. Mais, quand je
vous dis : Quelque part dans l'Est
du Québec, sur la rive sud, quelque part en Montérégie, c'est difficile, je ne
peux pas vous nommer ni la direction d'école
ni l'école, évidemment, parce qu'on saurait la direction. Je ne peux même pas
vous nommer la commission scolaire, parce
que les gens ont peur. Donc, il y a des grosses chances, M. le ministre, que
vous ne le saurez pas, là où ça bloque, parce que les directions d'école sont des simples employés des
commissions scolaires et les directions générales ont le loisir de muter la direction d'école d'une école à
l'autre, de leur faire subir une baisse de salaire. Et il y en a qui se le sont
fait dire sans gêne : Écoute, dans une
école de 800 — oui,
parce que c'est un salaire intéressant — ça se pourrait que... tu sais, il y a une petite école de village là-bas, là, ça se
pourrait que tu ailles là. En tout cas, sens-toi lousse, là, mais ça se
pourrait que l'an prochain tu changes
d'école. C'est à ce niveau-là, là, qu'il y a de l'intimidation. Donc, de
dire : Dites-nous-le, dans quelle commission scolaire ça bloque, on
ne pourra pas.
La
vérité, c'est que le ministre dénonce la résistance. Il vient de le faire. Il
n'est pas d'accord avec la résistance sur l'application des enveloppes
ouvertes qu'il veut envoyer dans les écoles, mais il a coulé dans le béton
armé, avec son projet de loi n° 105, la
capacité de résistance. Il leur a donné, aux commissions scolaires, aux
directions générales et aux conseils
des commissaires, tous les outils pour résister en maintenant des paliers de
gouvernement élus, avec des gens qui sont
là de bonne foi, j'en suis certain, mais qui sont là comme des élus se
réclamant de toute la vision d'un élu, de dire : Bien, non, moi, je fais ce que je veux, j'ai cette
responsabilité-là, j'ai une vision. Mais évidemment qu'ils veulent
continuer d'avoir la mainmise sur ce qui se passe dans les écoles.
Le
ministre ne reconnaît-il pas que, sans changer les structures, il ne pourra pas
faire de vraie décentralisation puis appliquer ce qu'il dit qu'il veut
appliquer?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx :
Mme la Présidente, d'abord, je ne sais pas si le collègue connaît un peu le
milieu de la santé, mais il n'y en a
pas, d'élection scolaire, dans le milieu de la santé et, s'il a déjà connu des
gens qui oeuvrent dans ce milieu-là, que ce soit dans une direction
générale, dans une direction d'établissement ou dans une direction de secteur
dans un établissement, il va comprendre qu'à chaque fois que viennent une
orientation, une directive, une consigne il y a des difficultés. Il y en a partout, Mme la Présidente. J'ai oeuvré dans le
milieu des affaires, j'ai travaillé dans des cabinets d'avocat. Il y en a même dans les secteurs à l'intérieur
d'un bureau. Il y en a peut-être dans son caucus, il y en a peut-être
dans son bureau de comté.
J'en
ai, moi aussi, des enjeux comme ceux-là, et c'est normal qu'il y en ait.
Maintenant, il faut trouver des façons d'y
mettre fin lorsque ça ne sert pas nos intérêts, c'est-à-dire celui des enfants.
Dans le contexte actuel, je lui ai dit : La volonté, elle est là, elle est faite, elle doit être respectée, et il y
a des moyens pour s'y rendre. Les règles budgétaires en sont. Il y a
la loi qu'on peut appliquer en tout
temps et il y a des moyens dans la loi, peut-être dans certaines
circonstances, qui pourraient nous permettre de le faire.
J'ai
dit hier que j'avais fait une ouverture importante à l'égard de la
collaboration entre les différents partenaires et moi, je pense qu'il y a, là aussi, un lieu de
discussion très sérieux. Avant, on avait des rencontres entre le ministère
puis le réseau, alors il n'y avait là que
les gens du réseau de l'éducation, les commissions scolaires, et il y avait, en
périphérie, des rencontres avec les
partenaires, que ce soient les syndicats, que ce soient les comités de parents,
et autres. Aujourd'hui, lorsqu'il y a
des rencontres, elles sont de tous les partenaires. Alors, on a convié à la
même table, sous la responsabilité de la sous-ministre adjointe Mme Lepage, tout le monde — tout le monde — qui sont des partenaires reconnus dans
l'éducation, qui sont assis à cette
table-là. Alors, même pour créer la table, Mme la Présidente, il y a des gens
qui ont dit : Bien, voyons donc!
je ne comprends pas comment ça se fait que lui ou elle est là. Bien, parce que
c'est comme ça que ça va fonctionner dans
l'avenir. Ce n'est pas compliqué, c'est comme ça que ça va fonctionner dans
l'avenir. On va travailler ensemble, on va faire nos arbitrages, on va réaliser qu'il y a des difficultés puis
qu'il y a de la résistance, mais on va convaincre, on va convaincre
parce qu'on a des outils pour le faire.
Et
il dit : Est-ce qu'on aurait dû changer les structures? Il fait référence
à la démocratie scolaire. Ce que je lui dis, c'est qu'à l'intérieur de notre système éducatif actuel on a la
capacité, avec les outils qu'on a mis en place... Il y aura un comité de répartition des ressources, par exemple,
qui entrera en place pour le 1er juillet. C'est un autre exemple
mais qui vient dire qu'il y aura un espace.
Alors, dans le contexte actuel, je ne dis pas que c'est parfait, je dis qu'à ma
volonté s'ajoute notre capacité de faire en sorte que ce que j'ai
entendu hier puisse ne pas se répéter.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Mme la Présidente, on jugera l'arbre à ses fruits. Pour
l'instant, la récolte n'est pas très grosse, on va se dire ça.
J'ai
le goût de changer de sujet, on va y aller sur quelque chose de très important,
les prématernelles quatre ans, qui
ont fait l'objet de deux rapports. Le dernier, qui a été plus médiatisé,
couvert, qu'on a appelé le rapport Japel... mais j'ai le goût de revenir
juste avant.
En 2015, il y a un
rapport qui a été déposé par le gouvernement qui s'appelle rapport préliminaire
sur les prématernelles quatre ans, et, déjà en 2015, on disait des choses très
intéressantes. D'abord, le rapport disait déjà en 2015 que ce n'était pas une bonne idée d'offrir juste la prématernelle
quatre ans en milieu défavorisé. Je cite un extrait, ça disait : «...ce [n'est] pas la première fois
qu'une "mesure à deux vitesses" [est] introduite dans le système
scolaire — puis on
qualifie, bien là, ceux qui ont la chance d'être dans un code postal défavorisé
et les autres, qui ne le sont pas.» Donc, c'était qualifié de mesure à deux vitesses. Plus loin, on dit : Des
gens n'étaient pas admissibles dans la mesure qu'ils ne résidaient pas dans une unité de peuplement ayant
un rang d'indice de défavorisation 9 ou 10, alors que d'autres
résidents dans un tel secteur mais plus favorisés sur le plan socioéconomique y
étaient admissibles. Des enfants pouvaient être admissibles ou non selon le côté de la rue où se trouvait leur résidence.
Alors, on est à un niveau assez élevé d'absurdité par rapport, en ce
moment, à l'accès aux prématernelles quatre ans. Ça, c'est le rapport 2015.
Mais
il ne disait pas que tout allait bien puis que les prématernelles, en 2015, ce
n'était que formidable. Déjà en 2015,
on disait qu'il y avait un problème assez évident dans les locaux. On parlait
de l'accès aux éviers et aux toilettes, ce qui est assez la base, là. Donc, quand on veut de l'hygiène, on veut que
nos petits de quatre ans puissent se laver les mains, aller aux toilettes. Déjà en 2015, on disait ça,
on disait que «les écoles dont la cour d'école avait été modernisée
récemment ont eu moins de difficultés à
accommoder [les maternelles] quatre ans que les autres, mais certains élèves de
quatre ans n'ont tout simplement pas
eu accès aux structures de jeux». Donc, déjà en 2015, on disait : Bien,
c'est évident qu'il faut adapter les cours d'école. C'est évident, mais
ça n'a pas été fait. On l'a revu dans le rapport Japel, qui disait la même chose. Une autre évidence, c'est-à-dire :
«...la confirmation tardive du financement, c'est-à-dire au début de l'année
scolaire, n'a pas aidé à l'organisation des classes.» Donc, c'est une bonne
mesure mal implantée, disait le rapport préliminaire de 2015.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le député de Chambly, je ne
veux pas vous interrompre, mais je vais être obligée de le faire, parce qu'on va faire une minute de silence pour
souligner la mémoire des personnes décédées ou blessées au travail.
Alors, je m'excuse, mais on va vous revenir tout de suite.
Alors,
je demande aux membres de l'Assemblée de se lever pour faire une minute de
silence afin d'honorer la mémoire des personnes décédées ou blessées au
travail.
• (10
heures
—
10 h 1)
•
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, M. le député de Chambly, vous pouvez continuer. Désolée. Juste
pour vous rassurer, on a arrêté le temps, alors vous n'avez pas perdu du temps.
M. Roberge : Je vous remercie, Mme la Présidente. C'est tout à fait correct d'avoir pris cette minute de silence, il n'y a aucun
problème. Ça s'impose.
Donc,
je reviens sur le rapport qui, déjà en 2015, disait que la méthode de sélection
est jugée incohérente pour plusieurs.
Et finalement je termine avec quelque
chose qui est une évidence, ça
disait : «L'aspect le plus souvent mentionné [comme problème] est
le nombre de 18 élèves par classe, qui apparaît beaucoup trop élevé.» Ce
qui a été dit en 2015 a, grosso modo, été
redit dans le rapport Japel, qui a été publié il n'y a pas très longtemps,
qui disait essentiellement que
la prématernelle, c'était une bonne mesure,
c'était efficace. On dit qu'il y a des résultats, au niveau du développement cognitif et langagier, qui sont prometteurs. C'est pas mal
ça qu'on veut avec des prématernelles quatre ans. On veut du dépistage
aussi, mais, un développement cognitif et langagier, il me semble que c'est
assez évident que c'est très, très bon pour préparer un jeune à vivre des
succès.
Comment se fait-il
qu'avec le rapport de 2015 il n'y a pas eu de correctifs qui ont été apportés
sur le nombre d'élèves par classe? On le savait déjà, mais on a continué de mal
faire les choses : l'adaptation physique des écoles, la hauteur des
lavabos, la hauteur des toilettes. Comment ça se fait que le ministre a
continué de mal implanter une bonne mesure?
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le ministre, il
vous reste deux minutes et quelques secondes.
M. Proulx :
Oui, bien, d'abord, je suis très heureux — puis, si on veut le refaire
dans un autre bloc, ça ne me dérange pas non
plus — de
parler des maternelles quatre ans en milieu défavorisé, notamment, parce que c'est là où on se
retrouve.
D'abord, rappeler au
collègue qu'il y a une loi qui a été adoptée par le Parti québécois pour
l'implantation de maternelles quatre ans en
milieu défavorisé, un. Deuxièmement, puis j'aurai peut-être l'occasion d'en
parler plus longtemps, moi, je tiens à la complémentarité avec nos
services de garde éducatifs et la maternelle quatre ans. Je ne sais pas si sa collègue, aux crédits en Famille la semaine
prochaine, va être contente si je lui pose la question qu'il m'a posée ou
qu'il pourrait me poser, c'est-à-dire :
Vous, comment vous allez faire pour soutenir le réseau ou, en tout cas, bien
arrimer le réseau si on fait ce que
vous proposez, par exemple, en éducation? Et ça, ce n'est pas à moi à y
répondre. Moi, je vous l'ai donné, mon point de vue, Mme la Présidente,
je parle de la complémentarité.
Il parle des groupes, il parle des rapports.
Puis d'abord vous avez parlé de celui de 2015. On aurait pu parler de celui de 2017 également, où il est clairement
inscrit dans les conclusions qu'avant de parler de quantité il va
falloir parler de
qualité, et c'est normal. Je pense que c'est essentiel. Il parle des ratios,
Mme la Présidente. Je ne sais pas si le collègue le sait, mais ce sont des enjeux de négociation collective
aussi et de convention collective. Ce n'est pas le ministre qui décide combien il y a d'élèves par classe avec
un enseignant ou une enseignante, je n'ai pas ce pouvoir-là. Il y a des enjeux de convention qu'on se doit de respecter.
Et l'implantation des maternelles quatre ans, notamment dans les lieux
physiques et des adaptations, nécessite du temps et des coûts, et ça, ce sont
des projets, donc des choix, qui sont faits localement,
différemment à un endroit ou à un autre. Alors, dans le contexte actuel, moi,
j'ai fait plus que ce qui était prévu l'année dernière, je suis allé
plus loin que ce qui avait été prévu auparavant, avant mon arrivée dans le
déploiement. Il y avait de l'espace dans les
milieux pour en faire 100. Je suis allé jusqu'à 100. Je suis allé là où il y
avait de l'espace. Parce qu'il faut
toujours garder en tête, Mme la Présidente, que c'est bien, là, la volonté d'en
implanter des nouvelles, si je mets
de côté tous les autres aspects dont j'ai discuté. Il n'en demeure pas moins
que ce n'est pas vrai que partout on a la capacité de déployer
maintenant, ce n'est pas vrai. Il y a des endroits où on n'en a pas,
indépendamment... favorisés, défavorisés,
là, ce n'est pas le cas. Il y a des endroits où actuellement on ne peut pas
développer, défavorisés, parce qu'on n'a
pas les espaces. Et ça, je veux bien, moi aussi, dire : C'est bien triste,
là, mais c'est une réalité avec laquelle je dois composer et nous devons
composer comme société.
Et, moi, ce
qui m'interpelle dans le cas des maternelles quatre ans, c'est, oui, tous les
avantages, notamment, pour tous ces
enfants qui ne seront dans aucun service et qui arriveront à l'école — parce que l'école, c'est la
fréquentation obligatoire à six ans ou à cinq ans, en maternelle cinq ans, parce qu'en passant 90 % des enfants y
sont — comment
ils seront préparés pour se rendre à l'école.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Malheureusement, il ne reste plus de temps.
M. Proulx : Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on va passer du côté du gouvernement. Je cède la parole à M. le député de Jean-Lesage. Vous avez une
période d'environ 20 minutes.
M. Drolet : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Mes salutations à tous les collègues, salutations à l'équipe du
ministre, au ministre.
Vous savez,
chers collègues, la réussite éducative est en enjeu auquel je suis particulièrement très sensible. Oui, la réussite de tout me préoccupe. Ce qui
m'interpelle encore davantage, c'est la réussite éducative des clients à
besoins particuliers.
Moi, je suis
un petit gars de Limoilou. Je suis né où j'ai grandi, dans le comté que je
représente depuis maintenant huit ans
à l'Assemblée nationale. Heureusement que je n'avais ni handicap, ni difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, ni de trouble de comportement, parce
que — malheureusement,
je n'avais pas de père à ce moment-là, alors, à l'entrée scolaire... et ma mère qui était sur la sécurité
du revenu et analphabète — je n'aurais certainement pas réussi à compléter mon
parcours scolaire. Pour y avoir grandi, vous pouvez bien imaginer que je
connais mon comté. Limoilou a la réputation d'être un quartier de grande
effervescence où les petits commerces et les restaurants branchés s'intègrent harmonieusement à la vie du quartier. Ces vecteurs
de croissance économique côtoient aussi une réalité plus
difficile : Jean-Lesage fait partie des
circonscriptions les plus pauvres du Québec. En effet, sa population est
composée d'une proportion non
négligeable de familles et de personnes seules à faibles revenus provenant de
tous les groupes d'âge et de plusieurs communautés culturelles, puisque
nous accueillons un grand nombre d'immigrants, dont une proportion importante
de réfugiés politiques.
Dans mon comté, autour des HLM et des autres
logements à loyer modique, se créent des microvillages extrêmement dynamiques dans lesquels une pléiade d'organismes
communautaires offrent des services de grande qualité dans l'ensemble du comté et surtout en évitant les
ghettos, au contraire. Je félicite mes organismes communautaires de mon
comté, qui font un excellent travail, naturellement, pour pallier à toutes,
peut-être, ces difficultés-là.
Ce que vous ne savez pas peut-être, c'est que,
dans mes écoles aussi que je connais, en effet, en plus des nombreuses visites à chaque saison pour souligner
les moments-phares du calendrier scolaire, à chaque année j'organise un 5 à 7 des directeurs d'école de ma
circonscription. Année après année, à la mi-décembre, mon équipe de bureau et
de comté les invite pour échanger sur la
situation et discuter des défis auxquels ils font face et des projets qu'ils
veulent mettre en oeuvre, et c'est là
que ça me permet de discuter avec les directrices et les directeurs de mes
écoles pour être capables de pallier
certaines situations durant l'année où est-ce que les enseignants ou
enseignantes en ont besoin pour certains petits programmes pour des familles en difficulté. Alors, je me permets de leur
offrir cette facilité-là. Alors, c'est une appréciation, de leur part,
exemplaire. On parle de neuf écoles primaires dans mon comté :
Marie-Renouard, de la Pléiade, Jeunes-du-Monde,
Dominique-Savio, Saint-Albert-le-Grand, Sainte-Odile, Saint-Paul-Apôtre,
Saint-Fidèle et la Grande-Hermine, où
j'ai moi-même étudié. On parle de trois écoles secondaires :
Samuel-De Champlain, Jean-De Brébeuf et de la Cité. On parle
de deux écoles spécialisées, La Relance et Quatre-Saisons; deux centres de
formation générale des adultes, Nouvel-Horizon et Louis-Jolliet; et également
deux centres de formation professionnelle, Samuel-De Champlain et Limoilou. Alors, j'en suis très fier, très, très
fier parce qu'ils font un excellent travail pour, naturellement, combler et
aider les jeunes de mon comté.
Mme
la Présidente, il n'y a, bien sûr, pas de relation causale directe entre le
fait pour des enfants de grandir dans des milieux défavorisés et la
probabilité de développer des troubles de comportement, des difficultés
d'adaptation, d'apprentissage, des déficits,
voire un handicap, mais il y a malheureusement plus de risques d'en développer
un ou d'être moins bien outillé lorsque l'on grandit dans un milieu à
faibles revenus. D'ailleurs, le Centre de pédiatrie sociale, un organisme de mon comté
qui fait de l'intervention auprès des enfants démunis et de leurs familles,
sont le cheval de bataille. Ils ne manquent pas une occasion de rappeler
l'importance et l'impact de la pauvreté sur la santé et le bien-être des
enfants. D'ailleurs, j'en félicite, naturellement, sa pédiatre qui est
l'instigatrice, Mme Marie-Camille Duquette, et, naturellement, tout l'ensemble de son personnel pour venir en aide à ces
jeunes-là. Et d'ailleurs ça a été fondé par aussi une ex-directrice d'école qui avait vu le besoin
essentiel, dans la communauté où on est, de pouvoir aider les jeunes
qui, malheureusement, n'ont pas ces outils-là, et les parents non plus
n'avaient pas les outils. Alors, le Centre de pédiatrie sociale aide
énormément.
Alors,
M. le ministre, je comprends que, depuis plusieurs années, le ministère de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
alloue des sommes très significatives aux clientèles à besoins particuliers,
que, dans le budget de mars 2017, plus de
1,8 milliard de dollars additionnels est alloué pour accompagner et
soutenir les élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire ainsi
que leurs parents. Je comprends également que les orientations, les
interventions découlent de la Politique de
l'adaptation scolaire, que cette politique invite le réseau scolaire à agir tôt
et dans une perspective de prévention, adapter
les services éducatifs aux besoins des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage, mettre l'organisation
au service des élèves en la fondant sur une évaluation individuelle de leurs
capacités et de leurs besoins, privilégier la fréquentation de la classe
ordinaire, et ce, dans le milieu le plus près possible de leurs résidences.
Ce que j'aimerais
savoir, M. le ministre, c'est comment cette politique est déployée sur le
terrain. J'aimerais surtout savoir s'il y a
rupture de services pour les bénéficiaires lors de leur transition d'un niveau
d'enseignement à un autre, comme l'ont relaté certains articles dans les
médias. S'agit-il de cas isolés ou sont-ils les indicateurs d'un problème
systémique?
• (10 h 10) •
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Jean-Lesage. M. le
ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. Je remercie le collègue pour sa question, puis
c'est toujours un plaisir très... je vais dire, stimulant pour moi
d'avoir la chance de discuter avec le collègue de Jean-Lesage de ces
situations-là et des différentes problématiques
vécues par des jeunes de sa circonscription, d'abord parce qu'il y a un
contexte particulier et le contexte
socioéconomique dans la circonscription se prête à ces discussions-là. Et,
puisque lui-même l'a dit... D'abord, je veux saluer mon collègue pour
tout ce qu'il a fait et je suis très, très, très fier de siéger avec lui, je
vous le dis.
Je
vais parler du parcours, si vous me permettez, des élèves en difficulté ou avec
des besoins particuliers, parce que, pour
moi, c'est aussi partie prenante des réformes qu'il faut faire, puis c'est dans
le coeur de l'affaire, je vais le dire ainsi. Si on veut augmenter la réussite, si on veut rendre la réussite accessible
à tous, Mme la Présidente, il faut soutenir mieux et davantage nos
élèves avec des besoins particuliers.
Alors, vous allez me
dire : Une fois qu'il a dit ça, bien, d'abord, dites-nous comment vous
pouvez le faire. Il y a déjà deux choses,
là, qui sont sur la table et il y en a une qui est connue : on va mettre
plus de ressources dans les écoles, plus
de ressources pour les cinq prochaines années. Je l'ai dit hier, je vais le
redire encore aujourd'hui, Mme la Présidente, 7 200 embauches seront faites au cours des cinq prochaines
années dans les écoles du Québec. Si vous me trouvez un autre service ou ministère qui va procéder à autant
d'embauches de ressources en services directs pour une clientèle ou pour
notre population dans les prochaines années,
vous me le direz. Moi, je n'en connais pas. C'est en éducation que nous
allons faire cela parce que c'est une
priorité. On va travailler dès le départ de la vie scolaire des jeunes, et même
avant parce qu'on le fait avec
l'arrimage des services de garde, mais dès le départ avec les jeunes. Et ça, il
y en a 1 500, là, qui vont être dans les écoles, de plus, pour l'an prochain, mais dès le départ on va le
faire dans les premières années, alors le préscolaire, la première
année, pour être capables de travailler notamment au dépistage, au soutien de
tous les enfants — j'insiste
sur le «tous» — et pour nous assurer un meilleur
apprentissage de la littératie, lire et écrire, si important dans le
parcours.
Il
y a l'autre chose sur laquelle on peut travailler, c'est tout le système
administratif ou l'encadrement administratif pour soutenir nos élèves avec des besoins particuliers, parce que j'ai
eu l'occasion de le faire puis je vais le faire encore. Juste pour nous donner un exemple : le
parcours, il est long, il est long pour les parents, il est long pour les
enfants. Et, contrairement à ce qu'on
pourrait retrouver dans d'autres services, ce n'est pas le jour où tu arrives à
l'école que, si tu as un besoin, tu
es soutenu, par exemple, par des services spécialisés. Des fois, ça prend du
temps parce qu'on est en attente d'identifier
une problématique ou de mettre en place un plan d'intervention pour être
capable de te soutenir. Et là il y a deux
enjeux : il y a l'enjeu administratif au sein du ministère et il y a un
enjeu d'organisation dans les milieux scolaires.
Moi,
ce que je veux vous dire, Mme la Présidente, c'est que, en ce qui nous
concerne, le bout que le ministère peut faire, c'est de travailler à ces délais et de travailler à ces règles et
encadrements. Et, dans ce contexte-là, on va le faire, on va le faire puis on va améliorer les choses, de notre
côté. Ce qu'on peut également faire, c'est de travailler à soutenir
mieux les écoles. Et là, je l'ai dit tout à l'heure, on va mettre en place des
ressources pour être capables de les soutenir.
Je
le disais hier, je pense — si ce n'est pas hier, je l'ai dit dernièrement — on a rencontré les professionnels, Mme la Présidente, des représentants des différents
groupes professionnels qui oeuvrent en services complémentaires auprès
des enfants et des adultes à problèmes, mais
surtout les enfants, donc, dans le cas où les services sont là, et eux, ils
veulent travailler aussi avec nous, ils veulent travailler avec les
enseignants, ils veulent travailler avec les écoles, ils ont des propositions à faire. Alors, les rencontres ont commencé. Il va y avoir des discussions. On va y inclure, bien entendu, les
parents, et les gens qui sont dans l'école, et notamment nos enseignants pour
qu'ils puissent y travailler, mais il faut commencer
quelque part, il faut trouver les acteurs qui peuvent provoquer le changement, les
mettre autour de la table, discuter
ensemble, dire c'est quoi, notre destination, puis ensuite se donner un plan de
match et là y aller étape par étape. Je vais finir d'attacher les fils qui restent, Mme la présidente, mais très
rapidement on sera en mesure de donner ce qui sera un nouveau modèle de
financement à l'égard des élèves EHDAA.
Et, je veux rassurer les gens, on va, d'abord et
avant tout, faire la démonstration qu'on pourrait travailler différemment du
côté du ministère, et c'est ce qu'on va faire.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Est-ce que ça va,
M. le député?
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je cède la parole à M. le
député de Chomedey pour environ neuf minutes.
M. Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. C'est toujours très agréable de vous retrouver à la Commission de l'éducation. C'est rare que ça arrive, parce que
nous avons des obligations chacun dans nos commissions, et l'éducation
et les institutions sont les deux commissions qui siègent parmi les plus
souvent.
M. le ministre, un plaisir de vous retrouver. Je
retrouve avec beaucoup de bonheur aussi les gens qui vous accompagnent, particulièrement les gens de Laval
que vous avez le bonheur de vous entourer, Mme Lepage, que j'ai
connue dans une autre vie et dans d'autres
fonctions, à la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, qui dessert ma
circonscription et qui dessert l'île de Laval, Laurentides et Lanaudière.
Ça adonne
justement bien à matin, parce que je vais vous en parler en vous parlant des
maternelles quatre ans. Vous allez me
dire : Oui, mais là... Oui, c'est un sujet qui m'intéresse parce que je
suis rendu aux petits-enfants, là, puis ça pourrait peut-être arriver
que ça soit quelque chose de passablement intéressant, puis je veux que vous
nous en parliez définitivement un peu plus.
Ça a été mis en place déjà il y a une couple d'années et particulièrement dans
des milieux défavorisés. Je ne vous
cacherai pas que j'ai le bonheur, à Chomedey, qui est une circonscription très
défavorisée... Quand le programme a
été annoncé, j'espérais qu'on ferait partie de la solution. C'est un mot bien à
la mode aujourd'hui, faire partie de la «solution». Et effectivement, à
l'école Saint-Norbert et à Monseigneur-Laval, de la commission scolaire francophone, de la commission scolaire de Laval,
il y a eu une classe en 2015‑2016. On a rajouté deux autres classes en 2016‑2017. C'est trois classes de 14. Et je pense
quand même que tous les commentaires que je pourrais faire n'égaleront jamais ceux des enseignantes et de la directrice
de l'école des Quatre-Vents, Monseigneur-Laval, Mme Nathalie
Benoît, qui disait dans une entrevue le
23 décembre 2016 au Courrier Laval qu'il y a beaucoup d'avantages,
il y a de nombreux avantages à la
maternelle quatre ans — puis je la cite comme elle a été mentionnée dans l'article — «qui vise à développer les habiletés motrices, affectives, sociales,
langagières et cognitives de l'enfant». Et il y a plusieurs autres qualités
qu'elle a notées. Je vous encourage fortement à aller consulter cet article-là.
Présentement,
sur le territoire québécois, c'est 188 classes qui sont ouvertes. Bon, la
première question qui me vient :
Elles sont où réparties sur le territoire québécois? On parle beaucoup
d'endroits défavorisés, mais j'aimerais ça si on pouvait nous fournir une répartition des classes qui sont ouvertes et
qui sont défavorisées. Mon autre souci, et justement je vous en ai parlé il y a quelques secondes, Laval
est couverte par deux commissions scolaires francophones, donc, puis il y a des classes de maternelle quatre ans et il
y a, à l'intérieur de la commission scolaire anglophone, aussi des
besoins et il n'y a aucune classe de maternelle quatre ans à l'intérieur de la
commission scolaire anglophone. Les deux seules sur l'ensemble du territoire de
la commission scolaire sont à Rawdon et sont à Sainte-Agathe.
Je pense que la commission scolaire anglophone
est en demande pour JFK, dans le comté de Chomedey, et quatre autres endroits à
l'intérieur de la commission scolaire. C'est un peu plus, je vous dirai... Je
pourrai vous les donner, M. le ministre, là. Que ce soit à Grenville, à Joliette, à Sainte-Adèle ou à
Laurentian, ils sont en demande. Je pense que le besoin est là. Le
milieu défavorisé, en fonction des critères, c'est là aussi.
Je voudrais
connaître, M. le ministre, votre opinion, dans un premier temps, sur la
maternelle quatre ans, puisque vous
êtes aussi ministre de la Famille, la
vision 2017‑2018, parce que les besoins sont là. Puis là il y a des nouvelles
classes. Je vous ai effectivement exposé un problème peut-être un peu plus
local à Laval, mais à l'intérieur de deux grandes commissions scolaires très implantées dans le milieu. Mme Lepage
pourrait être une intervenante de première main pour les besoins de la commission scolaire anglophone, même
si la présidente de la commission scolaire, je pense, défend très, très
bien ses dossiers... Mme Maccarone.
Donc,
j'aimerais vous entendre, M. le ministre, sur : On s'en va où? C'est quoi,
votre vision et les nouvelles classes 2017‑2018,
si on a une répartition de à quels endroits sont-elles, présentement, sur le
territoire en fonction des critères qui ont été déterminés par le
ministère?
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chomedey. M. le ministre, vous avez
3 min 30 s pour répondre.
M. Proulx : Merci. D'abord, sur la complémentarité, Mme
la Présidente, je veux remercier le collègue de nous avoir dressé
le portrait de l'île de Laval, effectivement, et aussi de sa circonscription.
Vous
faut dire que, peu importent les années qui seront devant nous, l'objectif,
c'est le suivant : c'est de cibler les besoins ou les enfants vulnérables qui ne fréquentent aucun service.
C'est eux qu'on veut identifier d'abord et avant tout. Alors, l'idée, ce n'est pas de les prendre dans un
endroit puis de les envoyer à l'autre, là. Ce sont des services publics,
là, que l'État québécois s'est donnés, que les citoyens du Québec ont financés
au bénéfice des enfants pour atténuer les vulnérabilités, pour leur permettre
d'exploiter leur plein potentiel, pour acquérir les compétences nécessaires,
pour passer au travers d'un parcours
scolaire en ayant réussi. Et, dans ce contexte-là, ce qu'on veut d'abord et
avant tout, c'est retracer les
enfants qui sont vulnérables pour leur permettre d'avoir cette période-là. Je
pourrais identifier comme une transition
entre la maison, dans ce cas, et la maternelle ou la première année, parce que,
lorsque vous discutez avec un professeur
de première année... Ce n'est pas compliqué, là, au début de l'année, ils vont
vous le dire, là, ils vont vous dire : On prend quelques jours, là, quelques semaines, puis je suis capable de
vous dire : Voici ceux qui étaient dans des services publics, voici ceux qui n'y étaient pas, sans
difficulté apparente, voici ceux qui, malheureusement, ont certaines vulnérabilités qu'on
aurait pu atténuer. Que ce soit langagier, que ce soit moteur, que ce soient
des défis de sociabilité, ça existe,
et c'est avec eux qu'on veut travailler. Et vous avez raison que de dire que,
pour de grandes commissions scolaires, par
exemple, comme la commission scolaire anglophone, on se retrouve dans la
situation où, effectivement, c'est bien d'en avoir à Rawdon, mais
peut-être que vous êtes dans une situation différente dans Chomedey.
Il y a deux choses.
La première, c'est que d'abord je vais recevoir bientôt les disponibilités des
différentes commissions scolaires, là — si ce n'est pas déjà fait, on aura ça très
prochainement — pour
nous permettre de faire le plan de déploiement qui viendra. En même
temps, je rappelle aussi ce que dit la loi et comment on se gouverne pour identifier des lieux et accorder des maternelles
quatre ans. Il faut faire l'examen des services publics offerts dans le
lieu également, vérifier avec le ministère de la Famille. C'est une
consultation qui se fait avec le ministère de la Santé, les Services sociaux, la Famille et l'Éducation. Ça se
fait ensemble, identifier les endroits où on pourrait, le plus
rapidement possible, installer les
maternelles quatre ans sans compromettre les autres services. Les services de
santé et notamment les services
sociaux savent la plupart du temps qui sont les enfants vulnérables. Ils les
connaissent, ils les suivent déjà. Les organismes
communautaires savent qui sont les enfants vulnérables, ils les suivent, la
plupart du temps. Alors, c'est notre premier
défi. Alors, au lieu de voir juste des problèmes, voyons une opportunité dans
un déploiement qui, oui, est progressif, oui, se fait d'abord dans les milieux défavorisés comme étant une
opportunité de rejoindre des enfants qui n'ont pas la même chance que
les autres.
Une
fois que j'ai dit ça, Mme la Présidente, ce que je veux dire au collègue, c'est
que moi, je suis interpelé par ce qui
a été dit soit dans les rapports ou dans les expériences depuis l'implantation
des premières maternelles et je vais me rappeler, à chaque fois qu'on posera un geste, Mme la Présidente, qu'il
faut agir dans la complémentarité
avec nos services existants et il faut
s'assurer d'y aller sur la qualité et non sur la quantité pour les prochains
mois, les prochaines semaines.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. On va passer du côté de l'opposition officielle, et je
cède la parole à M. le député du Lac-Saint-Jean pour environ 20 minutes.
M. Cloutier : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, il va falloir que vous nous expliquiez comment se fait-il qu'on n'arrive jamais, année après année, à dépenser les sommes prévues en
matière d'infrastructures et qu'il y a un écart aussi important entre le
discours public et la réalité. Vous savez qu'on a sorti récemment les chiffres
pour l'année 2014‑2015. Là, on vient d'avoir les chiffres pour 2015‑2016. Et,
le discours public, c'était 788 millions. La réalité, c'est
527 millions. Et il n'y a pas un ministère qui a un si bas taux de
réalisation que le ministère de l'Éducation.
Alors,
on va reprendre ça à zéro. Les besoins
sont urgents dans le réseau de
l'éducation. À la commission scolaire de
Montréal, c'est carrément une aberration, on a accumulé un retard d'entretien
qui est carrément injustifiable et, à mon point de vue, même inexplicable. On doit mettre les bouchées doubles. On
doit non seulement rattraper le passé, mais combler les besoins actuels à la commission scolaire de Montréal, qui a
un urgent besoin de nouvelles infrastructures, de nouvelles écoles.
Malgré tous les reportages qu'on a eus à la télé sur le fait qu'il y avait des
écoles qui devaient être fermées, qu'il y
avait des graves problèmes d'infiltration d'eau — on a même parlé de gaz cancérigènes — on trouve le moyen quand même de ne
pas atteindre nos objectifs. Je vous avoue que j'en perds mon latin. Je ne
comprends pas comment se fait-il que la
situation n'est pas corrigée et qu'encore une fois cette année, à la
page 83, des investissements réalisés
pour l'année 2015‑2016, du document des crédits, à côté du ministère de
l'Éducation, il y ait un gros 66,9 %. Je vais prendre pour acquis que c'est le bon chiffre, là,
M. le Président, qu'il n'a pas été majoré, alors... Mme la Présidente.
Pardon.
Je
vais donner le soin au ministre de nous expliquer comment se fait-il qu'il y
ait une telle dichotomie entre ce qui est dit et ce qui est fait.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx :
Oui. Bon. Merci. Je m'en allais vous dire bonjour, Mme la Présidente, j'ai
dit oui.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Bien, bonjour.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente. Moi aussi, j'ai quelques crédits dans des
domaines différents aussi à faire. Je m'en excuse.
Deux
choses. D'abord, c'est une question extrêmement intéressante, et ça va faire
rire les gens avec qui je travaille, mais,
moi, ça m'intéresse, ces affaires-là, et je veux que ça change pour vrai.
Alors, c'est une excellente nouvelle qu'on soit capables de trouver des solutions. Alors, je suis presque en train
de remercier le député de Lac-Saint-Jean de me poser des questions comme ça parce que ça me permet de
dire qu'il va falloir faire les choses un peu différemment. J'ai essayé
de comprendre pourquoi il y avait parfois du retard, parce que c'est plein de
bonne volonté. Le ministère, lui, il reçoit des
projets, en fait l'analyse et, à une période donnée, est en mesure de dire au
réseau : Bien, voilà les projets que vous pourrez réaliser, les sommes sont réservées, allez-y, commencez. Et là
ça ne se passe pas tout le temps comme on pensait, pour toutes sortes de
raisons.
Il
a donné l'exemple de la commission scolaire de Montréal. La commission scolaire
de Montréal a plusieurs, je pense,
projets annoncés, argents réservés, non débutés pour toutes sortes de raisons,
Mme la Présidente, et je vais vous en donner
un bon exemple. On était à Côte-Saint-Luc avec mon collègue de D'Arcy-McGee la
semaine dernière, et il y a eu une
rencontre commission scolaire, direction scolaire, direction de la commission
scolaire et les parents avec lesquels on a discuté justement de cet enjeu-là. Le jour où on annonce une école, on
n'est pas toujours prêt à la construire : des fois, on a des enjeux de terrain, des fois on a des enjeux
de permis, des fois on a des enjeux de consultation publique. Alors, il
y a là des éléments extérieurs à mon bureau.
L'autre
chose, c'est nos enjeux à l'égard de l'annonce, et je pense que ça va
intéresser le député de Lac-Saint-Jean. Notre système, ou notre façon de travailler, est le suivant : on
reçoit les projets dans l'année, on en fait l'analyse, et c'est à l'automne qu'on est en mesure de faire... Ce n'est
pas à l'automne. Pardon. On fait l'annonce comme je viens de le faire, là, au mois de mars ou avril, là, historiquement.
Et là ce que ça crée, c'est qu'on peut commencer des projets pour l'été,
mais, si on n'a pas eu le temps de mettre
tout en place pour pouvoir faire les projets, appels d'offres, et autres, on se
retrouve que, là, la saison est terminée et, là, il faut rentrer en classe.
Alors, je
suis à travailler sur deux choses. La
première, c'est qu'on puisse changer notre cycle d'analyse de projets pour faire en sorte qu'on soit capables de faire
nos annonces plus tôt, ce qui va nous permettre d'agir différemment. La
preuve en est, quand je parle du retard... puis je termine là-dessus pour lui
laisser la parole, mais je pense que c'est important,
je termine là-dessus en disant : Je pense vrai ce que je dis au point que,
si vous regardez ce qu'il y a dans le PQI
et dans les documents du PQI, on voit un taux de réalisation, cette année, de
60 et quelques pour cent comme il l'a dit, mais on évalue, et ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est dans le PQI,
que l'an prochain on dépassera 120 % de réalisation. Dépasser 120 % de réalisation, ce n'est pas
parce qu'on a inventé des projets, c'est parce qu'on réalise ceux que nous
avons annoncés très récemment dans une période où on annonce beaucoup de
projets en peu de temps.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : D'abord, M. le
ministre, je veux quand même vous rappeler, là, qu'à l'année qui s'en vient vous avez prévu 1 milliard d'investissement.
Ça, c'est vos chiffres, c'est ce que vous avez dit publiquement. Alors,
je suis très heureux que ça vous intéresse,
parce que c'est pas mal le coeur de l'organisation des infrastructures du
milieu scolaire. Mais il y a un
sérieux problème entre ce qui est dit et ce qui est fait. Et, lorsque vous me
dites que le cycle d'analyse pose problème,
qu'on doit revoir les façons de faire, je veux bien vous entendre, mais est-ce
que vous saviez qu'avant que vous arriviez
au gouvernement il n'y en avait pas, de problème, qu'on atteignait le
100 %? J'ai tous les chiffres, je peux les reprendre : 2011‑2012, 97,2 %; 2012‑2013, 99,2 %; 2013‑2014,
100 % des objectifs. Savez-vous quand est-ce que ça s'est mis à mal aller, Mme la Présidente? Quand vous
avez pris le pouvoir. Je veux bien que sur le plan... Le ministre nous
dit : Sur le plan structurel, ça semble
mal aller, mais c'est plate, mais les chiffres nous montrent clairement que ça
a dégénéré à compter de 2014‑2015 — c'est bien ça, 2014‑2015 — puis que, 2015‑2016, c'est le même scénario,
alors que, 2015‑2016, on prévoyait aussi un taux de succès.
Sincèrement,
dans le contexte actuel, est-ce qu'il manque de monde, est-ce qu'il manque de
gens pour analyser les dossiers?
Est-ce qu'il devrait y avoir une planification triennale? Est-ce que l'équipe
n'est pas suffisante? Il y a de quoi qui ne marche pas dans le système. On ne peut pas, année après année, ne pas
atteindre les objectifs dans un contexte où les besoins sont urgents.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Bien, je veux
répondre d'abord à ce qu'il dit, au fait du changement de gouvernement.
D'abord, dans
la façon de comptabiliser, Mme la Présidente — puis, si je me trompe, on va me
corriger — mais, dans
la façon de comptabiliser, Mme la Présidente, il y a eu un changement
important, c'est M. Stéphane Bédard qui l'a fait quand il a fait
passer le Plan québécois des infrastructures de cinq à 10 ans, et, quand
ça s'est fait, on a passé, dans l'identification des données, d'un mode de
réalisation à un mode annonce... l'inverse, d'un mode d'annonce à un mode de réalisation, ce qui fait en sorte qu'au
lieu de comptabiliser là-dedans les annonces, parce que ça, c'est facile,
parce que ça serait simple, on aurait des taux comme on avait avant, on
comptabilise la réalisation. Alors là, il y a là une distinction dans l'écriture. Et là ce serait facile pour moi, si je
n'aimais pas ça travailler, de dire : J'ai réglé la question,
avez-vous une autre sujet? Bien non. Ce que je dis au collègue, c'est qu'une
fois que j'ai expliqué pourquoi il y a des distinctions à faire avec le livre
ce que je dis, c'est que je le sais, qu'on peut faire mieux.
Je le sais,
qu'on peut travailler avec les milieux différemment, avant d'annoncer des
projets, peut-être de voir si, avec
la localité, on a été capables de trouver notre terrain mais, deuxièmement,
qu'on serait peut-être capables aussi de travailler dans le cycle
d'annonce avec l'équipe actuelle pour faire les choses différemment, pour voir
venir dans une commission scolaire lorsqu'on fait des travaux.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Prenons pour acquis
que la comptabilité a changé, puis j'entends l'explication que le ministre nous donne, mais prenons donc le tableau de la
page 83 de cette année. Quand je le regarde, le tableau, là, l'endroit
où on fait le moins bien dans le taux de
réalisation, ça reste quand même le ministère de l'Éducation. On fait mieux en
santé, on fait mieux en culture, on fait
mieux aux infrastructures sportives, on fait mieux aux ressources
internationales, aux édifices gouvernementaux, mais il me semble que là
où les besoins sont les plus urgents, c'est là qu'on réussit le moins bien.
Puis, moi,
quand je parle au réseau, ce qu'on me dit, c'est que c'est long avant d'obtenir
les autorisations, que ça serait
préférable d'avoir une planification pour les trois années à venir, avec des
autorisations en cours. Puis là, maintenant, mais, veux veux pas, comment voulez-vous qu'on croie le gouvernement
quand on nous dit, Mme la Présidente, là, que le chiffre pour 2015‑2016,
c'est qu'il y a 788 millions qui vont être investis puis, en réalité, il y
en a 527? Ça fait que le ministre peut bien nous dire : Cette année, on va
dépenser 1 milliard, mais là on sait déjà d'aventure que, dans les trois dernières années, ça n'est jamais arrivé
qu'on a dépensé la totalité des sommes. On tourne alentour de 66 %.
C'était quoi déjà l'année d'avant, 2014‑2015,
le pourcentage? Est-ce qu'on s'en souvient? C'était moins que ça. C'était
moins de 50 %, de
mémoire. Il y avait une différence de 300 millions, de mémoire. Alors, ce
qui m'agace, Mme la Présidente, ce qui m'agace,
c'est que les gens, pour qu'ils croient, puis qu'ils embarquent dans l'aventure
politique, puis qu'ils croient les élus, encore faut-il que ce qui est dit publiquement... Puis, quand on fait
des discours en Chambre, puis quand le ministre des Finances se lève puis qu'il nous dit : Cette
année, il y a 1 milliard qui est réservé, c'est vrai que l'argent est
réservé, mais on ne veut pas que l'argent soit réservé, on veut que
l'argent soit dépensé pour avoir des belles écoles, des nouvelles
infrastructures.
Puis, le
66 %, là, on n'a aucune garantie que ça ne sera pas le même scénario. Le
ministre nous dit : Inquiétez-vous pas, l'année prochaine, ça va être 115 %. Bien, savez-vous que,
pour 2015‑2016, on avait aussi prévu 115 %, alors qu'on a eu juste
66,9 % en bout de ligne?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Proulx : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, on n'a jamais été aussi transparents, au ministère de
l'Éducation. Je le voyais quand je voyais
les données passer. On rend les chiffres publics, on donne les taux de vétusté,
on donne les montants accordés.
Vous savez,
les prédécesseurs, Mme la Présidente, faisaient les annonces que j'ai faites au
mois d'août au mois de novembre. Ces
mois-là, je les ai gagnés pour leur permettre de faire plus de travaux. Alors,
moi, je veux bien, là, moi, je suis prêt
à entendre, et à accepter, et à répéter ce que j'ai dit, on peut faire mieux.
Je ne veux pas quand même que le collègue nous dise que les gens ne feront pas de politique parce qu'on leur conte
des menteries. Ce n'est pas vrai, là. Ce n'est pas ça qui se passe. Ce n'est pas ça qui arrive. Il y
a des milieux où effectivement les travaux ne se font pas assez
rapidement, pour toutes sortes de raisons.
J'ai annoncé une école, moi, dans une région dont j'ai des vérifications à
faire encore, où ils ont de la
difficulté, là, à finaliser l'achat du terrain. Qu'est-ce que vous voulez bien
que je vous dise, Mme la Présidente? Je ne peux pas l'acheter avec mon
argent, je n'en ai pas assez.
Deuxièmement,
je n'ai pas l'intention de m'acheter une école. Il y a une réalité avec
laquelle je dois composer, on est
dans une situation où, là, il y a un retard. C'est un projet, vous me direz, ce
n'est pas l'entièreté des projets, mais, si vous lisez la page 135 du PQI, vous allez le voir, le changement, il est
expliqué. On augmente les travaux, on fait face à la vétusté. Et, oui, on en annonce beaucoup. Et il
m'a ouvert une petite porte que je vais prendre et refermer rapidement,
sur le fait : Y a-tu assez de monde? Il
y en a 20, personnes, au ministère de l'Éducation, qui font ça, et l'équipe est
en place et elle travaille très fort,
et il n'y a personne qui m'a dit qu'ils n'étaient pas assez pour faire le
travail. Ils savent qu'ils peuvent faire les choses mieux et ils sont prêts à le faire. Deuxièmement, il y a une
limite au nombre de marteaux qu'on peut embaucher dans une période aussi
courte, pour faire des travaux, qu'est l'été.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : M. le ministre, je vais juste prendre la dernière phrase
que vous venez de me dire : Il y a une limite au nombre de
marteaux.
L'année
dernière, 527 millions qui ont été investis. Ça, c'est un fait, c'est dans
les documents. Cette année, vous nous
dites : On va mettre 1 milliard. C'est donc deux fois plus que ce que
vous avez fait. Vous me dites : On n'a pas été capables... ou on a été au mieux de nos capacités,
on a fait 527 millions. Puis là vous nous dites : On va faire
1 milliard cette année, alors que,
l'année passée, vous avez déjà 66 % de taux de réalisation. Comprenez-vous
ce que je veux vous dire?
M. Proulx : Mme la Présidente, c'est
comme si le collègue me disait : Je viens de m'acheter une maison de 300 000 $, alors je l'ai emprunté
aujourd'hui, puis elle va être construite ce soir. Ça n'arrivera pas, ça, Mme
la Présidente. Il va peut-être
prendre son prêt, mais il va la payer longtemps. Puis elle va être construite
le jour où elle va être construite. Puis, si le gars du coffrage, il
n'est pas passé, bien, ça se peut que ça prenne une semaine de plus.
Ce que
j'essaie de lui dire, dans les faits, c'est que le donneur d'ouvrage, ce n'est
pas le ministère de l'Éducation, le donneur
d'ouvrage, c'est la commission scolaire, et, dans ce contexte-là, moi, je peux
faciliter les choses, je peux faire en sorte qu'il y ait plus d'outils
plus rapidement pour travailler, je peux même utiliser notre capacité de
rassembler pour travailler avec les milieux
pour qu'à chaque fois qu'on veut se bâtir une école tout le monde soit autour
de la table pour pouvoir le faire,
mais le donneur d'ouvrage, ce n'est pas moi. Et, dans ce cas-là précisément, il
va falloir aussi poser la question à
la commission scolaire : Est-ce que vous faites tout ce qu'il faut — point d'interrogation — pour partir vos chantiers là où ils doivent être faits? Mais, si
j'annonce 1 milliard aujourd'hui, je suis très franc et très clair, puis
tout le monde aura compris qu'au 31
décembre, là, il ne sera pas tout engagé, complètement payé, parce que ce n'est
pas vrai que tous les corps de métier auront complété, et les écoles,
livré. Ce n'est pas vrai.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : On va encore reprendre le... Le ministre vient de nous dire
que le milliard annoncé ne sera donc pas comptabilisé dans sa totalité pour l'année prochaine. C'est ça que je
viens d'entendre. Le ministre nous dit d'emblée qu'on n'atteindra pas
les objectifs.
• (10 h 40) •
M. Proulx : Ce que je dis, c'est que
le donneur d'ouvrage, ce n'est pas le ministère de l'Éducation, que, dans le cas des travaux que je viens d'annoncer, c'est
très travaux qui seront faits cet été. Qu'il est possible sur un des
projets, Mme la Présidente, que, pour des raisons, il ne puisse pas le faire,
je ne peux pas présumer de ça, je ne le sais pas.
Ce que je sais, c'est qu'il n'y a pas
un dollar de perdu. Les écoles... ou l'école qu'on pourrait parler, par
exemple, à la commission scolaire de
Montréal, qui a pris du temps pour des raisons qui sont hors de mon
contrôle — je n'y
étais pas, je ne le contrôle pas, je veux
dire, cet argent-là n'est pas perdu — elle va se réaliser. Et, des suivis, Mme la
Présidente, il s'en fait beaucoup. Ce que
j'essaie d'expliquer au collègue, c'est que la façon de comptabiliser a changé,
Stéphane Bédard a changé les règles.
Ça fait en sorte qu'on travaille aujourd'hui en réalisation plutôt qu'en
annonce. Ce que ça veut dire pour le monde, c'est qu'on dit les travaux
qu'on a faits, à la fin de la journée.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député. Il vous reste
3 min 30 s.
M. Cloutier :
Oui. Bien, c'est une excellente modification de mon collègue au Conseil du
trésor, puis effectivement il vaut mieux
travailler dans le réel que dans les promesses, parce que visiblement il y a
tout un écart entre les deux. Mais, M. le ministre, vous ne pouvez pas
dire... Vos collègues, là, à la culture, au réseau routier, ils ont les mêmes
règles...
Une voix :
...
M.
Cloutier : Bien oui, c'est la même chose, sauf qu'eux autres, ils
atteignent leurs objectifs. Voulez-vous qu'on les regarde ensemble? Réseau routier, 95 % de taux de réalisation;
transport collectif, 90,8 %; transport maritime, ils ont dépassé
leurs objectifs, 125 %. Là, tu arrives en éducation, pouf! 66 %.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, M. le ministre.
M. Proulx :
Mme la Présidente, le ministère des Transports est propriétaire de son réseau.
A-t-il des autorisations à demander,
beaucoup de permis à obtenir de tiers propriétaires pour faire ses grands
chantiers? La voie maritime, là, quand elle est draguée, est-ce que vous
pensez qu'on demande à la ville de Montréal si on a le droit de le faire?
Je veux dire, ce
n'est pas comme ça que ça fonctionne. Le donneur d'ouvrage, ce n'est pas le
ministère. Pour bâtir une école, il faut respecter des réglementations locales,
et c'est tout à fait normal. Alors, dans ce contexte-là, il y a actuellement un décalage, c'est vrai, mais ce
que je dis, c'est qu'on va tout faire pour l'améliorer et interpeler
aussi les donneurs d'ouvrage parce qu'ils ont aussi une responsabilité.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Cloutier : Bien, justement, M. le ministre, visiblement, c'est
compliqué. Visiblement, c'est trop compliqué, puis visiblement, là, ça ne fonctionne pas, parce que les objectifs ne
sont pas atteints. Alors, si vous voulez aussi une commission
parlementaire pour faire la lumière... non, mais je vous le dis, pour faire la
lumière sur les problèmes administratifs, conjoncturels,
de dialogue, on va en faire une. Bien, ce que j'essaie de vous dire, c'est
qu'on ne peut pas, à chaque année, revenir en crédits puis tout le temps
revenir sur le fait qu'on fait des belles grandes annonces puis finalement on
est à 300, 400 millions.
S'il
y a un problème administratif, bien, qu'on le dise sur la place publique, qu'on
crève l'abcès puis qu'on essaie de comprendre pourquoi il y a des
retards aussi importants. Je le comprends, que l'argent n'est pas perdu, Mme la
Présidente. C'est vrai que l'argent est reporté. Puis savez-vous ce que ça fait
dans la vraie vie? Ça fait que les retards s'accumulent.
Ça fait que 88 % des écoles à Montréal sont soit à D ou E comme cote, que
tu as des écoles de fermées, tu as des
jeunes qui sont transférés. C'est ça que ça fait. Ça fait que tu as des écoles
qui ne sont pas construites. C'est ça que ça amène puis là c'est année après année. Je vous garantis que l'année
prochaine, en étude des crédits, là, je vais ressortir ce que je viens
dire, on va refaire exactement le même exercice puis on va avoir un beau
72 % à côté ou un 66 %. Ça ne fonctionne pas, M. le ministre.
Alors,
je vous le dis, on vous offre notre collaboration pour corriger cette
situation-là pour que les sommes qui sont annoncées soient les bonnes,
parce que, visiblement, le déficit ne cesse de s'augmenter. Puis là j'ai les
chiffres de la variation du déficit du
maintien des actifs. Pensez-vous, Mme la Présidente, que la situation
s'améliore ou s'empire? Puis, encore là, ce n'est pas moi qui le dis.
Page... je vous la donne, page 87 du PQI.
Une voix :
...
M.
Cloutier : Oui, 88. Pardon. La situation s'est empirée de 10 %
pour l'année 2016‑2017 malgré les sommes annoncées. Savez-vous pourquoi? Parce qu'entre ce qui a été annoncé puis
ce qui a été dépensé il y a une dichotomie, de sorte que la situation, cette année, s'est empirée de 10 %. Encore
une fois, ce n'est pas moi qui le dis, Mme la Présidente, c'est écrit
noir sur blanc dans les faits saillants du Plan québécois des infrastructures.
Ça
me choque parce que, s'il y a un dossier qui devrait être prioritaire au Québec
puis qui devrait bien aller, c'est celui
de la construction et de la réfection de nos écoles puis la qualité de nos
infrastructures. On peut bien réfléchir sur...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député, il ne vous reste plus de temps.
M. Cloutier : Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on va passer du côté du
gouvernement, et je cède la parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, l'équipe du
cabinet, l'équipe du ministère, collègues de Lac-Saint-Jean et Chambly. Dans un premier temps, il me semble que la
réponse a été assez claire suite au questionnement du député de Lac-Saint-Jean, mais, si M. le
ministre voulait en ajouter, je vais lui donner l'opportunité. Sinon, j'ai
tout un autre bloc de questions.
M. Proulx : Bien, je remercie le
collègue pour...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Proulx : Deux minutes. D'abord,
on a deux mois pour faire des travaux
dans le milieu de l'éducation. La réalité, c'est la suivante, là : c'est que, quand il y a
des élèves, on ne peut pas le faire. Dans d'autres domaines, on peut agir
plus longtemps. C'est une réalité avec laquelle on doit faire face.
Deuxièmement, je l'ai dit tout à l'heure, on n'est pas le donneur d'ouvrage. Mes collègues
à la Santé, là, ils sont les donneurs
d'ouvrage puis ils ont 79 % de
taux de réalisation. C'est mieux, vous allez me dire, mais ils ont le plein
contrôle de ça, là. Ce n'est pas moi qui
donne les contrats. Moi, à toutes les fois que je vais avoir une annonce et que
je fais une annonce ou que je
rencontre une direction de commission scolaire, je lui demande à quel moment
elle va être construite, l'école. Et là les plans sont là, sur la table : On pense être capable de le
faire, d'ici telle date, les travaux vont commencer. On va passer en appel d'offres, on va obtenir nos permis, on va
construire. Alors, je l'entends, qu'il y a une nécessité de faire les
choses différemment. Ce que je dis au collègue, c'est de croire à cette volonté
qu'on puisse le faire, notamment ce qui nous appartient.
Avant de commencer à réfléchir à ce qu'on va faire avec les autres, là, dans
les premières journées, là, de ça, moi, je suis déjà au travail sur ce
que je peux faire ici.
Alors, oui,
il y a des choses qui devront être faites différemment, oui, on peut faire les
choses différemment, oui, on a les
ressources pour faire les choses différemment, mais on a la capacité financière
de faire plus de travaux. Et appelez aujourd'hui
toutes les directions de commission scolaire, Mme la Présidente, qui ont à
faire des travaux, là, elles vont vous le
dire, là, elles n'en ont jamais eu autant, de disponibilités financières, puis
elles n'ont jamais eu autant de travaux en disponibilité à faire. Il y a
un enjeu, il y a un enjeu de main-d'oeuvre, il y a un enjeu de planification,
mais on va les faire, les travaux, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Alors, M. de D'Arcy-McGee, la parole est à vous, il
vous reste sept minutes.
M. Birnbaum :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais revenir à notre discussion sur le
projet de loi n° 105, sanctionné le 23 novembre. Il me semble
que c'est très important, parce que, si on mise sur la réussite et le bien-être de nos élèves, il faut et il fallait
rétablir un juste équilibre dans ce lien essentiel entre les commissions
scolaires, qui sont des gouvernements
locaux, le ministère et les partenaires. Et il faut savoir que c'est le sujet
d'un débat de longue date, qui a eu
ses hauts et ses bas, qui n'était pas toujours facile et qui a eu, avec le
projet de loi n° 105, je le soumets, une conclusion très
promettante et qui s'annonce bien pour la suite des choses.
Dans un
premier temps, je crois que ce qui a alimenté nos réflexions, c'était justement
de miser sur la réussite et le bien-être, ça va de pair, de nos élèves.
En toute franchise, on a un petit peu une habitude collective, au Québec, de se
préoccuper des structures. Il faut le faire,
mais des fois il faut passer à l'action de façon concrète. Et ce débat a
conclu avec des consultations où j'étais
présent en étant membre de cette commission et en étant dans mes fonctions
comme adjoint parlementaire au
ministre. J'étais là pour la quasi-totalité des discussions, et il faut dire
qu'il y avait un consensus qui se dégageait.
Et on avait de la divergence évidemment, mais, de toutes les perspectives, les
interventions des syndicats, des commissions
scolaires et des commissaires, les directions d'école, les parents, il y avait
un consensus sur les grandes lignes, sur l'importance de remiser de
façon efficace sur ces gouvernements locaux, de miser sur l'imputabilité et sur
la transparence, sur l'importance d'outiller
les partenaires clés sur le terrain, c'est-à-dire, les parents, les
professeurs, les professionnels et les employés de soutien, de les
outiller avec tout ce qui est nécessaire pour poursuivre la réussite scolaire. Écoutez, ce n'est pas un débat facile,
j'en ai quelques cicatrices, quelques bleus suite à mes discussions, au
fil des années, en étant un ancien directeur
général de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec,
pour avoir oeuvré au sein de l'école
publique pour quelque 15 ans, et quelques autres petits bleus au fil de mes
trois ans comme député, et un bon
bout comme adjoint parlementaire au ministre, où j'ai eu à participer
pleinement dans nos discussions sur les structures et surtout sur une
stratégie qui miserait sur la réussite et le bien-être de nos élèves, et il me
semble qu'on a trouvé le juste équilibre et il fallait le faire.
• (10 h 50) •
Il ne faut pas oublier que ces structures sont
un niveau, un palier de gouvernement très proches de leurs concitoyens. Y avait-il une nécessité de
rééquilibrer le lien de transparence, de reddition
de comptes avec le ministre et le ministère? Peut-être,
et on va en parler, de quelques gestes qui s'adressent à cette nécessité, mais
on parle, dans un premier
temps, d'un partenaire essentiel.
I'm in a position to relate to
you how important that link is
for the community that I'm proud to represent in D'Arcy-McGee and for the linguistic community that I'm also
proud to represent as a member of our Government. You're talking about a level of government that is closest to the citizen, a level of government that, in the case of the
minority language
community of Québec,
can take its special interests with its special role under the Canadian
Constitution, and deeply recognized by the current Minister
in our Government, to serve its communities in all their particularities.
Mais je tiens à noter que ce palier de
gouvernement est miroité dans la communauté majoritaire aussi quand ça fonctionne comme il faut. Avec un encadrement tout
à fait structuré et structurant, ces commissions scolaires peuvent jouer
leur plein rôle. Le ministre va être le premier à constater qu'on parle de la
nécessité... pas juste la réalité, mais la nécessité de refléter la géométrie
variable dans nos communautés du Québec. On parle de l'éducation. Il n'y a pas
de solution pan-Québec sur le tout. Sur le
terrain, ça se traduit par des communautés avec des besoins particuliers, par
des approches dans la salle de classe qui
sont, les unes et les autres, aussi efficaces mais taillées à leurs besoins
locaux. Il faut un palier de gouvernement qui est en mesure de refléter
ces réalités.
Et, bon, je me permets une petite parenthèse.
Quand on parle de toutes ces délibérations qui ont amené le ministre et notre gouvernement à donner une
réponse très significative et historique, j'ose dire, en quelque part, c'est
un processus qui a été transparent, clair, franc, un processus en continuation.
Si je pense à mes visites aux écoles de ma circonscription,
que ce soient l'école Merton, l'école secondaire Saint-Luc... avec les
Amis-du-Monde, mes discussions continues avec les associations que j'ai
eu le privilège de côtoyer lors de mon ancienne vie, les parents, les
directions d'école, les deux associations de
commissions scolaires, ouf! d'entendre mon collègue de la deuxième opposition
parler d'omerta, ouf! c'est tout un mot. Ce
n'est pas sur notre liste non parlementaire, peut-être, mais franchement on peut
parler d'une transparence. Les discussions que j'ai eues, que je continue à
avoir, sont assez franches et, des fois, avec des préoccupations très sérieuses et, oui, des fois, avec des critiques
assez sérieuses, mais elles sont toujours caractérisées par un lien de confiance à chacune de ces instances et
pas juste un lien de confiance, un constat, je me permets de le dire,
qu'on a un ministre actuel qui est à
l'écoute, qui est présent dans ces écoles-là et très prêt à être en mode de
solution et toujours dans une
perspective de réussite et bien-être scolaires. Alors, de dire que les gens
sont intimidés... Voyons donc, voyons donc! Moi, je n'ai pas vu, lors des consultations, des représentants des
syndicats, leurs membres avec la langue dans leurs poches trop
préoccupés pour donner des vraies opinions et constats à la fois à leurs
commissions scolaires, à leurs directions d'école,
au ministre ou aux médias. Il me semble que l'ambiance n'est pas tout à fait
aussi sombre que l'aurait suggéré le membre de Chambly.
Bon.
Qu'est-ce qu'on a fait finalement avec le projet de loi n° 105? Comment on
a identifié un équilibre raisonnable et fructueux? Bon, dans un premier
temps, qu'on parle de quelques-uns des axes essentiels dans ce projet de loi.
On attribue le droit de vote aux commissaires représentant les parents. C'est
une demande de longue date. Il faut dire, surtout
dans le secteur que je connais le mieux, anglais, ça a été toujours le cas.
Même si le vote n'était pas là, le rôle des parents était et continue d'être valorisé de façon très sérieuse. Bon,
voilà, on statue que le droit de vote soit au rendez-vous, ainsi que la possibilité qu'un membre parent
commissaire soit élu à la vice-présidence. On oblige aussi, et voilà un
autre exemple d'un partenariat très
productif, maintenant les conseils des commissaires d'avoir un membre coopté
provenant du milieu des sports ou de la santé. Voilà. C'est pour favoriser la
prise en compte de saines habitudes de vie dans les décisions. Voilà un rôle,
on va en convenir, très important, complémentaire de nos écoles au sein de leur
société.
On parle
d'accompagner les instances, et voilà un autre exemple d'un partenariat
sérieux, avec la publication, par le ministère, d'un guide inspiré des
meilleures pratiques. Plus que ça, et j'aimerais, tantôt, le ministre à se
prononcer là-dessus, on exige la création d'un comité de répartition des
ressources au sein des commissions scolaires, de mon expérience, un autre geste qui risque de maximiser, d'optimiser
l'efficacité des commissions scolaires, avec un droit de regard tout à fait légitime et normal du ministre
et avec un pouvoir, comme le ministre l'a bien noté, de s'assurer que ça
soit implanté. Omerta : ce n'est pas le cas. Le ministre va exercer ces
pouvoirs si nécessaire. On parle d'une reddition de comptes, de mécanismes de
planification tout à fait transparents et clairs.
Bon. Tout
cela m'invite à inviter le ministre d'élaborer sur les suites à venir. On a une
loi en place maintenant. Qu'est-ce
qu'il y a comme étapes qui restent à faire? Quand est-ce qu'on peut s'assurer
que le droit de vote des parents va être
mis en vigueur, et ces comités de ressources? C'est quoi, la suite des choses,
d'un projet de loi, comme je dis, qui a bien abouti, nos années de consultation. Je crois qu'on a trouvé le juste
équilibre et j'invite le ministre d'élaborer là-dessus.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
D'Arcy-McGee. M. le ministre, il vous reste six minutes.
• (11 heures) •
M.
Proulx : Oui. Merci, Mme la
Présidente. D'abord, rappeler un peu, sans refaire toute l'histoire, les
raisons pour lesquelles on a fait ça.
Vous vous souviendrez qu'à mon arrivée à la tête
du ministère nous étions dans les premières journées des consultations du projet de loi n° 86. Je
pense qu'il y avait eu une séance, peut-être deux, c'est tout, au moment où je
suis arrivé en place. Et, après les consultations, j'avais exprimé qu'à mon
avis ce n'était pas le chemin que nous devrions prendre. J'ai indiqué que la destination que je souhaitais que nous
prenions, c'était la réussite éducative, et que, pour ce faire, on
déposerait une politique, on poserait des gestes concrets à l'égard d'une
décentralisation des sommes, qu'on adopterait un projet de loi qui, en matière
de gouvernance, ferait certaines modifications.
Or, dans les
faits, le projet de loi n° 105, c'est un moyen pour y arriver. On n'est
pas dans la situation où c'est le seul
moyen. Il y en a d'autres, et c'est important pour moi de le rappeler, que tous
ces moyens-là constituent notre réponse à la réussite éducative. Et le projet de loi n° 105 a été construit sur
quatre catégories, si vous voulez : il y avait la gouvernance,
l'autonomie des établissements, la gestion axée sur les résultats et
l'encadrement du système éducatif. Et c'est vrai, il y a différents aspects sur lesquels, je pense, il faut revenir, d'abord
tout ce qui touche les différentes mesures que nous avons mises de l'avant et leur entrée en vigueur. Alors,
voyez-vous, pour répondre au collègue, là, plus précisément, le comité
de répartition des ressources, par exemple,
alors, ça, c'est pour le 1er juillet 2017, c'est bientôt. D'ailleurs, il
faut savoir que le groupe, si vous voulez, de
consultation, de travail en continu au sein du ministère, que je vais appeler
MEES, pour «ministère et partenaires», a d'ailleurs un comité de travail sur
les suivis du projet de loi n° 105. Je le disais tout à l'heure, c'est un des endroits pour pouvoir
discuter de tout ça librement, sans aucune contrainte, de ce qui se passe
dans le réseau et surtout pour donner la
chance à tout le monde de s'exprimer pour ensuite bien comprendre quelle est
l'orientation, parce que, là, il y a de la
place pour tout le monde d'être entendu, tous les groupes sont là, et tous les
groupes entendent la même chose et
tous les groupes discutent de la même chose. Alors, ce n'est pas vrai qu'à ce
moment-là on peut jouer au téléphone
arabe, là, bien, bien longtemps, dans la mesure où chacun des groupes est
présent à cet endroit-là. Et, s'il se prend une décision, ce qu'on veut, c'est qu'elle soit appliquée. Mais, s'il y
a des défis d'application par la suite, au moins on sait que chacune des
personnes concernées a eu les informations.
Alors, il me
parlait du droit de vote au commissaire représentant le comité de
parents. C'est en vigueur, c'est fait. Le
guide des bonnes pratiques, qui va devenir extrêmement important et
intéressant, ce n'est pas le cas maintenant, et ça va l'être plus tard. Ça pourrait même être plus tôt
que les échéances que nous nous étions données, qui étaient
juillet 2018, pour certains chapitres.
Pourquoi? Bien, parce que les travaux avancent, Mme la Présidente. Et, on l'a
dit, il y a, d'abord et avant tout,
un exercice de recensement, si ma mémoire est bonne, qui était nécessaire. Il
fallait faire le tour de ce qui se fait, il fallait identifier ensemble, avec les groupes, ce qu'on était pour y
mettre, dans ce guide-là, notamment pour s'assurer qu'on couvre les
aspects qui étaient importants, autant en lien avec la loi n° 105 mais
aussi avec l'ensemble des règles et règlements
de notre réseau. Et ça, ça va se faire beaucoup plus rapidement. Il y a, bien
entendu, l'entrée en vigueur des projets
éducatifs des écoles, le projet éducatif des centres, les plans d'engagement
envers la réussite. Vous vous souviendrez, Mme la Présidente, qu'on a modifié les outils de gestion et de reddition
de comptes pour les alléger, pour rendre ça plus simple, plus clair, plus flexible. Alors, ça, c'est tout un travail,
mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. Certains ont leurs
plans et objectifs en place, alors il faut travailler différemment. Et, je l'ai
dit à l'égard du guide des bonnes pratiques, la loi le disait de toute façon,
il fallait que ce soit plus tard.
Il y a
également les commissaires cooptés. On a maintenant l'obligation, dans la loi,
d'avoir des commissaires cooptés au sein des conseils des commissaires.
Alors, bien entendu, il y a une échéance pour pouvoir identifier les personnes
en matière de santé et sport qui y seront nommées.
Alors, voilà l'ensemble des mesures ou des
exemples, là, pour répondre aux questions du collègue.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de D'Arcy-McGee, il vous reste 1 min 40 s.
M. Birnbaum : Si on peut l'ajouter,
Mme la Présidente, à notre prochain bloc. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, sans problème. Merci. On va
passer au deuxième groupe de l'opposition, et je cède la parole à M. le
député de Chambly pour environ 20 minutes.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais continuer sur le
sujet sur lequel je parlais tout à l'heure, les prématernelles quatre ans. Et j'expliquais tout à l'heure qu'il y avait
eu un rapport il n'y a pas très longtemps, en 2017, qu'on a appelé le rapport Japel mais qu'il y avait
eu un rapport en 2015 qui s'appelait le rapport préliminaire sur l'implantation des prématernelles quatre ans,
rapport du ministère lui-même, donc de la machine. Le ministre ne peut
pas prétendre, là, qu'il n'était pas au courant.
Essentiellement, le rapport de 2015 disait quoi
ne pas faire dans l'implantation des prématernelles quatre ans, c'est-à-dire, bien, ne pas y aller par code
postal, ce n'est pas une bonne idée; ne pas avoir des ratios trop élevés. Les
ratios sont trop élevés en ce moment. Ça a
continué. Je ne comprends pas comment le ministre a-t-il pu ne pas tenir compte
de ce rapport-là, qui disait quoi ne pas
faire. Bien, en 2017, pour être bien sûr, il y a le rapport Japel qui disait,
lui, quoi faire. Ça revenait un peu au même, hein : avoir un
meilleur ratio adulte-enfants, mais le rapport Japel disait que, malgré tout,
même dans de mauvaises conditions, il y avait des résultats intéressants,
développement langagier, développement cognitif,
donc ne jetez pas le bébé avec l'eau du bain. Puis il y avait une entrevue
très, très claire de Mme Japel, à Paul Arcand, qui disait : Non,
non, non, on n'est pas contre l'implantation des prématernelles quatre ans,
surtout pas, ne comprenez pas ça, on est
pour une implantation réussie des prématernelles quatre ans. Voilà ce qu'elle
disait. Comment le ministre a réagi à
ça? Et j'ai de la misère à voir, en fait, s'il a réagi à ça, parce que je n'ai
rien vu dans le budget. Or, le rapport Japel et évidemment le rapport
2015, ça a été diffusé et lu par le ministre avant le budget.
Donc, ma
question, c'est : Qu'est-ce qu'il va faire d'ici la rentrée de septembre
2017 pour améliorer la qualité dans
les prématernelles quatre ans en ce moment? Est-ce que, d'ici septembre, là, ce
qui s'en vient, le ratio va baisser, tel que le recommandent ces
rapports-là et tel qu'on le veut, nous? Moi, je précise une petite chose, là,
la prématernelle quatre ans, dans le
programme de la CAQ, c'est offert à tous, mais non obligatoire, très important,
non obligatoire, avec un ratio d'un
enseignant pour 15 et une éducatrice. Donc, dans les faits, le ratio, c'est un
enfant pour sept, huit enfants... pardon, c'est un adulte pour sept,
huit enfants. Donc, on a tenu compte des rapports, évidemment.
Donc,
qu'est-ce que le ministre va faire pour améliorer la qualité des services en
septembre 2017 en ce qui a trait au ratio, à la formation des
enseignants et aux installations physiques, là, dans les classes et dans la
cour d'école?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Proulx : Bien, d'abord, Mme la Présidente, deux choses. Les maternelles quatre ans, ça ne fait pas extrêmement
longtemps qu'il y en a, puis il n'y en avait pas, surtout au moment du rapport, un nombre important.
La preuve, c'est qu'il y en a 188 classes aujourd'hui et il y en a
eu 100 nouvelles l'année dernière. Alors, vous comprendrez qu'il y en avait beaucoup
moins au moment où a été fait le rapport. Si le rapport sort en 2015, c'est parce qu'on a travaillé un peu l'année d'avant. Et, dans ce contexte-là, il
faut partir d'où on était au moment où il était en place.
Deuxièmement, il y a quelques réponses au
rapport, et notamment de ce qui va bien puis qu'on pourrait faire mieux ou à la
satisfaction des parents notamment et des éducateurs et des enseignants, qui
vont se retrouver dans le programme,
programme qui, en passant, là, est encore en travail, dans la mesure où il
n'est pas uniforme et implanté partout dans
les maternelles quatre ans. Alors, ça, c'est une réalité. Alors, moi, actuellement, je travaille là-dessus. Ça, c'est en lien avec ce qu'il y a dans
ce rapport, et dans les autres, et dans les observations que nous avons.
Au niveau des ratios, Mme la Présidente, c'est
dans les conventions collectives. C'est dans les conventions collectives. Alors, je ne peux pas implanter de nouveaux ratios, je ne pourrais même
pas les augmenter. Ce n'est pas une bonne
idée, là. Je ne pourrais même pas le faire si je voulais le faire. C'est dans
les conventions collectives. Et, dans les faits, ce que je comprends, c'est que la moyenne, là, c'est de 14 ou
15 enfants actuellement. Et, même s'il y a une possibilité
de 18, si ma mémoire est bonne — là, ça date d'un certain temps dans la
loi — la
moyenne est là, environ 15 enfants. Et, au moment où on a fait le
rapport, en passant, là, 50 % des enfants qui se trouvaient dans les
maternelles quatre ans venaient de nos services
de garde, un transfert direct d'enfants. Alors, dans 50 % des
cas, on avait des gens qui n'étaient dans aucun service potentiellement
vulnérables parce qu'identifiés, parce qu'il faut savoir que, dans la vraie
vie, là — si vous appelez, là, dans des régions, vous
allez le voir — les
services sociaux souvent vont diriger des services en disant aux
parents : Vous devriez... ou en disant aux services de garde, parce qu'ils
ont certaines places réservées, ou aux écoles : Allez voir.
Alors, dans le contexte actuel, là, c'est
là-dessus qu'on travaille, et ça, on travaille pour que ça fonctionne. Et finalement, quand on reçoit des projets, on
s'assure, et ça fait partie des critères d'analyse, que les lieux soient
adéquats. «Lieux adéquats» veut dire «les espaces».
«Espaces», ça veut dire «aménagements». Alors, ce n'est pas parfait
encore, mais on a ça. Alors, oui, il y a un bout de fait depuis 2015 et, oui,
il y a du travail en continu pour le programme de maternelle quatre ans.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M. Roberge : Question très
simple : Qu'est-ce qui va changer entre le milieu de vie des enfants qui
sont en prématernelle quatre ans aujourd'hui
et ceux qui seront en prématernelle quatre ans en septembre 2017? Va-t-il y
avoir des améliorations?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Brièvement, M. le ministre.
M.
Proulx : Bien, deux réponses
possibles. La première, c'est que, sur les lieux physiques, je ne connais pas
les projets, donc je ne connais pas les lieux et leur aménagement. Alors, à
suivre.
Sur le
programme et sur l'encadrement, sur la formation, sur le soutien du ministère,
sur les données probantes à l'égard des milieux, sur ce que les commissions
scolaires peuvent faire, sur ce que les écoles peuvent faire, ce que la
recherche collaborative dit, le travail est en continu, et, sur le programme,
c'est le ministère qui y travaille. Donc, on sera en mesure très bientôt de
dire ce qu'il en est.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : C'est assez dur à
démêler, là. Autant hier on avait des réponses claires, puis
je l'ai souligné, autant là on
est dans le flou mou, là. Mon Dieu! Comment démêler ce flot de...
M. Proulx : Bien, je vais l'aider
moi, s'il veut, à se démêler.
M. Roberge : Non, non, non, je n'ai
pas demandé d'aide.
M. Proulx : Non, non, mais je vais
vous aider.
M. Roberge : Non. Ça va aller.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Attendez! Il n'y a pas de débat. Vous
vous adressez à la présidence, premièrement, M. le ministre et M. le
député.
M. Proulx : Alors, je vais l'aider à
sa prochaine question.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Et vous ne suscitez pas le débat. Alors, M. le député de Chambly, jusqu'à date, ça allait bien, alors posez
votre question, s'il vous plaît.
M.
Roberge : Très bien. On va
continuer de bien aller. Combien de classes — il y en
a 188 en ce moment — combien de classes seront ajoutées
cet été pour septembre 2017?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Proulx : Oui. Les projets ne
sont pas annoncés, donc je ne peux pas vous dire maintenant combien de
classes il y aura. Les données sont entrées
au ministère. Il reste à faire l'analyse et de voir la capacité réelle des
milieux, parce que ce n'est pas parce
qu'on reçoit un projet qu'il est accepté. Alors, très bientôt, vous le saurez,
et, plus tôt que l'année passée, je
souhaite que ce soit annoncé. Donc, là-dessus, vous aurez ces réponses-là très
bientôt. Ce n'est pas que je ne voulais pas le dire aux crédits, c'est
que je ne pouvais pas le faire maintenant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre.
• (11 h 10) •
M.
Proulx : Je reviens en
arrière un instant juste pour dire que, très honnêtement, ce n'est pas
compliqué. Je ne peux pas parler de l'aménagement des projets que je
n'ai pas vus, mais on tend à ce qu'il y ait amélioration avec les premières.
Et, sur les programmes et l'encadrement, le programme, il s'améliore d'année en
année parce que les professionnels travaillent en communauté de pratique. Et,
pour leur avoir parlé et pour leur parler encore, les choses s'améliorent. Ce
n'est pas parfait. Les choses s'améliorent.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Mme la Présidente, c'est assez incroyable. Les mots qui reviennent souvent, c'est :
Je ne le sais pas, je ne peux pas, je
ne veux pas le dire, sur le ratio, je ne veux rien faire. Combien de classes
qui s'en viennent? Je ne le sais pas.
Est-ce qu'il y a des aménagements qui vont être faits pendant cet été? Peut-être,
c'est les commissions
scolaires... Pas grand-chose, là. C'est dur
d'avoir des réponses. Je ne pense pas... parce que le ministre
veut garder l'information, c'est parce qu'il ne l'a pas. Ça fait que
c'est un peu triste.
M. Proulx : L'analyse n'est pas
terminée.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Attendez!
M. Roberge : Non. Attendez, la
question va venir, la question va venir. La question s'en vient sur...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je vous demanderais d'être prudent dans vos propos, là. Je vous l'ai
dit même hier. Vous n'avez pas le
droit de remettre en doute ou questionner les réponses du ministre.
Je pense que le ministre,
jusqu'à date, il a été très transparent.
Vous l'avez dit vous-même à plusieurs reprises. Alors, je vous demanderais votre collaboration.
Continuez avec votre question, s'il vous plaît.
M.
Roberge : Bien sûr. Une des
choses que le ministre dit puis qu'on entend des fois, c'est comme si
l'offre de prématernelle quatre
ans... j'ai bien dit «l'offre», pas l'obligation, mais l'offre de prématernelle quatre ans à tous,
dans la mesure où on pouvait le faire et
avec la qualité, là, en tenant compte du rapport Japel et du rapport
précédent... il ne faut pas mal faire
les choses, évidemment, mais en le faisant bien. L'offre de cette
prématernelle quatre ans, dans la mesure où il y a de la place dans les
écoles et qu'on aménage tout ça, le ministre l'a dit tout à l'heure, c'est
comme si ça allait contre le service de garde. Puis lui, il dit : Par opposition
à ma formation politique, comme si nous, on ne le voyait pas en complémentarité. Pourtant, je le vois vraiment
en complémentarité. Les services de garde, là, il faut vraiment dire «les services de garde», parce qu'il y a les CPE, il y a les garderies
en milieu familial, il y a toute une panoplie de services de garde
différents, c'est, pour moi, en complémentarité avec l'offre de prématernelle
quatre ans.
Et aujourd'hui dans Le Devoir on a une lettre ouverte qui amène vraiment
de l'eau au moulin. Ce n'est pas signé par
n'importe qui, ce sont des professeurs-chercheurs de l'Université McGill et de l'UQAM.
Donc, Amélie Quesnel-Vallée, de la
Chaire de recherche du Canada sur les inégalités sociales de santé, de
l'Université McGill, dans Le Devoir ce matin, de même que Catherine Haeck, Marie Connolly, Pierre Fortin, quand même,
Pierre Lefebvre, Philip Merrigan, des professeurs de l'UQAM, disent tous, et je vais les
citer : «Il faut aussi envisager l'instauration d'une maternelle quatre
ans universelle, de qualité[...],
afin d'alléger la pression sur le réseau de la petite enfance.» Ces
chercheurs-là n'opposent absolument
pas le réseau des services de garde avec
l'offre d'une prématernelle quatre ans. On le voit en complémentarité. Ce n'est
pas moi qui le dis, ce n'est pas ma formation
politique qui le dit, ce sont des chercheurs renommés de
plus de deux universités qui le disent : «...afin d'alléger la
pression sur le réseau de la petite enfance.»
Est-ce que le
ministre est d'accord avec ces professeurs-chercheurs qui
publient la lettre dans Le Devoir ce matin?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Proulx : Deux choses, Mme la Présidente. La première, c'est que l'an dernier on a fait 100 classes et, à
ma connaissance, on n'a pas refusé de projets bien, bien, là. Dans la vraie
vie, là, il n'y a pas 100 projets qui attendent dans les commissions scolaires. Cette année, il y en a plus pour des nouvelles,
et c'est tant mieux, parce qu'on va en faire d'autres, mais, dans la vraie vie, là, la réalité, là, c'est que l'an
passé, là, j'ai demandé si on ne pouvait pas faire davantage que les
projets qui étaient acceptés, et on s'est rendu là où on avait la capacité de
le faire.
À l'égard de
la complémentarité, on dit la même affaire. La différence entre nos formations politiques
peut-être ou dans les choix que nous ferions est la
suivante : s'ils voulaient rendre la maternelle quatre ans universelle
puis qu'on faisait une place à tous
les enfants, il faudrait prendre le 1 milliard passé qu'on va mettre en
ressources dans les écoles dans un plan de cinq ans pour soutenir la
réussite puis il faudrait le mettre dans des bâtiments, puis des chaises plus
petites avec des
petites balles de tennis, pour faire
en sorte qu'ils soient là plutôt que
d'être là et dans nos services éducatifs de garde, qui, en passant, sont
aussi financés par les contribuables et qui donnent des résultats extraordinaires.
Ce que je cherche à faire dans les prochaines années et depuis mon arrivée en
poste, c'est d'identifier les enfants qui sont vulnérables, ceux qui ne sont pas dans nos services et nous assurer que,
lorsqu'ils arriveront à l'école, 90 % en maternelle cinq ans, 100 %, on le souhaite, dans le
réseau éducatif... ce n'est pas 100 %, mais une grande, grande, grande
majorité, presque totalité d'entre eux dans
notre réseau éducatif en première année, qu'ils aient atténué les vulnérabilités, s'il y en avait, dans un service ou dans l'autre, qu'on ait travaillé le langage dans un
service ou dans l'autre, qu'on ait travaillé la motricité et les
aptitudes sociales. C'est ça, notre objectif. Moi, je ne fais pas de la
préférence, je fais des choix pour les enfants.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M. Roberge :
C'est bien, mais justement, quand on fait un choix, on prend position. Je
reviens avec ma question. On a ici
des chercheurs bien connus, bien renommés de l'UQAM, de l'Université McGill qui
voient les deux réseaux en complémentarité, qui n'opposent nullement
l'offre d'une prématernelle quatre ans avec le réseau de garde.
Est-ce que le
ministre est d'accord pour dire que l'offre d'une prématernelle quatre ans à
tous, c'est complémentaire avec le réseau des services de garde ou le
voit-il, lui, comme une opposition?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Proulx : Mme la Présidente, j'ai fait les consultations
sur la Politique de la réussite l'automne dernier, et un des consensus
qui vient, c'est qu'il faut déterminer le meilleur lieu pour un enfant, et ça,
c'est ce qui ressort d'à peu près tous les
milieux, d'à peu près tous les gens. Oui, il y a des tenants de la maternelle
quatre ans. Oui, il y a des tenants de la maternelle cinq ans en service de garde, en passant. Il y a des gens qui
disent : Les maternelles quatre ans, on pourrait les faire dans les
garderies. Et il y a des gens de tous les horizons.
Ce que je
dis, c'est que, dans le plan de développement que nous mettons de l'avant, dans
la cohérence avec notre Politique sur
la réussite éducative, qui sera connue sous peu, avec notre capacité de payer,
puis en respect de ceux qui travaillent
avec nos enfants au quotidien, on pense qu'il faut la complémentarité. Et moi,
j'adhère au principe que, notre développement, le développement
aujourd'hui dans le temps pour passer de 188 classes à je ne sais pas
combien en fonction des besoins lorsqu'on les aura identifiés en totalité, si
on faisait d'autres choix que ceux que nous faisons aujourd'hui, ça va se faire
dans le temps, et on commence comme ça. C'est la raison pour laquelle j'insiste
sur les milieux défavorisés. Pourquoi? Parce
que d'abord c'est la loi. Cette loi-là, elle a été pensée pour ça, pour
rejoindre ces enfants-là. Et c'est
dans cette optique-là que nous le faisons. Et moi, je vois pour la première
fois — avant de
lui recéder la parole — du travail concret entre les services
éducatifs de garde et les écoles. Il n'y en avait pas, du travail concret,
partout avant. Ce n'est pas encore partout, mais pour la première fois, du haut
du ministère, jusque sur le terrain, il y a une collaboration.
Cette année,
les comités nécessaires, là, pour pouvoir faire l'identification des places
vont être plus efficaces que l'an passé, je vous le dis. Pourquoi? Parce
qu'on leur a dit l'année passée là où ça n'a pas fonctionné.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre.
M. Proulx : Alors, dans ce
contexte-là, les choses s'améliorent.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Chambly, il vous reste 3 min 20 s.
M. Roberge :
Merci. Donc, le ministre ne sait pas, en date du 28 avril, combien de
nouvelles classes il y aura en prématernelle
quatre ans l'an prochain. Il ne sait pas non plus s'il y aura des baisses de
ratio. Semble-t-il qu'il n'y en aura pas,
parce qu'il prétend qu'il ne peut pas réduire les ratios. Moi, ma compréhension
des conventions collectives, c'est que c'est
des maximums. Je ne pense pas qu'il va y avoir beaucoup de griefs, là, si on baisse
le ratio du nombre d'élèves par classe.
En fait, je pense qu'il peut prendre une chance puis bien dormir. Ça
m'étonnerait qu'il y ait beaucoup de griefs, et je pense qu'il y aurait
cette latitude-là.
Je vais y
aller avec les réponses dans le cahier de crédits, parce qu'il y a beaucoup de
choses qu'on ne sait pas au ministère de l'Éducation, puis, moi, ça
m'interpelle, tout ce qu'on ne sait pas. Question ici, dans notre cahier de crédits : «Nombre d'élèves EHDAA sur les
listes d'attente pour obtenir un accès à une ou des ressources spécialisées au niveau primaire.» Réponse du ministère : «L'information demandée
n'est pas disponible...» «Nombre d'élèves EHDAA sur les listes d'attente
pour obtenir un accès à une ou des ressources [...] au niveau secondaire.»
Réponse du ministère : «L'information
donnée n'est pas disponible...» Nombre d'écoles publiques offrant des classes
spécialisées? Réponse du ministère :
Le ministère ne dispose pas de cette information. Page 63, question :
«Le nombre d'élèves TSA — troubles du spectre de l'autisme — sur les listes d'attente pour obtenir un
accès à une ou des ressources spécialisées au primaire.» Réponse du ministère : «L'information
demandée n'est pas disponible au ministère.» Maintenant, au secondaire,
c'est : L'information donnée n'est pas disponible. Concernant les écoles
spécialisées en adaptation scolaire dans le réseau public, le nombre d'écoles,
la liste des écoles, le nombre de places par école, le ministère ne dispose pas
de cette information. Et ça continue comme
ça toujours et toujours : Le
ministère ne possède pas cette donnée. Des fois, il y a une petite
variante dans le libellé de «on ne le sait pas».
Et ça, ça a été souligné par le
rapport de la Vérificatrice générale qu'on a eu il n'y a pas très longtemps. Et
je pense que ceci explique
cela : ça ici, c'est l'organigramme de diffusion d'informations au
ministère de l'Éducation, ça s'appelle Cheminement de l'information
dans le réseau des commissions scolaires, mais il y a aussi le ministère, et, tant que ce sera aussi
kafkaïen, tant que ça ressemblera à ça, le cheminement de l'information, bien,
on va continuer d'avoir des «le ministère ne
dispose pas de l'information», etc. Et c'est dénoncé par la Vérificatrice
générale. Il n'y a pas juste la CAQ qui trouve ça bizarre, la
Vérificatrice générale fait un organigramme en disant : Il y a un
problème.
Ma question au
ministre : Est-ce qu'il a l'intention de s'attaquer au problème dénoncé
par la Vérificatrice générale? Est-ce qu'il
a l'intention de savoir des choses? Et l'an prochain, quand on reposera à
nouveau ces questions-là, est-ce
qu'on va avoir encore les mêmes réponses : Le ministère ne dispose pas et
ne veut pas disposer des informations?
• (11 h 20) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le ministre, il vous reste
15 secondes pour répondre à la question, mais, si...
M. Proulx :
Bien, ma réponse sera simple, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Parfait.
M. Proulx :
On a toujours... puis on va continuer, puis je fais les suivis de ce que la
Vérificatrice générale demande ou
observe, Mme la Présidente, en tout temps. J'aurai peut-être l'occasion d'en
reparler à un autre moment, parce qu'il y a des choses qui ont été dites
qui ne m'apparaissent pas tout à fait vraies.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, avant de passer du côté du gouvernement, j'ai eu une demande de
prendre une petite pause. Alors, si vous êtes d'accord, ça prendrait le
consentement pour une pause de quelques minutes.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Le temps va être pris évidemment
sur le temps du gouvernement, parce que c'est demandé par eux.
Une voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Parfait.
Alors, je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
11 h 22)
(Reprise à 11 h 37)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on reprend nos travaux. Alors, je demanderais à tous de prendre
place. Et on était rendus dans le bloc du gouvernement. Alors, je céderais la parole à M. le député de Chomedey
pour une période de 14 minutes.
M. Ouellette : Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, dans ma première
intervention, je vous avais demandé si on
avait la répartition des classes de maternelle quatre ans. Je comprends et je
souhaiterais que, quand cette information-là pourra être disponible particulièrement
par territoire, en fonction des informations que vous nous avez fournies, elles
puissent être transmises aux collègues
de la commission via le secrétariat. Je ne pousserai pas mon audace ce matin à
vous la demander séance tenante, mais je
pense que c'est important aussi pour les gens qui suivent les travaux de notre
commission et pour les dirigeants des commissions scolaires, etc., là, que cette information-là puisse être dans le giron au
niveau du secrétariat de la commission quand vous aurez le temps, M. le
ministre. C'était ma première demande.
Je voudrais vous
parler d'une autre chose qui me tient beaucoup à coeur, le projet de loi sur la
fréquentation scolaire, les écoles
illégales. Je ne sais pas pourquoi c'est moi qui parle de ça, mais j'ai hérité
de ce dossier-là, les écoles illégales.
J'ai un problème de scolarisation à la maison aussi, à Chomedey. La population
de Chomedey est majoritairement des Québécois de toutes les origines, et
très souvent on a l'impression que la scolarisation à la maison, bien, c'est
fait parce que : Je suis un
baby-boomer, je pars en vacances, je m'en vais sur un voilier puis là
maintenant je peux former mes enfants
ou je peux scolariser mes enfants. C'est un domaine qui mérite d'être
démystifié. Et le dernier sujet que je vais traiter dans ce bloc-là, M. le ministre, c'est les enfants sans papiers.
On entend beaucoup parler d'illégaux présentement, pas juste au niveau des écoles illégales, parce que je vais
en parler, des écoles illégales, ou la définition qu'on en donne, mais
les sans-papiers au niveau des enfants puis
au niveau des parents. Pour avoir moi-même des enfants, et mes deux fils
aînés étant dans le domaine de l'éducation,
je vous dirai que c'est une préoccupation qu'ils ont. Et je pense que, comme
société, les enfants, quels qu'ils soient, doivent bénéficier des
meilleures conditions d'éducation. Je pense qu'on se rejoint tous alentour de
cette table.
• (11 h 40) •
Donc, je
commence par les écoles illégales. On a donné des définitions aux écoles
illégales. Il y a eu plusieurs questions
qui ont été posées dans les derniers mois, dans les dernières années, à chaque
fois qu'on réussit à en trouver une ou que... en «trouver» une n'est peut-être pas le
mot, mais identifier, identifier ce qu'on croit être une école illégale.
Puis, des définitions qu'on en donne, vous me permettrez de vous les partager.
On dit qu'une
école illégale, c'est des établissements souvent associés à une communauté
fermée et qui offrent des services
éducatifs sans être titulaires de permis délivrés par le ministère. Bon, on
fait aussi une différence dans les écoles illégales. On parle d'écoles religieuses aussi puis on dit que c'est des
établissements associés à une communauté fermée qui offrent ou
prétendent offrir uniquement un enseignement religieux à des enfants, et
souvent cet enseignement-là se déroule durant les heures de classe, et il
semblerait que les enfants qui fréquentent ces établissements ne reçoivent pas le programme d'enseignement éducatif que le
régime pédagogique québécois prévoit. Et finalement on parle des écoles
contrevenantes, qui seraient des écoles qui, bien que détentrices d'un permis
d'enseignement, présentent, de manière récurrente, des situations plus ou moins
conformes qui ont tendance à se renouveler dans le temps.
Ça fait
10 ans que je suis député de Chomedey, M. le ministre, et ça fait
10 ans que, sporadiquement, ce dossier revient ou on découvre... ou
vous êtes questionné, vous, ou vos prédécesseurs, sur ce sujet-là, qui, je vous
dirai, est mal compris de la population. Je vous ai donné une définition, mais
je pense que ce que la population se pose comme questionnement est : Est-ce qu'au niveau du ministère on est
conscient de cette situation-là? Et quels sont les moyens qui sont mis de l'avant pour, un, les détecter; deux,
faire en sorte que le programme pédagogique québécois soit uniforme sur
l'ensemble du territoire? Et je pense que les gens qui nous écoutent à matin
ont un peu besoin d'être rassurés dans ce milieu-là.
Et, après votre réponse, parce que je vais demander, Mme la Présidente, une
réponse sur cette préoccupation-là, j'irai en scolarisation à la maison
comme deuxième sujet.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Parfait. Merci, M. le député de Chomedey. Par
rapport au document demandé par M. le
député de Chomedey, je vous demanderai, M. le ministre, quand vous l'aurez,
l'information, de le déposer ici, à la commission,
et nous, on va s'assurer que tous les membres reçoivent une copie. Alors, la
parole est à vous, M. le ministre.
M.
Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Avec plaisir. Le plan, ou les localisations, si vous voulez, des
différents lieux qui ont des maternelles quatre ans est connu, alors on va
faire suivre ça au secrétariat de la commission avec grand plaisir.
Très heureux
aussi de parler d'un sujet qui, moi aussi, me tient extrêmement à coeur,
c'est-à-dire la fréquentation scolaire.
C'est comme ça que je l'ai appelée pour discuter de trois enjeux :
d'abord, les établissements illégaux, ou écoles illégales, tel que vous l'avez dit; la scolarisation à la maison et la
scolarisation maison aussi — c'est dans les terminologies utilisées par les différents groupes; et la
situation des sans-papiers, élèves avec des statuts extrêmement particuliers,
vous aurez compris, auxquels il faut apporter des réponses.
Je vais faire
ça dans l'ordre que vous le proposez et vous parler des établissements illégaux
et écoles illégales. D'abord, ça fait
des années qu'on entend parler de ça, reviennent, dans l'actualité, à certains
moments, des exemples. Soit que ce
sont des écoles qui existent, sont connues mais qui ne répondent à aucun, sinon
à très, très, très peu des critères pour définir ce que c'est, une école
au sens de l'école québécoise, ou bien ce sont des établissements qui n'ont
rien à voir avec une école, parce qu'on n'y
fait aucun enseignement autre que de la pratique religieuse, par exemple, ou
autre chose, parce que ça pourrait être le
cas, qui, là, sont mises dans l'actualité parce que certains les ont
identifiées par toutes sortes de
moyens. On ne savait pas qu'ils étaient là, parce que, par définition,
l'illégalité ou la non-conformité, ça se fait souvent dans la... c'est clandestin, vous aurez compris, pour ne pas que
je m'enfarge dans un deuxième mot aujourd'hui.
Dans le contexte actuel, moi, j'ai constaté dès
mon arrivée qu'on n'avait pas tous les pouvoirs nécessaires, au ministère de
l'Éducation, pour pouvoir agir notamment en matière d'inspection. Et là je vais
être prudent, Mme la Présidente, puis vous
comprendrez pourquoi, par respect pour les collègues parlementaires, pour nos
institutions. Je veux bien donner
quelques intentions, mais je n'ai pas la possibilité d'aller dans le fin détail
du projet de loi. Pourquoi? Bien, parce
qu'il sera présenté, dans un premier temps, à l'Assemblée nationale comme tous
les projets de loi, et ça, c'est le respect
que je dois à notre institution et à mes collègues. Mais, dans les intentions,
vous dire qu'actuellement on n'a pas tous les outils en matière
d'inspection. Il y a plus d'outils, par exemple, dans les mains du ministre de
la Famille qu'il y en a dans les mains du
ministre de l'Éducation. Alors, il y avait déjà là un lieu où on pouvait
regarder, voir ce qui se faisait. Une chose.
La deuxième,
c'est que je voudrais qu'on fasse aussi une distinction — je pense, c'est important de la
faire — entre
des écoles qui ont les permis pour enseigner
et qui ont des non-conformités, dans certains cas, des choses assez
simples à régler et qui pourraient se régler
plus rapidement; dans d'autres cas, un travail d'accompagnement qui est
nécessaire et qui se fait. De plus en
plus, en passant, Mme Lepage pilote aussi ce dossier, et on a eu l'occasion
d'en parler beaucoup dans la dernière année, il y a un accompagnement
différent, et, certaines communautés vous le diront, Mme la Présidente, je pense qu'elles apprécient cette nouvelle façon de
travailler, je dirais, entre le ministère et eux, non pas en condamnant
ce qui se fait, mais en tentant de
travailler avec eux, parce que, je le rappelle, ce qu'on souhaite, c'est qu'on
puisse les voir, ces enfants-là, savoir où ils sont et ce qu'ils font.
Alors, on va se doter des outils pour assurer que tous les enfants soient scolarisés. On va proposer un ensemble. Bien sûr,
c'est une proposition qui sera législative et réglementaire, proposition
qui sera le reflet d'un travail de collaboration entre le ministère de la Santé
et des Services sociaux et le ministère de l'Éducation,
mais aussi les services sociaux en matière de protection de la jeunesse, parce
que vous aurez compris que la direction
de la protection de la jeunesse a un rôle important à jouer. Et là-dessus, et
là je dois vous dire que je vais y revenir, parce qu'on aura, lorsque ce sera prêt, le dépôt des dispositions, mais
il y a un travail très important qui est fait, qui est complété et qu'il reste à finaliser du point de
vue de la rédaction. Mais, lorsque tout ça sera fait, vous aurez devant
vous un bouquet de mesures pour nous
permettre de contrer l'illégalité et de régler, je dirais, des situations qui
perdurent depuis trop longtemps.
Voilà encore un sujet et un domaine
dans lesquels ça fait des années qu'on en parle, et là il y aura des
réponses concrètes. Et, quand je dis :
Des années, Mme la Présidente, c'est : Des années, et j'insiste. Et je
pense qu'il y aura là une réponse à la satisfaction des Québécois.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chomedey, il
vous reste 3 min 30 s.
M. Ouellette : Un trois minutes. Deux autres sujets. La scolarisation à la maison, je pense
que c'est mal compris; dépendant des commissions scolaires, il y a un jugement de la Cour suprême sur le sujet qui
dit qu'on ne peut pas ou qu'on peut.
Tu as des commissions scolaires que, si les enfants ne sont pas à l'école, ils
avisent la DPJ. Je veux savoir quelles sont vos intentions là-dedans puis, puisqu'il nous reste juste trois minutes,
les sans-papiers. Moi, je veux que les enfants aillent à l'école. Je comprends que les parents n'ont pas de
papier, mais les enfants n'ont pas à payer pour la situation
des parents.
Vous en pensez quoi?
Et est-ce que ça va faire partie des mesures législatives?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le
ministre, il vous reste trois minutes
pour répondre.
• (11 h 50) •
M. Proulx :
La question des sans-papiers : essentielle. Je suis d'avis, comme l'a dit le député,
et comme tous les collègues, je pense que les enfants n'ont pas à payer
un prix très fort payé en raison de la non-conformité ou des difficultés
en lien avec le statut des parents. Alors, il existe des exemples ailleurs. On
va faire ce qu'il faut. Il y
aura une ouverture, dans la loi, à
faire dans le cadre de ce projet de loi, mais en même temps il restera des
critères à mettre en place pour s'assurer de bien baliser tout ça. Ce
sera fait et ce sera fait pour que ça fonctionne et rapidement.
En
ce qui a trait à la scolarisation à la maison, d'abord rappeler deux choses. La
première, c'est que c'est un mode de
scolarisation prévu dans la Loi sur l'instruction publique. Alors, il n'est pas
question de faire disparaître un mode comme celui-là, pas du tout. D'ailleurs, la Cour suprême a dit qu'on ne
pouvait pas faire ça dans d'autres juridictions où il a été tenté de le faire. Ce que je dis, par exemple,
c'est qu'il faudra faire peut-être un meilleur encadrement de tout ça... ce
n'est pas peut-être, c'est le cas, parce que
la façon de travailler avec les enfants et les parents qui scolarisent à la
maison diffère d'une commission scolaire à l'autre. Il y a des pratiques
qui sont parfois même presque à l'opposé, en ce sens que certains appliquent la
loi ou le cadre de gestion qui avait été établi pour ce faire de manière très
stricte, avec peu de collaboration ou d'ouverture de collaboration à l'égard
des parents, et, dans d'autres cas, on est dans l'autre extrême,
vraisemblablement.
Je
pense qu'il faut travailler différemment pour assurer un meilleur encadrement.
À la fin, la scolarisation à la maison
ne doit pas être un moyen de se soustraire à la fréquentation scolaire, à
l'obligation de recevoir de l'enseignement, et on doit être en mesure de faire cette mesure-là. Alors, d'une façon
ou d'une autre, il faut identifier les moyens. Le corollaire de ça, Mme la Présidente, c'est aussi de dire que, si le moyen de scolarisation à la maison est
reconnu, il faut être aussi en mesure de les soutenir.
Alors, ce n'est pas tous des gens qui décident de rester à la maison. Dans
certains cas, c'est la maladie qui nous
amène à ça. Dans d'autres, ce sont des déplacements à l'étranger. Il existe des
raisons pour lesquelles il est justifié et il est impossible d'être dans
les écoles régulières. Alors, ce qu'on souhaite, ce n'est pas d'ouvrir la porte
à ce qu'il n'y ait plus d'enfants dans
les écoles. La majorité des enfants seront dans les écoles du Québec,
et ça doit demeurer une exception de
faire la scolarisation à la maison, mais il faut être en mesure de
faire l'encadrement et du soutien pour s'assurer qu'il y ait
scolarisation pour vrai.
Et
je termine en disant qu'il y a eu dans l'espace public le fait qui était le
suivant : c'est qu'il y avait eu un nombre beaucoup plus important
de scolarisations à la maison, et certains ont tenté de dire que c'est parce
qu'on voulait quitter l'école, parce que
l'école ne répondait plus aux besoins. J'en suis, que certains peuvent avoir
dit ça dans le passé. Je sais surtout
que les nombres pas très importants d'élèves par rapport à la masse qui
sont dans les écoles en scolarisation à la maison ont augmenté. Pourquoi? Parce
que dans certains cas il y a
eu entente avec certaines communautés pour scolariser à la maison des enfants
qui ne l'étaient pas, scolarisés, auparavant.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
ministre. On va passer du côté de
l'opposition officielle, et je
cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean pour environ 19 minutes.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Pour poursuivre sur le même
thème, peut-être une question rapide avant d'aborder un autre sujet : Est-ce
que le ministre juge que des motifs
religieux devraient permettre l'école à la maison?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Bien, c'est une bonne question qui mériterait, je pense, beaucoup
plus de débat et de réflexion que ce qu'il veut me faire faire maintenant.
Ce que je sais, c'est que la pratique religieuse ne doit pas empêcher l'obligation
de scolarisation.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député.
M. Cloutier :
Bien, soyons honnêtes, là, il est là, le problème, tu sais.
M. Proulx :
...plus longtemps qu'aujourd'hui.
M.
Cloutier : La réalité, c'est
que la raison pour laquelle le chiffre a explosé... Puis le ministre
a utilisé l'expression «certaines communautés»,
mais il manquait «certaines communautés religieuses», parce que c'est clairement
pour des motifs religieux. On a
décidé de se tourner vers l'école à la maison. À mon avis, on a pris le problème
puis on l'a transféré ailleurs. Le régime pédagogique, on n'a aucune
garantie qu'il va être suivi.
Peut-être que le ministre est capable de nous
dire un peu quel type d'encadrement est en place pour les deux communautés qui
ont défrayé l'actualité.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Proulx : Oui, très rapidement,
pour répondre à la question. D'abord, le débat de fond là-dessus, je pense qu'on va l'avoir dans le cadre des
consultations et l'article par article qu'il y aura sur un projet de loi qui
traitera de ça.
Deuxièmement, lui dire, par exemple, qu'on a rehaussé les sommes disponibles aux commissions scolaires pour faire un meilleur encadrement, et, dans le cas de
la commission scolaire en question dans l'ouest de Montréal, pour ne pas
la nommer, pour leur avoir parlé, les sommes
à leur disposition permettaient de faire un meilleur encadrement des
familles qui arrivaient en scolarisation à
la maison qui, faut-il le rappeler, Mme
la Présidente, vient d'une entente
prise dans le cadre de procédures judiciaires. Alors, ce n'est pas ma
volonté ni la sienne d'agir de cette façon-là, c'est comme ça que ça s'est fait.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Oui, mais, si le ministre
décidait d'appliquer le régime pédagogique puis d'assurer son respect, il
aurait aussi les pouvoirs d'agir. Fin de la conversation
là-dessus. On la reprendra. Mais je mentionne quand même qu'à mon avis
on transfère le problème ailleurs.
Ceci étant
dit, je veux qu'on parle de la diplomation chez les autochtones. Je dois vous
avouer que j'ai eu les crédits hier
soir avec votre collègue au Secrétariat aux affaires autochtones et je suis
vraiment resté sur ma faim, je dois vous le dire, là. Visiblement, le leadership ne viendra pas du Secrétariat aux
affaires autochtones pour changer la situation actuelle et, je l'espère, viendra peut-être du ministre de
l'Éducation, mais ce qui est certain, c'est que le taux de diplomation actuel
est nettement en deçà de ce qu'on
souhaiterait pour les différentes communautés. Là, hier, j'ai eu droit à une
espèce d'exposé sur toutes les petites écoles qui ont ouvert puis tous
les petits programmes qui existent, là. Je les connais. Ce n'est pas ça, le
problème.
Il y a un
problème plus global et général qui est dénoncé. On a eu une commission
parlementaire — peut-être
certains des collègues étaient présents — dans laquelle on avait fait
des recommandations très fortes au ministre de l'Éducation de l'époque — de
mémoire, c'était en 2007, 2008 peut-être — où on disait clairement que
l'apport du gouvernement fédéral n'était pas au rendez-vous et que le
gouvernement d'Ottawa ne payait pas ce qu'il devait payer pour le réseau de l'éducation, pas juste au
Québec, mais partout à travers le Canada. Récemment, l'ancien premier
ministre Paul Martin a publié un rapport qui
nous démontre clairement un sous-financement chronique — un sous-financement chronique — du
réseau. Et je ne sais pas si le ministre était informé du pourcentage qui est
dépensé en éducation, du Secrétariat aux
affaires autochtones — non, eux autres, ils appellent ça le ministère des Affaires
indiennes — en
éducation. Je ne sais pas si le ministre serait capable de répondre à ça.
M.
Proulx : Bien, Mme la
Présidente, là, je n'ai pas les chiffres devant moi, mais j'ai traité de cette
question-là en consultation avec eux, ça fait que je pourrai faire l'échange
avec le collègue, mais, le montant exact des sommes dévolues par le ministère
fédéral en la matière, non, je ne l'ai pas, malheureusement. Je m'en excuse.
M. Cloutier : Je peux le partager
avec le ministre, c'est 1 %. Alors, le budget total du ministère des
Affaires indiennes dédié à l'éducation,
c'est 1 %. Alors, imaginez si, au Québec, on dédiait 1 % du budget
québécois à l'éducation. Bon, là, je
vous ai nommé Paul Martin. Je pourrais aussi vous citer le directeur
parlementaire du budget à Ottawa, qui montre,
lui aussi, très clairement qu'il y a un sous-financement chronique d'Ottawa en
ce qui a trait à leurs responsabilités pour certaines écoles.
Puis là je ne veux pas, encore une fois, qu'on
me fasse toutes les exceptions. Je le sais, que pour certaines commissions scolaires c'est financé par Québec, puis, d'autres, c'est
Ottawa, mais, pour la partie fédérale, est-ce
que le ministre de l'Éducation du Québec entend en faire un enjeu prioritaire, entend
mener le combat à Ottawa, entend s'assurer que les sommes auxquelles les
autochtones québécois ont droit et devraient avoir droit soient haussées et
soient aussi dépensées? Parce qu'un autre
problème qu'ils vivent, c'est que les sommes qui sont annoncées, elles aussi,
souvent, ne sont pas dépensées. Ça
fait que, là, j'ai l'impression que c'est un dossier qui traîne, que personne
vraiment ne s'occupe, que personne ne
prend ce dossier-là à bras-le-corps, puis il me semble que, si on veut
l'épanouissement des communautés, si on veut un développement économique, culturel, de la langue, etc., encore
faut-il que l'argent soit au rendez-vous. Alors, j'aimerais ça avoir un
engagement de la part du ministre de l'Éducation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. D'abord,
rappeler au collègue deux choses. La première, c'est que moi, je suis aussi extrêmement préoccupé par la situation
des autochtones et pas seulement à
l'égard de leur diplomation.
Je pense à tout le parcours des enfants qui deviendront des leaders de la
communauté, qui permettront à la communauté de s'épanouir encore davantage tant
en individus qu'en collectivité.
La
réponse, c'est oui pour du leadership. La réponse, c'est oui pour demander à
Ottawa de faire sa juste part. Et j'ai déjà
eu l'occasion d'en parler avec le député de
Lac-Saint-Jean, Mme la
Présidente, et encore une fois dans des discussions fort
intéressantes sur le fait qu'on est là en présence d'un réseau, ou d'un contexte,
ou d'un réseau... ou d'une part de
notre réseau qui est bien différente de celle à laquelle on est habitués, c'est-à-dire qu'il y a un partage dans les compétences et il y a
des écoles qui s'entremêlent. Il y a des écoles financées à 100 % par le
Québec, d'autres, par Ottawa et il y en a où
le partage est différent, et, à la fin de la journée, là, ce que je sais — le collègue sera d'accord avec moi, là — c'est que, pour atteindre une plus grande
réussite chez les jeunes autochtones, là, on ne peut pas travailler de
la même façon comme on va le faire ici, à Québec. Le contexte n'est pas le même
tant pour les individus que pour les collectivités, et là-dessus on a un
meilleur travail à faire.
Et
nous aussi, on a un meilleur travail à faire avec les groupes autochtones. Je
m'explique, Mme la Présidente. J'ai eu
l'occasion, moi, de tenir une des journées avec les nations autochtones et
différents groupes d'amitié ou d'entraide, en persévérance scolaire
notamment, et c'est ce qui clairement était ressorti, à l'effet qu'il faut les
inclure, il faut qu'ils travaillent avec
nous et, nous, il faut qu'on travaille avec eux. Et moi, je veux saluer le
travail, en terminant, des gens qui, au sein du ministère de l'Éducation, travaillent avec les groupes
autochtones. C'est un groupe très extraordinaire que moi, je ne
connaissais pas, que j'ai appris à connaître et qui sont dévoués pour soutenir
la réussite des jeunes autochtones et de faire mieux.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le député.
M.
Cloutier : Oui. Je vous remercie, Mme la Présidente. Tout à l'heure,
je vous ai dit : 1 % du budget du ministère des Affaires
indiennes. C'était : Un budget de l'ensemble.
M. Proulx :
...ce que j'ai pensé, oui.
M. Cloutier :
Exactement, oui. Effectivement, c'est 22 % qu'on me dit, les Affaires
indiennes, mais il n'en demeure pas moins, M. le ministre, que c'est vraiment
un dossier que, si personne ne s'en occupe, ça ne changera pas. Puis j'ai un peu l'impression que c'est le
jour de la marmotte sur ce dossier-là puis qu'il tombe un peu dans
l'oubli et qu'il y a un enjeu Québec-Ottawa, un enjeu fort qui concerne le
ministre de l'Éducation dans ses relations avec le gouvernement fédéral et je pense que le ministre de l'Éducation du
Québec pourrait exercer une pression accrue sur le gouvernement fédéral,
initier peut-être une conférence Québec-Ottawa, initier peut-être des
discussions avec ses homologues. Mais il y a
là un enjeu réel qui est dénoncé par le DPCP, qui a été repris par un ancien
premier ministre du Canada et qui fait partie aussi de nos
problématiques ici, au Québec.
Je vous ai aussi posé, en début de commission,
là... sur la commission scolaire Kativik. Avez-vous la réponse à ma...
• (12 heures) •
M. Proulx :
Oui. Avant de répondre sur Kativik, Mme la Présidente, peut-être pour rassurer
le député de Lac-Saint-Jean que, depuis la
tenue de la rencontre où, je pense, il était présent avec les autochtones,
effectivement — je
l'en remercie — il y a des choses qui ont avancé. J'ai déjà initié certains contacts,
et il y a une démarche qui est en cours à cet
égard-là. Donc, à bon entendeur, salut. Il y aura, dans l'espace public, des
discussions à cet égard-là très bientôt.
À l'égard de Kativik,
alors là j'avais ça tout à l'heure sur mon bureau — sur la table ici, j'ai
ça pas loin — je
vous explique ce qui est à ma connaissance ce matin, parce que je ne le savais pas hier. Alors, je vous ai dit
hier, et là on va me corriger si je
me trompe, qu'il y avait un enjeu avec le cours de mathématiques, ce que
vous aviez identifié, et cet enjeu est
le suivant : c'est un cours qui n'est pas reconnu... bien, ce n'est pas le
cours prévu dans notre régime pédagogique, c'est un cours local qui est en travaux avec le ministère pour être reconnu,
comme tel. Alors, dans cette situation-là, les étudiants qui termineront recevront une attestation, et non un diplôme, d'études
secondaires, ce qui leur permettra, à ce qu'on me dit, de fréquenter certains cégeps, parce qu'ils seraient acceptés ainsi. Alors, ça, c'est la réponse la plus vraie et
la plus claire que j'ai obtenue.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de...
M. Cloutier :
Mais c'est terrible comme réponse.
M. Proulx :
Vous avez raison que ça n'a pas lieu d'être comme ça.
M.
Cloutier : Parce que,
là, je veux juste reprendre ça à zéro, là. Je viens de demander combien de gens
obtenaient un diplôme d'études secondaires
dans la totalité de la commission
scolaire, et, dans la totalité de la commission scolaire, il n'y a
aucun jeune qui va obtenir son diplôme d'études secondaires, et ça sera une
attestation d'études secondaires. C'est bien ça? Une... même pas
d'études secondaires?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Je veux m'assurer de pouvoir répondre à l'affirmative sans aucune ambiguïté.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, en attendant, je ne sais pas si vous voulez
continuer...
M. Proulx : Alors, vous voyez les
gens bouger autour de moi, je serai en mesure de...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait.
M. Cloutier :
Bien, quand je vous dis que les enjeux autochtones puis que l'éducation autochtone,
ça tombe souvent entre deux chaises... On me
dit que le problème existe depuis les deux dernières années. Tu sais, c'est
terrible, là. Je vais attendre de voir la
confirmation du côté du ministre. Je vais passer à un autre sujet, en attendant,
pour ne pas perdre tout mon temps.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ne pas perdre de temps, oui.
M. Cloutier :
Mais hier...
M. Proulx :
...je pourrai vous répondre dans quelques minutes.
M. Cloutier :
On peut-u arrêter le temps?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Non.
M. Cloutier :
Non?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Je ne peux pas arrêter le temps. Désolée.
M. Cloutier :
Avez-vous la réponse ou... Oui. Bon, je vais passer à une autre école, je vais
laisser les...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Écoutez, oui, je vais vous laisser...
M.
Cloutier : Hier, Radio-Canada annonçait que, l'école Tshiueten, là, à
Saguenay, à Chicoutimi, le programme pour
enfants autochtones hors réserve, les jeunes autochtones allait être maintenu.
Alors, il s'est passé quelque chose, visiblement.
Je veux savoir si, du côté du ministère de l'Éducation, vous avez confirmé
votre partenariat et si vous l'avez haussé
pour assurer la survie de l'école, parce qu'on sait que, dans les, je ne sais
pas, moi, sept, huit dernières semaines, là, il y a eu un flottement. On avait carrément annoncé la fermeture. Je
veux juste m'assurer que le dossier est bel et bien réglé en totalité.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Le projet est maintenu parce que nous sommes aussi intervenus. Je cherche juste
à valider la hauteur, là, parce que je ne l'ai pas en tête devant moi.
Attendez. Pour 2017‑2018, le financement accordé, alors, moi, je vois
184 000 $. Alors, vous me direz si c'est vrai.
Une voix :
...
M. Proulx :
C'est vrai. 184 000 $, le financement.
M. Cloutier :
Même chose que l'année dernière?
M. Proulx :
Ce n'est pas le même montant, mais c'est la discussion qui a eu lieu. Donc,
oui.
M. Cloutier :
C'est un montant supérieur, je prends pour acquis...
M. Proulx :
C'est ce que je comprends. À moins que je ne me trompe.
Une voix :
...
M. Proulx :
Non, ce n'est pas un montant supérieur. On me dit que, non, ce n'est pas un
montant supérieur. C'est le montant convenu pour répondre aux besoins du
nombre d'élèves, ce que j'entends.
M.
Cloutier : O.K. Mais là la problématique de cette année, c'est qu'il
manquait d'argent puis qu'ils craignaient ne pas avoir suffisamment d'argent pour maintenir leurs activités. Ce que
j'essaie de dire, c'est que : Est-ce qu'on est encore dans un
projet pilote où, encore l'année prochaine, on va vivre le même psychodrame
puis qu'on va annoncer aux parents que
finalement l'école ferme puis qu'ils vont devoir déplacer leurs enfants ou il
s'agit là d'un programme où on a assuré le financement pendant trois
ans?
M. Proulx :
Si vous voulez mon avis, on ne doit pas se retrouver dans l'ambiguïté. Je tiens
seulement à dire qu'à l'égard du financement
de cette année c'est la demande qui nous a été faite par la commission
scolaire. Alors, les discussions que
nous avons eues, c'est de convenir, avec eux, d'une entente pour soutenir le
programme, et le programme est soutenu et revient parce que nous
répondons à leur demande.
M.
Cloutier : Mais c'est fou. Je ne sais pas si vous connaissez un peu
l'historique de ce projet-là, là. Mais d'abord ça a été annoncé en
grande pompe, tout le monde était superfier d'en faire partie. C'est la seule
école primaire, en passant, autochtone hors
réserve — la
seule, seule école — qui
existe au Québec, puis, après une année, là... qui devait être un projet fantastique, extraordinaire, qui a été
cité en exemple à de nombreuses reprises, on a annoncé aux parents que finalement l'école allait fermer. Là, ça a été le
branle-bas de combat. Puis là on a annoncé
hier soir que l'école allait rester ouverte pour l'année prochaine. Mais
il faut éviter ça aux parents, là.
Pour l'année prochaine, M. le ministre, est-ce
que vous m'assurez qu'on ne se retrouvera pas dans le même scénario, où ça va prendre des interventions politiques?
Et moi-même, j'ai fait je ne sais pas combien de
téléphones dans ce dossier-là pour assurer la survie de l'école.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Proulx : ...j'essayais de
répondre à Kativik en même temps. Il n'y
aura pas d'enjeu sur le programme l'an prochain, là. À la lumière de ce que je vous ai dit et de notre volonté,
on a répondu à la demande de la commission
scolaire cette année, et ça, c'est à leur
demande, là, il n'y a pas 1 $
de moins, à ma compréhension de la demande qui m'avait été faite. Et, dans ce contexte-là, si on y a répondu,
vous comprendrez que, si j'ai de l'intérêt pour le programme et si on a
de l'intérêt pour le programme, on va le soutenir.
Concernant Kativik, les informations
supplémentaires peut-être que je pourrais vous donner : en 2016, il y a 26 élèves qui ont eu le diplôme d'études
secondaires. La raison pour laquelle ça change et que, là, il y en a qui ne
l'auront pas, c'est parce qu'à la commission
scolaire on a fait le choix d'expérimenter ou, en tout cas, d'utiliser un
programme de mathématiques local. Je ne veux pas déformer leur réalité. Ce que
j'entends également, et là, ça, je n'ai pas le fin de l'information, ce que j'entends également, c'est que certaines écoles
continuent d'utiliser le programme de mathématiques du ministère. Alors, dans leur cas à eux, pour ces
élèves, s'ils réussissent, ils auront un diplôme d'études secondaires.
Donc, il y a des élèves qui auront des
attestations et des élèves qui auront un diplôme parce que localement on a fait
le choix de ne plus utiliser le programme de mathématiques de l'école...
dans certaines écoles, pardon.
M. Cloutier : 26 élèves pour l'ensemble
d'une commission scolaire?
M. Proulx : C'est la commission
scolaire qui l'a publié, d'ailleurs, l'an dernier, comme tel.
M. Cloutier : O.K. Puis 26 élèves
sur combien d'élèves?
M. Proulx : Je vais être obligé de
retourner faire le ricochet.
M.
Cloutier : Je comprends. Mais vous aurez compris que, à prime abord, tu te fais dire : 26
jeunes qui ont eu un diplôme d'études secondaires, pour toute la commission
scolaire, ça m'apparaît...
M.
Proulx : Oui. Là, deux
choses. La première, c'est qu'il faut ajouter aux 26 les 54 attestations, parce que,
même s'ils n'ont pas le même diplôme, ils
ont réussi. C'est juste qu'à la fin ils n'auront pas la même certification.
Alors, c'est 26 plus 54 dans un nombre que je n'ai pas, mais je ne pense
pas... Et, si c'est le sens de la question du collègue, les enjeux de diplomation en milieu autochtone sont extrêmement importants, alors il est fort à parier que le nombre de ceux qui
ont réussi est beaucoup moins important que le nombre d'élèves au global.
M.
Cloutier : ...une inquiétude
évidemment pour les 54 qui ont eu l'attestation plutôt
qu'un diplôme d'études secondaires.
Ce que je comprends, c'est qu'ils ont eu le même parcours, sauf pour
le cours de mathématiques, mais, en bout de course, ça ne leur donne pas le diplôme d'études secondaires. On me
dit que c'est une problématique qui dure depuis les deux dernières
années.
Est-ce que je comprends que, du côté du
ministre, on va régler la situation dans les meilleurs délais?
M. Proulx : Bien, écoutez, moi,
c'est porté à ma connaissance depuis peu. Ça se compte en heures. Alors, dans ce contexte-là, on me dit que déjà il y avait
du travail de fait avec la commission scolaire pour régler... ou, en
tout cas, rendre le programme de
mathématiques local conforme à nos exigences. Alors, oui, vous pouvez être
assuré de ma collaboration pour que l'ensemble des élèves puissent
convenir que, lorsqu'ils réussissent à Kativik, ce sera pour un diplôme
d'études secondaires.
M.
Cloutier : Ça fait déjà quelques jours qu'on est informés. Il me
semble que ça prendrait une filière autochtone, là, sur le bureau du ministre traitée en priorité, parce qu'il y a des
histoires... Tout passe par l'éducation, et il me semble que la tâche,
elle est colossale, colossale. C'est le moins que je puisse dire. Ceci étant
dit...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...et 17 s.
M. Cloutier : Bon, il me reste une
minute.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...M. le député de Lac-Saint-Jean, si vous voulez les reporter.
M.
Cloutier : Très bien. Je vais juste voir si je n'avais pas des petites
questions — des
petites questions, je n'en ai sûrement pas — mais plus rapides.
Bon, je vais garder le temps, Mme la Présidente, pour l'autre bloc.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Excellent. Alors, on va
passer du côté du gouvernement pour un bloc de 17 minutes, et je
cède la parole à M. le député de Chapleau.
• (12 h 10) •
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Moi, M. le ministre, j'aimerais
vous entendre, vous entretenir, vous questionner sur la stratégie
numérique en éducation.
La ministre
de l'Économie et de la Stratégie numérique a annoncé l'élaboration d'une
stratégie numérique pour l'ensemble
du Québec, et, dans le cadre de cette stratégie-là, il y a un plan d'action en
stratégie numérique concernant l'éducation qui sera élaboré. Il y a
plein d'acteurs qui seront interpellés là-dessus. Il y a plein de choses qui se
font actuellement dans le domaine du numérique, que ce soit dans les
commissions scolaires, au niveau des classes, des professeurs. Il y a même des entreprises
au Québec qui oeuvrent dans le domaine du numérique en éducation. À titre d'exemple, il y a le milieu des PME québécoises spécialisées en
innovation dans les technologies. Je pense que c'est de plus en plus
florissant et en expansion au Québec.
Récemment, il y a
des dizaines d'entreprises québécoises spécialisées dans le domaine qui se sont
associées pour former l'EDTEQ, qui
est l'Association des entreprises pour le développement des technologies éducatives au Québec. Sa mission, c'est de faire rayonner le travail de ses
membres, naturellement, au Québec et à l'international et faire la promotion
de l'accès aux technologies éducatives. Je regardais un peu chacune de ces entreprises-là,
et un peu tout ce qu'elles faisaient, et
sur la liste, et dont une qui s'appelle Academos, où est-ce que chacun d'entre
nous pourrait être mentor, et c'est un peu un réseau social pour l'orientation au Québec, ça permet aux jeunes d'avoir accès à différents professionnels
ou des gens qui exercent différents
métiers et de dialoguer par Internet avec eux pour savoir, là, qu'est-ce qu'il
faut pour être pompier, policier, politicien, député à l'Assemblée
nationale. Moi, j'ai le plaisir, depuis quelques années, d'être mentor pour
Academos. Je vous recommande de tous l'être, si vous ne l'êtes pas. Il y a
plein de jeunes qui ont des questions fort intéressantes, à savoir le parcours de vie et comment on fait
pour être député, et j'ai des amis qui exercent d'autres fonctions qui sont également mentors pour Academos. En tout cas, c'est assez intéressant. À part Academos, il y a plein d'entreprises
qui font toutes sortes de choses en numérique, et en technologies éducatives,
assez incroyables au Québec.
La ministre de l'Économie a annoncé que le volet
concernant l'éducation et l'enseignement supérieur, le développement des compétences
sera le premier plan d'action sectoriel à être rendu public dans le cadre de la
Stratégie numérique. Naturellement, si je reprends un peu ce que mon collègue
de Lac-Saint-Jean disait tantôt, tout passe par l'éducation, donc. Je pense que plus on est jeune, plus il y a
de la facilité à s'adapter à toutes ces nouvelles technologies là, à tout ce qui est numérique. Et là j'ai un
article de journal ici qui vous cite et qui dit que le ministre — je ne nommerai pas votre nom, parce que je n'ai pas le
droit — «promet
un plan d'action sur le numérique dans les écoles». Et vous dites :
«Le numérique sera un des plans d'action de
la politique sur la réussite [scolaire], qui sera dévoilée ce printemps...»
Et là on donne toutes sortes
d'exemples : en France, en Nouvelle-Écosse, en Colombie-Britannique, il y
a déjà des robots qui ont fait leur
apparition dans les écoles pour l'apprentissage et aider les jeunes, là; toute
la question de la programmation. Et donc, au Québec, il y a plein d'initiatives également qui sont faites. Vous avez
également parlé, là, qu'il y a plein d'opportunités pour le réseau
scolaire. Vous avez parlé de 100 profs audacieux, ou je ne sais trop.
Donc,
j'aimerais vous entendre un peu, là, sur les grandes lignes ou la vision, là,
de ce que sera le plan d'action sur
la stratégie numérique à l'éducation et comment on pourra intégrer cette
stratégie-là dans toutes les écoles du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chapleau. M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Je veux remercier le collègue pour sa question également.
C'est clair
qu'il faut travailler différemment en matière de technologie. Je pense que ce
n'est pas exagéré de le dire ainsi.
C'est aussi clair, lorsqu'on voit ce qui se fait ailleurs et ce qu'on peut
faire dans nos écoles, que, dans certains lieux, grâce à des initiatives locales extrêmement intéressantes... Et là je
veux saluer le leadership de centaines d'enseignants, notamment, qui permettent... ou qui réfléchissent
en dehors de la boîte, pour reprendre une expression consacrée, qui ont
eu le concours et le soutien de leurs
directions d'école, par exemple, pour faire des projets extrêmement stimulants.
C'est comme ça qu'on va réussir à changer les choses et à améliorer notre
vision dans le domaine.
Avant de
parler des différents moyens ou du plan proprement dit, vous dire deux choses.
La première, c'est que j'ai entendu en consultation beaucoup de gens parler
de technologie. Certains avaient peur que ce soit pour remplacer la pédagogie. Ce n'est pas le cas, Mme la Présidente.
La technologie, c'est au soutien de la pédagogie et des apprentissages.
Alors, ceci
étant dit, j'ai aussi dit en consultation : C'est bien d'avoir de la
vision puis d'avoir du matériel, encore faut-il avoir l'infrastructure
pour être capables de soutenir le matériel. On m'a donné des exemples de
tableau blanc interactif, ou autres, où,
dans certains lieux, il y avait des enjeux d'ampoule, de fil, de réseau sans
fil. Alors, vous comprendrez que ce
n'est pas très, très utile si c'est branché au mur, qu'on n'a pas d'ampoule
pour le faire fonctionner puis qu'on n'a pas bande passante ou de wifi, si vous me prêtez l'expression, pour être
capable de l'utiliser. Alors, ça a l'air d'un tableau, c'est juste qu'il
n'y a plus de craie. Ce n'est pas ça, les objectifs, pour prendre en exemple le
tableau blanc interactif.
Or,
on va avoir des enjeux d'infrastructure, d'accès aux infrastructures technologiques.
On va avoir une réflexion à faire sur
l'utilisation des outils et surtout aussi sur l'accessibilité puis l'équité
pour avoir accès aux différents outils. On va avoir un enjeu sur la
maîtrise des compétences d'abord par ceux qui enseignent ou soutiennent
l'apprentissage des enfants, puis aussi il
va falloir se poser la question si nous, on veut introduire le codage et la
programmation, par exemple, dans les écoles du Québec, pas seulement par
des initiatives locales, et j'en suis plein, plein, plein, puis plein de gens m'écrivent à ce sujet-là.
Moi, je pense qu'on devrait le faire. On le voit ailleurs. C'est bien de
posséder un appareil comme celui-là,
Mme la Présidente. Ça, tous les jeunes en ont un. C'en est un autre d'être en
mesure de l'influencer et non seulement
de l'utiliser. Et ça, je sais que, si on regarde ce qui va se passer dans
l'avenir, alors qu'on ne sait pas ce que vont faire nos enfants comme métier ou profession, parce qu'il y a
50 % des métiers qu'ils occuperont qu'on ne connaît pas, j'ai une petite idée que ça va passer par là.
Et, dans ce contexte-là, je pense qu'il faut se donner les moyens de
voir plus loin que nous le faisons
aujourd'hui, et il y a toute la question des compétences, et ça, ça s'inscrit
dans les compétences du XXIe siècle, et là il y a une réflexion à
faire.
Alors,
notre collègue ministre responsable de l'Économie va rendre publique cette
année — en tout
cas, c'est son souhait — la stratégie numérique du gouvernement,
et il y aura, dans le cadre de cette stratégie, un plan qui touchera l'éducation. Et, de notre côté, les travaux sont
extrêmement avancés, on discute avec les milieux, on discute d'infrastructures,
on discute des moyens, on discute des outils
et on a des propositions à faire qui sont extrêmement intéressantes pour
rendre les choses très stimulantes au niveau des jeunes.
Je
veux profiter de l'occasion, alors qu'on parle de ça avec le collègue de
Chapleau, pour saluer puis souligner les regroupements puis les communautés de pratique. Moi, je suis allé voir
les gens du... je suis allé voir l'AQUOPS dans les dernières semaines. C'est des regroupements avec des exposants, des
gens qui font des choses extraordinaires tant au niveau des applications que des outils pédagogiques et de soutien et/ou
d'initiation aux technologies et des gens extrêmement passionnés, des gens qui ont des réponses à
plusieurs des questions qu'on pourrait se poser pour initier nos jeunes et
surtout les faire travailler avec les
technologies, et surtout aussi se retrouver dans la situation où certains
pourraient persévérer à l'école ou
être intéressés à poursuivre à l'école grâce à ces différents outils ou parce
qu'ils vont y voir là des opportunités pour eux dans l'avenir.
Alors, moi, je veux vous dire que ça s'en vient
très bientôt, on travaille avec les différents regroupements, les gens sont très enthousiastes à cet égard-là, mais je ne
mets pas la charrue devant les boeufs. Je ne suis pas en train de dire
que pour tout le monde c'est accessible
maintenant. La raison est fort simple, Mme
la Présidente, c'est que, quand on
fait le tour du Québec,
on voit qu'à la base on a aussi des enjeux d'accessibilité aux infrastructures. Alors, il faut se poser cette question-là pour ensuite être en
mesure de le déployer dans les écoles.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chapleau, il
vous reste 6 min 40 s.
M. Carrière :
Six minutes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
• (12 h 20) •
M.
Carrière : O.K. Merci. Je veux juste continuer un peu sur ce que mon
collègue avant moi, là... quant à toute la question, là, de la place des
autochtones en éducation.
Chez
nous, en Outaouais, là, il y a deux communautés, Kitigan Zibi et Lac-Barrière,
deux univers complètement différents,
à l'opposé l'une de l'autre, une qui tire assez bien son épingle du jeu, mais
avec des enjeux vraiment importants, et
ma collègue de Gatineau, la ministre de la Justice, travaille très fort pour
aider ces communautés-là. Et il y a des articles, des fois, et c'est assez inquiétant. Un jeune sur
10 obtiendra son diplôme sur la réserve, et c'est vraiment un enjeu
auquel on doit s'adresser.
Et
en début, ce matin, je vous parlais de toute la question de la Politique de la
réussite éducative, là, qui nous attend bientôt. J'aimerais vous entendre sur la place des autochtones dans
cette politique-là et qui pourra être invité autour de différentes
tables ou de forums au niveau des autochtones pour adresser le problème, là, le
plus rapidement possible.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Proulx :
Merci. Bien, je vais peut-être profiter de l'occasion qui m'est offerte,
puisque vous me parlez d'affaires autochtones et de réussite éducative,
pour revenir peut-être sur Kativik pour compléter l'échange qu'on n'a pas pu
compléter avec le député de Lac-Saint-Jean, puis je vais le faire avec le
député de Chapleau.
D'abord, la
commission scolaire Kativik, qui est dans un statut particulier, c'est
14 villages nordiques non ethniques,
17 écoles — préscolaire,
primaire, secondaire — deux centres de formation professionnelle, 3 130 élèves
au secteur jeune — primaire et secondaire — avec un taux de décrochage, Mme la
Présidente, parce que c'est ce que je voulais obtenir, alors un taux de sortie sans diplôme ni qualification, en
formation générale des jeunes, de 83,3 %. Alors, ce n'est pas de... Puis je voulais le dire pas parce que ça
me fait plaisir, mais parce que je pense qu'il faut le mettre aussi en
contexte des difficultés que nous avons à
les aider. Et je veux revenir sur l'attestation et la diplomation parce que,
bien là, quand on s'intéresse à un
dossier puis on veut aller jusqu'au bout des choses, on pose des questions.
C'était le choix de la commission scolaire
d'aller vers ce programme. C'était le choix de la commission scolaire, de ce
que je comprends, de permettre ou d'avoir
aussi des attestations, sachant très bien quelle était la conséquence. Et il y
a, semble-t-il, trois cégeps ou collèges qui acceptent les étudiants
autochtones de Kativik avec ces attestations. Et donc ils ont un accès, malgré
tout, à l'enseignement supérieur dans trois
établissements, et il faut savoir que c'est à leur demande que c'est fait
ainsi. Alors là se pose la question
que... Et un échange que nous pourrions avoir ici ou ailleurs, c'est :
dans un cas comme celui-là, vu leur réalité
particulière, ils ont eu des demandes différentes d'autres commissions
scolaires, et on répond positivement en disant : Oui, c'est ce que vous souhaitez, que les jeunes puissent
aller dans ces trois collèges, notamment, parce que, j'imagine, là, ils peuvent... Et d'abord il y a des programmes
qui peut-être sont mieux adaptés, ils ont l'habitude et ils savent
travailler. On est en milieu... c'est, on dit, en autochtonie urbaine. Dans ce
cas-là, on est à l'extérieur des milieux autochtones proprement dits.
Alors,
je ne dis pas qu'il ne faut valoriser que ça et que c'est la meilleure réponse,
alors que ce serait plus simple, en
tout cas, en théorie et sur papier, d'avoir un diplôme d'études secondaires. Ça
nous permettrait d'aller dans toutes les écoles. Mais je veux juste rappeler à l'ensemble des collègues et aux
gens qui nous écoutent qu'ils ont une réalité très particulière, ils ont un taux de décrochage — donc taux de sortie, diplomation et
qualification, attestation — extrêmement
important, et, avant de tout mettre nos
efforts dans où peuvent-ils aller en enseignement supérieur, c'est important,
mais il faut aussi regarder à la base comment est-ce qu'on fait pour les soutenir
dans les déterminants qui vont faire en sorte qu'ils ne vont pas décrocher sans
diplomation, sans qualification. Alors, notre travail, il est colossal avec
eux.
Et je reviens
à la question du collègue en matière d'affaires autochtones en lui disant qu'on
aura un lieu d'échange avec eux qui
n'existait pas avec les groupes autochtones. Il y a une table autochtone avec
le ministère de l'Éducation qui va se
mettre en place et en branle. Ça a été souhaité et discuté avec eux. C'est
notre proposition que j'ai faite lorsqu'on est allés en consultation. Et
ils ont très bien exprimé, Mme la Présidente — et c'est vrai pour tous nos
services publics, en passant — qu'il faut connaître leur réalité pour être
capables de travailler avec eux. Et nous, on est chanceux, au ministère de l'Éducation, c'est le cas. On a des gens qui
connaissent leur réalité, qui travaillent avec eux depuis longtemps et
bien acceptés auprès d'eux. Mais, dans
certains services publics, ce n'est pas toujours simple, là. Ce n'est pas parce
qu'on est de la fonction publique,
mandatés par le gouvernement du Québec pour travailler avec eux qu'on peut le
faire. Si on ne connaît pas leur réalité, on peut difficilement agir.
Et, je répète ce que je disais tout à l'heure,
en terminant, je veux dire, le bouquet de mesures à mettre en place autour d'eux... ou les problématiques qui
émergent habituellement chez les décrocheurs dans d'autres régions du Québec ne sont pas les mêmes dans cette situation,
dans cette réalité socioéconomiques
et géographiques que j'ai exprimées. Alors, je ne dis pas que les choses
vont bien. Ce que je dis, c'est qu'il faut y travailler.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chapleau, il vous reste une minute.
M. Carrière : Une minute?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
M. Carrière : Ah! on va la reporter.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Alors, on va passer du côté de l'opposition officielle. M. le député de Lac-Saint-Jean, vous
disposez de 20 minutes.
M.
Cloutier : Juste poursuivre
très rapidement. D'abord, le ministre cite la situation à la commission
scolaire Kativik, mais regardez l'ensemble
des résultats de toutes les commissions
scolaires, vous allez voir qu'on est
pas mal dans les mêmes eaux, à quelques exceptions près.
Ceci étant dit, pour la situation inuite, comment voulez-vous que les jeunes
réussissent, quand ils n'ont même pas de
logement? La crise du logement sur le territoire inuit, là, c'est une vraie crise nationale mais
qui passe complètement inaperçue et
qui est mise sur... qu'on fait comme si ça n'existait pas. Je l'ai dit à votre collègue
aux Affaires autochtones, moi, je
pense que, comme société, on devrait donner un coup de barre, régler la situation
une fois pour toutes. Là, on fait du rattrapage. Ça fait que, chaque année, on a essentiellement 800 à 1 000 logements
insuffisants, de sorte que les jeunes, ils n'ont même pas de place à rester. Puis là il y a des histoires
d'horreur, là. Il y a un rapport sénatorial qui a été rendu public en
janvier, février, là, puis il rapporte des scénarios où ils s'échangent les
heures pour dormir : genre, de 11 heures à 2 heures, c'est le
petit qui dort; de 3 heures à 7 heures, c'est le plus grand. C'est
des histoires complètement débiles, tuberculose, plus haut taux de criminalité.
En tout cas, bref, c'est complètement hallucinant. Il y a un rapport de la protection de la jeunesse qui date de 2002 et qui
a été refait ensuite, de mémoire, en 2004 ou 2006, mais c'est un problème
récurrent. J'arrête là. C'est un autre dossier.
Un autre
dossier qui me préoccupe vraiment : des tests d'admission à des enfants de
quatre ans. M. le ministre de l'Éducation,
trouvez-vous ça normal que, un bout de chou de quatre ans, on lui exige un test
d'admission pour avoir accès à un programme public de l'école publique
québécoise? Est-ce qu'on devrait mettre un terme à ça?
M. Proulx : Je pense m'être déjà
prononcé sur la question en disant que je n'étais pas à l'aise avec ça.
M. Cloutier : Parfait. Avez-vous
l'intention d'y mettre fin?
M.
Proulx : Encore une fois, je
vais faire la démarche qui est la mieux, c'est-à-dire que je vais identifier là
où sont les difficultés, si j'ai des difficultés, je vais apprécier les faits
puis je vais vous donner une réponse pour qu'on puisse y mettre fin.
M.
Cloutier : Avec respect, M. le ministre, c'est quand même un problème
qui est récurrent, ça sort sur une base régulière dans l'actualité. Le dernier en ligne, c'est daté du
17 novembre 2016. Vous vous êtes effectivement prononcé. Mais, entre vous et moi, on demande à notre... on
parle de l'école publique québécoise, à des enfants de quatre ans de
faire des tests de deux heures. Puis en plus il y a de la préparation à ces
examens-là.
C'est-u
vraiment le modèle de société dans lequel on a envie de vivre? Puis est-ce que
vraiment c'est ça, l'école publique québécoise, avec ce genre de test
d'admission là?
M. Proulx : J'ai déjà eu l'occasion, puis je pense qu'on en
avait discuté à plus grande échelle au moment où on avait discuté du rapport du Conseil supérieur de
l'éducation qui parlait de l'iniquité à l'intérieur même de l'école publique... en disant que je suis tout à fait en accord avec ce que vient de dire le
député de Lac-Saint-Jean à l'égard des tests chez les enfants de quatre ans. Maintenant, dans le moyen
pour le faire, je fais juste vous rappeler que, dans quelques semaines,
là, il y aura des orientations pour
l'accessibilité, pour la réussite, pour soutenir nos élèves et en besoins
particuliers, et l'ensemble d'entre
eux, donc la totalité d'entre eux. Alors, c'est le genre de mesure qui peut
très bien apparaître dans une politique comme celle-là, Mme la
Présidente.
M.
Cloutier : Alors, j'espère qu'elle y sera, sincèrement. Je ne vois pas
comment ça peut être en accord avec le principe de l'accessibilité pour
tous, avec un modèle égalitaire. C'est incroyable quand même que l'école publique
québécoise se permette ce type de pression
là sur nos tout-petits, M. le ministre. Alors, vous aurez compris qu'on va vous
suivre à la trace sur cet enjeu.
M. Proulx :
Comme d'habitude.
M.
Cloutier : Maintenant, la formation des maîtres. Est-ce que vous êtes
intervenu finalement pour la formation puis le fameux test de français?
Il y a eu une espèce de jeu de ping-pong, là, entre vous et votre collègue aux
Études supérieures. Qui a gagné?
M. Proulx :
Qui a gagné? Entre qui et qui?
M. Cloutier :
Entre vous et votre collègue aux Études supérieures.
• (12 h 30) •
M. Proulx :
Ah! on travaille ensemble, Mme la Présidente. Deux choses à l'égard de la
formation des maîtres. Encore une
fois, je suis en lien avec ce qui s'est fait cet automne. Et il faut donner une
réponse à ça beaucoup plus globale que
d'imposer, à la pièce, des éléments,
vous dire ce qu'il en est à l'égard de la formation des maîtres, c'est
que tous ont convenu — nous,
eux et vous — qu'il
fallait revoir certains aspects de la formation des maîtres. Et les centrales syndicales, et autres, le disent également,
ils ne sont pas prêts, dans certains aspects, à travailler dans les écoles d'aujourd'hui. Et, en ce qui a trait aux compétences, ce sera également
discuté et énoncé dans l'ensemble, autant pour... si vous prenez les
examens, par exemple, de français, si vous faites référence à ça, au
nombre de passations qu'aux mesures pour soutenir les élèves dans
certains secteurs, parce que vous aurez compris qu'il y a une préoccupation
aussi dans différentes facultés.
Et,
l'autre aspect, Mme la Présidente, qui, moi, m'a frappé lorsque je me suis
intéressé à ça, il y a beau avoir quasi à l'infini la possibilité de passer l'examen, dans la réalité j'ai compris
que plus de 95 % des étudiants
auront réussi dans les premières passations. Alors, ce n'est pas vrai,
si quelqu'un pense qu'après huit ou neuf passations il y a 80 % des
enseignants qui n'ont pas réussi.
M. Cloutier :
Vous me dites que, malgré toutes les déclarations publiques à cet effet, malgré
que le dossier a d'abord été pris par
François Blais, ensuite par votre collègue de l'Enseignement supérieur, il n'y
a absolument rien de changé pour la prochaine rentrée scolaire? Il n'y a
rien de changé pour la prochaine rentrée scolaire en ce qui a trait aux tests
d'admission?
M. Proulx : Bien, je vous ai dit qu'on aurait pour la formation des maîtres une
réponse beaucoup plus globale qui va toucher la valorisation des
enseignants puis ce qu'il y avait dans la consultation.
M. Cloutier :
Mais, de mémoire, vous aviez jusqu'au 31 mars pour intervenir pour l'année
prochaine. Dois-je comprendre qu'il n'y a rien de changé pour l'année à
venir?
M. Proulx :
Il n'y a pas eu de démarche d'effectuée au 31 mars 2017.
M. Cloutier :
Donc, on a perdu encore une autre année là-dessus. O.K.
Ensuite,
un autre sujet, un autre sujet qui, lui aussi... j'ai l'impression de... on
fait un peu le jour de la marmotte, là, la taxation scolaire.
Une voix :
...
M. Cloutier :
J'entends une réaction, un enthousiasme...
M. Proulx :
J'ai dit : On avance.
M. Cloutier :
...un enthousiasme débordant du côté du ministre. Je suis sûr qu'il meurt
d'envie de répondre. Je pense qu'il réagit
de la sorte, Mme la Présidente, parce que probablement qu'il est tout à fait
d'accord avec nous sur la situation
complètement absurde où, si tu es chanceux, tu as ta maison dans le bon
quartier puis, si tu es malchanceux, elle est de l'autre bord, puis ça
te coûte le double.
Vous
ne pouvez pas savoir, c'est surprenant, le nombre de citoyens qui m'écrivent,
particulièrement un citoyen de la
région de Mirabel qui m'a donné son exemple, un propriétaire d'une maison d'une
valeur de 300 000 $ à Saint-Jérôme avec une facture de 960 $, et le gars qui est
à Sainte-Adèle, à 30 kilomètres de là, a une facture, lui, de 640 $.
Un petit 300 $ de différence
pour 30 kilomètres de différence. Puis lui, de mémoire, il avait un chalet
dans les deux municipalités ou une maison dans une municipalité puis un
chalet dans l'autre puis il ne comprenait strictement rien à la tarification,
puis avec raison.
Le premier ministre
qui m'a dit qu'il allait corriger la situation, il ne fait plus de politique
aujourd'hui. Le deuxième ministre qui m'a dit qu'il allait le corriger en
faisait une priorité avec un projet de loi. On en est où, M. le ministre? Est-ce qu'un jour on va avoir un système
un peu plus égalitaire et, justement, prévisible? Je comprends, là,
qu'il y a une différence pour les
commissions scolaires anglophones, je ne veux pas entrer là-dedans, mais, pour
les commissions scolaires
francophones, mettons, on va commencer avec ce problème-là, est-ce que le
ministre entend corriger la situation?
La Présidente
(Mme Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx : Moi, je travaille à une proposition, Mme la Présidente, pour faire en
sorte de ramener de l'équité. Peut-être
que je pourrai résumer ça ainsi : si tu es chanceux, tu es du bon côté de
la rue dans le quartier. Il y a deux réalités, Mme la Présidente.
D'abord,
c'est qu'il y a un exemple de régionalisation qui existe à Montréal, là, hein,
en passant, et il y a les autres situations
dans l'ensemble du Québec. Il y a l'Outaouais qui diffère d'autres régions à
l'égard de la comparaison entre les commissions
scolaires anglophones et francophones, mais ailleurs c'est l'inverse. Il y a
certaines commissions scolaires dans
des régions qui ont des taux très différents dans la même région. Là où on en
est, M. le député de Lac-Saint-Jean... ou
Mme la Présidente, c'est dans le cas suivant : c'est que nous sommes
actuellement à terminer la modélisation d'un modèle qui pourrait nous amener à amener plus d'équité. Il faut rappeler
qu'on est dans la première année, là, qui suit l'application de la fin
de la péréquation, alors il fallait vivre cette année-là qui n'était pas, je
dirais, influencée par la péréquation. J'ai
demandé des modèles avec les régions telles qu'on les connaît aujourd'hui. J'ai
demandé des modèles avec des régions
différentes, c'est-à-dire avec une modélisation avec des sous-ensembles, pour voir quels seraient les impacts, parce
que, dans la réalité, Mme la Présidente, à la fin de la journée, c'est qu'il y
a des comptes de taxes qui baissent puis il
y a des comptes de taxes qui augmentent, et il faut prévoir, à ce moment-là,
comment ça peut se faire, combien ça coûterait
et en combien de temps on pourrait faire en sorte que cet impact-là sur les
gens soit mis en place ou absorbé.
Alors,
voilà où on en est, pour le député de Lac-Saint-Jean, c'est-à-dire qu'on est là
où on n'a jamais été jusqu'à maintenant, c'est-à-dire en train d'évaluer
différentes propositions.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Bien, je vais changer de sujet, mais je veux quand même rappeler au ministre
qu'initialement le premier ministre de l'Éducation en avait fait une priorité
à l'époque.
Une voix :
...
M. Cloutier :
Le premier ministre de votre gouvernement.
Je
veux parler maintenant du Conseil supérieur de l'éducation, du rapport du
Conseil supérieur de l'éducation. Ce n'est quand même pas rien, les
conclusions du rapport à l'effet que nous aurions, au Québec, les écoles les
plus inégalitaires et les écoles les plus
sélectives. Il me semble, ce n'est pas le genre de conclusion qu'on souhaite
pour l'école québécoise.
On
parle de trois modèles, hein, une école à trois vitesses, l'école publique,
l'école privée, l'école publique avec des programmes particuliers, et ce qui est particulièrement, je dirais,
préoccupant, c'est de voir que même l'école publique, avec ses programmes particuliers, s'adresse
essentiellement à la classe la plus fortunée. C'est ce que le rapport nous
démontre. Ça fait qu'essentiellement, les
programmes normaux, là, l'école normale, bien, il reste les cas les plus
problématiques. En fait, l'école normale semble être la plus anormale,
finalement, parce qu'on a tellement écrémé avec tous les programmes existants, programmes particuliers, programme
international, programme sportif, programme culturel, écoles privées,
etc., que finalement la bonne vielle école
publique puis la classe normale, bien, se retrouvent avec un nombre
impressionnant d'élèves en difficulté, etc.
Alors,
c'est un rapport qui, à mon avis, n'a pas eu suffisamment d'échos dans l'espace
public et n'a pas été discuté à sa
juste valeur, parce que c'est extrêmement préoccupant, ce qui est écrit
là-dedans. Le conseil note que le statu quo, donc si on ne fait rien, comme présentement on ne fait
rien... De plus en plus de demandes dans les grands centres et un réseau
public dans lequel les programmes particuliers se développent à la vitesse
grand V pourraient mener à des dérives : étiquetage des écoles, écart qui
se creuse entre les milieux, contexte de rivalité qui entraîne souffrance et
anxiété, des familles qui ne sont pas toutes
égales devant le jeu de l'offre et de la demande. Si on laisse libre cours à la
loi du marché, l'accentuation des
dérives relevées sera inévitable. C'est assez incroyable, là. C'est le Conseil
supérieur de l'éducation qui sonne
vraiment l'alarme puis qui nous dit de nous réveiller comme société, que, si
rien n'est fait, on se dirige vraiment vers un modèle qui sera de plus
en plus inégalitaire.
Il
me semble qu'il y a des choses qui doivent être revues, M. le ministre, dont la
loi sur l'instruction privée, qui n'a pas
été revue depuis je ne sais plus combien d'années... je pense, c'est 1992 ou
1999, mais, bref, ça fait une éternité. Il me semble que les milieux devraient être plus représentatifs de la société
dans laquelle ils sont implantés. D'abord, est-ce que le ministre
partage les conclusions du rapport?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Deux choses. La première, juste pour
terminer sur la taxe, Mme la Présidente, il faut juste se rappeler que la situation dans laquelle on est
actuellement, c'est parce qu'ils ont mis fin à la péréquation. Alors, je ne
fais pas ça souvent, de nous rappeler le
passé, là, mais il faut juste partir de là quand on discute aujourd'hui, et
c'est ce que je fais.
À l'égard du rapport, vous avez raison que c'est
un rapport qui est, un, très intéressant, et comme l'ensemble des rapports du Conseil supérieur de l'éducation.
Tout l'automne dernier, on parlé de ça, en passant. Si des
consultations, avec le public, sur l'égalité
des chances, l'égalité et la nécessité d'avoir des programmes particuliers qui
donnent la chance à tous d'y être...
ça a été discuté et ça a été entendu, et je pense avoir eu l'occasion de
m'exprimer déjà avec les collègues là-dessus.
Je partage...
pas l'idée, je partage la philosophie qu'on doit conserver, à l'effet que, dans
l'école publique, on ne peut pas se retrouver avec des distinctions et
surtout l'impossibilité pour certains de participer à différents programmes. Il
y a des réalités, par contre, et là il y a
toujours des nuances dans tout, il y a des réalités. Dans certains cas, par
exemple, ce sont des réalités parce que c'est en lien avec le sport, ou
d'autres. Il y a des sports où je n'étais pas très bon, Mme la Présidente,
j'aurais eu un peu de difficultés à faire partie des concentrations. Mais, dans l'ensemble,
et surtout pour ne pas généraliser,
je partage la philosophie à l'effet qu'on ne devrait pas avoir de distinction dans la
grande majorité des cas. Et je vous dirais que, depuis les consultations... Parce
que ça, ça a tellement
été d'actualité dans le cadre des consultations qu'à chaque
fois que je vais dans une région ou je vais dans une école souvent on se fait
un plaisir et une fierté de me dire : Ici, nous avons des programmes particuliers, voici lesquels, et, en passant, tous
peuvent en faire partie. Alors, s'ils ont l'intuition et surtout la précaution de l'évoquer, c'est parce qu'ils nous ont déjà entendu dire : Il me semble qu'on devrait y
penser.
• (12 h 40) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Mais est-ce que
vous avez l'intention d'apporter des correctifs, justement?
M. Proulx : Il y aura une... et
là c'est directement en lien avec la Politique sur la réussite éducative, Mme
la Présidente, dans le cadre des
orientations qu'on donnera sur l'égalité des chances. Je pense que le collègue
pourrait y retrouver là des informations.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député.
M. Cloutier : Très bien. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste 4 min 20 s.
M. Cloutier :
Quatre minutes? Quand on regarde le Plan de la réussite qui a été détaillé dans
le dernier budget québécois, ce qu'on
réalise, c'est que Partir du bon pied, au préscolaire et à la première année du
primaire, c'est 94 millions, puis le Coup de pouce, de la deuxième
année à la sixième année, c'est 4 millions.
Comment on
explique un tel écart entre ce qui va se faire pour le préscolaire et la
première année puis les nouvelles sommes
allouées entre la deuxième et la sixième année? Est-ce qu'on comprend bien que
la quasi-totalité des sommes investies, c'est à la première année, au
préscolaire?
M. Proulx : Oui. D'abord, Mme la Présidente, il y a des choix
qui se font, et c'est en lien avec ce que nous avons entendu et les
consensus.
D'abord, ce
sont des ressources supplémentaires. Les 7 200 personnes-ressources
qui seront dans les écoles au bout de
cinq ans sont des ressources supplémentaires, donc en soutien à celles et ceux
qui y sont déjà. Deuxièmement, il y a un consensus d'agir tôt, soutenir les enfants plus tôt et de travailler en
littératie et en numératie rapidement dans les premières années. Je vais l'exprimer ainsi : moi, je
suis d'avis que, lorsqu'on est dans la deuxième année, on devrait avoir
acquis les notions où on est rendu en
littératie. Tous les enfants du Québec, dans la mesure du possible, devraient
avoir acquis les notions de base en littératie. Ça, c'est un gage de
succès pour la suite. Alors, on va investir plus de dollars dans cette période-là de la vie parce qu'on va soutenir tous
les enfants, parce qu'il va y avoir plus de ressources pour aller dans
les classes avec les enseignants.
Le deuxième volet dont il est question, et là
dont j'oublie le nom...
Une voix : ...
M. Proulx : ...alors, Coup de
pouce, c'est des ressources qui seront dans les écoles pour soutenir les élèves
et soutenir les intervenants et
l'équipe-école au quotidien. Et, dans le fond, je le résumerais ainsi :
c'est presque un intervenant pivot
qui pourra travailler avec les élèves et les parents, notamment. Alors,
pourquoi plus d'argent chez les plus petits? Bien, parce que c'est là
que les ressources sont concentrées dans les premières années.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député du Lac-Saint-Jean, il vous reste deux minutes.
M. Cloutier : Quand on le
compare avec l'an dernier, le tableau du Plan de la réussite, ce qu'on réalise,
c'est qu'il y a des sommes... ou il y a
carrément des chapitres qui sont disparus, dont celui sur le décrochage
scolaire. Est-ce qu'il a été
simplement enlevé du tableau, parce qu'il a été annoncé l'année dernière et on
prend pour acquis que les sommes sont au
rendez-vous? On avait prévu, par exemple, pour 2017‑2018, un 36 millions;
en 2018‑2019, 37 millions. Mais là, bizarrement, on reprend le plan, puis
woups! ça n'existe plus.
M. Proulx : Mme la Présidente, ce qui était dans le budget
l'an dernier en mesures directes est toujours dans les écoles. Alors, ce qui était là l'an dernier en
mesures, par exemple, directes pour soutenir le décrochage scolaire, c'est
dans les écoles. Ce qu'on fait cette année, c'est ajouter des ressources.
Alors, c'est en ajout de l'an dernier.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député, il vous reste une minute.
M. Cloutier :
Je comprends bien ce que le ministre me dit, mais les deux s'appellent le Plan
pour la réussite en éducation, puis
il me semble que ça aurait été plus clair si on avait repris l'ensemble du
plan, incluant les sommes qui étaient prévues,
de toute façon, pour l'année au cours. Ce que je comprends plutôt que vous avez
fait, c'est que vous avez ajouté, dans le fond, ce qui était nouveau
dans le Plan de la réussite. C'est ça?
M. Proulx : Bien, c'est-à-dire que, si vous lisez le document
en annexe, vous allez retrouver le plan de l'an dernier. Donc, ça s'ajoute.
Et les règles budgétaires vont faire la démonstration que les mesures de
l'an dernier et les mesures de cette année seront au rendez-vous. Et, en
passant, les règles budgétaires, si elles ne sont pas déjà déposées dans les
réseaux, le seront aujourd'hui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste encore 30 secondes, M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Alors, je ne saurais passer sous silence, Mme la Présidente, que c'est
certainement la première fois que nous aurons des règles budgétaires et
que le réseau sera enfin capable de mieux prévoir et de s'assurer que les sommes
pourront être dépensées à bon escient. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ah! c'est bien, on va finir
sur une note positive. C'est bien. Alors, on va passer, pour le dernier bloc, du côté du gouvernement, et
je cède la parole à M. le député de Chomedey pour environ
17 minutes.
M. Ouellette : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
j'aimerais vous entendre sur un sujet, je pense, qui tient à coeur à mon
collègue de Chambly, qui est le protecteur de l'élève.
Ça me tient à
coeur beaucoup, compte tenu du fait que la ministre de la Lutte contre
l'intimidation est la ministre régionale
de Laval, et je pense que, même à ses crédits, on lui a beaucoup parlé
d'intimidation. Et, pour avoir participé à des projets de loi antérieurs... Et je me souviens, en 1988, encore une
fois, avec la ministre régionale de l'époque, Michelle Courchesne, il y avait eu le projet de loi
n° 88, qui renforçait le rôle du protecteur de l'élève. Le projet de loi
n° 88, on en parlait au niveau
des commissions scolaires en mettant en place une procédure d'examen des
plaintes puis la désignation d'un
protecteur de l'élève. Il y a eu, dans le temps, dans le processus législatif,
le projet de loi n° 56 en 2012 et finalement le projet de loi qui a fait quand même couler
beaucoup d'encre, qui est le projet de loi n° 105, qui a été adopté en
novembre dernier après beaucoup de
discussions, consultations, etc., qui a élargi le processus d'examen des
plaintes à l'ensemble des plaintes détenues par une commission scolaire.
Et, de plus, on dit que le plaignant qui est un élève, soit un parent... un
enfant scolarisé à la maison qui est insatisfait de l'examen de sa plainte peut
référer au protecteur de l'élève.
Notre
collègue de Chambly, à juste titre, nous a informés au mois de décembre 2016...
Je pense que vous aviez fait un point
de presse, M. le collègue de Chambly, auquel vous demandiez au gouvernement que
les parents puis les élèves puissent dénoncer des cas d'intimidation
sans complication puis ni risque de représailles, que ce soit dans les écoles publiques puis les écoles privées. Je pense avoir
déjà discouru sur le sujet, pas strictement au niveau de l'intimidation,
mais particulièrement au niveau des lanceurs d'alerte, la protection des
lanceurs d'alerte et la protection contre les mesures
d'intimidation. Je suis intervenu à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale,
je suis intervenu à plusieurs reprises dans
différentes commissions parlementaires pour m'assurer... parce que, de par mes
fonctions antérieures à celles que j'occupe
aujourd'hui, la protection des lanceurs d'alerte est et sera toujours une de
mes priorités d'action au service de mes citoyens. Juste pour rafraîchir la mémoire de M. le ministre, les
événements ou la situation à laquelle notre collègue de Chambly faisait
référence étaient vécus à la commission scolaire Sorel-Tracy, qui est un coin
que je connais très bien pour y avoir passé
de très longues heures et de très longues nuits à... pas surveiller la
commission scolaire, mais d'autres individus qui ne fréquentaient pas
nécessairement l'école.
M. le
ministre, vous n'êtes pas sans avoir qu'il y a plusieurs questions qui restent
en suspens touchant le protecteur de
l'élève et particulièrement au niveau des écoles privées, parce que,
présentement, je ne crois pas que les écoles privées sont couvertes par le projet de loi et que, dans
un souci d'équité, les parents et les élèves puissent bénéficier du même
traitement et surtout du même accès aux
services. Et je voudrais vous entendre, M. le ministre, là-dessus et savoir
est-ce qu'il y a des choses qui sont dans
les cartons. Est-ce que, dans vos changements législatifs que vous nous avez
parlé à une précédente question, toute la dynamique du protecteur de l'élève sera
couverte de façon à ce qu'on puisse y regarder aussi l'adhésion ou la
couverture des écoles privées à l'intérieur du système?
Vous en avez
parlé pour les sans-papiers. Je pense que c'est très important
que les élèves puissent avoir accès, ne serait-ce que par équité... et il faut aussi que le système
soit en mesure de protéger les lanceurs d'alerte contre toute menace, toute intimidation et toute influence extérieure
de nature... à sécuriser leurs dénonciations. Je veux vous entendre là-dessus,
M. le ministre.
• (12 h 50) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le ministre.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Je veux remercier le collègue pour sa question. Je
sais que le député de Chambly va être
intéressé par ce que je vais dire également. D'abord, je connais son intérêt
et ses préoccupations à l'égard
de l'intimidation et à tous les niveaux. Le protecteur de l'élève a un rôle à
jouer aussi en d'autres circonstances qu'en
matière d'intimidation. Hier, on en avait un exemple à l'égard de la territorialité, nos gens à la frontière,
comme on les appelait hier.
Deux
choses. La première, c'est que je pense m'avoir exprimé assez clairement au
moment où j'avais été interpelé sur
la nécessité de revoir autant la notion que les pratiques pour d'abord faire le
constat des lieux. Je sais que le collègue de Chambly a souvent des exemples qui lui sont rapportés. J'en ai eu, moi
aussi. Si on doit poser des gestes pour changer les choses, Mme la Présidente, d'abord il faut faire
le changement législatif, et donc ça doit se préparer. C'est une des
raisons pour lesquelles j'ai des choses en
réflexion et préparation, mais je ne peux pas dès maintenant vous dire quel
sera le chemin définitif, il manque
quelques morceaux à mon casse-tête. Je veux vous dire qu'on a fait quelques
vérifications aussi de ce qui se fait
ailleurs. J'ai vu que, dans le cas de certaines provinces canadiennes, ce sont
des ombudsmen parlementaires comme le
Protecteur du citoyen. Aux États-Unis, on voit là des ombudsmen scolaires qui
ressemblent davantage à notre situation
à nous. Nous avons des discussions avec la Protectrice du citoyen,
actuellement, et elle fait elle-même une analyse du poste et surtout des tenants et aboutissants, là, du protecteur de
l'élève. Alors, il y a une réflexion qui se fait avec eux. Je pense que
c'était un des souhaits du collègue de Chambly, et de bien des gens, et
notamment des parents, de dire : Est-ce
qu'on ne devrait pas se rattacher au Protecteur du citoyen? Alors, il y a une
réflexion à faire de ce côté-là, comment est-ce qu'on peut faire mieux
les choses.
À
l'égard du privé, la situation actuelle, c'est la suivante : c'est que,
dans le fond, c'est les conseils d'administration qui agissent en lieu et place d'un protecteur en
particulier. C'est souvent comme ça que les choses se règlent. Je pense
qu'il faut aussi faire cette réflexion-là.
Si on a à revoir le rôle, bien, il faudrait l'étendre à l'ensemble du réseau
scolaire pour assurer cette uniformité-là et surtout pour assurer que,
si on considère que c'est un des remparts contre l'arbitraire, c'est une des façons de faire valoir ses droits à
l'intérieur d'un système, ça devrait être le cas pour l'ensemble des
gens.
Alors, oui, la
réflexion est bien entamée, oui, des discussions, actuellement, et du travail
qui se font avec la Protectrice du citoyen, oui, une analyse se fait de ce qui
se fait ailleurs. Vous savez qu'on a maintenant une direction de la veille au sein du ministère qui, notamment,
travaille avec les collègues des différentes directions pour identifier
des pratiques différentes ou les meilleures pratiques. Et, bien entendu, je
pense que je serai en mesure de vous revenir assez rapidement là-dessus, M. le
député de Chomedey.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député,
avez-vous quelque chose à rajouter?
M. Ouellette :
Merci. M. le député de... Il va finir ça en beauté.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : M. le député de Chapleau, il vous reste
cinq minutes, à peu près.
M. Carrière :
Cinq minutes. Merci, Mme la Présidente. J'en ai parlé un petit peu tantôt, de
mon voyage en Écosse et à Édimbourg et de comment j'ai été impressionné,
premièrement, des échanges qu'il y a eu entre les différents gouvernements, les
différents syndicats de chacun des pays, les rencontres bilatérales, qu'on
appelle, avec différents pays, mais, ce qui
m'a impressionné le plus, je dirais que c'est les deux visites que j'ai faites
dans les écoles, une école primaire, une école secondaire.
L'école
primaire, les espaces, la façon que c'est fait, tu as quatre classes, et au
milieu il y a comme un atrium, je vais
appeler ça un espace commun, et là il y a une personne qui travaille là, je ne
sais pas si c'est une surveillante ou une professionnelle, et, quand les jeunes, ils sont un peu tannants,
dissipés, ou peu importe, ils sont amenés dans cet endroit commun là et ils sont amenés à faire autre chose.
Oui, ils peuvent faire de l'art plastique, ils peuvent faire toutes
sortes de choses, et en même temps ça peut les calmer, et après ça ils peuvent
retourner en classe lorsque... Donc, c'était une façon de faire que j'ai
trouvée vraiment intéressante.
Et
puis, au niveau de l'école secondaire que j'ai visitée, ce qui était intéressant, c'est que... Souvent, dans les écoles, en tout cas... ou ce qu'on
entend, quand il y a un élève, un étudiant qui fait quelque chose qui mérite d'être réprimandé, souvent
la suspension peut être rapide, donc : Va passer deux, trois jours chez
vous, réfléchir, etc. Et ce que la direction de l'école, les enseignants m'expliquaient, c'est : la suspension,
c'est la dernière mesure qui va être adoptée. Et ils ont un espace, eux aussi, où ils les amènent, c'est un
peu tamisé. C'est intéressant de voir... Et là également il y a
un surveillant — ce
n'est pas un professeur — et qui fait des travaux avec ces jeunes-là.
Ils étaient trois ou quatre, donc ce n'est quand même pas un gros nombre. Et puis ces jeunes-là, au lieu
d'être à la maison puis peut-être faire des mauvais coups parce que les parents sont ailleurs — c'était dans un milieu défavorisé aussi d'un
coin d'Édimbourg — donc,
ils étaient retirés de la classe et
ils étaient amenés là pour pouvoir travailler. Ils avaient des devoirs à faire,
ils avaient toutes sortes de choses à faire, mais c'était dans un contexte différent de l'école. Et ce que la
direction, le directeur de l'école et les professeurs disaient, c'est
que ça avait des résultats vraiment intéressants.
La
raison pour laquelle je vous parle de ça... Et on entend toutes sortes de choses.
Il y a Repenser l'école, j'en ai parlé
un peu tantôt, Lab-École, avec nos trois professionnels, là, qui veulent revoir
comment repenser l'école, etc., et l'école de demain. Ma question, en fait, rapidement, dans une minute : En
fait, comment on s'inspire des meilleures pratiques ailleurs dans le
monde? Est-ce qu'il y a des liens officiels? Et comment nous, on peut inspirer
les autres aussi?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chapleau. M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, un, le
ministère a des liens avec plusieurs organisations, et c'est tant mieux,
parce qu'on va, oui, chercher de l'information mais aussi on en transmet, en
passant, hein, on fait des choses extraordinaires, il faut le dire, et certains
viennent pour apprendre.
On a depuis peu une
direction veille et stratégie au sein du ministère qui mensuellement, là, nous
alimente de différentes pratiques. Il y a une veille internationale maintenant,
au sein du ministère, qui nous permet, de façon systématique, là, de nous tenir
informés de ce qui se fait ailleurs, et c'est extraordinaire parce que ça nous
permet d'apprendre, Mme la Présidente, des choses qu'on ne savait pas.
Une voix :
...
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Pardon?
Une voix :
...
M. Proulx :
Ah! bien, écoutez, il reste peu de temps, je pense, hein?
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Oui. Il reste encore quelques minutes, M.
le ministre.
M. Proulx :
Ah oui? D'accord.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Ça fait que, si vous avez quelque chose à
rajouter, vous pouvez le faire.
M. Proulx : Bien, je voudrais terminer sur la veille avant peut-être
de nous remercier tous et de nous inviter à voter des crédits, mais terminer en disant que c'est extrêmement important parce
que, d'abord, ça nous permet de
suivre ce qui se fait à l'étranger, ça nous
permet d'identifier les gens avec qui on veut rentrer en relation et avec qui
on ne l'est pas maintenant et ça nous permet d'établir des contacts avec des
gens qui font les choses différemment. Ça pourrait être pratique pour des recherches et discussions à l'égard des
milieux scolaires, c'est vrai aussi pour des stratégies pédagogiques.
Je pense au numérique, je pense à la programmation, je pense aux établissements.
C'est extrêmement intéressant de pouvoir travailler avec ces gens.
Je terminerai, parce
que je pense que ce sera le mot de la fin, Mme la Présidente, pour remercier
l'ensemble des collègues,
les gens de l'opposition, les gens du ministère, ceux qui nous ont écoutés, féliciter les acteurs
de l'éducation, souhaiter, je vais le faire d'ici ce temps-là aussi, une
excellente année scolaire à ceux qui y sont et vous demander, Mme la
Présidente, de mettre nos crédits en Éducation primaire et secondaire aux voix.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Avant de
passer au vote, le fait qu'il n'y a plus d'intervenant et il reste quand même encore un peu de temps qui
est non utilisé... alors j'aurais besoin du consentement pour que ce
temps-là soit réputé écoulé.
Une voix :
...Mme la Présidente.
• (13 heures) •
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci. Alors là, on peut passer aux voix.
Adoption des crédits
Alors,
le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du volet Éducation primaire
et secondaire et Persévérance scolaire
du portefeuille Éducation et Enseignement supérieur pour l'exercice
financier 2017‑2018 étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix. Ainsi, le programme 4, Éducation préscolaire
et enseignement primaire et secondaire, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Adopté?
Des voix :
Sur division.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Sur division.
Documents déposés
En terminant, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements particuliers de
l'opposition.
La commission ajourne
ses travaux au mardi 2 mai, à 15 h 30, où elle procédera à
l'étude du volet Formation professionnelle des études des crédits budgétaires
du portefeuille Éducation et Enseignement supérieur. Merci, et bon après-midi à
tous.
(Fin de la séance à 13 h 1)